(1905) Archives de neurologie [2ème série, tome 20, n° 115-120] : revue mensuelle des maladies nerveuses et mentales
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(1905) Archives de neurologie [2ème série, tome 20, n° 115-120] : revue mensuelle des maladies nerveuses et mentales

ARCHIVES

DE

NEUROLOGIE

ARCHIVES

NEUROLOGIE

, REVUE MENSUELLE

DES MALADIES NERVEUSES ET MENTALES

Fondée par .T.-eL. CI l ltl

PU]31,IÉC SOTIS LA i)inr.CTION DE lli.

A. JOFFRUY

Professeur de clinique

des

maladies mentales

à la Faculté de médecine

de Paris.

V. IYIAGNAN

Membre de l'Académie

de médecine

Médecin de l'Asile clinique

(Ste-Anne).

F. RAYMOND

l'rof ? cur de clinique

des maladies

du système ner%eux

à la Faculté de médecine

de Paris.

COLLABORATEURS PRINCIPAUX :

MM. A11AIHE (J.), ALQUIER, AilNAUD, BAI11NSKI, BAI,LET, 131,ANCIIAItl) (il.),

HUN, IJOISSOEH (l'.), BONCOUil (I . , B01'EII (1.), IIOUI2UIN, 1 BRIAND (M.),

11RISSAUD (E.), IIROUA7tUEI. (l'.), C \MI'S (l'.), CARRIER (G ? CAUUI20N,

CESTAN, CIL112UOY,CILA120Y, CHARPENTIER, CHRISTIAN, COLOL1.1\,COULO\JOU,

CULLEUHE, UEI)01'li(M ? I)I : NY, 11EVAY, I·Iirlli (CIL%,IENA1ROU,

FERIIIEII, FRANCOTTE, '1AIl\U ? (S.), GRASSET, IIUET, ITALO ROJSI, KEI1AVAL,

KOUtN])JY, 1.AU.1'11E, l,\NI)01;ZY, LEGIIAIN, LEROY,

MABILLE, DL1R.1NUON 11P MONTYEL, MARIE (A.), M11" REINE \L1UGCRET,

Mfnn/.EJËYSKI. TIIGNO'f, \IIIt.ILf.II : , MOURATOFF (11 ? 1.),

NUSG12AVE-Cf.AY, PARIS (A.). DE l'lml1Y, PICQ(71 ? , PIEnnHT, PITRES,

HAVIAIl1', RAYNEAU, RÉGIS, REGNAI ! » (P.). REGNIER (P.),

IIICI1ER (P.), ROTII (W.), ROY, SIMON, SÉnt.AS, SERIEUX,

SOLLIEI1, SOUKIIANOFF, SOUQUES, TAGUET, TCIIIRIEW, T11UI.IÉ (il.), TISSU 1',

U1UUOI.A, VALLON, YIGOUKOUX, '11,LA11t), VOISIN (J.), 1\0\ (P.).

Rédacteur en chef : BOURNEVILLE

Secrétaires de la rédaction : J.-B. CHARCOT et J. NOIR .

Deuxième série, tome XX. 1905.

Avec 20 figlll'(, dall 1" 1(-xl(-

PARIS

BUREAUX DU PROGRÈS MÉDICAL

14, ruc des Carmes

1 ! ) 0 .-¡

Vol. XX Juillet 1905 Ne 115

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

CLINIQUE NERVEUSE

Morphinisme familial par contagion ,

1'.\Jl LE 1)' BI\I.\ : : \'11

Médecin eu clic ! à l'Asile de Ville-juif,

I ? 'I' LE 11" I. IIC)1,

Inleme du service.

« On entre dans la J\lol'phillOIl1allil', a clil lc Professeur

l3ull, par la porte de la douleur, par celle de la volupté

cl lru· ccllc tlu elt : y·iu. » 11 y ctt u tl'aulrcs à lu vrilé ct,

parmi celles-ci, l'une des plus fréquentées est peut-être

la porte de la contagion.

Le morphinisme est nu vice quille sc passe pas toujoul's

de la société d'uiilrul : il avait des tendances comautmis-

tes, avant même d'avoir conquis les classes moyennes cl

ouvrières, quand il était encore un apanage et un luxe de

riches. Tandis que l'alcoolique boit volontiers seul, le

morphinomane est souvent doublé d'un apôtre, soil qu'in-

conscient du danger prochain, il lasse du prosélytisme

désintéressé, soit qu'animé de sentiments altruistes, il

désire l'aire partager aux autres les joies de la morphine,

suit encore que, malignement pervers, il veuille les en-

traîner dans la déchéance qui l'atteint.

, 1',t il en est du morphinisme comme il semble en être

, de toute maladie contagieuse : le génie épidémique ne

frappe point au hasard des sujets qu'il rencontre ; il choi-

sit ceux que lui désigne un ensemble de caractères quel-

iniclbis bien marqués, qui nous échappent souvent cl

que nous groupons sous le terme assez vague de pré-

disposition. Celte prédisposition, chez le morphinomane J

réside dans un état de faiblesse plus ou moins manifeste

Archives, 2" série, 1903, l. XX. 1

2 ' CLINIQUE N8RVEUSE.

des facultés intellectuelles et morales : tout ce qui est

frappé d'agenesiedu pouvoir inhibiteur de volition est une

proie facile au morphinisme, comme il toute mauvaise ten-

dancc. Aussi les dégénérés, les déséquilibrés, s'y donnent-

ils avec complaisance et prédilection ; ce sont les pré-

destinés des intoxications volontaires, buveurs d'alcool,

d'éther, de chloral,de pétrole, fumeurs de thé ou d'opium.

Si bien que la morphinomanie est considérée, par beau-

coup d'auteurs, comme une conséquence possible de la

constitution névropathique, fruit de l'hérédité.

C'est cette contagion qu'a subie la famille de L..., dont

nous rapportons l'histoire, celle-ci intimement liée d'ail-

leurs il la vie morphinique d'un tiers, Léopold N..., qui

fut le coupable propagateur xIe ses dangereuses habitu-

des. z

Orphelin de bonne heure, N... fut recueilli à (le

trois uns par la famille L... qui vivait alors en Belgique,

dans l'aisance d'un commerce prospère ; suivant le té-

moignage de la mère adoptive, ce fut un enfant doux, in-

telligent, facile à élever, sans mauvais instincts ; il sera

cependant considéré plus tard comme un dégénéré héré-

Mitetirc dans un rapport médico-légal motivé par quel-

que délit ; comme stigmate physique, il avait un bec de

lièvre qui nécessita deux opérations. Son travail l'obli-

geait il de fréquentes et plus ou moins longues absences,

hors de la famille au sein de laquelle il revint un jour

dans le Ménùmcnt le plus complet. Il se morphinisait

alors depuis un mois, la suite de névralgies qu'un méde-

cin avait traitées par des injections de morphine et co-

caïne. La douleur calmée, l'appétence morphinique avait

subsisté, satisfaite, grâce au médecin, qui renouvelait,

parait-il, les ordonnances au gré de son client. Lors donc

de son retour, N ? en était à cette période delà morphini-

sation où le sujet entrevoit clairement le dur esclavage

sous lequel il fléchit et où il est attiré cependant par les

voluptés offertes par sa nouvelle maîtresse. Il lui arri-

vait, devant les remontrances des siens, de jeter loin se-

ringue et flacon pour aussitôt regretter son geste et rem-

placer par d'autres les instruments délaissés. Et c'était

alors avec un sentiment de curiosité mêlé de réprobation

qu'en famille, on assistait à l'opération de ses piqûres ;

MORPHINISME FAMILIAL PAR CONTAGION. 3

chacun affirmait bien haut que jamais il ne pourrait se

soumettre a un tel régime et y prendre le moindre goût.

Illusion et faiblesse ! A quelque temps de la. presque tous

avaient succombé a l'attrait de l'inconnu, cédé il l'in-

flucncc néfaste de celui qui. recueilli par eux dans un

mouvement de pitié, devait développer si rapidement

dans ce milieu le germe importé avec lui de la corrup-

tion morphinique, de la déchéance morale eU de la mi-

sère. La mère, la fille, puis un fils, sont successivement

pris au [liège et. en très peu de temps, deviennent d'avé-

rés morphinomanes ; c'est il l'occasion de névralgies den-

taires que celles-là se soumettent il l'expérience de N..

proposant son remède favori; mais e est par pur égoïsme

et pour n'être point gêné par les mouvements de son

camarade de lil qu'une nuit N... le sollicite de se laisser

piquer, lui promettant en retour un sommeil calme et

des rêves merveilleux. Pour tous, les piqûres acceptées

au début sous prétexte de douleur ou de curiosité, devin-

rent bientôt une nécessité ; l'habitude s'était vite formée,

créant le goût, puis le besoin. De toute la famille, seul

un fils avait échappé il la contagion, parce que l'unique

piqûre reçue par lui l'avait péniblement éprouvé et

qu'aussi, il n'avait pas lardé à quitter le logis. Quant au

père, il était mort un an auparavant d'un tabès proba-

blement saturnin.

Dès lors, toute la vie de celte famille se résume et

tend à la satisfaction du besoin morphinique : on se pi-

que en commun, nuit et jour. n'importe oit, dans la rue

sans pudeur, comme chez soi sans mesure. Tous devin-

rent des morphinomanes vrais, impulsifs à l'occasion,

sauf la mère qui seule semble avoir gardé quelque di-

gnité et modération : si, une fois passée, la lune de miel,

bien courte. dit-elle, de sa morphinisat ion, MmeL... conti-

nuâtes habitudes prises, c'est moins par passion que par

faiblesse, pour trouver l'anéantissement de son être, l'ou-

bli de la réalité, pour assister, sans voir. à la bacchanale

('I\'¡'énél' des siens qui dévalisaient littéralement la mai-

son, pour assouvir leur soif de morphine, quand elle ne

leur donnait pas d'urgent.

Le fils adoptif s'était institué le grand pourvoyeur, dé-

tenteur et dispensateur des faveurs de la déesse ; en bon

4. CLINIQUE NERVEUSE.

égoïste calculateur, s'il s'en réservait lu meilleure part,

il les distribuait parcimonieusement à ses initiés, assez

cependant pour se les attacher étroitement par la pas-

sion qu'il avait créée chez eux, pour les tenir en quel-

que sorte au bout de sa seringue, car il avait trouvé ce

moyen sur et fort .simple de s'assurer « la matérielle et

d'exercer son esprit de domination. Dans la suite et dans

la nécessité des besoins croissants, chacun, sauf encore

la mère, avait concouru, pour sa pari, il la fourniture de

la morphine. Rien n'était plus simple d'ailleurs que d'en

avoir, car ce n'est un secret pour personne qu'on achète

de la morphine presque aussi l'al'ill'I1H'l1l que de l'alcool.

Nos gens trouvèrent presque toujours auprès des phar-

maciens, et tant en Belgiql1e qu'en France, de faciles

complaisances : les médecins chez lesquels ils allaient,

sous des prétextes divers, solliciter des prescriptions de

morphine, les leur donnaient, ajoutant souvent la men-

tion « à renouveler » : néanmoins, il arriva souvent il ces

malheureux de truquer les ordonnances, d'en fabriquer

de toutes pièces ; et la jeune fille, qui n'était pas la moins

ardente il la morphine, n'était pas la moins l'xpel'Le il ('e

jeu frauduleux. Les pharmaciens furent encore plus ac-

cueillants ; il s'en trouva beaucoup pour fournir mor-

phine cl cocaïne, sans prescription médicale et au rabais,

ceux-ci alors, trop conscients de Lcur 1<tutc, o'étitlucluicnl

pas les (laçons. Bien plus l'un, dont on ne saurait assez

11l'lI'ÍL' la coupable industrie, remit seringue et flacon il la

jeune L... qui, il peine débarquée d'un séjour il l'Asile de

Ville-Evrard, venait lui demander le moyen de retomber

dans ses funestes habitudes, cependant qu'il la félicitait

de sa guérison et de son retour. Il se rendit même au do-

micile doses clients pour voir s'ils ne manquaient pas de

morphine, les sachant, au dépourvu d'argent; et pour

corriger l'effet d'un récent refus de leur en donner il cré-

dit, il en apporta par précaution une l'l'l'lai ne quantité.

Un jour arriva où il devint par trop difficile de se

procurer de la morphine en Belgique, une affaire d'em-

poisonnement (dont l'héroïne, Mme X., condamnée à mort

en 189G, serait encore emprisonnée il Mons), y ayant, pa-

rait-il, occasionné une réglementation très sévère dans

la vente des poisons. N... suggéra alors de quitter le pays

MORPHINISME FAMILIAL PAR CONTAGION. 0

et de gagner Paris, où il serait sans doute plus aisé de se

satisfaire ; la mère accepta la proposition : dans son es-

prit elle escomptait de ce voyage une diversion sur la-

quelle elle fondait, naïvement, l'espoir d'une guérison

"énérale ; et puis elle voulait fuir, par houle, par pudeur,

les lieux et les gens témoins de la décadence progressive e

de la famille. On liquida donc la situation commerciale

et l'on partit : premier arrêt il Liège où la mère essaie de

réaliser ses projets de guerison, mais la tentative avorte

lamentablement, et l'on sa met définitivement en roule,

il l'exception du frère L... qui rejoindra plus tard a Pa-

ris. Le trajet se lit il pied, en trois mois : on se piquait en

chemin sans s'arrêter, tout en marchant, et l'on ne man-

quait aucun pharmacien de la roule ; même, quand la di-

sette menaçait, on s'offrait le chemin de fer pour arriver

plus vite au gîte de morphine. Grâce il la jovialité de X...

qui s'était fait le boule-en-train elle chef de la bande no-

made, l'état moral était excellent : le malin on se réveil-

lait bien un peu maL èI l'aise,énerv,suulll·etew,lu;'uilL(;

mais quelques injections avaient vile, raison de ces

remords et l'on continuait.

C'est en juin 1839 que nos trois voyageurs arrivent il

Paris, rejoints peu après par le frère retardataire : là

chacun travailla un peu cl se piquait beaucoup, ce qui

n'était pas fait pour améliorer la situation financière. De

telles habitudes coûtent cher il ceux qui les cultivent :

un jour le denùuient survint et, avec lui, la faim morphi-

nique, mauvaise conseillère, qui pousse le morphino-

mane en détresse aux actes délictueux pour se procurer,

soil directement la morphine, soit l'argent nécessaire il

son achat; sous 1 effort de ce besoin impérieux, impossi-

ble il satisfaire par les moyens ordinaires, le fond d'ani-

malité remonte el fait éclore les impulsions diverses va-

riables, suivant les circonstances el les dispositions du

sujet, qui sont des réactions d'urgence, pour résoudre la

crise angoissante. C'est ainsi que nos malades commi-

rent de très nombreux vols à l'étalage dont ils réali-

saient facilement le fruit dans les llonts-de-l'iétc ; qu'ils

pratiquèrent l'escroquerie au pharmacien sous des for-

mes variées dont l'une. pittoresque, révèle leur esprit in-

génieux et peut s'appeler « le coup de la bonteittc » : il

Ci CLINIQUE NERVEUSE. -

consiste il substituer au flacon que vient de préparer le

- pharmacien un flacon tout semblable, rempli d'eau, que

le filou laisse pour compte, sous le prétexte qu'il ne peut

payer tout de suite et avec la promesse de revenir plus

tard en apportant le prix exigé. Cette substitution s'o-

père tantôt dans l'officine même, tantôt à domicile où

-l'on se fait envoyer les solutions commandées, tantôt en-

core dans ta rue où l'on sort rapidement sous un pré-

texte quelconque avec la bouteille, à escamoter, cepen-

dant qu'une autre personne allend dans l'officine le re-

tour de la première et pense garantir, par sa présence,

l'honnêteté de celle sortie.

Seule encore, entre tous les siens, la mère resta in-

demne sur ce point : l'abstinence de morphine l'éprou-

vait, mais elle ne fit jamais rien pour s'en procurer elle-

même ; au reste, son caractère la (lisposaitil la passivité;

aussi se laissait-elle voler, tromper, attendrir par ses en-

fants qui, en retour, lui octroyaient quelques piqûres d'une

solution morphinique fortement coupée d'eau, eux se ré-

servant les solutions lourdes et capiteuses.

A diverses reprises, ces quatre morphinomanes furent

internés, soit d'office, soit volontairement ;*ils revinrent

toujours à leur vice collectif, sous l'instigation de N...,

dont la mère ne sut pas résolument secouer le joug, ni

arrêter l'oeuvre néfaste. 11 serait trop long et sans inté-

rêt d'entrer dans le détail de ces internements dont les

conditions ne sortent pas de la banalité ordinaire ; nous

préférons développer quelques considérations sur celle

observation, car elle montre, une fois de plus, le besoin de

prosélytisme dont est atteint le morphinomane, comme

d'un véritable prurit, et le rôle incontestable de la conta-

mination, chez les sujets il résistance morale faible, dans

les intoxications qu'on pourrait appeler de luxe (alcool,

morphine, cocaïne, éther... etc.).

Mais cet affaiblissement de la force morale n'est pas

toujours corrélatif d'un élut de dégénérescence mentale :

nos quatre malades curent bien, parfois, des velléités de

guérir ; la résolution se discutait en famille ; ils firent

même quelques tentatives de sauvetage, toujours mal-

heureuses il est vrai ; mais ces insuccès suffisent-ils il

faire d'eux des débiles moraux ? Le courage, la force de

MORPHINISME r' : 1\IILI.L PAR CONTAGION. 7

caractère, sont des vertus rares, et le monde n'a pas

changé, depuis le jour où le poète latin exprimait par ce

cri bien humain son impuissance et sa veulerie devant

l'effort à faire :

« ...... video meliora proboqllc,

Détériora sequor. »

Nous avons montré ces malades impulsivement pous-

sés au vol, sous l'influence du jeûne morphinique ; or ils

sont d'une honnêteté parfaite, une fois soustraits il la su-

jétion du toxique ; dans ses périodes de guérison, le jeune

L... ne manqua jamais de restituer des bijoux ou de l'ar-

gent que, dans diverses circonstances, sa profession lui

donnait l'occasion de trouver. Nous n'avons d'ailleurs

décelé aucune conslitution physique, défectueuse dans

cette famille. Enfin, et c'est là un fait intéressant, les hé-

ros de cette histoire ont, dès le début de leur morphinisa-

tion et toujours depuis lors, employé la cocaïnc concur-

remment et en parties égales tria morphine : ils n'ont ce-

pendant jamais présenté qu'une seule fois du délire et des

hallucinations, un jour que, privés de morphine, ils avaient

volé de la cocaïne et s'en étaient gorgés avec excès. Mal-

gré les fortes doses quotidiennement injectées pendant

cinq ans, ils furent des cocaïnisés sans cocaïnisme. Cette

résistance -t 1'liilluciiiitioii ii'iiidiquie-t-elle pas une cons-

titution psychique moins mauvaise qu'on ne serait tenté

de la juger par leur histoire, ctn'y aurait-il pas là un ar-

gument contre l'irresponsabilité peut-être trop systéma-

tique dont on a coutume de couvrir ces malades ? ' ?

C'est une tendance aujourd'hui de plus en plus répan-

due de chercher chez le délinquant et le criminel les ta-

res héréditaires constitutives qui, en diminuant le jeu de

la résistance morale et du libre arbitre, atténuent et sup-

priment la responsabilité. Cette conception est peut-être

juste en soi, elle s'accorde sans doute avec les progrès de

la science psychiatrique, elle nous satisfait surtout, nous

médecins, qu'on oppose constamment au ministère pu-

blic, dans les affaires judiciaires ; mais il semblerait

qu'elle ne sauvegarde pas toujours et qu'elle doive par-

fois compromettre les intérêts de la collectivité. C'est

lorsque la société se sent débordée par le flot montant

8 CLINIQUE NERVEUSE.

a

du crime, qu'elle proclame le plus haut les spéculations

humanitaires ; le geste est beau sans doute, n'est-il pas

imprudent, si l'on ne songe il prévenir les abus qui ne

manqueront pas de surgir ? Dans un organisme social.

l'intérêt général a aussi le droit d'être défendu, malgré

toutes considérations philosophiques, fussent-elles, de

= ? l'ordre le plus élevé, dont l'application est destinée, à le

troubler ; d'aucuns même se sont demandés, si la re-

cherche de la plus grande somme de justice n'est pas une

utopie, en ce sens que la mise en pratique de l'applica-

tion qu'elle comporte en est ou impossible ou dangereuse.

N'est-ce pas le cas de certaines conceptions trop exclusi-

ves de la responsabilité ? N'apparaît-il pas que c'esl

favoriser imprudemment l'extension de la criminalité,

que de voir tant d'irresponsables parmi les coupables, et

qu'il y a dans cette tendance une menace croissante pour

notre régime social ? Et vraiment ne serait-il pas temps

d'adopter un système de défense peut-être moins adé-

quat aux spéculations abstraites, mais plus efficace ? En-

tre l'asile et la prison, il y a place pour un organe inter-

médiaire.

yi aurivc-t-i1 en effet ? Que les morphinomanes

délinquants, comme ceux dont nous avons retrace l'odys-

, sée, sont déclarés irresponsables, qu'on les envoie dans

un asile d'où ils sortent au bout d'un certain temps sou-

vent fort court, n'étant pas délirants. C'est la toute la

sanction de leurs méfaits, et ils le savent si bien qu'ils se

font un jeu de recommencer à ce prix ; aussi, la plupart

. sont-ils de forcenés récidivistes, nous ne disons pas in-

corrigibles, puisque nous voudrions qu'on essayât con-

tre eux une légère peine. En cfl'et, quelle que soit la pari

que l'on fasse, chez ces individus, il la névropathie, à la

prédisposition, dans quelle mesure pouvons-nous dire

qu'ils ne sont pas susceptibles d'amélioration morale,

qu'ils ne seront pas accessibles il la oruin te du châtiment ?

Donc tous ces intoxiqués de luxe, comme nous appelons

les alcooliques, les morphiniques, seraient a l'occasion

internés clans un asile spécial (l'asile de buveurs tel qu'il

est compris actuellement, mais non encore réalisé chez

nous, leur conviendrait parfaitement), au sortir duquel,

une fois guéris, ils seraient jugés et pourraient l'occa-

MORPHINISME FAMILIAL PAR CONTAGION. (.)

sion être condamnés, en conséquence, à des peines el1'el'-

tives, sans l'excuse d'une inutile cl dangereuse senti-

mentalité, car il n'y a pas dans ce problème que des ques-

tions individuelles, il y a toute une question sociale, et

celles-là le cèdent il celle-ci.

On aura beau dire que ces malades agisscnllc plus son-

vent. sous l'influence impérieuse et aveuglante de la soif

morphinique,' comme ils sont les seuls fauteurs d'un état

qui les amène à ces excès, ils en doivent subir les consé-

quences. Ce principe admis, il n'en reste pas moins que

la responsabilité comportera des degrés : ainsi parmi

nos quatre morphinomanes, il est bien certain que N....

le propagateur imprudent ou conscient de son vice, as-

sume une autre responsabilité que ceux dont ses invita-

tions ont entraîné la chute ; mais même pour ceux-ci, qui

ont subi l'influence du premier, qui ne sont coupables

primitivement que de faiblesse, nous voudrions une res-

ponsabilité pénale positive de leurs actes ; qu'on l'atlé-

mie par rapport il celle de l'initiateur, ce peut être jus-

tice, mais, pour l'exemple, qu'on ne la supprime pas.

Dans le même ordre d'idées, une autre responsabi-

lité pèse encore sur les personnes qui ont participé a

la morphinisation de ces malades, sur le médecin qui, le

premier; ayant traité légitimement N... parla morphine,

lui ensuite fourni les moyens d'en continuer l'usage,

non motivé, en renouvelant les ordonnances au gré de

ses sollicitations. La thérapeutique par la morphine est

une méthode qui a ses indications et dont le médecin a

le droit incontestable d'user sous le couvert de son di-

pltin1l'. en principe sous sa responsabilité, pratiquement

quelquefois aux risques et périls du patient. Or la mor-

phine est une substance dangereuse, et le médecin n'est-

il pas coupable s'il ne l'a pas employée avec la prudence

ucccsssairc, avec la circonspection que commande la

connaissance de ses dangers ? Quant au malade, qui

ignore, lui, ces dangers, et qui se réveille un jour avec

un nouveau besoin, n'est-il pas recevablc il poursuivre

son médecin dans le cas où celui-ci ne s'en est pas tenu

à la morphinisation thérapeutique et a pratiqué la mor-

phinisation de complaisance qui a provoque la morphino-

manic ? Peut-être yscrail-il admis s'il prouvait contre le

10 CLINIQUE NERVEUSE.

médecin la faute professionnelle qui, seule, peut engager

la responsabilité. Et même dans le cas où serait faite la

preuve de l'imprudence ou de l'ignorance, il semble qu'il

y aurait lieu de tenir aussi compte d'un facteur dont l'im-

portance est parfois, il est vrai, difficile à établir, quand

-elle ne nous échappe pas complètement, c'est l'élut de

prédisposition du sujet. Nombre d'auteurs admettent en

ell'et qu'à la base de toutes les intoxications volontaires

se retrouvent souvent le même état mental prédisposant,

celui des héréditaires ; mais comme il arrive que cet état

mental spécial reste silencieux plus ou moins longtemps,

que l'hérédité elle-même reste cachée, alors la prédispo-

sition n'a d'autre signe révélateur que la toxicomanie

elle-même.

Comme on le voit, le problème se complique, mais, en

définitive, la responsabilité médicale trouvera presque

toujours des motifs d'atténuation et, de même due dans

les diverses intoxications soit accidentelles, soit profes-

sionnelles, on tient compte de la susceptibilité indivi-

duelle, de même, il faut prévoir la susceptibilité à deve-

nir morphinomane. Cette idiosyncrasie n'est pas dosa-

])le sans doute, mais l'argument lire toutefois quelque

valeur de l'ignorance générale qu'il cache et dont le

coupable doit bénéficier.

Par contre, comment juger la conduite de ce médecin

qui, importuné par les visites trop fréquentes de Léopold

N..., ne prenait plus la peine de le recevoir et lui faisait

tenir par un domestique la prescription de morphine sol-

licitée ? ' ?

Enfin, dans cette recherche des responsabilités, en ce

qui concerne le morphinisme, n'oublions point celle du

pharmacien, qui reste entière et indiscutable, dès que

celui-ci transgresse les règlements sur la vente des poi-

sons et médicaments dangereux. Il est malheureusement

constant et courant que certains se prêtent trop volon-

tiers à ce commerce illicite ; combien y en a-t-il qui, non

contents de vendre en fraude la morphine, font em-mu- -

mes les piqûres à leurs abonnés ?

Et que dire de cette anomalie quilaisssc au droguiste

toute facilité de vendre la morphine et autres poisons

- de luxe ou de crime, en dépit de réglementations insuffi-

LA PHOBIE DU REGARD. 11

santés et discrètes ! Comme nous l'avons dit déjà, il n'est

pas plus difficile, question de prix réservée, de se procu-

rer delà morphine que de l'alcool. Morphinisme et al-

coolisme constituent deux dangers sociaux contre les-

quels il serait temps dc'lutter autrement que par une

guerre platonique.

CLINIQUE MENTALE

La phobie du regard ;

Par le prof. W. nECIITETOE\Y,

Dernièrement, dans un travail intitulé : La phobie du

regard, le Dr Ilartenberg a décrit une forme pathologique

d'une nouvelle phobie, celle du regard d'autrui ; son

développement est basé sur la timidité innée.

L'état pathologique décrit par cet auteur n'est pas du

tout nouveau dans la littérature scientifique, car je l'avais

déjà décrit il y a quelques années ; néanmoins, l'auteur

n'en dit pas un mot dans son travail.

En 1899. j'avais décrit un cas de sourire imposé (1), clans

lequel la crainte du regard d'autrui s'est manifestée sous

une forme bien vive (2). Voilà ce qui est dit dans les mé-

moires du malade sur cet état, mémoires que j'ai pu-

biliés : « Avant de quitter l'Académie ecclésiastique, j'ai

commencé à m'occuper de ma santé et il lire quelques

manuels sur ce sujet ; j'y ai appris que l'onaniste de-

vient fou, avec le temps, à cause du caractère inné de ses

traits d'âme (chez le prof. Tarnowky, comme je me rap-

pelle) ; cette idée m'ayant fortement frappé, commençait t

a m'inquiéter et me revenait souvent il la tête.

« Avec mon entrée au service, ma timidité augmentait

de plus en plus. Le désir de cacher mon état maladif et

(t) Archiv. de Neurologie, Il' 10 ? 100·1, p. 20'r

(2) W. lÎECiiTERr.w. Revue de Psychiatrie, 189 ? p. 449 0t Xeur.

Cenlr. 1900.

12 CLINIQUE MENTALE.

mon défaut physique et moral éveilla en moi la tendance

à l'isolement et la crainte de manifester ce que je cachais

si soigneusement des autres. Comme conséquence, une

humeur sombre et abattue ne me quittait jamais. Ma ti-

midité et ma crainte augmentèrent il lel point qu'il nie

fut impossible de supporter le regard d'autrui ; voilà

pourquoi j'ai commencé a porter des lunettes noires.»

Dans l'ouvrage ci t0.r a ya i.s noté seulement le fait, indiqué

l'histoire de la maladie, mais dans un autre ouvrage de

1900 dans la Revue Russe de Psychiatrie, de Névrologie

et de Psychologie expérimentale (p. 491). dans un cha-

pitre intitulé : la phobie ou la crainte du regard d'autrui,

je me suis spécialement arrêté sur ces états el j'ai décrit

dans trois cas nouveaux l'élut nerveux pathologi-

que spécial qui se distingue «d'une phobie du regard

d'autrui toute spéciale, phobie qui se manifeste par l' im-

possibilité de supporter le regard d'autrui pendant un

temps plus ou moins court et par la tendance d'éviter par

tous les moyens ce regard : si vous parlez avec ces ma-

la<[es-ci en les regardant en lace, ils détournent aussitôt

leurs regards ; si vous les regardez tout droiL en lace, ils

baissent les yeux et ne se sentent pas il leur aise. »

Ce qui caractérise cet état maladif, c'est que les malades

le comprennent eux-mêmes très bien ; dans certains cas.

les malades évitent le regard d'autrui parce qu'ils croient

que leurs yeux manifestent leur étal anormal et qu'on en

peut juger d'après leur regard ; dans d'autres cas. les ma-

lades sentent, comme ils disent, une influence magnétique

du regard d'autrui et c'est pour cela qu'ils l'évitent ins-

tinctivement.

J'avais aussi décrit cet, étal, en allemand, dans mon

ouvrage intitulé : « Die sehcn l'al' fremdem Blicke » (1).

Depuis lors cet étal indiqué avait élé plusieurs fois le su-

jet de mes cours faits aux étudiants de 1'.Académicllll".

dicale de Sailll-P0lers)JOuI'g' : de memeje l'avais démontré

aux médecins pendant le Congrès de Pirogotf. à Saint-1't ?

tersbourg, le C janvier 190, dans la section des maladies

nerveuses et. de ly-clviWnic ('). En général, après avoir

(1) Centralblaitf. Xervenheilk psych., 1902, p. 160.

(2) Voir le compte rendu de celle section du 11' 13. `. Crrinclcn-

hcrir dans la Revue russe de Psychiatrie, 1a04, Il" 2. p. HT.

LA PHOBIE DU REGARD. l : i 1)

décrit mes premiers cas cités, j'avais maintes fois observé

ces étals maladifs, dans lesquels, comme dans mu pré-

mière observation, la phobie du regard d'autrui sc mu-

nifestait on combinaison avec d'autres étais }ls'chopa-

triques, par exemple : avec la phobie de rougir ou bien

avec la difficulté psychopalhique de miction : dans tous

les autres cas, la phobie du regard d'autrui s'observait

dans sa forme simple, très pénible pour le malade ; parmi

ces observations plus récentes, je ne citerai que celles

(uionL été étudiées bien particulièrement. TouL d'abord,

nous nous arrêterons sur un cas qui présente la combinai-

son de la phobie de rougir et celle du regard d'autrui :

« Alexandre Vrs., 21 ans, ancien (''imu de l'école réale. La ! "l'antl'Iuèrc jnalernellc, paralvsée ]1l'ndanl 8 an-, e-l mûrie

u l'il¡ ! c de î3 an" : son père 1',1. morL d'apoplexie il 4 : 1 ans : la

mère était exactement à ce lemps enceinte de noire malade, el

la mort du mari lui causa un grand chagrin ; a \ anl cette ? 1'0'-

elle ('111 (]Il a\OrlCIIH'111 : l'uCL'OIlChl'IIIl'ul fui normal, san-

intervention du Ait début, l'enfant c développa tout

normalement, physiquement 1'/ psychiquenienl ; il eut la coque-

Ittclic el la rouireole dans sa première enfance; il et[[ mal il l'n-

1 ('ille droite pendant deux semaines après la rougeole, et ce mal

lui accompagné (l'un étal fébrile. Point d'autre» maladies somali-

ques il ¡'Ù ! ! I' suivant : dl' l'âge de '1 il 10 ans, il l'ut craintif, facile-

IIII'IIL irrilaldc el. ! '011l1l1l' lils Ulliqlll',il parail awirrluunlcu;·allu.

A l'âge scolaire, il se distingua par un caractère faible el caché,

qUl'lqllenol1('hnlallt't' : hâtait jlcul'l1ln'I)('l'lInllll'l peu ,1'11' dl' lui-

même. A (le 14-là ails, ('0111111(iii-a il manifester un carat'-

tère rêveur 1'1 la 1l'lIdallL'e à l'isolement et il v ilail toujours la a

société, par la (lit développement de la phobie de rougir. Le-

accès de celle maladie se développaient et devenaient ? radIlPl-

1t'lI1enl plus fort-, niais la mère chez laquelle le lib demeurait

nu lc· wmiIcr,tiL lta· cummc s ntlUtmc, malalil'·, car Ic lil· 1»i

expliqua que sa tendance à l'isolement el sa mi-anlhropic,

provenaient (le la Il ('l'cs ? i 1(' d'l'ludil'I' soigneusement la chimie

pour laquelle il manifesta une trop 1)zt,,ioli.

« Jusqu'à l'automne ile 1(,)00, tl apprenait en «relierai avec un

'lIccl' m{>diocl'e ci élail un peu paresseux dall' l'étude des bran-

l'Iws scolaires; déjà à ce lit mémoire prenait le dessus

devant la volonté et l'esprit, lui automne 1 ! '0, après avoir râlé

son examen, il avoua à sa mère qu'il souffrait de la phobie d'au-

lrui et ne supportait pas le regard d'autrui, voilà déjà, depuis

deux ans el demi. A celle époque il se manifesta chez lui un étal

hautement nerveux ; sc l'L'oal1l ingul'ri ? nlJlc il voulut se Ui-

i l CLINIQUE" MENTALE.

cider. Il se conduisait très bien à la maison et parmi se» proches

connaissances, mais il devenait tout confus des qu'il sortait, dans la la

rue;ilc;YffY/)tat<<7t'}'ft)'</< ? )'«M.)'<'uf6'f ? <;siquelquunj('-

tailun regard sur lui, il se détournait tout embarrassé, il rou-

gissait, toussait pour se donner du courage el ce moment il

baissait tout le monde ; il lui semblait que tout le monde ferc-

..gardait trop attentivement ; il supposait même qu'on le méprisait

- parce qu'il avait de tels yeux ; il concevait son état anormal et le

fait que sa pensée s'occupait constamment de la même idée,

l'idée du regard, le tourmentait beaucoup. Les conditions de la

vite domestique de noire malade étaient toujours satisfaisantes et

ne donnaient aucunes causes prédisposantes à la maladie

citée. Le malade lui-même, parlant de son étal maladif, dit ceci :

« Physiquement je me sens tout à fait normal, nia maladie e,1

basée sur la crainte de me montrer tel que je suis en réalité,

voilà pourquoi j'ai le caractère méfiant ; voilà pourquoi en société

je ne suis pas à mon aise, et je lâche d'éviter toute société. Au-

paravant, rien d'extraordinaire ne se passait en moi, et la : '0-

ciété ne me gênait point ; ainsi c'était jusqu'àl'àgede Mans;

partant de cet âge, je commençais à rougir sans cause, si quelqu'un

m'adressait par hasard la parole; mais l'ébauche de la maladie

existait en muil»enavanl : avec le temps cet état m'était devenu

habituel et je rougissais même à l'approche des gens et très for-

tement, ce qui me rendait triste, car c'était 1res désagréable, d'au-

tant plus que je ne pouvais d'aucune manière, vaincre ce senti-

ml'I1l ou bien m'ahsll'ail'e l'iM'e de « rougir»; je marchais tout

courbé, sombre el je ne regardais personne hardiment en face.

Tout cela dura à peu près cinq ans ; je n'y prêtais pas trop

d'attention, car je croyais que cela ne pouvait pas empirer. Mais

tout à coup, un beau jour, à l'école, je passais les yeux baissés

près d'un groupe d'élevés, el je me suis effraye de leurs regards,

ce qui se manifesta dans mes yeux. Depuis ce moment-là je ! Mpof-

rais plus stcpporter le regard des {¡l'IlS, .le ne pouvais plus vaincre

ce sentiment de crainte et je nie détournais toujours des gens

avec une expression de plus en plus sombre.

« Mais la maladie ne s'arrêta pas à ce point, elle subil encore une

évolution; toul ù'a)¡ol'tl elle n'était, pas trop perceptible pourl'enlou-

rage, mais depuis deuxans et demi, connue je m'en suis persuadé,

elle augmenta à un tel point que je ne pouvais plus supporter le

regard d'autrui d'aucun côté et la présence d'un étranger me

faisait contracter convulsivement les yeux el influençait désa-

gréablcillentlous mes mouvements, ce qui nie faisaitencure plus

rechercher la solitude ; en outre, ces derniers temps ma maladie

augmenta à un tel point, que les hommes, autour de moi,

commencèrent à tousser et à cracher pour se défaire de moi, ce

qui me tourmentait encore plus fortement. Maintenant je

LA PHOBIE DU REGARD. 15

me sens tout, à fait brisé, puisque je me sens incapable de

travailler, de m'ad ! 'esser aux gens comme LuuL être normal. Il

none reste que deux issues : ou bien d'être guéri complètement,

ou ! lien devenir la viclime de la mélancolie, et ceci dans le

meilleur cas. lime semble que la cause de ma maladie réside

dans l'éducation solitaire et relâchée, dans l'ignorance du

monde; mais le l'ait reste le même, que dans un état pareil

COnlllH' 1" mien la \ ie etimpos ? ibll',cal' ilm't'n resle l'ncol'e la plu

grande partie et hongre malgré je serai obligé de me suicider. z

En automne 1902, le malade dont.je \ iens d'exposer le récit, \ inL

il nia consultation pourla première fois ; il fuL hypnotisé par moi

plusieurs fois, ce qui le soulagea temporairement.

7 ? h;(Mc<Mf ? L ! n : dadee ? (,d{;('nUem)vemte.i)ie)) formé,

de nutrition modérée, un peu pâle : les mains el les pieds soûl

froids, humides et un peu bleuâtres ; on conslate du dl'I'mugl'a-

phisine.

Le système osseux et musculaire esl bien développé ; la taille

correspond à l'âge. ,

Point de signes visibles d'une dégénérescence quelconque.

Ilien de pathologique de la part des organes internes.

La pupille droite est un peu plus étroite que celle du cuLe gau-

clto ; leur réaction et leur acuité Aisuetie sont normales. L'ouïe,

le goût, l'odorat et toutes les formes de sensibilité cutanée sont

sans changement. Néanmoins, on con"laLe une légère sensibilité

de la pari de la colonne vertébrale, quand on percute la région

lho ! '1tt : illur, Les réflexes cutanés sont sans changement ; les ré-

flexes tendineux et, ])at,ellairesb0)it,t ! 'es forts ; celui du tendon

Il'Achille est d'une intensité moyenne ; les réflexes cubitaux de

Jll',\ion pL ¡k déflexion du coud, Pl 1'1'11'i : de l'omoplale el. de l'{,-

paule sonlconservés ; celui des mâchoires a disparu. Le malade

se tient un peu courbé ; son regarde ! '), sombre, l'expression

esl morose, les gestes sonL raides. L'innervai ion de la face est nor-

maie. mais la mimique est lente. On constate des contractions

librillaires de la langue ; le malade vaccillu quand on le fait se

lenir debout avec les yeux fermés ; sa conscience est claire, la

conversation du malade esl logique, successive ; le contenu de

la conscience est, bien varié ; on ne constate ni délire, ni hallu-

cinations.

Le malade parle avec concision, mais son langage est saccadé ;

il parle peu. tout en regardant de cote.

Le malade lui-même caractérise sa maladie ainsi : « La pho-

bie du regard d'autrui n'apparait qu'au moment où quelqu'un

rejette un coup 11'I.l'illllIC je n'attendais pas ou lorsque je re-

garde quelqu'un. Le regard d'autrui me fait une impression désa-

uréable, qui provoque une forte contraction des paupières et des

'10 CLINIQUE MENTALE.

muscles du globe oculaire et des contractions cOl/vulsivcs mes

//en.c se troublent, ne réagissent plus, le regard erre d'une manière

très désagréable, comme si je me forçais de fixer mon attention sur

quelque chose ; mais sans pouvoir le faire parce qu'un sentiment

désagréable m'accapare entièrement, ce qui provoque l'expressioav

épouvantable de mon regard.

Il esl probable qu'à ce moment j'ai l'air d'être 1res misérable,

l'air pitoyable qui ne peuL inspirer de l'estime il personne, car ?

ne peux regarder droit et tranquillement dans les yeux d'autrui .Un

sentiment désagréable s'élève en moi, iIlliIldi\('mE'nL : eL U1JL'

l'ois lixé. dans mon cerveau, il revient sans cesse chaque Ibis que

je regarde les gens. Il se ]\pul qu'en partie l'idée du sentiment

désagréable ou son souvenir y joue un grand rôle.

Dans la Clinique, où le malade esl entré eu 1\1().le 28 octobre,

il v ilail au commencement tout le inonde ; puis il SI' l'ami 1 ial'Ï-a

un peu tout en restant très accablé : il se plaignait souvent que

chacun, en le regardant, remarquait -on \ial'l'[101J\anlil1>It : 1' ! ne

lui perlait aucune 1'-1 i 111" ; que IlIl'll1e, lm e débarrassait quelque-

fois de lui eu crachant. Aux moments d'accablement, il di-ail

souvent que si l'on erachail sur lui, il l'avail mérité.

Jusqu'à. la lin de 1902. malgré les séances répétées d'hv pnosc et

d'autres méthodes de traitement, le.- bains, les bromures, etc..

l'élit l du malade rt··la can. changement.

Pendant la durée de lf)03. la maladie marcha uniformément,

le malade continua il éviter la société, à se cacher dans de-

coins, déjeuna ('1 dîna i-olé de- nuire-, ne pouvait 1a· " Il'011-

,l'l' 1 III l' ocC'upillion quelconque : il li·ail quelquefois, mais phi-

souvent il marchait avec le livre dans les mains en regardant li-

midement autour de lui. C'était difficile de le faire tugartlcr Iv

médecin en face : il devenait alors inquiet, oppressé par un senti-

ment pénible, il pàli-sait : ses pupilles s'élargissaient, et sa tète

se détournait instinctivement. Le sentiment d6--a.u'rt''a)dccoR-

mcnraildaiis le creux gastrique el élail suivi lar«It·`cmn;elinn·

dans le front». Un général, le malade expliquait son étal d'âme

d'une manière très imlulurmiutc;il se plaignait quelquefois d'avoir

mal à la lèle, d'avoir des vertiges et d'être irrité par tout cl par

LuuL le monde : il s'approchait du médecin d'une manière indécise

en se cachant vers le 111111', sans regarder dans les veux, l'n 1'1'1"'1'-

nanl courage. Si on le lIl'pl'ellHil inopinénienl. il se sauvait en

évilanl d'entrer en conversation el de regarder dans les yeux.

Il s'accusait quelquefois que sou regard provoquait lu loux de-

autres, que cela lui était désagréable et obligeait l'entourage de

l'exiler. ' , z

Quelquefois,-à la sensation du regard d'aulrui le malade uprnu-

vait le sentiment « comme si quelqu'un de derrière l'étranglait ou

le soutenait du bas en haut. » A rlt pli Il ? 1' : le malade ne se -ou-

LA PHOBIE DU REGARD. 17 l

mettait pas toujours, quelquefois l'essai de rhypnolisinel'excilait

fortement et éveillait en lui une sensation désagréable, telle qu'on

était obligé de l'envoyer les séances pour un certain temps.

Pendant mes cours du 13 décembre, il expliqua qu'il ne pou-

vait s'occuper tranquillement que lorsqu'il était seul ; en pré-

sence des autres, il ne pouvait pas être tranquille, qu'il attendait

toujours l'arrivée du regard d'autrui et éprouvait par conséquent

continuellement une sensation désagréable.

En 1904, jusqu'au jour de son départ de la clinique, le 11 avril,

on n'a pas conslate d'amélioration essentielle île la maladie, mais

pourtant le malade pouvait supporter mieux le regard d'autrui.

Les capacités intellectuelles n'avaient pas changé ; la phobie du

regard d'autrui persistait toujours ; comme auparavant,pas de de-

lire ni d'hallucinations. La conduite du malade était toujours tran-

quille et convenable, ebi le regard d'autrui ne le troublait, pas. il

pouvait être considéré comme tout à fait, bien portant. De temps

en temps, le malade s'adressait au médecin, fout en regardant

décote ; on voyait que cela lui coûtait un effort, et on entendait

la note du désespoir dans sa question : « Que faire ? il faut enfin

entreprendre quelque chose. »

11 est resté tout ce temps bien portant physiquement, quoique

un peu pâle. '

Il quitta la clinique pour continuer le traitemcnt,ala.cam])a- : : ne, où, grâce aux conditions de la vie champêtre, la société ne

l'inquiéterait pas.

.Dans l'observation que nous venons de citer, nous

avons un sujet d'une prédisposition névropalhique trus

évidente. chez lequel, depuis l'âge de 14 il15 ans.la phobie

de rougir se développait successivement ; puis, il cette

maladie, s'ajouta la phobie du regard d'autrui ; celle-ci

augmentait toujours et rendit il la fin tout travail intel-

leclucl il l'Université tout à l'ait impossible pour le ma-

lade ; elle devint une souffrance persistante et, pénible

qui no l'abandonna pas pendant plusieurs années et

qui créa un terrain propre à développer le délire de per-

sécution ; il semblait au malade qu'on tousse et. que l'on

crache en le voyant ; mais le malade ne manifesta jamais

des idées délirantes bien exprimées. Quant a la base

psychologique de cette phobie du regard d'autrui de no-

tre cas, il est évident qu'il s'agit visiblement d'un état

imposé, importun, qui se traduit par ceci : quand on le

regarde, le malade « est entièrement emparé d'un senti-

ment désagréable « ce qui ajoute » une expression épou-

,\nCJJ ! VFS, 2" sé1'Ïe 1005, 1. XX. - >

18 CLINIQUE MENTALE.

vanlablc » à son regard, et il semble au malade que l'en-

tourage remarque cette expression.

Un autre malade, un étudiant en médecine, âgé de 21 ans, pré-

sentait en même temps les phénomènes d'une miction lts5-cltu-

patbique à un degré très marqué. Ces phénomènes, aussi

""bien que la crainte du regard d'autrui, axaient pour base une pré-

disposition psychopafhiqne bien grave.

Le malade est de taille et de compte.\ion mo\ ennes. La miction

psychopalhique commença à l'âge de 12-13 ans. Au moment de

l'observation, presque pas d'autres symptômes neurasthéniques,

quoiqu'il eut. auparavant des accès de mélancolie. Le malade ne

peut pas supporter le regard d'autrui.

Dans l'obscurité, on ne remarque rien; mais, à la lumière, le

malade est aussitôt troublé, confus, il se détourne ; mais ceci ne

dépend pas de l'humeur de la vie irrégulièrc du malade. Voici

ce que raconte le malade lui-même de son état :

« Mon père est, d'un embonpoint assez considérable avec une

tendance assez nette à l'engraissement. L.

« Jusqu'à l'âge de 20 ans il souffrait de la scrofule qui lui a dé-

formé complètement un sourcil. A l'âge avancé, il avait des vari-

ces. A l'âge de u3 ans il esL mort d'un cancer de lalangue.

« Il était d'un caractère emporté niaisbon, communicatif et, fai-

ble. Ma mère jouissait d'une bonne jsan té jusqu'à un âge avancé.

Maintenant son organisme est ébranlé par une maladie de poi-

trine. J'ai 5 frères el 3 sieurs. L'un des frères, l'aîné, a eu la

tuberculose, mais il est guéri après un certain temps ; après celle

maladie il a été neurasthénique. Les autres frères et sieurs se por-

tent LouL à faiL bien. Moi-même je suis né en 1882, j'ai eu la

scarlatine dans l'enfance, ainsi que la rougeole cl lascrofule qui

n'ont laissé aucune trace..L'étais en général un enfant bien por-

tant. -

" A l'âge de ans j'ai commence a bégayer après av oir été forle-

ment, effrayé. Le bégaiement esl resté jusqu'à présent. Ce défaut

de langage se montre surtout quand je suis gêné et quelquefois1

augmente jusqu'à l'impossibilité d'un langage compréhensible.

Ce sont surtout les syllabes « cr » et « pr » qui me sont diffi-

ciLesà L"'0J10nCI'I', el,en général, tous les mois avec la lettre « r ».

Comme témoignage jusqu'à quel point la volonté me manque,

pour la direction de mon langage, je puis indiquer le fait que la

pensée seule de prononcer quelques phrases en présence de plu.

sieurs personnes, celle pensée me t'ait, trembler et, me met dans

un grand embarras. Dans les conditions ordinaires, le bégaiement

- n'est pas fort ; il esl quelquefois difficile de le constater : sou-

vent il est, masqué par des gestes des mains el même du corps.

En général, ma parole a un caractère anormal.

LA PHOBIE DU REGARD. 19

(( Depuis l'âge de 12 ans je souffris de toute une série de mala-

dies pulmonaires..Jusqu'à l'âge de 18 ans, j'axais chaque prin-

temps' et, chaque automne, tantôt la pleurite, tantôt la pneumo-

nie. Actuellement on constate dans ce domaine une grande et

progressive amélioration.

«Le sentiment sexuel s'est développé très LùL à cause d'une

éducation irrégulière.

« Un m'a appris il pratiquer l'onanisme à l'âge de 13 ans, je l'ai

pratiqué très fortement pendant, deux ans, ensuite de plus en plus

rarement, par intervalles, et enfin à l'âge de 18 ans celle habi-

tude fut abandonnée complètement.

« Il y avait pourtant des cas uniques d'onanisme, mais actuelle-

ment il est complètement abandonné. Le sentiment sexuel et

nurnutl à llréseul, si l'on ne compte pas les accès violents d'aspi-

ration sexuelle. Pendant ces accès, les testicules gonflent, le côté

gauche du scrotum gonfle aussi (xaricocèle). Le cuit fait cesser ces

accès.

« Une des anomalies désagréables dans la sphère sexuelle, c'est-

l'impossibilite de miction volontaire en présence de quelqu'un.

« L'impotence sexuelle s'observait dans le premier coït; ac-

tuellement, .le coït est normal. Une desanonalies physiques dans

lesysteme sexuel, c'est l'absence de proportionnalité du pénis par

rapport aux testicules. Le pénis est plus grand que' normalement.

On constate un léger phimosis.

« ILyeutdeux foisde l'urélhrife, la seconde fois elle de' int chro-

nique, elle traitement de l'urethrite dure jusqu'à présent.

« Un autre état pathologique du système nerveux, c'e1 la fai-

blesse de la vue el la faiblesse des muscles des yeux à la lumière

trop torte. On observe la chute des cheveux dans la partie anté-

rieure de la tête ; celle alopécie a commencé à l'âge de 17 ans

cthronressc toujours.

(i Du cote psychique, on peut remarquer ceci : l'amour du som-

bre et du mystérieux', la constance du caractère el la persévé-

rance dans le travail, et à cùlé de cela l'indécision et la douceur.

« L'amour-propre va jusqu'à l'état maladif; la tendance vers l'i-

soiemenf ; l'amour passionné pour le changement de place, de

demeure ; l'amour pour les voyages de foules sortes.

« .le ne peux pas déterminer exactement lecommencement de

ma maladie ; je peux seulement indiquer le fait suivant : lorsque

j'étais dans la petite classe de l'école secondaire, c'est-à-dire à l'âge

tic 1M3 ans, j'avais déjà celle tendance d'éviter les autres pen-

dant la miction ; je n'y attribuais aucune importance et surtout

je ne savais pas iL qui il fallait m'alrccr pour un conseil, j'ai

laissé celte habitude se développer à un tel point qu'au moment

actuel, je ne pourrais pas me représenter comment je pour-

rais uriner en présence des autres lorsque les regards d'au-

20 CLINIQUE MENTALE.

trui sont fixés sur moi. Il faut dire que ces accès de miction re-

tenue ont apparu avant la masturbation. Puur vous donner une

idée bien nette de mon étal psychique pendant ces accès, je vous

indiquerai quelques cas. -

« Quand je me promène avec mes proches connaissances ou

avec mon frère, et si j'ai besoin d'uriner, la miction se fait nor-

- malement, mais je suis obligé de me détourner absolument.

« S'il a\ait quelqu'un en avant et qu'il me regardât, je ne pou-

vais pas uriner. L'obscurité est toujours pour moi la condition la

plus favorable pour la miction et vice versa, une vive lumière la

relient, dans un endroit public, par exemple au théâtre. -

Lorsque je vois une foule d'hommes tout il fait- inconnus, mais

qui sont à côté de moi, je suis confus, et la rétention do la mic-

tion survient, quelque fort que soit le besoin d'uriner ; de pareils

cas il yavait 18 et seulement dans un seul il n'y avait pas de ré-

tention en présence du monde; dans un seul de ces cas il n'y

axait pas de rétention. Quand j'entre dans le cabinet d'aisance

ayant besoin d'uriner, il me devient impossible de le faire dès que

j'entends les pas de quelqu'un s'approchant, du cabinet d'aisance.

Mais dès que les pas s'éloignent et que personne n'y entre, je

commence tranquillement à uriner. S'il me faut uriner chez le

médecin pour obtenir l'urine, je tends la musculature, je m'ef-

force d'uriner, mais c'est impossible.

Mes genoux commencent à trembler. L'idée de ce que le méde-

cin en doit penser, et qu'il m'attend, celle idée augmente muon

embarras, ella miction devient impossible. Si le médecin s'éloi-

gne, je commenceà uriner; il ne m'est arrivé qu'une seule l'ois que

hors de toutes circonstances je ne pouvais pas uriner.

L'isolement complet, malgré tout l'embarras et l'inquiétude,

suffit pour que la miction devienne possible.

Une analogie complète avec l'action d'uriner se présente dans

la phobie du regard.

Quant au développement de cette maladie, on peut dire qu'elle

survint à l'âge de 13-1 ans en même temps que la masturba-

tion ; on peut même dire que ['intensité de cette maladie était en

rapport direct avec la masturbation ; lapremière fut d'au tant plus

forte que la seconde fuL pratiquée plus souvent et titre versa.

.le me souviens que lorsque quelqu'un me regardait fixement

il me semblait qu'il devinait ma vilaine habitude, et je me dé-

tournais loul confus et les larmes apparaissaient dans mes jeux.

Ainsi je ne pouvais regarder quelqu'un fixement à la lumière

claire du jour.

Maintenant, débarrassé de mon abominable habitude, qui est

complètement abandonnée, j'ai quand même conservé la fai-

blesse des yeux jusqu'au moment actuel quoiqu'elle existe dans

un degré plus faible. Il y a deux ans, IUI'S(lU'il lI1'a fallu t'le

LA PHOBIE DU REGARD. 21

photographier, le photographe avail bien de la peine de le faire.

Quand il me fallait être assis droit sous la lumière du jour, mon

visage perdait son expression habituelle et se déformait à cause

de la rétention des larmes qui m'étaient montées aux yeux. Ici il

me faut noter le fait suivant : Quand je restais devant l'appareil,

avant que le photographe s'y approche, mes yeux et mon

visage étaient plus ou moins normaux ; mais dès que l'exposition

commençait, je changeais de visage, les larmes se montraient

dans mes yeux, et le visage fut déformé sur la carte photogra-

phique. S'il me fallait être photographié il l'heure actuelle, je

suis sûr que le même fait se répéterait.

Il me faul encore ajouter qu'à la lumière du jour cette ano-

malie était plus frappante qu'à la lumière du soir; quand les

larmes apparaissent on peut diminuer et même arrêter leur ecou-

Il-ment pal' une pression sur la partie supérieure du front, on

peut même empêcher cet écoulement. Après l'agitation, l'écou-

lement de larmes augmente considérablement. Il y aune diffé-

runcedans la vue des deux yeux qui fait que lait gauche ne peul

distinguer les détails d'un objet à n'importe quelle distance, par

exemple : il voit les lignes, mais ne peul pas distinguer les

lettres même les plus grandes.

L'examen objectif n'a montré aucuns changements

spéciaux de la part des fonctions du système nerveux et

des organes internes. La sensibilité et les organes du

mouvement ne sont pas changés. Les réflexes patellaires

sont normaux.

Le pouls et la respiration restent normaux. Ce qui est

caractéristique dans ce cas, c'est que le malade note le

lien intime entre la phobie du regard d'autrui avec

l'onanisme : « plus la masturbation était fréquente plus

la maladie était forte et vice versa »), Le malade explique,

en outre ceci : « Lorsqu'on le regardait fixement, il lui

semblait qu'on devinait son habitude, et tout confus il

se détournait avec des larmes aux yeux ».

L'observation suivante de la crainte du regard d'au-

trui appartient aux cas plus nets que les précédents,

plus caractéristiques pour ce genre de maladie.

La mère de la malade et les deux frères de son père sont morts

de tuberculose ; pas d'autres indications sur l'hérédité défa-

vorables. La malade était nerveuse depuis l'enfance. Elle a ac-

tellement 2fi ans. Depuis l'année passée elle a commencé à .

souffrir de la phobie du regard d'autrui. D'abord, elle s'imaginait t

22 CLINIQUE AMENTALE.

qu'on la tenait pour folle ; ensuite elle commença à croire qu'elle

pouvait passer pour une femme de mauvaise conduite à cause de

ses yeux. Elle s'adressa à moi el, me demandant conseil, elle me

présenta une lettre dans laquelle je lus ce qui suit :

« Je me suis décidée d'écrire mon état, autrement je risque de

ne rien dire. Je suis atteinte de l'idée que je ne peux pas regarder

aux yeux des gens, surtout des hommes, que j'ai alors une expres-

sion impure, et en réalité je sens qu'elle est telle lorsque je les

regarde dans la rue, dans le wagon, aux magasins, partout où je

me trouve ;il il me suffit de penser à mon regard l'l à mon expres-

sion, surtout lorsque cette pensée domine seule dans ma fêLe, el

mon visage acquiert aussitôt en réalité celle expression impure ;

je suis incapable de. me distraire el de penser à autre chose,

comme je le pouvais faire auparavant. Les gens convenables

ont l'air de ne rien apercevoir el lâchent de ne pas me regarder;

d'autres continuent de me regarder comme on regarde les per-

sonnes perdues.... Si j'évite de rencontrer leurs regards mon

visage devient craintif, les angles de la bouche s'élaq;i ? ent el

mes regards deviennent timides et rapides, par raison de vouloir

me persuader que quelqu'un me regarde ; j'ai alors un tel -visage

que les gens qui me regardent, même en passant, fixent leur

attention involontairement sur moi. Je n'ai plus de forces de

supporter ces peines et. si je ne me rétablis pas, je devrai

mourir.

La maladie a commencé l'été passé ; mais au commencement

elle n'axait pour objet qu'un seul homme ; en présence d'autres

gens, elle n'apparaissait pas. Depuis l'automne jusqu'au mois

d'avril, j'allais chaque jour en train de Samt-Peterhbourg à

PéleL'hof pOl ! l' donner des leçons ; il me fallait retourner par

tramway delà gare Baltique au quartier ]>cskr; le soir, le

public dans ces tramway appartient à la classe la plus basse, et

ces voyages ont aggravé mon état ; j'y ai rencontré des physiono-

mies vraiment insolentes et impudente-, ce qui m'a affermi dans

l'idée que je ressemble aune femme perdue. Dieu ! qu'est-ce que

j'écris ! Seul, le papier peut supporter ci; que j'écris, je n'aurais

jamais la force de le dire. Je voulais m'adresser à un médecin,

mais je ne pouvais pas me décider ; du reste, je croyais pouvoir

me distraire en été et que tout passerait ; mais j'ai passé l'été

dans des telles conditions, qui non seulement ne pouvaient me

guérir, mais qui ont encore aggravé ma maladie. En même temps

jedevrais dire que je suis incapable de me distraire moi-même,

mais quelque chose du monde extérieur, une conversation inté-

ressante qui attire mon attention, qu'elle soit même peu intéres-

sante pourvu que je puisse l'écouler, un paysage quelconque ou un

tableau, tout cela peut me distraire et me faire oublier l'idée

maladive ; el quand je reste à la maison toute seule, si je lis tran-

LA PHOBIE DU REGARD. 23

quillement et si ensuite, quittant le livre je me rappelle l'état

qui me pèse, je me demande qu'est-ce qu'il se passe avec moi !

Quelle absurdité ! il n'existe rien de toutcela ! bref,j'oublie;mais

il suffit d'entendre une xoix dans la cuisine, même celle du por-

tier et je change aussitôt de ,isage !

Je fréquente actuellement les cours de la Croix-Rouge, la

deuxième année, c'est un cours pratique ; on a probablement

commencé les éludes ces-jours-ci ; je dois y aller et je frémis de

l'idée seule de me montrer avec une telle physionomie devant

les médecins, les malades, surtout du sexe masculin, les cama-

rades et les gens en général ; je tremble lorsque je pense la

nécessité de- louer une chambre. Après mon retour Me l'été j'ai

passé 3 semaines et demi il la maison sans sortir ; j'attendais

une sorte de miracle ; j'espérais guérir après avoir changé la

chambre ; je croyais qu'avec le commencement des cours les

éludes m'entraîneraient, me distrairaient et que tout cet étal ma-

ladif passerait. Et pourtant j'y suis allée deux fois et j'en

suis retournée toute brisée avec la forte décision d'attendre les

premières gelées pour me refroidir et mourir.

Avant tout je devrais fuir le milieu qui m'entoure ; celui-ci est

tel qu'un homme bien portant pourrait en devenir fou. Si je

n'axais de forces pour continuer les cours et si je restais ici,

étant obligée de vivre Loutl'llÍ\el', sans un cire vivant, sans

une pensée, sans occupation, toujours seule, car je v is avec ma

nourrice cl sa soeur, et personne ne xient chez nous, ce serait

une -vraie torture pour moi ! Quelle horreur de rester des

semaines entières dans la chambre, craignant de sortir dans la

rue, Ilarceclue luuL le numle in'y connaîleL cle IIe rieu voirau-

devant do moi, aucun but !

Il me faut que je puisse non seulement regarder en face tout

le monde comme un mur, mais que l'idée même que je puisse les

regarder autrement ne me vienne pas. C'est déjà bien avant que je

me présentais toujours toutes socles d'idées.

Une fui,qualJ\l.ïétaisenco ! 'e élève à l'Institut, je mesuis suggé-

rée l'idée d'être coupable d'une faute dont on soupçonnait 70 per-

sonnes,je me toul'l1lCntaisltol'I'ihlementdene pas avouer mafaute.

Il s'agissait de lacaricaturo d'une personne des autorités de l'Ins-

titut : au commencement, je ne savais pas même où et de quelle

manière elle était dessinée, mais a ! lntappl'is les détails je me suis

persuadée que c'était moi qui l'avais dessinée et je ne pouvais pas

me calmer jusqu'au moment où l'élève coupable a fait son a\eu.

Une autre fois, mes idées fixes se rapportaient la religion et

m'ont fait aussi bien de la peine.

11 y avait un temps où il me suffisait de penser que j'allais rou-

gir, et je rougissais instantanément il chaque moment favorable

ou défavorable. Il m'arrivait aussi que je rougissais chaque fois que

21 CLINIQUE MENTALE.

j'entrais dans la chambre ; cela dura, par intervalles, 4 ans ; pen-

dant ce temps on avait changé chez nous trois fois les dômes) ?

ques. Il 1

J'étais toujours d'un caractère soupçonneux et timide. Depuis

ma sortie de l'Institut,, ma vie était bien triste ; j'avais toujours

des désagréments avec mon entourage ; je m'occupais beaucoup

d'abord de musique ; ensuite je n'avais pas beaucoup d'occupa-

[ions précises. Tout cela dérangea mon système nerveux ; j'avais

mal au dos, à la tête ; des Heurs blanches et des vers intestinaux

se montraient; cela me tourmentait horriblement et je ne pou-

vais presque pas dormir. Par suite de ces tourments se montra

un dérangement très fort du système nerveux, plus fort, qu'aupa-

ravant et la destruction de l'hymen.

Les derniers deux ans, j'avais des spasmes de la glotte pendant

lesquels la nourriture arrivait dans le nez, j'avais le hoquet, des

douleurs de tête effroyables et la constipation. Le sommeil était

parfait jusqu'au dernier temps ; physiquement je moyens presque

toujours bien.

A propos de la sphère sexuelle la malade continue

dans une autre lettre :

« Quand je me suis adressée pour la première fois aux méde-

cins à cause de ma maladie, ils m'avaient t'ait me coucher et

m'ont examinée ; ils m'ont conseillé de me laver avec du tannin

et de faire chaque jour des lavements contre les vers intestinaux.

Ces lavements, je ne les appliquai pas uneseulc fois; maismalgre

cela je me sentais mieux.

Dès l'automne l'état maladif recommença ; mais ma doctoresse

était tombée malade elle-même, et jenem'adressai pas aux autres

médecins. Ainsi, trois ans se sont écoulés ; pendant ce temps j'a-

vais de temps en temps de la démangeaison et des brûlures aux

parties sexuelles mais la doctoresse me prévenait de ne

pas me gratter autant que possible ; j'évitais tout frottement;

mais je ne peux pas garantir de ne pas l'avoir fait pendant la nuit.

Le troisième hiver je me suis sentie de nouveau très mal ; je me

fatiguais facilement, j'avais des ecchymoses sous les yeux, de for-

tes douleurs de tête et de très fortes constipations. En automne je

me suis adressée aune autre doctoresse Elle me faisait des caute-

risationset me demanda en les faisant : étais-je fille ou femme je

ne sais pas comment on s'en assure ; mais comme si cela ne lui

suffisait, elle s'en assura.

Celhiveiylm'arrivad'entendre ce que c'est l'onanisme et je sais

ce qu'il est en traits généraux et je peux dire que je ne l'ai jamais

pratiqué. Une étudiante en médecine me demanda une fois

s'il ne m'arrive pas de me trouver dans un étal dans lequel on sent

LA PHOBIE DU REGARD. ' 25

que tout brûle, le centre, les mains, la poitrine, qu'on s'étouffe

presque àce moment et qu'on ne peul pas dormir cela signifierait

qu'on a affaire à la base physique de la maladie ; mais rien de

tout cela ne m'arrivait, jamais, je dors comme un enfant el je ne

vois point de rêves. Mais une fois quelque chose, se remua en moi

et je pense qu'il vous faut le savoir et je raconterai jusqu'au

bout, quoique je crains d'abuser de votre patience. L'été passé, en-

core avant que mon état maladif eut, commencé, au mois de jnin

à 10 heures du soir, un honorable père de famille, dont la fille dé-

funte serait à présent plus âgée que moi, m'accompagnait à la

maison parun parc et me forçade le prendre sous le bras.Apri's une

courte conversation des choses ordinaires, il me demande tout

d'un coup si je pouvais aimerun homme qui n'élailpas libre cl si

je pouvais vivre avec lui. le répondis que non pour telles et telles

raisons. Il répliquait beaucoup sur ce sujet 1'1 dit ensuile : « Et si

l'on vous répétait continuellement des paroles d'amour' ? )) (que

c'nstlrivial, 1, n'c;;l-ce pas ' ! ) .le lui répondis, en riant : .le dirais alors :

« ne me tente pas sans nécessité ».(1) 11 commença alors à chanter

la romance de I·'ausL,en se serrant contre moi (oui[ le temps el en

me regardant dans les yeux ;je -oyaisqu'il se passait quelque cho-

se d'extraordinaire en lui, et quelque chose se remua en moi ; je

quittais aussitôt sa main ayant l'air de cueillir une fleur et ainsi

nous arrivâmes jusqu'à ma maison, où il s'éloigna. Rien de sem-

blable ne se répéta avec moi ni avant, ni après. Cethomme con-

naissait mon père, je pourrais passer pour sa tille ; je lui ai de-

mandé s'il pouvait dire de telles choses à sa fille âgée de 22 ans,

et pourquoi me parle-t-il décela : Il nie connaissait donc presque

depuis ma cinquième année. »

Il faut encore compléter ces faits cités par la malade par ceci

que l'état pénible dans lequel elle se trouve disparaît dans l'obs-

curité. De même elle se trouve particulièrement à son aise lors-

que les autres sont occupés d'une conversation, el lorsqu'elle est

sûre qu'on ne la regarde pas et qu'en général on ne fait pas atten-

tion à elle. Si la malade elle-même est absorbée par quelque

chose elle peut même regarder dans les yeux d'autrui, ce qui lui

est impossible dans d'autres circonstances.

L'examen de l'activité cardiaque ne dénote rien d'anormal. Les

réflexes patellaircs sont un peu exagérés. Pour le reste, rien de pa-

thntogiquc. Quant L la nature psychologique de la phobie du re-

g-al'd d'autrui, il faut remarquer dans ce cas, ceci, que malgré que

les commencements de la maladie existaient bien avant, il est'

certain que ce dernier incident que la malade nous raconte dans

sa noie avait joué un certain rôle dans son état maladif, et il est

probable qu'à cause de cet incident s'est formée chez la malade

(1) Mois d'une romance russe.

'23 CLINIQUE MENTALE. ' -

l'idée et la sensation d'avoir l'expression impure dans ses yeux

lorsqu'on la regarde

Notons ensuite un cas de phobie du regard d'autrui,

qui existait chez un malade pendant un certain temps el ? qui a disparu ensuite. ,

Le maladeS.,âge de 31 ans ; marié il y a trois mois el demi ;

son père el sa mère sont mnrls clclmis longtemps de causes in-

connues ; son père se distinguait par une grande nervosité et

il buvait. Ses SICI11'S étaient anémiques et nerveuses. Le malade

lui-même se distinguait depuis longtemps par sa nervosité qui

augmenta encore par la syphilis acquise il y a neuf ans.

Il y a 12 ans que le malade commença à boire spécialement de

la bière; il buvait 5 bouteilles par jour; pendant les grandes dé-

bauches cela allai tjusqu'à 20 bouteilles. Depuis deux ans, l'ivrogne-

rie est abandonnée et actuellement le malade mène une vie tout

à fait sobre. Un certain temps, il y a 12 ans, le malade pratiqua

la masturbation, mais pas longtemps, pas plus qu'un- an ; après

il passa aux fonctions sexuelles normales.

bientôt, après avoir contracté la syphilis, il y a G ans, le ma-

lade manifesta de l'impotence sexuelle qui augmentait succes-j-

xcmenl avec le temps. La phobie du regard apparut depuis la mas-

turbation, et celte phobie augmenta encore plus avec l'impotence

sexuelle. Le malade éprouvait un malaise extraordinaire quand

on le regardait. Il ne peul pas rendre compte bien nettement de

la cause de ce malaise, mais il suppose que le regard d'autrui

agissait sur lui sans intermédiaire par lui-même quoique il lui sem-

blait en même temps qu'on pouvait apprendre et reconnaître son

impotence à ses yeux ; voilà pourquoi il éprouvait cet état péni-

ble aux regards d'autrui surtout après des débauches accompa-

gnées de rapports sexuels peu réussis ; ce tourment augmentait

encore en présence des dames. La moindre allusion ce qu'on le

regarde provoquait en lui un sentiment général de malaise, des

battements du coeur, le sentiment de chaleur dans le visage et de

congestion, l'affluciice do sang vers la tète. Dans la solitude le

malade se sentait bien. Tout cela le força de guérir instamment

l'impotence sexuelle, el celle-ci, grâce au traitement, commen-

çait à diminuer successivement, el il y a trois mois et demi que

le malade puise marier conformément la permission de ses

médecins. Avec la cessation de l'impotence sexuelle la phobie du

regard, elle aussi, commença à passer, et ne se manifeste plus

depuisun an pt demi, Le malade est de taille moyenne, de consti-

tution modérée, de nutrition suffisante ; point d'écarts essentiels

LA PHOBIE DU REGARD. ' 27

au point de vue physique si on n'y compte pas les conséquences

ordinaire des excès alcooliques.

Dans ce cas-ci le lien entre la phobie du regard d'au-

trui et la lésion dans la fonction sexuelle est tout à fait

évident, mais cette phobie avait pour base, il part l'in-

fiuence immédiate c'esl-à-dirc irresponsable du regard

d'autrui la supposition vague qu'on pouvait découvrir

d'après ses yeux les défauts de sa sphère sexuelle.

Pour compléter encore les cas cités, je peux noter une

description très nette et, caractéristique del'état subjectif

d'une malade qui souffrait de la crainte de la phobie du

regard d'autrui ; j'extrais cette description d'une lettre

qui me fut adressée par une personne de Hongrie bien-

tôt après la publication de mon premier travail sur la

phobie du regard écrite en allemand,

« Dans un journal de Budapest, â paru aujourd'hui un article

sur "votre travail de la phobie du regard tl'aulrui. Ces lignes

m'ont tellement electrisee que jente suis décidée de m'adresser à

vous par écrit de ce pays lointain.

Avant toute introduction je vous demande pardon de mon au-

dace, mais j'espère trouver ainsi la route pour sortir dl' l'l'[aL ter-

rible dans lequel je me trouve.

Vous devinez, professeur, que je représente un de ces êtres mal-

heureux dont vous parlez dans voire description.

Je me retrouve moi dans chacun de vos mots comme si vous

aviez lu tous ces tourments dans mon coeur et dans mon âme.

.Mais votre description ne me donne pas la solution du problème,

si l'on peul guérir cet étal pénible qui empoisonne toute la ,il',

ou bien si l'on ne le peut pas. C'est justement celle question v i-

l,lie qui esl la plus importante pour moi par rapport à celle for-

me maladive mystérieuse el psychologique, qui a atteint le plus

haut degré chez moi.

.le suis toulà fait saine de corps ; mon extérieur est si floris-

Mut que malgré mes 34 ans on me donne 10 ans de moins ; et

malgré tout cela je suis tellement malade d'âme que je sens le

dégoût de la ie depuis beaucoup d'années.

,le pourrais m'ecrier avec Cassandre : Moi seule, le eneur triste,

«je dois l'eg-ardel'COI1lIlIC loulle mondejouiL de la, ic,se fl'éqIH'lIle

«et comme x ivanl en société, les gens passent heureusement la il' :

« moi seule je dois m'affliger dans la solitude. «

Avec une sensation d'un fort battement de coeur et avec peur. j'é-

vite. pur tous les moyens, qu'on m'adresse la parole, j'évite toute

rencontre avec des personnes étrangères, pour éviter le danger de

2S CLINIQUE MENTALE.

me montrer ridicule par ce clignotement bizarre et confus des

paupières et de l'état qu'il' accompagne, état pendant lequel la J'OU-

9ecsr pareille ci la chaleur ardente s'imprime sur mon visage, et la

souffrancequi en est provoquée m'enlève toute possibilité de don-

ner une réponse quelconque. Tout mon système nerveux vibre el

m'expose il ce moment iL une souffrance inéluctable.'

Lorsque celle- torture mystérieuse passe, les heures tristes sur-

viennent qui me rendent malheureuse d'une manière inexprima-

ble. Ceci explique le souci pénible avec lequel j'évite toute

rencontre et toute conversation et c'est pour cet éloignement de

la société, que je provoque moi-même, à mon grand regret, que

111a iC passe d'une manière si tragique.

Physiquement, je suis tout fait bien; je n'avais jamais de

maladies sérieuses J'étais toujours une fillette gaie, mais déjà

dans l'adolescence de légers symptômes de cette souffrance tou-

jours croissante commencèrent, à se manifester et ont augmenté

depuis peu à peu. J'ai eu G enfants. Les professeurs m'ont sou-

mise à l'électrisation et au magnétisme ; mais la première ex-

périence provoqua de forts accès convulsifs de rire et de pleurs

auquels je n'étais pas sujette auparavant.

Les remèdes seraient pour moi superflus et inutiles car je le

répète, physiquement je suis tout à fait saine. Bien honorable

professeur, je vous supplie de me donner vos conseils et du

secours. Dieu vous en bénira. Veuillez me rendre heureuse par

votre réponse. Peut-être qu'il y a des moyens qui procurent un

soulagement, .le vous serai éternellement reconnaissante, avec

parfaite estime, etc.»

La description citée démontre l'état tragique dans

lequel se trouvent ces malades qui souffrent de la phobie

du regard d'autrui et je ne crois pas qu'on puisse ajouter

encore quelque chose iL la description de cet état d'âme

pénible que ces malades éprouvent à la rencontre avec

d'autres personnes.

Il n'y a pas de raison d'insister sur le fait (1) que ces

phobiques se font reconnaître facilement malgré eux,

car souvent ils cachent leurs yeux sous des lunettes som-

bres ; dans le cas contraire, on peut remarquer en leur

parlant que leur regard évite la rencontre avec le nôtre.

Quant à la base psychologique de la phobie du regard

d'autrui elle réside, comme je l'ai démontré dans ce

(1) nr.cuTÉnEvv. Revue de psychiatrie, 190J, page 497 (en russe)

Ceatr. f. pspch., 1902. '

LA PHOBIE DU REGARD. 29

même article, dans certains cas dans la supposition des

malades qu'on peut reconnaître leur état normal d'après

l'aspect de leurs yeux, d'après leur regard même. Dans

d'autres cas, elle réside dans le préjugé très répandu de

la possibilité d'une influence magnétique de certaines

personnes, sur les autres ; ce préjugé est fondé en

partie sur la superstition de ce qui s'appelle « le sort » ou

mauvais oeil et de « l'ensorcellement de ce regard.

Il s'y agit d'une crainte irresponsable ou « instinctive»,

comme le disent les malades, devant le regard d'autrui ;

nous le trouvons- dans le cas du premier malade qui

détermine son état maladif par les mots suivants : « Le

sentiment désagréable à la rencontre des regards est

provoqué comme si instinctivement et une fois tracé

dans mon cerveau, il réapparaît toujours pendant que je

regarde les gens. Peut-être la pensée de ce sentiment dé-

sagréable ou le souvenir de celui-ci jouc-t-il un certain rôle.

Ainsi, dans l'état maladif que j'ai décrit ci-dessus,il s'agit

du développement imposé el ennuyeux d'un état affectif

de confusion et de crainte lorsque les autres personnes

regardent les malades droit aux yeux et cet état affectif

apparaît ou bien immédiatement après le regard d'au-

trui aux yeux du malade ou probablement beaucoup plus

souvent, a cause de l'excitation de l'idée imposée qui

consiste en ceci : le malade craint qu'on reconnaisse

d'après ses yeux son état anormal (l'onanisme, l'expres-

sion impure, etc.). Il faut remarquer qu'il y a dans ce cas

une certaine analogie entre l'état maladif que j'avais

décrit (t) et la crainte « de rougir ». décrite simultané-

ment par Pitres et Régis (2) ; celle-ci apparaît dans cer-

tains cas comme résultat d'un état affectif primitif ;

dans d'autres cas, elle suit immédiatement l'idée imposée.

Il est il remarquer que le regard d'autrui provoque chez

ces malades des sensations spéciales très désagréables

dans le domaine orbitaire et oculaire ; par exemple, le

premier de ces malades en décrivant son état dit : « Le

regard d'autrui provoque en moi une sensation désa-

gréable qui apparaît dans une contraction très forte et

(1) W. DECUTËREW. -Revue de f'c ? 1896, Vettr. Cent ? 1397.

(2) Congrès des aliénistes et ncrrrologistes français X", 1896 ;

Archiv, de 1'eur., 1897.

30 CLINIQUE MENTALE.. - .

irrésistible des paupières et des muscles du globe ocu-

laire et des convulsions de celui-ci ; les yeux deviennent

troubles, n'aperçoivent rien, le regard erre d'une ma-

nière désagréable ; on essaie de fixer son .attention sur

quelque chose, mais c'est impossible 11 cause du senti-

ment désagréable qui s'empare de l'âme et qui donne au

'regard une expression effroyable ».

Dans le second cas le malade éprouvait du larmoiement

au regard d'autrui ; dans le 3e cas, la malade « éprou-

vait » le sentiment d'une expression impure de son

visage ; dans le 4' cas le malade parle dans sa lettre d'un

clignotement très fort des paupières, En outre, en ren-

contrant le regard d'autrui, certains malades deviennent

timides et confus, ce qui les rend agités, les oblige de

huisseries yeux, et provoque chez eux toute une série de

symptômes nerveux : la respiration gênée, le battement

.le coeur, la pâleur ou la rougeur du visage, une trans-

piration de tout le corps, le tremblement dans les extré-

mités, l'entrave de leurs pensées ; il faut aussi rappeler

le fait que les malades de ce genre se trouvcnl mieux il

la lumière faible qu'a l'éclairage plus fort ; ils se sentent

également mieux quand l'entourage est engagé dans

une conversation, et qu'ils sont t sûrs qu'on ne fait

pas attention a eux. On n'a pas besoin d'ajouter que

l'isolement garantit mieux leur tranquillité d'.lmc. *

Il va sans dire que l'état décrit est très pénible pour

les malades, comme on le voit dans les descriptions de

cet étal parles malades eux-mêmes, en les privant pres-

que absolument de toute société, les exposant un isole-

ment pénible.

La plupart des cas de phobie du regard que j'ai obser-

vés se sont développés sur la base d'une hérédité chargée.

Il représente ainsi un étal qui se développait surle ter-

rain de la dégénérescence. ,

Parmi les causes déterminantes il faut en noter plu-

sieurs, mais l'onanisme joue probablement un grand

rôle au moins dans certains cas, Il faut encore noter

ceci : 1° Lit, crainte du regard d'autrui peut se combi-

ner avec la crainte de rougir, comme cela s'observait

dans noire premier cas ; 2° La phobie du regard d'autrui

peut se combiner avec la difficulté psychopathiquc de

PERSONNEL MEDICAL DANS LES ASILES PUBLICS D'ALIÉNÉS. 31

miction par exemple, dans notre deuxième cas pour la-

quelle j'avais consacré un travail spC·cial(1), et avec le

sourire imposé, que j'avais décrit en 1899 dans la Revue

de Psychiatrie (2). où j'avais décrit une observation cor-

respondante. Mais dans certains cas, laphol>ic du regard

d'autrui apparaît 'dans une forme plus ou moins pure sans

combinaison avec d'autres états pathologiques et elle pré-

sente alors une forme spéciale de la crainte pathologique.

Quant au traitement, je dois dire que dans tous mes cas

observés le traitement général fut très utile, ainsi que les

moyens du traitement général qui contribuent il calmer

le système nerveux, les bains, les douches, les bromures

avec des toniques cardiaques et .de la codéine, dans la for-

me de mélange que j'avais indiquée (3) et un traitement

correspondant par l'hypnotisme. Guidé par l'expérience

je dois dire que ce' dernier moyen doit être recommandé

dans tous les cas de phobie du regard d'autrui, mais tou-

jours combiné avec le traitement somatique et hydro-

thérapeu tique.

ASILES D'ALIENES

Sur le personnel médical dans les asiles publics

d'aliénés ;

Par le D' Lucien LAGHIFFE,

Ancien chef de clinique il la Faculté, médecin des Asiles publies

d'aliénés.

Le malaise croissant qui s'étend depuis nombre d'an-

nées sur le personnel médical des asiles publics d'aliénés

est dû, pour une très large part, à ce fait que des règle-

(1) W. Iîeciitereyv. De la difficulté psychopathique spéciale de

la miction. (Revue de Psych., 1897. \ eur.CeWr-albl., 1893. CI Les obser-

Yidions nevropathotoginues el psychiatriques de sninl-l'eteralrout ?

1900, page 105.

, ( ? )\ ? 131 : 1 : 11TElîE\\'. - Drt sourire imposé. (Revue de Psychiatrie,

juin I 99. Neur. Ccntr. 1899.)

(3) Ce mélange fut, d'abord recommandé par moi, pour le ll'aile-

tncid de l'épilepsie (Voir W. Iîecblerevv Messager de Se1l1'ol. 1SU3.

Ncurol. Central 1894 ; voir aussi la Revue de l'sych., 1897 el

Neurol. Centtral. 1S93 ; ensuite je nie suis persuadé (pie celle cont-

binaison est, un très bon moyen' contre les différents états nerveux,

surtout, neUl'1lslhéni'lucs, .

32 asiles d'aliénés.

ments qui se trouvent être anciens sont appliqués à un

personnel dont le dernier mode de recrutement est de

date assez récente ; il est dû aussi à ceci, que les condi-

tions scientifiques sont devenues autres que ce qu'elles

étaient en 183') et en 18 7.

Je dis les « conditions » et je ne dis pas les « besoins »,

- parce que j'estime à ce point de vue que les désirs et les

tendances des vieux maîtres qui nous précédèrent furent

au moins aussi élevés que les nôtres et parce que je sais

qu'il serait injuste, en oubliant qu'ils furent de merveil-

leux organisateurs, de les rejeter systématiquement dans

l'ombre des autrefois.

A l'époque où furent élaborés les lois, décrets et règle-

ments qui définissent notre situation, le nombre des asi-

les était moins grand, le nombre des aliénés l'était beau-

coup moins aussi pour des raisons que nous n'avons pas

à examiner ici et qui tiennent à des causes multiples.

En deuxième lieu, l'organisation des asiles était encore

dans sa période d'essai ; cette organisation avait néces-

sité la mise au jour et l'adoption d'un certain nombre de

mesures qui à tous paraissaient, à juste raison, être très

délicates, puisqu'elles étaient de nature à associer, pour

un but tendant à restreindre dans certains cas l'exercice

de la liberté individuelle, les décisions du personnel ad-

ministratif et du personnel médical.

On avait alors tous les droits de chercher il se prému-

nir contre la possibilité d'excès et contre la malveillance

en s'entourant de toute la série des garanties avec les-

quelles on doit, dans les innovations, armer le public

contre les pouvoirs nouveaux.

Aujourd'hui, l'expérience est suffisamment ancienne,

elle a donné des résultats qui sont tout à l'honneur du

corps médical, nous devons le reconnaître entre nous, et

après tant d'autres, nous croyons le moment venu de

coordonner tous les résultats pour tâcher d'obtenir un

ordre de choses mieux adapté aux besoins présents.

Mais nous ne croyons pas, pour le moment du moins,

que cela nécessite une réorganisation générale du service

des aliénés, mais simplement le changement d'une for-

mule. D'autant que le pointdc vue auquel nous nous pla-

çons est purement médical, qu'il n'a par conséquent rien

personnel médical Dans LES asiles publics d'aliénés. 33

à voir avec la loi du 30 juin 1838 ; nous voulons simple-

ment examiner un moyen de traiter les aliénés d'une ma-

nière plus heureuse en conservant une organisation qui

a fait ses preuves, qui donne beaucoup de ce qu'elle peut

donner, qui pourrait donner plus encore, parce que nous

ne pouvons avoir la prétention de faire mieux que n'ont

fait et que ne font nos maîtres et ceux qui sont plus an-

ciens que nous dans la carrière.

Les faits dont nous nous préoccupons sont pour ainsi

dire à l'ordre du jour, ils tiennent entièrement dans cette

question qui fut posée au cours d'une des dernières réu-

nions du conseil supérieur de l'Assistance publique : com-

bien d'aliénés un médecin d'asile doit-il soigner ? M. le

D, Bourneville, dont nous connaissons tous le dévoue-

ment à la cause des pauvres, a eu l'heureuse inspiration

de consulter chacun d'entre nous sur ce point, il a pour

ainsi dire ouvert les Archives de Neurologie à ceux dont

la réponse pourrait être un peu longue ; de cela, nous de-

vons, en notre nom et au nom de nos malades, lui être

très reconnaissants, parce qu'il nous fournit le moyen de

dire des choses précises et de les expliquer.

La formule dont nous demandons le changement est

celle de médecin adjoint ; si, en effet, nous examinons ce

que demandent tous nos collègues, nous nous trouvons

en présence de voeux qui tendent à la suppression de cette

formule. Elle est l'expression de l'obligation d'une sorte

de stage, de tutelle, devenant, par suite de conditions

extra-scientifiques et extra-professionnelles, de plus en

plus longs, alors qu'ils nous paraissent cependant deve-

nir de plus en plus inutiles. ,

Avec l'organisation ancienne, un stage pouvait paraître

raisonnable, parce que jusqu'en 1888 le recrutement des

médecins d'asiles se faisait au choix. Non pas que ces

choix fussent détestables, ils ne le furent jamais, mais ils

auraient pu l'être et ils ne purent bien souvent porter

sur les mérites professionnels de la spécialité. Il était

donc nécessaire, avant de pourvoir telle ou telle person-.

nalité d'un service autonome, que l'administration eut le

loisir de reconnaître et d'apprécier les aptitudes respec-

tives de chacun ; ce qui ne pouvait être établi que par un

stage et une tutelle.

Archives, 2° série, 1905, t. XX, 3

34 asiles d'aliénés. ,

C'est assurément en vue de faciliter celle appréciation

que la commission spéciale et le comité des inspecteurs

généraux ont émis des voeux qui curent pour résultat

l'institution du concours, par région, de 1888. Mais en-

core pouvait-on reprocher à ce mode de recrutement

dcs différences trop grandes dans la valeur des sujets

recrutés dans des centres divers, et l'arrêté ministériel

de 1902 a pu faire justice de cette dernière objection.

Aujourd'hui, nous nous trouvons donc en présence d'un

cadre de médecins-adjoints ayant tous subi des épreuves

uniques et spéciales, analogues à celles que déterminent

le recrutement des médecins des hôpitaux, médecins-ad-

joints qui tous ont fait la preuve de leurs connaissances

en médecine mentale et qui tous ont fait, antérieurement

au concours, un stage soit comme internes d'asiles, soit

comme internes des hôpitaux ou chefs de clinique. Enfin,

ces médecins-adjoints sont âgés, tous ont plus de 25 ans ;

et si l'arrêté ministériel fixant les conditions du concours

n'a exigé d'eux qu'un stage d'un an, en réalité, leur stage

a toujours été, en fait, d'au moins trois ans.

Or, à ces mêmes médecins-adjoints, les vieux règlements

en vigueur vont imposer un'nouveau stage que des con-

ditions, que je qualifie à nouveau d'cxtra-profcssionncl-

les,portent aujourd'hui après de 10 ans, alors que, avec

un recrutement sans concours, les plus anciens médecins

chefs ou directeurs existant encore pour longtemps dans

notre personnel, n'ont fait qu'un stage variant de 0 à 4

ans, le plus grand nombre ayant été promu au bout de

3 ans.

De quelle nature est la tutelle dont nous parlons ici ?

Nous croyons inutile de le redire encore ici après le long

article de notre collègue le docteur Goulonjou (voir Ar-

chives de Neurologie, n° de février 1005 : « Personnel mé-

dical des asiles d'aliénés », p. 110). Il nous suffira de dire

que la situation n'est pas autant précaire pour un certain

nombre d'entre nous et qu'assez nombreux sans doute

sont ceux qui ont eu la bonne fortune de rencontrer des

chefs qui vculent bien les associer dans une très large

mesure à leurs travaux et à leur labeur administratif.

Mais encore un coup, ces médecins en chef ou direc-

teurs n'agissent de telle manière quc parce qu'ils le vu-

PERSONNEL médical dans les asiles, publics d'aliénés. 35

lent bien et de plus ne peuvent-ils le faire que d'une façon

tout officieuse et avec toutes sortes de réticences.

Lorsque la question posée au Conseil supérieur de l'As-

sistance publique se présente, la majorité des non-initiés

fait le raisonnement suivant : tel asile possédant 500 ma-

lades a comme personnel un médecin en chef ou direc-

teur et un médecin-adjoint, total deux médecins pour

500 malades, soit 250 malades pour un médecin. Nous qui

sommes au courant, nous savons qu'il n'en est rien, et

nous disons que 500 malades pour un médecin en chef ou

directeur et un médecin-adjoint font 500 malades pour un

médecin : et avec l'organisation actuelle on aura beau

multiplier le nombre de ces médecins-adjoints, le person-

nel médical se résumera toujours en un seul médecin qui

est le médecin en chef ou directeur. C'est peut-être là

qu'il faut chercher le pourquoi de la disparition complète

des médecins-adjoints dans les asiles plus fortunés de la

Seine ; il est bien probable que c'est en effet parce que

la direction des aliénés a reconnu l'inutilité absolue de

ce rouage qu'elle l'a supprimé en augmentant le nombre

des médecins en chef.

Faut-il, ou du moins faudrait-il, en arriver là pour les

asiles de province ? Ici la question se double d'un inté-

rêt financier, parce que si l'on conserve la réglementation -

actuelle, une telle mesure entraînerait un surcroît de dé-

penses de nature à grever assez lourdement le budget de

certains Asiles. On peut, au contraire, concevoir une ré-

forme qui ne grèverait en aucune sorte le patrimoine de

l'Assistance aux aliénés et serait de nature il concilier

tous les intérêts.

Pour ce faire, examinons la réglementation existante.

La situation des médecins-adjoints est déterminée par

l'ordonnance du 18 décembre 1839 et par l'arrêté du 20

mars 1857. En effet, l'article 9 de l'ordonnance de 1839

dit :

« Le médecin en chef délivrera tous certificats relatifs il.

ses fonctions ».

« Les certificats nepourrontetrc délivrés par le médecin-adjoint

qu'en cas d'empêchement constaté du médecin en chef. »

En théorie, l'ordonnance de 1839 a seule un caractère de

36 asiles d'aliénés.

généralité, car l'arrêté du 20 mars 1857 eut surtout pour

objectif de fournir aux asiles d'aliénés existant à cette

époque un type de règlement intérieur. Mais, en réalité,

ce règlement a fini par acquérir force de loi dans presque

tous les asiles, croyons-nous. * '

D'ailleurs un assez grand nombre d'articles de ce règlc-

ment répète simplement les instructions contenues dans

l'ordonnance de 1839. Aussi retrouvons-nous à l'article

58 (Section IX, médecin en chef) les dispositions de l'ar-

ticle 9 de l'ordonnance de 1830 : . ,

..... «............ 1......... 1 ..........................

« Pour la délivrance des certificats r il (le médecin en chef)

ne peut être suppléé par le médecin-adjoint que dans les cas

d'absence autorisée ou d'empêchement constaté ».

Les articles suivants ont pour but d'imposer au méde-

cin en chef toute une besogne que, malgré toute sa bonne

volonté, il ne peut dans l'asile moyen de 500 malades ef-

fectuer d'une manière bien parfaite : ' , ,

PART. 59. - Il règle le mode de placement, de surveillance et'de

traitement des aliénés -

PART. 60. -- Il visite chaque jour les aliénés de toutes classes et

de toutes catégories ( : p0 ! ! ). Il est accompagné dans celle visite

par le médecin-adjoint

Il nous a toujours paru à tous qu'une telle manière de

faire consacrait un double emploi ; qu'au lieu d'obliger le

médecin en chef ou directeur à visiter tous les jours tous

les aliénés de son asile, ce qui est matériellement impos-

sible en fait ou qui, du moins, ne peut être exécuté que

d'une manière toute rudimentaire, il serait beaucoup plus

logique de permettre au médecin en chef de diviser son

service médical en deux parties et de réserver une de ces s

parties à l'activité jusqu'ici inoccupée de son médecin-

adjoint. C'est t il ce prix-la seulement que les aliénés pour-

ront être visités et soignés convenablement chaque

jour. '

Mais comme l'ordonnance de 1839 et l'arrêté de 1857

s'appliquent indistinctement aux asiles privés et que, dans

ces derniers, le recrutement du personnel médical pré-

sente des garanties que l'administration peut regarder

PERSONNEL MÉDICAL DANS LES ASILES PUBLICS D'ADENUS. 37 l

comme'insuffisantes, nous croyons prudent de ne pas de-

mander \que , mot de médecin-adjoint soit supprimé.

Mais il serait possible de trouver une dénomination per-

mettant de conserver les ancicns textes, d'appeler tous

les médecins des asiles publics : « médecins des asiles » ou

«médecins en chef » et,sil'Qn veut néanmoins conserver un

semblant de stage, réserver le titre de «médecin-adjoint o

à ceux qui actuellement font partie de la deuxième classe

du grade ; ceci organiscrait un stage régulier et uniforme

de deux années, permettant aux médecins qui ne sont pas

issus directement des asiles, parce qu'ils sortent des hô-

pitaux ou du clinicat, de prendre connaissance du mode

de fonctionnement des maisons départementales.

Mais encore- ce stage pourrait-il être considéré comme

trop long ou comme inutile ; il n'existe pas dans les hô-

pitaux et l'on peut avec juste raison se demander ce qu'il

vient faire dans les asiles. Aussi ne le proposerions-nous

qu'à la rigueur, pour ménager une transition, parce que

nous n'ignorons pas qu'il y a des gens que les réformes

radicales effrayent, même lorsque ces réformes ont tous

les caractères de la chose juste et raisonnable.

En résumé, tout ceci revient il dispenser le -médecin en

chef ou directeur de voir personnellement tous les alié-

nés tous les jours, ce qui est une garantie illusoire : à lui

permettre aussi de se décharger, pour le plus grand bien

des malades d'une partie de sa tâche sur un auxiliaire que

la loi lui donne et dont elle lui enlève les moyens de se

servir. En deuxième lieu, ceci revient à accorder au mé-

decin-adjoint la signature, et lui permettre de signer les

certificats de vingt-quatre heures, de quinzaine et de si-

tuation pour les malades qui se'trouvent dans le service

dont l'aura chargé le médecin en chef ou directeur, sans

qu'il soit nécessaire, comme en ce moment, dans beaucoup

de départements, d'un arrêté préfectoral lui concédant ce

droit. '

Il serait nécessaire, si ces nouvelles mesures étaient

admises, qu'elles fussent -bien précisées par des textes

afin qu'il y ait unité d'application dans toutes les mai-

sons d'aliénés. Les décrets et règlements actuels, la loi

môme de 1838, ne nous paraissent pas appliqués suivant

les mêmes règles dans tous les départements ; nous

38 revue D'ANATU611L et de physiologie pathologiques

croyons qu'il serait bon que cela fut évité dans l'avenir, ce

qui ne peut être qu'avec des textes précis. '

fJu'il nous soit permis de rappeler que c'est à la

suite de l'active propagande que nous avons faite que :

l°le concours pour les places de médecin en chef des

quartiers d'hospice de Bicêtre et de la Salpèt1'ière fut

rétabli (I87U) ; 2° qu'il fut appliqué aux médecins

suppléants créés sur notre proposition ; 3° que le

concours des internes fut institué (1880) et qu'enfin

fut organisé, en 1888, le concours pour les places des

médecins-adjoints de tous les asiles publics d'aliénés.

BOURNEVILLE.-

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE

PATHOLOGIQUES

1. Névraxologie et névraxopathologie ; par

le Dr IIELDENBERGH. (Journal de Neurologie, 1t109, no 20.)

S'appuyant, sur l'identité des lois qui président au fonctionne-

ment du cerveau et à celui de la moelle, l'auteur distingue, dans

la moelle comme dans le cerveau, deux appareils nettement sé-

parés : un appareil sensitivo-moLeur volontaire représenté par un

système de fibres directes, le système cortico-pyramidal , qui met

l'écorce en rapport avec tous les étages successifs du nevraxe;

et un appareil sensitivo-moteur réflexe involontaire formée d'une

sériede fibres indirectes et superposées, reliées entre elles par au-

tant de centres nerveux intermédiaires et qu'il appelle le système

eOl.tÍeo-e.1 : tm-py mm ulal,

La pathologie du système dit cortico-extra-pyramidal com-

prend tous les troubles de la sensibilité et de la motricité réflexes

ceux de la mémoire organique, de l'emotivite, rlc l'iduatim sen-

sible. Elle reflète en particulier la formation ou la production des

vraies idées obsédantes et phobies, des hallucinations sensorio-

psychiques corticales, de la catatonie, et de la catalepsie, des

impulsions kinéliclues et phonétiques, de l'angoisse vraie ou so-

revue d'anatomie ET DE physiologie pathologiques. 39

manque. etc., sans parler des multiples affections des arcs réflexes

primaires ou de ceux qui ressortissent au grand sympathique.

Réunis en un vaste et unique groupe morbide, ces syndromes

constituent la syndromatologie néuaxique ou la névraxopalho-

logie du système cortico-eOra-pyramidal. ,

Quant au système cortico-pyramidal. qui a une influence di-

recle et frénatrice sur le système cortico-exlra-pyramiclal ou ré-

flexe, comme il implique nëccssairementde l'indépendance fonc-

tonnelle. de la spontanéité, il reçoit un complément d'organisa-

tion el devient le système /c/<o-co)'<t'co-/) ? /)'OE) ? t;W.

' A l'état normal la sphère psychique volontaire et la sphère cor-

tico-reftexc involontaire s'influencent réciproquement et agis-

sent de concert grâce aux libres d'association centripètes et cen-

trifuges qui les relient l'une à l'autre. '

A l'état pathologique, il n'en est plus de même soit à la suite

d'une altération primitive du centre cortical volontaire, soif se-

condairement par le fait d'une interruption de ses libres d'asso-

ciation d'avec le centre cortico-im olontaire,

Dans le premier cas, toute manifestation de la volonté libre

étant supprimée le sujet sera livré à toute la fougue, à toute la

brutalité de son système cortico-eatra-p5-ramiclal involontaire.

Quand, au contraire, il y a seulement interruption des fibres

d'association entre là sphère psycho-volontaire et la sphère corli-

co-involonlaire la symptomatologie variera suivant le siège de

l'altération sur l'une ou l'autre espèce de libres, centripètes et cen-

trifuges, ou sur les deux à la fois.

Envisagé dans son ensemble, la pathologie du système psy-

cho-corlico-pyramidal comprend les désordres kinetiques et

phonétiques volontaires, les étals hypo et abouliques, confusion-

nels, stuporeux et démentiels, les troubles de la personnalité, de

l'aflectiyité, etc. Cette phénoménologie morbide constitue à son

tour la syndromatologie névraxique ou la névraxopathologie du

système corlico-p5-ramytlal. '

Cette conception ps)clto-anatoiiio-pliysiolo-iqtie des névroses

etdes psychoses permet de faire rentrer leur élude dans celle de

l'ensemble des maladies du névraxe ou névraxopathologie et de

réunir l'étudede la psychologie à celle de la neurologie sous le

nom de acv rwologie. 0. Ih : ¡.;y,

lf. -Contribution matérielle à l'étude des rayons Blond-

lot et Charpentier ; par M. Nikitine. (Obo ? rétzic· sichiott·ii.'

IX, 190a.)

De nouvelles expériences de contrôle, l'auteur conclut : 10 La

méthode photographique ne permet de découvrir sur l'écran phos-

phorescent aucune modification objective, quand on en approche

telles ou telles parties de l'organisme vivant. 2° L'observation

40 REVUE d'anatomie ET de PHYSIOLOGIE pathologiques.

directe par Vieil ne révèle pas non plus que l'organisme, et en

particulier, les muscles, nerfs, centres nerveux, soient aptes à

renforcer l'éclatdes surfaces phosphorescentes; on a eu soin préa-

lablement de supprimer l'influence de la chaleur, de la sugges-

tion, et autres circonstances accessoires propres à modifier le ca-

ractère apparent de la phosphorescence. - P. KER \V,U ? r,.1 "

111. - La direction des investigations' dans les travaux' `

de psychologie de Kroepelin ; par W. Weygandt. (Central-'

blatt f. 11'e>wenlaeill;uade. K\VI. \T. F. XIV, 190 ? no. 15G-158.)

Etude analytique minutieuse des Psychologische A l'beitm de "

l'Ecole de Kroepelin, t. 1-1V., 189.') à 1902. Peut-être serait-on

tenté de comparer ce recueil à l'entreprise que se proposerait

d'installer sur les bords du Rhin un laveur d'or ; sans doute il

arriveraitàtirer du sable du fleuve une certaine quantité d'or,

mais il en obtiendrait si peu que les dépenses de l'exploitation se-

raient loin d'être couvertes. Une telle considération est sans va-

leur quand il s'agit de science puisqu'ici les efforts mis en oeu-

vre tendent à grossir la somme de nos connaissances. Ainsi parle

àjuste titre M. Weygandt. P. 11ERAVAL.

^-sjV. Un phénomène réflexe original observé sur les

extrémités dans les paralysies centrales organiques ;

par W. l\[, llECHTEREW, (Obozrénié I)sichi(it-ii, VIII, 1903. Neii

prolog. Centralisait. \\II1, 190-'f.).

L'auteur rappelle son mémoire de 1895 (V, .11'cltivcs de Neuro-

logie, t. 1, 1896, p. 374). 11 s'agit de la tension brusque du biceps

dans le membre paralysé des vieux hémiplégiques lorsqu'après

leur avoir fléchi l'avant-bras sur le bras on le laisse ensuite re-

tomber, ou quand saisissant le bras entier dans ses deux mains

l'observateur fait exercer l'extension brusque de l'avant-bras

fléchi. De nouvelles observations lui ont montré l'apparition de

phénomènes analogues dans'les paralysies centrales organiques

quand l'observateur pratique la flexion ou la supination de l'ex-

trémité supérieure. Il enest de même pour les fléchisseurs de la

jambe dans les hémiplégies et paraplégies organiques, quand la

rigidité des membres paralysés n'est pas très grande, a fortiori

lorsqu'elle manque tout à fait. Il suffit de pratiquer une brusque

et forte extension pour se heurter, avant que l'extension de l'ex-

trémité soit terminée,à une soudaine résistance qui résulte de la

contraction réflexe des fléchisseurs ; on vainc -cette résistance

en continuant l'extension. Dans les hémiplégies organiques, la

flexion brusque du membre inférieur provoque dès le début une

secousse causée par l'extension passive des muscles correspon-

dants. Rien de semblable n'a lieu dans les hémiplégies fonction-

nelles. P. KERAVAL.

revue d'anatomie ET de physiologie pathologiques. 41

. ,

\', - Nouveau réflexe de la face; par A. Fucus. (Neurolog.

'l" \ -, Centr·aLblàlt. \\111. 1 ! 104.) -

Exerce-t-on sur la paupière fermée sans effort une légère pres-

sion sur le globe de l'oeil, on provoque un mouvement dans le

territoire de la branche huccale du facial ; à ce mouvement sem-

blent participer surtout les muscles zygomatiques et la portion la-

biale de l'élévateur de l'aile du nez et de la lèvre supérieure. Il

s'agit d'un réflexe transmis par la branche supérieure sensitive

du trijumeau au facial. Près de la moitié des personnes norma-

les le possèdent. Parfois il passe à la région symétriqne du facial

du côté opposé, lorsque le sujet présente de l'hyperexcitabilité

réflexe. Il était exagéré en deux cas de tétanie. P. Km,\V \1.,

\1, Nouveau phénomène spino-musculaire chez les

gens normaux ; par Marc Carthy. (Neurol.Centralblatt. \\I11,

1904.) - Du réflexe lombo-fémoral ; par W. M. BECTEREZ'.

(Obosrênié 1,sichiat1'ii IX. 1904. Neurologisches Centralblatt.

XXIV. 1905.) - -

Si chez l'enfant couché sur le dos, la tèle renversée en arrière,

les deux jambes lâches et se touchant par les talons, on percute,

les 2e et 3° lombaires, on obtient la contraction simultanée des

semi-membraneux et semi-tendineux, ce qui souvent occasionne

un mouvement de toute la jambe.Le même phénomène peut être

provoqué dans le décubitus latéral, les jambes étant au repos et

demi-fléchies. Cette position est la meilleure pour l'adulte. Le

réflexe lombo-fémoral de Gechterew est quelque chose de sem-

blable màis ils ne sont ni l'un ni l'autre des réflexes. Il est pro-

bable qu'on excite mécaniquement les os de la colonne ver-

tébrale,l'excitation se transmet à la moelle spinale ou aux raci-

nes antérieures; en ce cas ce serait un phénomène rappelant celui

de Chvostek. En un cas de tumeur de la région dorsale de la

moelle (autopsie), le réflexe était fort exagéré. Ainsi s'exprime M.

CARTHY, '

M. DOCHTER> : \V fait observer que,lorsque les réflexes des extré-

mités intérieures présentent une exagération plus ou moins fran-

che, le réflexe lombo-fémoral peut encore s'observer dans la po-

sition assise, souvent alors il s'étend aux extenseurs de la jambe.

Dans un cas de diplégie spasmodique, on obtenaitle réflexe lom-

bo-fémoral et dans la station debout, les genoux étant à demi-

fléchis, et dans la situation assise. Chez les sujets à hyperactivité

réflexe nette des extrémités inférieures, accompagnée de clonis-

me, le réflexe lombo-fémoral se traduit par des contractions clo-

niques des muscles de la jambe ; ainsi en est-il dans les myélites

dont les foyers siègent au-dessus du renflement lombaire ; obser-

42 REVUE d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques.

vation de Mel'jéiewsky qui se termina par la guérison et la dispa-

rition alors du phénomène en question. (L. F. Ragozine.) , ,t

z P. IFR.1V.11.,

s > . «^

\'Il. Les réflexes des segments éloignés des . extrémités

supérieures et leur signification diagnostique; par \1'.M.

BrcHTrRrw (Obnzrénié psieli iati-ii, VIII. 1903). (Neurolaq. Cen-

iralblatt XXIV. 1905.) .

On connaît les réflexes produits par le heurt de l'extrémité in-

férieure du cubitus et du radius, le réflexe émané du tendon du

supinateur, ainsi que le réflexe palmaire de Stembo et llollzin-

ger. M. Dechterevv rappelle encore son réflexe carpophalangien,

et le réflexe du poignet obtenu par le heurt du tendon du muscle

cubital externe. Ces réflexes ne peuvent fournir d'indications dia-

gnostiques utiles que si on les compare de chaque côté ; on ne

peut conclure à leur état normal ou anormal que par leur ab-

sence d'un côté contrastant avec leur existence de l'autre.

Le réflexe des fléchisseurs des doigts et du poignet s'obtient en

frappant sur les tendons en question au-dessus du ligament

transverse palmaire du carpe ; il se produit une flexion du poi-

gnet, des doigts et de l'avant-bras. On le rencontre assez sou-

vent chez les gens bien portants ; il est nettement exagéré dans

les cas pathologiques. Etant donné la grande quantité de gros

muscles entrant en jeu, son exagération indique la lésion du neu-

rone central ; sa diminution ou son absence trahit la lésion du

neurone périphérique. Mais il faut encore le comparer à celui du

côté sain.

Le réflexe pronateur se produit aisément chez un grand nombre

de personnes ; il suffit de frapper l'extrémité libre non recou-

verte de muscles du cubitus en tenant le membre fléchi et lé-

gèrement supiné. La pronation qui se manifeste dépend certaine-

ment de la contraction du carré pronateur. On peut l'obtenir en

frappant non seulement le tiers inférieur, mais le tiers moyen et

même le tiers supérieur du cubitus ; c'est donc un réflexe périos-

tique. On obtient encore parfois un faible mouvement de prona-

tion et de flexion de l'avant-bras en frappant sur le condyle in-

terne de l'articulation du coude, par la contraction du rond pro-

nateur, mais ce réflexe a moins d'importance pratique.

Tous ces réflexes doivent être cherchés des deux côtés afin d'en

comparer les modalités. Les paralysies organiques, à raison de la

destruction du neurone central, s'accompagnent presque toujours

d'une diminution extrêmement marquée des réflexes tendineux

et périostiques dans la partie du corps paralysée, ce qui n'est pas

le cas pour les paralysies fonctionnelles. P. Keraval.

REVUE D'ANATOMIE ET, DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 43

VU). La pseudomélie paresthésique symptomatique

d'une lésion de la portion cervicale de la moelle et du

segment inférieur du bulbe, par P. A. OsTANKOw. - Pseu-

domélie paresthésique symptomatique d'une lésion du

noyau lenticulaire, par W. M. BECHTEREW. (<3o : )VM ! f-'pM-

rhiatrii IX,1\JOL) .

L'observation de M. (ISTAN1C0\\' concerne un homme de 59 ans

et une méninge-myélite syphilitique localisée au segment cervi-

cal de la moelle, à laquelle participe le segment inférieur du

bulbe. On constate : une paralysie flasque des membres supé-

rieurs et inférieurs ; une abolition totale dans les membres de

tous les modes de la sensibilité ; de la rétention de l'urine et des

matières ; des convulsions toniques continues dans les muscles

du cou ; des contractions convulsivesdcs muscles des lèvres ; une

légère parésie du voile du palais ; la voix éteinte ; des accès de

dyspnée; l'affaiblissement de la contractilité du diaphragme ab-

sence des réflexes patellaires ; symptôme de lZahinsl : i; réflexe au

froid net : incurvation de la colonne vertébrale au niveau des

vertèbres cervicales et dorsales supérieures.

Enfin il existe une fausse sensation de membres imaginaires.-

11 semble au malade que ses bras soient fléchis, le droit sur sa

poitrine ; le gauche sur l'abdomen ; il croit que les doigts des

mains sont en flexion et que la main droite exerce une pression

particulièrement vive sur sa poitrine ; il accuse la lourdeur de

ces extrémités. Ses jambes lui paraissent également fléchies sur

lescuisses et violemment pressées l'une contre l'autre, hors du

lit ; il y perçoit une continuelle tension, de l'endolorissement,un

poids insupportable. En vain voit-il la position réelle de ses mem-

hres paralv ses qu'on est obligé de soulever, de fléchir et d'étendre

sous ses yeux. Celle démonstration ne fait pas disparaître la sen-

sation erronée. L'ensemble de ce complexus, son développe-

ment par poussées entrecoupées de quelques rémissions, puis sa

progression rapide, enfin l'atteinte simultanée du système osseux

(1)(',i-iostite), Lou[ conduit au diagnostic énoncé plus haut. La fausse

sensation tient à l'excitation du bout central des conducteurs de

la sensibilité et du sens musculaire à l'endroitlésé ; ce symptôme

n'apparaît d'après l'auteur russe que lorsque la lésion anatomi-

quedela moelle occupe un étage aussi élevé.

Dans l'observation de M. HECHTEREW, il s'agit d'un homme de : 18 ans, fils de buveur, buveur lui-même, successivement affecté de

délire hallucinatoire avec idées de persécution, de tuberculose

d'ictus entraînant une hémiplégie gauche. On constate progressi-

vement, de la parésie, des convulsions toniques, de la paralysie, de

l'anesthésie du sens musculaire seul, de l'amyotrophie. - L'éyolu-

tion de l'hémiplégiegauche estmarquée pa.vl'impression fausse que

44 revue d'anatomie et de physiologie pathologiques.

le bras gauelw scmeut. Ce membre est incapable de mouvement et

cependant le patient le sent derrière le dos, comprimé parle tronc

qui pèse sur lui, ou bien il le croit sur sa poitrine ou sur son ventre.

11 se rend très bien compte que c'est une sensation erronée, mais il

ne peut s'en débarrasser, même quand il regarde son extrémité

supérieure gauche, immobile, paralysée. L'autopsie révèle dans

-l'hémisphère droit, un ramollissement jaune-gris ; il occupe la

partie antérieure du ventricule latéral et englobe la plus grande

portion du noyau lenticulaire il. l'exclusion d'une fraction insigni-

fiante de son segment antérieur ; la substance blanche configure

est atteinte. Intégrité de la couche optique entière et du noyau

coudé. Atrophie de la cornée antérieure gauche de la moelle, de-

puis le renflement cervical jusqu'au renflement lombaire, l'atro-

phie des cellules est surtout marquée au niveau des renflements.

Atrophie et dégénérescence des cordons latéraux. C'est, pour M.

Bechterevv, à l'anesthésie du sens musculaire par lésion rigoureu-

sement limitée du noyau lenticulaire et de la partie contiguë de

substance blanche qu'il faut rapporter les sensations fausses.

P. IER.1VAL.

IX. Remarques sur les noircissures artificielles qui

surviennent dans la méthode de coloration de Marchi ;

parE. Stransky. (Neurolog. Centralblatt XXII. 1903.) -Les

sources d'erreur de la méthode de Marchi ; par W. SpiEL-

Mener. (Centralblatt f..Yèrüenheilh. XXVI. X. F. XIV. 190.3)

Les lésions mécaniques involontaires des nerfs posl-mortem, au

moment où on les recueille sur le cadavre se manifestent,d'après

M. STRANSKY comme suit : la myéline est partiellement rétractée

en dedans de l'endroit malmené, sur une étendue plus ou moins

grande ; la libre, successivement très mince et, graduellement,

plus large, renflée en massue, reprend progressivement sa largeur

normale. La gradation de celte transition permet de distinguer

cet état du morcellement en écale, ou de l'atrophie des fibres. Le

cylindraxe participe à la rétraction ; on ne le perçoit ni dans la

partie mince, ni dans le renflement en massue (figures). Ces pro-

duits artificiels se distinguent des noircissures pathologiques ; en

ce dernier cas, on a affaire à des miettes de myéline isolées ou

en amas, libres dans les fibres ou dans les enveloppes des libres

ovoïdes, ou globuliformes, à peine allongées*. Dans les produits

artificiels-il semble que la substance blanche soit crevassée

M. SPIEr.ncFVra dit que ce que l'ou désigne sans façon sous le

nom de produits artificiels se peut rattacher soit à des conditions

inhérentes au tissu nerveux, soit il. des vices dans la technique

C'est le tissu nerveux qui est en jeu quand, quelques précau-

tions que l'on ait prises, on voit sur toute la coupe de petits points

noirs et des grains diffus;. plus petits que les mottes dégénératives

REVUE d'anatomie ET de PHYSIOLOGIE pathologiques. 45

(les fibres à myéline les plus fines, toujours globuleux, ils occu-

pent de préférence les interstices. Eh bien ! ils sont l'expression

anatomique d'une usure physiologique, de la dégénérescence et

régénérescence normales de la myéline. Ou bien dans les pro-

cessus atrophiques de la substance nerveuse,ils représentent les

éléments, transportés à distance, de la substance blanche en voie

de destruction. Dans les processus toxiques, telles les paralysies

post-diphtéritiques, les poussières que l'on trouve dans la subs-

tance blanche du cerveau, permettent de penser que le poison

possède une intense affinité chimique à l'égard d'éléments cons-

tituants déterminés préformés de la substance blanche nerveuse;

c'est ce qui parait avoir lieu dans la tuberculose miliaire. Les

nombreux grains, que l'on trouve chez les enfants el lesnouveau-

n4s,surle trajet des racines i ntra-médullai res,doiven têtl'e imputés

à des conditions physiologiques de fibres nerveuses très jeunes ou

enétat de formation, conditions d'ailleurs ignoréespar nous.- Les

vices de technique dépendent d'actions mécaniques, de processus

de putréfaction, de l'effet des divers liquides de consclvation. De

l'examen de ces modifications, l'auteur tire quele meilleur moyen

de parer à ces inconvénients, c'esl d'enlever le plus tût possible

après la mort les organes et morceaux du système nerveux. On

les fixera dans le liquide de Muller qui sera souvent changé afin

d'éviter la pulridité. Le formol, plus conservateur, détermine de

très nombreux précipités noirs ou brun-noir, le gonflement vari-

queux, la coloration foncée des fibres. La chromisalion durera de

8.ic)ui-s à 6 mois ; ce qui importe le plus, c'est l'emploi d'une so-

lution osmio-chromiquo déjà et souvent utilisé. P. Keraval.

X. La forme des éléments nerveux de l'écorce du cerve-

let de divers vertébrés, par M. J. Curewitsch. (Netl1'%g.

Centralblatt. XXIV. 1905.

Mémoire accompagné de figures que l'auteur a lui-même ré-

sumé d'ailleurs longuement dans les termes suivants.

1. -Parmi les éléments de cette écorce, seules les cellules de

Parkinje possèdent une ramification extrêmement riche de den-

drites hérissées de pointes latérales. La variété d'aspects de ces

cellules suivant les divers animaux, leur forme dont la comple-

xité et les particularités correspondent à l'élévation et aux dé- r

tails d'organisation ainsi qu'à l'âge des animaux, trahissent des

modifications philogénéliques et ontogénétiques. Les cellules en

panier et les cellules de Golgi des jeunes animaux régressent à

mesure que croît l'organisme. ? Pourquoi maintes cellules ont-elles une forme compliquée

et possèdent-elles quantité de dendrites et de pointes latérales,

tandis que les autres sont pourvues de prolongements peu rami-

fiés sans pointes latérales ? ' ?

46 REVUE d'anatomie ET DE .physiologie pathologiques.

D'après la théorie de Golgi, les dendrites ne remplissent pas

de fonction nerveuse, elles sont destinées à la nutrition delà cel-

lule. D'après celle de Ramon y Cajal et van Gehuchten, den-

drites et cylindraxes sont des conducteurs centripètes de l'excita-

tion nerveuse; ils ne participent pas à l'activité qui prend sa

source dans le corps de la cellule. Aujourd'hui nous savons

d'après la structure du protoplasma que les dendrites se rappro-

chent plus du corps cellulaire que de l'axone; les corpuscules de

Nissl, les réseaux endo-cellulaires de Golgi se prolongent dans les

dendriteset non dans les cylindraxes; les neurosomes des dendri-

tes ressemblent plus aux neurosomes du corps de la cellule qu'à

ceux du cylindraxe (Shinkischi-Ilataï) ; les pointes latérales elles-

mêmes, propres aux dendrites, ont été observées aussi sur le

corps de la cellule, jamais sur les axones (Soukhano\\). Le cylin-

draxe peut aussi bien se détacher de la dendrite que du corps cel-

lulaire, voire d'une dendrite secondaire. Bethe a sur le carcinus

mêlas montré que l'influx nerveux se peut transmettre des or-

ganes de réception aux organes moteur sans passcr par le corps

de la cellule. Tout cela nous force à reconnaître que les den-

drites peuvent prendre part ci l'activité nerveuse parallèlement au

corps au la cellule. Nous tendrions donc à adhérer il l'idée de Lcn-

bossek (1895) : les dendrites jouissent des mêmes fonctions que le

protoplasma du corps de la cellule ; elles ne servent pas seulement

il. conduire les impulsions nerveuses, elles peuvent être le siège de

processus nerveux complexes auxquels parait particulièrement apte

l'expansion du protoplasme dans les fines masses des dendrites.

Et les pointes latérales ? Koelliker, \Ieyer et autres, tendent à

les regarder comme (les produits artificiels dusaux manipulations

de la méthode de Golgi. Pour Rethe, elles ne sont que des parties

imprégnées du réseau péri-cellulaire.

Comme liamon y Cajal. Ivvanoff, Turner, Schinkisehi-llataï ont

réussi à les colorer au bleu de iiié[liyl(3 et à la fuchsine acide, on

est en droit de les tenir pour des composants pndol'més du pro-

toplasma des dendrites. Chez un lapin vivant la coloration des

éléments cortico-cérébelleux a été obtenue à l'aide du bleu de mé-

thyle. (\'an Gehuchten, Cajal, Duval, Bechterevv, Ileger, Cure-

vvitsch.)

Ces pointes latérales seraient destinées au contact des neurones,

(van Gehuchten, llamon, Stef1'anO\rskQ., ])eI11001', Azoulay). Mais

bien des éléments n'ont point de pointes, tandis que d'autres en

ont en abondance. C'est que la possibilité des contacts sans ces

pointes est incontestable, et que le nombre de celles-ci ne permet

pas de préjuger de la. quantité des contacts. Leur position même

ne corrobore pas les données établissant l'endroit de ces contacts.

Ainsi le corps des cellules de Purkinje n'a pas de pointes et

cependant il entre indubitablement en contact avec les petits pa-

REVUE d'anatomie ET de PHYSIOLOGIE pathologiques. 47

niers des cellules corbelliformes. SoukIIanow a fait remarquer

que les pointes latérales sont principalement l'apanage des cellu-

les à fonction autonome, des cellules de Purkinje, autonomes

comme les cellules pyramidales; pour lui, les pointes ne servent

pas seulement au contact, elles augmentent la surface de la cel-

lule, d'où production, accumulation, conservation de l'énergie.

Cette théorie peut se marier à celle de Leuhossek sur le rôle des

dendrites.

Le corps de la cellule, les dendrites et les pointes latérales, re-

présentant un protoplasma disposé d'une certaine manière, possè-

dent toutes les fonctions propres au protoplasma nerveux-, c'est-à-

dire la nutrition, la COI/ductilité, la productivité, l'accumulation et

la conservation de l'eaer' ! 71enerretts<" La complexité delà r°an21/icrt-

tion des dendrites et leur abondance en pointes latérales amplifient

le périmètre et la surface de l'élément nerveux, ce qui crée des con-

ditions prop res ci une activité plus intense et plus productive.

3. La complexité de la forme paraît donc être le reflet et la

condition de la complexité de l'activité fonctionnelle.

Ce parallélisme entre la forme des éléments nerveux et leur

fonction est confirmé par la forme extérieure des cellules cortico-

cérébelleuses chez les divers animaux et aux différents âges.

Dans l'écorcedu cervelet de n'importe quel animal les cellules

de Purkinje se distingue nettement entre toutes les autres, par la

riche ramification de leurs dendrites,ainsi que par la quantité de

leurs pointes latérales. Ces éléments sont les cellules les plus

importantes les cellules spécifiques de cette région, sont les vec-

trices de sa fonction, car seules les cellules de Purkinje expédient

leur influx hors des limites de l'écorce cérébelleuse ; tous autres

éléments, à courts cylindraxes, se terminent dans cette écorce.

Puis les cellules de Purkinje varient de forme selon les animaux;

plus un animal esl élevé en organisation, plus complexe est la

forme extérieure des cellules, plus elles sont riches en dendrites

et pointes latérales. ·

On trouve aussi suivant les particularités fonctionnelles impu-

tables au cervelet de l'animal (ainsi chez les vertébrés ailés, chez

les oiseaux), des particularités correspondantes dans la forme

extérieure des cellules de Purkinje. Enfin les phases de développe-

ment des cellules de Purkinje éclairent le fait de la complication

de la forme en même temps que de la fonction qui s'opère dans

le cours de l'accroissement de l'organisme

On sait que les cellules pyramidales, ces éléments fondamen-

taux de l'écorce cérébrale, font les frais de modifications philo-

génétiques et ontogénétiques, qui correspondent à la complica-

tion de la fonction de ces cellules pendant le développement de

l'organisme animal d'un individu ou d'une espèce. Par contre,

les cellules corbelliformes et les cellules de Golgi simplifient

48 revue d'anatomie ET de physiologie pathologiques.

leur forme avec la croissance de l'animal, ressemblant en cela

aux cellules de la corne antérieure de la moelle (Geier). Donc

toutes les cellules, tous les organes et tissus, ne se perfection-

nent pas avec le développement de l'organisme; quelques-unes

mêmes régressent. 11 est très probable . que les cellules de la

moelle possèdent chez le jeune animal une fonction plus intense

que chez l'animal adulte. Il se peut que les cellules en corbeilles

--et les cellules de Golgi aient dans l'organisme jeune plus d'in-

dépendance et que chez l'adulte, seulement les cellules de Pur-

kinje acquièrent dans le cervelet un rôle prépondérant au mo-

ment où l'activité nerveuse se centralise en les éléments fonda-

mentaux du système nerveux propres à l'organisme développé.

C'est ainsi que l'on peutcomprendro : la multiplicité des rami-

fications des prolongements proloplasmiques ; la richesse de cer-

tains éléments en pointes latérales peu abondantes sur d'autres;

la complexité graduelle de la forme des éléments d'un rang élevé

(cellules de Purkinje et cellules pyramidales) du moineau ou du

cobaye à l'homme, de l'enfant à l'adulte. On peut aussi s'expli-

quer la régression du développement des cellules en corbeilles,

des cellules de Golgi, des cellules des cornes antérieures il me-

sure que croît l'organisme, et la subordination graduellement

plus accusée de ces éléments aux corps cellulaires plus élevés,

ceux-ci attirant à eux le pouvoir suprême sur le système nerveux

central en augmentant la masse et la surface deleurprotoplasma

et en compliquant leur organisme à raison de la plus grande in-

tensité et de leur activité.

Cette théorie qui attribue aux dendriteset a leurs pointes laté-

rales un rôle plus important dans l'activité nerveuse fait com-

prendre pourquoi ces parties de l'élément cellulaire fournissent

une échelle si sensible des modifications auxquelles est soumise

la cellule dans le développement (ltltiloâéuétique etontogeneti-

que) de l'organisme, alors que le corps de la cellule siège unique

d'après la théoriedela polarité dynamique de l'activité nerveuse

change extrêmement peu de forme et même de volume.

P. KERAVAL.

XI. Contribution à. la question de la régénération de la

moelle, par G. Oikelès (Neurolog. Centralbl. \\IlllJll'i).

Dans les expériences relatives à l'écrasement des racines spi-

nales, chez les chiens, on voit la racine postérieure (extramedut-

lairc) se régénérer complètement ; il existe même dans la moelle

certains processus de régénération.

Ceci est prouvé non pas seulement par l'existence de fines libres

nerveuses (qui pourraient être d'origine' endogène), mais princi-

palement par leur manière d'être sur des coupes longitudinales.

Chez l'homme, les coupes de moelle au-dessous d'une rupture

revue d'anatomie et de physiologie pathologiques. 49

traumalique mollirent, alors qu'il n'y a aucune autre fibre ner-

veuse, de très fines fibrilles à trajet irrégulier, qui sont en di-

recte continuité avec les fibres régénérées du segment de la ra-

cine postérieure le plus près de l'axe. Maintenant cet élan vers

la régénération de la moelle a-t-il une utilité physiologique;

aboutit-il; les fibres régénérées sont-elles susceptibles de vivre :

ne sont-elles pas étouffées par le tissu scléreux 1 Impossible de

répondre encore àces questions. Notre patient, atteint de rup-

ture de la moelle, survécut 10 mois à l'accident, et les fibres ré-

générées étaient indubitablement de date plus récente.- Spiller

est Frazier (Universit. of. Pensylvan, Med. Bull., juin 1903) exa-

minant la moelle de chiens chez qui, 10 mois auparavant ils

avaient sectionné les racines postérieures, notent l'absence ab-

solue de régénération médullaire ; seulement ils n'ont pas fait

de coupes longitudinales propres àconstater la continuité ou l'in-

terruption de ces racines ; l'absence de libres fines (les photogra-

mes révélèrent un nombre relativement grand de libres épaisses

dans le territoire même de dégénération éclairci), celle absence

prouve très peu dix mois après l'opération, surtout quand on

n'indique pas la constitution des libres nerveuses dans la portion

centrale (le la racine postérieure opérée. Or la recherche de la

régénération inlramédullaire suppose évidemment que la régé-

nération extramédullairc était afrectuée, mais il n'y a pas à

cet égard d'indication formelle. Cette lacune serait à combler

puisque il a été prétendu qu'après la section des racines posté-

rieures, leur régénérescence extramédullaire était en principe,

impossible, tandis que de mon côté j'ai imputé l'absence éven-

tuelle de la réunion nerveuse à la suite d'une section à des cau-

ses accessoires telles que le défaut d'une voie conductrice,et la

tendance exagérée àla prolifération du tissu conjonctif.

P. Keraval.

Xll. - Une nouvelle méthode de coloration des gaines de

myéline, par E.Froenkel. ( ! \relti-010g. Cent/'albl" XX11, 1903.)

Le colorant employé est le bleu de méthylène polychrome

d'Unna.

Le durcissement s'effeclue dans le liquide de Millier, ou dans le

mélange de bichromate de potasse et d'alunchrome de C.Weigert;

l'emploi de cette dernière solution abrège très considérablement

la durée de la fixation.

Lespièces incluses dans lacelloïdinesont coupées,puis plongées

dans la solution colorante; quelques heures de séjour suffisent

mais on peut sans inconvénient les y laisser plus d'un jour, le

m0meli([uide égoutté peut reservir.

Lavez à l'eau distillée, puis différenciez chaque coupe séparé-

ment dans une solution aqueuse de tannin aussi vieille que pos=

Archives, 2, série, t. XX. 4

50 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques.

sible saturée. Les coupes qui parle colorant étaient devenues uni-

formément bleu sombre doivent rester dans la solution jusqu'à

ce qu'à l'oeil nu on distingue la substance grise de la substance

blanche. Celles qui ont été fixées au liquide do Muller semblent

se décolorer un peu plus promptement que les blocs durcis dans

le mélange de Weigert. On juge du temps qu'il faut les laisser

bilans la solution de tannin ; on aurait beau les y laisser plus de

12 heures qu'on n'aurait pas une décoloration complète. Elles

sont après l'opération d'un bleu pur.

On lave encore à l'eau distillée et l'on recommence le même

cycle de coloration et de décoloration. Il se forme dès qu'on remet

la coupe dans le bleu de méthylène polychrome, à la surface de

- la solution colorante (qui doilèlre filtrée chaque fois avant qu'on

nes'en serve) une pellicule d'un chatoiement métallique ; le li-

quide colorant est d'ailleurs le siège de modifications tenant à l'ac-

tion du tannin qui adhère aux coupes sur la matière colorante

basique.

Il faut donc employer de grandes quantités de la solution colo-

rante, et, surtout quand il s'agit de grandes coupes, ne placer

que peu de coupes dans la couleur. Le premier traitement au

tannin des coupes augmente l'avidité de celles-ci pour la couleur

basique ; le tannin outre qu'il différencie, renforce pendant la se-

conde opération de coloration. Quand les coupes sortent de la

seconde opération de coloration elles paraissent totalement noires

et couvertes de bourbe, cette bourbe disparaît et par le fanage à

l'eau distillée et par la seconde différenciation dans le tannin. A

ce moment elles prennent une nuance d'un bleu-noir.

On déshydrate à l'alcool à 90" on éclairai dans l'essence de ber-

gamotte et de xylol, on conserve dans le baume.

Dès lors, les libres à myéline les plus fines sont colorées et les

plus minimes défectuosités y apparaissent. Ce sont des annneaux

d'un bleu foncé simples ou doubles, qui entourent les cylindraxes.

Dans l'écorce cérébrale on perçoit et les fibres tangentielles et les

fibres de la couche supraradiaire sous-jacente. Pour le cerveau,

il est préférable de fixer au mélange de Weigert : les fibres mvé-

liniques qui sont d'un noir plus intense deviennent extrêmement

apparentes. Les deux méthodes de fixation conviennent indiffé-

remment à la moelle. Pour celle-ci les deux cycles d'opérations

sont chacun de 6 heures ; on double ce temps pour le cerveau.

On voit en outre des fibres nerveuses à myéline (bleu-noir), les

noyaux des cellules de la né\ roglie et les vaisseaux des centres

ou des méninges, dont la tunique musculaire apparaît bleu-clair.

Sont aussi distincts : les cellules du canal central avec leurs

noyaux basaux ; les noyaux du périnerf et' de l'endonerf, tant

dans les racines spinales que dans les nerfs périphériques.

Sur les coupes ainsi colorées on peut faire agir le mélange Gie-

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES, 51

son. On obtient alors les éléments conjonctifs (pie-mère, gaînes

vasculaires adventices) en rouge, tandis que la charpente de la né-

vroglie est purement verdâtre.- Inversement, on peutcolorer au

bleu de méthylène polychrome descoupes préalablement traitées

à la solution acide d'orcéine. On saisit alors sur une même coupe

des anomalies dans la structure des parois vasculaires, ainsi que

l'état des gaînes de myéline. Tout pigment apparaît également

avec netteté. P. 11ERAVAL.

XIII. Du régime hypoazoté dans l'épilepsie (élimina-

tions urinaires et résultats thérapeutiques), par Jules

Voisin, Roger Voisin et NORERO. (Revue mensuelle des maladies

de l'enfance; juin 1905, p. 252-2G8.)

Les auteurs ont appliqué pendant un mois, à huit entants épi-

leptiques, et comparativement, à deux enfants arriérés simples

non épileptiques, un régime dépourvu de tout élément azoté d'o-

rigine animale, et très pauvre en éléments azotés d'origine végé-

tale. Les graisses et les hydro-carbures, principalement le sucre,

remplaçaient dans la ration alimentaire la part prise habituelle-

ment par l'azote.

Les enfants qui avant ce régime hypo-azoté absorbaient par

kilogramme de poids de 0 gr. 8 àl gr.68 d'éléments azotés (quan-

tité qui est plus faible que celle ordinairement absorbée dans un

régime normal en ville),ne prirent plus pendant le régime que de

Or. 45 à 0 or. 92 d'éléments azotés. Celte diminution de la quan-

tité d'azote absorbée ne troubla en rien la nutrition générale, et au

bout du mois sur les 10 enfants, 6 avaient augmenté de 0 kg. 500

à ka. 500, 2 étaient stationnaires, 2 seulement présentaient une

diminution de 500 grammes. Ce résultai montre donc quel'on peut

sans inconvénient abaisser au-dessousd'ungrammeparkilogram-

me de poids (chiffre minimum admis par Lambling et Maure ! ) la

dose journalière d'éléments azotés ingérée. Par l'élude de l'azote

urinaire, les auteurs ont constaté, résultats identiques à ceux de

Labbé et Uorchoisne, que l'excrétion de l'azote suit la courbe de

l'ingestion de l'azote, et qu'en aucun cas l'azote urinaire ne fut

supérieur à la quantité d'azote ingéré. Malgré cette diminution

considérable de l'azote alimentaire, le nombre d'accès des 8 ma-

lades, toutes grandes épileptiques, ne fut pas modifié. (La quan-

tité donnée de bromure a été invariable.)

Au premier abord, cet insuccès clinique paraît devoir servir

d'argument contre la théorie pathogénique de l'épilepsie, basée

sur l'auto-intoxication. On admet, en effet, généralement que la

nourriture animale est cause,bien plus que la nourriture végétale,

de fermentations et productions toxiques, or les accès épileptiques

ne présentent aucune diminution de nombre pendant un régime

52 sociétés savantes.

où théoriquement l'intoxication de l'organisme devait être au

minimum.

Les auteurs font remarquer que cette toxicité plus grande delà

nourriture azotée animale n'est pas démontrée. Lapicque et Ma-

relti ont prouvé, en effet, que toxicité urinairen'estpas influencée

par la quantité d'albumine, alimentaire ; et, toujours persuadés : de la justesse de l'hypothèse pathogénique de l'épilepsie d'origine

toxique, ils concluent que puisque le nombre des accès n'a pas

'diminue,c'est queles phénomènes d'auto-intoxication n'ont pas

diminué d'intensité, et que, par conséquent, ils ne dépendent pas

du taux de l'azote ingéré. De ces recherches résulte donc cette

constatation intéressante : c'est qu'il est inutile de donner à l'épi-

leptique un régime laclo-végélarien, et qu'il peul sans inconvé-

nient suivre le régime mixte normal.

SOCIÉTÉS SAVANTES

SOCIÉTÉ DE NEUROLOGIE

Séance du 11 mai 1905. Présidence de M. BRISSAUD.

Paralysie alterne &t6o-j');'<t( ? )'fttt<e.

M. Souques montre un malade alleinl d'hémiplégie droite sen-

sitivo-motrice (tronc et membres) avec paralysie gauche de qua-

tre nerfs crâniens : facial, moteur oculaire commun, auditif et

trijumeau, et avec hémiasy'nergie gauche, et tremblement inten-

tionnel. La branche motrice du trijumeau n'étant pas paralysée

la lésion doit être bulbo-prolubéranliello (hémorrhagie probable

chez un alcoolique).

Tabès supérieur et méningite syphilitique basilaire.

MM. Souques et VINCENT montrent une syphilitique de 51 ans,

qui, à la suite de fausses couches, tomba dans le coma et en sortit

avec une amaurose totale et des crises (l'épilepsie jacksonnienne

aujourd'hui disparues. Sa papille atrophiée est caractéristique du

tabès. La malade aveugle présente encore une paralysie du mo-

teur oculaire commun, de l'hémialrophic linguale droite, une pa-

résie faciale gauche et de la corde vocale gauche avec troubles de

la phonation et de la respiration, delà rapidité du pouls et des

lésions du voile du palais. Ni incoordination, ni troubles vésicaux,

mais paraplégie spasmodique avec réflexes exagérés.

Démence précoce.

M. G. Ballet présente deux malades de type différent à l'ap-

- sociétés savantes. 53

pui de son opinion : qu'on a tort de faire actuellement des quatre

formes cliniques décrites de la démence précoce des variantes

d'une même entité morbide. La démence précoce est mal connue

et doit encore être étudiée avant qu'on en puisse grouper toutes

les formes dans un même cadre.

Contractions associées paradoxales dans une ancienne paralysie

, faciale.

M. Lamy montre un malade paralysé de la face depuis son en-

fance qui ne contracte pas son front pour regarder en l'air et qui

le contracte pour fermer les yeux, ce qui gêne ce dernier mouve-

ment.

Tabès et maux perforants.

M. P. Marie présente un tabëtiquo atteint de plusieurs maux

perforants palatins déterminés par des points d'appui de den-

tiers.

Tremblement congénital et dégénérescence ; pathologie comparée.

MM. RAYMOND et 'l'HAON présentent l'observation de deux fai-

sans adultes, nés de parents consanguins, dont la première COli' ée

avait donné des produits non trembleurs, mais débiles; ceux-ci

ont tremblé dès la sortie de l'oeuf; le tremblement affecte le corps

dans son ensemble ; surtout dansla station; il diminue au repos.

Ces oiseaux sont débiles et inféconds. Il s'agit d'un tremblement

congénital avec tare familiale dégénérait e.

Les bandelettes optiques dans le tabès avec cécité.

MM. P..Marie et Llhu. Dans le tabès avec cécité, il subsiste

toujours un petit faisceau intact dans les bandelettes optiques,

alors même qu'il n'y a plus dans les nerfs aucune fibre nerveuse.

Ce faisceau résiduaire ne représente ni la commissure deMeynerf,

qui subsiste en dehors de la bandelette, ni lacommissurede Gud-

den absente chez l'homme Il siège à la partie externe des ban-

delettes depuis la partie toute postérieure aux environs du corps

genouillé, jusqu'à la partie toute antérieure où ses libres se met-

tent en rapport avec les ,cellules du ganglion optique basai de

Meynert. Il se-prolonge parfois sous forme d'un petit faisceau

dans la partie supéro-externe du chiasma.

Paralysie générale et syphilis cérébrale diffuse.

M. Duprk et Devaux. Les caractères histologiques différen-

tiels de ces deux affections permettent le diagnostic à l'examen

des préparations. Dans la paralysie générale, l'infiltration péri-

' vasculaire est formée presque exclusivement par les plasmazellen ;

lanevroglie prolifère surtout au voisinage des vaisseaux d'une fa-

çon diffuse ; enfin on observe une abondante formation de néo-

vaisseaux.

54 sociétés savantes.

Dans la syphilis cérébrale, l'infiltration périvasculaire, lors-

qu'elle existe, est formée surtout par des lymphocytes ; les plas-

mazollen en bâtonnets sont rares, la prolifération névroglique se

l'ait en foyers. Les lésions vasculaires sont caractérisées par une

prolifération endothéliale énorme et par l'hypertrophie de la mem-

brane élastique, -

.T Chorée et catatonie, '

M. ACHARD rapporte le cas d'une fille de dix-huit ans, atteinte

de catatonie et d'indifférence apathique à la suite d'une chorée

rhumatismale, on craignait la démence précoce. Devenue tuber-

culeuse, elle retrouva sa lucidité intellectuelle trois jours avant sa

mort.

M. ACHARD rapporte aussi un cas d'hémiplégie hystérique sur-

venu à l'àge de G4 ans, à la suite d'une émotion.

MM. P. Roy et Il. Dupouy rapportent un cas d'amnésie rétro-

antérograde ayant débuté brusquement par un ictus chez un pa-

ralytique général qui ne se rappelle rien des douze dernières an-

nées. F. B.

Séance duS juin 1905. PRI¡SI DlèNCE de M. le Prof. l3alssAUU.

Cécité verbale pure avec hémianopsie homonyme latérale droite.

Persistance de la sensation de lumière brute dans le champ droit.

MM. Lévy et FAGUET présente un artérioscléreux albuminuri-

que qui est atteint de cécité littérale, syllabique et verbale, sans

agraphie, ni aphasie motrice, ni surdité verbale, et de l'héinia-

nopsie homonyme droite ; lésion au niveau du centre visuel

commun. La lésion interrompt les fibres de communication avec

le centre visuel verbal.

Amélioration générale. OEdème cérébral probable ajouté au

foyer de ramollissement. '

Tabès cervical chez un enfant de quinze ans.

MM. Déjérine, 11OR1 : R0 CL LEENHARDT. - Pas de syphilis, in-

coordination des membres supérieurs depuis deux ans, force

musculaire conservée. Sensibilité tactile et à la douleur abolie

aux doigts et diminuée sur le bras et la main suivant le type radi-

culaire. Disparition du sens des attitudes du sens stéréognostique,

delà sensibilité osseuse et des réflexes de l'avant-bras, lympho-

cylose très faible, pas de signe d'Argyll. MM. Marie et Babinski

n'acceptent pas le diagnostic de tabès.

Névrite radiculaire cervicale et dorsale supérieure.

MM. Déjérine, LEENHARoT et Morero montrent une femme

probablement syphilitique, présentant de l'anesthésie dans le

SOCIÉTÉS SAVANTES. 55

champ de la 2- à la 8c racines cervicales droites et de la 11'0 à la 6'

dorsales, diminution de la force et des réflexes des bras.

Pas de douleur spontanée, mais douleur en éternuant par dis-

tension du cul-de-sac méningé péri-radiculaire enflammé.

*' Scopolamine dans la maladie de Parkinson.

M. Roussy a obtenu une diminution de la propulsion et de

quelques autres symptômes tels que tremblement et raideur par

des injections sous-culanées de scopolamine. M. Alquier montre

que cette action n'est pas durable et est dangereuse quand il y a

(le l'artério-sclérose et des troubles vasomoteurs.

Sclérose en plaques infantiles.

MM. RAYMOND et BAUDOUIN présentent une fillette de treize ans

atteinte depuis trois ans de troubles de l'écriture, puis de lamar-

che ; ébauche de signe de Romberg; exagération des réflexes et

signes de Babinski ; pas d'asynergie cérébelleuse. Du côté de

l'oeil, nystagmus, diplopie et décoloration de la papille. 11 y a un

tremblement intentionnel très léger. Pas d'antécédents spécifi-

ques, hérédité névropathidue. Coqueluche, rougeole, varicelle

dans l'enfance. -

Ophtalmoplégie et tremblement.

MM, BRISSAUD et Moutier présentent une malade qui en 1901

fut prise de vertiges et d'anesthésie de laface à droite et qui garda

de la diplopie après guérison. En 1902, elle eut de la lourdeur,

puis du tremblement de la jambe gauche, puis dans le bras et en-

fin une dysarthrie prononcée. Le tremblement est à typeparkin

sonien. Il y a ophtalmoplégie totale et paralysie faciale gauche

sans troubles de la sensibilité. Syphilis probable ; lésion pédon-

culo-prolubérantielle (artérite ou gomme) atteignant les noyaux

111 et IV coupant le faisceau facial au-dessus de son entrecroise-

ment. h. BOISSIER.

SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCIIOLOGIQUE.

Séance du 20 mai.

Suppuration et rémission dans la paralysie générale.

M. le 1), A. Marie communique une observation de paralysie

générale où survint unerémisson notable avec la cure d'une sup-

puration développée à une phase de la maladie offrant toutes les

apparences d'une cachexie finale. Mais serait-ce la suppuration

imminente qui aurait déprimé l'étal général du malade plus que

la paralysie générale Cette suppuration était évidemment due

à une de ces infections latentes ou secondairement incidentes si

fréquentes au cours des paralysies générales. Mais en supposant

que son développement sous forme de collection abcédée ait pu

56 BIBLIOGRAPHIE.

agir comme processus de fixation, l'intervention chirurgicale qui

y mit lin semble avoir agi non moins activement pour sauver ce

malade qui n'eût pas manqué de périr sans elle.

Le point délicat est 11'établir le départ exact entre l'influence

de la suppuration initiale et de sa cure chirurgicale sur réH1lu-.

tion de la paralysie générale sous-jacente et ses rémissions. Il est

permis de se demander si' un traitement abortif de la suppura-

rtion à son début eÙt t'oLé suivi de la même rémission ; si la sup-

puration a eu quelque action directe sur les éléments infectieux

en les fixant et en suscitant une réaction défensive leucocytaire

favorable; l'intervention chirurgicale consécutive etaitdoubte-

ment CUL coup sur urgente pour l'élimination d'éléments nocifs

fixes.

7')'rc)'<'t0)) ? <'.rt(f ?

Le D1' Viollet communique deux observations de perversion

. sexuelle sadisme sur les animaux attentats ci la pudeur sur une

. fillette en rapport avec des malformations acquises. Dans les

deux cas de cet auteur, pris dans le serv ice du D1' Marie, de \-il-

lejuif il n'existait aucune perversion sexuelle avant la mal-

formation. C'est bien de celle-ci que dépend la perversion, qui se

développe, il est vrai, chez des débiles mentaux. L'auteur pense

qu'il existe un grand nombre de cas de ce genre, où des déforma-

lions, minimes, parfois curables chirurgicalemenl, sont le point

de départ des perversions sexuelles.

BIBLIOGRAPHIE

I. Compte administratif pour 190) de l'Asile d'aliénés de

Quimper ; par le )) ? En.noN. médecin directeur.

Population au 31 décembre 1902 : G29. Entrées en 1903, 1 i i ;

" Imbécillité, illiotie, 't ; lspilelticlues. 8; alcooliques, 48 dont

11 1 femmes ; sorties, 72 ; guérisons, 22 : améliorations, 33 ; décès,

95; existant au 3 décembre 1903, GOfi. Journées de présence,

2n ? ()3, Dépenses, 2(j ! ¡,OS9 fr.A propos des recettes provenant des

aliénés au compte d'autres départements, M. Meilhon fait la re-

marque que celte recette diminue tous les ans, l'Asile laissant

s'éteindre par extinction la population étrangère au Finistère;

mais tout danger d'encombrement est actuellement écarté, et si

les villes se faisaient trop nombreux, nous prendrions des mesu-

res pour amener quelques aliénés étrangers.

BIBLIOGRAPHIE. 57

Le produit du travail des aliénés a été évalué à 17.980 fr., la

journée de travail est payée de 50 à GO centimes. La dépense

pour les pensions de retraite et secours a été de 1.20) fr. Le prix \ :

de journée est de 1 fr. 155. « La construction et l'installation du

laboratoire est l'oeuvre la plus importante que nous ayons réalisé

pendant l'exercice 1903. dit M. Aloilhon. » Entretien des archives

et bibliothèque, 378 fr. Tous les asiles devraient avoir un labora-

toire, une bibliothèque médicale, et une bibliothèque pour les ma-

lades. '-

,

Le Rapport médical présenté à l'administration par JI. le D1'

Jleilhon a été rédigé sous son inspiration par M. le Dr Lagriffe

médecin-adjoint. C'est là un nouvel exemple de collaboration du

médecin directeur et du médecin adjoint qui vient heureusement

s'ajouter à ceux que nous avons signalés. Voici quelques citations.

« M. le Dr Meilhon, Directeur médecin de l'Asile de Quimper

a bien voulu nous charger de rédiger le rapport médical de l'an-

née qui vient de s'écouler. Alors que nous étions un nouveau

venu, non seulement dans cet établissement, mais dans le cadre

des Asiles, c'était là nous fournir une occasion éminemment fa-

vorable de nous renseigner d'une manière plus complète sur le

fonctionnement d'un Asile, et nous donner, dans l'espèce, la mar-

que de confiance qui pouvait nous être la plus agréable, nous

remplissons un devoir et nous le remplissons avec plaisir en le

remerciant très, i\ cmcl1L dès le début.

Le chiffre dcs entrées a été plus élevé que jamais ; il provient

des malades du Finistère. L'alcoolisme sévit dans toutes les clas-

ses. - Ce sont les vieux alcooliques incurables qui constituent

le fond de notre population. Décès par tuberculose, '24 sur 95,

« malgré foules les précautions que nous prenons ».

(11 serait intéressant de connaitre pour chaque asile le nombre

des agents du personnel secondaire, service de jour, de nuit,

services généraux (religieuses, laïques, avec leur salaire).

La direction médicale de l'Asile avait cru pouvoir user pen-

dant un temps d'un moyen qui, tout en diminuant la durée du

séjour, permettait de prolonger au dehors, dans une certaine

mesure, la surveillance morale et le conseil dont les malades

améliorés ou paraissantguéris ont besoin pendant un long temps.

Ce moyen est le congé de (rots mois.

Mais, comme le faisait prévoir le rapport médical de l'année

dernière, aucune sortie à titre d'essai n'a été accordée en 1903.

Nous rappelons que cette détermination acte prise par la Direc-

tion médicale de l'Asile, à la suite d'une discussion du Conseil

supérieur de l'Assistance publique, de laquelle il paraît résulter

que l'Administration de l'Asile reste responsable des actes du ma-

lade dont la sortie n'est pas définitive.

58 BIBLIOGRAPHIE.

« Il y a lieu de regretter très vivement une telle interprétation et

il y a lieu de le regretter surtout dans le département du Finistère

parceque la proportion des alcooliques y est très élevée et que

ce sont surtout ces malades qui devaient en bénéficier. 11 était

ainsi possible de les initier peu à peu à la récupération inté-

grale de leur liberté ; ces malades, sachant que leur liberté n'était

en quelque sorte que conditionnelle, avaient tout intérêt à se bien

. conduire, ils étaient obligés de faire d'eux-mêmes un effort pour

résister à leur appétition habituelle et le résultat de cette con-

trainte morale que le malade exerçait sur lui-même pouvait avoir

les meilleurs effets. , .

i « L'alcoolique est bien souvent un aboulique, toutes les condi-

tions qui lui donnent l'habitude de soumettre ses impulsions ré-

flexes à l'exercice bienfaisant de sa volonté, ne peuvent avoir

pour résultat que de hâter ou de rendre définitive sa guéri-

son. ' .

« Dans ces conditions il serait à souhaiter que la surveillance

morale que l'Asile pouvait exercer sur son malade en congé pût

être prise en charge par l'Administration à l'endroit du malade

guéri ou amélioré, qu'il fût possible par exemple de limiter le

périmètre où il serait facile de lui dénier pour un temps le droit

de séjourner dans les débits ou d'acquérir des boissons alcooli-

ques.

« De ce rapport, dit M. le Lagriffe nous devons retenir surtout

qu'en 1903 le nombre des aliénés a augmenté dans le déparle-

ment du Finistère, et que l'alcoolisme continue d'y faire des ra-

vages croissants. -

IL Rapport médical et Compte-rendu administratif de l'exer-

ciée 1904 de l'asile de Dur-lés-Anxiens (Somnte), par le D1' René

Charron, médecin en chef-directeur.

11 nous plaît de signaler l'ordre dans lequel notre excellent

collaborateur, le D1' Charon,énumère ses doubles fonctions, mar-

quant, comme nous le faisons et comme le font quelques-uns de

nos collègues, la prédominance des fonctions médicales. Cela est

naturel, logique, de la part du chef d'un établissement consacré

aux malades.

Population au 1"' janvier 1'J04, 536 aliénés ; admissions en

1904, 165; sorties, 84; décès, 78 ; population traitée, 701 ;

restants au 31 déc., 53 ! ). Augmentation régulièrement progres-

sive des internements. Parmi les admissions, signalons 12 cas de

manie alcoolique (IL), 37 cas de débilité mentale (18 Il. et 19 F.) et

.')cas d'imbécillité (il.), 2 d'idiotie, 2 d'idiotie avec épilepsie.

« Le mouvement des admissions accuse une différence assez

BIBLIOGRAPHIE. 59

considérable entre les deux sexes. Le nombre des entrées pour

les hommes est supérieur de 15 % au nombre correspondant pour

les femmes et, cet excès porte complètement sur deux formes

pathologiques : la manie alcoolique, et la paralysie générale ; les

autres formes morbides se présentant en nombres à peu près

égaux chez les deux sexes. »

Le nombre des guérisons est exactement le double de celui de

1903 avec la proportion de 21,80[0 relativement au nombre total

des admissions de l'année. Les améliorations atteignent un chif-

fre supérieur de quelques unités à celui de 1903 et sensiblement

égal à celui des guérisons. '

«L'asile, écrit M. Charon, tend de plus en plus il. être consi-

déré comme ce qu'il doit être, comme un hôpital, et l'aliénation

mentale pour ce qu'elle est, une maladie traitable et guérissable

comme toutes les maladies organiques et dépourvues de tout

caractère de fatalité et de surnaturel, et il n'est pas défendu d'es-

pérer que lejour approche où l'on ne pourra plus entendre for-

muler dans le public et encore moins dans les milieux éclairés,

cette opinion facile mais absurde que « la folie est incurable »,

etque l'internement est « une tare morale indélébile ».

«Avec cette évolution do l'opinion, les idées de prophylaxie et

d'hygiène psychique, les méthodes de pin'énopédie, la nécessité

du traitement hâtif des maladies cérébrales, l'amélioration

des moyens de traitement dans les Asiles feront leur chemin et

les résultats curatifs et préventifs s'accentueront progressive-

ment.

« En particulier pour ce qui concerne L'Asile de Durs. la créa-

tion d'un service spécial d'enfants, permettant d'arracher à la dé-

chéance, de redresser, d'améliorer et de rendre à la vie commune

les jeunes débiles et arriérés et d'un service d'admission et d'ob-

servation susceptible de favoriser l'hospitalisation rapide et d'as-

surer le traitemenL individuel et continu aux adultes de troubles

aigus ne manquera pas d'accentuer dans des proportions consi-

dérables les résultats curatifs et moraux que l'assistance mo-

derne réclame. » Nous nous associons de tout coeur aux idées

exprimées par M. Charron.

Parmi les 78 décès (ô' ? Il. et ' ? 6 In.), relevons 8 cas de tuber-

culose pulmonaire.

Dans le Compte administratif de l'exercice 1904, nous trou-

vons quelques points à relever.

C3 BIBLIOGRAPHIE.

Détail de la dépense :

BIBLIOGRAPHIE. 61

années. C'est à elle que le D'' Bourneville consacre toute son

énergie, heureux de perfectionner sans cesse son Tm re.

La seconde partie de l'ouvrage est, consacrée à la clinique et à

l'anatomie pathologique. Elle commence par un remarquable

mémoire sur les différentes formes de nanisme et leur traitement

par le corps thyroïde. Une partie de celle élude a déjà été

publiée dans le Progrès médical et nous en avons fait connaître

dans la Mas. méd. de Nantes les conclusions. Nous trouvons en

ouLreici l'Ltnleclnnanimne monolinn. (H'ir. 1,' eL3); lu nanisme

rachitique (M<7. 4 el 5) ; du nanisme avec obésité (hio. G el 7),

du nanisme diptegique el du nanisme myxoed('mateux infanti-

le. (F ? 8t't')).Aluiseu[, ce très important mémoire occupe

plus delà moitié du volume.

FIG.1. 1. ' -

62 BIBLIOGRAPHIE.

A signaler aussi tout particulièrement une observation d'épi-

lepsie hémiplégique avec imbécillité par sclérose atrophique hémi-

plégique, et l'auteur profite de cette observation très intéres-

sante pour établir la différence d'évolution et de pronostic sui-

vant qu'il s'agit d'une encéphalite ou d'une méningo-encéphalite

localisée. Celle observation doit être rapprochée d'une autre

observation d'imbécile, avec hémiplégie et épilepsie, et état de

mal qui lui sert de contre-partie.

Paul Boncour consacre un intéressant chapitre aux modifica-

tions crâniennes consécutives aux atrophies cérébrales unilatérales

(hémiplégie cérébrale infantile). Il montre que toutes les fois

qu'un hémisphère est atrophié, la paroi correspondante est aug-

mentée d'épaisseur. Le crâne, chez l'hémiplégique infantile, pré-

FIG, 2. Oreille mongolienne.

BIBLIOGRAPHIE. 63

sente de très nombreuses asymétries que l'auteur met en lumière

et explique.

Enfin, ce volume contient des statistiques variées et toutes

pourvues d'un haut intérêt pratique et scientifique : l'action de *

l'alcoolisme sur la (le l'idiotie et de l'épilepsie ; l'ab-

sence relative du thymus chez les enfants anormaux ; l'extrême

rareté de la synostose du crâne chez les idiots et les épileptiques ;

le rôle de la consanguinité dans l'étiologie de l'hystérie, de l'épi-

lepsie et de l'imbécillité ; la persistance de la suture métopique ;

l'influence des professions insalubres sur la production des ma-

ladies chroniques du système nerveux ; {'inégalité de poids des

hémisphères cérébraux et cc')'t'6e/ ! enr,te[s sont les principaux cha-

pitres de ce volume, très richement documenté el digne en tous

points de ses devanciers. (Gazette médicale de Nantes du 15 avril

1904, Il° 15). C. IIR.11LLÉ.

Fis. 3. -Main idiote (Mongolienne).

64 BIBLIOGRAPHIE.

1"IG, 4. - Nanisme raclutique. - 18 ans. 'faille de 1 m. 18 au lieu

de 1 m. 50 (taille moyenne).

BIBLIOGRAPHIE. 65

Fic. 5. - Nanisme rachitique.

Archives, 2" série, 1905, Le XX. 5

66 BIBLIOGRAPHIE.

Fio. 6. Nanisme avec obésité. 16 ans. Taille de 1 ni. 34 au lieu

de 1 m. 52 (taille moyenne).

BIBLIOGRAPHIE. 67

Fic. 7. - Nanisme avec obésité.

68 BIBLIOGRAPHIE.

Fig. 8. Nanisme m-i,xcedé)iiaieii-. - 4 ans. Taille de 74 cent, au

lieu de 91 cent, (6aillc moyenne).

BIBLIOGRAPHIE. 69

FIG, 9. - Nanisme myxcedémateux.

70 bibliographie

JV. ZMfetM ; par leD GODLWSKI. Maloine, éditeur,

1904.

Le livre de M. Godlewski est une oeuvre fort complète tant au

point de vue clinique qu'au point de vue thérapeutique. Un pre-

- mier chapitre passe en revue les causes générales et individuelles

"de la neurasthénie. Les symptômes sont ensuite étudiés avec leurs

caractères particuliers : céphalée, insomnie, dépression céré-

brale, impressionnabilité, agoraphobie, anxiété, asthénie neuro-

musculaire, troubles digestifs, vertiges, troubles de la sensibilité

générale, troubles circulatoires, tension artérielle, troubles de

la vision et de l'ouïe. Nous ne suivrons pas l'auteur dans l'examen

de chacun de ces symptômes classiques, disons cependant qu'ils

sont remarquablement décrits avec un sens clinique parfait.

La pathogénie de l'état neurasthénique repose avant tout sur la

prédisposition héréditaire et secondairement sur les phénomènes

d'intoxication et surtout d'auto-intoxication. Ce sontordinairement

les toxines provenant de troubles digestifs qui viennent impres-

sionner les éléments nerveux, mais les poisons dus à la fatigue

et aux émotions viennent aussi jouer leur rôle.

M. Godlewski insiste beaucoup sur le fait que la prédisposition

à la neurasthénie est édifiée sur le terrain arthritique. Dans la

grande majorité des cas, l'acide urique été trouvé en excès dans

l'urine ainsi que l'acidité générale. Cène sont pas les vrais gout-

teux, dont l'acide urique se fixe dans les articulations, qui sont le

plus souvent atteints de cette affection, ce sont les arthritiques dont

l'acide urique séjourne dans le sang, les uricémiques. L'appari-

tion d'un eczéma peut faire disparaître comme par enchantement

les symptômes neurasthéniques.

La neurasthénie croit avec le surmenage intensif qui accompa-

gne l'extrême civilisation. Pour ne pas succomber, il faut savoir

régler sa vie, se reposer à temps et prendre de l'exercice indispen-

sable aux échanges etaux fonctions éliminatrices de nos organes.

Darwin, qui a travaillé pendant quarante ans malgré une santé

chancelante, passait son temps entre son cabinet de travail etson

jardin. L'usage despurgatifs est à recommander ; c'est cette mé-

thode éliminatrice qui permettait à nos ancêtres dese livrer à des

écarts de régime sans devenir goutteux ou neurasthéniques.

Le traitement des neurasthéniques est d'une importance consi-

dérable en raison des difficultés à surmonter. Le médecin peut,

par son influence morale, contribuer puissamment à la guérison ;

aussi doit-il non seulement posséder à fond son art, mais encore

être doué d'un tact médical parfait. Ces malades étant le plus

souvent des gens intelligents et instruits ne donnent leur confian-

ce qu'à bon escient. Il faut réveiller leur énergie, activer leur

BIBLIOGRAPHIE. 71

volonté, calmer leur impressionnabilité, atténuer leurs préoccu-

pations et leur anxiété. '

L'hygiène alimentaire mérite une notion spéciale : les oeufs

donneront le phosphore dont le cerveau a besoin ; le régime végé-

tarien diminuera l'intoxication alimentaire, mais ces principes,

sont subordonnés à l'état des fonctions digestives (hyperchlorhy-

drie ou hypochlorhydrie).

L'examen de la tension artérielle permet de savoir si on se

trouve en présence d'un intoxiqué dont la circulation renferme

des toxines, du chlorure de sodium ou de l'acide urique en excès

(hypertension) ou si l'on a à soigner un vrai déprimé du système

nerveux (hypotension). Dans le 1 CI' cas : régime lacté ou lacto-

végétarien, purgatifs légers, lavages du gros intestin, améliora-

tion du fonctionnement de la peau, trinitrine, nitrite de soude,

eaux naturelles diurétiques. Dans le second cas, il est, au con-

traire, nécessaire de favoriser la nutrition, de stimuler le système

nerveux, d'activerles fonctions musculaires et les sécrétions glan-

dulaires. Le massage, l'hydrothérapie, l'électrisation, les bains de

lumière, la cure d'altitude, viendront compléter l'action des toni-

ques tels que strychnine, glycéro- phosphate, lécithine, hypo-

phosphites. R.LEROY.

V. Les aliénés par alcoolisme en Savoie ; par DUMAS et LEVET.

Dans le rapport médical de l'Asile de Chambéry pour 1904, les

médecins de cet établissement ont recherché les rapports existant

entre la consommation alcoolique de la Savoie etle développe-

ment de l'aliénation de ce pays depuis l'annexion (1861). Alors

que pendant cette période de 44 ans, la population de la Savoie

passait de 275.000 à 254.000 habitants, le nombre des aliénés de

Bassens s'élevait de 300 à 700 malades, la moyenne des admis-

sions annuelles de 90 à 170, et la moyenne des décès de 30 à 90.

Il n'est pas donné d'observer à l'Asile des cas nombreux d'into z

xication alcoolique aiguë : le delirium tremens avec ses caractè-

res hallucinatoires classiques n'y est pas habituel. Ce qu'il y a de

terriblement fréquent, c'est l'intoxication, ancienne, lente, conti-

nue, se traduisant cliniquement par des formes bâtardes et torpi-

des d'aliénation aboutissant vite à la chronicité par démence pré-

cocement vésanique.

Chez ces malades, à leur admission, on retrouve, surajoutés à

laforme mentale pour laquelle on les internés, les signes psy-

chiques et physiques de l'intoxication alcoolique s'atténuant

en quelques jours et laissant alors, au premier plan, des formes

d'aliénation qu'on pourrait appeler para-alcooliques.

La plupart de ces malades ont un aspect las, fatigué, et présen-

tent des lésions artérielles ou myocardiques ou rénales. Ce sont

72 CORRESPONDANCE.

des infirmes, incapables d'un travail régulicret sujets à une mor-

talité considérable.

Il en résulte pour l'Asile : 1° une plus grande mortalité ; - 2u

une diminution du nombre d'aliénés dont la main-d'oeuvre peut

être utilisée ; 3° un accroissement des dépenses d'entretien;-

4° une augmentation du prix de journée ; 5° la nécessité de

. substituer les moyens mécaniques au travail manuel dans les

- services généraux. ~ R. LEROY.

CORRESPONDANCE

Le personnel médical et le personnel secondaire des

asiles : Assistance des enfants arriérés.

Quimper le 16 décembre 1904.

Mon cher Maître, '

J'éprouve une véritable satisfaction à apporter mon modeste

contingent aux renseignements que vous voulez bien demander

à vos collègues des asiles, et c'est avec la plus entière franchise

que je répondrai à votre questionnaire.

Ettoutd'abordje pose en principe qu'en l'état actuel des choses,

il est impossible de faire une comparaison entre ce qui se passe

dans les asiles de la Seine et la situation faite aux asiles de pro-

vince ; je dis mieux, il me paraît qu'un jugement équitable ne

peut être porté sur les asiles de province que par des hommes

ayant mis la main à la pâte, ayan téprouvé les difficultés que nous

rencontrons sur notre route, et cherché, en toute conscience, les

moyens de les surmonter ; tout, en effet, est ici subordonné à no-

tre prix de journée, et il s'agit, avec 1 fr. U5 par jour, d'assurer la

marche normale de tous les services de l'établissement ; c'est

pourquoi à votre question de savoir si le personnel médical de

l'asile est suffisant ou non, je suis tenté de vous répondre parce

chiffre : 1 fr. U5 par jour. Tout est là, en effet, et donnez-nous de

l'argent, nous ferons, comme dans la Seine, de petites merveil-

les, nous améliorerons nos installations matérielles, le régime

des malades, la surveillance de jour et nuit, la situation du per-

sonnel, le bien-être général en un mot, et notre mission ne nous

donnera que des satisfactions là où elle ne nous ménage parfois

que des déboires.

Et pour m'en tenir à l'asile de Quimper, où d'ailleurs, je dois

e déclarer, l'administration départementale s'est toujours mon-

' PERSONNEL DES ASILES. 73

trée satisfaite de mes services, peut-on seulement envisager la

possibilité d'une augmentation du personnel médical,alors même

que cette augmentation deviendrait une impérieuse nécessite ?

Avecun budget que l'augmentation considérable du prix des fa-

rines va probablement clore par un déficit en fin d'exercice 1905,

comment proposer la création d'un second poste de médecin-ad-

joint, ce qui n'est pas d'ailleurs indispensable pour une popula-

tion de 600 malades; où trouver un crédit pour assurer sa solde,

un logement pour sa famille. Le titulaire est à 2.500 fr. ; suppo-

sons-le à la classe exceptionnelle il 4,000 fr.,ainsi que le collègue

dont nous envisageons l'existence, cela fait une augmentation, de

6.100fr., àlaquelle notre budget ne pourrait suffire. Je sais bien

que s'il s'agissait de diviser les fonctions médico-administratives,

comme cela parait malheureusement devoir devenir la règle, on

trouverait sans hésitation les fonds nécessaires, dût-on relever de

quelques centimes le prix de journée ; mais cet effort, l'adminis-

tration départementale ne le fera pas pour assurer la création

d'un nouveau poste de médecin-adjoint ; elle n'y consentira que

s'il ne doit en résulter pour elle aucune charge nouvelle dans le

budget départemental.

Et d'ailleurs de quel secours nous serait un nouvel adjoint si

des règlements surranés continuent à le tenir en tutelle au point

de vue médical, s'il ne lui est permis de signer aucun certificat,

d'engager en aucun cas sa responsabilité personnelle ?

Comment compter sur ses services, sur sa connaissance des ma-

lades si, dès la nouvelle d'un poste vacant dans un centre moins

déshérité que ne l'est Quimper, il obtient sans la moindre diffi-

culté son changement pour être remplacé par un nouveau venu

dans l'asile, absolument ignorant du délire des malades, de leur

individualité propre, de leurs antécédents, de leurs tendances, et

aussi des relations déjà engagées avec les familles '1

Ainsi le service médical serait assuré d'une façon satisfaisante

àl'asile de Quimper si la situation du médecin-adjoint n'était pas

aussi effacée que les règlements le comportent, si nous pouvions

confier à ses soins la moitié de nos malades, s'il lui était permis

d'en prendre la charge et la responsabilité, en un mot s'il avait

le droit de signer un certificat, celui-ci dût-il être contresigné

par nous.

En demandant la multiplication du nombre des médecins en

chefs, nos collègues delà Seine commettent une imprudence, et

ils risquent de compromettre la carrière des asiles ; sans doute on

leur donnera satisfaction, leur avis faisant autorité, mais un jour

viendra où des conseils généraux se refuseront à assurer le traite-

ment de ces fonctionnaires sur les bases actuelles, et les asiles en

arriveront à être administrés comme les hôpitaux avec un direc-

teur laïque qui seul sera logé et bien rétribué, et des médecins qui

74 CORRESPONDANCE.

seront non plus appointés, mais faiblement indemnisés et à leurs

frais,logeront en villp,oùils auront toute liberté de faire de la clien-

tèle.

Quant à l'interne, il est certain qu'il ne peut à lui seul assu-

rer le service de garde ; il nous en faudrait deux, et c'est là une

création que j'espère bien réaliser un jour. 11 est recruté sans

concours, et c'est fort heureux, car le concours, avec le travail

qu'il demande et les hasards qui l'accompagnent, ne pourrait

qu'éloigner de nous les candidats. Il en serait tout autrement si

leur recrutement s'opérait par des concours régionaux dans les

centres de facultés ou écoles de médecine comme cela se pratiquait

autrefois pourles médecins-adjoints ; ils choisiraient leur poste

dans l'ordre d'admission, et, en possession d'un titre obtenu par

le concours, ils ne croiraient plus déchoir en venant à l'asile de

Quimpers'ils avaient la promesse d'obtenir, après un an ou deux

de présence, les postes vacants dans les asiles de facultés.

Nous n'avons pas de chirurgien, l'asile est aliénant à l'hôpital

dont le chirurgien se mettrait volontiers à notre disposition en

cas d'événement. L.

Nous n'avons pas davantage de pharmacien ; c'est une de nos

5 religieuses qui assure ce service ; je sais bien que c'est là une

lacune et qu'un interne en pharmecie serait tout indiqué ; mais

le trouverions-nous ? Ou si nous confions la pharmacie aux in-

ternes en médecine, sans expérience dans la préparation des pres-

criptions pharmaceutiques, souvent distraits, pourrions-nous

avoir confiance dans leur travail' ? '1

Pour en terminer avec les questions relatives au personnel, je

crois devoir ajouter que, dans la session d'aoûtdernier, j'ai obtenu

du conseil général l'allocation d'une indemnité familiale pour

tout le personnel et d'une retraite pour les infirmiers ; du nom-

bre total des enfants, quelque soit leur âge, on retranche 2 et

l'indemnité estallouéeà tous les autres enfants : 1° de moins de

13 ans pour les préposés, servants et ouvriers : 20 de moins de 18

pourle personnel médical et les employés versant à la caisse dé-

partementale des retraites ; l'indemnité est de 2 fr. 50 par mois

pourles enfants de la 1 re catégorie, de 8 fr. par mois pour les en-

fants de la 2° catégorie. La position de reposant disparaît pour

être convertie en une retraite de 400 fr. par an à 60 ans d'âge.

Enfin les cadres et les traitements du personnel des bureaux,

des employés et agents, ont été établis sur des bases fixes qui don-

nent à tous la notion exacte de l'avenir réservé à leur carrière.

Reste la question des enfants idiots et épileptiques ; nous en

avons treize de cette catégorie sur un total de vingt-deux enfants;

tout est à créer pour leur éducation, et c'est une oeuvre à laquelle

VARIA. 75

nous avons déjà donné une première impulsion ; sur notre de-

mande le conseil général a approuvé en effet dans sa séance du 25

août dernier notre projet de construction d'un quartier d'enfants

et adolescents ; le devis s'élève à 38,000 fr. ; la dépense sera en-

tièrement supportée par l'asile, qui dès ce moment peut y consa-

crer 20.000 fr. ; le surplus sera prélevé sur les reliquats des exer-

cices futurs; les plans soumis au comité des inspecteurs généraux

ont été jugés bien établis, et j'espère pouvoir passer bientôt à

l'exécution. Dans ma pensée, ce n'estlà d'ailleurs que l'amorce

d'une installation plus complète,qui comprendrait l'éducation des

pupilles de l'assistance publique difficiles ou vicieux mis à la

charge des départements par la loi du 28 juin 1904.

En terminant, qu'il me soit permis de souhaiter que notre ex-

cellent maître n'oublie pas, dans son rapport à M. le ministre de

l'Intérieur, d'appeler la bienveillante attention de l'administration

supérieure sur les retraites des médecins des asiles, admise ici,

refusées là, entourées parfois de restrictions,comme dans le Finis-

tère. lime paraît aussi que les asiles s'honoreraient de porter,non

plus des noms sanctifiés dans le calendrier, mais des noms de maî-

tres vénérés dans la science des maladies mentales ; n'est-il pas

au moins étrange que,pour donner à l'asile de Quimper le nom de

son-fondateur Follet, on l'ait placé sous l'invocation de Saint

Athanase parce que Athanase était le prénom de Follet ?

Dr MEILHON,

Médecin-directeur de l'asile de;Quimper.

VARIA

AMBIDEXTÉRITÉ.

Le dernier mot n'a pas encore été dit sur l'éducation ambidex-

tre, dont M. Tadd s'est fait l'avocat. Que l'ambidextérité ne soit

pas nécessairement ou normalement combinée avec une intelli-

gence supérieure, cela semble indiqué par une communication

faite récemment à un journal pédagogique et établissant que les

enfants d'un asile d'aliénés sont plus fréquemment ambidextres

que les enfants normaux (1). Un peu plus de lumière vient d'être

apporté dans cette question, et semble révéler un danger qui résul-

(1) A l'Institut médico-pédagogique, nous avons actuellement 9

ambidextres ; Bicëtre,sur 438 garçon,snous avons 9 ambidextres

et 11 la Fondation Vallée, sur 228 filles, pas d'ambidextres (8,) J

- 76 VARIA.

terait de l'éducation de la main : M. Smedley, directeur du Child.

Studydepartment ou Board of Education, de Chicago, a remarqué

qu'un grand nombre d'enfants gauchers, auxquels on s'efforçait

d'apprendre à se servir de la main droite, avaient des défauts

d'élocution.

Un article du The Leisure Hour, du mois d'octobre, traitant

des observations de M. : 3medley, a montré qu'il y avait une cor-

rélation entre cette remarque du directeur de l'Etude de l'enfant

et ce que l'on sait sur la localisation des fonctions dans le cerveau.

Le centre nerveux qui contrôle la parole est étroitement associé

avec celui qui contrôle les mouvements de la main droite, dans

l'hémisphère gauche du cerveau. Mais chez un gaucher dénature,-

l'hémisphère droit semble contrôler la parole aussi bien que les

mouvements de la main gauche. Quand on essaie d'éduquer la

main droite ce qui implique l'exercice de l'hémisphère gau-

che il semble que le côté supérieur (le gauche ici) en souffre,

et qu'il s'en suive un affaiblissement du pouvoir de s'exprimer.

La parole étant si intimement liée au langage écrit, et le son à

l'image-lettre, on peut assez naturellement s'attendre à quelque

confusion lorsque, dans l'écriture, une main est substituée à l'au-

tre. Mais il serait bon de savoir plus précisément à quel défaut

d'élocution il est fait allusion, et quelle forme particulière d'exer-

cice de la main semble l'avoir causé. En attendant, il est peut-

être utile de remarquer que, bien que l'usage de la main droite

puisse être purement artificiel etconventiunnel- ce qui est,pour

ne pas dire plus,discutable la parole peut être aussi également

artificielle et conventionnelle, et que, en certaines circonstances,

agir sur l'une de ces deux « conventions » implique une action

sur l'autre.

Deux faits - ou qui semblent tels - paraissent conduire à la

conclusion que la main droite est la main normale et que le plus

grand usage qu'on en fait est conforme aux lois physiologiques.

Ces faits, nous les empruntons aux savants et les exposons dans

la langue imprécise d'un ignorant : le premier est que, à cause de

la position du coeur, et des artères qui nourrissent le cerveau, le

sang arrive à l'hémisphère gauche par une route un peu plus

courte que celle qui conduit à l'hémisphère droit. Ceci semble in-

diquer un avantage, peut-être considérable, pour le côté gauche,

en énergie nerveuse, lequel implique naturellement un avantage

correspondant pour les muscles du côté droit du corps. Le second

fait qui se présente comme un corollaire du premier, est connu

depuis peu : la température du côté gauche de la tête est nette-

ment supérieure à celle du côté droit. Il serait intéressant de sa-

voir si ces faits se vérifient chez les enfants gauchers. Dans tous

les cas, il semble apporter une justification à notre habitude d'exer-

cer normalement la main droite ; et quelle que soit l'éducation

VARIA. 77 J

que nous puissions donner à la main gauche, cette éducation ne

devrait pas viser à lui donner une dextérité égale à celle de la

main que la nature a le mieux douée sous le rapport de l'énergie

nerveuse. (Traduit du Pratical Teachu, par. Gaston Mouchet.'

Manuel général de l'Instruction primaire, 1902, no G).

A Bicêtre, dans la section des enfants arriérés et épileptiques,

nous avons trouvé, sur '3b garçons, 9 gauchers et 9 ambidextres.

A la Fondation Vallée, sur 228 .fillettes, 7 gauchéres, et pas

d'ambidextres. -

UU FOU QUI RÉSISTE .1 L1 GENDARMERIE DEPUIS HUIT JOURS.

Sous ce titre : « Un nouveau fort d'U··eau u,le .loul'nul du 20 juin

relate le fait suivant :

« Le 17 novembre dernier, un sieur Meley, propriétaire à Ley-

mieux (commune de Chagnon), près' de 1ti -de-Giei@, Lirait, sans

provocation aucune, deux coups de revolver sur le sieur Joas-

sardi, son fermier. La gendarmerie ouvrit une enquête et saisit

deux revolvers de gros calibre ; mais Melcy, examiné par un mé-

vlecin, fut reconnu atteint d'aliénation mentale et laissé en liberté.

Le 8 juin, Meley lirait plusieurs coups de fusil sur son voisin, le

sieur Chorel. La gendarmerie de Grand-Croix se présenta chez

le propriétaire pour l'arrêter ; mais elle trouva la porte barricadée

et desvoisins l'avisèrent que Meley moulait la garde dans sa pro

le fusil à la main,

lleley esL abondamment pourvu de munitions ; quant aux

vivres, c'est sa soeur qu'il a obligée à partager le même sort, qui

les lui fournit en quittant la maison assiégée la nuit. Depuis le

8 juin,Jleley est enfermé et les gendarmes se demandent s'ils en

arriveront à bout par la patience. La préfecture et le Parquet

vont sans doute prendre les masures réclamées par les voisins

terrorisés». -

Si de tels scandales se produisent,la faute en incombe

le plus souvent à l'Administration . Pourquoi cet homme

reconnu atteint d'aliénation mentale a-t-il été laissé en li-

berté ? Probablement parce que la famille, la municipa-

lité, le Préfet ne veulent pas faire ce qu'il y a à faire :

l'hospitaliser, le soigner s'il est propriétaire, on n'aurait

pas dû hésiter.

Toutes les dépenses qu'occasionnent la situation nou-

velle sont faites en pure perte, elles auraient été mieux

employées à payer les frais de journée à l'asile. Pour ne

pas exposer à de graves accidents de braves gens, il n'y

a qu'àfaire l'isolement autour de la maison, empêcher le^

78 VARIA.

ravitaillement, le calme reviendra et on pourras'emparer

du malade. Utiliser les pompiers à l'occasion ; faire in-

tervenir un ami, unparent du malade ; user de ruse.

Aliéné incendiaire.

Le Semeur de l'Oise du 16 juin raconte que,àLa Neuville-Vault,

. un incendie a détruit divers bâtiments appartenant à M. Pierre

Pelletier, cultivateur, qui éprouve une perte de 3.950 francs.

L'incendiaire est le fils de M. Pelletier, René-Ceorges, âgé de 26

ans. Le jeune homme, qui ne jouit pas de ses facultés mentales, a

été interné à la maison d'aliénés de Clermont. - Mieux eût valu

maintenir l'hospitalisation, à l'avantage du malade et de la pro-

priété. Tant qu'il n'y a eu que sa santé en jeu, il semble qu'on

n'en ait eu cure qu'imparfaitement ; son attentat contre a ro-

priété le fait interner. On le soignera tout de même, mais avec

moins de chance de guérison.

UN FOU brûlé VIF.

A Saint-Germain. - Comment les soeurs surveillent les mala-

des -'On avait amené, mercredi soir, à l'hôpital de Saint-Ger-

main-en-Laye, un habitant de Rueil frappé d'aliénation mentale,

nommé Jean-Louis-Patriarche, âgé de trente-six ans. Le malade

fut enfermé dans un cabanon et placé sous la surveillance de la

soeur Sainte-Augustine. Vers huit heures, celle-ci fut remplacée

à son poste par la soeur Marie-Thérèse.

Dans la soirée, en faisant une ronde, un surveillant vit de la

fumée s'échapper du cabanon. 11 donna l'alarme, on ouvrit la

porte, et l'on trouva Patriarche étendu sur son lit en flammes, à

.demi-asphyxié et déjà grièvement brûlé : le malheureux fou avait

mis le feu à sa paillasse de varech avec une allumette oubliée

dans ses poches. Son état fut jugé des plus graves,

M. Carré, commissaire de police, a ouvert une enquête et a in-

formé le parquet de Versailles. (Le Radical, du 14 mai.)

XVe CONGRÈS DES médecins ALIÉNISTES ¡ET NEUROLOGISTES de

France ET des pays DE langue française.

Ce Congrès se tiendra cette année à Rennes du le, au 7 août,

sous la présidence du Dr A. GIRAUD, médecin-directeur de l'Asile

d'aliénés de Saint-Yon (Seine-Inférieure). Adresser le plus tôt

possible les adhésions avec le montant des cotisations,à3l. IeDJ.

Sizaret, secrétaire général du Congrès, médecin en chef de l'Asile

d'aliénés de Rennes. Voir pour plus de détails le nti de janvier, page

77. -Nous invitons dès maintenant les auteurs des communica-

tions à ce Congrès de nous en envoyer un résumé avant le le"

août.

FAITS DIVERS. 19

FAITS DIVERS

Assistance des épileptiques. -Au cours d'un accès d'épilep-

sie, Henri David, 25 ans, cultivateur à la Chapelle-Basse-Mer, est

tombé dans la Bov ie et s'est noyé. (bans, normand, juin).

Asile public d'Aliénés de Lesvellec (près Vannes). - Deux

places d'interne titulaire en médecine et deux places d'interne

provisoire sont actuellement vacantes à l'Asile public d'Aliénés

de Lesvellec. Les candidats sont invités à produire à l'appui de

leur demande : Il Un extrait de naissance ; 2° Un certificat d'ins-

criptions de doctorat, au nombre de 12, au moins ; 3° Un certi-

licat des examens subis et, s'il y a lieu, du stage qu'ils ont pu

faire dans un asile. (Cette dernière condition n'est pas indispen-

sable.)

Les internes -,ont nommés par M. le Préfet du Morbihan, sur

la présentation du directeur, pour une durée de trois ans. Ils au-

ront, pendant la durée de leur Internat, toutes facilités pour se

présenter aux examens du doctorat auxquels ils seront astreints.

Les avantages consistent en : nourriture (table de 1 ? classe du

régime des asiles), logement, éclairage, chauffage, blanchissage

et une indemnité annuelle de 700 francs. Les docteurs en méde-

cine peuvent poser leur candidature àl'iiitei-iiat.Les internes, de-

venus docteurs, continuent leurs fonctions s'ils le désirent. Les

internes provisoires remplacent, en cas d'absence ou d'empêche-

ment, les titulaires avec tous leurs avantages. Les demandes

doivent être adressées à M. le directeur de l'Asile de Lesvellec

(Morbihan). '

Asile d'aliénés de TAUGEA'r (Haute-Vienne). Une place

d'interne est vacante dans cet asile. Les demandes de nomination

doivent être adressées à M. le U Broquière, médecin directeur,

et appuyées : lo d'un certificat constatant que les postulants ont

au moins dix inscriptions ; 2° d'un certificat de moralité. Les

nominations sont faites pour trois ans. Les élèves internes

reçoivent, à l'asile de Naugeat, un traitement annuel de 800 fr. ;

les avantages en nature comportent la nourriture, le chauffage,

.l'éclairage et le blanchissage.

Asiles d'aliénés de France. - Dans la première quinzaine de

mars 1906, aura lieu Un concours pour les médecins-adjoints des

asiles publics d'aliénés. '

Nouveau JOURNAL. - Nous venons de recevoir le n° 1 de la

première année des Archivas Brasileiros de psychiatria, neuro-

80 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

logia e Scienciasafxas,fundados pelos D1' JulianoMoreira e afra-

nio Peixoto, publia dos no Hospias national de alienados. Rio de

Janeiro, Brazil, 1905. Nous adressons nos souhaits de prospérité

aux nouvelles Archives.

AVIS A NOS ABONNÉS, - L'échéance du [or

JUILLET étant l'une des plus importantes de l : année,

nous prions instamment nos souscripteurs, dont l'abonne-

ment cesse à cette date, de nous envoyer le plus tôt possible

le montant de leur renouvellement . Il} pourront nous

adresser ce montant par l'intermédiaire du bureau de

poste de leur localité, qui leur remettra un reçu de la

somme versée. Nous prenons ci notre charge les frais de

3 olo prélevés par la poste, et nos abonnés n'ont rien à

payer en susdit prix de leur renouvellement.

Nous leur rappelons que, à moins d'avis contraire, la

quittance de réabonnement leur sera présentée, aug-

mentée des frais de recouvrement, à partir du 15

juillet. Nous les engageons donc à nous envoyer de suite

leur renouvellement par un mandat poste.

Afin d'éviter toute erreur, nous prions également nos

abonnés de joindre à leur lettre de réabonnement et ci toutes

leurs réclamations la BANDE de leur journal.

- Nous rappelons à nos lecteurs que l'abonnement col-

lectif des Archives de Neurologie et du Progrès

Médical est réduit d 28 francs pour la France et 30

francs pour l'Ltranger. ' .

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

Cu.wnonr (P.). Lois d'assurances sociales et ouvrières alle-

mandes el établissements lhérapculiques créés par les caisses d'as-

rances en Allemagne. 1 vol. In-8" de 226 pages. Sloi-ck, libraire il

Lyon.

OUETOUX (R.). Thérapeutique aérienne antiseptique. Iu-8° de

3d pages. Imp. centrale Le Mans.

CROS-MAYREVIELLE. L'assistance publique à Narhonne au

XYlH" siècle elles mémoires de Charles de 13allainvilliers. In-8'

de 32 pages. Imp. É, Cailliard il Narhonne,

CROUZON(0.). Epilepsie jacksonienne du type facio-brachial.

In-8" de 4 pages,lmp, Thevenot, St-Dizier.

Le rédacteur-gérant : BOURNEVILLE,

Clermont (Oise). Imprimerie Daix frères.

Vol. XX Août 1905 ? 116

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

CLINIQUE NERVEUSE

c

1

sur un cas ae lésion ae ia queue ae cnn ?

par tuberculose sacrée ;

Par le D' ITALO BOSS ! .

(Travail du Laboratoire de la Clinique du Pr R.muow.)

Dans la littérature neurologique qui traite des affec-

tions de la queue de cheval, l'ostéite tuberculeuse du sa-

crum comme facteur étiologique de cette affection est très

rarement citée.Dans la thèse de Dufour (1) parue en 189G,

sur les lésions de la queue de cheval, où l'auteur expose

ses recherches statistiques sur la nature de l'élément

étiologique, un cas seulement de tuberculose y est men-

tionné. Un cas d'ostéite tuberculeuse du sacrum avec pa-

chyméningite caséeuse, comprimant les racines de la

queue de cheval, a été publié en 1901 par Cestan et Ba-

bonneix (2). Bartels (3) dans son travail paru en 1903 sur

les lésions de la queue de cheval, à la suite de tubercu-

lose de la symphyse sacro-iliaque et du sacrum, le cite

comme le seul cas, jusqu'alors publié et confirmé à l'au-

topsie, de pachyméningite caséeuse secondaire à la tuber-

culose du sacrum comprimant la queue de cheval.Les chi-

(1) Dofour. Contribution il l'élude des lésions des nerfs de la

quelle de cheval et du cône terminal, 1896.

(2) CES1'AN et Uaboxneix. Quatre observations de lésions des

lici-i's (le lit (j tieu e de e lie %-.il. (Ga vie tte des Hôpitatix, 1901, 11* 19,1).169.)

(3) BARTELS. - de cheval. (Galette des Hôpitaux, 1901, n°19,1>. 109.) - z

(3) Bar-tels. Ueber' EI'kl'allknng der Cauda equina im Gefolge

von Tuberculose der symphysis sacroiliaca und der angrenfcnden

l3eckeuknoclten. (Mitteiluugen ailS den Guenïgebielen der Mcdicin

und Chirurgie, 1903, XI Bd.) , .

Archives, 2° série, 1905, l, XX, 6

82 CLINIQUE NERVEUSE.

,rurgiens nous, démontrent cependant que la tuberculose

du sacrum est bien loin d'être rare, qu'elle soit propagée

au sacrum par la symphyse sacro-iliaque ou par un foyer

tuberculeux des dernières vertèbres lombaires, soit que,

comme Lannelongue le fait observer, les altérations du

sacrum soient produites par un abcès migrateur émanant

- d'un foyer tuberculeux lombaire ; de façon qu'il ne de-

vrait pas être si exceptionnel que la tuberculose traverse

toute l'épaisseur de l'os et que, soit par une pachyménin-

gite, soit par un abcès, elle produise la lésion des racines

de la queue de cheval.

Le fait que, dans la littérature chirurgicale ancienne

sur des cas de tuberculose sacrée ou lombo-sacrée, on

parle si rarement, tant au point de vue clinique qu'ana-

tomo-pathologique, de lésion de la queue de cheval, re-

lève peut-être moins de la rareté de cette complication

que de ce que l'attention des observateurs était peu atti-

rée sur les phénomènes nerveux intervenant dans cette

localisation de la tuberculose.

Bartels fait également observer qu'au point de vue

neurologique, il y avait bien des éléments qui permet-

taient de porter un diagnostic ; on n'explique pas, en effet,

les troubles sphinctériens, on parle d'atrophie des mem-

bres inférieurs sans en chercher la cause dans la maladie

des racines, on ne fait pas d'examens précis de la sensi-

bilité et de la motilité, qui peut-être auraient permis le

diagnostic ; l'hospitalisation plus fréquente de ces mala-

des dans les services de chirurgie explique aussi le man-

que d'observations détaillées au point, de vue du système

nerveux. .

Cependant dans les traités de chirurgie publiés posté-

rieurement, comme celui de Lannelongue, et dans la

thèse de Conta (4) publiée en 1887, la question de la

possibilité de la lésion de la queue de cheval par

tuberculose sacrée, lombo-sacrée ou même lombaire est

envisagée : mais les autopsies confirmant et prouvant

cette complication de l'ostéite tuberculeuse font encore

(4) CoTA. Du mal de Poil au-dessous de la moelle chez les

enfants eL de ses conséquences au point du vue de l'accouchement.

Thèse de Paris, 1887.

LÉSION DE LA QUEUE DE CHEVAL PAR "1 UBERCULOSE S \CRÉE, 83

défaut, ou elles sont très rares et bien loin d'être dé-

monstratives ; j'en ai pu trouver seulement deux cas et

cela dans la thèse de Conta : mais ici encore, l'autopsie

se limite à constater la présence dans le canal lombo-

sacré de masses caséeuses, l'épaississement de la dure-

mère qui dans un des deux cas est dite présenter des tu-

bercules agglomérés contenant de nombreuses cellules

géantes. Dans le même cas, les racines de la queue de

cheval n'offraient pas de lésions (examen par dissocia-

tion) ; dans l'autre cas on ne parle pas de l'état des ra-

cines. C'est donc avec raison que Bartels, dans son re-

marquable travail, dit que l'anatomie pathologique de la

lésion de la queue de cheval par tuberculose sacrée ne

peut pas être décrite d'après les autopsies publiées, car

dans le cas publié par Cestan et Babonneix, il est sim-

plement dit, au point de vue anatomo-pathologique, que

l'autopsie a montré l'existence d'une ostéite tuberculeuse

du sacrum avec pachyméningite caséeuse comprimant les

racines de la queue de cheval.

La description qu'on donnait, dans les observations et

les traités de chirurgie, de cette complication nerveuse et

desasymptomatologic est naturellement incomplète par

rapport celle que nous ontdonnée les études ultérieures

de Raymond et d'autres auteurs sur les affections du co-

nus et de la queue de cheval. A la suite, ont été publiées

quelques observations cliniques complètes sur la lésion

de la queue de cheval consécutive à la tuberculose sacrée,

lombo-sacrée, ou lombaire, toutefois de telles observa-

vations mêmes récentes, sont encore assez rares ; j'en ai

pu recueillir une de Dufour (1), une de Cestan et Babon-

neix(2), une de Bregmann(5), et deux de Bartels (3). Peut-

être la rareté d'observations, même purement cliniques,

¡le ce genre dépend encore du fait que ces malades sont

pourlapluparthospitalisés dans des cliniques chirurgica-

les. Maintenant que nous avons des connaissances plus

complètes de la symptomatologie de la queue de cheval

et que l'attention des neurologistes est attirée par les

(5) Bsecu.NN. - );in Fall von Caudaerkrankung auf tuberculose ! '

Uasis-Païuietnik tovvarlyslvve lekarskiego (.Iahresbericli6 sur Neur.

und Psyschiatrie, 1901, 497.)

84 CLINIQUE NERVEUSE.

travaux cités plus haut, sur la possibilité de la tubercu-

lose sacrée ou lombo-sacrée comme facteur étiologique

de cette affection, il est à prévoir que les observations

du même genre seront plus nombreuses.

Jusqu'ici toutefois,on est dans le droit de penser que si

la tuberculose des dernières vertèbres lombaires ou du

sacrum est assez fréquente, la complication de lésion de

la queue de cheval, surtout dans la tuberculose sacrée

isolée, est un fait rare ; pour ce fait et pour la raison qu'il

n'existe pas d'autopsie avec examen histologique con-

firmant cette complication, je crois intéressant de rap-

porter ici l'étude d'un cas de tuberculose sacrée avec

lésion secondaire de la queue de cheval.

Observation clinique (résumée d'après les notes prises dansle

service de la Clinique). M. \\ ? 3,1 ans, mécanicien, entré à laSal-

pêtrière, service du Prof. Raymond, salle Pruss, en janvier 1 UO.

Antécédents héréditaires. Père mort à 48 ans hydropique (as-

cite et oedème de membres inférieurs), il était très éthylique, très

nerveux el rhumatisant. Mère morte à 58 ans, cardiaque. Deux

frères morts à 3.1 et 38 ans de laryngite ulcéreuse chronique ; une

soeur morte en couches.

Antécédents personnels. Pas d'autres maladies qu'une rougeole

et une variole dans l'enfance et deux écoulements, l'un à 19 ans,

l'autre au sei- ice militaire. Tempérament nerveux, emporté, mais

sans crises, 3 ans de sen ice militaire ; étant au serv ice militaire

il a eu deux fortes hémoptysies, la première après l'ascension ra-

pide d'un escalier ; il vomit le sang il flots; les jours suivants il

aurait conlinué-à en cracher. Mis il l'infirmerie pendant quelques

jours, il fut soigné par l'application de ventouses, puis reprit son

service. Deux mois après, nouvelle hémoptysie très abondante en

faisant son lit. Ces deux hémoptysies ne se sont accompagnées ni

d'amaigrissement ni d'affaiblissement ; n'a pas été réformé, mais

il fut incorporé à l'infirmerie. Depuis sa sortie du régiment, il

exerce son métier de mécanicien-forgeron, sans fatigue. Il y a 7

ans, il se surmena beaucoup (veilles, excès génitaux et ethniques)

et cut des contrariétés ; il ressentit à ce moment une grande fai-

blesse générale. Au bout de (j mois, ayant repris sa vie normale,

sa santé redevient bonne. 11 continue tout de même son fort éthy-

Lisme habituel. Vers la fin d'av ril 190' ? , il éprouve des troubles

dyspeptiques consistant en crampes d'estomac continuelles, em-

pêchant le sommeil, vomissements fréquents se produisant sans

LÉSION DE LA QUEUE DE CHEVAL PAR TUBERCULOSE SACRÉE. 85

effort, par simple régurgitation liquide peu abondante, pituiteuse

rarement alimentaire, digestions pénibles avec pesanteur pen-

dant 3 heures environ après le repas et éructations abondantes.

Vers la même époque, quelques crampes dans les mollets et tres-

sautements des jambes la nuit, cauchemars nocturnes (précipices,

zoopsie, chiens courant après lui, etc.), fréquents surtout au début

de la semaine après les excès du dimanche. En août 190 ? , il s'a-

perçoit d'un léger tremblement des mains. Peu après il remarque

qu'en travaillant à laforge, ses bras et ses jambes manquent par

moments ; il est forcé de faire effort pour continuer son travail,

puis apparaissent des sueurs fréquentes et un amaigrissement

qui. en novembre, devint rapidement considérable; il auraitperdu

20 livres en peu de temps. Depuis lors l'amaigrissement aurait

continué, mais plus lent.

En novembre, il ressent une sensation de courbature lombaire

continuelle, puis des douleurs dans les deux membres inférieurs

consistant en crampes, avec sensation de broiement, de torsion,

le long de laface postérieure des membres, depuis les fesses jus.

qu'aux bouts des pieds. Ces douleurs continuelles présentaient des

paroxysmes, surtout la nuit, où elles étaient parfois très inten-

ses, empêchant le sommeil. Elles sont allées en augmentant, au

point de lui empêcher de marcher et de le contraindre à s'aliter

le le.' janvier. 11 entre à Tenon vers la mi-jamiel', en sort au bout

de 8 jours ; il peut rentrera pied chez lui, mais depuis il est de

nouveau alité ; on l'a conduit en voiture àla Salpêtrière à la fin

de janvier. -

Examen actuel (fin Janvier 1903). - Actuellement, il marche un

peu dans lasalle, se plaint d'une légère céphalée constrictive, d'a-

norexie, des douleurs dans les membres inférieurs, de courbature

lombaire ; il tousse un peu.

Homme vigoureux, ayant conservé, malgré son amaigrissement

évident, lesapparences de bonne santé.

Tête : Rien à noter.

'Tronc : Courbature lombaire, pas de troubles moteurs ou tro-

phiques, les 3 points d'une névralgie lombo-abdominale double,

pas d'anesthésie. Pas de déviation ni de rigidité de la colonne ver-

tébrale ; apophyses vertébrales.sacrum pas douloureux à la pres-

sion.

Membres supérieurs : Une certaine diminution delà forcemus-

culaire des mains (surtout pour serrer) à peu près égale des deux

eûtes ; force musculaire bien conservée dans les autres segments

Aucun trouble sensitif, subjectif ou objectif. Réflexes (des fléchis-

seurs, biceps, triceps) forts des deux côtés. flaccidité et,peut-être,

86 CLINIQUE NERVEUSE.

très léger amaigrissement des muscles des mains et des avant-

bras. ' n 0

Membres inférieurs : Troubles moteurs : Le malade marche avec

peine et peu longtemps ; il dit être gêné par les douleurs que lui

causent tous les mouvements plus que par une paresie véritable ;

toutefois la force musculaire paraît être diminuée dans tous les seg-

ments des deux membres, et à peu près également des deux côtés.

Le malade dit qu'il ne peut contracter ses muscles à fond à cause

de la douleur. Au lit, il évite de remuer ses jambes et ne le fait

que lentement, chaque mouvement semblant lui procurer des

douleurs assez intenses. -Troubles sensitifs : Douleurs que l'exa-

men montre être surtout névralgiques. Il a tous les signes d'une

sciatique double ; signe de Lasègue très net des deux côtés, dou-

leur à la pression le long du trajet du sciatique (tout le long delà

face postérieure de la cuisse, point fessier, poplité, malléole

interne, 1 el' espace interosseux du pied). La sensibilité cutanée

est à peu près complètement abolie pour le tact, la piqûre, le

chaud et le froid, le long du bord externe du pied droit étala

3° phalange des orteils du pied droit, surtout à leur face plan-

taire ; l'anesthésie est toutefois à limites peu nettes et va en

décroissant progressivement. Le chaud et le froid sont moins

bien perçus à la partie externe de la jambe droite, dans sa moitié

inférieure, mais C'est un trouble léger, sans limites précises :

peut-être aussi la sensibilité cutanée est légèrement émoussée à

la plante du pied droit. Aucun trouble sensitif ailleurs : Trou-

bles trophiques : Peut-être légère atrophie musculaire diffuse. Pas

de troubles trophiques cutanés : Réflexes : Rotuliens légèrement

augmentés des deux côtés : Achilléen aboli à droite,faible à gau-

che. Héflexe cutané plantaire nul à droit, en flexion à gauche ;

crémastéricn, faible des deux côtés.

Pas de clonus, ni de contractions fibrillaires.

Troubles sphinctériens : Une certaine lenteur et dilficulté delà

miction avec pesanteur continuelle à l'hypogastre ; pas de trou-

bles du sphincter anal.

Viscères : Appareil circulatoire : rien.

Poumons : Utiles humides, fins, nombreux à la base droite.

Foie : diminué de volume.

Appareil'digestif : Anorexie, langue pâteuse, goût fade dans la

bouche ; estomac non douloureux au palper, ne semble pas di-

laté ; constipation légère.

Pas de lièvre, pas de troubles psychiques.

Depuis la lin de janvier jusqu'à la mort du malade, l'état géné-

ral et les douleurs continuelles ont été en s'aggravant, sans in-

tervention de symptômes nouveaux. Les douleurs aux membres

LÉSION DE LA QUEUE DE CHEVAL PAR TUBERCULOSE SACREE. 87

inférieurs, continuelles nuit et jour, empêchent le sommeil et ne

sont qu'incomplètement calmées par la morphine ; le malade mai-

grit, s'anémie, se cachectise. Dans les derniers 15 jours, il pré-

sente de la fièvre avec oscillations dont le maximum ne dépasse

pas 3J ? et on trouve les signes d'une broncho-pneumonie au

poumon droit. Le malade meurt le 9 mars 1903.

Autopsie : Les deux poumons, surtout le droit, présentent,

dans les 2/3 supérieurs, des lésions de congestion très intense,

avec carnilicalion du tissu, elplusieurs foyers de broncho-pneu-

monie. Dans la partie moyenne du poumon'droit, au niveau de

la gouttière vertébrale, il existe un noyau <le4-5cm. de diamètre

de contenu blanc-jaunâtre, de consistance du mastic de vitrier.

Autour de ce noyau, zone d'inflammation particulièrement in-

Lense. Simple congestion des bases. Nulle part on ne trouve de

vraies granulations isolables, ni de gros tubercules. Ganglions

Iraelléo-bronchiques simplement ardoisés,sans tubercules. Pleu-

résie sèche avec des traînées blanchâtres très apparentes sous la

plèvre viscérale et semblant dessiner les espaces (1) interlobu-

laires. Pas d'épanchement. Coeur petit, cavités dilatées, pas de

péricardile.

A la partie interne des côtes et le long de la colonne dorsale,

on trouve plusieurs masses caséeuses avec points d'ostéite tu-

berculeuse au niveau des côtes.

La colonne vertébrale, le sacrum, les symphyses sacro-iliaques

ne présentent aucune lésion extérieure.

En soulevant la moelle et la queue de cheval, on découvre, au

niveau du sacrum, un tissu lardacé, assez bien circonscrit, oc-

cupant la partie antérieure de l'espace épidural faisant légère-

ment adhérer la dure-mère à la partie postérieure des corps ver-

tébraux sacrés. Ces adhérences n'existent que sur la ligne mé-

diane, ne s'étendent pas latéralement, et en hauteur ne dépassent

pas la région sacrée : on les décolle aisément par une simple trac-

tion.

Après l'extraction de la moelle, on remarque qu'il n'existe au-

cune lésion à l'intérieur du canal rachidien dans la colonne ver-

tébrale cervicale, dorsale et lombaire.

La face postérieure des corps de la 2° 3° 40 crtèhres sacrées a un

aspect vermoulu ; le scalpel pénètre facilement ; il existe une

nette carie superlicielle profonde de 1/2 cm. environ, qui nese

propage pas de côté : il n'y a pas de lésions caséeuses neltes, mais

des simples longosités 1-ouguliti.(,s avec des petites esquilles os-

seuses.

(t) L'examen histologique a montré que le noyau ca8éil'orll1e esl

un inl'ardn8 ancien, elles traînées blanchâtres, des sait-

guins dilatés et remplis de caillots tibrineux : pas de tubercules.

88 CLINIQUE NERVEUSE.

Le tissu épidural, au niveau de la face antérieure delà dure-

mère est un tissu lardacé, dur, pas caséeux, adhérant intime-

ment à la dure-mère. Cetaspect est surtout marqué au niveau des

vertèbres sacrées malades, mais le tissu lardacé remonte jusqu'à

la région lombo-sacrée delà moelle, bien qu'il reste toujours lo-

calisé à la face antérieure do la dure-mère, sans se propager vers

les côtés.

Dans le tissu lardacé épidural, dans sa partie externe il existe

quelques petites esquilles osseuses qui adhèrent au tissu même.

Aucun point caséeux ou en voie de ramollissement. -

La dure-mère présente des épaississements irréguliers sur sa

face antérieure et aux points de sortie de plusieurs racines sa-

crées supérieures et lombaires inférieures.Les racines sacrées in-

férieures et le filul1l sont englobés dans le lissulai-dtc6 épidural.

L'épaississement de la dure-mère autour des racines est d'inten-

sité variable : insignifiant dans certaines, atteint dans d'autres

une intensité considérable.

Il n'existe nulle part aucune trace de symphyse entre la dure-

mère elles méninges molles. Les racines de la queue de cheval

sont complètement libres dans le sac durai : elles ne présentent

aucune adhérence avec la face interne de la dure-mère, qui paraît

lisse, d'aspect normal, sauf une légère congestion au niveau des

points épaissis de la face antérieure.

L'aspect extérieur des racines de la queue de cheval et de la

moelle est normal. Cerveau normal.

Aucune atrophie apparente des muscles des différents segments

des membres inférieurs (cuisse, jambe, pied) : seulement ra et là

quelques stries jaunâtres dansl'épaisseur des muscles, particuliè-

rement dans les muscles postérieurs de la cuisse. Au contraire,

les muscles fessiers paraissent atrophiés ; ils présentent une

notable diminution de volume, leur couleur est pâle jaunâtre.

Les nerfs périphériques des membres inférieurs ne présentent

aucune altération macroscopique.

Etude histologique . 11 porte sur plusieurs points du tissu

épidural, dans un desquels il existe une esquille osseuse et de

la dure-mère épaissie (I temateine-eosine, bleu de toluidine-eo-

sine, Ziehl), sur plusieurs racines au niveau de leur point de sor-

tie de la dure-mère où celle-ci est épaissie (Ilémaléine-éosiiie,

Gieson, Pal), sur la moelle, au niveau de chaque segment de

la région sacrale et lombaire, de plusieurs delà région dorsale CI

cervicale (moelle sacrée etlomltaire inférieure au Marchi, le res-

te au Pal, Gieson, hmatine-osine : quelques morceaux cepen-

dant, aux diverses hauteurs de la moelle, ont été pris pour l'étude

des cellules avec la méthode deNissl, sur plusieurs muscles des

membres inférieurs; fléchisseurs de la jambe, grand fessier, vaste

LÉSION DE LA QUEUE DE CHEVAL PAR TUBERCULOSE SACREE. S9

externe, jumeaux externe, jambier antérieur, long péronier,

muscles plantaires (liématéine-éosine, Marchi, Pal, Gieson), sur

les nerfs sciatique, tibial postérieur, tibial antérieur (dissociation

après l'acide osmique, Pal, Gieson, llarchi, liématéine-éosine).

Tissu épidural. Est constitué par du tissu essentiellement

fibreux, dans lequel il existe quelques rares tubercules anciens,

comme étoul1'és par la sclérose ;dans un point où d'existé un petit

noyau d'aspect caséeux les tubercules sont absolument caractéris-

tiques et plus nombreux. Les vaisseaux sont un peu épaissis, par-

tout parfaitement perméables, plutôt dilatés que rétrécis, sans au-

cune trace d'infiltration embryonnaire des parois, ni périvascu-

laire.

La dure-mère, épaissie, est constituée par du tissu fibreux ; elle

aussi ne présente pas de tubercules et a ses vaisseaux, elle aussi,

légèrement épaissis et plutôt congestionnés.

L'esquille osseuse qui se trouve dans le tissu épidural présente

de l'ostéite raréfiante : dans les mailles du tissu osseux, on re-

trouve une moelle extrêmement riche en lymphocytes, avec (les

tubercules nets, plus nombreux que dans le tissu épidural même.

Les racines entourées par la pachyméningitc à leur point de

traversée dure- m cri en ne se comportent d'une façon très variable

avant tout il y en a où la pachyméningitc est faible, à peine

accusée, dans d'autres, la pachyméningite forme une bande

très épaisse de tissu fibreux entourant et étouffant la racine ; ses

vaisseaux, comme ceux de la racine même, sont tous bien perméa-

bles, iL parois un peu et régulièrement épaissies, sans que l'épais-

sissement porte sur leur tunique interne, sans prolifération em-

bryonnaire. Dans les racines même, il caistedes lésionsdes libres

nerveuses qui semblent parallèles, par leur intensité, au degré de

la pachyméningite environnante (perle en fibres nerveuses, nom-

breuses fibres grêles, libres qui se colorent mal au Pal, fibresavec

la gaine myélinique ii@i,é-ulièi,e, fragmentée, en voie de destruc-

Lion, boules do volume variable de myéline, quelques corps gra-

nuleux). En effet, tandis qu'il y a des racines dans lesquelles il y

a à noter seulement la disparition de quelques tubes de myéline

et une certaine abondance de libres grêles, dans d'autres la perle

en fibres nerveuses est très forte, sans être toutefois complète.

En outre, la lésion atteint, généralement, pour les faisceaux de la

même racine, des degrés très variables parfois ; de la même façon

irrégulière se comporte la prolifération du tissu interstitiel qui

se fait en bandes irrégulières et s'accompagne d'une légère pro-

lifération nucléaire : dans quelques points on voit des bandes

assez larges de tissu fibreux pénétrer du tissu du sclérose péri-

radiculaire dans la racine. En aucun point on constate de l'infil-

tralion embryonnaire.

90 CLINIQUE NERVEUSE.

Moelle. Les coupes faites au niveau de tous les segments de la

moelle lomho-sacrée,confirment, par leurs caractères, les lésions

radiculaires déjà citées ; en elfet les racines postérieures des seg-

ments sacrés et du cinquième segment lombaire présentent au

Marchi, Marchi-Gieson, des phénomènes de dégénération très

évidents (disparition de quelques fibres, grosses boules de myé-

line libres, nombreuses libres en voie de degeneration, présence

de corps granuleux, légère prolifération du tissu interstitiel).

L'intensité de ces lésions est variable dans les divers segments et

parfoisbeaucoup plus accentuée d'un côté que de l'autre, comme

dans le deuxième, troisième segments sacrés, où les lésions radicu-

laires rejoignent le maximum, tout en conservant quelques libres

intactes, et ou les racines clroitessont plus prises que les gauches.

Les lésions radiculaires moins fortes dans le 1 ? segment sacré

et encore moins dans le 5e lombaire, au niveau du 4. segment lom-

sont assez faibles ; ici, tandis que la zone d'entrée des raci-

nes postérieures se présente, au Pal, encore pauvre en lihres sai-

nes à gauche, à droite elle est très riche en libres intactes qui vont

border la corne postérieure : au niveau du 3e segment lombaire et .

au-dessus encore, la zone d'entrée des racines postérieures paraît

absolument intacte de chaque côté.

Les racines antérieures montrent, à leur point d'entrée dans la

moelle, et seulement au niveau du 1 cI' segment sacré et du 5e lom-

baire des lésions tout à fait légères, et à ce niveau il existe aussi

quelques rares boules noirâtres dans le cordon antero-latéral.

Dans les cordons postérieurs, il existe des lésions (lui, tlans la

moelle sacrée et lombaire inférieure, consistent, au Marchi, dans

la présence de nombreuses houles noirâtres, do grosseurs diverses

en partie libres, la plupart toutefois remplissant plus au moins

complètement des fibres en voie de dégénération, et dans la pré-

sence de quelques vides, rares d'ailleurs, laissés par dos libres

complètement disparues, et des corps granuleux peu abondants.

Des granulations noirâtres, fines, disposées en série, abondantes

surtout là où la lésion radiculaire est plus forte, marquent le pas-

sage de libres malades du cordon postérieur à la base delacorne

postérieure.

Le fait que les lésions radiculaires postérieures sont inégales et

souvent pas symétriques, jamais totales, le l'ait qu'on n'a pas pu

faire du marchai au-dessus du 5U segment lombaire et que, d'autre

part, les lésions des cordons postérieurs dans la moelle sacrée se

sont montrées, au lJarclti,encure assez récentes, ainsi incomplète-

ment décelahlesavecles autres méthodes de coloration employées

parle restant de la moelle, ne nous a pas permis défaire l'étude

intéressante des dégénérations secondaires des cordons postérieurs

par lésion de la queue de cheval. Dans la moelle sacrée,cependant,

la disposition radiculaire de la dégénération est assez évidente au

LÉSION DE LA QUEUE DE CHEVAL PAR TUBERCULOSE SACREE. 91

niveau du 4" segllll'nt sacré et plus nettement encore au ni veau du 3e

et 2° segments sacrés,les cordons poster ieurssont partout envahis

parties granulations noirâtres sauf une bande qui occupe le voisi-

nage du septum postérieur, de la périphérie àla commissure pos-

térieure. Dans celle bande qui au niveau du 2- se -ni en t sac s'é-

largit en avanten correspondance de la zone cornu-commissurale

les libres sont presque toutes bien conservées : on y retrouvescu-

lementquelllues rares boules de myéline et quelques rares libres

éparses en voie de dégénération. '

Au niveau du 5'' segment lombaire, les granulations noirâtres,

qui se trouvent dans presque tout le cordon postérieur, sont ce-

pendant beaucoup plus nombreuses dans chaque cordon, dans

deux bandes disposées perpendiculairement l'une à l'autre, dont

l'une, plus large, occupe la zone périphérique en s'atténuant pro-

g-ressi, ement vers la zone d'entrée des racines postérieures peu

dégénérées, l'autre suit le septum postérieur et s'atténue, elle

aussi, progressivement, s'arrêtant presque à la zone cornu-com-

missurale qui contient seulement quelques granulations noirâtres

éparses.

Entre le septum ella bande adjacente dégénérée, on trouve une

mince zone occupant les deux tiers inférieurs qui [tarait relati-

vement indemne.

Dans le reste de la moelle, étudié au Pal, Gieson, la systéma-

tisation est beaucoup moins évidente, si bien qu'on peut consta-

ter, au niveau du '2e- 1er segment lombaire une zone légèrement

décolorée, située de chaque côté du septum, ayant forme de vir-

gule, à concavité correspondant au bord interne des cornes pos-

térieures, plus neLLe à droite, rejoignant à peine la zone cornu-

commissurale. Dans plusieurs segments dorsaux on constate à

peine une légère décoloration dans un mince triangle à base

étroite correspondante il la périphérie delà moelle et dont la

bissectrice est représentée par le septum postérieur. Dans la moelle

cervicale inférieure, légère décoloration de la moitié postérieure

du faisceau de Goll, qui dans le 2°-3° est envahie

en dedans du septum paramédian par une mince bande aspect

normal. Ces zones décolorées à un plus fort grossissement pré-

sentent, disséminées parmi des fibres intactes, quelques mailles

delà neuroglie vides, quelques libres qui prennent malle Pal et

de nombreuses lihi-esgrèlcs, mais dont le cylindraxe est bien net,

le tout entouré par une prolifération névrogliqûe légère.

La colonne de Clarke montre partout la conservation parfaite

de son réseau fibrillaire : ses cellules étudiées par la méthode de

Nisslsontbien conservées et ne paraissent pas diminuées de nom-

bre.

Les cellules radiculaires de la moelle, étudiées aux diverses

hauteurs, sont en grande majorité normales- ; on retrouve

92 CLINIQUE NERVEUSE.

seulement quelques rares cellules avec chromatolyse légère

centrale et quelques cellules très riches en pigment.

Méninges, vaisseaux (excepté un léger épaississement) partout

intacts. -

Les nerfs périphériques n'ont montré, par toutes les diverses

méthodes employées, aucune altération.

Muscles : On constate des altérations, qui sans être considérables

sont néanmoins assez nettes dans les fléchisseurs de la jambe, ju-

meau externe, vaslo externe et surtout dans le grand fessier. Elles

consistent dans l'exagération de la striation longitudinale dans

un grand nombre.de fibres, disséminées ctsépaivcspar des fibres

parfaitement saines : la prolifération des noyaux du sarcolemme

est également évidente, ainsi que l'augmentation du sarcoplasma

qui sépare dans la fibre les fibrilles élémentaires et rend plus

nets que normalement, sur coupes transversales, les champs de

Conheim. Le volume des fibres est très variable, et à côté de

fibres à volume en apparence normal, on constate des fibres ex-

trêmementatrophiées : cesdifferentesfibressontseparees les unes

des autres spécialement dans le grand fessier, par du tissu con-

jonctif net avec un assez grand nombre de noyaux. Certaines fibres

présentent des divisions longitudinales et certaines présentent

entre les fibrilles du tissu conjonctif avec nombreux noyaux. La

substance contractile ne semble pas offrir des phénomènes dégé-

nératifs : dansquclques la striation transversaleest effacée.

Les nerfs intramusculaires, au Pal, Gieson, Marchi, ne présentent

pas de dégénémtion wallé1'Íenne : ils contiennent, plus que nor-

malement, un grand nombre défibres grêles, mais dont la gaine

myélinique se colore bien et ne présente pas d'irrégularités. Les

vaisseaux ont des parois un peu épaisses.

Dans les muscles plantaires, les altérations sont beaucoup moins

marquées et consistent seulement dans l'exagération de la stria

tion longitudinale sur un grand nombre de fibres avec proliféra-

tion des noyaux du sarcolemme et augmentation du sarcoplasme.

Dans quelques points, il existe aussi une légère augmentation du

tissu conjonctif entre les fibres. Nerfs riches en libres grêles sans

phénomènes de (1 égéiié i-a Lion wallÉi-ieniie.

Dans le jamhier antérieur, le long péronier, la seule lésion ap-

préciable se réduit à l'exagération de la striation .longitudinale

' qui frappe- peu de libres sans phénomène dégénératif de la subs-

tance contractile, sans prolifération du tissu conjonctif. Nerfs

intacts.

L'autopsie et l'étude histologique, en résumé, nous

ont démontré qu'il existait une ostéite tuberculeuse su-

perficielle du sacrum, avec envahissement du tissu épi-

LESION DE LA QUEUE DE CHEVAL PAR TUBERCULOSE SACRÉE. 93

durai et épaississement de la dure-mère sur sa face an-

térieure et en correspondance des points de sortie des ra-

cines sacrées et lombaires inférieures. Il paraît qu'ici la

dure-mère, comme il arrive dans la majorité des cas de tu-

berculose de l'espace épidural propagée par ostéite tuber-

culeuse vertébrale, n'a pas été envahie par la tubercu-

lose ; elle a réagi en s'épaississant, et l'épaississement de

la dure-mère seul paraît ici être la cause des lésions d'in-

tensité variable observées dans les racines de la queue

de cheval, qui ne présentaient aucun signe d'inflamma-

tion. Des coupes faites au niveau de chaque segment de

la moelle sacro-lombaire ont confirmé des lésions d'inten-

sité variable dans les divers segments des racines sa-

crées et lombaires inférieures, ici presque exclusivement

limitées aux racines postérieures. Nous avons en outre c

constaté, dans les cordons postérieurs, une dégénéra-

tion secondaire, encore assez récente, dont la systémati-

sation radiculaire est surtout évidente, au Marchi, dans

la moelle sacrée et lombaire inférieure. Les cellules de la

moellc ne présentent que de très minimes altérations,

les méninges sont intactes, les vaisseaux légèrement

épaissis. Les nerfs périphériques des membres inférieurs

sont absolument intacts ; les muscles présentent des lé-

sions légères, sans phénomènes de dégénération des

nerfs intra-musculaires.

Au point de vue anatomo-pathologique, notre cas est

intéressant en ce qu'il nous montre une des modalités par

lesquelles la tuberculose de l'espace épidural propagée

par ostéite tuberculose sacrée peut retentir sur les raci-

nes de la queue de cheval le seul cas de Cestan etBabon-

neix jusqu'ici publié, de pachyméningite caséeuse par os-

téite tuberculeuse sacrée, comprimant les racines de la

queue de cheval, n'a pas été étudié en détail anatomo-pa-

thologiquement ; peut-être le mécanisme de la lésion ra-

diculaire a-t-il été le même ; dans la queue de cheval,

comme il peut arriver dans les autres racines de la moelle

dans le mal de Pott, il est possible que la dure -mère

puisse participer à l'infection tuberculeuse et que se dé-

vcloppe une vraie péri névrite et névrite tuberculeuse,ou

que la compression sur les racines de la queue de cheval

se fasse, dans le sac durai même, par les masses caséeu-

94 CLINIQUE NERVEUSE..

ses du tissu épidural ou par un abcès ; d'autres autopsies

pourront combler la lacune qui reste encore dans l'ana-

tomie pathologique de l'affection de la queue de cheval

par tuberculose sacrée ou lombo-sacrée.

Au point de vue clinique aussi, notre cas offre des par-

ticularités intéressantes. Je ne résumerai pas ici l'histoire

de notre malade qui est déjà simple par elle-même : deux

hémoptysies dans la jeunesse, grands excès alcooliques

habituels, troubles dyspeptiques caractéristiques s'y

rattachant, et puis, dans les derniers G mois de sa vie,

avec un fort amaigrissement général, des douleurs tou-

jours plus violentes, à caractère de sciatique double. Les

antécédents alcooliques du malade, l'intensité légère des

troubles trophiques et moteurs dans les membres infé-

rieurs, les douleurs constituant à elles seules la plus gran-

de partie du tableau symptomatique, et la présence, peut-

être, d'un léger degré de parésie des mains, ont fait penser

à une polynévrite alcoolique à forme surtout sensitive.

L'autopsie nous montre que les nerfs périphériques

sont sains et qu'il s'agit d'un mal de Pott sacré qui se pro-

pagea au tissu épidural, épaississant la dure-mère et com-

primant par celle-ci les racines sacrées et lombaires

inférieures. Les caractères et la distribution des lésions

radiculaires s'accordent d'ailleurs avec les symptômes

cliniques ; avec un tableau symptomatique constitué

presque essentiellement par des troubles nerveux : dans le

domaine des deux sciatiques concordent assez bien les cons-

tatations anatomo-pathologiques qui montrent comme

le plus fortement atteintes par la compression les racines

qui entrent dans la constitution du nerf sciatique ; le

manque de troubles sensitifs objectifs diffus et nets

dans le territoire innervé par les racines sacrées et lom-

baires inférieures, le manque de troubles sphinctériens

marqués, la légèreté des troubles moteurs et trophiques,

peuvent bien relever du fait que les lésions radiculaires,

non seulement d'intensité variable, ne sont jamais com-

plètement destructives. Toutefois l'anesthésie relevée à la

jambe droite et l'abolition du réflexe cutané plantaire

droit peuvent se rattacher aux lésions que nous avons

constatées dans la lire et la 2e racine sacrée antérieure

droite, surtout dans la 2" qui était très fortement prise.

LÉSION DE LA QUEUE DE CHEVAL PAR TUBERCULOSE SACREE. 95

Dans la lésion delà première racine sacrée, faut-il cher-

cher vraisemblablement l'abolition du réflexe achilléen

droit, et l'affaiblissement du gauche. et, dans la lésion des

3e et 4e sacrées,les légers troubles vésicaux que le malade

semble avoir présentés, mais sur la réelle existence des-

quels il est difficile de se prononcer ?

Si les lésions radiculaires suffisent à expliquer les

symptômes présentés par le malade, on peut se demander

toutefois si l'alcoolisme n'a pas joué un certain rôle dans

la production des accidents. L'intégrité absolue des troncs

nerveux parle déjà contre celte hypothèse ; seulement

dans les nerfs intramusculaires de certains muscles, nous

avons trouvé quelques légères lésions consistant dans

l'abondance, supérieure à la normale, de fibres grêles,

sans aucune forme de dégénérescence de la fibre nerveuse.

Même en ne tenant pas compte de la prédominance de

ces lésions sur les muscles de la racine des membres plu-

tôt que sur les muscles de la périphérie présentant pres-

que tous des nerfs inlra-musculaires intacts, le manque

dans les nerfs inlra-musculaires de tout phénomène de

névrite ou dopérinévritc ainsi que la très faible intensité

des phénomènes d'atrophie simple qu'ils présentent, suf-

fisent à écarter l'hypothèse d'une polynévrite alcoolique.

C'est donc sous le simple tableau d'une névrite princi-

palement localisée aux deux sciatiques et surtout sensi-

live que les lésions radiculaires se manifestèrent.

Dans la littérature neurologique, les observations pu-

bliées de lésion de la queue de cheval par tuberculose sa-

crée ou lombo-sacrée sont, ainsi que nous l'avons dit plus

haut, très rares ; dans le seul cas avec autopsie, de Ces-

tan et ]3aboniieix, dans les observations cliniques de Du-

four, Bregmann, Cestan-13abonneix, Bartels, la sympto-

niatologic de la queue de cheval était bien plus évidente,

bien plus complète ; les troubles moteurs, les troubles

trophiques, les troubles sensitifs objectifs, soit par leur

intensité,soit par leur distribution, plus caractéristiques ;

presque toujours il existait des troubles sphinctériens

ncts. Dans la majorité des cas, on trouva, outre les si-

gnes de tuberculose pulmonaire, des manifestations exté-

rieures d'affection osseuse sacrale, sacro-lomlmire ou

de la symphyse sacro-iliaque; cyphose des dernières ver-

96 CLINIQUE NERVEUSE.

tèbres lombaires, pression douloureuse au niveau du sa-

crum ou des vertèbres lombaires, signes d'affection de la

symphyse sacro-iliaque.

C'est ainsi que, dans une des deux complètes observa-

tions cliniques de Bartels, il existait, aux environs de la

symphyse sacro-ilaque droite une tuméfaction paraissant

élastique à la pression ; la compression bilatérale du bas-

sin provoquait de la douleur, en ce point ; la pression

externe sur le sacrum n'était pas douloureuse, mais l'au-

teur a pu constater par le toucher rectal que le promon-

toire et le point correspondant à la symphyse sacro-ilia-

que droite étaient très douloureux à la pression. Dans le

2e cas, la partie supérieure de la symphyse sacro-iliaque

était légèrement douloureuse à la pression, ainsi que la

pression bilatérale du bassin. \

Dans notre cas, le sacrumet les parties environnantes

n'offraient rien à l'inspection ; la pression n'était pas

douloureuse en aucun point ; l'autopsie, d'ailleurs, a dé-

montré que l'ostéite tuberculeuse du sacrum était super-

ficielle, légère, limitée à la face postérieure des corps

vertébraux. C'est là encore un fait qui contraste avec les

faits habituellement constatés; en effet, dans la majorité

des cas la carie se développe primitivement dans les corps

vertébraux et y produit de fortes lésions avant de se por-

ter vers le canal rachidien et de se propager au tissu épi-

dural. Dans notre cas, le toucher rectal n'a pas été fait,

mais il est probable qu'il n'aurait pas donné un résultat

positif, étant donné le caractère superficiel de la lésion

osseuse.

Si notre malade avait survécu plus longtemps, les phé-

nomènes nerveux sinon les signes de localisation osseuse

de la tuberculose seraient peut-être devenus plus mar-

qués, plus nets, et,par l'évolution prolongée de la maladie

serait peut-être ressortie plus évidente et plus complète

la symptomatologie de la queue de cheval, comme dans

les observations des auteurs cités : toutefois, del'étudehis-

- tologiquc du tissu épidural, on a l'impression que le pro-

cessus tuberculeux est plutôt en voie de transformation

fibreuse, cicatricielle que de progression, et ce fait donne

à penser que peut-être il ne se serait pas produit un

épaississement ultérieur réactionnel de la dure -mère sus

CHOLEMIE ET MÉLANCOLIE. ' 97

ceptible d'augmenter jusqu'à la destruction complète les

lésions radiculaires présentes ou d'en produire de nou-

velles. Ce cas m'a paru digne d'être publié par ce qu'il se

rapporte à une forme anatomique et clinique particulière

sous laquelle peut se présenter l'affectation de la queue

de cheval secondaire à l'ostéite tuberculeuse du sacrum.

CLINIQUE MENTALE

Cholémie et mélancolie ;

Par le docteur P. COLOL1AN.

I. Les rapports de l'hépatisme et de la mélancolie.-

La mélancolie, si anciennement et si remarquablement

décrite par les manigraphes les plus célèbres, est restée

cependant, jusqu'à nos jours, une affection à étiologie

obscure. Les théories multiples, qui ont été émises, n'ont

pu satisfaire l'esprit critique des psychiatres de notre

époque.

La mélancolie, dit Marcé (l),est une affection mentale,

caractérisée par un délire de nature triste et une dépres-

sion poussée parfois jusqu'à la stupeur.

Cette définition est restée classique en France ; tous

les auteurs, ou la plupart, ont fait delà mélancolie une

affection purement psychique.

Les auteurs allemands, KrallTt-Ebing et Schûle, ran-

gent la mélancolie parmi les psycho-névroses, c'est-à-

dire parmi les affections mentales qui surviennent chez

des gens d'apparence normale. La cause réside, pour eux,

dans la prédisposition temporaire à cette psycho-névro-

se. Il n'est cependant pas exact de considérer la mélan-

colie comme une affection exclusivement psychique ou

psycho-névrosique. '

En pathologie mentale on se cantonne trop au centre

psychique, au système nerveux ; l'on ne tient pas compte

des relations qui existent entre le cerveau et les autres

organes.

(1) Marcé. Traité pratique des maladies mentales, Paris, 1802.

Archives, 2° série 1905, t. XX. 7

98 CLINIQUE MENTALE.

Le mauvais fonctionnement d'un organe, quelle que

soit l'importance de cet organe, peut influencer sur les

autres. Qui aurait cru jadis que la glande thyroïde avait

une influence telle sur l'intelligence que sa résection pou-

vait entraîner le crétinisme ?

Et ce qui est vrai pour la pathologie mentale en géné-

ral, l'est particulièrement pour la mélancolie, affection

où l'organisme entier est atteint, où toutes les fonctions

sont troublées et la nutrition générale ralentie.

A l'examen, la mélancolie n'apparaît pas comme une

psychose pure, telle que le délire de persécution, le délire

chronique. C'est une perturbation mentale, ayant des

connexions intimes avec les troubles organiques. Ce n'est

pas une vésanie ou une psycho-névrose, mais une affec-

tion physico-psychique, s'ilest permis de s'exprimer ainsi.

Cette conviction. puisée dans l'observation des malades,

ne suffit pas néanmoins pour donner une explication

étiologique de la maladie. -

Ayant accepté cliniquement que la mélancolie est une

affection de l'organisme entier, il nous fallait chercher

quels étaient les organes premièrement envahis et quels

rapports existaient entre les troubles physiques et les

troubles psychiques. C'est encore l'observation qui nous

a renseigné. Dans la majorité des cas, et sur ce point,

tous les auteurs tombent d'accord, les symptômes phy-

siques apparaissent avant toute perturbation mentale. La

mélancolie débute par des troubles physiques : courba-

ture générale, faiblesse et fatigue sans le moindre effort ;

céphalalgie, bourdonnements dans les oreilles ; troubles

vaso-moteurs, troubles digestifs ; constipation, insomnie

ou somnolence, etc.La dépression douloureuse n'envahit

la personnalité que consécutivement.

Lorsqu'on examine les organes des mélancoliques par

les moyens cliniques et les procédés de laboratoire, on

constate que certains organes sont atteints dans leur

fonctionnement, dès le début de la mélancolie, avant

même l'apparition du syndrome clinique, de la dépres-

sion psychique. On observe le ralentissement de la res-

piration, de la circulation, les troubles gastro-intesti-

naux. Mais le foie paraît être atteint en premier lieu.

Dans la mélancolie et dans les affections psychiques

CHOLÉMIE ET MÉLANCOLIE.. 90

déprimantes, le foie est atteint dès le début, non de lé-

sions saillantes, mais de troubles assez caractéristiques

pour qu'ils soient reconnus cliniquement. Parmi ces-

troubles, la cholémie tient la première place.

Dans une communication faite à la Société médicale

des hôpitaux (juillet 1908), nous avons démontré, avec le

professeur Gilbert et le docteur Lereboullet, le rôle que

la cholémie semble jouer dans la mélancolie.Depuis.nous

avons poursuivi nos recherches et nous apportons de

nouveaux documents, qui démontreront que la mélan-

colie est le résultat de troubles de tout l'organisme.et du

foie en particulier.

Le rôle du foie et de ses altérations dans les états ly-

pémaniaques, n'est point pourtant une conception ré-

cente. L'origine hépatique des psychoses a été admise

de longue date. Dans les divers traités, l'on trouve des

descriptions sur le rapport des affections hépatiques avec

ces psychoses (1). Les thèses de Loiseau (2) et de Raphé-

ly (3) fournissent à ce point de vue une riche bibliogra-

phie.

De nos jours, Charrin (4), répondant au travail de

Grilli, qui nie la fréquence des lésions hépatiques chez

les aliénés, puis Klippel (5).Joffroy (6), Léopold Lévy (7),

ont publié des travaux avec observations, qui concluent

à un rapport entre les affections hépatiques et les psy-

choses. '

Quant aux états mélancoliques, directement liés aux

troubles hépatiques, ils sont également étudiés par cer-

tains auteurs. Sans remonter aux travaux des anciens,

(1) Fauconeau-Dufuesne. Nouvelles preuves de l'existence de

la névralgie. (Union méd., 1851.)

(2) LoISCAU. - Les folies sympathiques. (Thèse de Paris, 185G).

(3) Raphély. Essai sur les phénomènes psychiques de nature

mélancolique. (Thèse de Lyon, 1889.)

(4) Ciiahrin. Maladie du foie et folie. (Société de Biologie, 30

juillet 1892.)

(5) 111.IPYEL.- De l'insuffisance hépatique dans les maladies men-

tales. De la folie hépatique.(A ¡'cl1. gén. de médecine, août 1892).

(6) JOFFROY. - (Soc. médicale des hôpitaux, 1896).

(7) LÉOPOLD Lévi. (Bull. de la Soc. anatomique, 1895. Trou-

Mes nerveux d'origine hépatique. Hépalo-loxémie nerveuse. (A i-cil.

gérr, de Médecine, 1896.)

100 CLINIQUE mentale.

nous pouvons citer IIammond (1), qui, s'appuyant sur

plusieurs observations personnelles, a démontré que les

abcès du foie pouvaient être accompagnés d'un état plus

ou moins marqué de mélancolie et d'hypocondrie ; la

ponction, en guérissant le mal local, fait disparaître* les

. troubles mentaux. Aussi conseille-t-il, dans tous les cas

d'hypocondrie ou de mélancolie, d'examiner attentive-

ment le foie,

CF (2), à propos d'une mélancolique stupide, qui a eu

des coliques hépatiques 'et présentait un subictère et

une légère douleur dans la région hépatique, fait les ré-

flexions suivantes : « A quoi faut-il rapporter cette es-

pèce de stupeur, de sidération du système nerveux ? Pour

ce cas, je ne vois que deux explications possibles. Ou

bien, nous avions une intoxication par résorption des

acides biliaires, éventualité fort acceptable, puisqu'il y

avait un état de subictère très manifeste ; ou bien l'ex-

cès de la douleur locale avait, par action réflexe sur les

centres nerveux, amené cette prostration, cet aspect

quasi-comateux. »

Dans un travail consciencieux de Cullere, nous trou-

vons deux observations de mélancoliques, ayant des an-

técédents hépatiques. D'après cet auteur, la dépression

mélancolique, avec ou sans conception délirante, parait

être le produit de l'hépatisme. Mais les expériences palpa-

bles, l'appui des recherches de laboratoire, de l'anatomo-

pathologie, manquaient il ces travaux. Une théorie ne vaut

qu'autant qu'elle repose sur une base solide, scientifique.

Nous nous bornerons, dans cette étude, à démontrer

que les mélancoliques présentent des troubles physiques

et des signes cliniques, qui attestent bien que le foie est

lésé et paraît être le premier atteint.

II. Parallélisme entre la cholémie et la mélancolie.

Le professeur Gilbert a décrit la cholémie, en lui re-

connaissant des symptômes fondamentaux et des symp-

tômes secondaires.

(1) Hammond. Sur les aheès du foie, leur association avec l'hy-

pochondrieelleur traitement. (Analysé parllénocque, in Gai. hebdo-

madaire, n° 48, 1880.)

(2) CYn. Accidents nerveux graves, déterminés par des coliques

hépatiques. (Union médicale, 1882.) .

CHOLÉMIE ET MÉLANCOLIE. 101

Parmi les premiers se trouvent les altérations du tégu-

ment, qui se modifie sous l'action de la bile. La peau des

cholémiques présente des xanthodermes : teint jaune, ver-

dàtre ou mat, incolore et incapable de se colorer. On a

signalé depuis longtemps le teint bilieux des mélanco-

liques.Les uns sont blafards,les autres hâlés : « La peau,

dit Bail, présente chez les stupides,à un degré plus élevé

que chez beaucoup d'autres malades, ce hâle, cette teinte

bistre, qui paraît se rattacher à une pigmentation due à

une hématose incomplète. »

Les troubles gaslro-intestinaux dominent souvent dans

la cholémie simple familiale.La dyspepsie hyperpetique,

la perle de l'appétit ou son exagération, voire même la

boulimie, sont les symptômes cardinaux. L'entérite

muco-membraneuse, la constipation ou les crises diar-

rliéiqucs sont également des signes de cholémie.

Ces symptômes se rencontrent -ils dans la mélancolie ?

Aussi fréquemment que dans la cholémie. Les difficultés

de digestion et la constipation sont presque de règle

chez les mélancoliques.

L'exagération de l'appétit'la boulimie, la gloutonnerie

sont très constantes.» La gloutonnerie surprenante des

malades forme quelquefois un contraste singulier, dit

Griesinger (1), presque risible, avec leur état de tristesse

profonde : on en voit, par exemple, engloutir à la hâte,

de gros morceaux do gâteaux et en même temps se la-

menter sur leurs nombreux péchés, sur la porte, de leur

salut ou sur leurs malheurs temporels. »

A la constipation fait suite la diarrhée ; parfois, il y a de

vraies crises diarrhéiques, comme dans la cholémie. Les

hémorroïdes ne sont pas rares dans la cholémie et dans

la mélancolie.

Gilbert a observe Y insomnie ou la somnolence des cho-

lémiques. Il a signalé la migraine et les céphalalgies, qui

sont manifestement en rapport avec la cholémie. Chez

les mélancoliques, l'insomnie est la règle et les somno-

lences sont fréquentes. Les migraines et les céphalées

sont des symptômes physiques du début, relevés par

tous les auteurs.

(1) Giuesingeu - Tmilé des maladies mentales. Trad. Doumic,

18fi3.

102 CLINIQUE MENTALE.

L' impuissance génitale des cholémiques est maintenant

un fait établi. Or, les mélancoliques offrent cette même

impuissance..< La sécrétion spermatique chez l'homme

est notablement amoindrie et les spermatozoïdes sont

beaucoup moins abondants. Chez les femmes, la cessa-

tion des règles est un symptôme des plus communs, et

l'on peut dire qu'en général, les fonctions génitales sont

abolies dans l'un et dans l'autre sexe ». (B. Ball).

La bradycardie est mentionnée par Gilbert et ses

élèves dans la cholémie. Tous les aliénistes ont observé la

bradycardie des mélancoliques, avec ou sans refroidis-

sement et cyanose des extrémités.

Les troubles objectifs du foie et de la rate existent et

chez les cholémiques et chez les mélancoliques. Ainsi,

nombre d'auteurs signalent le gros volume du foie des

mélancoliques.

L'urobilinurie est très fréquente dans la cholémie ;

d'après nos recherches, elle ne l'est pas moins dans la

mélancolie.

La présence des pigments biliaires dans le sérum des

cholémiques est un fait établi. Nous les avons trouvés^

avec la même constance chez les mélancoliques. Parfois,

chez nos malades, il n'y avait qu'une cholémie légère :

cela résultait, sans doute, du régime auquel les sujets

étaient soumis avant l'examen.

III. Hérédité hépatique et névropathique des mélan-

coliques. Ces rapprochements établissent déjà la soli-

dité des rapports qui existent entre la cholémie et la

mélancolie. Mais nous avons poursuivi les recherches

sur les antécédents des sujets, antécédents personnels

et héréditaires. L'enquête étiologique nous a révélé que

les mélancoliques ont presque les mêmes antécédents

biliaires que les cholémiques au point de vue hépatique.

Par l'intermédiaire des familles nous avons pu trouver

les antécédents hépatiques héréditaires ou personnels,

comme il en existe chez les cholémiques.

On relève chez les ascendants et les collatéraux, des

ictères, des affections du foie, des cirrhoses biliaires, la

lithiase biliaire. Les membres d'une même famille ont un

teint blafard ou jaunâtre identique. D'autres présentent

des symptômes de cholémie.

CHOLÉMIE ET MÉLANCOLIE. 103

Dans les antécédents personnels nous avons observé

l'ictère simple du nouveau-né, l'ictère émotif, l'ictère catar-

rhal, l'ictère lithiasique.

Après avoir établi ce fait que la cholémie existe chez

les mélancoliques, il fallait savoir si cette angiocholite

chronique était suffisante pour produire la mélancolie

et pourquoi elle ne la produisait pas chez tous au même

degré.

Nos recherches sur les antécédents, recherches minu-

tieuses et patientes, car il s'agissait d'aliénés, nous ont

démontré qu'à côté de la cholémie, il existe une autre

tare, plus profonde pour l'individualité psychique, c'est

la tare nerveuse, la tare mentale. Morel a observé, il y a

plus d'un demi-siècle, le rôle considérable de la dégéné-

rescence dans la genèse des affections mentales. Magnan

et ses disciples ont repris ces recherches et, élargissant

leurs études par celle des ascendants et des collatéraux,

ils ont définitivement consacré l'évidence du tempéra-

ment névropathique dégénératif.

Une parenthèse théorique s'ouvre ici. On sait que la

mélancolie franche est considérée par Magnan comme

une forme morbide bien caractérisée, le plus souvent

exempte de toute influence héréditaire, ou du moins

entachée d'une dégénérescence minime, latente.

. Joffroy et les docteurs Toulouse et Roubinovitch (1) pré-

tendent, au contraire, qu'il n'y a pas de mélancolie essen-

tielle, qu'il n'y a que des mélancolies symptomatiques.

En attendant que les aliénistes soient d'accord sur ce

point, notons ce que l'observation nous démontre. Les

mélancoliques que nous avons étudiés sont presque

tous des dégénérés. Ils ont, soit une hérédité névropa-

thique suffisante, soit des antécédents personnels carac-

téristiques. On peut les ranger parmi les prédisposés

névropathiques. Chez ces malades, l'on trouve donc,

d'une part, les symptômes d'une dégénérescence men-

tale et, d'autre part, les signes cliniques d'une affection

biliaire familiale.

La dégénérescence ne s'est donc pas cantonnée à l'or-

gane psychique, elle s'est propagée au foie et très pro-

bablement aux autres organes. Il est puéril de penser qùe

(1) TOULOUSE et ROUOINOVITCH. - La Mélancolie.

104 ASILES D'ALIÉNÉS. ' --

l'oeuvre de déchéance et de désorganisation se limite

uniquement au cerveau. L'organisme entier est lésé par

la dégénérescence.

Dès lors, il n'est pas extraordinaire qu'à un moment

donné, sous l'effet d'une cause occasionnelle (maladie in-

fectieuse, misère physiologique, puberté, grossesse,

accouchement, émotions, etc ), le fonctionnement psy-

chique, entravé par l'irritation pathologique de la bile,

se ralentisse et produise les phénomènes d'entraves qui

caractérisent la mélancolie. Ces mêmes causes ne se-

raient pas suffisantes pour provoquer une mélancolie,

en l'absence de cholémie.

(La suite au prochain numéro).

ASILES D'ALIENES

Fixation du nombre des médecins dans les asiles

d'aliénés. '

Telle était la question dont l'examen nous a été confié

pour être l'objet d'un rapport au Conseil supérieur de

l'Assistance publique. En raison du petit nombre d'exem-

plaires dont nous disposions, nous n'avons pas pu envoyer

ce rapport à tous nos collègues qui avaient bien voulu

répondre au Questionnaire que nous leur avions adressé :

il ne nous a été possible d'en expédier qu'un par asile.

Quelques-uns nous ont demandé quel avait été le sort

des propositions que nous avions soumises au Conseil.

C'est pour répondre à ce désir que nous allons reproduire

le texte de ces propositions avec l'indication du vote.

Sur la fixation du nombre des médecins nous avions sou-

mis à la Section la proposition suivante :

« La IV" section demande au Conseil supérieur de déclarer

qu'il y aura un médecin en chef et un interne par 300 malades. »

« Quand le chiffre des entrées annuelles dépassera cent, il y aura

un interne en plus par centaines d'entrées. »

Le Conseil a voté la résolution suivante qui prête à

discussion et au sujet de laquelle nous aurions à faire des

remarques sérieuses :

4fx ? ··' e7 CINS DANS LES ASILES 1)'ALINLS. 105

\. : 11-9JJAAb\îmCINS DANS LES asiles d'aliénés. 105

";0 Le ? ...- zles ctliézzés qui pezcvent étre conés ci on seceL

« Le nombre moyen des aliénés qui peuvent être confiés a un seul

médecin traitant ne doit pas dépasser 400, et la condition que les

entrées annuelles ne s'élèvent pas ci plus de 200.

Bans tous les cas, et notamment si ce chiffre est dépassé, le minis-

tre de l'intérieur déterminera, en tenant compte de la proportion

des aliénés curables par rapport à la population des incurables, du,

nombre des médecins adjoints, des internes et de la disposition des

locaux, s'il y a lieu ou non de créer un service de plus.

Il tiendra également compte, dans cette appréciation, du fait que

le médecin en chef serait directeur de l'établissement. Il devra y

avoir un minimum d'un interne par cent entrées annuelles. »

Nous avons résumé aussi l'enquête au sujet des direc-

teurs, des médecins en chef, des médecins adj oints et des

internes : En ce qui concerne les médecins-directeurs,

nous avons demandé que :

« A 1'(tviiiii-, les postes de directeur des asiles soient réservés dans

la plus large mesure aux médecins en chef de ces établissements. »

Ce voeu a été renvoyé à l'Administration avec « invi-

tation de l'examiner avec soin ».

Pour les médecins adjoints, la question était plus déli=

cate. Nous avons énuméré les propositions ressortant de

l'enquête :

1" Suppression des médecins adjoints et leur remplacement

par des médecins en chef, recrutés par le concours actuel de

l'adjuvat ; . -

2° Maintien des médecins-adjoints avec des attributions ana-

logues à celles des médecins en chef et pouvant par conséquent

assister aux séances de la Commission de surveillance.

3" Constitution de services par les médecins sur la base sui-

vante : les malades rentrants de l'année, les malades curables

réservés aux médecins de direction et aux médecins en chef ; -

les malades chroniques donnés aux médecins adjoints, faisant

t'onctions de médecins chefs de service.

Voici le texte adopté par le Conseil supérieur :

Le conseil supérieur est d'avis qve les médecins adjoints doivent

être maintenus et que les services doivent être constitués sur la

base suivante : les malades rentrants l'a dennée, les malades i-t"])u.

tc·s curables réservés aux médecins de direction et aux médecins

en chef ;

Les malades chroniques donnés aux médecins adjoints, sous le

contrôle éventuel des médecins en chef. Les certificats de sortie

sont réservés au médecin en chef . Les médecins adjoints sont con-

voques aux séances de la commission de surveillance.

106 asiles d'aliénés.

Nous avons repris un voeu qui avait été adopté naguère

parla Commission ministérielle de 1881 (1) ainsi conçu :

Dans le but d'unifier en quelque sorte le corps des mé-

decins aliénistes, d'assurer aux malades les soins d'hom-

mes au courant de l'aliénation mentale, nous avons

soumis au Conseil les deux voeux ci-après.

A l'avenir, les médecins des quartiers d'hospices seront choisis

parmi les médecins adjoints nommés au concours.

Ce premier voeu a été renvoyé à l'administration. Le

second voeu était ainsi formulé :

Au sur et à mesure des vacances qui se produiront dans les

asiles privés faisant fonctions d'asiles publics, les médecins se-

i-ont recrutés parmi les médecins adjoints nommés au concours

avec les mêmes avantages que les médecins des asiles (traite-

ment, retraite, logement, etc.)

Il a été adopté par le Conseil sous la forme suivante :

Il est désirable qu'au sur et à mesure des vacances qui se produi-

ront dans les asiles privés faisant fonctions d'asiles publics, les

médecins soient recrutés parmi les médecins adjoints nommés au

concours avec les mêmes avantages que les médecins des asiles : tr<li-

tement, retraite, logement, etc.)

Après avoir analysé les opinions des chefs de service

sur les internes des asiles, nous avons proposé ce qui

suit :

Les internes des asiles publics d'aliénés seront reoutës par

des concoure. Ces concours auront lieu, par régions à déterminer,

auprès des facultés ou des écoles préparatoires de médecine. L'in-

demnité annuelle sera, au minimum de 800 francs, et augmentée

de 100 francs d'année en année. Les internes docteursauront une

indemnité de 1.200" francs au minimum.

Le Conseil a adopté le te.xte suivant :

Il est désirable que les internes des asiles publics soient recrutés

par concours. L'indemnité annuelle devrait étre au minimum de

80U augmentée de 100 francs d'année en année.-Les internes doc-

teurs devraient avoir une indemnité de 1200 francs au minimum.

Le Conseil a adopté le texte ci-dessous :

77 est désirable que le traitement afférent aux classes des

(1) BOUIlNEVILLE. - Rapport sur l'organisation du personnel mé-

dical et administratif des asiles d'aliénés'.

NOMBRE DES MÉDECINS DANS LES ASILES D'ALIÉNÉS. 107

médecins adjoints des asiles d'aliénés actuellement fixés à

j.5oo, 3.ooo, et 4.oxo francs soient désormais fixé à

3.000, 3 5ooo et j. 000 francs et complétés par les avan-

tages en nature.

Les rapports des médecins directeurs et des médecins

en chef des asiles d'aliénés ont été l'objet du voeu ci-

après.

Le Conseil supérieur de l'Assistance publique émet le voeu que

les préfets soient invités à réclamer des conseils généraux l'im-

pression des rapports annuels des directeurs et médecins en chef

de tous les établissements consacrés aux aliénés et que le minis-

(ère de l'intérieur publie chaque année un rapport général sur le

service des aliénés.

Ce voeu personnel a été renvoyé pour examen à l'admi-

nistration. Elle l'a fait sien. M. Monod vient, en effet.

d'adresser aux Préfets la circulaire ci-après :

Le Ministre de l'Intérieur à MM. les Préfets.

Je crois devoir signaler à votre attention l'importance et l'iiité-

rèt qu'il y aurait à ce que les rapports administratifs et médicaux

des médecins des asiles d'aliénés fussent imprimés en exemplai-

res spéciaux chaque année et soumis aux assemblées départemen-

tales en même temps que les budgets et les comptes. Cette me-

sure permettrait l'échange de ces documents entre les divers asi-

les et faciliterait à l'administration centrale la centralisation de

renseignements très importants pour la bonne marche du ser-

vice. Vous voudrez bien donner connaissance de cette circulaire

aux Directeurs et aux Médecins des asiles d'aliénés de votre dé-

partement. Pour le Ministre de l'Intérieur : Le conseiller

d'Etal, directeur de l'assistance et de l'hygiène publiques.

Il. I)IONOD.

Nos collègues des asiles sont maintenant renseignés

sur ce qui a été fait par le Conseil supérieur. A eux d'a-

gir, à l'administration de préparer les modifications à in-

troduire dans le Règlement de 1857, en vue surtout de

préciser les nouvelles attributions des médecins adjoints

et d'organiser le concours de l'internat des asiles en

province. Bourneville.

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE

La ponction ..lombaire et le cyto-diagnostic, par

A. I)EVAUX. (Centralbl.. f. 1\'ervenlacill;, XXVI. N. F. XIV, lcJll3.)

Le cyto-diagnostic du liquide cérébro-spinal, par S.

SCHOENBORN. (Neurolog. Centralblatt, XXII, 1903.)- L'impor-

tance de la ponction lombaire pour la psychiatrie, par

KISSL. (Centnllbl, f. Nervcnheilk, 1\VII. \. Il. 1 ? 1004.) -

Résultats de l'examen du liquide cérébro-spinal, parL.

)lERzBAcHER. (eurO/O. CextoalbL., XXIII, 1 ! 10L)

La leçon faite en français par M. DEVAUX à lactinique des alié-

nés trtteidelberg semble avoir donné une sérieuse impulsion aux

recherches de ce genre en Allemagne .j)es investigations de Jl.

SGHOENBORN, voici ce qui se dégage. Sur 8 (.abdiques on trouva

une seule fois une lymphocylose modérée, mais très marquée;

l'un de ces malades, chez qui il y a\ait lieu d'admettre en outre

une méningitesyphilitique présentait, outre les lymphocytes, de

gros leucocytes uni et poly-nucléaires, Etat négatif du liquide cé-

rébro-spinal dans la dystrophie musculaire progressif, dans la

paralysie agitante ; dans le gliome cérébelleux ; dans la nrile;

dans la myélite parcompression. L'auteur ne considère pas com-

me démontrée la théorie pathogénique de Sicard. La constance de

l'irritation des méninges, même dans les cas non coiiipli(Itiés(Na-

gcotte) n'est selon lui point prouvée, alors même qu'il existe des

altérations méningées syphilitiques : et cependant elle mérite de

lixer l'attention. ' -

XsssL écrit un long mémoire très documenté, fort touffu, qui

comprend etles recherches des auteurs et ses propres investiga-

lions. On y trouve des tableaux et (les observations soignées. Vomi-

ci d'abord le bilan de 1 8 cas ci diagnostic clinique indubitable

pour lesquels il a étépratiqué 103 ponctions.

Soixante ponctions ont été ellectuées chez ` ? S pamlytiqllcs,qéI1C-

raux. Un n'a Bromé d'état négatif qu'une seule fois. En même

temps qu'on constate dans le liquide cérébro-spinal des éléments

extrêmement nombreux', il y a presque toujours un excès mar-

quéd'albumine mais l'inverse n'est pas wai,c'est-à-dire que l'on

trouve parfois un état cytologique négalifa\ec une augmentation

de l'alhumine. Dans les mêmes cas on n'a rencontré qu'une

fois de nombreux leucocytes polynucléaires. ,

La ponction lombaire permet-elle d'assurer le diagnostic delà

paralysie générale ! Le diagnobticen l'espèce était déjà établi avant

que la ponction lut faite. Sans doute il pourra arriver que le cyto-

diagnostic fournisse certains points de repère propres à séparer

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 109

la paralysie générale des formes non inflammatoires de syphilis

cérébrale. Usemble que dans ces dernières, comme dans les psy-

choses non syphilitiques mais entées sur des sujels ayant eu la

syphilis, on puisse constater un état positif, bien que dans ce cas,

l'augmentation des éléments soif relativement faible.

La ponction lombaire permet-elle dedistinguer certaines formes

de l'alcoolisme chronique de la paralysie générale ? L'auteur n'a

pu décider les alcooliques à se laisser ponctionner. Chez les alié-

nés alcooliques t'état du liquide cérébro-spinal était absolument

négatif.

Quelle influence exerce l'infection syphilitique sur la constitu-

tion du liquide cérébro-spinal ? Reproduction (le huitohsenalions

personne fies. Dans les cas cliniquement nets de troubles men-

titin séiiiles, de démence arlério-scléreuse, de psychoses épilepti-

ques, defolicdegenerative, de folie circulaire, de mélancolie, d'a-

1>Itasiecunsécutive à un ictus apoplectique, de folie choréique, de

(le (léiiience précoce, on n'obtint t sauf en un cas,qu'un

résultat, c3-LologitLue négatif. Or, en ce cas, il s'agissait d'un in-

dividu sûrement syphilitique.

Sur 4 imbéciles, on obtint en un seul cas un résultat cytologi-

que positif ; il s'agissait d'une jeune lilledui s'était logé une balle

de rewlver dans le voisinage de l'apophpe mastoille ; l'état cyto-

logique positif (le\ait tenir aux phénomènes exsuuatifs qui se

produisirent autour du corps étranger.

Trente-deux cas à diagnostic obscur, ont été soumis à la ponc-

tion lombaire. 11 s'agissait, par exemple, de distinguer entre la

démence précoce, la folie circulaire, la mélancolie, la folie dégéné-

mtiye, l'opilehcic, l'ItysL(·riu (14cas, 161onctiunsf. Ou bien entre

la folie alcoolique, la démence précoce, l'épilepsie (I cas, 1 ponc-

tion), ou encore entre la syphilis cérébrale, et la paralysie géné-

rale (4 cas, 8 ponctions), ou entre une maladie organique et une

affection fonctionnelle (3 cas, II ponctions), ou enfin de préciser

l'espèce de trouble mental inhérent à la polynévrite cas,l ponc-

tion). Or, en aucun de ces cas, l'analyse du liquide céphalo-ra-

chidien n'a permis d'assurer le diagnostic différentiel. Quinze ob-

servations à l'appui.

M. N 155L conclut :

« Si t'analyse cytologique etchimique du liquide cérébro-spinal

« constitue un auxiliaire très important pour le diagnostic de la

« paralysie générale, la lymphocytose n'est qu'un signe morbide

« isolé, qui ne peut être utilisé qu'en le rapprochant des autres

« signes cliniques. Le résultat cytologique n'a sent de rien pour

« trier les processus morbides organiques dans lesquels il a été

« trouve une aussi grande augmentation des éléments cellulaires

« que dans la paralysie générale. Cette multiplication des élé-

« monts cellulaires ne prouve pas nécessairement l'existence

110 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

« d'une méningite ; elle 'indique simplement l'irritation ménin-

« gée. Le liquide lombaire demeure normal quand la lésion n'est

« pas exactement sur les méninges. ' -, -·

« La ponction lombaire enrichit notre arsenal diagnostique,

« mais il n'en faut pas exagérer la valeur pour la psychiatrie.

« D'ailleurs si elle est généralement inoffensive, elle entraîne

« souvent chez les personnes saines comme chez les aliénés, des

« accidents consécutifs tels que céphalée, nausées, vomituritions,

« \omissements, collapsus, douleur à la nuque, apathie, parésie,

« etc : ,qui ne permettentpas de laconsiclérer comme uneopération

« indifférente ».

M. L. 11ERZBACHtsR. - Examen du liquide céphalo-rachidien

de 10 paralytiques généraux à diagnostic certain ; de 3 paralysies

générales douteuses ; de 8 épilepsies franches ; de 4 épilepsies trau-

matiques ; de 9 démences précoces ; (2lcébéphrénies, catatonies

généralement avec stupeur, 1 paranoidc) ; de 2 alcooliques chro-

niques ; de 4 démences séniles ; de 1 tabès ; de 1 syphilis ancien-

ne ; de 1 manie ; de 1 mélancolie ; de 2 imbéciles. Voici sur quoi

il insiste.

L'augmentation de l'albumine dans du liquide cérébro-spinal

indique fort probablement, mais non sûrement, la paralysie gé-

nérale. Impossible de trouver aucun rapport entre le nombre des

lymphocytes et la quantité de l'albumine. On n'a trouvé qu'une

fois une forte quantité de globuline ; il s'agissait d'un paralyti-

que ayant beaucoup d'albumine et une lymphocytose extrême-

ment forte. L'augmentation de la pression du liquide a éLé ren-

contrée 12 fois qui se décomposent en 4 cas de démence sénile (2

fois) ; 8 cas de démence précoce très avancée (4 fois) ; 2 cas d'im-

bécillité (1 fois) ; 4 cas. d'épilepsie traumatique (2 fois) ; un cas à

diagnostic irrésolu.

Dans laparalysie générale cliniquement prouvée, la teneur du

liquide cérébro-spina 1 en lymphocytes est infiniment grande. Mais

il n'y a pas de relation entre leur nombre et la durée, l'évolution,

la gravité de la maladie. On ne saurait souscrire d'emblée à une

connexité entre l'irritation des méninges et l'acuité de l'état men-

tal. Le nombre des lymphocytes varie entre 4 et des centaines.

L'intime agrégation des lymphocytes l'un à l'autre paraît parti-

culièrement pathognomonique. Il n'existe pas de différence frap-

pante, quant à la quantité des lymphocytes, entre les paralyti-

ques simultanément très tabétique et ceux qui ne présentent que

peu ou point de symptômes médullaires. D'ailleurs le tabès non

compliqué ne s'accompagne pas nécessairement d'une forte mul-

tiplication des lymphocytes.

La question de la syphilis n'est pas tranchée. Une imbécile pros-

tituée de 25 ans, atteinte il y a 4 ans de syphilis secondaire, in-

demne d'une affection syphilitique du système nerveux central,

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 111

trahit un état cylologique intermédiaire à l'état normal et à l'é-

La[ pathologique bien qu'il se rapproche plus de ce dernier. Une

femme atteinte de gomme ramollie du pharynx sans troubles ner-

\eux, présente une énorme profusion de globules blancs, même

en tenant compte du mélange du sang au liquide céphalo-rachi-

dien. Etat complètement négatif dans manie, mélancolie, imbé-

cillité, démence sénile, alcoolisme chronique, démence précoce

(quelle qu'en fût la forme).

Sur 12 éil·lltirxre.s avant eu des attaques a\ec ou sans phases

d'obnubilation crépusculaire, dont 4 devaient très probablement

leur affection à un traumatisme, une accusait, un érysipèle de la

face, une autre une méningite aiguë, on trouve une lymphocytose

modérée IG cas), faillie (2 cas), nulle (4 cas). En général le nom-

bre des lymphocytes n'atteint pas celui de la paralysie générale.

Les céphalalgies dont se plaignent les malades seraient en faveur

d'une irritation des méninges.

Cinq observations prouvent que la lymphocytose peut dans les

cas douteux, servir à éclairer le- diagnostic. entre la paralysie gé-

nérale et une autre maladie.

Le liquide cérébro-spinal peut contenir toutes les formes d'ele-

ilictits.

Ce qu'on y trouve le plus ce sont des lymphocytes, éléments

plus ou moins gros, à gros noyau sombre qui fréquemment se dé-

tache nettement du halo-prntoplasmiquegénéralementtrés étroit

clair ou obscur. Puis viennent en presque tous les cas des petits

leucocytes uni-nucléaires. Ce qu'on y voit plus rarement ce sont

des gros leucocytes à noyaux lobés, excentriques. Il est excep-

lionneld'y rencontrer des éléments polynucléaires ; leur présence

e&t frappante quand iln'y a pas mélange d'une grande quantité de

sang. La prééminence des lymphocytes paraît plus accentuée chez

t'épitcptiqueque chez le paralytique. Les cellules à gros noyau

lobé se rencontrent de préférence chez le paralytique il lym-

phocytose très forte. Les cellules polynucléaires ne se \ oient guère

que chez le paralytique. Chez les épileptique ? comme chez les pa-

ralytiques se voient les cellules éosinophiles et les cellules granu-

lo-graisseuses. Dans les cas où il n'existe pas d'hyper-lymphocy-

tose, d'origine pathologique, c'est-à-dire dans les cas examinés

sauf les paralytiques, les lahétiques, les syphilitiques, on trou \ e

presque exclusivement de petits lymphocytes. Le pigment sanguin

a été surtout rencontré dans l'épilepsie mais quelquefois égale-

ment dans la paralysie générale. P. Keraval.

11. -Recherches expérimentales relatives à 1 influence

sur la circulation cérébrale de la cérébrine de Poehl ; par

L. M. POUSSÈYRE. (Oboz1-énie psichiatrii, VU), 1903.)

A petites doses, par exemple en injectant dans le sang 1 à 2

112 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

gr. delà solution à 1 % soif 0,035 à 0,07 par kilogr. du poids de l'a-

nimal, la cérébrine produit une anémie insignifiante du cerveau.

A hautes doses, elle détermine (le

il une faible anémie préalable passagère. Elle élève la pression gé-

nérale du sang. Par la voie gastrique, elle agit beaucoup plus len-

tement, et il en faut des doses bien plus grandes que si on l'intro-

duit dans le sang ; mais, en revanche, son effet sur la pression

sanguine dure plus longtemps. P.IE2AVaL.

r

111. Nouvelle contribution au traitement diététique de

l'épilepsie ; par R. Balint. (1\'eurolog. Centmlbl., XXII, 1903.)

Le régimecomposéde lait, beurre, oeufs, fruits et pain au bro-

mure de sodium diminue, d'après presque tous les obsen ateur"

le nombre et l'intensité des accès. Il peut être employé longtemps

àla condition que le malade n'en soif pas dégoûté, sinon sa nutri-

tion pourrait s'en ressentir. S'il en est dégoûté ajoutez-y des lé-

gumes, des farineux, de la viande, sans autre sel que du bromure

de sodium. Prenez régulièrement le poids du patient. S'ilsurvient

du bvomisme, modifiez la dose du Nabi, suspendez-le au besoin ;

variez le régime en y introduisant des mets préparés sans sel

mais contenant dans leur fabrication du chlorure de sodium. Il

faut que le médecin ait beaucoup de patience, que le malade et

son entourage fassent preuve d'une grande intelligence, d'une

grande force (le volonté. P. Keraval.

VI. Dermato-psychies ; pseudo-aedème, érythèms po-

lymorphe, purpura, gangrènes superficielles symétri-

ques ; par Maurice DmE.(Bulletin de la Société scientifique et mé-

dicale de l'Ouest, 1904.)

L'auteur étudie, sous ce fifre, une série de troubles trophiques

accompagnant ordinairement lepseudo-oedemo catatonique (syn-

drome focalisé symétriquement aux extrémités ou à la face, carac-

térisés par une infiltration tendue ne prenant pas ou peu l'em-

preinte du doigt, s'accompagnant souvent de cyanose et dimi-

nuant sans disparaître par le repos au lit).

Ce sont 1er j thème maculeux ou vésicule-huileux, le purpura,

les gangrènes symétriques des orteils. 11 est permis de comparer

ces sy mptûmes av ec la maladie de Quincke, qui a une origine né-

vrotoxi([ue.Ces dermato-psychies ne sauraient être considérées

comme les symptômes physiques d'une affection mentale en par-

ticulier et l'on peut observer ces troubles dans la paralysie géné-

rale, la mélancolie sénile, la démence précoce hébephreno-catato-

nique, la démence précoce paranoïde, l'idiotie même, avec ou

sans épilepsie. Toutefois ils sont presque exclusivement obsenés

dans tous les états mentaux s'accompagnant d'inhibition psy-

chique.

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES 113

Vingt et une observations accompagnent ce travail qui a le

«rand mérite d'attirer l'attention des aliénistes sur l'état physique

des malades, état physique le plus souvent trop négligé.

R. LEROY.

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE

PATHOLOGIQUES

XIV. Une variante dans la méthode de coloration des

cellules nerveuses de Nissl par A. A. PIEWNITZKI. (Oboz-

¡'cniJ psichiatrii, VIU, 1903.) '

Cette variante appartiendrait à Chenzinski, On fait dans l'eau

bouillante dissoudre lentement, en remuant continuellement,

1 % de poudre de phlooridzine ; quand la solution est devenue

complètement transparente, on y verse de la thionine en poudre

à saturation. Cette solution ne doit pas précipiter de cristaux ;

sinon on la chauffe jusqu'à ceque ceux-ci se redissolvenl.

Les coupes du cerveau fixées dans la formaline à 10 %, durci

dans l'alcool progressivement renforcé, et inclus dans la paraffine

sont collées sur des porte-objets et couvre-objets ; on les débar-

rasse de leur paraffine et les colore dans un verre de montre pen-

dant 20 à 30 secondes. La\er à l'eau distillée ; sécher entre des

morceaux de papier filtre de Suède. Plonger ensuite dans un mé-

lange d'huile d'aniline (1 partie) et d'alcool à 90° (G p.), jusqu'à ce

que la substance grise soit complètement décolorée, ce dont on

s'assure par l'examen à un faible grossissement. On presse enfin

entre deux morceaux de papier-uire ; on transporte dans l'huile

de cajeput ; on monte dans le baume. On peut aussi chasser au-

paravant le cajeput par le xylol ; en ce cas la face externe du cou-

ne-objetbrille comme un miroir.

Les noyaux de la névroglie sont d'un violet-bleuâtre; ceux des

cellules nerveuses clairs, vésiculeux, montrent un réseau délicat ;

les nucléoles ont une couleur rouge-violet fendre. En rouge-vio-

let fendre sont aussi colorées les granulations et mottes de \issl,

' à la condition qu'on opère sur des pièces extrêmement fraîches ;

si l'autopsie a un peu lardé, ne fût-ce que de quelques heures,

les granulations de Kissi, notablement plus sombres, se déta-

chent sur un fond pâle et contrastent avec la coloration bleuâtre

de la névroglie. Quand les granulations et mottes de Kissi sont

gonflées, leur couleur est encore plus intense ; elles se détachent

sur celles qui sont normales. P. KERAYAL.

Archives, 2, série, l. XX. 8

114 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

XV. Contribution à la méthode de coloration des fibres

nerveuses du système nerveux central ; par A. D. KAT-

ZOWSKY. (Obozn ! nie psichiat1'ii 111., ! 903.- Ne2rol. C<"nh'ft ! 6 ?

XX111. 1904.) ,

Cerveaux durcis dans la liqueur de Muller le plus longtemps

possible, inclus dans la celloidine et colorés avec la solution sui-

vante :

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 115

Les résultats les plus remarquables ont été d'ailleurs obtenus

sur les cellules des ganglions spinaux des mammifères. Ce n'est

plus, il est vrai, l'image de petits fils à direction plus ou moins

parallèle, donnant l'impression de raies.

Non.Dans les cellules des ganglions spinaux du boeuf, du chat,

du lapin, on voit un réseau extrêmement dense de mailles anas-

Lomotiques, qui s'étend uniformément à tout le pourtour de la

cellule. Ce maillé présente une coloration noire aussi intense que

les neuro-fibrilles d'autres cellules. Souvent on perçoit un gros

réseau à larges mailles; et dans ces mailles une grille plus étroite,

plus délicate; ce maillé correspondrait à la charpente neuro-fibril-

laire des cellules nerveuses centrales où l'on distingue également

des fibrilles principales et des ramuscules accessoires rétiformes.

La formation du cône originel du prolongement est la suivante :

les mailles du châssis s'allongent graduellement en convergeant

verste point de départ du prolongement, pour finalement passer

directement dans les neuro-fibrilles de ce dernier ; celles-ci s'en-

racinent dans ce réticulum.

La méthode réussit chez les embryons très jeunes. Un embryon

humain de 25 millim. de long a révélé des traces de fibrilles dans

les cellules nerveuses de la moelle ainsi que des grilles fibrillaires

bien développées dans les cellules des ganglions spinaux. Chez un

foetus de 4 mois, de 15 centim., il existait, dans les cellules mo-

trices des cornes antérieures, des neuro-fibrilles formant dans le

corps de la cellule un réticulum à mailles relativement larges,

dépourvu des forts trousseaux de fibrilles qui se développeront

plus lard. Ce qui prouve que les fibrilles se produisent sur place

et non par anastomse de cellules fibrilligènes. P. ISRAVaL.

XVII. Nouvelle méthode de coloration des cellules ner-

veuses et leurs canalicules séreux ; par W. P. Passer.

(Obozrénié psichitrii, IX. 1904.)

Par une première méthode, l'auteur met en lumière quelques

détails de l'organisation des canaux séreux. - On dissout 1 gr'. *

d'acide osmique dans 100 c. cubes d'une solution aqueuse satu-

rée de sublimé. On fait d'autre part une solution aqueuse à 5,5 %

d'acide acétique glacial.

On mélange 5 cent. cubes de la première solution à 10 cent.

cubes de l'autre. On plonge dans ce mélange pendant 5 à 7 heu-

res les fragments du système nerveux central ; on les porte en-

suite dans une solution aqueuse de formaliue à 3/4 % pendant

20 minutes. On coupe sur le microtome à congélation. Ces cou-

pes sont successivement traitées par l'alcool à 30° contenant de

la teinture d'iode ; par l'alcool à 30° pur; par l'eau distillée. Les

portions marginales doivent être décolorées au tannin ou au révé-

lateur de Kolossow. Les portions plus éloignées de l'extrémité

116 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

de la préparation peuvent être colorées à l'hématoxyline de

Green ; le protoplasma forme un fond gris-violet sur lequel tran-

che en noir la structure du protoplasma et du noyau. Le nucléole

apparaît entouré d'un canal incolore limité par une paroi externe

sombre. De ce canal partent de petites branches limitées par des

parois et d'autres ramuscules sans parois. Tous ces branchements

gagnent la périphérie du noyau et s'incrustent dans le proto-

plasma.En pénétrant dans ce dernier, les deux types de branchio-

les se ramifient ; le premier type, à parois, fournit des tuyaux

spiroïdes ou droits ; le second, sans parois, forme des crevasses.

Lasection transverse de ces branches est circulaire. La névroglie

contient aussi des canalicules,plus grands, munis de parois faci-

les à voir qui, sillonnant toute la substance grise du cerveau, s'en

vont aux cellules; en se ramifiant dans le protoplasma, ils con-

servent leurs parois sur une certaine étendue ; puis cette paroi

disparaît, ils ont alors l'aspect de drains qui garnissent toute la

substance de la cellule et leur paroi est formée par le protoplas-

ma. Il y a lieu de croire que les canaux à parois et ceux qui de-

viennentdes drains sont le prolongement des capillaires artériels,

car si l'on pousse une injection dans l'artère vertébrale, on obser-

ve une notable dilatation des portions intra et cxtra-ccllulaircs

(figure). ' "

Une seconde méthode est consacrée à l'étude de la substance

chromatophile.

Elle est basée sur la combinaison de l'acide osmique, du su-

de la liqueur de Muller (ligure). Des recherches ont égale-

ment été faites à l'aide d'un mélange d'acide lactique trichloré,

deformaline, d'acétone, avec ou sans éther. Quelle est la na-

ture de la substance chromatophile Je tendrais, dit l'auteur, à

penser que la substance de cimentation, autrement dit la subs-

tance chromatophile, est le produit duquel, par graduel accole-

ment de nouvelles masses, se forme la motte chromatophile. La

motte qui apparaît commence par se transformer en grains ; en-

tre les grains on voit encore des traces de substance chromato-

phile qui se change à son tour en nouveaux grains. Le grain en

soi est une vésicule irrégulière, rugueuse; sa coupe fournit un

cercle à périphérie granuleuse irrégulière. Les granules qui en

forment la circonférence ne sont rien autre que de petits grains

pulvéruliformes. Il y a identité entre les granules obtenus parla

méthode précédente de fixation, et ceux qui forment le grain de

la motte chromatophile. Donc la substance chromatophile se

forme par les processus de métamorphose régressive de la cellule

nerveuse. Evidemment la substance chromatophile sécrétée par

la cellule nerveuse, en se morcelant en granules excessivement

menus, dépasse les limites de celle-ci ; mais la présence de gra-

nules dans les régions sous-pie-mériennes et dans le canal cen-

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 117

tral indique qu'ils sont une des parties constituantes du liquide

cérébro-spinal.

On sait du reste depuis longtemps que les formes variées sous

lesquelles se manifeste la substance chromatophile dépendent de

la présence dans le protoplasma des cellules nerveuses de subs-

tance achromatique.

Conclusions. Le contrôle de quelques méthodes, à l'aide'

par exemple du mélange de Fleming, de Zenlcer, du sublimé as-

socié à l'acide picrique, m'ont (c'est M. Passek qui parle) donné

des résultats analogues à ceux qu'ont publiés les auteurs. En les

comparant aux miens, je me crois en droit de supposer qu'il

existe dans les cellules nerveuses trois formes de canalicules : 1°

un réseau de bourgeons artériels se ramifiant dans le corps de la

cellule; ils sont, en y entrant, limités par des parois qu'ils per-

dent graduellement, pour se terminer en drains dépourvus depa-

rois etsont destinés iL faire pénétrer le liquide nourricier du sang ;

2° un réseau de canaux sans parois destinés à la circulation de la

lymphe ; 3° un réseau formé aux dépens de la décomposition

de la substance chromatophile ; ce ne sont pas des canaux ; ils

ne constituent pas un élément préformé de la cellule, puisqu'ils

proviennent de la dissociation et de la répartition accidentelles

de l'élément constitutif des cellules, de la substance chromato-

phile, entre les parties fixes du protoplasma. P. KERAVAL.

XVII. Les relations du système nerveux avec les facul-

tés mentales ; par P. 11RONTHAL. (lVex49'olOr. Cen/mlblatt"

1111L 1904.)

Après avoir examiné le système nerveux et le fonctionnement

mental dans l'échelle ascendante des animaux, l'auteur con-

clut.

Actuellement prédomine presque universellement l'idée que le

système nerveux est l'organe, le siège des facultés psychiques.

On peut y opposer la suivante. 11 n'y a pas d'organe, de siège, de

ces facultés; l'organisme entier les produit. Le système nerveux

n'y collabore qu'en ce qu'il conduit les excitations; il ne fait que

les conduire. Jamais la cellule nerveuse n'engendre de stimulus.

P. KERAVAL.

De l'inertie congénitale des pupilles; par M. n EI-

CHARDT, (Neurolog. Ceniralbl., XXII 1903.)

Obs. 1.-C'est une démente de 40 ans,présentant des vestiges de

1),iiaiio'ia et(I'liys[éi,ie.])epuis les huit années qu'elle est observée la

clinique, les deux pupilles, égales, de dimensionsmoyennes (2 à 3

millim. de diamètre), un peu anguleuses, deviennent immo-

biles, à quelque intensité lumineuse qu'on les soumette. L'état

mental est incompatible avec l'examen de la convergence, ainsi

118 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES,

qu'avec l'étude de la réaction pupillaire sous l'influence de l'oc-

clusion palpébrale. Il n'y a en tout cas ni paralysie de l'accom-

modation, ni atrophie des nerfs optiques ; réflexes patellaires

normaux, il s'agit d'une personne solide, qui ne présente pas tra-

ce de syphilis antérieure. La psychose est depuis des années abso-

lument stationnaire. Le diagnostic de paralysie générale devient

d'année en année de plus en plus improbable. 11 est cependant

impossible de savoir si l'inertie pupillaire est vraiment congé-

nitale.

Ohs. IL- Homme de 24 ans, idiot et épileptique. Les deux pu-

pilles sont complètement immobiles. Aucun symptôme de sy-

philis héréditaire. L'inertie pupillaire existe depuis son entrée à

la clinique : il avait alors 17 ans. La même inertie existe chez sa

mère qui n'a jamais cessé d'être bien portante, D'après l'historique

et le rapport du médecin, la syphilis des parents était improba-

ble. L'autopsie révéla : une épendymite granuleuse du 4c ventri-

cule ; une accumulation de petites cellules rondes, assez grosses,

ovales, dans la gaine et près de la gaine adventice, de nombreux

petits vaisseaux dans la région bulbaire au niveau des 10° et 12e

paires; altérations décrites chez les épileptiques morts dans le co-

ma ou en état de mal. La moelle ne présente rien de particulier,

sauf une légère augmentation des cloisons névrogliques dans les

segments supérieurs des cordons de Coll, particularité trop fré-

quente pour qu'elle ait delà valeur. Intégrité des nerfs optiques. On

remarque dans l'encéphale une prolifération sous-pie-mérienne

atypique de la névroglie, avec cellules araignées petites et gros-

ses ; une infiltration cellulaire dans les espaces lymphatiques ad-

ventices des vaisseaux ; un moyen degré de leptoméningite chro-

nique. Le noyau de l'oculomoteur commun n'a pas été examiné.

P. 11ERAVAL.

XX, Contribution à la connaissance de l'immobilité

pupillaire hémianopsique ; par R. FRIEDLCENDER et KEMP-

NER. (Neurolog. Centralblalt, XXIII, 1904.)

Il s'agit d'un homme de 53 ans, porteur de vestiges d'une hé-

miplégie gauche qui s'était graduellement développée sans per-

te de connaissance ni trouble de la parole, mais après avoir été

précédée longtemps auparavant de fortes céphalalgies, de verti-

ges intenses.

Puis s'installaient : une légère démence ; une atrophie de la

langue àgauche, une paralysie du voile du palais du même côté,

des troubles de la déglutition, une atrophie bilatérale du nerf

optique, de l'hémianopsie gauche, enfin une inertie pupillaire en

rapport évident avec l'hémianopsie. M. Kempner a en effet in-

venté un instrument qui permet de projeter sur n'importe quelle

partie de la rétine un rayon lumineux punctiforme et délimiter

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 119

le plus possible la diffusion de la lumière (voir les dessins dans

le mémoire). On peut ainsi se rendre compte que l'éclairage des

moitiés des rétines aveugles ne produit sur les pupilles aucune

réaction tandis que celui des moitiés des rétines qui voient, s'ac-

compagne d'une contraction pupillaire très prompte et très nette.

Bien que le malade qui a eu un chancre n'ait point éprouvé

d'accidents secondaires, l'auteur croit à une syphilis cérébrale

compliquée d'endartérile (thrombose) avec méningite gommeuse

de la base. Il insiste sur l'apparition préalable et précoce de cé-

plialalgies et vertiges violents qui pendant longtemps ont cons-

titué les seuls symptômes; puis ce fut l'hémiplégie qui, ainsi qu'il

arrive pour la thrombose syphilitique, se développa en 24 heures

sans perte de connaissance. Ce n'est que plus tard qu'apparurent

les troubles mentaux typiques et les symptômes locaux de la

méningite gommeuse caractérisés par des phénomènes de névrite

et de paralysie dans le territoire de la bandelette optique droite,

de l'hypoglosse et du vago-accessoire gauches. L'atrophie de la

langue, l'hémi-paralysie du voile du palaiseLles troubles de la

déglutition indiquaient déjà la méningite gommeuse de la base

du cerveau affectant en l'espèce les troncs nerveux en question.

L'état ophtalmoscopique et l'anomalie spéciale de la réaction à la

lumière des pupilles confirmèrent le diagnostic.

L'inertie pupillaire hémianopslque précisa l'atteinte de la ban-

delette optique droite. P.lIERAVAL.

XXI. Quel est l'état de la pupille dans l'immobilité réfle-

xe typique des pupilles,par L.Llnex. (Veurolng.Centralblatt.

XXIII, 190-'t.) Contribution à la question de la genèse du

myosis dans l'immobibilité réflexe des pupilles, par

IIeddoeus. (Centi-albl. XX7111. N. F. XVI, 19Uj.)

Dans l'immobilité réflexe des pupilles typique, pitre, dit BACH,

les pupilles sont étroites. Si l'immobilité en question est unilaté-

ral ou plus prononcée d'un côté, la pupille de ce côté est géné-

ralement plus étroite. Il peut arriver cependant que la dimension

des pupilles se rapproche delà dimension moyenne normale;

alors la réaction à la convergence est généralement prompte

quoiqu'un peu lente, et la contraction présente un degré nor-

mal.

L'immobilité réflexe su peut aussi transformer en une inertie

pupillaire absolue à laquelle peut s'ajouter une paralysie de l'ac-

comniodalion ; de la pupille étroite on passe alors à une pupille

dilatée; cette transformation peut être uni ou bi-latérale. L'évolu-

tion inverse est un peu moins fréquente. Ainsi il peut exister d'a-

bord de la parésie ou de la paralysie du sphincter pupillaire d'un

côté ou des deux avec ou sans paralysie de l'accommodation ;

120 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

ces phénomènes peuvent rétrocédergraduellementpour laisser la

place à l'immobilité pupillaire réflexe typique.

La même lésion peut présider aux deux formes de l'immobilité

pupillaire, mais elle a des sièges différents. Elle occupe, dans

l'immobilité réflexe typique, les centres d'arrêt du bulbe ou les

voies qui; du cerveau ou de la moelle, agissent sur ces centres.

Dans l'inertie absolue, il tant envisager : en première ligne, un

processus pathologique périphérique ; en second lieu, une altéra-

tion du ganglion ciliaire ou du noyau de l'oculo-moteur commun.

Peut-être aussi dans l'immobilité réflexe l'automatisme des mus-

cles iriens (Lewandowssky) intervient-il pour modifier les dimen-

sions des pupilles.

lln'y a pas lieu de supposer que l'immobilité absolue représente

un stade préliminaire ou consécutif régulier de l'immobilité ré-

flexe, car cette dernière se peut développer graduellement etsub-

sister à l'état de complexus pur pendant des années. Aussi les ex-

plications d'Ueddoeus sur le mécanisme de l'immobilité réflexe

sont-elles peu convaincantes (IIanRbuch d. ges. A llgenheillwnde

;2c Mit. IV ch. 1. appendice). D'après les recherches anatomiques

et expérimentales récentes, il faut surveiller le bulbe et la moelle

cervicale.

La plupart des auteurs imputent au centre célio-spinal le mye.

sis de l'immobilité réflexe, et celle-ci à la région des tubercules

quadrijumeaux. Contre des foyers éloignés l'un de l'autre plaide

la diminution si fréquemment adéquate de la réaction directe et

indirecte à la lumière ainsi que du diamètre de la pupille.Contre

eux plaide encore l'absence si fréquente de troubles du grand

sympathique d'un autre ordre dans l'oeil du tabétique.

Voici d'autre part l'opinion de M. flEDUOEus. Eclairez et plon-

gez alternativement dans l'ombre les deux yeux simultanément.

Si la pupille A ne change pas de dimension tandis que l'autre pu-

pille B varie dans des proportions normales (inégalité pupillaire),

sans que cependant les deux pupilles cessent de se contracter à

la convergence, vous pouvez diagnostiquer l'immobilité réflexe

de A, c'est l'immobilité réflexe unilatérale.

Si procédant de la même façon, vous constatez l'inertie des deux

pupilles à la lumière contrastant avec leur réaction à la cow er-

gence, ne concluez pas hâtivement à l'immobilité réflexe bilaté-

rale, car vous pouvez avoir affaire à l'engourdissement réflexe des

deux yeux par suppression de la fonction des deux nerfs optiques

ou des deux bandelettes optiques ; seulement cette affection est

si rare qu'elle ne peut guère entrer en ligne de compte ; il n'y

faut songer que si les pupilles sont très larges et s'il y a cécité.

Dansl'immobilité réflexe propre des pupilles, celles-ci sont gé-

néralement étroites. Ce myosis pourrait bien dériver de l'immo-

bilité réflexe même. En effet, outre la réaction il la lumière, les

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 121

oscillations physiologiques de la pupille font défaut. Pendant les

efforts d'accommodation et de convergence, la pupille immobile

se rétrécit mais non, comme cela a lieu chez l'homme normal,

pour se dilater un peu aussitôt après ; elle reste figée dans son

rétrécissement jusqu'à ce que l'accommodation cesse etalors seu-

lement elle redevient lentement un peu plus large. Il y a donc

raideur arienne, raideur des mouvements de l'iris avec tendance

au myosis. Cette raideur sera exagérée forcément par tout effort

d'accommodation et de convergence. Kirchner arrive sous l'in-

fluence de la réaction à la fermeture palpébrale, à transformer

mydriase en myosis permanent dans l'immobilité pupillaire ab-

solue, c'est-à-dire quand la pupille ne réagit ni à la lumière ni à

l'accommodation ; à fortiori peut-il en être ainsi dans l'immobi-

lité réflexe où le muscle qu'il s'agit de pousser à se contracter se

contracte déjà régulièrement pour tout travail exigeant la vision

de près.

Ce mécanisme inapplicable aux gens qui n'ont coutume ni de

lire ni d'accommoder, inapplicable aussi aux cas, rares d'ail-

leurs, de myosis sans immobilité pupillaire réflexe, n'explique

point pourquoi la pupille rétrécio par l'accommodation demeure

étroite ; il faut encore d'autres recherches.

Quoi qu'il en soit, la pupille A qui, par le procédé d'examen

indiqué, ne change pas de dimension, qui ne réagit ni directement

., ni consensuellement à la lumière, est atteinte d'immobilité ré-

flexe, puisqu'elle réagit à la convergence. Sa voie centrifuge n'est

pas libre. La pupille B qui réagit normalement et à la lumière et

à la convergence, a conserv é la conductibilité complète de l'oculo-

moteur commun. Pour rechercher l'état de la voie centripète,

du moins quand un individu a conservé la mobilité d'une pupille,

on examine chaque oeil séparément en l'éclairant et le plongeant

dans l'ombre alternativement. Si, quand on agit ainsi sur l'oeil

A, lapupille B ne réagit pas, il est à croire que l'immobilité ré-

flexe unilatérale se complique de l'engourdissement réflexe de A,

notamment par atrophie du nerf optique ; si la pupille B ne réa-

git pas directement, il y a lieu de croire à la même complication

de l'oeil B.

Pour M. IIEDDOEUS, la triple fonction des yeux, convergence,

accommodation et contraction pupillaire concomitante, est com-

mandée par le centre cortical de la convergence. Ce centre, par

l'oculomoteur commun, envoie des rênes aux organes terminaux :

muscle droit interne, muscle ciliaire, muscle sphincter pupil-

laire. Ces six rênes sont à leur origine si intimement entrelacées

qu'aucune ne peut être tirée séparément, toujours les cinq au-

tres sont simultanément tendues. Marina extirpe chez le singe le

droit interne ; à sa place, il greffe le droit supérieur ou le grand

oblique ; il constate que la réaction à la convergence persiste in-

122 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

tacte. Cela prouve le bien fondé de la théorie précédente, etnon,

comme le veut Marina, que la réaction à la convergence des pu-

pilles soit indépendante de la convergence des yeux.

P. Keraval.

XXII. Nouvelle contribution à l'anatomie pathologique

de la tétanie ; étude clinique des vaisseaux de l'encé-

phale calcifiés; parA.PicK. (Nl'lWo7og. Centralbl. XXIII,1903.)

Il s'agit d'une femme de 37 ans, atteinte depuis des années de

tétanie ultérieurement compliquée de cataracte bilatérale. A la

suite d'interventions opératoires, elle est prise d'accès de confu-

sion mentale avec agitation auquel elle finit par succomber.

Les petits vaisseaux et les capillaires du noyau dentelé du cerve-

let et des ganglions centraux du cerveau présentent la dégéné-

rescence calcaire sous diverses formes et à divers degrés. Dans les

boules de chaux ainsi que dans les coques qui en proviennent, on

trouve la réaction de l'albuminate de fer ; les vaisseaux décalci-

fiés ne la fournissent pas. P. Keraval.

\X11 l ? Tétanie accompagnée de phénomènes myotoniques ;

par E. E. Foss. (Obo ? rénié psichwtrii. IX. 1904.)

Deux observations.

Dans la première il s'agit d'un tailleur de 17 ans qui présente

les signes de Chyoslek, Hoffmann et Trousseau ; mais ce dernier

n'affecte pas la forme typique. Toute excitation mécanique, élec-

trique, volontaire qui dure quelque temps provoqueune contrac-

tion tonique convulsive soit des antagonistes, soif d'autres mus-

cles plus éloignés. Cette contraction se prolonge près d'une minu-

te ; on peut l'atténuer par suggestion verbale.

Ces convulsions ne semblent pas douloureuses ; maiselles pro-

voquent de petits frissons dans les parties éloignées. On les ob-

serve dans toutes les extrémités, mais elles ne sont pas symétri-

ques et ne s'observent pour ainsi dire pas sans certaines causes.

Le malade ferme-L-il vivement les paupières, il ne réussit plus

à les ouvrir que graduellement. Les muscles de la face ne présen-

tent cependant pas de convulsions. Pendant qu'il mange, il sent

parfois sa langue se rouler en pelote. Intégrité des muscles dp

la déglutition, de la respiration, de la vessie.

Lamarche est difficile, mais à un degré peu marqué et surtout

lorsqu'il s'agit de descendre un escalier. Dans le décubitus dor-

sal, les mouvements actifs et passifs des jambes sont totalement

conservés et libres. Force musculaire partout normale.

L'excitabilité musculaire mécanique n'est pas augmentée ; on

ne constate pas de bourrelet, non plus que la réaction d'excita-

jon de Bechlerevv. De l'examen complet il résulte que ce pa-

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 123

tient est porteur d'une myotonie congénitale très faible ; d'une

tétanie surajoutée à celle-ci.

L'observation Il concerne un jeune homme de 18 ans. Elle est

caractérisée par l'apparition tardive despliénomenesmyotoniques

el l'absence de toutes convulsions autonomes de l'espèce tétanie.

Au début cependant on réussit à démasquer des symptômes de

tétanie latente accompagnée de phénomènes myotoniques.

P. 11RRAVAL.

Des noyaux arciformes et des olives accessoires

surnuméraires du bulbe; par G. VoLpi-GniRARDiN;. f11'ermn-

log. Centralbl. XXIV, 1905.)

Travail accompagné de belles figures dont l'auteur conclut.

1. - Les noyaux arciformes du bulbe dépassent parfois la ré-

gion des pyramides pour atteindre le voisinage de la 5" racine

spinale.

La dénomination de « noyau ventral des pyramides», choisie par

par Kelliker, est donc impropre.- 2. Parfois dans le cordon la-

téral cluhulbe on rencontre, à la périphérie, des noyaux qu'il ne

faut pas confondre avec le noyau latéral. Ils appartiennent aux

noyaux arciformes à raison de leurs relations avec les fibres ar-

ciformes externes antérieures. 3. Les organitesqui relcventdes

noyaux arciformes ont pour caractère l'existence d'une substance

fondamentale d'un bleu clair (méthode de \issl). 4. Si la gros-

seur des noyaux arciformes varie, c'est peut-être parco qu'ils se

forment presque exclusivement chez l'homme. - 5. Les noyaux

arciformes ne font pas toujours leur jonction avec les noyaux

de la protubérance. Il est douteux que ces organes soient homo-

logues. 6. L'excès de développement anormal des noyaux ar-

ciformes s'accompagne fréquemment d'autres anomalies du bulbe

(faisceau de Pick, olives accessoires surnuméraires, etc.)

P. KER : 1VAL.

XXV. De la pathogénie de la papille étranglée, par A.

Soenger. Contribution à la question de la nature de la

papille étranglée ; parA. ADAIIIKIFWIC7. (Neu1'oIQg. Centralbl.

XXIV, 1905.)

La papille étranglée provient d'après OENGER de l'augmenta-

tion de la pression intra-cranienne. En effet, elle manque sou-

vent dans les grosses tumeurs qui occupent plutôt le voisinage du

nerf optique (en particulier à la base), tandis que les petites tu-

meurs de même structure qui occupent la fosse postérieure du

crâne produisent une papille étranglée considérable. Celle-ci

est très rare dans les affections inflammatoires pures ; elle se

montre au contraire dans les maladies indemnes de toute toxine

telles qu'anévrysme des artères cérébrales, hématome de la

121 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES,

gaine des nerfs optiques, fractures du crâne. Les phénomènes

inflammatoires de la papille se peuvent expliquer par un oedème

stasique dû il la compression de la substance nerveuse ainsi qu'au

barrage des voies sanguines et lymphatiques d'écoulement. L'é-

lévation de la pression cérébrale joue le rôle principal dans la

genèse de l'hydropisie de la gaine optique et autres manifesta-

tions de la papille étranglée ; la preuve c'est que la trépanation

fait,quand clleest suffisante, disparaître ou diminuer la tuméfac-

tion delà papille même dans les tumeurs cérébrales inopérables.

La ponction lombaire montre l'augmentation de la pression du

liquide cérébro-spinal en pareils cas, et peut atténuer l'oedème

papillairc.

Pourquoi, dans les tumeurs cérébrales, la papille étranglée

peut-elle manquer ou rétrocéder spontanément' ! Le plus souvent

la pression, une prolifération cellulaire, un rétrécissement os-

seux au niveau du trou optique suppriment la communication

des gaines optiques avec la cavité cérébrale et l'oedème central

ne peut se propager au tronc du nerf optique. La papille étran-

glée passagère a pu échapper à l'observateur. Enfin elle a pu ré-

trograder parce que l'ucclusion s'est dissipée dans le sinus caver-

neux.

AoAMKtEwicz. 1. Il n'y a pas de pression cérébrale parce que

quand le liquide céphalo-rachidien afflue dans la cavité crânienne

sa pression n'atteint jamais celle des capillaires sanguins qui le

produisent; quand son écoulement est diminué, il ne peut s'ac-

cumuler dans la cavité cranienne parce qu'alors il s'échappe par

les veines du diploé toujours ouvertes. -2. L'augmentation de

pression du liquide céphalo-rachidien n'a lieu que lorsqu'à ce li-

quide se mêlent des produits de l'inflammation en rapport, eux,

avec une pression exagérée. La rétrocession de la papille étranglée

par trépanation ou ponction lombaire s'explique comme la guéri-

son des anthrax ou abcès par les incisions 4. Il est impossible

d'engendrer expérimentalement la papille étranglée en augmen-

tant artificiellement la pression à l'intérieur du crâne ; on n'ob-

tient jamais que des stases dans les veines chorotdiennes. (Voy.

Archives de Neurologie, L. VL ? série, page 307.)

, P. KERAVAL.

1l'l.- Contribution à la connaissance de la dissociation

thermique et de la sensation algique dans les blessures

et affections de la moelle; par,). PILTZ. (-ATeu2-olog. Centralbl.,

XXIV, 1906.) Etude détaillée de 3 observations et des travaux

des auteurs.

1. Les troubles de la sensibilité thermique et algique peuvent

avoir une origine cérébrale, spinale ou périphérique. On en

observe dans l'hystérie, dans les hémiplégies capsulaires et cor-

REVUE D'ANATOMIË ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 125

ticales dans les blessures et affections de la moelle, dans la

compression, les blessures et les maladies des nerfs périphé-

riques. 2. La theimo-analgésic spinale survient dans la

syringomyélie,clans les traumatismes de la moelle, dans la com-

pression de la moelle, dans l'hemaiomyelie centrale et l'apo-

pleaie du cordon latéral de la moelle, dans le tabès, dans la

pachyméningite hypertrophique,dans la syphilis spinale, dans la

myélite par compression et dans la myélite chronique. 3. La

topographie ' de la thermo-analgésie spinale à la surface de la

peau est radiculaire. 4. Il existe dans la moelle une voie spé-

ciale propre à conduire les impressions thermiques et doulou-

reuses ; celle voie est séparée des voies qui servent à conduire la

sensibilité tactile et le sens musculaire. 5. Voici le trajet

suivi par la voie qui conduit les impressions thermiques et dou-

loureuses : racine postérieure, corne postérieure, commissure

de la substance grise, cordon anLéro-laLral et finalement péri-

phérie latérale de ce cordon, suivant toute probabilité le faisceau

de GoN%ei-s. 6. Deux neurones président à la conductibilité

thermique et douloureuse ; la cellule nerveuse du premier neu-

rone (nommé aussi protoneurone) occupe le ganglion spinal ;

celle du second (nommé également deutonourone) occupe la

substance grise de la moitié opposée de la moelle. 7.

Toute lésion unilatérale de la substance grise de la moelle

engendre : cc). Une thermo-analgésie du même côté (ho-

mologue) pourvue que cette lésion soit limitée à la corne pos-

lérieure du même côté, par laquelle passe le ]1roLoneurone ; b).

une thermo analgésie croisée quand cette lésion a détruit la

substance grise dans le voisinage de la corne antérieure, par

laquelle passe le deutoneurone qui icii[ (]Li côté opposé ; c). une

thermo-analgésie bilatérale quand la lésion a atteint les deux

endroits de la substance grise. 8. Toute lésion limitée de la

substance grise ne donne jamais qu'une thermo-analgésie limitée

à une surface cutanée déterminée, sous forme d'une hémizone

qui correspond exactement et invariablement au segment de la

moelle lésé correspondant. 9. Toute lésion du cordon latéral

y compris sa périphérie latérale où le faisceau de Gowers en-

gendre constamment une thermo-analgésie croisée totale qui

monte des orteils. 10. L'hémizone de la thermo-analgésie

homolaterale, produite par une lésion de la substance grise (ou

de la corne postérieure) débute en général immédiatement au-

dessous de l'endroit lésé ; l'hémizone de la thermo-analgésie

contralatérale, produite par une lésion de la substance grise (ou

du voisinage) de la corne antérieure, débute à peu près à 4 ver-

tèbres au-dessous de l'endroit lésé. 11. La limite supérieure (le

la thermo-analgésie totale croisée, produite par une lésion de la

substance blanche ou du cordon latéral y compris le faisceau de

126 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

Gowers, est à peu près à cinq vertèbres ou à cinq apophyses

épineuses au-dessous de l'endroit lésé. - 12. La limite supérieure

de la thermo-analgésie totale croisée, produite par une lésion de

la périphérie latérale du cordon latéral ou du faisceau de Go-

wers est environ à six' ou sept vertèbres (ou apophyses épi-

neuses) au-dessous de-l'endroit lésé. 13. Quand la limite

supérieure de la thermo-analgésie totale croisée commence à six

ou sept vertèbres au-dessous de l'endroit de la lésion trauma-

tique de la moelle, nous pouvons, en dépit d'une hémiplégie ou

d'une hémiparaplégie possibles, affirmer que le faisceau latéral

des pyramides n'a pas été sectionné, que la paralysie motrice

rétrocédera et que le patient récupérera la fonction des mem-

bres paralysés. - 14. Dans la région occupée par la limite su-

périeure de la thermo-analgésie totale croisée, peut-être même

de la thermo-analgésie du même côté, on trouve souvent

une dissociation de la sensation des impressions caloriques,

algides, algiques ; la limite supérieure de l'anesthésie thermique

occupe le niveau supérieur, celle de l'anesthésie algide occupe le

niveau inférieur, celle de l'analgésie est entre ces deux niveaux.

z 15. La dissocialion des sensations de chaleur et de froid atteint

son maximum à l'épreuve de + 50° et de 0°. 16. Les limites

supérieures des thermo-anesthésies à l'égard des températures

supérieures à ? 50°, par exemple à l'égard de ? 60°, -1- 70°, +

80°, etc..., descendent toujours graduellement au-dessous de la

limite supérieure de la thermo-anesthésie à l'égard de + 50°

pour se rapprocher par en haut de la limite supérieure de l'anal-

gésie. 17. Les limites supérieures des thermo-anesthésies à

l'égard de températures inférieures à 0°, par exemple à l'égard

de - 5^, 10°, etc... s'élèvent graduellement au-dessus de la

limite supérieure de la thermo-anesthésie à l'égard de 0°, pour se

rapprocher par en bas de la limite supérieure de l'analgésie.

18. Les limites supérieures de la thermo-anesthésie à l'égard de

températures intermédiaires à 0° et + 50° gisent entre les

limites supérieures à l'égard de ces deux températures.

P. KERAVAL.

XXV11. - De la nature et de la spécificité des substances

toxiques contenues dans le sérum sanguin des épilepti-

ques ; par G. CENI. Centralbl. f. Nervenheilhunde, XXV111. N.

F. XVI, 1905.)

Résultats des recherches de l'auteur.

1. Le sérum des épileptiques emprunté à ceux des malades dont

l'affection évolue régulièrement pendant les phases paroxystiques,

ou interparoxistiquesne détermine à la dose hypodermique de 10

centim. cubes chez d'autres épileptiques aucun phénomène immé-

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 127

diatement aigu ; il est d'ordinaire toléré par ces derniers. 2. Ce

même sérum emprunté à des malades attteinls d'épilepsie grave

ou surtout, pendant les périodes d'état de mal dui,assezsouvent se

produisent sans cause et troublent l'évolution régulière de l'affec-

tion, ce sérum-là est très fréquemment fort hypertoxique ; il

possède des attributs de toxicité caractéristiques semblables à

ceux de l'anlisérum humain et en particulier del'antisérum pré-

paré par injection à l'animal du sérum sanguin des épileptiques.'

Le sérum hypertoxique del'épileptique peul, même à petites do-

ses, provoquer chez n'importe quel autre épileptique à l'instant

des phénomènes d'empoisonnement aigu accompagnés de réac-

tion locale et générale. Celle-ci est principalement caractérisée

par delà lourdeur de tête, de la confusion intellectuelle, par un

état fébrile, par l'aggravation des symptômes de l'épilepsie. 3.

Le degré de toxicité du sérum en question ne dépend pas de la

gravité de la maladie de l'épileptique qui le reçoit.

Tous les épileptiques ne réagissent pas au même degré à ce sé-

rum hypertonique ; il y a à cet égard des variétés individuelles

remarquables.

Les épileptiques capable de supporter de fortes doses de sérum*

hypertoxique sont aussi moins sensibles aux injections d'anti-

sérum spécifique, et vice versa. - 4. lnjecte-l-on 10 cenLim. cu-

bes de sérum hypertoxique à un épileptique pendant la phase

d'aggravation de sa maladie (état de mal) on n'obtient pas de

phénomènes d'intoxication aiguë ; lui fait-on cette injection quel-

ques jours après que l'aggravation a disparu, quand le patient

est revenu à son état normal, on obtient aussitôt des phénomè-

nes d'empoisonnement aigu semblables à ceux que l'on obtient

chez d'autres épileptiques. - 5. L'hypertoxicifé du sérum d'un

épileptique peut également précéder de quelques jours l'explo-

sion des phases d'aggravation de sa maladie ; elle est donc en

rapport avec la cause de cette aggravation. - (i. Chez les hom-

mes qui ne sont pas épileptiques, l'injection de ce sérum h) 1'('1'-

toxiquepeut créer un effet toxique aigu ; mais celui-ci'est d'ordi-

naire peu violent et il ne s'accompagne pasdes symptômes spécifi-

ques de l'épilepsie. 7. Les diverses espèces d'animaux, (chien,

chat, lapin, cobaye, souris blanche, poule, supportent de très for-

tes doses de ce sérum hypertoxique, de même que le sérum san-

guin d'homme normal. Elles ne présentent pas de phénomènes

témoignant d'une action spécifique immédiatement toxique. Par

conséquent les principes toxiques épileptogènes contenus dans

le sang des épileptiques doivent être considérés comme spécifi-

ques pour l'homme. - S. L'hypertoxicité du sérum des

ques doit être attribuée à la présence en excès des deux éléments

qui forment le poison épileptogène, notamment à l'excès de la

substance sensible. b P. KERAVAL.

128 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

XXVIII. Contribution à la question de l'onde musculaire

chez les aliénés ; par A. 1'ZARIÉGRADSICI. Contribution

à la valeur clinique de l'onde musculaire ; par E. X.

Ivvanovv. (Obozrénié psichiatrii, Vlll, HJ03.)- De l'onde mus-

culaire dans la myotonie ; par W. M. Bechterevv (Oboz-

rénié psichiatrii, \'111, 1903 ; Ne¡¡rolog. Centralbl. XXIll, 1904.)

- Contribution casuistique à la contracture faciale to-

/ nique primitive avec onde musculaire ; par V. Vitek.

Contribution à la casuistique de la myokymie ; par G.

MEINERTZ, (I1'eorolog. Centralbl., XXIII, 1904.)

Frappez, dit I'Z.4RIGRADSKI, le biceps, et quelques secondes

après vous constaterez un cordon ou une arête dure qui dispa-

raît rapidement. Le phénomène rarement accessible à la vue ne

se perçoit qu'au toucher. On l'a obtenu chez 267 aliénés sur

344 ; il manquait chez 6S. 11 est apparu dans presque toutes les

forme mentales. On a laissé de côté les psychoses de l'enfance et

de la jeunesse, l'onde musculaire étant à ces âges tenue pour

physiologique. L'onde musculaire apparaît tout particulièrement

dans la confusion mentale (100 %) ; la démence paralytique

(90 %) ; la démence consécutive (97 %). Elle a fait défaut dans

5 psychoses hystériques, sur 14 ; chez huit alcooliques chroni-

ques sur 30 ; dans sept folies périodiques sur 18. Ce phénomène

tient aux troubles physiques qui ont déterminé la maladie men-

tale, il n'a donc rien de pathognomonique.

Les recherches (11VAN01' sur aliénés épileptiques, hystériques,

neurasthéniques ; dans les affections mèningo-cèrèhrales, mé-

ningo-spinales, névrifiques, choréiques ; (tans les tremblements,

céphaliqueSj la fièvre typhoïde en activité ou à la période de

convalescence ; chez les gens en bonne santé se résument ainsi.

L'auteur a percuté ou pincé le biceps brachial, le grand pectoral,

le trapèze : 1. L'onde musculaire ou contraction idiomusculaire,

constitue un signe de réaction locale extérieure du muscle loca-

lement excité ; les fibres musculaires se soulèvent au-dessus de

la surface du muscle en un point limité ; c'est la contraction

partielle ou raccourcissement des fibres au lieu de l'excitation.

2. Ce phénomène, physiologique, appartient, comme les réflexes

à tous les muscles striés de l'organisme animal ; seulement, pour

qu'il se produise, il n'est pas besoin que le système nerveux entre

directement en action. Il existe une* onde musculaire normale

qui tient le milieu entre l'absence totale du phénomène et son

excès ; cet excès se traduit par un bourrelet d'un centimètre, et

plus, de hauteur qui dure parfois de 30 à 40 secondes. L'absence

totale et l'excès du bourrelet persistant traduisent une anomalie.

3. La grande majorité des gens bien portants (84 °/a) manifes-

tent l'onde musculaire qui est d'ordinaire plus accentuée quand

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 129

le muscle vient de travailler ; cette exagération tient à la fatigue

musculaire, à l'accumulation dans le muscle des produits de

dédoublement, ainsi qu'à l'épuisement de l'influence des centres

sur le système musculaire. 4. L'onde musculaire normale

indique que la substance du muscle a son excitabilité et sa con-

tractilité normales ; est-elle accentuée, c'est que le muscle trop

excité, s'affaiblit en réalité, que son activité va diminuer ; est-

elle absente, c'est que l'excitabilité musculaire est'diminuée ou

perdue temporairement ou pour toujours. 5. La clinique men-

tale ou nerveuse enregistre ce qui suit :

A. L'onde musculaire accentuée caractérise, de même que les ré-

flexes exagérées; a) l'affaiblissement de l'activité vitale des tissus

musculaire et nervew qui dépend de causes générales, l'épuise-

ment de l'économie, et la surchage de ces tisssuspar les produits

de leur métamorphose biologique, ex. : psychoses aiguës (70 %) :

névroses constitutionnelles (70 %) ; épilepsie(100 ,°% ) ; b) l'affaiblis-

sementde l'influence exercée sur les centres nerveux inférieurs

parles centres psychiques supérieurs, ex. : démence congénitale

(84 %) et autres démences : c) l'affaiblissement de la tonicité des

centres spinaux, notamment au début des divers processus chroni-

ques delà moelle et de ses membranes (proport, maxima 75 %).

B. L'absence complète d'onde musculaire trahit un état patholo-

gique du système nerveux en rapport : a) avec une suractivité

musculaire parexcitation ou irritation du centre ou du conducteur

nerveux, ex. : convulsions, contractures, états de tension même

sans convulsions, de l'hystérie et de la neurasthénie (25 %) ; L)

l'inactivité du muscle par rupture de la communication avec le

système nerveux central, ex. : destruction et atrophie des centres

etconducteurs cérébro-spinaux moteurs ou trophiques et période

ultime deshémorrhagies, myélites, névrites; c) la dégénérescen-

ce du muscle dépendant ou non du système nerveux, ex : myosi-

tes, atrophie musculaire par inaction des ankyloses, 6° Chez le

mourant il y a accentuation de l'onde musculaire au moment où la

vie du tissu nerveux est presque complètement éteinte : cela prou-

ve que le tissu musculaire possède son excitabilité propre, mais

il y a lieu de tenir compte de la surchage du muscle en substances

chimiques de dédoublement et de la cessation de l'influence des

centres nerveux. 7° Dans les psychoses aiguës l'onde musculaire

accentuée et l'exagération des réflexes s'observent presque aussi

souvent que chez les typhiques dont 44 % souffrent aussi de psy-

choses aiguës bien que discontinues. Il s'agit évidemmentdes mê-

mes facteurs ; déchéance accusée de la nutrition du système ner-

veux ; action nocive et des produits du métabolisme et des sub-

lances chimiques élaborées par des microbes étrangers à l'orga-

nisme. '

Pom BECHTEREW le mieux, afin d'obtenir le bourrelet musculai-

Archives, 2° série, 1905, l. XX, ' 9

130 SOCIÉTÉS SAVANTES.

re, est de comprimer entre les doigts transversalement le muscle

puis de cesser brusquement. Ce bourrelet survient dans la myo-

tonie lentement et s'évanouit de même ; il dure assez souvent de

12 à 15 secondes. Chez les gens normaux au contraire, il se pro-

duit et cesse tout àcoup, durant en tout 3 à 5 secondes. Chez les

myotoniques, àl'endroit où l'on acomprimé le muscle, il s'effec-

tue une petite dépression qui fait place au renflement de la masse

musculaire. Ces particularités sonten rapport avec le trouble du

métabolisme de la myotonie [voyez Obozrénié psichiatrii, 1898.

Neurolog. Ceat7alblatt, 1900. Archives de Neurologie, 2série,L.Vlll,

p. 420, etc. !

Enfin voici deux observations. Celle de Meinertz concerne des.

contractions librillaires parcourant tout le système musculaire

strié d'un homme de 41 ans ; il existe en sus du Lremllementdes

mains, de l'exagération des réflexes patellaires, de la diminution

du réflexe pharyngé. Aucun autre symptôme. Cette affection du-

re depuis deux ans.. Cette onde musculaire est pour l'auteur un

symptôme de neurasthénie au même titre que les autres phéno-

mènes sus-indiques; elle n'entraîne pas de mouvements. Evi-

demment les cornes antérieures de la moelle sont hyperexcitées.

Cause inconnue. Le malade a jadis manié beaucoup la céruse.

Dans le cas de : \1, Vitek il s'agit d'un jeune garçon de 11 ans, in-

demne de toute tare héréditaire ou acquise. Il lui est fout à coup

survenu un spasme tonique de la moitié droite du visage; en

même temps les muscles contractures sont devenus le siège d'une

onde musculaire intense. Cet étal dure 3 semaines ; à la fin delà

3e semaine, il n'existe plus qu'une contracture légère de l'orhicu-

laire des paupières, du frontal, de l'orbiculaire. des lèvres, ac-

compagnée d'un menu tremblement fibrillaire. Finalement tout

rentre dans l'ordre. Il est à craindre qu'on n'ait été en présence

d'un syndrome ressortissant à une affection profonde jusque là

latente du système nerveux central. P. KERAVAL.

SOCIETES SAVANTES

SOCIÉTÉ DE NIWHULUGIE

Séance du 6 juillet 1905. - Présidence de l. Brissaud

Maladie de Pariiigison.

M. HA YMOND présente deux parkinsoniens, chez l'un desquels

les symptômes se sont localisés dans le domaine des seuls nerfs

crâniens, et chez l'autre, généralisés selon le type complet de la

paralysie agitante avec double clonus du pied, établissant une res-

semblance très suggestive avec des accidents pseudo-bulbaires.

SOCIÉTÉS SAVANTES. 131

M. f3RrssauD considère la maladie de Parkinson comme une

i affection pseudo-bulbaire à localisation sous-thalamique. Il pré-

sente, avec M. : 'IIEIGE, un parkinsonien atteint de tremblement

des paupières et de troubles de la déglutition, chez qui le début

par des phénomènes hémiparéliques douloureux confirment la

- nature organique de la maladie.

Obsédé ayant l'apparence d'un extatique.

MM. Ballet et rACUET présentent un malade qui a d'abord

revêtu l'aspect d'un mélancolique en stupeur et qui ressemble

aujourd'hui à un exlatique. Ce n'est pourtant qu'un obsédé qui,

pour penser, est obligé de représenter les idées en images visuel-

les. Il ne commence à parler qu'avec une extrême difficulté puis

se hâte précipitamment de peur d'être repris par son obsession

avant la fin de ce qu'il veut dire. ,

Epilepsie jacksonienne héréditaire.

MM. D1 ! .TERINE, LEENHAI2DT et Moréro. 11 s'agit d'un cas

d'épilepsie jacksonienne survenant chez une jeune fille de 15 ans

dont la mère est atteinte depuis vingt-six ans de la même affec-

tion. La mère a eu sa première attaque à l'âge de dix ans. C'est

surfont face et le côté gauche du corps qui sont pris ; pour la

fUIe,c'est le côté droit. Le régime déchloruré appliqué d'une façon

minutieuse depuis un mois a amené une cessation complète des

crises et des absences.

M. DI : aEI21NE, très enthousiaste du régime déchloruré, a eu un

nombre considérable de succès par ce traitement. MM. Raymond,

Marie, 13RISSAUD, 13ALLET et DUPRÉ ne partagent par son opinion.

Surdité verbale familiale congénitale.

V111. 'l'ACUET et Robert Foy montrent deux enfants de cinq et

trois ans, frères, qui quoique ayant appris à parler sont atteints

de surdité verbale congénitale vraisemblablement liée à un arrêt

de développement de la première temporale gauche.

Deux cas de purpura à topographie radiculaire.

JI. P. ARMAND-DELILLE a observé chez une petite fille atteinte

d'endopéricardite rhumatismale une éruption purpurique loca-

lisée,pour une première poussée,aux avant-bras et aux mains,sur

les territoires des 8° racines cervicales et 1 ? dorsales; aux mem-

bres inférieurs, sur les territoires des 6, lombaire et Ire sacrée

ainsi qu'à la région vulvaire, dans le territoire des 3s sacrées. Une

deuxième poussée, survenue quatre jours après, se fit sur les terri-

toires des et et cervicales, ainsi que sur la zone de la à la 1 le ra-

cines dorsales et à la fesse droite, sur le territoire des 3e lombai l'es.

La 2e observation porte sur une adulte, hémiplégique et syphili-

tique ancienne, chez laquelle une éruption purpurique se localisa

symétriquement aux territoires des 5° lombaires et 1 rc sacrées.

132 SOCIÉTÉS SAVANTES.

/

Atrophie musculaire avec réactions électriques de la maladie de

Thomsen.

MM. Lortat-Jacob et l ? l'unoN présentent un malade afl'ecté

d'une atrophie musculaire portant sur la face, la langue, la cein-

ture scapulaire, les membres supérieurs, la ceinture pelvienne et

la région antérieure (le la cuisse. Celte amyotrophie paraît avoir

débuté vers l'âge de 16 ans au moment d'une fièvre infectieuse

rapide de nature indéterminée, et avoir évolué insidieusement

jusqu'à ces derniers temps. Pas de troubles trophiques, quelques

contractions fibrillaires ; les réflexes ne sont pas sensiblement

modifiés. Les facultés intellectuelles sont amoindries ; émolivité

considérable. Il existe de plus, chez ce malade, une anesthésie à

tous les modes, étendue il la presque totalité du corps, sauf quel-

ques îlots de sensibilité normale. Anesthésie pharyngée, cor-

nt : enne, anosmie... Pas de troubles pupillaires. Pas d'antécédents

ni de stigmates de syphilis. La ponction lombaire donna des résul-

IaLs négatifs. L'examen électrique, pratiqué pour compléter

l'étude de celte amyotrophie et préciser sa nature, révéla les réac-

tions caractéristiques de la maladie de Thomsen. En possession

de cette indication précise, on put retrouver chez le malade quel-

ques symptômes cliniques de myotonie, notamment une légère

raideur au début des mouvements volontaires (mastication, acte

d'ouvrir et fermer vivement la main, de se lever et marcher). S il

s'agit ici d'une maladie de Thomsen, c'est là une forme exception-

nelle de cette affection, soit que l'atrophie musculaire ait évolué

parallèlement, soit qu'elle ait succédé à une phase d'hypertrophie

musculaire dont nous n'avons pas pu retrouver la trace dans les

commémoratifs. L'adjonction de troubles sensitifs, quelque en

soit la nature, est à noter.

Association clesrttsnxcs organique et fonctionnel.

M. Babinski montre un malade atteint de spasme organique du

trapèze (continuant pendant le sommeil) et de spasme psychique

de la musculature faciale et des peauciers.

Spasmes.

M. LAMY montre un chien atteint de spasme du temporal etdu

masséter, et un malade atteint de spasme clonique accompagné

de contraction paradoxale des peauciers et zygomatiques dans

l'occlusion des yeux.

. Parésie spasmodique des alhéromateux.

MM. Dupré et LEMAIRE montrent un alhéromateux de soixante-

douze ans atteint de parésie spasmodique avec amyotrophie des

membres inférieurs, sans troubles cérébraux ni pseudo-bulbaires.

L'angiosclérose doit être strictement médullaire. M. Marie n'est

pas de cet avis. '

SOCIÉTÉS SAVANTES. 133

Paraplégie fiasco-spasmodique pottique.

MM. Dur ré- et Camus rapportent un cas de cette affection sans

compression de la moelle, ni leptoméningite, ni adhérences. Le

syndrome semblait répondre à la compression radiculaire et à

l'imprégnation de la moelle par les toxines tuberculeuses.

Hén2atomyélie.

MM. Raymond et Guillain montrent un malade atteint d'hémi-

plégie spinale à topographie radiculaire dans le membre supérieur

avec contracture des fléchisseurs sans troubles électriques avec

thermo-anesthésie croisée. Ils montrent chez ce même malade

un réflexe consistant dans une extension de la main avec flexion

des doigts quand on excite la face antérieure de l'avant bras.

Ils ne l'ont pas retrouvé dans l'hémiplégie cérébrale de l'adulte.

Osteo-(l1.thropathies tabétiques.

1.\I. ! 1AYMOND et GmLL,wN montrent un tabétique atteint d'os-

téo-arthropathies donnant à ses jambes l'aspect éléphantiasique

et chez qui la radiographie a montré des altérations osseuses ex-

ceptionnellement développées.

Ostéo-arthropathies syphilitiques.

MM. GUILLAIN etllAMEL présentent un malade atteint d'ostéo-

pathies tibio-tarsiennes hyperlrophiantes, non douloureuses, qui

sont apparues après des douleurs ostéocopes et sont accompa-

gnées seulement de signes d'Argyll sans autre phénomène tabéti-

que. Le traitement spécifique a produit une amélioration.

Ostéopathie j'humatismale.

MM. GUILLAIN et 1l.\UDOIN présentent une spondylose ankylo-

sanle avec hypertrophie progressive des pieds et attitude simies-

que du malade simulant l'ostéopathie déformante de Paget.

Epithclioma delà moelle ; cytodiagnostic .

MM. Léri et CATHALA chez un malade atteint de paraplégie flas-

que survenue brusquement avec rétention d'urine diagnostiquè-

rent un mal de Pott après ponction lombaire à polynucléaires et

cellules pâles. On vit à l'autopsie qu'il s'agissait d'un épithélioma

de la moelle. ,

Anomalies congénitales par atrophie numérique.

M. Klippel présente une malade de 24 ans qui,en l'absence de

toute lésion atrophique organique ou dégénérative des muscles

et des os, mais par simple diminution du nombre des éléments

anatomiques,est atteinte depuis sa naissance d'un arrêt de déve-

loppement des doigts et des orteils.

)1\I. IOUTIhR et Robert Grasset montrent un cas de sclérose

latérale amyotropliique évoluant depuis six ans et dont la sympto -

matologie est presque exclusivement bulbaire. F. Baissier.

134 - SOCIÉTÉS SAVANTES.

SOCIÉTÉ liÉl)1CU-l'S1'CHCILUUI()Ul;.

Séance du 17 avril. PRESIDENCE de M. Vallon

Prix Belhomme.

M. CHASLIN donne lecture de son rapport, à la suite duquel et

conformément à ses conclusions, le prix Belhomme n'est pas dé-

cerné, une première mention honorable avec 300 frs. est accordée

à MM. 130ulenger et Minnaert de Bruxelles, et une seconde Men-

tion avec 2U0 fr- à M. Boyer, professeur à l'Institut Médico-péda-

gogique de Vitry-sur-Seine.

La question mise au Concours pour le prochain prix Belhomme

est ainsi conçue : De la Démence épileptique chez l'enfant et l'ado-

lescent.

Prix EsquÏ1'ol.

Conformément aux conclusions de M. ANTHEAUmE,rapporteur,

le Prix Esduirol est décerné à M. Bonhomme, interne à Charenton

pour sa : Contribution à l'étude du caractère chez les paralytiques

généraux. Une mention .honorable est accordée à M. L'. Trepsa

interne à l'Asile d'Evreux, pour son mémoire sur : l'Etude des trou-

bles physiques dans la démence précoce hébéphréno-catatonique.

Prix Moreau (de Tours).

M. PACTET donne lecture de son rapport. Suivant ses conclu-

sions, le prix Moreau (de Tours) est attribué à M. Privat de Fortu-

né auteur d'une Etude sur les délires post-partum envisagés spé--

cialement au point de vue de la pathogénie. Des mentions honora-

bles sont accordées à M. Jacquelier pour une Contribution à l'étu-

de des délires par auto-intoxication, à lI. Damaye, auteur d'un

Essai de diagnostic entre les états de débilité mentale ; à M. Petit

pour sa thèse intitulée : Revue critique et clinique des atrophies

musculaires progressives. M. 13.

Séance du 29 mai. - Présidence de M. Vallon.

Hypochondrie et lésions organiques latentes.

MM. VIGOUROUX et Collet communiquent les observations de

deux malades, l'un atteint d'hypochondrie, et l'autre de mélan-

colie hypochondriaque, à l'autopsie desquels on trouva : chez le

premier,un énorme lymphome tuberculeux de la région lombo-

aortique, comprimant les vaisseaux et les nerfs de l'abdomen, et

une méningite tuberculeuse terminale ; chez l'autre, un cancer

de la petite courbure de l'estomac, avec lésions cérébrales beau-

coup moins importantes.

Suppurations et rémissions dans la paralysie générale. (Voir p. 55).

MM. MAME et Violet rapportent l'observation d'un paralyti-

SOCIÉTÉS SAVANTES. 135

que général âgé de 37 ans, alcoolique et ayant de fâcheux anté-

cédents héréditaires, chez lequelse manifesta une rémission assez

accusée pour qu'il eut été possible de lui rendre la liberté et cela

àla suite d'un phlegmon de la région sternale compliqué d'une

pleurésie purulente.

l. CHRISTIAN déclare n'avoir jamais obtenu d'amélioration, en

provoquant des suppurations, chez les paralytiques généraux.

Confusion mentale et otite suppurée.

3131. Boy et Cuisez communiquent l'observation d'une jeune

fille atteinte d'une confusion mentale paraissant liée à une otite

double suppurée, post-scal'latineusc et qui a guéri après opéra-

tion (évidement pôtro-masfoidion). Cette jeune tille, héréditaire-

ment prédisposée, avait eu déjà unpremieracces assez semblable.

JI. LEGItAIN a observé un cas de confusion mentale chez un

étudiant porteur d'une mastoïdite qui nécessita une intervention

chirurgicale. Le malade guérit six mois après.

M. Sérieux ajoute que, depuis, ce même étudiant eut un accès

délirant absolument semblable sans coïncidence d'aucune lésion

locale. Il guérit de nouveau.'

M. Vigouroux se demande si le siège de la lésion a eu une in-

fluence sur le développement du délire, ou s'il ne s'agirait pas

plutôt d'un délire simplementtoxi-infectieux,

M. LEGRAIN estime que l'intensité des hallucinations auditives

observées doit faire penser aune action locale de la lésion.

M. KERAVAL rappelle que M. Cechterew a publié beaucoup de

cas analogues. ,

M. ARNAUD fait remarquer que les deux'malades dont il vient

d'être parlé, ayant eu déjà des accès délirants indépendants de

toute lésion, rien ne permet d'affirmer que, dans les cas cités, on

puisse scientifiquement conclure à une relation entre cause et

effet.

Tentative de suicide chez un mystique par introduction d'un corps

étranger dans l'oesophage.

M. Azémar rapporte l'observation d'un délirant mystique,ayant

tenté de se suicider en s'introduisant dansle larynx un fragment

de vaporisateur, représenté par un tube métallique du diamètre

de 5 millimètres, sur une longueur de 12 centimètres, présentant

en son milieu un renflement de 15 millimètres, d'où part un

appendice servant d'amorce à la soufflerie. Cet aliéné, qui a com-

mis impulsivemenl diverses tentatives de suicide analogues, de-

mande parfois lui-même qu'on le mette dans l'impossibilité deles

renouveler.

136 " SOCIÉTÉS SAVANTES.

Deux cas de perversion sexuelle causée par des difformités acquises

des organes génitaux. -

Des deux observations présentées par M. Violet, l'une a Irait à

un jeune dégénéré qui à la suite de perte de substance de gland

infligée par un chancre phagédénique recherchait l'orgasme sexuel

en mordant dans la langue ou les pattes des chats. L'autre est

relative e un homme de 50 ans qui, à la suite d'une volumineuse

hernie scrotale double, ne pouvant avoir de rapports sexuels nor-

maux, commettait des attentats à la pudeur sur des fillettes.

M. Colin ne voit pas trop comment un chat se prêterait volon-

tiers aux actes exposés par M.'Violel ; il craint que les renseigne-

ments n'aient été accueillis sans contrôle. En matière de perver-

sion sexuelle, il faut se méfier des racontars des malades qui sont

toujours vantards et menteurs. J'ai observé, ajoute-t-il, dans le

service de M. l3L'Ïand, une pensionnaire que M. llitti connaît bien

et qui, voleuse de profession, avait imaginé un roman sadique pour

expliquer des vols de soieries. JIarcelI3RL\NO.

SOCIÉTÉ D'I1l'P\'OLUGIG ET DE PSYCHOLOGIE

Séance du mardi 16 mai 1905. Présidence de M. Jules Voisin.

La graphologie et la médecine.

M. Pierre IiOUC.aI2D. Etant un chapitre de la psychologie du

mouvement (liibot),la;raplrologiedevrait dcvenirun moyen d'in-

vestigation médicale, au même titre que les troubles de la parole,

de la marche, de l'attitude et de la motilité. L'écriture peut ser-

vir à établir le diagnostic précoce de certaines affections, telles,

par exemple, que la paralysie générale iL son début ; même les

troubles de l'écriture, évoluant parallèlement à ceux de certains

états pathologiques, donneraient une sorte de courbe fidèle de la

maladie (1). ,

L'hypnotisme et le prétendu magnétisme humain.

M. Louis Faire. La main de l'hypnotiseur agit tantôt par

action psychique ou suggestive, tantôt par action physico-chi-

mique ou biologique. M. Favre étudie cette dernière action bio-

logique de la main sur le développement des microbes (23 expé-

riences) et des végétaux (11 expériences).

L'hypnose spirite.

JI. DEMONCHY analyse les pratiques spirites les plus courantes

et y découvre les phénomènes les plus usuels de l'hypnotisation,

tels que l'attente, l'émotion, le recueillement, la suggestionnabi-

(1) Nous en avons publié souvent des exemples, en particulier

dans les Comptes-rendus de Bicètre (1880.It1U1) et dans nos Etudes

cliniques et thermométriques dans les maladies nerveuses, lb72-1873,

clc. - 13.

SOCIÉTÉS SAVANTES. 137

lité les contractures, les hallucinations, l'automatisme, etc. Le

sujet spirite n'est plus en état de veille, mais hypnotisé au -sens

le plus large du mot.

- - 14e séance annuelle, le 20 juin 1905.

Présidence de M. ALBERT Robin.

Les bons et les mauvais simulateurs dans les accidents du travail.

M. A. GOURT.1ULT. - Depuis l'application de la loi du 9 avril

1898, les prétendus invalides ou estropiés du travail sont nom-

breux ; pour obtenir une indemnité, certains simulent ou tout

au moins exagèrent les conséquences de l'accident dont ils ont été

victimes. Si la simulation est une des formes de la ruse, l'exagé-

ration est un phénomène psychique pathologique qui se manifeste

à la suite d'un trauma, sous l'influence de la constitution et de

diverses circonstances sociales. Au point de vue psychique, les se-

cours et le traitement initial peuvent être delà plus grande im-

portance, justement parce que le phénomène doit être considéré

comme un phénomène psychique. Le traitement psychique, joue

dèsle commencement un rôle considérable dont les conséquences

apparaîtront plus nettement encore à la fin, au moment de la

liquidation judiciaire définitive.

M. Bérillon. La simulation est d'autant plus difficile à dé-

pister que les simulateurs trouvent des leçons dans les livres de

médecine, dans les cours des examens médicaux et même auprès

de certaines agences qui les instruisent dans l'art de simuler des

maladies qu'ils n'ont pas. L'étude de la simulation est destinée à

jeter une vive lumière sur la question toujours actuelle de l'or-

ganisation du parasitisme social. Le parasitisme revêt les formes

les plus variées et les plus inattendues. Le parasite obéit à des

dispositions tellement impulsives, ce qui lui donne un caractère

de dégénérescence héréditaire, que, pour arriver à ses fins, il se

donne souvent beaucoup plus de mal que s'il travaillait d'une fa-

çon normale. -

Hoquet tenace guéri par la suggestion.

M. Feuillade (de Lyon). A la suite d'une frayeur, une fil-

lette de 10 ans et demi est atteinte de hoquet hystérique que l'on

soigne, sans aucun résultat, pendant plus d'un mois, par les cal-

mants, l'hydrothérapie, l'électrothérapie, etc. Constant dans la

journée, il disparaît pendant le sommeil. La fillette ne s'alimente

plus,elle maigrit et tombe dans un état d'anémie inquiétant.L'en-

fant dont l'attention est très difficile à fixer,peut,après la seconde

suggestion, arrêter l'éructation bruyante. Le hoquet se traduit

alors par des contractions douloureuses dans l'épigastre. Après la

sixième suggestion; le hoquet s'arrête complètement ; l'enfant

138 SOCIÉTÉS SAVANTES.

n'a été endormie qu'à cette sixième séance. Un mois plus tard, le

hoquet reparaît à la suite d'une nouvelle peur ; il disparaît à une

seule suggestion.

La suggestion musicale.

M. l'1MART. - Un bruit monotone, prolongé, répété, exclusif,

peut provoquer l'hypnose, comme toute autre impression senso-

rielle revêtant les mêmes caractères peut le faire à divers degrés.

La musique, plus complète dans son action,ajoute l'idéoplastieà la

simple hypotaxie. La pensée de l'auteur s'exprimant sous une

forme imprécise s'adapte à chaque auditeur suivant l'état par-

ticulier de celui-ci. Il y a une suggestion véritable-que chacun

subit sans résistance. Cette suggestion est renforcée par la mé-

moire musicale, qui la rend souvent très durable et parfois très

intense. Sa facilité d'adaptation la rend très générale et elles'exer-

. ce même sur beaucoup d'animaux.

Des modifications que subit la force nerveuse relativement à l'état

de santé des sujets.

M. Paul,loIRE (de Lille). -.l'ai montré, l'année dernière, com-

ment on constate au moyen du thermomètre l'extériorisation

d'une force nerveuse. Le caractère de cette force chez les sujets

sains,quand on la mesure au moyen dusthénométre,est de dévier

l'aiguille de l'instrument d'un écart plus grand de la main droite

que de la main gauche. Chez les malades, au contraire, on cons-

tate des déviations de cette force, déviations constantes et spécia-

les pour chaque maladie du système nerveux. Ainsi, les neuras-

théniques présentent le renversement de la formule normale,

c'est-à-dire, que l'écart obtenu avec la main gauche est supérieur

à celui que donne la main droite.

Chez les hystériques il y a diminution presque absolue del'é-

cart d'une des deux mains et par conséquent, une différence beau-

coup plus considérable entre les deux chiffres.

Chaque maladie nerveuse présente ainsi sa formule spéciale et,

ce qui démontre bien que ces modifications sont sous la dépen-

dance de la maladie, c'est que la formule inscrite par le sthéno-

mette redevient normale, au sur et à mesure de la guérison des

sujets. .

Suggestion pendant le sommeil naturel.

M. ltomeoTts (de Corfou) rapporte deux cas guéris par sugges-

tion hypnotique. Dans le premier cas il s'agissait d'un tic de suc-

cion chez un enfant, dans le second de mélancolie avec idée fixe

et nosophobie.

Importance delà psychothérapie dans le traitement des impulsions

sexuelles.

M, Bérillon, D'une façon générale, les enfants normaux,

SOCIÉTÉS SAVANTES. ' 139

tenus à l'écart des influences pernicieuses, restentasexuels jusqu'à

l'tige de la puberté. A l'époque delà formation, l'apparition des

fonctions génitales s'accompagne d'aspirationssexuelles, mais elles

sont vagues et imprécises.

Cet état d'indétermination sexuelle persiste le plus souvent

jusqu'à ce qu'une initiation ou même une véritable corruption

calculée apporte à l'adolescent des notions précises qu'il n'avait

pas soupçonnées jusqu'alors.

Tandis que les idées sexuelles acquises par les lectures, les con-

versations.les exemples, ne laissent dans l'esprit que des impres-

sions le plus souvent passagères et fugitives, les leçons données

par un initiateur laissent des impressions profondes, capables de

se répercuter sur la vie génitale tout entière.

Nous avons observé de nombreux faits dans lesquels des im-

pulsions sexuelles normales avaient eu comme point de départ

très positif l'accomplissement d'actes inspirés ou conseillés par

un initiateur coupable. La première sensation éprouvée avait été

enregistrée parla mémoireavec une telle intensité que le souve-

nir de l'initiation se représentait dans toutes les circonstances où

l'individu se trouvait soùs l'influence d'un désir sexuel. Les ha-

bitudes sexuelles se trouvaient donc en dépendance étroite avec

le fait initial elle réflexe génital n'était réveillé que par des

idées se rapportant à ce fait.

L'explication de ces états mentaux se trouvent dans la sugges-

tibilité souventexcessive qui caractérise les adolescents. On peut

admettre que les actes commis l'avaient été dans un état d'at-

tente affective, réalisant un véritable état d'hypnose de monoi-

déisme ou tout au moins d'expectante attention. Dans tous les cas,

les idées introduites par l'initiateur se comportaient comme des

suggestions faites sur un sujet très hypnotisable. De la ténacité

et la fixité des premières impressions normales ou anormales de

lavie sexuelle. Les succès frappants, observés dans le traitement

des impulsions sexuelles anormales (inversion et perversion se-

xuelles, fétichisme, onanisme, etc.), par la suggestion hypnotique

indiquent que le point de départ de ces impulsions réside bien

plus dans une mauvaise initiation à la vie sexuelle que dans un

état de dégénérescence. \

Perversion sexuelle guérie par l'hypnotisme.

M. Lloyd TucKEY (de Londres) rapporte l'observation d'un

homme, plusieurs fois condamné pour attentat à la pudeur sur

des petites tilles. Cet homme a conscience de l'indignité de ses

actes; mais il ne peut résister à son impulsion criminelle. Au bout

de trois mois de suggestion hypnotique, il est complètement

guéri.

140 SOCIÉTÉS SAVANTES.

La grimace.

M. Maurice BLOCH. - 11 est fréquent de voir les malades gri-

macer à l'occasion de leurs douleurs ; or ce réflexe a lieu très

souvent du côté opposé au siège de la douleur ; c'est un argument

clinique en faveur de l'entrecroisement des libres sensitheset

de leur connexion étroite avec les fibres motrices dans le même

hémisphère.

Le trac par asynergie des images mentales.

M. Paul FAREZ. Il faut distinguer trois formes de trac :

1° La forme ordinaire, commune, banale, presque normale

quand elle est peu intense, maladive seulement quand elle de-

vient excessive ; c'est le trac essentiel, primitif ; il survient d'em-

blée dans des circonstances données à titre de phénomène énau-

tionnel, dont les paroxysmes s'accompagnent de désharmonie

fonctionnelle, de déséquilibre mental, avec angoisse, troubles va-

somoteurs ou secrétoires, incapacité fonctionnelle, perte de

mémoire, etc..

2° Le trac résultant de la diathèse de scrupule : par exem-

ple un virtuose, inquiet, douleur, se demande s'il sait son mor-

ceau, s'il n'aura pas d'absence de mémoire ; s'il ne fera pas de

faussenote, etc.. En présence du public, il est distrait, dispersé,

incapable de concentrer sa pensée ; esclave de ses idées parasites

et de ses préoccupations mentales, il en arrive à jouer, devant

un auditoire, mal ou beaucoup moins bien que dans la solitude :

toujours inférieur à lui-même devant le public, il en arrive à re-

douter précisément do paraître en public, et le trac est ainsi

constitué, consécutivement, àcette rumination mentale maladive;

au moment de l'audition, le trac se manifeste avec tout le cor-

tège de troubles énoncés ci-dessus ; dans l'intervalle des audi-

tions, il devient une phobie tyrannique et revêt la forme de l'ob-

session chez les dégénérés.

3° Une troisième forme (que les auteurs différencient mal

des précédentes et qui en est pourtant bien distincte) est aussi

secondaire, non plus à un état mental spécial, mais à une asy-

nergie fonctionnelle (congénitale ou acquise) des diverses images

mentales. Chez un homme normal, moyen, bien équilibré, les

images visuelles, auditives, articulatoires, graphiques, se rempla-

cent indistinctement à volonté, suivant les besoins, etpeuventse

manifester, à tout moment, avec une intensité psychologique

sensiblement égale. Au contraire, tel peintre usera supérieure-

ment des images visuelles, mais sera fermé aux images auditives,

et tel musicien inversement. Dans la pratique courante, on ren-

contre fréquemment l'exacerbation ou l'obnubilation de certaines

SOCIÉTÉS SAVANTES. 141

de ces images au détriment ou au profit de telles autres. Cette

asynergie rend parfois la vie difficile et morose.

Exemple : Un lycéen, très travailleur, sait parfaitement sa le-

(,,on quand il l'a écrite de sa main, ou quand son oreille l'a en-

tendu répéter un certain nombre de fois ; en classe, il est incapa-

ble de la réciter à haute voix ; il a de mauvaises notes et est con-

sidéré comme paresseux ; c'est un graphique auditif qui n'a pas

l'usage facile et prompt des images articulatoires. Autre exemple,

un prêtre rédige par écrit le sermon du dimanche suivant : il l'ap-

prend avec les yeux; pour se prouver qu'il le sait, il l'écrit en en-

lier, de mémoire, très sûrement ; une fois en chaire, il bredouille

et écoute maladroitement son discours ; c'est un graphique vi-

suel qui ne sait pas manier les images articulatoires avec virtuo-

ailé. Dans ces cas et dansheaucoup d'autres de ce genre, l'inapti-

tude fonctionnelle fait redouter l'apparition en public, elle trac

augmente encore l'inaptitude fonctionnelle.

Ces malades se sentent inférieurs, incomplets, amoindris, dé-

plorent leur déchéance ; ils deviennent vite des découragés, des

tristes, et pour peu que le terrain s'y prête, des obsédés.

Dans les deux premières formes do trac, dans la première sur-

tout, l'hypnotisme, avec suggestion impérative, donne d'écla-

tants et de rapides succès. Dans cette troisième forme, c'est par

éducation ou une rééducation méthodique et minutieuse qu'on

parviendra à réveiller ou à exalter les groupes d'images demeu-

rés à l'état rudimentaire et pour ainsi dire inculte. Le meilleur

procédé est d'imposer en foute circonstance. à titre d'exercice et

(l'entraînement, le fonctionnement simultané, synergique, des

divers groupes d'images, de manière que celles-ci s'associent t

fortement et puissent par la suite se susciter l'une l'autre et se

remplacer aisément. L'hypnotisme devient un précieux auxiliai-

re dans cette oeuvre d'éducation psychologique. Comme c'est

l'inaptitude fonctionnelle quia fait appel au trac, une fois que

l'aptitude fonctionnelle sera acquise ou recouvrée le trac disparaî-

tra de lui-même ou bien,s'il subsiste à l'état d'habitude morbide,

l'hypnotisme aura tôt fait de le déloger.

Autres communications :

D'' Jules Voisin. Phobie alimentaire datant de cinq ans ,

traitée avec succès par la suggestion hypnotique.

D Paul 1\IncrrtN. Le terrain dans les expériences d'hypno-

tisme. I)r DELIUS (de Hanovre). - Action de la suggestion sur

la menstruation.

D'GuENON. Psychologie du dressage ; l'exploitation des ré-

flexes pour dominer l'adversaire.

11JI, Lt : mrr.t Ct GaOLt.tiT. - L'hypnotisme chez les animaux.

.

142 bibliographie.

M. Caustier. La méthode socratique dans l'éducation scien-

tifique. - M. Demonchy. La conscience du sommeil.

J)1' Lux. Médecin major de 11'0 classe. La suggestion de l'uni-

forme et des insignes militaires. ,

Dr Berillon. Pédagogie clinique ; l'éducation de la peur et le

traitement psychologique de la pusillanimité.

M. Félix 1EG.WiEY. La leçon psychologique et morale du Ja-

pon.

- BIBLIOGRAPHIE

VI. Rapport médical, sur l'asile d'aliénés de Sainl- J'on

(Seine-Inférieure), pour Vannée 1904; pal' JI. le Du' A. GIRAUD, mé-

decin-directeur, avec la collaboration de MM. les D1" Pochon et

Brunet, médecins adjoints.

Population de l'asile au ICI' janvier 1,)'10 femmes. Admis

sions 216, dont 8, pour folie alcoolique, 21 pour idiotie et imbécil-

lité. Le nombre des admissions a été très élevé en mai, juin et

juillet. Sorties 98, dont 32 par guérison, 44 par amélioration.

Décès 139, dont par tuberculose pulmonaire : ce sont les deux

derniers mois de l'année qui ont donné le total le plus élevé (17 7

et 18). Population au 31 décembre, 1289.

« L'hérédité similaire, )1. Giraud, a été retrouvée plusieurs

fois, notamment dan= les cas d imbécillité. Trois imbéciles étaient

tilles d'une mère imbécile ; une quatrième avait pour cousines

germaines, paternelle et maternelle, deux imbéciles. Deux dé-

mentes séniles avaient également des parents ayant présenté des

troubles mentaux dans leur vieillesse. Enfin la tante maternelle

d'une épileptique était aussi épileptique. » Comme cause occa-

sionnelle, l'alcoolisme est invoqué dans 2G cas.

« La syphilis a été relevée seulement cinq fois sur les 17 para-

lytiques générales entrées à Saint-Yon en 1904. Il est à remar-

quer que sur, ces 5 syphilitiques, 3 étaient pensionnaires et ont

été d'ailleurs les seules paralytiques admises au pensionnat dans

le cours de l'an dernier. 11 est donc très probable que, si les ren-

seignements avaient pu être aussi précis pour les paralytiques

indigentes qu'ils l'ont été pour les 3 paralytiques pensionnaires,

la syphilis aurait été retrouvée bien plus fréquemment dans les

antécédents pathologiques. Ajoutons que chez ces 3 paralytiques,

pour lesquelles nous avons eu des renseignements certains, les

premières manifestations de la paralysie générale se sont produi-

tes respectivement 12, Il et 8 ans après l'infection syphilitique.

Il est enfin intéressant de noter que cette dernière, chez laquelle

bibliographie. 143

le développement de la maladie a été plus précoce, présentait

une hérédité nerveuse assez chargée. » . .

Les congés d'essai, comme les années précédentes, ont donné

des résultats très satisfaisants. Ils sont accordés par le Préfet sur

la demande du directeur à des malades en voie d'amélioration.

En 1904, 160 malades ont bénéficié des congés d'essai.

«La Société de patronage pour les aliénés a continué de venir en

aide aux nécessiteux sortant des asiles pendant l'année 1904. -

En ce qui concerne l'asile Saint-Yon : Quatre femmes ont

reçu simultanément un secours en argent et un secours en na-

ture. Douze femmes ont reçu un secours en argent. Trois fem-

mes ont été assistées par un secours en nature. La Société a dis-

tribué aux femmes assistées 407 francs en argent, et donné 72

objets de vèfure. La Société de patronage pour les aliénés sortant

des asiles de Quatre-Mares et Saint-Yon possédait, au 31 décem-

bre 1904 :

144 bibliographie.

se sont occupées de travaux manuels ; la plupart peuvent s'y li-

vrer et c'est l'enseignement qui donne les meilleurs résultats

d'ensemble. Le travail manuel est entrecoupé de chants, de réci-, 1

tations, de causeries. Seules quelques petites infirmes sont inoc-

cupées. -Saint-Yon, le 31 décembre 1904. L'Institutrice-Di-

rectrice, signé E. DEVaux. » ,

« Comme on le voit par ce compte-rendu, l'école continue de

fonctionner régulièrement. Deux fois par semaine, les élèves

valides reçoivent une leçon de gymnastique d'un professeur spé-

cial, etces leçons de gymnastique contribuent au développement

physique des enfants. On n'a jamais perdu de vue que les élèves

de l'école Saint-Yon sont toutes des enfants placées comme ma-

lades à l'asile ; à l'école comme en dehors de l'école, elles reslent

sous la surveillance médicale. Les enfants sont vues comme les

autres malades, et suivant que l'heure de la classe ou de la gym-

nastique coïncide avec l'heure de la visite médicale, il y a visite

à la classe ou à la gymnastique. » B.

vit. Rapport sur le service des aliénés du département de la

Seine pendant l'année 1003,

Le rapport sur le service des aliénés de la Seine pour 1903 est,

comme chaque année, une oeuvre considérable, qui fait honneur

au Département, où les renseignements statistiques et médicaux

abondent. . .

Le nombre des malades traités pendant l'année, tant dans les

asiles de la Seine que dans ceux de la province, s'élève au chif-

fre énorme de 18.323.

Le chiffre des admissions est de 4.2G9, celui des sorties de

2.218 et celui des décès de 1,741.

Remarquons que sur les 4.269 admissions, le nombre des

alcooliques est de 520 et celui des paralytiques généraux de 514.

Ces deux formes mentales forment le plus fort contingent (plus

du quart). Nos asiles de province sont bien différents sous ce rap-

port. L'alcoolisme y sévit, il est vrai, avec une proportion égale-

ment très élevée, mais la paralysie générale y est relativement

intime, au moins dans les populations rurales.

Les aliénés hospitalisés parla Seine viennent d'origines très

diverses. Sur les 7.297 malades présents au 31 décembre 1903,

3,340, c'est-à-dire la moitié environ, sont nés dans la Seine. 284

sont étrangers, 252 viennent de l'Alsace-Lorraine et 3.331 de la

province.

Les départements qui fournissent le plus fort contingent sont

la Seine-et-Oise, 1SG, l'Yonne 105, le Nord 99, la Nièvre 95 ; ceux

qui en fournissent le moins sont : les Basses-Alpes, les Alpes-ma-

ritimes et les Pyrénées-Orientales ? .

Les dépenses nécessitées par ce service important se sont éle-

bibliographie. 145

vues pour 1903 à 10.047.000 fr. ; elles n'étaient en 1902 que de

9.650.000 fr. soit 397.000 fr. d'augmentation. Le prix de revient

de la journée d'entretien dans les asiles de la Seine est de 2 fr.58

contre 2 fr. 51 en 1902. Dans les asiles départementaux, lajour-

née s'élève seulement à une moyenne de 1 fr. 29. On comprend

ainsi combien la Seine a intérêt à envoyer ses aliénés en province,

mais on peut s'étonner d'une telle différence de prix (du simple

au double). ,

La plus grande partie du rapport contient les rapports indivi-

duels des différents chefs de service. La plupart se contentent de

donner des renseignements statistiques avec quelques observa-

lions. A la lecture de ces tableaux, on se rend compte combien

l'absence d'une classification méthodique vient rendre obscure

la psychiatrie. Chacun adopte une doctrine médicale au grand dé-

triment de nos connaissances.

Parmi ces rapports, quatre méritent une mention spéciale

ceux de MM. Marie, Colin, Picqué et Gourneville. Le travail de

M. Marie concerne la convalescence des aliénés et préconise l'or-

ganisation. dans les asiles, de quartiers de convalescence. Ce quar-

tier serait le quartier actuel, moins les serrures et l'uniforme.Les

malades y entreraient et en sortiraient en toute liberté ; tout de-

Ha respirer la vie familiale.

L'hospitalisation des aliénés difficiles dans une section spé-

ciale, à Villejuif, a permis à M. Collin de reprendre cette question

avec le talent et la compétence qu'on lui connaît. Quoi de plus

scandaleux, en effet, que la composition d'un de nos quartiers d'a-

gités actuels, où se rencontrent pêle-mêle, s'agilant les uns les au-

Lres,sellatlant ou soutirant moralement,les malades inconscients

turbulents, malpropres et déchireurs, mais inoffensifs, les agités

véritables, les vicieux, les criminels et en général tous les déli-

rants calmes, mais dangereux, dont on redoute les évasions et les

réactions violentes.

L'auteur montre que les aliénés vicieux doivent être l'objet

d'une organisation spéciale, aussi bien que les aliénés criminels.

Ce sont deux catégories de malades entièrement distincts. Les

criminels ont commis des crimes, assassinats, incendies, viols.

Les vicieux ont commis des délits, souvent aussi n'ont rien fait de

répréhensible, mais sont simplement insupportables dans les asi-

les ordinaires. Ils volent, maltraitent les malades tranquilles et

exploitent d'une façon éhonléc la charité des départements. La

justice ne veuf plus les connaître et la Préfecture de police s'en

débarrasse en provoquant leur internement. Nos asiles actuels,

avec le système de la plus grande liberté qui a été introduit de

façon si légitime dans cps dernières années, ne sont pas aména-

gés pour les recevoir.

Le rapport de M. Pique prouve que le chirurgien a un rôle

Archives, 2° série, 1905, t XX. 10

146 bibliographie.

important à remplir dans nos asiles. 543 malades ontété exami.

nées. Il a été pratiqué 100 opérations aseptiques, dont 4 appendi-

cites, 6 fibromes utérins, 2 kystes de l'ovaire et 155 opérations

septiques.

Hui. Bourneville a fourni une élude des plus intéressantes et

des plus complètes sur son service de Bicètre et de la fondation

Vallée. Les remarquables résultats obtenus méritent que nous rela-

tions à grands traits les procédés employés. L'idiot complet, incu-

rable, peut être amélioré, - fortiori cew qui sont moins atteints.

La première partie du traitement médico-pédagogique consiste

à donner des forces aux membres du jeune malade (balançoire,

tremplin, massage, saut), à lui enseigner à se tenir debout (bar-

res parallèles), à marcher (chariot), et a lui apprendre à devenir

propre par le placement sur le siège à heures fixes. La seconde

partie consiste à éveiller l'attention de l'enfant, à éduquer ses

sens, en premier lieu le toucher (mains), puis la vue. C'esl alors

qu'on essaie, même l'enfant ne parlant pas, à lui faire désigner

les différentes parties du corps, de la vèture, des objets du ré-

fectoire, les personnes, les animaux, etc. On l'exerce en même

temps à reconnaître les mots imprimés correspondant à la dési-

gnation de l'objet. Pour donner aux idiots la notion du nombre,

on met à profit leur aptitude spéciale il percevoir un bruit.

Indépendamment des enfants idiots invalides ou valides, le ser-

vice confient une autre section d'enfants propres et valides, im-

béciles, arriérés, instables, pervers. épileptiques et hystériques

ou non. A ceux-là, le traitement médico-pédagogique est égale-

ment appliqué, mais sur des bases moins rudimentaires. L'ins-

truction générale, renseignement de la musique et du dessin, la

multiplication des leçons de choses, s'unissent au traitement mo-

ral pour fortifier les intelligences et modifier les caractères. Une

hygiène parfaite et un enseignement professionnel, qui a fait ses

preuves, complètent t'ceuvre que M. Bournovitle asu iiienci- à ])ici).

428 enfants ont profité en 1903 de cette médication scientifique.

La fondation Vallée est destinée aux filles et comprend deux

groupes principaux : Io les enfants idiotes et gâteuses, valides ou

non ; 2° les enfants propres et, dans les deux groupes, des épitcp-

tiques. Le fonctionnement parfait et très économique de cet éta-

blissement peut servir de modèle aux administrations départe-

mentales qui voudraient construire des asiles-écoles. P. LEROY,

VI 11. te Compte moral et administratif de l'asile départemental de

Bonneval (Eure-et-Loir), pour 1903; par le D1' DlmICQ, méde-

cin en chef, directeur.

Pendant toute l'année 1903, l'état sanitaire a été absolument

satisfaisant. Aucune épidémie n'a sévi dans l'asile. 11 n'y a pas eu

de fièvre typhoïde. Ni suicides, ni évasions.

bibliographie. 147

L'année, commencée avec 585 malades, s'est terminée avec 599

Le nombre des admissions a été de 97, dont 10 hommes et 7 fem-

mes alcooliques ; 42 décès, dont imputables à la tuberculose.

« Je n'ai pas désarmé, contre cette maladie, écrit JI. Dericcl, et je

m'efforce toujours d'entraver la contagion : lavages au crésyl, la-

vagies du sol et trempage au lait de chaux récemment préparé,

ébouillantcment des linges, etc., tous ces moyens sont constam-

ment mis en couvre. ·

« Le nombre des sorlies a été de 41, soit 22 hommes et 19 fem-

mes. Sur initiative préfectorale, des sorties d'essai, avec période

mensuelle renouvelable, ont été accordées. Deux malades en ont

profité et, sont restées définitivement dans leur famille. Les pa-

rents n'apprécient pas encore combien ces congés sont 1>ienfai-

saisanfs Ils craignent les responsabilités. le mets tous mes soins

à les convaincre et à les persuader que c'est l'intérêt de ceux qui

souffrent et le leur propre qui est enjeu.

Parmi les maladies incidentes, signalons (rois cas d'othémato-

me des oreilles, accidents qui deviennent de plus en plus rares

dans les asiles.

IX. Les méthodes de rééducation en thérapeutique (rééducation

psyliique motrice, sensorielle et organique) ; par le 1), GoNT> : T.

(VioL, éditeur, HJU. : i.)

En neuropathologic, de même que dans le reste de la méde-

cine, le symptôme morbide apparaît comme une simple perver-

sion de phénomènes normaux. Plutôt que de lutter contre ces

phénomènes pervertis, il vaut mieux essayer, dit l'auteur, de les

harmoniser, de les régulariser, d'en faire la rééducation.

L'éducation, en soi, se caractérise dans la sphère motrice par la

création d'un mécanisme automatique, c'est-à-dire par le pas-

sage successif d'une série d'impressions du domaine conscient

dans celui de l'inconscient ; le langage, la marche, en sont des

exemples. Or l'automatisme, ferme final de l'éducation, peut être

ou bien dévié et faussé secondairement ou bien troublé dans son

développement même. Le but de la rééducation est de ramener

le fonctionnement automatique à la normale quand il est irrégu-

lier, ou de développer le jeu des fonctions organiques ou psychi-

ques quand il esl insuffisant comme chez l'idiot.

La 1re méthode de rééducation, la rééducation psychique, s'a-

dresse au groupement nosologique désigné sous le nom de psy-

chasthénie (hystérie, neurasthénie, hypochondrie). Après une

étude détaillée des différents accidents de l'hystérie, l'auteur

arrive à caractériser cette névrose par la formule suivante : une

impossibilité de percevoir simultanément et complètement des

impressions multiples, de les grouper, de les rattacher les unes

aux autres.

148 bibliographie.

Il constate ensuile chez le neurasthénique et l'hypochondria-

que l'existence d'impressions subconscientes qui modifient son

activité et lui donnent unesensation d'impuissance. « L'hystéli-

que se comporte comme un om rier qui aurait oublié son outil et

le neurasthénique comme un travailleur qui n'aurait aucune con-

fiance en la solidité du sien. » ,

D'après ces données, le rôle du thérapeute dans la psychasthé-

nie doit consister à s'adresser directement l'intellect du malade

par des entretiens avec celui-ci. Il faut rejeter absolument l'u-

sage des substances empruntées à la matière médicale, car leurs

effets sont incertains et les malades en ont souvent usé el abusé.

Comme adjuvants uliles au traitement psychique, le médecin

doit se borner à l'emploi des douches, bains, massages, aux pra-

iques de suggestion, conseiller les distractions) l'isolement, le

repos, la suralimentation. Dans les cas légers, ce sont les entre-

tiens psychothérapiques, qui constitueront à peu près à eux seuls

toute la thérapeutique : il s'agira de créer cllez le malade et au-

tour de lui une atmosphère de conviction de guérison. Dans les

cas plus graves, le malade sera maintenu au lit dans l'isolement

le plus absolu, il ne verra que son médecin et les personnes de

son service ; la rigueur de ces pratiques sera progressivement

atténuée. Au point de vue purement psychothérapique, voici les

préceptes généraux qu'on ne devra pas perdre de vue : 1° il faut

s'attachera inspirer la confiance et non pas une soumission pas-

sive ; 2° restituer il la précision du moi toute sa rigueur, tout en

évitant chez le malade les violentes incitalions à vouloir; 30 il

faudra savoir à la fois exciter, ménager et développer l'atten-

tion. ' .

L'auteur envisage ensuite, dans une deuxième partie, la réédu-

cation motrice, d'abord dans les troubles delà coordination (ata-

xie). La méthode consiste il employer une série de manoeuvres

précises pour lutter contre l'incoordination des membres infé-

rieurs et du tronc, des membres supérieurs, et de certains mus-

cles et appareils spéciaux. On aura soin de ne changer d'exerci-

cice pour passer à un autre que lorsque le précédent aura pu

être accompli au commandementsans hésitation et avec une cor-

rection suffisante.

Dans les paralysies, quoique la contractitité musculaire soit

amoindrie, la psychothérapie est indiquée pour mettre en jeu

des suppléances naturelles et pallier les troubles fonctionnels,

et aussi pour lutter contre l'amnésie et même l'aboulie motrice,

si fréquentes dans ces maladies.

Passant à la rééducation dans le traitement des tics (affec-

tion qui consiste dans un trouble portant à la fois sur le système

moteur et sur l'étal mental), l'auteur conseille d'amener le sujet,

par un entraînement méthodique, non seulement à perdre une

bibliographie. 149

mauvaise habitude, mais encore à prendre celle d'en éviter et

d'en corriger d'autres. Un yarrive par la discipline des mouve-

ments respiratoires (Pitres), par l'immobilisation des mouvements

(Brissaud).

La rééducation dans les troubles du langage s'adresse à l'apha-

sie, la surdi-mutité, le bégaiement. Dans l'aphasie, il faudra se-

couer la torpeur des centres sidérés en entraînant méthodique-

ment le malade à reproduire les articulations des sons qu'une

autre personne émet devant lui. Chez le sourd-muet, il faut s'at-

tacher à perfectionner la faculté d'attention et en outre à déve-

lopper une activité compensatrice dans les sens qui doivent

être utilisés pour l'acquisition des images de la parole (vue et

loucher). Dans le bégaiement, il faut habituer le malade à faire

succéder d'une façon rythmée des inspirations et des expirations

lentes et profondes.

L'auteur passe ensuite en revue la rééducation sensorielle ;

celle du tact (procédé de la sommation du Dr Egger), celle du

sens musculaire, celle de la vue (surtout dans la nyctalopie,

l'héméralopie, la dyschromatopsie), celle de l'ouïe ('par le pro-

cédé du miroir), enfin celle du goût et de l'odorat.

Dans la rééducation organique, d'après l'auteur, la volonté

peut jusqu'à un certain point intervenir dans l'exécution de quel-

ques-unes de ces fonctions et les modifier de façon plus ou moins

durable : il s'agit donc d'éduquer la volonté. Pour les troubles

de l'appareil respiratoire, il faut réapprendre au malade le fonc-

tionnement d'un mécanisme normal qu'il n'exerçait plus

d'une façon suffisante. La rééducation de l'appareil circulatoire,

érigée en méthode par Lagrange et 011-lel, consiste dans la dimi-

nution de l'émoliviLé cardiaque, la stimulation de sa paresse par

des exercices actifs, la régularisation du rythme du coeur par la

respiration lente et profonde, et celle de la circulation périphérie-

quepar les mouvements passifs des membres, le massage. Les

troubles des fonctions d'émonction ne peuvent faire appel à la

rééducation que dans le traitement des incontinences et rétentions

des matières excrémentitielles. Les règles sévères de l'hygiène et

l'habitude de se présenter àla garde-robe àheurefixecombattent

la constipation. Le contrôle vigilant de la volonté sera d'un grand

secours pourla guérison de l'incontinence essentielle d'urine.

Dans une dernière partie, l'auteur expose la rééducation dans

l'idiotie. Leprogramme général delà méthode à suivre se résume,

selon la très exacte et très complète formule de Courneville :

«Conduire un enfant incapable de marcher et de se servir de ses

mains, galeux, dépourvu d'attention et ne sachant pas parler, de

l'éducation du système musculaire à celle du système nerveux et

des sens, de celle des sens aux notions, des notions aux idées, des

idées à la moralité.

150 CORRESPONDANCE.

Présenté sous une forme simple, précise, et de lecture aisée,

l'ouvrage du Dr Contet rendra des services aux étudiants, en vul-

garisant parmi eux une question peu connue ; et il sera utile,

aussi, par sa documentation bibliographique, il ceux qui voudraient

approfondir une question spéciale. n. LEROY.

CORRESPONDANCE

Personnel médical des asiles d'aliénés.

Monsieur et très honoré Maître,

Arrivé récemment dans le département de l'Isère comme 111('-

decin en chef, je n'ai pas été peu surpris d'apprendre que je de-

vais traiter seul, sans médecin-adjoint avec 2 internes, 1.2fj[) ma-

lades environ et cela malgré les demandes réitérées du Minis-

tère de l'Intérieur, des Inspecteurs généraux et de mon prédé-

cesseur, le D1' Bonnet, qui trouvaient ce chiffre de malades exces-

sif pour un seul médecin.

Etonné de ce fait anormal, dont aucun asile français, aussi

pauvre soit-il, ne pourrait certainement donner d'exemple, j'a

résolu do demander iL nouveau un médecin-adjoint pour me se-

conder dans ma tâche et faisant un rapport sur la nécessité qu'il

y avait à créer le poste, je donnai tous les arguments susceptibles

de convaincre le Conseil général.

Celui-ci a catégoriquement refusé en alléguant que mon pré-

décesseur avait l'ail marcher jusqu'à présent le service médical

sans médecin-adjoint alors qu'il n'a cessé d'en demander un pen-

dant son séjour ici et qu'au surplus, lemedecin-suppleautnic

secondait dans ma tâche, ce qui est radicalement inexact, le

médecin suppléant, comme son nom l'indique, me rempla-

çanl seulement en cas d'absence ou d'empêchement.

La question en est là. Il est dur cependant de se voir refuser

des choses raisonnables et plus dur encore de voir l'impuissance

du ministère à imposer aux Conseils généraux des modifications

ou des réformes utiles au bien des aliénés. Actuellement, les mé-

decins des asiles sont livrés pieds et poings liés aux Assemblées

départementales toujours souveraines et qui peuvent, somentau

mépris des règlements, leur imposer leur volonté sans que l'Etat

puisse intervenir jamais. A quoi bondés lors un Conseil supérieur

de l'Assistance publique ' ? Celui-ci délibère longuement sur des

questions essentielles ; il fait des oeux, mais ils ne sont pas, la

plupart du temps,mis en application. Dernièrement, il a décidé

PERSONNEL MÉDICAL DES ASILES PUBLICS D'ALIÉNÉS. 151

que le chiffre de 400 malades était bien suffisant pour un médecin

traitant, et moi j'en ai plus du triple ! ! ! Que dirait le Dr Des-

warte à cette nouvelle, lui qui se plaint de l'insuffisance du per-

sonnel médical de l'asile de 13-,Lilleul où cependant,pour 1.400 ma-

lades, il y a un médecin en chef et deux médecins-adjoints 1,'ati

dernier, au sujet de la prophylaxie de la tuberculose, une circu-

laire émanant du Ministère a été adressée à tous les asiles. Quel

a été son sort ? .le l'ignore pour la plupart des asiles, mais je sais

fort bien que dans ceux de l'Isère et du Morbihan, cette circu-

laire est restée à l'état de lettre morte.

Tout cela et bien d'autres choses dans le même genre sontpro-

fondement décourageantes pour les médecins d'asiles qui ne de-

mandent, certes, pas mieux que d'être agréables au Ministère,

mais qui en réalilé se heurtent souvent au mauvais vouloir des

Conseils généraux 1

Et si encore, après une existence laborieusement remplie et des

déboires sans nombre, le médecin d'asile étaiLsirrd'avoir,comme

les autres fonctionnaires, une retraite ! Mais là tout n'est qu'in-

certitude, ainsi que je l'ai démontré dans un rapport envoyé au

Ministère à la suite du Congrès de médecine mentale de Pau et

que je tiens à votre disposition soif pour voire édification per-

sonnelle, soif pour l'insérer dans les Archives de Neurologie . Sur

celte question des retraites, le Dr Deswarte a fait entendre avec

juste raison ses doléances et il a cité quelques exemples démon-

trant la précarité de notre retraite. Mais que sont les faits cités

par lui à côté d'un plus typique que je pourrais incliquerici Dans

un département, le maximum de notre retraite est de 700 fr. ! ! ! !

comme celle d'un cantonnier ou d'un facteur ! ! !

Vous voudrez bien excuser ma longue lettre. )lais la sollici-

tude constante que vous n'avez jamais cessé de montrer aux mé-

decins d'asiles m'enhardit à vous exposer mes doléances ou plu-

tôt nos justes doléances au sujftdo certains faits regrettables dont t

la persistance pourrait peut-être amener un jour la pénurie de

candidats au concours des asiles dans lesquels on ne trouve ni

appui ni sécurité pour ses vieux jours.

Veuillez agréer, Monsieur et très honoré Maître, l'assurance de

mon respectueux dévouement. l)' 1)onouanrrU.

P. -S. .le viens de lire un article fort intéressant de M. le

Dr Uuhaiaon, de Sainte-Anne, au sujet de l'insuffisance du per-

sonnel surveillant de son asile. Je pense vous envoyer sur le

même sujet un article relatif à l'asile de SiiiiL-1ol)ei-L oii une sec-

tion,composée en grande partie d'assassins, de pédérastes, de vo-

leurs, d'incendiaires et de cambrioleurs et comptant 112 malades

n'a que 4 gardiens et encore pas toujours ! Le reste des quartiers,

surtout du côté des hommes, est à l'avenant.

152 CORRESPONDANCE.

Personnel secondaire des asiles.

,

Mon cher confrère, -

Vous avez mille fois raison d'entreprendre une campagne éner-

gique contre l'insuffisance lamentable des infirmiers de jour dans

les asiles de la Seine. En province, c'est encore pire, mais bor-

nons nos efforts à ce qui nous concerne. -

Il est indispensable de convaincre l'Administration et le Con-

seil général de la Seine de la nécessité absolue de se conformer

au vote, à Grenoble, du Congrès des aliénistes et des Neurologistes

de langue française, car ce vote, loin d'être exagéré, représente un

minimum. Le Congrès a décidé, et il a eu raison, qu'il ne l'allait t

faire entrer en ligne de compte ni le surveillant en chef qui a la

responsabilité de tout et est obligéde circuler partout, ni les bai-

gneurs qui ont un service spécial en dehors du quartier et n'ont

affaire chaque jour qu'aux aliénés qu'ils baignent, ni les chefs

de quartier, qui ont la tâche de tout surveiller dans leur section

. et ne peuvent donner des soins particuliers et enfin les veilleurs,

qui dorment fout le jour.

Le Congrès, ces déductions opérées, a demandé que le méde-

cin eut à sa disposition 1 infirmier de jour par 10 malades et frac-

tions de 10 supérieures il 5 qu'il utilisera selon les besoins du ser-

vice. Il a demandé, en outre, ce qui est très juste, que le chiffre

pris en considération soit bien le nombre réel des malades pré-

- sens et non celui porté au budget.

L'administration prétend que nous avons 1 infirmier par 10

malades, mais dans son calcul figure tout le monde, même les

veilleurs. Dans ces conditions, elle aurait pu englober aussi tous

les chefs d'ateliers elles jardiniers.

En réalité, j'ai eu, cette année, 363 maladesprésenls et le nom-

bre invariable, quelle que soit la population, de mes infirmiers

de jour est 23 ;-il m'en a donc manqué 11. Grâce à un transfert

barbare auloin, je n'ai plus que 31G malades aujourd'hui, mais

c'est encore 7 qui manquent. Aussi jusqu'à ce jour m'a-t-il été

impossible d'appliquer le traitement par l'alitement et c'est

très regrettable.

Le service de veille, par contre, laisse beaucoup moins à désirer

J'ai un veilleur par quartier, soit 6 plus un chef-veilleur. J'estime

que c'est très suffisant, sauf à l'infirmerie où deux veilleurs se-

raient nécessaires, car il y a des potions à administrer durant la

nuit à des heures fixes, des faibles par maladie incidente qu'il

faut aider à se lever pour satisfaire leurs besoins naturels. En ou-

tre, je mets à l'infirmerie les mélancoliques avec tendance à se

tuer et je les couche en dortoir, car tous les suicides que j'ai vus

depuis trente ans que j'exerce ont été effectués dans des chambres

PERSONNEL SECONDAIRE DES ASILES. 153

d'isolement. Ces malades exigent donc de la part du veilleur de

l'infirmerie une surveillance continue et il n'est guère possible à

un seul de suffire à tout cela.

Il est d'autant plus indispensable que l'Administration elle Con-

seil général se conforment aux décisions du Congrès de Greno-

bleque, comme le signale avec raison)I. Dubuisson (I),le service

n'est jamais au complet par suite des sorties réglementaires, des

congés annuels bien mérités, des cas de maladie, etc. Nous comp-

tons beaucoup sur vous, mon cher confrère, pour réussir. '

Mes hommages dévoués. \Is.tnoov de )IONTYEL.

Personnel secondaire des asiles.

Monsieur et très honoré Maître,

Voici les renseignements que j'avais promis de vous envoyer

dans une de mes dernières lettres au sujet du personnel de sur-

veillance de l'asile de Sainl-l3obert.,l'envisagerai successivement

le personnel du côté des hommes et du côté des femmes.

19 Hommes.

La population masculine de 491 malades est surveillée par 21

infirmiers, d'oit 25 malades par infirmier en moyenne. Mais,

comme le dit parfaitement, pour l'Asile Clinique, le Dr Dubuis-

son, c'est là une moyenne qui ne répond pas à la réalité. En ef-

fet, dans un quartier pour 49 malades, dont la plupart, à la vé-

rité, sont occupés aux champs, mais dont certains restent au

quartier, il y a un seul infirmier ; mais, il n'y est presque jamais,

car il fait souvent des courses et le service des bureaux.

Dans un autre pavillon, dit pavillon a" observation, où l'on met

les entrants dont les antécédents sont généralement inconnus et

qui peuvent être ' fort dangereux, il n'y a qu'un seul infirmier

pour 17 malades.

Au quartier cellulaire et aux agiles, comptant 111 1 malades et où

on trouve 9 pédérastes, 8 voleurs, 9 assassins ou meurtriers 34

oactcttrs et 5 incendiaires, il y a seulement quatre infirmiers :

d'où 28 malades par infirmier. De plus, 11,j ou 50 de ces malades,

par suite de l'insuffisance des dortoirs, couchant un peu partout

dans les autres pavillons, un ou doux infirmiers du quartier doi-

vent se détacher pour les accompagner. Comme la surveillance

est alors facile à ce moment soit dans le quartier et surtout pen-

dant ce passage ! On a bien parlé de construire un nouveau pa-

villon pour diminuer l'encombrement, mais le projet, élaboré

depuis quelques années et adopté en principe, été ajourné sine

(1) Voir la lettre de M. le D' Dubuisson dans le Il' 113.

154 CORRESPONDANCE.

die, le Conseil général ayant préféré construire sur les bonis de

l'asile un autre asile pour incurables non aliénés du département.

Dans un pavillon comprenant 30 chroniques, il n'y a qu'un in-

firmier. 11 en est de même dans un autre où, pour 12 malades

semi-agités, il n'y en a aussi qu'un.

Aux gâteux et épileptiques logés dans le même quartier et pour

lesquels il faut soit des soins constants, soit une surveillance at-

' tentive, on trouve 4 infirmiers soit i infirmier par 16 malades. A

l'infirmerie, pour 44 malades, il n'existe qu'un seul infirmier.

A la Ferme, comptant 04 aliénés, 44 d'entre eux sont impo-

tents, gâteux ou idiots et sont surveillés par un seul infirmier

lequel les laisse souvent seuls pour faire soit des corvées, soit

des matelas, soit de la vannerie. Mais ce n'est pas tout. Dans les

quartiers où il n'y a qu'un seul infirmier, il ne peut surveiller le

matin tout à la fois la cour et les dortoirs.

De plus, il est obligé de s'absenter souvent pour aller cher-

cher le vin dcs Inalades, leur dîner, les médicaments, emmener

les malades aux bains ou au parloir, chercher le linge, transférer

au besoin un aliéné dans un autre quartier, porter des lettres de

malades à la direction, prendre des livres à la bibliothèque. cher-

cher à la lingerie le linge des malades sortants. Et pendant ce

temps les aliénés restent seuls ! ! ! -

Enfin, par suite de congé* ou de maladie, le nombre déjà par

trop réduit du personnel surveillant diminue et de 21 gardiens,

il tombe parfois il 1G ou 17.

2° Femmes.

De ce côté, la surveillance est mieux assurée. Mais là encore,

il y a trop de malades confiés au personnel. Ainsi dans un quar-

tier, fin malades n'ont que 2 gardiennes pour les surveiller. Dans

un autre, dit quartier d observation et comprenant 22 malades en

moyenne, la plupart alitées, agitées, ou ayant des idées de suicide,

il n'y a que 2 gardiennes.

Au quartier cellulaire et aux agitées, pour 75 malades il y a 5

gardiennes ; d'où 15 malades par gardienne. A l'infirmerie i gar-

,tienne donne des soins et surveille 22 malades de jour et de nuit.

Aux gâteuses, il y a 18 malades par infirmière.

Dans un autre quartier d'agitées, il y a G4 malades pour 4 gar-

diennes, et même nombre de gardiennes dans un autre quartier

pour surveiller 8(i malades.

Tous les chiffres ci-dessus se passent de commentaires ! Aussi

comment s'étonner, d'une part, du petit nombre de guérisons et

d'améliorations obtenues à Saint-Robert et d autre part du grand

nombre do décès constatés en certaines années, quand on voit un

asile où le personnel médical (médecins cl personnel infirmier)

est si réduit V

congrès. 155

le jour où un infirmier seul, dans un quartier

soco,sera tué ou grièvement blessé par un malade ou si un ma-

lade, en l'absence du chef de quartier, vient à en tuerun autre' ?

On ne peuts'empêcher de frémir à la pensée d'une éventualité si

redoutable.

\'euillez agréer, Monsieur et très honoré Maître, l'assurance

de ma respectueuse considération. D' DUBOURDIEU.

CONGRÈS

XVe Congrès des aliénistes et neurologistes des pays de

langue française.

(Rennes, 1-7 août 1905)

Programme définitif '

Présenté par le Dr SIZ.1RET, secrétaire général.

Mardi 1er août. 9 heures du mâtin. Ouverture du Congrès,

séance solennelle dans la Salle des Fêtes de l'Hôtel de Ville de

Rennes. 2 heures. Séance dans la grande Salle du P. C. N. à la

Faculté des sciences, avenue du Mail-Donges. Premier rap-

port : Psychiatrie. De l'hypocondrie, rapporteur M. le Dr Roy,

de Paris. 8 heures 1/ du soir. Réception offerte à l'Hôtel de

Ville par la municipalité aux membresdu Congrès et aux médecins

de Rennes.

Mercredi 2 août. 9 heures du matin. A la Faculté des scien-

ces (salle du P. C. N.). Discussion du 1er rapport et communica-

tions diverses. - 2 heures, Deuxième rapport : Neurologie. Des

névrites ascendantes, rapporteur M. le Dr Sicard, de Paris. 7

heures du soir. Banquet par souscription.

Jeudi 3 août. Excursion à Dinan (visile de l'Asile, et de la

Ville, retour en bateau sur.l.t ! lance jusqu'à Saint-Malo), départ

le matin en train spécial par La l3rohiniére ; arrivée vers 9 heures

à Dinan. Visite de l'Asile, retour à Dinan où l'on déjeunera en

corps, excursion dans la ville et départ à 5 heures 1/2. Arrivée

vers 8 heures à Saint-Malo ; rendez-vous à la gare pour le retour

à Rennes à 9 heures 30. Arrivée à 11 heures 48 soir.

Vendredi aocti. 9 heures du matin. Communications diver-

ses. 2 heures du soir. Troisième rapport : Assistance. Balnéa-

tion et hydrothérapie dans les maladies mentales; rapporteur M.

le D''Parias, d'Albi.

Samedi 5 notlt. - 9 heures du matin. Visite de l'Asile départe-

mental d'aliénés, dit de Saint-\Iéen, 72, faubourg de Paris, à Ren-

nes, 12 heures. Déjeuner offert par le Conseil général d'Ille-

156 CONGRÈS.

et-Vilaine, à l'Asile. 3 heures. Questions diverses, séance à

l'Asile. 1

Dimanche li août. G heures 50 du matin. Départ de Rennes

(Croix de la Mission) par tramway départemental (horaire spécial).

Arrivée à l'lélan à heures 20. Départ en voiture pour Paimpont

(forêt de Brocéliande). Déjeuner il Il heures dans la forêt. Excur-

sion en voiture dans les sites célèbres (château de Comper, tom-

beau de Merlin, fontaine de Jouvence), retour à Flétan, souper en

corps à l'hôtel du Croissant. Retour (horaire spécial) à S heures, 9

heures 1/2 à Rennes.

Lundi 7 août. -(i 0 heures 10 du matin, gare du tramway (Viar-

mes). Départ pour Antrain, par la forêt de Rennes ; arrivée à 8

heures 1/2, départ à 9 heures 7 (chemin de fer de l'Ouest) pour

Pontorson. Arrivée à 9 heures 27. Visite de l'Asile d'aliénés, dé-

part à 11 heures 30 pour le \Iont-Saint-641cliel (tramway spécial).

Midi 1/2. Déjeuner, puis visite de la célèbre abbaye et de ses

dépendances. Départ vers 4 heures, arrivée vers 4 heures 1/2 (ho-

raire spécial) à Pontorson. Départ de Pontorson à 5 heures 23, ar-

rivée à Dol à 5 heures 52, départ de Dol il G heures 34, arrivée à

Saint-Malo à 7 heures 7.

Dislocation du Congrès, Dès le mardi 8 août à 8 heures du ma-

tin, MM. les Congressistes pourront se rendre soit individuellement,

soit en groupe, en bateau à vapeur à Jersey pour visiter cette île.

et ensuite celle de Guernesey. Les aller et retour permettent le

retour sur Granville, départ de Jersey sur Granville jeudi 10 août

à 10 heures 45 matin, samedi 12 août à 1 heure 15 du soir, mardi

15 août à 3 heures 45 du soir. Retour de Jersey pour Saint-lIalo :

vendredi 11 août il. 12 heures 15, lundi 14 août à 3 heures soir,

mercredi 16 août à 5 heures matin. Les prix de traversée seront.

aller et retour ; avec environ 30 0/0 de réduction. 1 ? classe :

10 francs 85; avec environ 25 0,'0 de réduction, 2" classe : 8fr. 35

Ceux des Congressistes qui ne voudraient pas faire l'excursion de

Jersey, ou ceux qui l'auront faite, pourront, au retour de Jersey,

visiter Dinard, Saint-Lunaire, Paramé, Cancale, etc. Un revenant

par Granville on pourra visiter la côte, Grandville, Carolles,

Avranches et retour il Rennes. On trouvera au Secrétariat général

des renseignements de toute nature sur le pays, les hôtels, les ho-

raires, les excursions recommandées, etc. S'adresser à M.' le Dr

J. Sizaret, médecin en chef à l'Asile d'aliénés de Rennes. Vu : le

Lr°S1d211t. D`A. GIR.1UD. '

Nous faisons appel aux auteurs des communications à

ce congrès pour qu'ils aient l'obligeance de nous envoyer

un résumé de leur communication pour le 1er août.

Congrès international de l'assistance des aliénés.

(Milan Septembre 1JOG.)

Thèmes principaux dont s'occupera le Congrès.

1. Assistance dans les asiles : Construction et organisation des

asiles. - Technique des asiles. - Direction et administration.

VARIA. 157

.Xo-resh'ainL Isolement en cellule. ' Section de surveil-

lance. -'1·ra'ail et colonie agricole. Asiles publics cl privés.

II. Assistance des catégories spéciales : Assistance des hlirénas--

Ihéniques et des épileptiques, des alcooliques, des pellagrcux,dcs

chroniques, des fous criminels, (lesaiioi-iiiaux et des fous moraux,

des incorrigibles, etc. 111. Assistance familiale : Assistance omo-

familiale. - Assistance (.téJ'o-fal111liale, - Assistance familiale,

autour des asiles. - Colonies familiales autonomes. - lr. Per-

sonnel de l'assistance : Pcrsonnel sanitaire. - Infirmiers. - Do-

mestiques. Surveillants. Nourriciers de l'assistance fami-

liale. z'. Dispensaires psychiatriques : Ambulances psychiatri-

ques et Assistance et traitement dès les

première stades de la I)seliose. 11. Législation : Obligation

d'assistance par la province. - Pouvoirs et obligations de l'État.

Initiative privée.

Le Comité organisateur est présidé par M. le professeur Tam-

burini (San-Jlamizio, Heggio ncll' Emilia, Italie). Le professeur

FERRARI (I3prtalia, l3ologna, Italie) en est le secrétaire général .

Un comité national belge, sous la présidence de M. le 1)' Crocq, ,

avecM. le ])1' Sano pour sociétaire, est en formation.

VARIA

Contribution LA question du KuKOUSCHESTWO (Genre dt'pos-

session russe), par M. P. NIKITINE. (Obo<.rél71e '[Jsichiatrii, VIII.

1903.) ..

Elude faite au monastère de Sarowo (gouvernement 'de Tam-

boy), immédiatement après les grandes solennités du 23 juillet

au2 août 1903. (Style russe). De nombreux pèlerins n'en continuent t

pas moins d'arriver en foule, et on y trouve encore pas mal de

possédées. Le mémoire contient 5 observations extrêmement ins-

LrucLives. Toute malade de ce genre croit comme le peuple qu'on

peut lui jeter un sort et qu'un démon peut élire domicile

en elle.

Généralement, elle commence par éprouver des troubles ner-

veux, tels que douleurs en diverses parties du corps, battements de

cmur : angoisse, modification du cal'acti'l'equi,si on cnjuge d'après

l'examen ohjeclil' de ces sujets, <ont de nature hystérique. Ces

phénomènes inquiètent le malade qui se demande d'où cela peut

venir. Elle rumine ; son imagination travaille et finalement elle

envisage l'ensorcellement. Alois lui reviennent à l'esprit cer-

laines circonstances dosa vie dans lesquelles elle a pu être

ensorcelée. La voilà préparée à la première attaque de posses-

158 varia. »

sion. Parfois, l'idée d'ensorcellement apparaît d'emblée, provo-

quant l'entrée en scène des symptômes morbides ; cette

idée émane de la facile suggestibilité des hystériques. Elle n'est

pas le moins du monde une idée délirante ; elle fait partie du

bagage des préjugés du milieu ; il n'est pas un paysan qui,te-

l1loin de l'accès d'une possédée, ne dise : « c'est un sort », imbu

d'une conviction profonde. A partir du moment où la patiente

est convaincue qu'on lui a jeté un sort, qu'elle c«t devenue la

victime de l'esprit malin, elle se lient pour repoussée de Dieu.

Elle sait qu'on chasse le diable des ensorcelées dans l'église. au

moment des processions des grandes fêles, surtout lorsqu'on

soumet à la vénération des fidèles, des reliques, des icones mi-

raculeuses. Elle pense avec crainte qu'elle aura le même des-

tin en des circonstances semblables. D'habitude, des possédés ont

i été un jour ou l'autre, avant leur maladie, témoins des accès

d'autres possédés el ce souvenir plus ou moins net apporte sa

contribution à la genèse delà maladie.

L'examen des malheureuses révèle un assez grand nombre de

stigmates hystériques , eti'existence de grandes attaques (chu-

tes, cris, phénomènes moteurs) ou de petites attaques (ni chute»

ni cris, mouvements moins intenses). Le plus souvent la même

possédée n'a qu'une scutecatégoried'attaques. Observations d'une

possédée prise d'une attaque sans chute pendant laquelle elle

prononçait des phrases rapides, saccadées, au nom du diable qui

la possédait; sa voix prenait alors le tind)ro d'une basse taille.

Rien plus souvent, ont lieu degrandesattaques ; la malade tombe

à ferre mais non la tète la première (aussi ne se blesse-t-elle pas).

En même temps elle crie ; sescris sont tantôt inarticulés, tantôt

faits de mots séparés, voire de phrases entières soif en son nom,

soit en celui du démon qui est en elfe. Les mouvements exécutés

ne sont pas convulsifs ; ils possèdent tous les caractères de mou-

vements coordonnés. Quelquefois, outre les mouvements de la

tête et des membres, il existe de rapides mouvements rythmi-

(lues du ventre et même des mouvements de vomissements, des

hoquets. Dans la plupart des cas, analgésie, hy poalgésie, parfois

aussi, anosmie. Les veux sont d'ordinaire fermés poidant t'atta-

que ; on éprouve de la résistance quand on veut les ouvrir ; con-

servation de la réaction pupillaire ; conservation des réflexes

patellaires, accélération du pouls et des mouvements respiratoires.

Pendant foute l'attaque, la connaissance est conservée. Après

l'attaque, le plus souvent la malade se rappelle complètement ce

qui s'est passé.Une de ces patientes avait (les attaques avec amné-

sic et des attaques sans amnésie. Ces malades soûl accessibles à

l'hypnotisme ; elles s'endorment mais non profondément.

Cot2clvsimts. - Le KlilWllschcgttCO est une affection entée sur

la névrose hystérique. Elle dépend de la croyance populaire à

VARIA. - 159

l'ensorcellement. Dès que la superstition cessera de se répandre,

le 1,,lilzoitschestwo disparaîtra et entrera dans le domaine de la tra-

dition. P. Keraval.

, Les aliénés en liberté

Sanglant drame de la folie. Monlélimar. Un nommé Callus,

qui, depuis quelque temps donnait des signes d'aliénation mentale,

se promenait le long de la ligne du chemin de fer en compagnie

de son fils, à ? de 12 ans. Au moment où il vit arriver le rapide,

il voulut se précipiter sous le train. L'enfant lenta de retenir son

père. Une lutte s'engagea et les deux malheureux furent tam-

ponnés et tués nefs par le convoi lancé à toute vitesse. [L'Aurore

([lui -26 juin).

Assassinés par leur père. Deit enfants 'tués à coups de hache,-

Le crime d'un déséquilibré. AINT-FloUI{, G juillet. Le nom-

mé Lousserl, de quarante-cinq ans, propriétaire à Lou-

dil'r, communc de Patilline (Cantal), tué ses deux enfants, deux

garçons de cinq etsept ans à coups de hache. Il aditquc,se trou-

vaut dans de mauvaises alfaircs, il a voulu les débarrasser de la

vie. Lousaert a été interné deux fois pour folie. (Le Journal, 7

juillet 1905.)

Un prisonnier qui devient fou. - PERPIGNAN, 3 juillet. (De no-

tre 'correspondant particulier.) Le nommé François Padova-

ni,age de vingt-six ans, inculpé de complicité dans une tentative

d'assassinat commise à Marseille, a été arrêté en Espagne et

conduit à Perpignan. Dans l'après-midi d'hier, il fut atteint d'un

accès de folie furieuse et se précipita fête baissée contre les

murs de sa cellule. Il s'est gravement blessé au crâne. Un l'a

conduit avec peine à l'hôpital, en attendant qu'on puisse le trans-

fél'0l' à l'asile d'aliénés de Limoux. (Le Journal du 4 juillet. )

Les exploits d'un t'oll. - Rue de la Dlichodière, 7,la nuit der-

nière, vers minuit, un homme hurlait dans le logement clu'iloccu-

haitau sixième étage. Les voisins, terrifiés, prévinrent la police.

Des gardiens de la paix montèrent aussitôt. Alternés de chants

liturgiques, les cris s'élevaient régulièrement. Aux sommations

delà police, l'huis vola en éclats et un grand gaillard, drapé

d'un linceul blanc, brandissant un couteau d'où ruisselait le sang,

apparut aux yeux elfrayés des agents et des concierges. -

- .le veux couper, s'écria-t-il, les conduites de gaz, pour mou-

rir comme Syveton ! fonçant sur l'inspecteur Gherc'l,il il allait lui

trancher la fête. On le désarma. Dans sa chambre, brillamment

illuminée d'une cinquantaine do cierges, gisait un agneau blanc,

Centré sur un piano. L'auteur de ces folios, fou lui-même, Ali-

Ilonncm, (rente-cinq ans, interprète, né à Sétif, a été envoyé à

l'infirmerie spéciale du 1)('pùL.(Le Journal du G juillet.)

160 FAITS DIVERS.

FAITS DIVERS

Asiles d'aliénés. -=- Mouvement de juin 1\10.J. - M. le 1)' Lv-

griffe, médecin-adjoint à Quimper, promu il la 1"0 classe du ca-

dre. 11. le 1)'' MERCIER, médecin-adjoint à l'asile de Picrrefeu

(Vap), promu il la 11'0 classe du cadre. M. le I)1' CoNE, médecin-

adjoint à l'asile, de Rraqueville (Haute-Garonne), promu à la

classe exceptionnelle. M. le Dr Ricoux, médecin-adjoint à l'a-

sile de Fains (Meuse), promu à la classe exceptionnelle. M. le

])1' HOUSSET, médecin en chef de l'asile d'aliénés de Gl'on (1thùne),

est promu il la 11'e classe du cadre.

Asile public d'aliénés de la liOCHE-GANDON A Mayenne.

Avis. Un emploi d'interne est disponible à l'Asile public d'A-

liénés de la Hoche-Gandon, à Mayenne (Mayenne). Les candidats

à cet emploi devront être Français, être âgés de 21 ans au moins

et avoir, au minimum, dix inscriptions de doctoral. Le titulaire

de l'emploi recevra un traitement annuel de huit cents francs et

aura droit eu plus à la nourriture, au logement, au chauffage, à

l'éclairage et au blanchissage. Les demandes devront être adres-

sées à M. le Directeur-Médecin en chef de l'Asile de la Roche-

Gandon, il Mayenne, chargé de les centraliser et de les trans-

mettre à M. le Préfet de la Mayenne. Chaque demande devra être

accompagnée des pièces suivantes : 1° Acte de naissance ; 2° cer-

tificat de scolarité; 3" extrait du casier judiciaire.

Asile public d'ai.'énés DE CLERMONT (Oise). Deux places

d'interne en médecine sont actuellement vacantes à l'Asile des

aliénés de Clermont. Les avantages attachés à cette fonction sont

les suivantes : Indemnité annuelle : 300 fr.; logement, nourriture,

blanchissage, éclairage. Conditions, nationalité française, 16 ins-

criptions valables pour le doctorat en médecine, certificat de

bonne ,ie et moeurs. Adresser les demandes à M. le directeur de

l'Asile de Clerl11'Jl1t, avec les pièces justifiant les conditions re-

quises.

Asiles publics d'aliénés laïques. -Les asiles dont les noms

suivent ont un personnel laïque entièrement : Allier (Sainte-

Catherine, àYxeure près Moulins); Avcyron (Rodez, laïcisé l'un

des premiers par le I)'' Faucher) ; Marne (ChÜlun : ,1 ; Oise (Cler-

11101111; lihone (Itron, près Lyon) : Seine (tous les asiles au nom-

bre de six, avec Moisîtes) ; Somme (A. de Dury-tes-Aniiens) ;

Var (Picrrcleu) ; Haute-Vienne (asile de Naugeatpres Limoges,

laïcisé par noire ami l.clarU \IontciL, au,jourl'Jmi directeur de l'a-

sile de 1'illc',juif) ; Yonne (Auxerre). Citons enfin la Maison natio-

nale de Charenton.

Le rédacteur-gérant : BOURXEVILLE.

Clermont (Oise). Imprimerie Daix frères.

Vol. XX Septembre 1905 No 11 '7

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

CONÇUES FRANÇAIS ,

DES

MÉDECINS ALIÉNÂTES ET NEUROI,OIISI'I1S

Quinzième session tenue « Rennes du le,, au 7 août 1UO.-).

Rennes, mercredi 2 août 1905.

Laquinzième session du Congrès des médecins alié-

nistes ctneurologistes de France el des pays de langue

française s'est ouverte à Rennes le mardi 1<r aoÙt 1903.

Dans la grande salle des fêtes de l'Hôtel de Ville,

très joliment décorée de plantes vertes, dès 9 heures du

matin, se trouvaient réunis en grand nombre les fidè-

les habitués du Congrès, venus un peu de toutes les

parties de la France, au nombre d'une centaine environ,

et auxquels s'étaient joints plusieurs médecins belges

et suisses.

Sur l'estrade se trouvaient : MM. les Drs Drouineau,

inspecteur général des services administratifs au minis-

tère de l'Intérieur, délégué parle ministre pour suivre

les travaux du congrès ; A. Giraud, de Saint-Yon, pré-

sidentdu congrès r 111\l. Pinault, sénalcur-mairc ; Haut,

préfet d'Illc-el-Vilaine ; l'errin de la Touche directeur

de l'Ecole de médecine et de pharmacie ; Oberthur,

premier adjoint au maire de Rennes ; Sizaret, médecin

en chef de l'asile Saint-Méen, secrétaire général du

congrès ; sénateur ; Bitouzé, notaire; Janvier,

juge au tribunal de commerce, membre du conseil de

surveillance de Saint-Méen ; Gaspaillard, conseiller à

Archives, 2- série, 1003, I. XX. 11

103 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTES.

la Cour d'appel ; Martin et Canac, avocats généraux ;

Bourdels, procureur de la République, etc.

M. Pinault a ouvert la séance et souhaité la bienve-

nue aux congressistes dans ces termes :

« Notre ville, qui est avant tout une ville de sciences

et d'études, s'honore de posséder dans ses murs, pen-

dant quelques jours, cette pléiade de savants qui s'y sont

donné rendez-vous, delà France et de l'étranger, et qui

ont pour but de se communiquer le résultai de leurs

travaux, de joindre leurs efforts pour combattre le plus

grand mal qui puisse affliger l'humanité : l'affaiblisse-

ment des facultés mentales.

« Nous sommes heureux de recevoir chez nous les

amis de la science et de l'humanité.

« Que vos travaux, messieurs, soient féconds, et si

de votre séjour parmi nous peut surgir une découverte

et un bienfait pour nos semblables, ce sera pour notre

municipalité un grand honneur eten même temps un

grand bonheur. »

Puis M. Drouineau, représentant du ministre de

l'Intérieur, ditl'ulilité scientifique et aussi administra-

tive du Congrès des aliénistes, lequel ne se borne pas

seulement à faire avancer la science, mais s'efforce aussi

d'améliorer l'assistance des aliénés.

M. Giraud, médecin-directeur de l'asile Saint-Yon et

président du Congrès, remercie le maire de la ville de

Rennes de ses paroles de bienvenue, ainsi que les di-

verses notabilités de la ville de Rennes qui ont tenu à

honorer de leur présence cette séance d'ouverture. M.

Giraud rappelle qu'il est l'un des plus anciens parmiles

assidus du Congrès qu'il a l'honneur de présider au-

jourd'hui. Dans ce pays breton, tout rempli encore de

légendes, l'aliénation mentale prend une allure et des

caractères particuliers. Mais nous ne sommes plus au

temps où les médecins, en recherchant chez les préten-

dus sorciers les stigmates du diable, semblaient don-

ner quelque fondement scientifique aux atroces chàti-

CONGRÈS DES MEDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES. 163

ments qu'infligeaient les juges d'alors. Aujourd'hui, les

magistrats et les médecins s'efforcent dans une même

collaboration à la connaissance de la vérité : l'expertise

médico-légale recherche non plus les stigmates du

diable, ni même ces modernes stigmates de la crimina-

lité que l'école italienne voudrait pathognomoniquesdu

type de criminel-né, mais, par un examen complet, à

la fois physique et mental, elle cherche à déterminer

quelle est la responsabilité du prévenu que le magistrat

lui a confié.

A la suite de ce discours, très applaudi, le Congrès

s'est rendu au Palais de Justice, sous la conduite des

magistrats présents : tour à tour on visita les différen-

tes chambres,garnies de sculptures et tapisseries fort cu-

rieuses. Surtout la grande salle de l'ancien Parlement

breton provoqua l'admiration, évoquant tout un lointain

passé de fédéralisme provincial.

L'après-midi de ce même jour vit commencer les

travaux du Congrès dans le grand amphithéâtre du P.

C. N. à la Faculté des sciences. Le premier rapport, qui

concerne la pathologie mentale, est toujours l'un de

ceux qui intéressent le plus vivemen t la maj orité des con-

gressistes. Cette année, la vieille question de l'hypochon-

drie avait été mise au rapport, et, comme il n'est guère

d'aliéniste qui n'ait surcette question quelque opinion

bien arrêtée, le rapporteur pouvait craindre de choquer

par ses conclusions un grandnombre de sesauditeurs.

Mais la bienveillance des aînés est accueillante à l'inex-

périence des jeunes : la pathogénie de l'hypochondrie,

qu'avait particulièrement étudiée le rapporteur, et qui

soulevait encore les plus vives, querelles au siècle der-

nier, donna lieu hier à un débat d'une rare courtoisie,

auquel prirent part MM. Régis (de Bordeaux), Cullerre

(de la Roche-sur-Yon),. Deschamps (de Rennes), Bris-

saud, Picqué, Deny et Henry Meige (de Paris). A des

critiques aussi autorisés, parmi lesquels se trouvaient

des maîtres aimés, le rapporteur s'efforça de répondre

164 CONGRES DES MEDECINS AÚÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

avec une respectueuse indépendance, dont nul ne sem-

bla blâmer la liberté ; si bien que celui qui signe ces

lignes put avoir l'illusion, sinon d'avoir gagné tous ses

auditeurs à la pathogénie cénesthésique de l'hypochon-

drie, du moins de les avoir réunis dans une rare et tou-

chante unanimité de bienveillance à son égard. ,

Et il garde de ce jour le très reconnaissant souvenir,

Pierre lion.

Rennes, : 1 août 1905.

La soirée qui termina la première journée du Congrès

ut consacrée à la réception offerte par la municipalité

aux congressistes et aux dames. Cette réception, pen-

dant laquelle la musique municipale se fit entendre,

fut très brillante. Après quelques mots de M. Pinault,

sénateur et maire de Rennes, le premier adjoint, M.

Oberthur, père de notre distingué collègue, célébra

d'une voix forte les vertus de la race bretonne ; il in-

sista sur les grands sacrifices que la ville de Rennes

s'imposait pour favoriser le développement intellectuel

et montra'particulièrement quels bénéfices considéra-

bles résulteraient de la transformation en Faculté de

l'Ecole de médecine actuelle : si l'on trace une ligne

droite allant de Bordeaux à Lille, on constate, dit l'ora-

teur, que sept facultés de médecine sont situés l'Est

de cette ligne, tandis qu'aucune ne dessert la vaste ré-

gion occidentale ainsi délimitée ; la ville de Rennes

mérite tout particulièrement l'honneur d'être choisie

comme centre universitaire pour les grands sacrifices

qu'elle a déjà faits pour les sciences, les lettres elles

arts, et pour ceux qu'elle est toute prête à consentir de

nouveau. Enfin M. Giraud, président du Congrès, re-

mercie la municipalité de l'aimable accueil fait à tous les

membres du XV''congrèsdcsNcuroIogistcs ct.lliénistes.

Dès le lendemain matin, les congressistes étaient

au travail dans l'amphithéâtre du P. C. N., la Faculté

des sciences. La veille, on avait nommé le bureau du

CONGRÈS DES MEDECINS ALIÉNISTES Er NL·'11120LOGIS1'ES. 105

Congrès et les présidents d'honneur ; ceux-ci furent :

MM. Pinault, maire de Rennes ; Rault, préfet d Ille-et-

Vilaine ; Crocq, représentant du gouvernement belge

Vallon, président délégué de la Société médico-psycho-

logique ; Brissaud, délégué de la Société de neurologie ;

Perrin de la Touche, directeur de l'Ecole de médecine

et de pharmacie de Rennes. MM. Petrucci (d'Angers) et

Henry Meige (de Paris) furent nommés vice-présidents;

M. Dide, secrétaire des séances.

La séance du mercredi matin fut d'abord occupée par

quelques communications se rapportant à la question

et discutée la veille : MM. Taty et Chaumier (de

Lyon), MM. Deny et Paul Camus (de Paris), M. Eu-

gène Bernard-Leroy (de Paris) rapportent d'inté-

ressantes observations. Puis la question des lies

est, cette année encore, discutée devant le congrès

par ses champions habituels, MM. Pitres et Cruchet

(de Bordeaux), Brissaud et Henry Meige, qui rapportent'

des cas très curieux de tic hystérique, d'hémispasme

facial périphérique post-paralytique, de tics sphincté-

riens. En outre, M. Sabrazès (de Bordeaux) signale

l'organisation en tics associés a la parole de certains

mouvements involontaires stéréotypés des tabéliqties.

Cette séance du matin se termine par une longue

discussion soulevée par M. Granjux à propos de l'alié-

nation mentale dans l'armée. M. Granjux, dont la com-

pétence en pareille matière est bien connue, recherche

les causes de la fréquence des maladies mentales dans

l'armée et signale l'absence d'examen sérieux des « bons

absents » et le déséquilibre d'un grand nombre d'enga-

gés. MM. Brissaud, Cullerre, Christian, Régis, Droui-

neau, etc., discutent les termes des voeux proposés par

M. Granjux pour remédier à cet état de choses. Mais la

question est trop importante pour être épuisée par un

simple échange de vues et sera mise au rapport du

prochain Congrès (1).

(1) Il devait on être ainsi, mais des raisons sérieuses ont fait

ajourner celte question.

1G6 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

L'après-midi de ce même jour, M. Sicard (de Paris)

expose son rapport sur les névrites ascendantes : dans

une question lnès embrouillée, le rapporteur a mis la

plus grande clarté ; il élimine tout ce qui n'est pas la

névrite ascendante douloureuse, traumatique, infec-

tieuse, et ainsi se trouve précisé un syndrome sur lequel

tout le monile peut s'accorder. Pourtant M. André Léri

(de Paris) se demande s'il ne peut pas exister, àcûté de

ce syndrome si douloureux, une forme latente qui ne

se reconnaîtraitqu'à l'examen histologique delamoelle,

chez des amputés, par exemple. Et M. Brissaud con-

clut qu'il vaut peut-être mieux réserver, avec M. Sicard,

le nom de névrite ascendante à un processus à la fois

anatomique et clinique.

Les congressistes se réunirent ensuite, au nombre

d'une centaine, en un banquet, auquel assistaient beau-

coup de dames, et que présidaient MM. Pinault, séna-

.teur et maire de Rennes, Rault, préfet, Giraud et Droui-

neau. De nombreux toasts furent portés par MM. Gi-

raud, Pinault, Drouineau, Crocq, Vallon, Sizaret, Pe-

trucci, Brissaud, etc. '

Mais vers onze heures du soir, les congressistes rega-

gnaient leurs demeures respectives, en songeant qu'ils

devaient tôt se lever pour faire, le lendemain, la superbe

excursion de Dinan et de l'asile d'aliénés de Léhon, des

bords de la Rance et de Saint-Malo. Pierre Roy.

Séance du 11'1' août. - Présidence de -NI. Ciiraud.

De l'hypochondrie.

M. Pierre Roy (de Paris), rapporteur. L'hypochondrie a

une histoire aussi vieille que son nom, qui date d'IIippo-

crate. La littérature en est considérable et les traités de l'hypo-

chondrie ont été particulièrement nombreux en France au

XIX" siècle. Aujourd'hui, ce qui importe, ce n'est pas tant l'é-

tvde historique, ni la description clinique, mais bien plutôt l'ori-

gine et la situation nosologique de l'hypochondrie.

1. Pathogénie de l'idée HYPOCHONDRIAQUE. - Réservant la

de l'hypochondrie. 167

question de l'hypochondrie, syndrome ou entité morbide sui-

vant les auteurs, Pierre Roy s'en tient tout d'abord à l'étude

palhogénique de l'idée hypochondriaque, base clinique invaria-

ble, nécessaire et incontestée de tout état hypochondriaque.

Pour tous les auteurs, l'idée hypochondriaque est une préoc-

cupation nettement exagérée ou sans fondement, relative à la

santé physique. Mais c'est précisément la question longue-

ment discutée par les vieux auteurs de savoir si cette préoc-

cupation morbide n'est qu'exagérée ou est réellement sans au-

cun fondement. Y a-t-il, à l'origine de ces préoccupations,

des sensations réelles ou imaginaires S'agit-il d'un trouble

intellectuel, d'une obsession psychique, d'une monomanie

triste, d'une cérébropathie ? ou bien s'agit-il d'une maladie

des organes situés dans leshypochondres L'hypochondrieest-

elle essentielle et sine mate1'Ïa, ou bien est-elle symplomati-

queet cum malcria ? P

Le rapporteur ne fait qu'évoquer ces vieilles querelles et

s'en tient à l'histoire contemporaine de l'hypochondrie, c'est-

à-dire à la période qui s'étend de 1880 à 1905 et qu'il qualifie,

avec Wollemberg, de période neurasthénique . En effet, l'avè-

nement delà maladie de Beard constitue un événement capi-

tal dans l'histoire de l'hypochondrie et celte affection n'ap-

partient plus exclusivement aujourd'hui il la psychiatrie, mais

aussi à la neurologie, sinon même à la pathologie générale.

Entre l'hypochondoicc minot et non délirante des neurasthéni-

ques, que tous les spécialistes et médecins praticiens sont ex-

posés à rencontrer, et 1'li ! lpoclboiidi-ia major, franchementdéli-

rante, vésanique, qui n'est guère connue que des aliénistes,

tous les états intermédiaires peuvent s'observer. Sans doute,

certains auteurs en France et à l'étranger se sont efforcés de

maintenir une différence fondamentale entre la neurasthénie

et l'hypochondrie. Mais la plupart s'accordent aujourd'hui à

reconnaître l'impossibilité de différencier l'un de l'autre ces

deux états. Aussi, l'étude pathogénique de l'idée hypochon-

driaque devra s'adresser surtout aux cas simples, précoces et

légers des préoccupations neurasthéniques, et négliger les cas

complexes, graves et tardifs des idées dénégation.

Le gros problème pathogénique de l'idée hypochondriaque

consiste à rechercher s'il s'agit d'un symptômepurement psy-

chique, ou si une étude attentive ne peut pas lui découvrir

quelque fondement organique. Pour exposer les deux opi-

nions adverses, avec quelque précision, Pierre Roy oppose les

observations et les travaux des deux auteurs qui lui semblent

représenter aujourd'hui, dans ce qu'elles ont de plus extrê :

me, la doctrine psychique et la doctrine viscérale.

1° La doctrine psychique trouve son représentant dans Du-

168 CONGRÈS DES médecins ALIÉNISTES et neurologistes.

bois (de Berne), pour lequel l'hypochondrie, comme toute

autre psycho-névrose, est une affection purement psychique,

à symptômes exclusivement psychiques, justiciables de la

seule thérapeutique psychique. L'hypochondriaque grossit

dans son imagination les nombreux troubles fonctionnels

qu'ils ressent comme nous autres : il les rend durables par

l'attention qu'il leur prête et l'idée de maladie devient chez

lui l'idée fixe. - .

Le meilleur moyen de troubler sa santé, c'est précisément

de s'en inquiéter. On n'est malheureux qu'autant qu'on le

croit. La souffrance est toujours psychique. Aussi, pour Du-

bois (de Berne), il est enfantin de rechercher, à l'origine d'une

psycho-névrose, des altérations structurales ou chimiques; il

est même dangereux de rechercher les troubles périphériques

locaux chez les hypochondriaques, car les constater, c'est les

faire naître. Quant au traitement,exclusivement moral,il faut,

pour le diriger, être avant tout psychologue et moraliste plus

encore que clinicien.

20 La doctrine viscérale est curieusement illustrée par le ré-

cent mémoire de Head sur certains troubles mentaux qui ac-

compagnent les affections viscérales. A l'hôpital de Victoria

Park pour les maladies de la poitrine (coeur et poumon),IIeads,

ayant scrupuleusement éliminé toutes les causes d'erreur, a

étudié soigneusement des cardiaques et des tuberculeux, qui

n'étaient pas aliénés, et même ne présentaient aucune pré-

disposition psycho-névropathique. Or, chez certains de ces

malades, il a observé tantôt des changements d'humeur (dépres-

sion, exaltation, sentiment de bien ou de mal-être, état de

suspicion et d'inquiétude rappelant beaucoup l'état d'inter-

prétation de certains aliénés), tantôt des hallucinations de la

vue, de l'ouïe ou de l'odorat. Chez tous les malades qui pré-

sentaient ces troubles mentaux (Inobservations dont aucune

ne fut suivie pendant moins de cinq semaines), on releva l'exis-

tence de la douleur viscérale réfléchie au niveau des zones té-

gumentaires, déterminées pour chaque organe grâce aux nom-

breux travaux antérieurs de Ilead. Cette douleur viscérale

réfléchie, qui manquait, au contraire, chez tous les cardia-

ques et tuberculeux sans troubles mentaux, serait donc la

cause directe des modifications psychiques apparues chez des

sujets psychiquement normaux. De même, dans tous les cas

d'hallucinations, Ilead a constamment trouvé la céphalée

avec hyperesthésie cranienne du type réfléchi : au niveau de

la zone nasale et frontale chez les hallucinés de la vue ; au ni-

veau de la région vertébrale et pariétale chez les hallucinés de

l'ouïe ; au niveau de la zone temporale chez les hallucinés de

de L 111'l'oCllOi\I)RII ? . > 100

l'odorat. Le facteur déterminant la forme de l'hallucination

serait donc la localisation de la céphalée et de l'hyperesthésie

maxima du cuir chevelu. Cette action de la douleur réfléchie

sur l'état mental s'expliquerait, pourllead, dela manière sui-

vante : normalement la vie viscérale est en dehors de la cons-

cience et nous restons ignorants des légers troubles de son

fonctionnement ; maissi, dans les troubles graves et prolon-

gés, la douleur viscérale réfléchie apparait, les, sensations

produites par l'activité anormale des viscères qui normale-

ment restaient au bord ou tout à faiten dehors de la conscien-

ce, remontent désormais à la surface et accaparent le champ

central de l'attention.

Jlead s'était borné à enlever à l'hystérie toute une catégorie

de symptômes psychiques en rapport avec les affections vis-

cérales. Mais d'autres auteurs, en particulier Gamble, ont

supprimé la distinction nettement établie par Ilead entre les

troubles mentaux des véritables aliénés etceux des cardiaques

et tuberculeux conscients qu'il observait. Pour Gamble, un

grand nombre de cas d'aliénation mentale ne seraient que des

manifestations psychiques de maladies organiques viscérales.

Telles sont les deux théories extrêmes auxquelles on peut

rattacher la plupart des faits rapportés en ces dernières an-

nées. En effet, le rôle de la coenesthésie dans les états affectifs

normaux (joie, tristesse) et dans les états psycho-pathologi-

ques (mélancolie anxieuse ou avec stupeur, hallucinations

de la sensibilité générale, délires systématisés) tend à pren-

dre une place de plus en plus importante.' La coenesthésie

est le sentiment que nous avons de notre propre existence,

la sub-conscience végétative ou splanchnique ; mais il ne

faut pas opposer radicalement les sensations internes et ex-

ternes, et, dans toute perception sensorielle, il existe, à côté

de l'élément spécifique, propre à la vie de relation, un élé-

ment organique qui prend part à la synthèsecoenesthésique,

sans douté par l'intermédiaire des filets sympathiques mêlés

à tous les nerfs périphériques. La coenesthésie serait dono, à

proprement parler, tant par ses origines splanchniques que

sensorielles, la conscience du sympathique. On comprend les

liens étroits qui unissent les états hypochondriaques aux

troubles coenesthésiques.. ·

Tout le monde admet l'existence de certains cas plus ou

moins exceptionnels d'hypochondrie symptomatique (délire

de zoopathie interne chez des cancéreux, tabétiques, alcooli-

ques, enléritiques, etc.) mais, eh dehors de ces cas, dont d'ail-

leurs le nombre augmente en même temps que la précision

de nos procédés diagnostiques et de nos techniques histolo-

170 congrès des médecins aliénistes ET neurologistes.

giques, on peut établir l'existence des troubles viscéraux

dans l'hypochondrie à l'aide d'un grand nombre de documents

cliniques et anatomo-pathologiques.

En dehors des travaux de Ilead, beaucoup d'observations

confirment que les troubles sensitifs de la paroi révèlent la lé-

sion viscérale sous-jacente (hyperesthésie thoracique en rap.

port avec les crises gastriques des tabétiques, la dilatation

d'estomac, etc.). En outre, les troubles locaux des nCllrasthéni-

que et des hypochonclriuytces correspondent toujours à des lé-

sions locales (dyspepsie hypochondriaque de Ilayem, hypo-

kinésie gastrique de Pio Galante, etc.). A cet égard, les sen-

sations hypochondriaques,gastralgiques ou autres, sont com-

parables aux sensations illusoires des amputés, qui ne sont

jamais créées de toutes pièces par le cerveau, mais toujours

d'origine périphérique (Pitres). Les conceptions hypochondrie-

ques ne sont que l'interprétation délirante de sensations anor-

males réelles : un angineux croit avoir un chat dans la gorge,

un constipé croit que son intestin est bouché, etc. De même,

la paralysie générale tabétiforme s'accompagne souvent d'un

délire hypochondriaque entretenu par les douleurs fulgu-

rantes, viscéralgies, etc.

Les lésions du sympathique dans les maladies mentales sont

attestées par les analgésies viscérales signalées au cours du

tabès et de la paralysie générale (accouchements indolores,ul-

cères ronds non douloureux de l'estomac, etc.) et par le syn-

drome solaire douloureux (Jaboulay) de certains névropa-

thes. En outre,des paralytiques généraux hypochondriaques

ont présenté des lésions des ganglions semi-lunaires et des

nerfs splanchniques (Laignel-Lavastine). Pour Régis et Ca-

zeneuve, le paralytique hypochondriaque et négateur est un

sujet qui témoigne de l'atteinte profonde de son système

sympathique. De même qu'il y aune forme spinale, il y au-

rait une forme sympathique de la paralysie générale, caractéri-

sée par la coexistence de troubles viscéraux et de concep-

tions hypochondriaques. -

A côté de tous ces faits qui établissent nettement l'existence

des troubles viscéraux dans les états hypochondriaques, il

convient de signaler l'influence souvent- considérable que

prennent, dans certains cas les troubles proprement psychi-

ques. Il ne suffit pas,en effet, de présenter des troubles orga-

niques pour aussitôt devenir hypochondriaque (euphorie per-

sistante de certains aveugles-nés,cardiaques, etc.). 11 faut en-

core une constitution psychique spéciale, un véritable tempé-

rament hypochondriaque. Ceci ne veut pas dire que le délire

hypochondriaque soit dû exclusivement à un trouble fonc-

tionnel du cerveau (hypochondrie essentielle, idéogène). Mais

DE l'hypochondrie. 171

il est incontestable que certains facteurs purement intellec-

tuels (lecture des livres de médecine par les gens du monde,

nosophobie des jeunes étudiants en médecine, syphilopho-

bie, préoccupation hypochondriaque de la paralysie générale

chez les anciens syphilitiques, etc.) jouent un rôle important

dans le développement des idées hypochondriaques.

En réalité,/^ n'y a pas d'hypochondrie purement intellectuelle,

exclusivement idéogène. Mais il n'y pas non plus d'hypochon-

drie purement qui puisse se développer sur

un cerveau absolument sain. Pour que naisse l'idée hypo-

chondriaque, deux conditions sont nécessaires et suffisantes :

une constitution psychique spéciale et des troubles coenes-

thésiques. Ces deux facteurs pathogéniques, l'un d'ordi-

naire périphérique, viscéral et sympathique, souvent curable

par un traitement local approprié, l'autre central, psy-

chique, le plus souvent héréditaire et difficilement réducti-

ble parle traitement moral le plus énergique, peuvent tou-

jours être retrouvés à l'origine de tout état hypochondriaque.

Mais l'importance de chacun d'eux varie suivant les cas, et

généralement en raison inverse l'un de l'autre. La prédomi-

nance de l'un des éléments, psychique ou coenesthésique,peut

bien expliquer le succès ou l'insuccès d'une thérapeutique

surtout morale ou surtout physique, mais n'exclut jamais

l'indispensable collaboration de l'autre facteur patliogénique.

Ainsi l'aridité de ces considérations théoriques est com-

pensée par l'incontestable utilité des conclusions pratiques

qui en découlent au point de vue thérapeutique.

IL-ETUDE NOSOLOGIQUE DE 1,'HYPOCHONDRIE.-Les deux fac-

teurs, coenesthésique et psychique, nécessaires au dévelop-

pement de l'idée hypochondriaque, peuvent se rencontrer

dans les affections les plus variées : dans presque toutes les

maladies mentales, leur coexistence peut provoquer l'ap-

parition d'un état hypochondriaque, avec des différences cli-

niques qui peuvent s'expliquer par l'importance prédomi-

nante, mais jamais exclusive, de l'un des deux facteurs.

Autrefois, on cherchait à distinguer l'hypochondrie, né-

vrose particulièrement réservée aux hommes, de l'hystérie,

névrose essentiellement féminine ; trop de faits contradic-

toires ne permettent plus de retenir les termes de cette dis-

tinction. De même la différenciation de l'hypochondriaque avec

le mélancolique et le persécuté ne peut plus être admise sous

la même forme qu'autrefois. Il y a des mélancoliques hypo-

chondriaques ; il y a aussi des persécutés hypochondriaques ;

.. mais ce qui importe, c'est bien plus le diagnostic étiologique

que le diagnostic différentiel de ces derniers états morbides.

172 CONGRÈS DES MEDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTES.

.

1° Les états hypochondriaques peuventse montrer au cours

des démences (sénile, précoce, alcoolique, apoplectique, etc).

Mais c'est surtout dansla démence paralytique qu'on observe

le délire hypochondriaque avec, une fréquence presque

égale à celle du délire ambitieux. On peut dire que tout hy-

pochondriaque délirant à l'asile doit être tenu pour suspect

de paralysie générale.

2° L'idiot ne pourra guère interpréter dans le sens hypo-

chondriaque ni dans aucun autre ses sensations anormales ;

en revanche, l'imbécile, le débile, l'épilcptique présentent fré-

quemment des conceptions délirantes hypochondriaques pres-

que aussi absurdes que celle du dément paralytique.

3° Dans les toxi-infections, en particulier dans l'alcoolisme

' chronique, l'intensité des troubles de la sensibilité générale

explique la fréquence et la violence des réactions hypochon-

driaques (auto-mutilation). 11 en est de même dans les autres

états toxi-infectieux (confusion mentale typhique, grippale,

puerpérale, intoxication par le sulfure de carbone chez les

ouvriers travaillant le-caoutchouc, etc., etc.), et aussi dans la

mélancolie prcsénile, psychose d'involution.

4° A côté des paranoïaques, à interprétations délirantes, à

troubles hallucinatoires, etc., il existe un groupe de î)sil-

chopWhes constitutionnels , les paranoïaques hypochondria-

ques, dont la forme morbide a été décrite par les différents

auteurs sous des noms très variables : folie hypochondriaque

(Morel), neuro-psychose hypochondriaque (Israfft-Lbing), dé-

lire hypochondriaque , systématisé rSchüle), hypochondrie

systématisée primitive (Séglas), hypochondrie constitution-

nelle (Vollenberg), etc. C'est encore dans le groupe des psy-

chopathies constitutionnelles qu'il faut ranger la mélancolie

intermittente, où s'observe fréquemment des idées hypochon-

driaques.

5° Enfin on peut ranger dans le groupe de la neurasthénie

toute une catégorie d'hypochondriaques minores présentant

des appréhensions, des craintes plus ou moins incertaines,

plutôt que des convictions délirantes, et capables d'être

heureusement influencés par le traitement moral. Ce sont les

nosophobes; de types très variés (gastro-intestinal, cardiaque,

tuberculeux, médullaire, génital, etc.), qui ne viennent guère

à l'asile d'aliénés, mais qui fréquentent assidûment les con-

sultations des divers spécialistes (gastrologues, gynécologues,

électro-thérapeutes, chirurgiens, laryngologistes, dentistes, etc.)

Même dans ces cas, où le rôle de la mentalité apparaît nette-

ment prédominant, il importe de ne pas négliger néanmoins

le traitement des troubles locaux réels et indispensables pour

de l'hypochondrie. 173

provoquer, ou tout au moins localiser, les préoccupations

morbides. '

Ayant passé en revue les diverses maladies dont la spécifi-

cité est actuellement reconnue et au cours desquelles se ren-

contrent les états hypochondriaques, on est conduit à penser

qu'il ne reste plus place pour une entité autonome qui se-

rait l'hypochondrie tout court, l'hypochondrie proprement

dite : L'hypochondrie n'existe pas, en tant qu'affection distincte,

justifiant sa spécificité par quelque caractère étiolo[Jir¡lIc ou éco-

/) ? 11 n'y a que des états hypochondriaques toujours symp-

tomatiques d'une désaffections précédentes.

Le rapport sur l'hypochondrie de lI. Pierre Iloy a une an-

nexe en collaboration avec M. Juquelier, dans laquelle on

trouve l'application à la médecine légale de l'hypochonirie, des

conclusions pathogén iques et nosologiques exposées plushaut. t.

Les auteurs ont d'abord éliminé de leur étude les différents

cas où les idées hypochondriaques, bien que très réelles,

n'ont pas engendré directement la réaction médico-légale

(neurasthéniques hypochondriaques kleptomanes).

Le suicide figure au premier rang des réactions hypochon-

driaques : persuadés de ne jamais guérir et persuadés quel-

quefois même que la mort ne mettra pas spontanément un

terme à leurs souffrances,les malades recourent au suicide et

leurs tentatives sont assez fréquemment couronnées de suc-

cès. C'est à tort que l'on a voulu opposer au mélancolique

qui souhaite la mort et se tue, l'hypochondriaque qui craint

la mort et ne se tue pas.

Toutefois, la division de Legrand du Saulle en hypochon-

driaques craignant la mort (malades qui se soignent, neuras-

théniques nosophobes et thanathophobes) et en hypochon-

driaques craignant la douleur (malades qui se tuent, mélan-

coliques hypochondriaques avec idées d'incurabilité) reste pra-

tiquement valable. L'apparition d'un état anxieux peut par-

fois expliquer lasoudaineté d'un suicide toutà fait inattendu.

Le problème médico-légal le plus fréquemment soulevé par

le suicide hypochondriaque consiste à reconnaître si ce sui-

cide peut être considéré comme volontaire et dégager en ce

cas une compagnie d'assurances sur la vie de toute obliga-

tion envers les héritiers de son client. Il n'y a pas de règle

fixe et tous les cas doivent être examinés soigneusement.

Mais quand, des deux éléments qui créent l'hypochondrie,

l'élément psychique constitutionnel a une importance capitale

eta donné lieu il des idées ou des préoccupations hors de

174 CONGRÈS DES MEDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTES.

proportion avec les troubles coenethésiques accidentels, il est

permis de conclure que la mort n'a pas été volontaire.

L'automulilaiion des hypochondriaques diffère du suicide,

ou même de la tentative du suicide, par ce fait qu'elle est

pratiquée par le malade dans un but de défense.

Les hypochondriaques homicides sont pour le petit nombre

des mélancoliques et pour la majorité des persécutés. Chez

les mélancoliques,il s'agit le plus souvent d'homicide-suicide

(suicide à deux, suicide collectif) dû à ce que l'hypochondria-

que croit les siens perdus en même temps que lui. Il existe

une forme hypochondriaque du délire de persécution qu i

peut entraîner des réactions dangereuses, en particulier l'ho-

micide, lequel présente alors les mêmes caractères que l'ho-

micide des persécutés-persécuteurs.

Les hypochondriaques homicides sont surtout des persécu-

teurs des médecins qu'ils accusent de les avoir mal soignés

ou d'être la cause de leur infirmité (atrophie testiculaire à la

suite des interventions chirurgicales pour varicocèle, etc.l.

Les préoccupations d'ordre génital peuvent encore entraîner

fréquemment l'homicide hypochondriaque : le malade accuse

une femme de lui avoir pris sa virilité, de l'avoir pourri, de

lui avoir communiqué une maladie vénérienne, etc. Dans

tous ces cas, on se souviendra que plus l'élément psychique

et constitutionnel aura d'importance, plus la responsabilité

de l'inculpé sera diminuée.

De même qu'il peut tuer, l'hypochondriaque peut aussiin-

cendier,et pour des motifs à peu près semblables.

Enfin c'est surtout dans l hypochondrie traumatique, qu'il

importera de déterminer, par une analyse soigneuse de cha-

que cas, la part de la prédisposition psychique constitution-

nelle et de la circonstance accidentelle, en l'espèce le trauma-

tisme physique ou moral incriminé.

Discussion.

M.RuGis (de Bordeaux), après avoir regretté que le rapporteur

ait été choisir à l'étranger les deux protagonistes des doctrines

pathogéniques de l'hypochondrie, s'empresse d'affirmer qu'il

partage entièrement la doctrine défendue par M. Pierre Roy

dans son rapport et rappelle qu'il a déjà maintes fois exprimé

cette opinion qu'il existait un véritable substratum coenesthe-

sique à l'origine des états hypochondriaques. De même, M.

Régis affirme, avec le rapporteur, l'identité de nature entre la

nosophobie neurasthénique et le délire des négations, états

extrêmes reliés entre eux par toute une série de chaînons

de l'hypochondrie. 1ï5

intermédiaires ; il regrette que la thèse récente d'un de ses

élèves, où se trouve développée cette idée qu'il professe déjà

depuis longtemps, n'ait pas été mentionnée dans le rapport.

Il montre, par deux exemples tout à fait typiques, que les

expressions mêmes employées par les malades pour traduire

leurs préoccupations nosophobiques ou leurs idées de néga-

tion sont parfois absolument identiques.

M. Régis a recherché,lui aussi,les troubles de la cénesthésie

chez les hypochondriaques par la voie expérimentale ; l'ex-

ploration électrique pourrait à cet égard être utilisée. '

Enfin le rapporteur n'a parlé que de l'hypochondrie physi-

que et il a négligé les cas si nombreux d'hypochondrie psy-

chique, dans lesquels les malades s'inquiètent non de leur

estomac ou de leur intestin, mais de leur esprit. Cette hypo-

cliondric intellectuelle ne diffère assurément pas de la pre-

mière, ni au point de vue nosologique, ni au point de vue

pathogénique, mais elle peut souvent se montrer prédomi-

nante et même à l'exclusion de toute préoccupation physi-

que. -

M. Cullerre, (de La loche-sur-5-on) veut bien accepter les

conclusions du rapport de M. Pierre Roy, puisqu'elles admet-

tent que l'un des deux lacteurs pathogéniques de l'hypo-

chondrie peut être réduit au minimum. Pour M. Cullerre,

le facteur coenesthésique ne joue qu'un rôle très peu impor-

tant et le plus souvent nul : c'est l'état d'anxiété qui est

manifestement primitif dans les auto-mutilations des hypo-

chondriaques. '

M. 13RISSAUD (de Paris) pense que peut-être l'hypochondrie

n'est qu'une représentation corticale de lésions ou de symp-

tômes viscéraux latents. Un ouvrier manoeuvre, qui fut long-

temps considéré comme un simple neurasthénique gastro-

pathe par MM. Brissaud, Ilayem, etc., vient d'être opéré pour

une hématémèse due à un ulcère resté méconnu malgré des

examens minutieux et répétés. Entre la neurasthénie et l'hy-

pochondrie, on peut trouver tous les états intermédiaires ;

.mais ce qui caractérise le neurasthénique, c'est le manque de

sécurité, et ce qui caractérise l'hypochondrie, c'est l'algie.

Les accidentés du travail qui présentent ce manque de

sécurité, à la suite d'un traumatisme, comme par exemple le

couvreur qui, après une chute insignifiante, ne peut plus

monter sur un toit sans avoir le vertige, soulèvent le difficile

problème médico-légal qui consiste pour le médecin expert à

déclarer s'il est dû une indemnité pour des symptômes uni-

quement subjectifs.

M. LUCIEN Picqué (Paris). Tous excuserez un chirurgien

de prendre la parole dans une assemblée de médecins alié-

170 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTES.

nistes. Si j'interviens dans le débat actuel, après les hommes

éminents qui ont occupé celle tribune,c'est que j'ai eu l'occa-

sion comme chirurgien des asiles, d'intervenir fréquemment

chez les hypochondriaques ; c'est que, d'autre part, certains

points du rapport si justement remarqué do M. Roy viennent

éclairersingulièrementles observations que j'ai pu faire; c'est

qu'enfin le distingué rapporteur a bien voulu consacrer un

chapitre spécial au traitement chirurgical de l'hypochondrie

et qu'il y a discuté plusieurs do mes observations.

Certes, la situation du chirurgien est délicate dans cette

question ; c'est pourquoi, d'ailleurs, je me suis jusqu'alors

abstenu de publier foules mes observations personnelles dans

un travail d'ensemhlc,me contentant de les donnera mes élè-

ves pour leurs thèses, ou de les insérer dans des études généra-

les sur la chirurgie des aliénés. Je crois cependant le moment

venu pour moi d'insister devant vous sur quelques observa-

tions personnelles publiées dans le rapport de M. Roy, et de

vous montrer rapidement comme je comprends, au point de

Lie pratique, la question de 1 intervention chirurgicale chez

les hypochondriaques.

Je n'ai pas, naturellement, à prendre parti dans vos discus-

sions doctrinales, je n'ai pas à me prononcer pour ou contre

l'hypochondrie essentielle à savoir si la distinction qu'a éta-

blie récemment, dans son rapport, M. le prof. Yollcnbergde

Tubingen, entre l'hypochondrie constitutionnelle et acciden-

telle, est réellement fondée, et si le prof. Régis a raison d'op-

poser, comme il le faisait il y a un instant, à l'hypochondrie

physique une hypochondrie morale.

Mais vous me reconnaîtrez, par contre, le droit de retenir

celle définition que M.Roy donne de l'hypochondrie : al'ly-

pochondrie n'est qu'un délire par introspection somatique ;

c'est l'inlerprélalion, par un cerveau prédisposé à l'introspec-

tion de troubles soniatiqucs réels », et aussi « que lous les

états hypochondriaques sont symptomatiques de quelque

affection déterminée ».

Si celte formule a paru excessive à notre distingué collègue

Deny, delà Salpétriero, si cllea paru incomplète à MM. Régis

et Brissaud, il n'en est pas moins vrai que l'origine somali-

que de ce délire a été admise par eux dans certains cas, et je

n'en veux pour preuve que la remarquable observation que

nous a signalée le prof. Brissaud de ce malade, souffrant de'

vives douleurs d'estomac, qui fut considéré par le prol. llavem,

après un examen attentif du chimisme stomacal, comme

n ayant aucune lésion, et qui pourtant présenta tout d'un

coup une hl'matruII"'sc qui nécessita une opération chirurgi-

cale.

DE l'hypochondrie. 177

Si donc il n'est pas permis, selon quelques-uns d'entre vous,

de rattacher tous les hypochondriaques àla formule de M.Roy,

il n'en est pas moins vrai qu'un certain nombre doivent y ren-

trer. -

Le chirurgien est dès lors, en droit, dans ces cas particuliers

de poser le problème de la façon suivante : en présence d'une

même lésion, deux cas peuvent se présenter :

1° Si le malade possède une mentalité normale, il peut se

préoccuper de sa lésion, et cette préoccupation reste légi-

time.

2" Dans le cas contraire, l'analyse mentale qu'il fera de son

état deviendra morbide; il en résultera des troubles mentaux,

qui pourront, dès lors, le mener ul'intcrnement.

La chirurgie, en supprimant la lésion pourra, par voie de

conséquence, mettre fin aux troubles mentaux, c'est la voie

ouverte l'espérance, mais la pratique n'est pas aussi simple

que la conception théorique, et nous devons voir, mainte-

nant, ce que doit faire le chirurgien devant un délire hypo-

chondriaque d'origine somatique. S'il ne veut pas aller à un

échec, il doit, selon nous, envisager successivement la forme

du délire, l'état mental du malade, et la nature de la lésion.

Forme du délire. - S'il s'agit d'un délire hypochondriaque

systématisé, surtout quand il revêt la forme zoopathique, le

chirurgien, le plus souvent, doit s'abstenir ; cette interpréta-

tion absurde des sensations éprouvées et qui caractérise ce

délire s'observe souvent dans la débilité mentale : la croyance

du malade est irréductible, et la suppression de la lésion n'ar-

rive pas à modifier le délire. Je possède une observation de

ce genre bien intéressante que je publierai un jour. M. Roy,

dès lors, a bien fait, dans son rapport, de s'élever contre les

opérations pratiquées dans ces cas. Je suis de son avis d'une ,/

façon générale, sous certaines réserves que j'indiquerai ail-

leurs.

Dans d'autres circonstances, il s'agit, non plus d'un délire

systématisé, mais d'une simple préoccupation qui pousse par-

fois le malade au suicide. Parmi ces préoccupations il en est

de légitimes, il en est de morbides. Quelle est la limite des

unes et des autres ? ,

J'ai publié ailleurs trois cas de préoccupations hypochon-

driaques chez des malades atteints, l'un de fistule stercorale,

l'autre de fistule urinaire consécutive à une taille hygaslrique,

l'autre de cécité. ,

J'ai guéri ces malades de leur hypochondrie en guérissant

la fistule chez les deux premiers, en rendant la vue au troi-

sième.

M. Roy prétend que, chez ces trois malades, les préoccupa-

Aur,IIIVES, 2, série 1905, t. XX. 12

178 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTES.

tiens étaient légitimes ; la conclusion qu'on en pourrait alors

tirer, c'est que ces malades n'étaient pas des aliénés.

Je lui répondrai, par contre, que ces trois malades étaient

bien réellement des aliénés, puisque tous les trois avaient été

internés, après des tentatives de suicide, sur des certificats

délivrés par les médecins aliénistes. Ils ont également bien

guéri à la suite de l'intervention, puisqu'ils ont quitté l'asile

sur des certificats de guérison.

Etal mental des malades. - Le diagnostic de l'étal mental

est important. Dans mon article sur le varicocèlo, j'avais éta-

bli qu'il faut opérer l'hypochondriaque simple et s'abstenir

chez l'hypochondriaque vésanique.

Tout en admettant que l'intervention chirurgicale peut, dans

certains cas, guérir 1 hypochondriaque, I. Boy pense que le

psychiatre se trouve « dans l'impossibilité de fournir au chi-

rurgien la formule invariable qui toujours le tirera d'embar-

ras en présence de l'infinie diversité des malades ». Je pense

que le rapporteur est trop modeste et qu'il pourra, dans un

grand nombre de cas, comme nos collègues le font d'ailleurs

journellement dans nos asiles, nous dire si, chez tel malade,

l'hypochondrie est liée à la paralysie générale, à la démence,

dans ses principales formes sénile, précoce ou alcoolique,

Etal local. Reste l'étude de l'état local. Dans certains cas,

les troubles viscéraux sont grossièrement symptomaliques.Le

rapporteur nous cite les cas intéressants doDupré, de Mirallée

et de Vigoureux. Mais il est des cas difficiles, tel celui cité

plus haut du prof. Brissaud.

11 en est d'autres, comme le varicocèle, que j'ai étudiés dans

une note spéciale..Mais ce sont les cas de déplacement d'or-

ganes, comme le rein mobile ou le prolapsus utérin, qui

créent au chirurgien les plus grands embarras.

Dans l'cctopie rénale, y a-t-il altération ou non du rein ?

Dans le prolapsus utérin, y a-t-il des lésions concomitantes

des annexes ? P

Dans ce dernier cas, les troubles fonctionnels sont-ils exac-

tement en rapport avec le degré du déplacement.

Toutes questions que le chirurgien seul peut résoudre et

je puis répéter là ce que j'ai souvent dit d'ailleurs, c'est que

la chirurgie devient une arme à double tranchant que si elle

peut guérir le délire, clic peut parfois l'aggraver.

J'ai pour ma part, bien souvent refusé des interventions qui

m'étaient proposées dans ces conditions alors que, d'autre

part, je réclamais des interventions qui paraissaient inutiles au

premier abord.

Je ne rappellerai ici que l'observation d'une femme publiée

ailleurs, qui, pendant plusieurs années, cherchait en vain un

de l'hypochondrie. 170

chirurgien pour l'opérer d'un rein mobile ; elle finit pas pré-

senter un délire hypochondriaque qui l'amena à l'asile et elle

n'en put sortir guérie qu'à la suite de l'intervention chirurgi-

cale que je lui pratiquai.

Donc si, dans cette chirurgie, le rôle de l'aliéniste est capital,

celui du chirurgien ne l'est pas moins. Il faut parallèlement

un diagnostic mental précis et un diagnostic chirurgical exact

et je pense partager l'opinion du plus grand nombre en affir-

mant qu'il y a erreur de croire « que chercher la lésion c'est

la créer » -

Il n'y a qu'une restriction à faire et que tous nos élèves con-

naissent bien aujourd'hui, c'est que dans certaines maladies,

comme le varicocèle et l'appendicite, il convient, selon une

expression familière, de ne pas « semer le microbe de l'ob-

session » chez les prédisposés hypochondriaques et les noso-

phobes.

Chez eux il convient ni de prolonger des examens inutiles, ni

d'instituer des traitements superflus. Il faut les rassurer sur-

tout ; mais bien différente doit être, comme je viens de le

dire, la conduite du chirurgien chez les vrais hypochondria-

ques . '

En résumé, l'évolution des idées qui se fait actuellement

dans la pathogénie du délire hypochondriaque ouvre pour

certaines formes d'entre elles une voie nouvelle à la chirurgie,

mais il faut, comme- je n'ai cessé de le répéter dans mes pré-

cédents travaux, une union intime entre le psychiatre et le

chirurgien.

Au psychiatre revient la lâche délicate d'établir la variété

du délire hypochondriaque. Au chirurgien colle de fixer la

nature de la lésion et de déterminer l'importance réelle des

troubles fonctionnels.

M. DFNY (de Paris). - Sans méconnaître l'intérêt des 'tra-

vaux de M. Dubois (de Berne) et de M. Ileacl (de Londres),j'es-

timequeM. Roy leur a accordé dans son rapport une place

beaucoup trop considérable parce que les théories pathogé-

niques de l'hypocondrie personnifiées aux yeux de M. Roy par

ces deux auteurs, ne s'appuient en réalité ni l'une ni l'autre

sur des faits ressortissant au domaine de la psychiatrie. En

outre, comme-vient de le faire remarquer M. Régis, ces théo-

ries ne sont que la reproduction, sous une forme à peine ra-

jeunie, des doctrines qui depuis les temps les plus reculés

jusqu'à nos jours ont divisé les médecins sur l'origine centrale

ou périphérique de l'hypochondrie.

Enfin, à part quelques observations isolées, les prétendues

zones de douleur viscérale réfléchie de \4. llead n'ont été re-

180 CONGRÈS DES MEDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

trouvées jusqu'ici par aucun des auteurs qui les ont systéma-

tiquement recherchées. ,

M. Brissaud vient de nous dire qu'il y avait échoué : des

recherches du même ordre ont été poursuivies sans plus de

succès par M. Guillain pour les affections du coeur et des pou-

mons par M. J. Ch. Roux pour les maladies do l'estomac ;

par il. Dupuy-Dulemps pour les affections oculaires.

Chez les aliénés hypochondriaques, les mêmes laborieuses

investigations de la sensibilité n'ont pas été plus heureuses .

Dans ces conditions, il est permis de s'étonner que M. Roy

ait édifié de toutes pièces une théorie somatique de l'hypo-

condrie sur une base aussi fragile, etquil ait complètement

sacrifié à des données encore hypothétiques la vieille théorie

psychique soutenue bien avant M. Dubois par les plus illus-

tres représentants de la psychiatrie, parmi lesquels il mc suf-

lira de rappeler les noms deGeorget, desdeiix Falret, deJIorcl,

de Guislain, etc.

C'est cependant celle théorie psychique qui, traduite en lan-

gage physiologique reud actuellement le mieux compte de la

genèse des étals hypochondriaques.

J'adresserai un autre reproche à M. Roy,celui d'avoir com-

plètement banni de son rapport la notion de l'hypocondrie

pour lui substituer celle de l'idée hypochondriaque qu'il défi-

nit « une préoccupation exagérée ou sans fondement relative

il la santé physique ».

Cette substitution a eu pour conséquence une confusion

regrettable entre deux types différents de malades : le noso-

phobe d'une part, l'hypocondriaque de l'autre, qui doivent

être étudiés séparément, malgré les grandes analogies qu'avec

MM. Régis et Brissaud, je reconnais exister entre eux.

L'homme qui sans être malade examine chaque jour atten-

tivement sa langue, ses urines ou ses garde-robes, a certaine-

ment une préoccupation exagérée et injustifiée de sa santé, et

cependant cet homme n'est pas à proprement parler un hy-

pochondriaque, c'est un nosophobe, un phobique, un simple

neurasthénique.

L'hypocondriaque n'a pas seulement la crainte, la peur delà

maladie ; il croit, il affirme qu'il est malade et cela parce qu'il

se sent malade.

Cette sensation ou représentation fausse de maladie qui

constitue l'élément fondamental de l'hypocondrie (CrasseLI)ne

peut s'expliquer que par une perturbation des centres corti-

eaux où sont déposées les images des sensations internes ou

organiques auxquelles nous devons la notion de notre exis-

tence corporelle et qui sont généralement réunies et confon-

dues sous le nom de cénesthésie.

DE L'HYPOCHONDRIE. 181

Or, comme ces sensations internes ne proviennent pas uni-

quement de nos viscères, qu'à côté des sensations viscérales

transmises par le pneumo-gastrique ou le sympathique il en

existe un grand nombre d'autres ayant pour point de départ

les muscles, les articulations, les os, etc., qui parviennent au

cortex par les autres nerfs centripètes, M. Roy aeu tort de dire

que la cénesthésie est la conscience du sympathique. Il faut ad-

mettre, avec M. Grasset, que la cénesthésie est la «conscience

du moi physique » et qu'elle comprend foutes les sensations

endogènes que nous avons de notre corps et de nos organes. en

un mot qu'elle est la conscience du corps, la somatopsche des

auteurs allemands.

La conception de la cénesthésie défendue par M. Roy est

donc trop étroite ; elle est en outre incomplète parce que le

rapporteur n'a envisagé que la cénesthésie périphérique ou

viscérale, en laissant complètement de côté la cénesthésie cen-

trale ou cérébrale, dont l'existence a été démontrée par les

expériences de IIitzig, de Munk, de Danilewski, de Fr. Franck,

de Betelierew, les recherches anatomiques de Flechsig, les

études psycho-physiologiques de P. Bonnier, Wernicke, Sol-

lier, Luciani, Tamburini, etc..

Or c'est avant tout à un trouble, à une perturbation fonc-

tionnelle de cette cénesthésie cérébrale qu'il faut rattacher les

états hypochondriaques.

Dans quelques cas, il est vrai, cette perturbation peut suc-

céder,à la longue, à une irritation périphérique incessamment

renouvelée, comme celle qui résulte d'une lésion viscérale ;

la perception inexacte des sensations provenant de cette irri-

tation est alors l'origine d'illusions de la sensibilité organi-

que ou viscérale que les malades expriment en disant .qu'ils

ont un serpent dans le ventre, qu'une bête leur ronge le

coeur, le foie, etc. Mais le plus souvent, la perturbation des

centres de la cénesthésie est la conséquence de représenta-

tions mentales pénibles évoquées par des impressions senso-

rielles trop vives, parla mémoire, l'imagination, etc.; ce sont

ces représentations qui viennent alors actionner les centres cé-

nesthésiques et provoquer la reviviscence et la projection vers

les viscères, sous forme de véritables hallucinations organi-

ques, des images mémorielles de nos organes. A leur tour, ces

illusions et hallucinations cénesthésiques servent de point

d'appel chez les sujets prédisposés aux diverses modalités

des délires hypochondriaques.

En résumé, je crois avec M. Cullerre et contrairement à l'opi-

nion défendue par M. Roy, que les lésions des viscères n'inter-

viennent qu'exceptionnellement et à titre accessoire dans le

développement des psychoses hypochondriaques et que le seul

182 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

facteur pathogénique de ces psychoses est une perturbation

ou un ébranlement, d'origine périphérique ou centrale, de la

cénesthésie cérébrale, en un mot une psycho-céneslhésiopa-

thie. 11 est superflu d'ajouter que cet ébranlement se produit

d'autant plus facilement que l'état de réceptivité congénital

ou acquis des centres cénesthésiques est plus développé.

. En terminant, qu'il me soit permis de relever une petite

erreur de séméiologie clinique commise par -NI. Roy ; d'après

lui, le délire des négations de Cotardne s'observerait que chez

des paralytiques généraux ou des déments. Accréditée autre-

fois par Baillarger, cette opinion est aujourd'hui abandonnée

à juste titre.

J'ai eu l'occasion, au cours des dernières années, d'observer

un certain nombre de malades atteints du délire de négation

d'organes le mieux caractérisé, dont les uns ont guéri, dont

les autres, encore aujourd'hui en pleine période délirante,

ont subi la ponction lombaire sans que l'examen de leur li-

quide céphalo-rachidien ait permis d'y constater la moindre

lymphocytose.

- On n'est donc plus en droit actuellement de considérer le

délire des négations, le délire de non-existence des organes,

comme l'apanage exclusif des états démentiels.

M. Henry Meige (de Paris) pense que l'incitation peut bien

être d'origine tantôt périphérique, tantôt centrale, et qu'ainsi

l'opinion de M. Pierre Roy se justifierait aussi bien que

celle de M. Deny.

M. PIERRE Roy répond aux objections qui ont été faites à son

rapport. Il se défend d'avoir voulu donner une importance

exagérée aux travaux de Dubois (de Berne) et de Henry Ilead.

Il a simplement voulu schématiser les deux doctrines patho-'

géniques adverses de l'hypochondrie en donnant à chacune

d'elles le représentant qui lui semble le plus excessif. Il est

bien certain que ni l'un ni l'autre de ces deux auteurs n'ont

rien inventé à proprement parler, mais ils ont proposé des

doctrines tout à fait opposées pour expliquer la genèse de

certains troubles mentaux et c'est à ce titre seulement qu'ils

ont pu être mis en vedette. La question des recherches expéri-

mentales concernant l'hypochondrie a été soulevée par M. Ré-

gis. Mais le rapporteur craint que l'exploration électrique

interne des viscères rencontre les mêmes obstacles qu'il a si-

gnalés dans ses tentatives personnelles pour modifier la sen-

sibilité profonde par l'irritation cutanée de certaines zones;

il semble bien difficile d'apporter quelque rigueur dans la re-

cherche des troubles de la sensibilité chez les aliénés, puisqu'on

est toujours contraint de procéder par la voie subjective. L'i-

dentité de nature entre la nosophobie neurasthénique et le

ÉVOLUTION DES ÉTATS HYPOCHONDRIAQUES. 183

délire des négations de Cotard est bien en effet une notion pro,

fessée depuis plusieurs années par M. Régis : mais la thèse

inspirée par cet auteur à l'un de ses élèves n'a vraiment ap-

porté aucun fait nouveau qui méritât d'être signalé. Enfin le

rapporteur estime qu'il n'y a pas lieu de maintenir une sorte

de dualisme archaïque et spiritualiste entre l'hypochondrie

corporelle et l'hypochondrie intellectuelle : le malade inquiet

de son esprit, dont parle M. Régis, est en réalité inquiet de

son cerveau, et c'est bien là encore une préoccupation mor-

bide concernant la santé physique. - ·

M. Cullerre apporte tout le poids de son expérience pour

défendre l'antique doctrine cérébrale de l'hypochondrie et NI.

Deny tente de rajeunir la même doctrine grâce aux nouvelles

recherches sur la cénesthésie. Mais c'est précisément à l'en'-

contre de cette opinion trop exclusive que s'élèvent tous les

documents accumulés dans le rapport.

Enfin M. Pierre Roy remercie sincèrement M. Brissaud d'a-

voir aussi curieusement complété le bref chapitre de l'hypo-

chondrie traumatique, à peine esquissé, dans l'annexe de son

rapport,avec M. Juquelier.

Communications diverses.

Séance du 2 août. Présidence DE 112. GIRAUD.

Sur un cas de délire métabolique à base

hypochondriaque ; par MM. DENY et P. Camus (Sera publié).

Évolution des états hypochondriaques.

MM. TATY et CHAUMIER (de Lyon) présentent onze observa-

tions portant sur des sujets âgés de 16 à G2 ans et suivies jus-

qu'à la fin de l'évolution. Deux de ces observations sont ac-

compagnées d'autopsie. Il résulte de ces faits qu'il y a lieu,

dans tous les cas, de chercher attentivement le substratum

morbide physique, souvent méconnu ou difficile à déceler

exactement, le pronostic et le traitement dépendant de ce dia-

gnostic exact. Le pronostic est d'ailleurs toujours grave, en

raison de la tendance au suicide. L'idée de négation n'est pas

une résultante nécessaire ni même directe de l'idée hypochon-

driaque ; son apparition semble plutôt se rattacher à l'invo-

lution sénile ou au développement d'un autre processus dé-

génératif. Les auteurs ont eu l'occasion d'examiner le cerve-

let de deux tabétiques ayant présenté des poussées de ménin-

go-encéphalite diffuse, dont l'un avait du délire hypochon-

driaque, tandis que chez l'autre les idées de satisfaction pré-

dominaient. Les altérations étaient dans le premier cas pré-

dominantes dans les cellules étoilées avec intégrité relative

184 CONGRÈS DES MEDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

des cellules de Purkinje ; elles étaient inverses dans le second

cas.

Remarques sur les délires du « parasitiférisme »,

appuyées sur cinq observations inédites.

Dr LEROY (Eugène - 13ernard).- Parasitifère « se dit des êtres

qui nourrissent des parasites » (Littré) ; on peut donc forger

régulièrement le mot parasitiférisme pour désigner le « fait

de nourrir des parasites », et ce que j'appelle conviction dé-

lirante de parasitiférisme, c'est la conviction délirante d'ê-

tre habité par un être que le malade considère comme vivant

plus ou moins à ses dépens.

La conviction d'être habité par un parasite peut se rencon-

trer chez les débiles (observation d'une malade qui croyait

avoir dans le crâne un cloporte lui rongeant le cerveau) ; elle

constitue souvent alors une simple « erreur de diagnostic »

faite par le malade cherchant à s'expliquer ainsi les symp-

tômes très réels qu'il ressent.

. Elle peut cependant, chez les débiles également, constituer

une véritable conviction délirante, et s'accompagner d'hallu-

cinations. Cas d'une malade chez qui on observait en même

temps des convictions délirantes de persécution.

Cettemême conviction délirante peut compliquer un délire

de persécution de forme classique : Cas d'une malade per-

suadée que ses ennemis lui avaient introduit une souris dans

le corps.

Enfin, elle peut constituer le fonds d'un délire systématise

évoluant d'une façon chronique : Cas d'une malade qui

croit loger ainsi un « ver poilu » colossal, et cas d'une ma-

lade qui se croit enceinte depuis vingt-deux ans ; le foetus de

l'une et le ver de l'autre sont considérés par elles comme des

personnages doués de volonté et d'intelligence, et de tels dé-

lires rappellent bien plutôt les délires de possession ou même

les délires de persécution que les délires hypocondriaques

véritables.

Préoccupations hypocondriaques avec hallucinations

obsédantes de l'ouïe ou de l'odorat.

D'-LEROY (Eugène-Bernard). -;Observation d'une malade

actuellement âgée de 41 ans, ayant toujours manifesté une

tendance aux préoccupations hypocondriaques, tendance qui

se traduisait même par des rêves spéciaux. Actuellement, elle

croit exhaler une odeur repoussante et en tend sans cesse des

voix affirmant qu'elle est atteinte de diverses affections orga-

niques, annonçant sa mort prochaine, commentant les dia-

gnostics des médecins qn'elle a consultés, etc.

LE TIC HYSTÉRIQUE. 185

Les convictions délirantes hypocondriaques dans la

folie de la persécution.

D1' LEROY (Eugène-Bernard). - Les convictions hypocon-

driaques véritables sont assez peu communes dans la folie

chronique de la persécution (type LASkG(irt-FALRET) : le ma-

lade, loin de se croire atteint d'une déchéance physique ou

intellectuelle quelconque, évolue presque toujours progres-

sivement vers les convictions délirantes de grandeur qui sem-

bleraient bien être ce que l'on peut imaginer de plus opposé

à l'hypocondrie ; mais il n'y a pas là de règle absolue ; sur

les quatre observations personnelles et inédites que j'ai choi-

sies parce qu'elles me paraissent particulièrement nettes, trois

se rapportent à des persécutés avec hallucinations de l'ouïe,

la quatrième à une malade qui me paraît ne rentrer exacte-

ment dans aucun des cadres classiques, quoiqu'elle se rap-

proche beaucoup, par certains côtés, des persécutés raison-

nants.

Au point de vue des relations entre les convictions déliran-

tes hypocondriaques et les convictions délirantes de persécu-

tion, ces quatre observations peuvent être réparties dans trois

catégories distinctes, selon que :

il). L'idée d'un trouble de la santé et l'idée de persécution

évoluent parallèlement sans que l'on puisse affirmer qu'elles

réagissent notablement l'une sur l'autre ;

B). Le trouble imaginaire de la santé est considéré par le

sujet comme résultant des persécutions qu'il a subies ;

C). Le trouble de la santé est considéré par le sujet comme

le prélude obligé de la persécution : ses ennemis n'auraient

aucun pouvoir sur lui si l'on n'avait pas commencé par le

rendre malade.

Le Tic hystérique.

MM. Pitres et CRUCHET. - On a décrit sous le terme gé-

néral de tic hystérique des phénomènes fort disparates : 1°

Certains spasmes, essentiellement rythmiques, qui ont une

allure tout à fait particulière ; 2° Des tics survenus dans le

cours de l'hystérie, mais qui, si on les étudie de près, offrent

tous les caractères des tics vrais : il s'agit en réalité de tics

qui se sont surajoutés à l'hystérie préexistante avec laquelle

ils vivent en association ; on ne saurait donc les considérer

comme une manifestation d'ordre véritablement hystérique;

3, Reste un troisième groupe de faits qui comprend les tics

hystériques proprement dits. Ici, il s'agit bien d'une moda-

lité clinique particulière de l'hystérie elle-même, il s'agit

d'un véritable accident hystérique.

186 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIENISTES ET NECROLOGISTES.

En nous basant sur un certain nombre de faits personnels,

anciens et récents, nous croyons que cette dernière forme,

à laquelle il faut réserver le nom de tic hystérique, existe

indubitablement. Les deux exemples quenous avons choisis

pour les rapporter au Congrès sont particulièrement démons-

tratifs.

Dans le premier cas; chez une hystérique de 30 ans, on voit,

à la suite d'une vive émotion, des tics de la face et de l'épaule

remplacer une série d'accidents hystériques antérieurs, carac-

térisés par des crises convulsives. Ces crises disparaissent

complètement tant que durent les tics qui persistent, avec

des rémissions et exacerbations, pendant près de huit mois.

Au bout de ce temps, la malade est mise en état d'hypnose,

et on constate aussitôt l'atténuation considérable des tics,

cette atténuation se maintient dès le réveil du sujet : quinze

minutes plus tard, les tics ont presque entièrement disparu.

Deuxième hypnose quelques jours plus tard ; et depuis,

disparition des tics pendant quatre mois : ils ont reparu' alors

à la suite d'un nouveau choc moral, mais pour diminuer et

disparaître encore après une nouvelle hypnose.

Dans le deuxième cas, il s'agit d'une jeune hystérique de

14 ans 1/2, qui, pendant un mois, toutes les après-midi, aux

mêmes heures, présente une série de secousses convulsives

dans les bras, les épaules, le visage, avec du hoquet ; au

bout d'un mois, le hoquet s'atténue, puis disparaît et les

secousses convulsives se transforment en un tic caractérisé

par un mouvement brusque de rotation de la tête il droite avec

un clignement des yeux, froncement du nez et haussement

des épaules, surtout à droite. Ce tic a duré 5 mois, et a pres-

que totalement disparu dans le sixième mois. Ici, l'hyp-

nose, pas plus que la suggestion à l'état de la veille n'ont eu

d'influence évidente : mais la pression de certains points du

corps (en particulier la région, lombaire droite) augmentait

nettement le tic, ou le faisait naître quand il n'existait pas.

De plus, ce fait que le tic, rarissime le matin, augmente pro-

gressivement dans l'après-midi, au point qu'on ne peut plus

le compter et cela quotidiennemeut pendant 5 mois est

encore en faveur d'une origine hystérique vraie.

Hémispasme facial périphérique post-paralytique.

M. le Dl' CRUCHET. -Dans le spasme facial périphérique

en général, trois cas peuvent se présenter : 1° Le spasme est

primitif d'emblée, sans paralysie consécutive ; 2° Le spasme

est pré-paralytique; 3° Le spasme est post-pamlytiqlte. L'ob-

servation d'hémispasme facial gauche que nous rapportons

VALEUR SÉMÉIOLOGIQUE DES TROUBLES PUPILLAIRES. 187

constitue un cas de ce dernier genre. Les caractères princi-

paux sont :

As Au point de vue clinique : a) l'unilatéralité ; b) l'asso-

ciation, dans cet hémispasme, d'un état spasmodique à la

fois tonique et clonique ; c) la dissociation du spasme tonique

total en spasmes partiels, susceptibles d'exister isolément ; d)

dans ces spasmes partiels, lepalpébro-labialpar exemple, la

contraction volontaire, c'est-à-dire la fermeture voulue de la

paupière entraîne immédiatement la contraction involontaire

de la commissure labiale, qui s'élève malgré la volonté du

sujet ; et réciproquement, la contraction volontaire, c'est-à-

dire l'élévation de la commissure labiale, entraîne la demi-

fermeture de ]'oeil du même côté, contraction absolument

involontaire, et qui n'existe nullement du côté opposé, re-

cherchés dans des conditions identiques ; e) sur le fond toni-

que, ou même en dehors de lui, apparaissent des secousses

cloniques, généralement uniques, peu fréquentes (10 à 30 fois

par jour), brèves et brusques, comme superficielles, qui pas-

sent comme l'éclair, et sont manifestement en dehors de l'in-

fluence de la volonté.

B. Au point de vue du diagnostic, existait une certaine

difficulté, par suite d'un clignement rapide de l'oeil droit et

de secousses de latéralité de la tête qui se produisaient à di-

vers moments. On pouvait ainsi : a) voir à gauche un tic où

il existait un spasme ; b) voir à droite un tic où il n'y en avait

pas.

C. Au point de vue étiologique, on peut croire qu'il s'agit

de spasme précurseur de la contracture ; mais il se peut

que ce spasme persiste ainsi indéfiniment, ou disparaisse

au bout d'un certain temps, sans avoir recours à la con-

tracture.

D. Au point de vue palhogénique, on est mal renseigné

sur ces faits. En particulier, il paraît paradoxal que les réac-

tions électriques soient, comme c'est le cas ici, conservées ab-

solument normales.

Valeur séméiologique des troubles pupillaires dans

les affections cérébro-spinales.

DI' JocQS (de Paris). Les troubles pupillaires s'observent le

plus souvent dans le tabes, la paralysie générale et les lésions

cérébrales syphilitiques. Dans le tabes on observe : le signe

d'Argyll Robertson, le myosis et l'inégalité pupillaire. L'iné-

galité pupillaire n'appartient pas en propre au tabes : elle

correspond le plus souvent à une ophtalmoplégie inter-

ne de l'un ou de l'autre oeil, laquelle dépend toujours de la

syphilis, .

ils CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

L'irrégularité pupillaire ne constitue pas un signe de tabes

C'est un état normal n'apparaissant pas lorsque la pupille a

ses mouvements et ses dimensions normaux, se manifestant

au contraire lorsque la pupille est paresseuse et immobilisée

pathologiquement. La syphilis seule ne donne pas lieu au

phénomène d'Argyll-Robertson. Ce signe indique toujours

le tabes et une autre lésion médullaire. »

Si on l'observe souvent chez des syphilitiques, c'est que

beaucoup de syphilitiques deviennent tabétiques. Mais tous

les tabétiques ne sont pas syphilitiques. Les troubles pupil-

laires sont ceux qui sont constitués par l'ophtalmoplégie

interne partielle ou totale (paralysie du muscle constric-

teur de la pupille, ou du muscle accommodateur, ou des

deux à la fois.) Les lésions causales de ces troubles pupil-

laires dans la syphilis sont rarement d'origine nucléaire,

mais le plus souvent d'origine basale. Ils n'ont rien à voir

avec le tabès.

Les troubles de la paralysie générale sc rapprochent beau-

coup de ceux de la syphilis. L'inégalité pupillaire correspond

toujours à un trouble dans la motricité de l'iris. Le signe

d'Argyll-Robertson n'y est jamais pur comme dans le tabes.

Ce qui apparaît d'abord dans la P. G., c'est la parésie, allant

jusqu'à la paralysie complète du muscle constricteur. Puis la

parésie, jusqu'à la paralysie complète du muscle accommo-

dateur. En somme, c'est l'ophtalmoplégie interne progres-

sive. L'inégalité pupillaire tient uniquement à la différence de

marche de l'ophtalmoplégie dans les deux yeux.

11 existe une variété d'inégalité pupillaire dite « à bascule» »

qui est absolument physiologique ou, en tout cas, ne consti-

tue qu'une anomalie congénitale complètement indépendante

de tout état pathologique.

Prévention des maladies nerveuses ou mentales

dans l'armée.

D' GR : 1NJUX.- Le nombre des réformes prononcées chaque

année pour maladies nerveuses ou mentales montre l'insuffi-

sance des mesures prises en vue d'empêcher ces maladies de

s'introduire dans l'armée.C'est ainsi que,annuellement,on ré-

forme pour l'aliénation mentale 0,40 % d'effectif,et le reste à

l'avenant.Ces malades proviennent soit des appelés, soit des

bons -absents, soit des engagés.

Le fonctionnement actuel des conseils de revision est insuf-

fisant pour permettre un diagnostic exact des nerveux ou des

aliénés. Il est indispensable que les conscrits ayant argué, lors

de l'établissement des tableaux de recensement, d'affections

soit nerveuses,soit mentales, soient, avant les opérations du

PRÉVENTION DES MALADIES MENTALES OU NERVEUSES. 189

conseil de revision,l'objet d'un examen de la part d'un expert.

Il est indispensable que les « bons-absents »,en majeure par-

tie composés d'individus à humeur vagabonde, soient, lors de

leur incorporation, signalés au médecin du corps.et s'ils sont

reconnus atteints de maladies nerveuses ou mentales, réformés

dans les mêmes conditions que les autres soldats,au lieu d'être

conservés tant qu'ils sont utilisables.

L'engagement étan t la grande porte d'entrée des déséquilibrés

dans l'armée, il est urgent d'exiger de tout individu qui veut

s'engager un certificat médical constatant qu'il est sain de

corps et d'esprit.

Les réformes pour aliénation mentale étant, par rapport à

ce qui se passe dans les régiments, deux fois plus nombreu-

ses dans les bataillons d'Afrique, quatre fois plus dans les

prisons,et huit fois plus dans les compagnies de discipline,il

convient d'établir, au seuil de ces corps d'épreuve, un filtre

au moyen de l'examen médico-légal obligatoire de tout mili-

taire en prévention de conseil de guerre ou de discipline.

L'enseignement de la psychiatrie commencé à l'Ecole de

Lyon, tant à l'hôpital Desgenettes qu'à l'asile de Brou, continué

à l'hôpital du Val-de-Grace devrait être complété pour les

jeunes médecins militaires par l'assistance à l'enseignement

psychiatrique organisé pae l'Université de Paris : et une sorte

de stage à la Maison de Charenton dans le service des aliénés

militaires.

A la suite de cette communication, dit M. Granjux' dans

le Bulletin médical, s'est engagée une discussion qui a roulé

sur des points de détail, car, ainsi que l'a fait remarquer

M. le professeur Brissaud, l'accord existait sur le fond.

La discussion a porté sur le 3e voeu relatif aux engagés

volontaires. M. Christian a pensé que l'on ne trouverait pas

de médecins voulant donner un certificat relatif à l'état men-

tal de leurs clients. Cette opinion a été combattue par M. le

prof. Brissaud et le Congrès l'a suivi.

L'expression « sain d'esprit » semble devoir être remplacée

par ces mots : « ne présente pas de troubles nerveux carac-

térisés ». Cette modification a été faite en vue de faciliter

l'établissement du certificat médical, et de faire disparaître

ce qui pourrait faire hésiter le médecin z

Sur la proposition de M. Régis, on a exigé, pour l'accepta-

tion de l'engagé volontaire, en dehors de l'apport d'un cer-

tificat du médecin de la famille, l'examen psychique de l'en-

gagé fait par le médecin militaire du bureau de recrutement.

Enfin, M. Christian, ancien médecin de la maison natio-

nale de Charenton, a fait remarquer que les aliénés militaires

y devenaient de moins en moins nombreux et que ce n'était

190 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTES.

pas là un hôpital dont les malades pourraient être utilisés

pour l'enseignement. Dans ces conditions, la partie du 5e voeu

relative à l'enseignement donné à Charenton aux jeunes mé-

decins militaires a été retirée.

. Séance du 2 août (soir).

Le syndrome de la névrite ascendante.

R. SICARD, (rapporteur). Le rapport que j'ai à vous

présenter était intitulé : « des névrites ascendantes ». Je me

suis permis d'en modifier le titre et de distraire du groupe

confus des névrites ascendantes un syndrome à allures

particulières, à réactions anatomo-physiologiques également

spéciales, le syndrome de la névrite ascendante post-traumati-

que. C'est la névrite ascendante qui survit au traumatisme !

qui est consécutive à une toxi-infection localisée, qui affecte

une topographie régionale : névrite ascendante régionale posi

traumatique

Limites du sujet.

Cette conception d'une névrite ascendante réduite à ses

très justes limites n'a pas toujours eu gain de cause. Il

suffit de parcourir les mémoires de la fin duXVIII siècle,et du

commencement du XIXe pour voir que la névrite ascendante,

dans une généralisation hâtive, était alors à la base de pres-

que toutes les paralysies du mouvement et de la sensibilité :

paralysies utérines, urinaires, vésicales, rénales, prostati-

ques,etc., reconnaissaient toutes pour cause une inflam-

mation,une irritation qui, parties de la périphérie,se propa-

geaient le long des troncs nerveux,pour gagner la moelle.

Uneréaction contreces théories tout hypothétiques nepou-

vait pas tarder à se produire. Un démembrement se fit au

profil des myélites de cause infectieuse (le microbe étant

véhiculé par voie sanguine) ; au profit des polynévrites, au

profit delà paralysie ascendante et rayonnante de Landry

(il s'agit ici non de névrite ascendante au sens exact du

mot,mais de cellulo-névrite,de neuronite motrice antérieure),

au profit encore des réactions cellulaires à distance au cours

des sections nerveuses et des amputations.

J'estime qu'il est nécessaire également de différencier le

syndrome de névrite ascendante vraie d'un autre groupe

de faits qu'il est bien tentant, au premier abord, d'identifier

dans le même cadre nosologique.Je fais allusion à ces toxi-

infections ascendantes (toxine tétanique, virus rabique) qui

à la suite d un traumatisme, d'une plaie, sont véhiculées le

long des troncs périphériques (voir expérimentation), jus-

LE SYNDROME DE LA NEVRITE ASCENDANTE. 191

qu'aux centres nerveux. Il n'est pas douteux cependant que

les réactions histologiques et les symptômes cliniques ne

soient, dans ces cas, d'ordre bien différent. Au cours du té-

tanos,durant la période d'incubation, l'ascension nerveuse

periphérique de la tétanine se fait sournoisement, insidieu-

sement, sans réaction sensitive ni motrice ; et en cas de gué-

rison confirmée,chacun sait que les nerfs tributaires de la

région traumatisée,ceux qui précisément ont véhiculé les

plus grandes doses de poison, restent indemnes de toute

manifestation douloureuse,parétique ou trophique.

lien est de même pour la rage.On n'a reconnu d'une ma-

nière très positive (voir expérimentation) que le virus rabi-

que,localisé primitivement au siège de la morsure, gagnait

les centres nerveux en cheminant le long des nerfs péri-

phériques ; et pourtant,durant cette incubation, parfois si

longue, aucun symptôme morbide ne paraît révéler cette

imprégnation lente,continue, ascensionnelle, du nerf par le

virus rabique.La plaie de morsure-est fermée depuis long-

temps, et le membre atteint n'est, ou ne sera qu'exception-

nellement, pendant toute l'évolution rabique,le siège de

phénomènes sensitifs ou moteurs. Peut-être même, dans les

rares observations où quelques troubles nerveux localisés

et rayonnants au loin de la plaie contaminée,ont été signalés.

s'agissait-il de névrite ascendante vraie, indépendante de

l'action du virus rabique,mais due a d'autres microbes d'as-

sociation. '

Pour l'ensemble de ces raisons, ;e pense qu'il faut éviter

d'appliquer à ces processus spécifiques le terme univoque de

névrite ascendante.il s'agit là d'affinités spéciales pour le

tissu nerveux lui-même,de vraies ascensions nerveuses, ou

mieux, de conductibilités nerveuses spécifiques :

a) 11'euo-cotductibilité toxiquc( toxine tétanique et peut-être

diphtérique).

b) 11'ervo-conductibilité microbienne (virus rabique).

La clinique, l'expérimentation, l'anatomie pathologique.

légitiment ces scissions.

Ainsi dégagé, le syndrome de névrite ascendante régionale ,

dont le prototype nous est donné par la névrite ascendante

régionale post-traumatique des membres supérieurs, pourra

être plus méthodiquement et scientifiquement étudié.

Etiologie. - Les traumatismes ouverts sont à l'origine des

névrites ascendantes. Les plaies nerveuses par section in-

complète, par attrition, lacération, inclusion de fragments

étrangers, favorisent le processus ascendant, qui, somme

toute, est cependant rare.L 'ensemble des statistiques des

192 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

plaies nerveuses ne nous a donné qu'un total de 4,5 % de

névrites ascendantes.

Symptomatologie,- On peut reconnaître à ce syndrome une

première étape principale et obligatoire, l'étape de réaction

périphérique à ascension limitée ; une deuxième étape excep-

tionnelle, l'étape de réaction à distance et de diffusion gan-

glionnaire. Peut-être, y aura-t-il lieu, après des observations

plus précises, à une troisième phase ultime 1'adiculo-méllul-

laine.

La première étape est caractérisée par l'ensemble des symp-

tômes locaux, symptômes d'irradiation gravitant autour

de la plaie,à topographie ascensionnelle limitée. Les si-

gnes de douleur ne fontjamais défaut. Ils occupent le pre-

mier plan de la série morbide. Toujours perçues, mais par-

fois supportable,la douleur, se réveille, par instants, sous

forme de crises paroxystiques d'une intensité extrême. Elle

peut s'accompagner de modifications de la sensibilité ob-

jective,de la motilité,de la réflectivité, et de la trophicité des

régions atteintes.

La deuxième étape paraît caractérisée par le rayonnement

et la diffusion des douleurs,et par l'adjonction des symptù-

mes moteurs, de spasmes,de tremblements. Le branle-bas

peut être général, s'étendre, par exemple, au cas de névrite

ascendante du membre supérieur, à tous les nerfs du ple-

xus brachial et même à ceux du plexus cervical du même

côté.

La troisième étape (étape radiculo-médullaire) n'est confir-

mée par aucun fait clinique ou anatomo-pathologique. Cer-

tains faits de syringomélie dorso-cervicale, consécutifs à

des plaies infectées des mains, ne sont pas démonstratifs à

cet égard.

Formes. On peut distinguer les processus ascendants

initiaux rapprochés des centres nerveux (névrites ascendan-

tes proximo-ccntrnles,névrite du trijumeau) et les processus

ascendants initiauxdistants des centres (névrites ascendan-

tes dis to-centrale.s, membre supérieur).

Le type de névrite ascendante sera d'autant plus sévère ;

susceptible d'entraîner des lésions graves,que le point de

départ sera plus haut placé, plus rapproché des ganglions

rachidiens,des centres nerveux.

Evolution. PRONOSTIC.-Le processus ascensionnel débute

environ de quelques jours à deux ou trois semaines après

le trauma. L'évolution est loin d'être fatalement progressive.

En règle générale, après quelques mois,les symptômes d'en-

vahissement se limitent à la première période ; et la régres-

LE SYNDROME DE LA NÉVRITE ASCENDANTE. 193

sion, et la guérison partielle- ou totale, peuvent se pro-

duire.

La névrite ascendante étant une complication des plaies

traumatiques, les experts doivent compter avee elle, dans

leurs rapports médico-légaux sur les accidents du travail.

Diagnostic Le diagnostic ne devra être fait qu'à bon

escient. Il ne faut pas se hâter de le porter quand, après un

traumatisme, surviennent pendant quelques jours des dou-

leurs irradiées. 11 faut encore savoir différencier le syndrome

névritique du syndrome névralgique.

- Cependant, entre une névralgie ascendante sollicitée par

me cause organique réelle, et une névrite ascendante, il n'y

a qu'une question de degrés. Les signes de la névrite se ré-

vèlent par la douleur, les troubles trophiques, moteurs, sen-

sitifs, objectifs, par la raréfaction du tissu osseux constata-

ble par la radiographie, et surtout par la palpation des troncs

nerveux souvent hypertrophiés.

Le diagnostic de traumato-névrose ascendante s'impose par-

fois, à première vue par l'attitude du malade, les façons de

mouvoir ou d'immobiliser le membre atteint, les variations

topographiques des troubles de la sensibilité objective, et

surtout par l'absence des signes positifs de névrite, signalés

plus haut.

Anatomie pathologique. La réaction interstitielle du

nerf périphérique est la caractéristique histologique de la

névrite ascendante. A la'phase aiguë de localisation névriti-

que, on observe de la diapédèse hématique et leucocytaire

péri et endo-névritique avec destruction plus ou moins ac-

cusée des tubes nerveux; la phase chronique s'accuse par la

prolifération du tissu conjonctif, l'hypertrophie des bran-

ches et des troncs nerveux, et la destruction secondaire des

tubes nerveux.

L'anatomie pathologique des réactions centrales à dis-

tance, ou de propagations ganglionnaires, radiculaires, mé-

dullaires, reste tout entière à préciser.

PATHOGÉNIE,- Un fait est acquis, le microbe ne remonte

ni bien haut, ni bien loin à l'intérieur du tronc nerveux. Il

est appelé du reste à disparaître, après extinction du foyer

et cicatrisation de la plaie, alors que le processus ascendant

continue pourtant sa marche. Deux théories peuvent, à mon

avis, expliquer la marche ultérieure du processus ; celle de

la réaction toxique ascensionnelle des éléments inlra-ner-

veux (tissu conjonctif, vaisseaux, faisceaux nerveux) et celle

delà réaction inflammatoire également ascensionnelle du

tissu cellulaire para-nerveux (tissu cellulaire ambiant, en-

tourant le tissu nerveux). -

Archives, 2° série, t. XX. , 13

194 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

La théorie pathogénique de la deuxième étape ganglion-

naire est plus difficile à interpréter. On peut cependant

peoser à une modification des cellules ganglionnaires à la

suite de la stimulation périphérique constante.

TRAITEMENT. - Le traitement de la névrite ascendante dé-

clarée est plus d'ordre médical et chirurgical.

Quand, après extinction du foyer primitif et cicatrisation do

la plaie, les douleurs persistent ou se révèlent avec une in-

tensité progressive, une opération sanglante ne sera autorisée

qu'au cas de cal hypertrophique, d'hyperostose, de chéloïde

volumineuse, de névromes terminaux facilement apprécia-

bles au palper. Mais, en dehors de ces indications chirurgi-

cales nettement déterminées, le traitement doit rester mé-

dical. Toute autre intervention serait suivie, à peu près fatale-

ment, ou d'échec complet, ou de récidive douloureuse à brève

échéance, sans parler des délabrements définitifs et des trou-

bles trophiques permanents, consécutifs à ces opérations.

La liste lamentable de ces malheureux névritiques obsédés

decure chirurgicale témoigne de ces interventions les plus

variées : élongation nerveuse, névrotomie (section simple),

névrectomie (résection), amputations successives des ses-

ments du membre et même résection des racines postérieu-

res (cas de Abbe, de Benett, de liorsley, de Chipault, Lucas-

Championnière).

Le traitement local commandera : le repos du membre, au

besoin dans une gouttière; parfois la compression brusque

et forcée des extrémités nerveuses toutes périphériques, et

surtout l'électrothérapie galvaniques et les injections loco

dolente de stovaïne ou de cocaïne.

Dans le traitement général, c'est l'élément douleur qu'il

faut combattre encore par les analgésiques connus (aspi-

rine, pyramidon, acétanilide). L'insomnie sera amendée par

le véronal, le sulfonal, le trional. Enfin, il est important de

relever le moral de tels malades rapidement angoissés et

phobiques à la suite des souffrances qu'ils endurent.

Discussion. ,

,NI. Léri (de Paris).-Je ne crois pas que le syndrome ana-

tomo-clinidue décrit par M. Sicard corresponde à la généralité

des faits désignés sous le nom de névrite ascendante. Je

m'appuie surtout, pour émettre cette opinion, sur l'examen

des moelles de 12 amputés du service de M. P. Marie, morts

un temps variable après l'opération.

Dans presque tous ces cas.il existait des lésions des cordons

postérieurs, les unes homolatérales, les autres hétérolato'a-

les par rapport à l'amputation.

LE SYNDROME DE LA NEVRITE ASCENDANTE. 105

Les examens à l'oeil nu ou à un laible grossissement des

coupes de moelles que nous avons laites, M. P. Marie et moi,

nous ont permis de constater l'extrême variabilité de ces lé-

sions des cordons postérieurs, aussi bien du côté correspon-

dant à l'amputation que du côté opposé. Celte variabilité ne

nous paraît guère conciliable avec l'idée d'une simple lésion

d'origine ganglionnaire, soutenue par M. Marinesco pour les

faits de ce genre : le trajet des fibres parties d'un membre

étant identique dans tous les cas. les ganglions altérés et les

libres médullaires consécutivement dégénérées devraient

être les moues, dans les diverses amputations d'une région »

déterminée, de la cuisse par exemple.

Nous avons pu nous assurer, d'autre part, que ces différen-

ces lésionnelles ne sauraient être attribuées ni à l'ancienneté

de l'amputation, ni à l'infection du membre amputé, avant,

ou après l'intervention.

Nous avons alors voulu savoir si l'examen à un fort gros-

sissement nuus donnerait la clef de ces inégalités de lésions

et voici ce que nous avons constaté :

En premier lieu, dans certains cas. nous avons trouvé de

ces boules de dégénérescence, encore inconnues dans leur

nature, que l'on observe dans beaucoup de lésions médullai-

res ou cérébrales et, en particulier, dans les lésions très an-

ciennes ; or, ces boules siégeaient non seulement au niveau

de la lésion des cordons postérieurs, du côté amputé et du

côté opposé, mais aussi dans toute la méninge et au niveau

de l'entrée des racines lombaires. même du côté non amputé,

c'est-à-dire à un niveau où une décussation des fibres radicu-

laires postérieures n'était pas encore possible; ces lésions fai-

saient défaut dans les racines mêmes.' *

En second lieu, nous avons noté dans ? cas, en plus des al-

térations des cordons postérieurs, des lésions do méningite

syphilitique. Or, la distribution des premières, due sans doute,

au moins en partie, aux secondes, était tout à fait semblable

à ce qu'elle aurait été à la suite de la même amputation sans

syphilis. - -

Ces 2 faits nous ont mis en éveil et nous ont engagés à exa-

- miner attentivement les méninges sur les coupes des moelles

de nos autres amputés, et, chez plusieurs d entre eux, nous

avons trouvé des reliquats d'inllammation méningée sous

forme soit d'amas lymphocytaires, soit d'épaississements sclé-

reux.

Ces constatations nous paraissent intéressantes en ce que la

méningite explique parfaitement, et seule explique bien, à

notre avis, les lésions à sa fois homo et hétérolatérales, si dis-

semblables suivant les cas, que nous avons rencontrées dans

196 CONGRÈS DES MEDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

les cordons postérieurs ; elle rend compte aussi de ladistribu-

tic-n anormale, en apparence paradoxale, de certaines de ces

boules de dégénérescence que nous avons signalées.

- Nous croyons donc bien que ces faits demandent LI être

vérifiés - qu'à la suite des amputations, on peut observer

assez souvent une méningite légère et que cette méningite

tient vraisemblablement sous sa dépendance les lésions des

cordons postérieurs. Cette méningite est due, sans cloute, à

une névrite ascendante partie du lieu de l'amputation, le

mot névrite étant pris dans son sens le plus large, qu'il s'a-

gisse de névrite vraie, parenchymateuse ou interstitielle, ou

d'épi, de péri ou de paranévrite.

Sous le bénéfice de ces réserves, je dois ajouter que les

observations cliniques des malades chez lesquels ont eu lieu

les constatations hislologiqucs précédentes ne nous ont jamais

révélé le syndrome douloureux particulier de la névrite as-

cendante qui, d'après M. Sicard, marquerait l'étape périphé-

rique de l'affection : ce syndrome ne nous paraît donc pas

obligatoire.

Peut-être y aurait-il lieu de rechercher, à l'avenir, dans la

ponction lombaire faite précocement un signe caractéris-

tique de la phase radiculo-médullaire de la maladie.

M. 13a1ssAO. Je suis convaincu que MM. Sicard et Léri

mettront d'accord la clinique et l'anatomo-pathologie, car il

faut qu'en sortant d'ici nous nous entendions sur ce que nous

appelons névrite ascendante. C'est, en somme, le syndrome

décrit par Werri-Michel.

Un deuxième point important, c'est la considération delà

névrite ascendante au point de vue de la loi de 18'JS sur les

accidents du travail. Voilà une maladie qui aboutit générale-

ment, soit au suicide, soif au morphinismo le plus déplora-

ble. Dans ces conditions, en présence d'une névrite ascendan-

te confirmée, nous avons peut-être, en dehors de l'incapacité

absolue et permanente, une autre conclusion 1\ déposer.

M. L13RL- Nous reconnaissons très volontiers qu'il n'y a

guère, entre M. Sicard et nous, qu'une divergence de mois. Il

serait fort utile de définir pour l'avenir la névrite ascendante

et de savoir si l'on doit entendre par ces mots un syndrome

clinique très bien défini par M. Sicard et auquel il a fort jus-

tement ajouté le mot « régional » ou un processus analomo-

pathologique. Les différents auteurs qui se sont occupés des

lésions de la moelle des amputés ont jusqu'ici employé le ter-

me«névrite ascendante» dans son sens an;ll'onlique; c'est clans

ce sens aussi que nous en avons fait usage.

M. Sicard. -1\ous constatons, en effet, qu'il y a entre II.

Léri et nous surtout une différence de mois. Les lésions si in-

SUR LE TEMPS PERDU DU RÉFLEXE ROTULIEN. 197 I

téressanlesclo la méninge signalées par M. Léri sont-elles, en

réalité, consécutives à une névrite ascendante ? M. Léri a ré-

servé la question de l'étape intermédiaire entre la lésion pé-

riphérique et la lésion médullaire ; il nous paraît logique de

supposer que les lésions méningées peuvent être soit contin- ? entes, soit secondaires à la lésion même des cordons posté-

rieurs par suite peut-être d'altérations circulatoires ou méca-

niques.

JEUDI 3 AOUT

Excursion à Dinan (visite de l'Asile et de la Ville,retour en

bateau sur la Rance jusqu'à Saint-Malo),départ le matin en

train spécial parLaBrohinière; arrivée vers 9 heures à Dinan.

Visite de l'Asile, retour à Dinan où l'on déjeunera en corps,

excursion dans la ville et départ à 5 heures 1/2. Arrivée vers 8 - z

heures à Saint-Malo ; rendez-vous à la gare pour le retour à

Rennes à 9 heures 30. Arrivée à 11 heures 48 soir.

Séance du 4 aOitt. PRÉSIDENCE de M. GIRAUD.

Recherches sur le temps perdu du réflexe rotulien.

M. le Dr CASTE-, (de llennes).-J'ai commencé, avec la colla-

boration du docteur Ch. Lefeuvre, des recherches' sur le ré-

llexe rotulien, au point de vue : 1° relation entre le temps

perdu et l'intensitéde l'excitation ; 2° relation entre la force

de la contraction et l'intensité de l'excitation. C'est sur la pre-

mière question seulement que portera notre communica-

tion.

Technique. - Le sujet assis sur une chaise repose les pieds

sur le sol, de telle sorte que chaque jambe soit fléchie à 90°

sur la cuisse. La contraction des quadriceps est enregistrée

avec un myographe ; après de nombreux essais d'appareils,

connus ou inédits, nous avons adopté une sorte de pince

myographique, qui, tout en étant très sensible, n'est pas in-

fluencée par le déplacement en totalité plus ou moins marqué

que subit le membre au moment du choc. Le myographe est

relié à un tambour très sensible inscrivant sur un cylindre

de Marey mis à la grande vitesse ; comme pour les fortes se- z

cousses, la partie supérieure de la secousse ne s'inscrit pas,

clans certaines expériences, nous l'avons relié en même temps

à un tambour peu sensible permettant alors de comparer les

intensités de la contraction.

Comme percuteur, nous nous servons de mon réflexomè-

tre, avec contact électrique, donnant, par le signal de Des-

prez, l'instant précis du choc et même sa durée.

Résultats. Nos mesures portent, jusqu'à présent, sur des

198 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES,

déments précoces qui, par leur exagération des réflexes et leur

impassibilité, sont d'excellents sujets. Nous avons aussi, pour

récolter des documents, mesuré un syringomyélique et un

jeune homme atteint de paralysie spastique avec exagération

des réflexes tendineux et amyotrophie du membre inférieur

gauche.

Nous avons, dans tous les cas, observé que le temps perdu

du réflexe rotulien varie presque du simple au double en sens

inverse de l'intensité d'excitation, cette intensité dépendant

elle-même de deux facteurs, d abord de la force du choc de

de percussion, ensuite du tonus musculaire.

Il en résulte que sur un sujet qui présente un parfait relâ-

chement du quadriceps, un tonus constant.la force de secous-

ses augmente régulièrement avec l'intensité du choc; le temps

perdu diminue, depuis le seuil jusqu'à la contraction la plus

intense ; au contraire, chez un sujet qui présente des varia-

tions de tonicité (par exemple l'attention se portant sur son

membreexaminé), un même choc détermine des secousses

de force variable ; mais alors le temps perdu varie en sens

inverse de l'intensité des secousses.

Chez les déments précoces examinés, . le temps perdu pour

le seuil a été on moyenne de 0',07.

Un cas de paralysie spinale aiguë de l'adulte à forme

monoplégique.

Dr CASTES (de Rennes). La paralysie spinale aiguë de l'a-

dulte à forme monoplégique est rare ; la statistique de Mûllcr

(1880) en indique 3 cas sur un total de 46, soit une proportion

d'environ 6 °/0. Voici l'observation d'un semblable cas.

Homme, bonne santé habituelle ; rien d'important à signa-

ler dans ses antécédents personnels et dans sa famille. En

septembre 1903, un lundi, il se sent avoir froid. Le mardi, pro-

dromes peu intenses : courbature, inappétence. Le mercredi

il se réveille avec le membre inférieur gauche entièrement

paralysé ; le membre inférieur drori n'a aucune diminution de

force. Dès la fin de la semaine, le malade marche avec des bé-

quilles. Toutes les sensibilités sont conservées ; presque au-

cun phénomène douloureux (un peu d'engourdissement) ;

pas de troubles sphinctériens. "

Lorsque je vois pour la première fois le malade, quelques

mois après, je trouve : paralysie flasque du membre atteint,

avec motilité entièrement abolie pour certains groupes mus-

culaires, et extrêmement faible pour d'autres ; atrophie mus-

culaire très marquée. Réflexes tendineux abolis. Réaction de

dégénérescence complète de tous les groupes musculaires

atrophiés. Toutes les sensibilités sont intactes. Ce qu'il y a

PATHOGÉNIE DE L'OTHÉMATOME. 199

particulier chez lui, outre la rareté de la forme de la paraly-

sie, c'est qu'aucun muscle n'a été épargné ou tout au moins

peu atteint.

Le réflexe patellaire est indépendant de la surface

du percuteur.

lI. D1' Castex (de Rennes). Des considérations pratiques et

théoriques m'ontengagé à chercher s'il existait une relation

entre la surface du percuteur et l'intensité du réflexe rotulien.

La méthode de recherche a été très simple : sur une série de

sujets, j'ai cherché le seuil du réflexe avec mon réuexomctre,

en faisant varier la surface de percussion de 0 c. m. q. 1 à

1 c. m. q. Le seuil a toujours gardé exactement la même va-

leur, dans tous les cas. Je conclus donc que la surface du per-

cuteur n'a pas d'influence sur l'intensité du réflexe rotulien,

du moins lorsque cette surface est assez petite pour ne frap-

per que le tendon.

Ce résultat indique qu'en pratique il n'y a pas lieu de se

préoccuper delà surface d'un percuteur.

Il présente aussi un intérêt théorique. On a abandonné la

théorie de l'excitation directe par le choc des organes sensi-

bles des tendons, et on admet généralement que c'estl'allon-

gement brusque du muscle, provoqué par le déplacement du

tendon, qui excite les filets sensitifs musculaires. Le résultat

que j'ai obtenu concorde parfaitement avec cette dernière

théorie : puisque le choc n'agit qu'en déplaçant le tendon, il

importe peu que le percuteur porte sur toute la largueur du

tendon ou sur une portion seulement.

Mais il n'est pas un argument contre la théorie ancienne,

parce que nous ne connaissons pas au juste la répartition des

organes sensitifs dans les tendons, et surtout que nous igno-

rons les lois de leur excitation.

Pathogénie de l'othématome.

lI. le Dr D.\RCaNNE (de Fougères). - Lorsque plusieurs

aliénistes de l'école italienne vinrent affirmer l'origine micro-

bienne de l'othématome, nous entreprîmes, sous l'inspiration

du docteur Séglas, notre maître, d'examiner le sang d'othé-

matome récemment produit.Avec toutes les précautions asep-

tiques ordinaires, nous prélevâmes du sang d'othématoriies chez

des paralytiques généraux (cinq cas) et nous ensemençâmes

sur bouillon, sur gélatine, sur agar-agar. En aucun cas il ne

fut obtenu de culture. Et cependant, dans trois cas, l'othéma-

tome s'était produit depuis moins de 24 heures. Nous conclû-

mes que l'othématome n'était pas d'origine microbienne.

Depuis ce temps, et pendant les années 1903, 1904 (Hospice

200 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

1

de Bicêtre) ; 19us (Hospice de Bégard), nous examinâmes avec

soin la production et la fréquence des othématomes chez les

paralytiques généraux et chez d'autres aliénés.

Nous arrivâmes à cette conclusion que l'othématome était,

dans la plupart des cas, d'origine traumatique pour les rai-

sons suivantes : les othématomes, si fréquents dans les asiles

d'aliénés hommes, sont beaucoup plus rares dans les asiles

d'aliénés femmes. Cela tiendrait, pour nous, à ce que les in-

firmiers sont brutaux, tandis que les infirmières frappent ra-

rement les malades.

Nous avons pu observer, dans un hospice de fous, que les

othématomes cessaient d'apparaître, dans une salle où ils

étaient toujours très fréquents, quand l'infirmierétaitcliancé

de salle ; ils réapparaissaient avec la rentrée dudit infirmier.

L'infirmier qui faisait le remplacement était d'humeur

très douce, jamàis on n'observa d'othématome pendant son

service.

A l'asile de Bégard (Côtes-du-Nord), que dirige le docteur

Le Cuziat, les folles sont surveillées par des religieuses, nous

n'avons pas rencontré d'othématomes chez les malades de cet

asile ; nous avons interrogé notre confrère le docteur Le Cu-

ziat, il nous a dit n'en avoir jamais observé. Il a ajouté que

cette lésion lui semblait aussi d'origine traumatique et que,

d'ailleurs, dans la médecine maritime, les brimeurs me-

nacent souvent les mousses d'une lésion en tout semblable à

l'othématome. Ils appellent cela : décoller l'oreille.

En résumé, l'othématome de la P. G. est d'origine trauma-

tique, dans la plupart des cas. Il va sans dire que les lésions

des nerfs des vaisseaux favorisent singulièrement l'apparition

du symptôme chez les paralytiques généraux.

Le signe de Kernig dans la paralysie générale.

Dr DARCANNE (de Fougères). Le signe de Kernig est fré-

quent dans la paralysie générale, et si l'on examine une série

dt malades arrivés à la période finale, il est bien rare qu'on

ne l'observe pas. Aux périodes de début et d'état; on le ren-

contre moins souvent ; il existe néanmoins. Nous avons pu

observer 26 femmes atteintes de paralysie générale à l'asile de

Bégard (Côtes-du-Nord), et nous possédons, en plus, 4 ob-

servations d'hommes paralytiques généraux.

Sur les 26 malades de Bégard, 10 présentaient le signe de

Kernig d'une façon nette ; une autre, d'une façon douteuse.

Sur les 10 présentant le signe de Kernig avec évidence, 8 étaient

à la période finale de la maladie et 2 étaient à la phase d'état.

Enfin sur nos 4 observations recueillies chez des hommes,

c'était à la phase de début.

LE SIGNE DE KERNIG DANS LA PARALYSIE GÉNÉRALE. 201

Le signe de. Kernig est considéré, généralement, comme

symptôme de lésion de méninges rachidiennes ; aujourd'hui

on élargit le cercle et l'on admet qu'il peut traduire une lé-

sion uniquement centrale. Or, la paralysie générale, affection

des centres cérébraux et des méninges cérébrales, peut très

bien se propager à la moelle et aux méninges rachidiennes,

de même qu'elle peut succéder au tabes.

Nous pouvons donc considérer notre signe de Kernig,dans

la paralysie générale, comme traduisant soit une lésion cen-

trale, soit une lésion médullaire. Cette vue de l'esprit est une

réalité en clinique : en effet, nous avons trouvé le signe de

Kernigconcomitamment avec une légère exagération des ré-

flexes, avec le clonus du pied et fréquemment avec le signe

de Babinski. La présence de ces derniers signes indique bien

qu'il y a lésion des méninges rachidiennes ou des faisceaux

pyramidaux. Chez les 10 femmes présentant le signe de Ker-

nig, nous avons trouvé six fois les réflexes exagérés, cinq fois

le clonus du pied, et cinq fois le signe de Babinski.

Tous ces paralytiques généraux avaient des troubles de la

marche depuis le simple tremblement des jambes jusqu'à

l'impossibilité complète de se tenir debout. Le signe de Ker-

nig signifiait bien lésion médullaire. Dans le cas où le signe

de Kernig existait au début de la paralysie générale, il n'y y

avait pas de troubles de la marche et l'on peut admettre qu'il

traduisait simplement une lésion du cerveau ou des ménin-

ges cérébrales.

Il résulte de ces observations que le signe de Kernig pos-

sède une grande valeur. Le signe de Kernig est, en effet, un

signe de diagnostic, puisqu'on le trouve à toutes les périodes

de la paralysie générale, on le trouve souvent à la phase fi-

nale de la maladie lorsque le processus morbide envahit la

moelle. Mais on le rencontre aussi à la phase d'état et, quel-

quefois. au début. C'est au début que sa présence a le plus

d'importance, car dans les cas de paralysie générale fruste,

sans signe d'Argyll-Robertson,il peut mettre le clinicien sur

la voie du diagnostic.

C'est aussi un signe important du pronostic. Il indique, en

effet, l'évolution progressive de la paralysie générale, sa mar-

che ascendante du cerveau dans la moelle tout à la phase de

début, alors qu'il n'y a pas de troubles de la marche ; moins

rare à la phase d'état, il existe fréquemment la phase finale

pendant laquelle apparaissent les troubles de la marche qui

peuvent même confiner le malade au lit. Le signe de Kernig,

dans la paralysie générale, indique, pour nous, une évolution

rapide de la maladie et l'apparition prochaine de troubles

médullaires.

202 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

Influence de la force centrifuge sur la perception de la

verticale.

M. Bourdon (professeur de philosophie à l'Université de

Rennes). - J'ai étudié cette influence au moyen d'une table

rotative portant à l'une de ses extrémités un siège sur lequel

j'étais assis, le visage et l'axe de rotation étant dans un même

plan, et le côté gauche du corps étant le plus rapproché de

l'axe. J'ai recherché de combien je devais incliner, pour qu'elle

me parût verticale, pendant la rotation : 1° une tige que je

tenais entre les mains ; 2° ma tête ; 3° une ligne lumineuse.

J'ai recherché, en outre, de combien l'oeil tournait, pendant

la rotation, autour de son axe antéro-postérieur (torsion).

Pour les vitesses de rotation employées, la résultante de la

pesanteur et de la force centrifuge formait avec la verticale

réelle un angle qui a varié entre 8° et 12° environ.

Les résultats ont été ce qu'on pouvait mathématiquement

prévoir, c'est-à-dire ceux qui se constateraient si le corps était

incliné réellement de quantités comprises entre 8° et 12°.

L'inclinaison apparente de la verticale ne s'explique pas par

- la torsion du regard, qui n'est dans ces expériences que de

2° 1/2 environ, alors que la verticale apparente est inclinée de

quantités comprises entre 6° et 9° 1/2.

De la galvanisation cérébrale. Signification thérapeu-

tique et clinique.

Dur FOVEAU de GouRMEt.LEs (de Paris). Les courants con-

tinus appliqués sur la région crânienne, et à faible intensité,

par une électrode sur le front et une autre à la nuque, ont

une action cérébrale incontestable, et variable avec le sens

du courant ou mieux la nature desélectrodes : le pôle positif

est-il au front, l'autre à la nuque ? il y a sédation et calme ; si

c'est l'inverse, ce sont les phénomènes opposés, excitation et

agitation, qui se produisent. On peut ainsi, dans la zneuras-

thénie et les maladies mentales, calmer ou exciter volonté.

Aux expériences de laboratoire de MM. François Franck et

Mendelssohn, 1900, trouvantla galvanisation dangereuse, l'au-

teur oppose les heureux résultats thérapeutiques de Kowale-

wsky, Ilugos, Althaus, Arndt,IIitzig, Schüle, Tiggas,VonHey-

den, Vigleswort. R.Remak,Onirnus. Benedikt,Erb ellessiens,

qu'il a communiqués dès 1895 à notre Congrès de Bordeaux

et que ses recherches postérieures ont confirmés. Il traitedu

vertige voltaïque et de son importance dans le diagnostic de

lésions cérébrales et auriculaires, d'après Babinski. Enfin Vu-

nesthésie générale, obtenue par Leduc, par la galvanisation

cérébro-médullaire, achève de montrer toute l'importance

PARALYSIE GÉNÉRALE TARDIVE. 203

des courants continus dans la thérapeutique mentale et ner-

veuse.

Ereuthose émotive conjonctivale.

Dr nIANHEIMER GOMMÉS. - On connaît les cas de rougeur

obsédante de la face. Toute autre région vasculaire, si pour

une raison quelconque,elle parvient à occuper l'attention,peut

être l'origine de troubles vasomoteurs amenant eux-mêmes

des réactions émotionnelles comparables à l'éreuthose et à-

l'éreuthophobie habituelle.

Observation d'un homme de 42 ans, opéré d'un strabisme

interne à un oeil, opération qui comporte une assez large plaie

conjonctivale. Depuis, chaque fois qu'il entend parler de

blessure, accidentelle ou opératoire, de l'oeil, apparition des

deux côtés, au même moment, d'une congestion de toute la

conjonctive. Le retour à l'état normal coïncide avec un dé-

tournement quelconque de l'attention. De plus, sentiment

d'angoisse au moment du paroxysme, puis détente. La rou-

geur des yeux n'apparaît dans aucune autre occasion. Dis-

cussion du cas. Un trouble émotif paraît bien être à la base

du trouble vaso-moteur, indépendant de l'émotion subsé-

quente d'irritation et de confusion.

Hémiplégie intermittente d'origine albuminurique

chez une fillette.

M. MANHEiMEp-GoMMÈs. Fillette de huit ans, atteinte de

scarlatine à l'âge de trois ans, mais très bien portante depuis,

atteinte brusquement d'une monoplégie brachiale gauche.

Guérison. Retour de la paralysie quelques mois après, suivi

encore de guérison. Chaque fois, les urines contiennent de

l'albumine, alors qu'elles n'en contiennent pas dans les in-

tervalles.

La cause occasionnelle de la première àttaque est rappor-

tée à un effort : la fillette étant à l'école, s'est retenue très

longtemps avant d'uriner.

11 semblé bien que, dans ce cas, on ait affaire à de l'oedème

cérébral. Les paralysies transitoires des urémiques et, il plus

forte raison des albuminuriques simples sans aucune trace

de désordres généraux, comme la malade de notre obser-

vation, doivent être, à notre avis, attribués à un trouble mé-

canique de congestion passive, favorisé d'ailleurs par la dys-

crasie sanguine.

Paralysie générale tardive. Méningite scléro-

gommeuse du lobule paracentral droit.

Dr G. DoUTREBENTE, L. MARCHAND ET M. OLIVI'FR, -Les cas

204 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

de paralysie générale tardive sont assez rares ; il nous a paru

intéressant de publier le cas suivant :

11 s'agitd'un malade,âgé de 64 ans, dont l'observation a été

faite par M. le docteur Olivier, interne à l'asile de Blois. Pas

d'antécédents héréditaires. Marié à 23 ans, il eut quatre en-

fants, donttrois sont vivants etbien portants. Syphilis à 40

ans, avec chancre, roséole, plaques muqueuses, etc. ; traite-

ment au mercure pendant 4 mois seulement. Excès alcooli-

ques dans la suite, puis abstinence de boissons alcooliques

pendant 4 ans avant son internement qui fut fait en juillet

1904. Les premiers symptômes sont apparus en juillet 1903.

Perte delà mémoire d'une façon progressive, achats déraison-

nables, idée de richesse. ,

A l'examen fait à l'entrée à l'asile, on ne trouva pas sur

le corps des stigmates de la syphilis ; tremblement des mains

et de la langue ; réflexes patellaires exagérés ; réflexes de

Babinski ; pupille gauche plus dilatée avec un contour irré-

gulier ; réflexes lumineux très atténués ; achoppement sylla-

bique ; écriture tremblée avec des mots incomplets ; incons-

cience, idées de grandeurs' et de richesse. Dans les mois sui-

vants, accentuation de ces divers symptômes ; la marche de-

vient incertaine : amaigrissement rapide. Le malade meurt

en janvier 1905.

Al'autopsie : Dilatationdes ventricules latéraux, pasd'athé-

rome des artères cérébrales, plaques jaunâtres sur les ménin-

gites molles au niveau du lobule paracentral droit; adhéren-

ces de ces méninges au cortex ; atrophie du cerveau. A l'exa-

men histologique : lésions classiques de la paralysie générale

dans.tout le cortex ; au niveau du lobule paracentral droit

méningite scléro-gommeuse.

Méningite chronique chez un héréditaire dégénéré.

à

D,s G. DOUTREBENTE et L. MARCHAND. - Chez un malade

à hérédité chargée, on prend facilement l'habitude d'attri-

buer à l'hérédité seule la production de l'affection mentale

et, parfois, on néglige de signaler et d'observer les maladies

de l'enfance ou du premier âge avec les altérations cérébra-

les acquises. Dans le cas que nous publions, hérédité mor-

bide vésanique et méningite infantile ont accumulé leurs effets '

pour déterminer l'infirmité mentale. Il s'agit d'un enfant de

10 ans lors de son entrée à l'asile. Le père avait fait un séjour

à l'asile, c'était un alcoolique criminel et jaloux, ayant béné-

ficié, pour irresponsabilité, d'une ordonnance de non-lieu.

Chez cet enfant, on observa dans sa première enfance des

affections multiples et un arrêt de développement physique

et mental. L'intelligence est à l'état rudimentaire ; tics nom-

ALBUMINO-DIAGNOSTIC. 205

breux, onomatomanie, absence de sentiments moraux ; mau-

vais instincts ; actes de méchanceté ; besoin de destruction et

de bris d'objets ; la parole est défectueuse, insuffisamment

développée ; gâtisme par intervalles. Malgré de nombreux et

fréquents essais, l'éducation médico-pédagogique a été inu-

tile ; il en a été de même pour les travaux d'intérieur ou de

la culture. Le malade meurt à 19 ans.

On constata à l'autopsie : une méningite chronique d'ori-

gine infantile, localisée à la partie antérieure des bords su-

périeurs des hémisphères cérébraux avec une atrophie des

lobes frontaux très accentuée. Les méninges, molles, très

épaisses, atteignent par points trois millimètres d'épaisseur

et, sous elles, on constate des lésions profondes du cortex.

Application du sérum marin dans le traitement des

aliénés.

M. leD1' Marie (de Villejuif). Dans ses recherches, le sé-

rum marin de Quinton a paru influer heureusement sur les

accidents convulsifs de certains épileptiques, sur les ictus

épileptiformes de certains paralytiques et sur leurs troubles

de nutrition (escarres, maux perforants, etc.) ainsi que sur la

catatonie de cèrtains déments précoces et la stupeur sitopho-

bique de quelques mélancoliques. ' -

Albumino-diagnostic.

MM. les D ? A. Marie (de Villejuifl et VIOL.LET, interne des

asiles, ont poursuivi sur un certain nombre d'aliénés, en par-

ticulier des paralytiques l'étude du liquide céphalo-rachidien

à l'aide des ponctions en série et de l'albumo-diagnostic.

Comme MM. Marieet Duflot l'avaient antérieurement fait pour l'

la lymphocytose, MM. Marie et Viollet ont soumis un certain

nombre de malades à la ponction périodique. Ils se sont de-

mandés, en effet, si la proportion de l'albumine du liquide

céphalo-rachidien pathologique progressait en raison directe

de la maladie et s'il y avait variation dans cette proportion

selon les iluctuations possibles du processus pathologique

(rémissions, ictus, influence de certains moyens thérapeuti-

ques, etc.)

Ils ont ponctionné tout au début de leur maladie des mala-

des dont le diagnostic même était encore douteux. Dans cer-

tains cas, ils ont trouvé une assez forte proportion d'albumine,

1 milligr. par centimètre cube, tandis que chez d'autres para-

lytiques, malades depuis longtemps, déprimés et cachectiques,

cette proportion était sensiblement inférieure à celle trouvée

chez les malades précédents. -Un paralytique saturnin en

rémission n'avait plus d'albumine, un hémiplégique syphilili-

506 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

que en avait des traces marquées. Comme pour les variations

de la formule leucocytaire avec les diverses phases cliniques

ou les ictus de la paralysie générale, l'albumo-diagnostic

montre une altération du liquide céphalo-rachidien plus mar-

quée au début de l'affection et dans les phases de poussées ai-

guës. -

Recherches sur le neuronal.

M. le D Marie et son interne, le Dr M. Pelletier, commu-

niquent leurs recherches sur le Neuronal et le résultat d'expé-

riences faites sur les animaux par M. le D Viollet. A dose

toxique, le Bromdiéthylacétamide paralyse progressivement

les muscles lisses et striés, particulièrement les tuniques des

vaisseaux. Vaso-paralysie et arrêts de sécrétion de l'intestin.

A dose thérapeutique (1 gr.),le Neuronai aide le sommeil dans

l'insomnie simple, lesétats de confusion mentale ou de manie

subaiguë, et l'agitation automatique modérée. 11 ne s'accu-

mule pas, bien que son effet s'étende sur plusieurs jours ;l'ac-

coutumance en est faible et sa suppression n'entraîne aucun

trouble appréciable. Le mauvais goût en peut être facilement

masqué. Contrairement aux prescriptions de Fuchs et Schultze,

il ne paraît pas agir sur les convulsifs aux doses expérimen-

tées et sans être associé à d'autres substances.

Démence épileptique ; par l3ouRNEmLLE. (Sera publié.)

Parallèle du myxoedème infantile et du mongolisme ;

Par BOURNEVILLE.- (Sera publié.)

Traitement médico-pédagogique des différentes for-

mes de l'idiotie.-Présentation de nombreuses photographies

et de cahiers scolaires ; par BOURNçVILI.1 ? (Sera publié.)

Carcinome secondaire des centres nerveux avec pré-'

sentation.de pièces. (D1' Sabrazès.)

Présentation de préparations de cellules hématoma-

crophages. (D ? Sabrazès et MURA TET.)

La ponction lombaire.

\1\l. l'ICIirNOT et CASTIN (de l\1ontdevergues) étudient, dans

une revue très documentée par leurs recherches personnelles

la ponction lombaire, et terminent par les conclusions sui-

vantes' « La ponction lombaire a fait ses preuves ; ses résul-

tats cliniques, diagnostiques, pronostiques et thérapeutiques

sont déjà considérables et ils s'accroissent sans cesse. »

La rage est unefolie infectieuse.

M. l'IERRE'C (de Lyon). Les troubles de la sensibilité sont

MOUVEMENTS INVOLONTAIRES STÉRÉOTYPÉS DES DOIGTS. 201

directement ou indirectement la base de tous les délires. Il

serait donc très désirable d'établir avec certitude si, dans cer-

tains cas bien définis, les illusions et les hallucinations, par

exemple, sont imputables à des lésions réelles des neurones

sensitifs à tous les étages du système centripète.

L'étude des troubles intellectuels chez les tabétiques à né-

,rites fournit, sans doute, à cet égard des renseignements in-

téressants ; mais dans le cas de confusion mentale hallucina-

toire, les altérations des centres nerveux sont d'ordinaire ou

trop faibles, ou trop diffuses pour justifier des conclusions

fermes sur la pathogénie et le lieu des hallucinations.

Une seule maladie infectieuse, la rage, par sa localisation

primitive dans le système centripète (névrite rabique ascen-

\tante), sur les nerfs étales ganglions spinaux (\epveu,

z) (1), permet, dans les cas types, d'assister au développe-

ment progressif d'un syndrome- tout d'abord exclusivement

sensitivo-sensoriel, plus tard sensitivo-psycho-moteur.

Ce point de vue très suggestif a été développé pour la pre-

mière fois par moi-même dans mes leçons z7-1888, par mon

élève Rieaux (2) dans sa thèse inaugurale, et de nouveau par

moi clans une leçon publiée à Lyon en 1891, c'est-à-dire douze

et neuf ans avant le mémoire sur le même sujet présenté à

l'Académie de médecine de Belgique par MM. Van Gehuchtcn

et Nelis.

Mes conclusions, identiques à celles des auteurs belges, en

ce qui concerne le début de la psychose rabique, les com-

plètent cependant en tenant compte de la généralisation de

l'infection et des actions à distance, de sorte que l'étude des

troubles psychiques et sensitifs chez les rabiques éclaire d'un

jour nouveau la genèse de la plupart des folies hallucina-

toires.

M. DruE (de Rennes). Je suis tout à fait de l'avis de

.NI. Pierrot au sujet de l'origine toxi-infectieuse des halluci-

nations. Cependant au point de vue pathogénique, je pense

qu'il y a lieu de distinguer les cas où l'hallucination est

d'origine primitivement corticale par excitation mécanique

par exemple. Cliniquement, l'hallucination toxi-infectieuse

semble ètre plus complexe et devient souvent psycho-motrice

ou psyclto-inhibitrice.

Mouvements involontaires stéréotypés des doigts

s'organisant en tic dans le tabes.

M. Sabrazès (Bordeaux). - Dans le tabes il' n'est pas rare

(1) NcPV1EU. - Un cas de rage (Compte rendu de la Société de

biologie, p. 132, 1872).

(2) Hieaux La rage au point de vue psychologique. (Thèse de

Lyon, août 1888). 1

208 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

d'observer des mouvements involontaires d'adduction et

d'abduction, d'opposition et de friction des doigts, particu-

lièrement du pouce et de l'index, rappelant le jeu d'une

pince et se manifestant surtout à l'occasion de la parole.

Ces stéréotypies ne sauraient être confondues nec

du tonus. Quand~on remonte 1 leur origine, on apprend'

qu'elles ont été précédées par des malaises dans les mains

devenues maladroites, par une diminution de la sensibilité

et par un engourdissement des doigts incitant le malade à

frotter les doigts l'un contre l'autre comme pour les rani-

mer, représentant ainsi une sorte de réaction motrice contre

une sensation d'engourdissement. Dans d'autres cas, ces sté-

réotypies reproduisent des mouvements en rapport avec la

"profession des malades (palper de l'étoffe chez une tailleuse,

dévider de l'étoupe). Ces stéréotypies obsèdent les malades

qui s'ellorcent de les dissimuler par divers moyens.

Depuis que notre attention a été attirée sur ces faits, il

nous a été donné d'en réunir cinq cas et de rapprocher ces

stéréotypies des momemenls d'habitude s'organisant en tics.

Leur fréquence dans le tabes leur confère une certaine im-

portance séméiologique.

AI. Dirige. Les tics des doigts de la main sont rarissimes,

et je n'en ai jamais vu un vrai cas, et je fais toutes réserves

n'ayant pas vu les malades sur les cas communiqués

par M. Sabrazès. -

M. Sabrazès. Les tics des doigts ne sont pas aussi rares

que cela. Dernièrement, nous en avons publié un cas. Il s'agit

d'un aveugle qui, au début de sa cécité, jetait son doigt en

avant comme une antenne lors de la marche. Or, par habi-

tude, le doigt demeure en érecLion même pendant le som-

meil. C'est bien là un tic d'habitude.

M. Direz Ces tics des doigts se rencontrent quelquefois

parmi les malades de nos asiles. Je pourrais en montrer trois

ou quatre cas à M. Meige. 11 s'agit, en général, de déments

précoces, chez lesquels, au début, les hallucinations auditives

s'accompagnaient de gestes qui ont demeuré, bien que les

malades soient dans la démence complète.

M. neige. Il s'agit, je crois, dans les cas qu'on nous

cite, bien plus de stéréotypie que de tics, car on n'y trouve e

pas les mouvements convulsifs, brusques, qui caractérisent le

tic.

M. RGIs. Dans les observations de M. Sabrazès, il y avait

le caractère obsédant, et l'obsession n'appartient qu'au lic.

1'.ILNL'ATIOr ET HYDROTHERAPIE. 2Û3

Séance du 4 août (soir).

Balnéation et hydrothérapie dans les maladies

mentales.

M. leDr B. PIIr.HAS (d'Albi), rapporteur. La question de

la balnéation et de l'hydrothérapie dans les maladies mentales

remonte; pour le moins, à Hippocrate.-Successivement soule-

vée par nombre d'anciens auteurs, elle n'a que tardivement pris

la consistance d'une doctrine et d'une méthode thérapeutique.

A Pomme, médecin français du milieu du XVIII0 siècle,

semble revenir le mérite d'avoir réalisé ce progrès. Tour à

tour, et suivant les cas, celui-ci prescrit à des « vaporeux »,

quisouventsontdes « délirants hystériques, des hypochondria-

ques ou mélancoliques ", les bains et demi-bains froids ou

chauds, les bains prolongés à température agréable, l'enve-

loppement humide, les pédiluves, les vessies de glace, les

fomentations.

- De nombreux et fervents disciples adoptent la méthode du

praticien d'Arles, et l'on voit, avec l'un d'eux, Debaux,de Mar-

seille, se réaliser avec succès jusqu'à la balnéation froide du

délire alcoolique aigu (Traité des vapeurs, 11, p. 13).

Mais parmi les procédés que Pomme conçoit et utilise dans

la cure de ses malades, rien ne s'impose plus à l'attention que

sa technique du bain prolongé ou permanent, en tout si sem-

blable à celle qu'adopteront, bien plus tard, Brierre de

Boismont, Turck, Bonnefous, Kroepelin, etc. A propos de l'ob-

servation d'un cas de délire maniaque agité qu'il a soumis à

l'action prolongée d'un bain à température agréable, l'auteur

écrit lui-même : « Huit heures de bain par jour, l'application

constante d'un linge trempé dans l'eau froide sur la tête et

renouvelé à chaque instant, emportèrent le délire dans l'es-

pace de deux mois. Les règles parurent alors et la malade fut

entièrement rétablie." Et il ajoute : «J'ai par devers moi quel-

ques observations de cette espèce que je suis obligé de tenir

secrètes par condescendance pour les personnes qui en sont

le sujet. »

On a peine à croire que Pinel qui, au nombre des rares

pratiques balnéopsychiatriques de son temps, ne trouve guère

à signaler que le bain de surprise de Van-Helmont, ait ignoré

la méthode de Pomme ; en tout cas, il ne la mentionne ni ne

la suit, se bornant à organiser d'une façon louable, et en cela

suivi par son élève Esquirol, le bain simple ou modérément

prolongé.

Il faut arriver à Turck et à Brierre de Boismont pour assis-

ter à la réapparition du bain prolongé, et on sait avec quelle

maîtrise ce dernier auteur en a tracé les règles et fixé les indi-

Archives, 2" série, 1905, t. XX. 14

210 CONGRÈS DES MEDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

cations. Quant au bain permanent, la conception en reste tout

entière à Bonnefous, de Leyme ; ce qui ne saurait retran-

cher à Kroepc11n le mérite d'en avoir, à une date encore ré-

cente, saisi toute la valeur et singulièrement amplifié l'appli-

cation. Les noms de S. Pinel, Guislain, Baillarger, Morel,

Brocard, Reverchon, etc., se rattachent aussi à la balnéation

prolongée ; mais quelques-uns de ces auteurs et bon nombre

d'autres, à l'étranger, ont su accorder à l'hydrothérapie et à la

balnéation froide des indications justifiées. Guislain, l'un des

plus illustres, organisa la balnéation froide comme Brierre

avait organisé la balnéation prolongée. En 1850, Dagonet avait

introduit l'enveloppement humide à Maréville ( ? ), comme trai-

tementde la stupidité. Peu après,la douche froide prit place,

à St-Yon, dans la pratique de Morel et de Brocard. A faible

pression, et avec quelques légères modifications d'outillage et

de technique, la douche devint le bain d'affusion de Rever-

chon, comme elle est devenue, postérieurement et de nos

jours, la douche baveuse de Vidal, le bain d'aspersion de Ma-

xime Dubuisson, le bain en pluie si accrédité en Amérique.

Les principes de la balnéation et- de l'hydrothérapie en

psychiatrie sont ceux qui régissent l'hydrothérapie en géné-

ral ; mais il convient, toutefois, de bien savoir que, nulle au-

trepart, cette médication nedoit autant tenir compte des con-

ditions sanitaires et des réactions individuelles. Selon l'ex--

pression de Scoutteten « nulle pratique n'a réclamé un tact

médical plus exercé ».

Par là on comprend qu'à la grande variété des complexions

et des états individuels on puisse opposer la variété considé-

rable des procédés balnéothérapiques, qu'il s'agisse d'appli-

cations froides ou chaudes, de bains courts, prolongés ou

permanents, d'enveloppements humides, de douches à

forte ou faible pression, de demi-bains, d'affusions, etc.

En dehors de son rôle prophylactique et hygiénique, l'hy-

drothérapie directement applicable à la cure des maladies

mentales semble pouvoir être envisagée au point de vue de

deux sortes d'indications distinctes. Les unes générales, fai-

sant la partdes grands processus symptomatiques de l'excita-

tion et de la dépression ; les autres particulières, tenant spé-

cialement compte des individualités.

Au sujet des états d'excitation et de dépression, le rappor-

teur s'attache à montrer combien il est indispensable de con-

naître à fond, et non pas seulement dans leur expression de

surface, la valeur de tels syndromes. On s'efforcera d'y démc- .

1er ce qui revient aux forces agissantes et aux forces radicales

si judicieusement distinguées par Barthez.

BALNÉATION ET HYDROTHÉRAPIE. 211

lTATS d'excitation. Pour l'excitation, en particulier,

on saura que, quel que soit son cortège de symptômes habi-

tuels, tels qu'agitation, expansion, etc., cela n'implique point

nécessairement un développement adéquat d'énergie orga-

nique. On cherchera dans la situation respective de l'état des

organes et de leur expression fonctionnelle le critérium le

plus capable d'orienter la variété des prescriptions hydro-

thérapiques.

Abstraction faite des contre-indications imposées par une

trop grande faiblesse organique, on peut dire que le bain pro-

longé reste le procédé de choix de l'excitation maniaque. Quant

à savoir ce qui, en règle générale, peut mieux convenir, ou du

bain permanent (système Bonnefous etKroepelin), ou de la

balnéation très prolongée mais discontinue (système Pomme

et Brierre de Boismont), les seuls faits peuvent répondre ; tou-

tefois, il ne paraît point que soustraire, à intervalles variables,

le malade au contact de l'eau, offre moins d'avantages, tant au

point de vue des résultats curatifs de la balnéation que des

commodités de son emploi.

a) Etals maniaques. - Dans les manies graves et le délire

aigu, l'excitation, si souvent en rapport inverse avec les forces

radicales de l'organisme, exigera, à la place de l'action dépres-

sive du bain tiède ou chaud, la stimulation du bain froid ou

frais decourte durée, des bains graduellement surchauffes (C.

Dent), et mieux encore, peut-être, les emmaillotements hu-

mides froids avec applications céphaliques froides ou gla-

cées (K.roepelin, Kraflt-Ebing, Schûle, Arndt, Salgo).

L'enveloppement humide est adopté de préférence par

Kroepelin dans certains cas d'agitation maniaque caractéri-

sés par la résistance du malade à se maintenir au bain. Ce

mode de contention sédative se concilie bien avec l'alitement.

Dans la manie aiguë ordinaire interviendront le bain pro-

longé, le demi-bain, la douche baveuse de Vidal ou le bain en

pluie. On pourra aussi avoir recours, dans certains cas, au

maillot humide, au demi-maillot, à la ceinture mouillée, qui,

appliqués le soir, se montrent particulièrement aptes à ra-

mener le sommeil. (Morel, de Mons.)

L'excitation maniaque hystérique s'accommodera le plus

souvent de l'enveloppement humide froid souvent renouvelé

(Mandsley), de compresses froides sur la tête (Morel), de l'im-

mersion de courte durée en eau froide (Pomme) ; mais, dans

bien des cas, il y aura lieu de recourir au bain prolongé

(Brierre) ou à la douche tempérée à faible pression.

j Les crises d'excitation chez les épileptiques pourront, quoi-

1 que rarement, bénéficier de l'enveloppement humide (Fuers-

j ner et Fedbausch) et du bain prolongé ; mais il convient sur-

212 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTES '

tout de s'adresser au traitement préventif et intercalaire, sous

la formo de lotions, d'enveloppements humides, de douches

froides en'jet et préférablement en pluie (Schule), de douches

graduellement refroidies (Beni-Barde); de bains froids de

courte durée : . 1

Dans la paralysie générale, on aura, pour combattre l'exci-

tation, le bain prolongé avec applications glacées sur la tête.

L'addition de chlorure de sodium (Bonnefous) ou d'acide

phénique (Reinhard) contribuera à parer aux troubles dys-

trophiques des tissus (eschares, phlegmons, etc.), lorsque d'au-

tres troubles organiques ne viendront pas contre-indiquer

l'emploi du bain lui-même. Et dans ce cas, le traitement

hydrothérapique devra se limiter à des applications partiel-

les : compresses froides sur la tête, bains de siège et pédiluves

chauds. -

Dans les crises d'excitation survenant au cours des états

maniaques chroniques, la symptomatologie seule ne devra

pas guider dans le choix du procédé hydrothérapique, mais

on aura très particulièrement égard aux indications tirées du

rapport nosologique de la crise avec le degré d'ancienneté et

les chances de curabilitéde l'affection. La crise aiguë de chro-

nique invétéré ou incurable ne saurait être, à ce point de vue,

assimilée à celle de cet autre maniaque chez lequel un épi-

sode de surexcitation semble pouvoir être envisagé comme

l'expression d'une salutaire réaction des énergies psychiques,

que l'on se gardera de comprimer par une médication débili-

tante. Ici trouvera place la balnéation froide, telle que lacon-

cevait Guislain et que, de nos jours, la pratique Schule. Mais

à côté de l'administration prudente du grand bain froid de

courte durée, du demi-bain froid ou graduellement refroidi,

de la douche froide à faible ou forte pression, des emmaillo-

tements humides froids, on pourra utilement s'adresser à la

douche écossaise et aux bains médicamenteux, sulfureux, al-

calins, aromatiques. ' 5

La fréquence des syncopes observées par Wurth dans les

folies chroniques en général (23 fois sur 102 malades), à l'oc-

casion de bains d'une durée de douze heures, laisse entrevoir

que, dans tout état maniaque chronique, il y a se méfier de

l'action dépressive du bain prolongé et à en surveiller minu-

tieusement l'emploi. 1 < >1

A l'excitation maniaque chronique semble particulière-

ment approprié le bain en pluie des Américains, si suscepti-

ble de se mettre en harmonie avec l'état des sujets et les be-

soins d'un service rapide. Tempéré ou tiède, le bain en pluie

calme, à l'instar de la douche baveuse de Vidal ; plus ou moins

froid, il développera les effets toni-sédatifs du bain d'affusion

BALNEATION ET HYDROTHERAPIE. 213

dont Reverchon et Baume étaient arrivés à gratifier assez uni-

formément l'ensemble de leurs malades. , ,

b) Etats 'mélancoliques. - C'est dans la mélancolie surtout

qu'il convient de dépister, sous les dehors d'une dépression

psychique, la situation réelle des forces organiques, avant de

formuler un traitement hydrothérapique.

Comme on le sait bien, la mélancolie n'est point exclusive

des états d'excitation et, dans ces cas où se range la mélanco-

lie anxieuse, « les bains tièdes prolongés de deux ou trois heu-

res apportent un grand soulagement ». (Garnier et Cololian.)

Même dans la mélancolie avec conscience, la tension doulou-

reuse du système nerveux sera combattue par les bains pro-

longés d'une heure ou deux, à la température constante de

28à32o ou à l'aide du drap mouillé (Ritti).

En principe, la durée du bain tiède doit être ici modérée, eu

égard à l'influence plus ou moins dépressive qu'exercent sur

les centres nerveux des préoccupations tristes et angoissantes,

lors même qu'elles ne traduisent pas les phénomènes exté-

rieurs de l'excitation. Aussi semble-t-il rationnel que Kroepe-

lin ait pu dire qu'aux anxieux, de même qu'aux épileptiques,

les bains très prolongés sont le, moins applicables. - .

Dans les états d'excitation mélancolique seront, en outre,

indiquées les pratiques à peu près similaires de la douche en

pluie attiédie (Delmas), de la douche baveuse, du bain en pluie

tempéré.

Si \Iorel, de Mons, peut signaler que, dans la mélancolie

grave allant jusqu'à l'excitation, certains auteurs ont pu subs-

tituer, avec les mêmes avantages, le maillot humide aux bains

tièdes un peu prolongés, on ne perdra pas de vue que ce

moyen recommandable possède aussi une action dépressive

et non exempte de tout danger de collapsus.

B. ETATS DE Di : PRI ? SSION.- Dans la dépression mélancolique

il y a à considérer divers degrés de cette dépression, depuis

ceux de la mélancolie simple, si proche de la neurasthénie,

jusqu'à la mélancolie stupide. Aux premiers degrés s'appli-

quent le traitement hydrothérapique de la dépression neu-

rasthénique, à savoir la douche écossaise, la douche mixte de

Beni-Barde, ou même, si le malade la tolère, la douche froide

de courte durée, les immersions bornées à un rapide plon-

geon dans l'eau froide, les demi-bains froids, frais et tou-

jours courts, les frictions avec le drap mouillé fortement

tordu, les lotions froides.. 1

Dans les formes plus accusées, telle que la mélancolie avec

stupeur, mais avec un état général relativement satisfaisant,

on peut employer, au début, les grands bains chauds, le

bain tiède sinapisé, le demi-bain, la douche écossaise, les

214 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

emmaillotements froids de courte durée, les lotions stimu-

lantes, et un peu plus tard, les bains froids ou la douche

froide (en pluie, Schule), toujours sous surveillance et à des

intervalles de un ou plusieurs jours (Morel, de Mons). Lors-

que les états mélancoliques aigus sont marqués par la dépres-

sion organique, ainsi que dans les psychoses d'épuisement phy-

sique des auteurs allemands, Thomsen, considère le bain

chaud avec compresses froides comme le procédé le moins

dangereux. Conformément à ce qui a été dit relativement à

l'action débilitante du bain tiède, il semble préférable, en ce

cas, de recourir à des bains très chauds (C. Dent), précédés

ou suivis de lotions stimulantes froides, ou bien au bain si--

napisé. '

Les manuluves et pédiluves chauds ou sinapisés seront

seuls appliqués quand l'état général, très défectueux, s'ac-

compagnera de troubles profonds de la circulation (cyanose,

refroidissement des extrémités, etc.). Dans tous les cas, la

réaction sera très attentivement surveillée, et le. plus possible

favorisée, parles frictions stimulantes, les mouvements ac-

tifs ou passifs, etc ?

C. Etats TOCI-IyFECTIIsU ? i. - Parmi les indications qui re-

lèvent de conditions pathologiques moins générales que l'ex-

citation et la dépression, il convient de signaler, comme mé-

ritant une mention spéciale, celles qui émanent d'une élio-

logiefoncicrement infectieuse ou toxique.

Le delirium tremens sera traité par le bain frais ou froid,

conformément à la pratique adoptée par les médecins fran-

çais Féréol, Rousseau, Letulle. On se souviendra aussi que

Morel avait utilement employé, en ces cas, l'emmaillotement

humide constamment réfrigéré, et que certains auteurs, tels

Thomsen, par crainte du collapsus, reportent leurs préfé-

rences sur les bains tièdes et des affusions légères.

Au délire aigu devront être ordinairement appliqués les en.

veloppements humides froids plus ou moins prolongés (Ma-

gnan), le bain tempéré court de 28 à 30° (Anglade) ou même

le bain froid (Garnier et Cololian), ainsi que dans la méthode

de Brand.

. Les bains prolongés chauds, bien que considérés par Iroe-

pelin comme le remèdehéroïque du délire aigu, ne sauraient

être prescrits qu'avec une extrême réserve, étant donnés leur

action débilitante et l'état de dépression organique inhérente

à cette affection. Et l'on conçoit que Brierre de Boismont et

Baillarer aient signalé le danger ou l'inutilité des bains

prolongés, lorsque la manie aiguë se transforme ou tend à se

transformer en délire aigu.

D. Etats organiques. Dans les affections mentales liées

BALNÉATION ET HYDROTHÉRAPIE. 215

à une altération organique de l'encéphale, sénilité, artério-

sclérose précoce, hémorragies, ramollissement, etc., et plus

particulièrement dans la paralysie générale, les grandes appli-

cations hydrothérapiques devront être, en règle générale,

proscrites. Ce n'est que dans des cas spéciaux, et après un

examen approfondi de l'état des forces du malade et de ses

capacités réactionnelles qu'on emploiera, en cas d'excitation

aiguë, les grands bains tièdes et les enveloppements froids

ou chauds. Toutefois, les observations et la pratique de Bon-

nefous (de Leyme) et de Reinhard ont montré quels avantages

on pouvait retirer du bain prolongé dans des cas de para.

lysie générale avec eschares ou tendance aux eschares de dé-

cubitus.

E : États hébéphréniques ETÇ1TATONIQUES. r-'Chomsenfalt

remarquer que les indications individuelles et symptoma-

tiques dominent aussi dans les formes de folie survenant

chez les jeunes gens. Toujours est-il que, dans les grands

états d'agitation catatonique, Kroepelin s'écarte souvent de sa

pratique presque systématique des bains prolongés pour y

substituer les enveloppements humides et tièdes.

F. LTATS LUCIDES. - Essentiellement symptomatique devra

être l'hydrothérapie quand elle s'adresse aux folies lucides,

aux syndromes de dégénérescence ou états plus ou moins

liés à l'épilepsie, à l'hystérie, à la neurasthénie, à la chorée, à

la maladie de Basedow, etc. Nulle part le sujet et l'affection

ne sont empreints d'une individualité plus tranchée dont

devra tenir étroitement compte l'application hydriatique. Ici

prendront place, suivant les cas, les bains chauds et froids,

les demi-bains, les bains de vapeur et les emmaillotements

humides, les douches froides, écossaise ou savamment mi-

tigées à la façon de M. Beni-Barde, etc.

A l'excitation on opposera les bains tièdes, les emmaillote-

ments froids, les demi-bains tièdes avec affusions, la douche

baveuse ou le bain en pluie.

Le sommeil sera favorisé au moyen des enveloppements

humides (emmaillotement total, demi-maillot,ceinture, com-

presses des jambes), du bain, du demi-bain tiède ou même

dusimple pédiluve. Selon Ritti, les bains donnés dans l'après-

midi, même les bains de pieds, sont des procédés qui réus-

sissent parfois à amener le sommeil, même chez les malades

les plus réfractaires.

Au sujet des emmaillotements froids, Thomsen fait obser-

ver que certains sujets nerveux les supportent mal dès qu'ils

dépassent la durée d'une demi-heure, et que, dans ces cas,

ils doivent être supprimés, toutes les fois que le réchauffe-

210 CONCRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

ment tarde à se produire ou ne s'accompagne pas d'un senti-

ment de bien-être.

Contre la dépression on utilisera les moyens hydrothérapi-

ques stimulants, touten procédant avec prudence et délica-

tesse, lorsqu'on fera appel à l'eau froide et à la'' percussion, ··

(douches, affusions, immersion). Avec plus de-sûreté, on

donnera la douche écossaise et le demi-bain frais ou graduel-

lement refroidi accompagné de frictions ou d'aifusions'fraî- .

ches ou froides suivant la pratique allemande. \1'

Il est des sujets dont la susceptibilité demandera une accli-

matation graduelleaux applications froides qui sont, de beau-

coup, les plus vitalisantes et les plus susceptibles de mettre

en jeu les réactions organiques. -

G. Hydrothérapie hygiénique. -La question d'hydrothé-

rapie hygiénique des asiles ne saurait retenir longtemps. Plus

spécialement destinée à sauvegarder les fonctions de la peau,

et par là, à assurer les soins élémentaires de propreté du corps,

l'hydrothérapie hygiénique confond nécessairement son rôle

aveccelui de l'hydrothérapie curative et prophylactique. D'à-" U

près les états constitutionnels ou morbides des individus, les

conditions du milieu et de saison, on pourra' avoir recours

aux bains tièdes ou tempérés, à toute la gamme des douches,

affusions et lotions, etc.A cet emploi hygiénique se prêtent ad-

mirablement les bains ou douches en pluie à faible pression,

et, en particulier, la pratique des bains d'aspersion savon-

neuse adoptée par M. Maxime Dubuisson. >

Il. Hydrothérapie PROPHYLACTIQUE. - Nul mieux ou plus

que Morel ne s'est préoccupé de la prophylaxie hydrothéra-

pique des maladies mentales, s'efforçant de les prévenir,

soit à la période des premiers prodromes, soit, comme sim-

ple prédisposition, dans ce qu'il appelait les états nerveux

des héréditaires : «Je tiens à signaler, disait-il, les immenses

avantages quej'ai retirés des bains prolongés et de l'hydro-

thérapie, lorsque j'ai été consulté dans cette période prodro-

mique où s'organise la folie. Leur avantage n'est pas moins

grand dans ces situations névropathiques où les opiacés ne

procurent aucun soulagement aux malades et où les toni-

ques et les purgatifs ne font qu'irriter le système digestif déjà

si impressionnable. » Et pour modifier la constitution ner-

veuse des héréditaires, Morel fait surtoutappel à l'expérience

balnéaire de Fleury, et, comme lui, accorde des préférences

à l'usage de l'eau froide, associée ou non aux sudations.

Après avoirsignalé les desiderata de l'éducation hydrothé-

rapie des médecins en général et des aliénistes,en particulier,

le rapporteur résume son travail en ces conclusions :

139LN1 : 01 ? lÉR PI ET HYDROTHÉRAPIE. 217

1° L'hydrothérapie exige, comme condition essentielle de sa

pratique, le tact expérimenté de celui qui l'emploie.

2° Toute la gamme des procédés hydrothérapiques a pour

point de départ une excitation à la périphérie du corps; mais

les effets se différencient et divergent suivant la thermalité de

l'eau, la durée, l'intensité des applications, et maintes condi-

tions individuelles plus dépendantes des multiples et varia-

bles dispositions du sujet que de la classe nosologique dans

laquelle onle range. Nulle thérapeutique ne réclame plus de

sens d'opportunité clinique, une conception plus synthétique

et plus coordonnée des notions de pathologie générale.

3° La qualité thermale de l'eau, aussi bien que l'intensité et

la durée des applications devront se mettre en rapport avec

les résistances organiques, générales ou partielles, et aussi

avec les susceptibilités individuelles. On ne perdra pas de

vue que la dépression organique fonctionnelle des centres

nerveux n'est point adéquate à leur dépression organique et

que cette dernière se dissimule souvent sous les 1 apparences

de l'excitation et de l'agitation. C'est dans ces cas d'épuise-

ment organique que l'on évitera, avec le plus de soin, tous

les procédés qui, parla durée et l'intensité de leur action,

mettent trop vivement en jeu les processus de la réaction gé-

nérale et risquent d'en épuiser les sources.

4° Dans les cas de folie caractérisés par une asthénie réelle

etprofonde tels certains délires toxi-infectieux, comme la

folie puerpérale, la confusion mentale, certains états mania-

ques s'accompagnant d'un état général grave, la mélancolie

stupide, la dépression catatonique, on s'adressera pru-

demment, soit à la balnéation tiède peu prolongée et associée

à des frictions ou lotions stimulantes, soit à l'emmaillotement

humide, froid, sinapisé (Chaslin), graduellement surchauffé

(C. Dent). Dans le choix des procédés on n'aura égard aux

syndromes maniaque ou mélancolique que dans la mesure

où ils peuvent, par eux-mêmes, fournir des indications sur

l'état des forces du malade.

5° Aux états d'excitation et d'agitation conviennent géné-

lement les applications tièdes ou chaudes (bains prolongés de

28à 34°, douches tempérées faible pression, douche baveuse

de Vidal ou bain en pluie). Chaque praticien saisira dans le

degré de résistance offert par le malade à tel ou tel procédé

l'indication de le rejeter on d'en différer l'emploi.

G" Il est des cas de folie aiguë, d'essence plutôt sthénique,

- tels, les épisodes d'excitation délirante de l'hystérie, qui,

bienque justiciables de la balnéation tiède, s'accommodent

avantageusement des applications hydrothérapiques froides

218 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTES.

immersions de courte durée, douches en pluie à faible pres-

sion, enveloppements humides.

7° De même, le délire alcoolique aigu trouve un rapide

soulagement dans l'immersion froide relativement prolongée;

mais l'emploi d'une telle médication agissant par sidération

des centres nerveux, n'est pas exempte de dangers et rend

nécessaire la présence du médecin.

8° Aux états hyperthermiques (délire aigu) on opposera

les enveloppements humides froids souvent renouvelés, plus

rarement le bain froid ou mitigé.

9° Il est des vésaniques à constitution rhumatismale, gout-

teuse ou pléthorique, chez lesquels les applications hydro-

thérapiques seront judicieusement associées h la sudation

(emmaillotements, bains russes ou turcs).

10" Les folies d'origine organique, comme la paralysie

générale et celles qui coexistent avec des affections cardiaques

on pulmonaires, contre-indiquent toute médication hydro-

thérapique susceptible de congestionner les organes lésés ou

déporter atteinte à leur fonctionnement. Les applications

seront ici partielles, symptomatiques, etce n'est qu'exception-

nellement que, dans la paralysie générale, on recourra au

bain tiède ou à l'enveloppement humide chaud (Alter). Même

et surtout dans la démence paralytique, les eschares de dé-

cubitus seront une indication du bain prolongé (Bonnefous,

Reinhard, Alter).

11° Aux états subaigus prolongés ou aux affections aiguës

tendant très lentement à l'apaisement des signes de l'excita-

tion psychique, certaines applications excitantes froides, chau-

des ou mixtes (douches froides ou écossaises) seront parfois

heureusement substituées aux applications sédatives tièdes

ou chaudes. Il y aura surtout lieu de procéder de la sorte

lorsque, au calme du malade et à son amélioration physique,

ne correspondra pas le retour parallèle de ses aptitudes

mentales.

12° Les états chroniques seront généralement soumis à

une hydrothérapie hygiénique dont le bain ordinaire, le bain

de piscine et les bains d'aspersion savonneux feront le plus

commodément les frais. Des indications particulières ou occa-

sionnelles ferontintervenir l'emploi judicieux et modéré, soit

des procédés stimulants toniques ou toni-sédatifs (douche

écossaise, douches froides en jet ou en pluie, affusions, demi-

bains), soit des procédés plus directement sédatifs (bain tiède

plus ou moins prolongé, douche tempérée à faible pression,

bain en pluie).

Les épisodes aigus, mélancoliques ou maniaques, surve-

nant au cours des affections chroniques, seront soumis aux

' BALNÉOTHÉRAPIE ET HYDROTHÉRAPIE. 219

règles générales applicables aux états d'excitation ou de dé-

pression psychiques ; mais c'est ici surtout qu'il faudra,

avant et durant toute intervention; examiner avec une atten-

tion scrupuleuse dans quels rapports se trouvent et se main-

tiennent, d'une part, les résistances organiques du sujet et son

aptitude à réagir, et d'autre part le procédé hydriatique ap-

paremment indiqué. - .

13° La médication prodromique, visant surtout l'insomnie,

fera appel au bain ou demi-bain tiède et à l'enveloppement

humide (maillot, ceintures, compresses des membres infé-

rieurs). Les demi-bains, la douche écossaise,la douche baveuse

de Vidal, lebainen pluie, les emmaillotements humides géné-

raux ou partiels, les pédiluves, etc., trouveront aussi leur utile

emploi pour combattre l'irritabilité nerveuse et psychique

sous ses divers aspects initiaux d'excitation ou de dépression.

14° La plupart des procédés hydrothérapiques peuvent

concourir à la prophylaxie des maladies mentales. C'est vers

l'eau froide que, plus ou moins directement, l'on tendra à

diriger préventivement le groupe dominant des prédisposés

héréditaires (Morel, Brocard).

Discussion,

M. Christian. Je regrette que le rapporteur n'ait pas fait

connaître les résultats thérapeutiques de la balnéation, car

dans cette question on marche à l'aventure, et avec exagéra-

tion. M. Sérieux a vu, en Allemagne, des malades tenus dans

le bain deux mois, trois mois, six mois, dix-huit mois. On

nous dit que cela ne produit aucun inconvénient. Je sais bien

que J'épiderme de ces malades est protégé par un corps gras

isolant, qu'on remédie aux lipothymies par les injections de

caféine, que les agités qui veulent sortir de leur baignoire y

sont maintenus par la persuasion qui laisse derrière elle des

ecchymoses, et par les stupéfiants. Mais est-ce là, je le

demande, une méthode vraiment médicale. On dit que l'agi-

tation disparaît, mais je suis convaincu que dans ces cas-là

on serait arrivé au même résultat sans ce traitement. En réa-

lité, la méthode est smtout employée pour la discipline inté-

rieure de l'établissement. -

A cette immobilisation dans le bain permanent je préfére-

rais, si je devais devenir un agité, qu'on m'appliquât une ca-

misole de force, qui me laisserait du moins une liberté rela-

tive en dehors de l'usage des mains. Dans cette baignoire en-

tourée de paravents, le malade est aussi isolé que dans une

cellule.De telle sorte que je suis surpris de voir cette condam-

nation à l'immersion prolongée et incessante défendue par les

médecins qui combattent la camisole de force et la cellule.

220 CONGRÈS DES MEDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

Il est vrai que cette pratique des bains prolongés et inin-

terrompus nous vient de l'étranger. La prôner est un des

moyens employés pour démontrer l'infériorité de la science

française et surtout des aliénistes français. J'ai tenu à réagir

contre cette tendance à rabaisser tout ce qui se fait en France.

M. E. DESCHAMPS (de Rennes). Si l'on n'obtient pas des

résultats concordants en hydrothérapie, c'est parce que l'on

ne s'entend pas sur les principes fondamentaux qui régissent

son action. Le nom, d'abord, devrait être changé : c'est ther-

mothérapie qu'il faudrait dire, car la chaleur seule est l'agent

thérapeutique. 1

L'eau, dont la capacité calorifique est considérable, permet

de constituer économiquement un milieu capable de déter-

miner rapidement des variations de la fonction thermogé-

nique du sujet qui s'y trouve placé. On ne saurait restreindre

son action à une simple addition ou soustraction de calori-

que ; un résultat satisfaisant et durable ne peut être atteint

que par la modification ou le perfectionnement d'un nombre

plus ou moins grand des facteurs qui président physiologi-

quement au rendement de la fonction thcrmogénique et par-

mi ces facteurs l'un est le rayonnement cutané.

Les éléments qui déterminent surtout la valeur du rayon-

nement sont le pouvoir émissif de la surface cutanée et le

débit sanguin à la périphérie qui dépend du travail du

coeur. ,

Or, ce travail du coeur varie dans de très grandes propor-

tions, selon la température de l'eau, mais aussi suivant les

sujets. Le pouvoir émissif de la peau a lui-même une très

grande importance, puisque c'est par elle que nous faisons

notre équilibre thermogénique.

En résumé, l'hydrothérapie est une méthode scientifique

qui ne peut donner des résultats concordants qu'à la condi-

tion de lui appliquer les lois de la physique et de la physiolo-

gie générale, et il est à souhaiter que le vieil antagonisme qui

existe encore entre les sciences dites accessoires et la clinique,

dans l'enseignement de nos Facultés de médecine, dispa-

raisse.

M. 111NHEIIdER Gommés (Paris). -- Dans les cas d'excitation

générale avec barbouillage et scatophagie,la balnéation chaude

prolongée agit bien. Par contre, chez certains arriérés instables

habitués à être propres, la même balnéation a suscité, le gâ-

tisme volontaire. Dans ces cas, on se trouvera mieux, pour

obtenir des effets sédatifs, du drap mouillé.

M. BOURNEVILLE. - C'est avec raison que le Congrès de

Pau a mis à l'ordre du jour du Congrès de Rennes la ques-

tion de Y Hydrothérapie dans les maladies nerveuses et mentales.

BALNÉATION ET HYDROTHÉRAPIE. 221

On ne peut aussi que se féliciter du choix du rapporteur. La

tâche était difficile. M. le Dr Pailhas s'en est acquitté il son

honneur. Toutefois il est des points sur lesquels il nous per-

mettra d'insister. il

Notre expérience, en celte matière, date de loin : Noël Pas-

cal. le fervent adepte et le successeur de Louis 1 leury, avec

qui nous avons collaboré (1861 à 1864) à la Médecine contem-

poraine, suite du journal 1'[Iyii,otlbérapie d'Emile Duval et

fondé en 1865 le Mouvement médical, était sujet à des conges-

tions pulmonaires violentes avec hémoptysies abondantes

qu'il traitait, un peu à notre stupéfaction,par les douches froi-

des. L'année suivante,' étant interne 'à la Salpêtrière, nous

avions pour collègue notre ami Lahurthe, un enthousiaste de

l 'hydrothérapie etdelaoymnastiqlle.Ce furent nos initiateurs et,

à partir de 1866 jusqu ce jour, nous n'avons cessé de recou-

rir à l'hydrothérapie pour nous et d'en conseiller largement

l'emploi. C'est fort de notre expérience personnelle que nous

avons mené une vigoureuse campagne au Conseil municipal

de Paris (1), au Conseil général de la Seine (2), dans le Progrès

médical pour l'organisation de services balnéo-hydrothérapi-

ques dans tous les hôpitaux et hospices de Paris. Elle a été

fructueuse. Il \ '

Dans notre service, depuis ISï9, nous faisons un large em-

ploi des bains et des douches. Il a été donné en 1904, 28.571

bains (sans compter les bains administrés à l'infirmerie, au

pavillon des contagieux, au bâtiment des enfants invalides),

5.370 bains de pieds et 61.350 douches froides en jet en éven-

(1) 187G. Voeu au Conseil municipal demandant : 1° la construc-

tion de services balnéaires et hydrothérapiques dans tous les éta-

blissements hospitaliers où ces services sont insuffisants ; 2° 'que

les malades externes soient autorisés à prendre des bains et des dou-

ches à l'hôpital. 1877. Rapport sur larcconslruction des bains exter-

nesdc l'hôpital Saint Louis, et Progrès médical, 1877, p. 549.- 1880.

Rapport sur l'hôpital du Midi, n° 63, pi Construction d'un ser-

vice balnéo-hydrothérapique il Saint-Antoine. 1881. Nouveau rap-

portsur les bainsde St-Loui ? 1882. Rapport sur la reconstruction

des bains de l'Ir yi tal dc Lourcine, n^ 32.- Happort sur la construction

d'un service balnéo-hydrotlrérapique à la Salpêtrière, n, G0. -

Rapport sur la reconstruction du service des bains etd'hydrothéra-

pie il l'hôpital Laennec, n° (il ! . Installation il l'Asile clinique d'un

service de hains et d'hydrothérapie destiné aux malades externes

qui viennent il la consultation de l'asile. Citons encore le service

de hainset de douches de notre section de Bicélrc. De plus, cha-

que année de 1877 à 188 ? , inclusivement, lors du vote du budget de

l'Assistance publique nous avons demandé au Conseil municipal le

renouvellement de notre voeu relativement il la création de ser-

vices halnéo-bydrollrérapiques capables de desservir largement

tous les établissements hospitaliers et de l'aire face aux besoins du

traitement externe et de donner des bains aux enfants pauvres des

écoles. (Rap. ni On, p. 8, 18.-2.)

222 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

tail seul ou avec la pluie, sans compter les bains de siège et

les douches locales.

Nous avons recours il l'hydrothérapie dans l'épilepsie com-

me agent général, pour prévenir les lésions cutanées, éditer l'

Ie bromismc (1), pour combattre l'incontinence d'urine (dou-

che locale et générale), l'onanisme, légalisme (érytliùmc,értil)-

tions papuleuses ou pustuleuses), les lésions du décubilus,

les bronchites chroniques, la tuberculose au début, les accidenls

dus à la scrofule, au lymphatisme, les troubles circulatoires

(engelures, gonflement des pieds et des mains, etc.), nous y

avons recours aussi dans les entorses, les fractures (douches

locales et massage), chez les enfants atteints de méningites

chroniques (douches en pluie sur la tôle pendant 15 tel 20 se-

condes suivies d'une douche générale en jet. Dans les cas de

folie de l'adolescence,principalement dans la dépression mélan-

colique, etc., etc.

Userait bien à désirer que, dans leurs rapports, nos collè-

gues des asiles donnent la statistique des bains et des douches

et que, à l'exemple des médecins de l'étranger, ils usent lar-

gement de ces moyens thérapeutiques. Déjà, ils en donnent

plus souvent que dans beaucoup d'hôpitaux, mais certaine-

ment dans une proportion trop restreinte. «Les applications

hydrothérapiques sont délicates, vient de nous dire M. Pail-

has,c'cst pourquoi nous répugnons lesemployer davantage. »

A quoi cela tient-il P Aux appareils défectueux, aux instal-

lations imparfaites, comme celles que nous avons vues hier il

l'asile de Lotion ; comme elles le sont dans un grand nombre

d'hôpitaux et d'asiles nous faisons exception pour les éta-

blissements balnéo-hydrothérapiques organisés et dirigés par

des médecins spéciaux, tel le bel établissement thermal de

Vichy, etc. Pour que les douches procurent les effets théra¡

peutiques qu'on est en droit d'en attendre, il faut que les insu

tallations soient faites dans les conditions particulières, par

exemple suivant les règles indiquées par Louis 1·'leur,y dans

son beau Traité et en tenant compte des progrès réalisés, s'il y

a lieu.

Cela tient aussi à ce que Yenseignemcnl de l'hyd1'othérapic

est à peu près nul. Trop souvent les médecins prescrivent des

douches sans se préoccuper comment elles seront données,

sans fournir aucun renseignement auxdoucheurs. Et ceux-ci

sont ignorants, ce qui ne les empêche pas d'avoir des pré-

tentions, de s'imaginer en savoir plus que les médecins.'

Les médecins, de leur côté,on [le devoir d'étudier avec soin

l'hydrothérapie, ses procédés, ses indications, d'administrer

(l)L'llll de nos élèves, Il. l3ricn, a exposé, dans sa llii.c·, noire

pratique hydrothérapique, dès 1882.

BALNÉATION Et HYDROTHÉRAPIE. 223

eux-mêmes le plus souvent possible, les douches, do dresser

leurs internes, leur infirmiers. C'est ce que nous faisons

nous-mêmes depuis une vingtaine d'années dans notre servi-

ce. Après avoir borné nos leçons à notre personnel, nous les

avons étendues aux élèves de l'école d'infirmières et d'infir-

miers de Bicî;Lre. Puis, nous avons fait venir les baigneurs ou

baigneuses de la Salpêtrière, de la Pitié, et de Lariboisièrc,

chargés des leçons de douches et de bains aux élèves de ces

établissements. Eux aussi étaient ignorants, donnaient fort

mal les douches : personne ne les avait conseillés. Enfin de-

puis plusieurs années un grand nombre d'élèves libres sont

venues par séries assister à nos leçons et, devant nous, admi-

nistrer elles-mêmes les douches (1).

Nos confrères de l'armée paraissent s'intéresser au traile-

ment hydrothérapique et à son application scientifique. Nous

avons appris récemment que le directeur du service de santé

du 10" corps d'armée avait envoyé deux infirmiers de l'hôpi-

tal militaire de Rennes au Val-de-Gruce pour suivre les cours

théoriques et pratiques do douches et de massage. On ne

peut que l'en féliciter et souhaiter que les directeurs du ser-

vice de santé des autres corps d'armée imitent son exemple.

Noire but n'est pas de faire de tous des doucheurs et des

doucheuses, mais de leur faire comprendre en quoi consis-

tent les douches, de les mettre en mesure de renseigner leurs

malades, de les persuader qu'il s'agit là d'un traitement très

simple, sans inconvénient quand il est bien appliqué, que les

enfants eux-mêmes s'y soumettent sans la moindre difficulté.

En agissant ainsi, nous croyons rendre service et aux médecins

qui trouveront dans nos gardes-malades des auxiliaires pour

lesaideràv aincre les résistances de leurs clients et aux malades.

Ces leçons, qui ont été si sottement critiquées il y a deux

ans dans un article plein d'erreurs et de fiel de la Revue des

Deux Mondes, ont été très goûtées des élèves. Leur affluence

en est la preuve (2).

Ce n'est pas sans résistance que nous sommes arrivé à

quelques résultats. Fonctionnaires, employés, sous-employés,

qui n'ont pas ou besoin de douches, s'imaginent de bonne foi

qu'aucun enseignement n'est nécessaire, qu'il suffit d'ouvrir

(1) Il V a eu Cette année, on outre de celles données au personnel

de Bilèire, une trentaine de leçons ; 152 élèves libres ; 54 infirmières

de la Salpêtrière; baigneur et baigneuse de la Pitié et de la Satpë-

lrière ; baigneur de Larinoisière.

(2) Après la leçon de douches, les élèves assistaient il une leçon

tlevaccination, la pratiquant elles-mêmes, puis il une leçon de cou-

pe de cheveux et de e "asel1lellt. (Rappelons il ce propos que depuis

1880 nous vaccinons tous nos nouveaux malades et ceux qui sont

dans le service depuis 6 à 7 ans.)

224 CONGRÈS DES MEDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTËS.

des robinets, de promener un jet d'eau sur le corps et c'est

tout. Or c'est là une question absolument médicale. Quand

on admet un nouveau doucheur dans un hôpital, on devrait

en prévenir les médecins qui, eux, ont le devoir de fournir

à l'apprenti les indications nécessaires, de s'assurer s'il a les

aptitudes nécessaires, de faire un choix,' car il y a des infir-

miers qui ne doucheront jamais bien ? parce qu'ils ont la

main dure. C'est parce que la plupart des doucheurs sont

ignorants, ne connaissent pas les inconvénients et même les

dangers d'une douche mal administrée qu'ils ne cherchent

pas à se renseigner.

Nous terminerons par une citation :

« Ce qui manque à l'hydrothérapie, a écrit Louis Fleury, le

véritable créateur de l'hydrothérapie scientifique (1), c'est un

personnel instruit et expérimenté ; or, ce personnel nese for-

mera que du jour où les administrations, les gouvernements,

comprendront, enfin, la nécessité d'instituer dans les hôpi-

taux des cours de clinique hydrothérapique, dans lesquels les

élèves, internes et externes, seraient exercés au maniement

des appareils sous la direction du maître. Ce jour viendra

sans doute ? mais il n'est pas encore venu. Espérons des

temps meilleurs. »

11 y a de cela quarante ans et le jour n'est pas encore venu' !

M. Dide (Rennes). Quand je suis allé visiter le service(le

Kroepelin, j'avais une idée préconçue contre sa méthode. Je

n'ai constaté rien qui pût motiver ces réserves. J'ai même

constaté que chez un malade mis au bain continu avec une

escharre, celle-ci était en voie de guérison.

Comme thérapeutique, il faut bien l'avouer, celle méthode

n'a pas donné de résultats. Elle ne guérit pas la folie. Sans

cela elle s'imposerait à tous les aliénistes de tous les pays.

En revanche, elle réussit très bien contre l'agitation et la

fait disparaître ; elle présente, à ce point de vue, une supé-

riorité réelle. Malheureusement, elle demande un effort pécu-

niaire extraordinaire.

Quant aux brutalités, je n'en ai pas vu de traces.

M. Régis. On se désintéresse trop, dans les asiles, delà

balnéation, on ne la surveille pas assez, parce qu'on ne la

connaît pas suffisamment. Aussi je voudrais qu'au concours

de l'adjuvat on exigeât des candidats la preuve de leurs con-

naissances en balnéothérapie et en électrothérapie.

M. DROUINEAU (inspecteur général). Je croyais, jusqu'à Il

présent, que toutes ces matières faisaient partie du bagage

scientifique du médecin, et il me semble qu'on va trop loin

(1) Traité thérapeutique et clinique d'hydrothérapie, 186G, p. 224.

BALNÉATION ET HYDROTHÉRAPIE. 225

en demandant de faire porter sur ces points les épreuves du

concours. Dans les asiles, un certain nombre d'appareils très

bons, très coûteux, s'abîment sans être utilisés, et cela parce

que les chefs de service n'ont pas sur ce point les mêmes idées

que les médecins qui ont fait acheter les appareils en ques-

tions. Le rapporteur a insisté avec raison sur l'emploi hygié-

nique de l'hydrothérapie, et il a bien fait, car avec les orga-

nisations actuelles, la propreté des malades est difficilement

réalisable.

M. CROCQ (Bruxelles). Dans notre pays, sous l'influence

des idées allemandes, la balnéation continue s'est implantée,

et ce que j'en sais me fait partager le fond des idées tressages

émises par M. Christian. Transformer celle méthode en une

règle absolue est certainement un abus. ,

Comme M. Dide, je n'ai pas vu d'agités ; mais v ous sav er,

bien que, quand on visite un asile, on ne montre pas les agi-

tés, même quand on insiste. Et je sais tel asile où ils sont"

attachés dans une cave.

Si l'on veut apprécier la méthode, il n'y a qu'un moyen :

l'appliquer soi-même dans son service.

M. DOUTREBANTE (Blois). - Combien y a-t-il de malades

dans le service de Kroepelin.

M. Dinde. Environ 200.

M. DouTREBENTE. Dans ces conditions les agités sont

rares, car il suffit de diminuer l'effectif d'un service pour y

atténuer considérablement la proportion des agités, qui, du

reste, se trouvent surtout parmi les nouveaux.

M. Dite. - Justement le service de Kroepelin comprend

exclusivement des aigus, qui se, renouvellent constamment.

M. LALLEMAND (Rouen). Comment les malades peuvent-

ilssc renouveler fréquemment s'ils restent dix-huitmoisdans

le bain ?

M. DENY. - Leiservice de Kroepelin est un service d'ensei-

gnement ; par conséquent, il ne reçoit que des aigus et les

garde peu de temps.La méthode des bains continus qui est visée

en ce moment, je ne l'ai pas appliquée dans toute sa rigueur,

en raison de l'impossibilité pratique où je me suis trouvé de

faire la balnéation pendant la nuit. Mais pendant six mois

j'ai tenu des malades au bain, de huit heures du matin à huit

heures du soir, et cela sans le moindre inconvénient. Il est

incontestable que la méthode agit très efficacement sur l'agi-

tation et la fait disparaître. Mais son application est horrible-

ment coûteuse ; il faut équipes de jour, équipes de nuit, etc.

De telle sorte que, si on veut l'essayer en France, il faudrait

se contenter de l'installer dans un seul service.

Archives, 2° série, 1005, t. XX. 15

22 CONGRÈS DES MEDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

Une observation de troubles mentaux liés à l'existence

de lésions chroniques du rhino-pharynx.

D''5Royet et Roussit. - Le malade qui a fait l'objet°de

cette observation a présenté à la suite de lésions du rhino-

pharynx consécutives à des accidents syphilitiques secondai-

res de cette région les troubles mentaux le plus habituelle-

ment observés au cours des maladies du cerveau et du nez :

une grande difficulté à fixer l'attention, un retard marqué de

l'apparition des images de mémoire et en général de toute

opération intellectuelle, un état d'anxiété marqué. Surceca-

nevas sont venus se broder d'autres troubles délirants ou des

interprétations erronées qui ont amené plusieurs tentatives

de suicide. Le traitement du rhino-pharynx a fait disparaître

tous ces accidents.

Balnéation et gâtisme volontaire.(Dr JIANHEIMER-GOMMÈS).

Le prochain congrès se réunira le 1 cr août 1906, à Lille. Pré-

sident : M. le Prof. Grasset (de Montpellier) ; Secrétaire

général : M.leDr Chocreaux, médecin en chef del'asile de Bail-

leul (Nord). - Questions proposées. Psychiatrie : Etude cyto-

logique, bactériologique et expérimentale du sang chez les

aliénés ; rapporteur : A9.DIDE ? yeiwofogie : Le cerveau sénile;

rapporteur : M. 1ÍmI. - Médecine légale : La responsabilité des

hystériques; rapporteur : M. ÂNTHEAUME.

Séance du 5 août. Présidence de M. GIRAUD.

9 heures : Visite à l'asile d'aliénés de Rennes. A 10 h. 1/2 :

Séance de communications dans la saile des fêles de l'asile.

M. Bourdon et le Dr CASTEX présentent des appareils.

Note sur le traitement de la crise d'épilepsie.

Dr J. SIZaRçT (médecin en chef de l'Asile d'aliénés de Ren-

nes). L'examen de l'épileptique en crise révèle bien sou-

vent qu'il y a, sous l'influence convulsive, un degré parfois

très prononcé d'occlusion de la trachée ; ce phénomène, pri-

' vant le patient d'air respiratoire, a pu être considéré comme

principal producteur de l'attaque ; mais tout en reconnais-

sant qu'il joue un certain rôle, nous devrons le placer au se-

cond plan, en faire un effet plutôt qu'une cause de l'accès.

M. le professeur Joffroy a assimilé par comparaison les effets

de la pendaison à ceux de l'attaque épileptique, en raison

des analogies présentées : morsure de la langue, convulsions,

perte des urines, amnésie rétro-antérograde, etc. C'est l'inter-

ruption brusque de la nutrition de l'encéphale qui paraît en

cause, comme pour les convulsions succédant aux grandes

hémorrhagies, auxquelles PaulBert avait trouvé pour cause

traitement DE la crise d'épilepsie. 227 7

1,(Illoxiléi711e.En outre, l'accumulation d'acide carbonique clans

le sang a une action excitante ; l'action toxique de l'oxyde de

carbone amène également des phénomènes convulsifs.

M. le Dr Dide a eu, en 1898, l'idée de provoquer des convul-

sions en mettant des corps puissants réducteurs chimiques

(par exemple le sulfure d'ammonium elle bisulfite de soude)

en contact.avec les circonvolutions cérébrales. Des convul-

sions ont apparu ; puis le nombre des globules a beaucoup

augmenté, en même temps que ceux-ci s'altéraient dans leur

forme (aspect crénelé). La connaissance de certaines des théo-

ries sur la palhogénie de l'épilepsie brièvement retracées

plus haut, l'aspect d'asphyxie lamentable de l'épileptique en

crise m'ont donné l'idée d'essayer un traitement de l'attaque.-

Appelé précipitamment auprès de l'un de nos vieux pen-

sionnaires âgé de 50 ans, à l'asile depuis 1873, menacé d'as-

phyxie au cours d'une crise violente faisant partie d'une sé-

rie comme il en avait souvent, étais accompagné précisé-

ment du 1)'' Dide et de notre interne, M Durocher.Le malade

était étendu chez lui, les liens des vêtements parfaitement

desserrés, la figure iolacée, la bouche et le nez souillés ou

remplis de bave, les yeux vitreux, le pouls irrégulier, les ex-

trémités froides, en état d'asphyxie imminente. Je fis immé-

diatement chercher un ballon d'oxygène et lui introduisis en-

tre les lèvres la canule du tube ; à peine le robinet fut-il ou-

vert, à peine les inhalations, activées par des pressions sur le

ballon, eurent-elles été commencées quele malade se ranima,

les yeux reprirent l'aspect de la Nie, le malade se mit sur son

séant et chercha à frapper les gens qui l'entouraient : c'estun

,ieu\. dément, toujours désagréable et violent. Il fallut le

maintenir soigneusement ; nous essayâmes de lui faire une

saignée ; cela nous fut impossible tant il se débattait. La

crise était bien arrêtée et ne reparut plus.

J'ai eu l'idée, à la suite de cet essai de l'oxygène, de traiter

par des inhalations du même gaz des accès subintrants chez

un malheureux enfant de 13 ans, entré depuis quatre

ans à l'asile, idiot, sujet à des crises qui sont parfois très

nombreuses (jusqu'à '200 par mois) ; les crises cessent de suite,

le petit malade se calme et sa santé générale, bien précaire,

parait se maintenir.

Dans le service des femmes, plusieurs malades ont été éga-

lement soumises aux inhalations d'oxygène pendant des cri-

ses menaçantes. Nos essais paraissent très encourageants et

sont poursuivis attentivement.

Je puis en tous cas dire que l'emploi des inhalations d'oxy-

gène (emploi qui, bien entendu, paraît tout à fait inoffensif),

l'ait rapidement cesser la crise d'épilepsie.

228 CONGRÈS DES MEDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

Diagnostic de la démence précoce à forme paranoïde

et des psychoses à base d'interprétations délirantes

sans évolution démentielle. · ,

1\D1.1cs D". A. DUROCHER et A. LEBORGNE (de Rennes).-Au

début de ce travail, nous admettrons tout d'abord, avec notre

maître, M. le professeur Dide, dans la classe des psychoses à

base d'interprétations délirantes : 1° le groupe des persécutés

persécuteurs ; 2° le groupe des persécutés persécuteurs amou-

reux ; 3° celui des mégalomaniaques d'emblée ; 4° le groupe

des délires systématisés plus ou moins hallucinatoires sans é\o-

lution démentielle.

11 nous a paru intéressant de rechercher quelles différences

pourraient séparer la démence précoce à forme paranoïde de

ces psychoses à base d'interprétations délirantes, et quels si-

gnes pourraient servir à établir dès le début le diagnostic en-

tre ces formes, de maladie mentale. En effet, le diagnostic de

deux psychoses si différentes dans leur évolution doit pouvoir,

suivant nous, se faire aux différentes périodes de ces maladies.

Nous avons classé en trois groupes principaux les signesque

nous croyons distincts de la démence précoce à forme paranoïde.

1° Parmi les phénomènes mentaux, l'abolition des senti-

ments affectifs est complète dès le début chez tous les para-

noïdes ; ils n'ont plus aucune notion de la famille, dont ils

ne parlent jamais, tout leur est indifférent, ils n'ont plus d'é-

motions, plus de larmes. Cette indifférence se manifesleaussi

dans leur tenue, le plus souvent incorreote et ils semblent

avoir perdu le sentiment de leur dignité. La confusion dans

les idées arrive assez vite et en même temps apparaît la déso-

rientation dans le temps.

2° Parmi les phénomènes sensoriels, les hallucinations au-

ditives surviennent dès le début, puis s'installent les halluci-

nations psycho-inhibitrices, psycho-motrices et psychiques. On

note également une diminution delà sensibilité au contactet

à la piqûre, une diminution de la symbolie tactile et delà

perception stéréognostique. ,

3° Les symptômes physiques que le professeur Dide a clas-

sés sous le nom général de « dermato-psychics n, l'insuffisance

hépato-rénale, les phénomènes catatoniques et d'opposition,

la stéréotypie dans les gestes et dans les paroles s'obsencnl

d'une façon constante chez ces mêmes malades, au moins à

une période de leur maladie.

Enfin l'évolution même de ces deux psychoses nous parait

un élément de diagnostic un peu plus tardif, ilest vrai,néan-

moins excellent : la démence précoce à forme paranoïde évo-

lue en quelques années et les malades ayant parcouru les

TICS DES SPHINCTERS. 220

stades de cette psychose arrivent à une démence complète. De

plus, ces malades; si dangereux parfois au début, à la suite

des hallucinations nombreuses que nous avons signalées plus

haut et dont ils sont victimes; deviennent inoffensifs en même

temps que disparaissent leurs hallucinations. 1

En résumé, nous dirons que la démence précoce à forme

paranoïde se distingue très facilement du délire des persécu-

tés persécuteurs : chez ceux-ci, pas d'hallucinations, pas

d'évolution délirante.

La distinction est également facile avec les mégalomania-

dues, qui arrivent très rapidementet sans hallucinations, par

de simples constructions intellectuelles faites sur des inter-

prétations délirantes, aux idées de grandeur.

Le diagnostic mérite d'être fait d'une façon plus serrée pour

les délires systématisés hallucinatoires sans évolution démen-

tielle : il se basera sur la non-existenced'hallucinations psycho-

motrices et psyclio-inhibitrices, ,'d'liillucin*ations psychiques,

de signes physiques (dermato-psychiés -insuffisance hépato-

rénale phénomènes stéréotypés et catatonie) et sur la con-

servation des sentiments affectifs et l'intégrité de l'intelli-

gence. ' · 1 ; "' 1 » . .

, Tics des sphincters ^

HENRI MEIGE (de Paris). - Les muscles sphinctériens sont

localisés dans des régions du corps ou'l'on constate une ex-

trême délicatesse des terminaisons sensitives (conjonctives

palpébrales^ muqueuse labiale, orifice glottique, muqueuses

uréthrale et rectale).

Or, les tiqueurs sont toujours à l'affût de toutes les sensa-

tions internes ou périphériques, pour y répondre par des ac-

tes musculaires excessifs ; on comprend que les tics des

muscles sphinctériens soient fréquents.

Chez un jeune homme de 1\1 ans, le frôlement des cheveux

lut l'origine d'un tic des' muscles auriculaires et d'un tic de

plissement du front»; la pression légère des bretelles déter-

mina un tic des épaules ; la compression de la ceinture du

pantalon a été l'origine de tics du diaphragme et des muscles

abdominaux ; le frottement du col lui donna des tics du cou,

les oscillations du chapeau, des tics de hochement, etc., etc.

Enfin, ce malade avait plusieurs tics sphinctériens ; cligne-

ment des paupières, pincement des lèvres, bruits glottiques

et des tics des sphincters uréthral et anal.

Si les tiqueurs nous frappent surtout par le déséquilibre

de leurs fonctions motrices, leurs accidents convulsifs ne sont

souvent que des phénomènes secondaires dont le point de dé-

part doit être recherché dans un déséquilibre sensitif. On ne

230 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

constate objectivement aucun trouble en plus ou en moins des

sensibilités. Il s'agi t donc bien d'un désordre d'origine centrale.

On doit corriger les mouvements^convulsifs par une disci-

pline psycho-motrice appropriée ; il est utile également de

soumettre les malades à une discipline psyeho-sensilive ayant

pour but de leur, apprendre à interpréter sainement leurs

sensations, quelles qu'elles soient, à n'y pas répondre inoppor-

tunément, ou du moins à savoir y proportionner leurs réac-

tions motrices. -

Essai de classification des maladies mentales.

Dr Maurice DIDE. Dans mon cours, j'ai été amené à adop-

ter une classification des maladies mentales que je soumets à

l'appréciation de mes confrères. Elle diffère de la plupart de

celles qui ont été publiées jusqu'aujourd'hui, en ce sens que,

tenant compte de l'évolution des maladies, elle vise surtout

à être pathogénique. Ma conception des psychoses toxi-infec-

tieuses n'est peut-être pas aussi révolutionnaire qu'elle peut

le sembler et l'on trouve l'indication de la voie dans laquelle

je me suis lancé dans les oeuvres récentes de Régis. J'ajoute-

rai que ce n'est plus actuellement une vue de l'esprit puisque

j'ai constaté l'existence de microbes dans le sang des psychoses

hallucinatoires à évolution chronique. L'importance pathogc-

nique de cette constatation pourrait seulement être discutée,

et, si je n'ai pas hésité à rapprocher la démence précoce herbe-

phréno-catatonique des confusions mentales aiguës, c'estque

l'analogie symptomatique est manifeste et que, d'autre part,

la clémence paranoïde ne peut se séparer des formes hébé-

nhréno-catatoniaues.

SIGNES OCULAIRES DANS L\ DÉMENCE PRÉCOCE. 231

232 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

mineux. Plusieurs examens successifs nous ont montré chez

un même malade des variations très nettes dans les réactions

de la pupille à la lumière. De plus, chez ces malades, il a été

exceptionnel de noter l'inégalité pupillaire, les déformations

pupillaires, le myosis, l'aspect spécial de l'oeil tabétique qui

sont classiques dans le tabes. Il s'agit donc là d'une moda-

lité pathologique du réflexe lumineux bien distincte du signe

d'Argyll, qui est un symptôme fixe et permanent.

LÉSIONS DU FOND DE L'OEIL. ' "

Les formes des lésions du fond de l'oeil que nous avons

trouvées chez nos malades peuvent être rangées sous trois

chefs : -

1° Ilyperhémie pupillaire, consistant en une congestion vei-

neuse plus ou moins notable, les veines sont dilatées et tor-

tueuses. Les artères ne nous ont pas paru présenter de modi-

fication appréciable.

2° Moins fréquemment, se présentant soit d'emblée, soit

succédant à l'aspect ophtalmoscopique précédent, une déco-

loration pupillaire avec rétrécissement des vaisseaux, décolo-

ration souvent limitée au côté temporal de la pupille à l'image

droite. Dans un ou deux cas, il nous a semblé que cette

décoloration peut aller jusqu'à donner l'aspect de la pupille

grise tabétique.

3° Enfin, exceptionnellement, nous avons noté une vérita-

ble névrite optique avechyperhémie de la pupille qui se con-

fond avec le reste du fond de l'oeil et traînées exsudatives le le

long des artères.

Nous devons insister d'une part sur la bilatéralité et les

modifications de l'aspect ophtalmoscopique suivant l'époque

où on examine le malade. Certains malades, chez lesquels

nous avons observé à une certaine époque de la congestion

veineuse nette, nous ont fait voir quelques mois plus tard un

aspect décoloré et grisâtre de la pupille tout différent du pre-

mier examen.

Sur quelques propriétés du sérum sanguin dans la

démence précoce ; disette d'alexine ; présence de

sensibilisatrices microbiennes.

MM. les docteurs M. DIDE etE.SACQuËpEE.I. La présence

gnalée antérieurement, d'espèces microbiennes diverses dans

le sang des sujets atteints de démence précoce, permet de se

demander si cette invasion microbienne n'est point facilitée

par quelque anomalie organique. En particulier, il est indi-

qué de vérifier la teneur du sérum sanguin en alexine, dont

- UN CAS DE GASTRITE HYSTERIQUE. 233

les relations étroites avec les propriétés bactéricides normales

des sérums frais sont évidentes.

La recherche est faite à l'aide d'une sensibilisatrice de la-

pin, active surles hématies du boeuf ; on admet, en principe,

conformément aux idées de Bordel, que les diverses alexines

sont équivalentes.

En opérant par comparaison avec des sérums normaux ou

pathologiques divers, on constate que les sérums des déments

précoces renferment beaucoup moins d'alexine que les sérums

témoins.

La disette d'alexine revendique sans doute une part dans

la genèse des septicémies si fréquentes au cours des démen-

ces précoces. On peut aussi lui soupçonner quelque intérêt

pathologique d'ordre plus général, que tenteront de préciser

des recherches ultérieures.

II. La constatation fréquente d'espèces microbiennes

dans le sang permet d'affirmer l'existence d'une infection, que

celle-ci se traduise ou non par les symptômes habituels des

infections. Toutefois, il est bon de vérifier cette donnée fon-

damentale par la recherche des propriétés spécifiques des

sérums à l'égard des microbes rencontrés ; il est utile aussi

de chercher ces mêmes propriétés dans le sérum de malades

dont le sang n'a pas été ensemencé, ou bien, dont l'ensemen-

cement n'a pas donné les espèces microbiennes soumises à

l'épreuve.

Deux microbes ont été essayés : 1° bacille ne prenant pas le

Gram ; 2° staphylobacille. La recherche a été effectuée par

le procédé de Bordet et Geugon ; on s'est assuré au préalable

que les microbes précédents n'absorbent pas l'alexine, et que

les sérums normaux ne renferment pas de sensibilisatrice spé-

cifique.

On a constaté ainsi que les sérums des déments précoces

renferment une sensibilisatrice active sur les deux microbes

soumis à l'épreuve. Cette sensibilisatrice existe dans les 3/4 4

des cas, même dans ceux où l'hémoculture était restée né-

gative.

'' De ces faits on peut conclure que, dans la démence précoce :

1° Le bacille et le staphylobacille étudiés provoquent une

réaction spécifique des sérums, stigmate d'infection : ils sont

donc réellement infectants ;

2° Leur intervention est très fréquente, bien que non cons-

tante.

Un cas de gastrite hystérique traitée par la psycho-

thérapie ; par Mme le Dr LIPINSIca.

234 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES

Midi. i.

Déjeuner offert par l'Administration. Au dessert M. Janvier,

membre de la commission de surveillance, président du ban-

quel, prend la parole. Lui succèdent : MM. Drouineau, GIRAUD,

CROCQ, SIZARET, Bourneville.

Séance du samedi 3 août (soir).

Présidence DE M. GIR.1UD.

Le Président lit un télégramme du Professeur Grasset, qui

remercie le Congrès de Rennes de l'honneur.qu'il lui fait, et

accepte la présidence du Congrès de Lille. '

Observation de troubles mélancoliques d'origine

t"hino-pharyngienne. - D" HOZET.

Observation de vertige. Discussion : D1' Régis.

Concours de l'adjuvat des asiles.

Le D' Dide, médecin-adjoint de l'asile de Rennes, formule le

voeu suivant : Le Congrès de Rennes, considérant que le con-

cours unique, tel qu'il fonctionne actuellement, donne toutes

les garanties et assure d'une façon complète dans tous les

asiles de France le recrutement du corps médical,émet le voeu

que ce concours soit conservé dans les conditions actuelles.

Après une discussion à laquelle prennent part, MM. les Drs

Brousse, président du Conseil municipal de Paris, Régis,

DOTITREBENTE, DRUUINEAU, i\L4NHEIMER-GOMMS, etc., le voeu de

lLDide est adopté à une très grande majorité.Cette discussion

sera probablement publiée dans les Archives de Neurologie.

Hémiplégie intermittente d'origine albuminurique

chez une fillette.

Dr IANHEIMER-GoMMÈs.-Observation d'une fillette de hui

ans, atteinte de scarlatine à l'âge de trois ans, mais très bien

portante depuis, atteinte brusquement d'une monoplégie

brachio-aurale gauche. Guérison/ Retour de la paralysie

quelques mois après suivi encore de guérison. Chaque fois,

les urines contiennent de l'albumine, alors qu'elles n'en con-

tiennent pas dans les intervalles.

La cause occasionnelle de la première attaque est rappor-

tée àun effort : la fillelte,à l'école, s'est retenue très longtemps

avant d'uriner.

Il semble bien que dans ce cas, on ait affaire à de l'oedème

cérébral. Les paralysies transitoires des urémiques, et, à plus

forte raison des albuminuriques simples sans aucune trace de

désordres généraux, comme la malade de notre observation,

incoordination des muscles de la respiration. 235

doivent être, ànotreavis, attribués, moins à l'intoxication cal-

culaire pyramidale, comme le veulent certains auteurs, qu'à

un trouble mécanique de congestion passive, favorisé d'ail-

leurs par la dyscrasie sanguine.

MM. Marie et Bonnet résument l'évolution suivie en France

par le développement de l'Assistance familiale. Ils montrent

que les colonies familiales, tout d'abord prévues comme co-

lonies de repos en raison de leur population initiale de dé-

ments simples, appellent la solution de la question de l'orga-

nisation du travail des aliénés adultes valides placés en fa-

mille, si l'on ne veut pas que, particulièrement pour les

hommes, l'oisiveté entraîne là. ses inconvénients ordinaires.

Ils étudient,par comparaison avec les pratiques étrangères, le

contrôle du travail au profit des nourriciers et sa rétribution,

la question du travail pour et par l'administration de la Co-

lonie, ainsi que l'institution d'ateliers spéciaux ouverts aux

assistés (entreprises privées) pour éviter la concurrence à la

main-d'oeuvre locale. L'éducation spéciale des infirmiers nour-

riciers ainsi que les extensions nouvelles de l'Assistance fami-

liale aux convalescents et aux enfants arriérés sont également

étudiées.

MM. les Dr Morel (devons) et A. Marie (de Paris) présen-

tent une étude historique et comparative des méthodes et pro-

grammes divers d'éducation spéciale du personnel infirmier

des asiles d'aliénés. Ils montrent le nombre croissant des éco-

les spéciales en Amérique et en Europe ainsi que la progres-

sion du nombre des élèves diplômés et qualifiés. Le rôle des

femmes infirmières dans les services d'hommes est étudié

dans ses applications les plus intéressantes faites en Améri-

que et en Hollande par le D1' Dewenter (Merenberg). L'ins-

truction spéciale des personnes chargées de la surveillance en

famille est également esquissée d'après les pratiques de la

Belgique, de l'Angleterre, de l'Allemagne et de la Hollande.

L'incoordination des muscles de la respiration chez

les ataxiques et son traitement.

M. Maurice FAURE. - L'incoordination des muscles de

la respiration chez les ataviques ne semble pas avoir beau-

coup attiré l'attention jusqu'ici, et l'on pourrait croire qu'il

n'existe, chez ces malades, d'autres troubles respiratoires

que les troubles laryngés. En réalité, il n'en est point ainsi et

lousles muscles duiintcrviennentdans la respiration peuvent

être atteints d'incoordination,d'atonie et d'asynergie,tout com-

me les muscles de la marche ou de la préhension. Les muscles

de la respiration peuvent être divisés en trois groupes : 1°

230 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTES.

les muscles moteurs du thorax proprement dits, qui en modi-

fient les diamètres horizontaux; en relevant ou en abaissant

les côtes ; 2° le diaphragme qui, en changeant de place et de

surface, modifie les diamètres verticaux du thorax ; 3° les

muscles intercostaux qui s'opposent par leur tonicité à la

pression atmosphérique qui tend il déprimer le thorax lors-

qu'il se dilate.Nous avons observé des troubles correspondant

aux fonctions de ces trois groupes démuselés :

1° L'incoordination, ou le défaut de synergie des muscles

élevateurs et abaisseurs des côtes immobilise la cage thoraci-

que,ou l'empêche d'exécuter utilement les mouvements de la

respiration costale ; 2° le défaut de tonicité du diaphragme

fait qu'il est aspiré dans l'intérieur du thorax, au moment de

l'inspiration ; ainsi le supplément d'appel d'air qui peut résul-

ter d'une contraction normale de ce muscle est supprimé. D'au-

tre part, la compression qu'il exerce sur les viscères abdomi-

naux et d'où résultent la miction et la défécation, n'existe plus ;

tout le mécanisme de l'effort est compromis ; 3° enfin, l'a-

tonie des muscles intercostaux fait qu'au moment de l'inspi-

ration les espaces sont déprimés, et qu'ils' se gonflent dans

l'expiration. Les conséquences de ces troubles sont : A) l'in-

suffisance respiratoire, avec la pâleur dés téguments,le ralen-

tissement de la nutrition générale, le manque de force et de

vitalité qui en résulte ; -B) l'infection aiguë ou chronique

des voies respiratoires avec les bronchites, les grippes, voire

même la tuberculose ; C) la paresse des fonctions diges-

tives, la constipation, la gêne de la miction et tous les troubles

abdominaux qui résultent de l'insuffisance' diaphragmati-

que. Dans les cas légers, l'examen clinique ne révèle que l'a-

maigrissement, l'émaciation des masses musculaires thoraci-

ques et les troubles respiratoires que nous venons d'énumé-

rer.- Dans les cas graves, il se produit de véritables accès

d'asphyxie, pendant lesquels la respiration est presque com-

plètement supprimée. Ces accès dus à un état maximum d'in-

coordination sont absolument comparables aux accès paraplé-

giques de l'ataxique, momentanément incapable de se tenir de-

bout,par suite d'une exagération de son incoordination habi-

tuelle.Ces accidents peuvents'expliqueranatomiquement ain-

si. La respiration est une fonction motrice qui ne peut exister

qu'à la condition que les muscles du cou,du thorax,et de l'ab-

domen accomplissent leur fonction.Or,ces muscles, très nom-

breux, sont innervés par des rameaux des plexus cervicaux et

brachiaux, - des nerfs dorsaux, du spinal, du plexus

lombaire ; - parle pneumogastrique, le phrénique et les in-

tercostaux. Les, centres moteurs de ces nerfs sont échelonnés

tout le long de la moelle, depuis le bulbe jusqu'aux lombes.

INCOORDINATION DES MUSCLES DE LA RESPIRATION. 237

Sans contester l'existence d'un centre principal de la respira-

tion siégeant dans le bulbe et mis en activité par l'influence

du sang chargé d'acide carbonique, on doit admettre aussi

des actions synergiques des centres moteurs que nous venons

d'énumérer et dont les fonctions sont réglées,comme celles

des autres centres moteurs, par des sensations musculaires,

articulaires, etc. 11 s'ensuit que les lésions tabétiques produi-

sent l'incoordination du diaphragme, par exemple, ou des

muscles intercostaux, exactement par le même mécanisme

que l'incoordination des muscles postérieurs de la cuisse ou

du jambier antérieur.c'est-à-dire en interposant un obstacle

entre lescentresmoteursmédullairesetles régions qui adres-

sent à ces centres les sensations qui règlent la motricité. Et

l'étendue même des étages de la moelle occupés par les centres

moteurs des muscles respiratoires montre que la fonclion de

la respiration doit être souvent entamée ou compromise chez

lesataxiques.

Il est possible de traiter ces troubles moteurs par des

exercices méthodiques. On peut objecter que si l'éducation

des mouvements semble s'appliquer naturellement aux fonc-

tions motrices de la vie de relation (qui sont toujours l'objet,

d'une éducation dans l'enfance), son action est moins facile à

admettre lorsqu'elle s'exerce sur les fonctions de la vie de nu-

trition. Mais il suffit de rappeler combien les actions psychi-

ques modifient la respiration pour comprendre que l'atten-

tion, la volonté, l'intelligence, pourront en ce cas, comme

dans d'autres désordres de fonctions motrices, exercer une ac-

tion curatrice prépondérante. Les muscles de la respiration

ne sont-ils pas soumis à l'action de la volonté ? Ne peut-on,

à son gré et avec un peu d'enlraînement, contracter isolément

le diaphragme, les élévateurs des côtes, les abaisseurs,etc. ?

L'éducation sociale ne crée-t-elle pas des types artificiels de

respiration, comme la respiration costale chez la femme (à

cause du corset) et la respiration diaphragmatique chez l'hom-

me ? La gymnastique respiratoire, telle qu'on la pratique

en Suède, par exemple, ne modifie-t-clle pasle mode,le rythme,

l'amplitude, la profondeur de la respiration ? Enfin, expé-

rimentalement même, n'a-t-on pas démontré l'existence,

chez le chien, de centres corticaux régulateurs de la respira-

lion ? P

Les résultats cliniques sont d'ailleurs évidents. L'attention,

l'intelligence, la patience, la bonne volonté de l'ataxique bien

guidée peuvent triompher des troubles que nous venons de

décrire. Dans les cas que nous avons étudiés, des exercices

élémentaires s'adressant systématiquement aux muscles in-

coordonnés, suivis d'exercices de respiration mettant en

238 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTES.

jeu des coordinations plus compliquées : des massages.des

courants faradiques, dirigés contre l'atonie ell'émacialion des

muscles immobilisés par une longue oisiveté, ont permis de

rendre à nos tabétiques la possibilité de respirer, tantôt avec

le diaphragme, tantôt avec les côtes, alors que l'une ou l'autre

respiration était, chez eux, abolie,ou que les deux étaient com-

promises.'Après quelques semaines d'exercices, on voit s'amé-

liorer, puis disparaître, les signeslocau'. d'incoordination res-

piratoire. Les infections bronchitiques banales, qui en étaient

le résultat, disparaissent après quelques mois.Les fonctions

digestives, la défécation et la miction deviennent plus aisées

(par suite de la meilleure contraction du diaplirabme).L : nfir,

la vie ne tarde pas à être plus active et les forces plus grandes,

par suite d'une meilleure nutrition oxygénée, qui rend pos-

sibles un peu d'exercice physique, une alimentation plus con-

sidérable, etc. Ces résultats ne sont pas sans intérêt, car la ca-

chexie et la mort, qui peuvent résulter de l'infection bronchi-

que, de la grippe, et delà tuberculose,'ne sont pas rares dans

le tabès. C'est-à-dire que l'atonie et l'infection secondaire de la

cavité respiratoire, pour être moins fréquentes chez le tabcti-

que que l'atonie et l'infection secondaire de la cavité vésicale,

n'en constituent pas moins un danger considérable.

Morphologie et constitution du plexus brachial chez

le nouveau-né.

M. le Dr A PORT de (Lyon). On admet que dans le plexus

brachial de l'homme les divers troncs résultant de la fusion

des racines s'organisent pour former un plan postérieur d'ex-

tension (tronc radio-circonflexe) et un plan antérieur de

flexion médian-musculo cutané et cubital) ; mais ce clivage

de fibres n'est connu et ne devient apparent qu'au niveau de

la portion tronculaire du plexus.

Par nos dissociations chez le nouveau -né, nous avons pu nous

rendre compte que cette division est déjà très évidente dans

la portion radiculaire. Chaque racine (surtout Cv , CYI, Ci").

avant la constitution des troncs, se sépare déjà très nettement

sur la fin de son parcours en deux faisceaux de fibres, fais-

ceau antérieur et faisceau postérieur, simplement accolés et

bien distincts sur la dernière portion du trajet radiculaire.

Les faisceaux postérieurs de C , CVI, CVII, par leur fusion,

constituent le tronc radio-circonflexe qui vient renforcer le

faisceau postérieur émané du tronc commun de CVIII, et Di.

Les faisceaux antérieurs de Cv , Cn, Vif, forment par leurfu-

sion le tronc commun du médian et du musculo-cutané (dit

racine externe du tronc) que vient renforcer un gros faisceau

UN CAS D'HYSTÉRIE SIMULANT LA SCLÉROSE EN PLAQUES. 230

antérieur venu du tronc commun C"" et D' (dit racine

interne du médian).

Cette disposition est constante et nous l'avons trouvée sur r

tous les plexus de nouveau-nés que nous avons dissociés.

Elle est un rappel de celle que Furbringen a donnée comme

constante chez beaucoup de vertébrés supérieurs ; la consti-

tution du plexus brachial telle que nous 1 avons trouvée chez

le nouveau-né est à peu près calquée sur celle que Chemin a

décrite chezlesingegibbon; chez cet animal, Chemin apusui-

vre l'accolement des fibres de flexion et des fibres d'extension

dans la racine jusqu'au trou de conjugaison ; chez le nou-

veau-né on ne peut la suivre aussi loin. Chaque racine estdonc

mixte au point de vue fonctionnel et n'a pas la systématisation

que voulaient lui prêter Ferriès et Yeo, P. Bert et Marcacei.

PeuL-êtreaussi faut-il voir chez le nouveau-né un rapport entre

cette simplification de structure du plexus et la simplifica-

tion du mouvement et desattitudes (réduitsàla simplellexion

et à l'extension au moment de la naissance) ; la complexité

du mouvement et la complexité de structure du plexus se

poursuivent parallèlement au cours du développement de

l'ètre humain, comme ils se poursuivent parallèlement dans

la hiérarchie animale.

Folies intermittentes et épilepsie.

DI' F. DRVAY (de Lyon). - Les accès périodiques des folies

intermittentes, de même que les troubles mentaux qui se

substituent fréquemment aux accès épileptiques, présentent

un caractère commun, celui de se répéter sous une forme

presque invariable chez le même sujet. Cette constatation ad-

mise, on peut se demander si dans le cours d'une folie cycli-

que, il n'est pas possible de faire apparaître expérimentale-

ment un ou plusieurs accès épileptiques qui remplaceraient

l'accès d'agitation maniaque ou de dépression mélancolique.

Chez deux' malades atteints de folie intermittente avec agi-

tation maniaque, il a été possible, par l'intoxication bellado-

liée, (le faire naître le mal comitial, qui s'est superposé ou

substitué à l'accès intermittent.

On peut donc établir entre ces deux affections un rappro-

chement qui permet d'interpréter les accès intermittents

comme des équivalents de la crise épileptique. Comme celle-

ci, l'accès est un phénomène de rappel dépendant d'intoxica-

tions variées.

Un cas d'hystérie simulant la sclérose en plaques et

la syringomyélie.

MM. Parton et Goldstein (de Bucarest). Observation

240 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

anatomo-clinique d'un malade, âgé de 28 ans. Ses troubles

ont débuté par des vertiges. Une fois, le vertige fut si fort que

le malade tomba et perdit la conscience. Après son réveil,

il constata une faiblesse de ses membres du côté gauche. A la

suite d'un accident de voiture (le malade était cocher), son

état s'aggrava et il commença à présenter du tremblement in-

tentionnel, de la trépidation épileptoïde, avec exagération

des réflexes, mais sans Babinski, de la diplopie, ainsi qu'une

dissociation syringomyélique très nette du côté gauche. Une

atrophie très prononcée se localisa de même, surtout de ce

côté. L'examen anatomique permet dans ce cas d'éliminer ab-

solument la sclérose en plaques et la syringomyélie.

La pathogénie de l'atrophie doit se rapprocher, dans de pa-

reils cas, de celle qu'on observe dans les altérations cérébra-

les ou dans les sections transverses de la moelle.

Dans l'une ou l'autre de ces deux circonstances, l'atrophie

est surtout la conséquence de deux facteurs : 1° les troubles

vaso-moteurs ; 2° la perte du tonus musculaire. Cette der-

nière résulte à son tour de la suppression de l'influx nerveux

venu des centres supérieurs et agissant sur les cellules de la

corne antérieure. La suppression de cet influx produit, ainsi

que nous l'avons montré récemment, des modifications

structurales-évidentes dans les cellules de la corne anté-

rieure et, dans de pareilles circonstances, la réaction à dis-

tance est beaucoup influencée et la réparation de la cellule

empêchée ou retardée. L'hystérie, bien que ne reconnaissant

pas des lésions constatables par nos moyens d'aujourd'hui,

doit mettre en action des mécanismes semblables pour pro-

duire l'atrophie musculaire.

Note anatomo-clinique sur un cas d'hémiplégie an-

cienne avec température plus élevée du côté para-

lysé.

DL hARHON etPAPINIAN (de Bucarest). - Nous revenons

avec l'examen anatomo-pathologique sur le cas à propos

duquel M. Ch. FÉR1( a eu l'obligeance de présenter en notre

nom une note à la Société de Neurologie de Paris (2 mars

1905). Ainsi que nous le faisions prévoir alors, l'étude du cer-

veau nous a montré une lésion de la couche optique. Dans

une observation que MM. Gruner et Bertolotti ont publiée

récemment et qui avait avec la nôtre de commun l'élévation

de la température du côté atteint par les troubles moteurs, il

existe également, outre les autres altérations, une lésion de la

coucheoptique. Notre observation, ainsique celle des auteurs

italiens, montrent l'importance des altérations thalamiques

dans la genèse des troubles de la sensibilité dans les lésions

LÉSIONS DU CERVEAU ET DU CERVELET. 241

sous-corticales du cerveau confirmant l'opinion de DJERINE

et Long. Elles apportent encore la constatation d'un nouveau

symptôme qu'on devrait chercher toutes les fois qu'on sup-

posera une lésion de la couche optique. On arrivera peut-

être à faire de ce signe un phénomène de déficit (ou d'exci-

tation ? ) du thalamus. Dans ce cas, il pourrait servir avec

les troubles de la sensibilité (objectifs ou subjectifs, et peut-

être avec certains troubles de la mimique à faire diagnosti-

quer une lésion de la couche optique.

Nouvelle contribution à l'étude des localisations dans

les noyaux des nerfs craniens et rachidiens, chez

l'homme et chez le chien.

MM. C. P.aHON et Gr. NAOEJOE (Bucarest).-A la suite

de l'étude de la moelle cervicale et de la région bul-

bo-protubérantielle d'un homme ayant souffert d'un

cancer de la langue qui avait envahi encore la région mylo-

hyoïdienne et avait déterminé une ulcération cutanée avec

suppuration des muscles peauciers, sterno mastoïdien, ven-

tre postérieur du digastrique et stylo-hyoïdien, ainsi qu'à la

suite de quelques recherches expérimentales sur le chien,

nous concluons que : le sterno-mastoïdien tire son innerva-

tion motrice du groupe central des deux premiers myélato-

mes cervicaux.

Dans le noyau de l'hypoglosse, le groupe externe innerve

les muscles de la région postérieure et externe de la langue ;

le groupe antérieur innerve le muscle génio-hyoïdien.

Dans le noyau du facial, le second groupe neural sert à l'in-

nervation motrice des muscles stylo-hyoïdien, stylo -glosse et

du ventre postérieur du digastrique.

Dans le noyau du trijumeau, la branche mylo-hyoïdienne

tire son origine réelle de la partie la plus inférieure du noyau

et un peu plus haut de la partie interne de celui-ci. Le groupe

postérieur du noyau de la cinquième paire innerve le muscle

temporal. Ce qui reste encore de ce noyau donne les fibres

motrices au masséter et aux muscles ptérygoïdiens.

Lésions du cerveau et du cervelet chez une idiote

aveugle- née (2° cas).

M. leD'GiRAUD (Antoine) (de Lyon).Nous avions présenté,

l'an dernier, M. Taty et moi, au Congrès de Pau, une série de

coupes portant sur le cerveau et le cerveletd'une idiotcaveu-

gle-néeet avions constaté, pour le cerveau, les lésions maxi-

mum dans les calcarines,complètement envahies par du tissu

de sclérose, et, pour le cervelet, dans les llocculus presque

totalement dégénérés. Ces recherches confirmaient chez

Archives, 2° série, 1935, t. XX. 16

242 CONGRÈS DES MRDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

l'homme celles du Dr Dore,qui avait remarqué l'atrophie du

llocculus chez les lapins énucléés.

Nous venons tout récemment de rencontrer un cas absolu-

ment superposable : il s'agit encore d'une jeune idiote aveu-

gle-née, morte dans le service de la clinique du professeur

Pierre[. Les pièces étant encore à l'examen, nous pouvons si-

gnaler déjà l'altération étendue des calcarines, et, point im-

portant, l'absence des llocculus représentés seulement par

quelques houppes atrophiées et friables. ,

Contribution à l'étude des idéas régnantes, au XVI.

siècle, sur les fonctions du cerveau. (Mme Dr M. Li-

PINSKA.)

Sur l'étiologie des phénomènes vitaux.

MmeOliva SABUCO.- Mme Sabuco, dans son livre : Nouvelle

philosophie de la nature de l'homme, inconnue aux grands phi-

losophes anciens, admet l'existence de trois âmes :

Végétative (plantes)

, Sensitive (animaux)

Raisonnable (homme)

C'est à l'âme raisonnable et à ses facultés, dont le siège est

dans la tête, que l'homme doit, selon Mme Sabuco, le' privi-

lège de ressentir les effets des passions. Elle divise les passions

en deux classes : 1° favorables; 2° nuisibles à la santé. Les pas-

sions salutaires (la joie) produisent un accord de deux élé-

ments : Corporel et Spirituel. Le chagrin et sa fille, la tristesse,

mettent la discorde entre l'âme et le corps. Il en résulte : la

maladie, la mort ou la folie. Ce désaccord suspend les fonc-

tions de la partie végétative. Cette étiologie de la fièvre con-

somptive, dite nerveuse, n'est pas vulgaire. Les désordres de

l'innervation sont plus graves que ceux de la nutrition.

Mme Sabuco conseille de traiter les passions.par la douceur

et la persuasion, les maladies des centres nerveux par l'har-

monie et la musique. Sans les passions qui tuent l'homme, il

serait sujet aux lois de la nature et ne mourrait que de mort

naturelle.

La vieillesse et la mort sont la conséquence de l'épuisement

du liquide nourricier par la sécheresse des centres nerveux,

des nerfs qui en émanent et des expressions nerveuses de la

périphérie. Les principes de tous les actes, de tous les senti-

ments, de tous les mouvements, de tous les phénomènes vi-

taux résident dans la tête. Le sens commun siège dans la ré-

gion frontale avec l'entendement et la volonté.

L'imagination et la conception occupent le départementin-

termédiaire, et à l'arrière est le siège de la mémoire qui con-

ATROPHIE MUSCULAIRE DU TYPE ARAN-DUCHENNE. 213

serve les imagesdu passé. L'imaginationest commeun moule

vide qui donne la forme de tout ce qu'on y jette. Les effets

de l'imagination ne sont pas moindres durant le sommeil

que pendant la veille. Ce que cette femme remarquable a

compris, c'est que les sentiments et les idées de l'hommesont

en raison de ce sens intime de la vie qu'il faut appeler la

conscience organique ou vitale, et qui est le fondement de

toute la psychologie. La croissance des êtres vivants est ac-

compagnée du contentement et de la joie, tandis que le dé-

croissement produit la tristesse.

Mme Sabuco passe en revue tout ce qui augmente la capa-

cité du cerveau au travail, le sommeil réglé, le régime alimen-

taire, l'air, les changements d'impressions. Elle parle de l'ac-

tion des poisons sur le système nerveux. Cette action est im-

médiate et directe.

Résumant en termes généraux toute sa doctrine, Mme Sa-

buco ajoute : Quand vous irez à la ville paisible, avertissez

les médecins qu'ils se trompent du tout au tout et vous ferez

oeuvre méritoire. Pour détrôner la vieille théorie médicale,

c'est-à-dire le galénisme etl'arabisme, il fallait fonder la con-

naissance de la nature humaine sur une base plus solide et

plus large que l'hypothèse orientale des quatre humeurs. En-

treprise hardie, presque surhumaine, car le travail de démo-

lition demandait plus de courage et d'énergie que l'oeuvre

d'édification.

L'échec de cette femme vaillante, qui la première imagina

de réduire la nature animale en général, et la nature humaine

en particulier, à l'unité souveraine du système nerveux, fut

complet. Une futtenu aucun compte de cette haute manifes-

tation féminine, renforcée d'un traité de physique générale et

de cosmographie, et d'un projet de réforme de la police civile

etsanitaire utile à consulter pourl'hygiène privée etpublique.

L'exposé complet des vues, aperçus, réflexions et paradoxes de

cette doctoresse sans diplôme, à la fois savante, spirituelle et

éloquente, fournirait matière à une étude beaucoup plus dé-

veloppée que la nôtre.

Atrophie musculaire du type Aran-Duchenne

d'origine syphilitique.

M. LANNOIS (Lyon). -Dans ledémcmbrementde l'amyotro-

phie progressive Aran-Duchenne, une place doit être réservée

aux cas d'origine syphilitique. La possibilité en avait déjà été

signalée par quelques auteurs (Graves, Nièpse, Hammond),

mais ce sont surtout les communications de Raymond, de

Nizioli, de Lannois et Lévy, de A. Léri, qui ont établi la réa-

244 CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES.

lité de celte forme clinique en lui donnant comme base ana-

tomique une méningo-myélite syphilitique.

Les faits probants sont cependant encore peu nombreux.

. Dans le cas présenté par Lannois, il s'agit d'un homme dcqua-

rante-sept ans, chez lequel évolue depuis seize ans une atro-

phie musculaire ayant débuté par les mains et présentant tous

les caractères attribués à la forme Aran-Duchenne. Or, celle-

ci a débuté quatre à cinq ans après des accidents syphiliti-

ques avérés, et il existe actuellement, chez ce malade, des

stigmates évidents de syphilis sous forme de rétractions pal-

maires, de cicatrices, de gommes cutanées,et surtout de lésions

d'ostéite hypertrophiante du radius droit, du cubitus gauche,

des tibias (présentation de photographies et de radiographies).

De plus, il n'a qu'un enfant, et celui-ci a présenté des traces

d'hérédo-syphilis.

Le traitement a confirmé la relation que la clinique tendait

à établir entre la syphilis et l'amyotrophie, car, sous l'in-

fluence des injections d'huile grise et d'énésol, il s'est fait une

amélioration non douteuse dans l'aspect et les mouvement

des doigts. Bien que le traitement spécifique ait échoué dans

quelques cas, il compte à son actif des améliorations encoura-

geantes, car l'amyotrophie progressive spinale était jusqu'alors

une affection contre laquelle nous étions tout à fait désarmés.

Deux cas de carcinome secondaire des centres

nerveux.

MM. Sabrazès et Bonnes (Bordeaux) présentent des prépara-

tions microscopiques de deux cas de carcinome secondaire

des centres nerveux, se révélant plus de deux ans après l'abla-

tion chirurgicale de carcinomes du sein, sans récidive locale ;

ces tumeurs pouvaient en imposer à l'oeil nu, sur la table

d'autopsie, pour de gros tubercules, par suite de la présence,

clans la masse, de foyers de mortifications cellulaires. Les ma-

lades qui ont fourni ces pièces pathologiques ont été obser-

vées, la première par MM. Sabrazès et Bonnes, la seconde par

MM. Cassaët, Sabrazès, Charrier et Bonnes.

Cellules hématomacrophages.

MM. Sabrazès et 11URA'CET (Bordeaux) montrent des prépa-

rations de cellules hématomacrôphages provenant d'un cas

d'hémorragie cérébrale avec irruption ventriculaire (liquide

rachidien intra-vital). Ces cellules que MM. Sabrazès et

Muratet ont signalées les premiers - proviennent des cellules

de revêtement des travées et des parois des espaces sous-arach-

noidiens et peut-être aussi, dans certains cas, de corps granu-

leux ayant englobé des hématies.

BIBLIOGRAPHIE. 245

Le lendemain, 7 août, un groupe important de congressistes

est allé visiter l'Asile de Pontorson en voie de reconstruction,

et de là s'est rendu au )Jont-Saint-Michel. Cette excursion a

clos le Congrès.

Nous avons essayé de donner un compte-rendu aussi

complet et aussi exact que possible du Congrès de

Rennes. Cependant nous faisons appel à nos collègues

pour réparer, s'il y a lieu, les erreurs et combler les

omissions. B.

BIBLIOGRAPHIE

X. Le traitement des aliénés dans les familles ; par

Ch. Féré, 30 édition. Paris 1905.

L'auteur envisage dans une 1 ro partie l'assistance des aliénés

dans les familles et dans une deuxième, les soins généraux à

leur donner. L'agent le plus puissant de traitement dans les ma-

ladies mentales est l'isolement. La séquestration, tout à fait dif-

férente de l'isolement, doit être considérée comme une dernière

ressource, comme un pis-aller, à cause de la discipline trop étroi-

te qui règne dans les asiles, de la promiscuité où se trouvent les

malades, du trouble apporté au sommeil de chaque aliéné par

le bruit fait par ses voisins dans le dortoir, à cause enfin du peu

d'importance donnésdans ces maisons à la thérapeutique spéciale.

Il est donc intéressant de rechercher s'il est possible de pratiquer

l'isolement forcé sans avoir recours il la séquestration, c'est-à-dire

si l'on peut donner au malade le profit de la mesure, en le sous-

trayant à ses inconvénients.

Le seul moyen de pratiquer l'isolement en dehors de la maison

du santé consiste à placer le malade dans une famille qui a

charge de le surveiller, non pas étroitement mais en lui faisant

partager sa vie normale à elle. L'assistance familiale des aliénés

se présente en fait sous trois formes : 1° la colonie annexée à un

asile ; '2° la colonie libre ; 3° l'isolement individuel.

1° Les colonies annexées aux asiles existent en Allemagne de-

puis plusieurs années, aux Etats-Unis, en Hollande, en Russie.

Plusieurs de ces colonies se rapprochent des fermes-asiles, c'est-

à-dire du système de Clcrmont.

2° La colonie libre est un des plus anciens modes d'assistance

des aliénés : il existe en Belgique depuis le XVIIe siècle avec la

246 BIBLIOGRAPHIE.

colonie de Gheel. En 1895, on comptait 1.875 malades traités

chez des nourriciers. Chaque nourricier ne peut traiter que ?

malades du même sexe, il reçoit GO ou 70 centimes par jour et

par malade ; il doit fournir des chambres à coucher claires, d'une

capacité minima déterminée. Le malade prend ses repas à la mê-

me table que son nourricier. Dans la rue, comme dans l'ha-,

bitation, l'aliéné jouit de sa liberté pleine et entière, tant

qu'il ne cause ni désordre ni scandale ; le travail du ma-

lade n'est pas forcé. La surveillance officielle et médicale paraît

suffisante. Si on considérait Gheel non comme un établissement

de traitement,mais comme un établissement de refuge, on pour-

rait presque dire que lout y est pour le mieux. A côté de Gheel,

la colonie récente de Lrerneux établie sur le même type est en

pleine prospérité. Toutefois la nécessité qui s'est imposée d'éta-

blir à Lierneux comme à Gheel une infirmerie destinée à recevoir

les aliénés agités ou malades montre bien que le système colonial

ne peut pas constituer un mode exclusif d'assistance des alié-

nés.

3° L'isolement individuel a été mis en pratique plus ou moins

fréquemment dans tous les pays. En Ecosse, 'le système prend

tous les jours une extension nouvelle : les aliénés inofl'ensifs et

incurables sont confiés soit à des membres de leur propre famille

soit à des étrangers. On a même pu placer chez des particuliers,

sans inconvénients, des aliénés criminels libérés.

Le patronage familial sous ces dn erses formes s'est parfaitement

acclimatéaux Etats-Unis où il a été introduit en 1885. En France,

l'histoire du patronage familial se résume dans celle des colonies

de Dun-sur-Auron et d'Ainay-le-Chiteau. On y place d'une

façon générale : des hommes à Ainay - le - Château, des

femmes à Dun. Ce sont des déments séniles, des aliénés inof-

fensifs et incurables. Ce système évite la construction d'asiles

coûteux et l'entretien des aliénés est d'un prix de retient moins

élevé. L'auteur montre dans tous leurs détails les autres avanta-

ges de ce mode d'hospitalisation.

Dansladeuxièmepartie,M. Féréinsiste longuementsur les soins

à donner aux malades isolés hors de l'asile. 11 passe en revue le

choix de l'habitation, le choix et l'éducation des gardes-malades.

11 faut que les nourriciers aient des notions d'hygiène et même

quelques connaissances médicales, plus encore que les infirmiers

des asiles qui sont sous la surveillance constante des médecins et

n'ont qu'à suivre leurs prescriptions. Le nourricier doit donc sa-

voir examiner le malade : son faciès, ses pupilles, sa langue, sa

respiration, ses fonctions digestive et rénale, les règles chez

les femmes. Il doit savoir traiter leur délire, rectifier leur juge-

ment sans les surexciter.

' Chaque catégorie de malades demande en outre des soins

PERSONNEL MÉDICAL. 247

particuliers très -variables : le nourricier doit apprendre à main-

tenir un aliéné agité, à alimenter un aliéné negativiste, à sur-

veiller lusél)ilel)tiques et prendre à leur égard certaines mesures

spéciales au moment «les attaques. 11. Leroy.

XI. L'art d'alimenter les malades et les convalescents (avec 138

formules alimentaires) par le D1' Cornet (Steinheil, éditeur,

Paris, 1905.

On nesaurait nier l'utilité pratique de ce petit manuel, où M.

Cornet a groupé tout ce qu'il est indispensable de connaître en

matière d'alimentation dans les maladies et leur convalescence.

L'auteur, dans son introduction, constate combien en France

l'esprit répugne à s'occuper de ces petits détails et combien

cela est nécessaire, tout au moins, quand il s'agit d'instruire

les infirmières et les gardes-malades : il est trop modeste ; ce

livre mérite d'être lu et conservé parmi les volumes devant

être fréquemment consultés par tout praticien vraiment digne

de ce nom.

Les recherches constantes de M. Cornet sur ce sujet lui per-

mettent de donner des indications précises sur l'art d'alimen-

ter les malades : il le fait en outre avec une extrême clarté ; il

y joint un véritable formulaire alimentaire ; c'est donc dire

l'intérêt pratique de ce guide, dont le besoin se faisait sentir.

D'' PAUL-BONCOUM.

ASILES D'ALIENES

Personnel médical. - Concours de l'adjuvat.

Paris, le 2 août 1905.

Le Ministre de l'Intérieur à MM. les Préfets,

Le Conseil supérieur de l'Assistance publique, dans sa dernière

session, a émis les voeux suivants :

1" 11 est désirable qu'au sur et à mesure des vacances qui se

produisent dans les quartiers d'hospice et dans les asiles privés

faisant fonction d'asiles publics, les médecins soient recrutes parmi

les médecins-adjoints, nommés au concours, avec les mûmes

avantages en nature que les médecins des asiles (traitement, re-

traites, logements).

20 -1l est désirable que les internes des asiles publics d'alié-

nés soient recrutés par concours.

L'indemnité annuelle devrait être au minimum de 800 Ir. et

augmentée pendant quatre ans de 100 lr. d'année en année.

248 asiles d'aliénés.

Les internes docteurs devraient avoir une indemnité de 1200 fr.

au minimum. -

Je vous prie de vouloir bien porter à la connaissance des Com-

missions administratives des hospices et des directeurs adminis-

trateurs des asiles privés faisant fonction d'asiles publics, en in-

sistant vivement auprès d'eux pour que les praticiens choisis pour

donner des soins aux malades dans ces établissements offrent

toutes les garanties de savoir et de compétence.

Vous aurez soin également de n'agréer, à l'avenir, dans la me-

sure du possible, comme médecins des asiles privés faisant fonc-

tion d'asiles publics que ceux ayant satisfait au concours d'adjuvat.

A cette occasion, je vous prie de porter à la connaissance du

corps médical qu'un concours s'ouvrira dans la première quin-

zaine de mars 190G au Ministère de l'Intérieur pour le recrute-

ment des médecins-adjoints des asiles, et que tous les médecins

ou internes placés dans les établissements visés par cette circu-

laire ont le plus grand intérêt à se préparer dès maintenant à su-

bir ces épreuves.

Pour le Ministre de l'Intérieur : Le Conseiller d'État, Directeur

de l'Assistance et de l'hygiène publique, Henri MONOS.

Paris, le 17 août 1905.

Le Ministre de l'Intérieur à Messieurs les Préfets.

Le Conseil supérieur de l'Assistance publique dans sa dernière

session a adopté le voeu suivant : « 11 est désirable que les traite-

ments afférents aux trois classes des médecins-adjoints des asiles

d'aliénés actuellement fixés à 2.500, 3.000, 4.000 soient désor-

mais fixés à 3.000, 3.500 et 4.000 fr. et complétés par les avanta-

ges en nature j'.

Ces nouvelles dispositions ne pouvant que faciliter le recrute-

ment d'un personnel méritant et digne du plus grand intérêt,

M. le Président de la République a bien voulu, à la date du 14

août 1905, revêtir de sa signature le décret que' je lui ai soumis

portant nouvelle réglementation des traitements du personnel

dont il s'agit. -

Ces dispositions seront applicables aux médecins-adjoints qui

seront nommés à la suite du prochain concours de mars 1906, et.

à partir du fer avril de la même année aux médecins-adjoints ac-

tuellement en fonctions et qui ne bénéficieraient pas encore du

traitement de 3.000 francs,

r Il est bien entendu que ce décret ne saurait en rien être préju-

diciable aux intérêts des médecins-adjoints nommés avant le

concours de 1906.

Je -vous prie de vouloir bien porter cette circulaire à la connais-

sance du Conseil Général de votre département dès l'ouverture

de la session d'aoûtet imiter en même temps l'assemblée dépar-

asiles d'aliénés. 249

tementaleà, voter les fonds nécessaires au traitement des méde-

cins adjoints des asiles d'aliénés lors de l'examen du budget de

1906. '

Le Ministre de l'Intérieur, Eug. L : TIENNE.

Le Président de la République française, sur le rapport du mi-

nistre de l'Intérieur, vu la loi du 30 juin 1838 sur les aliénés,

l'ordonnance du 18 décembre 1839, portant règlement des asiles

publics et privés et les décrets des 6 juin 1863, 4 février 1875 et

19 octobre 1894 sur le classement du personnel administratif et

médical des asiles publics; -vu le voeu émis par le conseil supé-

rieur de l'assistance publique dans sa session ordinaire de 1905,

Décrète :

ART. 1er. La fixation des cadres et des traitements des méde-

cins adjoints des asiles d'aliénés est ainsi fixée :

250 CONGRÈS.

le relèvement des indemnités des internes, et enfin, 3"

un décret améliore les traitements des médecins-adjoints.

Nous répéterons, en terminant, ce que nous écrivions

le le août (p. 107) : « A nos collègues des asiles d'agir, à

l'Administration de préparer les modifications à intro-

duire dans le règlement de 1857, en vue de préciser les

nouvelles attributions des médecins-adjoints et d'orga-

niser le concours de l'internat des asiles en province. »

BOURNEVILLE.

CONGRÈS

Premier Congrès Belge de Neurologie et de

Psychiatrie

SOUS LE PATRONAGE DU GOUVERNEMENT

Liège, 28 au 30 septembre 1905.- Présidents d'Honneur : M. LE

baron Viander GRr ! GGEN, Ministre de l'Agriculture ; I. Van den

IIEUVEL, Ministre du la Justice. Vice - Présidents - d' '/ honneur :

1)1. PETY DF : THOZÉE, gouverneur de la province de Liège ; M.

BEGo, Secrétaire général au Ministère de l'Agriculture ; lI.

11LRYER, Bourgmestre de la Ville de Liège ; M. de LA-roua, Di-

recteur général au Ministère de la Justice.

La Société belge de Neurologie et la Société de Médecine men-

tale de Belgique ont décidé de provoquer périodiquement une réu-

nion extraordinaire, qui s'intitulera « Congrès belge de Neuro-

logie et de Psychiatrie u.

' , Les praticiens de toutes nationalités pourront faire partie de ce

Congrès ; la seule restriction imposée est l'usage d'une des lan-

gues usitées en Belgique.

La première session se réunira à Liége, du 28 au 30 septem-

bre 1905. Le bureau de cette session se compose des membres

des bureaux respectifs des deux sociétés fondatrices.

Présidents : Milo le 1)' IOTF,Yl0, présidente de la Société de

Neurologie ; M. le Dr Glorieux, président de la Société de Méde-

cine mentale. Vice-Présidents : M"0 le ! )'' STEFANOWSKA, Vicc-

présidente de la Société de Neurologie ; M. le Dr UROCQ, vice-

président de la Société de Médecine mentale. Secrétaire géné-

1'(tl : M. le Dr massant, secrétaire de la Société de Médecine

mentale. Trésoriers : M. le D1' DECROLY, de la So-

ciété de Neurologie ; M. le D1' 'Ir.1ERS, trésorier de la Société de

médecine mentale, Secrétaires des séances ; MM. les 1)"

congrès. 251

BOULENGER, DERODE, )\IASOIN, et SANO, secrétaires et bibliothé-

caire des sociétés de neurologie et de médecine mentale.

Comité local DE réception : Président : M. leD1' X. FRANCOT-

TE, professeur à l'Université de Liège. Membres : M. le D''

(;UTTGENBACH, directeur de la Maison de santé de Glain. M. le

Dr L. L'IloEST, médecin en chef de l'Asile Sainte-Agathe.

Les travaux du Congrès comprennent deux parties :

10 Rapports. Ces rapports, au nombre de trois, seront dis-

tribués au moins trois semaines avant la réunion du Congrès, de

manière à pouvoir être attentivement étudiés par ceux qui dési-

rent prendre part à la discussion.

Les questions choisies pour la session de 1905, sont : .'

a) Psychiatrie : Le travail considéré comme moyen thérapeuti-

que. Rapporteur : M. 10 DI' ï.UYLITS, médecin en chef de l'asile

d'Evère. '

b) Neurologie : La ponction lombaire au point de vue dia-

gnostique et thérapeutique.- Rapporteurs : : \1. leD1' DE BucK, mé-

decin en chef de l'Asile de Froidmond et M. le D1' LEY, direc-

teur de l'Ecole d'enseignement spécial d'Anvers.

c) Psychologie : Le sens delà douleur. -Rapporteur : 1\Ille le

Dr IoTEYKO, chef du Laboratoire de psychologie de l'Université

de Bruxelles.

2° Communications diverses. - Une place importante est réser-

vée aux communications originales sur un sujet quelconque de

neurologie ou de psychiatrie, avec présentation de malades, de

pièces anatomiques et microscopiques. w

Les membres qui désirent faire une communication au Congrès

.sont priés d'en envoyer le titre elle résumé au secrétaire général

avant le 31 août 1905.

Les séances du Congrès seront combinées wec la visite des

principaux instituts universitaires de Liège ; de la Maison de

Santé de Glain, où un déjeuner sera offert par la Direction.' et de

l'Exposition, dont l'entrée sera gratuite. Après la clôture du Con-

grès, un banquet sera offert aux membres, par M. le D1' Glorieux,

président. Le prix de la cotisation est fixé à 10 francs. Envoyer

les adhésions à M. le D1' 1\IAss \UT, secrétaire général, boulevard

Defontaine, 19, Charleroi.

252 VARIA.

VARIA

UN FOU QUI résiste A la gendarmerie DEPUIS HUIT JOURS.

Sous ce titre : « Un nouveau fort d'Usseau, le Journal du 20 juin

relate le fait suivant :

Le 17 novembre dernier, un sieur Meley, propriétaire à Ley-

mieux (commune de Chagnon), près de Rive-de-Gier, tirait, sans

provocation aucune, deux coups de revolver sur le sieur Joas-

sardi, son fermier. La gendarmerie ouvrit une enquête et saisit

deux revolvers de gros calibre, mais Meley, examiné par un mé-

decin, fut reconnu atteint d'aliénation mentale et laissé en liberté.

Le 8 juin, Meley tirait plusieurs coups de fusil sur son voisin, le

sieur Chorel. La gendarmerie de Grand-Croix se présenta chez

le propriétaire pour l'arrêter ; mais elle trouva la porte barricadée

et des voisins l'avisèrent que Meley montaitla garde danssapro-

priété, le fusil à la main.

Meley est abondamment pourvu de munitions; quant aux vi-

vres, c'est sa soeur, qu'il a obligée à partager le même sort, qui les

lui fournit en quittant la maison assiégée la nuit. Depuis le 8

juin, Meley est enfermé et les gendarmes se demandent s'ils en

arriveront à bout par la patience. La préfecture et le Parquet

vont sans doute prendre les mesures réclamées par les voisins

terrorisés. (Voir le n° 115, p. 77.)

Assistance ET traitement des enfants arriérés.

.-

Suicide manque. - Une pauvre déséquilibrée, la jeune Blanche

Brunet,17 ans, domestique chez le sieur Anne,cultivateur à Sainl-

Pierre-la-Vieille,près de Condé, a tenté de se suicider en se cou-

chant sur deux bottes de paille auxquelles elle avait mis le feu.

Quand elle sentit la chaleur devenir trop forte, elle appela au se-

cours, et des voisins accoururent pour la délivrer. Mais la meule

de paille, contenant 600 bottes et valant 200 fr., a été entière-

ment consumée. (Bonhomme Normand du G juillet.) -Après cet

attentat à la propriété, on se décidera sans doute, mais un peu

tard, à interner et à soigner cette « pauvre déséquilibrée ».

Les aliénés EN liberté.

Un double paricide.-Un drame de la folie s'est produit avant-

hier soie (17 août) vers cinq heures, à Pouray (arrondissement

d'Etampes). Un jeune homme de2l ans, Fernand Dijon, avait dû

être interné à Sainte-Anne, car il donnait des signes d'aliénation

VARIA. z53

mentale très prononcés et menaçait de tuer les personnes qui

l'approchaient. Ce ne fut d'ailleurs qu'à leur corps défendant que

les parents se décidèrent à l'internement du jeune homme qu'ils

avaient soigné avec dénuement. Aussi, dès que Fernand Dijon

parut guéri, ses parents s'empressèrent-ils d'aller le chercher,

samedi dernier, à Paris. On fêta son retour au Petit-Mesnil. On

eut peut-être tort, car le malade demandait encore quelques mé-

nagements surtout par'les temps orageux que nous traversons.

Avant-hier, il parut à nouveau très exalté. Toutefois, son état

n'inspirait pas d'inquiétude immédiate et on ne le surveilla pas

suffisamment, car le malheureux aliéné réussit à s'emparer d'un

fusil de chasse qu'il chargea en cachette. Puis ressortant dans la

cour où se trouvaient en ce moment ses parents,il ajusta rapide-

ment et lit feu à deux reprises. Le père Dijon, atteint en pleine

poitrine, s'affaissa sans mot dire. 11 avait été frappé mortelle-

ment. Sa femme lit quelques pas et tomba à son tour sans con-

naissance pendant que le meurtrier s'enfuyait.

On perdit les traces de celui-ci dans les bois des en^ irons et on

ne savait ce qu'il élait devenu, lorsque hier on apprit par un télé-

gramme son arrestation à Trésigny-sur-Orge. L'état de Mme Di-

jon paraît désespéré.

Drame de la folie. - Vendredi dernier un cultivateur de Bé-

tliencourt, M. Favrel (Auguste), âgé de 52 ans, a, dans un mo-

ment d'aliénation mentale, tenté de tuer son beau-frère, M.

Charles Macré, âgé de 71 ans. C'est exactement le ? 6 juillet der-

nier, que M. Fanrel, aveugle depuis cinq ans, ressentit les pre-

miers symptômes de folie. Très excitable, il rendait la v ie intolé-

rable aux siens ; aussi ceux-ci se disposaient-ils à le placer à la

maison de santé de Clermont, car il devenait dangereux pour la

sécurité publique et la sienne propre.

A l'effet de ce placement, Aime Favrel avait demandé à son

beau-frère, M. Macré, de vouloir bien se faire délivrer un ex-

trait de son acte de mariage. M. Macré s'étant fait remettre cette

pièce s'en vint vendredi à Béthencourtoù il arriva -vers sept heu-

res du soir. Son beau-frère, qui se tenait seul dans sa chambre,

le reçut froidement. « Tu Mens, lui dit-il, boire mon vin et

manger mon lard ».

Vers dix heures du soir, comme le malade ne se mollirait pas

méchant, toutle monde alla se coucher. Il avait une heure que

tout dormait dans la maison, lorsque soudain M. Fanrel se mit à

l'aire du bruit dans sa chambre. Il parlait fort et accompagnait ses

paroles de gestes -véhéments. Bientôt il descendit dans la cour où

il se mit à pousser des cris de nature à réveiller les voisins.

Voyant cela, sa femme et M. Macré se levèrent et le lirentrentrer.

Fa, l'el sous l'empire des idées de persécution qui le hantaient,

Q54 varia.

s'arma d'un fort couteau de cuisine et en porta deux coups à sort

beau-frère. Malgré ses 71 ans et ses blessures, M. llacré se pré-

cipita sur le meurtrier et, l'ayant terrassé, lui enleva son arme.

On s'empressa de prévenir les autorités et d'aller chercher M.

le docteur Paris, de Liancourt, qui pansa et recousut les blessu-

res sans pouvoir, sur le moment, se prononcer sur leur gravité.

Pendantce temps, le meurtrier avait disparu. Ce n'est qu'après de

longues recherches que son fils le retrouva vers quatre heures du

matin; il était caché sous des bottes de paille dans le grenier.

Gardé à vue durant toute la journée, Favrel a été conduit, sa-

medi soir, à Clermont. Il a été incarcéré vers neuf heures du soir

à la maison d'arrêt et interné dimanche à l'asile d'aliénés. (Le

Semeur de l'Oise, 18 août.)

Le crime d'2Gz brigadiea cle police.-Deuru personnes tuées. -Un

double cri me vient d'être commis dans la commune ordinairement

si paisible d'ilaussonvillers, à 10 kilomètres de Cordj-\Ienaiel.

A l'occasion des fêtes du 14 juillet, les gardes ruraux avaient été

disséminés dans les communes voisines. Le brigadier Smail ben

Amar avait été désigné, avec son camarade Achaibou, pourllaus-

sonvillers. Tandis qu'ils causaient dans un café maure de l'im-

meuble du caravansérail, Smail ben Amar, devenant subitement

furieux, saisit son revolver et en tira plusieurs coups sur Achai-

bou et sur un consommateur, nommé Amara Amar et les blessa

tous les deux mortellement. 1

Achaibou a succombé deux heures après cette scène tragique

- sans avoir repris connaissance et Amara Amar est mort dans la

nuit. Un troisième indigène a été légèrement blessé par le rico-

chet d'une balle.

Le meurtrier a été arrêté. Il a longtemps appartenu à la po-

lice de sûreté d'Alger. On attribuerait le crime à un accès de folie

subite. Smail ben Amar était, en effet, atteint de la monomanie

de la persécution. (Petit Parisien, 17 juillet 1905.) La folie n'a

donc pas été subite; l'accès de violence était à prévoir, puisque

le malade était déjà aliéné, et on aurait dû le placer.

Aliénée parricide. - A Plouézee, dit le Bonhomme normand

du 31 août, Catherine Nedellec, 34 ans, folle, a tué sa mère,

septuagénaire, à coups de hache et de marteau.

Un Drame dans un phare. Un drame dans un phare ! Ce

fut, tout dernièrement, à Long-lsland, aux Etats-Unis, dans l'in-

térieur du phare de Stratford. L'un des gardiens, un nommé

Hulse, a dû lutter sans trêve, pendant une semaine entière,

contre son camarade de garde, un nommé Coster, qui, devenu

fou, cherchait à éteindre les feux, puis à le tuer. C'est au prix

d'une énergie surhumaine que llulse parvint à se défendre con-

faits DIVERS. 25D

tre le forcené et à éditer en même temps qu'il éteignît la lampe

du phare. Le président l;oosevelt a récompensé d'une médaille

le courageux gardien. Ceci nous rappelle l'effroyable aventure

survenue jadis, sur un rocher breton, à un gardien de phare,

dont le compagnon avait trépassé et qui dut vivre pendant trois

semaines à côté du cadavre. (Le Semeur de l'Oise, 27 août.)

UN CONCERT A l'Asile d'aliénés de CLERMONT.

On sait qu'il existe, à l'Asile, une chorale composée de quel-

ques malades inoffensifs ; l'Administration accomplit une bonne

ceuvre en aidant à la prospérité de cette société musicale qui

procure quelques distractions aux infortunés pensionnaires de

1 Etablissement. Plusieurs fois par an, des concerts sont orga-

nisés sous les auspices do M. Lesvier. directeur, et de JD ! . noi-

[eux et Thivet, médecins en chef, etobtiennent le plus vif succès.

Jeudi soir, un de ces concerts a eu lieu dans un des grands

réfectoires, en présence du directeur et du personnel adminis-

tratif, auxquels s'étaient joints de nombreux malades. L'assis-

tance a applaudi les choeurs de la Chorale, ainsi que les chan-

sonnettes et monologues débités par des artistes pleins d'entrain.

(Le Semeur de l'Oise, 27 août.)

FAITS DIVERS

Perception STÉRi30GNC7SCIQUG (La) est la faculté d'apprécier

correctement, les yeux fermés, les formes des corps géométri-

ques et des objets placés dans la main.

Enfant ASSASSIN. - On a arrêté il Bourg (Ain) un jeune berger

de 12 ans qui a noyé une fillelte de cinq ans dans une mare. La

mil e de la fillette a été également arrêtée ; elle aurait promis 5

francs au berger pour la débarrasser de sa fillette. (Bonhomme

Normand, 26 juillet 1905.)

EPILEPSIE et sorcellerie. - Un tisseur de Sains (Nord), Henri

llautecoeur, 47 ans, s'était imaginé que sa voisine, la veuve Com-

tesse, 70 ans, avait jeté un sort sur sa fille aînée, qui est atteinte

L'pileps4e ; il a cherché à étrangler cette femme dans un fossé où

jetée, après l'avoir frappée à coups de bâton et blessée à

la tête.

256 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

BEKOX. Les troubles psychiques chez les hémiplégiques orga-

niques internés. 1 vol.- In-8" de 138 page ? (Librairie Rousset, 1,

rue Casimir-Delavigne.) .

CuLLEnnE (A.). Des rétractions musculaires et de l'amyulro-

phie consécutives aux contractures et aux attitudes stéréotypées

dans les psychoses. In-8, de 12 pages. Garet Imp., Pau.

Dui3ouiti)ir : u. - Rapport médical sur l'asile public d'aliénés de

Saint-Robert. In-8" de 20 pages. Vallier, Grenoble.

ES)ro ? E'l' (Ch.). L'abus des lavages d'intestin. In-S" de 12 pages.

Imp. Guériu, Dercnne, Lluis, Paris.

FOUIINIER (A.) et Raymond (F.). - Paralysie générale et syphilis.

1 vol. In-8, de 100 pages. (Librairie Masson, 120, boulevard St-Ger-

main.)

1lf.cws. - L'art d'élever le nouveau-né. 1 vol. ID-16 de 192 pages.

Pourat, libraire il Lyon.

MEEUS (fur.). - De la construction des maisons de nourriciers dans

les colonies familiales. In.8' de 32 pages. Imp. Coucstant il Cahors.

Pailiias (B.). - Balnéation et hydrothérapie dans le traitement

des maladies mentales. 1 vol. In-8° de 141 pages Simon. Imp. Ren-

nes.

Petit (E. P.). - Paralysies faciales récidivantes et paralysies

faciales à bascule. 1 vol. In 8° de 120 pages.

SIC\1lD (J. A.). Le syndrome de la névrite ascendante. 1 vol.

In-8, de 112 pages Simon. Imp. Rennes.

Le rédacteur-gérant : Bourneville.

\.olerlllUI1L (U1Se). - imprimerie Lais neres.

Vol. XX Octobre 1905 " Nu 118

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

CLINIQUE MENTALE

Sur un cas de délire métabolique

de la personnalité lié à des troubles

de la coenesthésie ;

Par G. DEXY et PAUL CAMUS

« Les délires métaboliques de transformation ou de

métamorphose se présentent, dit Séglas, sous différents

aspects en rapport avec la nature même des idées déliran-

tes. Le plus ordinairement, le qualificatif de « métaboli-

que » s'applique aux délires dans lesquels tous les faits ou

tous les objets du monde extérieur n'ont plus pour le

malade la môme signification que leur accorde le consen-

sus universel et subissent une transformation qui les

met en accord avec les conceptions délirantes...... D'au-

tres fois, le délire métabolique correspond à un change-

ment dans la personnalité individuelle du sujet (délire

métabolique de la personnalité) : il se croit autre

qu'autrefois, différent du commun des mortels, un être

extraordinaire, hors des lois naturelles ; et, dans des cas

plus accentués, se manifestent des idées de possession

démoniaque, de démonomanie. Le délire métabolique de

la personnalité peut en intéresser aussi la base orga-

nique. Le malade exprime alors des idées de transfor-

mation des organes de nature hypochondriaque : il est

en ] lois, en verre, en caoutchouc, etc.. ; dans des cas

plus complets la transformation corporelle est absolue :

il se croit changé en animal (zoanthropie), en loup (lycan-

tlwopic (1) ». Ces diverses modalités du délire méla-

pp. (1) 2G0 H.ct cL vs ? 70. In Traité de paUtutogie mentale de Gilbert. Ballet

pp. 269 et 270. Il (le 1).tLliologie iiieiit;tlc de Gill)ert BtlIeL

Archives, 2« série, 190.ï, t. XX. 17

258 CLINIQUE MENTALE.

bolique coexistaient, quoiqu'à des degrés différents,chez

la- malade dont- nous relatons ci-dessous l'histoire.

L'étude clinique et analytique que nous en avons faite

permet, croyons-nous, de considérer toutes ces moda-

lités délirantes comme relevant d'un même mécanisme

pathogénique, - très voisin lui-même, quoiqu'un peu

élargi peut-être, de celui des psychoses hypochondrie-

ques qui sont à l'ordre du jour du Congrès..

C'est à ce titre que nous présentons cette observa-

tion :

M.... E..., âgée de 34 ans, modiste, entre' pour la première

fois à la Salpêtrière (section llanibuleau) au mois de septembre

1904. -

Antécédents héréditaires. - Père, G 1 ails, bien portant, émotif

et impressionnable, a souffert de névralgies de 20 à 40 ans, pas

do syphilis. Mère, 57 ans, bien portante, caractère faible. 5 en-

fants : 3 morts pendant l'accouchement, dont 2 jumeaux ; un

garçon ayant actuellement 36 ans, bien portant, maître de danse

etnolre malade.

AntJ('êdents pasonnels. - Née à terme en 1871 pendant la

guerre. Bonne santé dans l'enfance. Intelligente et affectueuse,

mais nerveuse et impressionnable. Vers 17 ou 18 ans, aurait eu

3 ou 4 crises convulsives avec sensation de boule et de constric-

tion à la gorge, sans perle de connaissance. Mariée iL 21 ans, elle

ne reste qu'un an a\ec son mari. Divorcée, elle mène une exis-

tence mouvementée, change de profession, débute dans un café-

concert, etc.. Au bout de 8 ans, elle retrouve son mari et re-

prend la ie commune. Elle devient enceinte et accouche il y-a a

2 ans d'une lille à terme ; mais des discussions très fréquentes

se produisent dans le ménage. M... se sépare une seconde fuis (le

son mari, cesse d'allaiter son enfant, douent apathique, inac-

tire, dort mal, se plaint de la tête, se lamente continuellement

sur sa situation, se reproche sa conduite, etc.

Ces troubles s'accentuant, M... entre pour la première fois alu

Salpêtrière au mois de septembre 1904 avec le certificat suivant :

« Aboulie avec confusion dans les idées, (roubles de l'attention,

idées obsédantes de toutes sortes, accès d'excitation avec an-

goisse, paroles et gestes incohérents, incapacité de se conduire».

Dans le service, la malade se montre un peu plus calme el ré-

clame au bout de quelques jours sa sortie qui lui est accordée

sur les instances de sa famille, mais pour y rentrer le G octobre :

son anxiété s'est beaucoup accrue et s'accompagne de confusion,

d'agitation et de préoccupations hypochondriaques. Elle regrette

sa sortie prématurée. « Quand je suis entrée la première luis 't

UN CAS DE DÉLIRE MÉTABOLIQUE DE LA PERSONNALITÉ. 259

la Salpêtrière, dit-elle, j'étais guérissable, maintenant je ne le

suis plus, je suis perdue, je souffre de la tète, je vais devenir

folle ». Elle interroge tout le monde sur son état, pour savoir si

elle pourra guérir et de quelle façon ; elle redoute la mort et la

préférerait cependant aux souffrances qu'elle endure.

L'examen somatique réxèlc un certain degré d'amaigrissement

ayant coïncidé avec l'apparition des troubles psychiques. On ne

noie rien d'anormal du côté des -viscères. La sensibilité cutanée

est conservée dans tous ses modes, sauf à la douleur, où elle

semble un peu diminuée. Pas de zones hystérogènes, pas de

troubles des sensibilités spéciales. Légère exagération des ré-

flexes tendineux. Motililé intacte.

Quelques jours après son entrée, la malade, toujours anxieuse,

nous dit que son corps n'est plus celui d'une femme, mais d'un

chien, qu'elle va devenir enragée, qu'on devrait la conduire à

l'institut Pasteur, etc. Elle pousse des cris rauques, ressemblant il t

des aboiements, se mord les mains et les genoux. Elle explique

cette transformation par la 1 iye impression qu'elle a éprouvée

au début de sa grossesse, il la vue d'un chien écrasé sur la voie

publique. « Pendant les douleurs de l'accouchement, je n'ai pas

« crié comme une femme, j'ai hurlé, j'ai aboyé comme un chien..

« Docteur, je vous le jure, jo suis toute changée, je ne suis plus

« une femme, mais un chien, mes dents ne sont plus des dents

« humaines, l'intérieur de mon corps est complètement changé,

« c'csL un corps de chien ; regardez ma tète, elle n'est plus la

« même. Je ne sais plus comment je suis faite. Je souffre trop de

«la loto,... et cependant j'ai toute ma raison.... C'est affreux

« d'être ainsi, c'est atroce ce que j'endure, tout est mélangé et

« tout se débat en moi, je ne mange plus, je ne dors plus. Enfin

«je ne suis plus moi ». z

En novembre, la malade, toujours aussi anxieuse, ne parle plus

de sa transformation en chien ; mais elle continue à soutenir

qu'elle est changée, qu'elle ne se reconnaît plus, que son corps

n'est plus le même, que ses membres sont tout autres qu'ils

n'étaient : « Tenez docteur, mes mains n'ont jamais été ainsi,

« elles sont plus grandes, mes pieds aussi ; vous pouvez vous en

« assurer auprès du médecin qui m'a accouchée ; faites-le venir,

« et il vous dira que j'étais une femme bien faite et non laide

« comme je suis maintenant. C'est une fatalité qui m'arrive, je

« suis un phénomène, je ne. suis plus une femme, c'est affreux,

« je n'ai pas mérité cela ». Elle se lamente sans cesse et redouble

ses plaintes et ses gémissements dès qu'on s'approche d'elle. Cet

état anxieux persiste malgré l'usage de petites doses de morphine

et des hypnotiques habituels. Pendant quelques jours, la malade

manifeste en outre quelques idées d'empoisonnement ; son mari,

dit-elle, du l'empoisonner pour la punir de l'avoir abandonné.

260 CLINIQUE MENTALE.

(Peut-être s'agit-il là d'une interprétation de sensations résultant

de l'absorption de la morphine).

En décembre, la sensation de tranformation corporelle est tou-

jours prédominante, la forme délirante seule -varie ; IL... est

maintenant un monstre, un boudha, un taureau : « Mon cou,

« mes reins, ne sont plus ceux d'une femme, mais d'un taureau.

- C'est affreux, c'est une fatalité, j'étais modiste, j'étais une

« femme comme tout le monde, maintenant je suis un mys-

« 1ère ». L'anxiété est extrême, les plaintes et les lamentations

ne cessent ni jour ni nuit : M.... se frappe la poitrine, s'écorche

la figure et les membres, sans pouvoir, dit-elle, se sentir elle-

même.

Les bains tièdes prolongés pendant 7 et 8 heures diminuent

l'agitation, amènent un calme relatif et procurent quelques

. heures de sommeil.

En janvier 1905, amélioration sensible, l'anxiété a beaucoup

diminué, la malade ne crie plus, ne se lamente plus que quand

on s'approche de son lit : elle a toujours les mêmes idées de

transformation corporelle, mais présente en outre des craintes

de tortures, de supplices : « Vous n'allez pas, dit-elle, me faire

« souffrir, -vous n'allez pas me brûler, n'est-ce pas, je ne le mé-

« rite pas ».

En février, la malade est plus calme, elle ne gémit plus que

par intervalles, l'anxiété est moins grande, mais la confusion et

la désorientation persistent : « .le ne puis me reconnaître, jesuis

« un mystère, le mystère do l'Incarnation, mon mari est Jéhus-

« Christ, ma mère est la le suis vieille, très vieille, doc-

« leur, ah ! je ne sais pas combien j'ai d'années, des milliers d'an-

« nées peut-être, c'est affreux ».

En même temps, elle manifeste quelques idées de culpabilité et

croit avoir une influence nuisible sur tout l'univers : « .le suis un

« fléau, tout est bouleversé par ma faute, je suis le fléau de

« Dieu, je suis la cause de la guerre, les vieux rois de France

« sont morts, tous les gens vont mourir de faim par ma faute».

En mars même état de confusion avec idées délirantes de

transformation et d'énormité. Paris est immense maintenant,

« nous sommes perdus dans la France. Tout est immense. Mais

« qu'ai-je fait, tout est changé ». Aux questions, elle répond de

même : « Depuis combien de temps je suis ici, je ne sais pas, il

« y a longtemps, des années et des le ne me reconnais

« plus. ce n'est plus moi. Avoir été comme j'étais et me voir

« ainsi ! J'étais une femme, je n'avais pas ces gros os, ces bras

d'une longueur démesurée, ces mains énormes ».

En avril, l'amélioration's'accuse ; on peut entrer en communi-

cation avec la malade ; elle reconnaît parfaitement les objets et

les personnes qui l'entourent, sait dire leur nom, mais prétend

UN CAS DE DÉLIRE METABOLIQUE DE LA PERSONNALITE.. 2G1

qu'elles sont changées, qu'elles ne sont plus comme auparavant :

« Vous êtes bien~M. C ? mais vous n'êtes plus le même ; j'en ai

« vu plus de cinquante des M. C... depuis que je suis ici, tous les

« jours j'en vois, mais de plus vieux et de plus grands que vous.

« Vous avez des quantités de frères qui vous ressemblent. C'est

« comme des madame B.... (surveillante), tous les jours j'en vois

« des nouvelles, elles se ressemblent mais sont toutes dill'é-

« rentes. La salle où j'étais quand je suis arrivée n'était pas pa-

« reille à celle-ci ; ce n'était pas -vieux comme maintenant».

Malgré ce débordement de conceptions délirantes,la mémoire est

intacte ; la malade se rappelle exactement tous les événements

de sa vie, la date de sa naissance, les particularités de son en-

fance, son mariage, son divorce, la naissance de sa fille, le millé-

sime de l'année, le mois dans lequel nous sommes, etc. Elle se

rend compte en outre de tout ce qui se passe autour d'elle, et

malgré cela, elle est dans l'impossibilité absolue de dire son ùge,

répète qu'elle a des centaines d'années, ce qui semble prouver

que la notion de durée luiéchappecomplèlemenl. Cette abolition

de la notion de durée est due -vraisemblablement à ce que M....

multiplie le nombre des années de son existence comme celui

des personnes. De même qu'elle croit qu'il y a plusieurs M. C...,

plusieurs Mme B... etc., elle affirme, toujours à titre d'explica-

tion de l'étrangeté de ses sensations et de l'impossibilité où elle

se trouve de les superposer à ses souvenirs, qu'il y a plusieurs

années 1871, plusieurs années 1872, 1873, etc., et c'est grâce à

cette multiplication des années qu'elle en arrive à se croire cen-

tenaire et même davantage.

En mai. l'amélioration continue. La malade, prend une part de

plus en plus active à ce qui se passe autour d'elle, réclame la

visite de ses parents, leur écrit, demande sa sortie, etc. Tou-

tefois elle conserve toujours les mêmes idées au sujet de la trans-

formation (le son corps ou des personnes qui l'approchent : méde-

cins, parents, inl1l'mières,qu'ellese représente sous des apparences

diverses, multiples, tout en les identifiant parfaitement.

En juin, M... manifeste encore quelques craintes et quelques

appréhensions, comme la peur d'être brûlée, mais sans véritable

anxiété.

Actuellement (juillet), l'anxiété n'a pas totalement disparu,

mais la malade peut cependant s'occuper une partie de la jour-

née, travailler à l'aiguille, etc.

11 est à noter qu'à aucune période de son affection, la malade

n'a attiré notre attention sur l'existence de troubles viscéraux,

digestifs, respiratoires, etc. : aux questions qu'on lui adresse à ce

sujet, elle répond qu'elle ne sait pas comment elle mange, com-

ment elle digère, que son estomac est peut-être bouché, etc. ;

mais il est facile de se rendre compte au ton de ses réponses que

262 CLINIQUE MENTALE. -

le fonctionnement de ses viscères ne la préoccupe nullement.

Son état d'anxiété a été, il est -vrai, pendant toute la phase aiguë

do la maladie, un obstacle à l'alimentation ; son poids pendant

cette période est descendu de GO à 50 Kilos pour revenir à son

chiffre primitif depuis que la malade est entrée en convalescence,

mais jamais il n'y a eu un véritable refus des aliments.

D'autre part, à aucun moment, la malade n'a présenté de ten-

dances au suicide ou aux mutilations Jamais non plus elle ne

s'est livrée il des actes de violence envers les personnes.

En résumé, à la suite d'émotions dépressives et prolon-

gées apparaît chez notre malade un état anxieux qui se

traduit par de l'inquiétude, des préoccupations obsédan-

tes, des lamentations, de l'agitation, etc.. ; cette phase

d'anxiété succède une longue période délirante caracté-

risée d'abord par quelques idées hypochondriaques de

négation, ensuite par des idées de transformation corpo-

relle. La malade se croit changée en chien, en taureau,

en homme ; toutes les parties de son corps sont défor

mées, agrandies ; elle ne se reconnaît plus, se lamente

sur sa métamorphose et regrette son ancienne personna-

lité. Limitée d'abord à sa conformation physique, cette

métamorphose s'étend peu à peu à sa personne morale :

elle n'est plus une femme comme les autres, clic est un

être extraordinaire, la femme fléau, le mystère del'Incar.

' nation. L'état anxieux s'exagère au sur et à mesure que

se développent et s'amplifient les idées délirantes.

Aux troubles de la perception interne s'ajoutent des

troubles de la perception externe : les personnes et les

objets lui paraissent changés, différents de ce qu'ils

étaient autrefois ; et, comme cela s'était déjà produit

pour elle-même, ces changements, bornés d'abord aux

apparences extérieures, gagnent la sphère morale. Sa fa-

mille se confond avec la divinité, sa mère est la Vierge

Marie, son mari est Jésus-Christ, etc. Personnes et cho-

ses prennent à ses yeux une signification nouvelle, plus

ou moins en rapport avec les modifications survenues

dans leurs attributs extérieurs. Mais, malgré le contenu

en apparence mégalomaniaquc de certaines de ses idées

délirantes,-la malade reste toujours angoissée. Sa parenté

divine ne l'empêche pas d'être la femme fatale, le fléau

du genre humain ; aussi rcdoute-t-ello toujours les plus

UN CAS DE DÉLIRE MÉTABOLIQUE DE LA PERSONNALITÉ. 263

grands supplices, d'être guillotinée, brûlée ou enterrée

vivante, etc.. Ce sont là évidemment des idées d'énor-

mitédans le sens péjoratif plutôt que des idées de gran-

deur.

M... a perdu en outre la notion de durée et, tout en

connaissant parfaitement la date de sa naissance et le

millésime de l'année, elle se croit vieille de centaines et

de milliers d'années et recule à l'infini dans le passé les

événements de sa vie, dont elle a cependant conservé un

souvenir très exact.

A cette période délirante fait suite, au bout de 5 à mois,

une troisième phase de calme relatif avec disparition

graduelle de l'agitation et de l'anxiété. Peu à peu la ma-

lade redevient capable de se livrer à quelques travaux

d'aiguille, mais continue à marmotter des paroles à voix

basse et à manifester des craintes, des appréhensions,

des regrets, dus sans doute à l'impossibilité où elle setrou-

vede concilier sa personnalité d'emprunt avec sa person-

nalité réelle.

Telle a été la filiation des accidents présentés par notre

malade, accidents que nous devons maintenant chercher

à interpréter.

En présence du tableau clinique dont nous venons de

reproduire les principaux traits, il nous semble difficile

de ne pas admettre qu'il s'agisse là d'un cas de délire

métabolique de la personnalité, ou, si l'on veut, d'une

variété du syndrome de Cotard, dans lequel les idées de

négation d'organes sont remplacées par des idées de

transformation corporelle.

Quelle a été l'origine de ces idées ? Les travaux de

Wernicke, de Storch, de O. Foerster, auxquels nous

aurions dû joindre ceux de P. Bonnier (1) -, sur les-

quels nous nous sommes appuyés récemment pour inter-

préter les troubles psychopathiques d'une malade qui,

sans croire à la transformation de son corps, doutait ce-

pendant de la réalité de ses sensations et par suite de sa

propre existence, nous permettent, croyons-nous, de ré-

(1) P. Honkiei». Le Vertit.1. 1S93. L'Orientation, 1000. Le Sens

des altitudes, 1904.

204 CLINIQUE MENTALE.

pondre au moins dans une certaine mesure, il celte ques-

tion (1).

Comme chez la malade alaquelle nous venons de faire

allusion, nous pensons qu'en l'absence d'aucun trouble

objectif de la sensibilité, d'aucun signe d'une lésion orga-

nique, les idées de transformation corporelle qui, avec

l'état anxieux concomitant, ont occupé le premier plan

de la scène morbide, doivent être rattachées à une per-

turbation, il un ébranlement des centres corticaux où sont

fixées et enregistrées les images des sensations internes

ou organiques, auxquelles nous devons la notion de notre

existence corporelle.

Cet ébranlement, qui peut être attribué aux nombreux

chocs moraux éprouvés par la malade, nous explique l'é-

trangeté, la bizarrerie de ses sensations, et par suite ses

illusions de membres déformés, grossis, allongés, etc.. ;

mais pourquoi cette même malade, en dépit du témoignage

de ses sens et de toutes les affirmations qu'on lui oppose,

se croit-elle métamorphosée en chien, en taureau, etc.. ?

Le mécanisme de cette transformation est il coup sûr très

discutable : on peut toutefois admettre que les idées de

transformation corporelle n'interviennent ici qu'à titre

d'explication délirante des sensations anormales, an-

goissantes et obsédantes éprouvées par la malade.

La multiplicité même de ces transformations,en chien,

en taureau, en homme, plaide en faveur de cette hypo-

thèse. Il se passerait là,en un mot, un phénomène analo-

gue à celui qui s'observe chez les mélancoliques dont les

conceptions délirantes, tout aussi absurdes, sont tou-

jours secondaires à de profondes altérations de l'affecti-

vité et de la sensibilité morale. '

Le trouble de la cénesthésie cérébrale ayant envahi

peu à peu l'élément organique, myopsychique, des per-

ceptions sensorielles (en respectant leur élément spéci-

fique), on conçoit que la malade reconnaisse et identifie

jusqu'à un certain point les personnes etles choses, tout

en disant qu'elles sont changées, différentes de ce qu'el-

les étaient autrefois, etc. Les sensations actuelles que lui

(1) G. DENY et Paul Camus. Sur un cas d'hypocondrie aber-

rante due à la perte de la conscience du corps. In 7<f. de Ncnrolo-

gie, 15 niai 1905.

UN CAS DE DÉLIRE METABOLIQUE DE LA PERSONNALITÉ 265-

procurent ces personnes ou ces choses étant, en outre,

dépourvues de l'élément affectif ou émotionnel qui est

inséparable de leur composant cénesthésique, ne peuvent

plus être superposées à celles qui ont été fixées par sa mé-

moire ; delà, ses doutes, ses hésitations, ses perplexités

et son profond état de désorientation il l'égard du monde

extérieur, des notions de temps, d'espace, de durée, etc..

Quant aux conceptions délirantes de couleur mélanco-

lique, pscudo-mégalomaniaque, qui sont venues plus

lard se greffer sur ces idées de transformation du corps

et du monde extérieur, ce sont des éléments surajoutés,

secondaires, toujours en rapport sans doute avec la bi-

zarrerie, l'étrangeté des sensations organiques, mais es-

sentiellement contingentes et subordonnées à l'éducation

de la malade et au milieu dans lequel elle a vécu.

En somme le psycho-syndrome de M... reconnaît le

même mécanisme pathogénique que celui de la nommée

I...dont nous avons publié antérieurement l'observation.

Les différences cliniques relevées dans les deux cas sont

dues uniquement à ce que dans l'un il s'agit d'un trouble

a ou hypo, et dans l'autre d'un trouble para de la cénes-

thésic. Une même formule peut donc servir à caractéri-

ser ces deux états syndromiques, dont les principaux

éléments sont : 1° un état d'anxiété avec obsession de se

souvenir, de se représenter, de retrouver les sensations or-

ganiques perdues ou perverties ; 2° une abolition, une trans-

formation ou une métamorphose de la conscience de la

personnalité ; 3° une représentation incomplète ou plus ou

moins méconnaissable et transfigurée du monde extérieur.

En faisant jouer le principal rôle aux troubles de la

cénesthésie cérébrale dans la genèse du délire de notre

malade et des états li·hocliomlriaducs en général, nous

ne faisons, du reste, que développer l'interprétation pa-

thogénique de ces états qui a déjà été fournie par Th.

Ribot, J. Cotard, Séglas, etc. ''

« C'est surtout, dit Cotard, dans leur élaboration céré-

brale que les sensations s'altèrent et se transforment de

la manière la plus extraordinaire. Les images intérieu-

res, modifiées ou oblitérées, par suite d'un état maladif

des régions correspondantes de l'écorce cérébrale, ne sont

200 CLINIQUE MENTALE.

plus adéquates a leurs excitants normaux, et les impres-

sions, môme régulièrement transmises, ne produisent

plus que des sensations alarmantes par leur étran-

geté (L) n.

Séglas s'exprime presque dans les mêmes termes lors-

qu'il dit «que les idées hypochondriaques dénégation sont

en rapport avec des troubles cénesthésiques, se relient ' 1

il l'altération des sensations dans leur élaboration céré-

brale, à des perturbations de la sensibilité, elles-mêmes

réveillées et entretenues par les idées délirantes (2) tr.

C'est en nous appuyant sur ces données que nous

avons proposé récemment de grouper, sous le terme très

général de cénesthésiopathie, suggéré par M. E. Dupré,

tous les psycho-syndromes qui paraissent liés à une al-

tération a, hypo, hyper ou para des sensations internes

ou organiques, quel que soit, du reste, le point de départ

de cette altération.

Cette conception a été critiquée dernièrement par 1\1.P.

Bonnier (3) pour qui « le trouble par lequel certaines par-

ties de nous-mêmes cessent de figurer dans la notion que

nous avons de notre corps (ou nous apparaissent chan-

gées, déformées) est dû, non à la disparition des sensa-

tions organiques qui persistent aussi bien que les senso-

rielles, mais à une absence (ou à une perturbation) de

figuration spatiale, de définition topographique des cho-

ses dont la sensation persiste. » .

Dans le premier cas, il y a, d'après M. Bonnier, hypo

ou aschématie (de schéma, figuration topographique, at-

titude) ; dans le second hyper ou para-sclléntatie suivant

que notre représentation corporelle occupe une trop

grande place, ou une place qui n'est pas sa place propre,

comme dans le cas que nous venons de rapporter.

Il n'a jamais été dans notre pensée de nier le rôle ca-

pital qui revient à la notion d'espace ou de figuration spa-

tiale, dans la connaissance de la situation respective des

différentes parties de notre corps, les unes par rapport

(1) .1. COTARD. - Etudes sur les maladies cérébrales et mentales,

p. 388. '

(2) SÉGLAS. Leçons clin. sur les maladies mentales et nerveuses,

6S].

juin (3) 1903. L'aschématie, par P. Bonnier, in Revue neurologique, 30

UN CAS DE DÉLIRE MÉTABOLIQUE DE LA PERSONNALITÉ. 267 (

aux autres et par rapport aux objets extérieurs. Nous

croyons toutefois que ce « sens de l'espace » est étroite-

ment lié à l'intégrité des sensations organiques, mus-

culaires, articulaires, segmentaires, etc., qui accompa-

gnent toutes les perceptions sensitives et à l'intégrité

des associations préétablies entre les centres de percep-

tion, les points excités de nos différents organes et les

mécanismes moteurs mis en branle.

Il convient, en outre, de rappeler que chaque sensation

organique possède un timbre, une tonalité propre, dont

les caractères varient suivant le point du corps qui a été

excité.' Ce timbre ou cette tonalité réalisent donc, au

moins dans une certaine mesure, un véritable signe de

localisation. Les notions de figuration spatiale, de défini-

tion topographique, auxquelles M. Bonnier attache avec

raison tant d'importance, loin d'être indépendantes des

sensations organiques, en font donc partie intégrante.

Or, comme ce sont les images de ces sensations orga-

niques, envisagées isolément ou associées aux percep-

tions sensorielles, qui forment ce que l'on désigne sous

les noms de conscience ou de représentation du corps, de

cénesthésie, nous croyons devoir conserver le terme de

cénesthésiopathie qui, à défaut d'autre mérite, a du moins

celui de réunir et de grouper en un seul faisceau toutes

les anomalies et aberrations des sensations organiques

qui constituent le fondement de tous les états neurasthé-

niques, psychasthéniques, hypochondriaques, etc., et

qui s'observent égalemont à la base de quelques variétés

de paranoïa. , .

Sans doute, chez les malades que M. Bonnier cite à l'ap-

pui de sa manière de voir, il a pu y avoir « une suspension,

plus ou moins complète delunotion de personnalité, sans

altération concomitante de la notion d'activité muscu-

laire », c'esL-à-dirc de l'élément myopsychique auquel, d'a-

près la théorie de Storch-Fa;rstcr, nos perceptions doi-

vent en grande partie leur objectivation, leur réalité.

Mais ces malades étaient tous atteints d'affections auri-

culaires ,dc lésions labyrinthiques ; or, tout le monde sait,

et M. Bonnier mieux que personne que l'appareil audi-

tif, est doué d'une faculté spéciale d'orientation. On ne

saurait donc, à notre avis, rapprocher les malades de

2G8 PATHOLOGIE MENTALE.

M. Bonnier des nôtres, car ils introduisent dans le débat

de nouveaux facteurs pathogéniques, beaucoup trop

complexes pour pouvoir être étudiés ici.

Nous persistons donc à considérer les faits que nous

avons relatés, -- défalcation faite de leurs éléments

accessoires, commè des exemples de troubles hypo et

parafonctionnels de la somatopsyché des auteurs alle-

mands, comme des variétés hypo et paracoenesthésiques

du groupe des ccnesthésiopathies.

PATHOLOGIE MENTALE

Les psychoses des infections aiguës (1) ;

Par le D' E. RÉGIS,

Chargé du cours de psychiatrie a l'Université de Bordeaux.

Après quelques considérations générales sur les psy-

choses des infections aiguës, nous dirons un mot succes-

sivement des psychoses dans chacune des principales

de ces infections.

§ I. Généralités. Les psychoses des maladies infec-

tieuses aiguës offrent ceci de particulier que non seule-

ment elles ressemblent à toutes les psychoses toxiques,

au grand groupe desquelles elles appartiennent, mais

encore qu'elles sont identiques les unes aux autres.

1° Moment d'apparition. Division. Dans toutes les in-

fections aiguës,les troubles psychiques peuvent apparaî-

tre à quatre moment» distincts : 1° au début, avant tout

autre symptôme pour ainsi dire ; 2° à la phase d'lryper-

thermie ; 3° à la phase de cléfervesceiice ; 4° enfin à un

moment quelconque de la convalescence. D'où, au point

de vue chronologique, quatre variétés de psychoses dans

les infections aiguës, susceptibles à la rigueur de se ré-

duire à deux principales : 1° les psychoses de la période

(1) Extrait du Précis de Psychiatrie (3° édition, collection Testai)

qui va très prochainement paraître .

LES PSYCHOSES DES INFECTIONS AIGUËS. 209

aiguë ou psychoses infectieuses proprement dites, com-

prenant les psychoses préfébriles et les psychoses fébriles ;

2° les psychoses de la période terminale ou psychoses

post-infectieuses, comprenant les psychoses de la défer-

vescence et les psychoses de la convalescence.

2° Symptomatologie. Le type clinique des psychoses

dans toutes les infections aiguës est la confusion mentale,

c'est-à-dire la psychose caractéristique des états d'em-

poisonnement de l'organisme.

Durant le stade fébrile, la psychose infectieuse revêt

ordinairement l'une des formes de la confusion mentale

aiguë en particulier la forme de délire onirique halluci-

natoire, ou celle de délire aigu méningitique, parfois

mortel. -

Le délire onirique hallucinatoire se traduit par des

rêves en action, vécus, mouvementés, faits de scènes

professionnelles, familiales ou purement fantastiques,

de visions parfois agréables, célestes, mais le plus sou-

vent pénibles, terrifiantes, où vivent, passent et s'agitent,

comme en des tableaux cinématographiques, des ani-

maux, des personnages grotesques, des fantômes, des

démons, des assassins ; plus rarement il y existe des

hallucinations et des illusions de l'ouïe, du goût, des

craintes d'empoisonnement, de l'érotisme, du mysti-

cisme, etc.. Cet état onirique ou de somnambulisme aigu,

pour ainsi dire, s'accompagne d'une agitation plus ou

moins vive, parfois de paroxysmes violents et souvent t

aussi d'impulsions panophobiques, au cours desquelles

les malades, affolés par leurs terreurs hallucinatoires,

se lèvent brusquement de leur lit et cherchent fébrile-

ment à se cacher ou à s'enfuir par la première issue

venue. C'est la la raison habituelle des précipitations

par la fenêtre, si communes dans toutes les psychoses

d'intoxication ou d'infection aiguës et vis-a-vis desquel-

les il faut. par suite, être prévenu.

Durant le stade post-fébrile et de la convalescence, on a

affaire principalement à Informe asthénique de la confu-

sion mentale, variable de degrés et de durée mais cons-

tituée essentiellement par du désarroi intellectuel, de

l'obnubilation, de la stupidité, de la pseudo-démencc

avec ou sans délire et agitation. L'amnésie de fixation y

270 PATHOLOGIE MENTALE.

est d'ordinaire très marquée et, dans certains cas même,

peut dominer la scène au point de légitimer la création

d'une variété amnésique de confusion mentale. C'est ce

qui a lieu notamment dans les accidents polynévri-

tiques.

. Une autre forme de confusion mentale qui est suscep-

tible de s'observer dans toutes les infections aiguës, soit

dans la période hyperthermique, soit surtout dans la

convalescence, c'est la forme à syndrome paralytique,

caractérisée par les symptômes mentaux et somatiques

de la paralysie générale. Le tableau clinique est le même

et cet état ne diffère de la paralysie générale classique

que par son évolution rapide et sa tendance naturelle à

la régression, à la guérison.

Ce sont là de véritables paralysies générales régressives

ou temporaires (Régis) qui s'arrêtent et rétrocèdent, par-

ce que les lésions aiguës qui les produisent s'arrêtent et

rétrocèdent aussi le plus souvent.

3° Anatomie pathologique. Pathogénie.- Les lésions cé-

rébrales dans les psychoses des infections aiguës sont

en effet celles de la paralysie générale, c'est-à-dire des

lésions de mértingo-encéphalite diffuse, mais de méningo-

encéphalite diffuse aiguë.

Elles consistent en oedème du cerveau, vascularisation

active, altération à divers degrés des cellules et des

fibres, prolifération de la névroglic.

Il s'y joint parfois des lésions des viscères, en parti-

culier du coeur, du foie et des reins. Au point de vue

pathogénique, les psychoses des maladies infectieuses

aiguës sont le résultat, ainsi que Chardon l'a bien indi-

qué dans sa thèse (1899) : 1° soit de l'action directe des

microbes localisés dans les centres nerveux ; 2° soit de

l'action des produits sécrétés par les microbes ou to-

xines ; 3° soit de l'auto-intoxication secondaire résultant

de l'atteinte des viscères ou de la non-élimination des

poisons.

4° Diagnostic. Les psychoses du début des infections

aiguës, celles qui éclatent avant tout autre manifestation

morbide bien évidente, risquent d'être prises pour de la

folie ordinaire, de la vésanie, notamment pour un accès

LES PSYCHOSES DES INFECTIONS AIGUËS. 271

de manie. L'erreur a été fréquemment commise, elle l'est t

encore et sa conséquence presque obligée est l'interne-

ment regrettable, dans un asile d'aliénés, d'un malade à

la phase initiale d'une fièvre typhoïde, d'une pneumonie,

d'une grippe, etc. C'est en grande partie pour obvier à

des méprises de ce genre que les chefs de service ont en

tous lieux demandé l'organisation, dans chaque grand

hôpital de salles ou chambres d'observation spéciales,

et que le Congrès des aliénistes et neurologistes a émis,

en 1901, un voeu unanime en faveur de cette création,

qui permettrait « de ne transférer les malades délirants

et agités des hôpitaux dans les asiles, qu'après aliéna-

tion mentale confirmée » .

Quoi qu'il en soit, il est des signes qui peuvent per-

mettre au médecin d'établir le diagnostic de psychose

infectieuse pré-fébrile et qui, en tous cas, l'obligent il

temporiser. Ce sont : la céphalée prémonitoire, les mo-

difications de l'urine et du taux urinaire, l'état saburral,

la constipation opiniâtre, l'apparition de la fièvre, la

brusquerie du délire, son caractère onirique, hallucina-

toire, confus, son acuité. C. Rougé a insisté récemment

sur ce diagnostic (1903).

Une autre erreur bien souvent commise, c'est celle qui

consiste à voir dans le délire infectieux un délire alcoo-

lique. Elle sera évitée si l'on a présent à l'esprit que le

délire onirique à hallucinations professionnelles ou ter-

rifiantes n'est pas, comme on l'a cru longtemps, le mo-

nopole exclusif de l'alcoolisme, mais bien la manifesta-

tion psychopathique ordinaire de toute intoxication et

de toute infection. La constatation de ce délire signifie

donc non pas alcoolisme, mais simplement intoxication

ou infection. C'est à l'ensemble des autres symptômes à

indiquer ensuite de quelle sorte d'empoisonnement, in-

terne ou externe, il s'agit. Il y a lieu enfin de distinguer,

suivant les cas, la psychose infectieuse de la méningite,

delà démence vraie, du délire systématisé, de la paraly-

sie générale progressive. Cette distinction n'offre pas en

général de très sérieuses difficultés.

5° Pronostic. Au point de vue du pronostic, on peut

dire que, malgré leurs réactions souvent désordonnées

et violentes et malgré certains signes de déchéance en

272 .. PATHOLOGIE MENTALE.

apparence graves, les psychoses des infections aiguës

aboutissent le plus souvent à la guérison, sauf le délire

aigu méningitique, qui se termine parfois par la mort. Il

faut ajouter aussi que leur guérison n'est pas toujours

bien complète et qu'elles laissent fréquemment après

elles les sujets diminués et en état d'infériorité psy-

chique, particulièrement en ce qui concerne la mémoire,

indépendamment de l'amnésie lacunaire, qui est à peu

près la règle en pareil cas.

Traitement. Au point de vue thérapeutique, le traite-

ment an ti-infectieux, antiseptique, général ou local, donne

souvent ici d'excellents résultats. C'est donc à la cure de

l'infection ou de l'auto-intoxication qu'il faut surtout re-

courir pour combattre et guérir le trouble mental.

Parmi les indications spéciales, celle qui s'impose avant

tout est de procurer au malade un sommeil assez profond

et assez prolongé pour que les troubles délirants et hal-

lucinatoires ne puissent s'y manifester. Le chloral, le

bromidia, mais surtout le véronal donnent à cet égard

les meilleurs résultats.

Après ces considérations générales préliminaires, nous

allons rapidement passer en revue, dans des articles

distincts, les psychoses des maladies infectieuses aiguës

suivantes : fièvre typhoïde et typhus exanthématique ;

grippe ou influença ; pneumonie ; polynévrite pér-iphé-

rique ; fièvres éruptives (variole et vaccine, rougeole,

scarlatine) ; diphtérie, érysipèle ; choléra ; rage (1).

Il. Grippe ouinfluenza. Si l'on en excepte quel-

ques cas rares et isolés, notés antérieurement, ce n'est

guère que depuis les grandes épidémies récentes que les

troubles psychiques de l'influenza ont été étudiés. Citons

parmi les travaux les plus importants sur le sujet, ceux

de Kroepelin, Ladame, Joffroy, Kirn, Althaus, Pierrot

et Parct, Krypialdexvicz, Savage, Toulouse, etc...

Comme pour la fièvre typhoïde et pour toutes les infec-

tions aiguës, nous avons à examiner dans la grippe les

psychoses de la période fébrile ou psychoses pergrippales

(1) ]\;OllS ne citerons dans cet extrait, Litre d'exemple, que ce

qui a Irait il la grippe et il la pneumonie.

LES PSYCHOSES DES INFECTIONS AIGUËS. 273

et les psychoses de la convalescence ou psychoses post-

grippa les z

1° Psychoses de la période aigué. La grippe, de

même que les autres maladies infectieuses aiguës, débute

parfois par une crise de délire (Revilliod, W vald,Altbaus)

qui, par cela même qu'il ouvre la scène morbide, peut

faire croire à une folie commençante et amener l'interne-

ment. Nous avons vu plus haut, aux généralités, comment

l'erreur peut être évitée.

Les psychoses pergrippales vraies, celles de la période

fébrile ou d'état, ont été distinguées par Kirn (1891) en

délires fébriles ou psychoses transitoires aigués, caracté-

risées par de l'excitation ou de la dépression avec illu-

sions, hallucinations, cris, parfois symptômes de ménin-

gite et en psychoses proprement dites, débutant brusque-

ment à l'apogée de la fièvre, se traduisant par des aspects

divers, agitation ou dépression, idées mélancoliques,

idées de grandeur, ressemblant parfois au délire alcooli-

que et se terminant ordinairement au bout de quelques

semaines par la guérison.

Il n'y a pas lieu, pensons-nous, de maintenir cette dis-

tinction, basée d'ailleurs sur de simples nuances, diffici-

lement appréciables. Ce qu'il importe surtout d'indiquer,

c'est que les psychoses grippales de la période fébrile se

traduisent par de la confusion mentale, en particulier par

du délire hallucinatoire aigu ou du délire aigu.

Comme toujours, ces manifestations délirantes, exclu-

sivement nocturnes ou à paroxysmes nocturnes, sont

constituées par des scènes de rêve vécues et coïncident

avec de l'oliguric et une céphalée souvent très pénible,

rappelant presque celle de la méningite.

L'agitation est dans certains cas des plus violentes, et

le malade, principalement dans les paroxysmes de la nuit,

parle, crie, s'épouvante et cherche à se lever, à s'échap-

per par la porte ou la fenêtre, poumfuir les dangers ima-

ginaires que lui créent ses terrifiantes visions.

La crise délirante peut être très légère et très brève et

se borner à quelques rêvasseries hallucinatoires, reve-

nant durant quelques nuits seulement à l'entrée ou au

sortir du sommeil. Elle peut aussi être continue, pro-

Argihves, 2° série, 1905, L. XX. - 18

274 PATHOLOGIE MENTALE.

longée et très intense. Rarement cependant le délire aigu

grippal se termine par la mort.

2° Psychoses de la convalescence. Kroepelin recon-

naît quatre types dans les psychoses post-infectieuses

en général : 1° le délire de collapsus ; 2° la démence ou

délire hallucinatoire avec stupeur (hallucinatorische Ver-

ivirtheit) ; 3° la démence ou délire asthénique (asthenis-

che Verwirtheit) ; 4° la démence aiguë ou stupidité. Ces

divers types s'observent dans la convalescence de la

grippe ; ce ne sont, d'ailleurs, sous d'autres noms, que

certaines variétés que nous avons admises à la confusion

mentale, en particulier les variétés dans lesquelles domi-

nent la torpeur et l'obtusion, c'est-à-dire des psychoses

asthéniques. -

On sait combien fréquemment la grippe laisse après

elle un état d'asthénie physique et mentale profond, per-

sistant, tenace ; il n'y a donc pas lieu de s'étonner si les

psychoses de la convalescence revêtent essentiellement

un caractère asthénique .Les malades sont hébétés, stupi-

des, désorientés, avec, sur ce fond" de pseudo-démence,

de l'agitation, du délire onirique, des hallucinations et

un état physique qui traduit, comme l'état psychique de

dénutrition, l'épuisement de l'organisme.

Parmi les psychoses post-grippales, il faut faire une

place à part à la parai) sie générale. La grippe est en

effet l'infection aiguë qui donne lieu de la façon la plus

fréquente et la mieux caractérisée au syndrome paralyti-

que. Beaucoup d'auteurs ont cité des cas de ce genre,

dans lesquels rien ne manquait au tableau clinique : em-

barras de la parole, tremblement ataxiforme de la lan-

gue et des lèvres, inégalité des pupilles, exagération des

réflexes tendineux, affaiblissement mental, délires ab-

surdes et incohérents, etc.. Mais, et c'est en cela que ré-

side la différence, le syndrome paralytique,dans la grippe

comme dans toutes les infections aiguës, n'est ni sta-

ble, ni progressif; les symptômes somatiques même, tels

que la dysarthrie et l'inégalité pupillaire, varient d'une

journée à l'autre, voire dans la même journée, et le plus

souvent, de cet ensemble si menaçant, il ne reste plus

rien ou que fort peu de choses au bout de quelques se-

maines. Le cas de Krypiakiewicz,dans lequel la démence

LES PSYCHOSES DES INFECTIONS AIGUËS. 275

et la parésie s'accentuèrent progressivement est, à ce

point de vue, exceptionnel, de même que le cas plus ré-

cent de G. Borie, de Cumberland, terminé en sept mois

par la mort, dans lequel le malade avait contracté la sy-

philis après l'influenza. La paralysie générale de la grippe,

si elle est une vraie et non une pseudo-paralysie générale,

est donc bien le type de ces paralysies générales régres-

sines ou temporaires auxquelles donnent lieu les infections

aiguës.

3° Pathogénie. Anatomie pathologique. - Les psycho-

ses de la grippe ont la même origine que toutes les psy-

choses des maladies infectieuses aiguës : elles sont dues

soit à l'action directe des microbes ou de leurs toxines,

ce qui a lieu surtout dans les périodes aiguës, soit aux

auto-intoxications secondaires, si fréquentes dans la

convalescence, soit enfin à la dénutrition et à l'épuise-

ment.

Quant aux lésions anatomiques, sur lesquelles ont in-

sisté Pierret (1893) et Camia 1)00, elles sont celles des

méningo-encéphalites aiguës diffuses d'origine infectieuse,

microbienne. Pierret, qui les a fort bien décrites. les ré-

sume ainsi, d'après un cas typique. avec Paret : stase des

globules dans les vaisseaux, diapédèse et accumulation

de globules blancs dans les gaines, émigrations lointai-

nes des globules blancs qui se rencontrent disséminés

dans tous les espaces où ils ont accès. Dans la substance

blanche comme dans la substance grise, on les observe

avec leurs caractères hislochimiques, tantôt rangés à la

file, tantôt formant des groupes. Autour des cellules ner-

veuses ayant le plus souffert dans leur nutrition, on les

voit réunis, contrastant par leur vitalité avec la cellule

elle-même, au protoplasme trop clair, réticulé, et au

noyau déformé qui tend à devenir excentrique. Sur des

coupes traitées par l'acide osmique, on peut constater que

beaucoup de leucocytes sont chargés de très fines granu-

lations graisseuses, et il a semblé même à Pierret voir des

bacilles très petits dans le voisinage de quelques cellules

nerveuses.

4° Pronostic. Les psychoses grippales, aussi bien

celles delà période aiguë que celles de la convalescence,

276 PATHOLOGIE MENTALE.

aussi bien celles qui affectent des formes d'apparence

grave, comme le syndrome paralytique, que les simples

confusions asthéniques et les délires oniriques purement

nocturnes, sont habituellement curables et ce n'est qu'ex-

ceptionnellement, dans certains cas de délire aigu fébrile,

qu'elles peuvent aboutira la mort.

Mais l'intoxication ou, comme dit Pierret,l'intoxÙzatioll

grippale a une action particulièrement neurasthénisante,

épuisante. Il s'ensuit que, bien que curables, les psycho-

ses de la grippe durent souvent plus longtemps que celles

des autres infections. Elles sont, comme celles-ci, suivies

d'une amnésie plus ou moins complète et d'une asthé-

nie mentale plus ou moins intense et durable, moins mar-

quées cependant qu'à la suite de la fièvre typhoïde. Elles

peuvent atteindre les enfants (Kolischer, 1S96), comme

les adultes.

§ III. Pneumonie. Nous avons déjà eu l'occasion de

dire que toutes les psychoses des auto-intoxications et

des infections, par cela même qu'elles ressemblent au

délire alcoolique, avaient été souvent confondues avec

lui.

Cela est plus particulièrement vrai pour certaines d'en-

tre elles : les psychoses du paludisme, des traumatismes

chirurgicaux, de la pneumonie, etc. ; et encore aujour-

d'hui, beaucoup admettent par tradition que le délire de

la pneumonie, de la pneumonie du sommet surtout, n'est

pas autre chose qu'un délire alcoolique. Or, s'il est exact

que les alcooliques présentent une aptitude spéciale à

délirer sous l'influence des maladies qui les atteignent,

pour la bonne raison qu'ils sont en état de chimisme

instable et constamment prêts à faire de l'auto-intoxica-'

tion, cette aptitude ne leur appartient certes pas en pro-

pre et on peut affirmer que,dans la très grande majorité

des cas de psychoses infectieuses, la cause réelle du dé-

lire, c'est l'infection.

Il existe donc de véritables psychoses de la pneumo-

nie, dans lesquelles nous pouvons distinguer, comme

pour les précédentes : 1° les psychoses de la période aiguë ;

2° les psychoses de la convalescence.

1° Psychoses de la période aiguë. ? Il n'est pas rare

LES PSYCHOSES DES INFECTIONS AIGUËS. 277 7

que la pneumonie débute par du délire, délire habituelle-

ment brusque, agité, hallucinatoire, violent. « Il peut

arriver alors que l'individu soit transporté dans un asile

d'aliénés. Mais la pneumonie, qui se déclare bientôt,

vient en aide pour faire cesser la méprise » (Potain,

1897). Pas toujours cependant, car on a cité des faits,

celui de Desplats (1902), par exemple, où une, pneumonie

s'est manifestée seulement par un accès de délire aigu et

l'élévation de la température. Il faut donc se méfier tou-

jours des accès de délire hallucinatoire aigu qui survien-

nent brusquement, s'accompagnent de céphalée, de trou-

bles généraux et sont rapidement suivis de fièvre. Il y a,

sous roche, quelque intoxication ou quelque infection

qui ne tarde pas à éclater.

Le délire de la période d'état de la pneumonie est très

fréquent ; pour certains auteurs, il serait même presque

de règle (Calandruccio 1895, Brancati 1902). Ce délire

revêt habituellement l'une des formes les plus aiguës de

la confusion mentale, en particulier la forme du délire

aigu méningitique. « Le soir, le malade commence un

peu à divaguer ; cette divagation, d'abord passagère, ne

tarde pas à persister. Le sujet est pris de malaise,

d'anxiété, d'agitation ; puis vient l'état somnolent et en-

suite comateux. Alors les pupilles peuvent être modifiées,

soit dilatées, soit contractées. Le strabisme n'est pas

rare ; dans les cas graves, on observe le prolapsus de la

paupière supérieure, parfois la paralysie du facial. Pour

le pouls, il n'y a rien de constant ; on peut le trouver

accéléré.Il y a aussi une forme apoplectique dans laquelle

le malade perd connaissance, tombe dans le coma. La

gravité de cette' forme est excessive ; la maladie dure

peu, deux ou trois jours et se termine ordinairement par

la mort » (Potain).

Le délire de la période d'état de la pneumonie peut

affecter aussi le type de délire hallucinatoire aigu, très

semblable au delirium tremens et caractérisé comme lui

par des visions terrifiantes d'animaux, de fantômes, de

démons, d'assassins, des actes et des fugues panophobi-

ques, de l'agitation violente, de la trémulation générale,

etc. Rarement cette agitation fait place à de la stupeur

ou alterne avec elle.

278 PATHOLOGIE MENTALE.

On peut observer dans le délire onirique de la pneu-

monie, comme dans celui de toute intoxication ou infec-

tion, une sorte d'état second ecmnésique faisant revivre

le malade à une période ancienne de son existence. The

Lancet a récemment cité un cas curieux de ce genre.

2° Psychoses de la convalescence. Les psychoses de

la convalescence de la pneumonie ont été bien étudiées

depuis Baillarger, Thore, Mugnier, par divers auteurs

récents, en particulier par MAIRrT (1887), FROENKEL, RAY-

llfONf) (1893), CALANDRUCC10 (1895), CORONADO (1895), Moi-

ZARD (1890), Fontaine lcg.9cS), etc.

Il résulte de leurs observations et de leurs travaux,

très concordants, que la psychose de la convalescence

de la pneumonie survient presque toujoursaumomellt de

la chute de la fievre, de la défervescence et c'est là une

particularité intéressante, car dans la plupart des mala-

dies infectieuses aiguës, c'est pendant la convalescence

proprement dite et quelquefois même assez tardivement

qu'apparaissent les troubles psychiques. Aussi a-t-on vu

dans ce délire un phénomène critique de la pneumonie.

Cette psychose de la défervescence a des caractères à

peu près toujours identiques. Elle est essentiellement

constituée par une confusion mentale aiguë avec halluci-

nations multiples et agitation très vive.

Mairet en a donné une bonne description générale.

Elle éclate, fait-il remarquer, d'une manière brusque, dès

les premiers moments de la convalescence, alors que la

fièvre est tombée.

Elle débute le plus ordinairement par des hallucina-

tions et des illusions de la vue et de l'ouïe. Les malades

voient passer devant eux ou contre le mur des personna-

ges fantastiques, des moines, des soldats, des fantômes

qui défilent comme dans un panorama mouvant ou en des

tableaux cinématographiques. Ils s'imaginent que ce

sont des morts, des damnés ; c'est le diable qui leur

fait voir tout cela, qui les possède. A d'autres moments,

au contraire, ils aperçoivent des personnages célestes,

se croient inspirés de Dieu et prêchent des heures entiè-

res bruyamment, entrecoupant leurs discours d'ignobles

sottises, de propos érotiques, d'actes de salacité.

Ils entendent aussi des bruits de cloche, des glas, des

LES PSYCHOSES DES INFECTIONS AIGUËS. 279

voix accusatrices ou menaçantes,et c'est alors qu'affolés,

ils se précipitent violemment hors du lit pour se défen-

dre contre ces dangers imaginaires ou pour les fuir, en

se cachant derrière les meubles, en s'élançant vers la

porte ou vers la fenêtre qu ils enjambent parfois dans

une de ces crises de panophobie impulsive. ,

Très souvent aussi, il y a des hallucinations ou des illu-

sions du goût, créées ou entretenues par un état sabur-

ral intense et d'où naissent des idées morbides d'empoi-

sonnement, assez actives et assez tenaces parfois pour

provoquer un refus complet de tout aliment, de toute

boisson, de tout remède.

Ces symptômes de délire hallucinatoire, nocturne ou

nocturne et diurne, suivant leur degré, s'accompagnent

d'une agitation motrice considérable, parfois suivie de

stupeur. L'insomnie est la règle ; l'état général est pré-

caire, la dénutrition très marquée.

C'est d'ailleurs à cette dénutrition, à cet épuisement

de l'organisme et à l'inanition qui en résulte que Mairet

et Froenkel ont attribué le délire de la défervescence de

la pneumonie. Calandruccio. Fontaine rapportent ce dé-

lireprécritique,comme l'appelle le dernier de ces auteurs,

à l'action des toxines pneumococciques, faisant remar-

quer que c'est le moment où ces toxines sont à leur maxi-

mum d'abondance et de virulence et où, par contre, l'or-

ganisme et le cerveau épuisés par l'infection sont à leur

minimum de résistance. Fontaine observe aussi que ce

délire se produit en même temps que la crise itninaire,

si bien décrite par Roger et Gaume et par Charrin.

Le délire précritique ou de la défervescence de la pneu-

monie est en général transitoire et ne dure que quelques

jours. Ce n'est qu'exceptionnellement qu'il se prolonge

davantage.

Les psychoses de la convalescence proprement dite,

c'est-à-dire celles survenant plus ou moins longtemps

après la période fébrile, sont moins fréquentes que dans

les autres infections aiguës. Elles y revêtent d'ailleurs

les mêmes caractères de confusion mentale asthénique avec

dépression psychique et physique intense, sans délire

et sans excitation bien marqués. Griesinger et Rondot

(1883) ont rapporté des cas de démence subite, d'obtusion

2SO psychologie]

intellectuelle, de stupeur, compliquée ou non d'accidents

paralytiques, dans la convalescence de la pneumonie.

PSYCHOLOGIE

Les phénomènes de conscience dans l'ontogenèse;

Par J.-M. LaHr.

I. La conscience est une notion de l'introspection,

notion ultime que nous attribuons aux êtres semblables à

nous. Un tel critérium est susceptible d'applications très

étendues. Pour les uns, c'est une simple identité morpho-

logique de l'ensemble du soma ; pour d'autres une identité

de fonctions ; pour d'autres, enfin, une identité dans l'ana-

tomie fine des organes qui conditionnent les fonctions.

Certains refusent la conscience aux animaux, la réser-

vant à l'homme seul ; d'autres pensent qu'elle doit exis-

ter, à l'état embryonnaire dans toute la série des êtres

et que la monère détient une partie de ce précieux pou-

voir. Lorsqu'un problème comporte des solutions aussi

diverses, on peut affirmer que les termes n'en ont pas

été suffisamment définis.

Il convient de rechercher s'il existe dans les faits de

conscience des signes positifs grâce auxquels le problème

pourra se préciser. ,

Avant de commencer la recherche et l'examen de ces

signes,' nous devons prendre position sur une question

préjudicielle. Certains philosophes réservent la cons-

cience à l'homme seul, d'autres par l'application trop

simpliste de la loi de l'évolution confèrent cette fonction

à tous les êtres vivants et même aux particules infinité-

simales qui constituent la matière dite brute. Nous

admettons comme « un acquis de la science » la loi de l'é-

volution, mais nous ne saurions en faire une application

trop sommaire. Si les phénomènes sont, par rapport aux

phénomènes plus simples qui leur ont donné naissance,

dan s une dépendance absolue, il ne s'en suit pas qu'un fait

nouveau est contenu comme «tout» dans ses composants,

LES PHÉNOMÈNES DE CONSCIENCE DANS L'ONTOGENESE. 281

Prenons un exemple. La chaîne est continue des phéno-

mènes instinctifs aux phénomènes conscients, et cepen-

dant nous les différencions au point d'en faire deux enti-

tés. Nous pouvons opposer l'instinct à la conscience. Des

phénomènes simples de l'irritabilité aux phénomènes de

la conscience, la chaîne est progressivement plus com-

plexe ; il ne s'ensuit pas que l'irritabilité du protoplasma

et la conscience soient deux phénomènes identiques.

Un phénomène peut apparaître comme un fait nouveau

sans que la théorie de l'évolution soit infirmée. Lorsqu'il

s'agit d'évolution ontogénique qui reproduit, transformée

par accélération, l'évolution phylogénique, on observe

l'apparition quasi soudaine de certains faits. L'obser-

vation de l'enfant en révèle de fréquents exemples. La

. conscience apparaît de cette manière ; pour être rapide

dans l'ontogenèse, sa formation n'en a pas moins été

très lente dans laphylogenèse. L'illusion de la conscience

aux stades inférieurs de la vie humaine est produite par

l'oubli de la grande loi de Fritz Müller. On peut donc être

évolutionniste et admettre la possibilité de faits nou-

veaux dans la complication croissante des phénomènes

biologiques. Ceci établi, passons à l'étude des signes

positifs de la conscience et de l'époque de leur apparition

dans l'évolution ontogénique.

IL Lorsqu'on enlève à un animal les parties supérieu-

res de son cerveau (1), il est dans un état d'indifférence

psychique absolue. Non seulement l'affectivité n'existe

plus, mais les objets considérés en eux-mêmes ne font

(1) L'opération a été pratiquée par Gollz, en 1889-189J, sur trois

chiens, dont l'un a vécu dix-huit mois sans ses hémisphères. Toute

la corlicalité était enlevée, sauf la circonvolution de l'incus dans

la région temporale qui fuL conservée pour garantir des dégéné-

rescences le nerf optique. Toutes les parties sousjacenLcs furent

conservées. Voir : Got.uz. ler Ilund ohne Grosshiru.A l'ch.f.d. gesam.

Physiol., Xi, Cf : Edinger. Ueher die Bcdculung der lIirn-

rinde im Anschlusse an den Bericht liber die Untersuchung cines

Ilundes, dem Prof. Goltz das ganzeYorderhirn enlfcrnL liabe. Aus.

d. Verdhandl. d. Congrès f. inn. medicin, XII, 1893 ; et II. Munk.

Ueber den Hund olme Grosshirn, b'erhandl. der. physiol. Gesellsch.

pi l3erlm, Jahrg1893-4, 20 avril z4. Nous n'avons pu nous procu-

rer ce dernier travail dont nous avons eu connaissance par l'art.

Cerveau de M. J. Soury in Dictionnaire de Physiologie de Cli. Ri-

elle,[, L. II, p. 793.

282 PSYCHOLOGIE.

plus partie du système des corps en relation de dépen-

dance avec son propre corps. Les objets sont provoca-

teurs de réflexes, l'animal les voit puisqu'il se dirige

parmi eux, puisqu'ils peuvent l'exciter directement,mais

ils ne sont pas représentés ; la combinaison des images

ne s'accomplit pas, le moteur interne n'existe plus.

Chez l'homme, où les ablations chirurgicales sont rares

et jamais complètes, nous pouvons observer que des

troubles partiels de la connaissance sont attachés ,à des

traumatismes partiels de la corticalité. Dans les mala-

dies où le cortex est plus ou moins complètement atteint,

dans la paralysie générale par exemple, la destruction

des territoires de l'écorce amène la désagrégation de la

conscience ; au point de vue anatomique, cette maladie

est caractérisée par une atrophie généralisée du cerveau.

L'écorce est amincie, les circonvolutions sont - aplaties

surtout dans la zone frontale et pariétale. Les cellules

qui se trouvent dans les régions atrophiées ont perdu

leurs riches arborisations, elles sont comme ébranchées,

leurs contours sont arrondis, leur volume total est dimi-

nué, leur aspect est granuleux. Leur nombre est consi-

dérablement moindre et les couches qu'elles forment

dans l'écorce sont confondues (1).

Les altérations de la conscience liées à ces troubles

organiques sont analogues à ceux observés chez le chien

décérébré. C'est l'indifférence affective, c'est la perte de

la notion de rapport entre les objets. Les objets que le

malade employait couramment sont usités à contre-sens,

il commet toutes sortes d'anomalies dans sa tenue, dans

sa conduite familiale et sociale ; « le malade devient un

tout autre personnage sans qu'il s'en aperçoive » (Schule).

« Sous ce rapport, ajoute Krafft Ebing, le premier et le

plus important phénomène qui se présente, c'est l'obnu-

bilation de la conscience, un état crépusculaire de l'es-

(1) Cette confusion des couches de cellules paraît être des plus

importantes au point de vue de la pathologie mentale. Elle accom-

pagne toujours les transformations pathologiques de la cellule elle-

même. Ainsi dans un cas de ramollissement sons-cortical ayant

amené la surdité verbale, la substance corticale qui recouvrait le

foyer de ramollissement présentait cette confusion caractéristique.

(G. 13c,r,·r. Un cas de surdité verbale par lésion sus-nucléaire

Revue Neurologique, 1903, p. 685-688).

LES PHÉNOMÈNES DE CONSCIENCE DANS L'ONTOGENESE. 283

prit qui, au début, permet encore souvent une lucidité

temporaire, mais qui déjà, ce stade, va épisodiquement

jusqu la suppression du sentiment de soi-même et

rompt ainsi la continuité de l'existence psychique » (1).

Ces preuves, choisies parmi les plus typiques, démon-

trent que l'absence de corticalité, spécialement des zones

pariétales et frontales, entraîne la perte de conscience.

Nous devons nous demander si l'existence de ces

mêmes régions entraîne forcément la connaissance du

moi. La démonstration est ici plus délicate, car nous ne

pouvons pas réaliser la néoformation des hémisphères

chez un individu qui n'en possède pas et observer corré-

lativement l'apparition de la conscience. Nous pour-

rions bien prendre l'exemple des enfants, mais nous

tomberions dans un cercle vicieux puisqu'il faut démon-

trer que, chez l'enfant, lorsqu'il y a cerveau, il y a cons-

cience. L'anatomie comparée vient ici à notre aide.

Joannes Millier a démontré que le volume des hémis-

phères cérébraux augmente en fonction de la diminu-

tion des ganglions de la base, à mesure que les fonctions

- psychiques se perfectionnent dans les différentes espè-

ces. Cette corrélation a encore été étendue par Mey-

nert (2) aux rapports entre la base et le sommet des

pédoncules cérébraux. Les voies conductrices afférentes

aux centres supérieurs augmentent proportionnellement

à la diminution des voies conductrices qui sont en rap-

port avec les ganglions de la base. En résumé, la cons-

cience se développe dans la série animale, en fonction

du cortex et des voies directes qui le desservent.

Lorsqu'on fait l'étude anatomique, si je puis dire, de la

démence, on arrive à des conclusions moins nettes, et des

auteurs tels que Meynert confessent que l'atrophie des

zones corticales chez les déments n'est que souvent en

rapport avec l'aliénation. Les exceptions apparentes à la

théorie que nous exposons ne la détruisent en rien. Lors-

que les démences ont des caractères anatomiques connus,

on observe toujours qu'ils impliquent une désagrégation

(1) KIIAFFT-EDING. Traité clinique de Psychiatrie. Trad. franc.,

Laurent, Paris 1897, p. G65.

(2) Meynert. -Rapportà la séance de l'Académie de Vienne, LX,

sept. 1869. '

284 PSYCHOLOGIE.

de la conscience. Mais qui dira où commence et finit

l'homme raisonnable, qui fixera la part réservée aux

troubles microscopiques et aux troubles macroscopiques

dans les altérations de la mentalité ?

III. L'activité consciente qui nécessite l'intégrité de la

corticalité apparaît chez l'enfant avec le complet déve-

loppement des centres supérieurs. Mais avant que ce dé-

veloppement soit définitif, le cerveau se forme progres-

sivement. Il y a toute une période d'évolution ana-

tomique pendant laquelle la conscience se développe

parallèlement. Cette période d'évolution est longue ; les

psychologues l'ont bien observée et l'on peut dire qu'elle

constitue la psychologie entière de l'enfant. En effet,

le caractère de l'étude de l'enfant est d'être celle d'une

période de formation. Au sommet de cette ascension vers

la conscience claire, est l'homme adulte, au bas se trouve

l'être purement réflexe, embryon, foetus, nouveau-né.

Ce qu'il convient de fixer, c'est donc la limite inférieure

de l'activité consciente, le moment où le cerveau, muni

de son écorce, en relation avec tout le névraxe, entre

en activité.

Deux procédés nous sont offerts. C'est d'abord l'ana-

tomie de cet organe étudiée aux divers moments de la vie

du nouveau-né, et ensuite sa physiologie, c'est-à-dire les

modalités de l'activité générale où nous pouvons déceler

son action.

Au moment de la naissance, la morphologie du cer-

veau est telle, que l'on est en droit de supposer cet or-

gane en état de fonctionner. Toutes les circonvolutions

sont formées, distinctes les unes des autres, sauf celles

de la région frontale où se trouvent le centre des récen-

tes acquisitions phylogéniques, le langage articulé et l'é-

criture (1). Un mois après la naissance, le cerveau est,

toute proportion gardée, complètement développé, mais

son anatomie fine décèle de telles lacunes que toute acti-

vité fonctionnelle doit lui être refusée « les lobes céré-

braux de l'enfant nouveau-né tiennent le juste milieu

(1) Voir 1\1. IL-C. GORDINIEII. - Americart Journal of the médical

science, 1903, p. 490-503, pour un l'ait récent sur celle localisation.

LES PHÉNOMÈNES DE CONSCIENCE DANS L'ONTOGENÈSE. 285

entre ceux du chimpanzé et ceux de l'homme adulte » (1);

il ne faut pas en conclure que le nouveau-né est psycho-

logiquement plus développé que les anthropoïdes. L'ar-

senal de pensée des singes, aussi pauvre soit-il, est uti-

lisable. Le cerveau de cet animal est, histologiquement,

en état de fonctionner ; des voies afférentes et eflerentes

s'y rattachent.

Chez l'enfant à la naissance, les voies des zones de la

sensibilité spéciale ne sont pas constituées. Il ne peut y

avoir de conscience du corps en l'absence de faisceaux

moteurs, car notre conception toute schématique de la

division du travail nerveux en énergie de sensation et

énergie de motilité est fondée sur quelques phénomènes

de dissociation, mais non sur la connaissance de la na-

ture de l'influx nerveux. Et,d'autre part, en faisant appel-

aux expériences des individus décérébrés dont il va être

question plus loin, l'individu qui a conservé la sensibi-

lité thermique et algique (celles que nous sommes en

droit d'accorder aux enfants très jeunes) ne connaît plus

coenesthésiquement le membre intéressé. Il est donc lo-

gique de refuser une sensibilité représentative en l'ab-

sence de localisation dans le temps (mémoire) et dans

l'espace. Nous ne nous trouvons qu'en présence d'un ré-

flexe cortical. Or, les fibres d'association qui font com-

muniquer les régions homologues des deux hémisphères

ainsi que les cellules des mêmes couches ou des couches

voisines ne se myélinisent que dans l'ordre suivant : au

deuxième mois, apparaissent des fibres « qui partent des

centres sensitifs pour se développer dans les parties en-

vironnantes et s'y perdre » (2), ce qui n'implique aucune

connexion réelle. L'union des centres d'association « ne

devient évidente que plusieurs mois après la naissance et

même plus tard encore » (3). On est donc fort étonné qu'un

esprit comme Flechsig ait pu supposer que les relations

partielles établies dans le cerveau du foetus à terme puis-

sent conférer une perception unique du corps. Pour qu'il

(1) YON DER Kolk et YROLIK, d'après Ch. Bastiax. - Le cerveau,

organe de la pensée. Bihl. illtcrn. Paris, vol. II, p. 12.

(2) P. FLECHSIG. - Etudes sur le cerveau. 1'rad. Li·vi, Paris,

18P8, p. 79.

(3) Ibid., p. 80.

286 PSYCHOLOGIE.

y ait perception, c'est-à-dire conscience à un degré quel-

conque, il faut que l'organe entier soit en état de fonc-

tionner. Cette période de la vie correspond assez exac-

tement à la genèse des réflexes corticaux, antérieurs

aux réflexes volontaires, et postérieurs aux réflexes

proprement dits ayant leur centre dans les parties in-

férieures du névraxe (Munk). Encore Flechsig a-t-il

soin de limiter la conscience des nouveau-nés à la per-

ception unique du corps (1), car les voies conductrices ne

s'anastomosent pas avec le cerveau et les éléments his-

tologiques du cortex n'ont pas atteint leur développe-

ment nécessaire. Les voies scnsitives sont, il est vrai,

myélinisées dès le huitième mois, elles vont de la péri-

phérie aux ganglions et à l'écorce (2). Parmi elles, les

voies conductrices des sensations organiques paraissent

les premières, puis viennent celles des sensations spé-

ciales dans l'ordre suivant : odorat (3), vision (Il), audi-

tion (5). Mais aucune voie motrice n'est développée à la

naissance. Il faut attendre la seconde ou la troisième

semaine de la vie extra-utérine pour trouver des fibres

motrices en voie de myélinisation. Ce n'est d'ailleurs

que le commencement de cette formation histologiquc

qui paraît indispensable à la propagation de l'influx

nerveux. C'est donc au plus tôt dans la seconde semaine

que l'on peut anatomiquement parler de processus cons-

cients. Nous verrons dans l'étude physiologique que

cette myélinisation précoce est insuffisante pour per-

mettre à un acte volontaire de se produire. Il faut, dans

l'état actuel de nos conceptions sur la conscience, que les

réactions spéciales, locales, soient associées. Grâce à ce

fait, nous pouvons avoir un critère certain du moment

où l'organe de la conscience entre en fonction. Nous

devons toutefois observer que les fonctions ne s'établis-

sent pas subitement dans l'organisme en voie de cons-

truction. Un mouvement nouveau par exemple ne s'ac-

(1) P. 1 LECIIS1G. - Etudes sur le cerveau. Trad. franc ? de L. Lévi,

Paris 1898, p. 76-77. '

(21 P. Flechsig. - Etudes sur le cerveau. Trad. franc ? de L.

Lévi, Paris 1898, p. G2-G3 ; cf. p. 64.

1 (3) Ibid., p. G5-67-70.

(4) Ibid., p. 65-66-67-68-70.

(5) Ibid., p. 65-68-71.

LES PHENOMENES DE CONSCIENCE'DANS L'ONTOGENESE. 287

quiert pas avec la soudaineté du premier tour de roue

d'une machine. Il y a des essais, des tâtonnements dus

au hasard (ou scmble-t-il ainsi), puis les répétitions de

plus en plus fréquentes et enfin l'acquisition définitive.

Les excitants nouveaux et nombreux qui frappent et

éveillent les sens à la naissance amènent des réactions

ou fonctions qui mettent l'organe nouveau, le cerveau

en état de fonctionner. Les an encéphales ont souvent une

gestation plus longue que les individus normaux et la

myélinisation n'est pas plus avancée que celle des indi-

vidus dont la période embryonnaire n'est pas prolongée;

d'autre part, les prématurés commencent leur myélinisa-

tion dès qu'ils viennent au monde. Nous sommes donc

obligés, en fixant la limite inférieure, de laisser toujours

un moment imprécis qui variera pour chaque sujet dans

l'acquisition du mouvement qui va servir de critérium.

Lorsqu'on enlève à un individu atteint d'épilepsie

jacksonnienne la zone lésée de l'écorce cérébrale, on

enlève, avec le mal, l'activité volontaire du membre

correspondant. Le professeur Marinesco (1) a fait con-

naître le cas de deux jeunes gens auxquels on avait

enlevé à l'un l'écorce cérébrale au niveau du centre du

membre supérieur gauche, au second, les centres des

mouvements de la face et des membres supérieurs et

inférieurs gauches. Respectivement, neuf mois et un an

après l'opération, les sujets pouvaient se servir de leurs

membres, mais ils n'avaient plus le pouvoir d'exécuter

certains mouvements délicats, ceux mêmes qui sont ré-

cemment acquis dans l'évolution phylogénique. Ils ne

pouvaient pas faire de mouvements isolés de la main, la

flexion entraînait 1 adduction des doigts et l'extension

produisait l'abduction. Les mouvements d'extension

étaient moins aisés que ceux de la flexion. Le contraire

se produisait dans le membre inférieur chez le sujet

opéré du centre correspondant. Le pouce n'était plus

opposable. La préhension était troublée au point que

les petits objets étaient très difficilement pris et que le

malade le plus atteint ne pouvait réalaser cet acte.

(1) D' G. MARIiOESCO. - Contribution il l'étude du mécanisme des

mouvements volontaires et des fonctions du faisceau pyramidal.

(Sv",aiue médicale, 7 oclobre 1903, p. 325-329.)

288 PSYCHOLOGIE.

Les objets plus gros, tel qu'un porte-plume, étaient

tenus entre le pouce et l'index sans opposition et, chez le

deuxième sujet, dans cet acte, tous les doigts de la main

devaient intervenir, se repliant sur le pouce et l'objet.

Si l'objet n'est pas tenu entre le pouce et l'index, cas

le plus rare, il-est placé entre deux doigts consécutifs.

Or, les nombreuses observations faites sur le jeune

enfant par Preyer (1), Strümhell (2), Marinesco (3),

par moi-même sur un enfant observé quotidiennement

et sur des groupes d'enfants, il ressort que les attitudes

sont les mêmes chez les enfants en bas âge que chez

l'individu il qui manque l'écorce cérébrale. Le phéno-

mène du jambier antérieur est aussi constant. Lors-

qu'on fait fléchir la jambe sur la cuisse avec un léger

effort, on constate que la contraction du jambier anté-

rieur produit « un mouvement associé involontaire con-

sistant dans l'élévation du bord interne du pied et la

rotation en dedans de la plante du pied ». Le phénomène

primitivement observé dans les cas d'hémiplégies orga-

niques ou cérébrales est imputé par les auteurs à des

lésions du faisceau pyramidal. Tout en considérant cette

interprétation comme exacte, nous disons que l'absence

d'écorce cérébrale peut, comme les troubles des voies

conductrices, produire le phénomène de Strümpell.

L'exemple de jacksonniens opérés en est la preuve. Une

fois de plus, nous considérons comme indissoluble l'acti-

vité fonctionnelle de l'écorce rolandique et des voies

nerveuses qui s'y rattachent. Le phénomène du jam-

hicr antérieur n'est pas dû, comme on pourrait le sup-

poser, à des troubles secondaires du faisceau pyramidal,

puisque ce même faisceau conduit normalement les mou-

vements commandés par les parties voisines saines de

l'écorce (4).

(1) Preyer. L'âme de l'enfant. Trad. de Varigny. Paris, 1837,

p. 85, 187, 203, sq.

(2) Strûmpell. Ueber das Tibinlisphànomen und verwandte

Muskelsynorgien bci spastischen l'arescn. Deutsche leitsctt. f. Ne".

venheilk 1901, XX, 1, 5, 6. ; Cf. Pierre Maiue et O.CnouzoN. Le phé.

nomcno du jambier antérieur (phénomène de Stl'111111)clI). (Revue

Neurologique, 1903, p. 729, 730.) -

(3) MAniNHSCO. .Loc. cit., p. 329.

(4) M. Marinesco a récemment démontré l'exactitude de celte

LES PHÉNOMÈNES DE CONSCIENCE DANS L'ONTOGENÈSE. 280

Au point de vue de la préhension, si nous nous rappor-

tons à l'ouvrage classique de Preyer, nous trouvons

qu'au quatre-vingt-quatrième jour l'enfant étreint par

hasard et sans volonté (1). Au cent dix-septième jour, la

volonté apparaît sous forme d'attention, de fixation de

l'objet en même temps qu'un essai malhabile de saisir

l'objet. A la vingt-deuxième semaine, le mode de pré-

hension du jeune enfant est à peu près analogue à celui

du deuxième opéré de Marinesco : «... La préhension est

encore imparfaite en ce que les quatre doigts n'opèrent

pas tous simultanément avec le pouce. Quand 1,'enfant

voit un objet qu'il désire, il étend en général tous les

doigts des deux mains, en allongeant les bras. Mais

quand ila saisi le crayon ou mon doigt il se trouve sou-

vent que le pouce et un doigt seulement se sont repliés ;

d'autres fois le plus souvent, il y a deux, trois ou quatre

doigts. Parfois le pouce ne prend aucune part à l'acte de

la préhension » (2). A dix mois, les mouvements sont

adaptés à tel point que le jeune enfant de Preyer tenait

hypothèse. Ce qu'il dit du réflexe de Babinski est aussi exact du

signe de Strumpctt.

« L'existence de pareils faits démontrerait d'autre part que c'est

plutôt à un trouble fonctionnel, suite d'une lésion organique du

cerveau, la lésion elle-même du faisceau pyramidal, qu'il fau-

drait rapporter le phénomène de Babinski. Ce qui me confirme

dam cette manière de voir, c'esl qu'il y des paraplégies ou des

hémiplégies accompagnées du signe de Babinski, et où ce signe a

disparu avec la guérison ». (Marinesco : Eludes sur le phénomène

des orteils. Revue Neurologique, 1903, p. 493.) -

« Toutes les fois que le signe de l3altinski : tltl>nr : al au cours d'une

lésion organique du faisceau pyramidal, il n'est pas dû à la lésion

même, niais à l'entrave fonctionnelle des antagonistes des orteils.

Aussi la lésion organique du faisceau pyramidal n'est pas indispen-

sable, pas même nécessaire ; ce trouble fonctionnel peut être réalisé

par intoxication par le chloroforme, parla diminution de l'innerva-

tion volontaire des fléchisseurs, comme cela arrive dans le som-

meil, ou bien par la prédominance de l'innervation cotticale des

extenseurs, éventualité qui se produit chez le nouveau-né » (Muu-

XESCO. Sur deux cas do paralysie uasque, etc. Revue Neurologique,

191, p. 210.)

« Le phénomène des orteils ne doit pas être considéré comme

l'expression immédiate d'une lésion matérielle du faisceau pyrami-

dal, mais qu'il résulte d'un trouble fonctionnel de ce faisceau. »

(I\RIXESCO, ibidem, p. 120. Revue Neurologique, 1901.)

(1) l'ttr : 1'Fit. -L'ân : e de l'etafant. p 2,4 et 99.)' ·

(2) Prêter. L'âme de l'enfant, p. 206.

Archives, 2° série 1905, t. XX. 19

290 PSYCHOLOGIE .

à la main un cheveu qu'il avait ramassé lui-même 'et le '

passait d'une main l'autre (1). Au pointde vue des mou-

vements de locomotion, 'c'est vers la 'même époque que

le réflexe de la marche se transforme en mouvements

volontaires et conscients. 13aldin note ce réflexe comme

douteux au huitième mois. Au neuvième, il devient évi-

dent (2).

Les troubles que nous observons chez les Jacksonnicns

opérés peuvent se retrouver, moins nets il est vrai,

dans des cas de troubles organiques du faisceau pyra-

midal. L'organe central, le seul qui nous intéresse à pré-

sent, pourrait être en état de fonctionner chez l'enfant

et les voies conductrices faire seulcs'défaut. Mais- si nous

faisons appel aux précédentes- observations sur la myé-

linisation du cerveau et de la moelle.nous pouvons affir-

mer que ces deux régions du névraxe ayant une forma-

tion analogue dans le temps, ce qui est exact pour l'un

l'est aussi pour l'autre. ,

La'valeur des expériences de Marinesco pour notre

conception de la conscience est accrue par les troubles

de perception que l'on observe chez les deux sujets. La

sensibilité tactile est fortement diminuée, le sens stéréo-

gnostique est ! perdu, de même que la perception des

mouvements passifs et actifs des membres. Le sujet loca-

lise très mal. Si, au lieu d'une perte de substance relati-

vement minime et unilatérale, on avait une absence to-

tale du cortex, on peut imaginer dans quel marasme

psychique serait l'individu. Seules, les sensations ther-

mique ou algique sont conservées, le tableau des

perceptions est conforme à celui que nous fournit l'ob-

servation de l'enfant et du foetus. 'Réactions au chaud et

au froid, réaction à la douleur, mais pas de connaissance

du monde extérieur et de lui-même en l'absence d'élé-

ments anatomiques nécessaires.

Enfin, nous avons réservé un caractère spécial des

troubles observés chez nos Jacksonnicns opérés pour le

rapprocher des caractères de la motilité chez les nou-

veau-nés. 11 s'agit de l'hypcrtonicité des muscles, de la

(1) Preyer. L'âme de l'enfant, p. 210.

(2) 13.Lnwm.-L'évolution clte; l'enfant et dans la race. Trad. fran-

çaise, Paris, 1897, p. 74-75.

LES PHÉNOMÈNES DE CONSCIENCE DANS L'ONTOGENESE. 291

rigidité des articulations et de l'aspect spasmodique de

quelques mouvements ; jusqu'au .cinquième et sixième

mois, époque de la fin de la myélinisation, les enfants, ont

des mouvements spasmodiques des membres et de la face

et une contracture généralisée de tout le corps. Rappro- - z

citons encore ce fait de la transformation du réflexe,des

orteils de l'extension en flexion, chez les jeunes en-

fants vers cinq ou six mois et nous pourrons affirmer

que les centres et les voies des mouvements volontaires,

cortex et faisceau pyramidal, sont, à celte époque, et seu-

lement à partir de cette époque, en état .de fonctionner

chez l'enfant (1).

IV. Entre l'époque de la naissance et celle du dévelop-

pement anatomique suffisant du cerveau (cinquième

mois environ), il se produit des réactions vitales dont le

caractère évolutif est marqué par la coordination et l'u-

nification. Ces réactions préparent les voies de la cons-

cience, mais ne doivent pas être confondues avec elle.

Les organes que l'enfant possède à la naissance sont suf-

fisants pour lui assurer la vie autonome. Il possède un

cerveau dont les circonvolutions bien marquées ne feront

que se caractériser en croissant. De plus, les cellules qui

composent le cortex sont en nombre égal il ce qu'elles

seront toute la vie ; leur pouvoir, reproducteur s'est ar-

rêté dès la période embryonnaire. Cependant ces faits

sont insuffisants pour affirmer qu'à la naissance l'enfant

ait une conscience, même crépusculaire. Nous possédons,

dans des expériences réalisées par la nature : l'observa-

tion d'enfants nés sans cerveau et présentant les mêmes

(1)Nous avons noté plus haut '111("ehez les deux sujets, de M. Ma-

riucxo, en l'absence de cortex, on observait la peiteide la flexion

et l'apparition des mouvement* d'extension du membre inférieur.

Voir : Axnnu LÉni : Les réflexes des orteils chez les enfants. (Re-

vue neurologique, 30 juillet, 1903, p. 689-GU2.) La moyenne est l'aile

Il après 1 observation de 116 enfants. Il est signalé des cas exception-

uels où, comme dans le cas ci le par Darwin (Preyer : L'âme de

l'enfant, p. 187), le fléchissement des orteils est prématuré. « Le Sl'p-

tième jour, dit je louchai la plante du pied à Doddy, avec

un morceau de papier ; il retira vivement son pied et en même temps

il recourba ses orleilscommc le fait un enfant, beaucoup plus âgé

quand on le chatouille. » Cité par G. Compayré. L'évolution intellec-

tuelle et morale de l'enfant, 3° édit. Paris, 1903, p. 31.

292 PSYCHOLOGIE

réactions physiologiques que le nouveau-né normal (1).

Lorsque la moelle épinière existe seule, on observe des

mouvements musculaires, mais les fonctions végétatives

ne sont point accomplies. L'enfant ne se nourrit pas et

ne respire pas (abois, Hubbard) (2). En somme, leur

existence ne se poursuit pas hors de l'utérus. Ce fait a

permis à MM. Léri et Vurpasde compléter, au moyen de

la physiologie, la classification anatomique de Geoffroy

Saint-Hilaire (3;. Lorsque lebulbe existe, les fonctions se

compliquent, on observe des vagissements et des cris, la

respiration, la succion, la déglutition', la défécation, les

mouvements relativement étendus, les uns spontanés,

les autres en réponse aux excitations périphériques, les

mouvements de défense, la thermogenèse, l'alternance

entre les états de veille et de sommeil (1). Toutes ces

(1) Les travaux épars dans la littérature scientifique ont été re-

cueillis par M.IeD° Henri DEFLnuRiAN (L'anencéphale et ses réactions

vitales. Tlièse de médecine de Bordeauv, 1903). Nous citerons comme

présentant le plus grand intérêt les observations rapportées par

PREYER. (Physiologie spéciale de l'ent5r i. Trad. franc;. Il° VieL 1).

434, s. qq). L'âme de reniant. Trad. franc, de Varigny p. 451) et

l'importante monographie de MM. N. Vasciiide et CI. Vonras, in

Essai surla psychologie des monstres humains. Paris, d., pp 21 à 113

avec figures).

(2)Le foelus ancncéphalc de Duhois vint au monde 'comme une

niasse de matière vivante, mais non comme un organisme vivanl.

« L'enfant, dit-il, a exécuté quelques mouvements des membres in.

crieurs et supérieurs. Il n'a point fait une seule inspiration, mais

les battements du coeur ont duré deux heures au moins ». L'obser-

vation de M. Hubbard est semblable en fait. « L'enfant, dit-il, se lrome

être un monstre anencéphalc, ses membres eurent des mouvements

spasmodiques et son coeur battit fortement et. régulièrement peu-

dant vingt minutes après la coupure du cordon, mais il ne respira

pas ». Rapporté par II. de Fleurian, Lo. cit., pp. 20 et 23.

(3) A. Leri et CI. VuRpAS. Contribution il la classification des

monstres anencépbatiques. Rôle physiologique du bulbe chez ces

monstres. Commun, faite au Congrès des médecins aliénistes. Bru-

xelles, 1903.

(4) « Il est difficile d'émettre une opinion ferme sur la question

du sommeil, disent MM. Yasehide et Vin-pas L'altitude était sensi-

blement la même le jour et la nuit. A peine pouvait-on constater une 1

diminution très légère dans les phénomènes moteurs pendant la

nuit. » La différence parait entièrement altribuablc aux change-

ments que subit le milieu excitateur lui-même. 11 n'en est pas au-

trement chez le nouveau-né normal où l'on ne peut guère différen-

oer les états de veille des états de sommeil. 11 y a des oscillations

de l'activité motrice que l'évolution ontogénique et l'éducation cr-

LES PHÉNOMÈNES DE CONSCIENCE DANS L'ONTOGENÈSE. 293

activités biologiques permettent à l'enfant de vivre

des heures et des jours (1).

Les observations des neurologistes sur les anencépha-

les ne sont certainement pas rares, mais bien que la vie

de ces êtres soit très brève et que leur activité soit rudi-

mentaire, nous ne possédons qu'une seule observation

complète, où les réactions vitales soient soigneusement no -

téeset mises en parallèle avec l'étude post-mortem duné-

vraxe, c'est la relation deMM. Vaschide et Vurlws( ? ). Ce-

pendant, ces auteurs ont soulevé des problèmes, et bien

. que leurs conclusions soient prudemmentinterrogatives,

nous estimons qu'il est nécessaire d'y insister. Ils ont le

tort, à notre avis, de parler d'activité psycho-pliysiologi-

que chez un individu anencéphale. Il est regrettable aussi

qu'ils aient considéré comme une même source d'activité

nerveuse toutes les régions du cerveau.

Cet anencéphale estné après dix mois de gestation; son

corps, sauf la tête, était normalement conformé. Il exis-

tait toutefois une légère différence au point de vue de leur

grosseur entre les deux moitiés du corps. Au-dessus des

yeux très exorbités, le front n'existait pas ; à la place du

crâne se trouvait « une tumeur rouge, bosselée, mollasse,

bourgeonnante, couverte de croûtes, présentant à sa base

un sillon profond, qui lui forme un vrai pédicule. On re-

marque que cette tumeur n'est animée d'aucun mouve-

donnent. Il est bien prématuré de baser une théorie du sommeil,

comme phénomène psychologique, sur ces faits.

(1) Maximum 20,jours(observation Durante, Bull. Soc. anat. Paris,

1847, cité par de rlcurian); en moyenne, quelques heures seulement l

M. SolovLzoff a étudié un anencéphale qui vécut un mois et vingt L

jours, mais il ne semble pas que l'anencéphale soit primaire. L hy-

drocéphalie a pu se produire progressivement depuis la période em-

bryonnaire. A ce point de vue la,l'observation a une grande valeur,

car, malgré la durée relativement longue de son existence, le sujet

n'ayant pas de faisceau pyramidal qui implique une absencedecor-

tex, c'est donc grâce aux ganglions cérébraux que la vie peut se

maintenir chez les anencéphales.

(2) X. YASCIIIDC et Cl. VUKPAS. Essai sur la psycho-physiologie

des monstres hun : aius.l'aris,s d. pp. 21 à 113,avec fiâ.Ou'il mosoit per-

mis de remercier ici M. le D' Vurpas, auteur de ce travail, pour sa

complaisance il reprendre devant moi l'étude des préparations du

système nerveux de son anencéphale.

294 PSYCHOLOGIE.

ment d'expansion..., » (1). Le reste du système nerveux

« se compose simplement de la moelle avec ses ganglions

rachidiens, du bulbe, de la protubérance, moins les pédon-

cules cérébelleux moyens et de rudiments des tubercules

quadrijumeaux. Au-delà, on voit un tissu scléreux adhé-

rent aux méninges de façon à ne former avec elles qu'une

seule membrane absolument indivise. A la partie mo-

yenne de la base du crâne, on délimite assez bien la selle

turcique » (2).

Les réactions vitales de ce nouveau-né étaient il peu

près identiques à celles du nouveau-né normal. Il avait

la respiration du type Cheyne-Stokes. Chez l'enfant nor-

mal, il en est à peu près de même. x Chez le nouveau-né,

la respiration est tantôt violente, tantôt faible, entre-

coupée de pauses et d'arrêts, puis rythmique, puis en-

suite tantôt profonde, tantôt légère ; ce n'est que lente-

ment que s'établit le type respiratoire qui prédomine

plus tard » (3). J'ai noté moi-même le rythme respiratoire

chez mon enfant il sa naissance. Au deuxième jour, je

constatai des améliorations dans cette fonction surtout

lorsqu'il criait. Pendant cet acte, le nouveau-né utilise

accidentellement les deux temps de la respiration. C'est

donc en suivant l'évolution du cri que j'ai pu observer

une rapide amélioration du rythme respiratoire. C'est ce-

pendant beaucoup plus tard que la respiration seule

devient tout à fait régulière. Preyer parle du vingtième

mois. Pour ma part, je l'ai observée pendant le sommeil,

au trois cent cinquantième jour. A cette époque corres-

pondait un notable accroissement de l'activité mentale.

Comme chez le nouveau-né normal, la sensibilité tactile

existe chez l'encéphale. « La sensibilité à la douleur exis-

tait également. Des piqûres aux pieds, aux jambes, au

ventre, au niveau du nez, amenaient des mouvements de

défense,qui montraient que l'impression n'était pas restée

sans résultat (4). » Les mouvements de défense dont par-

(1) N. DE et CI. YunpAS. Essai sur la psycho-physiologie

des monstres humains, p. 23.

(2) Ibid., p. 27 et 28.

(3) Preyer. - L'cime de V enfant. Trad. franc;. Paris, 1887, p. 181.

(4) N. Vasciiide et CI. 1'clnr.vs. - Essai sur I-t psycho-physiologie

des monstres humains, p. 3 ?

LES PHÉNOMÈNES DE CONSCIENCE DANS L'ONTOGENÈSE. 295

lent les auteurs, étaient « associés, coordonnés et sem-

blaienL converger vers un but » (1).

Les mouvements de succion se montraient dès que la

tétine d'un biberon touchait les lèvres et « lorsqu'on lui

offrait de l'eau sucrée avec une cuillère, l'enfant avait des

mouvements de lèvres pour empêcher l'issue du liquide

en dehors de la cavité buccale » (2 ? Dans les cas d'a-

nencéphalie observés par Arnold, Sabrazès et Ubry, la

même adaptation des mouvements s'est montrée.

Il est évident qu'au premier abord, ces mouvements

associés, en l'absence du cerveau, peuvent surprendre. La

raison en est dans la tendance au simplisme de notre es-

prit. Nous sommes accoutumés à considérer l'individu

comme un être à cerveau, et lorsque cet organe manque

nous sommes portés à juger l'anencéphale comme nous

jugerions un être normal. L'anencéphale n'a ni cerveau,

ni voies pyramidales, mais il possède des systèmes de

fibres qui peuvent assurer un fonctionnement syner-

gigue. .

Dans toutle bulbe et la protubérance de l'anencéphale,

on note l'absence de faisceau pyramidal. Il en est d'ail-

leurs ainsi jusqu'au bas de la moelle, mais, dans la région

cervicale, tous les autres faisceaux existent et en outre

les faisceaux sensitifs, le faisceau fondamental antérieur

et les fibres courtes d'associations motrices et sensitives.

Le rôle du faisceau fondamental antérieur doit être rappelé

ici, car il apparaît comme très important en l'absence du

faisceau pyramidal dont l'activité physiologique voile,

chez le sujctnormal,son activité propre (3). «C'est un fais-

ceauimportantdans l'organisa lion interne du[système ner-

veux central;il existe également très développé dansla série

des vertébrés et ses fibres s'entourentd'unc gaine de myé-

(1) N. Vasciiide et CI,. Vitras : Loc. cit., p. 39.

(2) Ibid., p. 40.

(3) Solovtzoff. (Des difformités congénitales du système ner-

veux central. Nlle leonobr. de la Salpètl'ière, 1808, p 308) a signalé

chez les nombreux ancneéphales qu'il a étudiés une absence col-

plète I)YI.1 11) il] iis une présence constante du fais-

ceau fondamental du cordon anlérolalél'al et des cordons posté-

rieurs.

29G PSYCHOLOGIE.

line à une époque peu avancée du développement gan-

glionnaire » (1).

Küllilier en a aussi montré l'importance en indiquant

ses rapports anatomiques avec les noyaux moteurs de

'l'hypoglosse et les cellules d'origine des nerfs moteurs

de l'oeil.Il transmet les impressions qui semblent reçues

par les nerfs rachidiens.De ce faisceau naissent dans la

moelle des fibres en relation avec les faisceaux posté-

rieurs. Il envoie aussi des collatérales aux XIIe VI°, IIle

paires et pourrait agir jusque sur l'oculo-moteur com-

mun (2). D'autre part Spitzka a démontré que ce faisceau

a beaucoup de fibres descendantes.Il met en relation les

lobes optiques avec les nerfs moteurs de l'oeil et les nerfs

des muscles de la tête, ces rapports sont affirmés par

Held, Van Gehuchten, Mahaim (3). -\'on Betcherexv, d'a-

près ses recherches sur les chiens nouveau-nés, est très

affirmatif sur le rôle moteur de ce faisceau.. « On sait,

dit-il, d'une façon certaine que les voies pyramidales ne

sont pas les seuls conducteurs des impulsions motrices :

en effet : 1° après l'ablation totale de la zone corticale

motrice ou après section des pyramidales, les animaux

ne perdent pas définitivement la faculté de marcher, les

troubles primitifs de la motilité s'effacent avec le temps ;

2° la section de la moitié cervicale de la moelle produit de

la paresse de la motilité ; S0 on peut. par l'excitation élec-

trique, démontrer la persistance de l'excitation, dans le

tronc inférieur de la moelle au niveau des cordons anté-

rieurs et delà région ventrale des cordons latéraux, c'est-

à-dire, en somme, dans le faisceau fondamental (4) ». La

moelle est donc suffisamment pourvue de fibres sensiti-

ves et motrices et l'excitation peut bien parvenir aux ra-

cines nerveuses qui sont en état d'intégrité physiologi-

que. Chez l'anencéphale, ce faisceau n'existait que dans

la partie inférieure de la moelle. Mais étant donné sa

constitution défibres courtes, il est légitime de supposer

(1) Van GEIIUCIITEN, cité par WERTHEIMEK. Article Bulbe du

Dict. de Physiologie (le Cli. Ilieliet, p. 292.

(2) D'après 1'mrcmctcn, art. Bulbe. Dictionnaire de Physiologie

de Ch. Biche ! .

(3) Bulletin de l'Académie royale de Belgique, 139 ? p. 427,040.

(4) 13E'I'CllrllE%%'. Voies conductrices du cerveau et de /aH ! 0 ? ? f.

Lyon 1900,X-s4g p., fig.

LES PHÉNOMÈNES DE CONSCIENCE DANS L'ONTOGENÈSE. 297

que son tronçon inférieur constitue une voie conduc-

trice suffisante. D'autant plus que dans la même région

le névraxe entier est en état de fonctionner. « Malgré les

lésions avancées de l'élément cellulaire les racines ner-

veuses ne présentent pas de dégénérescences, ni de lé-

sions manifestes. Ces résultats sont conformes à ceux

de MM. Joffroy et Huchard (1) qui, dans la paralysie in-

fantile, n'ont pas trouvé d'altérations appréciables des

racines antérieures. Remarquons aussi que sur toute

la hauteur du névraxe, la substance grise est sillonnée

par des ramifications fines et délicates de fibrilles ri-

chement arborisées; ne s'agit-il pas là de filaments cylin-

draxiles non altérés, capables peut-être d'un fonction-

nement normal ? (2). Avec un névraxe inférieur, en tel

état, quels sont les mouvements qui peuvent se pro-

duire ? Les recherches expérimentales ne manquent pas

pour nous renseigner, Muller, Remach, Ferrier et Yeo,

Paul Bert et lTaracci, en combattant la théorie des cen-

tres moteurs de la moelle, ont démontré que l'excitation

des racines nerveuses produisait des mouvements syner-

giques. « Chez le singe, l'excitation d'une racine déter-

minée donne lieu à des mouvements parfaitement coor-

donnés (Ferrier et Yeo) ; par exemple, lors de l'excitation

de la première paire thoracique on voit les membres supé-

rieurs accomplir un mouvement approprié à la cueillette

du fruit ; par l'excitation de la sixième paire cervicale,

le bras s'approche de la branche ; de la septième paire,

fait le geste de se redresser en se servant de la main ; de

la huitième enfin il se gratte le substratum anatomique

de la position assise ».

Il résulte de l'observation pathologique qu'une dispo-

sition semblable existe chez l'homme ; plusieurs racines

participent souvent à l'innervation d'un seul et même

muscle (3).

D'autres auteurs qui ont corroboré ces dires ont aussi

(1) Jopfroy et Huchard. - Contribution il l'anatomie pathologi-

que de la paralysie spinale aiguë de l'enfance. (Arch. médec. exph-il1l.,

1" janvier 1889, p. 57.)

(2) N. Vasciiide etc. Vurpas. Essai sur la i 7S)'Cltpt)·St010â te

des monstres humains, p. 1'10. -

(3) Vox BETcIIr : nF.\\'. Xo'es condu trices du cerveau et de la moel-

le. Paris, 1900, p. 178.

298 PSYCHOLOGIE.

démontré que la synergie fonctionnelle était produite par

fcicitalion des centres. Sano est particulièrement affir-

matif il ce sujet. Chaque muscle, dit-il, dans ses conclu-

sions, a son noyau d'innervation distinct » (1). On a même

donné la topographie des centres de la moelle. Les divers

auteurs de ces travaux, sont d'accord sur les localisations,

sauf quelques points de détails. J'admets volontiers que

ces faits ne puissent se rapporter qu'à des individus adul-

tes ; mais toute proportion gardée les éléments anatomi-

ducs analogues doivent produire chez les nouveau-nés

des mouvements de même nature que ceux que l'on ob-

serve chez l'adulte.

Bien qu'atrophiés, les éléments de la moelle normale

existent chez le monstre de M. Vurpas. Si dans son

bulbe on ne rencontre pas de faisceaux moteurs, les fibres

sensitives y sont bien constituées, en rapport avec des

racines des troncs nerveux du moteur oculaire externe

des septième et huitième paires du glosso-pharyngien, du

vago-spinal, de la douzième paire et des nerfs rachidiens

qui apparaissent au bas du bulbe. Les territoires desser-

vis sont donc très étendus. L'activité est fournie aux

principaux organes de vie végétative.

Dans de telles conditions on conçoit aisément la possi-

bilité dés mouvements réflexes. Mais il semble en être

autrement pour les mouvements spontanés due l'expé-

riencc révèle chez les nouveau-nés et les agencé.

phales. Entre ces deux catégories de mouvements il n'est

cependant pas besoin d'invoquer une différence de na-

turc. Un mouvement spontané n'est qu'un réflexe répon-

dant à une excitation interne (2). La nature de l'activité

biologique du foetus démontre bien la prédominance dcs

mouvements spontanés sur les mouvements réflexes.

Cette prédominance va s'atténuant à mesure que l'organis-

me s'adapte aux excitations brutales et continuelles subies

par l'épiderme. Le foetus est donc un être spinal puisque

l'activité du système nerveux médullaire et l'activité des

(1) SANO. Les localisations des fonctions motrices de.la moelle

epiniere. Annales de la Société médico-chirurgicale d'Anvers, An-

vers, 18';)8, Les localisations motrices clans la moelle iomhn-snen'0.

Ibid.

(2) Gf : II. IIoFFDn. Esquisse d'une psychologie fondée sur l'ex-

ré, iCl1ce. Trad. frnne. p. 71, 1[6, 408 si,,

LES PHÉNOMÈNES DE CONSCIENCE DANS L'ONTOGENESE. 299

ganglions rachidiens eu bon état fonctionnel chez l'anen-

céphale assurent la synergie motrice (1). Au moment de

la naissance, le foetus devient un être bulbaire (2). De

nouvelles fonctions entrent enjeu. La respiration se fait

par des voies nouvelles ainsi que la digestion. Le- milieu

externe est subitement changé et agit beaucoup plus

énergiquement que la chaude enveloppe maternelle dans

laquelle le foetus reçoit tous les cléments nutritifs, qui

lui sont nécessaires. Les fonctions végétatives ont des

centres nerveux distincts placés dans le bulbe. Or le

bulbe n'est pas un centre homogène ; il ne gouverne que

les phénomènes élémentaires de la vie hiérarchiquement

au-dessus. des phénomènes spinaux. Les noyaux du bulbe

sont isolés ; cet organe est donc insuffisant pour assurer

la synergie fonctionnelle nécessaire aussitôt après la

naissance. On sait combien, à la. naissance, les phéno-

mènes physiologiques sont désordonnés, mais on sait

aussi combien leur régularité se produit vite. Les cen-

tres régulateurs se trouvent à proximité, immédiatement

au-dessus du bulbe, ce sont très probablement les cou-

ches optiques, « centres réflexes du sens tactile dans

lesquelles les , impressions tactiles mettent instan-

tanément en jeu les mouvements corporels compo-

sés » (3). Enfin dans l'évolution ontogénique comme dans

l'évolution phylogénique nous voyons apparaître au-

dessus des couches optiques les fonctions motrices des

coips striés ; et plus tard, les fonctions de l'écorce.

En résumé l'anencéphale de MM. Vaschide et Vurpas

possédait un bulbe sans ganglions cérébraux. Ces gan-

glions qui, avec le cortex, constituent le cerveau ont dans

1 évolution des fonctions de plus en plus élevées ; or rien

(1) N. Vaschide et CL. Vurpas. - Loc. cit., p. GJ.

z2) Cette iiotioii Li-ès iiiil)oi-liiite ri éexposée par inti. CI. 'tirl)qs

(2) Colle notion très importante acte exposée par M. CI. Yurpns

tlui allllclle les monstres anencéphales capables de vivre quelques

heures, des « bulho-anenecphaliens ». A. Léiu et CI,. Vuupas.

Rôle physiologique du bulbe. Communication faite au Co rgrès des

médecins aliéntstes, Brwelles, 1903.

( : 3) \\'UXD'l'. Eléments de Psychologie physiologique. Vol. I. p.

212. Nous essayons de réduire l'explication à ses éléments les plus

simples, mais nous n'oublions pas la complexité des phénomènes.

Il y aurait lieu d'étudier complètement le rôle des courbes optiques,

des tubercules quadrijumeaux et des corps stries.

300 PSYCHOLOGIE.

ne peut nous autoriser à aonner à l'un ou à l'autre le rôle

de coordination dans l'activité bulbaire et spinale. Les

confondre constitue une grave erreur logique sinon phy-

siologique. Nous devons accorder aux ganglions infé-

rieurs les.fonctions les moins élevées, telles que la régu-

lation automatique des fonctions végétatives, et réserver

aux parties supérieures la conscience des fonctions.

L'analogie observée entre les réactions vitales des

monstres an encéphaliens et du nouveau-né démontre l'état

d'anencéphalie fonctionnelle de ce dernier.Les différences

que l'on observe, telles que l'exagération des réflexes et

l'existence de réflexes idio-musculaires confirment le

rôle que la physiologie assigne aux ganglions cérébraux.

Les ganglions inférieurs sont des centres réflexes des-

quels se distinguent les ganglions antérieurs que Wandt

appelle « de coordination », bien que leur activité soit

aussi réflexe par nature, mais avec un caractère de coor-

dination bien évident. Des anencéphales, étudiés par

M. Solovtzofl' ont vécu de six jours à un mois vingt

jours (I). Ils possédaient des éléments ganglionnaires

défigurés, il est vrai, mais discernables. Le rudiment de

cortex n'avait très vraisemblablement aucun rôle dans

leur activité, puisque les voies motrices pyramidales

n'existaient pas dans le névraxe. Ils possédaient donc

les organes nécessaires à une régulation des fonctions

végétatives ; leur vie fut sensiblement plus longue que

celle des anencéphales vrais. M. Solovtzoff attribue la

mort de l'enfant qui vécut cinquante jours à une compli-

cation intestinale.

Les anencéphales sont des inadaptés aux impulsions

vitales en puissance dans leur organisme. Ils meurent

au moment où l'ordre intervient chez les êtres normaux

dans l'activité désordonnée des premières heures. Ce

n'est pas l'absence d'éléments psychiques qui les fait suc-

comber, c'est l'absence d'organes régulateurs. La coor-

dination précède l'activité consciente. Mais aucune expé-

rience, celle des anencéphales moins que tout autre, ne

(1) SoLOwrzorr. - Sur les difformités congénitales du cerveau

dans leurs rapports avec les états des cellules nerveuses de la moelle.

(Nouvelle Iconographie de la Sal,cctrière, 1898, p. 185.)

LES PHÉNOMÈNES DE CONSCIENCE DANS L'ONTOGENÈSE. 301

permet de réserver exclusivement au cortex les fonctions

coordinatrices.

Ces fonctions existent dans les organes sous-jacents,

elles vont se développant et s'unifiant à mesure que les

zones les plus élevées du névraxe entrent en activité. A

la corticalité sont réservés les phénomènes supérieurs

de l'entendement, de la conscience. -

V. Nous avons dû, pour discuter les points qui nous

paraissaient obscurs de la psychologie du nouveau-né

et pour réduire à leur juste valeur des documents récents,

entrer dans certains développements qui ont nuià l'unité,

de ce travail. Rappelons donc les principaux points qui

nous semblent dignes d'être conservés en conclusion.

La conscience nécessite l'intégrité de la corticalité.

Lorsque l'activité biologique revêt, peu après la nais-

sance, des caractères de coordination, nous ne devons

y voir que leproduit del'entrée en fonction des ganglions

cérébraux. Il n'y a rien de psychique dans l'activité du

nouveau-né anencéphale ou normal, c'est par un abus

de termes que l'on a parlé de conscience médullaire.

Ce caractère d'un fait de conscience est d'être connu du

sujet. Les phénomènes qui se passent .dans les parties

inférieures du système nerveux ne lui sont pas con-

nues. Ce sont des réflexes ; or « la fonction de la cons-

çience est de disjoindre, dans le temps, les réactions des

sensations » (1), c'est-à-dire de transformer le réflexe en

acte volontaire. Il ne peut y avoir conscience avant la

première enfance. La conscience se présente comme un

fait nouveau lorsque le cerveau et les voies motrices

du nevraxe se constituent On observe vers le cinquième

ou sixième mois des manifestations psychologiques, for-

mes élémentaires des phénomènes, qui, en s'agrégeant,

forment la conscience. Le développement anatomique con-

corde avec la complexité croissante de l'activité corticale.

Le caractère de fait nouveau que revêt la conscience

lorsqu'elle commence à se manifester est conforme à la

théorie de l'évolution comprise comme une série d'é-

tapes graduelles et non comme une progression conti-

\1) Ch. Seinîwick-Mixot. La conscience au point de vue bio-

logique {Revue se entijique, W12, p, 1\'3.)

302 PSYCHOLOGIE.

nue. Ces étapes ne sont pas fortuites et incoordonnécs.

Elles sont préparées par le fonctionnement intense des

acquisitions antérieures. Le système nerveux s'est déve-

loppé de bas en haut par étapes nécessaires dont les

organes hiérarchisés sont la traduction anatomique.

Lorsqu'un organe prend une importance incompatible

avec son mode de développement, il se constitue un or-

gane supérieur comme un fleuve rompt ses digues à me-

sure que son flot grossit et se crée un autre lit. L'onto-

genèse rend plus apparentes les étapes progressives de

l'évolution. A la plus haute de ces étapes correspond la

fonction du cortex, la conscience claire. La corlicalité

apparaît ainsi comme un organe de perfectionnement.

Grâce aux centres inférieurs, l'individu est en possession

d'une activité biologique très complexe et très unifiée;

il réalise pour son propre compte tout ce que les ancêtres

ont acquis et transmis. Les fonctions supérieures non

encore définitivement fixées dans l'espèce doivent être

modelées de nouveau par chaque individu. Le milieu

familio-social, comme éducateur et comme excitant au

progrès individuel, aide à la fixation graduelle des fonc-

tions les plus élevées.

Chez l'enfant, les états de conscience, c'est-a-dire de

connaissance de soi, est un fait qui apparaît quelques

jours après'la naissance, lorsque le cerveau peut réagir

aux excitations externes ou internes. A partir du mot

ment où l'enfanta des réactions morphologiquement su-

périeures à celles des individus décérébrés, on doit ad-

mettre qu'il est apte à avoir des états de conscience.

Ce caractère ne peut marquer que le minimum de la

conscience, car il est probable que celle fonction supé-

rieure nécessite l'activité synergique de tout le cortex.

'C'est donc vers le cinquième ou sixième mois après la

naissance que l'on peut parler d'une conscience élément.

taisre chez l'enfant.

Hospice de BIC1 : TR. - Maladies nerveuses, chroniques

des enfants : Dr Bourneville, le samedi, à 9 h. 1/2 très

précises. - Consultation médico-pédagogique, le jeudi, il

0 h. 1 ? '

CONGRÈS FRANÇAIS

DES

MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES

Quinzième session tenue à Renrzes du 1"" au 7 août 1905.

Voeu soumis au Congrès pour le maintien du Concours

actuel de l'adjuvat des Asiles d'aliénés : Adoption.

Nous donnons ci-après le résumé de la discussion dont cc 'VOEU

a élé l'occasion (1). Nous le ferons suivre du texte du Projet qui

l'a math ée et d'une lettre de M. le'])'' Lauriffe.

1) Dide. Récemment, la Société médicale des aliénistes delà

Seine a établi un projet de concours d'après lequel le recrutement

des médecins des asiles de la Seine se ferait selon un modo spé-

cial. Je tiens.avant de développer les argument"qui me paraissent

plaider contre cette façon de faire, a bien dire que je suis certai-

nement un de ceux que ce concours léserait le moins. Quoi qu'il

en soit, un très grand nombre de mes collègues ayant vivement

insisté pour que je prisse la parole, je le fais, en m'excusant d'a-

vance d'être un mauvais avocat pour une honne cause.

Les arguments qui, d'après les protagonistes du projet militent

en sa faveur sont au nombre de trois : intérêt de la justice, inté-

rèt scientifique, intérêt des malades. "

Le premier est insoutenable. En effet, au moment où l'Admi-

nistration a conféré, après concours, le titre de médecin-adjoint des

asiles, elle a implicitement contracté du titulaire l'enga-

gement de lui donner pendant toute sa carrière les avantages

qu'elle lui promettait à son entrée en fonctions. 'Un règlement

ayant un effet rétroactif et limitant' dans de' très grandes propor-

tions les possibilités d'avancement me semblerait foncièrement

injuste; j'allais presque dire illégal.

Le deuxième argument n'a pas plus de valeur : l'érudition des

candidats est largement assurée par le concours unique tel qu'il

existe,et je ne sache pas qu'un concours, quel qu'il soit, offre une

garantie quelconque au point de vue « valeur scientifique ». Que

viendra donc prouver ce nouveau concours ? D'autre part, la Seine,

qui a le légitime désir de posséder l'élite des aliénistes français

offrira comme poste de début Dun-sur-Auronou Ail1a)-le-Chàteau !

perspective singulièrement attrayante pour un travailleur,- qui

avait jusqu'alors eu à sa disposition les richesses scientifiques de

\illescol11meLyon, Jlarseille, l3ordeaus, : \ : IIlCY, Lille, antes, etc...

(1) Voir le ni 117 des Archives,1 p. 234.

304 CONGRÈS DES MEDECINS ALIENISTES ET NEUROLOGISTES.

Je pense plutôt que ce concours favorisera des ambitions moins

nobles que celle de la gloire scientifique.

L'intérêt des malades ne saurait davantage être en jeu. Que se

passera-t-il ? L'aliéniste désireux de rester dans la Seine fera sa-

gement en restant à Paris même, son internat fini. 11 partagera

son temps entre sa clientèle et ses anciens chefs. Nommé sup-

pléant, sa clientèle lui laissera moins de temps, assez cependant

pour entretenir ses amitiés dans les bureaux, sans négliger ses

maîtres d'hier presque collègues aujourd'hui. Une fois pourvu

d'un service suburbain il se bâtera de finir sa visite pour venir à

Paris voir ses clients, ses amis influents et ses relations mondai-

nes. On en arrive à cette étrange conclusion que les malades se-

ront entourés d'une sollicitude plus grande de la part d'un prati-

cien surmené de la sorte, que de celle d'un aliéniste de carrière

dont la préoccupation unique et constante est et sera toujours

l'amélioration du sort des malades confiés à sa charge ?

D'' Brousse exprime le regret de voir arrivera la fin du

Congrès cette question. 11 demande à ce qu'on la renvoie à un

congrès prochain. Les conditions mêmes du concours ne lui pa-

raissent pas acceptables telles qu'elles ont été proposées. « Je ne

crois pas, dit-il, qu'il soit bon de faire dans les asiles, depuis l'in-

terne jusqu'aux médecins, un ensemble ne pensant plus qu'a ce

concours et plus à la clinique. Ce concours serait-il il généralisé à

toute la France ? Entre Paris et la province, il y a des différences.

Dans la prov ince, les fonctions sont réunies ; à Paris où il se fait

une véritable spécialisation par asile, est-ce qu'il n'y a pas inté-

rêt à approprier chaque médecin à cette spécialisation clinique ? - ?

Il n'est pas prouvé que le département de la Seine n'ait pas in-

térêt à cette spécialisation. 11 y a aussi la question gouvernemen-

tale. Paris pourra demander au ministère, en raison des avantages

si spéciaux qu'il fait à ses médecins, des garanties particulières.

Dr CuLLERRE. M. Brousse dit que les asiles de la Seine for-

ment un groupe d'asiles spécialisés. Y aura-t-il un jury spécial

pour chaque maison spécialisée' ?

BROUSSE. Pour les hôpitaux, pour \atterre, pour Bicè-

tre... - : 'Il. CULLERRE. - Je ne crois pas que les asiles aient à y ga-

gner.

51. Drouinevt'. J'estime que la question ainsi présentée ne

peut ètre que l'objet d'un voeu. La création du concours remonte

à un certain nombre d'années, grâce à M. 110umeville. Quandnous

avons eu la pratique du concours régional, nous nous sommes

aperçus qu'il y avait une multiplicité de jurys et de iiicati-N

d'appréciation du jury. Quand il y a eu un concours unique, tout

le inonde s'est félicité du résultat. Les jeunes gens les plus distin-

gués des asiles de la Seine se sont rencontrés avec ceux de pro-

VOEU AU SUJET DU CONCOURS DE L'ADJUVAT. 303

vince et le niveau du concours s'est élevé. Nous avons vu un

chef de clinique accepter un poste de médecin-adjoint dans un

asile de province; unjeune médecin de Lyon est venu disputer au

dernier concours la première place à un chef de clinique de Paris.

L'administration et le ministère sont persuadés qu'ils ont atteint

l'idéal pour le recrutement du personnel des médecins-adjoints

des asiles de France. Les circonstances peuvent faire qu'un mé-

decin des asiles, pour des raisons d'ordre très diverses, aura be-

soin d'être déplacé. Lorsqu'il serait permis à la Seine d'agir ainsi,

tel autre département pourrait juger bon d'agir de même. Ce se-

rait une désorganisation absolue. Nous avons l'expérience des con-

cours régionaux, celles des concours centraux ; un nouveau con-

cours ne donnerait pas un recrutement supérieur. Le ministère

est lié par des précédents qu'il serait difficile de modifier. 11 fau-

drait imaginer un procédé qui permette à tous les anciens mé-

decins de conserver leurs droits et de les concilier avec ceux des

médecins nommés par le nouveau concours. C'est une question

qui suivra son cours. La protestation que les médecins d'asiles de

province font entendre est absolument légitime. Ce n'est pas

quand il s'agit de créer un corps qu'on abandonnera un mode de

recrutement qui a donné jusque-là toute satisfaction. Nous te-

nons à avoir un personnel excellent, à le voir grandir et pros-

pérer.

D1' 13ROUSSE.- Je ne sais pas si, pour arrêter une question pré-

sentée par un personnel de grand mérite lui aussi, ce soit le véri-

table moyen de ne pas la discuter.

D1' Régis. Je donne mon avis en toute indépendance, puisque

je ne suis nullement intéressé à la question. Je crois, comme M.

1 Inspecteur,que le concours unique pour la France est excellent.

Le concours spécial a l'air de dire que les médecins en chef de

province ne sont pas à la hauteur des médecins de la Seine. Les

médecins de province pourraient aussi se syndiquer. Je voudrais

démontrer que la Seine aurait plutôt à perdre qu'à gagner..le dis

que la Seine se lierait les mains en ne se permettant pas d'appe-

ler chez elle un médecin de province qui se serait distingué. Un

autre argument : « 11 y a, dit 51. Brousse, une utilité à la spécia-

lisation. » 11 faut, au contraire se spécialiser le plus lard possible.

Il ne faut pas s'occuper spécialement de telle ou telle folie : ' les

folies varient suivant les régions où elles se produisent.

Dr )1 ? NNHEINIER. Je suis de l'avis de M. Régis, mais je crois

qu'il serait bon qu'un médecin d'asile fit de la clientèle avant

d'entrer dans un asile. Le concours unique pour la France a l'in-

convénient d'éloigner de Paris.

Dr DOUTRRBENTE. - Je prends la parole pour apporter la pro-

testation de mon médecin-adjoint. Je crois, comme ;\1. l'Inspec-

teur, qu'on n'a pas le droit de rompre un contrat. La loi n'a pas

Archives, 2* série, t. XX. 20

300 asiles d'aliénés

d'effet rétroactif. Un peut aller devant le Conseil d'Etat. Les gens

qui se spécialisent, par exemple dans les colonies familiales, ne

désirent que rentrer dans la Seine, dans un asile où il n'y a pas

de spécialisation.

])1' l3RouSSE. - Je ne suis pas l'avocat du projet, mais il n'est

pas possible que ce projet arrive àexécution avant un an.llserait

bon que les médecins de la Seine vinssent soutenir leur opinion.

Dr DROUINI5.1U. D'une certaine manière, je m'opposerai à un

ajournement. Vous ne pouvez pas empêcher que ce projet arrive

au ministère. L'an prochain on pourra également discuter.

D1' Brousse. -Ce n'est que l'an prochain qu'il sera soumis au

Conseil général.

)1. DO'ÙTRI13ErTE. - Les auteurs du projet fréquentent peules

Congrès. C'est une question professionnelle et on doit la discuter

le plus tôt possible. Je renouvelle ma protestation. Ce projet a été

fait par les mêmes qui ont demandé la suppression des médecins-

adjoints de la Seine; maintenant, ils veulent les rétablir sous un

autre nom pour faire arriver, j'allais dire : les amis. Eh bien ! je

le dis, car c'est la vérité. Je demande qu'on émette un voeu.

.l. FOVE.\U de Courmelles. Je n'appartiens pas au corps des

asiles, mais je suis d'avis que la spécialisation ne doit pas être

poussée trop loin. '

je. PICHENOT. - Je m'associe aux paroles de mon collègue, M.

Doulrebente.

1)" DIDE. La question de l'absence des médecins de la Seine

n'est pas un obstacle. Il y en avait deux au moins qui sont partis,

et qui savaient que la question serait discutée, puisque51. Lorol èt et

.moi l'avions dit à l'un d'eux. En conséquence, j'ai l'honneur de

soumettre au Congrès le v4eti suivant dont les tcrmes, ontété SOli'

mis à l'approbation de 6t. l'Inspecteur général, délégué du Mi-

nistère de l'Intérieur.

Le Congrès de Rennes, considérant que le concours unique, tel

qu'il fonctionne actuellement, donne toutes les garanties et assure

d'une façon complète dans tous les asiles de France le recrutement

du corps médical ; émet le voeu : « Que ce concours soit con-

servé dans les conditions actuelles.»»

Le v ceu est adopté à l'unanimité moins deux voix.

DE la création d'un concours spécial POUR LE recrutement

des médecins des asiles D'ALIENES DE la seine.

Pour compléter la discussion qui précède, nous aurions voulu

reproduire l'IJayosé desmotifs tel qu'il a été présenté à la Société

médicale des asiles d'aliénés de la Seine. Nous en sommes empé.

ché par la longueur de cet intéressant document. Nous nous bor-

nerons à l'insertion du Projet de Règlement. ,

CONCOURS SPÉCIAL POUR LES ASILES DE LA SEINE. 307

Projet dérèglement duconcours de médecins en chef suppléants

des asiles publics d'aliénés de la Seine.

10 Les médecins des asiles et autres établissements d'aliénés re-

levant de la Préfecture de la Seine forment un corps autonome.

Ce corps comprend des médecins chefs de service et des médecins

chcfs suppléants (1). Ces derniers sont au nombre d'au moins un

par asile.

2° Les médecins suppléants sont recrutés par un concours spé-

cial. Les médecins chefs de service sont pris parmi les médecins

suppléants par rang d'ancienneté et de concours. ? Un concours sera ouvert toutes les l'ois que se produira une

vacance dans les asiles du département de la Seine.

4° Pour être admis à concourir, les candidats devront justifier

de la qualité de français, être docteurs en iiié(leciii(3 dej)uis5aiis et

rentrer dans une des catégories suivantes a. Médecin en chef des

asiles; b. Médecin-adjointdesasiles; c. Chef de cliniquedesmala-

diesmentales(2); d. Anciens internes des asiles publics d'aliénés et

quartiers d'hospice nommés au concours et ayant accompli 4 an-

nées d'internat. Les années d'internat comptent dans les années

de doctorat exigées. Pour les internes qui n'auraient pas terminé

les quatre années d'internat dont il s'agit, en raison de leur nomi-

nation comme médecins-adjoints ou comme chefs de clinique, les

années d'adjm at ou de clinicat seront comptées comme années

complémentaires d'internat. -

50 Le jury du concours est formé desquels liste des candidats

a été close.

G°CIcaIlue candidat peut se présenter à la Préfecture de la Seine

pour connaître la composition du jury.

7° Si les concurrents ont à proposer des récusations, ils for-

ment immédiatement une demande motivée, par écrit et cache-

tée, qu'ils remettent au Préfetde la Seine. Les candidats ont cinq

jours à partir de la constitution définitive du jury pour formuler

leurs réclamations.

8° Tout degré de parenté ou d'alliance entre un concurrent et

l'un des membres dujury, ou entre les membres au jury, donne

lieu iL récusation d'office de la part de l'administration préfecto-

rale.

'J°Le,jury du concours pour les places de médecins des asiles

(1) Pendant bien des années,d'ailleurs sans résultat, nous avions

demandé la ci-éatioii de postes de médecin-adjoint (litre officiel)

dans chaque asile pour suppléer les médecins malades ou en congé.

(2) Pourquoi exclure le chef de clinique des Maladies nerveuses ''

Celle-ci et les Maladies mentales n'ont-elles pas des liens inlimes ' ?

Le" l)i,utiqtie les neurologistes font de plus en plus de l'aliénation

mentale. Les aliénisles auraient dû, autrefois, s'occuper plus, qu'ils

ne 1'0,iL l'ait de neurologie.

308 asiles d'aliénés .

du département de la Seine se compose de sept membres savoir :

Si ? memhres(l) tirés au sort parmi les médecins aliénistes chefs

deservice des asiles du départementde la Seine, titulairesouhono-

raires. Un membre (5) tiré au sort parmi les médecins aliénistes

chefs de service des quartiers d'aliénés de Cicetre et de la Salpè-

trière ; ces derniers ne peuvent être portés sur la liste des mem-

bres parmi lesquels doit être tiré le jury qu'après cinq années

d'exercice (31. Le tirage au sort du jury a lieu en présence de

deux membres de l'administration départementale et de deux

membres de lacommission de surveillance des asiles de la Seine.

10° Les épreuves du concours sont réglées de la manière sui-

vante : 1. Une épreuve écrite de pathologie mentale pour laquelle

il sera accordé quatre heures. Il. Une épreuve clinique sur des

malades d'un service d'aliénés. Le candidataura une heure pour

l'examen des 'deux malades, vingt minutes de réflexion et trente

minutes d'exposition. -III. Une épreuve écrite sur l'examen de

deux aliénés dont l'un sera l'objet d'une consultation, l'autre

l'objet d'un rapport médico-légal. Il sera accordé au candidat

trente minutes pour l'examen de chacun des malades et trois lieu-

res pour la rédaction du rapport et de la consultation. IV.

Une épreuve écrite sur une question de thérapeutique des alié-

nés pour laquelle il sera accordé trois heures. V. Une épreuve

- sur titres.

Les points de l'épreuve sur titres seront donnés au début du

concours. Le maximum des points attribué à chacune des

ses est fixé ainsi qu'il suit :

VOEU DES MEDECINS-ADJOINTS. 309

MEME question {Suite).

1 cr septembre.

Monsieur et très honoré Maître, ,

Le bruit auquel faisait allusion mon distingué collègue le doc-

teur Masselon dans sa lettre au Progrès médical du 29 juillet 1905 :

Le pl'ojet de création d'un concours ipécial pour le recrutement

des médecins des asiles d'aliénés de la Seine, p. 485) était venu vers

moi depuis un certain temps. Mais, comme beaucoup d'autres sans

doute, j'attendais des précisions que notre collègue est venu nous

apporter en partie. Aussi bien,dois-je avouer que cela n'a produit

chez moi aucun étonnement; je savais en effet, pour l'avoir vu

dans l'Officiel, la déclaration de fondation d'une Société médicale

des asiles de la Seine,et, comme itexistedéja,au milieu de tant d'au-

tres sociétés, une Société ltédico-psyclcologiqtce où les psychiatres

s'occupent de science, comme il existe aussi une Association des

médecins aliénistes de France où l'on s'occupe de mutualité et de

solidarité, j'étais fondé à conclure que la nouvelle association ne

pouvait avoir pour but ni la science, ni la bienfaisance, mais

des intérêts particuliers où les aliénistes dits do province n'a-

vaient rien à voir (1).

le mentirais cependant si je ne disais pas avoir été surpris par

la pauvreté, je dis pauvreté pour ne paraître pas méchant, des

raisons alléguées par nos collègues pour tâcher de faire redonner

à la Seine ce que l'arrêté du 9 mai 1902 lui avait fort justement

enlevé : un corps spécial de médecins d'asiles. Et quand je dis que

cet arrêté a supprimé un corps spécial, je parle en fait et non

endroit, parce que jusqu'ici les asiles de la Seine n'ont eu au-

cune prérogative légale : cela est évident pour le temps où les mé-

decins d'asiles étaient nommés au choix. De cette époque en ef-

fet où le concours d'adjuvat n'existait pas, la Seine garde encore

beaucoup de médecins qui ne furent pas même des élèves de ses

asiles : mais àpartir de l'époque où les concours régionaux ont été

nstitués,bien que les arrêtés ministériels n'aient jamais prétendu

que les médecins reçus l'étaient seulement pour la région où ils

avaient passé le concours, il. est arrivé que les asiles de la Seine

ont tout fait pour que les médecins qui lui étaient destinés soient

choisis non seulement parmi les anciens internes de ses asiles

mais encore parmi les adjoints reçus dans la région de Paris ;

ce qui n'empêchait pas ces derniers d'aller en attendant toucher,

comme les autres, leurs émoluments en province.

Aujourd'hui, il ne peut plus être question de cela, le concours

étant unique, tous nous avons le droit de rentrer, quand notre

(1) Notre correspondant aurait pu ajouter : ni les aliénistes de 131-

CCILpe et de la Sallt6trière.

310 asiles d'aliénés.' t

tour sera venu, dans les asiles de la Seine. Et j'ajoute que si cela

peut être regardé comme une faveur, c'est à très juste titre que

nous avons vu l'administration consacrer les droits de la provin-

ce, parce que dans les deux derniers concours d'adjuvat, la dite

province a montré que, tout autant que ces messieurs de Paris,

elle était digne d'être comptée pour quelque chose. C'cstpeul-

être là ce qui gène le plus nos bons confrères de la Seine. Pour-

tant à nous, chez qui, comme le disait Masselon, « le désir d'arriver

n'étouffe pas la notion supérieure de l'intérêt général », il avait

paru que le concours institué en 1902 offrait le maximum de ga-

ranties désirables, étant donné lacomposilion du jury ; et comme

ce concours ne diffère des-précédents que par le diL,jurv c'est donc

contre celui-ci ques'élèYent nos collègues de la Seine. Peut-être le

voudraient-ils plus exclusivement parisien de manière à étouffer

proprement et sans bruit ces bons concurrents de province,

)lais ce sont là des raisons qui ne peuvent être dites parce

qu'elles sont inavouables ; alors la Société dite médicale des asiles

de la Seine en a proposé d'autres qui le sont tout autant parce

qu'elles sont dénuées de bon sens, erronées, fausses ; elles sont

aussi tendancieuses parce qu'elles sont de nature à jeter le discrédit

sur les médecins d'asiles de province.

Après Masselon, je rappelle que les membres de la Société mé-

dicale des asiles de la Seine ont estimé y avoir lieu de créer un

concours de médecins suppléanlspourlesdilsasilcs : 1° dans l'in-

térêt des malades, 2° dans l'intérêt do la science, 3° dans l'intérêt

de la justice. ·

Est-il nécessaire de reprendre après )Iasseloii l'examen critique

de ces trois ordres d'arguments ? ? au peur de perdre mon temps

à examiner des sophismes et puisque le Progrès médical ci les

Archives de Neurologie ont ouvert leurs colonnes au pour et au

contre, je serais curieux de voir un de nos collègues de la Seine

les développer dans l'un ou l'autre de ces journaux scientifiques,

Quant à moi, je disque les malades aliénés de la Seine ne sont

pas des malades spéciaux et que les prétendre tels est commettre

une erreur. Ces malades sont exact ement comme les au très ; comme

le montre 11. le D1' Mcilbon \yoil' Progrès 11lJ;Zical, nO du 10 sept,,

p. 594), ils guérissent, sortent, s'évadent, se suicident, meurent

comme les autres malades de Bretagne, du Languedoc, do la Pro-

vence ou de la Savoie. S'ils étaient spéciaux, il n'y aurait pas de

raisons d'abord pour que cela n'ait pas été dit dans une société

scientifique et ensuite pour que les malades des autres régions de

la France ne soient pas, eux aussi, considérés comme tels. Et alors

pourquoi, ainsi que le dit justement notre collègue, 11. le D'Le-

vet, chaque département n'aura it-il pas son concours spécial (])' ?

(1) 'oirle n° 33 Mu Progès mcdical, 1..ï31.

VOEU DES médecins-adjoints. 311

Ouant à l'intérêt de la science, je me demande ce qu'il peut

bien venir faire ici après une proposition aussi anti-scientifique

Il le celle qui pose en principe que les aliénés de la Seine sont des

malades spéciaux. Je ne veux pas l'examiner cet intérêt, je ne

veux pas citer ici tous les noms de ceux qui ont travaillé en pro-

vince ; llasselon a cité Jlorel, mais il y en a bien d'autres. La

prorince n'est pas seulement la terre des Congrès

""......, la province travaille, mais elle travaille sans bruit,

parce qu'elle n'a pas oublié qu'il est antiscientifique de faire

passer la rue dans son laboratoire et que la modestie et le silence

sont les meilleures garanties du savoir.

Le troisième ordre d'arguments est encore plus spécieux, s'il

cstpossible : il y est question de justice, et comme nous ne recher-

chons que le juste qui est le vrai et le bien, cette raison dejustice

est sans doute celle qui doit résumer toutes les autres. De

,'[landes injustices auraient-elles donc été commises jusqu'ici On

pourrait croire que les nominations de la Seine ont été souvent

injustes, puisqu'au nom delà justice on veut réformer le mode

de nomination.Le 1.)'' Massolon nous signale une de ces injustices,

elle est plutôt amusante : « Certains internes des asiles de la Seine,

non des moins distingués....ont la crainte de vivre éloignés

de Paris». J'ai le coeur assez tendre pour plaindre sincèrement ces

internes distingués et craintifs, mais s'ils sont très distingués, ils

me paraissent avoir d'autres débouchés, qu'ils se présententà Gi-

à à la Salpêtrière, qu'ils se présentent aux hôpitaux de Paris,

àCharenton, à l'agrégation, qu'on leur donne des places de mé-

decins-inspecteurs. Et cela me paraît très beau pour eux, car

après tout il y a en France des milliers de fonctionnaires qui eux

aussi vivent avec regret loin de Paris et malgré que la mode soit

aux revendications et que nous en ayons vu de bien des sortes,

celle de la Société médicale des asiles de la Seine m'apparaît comme

savoureuse et digne d'être retenue.

Dans tous les cas, les internes distingués ont un moyen de res-

ter peu de temps éloignés de Paris, c'estde se faire distinguer par

le jury des concours d'adjuvat, de se classer premiers, de manière

que, lorsque leur tour sera venu, ils puissent en toute justice de-

mander la meilleure place, que je leur souhaite être une place

dans la Seine. -

,le considère que la mesure réclamée par nos collègues de la

Seine serait au contraire une mesure d'exception dont le carac-

tère est d'être, au suprême degré, injuste. En plus des résultats

surprenants signalés par 51. le ])1' Meilhon, elle présenterait celui

de voir arriver à lasuppléance de la Seine des candidats malheu-

reux de l'adjuvat, passés au filtre supplémentaire dont parle le

1), Levet..1( ne désire même pas, comme ce dernier, voir recruter l'

les seuls médecins en cllef de la Seine par un concours où l'on v er-

312 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

rait des collègues se jugeant les uns les autres, car il serait

beaucoup plus simple alors de mettre toutes les places de méde-

cins-directeurs ou en chef au concours. Les asiles de la Seine com-

me les autres asiles de France sont soumis au droit commun et ce

qu'est vrai pour les uns est vrai pour les autres. '

Avec la majorité de mes collègues d'asiles, je considère que le

concours institué le 9 mai 1902 constitue jusqu'ici le moyen le

plus rationnel, le plus scientifique et le plus juste pour tous les

asiles de France de se créer un corps médical, que ce concours

est le seul qui ait donné à la province les garanties d'impartiali-

té auxquelles elle a droit par ce que son jury ne peut plus être

un jury d'école ni de coterie.

Nous avons trop confiance en la direction de l'assistance et de

l'hygiène publiques du .Ministère de l'Intérieur pour craindre de

voir aboutir les étranges désirs de nus collègues de la Seine,mais

il nous a paru qu'il était de l'intérêt de tous do ne paspasser sous

silence des propositions aussi tendancieuses et aussi peu confra-

ternelles.

Dr Lucien Lagriffc.

Médecin des asiles publics d'aliénés de France

'(y compris la Seine').

Nous continuons il laisser les Archives ouvertes iL ceux de nos

collègues qui auraient de nouvelles observations pour ou contre]»

projet. (Voir la lettre de 51. le DI' Meilhon sur le même sujet,

dans le n° 3 du Progrès Médical, p. 594). h.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE

I. Myotonie avec atrophie musculaire ; par Lannois.

(11'o2sv. Icon. de la Salpâtrière, 1904, n- 6.)

Début à 33 ans par des phénomènes labétiformes (douleurs

fulgurantes, steppage, abolition du réflexe rotulien) quien réalité

reconnaissaient pour cause une atrophie musculaire à distribu-

tion segmentaire occupant les avant-bras et surtout les jambes ;

apparition d'une myotonie (lenteur de la décontraction muscu-

laire) absolument comparable à celle congénitale de la maladie

de Thomsen. Réaction électrique myotonique. A l'examen biopsi-

que, lésions histologiques de la myopathie progressive. L'auteur

signale d'autres cas publiés de myotonie atrophique ; de tels faits,

dit-il, « établissent un rapport évident entre la myotonie et la

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 313

myopathie et sont un bon argument clinique en faveur de la na-

ture myopathique de la maladie de 'l'homsen. F. T.

Il. Troubles vasomoteurs chez une hystérique ; par

GENÉVRIER. 'yOU1). Icon. clela Salpêt6ère, 1904, n° G.)

Apparition chez une grande hystérique de plaques de gangrène

superficielle en divers points du corps. Les accidents de cette na-

ture seraient causésparun spasme vasculaire prolongé. F. T.

111. Maladie de Friedreich et hérédo-ataxie cérébel-

leuse ; par Raymond. (2vo);e. Iconogo. de la Salpét¡'ière, 1905,

il-, 1 et 2.)

Le Professeur applique aux ataxies familiales l'essai de syn-

thèse clinique qui a été tenté pour d'autres affections et qui expri-

me en particulier nos conceptions actuelles dans la classification

des maladies nerveuses, conceptions qu'autorisent d'ailleurs de

plusen pluset.les progrès dcla technique histologique et la décoll-

verte de formes de transition entre des affections considérées

jusqu'ici comme des types pathologiques distincts. Dans le groupe

des ataxies familiales, P. Marie a décrit, à côté du type classi-

que de Friedreich, un type spécialau point de vue clinique et ca-

ractérisé anatomiquement par l'atrophie du cervelet ; or il y a

des cas mixtes, et le Professeur en présente deux, dont un avec

examen histologique, véritables formes intermédiaires entre la

maladie de Friedreih et la maladie de Marie, formes hybrides

dont la fréquence a été si grande ces dernières années par rapport

aux types purs qu'on est en droit de se demander si ceux-ci ne sont

pas l'exception. En effet, dans plusieurs cas publiés, l'atrophie

du cervelet s'associe à des lésions médullaires analogues à celles

de la maladie de Friedreich ; dans d'autres, classés comme héré-

do-ataxies cérébelleuses, cette atrophie manque ; bien plus une

même observation est publiée par deux auteurs différents comme

maladie de Marie et comme maladie de Friedreich ; enfin il faut

constater l'importance grandissante (depuis que l'attention a été at-

tiréesur ces faits) deslésions cét'ébelleuses,drins des cas indéniables

de maladie de Friedreich. D'où il ressortqueles deux formes d'ata-

xie héréditaire, la forme spinale et la forme cérébelleuse, ne possè-

dent pas de caractères cliniques et histologiques suffisamment in-

dividuels pour être considérés comme deux espèces morbides dis-

tintes. 11 faut voir dans ces deux maladies et dans les formes de

transition qui les relient, des types morbides ayant tous comme

point commun l'atteinte du système cérébelleux dans ses centres ou

dans ses voies afférentes ou efférentes. Le motd'hérédo-ataxie cé-

rébelleuse prenant une plus large extension pourrait alors désigner

le syndrome commun (démarche cérébelleuse, ataxie statique,

incoordination, nystagmus),qui réunit dans un groupe des types

314 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

de localisation différente, toutes affections familiales dont la re-

lative fréquence trouve son explication dans la prédisposition

toute spéciale du système cérébelleux aux manifestations hérédi-

taires. Il y aurait alors à décrire : un type spinal (type de Frie-

dreich), un type cérébelleux (syndrome de Marie), un type bul-

baire, un type bulbo-protubéranliel, un type généralisé, mais

tous rattachés par le syndrome cérébelleux commun.

Ces formes intermédiaires constituent les anneaux nouveaux

d'une chaîne ininterrompue et permettent de relier des faits extrê-

mes que l'on n'auraitpasosé rapprocher sans elles. C'est ainsi que,

pour les atrophies musculaires progressives, le type Werdnig-

Iloillnann est venu combler le fossé qui semblait séparer les deux

grandes espèces, myélopathiquc et myopathique, et les relier par

le même syndrome d'une lésion commune, la dégénérescence

primitive du protoneurone moteur ou de son annexe, la fibre

musculaire. Et il y a lieu de prévoir que l'oeuvre de synthèse en-

treprise pour les maladies nerveuses familiales augmentera à

mesure que la neuropathologie agrandira le champ de ses con-

naissances. F. TISSOT.

IV. Contribution à l'étude la paralysie myasthénique ;

par Il, nE LÉOr` (1\'oteo. 1co11001'. de la Salpêtriére, 190'i, n 4).

Affection rare, mais souvent méconnue, quoique cliniquement

définie ; caractérisée par des paralysies musculaires avec asthénie

sans atrophie, sans réactions électriques anormales, sans troubles

de la sensibilité, de la réflectivité ni des sphincters ; c'est-à-dire

rien que des phénomènes purement moteurs, dont la particula-

rité est qu'ils se manifestent quelquefois à la suite d'exercices ou

que, s'ils surviennent spontanément, l'exercice les aggrave et le

repos les améliore toujours. Le début se fait le plus souvent par

la musculature externe de l'oeil (forme ophtalmoplegiquc), ou bien

par les muscles qui reçoivent leur innervation du bulbe et de la

protubérance (forme bulbo-protubérantielle), soit par les muscles

du tronc et des extrémilés(formespinale) . Les muscles manifes-

tent leur atteinte par de la fatigue d'abord, puis de la parésie et

enfin de la paralysie. L'auteur fait le diagnostic différentiel de ces

diverses formes. Le repos général et local des organes attaqués

est jusqu'à présent le traitememt le plus efficace. F. TissoT..

V. Paralysie des nerfs craniens d'un côté et déforma-

tions osseuses multiples d'origine probablement hérédo-

syphilitique tardive ; par M. Rose (ivotio. Iconogr. de lu

Salpètrière 1904 ,n°4.)

Observation, avec photographies, intéressante parla localisation

à un seul côté de la paralysie des ye, Vl°,5rll°, VHP', IX1" et Xe pai-

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 315

res crâniennes, par la multiplicité des déformations osseuses,les

osléopathies spécifiques (les doigts. - F. T.

\'1. Sur l'anatomie pathologique d'une forme d'hérédo-

ataxie cérébelleuse ; par livucr. (llrouu, Iconofli-. de la Scil-

pètrière, 1904, no 4.) ,

Trav ail basé sur l'observation de troisfrères et soeur d'une même

famille chez lesquels le tableau clinique et les lésions cons-

tatées furent presque identiques : début vers la trentième année

parles membres inférieurs; douleurs lombaires, localisation des

troubles de lasensibiliLé aux membres inférieurs, diminution (le

l'acuité auditive, scoliose, attitude pathologique du pied (équinis-

me). Dans les trois cas, extrême petitesse du système nen euxcen-

tral ; dans deux, moelle aplatie, méninges spinales épaisses, ra-

cines grêles. Caractères histologiqucs semblables : dégénérescence

des faisceaux cérébelleux direct et de Gov ers, des cordons de

Goll ; les colonnes de Clarke sont presque complètement dépour-

vues de cellules et de fibres ; diminution de volume des cornes

antérieures, dont les cellules sont atrophiées, les fibres raréfiées.

L'auteur rattache ces trois cas à une forme intermédiaire entre

1'liéi-édo-ala ? ie cérébelleuse de Pierre Marie et la maladie de Frie-

ili-eicli, des symptômes et des lésions de ces deux affections se

retrouvant dans les trois observations. F. TissoT.

VII. Etude de la rétine dans l'amaurose tabétique ; par

André Lori. (ou.7coKO</)'. de la Salpètrière, 1904, no 4.)

A la suite de "Ioeli, ilolden, et par des arguments cliniques et

anatomiques, Léri combat la théorie de l'origine rétinienne de

l'atrophie tabétique admise par Popull', Moxter, de Grosz, et d'a-

près laquelle le processus dégénéralif primaire aurait son point de

départ dans les cellules ganglionnaires de la rétine. Chez onze ta-

béliques amauroliques examinés, l'auteur a constaté la présence

constante de cellules ganglionnaires, relativement nombreuses

malgré l'ahsence ou la diminution extrême des fibres optiques.

Il y avait souvent diminution marquée du nombre des neurones

moyens, altération des cellules visuelles avec diminution de lon-

gueur et de nombre des fibres de llenle et peut-être parfois alté-

ration des cônes et des bâtonnets. Conclusion : le début de l'atro-

phie tabétique n'est pas dans la rétine. F. Tissot.

1'lll. Spasme bilatéral des muscle3 du cou et de la

face ; par GAUSSE ? (A'OMu. Iconog., de la Salpètrière, 190'I,

n" 5.)

Observation intéressante vu la rareté des cas de spasmes fonc-

tionnels bilatéraux.

310 revue de pathologie nerveuse.

IX. Note sur les concrétions calcaires dans le cer

veau ; par Guinio CATOLA. (Noue. Icon. de la Salpètrière,

1904, n, 5.) .

Chez un tabétique artério-scléreux mort à 50 ans d'hémorrha-

gie cérébrale, il fut trouvé des formations calcaires dans les glo-

bus pallidus : les unes disséminées en plein tissu nerveux et in-

dépendantes des vaisseaux, les autres disposées circulairement

dans l'adventice de ceux-ci. ll n'y avait aucune réaction patholo-

gique du tissu nerveux environnant. Discussion sur l'origine

de ces granulations. F. T.

X. Analyse de quelques cas d'affections cérébrales ;

par 31. J. FÉDOROW. (Obozréuié psichiatrii, V1U. 1903.)

Etude raisonnée de diagnostic sur le gliome ou gliosarcome

des tubercucules quadrijumeaux ; la m6ninno-encéllhalite syphi-

litique ; l'infiltration gommeuse des méninges et sa progression ;

la méningite syphilitique ; le typhus abdominal à symptômes cé-

rébraux ; une tumeur de la selle turcique ou de son voisinage.

P. Keraval.

XI. Une observation de syringomyélie avec chéiro-

mégalie ; par A. SCHLITTENHELTf. (Neurolog. Centralbl., XXII,

1903.) "

Cette observation présente les particularités suivantes.

L'examen aux rayons Roentgen montre la destruclion plus

ou moins considérable des os des 2" et3 phalanges dans les deux

mains. La première phalange de la main gauche a conservé sa

forme et son volume ; en tous cas elle n'est pas hypertrophiée :

celle de la main droite présente une atrophie marquée. Les par-

ties molles sont très fortement augmentées de volume aux deux

mains : c'est pourquoi il y achéiromégalie. Il existe donc un con-

traste remarquable entre l'état des os et celui des parties molles;

les premiers sont atrophiés ;'les secondes hypertrophiées.

Ajoutons à cela l'association de la syt'ingollly ? 1 ie à la scoliose.

(voy. Bt'mha¡'dt. Centralbl. f. Neurologie 1889, n 2.)

Enfin, en dépit des troubles trophiques les plus accusés et des

lésions avancées de la sensibilité, l'atrophie musculaire est ex-

trêmement faible. (Schlesinger, Marinesco, Lunz).

P. 11ERAVAL.

XII. Méningo-encéphalite syphilitique avec épilepsie

Jacksonnienne et perte du sens stéréognostique; par P.

M. SNIKER. (0&0)'<'Mt<'J'f)')ft<<'t;, IX, 1904.)

Cinq attaques épileptiformes du bras gauche et de la moitié de

la face ont, de concert avec une papillite des deux yeux, et une

céphalée très prononcée, permis chez un homme de 30 ans, de

revue DE pathologie nerveuse. 317

diagnostiquer un processus occupant les méninges cérébrales et

la surface de la couche corticale au niveau des circonvolutions

centrales. Il y a perte du sens stéréognoslique de la main gauche

sans autre trouble des autres modes de la sensibilité qu'une ano-

malie à peine marquée du tact et du sens musculaire. Celle perte

du sens stéréognoslique doit tenir aux lésions de l'écorce de la

région de Romande du côté droit, car la percussion et la pres-

sion exercées au-dessus de l'oreille droite sur le temporal et le

pariétal provoquent de la douleur. P. 1lER.aVAL.

XIII. Cécité psychique fonctionnelle, par C. F. VAN bleu-

TEN. (C6«tra ! &< ? Nercenheilhundc, XXVIII, N. F. XVI, 1905.)

Observation minutieuse et soigneusement analysée propre à

reconnaître : 1° quel'asymbolie optique peut être également pu-

rement fonctionnelle, 2° que les phénomènes asymboliques qui

se nioiitienttlans la psychose de Korsakow peuvent être le résul-

tat des troubles fonctionnels. P. K.

XIV. Poliomyélite antérieure chronique et syringo--

myélie ; par )1. G. ROSSO LI ? 1 0.(IVe tt)'010giSCib. CccLtrcclbl, XXII,

1903.)

Observation accompagnée d'autopsie et d'examen microscopi-

que. Il s'agit d'un malade ayant graduellement présenté un af-

faiblissement progressif et expansif des membres, puis progressi-

vement de l'atrophie non cantonnée aux territoires des nerfs péri-

phériques. Intégrité delà sensibilité et des organes du bassin. Il

existait des douleurs aiguës indépendantes ; les troncs nerveux

étaient sensibles ; les doigts médians de la main gauche présen-

taient une légère anesthésie des phalangettes terminales; les ré-

flexes patellaires étaient un peu exagérés ; il y avait de la cya-

nose des mains et des pieds. On diagnostiqua une poliomyélite

s'écartant du hpe classique le plus simple.

La syringomyélie constitua une trouvaille nécroscopiqtte.Si les

derniers symptômes énumérés n'appartenaient point à la polio-

myélite, on ne saurait espérer que leur présence en un cas ana-

logue permît àl'avenirtle diagnostiquer l'association de la syrin-

gomyélie h la poliomyélite chronique.

L'examen de la moelle rué, èle : 1° un processus gliomateux com-

prenant le territoire de la commissure postérieure et de certaines

portions des cordons postérieurs, sur la hauteurde la région cer-

vicale entière et des quatre segments supérieurs delà région dor-

sale ; il s'y est formé unecaviLé canaliculaire à l'intérieur de la-

quelle on trouve deux polypes de même nature qui tendent à ga-

gner l'extrémité inférieure ; 2° des altérations chroniques occu-

pant les cornes antérieures, sur toute la hauteur de la moelle ;

les cellules multipolairesont presque complètement disparu ; la

318 REVUE de pathologie NERVEUSE.

plupart des autres ont subi une atrophie plus ou moins pronon-

cée : il y a atrophie des racines antérieures, du réseau des fibres

des cornes antérieures, ainsi qu'une luxuriante prolifération des

fibres névrogliques et des cellules araignées.

La netteté et typique des deux processus ne permet-

tent pas, vu leur simultanéité, de croire qu'il s'agisse d'une même

poussée pathologique ayant dans la substance grise centrale af-

fecté laforme dcsyringomyélio gliomateuse, et, dans les cornes

antérieures, celle de poliomyélite. Il s'agit plutôt de deux proces-

sus rigoureusement distincts et séparés. Après une élude détaillée

des divers mécanismes possibles, l'auteur conclut : «De quelque

façon que nous nous efforcions de mettre en lumière le rapport

possible entre lasyringomyélie et la poliomyélite chronique, nous

n'arrivons pas aisément à sortir du domaine des hypothèses ; nous

nous heurtons infailliblementàlastatistique. Il existe actuelle-

ment, y compris notre cas, 9 observations de poliomyélite an té-

rieure chronique ; 6 simples, 3 compliquées de syringomyélie, ce

qui donne en faveur de leur association une proportion de 33 %.

Il est impossible de ne voir dans cette association qu'un pur ha-

sard, bien que nous ne soyons pas en mesure de comprendre le

véritable sens de celte proportion. o P. lirRw.vL.

XV. Contribution â la symptomatologie du spasme sa-

lutatoire (Epilepsia nutans) ; parle Dr DFCROLY. (Journ, de

Neurologie), 1904. lie 20.)

L'auteur relaie dans ce travail les observations de quatre en-

fants âgés de l à 3 ans qui sont atteints de tic de Salaam ou de

spasme salulatoire avec perle de connaissance. Sans nier qu'il

puisse s'agir là d'une forma fruste d'épilepsie essentielle, M. De-

croly est plutôt tenté de rattacher ces accidents à une lésion orga-

nique des centres nerveux. G. D.

Xi. - Pachyméningite hémorrhagique compliquée d'hé-

morrhagies intra-pulmonaires chez un alcoolique por-

teur d'une cirrhose latente ; par Liriez. [Revue de médecine,

juillet t'J04.) -

Un sujet de 35 ans, alcoolique, entre dans le service du Der

51erklen, a Lacnnec ; il présentait, outre le signe de Kernig, du

myxoedème ( ? ) du triceps, et absence complète des réflexes rotu-

liens et plantaires. Ponction lombaire le lendemain Vu l'entrée :

les deux premiers tubes sont sanguinolents, le troisième est lim-

pide.

Les jours suivants, la température s'élèveet,la veille de la mort,

apparaît le signe de fal>insl : i-evtension.

A l'autopsie, on constate un hématome du côté droit dépassant

les limites de la zone rolandique avec épaississement de la dure-

REVUE DE pathologie nerveuse. 319

mère. Le foie a l'aspect classique de la cirrhose de Laénnec, la

rate est grosse, la partie moyenne du poumon gauche est détruite

par des foyers hémorrhagiques. L'examen au Xissi de la région

rolandiqueVroite,etle 1111ll'chi pratiqué sur la portion supérieure

du faisceau pyramidal de la moelle ne révèlent aucune lésion.

Parmi toutes les particularités que nous venons de résumer et

que l'auteur accompagne de remarques judicieuses, insistons sur

la présence des hémorrhagies pulmonaires que Brow n-Séquard

avait J'l'ncon1rées dans des expériences sur les animaux dont il

avait traumatisé l'encéphale (Cf. Thèse Gaumie, 190).Lancereaw,

et plus tard Wagner, avaient signalé des lésions hépatiques dans

les pachyméningiles. L. \'AHr..

XVII. Obssrvation de tremblement hystérique ; par

Boucarut. [Revue de médecine, juillet 1 ! )0.)

Un jeune soldai hystérique à stigmates très accusés, et présen-

tant, outre une hérédité chargée et similaire, des crises convulsi-

ves typiques, fut pris sans cause connue d'un tremblement ryth-

mique à oscillations assez étendues. Il ne semble pas, après la

discussion très serrée dont l'auteur fait suivre son observation,

qu'un autre diagnostic puisse être posé que celui d'hystérie ; rien

' ne rappelle ici ni l'association bystéro-tabélique, ni les chorées

héréditaires, ni celle de Sylenham, ni la sclérose en plaques, ni

le Friedreich. Ce cas pst rapproché par Boucarut de celui d'un ma-

lade présenté à la Clinique du P1" Lépine en 1893-94 et dont il ré-

sume l'observation. L. WAHL.

\\'lll. Le pellagro typhus ; par le Dr G.-L. Sacconaghi.

(Gaaseta ntediwx /taM;ta,n''s I, 2, 3, tle 1905. Brochure 51 pa-

ges Pavie, chez Jlarclli, I ! 10.)

Etude très consciencieuse et très complète dans laquelle une

large place est réservée aux travaux des anciens : de Strambio,

Nardi, Venturi, Landouzy père, Théophile Roussel, Verga, Dil-

lod, C. Lomhroso. Le pellagro-lyphus n'a évidemment aucun rap-

port avec l'infection éhorthienne, comme l'ont déjà dit bien des

auteurs.

C'est une phase, un état particulier, une forme infectieuse ai-

gué de la pellagre (Landouzy), quelquefois un épisode terminal

de cette terrible endémie. Ce n'est point uneauectionautunome,

encore moins une association pathologique. Une observation ori-

ginale fort bien prise sert d'introduction à cet intéressant tra-

vail : l'auteur s'est assuré par la réaction de \\ïdal, l'examen pa-

thologique du sang, l'examen du liquide céphalo-rachidien que

le diagnostic était exact. I)u reste, l'autopsie, pratiquée par le

Prof. Mont, a bien montré qu'on n'était pas en présence d'une

véritable fièvre typhoïde : il n'y avait aucune altération des pla-

320 REVUE DE pathologie nerveuse.

quesdePeyer ni des follicules solitaires. La marche et la symp-

tomatologie n'étaient d'ailleurs pas celles du délire aigu. Signa-

lons surtout la richesse en globules rouges N = 5, 323,OUO. Celte

augmentation des hématies a déjà été signalée par différents au-

teurs (Seppilli. Lombroso). Le pellagro-typhus est plus commun

chez lafemme que chez l'homme (Morsclli) ; ildéhutebrusquement

dans certains cas (Belmondo) et ne s'accompagne pas de manifes-

tations cutanées en particulier de taches rosées. La température

est élevée (Strambio). Le pouls peut s'élever jusqu'à 120 et

il y a de la dyspnée et une température abondante et fétide.

Les troubles du système neuro-musculaire sont variables, il y a

de la panophobie et du subdélirium, le facies est « rouge d'une

expression sauvage comme dans la manie aiguë ou alcoolique

(Roussie), l'oeil injecté ». Souvent il existe des contractures avec

ou sans oedème, particulièrement des membres inférieurs ; du

tremblement, de la carphologie, du nystagmus, de la dyspha-

gie, parfois de véritables accès épileptiformes : « une véritable

instabilité de tout le corps IStmmbio), souvent du gâtisme avec

diarrhée fétide : la langue est sèche,maispas toujours fuligineuse

(Landouzypère), la soif intense; mais on ne constate ni phénomè-

nes pulmonaires, ni épistaxis (Landouzy). La maladie évolue en

12 semaines, exceptionnellement davantage, la guérison est très

exceptionnelle.

A l'autopsie, on trouve des lésions de l'intestin, mais qui ne

sont pas celles de la fièvre typhoïde (Landouzy), de l'inflamma-

tion rénale, une pigmentation anormale des divers viscères et des

centres nerveux même du sympathique, de l'hypertrophie de la

rate (splénitehyperplasique) ; lamoelle osseuse est en plein fonc-

tionnement hémato poïétiquc. Ni l'auteur,ni ceux qui, avant lui,

ont étudié le pellagro-typhus n'ont rencontré aucune variété d'as-

pergillus dans ces cas. Ils ne signalent pas davantage les corpus-

cules de Negri. " L. \\',TEL.

XIX. Nouvelles recherches chimiques sur l'épilepsie ;

par le Dr 51asoin. [Bulletin de la Soc. de médecine mentale de

Belgique, décembre 1904.)

Dans ce très important mémoire, qui a été récompensé par

l'Académie de médecine de Uelgique, l'auteur a eu surtout pour

but d'examiner dans quelle mesure on pouvait accepter les théo-

ries actuelles qui tendent à considérer l'épilepsie dite essentielle

comme une maladie par auto-intoxication. -.

Le premier chapitre est consacré à l'étude des modifications

quiontété signalées au cours des 25 dernières années, dans les

propriétés physico-chimiques des urines, l'élimination des sels

minéraux, des substances organiques, des substances anormales,

la toxicité urinaire, l'examen du sang, etc., chez les épilepti-

REVUE DE pathologie nerveuse. 321

ques. De l'ensemble de ces travaux se dégage une conclusion gé-

nérale, c'est que, chez un certain nombre d'épileptiques, les accès

s'accompagnent d'une désassimilation excessive, sinon atypi-

que de la substance albuminotde ; altération souvent décelable

dès avant l'accès, le plus souvent après, mais en aucun cas reliée

à cet accès dans un rapport de cause à effet.

Le second chapitre contient l'exposé des recherches personnel-

les sur l'application de la diazo-réaction cl'Erlich à l'étude des

urines dans l'épilepsie.

Sur lesonze sujets dont les urines furent recueillies quotidien-

nement pendant une période de 6 à 8 mois pour ces recherches,

cinq seulement présentèrent d'une fa(;on habituelle ou irrégu-

lière le phénomène de la diazo-réaction tantôt avant, tantôt

aprèsl'accès; chez deux autres, ce phénomène fit toujours défaut.

Enfin l'examen des urines des quatre derniers malades ne fournit

que des résultats intermédiaires, c'est-à-dire à tendance positive

ou négative.

En présence de la divergence de ces résultats expérimentaux,

dont aucune particularité de sexe, d'âge, de nombre et d'inten-

sité des accès nepeùt rendre compte, l'auteur conclut en disant

que la désassimilation anormale dont l'organisme de certains

épileptiques est le siège est un phénomène juxtaposé, qui n'est

relié par aucun lien direct de causalité à la crise convulsive, non

plus qu'inversement.

C'est un élément surajouté qui exprime simplement un degré

plus accusé de l'état morbide, ne faisant donc pas nécessaire-

ment partie intégrante de la maladie ;et par conséquent, la théo-

rie de l'auto-intoxication, malgré sa granité vraisemblance, reste

encore à établir scientifiquement.

XX. - Considérations sur l'étiologie et la pathogénie de

la névrose traumatique ; par )1. Xavier 1"RANCOTTE.(IJIIIle-

lin de l'Académie royale de Médecine de l3elgiryse.- Séance du

30 juillet 1904.

La dénomination de névrose traumatique comporte un double

élément, un élément clinique et un élément étiologique. Le pre-

mier consiste dans un ensemble de troubles psychiques et ner-

veux de nature hystérique et neurasthénique. L'élément étiolo-

gique indique comme cause de la maladie un traumatisme, c'est-

à-dire une blessure, une lésion accidentelle. L'auteur essaye de

démontrer que celLe étiquette est trompeuse et ne doit pas être

prise au pied de la lettre.

Dans une statistique de 41 cas, des blessures constatahles n'ont

existé que 19 fois. Chez la plupart dessujets réellement trauma-

tisés les blessures ont été légères et les troubles nerveux ou

psychiques nullement en rapport avec la gravité du' trauma-

AncmvES, 2° série, 1905, t. XX. 21

322 REVUE d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques.

tisse. Le traumatisme n'est donc nullement nécessaire à la

constitution delà maladie. L'auteur cite plusieurs observations

où la blessure parut intervenir principalement pour localiser la

névrose sous forme de douleurs, d'anesthésie, de paralysie sur la

partie touchée.

Pour lui, le véritable facteur de la névrose est l'émotion, la

frayeur (émotion-choc). Si les malades nient parfois l'émotion,

c'est qu'ils en ont perdu le souvenir ou bien à cause de sa sou-

daineté ou bien à cause d'une inconscience passagère inaper-

çue ou bien par le lait d'une amnésie rétroactive.

La névrose traumatique ne suppose pas de prédisposition névro-

pathique manifeste. Enfin, les troubles digestifs ne jouent qu'un

rôle secondaire ; ils nécessitent une neurasthénie constitutionnelle

et sont plutôt consécutifs à la névrose. n. LEROY.

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE

. PATHOLOGIQUES

XXIX. Histologie pathologique et pathogénie de la

syringomyélie; par Thomas et HAUSER, (oMc.eoto)'. de la

Salpètrière, ¡¡JO '1, no ; : ¡.) ,

Obel'\ ation d'un cas de syringomyélie qui ne présente rien que

de très classique dans son tableau clinique et l'aspect macrosco.

copique des lésions, mais -dont les caractères histologiques elle

processus cavitaire semblent atypiques. La lésion initiale, fonda-

mentale, consiste dans la néoformation de vaisseaux et l'hyper-

plasie de leur adventice, puis dans la végétation de feuillets con-

jonctifs détachés de cette adventice et disséminés dans le tissu

ambiant sous forme de tractus, debandelettes festonnées. Secon-

dairement, autour de la lésion primitive la névroglie prolifère et

les fibres nerveuses perdent leur myéline.

Fait intéressant et qui marque bien l'origine vasculaire des le-

sions : le processus pathologique se développe suivant la distri-

bution spinale de certains systèmes artériels. Une deuxième

étape de l'évolution anatomique aboutit il la formation de cavités

médullaires : l'hypertrophie conjonctive refoule, disloque la

substance nerveuse, dont elle compromet ainsi la nutrition et qui

par place disparaît, se résorbe, la même régression s'étendant

d'ailleurs au processus conjonctive-vasculaire. Les tractus en vé-

gétant emprisonnent des îlots vasculo-nerveux assez semblables

aux névromes de régénération de la moelle, productions frequen-

REVUE d'anatomie ET DE physiologie pathologiques. 323

tes et appartenant presque exclusivement à la syringomyélie.

Quant à la cause première de ce complexus, ce doit être une lé-

sion inflammatoire des vaisseaux ; il s'agit en tous cas d'une in-

flammation particulière, bien différente de celle qui aboutit à la

sclérose avec oblitération : son caractère est de porter surtout sur

la tunique externe, de se propager en dehors du vaisseau et

d'exercer sur les tissus ambiants une action irritative et peut-

être en même temps destructive.

Est-ce donc là, se demandent les auteurs, un type exception-

nel et irréductible de cavités médullaires 11 résulte de leurs ob-

servationsdo contrôle que les lésions elle processus cavitaire dé-

crits par eux se retrouvent au moins dans certains cas de syrin-

gomyélie. )lais alors il y a peut-être lieu de modifier notre con-

ception pathogéniquede cette maladie ' ? De la discussion des di-

verses théories émises sur la question, il découle que les cavités

médullaires syringomyéliclues reconnaissent une série de facteurs

pathogéniques de natures fort différentes ; dès lors il n'y a plus

aujourd'hui une syringomyélie, il y a des syringomyélies qui ont

de commun le syndrome clinique elle développement de cavités

médullaires, mais très dissemblahles quant à la lésion primitive ;

en d'autres termes, il n'existe pas de processus histologique spé-

cifique de la syringomyélie. F. Tisser.

XXX. --Un cas de poliomyélite antérieure aiguë de l'adulte

avec lésions médullaires en foyers; par U;¡U et Wilson.

(Nouv. Iconogr. de la Salpêtrière, 190 11- 6.)

Observation d'un homme de 23 ans syphilitique, ayant présenté

neLtementle syndrome de la paralysie ascendante aiguë. L'au-

topsie montra l'existence dans la moelle, en outre d'une polyo-

myélite antérieure généralisée, d'une double lésion en foyers ayant

tout il fait l'aspect des foyers de ramollissement de la paralysie

infantile et intéressant les cornes antérieures au niveau des ren-

flements cervical et lombaire. Le point de départ des lésions était

visiblement dans les vaisseaux (existence d'un vaisseau au cen-

tre de la plupart des foyers), et la cause (intoxication ou infection)

de ces altérations vasculaires était vraisemblablemenlla syphilis.

F. T.

XXXI. Un cas de myopathie avec rétraction ; examen

anatomique ; lcar C=ST.1N et LEJONNE. (XOHV. Jean. de la Sal-

pètrière, IcJll4, no 5.)

Vérification anatomo-pathotogique d'un des deux cas de myo-

pathie familiale publiés par les auteurs dans la Nouv. Acon, de la

Salp., 1902, n" 1 ; il s'agit bien d'une myopathie primitive : les

muscles sont d'apparence et de consistance fibreuses, ils sont atro-

phiés et l'atrophie est plus prononcée à la racine des membres

324 REVUE d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques.

qu'à l'extrémité. Les faisceaux musculaires sont constitués de

libres plus ou moins dégénérées noyés dans un tissu-interstitiel

épaissi, de nature fibro-adipeuse. Les fibres musculaires sont soit

normales, soit hypertrophiées ou atrophiées, quelques-unes sont

en voie de division longitudinale ; les noyaux en sont partout

multipliés. L'atrophie semble bien débuter au niveau de l'inser-

tion tendineuse de la libre pour remonter ensuite dans son épais-

seur ; c'est tout au moins à ce niveau que se trouve le maximun

des lésions. - Le tissu interstitiel est augmenté, résultat d'unpro-.

cessus de sclérose fibreuse en certains endroits et d'un processus

d'adipose en d'autres. C'est la nature et la topographie de ces lé-

sions qui ont déterminé pendant la v ie les rétractions constatées ;

en effet, les muscles rétractés, qui étaient les fléchisseurs, avaient

conservé intactes le plus grand nombre de libres musculaires en

même temps que le tissu de sclérose y était assez développé et

dense ; les muscles antagonistes au contraire offraient beaucoup

moins de fibres saines et étaient particulièrement infiltrés de tissu

adipeux.

Le cerveau (sauf l'encéphalite aiguë hémorrhagique dont le

malade est mort), la moelle et les nerfs périphériques n'offrent

que des lésions de peu d'importance. '

Les auteurs l'ont remarquer qu'en dépit de la présence dans les

muscles d'éléments hypertrophiés, ceux-ci étaient toujours atro-

phiés dans leur masse ; cette hypertrophie doit être considérée,

au même litre que l'atrophie d'emblée, comme une réaction pri-

mitive du processus myopathique. 1

Quelle est l'origine du tissu interstitiel qui remplace les libres

musculaires disparues'' Les auteurs reconnaissent une part de mé-

rité à chacune des deux théories avant cours sur ce point : d'une

part la sclérose des fibres musculaires (théorie de Krusing), d'au-

tre part et surtout le périmysium interne et externe ainsi que

les vaisseaux (théorie classique) concourent à sa production. De

leurs observations, Cestan et Lejonne concluent à l'existence

d'une forme définie de myopathie, la forme scléreuse avec rétrac-

tions. F. 1'ISSOT.

XXX11 Contribution z. la définition de la mise en train

ou de la continuation des opérations corticales ; par Il.

Vont. (Centl'albl. ? JVcto</t< ? t, XX\'1 ! . \. 1. XV, 1904.)

Toute impression, pour se graver dans l'esprit, se traduit par

une série d'opérations à l'intérieur du cerveau qui lui corres-

pondent ; ces opérations moléculaires continuent à s'effectuer

pendant un temps assez court à la suite de l'impression qui leur

a donné naissance. Cette persévérance des opérations corticales

contribue à fixer dans l'esprit ce qui vient d'être appris. Mais si te

cerveau se livre aussitôt après à un autre travail le jeu desopé-

revue d'anatomie ET de PHYSIOLOGIE pathologiques. 325

rations précédentes disparaît ainsi que le phénomène de fixation.

Ainsi si dans l'intervalle des classes l'élève ne pense à rien, les

résultats de l'enseignement demeurent adhérents ; ils s'évanouis-

tent quand l'élève se prépare aux classes suivantes parce que

d'autres opérations corticales se substituent aux premières.

Il y a des gens chez qui les idées qui ont surgi dans leur cer-

veau subsistent infiniment longtemps. Mais en général les idées

ne persévèrent que pendant quelques minutes. '

Quand Kroepelin avance que le travail est facilité par un tra-

vail antécédent (c'est ce qu'il appelle la mise en train) il s'agit

en réalité de la continuation des mêmes opérations corticales.

Au fond, de même que la persistance des groupes syllabiques qui

ont impressionné le cerveau, la mise en train ou stimulus exercé

par les travaux simples suivis, cesse au bout de 5 à 10 minutes. Il

semble même que le stimulus déterminé par un travail disparaît,

a l'égal de l'adhérence des idées, sous l'influence d'un nouveau

travail.

La tendance à la répétition ou iL la résurrection inopportunes

des syllabes qui viennent d'être imprimées dans le cerveau, est

attribuée par Muller à la persévérance des opérations corticales,

et par Kroepelin à la mise en train de ces opérations.

Au fond, mise en train et persévérance des opérations corti-

cales sont un même mécanisme.

Chez les individus doués d'une grande aptitude à la continuité

des opérations corticales et dont l'activité mentale est vive, la

préparation au travail par un travail simple peut être d'une très

rapide efficacité. A peine ont-ils calculé pendant quelques minutes

qu'ils effectuent d'un trait toutes les additions possibles ; plus

longues et plus intenses sont chez eux les opérations corticales

correspondantes, plus, par la persévérance des mécanismes intra-

corticaux, le travail des additions il venir est assuré.- C'est juste-

ment parce que la puissance de persévérance des opérations

corticales est grande clu'z eux qu'il leur faut se reposer long-

temps avant que la mise en train ne se perde.

Si nous admettons l'existence dans toutes les opérations cor-

ticales des phénomènes de persévérance ou de stimulation des

processus moléculaires corrélatifs, il faut nous attendre à ce que

tout travail d'entraînement préparatoire puisse soit arrêter soit

faciliter le travail suivant, selon que ce dernier utilisera ou non

le même mécanisme des opérations moléculaires intra corticales.

C'est ce qui a lieu (Oseretzkovvski, E. lÜoepelin). Dans la cata-

tonie, les opérations corticales se peuvent continuer longtemps

parce qu'elles ne sont pas arrêtées par d'autres processus (voy.

Archives de Neurologie, t. \1'III, ° série, p. 338 ; psychophysio-

logie du négativisme).

Dans la paraphasie, quand plusieurs mots ont disparu du

326 bibliographie.

réservoir cérébral, ceux qui sont restés sont et demeurent d'au-

tant plus facilement et plus longtemps à la disposition du sujet

que les influences inhihitnil'es des autres mots ne s'exercent

plus. Il en résulte qu'un petit nombre de mots reviennent cons-

tamment ; toute pensée entraîne la même réaction vicieuse,

c'est-à-dire l'articulation du même mot. P. Keraval.

XXXIII. Au sujet de l'article de N. G. Kotik sur la lec-

ture des pensées et les rayons N ; par ,1. 11. Raimiste.

(Oúo : ;1'énie psichiatrii, IX, 1901.)

Les expériences relatées par lI. Kotik dans son mémoire ont t

trait à une jeune fille de 14 ans, Sophie Schtarkcrr, qui lisait

surtout bien la pensée do son père. ! Il. Itaimiste, qui a participé

à la 1 re séance du 3 mai 19G't, émet l'opinion suivante. Il se

pourrait que le père prononçât involontairement, tout bas' les

mots qu'il pensait, si bas que les assistants fussent incapables de

les percevoir. La jeune fille, au contraire, douée d'une hyperexci-

tabilité spécielle des sons, et, en particulier, de l'ouïe, percevait

ces sons et avait, par suite, l'air de lire dans la pensée de son

père. ' P. KrRAVAL. il

XXXIV.-Technique sphygmographique ; par VASCHIDE et

LOFIY. [Revue de médecine, mars l'.104.)

Etude très intéressante qui donne des détails sur les différents

appareils destinés à enregistrer le pouls depuis le sphygmoscope

de Hérisson (1837) jusqu'à celui tout récent de 5111e Pompilian

(1902) ; la plupart de ces instruments dérivent du sphygmogra-

phe de Marey (1850.) L. WAHL. '

BIBLIOGRAPHIE

- Rapport médical de l'asile d'aliénés de Rennes pen-

dant l'année 904, par le I)1' Sizaret, médecin en chef.

Population au 1« janvier 1904, 995 (424 II. et 571 F.). En-

trées, 229 (107 II. et 12` ? F.). Sorties,153 (74 Il. et 79 F.). Dé-

cès,77 (37 Il. et 40 F.),<lont ; ? par tuberculose pulmonaire (5 Il. et

7 F.). - Population au 31 déc. 1904, 991 (f1 II. et 571 F.). Un

graphique montre la progression rapide du chiffre des aliénés :

869 en 1894 et 996 fin 1904.

Dans le tableau des « catégories mentales » nous lisons -.névroses,

17. 11 serait bon d'indiquer en quoi consistent ces « névroses ». -

Comme causes déterminantes des malades entrés, relevons : hé-

BIBLIOGRAPHIE. 327

22; - épilepsie; 17, alcoolisme, 32 dont 24 h. « Dans

187 cas (sur 229 entrées), nous n'avons pu avoir de renseigne-

ments sur les causes déterminantes de la folie, dit M. Sizaret,soit

par ignorance ou mauvais vouloir des familles, soit par insuffi-

sance des renseignements de police et de gendarmerie qui sont

la plupart du temps notre principal repère. »

Maintes fois nous voyons consignée dans les rapports cette

difficulté d'avoir des. renseignements, que nous n'avons pas à Ci-

cêtre. Il est très rare que les familles ne répondent pas, même à

notre première convocation.

« Grâce à la mesure extrêmement favorable des congés d'essai,

nous avons pu hâter les sorties dès l'amélioration confirmée des

malades, chaque fois qu'il nous a paru possible de les confier à.

leurs familles. Nous n'avons pas eu de difficultés avec ces dernières

qui comprennent le bénéfice qu'elles retirent de la sortie de leur

malade. Ces sorties sont demeurées définitives dans presque tous

les cas. » Ces résultats sont faits pour encourager les médecins

qui hésitent encore à user des congés d'essai.

A propos des sorties des débiles, au nombre de 4, qui ont pu

sortir, « considérés comme guéris.», 51. Sizaret fait remarquer que

ce vocable serait avantageusement remplacé par le terme : amé-

liorés ; mais les dispositions spéciales du règlement nous obligent

à employer le mot guéris pour avoir le droit de faire verser à la

sortie le pécule complet (15 fr. au minimum), et c'est là souvent

une mesure de haute bienveillance qui permet à nos sortants de

vivre quelques jours en cherchant du travail». Dans notre service

d'enfants, pour une autre raison, à la sortie, nous mettons pres-

que toujours « améliorés » afin que s'ils rechutent ou commettent

quelque faute, dans la vie privée ou au régiment, nous puissions

leur être utile, ce qui serait plus difficile avec la mention

guéris. ,

Il ressort du tableau do la durée du séjour à l'asile que les

4/5 des aliénés qui sortent guéris ont fait il l'asile un séjour

de moins d'un an. Les familles ont donc intérêt à placer rapide-

ment leurs malades. C'est une notion, dit 51. Sizaret, que nous

cherchons à répandre parmi nos confrères chargés de la clientèle

ordinaire. »

Nous avons depuis longtemps insisté nous-même, avec bien

d'autres, sur les avantages du placement le plus rapproché pos-

sible du début, dans l'intérêt bien compris des malades et aussi

des finances du département et de la commune.

«Une épidémie d'oreillons s'est manifestée dans la seule division

des hommes, et dans 4 cas sur les 15 constatés chez nos aliénés,

il y a eu un gonflement orchitique et douleur. Le personnel infir-

mier, a, en outre, fourni 4 sujets atteints aussi des oreillons avec

orchite ourlienne chez trois d'entre eux.

328 BIBLIOGRAPHIE.

« Les autopsies (1) de nos malades décédés sont faites réguliè-

rement. Nous constatons toujours la fréquence extrême des lé-

sions tuberculeuses ; elles sont rarement la cause des décès et

ne se diagnostiquent qu'à l'ouverture du corps ; c'est il l'occasion

d'un rhume, d'une grippe ou d'une affection quelconque de l'ap-

pareil respiratoire que l'on voit évoluer la tuberculose. »

De même qu'à Saint-Mecn, il est à souhaiter que toutes les au-

topsies possibles soient pratiquées et que dans leurs rapports nos

collègues en indiquent le nombre (2). Au point de vue de la lutte

contre la tuberculose, \I. SizareL donne les détails suivants :

« Les crachoirs avec liquide antiseptique sont utilisés à l'Asile,

mais trop peu nombreux, et il est difficile, lefussent-ilsdavantage,

d'obtenir toujours que les malades les utilisent. Le mouchoir

de poche, ou même le plus souvent le parquet des salles, le sol

des cours reçoit les déjections réservées au crachoir. La ventila-

lion et l'aération des salles, les lavages ou balayages dans des

conditions d'humidité du sol des salles et chambres, la désinfec-

tion au formol des locaux contaminés, le lavage des murs au su-

blimé, l'étuvage des linges ou vêtements, delà literie,, telles sont

les mesures hygiéniques couramment employées à l'Asile. Le

tuberculeux ou le contagieux ne peut être que bien difficilement

isolé dans l'Asile ; l'infirmerie des hommes n'a que trois chambres

séparées du dortoir, au sud-est. Chez les femmes, nous appelons

de Lousnos voeux l'achèvement des bâtiments à cause de l'insuffi-

sance d'aération et de cubage du bâtiment d'infirmerie actuel. Il

n'y a aucune chambre de séparation. L'Asile ne possède aucun

lazaret, aucun local pour isoler même les tuberculeux.

«Les constructions de l'Asile couvrent une grande partie des 33

hectares compris dans l'enceinte. On ne peut indéfiniment mul-

tiplier les constructions et l'Asile ne peut s'agrandir sur son ter-

rain d'assiette actuel. Je ne puis qu'émettre il nouveau le voeu de

voir acquérir dans le voisinage des terrains de culture ou une

colonie qui occupera les bras de nos convalescents, de nos mala-

dies chroniques, de nos débiles ou dégénérés. Il y a un très réel

avantage matériel reconnu pour les Asiles à posséder une exploi-

tation agricole proportionnée il leur population ; l'élève du bétail,

la production en abondance d'un lait toujours trop parcimonieu-

sement prescrit à nos malades affaiblis, augmenteraient les con-

ditions du bien-être général en allégeant certainement les dé-

penses du département. »

(1) De même que dans d'autres asiles voisins d'Ecoles de méde-

cine les corps non réclamés de St-héen sont envoyés à l'école de

Rennes pour servir aux études anatomiques . <

(2) A Bicétre, 18 autopsies sur 23 décès ; à Vallée, 16 sur 19. Dans

les autres cas, il y a eu opposition.

BIBLIOGRAPHIE. 329

C'est avec raison que )1. Sizaret réclame l'annexion à l'asile

d'une colonie agricole.ll y va de l'intérêt des malades qui y trou-

verront une occupation salutaire, et de l'intérêt de l'Asile qui

trouverait là des ressources permettant d'améliorer l'alimen-

tation des aliénés et du personnel. Nous croyons que le Préfet

(l'llle-'et- Vilaine ? \1. Rault, très bien disposé pour les choses d'as-

sistance, a l'intention de réaliser l'idée de la création d'une colo-

nie agricole et d'une section d'enfants arriérés. Les moyens finan-

ciers peuvent lui en être fournis par la suppression de la chapelle

monumentale projetée par l'architecte, en utilisant la chapelle

qui existe dans le domaine qu'on a l'intention d'acheter et d'an-

nexer à l'asile (1). '

Nous avons émis l'idée, mal acceptée par certains, que les mé-,

decins devaient consigner dans leurs rapports leurs desiderata en

tonte franchise. 51. Sizaret l'a fait en termes mesurés. Nous l'en

félicitons. Encore une citation :

« Le laboratoire de recherches d'histologie pathologique et d'an-

thropologie a fonctionné régulièrement sous la direction de 51. le

docteur Dide, médecin adjoint. »

Cette mention montre que, à Saint-51éen, le médecin en chef et

le médecin adjoint s'entendent parfaitement ; qu'ils font l'un et

l'autre tous leurs efforts pour assurer les meilleurs soins aux ma-

lades et que l'Asile constitue un véritable centre scientifique. B.

XIII. -- Rapport j'nédical sur l'asile public d'aliénés de St-Robert

(Isère), pour l'année L90F, par le 1> V. Dubourdieu.'

Aliénés présents au premier janvier 1905 : 1010 (489 H. et 521

1 ? .) ; Admissions en 1904, 244 (119 II. et 125 F.) dont 13 cas d'é-

pilepsie, G d'hystérie, 26 de paralysie générale, 3 d'idiotie, 15 de

folie alcoolique (t4 Il. et 1 F.), 45de débilité mentale, aucun par

crétinisme. Malades traités, 1 : 5f ; sorties 132 (63 II. et 69 F.),

dont 52 par guérison (27 H. et 25 F.) ; 51 par amélioration (18

Il. et 33 F.) ; décès, 110 (52 II. et 58 F.) dont 17 par tuberculose

pulmonaire et 1 par fièvre typhoïde ; aliénés restant au 31 décem-

bre 1904 : 1012.

C'est en mai. juin, juillet, que les admissions ont été les plus

nombreuses. Il en a été de même pour les guérisons et de plus en

août. Chez 9 malades décédés, la durée du traitement a été infé-

rieure à un mois, indice d'une admission en état grave. Le maxi-

mum des décès a été observé en avril, mai et octobre. Le total

(1) A l'Asile de 'illejuif et à l'Asile de Maison Blanche (Seine),

nous avons obtenu qu'on ne fasse pas de chapelle. Même chose à

l'hôpital l31cllat. A 1'llùlcl.Dieu de Paris, c'est une salle ordinaire

qui sert de chapelle.

330 BIBLIOGRAPHIE.

général des travailleurs a été de 999, (488 Il. et 511 F.). - Quel-

ques citations :

« La statistique démontre que la folie guérit en général dans la

première année du traitement et plus difficilement ensuite; d'où

l'intérètbien entendu des familles à amener leurs malades à l'asile

pour y être traités, au lieu de les soigner chez elles, perdant ainsi

un temps précieux et préjudiciable à la guérison possible

Les malades guérissent d'autant plus vite qu'ils sont plus jeu-

nes.» H

Ce sont là des vérités sur lesquelles tous les aliénistes sont

d'accord, mais qu'on ne saura trop répéter. '

« Les décès sont dus en grande partie à la tuberculose pul-

monaire, chose facile à expliquer par l'encombrement et aussi à

cause de l'absence de mesures prophylactiques et curatives, dif-

ficiles à réaliser, puisque rien n'a été prévu jusqu'ici dans ce

sens.

« De nombreux malades âgés ont été admis à l'asile depuis

quelques années et, pources malades, il serait fortutile que leurs

dortoirs fussent chauffés, au moins pendant les grands Froids. Les

pavillons sont isolés, exposés à tous les vents et le froid s'y fait

particulièrement sentir.

. C'est là une situation pénible que nous avons signalée en ana-

lysant le précédent rapport sur L-ilohert. On ne conçoit guère

qu'il n'y ait pas encore été porté remède.

«Au point de vue du traitement, je m'efforce d'instituer le plus

possible une médication pathogénique et qui s'inspire de la diver-

sité des cas. Les méthodes récentes de traitement : alitement,

grands bains prolongés de 3, 4, (j et 10 heures retiennent égale-

ment mon attention. A noter que les bains prolongés donnent des

résultats remarquables au point de vue de l'agitation et de l'in-

somnie » ( 1. '

1)1. Dubourdieu réclame avec juste raison la construction d'un

pavillon d'isolement pour les maladies contagieuses. C'est là une

réforme qui devrait être réalisée dans tous les établissements hos-

pitaliers. Nous l'avons obtenu à Cicêtre, nous l'avons réclamé

dans le programme du Va asile de la Seine (Maison Blanche). B.

« L'Ecole d'infirmiers et d'infirmières créée à l'hôpital de Greno-

ble est une innovation excellente, écrit 51 . le D'' Dubourdieu. Les

malades seront ainsi assurés de recevoir des soins plus éclairés,

plus intelligents. En effet, avec les progrès de la médecine et sur-

tout de la chirurgie moderne, des connaissances techniques- sont

indispensables à ceux qui soignent les malades. La bonne volonté,

le dévouement, ne suffisent plus. La connaissance de l'anti-

(1) Voir plus loin aux Varia, p. 334. ,

i BIBLIOGRAPHIE. 331

sepsie, notamment, est un devoir. Les infirmiers et infirmières

d'asiles ont des soins spéciaux à donner aux aliénés, et suivant

certaines catégories, ,le me propose de rédiger bientôt un petit )la-

nuel de l'infirmier d'asile où il puisera les notions indispensables

à l'accomplissement de ses délicates et périlleuses fonctions (l).

En 1904, notre personnel a obtenu 6 diplômes et

deux diplômes d'infirmiers (2). Ces cours seront continués cha-

que année pour de nouveaux infirmiers.»

C'est avec plaisir que nous voyons s'étendre peu à heu-moins s

vite que nous ne le voudrions -- l'enseignement professionnel du

personnel secondaire. Les infirmiers et infirmières suivent les

cours de l'école de l'hôpital de Grenoble où ils reçoivent l'ensei-

gnement général nécessaire à tous les infirmiers. 11 faut le com-

pléter, pour les infirmiers des asiles, par un enseignement spécial ;

12 à 15 leçons sont suffisantes, car il ne s'agit pas de leur appren-

dre la médecine mentale, mais à être des auxiliaires des méde-

cins. M. le 1)1' Dubourdieu paraît être décidé à faire cet enseigne-

ment : nous l'approuvons vivement. BOURNEVILLE.

XIV. Paralysie générale et syphilis. parL. MARCHAND, médecin

adjoint de l'Asile de mois.

Pour éclairer lerôlejoué par la syphilis dans la paralysiegéné-

rale, il faut s'appuyer simultanément et non isolément surles ré-

sultats fournis par la statistique, la clinique, l'anatomie patholo-

gique, l'expéri mentation. La stati"l ¡que démontre que ,"j : 2 pomcent

au moins des paralytiques généraux sont sII)hilili4lues, e[(Itie d'au-

tre part certains cas de paralysie générale n'ont certainement pas

pour cause la syphilis, puisque plusieurs malades ont contracté la

vérole au cours de leur méningo-encéphalite. Au point de vue cli-

nique, les arguments que l'on peut trouver en faveur ou non de

l'origine syphilitiquesont peu nombreux. A la vérité les accidents

spécifiques y sont rares, mais en revanche les expériences négati-

ves de Kiaf[7EI)iii,, inoculant sans résultat la syphilis à parai;) ti-

ques généraux; et dans la symptomatologie, la constatation du

signe tl'Arnll-llobertsou, semblent donner à la syphilis un rôle

important. L'anatomie pathologique permet de dire que, dans la

(1) Nous rappelons ce propos qu'une partie du Manuel de l'In-

et de la garde-malade, en usage dans les écoles municipales

de Paris et dans les écoles départementales des asiles de la Seine,

est consacrée à renseignement des infirmiers et infirmières d'asiles.

La rédaction en est due à notre dévoué collaborateur et ami, le D

Kcraval. Yoir aussi le Manuel de l'association médico-psychotogique

d'Angleterre el les conférences du 1)' Level.

(2) Le nombre par trop réduit de nos infirmiers, dit M. le D'

Dubourdieu, n'a pas permis d'en envoyer davantage aux cours.

332 BIBLIOGRAPHIE.

majorité des cas la paralysie générale est d'origine syphilitique :

1° par l'examen des cerveaux où les lésions de la paralysie géné-

rale s'associent à des lésions non douteuses de syphilis cérébrale

la coexistence de ces lésions est beaucoup plus commune qu'on ne

le croit généralement; 2° par l'examen des méninges du fond des

sillons cérébraux, épaissies à un tel point qu'on pense immédia-

tement à un tissu gommeux. Le traitement spécifique de la para-

lysie générale a fait peu de partisans, mais ici les lésions scléreu-

ses sont très avancées, et commentun traitement spécifique mê-

me actif pourrait-il agir sur cette sclérose ? Ces diverses considé-

rations permettent à l'auteur d'envisager la syphilis comme une

cause puissante de paralysie générale. Il importe dès lors de dif-

férencier les cas de méningo-encéphalite diffuse de nature uni-

quement syphilitique de ceux où d'autres causes, autres que la

syphilis, les excès alcooliques par exemple, entrent seuls dans les

antécédents des malades. IL LEROY.

XV. Des méningites à évolution insidieuse comme cause d'alié-

nation mentale ; par L. MARCHAND, médecin-adjoint de l'Asile

de Mois. ''

De nombreux examens histologiques des centres nerveux d'a-

liénés ont permis à l'auteur d'attribuer à des méningites insi-

dieuses, passées jusqu'ici inaperçues, divers syndromes mentaux

qui doivent leur physionomie particulière à la nature, l'intensité,

la localisation, l'étendue des lésions. L'âge auquel elles sur-

viennent est une condition importante, dont il faut tenircompte.

Il existe des méningites insidieuses qui nedonnent naissance chez

l'adulte qu'à des troubles mentaux ; chez l'enfant, elles provo-

quent souvent l'épilepsie et un arrêt de développement intellec-

tuel. L'auteur a constaté deux formes de méningite avec nombreux

intermédiaires : dans la première forme, il s'agit d'une lésion mé-

ningée dans laquelle l'inflammation est encore évidente : à cette

forme correspond une démence à marche progressive mais lente ;

la deuxième forme est une lésion méningée arrêtée dans son évo-

lution : cette forme répond à des syndromes mentaux stationnai-

res pendant de longues années. Ces lésions affectent seulement la

couche superficielle du cortex sans dégénérescence descendante.

Enfin il est difficile de préciser la nature de ces méningites insi-

dieuses. I;. LEROY.

varia. 333

VARIA

LE ministre de l'intérieur A messieurs les préfets.

M. le Préfet, .

Le Conseil Supérieurde l'Assistance publique, dans sa dernière

session du mois de mars 1905, a adopté une résolution pré-

sentée par la 1V section, conformément aux conclusions du rap-

port de \I. le docteur Bourneville. La teneur de cette résolution

est la suivante : `

« Le Conseil supérieur est d'avis que les médecins adjoints

dans les asiles d'aliénés doivent être maintenus, et que les ser-

vices doivent être constitués de la manière suivante : les mala-

des rentrant de l'année, les malades réputés curables réservés

aux médecins de direction et aux médecins en chef ; les malades

chroniques donnés aux médecins adjoints sous le contrôle éven-

tuel des médecins en chef; les certificats de sortie sont réservés

aux médecins en chef; les médecins adjoints sont convoqués

aux séances de la Commission de surveillance ».

Ces nouvelles dispositions ne se trouvent pas en concordance

avec celles édictées par l'arrêté du 20 mars 1857, mais comme

elles sont de nature à porter une grande amélioration au service

médical des asiles, j'estime qu'elles doivent être mises en vi-

gueur le plus pro'mptement possible dans tous les asiles d'aliénés.

.levons recommande donc de les porter sans retard à la connais-

sance du personnel placé sous vos ordres, et de m'accuser récep-

tion des présentes instructions. l ' . , "

Pour le Ministre de l'Intérieur, le Conseiller d'Etat, directeur

de l'Assistance et de l'hygiène publiques ' Il. }10NOD.

Asile Saint-Robert : PERSONNEL médical.

Dans notre rapport au Conseil supérieur de l'Assistance publi-

que sur la Fixation du nombre des médecins dans les asiles publics

d'aliénés, nous avons cité comme exemple d'un asile où le person-

nel médical est notoirement insuffisant l'asile Saint-Robert. AI.

H. Monod, dans sa lettre introductive au Conseil avait déjà in-

voqué le même exemple. En effet, pour 1250 malades traités ( ? )

en 1904, il n'y avait qu'un médecin en chef et 2 internes. Les en-

trées de l'année ont été de 244. Après la discussion au Conseil,

après la circulaire ministérielle conforme au vote de ce Conseil,

invitant les Préfets à réclamer l'augmentation des médecins là où

leur nombre est hors de proportion avec le nombre des malades,

334 varia.

on pouvait espérer que le Conseil général de l'Isère, qui est répu-

blicain, ami du progrès, comprendrait la nécessité de la création

au moins d'un médecin adjoint.Malheureusement, il n'en est pas

ainsi. Le Petit Dauphinois du 25 août nous annonce que le Con-

seil général de l'Isère, dans sa séance du 21 août, sur le rapport de

M. Ogier, a repoussé-la demande de création d'un poste de mé-

decin adjoint à l'asile d'aliénés de Saint-Robert.Nous regrettons un

tel vote, contraire aux intérêts des malades, contraire aux inté-

rêts bien entendus des finances du département : Diminution des

sorties, accroissement des incurables. - En- revanche, ainsi qu'on

le verra aux Faits divers, asiles d'aliénés, le Conseil général de

la Haute-Marne a créé un poste de médecin adjoint. Le personnel

médical de cet asile dont la population est de 764 (Isère, 1010)

se trouve ainsi composé : 1 médecin directeur, 1 médecin adjoint,

2 internes. Bonne réforme. - D.

Insomnie habituelle depuis 3OANS, traitée par des bains PRO-

longés IL Y A 25 ANS.

Dans le rapport de M. leur Pailhas sur l'hydrothérapie au Con-

grès de Rennes (voir Archives, n" 117, p. 209 à 2'Z) etla discus-

sion quia suivi, il a été question de l'emploi des bains prolonges.

A l'appui des dires rappelant que ce mode de traitement est déjà

ancien, nous citerons le fait suivant : ,

51. X..., âgé de 60 ans, employé, nous a raconté qu'à la suite

d'une affection aiguë, il est devenu anémique à un degré pro-

noncé et qu'en même temps, il a perdu le sommeil d'une façon à

peu près ahsolue, que c'est, tout au plus s'il s'assoupit 2 ou 3

heures par nuit. Cet état dure depuis bientôt trente ans. Il va de

soi qu'un grand nombre de moyens ont été employés, parmi eux,

et c'est là le point intéressant, les bains prolongés, douze heures,

du soir au matin, ont été pris durant cinquante-cinq jours. Ils

n'ont pas ramené le sommeil. D.

Assistance ET traitement h1)· : DICO-PliD : IGOGIQUr : des enfants

, IDIOTS ET ÉPILEPTIQUES.

Notre collègue et ami, ]\1. le 1)'' MAXILLE, médecin-directeur

de l'asile de Lafond, près la Itochelle, nous apprend que les

constructions récentes faites dans son asile vont lui permettre,

très prochainement, d'aménager un local pour les idiots et ner-

veux. Le même résultat pourra être atteint, pour les idiotes et

les nerveuses, lorsque les constructions volées tout dernièrement,

du côté des femmes, par le Conseil général, seront terminées.

Quelle que soit l'installation, elle n'en constituera pas moins un

progrès pour l'assistance, le traitement et l'éducation des enfants

idiots et arriérés des deux sexes.

FAITS DIVERS. 335

FAITS DIVERS

Asiles d'aliénés. - Mouvement dans le personnel médical. - : \1. le D COULONJOL', médecin-adjoint à Alen(;on, promu à la

l'. classe du cadre. M. le D1' PASTUREL, du concours de 1904,

nommé médecin-adjoint à l'Asile Saint-Dizier (Haute-Marne),

poste créée 51. le Dr AUBRY, médecin-adjoint à 51aréville (Meur-

the-et-Moselle), promu à la 1 classe du cadre.

Distinctions honorifiques. Chevalier de la Légion d'hon-

neur : M. le Dr Vallon, médecin en chef de l'asile clinique

(Sainte-Anne). Officier de l'Instruction publique : Il. le Dr

Nolé, directeur-médecin de l'asile d'aliénés de Saint-Alban

(Lozère.) Officier du Mérite agricole : )1. Cuveliez, directeur

de l'Asile d'aliénés de Rennes.

[''ou étranglé dans sa CELLULE. - : -lice, 5 septembre. Dépê-

che particulière du Matin.- Un fait très grave vient de se pru-

duire à l'asile d'aliénés de Saint-Pons. Dimanche, dans la jour-

née, on conduisait à l'asile un jardinier nommé Demétrius Carini.

Comme le malade était dans un grand état d'excitation, on

l'enferma, à dix heures du soir, dans une cellule, après lui avoir

mis la camisole de force. Hier matin, vers quatre heures, le frère

Sylvain Daumas, de l'ordre des Assomptionnistes, à qui appar-

tient l'établissement, trouva le malheureux étranglé dans sa cel-

lule. Carini avait les jambes sur sa couchette ; la tète pendait et

toucliait le sol. Il informa la direction qui, à son tour, avertit le

parquet. On ignore actuellement s'il y a eu crime ou accident.'On

prétend aujourd'hui, l'asile, après avoir dit qu'il y avait eu sui-

cide, qu'il s'agit d'un accident. Carini aurait été étranglé par sa

camisole. Mais comment ' ? Par qui ? La supérieure a déclaré que

le fou en,se débattant, avait fait remonter le col de l'appareil et

s'était ainsi lué involontairement. La préfecture a ordonné une

enquête administrative... D'où la nécessité d'avoir la nuit un in-

lirmier aux cellules. Pourquoi cellule et camisole ? ' ?

Les asiles d'aliénés aux colonies. Le docteur Margain a

présenté un rapport au Congrès colonial sur la situation des alié-

nés dans les colonies françaises. Il monfréquole nombre d'asiles

existants est insuffisant, que la création de nouveaux asiles s'im -

pose, et que les seules mesures prises jusqu'à ce jour consistent à

ramener les malades européens en Franco dans les conditions

tellement désastreuses qu'il semble urgent que les pouvoirs pu-

blics, les représentants des colonies en particulier, fassent tous

336 BULLETIN bibliographique.

leurs efforts pour obtenir de promptes améliorations dans l'assis-

tance des aliénés aux colonies. Nous ne pouvons que nous asso-

cier à la réclamation si justifiée de 31. le 1), }larguin.

PROJET d'un concours spécial pour les médecins des asiles

d'aliénés DE la Seine. Dans une noie ajoutée à la reproduc-

tion de ce projet (voir plus haut), nous avons fait remarquer que

les médecins de Iticëtre et de la Salpetriere avaient été exclus de

la nouvelle Société. Nous devons dire que les trois médecins delà

Maison nationale de Charenton unt été l'objet de la même exclu-

sion. De tels procédés sont contraires à la vraie confraternité, à

l'esprit de progrès qui veulent l'union, la largeur des idées, la

générosité des sentiments, la suprématie de l'intérêt général, et,

partant, l'intérêt des malades sur les intérêts particuliers.

Suicide d'un FOU. 51. L. Fertelle, 36 ans, demeurant rue

du Mont-Ccnis, atteint d'aliénation mentale, s'est suicidé hier

matin, en se plongeant sa canne à épée dans le ventre. Il est

mort une demi-heure après. [Aurore, 21 sept.)

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

DOUTREDENTE. Vingt-cinquième rapport médical et compte

moral administratif, pour l'année 1901, de l'Asile d'aliénés de Blois.

(Loir-et-Cher). Brochure Ion-8, de 5 pages. Imprimeries réunies du

Centre, 2, rue Haute, à Blois.

111LETICIU (G.). Compte rendu des années ils\)1.1\)04, avec con-

sidérations sur l'assistance des aliénés en Itoumanie. In-8" de 136

pages.

Sizaret. Rapport médical de l'Asile d'aliénés de Rennes pour

l'année 1904. In-8* de 18 pages. Oberlhur, Imp. à Rennes.

Le rédacteur-gérant : Bourkeville.

uierniont (uise). imprimerie 1)aix frères.

Vol. XX Novembre 1905 N" 119

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

CLINIQUE MENTALE

Contribution à l'étude de la démence iltfttjq ? t

. l'An 130UI3\)J'ILL1 : .

La démence est malheureusement très fréquente

chez les épileptiqucs, adultes ou enfants, et aboutit

toujours à une terminaison fatale, en offrant parfois

des rémissiuns plus ou moins longues. L'observation

suivante peut être considérée- comme tout à fait

caractéristique.

Sommaire. Père, accidents méningiliques de l'enfance :

excès de boisson ainsi que son père [grand'père paternel

de l'enfant). Mère, rien de particulier. Grossesse

accidentée par îles frayeurs. ,1ccouchement £ par le

siège. l'rentière dent à 7 mois. - Dentition complète à

2 ans. Début de la marche et de la parole il 17 mois. -

Propreté à 18 mois. - Début de l'épilepsie a 9 ans et demi,

un mois après une frayeur. Second accès trois mois

après. Marche des accès avant l'entrée et de 1895 à 1905.

- 1f'Lilissement progressif de l'intelligence. - Modifi-

cation de l'attitude. Démence. Traduction de la

démence par les photographies et l'écriture. État de

mat ; mort.

Autopsie. Caractères particuliers des os du crâne.

Jlèninrlo-encéphalite; -Piqueté hémorrhagique du corps

strié, etc. Tuberculose pulmonaire.

BAno.. (Ilippolytc), né à Paris le G février 1885, entré à

]31cC,t'-e le 5 juin 1895, y est décédé le 11 janvier 1905.

Antécédents. [Renseignements fournis par sa mère

en 1895). l'Ètir, 40 ans, mécanicien, excès alcooliques

«intérieurs au mariage, e6 dui ont augmenté progressivement

Archives, 2- série, 1905, t. XX. 22

338 CLINIQUE NERVEUSE.

(vin, absinthe). Il a eu dans l'enfance une affection nerveuse

qui a nécessité des applications de glace ; il n'aurait pas eu

de convulsions. Ni dartres, ni syphilis, ni rhumatisme. Mort

en 1901 des suites d'une pleurésie avec hémoptysie. '

Sa famille. Son père buvait beaucoup (vin) et serait

mort d'une affection du foie. Sa mère a succombe aux

suites de l'inllucnza. Un frère, une soeur, sans enfants,

rien de particulier. Trois oncles seraient morts de mala-

dies du foie. Dans le reste de la famille, pas d'épileptique*,

-etc.

1\ILn, 39 ans (en 1595), fièvre lypboïdc à 12 ans : aucun

accident nerveux.

Sa famille. Son père est mort de la rupture d'un allé-

de l'aorte, sa mère on ne sait de quoi. Il en est.de mê-

me pour ses grands parents. Ni frères ou soeurs, ni oncles

ni tantes. 1

Pas de renseignements sur la consanguinité. Inégalité

d'âge d'un an (Père plus ;îjé).

10 enfants : 1° Fille morte d'entérite à 33,jours ;- 2° gar-

çon né à 6 mois et 3 semaines, mort 8 jours après ; 3° gar-

çon (âgé de 22 ans en 190.'i), intelligent ; 'i° notre malade ;

5° garçon mort d'entérite sans convulsions ; (j° fille (17

ans eu 1905), normale ; 7° fille morte il 7 mois d'entérite

ainsi que deux autres filles, l'une il 65 jours, et l'autre à trois

semaines; -10° garçon (10 ans en 1905), bien portant. Aucun

n'aurait eu de convulsions.

Notre malade. On ne sait si la conception a eu lieu en

état d'ivresse. La urosscsse a été accidentée par des frayeurs

occasionnées par les excès alcooliques du mari et des que-

relles entre lui et son frère. Il n'y aurait pas eu d'autres

accidents. Mouvements du foetus il 4 mois 1/2. Accouche-

ment a terme, par le siège, avec beaucoup de liquide amnio-

tique. Pas d'asphyxie à la naissance. Elevé au sein par

sa mère jusqu'à 7 mois, puis'au lait de vache, a cause d'une

nouvelle grossesse. Première dent iL 7 mois ; dentilion

complète il 2 ans. Début de la marche et de la parole à

17 mois. Propreté iL 18 mois.

Les premiers accidents convulsifs ont paru à 9 ans et demi.

Alors B.. était trèsimpressionnable, se mettait à l'écart quand

ses camarades se battaient. Il apprenait facilement, avait

l'intelligence des enfants de son âge. A cette époque, il

aurait eu une grande peur en voyantson père, icre, battre sa

petite soeur. Il se jeta dans les bras de sa mère en pleurant.

CONTRIBUTION A l'ÉTUDE DE LA DEMENCE I : PILrPI'1QL1 ? . 33'J

Un mois après, la nuit, il fut pris de convulsions : Pas de cri,

membres roides, contorsions de la face, yeux portés en haut;

pas d'incontinence, pas de bave, ni de morsure de la lan-

gue. La crise a été courte. 11 s'est rendormi. Le lendemain

il était fatigué. Seconde crise, également la nuit, trois

mois après, puis les accès ont augmenté progressivement,

tous les mois, tous les 15 jours et enfin, à l'entrée, il en avait

presque quotidiennement. Ils n'ont jamais été compliques de

secousses, du vertiges, de cauchemars et d'accès de colère.

Dans ces dernicis lumps, les parents ont remarqué une

certaine paresse intellectuelle, une diminution de l'atten-

tion et de la mémoire. Il lui arrivait aussi d'inventer des faits

qui ne reposaient sur rien du réel ut le maître d'école décla-

rait que .sa conduite, auparavant régulière, commençait à

laisser a. désirer. Ses sentiments affectifs étaient dévelop-

pés ; le caractère était doux, gai. BAR.. n'avait pas de mau-

vais instincts.

Rougeole à 5 ans, scarlatine à 5 ans et demi; pas d'autres

maladies infectieuses. Pas d'accidents scrofuleux, sauf

unc blépharite ciliaire à 9 ans.

Température à l'entrée. '

340 ' CLINIQUE NERVEUSE.

contre l'oreiller. Les yeux se tournent à gauche. La bouche

s'ouvre alternativement avec un blUil sec comme si les

mâchoires étaient mues par un mécanisme. Itîtlc. Pas d'éva-

cuation. La crise su termine par un fort ronllcmcnt suivi

d'un anéantissement complet ou le plus souvent par un

sommeil lourd el profond.

Organes génital/ : \ : . - Verge : longueur 35 ? circonférence;

50 ? Prépuce long, gland découvrablu, méat llorillal. Te5ti-

cules l'anneau. T. lt. aussitôt après l'accès, 37°,8 ; un

quart d'heure après, 370,8 ; deux heures après, 37°, 5.

Juillct.- Même état des organes génitaux, des pupilles et

de la parole.

1897. Janvier. On remplace l'élixir par des pilules de

Méglin. Douches d'avril à novembre.

Fig. 10.- Bar... en 18U3.

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE LA DÉMENCE ÉPILEPTIQUE. 341

Juin. Par erreur, on a continué l'élixir polybromuré en

même temps que les pilules. Cul tu conjonction de médica-

ments n'a pas donné de bons résultats, car les accès ont

augmenté (Janvier-juin 189G : ? 59 accès ; Janvier-juin

1897 : 439, soit 180 en plus). (Fiy. 13, 14, et 15.)- Suppression

des pilules. Élixir polybromuré (1 à 4 cuillerées de 2 gr.

25 chaque), douches, etc.

18 ! J8. Ja.nvier. - 13... s'affaiblit de plus en plus intellec-

tuellement. 11 ne peut presque plus s'occuper en elasse. Il

ne sait jamais retrouver sa place. Il perd ses crayons, plu-

. Fig. Il.- nar... Juin 9SW.

342 CLINIQUE NERVEUSE.

mes et porte-plumes et accuse les autres enfants de les lui

avoir pris. Caractère doux, pas de colères, souvent rit sans

motif.

Juin. L'enfant apporte de moins en moins de goût au

travail. Il devient niais dans ses conversations. Il demande

aux infirmières : « Voulez-vous être mon père, dites ? »

Vous savez, mon camarade X ? c'est ma mère et il rit aux

éclats, fier de ce qu'il vient de dire. Sa tenue et son attitude

laissent à désirer. (l i. 13, 14, 15 et 1G).

159..Ianticr. - falrG la diminution considérable des

accès en 1898 ('13'2 de moins qu'en 1807¡ l'enfant incline de

plus ou plus vers la déchéance. (Fia. 17.)

Puberté. Léger duvet sur la lèvrc supérieure. Quelques

poih. folcl au pénil. Le reblc du C01'P" c,,1. glahl'l', VC'rgc :

long., 4 ccnt.; circonf., (i. Testicules toujours à l'anneau.

Juin. Le travail devient du plus un plus mauvais en

classe el la tenue de plus eu plus défectueuse.

Novembre. La déchéance s'accentue, 13... ne peut plus

fit. 12. - Septembre 1895.

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE Li DÉMENCE liPILCPT(QI;E ? 3

rien faire en classe. Il lui est pénible de parler, du se dépla-

cer. Il a toujours l'air hébété après ses accès. Diflicul(é de

s'habiller.

1900 Janvier. - Puberté. Face, membres, aisselles, thorax

etc., glabres. Poils d'un il trois cent., peu abondants, de cha-

que côté de la racine des bourses. Verge, long., G cent,.

circonf.. 5. Les testicules, dans l'anneau, ont la dimension

d'un oeuf de moineau. Même traitement.

Juin. - L'cnfant parle de moins un moins et la parole,

quelquefois, est incompréhensible. 11 est moins gai, ne plai-

sante plus.

Juillet. On a peine il lui faire dire son nom. Il est inca-

pable de l'écrire. Il tient la bouche ouverte à peu près

constamment.

. rr ? 13. - Mars 1897.

344 CLINIQUE NERVEUSE.

Fig. 14. Août 1897.

Fig. 15.- Octobre 1397. 1.

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE LA DÉMENCE ÉPILI;PTJQI1E. 345

Température CZSCCJ.

Décembre. La déchéance s'accentue; clic 'diminue légè-

rcmentpnr périodes. L'ëcriiure est devenue à peu près nulle.

Le calcul est nul depuis 1897. (Fig. 18.)

1901. Mai. - La lecture courante est de plus en plus diffi-

cile. Par moments. H syllabe à peine. La parole s'embarrasse

346 CLINIQUE NERVEUSE.

de plus en plus. Il hésite toujours un instant avant, de répon-

dre, mais quand il a commencé il continue sans s'arrêter.

Quand on lui dit d'ouvrir la bouche, il obéit ; puis de

fermer les yeux, il les ferme niais conserve la bouche ouverte.

Les pupilles, égales, restent dilatées on face do la lumière.

Physionomie hébétée. Il se remet toujours lentement après

ses accès.

Juillet. Puberté. Sterne état du système pileux. Verge : G

cent. sur 5 Il.). Testicules descendus, de la grosseur d'un

petit oeuf de pigeon. ' 1

1% 17. - Janvier l8()D.. v

Fig. 18. - I ? criturc en décembre 9 ! l0(1.

CONTRIBUTION A l'ÉTUDE DE L\ DÉMENCE ÉPILEPTIQUE. 0,11

En ce mOl1l3nt, Bar.. est un peu mieux. Il répond asse bien;

il chaque leçon de lecture il syllabe avec les autres, mais très,

lentement et après eux. Sa tenue est moins mauvaise. Il est

plus gai. Août. Physionomie hébétée, bouche ouverte.

tFig, 19.)

1"I'décembre. - B ? est illcapablede travailler. Il ne peut

plus rien faire en classe. Il réclame des cahiers bien qu'il en

ait un devant lui. « Il hait, dit-il, .et veut faire comme les

autres. » Il répète continuellement : « Je ne suis pas si bête

que ça, moi na ! » Il vague dans la classe, accompagne les

paroles qu'il prononce d'un dandinement du corps ou d'une

marche saccadée. Il apporte it tous ses actes une grande opi-

niâtreté. Il a la manic de saisir par les épaules le malade

Bauah ? déchéant comme lui, il le contemple pendant long-

temps, veut l'embrasser, lui remettre ses vêtements en ordre,

Il n'est pas méchant, se froisse ou rit de tout. L'attitude

1'ir. 19. - l3ar... cu .eoul 1J01.-

348 CLINIQUE NERVEUSE. ,

devient de plus en plus mauvaise. Le corps et surtou la t6tc

se penchent en avant. '

1902. Janvier. Puberté. Petite bande de poils rares,

courts, (3 cent. sur 2) à droite, 3 cent. 1/2 sur 2 à gauche

dans les aisselles. Poils noirs longs de 2 à 3 cent. assez abon-

dants, formant une bande de 7 cent. de largeur sur 3 de

hauteur sur le pénil. Quelques poils noirs, disséminés, sur

les bourses. Testicules, de la dimension d'un oeuf de pigeon.

Gland découvrable (smegma, abondant.). Face, tronc, mem-

bres, périnée, anus, glabres. Verge : longueur, 8 cent.;

circonférence. 8 cent. et demi. Le malade s'affaisse,

marche la tête inclinée, le corps penché. (Fia. 19.)

1

Juin. - Pas de troubles vaso-moteurs. Affaissement phy-

sique de plus en plus prononcé. Le corps s'incline de plus en

plus, D..., incapable de tout travail, n'arrive plus à reconnaî-

tre ni son chemin, ni son lit. (1 i. 20.)

z903. Janvier. Aggravation, B... ne reste plus assis, se

promène continuellement, sans parvenir à trouver une place.

Juin. - Même embarras de la parole, congestion fréquente

de la face ; dilatation des pupilles.

1904. Juin. L'enfant de plus en plus dément et encom-

brant passe dans la salle des incurables. (Fig. 21 et 22.)

FI ! }. 20. - Écriture en mai 1S)0°.

CONTRIBUTION A l'ÉTUDE DE LA DÉMENCE ÉPILEPTIQUE. 349

Puberté. Duvet et quelques poils noirs et courts sur la

lèvre supérieure. Lèvre inférieure et menton glabres. Fin

duvet sur les joues. Poils longs châtains dans les aisselles,

plus abondants à droite. Rien à la poitrine. Duvet autour de

l'ombilic et sur la ligne médiane ; quelques poils bruns, courts,

sur les fusses. Poils noirs, longs, sur le pénil formant une

bande du 13 cent, de largeur sur 4 ccnl. 1f'2 de hauteur. Bour-

ses assez velues ainsi que le périnée et l'anus. Testicules

égaux, du volume d'un oeuf de pigeon. Les membres supé-

ricurs sont glabres. Fin duvet sur les hanches, poils châtains

assez fournis sur les jambes. Verge : longueur, 10 cent. et

domi; circonférence, 10 cent.

1905. 11 Janvier. -13a r ? au dire de la veilleuse, a eu GO accès

dans la nuit : Ce matin : T. R. 39°, ? 2, étal comateux. Les

Fig. 21. - Ilar... en janvier 1fK)\.

- Mesures de la tête.

352 CLINIQUE NERVEUSE.

accès ont continué malgré un traitement énergique jusqu ? ¡

la mort, survenue à4 heures 1/2 de l'après-midi. Du 1er au

10 janvier on avait noté; 5 accès le 3; 1 le 4, 1 le G, rien

les 7,8 et 9 ; GO dans la nuit du 10 au Il 1 janvier ; 57 le 11, mort.

Température après décès.

contribution A l'étude de la DKMHXCH l;l'1LI,Pt'IQUI ? 353

Crâne très épais, dur, lourd, assez fortement congestionné

sur sa coupe, sensiblement plus épais à droite qu'a gauche.

Les sutures persistent toutes. sont linument dentelées et(/0)'-

gées de sang. La partie médiane de l'occipital est légèrement

imbriquée sur la partie correspondante des pariétaux.

Légère plagiocéphalic. frontal gaucho en retrait, occipital ,

L'aucticcn saillie. Puudu liquide céphalo-rachidien. -Les

différentes parties de la base du crâne semblent symétri-

filles. - La dure-mère n'offre rien de particulier.

Encéphale. Les nerfs et les artères de la base de l'en-

céphale sont symétriques ainsi que les artères vertébrales (1).

Des deux côtés, les ventricules latéraux, les cornus d'Ammon,

les couches optiques, les corps striés n'offrent rien de nota-

ble; la pie-mère, un peu épaissie, présente une vascula-

risalion presque générale; ça et là quelques plaques ecchy-

moliques. Lus lobes frontaux sont accolés par leur face

interne et la pic-mère correspondante offre des adhérences à

la substance grise.

Hémisphère cérébral gauche. La pic-)nére s'enlève en

général assez, facilement, saut au niveau des plis pariétaux,

du pli courbe où il y a des adhérences, ainsi que sur les

circonvolutions de l'hippocampe et de la quatrième tempo-

ralc. Les circonvolutions sont convenablement développées,

sinueuses. FA et PA sont tout à fait régulières ainsi que le

S. Ii. Le lobe frontal est relativement 1rès développé : ses

plis de passage sont assez nombreux, les sillons sont assez

profonds. Le lobule de l'insiila présente des digitations volu-

mineuses. Différentes coupes pratiquées sur cet hémis-

phère montrent un piqueté hémorrhagique assez prononcé

des noyaux du corps strié et du centre oval.

Hémisphère droit. Face interne. La décortication se

fait assez facilement. Lus ci rcou vol niions sent volumineuses.

Il n'y a pas d'adhérences. La face convexe n'est pas décor-

tiquée, l'hémisphère étant réservé pour examen histologi-

quc.

Cou. Persistance du thymus. Le larynx n'offre rien

de particulier.

Thorax. Adhérences nombreuses et résistante"- de la

plèvre droite. Adhérences assez prononcées du lobe supé-

rieur. Congestion intense du lobe inférieur. A gauche, oedè-

me très marqué du lobe .supérieur, congestion moins accusée

qu'à droite du lobe inférieur. - Coeur rien à noter.

(I) Cwtains auteurs unt ill\IIIIUé l'illég'alité des artères verté-

brales connue une cause tic répilepsie.

Archives, 2° série, 1905, t. XX. - 23

35-1 -1 clinique nerveuse.

Aùdoll ! Cl1. -Foie cl rate l'OIl8'l'StiOHIlé ? - Lus rnics, éa-

Il'mcn ! congestionnés, se décortiquent facilement.

Poids des o,gt-t71e ?

CONTRIBUTION A L'j'; L 1. : DE 'DE LA DEMENCE ¡¡PLLEt' 1 IQüJ : , ;); : ),)

l'avons dit un grand nombre de fois (1), - '2° L'ell

fant a succombé il un état de mal épileptique et selon

la règle que nous avons contribué à établir, il y a eu

une élévation considérable de la température. ."j"

Pour en Unir avec la température, nous devons signa-

ler, après le décès, l'abaissement progressif de la

chaleur centrale qui arrive à se mettre de niveau avec

la température de la chambre ('2). On a de la sorte la

certitude de la mort dans nos climals.

III. Bal ? avait la coutume de se coucher sur le

ventre, coutume dangereuse, car s'il survient un

accès dans celte position la face est plaquée &ur

l'oreiller ou le traversin et l'asphyxie est il peu près

fatale. C'est pourquoi nous recommandons aux infir-

miers d'empêcher les enfants do dormir sur le

ventre \3).

IV. De l'autopsie nous ne relevons que ce qui a

Irait à la calotte crânienne. Comme chez la plupart des

vieux épileptiques, elle était épaisse, lourde, grais-

seuse ct1égèrement violacée, ce que l'on peut attribuer

il -la congestion qui accompagne les accès et comme

ici les accès étaient tresnombreux, il y avait en quelque

sorte une congestion chronique des os. ,

V. Nous avons vu que 13ar.. dormait plusieurs

heures après e ? accès, puis, que, jusqu'au coucher, il

était hébété : ce sont là des signes qu'il importe du

noter car ils amènent à perler un pronostic grave et

, à prévoir la démence.

VI. La déchéance physique, dont les photographies

(1)1,a T. H. foul'Ilit un Cè\-¡;ellcuL JllU)CII de décclcL' ]a ¡;il/w/atlUn,

pur exemple chez les militaires. Naturellement il ne faut pas se

contenter d'une seule expérience.

(') Contrairement Ù 1. ! talJitudl'. "u Il'a )1 : 1" 1)(1\1L ? ui\ i 1 : t jH'i : ;C de

la 1f>llIp('l'a 1 111'1' a ? cz ¡"II ? ll'lllpS.

(3) Celle Pl'é(' : lIIIÏ<1l1 01"11 ? 1ppli'lllcr tous les cnfanls afin de

1)\'ll\< : 1111' IIU\CIII l'ourrmsmn.

3b6 clixiqVe mentale,

donnent une idée exacte (déviation antérieure et

latérale du tronc, inclinaison de la tète, bouche,

héante) et la déchéance intellectuelle ont marche

parallèlement. Les spécimens de l'écriture, pris il

diverses reprises (HI95-1 ! J02), traduisent bien aussi

les progrès de la démence.

Rappelons que si la démence épileptiquc survient,

en général, plus vite dans l' ép i tel/sie cerligineusc,

elle peut apparaître quand les accès sont compliqués

* de cerliges et enlin, l'observation actuelle en fournit

la preuve, quand les accès sont très fréquents. (Voir

le tableau, p. 351) (1).

CLINIQUE MENTALE

Cholémie et Mélancolie {Fin) (2).

l\in le li, COLOLI.\ : \'.

La cllOlém10 n'influe pas toutefois sur la syinptomato- z

logie de la mélancolie. Les sujets que nous avons observés,

étaient atteints de toutes les formes mentales de la mé-

lancolie, depuis la forme simple jusqu'à la mélancolie

stupide. '

Un autre f·uiL, c'csL que l'intensité de la cholémie n'est

pas en rapport direct des symptômes. On pourrait croire

qu'une cholémie légère ne donnera lieu qu'à une simple

dépression mentale, et qu'une forte cholémie produira

la stupeur. Il n'en est rien. Xous avons observé des stu-

pites, tarés d'une cholémie très légère ; tandis que de

\ l'¡ Voir : Bourneville et H. d'Ollier, Contribution à l'étude (le

démence épileptique, suivie de VE-ramen histologique, par Bris-

saud (1 rch, de neurologie, 1880. p. : 21 : ? ). Cette note a été com-

muniquée au Congrès des aliénistes el neurologistes de Rennes en

août 1tJ(l.

(2) Voir le ir 110. août 1905. des Archives de Neurologie. "

CHOLÉMIE ET MÉLANCOLIE. 3G¡

simples déprimés, hypochondriaqucs ou neurasthé-

niques il un faible degré, nous ont révélé une cholémie

intense. Cela s'explique par la prédisposition névro-

pathique du sujet.

Pour fournir un exemple, prenons les alcooliques.

Journellement, on observe des alcooliques chroniques,

intoxiqués depuis des années par des doses énormes de

boisson qui ne présentent point de troubles psychiques,

tandis qu'un simple appoint pousse les dégénérés au délire.

L'équilibre mental se maintenait en l'absence du poison ;

mais des que l'alcool intoxique les cellules, quelque mi-

nime qu'en soit la dose. le délire apparaît. La résistance

cérébrale a cédé et le sujet devient psychopathe.

Ce rapprochement est juste. La biluribine, qui fusionne

avec le sang dans la cholémie. est un toxique. Chez le

sujet pondéré, au point de vue cérébral, ce mélange

n'amène qu'une simple dépression.

L'alcool, dans le même cas. ne produirait qu'un simple

affaiblissement psychique. Chez le prédisposé, la tris-

tesse ira jusqu la neurasthénie psychique ; chez le

dégénéré, jusqu'à la mélancolie simple, consciente ou

délirante. Ce n'est point là une division schématique,

mais bien une constatation clinique. Il faut donc se baser

non sur l'intensité de la cholémie, mais sur la résistance

cérébrale du sujet, pour se rendre compte du degré de la

mélancolie. Les observations suivantes démontreront la

part que fournissent la cholémie et la dégénérescence,

dans l'éclosion de la mélancolie. -

ORSER \'.\1'1"" 1. Mélancolie consciente avec phobie et impulsion,

Cholémie. (Résumée).

L. Clémenline, 38 ans, journalière.

Mère morte hydropique (ascite). Père mort cardiaque il 59 ans.

Fille unique. Pas de maladie. A été très scrupuleuse, douteuse,

n'ayant pas confiance en elle-même.

Mariée depuis 1 ? ans : a eu (i enfants el deuv fausses couches

(pas de s phi lis chez elle.)

La maladie actuelle remonte il un mois. Il \ a un mois 1 ? ? elle

avait accouché d'un sixième enfant qu'elle nourrissait. Durant

sa grossesse déjà, elle avail eu des idées mélancoliques : elle

voulait se détruire, mais elle n'en avait pas le courage, à cause

de son enfant. Depuis qu'elle allaite, la résistance psychique

358 c;r.mpm; w : wrar.i : .

s'est encore amoindrie et, elle a eu la phobie de tuer son entant.

Ayant peur d'elle-même, elle écrivit il au commissaire de police

pour qu'il protège cet enfant contre ses impulsions.

Elle se rendait compte de son état de tristesse et. désirait la

mort pour elle, mais non pour l'enfant.

L'état mélancolique avec phobies et obsessions impulsives, sont

les traits dominants. L'est donc une mélancolique consciente,

ctte/taquc[[et' ! K''redite<ics parents n'est pas évidente, mais dont

J'1;quililzl'e menLalll'a jamais été solide.

La cholémie est des plus nettes. Le teint est mat. avec pig-men,

tations périoculaires ; quelques grains de beauté sur la ligure.

Taches pigmcnlaircasur les membres. Sur le ventre. la ligne

brune est très accusée. La paume des mains et la plante des pieds

sont jaunâtres. ,

La malade a très facilement la chair de poule. Uyspepsic· hy-

perpeplique. Somnolence digeslhe. Voracité pendant la grossesse.

Constipai ion.

Le pouls marque 82 il 8G. La température est entre 3G"Set ?

Foie ef raie anormaux.

Les urines sont foncées ; elles ne contiennent ni sucre, ni

albumine, ni bile, ni acides' biliaires. Pas d'indican. Lirobilinc

très nettement apparente. i

Le sérum sanguin est, bien teinté et l'acide azotique décèle le

Gmelin. z

A un degré plus accusé de la dégénérescence hérédi-

taire, on peut rencontrer une mélancolie plus délirante,

plus en rapport avec la tarc. C'est le cas dans l'observa-

tion suivante.

1)nscuv. riUV I l. - llc·lazoolia an.iimrse crrwn inc·u., rle penscoténn.

Cholémie 1 HéslIlIlée).

.Maria D..., ménagère.

Père mort d'une maladie de foie (non alcoolique). In frère

atteint d'affection hépatique. Une tante maternelle morte aliénée.

.Maria a eu deux lièvres typhoïdes, l'une à Li ans, l'aWre à ;11

ans. Elle esl mariée depuis 10 ans. mais elle vit séparée de son

mari depuis G ans. Pas d'enfant, pas de fausse couche.

Caractère toujours taciturne, boudeur.

Première atteinte de mélancolie, il y a ij ans.

L'état actuel remonte à un mois. Il a débuté par des céphalées,

par un malaise général, avec, fatigue des membres : insomnie,

perlc d'appétil, constipation. Puis la tristesse apparaît, avec des

CHOLÉMIE JO; MÉLANCOLIE. 350

hallucinations et des idées de perséculion. Elle entend la voix

de son mali, qu'elle n'a pas; vu depuis G ans ; c'est lui qui est

cause de ses malheurs.

Tentative de strangulation pour échapper aux menaces de son,

mari. Anxiété par intervalles.

Cholémie. Teint bilieux, gris : U ! 'c : lâches de rousseur et

grains de beauté sur la ligure. Foie un peu gros, sensible.

Urines peu foncées. Pas de sucre. ni albumine. Indieanurie et

urobilinurie. z

Le sérum sanguin est peu teinté, mais le réactif de Gmelin est

faiblement positif.

Cette malade esl doublement héréditaire, appartenant

à unefami[\e d'hépatiques et de névropathes. Par sur-

croît, elle a eu deux lièvres typhoïdes qui ont certaine-

ment achevé 1' (ouvre de la dégénérescence. Ses misères,

de ménage ont encore débilité ce cerveau surmené ; de

sorte qu'on ne peut nier l'oeuvre de la déchéance men-

tale dans l'éclosion de la mélancolie. La cause toxique,

la cholémie existe, mais peu accusée.

On voit que les rapports ne sont pas directs entre le

délire et l'intensité delà cholémie.

Observation. 111 - Mélancolie an.rieuse. Cholémie (Résumée).

Madeleine Loo.. : 1 : ! ans. l'ère mélancolique, est mort dans un

asile d'aliénés. Mère a eu des coliques hépatiques et néphréti-

ques. Nature triste, inégale ; intelligence très peu développée.

Début de l'aflection actuelle, il y a trois mois. Pas de cause

apparente. Cela a commencé par de l'inquiétude, de l'insomnie,

des crises de larmes. Suppression des règles. Salivation abon-

dante. Dyspepsie hyperpeplique. Constipation opiniâtre.

Madeleine L... est brune ; elle a le teint mat, les traits alan-

guK Elle parle à voix basse, gémit pal' instants. Idées hypocon-

driaques : son coeur ne liai plus, sa tête est remplie de glace.Foie

gros et douloureux. Pouls à 611"; aux moments d'anxiété, il

monte ils. Les extrémités sont froides et lé;èrementcyanpséc;s,

Urines foncées ; 111'Qbili]1ul'ie nette. Sérum sanguin renfer-

mant de la bilurihine.

Observation IV.J/)ter)'f/H/pnco ! t'/Watfc.C/to ? (l{ésumée).

Louise IL. 3fi ans. Père mort de 11 re typhoïde ; mère morte

à la suite de couches. Grand'mère maternelle ôpilepiique. Un

cousin maternel également épileptique.

300 c[.)x)Q;'t : Mn : \'r.\i ?

11 y a deux mois, Louise 11... senti un vide dans la tète, avec

angoisses ; il lui semblait qu'elle allait mourir ; elle voyait tout

le monde en noir, « les gens lui paraissaient tout noirs. » Elle

avait peur, ne sachant de quoi. Cettepremière crise n'a duré que

quelques jours. '

Le premier internement est de date récente (novembre), pour

« délire mélancolique avec hallucinations, idées confuses de per-

sécution, excitation, insomnie. » Au bout de 20 jours d'interne-

ment, elle s'améliore et est remise en liberté le <S décembre.

Actuellement, elle est de nouveau angoissée depuis une hui-

taine de jours. 1

Idées hypocondriaques : elle crache tous ses poumons, elle a

des élancements au coeur ; elle ne digère pas : son estomac est

enflé. Elle a senli un empoisonnement dans le corps : « elle a

senti que son cerveau coulait tout d'un coup dans sa gorge, et

qu'elle avait sûrement une méningite. Elle a pris des médica-

ments trop forts. »

Cholémie. - Taches de rousseur sur la ligure. Epistaxis fré-

quemment. Gingivorragio à la moindre cause et souvent sanq

cause. Rhumatisme chronique, déformant. Prurit au cuir che-

velu, dix jours avant la première crise de mélancolie. Urticaire

il y a trois ans, pendant S jours, très fortement. Urines claires :

pas d'urobiline. Ni sucre, ni albumine, ni indican. Sérum peu

leiiité. très léger. '

i

Cette observation est intéressante. Louise B... ne

parait pas appartenir il une famille biliaire et cependant

son sang' contient des pigments ; la malade présente, en

outre, plusieurs phénomènes de cholémie simple fami-

liale. La névropathie héréditaire est suffisamment accu-

sée pour qu'il soit utile d'insister.

L'urobilinurie n'existe point. Il ne faut donc pas se

baser uniquement sur sa présence ou son absence pour

conclure. Il faut rechercher les pigments biliaires dans

le sérum.

11 nous est arrivé de ne rien découvrir dans les urines,

tandis que le sang nous apportait quelques éléments.

Cela s'explique, d'une part, par ce fait que les réactifs

ordinaires ne parviennent pas toujours il découvrir la

faible quantité d'urobiline éliminée. D'autre part, il z

arrive que les malades ont été soumis au traitement et

au régime lacté avant l'examen chimique des urines.

CHOLÉMIE ET MÉLANCOLIE. 301

Observation \ ? Mélancolie hypocondriaque avec hallucinations;

idées de persécution et de suicide. Cholémie. (Résumée.)

Marie G., 17 ans. Son père aurait présenté des accidents

mélancoliques avec idées de suicide à la mort de sa femme,

mais il n'y a pas eu nécessité d'internement. Mère se portait

bien, morte subitement. Un frère, d'un autre lit, mort do fluxion

de poitrine.

.Noire malade, d'un naturel triste et hypocondriaque, s'est tou-

jours beaucoup préoccupée de sa santé. Après son mariage, elle

eut une métrite, qui fut le point de départ des troubles névropa-

thiques. Les préoccupations tournèrent au délire hypocondriaque,

avec grand abattement. Cela remonte à 14 ou 15 ans. Depuis,

Madame G... a eu plusieurs fois des crises de mélancolie, avec

idées de suicide, mais non suivies de tentative.

Trois mois avant son entrée, les idées de persécution prennent

corps et solidité. « Les \oisines lui en veulent, elles la feront

interner, puis on viendra chercher son mari, on les guillotinera

tous deux. » .

Des hallucinations de la vue et de l'ouïe surgissent. Elle voit

les voisines qui font des paquets et se causent ; on lui dit qu'on

va la faire enfermer.

Elle pense qu'elle est « très anémique ; elle souffre constam-

ment dans le ventre, sa mélrile n'est pas guérie et se transfor-

mera en « une sale maladie. » Elle a eu jadis une arthrite béni-

gne au genou ; elle croit qu'elle va en retomber malade et que

celle arthrite deviendra « une tumeur ». Elle est toujours triste,

parce qu'elle est « très malade », et parce qu'on lui fait des

misères. La voix est atone. les traits tristes ; le regard fixé au

sol ; elle parle lentement.

Le pouls est petit, lent (ego). Les extrémités sont cyanosées.

Elle a toujours été constipée ; entérite iiiiico-iiieiiil)i-aiieti-0 de

vieille date.

Le teint est nettement bilieux et la malade sail qu'elle

« change » de couleur, depuis quelques mois seulement. Elle a

toujours été brune, mais pas comme actuellement.

Taches pigmentaires sur la face. Purpura disséminé sur le

corps. Le foie et la rate sont normaux. La température oscille

entre 36 ? ) et 37°2, sans perturbations ni irrégularités.

- Les urines sont foncées. Pas d'acides biliaires : pas d'indican.

'traces d'albumine. Urobiline très nette. Sérum assez foncé :

Gmelin de moyenne intensité.

Observation. \'1. Mélancolie acec hallucinations ; idées de

persécution. Cholémie. (Résumée.)

Louise S. Père mort à 33 ans : buveur. Mère paralysée, aJ]¡\1-

3G2 cl.IQw : mentale

minulillue ;avait des vomissements avant la paralysie, de nature

dyspeptique ( ? ). Chez Louise S., aucune maladie..Nature triste,

misanthrope. Le début de sa maladie remonte à une quinzaine

de jours.

Mariée il y.a 4 ans ; son mari l'a quittée il y a 18 mois et n'a

plus donné signe de vie. Le départ et l'absence de son mari l'ont

beaucoup attristée. La cause apparente de son délire vientdelà.

Du moins tout le délire se concentre sur son mari. « Il lui a

passé des maladies honteuses avant de partir, pour avoir le pré-

texte de l'accuser. Il cherche par tous les moyens à la faire pas-

ser pour ce qu'elle n'est pas. Il la dit voleuse. » Elle entend d'ail-

leurs la voix de son mari qui la menace et lui dit des sottises el

des jurons. Elle entend aussi d'autres voix. Elle a écrit à son

frère pour lui dire sa ferme intention de se tuer « parce qu'elle

est trop malheureuse avec son mari absent, qui pourtant la tour-

mente et la maltraite constamment u. Elle a eu aussi des idées

d'homicide, elle voulait luer son mari. Aucune tentative.

Cholémie. Le teint est mat et ne se colore pa<. La malade a

facilement la chair de poule. Urticaire très souvent. Dyspepsie.

Constipation opiniâtre. Entérite muco-membraneuse. Iléniur-

rhonles. Jusqu'à l'âge de 1-2 ans, épistaxis. Gingivorragie très fa-

cilement. Foie un peu gros. Urines claires : pas de sucre ni alllll-

mine. Urobilinurie légère. Sérum peu teinté ; Gmelin léger. '

Observation 1-Il. Mélancolie anxieuse. Cholémie. (Résumée).

..

manche S..., u4 ans. Père mort d'une affection cardiaque ;

mère morte aliénée dans un asile. Planche S..., a eu la lièvre ly-

plloule il 15 ans. Constipation habituelle. Fausse couche il y il

5 ans ; métrite à la suite. Blanche S... était très méticuleuse,

peu causeuse, un peu triste de nature.

Le début de la maladie actuelle paraît dater de G mois. Il s'est

manifesté par de l'inquiétude, de l'insomnie, des idées de persé-

cution indécises, passagères ; puis de la tristesse sans cause ap-

parente. Cet état s'accentue de plus en plus. La malade vivait

maritalement avec un buveur qui lui conseillait de se fortifier

avec du vin de quinquina. Alcoolisme très peu accentué.

Actuellement, Planche S... est franchement anxieuse, persé-

cutée ; sa conversation est entrecoupée de gémissements, de-

pleurs, de contorsions, qui trahissent bien le fond dépressif el la

douleur mentale.

« .I'ai été à l'hôpital le ne sais pourquoi on m'a en-

voyée ici... On disait que j'étais folle.... oh ! monsieur, je ne suis

pas folle... (crise de larmes), je sais, je sais... vous êtes de la

police... on mq t'a dit..., on voulait me faire entrer dans une mai-

C;HOr.ÓlIE 1 : r II : : LA : \COLIE. : 3G : i 6

son publique comme fille (nouvelle crise de larmes, gémisse-

ments) ». . ZD

Avec insistance dans les questions, on parvient à découvrir des

idées de persécution sur ce fond de mélancolie anxieuse. Les

infirmières s'entendent pour la faire passer pour « pas grand'cho-

se», pour « une lille publique ? Elles ont écrit une lettre pour

la dénoncer comme folle.

Ces idées de persécution sontsurtoutalimeulées par des hallu-

cinations de l'ouïe très intenses : toute la journée et la nuit, elle

entend des voix qui la menacent, qui parlent d'elle et la font

passer pour aliénée. Les autres sens paraissent respectés.

Dans la mélancolie anxieuse alcoolique, au contraire, les hallu-

cinations de la vue sont constantes et presque toujours lerrilian-

les.

La malade a eu, de plus', toute sa vie, des préoccupations hy-

pocondriaques. Elle a soulferl de sa santé forl délicate, dit-elle, .\

20 ans (elle était femme de chambre), il lui semblait que tous ses

membres étaient paralysés (pas d'fyntériel, et qu'elle perdait ses

bs. Elle s'alimente mal (il faut la forcer), parce que son estomac

est très malade et qu'elle vomit tous les aliments qu'elle prend.

¡Elle a vomi une fois sa purge, depuis qu'elle est dans le service,

mais cela a suffi pour engendrer une idée hypocondriaque).

Cholémie. - Teint bilieux : lâches pigmenlaires sur la ligure.

Constipation. La température est normale, régulière. Le pouls,

un peu pelit, est rapide 90 cela est dû il l'anxiété et il l'agitai ion.

Poumons, coeur, l'oie, rate normaux.

Urines un peu foncé ? urobilinurie nette. Pas (l'indican, ni

susre ni albumine..s,;rUIH : l;lllelin très léger.

Les urines des mélancoliques ont été examinées sou-

vent. Les éléments normaux y sont modifies. Parmi les

éléments anormaux, on a signalé le sucre, quoique 1res

rarement. D'après nos recherches sur 70 mélancoliques,

nous concluons quc la glycosurie est plus fréquente qu'il

n'est dit. Nous en avons souvent trouvé, avec l'indi-

canuric ou avec l'albuminurie. La glycosurie nous a paru

plus fréquente chez les mélancoliques stupides. Elle

existe à un léger degré dans les trois observations sui-

vantes :

OnSFRVATfOX \111. - Mélancolie stiti)ide. Grossesse. Glycosurie.

Cholémie..(Résumée. I

Emilie G..., 22 ans. Les renseignements sur ses parents nous

manquent, mais nous savons que sur 10 enfants, 5 sont morts en

364 CLINIQUE MENTALE

bas-àge, de 2 il 5 ans, de méningite. Emilie n'a jamais été intel-

ligente ; elle avait des réflexions d'enfant. Quelques mois avant

son internement, elle se plaignait de malaise général, d'inappé-

tence, de céphalée, de constipation. Elle se déprimait tous les

jours. On s'aperçoit, un mois avant son entrée, que son ventre

grossit el qu'elle n'a pas ses règles. Emilie ne peut ou ne veut

pas fournir de renseignements sur sa grossesse. La famille croit

qu'on a abusé d'elle.

A son entrée dans le service, elle est franchement atteinte de

stupeur, Elle ne répond à aucune question ; elle reste somno-

lente ; parfois elle s'agite, se lève mais ne cause pas. Refus d'ali-

ments. Hallucinations problables.

Aucun organe ne parait atteint. Pas de fièvre. Pouls il 60 ou

C4, petit, dépressible mais régulier. Elle est brune, avec masque

de grossesse sur la ligure. Grains de beauté sur la poitrine.

Urines claires (la malade absorbe par la sonde msophagienne

de 1 il 3 litres de lait en ? i heures). L'urobiline a été trouvée une

l'ois seulement sur plusieurs recherches. Pas d'albumine, mais

du sucre : 0..)0 centigr. par litre. Le sèriun, examiné il différentes

reprises, a donné le signe de Gmelin.

Observation IX. Folie il double forme ; mélancolie stnhirfe

actuellement. Glycosurie. Cholémie.

Louis F..., 3 ? ans. Père mort à 44 ans d'apoplexie. Mère

morte également d'apoplexie il 66 ans ; elle était vive, coléreuse

et déprimée par intervalles. Un frère et deux soeurs se portenl

hien. Louis F... est né à terme. Assez intelligent, il apprenait

facilemenl. Aucune maladie dans l'enfance. Pendant son service

militaire, il a eu une affection cérébrale (1885). Pas de renseigne-

ments sur cet état, très probablement mental et de même nature

que celui qu'il a présenté depuis et qu'il présente actuellement.

. Il n'v a, chez lui, ni alcoolisme. ni syphilis. Il était de caractère

triste et vif, comme sa mère.

En 1891, Louis F... a eu une grande émotion. Sa femme, en-

ceinte, étant prise de douleurs, ilcourf chercher la sage-femme :

à son retour, une voisine lui annonce brusquement que sa femme

et son enfant se meurent.

A partir de cette époque, il eut de violents maux de tèle et per-

dit l'aptitude au travail. Il avait de l'insomnie et manquait d'ap-

pétit. (constamment ? exprimait sa crainte d'être repris de l'affec-

tion cérébrale qu'il avait eue au régiment. Son étal s'aggravait

tous les jours ; il croyait voir dans la chambre sa mère et des

individus inconnus ; il se disait l'auteur d'un crime dont .les jour-

naux parlaient il ce moment. avait par instants des crises d'ex-

cilalion el d'agitation, puis des moments de stupeur.

, CHOLÉMIE ET MÉLANCOLIE. 365

Placé à Sainte-Anne, le Dr Magnan porta le diagnostic : de

(. retire mélancolique avec hallucinations ; excitation par inter-

valles et tendance au suicide. » Complètement guéri quelques

mois après, F..., fut rendu à sa femme.

Pendant 8 ans, il ne donna plus aucun signe de troubles psy-

chiques. En 1900, il fut repris d'une dépression mélancolique.

mais de très courte durée, 8 jours seulement. En 1901, second

internement, mais cette fois pour : · Excitation maniaque, gé-

missements, propos incohérents,- répète continuellement les

mêmes mots. » [Signé Magnan). Une vingtaine de jours avant

cette crise de manie, F... avait fait, parait-il, des excès de tra-

\ail qui l'avaient beaucoup fatigué. 11 était devenu soucieux.puis

s'agita ; il ne reconnaissait personne autour de lui. Par instants,

il était loquace et parlait d'événements concernant sa vie. Celle

crise passa vite également, F... fut rendu àla liberté. Il reprend

son travail jusqu'au 31 décembre duo-2. Le soir, en rentrant, il

se plaint de la tète. Le lendemain, il est triste, abattu, somno-

lent ; il parle peu : il dit à sa femme : J'ai peur de vous avoir

contrariée. Il ne sort plus. Deux jours avant son internement,

il va pourtant au bois de Chaville, marche plusieurs heures sans

s'alimenter. ('.est dans le bois de Chaville qu'il a eu ses premières

hallucinations : il lui semble qu'on le poursuit ; des voix lui di-

sent de se pendre et il cherche une corde.

Le G janvier 1903. il esl en stupeur, il ne cause plus. Sa phy-

sionomie trahit une anxiété, mais il ne répond à aucune des

questions qu'on lui adresse et il ne mange pas. Le 7 janvier, on

1 amène à l'asile.

Sa physionomie est triste et anxieuse à la fois. Il veut causer,

les quelques gestes qu'il fait indiquent qu'il veut répondre, mais

la parole ne sort pas. Le teint est gris, avec quelques taches pig-

mentaircs sur les tempes. On l'alimente parla sonde. L'insomnie

est absolue. Pendant trois jours. F... reste dans le même état de

stupeur avec mutisme absolu.

Le 11 janvier, il dit quelques mots à la visite du matin et dès

les jours suivants, sa mémoire s'éclaircit,la tristesse disparaît, il

mange et dorL bien.

Les urines, analysées le premier jour de son entrée, sont d'une

couleur foncée ; elles ne contiennent pas d'albumine, mais il y a

du sucre, 1 gramme par litre. Urobilinurie nette et intense. In-

dican en petite quantité. Le sérum est foncé ; le Gmelin est très

net.

Le 9 janvier, les urines renferment des traces de sucre et très

peu d'urobiline. Le sérum a été examiné une seconde fois le 15

janvier. Le Gmelin était il peine perceptible.. Les urines ne con-

tiennent plus d'urobiline.

SUS CLINIQUE MENTAL 13.

La température est normale, sans inversion. Le l'oie et la rate

sont normaux. Pas de souille au coeur.

Observation X. ? f'o/if .siu/Of/c. (7/cf).s';<r ! 'e. Cholémie.

Gabrielle, 24 ans. Père mort il y a trois 'semaines,. (l'tIJ1C con-

gestion pulmonaire (la malade ne sait pas la mort de son père) ;

il était un peu buveur. Mère morte il y a 18 mois : plusieurs mois

avant sa mort, elle était deptimee. mélancolique et avait dcb

idées de persécution. Elle est morte dans cet état il la suite d'une

congestion cérébrale. Dans sa jeunesse, elle avait eu la chorée.

Une cousine germaine paternelle est aliénée, internée.

Gabrielle est lille unique; elle est née il mois, pesait un peu

plus de trois livres. Une tante, qui nous fournit ces renseigne-

ments, ne lui a connu aucune maladie dans l'enfance. Elle était

timide, très peureuse.

Il y a sept ans. étant jeune lille, elle a eu une première at-

teinte de folie à la suite d'une peur (coups de pistolet tirés dans

le voisinage). Elle était anxieuse et très déprimée ; par instants,

elle voulait s'en aller. La crise a duré 2 mois seulement. Depuis,

elle se portait bien. Elle s'esl mariée il y a 15 mois. Pas d'enfant.

Aucun renseignement sur le début de l'affection actuelle. Quand

on l'a vue, quelques jours avant son internement seulement, elle

était déjà malade et alitée : elle demandait la mort et prétendait

n'avoir besoin ni de boire ni de manger. Elle pensait qu'on se

moquait d'elle parce qu'on s'en occupait. Elle entendait des xoix

sur lesquelles elle ne donnait pas de renseignements. Elle disait

qu'on l'insultait et elle se bouchait les oreilles pour ne pa" en-

tendre. Elle avait des idées de ruine : elle n'avait plus d'argent

et ne voulait pas manger, parce que les aliments qu'on lui don-

nait n'étaient pas payés. Plusieurs fois, elle parla de morl et lit

même des tentatives de suicide. Ellesc jelasur les carreaux pour

se précipiter par la fenêtre ; elle a voulu se brûler les mains.

Etat l'otite, maigre, 1)«ile. les veux hagards ; la

physionomie est il la lois étonnée et anxieuse. Les premiers jours

de son arrivée, elle a causé un peu. « J'ai eu le malheur de dire

quelque chose....le sais que pourra en la arrêter mon mari el

mon père... » Ses phrases sont incomplètes, maison saisit le le

sens de ses préoccupations morbides. Elle a commis une grande

faute en disant quelque chose (pas d'explication sur celle chose)

et par suite, son mari, nullement coupable, sera arrêté. Elle

empoisonne tout le monde, aussi eut-elle mourir. Elle a essayé

de se frapper la tête contre les murs. Quelques jours après, la

malade ne cause plus : mutisme absolu pendant 15 jour-, a» ce

gâtisme el silinphohie..\lil1lenlnlion à la sonde.

CHOLÉMIE El MÉLANCOLIE. 3GT

Un mois et demi après, amélioration légère : elle prononce

quelques phrases, ne gale plus el mange les aliments qu'on lui

présente. Par- instants, pourtant, elle s'agite encore et veut se

sauver. Hallucinations probables.

Cholémie. - Pas de renseignements exacts sur les antécédents

héréditaires. Sa mère a eu de fortes coliques dans le bas-ventre

pendant quelques jours, il y a 10 ans ; pas de jaunisse. Pâleur

blafarde Deux grains de beauté très marqués sur la face. Foie

gros, dépassant les côtes de cinq travers de doigt. La rate, tout

en ne présentant pas do matité notable, parait grosse h la palpa-

lion. Rien au cu-ur. Pouls 80. Température entre, 36 ? et 37. ?

C) anose légère des extrémités.

Les urines, foncées les premiers temps, contenaient de l'uro-

bilinc en petite quantité. L'urobilinurie a diminué vers le 0 fé-

vrier el sa réaction est peu sensible. (La malade absorbait par la

sonde de 2 3 3 litres de lait par jour.) tndican en petite quantité.

l'as d'albumine. Traces de sucre. Le sérum très peu teinté. (me;

lin poailif (léger) à 2 reprises.

Il résulte de ces observations que le rôle du foie est t

prépondérant dans la pathogénie delà mélancolie. Nous

avons trouve le foie lésé dans beaucoup d'autres cas Le

nombre de nos observations s'élève à plus de 70. Nous

osons presque affirmer que les affections biliaires et la

cholémie simple familiale ont une connexité de cause il

effet avec la mélancolie.

La fréquence des calculs biliaires relevée par l'autopsie

chez les mélancoliques (Sttcll. Wicdemann), ne serait-

elle donc qu'une simple coïncidence ? Et les lésions pro-

noncées des voies biliaires et du parenchyme hépatique

que nous a démontrées l'examen histologique dans un cas

de mélancolie doivent-elles être imputées également au

hasard ? Nous avons rapporté ce fait dans notre commu-

nication avec le Professeur Gilbert et : \1. Lereboullet.

Quoiqu'il en soit. dans les cas de guérison de mélanco-

lie que nous avons observés, les troubles du foie ont dis-

paru en premier lieu ; la cholémie a diminué avant qu'au-

cun changement clinique, au point de vue mental, ait pu

faire pressentir la guérison. L'urobiline disparaissait

graduellement; le Gmc11ll diminuait d'intensité jusqu'à

la Misltaritioucomltlètc. Dans l'observation IX, où l'alt'cc-

tion mentale a été de courte durée, la disparition des si-

gnes de cholémie été très nette.

3G8 CLINIQUE MENTALE.

Il nous est donc permis de conclure que la mélancolie

est une affection générale et simultanée des organes in-

ternes et du cerveau, dans laquelle le foie est atteint avant

toute dépression. Les troubles et les lésions du foie pa-

raissent influencer l'état mental des prédisposés ou des

dégénérés.

Le traitement. - Par une curieuse coïncidence, le trai-

tement méthodique et idéal de la mélancolie, traitement

adopté depuis de longues années par tous les cliniciens

français et étrangers, est aussi le mieux approprié il la

guérison de la cholémie.

Qu'on accepte ou non que la mélancolie soit une affec-

tion purement psychique ou ncuro-hsychidue,om la soigne

comme la cholémie simple familiale. En effet, la clinotlié-

. l'apie est la première indication dans la mélancolie et

dans la cholémie simple familiale, quand elle se complique

d'une des nombreuses manifestations gastro-intestinales

que nous avons signalées. Le repos au lit réussit aussi

bien dans la mélancolie que dans la cholémie.

Dans les services d'aliénés où le traitement par le lit

n'est pas encore adopté d'une façon générale, on le ré-

serve aux mélancoliques, dans les sections de l'Infirme-

rie. Car l'expérience a prouvé que la mélancolie est plus

rapidcmentguérieparlaclinothérapie. Il en est de même

en ce qui concerne les cholémiques. Le professeur Gil-

bert prescrit de 3 semaines à un mois de repos au lit ou

sur une chaise longue dans la position allongée.

Le régime alimentaire est presque identique pour les

mélancoliques et les cltulémiclues. Les troubles gastro-

intestinaux étant semblables dans les deux états, la même

alimentation doit réussir dans les deux cas ; et c'est ce

qui arrive. Les aliénistcsproscrivcntles aliments qui aug-

mentent les fermentations gastriques ou intestinales. Ils

recommandent une alimentation composée surtout de lé-

gumes verts, de farineux et de laitage. Les viandes blan-

ches sont préférées.

C'est aussi ce régime qui convient le mieux aux cliolé-

miques. Le lait est largement ordonné parles aliénistes,

pour les mélancoliques, et par le professeur Gilbert pour

les cholémiqucs.

SOCIÉTÉS SAVANTES. 36 ! )

La même relation s'établit pour les autres soins. Pour

combattre la constipation, soit des mélancoliques, soit

des cholémiques, on prescrit de grandes lavages d'intes-

tins. Cependant ces soins ne suffisent pas toujours pour

combattre les symptômes nerveux de la mélancolie. En

instituant un traitement contre l'affection biliaire on peut

diminuer la cholémie. Mais il faut user d'autres moyens

pour venir à bout de l'insomnie, de l'anxiété, de la tris-

tesse, du découragement, etc. '

Nous pouvons donc dire que le traitement rationnel de

la mélancolie comprend deux parties, le traitement de

l'affection organique et le traitement des symptômes psy-

chiques. C'est grâce à ces deux modes de thérapeutique

qu'on peut espérer une guérison.

SOCIETES SAVANTES

PREMIER CONGRES BELGE DE NEUROLOGIE' ET DE

PSYCHIATRIE.

Tenu à Liège du 28 au 30 septembre.

\ l'occasion de l'exposition de Liège, la Société de Ncurolo-

flic et la Société de Médecine Mentale de ]3elgi(lue ont décidé de

se réunir périodiquement sous la forme d'un Congrès natio-

nal de Neurologie et de Psychiatrie. La première session de ce

nouveau Congrès s'est tenue à Liège du 28 au 30 septembre

dernier. Lalséance d'ouverture a eu lieu dans la salle acadé-

mique de l'Université sous la présidence de NI. de LvTOUn,

directeur général au .Ministère de la Justice, représentant le

Gouvernement. Un grand nombre d'aliénistes et de neurolo-

gistes venus de tous les points de la Belgique y assistaient ;

on y remarquait également la présence de plusieurs méde-

cins hollandais, allemands, roumains et français.

Mlle YOTEYKO et M. le 1), Glorieux, présidents, l'une delà

Société de Neurologie, l'autre de la Société de Médecine men-

tale, qui avaient été chargés, avec les vice-présidents et les

secrétaires de ces deux Sociétés, de préparer l'organisation do

cette session,de concert avocat. X. Francotte, professeur de

clinique des maladies mentales a l'Université de Liège, ont

été acclamés présidents du Congrès.

Archives, 2° série 1905. t. XX. 24

370 sociétés savantes.

Mlle Yoteyko a prononcé ensuileunc courte allocution dans

laquelle elle a souhaité la bienvenue aux Congressistes, no-

tamment à ses membres étrangers et présenté quelques con-

sidérations psycho-physiologiques sur la fatigue clladoulcur,

objet de prélidection de ses éludes. NI. le ))1' Glorieux, axait

choisi pour thème de son discours l'élude de la neurasthénie

che : ; les ouvriers. L'orateur s'est attaché surtout à montrer que

cette affection, beaucoup plus fréquente dans la classe des

prolétaires qu'on ne l'admet généralement, atteint de pré-

férence les ouvriers sédentaires, travaillant dans des locaux

étroits et mal aérés ; et que,par contre,ceux qui sont occupes

il l'air libre et déploient une grande activité musculaire, en

sont généralement exempts.

Les travaux proprementdils du Congres ont occupé quatre

séances. Les trois premières ont été consacrées presque exclu-

sivement à l'exposé etla discussion des questions mises il l'or-

dre du jour et la quatrième à des communications particuliè-

res. La première question qui est venue en discussion est

celle du -

Sens DE la douleur

sur laquelle Mlle -OTFYl0, chef des travaux du laboratoire

de psycho-physiologie do l'Université de Bruxelles, avait

rédigé un remarquable rapport. ,

On admet généralement qu'il n'existe dans la peau que tiois

espèces de nerfs servant il conduire, les uns, les impressions

de contact ou de pression, les aulres les impressions de

chaud, les troisièmes enfin, les. impressions de froid (Blix et

('olscheider). Quant aux sensations douloureuses, elles se-

raient dues, d'après la plupart des physiologistes, aux excita-

lions de ces trois catégories do filets nerveux, à la condition

que ces excitations soient suffisamment fortes.

Tel n'est pas l'axis de Mlle Yoteyko. Se basant d'une part

sur le principe de l'énergie spéciliquedes nerfs, introduit en

physiologie 1),Ii'.Jolitiines .Millier, et d'autre part, surlesevpc-

rienees N-on 1,rey,(ltii a eu recoure pour l'élude physio

logique de la peau 1 des excitateurs punctiformcs spéciaux,

Mlle 1 oLcyl.o admet qu'il existe au niveau de la peau ctdes

muqueuses une quatrième catégorie de terminaisons nerveuses

all'ectécs spécialement aux excitations douloureuses. Au lieu

d'être simplement l'organe de la sensibilité tactile, la peau

sernit donc un assemblage d'organes sensoriels, uno sorte de

vaste mosaïque formée de minuscules surfaces douces cha-

cune d'une sensibilité spéciale.

.Mite Yoteyko ne se borne pas à admettre, avec un certain

nombre d'auteurs, du reste, l'existence d'organes périplléri-

sociétés savantes. 371 1

ques destinés à recueillir les impressions douloureuses, clic

soutient encore, clans son rapport, qu'il existe des voies spécia-

les de conduction pour ces impressions, et que celles-ci sunt

perçues par des centres particuliers.

L'existence de centres de perception de la douleur, dis-

tincts de tous les autres, est basée surtout sur les dissociations

fonctionnelles qu'on observe souvent entre la sensibilité tactile

et la sensibilité à la douleur. L'analgésie pure, avec conser-

vation delà sensibilité tactile, esl cncnct des plus nettes dans

l'anesthésie générale par le chloroforme cl l'élher, et dans

quelques états pathologiques, tels que l'hystérie, la svringo-

mplie et certaines paralysies (cas de l3arl.er). Un sait d'autre

part que Mlles Yoteykoet 5lefanow·I,a ont constaté, clic/, un

certain nombre de sujets normaux, que la sensibilité il la

douleur est plus vive du coté gauche que du côté droit, en

un mot, que nous sommes tous gauchers pour la douleur.

Ces auteurs croiel1l pouvoir conclure de celte constatation que

les nerfs ciolurifères ne subissent pas de décussation connue

les nerfs . du tact, de la pression, etc. ; qu'ils se rendent, ccux

du côté droit, clans l'hémisphère droit, ceux du côté gauche

dans l'hémisphère gauche, probablement dans le voisinage de

la région rolandiync, et qu'il l'état normal, le centre de l'hé-

misphère gauche intervient seul dans la perception des im-

pressions douloureuses, le centre droit n'entrant en jeu qu'à

l'occasion des douleurs d'origine pathologique.

' La lllèsc de .Mlle 1-otcyl.o allait trop à rencontre des don-

nées plysiopallhologiques actuelles pour ne pas soulever.

linéiques objections ; elles ont été formulées par MM. Sollier

et URI (de l'aris), Croca (clc l3ruellcs) et 13> : au.LON (de Paris;.

D'après M. Sollier, il n'existe pas de nerfs spéciaux char-

gés de la transmission des impressions douloureuses. La dou-

leur est un phénomène central, cérébral, résultant uniquement

de la difficulté qu'éprouvent les éléments nerveux à réagi i

aux excitations lorsque, sous unnintlucnce quelconque, leur

lonalité est La sensibilité à la douleur, d'après celte

conception, ne serait que l'expression du mode le plus élevé

du fonctionnement cérébral : clic apparaît dès que ce fonc-

liunncmcnt diminue pour disparaître lorsqu'il est inhibé ou

suspendu. C'est ainsi que les choses se passent dans l'hysté-

rie, où l'on voit la sensibilité à la douleur disparaître avant

toutes les autres et ne réapparaître qu'après elles, c'est-à-dire

la suite du réveil complet des centres corticaux.

Test donc seulement le cerveau, à l'exclusion de tout autre

nlémcnl. qui inlcrv icnt dans la production de la douleur.

Cette théuric a l'lé combattue par NI. Lnm.

372 sociétés savantes.

Ayant observé un ancncéplialc chez lequel existaient, dans

le domaine du trijumeau, de véritables réactions doulourcu-

ses, distinctes des manifestations purement réflexes, cet au-

teur tendrait plutôt il admettre deux ordres de sensations

douloureuses : des sensations brutes en rapport avec les étages

inférieurs du cerveau et des sensations différenciées qui seu-

les seraient d'origine corticale

Contrel'eistenoe de nerfs spéciaux de la douleur, M. CROCQ

a invoque un argument anatolllo-pathologillue. Nos viscères

ne devenant ordinairement le siège de sensations douioureu-

l'euses qu -¡lia période moyenne delà vie ou même plus lard,

il s'ensuit que les conducteurs spéciaux de la douleur, à

supposer 1 [u'ils e\ istenl, .resteraient pendant de longues an-

nées sans fonctionner ; ces conducteurs devraient donc être

atrophiés lorsqu'arrive l'âge mur. Or, c'est précisément il cette

époque de la vie qu'ils acquièrent le rôle le plus actif, ainsi

qu'en témoignent les coliques hépatiques, néphrétiques, etc.,

si communes à cette période de la v ie.

Mlle -OTES'IV0 a répondu que les conditions qui président

au développement des atrophies nerveuses sont encore trop

mal déterminées pourcluel'al)sence de ces atrophies, clans les

circonstances indiquées par M. Croc(l, : fiL une réelle valeur.

M. IHI11LLON (de Paris) a ramené la discussion sur le terrain

psychologique en communiquant l'observation d'un sujet

complètement insensible la douleur et en même temps dé-

pourvu de toute espèce d'affectivité. Ce fait, comme l'a relevé

M. SOI.LII : R,C011COrCieraitl)llltÔt avec l'opinion des auteurs qui

assimilent complètement la douleur physique et la douleur

morale, la premiéroétant surtout d'origine périphérique clin

seconde d'origine centrale, mais tontes deux avant pour sur

stratum l'ébranlement des mêmes centres.

Le travail dans la thérapeutique des maladies mentales.

Tel était le litre de la (Itiebtioiicie pschiatrie dont le rap-

port avait été rédigé par -NI. le D, Cuylitz, médecin de l'asile

d'E\ ere,lèz-Bruelles. -

Tous les aliénistes qui, depuis Panel, se sont préoccupés d'a-

llIéliorcr le sort de l'aliéné ont soutenu que le travail était le

moyen le plus sûr de détourner son esprit du cercle d'idées clans

lequel il se complaît et d'attirer son attention sur des choses

intéressantes et qui peuvent lui être utiles (Griesinger).

M. Cuylitz admet bien que le travail déplace l'attention et

la fixe ailleurs, mais ce déplacement ne peut se faire, selon

lui, sans que la volonté intervienne : or, comme chez la plu-

pari des aliénés il y''a un déficit plus ou moins considérable

sociétés savantes. 373

de la volonté, essayer de les occuper serait une entreprise

vaine. La chose n'est réalisable qu'à partir du moment où le

sujetdispose de son attention et desa volonté, c'est-à-dire lors-

qu'il n'est plus aliéné.

Aussi est-il tout à fait exceptionnel, d'après M. Cuy-

litz, que les maladies mentales soient heureusement influen-

cées parle travail physique ou psychique. Le travail ne peut 1

prétendre du'il être un moyen de distraction ou de diversion ;

mais « de tous les moyens de diversion, il est peut être le plus

dangereux parce qu'il sollicite desactivités d'organesexcités ou

affaiblis à qui seul le repos convient». pas là une

confusion entre le traitement des psychoses aiguës et celui

des psychoses chroniques, et peut-on dire également propos

des unes et des autres, que«le meilleur exercice est le repos»'' '1

Kn tout cas, la conclusion formelle du rapporteur est que

le travail, quel qu'il soit, ne doit être considéré que comme

une diversion d'ordre humanitaire applicable seulement aux '(

remissions ou à la convalescence de la folie. -

Malgré les applaudissements que lui ont valu la chaleur et

la conviction avec lesquelles il a exposé cetle thèse, M. Cylili

a trouvé de nombreux contradicteurs.

\LII. S\\'OLFS (del3rii,.clles), 13H : s.u (d' 1) t'es), Peetcrs (de

Glteell,1 AMENNE (de I lorem illc; , etc., sont, enus affirmera il

nouveau, en se plaçant il des points de vue dix ers, l'heureuse in-

fluence du travail, physique ou intellectuel dans le traitement

des maladies mentales, jusques et y compris celui des démen-

ces. Faute de temps, cette discussion à été un peu écourtée et

il ne s'en est dégagé aucune donnée vraiment précise ; aussi

ne croyons-nous pas trop nous avancer en disant qu'après

comme avant le rapport de M. Cuylitz, le travail, physique du

moins, continuera vraisemblablement à être considéré comme

un adjuvant précieux du traitement de la plupart des pscho-

ses chroniques.

Cette séance s'est tenue au nouvel amphithéâtre de laclini-

que du P, Francolle à l'asile ainte-.l;alUc ; elle a été suivie

d'une visite de cet asile sous la direction d'un dé ses méde-

cins,ll. LHOEST ; quoiqu'un peu trop rapide,elle nous a permis

d'admirer une profusion de petits ouvrages de couturecxécu-

tés par les pensionnaires, et qui.s'ils n'établissent pas l'action

curative du travail sur les maladies mentales, semblent du

moins prouver qu'il n'y a pas qucles malades guéris qui soient

susceptibles de travailler.

Les congressistes se sont ensuite dirigés vers la Maison de

santé de Glain, dont la visite était inscrite au programme de

celle matinée. La beauté du site incomparable où se trouve

374 sociétés savantes.

cet établissement, qui comprend plusieurs pavillons séparés

pour les malades nerveux et pour les aliénés n'a pas empêché

les congressistes d'en admirer l'élégant confort, l'intelligent

aménagement et. les très complètes installations balnéo et

électrotitérapiqucs.

Cette visite a eu lieu sous la conduite des deux médecins

derélablisscll1enl. \I.\I.COLLARD eLl,valn.l.r.E,el elle a été suivie

d'un lunch magnifiquement servi cL gracieusement ol1'crt par

son directeur, \I. BUTTGF.I>B,H,H..

La lin de la journée a élu consacrée à la visite de la section

scientifique de l'Exposition, et ce n'est que le lendemain samedi

(j n'est venue en discussion la question de neurologie intitulée :

Jj.v Ponction I-UIIi.\IRE

Deux rapports, l'un de 11. ni : Buck, médecin en chef de

l'asiledc FroicImont-ll's-Tol1rnai, l'autre de M. lin. médccin-

inspecteur des écoles de la ville d'Anvers, exposaient très

lidèlcmcnl l'état actuel de nos connaissances sur ce sujet.

Se plaçant surtout au point de nie diagnostique el tlnrn-

peutique, 11. de BUCK étudie d'abord; dans son rapport, les

(Hnérentscaractorcs physiques, chimiques, etc., du liquide

céphalo-rachidien : il examine ensuite les ellels lhérapcl1li-

ques de la soustraction d'une certaine quantité de ce liquide,

isolée on suivie de l'injection de diverses substances.

Parmi les caractères physiques du 1 i(¡uide l'l'phalo-rachi,

dion. seule sa coloration fournit actuellement quelques

renseignements'au point de vue du diagnostic. L'élude de

la densité et, de la pression osinolique présente encore

un intérêt plus scientifique que pratique La présence de la

choline et l'élévation du taux des phosphates plaident en

laveur de la nature organique de l'affection.

On peut en dire autant de la haute teneur en albumine

dn liquide céphalo-rachidien; mais l'allmminimélrie, malgré

les nombreuses recherches dont elle a été l'objet dans ces der-

niers temps, ne saurait rendre les mêmes services que l'élude

Ontologique, qui seule fournil des renseignements diagnosti-

ques vraiment sérieux.

L'évaluation de l'alcalescencc, des chlorures, de la matière

réductrice n'a, jusqu'à présent, aucune signification diagnos-

tique Même dans les psychoses organiques graves, les recher-

ches sur l'acétone, les corps a réaction diazoïque, l'allllnollia,

que, les hcniolysincs, etc., sont restées négatives.

Il semble bien démontré, d'autre part, que la toxicité du li-

quide céphalo-raehidien provenant de paralytiques cLd'épi-

leptiqucs, etc.. est nulle. ou très faible, du moins pour l'ani-

mal. Son élude ne fournil guère de renseignements directs,

sociétés savantes..375

quel que soit le mode d'injection employé, abstraction faite

(les nombreuses causes d'erreur qui se rattachent aux mé-

lhodcs intra-cérébrale et infra-veineuse. Peut-être y aurait-il

lieu d'attacher une plus grande importance à l'évaluation in-

directe de la toxicité par l'étude des échanges organiques des

animaux injectés. En attendant le résultat de celte nouvelle

orientation, le clinicien fera bien de ne pas accorder une

grande valeur aux procédés toxicologiques.

L'examen bactériologique (fixation et coloration du culotsur r

lamelles, cullures,injeclion au cobaye, au lapin,etc.) n'a guère

été appliqué jusqu'ici qu'a la différenciai ion des méningi-

les. Malgré l'absence d'examens bactériologiques suivis sur le

liquide céphalo-rachidien des confus, des délirants aigus, etc.,

il semble de moins en moins probable que l'infection joue

un rôle dans la pathogénie de ces psychoses.

.Vu point de vue thérapeutique, les recherches de M. de

11,Lick ne sont guère que la confirmation des données déjà ac-

quits. C'est seulement dans la méningite franche que les

ponctions lombaires répétées peuvent être utilisées comme

moyeu de décompression des centres nerveux et de drainage

des matériaux septiques et toxiques.

J'ai contre, les ponctions lombaires sont restées jusqu'ici

sans action sur l'évolution des psychoses. Elles n'influencent

enparticulier ni l'intensité, ni la fréquence des crises épilepti-

ques, ce qui semblerait plaider contre la théorie mécanique

de l'épilepsie et prouver que le toxique - si la théorie Lo\i-

que est vraie ne se trouve pas dans le liquide céphalo-ra-

chidien. -

La méthode qui consiste à injecter après la ponction diver-

ses substances dans le canal ricliiclien à part la rachicocaï-

nisalinn,la rachistovaïnisalion, etc., quiontsurtout des indica-

lions chirurgicales, et qui, au point de vue de l'analgésie mé-

dicale, sont avantageusement remplacées par des injections

épidurales - n'a encore guère franchi la période de tâtonne-

menls. mais elle semble appelée àun avenir sérieux dans le

traitement de certaines affections des centres nerveux.

La modération de ces conclusions qu'on sentait basées sur

de consciencieuses recherches personnelles leur ont rallié tous

les suffrages. A la vérité il existait bien quelques omissions

dans le travail de M. de Buck et, M. SA13RAZI,S (de Bordeaux)

n'a pas manqué de les relever ; peut-être l'a-l-il fait avec un

peu de sévérité étant donné le peu de temps laissé à la dispo-

sition du rapporteur (moins de trois mois) pour mener 1\ bien

son travail.

Le co-rapporteur, ,\1. lleo, a fait connaître ensuite les résul-

tats de son expérience sur la ponction lombaire chez l'enfant :

37Ô' SOCIÉTÉS SAVANTES.

il a étudié la question aux points de vue de la technique, du

diagnostic et de la thérapeutique La ponction lombaire est.

inoffensive chez l'enfant comme chez l'adulte ; toutefois

comme la moelle descend toujours davantage chez le pre-

mier que chez le second, on devra pratiquer la ponction

le plus bas possible, c'est-à-dire dans l'espace lombo-sacrc

chez les sujets ayant moins de deux ans. L'evamen cytologiclue

et baclériologique du liquide céphalo-rachidien constitue un

mocn de diagnostic puissant que tout praticien doit pouvoir

employer. Actuellement, c'est dans les affections méningées

que cet examen Iromeson application la plus fréquente. La

soustraction d'une certaine quantité de liquide céphalo-rachi-

dien soulage presque toujours les petits II1L'ningitiquesqnand

elle ne les guérit pas ; elle a, en outre, une valeur curative

réelle dans l'hydrocéphalie L'innocuité de la rachicentèse per-

met d'en essayer l'emploi dans diverses affections, entre autres

la choréc, la coqueluche, l'éclampsie, l'urémie, la surdité,

l'incontinence d'urine, etc , etc. ,

M. ]e P" Yas ( ? Ht CHT¡';N (de Lowain) s'cstélcvé contre celle

extension peut-être un peu exagérée des indications de la

ponction lomhairc. 11 regrette qu'on n'ait paséludiéles effets

de la soustraction du liquide céphalo-rachidien chez les ani-

maux avant d'en préconiser l'emploi chez l'homme C'est aller

en tout cas beaucoup trop loin, de xouloirériger en dogme la

complète innocuité d'une opération qui, de l'aveu de tous les

auteurs, n'est pas exempte d'inconvénients, sans compter les

quelques accidents mortels qui lui sont légitimement impu-

tables.

M. le 1)" 1 ? RuEi.r.F (de Glain) a l'ait connaître ensuite les

résultats des 1G01>onclions lombaires qu'il a pratiquées. Une

particularité intéressante .qui semble ressortir de ces observa-

lions, c'est que la coexistence constatée par lui à différentes

reprises, d'une' hypertension du liquide céphalo-rachidien

intra-cranien et d'une hypotension intra-rachiclienne du

même liquide, serait l'indice d'une affection bullaire En Ici' -

minant, l'orateur a insisté sur la nécessité d'unifier, pour pou-

voir comparer les résultats signalés par les différents auteurs,

la technique de la ponction lombaire et les méthodes d'exa-

men du liquide céphalo-rachidien.

La quatrième et dernière séance a été consacrée à l'audition

decommunicationsparticniiéres. On nous pardonnera, faute

de temps etdc place, de ne leur accorder qu'une courte men-

tion.

Mlle 1'oTev>;o a exposé les résultais principaux de ses recher-

ches sur la haute valeur des courbes de j'aligne pour le diagnos-

SOCIÉTÉS SAVANTES. 377 -1

tic du siège de la lésion dans les différentes paralysies centrales

ou périphériques.

M. Heilporn (d'.\l1\ers) a montre d'intéressantes radiogra-

phies d'un cas d'awoméqalie. La selle lurciquo apparaît no-

tablement agrandie dans ses deux diamètres : elle présente un

double contour dont l'un lui est propre et dont l'autre appar-

tient sans doule Ù la tumeur hypophysaire. : 'Il. I)FROU]3 ? 1-,L('del,'roi(imonL) a lait connaître les lésions

qu'il a observéesa l'autopsie de deux malades présentant le

phénomène du rire et du pleurer spasmodiques. Ses constata-

tions tendent à prouver, que la voie pyramidale peut rester

étrangère au processus : qu'il n'existe vraisemblablement

qu'une seule voie de conduction tant pour le rire que pour le

pleurer ; et enfin que les crises de rire et de pleurer ne sont

nullement en rapport avec l'étal émotionnel des malades.

MM. PARHON et XADEJDE (de BucharesLiont apporté 11nenou-

velle contribution anatomo-palhologique à l'élude des localisa- ! ! 0)<.; motrices dans la moelle de l'homme. Examinant la moelle

d'un homme atteint d'une tumeur ganglionnaire du cou

qui avait altéré ou détruit les muscles delà région ccrv icalc

antérieure, ces au leurs on l constaté une lésion exacteiiieiilloci-

lisée aux groupes cellulaires centraux et latéraux des 3° el -'m

mjclolomcs cervicaux.

L'intéressante communication avec projections do M. de

RoFC intitulée : « Qu'enle/J(l-on par le terme de manie ? » a été

l'occasion d'une petite escarmouche entre Kroepolinistes et

anti-I\ roepelinistes. On sait que les premiers ne considèrent

plus la manie que comme un syndrome relevant tantôt do

la démence précoce, tantôt de la folie maniaque dépressive ou

d'autres formes psychopathiques, mais n'ayant pas d'existence

propre, ne constituant pas une affection autonome ; les seconds

au contraire, tout en reconnaissant que bon nombre d'élats

maniaques sont symptomatiques, réservent encore une pla-

ce à part dans la nosologie pour la manie essentielle, idiopa-

thiquc, et cela, malgré l'excommunication majeure dont

Morel et J. Falret ont déjà frappé cette affection au siècle der-

nier. D'ores et déjà on peut affirmer que la victoire restera

aux premiers, le groupe des hésitants inclinant manifeste-

ment vers eux.

On a encore écouté avec intérêt une communication de-NI.

SOI.LlER su l' l'h él'oïno-manic; d'originales remarques de 'Il. 131 ?

rillon .fr ? )p) ! o/)))ec)tU ! Mf/c'rommcat'i<t.'6t7t< ci l'oi.lllol)édie

mmlale et la relation par Mlle Lumnska d'un cris de gastrite

hystérique guérie par suggestion.

Citons encore, en regrettant de ne pouvoir nous y arrêter,

plusieurs intéressantes observations de M. Glorieux sur la

378 SOCIÉTÉS SAVANTES.

présence d'un clonus fruste de lu rotule dans certains cas de

neurasthénie traumatique ; de M. Debray sur la pathopénie tlc

l'hén21anopsie et de la déviation conjuguée de la télé el desyntx;

de M. Lvnnois (de Lyon) sur l'existence de la trépidation épi-

leploïde du pied au COUI'S cie l'anesthésie chiJ'Il1'gicalc; de J1. De-

mouchy (de Paris) sur un moyen de combattre l'insomnie par

l'action Il ! /pno ! /éniqlle delà main.

Par leur diversité et l'originalité de quelques-unes d'entre

elles, ces communications ont largement contribué au suc-

cès, désormais assuré, d'un Congrès dont tout l'honneur

revient la jeune Ecole neuro-ps,)cl11atrique belge. 11 a été

clôturé brillamment par un banquet ofl'ert il tous les congres-

sistes par M. le D'' Glorieux.

Ajoutons en terminant que les étrangers ont été l'objet

pendant toute la durée de celte session des attentions Irspll1s

délicates, que la présidence de toutes les séances leur a été

libéralement offerte, et que.\1. le Professeur FRANcorr) :

dont l'inépuisable aménité est restée gravée au coeur de

lous les Français présents au Congrès de Bruxelles de 1003

les a conviés à un dîner intime qui a scellé une fois de plus

l'union des ncurologistcs et psychiatres belges avec ceux des

autres pays. G. DENY.

SOCIÉTÉ DïlYPSOLOGIE ET Dr'PS1'G110L(>GII.

Séance du mardi 17 octobre 1 ! )O ?

Le fl't.tilcJ1 ! t'nt PS ? hol1u;(,lmique de la kleptomanie.

MM. Bertillon et PAMART présentent deux enfants Kleploma-

nes remis par autorité judiciaire au patronage de l'enfance el

de l'adolescence. Le directeur de celle oeuvre les a confiés au

Dispensaire pédagogique où ils sont traités par la psychothérapie.

Superposés à l'orthopédie morale, certains mouvements appro-

priés permettent, chez les kleptomanes, comme chez tous les im-

pulsifs, le dressage du pouvoir d'arrêt. L'hypnolisalion doit être,

chez ces sujets, poussée aussi loin que possible ; en outre la Sug-

gestion sera d'autant plus efficace qu'elle sera impérative el que,

même, elle suscitera une émotion intense Inefficace, ou il peu

près, chez les idiots et les imbéciles, la suggestion réussira d'au-

tant plus que le sujet à suggestionner sera plus intelligent.

Un ancien « traqueur » premier prix du Conservatoire.

M. Paul IAaEZ. Quelques semaines avant le concours de

1904, M. X... esl pris de trac, avec incapacité absolue de jouer en

public ; il ne dort plus et ne mange plus ; très déprimé, il verse

dans la mélancolie et a des idées de suicide En deux séances

, SOCIÉTÉS SAVANTES. " 37

(l'hypnotisme, il est ramené à son état normal et mis en état

d'affronter le concours ; il obtient,en 1901, un deuxième prix il

l'unanimité. En 1905, sans avoir eu besoin d'être hypnotisé à nou-

veau, 1. X... vient de remporter un brillant premier pris. l : ecas

prouve, une fois de plus, la persistance et la solidité des guéri-

sons obtenues par l'hypnotisme.

Lumière colorée et hr/hnoclanotunpc,

11. Paul FAREz. On sail que la lumière rouge est stimulante,

tandis que le bleu et le violet sont sédatifs. En pratique courante,

il est bon de recevoir les malades dans une ambiance dont la

couleur puisse heureusement agir sur leur état mental et sur

leur tenus nerveux, c'est-à-dire les excités dans une cham-

bre bleu-violet, les déprimés dans une chambre rouge. Ainsi,

les uns et les autres sont mis dans un état de meilleur ètl'e,prn-

dant foule la durée de la consultation; ils deviennent dociles.

confiants et acceptent les prescriptions médicales qui leur sont

fades. De même, dans le procédé d'hypnotisation qui consiste

dans le maintien d'une seule et même sensation visuelle, le som-

meil survient plus facilement et plus rapidement si celte sensa-

tion a pour origine une couleur sédative, calmante, endormanle

pal elle-même. Témoin ce petit appareil que je vous plésentc,

rab, iqué sur. mes indications par l. Bercut, actionné par un de

ses moteurs et que j appelle hypnocyanotrope : la rotation de celte

surface bleu-violet provoque l'apparition de l'hypnose bien plus

vite que les divers miroirs rotatifs dont l'éclat ou le brillant colo-

ris font plutôt appel il la fascination.

La simulation envisagée comme fait de parasitisme social.

M. Bérillon. -Après une étude psychologique du parasi-

tisme à Iravers les âges, en particulier chez les Grecs et chez les

Romains, NI. liérillon étudie le parasitisme contemporain, (tout la

simulation est le procédé de prédilection. De nos,jours, une loi,

inspirée par les meilleures intentions est, tous les jours, déviée

de son but par des simulateurs désireux de vivre sans rien faire,

aux dépens de leurs patrons.

Toutes les victimes d'accidents du travail ne simulent pas, le

plus grand nombre exagèrent l'importance et la gravité de leurs

blessures. Dans ce rôle de victimes, il en est qui se montrent

d'assez mauvais acteurs. Par contre, il en est qui sont de vérita-

bles virtuoses. Il est vrai que, le plus souvent, ils ont été formés

à bonne école. Il existe, à Paris, de véritables écoles de simula-

lion. Des hommes d'affaires ingénieux apprennent aux ouvriers

qui intentent des procès pour cause d'accidents de travail à tirer

le meilleur parli de leurs blessures. Danslo monde politique, lit-

ou religieux, des parasites ivent aux dépens delà collée-

380 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

en simulant la passion du bien public. Les faux pauvres,

les faux malades vivent ainsi aux dépens d'un groupe social,

sans lui rendre, en échange, aucun service, Un simulateur a pu,

pendant 15 ans, se faire passer pour fou et se faire héberger dans

un établissement hospitalier. Après sa mort, on trouva une let-

tre dans laquelle il exprimait sa reconnaissance aux médecins

grâce auxquels il avait été entretenu aux frais de ses semblables ;

c'est dans l'hospice qu'il avait connu les seules bonnes heures de

sa vie et en mourant il avail l'unique regret d'avoir eu trop tard

l'idée de simuler la folie.

La fatigue suggérée.

)1. A'crcnollk. La fatiguesuggéréeestproduitepar la repré-

sentation mentale, plus uu moins intense, de l'effort accompli nu

il accomplir : et cette représentation mentale fait nitre aussitôt

l'idée d'impuissance. La fatigue esl, suivant les cas, auto ou lié-

téro-suggérée, avant ou pendant l'effort. Un champion de course

à bicyclette est fatigué -% ci le 98° kilomètre, dans une course de

100 kilomètres, vers le H6''dans une course de 1 jO kilomètres,

vers le 1 ! Jc dans une course de OO kilomètres; la faligue suggé-

lée dépend de la longueur du trajet. Elle est vite délogée par la

musique, le chant, l'orgueil, la colère, une harangue vibranlc,

etc., en somme, toutes les fois qu'une idée forte ou une émotion

se substituent à l'idée de fatigue.

M. D¡ : MONCHY rend compte du congrès de Neurologie tenu ré-

cemment Liège, auquel il représentait la Société.

)1. IIFRU.nov rend compte également du congrès de médecine

interne auquel il a assisté comme délégué de la société ; il résume

la communication qu'il y a faite sur la scopolamine envisagée

comme adjuvant il la suggestion hypnotique.' *

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE

1. Leçon sur la paralysie générale ; par le Prof. Raymond.

(Archives de médecine, n° J4 p. 80, 1905.)

Dans la première partie de cette intéressante leçon, M. le pro-

fesseur Raymond expose l'histoire de deux malades : le premier,

un homme de 37 ans, est atteint de paralysie àsoil début,

quoique cepcndanl déjà nettement caractérisée ; le second, un

adolescent de 10 ans, présente la forme juvénile de celte maladie.

Discutant le diagnostic, le Professeur Raymond est amené à don-

ric.23. - Coupe horizontale de l'hémisphère gauche (cas n" 703 du laboratoire).

382 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

ner,à propos du second malade, son opinion sur la démence précoce.

« Actuellement, la conception de Kroepelin est fortement bat-

tue en brèche, car, outre que la distinction entre les diverses for-

mes est loin d'être absolue, il n'y a pas, dans la démence pré-

coce, un véritable état démentiel, au sens d'Esquirol, mais un

simple état d'affaiblissement mental, la « Schvvaechozustande »,

si bien que l'on est en droit de se demander si le terme de dé-

mence convient bien pour désigner cet étal. Enfin, l'analyse

exacte des laits montre que. le plus souvent, les troubles intel-

lectuets ne sont pas précoces, mais constituent des résultantes,

consécutives à une cause débilitante ; ce sont le» psychoses de la

puberté, surtout chez les dégénérés ».

L'auteur résume ensuite, dans la seconde partie de sa leçon,

l'état actuel de nos connaissance sur la nature et l'étiologie de

la paralysie générale. De la récente discussion qui a eu lieu il ce

sujet à l'Académie de médecine, il résulte que la grande cause de

la j ! ara)\sie générale est la syphilis,. dont l'action est, en parlicu-

lier, évidente pour les cas de Iraralyic générale juvénile pour

Fie. : iL - Paralysie générale, ancien loyer, hémisphère gauche

REVUE DE PATHOLOGIE UEN1'.1LI : . 383

laquelle l'absence des autres facteurs éliologiques, habituellement

incl'Îminés, l'end l'al.tieulii'rCl11ent l'\ ¡den le l'origine ) pltilil ique..

I,luant att 1)rohlime de la nalure ln la paralysie générale, sa

solution apparient it l'anatomie pathologique autant qu'à la

rliniqUl ? \1. Ha)'mond résume]e l'écentou\ rage Ü'.\Ldheiml'r dans

lequel cd auteur s'efforce du démontrer (pie la lésion n'est pas

diffuse, de cause vasculaire, mais frappe certains systèmes, ce qui

semble devoir être confirmé parles éludes actuellement en

cours au Laboratoire de la clinique.

Pour Aixhenner, le processus histologique de la paralysie gé-

dL'raledif'['c)'oducelu[deIasypItilis' : l'inuHrat,[)6rivasculaire

étant, dans le premier cas, consLi6ué surtoul,par des plamazellcll.

et des maslzcllen, dans le second, par des lymphocytes. S'en rap-

portant aux résultats obtenus dans son laboratoire sur les ce ?

veaux de parai) tiques généraux. lI. Raymond se demande

Po,. 1 ? - Elélllellh de l'iulillrat méningé, paralysie générale (cas

806 du laboratoire}. . 1

384 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

quelle valeur il faut attribuer à cette distinction qui ne parait

pas, en pratique, toujours bien évidente. D'ailleurs, dit-il, peut-

être ne faut-il pas trop attacher de valeur aux questions de morpho-

logie cellulaire. M. Raymond rappelle que ces distinctions mor-

phologiques, autrefois si importantes en bactériologie, ontbien

perdu de leur valeur depuis qu'on connaît mieux les transfor-

mations des microbes suivant leurs conditions d'existence. N'en

sera-t-ilpas de même un jour pour toutes les variétés de cellules

dont les histologistes cherchent actuellement à préciser les ca-

ractères. Les lymphocytes sont des éléments venus des vaisseau\

sanguins, les plasmazellen et les mastzellen semblent de nature

conjonctive ; mais, outre qu'il y a encore bien des points incon-

nus dans la genèse et l'évolution de ces éléments, ils ont, en dé-

Unitive, la même origine embryonnaire, le mésoderme ; peut-èlre

apprendrons-nous quelque jour que la prédominance» de tel ou

tel dépend de conditions actuellement insoupçonnées, et ne suffit

pas pour permettre de distinguer deux processus anatomiques

différents. » (Iig. °3, 24 et ` ? .)

En somme, la syphilis est la cause dominante, mais nous ne

pourrons dire avec certitude jusqu'où s'étend son action et com-

ment elle s'exerce, que le jour où nous serons fixés définitive-

ment sur l'existence et les caractères des paralysies générales

ne relevant pas de la syphilis.

Il. -Ulcérations trophiques chez deux déments catatoni-

ques ; paL'TREPS,\T.(1\'OUC. Iconogr. de la Salpétrière, l\)04, no 6.)

L'ulcération esl l'aboutissant de troubles d\; : trophiques prémo-

nitoires, qui sont Fér) thème, puis la 1)[Ille Les dé-

ments stupides offrent un bon terrain il l'infection en raison de

leur inertie organique (1). F. Tissot.

III. Des troubles de la lecture, de la parole et de l'é-

criture chez les paralytiques généraux ; par .Ioffroy.

(Nouv. Iconogr. de la Salpêtrière, 1904, n° 6.)

Dans la production des diverses formes du langage, on peut

considérer un élément physique purement moteur eL un

élément psychique ; cette distinction, facile en théorie, ne

correspond pas toujours dans la pratique à une indépendance

réciproque de ces deux facteurs, car le trouble physique traduit

souvent du même coup un fonctionnement défectueux des appa-

reils moteurs et intellectuels. ,

Les modifications de l'articulation des mots, qui sont les tnê-

mes pour la lecture à haute voix (troubles arthrolevitlues)que

(1) L'hydrothérapie locale quotidienne ou biquotidienne est loul

indiquée dans ce cas.. - (13.).

REVUE DE PATHOLOGIE. lENIALE. 3ci5

pour la parole spontanée (troubles arlhrnlaliques) reconnaissent

comme principale cause l'incoordination motrice des muscles de

la langue et delà face.

Les Lroubleysvclmlcviclu,·· se révèlent par l'intonation que

donne le malade et. qui est souvent en désaccord avec le sens des

phrases ; ils trouvent leur explication dans la régression des no-

tions acquises, par laquelle les paralytiques généraux cumpren-

ncnLnial et, oublient vite ce qu'ilslisenf, aussi lisent-ils fort peu.

Les trouble* oiil fi-ail à la monotonie du débit,

au choix des expressions (tendance au langage vulgaire), au dé-

lant de coordination à il l'aphasie. L'aphasie s'observe

souvent au début de la paralysie générale, et elle constitue ]IL'es-

'rue toujours un symptôme transitoire, sujet il répétition, mais

sans tendance il la fixité ; dans ces conditions, le diagnostic en est

parfois délicat. Il faut savoir qu'il Il'y a aucun rapport constant

entre l'intensité des troubles du langage et de la déchéance in-

tellectuelle. Comme les précédents, les troubles calligraphiques

trahissent un défaut dans la commande ou l'obéissance du sys-

tème musculaire. Les troubles p·cltograp11111ueJ concernent les

idées exprimées, le mode d'expression de ces idées, la vitesse de

l'écriture, tous caractères fertiles en considérations grapliologi-

ques. On constate la disparition rapide des caractères imper,un-

111'15 (diplomatiques) de l'écriture et le retour de celle-ci vers l'é-

criture naturelle, enfantine. En général, l'écriture spontanée est

moins défectueuse que l'écriture copiée.

L'agraphie, quand elle existe, a les mêmes particularités que

l'aphasie qui l'accompagne habituellement. F. TissoT.

Essai de recherches médico-statistiques sur 900 cas

de paralysie générale des aliénés; par G. A. 1)IÉDO\v.(OIlO ?

rénié psichialrii, IX, 1904.)

Etude portant sur la période 1883-1902 de l'hôpital des aliénés

de o (Gouvernement de TN% err).

Pendant ces 20 années, il a été admis pour la première fois

al.867 aliénés hommes, 1.901 aliénées femmes.Sur ces 5. 571 mala-

des, il y a eu 714 paralytiques généraux du sexe' masculin, et 186

femmes paralytiques. ,

Nous ne pouvons donner que les conclusions de ce mémoire.

1" La proportion des admissions pour paralysie générale assi-

gne àcel hôpital la 3e place parmi les autres hôpitaux du même

genre. - 2" La progression de la maladie est continue et irrésis-

tible, chez l'homme comme chez la femme. - 3° Il aété admis

pendant ces 20 années juste deux t'ois plus d'aliénés hommes que

d'aliénées femmes, alors que le nombre des parai) tiques hommes

admis pendant le même temps est quatre fois plus grand que ce-

luides femmes paralytiques. <-'i° Chez la femme comme chez

Archives, 2' série, l. XX. 25

38G REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

l'homme, la paralysie générale sévit surtout de 30 à 40 ans ; pas

un seul paral\ tique, avant l'âge de 20 ans. 5" Les pa) sans agri-

culteurs et les bourgeois constituent le principal terrain de la

maladie ; les femmes, parmi les pav sans, ont fourni le plus fort con-

tingent, tandis que, parmi les bourgeois, ce sont le* hommes'.

Cette prédominance de.- paysans tient iL ce que ceux-ci forment

la mas·c principale de la clientèle de l'hôpital, mais n'empêche

que la paralysie générale pénètre de la ville au village où jadis

nul ne la connaissait,et qu'en ville elle frappe plus souvent la

classe subalterne des l)uu ! 'geois.6" Ce sont les villageoises

pauvres qui lui paient le plus fort tribut. 7° Les célibataires

hommes et femmes sont bien plus rarement alleints. - 1 La

paralysie générale résulte de l'excessive tension, du surmenage du

cerveau dans la lui le pour l'existence; syphilis, alcoolisme, héré-

dite,traumatisme, etc., ne sont que des facteurs prédisposant-.

- \10 L'influence propre de chacun de ces l'acteur.- est bien plus

rare que leur action commune et combinée iL d'autre.- fadeurs

étiologiques. 10° Assez variés sont les phénomènes initiaux de

la paralysie générale : ils conduisent tous à un affaiblissement

intellectuel assez précoce ainsi qu'à la faiblesse irritatde dus

lénie nerveux. Parmi les accidents moteurs, on observe presque

constamment inégalité et inertie des pupilles ; ace moment, il

n'existe généralement pas d'autres sv Diplômes moteurs. 11"

L'évolution de la maladie a notablement changé dans ces der-

niers temps; actuellement elle se traîne plus lentement, molle-

ment, s'accompagnant d'attaques congeslives et de rémissions

plus fréquentes. Rare est la l'orme classique delà paralysie géné-

rale ; elle a cédé la place à la forme démentielle. Ce changement

de caractère est probablement influencé par la plus grande fré-

quence des rémissions et attaques conriestives. 12° La mort

arrive le plus souvent de 41 à 45 ans, en février et en novembre.

P. KERAYAL.

Y. Contribution à l'étude de la démence précoce, par

E. Strvnsky. (C'C) : <)Yt/6 ? ? Xercenhcillntnde XX\ II..\. 1.

XV, 1 ! lU't.) Contribution a l'interprétation de certains

symptômes de la démence précoce, par I ? STa wsi.v. (,\"'11'

raloff. Centrallilalt. XXIII. 1S)U'i). Contribution à l'étude

. du terme de demenlia sejunctioa; par l1. Gauss. (Kcvruloij,

L'cM<)'a<.XXHl,l'JÛ4.)

Stransky, à la suite d'une élude critique fort soutenue, admet'

la démence précoce la condition qu'on en élimine la paranoïa.

S'il est incontestable que l'on rencontre très souvent dans la dé-

mence précoce des 1 : (l\lIpll',\IIS) Illploillaliqlll's Jlal'aIlOllle, il Il')

l'aut point comprendre le vrai délire chronique.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 387

Quanta voir, comme le veut W toss, tlans cette maladie, un pro-

cessus constitué par la disjonction de l'intelligence et des Nlc·uuyts

émotifs, c'est excessif. M. Slransky cite à l'appui de son objection

une observation très détaillée qui montre en outre que certains

états caLatoni([ucs insuffisamment analysés permettraient de croire

à la simulation, d'autant qu'il y eut en l'espèce une rémission

prolongée. '

M. lntoss n'envisage pas la disjonction dans le sens de \\'l'l'IIi-

cke. Le tenue de démence disjonctice qu'il propose pour la dé-

mence précoce spécifie que la disjonction a une plus grande im-

portance dans le groupe de la démence précoce que dans les au-

tres groupes morbides considérés comme démentiels. Contrai-

rement à ce qui a lieu pour ces derniers la disjonction prédo-

Illine dans la démence précoce. Pour lui, l'activité de lacune

cipncc résulte de nombreux processus psycho-physiques iLd('COIII"

simullané, synchrones ; l'unité d'action de la conscience est le

produit de la synergie de processus synchrones. C'est celte

·weriu rlui est supprimée par des troubles fonctionnels de nature,

inconnue. Et la décadence de la conscience lient dans la dé-

mence précoce il l'a 11crgie des éléments concourant à l'activité

Ù(' ! acOI1"Ciellce. P. 1\.l : R.\YAL.

rI. De l'état des réflexes musculaires et autres de la

face dans la démence paralytique ; par \Y. ,,1. GECHTI : IOE\\'

{Obozréniè ysir3xintniz, \'lU, 1\Jm j VeH1'ulo ? (;aatnaLLl., \\Il,

10;1.) .

L auteurpasse en rewe les réflexes : du maxillaire inférieur (pé-

riosLitlue du masséter), oculaire, zvgomatique, buccal, menton-

nirr, des terres inférieure et supérieure, surciliaire, frontal, de

l'angle buccal (rl-flexe du risorius), dont la man<ml\ 1'1' est

connue.

On observe, conclut-il. surtout chez le dément parai) tique,

l'magnraliun des 1,("fJl'\l'S des muscles qui entourent l'orifice

huerai et. par suite, avant tout, le réflexe 111l'IItollllit'r du ré-

111'\(' buccal. En quelques cas, quand ou frappe la lèvre supé-

rieure ou inférieure, on voit, en outre de la contraction lut61 ?

1lIt'lII' de l'orbirulaire des lè\ 1'1", les deux lèvres proéininer eu,

avant, sans que les malades puissent arrêter cette grimace.

L'association de l'exagération dps 1'("fJp"l' musculaires de la face

u collc des réflexe- maxillaire inférieur, ocu ! aire,x;0] ! ! ati(jue,.

indique les dégénérescences delà voie centrale des muscles corres-

pondant* : celle dégénérescence, en l'espèce secondaire, esl due à

une lésion de la zone 1llOlri('1' de' l'I;C(II'('(' Ironlale. Xalurcllemenl,

le- déments parai) tiques présenlent aussi une altération des

l't''111'.\I'' 11111'l'ulail ? du troue et d(', 1'.\II";lIli ? qui, dall '1111'1-

888 REVUE DE PATHOLOGIE ! EKTAL1.

que» cas, sont plus ou moins exagérés. 11 a Iles cas .où l'activité

(les muscles de la jambe' el du tronc est plus intense que

celle des muscles de la face

Dans la forme tabétique de la paralysie générale, les 1'I',lIl'.\('5

musculaires el autres de la face sont parfois exagérés. Pal l'IIi.,

aussi les (les muqueuses nasale et palpébrale sont IlI'ILp-

menl diminués ; il y a alors aiies[lié.,ic de la et

delà muqueuse nasale et conjonctivale P. 1W cw'm..

VIL Critique de l'article de Ziehen intitulé : De quel-

ques lacunes et difficultés relatives au groupement des

maladies mentales; lan\ISSI.. (('wxtoaLLl.j'. \'w'ccnlz'ill;molr

.'\.'\\']1. \. F.S\', 1 ! 10'l).

Des causes réelles des p'CltllI ? dil I. : 'ii,I, non- ne 'il\lIlI-

autant dire rien. (Juanl à leur 1),t Li loli)'i(j lie, IlllUS 'II1l-

mes ·ur Ic le point (le l'enlanier. Les méthodes d'examen des CIlIII'

n ! c.\us mpLIIlI1a[iqul' qui sull'renL ]lotis sont encore trop

grossières pour que nous puissions reconnaît re sûrement les ca l'ac- ! ( ? €--( ! ii-'t ! ncH ! s des modalités en apparence homomorphes de

formes morbides dillérenles. Il ne nous reste donc en l'état qu'à

roulror Ie· lx·yclmre I'altrè l'eusontllle cliniyu. f. IW RwL.

\H).Démence précoce anciennne ; par \Y. \\'EYGA1>o1JT.

{Ccntralbl. ? Xerce'lhcil" XXY11, X. F. XY,190'l.)

II s'agit de quatre malade- entrés* de 1830 a 1858 et qua-i

IIuhliÚ, Il'111' hi ? loil'e paLlwjogique ayaut paru cloe dl'pui plu-

,le '10 au-. On les cOII,idÚmill'OIIlI11Unélnl'nl comme des idiots

qui n'étaient guère, utilisable» (le petits emplois méca-

niques. .\1. We"Zil](1 reconstitue l'évolution le diagnostic de

leur a 1 l'pd ion. Chez les 3 premiers par exemple on a noté axant

l'âge. de 30 ans hallucinations sensorielles, idées délirantes

absurdes, désordre des actes caracléri-1'1 par l'amour de la

contradiction, des manière-, des néologismes ; celle période ,1

été suivie d'un Il all'aihli"l'lllI'nl spécial des l'acu\lt ? \rlue\lI'IIII'1l1

ils on[ perdu toute spontanéité mais nuL conservé la mémoire

exacte des événements anciens. L'un d'eux présente de la ('011-

fusion verbale. Le quatrième sujet, mort il v a peu de temps, ,"Iail

d,eH'l1u alil'né à vingt-deux ans; son observation a pour inlt'"

rL principal des périodes hallucinatoires accompagnées d'ag-iLa-

tion intense, de raideur dans le muinli"1\ Pl de catalepsie : or ces

deux derniers symptômes ont persisté IJl'I'sqlll' jU"llull la lin du

la \ il'. c'est-il-dire pendant près d'un demi-siècle, survivant aux

épisodes aigus alors même que dans sa démence, le malheureux

radote la même idée ou que, finalement indifférent, il parle 101'1

lieu, tout entier à sa besogne quotidienne automatique.

P. 11ER.\1' tL.

- RI-,tUI : DE PATHOLOGIE MENTALE. : 3n

IX. Des signes extérieurs de l'onanisme habituel chez

les garçons ; par \\`. de BECHTrREw. Centr(llú/att sur l\'I'1'l"'I/-

heilllunde XXTI. 1. F. XIV. 1903.)

Répétition de l'article russe paru dans l'Oboréni psichiatrii.

VIL 1902. Ana)\se in Archives de Neurologie, . Série.)

P. 1\.

X. Note sur le rôle pathogène de la simulation; par

FlR1 {Revue de médecine, mars 1 ! I04.)

La simulation de la folie et de- névroses n'existe guère que chez

les prédisposés, parfois même chez des aliénés confirmé-. Dans

l'observation que publie il il s'agit d'une jeune névropathe il

très lourde qui, à force de se priver volontairement d'a-

liments pour maigrir, finit par présenter une inappétence tolale

qui s'accompagna de vomissements. Les lavements alimentaires

1'11\-1111\mps causaient des nausées ; il en résulta un ( ? aL(L'ai))ai-

I ! l'i'I'lI1pnl extrême (d un véritable délire mélancolique. Sous

lïn{1llpllel' dïlllmla.lion" d'oxygène ('Id'un traitement moral bien

conduit les phénomènes morbides disparurent le- uns après les

nul l'Os pI la guérison "'l',1. établie l'lll1ainlpnu ? L. \\ ? Ht...

XI. Un cas d'idiotie amaurotique héréditaire : par

.lame 13 rJRIOET.

Le sujet était un enfant mâle, âgé de 18 mois. Il nie fut

présenté comme un enfant arriéré. Les parents étaient Juifs.

D'après ce qu'on a pu noter, jamais aucun membre de celte

famille n'avait eu d'all'edions mentales, nerveuses ou la

syphilis. Durant la grossesse, la mèreavail eu beaucoup d'ennuis.

Elle lotaiL une femme très nerveuse, mais en aucune façon hys-

térique ou irritable. Le travail ne fut pas particulièrement labo-

1-ietil; ; mais elle 1'111 mise l'illfltlell('( du chloroforme un peu

avant la naissance de l'en l'an Ceci fut fait, à à cause

de sa faiblesse. Ses grossesses el ses enfantements antérieurs

avaient été normaux. 1lIe IÙlyai ! . pa. PU défausses couchas.

L'enfant en question était le septième. Des six étaient

morls en enfance.

Le tableau suivant montre l'tige auquel le d('I'nier l',1 mort et

l'âge des surv ivanls. ( ?

La maison date, laquelle le sujet habitait élait située sur un

terrain plat. Elle se composait de deux chambres dont l'une 1res

noire était située sur une cnur inférieure. L'enfant n'avait pas

été souvent au grand air : la mère, il l'état de grossesse, était par

conséquent incapable de le sortir. sa naissance, l'enfant parut

en excellente santé. Il fui nourri au sein jusqu'à l'âge de 14 mois

Il)ul en- prenant d'autres uh,l¡ml'ps. "\cluplll'n1Pnt, il il de la

: J ! 10 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 3U1

devenir de plus en plus nonchalant cl apathique, il se contrariait

plus facilement qu'autrefois et requérait beaucoup plus de soins

etd'atLention.

A l'examen, je remarquai que l'enfant avait une nature apa-

Iltiquc assez prononcée Quand il était assis sur les genoux de sa

mère, avec son dos appuyé, ses yeux semblaient Sl' JL\l'r distrni-

ll'l1H'nl. il la terre tandis que sa langue t'hait, constamment hors la

bouche. Son corps était mou, llasque et un peu anémique. La

peau avail une apparence de santé, mais la lèle était humide. Il

u\ a\ail aucune éruption sur lecn ! 'p<,ni(jL'( ! t'j))c. ! ist')ni) ! ai

être d'un bon caractère et se laissait facilement examiner. Les

Che\ellX 11('(ail'lll ni clairsemés, ni épais, il n'y avait aucun

indice de dégénérescence sur le corps cl les glandes étaient de

grosseur normale. Sa voix était un peu faible. L'enfant était

évidemment rachitiquo et je remarquai que ses doigls étaient

quelque peu effilés tandis que les phalangettes du pouce avaient

une tendance marquée à s'allonger.

La tête élait quelque peu carrée et large. La t'ontanellu anlu-

1 ieun' ¡"laill'IH'OI'l' très ouverte. La cou i hure, en arrière de la

colonne vertébrale, était 1res prononcée. L'intelligence élait évi- i-

dl'HlJ1lI'lll allél'ée, Ll' IIIU,c]p, étaient mou- et fiasques mais il

n'yail aucune (rare de paralysie. L'enfant ne pouvait se

tenir debout ni s'asseoir sans soutien. Il fallait lui tenir la tête.

sans quoi elle était rejeter en arriereet semblait tomber. Les

mouvements l'ÚIll''\es c'-laieIl[ normaux, mais paresseux. ijestbnc-

tions sensorielles n'étaient pas all'aihlies el les membres pas par-

lindii'reJ1lpn L "euilde". L'oujp paraissait être quelque peu défec-

tueuse car, s'il se produisait un fort ])rnit,t'enfant. ne semblait

pas l'entendre. Le sujet ne faisait pas attention il la main que

j'agitais devant sa ligure. Une lumière brillante attirait, ses

regards, mais ne pouvait pas apparemment être lidèlemenl loca-

lisée par lui. Après un examen ophlalmoscopique très difficile

(ait avec une lampe à l'huile, les cristallins parurent atropines.

Je regrette, beaucoup que durant ilion absence, un jour de

congé, l'enfant l'ut soustrait il mes soins et placé dans un hôpital

général. Là il devait avoir pris froid car, il mon retour, ayant

été mandé auprès de lui, je trouvai l'enfant souffrant d'une,

llroncltu-ltneunutnie. Il mourut enfin d'épuisement (rois mois

après mon premier examen. Comme j'avais vu reniant il l'agi !

de six mois el plusieurs fois à la suite, je ne fus pas surpris de le

voir affligé de cécité quand il me fut amené à l'âge de 18 mois.

Antérieurement, il m'avait toujours paru quelque peu affecté ; et,

connaissant comme je la connaissais l'histoire de sa fi1117111c,j'alaiê

craint que celte affection se changeât en cécité.

Le traitement que je lui ordonnai consistai ! en de l'extrait de

t ! n ! n et de l'huile de foie de morue ; mais, comme je l'ai dit,

3Û , ¡U-;\,UE DE P,\ III0LO(;I[o; 1ï.¡';T\U'.

111011 aheIH'(' 11l01l)('ntalll'p rut caup appal'enlllH'utqlW le ll'aill'.

ment ne fut pas exécuté.

C'("lail h idemmenl. un cas d'idiotie amaul'ulique héréditaire cl

il résulte du tableau exposé plus haut que 10111 deuxième enfant de

celle famille devenait aveugle. 11 peut être intéressant de noter

que les trois premiers enfants étaient du sexe fl)minill landiqlll'

les quall'l' derniers étaient (111 sexe masculin. Le deuxième en l'a ni

devint aveugle à l'âge de 18 mois, mais, chose curieuse, il rrcuu-

vra la vue il trois ans, après une violente attaque de rougeole.

La mère a, depuis, accouché de deux jumelles, après une gros-

sesse de huit mois. Ce sont deux très petites lillt· cl l'une d'elles

a une apparence très maladive. Les couches 1111'1'111 hPUl'l..lN'S l'i

sans complications. .

Autant que je me rappelle, vingt-sept cas semblables ont nln

enregistrés. ( : 'est un rait curieux que presque tous ces cas, sinon

fous, se son ! rencontrés dans des familles juives. Colle maladie

a généralement des suites fatales chez les enfants avant l'âge de

aiis, comme ce ru le cas ici..le suis convaincu que celle

maladie n'a pas une origine syphilitique, mais qu'elle doit être

attribuée 1res probablement à quelque déraul dan 1p dl"\('l°l'Iw-

ment du tissu nerveux, .le pense que ces quelques brèves noies

seront d'un intérêt appréciable, car voilà certainement un cas de

plus a ajouter à la liste très restreinte des cas de celle incurable

maladie.

' Voici à titre de renseignement quelques indications bibliogra-

llhi(Illl'S ((Lll : IIOIIS tL\011 l'l'l;llt'IIII( ? lll' l'IDIOTIE l'.11,I1LLIALI :

.1DIAUItOSIQUh OU .\\1.\I : ItOTIQUE.

I. Warren 'l'a\' : Tmns. of the 0/tf/t. soc. or the United ]{il1(/-

dom, 1881, l. L - II. Sachs : Xew-l-()1'I ? mcd. joux·n., 30 mais

18 ! 1(i. SacILS; in 1 ? ulcnbur ? a I : Ilcycloll..lalu'h., 1S9S, p. ` ? 3f1. -

III. Kingdon : Med. chir. Trans., 1897, 1. LXXX, p. Si. - (\'.

])('11\ ca" dïdioLip lalililiale aIiJauI'o"iquu, pal' lIugh F. Patrick,

et par Chas. II. llcnml. (ThejoJ/1-nal or ne/'v. and. mental. Diseuse.,

mai 1890, analysé dan» Arc/l. (7c ? < ? Mr., 1901, p. 02, li3, ! . \l1. -

Y. On amaurotic lanily i<lim;y, lr,u' Sachs (Pt·dicctnics, 1\ () ?

n" 1, It. S). - \'I..\maurolic l'alnilyirliucy, pal' Ilallanrun. \'.7'.

ued. journ., 1` ? .juillel 1001, an. llan..\. \., 1. \\'ll. - .I ranr.

idiocy, par Sachs. (Journ. or me ? Se,, 1897, p. 178). \'111. Un

amaurotic family illincy, a disease chieOy of 111(' (;l'ay mattfr

nl Ih lv·nllal ncl'ton, cyclcm. Im Il. Sachs. (The journ. of ner-

tous and. ment, diseuse, l ! 103, p. Il. - IX. Un cas d'idiolie fali-

11ale amaul'olique, pal' ,Ialllt's 1\111'11('11. (The JOIl/'IUtI or m.'nt. SI',

janc. t ! 105, p. 125.) '

Il va matière, avec toutes ces indication», à une Renie critique

ou à une Thèse. (1.\.)

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 303

\11. - Le Puérilisme démentiel sénile : par Ih. : l' 1<'1 ? (,\'0/1 ?

Iconogr. de la Salpètrière, 1 905, nu I.)

Ce syndrome spécial, une des formes multiples d'altération de

la personnalité, est caractérisée par la régression de la mentalité

'CI ? son stade infantile. Il yen a deux modalités : l'une, suscitée

pal'lII1l' callse aiguÜ (HI sulJaig-uc' (choc mOl'al, intoxication, sur-

lIlenagl', l'le.l, appal'aît hl'usquCI11l'llt, dU1'1' pl'U pt ? é\allouiL hien-

(61. c'est le puérilisme aigu ; l'autre se dessine en une évolution ! t'nll', III'0gl'p ? iH el plus ou moins durable, dan" Il' lahll'au'cli-

nique des démences organiques, e'I ? [ le puél'ilii'II1P r ! tl'Oniqup.

L'auteur l'apporte l'observation illustrée d'une femme de SIl an",

llt"lIlenlp, qui apl'ès 1111 irlus ? e lI11l il al1'('cll'l' )1'" ¡¡lhII'I ? h' lan-

gage et les amusements d'une l'nranl.

Le secret pathogénique de ces faits curieux nous échappe com-

plèlumenL; cependant on peut en rapprocher les phénomènes de

l'inviilution sénile de la mémoire, qui comporte( ! 'une pari la dis-

lmailirm des souvenirs récents PI des dernières acquisitions de la

vie, d'aulre pari la réapparition h'és\i\ace( ! es'-ou\enirs anciens.

(( LI' pw"I'ili"ml' 111 l'Il lai appal'aîll'aiL ain"i C('IIII1)(; l '('\[1n ? ion cli-

nique du l'rmrl. 1)l'Inlllil' rln I,L ler.rmnaliln, mi. an,joarhar lo hou-

11'\I'I ? l'lI1l'nl des couches supérieures de noire stratification psy-

chique.» F. T. ..

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE

PATHOLOGIQUES

XXXV. Myélites par toxines tuberculeuses ;

lar \l. (a.r : w : n r. (Lott ucrlicrtl, 12 tnar. 190ô p. ÔG'i.)

)1. CI('menl al'l'ellp 1'allenlion SUI' des faits qni lendl'Ill ¡'l d('-

monlrer tlue la tuberculose peut donner naissance à des myélites

systématisées, en dehors de toute lésion héléromorphe delà moelle

et de ses enveloppes. Les fails que railleur envisage son ! d'un

1)1'(]le Lout spéciaJ pl sont homologues aux accidents nerveux

p('riplu>l'Ïques, : ;i fl'Í'quem Illent ohsPI'\ 1"S Cil ez les luhPI'Culpu \.

Lp" l'PChl'I'('hps de ,loll'I'oy, de Ra) 111 on d, (le Pitres et \'aillanl

ont permis d'admettre que ces névrites périphériques paraissent

dues à l'action des toxines tuberculeuses. L'inlerprétation des

faits publiés par l'auteur devient facile, si on admet que ces ! o\i-

nes tuberculeuse» peuvent atteindre les racines des nerfs el la

moelle, el en dehors de toute Itn(érnhlasie;ul'y faire naître des

? 94 REVEE D'AiATO\II1; ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

lésions médullaires réalisant des types classiques de myélites

systématisées. A l'appui de celle Ihèse, l'auteur publie 6 observa-

ti ! )nsd('('eenrnd(j)ii\(i11t.f ! atypctahu ! iqm;.

Il conclut que, de même qu'il v a des névriles périphériques

loxiques chez~les tuberculeux, il peut y avoir des myélites de

même nature qui sont le plus ordinairement labétiques. Que,

dans la plupart des ca ? le phénomènes nerveux, surtout au il( ?

but, masquent les troubles pulmonaires aussi bien pour le ma-

lade que pour le médecin. C'p"ll)()lIl' celle raison que 11. Clément

dénomme ce groupe de l'ails : l'orme larvée initiale de laplit;ir (1

type tabétique, ou type ipasmodique. De l'analyse de- fait-, il

semble résulter que les s IIlpl(IIII(' Ill'I'\( ! UX Hï'IOltll'lll qtll' Il'11'

el ii'al>l)lllis>ulll pas d'ordinaire à l'ala.\ip locol1loll'i('1'

complète ; ils restent ce qu'ils sont, ceux du lalm. incipion.

même après de longues années. La 1111H'I'cllloe plllmbllail'I'. de

son Coté, semble évoluer plus lentement que d'habitude. Sur deux

des malades de .\1. Clément elle a cependant déterminé ¡ml' 111ft ! 'L

assez rapide. G. C.

l. - Thrombo-phlébite du sinus longitudinal supé-

rieur cliez un paralytique général ; par .\1.\1. Lxnnois et

.1.%Ali3oN. (Lyon médical, lui mai t905 n° 20.) ,

Un cas de paralv sic générale il marche rapide dans Ipqlll'l,apn",

une ponction lombaire. le malade eut un l avec crises Ipill'p-

lilorines, puis hémiplégie droite. Il succomba l'apidenll'nl ('[ 1(',

ailleurs trouvèrent à l'autopsie, connue cause de la morl, une

thrombose du sinus longitudinal supérieur.

Dans celle observation, deux points sont à mettre en relief

1° La La 1 1'0ll\ ai lie iL l'aulopsie de manifestations syphilitiques, telles

que plaquesgL>lalinirul'llIfs d'emlartérite spécifique, alors que PPI ! -

dant la vie du sujet, il avait été impossible de mettre en évidence

une ·vltltiliâ ai[;ui· anlériuuronmul ; 2° la thrombose du sinus

longitudinal supérieur qui correspondait fort bien aux ) InpltÎ-

mes terminaux présentés par le malade.

Les auteurs se demandent iL quoi l'on doit rallarllUl' celle

thrombose ; a une localisation syphilitique ou iL la ponction

lombaire pratiquée deux jours avant ? La première hypothèse sem-

ble peu vraisemblable, car d'une part les déterminai ions \ 1'ilH'u-

ses spécifiques sont très rares; d'autre pal'U'pxall1en liÍ;;Lt)loiqlll'.

pratiqué au point où l'on aurait pu soupçonner l'existence d'un''

pareille lésion, a montré que la tunique interne du sinus ,"Iail

indemne. Les auteurs se rattachent 1, plnlùL il la seconde hypotiu'st'.

la ponction lombaire aurait occasionné une thl'oll1ho-phll']¡ilc (['UI !

sinus, bien qu'il n'y ait pas traces de méningite purulente ni ra-

nltirlicnne, ni bulbaire, ni cérébrale, pas même des signes appa-

l'cn[,,llel11l'ningile aiguë conge.-live. C. C.\RRIR.

REVUE d'aNATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 395

1\\'ll.- Paraplégie flasque avec exagération des ré-

flexes rotuliens et trépidation épileptoïde (examen

histologique), 1ar \l\l. LANNOIS el Po ROT, (SO('. mèd. des I ! Ô}).

de Lyon, 20 décembre I ! )04.)

Femme de 41 ans avant présente brusquement une paraplégie

flasque a\ec relâchement musculaire et atonie complète, une

exagération des réflexe» rotuliens avec trépidation nlrilyoLuirln

inépuisable des deux \ pil'd, IUlI' a 1l1'llléie 1'0111],[;'11',('" la rétention

urinaii et fécale persistante.

A l'autopsie, on trouva une carie nécrotiijue des vertèbres oc

eupant la 7U cervicale, les 1 ? : 2", cL 3° dorsale- ; au-dessous, la

moelle, sur une longueur de 3 cent. Il : 2, était réduite en bouillie

Ionien avant conservé une coque périphérique..

Dans le cas où la lésion médullaire équivaut à une section, on

a, en général, une paraplégie flasque avec abolition des réllexes.

Dans les cas des auteurs, il y avait, bien paraplégie flasque, mais

de l'exagération des réflews et, de la trépidation épileptoïde

Pour expliquer ce fait, M. Lannois a pensé qu'on pouvait in-

voyuer une sorte de rappel il l'activité de» voies courtes qui cons-

liluenl l'arc médullaire rullme chez les animaux inférieurs, che/.

l'enfant pl qui persistent chez l'adulte pour les mouvements de

(tefctjse.

L'manien hislologiquu montra (pie la lésion dclamoellc n'était

prut-etre pas aussi complète qu'elle le paraissait microscopique-

mou. Les A. n'en furent nas moins induilsà pl'nl'I'qlle 11 ? \lIil''i

courtes jouaient le rôle prépondérant, sinon exclusif dans I'e\a-

¡ ! él'aLion des réllexes et la trépidation épileptoide Le fait, qu'ils

inellenl surtout en relief dans ce cas, c'est, la dissociation de

l'état du tonus musculaire et das oele.res tendineur.

r.rnxxen histologique. Les conslalation" rai Ips portent surdeu v

points : 1° l'existence d'un lover de myélite transverse intense

et très diffus ; 2° des dégénérai ion» ascendantes ou descendantes

d'aspect assez systématique.

Foyer myélilique. Altérations structurales grossières de la

moelle : asymétrie manifeste ; déformation de l'axe gris au ni-

veau des cornes postérieures surfout. Les grandes divisions ré-

gionales se reconnaissent encore. A un examen plus attentif,

mélange de lésions i Il Lel's ! i [idll ? et delesions pa l'enchym1l [l'U'I".

Sur les coupes au picro-carmin, on voit un réseau scléreux

lihrillaire, très ténu, qui a envahi la substance blanche des

différents, cordons.

Les altérations parenchymafeuses existent il tous les degrés.

Les fibres saines sont rares, cependant certaines régions des

cordon» latéraux en contiennent une grande majorité.

Il y a parallélisme assez rigoureux entre les lésions pal'l' ! 1clty-

3Qû REVEE n'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

et les lésions interstitielles. En outre, if semble bien

que l'inflammation reste soumise aux lois générales : elle esl

manifestement conditionnée par les vaisseaux et prédomine

là où 1'liypeiliéiiiie est la plus active sur le bord du sillon et il

la périphérielui contact des méninges dont les vaisseaux sont très

dilatés.

Dégénérations secondaires. - 1 Dégénérations descendantes.

Examinés au niveau de la 10e' dorsale eL de la le lombaire, ai

Cordons antérieurs : Zone de dégénérescence occupant les dl'tI\

bords du sillon antérieur contournant le bord antérieur de la

moelle et s'¡"ll'IHlant. latéralement pour diminuer brusquement

au niveau de la sortie des dernières racines 1» Cordons

latémllE; Zone de dégénérafion correspondant au territoire, du

faisceau pyramidal croisé, c). Cordons postérieurs : Quelques

libres dégénérées il la p('l'iplll"I'ie comme il]a pél'iphél'ie dl (IJlI ! 1'

la moelle. ,

2" Dér;el1emtions aSl'I'l1danfe ? Etudi('l's au niveau de la moelle

cervicale supérieure il la limite supérieure du foyer de my('WI'.

a). Cordons postérieurs : Dégénération du cordon de (;011 ni dr

la portion la plus et la plus po-lérieure du faisceau de

La dégénération allailjusf[u'à la commissure postérieure.

11'. Cordons ccztd>'o-latérav.r. 10 Au dessus de la lésion. Dégéné-

rcscence occupant toute l'aire des cordons mais particulièrement

autour et au contact (le ? cornes antérieures. 2o Dans la région

cervicale supérieure : dégénérescence surtout marquée il la la péri-

phérie des cordons suivant une répartition paraissant systémali-

que. Longue bande périphérique correspondant dans sa parti" pus-

térieure au faisceau, cérébelleuxilirecf et dans sa partie antérieure

au faisceau de (.owcr·.

l. ( : .taatcn.

XXXVHt. Rôle des muscles spinaux dans la marche

normale chez l'homme ; par Lvmy (.1'111 £ 1'. Iconogr. de lu

Salpètrière, In05, Il" 1.,

Les 1111l"cle spinaux (a('I'o-]ol1lbairf' el long dorsal) se rnnfrac-

le ! il énergiquement à chaque pas dans la marche normale surun

plan horizontal. Cette contraction eL unilaLéralc et se produit du

côté du membre inférieur oscillant ; elle passe allerllali\pn]('nl

d'un côté à l'autre comme l'oscillation elle-même, Elle rlolwlr Ù

l'instant précis où le lalon du membre portant \ ipn[ 1'('n('011[I'('I'

le sol el dure tout le temps de l'oscillation de la jambe. Elle 1"[

liée non h la progression, mais à la translation du poids du l'Ol'P'

d'un pied sur l'autre, et elle se produit sous la même forme llll"i

bien dans l'oscillation surplace que dans la marche en avant. Son

rôle esl d'a ? sul'l'l'l'('l(uilihl'alinl1 latérale du tronc si elle <Ol'IHN'

à l'inflexion latérale de la ('(donne venlubralc rln rôle où porte le

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 397

poids du rnrp·. et au déplacement de la verticale passant par le

rentre de gravité du corps en dehors du pied 1)4)1-tzlllc sur le '01.

La contraction unilatérale de la masse aC : l'o-lomhail'e s'accuse

par un il'aspect caractéristique dans la configuration

des i-eliel, musculaires du Irn : la simple inspection de celle 1'1"-

;;ion, chez Il's in(11vidll" lIHtign'setlllusc[¡ ? permet de l'c('ollnai-

tre quel (',1 le ('l'Ill' sUI'1Pquel porte le poids du corps, soif dans la

marche, soit dans l'oscillation sur place F. T.

BEVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE

\\1. Sclérose médullaire, transverse. segmentaire,

dorso-lombaire gauche, métatraumatique. Forme cli-

nique curable; parle \)1' II ! : vn.ttou.(lTOOV.Iconor.tlelaSalpo-

trière, l'.I1, n" 1.)

L'oter\at,iondu profes>eurde.Cene\eesLu ! ) nouvel exemple

de ce l'ait. clinique que des lésions périphérique» peuvent retentir

>111' l'a.\e cél'éhm-spinall'l prO\uquer, chez des prédisposés, des

directions centrales, véritables réactions distance donlle méca-

nisme palhogéniquc doit être analunucaccluidcb névrites a,ren-

dantes et des dégénérescences rétrogrades. Chez une femme il

hérédité nerveuse manifeste el quatorze mois. après une fracture

du pied droit, il survient un syndrome de 131'0\\ n-Sé(lUarÜ : hé-

mipuraplégic gauche, hél111ane"lhé"ie seiisitive ef sensorielle du

lllC'tlllll'e inJ'ét'ÏpUl' (1l'Oil a\ec lhel'l11oaue,lhé"ie croisée du froid

à droite, du chaud h gauche, qui autorise le diagnostic de 1l1 élite

ll'ans' erse segll1en tai re 111 éla lmu malique, Au cours d'une amé-

linralion progressive, la malade fait brusquement un heinatnra-

chies avec double paraplégie tla"qUl'. Cet accident lut de courte

durée, la résorption de l'épanchemenl sanguin fut, assez rapide,

et dès lors la'marche vers la guérison s'accéléra. Le traitement

il consislé en élcclrisalion, massage, médication lylracy riquc ! quoique en l'absence de loute spécificité recunnue) et h) dl'ou1Ïné-

raie. F. Tissot.

\\Il. Sclérose en plaques fruste ou syndrome cérébel-

leux de Babinski ; par 1( : H ? tü. (Noua. Iconogr. de la Sal-

pètrière, 1 ! 10, no 1.)

Le syndrome de déficit, cérébelleux peut simuler le tableau cli-

nique de la sclérose en iliaques : chez un homme de 40 ans, al-

coolique, ce syndrome rare survint il la suite d'une pneumonie :

ataxie, asthénie, atonie, tendance il tomber en avant, scansion de

SOS REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

la parole, démarche ala : \u-[1amodi(IUe, sans tremblement voli-

tionnel, ni exaltation des réflexes, ni nstagmus ; parconlre, perte

de l'équilibre volilionnel cy nétique et conservation de l'équilibre

volilionnel statique L'auteur rattache cet ensemble symptoma-

tique a une lésion probable du vermis dont un processus d'arlé-

rile aurait suspendu la circulation...) ? T.

XXII L. Sclérodermie et maladie de Raynaud. Examen

radiographique ; par JL\1. Xicolas et, 1,wvae. (Soc. 11l, : d.

des hôpit. de Lyon, ! 7 janvier 1 ! .JOj.)

Observation d'un malade avanl présenté une maladie de ! ! d\-

naud et une sclérodermie. La maladie de Ba) naud est affirmée

par les poussées répétées d'engelures, pat'l'<edcme et la evanose

des exlrémités digi talcs et la formation d'abcès à évolution 1'111'0-

nique La sclérodermie a évolué ensuite, s'agit-il de deux alfec : -

Lions distinctes ou a-t-on affaire à deux syndromes dont la cause

serait univoque

Certains auteurs, comme Gaucher et Barbe, Thibierge, séparent

les deux maladies ef en font le diagnostic différentiel. D'autres

auteurs comme Grasset, Favier, Golsclunit, Garrigues, pensent

que la sclérodermie el la gangrène de ilavnaud sont des résultats

dil1'énmt : " des variétés du même processus endartéritiqur. Les

auteurs se rangent il cetle opinion, Ils rattachent cette affection,

chez leur malade, à la scrofule. Ils signalent enfin et insistent sur

le résultat de l'examen radiographique des mains de leur malade.

Les radiographies .montrent au niveaude certaines phalanges, un

processus de raréfaction et même de résorption osseuse mani-

feste. ,

La lésion est surfont nette au niveau du pouce et. du médius

droit. La dernière phalange de ce dernier est comme rongée el

sa moitié terminale complètement résorbée. G. C.

.\ X 1\'. Mutisme chez un dégénéré datant de seize mois.

Guérison par la suggestion : par MM. Lannois et In.uu :

],,\IJE. (Soc. mèd. des hop. de Lyon, 17 janvier l'Jllj.)

Observation d'un ca.. de mutisme cliez un dégénéré, datant de

seize mois, Irailé el guéri par la suggestion au cours d'une anes-

111l'il' pal' le ch1orull' d'etinte.

M. Lannois insiste, iL propos de ce cas, sur l'importance qu'il a a

il pratiquer la suggestion dans le demi-sommeil qui suif l'anes-

H)esie générale parle chlorure d'ethyle ou le sumnulmnne. Les

auteurs signalent les phénomènes de suppléance qui se sont pro-

duits dans l'état mental de leur malade Bizarre pendant son en-

fance, il est pris brusquement d'un besoin irrésistible de voyager

et visite un grand nombre de pays.

Plli.. appâtait du bégaiement à mesure que le besoin de \fI)a-

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 39U

ertlipuruil. I : uliu lu mutimne 'in·lallt·. \pri·s la guérison du

mutisme ont·urvenu tles (lunmnine délirants. (. (;.

XXV. Abcès extra-dure-mérien spontanément ouvert à

l'extérieur; pal'.\1. Lannois. (Soc. mèd. des 7cp, de Li/on 1 i

fév ricn 1 ! 10a.)

L'n cas d'abcès e\tra-dure-merien consécutif à une utile aiiuie

)sponLan(''mc))t,ou\cr[,&l'(;.\t.6rieur. Dans ce ca, .'1. Lannui,

pense que le pus s'était collecté au-dessus du sinus latéral eL

awitsuivi, ]iour faire issue au dehors, une des peli les -veines

(.missail'l's. Ce 111{'l'ani'3m( paraît asl'Z It'{'qu('nt Lorsque l'abcès

rslpérisinusien c'est surtout par l'émissaire mastoïdienne que le

ltus a tlo la tcmlancc à surtir. D'aulres fois, il y a une \o'ita))lc

carie osseuse, soit dans les cavités de l'oreille, soil dans le péri-

cl\ine.11 e.\i"le des ra ? ( ! ans lesquels l'abcès collecté profondé-

n)fnHu5e parle trou déchiré postérieur et donne un ahci's rdl'O'

ltltarynien. (Cas du Kessel et de' Kossi de ! 11'aunslein.)

L'intérêt de ces faits réside dans cette constatation que la dure-

I ! lèl'l' o/l'['e som l'nL ttII pus une résistance el'licaue. (;r;ice àv cclte

1'(si,lance, si on intervient à temps, on e vite le : Pln· graves nom-

plications. C. 1;. : \ \\'1. - Atrophie musculaire et bradycardie ; pal' .\1.'1.

lî. Lkpine et .1. I'romknt (Soc. de mèd. des hôpitau.r de Lyon

Hte\rierl"0.j.)

Observation d'atrophie musculaire progressive nnélopalhique

avec abolition des rullew·slentlint·us. Pas de contractions tibril-

lail'es. [)t"huL appal'ellt il J a 3 ans et demi, Bmtlycal'di¡' acluelle-

ment. L'intérêt de cette uhservation réside dansée fait que la

' ! 11lpLomatologie bulbaire est très fruste. Elle se traduit par du

ratentissementduoeur. L'aspect général du malade est celui

d'une holwmyélitu cltrunitluo et non d'une sclérose latérale

all1)'oll'ophique, L'h olulion assez rapide de l'all'eclion et l'envahis-

ell1l'tlL hulhaire précoce sont des caractères pathoynomoniques

île la maladie de Gharcol. l;el1\ahi ? enll'nt hulhail'c e;,L ('("'tain

mais se traduit ici par des phénomènes de déficit. e, C,

\ \1'll.- Deux cas d'atrophies musculaires ; par il .M. Lt : nts E

el I'romknt. (6'oc. mèd. des 7 ? Lijon, Ii janvier l'JO. J

Deux cas d'atrophies musculaires : le premier répondant au

Iype classique des l1l)oçaLhies; le deuxième correspondant il

celle classe d'atrophies musculaires intermédiaires entre les myo-

pathies et les nnélopathics, à ces atrophies mvélopathiques aty-

piques possédant quelques-uns. des caractères des mvopathies.

Observation I. Myopathie avant débuté il t'.ine de (i ans.

400 HE\Tl' DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

pseudo-ln perlrophie. Aucun caractère familial. Traumatisme il

l'âge de l an et demi. Présente les particularités suivantes :

.\Lrtlltic rlc Lcrnn-cléiVo-maLonlien Scoliose énorme..\))-

se ! )ce de caractère familial.

()nsJo : Rv.\TloNII. - .\ll'Ophie 11111 : : >l'lllail'e mélupaLllic¡ue (con-

tractions librillaire<). Caractère familial de l'alrophie.

Prédominance auniveau rlela racimtle memlwe. Iacie·nwn-

pathilille - Sculiosc professionnelle, prédominance de l'atrophie

sur le pectoral gauche.

Le traumatisme professionnel (,1e malade travaille à une scie-

rie) explique, d'après les ailleurs, la prédominance de l'alrophie

du pectoral gauche et l'aplatissement du thorax. e, C.

\\lll. Myopathie avec spasmes localisés ; par ILLw-

nois. (.5'oc. med, des 11 Óp. de Lyon. 17 jam ier 1 ! IU.)

Homme de 35 ans, présentant une myopathie il type scapulo-

huméral,plus marquée adroite. Pasll'all'ection Illyopathillue dall'

sa famille.

L'auteur attire ul'tolll ralll'IÜion sur des spasmes localisés

aux muscles de l'éminence hvpothénar droite. Ces spasmes,

qui naissent soif spontanément, soit lorsqu'il fait un travail un

peu minutieux, comme rouler une cigarette, attire le petit doigt

sous l'annulaire. 11 est obligé de remettre son doigt en place avec

le pouce de l'autre main. Les muscles ne paraissent pas atrophiés.

Il présente aussi une contraction des muscles de la partie pn,,(é-

rieure de la cuisse qui fléchissent fortement la jambe sur la

cuic ? Pa ! 'fuisIes contractions de ce genre peuvent se généraliser

plus ou moins ; les malades prennent alors l'aspect delà maladie

de Thomsen.

Ces cas sont intéressants, car ils établissent un lien enlre les

myopathies ,,1 la maladie de Thomsen et sont un argument cli-

nique en faveur de la nature musculaire de celle dernière.

(i. Carrier.

.\.\ 1 X ? Atrophies musculaires névritiques; pal' .\1.'1. LÉI'I\I :

et hoao'r. (,5'oc. m·l. rlc.s llrih. rlu L ! lon. 17 janvier 19Uô.) -

()I\SIW\'ATIOK 1. - Ilnllllilc de iVl ans, présentant une atrophie

douloureuse de la cuisse rlrnilc vl'oriinc fruumaLitluu. I; inturil

de ce cas réside : dans l'apparilion tardive de l'alrophie. à Iasuile

du traumatisme (deux ans', dans l'aggravai ion certaine due à la

reprise immédiate du travail et à la fatigue (le malade reprit son

travail le lendemain du traumatisme et le poursuivit pendant

près d'un an.)

De tels cas peuvent soulever de grosses questions m(nlico-lu,a-

les ou de graves questions d'assurance ? M. (j'piue adl11eL IJn't'll

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 4U1

l'espèce le rapport de causalité doit être pleinement admis en

matière de certificat.

Observation Il. - Homme de 53 ans, présentant une paralysie

dutiras gauche. L'altitude évoque l'idée d'une paralysie radiale ;

l'examen montre certaines particularités anormales : les piteno-

mènes paralytiques sont plus étendus que le domaine du radial,

L'atrophie musculaire est difluso tous les ligaments du bras,

sans aucune électif té et sans réalisation d'un type bien défini.

La sensibilité objective n'est pas modifiée, mais il y a une eva-

gération très marquée du réflexe olecrauieu du coté paralysé.

0)')f)ne)iota ! dedeb(Loits et du dos de la main. Sécheresse et

éllzviasissement Ue la peau sur tout le reste du bras.

Phénomènes articulaires : symptômes d'arthrite du poignet et

île l'épaule. Le début a été marque par des douleurs au niveau

du poignet.

Bronchite il y a cinq ans, l'ayant tenu 4 mois au lit avec amai-

grissement et petites hémoplysies. Foyer de râles au sommet

droit.

S'agit-il dans ce cas de simples névrites, prédominant sur le

radial, avec oedème secondairejef tumeur dorsale du poignet ? Ou

doit-on donner la première place aux phénomènes articulaires

al ce ne rite secondaire ? M. Lépine incline vers cette seconde opi-

nion et le fait d'une luberculose pulmonaire non douteuse sem-

ble donner aux phénomènes articulaires une signature spécifique.

, G. C.

XXX. Aphasie amnésique ; par II v.iruf : . (Noua. Iconoyr.

de la Salpétriére, 1905, n° 1.)

Hémiplégie droite. Artério-sclérose. Amnésie des substantifs

(anlononiasie). Paraphémie. Cécité verbale, cécité littérale in-

complète. Pamgraphie pour l'écriture spontanée et sous dictée.

Pas de surdité verbale. r1l'autolisie : ramollissement cortical in-

téressant le pli courbe gauche, destruction des faisceaux blancs

nus-jacnl : (faisceau longitudinal supérieur, faisceau occipital

vertical le \\-cruicl : e.)

Il existe donc ici une lésion à la fois corticale el sous-corticale ;

peut-être est-ce à celle lésion à la fois corticale et, sous-corticale

qu'il faut rattacher les troubles du langage, ce qui est d'ailleurs

conforme il l'hvpolhèsc de Pitres sur l'aphasie amnésique consi-

dcreecommeapitasiedecottductihilite. F. T.

XXXI. - Déformations séniles du squelette simulant la

maladie de Paget ; par '\locQuoT et Montier. (1\'OIlV. Ico-

11001'. delà Salpétriére, l ! IO,i, n° 1.)

Il y a des déformations du squelette dont l'ensemble constitue

un syndrome analogue a la maladie dePaget, mais distinct tou-

lnclnvES, 2° série, 100,ï, t. Y. 20

402 REVUE DU PATHOLOGIE NERVEUSE.

IL,,fois de celle-ci. L'attitude surtout est très semblable dans les

deux cas : debout, les vieillards présentent une voussure mar-

quée du dos : la tète est portée en avant ; le tronc est tassé ; les

genoux sont légèrement fléchis et écartés l'un de l'autre, les bras s

sont tenus éloignés du tronc. Les déformations, que' les auteurs

décrivent en de minutieux détails illustrés par la photographie,

portent surtout sur le tronc et les membres inférieurs : le thorax

tourmenté semble rentrer dans l'abdomen, la poitrine est bom-

bée en haut, le rebord cartilagineux des fausses côtes se déjette

en dehors, la saillie de l'angle sternal s'exagère et au-dessous le

sternum se creuse en cuvette. On constate unevoussurc de l'épi-

gastrcet (lel'hypngasll'e, des plis transversaux para-ombilicaux

et se perdant dans les hypochondres. la diminution, même la dis-

parilion, de l'espace iléo-costal. C\phose dorsale supérieure com-

pensée par l'extension de la cuisse sur le bassin, renversement

en arrière du bassin et du sacrum, élargissement des hanches

pal' saillie des trochanters; fermeture de l'angle du col du fémur,

aplatissement antéro-postérieur de la diaphyse fémorale, écarte-

ment des condyles fémoraux internes, les talons étant joints. Le

crâne présente peu d'altérations, c'est un crâne sénile avec vous-

sure temporale, d'où chez ces vieillards un indice céphalique

élevé 6 ( li% 1)(i-bi,,tchN cél)lialie). li ien de notable aux autres parties du

squelette. A la radiographie, diminution très sensible de l'opacité

des os. A côté de cu sy 11(l 1-0111(, ype, il y a naturellement des for-

mes légères, incomplètes, des exceptions. L'ostéite déformante de

Paget se distingue do ce s ndrome par quelques caractères bien

spéciaux : début plus précoce, v ers 30 ans au lieu de 70 à 80 pour

le pseudo-Paget ; une assez longue période douloureuse précède

les déformations, il y a hyperostose des tibias, déformation des

clavicules, altérations des membres supérieurs, augmentation de

volume du crâne. Les vrais malades de Pag ! 't finissent toujours

par se cachecli"cr; les pseudo-Paget succombent il des affections

intercurrentes. Dans le syndrome décrit parles auteurs, un ne

trouve pas d'altérations de l'état général ni des lésions viscérales

aucune circonstance éliologique constante, les os sont très fragi-

les et présentent les lésions de l'ostéoporose, de l'atrophie osseuse

simple, liée àl'involulion sénile régressive. Cette cyphose n'est

donc pas une cyphose professionnelle, ni une manifestation rachi-

tique,ni de l'ostéomalacie. F. T.

BIBLIOGRAPHIE

\1 I. - Les unomnlies meatcrL·.s chc lu.s rolicrs, par les H1'» .1.

Philippe el G. P.\UL-130NCOUR ; vol. in Kjde 138 p. Paris,

Félix Alcan, 1905. -

Les auteurs ne vont s'occuper que des malades, qui n'étant ni

idiots, ni imbéciles, constituent, pour ainsi dire, la transition en-

ire ces derniers elles normaux, lierus et tolérés dans les écoles \

ordinaires, d'où la dénomination d'écoliers mentalement anor-

maux, ils forment te degré supérieur de l'imbécillité (arriéré in-

tellectuel de Séguin), le premier degré de» anomalies mineures.

Il" pementl'cd¡'\"('nir aples il [H'olill'l' df' l ? ùucatinn nOI'lI1ttle.

Ils forment trois groupe* : 1° les arrières, dont les facultés in-

tellectuelles, considérées dans leur ensemble, existent, mais sont

notablement retardées ; au plus haut degré se placent les climi-

nues de Thulié ; 2" les instables, qui ne peuvent lixer leur at-

tention, et sont atteints de choréc menlale, suivant l'expression

de Demoor. Ilsse confondent avec les indisciplinés morbides que

le« auteurs.onf tort, il notre avis, de distinguer des indisciplinés

pal' IllllUnli : ,e ,ulonté. COll111le i la pel'\er"ion dl'la ,nlunlé]l()

constituait' pas une tare menlale, nécessitant, comme pour les

indisciplinés morbides, l'intervention du LraiLt·mcnL ntulicu-1;-

Ua;;oriique ; ? les ccstlaaniqws alleints d'inertie mentale et d'a-

tonie organique.

rn chapitre spécial est consacré aux écolier.- épileptiques et

aux écoliers hystérique-. Les premiers, il accès nocturnes et rares, il

vertiges imperceptibles, à crises psychiques, présentent une acti-

\¡lé intellectuelle intermittente, qui les fait considérer comme

des paresseux, des inattentifs et des indisciplinés ; les seconds,

impressionnables à l'excès, capricieux. fantasques, volontaires,

simulateurs, imaginatifs, excessifs dans leurs s IpaLltit· :

connue dans leurs antipathies, présentent une exagération des

réflexes psvehiques..Mais pourquoi les auteurs nient-ils la réa-

lité du caractère épileplique ? Nous en avons souvent en-

tendu parler par notre maître, le D" l3uul'ne\'ille, et. notre

expérience personnelle nous a permis de le constater avec

une telle persistance que cette négation n'est pas sans nous et.on-

ner. L'éllilehLitlue surtout au momcnl où il est sur le point d'à

'oir ulle l'ric cUlnlllsi\e, présente une irritabilité daiigeieuse

une impulsivité quelquefois homicidequi ne peuvent passerina-

perçues ; il arrive souvent même que l'accès convulsif ne se pro-

duit pas,' comme s'il avait avorté dès la manifestation des signes

précurseurs, et c'est, précisément celle crise psychique précédai ! n

404 BIBLIOGRAPHIE.

de près ou de loin l'accès COIn ulsif qui trahit le mieux le carac-

tère épileptiquc. Le névropathe, d'une façon générale, est irrita-

ble mais sans violence, et sans persistance, son état morbide ne

lui permet pas d'avoir un sentiment à longue portée ; l'Úpilel'li-

que au contraire, est impulsif,, tenace dans ses rancunes : et que

de malheureux présentant ces caractères distinctifs ont été dé-

dal\"" responsables, parce que non soupçonnés d'épilcpsio, cLont

Uni par présenter quelque temps après de véritables crises épi-

lepfiques : on avait affaire dans l'espèce il une sorte <l'cpilep·ie

latente, d'incubation larvée à éclosion retardée. L'h stél'ique

1 Jl'dppé surtout dans son imagination est dangereux, non pa" à

cause de ses violences, mais à cause de ses fausses interprétation»,

de ses mensonges plus ou moins voulus, changeant d'objet avec

une mpidi té déconcl'I'lanle, ,

LusM6)to;'msm;sf ! 'aieiit des diminutifs des types précédents.

Ils marchent il la lésion, et deviennent de véritables anormaux,

s'ils ne sont soumis il aucun traitement. Ils souffrent plus que les

normaux de l'a.Jénoïdisme, de la stercorémie, etc., et ils oui he

soin d'un traitement médical pur.

Pourles auteurs, el, nous sommes de leur avis, l'N)-)'tc'M<3 pèdc.- ! logique n'est pas un anormal ; mais pourquoi ne veulent-ils pas

considérer comme mentalement anurmaux les enfants qui neveu-

tent pas ? Peut-être aussi les auleursxont-ils un peu loin lorsqu'ils

attribuent à la seule confusion de la veille avec le rêve laper-

version de l'instinct de véracité chez les anormaux.

Xous avons eu l'occasion de publier,en collaboration avec le 1)'

Lournoville, un cas d'idiotie morale caractérisée par une manie du

mensonge et il suflil de s'y reporter pour voir que chez certains

malades le mensonge est conscient.,et. que l'on doit en chercher la

cause non pas dans la confusion des souvenirs, mais dans la per-

version de la volonté (1). Avec les auteurs, nous reconnaissons

une grande importance au mensonge pour permettre de recon-

naître le Lye mental.

A l'école où ils sont tolérés, les écoliers anormaux descendent

de renseignement classique il l'enseignement moderne, pour li-

nir renseignement primaire, d'où ils sont ensuite renvovésà l'é-

cule de correction. Les succès obtenus avec les idiots et les illlhé-

ciles doivent nous pousser à nous occuper d'eux. En les groupant

rigoureusement par catégorie, en individualisant l'éducation, en

usant d'une méthode spéciale, on arriverait aies rendre nor-

maux. Des écoles seraient à créer pour eux, et dès qu'un anormal

serait signalé dans une école ordinaire, on le soumettrait à un

examen Inologiquect mental qui permettrait un diagnostic. On de-

vmil s'occuper slIL'touLde : ; SUIJlLUl'Jl1au\. llu'LIIlC intervention nié-

,( 1) Archives de Neurologie, avril 1902, 1) 207

bibliographie. 4().")

,[Í ! 'ale l1nit son\pnt pour amender complètement, et leur per

mettre de continuer il suivre une école ordinaire.

Nous devons faire remarquer aux auteurs que ces écoliers

mentalement anormaux existent en grand nombre il l'asile-école

Ill' BicC'II'c. oÙ l'on s'occupe d'eux avec d'autant plus de succès

qu'ils sont moins atleints flue les autres ; qu'entre le normal et

l'idiotie plus dégradé, il existe une inimité de degrés et que la cu-

l'ahilité l'npidp du subnormal n" laisse pas entendre l'iueurabililé

de l'idiot. Le premier s'améliore de façon plus rapide et plus sen-

sible, parce qu'il est moins atteint que te second, mais non parce

qu'il va entre eux une différence de fond.

Ces critiques ne (LIIlllilll"I1L en rien la valeur de l'intéressant

OU\l'ae de < .\1.'1. Philipp.) el g,)I1cOln'. C'est un livre qui vient

bien a son heure, puisqu'on paraît enlin se décider faire quel-

que chose pourles déshérités de l'intelligence.

Et si la lecture de cet ouvrage gagne de nouveaux adhérents il

la cause des anormaux, ce dont nous ne doutons pas, ce sera pour

les auleurs la IIJl'illenre de l'écol11ppne. ' .1. BOYER,

XVtt. Etudes biologiques sur les géants; par Laurtots et P.

Pioy. (Masson et Ci ? 1905).

L'oU\ rage consiùérahle quP- .\1.'1. Launois el P. lloy viennent

de faire paraître sur les géants constitue une étude anthrololn-

riiquceL Lératolo;;itlue du plus haut intérêt. (;ommeletliL\I. t ! ri : j-

saud,qui a écrit la préface dece livre : « Voici les géants dépouil-

lés de leur antique et fabuleux prestige. Lamvthologie cède la

place il la pathologie. Ces êtres qui, par leur faille exceptionnelle,

dépassaient le niveau des humains ne sont en somme que rtes

malades. Leur supériorité légendaire n'est plus qu'un stigmate

de déchéance. Plus ils gagnent en hauteur, plus ils s'écartent des

conùitions hiologiques nOl'l11ale ; et dans la lutte pour la \ il' leur

infériorité fonctionnelle n'a pas de plus exacte mesure que leur

énormité. »

Les auteurs ontsuhila Ilonnevoiescicntiliyue, ils ont travaillé

sans parti pris, remontant aux sources, compulsant et interpré-

tant soigneusement toutes les observations recueillies sur ce su-

jet, prenant eux-mêmes les observations complètes des géants

qu'ils ont l'occasion d'examiner. Cette oeuvre de longue haleine

leur a permis de distinguer les uns des autres trois types nette-

ment caractérisés :

Les géants infantiles ; Les géants acrontzgoliqttes ; Les géants mix-

tes (infantiles et cterotxx·gcelique.e).

Les rapports existant entre le gigantisme et l'infantilisme sont

(les plus curieux et reposent sur trois données principales cons-

tituant en quelque sorte le trépied anatomo-palhologique du gi-

ganlisme infantile : persistance de l'ossification dans les cartilages

10n bibliographie.

de conjugaison , mode de croissance gigantesque et atrophie génitale.

Les examens du squelette montrent la persistance anormale des

ça ! filages epiphysaires de certains géants adultes décèdes. MAI.

Launois et P. flo3·,en appliquant l'e.\anll'lll'atliogl'aphique,nnt pu

faire la même constatation chez les x hauts. Du reste la prolonga-

tion de l'ossification au-delà de ses limites normales dans les car-

tilages de conjugaison l'tic retard delà soudure complète des

epiphysesà la diaphyse au niveau des os longs s'observent chez

les animaux comme chez l'homme après la castrai ion.

Chez le géant infantile, la croissance ne porte pas également

sur les différents segments du squelette ; les membres inférieurs

sont proportionnellement plus accrus. Les mensurations exacte-

niellent ce tait en évidence, comme on le constate également chez

les eunuques et les animaux châtrés. Enlin la grande majorilé

de ces individus sont impuissants et présentent même l'alrophie

des testicules.

Une autre variété comprend les géants 1 ! CI'oll1t"galiques, chez

lesquels l'altération de l'hypophyse est constante. Ils offrent, en

plus de leur taille élevée, les stigmates classiques de la maladie

de Marie à un degré plus ou moins avancé. Le v olume considéra-

ble et disproportionné des mains el des pieds, l'aspect disgracieux,

parfois repoussant, duvsage, l'affaissement souvent notable du

tronc donnent il ces malades un aspect bien spécial. Le diabète

vient quelquefois hâter leur lin.

Mais ces deux types ne sont pas séparés par des limites irréduc-

tibles. L'examen des crânes des géants morts âgés montre une

déformation plus ou moins nette de la base du crâne. MM. Lau-

nois rt Boy ont même vu un de leurs géants infantiles type s'aan-

nér/aliser er2 trois ans, pendanlque l'examen railiograpbique fai-

sait constater un agrandissement très notable de la selle turci-

que. '

La distinction entre les deux variétés de géants infantiles et de

géants acromegaliques, vraie dans l'espace, n'est donc pas irréduc-

tible dans le temps, c'est-a-diroquele typcinfautile, demeuré pur

pendant un certain nombre d'années, tend h évoluer vers le I 1)('

acromégaliqne pour se confondre plus lard complètement avec

lui. Cette fusion des deux Ly ltus sc dessine profondément à mesu-

re que les cartilages épiphysaires s'ossifient ; elle dl'\ienlcolllpli"

te quandiesepypbyses sont complètement soudées à la diapinsc.

D'où cette conclusion que le gigantisme est Vacromégalie des sujets

rttt.r cartilages épyphysaires non ossifiés, rlnel rlue soit leur âge. Ces

tares physiques s'accompagnent de tares psychiques constantes.

Les géants sont de grands enfants, des débiles sans jugement ni

volonté, souvent irritables et insociables.

MM. Luunoy el Bor lie se sont pas contentés de nous donner

BIBLIOGRAPHIE. 407

une nosographie complète (les géants, ils ont consacré un très in-

téressant chapitre à la pathogéniede cette monstruosité et mis en

lumière les relations existant entre le gigantisme et les glandes à

sécrétion interne : glande génitale, thymus, thyroïde, hypophyse.

Le produit d'élaboration do ces glandes, encore inconnu dans sa

composition, est comme celui des glandes à sécrétion externe in-

dispensable au juste équilibre organique. Elles ont, entre autres

fonctions, celles de diriger par l'intermédiaire du système ner-

veux la trophicité do certains tissus, plus particulièrement des tis-

sus d'origine mésodermique (tissu conjonctif, tissu cartilagineux,

tissu osseux). Les altérations diverses dont elles peuvent être le

siège retentissent, en effet, tout particulièrement sur les éléments

de soutien el s'accompagnent de modifications caractéristiques

atteignant leur apogée dans le myxoedeme, le gigantisme et l'a-

cromegalie.

Il nous est difficile, dans deux pages d'analyse, de donner une

idée complète de l'oem l'e magistrale de MM. Launois et Roy.

Soixante-quatre observations scientifiques de géants, dont un

grand nombre personnelles ou inédites, 11 : 1 curieuses figures (por-

traits, squelettes, radiographies, coupes histologiques). servent de

hase à cet important travail qui intéressera non seulement les

médecins, mais encore tous ceux à qui l'étude de l'homme ne

saurait rester étrangère. IL LEROY.

\1'll(. ' Die polyneuritischen ]> ? l''¡wsen; par A. Knapp.

13el'gI11nn, édit., Wiesbaden, 1900.

Dans ce li\ re, l'auteur ne cherche pas tant il donner une des-

cription complète des psychoses pol) nén'itiques, mais s'appuyant t

sur 8 observations atypiques qu'il donne en détail et sur d autres

classiques qu'il passe sous silence, Knapp essaiera surtout de

montrer les formes plus rares se rapprochant des autres états psy-

chopathiques, renvoyant pour tout ce qui regarde, par exemple,

1 amnésie, laconfabulation etc., aux travaux de lIonhoen'el', llé-

ntallt, Pichet Meisser. De même, pour l'anatomie pathologique

(lésions périphériques et centrales) et pour la clinique des sym-

ptômes polynévritiques des membres.

Cependant, il confirme que la névrite dans ces cas, aune prédilec-

tion marquée pour le crural elle sciatique poplité externe; d'au-

tres fois, la faiblesse musculaire est diffuse et s'accompagne, dans

les cas graves, d'une sensation de malaises et de fatigue intense.

En général, les réflexes tendineux et le tonus musculaire sont di-

minués, mais aussi on peut voir l'hypotonie s'associer à une exa-

gération des réflexes. La démarche esl, ou simplement vacillante,

de même le malade marche les jambes écartées ou comme un

ataxique, rarement comme un cérébelleux.

On renconlre des troubles trophiques : tendance aux suffusions

408 BIBLIOGRAPHIE.

sanguines hypodermiques on au Ilt'(·11111(I7·, grangrène neurnpara-

lytique, vésicules pemphigouies, n'demcs.

Les troublosspluncteriens relèvent, en général, du mamhted'ini-

tiative du malade, de la cachexie ou encore de l'obscurcissement

de la conscience, mais l'on peut rencontre ! ' des rétentions et. des

incontinences 11'otiine névritique. La uevrhe optique est un si-

gne assez fréquent, il s'agit de névrite l'{'I l'ohulhail'e 3lrcolirlue, ou

de névrite optique l'aie; les troubles papillaires, le nystagmus. ne

sont également point rares; quant aux paralysies oculaires connu-

guées ou associées, elles sont la conséquence de fovers nucléaires

ou supra-nucléaires. -

Les autres nerfs crâniens soutirent également : parésie faciale,

grincement des dents, rapidité du pouls par rapport à la tempe-

rature; troubles de la respiration et de la déglutition. Enfin trou-

bles de la température : fièvre légère et hypothermie notable.

Dans un autre chapitre, l'auteur étudie lessYll1ptômes atlribua-

bles à des lésions cérébrales en foyers que l'on peut trouver dans

la psychose polynêvri tique etrlui sont pl'ohablement dusàuneexa-

geration (en certain point) du processus pathologique diffus.

Les troubles du langage consistent en accrocs transitoires, en

aphasies motrices transcorticales, ou en aphasies sensorielles (sur-

dité verbale, écholalie, aphasie amnésique).

La lecture est souvent troublée d'une façon toute particulière,

le malade estropiant le texte, mettant à la place des séries de

mots dépourvus de sens el n'ayant aucun rapport avec ce texte.

Du côté de l'écriture et de la copie, on trouve des troubles ana-

logues, mais le plus souvent s'agit de troubles amnésiques

(le malade oubliant des mots ou ne se servant que de débris de

mots avec répétitions nombreuses), l'agraphie où laparagraphif

sont plus rares.

Les troubles du jugement se manifestent sous forme de cécité

d'agueusie, d'anorexie psychique ou sous celle d'asymbolie uu

d'agressie. Ces -troubles agnostiques débutent souvent par une

attaque apoplectique et sont dus à des foyers dans le lobe occipito-

temporal. Enfin on peut rencontrer de l'apraxie. Sous le nom

d'altaques polynrvri 1 iqut'< ? l'auteur décrit des accès des m01l\ c-

ments choréiques de la face, les accès épilepliformcs (non alcoo-

liques), les attaques apoplectiques et pseudo-apoplectiques que l'on

rencontre dans la psychose de Korsakow. Dans un dernier chapi-

tre symptomatologique il expose enfin les manifestations psy-

chiques de la maladie, faisant remarquer d'abord que, comme la

polynévrite, le complexus symptomatique de KOl'sakow : tlésoI'Íen-

talion, diminution de l'aflenfivité, amnésie rétrograde, confabu-

lation peut n'être pas complet, mais il constitue toujours le ca-

ractère pathogénique de l'affection.

VARIA. 409

Les délirantes, c'est-à-dire débutant par un délire ne se distin-

guant souvent en rien du délire alcoolique aigu sont les plus fre-

ilucntes.D'autrefois,un état de stupeur serf d'introduction à la ma-

ladie. La démence vraie n'existe pas, mais, dans les cas a évolution

lente, l'abrutissement el le défaut de réaction peuvent aller jus-

qu'à friser l'étal démentiel. L'auteur décrit ensuite des formes

hallucinatoires sans systématisation et avec systématisation des

l'urines paranoïdes, les élats angoissants relevant le plus souvent

de sensalions hypocondriaques, d'une forme l'.\ IHlI1sh e a\ ec <lMi l'P

des grandeurs, des formes maniaques oUI11l\lancoliqnesl'at'es. des

psychoses motrices akinéliques hyperkinétiques ou parakinéli-

ques, et enfin des anomalies psychiques rares à caractères hébé-

phéniqucs, etc.

De cette multiplicité de formes. l'auteur croit pouvoir conclure

que les psycltoss polym : v rititlues forment un groupe morbide

dont la caractéristique esl le complexus symptomatique de Korsa-

tt0\v, groupe que l'on peut mettre à côté de celles des psychoses

paralytiques et hébéphréniques.

Le pronostic de l'affection doit toujours être réservé, les mala-

des pouvant mourir de paralysie des nerfs crâniens dans les atta-

ques épileptifol'J11es, etc., ou plus lard, de tuberculose pulmonaire

et d'affections gastro-intestinales. Quelquefois le stade initial déli-

rant constitue toute la maladie ; le plus souvent elle traîne, pas-

sant par des rémissions et des exacerbalions ; la guérison absolue

esl rare. Au point de vue étiologique. l'alcool joue le principal

rôle, mais des facteurs génitaux, astro-intesUnaux; infectieux di

vers, peuvenl produire la psychose. Les tumeurs cérébrales, la

sénilité peuvent la reproduire.

L'auleur parle, en terminant, du diagnostic de l'affection avec

la paralysie générale, muntrant que dans le stade initial il n'y a

pas de signe permettant d'aflirmerlediagnostic. Des signes de né-

vrite seront en faveur du Korsakovv, des signes de sclérose com-

binée en faveur de la P. G. Cependant la marche est plus pro-

gressive dans celle dernière et l'euphorisme "tupille y dil1'èl'C de

l'abrutissement ou de la tendance à la plaisanterie de Korsakow.

VARIA

CONCOURS PUBLIC POURLANO\ ! INATIOSA UNE PLACE DE MÉDECIN

ADJOINT (1) DU SERVICE nES .\LI8NÉS DANS LES HOSPICES DE

131CI.TRr ET DE LA` SAI.P1 : TRIh : RE.

Cp l'nneou ? e ! 'a OU"'I' ! le \ellllre.li fI'l' t ! l'C('I ! 1 ! JI't' 190a, il

midi, dans la salle des Concourante l'\Ilmini·Lra(ion Ue l'r1s

(1) 1, \'l'ai moL (ICN-1lil êlile suppléant. (13.)

410 VARIA.

sitanc(', l'Ill' dp Sainls-Pl'l'P, no 4g, - .\1.'1. les Docteurs qui

voudront concourir seront admis il SI' faire inscrire au service

du personnel de l'Administration, de midi ù, 3 heures, tous les

jours, dimanches et fêles exceptés, du lundi 23 octobre au samedi

11 novembre exclusivement.

Conditions et programme du concours. Les candidats qui

se présentent aux Concours ouverts pour les places de médecin

adjoint des quartiers d'aliénés dans les hospices de Hicetre et de

la Saspétriere doivent justifier de la qualité de Français et être

âgés de - : 1) ans au moins. 1\ : ;lloh-enLjuslifiel' en outre de cinq an-

nées de doctoral. Pour les candidats ayant été internes en nnde-

cinedansles hôpitaux et hospices de Paris ou dans les asiles (.pu-

1111cs d'aliénés de la Seine, les années d'internat seront comptées

comme années de doctorat. Les Candidats doivent se présenter

au service du personnel de l'Administration pour obtenir leur

inscription, en déposant leurs pièces, el signer au registre ouvert

à cet effet. Les Candidats absents de Paris ou empêchés pourront

demander leur inscription par lettre chargée.

Toute demande d'inscription faite après l'époque fixée pourla

clôture du registre ne peut être accueillie.

Le Jurv du Concours est formé dès que la liste des candidats

a été close. Si des concurrents onL à proposer des récusations,

ils forment imniédialemenl une demande motivée, ])(11' Í'cl,i¡- 1'1

cachetée, qu'ils remettent au directeur de l'Administration. Si,

cinq jours après le tirage au sort du Jury, aucune demande n'a

été déposée, le Jury, est définitin)l11ent constitué, et il ne peut

plus être reçu de réclamations. Tout degré de parenté ou d'al-

liance entre un concurrent et l'un des membres du Jury, ou en-

Ire les membres du Jury, donne lieu à récusation d'office de la

part de l'Administration. ,

Le Jury du concours pour les places de médecin-adjoint du

service des aliénés dans les hospices de tiicetre et de la Salpl1-

triere se compose de sept «membres, savoir : Trois membres ti-

l'lis au sort parmi les médecins aliéniste : ; chefs de serv ice dos hô-

pitaux et hospices, en exercice ou honoraires; un membre tiré

au sort parmi les médecins chefs de service des asiles publics

d'aliénés du département de la Seine, en exercice ou honorai-

res, et le médecin du Bureau d'admission de l'Asile clinique; et

Irois membres tirés au sort parmi les médecins chefs de service

des hôpitaux, en exercice ou honoraires. Les médecins chef de

service des asiles publics d'aliénés de la Seine, en exercice, elle

médecin du Bureau d'admission de Saint-Anne ne peuvent être

portés sur la liste des membres parmi lesquels doit êlre tiré le

Jury, qu'après cinq années d'exercice. Le tirage au sort a lieu

dans les formes usitées pour le concours des hôpitaux, en pré-

sence de deux membres du Conseil de surveillance de l'Adminis-

VARIA. 411

Imtion de l'Assistance publique et de deux membres de la Com-

mission de surveillance des asiles publies/l'aliénés de la Seine.

Les épreuves du Concours pour les places de médecin-adjoint

du service des aliénés dans les hospices de tiicetro el de la Sal-

pêlrière sont réglées de la manière suiwnLe : 1° Une r preccre écritc

siirT'anatomie et laphxsiologie du système nerveux, pour laquelle

il sera accordé lrois lu : nres; 2° une épreuve clinique commune sur

un malade. Il sera accordé au candidat dix minutes pour l'exa-

men du malade cL ityt minutes pour développer oralement son

opinion devanl le Jury, après cinq minutes de 1'('. Il e,\ ion ; 3° une

épreuve clinique sur les maladies mentales : un seul malade.

Il sera accordé vingt minutes pour l'examen du malade el vingt

minutes pour la dissertation, après cinq minutes ile ruflevinn :

4° une épreuve écrite comprenant une consultation après l'exa-

men d'un aliéné, et un rapport sur un cas d'aliénation.- Il sera ac-

cordé au eandillatquillt.e minutes pour l'examen de chacun des

malades, et une heure el demie pour la rédaction du rapport et

delà consultation. La lecture de celle consultation etdu rapport

sera faite au début de.la séance suivante ; ,')0 une épreuve clinique

·nr ilruv malades d'un service d'aliénés.Lecanditiaiaura

quinze minutes pour l'examen de chacun des deux malades, pl

Irente minutes pour la dissertation orale, après cinq minutes de

réflexion. Le maximum des points à attribuer pour chacune de ces

('pl'cm es l'sI Ii '\é ainsi qu ï 1 suit : pou l' la pl'em ière épreuve écrite :

30 points ; pour l'épreuve clinique commune : 20 points ; pour

l'épreuve clinique sur les maladies mentales, à un seul malade :

20 points ; pour la deuxième épreuve écrite : 30 points ; pour

l'épreuve clinique sur deux malades : 30 points.

Cette affiche date h peine de quelques semaines. Les concur-

rentssontprevenus à peine deux mois avant : c'est bien court

Le concours de ['adjurât des asiles d'aiienes de France a été

annoncé en juillet (Arch. d : \'eur.) et rappelé eu août par

l. l'Inspecteur Drouineau, au Congrès des aliénisles de Rennes.

Transferts d'aliénés.

Sous ce litre : Un drame en e.rpress, le Jlatin du 19 octobre

relaie le fait suivant :

Chartres, 18 octobre. Hier soir, deux religieuses, accompa-

gnées d'une jeune fille qu'elles conduisaient à l'asile d'aliénés de

Plouvénenter (Finisièrel, prenaient, à Paris-ronLpal'I1asse, l'ex-

press ;IU;, Paris-Brest, et moulaient dans un wagon-couloir de

première classe. Le train avait depuis quelque temps dépassé

Cbarlres, quand la jeune fille, sujette il des troubles cérébraux,

alla s'enfermer dans les uater-closcts, brisa la glace dormante

4M varia.

et se jeta sur la voie. L'express ne s'arrêtant qu'à Breloncelles

lOrne), personne ne s'aperçut de rien, et la victime de ce péni-

ble drame fut retrouvée le lendemain matin seulement sur la

voie ; elle vivait encore, mais elle expira peu après son transfert

à l'hôpital de La Loupe.

Les deux religieuses avaient continué leur voyage jusqu'à Mor-

laix, et c'est le directeur de l'asile qui a télégraphié les renseigne-

ments d'identité sur la malheureuse jeune fille, qui se nomme

Kermoal et est âgée d'environ vingt-cinq ans.

Le cléfautdesurveillance, ici, esl évident. Il est surprenant qui !

les religieuses ne se soient pas préoccupées du séjour prolongé de

la malade dans les water-closets. Ce fait montre la nécessité

absolue de surveiller constamment ce genre de malades, partout,

même quand elles vont aux cabinets d'aisances où souvent se pro-

duisent des accidents. Une fausse pudeur s'y oppose. A Ricetre,

dans notre service d'enfants, nous avons fait disposer les cabinets

de façon à faciliter la surveillance des infirmiers en vue de l'ona-

nisme et du nettoyage. 11 nous esl arirvé d'en voir qui tour-

naient le dosa la porte A notre réprimande, ils répondaient que

cela n'était pas convenable de regarder l'enfant.

LES ALIÉNÉS EN LIBERTÉ.

Drame de la folie. -, Une femme nommée N'ivel, âgée de ,illgt-

huit ans. demeurant à 'J'l'l'gueux, a, dans un accès de folie, nové

dans un lavoir son enfant, âge de trois semaines. Elle a essayé

ensuite de se noyer elle-même. (Petite Gironde. 1er octobre.)

Suicide simultané de deux jumelles.

Un double suicide à Montgaillard (Hautes-Pyrénées). Samedi

matin, le nommé Herdoulet, propriétaire à Montgaillard, se ren-

dait avec ses deux filles, Antoinette et Joséphine, à des travaux

des champs. Au passage à niveau, les deux femmes, soeurs jumel-

les, âgées de trente-six ans. manifestèrent le désir de descendre

du véhicule. Sous prétexte de cueillir des champignons, elles s'é-

loignérent et s'engagèrent dans les sous-bois en bordure du canal

del'Alaric. Le père Ilerdoulet continua sa route. 11 attendit vai-

nement dans ses champs la venue des deux soeurs, Inquiet, il re-

vint sur ses pastel prévint son fils de la disparition.

En même temps, lebruit se répandait dans la commune de

)Iontg-aillarllde la<lécou\el'te, dans le ('anal de 1'.\lal'il', sur le

lerritoire de Vieille-Adour, du corps absolument nu d'une fem-

me. Pressentant un malheur, le père et le fils Ilerdoulet se ren-

dirent sur les lieux el. reconnurent l'infortunée Antoinette. La

brigade degendarmerie de Hagnercs procéda aux investigations

nécessaires et découvrit sur la berge du canal, en aval de .Mont-

gaillard les vêtements des demoiselles tierdonlet.

. Faits Imvers. ' 413

Les recherches continuèrent, mais la nuit était venue que le

corps de la seconde désespérée n'avait pas encore été retrouvé. Le

garde-canal baissa, dimanche matin, les écluses' et, grâce cette

me-ure. le cadavre de la malheureuse Joséphine put être relire

à vingt mètres de l'endroit ou le premier corps a été vu.

Les deux désespérées avaient déjà manifesté il, plusieurs reprises

des idées de suicide. Taciturnes, mélancoliques, elles causaient très

peu avec leurs voisins et même avec leurs parent-. Elles avaient

cependant déclaré qu'étant venues au inonde en même temps, elles

avaient à coeur de mourir ensemble. (Petite Gironde, 27 sept.) '

Un liPfLEI'TI(ZI;I : en correctionnelle

« Une jeune ouvrier serrurier de 20 ans, Georges AI... était,

poursuivi hier devant la neuvième chambre pour avoir soustrait

deux bicyclettes dans l'al'I'ière-houtillue d'un boulanger. Comme

le président, commençait son interrogatoire, il a été pris soudain

d'une effroyable crise d'épilepsie, et deux gardes municipaux ont

du l'emporll'I ? \1... esl assez fréquemment sujet à des crises de

celle nature. Aussi le I)1' Roubinovitch, qui l'a examiné, est-il

d'avis que sa responsabilité doit être, dans une certaine mesure,

atténuée. Le tribunal, cependant, a condamné l'ulFilelrLiquui4 deux

mois de prison, mais comme \1 ? a clé,jà fait auLanL de prison

préventive, il va être remis immédiatement en liberté. (La Lan.

terne, 27 septembre.)

Xe connaissant pas les détails de ce cas, nous ne pouvons nous

prononcer sérieusement sur les conclusions du rapport du méde-

cin légiste. Toutefois, nous ne pouvons nous empêcher de faire

remarquer que dans la majorité des cas, les épileptiques sont ir-

responsables. Nombreux sont les faits que nous pourrions citer il

l'appui. Nous nous l'orneronsau suivant. 11. X..., âge d'une

soixantaine d'année est épileptique depuis l'enfance. Après ses

accès, pendant une semaine, il est dans un état d'obinibilation lout

particulier; ses facultés sunL olt5curciceLco n'est qu'au bout de

eu temps que son intelligence « s'éclaircit ». Si, dans celte période,

il commettait un délit ou un crime, serait-il responsable .' Selon

nuu·, nuu. f lt.)

FAITS DIVERS

Absinthe. - Un nommé Claudel, à CuruinwnL ('uge>, ayant

bu d'un trait un litre d'absinthe, est tombé 1uti(li-oNé. (Matin, 5

sept.)

- 414 FAITS DIVERS.

Traitement nIEDICO-l'liD.4GOGIQUE des idiots. .Vous avons

toujours soutenu que l'un des principes qui doit guider les mé-

decins et leurs auxiliaires, les pédagogues et les infirmiers aux

infirmières, c'est l'occupation sans arrêt de ces enfants. Le fait

suivant le démontre : « Uuand il ne travaille pas, il se livre à

toutes sorles de bêtises, se roule par terre, se couche sur les ta-

bles, exécute des mouvements dérogation delà tète, etc. »

UNE capture difficile. Les agents de l'Asile d'aliénés de

Clermonf (Oise) ont procédé, jeudi, à la prise, à Friancourt, com-

mune de Hernies, d'un aliéné qui leur a opposé une violente

résistance. Arrivés au nombre de deux, le mercredi, ils n'out pu

s'en emparer. Le malade, Uclavc Descouleurs, âge de 30 ans,

brossier, se trouvait alors ligotée des pieds il1a tète l'aide de , 1

draps (lui paralysaient tous ses mouvemeiils. Très excité, d'une

force lLerculéenne,Descouleurs ne paraissait pas disposé à se lais-

ser emmener par deux hommes. 11 fallut donc télégraphier il 1'.\-

sile pnur Ileman(ler (lu renforl. - D'où la nécessité en pareil

cas, d'être en nombre. Relevons le danger que courent les méde-

ci ! iseL)eursau.\iHaires en présence de semblables malades.

Le départ eut lieu le lendemain jeudi, à 11 heures, par une voi-

tun' de l'Asile. Non sans mal,etgrlce à l'intelligence et au sang-

froid du chef des lraufcrLs, 11. I)tlbuis et de ses trois gardiens,

])escouleur put être camisole et hissé en voiture. Tant bien «pie

mal, il arriva ainsi à l'asile. Le malheureux aliéné axait tenté de

tuersa femme. Il axait failli étrangler son médecin et enfin', il

avait aftentea ses jours en se jetant dans la riv ière « le Thérain ".

(Le Semeu¡' de l'Oise, 8 ol'tuhre 1\,)03.)

ASILE départemental pi : la Haute-Vienne. Un poste d'é-

lève interne en médecine est actuellement xacant a l'asile d'aliénés

de Xaugoal. Les demandes de nomination doivent être adro-sérs

au médecin directeur de l'asile et appuyées : 1" d'un cei'tiiit'itt

constatant que les postulants ont au moins dix inscriptions : 2°

d'un certificat de moralité. Les élèves internes reçoivent, à

l'Asile de Xaugeal, tin traitement annuel de II1 [r. ; les avauta-

ges en nature comportent la nourriture, le logement, le chauffage,

l'éclairage elle blanchissage.

Asile public d'aliénés de LESVELLEC (près N'aimes). Une

place d'interne titulaire en médecine est actuellement vacante

à l'Asile public d'aliénés de Lesvellec. Les candidats sonl invi-

tés à produire à l'appui de leur demande : 1° Un extrait de

naissance ; 2° un ct'I'lilical d'in'il'l'iplions de doctoral au nombre

de 12, au moins; 3" un certificat des examens subis el s'il y a lieu

du singe qu'ils onl pu faire dans un asile. (Celte dernière cunili-

faiis divers. 415

lion n'est pas indispensable). Les inlernes sont nommés par 1. le

Préfet de Morbihan, sur la présentation du Directeur, pour une

durée de trois ans. Ils auront, pendant la durée de leur Internat,

toutes facilités pourse présenter aux examens du doctorat auquel

ils seront astreints. Les avantages consistent en : nourriture Ita-

ble de 1re classe du régime des asiles), logement, éclairage, chauf-

rage, hlanchissage et une indemnité annuelle de ? 00 francs. Les

docteurs en médecine peuvent poser leur camliclaW re ù l'inLer

nat. Les internes, devenus docteurs, continuent leurs fonctions

s'ils le désirent. Les internes provisoires remplacent, en cas d'ah-

sence nu d'empêchement, les titulaires avec tous leurs avantages.

Les demandes doivent êlre adressées il ;\1. le directeur de l'Asile

de Lesvellec (Morbittanj.

Asile public d'aliénés de Bordeaux. Concours d'Internat.

Le concours pour deux places d'internes s'ouvrira, le jeudi 23

novembre 1905. Avantages : nourrilure, logement, chauffage,

éclairage, blanchissage ; indemnité de 800 t'r. la ! « année, ,)OU

fr. la 2e et 1000 fr. la 3e pour les internes non docteurs ; 1000 fr.

la 1« année, 1100 fr. la 2« et 1200 fr. la 3e pour les internes doc-

teurs. Pour renseignements et inscriptions, s'adresser à la direc-

tion.

Hospice ])] ! : )hc)' : TRE.M. BOURNEVILLE. Visite du service

(gJI1na : ;lique, danse, fanfare, travail manuel, écoles, musées) et

présentation de malades le smnecli à rJ lt. et demie très précises.

Consultation 'Yiu¿dico-1Jédagogique gratuite pour les enfants, le

jeudi à, rJ It. 1; . '

11;CROr.OGII : . -luus aons le regret d'apprendre la mort du

J)r Max SIMON, ancien médecin en chef de l'Asile de Brun, ancien

inspecteur des asiles privés du Rhône. Xolre confrère, en retraite

depuis plusieurs années, était un lettré et un brillant causeur.

D'origine normande, défait fils d'un médecin estimé de Rouen,

ami du père de Gustave Haubert, dont il aimait il. se rappeler le

souvenir. A côté d'ouvrages scientifiques appréciés : {'Hygiène de

l'Esprit, Crimes et délits dans la folie, le ^[onde des J ? ces. etc.,

parus pendant sa période d'exercice, a a publié, dans ses loisirs des

dernières années, quelques volumes caractère plus" exclusive-'

nient littéraire : Temps passé, La Comédie de soi-même, Dehors,

auxquels lesjournaux médicaux ont fait de fréquents emprunts

pour leurs articles de variétés. Le \)1' Max Simon est mort à l'âge

de (>8 ans, laissant il ses anciens internes le souvenir d'un chef

trèsbienveillant,ef ses amis, celui d'un homme particulièrement t

aimable. (Lyon Médical.)

416 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

Iium : vEwn·t.c. Les enfants anormaux au point de vue intellec-

tuel et moral, In-18' de 24 pages. Prix, 30 cent. Bureaux du Progrès

médical.

CiiAliox. Happorl sur un plan d'agrandissement et de transfor-

mation de l'asile (le Dury. In-S" de 28 pages.

Cuocn lUX (1; : ). - Happort médical el adlllinisll'alif pOll ! ' l'alluce

]903dct' : <si)opu)))i(;d' : ()iencsdoIa()a['itu-sur-Loirc. In-8" de 74

pages.

])() : \.\TII (.1.). - Zur ltsycltolrtlbologie der sexuellen perversionen.

In 8" de 10 pages. (d l'ch. fur. Psychiatrie.)

Do¡¡ \'1'11 (.).). Yiederkehr des Kniephallomens bei labes dursalis,

oh ne hinzutretcn von hémiplégie. In-S" deG pages. Neurologisches

centrait.

l)'û¡uIÉA (A.). - Trauma al capo e demenza précoce. In-S" de

12 pages. Giorgio à Ferrara.

Dunuissox. Happorl sur l'asile public d'aliénés de la Haute-

GHI'onne pOli ! ' 1904, ln-S" de 30 pages. "

(int.LOPAI\ (( : .1. - l : ontptcmoral et administratif pour 1904 de

l'asile (l'aliénés de Faius. In-8" de 24 liages.

MAiimel 1'tot,t.e'r. Spiritisme et, folie. In-S° de 20 pages. Extrait

du Journ. de psychologie.

\Lw;n : (.1.). - \évroses et-paralysie générale, In-S" de 20 pages.

lutl. Severeyns Ü 13ruxl'lles.

1\1,1 III 1 : (.\ ,),- Les habitués des asiles. In-S" de 14 pages, Imp, Gare ! ,

il l'au,

\LwE (.1.).-lléniencc de Ia Iml>erLt·. In-3° le 4 pages. Imp. (inret,

tt l'au. \0

Marie et A'iollet. Sur la démence organique secondaire a

quelques délires chroniques hallucinatoires. In-8'' de S pages. (mp,

Garcl, à Pau, ..

MAUt'ATÉ (L.). Happmtmédical. Compte moral el administra-

IiI' de l'asill' puhlie d'alicn('s dl' la Charité-sur-Loire puur 190t

ln-S' (le 6S pages.

\lett·u0v. - ( : ompc-rnudu : ulministr : Uil' cL rapport ! ncd ! ca)')c

) ? si ! ed'a)ici)csd0ui)npe ! 'pour 1904. In-S" de G2 pages.

l'ELET1EII (Madeleine). Le sérum marin dans la thérapeutique

des aliénés. In-8" < ! e 30 pages.

, PETIT. lIappOl't médirai et compte moral et administratif

pour l'année ]-,J0.1. In-8" de 42 pages.

Hicoux. Happorl médical de l'Asile de Fains pour l'anuée

]904.)u-S" de 18 pages.

Salmox (A.). SIlIl'ol'igine de) sonno. In-8° de 62 pages. L. : \'ieolai il Firenze,

Le rédacteur-gérant : BOUIINEVILLE,

Clerniont (Oise). Imprimerie Duix lrères.

Vol XX Décembre 1905 N" 120

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

PATHOLOGIE NERVEUSE

Sur la pathogénie des altérations médullaires

survenant au cours du mal de Pott ;

l'Ail le D' 1T.\LO HüSS1

(Travail du Laboratoire de la Clinique de M. le Prof. R m'ntovu).

Il n'est pas de question qui ait été plus discutée que

celle de la pathogénie des accidents médullaires au cours

du mal de Pott Nombreuses ont été les opinions émi-

ses par les auteurs sur ce sujet : les unes sont basées sur

des constatations anatomo-pathologiques,d'autresrésul-

tent de travaux expérimentaux, d'autres encore sont dé-

duites de conceptions purement théoriques. Dans presque

toutes ces hypothèses, les auteurs ont cherché à expli-

quer par un mécanisme univoque les accidents myélo-

pathiques. Aujourd'hui même l'accord n'est pas encore

complètement établi sur cette patliogénie ; on s'accorde

cependant à admettre que les facteurs pathogéniques,

d'importance variable, sont multiples. Onpeut dire à peu

près que chacun de ces divers facteurs répondit une étape

de l'histoire pathogénique des troubles médullaires au

cours du mal de Pott ; il ne nous semble donc pas inutile

- ayant d'envisager la question telle qu'elle se présente

aujourd'hui, et d'apporter les constatations anatomo-

pathologiques laites par nous dans 4 cas de résumer

dans ses grandes lignes les différentes phases par les-

quelles est passée la pathogénie des altérations médul-

laires que nous voulons étudier.

Jusqu'aux travaux de Michaud, en 1871,on recherchait

la cause des paraplégies poltiques uniquement dans le

rétrécissement du canal vertébral provoqué par la cy-

AncmvES, 2' série, 1005, ) t XX, 27

418 ' - PATHOLOGIE NERVEUSE.

phose ou par simple dislocation, fracture ou luxation des

corps vertébraux. OLLIVI)iR (1), qui fut, avec Louis (2), un

des premiers à soutenir cette théorie mécanique osseuse

des phénomènes nerveux survenant dans lé mal de Pott,

insiste sur l'origine osseuse des compressions médullai-

res, même dans les cas à évolution lente, où la compres-

sion se ferait par affaissement du rachis sur lui-même. Ce

n'estpas à dire toutefois qu'il n'a pas entrevu le rôle que,

dans ces compressions lentes, pouvait jouer la péri-pa-

chyméningito : mais il y attacha une importance très fai-

ble ou nulle. Il dit : « si les exemples de compression

lente de la moelle épinière causée par l'altération de son

enveloppe osseuse sont très nombreux, on en possède

très peu où cet effet ait été produit par une maladie des

méninges seules ; d'abord.] ne sache pas qu'on les ait

trouvées épaissies au point de comprimer la moelle, et

rarement elles sont le siège de fongus analogues il ceux

de la dure-mère cérébrale. »

A la théorie purement mécanique d'Ollivicr et Louis,

succédait, en 1871, avec les travaux de Michaud,la théo-

rie inflammatoire.' Déjà Echeverria ( : 3), comme Michaud

le fait remarquer, avait nettement indiqué, clans sa thèse,

le rôle que pouvait jouer la dure-mère épaissie en compri-

mant la moelle,dans la production de la paraplégie. Mi-

chaud (4), CImRCOr (6) sous la direction duquel ses travaux

ont été faits, ne nient pas d'une façon absolue la com-

pression osseuse directe de la moellc;ils conviennent que

dans quelques cas une 'arête osseuse, une esquille, un

rétrécissement osseux du canal vertébral puissent êlre la

cause delà compression médullaire, surtout lorsqu'elle se

produit instantanément.

« Mais lorsque la moelle est comprimée d'une façon

(1) 01lIVIEII. traite de la moelle épinière et de ses maladies

Paris 1827.

(2) Louis.- Mémoire sur l'étal de la moelle dans la carie '"l'dé-

])l'[lIl', 182G,

(3) ECIIE\'Ll\ItIA, - S1l1'la nature des affections dites tuberculeuses

des vertèbres, Thèse de Pains 1860.

(4) Midi \un, - Sur la méningite et la myélite dans le mal verté-

bral. Thèse deParis 18;1.

(5) (at.RCO'r. - Leçons sur les maladies dit système nerreux, 18 ?

I. II, p. 180, Galette des hôpitaux, 1874-1883.

SUR L' PATHOGENIE DES ALTERATIONS MEDULLAIRES. 419

lente et progressive, comme cela s'observe habituelle-

ment dans le mal de Pott, nous affirmons, dit Michaud,

que la cause de la paraplégie est la myélite par compres-

sion. » Cet auteur, qui fut aussi le premier à faire l'étude

histologique de la dure-mère, nous explique la façondont

se forme cette myélite ; les matières caséeuses des ver-

tèbres enflamment la face externe delà dure-mère en

engendrant des exudations, des abcès interstitiels et des

épaississements ; c'est la pachyméningite. A travers la

dure-mère et les gaines des racines nerveuses qui la '

traversent, l'inflammation se propage aux méninges, y

produit une méningite, et, après, par propagation à la

moelle, une myélite.

Cette théorie, qui explique d'une, part l'existence de

paraplégies avec courbure peu prononcée, et même sans

courbure, d'autre part le fait qu'il peut exister de fortes

incurvations sans phénomènes paralytiques, ou enfin que

la paralysie puisse guérir sans aucune modification de la

gibbosité, fut alors partagée presque universellement par

les auteurs français lYULPJA (l),etc.) et, en Allemagne, par

plusieurs auteurs, et en particulier LEYDEN z2). Pour Ley-

den, non seulement la paralysie par compression au cours

du mal de l'ott, mais même celle provoquée par des tu-

meurs ou d'autres causes mécaniques est de i-iatureinllan-1-

matoire, carunepression déjà faible, par l'irritation qu'elle

produit, est pour lui suffisante à produire l'inflammation

etle ramollissement de la moelle épinière à travers les mé-

ninges intactes. FROII.NiArqN (3) aussi interprète les altéra-

tions médullaires rencontrées dans un cas de paraplégie

pottique comme une myélite produite par l'irritation in-

Hammatoiro exercée directement sur la névroglie et les

parois des vaisseaux sans qu'il y ait une propagation par

continuité definltammation de la dure-mère à la pic-mère

et de la pie-mère il la névroglie par ses prolongements.

ERIJ (4) émet une théorie mixte, mécanique et inflam-

*

(1) Vuï.pivx. Maladies de la moelle, 1879. · .

(2) Lcyiien. lilirrtl : der RlIckcl11llal'kskJ'allk : : cite", Il Kil. 1 Allhl. 1.

S. 149.

pi) Kr.OilMAXX. Virchoms A7.chil,. ]3d J4, ISi2.

('1) EnI ! , -7.ienrsscr;s llarrdbrrch d. sFcr. Pathologie uni Thérapie

'X ! ,[). : 3 ? 1S7G

420 pathologie nerveuse.

matoire : lui aussi admet que la compression est rare-

ment osseuse ; le facteur le plus important des paraplégies

pottiques est, pour lui aussi, la péri-pachyméningite.

Celle-ci peut agir sur la moelle d'une manière variable,

soit par la compression directe exercée par les masses

fongueuses, soit par la compression directe et la myé-

lite qu'elle produit, soit par la myélite seule. Erb s'expli-

que de la façon suivante : la péri-pachyméningite pro-

duit un rétrécissement d'espace dans le canal vertébral

et comprime plus ou moins la moelle : pour cette raison

' déjà peuvent survenir des lésions des éléments ner-

veux ; cette compression de la moelle, durant un certain

temps, se complique dans la majorité des cas très vite d'une

myélite. Il est peu vraisemblable que cette myélite soit

la conséquence de l'ischémie produite parla compression,

c'est-à-dire un ramollissement ischémique ; elle doit

être plutôt considérée comme la conséquence directe de

L'irritation que la compression exerce sur les éléments

du tissu nerveux. Enfin, il paraît aussi indéniable que,

dans certains cas, l'irritation des masses tumorales ad-

jacentes aux méninges suffise à produire, même sans com-

pression, la myélite.

La théorie inflammatoire de Michaud devait, en 18 ?

rencontrer une première contradiction dans les intéres-

santes expériences de Kahler (1). Cet auteur chercha, en

injectant de la cire dans le canal vertébral d'animaux

jeunes, à déterminer siilyavaitetquelles ctaientlesalté-

rations que produit une compression modérée mais dura-

ble de la moelle. Il constata, en effet, des altérations di-

verses selon l'époque a laquelle on sacrifia l'animal \ùe G

heures à (j mois). Au début (Ci heures -13 heures) ces lé-

sions consistent en gonflement des cylindraxes, dila-

tationdesmaüles de la névroglie. état normal ou dispa-

rition plus ou moins complète des gaines myéliniqucs,

sans participation du tissu interstitiel au processus, sans

altérations des vaisseaux ou hémorragies ; plus tard

(2-10 jours), les cylindraxes se détruisent, disparaissent,

avec la production de nombreux corps granuleux : son-

il) Kahler. Ueber dic ? l'untlel'Ungcn wclchc 0 siell im lim·k·n-

m : : rkc in Fol go eider gerin;grasigen Compression lînlvviekohi.

Zeit. f. Hcillcunde. IB1111, p. 187.

SI-Il La PATI10GKN1E DES AL 1 ÉRA TlONS MEDULLAIRES. 421

lement après 5 semaines, survient l'épaississement de

la névroglie, et (après des mois) la sclérose. L'absence

d'infiltrations cellulaires dans le tissu ou autour des

vaisseaux, de lésions vasculaires, d'hémorragies font

écarter, à Kahler, l'hypothèse de la nature inflammatoire

du processus. En s'appuyant sur les études de Rumpf

concernant l'action de la lymphe sur les fibres nerveu-

ses, Kahler interpréta les lésions par lui rencontrées

comme la conséquence d'une stase lymphatique ; lacom-

pression qui s'exerce sur les méninges gênerait la circu-

lation de retour de la lymphe qui, des espaces lympha-

tiques adventitiels et des voies lymphatiques propres de

la moelle, se déverse dans l'espace sous-arachnoïdien et

dans l'espace épispinal ; la lymphe qui stagne détruitles

fibres nerveuses de la moelle d'autant plus facilement

qu'il s'agit de fibres dépourvues de gaine de Schwann,

tandis que les expériences de Rumpf portaient sur les

nerfs périphériques possédant cette enveloppe protec-

trice. Kahler admet toutefois qu'il peut y avoir aussi une

lésion mécanique directe des fibres nerveuses parla com-

pression ; celles-ci alors offrent une condition encore plus

favorable à l'action do la lymphe du fait de l'interruption

de l'influence des centres.trophiques sur les fibres ner-

veuses. La similitude des lésions rencontrées par lui dans

ses expériences et de celles décrites par les auteurs dans

les cas de compression lente produite par des processus

pathologiques, lui font croire qu'on peut admettre aussi,

pour les cas de la supposée myélite par compression, une

même origine des altérations médullaires.De cette façon

s'expliquerait, dit-il, la disproportion parfois très

forte qui peut exister entre le degré delà compression et

celui des accidents médullaires, pour le fait qu'une com-

pression déjà modérée de la périphérie de la moelle peut

suffire à empêcher le retour de la lymphe et produire une

lésion des éléments nerveux ; ainsi s'expliquerait l'aug-

mentation de volume de la moelle observée parfois au

lieu de compression ; ainsi s'expliquerait encore la rapi-

dité parfois frappante du développement des phénomènes

paralytiques, en admettant quc dans ces cas la destruc-

tion des libres nerveuses se fait en foyers dans les par-

tics centrales de la substance blanche.

422 PATHOLOGIE NERVEUSE.

La nouvelle théorie de Kahler. qui, même en admettant

la compression comme facteur pathogénique^des altéra-

tions médullaires, lui fait jouer un rôle essentiellement

mécanique, rencontra, sur le terrain expérimental, sa

confirmation dans les expériences de Rosenbach et

Schtscherback (1). , · .

Ces auteurs, par l'introduction dans le canal vertébral

de petits morceaux d'argent, obtinrent des lésions analo-

gues àcelles de Kahler pour ce qui concerne la substance

blanche ; ils y ajoutent la description de fissures et de 'e

petites cavités qu'ils rencontrèrent dans la substance

grise et qu'ils interprètent, ainsi que les lésions de la

substance blanche, comme la conséquence de l'effusion

de la lymphe par stase lymphatique.

Sur le terrain clinique etanatomo pathologique,1a théo-

rie inflammatoire de Michaud trouva aussi des adver-

saires, entre lesqtle 'Is : Srl1 ? NIPELr, (2). « Nous basant sur

de nombreuses recherches personnelles, nous estimons,

dit- il, en dépit des idées généralement admises jusqu'à

présent, qu'on n'a aucun motif pour expliquer par une

myélite secondaire la paralysie qui se déclare au cours

de la spondylite ; la myélite par compression, c'est-à-

dire l'inflammation de la moelle due à la compression

comme telle, devrait déjà être répudiée par des raisons

tirées de la pathologie générale, si l'examen microsco-

pique ne faisait voir qu'il n'y a rien la qui indique un tra-

vail inflammatoire et qui ne puisse être considéré comme

une simple conséquence de,la compression mécanique. »

Ziegler (3) a été le premier à attirer l'attention sur un

facteur pathogénique, jusqu'alors peu considéré par les

auteurs cités, et qui jouerait, selon lui, un rôle très impor-

tant dans la production des lésions médullaires : c'est-à-

dire l'anémie ; cette anémie peut être causée soit par la

compression des artères intercostales dans les trous de

conjugaison ou de leurs ramifications, qui traversent la

(1) Hosenbacii U. Schtsciieiuiack. -- 11%vrchzv's Arch., 122, S. M,

189;).

(2) SrnuMPEi.L. Lelzrbuclr der speiielle ? z Pachol. u. Thérapie.

Traduction franc., 1889.

(3) Zieuler. Lchrbuch der patholog. Anatomie. I. 'l'Lml., p 02,

1883.

SUR LA PATHOGÉNIE DES ALTÉRATIONS MEDULLAIRES. 423

dure-mère, soit par la compression des artères' ménin-

gées, soit par la transmission de la compression directe

de la moelle à ses vaisseaux.

Les phénomènes d' oedème de la moelle décrits par

Kahler sont trouvés par K1JDRI- : \VTSKI (1) dans 3 cas de tu-

meurs de la colonne vertébrale (myélome, myxome, sar-

come) et interprétés par l'auteur comme' suites de stase

lymphatique. Ils sont encore rencontrés par Schmaus (2)

dans l'étude de 5 cas de paehy-méningite tuberculeuse,

et l'auteur n'hésite pas à admettre pour ces cas, avec

Kahl,cr,l'hypothèse de stase lymphatique, d'ailleurs justi-

fiée par l'oblitération des voies lymphatiques et veineu-

ses du tissu épidural et de la dure-mère. Il remarque

toutefois qu'il existe quelques différences entre les cons -

talions de Kahler et les siennes, par exemple : la réunion

sur une même coupe des altérations, qui, dans les expé-

riences de Kahler se succédaient à diverses époques ; la

distribution plus régulière, plus diffuse des phénomènes

d'oedème, et il se demande si l'inflammation qui se passe

dans le voisinage immédiat de la moelle épinière ne joue '

pas un rôle dans la production de ces altérations. Elles

sont bien connues les expériences qu'il fit pour résoudre

cette question, soit en infectant la face externe de la

dure-mère avec de la matière tuberculeuse, soit en y dépo-

sant de la culture stérilisée de staphylocoque ou de l'am-

moniaque. Il en conclut que si dans la majorité des cas

existent les conditions mécaniques pour la production

de la stase lymphatique dans le sens de Kahler, il y a des

cas dans lesquels l'hypothèse d'oedème par oblitération

des voies sanguines et lymphatiques efférentes n'est pas

admissible, caries fongosités épidurales sont 'si légères

qu'elles ne peuvent exercer aucune pression. Pour ces

cas, la seule explication possible se réduit au- processus

inflammatoire produisant un oedème collatéral.

l'ourSchmaus, les processus qui déterminent l'altéra-

tion pathologique de la moelle dans ie mal de Pott sont

les suivantes : dans des cas rares, la lésion médullaire est

(1) MUIlI2E\1'I : '1'S(CI. Zeitschr·ift f'Ir Heilkll1lde. Ho III, p. 300,

1S92.

(2).Schmaus. -Die Gompressior : r-n : yelitisbei Karies der \Vir

belsaule. 1'iesbaUcn. 1890.

424' t PATHOLOGIE NERVEUSE.

produite par une dislocation lente ou subite des verte '

bres ou par un abcès qui soulève le périoste, le ligament

longitudinal postérieur et la dure-mère : dans la' plupart

des cas, la tuberculose se propage au tissu épidural, v

produit des masses qui peuvent exercer une compression

directe sur la moelle : mais, pour lui, l'oedème de la' z

moelle est la conséquence la plus immédiate et 'la plus

importante de la' compression ? Cet oedème est dans

quelques cas un' oedème de 'stase dû à l'oblitération des

voies lymphatiques et sanguines efférentes ; dans d'autres

il est inflammatoire, collatéral, dû à des toxines : pour la

plupart des cas toutefois, il résulte de la combinaison de

ces-deux causes. Cet oetlème est la cause des phénomènes

dégénératifs médullaires auxquels suivent, d'une façon

chronique, une prolifération de la névroglie et la sclérose ;

l'oedème s'il dure longtemps, peut provoquer un ramol-

lissement diffus. Quoique donnant une grande impor-

tance à l'oedème, Schmaus ne lui' fait pas jouer un rôle

exclusif dans la production des lésions de la' moelle : dans

la compression, d'autres facteurs peuvent avoir une cer-

taine action, toutefois secondaire pour lui : ainsi que la'*

diminution de l'irrigation sanguine par la thrombose et »

l'oblitération des artères ràdiculaires provoquée par la

pachyméningite tuberculeuse, ou par la compression des

artères des méninges et de la moelle même, qui se peut

observer dans les cas ou la péri-pachyméningite atteint

un haut degré de développement. Toutefois, dit-il, ce

dernier cas se présente rarement d'une façon durable, et

l'oblitération des artères ràdiculaires seules ne peut pas

apporter une diminution importante de l'irrigation san-

guine. SelonSchmaus, fait non observé avant lui, il faut*

attacher une plus grande importance, dans la genèse des

foyers de ramollissement, à l'oblitération de quelques pc - 1

tites artères de la pie-mère ou de la moelle due àla throm- I

bose ou à des masses emboliques provenant d'artères ra-

diculaires .thrombosées. Très rarement, on a une vraie

myélite parpropagation du processus tuberculeux aux

méninges et il la moelle ; on doit admettre une myélite,

selon Schmaus, seulement dans les cas où il y aune tu-

berculose de la moelle ; tous les autres processus inflam-

matoires qu'on peut rencontrer dans la moelle appar-

SUR LA PATHOGÉNIE DES ALTÉRATIONS MÉDULLAIRES. 1'2J

tiennent une inflammation réactionnelle secondaire au

ramollissement, analogue à celle qu'on a dans la résorp-

tion d'infarctus ; en tous cas, la myélite est toujours pré-

cédée pal' l' oeÜème. 1

Cette conception de la pathogénie des altérations mé-

dullaires dans le mal de Poil a été admise et confirmée

dans ses grandes lignes par les auteurs qui depuis lors

s'occupèrent de cette question. La théorie inflammatoire

de Michaud et Charcot est aujourd'hui presque partout

abandonnée et rcmplacéepar celle qui fait jouer aux trou-

bles circulatoires (oedème, anémie, ischémie) dus à des

facteurs divers le rôle le plus important, presque exclusif

dans la production des lésions médullaires. Le point sur

lequel les auteurs divergent, consiste, ainsi que Pieu (1)

le l'ait observer, dans le rôle qu'on doit attribuer à cha-

cun de ces facteurs en général admis, et sur la modalité

du processus dans la production des phénomènes ; l'ac-

cordsur ce point n'est pas encore fait,; cl peut-être, selon

Pick, ne saurait être à l'heure actuelle obtenu, pour la rai-

son qu'il n'est pas encore démontré si, des altérations

anatomiques identiques peuvent être réellemeut provo-

quées par des facteurs étiologiques divers, et si l'avenir

ne nous réserve pas la possibilité d'un diagnostic piffé-

rentiel

Pour ce qui regarde la compression de la moelle d'ori-

gine osseuse, tous les auteurs sont d'accord pour en ad-

mettre l'existence. Pour Kraske (2) la compression de la

moelle par rétrécissement osseux du canal vertébral se

retrouverait seulement dans 2 % des cas de paraplégie

pottique : toutefois la plupart des auteurs récents, comme

Trekdelenburg (3), Guiral (4), Tillvunns (.il, Stroebe (qui,

sont portés à la considérer comme plus fréquente..Via

vérité, la fréquence relative, dans ces derniers temps,

(1) l'tCn. - H,rn ibuch der. p.J/1z ¡IùgisclzclI Anatomie des ` ! en ;

1'<'11systems, XIX. S. SIG, l3urlin 1904.

{il KIl\SKE. - Arch. f. Kli>i. ]il. XLI. S, SS, 18.11.

( : \) TIIE1WELEIIUI\(J. Cen'.ralblatt sur Chirurgie. 1899. NI 27,

S. Ci.

(4) Guiiial. Bull, de la Soc. J A 111 de Paris. 18 : 19. p,91 : ),

( : ;) '1·rr.r.\(Ar \3. - Archiv j. laliu. Chirurgie. Ilrl. (i9. 1903.

zig) Stroeiie. Handbtrclt, Jel'. l'athol. Anal, des Nervensystemu

\'II. S., 737. 1°0·t,

420 pathologie nerveusic. '

des cas relevées de compression médullaire par sténose

osseuse du canal vertébral, confirme cette manière de-

voir ; CHIP\t'LT (1)'la rcncontreune fois sur 5 cas de pa-

raplégie pottique (section totale de la moellc par arête

osseuse) ; G u usa Licite deux cas de compression osseuse

dans lesquels l'étranglement de la moelle se faisait par

des fragments osseux morbides. restes des dernières ver-

tèbres supérieures, repoussées devant lui parle segment t

inférieur dans le canal vertébral. Guibal pense aussi' que

le mécanisme de la compression osseuse ne doit pas être

rare. -puisque ces doux pièces ont été recueillies sur un

petit nombre d'autopsies, inférieur il 1(', pratiquées sur

des pottiques à paraplégie persistante.' Deux cas d'effon-

durement vertébral de la' colonne dorsale avec destruc-

tion complète de la moelle à ce niveau ont été commuai-

quéspar CROCQ (2) : Fickler ( : ) observe dans 2 cas sur 20

la paraplégie duc à une compression, osseuse. Un cas in-

téressant décompression par arête osseuse a été publié

par LONG et 1 : 1CHARD (4) : dans ce cas il n'y avait pas de

1)tellyiiiéiiiiigitc,' et bien que l'arête osseuse ait porté sa

pression sur un point limité de la moelle, elle a engendré

non seulement des lésions locales mais encore des lésions

il distance par l'intermédiaire de troubles circulatoires

(stase et oedème). Cette manière d'agir de la compression

osseuse principalement par des troubles circulatoires

est aussi invoquée par STROEBE (/. c.) pour les cas, non

rares, ou la sténose du canal vertébral produite par la

dislociation des corps vertébraux n'est pas assez forte

pour comprimer la moelle sur la paroi dorsalcdu canal,

mais où la moelle est incurvée au niveau du sommet de la

cyphose, fortement tendue sur les parties postérieures des

corps vertébraux disloqués en arrière, ou même sur un

seul de ces corps s'avançant dans- le canal vertébral. Il

est indéniable, selon Stroebe. qu'une telle flexion et une

telle tension suffisent pour apporter les troubles de nutri-

, i

(1) (;HtP.ltJI.T.-( : Iriruryir· niédiillaii-e, 1894.

'(2) (litocQ. Journal de Neurologie. 1901. p. 390.

(3) rtca.Hn. Deutsche Zeitschrift sur Ververrlrcillcurrde. fil ! . 16.

s. 1. 1899. '

(·1l Long et MvciiAnn. Revue Neurologique, 1901, n° 7 p. 330.

SUR LA PW'NOGliII; DES ALllIL\110NS MEDULLAIRES. 427

tion capables de déterminer la dégénération des éléments

nerveux, moins peut être par un processus mécanique

direct que par compression vasculaire locale avec oedème

consécutif. Ce fait provient de ce que la compression

s'exerce au début seulement sur. la face antérieure de la

moelle et peut ainsi permettre une certaine circulation

collatérale supplémentaire par les vaisseaux sanguins et

lymphatiques latéraux et postérieurs de la moelle, et cela

jusqu'au moment où la flexion de la moelle devient si

forte que les vaisseaux dorsaux sont eux aussi comprimés

par suite de la tension de la partie dorsale de la moelle.

Tillmanns (/. c.) a lui aussi eu l'occasion d'observer celle

modalité particulière de compression osseuse ou la moelle

était tendue plus ou moins comme une corde sur l'arête

osseuse sans qu'il y ait un rétrécissement important du

canal vertébral. Des cas semblables ont été, après cet au-

leur, publiés par Redakd et autres. Dans son remarquable

travail. Tillmanns attire encore l'attention sur une autre

modalité décompression osseuse de la moelle qui se ferait

dans certains cas de spondylitc tuberculeuse guérie ou

presque, par les néoformations osseuses, calciformes

qui, provenant en partie du périoste, en partie de la

moelle osseuse, fixent la colonne vertébrale il la place

du foyer malade, remplaçant la partie osseuse détruite

par la tuberculose ; par ces cals exubérants, la lumière

du canal vertébral peut être rétrécie et la moelle com-

primée. ' .. , .

On voit donc que les auteurs récents inclinent à faire

jouer à la compression osseuse un rôle plus important et

plus fréquent que celui qu'on lui faisait jouer auparavant L

par réaction contre la théorie unieiste de Louis et Olli-

vicr. Qu'elle agisse sur la moelle, surtout dans les cas de

compression osseuse relativement lente, en partie aussi

par l'intermédiaire de troubles circulatoires, est un fait

qui tend il être admis ; l'observation de Long et Machard,

déjà citée, est une confirmation très évidente de cette ma-

nière de voir.

A part les cas, encore assez rares, de compression di-

recte delà moelle par abcès, la majorité des observateurs.

sont toutefois d'accord, avec Kahler et Schmaus. pour

admettre que le rôle le plus important, le plus fréquent t

- 128 PATHOLOGIE NERVEUSE.

et le premier en date dans la production des lésions mé-

dullaires est joué par la péri-pachyméningitc pur l'inter-

médiaire des troubles circulatoires qu'elle produit, que

lamoellc soit comprimée directement ou bien qu'elle ne

le soit qu'indirectement. Il est vrai, en effet, que la moelle

peut être fréquemment comprimée directement et défor-

mée parles masses fongueuses épiduraleset due la lésion

médullaire, en partie au/moins, relève, dans ces cas, du

facteur mécanique de la compression directe des éléments

nerveux. Mais il ne faut pas oublier, ainsi que l'ont fait

plusieurs observateurs, qu'avant que la péri-pachymé-

ningite ait atteint une , intensité suffisante pour compri-

mer directement la moelle, elle y a produit des troubles

circulatoires. Il est donc évident que,dans les cas dits par

compression directe, un facteur important et certaine-

ment le premier en date des lésions médullaires consiste

dans les troubles circulatoires amenés par la compres-

sion. - (

La compression directe de la moelle, dont l'expression

est la déformation, doit être, parles statistiques données

et par les observations publiées, très fréquente : ScHMu's

(/. c.) observe la déformation de la moelle dans 32 cas sur

52 ; KnASKE (/. c.)dans 5 sur 14, Chipault(7. c.) dans 2 sur

5, dans le travail de 1 lc.rLu (/. c.) on la trouve mention-

née dans 10 cas sur 20 ; de façon qu'on peul à peu près

' admettre, avec Kraske, qu'au moins dans la moitié des

cas de paralysie pottique. la moelle est directement com-

primée. Mais très fréquemment aussi la moelle conserve

sa forme et'son volume normaux ; même elle a un volume

parfois supérieur à la normale ; la péri-pachyméningite

alors agirait sur elle, selon la majorité des auteurs, uni-

quement par les troubles 'Circulatoires qu'elle \,amène.

Ces troubles circulatoires peuvent être d'ordre divers :

stase dans les voies lymphatiques ou veineuses avec

oedème consécutif, anémie, ischémie. L'opinion adoptée

en général est que, dans la plupart des cas, ces fac-

teurs interviennent conjointement pour amener la dégé-

nération des éléments nerveux, dans des proportions

toutefois d'importance variable pour chacun d'eux et

pour chaque cas particulier. Envisageons d'abord 1 ?

dème.

SUR LA PATHOGÉNIE DES ALTERATIONS MÉOULLAIHES. 429

11RASIVG (l.C.), 11RAUS (1), CHIP,1ULT (LC.), \VESTPHAL (2),

Eickler (/ c.), Long et JMACHARD, et d'autres auteurs

ont décrit plusieurs cas où la moelle, parfois augmentée

de volume, présentait les caractères histologiques d'oe-

dème des éléments nerveux déjà décrit par Kalher et

Schmaus. Pour la plupart de ces auteurs, comme pour

Kahler et Sehmaus,l'oedème de la moelle est le fait le plus

important et le plus immédiat qui amène la compression.

Il est ici intéressant de faire remarquer comment la ma-

jorité des observateurs considère cet oedème comme étant t

de cause essentiellement mécanique et dû à la stase lym-

phatique et veineuse produite par la compression. L'hy-

pothèse de Schmaus que l'élément inflammatoire peut

jouer, à lui seul, ou, dans la majorité des cas, avec l'élé-

ment mécanique, un rôle dans la production de l'oedème

médullaire, ne paraît pas être universellement acceptée ;

en effet, certains auteurs; en relatant l'oedème constaté

dans leurs cas ne soulèvent pas l'hypothèse d'un oedème

inflammatoirc.collatéral ; d'autres se prononcent catégo-

riquement contre cette hypothèse. Pour 11RAS(iE (Le.)

« l'exsudat épidural provoque l'anémie médullaire par la

compression directe ou la stase et l'oedème dans la subs-

tancc médullaire par oblitération des. voies sanguines et

lymphatiques ell'érentes ; dans les deux cas. le trouble cir-

culatoire est simplement l'effet mécanique du rétrécisse-

ment d'espace ». Pour CHIPAULT (Le), « l'hypothèse de

Schmaus d'un oedème inflammatoire n'est nullementprou-

vée par les expériences de l'auteur » ; l' oedème parlût plu-

tôt dû, selon lui, à la compression des vaisseaux san-

guins et lymphatiques efférents qu'à l'extravasation de

produits bacillaires, de ptomaïnes provenant du proces-

sus tuberculeux qui évolue dans les vertèbres et dans le

tissu épidural. h'ICrL>;R (/. c.) fait observer à ce propos

que les vaisseaux des parties affectées par la tuberculose

et par lesquels les ptomaïnes devraient arriver à la

moelle, contractentdes rapports très peuimpoilants avec

les vaisseaux médullaires; ils sont, en outre, pour la plu-

part oblitérés par le processus tuberculeux, de façon

(1) IiiAUS.- D.utschs Zeitschrift. f. l;fi1l, .11r ! d" l-II1. 1891.

(2) WEs'n'HAL. )'c/ ! tf./)i)- Psychiatrie. 1898.

430 0 pathologie nerveuse.

qu'il ne devrait pas arriver à la moelle plus de ptomaï-

nes tuberculeuses que dans la tuberculose pulmonaire.' "'

Cet 'auteur n'est pas non plus convaincu de la dé-

monstration que Schmaus a cherché à donner il sa théo-

rie en portant sur'la dure-mère d'animaux de la culture

stérilisée de staphylocoque ou une solution d'ammonia-

que à 25 %, avec lesquelles il aurait' obtenu dans la

moelle les mêmes phénomènes d'oedème que dans la

compression* par masses tuberculeuses. Fickler relève

que les solutions employées par Schmaus ne sont pas des

ptomaïnes' tuberculeuses, mais des poisons si forts pour

les tissus qu'ils peuvent bien nécroser la dure-mère et

agir ainsi directement sur la moelle. ' .

Mais même sur les éléments qui concourent il pro-

duire l'oedème de stase, l'oedème mécanique, il n'y a pas

entre les observateurs un accord complet.

Schmaus (1), dans son traité d'Anatomie' pathologique

publié en 1901, traite' à fond cette question : l'oedème mé-

canique serait produit en partie par la compression et

l'oblitération des vaisseaux lymphatiques et sanguins du

tissu épidural et de la dure-mère, mais en plus grande

partie par le fait que les granulations épidurales compri-

ment la dure-mère contre' l'arachnoïde et la pie-mère et

celle-ci contre la moelle. On aurait, de cette dernière façon ?

une stase dans les espaces lymphatiques sous-arachnoïdien

et épispinal ; comme ces espaces recueillent la lymphe

qui vient des voies lymphatiques péri-vasculaires, péri-

ganglionnaires et adventitiels. la compression des espa-

ces lymphatiques péri-médullaires doit amener en con-

séquence une stase dans les espaces lymphatiques ad-

ventitiels et péri-vasculaires, d'oit une stase dans les

ramifications plus fines du système lymphatique médul-

laire, c'est-à-dire dans les plus petits espaces lymphati-

ques siégeant dans le parenchyme nerveux proprement

dit. Or 1 ? csLa (Le.) ne croit pas qu'on puisse avoir stase

et oedème médullaire par l'oblitération des vaisseaux :

sanguins et lymphatiques du tissu épidural et de la dure-

mère ; en effet, les vaisseaux lymphatiques de la dure-

mère et du tissu épidural sont, il est vrai, en relation en-

(1) ScmJ,\¡;s, - Vorlesungen ùber die l'atholog. Anat. des Rlicke ?

marks. Wieshaden, 1901.

SLR L1 PATHOGENIE des altérations MEDULLAIRES. 4 : 31

tre eux et avec l'espace subdural, mais non avec les es-

paces lymphatiques de la pic-mère et de la moelle, l'espace

sous-arachnoïdien étant complètement isolé de l'espace

subdural; on pourrait de cette façon avoir au maximum

une stase dans l'espace subdural. Scxrlaus, au contraire,

croit que cette stase lymphatique dans l'espace subdu-

ral est capable d'élever encore plus l'augmentation de

pression qui peut déjà exister dans l'espace sous-arach-

noïdien et dans l'intérieur de la moelle, parla compres-

sion exercée par le tissu épidural Pour ce qui regarde

la stase d'origine veineuse, Fickler fait observer que les

plexus veineux et les veines de la dure-mère sont, il est

vrai, en relation avec la moelle par le moyen de petites

ramifications veineuses qui sortent de la moelle et de

la pie avec les racines nerveuses , mais soit à cause de la

petitesse de ces ramifications, soit parce que le sang peut

toujours trouver une porte ouverte, dans les veines de la

pie-mère, riches en anastomoses, Fickler ne croit pas,

que l'oblitération même de nombreux petits vaisseaux

veineux en relation avec le système veineux spinal par la

voie des racines puisse produire une stase dans la moelle.

Pour Schmaus, cette oblitération aurait, au contraire,

.une certaine importance, car elle pourrait augmenter

l'action de la compression déjà existante des veines delà

.pie; cette compression possible des veines de la pic-

mère est un autre facteur de stase et d'oedème médullaire

sur lequel Schmaus et Fickler ont attiré l'attention. 11

paraît, en effci, ne pas s'agir ici d'une conception pure-

ment théorique, car les chirurgiens ont pu constaterplu-

sieurs fois, dans l'opération de tumeurs médullaires, que

la coloration livide, c anotique de la moelle disparaissait

souvent après l'extraction des tumeurs. , , .

Fickler ne croit pas non plus qu'on puisse avoir une

stasepar compression dans le système lymphatique spi-

nal, formé de l'espace épispinal, des espaces périvascu-

laires et périganglionnaires, où, au moins pour ce qui est

des grandes modifications de ce système. Le fait que,

dans l'organisme en général grâce aux innombrables

communications des vaisseaux lymphatiques entre eux

on a stase seulement si le canal thoracique est obli-

téré. suffit à rendre invraisemblable cette hypothèse.

432 PATHOLOGIE NERVEUSE.

Dans l'élude de ses 20 cas, il a trouvé seulement dans

les cas de forte perte en substance nerveuse une dilatation

dans le domaine du système lymphatique spinal, au

moins pour ce qui regarde ses grandes ramifications ;

cette dilatation ne représente, selon Iicl;ler,ricn d'autre

qu'un oedème e.r l'i1CllO et n'est pas provoquée par une

véritable stase. Où on peut avoir de la stase dans ce sys-

tème, c'est seulement dans ses plus fines ramifications

terminales en communication avec la névroglie : cette

stase est due au ralentissement du courant lymphatique

que la compression sur la dure-mère amène dans les

grandes ramifications du système lymphatique spinal,

et c'est par elle que les libres nerveuses, les cellules et la

névroglie subissent la dégénération oedémateuse.

La dilatation passagère qui peut exister dans les voies

lymphatiques du système pio-spinal (espaces lymphati-

ques adventitiels) n'exerce pas. selonFicklcl', une action

délétère sur la substance nerveuse; cette dilatation et cette

stase initiales s'expliquent par ce fait que la compression

provoque une altération des rapports de pression de la

moelle, d'où dilatation passagère des voies lymphatiques

du système pio-spinal, auxquelles on attribue la régu-

lation des rapports dépression. ,

La théorie, émise par Endehben (1) selon laquelle la cause

fondamentale de l'acdème serait à rechercher dans la pa-

ralysie des vaso-moteurs due à des processus de destruc-

tion de la masse tumorale ou de la substance nerveuse

même n'a pas été accueillie avec faveur.

Mais la péri-pachyméningite n'agit pas seulement par

la hroductiond'unc stase médullaire lymphatique ou vei-

neuse, elle peut agir encore en suscitant des phénomènes

anémiques ou ischémiques dans la moelle. Ce fait sur le-

quel Ziegler, le premier, attira l'attention et auquel il at-

tacha une grande importance, accepté dans la suite, tout

en diminuant sa valeur, par Schmaus. parait, selon les

auteurs récents jouer un rôle assez important et assez

fréquent dans la dégénération des éléments nerveux ;

" (1) Endeiuien. Deutsehe Zcitsehri¡t sur Chirurgie, 'la, S. 201.,

larJ5.

SUR la pathogénie des altérations rIL : DIJLL11RN : 5. je

1 ? -1.. }- 1 .

telle est l'opinion de Hoche (1), C,SSIREtt (2), FICHER,

Piciv (/. c). Nous avons vu que cette ischémie de la moelle

peut être provoquée soit par la compression et l'oblité-

ration des vaisseaux radiculaires, soit, dans les cas où

la compression médullaire est très intense, par la com-

pression des vaisseaux de la pie-mère ou de la moelle elle-

même. Hoche (/. c.) insiste à ce sujet sur le l'ait qu'on re-

trouve fréquemment dans la moelle des foyers de dégé-

nération cunéiformes, à base périphérique, dont la dis-

position analogue à celle qu'on a dans le ramollissement

pur plaide en faveur de leur origine. par l'oblitération

de vaisseaux pénétrant de la périphérie produite par le

processus de compression. Fickler a retrouvé cette dé-

génération cunéiforme dans deux cas ; dans les deux cas

il s'agissait de compression de la moelle dorsale moyenne

comme dans les cas de Schmaus et Scarpatetti qu'il cite.

Le fait que la substance grise dans ,la dégénération

ischémique est mieux conservée que la blanche s'expli-

que, selon Fichier, parce que la substance grise a un ré-

ticule capillaire beaucoup plus riche que la blanche et

parce quelcs artères spinales antérieures ne dépendent

pas, pour leur irrigation sanguine, des artères interver-

tébrales comme les artères spinales postérieures qui,

elles principalement, irriguent la substance blanche.

Une autre cause d'ischémie médullaire, cette fois lo-

cale, parait devoir être recherchée, selon Birr (3), Jick-

ler, Pick, dans les altérations des vaisseaux spinaux mê-

mes,. Burr, en effet, attache une certaine importance à la

diminution de l'irrigation sanguine résultant de l'épais-;

sissement dés parois des vaisseaux spinaux. Si la dégé-

nération hyaline et l'épaississement des vaisseaux se re-

trouvent assez souvent dans les moelles pottiques, elles

n'atteignent, selon Jickler, que dans la minorité des cas

un degré suffisant pour déterminer l'ischémie ; toutefois

il a pu vérifier des foyers de dégénération ischémique

dépendant de ces altérations vasculaires dans environ

un quart de ses cas.

(1) flmatc. .l'f/;N\ ? rP6y ? r/c, XXVIII, p. 510, 18913. 1

(2) < : \SIl1EII.- Ubel' KOIIlPI'Csi<Ol,1smyelitis. Centralblatt. f. fez

Patnol. o. Pathol.Anat., p. 933. 1898.

(3) Hunn. Midical News, 1893, II. pu»-. 539

Archives, 2" série, t005, l. XX. , 28

434 pathologie nerveuse. ,

Contrairement à l'opinion de Schmaus, une cause plus

rare, selon Pick et Fickler, de ramollissement consiste-

rait dans l'oblitération des vaisseaux artériels de la pie-

mère ou de la moelle par thrombose ou masses emboliques

provenant d'artères radiculaires thrombosées par le pro-

cessus d'artérite spécifique qui évolue dans la dure-mère.

Fickler dans un seul cas sur 20 a pu constater ce fait; il

s'agissait ici d'un foyer de ramollissement typique dans

les cordons et cornes postérieures secondaires àl'embolie

d'une artère spinale postérieure.

Quant à la myélite, la plupart des auteurs sont d'avis

qu'on doit admettre, avec Schmaus, qu'il existe une

vraie myélite seulement dans les cas dans lesquels

cette lésion a les caractères spécifiques tuberculeux ;

cette myélite tuberculeuse serait toujours associée, ainsi

que Chipault avec Schmaus l'affirment, à des lésions

arachnoïdiennes et pic-mériennes de même nature ; elle

ne serait que le résultat dela propagation directe du pro-

cessus tuberculeux delà dure-mère àla moelle. Que cette

myélite nettement tuberculeuse propagée au cours du

mal de Pott soit extrêmement rare, le fait est prouvé ;

depuis les travaux de Schmaus, j'ai pu en relever seule-

ment deux cas, un de Chipault (/. c.), l'autre de Philippe

et CESTAN (1). La possibilité de cette propagation a été

prouvée aussi par les expériences de SICARD et CESTAN (2)

qui, par l'inoculation dans l'espace épidural de cultures

très virulentes de bacille de Koch, ont pu, dans deux cas

sur deux, reproduire la propagation de la tuberculose de

la dure-mère aux méninges molles et à la moelle. SiCARDCt

Cestan (/. c) ont prouvé encore que la lésion tuberculeuse,

primitivement épidurale, peut se propager à la moelle

par l'intermédiaire de la séreuse arachnoïdienncnon seu-

lement directement, il travers la dure-mère, mais encore

indirectement, par le cul-dc-sac du nerf de conjugaison,

une fois que la tuberculose s'est propagée au périnévrc.

Il paraît toutefois qu'on peut faire quelques réserves

(1) Philippe et Cestan'. - Principales formes histologiques et his-

togenèse de la myélite tuberculeuse. Société de Nerrrologie de Paris, z

7 décembre 1899.

(2) Sicard et Ces'i . Société médicale des hôpitaux, séance du

24 juin 1904. ·

sur la pathogénie des altérations médullaires. 435

sur la spécificité anatomique comme condition sine qua

non de l'admissibilité d'une vraie myélite au cours du mal

de,Pott.11 est évident que la question de la spécificité ana-

tomique de la myélite tuberculeuse au cours du mal de

Pott ne peut pas être détachée de celle delà myélite tu-

berculeuse en général. Or les études de Raymond, Phi-

lippe et Cestan, Oddo et Olmer et d'autres auteurs sur

les méningomy élites tuberculeuses tendent à démontrer

que cette spécificité anatomique peut être très réduite

ou nulle, sans que la myélite cesse pour celad'être tuber-

culeuse. Ainsi dans la forme de méningomyélitè diffuse

infiltrée de RAYDLOND (1), les tumeurs miliaires sont moins

nombreuses que dans la forme diffuse nodulaire; aucon-

traire.la myélite est presque exclusivement caractérisée

par l'infiltration du tissu nerveux par des traînées d'é-

léments inflammatoires propagés suivant les vaisseaux.

Dans la forme décrite par Piilippe et Cestan (Le) le seul

caractère anatomique spécifique est donné par la ten-

dance à la caséification que par places subit l'infiltration

intense pie-mérienne ; l'infiltration entoure les vaisseaux

artères et veines indifféremment, créant ainsi des péri-

vascularites avec très légère endo-artérite ei endo-plllé-

bite, mais sans thrombose; la moelle est envahie par l'in-

filtration suivant les espaces péri-vasculaires, sans qu'on

puisse constater dans la moelle même ni masses caséeu-

ses ni bacilles. Dans la forme décrite' par ODDO (2) et

OLMRR, l'absence de toute spécificité anatomique est com-

plète ; pas de granulations miliaires, pas de cellules

géantes, pas de caséification. Dans la première, infiltra-

tion cellulaire pure, et dans la moelle, simple pénétra-

tion de l'infiltration par les tractus vasculaires ; toute-

fois, dans le cas d'Oddo et Olmer, la spécificité bacil-

laire de la myélite a été démontrée par les résultats posi-

tifs de l'inoculation. ..

La possibilité dans le mal de Pott d'une vraie myélite

primaire, indépendante de toute lésion méningée, est

prouvée par le cas publié par Philippe et Cestan (/. c.) :

(1) - Des différentes formes des Icyto-rr : yélites tubel eu-

leuses. Revue de médecine. IS86. : 1) OnDo cl - Note histologique sur les myélites tubercu-

leuses. Société de Neurologie, séance du 18 avril 1901.

436 - pathologie nerveuse.

il s'agissait dans ce 'cas de mal de Pott dorsal. En l'ab-

sence de toute pachyméningite ou de méningite, Philippe

a pu constater l'existence d'une myélite très particulière,

constituée par des petits foyers multiples, disséminés

sans ordre, mais avec prédominance dans les cordons

postérieurs et localisés dans la partie dorso-lombaire de

la moelle ; dans ces foyers on retrouve une hypertrophie

colossale des cylindraxes. qui ont un contour ovale et

l'aspect opaque ; les gaines sont altérées, élargies, ne

constituant qu'une mince collerette ; les foyers ne sont

pas en relation avec une distribution vasculaire, les vais-

seaux étant sains ou peu altérés, le tissu interstitiel n'a

pas réagi, il n'y a ni infiltration nodulaire, ni cellules

géantes, ni bacilles de Koch ; au contraire, des lésions

intenses des cellules motrices dorso lombaires. Philippe

interprète le cas comme une myélite disséminée paren-

chymateusc duc très vraisemblablement l'action de la

tuberculine circulant dans la moelle, .. f

Voici donc une nouvelle forme de myélite qui vient

augmenter le polyphol'lllisll1e tle la myélite tuberculeuse :

c'est une forme essentiellement parenchymateuse, dé-

pourvue de tout caractère spécifique anatomique, de

cause toxique, qui pourrait être invoquée aussi bien

seule que conjointement à des troubles circulatoires

d' ordre mécanique pour expliquer des lésions médullaires

analogues survenant dans les cas de mal de Pott où il y

a une pachyméningite. Cette action des toxines tuber-

culeuses a. été invoquée, en effet, par Dupré et DELA-

MARK (1) pour. expliquer les lésions médullaires que ces

auteurs ont rencontrées dans un cas où il n'y avait pas,

il vrai dire, un mal de Pott, mais la constatation très in-

téressante d'une pachyméningite tuberculeuse 1W aar-

rhagique associée il des foyers nécrotiques et héinorrha-

giques de la moelle. Du fait que ces foyers étaient sans

relation directe avec un processus anatomique saisis-

sable (formations nodulaires, amas bacillaires, lésions

vasculaires), les auteurs les interprètent comme résul-

tant de l'action de toxines nécrosantes et vaso-JilataLriecs

tuberculeuses.

(1) Dupiié et Delamare. Société de Neurologie de Pal is, Séance

du 4 juillet 1901.

SUR LA PATHOGÉNIE DES ALTÉRATIONS MÉDULLAIRES. 437

- Il faut toutefois convenir que cette action des toxines,

dans lé mal de 1'ott, pour la production des faits dégéné-

ratifs de ' la substance nerveuse ne laisse pas que d'être

hypothétique et loin d'être démontrée ; au contraire,

les' intéressantes expériences faites par Armand De-

LILLE (1) sur les chiens avec des toxiiies tuberculeuses

nous démontreraient que si les poisons diffusibles du ba-

cille tuberculeux peuvent produire des phénomènes d'in-

toxication de l'élément nerveux, ils ne produisent pas

d'altérations de l'élément nerveux appréciables par les

techniques histologiques que nous possédons actuelle-

ment. '' , ..

On doit toutefois convenir aussi, et les cas que nous

exposons plus loin en sont une confirmation, que, sur le

terrain de l'anatomie pathologique on rencontre parfois

des cas de mal de Pott dans lesquels on ne peut expli-

quer les lésions qu'on rencontre dans la moelle sans

admettre, avec d'autres facteurs pathogéniques, l'action

de l'élément toxique. Ce sont les cas où on retrouve des

lésions nettes d'cedènte médullaire et où la péri-pteliy-

méningite est faible, trop faible, trop limitée à une par-

tie de la périphérie médullaire pour suffire à amener une

stase dans le système lymphatique de la moelle par com-

pression des voies lymphatiques et sanguines efférentes.

Ce sont les cas où on rencontre des lésions destructives

de la moelle, sans déformation de celle-ci, avec une

pachyméningite très faible, lésions que le degré d'inten-

sité de la pachyméningite ne donne pas le droit d'expli-

quer comme conséquence d'un oedème mécanique pré-

existant, lésions que l'absence de toutes lésions vascu-

laircs. uinsi que les bonnes conditions de l'irrigation san-

guine, ne donnent pas le droit d'interpréter comme con-

séquence de troubles ischémiques. Pour ces cas, les trou-

bles circulatoires d'ordres divers qui,dans la grande majo-

rité des cas, suffisent il expliquer les lésions médullaires,

ne peuvent pas être invoqués ou au moins, ne peuvent

pas l'être comme facteur pathogéniquc unique. Il ne nous

reste alors qu'à invoquer; soitisolément. soit avec les trou-

(1) AIl\1 \"ID ])r.Lll,U : , Rôle des poisons du bacille de Koch dans

la méningite tuberculeuse et dans la tuberculose des centres nerveux,

1903.

438 PATHOLOGIE NERVEUSE.

bles circulatoires d'ordre mécanique, l'action des toxines

tuberculeuses, facteur hypothétique, si on veut,' mais le

seul que l'on puisse invoquer, à l'heure actuelle tout au

moins, pour expliquer les altérations médullaires. L'ac-

tion de ces toxines s'exercerait, soit indirectement par

l'intermédiaire de l'oedème collatéral inflammatoire, soit

directement sur l'élément nerveux même. Si on admet

cette hypothèse pour ces cas, on peut se demander si

l'élément toxique ne joue pas également un certain rôle

dans la grande majorité des cas de mal de Pott où les

troubles circulatoires mécaniques semblent suffire à

expliquer les lésions médullaires. Ce serait ainsi l'at-

teinte il la théorie mécanique,au·jôurd'lniipréïonMéraiitu,

des phénomènes médullaires survenant au cours de la'

spondylito tuberculeuse, et l'admission que le processus

inflammatoire qui évolue en dehors de la moelle, sans

produire une vraie myélite dans le vieux sens du mot. a

cependant, lui aussi. une action plus ou moins impor-

tante sur la moelle. L'incertitude dans laquelle' nous nous

trouvons encore aujourd'hui et le grand nombre d'opi-

nions diverses émises par des auteurs de valeur sur la

signification à donner au mot de myélite, la difficulté

de décider si une lésion nerveuse, comme le ramollisse-

ment, est produite par des troubles circulatoires mécani-

ques ou par un processus inflammatoire, rendent encore

plus complexe la question de la pathogénèse des altéra-

tions médullaires au cours du mal de Pott. Ceci d'autant

plus que, dans la plupart des cas, les phénomènes méca-

niques et les processus inflammatoires ou toxiques sont

réunis. Si la question de la participation de l'élément

toxique est encore incomplètement résolue, celle des fac-

teurs pathogéniques d'ordre mécanique est beaucoup

mieux éclaircie. Les études expérimentales, les constata-

tions anatomo-pathologiques de ces dernières années nous

permettent d'admettre que ces mouvements mécaniques

peuvent être d'ordres divers : la compression médullaire

directe, l'oblitération des voies lymphatiques et veineu-

ses efférentes avec stase etoedèmeconséeutifs, l'oblitéra-

tion des vaisseaux radiculaires, de la pic-mère ou de la

moelle avec anémie ou ischémie consécutives ; que ces

facteurs ont, dans la plupart des cas, une grande impor-

SUR LA PATHOGÉNIE DES ALTÉRATIONS MÉDULLAIRES. 439

tance dans la genèse des altérations médullaires, et

qu'enfin, dans beaucoup de cas, celles-ci relèvent des

actions réunies de ces dill'érents facteurs. Pour ce qui est

de leur prépondérance respective on peut admettre que,

dans chaque cas particulier, elle est susceptible d'être

variable, si bien qu'il semble que généralement le rôle

plus important est joué par la stase lymphatique et vei-

neuse avec oedème consécutif. ,

Je rapporte ici l'étude anatomo-pathologique de la

moelle dans 4 cas de mal de Pott. chez des malades

ayant présenté des troubles médullaires. Ces cas ont été

recueillis dans la clinique de M. le prof. Raymond auquel

nous sommes heureux de rendre hommage pour la

bienveillance qu'il n'a cessé de nous témoigner, La

moelle,dans chaque cas, ri. été étudiée au niveau de pres-

que cliaquc segment, par les méthodes suivantes : Pal,

Clieson, Marchi, hématéine-éosine, Nissl. Notre travail

se limitant à l'étude anatomo-pathologique delà moelle,

nous n'avons donné avant l'exposé de chaque cas qu'un

résumé succinct de son observation clinique, d'après les

notes prises dans le service. Nous donnons ici, pour ce

qui regarde la colonne vertébrale et la moelle, ce qui

résulte du protocole d'autopsie. ' 4

PREMIER cas. .\I. IL ? 2j ans. Début de la maladie en jan-

,iel'l ! Iü : 3, par des douleurs vertébrales avec sensation de forte

courbature, irradiant en ceinture H'I'S la partie gauche du clos et.

vers l'épaule gauche, survenant surtout la nuit et persistant

jusqu'au malin. l

En mars 1903, fourmillements dans la jambe el la cuisse droites

qui .s'accompagnent, dans les jours suivants, de failllesso progres-

siw, de raideur et de douleurs avec sensation de brûlure.

Fin avril. Les même* phénomènes apparaissent il. la jambe

gauche. La malade ne peut plus marcher seule : la faiblesse et

la raideur dans les membres inférieurs augmentent progressive-

ment, ainsi que la faiblesse générale.

Juillet. Impossibilité absolue de marcher : les jambes sont

- extrêmement contracturées, la sensibilité dans les jambes est

disparue presque complètement : difficulté à uriner, la malade

est obligée d'attendre longtemps et de faire effort ; apparition

d'une eschare fessiere.

440 PATHOLOGIE NERVEUSE.

Septembre. La rétention disparaît et t'ait, place à l'incontinence.

Egalement, troubles du cûlé du rectum : il y a de l'incontinence

des malières, (IUoiqur le bl'501ll l'n oillll'llell1ent pel'(;U.

Novembre UJO : J, La malade entre il la Salpétriére, service de

M.'IcProf. Raymond. On constate alors : paraplégie spastique

complète (réflexes patellaires exagérés, trépidation epitept,01de.

bilatérale intense, phénomène de l'orteil en flexion à gauche, en

extension à droite) ; troubles sphinctériens (incontinence anale

et W sicalu) : sen : iltililt; tliminmc sur foule l'étendue des mem-

bres inférieurs pour toutes les sensations ; pas de gibbosilé. Mort

le 27 mai 1904. ' .

Autopsie.' Pas de déformai ion vertébrale ; carie vertébrale

caséeuse des plus évidentes au niveau de la ;»<-, 3e, 'Le \el'Ièlll'l

dorsale; les lames vertébrales sont intactes, les corps '1'I'l('IH'au,

sonLereusts U'anl'racfosiLs mmvplies ile maLiilu caseu5c,ytai.

sans abcès ossilluent. Grosse ] ? ri-par)meningit,e il ce niveau

même, entourant la moitié gauche de la moelle ; la masse

constituant le tissu épidural est un tissu lardacé, et l'orme com-

me un Ilemi-mandlOnljui ,a l'n s'cl'lilanl il 5/'5 deux ? \II'¡"llIiU'5

supél'ieurc et inf ? Ípul'e pl qui s'étend en hauteur à peu près du

4'- au je segment dorsal. Au niveau le plus épais il, mesure

1 ce. 1/2 en largeur : la moitié gauche de la luullu asulti dans

son segment antérieur une compression par un bourgeon

correspondant du tissu épidural qui l'ail que la convexité nor-

male de la moelle est remplacée par une dépression. Aucune

adhérence entre la dure-mère et la moelle. Kace interne de la

dure, cavité araclutoulienue, pie-mère, partout d'aspect normal.

Dans les segments médullaires au-dessus ,et au-dessous de la

ltéri-ltach méniniLc, rien de visible que les dégénérescences

secondaires. -

Rien d'anormal au cerveau. Tuberculose pulmonaire.

Examen histologique. Le tissu épidural est un li*su de granu-

lation, dans lequel il yatptetques points de caI"ilicaliod 1111 lH'u

avancée et qui contient de nombreux- tubercules typiques. Les

vaisseaux,'assez nombreux, sont congestionnés : leur paroi est

parfois légèrement épaissie, mais n'est pas inlilll,t;p ; seulement

quelques vaisseaux présentent une très légère inlilUalinn 1W i-

vasculaire. ·

La dure-mère est légèrement épaissie dans sa moitié gauche

correspondant au tissu épidural tuberculeux ; quelques laines

plus externes ont été envahies par le ( issu de granulation, mais

c'est une infiltration qui ne s'étend pas loin la dure-mère lui a

bien résisté, elle conserve la structure librillaire et est bien dis-

lilll'll', l'n génél'tll, du tissu épidural. On retrouve quelques ce)-

lules embryonnaires, peu nombreuses dans les espaces Ij III ph a-

tiques de la dure-mère ; nulle part on ne retrouve des cellules

Sl'R LA PATHOGÉNIE DES ALTERATIONS MÉDULLAIRES. 411

géantes. Vaisseaux très légèrement épaissis, plutôt congestion z

11l"S; all infiltration ni dans les parois ni en dehors.

Jlèl11nges. - Il n'y a pas de symphyse entre la dure, les mé-

ninges molles et la moelle. L'arachnoïde est légèrement épaissie,

surtout, dans sa partie antérieure, mais ne présenle ni prolifé-

ration de l'emloLltliunt, ni inlillralion cellulaire.

La pie-mère, très légèrement épaissie, a sesveines fortement

remplies de sang, à parois légèrement épaissies, mais, comme

11'5 arlt"rl's, "ans inliltmtion einbrvonnaire. Les artères de la

pie-mère sonl pour la plupart vides, il parois un peu épaissies,

exclusivemenlaux dépens de la tunique externe et moyenne; leur

ImiIil'¡'1' l'st plulôt dilat{'e <JlIl' rétl'{'eie.

Dans le» racines les vaisseaux, surtout les veines, sont conges-

fi01l11l\I'S ; lem ? parois sont sclérosées plus que dans les autres

endroits, mais largement perméables. Aucun signe d'inflamma-

tion dans les vaisseaux radicntairesni dans les racines mêmes : ,

bien conservées à droite, à gauche elles présentent des lésions

d'inlensilé variable consistant dans la disparition de libres ner- ? uses et la prolifération correspondante du [issu interstitiel.

La moelle au point maximum de la compression, où la péri-

pachyméningite est le plus fortement développée, est réduite

d'un tiers de son xoluine : elle présente dans sa moitié anté-

rieure gauche une concavité assez forte due à la compression par

r un bourgeon du tissu de granulation épidural ; les attires par-

fies de la périphérie de la moelle sont convexes, pas déformées.

Même 'un fort grossissement ne permet pas de reconnaître une

différenciation de la substance grise d'avec la blanche, car de la

partie centrale de la moelle il ne reste plus qu'un tissu vaguement

aréolaire, à mailles très larges, dans lequel on distingue difficile-

ment quelques rares libres isolées : il y a des points où la raré-

fartion lcs lilno·. cl ili· la nvro,lic eL si forte yu'à un failtle

grossissement on a l'impression d'espaces vides. La substance

blanche est encore discrètement conservée à la périphérie, sur-

tout, à la périphérie antérieure ; dans celle zone périphérique

qui fl'appe déjà macroscopiduemunt par sa pâleur (au Pal),

beaucoup de libres onl disparu, en laissant les mailles de la

néwonlie, pour la plupart dilatées, xides ; il y a en outre une

abondance de gaines 11l élinique gonflées, se colorant mal au

Pal, parfois en voie d'évidente fragmentation ; souvent on ren-

contre des cylindraxes hypertrophiés occupant à eux seuls des

mailles dilatées de la névroglie. ou entourées par une gaine

myélinique gonflée aussi, très pâle, parfois il peine perceptible.

Dans celle zone périphérique on rencontre encore, au Marchi,

des granulations noirâtres plus ou moins grandes, el. entre elles,

des corps granuleux nombreux*.

Lit uÙ la d¡"g{'llél'aiÍIm dl's lihres n ? 1 pas eOlllpll'lt', c'esl-à-

442 PATHOLOGIE NERVEUSE.

dire à la périphérie de la moelle, il existe un léger degré de pro-

lifération névroglique qui laisse' toutefois, entre ses mailles, de

nombreux vides correspondant à des libres nerveuses détruites

Les vaisseaux,autant dans le sillon antérieur que dans la moelle,

même dans la zone centrale, sont légèrement épaissis dans leurs

deux tuniques externes, mais largement perméables, ¡'¡ calibre

plutôt dilaté que rétréci remplis de sang, surtout les reines :

aucun ne paraît thrombose, aucun ne présente d'infiltration

embrvonnaire ni autour des parois ni dans les parois mêmes :

dans certains vaisseaux il existe une légère dilatation des espa-

ces périvasculaires et adventitiels.

Dans une coupe au-dessous du lieu de compression maximale

et où la pachyméningite atteint encore presque 1 cm. en largeur,

la moelle a son volume normal : elle est toutefois aplatie et

concave, comme la coupe précédente, dans le segment gauche

antérieur de sa circonférence par une profusion du tissu épidu-

ral. La' substance grise se détache assez bien de la blanche ;

celle-ci présente des lésions destructives diffuses accentuées,

moins fortes toutefois que celles rencontrées dans la coupe précé-

dente : la plus grande perte en fibres nerveuses se trouve ici dans

les cordons antero-tateraux sur toute l'étendue desquels la

moelle présente comme un aspect criblé, perforé, qui, à fort

grossissement, apparaît dû à des mailles de la névroglie, pour la

plupart, très fortement dilatées, vides de leur contenu; dissémi-

nées parmi ces ,ides, on observe un nombre encore abondant de

libres nerveuses normales, bien -conservées, el des nombreuses

mailles de la névroglie moins fortement dilatées que les précé-

dentes, contenant un cylindraxe généralement hypertrophié,

parfois très hypertrophié, seul ou entouré d'une gaine m)é)ini-

que également gonflée, se colorant très mal au Pal : certaines de

ces mailles sont remplies presque complètement par le cylin-

draxe hypertrophié, entouré d'une mince collerette formée par la

gaine myétinique. Beaucoup de libres apparemment saines ont

une gaine myélinique pale. > <- .

Dans les cordons postérieurs, la perte en libres nerveuses esl

moins forte, les mailles vides de la'névroglie moins abondantes,

les libres saines, normales, plus nombreuses : on constate toute-

fois à peu près le même état de dilatation et renflement des

mailles de la névroglie et des libres nerveuses décrit dans les

cordons antéro-tatéraux. Des coupes au Marchi montrent la pré-

sence de très nombreux corps. granuleux, surtout abondants

dans le cordon antéro-latéral, et de nombreuses fibres nerveuses

tuméfiées en pleine dégénération, disséminées sur toute la coupe.

La névroglie est discrètement proliféree el les septa épaissis dans

les points où la perte en fibres nerveuses est très inlense ; dans

d'autres points où celle-ci est faible.il semble aussi que les Ira.

SUR LA P11HOGL : NIE DES ALTÉRATIONS MÉDULLAIRES. 443

ée.s de la névroglie soient épaissies, dilatées, sans qu'il, y, ait une

v raiev Ilrolil'ération. interstitielle. Des nombreux corps amyloïdes

sont présents et disséminés dans toute la substance blanche.

Les vaisseaux se comportent comme dans la coupe supérieure.

-Les cellules radiculaires, étudiées au Xissi, montrent presque

toutes une forte clwomatolyse,aec prolongements disparus ou peu

nets : dans beaucoup de cellules le noyau a disparu, et la cel-

lule a alors un aspect homogène ; dans d'autres, il est peu dis-

tinct, à limites peu nettes, avec nucléole peu visible. Les cellules

qui présentent de l'atrophie proprement dite sont assez rares.

Dégénérescences secondaires : Dans une coupe immédiatement

au-dessous de la pachyméningite, au niveau du segment 1)5,' on

retrouve, nettement et fortement, dégénérés, le faisceau pyrami-

dal croisé, qui est séparé de la périphérie par une mince bande

de libres conservées : le faisceau de '1·url : ,sous forme d'une bande

située le long du sillon antérieur.dont elle est séparée par une

étroite bande saine. Eu arrière,cette bande dégénérée n'atteint pas

la commissure antérieure, mais elle en reste séparée par peu de

libres saines : il est difficile de la limiter, antérieurement, car on

trouve, en plus, dans le cordon antéro-latéral. une dégénération

difluse, moins forte que dans le faisceau pyramidal croisé et le

faisceau Uo '1·url : . 'r r '1" ·.. , .1

Dans les cordons postérieurs on retrouve.de chaque côté une

mince bande de faible degeneration qui court.parallèlement iL

la corne postérieure, plus proche de celle-ci que du septum : en

avant, elle rejoint à peine la commissure postérieure; en arrière

elle s'élargit touchant presque la périphérie. Cette zone, dans les

segments sous-jacents, devient toujours pins indistincte si bien

que, au niveau du segment D 10, elle n'est plus visible. -

La dégénération dans le faisceau pyramidal croisé. qui en descen-

dant s'approche toujours plus de la périphérie de la moelle, se

laisse suivre très nettement jusqu'au segment S 2, où la degene-

ration prend la forme d'un triangle avcc base périphérique : au

niveau du segment S 4, il existe encore un éclaircissement dans

la moitié postérieure du cordon latéral. ...

La dégénération dans le faisceau de Turk est toujours de

moins en moins évidente el forte, dans les segments successifs ;

au niveau du D 12, elle est à peine perceptible; au niveau des

segments L 2.'L 3. elle disparaît complètement. Quant à la partie

dégénérée Uilfuse du cordon antéro-latéral,ellediminue,elle aussi,

d'intensité dans les étages inférieurs de la moelle : au- niveau

des segments D 10, D 12, elle n'existe presque plus : on en

retrouve les Lraces dans une légère dégénérescence périphérique

sous-méningée qui part du sillon antérieur et va rejoindre la

zone fortement dégénérée du F Py C ; cette légère sclérose sous-

méningée diminue toujours de plus en plus dans les segments

444 PATHOLOGIE NERVEUSE.

lombaires supérieurs et disparaît dans les inférieurs où tout le

cordon anféro-latéral ne nous montre d'autres zones dégénérées

que celle du']' Py C. , , . "

Immédiatement au-dessus de la pachyméningite, au niveau du

segment D '2, il existe une dégénérescence nette dans le faisceau de

Goll, dans le f. cérébelleux direct el dans le f. de GO\\ ers. La

dégénérescence dans le faisceau de Goll s'étend de la périphérie

il la commissure postérieure ; il existe toutefois dans le faisceau

de Goll une légère bande adjacente, au tiers postérieur du

seplum, plus large vers la périphérie, qui conlienl de nombreu-

ses libres conservées. Faiblement dégénérée aussi, apparaît la

moitié interne du faisceau de ! 1lI1'dach adjacente au septum

paramfdian. Il existe. 'en outre, une légère dégénérescence dif- l'-

fuse dans le cordon anlérolatéral qui, dans les segments supé-

rieurs, diminue progressivement de façon qu'au niveau des seg-

ments C 7, C t ? il n'en existe plus trace. La dégénérescence dans

les cordons postérieurs tend aussi il se réduire de plus en plus ;

au niveau du segment C 8, elle est circonscripte précisément au

faisceau de Goll qu'elle occupe entièrement de la périphérie à la

commissure postérieure : dans les segments C 5, G 4, elle est

réduite aux deux tiers postérieurs du faisceau de Goll. qui est

envahi en dedans du septum paramédian par une mince bande

foncée : cette bande, au niveau des segments C : l, (; '2, devient

plus accusée, tandis que la zone dégénérée occupe dans le sens

antéro-postérieure presclne seulement la moitié postérieure du

faisceau lIe' (i011, sons la forme d'un triangle acheva) sur le

sopLumpostérieur,la, dégénérescence dans les faisceaux cérébelleux

directe et de Gowers se continue à ce niveau... 'r

L'examen histologique des zones dégénérées dans les segments

au-dessus et au-dessous de la pachyméningite ne laisse remar-

quer que les caractères banals de la dégénérescenso secondaire : il

faut toutefois noter que dans les segments situés immédiatement^

au-dessus et au-dessous de la pach) méningite, on rencontre

outre la disparition' des fibres, l'abondance de libres grêles el

une discrète prolifération néxroyliquc dans les zones dégénérées,

puis disséminées parfont, des libres assez nombreuses il gaines et

. cylindraxes tuméfies comme dans les coupes au niveau de la

pachyméningite. Les cellules, à part quelques rares, ou il existe '

une légère chromalolyse, sont intactes. '

Remarques. Les lésions rencontrées dans la moelle au

niveau de la compression maxima (ramollissement

central : à la périphérie destruction moins forte de la

substance blanche avec phénomènes de tuméfaction des

éléments nerveux) peuvent relever de plusieurs -causes.

SUR L4 PATHOGÉNIE DES ALTÉRATIONS MÉDULLAIRES. 445

L'absence complète .de tout élément inflammatoire dans

les méninges molles et dans la moelle même nous font

écarter tout de suite l'hypothèse que la lésion médullaire

puisse être la conséquence d'un processus inflammatoire

ayant évolué dans la moelle.

' Nous ne pouvons pas non plus interpréter celle forme

de myélomalacie comme un ramollissement d'origine

anémique : les vaisseaux sanguins des racines, de la pie-

mère, delà moelle même, outre qu'ils ne présentent aucune

lésion appréciable en dehors d'un léger épaississcmcnl,

sont bien perméables. gorgés de sang ; dans aucun d'eux

il n'existe trace de thrombose, ou d'oblitération, de façon

que nous n'avons pas d'éléments pour admettre que l'ir-

rigation sanguine de la moelle ait souffert d'une façon

assez intense pour amener les fortes lésions destructives

constatées par nous. L'action mécanique de la compres-

sion directe de la moelle par la pachyméningite ne peut

pas, au contraire, être niée ; dans son quart antérieur

gauche la moelle présente, en effet, une concavité corres-

pondant il un bourgeon du tissu épidural ; la moelle

est aussi diminuée d'un tiers de son volume. Cette dimi-

nution de volume très probablement relève plus de la

perte centrale complète en tissu nerveux que de l'action

directe de la compression ; en effet, non seulement la

moelle, au lieu oil la pachy-méningite est plus fortement t

développée, ne présente d'autre déformation de sa péri-

phérie que celle décrite dans son quart antérieur gauche,

mais encore, plus en bas, oil la pachyméningite atteint

un degré encore très considérable et où la perle en fibres

nerveuses est moins forte, la moelle, bien que présentant

la même déformation, la même concavité dans son quart

antérieur gauche, a son volume normal et presque supé-

rieur. On ne peut donc invoquer, croyons-nous, celte

compression mécanique directe qui s'exerce sur un point t

limité delà moelle et y produit une déformation, tout il

l'ait localisée au lieu de compression, comme la cause

unique où prépondérante des fortes lésions destructives

qui sont. non localisées au lieu décompression, mais dif-

fuses il toute la moelle. Tl faut donc invoquer un autre

facteur étiologique. L'élude histologique de la coupe si-

tuée au-dessous du point oil la lésion est au maximum,

446 PATHOLOGIE NERVEUSE.

montre que, à côté d'une perte diffuse en fibres nerveu-

ses, il existe de nombreuses mailles de la névroglie dila-

tées, de nombreuses fibres à gaine pâle, dilatée, à clin-

draie,, très tuméfié, faits qu'on retrouve aussi dans la

coupe supérieure, à la périphérie de laquelle il existe

encore des fibres nerveuses en abondance, et dans les

segments immédiatement au-dessus et au-dessous de la

pachy-méningite. Ce sont des lésions qu'on peut inter-

préter comme causées par l'oedème de la moelle dû

vraisemblablement aune stase lymphatique et veineuse ;

stase produite par la compression qu'exerce la pachymé-

ningite sur les voies lymphatiques et veineuses e1l"éren-

tes..La congestion veineuse intense, de la moelle plaide

aussi en faveur de cette hypothèse. Les conditions

favorables à cette stase semblent ici bien exister dans le

développement très fort de la péri-pachyméningite en

hauteur et en largeur embrassant plus de la moitié delà

circonférence de la moelle. - ,

Dans notre cas, en résumé, la péri-pachyméningite

nous paraît avoir agi de deux manières : d'une part en

comprimant directement la moelle, et d'autre part et

surtout, en provoquant par la stase lymphatique et vei-'

lieuse 1 oedème de la moelle, à la grande intensité duquel

parait dû le ramollissement central qui existe la où cette

péri-pachyméningite est la plus forte. '

Au point de ,vue des dégénérescences secondaires, le

cas offre quelque intérêt aussi par la dégénérescence de

la virgule de Schultze qu'on a pu suivre presque jusqu'au

10" segment dorsal, la dégénérescence du F Py C, qu'on

suit jusqu'à la région sacrée intérieure, et celle du fais-

ceau de Turk qui descend jusqu'au niveau du 1"' seg-

ment lombaire. Au-dessus, les dégénérescences typiques

ascendantes dans le faisceau de Goll, dans le faisceau

cérébelleux direct et dans le faisceau de Go,vers.

La dégéliéi,itiou diffuse des cordons anléro-latéraux,

soit au-dessous ou au-.dessus de la lésion, et qui dis-

paraît complètement quelque segment après l'interrup-

tion médullaire, est évidemment l'expression d'une dégé

nérescence secondaire touchant les fibres moyennes et

courtes. '

SUR LA PATHOGÉNIE DES ALTÉRATIONS MEDULLAIRES. 447

Deuxième cas. Thérbe li ? 50 ans, rien à noter dans ses

antécédents héréditaires et personnels jusqu'à l'âge de 30 ans,

moment où survinrent des douleurs dans le dos et où elle s'aper-

rut d'une déformation de la colonne vertébrale pour laquelle elle

porta un corset orthopédique. Son mari serait mort tuberculeux ;

jamais d'enfants ni de fausses couches : syphilis niée. La maladie

actuelle aurait commencé en décembre 11.104 par des douleurs dans

les deux bras, mais surtout dans le bras droit ressemblant à des

rhumatismes, continues, maisavec exacerbations paroxystiques,

el par un affaibtisscmentprogrossifdos membres inférieurs, sans

accompagnement de douleurs.. '

Leli janvier, rétention d'urine et constipation opiniâtre qui

cessent quelques jours après. L'affaiblissement des membres infé-

rieurs progressant, la malade s'alite'et entre plus tard à la Sal-

pétrière, service de M. le Prof. Raymond, le 10 février 190.">. On

constate alors une cyphose .non douloureuse à la pression à la ré-

gion dorsale'avec maximum au niveau delà 4° vertèbre dorsale :

paraplégie flasque des membres ' inférieurs : pas de douleurs

dans les jambes : la jambe droite est absolument inerte et ne

peut exécuter aucun mouvement; du côté gauche, sont encore très

faiblement possible l'extension et la flexion du pied. Réflexe

rotulien et achittéen'aboli des deux côtés : phénomène des orteils

en extension nette des deux côtés. Pas d'atrophie musculaire.

Signe d'Argill flohertson à la pupille gauche ; la droite agit

encore faiblement à la lumière, pl'omptemcnt à ¡1'accoml1lotIa-

tion. a

Dans les derniers 20 jours la malade présente des oscillations

très fortes de température : persiste l'abolition des réflexes ; les

trouble» sphinctériens (rétention alternant avec l'incontinence)

apparaissent de nouveau ; développement en même temps d'une

eschare fessière. La malade meurt'le 13 mars, 1 DO ?

i ,

Autopsie : Mal de Pott ancien au niveau de la 4° vertèbre dorsale,

qui est effondrée : les deux voisines sont prises, leurs corps ter-

tébraux sont presque détruits : la cyphose correspondante el

il angle très largement ouvert. Le reste de la colonne vertébrale

semble sain. Au niveau de la 7 ? Ce racine cerv icale, la face anté-

rieure deladure-mère est épaissie el contient à son milieu un gros

tubercule caséiforme, du volume d'un gros pois : de chaque côté

la dure-mère, dont l'épaississement est un peu inférieur à 1/2 cm.,

est très adhérente aux racines. Le gros tubercule comprime la

moelle, qui présente une concavité dans sa face antérieure qui

lui correspond. Pas de symphyse entre la dure,les méninges moi-

les et la moelle. La dure-mère el. la moelle dans tout le reste

de la bailleur ainsi que les méninges molles dans toute la hauteur

de la moelle, sont d'aspect normal. Tuberculose pulmonaire.

448 PATHOLOGIE NERVEUSE.

lÙ'Il/ncn histologique : Le gros noyau central qui se trouve dans

]au)'e-Mtf'')'eestung ! 'os'tui)erculecaseifbrmejn'esentantdes

'masses qui se colorent mal, des points nettement l'1ll.iliéb et

quelques cellules géantes : il est entouré d'une zone d'inflamma-

tion intense. La dure-mère est dans toute, sa face antérieure

nettement tuberculeuse : ses lamelles sont séparées par des traî-

nées inflammatoires : elle présente par places de l'in11llmtion en

lover et des tubercules typiques, abondants surtout dans le voisi-

nage du gros tubercule central. Les vaisseaux durc-mériens sont

très sclérosés, il parois inlillrées, axec inlillralion périvasculaire

discrète : la sclérose vasculaire est accentuée surtout autour du

gros tubercule ou quelques vaisseaux sont presque complètement

oblitérés : la plupart toutefois des vaisseaux sont perméables.

La dure-mère, latéralement, au' niveau des points où les racines

la traversent présente quelques points d'inflammations avec quel-

ques petits tubercules tv piques : la propagation directe de la tuber-

culose aux racines mêmes n'est pas constalahle,

Méninges molles : L'arachnoïde est épaissie, sclérosée : autour

des racines, au niveau du cul-de-sac des nerfs de conjugaison, la

sclérose esl encore plus forte : il y a ici de. l'infiltration embryon-

naire assez abondante qui reste localisée et ne se propage pas en'

dedans. Dans aucun ]Joint il n'y a de svinphyse entre la dure-

mère, l'arachnoïde et la pie-mère : celle-ci esl épaissie, sans pré-

senter aucune trace d'inliltration, sans tubercules : ses vaisseaux

sonldiscrèleinonl sclérosés, mais toutefois largement perméables,

sans inlilll'ation ni dans les parois ni en dehors. Les gros troncs

veineux de la pie-mère, au niveau du sillon antérieur, sontapla-

Lis, vides.

. Les racines ont des vaisseaux légèrement sclérosés, mais bien

perméables, sans phénomènes d'inllammalion. La dégénération

des racines entourées par la pachv méningite n'est pas 1res forte :

on retrouve toutefois beaucoup de libres nlOnilij'orme, quelques

libres sont évidemment fragmentées en boules, quelques gaines

de lclm-ann sont viclus. all'aissés ou contiennent seulement le

cylindraxe, la myéline ayant disparu : le tissu interstitiel est

légèrement proliféré sans excessive multiplication nucléaire.

Moelle : Au niveau delà pacb; méningite la moelle est aplatie

à la face antérieure et présente une concavité correspondant au

gros tubercule de la dure, de façon que la moelle est, un peu di-

minuée dans son diamètre antéro-postérieur et augmentée dans

le transversal. Un distingue encore, bien que moins nettement

que normalement, la substance grise de la blanche. Au Pal il

apparaît déjà il l'a-il nu que la substance blanche iL souder ! ; on

la voit, en et)'et, décolorée sur toute la section, mais avec prédo-

minance dans la moitié antérieure des cordons postérieurs et

SUR LA PATHOGÉNIE DES ALTÉRATIONS MEDULLAIRES. 140

dans les cordons latéraux) A un fort grossissement,ce qui frappe

surtout c'est une dilatation très forte des mailles de la névroglie.

Cette dilatation des mailles est <lïn tensité, ariable et sur un même

point on en constate les différents degrés ; entre les mailles dila-

tées on retrouve des mailles normales contenant des fibres nor-

males. Les mailles plus fortement dilatées sont pour la plupart

vide ? ou contiennent des corps granuleuxe ; cet-laines toutefois

renferment 1'1\1 c lindr<l'o.l' nn peu tuméfie. isolé, ou entouré

d'une gaine m\ clinique forlement dilatée, irrégulière, se colo-

rant très mal au Pal. Dans les mailles nv rugliclues moins forte-

ment dilatées on \Uilnnl' gaine myelinique tuméfiée, pâle, el un

cslindraae Lri·slylerlro1111u, rond ou irrégulier.occupanl parfois

la maille presque complètement de manière que de la gaine

ll1\éliniqlH' I('l ! ' seulement comme trace un mince bord noirâ-

tre à la périphérie : dans quelques mailles, il n'existe plus aucun

vestige de la gaine 111 ¡"liniqul' et le cylimlraw tmnélié persiste

sl'ul dans la maille 111"\ l'o ! ,diflll ?

Ces phénomènes de tuméfaction disséminés dans toute la

moelle sont cependant plus abondants ¡'¡ la partie externe du

cordon latéral, dans la moitié postérieure des cordons postérieurs

el dans le cordon antérieur ; dans ces régions, la névroglie ne

paraît pas lvrolilér(·e : dans la partie antérieure des cordons pos-

térieure el dans la partie interne des cordons latéraux où la perte

en libres nerveuses est au maximum, il existe une légère pro-

lifération de la névroglie qui toutefois ne remplit qu'incomplè-

tement les vides laissés par des libres disparues. Des prépara-

lions au Marchi montrent la présence de corps granuleux, assez

abondants, et de nombreuses boules noirâtres de grosseurs diverses,

en partie libres, la plupart toutefois remplissant des libres tu-

méfiées en voie de dégénération.

La substance grise semblé être raréfiée : on y rencontre aussi

quelques fibres épaisses, irrégulières : en général, elle ne montre

pas d'altérations remarquables de sa structure.

Les cellules radiculaires ne semblent pas être diminuées de

nombre : beaucoup d'entre elles ont une forme globuleuse, sans

prolongements ou avec des prolongements peu nets, avec chro-

ll1alulysl' presque complète ; le novau est cependant conservé el

central : dans des rares cellules il est invisible.

Les vaisseaux, lrl'" légL'remen 1 d{'rot's,ont, surtout les veines,

même les plus petites, très congestionnés ; on ne relève aucun

signe d'infiltration ; les espaces périvasculaires, ainsi que les

péricellulaires, ne semblent pas dilatés.

Une coupe faite au niveau de la partie inférieure du cône mé-

dullaire et comprenant toutes les racines de la queue de cheval

montre que celles-ci sont toutes absolument intactes.

Dan-, la moelle sacrée el lombaiiv, il existe, dans les cordons

A nCntvr.s, 2° scric. t. l\. 2a

4.GU ' PATHOLOGIE NERVEUSE.

postérieurs, desdegenerations qui, sans être forte ? sont toutefois

évidentes. Dans la moelle sacrée supérieure, existe une illculu-

ration diffuse dans les cordons postérieurs, oui toutefois épargne le

triangle de Gombault et Phillippe, la zone eOI'nu-eomln iS"l1mle d

la zune COl'n lH'adicula il'e,Le ( : 11am p IH) : "I.t'I'u-e.\ ll'rups sont muins

duc') ! ures(j[ucut'eb[ud( ? a.xun(id.6fn ? tie : t'eLt.e zone prend à peu

pl'ès la fOl'med'ull ql1acldlatèl'e occupalllla pal'tie médiane de cha-

tluecortlun.v sommet arrondi, qui s'avance dans la zone COl'nU-COIl1-

misuralu; en arriire, cel(e rono > tcanLu tle cltathte cûLi; tltt sult-

tum pour y comprendre la zone des libres noires du triangle de

Gombault el Philippe. Au niveau des segments LÔ-L4, la dégéné-

rescence des cordons postérieurs, tout en respectant la zone d'en-

t.r6cdt ? ['acint ? csLpiUt.tHf)u&( ? ("-(;itan)pspusL61'o-c.\t.ei'ne ! -t't

les zones cornu commissurales sont plus paies que dans les cou-

pus précédentes : cofnpictumcnf respecté est toutefois un faisceau

de la moelle s'étend jusqu'à l'union des deux tiers postérieurs

wrcle Liera antériuur llu sepLum.1u nivcau tlt ermunls L` ? -LI,

le faisceau central conservé reprend une forme à peu près trian-

gulaire, à cheval sur le septum ; comme dans tous les segments

étudiés, la zone cornu-radiculaire est intacte : les champs poslé-

ro-externes deviennent à ce niveau plus foncés, ainsi que la zone

cornu-commissurale qui, surfout dans le segment L1 ? enriclli(lu

libres saines ; la zone dégénérée occupe de préférence, dans celte

région, la zone radiculaire moyenne. Dans la moelle dorsale, la

dégénérescence se laisse suivre très difficilement : il existe une*

très légère décoloration tlilfuse, qui dans la région dorsale supé-

rieure semble se limiter au faisceau de Goll. Mais le Marchi ayant

été négatif, les renseignements fournis parle Pal ne suffisent pas

pour se prononcer sur l'intensité et la délimitation de cette dé-

générescence.

Dans toute la moelledorsale, ainsi que dans la sacrée et la lom-

haire, les racines postérieures, soit dans leur trajet sous-arachnoi-

dien.soit au niveau de la zone d'entrée, sont intactes ; les collatéra-

les réflexes sont lrès abondantes, la zone de Lissauerne parait pas

raréfiée, non plus que le réseau myélinique de la colonne de Glarke.

A tort grossissement .les zones dégénérées de la moelle lU1l1 ho-a-

cree montrent une diminution en libres nerveuses, beaucoup de

libres grêles ; auGieaoti une légère prolilération névroglique pa-

rait évidente.

Dans les cordons antt;ru-IaLraw.nu-Ileuumle la pachyménill-

gite, on ne remarque rien d'anormal au Pal (>leson ; au Marchi

seulement, on observe des grains noirs peu nombreux existant

seulement dans le cordon latéral et. dans ceiui-ci, seulementdans

le cltamlt Ilu Iv.f'v ( ? l'oute Iesuiit au-t;c·tt· It : la lnsion, vlan·

le segment Cu, il e.\ill' une tl('culorution tlislI'èle, tlil1'tI",I' des cor-

SUR L1 PATHOGÉNIE DES ALTÉRATIONS MÉDULLAIRES. 451

dons postérieurs qui a son maximum dans leur moitié antérieure ;

au niveau du 3- segment cervical, légère décoloration presque

limitée au faisceau du Goll. - ' .

Les cellules radiculaires au-dessous et au-dessus de la lésion ne

présentent pas des lésions dignes d'être nuL(·e· : quelyuos cellu-

les l'Il chl'uJ1latulye légère ; cellulc de la colonne (le iii-

Lactés. · ' ·

La pie-mère est légèrement épaissie sur toute la hauteur de la

moelle.

Les vaisseaux n'()/ll'ent,tlall la muelle 10J1lbo-acl'ée et dorsale,

aucune particularité. ' . '

Remarques. Cç cas offre plusieurs points intéressants

à considérer. C'est d'abord l'existence d'une pachyménin-

gite tuberculeuse sans tuberculose osseuse correspon-

dante.Les cas de ce genre sont fort rares : SCHLESINGER (1)

en cite quelques rares exemples ; outre'ces cas, le cas

déjà cité de Dupré et Delamare et un cas publié par 111.-

neberg (2), je ne sache pas qu'il en existe d'autres dans la

littérature. Dans notre cas, toutefois, il faut faire des ré-

serves : en premier lieu,parce qu'on n'a pas scié les ver-

tèbres cervicales inférieures qui semblaient macrosco-

piquement intactes, ni fait l'examen histologique du pé-

rioste correspondant : en deuxième lieu parce qu'il exis-

tait une carie au niveau de la o-4-5e vertèbre dorsale,

d'oit 1 infection a vraisemblablement atteint la dure-mère

cervicale inférieure par les voies lymphatiques épidura-

les. On doit cependant remarquer il co propos qu'iln'exis-

tait pas d'épiduralite mais une pachyméningite simple.

Au niveau de celle-ci, nous avons constaté l'absence de

tout signe d'inflammation, tant des méninges que de la

moelle : nous avons, il est vrai, constaté au niveau des

racines une infiltration embryonnaire de l'arachnoïde,

mais cette infiltration reste localisée strictement au cul-de-

sac arachnoïdien; en dehors de ce point les méninges ne

présentent aucun phénomène inflammatoire. Dans la

moelle, à côté d'une raréfaction des fibres nerveuses, il

existe très nettement, encore plus accentués que dans le

(1) SC¡¡LEI1\Gr;Il.- npi(l'n'f' ZUI' Klillik Ml' Huccken lIIal'k,; und \\'il'

h(;ih] ! t)orc ! ).h'n ! )IS9.

(21 llnNcr.iir.Ro. relier Compressions mylitis u,centl'ale Xekrose

los'llucki'ii marks V('1/7 ul, Cellt7'.1blntt, 12° : 3, S. 331.

4tS2 PATHOLOGIE NERVEUSE.

cas précédent, des phénomènes d'oedème des éléments

nerveux (dilatation diffuse des mailles né vrogliqucs, ren-

flement des gaines, hypertrophie cylindraxileparfois colos-

sale, etc.) ' ' , 1

La compression qui s'exerce sur la partie médiane de

a périphérie antérieure de la moelle paraît, ici, avoir

plutôt agi en provoquant un oedème de stase qu'en lé-

sant mécaniquement la moelle. .

Pour ce cas aussi.' il est vraisemblable qu'on peut écar-

ter les phénomènes d ischémie comme cause des lésions

médullaire s,soit parce que celles-ci ne correspondent pas

aune distribution vasculaire quelconque, ne se présentent

pas sous la forme de ramollissement, mais sous la formc

d'une perte discrète diffuse en libres nerveuses. soit par-

ce que les artères méningées,radiculaires et médullaires,

se sont montrées partout largement perméables et rem-

plies d'hématies normales. '

La constatation anatomique la plus saillante n'est pas

ici représentée parla diminution en fibres nerveuses, mais

parles phénomènes d'oedème due la moelle. Si l'on peut ad-

mettre que la compression qui s'exerce précisément au

niveau du septum antérieur où se trouvent les gros vais-

seaux veineux de la pie-mère aplatis et vides, concourt

à la production de la stase lymphatique (la forte con-

gestion veineuse constatée dans la moelle en serait

un argument favorable), on ne peut pas admettre que

cette compression veineuse partielle suffise, à elle seule,

à expliquer 1'oedème.

11 faut rechercher un autre l'acteur écologique ; il est

très peu probable que ce soit la stase dans le système

lymphatique spinal produite par la compression, ' ou

même un ralentissement de courant dans les plus gran-

des voies de ce-1 système. La compression, en eil'et, peu

forte et limitée à la partie médiane de la face antérieure

de la moelle, ne saurait produire une telle stase, un tel

ralentissement du courant lymphatique : faut-il donc ad-

mettre que dans ce cas l'u'dème n'est pas seulement d'o-

rigine mécanique (compression des troncs veineux anté-

rieurs de la pie-mère) mais aussi collatéral, inflammatoi-

re, d'origine toxique,dans le sens de Schmaus.

Notre cas est intéressant parce que, avec une lésion

SUR LA PArHOGKNOE DES ALTÉRATIONS 'IIDn.L.\IIOES, L\G3

transverse de. la moelle évidemment incomplète, on avait

l'abolition des .réflexes tendineux : des cas semblables

ont été publiés par plusieurs auteurs, et différemment

interprétés. Le manque de renseignements sur l'état

anatomique des nerfs périphériques ne nous permet

pas d'exclure que peut-être l'abolition des réflexes est

due aune névrite par laquelle on pu déjà expliquer

des cas analogues, surtout au cours du mal de Pott : très

probablement, elle n'existait pas, étant donné l'absence

de tout phénomène subjectif ou objeclifde névrite dans

les membres inférieurs. Dans d'autres cas, on a intcr-

prété l'abolition des réflexes comme l'expression d'une

lésion des racines postérieures par des troubles circula-

toires (stase) au niveau de la moelle lombaire. l3.iRTrt.s (11, \,

dans un cas de mal de Pott dorsal avec pachyméningite

et lésion transverse incomplète de la moelle, explique

l'abolition des réflexes patellaircs observée par l'cllet mé-

ca1)iqllc dc la stase dans la partie delà moelle sous-ja-

centc il la lésion. stase qui aurait produit, d'après l'auteur,

la dégénération par lui constatée, des racines postérieu-

res lombaires, surtout dans leur trajet intramedullairc.

Dans notre cas, non seulement une coupe comprenant

toutes les racines de la queue de cheval a montré leur

absolue intégrité, mais les racines postérieures mêmes

étaient sain es,aussi bien dansleur trajet sous-arachnoïdien

qu'au niveau de leur pénétration dans -la moelle; en

outre, la circulation de la moelle lombaire ne nous a pas

paru oll'rir d'altérations appréciables.

La conservation des racines postérieures ne nous per-

met pas non plus d'expliquer l'abolition des réflexes par

l'augmentation de la pression du liquide cc·1>ltalo-raclti-

dien : le signe dcWcstpIml ne peut pas non plus être ex-

plique parla lésion de lapartiecellulairc de l'arc réflexe,

les cellules lombaires s'étant montrées intactes, il moins

qu'on veuille admettre l'opinion par trop hypothétique

de Jendrassik suivant laquelle l'abolition des réflexes

tiendrait il une lésion de la moelle lombaire non déce-

lable par nos moyens d'investigation. Cette lésion serait

produite, selon lui, par des troubles circulatoires dus à

la compression des artères spinales antérieures et posté-

(1) 13 \TI'l'r.I.S, Vel/>'Ologisclles Centrnhlatt, 1902, n° 10, p. 438.

454 PATHOLOGIE NERVEUSE.

rieures amenant l'ischémie et la diminution temporaire

ou permanente de l'irritabilité des cellules : sans vouloir

discuter celte opinion, nous nous borBon s, pOUl' notre cas,

il dire que nous n'avons pas constaté ces troubles cir-

culatoires dans la moelle inférieure. , '

L'hypothèse la plus vraisemblable est que l'abolition

des réflexes patellaires et achilléens peut être bien ex-

pliquée, dans notre cas particulier, parles lésoins ta-

bétilormes que nous rencontrâmes dans les cordons pos-

térieurs, dans la moelle lombo-sacrée. : leur médiocre

intensité, la conservation des racines postérieures, (tes

collatérales réflexes, du, réseau myélinique de la co-

lonne de Glarke. lofait que dans la moelle cervicale Pl

dorsale les lésions du même ordre n'existent pas, ne

nous permettent pas d'affirmer sûrement, par l'anatomie

pathologique, l'cxistenccd'nnvrai tabès, bien que la pré-

sence du signe d'Argill-Roberston plaide en faveur d'un

tabès lombo-sacré incipiens. Cependant ces lésions des

cordons postérieures, qu'on les interprète comme vrai-

ment tabétiques ou comme dues aux toxines tubercu-

leuses ou il la cachexie, suffisent, nous croyons, à expli-

quer l'absence des réflexes rotulicns dans notre cas, où

la lésion cervicale est bien loin d'être complète.

Troisième cas. M. L., 77 ans. Déhul de la maladie, paraît-il, il

1'11ge de 70 ans, par des douleurs si es iv es dans les jambes, il, ca-

ractère de sciatiyuc doublé, et, par affaiblissement progressif dl"

membres inférieurs, qui en 15 jours auraifabouli à une paraplégie

presque complète : en même temps le dos devient douloureux el

la malade commence se courber. Elle entre il la Salpétriére en

1898 ; depuis lors, rien à noter qu'une augmentation de la para-

lysie et des douleurs. Actuellement, en mai 11)04 : saillie verté-

brale très accentuée au niveau (le,la 11-121" vertèbre dorsale,

douloureuse il la pression : douleurs spontanées également : pa-

ralysie presque complète des jambes, réflexes rotuliens forts ;

pas de clonus du pied, phénomène des orteils indifférent : pas de

troubles delà sensibilité (réserves pour l'état mental delà ma-

lade) ; jamais de troubles sphinclériens. Mort le '23 mai 1',)0.

Autopsie. -Carie vertébrale au niveau des vertèbres D10, DU,

D[2, avec cyphose maxima au niveau de la 11° vertèbre dorsale

qui esl, presque complètement détruite ; les restes de celle ver-

tèbre sont repoussés vers le canal vertébral sous l'orme d'un

éperon osseux qui d'ailleurs n'obstrue pas remarquablemenl le

SUR LA l'1'l'HOC,I;NIIr DES 4LTI : RaTIO\S MÉDULLAIRES. 455

canal vertébral même : les corps vertébraux des vertèbres 1)10,1)12

présentent des anfracfuosités remplies de fongosilés. La moelle

suit l'inflexion de la gibbosité et est comme tendue sur l'éperon

osseux, pas mobile, de la 11° vertèbre dorsale ; à ce niveau, la

dure-mère est fixée à la saillie osseuse par des adhérences assez

fortes formées par des fongosités épidurales : la partie dorsale de

la moelle esl libre dans le canal vertébral.

Sur la face antérieure de la dure-mère, iL partir du douzième

segment dorsal jusqu'au premier sacré, il existe unis couche de

1'0n ? uiL¡ ? d'ailll'III'S faillie ; la dure-mère même semble épaissie,

iL CI' ni\eau,t : ("pai,issl'll1l'l1tlutal de la dnre pal'la p('l'i-pach lIH'-

ningite attend son maximum ( 1/ ? cL) au niveau des 2° et 3°segnien[s

lombaires : ici les masses fongueuses épidurales et la pachymé-

ningilr s'('lendent 1111 peu latéralement, englobant des racines il

leur point de sortie dUl'e-I\1{'l'ienne au-dessus et au-dessous les

fongosilés sont présentes surtout dans la moitié gauche de la face

antérieure de la dure-mère, et quelques racines ysont englobées.

Il n'existe pas d'adhérences entre la dure-mère elles méninges

molles, même dans la région occupée par la pachyméningite. La

moelle présente un léger aplatissement seulement au niveau des

(or 1'1"2" segments lombaires ; cel aplatissement qui touche seule

nient la face antérieure de la moelle semble être dû à la saillie

osseuse laquelle la moelle à ce niveau adhérait ; pn elret, dans

la moelle durcie au formol, on voil dans la couche externe des

fongosilés péri-pachyméningiliques correspondant aux segments ' 1

aplatis, l'impression due à la saillie osseuse. Tuberculose pulmo-

naire avec grosses cavernes.

E.ramen hislologique. Dure-mère et méninges molles : Au ni-

veau où la pachyméningite est plus forte (segment L 2, L 3;, le

tissu épidural est constitué par du (issu fibreux peu dense, qui,

à sa partie plus externe, présente par places de l'infiltration et

quelques tubercules nefs, Ly ltillucs : les vaisseaux sont large-

ment perméables, pleins de sang, à parois légèrement épaissies

sans être infiltrées ; seulement, par endroit, on retrouve autours

des vaisseaux quelques cellules allongées. '

La dure est discrètement épaissie, sclérosée sur sa face anté-

rieure el un peu aussi latéralement ; elle se distingue assez nef-

tement du tissu épidural et ne présente ni inlillralion embryon-

naire, ni tubercules; seulement dans sa partie plus interne, où le

tissu de sclérose est moins dense, on aperçoit quelques rares élé-

ments embryonnaires ; ses vaisseaux, il part un épaississement

.très léger, sont absolument normaux.

L'arachnoïde est un peu épaissie, sans point d'infiltration ; rien

à noter dans les espaces sous-arachnoïdiens, pas d'adhérences de

l'arachnoïde avec la pie-mère, qui, considérablement épaissie, a

15G 1',\ 1 HOLOl,¡r : ? ¡;RVE¡;SES,

des vaisseaux sanguins normaux, assez congestionnes, lanl il la

partie antérieure que postérieure delà moelle.

La moelle 101llhairr, oÙ e-\iste la pér'i-pachyméningilp, e,t apla-

tie légèrement il la face antérieure seulement aux niveau des

segments L1,L ? . Au niveau des segments Ll, L2,L : î, la substance

blanche présente des lésions diffuses pas systématisées, pas en

relation avec une distribution vasculaire. Ces lésions diffuses

atteignent dans les cordons antéro-laléraux les 2/3 superficiels,

respectant la partie, profonde : le bord du sillon antérieur est

complètement épargné. Dans les cordons postérieurs, même lé-

sion diffuse occupant l'ensemble des cordons postérieurs avecune

bande plus ou moins large de tissu sain bordant la substance

grise, la zone d'entrée des racines, la pie-mère et la moitié poste-

rieuredt ! spptum : cesontsurtouttes2/ante ! 'ie ! u'settespa ! 'ties

centrales des cordons postérieurs qui sont lésés. A un plus fort

grossissement, on constate dans les zones dégénérées une simple

diminution des libres nerveuses, beaucoup de libres qui se colo-

rent mal, et, entre elles, quelques-unes dont la gaine myélinique

semble un peu tuméfiée ; très rarement on rencontre (les cylin-

draxes tuméfiés. Au Marchi pas de corps granuleux, pas de faits

dégénérai ifs récents des libres. Au niveau des zones décolorées,

léger épaississeménl des sepla et prolifération discrète de la

névroglie.

Dans les segments L ? L4, Il'- It ? icJ1)s d¡"gén("l'al h es dl's cordons

antéro-laléraux sontll1Uill llilruses'; elles prédominent, surtout

dans le segment L ,i, dans le faisceau pyramidal croisé ; dans les

cordons postérieurs, dégénération (li[ruse épargnant la xonecorni-

radiculaire et, en grande partie, le champ ventral. ·

Au niveau du 1er segment sacl'é, où il n'existe presque plus de

pachymunin,ite, les lé·ins onL u 1>eu llri;c disparu dans le cor-

don anléro-latéral, sauf au ni\caudes ? Py(;ouladege ! ie ! 'c.

cence est très nette ; dans les cordons postérieurs, les mêmes lé-

sions que dans le segment L'). Au niveau du 3e segment sacré

rien d'autre noter dans les cordons antéro-laléraux que les ves-

tiges de dégénérescence dans le FP (; ; dans les cordons posté-

rieurs pei'siste une légère dégénération diffuse.

Dans la moelle lombaire et sacrée, la pie-mère est considéra-

Ittementepaissie ; les vaisseaux de la moelle, à parois légèrement

épaissies, sont bien perméables, plutôt congestionnés. Dans au-

cun pointon n'observe de l'infiltration cellulaire. Les vaisseaux

des racines sont légèrement épaissis aussi et plutôt congestionnés.

Les espaces péri-vasculaires, advenlilicls et péri-cellulaires de

la moelle ne sont pas dilatés.

Les cellules de la moelle dans toute l'étendue de la ltach Inn-

ningite sont bien conservées; dans quelques rares cellules seule-

ment les prolongements manquent et il existe une légère chroma-

II( L\ i'\IïIO¡'¡ ? \IE DI : S \[(1 IC : UL\IïO : \S 11 : I>l ! Ll.\lRE, 1 : 1"/ I

totyse, tantôt centrale, tantôt périphérique : ! eno\ : u)esf.dan<

la grande majorité des cellules, visible, central et n'offre d'al-

térations d'aucune sorte. Au niveau du segment D 12, où

existe seutementun léger epaississement de la face antérieure de

la dure-mère, on rencontre à peu près les mêmes lésions diffuses

décrites dans le 1 ? segment lombaire. Au niveau des segments

i)ll,i))0,D8,Iaxone dégénérée des cordons postérieurs tend tou-

jours d'avantage se limiterait faisceau de Goll : les cordons

antéro-laléraux sont de plus en plus foncés, si bien que dans

le segment I) S il existe peine trace, dans ce- cordons, de tade-

I"lll'l'l'cellce l'l'ill'Ollll ? p prililili\l'1111'1l1. I>all le 'l'gmellt lU, <III

1'1'11'UII\e Sl'u ! t'llll'nt l'aihll'lIll'ntdé("néré le faisceau de Goll : au

niveau du segment C8,la ZOlll' de dégénérescence dans le fais-

ceau de Goll, bien que s'élendanl de la périphérie à la commis-

sure postérieure, diminue en largeur clans ses ? /3 antérieurs

par ce fait que des tiix'es'-aines'envaitissentieGnt) en de-

dans du seplum paramedian ; dans le segment G5 est encore plus

réduite en largeur el hauteur et limitée, dans le Goll. àun mince

triangle donllahase périphérique correspond aux '2/3 internes

du faisceau de (;011 'el dont le sommet, antérieur et médian, car-

l'espolld il l'Illlioll dl' : 21;) po,ll;rieur a ? II' 1; : \ antérieur du

seplum. 11

Dans les segments au-dessus Ill' la pacll '1l1<"ni Ili ll', les vais-

seaux son normaux; repais'-i ? ementde ! apie-me ! 'edinH[tue

d'intensité vers le haut : au niveau des segments l)S-D7,la pie-

mère est presque normale. 1

Remarques : En résumé, on a constaté au niveau de

l'aplatissement de la moelle (segm. Ll, L2) des lésions

diffuses de la substance blanche constituées par une sim-

ple diminution en fibres nerveuses ; les lésions diffuses,

qui se retrouvent avec la même intensité dans les seg-

ments immédiatement supérieur et inférieur (D 12, LIS),

diminuent progressivement d'intensité dans les segments

sous-jacents et sus-jacents,pour disparaître complète-

ment : ne disparaissent pas, au contraire, les lésions de

dégénérescence secondaire dans le FPy C et dans le fais-

ceau de Goll. Il faut cependant remarquer la persistance

de la dégénérescence diffuse dans les cordons postérieurs,

au-dessous de la région aplatie de la moelle, même dans

la moelle sacrée inférieure.

Dans l'interprétation des lésions médullaires consta-

tées au niveau de l'aplatissement de la moelle.il faut sans

doute faire jouer un rôle important à la compression os-

458 PXTHOLOGIE NERVEUSE.

seuse; à ce niveau, la moelle était infléchie, tendue sur la

saillie osseuse de la 1 le vertèbre dorsale, détruite, refou-

lée vers le canal vertébral par l'effondrement des vertè-

bres voisines. Que l'aplatissement de la moelle soit dû à

ce fait et non à la pachyméningite est démontré encore

soit par le peu d'intensité de la pachyméningite, soit par

la constatation que dans le segment sousjacent (L3) où la

pachyméningite est aussi forte, la moelle a une forme

normale. Nous avons déjà traité à propos des généralités

de ce nouveau genre spécial de compression osseuse :

notre cas semble en être un exemple évident ; ici, en

effet, la moelle n'est pas comprimée par l'arête osseuse

contre la partie dorsale du canal vertébral ; en ell·et la par-

tie dorsale de la moelle, complètement libre dans le canal

vertébral, a conservé sa convexité normale et la déforma-

tion médullaire se limite exclusivement à sa face anté-

rieure tendue sur la saillie osseuse. La faiblesse relative

de cet aplatissement, le fait que les lésions destructives

de la substance blanche sont diffuses, non localisées au

point de compression, permettent de déduire encore que

la compression osseuse a ici agi plutôt en amenant des

troubles de nutrition diffuses de la moelle, par l'intermé-

diaire de troubles circulatoires, que par action mécanique

directe sur le tissu nerveux. Les lésions diffuses de la

substance blanche dans les segments supérieurs et infé-

rieurs aux segments de la moelle comprimée se laissent

expliquer aisément comme lésion de voisinage : on n'en

peut dire autant de la dégénérescence dilfuse des cordons

postérieurs qui continue en bas, jusqu'à la région sacrée

inférieure. Elles ne peuvent être expliquées par une lésion

des racines postérieures, celles-ci restant intactes, ni

par des troubles ischémiques, les vaisseaux ne présentant

d'altération d'aucune sorte, la lésion ne correspon-

dant pas à une distribution vasculaire quelconque.

On ne peut donc faire que des hypothèses. La première

consisterait à admettre que cette dégénération des cor-

dons postérieurs relève de troubles circulatoires secon-

daires à la compression de même natnre que ceux qui ont

produit la lésion étendue à toute la moelle au niveau de

la compression : le fait que cette dégénération persiste

seule et avec la même intensité là où les lésions même de

SUR T.1 ('.1'IITOGÉVIr DES ALTÉRATIONS vll : Dl't.T.41RS. 41

voisinage dans les cordons antéro-lateraux ont presque

complètement disparu parle contre cette hypothèse.

Dans la seconde hypothèse, il s'agirait de faire jouer un

rôle prépondérant à la cachexie ou aux toxines tubercu-

leuses : en faveur, do ces dernières plaiderait peut-être

l'épaississement considérable *de la pie-mère constaté

dans toute la moelle sacro-lombaire et dans la moelle

dorsale inférieure.

Quatrième cas. A. l"" jt) uns. Début de la maladie en jan-

vier 1 ! )03 par des douleurs dans les reins de plus eu plus vin-

lenles, irradiant en ceinlure, survenant surloul par crises de

lm·udo-nW ral;;it·. 1 ? n nmémllrl· 1903 apparaissent des douleurs

scialiques vives, et, en décembre, une difficulté de la marche pro-

gressive qui en mars 1904 devient complètement impossible. La

malade entre le 10 mars à la Salpclrière ; on constate alors une

paraplégie presque complète avec contracture, réflexes roluliun.

exagérés, clonus du pied bilatéral, phénomène de l'orleil indif-

l'érenl, signes objectifs et subjectifs de scialiqup double, dilllillu-

tion de la sensibilité pour toutes les sensations limitée en haut

par une zone ifltyperesthésie passant au niveau de la \'( ? Ít1l1 IUIII-

baire ('1 hvpogaslrique, saillie 1 ri" peu douloureuse au niveau de

la 12u vertèbre dorsale. .

En avril font leur apparition des IrouiJll' 'phincLt"I'Íl'lIs ? i-

nam 1'1 rectaux (rétention cL incontinence), et une escarre sacrée

qui de jour en j01l1' s'ar;l'audil..\lol't, le 15 Illai 1905.

Autopsie : Carie vertébrale de ! aC'*ft7'' cnli·Imcslou·alos : dis-

crètc péri-parliyméningile fongueuse, lardacée, étendue jusqu'à

la région lombaire l't sacrée supérieure, adhérant exclusivement à

la lace antérieure de la dure-mère, oui parait épaissie. Celle

pachyméningite. n'atlcinl pas 1 ? t cm. d'épaisseur. En ouvrant la

dure on voit les parties de la queue de cheval englobées dans un

tissu grisâtre, qui, en haut aussi, jusqu'à la région dorsale

movenne produit une s/mphysc 1'I111'P les méninges et la dure.

,,La moelle, de volume normal, ne paraît en aucun point al7lali·,

ni déformée.

7Yt))it histologique : dure-mère, méninges molles : A la face an-

térieure de la dure-mère adhère, dans la région lombaire, un tisti

nettement fibreux qui présente cà pI là des placards embrvon-

naires, des cellules géantes nombreuses, quelques 1·Lileslnnmr

ragies, par endroit, quelques rares el discrets points casu·w el

des vaisseaux sanguins nombreux, surtout, à la partie externe

congestionnés. Ces vaisseaux présentent de l'infiltration péri-vas-

cnlaine sans que les parois soient elles-mêmes infiltrées

4mJ 1·.11'HOLOGII : \LR\'I : I°,Sl : .

La tlure-niioc eL (lai"it· au niw·an 1· 1 ultillùralile, c'·l-à

dire à sa lace antérieure : elle est très a·rUari.·ie.,plu, yn· nor

malement, et ses xaisseaux aussi présentent de l'infiltration péri-

vasculaire sans infiltrations des parois. La partie externe de la

dure-mère est en plusieurs points envahie par la tuberculose ;

ses lames sont dissociées par des traînées inflammatoires dans

lesquelles on trouve quelques cellules géantes. Aussi bien l'inlil-

1 l'a lion "llIhr'onlHlil'e que les cellules géantes manquent dans les

parties lal¡"ralp pl 1)(J-I¡"I'ipIU'I' Ill' la dUI'P-llli'I'1' qui f\lItilllpll'-

111PuL et légèrement épaissies.

Le feuillet pariétal de l'arachnoïde, l'espace snus-arachnnidien,

la pie-mère, sont, surloul à la partie antérieure de la moelle. con-

fondues presque à cause d'une énorme inlillralion constituée sur-

fout par des polynucléaires, avec quelques rares points de casni-

licalion. Les racines sont englobées dans ce tissu qui pénètre entre

elles el dans l'intérieur de la racine même sous forme Il'infiltration

péri-vasculaire en suivant les capillaires. Les vaisseaux des ra-

cines sont congestionnés, à parois légèrement épaissies, pas infil-

trées. ,

Les vaisseaux de la pie-mère sont eux aussi congestionnés avec

inlillralion embrvonnaire limitée autour de leurs parois faible-

ment épaissies : leurliunière contient beaucoup de idobules blancs,

mais aucun vaisseau n'est thrombose.

.\ la région dorsale, celle infiltration des méninges molles dinu-

nue progressivemenl : à la région dor-ale, supérieure elle est très

la·tiltle ; v la O·;;ion cervicale inférieure l'infiltration cesse, l'ara-

chnoïde el la pie-mère ont leur aspect normal. Dans la région sa-

crée aussi l'infiltration, bien qu'intense, est moins l'orle que dans

la région lombaire.

Moelle : Au niveau des segments L3, L+, L ? où la pachyme-

ningite est plus l'orle, la moelle n'est pas déformée, conserve son

volume normal : tout le long des vaisseaux qui entrent par le

sillnn anlnrieur c·L parlapurildtérie tle lamoelle,il eviste une inlil-

lralion forte constituée parties polynucléaires, des cellules rondes

el allongées ; l'infiltration est seulement perivasculairo : les vais-

seaux on ! des parois un peu épaissies, leur calibre tend à la dimi-

nution, mais ils restent encore largement perméables, et aucun

d'eux ne paraît thrombose. Les espaces 1)("I'i\llSCulaj¡'eOIlt dilatés

ainsi que les peri-cellulaires.

Dans la moelle l'infiltration cellulaire est limitée autour des

vaisseaux ; on ne retrouve pas de lover d'infiltration indépen-

dant d'eux : il la région dorsale, l'inliltmlion médullaire diminue

d'une manière correspondant il la diminution de l'inlilll'at ion

des méninges molles ; à la région cervicale inférieure elle cesse

complètement. Dans la moelle sacrée l'infiltration est aussi plus

légère que dans la moelle lombaire.

SUR LA LAUHOGLNIL DES ALTÉRATIONS MÉDULLAIRES. zigs

Dans toute la substance blanche. dans les aerm.L3, L'i, Lu), déco-

loration dilrue qui toutefois est plus l'orle dans les cordons pos-

lnimm· eL à la périphérie de.- cordon- anlou-laLnwv ; déjà, àun

faible grossissement dans ces régions, le lia·u lar,til raréfié : il

ici de nombreuses mailles de la nellroglie très dilatées qui

sont pour la plupart xides ou 1( (-Nliii(li-a\e

parfois hypertrophié. Ces \ides sont plus rares vers la partie in-

terne du cordon antérii-laléral, où on voit, l'Onlllle'¡'l la 1)i·nilrlu

rie de la moelle eL dan, lescol'lluns postérieurs, abondamment di.

('l1lin¡"e entre les libre- saines, des mailles de la névroglie moins

coiiteiiziiit une gaine mvélinique tuméfiée, mal l'ulol'll-

hie, parfois à peine perceptible, avec cvlindraxe très h perll'o-

phi{'. parfois remplissant presque complètement la 11lailll' n{'\ 1'0-

gliquo : dans plusieurs de ces mailles, on dislingue seulement le

cylil«Iraw· fu·s iiiiiiélié. Au Marchi on voit, sur loult. la coupe,

des corps granuleux et des irranidalions noirâtres occupant, pour

la plupart, des libres tuméfiées l'II'pll'il1l' dégénération : dans la

substance grise de la moelle on voit aus-i de nombreuses ! ! ranu-

l,llions plus fines, disposées souvent en' série. z

Dans les cordons antéro-laléraux, il existe un i·Ilai..iasen«;nL

léger des septa. dans les cordons postérieurs il v a une vraie pro-

lifération iiévroglique. toutefois légère, abondante surtout dans

les ; ? ¡3 et dans le voisinage du ·cllLum. -

Les racines qui entourent la moelle sont dégénérées d'une l'a-

,;on l ,"g-L'l '1'. presque l'iiiliiii-atioii cellulaire.

Des cellules i-a(li(-ulair-es de la moelle beaucoup se trouvent en

étal de gonflement avec granulations indistinctes ou disparues,

parfois avec vacuolisation nette ; leurs prolongements proloplas-

lI11qIll's sont ordinairement peu nets : le noyau est central ou

périphérique, dans quelques cellules seulement il esl peu nette-

ment distinct du corps de la cellule, tandis tiue le nucléole est en-

1'01'1' hien évident. Beaucoup de cellules sonL très riches en pig--

ment : pas d'atrophie vraie cellulaire.

Au niveau du 2e segm. lombaire la décoloration de la substance

blanche est, dans le cordon anl¡"ro-Iatéral. limitée la périphé-

rie ; dans les cordons postérieurs, elle est aussi plus limitée, es

lend il occuper le voisinage du H'[li um postérieur. Au niveau du

[CI segm. lomhail et au-dl'su,la lésion de la substance blanche

1 t'I"'{'l'nle presque exclusivement le tableau de la dégénéres-

l'l'nCt' secondaire qui, d'ailleurs, quoi que distincte, n'est pas tl'i'"

accusée ; dans le segment Ll,en effet, la dégénérescence se limite,

dans chaque cordon postérieur, à une bande adjacente au septum

qui, partant de la commissure postérieure, occupe la moitié en

largeur du cordon postérieur, et dans le quart postérieur du

·c1L«m; avanl d'arriver la périphérie, s'écarte du aepum lunto

y ménager avec la bande opposée un mince triangle ou les fibres

402 PATHOLOGIE NERVEUSE.

sont pour la plupart conservées : une prolifération discrète de

la névroglie occupe la zone dégénérée. Dans la région dorsale iu-

fi·rimre ut moyennu,la I·inure·cencu a11·cte la form' d'un'

tnianlc v ,nmmel anturieun tunchanl la conauium· et v Ila·e

périphérique ; il n'occupe pas plus que la moitié des cordons pos-

lérieurs en largeur. Dans la région dorsale supérieure, c'est le

faisceau de Goll qui parait licitement, bien que discrètement dé-

généré. Dans la moelle cer icaU', landi· yuc 1t' Gnll cst comltlc-

teme ! iL( ! ei;ene ! 'c'.jusqn'alaco ! njnisuredansIa ! 'e : jion ! tue ! 'ie)a'e,

clans le" eg-Illenls upél'ieul'" lp rlUIIUP de <l1'¡ ! ¡"lIérecl'nce 'élui.

gne peu à peu de la mmnuissuru, i ltima Ilu'au uiwau Ilu 1 ?

eg-m, l'en ical, le ,;oI1lmel du triallde cOI'l'epolldant il la zone dé-

générée louche eulelllentia 1l1Oii il' clu eplulJ1 posléril'ur,

Dans le cordon ant{'ro-Iatéml, au-dessus du segm. LL' ou note

ellleIlH'l1l une légèt'e dúg-{.llél'(Li()n Illill'tdnalp,qui,ttla l't'giOIlCCI'-

\icate,disparait complètement ; au-dessous de la lacly nnninaile,

apartir du segm. S2, légère décoloration dans le l'y C. et dans

le triangle postérieur. '' "

Remarques : L'intense infiltration des méninges molles

par des polynucléaires est très probablement due à une

infection secondaire propagée par l'escarre fessière : cette

infiltration qui se propage à la moelle par les voies péri-

vasculaires rend l'interprétation pathogénique des lésions

médullaires particulièrement difficile. Au niveau des

segm. L : 3,Li,L où la moelle présente le plus de lésions,

celles-ci se montrent sous deux formes : d'une part sous

la forme de perte en fibres nerveuses qui, dilfuse à toute

la moelle, est toutefois prépondérante à la périphérie de

celle-ci et dans les parties antérieures des cordons pos-

térieur s;d'autr e part sous la forme d'oedème des éléments

du tissu nerveux qui frappe surtout les parties centrales

des cordons antéro-latéraux et des cordons postérieurs.

Les lésions marginales sont très vraisemblablement

sous la dépendance de l'infiltration intense de la pie-

mère environnante ; il est au contraire difficile de dire

dans quelles proportions entre la péri-pachyméningite

dans la production des lésions constatées dans les autres

régions de la moelle, à cause de la myélite qui sous la

forme simple d'infiltration périvasculaire s'est ajoutée à

la méningite, et qui peut bien présenter des phénomènes

d'oedème des éléments nerveux. La limitation de tout

phénomène inflammatoire de la moelle à cette simple

SUR LA I ? CHOGI.\I1 : DES ,1LIL : lt : ITIONS MEDULLAIRES. 40o

infiltration périvasculaire propagée de la périphérie, d'un

côté, de l'autre côté l'intensité des phénomènes d'oedème

médullaire nous font croire que l'oedème relève en.grande

part de l'action de la pachyméningite et que la perte dif-

fuse de fibres nerveuses n'est, peut-être, que la suite de

l'oedème de la moelle. Les bonnes conditions de l'irriga-

tion sanguine, la diffusion des lésions destructives, leur

apparente indépendance d'une distribution vasculaire,le

développement peu intense de la pachyméningite qui ne

déforme en rien la moelle, écartent, enell'et, l'hypothèse

que la perte en libre nerveuse relève de faits ischémiques

ou de la compression mécanique directe de la moelle.

La faiblesse de la pachyméningite, sa limitation la

face antérieure de la dure semblent aussi écarter l'hypo-

thèse que l'oedème soit d'origine mécanique : on ne peut

alors l'interpréter que comme un oedème collatéral in-

flammatoire.

Bien que nous ne puissions avoir la prétention de tirer

de l'étude de 4 cas seulement des conclusions fermes sur

la pathogénie des accidents médullaires au cours du mal

de Pott en général, il nous semble cependant que, de

l'étude de ces cas, peut découler quelques réflexions.

Nous voulons dire que si,dans le plus grand nombre des

cas, il existe dans la pachyméningite, les conditions né-

cessaires et suffisantes pour amener des troubles circu-

latoires d'ordre mécanique, capables d'expliquer, à eux

seuls, les altérations médullaires, ainsi que l'affirment

plusieurs observateurs autorisés, il est des cas où cette

pachyméningite est trop faible et trop limitée pour ex-

pliquer par la seule action des troubles circulatoires mé-

caniques les altérations observées. Il faut alors, pour

l'explication de ces cas. invoquer un autre fadeur patho-

génique : et ce facteur ne saurait être recherché avec

plus de vraisemblance, du moins à l'heure actuelle, que

dans l'élément toxique issu du foyer tuberculeux, juxta-

médullaire. Ces toxines agiraient sur la moelle plus peut-

être par l'intermédiaire de 1'(oedème collatéral inflam-

matoire que par une action directe sur les éléments

nerveux. Ce sont ces cas qui donnent à penser que,

même pour ceux où la présence et l'action des troubles

circulatoires mécaniques provoqués par la pachymé-

- 104 PHYSIOLOGII : pathologique.

ningite sont indéniables, celle-ci n'agit pas seulement

comme un corps étranger,indill'érent, mais que peut-être'

elle influence aussi la moelle par l'intermédiaire de ses'

toxines. Même en attribuant, à juste litre, aux troubles'

circulatoires mécaniques un rôle très fréquent et très im-

portant, il ne faudrait pas peut-être,- dans la pathogé-

nèse des altérations médullaires au' cours du mal de

Pott, leur donner une place exclusive et oublier complè-

tement l'action du processus inflammatoire qui évolue

en dehors de la moelle.

PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE

. '1

Le sang dans l'acromégalie et le gigantisme

(.1 1)-OI)OS du travail de -Il. le D Sa7W1'J'ap/lOS) ;

Par le D A. MARIE. `

t

M. le Dr M. Sakorraphos,membre correspondant de

la Société de Médecine de Paris, a envoyé à la Société

un travail original sur un cas d'acromégalie avec gigan-

tisme, examiné particulièrement au point de vue de

l'état du sang.

La Société m'a chargé de résumer le travail de notre

correspondant et d'en présenter l'analyse à laquellej'au-

rai quelques observations complémentaires à ajouter.

Déjà, en avril 100.-), MM. Sabrazès et Bonnes, de Bor-

deaux, se sont occupés, la Société de Biologie (séance

du 15 avril) de l'examen du sang, dans deux types ex-

trêmes d'acromégalie. Le cas observé par M. Sakorra-

phos concerne un malade âgé de 33 ans, qui présenta

réunis les deux états. le gigantisme et, l'acromégalie.

Celait un géant qui avait les mains et les pieds, la

face, la langue énormes, mais en proportion avec sa

taille. Les déformations de la face rappelaient bien l'a-

cromégalie ; il avait, en effet, le menton proéminent et

la cyphose cervicodorsale ne manquait pas. Le front

paraissait bas et faisait ainsi contraste avec les dimen-

sions exagérées delà face. Des troubles visuels comme

Le sang dans l'acromégalie et le GIG.1N l'1SMI : . 4Ü5

le rétrécissement du champ visuel,l'hémianopsie, l'am-

blyopie, complétaient le tableau. La pupille n'était pas

congestionnée, mais on apercevait bien que les bords

n'en étaient pas bien tranchés. L'examen ophtalmos-

copique a été fait par le Professeur Gazepy. Les urines

étaient normales et ne contenaient ni albumine, ni su-

cre. Le malade était atteint depuis onze ans, à la suite

de vifs chagrins. L'intelligence était intacte. Son ca-

ractère a cependant changé, il est triste et déprimé.

M. le Dr Sakorraphos a porté son attention particu-

lière sur l'examen du sang.

« Le sang, disent MM. Sabrazèsel Bonnes, s'écartait

de la normale dans le premier cas par une' diminution

du taux de l'hémoglobine, par une faible leucocytose et

par une lymphocytose relative et absolue très marquée.

Dans le deuxième cas, le taux de l'hémoglobine et le

nombre des globules rouges était au-dessus de la nor-

male, mais la lymphocytose est très marquée et le nom-

bre des leucocytes polynucléaires neutrophiles ré-

duits. »

L'examen de M. le D' Sakorraphos montra une lé-

gère diminution de l'hémoglobine, qui était due à la

légère diminution du nombre des hématies (4 millions

environ) avec légère diminution du nombre des leuco-

cytes (6 mille). (Dans l'un des deux cas, les auteurs,

MM. Sabrazès et Bonnes, ne disent pas si les hématies

ont été augmentées ou diminuées de nombre.) Les di-

verses espèces de leucocytes garderaient les analogies

entre elles. En un mot, il y avait une légère diminu-

tion de la masse totale du sang, une oligémic (de o ? Yo;,

peu, et "'1 ? sang) sansaucunc disproportion enttc les

éléments cellulaires du sang.

Telle est, en substance, la très intéressante noie de

M. le D' Sakorraphos, d'Athènes.

Ayant en ce moment dans mon service un malade

atteint de gigantisme sans acromégalie,j'ai,a l'occasion

de la note de M. Sakorraphos, pratiqué l'examen de

son sang avec M. Lematte, mon collaborateur.

Voici le résultat de cet examen de sang comparé au

sang normal :

Archives, 2' série, 1903, l. XX. 30

466 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

LE SANG DANS L'ACROMÉGALIE ET LE GIGANTISME. 467

- 60 N.-B. On n'a pas fait la distinction des lym-

Iphocites et des éosinophiles.

t Si nous comparons ces chiffres à ceux donnés par Sa-

brazès et Bonnes, nous dirons que, comme chez leurs

malades, nous avons ici une diminution légère de l'hé;

moglobine (lorcas).

f Ici le nombre des polynucléaires est plus élevé que

'dans les deux cas analysés.

| Le nombre des mononucléaires est normal chez

notre malade. Il ne l'étaitpas chez ceux de Sabrazès.

Je répète qu'il s'agit ici d'un cas de gigantisme sans

acromégalie proprement dite; ce qui pourrait peut-être

expliquer les particularités de ce cas et les différences

qui le séparent au point de vue hématologique des cas

d'acromégalie simple ou combinée an gigantisme.

i Avec un certain nombre d'observations de ce genre,

on pourrait peut-être arriver à l'hématologie différen-

tielle du gigantisme pur et de l'acromégalie d'autre

part, et à pénétrer ensuite plus avant dans la connais-

sance des modifications hématopoiétiques distinctes af-

férentes à l'un et l'autre trouble somatique.

Les prélèvements du sang ont été multiples et nous

avons eu soin de les pratiquer avant ou même après les

digestions, dont l'influence, au point de vue lymphocy-

tique est si notable.

- D'ailleurs, notre cas, bien que caractérisé par du gi-

gantisme sans acromégalie, ne laissait pas que d'êtredes

plus complexes, et pourne pas mettre au compte du gi-

gantisme des modifications du sang qui se pourraient

référer à d'autres causes,nous terminerons par un résumé

du cas clinique correspondant.

- Le malade examiné, M. A. était un jeune homme

de 2 : ') ans-, de deux mètres de hauteur, du poids de 72

Sa croissance exagérée date du début de sa pu-

berté (17 ans) ; il n'a jamais été très intelligent, mais a

toutefois lait quelques études (Ecole d'agriculture). Du

côté de sa mère, la taille est héréditairement au-dessus

de la moyenne (Mère de 1 mètre,'97).Père suicidé.

Le malade a eu une grippe infectieuse il ya deux ans,

ayant entraîné un délire fébrile hallucinatoire aigu

avec anxiété, agile consécutivement, impulsion violente,

468 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

puis état catatonique et; attitudes figées, tremblements

musculaires, hébétude transitoire avec cyanose des ex-

trémités et sialhorrée à l'issue de cette phase, reprise

d'une certaine activité cérébrale délirante de couleur

mélancolique, suicide (hérédité paternelle). ...

A. P. -llTasturbateur. A été traité au sérum marin

durant la phase de stupeur catatonique dont il est sorti

bientôt après. La radiographie des extrémités des mem-

bres ne montre pas de persistance des cartilages de con-

jugaison. La radioscopie du crâne ne décèle pas d'ano-

malie appréciable de la selle turcique. Pas de tuber-

cules pulmonaires actuels. t-

UROLOGIE

1 4 4 REVUE CRITIQUE

Recherches microbiologiques sur l'Epilepsie ; i

'' P,\TI : \1. BHA,

Au commencement de 1902, dans une communication

z l'Académie des Sciences (1), je signalais dans le sang

des épileptiques la présence d'un microcoque qui me

paraissait devoir être considéré comme étant vraisem-

blablement l'agent pathogène du mal comitial. Quel-

ques mois après, un article paru dans la Revue neurolo-

gique (2) complétait cette première note. Depuis cette

époque, des recherches ont été publiées à ce sujet dans

différents pays. Je vais les passer rapidement en revue

et mettre au point quelques questions.

¡ .

M. l3EST.1 (3) à l'examen direct de très nombreuses prépa-

rations (125) ne décela aucun microorganisme. Dans ses cul-

tures (375), il obtint seulement « deux fois des staphyloco-

ques, une fois le coli, une fois le tétragène, une fois un spi-

rille indéterminé ». Aussi, conclut-il que les résultats

positifs de Bra et Chaussé sont dus à une auto-infection d'une

part et d'autre part à des erreurs de technique. Des conclusions

contraires m'eussent été d'autant plus agréables quece travail

a été fait au laboratoire d'anatomie pathologique de l'Institut

psychiatrique de Heggio-Emilia, sous la direction de Al. Ceni,

ardent défenseur, comme on sait, d'une théorie adverse, celle

de l'auto-intoxication.

MM. Lannois et LEslEUR (4) (de Lyon) ont examiné au point

de vue bactériologique le sang des épileptiques en état de

crises. Leurs recherches ont été constamment négatives et

soit dans leurs cultures, soit dans les examens du sang àl'état

frais, ils n'ont jamais trouvé de microbes décelables.

(1) 13a. De la présence d'un parasite dans le sang des épilep-

1Ï([nps, C.-R. de l'Académie des sciences, 6 janvier 1902, et Archives

litiiies. C.-R. de l'Académie des scieices, 6 j-iiiviei- 1902, et A ? -chii,es

de Neurologie,1902, p, 30. c

(2) l3tt. Du parasse trouvé dans le sang des épileptiques. Re-

vue neurologique, ne 10, 30 tuai 1902, pp. 447-452.

(3) l3est,n. -Riccrcbe baltei-iologielie ne ! gangue degli epitettici.

Riv. sperim. di freniatria. 1902, p. 309.

(4) Lannois et LESIEUn. - Examen bactériologique du sang des

épileptiques. Soc, médic, des Hôpitaux de Lyon, 1903, 3 novembre.

470 REVUE CRITIQUE.

Bien différentes des conclusions précédentes son[ celles que

formula M. \V A. Ghiliarowsky à la Société dés europatlho.

logistes et psychiatres deMoscou (1). L'A., chargé par cetteso=

ciété de faire un rapport sur mes recherches,examina le sang

de 5 épileptiques aussi bien au moment de l'attaque que dans

les intervalles. Il fit l'evamen du sang frais, du sang avec co-

loration et des ensemencements sur différents milieux nutri-

tifs. Dans cinq examens, il constata la présence de micro-orga-

nismes correspondant, dit-il, à la description de Bra. Dans

quelques cas, il obtint des cultures pures qui démontrèrent

encore mieux, d'après lui, l'identité de ces éléments avec le

diplocoque de Bra. Le bouillon de culture fut inoculé aux la-

pins, non dans les veines, comme l'a fait B.,mais sous la peau

et en quantité bien moindre. Le résultat fut négatif (avec ces

quantités et ce mode d'injection, il ne pouvait en être autre-

ment),quoiqu'on put constater la présence de ce parasite dans

le sang du lapin. Résultat négatif aussi sur la sou ris.En plus,

on procédaitavec la même technique à l'examen dusang des

psychiques avec ou sans excitation maniaque et l'on constatait

la présence d'un diplocbque absolumentanalogue à celui ries

épileptiques et à celui signalé par Bra. Le rapporteur, dans

ses conclusions,'identifie le neurocoque de Bra au microl'occus

agi lis, lui dénie un rôle quelconque dans la pathogénie de l'é-

pilepsie et indique la présence plus fréquente de ce micio-

coque au milieu d'autres microbes dans le sang des mala- ' *

des qui présentent une activité musculaire extrême. '

Dans la même séance, M. Minot, répondant à M. Moura-

lavv, qui qualifie d'utopie toute investigation- bactériologi-

que sur les comitiaux, M. Minor fit observer que la présence,

dans d'autres états, des micro-organismes trouvés parera, nue

s'opposait pas au rôle joué par eux dans l'épilepsie et qu'en

tous cas, les vues actuelles sur la pathogénie dumorbus sucer . ..

sont loin d'être telles que l'on puisse opposer un noli me tan-

gere à unenouvelleinterprétation. ,

Il ressort, en somme, de la communication de M. Ghilia-

rowsky que, dans cinq examens sur cinq épileptiques;il cons-

tata la présence, dans le sang, de microorganismes correspon-

dant à la description que j'ai faite du neurocoque. L'auteur,

à coup sur, a été moins heureux dans ses ensemencements et

l'identification qu'il essaie d'établir entre ce dernier et le mi-

crococells a< ? le prouve surabondamment. A ma connais-

(1) Ghiliarowsky. (V. A.) Sur la question de la lornsrtoloyie

dans l'Epill'psil', 1903. Obosrénie.P·schiatrie, Neurologie, n" 3, mars

p. 229. Séance de la Société des Neuropathologistes et Pyschiatres,

Moscou, 20 octobre 1902.

- 1

RECHERCHES BIOLOGIQl7ES SUR L EPILEPSIE. 471

sance du moins, il n'existe de ce nom dans la littérature bac-

tériologique que le mic1'OCCllS 1'UbCI' ff;/t/t.s' d'Ali Cohen et le

micnococcles ct/rei. Le premierdonne sur gélose une culture

d'un rose vif, le second une culture crémeuse, visqueuse, de

teinte citrine. Si l'on se reporte à la description que j'ai faite

des fines cultures du neurocoque (1), on ne peut rien imaginer

de plus disparate. Le bactériologiste russea été victime d'une

souillure venue du dehors.

11\I. Tirelli et Brossa (2) ont examiné douze cas d'épilep-

sie essentielle anciens et graves ; ces recherches furent pra-

tiquées au moment de l'accès. Ils liront ainsi *)8 préparations

fixées ou à l'état frais et 58 cultures en bouillon ou gélose

résultats négatifs. Deux fois seulement, il est arrivé aux au-

teurs de remarquer à l'examen du sang frais à peine extrait'

de la veine « des corpuscules nombreux, ronds, de dimen-

sions variées,ne mesurant pas plus de quelques y, offrant l'as-

pect de cocci isolés ou diversement réunis en groupe ou par'

chaînettes de 2- ! f-li articles s'agitant vivement au milieu de

la préparation et mélangés à de nombreux microcytes. » Et,

comme il s'agissait de sang recueilli immédiatement ou peu

après les accès, et que ces granulations « avaient des carac-

tères morphologiques semblables à ceux de Bra », les A. ont

pensé, un moment, se trouver en présence du neurocoque,

d'autant plus que ces formations particulières « furent en-

suite trouvées également dans les cultures correspondantes

en bouillon, quoiqu'en nombre beaucoup plus restreint ».

Seulement les A. ont trouvé qu'elles refusaient les matières

colorantes usuelles « d'une façon presqu'absolue,»,et qu'elles

ne donnaient pas lieu à un réel développement dans le bouil-

lon,qui reste limpide, ni sur agar. Les A. ont alors fait deux

examens : « Le premier à une date éloignée de l'accès, avec

un résultat négatif, même en ce qui concerne l'existence de

ces granulations dans le sang frais ; le second « peu d'heures

après un accès grave et qui donna des résultats positifs quant

à l'examen microscopique », négatifs au point de vue cul-

ture. En résumé, MAI. Tirelliet Brossa ont bien observé dans

le sang de quelques épileptiques des granulations d'aspect

semblable à ce que j'ai décrit, mais, se basant sur leur résis-

tance à la coloration et la difficulté d'obtenir des cultures

prospères, ils se croient en droit de les considérer comme des

fragmentations d'éléments morphologiques du sang.

(1) nllA, Du parasite trouve dans le sang des épileptiques. Re-

vue neurologique 11* 10, 30 mai 1902, p, 4;;0,

(2) TII\ELLI et IJuossa. A proposilo de) neurocco di Dra nel san- ! rue degli cpilpll ici. Riforma medica, Palcnno, 1903, XIX, 934-936.

472 REVUE critique. v

,f t '

J'ajoute que M.Alberto ENTRLcn, médecin de l'hôpital de

Jlazorra (Cuba), m'écrivit qu'en recherchant l'hématozoaire de

Laveran chez ses épileptiques palustres, il avait à plusieurs

reprises observé dans le sang des points réfringents extrê-

mement mobiles dont il ne s'expliquait pas la nature.' A la

suite de·ma première note, il a pu nettement colorer* ces

microcoques, mais n'est pas arrivé à les voir réunis en chaî- i

nettes (1). v, , ? - .

, t ' : i \ ? "- .. J ?

Je regrette de ne pouvoir individuellement répondre

dans cette courte note aux auteurs précités, mais leurs

objections me paraissent, en somme, porter sur trois

points principaux : 1" rareté des cas où l'examen du

sang se montre positif; 2° résistance des éléments « anor-

maux supposés parasitaires » à la coloration ; 3" diffi-

culté d'obtenir de véritables cultures et transparence des

milieux nutritifs, même lorsqu'ils présentent un dépôt

renfermant les « éléments problématiques » renfermés

dans le sang.

Je vais passer en revue ces différentes objections :

. a). Rareté des cas oit l'examen du sang se montre posi-

tif. Cette rareté me semble provenir, je l'avoue en

toute sincérité, des figures et des descriptions qui ont

été données au début. Un schéma trop schématique-

des photographies d'un sang trop profondément infecté

et renfermant, en conséquence, des altérations globu-

laires prêtant à confusion, une trop large place faite à la

description de formes anormales qui sont des formes

(1) Il n'est question ici que des travaux postérieurs aux miens.

Antérieurement, il n'existe il ma connaissance que les très intéres-

santes recherches de MM. J. Voisin et Petit (L'épilepsie, Paris 1897,

pages l39-Lo). Sur 9 examens du sang pratiqués sur 5 épileptiques

ayant des accès en série ou du délire, un seul examen a paru posi-

tir : « En quelques points, il semble y avoir sur ces préparations

colorées par la méthode de Grain quelques cocci isolés ou en di-

plocoques. » ,

En culture, les A. ont observé deux fois un petit bacille court à

bouts arrondis et presque toujours des cocci qui semblent être,

disent-ils, des staphylocoques du genre nlhus, le plus souvent. El

défait, la description des cultures parait cire en faveur de celle

interprétation; mais, il nie semble bien que dans certains cas, chez

les malades Souo.. el ,J"cQ" notamment, MM. Voisin et Petit ont,

peut-être, cultivé le neurocoque et non, comme ils le pensent, un

staphylocoque banal.

recherches MlcnOBlOLOG1QUES, sun l'épilepsie. 473

d'involutinn ou résultent de la coalescence des éléments

très simples du parasite et. n'existent pas ea réalité, tout

cela a contribué, sans doute, à ce que l'on s'attendit à

trouver, à l'examen du sang, autre chose que ce qui est.

Aussi, je crois utile de remettre les choses au point et je

précise :

Les formes du neurocoque dans le sang se réduisent à

ceci : cocci isolés ou en diplocoques ; en moins grand nom-

bre et plus rarement' courtes chaînettes de 3-4-6 grains.

Dans des leucocytes, grains isolés ou en diplocoques.-

Cocci et diplocoques peuvent aussi se présenter sous forme

de ooglées, de petits amas plus ou moins régulièrement

arrondis comme s'ils provenaient de globules parasités dis-

parus. ' ( '1">. 1

La figure schématique ci-dessus rend assez exacte-

ment compte de ce que l'on rencontre le plus ordinaire-

ment dans le sang des épileptiques.

Comme je l'ai fait observer, il ne faut pas s'attendre à

trouver régulièrement des, éléments parasitaires. Lors-

qu'ils existent, il ne faut pas non plus s'attendre à trou-

ver constamment réunis cocci, diplocoques et chaînettes

Fixe. 23. Les éléments du neurocoque dans le sang comitial.

Cocci isolés et diplocoques, courte chaînette. Leucocyte renfer-

mant des grains isolés ou en diplocoque.

474 revue critique.

dans une même préparation. Ils peuvent n'exister que'

par unités et il faut souvent faire plusieurs préparations'

avant d'en rencontrer un seul. Cependant, je ne crois'

pas trop m'avancer en posant en principe que, lorsque

les crises ne sont pas très espacées, on est toujours sûr

d'avoir des examens positifs à un moment donné. L'es-

sentiel est de répéter les prises de sang. Les épilepti-

ques cachectiques il vertiges continuels, montrent une

infection presque permanente. -

Je rappelle que pour l'examen du sang, les prélève-

ments par piqûre du doigt ou du lobule de l'oreille suf-

fisent. La ponction intra-veineuse n'est indispensable

que pour la culture.

On peut opérer les prélèvements sur les épileptiques

bromurés ; la suspension des attaques déterminée par

les bromures alcalins ne paraît pas due à une action mi-

crobicide.

b) Résistance des éléments « anormaux supposés para-

sitaires » à la coloration. Les parasites dans le sang

se colorent, il est vrai, insuffisamment par les solutions

simples de bleu de méthylène, mais cela n'a rien de bien

spécial. La thionine phéniquée les colore parfaitement.

Seuls restent colorés en bleu les éléments parasitaires

ces derniers sont nettement teintés et aucun doute ne

peut subsister quant à l'interprétation.

c) Difficulté d'obtenir de véritables cultures et transpa-

rance des milieux nutritifs même lorsqu'ils présentent un

dépôt renfermant les « éléments problématiques rencon-

trés dans le sang. On sait la difficulté que présente

généralement la culture des microbes contenus dans le

sang et qui provient en partie de ce que le coagulum

fibrineux emprisonne dans ses mailles les éléments mi-

crobiens. Dans l'épilepsie, comme dans les infections du

sang en général, de fréquents insuccès paraissent dus à

ce processus fibrineux. La culture dans le sang même du

malade, préconisée par MM. Roger et Weil dans la va-

riole, par M. Lignières dans la Tristeza et par M. Le-

mierre dans différentes affections, permet de tourner la

difficulté et donne des résultats plus constants que l'en-

semencement direct, même en grande quantité, du sang

recherches MICROI3101.OGIQ1 : 1 : S sur l'épilepsie. 475

en bouillon ordinaire. Le procédé dont je me sers est

celui-qu'emploie M. Lemierre (1). On prélève chez le

malade, par ponction d'une veine du pli du coude, au

moins cinq centimètres cubes de sang. On vide le contenu

de la seringue dans un tube d'assez fort calibre conte-

nant quelques perles de verre et l'on défibrine immédia-

tement le sang en agitant le tube pendant cinq minutes.

On porte ensuite à l'étuve. De vingt-quatre heures en

vingt-quatre heures, on prélève une goutte de sang dé-

fibriné qu'on examine après étalement sur lame et colo-

ration. On est, du reste, averti de la croissance en masse

des microbes par le changement d'aspect du sang qui,

de rouge qu'il était, prend une teinte brun-sale. Cette

culture dans le sang défibriné sert à ensemencer des

tubes de bouillon neutre ou alcalin. '

- Comme je l'ai fait observer dans mes premières

notes, le bouillon est légèrement troublé. Le mot « opa-

lescent » dont je me suis servi est peut-être impropre ;

teinte gris clair serait sans doute plus exact. Le bouil-

lon garde un certain temps ce léger trouble uniforme,

(1) L.MiEnnE.CowM-)'MdM< ? Société de Biologie, «13 no-

yentbrr 1903.

Fin. 2 ? Neurocoque. Culture en bouillon. (Oeul. 3, oh,j, imm 1/12

Leilz.)

47C REVUE CRITIQUE.

puis la culture finit par tomber au fond du tube en for-

mant un très fin dépôt gris-blanchâtre. Le bouillon de-

vient alors absolument transparent. Telle est vraisem-

blablement la cause de cette objection émisepar MM. Ti-

relli et Brossa que les granulations observées « ne don-

nent pas lieu à un réel développement dans le bouillon

qui reste limpide ». " ' , "

Pour la culture sur les autres milieux, je renvoie à ce

qui est dit dans mes premières notes (1) et me contente

de rappeler que le neurocoque forme sur agar un semis

d'une très grande finesse. * - ,

Les essais expérimentaux pratiqués parles auteurs ne

valent guère la peine qu'on s'y arrête. Ceux-ci convien-

nent volontiers, d'ailleurs, de leur peu de valeur. Il est

certain que MM. Tirelli et Brossa avec leurs ébauches de

cultures, que M. Ghiliarowsky en injectant par voie hy-

podermique des quantités de cultures ( ? ) moindres que

celles qui sont nécessaires en injectionsintra-veineuses,

ne pouvaient rien obtenir. Lors,de ma première publica-

tion, il me fallait injecter 20-30 cc. pour déterminer des

convulsions chez le lapin et ce sont encore ces doses

considérables qu'il me fallut employer lorsqu'il y a quel-

ques mois, avec Chaussé, nous finies, devant Magnàn,

des injections intra-veineuses sur les lapins. Magnan a

constaté le caractère nettement convulsivant des cultures,

tout en manifestant le regret que les périodes de la crise

ne fussent pas plus nettementtranchées. Avec des cultures

dont l'action immédiate oscille dans d'aussi larges limi-

tes, il était fort difficile de scander mathématiquement

les temps de l'attaque ; le plus souvent, le but est dé-

passé et les convulsions se terminent par la mort de

l'animal. On se rapproche alors beaucoup plus de l'épi-

lepsie aiguë,de l'état de mal où les périodes s'imbriquent,

se confondent que de l'épilepsie chronique.La virulence

des cultures est assez variable suivant les malades dont

elles proviennent (2),mais il est facile de l'exalter soit par

(1) 1311 \. - Du parasite trouvé dans le sang des épileptiques.

Revue neurologique, 30 mai 1902, p. 450-451. .

(2) Malgré l'obligeance de MM l3ourncville et Marandon de Mon-

tyel, je n;ai pu encore à mon grand regret et par suite de diverses

circonslances, obtenir des cultures pures provenant de l'étal de mal.

recherches M1CROB10LOl>I<,¡CES SUR l'épilepsie. 177 7

des passages, soitpar lerepiquage sur milieux ensanglan-

tés et je possède des cultures qui; à la dose de 10 ce, en

injections intra-veineuses, tuent en 48 heures. Une de ces

cultures filtrée à la Berkefcld V et injectée sous la peau

d'un lapina la dose de 3 ce. l'a tué en 8 jours dans de vio-

lentes convulsions. La bougie n'a pas' été essayée et

l'expérience est à refaire. Toutes réserves. Je viens aussi

d'observer la mort de deux lapins inoculés huit et dix

mois auparavant sous la peau et dans les veines avec une

quantité minime d'une culture peu virulente. Les ani-

maux sont morts ayant perdu près de la moitié de leur

poids. L'autopsie montra une atrophie remarquable de la

rate et de la vésicule biliaire ! Le sang du coeur donna

une culture pure du neurocoque. La persistance du mi-,

crobe dans le sang est extrêmement remarquable. '

Je reviendrai sur l'expérimentation, mais je tiens dès

maintenant il attirer l'attention sur des troubles vaso-

moteurs qui m'avaient échappé et qui parleur constance

présentent évidemment un très grand intérêt. Quelques

instants après l'injection des cultures, sous la peau ou

dans les veines du lapin à doses modérées, il se produit

un rétrécissement subit des vaisseaux,de l'oreille, une

ischémie extrême, suivis rapidement d'une dilatation

vasculaire qui cède sa place à son tour à l'ischémie du

début.Ces alternatives de constriction et de dilatation se

répètent et se succèdent rapidement. C'est comme une

série de coups de piston que l'on peut rapprocher, ce me

semble, de ce que Magnan, pendant l'attaque, a observé

à l'examen du fond de l'oeil chez les épileptiques. Il semble

que le minimum d'effet des cultures corresponde au

spasme vasculaire, le maximum à la convulsion muscu-

laire.L'anâiospasme, en un mot, parait être à l'origine

des phénomènes convulsifs. Une étude sur la pression

artérielle viendra sous peu appuyer ces faits.

J'ajoute que d'expériences en cours, il paraît résulter

que les cultures du neurocoque favorisentla coagulation

du sang. La vitesse delà coagulation du sang pris chez

le lapin inoculé est, en effet, beaucoup plus grande qu'a-

vant l'inoculation et que chez les animaux témoins.

Contrairement à mes précédentes conclusions,la valeur

du séro-diagnost ic dans r épilepsie est loin d'être absolue.

\

4Î5 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

Comme je l'ai fait remarquer, l'agglutination est cons-

tante, mais des échantillons du neurocoque se laissent

facilement agglutiner par le sérum normal. M. Sicard,

alors chef de clinique à la Salpêtrière, en partant soit de

mes cultures, soit du bouillon de réensemencement, a

constaté (communication écrite) à 1/5 et à 1/10 l'aggluti-

nation après deux heures par le sérum de cinq épilepti-

ques essentiels, mais il eut, aux mêmes dilutions etdans

le même temps, une agglutination très nette parle sérum

de deux comitiales symptomatiques et de trois sujets

normaux. Reste à savoir dans quelle proportion agglu-

tinent les sérums normaux comparativement aux sérums

comitiaux. Je n'ai pas eu le temps de faire cette recher-

che, mais je conviens volontiers, dès à présent, que la

séro-agglutination est peu utilisable. J'ai examiné un

trop grand nombre de préparations et fait trop d'ense-

mencements pour ne' pas être convaincu que l'examen du

sang et la culture suffisent d'ailleurs amplement au dia-

gnostic.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE

Il [. - Du Mongolisme; par ·EYG.1NUT. (777'= Congrès annuel

de la Société des psychiatres bavarois, tenu à Munich les 13 et 14

juin 1905.)

Dans l'idiotie mongoloïde, il s'agit, non pas de la coïncidence

accidentelle du masque c;L du squelette facial avec l'imbécillité

ou quelques autres symptômes, mais bien d'un type dégénérait'

nettement délimité, .l'en ai, en Allemagne et en Angleterre,

observé 37 cas dans ces derniers temps, dont j'ai étudié les ca-

ractères cliniques.

La face est caractérisée surtout par l'aplatissement, la largeur,

1 abaissement de la racine du nez, la largeur de la région de

l'arcade zygomalique, l'obliquité ot la petitesse des fentes palpé-

braies ; il existe très fréquemment de l'épicanthus. Le crâne est

au plus haut point hrachycéphale. Presque en tous lescas, la

langue est altérée ; généralement, on y constate des crevasses et

une hypertrophie des pupilles fongiformes ; elle est habituelle-

ment longue mais ne présente pas d'épaississement particulier.

MONGOLISME ET MYXOEDÈME. 479

Les articulations les plus diverses sont d'une laxité extrême ; on

peul renverser les doigts sur le dos des mains au point bien sou-

vent de pouvoir former un angle aigu. Les petits doigts sont

d'ordinaire incurvés en dedans par suite du peu de développe-

ment (le la phalangine. (Fig. `5.)

Assez 011\ enton cons tale des signes multiples de dégénéres-

ccnce ; malformations des oreilles, narines ouvertes en avant ;

a l11élries; anomalies congcnitatcseL lésions congénitales tlu

coeur.at.)'sics,et.c.

Ces malades sont sujets à de nombreuses affections somali-

ques et a\ ant tout des inflammations (les paupières, du nez,

îles lèvres, etc. La tuberculose y est tout spécialement fréquente.

Au point de vue mental les mongoloïdes, d'abord ralentis

dans leur développement intellectuel, sonl ensuite passablement

I'te. ? 5.- \lunic.. il 13 ans (janvier 1905). {Mongolisme).

480 REVUE DE PATHOLOGIE MLsNI'ALI : .

accessibles pendant quelques années à l'éducation et à l'instruc-

tion pour, ultérieurement, rcclemeurer stationnaires,

Tranquilles, gais, bons, ils sont hien souvent disposés aux plai-

santeries. Il faut faire ressortir leur tendance à l'imitation, l'écho-

lalie, l'échopraxie; les grimaces, sont chez eux assez fréquentes. Le

développement de la parole est la plupart du temps défectueux.

Ils meurent d'habitude de bonne heure, de maladies intercur-

rentes ; rarement ils dépassent 25 ans (9,4 o/.) ; nous avons

vu un mongoloïde de 54 ans. Bien souvent les enfants succom-

bent peu de temps après l'accouchement à raison de leurs ano-

malies. Ce sont fréquemment les derniers enfants d'un mariage

prolifique, ou ceux de parents relativement âgés ou présentant

une différence d'âge excessive.

L'auteur examine les diverses théories pathogéniques, le rôle

des lésions des glandes th) i-oides, (le la syphilis congénitale, de

la tuberculose : puis s'appuvant sur les éléments anatunlopa-

tbologiques et ethnologiques, il conclut qu'il s'agit de mall'orma-

tions par arrêt de développement.

Le diagnostic est important à cause du pronostic c : cl·rcux

aussi que de la démarcation à établir entre le mongolisme, le

crétinisme et le mvxoedème. P. Kkraval.

Nous avons été, croyons-nous, le premier, en France. à

appeler l'attention des médecins de notre pays, surl'idio-

tie mongolienne, rare chez nous, très commune en An-

gleterre et aux Etats-Unis. Voici la liste de nos travaux

sur cette maladie :

Courneville. Art. dans Traité de médecine de Crouardel et

Gilbert, t. IX, p. 5S ; -Idiotie du type mongolien, Compte.

rendu de l31cétre, 190 p. 137-147 ; Idiotie du type mongolien,

Compte-rendu de l31cétre, I ! JO2, p. 3-18 ; - 1')otii-ne ille eL,I. liojer,

7 ? fc'tHt<<; congénitale, type mongolien, IGicfezta, p. "$-3j ;t ! our-

nev ille, Congl'èsdes alit ! nistes et neurologistes, de Bruxelles, 1903, l.

Il, p. 282. Progrès médical, 1903, n034, p. 120, et Archives de

neurologie, Hj03, 2° série, t. \'I, p. 2 : > : 1. - Nanisme mongolien,

par lloumeville et Reine Maugeret (Compte-rendu de l31c·étre,

de 1903, p. 149). - Parallèle entre le m ! J l'oedème et le mongu-

lisme, par B. (Congrès des aliétnistes et neurologistes de Rennes,

août 1905. Dans ces diverses publications, nous avons indi-

qué tous les travaux étrangers relatifs au mongolisme parvenus à

notre connaissance, qui se retrouvent indiqués la plupart, dans

la thèse de l'un de nos élèves, M. Desgeorges, intitulée : Cotts-

LniLcctiot2 à l'étude de l'idiotie mongolienne , Paris, 1905.

On trouvera dans nos publications un certain nom-

¡oNGdLISME ET MYXOEDÈME, 481

bre de figures représentant la physionomie, l'oreille et la

main des mongoliens. Nous reproduisons la photogra

phie d'une de nos mongoliennes pour comparaison avec

une de nos myaredématearses. B.

XIV. Sur l'étiologie du crétinisme et du myxoedème par

lésion delà glande thyroïde ; par le Dr CAYO. 1 Ueber die

Ætiologie (<<'xc/n7( ? s'c)MC/ttO ! Nfb bei Cretil11smus tlnllltJY'r,oe-

dem, (NeuJ'olog. Ct'l1tmlbl., 1er septembre 1904.)

Le ))1' Kocho'a eu le mérite de noter que lecretinisme ne s'a-

joute augoitrc qu'après que la dégénérescence de la thyroïde eut

atteint un tel degré que la fonction 'de la glande fut atteinte ou

Ancn ives, 2' série, 1 \J03, l. XX. 31

FIG. 26. Walh.. à 13 tii,. (Myxoedème .

482 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

sérieusement entravée. Le D1' [layon nous dit que Ewald a essay é

d'établir une distinction entre le cretinisme epiderniqueetle creti-

nisme sporadique sur la théorie de "il'cho\\'; théorie de la synos-

tose hâtive du sphénoïde el de l'apophyse basilaire chez les cré-

tins. Celte théorie l'ut réfutée par \l. B. Schmidt dans son : .1ll-

gemeine Pathologie 1lnd palliologische, Anatomie der hanochen,

1597, dans lequel il monlre (lue la synostose tribasilaire est réel-

lement un symptôme de Chondrodystrophia foetalis. Mais le pro-

blème de savoir si cette affection se rapporte à la maladie de la

thyroïde reste insoluble. Dans le crétinisme sporadique, l'ii\per-

trophic de la thyroïde existe déjà chez le foetus,tan¡lis que dans le

crétinisme la maladie de la glande se présente le plus souvent

dans l'enfance.

Le ])1' Bayon fait celle remarque importante que presque foute

maladie infectieuse qui attaque la constitution de l'homme est

accompagnée de l'inflammation de la tin roule.

Le D'Hayon a eu l'occasion, à,la clinique de Wurxhurg, d'étu-

dier les glandes thyroïdes de cinq crétins. L'une d'elles avait la

structure ordinaire caractérisée par le struma-cystiqne : les qua-

tre autres étaient en voie de dégénérescence ; aucune trace de

colloïde. Quelques restes de glandes étaient répandus dans le

tissu adjacent. Dans un cas, il n'y avait, aucune tracé de forma-

tion de colloïde, mais quelques noyaux décolorés ; ils étaient de

couleur vitreuse. Le ])1' Bayon nous dit que la paroi epithetiale

des lobes de la glande tex roide a de grandes facultés de régénéra-

tion de même que l'épithélium des reins (1).

Rappelons que le nîyxoe41ènie infantile vrai est dû à

l'absence de la glande thyroïde.

Le myxædème qualifié de fruste peut être dû à une

affection plus ou moins prononcée de la glande ! thyroïde,

atrophie, kystes, tubercules, etc. (2). j

L'idiotie mongolienne, que plusieurs auteurs rappro-

chent du myxoedème, dont elle diffère à tant d'égards, pa-

rait reconnaître cependant pour causes des lésions de la

glande thyroïde : thyroïdite ou sclérose, tumeurs diver-

ses, tubercules etc. Les figures 25 et 20 permettent de

se rendre compte de la grande différence d'aspect d'une

(1) D'après une analyse de Wiffium \\', It'l'Iand, dans The Jour-

nal of. mental science.

(2) Nous avons vérifié celle absence dans tous les cas dont nous

avons fait l'autopsie el, il y a quelques semaines encore, dans le cas

de l'entant Donna... dont nous publierons p ! 'orhuillrl1lclIl l'oh ?

vation.

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 483

mongolienne et d'une myxoedémateuse, photographiée, au

même âge. Bourneville.

XV. Etude sur le cancer secondaire du cerveau, du cer-

velet et de la moelle ; par les D'" U.4LLAVARDIN et VAR.1L

(Rec. de médecine, juin l'J03.j

Une première observation est relative e une femme de 60 ans

afteinlod'un cancer primitif de l'utérus accompagné de générali-

sationpéritonéale et pulmonaire qui présenta, dans la période ulti-

me delà maladie, de l'épilepsie localisée, avec embarras de la parole

Uouldesde la marche et trépidation l'pileptOide. Un trouva à l'au-

topsie, au niveau de la frontale ascendante, un noyau cancéreux

d'aspect bleuâtre et adhérent à la pie-mère. Dans un second cas,

il s'agit d'un homme atteint de cancer primitif du rein gauche

chez lequel on découvrit des lésions secondaires dans le rein droit,

les deux poumons, les ganglions trachéo-bronchiques et qui

présenta des troubles de la démarche du type cérébelleux, des vo-

missements malulinaux, de la diplopie avec affaiblissement delà

vue. Anatomiquement, on était en présence d'un épithélioma à

grandes cellules localisé au vermis superior. Dans un troisième cas,

on avait allai ré à une tumeur delà cuisse gauche qui donna lieu

iules lésions secondaires au niveau du foie. Au milieu des phéno-

mènes cachectiques, il se produisit des crises épileptiformes du

bras ou de la jambe. Mort par broncho-pneumonie. A la partie

supéro-moyennede l'hémisphère droit, existait une tumeur néo-

plasmique. Un quatrième sujet atteint de cancer mélaniquc du

crewsus-claviculaire gauche mourut en asystolie avec des lé-

,ions du poumon et du cerveau. L. ? AHL.

REVUE DE THERAPEUTIQUE

"11. l. - Traitement de la névralgie faciale rebelle; par le

D USTWALT, (l3rulletinde l'Académie de médecine, 30 mai). '

M. I. IIvymond. Je dépose sur le bureau de l'Académie une.

note de M. le Dr F. Ostvvalt relative au traitement de la névralgie

faciale rebelle.

A l'instar du D1' Scltlosser, M. le Dr Ostvvalt traite les riév ralgies

faciales graves par des injections profondes d'alcool cocaïne ou

stovalI1¡", injections dirigées sur les (liiïércnles branches du triju-

meau au point de leur sortie du crâne, lia apporté au procédé

primitif des modifications de technique très importantes. L'ai-

484 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

guille dont il se sert, coudée deux fois, est vissée sur la seringue

chargée du liquide à injecter.Cette aiguille est introduite derrière

la dernière molaire supérieure, et elle est conduite vers le trou

ovale ou le trou grand rond, ou encore vers la partie postéro-

inférieure de la fento sphénoldale où passe la branche ophtalmi-

que, suivant le nerf que l'on veut atteindre. Plusieurs injections

sont parfois nécessaires. Dans certaines circonstances, il se produit

des récidives nécessitant d'avoir recours à de nouvelles injec-

tions. Quatorze de mes malades, soit en ville, soit à la Salpêtrière,

ont été traités par ce procédé, et tous onlguéri à peu près com-

plètement ou au moins sont très améliorés. * ,

.le ferai remarquer à l'Académie combien nous sommes d'or-

dinaire désarmés en face d'une des affections les plus cruelles,

les plus douloureuses parmi celles qui peuvent affliger l'espèce

humaine ; la chirurgie, elle-même, donne, trop souvent des ré-

sultats incomplets. 11 s'agit donc d'un progrès thérapeutique réel

et important. Ces injections, employées dans des névralgies re-

belles des nerfs autres que les paires crâniennes, ont donné éga-

lement des résultats encourageants :

Xlll. Syphilis cérébrale et injections d'hermophényl ;

par MM. Roque et Gorneloup. (Lyon médical, 21 mai 1905,

no 21.)

Quatrcohservations de syphilis cérébrale à manifestations va-

l'iées, que les auteurs ont traitées d'une façon uniforme par le^

injections d'hermophényl à hautes doses.

Observation 1 ? Syphilis cérébrale, céphalée en un point fixe,

à recrudescence nocturne durant depuis trois ans ; crise'd'épilep-

sie jacksonnienne ayant débuté il y a trois semaines, d'abord

quotidienne, puis s'espaçantpeu à peu pour disparaître; guéri-

son complète, après injection de 1 gr. 52 d'hermophényl en 13

piqûres.

Observation IL- Syphilis. Hémiplégie droite transitoire avec

exagération énorme des réflexes. Aphasie persistante. Injection

de 1 gr. 52 d'hermophényl en 13 piqûres. Guérison de tous les ac-

cidents.

0&M)'Mt(tO)t/7T.Syphilis cérébrale. Paralysie. Injections de

1 gr. 52 d'hermophényl en 13 piqûres. Très grande amélioration.

Observation IV. Hystérie ancienne.Syphilis conjugale datant

de 10 ans. M'umeur du cervelet, s'accompagnant de céphalée lo-

calisée, de crisesl'épilepsie jacksonnienne limitées adroite, de

vertiges, de troubles de la démarche avec rétropulsion et latéro-

pulsion adroite. Les injections d'hermophényl n'ont donné aucun

résultat.

asiles d'aliénés. 485

- A l'autopsie. Tumeur cérébelleuse (lu volume d'un oeuf, déve-

loppée au niveau des méninges, comprimant l'hémisphère droit

du cervelet, d'apparence kystique et ne semblant pas de nature

syphilitique après examen histologique.

D'après ces différentes observations, les injections d'hermoplu-

nyl constituent un traitement actif de la syphilis cérébrale.

' ' Les auteursontinjecté à ces divers malades, en sept semaines,

1 gr.52 d'hermophényl, soit environ 0,60 centigr. de mercure. Les

seuls accidents observés ont été chez deux jeunes femmes ner-

veuses, de la douleur après les piqûres avec une lièvre momenta-

née. variant de 39" à 40°, durant comme la douleur de 24 à 36

heures. Les accidents ont disparu depuis qu'un anesthésique a été

incorporé à l'injection. En dehors de cet accident, les auteurs

ne signalent aucun autre inconvénient. ,

Les urines, qui ont été examinées pendant toute la durée du

traitement, n'ont rien présenté d'anormal. Pas d'éruption cuta-

née, aucune réaction locale,pas de persistance du nodule inflam-

matoire induré. ' "> ,.

Abstraction faite de la quatrième observation, l'efficacité du

traitement apparaît incontestable dans les trois autres observa-

tions. Il semble doné qu'avec l'hermophényl on soit en posses-

sion d'un mode de traitement delà syphilis cérébrale, permettant

de pousser, aussi loin qu'on le jugera nécessaire, le traitement

mercuriel, et semblant mettre à l'abri de tous les accidents

usuels de l'intoxication hydrargyrique. C., Carrier,

ASILES D'ALIENES

1. Une tentative d'analyse psychologique des travaux

- manuels des aliénés, par COPORICOFF; (Nouv. Iconogr. de la

Salpêtrière, 190'1 no 4.)

Il serait d'un grand intérêt psychiatrique de connaître la ma-

nière dont travaillent les aliénés dans les différentes formes de

maladies mentales et aux diverses époques d'une même affection ;

au même titre que l'écriture, cette notion peut fournir de précieu-

ses indications diagnostiques, car il existe des rapports assez cons-

tants entre les modifications de l'activité mentale d'un sujet et

les particularités de ses productions. Ainsi le maniaque se distin-

gue par l'abondance et l'incohérence des oeuvres ; le confus par

l'absence d'individualité, d'idée dirigeante, le désordre chaotique ;

les paranoiaques chroniques, par leurs créations symboliques

ceux-ci pouvant d'ailleurs devenir d'excellents ouvriers quand ils

,i86 asiles d'aliénés.

font assez abstraction de leur délire. Chez les déments secondai-

res, on constate une tendance consciencieuse à reproduire le mo-

dèle. mais une incapacité absolue d'arriver à un résultat conve-

nable si l'ouvrage est tant soit peu compliqué ou comporte quel-

que combinaison. F. T.

II. -'De la nécessité de lutter contre la tuberculose dans

' les asiles d'aliénés; par N. N. ToroRhow. (Obozrenieysiclia-

trii, "I1, 1903.) ,

Le seul moyen radical, dit l'auteur, est l'isolement rigoureux

des malades tuberculeux. En attendant, il est nécessaire d'appli-

quer d'une façon plus ou moins systématique et persévérante une

série de mesures palliatives. Il paraît indispensable, en tout cas,

d'enregistrer scrupuleusement les cas de tuberculose et d'élucider

la question des causes de sa propagation dans les diverses asiles.

Ce n'est que lorsqu'on aura une idée nette et définie des propor-

tions du mal que l'on sera en position de mettre la question de

la lutte radicale contre ce fléau au rang des questions les plus

graves et les plus aiguës de la psychiatrie générale. P. KERAVAL.

III. Aperçu de l'assistance familiale des aliénés en quel-

ques pays de l'Europe occidentale ; par N. WVROUBOW

' (0&0 : reM ! ftf/tMt ? -t ! , VU. 1902.)

Examen surplace de Gheel, Dun-sur-Auron, Ilten, Ellen-Ro-

ckwinkel, Uchtspringe, du patronage familial de Berlin, en 1900.

Rapport détaillé. Quant à son opinion sur cette question, l'auteur

renvoie à son rapport sur cette assistance à Voronége (vive Con-

grès de Pirogow (Journal de neuropathologie et de psychiatrie de

Korswoali, 1 et2, 19O ? ) P. KERAVAL.

IV. L'organisation du service médical et scientifique

dans nos asiles d'aliénés et l'initiative privée ; par le Dr

LENTZ. (Bull, de la Société de md : n.ent. de Belgique, décem-

bre 1904.) ..

L'auteur conteste l'efficacité de l'initiative privée dans l'orga-

nisation médicale et scientifique des asiles d'aliénés. « Le but des

propriétaires d'asiles est atteint, dit-il, du moment où,par un ré-

gime matériel convenable et des installations suffisantes, ils par-

viennent à assurer à leurs établissements une clientèle constam-

ment renouvelée. Que leur importe, du moment où ils sont as-

surés d'un prix de journée d'entretien largement rémunéra-

teur, et pourquoi se préoccuperaient-ils de faire de leurs asiles

mieux qu'un hospice convenablement aménagé, une véritable

institution scientifique, puisque de larges bénéfices leur sont

quand même assurés ? Voilà, à mes yeux,le vice capital de l'ini-

tiative privée, tant laïque que religieuse, et voilà ponrquoi je

SOCIÉTÉS SAVANTES. 487

pense qu'il faut renoncer à l'espoir de tout progrès sérieux aussi

longtemps que les pouvoirs publics n'auront pas une action plus

immédiate sur les services en question.

« Bien rares sont les asiles belges qui possèdent seulement un

microscope et une salle d'autopsie, où le médecin dispose d'un

cahinet d'observation, où existe un semblant d'installation hydro-

thérapique.etc... » .

M. Lentz reproche encore à l'initiative privée de maintenir les

médecins dans un état de subordination indigne du rôle qu'ils

doivent être appelés à remplir dans un asile d'aliénés et il accuse

en outre ces médecins d'être systématiquement hostiles au prin-

cipe de l'assistance familiale et d'en entraver le développement

par tous les moyens. · G. D,

V. Avantages et désavantages de la Caisse des Pen-

sions ; par le Dr MAERE. (Bull, de la Soc. de méd. ment.de Bel-

gique, 19(n, ne 118.) ,

VI. Maisons de santé pour payants du Dr Thomsen

Bonn et du D Ehrenwald à Ahrweiler; par le Dr IAERE.

(Bull. de la Soc. de méd. ment, de Belgique, 1904, n° 118.)

SOCIÉTÉS SAVANTES

SOCIÉTÉ MÉDlCO-PSYCIlOLOGlQUE., .

Séance du 24 juillet 1905. - PRÉSIDENCE DE M. Vallon.

LE secrétaire général annonce que M. Vallon a été fait

chevalier de la Légion d'honneur et le félicite au nom de ses col-

lègues.

M. Vallon, remerciant M. ltilli de ses félicitations, exprime le

voeu que la même distinction soit accordée, chaque année, au

président de la Société. ,

Elections : COLIN CL 1,WOFF sont, après le rapport de M

Paclet, élus membres titulaires. M. B.

Séance du, 30octobre 1905. Présidence DE M. Vallon.

Confusion mentale et otite suppuree (discussion). '

M. l'IC2uÉ. Si l'on constate, avec M. Roy, qu'un accès de

délire puisse disparaître, au moment où le chirurgien vient de

supprimer un foyer infectieux, on peut admettre, comme je l'ad-

4SS' SOCIÉTÉS SAVANTES.

mets moi-même, l'existence des folies par infection, .le suis, en i

effet, assez porté à supposer que les suppurations peuvent (téter ?

miner des troubles intellectuels se manifestant surtout par de ' i

la confusion mentale. C'est ainsi que s'expliqueraient les délires

consécutifs aux accouchements. Je ne crois pas qu'il faille voir ' 1

là de simples coïncidences, car ces cas sont trop nombreux : je

ne pense pas davantage qu'il faille trop s'attacher aux objections

tirées par M. Arnaud du fait que le malade, dont l'observation

nous a été présentée par M. Roy, a eu une rechute ou, comme

l'a dit M. Legrain, avait déjà déliré, car tout le monde admettra

hien que,les suppurations n'étant pas les seules causes de délire,

celui-ci a pu se manifester pour d'autres motifs.

51. ARNdUD. - Je reconnais trop volontiers qu'entre la patho-

logie mentale et la pathologie externe, il ne saurait y avoir de

fossé, pour nier les services que la chirurgie rend aux aliénés;

mais je ne sautais, cependant, voir une relation de cause à effet

dans les observations qui font l'objet delà discussion de M. Pic-

qué. Le cas cité par M. Roy ne pourrait d'ailleurs, juger le débat.

Jn effet, si l'otite de son malade a guéri après une intervention

chirurgicale, il ne faut pas oublier que, du propre aveu de l'au-

teur, une amélioration com mençait àse produire avant l'opéra-

tion. De plus, le malade avait déjà guéri d'un premier accès de

délire sans le secours du chirurgien. J'admets, cependant, que

tout trouble somatique peut avoir un retentissement fâcheux sur

une psychose. 1 1

M. PicQuÉ n'a pas entendu parler seulement de l'observation

de M. Roy,sur laquelle y a lieu de formuler des réserves. Il s'est

placé à un point de vue plus général ; le but de son intervention

dans la discussion était surtout d'attirer l'attention sur les psy-

choses d'origine infectieuse.

Observation d'un dément précoce avec autopsie.

- MM. LEGRAIN et Vigouroux communiquent l'observation d'un

jeune homme de 23 ans qui succomba six mois après son entrée,

après avoir présenté les signes caractéristiques delà démence

précoce : négativisme, attitude stéréotypée, impulsion, ete.A son

autopsie,on constata un véritable infantilisme splanchniquc non

soupçonné pendant la vie : poumons de nouveau-né, cneur de

130 gr., rein de 70 gr. et des lésions tuberculeuses du poumon.

Le cerveau était de volume normal, l'encéphale pesait 1350 gr.

L'examen histologique du cerveau fit constater des lésions des

'cellules nerveuses et l'absence de toute lésion vasculo-conjonc-

tive. -

M; Vigoureux communique une observation personnelle qui a

plusieurs points d'analogie avec la précédente. L'affection a évolué

plus lentement, car elle a duré 14 ans ; mais le malade,' dément

SOCIÉTÉS SAVANTES. 489

précoce type, est mort, cachectique avec des signes de tubercu-

lose pulmonaire. A l'autopsie, on trouva également de l'infanti-

lisme des organes thoraciques ; le poumon pesait 200 gr., le coeur

180 gr. : par contre, le foie et les reins étaient de volume et de

poids normaux, le cerveau également. ,

L'examen histologique du cerveau montra des lésions du seul

tissu neuro-épithélial, à l'exclusion du tissu v·asculo-conjoncti(

qui était sain. , , ,

Deux cas de démence précoce avec autopsie et examen histologique.

MM.G.DoUTREBENTE etL. Marchand rapportent l'observation

de deux autres déments précoces.

Il s'agit de deux cas de démence précoce à forme hébéphréni-

que. Ces deux observations ont plusieurs points de ressemblance :

pas de tares héréditaires, pas de maladie du jeune âge chez les

deux malades ; début de l'affection à l'âge de 25 ans ; affaiblis-

sement rapide de l'intelligence. Le premier sujet avait eu une

enfance et une adolescence normales, son affection débuta par

de violents maux de tète et des accès mélancoliques. Le second

malade était atteint manifestement de débilité mentale et son

affection survint à la suite d'excès alcooliques ; pendant plusieurs

années, il vécut errant, répandant la terreur dans sa commune,

il subit plusieurs condamnations et ce n'est qu'à la sixième qu'il

fut reconnu aliéné. Dans les deux cas, on relève des lésions de

méningite aveccette différence que, chez le premier sujet, ces

lésions étaient arrêtées dans leur évolution et que chez le deu-

xième, ellesétaient encore en activité. Dans ce dernier cas, elles

avaient été assez intenses pour donner lieu à une hémiparésie.

Comparant leurs examens histologiquesà ceux déjà publiés, les

auteurs concluent que des lésions diverses peuvent donner lieu

au syndrome de la démence précoce, il n'y a donc pas une dé-

mence précoce, mais des démences précoces.

Délire de persécution systématisée curable chez un alcoolique.

M. Olivier rapporte l'histoire d'un persécuté alcoolique, ayant

guéri d'un délire présentant les caractères de la chronicité. Dans

celte observation, il s'agit d'un malade exempt de toute lare hé-

réditaire et d'antécédents personnels qui, à l'âge de 59 ans, pré-

senta, sous l'influence progressive de l'intoxication alcoolique, le

tableau classique de la deuxièmepériode du délire de persécution

systématisé, sans hallucinations visuelles, mais avec des hallu-

cinations verbales auditives et les troubles somatiques de l'éthy-

lisme réduits au minimum. ,

Ce fut seulement, au bout de 8 mois d'internement, que ce dé-

lire organisé, en quelque sorte paradoxal, s'évanouissait et que

,le malade recom raille complet usage d'une intelligence rigou-

reuse. Depuis lors cette guérison s'est maintenue. ,

490 SOCIÉTÉS SAVANTES.

' Présentation cc71èces anatomiques. "

MM. Marie et UARBAN. Nous avons observé, durant un as-

sez longtemps, un maladeatteint d'idiotie et ayant subi à 'il ans,

la craniotomie, en 1892. Ce malade est décédé en 1902 d'entérite

tuberculeuse.

Ce qui nous a paru intéressant dans cette pièce, c'est la réfec-

tion osseuse presque parfaite alors que des auteurs très compé-

tents ont soutenu la non-possibilité de réparations do parois crâ-

niennes et l'absence de fonction ostéogène de leur périoste.

, Nous pensons que de telles pièces montrent l'inutilité des inter-

ventions opératoires dans certains cas d'idiotie, mais aussi la réa-

lité des fonctions osléogènes du périoste crânien, lorsque l'opé-

ration réservant l'intégralité du périoste est pratiquée asepti-

tluement, avant l'âge adulte, comme dans notre cas (1). · '

M. Vallon fait remarquer combien est illogique le traitement

qui consiste a faire des trépanations pour guérir l'idiotie.

Marcel Uriand.

SOCIÉTÉ DE NEUROLOGIE.

Séance du 9 novembre 1905. - Présidence de )1. P)RISS.1,D.

' Epilepsie. Bromure et déchloracration.

M. THOMAS. - Enfant de 11 ans, jacksonnien par traumatisme

obstétrical, insuffisance absolue du bromul'e, même à forte dose;

action remarquable par le traitement Toulouse-Richet. Les crises,

jadis généralisées, sont maintenant limitées à la main gauche.

Elles reprennent quand on revient iL l'alimentation chlorurée.

M. DÉJERINE est très partisan de cette méthode à laquelle MM.

BALLET, BRISSAUDÜL Babinski n'accordent qu'une médiocre con-

fiance.

1 ! ype¡'excitabilité électrique du nerf facial.

1)1. BABINSKI montre deux cas d'hémiplégie faciale périphérique

ancienne, dans lesquels lecûté malade est plus excitable par les

courants faradiques et galvaniques que le côté sain, sans aucune

ressemblance avec la H. D. L'un (les cas est léger, résultant

d'une otite suppurée ; l'autre est dû à une lésion lnllho-protu-

héranliolle. L'excitabilité électrique n'est donc pas un signe pro-

. (I) Nous avons eu l'occasion, bien des fois, de montrer des crânes

d'idiots ou d'épileptiques, ayant été cranieclomisés, et d'appeler l'al-

tention sur la réossification de la brèche, qui existe dans tous les

cas de craoiectomie chez des enfants ou des adolescents. Dans les

visites du service, le samedi, nous montrons nos colleclitrnsdecoâ-

nes (692) en insistant sur la manière dont la brèche est comblée.

(Voir nos Comptes-rendus et la Ihèsp de l'un de nos élèves, le 1),

Rcllay ? (B.) .)

sociétés savantes. 491

noslique favorable. D'autre pari, une lésion siégeant à l'origine

ou sur le trajet d'un nerf peut il la fois augmenter son excitabi-

lité électrique et interrompre sa conductibilité neuro-volition-

nelle. '

Commotion médullaire ; paralysie des membres supérieurs ;

, intégrité des membres inférieurs.

MM. Thomas ET LEENHARDT. Femme de 45 ans, prise de ce

syndrome après une chute sur le dos.Paralysie avec douleurs très

vives des memhres supérieurs ; hyperesthésie du bord interne de

l'avant-bras etde la paume de la main, sans dissociation syringo-

myélique ni perle dusens des attitudes Depuis l'accident, qui date

de trois mois, la paralysie a céd partiellement, surtout à gauche.

Les réflexes sont normaux, les troubles delà sensibilité ont com-

plètement disparu. Atrophie persistante au niveau du dellollle,

de l'avant-bras et de la main. Commotion médullaire avec for-

mation probable des petits foyers hémorragiques dans la corne

antérieure.

Hypntrophie d'origine hérédo-b('teill(tire.

MM. CLAUDE et LEJONNE. - Fille de 20 ans atteinte de nanisme

sans infantilisme, avec double lésion mitrale,fatigue rapide, chu-

tes fréquentes, réflexes exagérés. Ponction lombaire négative.

Toxemie tuberculeuse ayant agi sur le système pyramidal. Père

tuberculeux. ' ... ,

Tic avec phobie de la parole et de la lecture.

\li\l. CALLET eL lacuET.- 11 s'agit d'une fille de quinze ans qui,

en parlant eten lisant, s'arrête devant certains mots, soupire, fait

une longue inspiration, devient anxieuse, présente la physiono-

mie du mutisme hystérique, puis arrive à prononcer le mot qui

l'arrête.

Ié'éclo-ata.z·ie cérébelleuse.

MM. Marie et LÉ RI. - Femme présentant une démarche hési-

tante avec propulsion, sans signe de Romberg, ni asynergie céré-

])eIIeuse, ni paralysie. Abolition des réflexes rotulicns et achil-

léens, signe de Babinski. Nystagmus; pas de troubles sensoriels.

Douleurs et troubles de la sensibilité générale.' Pas de troubles

trophiques. Instabilité mentale. Lésion cérébelleuse probablement

limitée ;t certains faisceaux.

' Syndrome de l3asedoxv chez une goitreuse.

\I11.LAIGNE1.-LAV1STINE et Thon. - Fille de 24 ans,goiLrel1se

familiale avec trophoedème atteinte à la suite d'un traumatisme

et d'une émotion vive du syndrome de Basedow, à rattacher au

groupe des goitres (le Marie, et aux syndromes ba-

elloy iens chez les lh) roilliens Lrophoedémateux.

492 bibliographie.

" < ' Rhumatisme chronique . '' t ,i : 1

M. GAucKLER.- Cas intermédiaire entre les arthropathies ner-

veuses et le rhumatisme chronique : symétrie des atteintes arti-

culaires, absence de douleurs objectives, aspect des lésions. 1

Faisceau longitudinal inférieur.

M. ARCHAMBAUT. Ce faisceau qui ne dégénère pas à la suite

de lésions importantes du lobe occipital^ prendrait son origine à

a partie externe du corps genouillé externe.

. Déjerine combat cette manièrede voir. '

'v>

Origine périphérique des hallucinations des amputés,

MM. Souques etPoisoTontfait réapparaître ces hallucinations

en faradisant les moignons,'alors que Pitres les fait disparaître

en cocaïnisant les moignons.Ce sont donc les excitations périphé-

riques parties dela région cicatricielle, qui, transmises aux ces-

tres corticaux, avivent ou 'réveillent les anciennes images du

membreabsent.L'absence d'hallucinations ou de leur reviviscence

tient à ce que les imagescorticalessont trop faibles pourêtre pro-

voquées par les excitations périphériques. (Amputés congéni-

taux.) '1 . z

Ectopie cérébelleuse.

}I. AI.QUIER, dans une autopsie, a vu le cervelet descendant dans

le canal rachidien jusqu'à la première paire dorsale.

Diagnostic des tumeurs cérébrales. ,

M. CESTAN.Lanévritooptique oedémateuse est la signature du

syndrome d'hypertension céphalo-rachidienne causé par les tu-

meurs cérébrales, mais on peut hésiter quand il n'existe pas enco-

re de lésions du fond de l'oeil. Dans un cas, plus de quinze jours

avant l'apparition de la névrite chez un cérébelleux ordinairement

vertigineux il existait une résistance extraordinaire au vertige

voltaîque. Aucun vertige avec un courant d'intensité double de

celui qui produit le vertige chez un sujet sain. Il y aurait là un

moyen de diagnostic. F. ! 301SSIER.

BIBLIOGRAPHIE

11 ? Les écrits et les dessins dans les maladies nerveuses et

F mentales ; par le D''RûGUES nE 1 URAC.

On sait et c'est une notion que M. le P'' Jofrcoy s'estattaclié à

mettre en lumière dans plusieurs leçons -- que les troubles de

BIBLIOGRAPHIE. 493

l'écriture jouent un rôle important en neuro-psychopathologie.

En matérialisant, pour ainsi dire sous une forme objective et du-

rable,' le fonctionnement défectueux à la fois des muscles pré-

posés aux mouvements de l'écriture ou du dessin, et des centres

qui président à l'élaboration des idées, les troubles calli et psy-

chographiques fournissent en effet de précieuses indications sur

l'état de la motilité et des facultés intellectuelles et permettent

d'en suivre presque jour par jour les altérations.

11 y a donc un véritable intérêt à étudier de près et à l'aide de

procédés raisonnes les écrits elles dessins des diverses catégories

de neuropsychopathes. 1 , "

C'est cette étude qui a été entreprise par un des ancienschefs de

clinique de M..toilroy, M. IeD Bogues de Fursac, déjà connu par

un Manuel de Psychiatrie très apprécié. Son travail est divisé en

trois parties : la première constitue en quelque sorte un exposé

de la méthode qu'il convient de suivre dans l'examen des écrits

pathologiques spontanés, sur copie ou sous dictée.

L'auteur y passe successivement en revue les troubles calligra-

phiques élémentaires, c'est-à-dire l'ordonnance généraledes écrits,

la direction et la forme des lignes, la direction, la forme et l'a-

gencement des lettres, etc. Viennent ensuite les altérations des

images graphiques. Sous ce nom,l'auteur vise seulement la repro-

duction par des mouvements appropriés de l'image v isuelle d'une

lettre (image littérale), ou d'un mot (image verbale), abstraction

faite de toute idée doctrinale concernant l'existence d'un centre

des mouvements de l'écriture équivalent au centre des mouve-

ments d'articulation de Broca.

L'altération des images graphiques se manifeste sous deux

formes principales, l'effacement et la confusion. Dans le premier

cas, le malade est incapable d'écrire soit les lettres, soit les mots

(agraphie littérale ou verbale) ; dans le second, ce sont également

tantôt les lettres, tantôt les mots qui sont employés hors de propos

et ne correspondent plus àl'idée lue le malade voulait exprimer

(paragraphie littérale ou verbale, jargonuphasie).

L'effacement des images graphiques peut résulter soit d'une

altération du langage inférieur, d'une aphasie, soit d'un alfai-

blisscl1lcntgénéral de la mémoire qui peut être lui-même défi-

intif ou transitoire.

Les autres troubles calligraphiques élémentaires étudiés dans

celle première partie : les omissions, l'impossibilité de la copie, les

fautes syntaxiques, les homonymies, les substitutions, et additions,

l'èchographie. la stéréotypie graphique, etc., etc., sont le résultat

d'un affaiblissement plus ou moins marqué de l'attention et de

son corollaire inévitable, l'exaltation de l'automatisme mental.

Telles sont les principales données sur lesquelles s'appuie

404 BIBLIOGRAPHIE.

M. Bogues (le Fursac pour étudier,dans la seconde partie, la plus

importante de l'ouvrage, les écrits des malades atteints d'affec-

tions à manifestations exclusif ement motrices (paralysie agitante,

goitre exophtalmique, chorée, tabès, sclérose en plaques, crampe

des écrivains, etc.) ; ou à la fois motrices et intellectuelles telles

fM eo'tcatM, etc.) ; ou a fois motrices et intellectuelles telles

que l'épilepsie, l'hystérie, la paralysie générale, la démence sénile,

la démence précoce, la' folie maniaque dépressive, la mélancolie

affective, les intoxications, l'arriération et la dégénérescence men-

tale, etc., etc. ' ,

Les troubles graphiques particuliers à chacune de ces affections

sontligurés par de nombreux spécimens d'écriture, recueillis à

leurs différentes périodes, avant ou après leurs manifestations

paroxystiques, spontanément, sous dictée, etc., ce qui permet de

suivre, pour ainsi dire pas à pas, la marche progressive, puis ré-

gressive des accidents.

A côté de ces spécimens d'altérations graphiques une place à

été réservée aux compositions littéraires et musicales des ]Js 1'110-'

pallies constitutionnels (déséquilibrés ou dégénérés) qui sont

avec les maniaques, les sujets les plus enclins à la graphomanie.

A part quelques rares exceptions, ces élucuhrations se font re-

marquer par leur absence complète d'originalité, leur puérilité

et l'emploi de formules, de locutions bizarres, qui les rendent

toujours obscures, quelquefois même tout à fait incompréhen-

sibles.

La troisième et dernière partie du volume est consacréeà l'exa-

men d'une autre série de productions artistiques également inté-

ressantes, c'est-à-dire des dessins auxquels ont recours beaucoup

d'aliénés pour exprimer leurs conceptions délirantes ou leurs

troubles sensoriels.

Ces dessinssont quelquefois de simples caricatures auxquelles

il est difficile d'accorder une signification quelconque, mais dans

d'autres cas, ils servent à symboliser les hallucinations et les dé-

lires qui les accompagnent avec leurs différents caractères de

systématisation, d'incohérence ou d'absurdité.

Rien déplus curieux à cet égard que les cinq tableaux repré-

sentantles différentes phases de l'existence d'un dément para-

noule : sa naissance, les persécutions qu'il endure, les mulila-

tions qu'on lui inflige, les bourreaux qui se désaltèrent avec son

sang et finalement son triomphe dans une sorte d apothéose où il

apparaît dominant le monde, au milieu de personnages aussi

énigmatiques que lui. ,

Ajoulons,enterminanl,quele livre qucnous 'venons de presen-

terau lecteur ne contient pas moins de 232 figures ou dessins

tous d'une exécution irréprochable. C'est assez dire la richesse du

matériel clinique auquel a dû puiser l'auteur pour mener à bien

bibliographie. 495 L

une oeuvre qui marque une date en psychiatrie et qui fait hon-

neur à la fois au 1) Bogues de Fursac et à l'Ecole de la Clinique

de Sainte-Anne dont il aété et, dont il reste un des plus brillants

représentants. G. DrNY.

XX. -Etude clinique et essai de classification des névralgies inter-

costales ;par G. BouTIrr.(Thèse de Bordeavx, L904-190.)

Il existe ungroupe de douleurs intercostales, qualifiées à tort

de névralgies intercostales. et bien distinctes de la névralgie, ma-

ladie décrite par Valleix et du point de côté banal de cause

pleuro-pulmonaire. L'auteur divise ces douleurs en trois groupes :

douleurs intercostales d'origine centrale, douleurs intercostales

d'origine périphérique, douleurs intercostales de causes mal dé-

terminées, ,Les douleurs centrales sont frèsviolentes, apparaissent

à intervalles irréguliers, ont une localisation mal déterminée, ne

s'acompagnent d'aucun trouble de la sensibilité et ne sont mo-

difiées par aucune cause périphérique. Les douleurs intercos-

tales d'origine périphérique se divisent elles-mêmes en deux

catégories : douleurs névriliques et douleurs réflexes, ces der-

nières ayant pour point de départ une affection des poumons, du

coeur, de l'estomac, de l'intestin, de l'utérus, du foie, du rein et

présentant des points.de départ différents suivant l'organe atteint.

Enfin les douleurs intercostales de causes mal déterminées com-

prennent les topoalgies hystériques et les douleurs d'habitude à

localisation intercostale. Dans toutes ces variétés de douleurs in-

tercostales,on met rarement en évidence l'existence des points de

Valleix. L'injection de cocame loco dolenti n'a aucune action sur

les douleurs centrales, amène toujours une amélioration passa-

gère mais accusée des douleurs périphériques et guérit complète-

ment celles du troisième groupe. Jean ABADIF.

1X1.- Contribution à V étude de la migraine op7ztaln7oplégique par

G. LECLI : ZIO. (Thèse de Bordeaux, 1904-1905. Iml). F CadoreL.)

L'auteur a rassemblé dans sa thèse toutes les observations de

migraineophtalmoplégiquequi ont été publiées depuis la tht-be

de l'Alché (1890). Ces observations, au nombre de z2, rapportées

presque toutes in extenso, traduites pour la plupart personnelle-

ment par l'auteur, ne permettent pas encore de juger entre les

deux théories pathogéniques toujours en présence, celle de i\loe-

bius et Charcot, qui accepte le siège nucléaire des lésions, et celle

de Manz et Mauthner,qui accepte le siège basai. Depuis les cas av ec

autopsie publiés par Gubler, Weiss, Thomsrn-Richtel', uneobser-

vation nouvelle, celle de Karplus, relate un examen nécropsique : .

on trouva un névrofibrome de la grosseur d'un petit pois 'enser-

rant de toute part l'oculomoteur ; après coloration au Weigert-

Pal, on constata que le stroma-nucléaire était plus pauvre en.

4919G nécrologie.

faisceaux du côté malade que du côté sain ; les cellules ganglion-

naires des noyaux n'offraient cependant aucune différence entre

l'un et l'autre côté. Dans deux autres cas où l'on pratiqua

ponction lombaire, le cyto-diagnostic fut négatif. Jean AB,DIE.

- NÉCROLOGIE

9 M. LE D'PIERRE RQY

"

Né à Paris en 187, Pierre Roy avait de bonne heure mon-

tré ses qualités de travail qui lui avaient valu les plus bril-

lants succès scolaires, notamment un 1er prix d'honneur de

rhétorique en 1892. Ses études médicales furent aussi bril-

lantes.Sa vive intelligence, son esprit cultivé, le firent remar-

quer de ses premiers chefs. Dès le début, il se consacra à

l'étude des affections du système nerveux. Interne des asiles

d'aliénés de la Seine, où il arriva premier au Concours de

1899, et la même année interne provisoire des hôpitaux, il

était nommé, l'année suivante, interne des hôpitaux de Paris.

Les premières observations qu'il rédigea dans le service de

son maître,NI. Variot, avaient trait la neurologie. En 1902,

avec son maître, M. Deny, il publia dans la collection des Ac-

tllalités médicales une monographie sur la Démence précoce qui

fut un des premiers travaux parus en France sur cette ques-

tion.

Interne de M. Launois, il entreprit soit seul, soit avec ce-

lui-ci, une série d'études sur le gigantisme. Gigantisme et

infantilisme ; Gigantisme et castration ; Les modifications du

squelette consécutives à l'atrophie testiculaire et à la cast¡ ation;

Des relations qui existent entre l'état des glandes génitales mâles

et le développement du squelette ; etc. etc. travaux qu'il con-

densa dans sa thèse inaugurale : Contribution à l'élude du

gigantisme (1903). Cette thèse fut couronnée par la Faculté.

Chef de clinique des maladies mentales à la Faculté de Pa-

ris de 1903 à 1905, il se spécialisa complètement dans les étu-

des psychiatriques et seconda brillamment le Pr Joffroy dans

le nouvel enseignement médico-légal et psychiatrique qui

venait d'être créé à la Faculté.

Il reprit alors ses études sur le gigantisme et publia en 1905,

en collaboration avec M. P.-E. Launois, un très important

ouvrage intitulé -.Etudes biologiques sur les géants (Paris, Mas-

son, 1904). Ce travail important réunissait les observations

détaillées de soixante-quinze géants vivants ou autopsiés.

Après l'examen de tous les travaux importants sur ce sujet

NÉCROLOGIE. 91

et notamment ceux de Brissaud et de Henri Meige, MM. P.

Roy et Launois décrivirent deux formes : legifJanlisme iii/;211-

tile, celui des sujets adultes. aux épiphyses non soudées et le

gigantisme acromégalique, celui étudié par Brissaud et Meige

en relation avec une hypertrophie de l'hypophyse ; enfin ils

signalèrent une forme intermédiaire de passage entre le gi-

gantisme infantile et legigantisme acromégalique montrant

que si tous les géants ne sontpas acromégaliques, toux ceux

du moins qui ne le sont pas sont aples à le devenir. P. Roy

et Launois avaient au«si étudié le rôle des glandes à sécré-

tion interne dans le développement du squelette et de tout

l'organisme et montré que les altéralions de ces organes

s'accompagnent de modifications caractéristiques atteignant

leur apogée dans le myxoedème; le gigantisme et l'acromé-

galie. Les Etudes biologiques sur les géants obtinrent,la même

année,le prix Ilerpin à l'Académie de médecine, le prix )Ion-

thyon à l'Académie des sciences et le prix Broca à la Société

d'anthropologie. ' ° '

Bien que ne se faisantalors aucun doute sur l'état précaire

de sa santé, Pierre Roy avait tenu à se rendre à Bennes au

dernier Congrès de .Neurologie (août 1905) où l'on devait

discuter son important rapport sur l'Hypochondrie. Ce

rapport concluait : 1° que l'idée hypochondriaque simple ou

délirante est une préoccupation morbide concernant la santé

physiquequi ne peutse développer que grâce à la coexistence

dedeuxfacteurspathogéniques : 1° uneconstitution psychique

spéciale et des troubles de la coenesthésie, 20 que l'hypo-

chondrie n'existe pa, en tant qu'affection distincte et auto-

nome, justifiant sa spé( incita par quelque caractère étiolo-

gique ou évolutif. Il n'y a que des états hypochondriaques

symptomatiques qui peuvent s'observer au cours de toutes

les affections où se rencontrent une constitution psychique

spéciale capable d'interpréter les troubles de la coenesthésie.

Une importante discussion suivit l'exposé de ce rapport

et Pierre Itoy y montra pour la dernière fois ses qualités de

précision et de clarté. Nos lectenrs ont pu lire dans le Pro-

grès Médical le compte rendu qu'il y fit du Congrès de Ren-

nes.

Mais la maladie finit par avoir raison de cet être d'élite, à

l'esprit cultivé, clair et élégant, au coeur tendre et dévoué. Il

est mort à trente ans, douloureusement pleuré de tous ceux

qui l'ont connu. au début d'une vie déjà si féconde et pour

laquelle semblait s'ouvrir l'avenir le plus brillant.

Principaux travai x nu I) Pierre Boy :

Un cas de goitre exophtalmique chez un garçon de 4 ans 1/2

Archives, 2" série, 1903, t. XX. 32

498 NÉCROLOGIE.

avec la triade symptomatique : exophtalmie, goitre, tachycardie,

(Soc. de Pédiatrie, 11 juin 1901 et Soc. nv,l. des hôp., 6 déc. 1901, en

coliab. avec M. VARio'r). 2. Pneumothorax et vomique séreuse

au cours d'une thoracentèse chez une petite fille de 11 ans. (Soc.

ntéd. des hôp. et Tribune l11éd , 23 oct. 1901 èn collab. avec M. y,\-

mOT), - 3. llif1dilé acquise de la luette par gomme syphilitique.

(Soc. de Pédiatrie, 12 uov. ]901.) 4. Cirrhose anictérique avec

grande ascite, probablement d'origine biliaire, chez un enfant de

8 ans. Autopsie. Examen microscopique. (Soc. de Pédiatrie, déc.

1901. En collab. avec M. VAmuT.) 5. Un cas de blépharoplose

post-typhique (Soc. de Pédiatrie., janvier 190 ? .) - z. Paralysie la-

bio-glosso laryngée, probablement liée à une lésion congénitale

de l'écorce cérébrale chez une fille de 9 ans 1/2. (Soc. méi, des

lttip., 24 janvier 1902., et Ga;. des /top.,30 janvier 1902 en collab.

avec M. Variot. -7. Volumineux sarcome encéphaloï,je du rein

gauche, avec noyaux secondaires du l'oie, chez une fillette de 8

ans. (Soc. anatomique., 2S février 190 ? ) 8. Nouvelles recherches

cliniques sur le processus angineux dans la scarlatine chez les

enfants et sur ses irradiations. (Soc. méd. des hôp , 2 mai 1902 en

collab. avec M. V.ntlor.)-9. Exostoses multiples ayant suppuré.

Syndrome sYl'Îngomyélique '(ampulation spontanée des doigts,

thermo-anesthésie) chez un homme de 30 ans, hystérique et tu-

berculeux. (Soc. méd, des hÔp., 13 juin 1902. en collab. avec M. 1'.

E. Lu;\0 ! s.) 10. Exostoses mulliples à tendance suppuralive.

(Nouv. Icon. de la Salpétriére, n° 4, juillet-août 1902. en collab.

avec M. P.-L. Lnui\ols.) -11. La démence précoce J.-B.Baillière

et fils, un vol. in-lfi des Actualités médicales). Paris 1902, en col-

lab. avec M. G. D ? \y ) Présentation d'un séant infantile. (Soc.

de neurologie, 6 nov. 1902, et Revue 11CUI'ol" 15 nov. 1902,en collab.

avec M. P.-bi. LAUûfS ) 13. Gigantisme et infantilisme.(Nouv.

Icon. de la Salpétriére., n° .'), novembre-décembre 1S02. en collab.

avec \L1 ? L.L.unum).-1-l. Gigantisme et castration. Les modifl-

tions du squelette consécutives à l'atrophie testiculaire et à la

castration. (Soc de path. comparée., 9 déc. 1902 et Revue inter-

nat, de met. et de chir., 10 déc. 1902, en collab. avec M. P. E.L,\u-

;\OIS, ) 15. Des relations qui existent entre l'état des glandes

génitales mâles et le développement du squelette. (Soc. de biolo-

gie, 10 janvier 1903, en collab. avec Jf. P.-1. Luinois.) 15. Au-

topsie d'un géant acromégalique et diabétique (Soc de neurol. 15

janvier 1903, et Revue neural., 30 janvier 1903, en collab. avec M. P.

E. L.1U\OIS, et Nouv. Icon. de la Salpétt ière, mai-juin 1903). 17.

Glycosurie et hypophyse. (Soc. de Biologie, mars 1903 et Arch.

gén. de méd. 5 mai 1903, en collab. avec M. P. E. Launois.) 18.

Les rapports de l'acromégalie et du gigantisme expliqués par

l'autopsie du géant Constantin. (Soc. méd. des k6y., 8 mai 1903, en

collab. avec hl. P.-E. Launois et NI. A. Dup ? c (de lIIons,) - 19.

Contribution à l'étu1e du gigantisme. (Thèse de Paris, 25 février

1903, Médailles d'argent. Prix des thèses de la Faculté.) -20.Les

stigmates obstétricaux de la dégénérescence d'après MM. tiené

et Henri L.IRGEn. Revue critique. ( 3rch. de Neurologie, 1903, n' 89.)

21. Comment examiner un aliéné, i\Iédecinejournaltèl'e.(Æ7'ch,

VARIA. 499

gén. de méd., Il" ;'1,1903.) - 22. Comment traiter un aliéné, Méde-

cine journalière. (d rch. gén. de méd., n° 42, 1903.) 23. La ponc-

tion lombaire dans le diagnostic précoce de la paralysie générale

(Concours médical, 29 octobre 1904.) 24. Etudes biologiques sur

les Géants. (1vol. in-8°462 pages, avec 113 fig. Paris Masson, 1904.)

(Prix Th. Ilerpiii Acad. de méd.1904 : l'rixllfonthyon (mention).

Acad. des sciences., 1904.) Prix Broca. Soc. d'Anthropologie 1904.)

z 25. Aphasie motrice à répétition chez une morphinomane, en

collab. avec M. Juquelier, Soc. médico-psychol. 19 déc. 1904 et

Journal de Psychologie normale et pathol., janvier 1905, p. 1.)

26. Escltare sacrée wez une tabétique non alitee. (Soc. de nemo-

logie de Paris., 2 mars 1905 et Arch. génér. de méd. 25 avril 1905,p "

p. 1042.) 27. La préoccupation hypochondriaque de la paralysie

générale chez les syphilitiques. (Journal de Psychologie 1101'111. et

pathol., mai 1905, p. z 28. Amnésie localisée, rétro-antéro-

grade ayant débuté brusquement par un ictus chez un paralyti-

que général. (Soc. de neurol., 11 mai 1905 et Revue neurol. en col-

lab. avec M. Roger Dupouv.) 29. Quelques notes sur le géant

Machnow. (AI'ch. de méd., 30 mai 1905, p. 1380, encollab. avec M.

D. P. E. L.uivoisl. -30. Compression mentale et otite suppurée.

(Soc. médico-ps·cltologtyue,29 mai 1905, en collab. avec lI1. GUISEZ.)

31. De l'hypochondrie, étude pathogénique et nosologique.

(Rapport au 15° Congrès des médecins aliénistes et neurologistes. Ren-

ne,aolt 1905. 1 broch.-150, p. 32).-Etude médico-légale de l'hy-

pochondrie. (Communication au Congrès de Rennes en collab.

avec M. JUQUI : LIEH, une brochure 30 p ), etc., etc.

VARIA

ENSEIGNEMENT de la NEUROLOGIE et de la psychiatrie.

Cours de CLINIQUE des maladies DU système nerveux. M.

le ! )''UAYMONn a commencé le cour» de clinique des maladies

du sli'I11e llL'r'\L'U'i : , le mardi 14 novembre 11105, il 10 heures du

matin (hospice de la 5alpOn'iure), etle continuera les -vendredis

et mardis suivants, à la même heure.

l'rnrulnmeslb'elxseiy2elnelxtoonxplélnelxtail'e : Pathologie géné-

rale du système uervew, il. le ])' Ctaudt : : Séméiologie des ma-

ladies du système nerveux, M. le Dr Ll'jonne; llisLologie normale

et pathologie du système nerveux, M. le Ur Alquier ; Psvcho-

loiiic clinique, M. le Dr Janet, ; Elecirodiagnoslie et élecLroLhél'a-

pie, .\1. le Dr Iluet ; Examen du laryv, il. le Dr Carlaz ; Exa-

men des yeux, Mil. les 1)s Dupuy-Dulemps el Koenig ; Examen

des oreilles, il. le U' Gellé. Une aniciie ultérieure indiquera les

jours et heures de ces conférences complémentaires.

500 varia.

Clinique des maladies DU système nerveux, (il. le Prof. 1 ?

IIAYMOVD. Cour'; conaplétcnrcrataireet pratiquede V'·Rr'o2athologic,

sous la direction du D1' Henry Claude, agrégé,' avec le concours

et la collaboration de .\1.\1. Lejonne. chef de clinique de la Fa-

culté. Dupuy-Dutemps, chef du service ophtalmologique; Alquier

chef des travaux d'analomie pathologique ; Iluet, chef du se ! 'vice

d'électrothérapie ; Gellé, chef du service otologique.'Lo premier

cours a commencé le ! 1 novembre et durera un mois. Il aura lieu

tous les jours, excepté les dimanches et fêtes, à 5 heures de l'a-

près-midi, à la Salpêtrière, salle d'examen delà clinique. Les

leçons auront un caractère essentiellement pratique : la sympto-

matologie et le diagnostic seront particulièrement développés et

exposés avec présentation de malades. Les pièces anatomiqueset

les préparations histologiques du laboratoire seront mises à la

disposition des auditeurs pour les études anatomo-pathologi-

ques.

Programme du cours. Séméiologie générale du système ner-

veux ; Manière d'examiner un malade. Hémiplégie ; Mémorrha-

gie et ramollissement cérébral. Tumeurs cérébrales. Aphasies.

Encéphalopathies infantiles (maladie de Little, hémiplégie in-

fantile). Méningites, hémorrhagies méningées, ponction lombaire

Syndrome cérébelleux ;.\maladie de Friedreich. Svndromes bulbs-

protubérantiels ; Paralysies hu117aires. Myélites aiguës. Paralysie

infantile. Sclérose en plaques. Sclérose latérale amy-otrol7hique.

Syringomyélie. Tabès ; Scléroses combinées. Compressions de la

moelle ; Syndromes de 131'0\\ n-SequaI'l1 et de la queue de chenal.

Tuberculose des centres nerveux. Syphilis des centres nerveux.

Paralysie générale. Atrophie musculaire progressive ; Atrophies

musculaires en général. Myopathies. Polynévrites. Paralysies des

plexus : Névralgies (faciale, scia(iclue, etc : l' I : pilelmies. Hystérie.

Neurasthénie. Psychoses. Maladie de Parkinson ; Chorée ; Tics;

Tremblements. Examen électrique. Electrothérapie. Examen des

oreilles. Examen des yeux. Les dates exactes de chaque leçon se-

ront fixées ultérieurement. - Des certificats d'assiduité pourront

être délivrés il lalin du cours aux personnes qui en réclameront.

Trois séries de leçons du même genre sont faites tous les ans : la

première en novembre et décembre : la seconde en février et

mars ; la troisième en mai et juin. Le droit à verser est fixé à 80

francs. Seront admis les docteurs et étudiants français et étran-

gers, sur la présentation de la quittance du versement du droit.

Les hulletins de versement relatifs à ce cours seront délivrés au

Secrétariat de la Faculté (Guichet n° 3) les mardis, jeudis, same-

dis, de midi 3 heures.

COURS DE clinique des maladies mentales et des maladies

de l'encéphale. il. le Pr JnpFROY a commencé le cours de

n¡ 1 s nlvr. as. : )01

, .... . t

clinique des maladies mentale^ le samedi 18 novembre 1 ! 10, à

10 heures à l'amphithéâtre de l'Agile elillique (Sainte-Anne), et

le continuera les mercredis et samedis suivants, à la même heu-

re.- 1" les 1)'a ,luquelier et Vurpas, chefs de clinique, com-

menceront un cours théorique de psychiatrie, à l'Asile Sainte-

Anne, le samedi 4 novembre 19je, à 10 heures, et le continue-

ront les mardis et jeudis suivants, à la même heure, et les sa-

medis suivants, ,t 9 h. 1/4, pendant les mois de novembre, dé-

cembre et janvier. '20 .\1. le Or G. Dumas, chef du laboratoire do

psychologie, chargé du cours de psychologie expérimentale à la

Faculté des lettres, dirigera les exercices pratiques de psycholo-

gie, les dimanches malinh ! 1 '.) h. 1 2. salle îles courset laboratoire

(le llsyllologiej..., ? ,t , .. , . ? " 1 l.V I-(7U qui veut E' : T124\c;LI : RSO11\TI'12\i : . '

Le Petit Journal du 17 octobre raconte le fait suivant : Une

scène dramatique s'est déroulée, ce soir, il l'hôpital Saint Pierre

à Un ancien jockey, Poeis, qui avait déjà été '

interné plusieurs fois, et qu'on supposait guéri, était entré, de-

puis quelques jours, à l'hôpital, pour une affection de poitrine. Il

paraissait fort calme, mais, ce soir, comme l'interne approchait

de son lil pour voir comment il allait, Poels,'pris d'un accès de

folie subite, le saisit à la gorge et chercha à l'étrangler.

Le fou, dont les forces étaient décuplées, aurait certainement

réussi dans sa tentative, si des infirmiers et d'autres malades ne

s'étaient précipités au secours de l'interne et, après une lutte ter-

rible, n'étaient parvenus à mailriser le forcené, auquel on a passé

lacamisole de force. Pendant qu'on le transportaital'asited'alie-

nés de l'hôpital Saint Jean, Poels rompit ses entraves et il fallut

le secours de six agents de police pour qu'on ptiL l'enfermer dans

un cabanon. '

Folie meurtrière.

A,llivccaltes, un fou qui était revenu de la maison d'aliénés

de Limoux, Honoré Espinel, charron, quarante-sept ans, a tué

à coups de fusil la veuve Rivais, âgée de soixante-dix ans, et

son fils, âgé de trente-sept ans, qui vivaient avec lui. puis,

montant sur la fenêtre du second étage, il blessa à l'épaule, d'un

coup du fusil, le marchand de chevaux Tounet, qui passait dans

la rue. Enfin, lui-même se suicida avec la même arme. (L'Au-

1'Ol'e du Il,) novembre.)

BULLETIN bibliographique.

FAITS DIVERS

Asiles d'aliénés. Mouvement de novembre. il. le D1' (II :

BERT ? E)'iT,directeur-[nedccinaiMon11ns, nommé médecin en

chef Marseille,en remplacl'meI11. du Dr Hey, retraite.M.

Alombkrt-Goget, médecin-adjoint à Cron (1111ÙIICI; nommé

directeur-médecin Moulins (Allier).M.MoNESTiER,medecin-

adjoinL v .iv ILoucllc,-tlu-lsltûncl, llrunm médecin en chef dans

le même établissement (poste créé). M. le Dr Dodero, méde-

decin-adjoinl vaiuL-l'liu f,ful,tl, nommé médecin-adjoint il

I ! ro)i(i ! ii6nc). ' .

Société médicale DES asiles d'aliénés de la Seine. Dale

de la déclaration ; 21 juillet 1905. Titre et objet : Société

médicale des Asiles d'Aliénés de la Seine. Etude des ques-

Lions relatives à l'assistance des aliénés. Défense Iles intérêts des

médecins des asiles de la Seine. Siège social ? ? 8, rue Serpente,

Paris. {Journal officiel, du 1=- "août 1905.) ' '

Mariage des épileptiques. Dans certains cas, le médecin

f ? t,consu ! t,6pai'd(L'pitGj)Hf[Uf'sausu.jcL d'un mariage projeté.

1 : 'esL ainsi rlue Jl. (. li., ù;;n d'une trentaine d'années, épilep-

lique, nous a demandé notre avis. Tout en déconseillant le, ma-

riage, étant donné qu'il n'a quelles accès rares, nous lui avons

déclaré que s'il persistait dans ses intentions matrimoniales, il

devait prévenir la femme très nettement et la choisir hors d'en-

(ant.. '

Nécrologie. Nous avons le très \ il' regret d'annoncer' la

mort, survenue le 3 novembre, il Paris, de notre, vénéré confrère

le Dr Charles Sizaret. Né le 21 avril 18 14 à \ancy, prix de thèse

dedoct,curenmedecineaStrasi)f)ur(;nl8.7.),ii il l'ut successive-

ment interne de ilorel à ilaréville, sous-aide à l'hôpital mili-

taire de Nancy, ltcosecLeur 11'analnmil' à l'école de Xancy, méde-

cin-adjoint de l'asile (talienesd'Auxerre en 1865 ; puis adjoint

de ilorel à Saint- Yon ; médecin préposé responsable à l'onluc-

son, directeur-médecin Dote (Jura), il Iains (\Iluse), médecin en

chef à ilaréville; enfin, il Ch'l'moIlt (Oise), uù il prit sa retraite en

1895. Il se retira ]ont,or.on (Manche), où il reprit le service des

aliénés du quarlier d'hospice comme Il Il''deci Il l'II chef..\1. Siz,lI't' !

tait membre correspondant de la Société médico-psychologique.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

VIENT DE PARAITRE

EN VENTE AU BUREAU DU PROGRÈS MÉDICAL 1

14, RITE DES Carmes.

BOURNEVILLE. - Les enfants anormaux au point de vue intel-

bulletin bibliographique. 503

lectuel et moral. In- 18 de 24 pages. Prix : Pour nos abonnés

(franco) 0,50

BouRNEViLLE. Traitement médico-pédagogique des idioties

les plus graves. (Bicêtre, Fondation Vallée, Institut médico-péda-

gogique). Communication au Congres de Rennes. In-8" de 32 pages,

avec 22 figures. Prix : 1 fr. Pour nos abonnés. Prix U. riz

PAILHAS (B.). Balnéation et hydrothérapie dans le traite-

ment des maladies mentales. Rapport présenté au Congrès des

médecins aliénistes et neurologistes tenu' Rennes du le-- au. 7

août 110 : >. 1 vol. In-S° de 150 pages. Prix : Pour nos abonnés

(franco) 1 fr. 50

Vigouhoux CI combinées mé-

drsllaires des paralytiques généraux, In-8° de 31 pages. Extrait de la

Nouvelle Iconog. de la Salpètrlère. Librairie Mas*nn, 120, boulevard

Saiiil-tterniain.

- AVIS A NOS ABONNÉS. - L'échéance du i"

JANVIER étant l'une des plus importantes de l'année,

nous prions instamment nos souscripteurs, dont l'abonne-

ment cesse à cette date, de nous envoyer le plus tôt possible

le montant de leur renouvellement. Ils 'pourront nous

adresser ce montant par l'intermédiaire du bureau de

poste de leur localité, qui leur remettra' un reçu de la

somme versée. Nous prenons à notre charge les frais de

3 olo prélevés par la poste, et nos abonnés n'ont rien à

payer en sus du prix de leur renouvellement.

Nous leur rappelons que, à moins d'avis contraire, la

quittance de réabonnement leur sera présentée, aug-

mentée des frais de recouvrement, à partir du 15

janvier. Nous les engageons donc à nous envoyer de suite

leur renouvellement par un mandat poste.

Afin d'éviter toute erreur, nous prions également nos

abo1Z1zés de joindre à leur lettre de réabonnement et à toutes

leurs réclamations la BANDE de leur journal.

- Nous rappelons à nos lecteurs que l'abonnement col-

lectif des Archives de Neurologie et du Progrès

Médical est réduit à 28 francs pour la France et 30

francs pour l'Etranger. ·

Le rédacteur-gérant : Bourneville.

Clermont (Oise). Imprimerie Daix frères.

TABLE DES MATIÈRES

,,1

Abcès extra-clure-mérien spon-

tanément ouvert à l'exté-

rieur ; par Lannois, p. 399.

Absinthe, p. 413.

Acrohégalif. Voir Sang.

Affections cérébro - spinales.

Voir timibles qicyullaires.

' Analyse de quelques cas cl'-

cérébrales, par Fedorovv, p.

310.

.LLBUI<IIi\O-DLIn\OSTIC, par A.

Marie et Viollet, p. 20.ï.

Alcoolisme. Voir Aliénés./ 1

Aliénés. Les par alcoolisme

en Savoie, par Dumas et Le-

vet, p. 71. incendiaire,

p. 78. Voir Oiulu' nws2c-

laite. = en liberté, p. 159,

252, 412. Voir 8émm ma-

rin. Voir Traitement. z

parricide, p. 254. Voir Pa-

ralysie penérale. Une tenta-

tive d'analyse psychologique

de travaux manuels des -,

par Toporkoff, p. 485. '

Altérations médullaires. Sur

la pathogénie des surve-

nant au cours du mal de

Pott, par Rossi, p. 417.

Amaurose tabétique. Voir Bc-

t711e. -1 1

AMBIDEXTERITE, p. 77.

Amputés. Voir Hallucinations.

Anomalies congénitales, par

nlroplJi(' numérique, par

Klippel, p. 133. Les men-

tales chez les écoliers, par

.T. Philippe et Paul Boncour,

p. 403.

Aphasie amnésique, par Hali-

pré, p. 401.

,4RT. L'- d'alimenter les ma-

lades et les convalescentes,

par Cornet, p. 247.

Asiles d'aliénés. Voir PeTSf¡71-

nel mir/ic,ti. Voir Rapport

médical. - Voir Personnel

médical. de Lesvellec, pla-

ces d'internes vacantes, p. 79,

414. de Naugeat, place

d'interne vacante, p. 79.

de France. Concours pour les

médecins adjoints des -

Fixation du nombre des mé-

decins dans les ? par

Bournevjile, p. 105. ?

mouvement de juin 1905. p.

160. - - de la Roche-Gan-

don à Mayenne, p. 160. -

de Clermont (Oise), p. 160.

- - laïques, p. 160. Un con-

cert à l'- de Clermont,

p. 255. ' Mouvement

dans le personnel médical,

p. 335. Les aux colo-

nies, p. 335. départe-

mental de la Haute-Vienne,

p. 414. de Bordeaux.

Concours de l'Internat, p. ,

415. Voir Tuberculose.

L'organisation du service mé-

c11ca et scientifique dans nos

et l'initiative privée,

par le Dr Lentz, p. 486.

Mouvement de novembre,

p. 501. '

Assistance des enfants arriérés.

Voir Personnel médical.

desépileptiques, p. 79. des

aliénés, voir Congrès. et

traitement des enfants ar-

riérés, suicide manqué, p.

2,j2. et traitement médico-

pédagogique des idiots et

nl ? ilynipucs. p. : 331..\nrmt

de 1' familiale des aliénés

en quelques pays de l'Tttropo

occidentale, par "\Vyroubow,

p. 486.

A taxiques. L'incoordination des

muscles de la respiration

chez les pl .son Il'1111 ?

ment, par Faure, p. 235. '

Atiiéromateux. Voir Parésie,.

Atrophie musculaire. Vo;r

Thomsrl1. - numérique. Voir

Anomalies congénitales. z

musculaire du type Aran-Du-

chenne d'origine syphilitique,

par.Lannois, p. 243. mns-

¡ABU; DES M.\ 1 Ii.RES. 303

culaire. Voir JJyotonie.

musculaire et bradycardie,

par Lépine et Froment, p.

399. Deux cas 1 d'atrophies

musculaires, par Lépine et

Froment, p. 399. - muscu-

laires névritiques, par Lé-

pine et Porot, p. 400.

B.OEISKI. Voir Sclérose.

Balnéation et hydrothérapie

dans les maladies mentales,

par Pailhas, p. 209. - et

gâtisme volontaire, par Man-

lieimer-Gommès, p. 226.

Bandelettes optiques. Les

- dans le tabes avec cécité,

par P. Marie et Léri, p. 53.

B.\SEDOW. Syndrome de chez

une goitreuse, par Laignel-

Lavastine et Thaon p. 491.

DEJÆOMME. Voir Prix. -

BLONDLOT. Contribution maté-

rielle à l'étudo des rayons

et Charpentier, par Kiki-

tine, p. 39.

Bradycardie. Voir Atrophie

musculaire.

Bromure. Voir Epilepsie.

Bulbe. Voir Pseudomélie. Des

noyaux arciformes et des

olives accessoires surnumé-

raires du par Volpi-Gti-

rardini, p. 123.

Caisse des pensions. Avantages

et désavantage de la - -,

par le Dr Maere.

Voir Hamon.

Cancer. Etude sur le secon-

daire du cerveau, du cervelet

et de la moello, par Gallavar-

din et Varay, p. 483. -

Carcinome secondaire des cen-

tres nerveux avec présenta-

tion de pièces, par Sabrazès,

p. 206. Deux cas de se-

conda iru des centres ner-

veux, par Sabrazès et Bon-

nes, p. 244.

Catatonie. Voir Chorée. ·

Cécité. Voir Bandelettes npfi-

ques. verbale pure avec

hémianopsie homonyme laté-

rale droite. Persistance de la

sensation de lumière brute

dans le champ droit, par Lé-

vy et Faguct, p. 54. psy-

chique fonctionnelle, par Van

Vlenten, p. 317.

Cellules nerveuses. Voir l'isel.

Nouvelle méthode de colora-

tion des et leurs cana-

licules séreux, par Passek,

p. 115. hématomacropha-

ges, par Sabrazès et Mura-

tet, p. 244.

Cérébhine. Voir l'oelvl.

Cerveau. Voir Lésions. Con-

tribution à l'étude des idées

] égnnntes au xvi° siècle sur

les fonctions du -, par 1J11le

T.ipinshzl, p. 242. Note sur

les concrétions calcaires dans

le -, par Guinio Catola,

p. 316. Voir Cancer. ,

Cervelet. Voir Eléments 111'1-

re1tx. Voir Lésions.

Voir Cancer.

Charpentier. Voir Bayons.

C.li-IRO.NIÉG.4r,IE. Voir ? ? /r;)t<7-

1/111élie.

CHCLÉMIE et mélancolie, par

Cololian, p. 97, 356. '

Chorée et catatonie, par

Achard, p. 54..

Circulaire du Ministre de l'In-

térieur à messieurs les Pré- .

fets concernant les médecins

adjoints, p. 333.

Cirrhose latente. Voir Pocly-

méningite.

COEXETHÉSIE. Voir Délire.

Coloration. Voir Sissl. -.

Voir Fibres ne) ? e1lses. ?

. Voir Ra11lon. -. Voir

Cellules nerveuses.

Commotion médullaire.^ Para-

lysie des membres supérieurs,

intégrité des membres infé-

rieurs, par Thomas et Lecn-

hardt, p. 491.

Compte rendu. Voir Recher-

ches cliniques et thérapeute-

ques.

Concours de l'adjuvat- des asi-

les, par Dide, p. 234. Voeu

soumis au Congrès pour le

maintien du de l'adjuvat

des asiles d'aliénés : adop-

tion, p. 303. public pour

la nomination à une place de

médecin- adjoint du service

des aliénés dans les hospices

de Bicêtre et de la Salpê-

trière, p. 409.

50G . TABLE DES MATIÈRES.

Concrétions calcaires. Voir

Cerveau.

Confusion mentale. Voir Otite

Sl £ PPU1'ée.

Congrès. xv" des médecins

aliénistes et neurologistes de

France et de5 paYR de lan-

gue française, p. 78. 155.

' international de l'assistance

des aliénés, p. 156. ove

français des médecins alié-

nistes et neurologistes, tenu

à Rennes du 1er au 7 août

1905, par Roy, p. 164. Pre-

mier belge de neurologie

et de psychiatrie, p. 250, 369.

Contractions. Voir Purur(sir.

Contracture faciale. Voir

Onde musculaire.

Cit.%NIEC;TO311E. Présentation de

pièces anatomiques, par Ma-

rie et Barban, p. 490. ,

Crétinisme. Sur l'étiologie du

et du myxoedème, par lé-

sion de la glande thyroïde,

par Bayo, p. 481.

Crise d'épilepsie. Note sur le

traitement de la ! -, par

Nizaret, p. 226.

C1'l'O-DL1G\OQTIC. 7oirl'oitetioib

Le - - du li-

' quide cérébro-spinal, par

Schoenborn, p. 109.

i 1

DÉC'HLORUR.1TI0\. Voir E(flP ?

sie. ' '

Déformations séniles du sque-

lette simulant la maladie de

Paget, par Mocquot et Mon-

tier, p. 401.

Délire. Sur un cas de - méta-

bolique à base hypochondria-

que, par Deny et Camus,

p. 183. Remarques sur les -

du « parasitiférisme », ap-

puyées sur cinq observations

inédites, par Leroy, p. 184.

Sur un cas de - métaboli-

que de la personnalité lié à

des troubles de la ccenesthe-

sie par Deny et Camus, p. 257.

do persécution systémati-

sée curable chez un alcooli-

que, par Olivier, p. 489.

Démence précoce par Ballet,

p. 132. - épimptiquc, par

Bnurneville, p. 206, 337. Dia-

gnostic de la - précoce à

forme paranoïde et des psy-

choses ù. base d'interpréta-

tions délirantes sans évolu-

tion démentielle, par Duro-

Clmr el Lchr)râmc, 1). ? ? -

. Voir Si'ines oculairrs,

Voir Sérum sanguin.

Contribution à l'étude de la

démence précoce, par St.rnnh-

ky, p. 386. Contribution à

l'interprétation de certains

symptômes de la précoce,

par Stransky, p. 386. Contri-

bution à l'étlllle dn terme de

sejnnctiva, par Gross, p.

386. De l'état des réflexes

musculaires et autres de la

face dans la paralytique,

par Bechtcrew, rj. 387.

précoce ancienne, par Wey-

gaucli, p. 388. Deux cas de

précoce avec autopsie et

examen histologique, par

Doutrebcnte et Maichand,

p. 489.

DÉMENTS CATATONIQUES. Voir : Gl-

c6/1tfiol/s. Observation d'un

précoce avec autopsie, par

Legrain et Vigouroux, p.

488. ,

DElt : IIATO-l'STCHIE9, l'seudu-u'- '-

dème, érythème polymorphe,

purpura, gangrènes superfi-

cielles svmetriques, par Dide,

p. 112.

Dessins. Voir Maladies nel-

veuses.

Distinctions honorifiques, p.

335.

Dressage. Psychologie du :

l'exploitation des réflexes

pour dominer l'adversaire,

par Guenon, p. 141.

l';COJ,IIms, Voir . ! nol/1o/ies 1/1('1/-

tales.

1 : , oltc;E du cervelet. Voir EIÍ'-

l/1ellfs lIerl'e1lX.

ECTOPIE cérébelleuse, par "\ 1-

quier, p. ,192,

ECRITS. Voir Maladies 11fr-

reuses.. z

Ecriture. Voir Troubles.

Eléments XEHVEUX. La forme

des de l'écorce du cer-

TABLE DES MATIERES. 507

velet de divers vertébrés, par

Gurewitscb, p. 45.

Encéphale. Voir Tétanie.

Enfants arriérés. Voir Assis-

tance.

Epilepsie. Du régime hypoa-

zoté dans 1' (éliminations

urtnaires et jesultats théra-

peutiques), par Jules Voisin,

Roger Voisin et Norero, p.

51. Nouvelle contribution au

traitement diététique de I' ,

par Bahut, p. 112. - jackso-

nienne héréditaire, par Dé-

ierine,Leenhardtctforéro,

P. 13 . - Voir Olis(', -

Voir Folie. et 801(ellelie,

p. 255. Nouvelles recherches

chimiques sur 1 ? par Ma-

soin, p. 320. Recherches mi-

crobiennes sur 1 ? par Bra,

p. -1G8. - Bronture et rléchlo-

ruration, par Thomas, p. 490.

rPILEI'11QLTE6. VOi1' .SSIt(rr('P.

De la nature et de la spécifi-

cité des substances toxiques

contenues dans le sérum san-

guin des -, par Ceni, p. 126.

Un - en correctionnelle, p.

413, -. Voir .1[(1/ ÎI/I¡e,

Epithélioma. Voir Moelle.

I : REUTHOSE émcitive conjoncti-

vale, par Manheimer-Gom-

mès, p 203.

Erythème polymorphe. Voir

Dci muto-psi/eh ics.

haQUtItor.. Voir 7'rix.

Extatique. Voir Obsédé.

Facultés mentales. Voir 8111,-

tème nerveux. -

Faisceau longitudinal info-

rienr, Pat' \rcliambault, p,

492..

Fatigue. La - suggérée, par

Verjnollc, p. 380.

Fibres nerveuses. Contribu-

tion it la méthode de colora-

tion des - - du système

nerveux central, par Kat-

sowslw, 11 : 1.

Folie de la persécution. Voir

Uypochoiuliiugues. inter-

mitteute' et épilepsie. Drame

de la -, p. 2o3. meur-

trière, h. 502.

FoncE nerveuse. Des niodifica

tions que subit la - - rcla-

tinl1lent lt l'état de santé

des sujets, par Joire, p. 138.

centrifuge. Influence do la

sur la perception de la

verticale, par Bourdon, ? .

202.

Fou. Un qui résiste à la

gendarmerie depuis huit

u»rs.lt i.2.al.l'n-Irnlnwf.

p. 78. Les exploits d'un -

1L-l'll'tlllglt, dall ? iI cellule

Sujfi( ? d'uifuu.j)..t : ! ti.)n

qUI \'eul 01 1'11 11gll'l' {JIlIIlIt'I'liI'.

p.3U). '

Friedreich. Maladie de et

]iérédo-ataxic cérébelleuse,

par Raymond, p. 313.

Galvanisation cérébrale. ,

Signification thérapeutique

et clinique, par Foveau de

Courmelles, p. 202.

Gangrènes superficielles symé-

tl'ique&. Y CIl' De 1'11Wt ? Jsy-

chies.

Gastrite hystérique. Un cas

de traitée par la psy-

chothérapie, pai '4Tmo Li-

pinsl : : t 'p. ` ? 33. '

Géants. Etudes biologiques sur

les , par Launois et Rov ,

p. 405.

Gigantisme. Voir 8(/)](/.

Glande thyroïde. Voir Créti-

11 isme.

GomuEn.-E. Voir Basedovo.

Graphologie. La et la mé-

decine, par Boucard, p. 136.

Grimace. La -, par Bloch, p.

140. '

Hallucinations. Voir Hynn-

condriuqnc. Origine périphé-

rique des des amputés,

par Souques et Poicot, p.

492.

Hematomyélte, par Raymond

et G lIillain, p. 133.

HÉMiANopsiE. Voir C'lmté.

Hémiplégie intermittente d'o-

rigine albuminurique chez

une fillette, par Manheimpr-

Gonunès, p. 203, 234.

Hémispasme facial périphéri-

que post-paralytique, par r

Crucbet, p. 186.'

HEMOHRHAGJES iutra-puhnouai-

rcs. Voir potc7pW·ninnitc.

5US 1 \111.1 : DES MATIÈRES.

HÉHÉDO - .\'1'\xm cérébelleuse.

Voir Sur l'II\1a-

tomie pathologique d'une

forme d'- - cérébelleuse,

pnr llydel, p. 315. - - ce- ·

rébelleuse, par Marie et Léri,

p. 491. ?

IlI'.I ! \IUI'III : : \YL. VOIr ,')Y/¡/lItls.1

Hoquet. Voir Suggestion.^

HYPEREXCITAHIMTÉ électrique

du nerf facial, par Babinski,

p. 490.

Hydrothérapie. Voir l3nlnr·rr-

tion.

HYPXOCYAX01ROI'E. Voir 7);-

mière coloiée.

Hypnose spirite, par Demon-

eliy P. 186.

Hypnotisme. Lez et le pré-

tendu magnétisme humain,

par Fuvre, p. 13(;, ? Voir

l'errevsion sexuelle. Le ter-

rain dans les expériences

cl ? par Delins, p. 141. Il

chez les animaux, pnr Lépi-

nay et (' .1-011et. '

1-lypoCHo ? DltlAQUE ? 7'oir DnliwP.

Préoccupations avec hal-

lucinations obsédantes de

l'ouïe ou de l'odorat, par Le-

P. 184. Les convictions

délirantes dans la folie do

la persécution, par Leroy,

p. 185. '

HYPOOHOX[>I\TE et lésions orga-

niques latentes, par Vigou-

roux et Collet, p. 134. De

1 ? par P. Roy, p. 166.

IIrroTttornrE d'origine he ! edo-

Hypotropiue d'origine hé] édo-

bacillaire, par Clande et Le-

jonnp, p. 491.

Hystérie. Un cas d'- simu-

lant la sclérose en plaques

et la syringomyélie, par

Parhon et Goldstein, p. 239.

Hystérique. Voir Troub/es 1'(/-

somole111's,

Idiote. Voir T,ésions du ce ? --

veau.

Idiotie. Voir 'fraifemPllt mé-

dico-pédagogique. Un cas -

d'- am'1urotique hérédi-

taire, par .Iame Burnet, p.

389.

Immobilité pupillaire. Con-

tribution à la connaissance

de l'- hémianopsique,

par Friedloonder et Kemp-

ner, p. ]lS. -. Voir }'1(11/11 ?

Contribution à la question

de la genèse du myosis dans ? par Hcddoeus, p. 119.

Impulsions SEXUELLES...Voir

Psychothérapie. ,

Infections aiguës. Les psvcho-

ses des - -, par Régis, p.

268. ,

Injections D'fIEHMOrHÊXYL. <V.

. It7t1 lIlS. · H ii/

" t

Japon. La leçon psychologique

et morale du -, par Kéca-

mcy, p. 142. - -

Jorns \L. Viuvoiiil . p. 79.

Kehnig. Le signe de dans

la paralysie générale, par

Darcanne, p. 200.

Kleptomanie. -Voir Ttoifcmenf

l7aclrnrnncnniquc.

KLIKOUHCHESTWO. Contribution

à la question du - (genre

de possession russe) par Xi-

kitine, p. 157.

KIIOEPI,IX. La direction des in-

vestigations dans les travaux

de- psychologie de -, par

Weygiindt, p. 40.

Lecture. Voir Troubles.

Voir Tic.

Lésions du cerveau et du cer-

velet chez une idiote aveu-

glp-née, par Giraud p, 2-U.

Liquide cérébro-spinal. Voir

Iytn-ctiupunstic. Résultats de

l'examen du . cérébro-spi-

nal, par Merzbacher, p. 108.

Lumière colorée et hypnocya-

notrope par Farez, p. 379. : \1 \lSO, 1>1' swtk pour malades

payants du Dr Thol1l&en à

Honn et du Dr Ehrenwald à

Ahrweiler, par Maere, p.

487.

Maladies. Prévention des

nerveuses ou mentales dans

l'armée par Granjux, p. 188.

mentales.' Voir 73nlnén-

tion. Essai de classification

des mentales par Dide,

TABLE DES MATIÈRES. Il-)09

p. `28U. Le travail dans la

thérapeutique des men-

tales, par Cuylttz, p. 372.

' Critique de l'article de

Ztchen intitulé : De quel-

ques lacunes et difficulté*

relatives au groupement des

mentales, par Nissl, p.

388. Les écrits et « les des-

sins dans le, - nerveuses

et mentales, par Rogues de

j<'urac; p. 49 : ¿. <

Marche. Voir Muscles.

Marciii. Remarques sur les

noucibsures artificielles qui

subviennent dans la méthode

de coloration de -, par

Stranalcy, p. 44. Les sources

d'erreur de la méthode de

- , p.lr Splelmeyer p. -1.

111nut.cE dcs épileptiques, p.

502.

Médecins. Fixation du nombre

des dans les asiles d'alié-

nés, par Bourneville, p. 104.

adjoints, voir Ciiculan e.

Projet d'un concours spécial

pour les des asiles d'alié-

nés de la Seine, p. 336 . z

Mélancolie. Voir Cholémie.

Méningite syphilitique. Voir

Tabès. scléro-gommeuse.

Voir Paralysie générale.

chronique chez un hérédi-

taire dégénéré, par Doutre-

bente et Marchand, p. 204.

Des à évolution insidieuse

comme cause d'aliénation

mentale, par Marchand, p.

332.

' : ¡lÉ ? IXGO-EXCÉPHALI1E 5711111-

tidue awec épilepsie Jaclcson-

nienne et perte du sens sté-

réognostique, par Sniker,

p. 310.

Méthode socratique dans l'édu-

cation scientifique, par De-

numcly, p. 142. Les de

rééducation en thérapeuti-

que (rééducation psychique

motrice, sensorielle et orga-

nique), par Contet, p. 147.

Migraine. Contribution à

l'étude de la ophtalmoplé-

gique,parLec ! éxio.p.4H.

Moelle. Voir ]'"riuloIl1Nie,

Contribution il la question

de la régénération de la -,

]Jar llikl'lh, p. 48. Contri-

bution à la connaissance de

la dissociation thermique et

de la sensation algique dans

les olepsures et affections de

la -, par l'iltz p. 12. l : ui-

théiioma de la , cytodia-

gnostic, par Léri et Cathala,

p. 133. Voir Cuncci.

Mongolisme. Voir Myxadcmi1

infantile. Du , par \Vey-

gandt p. 78. ,

Moreau (de Tours). Voir 1'/ iJ : .

MoRPHiNisME familial par con-

tagion, par Briand et TibOt,

p. 1.

Muscles. Voir .dtrl £ iqlle8. -

Voir Spasmes. Rôle des

spinaux dans la marche nor-

male chez 1 homme, par

Lamy, p. 396.

Mutisme chez un dégénéré

datant de seize mois. Guéri-

son par la suggestion, par

Lannois et Feuillade, p. 398.

Myéline. ,Une nouvelle mé-

thode de coloration des gai- ! )phdc.pm'r'ru'nkr'i.p ? ).

Myélites par toxines tubercu-

leuses, par Clément, p. 393.

MYOKYMIE. Contribution à la

casuistique de la -, par

Meinertz, p. 128.

Myopathie. Un cas de avec

rétraction, examen anatomi-

que par Cestan et Lejonne,

p. 323. avec spasmes lo-

ouUsés. pnr I"utnois, p. 3ïn.

Myosis. Voir Immobilité pu-

pillaire,

Myotonie. Voir Onde muscu-

laire. avec atrophie mus-

culaire, par Lannois, p. 312.

MYSTIQUE. Tentative de sui-

cide chez 1111 - par intro-

duction d'un corps étranger

dans l'oe&oul¡age, par Azé-

mal', p. 135,

31rmEULatE. Parallèle du

infantile et du mongolisme,

par Bourneville, p. 206.

Voir U¡étllli811lC.

..

Nécrologie, p. 41.3, 496, .'302.

Nerfs crâniens et tachidicnh

Voir-Y ? jr ? crâniens.

Voir Paralysie. facial.

Vo[r7 ? f ? cf ? ff ?

510 TABLE DES MATIÈRES

Neurasthénies. Les -, par

Goalewsl.i, p. 70.

Neurologie. Enseignement de

la - et de la psychiatrie.

Clinique des maladies du

système nerveux par Ray-

mond, p. 499. < ,

XEUROXAL. Recherches sur le

- , par 1. Marie, Pelletier

. et V iollet, p. 206.

Névralgie. Traitement de 1

faciale rebelle, par Ost-

watt, p. 483. Etude clinique

et essai de classification des

- - intercostales, par Bou-

tin, p. 495.

NÉVUAXOLOGIE et névraxopa-

thologie, par Heldenbergli.

p. 38.

NL'VltA-1-OP,ITROLOGIE. Voir 1P-

9'l'(L.1 : ()lOlJ22.1

Névrite radiculaire cervicale

et dorsale supérieure, par

Déjérme, Leenhardt et Mo-

rero, p. 54. Le syndrome de

la ascendante, par Si-

card, p. 190.

Névrose. Considérations sur

l'étiologie et la pathogénie

de la traumatique, par

Francotte, p. 321.

Nissl. Une variante dans la

méthode de coloration des

cellules nerveuses de -,

par Piewnitzki, p. 113.

Noircissures artificielles.

Voir 201[(1 chi. i.

Noyau lenticulaire. Voir 7'seM-

clolnélie. - arciformes. Voir

Bulbe. Nouvelle contribu-

tion à l'étude des localisa-

tions dans les - des nerfs

crâniens et rachidiens, chex

l'homme et chez le chien, par

Parhon et Xadejde, p. 241.

Obsédé ayant l'apparence d'un

extatique, par Ballet et Fa-

guet, p. 131.

OLIVES accessoires. Voir Bulbe.

Onanisme. Des sianes exté- -

rieurs de l'- habituel chez

les garçons^ par de Bechte-

row, p. 389.

01;1E musculaire. Contribution

à la question de l'- chez les

aliénés, par Tzariégradski,

p. 128. Contribution à la va-

leur clinique de 1' , par

7tvanow, p. 128. De J'

daus la4 In-otonie, par Bech-

rerew, p. 128. Contribution

casuistique à la contracture

faciale tonique primitive

avec ? par Vitek, p. 128.

Ontogenèse. Les phénomènes

de conscience dans )' par

Lahy, p. 280.

Opérations corticales. Contri-

bution à la définition de la

mise en train ou de la con-

tinuation des -, par Vogt,

p. 324.

Ophtalmoplégie et tremble-

ment, par Brissaud et Mou-

tier, p. 5 : 5,

Ostéopathie rhumatismale,

par Guillain et Baudoin,

p. 133.

OS'l'EO-111'lIIItOPA'rIIIES tabéti-

clues, par 71aymoncl et Guil-

lain, p. 133. - s3-lbilitiqucs,

par ixuillain et Hnntel, p.

133.

Otite. Confusion mentale et

suppurée, par lioy et

Guisez, p. 135. ib. - par

Picdué, p. 487.

1.'acllrrll;wcITE hémorrhagi-

que compliquée d'hémorra-

gies intra-pulmonaires chez

un alcoolique porteur d'une

cirrhose latente, par Heitz,

p. 318.

PAGEL Voir Déformation.

Papille. De la pathogénie de

la étranglée, par Soeuger,

p. 123. Contribution'a. à la

question de la nature de la

étranglée, par Adamkie-

wnx.p.]23.

1'.\11 \LYSI ! ; Un phénomène ré-

flexe original observé sur les

extrémités clans lescen-

trales organiques, par Beeh-

terots, p. 40. alterne hnl-

bo-protttbérnntielle, par Sou-

ques. Contractions associées

paradoxales dans une an-

cienne faciale, par Lamy,

n. 53. - énérale et syphi-

lis cérébrale diffuse, par Du-

pré et Dcvnw, p. 53. Suppu-

ration et rémission dans la

générale, par A. Marie,

TABLE DES MATIERES. ' 311

n. 55. Suppurations et ré-

missions dans la générale,

par Marie et Violet, p. 134,

Un cas de spinale aiguë

de l'adulte 11 tonne mono-

plégique, par Castex. p. 198.

générale. Voir f'M/fy

générale tardive. Méningite

sclero-gojnmeuso du lobule

par : 7central tlteit, par Dou-

trebente, Marchand et Oli-

vier, p. 203. Contribution à

l'étude de la n7yastliéni-

que, par de Léon, p. 314.

des nerfs crâniens d'un côté

et déformations Osseuses

multiples d'origine probable-

ment hérédo-syphilitique tar-

dive, par Rose, p. 314.

générale et syphilis, par Mar-

chand, p. 331. Leçon sur la

riénér.vle, p : 7r Raymond,

p. 380. Essai de recherches

médico-statistiques sur 900

cas de générale des alié-

nés, par Dlodow, p. 385. -.

VoirCo'n)nof)0;ttMCfh(<N')f.

Paralytiques généraux. Voir

Troubles. général. Voir;

Tluombo-plébite.

Paraplégie flasco-spasmodiquo

pottique, par Dupré et Ca-

mus, p. 133. - flasque avec

exagéiation des réflexes ro-

uillions et trépidation épilep-

toido (examen histologique),

par Lannois et Porot, p. 395.

Parésie spasmodique des athé-

romateux, par Dupré et Le-

n7aire, p. 132. '

Parkinson. Voir Scopolamine.

Maladie ,le ? par Ray-

mond, p. 130.

Parole. Voir l'toubfes. -.

Voir l'ic.

Phénomène. Voir Paralysie.

Voir 8/liIlO-IlI1tS('1ÛuI7'r.

myotoniques.Voir2'c ? N<;.

Sur l'étiologie des vitaux,

p. 242. Les de conscience.

Voir Ontogenèse.

Phobie. La du regard, par

L'cchterew, p. 11. - alimen-

taire datant de cinq ans,

traitéo avec succès par la

suggestion hypnotique, 1) : 11'

J. Voisin, p. 1-11. - 'oir

Tic.

PELLAGRO typhus, par Sacco-

nuglu. p. 319.

Perception stéréognostique, p. ' ·

255.

Personnel médical. Sur le

dans les asiles publics

d'aliénés, par Lagriffe, p.

31. Le et secondait e

des asiles. Assistance des en-

fants arriérés, par Meilhun,

p. 75. - - des asiles d'atic-

nés, par Dubourdieu, p. 150.

- - secondaire des asiles,

par Marandon de Montyct,

p. 153. secondaire des asi-

les, par Dubourdieu, p. 153.

médical. Concours de l'ad-

' juvat, par Bourneville, p.

247. médical. Asile Saint-

Robert, p. 334.

Peur. Pédagogie clinique, l'é-

ducation de la et le trai-

tement psychologique de la

pusillanimité, par lirullun,

p. 142.'

Perversions sexuelles, par

Violet, p. 56. Deux cas de

- - causée par des diffor-

mités acquises des organes

génitaux, par Violet, p. 136.

guérie par l'hypno-

tisme, par Loyd Tuckey, p.

139..

Plexus. Morphologie et cons-

titution du brachial chez

le nom eau-né, par Porot, p.

238. ,

POEHL. Recherches expérimen-

tales relatives à l'influence

sur la circulation cérébrale

de la cerebrino de -, par

Pousseyre, p. 111.

Poliomyélite antérieure chro-

nique et sv ringomyélie, par

l{osso)imo, p. 317. Un cas de

antérieure aiguë de l'a-

dulte avec lésions médullaires

en foyers, par Léri et Wil-

son, p. 323.

Ponction lombaire et le cyto-

diagnostic, par Devaux, p.

108. L'importance de la

pour la psychiatrie, par

\tsal, p. I(N L,i . nar Picho-

not et Castin, p. 206. La, -

, par de Buck. p. 374.

POT ? Mal de -. Voir A.lfé1H-

tions médullaii es.

Prix Bel homme, par Chaslin,

512 f üLl : des Matières.

p. 134. - Isquirol, l'nI' An-

theuume, p. 131. - \Ioreau

(cle Tours), par Pactet, p.

131.

Pseudomélie l'.OEESTHÉSIQUE. La

symptomatique d'une

lésion de la portion cervi-

cale ,le la moello et du 5Pg-

ment inférieur du bulbe, par

Ustanknw, p. 43. - - symp-

tomatique du noyau ]enticu-

laire, par Becbterevv, p. 43.

1'.EUDO-OEDÈME. Voir Dermaio-

psychies,

Psychiatrie. Voir 1 eurolopie.

Psychoses l'OL1RÉV121'l'IQUES,

- par Knayp, p. 407.

Psychothérapie. Importance

de la dans le traitement

des impulsions sexuelles, par

13crillon, p. 138. -. Voir

al/st 1 ite hystéTique. '

Puérilisme. Le démentiel

sénile, par Dupré, p. 393.

Pupilles. De l'inertie congéni-

tale des - par Reichardt,

p, 117, Quel est l'état de la

dans l'immobilité réflexe

. typique des -, par Bach, p.

119. -. Voir Immobilité pu-

pillaire.

Purpura. Voir Dermato-ps1j-

chies. Deux cas de à to-

pographie radiculaire, par

.\rtnattd-I)clillc. 1. 1 : 8.

Queue DE cheval. Sur un cas

de lésion de la par tu-

berculose sacrée, par Rossi,

p. 81.

Rage. La . : ..... e5t une folie in-

fectieuse, parPierret, p.20G.

Ramon. Nouvelle méthode de

coloration des fibrilles de --

y Cajal, par Lenhossek, p.

114.

Rapport médical et compte

rendu administratif de l'a51w

d'aliénés de Quimper, par

Meilhon, p. 50. et

compte rendu administratif

de l'exercice HJU4 de l'asile

lie Dur ? Il's-.\mien5 (Somme)

par Charron, p. 58. sur

l'asile d'aliénés de St-Yon

(Seine-Inférieure), pour l'an-

née 1904, par Giraud, 1 l'o-

ehuu et Brunet, p. 142. --

sur le service des aliénés du u

département de la Seine pen-

dant l'année 1903, par Le-

roy, p. 14(i. - et adminis-

tratif de l'asile départemen-

tal de l3onnewal (Eure-et-

Loir), pour 1903, par Dericq,

p. 146. J - de l'asile d'alié-

nés de Rennes pendant l'an-

née 1904, par Sizaret, p. 320.

- sur 'asile public d'alié-

nés de Sttittt-Robert (Isère),

pour l'année 1904, par Du-

bottrdieu.p. 329.

HAYXAUD. Voir Sclél'odelll11e.

Rayons. Voir Blondlot. N.

Au sujet de l'article de Ko-

tik sur la lecture des pensées

et les - , par Hannistc,

p. 326.

Recherches cliniques ET Tlif-

rapeutiques sur l'épilepsie,

l'hystérie et l'idiotie. Comp-

te tendu de l'asile-école de

Bicêtre pour 1903, par Bour-

neville, p. 60.

Réflexe. Voir paralysie. Nou-

veau = de la face, par Fuchs,

p. 41. Du - lombo-fémoral,

par Becliterew p. 41. Les -

des segments éloignés des ex-

trémités supérieures et leur

signification diagnostique,

par Bechterew, p. 42. Re-

cherches sur le temps perdu

du rotulien, par Castex,

p. 197. Le patellaire est

indépendant de la surface du

percuteur, par Castex, p.

199. -. Voir Démence fJl/1(l-

lytique. rotuliens. Voir

Paraplégie.

1ÎEGARD. Voir Phobie.

Rétine. Etude de la .- dans

l'amaurose tabétique, par Lé-

ri, p. 315.

Rhino-pharynx. Voir Troubles.

Rhumatisme chronique, par

Gauckler, p. 492.

Sang. Le dans l'acr01négn-

lie et le gigantisme, par

P. Marie, p. 464.

Sclérodermie et maladie de

lexiiiiien radiogl'a-

.phique, par Nicolas et ( ? f¡- -

vre, p. 398.

T\BLH DES JIWIÉR1 : 5. S13

Sclérose en plaques infantiles,

55. - latérdle amyotrophi-

(lue, pnr l\1 : ontier et GrHsct,

par Haymond pt Baudoin, p.

p. 133. en plaques. Voir ? );'Hj7om(fF.mëduUniie,

tr<111f-lVerSl', ? egluentairC', ùor-

5o-lontbnre gauche, méta-

t,¡'tIlUnntiql1e. Forme clini-

que curable, par lievilliod,

p. 397.en plaques fruste

ou syndrome eëlebetteux de

Babinski, par Sclieib, p. 397.

Scop()LAMl\E dans la maladie

dc Pnrlcin,on, 1>ur Roussç, p.

55.

Sens stéréognostique. Voir ilfé-

ti»go-e»célhnl7tc. - do l,t

douleur, par Mlle Yotovko,

p. 370.

Sensation algique. Voir Moelle.

Sérum sanguin. Voir Epilep-

tiques. Application du ma-

rin dans le traitement des

aliénés, par A. Marie, p. 205.

Sur quelques propriétés du

sanguin dans la démence

précoce, disette d'alexl11,

présence de sensibilisatrices

microbiennes, par Didc et

Sncquépée, p. 232.

Signes oculaires dans la dé-

mence précoce, par Dide et

Assieot, p. 231.

Simulateurs. Les bons et les

lllf1uvais - dans les acci-

dents du travail, par Cour-

ta1' ! lt, p. 137.

Simulation La - envisagée

comme fait de parasitisme

social, par Bérillon, p. 379.

Note sur le rôle pathogène

de la simulation, par Féré,

' p 389.

Sommeil. La conscience du -,

par Dpl1JondlY, p. 142.

51'.1SJIES. aSSOCt1t1011 des or-

ganique et fonctionnel, par

Babinski, p. 132. , parLa-

my, p. 132. - bi-latéral des

muscles du cou et de la face,

uni- Gausse), p. 315. Contri-

bution à la symptomatologie

du i salutatoiro (Epilepsia

nutans), par Dccroly, p. 318.

Voir Myopathie.

Sphincters, voir T'as.

SPINO-I11USCUT..111;E. Nouveau

phénomène - - chez les

Archives, 2' série, 1005, t. XX

gens normaux, par Mac Car-

thy, p. 41.

Squelette. Voir Dé foi mat ion.

Substances toxiques. Voir b ? 1-

lcpt iq1 ! cs.

Suggestion. Hoquet tenace

guéri par la , par Feuil-

]ade,p.l37.Lamusicaio,

])arPa ! nart,p.l38.pcn-

dant 10 sommeil naturel, par

lLombotis, p. 138. -. Voir

phobie alimentai ic. Action

de 1" -- dan, la men,tru : ¡-

Lwn, 11,n 1)I'IJlI;" p 111 La

- (Ic l'uniforme et des in-

signes ]}lJll1dll'(I. pal' Lux,

p. 142. Voir Mutisme.

Suicide simultané de deux ju-

melles, p. 412.

Surdité verbale familiale con-

génitale, pal Taguet et Fov.

p. 131.

Syphilis cérébrale. Voir Para-

lysre pén`s7ale. - cérébr : llo

et injections d'lierntopbényl,

par Roque et Corneloup, p.

484.

Syringomyélie. VoÍI'l1ysté, ¡t.

Une observation de avec

cliéiromégalie, par Schlit-

tenbelm, p. 316. - Voir l'n-

/107lIyellte. Histologie patho-

]()gtquec ! pa ! hng(''nt('d(')n

parTtiomasctHauser,}].

322.

Système nerveux. Voir Fi-

bi es. Les relations du a\ ce

les facultés mentales, par

Kronthal, p. 117.

Tabès supérieur et méningite

syphilitique bas]hure, par

Souques et Vincent, p. 52.

- et maux perforants, par

P. Maiie, p, .33. - Voir

- Hfftfftfr optiques.

cervical chez un enfant de

quinze ans par Déjerine,

Morero et Leenhardt, p. 54.

Mouvements involontaires

stéréotypés des doigts s'orga-

nisnut en fie dans le par

Sabrazès. p. 207

Technique Sl'IIYG11OGRAPIIIQUE,

par Vaschide, p. 320.

Tétanie. Nouvelle contribu-

tion à l'anatomie pathologi-

que de la -, étude clinique

. 33

514 TAULE DES MATIÈRES.

des vaisseaux de l'encéphale

c : elcifiés, par l'iclc, . 1G2. -

accompagnée de phénomènes

lucotoniques, 'par Foss, 17.

122.

TaoatsE.r. ltropllit : musculaire

^ avec réactions électriques de

- ]amatadiedo,par)or-

tdt-.htC<jbc ! 'i' ! )au)t,p.) : t2.

THHO\iB0-PIILÉBITF du 11 5111115 s

longitudinal supérieur chez

un paralytique général, par

Lannois et ,JaI11DOIl;. p. 394.

Tic hystérique, par Pitres et

Cruchet, p. 103.- de" spillne-

ters, par Meigo, p. 2 : l.J

avec phobie de la parole

ct de la lectule, par, Ballet

et Faguet, p. 491.

Toxines tuberculeuses. Voir

Myélites.

Tu \c. Le par asynergie des

images mentales, par Farez,

p. 140.

Traitement médico-pédagogi-

que des différentes formes de

1 idiotie, par Bourneville,

p. 206. - diététique. Voir

Epilepsie. Le des aliénés

dans les familles, par Ch.

Féré, p. 245. psyclioméca-

niquo de la kleptomanie, par

13ertillon ot Pamart, p. 378.

Transferts d'aliénés, p. 411.

Traqueur. Un ancien pre-

mier prix du Conservatoire,

par Farez, p. 378.

Tremblement congénital et dé-

générescence pathologie com-

parée, par Raymond et

Thnon, p. 53. - et ophtal-

moplégie. Observation de

hystérique.

Trépidation 3 : PILEP1'OIIJE. Voir r

l'lll(t(l('J18. " -

Trourles pupillaires. Valeur l'

oéllléiolog1<jl1e de" - dan., les

affections céréb¡ 0 - opinala."

pa r J ocqs, 11. 187. Une ot-

oervatioll de - mentaux liés

à l'existence do lésions chro-

niques du rhino - pharynx,

par Royet et Rousset, p. 226.

Observation de - mélancoli-

ques d'origine rhil1o-pharvn-

giel1llc, par Rozet, p. 234.

- V'aOI11oteun, chez une hys-

térique, par Genévrier p.

213. Des de la lecture, de

la parole et de l'écriture

chez les paralytiques géné-

raux, par Joffroy, p. 384.

Tuberculose. Voir Queue de

cheval. De la nécessité de

lutter contre la - dans les

asiles d'aliénés, par Topor-

] : ow, p. 486.

Tumeurs. Diagnostic des cé-

rébrales, par Cestan, p. 492.

Ulcérations trophiques chez

deux déments catatoniques,

par Trepsat, p. 384.

VERTIGE. Observation de -,

par Régis, p. 234.

ZIEOEV. Voir Maladies ? l1Pl1trr-

les.

TABLE DES AUTEURS ET DES COLLABORATEURS

Ach ! u'd ? )4.. . '

Adnmki,'\\'jez, 12 : J.

\lyoicl', 4Jt.

Anllieaume, 134.

.\rcllanlh : lllll, 192.

Armnud.llelille, 131.

Assicol, 231.

Azéaiar, 135.

Babinski, 132, 490.

Bnrh. ! 19,

Baliut, 112.

Ballet, 131, 491.

Barban, 490.

] ! : u)()nn) ? ).'),l ? 3.

Bayo, 481.

Bechlcrcw, ]',4t),

41, 42, 4 : 3, 1 : 8, : 387,

38'.).

BI·rillon, 137, 138,

]42, 3n, 3 U.

Iierlillon, 378.

Bikelès, 48.

Illocli, 140.

Bonnes, 244.

] ! on(.'nr(<,]3(i.

Boucarul, 319-

Bourdon. 202.

Bourneville, 38, 00,

102, 20G, 2.i0, : 30 : 3,

337, 481.

Boulin, 495

13o-cr (.I.), 411.

lira. 409.

111 ? 111<1. 1.

131'Hn : 111f3 JJ. 1 : 31.

Briincl, 142

1311c'Ic (île), 374.

Uumel, 389.

Camus, 133, 183, 237.

Cartliv (Mac), 41.

Castex, 197, 198,1OG,

( : aslin. ('G.

Cn 1 haln, 133.

Calo a, 310.

Causlier, 142.

Ceni,126,

Ceslan, 323, 402.

Charron, 58

Cliaslin, 134.

Cliauniipr, 183.

Claude, 491.

Clément, 393.

Colle ! , 134

( : ololiau, 91, 3;P.

Conlel, 147.

Corncloup, 484.

( : ourl;wll, 1 : 37.

( : ruclrel, 155, 1s6.

Cuylilz, 372. '

lJal'eaunc, 199, 200.

Debrav, 378.

])ccrniv,3t8.

])c)crin(;,54,13t.

])emoochY,i3(;,378.

Deny, lc : i, ? 1. 7.

IIcl'icq, 1-10.

I levau c. ;r : 3. 10.

I)cwv . 'l09

Didc : ! l ? .2 ? 0.231.

232. 231

Diedovv. 385.

1>oulrclrcnlc. 203.

2u·1, IS9.

Dubourdieu. 130. 133

329.

Dumas, 71. I.

lIu(louy. 501,

I)l) : : C Ji. 1 ? 133.

a9.t

Diirochcr. 228

lariucl, 5 ! , 131.-1 ! )1.

Farcz. 140. 378. 379.

Faine. 235.

1 wre, 136, 398.

F"dol'ow. 31ô,

Féie (Ch.). 245. 389.

1 cml laclo. 13 ï. 3 ! )R.

KOSS.-122.

Fo, f'aU tif' Cot1 ! 'ulcl

les, 202.

Fov. 131.

Fiàenkef. 49.

Francolle. 321.

I· ri : ·Ila·nli·r. 115.

Froment. 399.

Fuclis. 41 1

Fnrsac. 4)2.

(;nlla\"l ! '(lin, 483,

(iauckler. 492.

(;nn"spl. : 315.

(;ené, ril'r. 313.

( : irau<l. 142, 241

Glorieux. 377.

Godlewski. 70.

Goldstein. 239.

(;l'anjux. 1SR.

( : r : w,el . 133.

1 (;"0111'1. Hl.

Gross. 380.

Guenon. 141.

Guillain. 133.

(;nie\', 13.

Gurenwilsch, 45.

]lHtn)i.6.401.

Ilamcl. 133.

Hanses.3 ? 2.

llcl(lceuc. 119.

Heitz. 318.

IIcIdcnlicrrL. 3S.

hvanovv. 128.

Jamhou. 34.

,Ioe'[. IR7,

.1 n Il'm-. : i84.

.foire. '138.

Kalzovvsky. 114.

Kl'ml'nl'r : 118.

Klippef. 13J.

Knn ! >I',401.

I<ronll,tl, 117.

516 T11)LE DES AUTEURS ET DES COLLABORATEURS.

Lag'ril1'e, 31. 309.

Lahy. 280.

Laignel Lavaslino.

491.

I,nmy, 53, 132. 39(i. -

Lannois, 243, 312.

378. 394. 395. 398.

399. 400. 405.

l.nl : nrt,rne. 2 ? 8.

L('e ? zio. 490.

Leenliardl. 54. 131.

491.

Leyruin. 488.

l.e,lonne. 323, 491.

Leniaire. 132.

Lenhossek, 114.'

Lentz. 480.

Léon (de). 314.

Lyoinay, 141.

Lepine. 399. 400.

Léri. 53.133. 315,323

491.

Lerov. 144. 184.

Lcvcl, 71.

Lévy. 54.

MIlle Lipinska. 33,

242. 317.

l.olm· 326.

l.ortnl-.I;col : . 132.

Maerc. 487.

Magnin, 141.

Manheimer - (;om -

mès. 203, 226. 234.

l;l r«111(loil de \Ion-

LW el, 151.

Marchand. 203. 204.

Marie (l'.), : : 3· 4G4.

491.

Marie (A.). 55. 205.

235.490.

Masoin. 320.

Meige. 229.

Meilhon. 50. 72.

llcinherti, 128.

\Icrzbachcr, 108. (

llocquot, 401. (

Monticr. 401. i

lforel. 235. I

Moréro. 54.131.

Mou lier. 55. 133.

[lIl'a ! ('1. 244.

Xadejde. 24 L

Nicolas. 398.

;\"ikitinc, 30. 151,

Nissl.-108. 388.

Nurcro, 51.

Olivier. 203.489.

Oslankovv. 43.

Oslvvall. 483.

Paclel. 134.

l'ailha., 2pg.

l' : m.rf. 135, 3 ? 8.

l'apinian. 240.

l'arlion. ;e30. 240.

241.

l'assck. 115.

Paul-Honcour. 403.

Pelletier. 200

Philippe (.).). 403.

l'iehenol. 20ô.

pics, 122.

l'ic(

Picl'I'el. 206.

l'iewnilzki, 113.

Pitres, 185.

l'illz, 124.

'oui)n ! ). ! j2.

l'oisol. 492.

Porol. 238, 400.

Pousseyre. 111.

Hallnistc, 321),

Ravmond. 53. 55. 130

13.3. : 313. : 30, 499.

Hécalllcy, 142.

Régis, 234. 208.

Reicliardl, 117.

Revilliod. 397.

Bogues. 492.

liomhol is. 13H.

Boque. 484.

Rose. 3)4.

Hossi. 81. 411.

Hossolilllo. 317.

HOll ? t, : ! 2(j.

HOll"S ? 55.

Ho ? 54. 13 ? 164. 166,

405.

POVCI. 226.

Rydel. 315.

Sabrazès, 206. 207,

24<.

Sabuco (Mme), 212.

Sacconaghi, 310.

Saequôpée. 232.

Schcenborn, 10S.

Scherb. 397.

Sclililtenlielm, 310.

Sicard. 100,

Sizaret. 220, 326.

Snikel'. : ;16.

Sollier. 317.

I ouyuns. 5 ? an2.

Spiei-Mever. 44.

Slransky. 44. 386.

Taguet. 131.

'l'aW . 183.

'I'liâon. S : S. 13 ? , 4O1.

Thomas, 322, 4'.)0.

491.

Tissol. 1.

'l'ul : orkolf, d35, 48G.

'll c' s : L, 384.

Tijekcy. 139.

Tzariégradskl, 128.

Varav. 483.

Yasehide. 320.

\ ? n \'leulen. 317.

Vergnolle. 380.

Yiffouroux, 488.

Vincent. 52.

Viollel. 50, 130. 303,

206.

Yitek. 128.

Vogf. 324.

\ oisin (.T.), 51. 141.

\'oisin ilt.).51.

\'olpi (;hil'ardi 111.12 '.

\\'eyganclt. 40, 353,

.1)8,

\\'il,on. 323.

\\'vroubow. 4G.

l'olecko. 10.

Clermont (Oise). - Imprimerie Diix frères.