(1901) Archives de neurologie [2ème série, tome 11, n° 61-66] : revue mensuelle des maladies nerveuses et mentales
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(1901) Archives de neurologie [2ème série, tome 11, n° 61-66] : revue mensuelle des maladies nerveuses et mentales

ARCHIVES

DE E

NEUROLOGIE

ARCHIVES

DE Il

NEUROLOGIE

REVUE MENSUELLE

DES MALADIES NERVEUSES ET MENTALES

Fondiïiï par J.-M. CHARCOT

PUH

A. JOFFROY

Professeur de clinique

des

maladies mentales

a la Faculté de médecine

de Paris.

V. MAGNAN

Membre de l'Académie

de médecine

Médecin de l'Asile clinique

(Sle-Anne).

F. RAYMOND

Pi ofesseur de clinique

des maladies

du système nerveux

à la Faculté de médecine

de Paris.

COLLABORITEUITS PRINCIPIUX

MM. ABADIE, AUBRY, ATHANASSIO, BAIIINSICI, BALLET, BLANCHARD (R.),

BLIN, B01SSIEII (F.), BONCOUR (P.), BOYER (J.), ))tt[ANÛ (M.), BI11SSAUD (E.),

BltOllAItUEL(l'.), BRI;NET (D.), CATSA ItAS,f.ESTAN, ( : HABDEIiT, CHAI10\, CtlItISTIAN,

COLOLIAN, CULLERRE, DEUOVE (M.), UENY, 111 ? vpy, DUCAMP, ! )UVAL (MtTH.),

ESTEVES, FAUCHER, FERE (Cn ), FENAYROU, FEIU11EB, FitANCOTTE,

GILLES ))E LA TOIJI,ETTE, GAIiNll : li (S.), GOhlltA(1LT, f.ItASSET, KATZ,

ICI : ItAYA L, KOUINUJ1'. LlUAhIE, LA\DIUZY, LEG1141N, LENOBLE, L\VOFF, MABILLE,

MARANUON DE MONTYEL, MARIE, 511RALLIÉ, 11USGItAVE-( : I,AY, NOIR,

PARIS (A.), l'IEItItI : T, PITRES, REGIS, ItEGNAItU (P.) RÊGNIrit (P.), RELLAY (P.)

RICHER (P.), ROTH (R'.), SÉGLAS, SÉRIEUX, SbLi.1111t, SOUKHAIVOFF,

SOUQUES, snr))Y (J.), TAGUET, TI·.INTI R1ER (E.), THILO (Or.),

THUIIE (11.), URRIOLA. VALLON, VILLAIII), VOISIN (J.), YVOI (P.).

Rédacteur en chef : BOURNEVILLE

Secrétaires de la rédaction : J.-B. CHARCOT ET J. NOIR

Dessinateur : LEUBA

Deuxième série, tome XI. 1901.

Avec t3 figures dans le texte et 3 planches.

)'AH ! S

BUHKAUX DU ! 'IiOGIiG'S AIDICAL

14, rue des Carmes.

1901 1

Vol. XI. Janvier 1901. N° 61.

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

REVUE CRITIQUE.

Anatomie et physiologie pathologiques du tabès. -

(Doctrines de l'école de Vienne contemporaines.)

Par JULCS S 0 U R Y,

Directeur d'éludés à l'École pratique des Hautes-Études à la Sorbonne.

u Heureux ceux qui croient qu'il est en mé-

n decine des questions sur lesquelles la science

« est faite, et que le tabès est de celles-là. »

Pierre MAniE.

Leçons sur lesn ? aladies de La moelle, p. 380.

Il est constant que Leyden en attribuant l'ataxie, dans le tabes,

à des troubles de la sensibilité, entra dans la voie de la véritable

explication scientifique de ce phénomène. Lorsque la lésion anato-

mique du tabes, la lésion des racines et des cordons sensitifs de la

moelle épinière, n'était pas encore connue, on la localisait, par

hypothèse, avec Duchenne (de Boulogne), soit dans le cervelet,

centre de la coordination des mouvements, soit, selon Brown-

Séquard, en d'autres centres de coordination plus élevés que la

moelle épinière, soit encore, suivant Charcot, en des fibres coor-

dinatrices spéciales situées à proximité des bandelettes externes

des cordons postérieurs. Todd avait admis que par ces cordons

devaient passer des fibres à direction centrifuge servant à trans-

mettre à la périphérie l'influence coordinatrice du cerveau. « Dans

la moelle épinière, écrivait Erb, il doit exister des fibres centri-

fuges servant à la coordination, et c'est uniquement quand ces

fibres sont lésées dans une affection spinale que l'ataxie se mani-

feste. Où sont ces fibres ? On l'ignore complètement. Provisoire-

Arciiives, 21 série, t. XI. ' ' '1 1

2 REVUE CRITIQUE.

ment, on doit songer, dans l'ataxie, à une lésion des cordons

postérieurs et surtout, à en juger d'après les dernières recherches

de Charcot, des parties latérales de ces cordons, région des ban-

delettes externes du faisceau fondamental des cordons postérieurs

de Flechsig. » En un autre endroit, Erb, encore préoccupé des

fonctions du cervelet, inclinait à localiser les « fibres coordina-

trices » dans le faisceau cérébelleux direct de Fleclisig, par consé-

quent dans des parties qui, croyait alors Leyden, sont loin de

participer avec constance aux processus pathologiques du tabès

et qui, selon Striimpell, demeureraient indemnes dans les cas

types de cette maladie. De l'existence des « fibres spéciales de

coordination », on ne savait rien en fait. Leyden n'apercevait

point pourquoi, en outre de la voie motrice des cordons latéraux

des pyramides, allant des centres de coordination cérébrale aux

appareils périphériques de la motilité, il était utile de supposer

l'existence d'autres fibres à direction centrifuge passant parles

cordons postérieurs. Aussi bien, la clinique et l'expérimentation

établissaient que, dans les dégénérations secondaires des cordons

postérieurs, on ne découvre que des fibres à direction centripète

ou ascendante.

A la théorie des « fibres coordinatrices ». Leyden opposa les

constatations suivantes : 1. Les parties de la moelle épinière

atteintes par le processus pathologique du tabes, les racines et

les cordons postérieurs, président aux fonctions de la sensibilité ;

il attachâmes lors une grande importance à la participation des

racines postérieures, montrant qu'elles étaient le plus souvent

dégénérées; 2. La connaissance de la participation des nerfs sen-

sitifs périphériques dans le tabès (Westplial,De'lerine,Oppenlieim),

ainsi que la productiou de l'ataxie consécutive à des névrites

multiples périphériques, étaient favorables à la théorie de Leyden,

à la théorie de l'ataxie sensitive (Théorie der sensorischen

Ataxie) ; 3. La sensibilité est, dans le tabes, régulièrement

affectée (douleurs lancinantes, paresthésies, douleurs en ceinture,

anesthésies, etc.) ; 4. Après Chartes Bell, Longet, Claude Bernard,

l'importance des troubles de la sensibilité sur la inutilité avait été

déjà bien étudiée ; l'intégrité de la sensibilité est nécessaire à la

coordination normale des mouvements ; 5. La gravité des troubles

de l'ataxie est, dans le tabès, en rapport avec les lésions de la

sensibilité ; 6. Certains symptômes à peu près constants du tabès,

tels que l'augmentation de l'ataxie dans l'obscurité ou après

l'occlusion des paupières, témoignent de l'importance de la sen-

sibilité pour la coordination des mouvements.

Bien des années après, à plus de trente ans de distance, Leyden

assistait à la consécration de ses vues sur la pathogénie du tabes,

et, avec Goldscheider, fondait sur de plus larges assises, mais

non plus solides, sa théorie scientifique des maladies de la moelle

ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES DU TABES. 3

épinière '. Dans l'intervalle, les recherches de Golgi, de Ramon

y Cajal et de Kulliker avaient fait connaître que les cordons pos-

térieurs sont les prolongements des fibres radiculaires posté-

rieures. Cette doctrine est en accord parfait avec les recherches

embryologiques de Ilis et avec les travaux de von Leubossek, qui

prouvent que le prolongement central cylindraxile des cellules des

ganglions spinaux pénètre dans la moelle épinière. Les fibres des

cordons postérieurs dérivent donc anatomiquement des cellules

des ganglions spinaux. Déjà Waller avait trouvé que le ganglion

spinal était le centre trophique des racines postérieures qui

pénètrent dans la moelle épinière. Dans le tabes, la dissociation

des différents modes de la sensibilité est souvent poussée si loin

que la sensibilité kinesthésique peut être fort diminuée avec une

sensibilité cutanée encore intacte, phénomène assez commun, sur-

tout au commencement du tabès. Pour Goldscheider, le sens ou

la sensibilité tactile est, on le sait, une combinaisons de fonc-

tions des sensibilités cutanée, articulaire, tendineuse et muscu-

laire, la sensibilité propre des muscles ne jouant qu'un rôle assez

effacé au regard de celle des surfaces articulaires, des tendons

et de la peau

Si le phénomène de Romberg est très accusé, si le malade,

incapable de conserver l'équilibre, tombe ou menace de tomber, il

existe toujours des troubles manifestes de la sensibilité articulaire.

Ainsi, point de symptôme de Romberg sans une altération de la

sensibilité. Ces principes, démontrés par Frenkel, ressortissent à la

théorie de Leyden ou théorie sensitive du tabès 2. A l'influence du

' Leyden und Goldscheider. Die Erkrankungen des Rûckenmarkes und

der me(Itilla oblongata (Spec. Pathologie u. Thérapie, herauss. v. H. Noth-

nagel). Wien, 1895. Au Congrès international de Moscou (1897), Leyden a

rappelé que sa théorie du tabes, déjà indiquée dans ses lignes essentielles

en 1861, est aujourd'hui généralement acceptée : « On reconnaît mainte-

nant, dit Leyden, que le processus tahétique est un processus parenchy-

mateux ; ce processus part des nerfs périphériques ; il est la conséquence

de la suractivité et des injures de tout genre (traumatisme, froid, etc.),

auxquelles ces parties sont exposées. Le tabes, tout le monde le recon-

naît, est une affection des neurones. Il est fort douteux que les cellules

des ganglions spinaux représentent, comme l'admettent P. Marie et

Marinesco, le point de départ de l'affection, car on s'expliquerait diffici-

lement que le poison déterminant la maladie se localisât précisément, on

ignore par quelle affinité, dans une des régions les moins accessibles

du névraxe. Cette théorie expliquerait très bien l'extension du tabes, sa

distribution : elle n'explique pas son origine. » CI. Leyden. Die gratte

De ? 6 ? tera<t0 ? t der liinleren Rilckenmarksslrànge. Berlin, 1863. Die

neueslen Vntersuchungen ùber die palhologische Anatomie und Playsio-

logie der Tabès. Zeitschr. f. klin. llediziu, XXXV, 1891.

' Frenkel. Die Ursachen der Ataxie bei der Tabès dorsalis. Neurol

Centralbl., 1897, 688-93, 734-39.

4 REVUE CRITIQUE.

sens de la vue sur la coordination motrice, sur laquelle a fort insisté

Frenkel dans la rééducation des mouvements, Graupner ajoute les

effets résultant de l'activité simultanée du sens de l'ouïe. C'est

une extension de la méthode de Frenkel. L'appareil imaginé est

des plus ingénieux : le malade ne voit pas seulement, il entend

s'il a exécuté, du bout des pieds'; des mouvements correspondants

à la représentation mentale voulue. En appréciant ce nouveau

traitement de l'ataxie des tabétiques, Leyden a rappelé les re-

cherches d'Ewald sur l'appareil périphérique de la fonction de

l'équilibre. Ces recherches semblent indiquer que « dans la per-

ception des impressions acoustiques, les vibrations du tympan

sont directement transmises à l'endolymphe du labyrinthe,

excitant ainsi les terminaisons du nerf vestibulaire, et que cet

état vibratoire de l'endolymphe dû aux vibrations du son suffit :

1° pour élever la force musculaire ; 2° pour que, grâce aux

vibrations régulières de l'endolymphe, un certain nombre d'ap-

pareils de coordination soient mis en activité. » Le rôle du laby-

rinthe dans la coordination des mouvements a été mis hors de

doute. Goldscheider se demande encore pourtantsi les impressions

de l'ouïe y ont quelque influence. Quoi qu'il en soit, les troubles

de la sensibilité ne manquent jamais dans l'ataxie tabétique.

C'est pour servir à l'avancement de la théorie de Leyden que

Hering a institué, depuis plusieurs années, des expériences sur

les batraciens, le chien et le singe. Il a vu qu'après la section des

racines postérieures l'ataxie apparaît 1. Le résultat, au moins pro-

visoire, auquel ce physiologiste est arrivé, peut se formuler ainsi :

Après la section des racines postérieures chez ces vertébrés, une

ataxie apparaît, variable avec le genre de locomotion de ces

animaux et, quoiqu'elle doive son origine à la même cause,

cette ataxie se manifeste d'une manière différente selon qu'il

s'agit d'une extrémité antérieure ou postérieure, ainsi que d'après

le nombre des racines postérieures coupées 2. Hering ayant

toujours appelé paralysie centripète l'abolition de la fonction des

nerfs centripètes, laquelle consiste dans la conduction à l'organe

central des excitations périphériques, il appelle également ataxie

centripète celle qui se produit après la paralysie centripète.

L'accord existant entre les résultats anatomo-pathologiques

observés, et chez les animaux après la section des racines posté-

rieures, et chez les tabétiques, autorise, suivant lui, à désigner

ainsi l'ataxie des tabétiques, car il s'agit bien d'une lésion des

' E. Hering. (7e&e ? 'een ? pee<a.x ! e beim Menschenund beim Affen.

Neurol. Centralbl., 1897, 1077--[094.

' H.-E. Hering. Das llebeplzüzzoznezz beim Frosch und seine Erkiârung

durch den Ausfall der reflectorischen anlagonislischen 3111skelsp(iiiiiuliq.

Plluger's Arch. Bd. LXV111, 1897.

ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES DU TABES. 5

voies centripètes, quel que soit le point de départ du processus

pathologique, depuis les organes périphériques de ces voies jus-

qu'aux extrémités des collatérales et des arborisations terminales

de leurs fibres constitutives.

La fonction des nerfs centripètes diffère avec celle de l'organe

d'où ils partent. L'ataxie centripète n'apparaît-elle qu'après la

paralysie centripète des nerfs de la peau, des muscles, des articu-

lations, etc. ? Doit-on l'attribuer à la paralysie simultanée de

nerfs centripètes fonctionnellement différents ? « L'ataxie centri-

pète se produit,'écrit IIering, lorsque les nerfs centripètes -des

muscles sont incapables de fonctionner. » Il estime que l'ataxie

est l'effet d'un trouble dans la tension musculaire réflexe. D'accord

avec Tschirjew, il a insisté sur le trouble de la tension réflexe des

antagonistes. Contrairement à l'opinion selon laquelle les anta-

gonistes sont, dans un mouvement, innervés simultanément avec

les agonistes (Duchenne, Brucke, Hitzig, Rieger, Iteaunis, etc.),

IIering a observé que, chez l'homme, les antagonistes ne se con-

tractent pas simultanément; qu'il y a des « pseudo-antagonistes »,

et que, chez l'homme comme dans les animaux, « les antago-

nistes se relâchent, dans l'exécution d'un mouvement, dans le sens

des agonistes » (Hering et Sherrington). Des forces diverses s'op-

posent alors au déploiement de la contraction musculaire.

Dans le tabes, la tension réflexe des antagonistes est sûrement

diminuée, et, secondairement, celle des ligaments articulaires. De

cette diminution pathologique de tensions résultent, dans la

contraction, l'exagération, la direction et la rapidité anormales des

mouvements ataxiques, ainsi que leur incoordination.

Les hypothèses que la lecture de quelques particularités notées

dans les expériences de Mott et de Sherrington avait suggérées à

Hering se trouvèrent confirmées dans les expériences instituées

par lui-même sur des macaques, à Liverpool. Les savants anglais

n'avaient rien rapporté expressément sur l'ataxie des singes dont

ils avaient sectionné les racines postérieures (1895) : Hering avait

eu l'intuition que, de ces expériences, pourrait sortir une démons-

tration de l'ataxie chez le singe 1.

Après avoir sectionné, à droite, huit racines postérieures (III-VIII

racines cervicales et I-II racines thoraciques) chez un singe, Hering

observa, comme l'avait vu Mott et Sherrington, que l'animal nepou-

' Cf. Margulies. On sectionna à un singe toutes les racines caudales à

droite jusqu'à la 5° racine lombaire inclusivement; à gauche, les trois

dernières : le jour suivant, il existait une ataxie très nette de l'extré-

mité postérieure droite ; elle traînait dans l'exécution des mouvements

un peu rapides; l'animal ne s'en servait que d'une façon mal assurée

pour grimper et pour prendre. Monatschr. f. Psych. u. Neurol. I. Cité

par Hering.

6 REVUE CRITIQUE.

vait plus se servir, pour saisir et pour prendre, de son extrémité para-

lysée ; celle-ci n'exécutait plus que des « mouvements associés »

mais incoordonnés, rappelant les mouvements semblables des

tabétiques gravement atteints. Cependant un mouvement adapté

peut encore être exécuté après la section des racines postérieures,

et il y avait un grand intérêt à l'étudier par comparaison avec ceux

que les tabétiques parviennent à réaliser. Tous les nerfs centripètes

ne sont pas en effet, chez ces malades, mis à la fois hors de fonc-

tion. IIering savait, par ses expériences antérieures sur les gre-

nouilles et sur les chiens, qu'il n'est pas nécessaire de sectionner

toutes les racines dont les prolongements innervent une extrémité

pour produire l'ataxie, mais que celle-ci est d'autant plus accusée

qu'un plus grand nombre de racines ont été coupées. Mott et Sher-

rington connaissaient, de leur côté, que s'il reste une seule racine

intacte, le singe pouvait encore se servir de son extrémité pour

saisir, et que cette racine était la \'I11° cervicale, laquelle, selon Sher-

rington, se distribue à la main entière. Aussi, chez le second singe,

dont six racines postérieures (IV, V, VI, VII, racines cervica-

les, 1 et Il racines thoraciques) furent sectionnées à droite, on ne

sectionna qu'à gauche la VIII0 cervicale. Or dès le lendemain de

l'opération, IIering put voir qne le singe se servait des deux extré-

mités antérieures pour saisir. Toutefois, pendant que l'extrémité

gauche exécutait ses mouvements sans trouble apparent, il en était

autrement de l'extrémité droite : de la main gauche l'animal sai-

sissait un quartier de pomme d'une manière tout à fait normale; -,

avec la. droite, il manquait presque régulièrement son but par

défaut d'adaptation; aussi cessait-il de se servir de cette extrémité;

il en était ainsi le deuxième jour. A partir du troisième jour, IIering

ne le vit plus employer l'extrémité droite pour saisir la nourriture

et, pendant les onze jours que dura l'observation de ce macaque,

il continua à étendre son extrémité supérieure gauche lorsqu'on

lui présentait un fruit. Il ne cherchait pas davantage à prendre les

mouches avec la main droite, ce qu'il faisait assez souvent avec la

main gauche. Bref, il n'exécutait pas à droite les mouvements spé-

cialisés ou « Sonderbewegungen » de Munk; il ne s'aidait de la

main droite que pour grimper, c'est-à-dire pour les « Principal-

bewegungen » de lunlc 1, circonstance qui semble indiquer que,

dans l'acte de grimper, contrairement à ce qui à lieu dans l'exécu-

tion des mouvements isolés et distincts, une extrémité ne laisse

pas de subir l'influence des autres extrémités employées au même

exercice. En vain pour le forcer à saisir la nourriture de la main

droite, IIering lui lia-t-il les autres extrémités : l'animal ne le fit

point. Comme ce singe devait servir à d'autres expériences, il

' Jules Soury. Le Système nerveux central, structure et fonctions, etc.

Paris, G. Carré et Naud, 1899, t. II, p. 110G et suiv.

ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES DU TABES. ï

renonça à lui paralyser la main gauche; peut-être alors se serait-il

servi de la main droite pour saisir la nourriture. Un troisième

singe, auquel huit racines furent coupées à gauche (IV, V, VI, VU

racines cervicales et 1-IV racines thoraciques, par conséquent non

la VHP cervicale) et qui, quelques mois avant, avait subi l'abla-

tion de la région des extrémités sur l'hémisphère gauche, se ser-

vait toujours de sa main gauche pour saisir la nourriture, mais en

présentant constamment aussi des phénomènes d'ataxie, d'autant

plus intenses chez ce singe qu'il avait deux racines de moins que le

précédent. En outre, ce singe présentait un trouble de coordination

des mouvements des doigts pour les opérations de la préhension.

Hering est porté à croire qu'avec le temps, chez le singe comme

chez le chien, l'alaxie doit diminuer. Le degré d'intensité de celle-

ci dépend bien du nombre des racines postérieures sectionnées;

plus ce nombre est petit, moins l'ataxie est grave et plus elle

s'amende avec le temps.

Le degré de l'ataxie ne dépend pas seulement des nerfs centripè-

tes de l'extrémité affectée, mais aussi d'autres nerfs centripètes,

tels que l'opticus. Ainsi, lorsqu'on bande les yeux d'un chien ata-

xique (par résection des racines postérieures), l'ataxie augmente

manifestement Sous les désignations variées de compensation des

troubles, de restitution de fonctions, de suppléance d'une fonction

par une autre, etc., il a longtemps existé, dans la physiologie et la

pathologie du système nerveux central, une opinion tout à fait

erronée si, par ces expressions, on entend autre chose qu'une dimi-

nution partielle des troubles de la motilité. Avec Munk et Mering,

nous devons, une fois de plus, nous élever, au point de vue de

l'histoire des faits et de la critique des doctrines, contré l'opinion

de ceux qui parlent de suppléance ou de restitution complète de ces

fonctions, d'une disparition des troubles de coordination après la

section des racines postérieures d'une extrémité, car cela, affirme

Hering, est tout à fait en contradiction avec les faits observés2.

Le tabès ne saurait être appelé, selon Obersteiner, du moins au

sens étroit du mot, une maladie générale du système nerveux; mais

ce n'est pas non plus une affection uniquement limitée à la moelle

épinière3. Dans la moelle épinière des tabétiques on trouve toujours

une dégénération des cordons postérieurs, et des parties de ces cor-

' Cf. A. Biclcel. Ueber Einfluss der sensiblen Nerven und dei, Laby-

rinthe au f die Bewegmagen der Tleiere. Mit emem Nachwott von J.-lt.

Ewald. Pnuger's Arch. Bd LXVII, 1897.

2 Cf. Jules Soury. Les fonctions du cerveau. Paris, bureaux du Progrès

médical; Alcan. 2° édit., 1892, p. 29, 81, 11r, 155, 166, etc. et 400. Le

Système nerveux central, t. II, 962-3.

' Obersteiner. Die Pathogenese de)- Tabes dorsalis. (XII intern. med.

Congr. zu Moskau. Neurol. Ce)t'a<M., 1897, 872.

8 REVUE CRITIQUE.

dons qui sont les prolongements 121l ? ,antédi(Ilaii-es des racines pos-

/e')' : 6M)'M. Les fibres endogènes de la moelle ou ne sont pas affec-

tées ou ne le sont que secondairement. Les autres altérations typi-

ques de la moelle épinière des tabétiques concernent simplement

les fibres nerveuses qui se distribuent à la substance grise (cornes

postérieures, colonnes de Clarke, collatérales réflexes des cornes

antérieures) et qui représentent soit les prolongements directs des

fibres des racines postérieures, soit les collatérales de ces prolon-

gements. « Le tabès se caractérise donc par une dégénération des

prolongements intramédullaires des racines postérieures. Mais

comme toutes les racines postérieures ne sont pas également, et

moins encore simultanément, affectées par le processus morbide

et qu'un certain nombre d'entre elles peuvent même en demeurer

tout à fait indemnes, on ne saurait non plus désigner le tabès

comme une affection systématique. »

Quant au point de départ de l'affection, voici les différentes par-

ties du système nerveux qu'énumère Obersteiner, et dont la lésion

pourrait avoir pour effet la dégénération ascendante :

1° Les nerfs périphériques, y compris leurs terminaisons péri-

phériques (Leyden). Les altérations, d'ailleurs fréquentes, que l'on

constate ici, sont bien plus petites que celles des racines et des

cordons postérieurs. Obersteiner déclare insuffisantes les hypothè-

ses proposées pour rendre compte de la marche du processus

depuis les nerfs périphériques jusqu'aux racines postérieures, en

passant par les cellules des glanglions spinaux.

2° Les cellules des ganglions spinaux (Stroebe, Oppenheim, Marie,

Babes). Les altérations relevées ici sont le plus souvent de nature

tout à fait minime : elles ne suffisent point pour expliquer la dégé-

nération. D'ailleurs, dans le cas d'une lésion de déficit des cellules

des ganglions spinaux, les nerfs sensibles périphériques devraient

être aussi altérés, et de la même manière que les racines posté-

rieures.

3° Les racines postérieures : à à leur pénétration dans la dure-

mère et l'arachnoïde, elles seraient comprimées, irritées ou dégé-

néreraient du fait d'un processus de prolifération parti de la gaine

nerveuses; p) en traversant la pie-mère et la couche externe de

névroglie, également par un phénomène de compression dû à la

méninge. En d'autres termes, une méningite pourrait être la cause

du tabes.

4° La partie intramédullaire des racines postérieures dégénérerait

seule ou avec sa partie extramédullaire.

Bref, la pathogénie du tabès nous est aussi inconnue que le mé-

canisme de son action.

De l'historique critique du développement de nos connaissances

sur les lésions anatomiques du tabès dorsalis de 1827 à 1894, il

résulte et demeure acquis que, dans cette affection, les fibres

ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES DU TABES. 9

radiculaires postérieures des cordons postérieurs de la moelle

épinière, ou, en d'autres termes, comme l'a établi Redlich, les

racines postérieures dans leur trajet intra-médullaire, dégénèrent.

Dans le tabes, certaines parties seulement des racines postérieures

sont-elles affectées, ayant un siège tout à fait déterminé, un trajet

défini et peut-être même aussi une fonction spéciale ? La lésion

tabétique des cordons postérieurs serait alors une dégénération

systématique au sens de Strumpell et de Flechsig, une affection

élective des racines postérieures, au sens de Mayer. S'agit-il, au

contraire, d'une affection des racines postérieures intéressant cer-

tains segments de la moelle et amenant la dégénérescence de leurs

fibres ou territoires radiculaires ? C'est ce que Leyden, et Redlich,

qui est arrivé à cette conception d'une manière indépendante,

soutiennent et enseignent i.

Avec une dégénération fort avancée d'une moitié des cordons

postérieurs de la moelle, l'autre moitié doit très rarement être

intacte ; très souvent la dégénération locale de ces cordons,

présente, des deux côtés, de notables différences. Elle est, par

exemple, dit Redlich, plus intense d'un côté que de l'autre; elle

peut n'exister que d'un seul côté; enfin elle peut exister, quoique

des deux côtés, à différentes hauteurs. La dégénération, dans le

tabes, n'est donc pas toujours systématique; les deux moitiés des

cordons postérieurs peuvent présenter à cet égard des différences

quelquefois considérables, aussi bien dans la localisation du

processus que dans son intensité : «Ces données, je puis aujour-

d'hui les confirmer de nouveau, écrit Redlich, après l'étude d'un .

très grand nombre de cas de tabès ; j'ai eu entre autres l'occasion

d'observer un cas avec participation très inégale au processus des

deux côtés, dont la symptomatologie clinique fit longtemps croire

à un tabès hémilatéral. » Redlich a trouvé encore une confirmation

de ses recherches personnelles dans les résultats d'un travail de

Laehr2. -

Laehr a montré, par l'examen des troubles de la sensibilité de

soixante tabétiques, qu'il existait chez ces malades une hypesthésie

assez régulière, et relativement précoce, sur le tronc, hypesthésie

qui ne correspondait pas à la distribution des nerfs périphériques,

mais à celle des racines spinales, surtout aux racines dorsales

moyennes. Plus tard, ces hypesthésies ont pu s'étendre soit en

haut, partant aux bras, soit en bas, et déterminer ainsi des

troubles de sensibilité dans les jambes. Quoique'ces hypesthésies

1 Emil Redlich. DiePathologie der tabischenllinterslrangerkrankung.

Eiii Reil ? agza,Analoiîzie2111d Pathologie der Ruckenmarkshinterstr ange.

Aus dem. Laborat. von Prof. Obersteiner in Wien). lena, 1897.

' Laehr. Ueber Sezsibilitütsslrtezgez bei Tabes dorsalis und ihre Loca

lisalion. Arch. f. Psych. Bd. XXVII.

'I0 REVUE CRITIQUE.

existassent des deux côtés, elles n'étaient point du tout symé-

triques, et Laehr convient même qu'au début 1'liyl)estliésie n'était

pas toujours bilatérale. Ainsi, tandis qu'il faut rapporter, dans le

tabes, à une dégénération locale de la moelle lombaire et de la

plus grande partie de la moelle dorsale les cas où les extrémités

inférieures et tout le tronc présentent des phénomènes d'anes-

thésie étendue, on doit rattacher les hypesthésies d'abord isolées,

et s'étendant par bandes, du tronc, à des dégénéra lions locales,

isolées, de quelques paires rachidiennes de la moelle dorsale

moyenne et supérieure. Les petites différences anatomo-patholo-

giques existant entre les deux côtés de la moelle se manifestent

également dans la. symptomatologie clinique.

Dans la plupart des cas de tabes, les troubles de localisation

des sensations et les altérations de la sensibilité a la douleur sont,

on le sait, plus précoces que les lésions de la sensibilité tactile :

« On observe assez souvent dans le tabes, que là même où des

dégénérations considérables, et non, par conséquent, des altéra-

tions ou lésions anatomiques initiales, ont envahi des territoires

circonscrits de la moelle lombaire, il n'existe, en dépit d'une

ataxie prononcée, de troubles du sens musculaire, de la sensibilité

à la douleur, etc., qu'une altération encore relativement peu

intense de la sensibilité tactile. » Aux symptômes les plus précoces

du tabès appartiennent, dans les cas ordinaires, l'abolition des

réflexes pmetellaires, les douleurs lancinantes, le phénomène de nom-

berg, l'ataxie des extrémités inférieures et des troubles du sens

musculaire .

Or, pour que le réflexe patellaire existe, il est de nécessité que

le courant nerveux, apporté par les racines postérieures, arrive à

la corne antérieure, ce qui a lieu parles collatérales réflexes ;

celles-ci partent du cordon postérieur au niveau du territoire

indiqué par Westphal comme siège du réflexe patellaire ; il est

situé aujourd'hui dans la région de la deuxième lombaire. Comme,

dans les cas de tabès ordinaire, la région de la moelle lombaire

présente des signes de dégénération locale, et comme les colla-

térales réflexes de la moelle lombaire supérieure participent du

même processus, on s'explique sans plus l'absence du réflexe

patellaire. Si la dégénérescence tabétique se localise plus bas, dans

la moelle sacrée, on constate la perte du réflexe tendineux

d'Achille. Même explication pour les symptômes correspondant au

tabès cervical.

Comment l'ataxie se produit-elle dans le tabès ? demande à son

tour Redlich. Leyden et Goldscheider admettent aujourd'hui que,

dans l'ataxie spinale, il existe toujours une diminution de la. sen-

sibilité, tout au moins de la sensibilité motrice ; on doit entendre

par là que pour l'exécution correcte des mouvements, non seule-

ment les sensations cutanées et celles des parties profondes sont

ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES DU TABES. 11

nécessaires, mais que l'exacte coordination des mouvements

dépend aussi de courants nerveux centripètes, inconscients, de

nature surtout réflexe. Redlich invoque ici les idées d'Exner sur

la « sensomobilité ». Exner insiste sur l'importance des réflexes

tendineux, mais il montre qu'ils ne sont qu'une forme des 2-égii-

lations inconscientes de nos mouvements dues ci un travail rl'élobo-

ration sous-corticale (ou spinale) des courants centripètes. On sait,

en outre, que d'autres impressions sensibles ont une part consi-

dérable dans l'exécution régulière de nos mouvements, celles de la

vue surtout. La sûreté, la coordination exacte des mouvements

subit le contre-coup des troubles de ces fonctions : l'ataxie en

résulte, l'ataxie centripète d'IIering 1, déterminéepar lasuppression

du courant afférent. « Et ainsi l'on comprendra, écrit Redlich,

que, même avec une sensibilité relativement intacte (les impres-

sions centripètes conscientes continuant d'être transmises au

cerveau ), une ataxie puisse se manifester, ataxie résultant de la

perte de la régulation inconsciente, réflexe, des mouvements. » Si

l'on applique ces données à l'ataxie du tabès, on verra que dans

les cas où, sur une étendue considérable, toutes les fibres radicu-

laires postérieures sont dégénérées, où, par conséquent, toutes les

fonctions centripètes sont troublées, l'ataxie des mouvements doit

en résulter. Mais c'est là un cas relativement rare : d'ordinaire,

aux stades initiaux du tabès, on observe plutôt l'ataxie des extré-

mités inférieures, surtout dans les mouvements des articulations

du pied et du genou, accompagnée de troubles très peu accusés

de la sensibilité, intéressant spécialement le sens musculaire. Et

voici comment, dans la théorie de Redlich, opposée à celle de

Strümpell et de Flecbsig, il est possible d'expliquer ces phéno-

mènes ataxiques par l'extension segmentaire de la dégénération

tabétique.

Qu'on suppose un cas dans lequel une série de racines soient

affectées d'ordinaire ce sont les racines lombaires : cette

lésion entraîne celle des fibres radiculaires montant dans le

cordon postérieur, une dégénérescence des libres se rendant à la

substance grise de la moelle, avant tout, des collatérales réflexes

qui s'arborisent dans cette substance grise. Nous rapporterons à

la disparition de ces dernières fibres les troubles de régulation

inconsciente, réflexe, de la motilité au sens d'Exner; l'ataxie

résultera de cette disparition. Si une seule racine dégénère, cette

lésion de déficit pourra, jusqu'à un certain point, être compensée,

car chaque fibre radiculaire envoie des collatérales sur une longue

étendue de son trajet, et, d'une manière correspondante, chaque

région motrice de la moelle épinière reçoit des collatérales pro-

' Cwald Hering. Ueber cenlripelale Ataxie. Prag. med. Wochensch.,

- 1896.

12 REVUE CRITIQUE.

venant de racines différentes. Mais que plusieurs racines dégé-

nèrent, comme dans le tabès, l'ataxie s'en suivra. Si les excitations

réflexes n'existent plus du tout du fait des dégénérations étendues

des cordons postérieurs; si, d'un seul mot, la plus grande partie

des excitations centripètes fait défaut, la nzotilité, comme telle,

est lésée, et non pas seulement- et uniquement la coordination

motrice.

Et Redlich invoque encore ici la sensomobilité d'Exner et les

résultats des expériences d'IIering touchant les troubles de la

motilité consécutifs à la section des racines postérieures. Lui-

même signale les troubles si graves de la motilité qu'on observe

aux stades terminaux du tabes, quand les malades sont confinés

au lit, quoiqu'on ne puisse confondre naturellement cette para-

lysie apparente avec celle qui résulte d'une lésion de la voie

motrice.

Ajoutez, toujours comme effet de cette dégénération, les lésions

destructives, la dégénérescence des fibres ascendantes du cordon

postérieur qui s'arborisent dans les noyaux de la moelle allongés,

noyaux d'où part, après entre-croisement, un nouveau faisceau

afférent, physiologiquement identique à celui des cordons posté-

rieurs, qui, sous le nom de ruban de Reil médian, monte et

parvient (indirectement) àl'écorce du télencéphale. « Nous pouvons

chercher avec sûreté, je le crois, écrit Redlich, dans le cordon

postérieur, les fibres qui servent à la fonction consciente du sens

musculaire, au sens large du mot (Wagner, Bechterew, Obersteiner,

Itillilier). Il est d'ailleurs vraisemblable qu'une portion de la voie

ascendante passant par le cordon postérieur n'arrive que jusqu'à

l'écorce du cerveau, et que les fibres de cette voie s'arborisent en

partie dans des centres sous-corticaux, en d'autres termes, que

tous les faisceaux afférents du cordon postérieur ne servent point

a des sensations conscientes, et qu'une partie des excitations que

ces faisceaux transmettent est élaborée dans des centres sous-cor-

ticaux, sans doute aussi dans le cervelet » (p. 102).

Dans les cas récents de tabes, alors que les dégénérations sont

nettement décelables dans la moelle lombaire et dans la moelle

dorsale, elles s'atténuent toujours en remontant dans le reste de

ce grand centre neveux. Il en résulte que si une partie consi-

dérable des processus nerveux réflexes qui sont élaborés dans la

moelle épinière ont à souffrir de ces lésions, un petit nombre

seulement de fibres s'élevant vers le cerveau et servant aux sen-

sations conscientes, se trouvent lésées dans leur fonction. On com-

prend donc que, même dans des cas d'ataxie grave, on ne constate

quelquefois que des troubles relativement légers du sens muscu-

laire. Plus tard la perte de cette fonction aggrave, on le conçoit,

d'autant l'ataxie. Au point de vue de la distribution des lésions

dans le tabes, ce sont les racines lombaires qui sont le plus souvent

ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES DU TABES. 13

tout d'abord atteintes; ce sont donc dans les extrémités infé-

rieures, spécialement dans leurs segments périphériques, que se

manifestent les premiers troubles. Redlich a confirmé le fait

qu'une dégénération des fibres des colonnes de Clarke appartient

aux signes les plus précoces du tabès lombaire ; en d'autres

termes, les fibres radiculaires postérieures, ou leurs collatérales.'

qui pénètrent dans les colonnes de Clarke, dégénèrent de très

bonne heure ; ce fait s'explique par le rapport anatomique étroit

existant entre les territoires radiculaires primitivement affectées

dans le tabès et les colonnes de Clarke. Les effets de la dégénération

de ces fibres apparaîtraient déjà dans les symptômes initiaux du

tabes : « On peut aujourd'hui tenir pour tout à fait certain, écrit

Redlich, que le cervelet exerce une influence déterminante sur les

fonctions motrices, spécialement des extrémités inférieures, et qu'il

en est surtout ainsi pour les fonctions statiques. Le cervelet reçoit

de différents côtés les courants nerveux qui l'incitent à l'accom-

plissement de cette fonction ; la moelle épinière est sûrement une

de ces sources d'énergie. Un grand rôle pourrait bien revenir ici

aux excitations centripètes transmises par le faisceau cérébelleux

direct. Or ces excitations sont en grande partie sous l'influence

des collatérales des fibres radiculaires postérieures qui s'arborisent

dans les colonnes de Clarke. Cettehypothèse sur le rôle descolonnes

de Clarke s'accorde avec le mode de connexion qu'affecte ce centre

nerveux dans la moelle épinière, en particulier avec les parties

qui sont en un rapport direct avec les extrémités inférieures,

alors que nous avons montré que l'influence exercée par le cervelet

sur la motilité a surtout une importance particulière pour les

mouvements des extrémités inférieures. Si donc, dans le tabes, on

constate une dégénération très précoce de ces fibres, il est de

toute évidence que l'influence exercée à l'état normal par le

cervelet sur les fonctions statiques, sur la locomotion, etc., doit en

subir le contre-coup. Aussi, parmi les symptômes du tabes, le

phénomène de Romberg, les troubles manifestes de la démarche,

paraissent devoir être rapportés à ces perturbations de l'influence

du cervelet sur la motilité des extrémités inférieures. La lésion

destructive des fibres nerveuses dont il s'agit peut bien, jusqu'à

un certain degré, être compensée, lorsque les mouvements sont

dirigés et réglés par d'autres organes des sens. Mais si ces régu-

lations font défaut, si les impressions optiques, par exemple, sont

supprimées par l'occlusion des yeux, l'ataxie deviendra naturelle-

ment plus manifeste. Certaines anesthésies, au sens étroit du mot,

celles des plantes des pieds, par exemple, des articulations des

pieds, etc., exagéreront encore ce phénomène à un degré considé-

rable. »

Redlich, pour compléter ces considérations si intéressantes sur

la production de l'ataxie dans le tabès dorsalis, examine l'état

14 ik REVUE CRITIQUE.

des fonctions de la sensibilité dans le tabès de Friedreich. Ici

aussi on rencontre une ataxie, et une ataxie où l'élément cérébel-

leux accompagne nettement la forme spinale de cette affection;

les troubles du sens musculaire n'y sont point rares non plus.

« Rappelons, ditlledlieli, qu'on trouve, dans le tabès de Friedreich,

une dégénération très intense des cordons postérieurs entraînant

la disparition des collatérales réflexes. Il existe donc une dégé-

nération des colonnes de Clarke ; mais ici les cellules elles-

mêmes de ces colonnes sont dégénérées, aussi bien que les fibres

du faisceau cérébelleux direct. Le caractère cérébelleux de l'ataxie,

je le ferais dériver ici de cette participation étendue du faisceau

cérébelleux de la moelle épinière (et vraisemblablement des fibres

spino-cérébelleuses et cèrébello spinales) au processus tabétique.

D'autre part, on reconnaît généralement que les racines posté-

rieures proprement dites, la zone marginale de Lissitiiei-, les fibres

des racines postérieures pénétrant dans la substantia gelalinosu,

sont peu affectées. Or, c'est précisément dans ces fibres qu'on

doit chercher les voies de la sensibilité cutanée; il serait donc

permis de s'expliquer ainsi la persistance de la sensibilité cutanée

dans le tabès de Friedreich. »

D'une manière générale, la sensibilité cutanée est moins affectée

dans les affections du système nerveux que la motilité. Ainsi la

section des nerfs mixtes elle-même peut ne pas déterminer des

troubles de la sensibilité, ou ces troubles peuvent disparaître

bientôt. Il doit donc exister des dispositions structurales qui coiii-

pensent jusqu'à un certain point la perte des libres servant à la

conduction des impressions de la sensibilité. Dans certaines

affections des nerfs périphériques, par exemple dans la polyné-

vrite, où le tableau clinique peut ressembler beaucoup au tabes,

il existe une ataxie prononcée accompagnée de troubles d'ailleurs

relativement faibles de la sensibililé. On ne connaît aucune preuve

directe qui permette d'admettre qu'ici les fibres servant à la régu-

lation centripète des mouvements ont plus souffert que celles qui

servent aux fonctions de la sensibilité consciente. Anatomique-

ment, les nerfs sensitifs ont subi la même lésion dégénérative.

C'est une preuve nouvelle que la sensibilité cutanée consciente

doit suivre des voies que n'interrompt point la destruction même

d'un nombre considérable de fibres. On sait aujourd'hui qu'un

territoire cutané n'est pas innervé par une seule racine : il reçoit

des fibres sensitives de plusieurs racines, quelquefois de trois.

Il existe certainement à la périphérie plusieurs dispositions anato-

miques (anastomoses, plexus, etc.); auxquelles s'ajoutent les

connexions centrales, qui facilitent les transmissions d'une exci-

tation à d'autres parties. Aussi longtemps qu'une ou deux des

racines qui innervent un territoire cutané conservent encore un

nombre suffisant de fibres saines, aucun trouble considérable de

ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES DU TABES. 15

la sensibililé cutané n'apparaîtra, grâce à ces nombreuses dispo-

sitions anatomiques qui assurent et réalisent les compensations

fonctionnelles de la sensibilité cutanée. Pour que le trouble de

la sensibilité devienne manifeste, il faut que plusieurs racines

dégénèrent, et d'une façon très grave.

Dans quel ordre se succèdent les troubles de la sensibilité dans

le tabès et quelle interprétation, encore hypothétique, peut-on en

donner ? D'ordinaire apparaissent d'abord les sensations de dou-

leur, puis les troubles de localisation des sensations ; en même

temps, la conduction des sensations est ralentie; l'ataxie existe,

mais la sensibilité tactile est alors encore intacte, ou relativement

peu altérée. Aux symptômes les plus précoces appartiennent

aussi les douleurs lancinantes.

Nul doute, Redlich le rappelle, que les libres servant à la sensi-

bilité tactile ne soient celles'des racines postérieures et de leurs

prolongements, des collatérales, etc., qui se distribuent à la subs-

tance grise de la moelle. Du fait de l'arborisation terminale de

ces fibres dans la moelle, le courant y subit une interruption ; un

second neurone reçoit le courant, dont le cylindraxe passerait de

l'autre côté de la moelle. épinière et monterait dans les cordons

autéro-latéraux : aucune preuve démonstrative de ce trajet n'existe

présentement. Peut-être des neurones intercalaires (Schali-iveu-

2-oize), correspondant au deuxième type de Golgi, se trouvent-ils

encore interposés par place entre les deux neurones sensitifs.

Ces cellules seraient destinées à favoriser la transmission du

courant, apporté par une fibre, à plusieurs neurones endogènes

de la moelle épinière.

Les phénomènes d'excitation de la sensibilité appartenant aux

symptômes les plus précoces du tabes, surtout les douleurs lanci-

ttatates, les paresthésies, sont l'effet de la lésion des racines posté-

rieures. La physiologie expérimentale établit en effet que l'ir-

ritation du trajet central du faisceau sensitif ne détermine

aucune douleur (si ce n'est toutefois dans certaines condi-

tions), tandis que les lésions du segment périphérique de cette

voie nerveuse, et surtout des racines postérieures, provoquent de

très vives manifestations de cette affection. C'est ce qui arrive,

dans le tabes, quand les racines postérieures dégénèrent. L'absence

possible des douleurs lancinantes aux stades postérieurs du tabes,

du moins dans les régions primitivement affectées, s'expliquerait

par la fin du travail de la dégénérescence, par la disparition com-

plète des fibres radiculaires, malades au début, si bien qu'il ne

reste plus de voies nerveuses pour les sensations de douleur. Il

n'existe point de nerfs spécifiques de la douleur. Redlich se range ,

avec Grützner, Mann, etc., du côté de Goldscheider ; il n'y a donc

pas de voies centrales particulières pour la transmission de cet

ordre de sensations. La sensation de douleur résulte de la som-

16 REVUE CRITIQUE.

mation de ces excitations : des excitations intenses, répétées, ou

très fréquentes, chargent les cellules nerveuses autour desquelles

s'arborisent les fibres radiculaires postérieures, cellules qui repré-

sentent le second neurone de la voie sensitive ; la sensation dedou-

leur est l'effet de ces excitations. Or si l'on suppose, avec Redlich,

que, des fibres radiculaires postérieures innervant un territoire

déterminé de la peau, une partie a été détruite, tandis qu'une

autre partie est encore conservée, il sera loisible de comprendre

que, grâce aux anastomoses multiples et variées qui existaient,

alors qu'une sensation tactile sera encore perçue, un stimulus,

même intense, ne déterminera plus, à cause de la perte d'énergie

qu'éprouve le courant en se propageant par des voies détournées

ou peu frayées, cette sommation des excitations dans les cellules

nerveuses de la substance grise que nous percevons comme sen-

sation de douleur.

De même pour les troubles de localisation de la sensibilité

tactile : les courants centripètes sont forcés, du fait des conditions

défavorables dans lesquelles ils se transmettent, de suivre des

détours et de s'engager dans des voies qui ne sont pas les voies

habituelles ; leur localisation doit donc en souffrir d'autant.

Les collatérales réflexes, les faisceaux ascendants des cordons

postérieurs, etc., représentent les prolongements directs des

fibres radiculaires postérieures; leur destruction ne saurait être

compensée au moyen d'autres voies nerveuses accessoires : voilà

sans doute pourquoi l'ataxie apparaît plus tôt, dans le tabes, que

les altérations de la sensibilité cutanée.

Des troubles de cette nature pourraient-ils aussi s'observer, dans

le tabes, indépendamment de lésions médullaires, par lésions des

nerfs cutanés périphériques (Dejerine) 1 Nous ne le pensons pas.

1 Redlich. Die Pathologie der Labischezz IIi ? zte-st ? ,a ? igsei,ki,ankil71g.

Iéna, 1897. Chez l'homme adulte, l'existence de collatérales des racines

postérieures n'aurait été jusqu'ici sûrement démontrée ni avec l'impré-

gnahonauchromate d'argent ni avec d'autres méthodes (p. 13). En colo-

rant soi ! le cylindraxe, soit la gaine de myéline, Redlich n'a pu réussir

à en voir sortir des collérales, non plus que les deux branches de bifur-

cation des fibres radiculaires postérieures. Mais ces résultats négatifs de

son expérience directe du sujet ne l'autorisent naturellement pas à nier,

il le reconnaît, l'existence, et de la bifurcation des fibres radiculaires

postérieures et des collatérales.

Ses expériences lui permettent également d'affirmer que, après la sec-

tion des racines postérieures, la dégénération consécutive du cordon

postérieur et de la corne postérieure n'a lieu que du côté de la lésion;

il n'existe pas de dégénération du cordon postérieur du côté opposé' ni

d'autres cordons blancs de la moelle épinière (p. 34).

Relativement aux dégénérations secondaires descendantes des cordons

postérieurs, dans des cas de compression et de lésions traumatiques de

la moelle épinière, Redlich estime qu'il est encore difficile de décider si

ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES DU TABES. 17

En dépit des objections qui ont été élevées à ce sujet, Redlich

estime, de par l'anatomo-pathologie du tabes, qu'il se trouve

dans les cordons postérieurs des fibres endogènes dont les cellules

d'origine sont dans la substance grise, et que ces fibres sont

- surtout rassemblées dans la région ventrale du cordon postérieur

(zone cornu-commissurale de P. Marie) '. Ce qui témoignerait de

l'origine endogène des fibres de cette région, c'est que ce territoire

offre l'étendue la plus considérable précisément là où la substance

grise possède, relativementet absolument, le plus grand développe-

ment, c'est-à-dire dans la moelle lombaire, inversement à ce qui

se présente pour la moelle dorsale. Avec Marie, Redlich admet que

des fibres endogènes se mêlent aussi au cordon de Goll, particu-

lièrement dans sa région ventrale; il s'agirait en grande partie de

voies courtes; il est vraisemblable aussi que ces fibres affectent une

direction descendante. (^1 suivre.)

les parties des cordons postérieurs qui dégénèrent alors, dans ce sens,

contiennent des fibres endogènes ou exogènes. L'hypothèse qu'il s'agit

ici de fibres exogènes, dérivées des racines postérieures, lui semble plus

plausible, si l'on prend garde smtout que ces fibies descendantes du

cordon postérieur existent réellement, qu'elles doivent dégénérer, et

qu'elles dégénèrent en fait, consécutivement à une lésion des racines

postérieures ou des fibres radiculaires postérieures. Il est d'ailleurs pos-

sible qu'il y ait des fibres descendantes endogènes et exogènes, les pre-

mières représentant sans doute des voies courtes, les dernières des voies

longues.

1 Dans deux cas de lèpre étudiés par E. Janselme et Pierre Marie ', les

lésions du système exogène étaient au minimum, contrairement au tabes,

affection qui se caractérise par un maximum de lésions du système exo-

gène. Sur des coupes provenant d'un cas de myélite transverse, les

auteurs ont constaté une véritable continuité entre le faisceau en vir-

gule et le triangle cornu-marginal. Or, dans les deux cas de lèpre le

triangle cornu-marginal, qui n'est affecté que tardivement dans le

tabes, était fortement atteint, ce qui plaide en faveur de la nature endo-

gène de ce dernier territoire. Les lésions médullaires de la pellagre se

rapprochent beaucoup de celles de la lèpre : les unes et les autres

seraient donc de nature endogène. La gravité des lésions -du cordon de

Goll dans la lèpre ne semble pas aux auteurs un argument valable contre

cette manière de voir, car ce seraient surtout les fibres endogènes (et

elles se trouvent en bon nombre dans le cordon de Goll à côté des fibres

exogènes) qui auraient ici été atteintes. Ils concluent ainsi : « 1- Dans

certains cas de lèpre, il existe des lésions des cordons postérieurs occu-

pant, avec une prédilection particulière, les cordons de Goll, les fais-

ceaux en virgule, les triangles cornu-marginaux; ces lésions, coinci-,

dant avec un minimum d'altération des racines postérieures et du 2,eti-

culunx des colonnes de Clarke, sont très vraisemblablement d'origine

endogène. »

' Sur les lésions des cordons postérieurs dans la moelle des lépreux. Revue neu-

rologique, 1698, p. 751.

Archives, 2° série, t. XI. 2

CLINIQUE NERVEUSE.

Épilepsie et fièvre typhoïde.

(Deux épileptiques morts en crises subinlranles avec hyperthermie) ;

PAR it

M. le D' A. MARIE, et T ` 11. J. BUVAT,

de Villejuif. Interne des asiles de Villejuif.

Nous avons eu l'occasion fin septembre, au cours d'une

épidémie restée très circonscrite, d'observer l'évolution de la

fièvre typhoïde chez quelques épileptiques. Nous relatons ici

deux observations avec autopsie : la première relative à un

malade mort dans le deuxième septénaire ; la deuxième à un

sujet qui a succombé à la fin de la première semaine, en

pleines crises convulsives subintrantes, avec hyperthermie.

Ces deux cas sont en contradiction avec l'opinion classique

qui veut que dans toute affection aiguë avec hyperthermie,

la réapparition des crises épileptiques soit un phénomène

favorable, qui précède la défervescence.

Les recherches bibliographiques, que nous avons faites

pour retrouver des cas analogues, ont été infructueuses, et

les quelques cas de coexistence de fièvre typhoïde et d'épi-

lepsie rapportés signalent tous une terminaison favorable

quand les accès convulsifs ont fait leur réapparition

L'influence de la fièvre intermittente sur les accès épilep-

tiques est connue depuis Hippocrate, et reste traduite dans

l'aphorisme classiques « Quaterna epilepsiae vindex. »

Delasiauve dans son Traité de l'épilepsie dit « qu'en thèse

générale, toute affection intercurrente, quelque peu sérieuse

et aiguë, pneumonie, fièvre, érysipèle, variole, goutte, rhu-

matisme, suspend ou affaiblit les accès. Les accès disparaissent

avant la cessation et sont les avant-coureurs de la convales-

cence. Les cas, où l'épilepsie persiste malgré les symptômes

intercurrents, sont rares » et parmi les observations de Dela-

EPILEPSIE ET FIÈVRE TYPHOÏDE. 19

sianve nous n'en trouvons qu'une ayant trait à la fièvre ty-

phoïde, la voici :

« G..., onze ans, prend la fièvre typhoïde, et le naorbas sucer,

détourné par l'invasion épidémique, n'avait pas reparu cinq semai-

nes après. »

J. Séglas, dans sa thèse, inspirée par Bourneville ', rapporte

trente-quatre observations ayant trait à l'influence d'une

maladie accidentelle sur les accès épileptiques. Cette influence

s'est manifestée d'une façon favorable en suspendant les accès

et cela*aeu lieu surtout lorsqu'il.s'est agi d'affections aiguës

ayant déterminé une maladie fébrile. L'observation XXXII a

trait t la fièvre typhoïde.

« L... Marie, vingt ans, entre, en septembre 1877, dans le ser-

vice de Delasiauve a commencé à avoir des vertiges à dix-huit

ans et des accès à dix-huit ans et demi - à dix-neuf ans, contracte

une lièvre typhoïde qui dura un mois. Pendant toute la durée de

la maladie, et même pendant les six mois qui suivirent^elle n'eut

ni accès, ni vertiges. »

Legrain, à propos de l'épidémie de fièvre typhoïde à la

colonie d'épileptiques de Vaucluse en 1890, épidémie qui a

duré cinq mois, s'exprime ainsi sur les rapports de l'épilepsie

et de la fièvre typhoïde : « Les manifestations de l'épilepsie

n'ont pas été influencées par la maladie, seul le nombre des

crises semble avoir diminué pendant son cours, mais elles

n'ont pas été jugulées. »

Rauzier publie, dans le Bulletin médical de 1894, un cas

d'hystérie ayant simulé le syndrome agonique au cours d'une

fièvre typhoïde (pouls fréquent, assourdissement des bruits du

coeur, ralentissement et embarras de la respiration, hoquet,

sueurs), cela au quinzième jour d'une lièvre typhoïde grave

avec hyperthermie notable. Au bout d'un instant, une crise

d'hystérie d'une violence extrême éclate avec son cortège clas-

sique : convulsions, arc de cercle, projection rythmée du bas-

sin, délire passionnel, insensibilité absolue. La crise dure

trois heures et se renouvelle les jours suivants jusqu'à la mort

survenue quelques jours après dans l'ataxo-adynàmie », et

Rouzier met en relief « l'apparition, du syndrome agonique

au début d'une crise hystérique, dont il représente l'aura vaso-

1 Séglas. Th. Paris, 1881.

20 CLINIQUE NERVEUSE.

motrice et l'éclosion d'une crise convulsive dans la période

hyperpyrétique d'une dothiénentérie; ce dernier fait, dit-il,

sans être absolument rare, est cependant exceptionnel ».

Dans la Presse médicale de 1898, nous avons aussi relevé

deux articles relatifs au séro-diagnostic régatif, par MM. Ar-

taud et Barjon (26 février) et de Bormaus (15 octobre), ayant

trait à deux convulsifs ( une hystérique pour le premier et un

épileptique pour le deuxième). Les deux cas furent suivis de

mort, mais dans l'un et l'autre cas, les auteurs sont muets sur

les manifestations convulsives au cours de la pyrexie.

Dans le service de notre collègue, M. le D'' Toulouse, des

recherches ont été faites par M. Meunier relativement à l'effet

thérapeutique des bains chauds sur les épileptiques, en voici

les résultats succincts :

Coïncidence ou causalité : deux malades, en état de mal,

soumises au bain de une heure à 39°, se sont heureusement

tirées de leurs accès.

A deux épileptiques jeunes (vingt ans), dont le coeur parais-

sait en bon état, on a fait prendre tous les soirs de cinq à six

(avant dîner) un bain d'une heure, de 39° les quatre premiers,

de 40° les six derniers. Il y a eu au début du traitement quel-

ques troubles qu'on a évités en mouillant la tête avec de l'eau

froide. Les accès ont nettement diminué pendant les dix nuits

suivant les bains. Les températures rectales montaient par le

bain à 39 et 40°; mais d'autre part dans ce cas, il n'y a pas

eu suppression d'accès, car les accès nocturnes évités furent

compensés par des attaques diurnes plus fréquentes. Deux

fois sur vingt bains, il y eut attaques dans le bain, malgré

la température du malade à 39°. L'hyperthermie n'est donc

pas suffisante contre l'accès.

Tels sont les rares documents que nous avons pu rassem-

bler, ils confirment plutôt en certains points l'opinion classi-

que du febris accedens spasnios solvit.

A l'exception du cas publié par Rouzier, au cours de l'épi-

démie dont nous avons parlé plus haut, nous avons deux

observations communiquées et une personnelle où la crise

épileptique, par son retour, a marqué le début de la défer-

vescence (séro-diagnostic négatif dans cette dernière). Nous

publions ici seulement les deux cas où l'épilepsie survenue en

pleine hyperthermie typhique, a accentué cette hyperthermie,

et dans lesquels la mort est survenue en crises convulsvies.

EPILEPSIE ET FIÈVRE TYPHOÏDE. 21

Observation I. Ch. S..., dix-neuf ans, est dans les asiles

depuis septembre 1891 Les certificats mentionnent : imbécillité,

épilepsie. Il entre à Villejuif à la fin août 1900. On ne sait rien

de ses antécédents Souffle systolique à la pointe qui ne se pro-

page pas et qui nous parait être extra-cardiaque. Microcéphalie

avec asymétrie cranio-faciale. Léger strabisme convergent. Une

crise tous les deux jours. Il prend 3 grammes de bromure par jour

depuis son entrée.

Le 25 septembre, on le trouve affaissé, fébricitant, refusant la nour-

riture, avec une langue grillée, de la diarrhée. On l'alite; la tempé-

rature est à 40°, le pouls dicrote à 120; le souffle systolique per-

siste avec les mêmes caractères; il a du gargouillement dans la

fosse iliaque, une grosse rate, quelques rares taches rosées. Bron-

chite généralisée avec sibilances, et nous songeons à la fièvre

typhoïde. Régime lacté, bains froids d'un quart d'heure, à 220,

toutes les trois heures, chaque fois que la température atteint 39°.

Le 26, la température oscille entre 40° et 40°,5, elle baisse de 6

à 9 dixièmes après le bain; le pouls est dicrote à 125, la diarrhée

profuse contient du sang, les urines recueillies difficilement, sont

fortement albumineuses.

Le 27, même état, le teint se plombe un peu, fuliginosités sur

les lèvres et la langue, le malade est dans une stupeur assez grande

et réagit à peine quand on l'appelle. Cyanose, bronchite intense

avec râles sous-crépitants aux deux bases. Ventouses, sept bains

dans les vingt-quatre heures.

Le 28, le pouls faiblit, bat 125, la température se maintient au-

dessus 'de 40°; le sang persiste dans les selles diarrhéiques ; on le

décèle dans les urines. Toujours même état pulmonaire. Sept bains,

potion cordiale, caféine 0,50.

Le 29. et le 30, l'état est le même, injection sous-cutanée de

500 grammes de sérum artificiel, huit bains par vingt-quatre heu-

res. Les urines, examinées par M. Gigon, interne en pharmacie,

ne contiennent plus de sang, mais de la bile en quantité assez nota-

ble, 1 gramme d'albumine par litre et de l'urobiline.

1 ? octobre, même état, sept bains et 500 grammes de sérum

artificiel; la température a fléchi à 38°,8; elle remonte le soir; les

bruits cardiaques sont sourds, le pouls est à 125. Le 2, même

état. '

Le 3, la température atteint 41°, à à neuf heures du matin : le

malade à une attaque d'épilepsie franche, la première avec une

phase tonique très courte et dont la période classique s'est prolon-

gée pendant une heure, il sort de la crise cyanosé, très abattu,

cependant que la température tombe progressivement jusqu'au

lendemain, neuf heures, à 38°, 3. ZD

Le 4, à partir de ce moment, la température remonte; l'adyna-

mie s'accentue; le pouls faible et rapide est à 135; les bruits du

t.-a

m

o

f

t2 :

z

ci

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t4

N

c !

en

M

l'ig. 1. Indique la température prise toutes les trois heures ; X, une attaque; XXXX, attaque en série ; 0, injection

de sérum artificiel 500 grammes; P. C. C., portion cordiale avec 0,50 de caféine.

ÉPILEPSIE ET FIÈVRE TYPHOÏDE. 23

coeur très voilés : la congestion des bases intense; l'état jugé très

grave nous fait suspendre les bains.

Le 5, au matin, température 40°,4; à 8 heures et demie, les

crises réapparaissent et se succèdent sans laisser de répit au ma-

lade jusqu'au moment de la mort à 10 heures.

Pendant toute cette période, les bras s'agitent, les yeux sont con-

vulsés en haut, la bouche écume, le visage a une teinte cyanique,

la respiration est de plus en plus saccadée et superficielle.

Autopsie. En procédant à l'éviscération, nous sentons les

organes encore chauds. Au poumon, nous trouvons la base droite

splénisée, plus de crépitation, le fragment ne surnage pas. On fait

sourdre un sang noir à la pression. Le lobe moyen est splénisé; la

base gauche est seulement congestionnée.

Le péricarde contient un peu de liquide citrin. Il ne parait pas y

avoir eu de myocardite, le tissu cardiaque est de coloration nor-

male, ferme et résistant. Nous trouvons dans les oreillettes des cail-

lots fibrineux, jaunâtres de la grosseur d'une châtaigne ; on en

trouve également dans les ventricules. L'épreuve de l'eau est néga-

tive et nous ne constatons rien d'anormal sur les valvules et l'en-

docarde. *

Les ganglions trachéo-bronchiques sont assez volumineux, avec

un léger degré d'anthracose, quelques-uns sont crétacés.

La rate est grosse, pèse 233 grammes ; le foie, 1335, la coloration

est un peu jaunâtre à la coupe. Les reins sont congestionnés; sous

la capsule qu'on décortique facilement, on aperçoit quelques étoi-

les de Verheyen. Le péritoine ne contient aucun liquide, la pre-

mière portion duodéno-jéjunale de l'intestin nous parait très con-

gestionnée ; dans le dernier mètre de l'intestin grêle, nous trouvons

une douzaine de plaques de Peyer, formant saillie, très conges-

tionnées et nettement ulcérées, les unes d'un diamètre d'une pièce

de 0 fr. 20, les autres du diamètre d'une pièce de 1 franc, le gros

intestin n'a rien de particulier.

Le cerveau se décortique facilement, mais les deux hémisphères

sont très inégaux en volume et en poids : le gauche pèse 390 gram-

mes ; son ventricule latéral est dilaté, rempli de liquide; l'atrophie

porte surtout sur les circonvolutions du lobe occipital. L'hémis-

phère droit pèse 555 grammes. La coupe de Flechsig-Brissaud mon-

tre dans le bras antérieur de la capsule interne gauche un morcel-

lement anormal des faisceaux blancs parla substance grise.

Observation II. Maurice M..., âgé de dix-huit ans, est dans les

asiles depuis juin 1895; il entre dans le service le 28 août 1900;

c'est un épileptique à crises assez espacées, deux en moyenne par

semaine. On lui donne 3 grammes de bromure par jour. Le

1 octobre, il se plaint de céphalalgie; il ne peut plus se tenir

debout; il a depuis quelques jours de petites épistaxis, de la diar-

24 CLINIQUE NERVEUSE.

rhée, une langue grillée, la température à 40°, le pouls dicrote à

100; légère bronchite; grosse rate; gargouillement dans la fosse

iliaque droite avec douleur à ce niveau; il est alité, isolé, soumis

aux bains froids, régime lacté. Les urines peu abondantes sont

légèrement albumineuses. Nous pensons à unefièvre typhoïde. Rien

au coeur. Le 2 elle 3, la température se maintient entre 40° et 41°.

Le 4, apparaît une abondante éruption de tâches rosées sur l'ab-

domen, le thorax et les lombes. Les bruits du coeur deviennent

plus sourds. Potion cordiale avec 0 gr. 50 de caféine. Le pouls

bat 915, toujours très dicrote, le faciès est vultueux, congestionné

et le malade saigne assez abondamment du nez.

Le 5, même état. Le malade a une crise épileptique, formée

subintrant's, qui dure environ une heure; peu de temps

après, il se précipite sur un gardien qu'il frappe et veut étrangler.

Le 6, à la visite du matin, nous le trouvons avec 40°, 9, le pouls

à 130, la respiration à 37 par minute, râles de bronchite très nom-

breux, le faciès est un peu cyanosé, le malade a eu une crise con-

vulsive, qui a duré une quinzaine de minutes et il reste dans un

état comateux, avec une respiration haletante et superficielle, il ne

réagit plus aux appels. A midi, une nouvelle crise apparaît et la mort

survient une demi-heure après en pleines convulsions épileptiques.

Autopsie. A l'autopsie, les viscères sont encore encore chauds.

Les deux bases du poumon sont très congestionnées; plus de

crépitation, mais le tissu surnage quand on le jette dans l'eau. A

gauche, adhérences pulmonaires.

Le péricarde ne contient pas de liquide. Le coeur est mou et flas-

que, de teinte feuille morte, avec des îlots graisseux. Epreuve de

l'eau, négative. Les valvules aortiques et mitrales sont souples

mais très rouges. Le tissu myocardique se déchire facilement.

La rate molle, très congestionnée, se dilacère très facilement et

pèse 390 grammes. Le foie a une teinte blanc jaunâtre à la coupe;

il pèse 1450 grammes. Le rein droit a une consistance très molle,

pèse 190 grammes et se décortique facilement. Les étoiles de Ver-

hegen sont très nombreuses et très saillantes, à la coupe on a une

teinte vineuse et les colonnes font saillie. Le rein gauche pèse

170 grammes; il est moins congestionné. Rien dans le péritoine.

L'intestin grêle, dans sa première portion, ne présente rien

autre qu'une congestion intense. A 0 ? 80 de l'embouchure caecale,

commencent à apparaître des plaques de Reyer ulcérées, saillantes,

confluentes; l'une d'elles mesurée atteint 7 centimètres de long et

3 centimètres de large. Aucune plaque dans le gros intestin.

Macroscopiquement le cerveau n'a rien d'anormal.

Chez nos deux malades le traitement bromure a été sus-

pendu comme on a coutume de le faire dès l'invasion de la

fièvre. Tous deux ont résisté à la première attaque. Chez le'

Fig. 2. La température rectale après le bain d'un quart d'heure a 24°, X, une attaque; XXXX, attaque en série;

1 P. C. C., potion cordiale avec 0,50 de caféiiie ? e % .

26 CLINIQUE NERVEUSE. 1

premier, il s'est même esquissé une détente thermique après

la première crise. Chez le second ce phénomène quoique

moins net s'est également présenté. Ce n'est qu'au cours d'ac-

cès ultérieurs répétés et subintrants que la mort est survenue.

Leur dothiénentérie se présentait sans doute sous un aspect

de gravité moyenne, mais chez le premier nous avons trouvé

une atrophie du lobe cérébral gauche et de la splénisation pul-

monaire. Chez le deuxième, un coeur malade et un foie douteux.

Ces lésions suffiraient à elles seules à expliquer pourquoi nos

deux sujets ont succombé; mais ces deux cas nous engagent

à ne plus envisager la réapparition des crises épileptiques,

au cours d'une pyrexie, comme un symptôme favorable.

D'autre part ces deux observations soulèvent un point déli-

cat de thérapeutique : fallait-il donner du bromure de potas-

sium ? L'opinion classique rejette dans toutes les pyrexies chez

l'épileptique, l'emploi du bromure, par crainte du collapsus.

Et d'après les faits expérimentaux précités, il semble que l'hy-

perthermie seule ne suffit pas dans l'épilepsie à éloigner ou à

faire disparaître les accès.

Nous pensons que des conclusions fermes au point de vue

pathogénique et thérapeutique seraient prématurées en l'état

actuel de la question.

Thèses DE Lyon 1899-1900.

Acuann (L.) : Contribution à l'étude des affections multiples des

nerfs crâniens compliquant le zona (considérations étiologiques).

In-4° de î7 pages. Colin (lu.). Sensibilité comparée des réactifs

chimiques et physiologiques de la strychnine. In-4° de 54 pages.

DUGUET. Contribution èt l'élude de la peur et des phobies (Etude patho-

génique, Etiologique et Nosologique). 1n-4° de 82 pages.

FAURE (E.). Dit sérum artificiel en aliénation mentale. In-4° de 114

pages. Guérinot (A.). Recherches sur les conditions de la douleur.

In-4° de 73 pages. - AIARDELLIS (A.). Elude o,7zcttoi ? io-pathologiqtie et

clinique des lésions du nerf optique dans les fractures de la base du

cndne. In-4° de 122 pages. Michaud (L.). Contribution à l'élude

des délires transitoires séniles. ln-4° de 91 pages. NODET (V.), Ses

ayzzoscies, la cécité psychique en particulier. In-4 de 221 pages, avec

figures. PAULET (G.). De 1'liénii-mimie faciale d'origine optique.

In-4° de 110 pages, avec figures. Rigollet (A.). Contribution à

l'étude de l'hémianesticésie organique. In-4° de GO pages, avec 2 plans

hors texte. IIONDET (J.). De l'arzestleésie locale par infiltration

(Méthode de Schieich). In-4° de 102 pages. Taillade (L.-J.).

Oreille et épilepsie. In-4° de 74 pages.

ENSEIGNEMENT

Les Cliniques psychiatriques des Universités

allemandes ' ;

Par le D' Peul SÉRIEUX,

Médecin des asiles publics d'aliénés de la Seine,

chargé de missions.

II 1

Considérations générales sur les cliniques psychiatriques

allemandes.

Résumons aussi brièvement que possible les points les plus inté-

ressants de cette étude sur les cliniques psychiatriques d'Alle-

magne. '

Nombre de ces établissements. Leur nombre est égal à celui des

universités. Chaque faculté de médecine a tenu, en effet à assurer

l'enseignement des maladies mentales par la création d'une cli-

nique spéciale. Sur les vingt universités d'Allemagne, une seule,

celle de Kiel, ne possédait pas, jusque dans ces derniers temps, une

clinique de ce genre. Cette lacune vient d'être comblée.

L'heureuse influence exercée, à des points de vue divers, par

cette vingtaine de cliniques psychiatriques est aisée à concevoir.

Grâce à ces établissements, une vigoureuse impulsion est impri-

mée, dans vingt centres différents, à l'étude des maladies men-

tales. Ce sont là autant de foyers scientifiques régionaux, autant

de pépinières pour l'éducation de futurs médecins aliénistes. De

plus, toutes ces cliniques psychiatriques agissent d'une façon très

favorable, en réalisant autant de types de l'asile d'aliénés moderne;

elles montrent ce vers quoi doivent tendre les grands asiles pro-

vinciaux : à devenir des hôpitaux pour le traitement des maladies

du cerveau. Les préjugés du publie - et aussi ceux des médecins

disparaissent. Grâce à cette décentralisation de l'enseignement

des maladies mentales, chaque province bénéficie de l'activité d'un

centre universitaire dont le matériel clinique, les laboratoires,

' Voir Archives de Neurologie, 11-- 57, 59 et 60, t.-X, p. 193, 371 et 473.

28 ENSEIGNEMENT.

l'enseignement, l'organisation matérielle vulgarisent les notions

de psychiatrie et de médecine légale indispensables aux praticiens,

en même temps qu'ils favorisent les progrès de la médecine men-

tale et de l'assistance des aliénés '.

Dates de création des cliniques. Depuis longtemps on s'est

préoccupé de l'enseignement clinique des maladies mentales dans

les universités allemandes. Cinq universités ont organisé, dans le

cours de la première moitié du siècle, une clinique de psychiatrie .

Les autres ont, pour la plupart, créé une clinique spéciale au cours

de ces 20 dernières années. Voici d'ailleurs les dates de création

de ces établissements : Iéna (1848), Wurzbourg (1848), Erlangen

(1850), Munich (1861), Berlin (1865), Goettingen (1866), Strasbourg

(1873), Marbourg (1877), Breslau (1877), Heidelberg (1878), Halle

(1879), Bonn (1882), Leipzig (1882), Fribourg (1887), Greisswald

(1889), Konigsberg (1892), Tubingen (1894), Giessen (1896), Ros-

tock (1896), Kiel (1900).

Constitution de cliniques universitaires autonomes. Deux pé-

riodes très tranchées doivent être distinguées dans l'histoire du

développement de l'enseignement clinique des maladies mentales

dans les universités allemandes : l'une antérieure, l'autre posté-

rieure aux mémorables travaux de Griesinger. Dans la première,

on se contente d'utiliser, pour l'enseignement clinique, les asiles

provinciaux d'aliénés ou les quartiers d'hospice déjà existants et

dont quelques-uns se trouvaient situés à une distance notable de

la ville universitaire. Dans la seconde période, qui a débuté, il y

a vingt ans à peine, par la création de la clinique de Heidelberg

(1878), on se décide à construire des cliniques universitaires, des

établissements autonomes, constituant autant de petits asiles

urbains d'une centaine de lits. Telles sont les cliniques de

Leipzig (1882), de Strasbourg (1886), de Halle (1891), de Wurz-

bourg (1893), de Tubingen (1894), de Giessen (1896), de Rostock

(1896), de Kiel (1900). Ce progrès considérable dans l'organisation

des cliniques psychiatriques est l'oeuvre de Griesinger, qui com-

battit énergiquement, il y a une trentaine d'années, en faveur de

la réforme complète des conditions dans lesquelles était donné

jusqu'alors l'enseignement des maladies mentales.

A l'époque où Griesinger commença d'exposer ses idées sur

l'organisation des cliniques psychiatriques et des hôpitaux de

' Il faudrait encore parler des progrès considérables faits au cours de

ces dernières années dans la connaissance anatomique et physiologique

du système nerveux, progrès dus, en grande partie, aux recherches

poursuivies dans les cliniques de psychiatrie. Rappelons les noms de Mey-

nert, Gudden, Flechsig, Hitzig, Wernieke, Kraepelin, Ziehen.

2 La création de la clinique des maladies mentales à la faculté de

Paris ne remonte âu8re au delà d'une vingtaine d'années.

LES CLINIQUES PSYCHIATRIQUES. 29

traitement urbains (1861), on avait presque partout renoncé, en

Allemagne, aux asiles distincts pour les aliénés curables et les

aliénés incurables. On ne répartissait même plus les malades,

dans chaque établissement, suivant leur curabilité. Il existait, en

effet, en 1852, en Allemagne et en Autriche, 47 asiles mixtes,

8 asiles de traitement et 27 hospices d'aliénés chroniques. Les

établissements de traitement contenaient d'ailleurs une forte pro-

portion d'incurables. Les hospices de chroniques ne servaient qu'à

débarrasser les asiles mixtes de l'excédent de leur population.

Griesinger se déclara néanmoins partisan d'établissements dis-

tincts pour les curables et les incurables. D'après lui, « il était

prématuré de vouloir rejeter d'une manière absolue le système

des hôpitaux actifs proprement dits. Un mode bien entendu d'as-

sistance publique des aliénés, dit-il, doit satisfaire à deux condi-

tions essentielles ou, si l'on veut, doit comprendre deux espèces

principales d'asiles, qui doivent être absolument séparés parce

qu'ils doivent avoir une situation, une distribution et une organi-

sation complètement différentes, les malades devant faire, clans

les uns, un séjour exclusivement transitoire ; dans les autres, un *

séjour prolongé ».

Griesinger demandait en conséquence la création, pour les

aliénés, de trois catégories d'établissements : 1° un hôpital urbain

destiné à admettre le plus promptement possible les cas aigus et

devant servir, dans les villes universitaires, de clinique psychia-

trique ; 2° une colonie agricole pour les aliénés chroniques capables

de travailler et n'ayant pas besoin de soins médicaux constants ;

3° un hospice pour les aliénés infirmes.

Laissons de côté ce qui a trait aux deux dernières catégories, la

colonie agricole et l'hospice, pour examiner l'hôpital urbain, tel que

Griesinger le réclame pour toute ville d'une certaine importance

et à plus forte raison pour toute ville universitaire. L'hôpital de

séjour transitoire pour les cas aigus, la clinique psychiatrique

doit être situé en ville même, ou dans le voisinage immédiat de

la ville (Stadtasyl). Il doit ne pas avoir l'aspect d'une caserne,

mais être formé de pavillons détachés, sans galeries couvertes.

Le nombre des lits ne doit pas dépasser 100 à 120, et même, si le

mouvement est assez actif, 60 à 80. « C'est, en effet, dit Griesinger,

à peine si un seul médecin peut suivre exactement et traiter acti-

vement d'une manière sérieuse un chiffre aussi considérable

(cent) d'aliénés. » (Traité des maladies mentales, p. 578.)

. Un pavillon spécial avec salle de surveillance continue sera

réservé aux malades ayant besoin d'être surveillés jour et nuit

Griesinger. Uber Irrenanstalten und .deren Weiter-Eiitwickeluiig

in Deutschland. Arch. f. Psychiatrie I, 1867. (Annal, médic. psychol.,

1868, p. 456.)

30 ENSEIGNEMENT.

(25 p. 100 des cas aigus), et aménagé spécialement en vue de

cette destination. Les autres pavillons doivent comprendre des

salles de réunion, des salles à manger gaies et bien décorées et

un grand nombre de chambres à un lit. Griesinger ne veut pas de

division spéciale pour les agités : « la psychiatrie des quartiers

d'agités, déclare-t-il, n'est pas plus mon affaire que celles des

camisoles de force; les isolements doivent être de courte durée :

les infirmiers bien choisis, les visites médicales fréquentes... » Il est

enfin nécessaire que la clinique psychiatrique soit située aussi

près que possible des autres cliniques. La durée du séjour des

aliénés dans l'asile urbain devait être courte et ne pas dépasser

un an. Ainsi que je l'ai montré ailleurs les cliniques de psychia-

trie des Universités allemandes ne sont pas autre chose que la

réalisation d'un programme élaboré par Esquirol '. Pourquoi

faut-il que, si fréquemment, l'histoire de la médecine mentale nous

montre les réformes réclamées par les maîtres de' la psychiatrie

française réalisées à l'étranger alors qu'en France elles restent

inappliquées !

Griesinger a encore formulé 2 sur l'organisation et le mode

de fonctionnement des cliniques psychiatriques quelques desiderata

que nous allons résumer :

« Les cliniques psychiatriques doivent être placées sur le même

pied que les autres cliniques universitaires.

Cette assimilation doit porter sur les points suivants :

1° Assistance obligatoire aux leçons cliniques. Le stage doit

être exigé pour la clinique psychiatrique comme pour les autres, et

cela, non en considération du professeur, mais au point de vue de

l'enseignement. L'Etat, en n'exigeant de l'étudiant que la fréquen-

1 Les vues de Griesinger se rapprochent en effet sensiblement des

conceptions formulées antérieurement par Esquirol : « Peut-être, dit

Esquirol, conviendrait-il de faire un petit nombre d'établissements dans

chacun desquels ou pourrait réunir 150 à 200 aliénés mis en traitement;

ces établissements serviraient de modèle, d'école d'instruction et d'objet

d'émulation pour les autres maisons. On ne serait admis dans ces éta-

blissements qu'à des conditions particulières... 1° l'aliéné, pour être

admis, ne devrait point avoir été traité ailleurs; 2° sa maladie ne de-

vrait dater que d'un an au plus ; 3o aussitôt qu'il serait reconnu incu-

rable, il serait renvoyé ; 4° il ne pourrait rester plus de deux ans dans

l'hôpital ou l'asile. Je dis deux ans, l'expérience m'ayant prouvé qu'il

guérit presque autant d'aliénés dans le cours de la seconde année depuis

l'invasion de la maladie que dans la première. » (Esquirol. Traité des

maladies mentales, 1.11, p. 404. Paris, 1838.)

' Griesinger. Weiteres uber psyclzialrische Klinilcecz, Griesinger's gc-

sammelte Abhandlungen I Ililschwald. Berlin, 1872. m Z,

Reproduit in Centralblatt f. Nervenheilleunde und Psychiatrie, déc.

1893.

LES /CLINIQUES PSYCHIATRIQUES. 31

tation de trois cliniques (interne, chirurgicale, obstétricale) et en

le laissant libre de négliger la clinique psychiatrique, montre par

le fait même qu'il tient l'enseignement des maladies mentales pour

peu important et l'étudiant, par suite, est amené à le considérer

comme tout à fait inutile. On devrait exiger un stage de six mois

dans une clinique psychiatrique afin de pouvoir fournir aux fa-

milles et aux magistrats des médecins ayant quelques notions des

maladies mentales.

2° La clinique de psychiatrie doit être assimilée aux autres

cliniques au point de.vue des méthodes d'instruction. L'étudiant

qui pénètre pour la première fois dans un établissement d'aliénés

partage tous les préjugés du public ; les manifestations exté-

rieures des délires accaparent toute son attention. Il faut lui ap-

prendre à considérer chaque malade comme atteint d'une maladie

déterminée du système nerveux central, et à se familiariser avec les

méthodes de diagnostic.

3° Au point de vue du recrutement des malades, la clinique psy-

chiatrique doit, comme les autres, s'inspirer de l'intérêt de l'en-

seignement. Il convient donc d'avoir à sa disposition beaucoup de

cas aigus (ce sont ceux pour lesquels on est consulté surtout dans

la pratique) ; de faciliter l'admission de ces cas aigus. Les cas

chroniques présentent moins d'intérêt, mais devront être néan-

moins présentés : les malades seront choisis soit parmi les cas

aigus entrés à la clinique et passés à l'état chronique, soit dans un

autre établissement d'où ils seraient transférés pour quelques

jours. Pour assurer le recrutement des cas aigus il faut un prix

de pension faible, l'admission gratuite des indigents ; les malades

des classes moyennes doivent être attirés par le bon renom de

l'établissement, le traitement consciencieux dont ils sont l'objet.

Il importe de s'informer, avant l'admission, si le malade dont il

est question, peut être utile à l'enseignement clinique. Pour cela,

un des médecins de la clinique, prévenu par télégramme ou autre-

ment, qu'un individu vient d'être pris de troubles intellectuels

(manie aiguë, tentative de suicide, etc.) se rend sur place, examine

le patient, voit si celui-ci doit être transféré à la clinique, ou s'il

s'agit d'un sujet non aliéné (ivresse, excitation). A ce point de

vue, il y a avantage à ce que la clinique soit à proximité de la ville.'

La sortie du malade doit avoir lieu, comme dans les autres

cliniques, quand celui-ci n'offre plus d'intérêts au point de vue de

l'enseignement (évacuation sur un asile) .

4° Le professeur de psychiatrie, ajoute Griesinger, doit être un

homme de science, qui ait consacré sa vie à la recherche de la vérité

sur le domaine qu'il a choisi. Pour cela il lui faut non seulement le

' La durée moyenne du séjour des malades est la suivante : Berlin,

20 jours ; Breslau, 70 jours ; Wùrzbourô, 73 jours.

32 ' , ENSEIGNEMENT.

matériel clinique indispensable, mais le temps et les loisirs. Un pro-

fesseu, depsychiati,ie î2'est pas îiizdi ? ,ecteztî,-n2édeci)z d'asite.11 ne doit pas

s'occuper de questions administratives, il doit être autorisé à faire

de la clientèle, non pas dans son propre intérêt, mais parce qu'il

est utile qu'il voit d'autres malades que ceux de la clinique (où

certains états psychopathiques sont rarement observés), qu'il soi-

gne des sujets atteints de maladies nerveuses, car la psychiatrie

n'est qu'un chapitre delà pathologie du système nerveux.

Le professeur Kraepelin se base sur les exigences bien distinctes

du traitement médical des psychoses aiguës et de la colonisation

des formes chroniques, pour demander également la création de

deux sortes d'établissements. Les uns, situés dans les villes, ne

possédant qu'un nombre de lits très restreint, serviraient de bu-

reau d'admission, d'hôpital de traitement, et, le cas échéant, de

clinique de psychiatrie. Les autres, plus vastes, installés en vue

d'un séjour prolongé, pourraient être placés à une certaine dis-

tance des villes. L'asile urbain transférerait dans l'établissement

d'hospitalisation les malades pour lesquels le séjour à l'hôpital de

traitement ne serait pas, ou aurait cessé d'être nécessaire.

Le professeur Meschede est également partisan de la création

dans les grandes villes de petits hôpitaux d'aliénés. 11 constate que

dans les établissements de ce genre le nombre des admissions de

sujets curables est plus considérable que dans les asiles ordinaires

(59, 79 d'aliénés curables à l'asile clinique de Konigsberg). Il en

conclut que le public recule trop souvent devant sa déter-

mination de placer les aliénés dans les établissements ordinaires,

encombrés d'incurables, tandis qu'il hésite moins longtemps à les

faire traiter dans une clinique de malades curables. Or on sait que

ces atermoiements ont pour résultat d'entraîner l'incurabilité.

M Meschede propose en conséquence la fondation d'établissements

de traitement des maladies mentales.

Combattus avec âpreté par la plupart des aliénistes de son pays

comme une innovation désastreuse, condamnés « sans appel » par

M. Roller en 1874, les desiderata formulés par Griesinger ont fini

par triompher, et c'est certes à ce grand réformateur qu'est dû le

brillant essor de la psychiatrie allemande. Actuellement tout le

monde se rallie à la conception des petits asiles urbains et des

cliniques psychiatriques universitaires indépendantes.

Situation des cliniques. Toutes les cliniques construites depuis

une vingtaine d'années ont été placées, d'une part, dans la ville

même, ou dans son voisinage immédiat, et d'autre part à proxi-

mité des autres cliniques; les étudiants peuvent ainsi aller de l'une

à l'autre sans perte de temps (on sait que les différents cours cli-

niques n'ont pas lieu, en Allemagne, à la même heure). Ajoutons

que ces cliniques urbaines servent de bureau d'admission des

aliénés pour les villes universitaires et leur banlieue.

LES CLINIQUES PSYCHIATRIQUES. 33

Policlinique. Le professeur Fùrstner insiste avec raison sur les

services considérables qu'est appelée à rendre la policlinique

psychiatrique : le public prend l'habitude de consulter le médecin

compétent avant que la maladie soit confirmée ; des accidents,

des suicides peuvent ainsi être prévenus ; -diverses catégories de

patients (hystériques, épileptiques, hypocondriaques) peuvent être

traitées sans que l'internement soit nécessaire et ces sujets peuvent

être présentés aux élèves ; les malades sortants qui ont besoin

de soins ultérieurs peuvent être suivis par le médecin ; enfin

la fréquentation de la policlinique aura pour résultat de faire

disparaître certains préjugés.

Double destination des cliniques psychiatriques. La plupart des

nouvelles cliniques ne servent pas seulement à l'enseignement de

la psychiatrie, mais aussi à celui des maladies nerveuses. Un cer-

tain nombre de lits (20 ou 25) et la policlinique (consultation

externe) assurent l'enseignement de la neuropathologie. Ces éta-

blissements renferment donc deux catégories bien dictinctes de

malades : les aliénés, internés, et les « nerveux », malades libres.

Nous ne voyons que des avantages à ce que ces deux catégories

qui présentent tant de points de contact soient réunies dans le

même établissement.

Population. Nous laissons de côté, bien entendu, les asiles

provinciaux (Marbourg, etc.) ou municipaux (Breslau) et les quar-

tiers d'hospice (Berlin) faisant fonction de cliniques psychiatri-

ques. Leur population est, le plus souvent, sensiblement plus-

élevée que celle des établissements purement universitaires.

Le chiffre des lits de ces dernières varie en général entre 100

et 130. Citons par exemple la clinique de Halle avec 110 lits, celles

de Leipzig avec 135 lits, de Tubingen avec 140, de Kiel avec 120.

La clinique de Wurzbourg n'en possède que 60, mais il convient

d'ajouter que le professeur de psychiatrie dispose en outre d'un

quartier d'aliénés chroniques de 88 lits, soit, en tout, de 148 ma-

lades. La clinique de Greisswald ne possède qu'une cinquantaine,

celle de Konigsberg qu'une trentaine de lits. En revanche, la cli-

nique de Kiel a 200 lits, et la nouvelle clinique de Berlin aura éga-

lement 200 lits.

On estime à 50 p. 100 la proportion des cas aigus (agités et

malades à surveiller); et l'on a tenu compte, dans l'aménagement

des locaux, de ce chiffre considérable de sujets atteints de psy-

choses aiguës.

Notons que toutes les cliniques admettent, en outre des aliénés,-

et des « nerveux » du régime commun, des pensionnaires de lro et

de 2° classe.

Prix de revient. Les universités, les villes universitaires et

l'Etat ont fait des sacrifices pécuniaires considérables pour orga-

niser leurs cliniques psychiatriques. Le prix de revient du lit a

Archives, 2° série, t. XI, 3

'34 ENSEIGNEMENT.

presque partout dépassé 10 000 francs : à Giessen il a été de

11 500 francs ; à Leipzig, de 11200 francs : à Tubingen, de

11 000 francs environ.

La clinique de Halle (110 lits) a coûté un million de francs ; celle

de Leipzig (135 lits), 1 475 000 francs ; celle de Tubingen (140 lits),

1 825 000 francs : celle de Wurzbourg (60 lits), 340 000 francs,

(sans le terrain) ; celle de Giessen (100 lits), 1 150 000 francs, celle

de Rostock (200 à 250 lits), 1 700 000.

Plan. Nous n'insisterons pa.s sur certains établissements

universitaires construits depuis une vingtaine d'années, et confor-

mément aux conceptions de Griesinger (asiles cliniques urbains,

autonomes, avec un maximum de 120 lits), mais pour lesquels

cependant on n'a pas renoncé au style caserne. Telles sont les cli-

niques de Heidelberg, de Leipzig, de Strasbourg, constructions

massives dont les quartiers de malades sont étroitement réunis

entre eux, au lieu d'être segmentées en un grand nombre de

« villas » indépendantes. Nous nous arrêterons de préférence sur

les cliniques créées depuis une dizaine d'années, d'après le sys-

tème des pavillons détachés, entourés de jardins bien ombragés,

et sans galeries couvertes (sauf à Wurzbourg).

Le plan de ces derniers établissements a toujours été 'tracé par

les spécialistes compétents. On a posé pour principe qu'une clini-

que psychiatrique n'étant, comme le disait Griesinger, qu'un

hôpital pour le traitement des maladies du cerveau, devait être

organisée comme les autres clinique universitaires. Aucune clini-

que psychiatrique ne ressemble à celle de l'université voisine ;

toutes sont intéressantes par tel ou tel point de leur plan général

ou de leur aménagement intérieur.

La. superficie du terrain d'assiette varie, pour les diverses clini-

ques, entre 2,3 et 5,5 hectares.

La durée des travaux a été en général de deux années.

Les murs n'ont été supprimés que dans les établissements les

plus récents. A Giessen, par exemple, il n'y a pas de mur d'en-

ceinte ; mais une simple haie. A Halle, c'est une grille, et non un

mur, qui sépare la clinique de la rue.

L'open-door est appliqué dans la mesure où la chose est possi-

ble quand il s'agit de malades aigus.

Le nombre des pavillons est en général assez considérable, chacun

d'eux ne devant contenir qu'une vingtaine de malades. A Halle,

par exemple, il y a six pavillons pour 110 aliénés ; deux pavillons

à Wurzbourg, pour 60 lits (les frais de construction de chacun

d'eux se sont élevés à 100 000 francs) ; huit pavillons à Giessen,

pour 100 lits.

La plupart des pavillons sont constituées par un )'6s-de-e/MMS-

sée seulement. A Halle, par exemple, seules deux «villas », sursis

pavillons, possèdent un premier étage; sur 110 malades, il n'y en

LES CLINIQUES PSYCHIATRIQUES. 35

a que 17 qui ne sont pas logés au rez-de-chaussée. A Wurzbourg,

le nombre des malades habitant le premier étage est également

quantité négligeable.

Constitution de chaque pavillon. Chaque pavillon est ordinai-

rement organisé de façon à se suffire à lui-même ; il possède en

conséquence ses chambres d'isolement, sa salle de bains, son ves-

tiaire, parfois même sa salle d'examen et son laboratoire (pavillon

d'agités).

Les locaux sont en général vastes : à Leipzig, la capacité des

dortoirs est de 25 mètres cubes par lit ; celle des salles de réunion

de 36 mètres cubes. A Halle, chaque malade de la salle de sur-

veillance dispose de 9,6 mètres carrés et de 56 mètres cubes. Les

chambres d'isolement ont 16 mètres carrés de superficie et 70 mè-

tres cubes.

Pavillon de traitement ou de surveillance continue. Le pavillon

de traitement est l'organe le plus important d'une clinique de

psychiatrie. Le quart, le tiers, ou même, suivant certains auteurs,

la moitié des malades de la clinique doivent y trouver place. En

raison de l'importance de la question des pavillons de traitement

et du grand développement qu'ont pris ces quartiers spéciaux dans

les asiles et surtout dans les cliniques d'Allemagne, deux mots

d'historique sont justifiés.

Le principe des quartiers de surveillance continue, exposé par

Parchappe en 1853 ne fut appliqué que plus tard en Allemagne.

L'asile de Hambourg possédait en 1864 une section de surveil-

lance. Gudden, en 1867, fait allusion à la nécessité de la surveil-

lance continue des mélancoliques à idées de suicide, ainsi que des

sujets atteints de psychoses aiguës. Griesinger, en 1868, déclare

que 25 p. 100 des aliénés traités dans l'hôpital urbain qu'il réclame,

auront besoin d'une surveillance permanente et de locaux ad Aoc.

Le pavillon d'admission et de surveillance devait comprendre,

d'après Griesinger, deux grandes salles (infirmerie et salle de sur-

veillance), des chambres d'isolement pour les agités, une cellule

matelassée, une salle de bains, une salle-lavabo. Chaque malade

nouvellement admis devait rester en observation dans ce quartier

spécial, au moins durant quelques jours. En 1869, Gudden parle,

dans son rapport annuel, de l'organisation d'une salle de surveil-

lance permanente où il réunit certaines catégories de malades.

Scholz installe, en 1876, un quartier de surveillance continue à

Brème et L. Meyer organise en 1877, à Marbourg, une section cli-

nique de surveillance. Il en est de même à l'asile de Nietleben, à

la Charité de Berlin. En 1880-1883, le D'' Paetz fait construire à

Alt-Scherbitz, le premier pavillon de surveillance spécialement

' Parchappe. Des principes à suivre dans la fondation et la cons-

truction des asiles d'aliénés. Paris, 1833.

36 ENSEIGNEMENT.

adopté à son but, avec aménagement particulier en vue du trai-

tement par le lit 1 ; un autre pavillon distinct est réservé aux alié-

nés atteints d'affections somatiques (infirmerie). La question des

pavillons d'admission et de surveillance fut étudiée de nouveau

en 1885, au Congrès des médecins aliénistes de Baden-Baden, par

Gudden, en 1887, par M. Paetz au Congrès de Wiesbaden, et tout

récemment par M. Kraepelin, qui a organisé à la clinique de Hei-

delberg, une section de surveillance continue, comprenant le tiers

du chiffre total des lits, et affectée aux psychoses aiguës nécessi-

tant un traitement actif ou une surveillance permanente ; tels sont

les malades nouvellement admis, ceux qui refusent les aliments,

ceux qui ont des idées de suicide, les- agités, les paralysés, les

gâteux, les sujets atteints d'affections somatiques et enfin tous les

malades pour lesquels une surveillance spéciale est indiquée. Il

est nécessaire, ajoute Kraepelin, d'avoir deux pavillons de traite-

ment distincts : l'un pour les malades calmes, l'autre pour les

agités. Nous avons déjà insisté sur ce point (voir clinique de Wurz-

bourg). Le nombre des lits des pavillons de traitement ou

de surveillance continue doit, pour les grands asiles, être de 7 à

10 p. 100 du chiffre total de la population ; mais pour les hôpitaux

urbains, pour les cliniques psychiatriques, le nombre proportion-

nel des lits doit s'élever à 20 ou à 30 p. 100 du chiffre total. Il

faut tenir compte aussi, cela va sans dire, du nombre des admis-

sions.

Il est des cliniques (Wurzbourg) dans lesquelles un assistant a

son logement dans le pavillon de traitement. Les locaux sont dis-

posés de telle façon que l'assistant soit obligé de traverser la salle

de surveillance pour gagner son appartement. Le personnel est

ainsi tenu en éveil par les allées et venues du médecin. Rappelons

une fois de plus qu'à la clinique de Wurzbourg, il y a dans le pavil-

lon de traitement un médecin pour quatre malades.

A Halle, le pavillon de traitement, à rez-de-chaussée, se compose

de deux salles de dix lits avec cinq chambres d'isolement, dont

trois ne comptent pas dans le chiffre total des locaux disponibles

du pavillon, car elles ne doivent servir que d'une façon transi-

toire.

A Wurzbourg, la section de traitement se compose d'une salle de

surveillance et de trois cellules en rapport étroit de contiguïté avec

cette salle.

Dans ces deux cliniques, les locaux et l'aménagement intérieur

ont été disposés en prévision du traitement par le lit : notons des

sommiers à partie supérieure mobile, permettant au malade de res-

1 Nous avons donné une description de ce pavillon dans l'Asile

d'alcooliques du déparlemenl de la Seine. Annales 2néclico-psycholog.,

nov.-déc. 1895.

LES CLINIQUES PSYCHIATRIQUES. 37

ter assis dans son lit sans effort, et facilitant ainsi le séjour pro-

longé au lit l'installation à la tête et au pied du lit de tablettes

verticales, en substance mauvaise conductrice de la chaleur ;

l'usage de tables spéciales pour prendre les repas au lit, de chaises

percées, de paravents pour l'isolement des agités, cancéreux, mori-

bonds.

A la Charité de Berlin on emploie pour les agités affaiblis un

Ut-cuve capitonné, avec revêtement extérieur en bois. Une des

parois latérales, mobile sur une charnière peut s'abaisser ; l'autre

est appliquée contre le mur. Un de ces lits n'a pas de sommier : le

matelas repose directement sur le parquet, de sorte que les parois

du lit ont plus de un mètre de hauteur au-dessus du matelas.

Ajoutons que le lit est placé à l'extrémité de la salle et adossé au

mur. L'usage de ce lit profond permet d'éviter à bien des malades

la mise en cellule.

A Leipzig nous avons vu également un lit-cuve capitonné pour

les convulsifs et les affaiblis turbulents. La hauteur des parois du

lit, au-dessus du matelas est d'environ 0,75.

Dans certaines cliniques (Wurzbourg), en vue du traitement par

le lit et d'une surveillance plus étroite du malade, on a placé, dans la

salle de surveillance même, closets et baignoire.

Signalons l'usage, pour les bains prolongés, de baignoires mobiles

et de baignoires à dossier incliné en forme de chaise longue. Le

malade peut, dans des baignoires de ce genre, rester étendu sans

fatigue pendant plusieurs heures.

Le personnel de surveillance doit être plus nombreux d'ailleurs

dans les pavillons de traitement; le nombre des infirmiers doit

être au moins dans la proportion de un pour cinq malades. Dans

certains pavillons, la proportion est de un infirmier pour trois

malades. Dans les établissements nouveaux le personnel de sur-

veillance n'a pas à s'occuper du transport des aliments, qui sont

amenés par un monte-charge. De cette façon pas de relâchement

de la surveillance au moment des repas.

Suppression des quartiers d'isolement. Dans les cliniques les

plus récemment construites, on a supprimé les quartiers cellu-

laires, conformément aux indications de Griesinger. L'isolement,

tel qu'il se pratique encore dans trop d'établissements, est désor-

mais condamné sans appel. Nous avons trop longuement insisté

sur l'organisation à ce point de vue de la clinique de Wurzbourg

pour y revenir. Rappelons seulement que cet établissement ne dis-

pose pas d'un quartier cellulaire ; on s'est contenté d'annexer à la

salle de surveillance trois chambres pour l'isolement passager des

agités. Répétons qu'on use très peu de ces cellules et seulement

pour quelques quarts d'heure.

Pour une clinique plus considérable que celle de Wurzbourg (qui

n'a que 60 lits), on recommande l'organisation de deux salles de

38 ENSEIGNEMENT.

surveillance : l'une' pour les malades paisibles et l'autre pour les

agités.

Le non-restreint (suppression des moyens de contention, tels que

entraves, camisole de force) est partout appliqué. Il a été adopté, dès

l'année 1861, par le professeur Ludwig Meyer, alors à Hambourg,

et par Griesinger qui l'introduisit, non sans difficulté, à la Charité

de Berlin. Lesprofesseurs Wéstphal, Gudden, Cramer s'en décla-

rèrent également partisans. Actuellement on a cessé de discuter,

en Allemagne, sur le non-restreint.

On tend généralement à recourir aussi peu que possible à l'usage

des calmants pharmaceutiques (camisole de force chimique). On

traite les accès d'excitation par l'isolement optique (paravents), par

les bains très prolongés, le repos au lit, et dans le cas d'agita-

tion violente, par le séjour dans un lit profond, à parois capi-

tonnées, enfin par l'isolement très passager en cellule. Une cellule

capitonnée (le plancher doit l'être également) convient pour des

malades absolument inconscients, dans un état de confusion pro-

fonde. La'porte doit rester ouverte, pour faciliter la surveillance.

Le malade est conduit aux cabinets à heure fixe (Rieger).

Fenêtres. On a renoncé presque partout aux barreaux et aux

grillages. Les fenêtres des cellules sont constituées par des dalles

de 15 à 20 millimètres d'épaisseur, de petites dimensions, enchâs-

sées dans une armature métallique. -

Les fenêtres des pavillons de surveillance sont, comme à Halle,

établies sur un modèle spécial (fenêtre de Ilitzig) qui laisse au

malade la faculté d'ouvrir et de fermer la fenêtre, sans cependant

permettre les évasions.

Dans les pavillons de tranquilles, les fenêtres sont en général

celles des établissements hospitaliers ordinaires.

Traitement par le lit. Il est difficile de parler de l'organisa-

tion matérielle et morale des cliniques psychiatriques allemandes

et plus particulièrement des pavillons de traitement sans dire

quelques mots du traitement par le lit. C'est en effet dans ces

établissements que ce procédé thérapeutique a été le plus em-

ployé et c'est de là qu'il s'est répandu dans les asiles allemands

puis dans ceux de l'étranger. Au professeur Ludwig Meyer, de

Gôttingen, revient le mérite d'avoir, en 1860, introduit le trai-

tement par le lit en Allemagne, et d'avoir, dans de nombreuses

publications ultérieures, vulgarisé l'alitement. Au cours de nos

missions (1894-96) nous avons été frappés de l'extension qu'avait

prise une méthode de traitement presque ignorée en France, des

avantages multiples qu'elle présentait, et de l'unanimité avec

laquelle on en vantait les bons résultats. Nous crûmes devoir

attirer l'attention, dans une série de publications (1894-99), sur le

repos au lit dans le traitement des maladies mentales, n'hésitant

pas à affirmer que ce procédé était appelé à prendre rang, avec

LES CLINIQUES PSYCHIATRIQUES. 39

la suppression des moyens de contention (non-restreint), le traite-

ment en liberté (open-door) et la colonisation parmi les conquêtes

les plus belles de la psychiatrie contemporaine 1. Sans revenir sur

cette question, il est utile cependant d'indiquer brièvement com-

ment et pourquoi on pratique l'alitement depuis près d'une tren-

taine d'années dans un grand nombre de cliniques psychiatriques

allemandes. Ces considérations sont d'autant plus justifiées que

nombre d'aménagements nouveaux et des plus importants

dans les cliniques les plus récentes (Halle, Wurzbourg, etc.)

ont été faits précisément en vue de permettre l'application du

traitement par le lit. Rappelons que d'après le professeur Rieger,

l'alitement, devant être appliqué d'une façon systématique, ne

doit pas être interrompu chaque fois qu'il s'agit de conduire le

malade à la salle de cours ou à la salle d'examen. Tous les mala-

des traités par le repos au lit sont en conséquence présentés aux

élèves dans leur lit, ce qui a de plus l'avantage de permettre, sans

perte de temps, un examen physique complet.

Les indications du traitement par le lit peuvent être formulées

en deux mots : la méthode est indiquée chaque fois qu'il est

nécessaire de procurer du repos au cerveau et à l'organisme tout

entier. Or, chez les malades atteints de psychoses aiguës, ce qui

doit avant tout attirer l'attention du clinicien et du thérapeute,

c'est l'état d'épuisement du cerveau et de l'organisme. Ces mala-

des sont des épuisés et des surmenés. Le surmenage cérébral

déterminé par l'éréthisme des centres sensitivo-moteurs et sen-

soriels de l'écorce, l'épuisement consécutif à l'agitation, à l'in-

somnie, à l'inanition, exigent impérieusement le repos, le repos

physique, aussi bien que le repos psychique. Le traitement par le

lit répond à ces indications pressantes.

Inutile d'insister sur les indications du repos physique dont l'im-

portance a été bien mise en lumière par les premiers observateurs.

Weis Mitchell considère sa méthode comme plus particulièrement

indiquée dans les états de faiblesse, d'épuisement d'anémie

d'amaigrissement. Pour le professeur Ludwig Meyer (de Gottin-

ger) qui, depuis plus de trente-cinq ans, pratique le traitement

par le lit, c'est surtout dans les signes physiques qu'il faut cher-

cher les indications du repos et du temps pendant lequel le

malade doit rester au lit. L'auteur accorde d'ailleurs que les

1 P. Sérieux. Le traitement des mélancoliques par le repos au lit.

Revue de psychiatrie, août 1897.

Le traitement des psychoses aiguës par le repos au lit. Rev. internai,

de llaérapeul., sept. 1897.

P. Sérieux et F. Famarier. « Le traitement des psychoses aiguës par

le repos au lit. » Semaine médic, Il oct. 1899.

Travail et alitement dans le traitement des maladies mentales. Arch.

Neurologie, déc. 1899.

40 . - ENSEIGNEMENT. -

symptômes mentaux bénéficient largement du repos. Citons rapi-

dement parmi les états nécessitant le repos physique, la dénu-

trition, l'amaigrissement, le refus d'aliments, la faiblesse générale,

l'âge avancé, l'état puerpéral, la chlorose, les anémies, les trou-

bles circulatoires, sans parler des états fébriles ou subfébriles. Or

ces divers symptômes, se rencontrent assez fréquemment chez les

mélancoliques, les maniaques, dans les psychoses post-infec-

tieuses, toxiques, puerpérales, etc.

Quant aux indications du repos psychique, du repos du cerveau,

elles sont constantes dans les formes aiguës. Qu'il s'agisse en

effet d'états d'excitation, de dépression, ou de confusion, ou encore

de délires hallucinatoires aigus, peu importe : toutes ces psy-

choses sont en rapport avec des troubles plus ou moins graves de

- la nutrition de l'écorce cérébrale et parfois même de l'axe céré-

bro-spinal en son entier (psychoses polynévritiques). Que le cer-

veau soit surmené par le fonctionnement exagéré des zones mo-

trice (états maniaques), sensitive (mélancolie, sensorielle (états

hallucinatoires) ou que son activité soit suspendue par l'action

d'un toxique (confusion), dans tous ces cas il est urgent de laisser

reposer l'organe intoxiqué ou surmené, afin de permettre le re-

tour à l'état normal des mutations nutritives du neurone. Or, seul

le séjour au lit permet de réaliser le repos complet du cerveau.

Outre que par suite de la situation horizontale la circulation

cérébrale est facilitée et le cerveau mieux irrigué, l'alitement rend

encore possible le relâchement complet de tous les muscles de la

vie de relation et partant le repos des centres moteurs ; il a aussi

pour résultat de restreindre au minimum toutes les stimulations

périphériques (thermiques, visuelles, auditives, cutanées, etc.), et

par conséquent toutes les réactions motrices. Il favorise le som-

meil ; il diminue l'activité des troubles hallucinatoires en restrei-

gnant les causes provocatrices des hallucinations et des illusions .

De plus, le séjour des patients au lit modifie d'une façon favo-

rable le milieu : dans une salle dont tous les malades sont alités,

- l'ordre et le silence sont moins troublés, par suite de l'absence des

causes d'excitation, de désordre, liées ailleurs à la promiscuité des

aliénés, à leurs allées et venues. Le contact, la vue, les conversa-

tions des autres malades, les repas en commun qui, dans les

salles de réunion de nos asiles, exacerbent la douleur des mélan-

coliques, comme elles excitent les maniaques, ou activent les

troubles sensoriels des hallucinés, toutes ces influences fâcheuses

sont évitées. Le patient peut donc se reposer physiquement et

psychiquement.

En résumé, l'alitement est indiqué dans toutes les psychoses

aiguës, en raison de la nécessité pressante du repos du cerveau et

de l'organisme tout entier, dans le traitement de ces affections.

C'est dire combien considérable est, dans une clinique psychia-

LES CLINIQUES PSYCHIATRIQUES. 41

trique, le nombre des sujets justiciables du traitement par le lit ;

la proportion des malades qui y sont soumis varie, suivant les

établissements, du tiers à plus de la moitié de la population totale.

Dans nombre d'asiles étrangers on a adopté une pratique

excellente que nous recommandons : tous les sujets entrants sans

exception, après avoir été au bain et avoir changé de linge, gar-

dent le lit au moins pendant quelques jours. Cette manière de

faire est d'autant mieux justifiée qu'il n'est guère de malades

qui au moment de leur entrée ne soient amaigris et fatigués, par

l'agitation, l'insomnie, l'inanition, dont l'état général en un mot

.ne laisse à désirer.

Bâtiment principal. Ce bâtiment est le plus souvent occupé

par l'Auditorium, la salle des cours (80 à 100 places), les labora-

.toires, les cabinets des médecins, les bureaux, une salle d'attente,

la salle de consultation, les chambres d'examen et une chambre

d'isolement pour les sujets agités devant être présentés aux

.élèves.

A Wurzbourg, la salle des cours, située au rez-de-chaussée du

bâtiment principal, communique aisément par des corridors avec

les salles de surveillance : les malades peuvent être présentés aux

.élèves dans leur lit. Le prix de revient de ce bâtiment s'est élevé

à 137 000 francs.

. Laboratoires. Les cliniques allemandes sont abondamment

.pourvues de laboratoires d'histologie, de photographie, d'électro-

thérapie, de chimie, de psychologie, de physiologie; certaines pos-

sèdent même des phonographes, des cinématographes.

. Nous empruntons à M. le Dr Ladame quelques renseignements

intéressants sur certains appareils en usage à la clinique de Gies-

sen. '

« M. Sommer, dit M. Ladame, attache une grande importance

aux méthodes d'investigation psycho-physique applicables aux

aliénés '. Il cherche par ces méthodes à analyser, à mesurer et à

reproduire les actes des aliénés. Ceux qui sont perçus par la vue

seront reproduits par les procédés optiques, stéréoscopiques, ciné-

matographiques. Il va sans dire que ces derniers sont encore loin

de présenter les conditions pratiques indispensables pour leur

application usuelle dans la clinique. Cependant i. Sommer a déjà

fait une série d'essais avec le cinématographe combiné au stéréos-

cope, et il nous promet d'en donner plus tard les résultats. En

attendant, nous avons pu nous convaincre de l'importance des

' Voir le Bulletin de la Société de médecine mentale de Belgique,

n, 85, juin 1897, p. 144, et tirage à part, brochure, 19 p. Ganri 1897. Voir

aussi seine Méthode zur U ? ileiszichiiiig feicaerer Ausdrucksbewegungen,

tirage à part des actes du 14- congrès de médecine interne à Wiesbaden,

avril 1896.

42 ENSEIGNEMENT.

portraits stéréoscopiques pour la démonstration de la physionomie

particulière des aliénés dans les diverses psychoses, et suivant les

moments d'excitation, de dépression ou d'hallucination par les-

quels ils passent. Le stéréoscope met bien en relief et grossit les

traits pathologiques de l'image. La clinique de Giessen possède

déjà un grand nombre de ces images, très utiles pour l'enseigne-

ment. ·

« La méthode stéréoscopique est excellente, surtout pour l'étude

des anomalies morphologiques qu'elle fait ressortir avec force.

L'auteur en donne des exemples dans une courte note qu'il a

publiée dans la Revue mensuelle de photographie médicale interna-

tionale (en allemand), avec deux portraits stéréoscopiques dont

l'un représente un aliéné pendant un accès de manie périodique,

et l'autre un imbécile avec de nombreux stigmates de dégéné-

rescence, photographié pendant une période d'excitation men-

tale 1.

« L'emploi du phonographe pour fixer les extériorisations ver-

bales ou vocales de l'aliéné rend aussi des services appréciés à la

clinique de Giessen. On peut ainsi reproduire à volonté, avec toutes

les nuances des intonations différentes, des modifications du

rythme, les paroles et les cris d'un aliéné en délire. Non seule-

ment on peut par ce moyen étudier en tous temps les particula-

rités d'un délire dont l'expression rapide et fugace, souvent con-

fuse, a pu échapper à l'observation ; mais on peut aussi le repro-

duire à volonté, devant une salle remplie d'auditeurs, suivant les

besoins de l'enseignement. M. Sommer a adapté dans ce but à son

phonographe de vastes porte-voix qui ne nous ont pas paru tou-

tefois répondre complètement à leur but.

« Un grand nombre de phénomènes moteurs, tout spécialement

les réflexes, ont été étudiés et mesurés par M. Sommer, au moyen

d'appareils appropriés. On connaît l'ingénieux appareil qu'il a fait

construire pour la recherche du réflexe du genou sur la jambe en

équilibre 2.

« Plus récemment, il a fait construire un appareil qui permet

d'enregistrer graphiquement les mouvements de la main et des

doigts dans l'espace à trois dimensions. Cet appareil, dont j'ai pu

voir le fonctionnement, permet d'étudier les tremblements dans le

sens vertical, en haut et en bas, horizontal, en arrière et en avant.

' Kurze Mittheilung ùber stereoscopische Portrat-Aufnamen bei Geis-

tekraiilen, von Prof. Sommer, in Giessen. Internationale photographies-

c/teAfo; : ac/t/7/'a ! -Me : etK. Band IV, août 1897, p. 113.

z Das kniupphanomen bei Equilibrirung des Unterscnenkels, par le

docteur Sommer, à Wurzburg, Jahrbucher sur Psychiatrie, vol. XII,

3- cahier, 1894, p. 36G, analysé dans la Revue neurologique de Brissaud

et Marie, 1895, no 21.

LES-CLINIQUES PSYCHIATRIQUES. 43

et horizontal latéral, à droite et à gauche 1. M. Sommer est arrivé

ainsi à anahser dans leurs divers éléments les tremblements alcoo-

liques, neurasthéniques, celui de la paralysie agitante, et d'autres

maladies nerveuses. Son appareil lui permet aussi de faire une

étude complète des mouvements inconscients volontaires qui ont

tant d'importance pour la psychologie expérimentale.

« Un autre moyen d'enseignement, très utile également en cli-

nique, est celui des projections photographiques. M. Sommer nous

a fait voir une série de coupes physiologiques et pathologiques des

diverses'régions de l'encéphale et de la moelle épinière, destinées

à illustrer ses leçons et ses conférences. Il possède aussi la plupart

des types des maladies mentales et nerveuses et sa collection s'en-

richit tous les jours, de sorte qu'à l'occasion d'un cas spécial il

peut faire passer devant les yeux de ses auditeurs les projections

de tous les cas analogues qui représentent les diverses phases de

la même maladie ou ceux d'autres formes voisines qu'il importe de

connailre pour le diagnostic différentiel 2. »

Logements des médecins et des surveillants. Dans la plupart des

cliniques nouvelles, les logements des médecins assistants ont été

placés à proximité des pavillons de traitement, et parfois dans ce

pavillon même, de façon à nécessiter le passage du médecin par

la salle de surveillance. Les logements du surveillant et de la sur-

veillante en chef sont en général placés dans le pavillon de traite-

ment ou dans le quartier des agités. Dans plusieurs établissements

les infirmiers couchent dans les dortoirs des malades.

Chauffage. On tend à se servir partout du chauffage à la

vapeur à basse pression, qui ne nécessite qu'un seul foyer pour

tout l'établissement. On a ainsi, dans chaque pavillon, de l'eau

chaude à volonté.

L'éclairage électrique a été généralement adopté. A Giessen, on

a placé des lampes électriques dans les coins de la salle de surveil-

lance afin de pouvoir examiner facilement les malades alités, ce

que n'aurait pas permis de faire une lampe unique au plafond.

Téléphone entre tous les .éléments constituants de la clinique,

qui est elle-même reliée à la ville.

Nombre proportionnel des infirmiers. La proportion est de un

infirmier pour cinq ou pour six malades. A la clinique de Halle,

par exemple, il y, a, pour 56 femmes, une surveillante en chef et

1 Sommer. Un appareil nouveau pour l'étude du tremblement. L'ln-

que, 4° année, Paris, 1898, p. 617.)

Voir aussi : Dreidimensionale analyse voit Ausdrùchbewegungen. Zeits-

clirift sur Psychologie und Physiologie der sinne, XVI, p. 175.

' Ladame. Une visite à la clinique psychiatrique de Giessen. Annales

méd. psychol., nov. 1898.

44 ENSEIGNEMENT.

9 infirmières soit une infirmière pour 5,6 malades. Dans la division

des hommes la proportion des infirmiers par rapport au nombre

des malades, est de 1 p. 6,4. Dans les pavillons de surveillance, le

chiffre proportionnel de 1 p. 5 est considéré comme un minimum.

Dans certaines cliniques, les pavillons de traitement possèdent un

infirmier pour trois et même pour deux malades.

Pas d'établissement balnéaire central1 (sauf à Leipzig), mais salles

de bains dans les différents pavillons. A Wurzbourg, une baignoire,

entourée de rideaux, est placée dans la salle de surveillance elle-

même. A Giessen, des baignoires mobiles peuvent être transpor-

tées, sur rails, dans les chambres d'isolement.

Incendie. De sérieuses précautions ont été prises contre l'in-

cendie : escaliers en granit; nombreux postes de secours; avertisseur

en communication avec le poste central de pompiers de la ville.

A Leipzig, la clinique possède un pavillon d'isolement pour les

maladies contagieuses.

Nous reproduisons dans le tableau ci-dessous quelques chiffres

concernant les cliniques psychiatriques universitaires ayant une

existence autonome, les seules qui nous intéressent. Ce sont aussi

les plus récentes. Nous laisserons de côté les asiles provinciaux ou

les quartiers d'hospice municipaux faisant fonction de cliniques

psychiatriques.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

I. Quelques remarques nouvelles sur les rapports du diabète (y

compris la glycosurie) avec l'aliénation mentale ; par Hubert-

C. Bond. ( ? 71e Journal of Mental Science, avril 1897.)

Ce travail est la continuation et le complément de celui que

l'auteur a publié dans le numéro de janvier du même recueil, dont

il ne paraît pas modifier les conclusions. R. M. C.

Il. Les guérisons dans les maladies mentales ; par J. G. SouTAR.

(1'he Journal, of Mental Science, juillet 1897.)

Pendant la période de cinq ans qui va de 1890 à 1895, 85

malades sont sortis, réputés guéris, de l'asile que l'auteur

dirige. 11 a pu être renseigné sur 73 d'entre eux, et il les divise

en trois catégories : 1° ceux qui ont promptement donné des

signes de dérangement mental, ou qui, en d'autres termes,

n'étaient pas guéris ; 2° ceux qui après leur sortie ont donné des

signes d'affaiblissement mental ou de bizarrerie, leur permettant

de continuer à tenir leur place dans la société, mais non de

reprendre utilement leurs occupations ordinaires ; 3° ceux qui un

an au moins après leur sortie n'ont donné aucun signe de trouble

mental et ont repris à la fois leur place dans la société et leurs

occupations.

La première de ces catégories comprend 11 malades, et la

seconde 13. La troisième comprend le reste des 73 malades, c'est-

à-dire 49 sujets ; il est vrai que 7 d'entre eux ont eu une rechute

après plus d'un an ; mais sur ces 7 sujets 4 ont de nouveau

guéri. 4 sont morts depuis 1890.

Le résultat total et la conclusion, c'est que dans 15 p. 100 des cas

le malade n'était pas guéri et n'aurait pas dû être réputé tel ;

que dans 17 p. 100 des cas la guérison n'a pas été complète et que

dans 67 p. 100 des cas, la guérison a été absolue et complète.

· R. de lIlUSGRAVE-CL.1Y.

III. Manie avec amaurose et paralysie : gliome probable ; par

W. J. VINCENT. {y/te Journal of 31ei2tal Science, juillet 1897.)

Femme de trente ans, mariée ; malade depuis un an ; irrégula-

rités menstruelles ; pertes, dont deux paraissent avoir été des

46 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

fausses couches ; douleurs de tête, quelquefois avec vomissements.

Vers le mois d'août 1896, perte de connaissance, et attaque con-

.vulsive, suivie dans la nuit de deux autres attaques semblables,

débutant par les bras, avec déviation de la face et vomissements.

Le matin, impossibilité de marcher, ou de faire quoi que ce soit ;

céphalalgie intense ; continuation des vomissements. Tout cela se

calme un peu ; mais alors surviennent des hallucinations de la

vue. La vision est imparfaite, agitation, insomnie, malpropreté.

Un mois après ce brusque début, elle entre à l'Asile ; elle est agi-

tée, incohérente, puis un peu plus tard somnolente. Tous les

organes sont sains. Strabisme interne et ptosis à gauche, oeil

gauche amaurotique, pupilles modérément dilatées. A l'ophthal-

moscope, névrite optique double, plus accusée à gauche, tremble-

ment de la langue et des lèvres, articulation des mots imparfaite.

Ouïe normale ; odorat affaibli ; goût conservé. Réflexe rotu-

lien inégal, plus accusé à droite. Réflexes superficiels normaux,

ainsi que la sensibilité au toucher et à la douleur. Il se produit

chez la malade une amélioration très marquée presque à tous les

égards. Le diagnostic est difficile, intéressant et l'auteur ne se

prononce pas définitivement. Il est évident qu'il y a une grosse

lésion du cerveau, et par voie d'élimination, on peut conclure

qu'il s'agit d'un néoplasme. En faveur du néoplasme, il y a les

crises convulsives, les vomissements, la céphalalgie et la névrite

optique : ces deux derniers symptômes persistent ; il n'est pas

rare de voir les convulsions peu fréquentes ; en revanche, les

vomissements auraient dû persister ; leur disparition est un élé-

ment de doute.

Parmi les symptômes localisateurs les plus importants sont :

le ptosis gauche et la parésie du droit externe gauche, donnant

lieu à du strabisme interne ; la lésion plus avancée de la papille

gauche.; enfin la céphalalgie, rapportée surtout à la tempe gauche

et au côté gauche de la tête. Un autre point important, c'est la rapi-

dité de la perte de la vision, avec cécité complète six semaines

après les convulsions. Cette perte rapide de la vision indique une

lésion du chiasma ; on peut donc situer la lésion à la base du cer-

veau, et la supposer presque centrale, mais peut-être intéressant

un peu plus le côté gauche et envahissant partiellement les nerfs

de la troisième et de la sixième paire à gauche. En l'absence d'an-

técédents spécifiques que l'on n'a pas pu trouver, la parésie de

l'extrémité inférieure est assez difficile à expliquer à moins qu'une

compression directe sur le corps strié ait pu la déterminer. Si

c'est un néoplasme, quelle est sa nature ? l'auteur propose à titre

d'hypothèse, mais d'hypothèse rentrant tout à fait dans le domaine

de la possibilité, l'explication suivante : nous savons que le

gliome est une variété commune de tumeur cérébrale, et qu'il est

sujet à des hémorragies qui se produisent à l'intérieur ou

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. · 47

autour de sa substance ; il est probable qu'ici la lésion est plus

ancienne qu'on ne pense, qu'elle a été longtemps à peu près silen-

cieuse, que la brusque exacerbation des symptômes est la consé-

quence d'une hémorragie intra-gliomateuse, et que les symp-

tômes graves ont été amendés par la résorption partielle de

l'épanchement sanguin. R. de Musgrave-Clay.

IV. Quelques cas tirés de la pratique des maladies mentales,

par H.-J. iIAN : 11NG. (7'/te Journal of Mental science, avril 1897.)

Ce travail se compose de trois observations.

Observation I. Homme de quarante-huit ans, marié depuis

vingt ans : en 1894, paralysie faciale passagère suivie d'excitation

mentale et de violences de caractère : tout cela passe, mais le

malade reste totalement changé, néglige ses affaires, consacre sa

journée aux cigarettes et au whisky, et est soupçonné de mastur-

bation. Peu après, hémiplégie gauche ayant disparu en deux

jours : puis reprise de la vie de violence et d'alcoolisme. Comme

il ruinait sa famille, on le mit à l'asile, où il entre ayant signé sa

feuille d'admission volontaire sans difficulté. A son entrée, il est

tout à fait raisonnable et d'un commerce fort agréable; les pupilles

sont un peu dilatées, les réflexes rotuliens absents ; perte du goût

et de l'odorat : insomnie. Il déclare n'avoir pas eu la syphilis, et

conteste tous les renseignements fournis sur son compte. Il est

menteur, voleur et buveur; il parait manquer de sens moral. Il a

eu à deux reprises des défécations paraissant inconscientes. Après

seize mois de séjour il quitte l'asile et prend un logement dans le

voisinage, où il est ramené un jour par des passants qui l'ont

trouvé sans connaissance et dans un état convulsif. Il se rétablit

et est condamné à deux mois de prison pour un vol insignifiant

qu'il nie ayant l'objet volé dans la poche. Sorti de prison il se fait

de nouveau arrêter pour avoir voulu voler une croix en cuivre dans

une église. Le jury l'acquitte comme aliéné, et il est mis à l'asile.

Il n'a pas d'antécédents héréditaires.

Observation IL Homme de quarante-deux ans, célibataire,

sans profession : tout d'un coup, changement de caractère, perte

de la mémoire et des sentiments affectifs, fréquentation de basse

compagnie, enfin tenue générale en complète opposition avec ses

idées et ses manières antérieures : devenu un fou exhibitioniste.

Paraît à peine conscient de ce qu'il fait ou a fait. Inégalité pupil-

laire, absence des réflexes rotuliens, aspect hébété. Il consent à

entrer à l'asile comme pensionnaire volontaire. Pas d'alcoolisme,

pas d'insolation, pas de syphilis ; pas d'antécédents héréditaires.

A son entrée, il est agité, instable, ne dort pas ; puis il se calme,

nie tous ses actes délirants, en quoi il est probablement de bonne

foi, car il parait les avoir commis inconsciemment. Il demande sa

48 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

sortie qui lui estaccordée; actuellement, il est installé dans le voisi-

nage, calme et raisonnable, mais il éclate en sanglots à la moindre

émotion, et s'il s'excite un peu dans une discussion, on perçoit un

très léger tremblement fibrillaire dans les lèvres.

L'auteur est d'avis que les malades qui font le sujet de ces deux

observations sont atteints de paralysie générale. Ils n'en présentent

pas assurément le type classique, mais ils sont une preuve de plus

que cette maladie a changé d'aspect.

Observation III. Femme de cinquante-six ans, sujette depuis

son adolescence à des attaques récidivantes de manie : la maladie

se présente avec ses symptômes ordinaires. Pour calmer la ma-

lade on lui donne 20 grains (gr 20 cent.) de sulfonal le soir et

10 grains (060 centig.) le matin, régulièrement pendant six semai-

nes, en omettant cependant quelquefois la dose du matin. Au

bout de ce temps elle est prise de malaises, de troubles gastriques

et l'urine prend une teinte violet foncé. Les vomissements cessent,

mais il survient une douleur hépatique et une prostration considé-

rable, avec paralysie des muscles volontaires, relâchement des

sphincters, émaciation, pouls fuyant, enfin menace de mort immi-

nente. La malade guérit pourtant, mais sa maladie restait un pro-

blème pour l'auteur, lorsqu'il lut par hasard l'article du D1' Oswald

dans le Glttsqoiv Médical Journal, où il relate un cas d'empoison-

nement par le sulfonal. Depuis la Semaine Médicale a publié un

article du professeur Lépine relatant dix cas de mort après l'emploi

du sulfonal, survenus tous chez des femmes.

R. M. C.

V. L'habitude considérée comme un état mental morbide et son

traitement; parW. Henry KE5TEVEN. (Tlte Journal of Mental Science,

juillet 1897.) '

L'auteur définit l'habitude : « Une action nerveuse volontaire

qui, par une répétition constante, est devenue automatique. » 11

n'est pas nécessaire que l'action nerveuse soit originaire de l'indi-

vidu chez lequel l'habitude existe : elle peut être héritée sous sa

forme automatique ou habituelle.

Toute action nerveuse, dit M. Kesteven, est constituée par une

perturbation moléculaire dans le tissu nerveux : qu'on appelle

cette perturbation du nom de vibration ou d'un autre nom, peu

importe ; toujours est-il qu'elle a pour résultat de rendre les molé-

cules du tissu nerveux plus aptes à répéter leur mouvement dans

la même direction sous l'influence d'une stimulation qui se répète

elle-même, et à offrir une moindre résistance à la force qui les

met en mouvement. C'est de cette manière qu'ont pris naissance

les actions automatiques des centres nerveux sympathiques et

cérébro-spinaux. A un moment de la vie de l'animal ou de ses as-

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 49

cendants, ces actions ont été intentionnelles et conscientes; puis

elles sont passées dans le domaine subconscient, pour devenir

dans certains cas tout à fait automatiques et absolument sous-

traites au contrôle de la volonté. D'autres sont en partie automa-

tiques et en partie volontaires, comme l'action de marcher, etc.

Il semblerait donc que la vie d'un individu consiste dans la for-

mation de ses habitudes, et que par conséquent, grâce à la sélec-

tion naturelle, suivant qu'il acquerra des habitudes plus ou moins

avantageuses à son existence, il aura une chance de survie plus ou

moins grande, étant plus ou moins bien armé dans la lutte pour

la vie. Mais ces faits ont un intérêt encore supérieur au point de vue

mental, quand on y cherche un moyen de jeter quelque lumière sur

ce que l'on appelle les maladies mentales.

Il est évident qu'il y a des habitudes et des formations d'habi-

tudes qui au point de vue physiologique sont parfaitement nor-

males, et qui au point de vue psychologique peuvent parfaitement

être morbides et cela par elles-mêmes, et indépendamment de

leurs conséquences physiologiques et pathologiques : psycliologi-

quement une habitude peut être un phénomène morbide, la mas-

turbation par exemple, qui appartient à la pathologie psychologique

à la fois par elle-même et par ses conséquences. La masturbation

des petits enfants, d'abord réflexe, puis volontaire, est très démons-

trative sur ce point. Il en est de même de l'ivrognerie, qui ne peut

naître chez un individu que par une action nerveuse physiologique

héritée ou excitée chez le sujet par la manière dont il s'y est volon-

tairement abandonné. Ceci est presque prouvé par les cas où le

sujet, ayant résisté à la tendance héréditaire, ne présente aucun

signe de maladie nerveuse.

Dans chaque région mentale, on peut observer des habitudes de

pensée qui sont psychologiquement morbides. Même de bonnes

habitudes peuvent avoir des résultats anormaux soit physiques

soit mentaux. Si bonne que soit une habitude mentale, sa prédo-

minance a un effet fâcheux sur l'ensemble de l'intelligence. Moins

nos pensées sont habituelles, moins il y a de chances pour qu'elles

deviennent prépondérantes et plus notre puissance mentale s'ac-

croît. L'habitude n'est donc pas un état volitionnel qu'il soit dési-

rable de cultiver : nous devons au contraire essayer d'empêcher

nos pensées de cristalliser ; notre esprit en sera plus ouvert et plus

sain : sans doute il y a des habitudes bonnes et utiles qu'il faut

cultiver, telles l'observation, l'attention, la curiosité, l'expérimen-

tation, le discernement ; c'est quand on dépasse les phénomènes

de sensation et de perception qu'une tournure d'esprit habituelle

devient fâcheuse, tout comme l'usage persistant d'une forme par-

ticulière de raisonnement. Appliquées à toutes choses, la forme

mathématique et la forme imaginaire du raisonnement peuvent

être également défectueuses : l'habitude d'insister sur une idée

Archives, 2 série, t. XI. 4

50 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

sans la comparer ne peut pas être avantageuse pour notre esprit,

et celle de considérer une idée sous trop d'aspects et sous trop de

rapports enlève à l'esprit toute décision et toute précision de juge-

ment. De pareilles habitudes sont psychologiquement anormales et

par conséquent morbides ; car, en psychologie, il n'y a pas de

milieu, l'action psychologique est normale ou anormale, c'est-à-

dire saine ou malade; et parla on conçoit que l'habitude amène

celui qui la possède ou qu'elle possède en deçà de la ligne forcé-

ment arbitraire qui sépare la folie de la raison.

Le législateur anglais a appliqué à la folie, sans tenir compte de

cette ligne arbitraire, un critérium aussi facile que grossier, qui

est la connaissance de la nature bonne ou mauvaise de l'action

commise; mais la folie confirmée est parfaitement compatible avec

cette connaissance, et on en trouverait la preuve quotidienne dans

le système de punitions et de récompenses adopté dans tous

les asiles. Il faut donc en chercher un autre : on pourrait dire que

lorsque, par ses actes, un homme nuit à lui-même ou aux autres,

il doit être considéré comme aliéné : ceci supprime naturellement

toute distinction entre la méchanceté et la folie : mais cette dis-

tinction, si elle existe réellement, n'est pas indispensable à établir

dans le cas qui nous occupe : elle est d'ailleurs arbitraire elle-

même ; car il convient de tenir compte de l'équation personnelle,

le caractère nuisible d'un acte pouvant être variable suivant les

esprits. Un esprit parfaitement sain d'ailleurs, n'existe pas plus

qu'un corps parfaitement sam. Mais il y a des sujets sur la folie

desquels tout le monde est d'accord : ce que l'auteur soutient c'est

que parmi ces cas, il y en a dont les symptômes sont dus à des

lésions cérébrales, et d'autres dans lesquels ces lésions ne se ren-

contrent pas : ce sont ceux chez lesquels la folie est prouvée par

les habitudes pernicieuses qui constituent la caractéristique de

leur esprit. Parmi ces habitudes quelques-unes sont entretenues

par la volonté de l'individu qui s'y abandonne ; d'autres voient

leur existence favorisée par des états nerveux, qui sont physiplogi-

quement normaux, ou par des états nerveux hérités qui ne sau-

raient à aucun point de vue être appelés des lésions cérébrales. ,

On peut donc distinguer parmi les habitudes mauvaises, celles 'I

qui sont dues à ce que l'individu s'y abandonne volontairement;

celles qui sont dues à des états cérébraux héréditaires ; celles qui

sont dues soit à un vice d'éducation, soit à l'absence de toute édu-

cation. Enfin, au-dessus de ces différents groupes, qui comprennent

les habitudes apparentes et objectives, il y a le groupe des habi-

tudes mentales, qui pour être de nature subjective et peut-être '

même inconsciemment pratiquées, n'en peuvent pas moins

conduire, et n'en conduisent pas moins effectivement l'homme, par

leurs résultats éloignés, à nuire aux autres et à lui-même ; ces

habitudes là se rencontrent dans les processus complexes du rai-

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. SI

sonnement. L'auteur poursuit l'étude de ce point particulier d'une

manière fort ingénieuse, et avec des détails qui échappent à l'ana-

lyse ; et il conclut ce paragraphe en disant que les habitudes

mentales qui produisent des folies objectives ayant trait à l'impu-

reté, à l'ivrognerie, à la gourmandise, etc., sont des exemples de

ce que l'on a appelé la « folie morale » et que, au fond de toutes

ces habitudes, comme d'ailleurs au fond de presque toutes les

habitudes mentales morbides, on trouve l'égoïsme; c'est lui qui est

le véritable état pathologique, c'est lui qu'il faut éliminer ou anes-

thésier.

Beaucoup de malades de ce genre ne sont ni des fous ni des

criminels définis, cela est incontestable; mais il y en a parmi eux

et en grand nombre, qui font la désolation et le malheur de leurs

parents'et de leurs amis et le médecin à fort souvent à faire à eux.

Sont-ils incurables ? Et que faut-il faire d'eux ? Il faut d'abord se

souvenir que dans la guérison de ces malades, le temps est un élé-

ment indispensable : il en faut beaucoup avant d'obtenir un résul-

tat appréciable, surtout si l'habitude est invétérée; il faut aussi

remonter à l'étiologie de l'habitude et rechercher si elle est héré-

ditaire ou acquise ; tous ces éléments en effet sont de nature à

modifier le pronostic.

Le traitement consiste surtout, comme on peut le prévoir, à

imposer la cessation de l'habitude mauvaise, et à ramener par

cette cessation les molécules nerveuses à leurs rapports normaux ;

l'application des lois pénales est pour cela souvent fort utile ; non

pas assurément qu'il faille mettre en prison tous les fous, mais il

faut les placer dans un milieu où le repos, le régime et la disci-

pline exercent sur eux une action permanente; mais ce qui im-

porte surtout c'est le changement, non seulement de lieu, mais de

milieu et de genre de vie. Ce ne sont d'ailleurs ni les parents, ni

les amis qui peuvent appliquer un tel traitement ; les étrangers

seuls y sont propres. Mais surtout, l'auteur y revient encore une

fois, il ne faut ni ménager ni mesurer le temps nécessaire à la

guérison. R. M. C.

VI. Notes sur un cas de fracture du péroné chez une mélancoli-

que, avec quelques remarques sur le traitement des fractures

en général, par J.-F. l3mscoE. (The journal of Mental Science,

janvier 1898.)

L'observation ne présente rien de particulier, et l'auteur s'est 't

surtout proposé en la rapportant, de demander à ses collègues

quel est le meilleur traitement des fractures chez les aliénés, les

méthodes ordinaires n'étant naturellement pas toujours utilement

applicables à des sujets dépourvus de raison.

R. M.-C.

52 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

VII. Un cas de concussion du cerveau simulant le delirium tre-

mens ; par J.-R. Ambler. (The Journal of 31ental Science, janvier

1898.)

Homme de cinquante ans, admis à l'asile le 4 octobre 1897, sur

un certificat le déclarant atteint de delirium tremens, et mort le

lb octobre. A son entrée, il a le visage couvert de contusions, une

plaie au nez, du sang coagulé dans l'oreille gauche ; il a l'air

ébloui, hébété, et marmotte des paroles incohérentes. Il a fait quel-

ques jours auparavant une chute grave et est resté quelque temps

sans connaissance ; la police l'ayant trouvé en état de vagabon-

dage, l'a envoyé à l'asile. Pendant les trois jours qui suivent son

entrée, son état s'améliore notablement à tous égards; puis rechute,

état d'inconscience et mort presque subite.

A l'autopsie, lors de l'ouverture de la dure-mère, qui était très

adhérente sur les côtés du sinus longitudinal supérieur, il s'échappe

une grande quantité de sérosité. Arachnoïde et pie-mère normales.

Epanchement cérébral à la surface du cerveau, dans la scissure de

Sylvius et les sillons adjacents des deux côtés, ainsi qu'à la surface

du lobe frontal droit. Hémisphère gauche congestionné, le droit

est pâle. Léger épanchement sanguin sur le plancher du quatrième

ventricule à gauche.

Remarques : l'accumulation du sérum sous la dure-mère avait ,

probablement commencé avant l'accident, et était la cause de cer- ·

tains troubles mentaux observés avant le traumatisme ; celui-ci a

déterminé la rupture des capillaires dont le sang s'est mélangé à

la sérosité préexistante, provoquant ainsi les phénomènes de coin. 4

pression qui ont amené la mort. On n'a observé aucun symptôme

pouvant se rapporter à l'existence du caillot du quatrième ventri-

cule. R. DE IUSGRAVE-CL2 £ Y.

VIII. Sur certains signes physiques dans la mélancolie ; par

W.-H.-B. STODDAR'r. (The Journal of Dlentnl Science, avril 1898.)

L'auteur tient à attirer l'attention sur ce fait que la rigidité qui

affecte surtout les muscles du cou et des épaules, et que Kahlbaum

a décrite il y a près d'un quart de siècle comme particulière à la

katatonie n'appartient pas exclusivement à cette maladie, qu'elle

se rencontre à un degré plus ou moins accusé dans tous les cas de

mélancolie, plus accentuée dans les cas graves et surtout dans ceux ! 1

qui s'accompagnent de stupeur. '

Cette rigidité a ceci de particulier qu'elle se comporte d'une

façon absolument inverse de la rigidité hémiplégique, laquelle est

plus marquée aux doigts qu'aux poignets, aux poignets qu'au(

coude, et ainsi de suite ; la rigidité dont nous parlons est au con-1

traire plus accusée au coude qu'au poignet, au poignet qu'au*

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 53

doigts, etc. Les raisons de l'auteur pour faire de cette rigidité un

véritable signe physique de ta mélancolie sont les suivantes : elle

ne se rencontre pas dans les autres formes d'aliénation mentale ;

elle disparait au sur et à mesure que le malade approche de la gué-

rison ; la rigidité volontaire appartient à ce qu'il appelle le type

périphérique, c'est-à-dire le type observé dans l'hémiplégie ; on

peut s'en assurer en observant le siège de la résistance chez les

enfants.

La rigidité accompagnant ordinairement la paralysie, on devait

se demander s'il n'y avait pas un certain degré d'affaiblissement

dans les jointures les plus atteintes par la roideur; l'auteur croit

avoir découvert cette paralysie, en constatant avec quelle difficulté

les malades tiennent leurs mains droites au-dessus de la tête. On sait

de longue date, par des observations répétées que les mélancoliques

se tiennent ordinairement dans une attitude fléchie, qui appartient

également à la sénilité et à la paralysie ; c'est une attitude de fai-

blesse, ou en d'autres termes une attitude de paralysie, aussi légère

que l'on voudra, mais enfin de paralysie. Il est à prévoir que l'on

trouvera dans d'autres muscles un certain degré de faiblesse ou de

paralysie légère, et l'auteur pense que l'extrême sensibilité au bruit

que présentent les mélancoliques résulte de la faiblesse des muscles

tenseurs du tympan, et il se propose de démontrer dans un travail

ultérieur que l'imperfection de leur vision est due à un affaiblisse-

ment temporaire des muscles de l'accommodation.

Kahibaum a signalé aussi dans la katatonie à la période mélan-

colique une diminution du nombre normal des nictitations des

paupières et une diminution de l'amplitude des mouvements tho-

raciques de la respiration normale ; l'auteur n'a point constaté ces

faits dans la mélancolie, et il ne s'attendait pas d'ailleurs à les

rencontrer, ces mouvements étant involontaires et sans point de

départ cérébral.

Pour expliquer ces phénomènes, il invoque un principe d'abord

théoriquement formulé par Hughlings Jackson, et confirmé ensuite

par les observations de M. Bevan Lewis, à savoir, que dans l'écorce

cérébrale les mouvements des grandes articulations sont représen-

tés par les grandes cellules et les mouvements des petites articu-

lations par les petites cellules. Il suppose que dans la mélancolie,

les cellules corticales sont jusqu'à un certain point impuissantes à

excréter leurs produits métaboliques, et par là, il devait naturel-

lement être conduit à essayer, dans cette forme d'aliénation, les

agents thérapeutiques auxquels on reconnaît la propriété de favo-

riser cette excrétion, et au premier rang de ces agents, la piiocar-

pine.'Les mélancoliques montrent à l'égard de ce médicament une

tolérance tout à fait remarquable; l'auteur indique les moyens à

l'aide desquels il a étudié la réaction de la pilocarpine chez divers

mélancoliques. R. DE MUSGRAVE-CLAY.

54 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

IX. Les rapports de la syphilis acquise et de la folie; revue cri-

tique ; par W.-R. DAWSON. (The Journal of Mental Science, avril

1898.)

Intéressante revue, dont l'auteur résume les conclusions sous la

forme d'un schéma provisoire de classification que nous reprodui-

sons ici :

I. Folie de la syphilis précoce (période primaire et secon-

daire) : 1° folie toxique aiguë (analogue au délire ou à la manie

alcoolique); 2° mélancolie, avec ou sans démence, probablement

due à l'anémie cérébrale. -

II. Folie de la syphilis tardive (période tertiaire) : 1° folie due

à une lésion syphilitique de la base et des vaisseaux ; 2° folie due

à une lésion syphilitique de la convexité.

Ileaucoup de cas, sinon tous les cas de syphilis cérébrale dans

lesquels la folie a été causée par l'épilepsie rentreront dans la

seconde catégorie (II, 2), mais seraient plus logiquement classés

avec la folie épileptique, puisqu'ils ne se rattachent qu'indirecte-

ment à la syphilis. -

III. Folie métasyphilitique (parasyphilitique) : 1° folie du tabès

(à la condition qu'elle soit due à d'autres causes que les causes

« morales » ; 2° paralysie générale des aliénés. Cette classification

ne renferme que les cas dans lesquels il existe comme cause des

symptômes mentaux de grosses lésions anatomiques, certaines ou

probables. Mais il est évident qu'il y a bien d'autres voies par les-

quelles une maladie comme la syphilis peut exercer une influence

pathologique sur des esprits instables. R. DE Musgrave-Clay.

X. Le système osseux chez les aliénés ; par J.-F. BRLSCOE.

, (Tite Journal of Mental Science, avril 1898.)

L'auteur résume l'état de la question et présente plusieurs pièces

anatomiques intéressantes. R. M.-C.

XI. Sur les bases et les possibilités d'une psychologie et d'une

classification scientifiques dans les maladies mentales ; par

W. Lloyd ANDRirZEN. (Itte Journal of Mental Science, avril 1899.)

Ce travail à la fois philosophique et médical, est très intéressant

et très bien conduit ; faute de pouvoir analyser des raisonnements

très serrés et des déductions très sévères, nous reproduisons ici,

aussi textuellement que possible les conclusions générales formu-

lées par l'auteur.

1° La doctrine de la localisation des fonctions dans un organe

central (nerveux) est la base qui rend possible l'étude de la psy-

chologie et de la psycho-pathologie, cet organe central réunissant

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 55

nécessairement en lui les fonctions sensorielles, kinésithétiques et

coenesthétiques; -

2° Les données fournies par la psychologie normale ont besoin

d'être complétées par et comparées avec celles de la psycho-

genèse et de la pathologie pour constituer la science pratique qu'il

convient d'opposer à la science spéculative et métaphysique;

3° Il faut repousser le naturalisme grossier qui fait croire à

l'existence, derrière les phénomènes chimiques, vitaux et psy-

chiques à de prétendus « principes » ou « essences » subtils et

mystérieux; et il faut écarter aussi les théories métaphysiques, le

dualisme et le monisme, parce qu'elles ne sont pas satisfaisantes,

parce qu'elles sont basées sur des données insuffisantes, et parce

qu'elles sont étrangères à la méthode scientifique;

4° Les capacités que possèdent les simples organismes proto-

plasmiques a) d'être sensibles aux stimulations qu'ils reçoivent,

et 6) de répondre à ces stimulations d'une manière définie, cons-

tituent le fait de sentir; ces capacités qui sont desservies chez les

protozoaires (en règle générale) par un seul et unique corps cellu-

laire, sont associées chez les métazoaires à des éléments spéciale-

ment développés qui constituent le système nerveux (méduse, etc.);

5° Chez les vertébrés, on constate sur les types ancestraux (acra-

niens) une segmentation de l'organisme, et le système nerveux

présente une structure en forme de chaîne ou de tube ganglion-

naire (axe bulbo-spinal) ;

6° Le cerveau se développe à l'extrémité antérieure de cet axe,

et n'est, au début, qu'un simple agrégat de centres sensoriels a)

des sens spéciaux, 6) du sens musculaire et cutané, et c) du sens

viscéro-organique. A mesure qu'on s'élève dans l'échelle des ver-

tébrés, d'autres centres (faisceaux ou centres annexes ou associés)

se développent par dessus et au-dessus de ces centres primitifs.

7° Les centres secondaires sont préposés à des foutions d'origine

composite et de nature complexe, et ils persistent, dans une

période d'accroissement et par conséquent moins fixe et plus

plastique, pendant quelque temps après la naissance de l'animal

(mammifères, enfant) ;

8° Dans le cerveau de l'enfant (comme dans celui du petit chat

et d'autres mammifères supérieurs) il y a non seulement une

augmentation quantitative de la masse après la naissance, mais

aussi un développement quantitatif de la complexité de structure

et de connexions des cellules nerveuses corticales. Il se forme ainsi

des mécanismes susceptibles d'exercice et d'éducation dans une

certaine mesure ;

9° L'éducation du système nerveux commence après la nais-

sance, alors que les innombrables variations du milieu ambiant

commencent à marquer leur empreinte sur l'enfant, et à mettre en

mouvement les premières variations accentuées de sa vie senso-

56 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

rielle, kinesthétique et organique. La vie végétative somnolente

du foetus est remplacée graduellement par une autre forme de

vitalité, dans laquelle des sensations diverses, de nature forte et

intense, parcourent son cerveau, sensations qui ne sont encore ni

reconnues, ni clairement discernées, et qui, tout d'abord, produi-

sent une confusion ;

10° La « loi de psychogenèse » veut que ce développement se

produise non seulement dans les centres sensoriels et kinesthétiques,

mais encore dans la sphère psychique (sphère de relation) qui les

co.r.bine suivant une marche définie ; pendant ces périodes l'enfant

est particulièrement impressionnable parles choses qui l'entourent;

11° L'évolution du langage, en tant qu'instrument de renforce-

ment des activités psychiques (lesquelles, toutefois, peuvent

s'exercer sans lui) vient alors apporter une co-opération considé-

rable au développement cérébral. Le langage permet à l'enfant de

représenter les objets les plus variés et les plus divers par les

termes d'une dénomination commune : c'est lui qui a la valeur

formelle la plus haute dans l'exercice et la répétition des processus

psychiques sur lesquels repose l'évolution mentale ;

12° La reconnaissance progressive du moi empirique comme

centre et comme source des activités spontanées, et sa séparation

distincte d'avec et son antagonisme avec le monde extérieur

sont les bases de la conscience et de l'affirmation de la personna-

lité, ainsi que de la volition. Les instincts propres à cette période

sont surtout égoïstes (gourmandise, appropriation, parasitisme)

et dominent énormément les actes et la conduite ;

13° A mesure que le développement progresse, l'enfant franchit

cette période; et le cerveau antérieur, par l'accroissement de sa

vie psychique et de relation, agit comme un frein à l'égard des

fonctions et des appétits d'ordre végétatif : il se développe un moi

consécutif (moi éthique) qui prend (plus ou moins) le dessus sur

le moi primitif. La moralité et la conscience se développent et

prennent la priorité ;

14° Avec la puberté, naissent et se développent, considérable-

ment et rapidement (comme les organes qui se rattachent à cette

période de la vie) des instincts et des sentiments d'un ordre nou-

veau qui réorganisent, et, partiellement, transforment le moi.

Cette période est caractérisée aussi parle développement d'aspira-

tions et de sentiments qui tendent à l'abnégation, à l'altruisme et

à la religion ;

150 La « loi de pathogenèse » consiste en ce que plusieurs de ces

évolutions du cerveau et de l'esprit, depuis la période foetale

(somnolence végétative) jusqu'à celle de l'adolescence (maturité

sexuelle) peuvent pécher par altération (perversion) ou par défaut

(absence) : ce sont ces états pathologiques du cerveau qui consti-

tuent la base des différentes formes de folie ;

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 57

16° Les folies, envisagées à ce point de vue, rentrent dans des

groupes qui prennent la disposition en série, ou si l'on veut, celle

d'un arbre. Au bas de la série, on trouve a) les arrêts profonds

(aphrénies, idiotie) et b) les affaiblissements (oligo-phrénies, inibé-

cilité) du développement cérébro-psychique ; à l'autre extrémité

de l'échelle sont placées d), les phrénopathies (vésanies, folies

alcooliques aiguë et chronique, paralysie générale, folie de la

ménopause, etc.) ; entre ces deux extrêmes, figure c) le groupe de

dégénérescence (paraphrénies, obsessives ou impulsives, vicieuses

et criminelles, paranoïaques et hallucinatoires, hystériques et

épileptiques, à types cyclique et hebephrénique). Enfin, en dernier

lieu, on trouve e) les lipophrénies, véritables états de dissolution

psychique, avec diminution et dégradation correspondante de la

personnalité, et qui sont consécutives et secondaires aux autres

formes de folie. R. DE 1VIUSGRAVE-CLAY.

XII. Observations sur la classification de la folie, par EDWIN

STEPHEN PAShtORE. (The Journal of Mental Science, janvier 1899.)

L'auteur a été frappé dans ses recherches du groupement de

certains symptômes mentaux : par exemple dans un état particu-

lier de dépression, on trouve celle-ci associée d'abord à des idées

morbides avec diminution de la mémoire, plus tard à des halluci-

nations de l'ouïe, plus tard encore à des idées morbides, à des

hallucinations de l'ouïe, à des idées de persécution, mais sans

perte de la mémoire ; quelquefois, si le malade estjeune, la maladie

aboutit à la guérison ; s'il a dépassé la période moyenne de la vie,

le cas se termine promptement par la démence : c'est l'ensemble

de ces faits cliniques que l'auteur propose de désigner sous le

nom de dep2,irne ? itia. Dans les 500 cas qui ont servi de base aux

recherches de l'auteur, il a trouvé cet ensemble de symptômes

mentaux associé à des états psychiques pathologiques qui ne

paraissaient pouvoir être attribués à aucun agent extérieur. Au

premier abord, il semble que ce complexus mental soit fréquent;

en y regardant de plus près on constate qu'il n'en est rien. Les

états somatiques auxquels il s'associe peuvent être classés comme

suit : I. Excès d'un élément normal ; 1° Glycosurie ; 2° Diabète;

3° Goutte; 4° Ictère. Il. Insuffisance d'un élément normal : *

t° Anémie (insuffisance d'hémoglobine) ; 2° Goitre exophthalmique

(insuffisance et altération de la sécrétion de la glande thyroïde,

d'après IIorsley). III. a) Altération d'un processus physiolo-

gique sans modification anatomique : 1° aménorrhée de l'adoles-

cence ; 2° métrorrhagies de la ménopause; b) altération avec

modifications anatomiques : 1° maladies glandulaires gastro-

intestinales (non dues à un germe spécifique) ; 2° maladies du

coeur, des reins, etc.

58 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

De la classification de ces états morbides physiques, de la cons-

tatation de ce fait que les états mentaux ne s'associent à eux que

lorsque ces états physiques ne sont dus ni à un microbe spécifique,

ni à une cause extrinsèque, on peut conclure qu'ils sont dus à

un excès, à un défaut ou à une altération d'un élément normal,

ou à la perturbation d'un processus physiologique nécessaire au

métabolisme normal. C'est à l'ensemble de ces phénomènes soma-

tiques et mentaux que l'auteur réserve le nom de deprimentia, et

il s'attache à démontrer par l'observation des faits expérimentaux

et cliniques, que cet état particulier existe réellement et qu'il est

dû à l'autotoxémie, et il indique les éléments du diagnostic diffé-

rentiel avec diverses autres formes mentales. Puis il expose que

la taxonomie actuelle de la folie est insuffisante et qu'une classifi-

cation judicieuse devrait avoir pour but d'indiquer la cause de

chaque forme de folie ; il propose la classification suivante qui

repose non seulement sur la clinique, mais sur l'étiologie et l'ana-

tomie pathologique :

Classification principale : 10 Folie autotoxique; 20 Folie exotoxi-

que ; 3° Folie épileptoïde ; 4° Folie de dégénérescence ; 5° Folie

hystéroïde ; 6° Folie congénitale ; 7° Folie simulée.

Détail de la classification : .'

I. Folie autotoxique ou deprimentia : 1° diabétique ; 2° goutteuse ;

3° néphritique ; 4° cataméniale ; 5° cardiaque.

II. Folie exoloxique. A) pathogénique : a) folie infectieuse : il folie

accompagnant ou suivant les fièvres aiguës spécifiques ; 2° manie

puerpérale, probablement d'origine pyémique ; 3° manie aiguë

délirante (spécifique ? ) b) Folie phthisique ; c) folie syphilitique;

d) folie blennorrhagique, manie de l'hydrophobie.- B). Toxique ;

1° folie alcoolique ; 2° folie métallique (plomb, etc.) ; 3° folie

médicamenteuse (morphinomanie, etc.).

III. - Folie épileptoïde : 1° idiopathique ; 2° hystéro-épileptique ;

3° psycho-épiteptique : a) manie récurrente ; 6) folie dite circu-

laire ; c) épilepsie larvée des auteurs français.

IV. Folie de dégénérescence. A. Paralysie générale et ses

variétés. B. Démence pure (différente de la démence symptoma-

tique terminale de la plupart des affections mentales) : a) altéra-

tions séniles : 1° Athérome et dégénérescences atrophiques con-

nexes ; 2° Pachy-méningite cérébro-spinale. - 6) grosses lésions :

1° Tumeurs et abcès (y compris les gommes) ; 2° Traumatisme.

c) atrophie idiopathique du cerveau. d) méningite progressive

chronique. e) folie consécutive aux maladies du système ner-

veux (ataxie locomotrice avec symptômes mentaux, etc.).

V. Folie hystéroïde : 1° Grande hystérie ; 2° folie morale ;

3° folie de la masturbation ; 4° hypocondrie et neurasthénie ;

5° Stupeur mentale aiguë, catalepsie, « trance », extase, etc.).

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 59

VI. Folie congénitale : 1° Idiotie ; 2° imbécillité ; 3° crétinisme ;

4° paranoïa (état douteux).

VU. JFoHesHMttMe (n'est ordinairement que symptomatique).

R. DE nlUSGIIA'E-CL : 1Y.

XIII. Cas d'impulsion au suicide en état d'automatisme cérébral,

par W. E. Sullivan. (1'he JOi()'aal of dlental Science, avril 1899.)

L'état d'automatisme cérébral est un état intéressant au double

point de vue de la psychologie et de la médecine légale.

L'auteur rapporte trois cas dans lesquels l'impulsion au suicide

s'est manifestée dans cet état automatique, un cas d'épilepsie, un

cas d'épilepsie avec alcoolisme, et un cas d'alcoolisme pur.

Ces cas ne présentent aucun caractère particulier, mais on y

observe nettement le mode suivant lequel les processus cérébraux

antérieurs influencent la nature et la direction des actes accom-

plis pendant l'automatisme. Le caractère particulier de ces actes

est naturellement l'inconscience de leur accomplissement ; à

moins, ce qui est peut-être plus probable qu'ils ne s'accompagnent

d'un état de conscience particulier, tellement différent de la con-

science normale qu'elle ne s'y rattache par aucun lien, ou par un

lien lâche et imparfait, en sorte que, après la cessation de l'acte

automatique le sujet, ou bien n'en conserve nul souvenir, ou bien

ne s'en souvient que d'une manière extrêmement vague, comme

s'il s'agissait d'un rêve. Les phénomènes subjectifs de la mé-

moire étant éliminés par la rupture de la conscience, c'est la cli-

nique seule qui nous renseigne sur l'évolution des faits physiques

et mentaux qui aboutissent à l'acte. Il faut ajouter que lorsque

l'acte est automatique, une cause d'erreur importante est éliminée,

la simulation de l'amnésie, avantageuse au sujet en cas de crime,

inutile même en cas de survie au suicide.

R. DE il LIS(3 RAVL- CLAY.

XIV. La folie dans la cientôle privée; par H. C. Bristowe.

(The Journal of Mental Science, janvier 1899.)

Les cas d'aliénation mentale sont une source d'embarras et de

difficultés dans la pratique privée. La première pensée du méde-

cin en présence d'un cas de folie est tout à la fois de dégager sa

responsabilité et d'agir au mieux des intérêts du malade en l'en-

voyant le plus tôt possible dans un asile. Mais à combien de diffi-

cultés on se heurte. Il n'est pas toujours facile de décider si le cas

estjusticiable d'un certificat d'aliénation ; le magistrat refuse quel-

quefois de signer l'ordre malgré le certificat, oubliant trop sou-

vent que ce document médical est l'équivalent d'une déposition

faite en justice sous serment. Puis c'est la famille, c'est l'entou-

60 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

rage du malade qui s'oppose à son internement : bien souvent dans

ces cas, le meilleur traitement du malade, c'est le traitement de

son entourage par la persuasion. On veut toujours attendre, avant

d'envoyer le malade à l'asile : combien de suicides sont dus à ces

tergiversations. Une autre difficulté, c'est que le médecin lui-même

n'a pas l'expérience d'un spécialiste pour découvrir les premiers

indices du mal, et dans le doute, il craint d'engager, en si grave

matière, sa responsabilité.

Il est fort rare, malgré l'opinion contraire répandue dans le

public, que les aliénés puissent être convenablement et utilement

traités chez eux, quelle que soit leur situation de fortune. Il y a

pourtant une exception à faire, elle est en faveur des malades qui

évoluent sur ce territoire que l'on a justement appelé la frontière

de la folie.

Il faut évidemment laisser loin de l'asile le plus longtemps pos-

sible, ces malades qui sont parfois très intelligents ; mais il est

indispensable de les surveiller de près, et de les interner sans

retard dès qu'ils franchissent le moins du monde la frontière en

question. Les déments séniles, ihoffensifs, peuvent aussi sans

inconvénient être gardés dans la famille, pourvu que celle-ci soit

dans l'aisance : sans quoi ils sont infiniment mieux à l'asile.

Enfin, l'auteur regrette que dans les institutions où l'on forme des

garde-malades professionnelles ou volontaires, une ou deux con-

férences ne soient pas consacrées aux soins spéciaux que réclament

les diverses formes d'aliénation mentale.

R. DE nIUSGRAVE-CL.1Y.

XV. Notes pathologiques sur quelques affections cardiaques obser-

vées.à l'asile du comté de Durham, par T. Aldous Clinch. (The

Journal o/'Jf6n<a< Science, janvier 1898.)

Ces notes comprennent cinq cas de lésion mitrale, trois cas de

dégénérescence cardiaque, et un cas de vice de conformation con-

génital. R. ni.-C.

XVI. Etiologie de la paralysie générale ; par Sérieux.

(Revue de médecine, février 1900.)

Cinquante-huit observations de paralytiques généraux avec le

relevé des facteurs étiologiques. L'étiologie syphilitique a été clas-

sée en cas : d'origine syphilitique certaine, probable, probablement

négative et en cas négatifs. Dans près de 80 p. 100 des cas, la

syphilis peut être considérée comme certaine, ou du moins comme

très probable. Son absence peut être affirmée avec quelque certi-

tude dans 7 cas. La durée d'incubation entre l'accident primitif et

l'apparition des premiers symptômes de la paralysie générale

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 61

semble être en moyenne de dix à quinze ans. Comme autres fac-

teurs étiologiques pouvant exister seuls, soit associés à la syphilis,

les auteurs ont noté par ordre de fréquence l'hérédité névrôpa-

thique ou vésanique, l'arthritisme, l'alcoolisme, la dothiénenté-

rie, etc. Ils croient pouvoir en conclure que la syphilis semble de

beaucoup la cause déterminante la plus fréquente de la paralysie

générale, mais qu'en somme le rôle principal doit être attribué à

la prédisposition. Il semble à peu près démontré aujourd'hui que

la syphilis n'exerce pas une action spécifique sur la paralysie géné-

rale, mais une action toxique pouvant être connexe avec d'autres

poisons qui eux aussi sont capables de déterminer la méninge

encéphalite. Cette -affection devrait être considérée non comme

parasyphilitique, mais plutôt comme paratoxique. M. HAMEL.

XVII. De la paranoïa aiguë; par M. KOEppEN. (Neurologisches

Centralblat, XVIII, 1899.)

Délire à idées systématisées passagères survenant le plus

souvent chez des dégénérés, des imbéciles, des hystériques, des

épileptiques, parfois chez des paralytiques et des déments

séniles.

Il existe à côté de cela des cas simples à évolution rapide

aboutissant à la guérison, notamment chez les alcooliques. Il

peut même arriver que le tableau morbide en impose pour un

délire systématisé chronique qui cesse tout à fait pour ne plus

reparaître.

Ce sont surtout des idées systématisées, mal liées, mélangées

sans ordre à des hallucinations qui ne détruisent pas la person-

nalité du malade ; il y a confusion mentale généralisée suivie

d'une amnésie totale sous cette influence le malheureux ne peut

plus penser, associer ses idées , est incapable de se rendre compte

de ce qui se passe autour de lui, ne reconnaît plus exactement les

actes et les qualités des personnes et cet arrêt de sa pensée il

l'attribue à une influence extérieure ; là, gît précisément l'élément

de la systématisation.

Les illusions sensorielles sont multiples ; l'aliéné croit voir les

rues plus pleines de monde que jadis, les gens lui paraissent

avoir les yeux à fleur de tête ; il prend les personnes les unes

pour les autres, éprouve des sensations irrésistibles et se sent

obligé à courir derrière le médecin, à tourner en cercle. Anxieux,

il est souvent excité, et ressemble par moments à un maniaque.

Malgré cela, il ne perd pas aussi absolument sa personnalité que

dans la confusion mentale.

Ces paranoïaques pensent qu'on est derrière eux, qu'on les

observe, qu'on essaie de leur donner à entendre toutes espèces de

choses sur ce sujet, ils ont toutes sortes d'idées, de grandeur

62 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

d'idées hypocondriaques, en un mot toutes les idées de la folie

systématisée chronique.

Le terrain sur lequel se greffe le paranoïa aigu lui donne une

nuance spéciale. Dans le paranoïa aigu alcoolique, inlerviennent

tous les rêves imaginaires et mobiles d'origine sensorielle dans

lesquels le malade joue un rôle quelconque, tel celui qui raconte

qu'il lui est entré par l'aine quelque chose qui venait en volant de

la fenêtre, et que depuis ce temps-là il n'est plus le même homme

parce qu'une autre personne dont il cite le nom, parle en lui par

son ventre,

La paranoïa aiguë pure provient du surmenage, des veilles, des

émotions, de l'inquiétude, d'un changement d'existence souvent

chez un original. Greffée sur un fonds pathologique, elle se voit

principalement chez les imbéciles (angoisse, idées de persécution

absurdes) à l'état fugitif et chez les dégénérés où elle constitue le

délire d'emblée de Magnan. Elle émane alors d'idées fixes fondées

puis prédominantes, tel en temps d'épidémie la crainte d'être

contaminé et l'idée' qu'on est atteint bien qu'on soit en parfaite

santé. Il faut également tenir compte des idées délirantes à

tendance systématique des saturnins, des névropathes, des

paralytiques généraux, des séniles.

Il ne faut point cependant confondre la paranoïa aiguë avec les

poussées aiguës de la folie systématisée chronique ; à côté de cela

il y a la paranoïa aiguë avec rémission, la paranoïa aiguë à répé-

tition, la paranoïa périodique.

Le traitement consiste à discuter les idées délirantes ce qui

réussit parfois, à placer le malade dans d'autres conditions que

celles où il se trouvait au moment où a débuté la maladie.

P. Keraval.

XVIII. Deux cas d'idiotie familiale amaurosique. (The Journal of

nervous and mental Disease,mai 1900.)

L'un de ces cas est présenté par Hugh T. Patrick, l'autre par

Sydney Kuh. L'examen ophthalmoscopique est fait par Chas II.

Beard.

4e cas (celui de Patrick). L'enfant présente les manifestations

suivantes : paralysie cérébrale infantile bilatérale, imbécillité ou

idiotie, amblyopie progressive, extrême sensibilité au bruit,

lésions ophthalmoscopiques absolument caractéristiques. Disque de

dimensions normales, au bord très net, plus net que normalement;

anneau choroïdat très distinct, c'est-à-dire ne présentant pas la

striation radiée qui existe normalement dans les yeux des enfants.

Lamina cribrosa légèrement voilée, cependant visible. Pas d'atro-

phie marquée du nerf optique et de la rétine.

La moitié temporale de la papille est nettement blanche, et les

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 63

vaisseaux rétiniens sont tous un peu diminués de volume. La cho-

roïde et le pigment hexagonal, partout où il est visible, semblent

normaux. Mais la lésion absolument pathognomonique de l'affection

se voit au niveau de la macula lutea. Entourant la fovea centrale

et concentrique à elle, bien que deux ou trois fois aussi large, se

voit un disque de coloration analogue à celle du tissu hépatique.

Ce disque est le centre d'une zone blanc grisâtre, qui présente en

tous sens, à partir du centre, la largeur de deux papilles. Cette

zone s'atténue graduellement et se confond avec la couleur rouge-

orangé normale du fond de l'oeil. Ce disque livide est net sur ces

bords comme une pièce de monnaie, régulier dans sa limite

phériphérique à l'encontre de ce qui se passe dans les lésions

inflammatoires aiguës où la rétine avoisinante est infiltrée; il n'est

pas non plus rouge-cerise ou carmin, comme cela se voit dans

d'autres cas, mais très nettement brunâtre. Au lieu de coïncider

en étendue avec la fovea, il a des dimensions plus étendues.

C'est-à-dire, aulieu de marquer l'aire occupée' par les cônes seuls,

il marque celle qui est privée de cellules ganglionnaires.

Un autre signe distinctif de haute valeur existe dans le caractère

de la zone blanchâtre qui entoure le centre. Celle-ci est nébuleuse

plutôt que nuageuse. Elle est presque blanche à la circonférence

du disque brun; et delà s'atténue graduellement, mais elle est

transparente et au travers d'elle on perçoit une certaine coloration,

Loin d'obscurcir les vaisseaux qui la pénètrent, elle les rend plus

distincts par contraste, de telle sorte qu'on peut suivre les plus

petits d'entre eux jusqu'au point central.

2e cas (celui de Kuh). Idiotie, amblyopie progressive, grande

sensibilité au bruit. A l'encontre de l'autre enfant, il est de race

sémitique, fait habituel dans cette affection.

Les lésions ophtalmiques sont, dans ce deuxième cas, exactement

les mêmes que dans le premier, à tel point que Beard ne donne

pour les deux qu'une seule description. A. POULARD.

XIX. Nouvelles observations d'éreuthophobie; par W.-M. f3ECn-

terew. (06o)'e ! HepS ! C/Ht<'t't, III, n° 5, 1898.) .

Article russe déjà publié en allemand dans le l'elsrologisches

de 1897. Déjà analysé. P. Keraval.

SOCIÉTÉS SAVANTES.

XIII- CONGRÈS INTERNATIONAL DE MÉDECINE.

Section de Neurologie '.

Séance du lundi 6 août (matin). Présidence DE M. Magnan.

Résumé du rapport sur Les lésions non tabétiques des cordons posté-

rieurs de la moelle épinière; par le professeur Ch.-L. DANA (de

New-York).

Les colonnes postérieures de la moelle épinière et ses racines

postérieures sont, en tant qu'il s'agit des maladies qui s'y rappor-

tent, étudiées sous trois points de vue :

1° Maladies en relations avec le siège embryologique; 2° Mala-

dies en'relations avec les fibres exogènes et endogènes; 3° Mala-

dies en relations avec la distribution vasculaire.

L'auteur donne une revue sommaire des lésions non tabétiques,

il discute alors le sujet de l'ataxie aiguë, due aux lésions épinières,

acute spinal ataxiu. Il cite les observations de Leyden et d'autres

en ce qui touche à l'ataxie aiguë due aux lésions bulbeuses et

décrit une classe distincte de cas dus aux lésions aiguës de la

colonne postérieure de la moelle. Ceci arrive chez les personnes

mûres ou âgées, ayant généralement un historique spécifique. Il

mentionne des cas personnels, ainsi que les écrits dont ils sont

l'objet, et il exprime ses vues, quant à la pathologie de la ma-

ladie.

L'auteur traite ensuite le sujet des lésions de la colonne posté-

rieure dues aux états cachectiques, anémiques et infectieux. Il

décrit les conditions qu'il appelle « ataxie spinale sub-aiguë », due

aux lésions de la colonne postérieure et, souvent, de la colonne

latérale. L'étiologie, le cours et la pathologie de cette affection

sont décrits d'après l'expérience personnelle de l'auteur basée sur

l'étude de 16 cas traités par lui dont 3 autopsies.

' Voir les 11-- 57, 58, 59 et 60.

SOCIÉTÉS SAVANTES. 65

Résumé du rapport sur Les lésions non tabétiques des cordons pos-

térieurs de la moelle épinière; par E.-A. Homén, d'Helsinnfors

(Finlande).

Les affections accompagnées -d'une altération sinon exclusive,

du moins prépondérante-, des cordons postérieurs, étant très nom-

breuses, je ne me baserai que sur les travaux de notre propre Ins-

titut pathologique, dont quelques-uns, encore non achevés, pour-

ront peut-être ultérieurement compléter, voire même modifier mes

conclusions.

Pour la paralysie générale : lu signalons par un anamnèse

détaillé, un examen microscopique minutieux de chaque segment,

des racines et des ganglions spinaux, toute altération due soit

directement à la syphilis ou ses suites, soit à l'alcoolisme, etc. ;

2° Remarquons que dans les cas d'affection des zones endogènes

ces altérations sont en général en continuité avec celles des zones

'exogènes, que dans les champs ventraux, par exemple, les parties

les plus envahies sont ordinairement celles voisines de ces zones;

3° Les toutes premières altérations des racines, même des zones

de Lissauer et surtout des ganglions, qui coïncident parfois avec

des altérations légères mais distinctes de la moelle, sont très diffi-

ciles à constater; 4° En cas de processus très développé, il existe

une certaine proportionnalité entre les altérations de la moelle,

des racines, voire même des ganglions.

Cela posé, je suis porté (me basant sur 16 cas de M. Sibelius

assistant à l'Institut) à considérer les altérations des cordons pos-

térieurs propres à la paralysie générale comme étant de nature

exogène et semblables à celles du tabès ou ne s'en distinguant que

par une participation quantitativement différente des différents

systèmes de fibres et des différents étages de la moelle. La parti-

cipation des zones endogènes me parait due en premier lieu à une

propagation secondaire du processus des parties exogènes primi-

tivement altérées. Cependant la possibilité d'une altération primi-

tive des fibres endogènes n'est pas exclue, ni même celle d'une

dégénérescence par transmission.

Dans 2 cas de lèpre, les altérations de la moelle étaient évidem-

ment de nature exogène, se rapprochant de celles du tabes, mais

la syphilis ayant précédé, ces cas sont sujets à caution.

Vu leur analogie, je parlerai simultanément des tumeurs intra-

craniennes et des cas compliqués de pression intra-cranienne atig-

mentée due à'd'autres causes, me basant sur 5 gliomes ou sarcomes

du cerveau ou du cervelet (malades morts à 6-43. ans), 2 avec pres-

sion intra-cranienne très forte) et sur 5 cas de pressions, dont3 très

intenses, dues soit à une hydrocéphalie excessive (2 tout petits

enfants) soit, à une exostose diffuse à la base du crâne, et

2 moyennes dues à une hydrocéphalie moins développée.

Archives, 2" série, t. XI. 5

66 SOCIÉTÉS SAVANTES.

Une étude systématique des deux groupes (méthode Marchi et

autre) montre que l'affection atteint en premier lieu les racines

post-intra-médullaires (rarement leurs parties extra-médullaires),

leurs continuations dans les zones d'entrée, etc., souvent aussi

leurs collatérales, surtout réflexes. De plus on trouve, surtout en

cas de pression intra-cranienne excessive, des libres élargies et

diffusément altérées immédiatement autour des espaces périvas-

culaires souvent dilatés.

La principale cause de ces phénomènes me parait être l'aug-

mentation de la pression de la liqueur cérébro-spinale et les

troubles circulatoires et nutritifs qui en résultent, l'altération

étant en une certaine mesure proportionnelle à cette pression, par

exemple, très nette dans les cas d'hydrocéphalie excessive, à peine

notable dans un pas de gliome sans pression.

Par rapport à leur origine, les altérations des cordons posté-

rieurs, dans les groupes de cas où il y a ordinairement aussi des

névrites périphériques, peuvent en quelque sorte être réparties en

3 groupes.

1° Celles provoquées directement par les neurites et dues soit à

des altérations purement anatomiques des nerfs, comparables à

celles consécutives à des amputations ou résections des nerfs, soit

à ce que les agents nocifs dans les nerfs affectés : microbes,

toxines, etc., sont transportés dans la moelle, et plutôt parles

racines postérieures qu'antérieures (Momén et Laitinen) y provo-

quant des lésions plus ou moins limitées; 2° Celles coordonnées

aux neurites, c'est-à-dire dans lesquelles le même agent nocif

(toxine, poison, surmenage, etc.) peut affecter le même neurone

sur différents points ou mieux le processus provoqué par le même

agent nocif peut éclater, aussi bien sur le trajet intramédullaire

que sur la partie périphérique ou sur toutes les deux à la fois;

3° Celles tout à fait indépendantes des neurones ou des systèmes

de fibres, mais en rapport intime avec les vaisseanx.

Dans les cas où les neurones 2° et 3° prédominent, ce qui est la

règle, on ne remarque pas une proportionnalité entre les altéra-

tions de la moelle et les altérations périphériques celles-ci peu-

vent même faire défaut.

Pour m'en tenir à l'alcoolisme chronique (4 cas, âge 30, 32, 36,

59), il y eut.dans deux cas altération des fibres sensitives, surtout

dans le renflement lombaire (moins dans le cervical), et dans la

partie supérieure de la moelle altération distincte des cordons de

Goll. Dans tous les cas épaississement des septa et des vaisseaux,

souvent aussi par places allération ou disparition des fibres autour

d'eux.

Dans un des deux cas précités, neurites périphériques très pro-

noncées, surtout dans les extrémités inférieures où elles étaient au

moins aussi développées que les altérations dans la moelle.

SOCIÉTÉS SAVANTES. -1 f

Dans les cas de cancer (11, dont 7 de l'estomac, âge 36-58 ans)

rarement altération des racines postérieures extramédullaires,

mais souvent des racines intramédullaires, quoique peu prononcées

(Marchi).

Dans 6 cas (5 de l'estomac), petits foyers de dégénération, quel-

quefois légère dégénération plus diffuse, quelquefois enfin épais-

sissement (dépendant ou non de ces foyers) plus ou moins limité

de la neuroglie, surtout dans les cordons postérieurs.-

Les rapports de ces foyers et scléroses avec les septa et les vais-

seaux sont souvent évidents. Ces altérations sont en traits géné-

raux analogues à celles décrites par J. ! t6(tt'sc/t, quoique moins pro-

noncées.

Dans les anémies graves, les lésions sont les plus prononcées

dans les cordons postérieurs, et en rapport avec les septa et les

vaisseaux dont l'altération est souvent bien constatable. Ainsi

qu'il ressort aussi de nos études, ces altérations commencent sou-

vent sous forme de taches ou plutôt de stries, non sur la péri-

phérie, mais à une certaine distance, dans l'intérieur des cordons,

et communément autour des vaisseaux. Par le fait que ces foyers

s'étendent, confluent et provoquent des dégénérations secondaires,

et par la marche ordinairement subaiguë des processus, il se

forme souvent des figures très caractéristiques.

Les altérations de l'anémie grave nous amènent à celle des sclé-

roses dites combinées systématiques où les altérations (à part celles

de la maladie de Friedreich et du tabès avec altération des cor-

dons latéraux) sont au moins très souvent dues originairement à

des foyers de dégénération ou si l'on préfère de myélite. Ces

foyers, souvent combinés avec des altérations des vaisseaux, débu-

tent et s'étendent, du moins dans les commencements, surtout le

long des septa et des vaisseaux. Leur confluence, une certaine

symétrie, et les dégénérations secondaires qu'ils provoquent font

souvent à l'état avancé l'impression de scléroses combinées systé-

matiques. d'autant plus qu'ici aussi il y a sans doute souvent, de

même que dans les cas précédents, dégénération primitive quoique

légère des fibres exogènes.

Dans le marasme sénile (4 cas, 73, 77, 80, 81 ans), il y a aussi

épaississement soit plus ou moins diffus, soit par taches ou stries,

de la neuroglie avec atrophie correspondante- et destruction des

fibres nerveuses, généralement autour des vaisseaux plus ou moins

épaissis, et toujours principalement dans les cordons postérieurs.

On rencontre cependant quelquefois une dégénération des fibres

isolées, ordinairement autour des vaisseaux. Les racines posté-

rieures sont peu ou pas altérées (plutôt dans leur parcours intra-

médullaire).

Les lésions, disons myélitiques, dans les infections aiguës, ne

prédominent pas spécialement dans les cordons postérieures.

68 ' SOCIÉTÉS SAVANTES.

Quant aux lésions purement syphilitiques de la moelle (une ving-

taine de cas), soit dépendantes des altérations des méninges ou

des vaisseaux, soit apparemment indépendantes de ceux-ci, elles

ne montrent aucune prédilection nette à affecter les cordons pos-

- térieurs.

Enfin, quand aux dégénérations secondaires, je me bornerai à

relever ici ce que, déjà en 1884 (au congrès de Copenhague), j'ai

démontré expérimentalement qu'à la suite de sections de la moelle,

non seulement les différents tubes d'un même faisceau, mais aussi

les différents faisceaux ne s'altèrent pas en même temps, mais

dans un certain ordre, et que la dégénération secondaire des cor-

dons postérieurs après section est nettement constatable deux ou

trois jours avant celle des autres cordons et trois ou quatre jours

après la section.

Quant à l'explication ou à la raison du l'ait, que dans un nombre

considérable d'affections diverses les cordons postérieurs sont ou

bien seuls attaqués, ou bien attaqués de préférence à d'autres, et

cela d'une manière tout à fait. remarquable, il faut la chercher au

moins en grande partie dans les dispositions anatomiques, soit

dans le parcours des racines intramédullaires avec leurs fortes

courbures et leurs relations avec les fibres voisines, soit dans les

relations entre ces cordons el les nerfs périphériques. Cet état de

choses tend d'un côté à rendre ces cordons plus vulnérables que

d'autres, et de l'autre côté les expose en plus grande mesure à

l'influence des irritatifs provenant de la périphérie ou mieux des

nerfs périphériques. -

Communications diverses.

Paraplégie ataxique subaiguë. Dégénérescence combinée suraiguë;

par M. DANA (de New-Yorl : ).

La plupart de mes observations touchant cette affection ayant

déjà été publiées dans le cours du mois de janvier et mai de cette

année, je ne vous soumettrai aujourd'hui que les conclusions qui

découlent d'une analyse plus complète de mes cas.

Etiologie. La fréquence plus grande de cette maladie chez la

femme et à l'âge moyen de la vie est un fait constant. Jamais je

n'ai vu la maladie avant quarante ans.

L'étude attentive des antécédents héréditaires et personnels nous

révèle quelquefois des tares manifestes, sans qu'il s'agisse néces-

sairement de névrose. Je crois que dans ces cas il existe une fai-

blesse particulière de la moelle épinière, résultant d'une irrigation

sanguine défectueuse ou d'une susceptibilité spéciale de la moelle

vis-à-vis des agents d'intoxication. '

Souvent le -début de la maladie peut manifestement être rap-

SOCIÉTÉS SAVANTES. 69

porté à une infection ou intoxication aiguë : saturnisme (deux

cas), paludisme, infection, colite, grippe.

Dans 10 p. 100 des cas environ (deux fois dans mes seize obser-

vations), on trouve le syndrome de l'anémie pernicieuse.

Dans ces cas la maladie peut suivre une marche typique, évo-

luant vers la parastbénie, l'ataxie, la paraplégie, et emportant le

sujet dans l'espace d'un an (cas de M"0 M..., rapporté dans ma

troisième communication).

Je ne puis admettre, avec M. le D1' Russell (Brain, 1900), que les

lésions médullaires de l'anémie pernicieuse soient différentes de

celles qu'on trouve dans ces cas. Très souvent l'anémie pernicieuse

évolue sans s'accompagner de symptômes nerveux bien marqués;

les foyers de dégénérescence médullaire peuvent être légers et peu

étendus. Mais le poison qui cause l'anémie pernicieuse peut aussi

produire les symptômes et les lésions de la dégénérescence com-

binée à dé la paraplégie ataxique subaiguë.

Symptômes. Nous ne connaissons pas encore complètement

les symptômes qui accompagnent l'éclosion et le début de cette

maladie. Dans mes observations, je note souvent l'existence d'une

courte affection initiale, telle que grande crise de diarrhée, fièvre

septique, attaque de fièvre mal caractérisée et attribuée au palu-

disme. Le patient accuse une faiblesse et une prostration extrêmes.

Tout ceci disparaît et le malade se rétablit; mais alors se montrent

les symptômes de paresthésie des extrémités, en même temps

qu'un peu de faiblesse et de lourdeur.

En face de ces symptômes ou pourrait parfois croire à une névrite

diabétique, mais l'ataxie et la faiblesse sont plus grandes et il y

a des douleurs pour ainsi dire caractéristiques dans le dos.

Je n'ai pas en ce moment le temps de m'étendre davantage sur

cette partie de la question, qui demande du reste de nouvelles

études.

Evolution. L'évolution de cette maladie qui se termine par la

mort ne dépasse pas deux ans. Il en a été ainsi dans tous les cas où

l'autopsie a été faite. Toutefois, j'ai plusieurs observations, carac-

téristiques à tous égards, dans lesquelles la maladie a duré trois

à quatre ans et est restée depuis stationnaire.

Analomie pathologique. Quant à la nature de cette maladie,

voici la conclusion à laquelle je suis arrivé : il s'agit d'un proces-

sus dégénératif qui affecte d'abord et surtout le faisceau posté-

rieur ; ensuite, le faisceau latéral et plus spécialement le faisceau

pyramidal.

La maladie se développe en foyers, d'où la dégénérescence

s'étend dans chaque direction, en haut et en bas. Ces foyers de

dégénérescence ne sont pas des foyers secondaires, ou du moins

ne le sont pas entièrement. Dans les faisceaux postérieurs, les

zones radiculaires et les fibres exogènes sont les parties les plus

70 SOCIÉTÉS SAVANTES. ,

touchées. Les lésions vasculaires sont peu prononcées et insuffi-

santes pour produire les altérations de la moelle; il n'y a pas de

processus inflammatoire. Le virus est apporté dans la moelle par

le sang et produit la lésion dégénératrice, les vaisseaux pouvant

être parfois quelque peu malades.

Discussion. M. Georges iUILL.11\ (de Paris). Au sujet des

altérations médullaires consécutives aux névrites périphériques

qu'a signalées M. Homen, je puis donner le résultat d'expériences

faites sur les animaux pour voir les relations existant entre la cir-

culation lympathique des nerfs et la circulation lympathique de la

moelle. J'ai injecté dans le nerf sciatique de chiens et de lapins

vivants des substances pulvérulentes aseptiques (encre de Chine,

bleu de Prusse, carmin d'indigo), j'ai pu constater la progression

ascendante vers la moelle de ces granulations. En injectant dans

ces nerfs du chlorure ferreux en solution aqueuse et en injectant

en même temps dans la circulation générale du ferricyanure de

potassium, on peut voir un précipité de bleu de Turnbull se faire

dans la partie supérieure du nerf, dans les racines, surtout dans

les racines postérieures. L'injection dans le sciatique du liquide de

Girota chez des animaux sacrifiés quelques minutes auparavant

permet de constater la diffusion facile vers la moelle du liquide

colorant.

Ces expériences nous paraissent intéressantes, elles sont confir-

matives des faits signalés par M. Homen et M. Marinesco. Elles

nous permettent de comprendre les relations pathologiques entre

les nerfs et la moelle, elles expliquent la névrite ascendante, l'as-

cension vers la moelle des toxines microbiennes; elles montrent

nettement cette voie d'injection de la moelle, les relations évi-

dentes entre la circulation lymphatique des nerfs et la circulation

lymphatique delà moelle et de ses enveloppes.

Sur la systématisation dans les affections du système nerveux et en

particulier dans le tabès; par J. N.\f : EOTTE (de Paris). (Présenta-

tion de coupes histologiques.)

La systématisation des lésions nerveuses peut se faire de plu-

sieurs manières : tantôt elle résulte des propriétés biologiques

spéciales des neurones qui sont sensibles à te, poison; tantôt sa

cause doit être recherchée dans des détails anatomiques sans

rapport avec les éléments nerveux; tantôt enfin la forme delà

systématisation est en rapport à la fois avec certaines dispositions

anatomiques et avec certaines aptitudes pathologiques des neu-

rones. Le tabès et quelques affections similaires rentrent dans

cette dernière catégorie. Dans ces maladies en effet les racines sont

attaquées au niveau du nerf radiculaire par un processus inflam-

matoire qui n'est lui-même que le, résultat de la fixation en ce

SOCIÉTÉS SAVANTES. ' 71

point et de l'exacerbation de lésions inflammatoires diffuses ;

cette aptitude spéciale des nerfs radiculaires s'explique par leur

structure. La conséquence est variable suivant le neurone consi-

déré : la racine postérieure se détruit ; l'antérieure résiste ou,

après avoir succombé, se régénère. Dans les tumeurs cérébrales on

observe une sorte de tabès qui reproduit trait pour trait, at l'état

aigu, les principaux caractères anatomiques du tabès vrai. Dans

ces cas l'emploi de la méthode de Marchi permet de constater la

superposition exacte des lésions nerveuses et interstitielle au

niveau des nerfs radiculaires.

La lésion du nerf optique dans ces cas est absolument compa-

rable aux lésions des racines spinales.

Contribution ci l'étude des lésions médullaires de la sclérose latérale

tii21yoli-ophiqzie par Cl. PntuppE et Georges Guillain (de Paris).

Dans six observations avec autopsies de maladie de Charcot,

nous avons pu étudier à leurs principaux stades histologiques les

lésions de la substance grise et de la substance blanche, en parti-

culier les ulcérations des cellules cordonales.

Pour la substance grise il est nécessaire de distinguer chez

l'homme deux zones : zones des cellules radiculaires occupant la

partie antéro-externe de la corne antérieure, zone des cellules cor-

donales ou rétro-radiculaires occupant la partie moyenne de la

substance grise. Etudiés par la méthode de Nissl, ces deux groupes

cellulaires présentent des modifications de morphologie et de

nombre dès les premiers stades. Les lésions des cellules cordonales

paraissent évoluer moins vite ; les colonnes de Clarke sont intactes

même dans les cas avancés.

La sclérose du cordon antéro-Iatéral est d'emblée généralisée,

dépassant de beaucoup les limites de la dégénérescence secondaire

des hémiplégiques. Elle ne se règle donc pas uniquement sur la

topographie des faisceaux ; il s'agit d'une fausse systématisation.

D'emblée cette sclérose est très végétante, comme le montrent la

méthode de Marchi et le picro-carmin ; elle a tous les caractères

d'un processus primitif (prolifération névroglique intense altéra-

tions polymorphes des tubes nerveux).

Elle n'est nullement en rapport d'intensité avec les lésions de la

substance grise. Cette discordance entre ces deux processus per-

met de comprendre les différentes formes de la maladie de

Charcot (forme amyotrophique et paréto-spasmodique). Nous

croyons qu'on doit restreindre considérablement le rôle pathogé-

nique des altérations des cellules cordonales dans la sclérose des

cordons. '

De l'étude des faits et de cette considération que dans la sclérose

latérale amyotrophique les racines s'atrophient sans réaction sclé-

72 SOCIÉTÉS SAVANTES.

reuse, on en vient à la conclusion que dans la maladie de Charcot la

sclérose antéro-latérale est une lésion primitive, non subordonnée

aux adultérations cellulaires; les atrophies cellulaires amènent

l'atrophie simple des faisceaux blancs, mais non leur sclérose.

Présentation de masques et statuettes concernant la neuropathologie ;

. par Paul RiCHER (de Paris).

Le Dr Paul Richer présente quelques spécimens d'une série de

bustes et de statuettes consacrés à la représentation des principaux

types neuropathologiques. Ces oeuvres sculpturales ont été exécu-

tées à la Salpêtrière, d'après les malades du service de Charcot ou

de son successeur, le professeur Raymond. Les modèles ont été

naturellement choisis parmi les sujets qui présentaient les carac-

tères les plus typiques de la maladie dont ils étaient atteints et

leur histoire clinique se trouve tout au long dans les divers recueils

spéciaux de neurologie. M. Richer montre d'abord deux bustes

grandeur nature dont l'un représente la paralysie labio-glosso

laryngée et l'autre le faciès myopathique. Puis deux statuettes

reproduisent entièrement nus deux sujets atteints d'affections

éminemment plastiques pour ainsi dire[; c'est un jeune nain offrant

réunis tous les caractères de l'infantilisme et du myxoedème, et

une vieille femme atteinte de la maladie de Parkinson.

Sur deux cas avec autopsie de paralysie spinale antérieure subaiguë ;

par Philippe et CESTAN (de Paris).

Ces auteurs ont pu étudier deux cas de cette affection. La mala-

die a débuté par les membres inférieurs dans un cas, par les

mains dans l'autre cas. Elle a consisté en une atrophie musculaire

progressive avec secousses fibrillaires, DR, diminution des réflexes

tendineux; intégrité de la sensibilité, des sphincters, de l'intelli-

gence : évolution rapide et mort au bout de -neuf mois avec des

symptômes bulbaires. A l'autopsie, nulle trace de polynévrite,

mais les lésions névritiques et musculaires des atrophies myélopa-

thiques. Au niveau de la moelle les auteurs ont constaté une sclé-

rose légère des cordons antéro-latéraux empiétant dans un cas

très légèrement sur le faisceau pyramidal, mais sans l'intensité

observée dans la sclérose latérale amyotrophique ; la lésion prin-

cipale consiste en une atrophie simple des cellules des cornes

antérieures, cellules motrices et cellules cordonales. Ces deux faits

démontrent l'existence de la paralysie spinale antérieure subai-

guë, niée par certains auteurs. Cette affection consisterait en une

atrophie simple des cellules de la corne antérieure, en une véri-

table cellulite. Elle doit être soigneusement distinguée de la para-

lysie spinale aiguë de l'enfant et de l'adulte, qui est une myélite

SOCIÉTÉS SAVANTES. - 73

de la corne antérieure. Au contraire, elle a, avec l'atrophie Aran-

Duchenne et la maladie de Charcot, une parenté étroite au point

de vue des altérations cellulaires des cornes antérieures qui, dans

ces trois affections, ne diffèrent que par leur évolution.

Des relations de la sclérose latérale amyotrophique avec l'atrophie

musculaire pi,ogtessive; par F. Raymond et E. Ricklin (de Paris).

L'opinion qui prétend fondre en une seule maladie l'atrophie

musculaire progressive du type Aran-Duchenne et la sclérose laté-

rale amyotrophique compte un certain nombre de partisans

parmi les neuropathologistes. Les deux auteurs pensent qu'elle

repose sur un malentendu et que ce malentendu découle lui-

même d'une notion inexacte de pathogénie, suivant laquelle la

contracture serait, par excellence, le symptôme de la dégénération

du faisceau pyramidal. Quand on envisage les choses à un point

de vue purement clinique, on est bien obligé d'établir une distinc-

tion entre une maladie (atrophie musculaire progressive du type

Ai-ttit-l)ticlteiine) dont toute la symptomatologie se résume dans

une atrophie musculaire progressive flasque, accompagnée d'une

impuissance motrice toujours adéquate à la quantité de tissu

musculaire atrophiée et une affection (sclérose latérale amyotro-

phique) où l'association d'un élément paréto-spasmodique à une

amyotrophie progressive est de règle, sans que l'un de ces deux

éléments symptomatiques soit subordonné à l'autre.

L'anatomie pathologique parle également en faveur de la néces-

sité de cette disjonction. Elle nous montre dans l'atrophie muscu-

laire progressive du type Aran-Duchenne une affection exclusi-

vement spinale, dont les lésions se cantonnent dans un seul sys-

tème anatomique, le protoneurone moteur ou spino-musculaire.

Au contraire, dans la sclérose latérale amyotrophique, le proces-

sus intéresse au moins deux systèmes anatomiques distincts : le

proloneurone moteur ; les cellules et fibres de cordon. Sans comp-

ter qu'assez souvent les lésions intéressent les fibres commissu-

rales du cerveau, la zone rolandique, les fibres du faisceau pyra-

midal, peut-être même les voies cérébelleuses.

D'autre part, l'histoire de la sclérose latérale amyotrophique

aussi bien que celle du tabès spasmodique nous enseignent que la

contracture permanente peut exister indépendamment de toute

altération du faisceau pyramidal, et que ce faisceau peut être

dégénéré, sans qu'il y ait contracture. On ne saurait donc admettre

la prétention de ceux qui confondent en une seule affection la

maladie de Charcot et la maladie de Aran-Duchenne sous pré-

texte qu'on a vu des phénomènes spasmodiques s'associer à une

atrophie musculaire progressive, dans un cas où, à l'autopsie, les

cordons latéraux ont été trouvés en état de parfaite intégrité.

74 SOCIÉTÉS SAVANTES.

De ce que la nécessité de disjoindre la sclérose latérale amyo-

trophique de l'atrophie musculaire progressive du type Aran-

Duchenne nous est imposée par la clinique et par l'anatomie

pathologique, il n'en existe pas moins, pour cela, des observations

qui établissent entre les deux maladies des degrés de transition.

Les deux auteurs ont cité trois faits de ce genre ; il s'agit de trois

cas de sclérose latérale amyotrophique, où les manifestations

spasmodiques se réduisaient à presque rien et où l'amyotrophie

s'est maintenue au premier plan, depuis le commencement jus-

qu'à la fin ; elle était assez considérable pour expliquer le peu

d'intensité des phénomènes spasmodiques. A l'autopsie des trois

cas on a trouvé, sur toute la hauteur de la moelle, des lésions

atrophiques des cellules nerveuses et en particulier des cellules

radiculaires. La prolifération névroglique et les altérations vascu-

laires étaient minimes. Du côté du cordon antéro-latéral, on a

constaté une sclérose légère ; sa topographie et se,s caractères his-

tologiques étaient bien tels qu'on les rencontre dans la maladie

de Charcot. Elle intéressait le faisceau de Turc);, le faisceau pyra-

midal croisé et le restant du faisceau antéro-latéral. Seulement,

comme tous les phénomènes paréto-spasmodiques notés du vivant

des malades, elle était peu prononcée.

Enfin les deux auteurs ont cité des faits qui établissent que

l'atrophie musculaire progressive du type Aran-Duchenne peut

évoluer suivant le mode subaigu et se généraliser dans une cer-

taine mesure, en réalisant les traits cliniques de la paralysie géné-

n«le spinale subaiguë. Dans les trois affections on constate des

altérations cellulaires spéciales qu'on ne saurait confondre avec

celles des myélites, et qui se résument dans une atrophie primi-

tive de la cellule nerveuse, aboutissant à sa disparition totale. Ce

n'est pas une raison de les fondre en une seule.

En définitive, les deux auteurs ont conclu que l'atrophie mus-

culaire progressive du type Aran-Duchenne est une affection sys-

tématique limitée au protoneurone moteur, et qui ne touche

jamais au cerveau proprement dit, contrairement à ce qui a lieu

assez souvent pour la sclérose latérale amyotrophique qui, du

reste, affecte au moins deux systèmes anatomiques différents.

Les lésions du Système Grand Sympathique dans le Tabès;

par Jean Cii. Roux (de Paris).

Séance de l'après-midi. Présidence de MM. LADAME (de Genève),

' l3auc (d'Edimbourg),

Contribution à l'élude de la Paralysie musculaire progressive de la

forme familiale ; par Bruns (de Hanovre). (Présentation de pho-

tographies et projections.) ,

SOCIÉTÉS SAVANTES. 7g

Sur un cas d'Hémiplégie permanente chez un Tabétique ; par

A. CESTAN (de Paris). (Présentation du malade.)

Dans un travail antérieur (Progrès médical, 10 juin 1899), nous

avons étudié l'évolution de l'hémiplégie permanente survenant

chez les tabétiques ; à cette époque, nous avons rapporté trois

observations recueillies dans le service de notre maître, M. Ba-

binslci, et sept autres cas puisés dans divers auteurs. Nous avons

pu en observer un nouvel exemple dans le service de notre maitre

le professeur Raymond.

Observation clinique. Gulz... 45 ans. Absence d'antécédents

héréditaires ou personnels. Il nie la syphilis ; il a trois enfants

bien portants et sa femme n'a pas fait de fausses couches. Il faut

signaler l'hérédité de l'hémorrhagie cérébrale dans sa famille

maternelle. l'âge de 31 ans, il y a par suite 14 ans, le malade a

eu successivement trois ictus dans l'espace de trois jours, au

3° ictus, il a été complètement paralysé de tout le côté droit et

présente des troubles d'aphasie qui ont duré plusieurs semaines.

Auparavant il n'a jamais vu double. A cette époque, en 1886, il

entre à la clinique de Charcot qui porte le diagnostic d'hémiplégie

chez un tabétique. Depuis cette époque le malade a recouvré une

partie Je la motilité de son côté droit et sa santé a été excellente.

A l'heure actuelle, G... est' âgé de 55 ans, il est tabétique et

hémiplégique 1

Il est tabétique par la perte absolue des réflexes tendineux et

osseux des membres inférieurs aussi bien à droite qu'à gauche,

par le signe de Romberg, par l'inégalité pupillaire avec myosis à

gauche, pupille déformée et ovalaire, signe d'Argyll Robertson,

par des analgésies viscérales (testiculaire et trachéale), par un

léger degré d'ataxie plus marquée du côté hémiplégique.

Il est en outre hémiplégique du côté droit. Cette hémiplégie ne

s'accompagne pas de troubles sensitifs, de perte, du sens stéréo-

gnostique. Les sens sont absolument normaux et il n'existe pas le

moindre stigmate hystérique. Cette hémiplégie atteint nettement

le facial intérieur droit ; elle s'est accompagnée autrefois d'apha-

sie. Elle est, malgré sa longue durée, absolument flasque. Aux

membres supérieurs les réflexes osseux et tendineux existent un

peu forts du côté hémiplégie, très faibles au contraire du côté

gauche. Aux membres inférieurs, les réflexes tendineux et osseux

sont absents des deux côtés et la paralysie est tout à fait flasque,

sans contracture, sans trépidation spinale. Le mouvement associé

de flexion de la cuisse sur le bassin existe à un très léger degré,

mais surtout on met facilement en évidence du côté hémiplégie

le signe des orteils de Babinski, tandis que du côté sain le réflexe

plantaire se traduit par une flexion des orteils. Le signe du peau-

76 . - SOCIÉTÉS SAVANTES.

cier est absent. La démarche du malade est caractéristique ;

comme nous l'avons indiqué dans le travail cité plus haut, ces

malades avancent en steppant légèrement et présentent en effet

une certaine parésie, sans atrophie musculaire, des muscles anté-

rieurs de la jambe.

Le cas que nous venons de rapporter vient aussi s'ajouter aux

dix observations que nous avons déjà recueillies. Il nous prouve

que chez les tabétiques qui ont perdu définitivement leurs réflexes

tendineux, une hémiplégie organique resté à la période flaccide.

Nous insistons à nouveau sur l'importance du signe de Rabinski

qui permet seul dans des cas semblables de mettre en évidence

la sclérose du faisceau pyramidal, puisque cette dernière ne peut

se manifester par l'exagération des réflexes tendineux.

Chez notre malade, l'hémiplégie n'a pas fait reparaître les

réflexes tendineux du côté hémiplégie. Le retour des réflexes a

été cependant signalé dans des conditions semblables par Gold-

ilam, Jackson, Raïchline, etc.

Mais nous ne saurions trop insister sur ce point qu'avant d'affir-

mer le retour des réflexes dans de semblables conditions, il fallut

être certain que les réflexes n'étaient pas supprimés temporaire-

ment par une lésion périphérique susceptible de guérison et sur-

tout qu'ils étaient bien supprimés totalement et non pas très

diminués au point de ne pas apparaître avec les moyens de

recherche habituels. Nous venons en effet d'observer à la Clinique

de la Salpêtrière deux cas très intéressants dans cet ordre d'idées.

Nos deux malades ont été atteintes d'hémiplégie organique carac-

téristique : nous les avons suivies pendant plusieurs mois ; or,

nous avons vu les réflexes tendineux s'exagérer du côté hémi-

plégié, faire défaut au contraire du côté sain. Nos deux malades

avaient fait des fausses couches, avaient souffert de douleurs ful-

gurantes, mais ne présentaient pas toutefois le signe d'Arg,11. Le

diagnostic de tabès lombaire incipiens était donc très probable ;

nos deux malades avaient du côté hémiplégie des réflexes ten-

dineux forts, n'avaient pas de réflexe du côté sain. Fallait-il dès

lors croire à un retour de réflexe sous l'influence de la sclérose

post-hémiplégique 'i

C'était en effet l'hypothèse la plus vraisemblable ; mais nous

avons donné à nos malades de fortes doses de strychnine, nous

avons appliqué des courants galvaniques et sous cette double

influence, nous avons d'une part fortement exagéré les réflexes

du côté hémiplégie, d'autre part fait apparaître les réflexes du

côté sain. Nous avons ainsi conclu que l'hémiplégie n'avait modi-

fié qu'un réflexe en apparence disparu, ne se manifestant pas avec

les moyens habituels de recherche. Il sera donc indispensable,

avant de conclure à une disparition complète et à un retour des

réflexes tendineux, d'employer tous les moyens qui, par une irri-

SOCIÉTÉS SAVANTES. 77

tation de la cellule motrice médullaire, sont capables d'exagérer

les réflexes, tendineux. Aussi nous croyons-nous autorisé, à con-

clure que si l'arc sensitif médullaire est lésé au point d'amener

une disparition complète et définitive des réflexes tendineux d'un

ou plusieurs membres, une hémiplégie cérébrale restera flaccide,

sans réflexe et sans contracture spastique, surtout que la contrac-

ture ne pourra survenir sans le retour des réflexes tendineux,

dans le membre dont les réflexes tendineux et osseux sont à

jamais supprimés.

Cécité verbale sans aphasie ni agraphie. Ramollissement cortical de

la région calcarine gauche ; dégénérescence du tapetum gauche,

du splenium et du tapetum du côté droit ; par M. le P1' Brissaud

(de Paris). Présentation de photographies.

Les faits senls peuvent trancher la question de savoir : 1° si la

lésion de la cécité verbale est pariétale ou occipitale ; 2v si cette

lésion est corticale ou sous-corticale. Voici un fait qui peut servir

à élucider le problème :

Un homme de cinquante-sept ans est amené à l'hôpital pour

des symptômes d'entérite grave. Ses parents qui l'accompagnent

racontent qu'il semble parfois ne pas reconnaître les objets usuels

et qu'il est sujet à des bizarreries.

On ne constate, le jour de son entrée, rien de tel ; mais on

apprend du malade lui-même, qui s'exprime avec beaucoup d'ai-

sance et d'enlrain, que, depuis « un certain temps », il ne peut

plus rien lire, quoiqu'il soit encore capable d'écrire couramment.

Il est dans l'absolue impossibilité de lire son nom et son adresse

qu'il vient d'écrire de sa propre main. « Il ne voit que du noir sur

du blanc. » En outre, il est hémiopique. Il n'est pas hémiplé-

gique. L'intensité de la fièvre dont il est atteint fait ajourner un

examen plus complet. Mais, le même jour, il tombe dans le coma

et succombe.

A l'autopsie, on découvre un ancien ramollissement cortical

des quatre cinquièmes inférieurs du cunéus, de la totalité de la

scissure calcarine, de la presque totalité du lobule lingual ; une

dégénérescence secondaire du tapetum gauche et de la radiation

optique gauche, sans lésion du faisceau longitudinal inférieur,

sans lésions de l'écorce pariétale ni de la substance sous-corti-

cale de l'hémisphère gauche. La dégénérescence du tapetum se

poursuit dans le splenium, passe dans l'hémisphère droit et se

termine dans la région calcarine droite se limitant au tapetum

de cet hémisphère, sans en atteindre ni les radiations optiques,

ni la substance blanche sous-jacente à l'écorce de la scissure cal-

carine.

78 SOCIÉTÉS SAVANTES.

L'élat du Corps calleux dans les grosses Lésions du Cerveau; par

Kattwinkel (de Munich) (projections).

Sur les Scléroses combinées; par J. Babinski (de Paris).

L'association de lésions tabétiques des cordons postérieurs et

d'altérations scléreuses des cordons latéraux me parait beaucoup

plus commune qu'on ne le croit généralement. Il est du reste tout

naturel qu'il en soit ainsi, puisque le tabès a des liens intimes

avec la syphilis et que~cette infection produit dans bien des cas

de la sclérose du système pyramidal. Si la fréquence de cette

association n'a pas été suffisamment remarquée par les cliniciens,

c'est sans doute parce que l'exagération des réflexes tendineux et

la contracture, seuls signes que l'on avait à sa disposition jusque

dans ces derniers temps pour diagnostiquer une lésion des cor-

dons latéraux, font généralement défaut quand cette lésion se

combine au tabes. Le phénomène des orteils, au contraire, que je

considère comme pathognomonique d'une perturbation dans le

système pyramidal, ne semble pas entravé par l'existence d'une

névrite des racines postérieures et peut se manifester chez des

sujets dont les réflexes tendineux sont abolis Or, depuis que

je connais ce nouveau signe et que je le cherche systématiquement

chez tous les individus qui sont soumis à mon observation, j'ai

constaté chez plusieurs malades atteints d'un tabès qui ne se dis-

tinguait pas d'ailleurs du tabès vulgaire, le phénomène des orteils

décelant seul la perturbation du système pyramidal, qui, autre-.

ment, aurait passé inaperçue.

A côté de ce premier groupe de scléroses combinées où le labes

est très caractérisé, il en est un autre où la lésion radiculaire ne

se manifeste que d'une manière fruste. Dans ce deuxième groupe

il y a une catégorie de faits dont j'ai déjà réuni sept cas, sur les-

quels je veux attirer l'attention d'une manière toute spéciale, car

ils sont nécessairement méconnus si l'on néglige, comme cela a

encore lieu trop souvent, d'explorer le réflexe du tendon d'Achille,

dont l'abolition, ainsi que je l'ai montré - (et mon opinion a été

confirmée par Mills) 3, a, au point de vue du diagnostic du tabes,

autant d'importance, sinon plus que le signe de Westphal.

Je vous présente deux malades de ce genre qui sont venus

consulter parce qu'ils éprouvaient une sensation de lassitude.

d'affaiblissement général ainsi que quelques douleurs vagues et

' Voir : Du Phénomène des orteils et de sa valeur séméiologique, par

J. Babinski. Semaine médicale, 1898, p. 321 et suiv.

Sur le réflexe du tendon d'Achille dans le tabes, par J. Babinski.

l3ullel. el nzézn. de la Société de ? hôp. de Paris. 21 oct. 1898.

' Journal of nervous and mental diseases, 1899, Mardi.

SOCIÉTÉS SAVANTES. 79

chez lesquels le phénomène des orteils et l'abolition des réflexes

du tendon d'Achille constituent les seuls signes objectifs d'une

affection organique du système nerveux. Si ces signes n'avaient

pas été recherchés, les malades auraient été considérés sans doute

comme de simples neurasthéniques. Or, il me paraît très vraisem-

blable qu'il s'agit là de sclérose combinée. L'abolition du réflexe

du tendon d'Achille décèle, en effet, une lésion organique attei-

gnant, il est vrai, une partie quelconque de l'arc réflexe et pou-

vant siéger tout aussi bien à la périphérie qu'au centre ; mais,

étant donnée la perturbation du système pyramidal décelée par

l'extension des orteils, il est rationnel de supposer que l'abolition

du réflexe tendineux dépend aussi d'une lésion centrale ou voisine

du centre, d'une altération des racines postérieures. En l'absence

d'examen nécroscopique, je ne suis pas en droit d'être affirmatif;

je crois néanmoins que cette hypothèse est la plus acceptable de

toutes celles qu'on pouvait faire. J'ajoute qu'il y a intérêt pratique

à à dépister ces cas frustes de scléroses combinées qui représentent

probablement le premier stade d'une affection qui, abandonnée à

elle-même, deviendrait très grave. En effet, si un traitement peut

être efficace, c'est surtout dans la période initiale, et je dois dire

que sur la plupart de ces malades le traitement hydrargyrique a

paru exercer une influence très favorable.

, Lésions traumatiques dans le domaine de l'EpicGae médullaire ;

par L. lllmoa (de Moscou).

La limite supérieure du cône médullaire doit, après les observa-

tions cliniques du professeur Raymond et les recherches anato-

miques de Muller, être placée immédiatement au-dessus du niveau

de l'émergence de la troisième racine sacrée. Les signes cliniques

des affections du cône se composent, d'un côté, de l'intégrité

absolue des membres inférieurs et de l'autre d'une affection des

sphincters avec anesthésie en selle. L'auteur a eu l'occasion d'ob-

server une série de cas avec une lésion probable de la substance

grise ou des racines des segments situés immédiatement au-

dessus du cône, ne dépassant pas la limite supérieure de la cin-

. quième racine lombaire.

Le symptôme complexe très caractéristique consistait dans tous

ses cas en : 10 Intégrité des réflexes rotuliens (signe de la limite

supérieure) ; 2U Intégrité des sphincters (limite inférieure) ;

Symptôme positif : affection du plexus sacré, spécialement

affection grave et durable du nerf sciatique poplité externe (nerf

péronier). '

j Des cas analogues ont été observés par Kocher, Muller, Stolper.

Ivoetter, sans être rangés dans un groupe spécial. Dans un but

, didactique et au point de vue de classifications, l'auteur propose

i

80 SOCIÉTÉS SAVANTES.

d'assigner à cette partie de la moelle épinière le nom d'épicdize

médullaire.

Sur la pathogénie de la syringomyélie ; par Préobrajensky

(de Moscou). ,

Autopsie d'un cas de paralysie infantile; par Sitta (de Prague).

Séance du mutin mardi 7 août. Présidence de MM. Golgi (de

Pavie) et Sherrington (de Liverpool).

Résumé du rapport sur La nature et le traitement de la myélite

aiguë; par G. iI : lR1\ESCO.

Ce qui caractérise toute myélite aiguë, c'est un processus mul-

tiple de réactions du côté des vaisseaux, du tissu interstitiel et des

cellules nerveuses. Les deux premières constituent des processus

actifs de multiplication et de prolifération, donnant ainsi nais-

sance à des foyers plus ou moins volumineux et à des nodules.

Les phénomènes de réaction du côté des cellules nerveuses abou-

tissent rapidement à leur dégénérescence. La lésion apparente

qu'on voit souvent dans toute myélite aiguë, c'est le ramollisse-

ment hémorragique : lésion qui est la conséquence des troubles

circulatoires réalisés' par les agents toxiques et infectieux, seuls

facteurs déterminant la myélite aiguë. Suivant l'étendue et la

topographie de ces lésions vasculaires, on peut en admettre, avec

Leyden et Goldscheider, plusieurs formes : myélite transverse,

myélite diffuse ascendante et descendante, myélite disséminée,

polio-myélite. La nature vasculaire et infectieuse de cette dernière

a été mise en lumière par Pierre Marie, duquel j'accepte pleine-

ment les idées à ce sujet. La nature infectieuse et toxique des

myélites aiguës admises par Pierre Marie est démontrée actuelle-

ment par les examens anatomo-pathologiclues, par les recherches

bactériologiques et expérimentales. J'ai eu l'occasion d'examiner

six cas de myélite aiguë, et dans deux d'entre eux j'ai constaté la

présence des streptocoques; dans un troisième celle du pneumo-

coque, pendant qu'un quatrième offrait un microbe ressemblant

au bacille du charbon. Dans le cinquième, ni la ponction lombaire,

ni les coupes histologiques, ne m'ont décelé l'existence d'aucun

microbe ; toutefois, cela ne prouve rien contre la nature infec-

tieuse de la myélite, attendu que des recherches expérimentales

m'ont montré que les microbes disparaissent de la moelle au bout

de quelques jours ; or, dans mon cinquième cas, la myélite, qui

avait présenté un début aigu, n'a emporté le malade que trois

mois après son apparition. Dans le sixième cas, il s'agissait d'une

myélite que j'ai décrite pour la première fois dans la maladie du

SOCIÉTÉS SAVANTES. 81

jeune âge des chiens. La myélite ou plutôt la méningo-myélite

que j'ai pu constater ici s'est présentée sous forme de foyers dis-

crets, suivant plus particulièrement le trajet des artérioles radi-

culaires antérieures et postérieures. Dans les nombreux cas de

paralysie infantile que j'ai eu l'occasion d'étudier, les foyers de

myélite siégeaient toujours sur le trajet de ramifications de l'artère

du sillon antérieur; parfois toutes ces ramifications sont atteintes

et le foyer de polio-myélite intéresse alors la corne antérieure

dans sa presque totalité. D'autres fois, c'est seulement l'artère qui

irrigue le groupe antéro-externe, le groupe moyen et très rarement

le groupe antéro-interne, qui est atteinte. Je n'ai jamais trouvé de

microbes dans les foyers de polio-myélite infantile, ce qui du

reste était facile à prévoir. La paralysie ascendante de Landry est

le plus souvent sous la dépendance d'une myélite diffuse infec-

tieuse ascendante et descendante, ainsi que mes études avec Pierre

Marie et Oettinger, le cas de Ballet et Dutil, l'ont montré ; parfois

elle dépend d'une polynévrite (Dejèriiie, Iahler, Pitres et Vaillard,

Raymond) ; moi-même j'ai vu un cas remarquable de ce genre.

La plupart des microbes sont capables d'engendrer les myélites ;

les premiers à citer sont les streptocoques, l'agent de la rage, les

pneumocoques et autres différents microbes. J'ai pu réaliser des

myélites expérimentales de quatre manières différentes : 10 par

l'injection d'un microbe dans une voie sanguine éloignée de la

moelle; 2° par une voie sanguine qui l'irrigue directement, en

suivant le procédé de Lamy ; 3° par la voie nerveuse (inoculation

des microbes dans le nerf sciatique) ; et enfin par l'introduction

des microbes dans le canal rachidien. Les résultats sont variables

suivant la méthode opératoire. L'injection des microbes dans une

voie éloignée produit très rarement la myélite, ou bien elle n'est

pas très accusée. La même injection dans les artères de la moelle

donne surtout naissance à des polio-myélites ; l'inoculation dans

le nerf sciatique réalise une méningo-myélite plus accusée du côté

du nerf injecté, tandis que l'injection dans le canal arachnoïdien

occasionne une méningo-myélite bilatérale très considé-rable au

niveau de l'injection et qui diminue dans le sens ascendant et des-

cendant. Suivant le système vasculaire affecté, on peut observer

( dans ces expériences la myélite transverse, la myélite disséminée,

la polio-myélite en foyer, analogue à celle de la paralysie infantile.

] On peut favoriser l'apparition des phénomènes qui caractérisent

i la myélite par le refroidissement de la colonne vertébrale, par le

traumatisme local, etc. Il y a dans toute, myélite aiguë deux réac-

tions leucocytaires : 1° une réaction précoce de défense, qui con-

l siste dans l'émigration des cellules mono et polynucléaires, réac-

Lion qui a pour but de vaincre les microbes, et 2° une réaction

leucocytaire tardive dont le rôle est d'enlever les produits de

1 dégénérescence résultant du processus de myélite.

Archives, 2° série, t. Xt. 6

82 SOCIÉTÉS SAVANTES. '

Comme traitement causal, j'ai employé le sérum de Marmoreh

dans la myélite 'due aux streptocoques, mais sans résultats mani-

l'estes ; j'ai aussi éprouvé le même insuccès dans l'emploi du bleu

de méthylène dans deux cas de méningo-myélite. Contre les dou-

leurs violentes qu'un de mes malades a ressenties, j'ai utilisé

avec un certain succès les injections intra-rachidiennes de co-

caïne.

Conclusions du rapport de M. Crocq (de Bruxelles). le Les

processus à évolution rapide que l'on doit englober sous le terme

général de myélites aiguës répondent à deux modalités anato-

miques distinctes. Les premières se caractérisent par l'existence

des lésions typiques de l'inflammation aiguë ; les secondes pro-

voquent des altérations parenchymateuses profondes sans réaction

inflammatoire.

2° La moelle présente une résistance organique faible; la sub-

stance grise est moins résistante encore que la substance blanche.

Il s'ensuit que les réactions inflammatoires aiguës sont moins fré-

quentes et moins violentes dans la moelle que dans les autres vis-

cères et qu'elles sont moins marquées encore dans la substance

grise que dans la substance blanche. Il en résulte, d'autre part,

que les intoxications produisent des ravages plus accentués dans

la moelle que dans les autres organes et plus marqués dans la

substance grise que dans la substance blanche.

3° D'après l'état actuel de nos connaissances, l'inflammation est

un processus réactionnel de l'organisme contre une intoxication

locale due à une substance soluble (Courmont). L'inflammation

étant toujours la conséquence d'une intoxication, la différence

entre les lésions inflnmmatoires et. les lésions toxiques résidera

uniquement dans la présence ou l'absence de réaction.

4° Un poison capable de provoquer la réaction inflammatoire

dans un organe résistant, pourra ne donner lieu dans la moelle

qu'à des lésions toxiques. Un même poison susceptible de provoquer

une véritable myélite inflammatoire aiguë chez un individu, ne

pourra sans doute produire, chez un autre, que l'intoxication aiguë

de la moelle.

5° Une délimitation exacte entre les deux processus, inflamma-

tion aiguë de la moelle et intoxication aiguë de la moelle, n'est

pas possible. Entre l'inflammation aiguë typique et l'intoxication

aiguë véritable, existe une série ininterrompue de transitions, sui-

vant la nature du poison et suivant la résistance plus ou moins

grande de la moelle.

6° L'inflammation aiguë de la moelle est caractérisée par la

congestion, l'hyperdiapédèse, l'exsudation et éventuellement les

hémorrhagies, la neuronophagie, ainsi que des nécroses partielles

ou totales avec ou sans réaction inflammatoires.

Ce processus donne lieu par la suite à la formation de lacunes

SOCIÉTÉS SAVANTES. 83

plus ou moins grandes, suivant que la nécrose a frappe-le

tissu nerveux seul ou.en même temps le tissu conjonctif.

io L'intoxication aiguë de la moelle est caractérisée par une

altération primitive du tissu nerveux, sans congestion ni hyper-

diapédèse, mais avec une exsudation vasculaire toxique dont le

contact peut suffire à provoquer des foyers de nécrose sans réac-

tion inflammatoire. Ce processus donne lieu à la formation de

lacunes absolument analogues à celles de la myélite inflamma-

toire aiguë.

8° La sclérose, rapide dans des myélites inflammatoires aiguës,

doit être moins précoce dans les myélites toxiques aiguës.

9° Les deux processus aigus pouvant donner lieu à des altéra-

tions secondaires analogues, il peut être impossible, en présence

des lésions anciennes, de discerner la nature des phénomènes

initiaux.

J)isetissio21. - M. Eurnuooih (d'ilelsingfors). Il est évident,

selon les recherches de M. Homen sur la moelle, selon les miennes

sur l'encéphale, que les microbes ne se trouvent dans ces organes

qu'ordinairement quelques jours ; ils se trouvent plus- longtemps

dans les autres organes. Je crois que ce fait dépend de ce que. le

tissu nerveux n'est pas, ainsi que l'ont prétendu quelques-uns, un

tissu favorable pour les microbes. Selon nos recherches, les

microbes se trouvent ordinairement dans le système lymphatique

de ces organes et de préférence dans les espaces périvasculaires

et péricellulaires. Ils se propagent selon les vaisseaux lympha-

tiques, les grandes cavités séreuses et le canal central.

COMMUNICATIONS DIVERSES

Hémiplégie spinale gauche, syndrome de .B)'o ! 0) ? S< ? iard ;

par DÉjERi-,ii et LoRTAT-J.%COB (de Paris). ~**

Malade de 59 ans. Depuis dix-huit mois douleurs dans le bras

gauche. Paralysie du membre supérieur gauche depuis huit mois,

faiblesse du membre inférieur gauche depuis six mois.

Membre supérieur gauche : Atrophie des éminences thénar, hypo-

thénar et des interosseux. fl l'avant-bras : atrophie du groupe

des fléchisseurs (groupe cubital).-tllenabreir7/'tjrie2tr gauche : dimi-

nution delà force musculaire telle que la malade ne peut se tenir

seule debout. Pas de phénomène du pied. Exagération du réflexe

rotulien. Troubles du sphincter vésical, incontinence d'urines.

L'examen électrique donne une diminution de la contractilité fara-

dique et galvanique pour les muscles et les nerfs du côté gauche

sans R. D.

Sensibilité : localise mal le tact au-dessous de la ceinture. Sensi-

bilité diminuée. Douleur : hyperesthésie -auhe.'Ancàthésie à

84 SOCIÉTÉS SAVANTES.

droite dans la partie du corps au-dessous du rein, et y compris les

membres inférieurs. Sensibilité thermique : même topographie.

Erreurs de localisation et retard.

Autopsie. Rien de macroscopique. Les coupes sériées colo-

rées au Pal montrent que la lésion initiale siège à la Vlle cervi-

cale : elle s'étend en hauteur jusqu'à la deuxième dorsale. En <Nr-

geur, elle occupe un zone comprise entre le sillon antérieur en

avant, et le bord externe du faisceau de Goll en arrière, du côté

gauche. Au-dessous de la lésion, les faisceaux, p. direct et p. croisé

du même côté, dégénèrent dans tout leur trajet. Au-dessus, on

suit jusqu'à la partie inférieure du bulbe la dégénérescence des

faisceaux de Golle, de Burdach et du faisceau cérébelleux. Les

faisceaux de Gowers sont pris des deux côtés avec prédominance

à gauche. Les racines antérieures et postérieures sont prises

également Au carmin : lésions de méningite surtout accentuées

dans la région cervico-dorsale gauche.

Périartérite, périphlébite ; pas d'oblitération vasculaire. Au

niveau des vaisseaux, prolifération intense de la névroglie. Ils

pénètrent dans les septa en les dilatant et en certains points les

gaines de myéline sont diffuses, mal colorées, et les cylindraxes

tuméfiés.

Un cas de t7ophoedè ? ne chronique héréditaire ; par Lannois

- (de Paris).

M. Lannois (de Lyon) rapporte un cas familial de cette variété

d'oedème névropathique encore peu connue et qui a été récem-

ment isolée par M. H. Meige. Il montre les photographies de deux

de ses malades. L'observation porte sur quatrefemmes de la même

famille : la mère, deux filles et une petite-fille qui étaient attein-

tes d'un même oedème chronique blanc, dur, indolore, à distri-

bution segmentaire. Dans le cas le plus étudié le diagnostic devait

être fait avec le myxoedème. Il s'agit vraisemblablement, dans

ces cas, d'une dystrophie du tissu conjonctif et vasculaire en rap-

port avec une lésion congénitale des centres trophiques médul-

laires.

La Cryoscopie des Urines de la Polyurie nerveuse; par Souques

'et BALT11AZARD (de Paris).

Le point de congélation de l'urine des malades atteints de

polyurie nerveuse peut être, contrairement à la règle, inférieur à

celui du sang qui est, comme on sait, 0°,56. Nous l'avons vu tom-

ber à 0°,40, 0°,30 et même, chez un malade qui urinait huit litres

par jour, à 0°,17. Ces faits permettent de préciser la théorie de

Koranyi sur la sécrétion rénale, en ce qui touche le fonctionne-

SOCIÉTÉS SAVANTES. 85

ment du glomérule. On sait, en effet, que par le glomérule filtre

une solution de chlorure de sodium pure, Koranyi pense que la

tension osmotique de cette solution est voisine de celle du sang,

et qu'elle a, par suite, pour point de congélation 00,50; par suite,

étant donné que dans les canalicules urinaires l'urine ne peut que

se concentrer par résorption d'eau, le point de congélation de

l'urine ne pourrait jamais être inférieur à 00,56. Or nous la voyons

égaler 0,47. Il est donc nécessaire d'admettre que la solution qui

filtre par le glomérule a une tension osmotique inférieure à celle

du sang, hypothèse confirmée par les expériences de Starling

qui évalue la différence de tension osmotique à 40 millimètres de

mercure.

La cryoscopie nous a permis également de déceler deux fois sur

trois malades un fonctionnement défectueux de l'épithélium cana-

liculaire, sans toutefois d'insuffisance marquée de la dépuration

urinaire. Dans tous les cas nous avons noté une suractivité de la

circulation rénale.

Un cas de Polyurie avec Lésion du IVO Ventricule; par SVITaLS61

(Lemberg).

Chez un malade qui était depuis trente-cinq ans atteint d'un

diabète insipide, on a trouvé à l'autopsie un angiome sur le plan-

cher du IVe ventricule. L'examen microscopique démontra que

l'angiome s'étendait à partir du bulbe juste au-dessus des noyaux

du pneumogastrique jusque dans le pédoncule cérébral droit.

Diabète insipide dépendant d'un Gliome du IVe Ventricule ;

par Marinesco (de Bucharest).

Diabète insipide devenu sucré avec l'extension de la tumeur;

malgré l'envahissement du noeud vital par la néoplasie, malgré

plusieurs hémorrhagies, le malade resta vivant pendant assez

longtemps, et mourut ensuite subilement. Toute la région bul-

baire était cependant envahie par le néoplasme.

Diagnostic de la nature des Tumeurs Cérébrales; par M. Dupont

(de Paris).

(La fin au prochain numéro.)

86 SOCIÉTÉS SAVANTES.

. SOCIÉTÉ DE NEUROLOGIE.

Séance du 0 décembre 1900. Présidence de M. A. Jorrno5·.

ilyoclo2îie et spondylosc rhyzomélique. l41lI. Léopold Lévi et

Follet présentent une malade de soixante-quinze ans, toujours

bien portante jusqu'il y a deux ans ; entrée dans le service du

D1' Mathieu pour des douleurs violentes dans les reins et des phé-

nomènes de myocardite. On trouve associés chez elle deux syndro-

mes morbides assez peu connus. Les membres inférieurs sont le

siège de mouvements myocloniques, apparaissant sous forme de

crises, sous l'influence d'excitations mécaniques de toute sorte.

Les secousses agitent les muscles symétriques des membres, sans

déterminer de grand déplacement, le foie est épargné. En second

lieu, il existe une soudure des articulations coxo-fémorales et la

colonne vertébrale dorso-lombaire, des douleurs au niveau des

articulations sacro-iliaques. Il s'agit d'une forme atténuée de spon-

dyle rhyzomélique survenant contrairement aux cas habituels

chez une femme et une femme âgée.

Y a-t-il pure coïncidence entre les deux syndromes ? La myoclo-

nie fait-elle partie du syndrome de la spondylose rhyzomélique ?

Un malade de M. Marie présentait des contractions fasciculaires,

Il existait des tremblements fibrillaires clans les deux cas de

M. Milian.

Dit paramyoclonus symplomatique. MM. LËopoLD Lévi et Follet.

Le paramyoclonus multiplex peut être associé à l'épilepsie, à

la maladie de Recklinghausen, à la spondylose rhyzomélique. Il

peut être aussi symptomatique : d'une affection médullaire (Farges),

d'une affection cérébrale (Morvan).

M. Léopold Lévi a observé pendant son internat dans le service du

Dr Raymond un cas de paramyoclonus symptomatique d'une affec-

tion médullaire. Les, fibrillaires énormes persistaient pendant la

nuit et même pendant le sommeil chloroformique. Fait curieux,

elles persistaient douze minutes sur un fragment du côté externe

de la cuisse enlevé.

Les auteurs viennent d'observer dans le service du Le Mathieu

un cas de paramyoclonus symptomatique d'origine confuse chez

une malade atteinte de néphrite interstitielle et d'aortite chro-

nique, qui au cours d'une pneumonie est tombée dans le coma.

Les membres inférieurs et supérieurs étaient animés de mouve-

ments mvocloniques qui survenaient par crises. A l'autopsie, on

trouve de l'eedème cérébral très accentué.

.SOCIÉTÉS SAVANTES. 87

Un cas de Ferrero où le paramyoclonus est en rapport avec une

toxémie mixte par néphrite mixte est à rapprocher de ce cas.

Hématomyélie. M. Laignel-Lavastine présente un malade

qu'il croit atteint d'hématomyélie de l'épicône et de la base du

cône terminal de la moelle. Les accidents ont débuté brusquement

en novembre 1855 par une paraplégie avec rétention d'urine et

anesthésie totale et complète de la région seroto-pénienne. Rapi-

dement, les muscles de la jambe se sont atrophiés, ceux de la

cuisse restant intacts. Depuis lors, l'état est resté stationnaire. Les

symptômes cardinaux anesthésie pénio-scrotale 'avec parésie

vésicale, abolition à gauche et diminution à droite du réflexe cré-

mastérien, amaphrodisie, absence d'érections, intégrité absolue

de la région périanale tant au point de vue de la sensibilité qu'au

point de vue du sphincter anal, la conservation des réflexes rotu-

liens, l'abolition des achillens et des cutanés placentaires, l'atro-

phie et la paralysie flasque des extenseurs et des fléchisseurs du

pied avec prédominance sur ces derniers, entraînant chute du pied

et steppage, la diminution des contractilités faradiques et galva-

niques, l'absence de D R. l'hyperesthésie de la face postérieure de

la cuisse gauche et des faces antéro-externes des deux jambes,

avec légère dissociation syringo-myélique à la face dorsale du pied

gauche indiquent une altération des troisième, deuxième, pre-

mier segments sacrés et cinquième lombaire. L'absence de dou-

leurs persistantes, de contractions fibrillaires, la stabilité des

troubles trophiques, anesthésiques et moteurs, l'intégrité absolue

du sphincter scrotal-anal, à côté de l'anesthésie pénio-scrotale.

montrent une limitation de la lésion et comme une dissection de

noyaux bien difficile à expliquer par une lésion radiculaire, incli-

nent à admettre une lésion spinale. L'absence d'antécédents, le

début brusque font penser à l'hématomyélie. Le foyer empiète à la

l'ois sur la base du cône terminal tel que le définit M. le Pr Ray-

mond et l'épicône médullaire tel que le limitait Munier au récent

Congrès de Paris.

Critipes de moelle provenant d'un cas de tubes associé ci une paehy-

méningite d'origine pottiquc. M. Touche en montrant ses prépara-

tions insiste sur les difficultés apportées au diagnostic par l'ad-

jonction à l'ataxie tabétique des phénomènes pachyméningitiques

notamment par les contractures du membre supérieur amenant

des déformations qu'il fallait distinguer d'une arthropathie tabé-

tique possible. La dure-mère était d'ailleurs saine partout, sauf

dans la région cervicale et le haut de la région dorsale.

M. Marie considère ce cas comme une rareté, sur de très nom-

breuses autopsies de tabétiques faites à l31cëtre, il n'a jamais ren-

contré pareille association ; celle-ci n'est d'ailleurs qu'une pure

concomitance due au hasard. On devrait en tout cas toujours exa-

88 SOCIÉTÉS SAVANTES.

miner l'état de la dure-mère dans toutes les affections mé-

dullaires.

Recherches sur les lésions des cellules des ganglions spineaux dans

le tabès. Au nom de M. MARINESCO, M. Joffroy lit la communication

suivante :

J'avais examiné en 1895, à l'aide de la méthode de Nissl, les

ganglions spinaux dans deux cas de tabès associé à la paralysie

générale. N'ayant trouvé que de légères modifications de la sub-

stance chromatique, j'en conclus, ainsi du reste, que les faits le

prouvent, que la lésion débute au niveau des collatérales sans

exclure d'une façon certaine une influence trophique des cellules

des ganglions spinaux. Peu de temps après, Stroebe, en trouvant

une somme de lésions dans les ganglions chez les tabétiques, a

voulu donner la consécration anatomique à l'opinion émise pour

la première fois par M. Marie, à savoir que les lésions des cordons

postérieurs dans le tabes, dépendent d'une affection primitive du

centre trophique des fibres radiculaires. Dans le courant de

l'année 1898, Schaffer et puis Inliusburger et Meyer ont examiné

des ganglions spinaux des tabétiques par la méthode de Nissl.

Tous ces auteurs n'ont pas trouvé de lésions manifestes dans les

cellules ganglionnaires.Aussi.de nouvelles recherches s'impo-

saient-elles. J'ai eu l'occasion d'examiner et d'une façon systéma-

tique à l'aide des méthodes les plus récentes, les ganglions spinaux

dans 9 cas de tabes. Dans presque tous ces cas j'ai trouvé des

lésions différentes d'aspect et variant d'intensité d'un cas à l'autre :

désintégration des éléments chromatophiles dans certaines cel-

lules qui en possèdent, pâleur et même disparition de granulations

chromatiques des grosses cellules claires, parfois rétraction, homo-

généisation du noyau avec conservation du volume ou atrophie

du nucléole ; plus rarement, atrophie du corps cellulaire. Je ne

parle pas de la pigmentation des cellules, car elle constitue un

élément trop variable sur lequel l'âge de l'individu et d'autres

productions influent aussi. Evidemment, toutes ces lésions ne sont

pas univoques et sous la dépendance immédiate du processus

tabétique, aussi je me refuse à admettre qu'elles soient la cause

de la dégénérescence des cordons postérieurs. D'autre part, elles

ne sont pas dus à la réaction que détermine la section d'un cylin-

draxe dans son centre d'origine, car les expériences de Lugaro, les

miennes et celles de van Gehuchten ont montré que la section de

la branche centrifuge des ganglions spinaux ou crâniens ne donne

pas lieu à des réactions comme celle qui arrive après la section de

1 a branche centripète.

Je ne veux pas nier par là, que la dégénérescence des racines

postérieures ne puisse pas déterminer à la longue des modifica-

tions légères dans la cellule des ganglions spinaux, mais je pense

SOCIÉTÉS SAVANTES. 89

que ces modifications sont d'une autre nature que celles que je

viens de décrire et je les attribuerais plutôt à la vulnérabilité très

grande des cellules elles-mêmes sous l'influence de différents agents

morbides. En effet, les cellules des ganglions spinaux subissent

très vite les altérations à la suite des intoxications, des infec-

tions, etc. ; aussi elles ne présentent que rarement, un aspect

absolument normal chez l'adulte.

JOFFROY fait observer que d'après ces données les altérations

périphériques qui sont la règle dans le tabès devraient entraîner

de profondes altérations des cellules ganglionnaires, et précisé-

ment celles-ci sont au contraire d'une importance minime, quand

par hasard elles existent.

M. Marie n'a jamais constaté de lésions dans les ganglions spi-

naux donc le tabès ne débute pas dans ces ganglions et les lésions

de ces ganglions ne peuvent donc pas expliquer les altérations

médullaires; d'ailleurs il est encore impossible de se faire une

idée nette sur le début du tabès à ce point de vue. '

M. Touche présente une pièce d'hémorragie cérébrale comprise

tout entière au-dessus de la coupe de Déjerirze, sous la 2° frontale.

(Monoplégie brachiale gauche. Déviation conjuguée de la tête et

des yeux.) -

Eruptions cutanées ci disposition segmentée. M. Haciiard com-

munique deux cas ayant présenté cette particularité :

10 Une femme ayant présenté un urticaire thoracique sans

cause toxique appréciable, quinze jours après un accouchement ;

2° Un homme atteint d'épanchement pleural léger avec érythème

thoracique en étage régulier.

11. Déjerine en examinant les dessins déclare que ces éruptions

répondent à une ceinture radiculaire, et qu'il doit y avoir quatre

racines atteintes. F. BOISSIER.

SOCIÉTÉ D'HYPNOLOGIE ET DE PSYCHOLOGIE.

Séance du mardi, 20 novembre 1900.

Troubles psychiques en rapport nvec la compression cérébrale.

M. Aubkau présente un malade qui, à la suite d'un traumatisme

de la région pariétale droite, a été pris d'accidents cérébraux gra-

ves. Ceux-ci ont disparu après avoir duré plusieurs mois ; mais,

deux ans après, ils récidivent sous forme de délire aigu et furieux,

90 SOCIÉTÉS SAVANTES. -

suivi de l'abolition des principales fonctions cérébrales, avec idio-

tiei et gâtisme. Une large trépanation amena la guérison qui per-

siste depuis près de trois ans, guérison qui est à rapprocher des

travaux de M. Lannelongue sur le traitement de l'idiotie par la

trépanation de la boîte crânienne.

M. Regnault. Je ne rapprocherais par ce cas de ceux de M. Lan-

nelongue ; je le leur opposerais plutôt, car, sur ce point, les essais

de M. Lannelongue n'ont pas été heureux et cela se comprend

puisque le cerveau de l'idiot est mal formé congénitalement. Au

contraire, quand l'idiotie est acquise, comme chez ce malade,

la trépanation est très rationnelle et l'on voit qu'elle a abouti à un

très beau succès.

' 111. Voisin. Dans le cas de M. Aubeau, la symptomatologie

ressemble tout à fait à celle de la confusion mentale, avec accidents

aigus d'éthylisme; il est extrêmement curieux et instructif que la

chirurgie cérébrale puisse ainsi guérir une confusion mentale

acquise. ,

Un lahzzo-nzélro7aonze.

M. PAU de Saint-Martin adapte à la titre d'un métronome des

petits miroirs ronds, carrés, losangiques, construits par M. Verdin.

Ce dispositif permet la répétition isochrone de trois sortes de vibra-

tions : sonores, lumineuses et psychiques. On facilite ainsi la pro-

duction du sommeil et l'on exalte la suggestionnabilité du sujet.

M. BLRILLOQ. Le bruit fait par le métronome, loin d'être un obs-

tacle à la production du sommeil, augmente en effet l'inhibition et

triomphe de la résistance du malade.

La suggestion dans les miracles; rôle des vaso-moteurs.

M. RECrrAtrLT. Cène sont pas seulement les troubles variés de l'hys-

térie qui peuvent être guéris grâce aux miracles de Lourdes, c'est-

à-dire par la suggestion; ce sont aussi de véritables troubles orga-

niques, témoin l'observation détaillée que me communique un chi-

rurgien des hôpitaux de Paris, et qui a trait à un phlegmon pour

lequel on avait pensé à l'amputation du bras. C'est par l'action

exercée sur les vaso-moteurs que s'explique une telle guérison. On

peut aggraver son mal en y pensant, comme on l'a prouvé pour

certaines tumeurs. C'est par ce mécanisme que la suggestion a

guéri des aménorrhées, des métrorrhagies, l'hyperhidrose, des ver-

rues, un sycosis, des plaies cancéreuses, etc. L'étude des troubles

vaso-moteurs donne la clef de ces succès thérapeutiques; elle ouvre

' Il est probable qu'il ne s'agit pas là d'idiotie, maladie congénitale ou

de l'enfance, mais de symptômes se rapprochant delà démence ou de la

méningite chronique. (B.)

BIBLIOGRAPHIE. 91

en outre un. champ très vaste pour les applications futures de la

psychothérapie.

' M. Bérillon. Dans les prétendues guérisons de cancer, il ne s'a-

gissait pas de cancer véritable, mais cependant de troubles mani-

festes dont la suggestion a triomphé. Celle-ci est capable de modi-

fier considérablement, non seulement la mentalité, mais encore

l'état physique. Charcot a montré que l'oedème bleu pouvait dispa-

raitre par suggestion. M. Gilles de la Tourette a soutenu récem-

ment que l'ulcère rond de l'estomac était presque toujours d'ori-

eine hystérique. On comprend donc qu'une influence morale puisse

être salutaire dans des cas de cette nature'. 1.

M. PAU de Saint-Martin. Pour mon compte, je puis témoigner

de deux cas de noevus maternus guéris, l'un à Lourdes, l'autre par

la suggestion médicale.

M. Voisin. Comme exemples du rôle que jouent les vaso-moteurs

dans la production ou l'évolution de certaines maladie, je citerai

le cas de trois jeunes filles que j'ai soignées dans les mêmes cir-

constances. Atteintes de douleurs névralgiques du côté du sein,

elles y pensaient et en parlaient sans cesse, redoutant un cancer

du sein. Or, il se produisit dans les conduits galactophores de peti-

tes nodosités qui se mirent à augmenter de volume, si bien qu'on

pouvait craindre une affection organique. Par suggestion je pus

distraire ces malades de leur obsession et les décider à ne plus se

préoccuper de leur santé : la petite congestion qui s'était faite

dansiesgalactophoresfmit par disparaître. ,

BIBLIOGRAPHIE.

1. Recherches sur les conditions de la douleur; par A. Guérixot.

(Thèse présentée à la Faculté de Lyon 1900.)

D'après Platon la douleur serait une altération de l'harmonie

vivante. Aristote la considéra comme une co-science à l'obstacle,

à l'activité parfaite de l'ume. D'après les auteurs modernes la dou-

leur serait un phénomène réflexe, intéressant tous les organes de

1 organisme depuis le paucier jusqu'aux appareils inlernes. Les

muscles delà face expriment particulièrement la douleur. surtout

' Voir ce sujet le livre de Charcot : La /b : qui guérit.

92 BIBLIOGRAPHIE.

par les contractions du sourcilier et des orbiculaires. Cette con-

traction est plus ou moins forte selon l'intensité de la douleur même

Au sur et à mesure que l'intensité de la douleur augmente, la con-

traction gagne les muscles du corps et des membres; elle s'accom-

pagne des différents mouvements, des plaintes, des soupirs jus-

qu'à gémissement. La douleur répercute souvent sur le coeur : le

pouls s'accélère, la pression sanguine augmente, le visage devient

pâle (constriction vasculaire), la respiration se modifie ; diminu-

tion notable de OC2 avec abaissement de la température, parfois

allant jusqu'à six degrés, sous l'influence de la douleur, l'appétit

diminue, on constate parfois des vomissements ou de la diarrhée.

Quand les douleurs sont d'une intensité moyenne, il y a sécrétion

abondante; quand les douleurs sont fortes, il y a sécheresse de la

langue et pas des larmes. Sous )'influence de la douleur il se pro-

duit un ralentissement de la nutrition, pouvant aller jusqu'à dé-

bilitation. Du côté des organes sensoreils on note des bourdonne-

ments des oreilles et une dilatation pupillaire.

Parmi les moyens qui nous permettent de vérifier le rapport

entre la douleur et l'intensité, la durée et la rapidité il faut noter :

1) les excitations électriques avec le chariot de Du Bois Raymond, : 2) les excitations mécaniques (Pour M, Griffng la douleur appa-

rait quand le poids varie de 3 kilos à 7-8 kilos), 3) les excitations

thermiques (de 43° à 50° par M. Cil. Richet), 4) les excitations sen-

sorielles et enfin 5) les excitations chimiques (gustatives, olfac-

tives, etc.). Une excitation est au début indifférente ; elle devient

douloureuse, si elle dure un certain temps. Pour M. Ch. Richet la

sensation externe avance sur la sensation douloureuse ; le retard

delà sensation douloureuse varie d'après l'auteur de 7 centièmes

à 15 centièmes de seconde.

La sensibilité à la douleur varie suivant les individus et suivant

les régions ; les parties où la peau couvre directement l'os, sont

plus sensibles que les parties revêtues des muscles. Le rôle des

anesthésiques est de supprimer cette sensibilité, qui n'est autre

chose que la conscience à la douleur, provenant de la périphérie.

Parmi les anesthésiques étudiées par l'auteur, le chloroforme

occupe la première place. Vient ensuite le mélange du chloroforme

et la morphine, du chloroforme, la morphine et le bromure d'éthyle.

Parmi les anesthésiques locaux : la cocaïne et l'antipyrine.

Plusieurs états pathologiques modifient la sensibilité à la dou-

leur et par conséquent, modifient les résultats de l'expérimenta-

tion. Tels sont : l'hypnotisme, l'anolgésie spontanée, l'aliénation,

l'hystérie, la dissociation syrengomyélique, l'exagération de la

sensibilité à la douleur (l'hyperolgésie) se rencontre dans le tabès

dorsalis, dans l'hystérie, dans le syndrome de Brown-Seguard,

dans les myélites aiguës et dans le tétanos hyperalgique de Tros-

ton. Le retard de la sensibilité se trouve dans le tabès dorsalis

VARIA. 93

(signe de Remak), ce relard atteint d'après M. Raymond parfois

.devais secondes.

Les théories de la douleur sont nombreuses ; d'après Goldsehnei-

der et Frey, il existerait des organes spéciaux dans le te-ment cu-

tané ou intercellulaires. affectées aux impressions douloureuses.

Pour Goldsehneider ces organes étaient d'abord des nerfs dou-

loureux, Niçois admet des nerfs de douleur, des nerfs de chaleur,

du froid et du tact. D'après Offenlieiiner la douleur est un phéno-

mène pathologique, produit par les nerfs vaso-moteurs, qui trans-

mettent la douleur.

Les théories des voies de conduction sont encore plus nom-

breuses ; Stoff admet que la douleur se transmet par la substance

grise. Brown-Seguart admettait la transmission delà douleur par

la substance grise ; la région antérieure par le tact, la région

moyenne par la température et la région postérieure par la dou-

leur. Pour Wundt il existe deux voies de transmission de la dou-

leur selon l'intensité de la douleur. Edinger, Loche et Grasset

supposent que la douleur change des régions pendant son passage

dans la moelle épinière. Pour Van Gehurthen la douleur se trans-

met par le faisceau fondamental du cordon antéro-latéral et par

le faisceau deGawert.

D'après M. Richet le centre de la perception de la douleur est

l'eneephal à la partie postérieure de la capsule intense. Lergi croit

que le centre se trouve dans le bulbe.

L'auteur conclut que la douleur est une qualité qui s'ajoute à la

sensation, qu'il n'existe pas des organes spéciaux pour la percep-

tion de la douleur. La douleur est en fonction de l'excitabilité ner-

veuse, produit par une impression forte. Elle est perçue plus tar-

divement que la sensation qui lui donne naissance. Pour l'auteur

ce rétard est dû vraisemblablement aux phénomènes réflexes, qui

accompagnent la sensibilité douloureuse. L'intensité de la douleur

dépend de l'augmentation ou de la diminution de l'excitabilité

nerveuse. P. KoUlNDJY.

VARIA.

LES aliénés EN liberté.

Le suicide d'un fou. Dans l'après-midi d'hier, à Lyon, un indi-

vidu qui paraissait ne pas jouir de toutes ses facultés, est monté

sur le monument Carnot, qui avait été solennellement inauguré le

matin même et s'est mis à haranguer la foule; puis subitement,

94 VARIA .

tirant un rasoir de sa poche, il s'en est porté un coup il la gorge.

Transporté immédiatement à motel-Dieu, il a été admis d'ur-

gence. Son état est désespéré. C'est un nommé Prebet, âgé de

quarante-deux ans, coiffeur, né à Saint-Jean-de-Bonnefonds (Loire).

(Le Temps, du G novembre 1900.)

Aliéné coupeur d'oreilles. On a arrêté, dans le quartier du

Père-Lacbaise, un nommé Chevance, qui avait la manie de couper

les oreilles des chiens et des chats, sous prétexte de les guérir. Il

avait même voulu les couper à sa femme. Conduit devant le com-

missaire de police, il a voulu couper les oreilles du secrétaire en

lui disant : « Vous êtes gravement malade. » Il a été interné dans

un asile d'aliénés. (Bonhomme Normand, du 2 au 8 novembre 1900.)

Les crimes d'un fou. Un fou, nommé Fonteneau, âgé de trente-

six ans, demeurant à la Haie-Poussière, près de Kantes, a tiré hier

des coups de revolver sur son père et sa mère. Fonteneau était

atteint d'une espèce de folie mystérieuse et avait été interné à plu-

sieurs reprises à l'hospice Saint-Jacques. Il était revenu depuis

deux mois chez ses parents. C'est au moment où son père travail-

lait dans un champ qu'il a tiré sur lui les six coups de son revol-

ver, puis il est retourné chez lui et a tiré sur sa mère, qui vaquait

aux soins du ménage, cinq coups de son arme rechargée. L'état des

blessés est désespéré. Le malheureux fou dit qu'il a reçu d'en haut

l'ordre de tuer ses parents. (Le Temps du 19 novembre 1900.)

Suicide. - La dame Constance Duval, quarante-six ans, cultiva-

trice aMagny-ia-Campagne, canton de Bretleville-sur-Laize, avait

le cerveau un peudétraqué. Son mari, en rentrant de son travail, a

trouvé la. malheureuse pendue dans sa chambre à coucher. (Le Boii-

homme Normand du 24 novembre 1900.)

Tentative de meurtre et suicide. Madrid, 25 novembre. Un

drame sanglant s'est déroulé à la porte de l'église des Calatravas

entre deux prêtres qui étaient en civil. L'abbé Fiorent Hidalgo tira

un coup de revolver sur un autre prêtre, l'abbé Macipe, avec qui

il avait eu une assez vive discussion et s'est ensuite brûlé la cer-

velle. Le blessé s'appelle don José Macipe Vallenzuela; il est aumô-

nier délégué du district de la Nouvelle-Castille.

L'assassin, qui s'est suicidé, s'appelait Antonio Filomeno Hidalgo ;

il était aumônier du 3° régiment des Asturies.

Le ministre de l'intérieur, qui connaissait le meurtrier, a déclaré

que celui-ci avait la monomanie de la persécution depuis qu'il était

revenu de Cuba. Il s'était cru notamment excommunié et avait

adressé une requête au nonce pour demander d'être relevé de cette

excommunication de laquelle, recherches faites, il n'avait jamais

été frappé. (La Lanterne du 29 novembre 1900.)

FAITS DIVERS.

Une bombe dans un hospice. Notre correspondant de Lyon nous

télégraphie : On sait qu'il y a deux jours, à l'asile des vieillards du

Perron, une soeur surprenait un pensionnaire nommé Coeur en

train d'allumer une mèche à une marmite contenant Il. kilos de

poudre de chasse mélangés à des débris de ferraille.

Coeur arrêté par des infirmiers, a déclaré qu'il voulait se ven-

,ger. Le malheureux qui est atteint, du délire de la -persécution, fut

enfermé dans une chambre. Il paraissait bien portant; aussi ne

fut-on pas peu surpris en le trouvant, hier matin, mort dans son

lit. Le cadavre a été transporté à la Faculté de médecine pour l'au-

topsie. (Le Temps du 17 novembre 1900.)

Les méfaits de l'absintue chez un enfant. Notre correspondant

de Chalon-sur-Saône nous télégraphie qu'un petit garçon nommé

Ducher, âgé de six ans, demeurant au Champ-du-Moulin, près

ltontceau-les-lliues, à qui des jeunes gens avaient fait boire de

l'absinthe, dimanche dans la soirée, a succombé, lundi, des suites

de l'absorption de ce breuvage, sans avoir repris connaissance. La

justice fait à ce sujet une enquête, pour découvrir les auteurs de

cet acte criminel, qui produit une vive émotion dans la région.

(Le Temps du 29 novembre 1900.)

Société des Neurologistes et Aliénistes de MOSCOU. Dans sa

séance du 6/t0 octobre, cette Société a élu M. Bourneville comme

membre associé étranger.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

Becuterew (\V. v.). Les voies de conduction du cerveau et de la

moelle. In-8° de x-856 pages, avec 400 ligures et une planche en cou-

leurs. Prix : 18 (r. Paris, 1900. Librairie 0. Doin.

Forchhammer (G.). Exposé des principes de l'articulation. Ecrit

pour le Congrès international des sourds-muets. In-8o de 37 pages.

Copenhague, 1900. Imprimerie Thiele. 0

96 AVIS A NOS ABONNÉS.

Ford Robeiitson (W.). A text-book of palhology in relation to

mental diseuses. li,-8- de xv-380 pages, avec 29 planches. Prix :

26 fr. 25. Edinburgh, 1900. W. F. Clay.

Jauollay. Chirurgie du grand sympathique et du corps thyroïde.

Publiée par le D=R. vlartin. -ln-8 de 300 pages, avec 1US figures.

Prix : 9 fr. Paris 1900. Librairie 0. Doin. 0

LEt'onT (P.). Aicle-ménzaire de neurologie. Volume in-18 de

27 pages, avec 21 figures. Prix : 3 fr. Paris, 1900. Librairie

J.-L. Baillière et fils.

Manson (P.) and MoTT (F.-W). Afnican lelhargy, or </ ! e sleeping

sickness. Brochure in-8- de 25 pages, avec 4 planches hors texte.

London, 1900. Adlard and Son.

Mohselli (E.). Sullo slalo mentale del conte Cesare Dfatlei. In-8-

de 136 pages. Genova, 1899. Tipografia Batta.Carlini.

llorT(F.-\V.). -A caeo/'seKO-med'i<a ? ? M ? s6mMeu) : <A he)lostaze

ililo lhe cochlea and semicircular canals, associaled willz deafness and

loss of balance. Brochure in-8° de 11 pages, avec 5 planches hors

texte. London, 1900. Royal médical and chirurgical Society.

AVIS A NOS ABONNÉS. L'échéance du 1" JANVIER

étant l'une des plus importantes de l'année, nous prions

instamment nos souscripteurs dont l'aboiiiieî7be21t cesse à

cette date, de nous envoyer le plus tôt possible le montant

de leur renouvellement. Ils pourront nous adresser ce

montant par l'intermédiaire du bureau, de poste de leur

localité, qui leur remettra un reçu de la somme versée.

Nous prenons à notre charge les frais de 3 p. 100 prélevés

par la poste, et nos abonnés n'ont i-iegi et paye· en SMS du

' prix de leur renouvellement.

Nous leur rappelons que, à moins d'avis contraire, la

quittance de réabonnement leur sera présentée, aug-

mentée des frais de recouvrement, à partir du

15 Janvier. Nous les engageons donc à nous envoyer DE

SUITE leur renouvellement par un mandat-poste.

Afin d'éviter toute erreur, nous prions également nos

abonnés dejoiiidie à leur lettre de réabonnement et à toutes

leurs réclamations la BANDE de leur journal.

- Nous rappelons à nos lecteurs que l'aboiz)zene21l collec-

tif des Archives de Neurologie et du Progrès Médical

est réduit à 30 francs pour la France et l'Étranger.

Le rédacteur-gérant : BOURNEVILLE.

Evrew, Gli. lléwssev, imp.-I ? 1;100.

Vol. XI. Fe-^% 3JSÛir rr s2.

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

CLINIQUE MENTALE.

Deux nouveaux cas de folie gémellaire ; .

ParteD'A.CULLERRE,

Médecin directeur de l'asile d'aliénés de la Roche-sur-Yon.

i

Je me propose de présenter ici deux cas de folie gémel-

laire que j'observe depuis de nombreuses années. Ils vien-

dront se joindre au groupe déjà important d'observations

analogues jusqu'ici publiées, et que M. Soukhanoff a eu l'heu-

reuse idée de reproduire sous forme de résumé dans l'étude

qu'il vient de faire paraître dans les Annales médico-psycho-

logiques (septembre-octobre 1900) *.

Mais d'abord, y a-t-il une folie gémellaire ? En d'autres

termes, les faits que l'on désigne sous ce nom comportent-

ils un ensemble de particularités communes qui permettent

' Aux faits qu'a récoltés M. Soukhanoff dans la littérature médicale et

qui sont au nombre de vingt-neuf, il convient d'en ajouter un dû au

Dr William MI. Worcester et publié dans le numéro d'avril 1891 de

Americazz Journal of 7/tsa ? ? Les Annales znédico-psyclvologiyzres

(année 1893, t. II, p. 487), résument ainsi cette observation : « Histoire

succincte de deux jumeaux admis à l'asile de Little Rock, l'un en 1869,

l'autre en 1881, morts tous deux de phtisie au bout de peu de mois, tous

deux faibles d'esprit, issus d'une mère également débile, et d'un père

bien constitué au moral et au physique. L'un d'eux fut atteint de mélan-

colie agitée; il était impulsif et destructeur; l'autre était plutôt dément

simple. »

Avec le fait personnel de M. Soukhanoff et les deux nouvelles obser-

vations que nous allons décrire, cela fait, sauf erreur ou omission,

trente-trois cas de folie gémellaire connus jusqu'à ce jour. '

Archives, 21 série, t. XI 7

98 CLINIQUE MENTALE.

de les isoler et d'en former un groupe spécial dans l'immense

domaine des psychopathies ? Cela ne saurait faire doute si

l'on met de côté quelques cas où il semble que chez l'un des

jumeaux il se soit agi de folie communiquée. La folie chez

les jumeaux malgré de notables divergences dans le tableau

symptomatique qui ne permet pas, comme le montre bien

M. Soukhanoff, de ranger tous les cas dans une seule caté-

gorie clinique, répond à ces trois caractères : 1° Simultanéité

dans l'éclosion et parallélisme au moins partiel des symp-

tômes psychiques ; 2" Cours analogue de la maladie et ter-

'minaison identique; 3° Origine spontanée du mal évoluant

sur un même fonds organique.

Ces conditions, qui excluent toutes les psychoses acciden-

telles, nous amènent à voir dans la folie gémellaire un ra-

meau de la folie des dégénérés et c'est en effet ce que démon-

tre l'observation. Dans un grand nombre de cas, c'est sur le

terrain de la débilité mentale native et même de l'imbécillité

que se développent les troubles intellectuels des jumeaux.

L'apparition prématurée de ces troubles intellectuels, leur

polymorphisme, leur évolution fréquente dans le sens de la

démence précoce sont autant de signes qui révèlent la tare

dégénératrice. Et, à tout bien considérer, il n'en saurait

guère être autrement. L'existence même de la gémellité n'est

pas, loin de là, une circonstance négligeable. La gémellité

paraît être, en effet, au moins dans certains, cas, un mode

inférieur de la génération déterminé par les facteurs ordi-

naires de la dégénérescence, les infections et les intoxica-

tions.

Certains accoucheurs sont très affirmatifs sur ce point.

M. Bar est porté à admettre que la gémellité est une tare

paternelle et maternelle, aussi bien chez les animaux que

chez l'homme. Elle est fréquente dans la syphilis et on trouve

chez les jumeaux qui succombent une forte proportion de

foies syphilitiques. M. Keim, à son tour, insiste sur la fré-

quence de 1'liérédo-tuberculose dans l'étiologie de la gémel-

lité ; il y trouve une preuve indirecte à l'appui de la théorie

qui identifie la gémellité et la monstruosité 11. Porak dé-

clare avoir aussi montré, ainsi d'ailleurs que Shatz l'avait

déjà indiqué, que dans un certain nombre de cas, la gros-

' Société obstétricale de Paris, juillet 1879.

DEUX NOUVEAUX CAS DE FOLIE GÉMELLAIRE. 99

sesse géméllaire, en apparence normale, pouvait être rap-

prochée de la monstruosité double. Le professeur Fournier,

comme M. Porak, croit qu'il faut rapprocher des monstruo-

sités un certain nombre de grossesses gémellaires. Il a été

frappé, en effet, en faisant le relevé de ses observations, de

la proportion élevée de naissances doubles qui surviennent

chez les hérédo-syphilitiques. Hutchinson a fait la même

constatation '.

llérédo-tuberculose, hérédo-syphilis, intoxication des pa-

rents au moment de la conception, ce sont là, comme je l'ai

moi-même indiqué dans une communication au dernier con-

grès international de médecine les facteurs les plus éner-

giques des psychoses précoces ou constitutionnelles, groupe

auquel appartient précisément la folie gémellaire, dans la

majorité des cas.

Mais ce n'est pas tout : à ces facteurs déjà suffisants par

eux-mêmes, il faut ajouter l'hérédité. Leur action est d'au-

tant plus énergique qu'ils agissent sur un terrain contaminé

par l'hérédité psychopatique. Dans la plupart des cas de

folie gémellaire où l'hérédité a été recherchée, on l'a trouvée,

et parfois à un degré intensif.

Pour M. Marro 3, qui a publié des cas intéressants de folie

gémellaire, elle est la manifestation la plus élevée et la plus

évidente de l'hérédité ; elle en est le produit direct.

Ainsi donc, les jumeaux, qui, du fait même de leur nais-

sance, sont déjà des tarés, voire des dégénérés, sont en outre

souvent au point de vue psychiatrique, des héréditaires. C'est

en effet ce que confirme, croyons-nous, la clinique. A. part les

cas de psychose gémellaire vraie, on rencontre souvent la folie

chez l'un des jumeaux seulement, soit que l'un d'eux ait échappé

par un hasard heureux, à la tare familiale, soit bien plutôt

qu'elle se révèle chez lui sous une autre forme, soit encore

que l'autre jumeau ait succombé prématurément à une ma-

ladie de l'enfance.

En dehors des deux couples de jumeaux dont je vais don-

ner l'observation, je compte, ou j'ai compté parmi les ma-

lades de mon service, un certain nombre de jumeaux dont je

résume ici l'observation.

' Académie de médecine, 23-30 octobre 1900.

À A Cullerre. Pronostic éloigné des psychoses de la puberté.

3 Marro. La folie gémellaire, Annali di Freniatria, 1893.

'100 CLINIQUE MENTALE. :

1° G..., vingt-deux aus, admis pour un accès de manie aiguë

avec confusion des idées qui guérit en quelques semaines. C'est le

quatiième accès, le premier est survenu à dix-sept ans. Légers

excès alcooliques, hémoptysies. Garçon petit, grêle, chétif, à stig-

mates de dégénérescence. Il a une soeur jumelle jusqu'ici indemne.

Père mort phtisique, mère névropathe et calculeuse.

2° V..., trente et un ans, un frère jumeau mort à deux mois :

Démence primitive d'origine alcoolique terminée au bout de deux

ans par la phtisie pulmonaire compliquée de néphrite.

- 3° B..., imbécile épileptique. Nombreux stigmates de dégéné-

rescence, un frère jumeau mort en naissant; ce dernier était volu-

mineux et très développé, tandis que B... est né chétif et très

petit. -

4° A... femme R..., trente-six ans, démence primitive avec idées

confuses de persécution et de grandeur développée sans cause

connue. On ne signale aucun antécédent héréditaire ; pas de folie

chez ses parents ni chez ses nombreux frères et soeurs ; un frère

cependant est d'humeur bizarre. Bonne santé habituelle, quatre

enfants qu'elle a nourris. Elle est jumelle avec un frère mort à

dix-huit mois du croup.

5° B..., fille de quarante ans, atteinte depuis de nombreuses

années de folie systématisée chronique à la période ambitieuse.

Un frère jumeau jouit d'une réputation d'excentrique justifiée :

« peut-être plus fou que sa suur », dit l'enquête. Une soeur aînée

aliénée, morte dans un asile. Le père, original, était atteinte de

folie processive.

6° P..., fille de vingt-quatre ans, atteinte de démence paralytique

à la troisième période à laquelle elle succombe au bout d'un an.

A exercé la prostitution et a eu très probablement la syphilis

(condylomes à l'anus); soeur jumelle, peu recommandable au point

de vue des moeurs, mais n'exerçant pas ouvertement la prostitu-

tion, est jusqu'ici indemne. Famille de dégénérés à stigmates.

70 B..., vingt-six ans, atteint pour la seconde fois de délire

alcoolique subaigu; dégénéré nain à stigmates multiples, fils d'un

père phtisique appartenant à une famille de phtisiques. Une soeur

jumelle morte à cinq ans du croup. La mère a des enfants normaux

d'un premier et d'un. troisième mari. Elle n'a eu, de son second

mari, que cette grossesse gémellaire.

Dégénérescence et hérédité, telles sont les particularités

étiologiques de ces six observations. Dégénérescence surtout

chez G... et B... fils de phtisiques; V... et A... femme R...

frappés de démence primitive ; B... imbécile épileptique;

P... paralytique générale précoce; hérédité accumulée chez

B... sans tare dégénérative marquée ; aussi voit-on ici les

DEUX NOUVEAUX CAS DE FOLIE GÉMELLAIRE. 101

formes psychologiques s'élever en dignité ; c'est le délire

systématisé, l'excentricité d'esprit, la folie processive.

- En faisant quelques recherches, on trouverait sans doute,

dans la littérature médicale, de nombreux cas analogues.

Dans le travail récent de M. Christian sur la démence précoce

des jeunes gens, on trouve deux observations concernant des

jumeaux : dans l'une, l'un des frères est atteint de démence

prématurée alors que son frère jumeau conserve intactes ses

facultés. Il s'agit d'une famille à. hérédité assez chargée.

Dans l'autre, on voit deux jumeaux, fils d'un phtisique et

d'une mère intelligente, êtres frappés, l'un de démence pré-

coce et l'autre d'une affection cérébrale mortelle d'origine

alcoolique'. Je relève un troisième cas dans une communi-

cation faite par Mlle Robinowitch à la société médico-psycho-

logique : il s'agitd'un individu atteint d'épilepsieet de dégé-

nérescence mentale avec syndrômes épisodiques, obsessions

et impulsions dont le frère jumeau est resté indemne. La

mère était une déséquilibrée hystérique ; un frère est mort

idiot2.

Ces divergences dans la façon dont se.comportent les ju-

meaux au point de vue de la psycho-pathologie sont-elles vrai-

ment extraordinaires et devons-nous nous en étonner ? Pour

qu'il y ait folie gémellaire, il est entendu qu'il faut qu'il y ait

simultanéité, ressemblance, concordance dans le début, la

forme et l'évolution de la psychose ; mais c'est à la condition

de ne pas trop l'entendre à la lettre, car, à bien observer les

choses, ces signes n'existent jamais que d'une façon approxi-

mative et pour l'ensemble seulement. Un coup d'oeil jeté sur

les observations suffit pour s'en convaincre.

Quelques observateurs se sont plu à insister sur la simili-

tude parfaite existant entre les jumeaux non seulement quant

à l'aspect physique et aux particularités intellectuelles et

morales, mais encore en ce qui concerne les phénomènes

pathologiques eux-mêmes. « Dans toutes les observations de

folie gémellaire que nous avons réunies, dit Ball, la ressem-

blance la plus étroite au point de vue physique et moral a

toujours été signalée. »

. Cette assertion qui flatte l'appétit du merveilleux qui som-

' J. Christian. De la démence précoce des jeunes gens. (Annales méclico-

psychologiques, mai 1900.) ,

, Séance du 29 mai 1899.

102 CLINIQUE MENTALE.

meille au fond de chacun de nous, est en somme inexacte et

contraire à l'observation. Il peut bien y avoir entre les ju-

meaux, même au point de vue pathologique, certaines res-

semblances, mais elles ne vont jamais, nous le répétons, jus-

qu'à l'identité. Chacun d'eux garde sa personnalité propre

même dans la maladie. Les observations de monstres dou-

bles, qui sont des jumeaux soumis autant que possible à des

influences identiques pendant leur développement intra et

extra-utérin, auraient dû mettre en garde contre cette con-

ception quasi-mystique. On a constaté de réelles différences,

en effet, tant au physique qu'au moral, entre les sujets dou-

bles de ce genre tels que les frères Siamois, Millie-Christine,

Ritta-Christina, etc. Or, si ces jumeaux-là diffèrent, combien

peuvent, à plus forte raison, différer les jumeaux ordinaires

dont l'individualité est façonnée par des influences qui peu-

vent varier du tout au tout. Bien plus, dès la vie intra-uté-

rine, l'évolution des jumeaux est susceptible de diverger

puisque, dans 30 p. 100 des cas, les enfants naissent avec une

différence de poids qui peut atteindre un kilogramme. Après la

naissance, les causes susceptibles d'agir en sens contraire sur

leur développement physique et psychique, maladies, in-

fluences morales, influences du milieu, sont bien autrement

nombreuses. A tout prendre, ce n'est donc pas le manque de

ressemblance entre les jumeaux qui devrait étonner, mais

cette grande ressemblance elle-même que l'on constate le

plus souvent entre eux.

Sans pousser plus loin le paradoxe, revenons à la clinique,

qui indubitablement enseigne, à qui sait observer, l'existence

de la folie gémellaire avec ses caractères de concordance,

sinon d'identité. Les deux cas que nous allons maintenant

présenter et qui ont été suivis pendant une longue suite

d'années auront, à défaut d'autres qualités, le mérite de faire

ressortir l'exactitude des considérations que nous venons de

développer rapidement.

Observation I. Célesline et Prudence G..., soeurs jumelles.

ont été successivement admises à l'asile de la Roctle-sur-Yon. Elles

sont les premières nées d'un couple qui n'a eu ensuite qu'un fils

venu au monde vingt mois après elles et qui est une tête faible, un

débile excitable porté à la méchanceté' et à la violence, surtout

quand il a bu.

Le père est un alcoolique d'une santé précaire, fils unique dont

DEUX NOUVEAUX CAS DE FOLIE GÉMELLAIRE. 103

le père est mort d'une pyrexie et la mère d'une affection organique

de l'estomac.

La mère, d'apparence à peu près normale, se plaint cependant

de troubles névropathiques. Son père, alcoolique, est mort des

suites d'un accident : sa mère, vivante a dépassé quatre-vingts ans

Une Heur de cette dernière est épileptique et aliénée. De ce couple

sont nés dix enfants, trois morts en bas âge, deux morts à vingt

et vingt-cinq ans de phtisie pulmonaire. Les 'autres seraient nor-

maux.

La mère des jumelles G... qui nous fournit ces renseignements

dit que sa grossesse s'est passée sans incidents. Nées le 9 octo-

bre 1865, les deux enfants ont eu une première enfance normale.

Elles ont marché un' peu tard, vers vingt-deux mois, Célestine un

peu avant Prudence. A part la rougeole, elles n'ont fait aucune

maladie. Elles ont parlé assez tardivement, et n'avaient pas beau-

coup d'intelligence. Célestine fut plus précoce et plus éveillée, elle

se moquait constamment de la bêtise -de sa soeur lorsqu'elles

commencèrent à être grandes. Elles ont suivi l'école jusqu'à quinze

ans et ont appris à lire et à écrire. Elles ont été réglées à peu près

en même temps, entre quinze et seize an ? . Elles étaient très fortes

de santé.

Célestine apprit le métier de tailleuse et travaillait assez bien.

Prudence fut placée comme domestique, mais quoique bonne tra-

vailleuse, elle ne pouvait rester en place à cause de son humeur et

de son caractère.

Vers l'âge de dix-sept ans, on remarqua qu'elles « perdaient les

idées ». Célestine, la première, commença à mal travailler, à

gâcher l'ouvrage. Elle devint extrêmement irritable et portée à la

violence. La nuit elle avait des cauchemars terribles ; parfois elle

se plaignait de perdre la vue. Elle avait conscience de cet état de

souffrance de son cerveau, car elle disait qu'elle finirait par « fo-

leiller » et qu'elle ne pourrait prendre le dessus. Son père en lirait

* prétexte pour la battre étant ivre.

Prudence commença un peu plus lard à donner des signes de

dérangement cérébral ; cela commença par des rêves terrifiants,

de l'excitation, des actes désordonnés, de l'hypocondrie.

u. Célestine G..., a été admise le 25 février 188 : i, âgée par con-

séquent de près de vingt ans. Peu à peu les troubles mentaux de

la dix-septième année avaient fait des progrès et elle était deve-

nue si méchante que ses parents furent contraints de la placer à

l'asile de leur propre initiative.

C'est une forte lille, assez grande, sa taille étant de 1 mètre 61,

sans infirmité,'sans signes marqués de dégénérescence à part une

plagiocéphalie avec proéminence marquée de la bosse frontale

gauche, tandis que, par compensation, la partie inférieure droite

de la face est plus développée que celle du côté opposé.

104 ... CLINIQUE MENTALE. -

. A son entrée, on constate une certaine excitation maniaque :

elle se plaint de souffrir de douleurs dans la tête au niveau du ver-

tex et de l'occiput; ,il lui semble que quelque chose comme une

boule lui traverse le corps ; elle a des sensations de froid dans la

tête ; elle se plaint aussi de ne pas .voir clair ou de voir très peu.

Pas de signes d'hystérie. Irritable, difficile à interroger, impulsions

à courir, à se livrer à des actes extravagants ou nuisibles ; idée

fixe de tuer son père et sa mère contre qui elle manifeste une

aversion profonde. La première impression est qu'on a affaire à

une faible d'esprit avec prédominance d'idées obsédantes d'hypo-

condrie, excitation habituelle et impulsions irrésistibles à la vio-

lence.

Pendant plusieurs années, en effet, cette fille qui est bien réglée

et jouit d'une parfaite santé physique donne lieu aux notes sui-

vantes :

1885. Crises d'agitation violente, elle se dispute avec les autres

malades, leur lance les injures les'plus grossières et finit par les

frapper. Mobile, irritable ; entre pour un rien dans des accès de

fureur et menace de frapper avec le premier objet qui lui tombe

sous la main. Un jour, elle poursuivit une malade un couteau à la

main, prétendant qu'elle lui avait pris son pain. Vociférations,

imprécations, blasphèmes, le tout par accès, comme-une décharge.

Parfois elle prétend qu'elle a été ensorcelée. Elle se sent en butte

à l'hostilité de tous ceux qui l'entourent; on l'accuse de fautes

qu'elle n'a pas commises; elle voudrait guérir, demande qu'on la

désensorcelle, qu'on la débarrasse de son tourment (idées obsé-

dantes). Imprécations conlre sa mère, qui, en voulant la marier

contre son goût, a été cause de son mal.

1 880. Toujours soumise à des crises fréquentes d'excitation ma-

niaque avec idées délirantes polymorphes; injures, menaces.

grossièretés, actes de méchanceté.

1888. Excitation maniaque persistante ; toujours débraillée,

échevelée, bataillant avec tout. le monde. Le désordre des actes

domine. Par moments elle est prise d'accès de désespoir, pleure,

se lamente à grands cris, demande à s'en aller.'

Les années suivantes, on remarque que l'intelligence baisse ;

elle est moins aclive, ne peut plus se livrer qu'à des actes très

simples. Les traits s'empâtent, l'expression de la physionomie

devient inerte et un peu bestiale, elle urine souvent involontaire-

ment au lit. Bref la démence s'installe progressivement.

En ce moment (octobre 1900) on fait les constatations suivantes :

depuis de nombreuses années, la malade est demi-gâteuse la nuit.

- Sa santé est bonne, ses règles sont régulières, elle s'occupe un

peu au ménage, n'a plus aucune notion du cours du temps, ne

manifeste aucun sentiment affectif; ne s'agite plus que de loin en

loin, et par crises courtes et subites qui se traduisent surtout par

DEUX NOUVEAUX CAS DE FOLIE GÉMELLAIRE. 105

des mouvements automatiques : elle marche avec animation, s'ac-

quitte de sa tâche avec une sorte de rage en proférant des jurons,

des menaces, et des invectives grossières. Ses nuits sont souvent

troublées, par de l'insomnie et ces sortes de décharges verbales.

Elle est d'une indifférence complète vis-à-vis de sa soeur. Quand

on lui parle d'elle, elle s'écrie : « Elle est comme moi, elle est

folle ! » (voyez (tg. 3).

b. Prudence G... a été admise d'office le 10 avril 1891, mais le

trouble mental remonte à plus de six ans, ayant débuté à peu près

Fig. 3. - Célestine G...

106 CLINIQUE MENTALE.. 1 . '

en même temps que celui de sa soeur. C'est une fille d'aspect

robuste, mais un peu moins grande et moins forte que sa soeur

jumelle. Sa taille est de 1 mètre 60. Il n'y a entre les deux soeurs

qu'un air de famille; la ressemblance n'a rien de bien frappant.

Tandis que l'expression habituelle de Célestine est l'indifférence

béate et que ses traits s'épanouissent dans un sourire niais, celle

de Prudence est rechignée, grimaçante ou pleurarde. Leurs photo-

graphies, prises à différentes époques, sont toutes concordantes à

cet égard (/t ? 3 et 4).

Prudence a une tête globuleuse, un front proéminent dont la

bosse gauche est beaucoup plus développée que celle du côté op-

posé. Son asymétrie cranio-faciale, de même nature que celle de

sa soeur, parait plus accentuée.

Elle jouit habituellement d'une bonne santé et n'a jamais fait de

maladie sérieuse à part une varioloïde dans la seconde enfance.

Elle se plaint continuellement de souffrir de la tête, d'éprouver des

élancements et des douleurs dans les membres et toutes les par-

ties du corps. ,

Le médecin certificateur décrit ainsi son état mental : « Diffi-

cile, hargneuse et portée irrésistiblement à la violence. Tout le

monde lui en-veut. Elle bat souvent sa mère et dit qu'elle veut la

tuer. Elle a frappé plusieurs fois un enfant du voisinage en disant

qu'elle le tuera. Elle a failli défoncer la porte du curé qu'elle veut

tuer parce qu'il l'a ensorcelée. Elle ne travaille pas, mange peu. »

Au moment de l'entrée, elle se plaint d'être soumise depuis

longtemps à des influences persécutrices contre lesquelles elle ne

peut lutter. Le curé l'a ensorcelée; son oncle veut la faire marier

de force. Sa mère ne l'aime pas et préfère son frère qui est au

service. Le sorcelage, lui envoie toutes sortes de maladies ; elle doit

mourir de la poitrine. Quand elle se sent trop travaillée elle est

poussée à se venger et ne peut résister.

Dans les années qui ont suivi son admission. Prudence est restée

ce qu'elle était au moment de son entrée, travaillant au lavoir,

s'excitant de temps en temps et manifestant le délire d'hypocon-

drie et de persécution précédemment décrit : tantôt avec crises de

désespoir accompagnées de larmes et d'idées mélancoliques, tan-

tôt avec accès de colère accompagnés de menaces et d'impréca-

tions. A certains moments elle entre subitement et sans molifdans

une rage folle, pleurant, poussant des cris inarticulés et se frap-

pant violemment la tête à coups de poing, à la façon de certains-

idiots. Dans les périodes de calme, elle manifeste la plus grande

indifférence, riant aux éclats d'un air bêle quand on lui adresse

seulement la parole. '

Peu à peu son intelligence s'est affaiblie; actuellement les crises

d'agitation sont presque purement motrices, elle ne parle plus

guère de ses idées délirantes. Elle n'a aucune mémoire, ne se rap-

DEUX NOUVEAUX CAS DE FOLIE GÉMELLAIRE. 107

pelle rien, n'a pas conscience du cours du temps. Affectivité nulle.

Elle s'occupe régulièrement au lavoir et n'est pas gâteuse comme

sa soeur dont le degré de démence est plus avancé.

Il s'agit, dans cette double observation, de deux débiles

présentant à peu près en même temps des troubles intellec-

tuels spontanés qui sont comme le signal de la faillite de leur

intelligence. Ces troubles, qui consistent d'abord en une per-

version de la sensibilité affective, puis en idées obsédantes

l ig. i. - Prudence 13...

108 .. CLINIQUE mentale. ; : i

de nature mélancolique et hypocondriaque, en un délire va-

gue de possession et de persécution et en impulsions irrésis-

tibles à la violence, s'estompent peu à peu pour faire place

à une démence prématurée. Mais malgré l'analogie qui

existe chez les deux soeurs dans les manifestations patholo-

giques, nous y voyons cependant d'assez notables différences :

chez Célestine, la marche des accidents est plus précoce et

plus rapide ; le délire est moins accentué, mais la démence

est plus profonde. Ces différences pathologiques répondent

d'ailleurs exactement à des différences physiologiques. Le

développement physique et intellectuel de Célestine a été

plus précoce que celui de Prudence : elle est aussi la pre-

mière à être troublée, et elle tombe plus rapidement que sa

soeur dans une démence qui est aussi plus complète puis-

qu'elle va jusqu'au gâtisme. Célestine était d'humeur rieuse

et Prudence acariâtre : leur état mental reflète exactement,

à ses diverses périodes, ces particularités morales qu'accuse

même leur aspect extérieur, assez différent ainsi que le

montrent bien leurs photographies. -

Je n'insiste pas sur l'étiologie de ce cas, qui répond si

exactement à ce que nous avons précédemment exposé : du

côté du père nous trouvons l'alcoolisme, du côté de la mère

l'hérédité névropathique, et de la combinaison de ces deux

éléments pathogéniques est issue la dégénérescence mentale

des deux soeurs jumelles dont nous venons de donner l'obser-

vation.

Observation II. - Constant et Henri T..., frères jumeaux, nés

le 31 octobre 1861, ont été successivement admis à l'Asile. Ils

appartiennent à une famille sur laquelle nous avons recueilli les

renseignements suivants :

Le père est mort à cinquante-trois ans d'une fièvre typhoïde.

Depuis l'âge de trente-cinq ans, c'est-à-dire depuis près de vingt

ans, il était atteint d'une maladie de langueur. Il a eu une soeur

aliénée.

' La mère est morte à soixante-six ans de variole hémorrhagique.

Ils ont eu huit enfants dont quatre sont morts : l'aîné à vingt-deux

ans de fièvre typhoïde; le second, une fille, à seize ans, de fièvre

typhoïde également; le troisième de la variole à trente-six ans;

le quatrième à quarante-deux ans, de la poitrine. Puis vient un

garçon, vivant bien portant, père d'un enfant normal ; ensuite les

jumeaux; en dernier lieu, une fille, mariée, de santé très délicate.

Nous n'avons pu recueillir aucun renseignement sur l'enfance et

DEUX NOUVEAUX CAS DE FOLIE GÉMELLAIRE. 109

l'adolescence des deux jumeaux dont nous allons donner l'obser-

vation. Ils ont suivi l'école et ont appris tous les deux à lire et à

écrire et n'ont jamais quitté, sauf l'un d'eux pour le service mili-

taire, la ferme paternelle. Ils étaient considérés par les membres

de leur famille comme des faibles d'esprit.

Les troubles intellectuels ont commencé à apparaître chez les

deux frères à peu près vers la vingtième année, mais d'une façon

différente chez l'un et chez l'autre, comme nous le verrons ci-après.

Tous les deux manifestèrent une propension marquée aux excès

alcooliques, qui paraissent avoir joué un certain rôle dans l'éclo-

sion des désordres mentaux.

d'accidents cérébraux indéterminés qualifiés de « sorte de ménin-

gite » et qui sans doute étaient de la confusion mentale avec agi-

tation. A la suite de cet épisode pathologique, Constant fut réformé

et le médecin militaire aurait dit qu'il resterait aliéné.

Revenu dans sa famille, il manifesta en effet un caractère irri-

table, des idées bizarres, une tendance à délirer sous le moindre

prétexte et des accès de véritable agitation maniaque, surtout

quand il avait bu, ce qui lui arrivait souvent. « Au début, écrit le

médecin certificateur, le malade était assez calme, se refusant à

tout travail et voulant toujours entreprendre de nouvelles occupa-

tions. Mais aujourd'hui il devient furieux et est dangereux pour

ceux qui l'entourent. Il brise les meubles, casse la vaisselle, em-

porte les denrées de la maison pour les vendre en cachette et plu-

sieurs fois a porté des coups à sa soeur, n'osant pas encore s'atta-

quer à des hommes. Il finira par ruiner son frère et son beau-frère

par le gaspillage qu'il fait et le-refus de tout travail. » C'est pour-

quoi la famille se décida à le faire admettre à l'Asile le 17 jan-

vier 1890.

Constant T... est un homme de taille moyenne (1111,61), d'as-

pect un peu chétif, présentant quelques stigmates de dégénéres-

cence : voûte palatine irrégulière, rétrécie à sa partie antérieure;

oreilles asymétriques presque sans lobule ; la face est également

asymétrique, le côté gauche paraissant plus développé que le droit.

Organes génitaux d'un développement normal; varicocèle à gau-

che. Aplatissement marqué de la région occipitale.

La circonférence du crâne est de 550 millimètres, le diamètre

antéro-postérieur de 180 et le transverse de 154. Voix couverte,

faible, un peu eunuchoïde.

Aussitôt après son admission, l'excitation cessa. Calmé, interdit,

un peu penaud, il n'a pas l'air de comprendre ce qui lui arrive.

Peu communicatif, il ne répond que par de vagues dénégations

ou par monosyllabes aux questions qu'on lui pose.

- Au bout de quelque temps, on cherche à l'occuper, mais en

vain. Aussitôt qu'il se voit hors des murs de sa division, il prend

- ho CLINIQUE MENTALE.

la fuite à toutes jambes pour s'évader. L'expérience plusieurs fois

réitérée fut invariablement suivie des mêmes effets ; aussi fallut-il

renoncer à l'envoyer aux travaux extérieurs.

En 1893, il eut une poussée de tuberculose pulmonaire qui

s'éteignit au bout de quelques semaines.

Relégué à la division des semi-agités, il fut un peu perdu de

vue jusqu'à l'année 1899, où l'état de sa santé physique attira de

nouveau l'attention sur lui. On constata qu'il avait maigri, qu'il

portait aux jambes une éruption huileuse suivie d'ulcérations. En

même temps il était agité, s'isolait dans les coins, parlait seul et

faisait constamment de la main autour de sa tête un geste auto-

matique comme s'il eût voulu chasser des mouches. Il est hallu-

ciné, prétend assister la nuit à des choses étranges, prend une

attitude réticente et mystérieuse pour nous dire qu'il est influencé

par la scène qui lui envoie des saletés sur tout le corps et dans les

cheveux, ce qui l'oblige à les secouer; les traits sont altérés, le

visage décomposé.

Les mois suivants, le délire se développe et se complique en

même temps que le calme revient. Actuellement, le malade mani-

feste des idées ambitieuses et mystiques incohérentes et un dédou-

blement très net de la personnalité. Voici, recueillies au vol, quel-

ques-unes de ses conceptions délirantes extrêmement diffuses :

« Je suis bachelier de première classe depuis l'âge de seize ans et

demi. J'ai été capitaine huit mois à la Roche. Il y a deux mois que

l'autre est à la Roche tandis que je-reste ici. L'autre habite à l'hôtel,

il fait des lettres, des joumals; il est roi de France... Vous ne

m'avez pas vu en ville ? ... 11 est haut de six pieds et monte la garde

contre les Prussiens. Il y en a quatre ou cinq mille dans le champ

de la Vigne. Nous aurons la guerre dans trente-cinq ans ; il en

viendra encore une couple de mille... J'étais ministre de la guerre

avant d'être nommé roi. J'ai fait quatorze ans de service; j'étais

enfant de troupe depuis l'âge de six ans. J'ai fait au moins trente-

deux campagnes. Mon père est le colonel de Guéret, dans la

Creuse. J'ai gagné la médaille d'or à l'âge de dix-huit ans... Je me

trouve en deux endroits à la fois. Le 29 février, il y a deux ans, je

me suis décomposé à sept heures et il doit arriver vendredi matin.

IL ira à Paris ensuite et je passerai la revue et verrai la Chambre

nationale. »

Si on lui demande comment il sait ce que fait Vautre, il répond :

« Je le sais de prévoyance ; le suprême me l'a dit. Le Dieu qui est

au ciel m'est apparu il y a deux ans et bien d'autres fois. C'est un

hom me comme les autres, pas très gigantesque. Il descend comme

une boule ; il vient de jour, jamais la nuit... Je n'ai pas de mission,

j'ai le simple pouvoir d'être roi... Je suis marié depuis longtemps;

ma dame est au château de M... Je suis grand chirurgien de pre-

mière classe, chirurgien de la Légion d'honneur, etc. »

DEUX NOUVEAUX CAS DE FOLIE GÉMELLAIRE. 111

Si l'on veut bien se reporter à sa photographie, on verra que

Constant T... a, au plus haut degré, le faciès du délirant chronique.

Il n'y a pas, chez lui, de signe bien net de démence ; la mémoire,

sans être très sûre. n'est pas oblitérée et il répond à peu près cor

Fig. 5.

a. Constant T... b. IIenri T...

112 ' CLINIQUE MENTALE. '

rectement aux questions qui concernent sa vie passée, non sans y

mêler force'conceptions délirantes (fit. 5, a).

b. Henri T... a été admis le 8 août 1890. Extérieurement, il res-

semble pour la taille et l'aspect physique à son frère, avec des

apparences un peu plus robustes (fiu. 5, b). Taille lm,61, organes

génitaux bien conformés avec varicocèle à gauche. Comme son

frère encore, il a la voix comme flûtée, un peu eunuchoïde. Il a la

tête un peu plus volumineuse et l'occiput moins aplati que son

frère : circonférence, 55 millimètres; diamètre antéro-postérieur,

L82 ; transverse, 159. Asymétrie faciale accentuée, surtout quand

il rit; le côté gauche du visage paraît plus large et moins haut

que le côté opposé. Oreilles asymétriques, la gauche plus grande,

plus détachée du crâne ; elles sont de conformation à peu près ré-

gulière. Voûte palatine assez profonde, arcade dentaire supérieure

rétrécie en avant, de sorte que la canine gauche n'a pu y trouver

place et se trouve implantée en arrière des deux voisines.

A l'âge de neuf ans, il eut une arthrite suppurée du poignet

droit, qui a guéri en laissant une ankylose avec atrophie partielle

de tout l'avant-bras, infirmité qui l'a exempté du service militaire.

Depuis l'âge de vingt ans, il donne des signes de trouble mental.

On ne pouvait s'aider de lui. 11 ne songeait qu'à faire des parties

de ribote et travaillait très irrégulièrement. Vers l'âge de vingt-

sept ans, il eut un accès de folie furieuse avec fièvre qui dura trois

ou quatre mois. A la suite, il tomba dans une sorte de stupeur

apathique avec immobilité, lenteur des idées; il disait lui-même

qu'il perdait la tête. Après une période de mieux, il fut repris d'exci-

tation l'année suivante. Puis il devint très gras. Il y a trois ans,

nouvel accès de stupidité pendant lequel il garde le lit dans une

immobilité complète. L'année dernière, il a commencé à maigrir;

il refusa de travailler, disant qu'il était assez riche; puis il s'est

mis à vouloir tout faire, tout commander, faisant tout à contre-

temps.

D'après le médecin certificateur, « il est atteint d'une variété de

délire partiel qui consiste à vouloir faire tous les ouvrages de la

ferme et d'une façon très préjudiciable à l'exploitation ; il com-

mande à tous et profère des menaces souvent suivies de voies de

fait, à tel point que les servantes, se trouvant en danger, ont voulu

partir. On l'a vu chantant et poursuivant les bestiaux dans les

champs pour les empêcher de paitre, de même qu'il accomplit

bien d'autres actes extravagants. »

Son attitude à l'Asile a été celle d'un faible d'esprit irritable, un

peu bizarre, mais peu communicatif, et au point de vue psycholo-

gique on n'a fait, dans les premiers temps de son séjour, aucune

remarque importante. Contrairement à son frère, il consentit vo-

lontiers à aller au travail et s'occupe régulièrement aux travaux

agricoles. ,

DEUX NOUVEAUX CAS DE FOLIE GÉMELLAIRE. J J 3

En 1899, il se mit tout à coup à maigrir et à s'agiter. Un accès

d'excitation maniaque se déclara et dura plusieurs semaines.

En 1900, l'excitation reparut pendant quelque temps sans grande

intensité; il était alors d'une incohérence complète qui diminua

peu à peu. '

Actuellement, Henri T... est calme et travaille régulièrement, il

répond correctement aux questions lorsque l'on fixe son attention;

sa mémoire parait conservée, ainsi que les sentiments affectifs,

mais au bout d'un moment, son attention se relâche et son lan-

gage devient inintelligible. Ainsi, je note au passage les phrases

suivantes : « Si mon ballon valait des hommes, j'irais tout seul

voyager... En lisant le mot, vous devez avoir la vision de ce que

ça produit... J'ai fait la ronde; on fait la ronde de sa position

quelquefois. » Même dissociation des idées dans les lettres qu'il

écrit à ses parents. Après quelques phrases correctes ayant du

sens, il s'en trouve d'incompréhensibles : « Mon cher frère, je

t'écris pour te faire savoir de mes nouvelles et en savoir des

tiennes; ainsi, tout du loin que nous sommes, je pense toujours

en toi et je désirerais te parler. Ainsi, je t'invite à venir me voir

au Séatégul quand tu pourras... Je te dirai que dans ces longs ser-

vices dont... j'en désirerais l'allonger, car de nous l'humanité en

serait le bonheur. Je suis toujours bien avec mes camarades... etc. »

Ainsi, incohérence partielle, sorte de paraphasie sans idées déli-

rantes ayant un sens. On remarque qu'il remue souvent les lèvres

comme dans des a parte. rit quand on lui demande des explica-

tions, mais ne répond pas.

La physionomie dans son ensemble est moins altérée que chez

son frère et parait plus intelligente, malgré l'affaiblissement très

réel des facultés.

Je ne crois pas que l'on puisse refuser à cette observation

l'étiquette de folie gémellaire : on y trouve dans leurs grandes

lignes, deux au moins des caractères qui appartiennent à

cette dernière : même terrain organique, celui de la dégéné-

rescence héréditaire avec débilité mentale ; même simulta-

néité dans les premières manifestations psychiques qui con-

tinuent à évoluer d'une façon à peu près parallèle dans le

cours de l'existence. Mais là s'arrêtent les ressemblances.

Contrairement à ce que nous avons observé chez les deux su-

jets précédents, nous voyons ici se produire des accidents

psychopathiques sous forme d'épisodes aigus qui ne relèvent

pas nécessairement de la prédisposition héréditaire ou de la

dégénérescence pure et simple mais supposent une cause

accidentelle. Et cette cause a en effet existé, ce sont les excès

Archives, 20 série, t. XI. 8

114 CLINIQUE MENTALE.

alcooliques, auxquels étaient portés les deux frères, et con-

tre lesquels leur cerveau débile n'offrait aucune résistance.

C'est à cette cause que très vraisemblablement Constant T...

a du son accès de confusion mentale pendant son service mi-

litaire ; c'est à cette même cause encore que nous attribuons

le premier accès de psychose hallucinatoire aiguë de Henri

T... à 27 ans. Peut-être faut-il attribuer l'évolution divergente

ultérieure des symptômes mentaux chez les deux frères aux

modifications apportées par ces crises psychopathiques

aiguës dans le fonctionnement de leurs centres nerveux.

Nous voyons en effet Constant faire du délire systématisé

ambitieux, avec dédoublement de la personnalité, alors

qu'Henri manifeste une dissociation progressive des idées

avec crises d'excitation maniaque.

En résumé, pour le diagnostic de la folie gémellaire, il

faut donc s'attacher beaucoup plus à l'ensemble des symp-

tômes qu'à leurs détails. Si, dans cette sorte de psychose,

qui appartient au groupe des maladies qu'on a appelées né-

V1'oses de développement on ne considère qu'un moment,

une période déterminée plus ou moins courte, comme l'ont

fait certains observateurs, on pourra la méconnaître en rai-

son du défaut de parallélisme des symptômes dans le temps

de l'observation. Si au contraire on réunit les anneaux qui

forment les épisodes successifs de la maladie chez l'un et

l'autre des malades, on aura peut-être deux chaînes d'aspect

différent, mais de même poids, de même longueur et de même

métal. Encore une fois, pas plus au point de vue patholo-

gique que physiologique il n'y a identité chez les jumeaux : il

n'y a que des ressemblances dont la somme, dans une foule

de cas, compense à peine, ou même ne compense pas celle

des différences.

Assistance des enfants idiots ET arriérés EN ITALIE. Il s'est

ouvert l'an dernier à Florence, sous le titre : « Institution Um-

berto 1 ? », un asile-école pour les enfants idiots et arriérés, sous

la direction du professeur Paryse. Nous n'avons pas, malheureu-

sement, à enregistrer des créations semblables dans notre pays,

qui, à cet égard, reste en arrière des autres pays.

REVUE CRITIQUE.

Anatomie et physiologie pathologiques du tabès ' .

(Doctrines de l'école de Vienne contemporaines.)

Par Jut.cs S 0 U il Y,

Directeur d'études d l'École pratique des Hautes-Études à la Sorbonne.

« Ileurew ceux qui croient qu'il est eu mé-

Il decine des questions sur lesquelles la science

« cl faite, et que le tabes est de celles-là. »

Pierre Marie.

Leçons sur les maladies de la moelle, p. 380.

Le labes dorsalis est une dégénérescence du protoneurone

centripète. Si le tabes est cela, - une dégénérescence du proto-

neurone centripète, les cellules de la corne postérieure ne doi-

vent pas demeurer intactes. Alors même que toutes les parties élé-

mentaires constituant la racine postérieure ont dégénéré, on a

pourtant constaté, dans la sllbstantia gelalinosa, l'intégrité des

fibres appartenant au second neurone. Mais la dégénérescence des

faisceaux de fibres de gros calibre qui partent du cordon posté-

rieur pour se rendre dans la substantiva spongiosa et surtout dans

la corne antérieure, la dégénérescence des collatérales réflexes,

affecte gravement la substance grise de ces régions dans le tabes.

« La dégénération de ces fibres, écrit Redlich, peut être à ce

point intense qu'elles disparaissent en totalité, quoique, dans

d'autres cas, leur masse ne souffre qu'une réduction plus ou moins

considérable. » Les colonnes de Clarke, nous le répétons, parti-

cipent toujours au processus dégénératif dans le tabes (Leyden,

Erb, Lissauer) et dans la compression de la cauda eqziiata : c'est

que les collatérales issues des racines postérieures qui pénètrent

dans les colonnes de Clarke, prolongements directs des fibres radi-

culaires postérieures, et formant le fin réticulum des colonnes de

Clarke, doivent dégénérer dans le tabes. Les arborisations de ces

collatérales entourent des cellules d'origine du second neurone,

1 Archives de Neurologie, t. XI, nez 61, p. 1.

116 REVUE CRITIQUE.

cellules endogènes des colonnes de Clarke, dont le cylindraxe

passe dans le faisceau cérébelleux direct.

Marinesco a trouvé que, dans le tabès,' les colonnes de Clarke

présentent certaines altérations : ectopie du noyau, chromatolyse

du cytoplasma, etc. Toutefois, comme à l'état normal le plus

grand nombre des cellules des colonnes de Clarke ont leur noyau

dans cette position excentrique, à la périphérie du corps cellulaire,

on ne saurait, au dire de Redlich, « attribuer aucune importance

particulière à ces altérations structurales ». Nous croyons que le

contraire est infiniment plus vraisemblable. Redlich a rappelé d'ail-

leurs lui-même des cas d'Oppenheim et de Siemerling où le second

neurone les cellules des colonnes de Clarke et leurs prolonge-

ments nerveux constituant le faisceau cérébelleux direct - a

été trouvé dégénéré dans le tabes.

C'est bien Pierre Marie, Schaffer' l'a reconnu, qui. relativement

à l'ancienne manière de considérer le tabes comme une affection

primaire dégénérative des cordons postérieurs de la-moelle épi-

nièré, et relativement à la doctrine nouvelle qui localise la lésion

primitive dans les racines postérieures, fit.observer que la lésion

des racines et des cordons postérieurs impliquait une affection

cellulaire préexistante, car une lésion d'un prolongement nerveux

doit résulter d'une altération de son centre d'origine 2. On recher-

cha donc quel était, dans le labes dorsalis, l'état des cellules d'ori-

gine des racines et des cordons postérieurs de lamoelle, c'est-à-dire

des cellules des ganglions spinaux intervertébraux. Wollenberg cons-

tata l'atrophie et la pigmentation de ces cellules ainsi que l'aspect

trouble ou sombre de leur protoplasma 3. Stroebe, avec les colo-

rations de Weigert et de Van Gieson, vit le cytoplasma atrophié,

le protoplasma pigmenté et vacuolisé, le noyau déformé et anor-

malement coloré, ainsi que les nucléoles, finalement une dispari-

tion totale du noyau et de toute la cellule. Outre une dilatation de

l'espace capsulaire et une prolifération des cellules de la paroi de

la capsule, il nota une augmentation du tissu interstitiel et une

prolifération nucléaire v. Redlich observa, avec de l'intumescence

' K. Schaffer. Das Verhalten der Spinalganglienzellen bei Tabès auf

Gz·und Nissl's Foei,bieiig. Neurol. Ceutralbl. 1898,2 sq.

2 P. Marie. Leçons sur les maladies de la moelle, etc., 1892.

3 ! 7 ? t<e ? 'i<c/tM ? 6) : üb. das Vel'hallen der Spinalganglien bei der Tabes

dors. Arcli. f. Psycli., 1892.

1 Stroebe. Ueber Veroenderungen den Spizzal7azzpliezz bei Tabès dors.

Centralbl. f. allg. Pathol. u. patt. Anat. Comment se comportent les cel-

lules des ganglions spinaux ? centre trophique des racines postérieures-

dans le tabes ? Une affection de ces cellules devrait amener la dégénéra-

tion des fibres des cordons postérieurs. Stroebe a trouvé, dans trois cas

de tabes, à différents stades, des altérations considérables des cellules

. ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES DU TABES. 117

de ces cellules à protoplasma clair, d'autres cellules atrophiées à

protoplasma intensivement coloré, et dont le noyau'se distinguait

mal : quelques cellules avaient même subi le dernier degré de

dégénérescence 1.

Stroebe estimait, contrairement à Wollenberg, que ces lésions

étaient bien suffisantes pour accorder il P. Marie que, dans le

tabes, la lésion initiale doit être localisée dans les cellules des

ganglions spinaux, et que la dégénération des cordons postérieurs

doit être regardée comme secondaire aux altérations des cellules z

d'origine de ces faisceaux. Redlich était d'avis, et Schaffer est con-

vaincu de la justesse de cette prévision, qu' « on ne pourrait

porter un jugement un peu assuré sur les lésions des cellules des

ganglions spinaux dans le^ tabès, qu'après avoir institué des

recherches étendues avec la coloration de Nissl. »

Eu résumé, la raison et la science forçaient de localiser la lésion

primitive du tabes dans les cellules des ganglions spinaux; mais

les résultats de l'investigation histologique ne paraissaient pas

encore suffisants pour admettre ce postulat théorique. Dès 1 896,

Schaffer commença d'étudier les cellules des ganglions spinaux

de ces ganglions correspondant à la hauteur du processus labétique

dans la moelle : atrophie, pigmentation, vacuolisation du protoplasma,

dégénération du noyau et du nucléole, disparition totale et destruction

des cellules des ganglions spinaux, hyperplasie et prolifération nucléaire

moyenne du tissu interstitiel, dégénérallon des racines postérieures au

niveau correspondant de la lésion tabétique dans la moelle épinière. Les

nerfs sensibles périphériques issus du ganglion étaient beaucoup moins

dégénérés; ils l'étaient pourtant manifestement. Ces altérations des cel-

lules des ganglions spinaux font supposer qu'une lésion primaire de ces

neurones est le fondement du tabès dorsalis, ce qu'admet P. Marie.

Leyden hésite. Contre cette hypothèse on objecte le manque de propor-

tion entre la gravité des lésions des libres radiculaires postérieures et

celle des nerfs sensitifs périphériques du ganglion spinal. Il est toujours

licite, de supposer une lésion partielle des cellules de ces ganglions.

Cliiari, dans tous les cas graves de tabès, a trouvé, sans exception, des

altérations dégénératives des nerfs périphériques. Marinesco a constaté

de la chromatolyse dans les cellules des ganglions spinaux, de l'homogé-

nisation de leur protoplasma, des atrophies nucléaires, etc. Dans un cas

de tabes avancé, Oppenheim, comme Siemerling (1888), a constaté, avec

une dégénération totale des racines postérieures, des lésions des cellules

des ganglions spinaux. De même Wollenberg (atrophie, pigmentation,

vacuolisation, hyperplasie du tissu connectif, etc.) : cependant cet auteur

estime que ces lésions ne suffisent pas pour expliquer celles des racines

et des cordons postérieurs dans le tabes. Erb admet d'ailleurs que des

altérations des cellules de ces ganglions, échappant à tous nos moyens

d'investigation, n'en seraient pas moins capables de provoquer les dégé-

nérations des cordons postérieurs. '

' Emil Hedich. Die hinleren 11'ezr : ,ehz des Bilckenmarks, und diepatho-

logische Anatomie der Tabes dorsalis. Jahrb. f. Psych., 1892. '

118 REVUE CRITIQUE.

des tabéliques avec la coloration de Nissl, encouragé encore par la

lecture d'un remarquable travail de von Lenhossek, Weber den Bail

der Spinalgal1glien : ellen des lIe22scheiz, publié en 1897. Comme

on ne saurait bien apprécier les lésions de ces cellules que si l'on

est parfaitement édifié sur leur étal normal, Schaffer a rappelé

d'abord les points les plus importants à cet égard de la descrip-

tion classique de Lenhossek. Lui aussi a vu le corps cellulaire

étroitement uni à la capsule épithéliale; il contient des blocs

chromatiques de grosseur des plus diverses. Les plus gros forment

une zone à la périphérie du protoplasma; ils résultent de l'agré-

gation de blocs chromatiques plus petits. A l'intérieur du cyto-

plasma, des granulations d'une finesse extrême. Lenhossek n'a pu

se convaincre, on le sait, d'une disposition ordonnée quelconque,

concentrique, des blocs chromatiques chez l'homme. Schaffer croit

pourtant que cette disposition existe, au moins dans un certain

nombre de ces cellules.

La grosseur et le nombre des éléments chromatophiles ont

surtout permis à von Lenhossek de distinguer plusieurs espèces de

ces cellules, d'eux types surtout, les cellules claires et les cellules

et gros blocs chromatiques, les premières offrant presque toujours

une zone marginale d'éléments chromatophiles qui manque aux

secondes. Schaffer insiste sur les nombreuses transitions qui

existent entre ces deux types extrêmes. Et c'est là une circonstance

qui ne laisse pas d'être très importante pour l'étude de l'anatomie

pathologique, attendu que si l'on rencontre, dans le tabes, des

cellules des ganglions spinaux d'aspect clair à fines granulations,

il n'en faudra pas conclure à une chromatolyse de ces neurones.

Le résultat général qui se dégage des recherches originales de

Schaffer, exécutées avec la coloration de Nissl, c'est que, dans les

cellules des ganglions spinaux des tabétiques, il s'en rencontre à

peines quelques-unes qu'on puisse considérer comme décidément

pathologiques. '

La substance chromatique, le substratum de la coloration de

Nissl, ne présente aucune altération proprement dite. Dans des cas

.de tabes absolu, où les racines postérieures présentent la plus

complète dégénération, les cellules nerveuses des ganglions spi-

naux se montrent avec leur forme normale, non seulement quant

à leur substance chromatique, mais quant à leur noyau. Schaffer

a bien trouvé, quoique « très rarement », une atrophie et une

figure anormale du noyau. L'aspect de la distribution des blocs

chromatiques ne laisse pourtant pas de différer de beaucoup,

comme il ressort des figures de Schaffer. Point d'augmentation

anormale de pigment ni de vacuoles. Ainsi les cellules des gan-

glions spinaux présenteraient, chez les tabétiques, un « aspect

normal ».

Et cependant, lorsqu'il rapproche l'état de ces cellules dans le

ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES DU TABES. 119

tabes absolu (deux cas) et dans le tabes naissant, Schaffer a bien

l'impression que la substance chromatique se colore d'une manière

plus intense dans le dernier cas que dans le premier, encore que

la grosseur et la disposition des blocs chromatiques ne soient pas

changées. Point de capsules vides ni de prolifération des cellules

capsulaires.

Schaffer n'a donc pu confirmer la chromatolyse de ces cellules,

signalée par Marinesco : il incline plutôt à croire que les cellules

des ganglions spinaux dont les corpuscules de Nissl paraissent

avoir subi le processus chromatolytique appartiennent au type des

cellules claires.

En dépit de ces résultats négatifs, Schaffer s'est demandé s'il ne

demeurait point indiqué de continuer à chercher la lésion initiale

du tabes dans les cellules d'origine des racines postérieures ? Les

réflexions qu'il a faites à ce sujet ne manqueraient point de portée

au cas où la nature des résultats qu'il a fait connaître devrait être

admise, au moins d'une manière relative.

L'opinion générale aujourd'hui est que la considération de la

substance chromatique détermine la nature du jugement qu'on

doit porter sur l'état normal ou pathologique de la .cellule

nerveuse, encore que des travaux récents de Goldscheider et de

Flatau doivent il cet égard nous rendre plus circonspects et plus

prudents. En fait, on admet que la chromatolyse indique un

trouble de la vitalité de l'élément nerveux. On doit donc, si ce

phénomène fait défaut dans les cellules des ganglions spinaux,

rechercher la lésion initiale du tabès en dehors de ces cellules.

Et d'abord, si les cellules du ganglion spinal étaient primitivement

lésées, le prolongement cylindraxile en T devrait dégénérer, et la

branche centrale, c'est-à-dire la racine postérieure, et la branche

périphérique, le nerf sensitif périphérique. Comme il-n'y a point

de doute que, dans le tabes, les racines postérieures et leurs pro-

longements intramédullaires ne soient lésés, Schaffer écrit qu'après

les résultats négatifs relatifs aux cellules des ganglions spinaux

« le point de départ de l'affection tabétique de la moelle épinière

doit être cherché dans les racines postérieures sensitives » . La loca-

lisation de la lésion primitive du tabes dans ces racines, laquelle

laisserait intacte la branche périphérique des cellules des ganglions

spinaux, aurait l'avantage d'être en accord parfait avec les

recherches expérimentales de Lugaro 2. suivant lesquelles les

.cellules des ganglions spinaux, qui subissent une altération pro-

1 Weilere Deilroege ZllI' Pathologie der Xervenzellell. 2. Mittheil.

Fortschrute der Medicin. 1897. 1\ 15 et 16. '

' 8111 ! e allerazioni délie cellule 1 ! eI'l'ose dei gangli spinali in segllilo

.al laglio delta branca perifericca o centrale dei loro ]Jrolongamenlo.

.Riv. di patol. nerv. e. ment., 1896.

.. l ? #......#

i .# . .... t '1' - \..c - / l' ? ¡ \ .

120 .. , REVUE CRITIQUE.

fonde après la section de leur branche périphérique, demeurent

au contraire normales quand la branche centrale a été coupée.

C'est un principe qui parait devoir être toujours mieux établi

que, dans les troubles des cellules nerveuses résultant d'une dimi-

nution de l'énergie vitale, les lésions trophiques apparaissent

d'abord au point le plus périphérique du neurone. Ce n'est qu'avec

les progrès de ces troubles que, de la périphérie, les altérations

structurales des prolongements remontent à la cellule, c'est-à-dire

à leur centre trophique. Le ralentissement lent et progressif des

fonctions, et partant de la nutrition, des cellules motrices des

cornes antérieures de la moelle épinière, dans le tubes, a pour

expression clinique une amyotrophie sans réaction de dégénéres-

cence. Les terminaisons et les libres intra-musculaires paraissent

être très sensibles, écrit Schalfer, aux altérations primitives des

cellules nerveuses : leur changement est plus accentué que le

degré de l'altération du centre trophique, ici tropllo-moleur,

puisqu'il s'agit des cellules nerveuses des cornes antérieures de la

moelle '. Le prolongement nerveux de ces cellules, la fibre radicu-

laire du protoneurone moteur, n'est point altérée dans toute sa

longueur comme dans la poliomyélite, maladie aiguë, détruisant

tous les éléments histolôgiques de la corne antérieure. La cause

de l'affection cellulaire qui détermine ainsi, à distance, une

amyotrophie, est, daus le tabes, une lésion qu'on pourrait appeler

purement fonctionnelle ; s'il en existait de telles. Par l'effet de la

dégénération des racines postérieure et de leurs prolongements dans

la moelle épinière, les collatérales de ces fibres n'entourent plus,

de leurs fines arborisations terminales, les cellules motrices des

cornes antérieures, privant ainsi ces cellules d'une part considérable

des incitations qui entretenaient, avec l'activité physiologique, le

trophisme si élevé de ces neurones. « La vitalité de ces cellules

dépendant des incitations qui les traversent», la perte de ces inci-

tations habituelles détermine des changements de structure dans

le neurone. Ces altérations, d'abord dynamiques, apparaissent

ensuite comme histologiques. Ainsi, selon Schaffer, la raison d'être

de l'amyotrophie tabétique est une affection des cellules trophomo-

trices des cornes antérieures, affection due à la dégénérescence

des collatérales des prolongements des racines postérieures dans

le tabes.

Deux opinions existent touchant la pathogénie de l'amyotrophie

tabétique : celle d'une affection des cellules des cornes antérieures,

celle d'une névrite dégénérative des fibrilles nerveuses intramus-

culaires. Karl Schaffer ayant examiné avec la méthode de Nissl une

moelle tabétique dont le sujet avait présenté une atrophie muscu-

' Ch. Schaffer. Sur l'origine de l'amyotrophie tabétique. Rev. Neurol.,

1896, 97-103.

'. ? n- . C> >

ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE" PATHOLoQ,{QÚa$,LI8Jt ? B-E '121

laire très accusée de l'extrémité inférieure gauche avec arthropathie

typique du genou droit, trouva que si les cellules nerveuses de la

moelle cervicale étaient complètement saines, celles de la moelle

lombaires offraient différents degrés d'altération de structure,

telles que la chromatolyse, soit périnucléaire, soit totale.

Schaffer surprit donc une sorte de parallélisme entre le tableau

clinique et l'état histologique de l'amyotrophie tabétique : clini-

quement, l'amyotrophie se développe très lentement et la réaction

de dégénérescence fait défaut; histologiquement, l'affection se

caractérise par des altérations fines qui ne s'aggravent que successi-

vement. L'amyotrophie tabétique lui parait ainsi, comme àcliarcot,

être d'origine centrale. Mais Schaffer a insisté sur la lésion de

déficit de la dégénération des collatérales réflexes déterminée par

la lésion des cordons postérieurs. Cette dégénération entraîne la

perte dans les cellules des cornes antérieures d'une somme immense

de stimuli nerveux. La vitalité des neurones radiculaires se trouve

de ce fait gravement compromise et l'atrophie des muscles

correspondants est une des suites inévitables de cette diminution

de vie.

Otto Juliusburger et Ernest Meyer ' témoignent être arrivés aux

mêmes résultats que K. Schaffer : dans des préparations provenant

de deux cas de tabes, l'état de la substance chromatique ne différait

en rien de celui des cellules normales des ganglions spinaux. Ni le

noyau ni le nucléole ne trahissaient aucune altération patholo-

gique. Mais le nombre des cellules ne leur sembla plus le même, et

les petites cellules obscures leur parurent prédominer sur les

cellules grosses et claires. Les cellules angulaires étaient aussi plus

nombreuses. Le tissu interstitiel n'avait pas sensiblement proli-

féré. Alors même que d'autres recherches établiraient que les

cellules avaient réellement diminué de nombre (toujours dans

d'étroites limites) et que leurs formes s'étaient modifiées, ces par-

ticularités anatomiques auraient bien peu d'importance au regard

des lésions si graves des cordons postérieurs.

Si, sur ce point de fait, ces auteurs sont d'accord avec Schaffer,

ils ne croient pas justifiées les conclusions que ce savant en a

tirées. Est-il exact que la lésion initiale du tabes se trouve en

dehors des cellules des ganglions spinaux, et cela parce que ces

neurones ne présentent pas de chromatotyse ? « Si la cellule des-

ganglions spinaux était le siège de la lésion initiale, avait écrit

Schaffer, ce n'est pas seulement la branche centrale, c'est-à-dire

la racine postérieure, c'est aussi la branche périphérique, le nerf

sensible, qui devraient dégénérer, car l'influence trophique de la.

cellule d'origine sur ses prolongements est hors de doute. » Et

' l3eilrttg zur Pathologie der Spinalganglienzelle. Neurol. Centralbl.,

1898, 151 sq.

122 1), REVUE CRITIQUE.

Schaffer invoquait les expériences de Lugaro, montrant que la

section de la branche périphérique entraîne la dégénérescence de

la cellule des ganglions spinaux, tandis que cette cellule reste

normale après une section de la branche centrale; il localisa donc

la lésion initiale du tabes dans les racines postérieures. Mais,

objectent Juliusburger et Meyer, outre que la dernière assertion de

Lugaro est en contradiction avec l'état anatomique du neurone

moteur phériphérique dont la fibre radiculaire a été sectionnée, il

est permis de souhaiter que de nouvelles expériences "démontrent t

si, en réalité, les cellules des ganglions spinaux demeurent bien

normales (ce que ne soutient pas d'ailleurs, ajouterons-nous, au

moins dans des termes aussi absolus, Lugaro) après une lésion

expérimentale de ce genre. Ce n'est qu'alors que le moment sera

venu de discuter ces résultats et d'en tirer des conclusions. Pour

ce qui a traita la branche périphél iq ue, au nerf sensible, il y a

déjà des faits, croient les auteurs, qui permettent d'affirmer

l'existence d'altérations dans les gros troncs nerveux périphériques

et dans les arborisations ultimes des nerfs sensibles (Strümpell).

La principale objection que dirige Schaffer contre la théorie

d'après laquelle la lésion des cordons postérieurs dériverait, dans le

tabes, d'une lésion primitive des cellules des ganglions spinaux, c'est

l'absence de chromatolyse dans ces cellules, « car, dit-il, la disso-

lution de la substance chromatique est un indice anatomique du

trouble.de la vitalité de la cellule». Que faut-il penser de la

justesse de ce raisonnement ? Dans l'altération des granula, ou de

la substance chromatique, les auteurs voient « une réaction de la

cellule devenue anatomiquement visible, succédant aux conditions

de vie modifiées par la maladie, c'est-à-dire à certains processus

d'irritation spéciaux, anormaux, si bien que, de ce fait, toute

l'activité interne et l'équilibre de la cellule ont été perturbés

d'une manière plus ou moins aiguë. La restitution des granula est

pour nous, continuent les auteurs, un critérium anatomique que

l'adaptation des processus biologiques de la cellule aux influences

extérieures a eu lieu. C'est ce qui se produira lorsque les processus

anormaux d'excitation iront eu diminuant toujours et que la

cellule sera de nouveau soumise aux influences stimulatrices aux-

quelles elle était autrefois exposée, ou que, dans la cellule, appa-

raîtront des éléments qui, sous l'action continue des excitations,'

anormales, se trouveront être capables de supporter ces excita-

tions et de s'y adapter. L'altération des granula est pour nous une

expression anatomique d'un trouble anatomique intracellulaire

plus ou moins aigu qui, considéré en soi, ne nous autorise pas

encore à en tirer quelques conclusions sur la nature ou le degré

d'altération de la fonction spécifique d'une cellule. Par exemple,

nous ne croyons- pas pouvoir mettre une altération des granula

des cellules des cornes antérieures dans un rapport simple, direct',

ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES DU TABES. 123

avec la nature ou le degré d'un trouble quelconque de 121olililé. »

Peut-être pourrait-on espérer rencontrer des phénomènes de

chromatolyse des cellules des ganglions spinaux chez des malades

décédés tout à fait au commencement de l'affection des cordons

postérieurs ; même en ces cas, il est bien vraisemblable qu'il ne

s'agirait pas d'une affection à l'état naissant, au sens strict du mot.

Du moment qu'il existe des lésions appréciables des cordons, on

peut affirmer que celles-ci ne sont que l'expression anatomique

d'altérations primitives de leurs cellules d'origine. Quelle que soit

la cause du processus tabétique, on doit accorder que les cellules

n'ont pas été d'un seul coup exposées aux processus d'irritation;

que les stimulations physiologiques auxquelles les cellules étaient

jusqu'ici habituées n'ont cessé de prédominer que progressive-

ment, si bien que les cellules ont eu le temps de s'adapter d'une

manière quelconque aux changements de conditions de leur vie.

« Voici comment nous nous représentons les choses : la fonction

des cellules des ganglions spinaux consiste à métamorphoser, de

nécessité, le stimulus qui leur arrive de la périphérie en une exci-

tation des cordons postérieurs ; cette activité des cellules est

adéquate aux processus normaux de stimulation. Nous supposons

'que, dès que ceux-ci se produisent sous des influences anormales

d'excitation, la faculté que possède la cellule de transformer ces

stimuli s'en trouve altérée. En d'autres termes, au lieu de la méta-

morphose normale du stimulus, propagé de la périphérie à la

cellule, une transformation anormale a lieu, qui agit d'une façon

nocive sur les cordons postérieurs. »

Comme une altération de l'activité cellulaire ne s'accomplit pas

d'un seul coup, qu'elle résulte d'une adaptation progressive des

changements de condition de la vie du neurone, on ne trouve

aucune altération de la substance chromatique, altération dans

laquelle les auteurs ne voient qu'un signe anatomique d'une

réaction plus ou moins aiguë de la cellule, un défaut d'adaptation,

le plus souvent provisoire, aux variations des conditions ordinaires

de la vie cellulaire, dans tel ou tel district du névraxe. Quant à

l'cdléralion essentielle que doit avoir subie la substance même,

la substance fondamentale de la cellule, et dont dépend sa fonction

spécifique, les méthodes employées par les auteurs dans ce travail

ne leur ont pas permis de la déceler. Si le changement de forme et

la diminution de nombre des cellules des ganglions spinaux dans le

tubes venaient à être reconnus comme des faits constants d'obser-

vation, celte constatation serait favorable à leur théorie.

Cette adaptation des cellules aux conditions changées du milieu

dans lesquelles elles avaient vécu, Juliusburger et Meyer, évoquant

les idées géniales de W. Roux, la considèrent comme une lutte

pour l'existence des parties, dans laquelle certains éléments de la

cellule succombent et meurent, tandis que d'autres survivent et

124 ' REVUE CRITIQUE. '

continuent d'exister '. Voilà comment ces auteurs expliquent,

contrairement aux explications proposées par Lugaro et par

Schaffer, l'absence de chromatolyse dans les cellules des ganglions

spinaux chez les tabétiques : la lésion initiale des cordons posté-

rieurs serait bien localisée dans les cellules d'origine, dont ces

faisceaux ne sont que les prolongements iniraméclullaÍ1'es.

Quant à l'étiologie du tabes dorsalis, encore que la syphilis

doive être considérée comme la cause de la plupart des affections

tabétiques, il reste un certain nombre de cas qui paraissent justi-

ciables d'autres facteurs. Sur 100 tabétiques, toutefois, Redlicb n'a

pu en trouver que quatre où un rapport possible existât entre le

tabes et l'intoxication saturnine 2. Dans un cas qu'il a publié, celui

d'un ouvrier en bronze de quarante-cinq ans, ni l'anamnèse, ni la

clinique, ni l'autopsie n'ont permis de déceler la syphilis. Les

symptômes de la maladie se rangeaient sous deux chefs : 10 symp-

tômes du tableau typique du tabes, inégalité et rigidité pupillaires,

atrophie du nerf optique, troubles de sensibilité sous forme de

douleurs, de paresthésies et 'd'anesthésies, ataxie, perle des

réflexes tendineux et troubles vésicaux; 2" symptômes étrangers

à la symptomatologie classique du tabes : atrophie des muscles de

la ceinture scapulaire et des avants-bras, plus accusée à droite

qu'à gauche. Ces derniers symptômes, qui s'expliqueraient par

une combinaison du tabes avec une affection des cornes antérieu-

res ou une dégéuération des nerfs périphériques, ou une syringo-

myélie, étaient l'effet, l'autopsie le démontra, 'd'une lésion'poliomyé-

litique étendue de la corne antérieure droite à la partie supérieure

du renflement cervical (augmentation du tissu névroglique avec

prolifération des noyaux, disparition des cellules et des fibres ner-

veuses sur de vastes espaces, infiltration des vaisseaux, etc.),

lésion dans laquelle se trouvaient compiis le cordon antérieure !

le cordon latéral. Un plus petit foyer existait à la même hauteur

dans la corne antérieure gauche. La dégénération typique des

cordons postérieurs dans le labes coexistait avec ces lésions.

D'autres observations cliniques (voit Monakow, Oppenheim) et

expérimentales (Stieglitz) établissent'que l'empoisonnement chro-

nique par le plomb peut déterminer une poliomyélite antérieure

chronique. C'est donc un fait constant qu'une intoxication saturnine

chronique peut produire une lésion des racines postérieures,

comme dans le cas de Redlich, et, par conséquent, une dégéné-

ration des cordons postérieurs semblable à celle que réalise le

' Cf. W. Roux. Ver Kampf der Theile iiii 0) ? a)) ! ! M. 1881. Leipzig,

p. 175. ll6sel. Association und Localisation. Allg. Zellschr. f. Psy-

chiatrie, LIV (1897), 326. ,

E. Redlich. Tabès dorsalis und clironische 13leiaeri/'lung. Wiener 1

med. Wocheuschr., 1897.

ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES DU TABES. 128

tabes (Braun, Pal, Stieglitz). On peut, pour quelques cas de para-

lysie générale progressive, soutenir la même étiologie saturnine

(saturnisme chronique) et cette remarque ne manque point de

portée lorsqu'on songe à l'unité de cause, si souvent revendiquée,

du tabes et de la paralysie générale.

Outre les lésions des racines postérieures et des racines anté-

rieures, il existe, dans la paralysie générale, de véritables névrites

périphériques : les nerfs périphériques participent donc aux pro-

cessus de dégénération du névraxe. Dans un cas de paralysie

générale observé par A. floche, les muscles étaient frappés d'atro-

phie dégénérative avec intégrité des cornes antérieures et des nerfs

périphériques

Le tableau clinique diffère, quant à l'excitabilité galvanique

du muscle, dans le tabes et la paralysie générale : la réac-

tion caractéristique est moins nette dans l'atrophie musculaire

tabétique, dont on connait la lenteur des progrès. L'atrophie

musculaire peut être attribuée soit à des altérations anatomiques

des cellules nerveuses des cornes antérieures, soit à une névrite

des arborisations terminales des fibrilles intramusculaires, etc.

Hoche, sans nier les affinités du tabes et de la paralysie

générale, ni leur étiologie commune, la syphilis, encore que

les opinions diffèrent sur la fréquence de cette infection, ne

croit pourtant pas que les preuves jusqu'ici rassemblées suffisent

pour permettre d'identifier ces deux affections. Ce que les deux

maladies ont surtout en commun, c'est l'atrophie primitive des

éléments nerveux. Hoche ne saurait donc se ranger ni du côté de

Mobius qui, au point de vue étiologique, aj réuni le tabes et la

paralysie générale sous la rubrique mélasyphilis, ni du côté de

r' A'ageotte qui considère ces deux maladies comme des manifesta-

t[ tions diversement localisées d'une seule et même maladie.1 -

Suivant ces idées, la paralysie générale n'est qu'un épisode du

tabès, le tabes une forme fruste de la paralysie générale, et, alors

même qu'aucun symptôme psychique n'aurait été noté pendant la

vie, on trouve dans le cerveau des tabétiques les lésions de la

paralysie générale. A quoi Hoche répond en posant quelques

questions aux partisans de la théorie de l'identité : comment, si

la lésion de la voie des pyramides est secondaire, les cordons

antérieurs de cette voie demeurent-ils presque sans exception

complètement indemnes ? Pourquoi, dans les cordons latéraux de

la moelle, la dégénération n'affecte-t-elle pas exclusivement la voie

des pyramides Pourquoi le processus dégénératif diminue-t-il

d'ordinaire en intensité de bas en haut ? Pourquoi, si, dans cette

ria, Hoche. Degeaaerative Muskelatrophie Lei progoessive Paralyse. Aus

il der psych. Ktilllk (Prof. Fûrstner) in Strassburg. Neurol. Centralbl.,

3 i" sept. 1891. z

126 REVUE CRITIQUE.

. affection, la destruction des éléments de l'écorce qui sont les

cellules d'origine du faisceau pyramidal, entraîne la dégénération

de ce faisceau, ne provoque-t-elle pas la même lésion dans d'autres

processus diffus de dégénérescence de l'écorce, par exemple, dans

la démence sénile ? .

Suivant Nageotte, le tabès et la paralysie générale coexistent si

fréquemment qu'on les rencontre « dans les deux tiers au moins

des cas »'. Au point de vue clinique, des tabétiques avérés

deviennent paralytiques généraux, soit sous forme de paralysie

générale vulgaire, soit sous forme delypémanie, de mélancolie, de

délire des persécutions, de démence progressive, et cela dès la

période préataxique du tabes. Les deux affections, dans d'autres cas,

débutent simultanément'. Dans d'autres cas encore, les manifesta-

tions psychiques sont les premières en date : 60 p. 100 des paraly-

tiques généraux sont tabétiques.

Mais, loin de démontrer que la paralysie générale est accompagnée

de tabes dans les deux tiers des cas au moins, une statistique de

Fürstuer, invoquée par Pierre Marie ainsi que par Hoche, ne

signale sur 118 cas de paralysie générale que 28 fois seulement les

lésions caractéristiques du tabès, les lésions des cordons posté-

rieurs seuls ; 17 fois les cordons latéraux seuls étaient lésés;

73 fois les cordons latéraux et postérieurs=; il en résulte que la

lésion pure des cordons postérieurs n'est pas beaucoup plus

fréquente dans la paralysie générale que celle des cordons laté-

raux. Dans la plupart des cas, écrit Fiirstner lui-même, le pro-

cessus pathologique commence par les cordons latéraux ; un côté

est plus gravement atteint que l'autre. Les cordons latéraux des

pyramides sont plus atteints dans les cas de lésion pure que

dans les cas de lésion combinée de ces cordons. Les cordons anté- '

rieurs des pyramides n'étaient que très rarement affectés, et

toujours leurs lésions étaient associées à celles des cordons laté-

raux et postérieurs. « Dans les cas où la lésion siégeait sur les

cordons postérieurs, il faut distinguer ceux où la dégénération

typique du tabes avait précédé l'affection cérébrale d'avec ceux,

plus rares, où ces cordons avaient dégénéré au cours de l'affection

cérébrale. » ' ,

Quelle que soit la cause des altérations directes et primitives

des racines postérieures dans le tabes (il n'existe pas de symp-

tômes caractéristiques du tabes traumatique), on doit se rappeler

que la production de l'affection dans les régions les plus éloignées

du système nerveux, qui ne contiennent aucun rapport de conti-

Nageotte,. Tabès et paralysie générale. Th. Paris, 1893.

S Fi\l'i;tnel'. ZUI' Pathologie und palhologische Analomie der progrès-

siven Paralyse, insbesondere àber die Verxnderungen des Ruelcenmarkes

und der peniplzenezll'ervez. Areh. f, Psych., XXIV, 1893. ,

ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES -DU TABES. 127 Î

nuité anatomique, implique l'existence d'une infection ou d'une

intoxication antérieure de l'organisme. Si, par lui-même, un

traumatisme ou un refroidissement peut, sans infection préalable,

provoquer réellement le tabes, c'est ce qui n'est pas encore

démontré. Mais, au cas où il en serait ainsi, on devrait admettre

logiquement, selon Mitzig, que le traumatisme ou le froid ont été

la cause déterminante de la production d'un poison dont l'action

aurait agi sur le système nerveux d'une manière semblable à celle

des toxines hypothétiques des infections vénériennes 1. Ilitzig

s'écarte sur quelques points des idées de Leyden et de ceux qui

l'ont suivi touchant la pathogénie du tabes. Il n'admet pas encore

avec P. Marie, pour lequel s'est déclaré Leyden, que l'origine de

l'affection soit périphérique (ganglion spinal), car, dit-il, le nerf

sensitif issu du ganglion spinal est presque toujours normal, même

dans les cas anciens. Aussi incline-t-il à croire que l'infection.

origine du mal, est générale, qu'elle n'épargne aucune province

aucun élément du système nerveux, quoiqu'elle manifeste une

sorte d'affinité élective pour les racines postérieures 2.

Les altérations dégénératives des nerl's sensibles périphériques,

altérations relativement fréquentes, car les terminaisons cutanées

du protoneurone sensitif 'sont surtout exposées au froid, aux

traumatismes, etc., ont paru à nombre d'auteurs être de tous

points favorables à la théorie périphérique du tabes3. Si cette

théorie était fondée, le tabes devrait souvent être la suite d'une

névrite ou figurer parmi les symptômes des polynévrites. On a sans

doute parlé quelquefois de névrite ascendante . Mais, outre que les

lésions de la moelle, et en particulier celles des racines posté-

rieures, qui coïncident avec celles des nerfs périphériques, peuvent

dériver d'une cause commune, sans que celles-ci soient causes de

celles-là (Babinski), on sait aujourd'hui, depuis les expériences de

Nissl sur les altérations des cellules radiculaires après la section

des nerfs moteurs, qu'il ne s'agit pas en réalité, dans ces cas,

d'une névrite ascendante, mais d'une réaction du neurome sur un

cylindraxe. Il lâut donc écarter l'hypothèse d'une lésion des cor-

dons postérieurs comme effet d'une névrite ascendante. Aussi bien

la dégénération ascendante d'un nerf sensible s'arrêterait à la cel-

lule du ganglion spinal dont il est, dit-on, le prolongement cylin-

draxile. Quoique cela soit généralement admis comme vraisem-

blable, nous ne pensons pas que ce soit vrai (Ramon y Cajal).

,

' Ed. Hitzig. Ue&et'/t'Mma/MC/fe Tabes und die l'alhogellese der Tabes

im Alloemeillell. Berlin, 189" '

1 Leyden a de plus en plus incliné à croire que le tabes est d'origine

périphérique (1894-1897).

' Voir la liste bibliographique de ces auteurs et de leurs travaux dans

Redlich. loc. ci ? p. 1 53.

128 . . ' REVUE CRITIQUE.. - :

Mais continuons la démonstration négative de Redlich. L'état

des cellules et des fibres nerveuses du côté de la moelle épinière

correspondant aux membres amputés n'a pas laissé de fournir

aussi des arguments aux partisans de la théorie périphérique du

tabes (Leyden, Goldscheider, Flatau, etc.). Car, en vertu de la

théorie de Marinesco sur les conditions du trophisme des neurones,

l'interruption de la continuité des excitations transmises norma-

lement à ces organes, interruption centrale ou périphérique,

entraine, avec l'altération des cellules des ganglions spinaux cor-

respondants dans les amputations, celle des racines et des cor-

dons postérieurs. Mais Redlich fait remarquer que les lésions de

la moelle épinière consécutives aux amputations sont de simples

atrophies, non des lésions de dégénération comme dans le tabes.

Le nombre des éléments nerveux atrophiés n'est pas ou n'est que

peu diminué, et là même où ils ont disparu, on ne constate

jamais de prolifération de la Í1évroglie. C'est ce qu'ont observé

Leyden, Marinesco, Redlich. D'autres auteurs, tels que Marie,

parlent au contraire, dans les cas d'amputation, de dégénération,

de « sclérose», des cordons postérieurs. Flatau, trois mois après

une amputation, a trouvé, avec la coloration de Marchi, les

racines et les cordons postérieurs correspondant aux membres

amputés dégénérés.

Au point de vue expérimental, Feinberg, après destruction du

nerf sciatique sur trois lapins, a noté des lésions manifestes dans

les racines postérieures, les cellules des cornes postérieures, les

colonnes de Clarke. Malgré tout, Redlich ne croit pas que la

théorie périphérique du tabes soit capable d'expliquer la lésion

caractéristique de cette affection, la dégénération des cordons pos-

térieurs.

Mais tout l'intérêt de ce problème est comme ramassé dans la

considération de l'état des cellules des ganglions spinaux, c'est-à-

dire du centre trophique et fonctionnel du prôtoneurone sensitif,

avec ses deux prolongements centripète et centrifuge. C'est Marie

qui,.selon les principes de la droite raison, a rapporté au neurone

d'origine de la racine postérieure la lésion classique de ce cylin-

draxe dans le tabès. Marie a été suivi bientôt par Marinesco,

Oppenheim, Stroebe, Zeri, Massary. Les partisans de la théorie

ganglionnaire, comme la nomme Redlich, invoquent surtout de

prétendues « lésions fonctionnelles » du protoplasma cellulaire

qui retentiraient sur le trophisme des racines postérieures et de

leurs prolongements intramédullaires. Pour' Redlich, ce n'est

qu'une pure hypothèse, et qui paraît même très peu vraisem-

blable. Il renonce même à discuter, toujours à cause du même

caractère hypothétique d'une telle assertion, l'apparition primi-

tive de la dégénération dans les parties les plus vulnérables des

fibres radiculaires postérieures, dans les collatérales de ces

ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES DU TABES. 129

fibres (Marie, Marinesco). Le premier Redlich a montré que les

lésions des parties intramédullaires des fibres radiculaires posté-

rieures sont plus graves que celles des parties extramédullaires.

« Qu'est-ce qui prouve que, lorsqu'une cellule est lésée, ce sont ses

parties les plus périphériques qui souffrent les premières ? ... Quand

une cellule pyramidale de l'écorce est altérée dans sa structure,

voit-on que ce soient les arborisations terminales ou les collaté-

rales de ce neurone qui dégénèrent d'abord ? Ne voit-on pas plutôt

que toute l'étendue de cet élément dégénère à peu près en même

temps ? Dans le tabes, ce sont des mois et des années au contraire

qui s'écoulent entre la lésion initiale et ses suites. » L'hypothèse

de Babes et de Kremnitzer est passible des mêmes objections que

toutes celles qui ont été proposées en faveur de la « théorie gan-

glionnaire ». Les légères altérations des cellules des ganglions con-

sécutives à la section des racines postérieures (Lugaro), altéra-

tions qui ne déterminent jamais la dégénération des neurones, ne

sauraient être invoquées en manière d'argument contre la nature

secondaire des lésions de ces cellules qui, dans le tabes, suc-

cèdent à celles des racines postérieures et de leurs prolongements.

Dans la maladie, ce processus évolue d'ailleurs très lentement,

souvent au cours de nombre d'années. « Il faudrait donc laisser

vivre les animaux longtemps pour voir si les altérations ainsi

provoquées expérimentalement présentent quelque ressemblance

avec celles de la structure cellulaire des ganglions spinaux dans le

tabes. » Tout le monde convient que le tabès est une affection du

protoneurone centripète. Si la fonction de ce neuronne est troublée,

toute sa structure anatomique doit en ressentir l'effet, car « le

neurone vit de sa fonction », a écrit Massary, Redlich le rappelle ;

mais le savant neurologiste de Vienne ne trouve pas ces altéra-

tions structurales, au moins suffisamment décelables, dans les

cellules des ganglions spinaux'.

Gull indiqua le premier, semble-t-il, les rapports de la dégéné-

ration secondaire des cordons postérieurs avec la méningite des

méninges de la moelle, mais sans considérer cette affection comme

la cause du tabes, ce que fit Arndt. Mais ce fut Lange (1872) qui

chercha à rapporter aux'processus inflammatoires des méninges

la dégénération des racines postérieures; l'atrophie des cordons

' Il n'est pas exact de compter Redlich au nombre des auteurs qui

professent la « théorie radiculaire », c'est-à-dire selon lesquels les racines

postérieures sont le point de départ de la lésion des cordons postérieurs;

tel serait, par exemple, le point des racines postérieures dont la lésion

déterminerait la névrite interstitielle transverse de Nageotte, névrite qui

serait constante dans le tabes et serait la cause de la lésion des cor-

dons postérieurs. Redlich ne peut voir dans la névrite signalée par

Nageotte la cause de cette lésion.

Archives, 2' série, t. XI. 9

130 - - REVUE CRITIQUE. : - .

postérieurs pouvait d'ailleurs' dériver aussi,' selon' lui, des

lésions cellulaires de la moelle, sans qu'il existât la moindre mé-

ningite ; enfin, il pouvait s'agir de dyscrasies déterminant une

atrophie primaire des racines postérieures. Minor et'Sachs (1894)

ont montré ensuite comment l'affection tabétique des cordons

postérieurs pouvait être l'effet d'une méningite, surtout de nature

syphilitique. Obersteiner et Redlich1 sont également partis de la

considération que la dégénération des racines postérieures débu-

tant presque toujours dans le tabes au point où ces racines pénè-

trent dans la moelle, c'est là qu'il faut chercher la lésion initiale.

Une méningite, surtout chronique, en exagérant la compression

qu'exerce déjà à l'état normal la pie-mère sur les racines posté-

rieures, devait suffire pour expliquer la dégénération en ce

point (fibres radiculaires intramédullaires). En outre, les, parois

des vaisseaux qui existent en ce même point étant d'ordinaire

épaissies et augmentées de volume dans le tabès étaient une

autre cause, pour ainsi dire convergente, de dégénération des

racines postérieures. Des recherches étendues auxquelles s'est

livré Redlich dans le champ si vaste de la littérature relative à

l'état des méninges de la moelle dans le tabès, il résulte que les

causes pathogènes du tabes exercent une action directe sur les

méninges et y peuvent exciter des processus inflammatoires, par

conséquent, que « la méningite est à tout le moins un phénomène

en corrélation avec la lésion des cordons postérieurs dans le tabes;

ce point de vue est celui de Erb et de ses élèves pour la ménin-

gite syphilitique dans le tabes ». Mais cette méningite pathogé-

nique du tabes est loin d'être constante, ont objecté l3orgdierini,

Mayer, Nageotte, Massary, Leyden et Goldscheider. Redlich

reconnaît aussi qu' « une méningite proprement dite n'est point

une lésion qu'on rencontre d'une manière constante dans le

tabès ». Il peut même affirmer, de. par son expérience, qu'il y a

des cas, à la vérité très rares, où ne parait exister aucun processus

inflammatoire des méninges. Il ne saurait affirmernon plus qu'aux

différents foyers de dégénération corresponde toujours précisément

une méningite intense. L'influence du poison syphilitique ou de ses

produits sur la dégénération des cordons postérieurs peut être

non seulement indirecte, mais directe, et Striimpell (1890), suivi

par Mobius, ltaymond, Mayer, considère à la lettre le tabes comme

l'effet d'une intoxication post-syphilitique, analogue aux affections

post-diplnéritidues : sous l'influence de l'infection syphilitique, des

produits anormaux d'échange se forment dans l'organisme qui

' Obersteiner u. Redlich. Ueber 1Vesen und Pathogenèse der labischen

Ilinferslran7sclegeraeralioa. Arbeiten aus Prof. Obersteiner's Laborat.

Wien, 189 - Obersteiner. zui, labischeit 7/ ! < : /erwM)'M'-

krankung. Ibid., 1895. .

ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE , PATHOLOGIQUES DU TABES. 13L

déterminent les dégénérations, de certains faisceaux nerveux,

comme le fait le plomb, etc, On en est venu à identifier le tabes

aux phénomènes tertiaires de la.syphilis. Eib, sans méconnaître

ce qu'il y a de forcément hypothétique dans ces idées, qui ont;

surtout trouvé un écho dans les travaux de Finger (car on,ne

connait pas plus ces produits .d'échange que l'agent, le poison-

syphilitique, qui les susciterait), tient cependant la lésion dégéné ?

rative du labes pour l'effet le plus probable de ces toxines sur l'or-'

nanisme'. - . , ? , ? ,

Nous avons parlé de. l'hypothèse de Ilitzig qui compte ces,

poisons au nombre des facteurs éliologiques du tabes. Le froid,'

et bien d'autres causes agissent de même, mais non dans le sens :

de la théorie périphérique du labes : une polynévrite a frigorie, : i

par exemple, doit être interprétée comme relevant d'un processus >

toxi-infectieux de l'organisme.

Eu résumé, quelque hypothèse qu'on invoque pour la produc-;

lion de la lésion spécifique du tabes, la dégénératiol1 des cordons

postérieurs, on doit reconnaître que les causes directes et indi-

rectes du mal paraissent être des plus nombreuses et sans doute.

des plus variées. On a soutenu dans ces derniers temps que le z

tabes n'était pas uniquement une affection de la moelle épinière,.

mais peut-être du système nerveux tout entier (l3orglierini, Dark-

scbewitz). .

La rigidité pupillaire indique déjà la participation des nerfs

crâniens au processus tabétique; c'est surtout le cas pour le

nerf optique. Aussi bien on connaît les analogies que présentent

le nerf optique, le trijumeau, le glossopharyngien avec les racines

postérieures. En outre les nerfs périphériques, sensitifs et moteurs, z

sont souvent et peut-être toujours affectés dans le tabes. Enfin,

l'association ou complication fréquente du tabes avec la paralysie

générale, et inversement, ne permettent pas de douter que l'écorce

ducerveau ne soit aussi gravement altérée. Toutefois Hedtich écarte

avec raisou la tentative qu'avait faite Jendrassik2 de chercher dans

' Cf. W. Erb. Zur étiologie der Tabes. Berl. klin. Wochenschr., 1891,,

n" 29-M.

La cause la plus grave et la plus fréquente du tabes est la syphilis.

* Jendrassik. Ueber die Localisation der Tabes dorsalis. D. Arch. f

klin. lled. Bd kLIII, 1888.

Dans ce travail Jendrassik croit pouvoir déduire d'observations cli-

niques et de recherches expérimentales que, « consécutivement à cer-'

taines lésions du cerveau, la dégénération secondaire peut s'étendre aux^

cordons postérieurs, et qu'après des lésions du cervelet le faisceau céré-

belleux peut aussi peut-être dégénérer de haut en bas, si la longue'

durée nécessaire à ce processus de dégénération se trouve réalisée ». Il'

tient donc pour possible de faire dériver la dégénération spinale du tabès-

de processus cérébraux.. Il fait remarquer que, dans.le tabès, ce sont

132 . ' ' - - . REVUE CRITIQUE. - -

les lésions de l'écorce du télencéphale l'origine du processus et de

rattacher à ces lésions la dégénération des cordons postérieurs. Il

faut également renoncer à interpréter l'ataxie du tabes comme

une ataxie d'origine corticale. -

Le nerf optique est souvent atteint dans le tabes. Les cas où ce

nerf est particulièrement affecté constituent jusqu'à un certain

point une forme spéciale que Pierre Marie appelle le labes supérieur

ou le tabès cérébral. Il admet que dans cette forme l'évolution de

l'affection puisse rester assez bénigne pour ce qui concerne

d'autres organes que ceux de la vision : il ne saurait croire à

« une action directe de la névrite optique sur la marche de la

maladie ». On a été jusqu'à prétendre, en effet, que lorsque la

névrite optique survenait, on voyait l'incoordination diminuer :

« Cette dernière assertion me parait un peu hasardée », écrit

l'éminent neurologiste. C'est que, si dans le tabès la syphilis agit

comme un véritable poison organique, comme une toxine, doctrine

que Marie reçu,3 de Strümpell, les cellules nerveuses des différents

ganglions des nerfs rachidiens et des nerfs crâniens, quelque

distants que soient ces ganglions, ou leurs analogues (rétine, mu-

queuse olfactive) doivent être « atteintes simultanément par un

même processus et atteintes d'une façon spéciale, élective .»

- L'appareil de l'audition est atteint presque aussi fréquemment

que celui de la vision ; les troubles sont souvent précoces et se

montrent, comme ceux de la névrite optique, pendant la période

préataxique (diminution de l'acuité auditive, surdité, etc.). C'est

seulement les longues voies nerveuses qui sont atteintes. Il résumait

ainsi sa conception nouvelle du tabes : « La plupart des symptômes tabé-

tiques relèvent d'une lésion de l'écorce cérébrale ; le tabes dorsal n'est

pas une maladie de la moelle épinière, mais du cerveau. Il est vraisem-

blable que la sclérose des cordons postérieurs est une dégénération

consécutive en correspondance avec les lésions décrites».

Les fonctions psychiques demeurent d'ordinaire tout à fait intactes

dans le tabes, au témoignage de Leyden et de Goldscheider. Le tabès

dorsalis peut sans doute s'associer à une véritable maladie mentale, à

la paralysie générale des aliénés. La question des rappoits du tabes et

de la paralysie générale est encore pendante. Pour Moebius, les deux

affections ne sont qu'un symptôme différent de la métasyphilis : il

invoque les observations de Jenlrassik. Pour Leyden et Goldscheider, les

faits cliniques, aussi bien que les faits anatomiques et statistiques, plai-

dent contre l'hypothèse de l'identité des deux affections. Ajoutez que la

dégénération des cordons postérieurs dans la paralysie générale n'est

pas de même nature que dans le tabbes véritable.' Dans la paralysie géné-

rale, ce ne sont pas les prolongements des racines postérieures qui dégé-

nèrent, c'est-à-dire des fibres d'origine exogène, mais des fibres d'origine

endogène (Marie), lesquelles tirent leur origine de la substance grise de

la moelle épinière.

' Marie. Leçons sur les maladies de la moelle. Paris, 1892, 209, 380.

ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES DU 'TABES. 133

bien'le nerf auditif qui est atteint par l'affection : « Il existe, dit

.Marie, une névrite auditive tabétique, comme il y a une névrite

optique tabétique. »

Outre les troubles variés relevant des sphères visuelles et audi-

tives, Leyden et Goldscheider enseignent aujourd'hui que des

altérations du goût et de l'odorat s'observent quelquefois alté-

rations consistant aussi bien dans l'hypesthésie que dans la pares-

thésie ou l'abolition de ces sensations spécifiques. Comme exemple

de paresthésie des sensations du goût, ils citent des sensations

persistantes de saveur sucrée 1. : 1

Les lésions histologiques d'où résultent, dans le tabes, les trou-

bles du goût et de l'odorat ne sauraient différer de celles des autres

nerfs et des autres centres nerveux, de celles en particulier des cel-

.Iules nerveuses des ganglions des nerfs crâniens, analogues aux

-ganglions des nerfs rachidiens. Klippel a décrit et reproduit les

lésions des cellules nerveuses du ganglion d'Andersch qui se trouve

sur le trajet du nerf glosso-pharyngien, celles des cellules olfac-

tives de la muqueuse pituitaire représentant le ganglion du nerf

olfactif, enfin celles des cellules du ganglion de Gasser, lésions qui

commandaient naturellement celles des prolongements de ces cel-

lules, c'est-à-dire des nerfs correspondants. Avec la-méthode de

Marchi, beaucoup de fibres présentent des réactions pathologiques

et celles qui persistent avec leur enveloppe de myéline sont plus

gréles qu'à l'état normal. « L'examen des circonvolutions cérébrales,

portant spécialement sur celles du corps calleux, sur l'hippocampe,

sur les frontales internes et externes, sur les temporales (que quel-

ques auteurs considèrent comme des centres olfactifs et gustatifs),

a montré des lésions banales, mais accusées, d'atrophie et de dégé-

nérescence des éléments nerveux, surtout des tubes nerveux et des

. capillaires ». Les branches afférentes et efférentes des cellules des

ganglions d'Andersch et de Gasser étaient altérées histologique-

ment. Où débutent pour Klippel les lésions du tabes ? Il se range

parmi les auteurs qui considèrent le tabes ordinaire comme « une

maladie du téléneurone centripète ».

Les nerfs du goût et de l'odorat n'échappent donc pas à la patho-

génie générale. Quant à la sensation de dégoût qu'éprouvent ces ma-

lades, sensation qui va souvent usqu'à provoquer, avec la nausée, le

vomissement, Klippel l'attribue à une sensation d'ordre musculaire,

àla vague conscience d'un mouvement du pharynx, de l'oesophage,

' Voir le beau Mémoire publié par Klippel dans les Archives de Neu-

rologie, 1897, III, 2° série, : ! 1>i-281 : Des troubles du goût et de l'odorat

dans le tabès, et les textes et indications relatifs aux observations de ce

genre de Vulpian, Topinard, Pieiret, Jolïïoy, et Ilanot, Magnan, Falret,

Raymond, etc., et surtout Pierre Marie dans ses leçons sur les Maladies

delà moelle. (Appareil olfactif, appareil gustatif chez les tabétiques.)

134 " ;, : « ' 'REVUE CRITIQUE. -- ?

qui se fait en sens inverse des mouvements normaux. Ainsi, une

perversion du sens musculaire viscéral pourrait, dans le tabes, pro-

voquer des sensations nauséeuses auxquelles le malade rapporte

- ses idées d'odeur Ou' de saveur de matières en putréfaction. Cette

interprétation de la nature du dégoût chez les tabétiques est, en

- tout cas, d'une rare pénétration et témoigne d'un sens aussi sur

- que délicat de la physiologie pathologique des phénomènes les plus

-obscurs de la sensibilité générale. - . : Redlich a résumé comme suit son étude magistrale de l'anatomie

et de la pathologie du tabès :

- Le mode de distribution de l'affection tabétique des cordons

postérieurs est-il systématique au sens de Strumpeil et de Flcchsig ?

- est-il électif (Mayer) ? est-il segmentaire, c'est-à-dire se propage-t-il

par territoires radiculaires ? Les faits sont décidément plus favora-

bles à cette dernière conception qu'à celle de la nature systéma-

tique du tabes. Il reste toujours possible, à la vérité, que tous les

'genres de fibres contenues dans une racine postérieure de la moelle

épinière ne réagissent pas de même aux causes de destruction,

de sorte que la théorie de Flechsig ne saurait être entièrement

-écartée.

En tout cas, il demeure constant, ainsi que l'avait établi Redlich

dans son premier travail sur la matière, qu'au début de l'affection

tabétique, des territoires radiculaires entiers dégénèrent, quoique

faiblement, dans une partie circonscrite de la moelle épinière;

qu'avec le progrès du mal, toujours de nouveaux segments dégé-

- nèrent, ceux qui sont déjà affectés dégénérant plus gravement,

c'est-à-dire qu'ils perdent la plupart de leurs fibres. Le caractère

de lésions en foyer de la dégénérescence tabétique parait véritable.

L'affection tabétique des cordons postérieurs de la moelle n'est pas

une affection systématique, au sens ordinaire du mot; c'est tout

"au plus un affection systématique des racines postérieures, une

'affection exogène des cordons postérieurs (Marie), ou, comme on peut

's'exprimer aujourd'hui, une dégértéralion de la distribution intho.-

médullaire du protoneurone centripète (Massary).

Au point de vue étiologique aussi, le tabes est une maladie exo-

'géne. Redlich admet que, dans « plus de la moitié des cas » de

'tabes, la syphilis doit être considérée comme la cause efficiente de

l'affection. Les autres infections elles intoxications peuvent être

'ensuite invoquées, puis le froid, les traumatismes. Mais d'autres

causes doivent favoriser le développement du tabes, apporter en

.quelque sorte leur appoint nécessaire à la production de lésions

.dégénératives qui, sans cet appoint (surmenage, surtout des extré-

unités inférieures), n'auraient peut-être pas évolué.

«' Le tabes nous apparaît, quant à nous, comme une dégénération

'générale du système nerveux : on a dû abandonner l'opinion an-

cienne-d'après laquelle le tabes ne serait qu'une maladie de la

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 135

moelle épinière. Nerfs périphériques, moelle, encéphale, peuvent

être successivement ou simultanément atteints, selon la nature de

la cause pathogénique et l'état, congénital on acquis, de résistance

des différentes provinces du névraxe. '

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE

PATHOLOGIQUES.

I. Sur les formes atypiques et extraordinaires du cerveau, considé-

rées principalement dans leurs rapports avec le status mental :

étude de morphologie de la surface cérébrale ; par W. Junus

Mickle. (The Journal of Mental Science, janvier 1898.)

On ne peut ici que conseiller de consulter ce travail sans

essayer de l'analyser : l'abondance des détails anatomiques ne

permettrait pas à un compte rendu d'en donner une idée exacte,

.ni surtout un aperçu de quelque utilité ; sa publication a duré

près de deux ans dans le Journal of Mental Science : c'est une

oeuvre considérable qui mérite mieux que l'inévitable injustice

d'une trop brève et trop imparfaite analyse. R. M. C.

II. Flechsig et la localisation cérébrale des processus mentaux ;

par W. IRELAND. (The Journal of Mmtal Science, janvier 1898.),

Résumé très intéressant des derniers travaux de Flechsig sur la

- localisation daus le cerveau des processus mentaux ; mais pour

être analysé, ce travail exigerait la, reproduction des figures de

Flechsig que M. Ireland a reproduites et auxquelles son résumé se

reporte continuellement. R. M. C.

III. Statistique concernant la disparition de la rigidité cadavé-

rique ; par J.-V. IiLacnron. (The Journal o/'Jleztul Science, jan-

vier 1900.) .

Cette statistique porte sur 220 cas; elle montre, que bien que dans

des cas exceptionnels la rigidité cadavérique puisse disparaître dès

la vingtième heure, elle peut persister et persiste probablement

souvent soixante heures après la mort.. R. M.-C.

.136 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

IV. Note sur la valeur, intellectuelle comparée des lobes céré-

braux antérieurs et postérieurs, par CIioCIILEY-CL.11'IiAN. (The

Journal of Mental Science, avril 1898 ) ,

Suivant la doctrine actuelle, les lobes pariétaux sont occupés par

les centres moteurs de Ferrier et d'autres auteurs, et les lobes

temporo-sphénoïdaux par les centres de sensibilité spéciale. La

plus grande partie des lobes antérieurs (frontaux) et postérieurs

occipitaux) demeure ainsi disponible.

Les lobes antérieurs ont été choisis comme le siège de l'intelli-

gence sur des preuves un peu minces ; les droits des lobes posté-

rieurs à cette fonction élevée reposent sur des bases plus larges et

sur des preuves tirées à la fois de la biologie, de l'ethnologie, du

développement, de la clinique et de la pathologie ; ils ont été sou-

tenus dans divers passages de leurs oeuvres par Retzius, Carpenter,

Bastian et Hughiings Jackson. L'auteur passe en revue les divers

ordres de preuves qu'il a énumérés.

Preuves biologiques. - Les lobes occipitaux apparaissent tard

chez les vertébrés, et augmentent d'étendue à mesure qu'on s'élève

dans l'échelle animale ; l'exception tirée des quadrumanes est spé-

cieuse, car chez eux la surface des circonvolutions est lisse, tan-

dis que chez l'homme la surface de substance grise est considéra-

blement augmentée par la quantité des sillons et plis de passage.

Dans les cerveaux à évolution supérieure, les lobes occipitaux

deviennent plus profonds, plus pleins, plus arrondis, et leurs cir-

convolutions augmentent de complexité.

Preuves ethnologiques. - Dans les races humaines intellectuelle-

ment inférieures, les lobes occipitaux sont petits.

Preuves Urées,du développement. Chez l'individu, comme dans

l'échelle animale, les lobes occipitaux apparaissent tardivement,

obéissant ainsi à la règle de tous les tissus d'évolution supérieure;

l'auteur rappelle sur ce point les travaux de Retzius.

Preuves cliniques. Dans l'insuffisance intellectuelle, c'est la

catégorie la plus déshéritée qui présente le plus faible développe-

ment occipital. Tout le monde sait que les idiots se font remarquer

par un cou absolument vertical et une absence de la protubérance

occipitale; Fletcher Beach et Shullleworth reconnaissent tous

deux le vice de développement de la portion occipitale du cerveau

chez les idiots.

Preuves pathologiques. Les autopsies confirment les preuves

cliniques ; on peut ajouter que la fréquence et le degré de la

déchéance mentale qui accompagne l'aphasie sont rigoureusement

proportionnels au degré de rapprochement entre la lésion et les

lobes occipitaux, ainsi que l'avait déjà montré Dax. Enfin, dans le

cerveau des déments chroniques, il y a une atrophie considérable

des lobes occipitaux.

. ' `s1 t`2,11w,....

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 131 ·E.

' t11\Lc. r"N ^l >"

Il est bien entendu que, en parlant du « siège de 1'inteHtgeHCE'i

l'auteur n'entend nullement dire que l'intelligence ait un siège par-

ticulier et distinct des subslrata sensitil's et moteurs de l'écorce en

général. Le point unique qu'il a entendu discuter c'est la valeur

intellectuelle comparative des lobes antérieurs et des lobes poslé-

rieurs, et la fréquence avec laquelle la prépondérance de l'un ou

l'autre des cerveaux, l'anlérieur ou le postérieur, est associée à un

accroissement ou à une diminution de la vigueur intellectuelle. Il

estime que la balance penche lourdement en faveur de la prédo-

minance intellectuelle des lobes postérieurs.

- Il. DE 1\1 VSG RAVE-CU Y.

' V. Communication sur les lésions macroscopiques et microsco-

piques de l'utérus et de ses annexes chez les aliénées, pal' T.-G,

Gordon-Munn. (The Journal of Mental Science, janvier 1899 ) -

Ce travail, beaucoup plus gynécologique que neurologique, se

compose d'un court historique de la question et de 18 observations

suivies d'autopsie. R. M. C.

VI. Nouvelles recherches sur la formation des fibres axiales dans

le cerveau, par leD'' PAUL Flechsig, le D'' DÙLLREN et le Dr Nissl.

Résumé par W.-W. 1REL\ ? D. (The Journal of Mental Science, jan-

vier 1898.) .

Nous nous bornons à signaler ce travail, ne pouvant le résumer,

puisqu'il est lui-même un résumé. H. M. C.

VIL Les effets d'une lésion de la tète chez un alcoolique ; par

Nathan HAW. (The Journal of Menlul Science, janvier 1899.)

Homme de trente-huit ans, alcoolique invétéré, est tombé sur

la tête du haut d'une échelle : à la suite de sa chute, il a eu dans

une nuit quatorze attaques de nature épileptique. Pas de fracture

du crâne. Plus tard, encore en une seule nuit, trente-neuf atta-

ques. Deux heures après la dernière, retour de la conscience, mais

hémiplégie gauche. Guérison.

Les points les plus remarquables de ce cas sont ceux qui aident

à élucider la pathogénie de l'épilepsie : les attaques ont été très

violentes, et l'hémiplégie qui les a suivies n'a duré que deux ou

trois heures : elle avait été immédiate. Parmi les diverses théories

proposées, la plus rationnelle est évidemment celle d'après laquelle

l'épilepsie idiopathique est toujours de nature corticale : or on

peut regarder les cellules corticales comme des réservoirs d'éner-

gie, mais d'une énergie en quelque sorte comprimée, et qui peut

se décomprimer sous l'influence d'un traumatisme. - Reste à expli-

quer la paralysie motrice qui a probablement été causée par

138 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE 'PATHOLOGIQUES.

l'épuisement provoqué dans l'écorce par la lésion convulsive de

décharge : quand cet épuisement a cessé, les mouvements ont

spontanément disparu. R.'DE Musgrave CLAY.

- VIlI. Remarques sur les cellules géantes de l'écorce motrice chez

les aliénés, examinées à l'état frais (sans durcissement) :

contribution à la pathologie de la cellule nerveuse ; par Joux

. Turner. (1'leeJouraul 1 of Mental Science, juillet 1898.)

La méthode employée consiste à colorer de petits morceaux

d'écorce cérébrale avec le bleu de méthylène et à les comprimer

sous le couvre-objet : elle a l'avantage de montrer une richesse

inusitée de détails dans la cellule nerveuse et dans ses prolonge-

ments, et de nous faire voir cette cellule avec ses dimensions nain.

relles en même temps qu'elle nous éclaire sur sa consistance,

,qui est ferme et élastique à l'état sain et qui peut augmenter ou

diminuer beaucoup à l'état pathologique.

Elle nous fixe beaucoup mieux aussi qu'une coupe sur la quan-

tité de pigment que contient la cellule et sur le nombre de ses pro-

longements ; elle donne d'aussi bons résultats vingt-quatre ou

trente-six heures après la mort qu'immédiatement.

L'auteur entre ici dans de minutieux détails sur la technique du

procédé, et fait remarquer que les cellules étudiées par celte

méthode montrent il l'égard de la matière coloranle une avidité

.extraordinaire. '

Pigment. - On sait que, en. dehors de la pigmentation physio-

logique, variable suivant l'âge, l'excès de pigmentation doit,

.comme le dit Bevan Lewis, être considéré dans les psychoses

comme le témoignage d'une hyperactivité fonctionnelle évanouie.

Chez les aliénés, il est commun de rencontrer des cellules jeunes ou

peu âgées qui sont très abondamment chargées de pigment, et

même distendues. L'auteur a constaté cet excès de pigment dans

un grand nombre de maladies mentales, et a relevé le résultat de

'ses recherches sur le point dans un des tableaux qui accompagnent

'son travail.

1 Substance chromophile. - En examinant la cellule fraîche, ce

'qu'on n'avait pas fait auparavant, on acquiert la preuve que la

substance chromophile existe bien réellement 'sous la forme

décrite par Nissl, et qu'elle n'est pas artificiellement'produite par

le durcissement ou par les réactifs. Il n'est pas douteux que dans

la cellule morte la substance chromophile prend' Í1¿ fOl'me et une

disposition qui, dans les cellules géantes et lés pyramides saines,

' est celle de bâtonnets ou de fuseaux dont le grand axe a la même

direction que le grand axe de la cellule. Cette disposition est-elle

^la même dans les autres cellules corticales, l'auteur en doute. Il

"complète la description de ce qu'il appelle la éellùlê'[Í11otrice nor-

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 139

- maie en disant que sa forme est irrégulièrement anguleuse, avec

de nombreux prolongements qui parlent de tous ses points, et qui

s'en séparent par une extension protoplasmique en forme d'éventail.

'La cellule est fortement teintée à cause de la grande quantité de

matière chromophile, le nucléole est ovale ou arrondi, nettement

.limité, central et entouré d'une zone plus pâle, non striée et à

bords mal délimités (noyau). La cellule est très élastique et

- résiste à la pression. 11 y a presque toujours plus ou moins de

- pigment jaune.

' La déviation la plus ordinaire de ce type cellulaire normal est la

- dégénérescence granuleuse de la substance chromophile : la cel-

,Iule prend une forme plus ou moins globuleuse, et le nombre de

ses prolongements diminue. L'évolution ultérieure de ce processus

transforme la cellule en un véritable squelette de cellule à contenu

finement granuleux et sans trace de matière chromophile ; il est

'probable que parvenues d cet état elles ne tardent pas à disparaître

-complètement. -- ' ' .

Une autre modification est l'absence partielle ou complète de la

'matière chromophile, que l'on observe dans les cellules qui au

lieu de s'amincir et de devenir fragiles, se rapetissent et se dur-

- clissent ; là, la substance granuleuse n'a aucune tendance à deve-

.nir granuleuse. Ces cellules peuvent être abondamment chargées

- de pigment.

,' Enfin, il est une dernière altération que l'auteur'juge très inté-

.ressante et qu'il n'a rencontrée que dans 5 cas, dont il donne le

^résumé succinct. Dans ces cas, la matière chromophile manque

^absolument dans la cellule et dans ses prolongements qui se

- colorent Uniformément en bleu mat. Le nucléole est presque tou-

jours central et volumineux, entouré d'une zone pâle et mal limitée

'(noyau).

- Généralement il y a très peu de pigment. La cellule ne présente

-dans la majorité des cas aucune anomalie de forme; elle est grande

,et émet généralement de nombreux prolongements avec expansion

en éventail du périkaryon ; mais ces prolongements (sommet et

- dendrites) sont extrêmement fragiles et se brisent à la moindre

pression, avec une cassure nette, généralement près de la cellule.

Bien que les altérations cellulaires qui viennent d'être signalées

ne paraissent pas semblables à celles que l'on observe dans les

cellules de la moelle après l'administration de certains poisons,

elles ont été rencontrées dans des cas tels qu'elles résultent proba-

blement de l'actiou des toxines sur les cellules nerveuses. 11 est

.digne de remarque que dans les 5 cas où l'auteur a constaté ce

'genre d'aftéaiion, les cellules géantes étaient toutes altérées de la

'.même manière et au même degré, et qu'on ne rencontrait pas,

.comme' d'habitude, des cellules à peu près saines et d'autres à : diverses périodes de la dégénérescence granuleuse ... .

140 REVU)' : D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

11 s'agit là d'une forme de chromatolyse, mais elle diffère à plu-

sieurs égards de celle que Marinesco a signalée après la section

d'un nerf moteur.

Dans 71 cas de folie l'auteur a pratiqué l'examen méthodique

d'un point particulier de l'écorce cérébrale : le point choisi a été

la circonvolution frontale ascendante à son extrémité supérieure,

d'abord parce que, de tout le cerveau, c'est elle qui contient les

plus grandes cellules, ensuite parce que cette région représente

une partie de l'extrémité centrale du faisceau pyramidal dont le

grand développement est essentiellement propre à l'homme. Le

. petit nombre des cas examinés n'a pas permis d'établir des conclu-

sions fermes, mais les faits ont été simplement notés et sommaire-

ment groupés. Un autre élément d'ailleurs aurait manqué à ses

conclusions, la comparaison avec les cerveaux de sujets sains

d'esprit Rien d'autre part dans les altérations cellulaires observées

ne permet de conclure qu'elles se rattachent plus spécialement à

l'une ou l'autre des formes de folie de nos classifications cou-

rantes. ·

Sur les 71 cas examinés (26 hommes et 45 femmes), il y en

. avait 25 (8 hommes et 17 femmes) où la substance chromophile

présentait la disposition que l'auteur considère comme nor-

male. Dans tous les cas, naturellement, il y avait des cellules où la

substance était en état de dégénérescence; mais la majorité appar-

tenait au type normal. L'auteur ne prétend pas en déduire que,

dans tous ces cas, l'état normal de cet élément particulier impli-

quait l'état sain de la cellule toute entière ; certains faits observés

sembleraient même indiquer le contraire. Ici l'auteur intercale

- trois tableaux où. les faits observés ont été groupés, et qui se rap-

. portent tous aux variations d'aspect ou de présence de la subs-

tance chromophile. La paralysie générale présente à ce point de

vue particulier des variétés d'aspect très remarquables : la mala-

die mentale où les altérations dont il s'agit ont été particulière-

ment constantes est la démence secondaire. Il est, en tout cas,

intéressant de noter que dans une proportion de 61,7 p. 100, on a

pu constater une déviation du type normal dans des cas d'aliéna-

.tion mentale dont un certain nombre ne présentait à l'oeil nu

aucune altération ni du cerveau ni de ses enveloppes. ,

L'auteur entre ensuite dans des considérations intéressantes sur

l'action phagocytique des leucocytes sur la cellule nerveuse, et

.rappelle les travaux de Sir John Batty Tuke et les siens propres

sur ce sujet ; et il termine son travail par quelques remarques sur

la nature de la substance cbromatophile et ses rapports avec le

fonctionnement de la cellule : il expose sur ce point l'état actuel

de la science : d'après les recherches les plus récentes, et tout en se

gardant de formuler une opinion absolue sur le rôle précis que la

substance chromatophile peut jouer dans le fonctionnement des

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. t4d

cellules nerveuses, il croit pouvoir soutenir que la régularité avec

laquelle elle est disposée constitue un bon indice du degré d'orga-

nisation auquel la cellule est parvenue dans l'exécution de cer-

taines actions définies de nature routinière. Ce travail est accom-

pagné d'une planche. Il. DE MlJSGI1.AYE CLAY.

IX. Hyperthermie nerveuse chez la femme ; par LEVEN.

(Revue de médecine, mars 1000.)

Trois observations d'hyperthermie passagère avec péritonisme

et coïncidant avec des troubles menstruels. L'hyperthermie semble

due à l'irritation du système nerveux utérin. M. II.

X. Des névrites palustres; par Sacquépée et-DopLER.

(Revue de médecine, avril et juin 1900.)

Les auteurs donnent un aperçu d'ensemble des principales obser-

vations de névrites palustres publiées par Eichhorst, Vincent, Sin-

ger, Boisset, Brault, etc. et auxquelles ils ajoutent 3 cas inédits de

polynévrite due à la malaria, dont un s'est terminé par la mort,

avec atrophie musculaire, albuminurie, et oedème final. D'après

l'ensemble des cas observés, les névrites paludéennes semblent

caractérisées d'abord par des troubles moteurs de la sensibilité,

puis par des troubles avec faiblesse dans les membres aboutissant

progressivement à une paralysie plus ou moins complète des mem-

bres. Les troubles trophiques ne manquent presque jamais, sur-

tout l'atrophie musculaire. Ces symptômes n'ont pas de locali-

sation spéciale qui puisse donner à la névrite paludéenne un carac-

tère particulier. La variabilité des nerfs intéressés serait plutôt

spéciale à cette affection.

Les troubles surviennent à des périodes diverses de l'infection

malarienne; ils peuvent coïncider avec des accès palustres, surtout

des accès pernicieux, ou bien alterner avec des séries d'accès, ce

qui est dans ce cas un bon moyen de diagnostic de spécificité de la

névrite, surtout lorsque tout autre cause toxique peut être éliminée.

Le pronostic n'est pas très défavorable à cause de la rareté des

complications bulbaires. L'affection est longue toutefois à rétrocé-

der ; dans les cas bénins, il peut y avoir guérison, en général il

reste de l'atrophie et une certaine impotence des membres.

Comme les autres névrites, la névrite paludéenne est vraisem-

blablement d'origine toxique et il est probable que les lésions sont

dues à une imprégnation progressive par la toxine paludéenne,

amenant la dégénération des nerfs. Mais il faut dire que cette

pathogénie n'est encore qu'à l'état d'hypothèse.

La quinine n'a d'action qu'au point de vue- préventif, mais

semble agir peu sur la névrite déclarée. M. HA.\1EL.

142' REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES,.

Xi. Contribution à la dissociation fasciculaire ou hersage des

' nerfs dans les troubles angio-neurotrophiques ; par le Dr de

. 13UCK, (Journal de Neurologie, 1900, n° 15.)

L'observation contenue dans ce travail est celle d'une femme de.

trente-neuf ans, chez laquelle s'est développée progressivement, à

la suite'de la variole, une affection du pied gauche, Ipcalisée

presque exclusivement aux orteils. Ceux-ci se cyanosèrent et

devinrent le siège de puresthésies accompagnées de crises doulou-

reuses, surtout nocturnes. La peau elle-même n'était pas modifiée,

mais il existait des troubles trophiques des ongles.

Tous ces accidents ont disparu à la suite d'une opération qui ai

consisté dans la dissociation fasciculaire du sciatique. gauche sui-

vant la méthode, de P. I)elbct. ' G. D.

XII. Un cas de lipomatose symétrique par métaplasie graisseuse

- du muscle; par les Drs de BCCK et de Moon. (Journ. de Neurolo-

gie, 1900, n° 15.)

Il s'agit d'un homme de trente ans chez lequel s'est développé,

depuis l'àge de quatorze ans, une augmentation de volume, pro-,

gressive des deux régions lombaires, sans phénomènes doulou-

reux. Une biopsie permit de constater qu'il ne s'agissait pas d'une

prolifération graisseuse, mais d'une involution régressive du tissu

musculaire qui s'était complètement transformé en tissu grais-

seux.

Quant à l'origine de cette lipomatose par métaplasie, l'auteur la

considère comme un trouble ueurolrophique dont la cause pre-

mière nous échappe. Le pronostic en est bénin et. les moyens les

plus propres à la combattre paraissent être le massage et les couï.

rants électriques. '. G. D.

XIII. La cellule nerveuse du coeur du lapin, ses modifications sous'

l'influence de la digitale et du nitrate de potasse ; par Bicc° FAR-

makowska. (revu. mèd. de la Suisse Romande, 1900, n° 7.) 1

L'auteur de ce travail s'est proposé de rechercher : 1° si l'absence,

de toute altération de la cellule nerveuse du coeur, au cours de fin :

toxication par la digitale était -un fait constant ; 2° si le nitrate de.

potasse avait au contraire une action marquée sur la structure de

cette cellule. 1

Pour résoudre ce problème, 1\111e Formakowska a intoxiqué un,

certain nombre de lapins avec les substances précitées et examiné

ensuite les cellules ganglionnaires du coeur après coloration parla

méthode de Nissl. Les résultats de ces expériences, ne permettent

pas j usqu'ici d'en tirer des conclusions fermes. Trois lapins seulement.-

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. '143'

sur neuf ont présenté des modifications accentuées, rappelant celles

de la chromatolyse dans l'aspect de leurs cellules intracardiaques,

mais l'auteur ne se croit pas en droit d'affirmer qu'il s'agit bien là

de véritables altérations pathologiques résultant directement de

l'intoxication et il n'est pas éloigné de penser qu'il s'est peut-être

trouvé en présence de simples variétés individuelles de la cellule

normale. ' G. D.

Xi. Un cas de cysticerques multiples de l'encéphale ; un cas de

thrombose de la veine de Galien ; par les DIS Long et Wiei. (nev.,

de la Suisse Romande, 1900, n° 7.) -

XV. La neuronophagie ; par les Drs de BUCK et de Moor. (jours. de

Neurologie, 1900, nua 14.) , -

Des recherches exposées dans ce travail, les auteurs concluent-

que la neuronophagie n'est pas indispensable à la disparition de la

cellule nerveuse. Ils estiment que le rôle des leucocytes dans ce

phénomène se rapporte à la stase, à l'inflammation plutôt qu'à la.

neuronophagie proprement dite. Leur présence caractérise la myé-

lite.

Quant aux éléments interstitiels, neuroglie et fibroplastes, ils

peuvent être, jusqu'à un certain point, neuronophages, mais ils

appartiennent plutôt au processus de réparation de la substance

nerveuse détruite. Celle-ci, trop hautement différenciée, ne se

répare pas et est remplacée par le tissu de neuroglie et l'élément

conjonctif. G. D.

XVI. Neuronophagie et phagocytose; par J. CROCQ. (Joztrla.

de Neurologie, 1900, n° 14.) ,

XVII. Mesure et analyse de l'illusion de poids; par le Dr Ley.

, (Journal de Neurologie, 1900, n° 16.) '

On sait que de deux objets, de poids égaux, niais de volumes

différents, c'est le plus petit qui semble le plus lourd. On sait'éga-

lement que cette illusion est liée à la connaissance du volume des

objets, l'expérience nous ayant appris que les objets les plus volu-

mineux, sont généralement les plus lourds. Des expériences de l'au-

teur il résulte que la notion du volume est fournie avec une inten-

sité et une précision différentes par la vue et par le toucher. La

représentation tactile du volume est beaucoup plus intense et plus

nette que sa représentation visuelle.

On pourrait présumer que ces deux sensations qui viennent,

]01 squ'elles agissent isolément, troubler la perception de poids

fournie par le sens musculaire, s'ajouteront et donneront une.

144 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

erreur plus considérable si on les fait agir simultanément. M. Ley

a au contraire constaté que l'illusion est moins forfe lorsque la

vue et le toucher agissent ensemble, que lorsque le toucher agit

seul.

Le toucher et non la vue, comme on le croit assez généralement,

est donc le sens qui intervient surtout dans la production de l'il-

lusion de poids.

Ces données sur l'influence du toucher dans la perception et la

notion du volume, confirment l'importance de ce sens dans la

genèse représentative de l'espace solide et nous font comprendre

l'importance de son éducation et de son perfectionnement.

G. D.

XVIII. Nouvelles communications sur les réflexes conceptuels des

pupilles; par J PIr.TZ. (Neurologisch. Centralblatt., XVIII, 1899.)

Nouvelles expériences dont voici les conclusions :

I. Il existe des mouvements des pupilles associés à des phéno-

mènes physiques qui les produisent : on les provoque en faisant

dévier l'attention du sujet'sur des objets clairs ou sombres placés

sur le côté de la ligne du regard (réflexes corticaux, réflexes dus à

l'attentionj. 1° Les pupilles se rétrécissent quand on attire l'atten-

tion du sujet sur un objet brillant placé sur le côté de la ligne du

regard (réflexe cortical de la pupille proprement dite, découvert par

Haut); 2° les pupilles se dilatent quand on attire l'attention du

sujet sur un objet sombre, placé sur le côté de la ligne du regard

(phénomène pupillaire de Piltz). - II. Il existe des mouvements

pupillaires qui sont l'effet de simples conceptions (réflexes concep-

tuels des pupilles). 1° Les pupilles se rétrécissent quand le sujet se

représente mentalement une lumière ; 2° Elles se dilatent quand

le sujet se représente mentalement un objet sombre. P. Keraval.

XIX. Contribution à la question des nécroses multiples de l'encé-

phale ; par A. D. 11AZO1VS6Y. (Centralblatt f. Nervenheilk., XXII,

N F. X, 1899.)

Jeune homme de quinze ans, épileptique depuis l'enfance, débile,

atteint d'accès fréquents avec équivalents psychiques (accès de

colère, hallucinations auxieuses agressives). Il séjourne à l'hôpital

deux ans et meurt de fièvre typhoïde. Autopsie. Sclérose névroglique

des lobes occipitaux, temporaux et pariétaux ; gliose sous-pie-

mérienne de Dleuler. Cellules à noyaux pauvres en chromatine

entourés d'une faible quantité de protoplasma. Kystes vasculaires

par dilatation des espaces périvasculaires remplis de substance

albumineuse et d'une énorme quantité de leucocytes qui obturent

en même temps la lumière des vaisseaux.

REVUE D'ANATOMIE Er DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 145

- En outre, dans la substance blanche des lobes temporaux,

pariétaux, occipitaux, frontaux, ainsi que des ganglions de la base,

il existe des parties pâles irrégulières avec des kystes, de forme et

de grandeur à peu près égales. Les parties pâles sont colorées

d'une façon diffuse et faiblement, on y trouve des fibres pâles et

des noyaux colorés ou bien des noyaux tout à fait incolores avec

débris de noyaux, ouenlin, une masse incolore, grenue, sans forme

aucune. Les kystes n'ont pas de paroi propre ; ils sont constitués

par une substance morte déchue ; ceux qui ont un contenu sont

formés de la matière pâle incolore, grenue, renfermant ça et là

des noyaux bien conservés. Les parties pâles et les kystes n'ont

rien à faire avec les vaisseaux. Pas du tout de phénomènes inflam-

matoires. -

La faible tingibilité des noyaux, leur destruction en morceaux

et en fragments, leur transformation en une masse homogène,

faiblement grenue sans traces d'éléments morphologiques, permet

de conclure à la dégénérescence du, tissu nerveux nécrosé par

coagulation, à un nécrose diffuse du tissu de la névroglie. Cette

nécrose, ce ramollissement qui a formé des cavités (kystes) ont dû

être produits par des agents toxiques résultant de la combinaison

de l'épilepsie à la fièvre typhoïde. P. KFRHAL.

XX. A propos d'une disposition anormale des fibres de la pyra-

mide bulbaire ; par Van (jËHUciiTKrf. cle Neurol., 1900,no, 9,)

Cette anomalie de la pyramide bulbaire a été observée par Pick

sur le cerveau d'un idiot et mérite d'être rapprochée de celle si-

gnalée précédemment par van Gehuchten (jour, de Neurologie,

1900, n° 8.)

XXI. Syringomyélie ou atrophie mnsculaire progressive ; par les

Drs de Bock et de MOOR, (jour ? de Neurologie, 1900, n° 8.)

Le malade qui fait l'objet de ce travail présentait : 1° une atro-

phie musculaire progressive non précédée de paralysie, ayant

débuté dans l'épaule et'le bras gauche (type scapulo-huméral), le

cou surtout à gauche, puis ayant envahi progressivement le bras

droit et le reste du corps avec prédominance du côté de la racine

des membres ; 2° une exagération des réflexes tendineux et du

réflexe cutané plantaire; 3° des troubles vasomoteurs et trophiques ;

4° des douleurs fulgurantes spontanées, exagérées par les mou-

vements, sans troubles de la sensibilité objective; 5° de légers trou-

bles sphinctériens à la fin de la vie; l'étude microscopique d'un

fragment de la moelle cervicale a montré une atrophie des cornes

antérieures, une dégénérescence hyaline de tous les vaisseaux et

une oblitération du canal central par la prolifération des cellules

ARCHIVES, 2' série, t. XI. 10

146 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

épendymaires. Les méninges étaient sclérosées. Pas de dégénéres-

cence des cordons antéro-latéraux. G. D.

XXII. Note sur l'imprégnation isolée des cellules névrogliques par

la méthode de Golgi Ramon y Cajal, par le Dr Soukhanoff.

(Joum. de Neurologie, 1 DOO, n° 10.)-

II résulte de cette note qu'en soumettant les cerveaux à la con-

gélation avant de les traiter par la méthode de Golgi-Hamon-y-

Cajal, on favorise la coloration isolée de la névroglie et on empê-

che celle des éléments nerveux, surtout des corps cellulaires. 11

faudra donc tenir compte de cette circonstance dans l'appréciation

des résultats obtenus par l'examen du système nerveux, au moyen

de la méthode de Golgi Ramon y Cajal, dans les pays froids ou

les cadavres sont exposés à de fortes gelées. G. D.

XXIII. Contribution à l'étude de la pathologie de la cellule pyra-

midale et des localisations motrices dans le télencéphale ; par

F. SANO. (Jo2ern. de Neurologie, 1cl00, n° 12.)

L'auteur établit dans ce travail iL la suite des recherches faites

sur deux cas de destruction de la, moelle lombo-sacrée chez

l'homme que la lésion traumatique ou nécrobiotique du faisceau

pyramidal dans sa partie médullaire peut amener des réactions

cellulaires décelables dans les grandes cellules pyramidales cor-

respondantes du télencéphale. G. D.

XXIV. Contribution à la physiologie des mouvements du tronc et à

la théorie de la scoliose sciatique; par L. ;\1 Ai' : N. (Centmlbl, y.

1\'erucnlccilk. XXII, NF, X, 1899.)

Les mouvements qui ont lieu dans le sens de la pesanteur n'ont

pas besoin de l'intervention des muscles agonistes, c'est-à-dire de

ceux qui agissent dans le sens en question ; la force de la pesan-

teur suffit seule. C'est ainsi que, dans un cas d'atrophie totale du

triceps brachical; l'extension de l'avant-bras avait lieu, le bras

étant pendant, avec une très grande précision. De même la flexion

du tronc peut s'effectuer malgré l'atrophie ou la paralysie des

muscles abdominaux, par la seule force de la pesanteur. Ce qui

n'empêche que, normalement ces fléchisseurs ne soient aussi

innervés, sinon leurs points d'insertion étant fort rapprochés, ils

pendraient flasques ou formeraient des plis, ce qui n'a pas lieu.

Ils se raccourcissent donc assez pour remplir l'espace intermé-

diaire aux points d'insertion rapprochés les uns des autres.

Dans la flexion du tronc l'action des extenseurs ou antagonistes

est donc bien plus importante qne celle des fléchisseurs. Si les

extenseurs n'agissaient point, le tronc, par le fait de la pesanteur,

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 147

serait précipité en avant dès qu'il aurait dépassé la ligne du

centre de gravité, et toute flexion graduelle serait impossible.

Quand le tronc s'incline à droite, ce sont les muscles chargés de

l'inclinaison à gauche qui jouent le rôle de contrepoids et vice

versa. Que se passe-t-il donc dans les extenseurs pendant les

flexions du tronc, dans les muscles inclinateurs de gauche pendant

l'inclinaison du tronc à droite ? Il s'y passe un phénomène d'arrêt

graduel, ou une diminution graduelle de l'innervation. Sinon la

force opposée de la pesanteur ne pourrait pousser le tronc en

avant ou sur le côté. Il faut que pour que l'inclinaison du tronc

soit graduelle et efficace, l'innervation des muscles chargés de

maintenir la rectitude du tronc, diminue à mesure que les fléchis-

seurs, c'est-à-dire; les muscles abdominaux sont assez faiblement

innervés pour laisser la pesanteur agir tout en évitant les plis

occasionnés par le rapprochement de leurs points d'insertion.

C'est en somme, une combinaison de l'innervation des agonistes avec

un arrêt de l'activité des antagonistes. ,

Quelle sera la genèse de la scoliose ? Dans la situation de la

rectitude normale du tronc, les muscles érecteurs des deux côtés

doivent maintenir l'équilibre, afin que la colonne demeure droite.

Dès que, pour un motif quelconque, le tronc tend à s'incliner à

droite, l'érecteurde gauche doit être innervé de façon à surmonter

l'action de la pesanteur et vice versa. Si l'érecteur de droite, par

suite d'une affection de ses nerfs moteurs, perd de sa force,

comme dans la sciatique, le tronc, par l'effet de la pesanteur,

penche à gauche. On a une scoliose connexe à droite. Il est

certain qu'alors l'érecteur parésié de droite fournit cependant

encore quelque travail pour arrêter l'excès d'inflexion latérale du

tronc; il le peut, en effet, car la sciatique n'entraine jamais une

complète paralysie des muscles affectés, et son élongation, par

suite de la convexité en question, lui permet de développer plus

de force. Enfin l'appareil tendineux et articulaire met un terme à

l'exagération de la scoliose, et épargne les forces du muscle; par

contre, il se dessine, dans les segments supérieurs de la colonne

vertébrale, une scoliose compensatrice qui fournit des éléments

contraires à l'action latérale de la pesanteur. P. KEl\AYAL.

De la sensibilité du système pileux chez les gens bien

portants; par K.-J. NotsctOEWSKY et W.-P. ÛSSIPOW, Le

tricho-oesthésiomètre électrique pour l'examen de la sensibilité

du système pileux du corps ; par \\ ? 11. 13EClITElU,W (O{¡o ? rcl11e

11SichÙltrii, III, n° 10, 1898).- Examen de la sensibilité du

système pileux des névropathes; par K.-J. 1\olscnEwsrr et

W.-P. ossipow. (Ibid., n° Il, 1898.)

Les deux premiers articles ont été résumés par Bechterew. In

148 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

ueunologische Centralblatt, XVII, 1898. T1'ichoesthésiomèi1'e electl'ique,

etc... Déjà analysé.

Quant à l'étude de la sensibilité du système pileux des névropa-

. thés, les auteurs russes classent leurs malades en trois groupes :

Premier groupe. Malades ayant des troubles de la sensibilité

tactile et douloureuse (ou de l'une-de ces deux sensibilités) et ne

présentant aucune altération de la sensibilité du système pileux.

Deux observations. Un cas de paralysie de Brown-Séquard ; la

sensibilité du système pileux étaitintacte tandis qu'il y avait presque

anesthésie du tact et de la douleur. La seconde observation

concerne une atrophie musculaire progressive avec névrite ; dans

les endroits où existait de l'hyperesthésie douloureuse et tactile,

la sensibilité du système pileux n'était point exagérée. Il y avait

en somme, dans les deux espèces, indépendance de la sensibilité

pilaire. Deuxième groupe '. Coexistence de troubles de la sensi-

bilité tactile, douloureuse, pilaire. A Désordre de trois espèces de

sensibilité aux mêmes régions. Deux observations de tabès dorsal;

les troubles de la sensibilité cutanée étaient surtout marqués aux

membres inférieurs; une grande partie des mêmes snrfaces. était

privée de la sensibilité pilaire. B Les troubles de la sensiblililé

douloureuse et tactile n'occupent pas les mêmes endroits que

l'altération de la sensibilité du système pileux, ou plutôt, les

sarfaces cutanées affectées de troubles de la sensibilité douloureuse

et tactile ne coïncident pas exactement avec les surfaces où siège

l'altération de la sensibilité pilaire. Trois observations : neuro-

tabes, méningite spinale chronique, spondilite. C II n'y a pas

coïncidence du tout des limites des domaines de chaque mode

d'altération des diverses sensibilités. Cinq observations : myélite

transverse, tabes dorsal, myélite par compression, névrite. Les

figures de répartition des troubles de chaque espèce de sensibilité

sont particulièrement intéressantes. Troisième groupe : Malades

affectés de troubles de la sensibilité du système pileux sans alté-

ration de la sensibilité douloureuse et tactile. Obs. XIII à XIX,

concernant le tabès dorsal, l'atrophie musculaire progressive, la

paralysie spinale spasmodique, la poliomyélite antérieure. Locali-

sation du trouble sensitif également curieuse.

Les auteurs y joignent trois types de sclérose en plaques clas-

sique (2 h. et 1 f.) indemnes de tout trouble de la sensibilité du

système pileux. P. Keraval.

XXVI. De la dégénérescence des fibres du bulbe dans la démence

paralytique progressive; par \V.-111. Bechterew. (ObO : : 7't ! llié

psichialoü, III. 12,1898.)

Voyez l'article allemand in Cenlralblatt sur Ale ? ,veizheilh., 1898.

Déjà analysé. P. KERAVAL.

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 149

XXVII. De l'évolution des cellules de l'écorce cérébrale chez

l'homme; par W.-M. Bechterew. (Obozrenie psiclaiatrü, n° 8,

1899. - Neurologische Centralblatt, XVIII, 1899.)

De l'examen de foetus humains parlaméthode de Golgi, l'auteur

établit ce qui suit : 1° Les premiers rudiments des cellules de

l'écorce sont constitués par des groupes compacts de filaments

noirs ; ils proviennent de la couche superficielle également noire,

s'enfoncent danslaprofondeur du tissu encéphaliqueembryonnaire,

pénètrent entre les cellules embryonnaires ou entre les corpuscules

embryonnaire. Ce ne sont d'abord que des filaments très courts s'in-

troduisant dans les parties les'plus externes de l'écorce ; plus tard ils

augmentent de longueur et pénètrent dans les couches corticales

plus profondes ; 2° Voici comment se développent les cellules ner-

veuses. Les filaments primitifs pénètrent en s'accroissant entre les

corpuscules embryonnaires autour desquels ils s'incurvent ou se

plissent en forme de genoux ; les angles et les courbes ainsi formés

entourent les corpuscules de réseaux de toutes parts. Là partie du

filament primitif qui regarde extérieurement devient le prolonge-

ment supérieur de la cellule ; celui-ci est donc le plus ancien de

tous les prolongements nervenx ; 3° Chaque corpuscule embryon-

naire (incolore dans ces préparations) sert pendant ce temps à la

formation du noyan de la cellule; la substance du filament qui

entoure le corpuscule sert à la formation du protoplasma de la

cellule. Les premiers stades du développement de la cellule sont,

par suite, caractérisés par la non-coloration du noyau cellulaire et

l'imperceptibilité du protoplasma ambiant par rapport au pourtour

du noyau ; 4° Plus tard le squelette ovale du corps de la cellule

augmente ; il se hérisse de prolongements latéraux ayant la foi me

d'épines puissantes qui deviennent des dendrites. Le corps de la

cellule devient anguleux ou perd l'aspect extérieur de pyramide.

Puis les incurvations des filaments primitifs deviennent l'origine

d'excroissances spiniformes qui finissent par constituer les collaté-

rales des dendrites de la cime de lacellule ; 5° Les cylindraxes sont

des organes tardifs des cellules ; les premières ébauches des

cellules n'ont certainement point de névroses. On peut tendre à

croire que les cylindraxes émanent des noyaux des cellules, des

corpuscules embryonnaires primitifs, mais on ne saurait encore

l'affirmer. Les collatérales des cylindraxes se développent toujours

plus tard que leurs fibres principales aux points de renflement en

chapelets de ces dernières; 6° Le riche épanouissement des pro-

longements protoplasmiques avec leurs ramifications ultérieures

vient également du développement plus tardif des cellules; les

jeunes cellules en effet possèdent un prolongement supérieur bieu

développé mais n'ont pas du tout de dendrites latérales ou ba-

150 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

sales, ou n'ont qu'un nombre extrêmement limité de courts pro-

longements basaux. Ce n'est que peu à peu, à mesure que s'accroît

le corps de la cellule que naissent et s'allongent les prolongements

de la base et qu'ensuite le prolongement du sommet commence à

se ramifier tel que nous le voyons sur la cellule complètement

développée; 7° Les appendices pyriformes manquent tout à fait

sur les cellules jeunes ; ils ne se montrent que dans la suite sur les

prolongements cellulaires, au moment où les cellules sont déjà en

possession de leurs formes définitives. Les premiers qui apparais-

sent et sont très abondants sont ceux des prolongements du

sommet. A mesure que se montrent les dendrites, le membre de

ces appendices s'accroit de plus en plus ; 8° 11 s'en faut de beau-

coup (jue les diverses régions de l'écorce se développent simultané-

ment. Au moment où l'on constate les germes évidents des cellules

dans la zone sensitivo-motrice, on ne constate en d'autres régions

telles que la corne d'Ammon que des fibres primitives sans trace

aucune de la formation de cellules. Dans ,les diverses couches

d'une seule et même région de l'écorce, les éléments cellulaires ne.

se développent point en même temps; ils apparaissent, par

exemple, plus tôt dans les couches profondes, comme celle des

grandes pyramides que dans les couches superficielles de l'écorce;

9° Les cellules nerveuses de l'écorce datent d'une époque où les

éléments des ganglions sont proportionnellement bien développés

et où ceux de la moelle épinière sont déjà très développés ; elles

sont donc en somme tardives. P. Keraval.

XXVIII. Action de l'éther sur les cellules cérébrales; par 1110 STE-

fanowska. (Journal de Neurologie, 1900, n° 6.)

Dans ces dernières années on a publié de nombreuses recher-

ches expérimentales sur les altérations des cellules nerveuses

consécutives soit à un traumatisme, soit il l'administration de

substances chimiques, soit à une modification des conditions

physiologiques. \l ? Stefanowska vient d'étudier à nouveau le

mode de formation de ces altérations de la cellule nerveuse et de

ses prolongements en soumettant des souris blanches à l'action

des vapeurs d'éther. Toutes les parties de l'écorce du cerveau de

ces animaux, tous les noyaux sous-corticaux ainsi que la moelle

allongée des animaux éthérisés ont été étudiés par la méthode de

Golgi. Voici les résultats de cet examen :

L'éthérisation profonde produit dans l'écorce du cerveau de

nombreux et vastes foyers remplis de fines granulations, qui

affectent tout aussi bien les dendrites que les cylindres-axes;

Dans les cas d'éthérisation prolongée ou répétée, certaines

régions de l'écorce sont très fermement attaquées et alors on

observe l'état moniliforme très manifeste dans les foyers. Les

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 151

régions attaquées de préférence sont : a) le lobe olfactif et la

partie inférieure du lobe limbique ; 6) le lobe temporal, et c) la

zone moléculaire dans tous les lobes; à tous les degrés de l'éthé-

risation la majeure partie de l'écorce reste inaltérée ;

Chez les animaux profondément éthérisés, la plus grande

destruction s'observe non pas dans l'écoice, mais dans les couches

optiques, dans les tubercules Ijuadrijllmcau\ et le bulbe. Mais on

observe aussi dans ces régions des éléments sains. Le corps -tiié

n'est jamais altéré par l'éther quelle que soit la durée de l'action

du poison ; dans toutes les régions du cerveau altérées par l'éther,

les appendices pirifornies disparaissent en masse; les prolonge-

ments des cellules nerveuses couverls de granulations sont suscep-

tibles de le réparer dans le cas d'éthérisation modérée.

G. DERNY.

XXIX. La psycho-physiologie des écoliers; par le Dr J. 13ETnEN-

COI;RT-fCRRCIR.1. (Renie de psychologie clinique et thérapeutique,

octobre 1899.)

L'auteur pense, avec de nombreuses autorilés scientifiques, que

les sociétés dites civilisées évoluent vers une déchéance pro-

fonde, par suite de l'envahissement progressif de la dégénéres-

cence physique et mentale. Il importe de combattre énergiquement

ce péril et de s'efforcer de mettre à l'abri de ses atteintes les géné-

rations nouvelles et les générations futures. La fréquence crois-

sante des malformations et des altérations physiques et psychiques

chez les enfants a été maintes fois signalée et l'influence puissante

qu'exerce sur leur production une éducation, mal comprise a été

également mise en lumière. La thérapeutique médico-pédago-

gique, destinée à faire des enfants anormaux des sujets se rappro-

chant le plus possible des individus normaux, a donné d'excellents

résultats, en particulier entre les mains de M. Bourneville et de

son école, dont M. l3etllencourt-lcrreira mentionne « l'oeuvre

admirable ». Mais il ne suffit'pas d'améliorer les enfants anor-

maux ; il faut encore façonner les enfants normaux et créer, par

l'application sage d'une méthode pédagogique perfectionnée selon

des principes scientifiquement établis, la résistance organique,

intellectuelle et morale des enfants et des jeunes gens, ayant en

vue les exigences et les devoirs de l'homme social, parce que

l'évolution des idées pédotogistes exige que ce travail de perfec-

tionnement soit exercé dans le sens de l'utilité collective, au lieu

de l'être dans le but du seul profit individuel, comme on faisait

anciennement. Pour bien diriger les efforts tendant à normaliser

les irréguliers ou pour ne pas laisser entraîner les enfants hors

des règles dictées par l'hygiène et la morale, il est nécessaire

d'abord de fixer des types dont doit se rapprocher l'élève et les

- 152 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

lois auxquelles doit obéir sa direction physique et morale, pour

déterminer sa conduite dans la société. L'étude des populations

scolaires s'impose dans ce but et elle doit être pratiquée suivant

la méthode des mensurations complétée parles observations psy-

chologiques. Cette méthode psycho-physiologique qui a si gran-

dement contribué à nous faire connaître les types anormaux, fous

ou criminels, par exemple, ne peut pas être moins féconde en

résultats' dans l'étude des individus normaux. Bien que les indica-

tions données par l'anthropométrie n'aient pour base que des

phénomènes matériels, elles permettent dans une certaine

mesure de se rendre compte de ce qui se passe dans l'esprit;

en effet, les mensurations fournissent , non seulement les

proportions des différentes parties du corps, mais aussi la valeur

ou l'équivalent des réactions produites par des effets de causes

physiques et par l'énergie nerveuse, particulièrement sous sa forme

mentale. L'auteur mentionne les travaux faits dans ce sens, par

M. Mac Donald en Amérique et rapporte quelques-unes des conclu-

sions des recherches auxquelles il s'est livré sur 1 074 élèves des

écoles de Washington. Il exprime le souhait que des observations

-analogues soient poursuivies chez tous les enfants des différentes

nationalités. Ces observations pourraient être la base de savantes

.réformes dans les écoles et dans les cours et provoqueraient ainsi,

sans doute, une révolution dans l'éducation et les méthodes d'en-

seignement.. - A. FENAYROU.

XXX. Méningite tuberculeuse expérimentale ; par M. A. Srcann.

(Presse médicale, 7 février 1900.)

Voici les conclusions de ce travail : il est possible de réaliser

expérimentalement la méningite tuberculeuse disséminée, soit par

la voie sanguine, soit par ensemencement direct du liquide céphalo-

rachidien. Le système lymphatique, considéré comme voie éloignée

d'apport canaliculaire, ne joue aucun rôle dans le mécanisme de

cette infection. Des leucocytes isolés et émigrés de certaines cavités

très contiguës (nasale, oculaire, auriculaire), peuvent seuls, sous

l'effet d'une réaction pathologique de ces cavités, favoriser, par

leur migration, l'ensemencement de ce liquide. Cette infection

tuberculeuse expérimentale donne lieu, dans la très grande majo-

rité des cas, à un processus diffus et étendu à tout le réseau pie-

merien ; dans des cas plus rares, elle peut donner naissance à de

la méningite en plaques. Les toxines sécrétées par le bacille de

Koch jouent un rôle important dans l'évolution de ce processus.

Le liquide céphalo-rachidien est un facteur essentiel dans la dissé-

mination du bacille et de ses toxines. Au cours de la méningite

tuberculeuse généralisée, les lésions cellulaires des centres nerveux

sous-jacents peuvent servir à expliquer les symptômes d'ordre

SOCIÉTÉS SAVANTES. 153

moteur observés durant la vie. Au cours d'une tuberculose extra-

dure-mérienne, aux lésions médullaires dues à la compression

peuvent venir se surajouter les lésions dues à l'infection directe

bacillaire. Les exsudats ou les granulations situés au niveau de la

pie-mère ne sont pas le résultat d'un processus d'infection poly-

microbienne ; le bacille de Koch ou ses toxines sont capables, à

eux seuls, de créer ces granulations. A. Fenayrou.

SOCIÉTÉS SAVANTES.

xiii, CONGRES INTERNATIONAL DE MÉDECINE.

Section de Neurologie '.

Séance du 7 août (après-midi). - Présidence de MM. DANA

(de New-York) et Marinesco (de Bucharest).

COMMUNICATIONS S

Paralysie Radiculaire supérieure du Plexus Brachial chez une jeune

enfant; arrêt de développement du squelette; radiographie ; par

F. iUYiiOND et E. HUET (de Paris).

Une jeune enfant est atteinte, à l'àge de un an, d'une paralysie

du plexus brachial avec réaction de dégénérescence limitée au

groupe radiculaire supérieur. La distinction d'avec la paralysie

spinale infantile peut être faite par l'uniformité des altérations

musculaires et par leur localisation exclusive aux divers muscles

du groupe radiculaire supérieur; par l'absence de toute période

fébrile d'invasion et par la cause qui a produit cette paralysie

(distension du plexus brachial par chute sur le côté droit de la

face et sur l'épaule droite).

L'évolution suivie pendant cinq ans a fait constater une répara-

tion lente et progressive, assez bonne actuellement bien qu'incom-

plète. Il s'est produit un arrêt de développement du squelette du

bras paralysé portant presque exclusivement, comme le montrent

' Voir les Il'- 57, 58, 59, 60 et 61.

154 SOCIÉTÉS SAVANTES.

l'examen clinique et une radiographie, sur l'omoplate et sur

l'humérus. Cette observation montre aussi que les nerfs trophiques

de l'humérus et de l'omoplate proviennent en grande partie, sinon

exclusivement, de la partie radiculaire supérieure du plexus bra-

chial, c'eL-à-dire des V° et VI' racines cervicales.

Sur l'évolution de quelques cas de Paralysies Radiculaires du Plexus

Brachial; pur E. HuEr (de Paris).

Parmi une trentaine de cas de paralysies radiculaires du plexus

brachial, observées par E. Huet depuis six ans, quelques-unes

étaient légères, sans modifications accentuées des réactions élec-

triques ; elles ont guéri rapidement et complètement; d'autres

étaient graves, causées par un traumatisme violent; leur évolution

a confirmé le pronostic grave qu'elles comportaient. Parmi les

autres l. Iluet retient quatre cas qu'il a pu suivre pendant plu-

sieurs années; bien- qu'elles aient été causées par des trauma-

tismes relativement légers, la réparation a été lente et incomplète.

Comparées il des névrites traumatiques des troncs nerveux, les

paralysies radiculaires du plexus brachial semblent comporter un

pronostic plus grave. Pour expliquer cette plus grande gravité,

M. Ifuet émet deux hypothèses : ou bien les lésions des racines

antérieures des nerfs proloquent du côté des cellules des cornes

antérieures correspondantes une réaction secondaire plus rapide

et plus intense que les lésions traumatiques des troncs nerveux

eux-mêmes, ou bien la cau-e qui produit la distension des libres

nerveuses radiculaires étend son action jusqu'aux cellules des

cornes antérieures et a sur ces cellules une influence directe.

Pathogénie des Paralysies Radiculaires trctumalirprs du Plexus

Brachial; par MM. HuEr, DUVAL et.GLILLlII\ (de Pans).

Nous avons observé 26 cas de paralysies radiculaires trau-

matiques du plexus brachial au point de vue clinique et élec-

trique. Ces paralysies ont reconnu des causes très diverses (port

de lourds fardeaux sur l'épaule, le bras étant en byperétévation

abduction, bras relevés pendant le sommeil, traumatismes sur la

région scapulaire, tiraillement de bras, etc.). Dans toutes ces

observations nous avons retrouvé l'abaissement de l'épaule, soit

l'hyperélevation du bras; les paralysies radiculaires sont fonctions

de ces deux causes.

Nous avons reproduit sur le cadavre les divers mouvements qui

avaient amené ces paralysies en clinique. Nous avons vu que dans

l'élévation ou l'abaissement de l'épaule la compression du plexus

est impossible entre la clavicule et la première côte. Dans la rétro-

pulsion de l'épaule, la clavicule touche la première côte au dehors-

SOCIÉTÉS SAVANTES. 155

des scalènes à un centimètre et demi du plexus. La compression

des racines ne peut se faire entre les apophyses transverses et la

clavicule dans-l'abduction du bras. Au contraire l'abaissement de

l'épaule ou l'élévation du bras amène la tension des racines du

plexus, surtout de la cinquième, sixième et de la première dorsale

qui vient s'écraser sur le col de la première côle. Le ganglion

rachidien dans la traction exercée sur le bras tend à faire hernie

en deliore de la gaine durale. témoignage de la traction exercée

sur les racines postérieures. Des lésions peuvent se trouver créées*

par l'aplatissement des cinquième et sixième racines sur la gout-

tière des apophyses Iraniverses par l'aplatissement de la première

dorsale sur le col de la première côte : Les transverses et la pre-

mière côte servent de poulie de réflexion pour amener des lésions

radiculo-médullaires. Un traumatisme violent et brusque peut

rompre les racines antérieures et postérieures, mais les racines

postérieures se rompent après les racines antérieures. Le pro-

nostic des paralysies radiculaires, l'existence des troubles d'anes-

tliésie radiculaire, la persistance des troubles de la .sensibilité

dépendent du traumatisme qui, hrusque ou lent, violent ou

minime amène des lésions réparables ou non des racines anté-

rieures et postérieures du plexus brachial.

L'anatomie pathologique confirme la réalité de ce mécanisme.

Isolhc1'IIde cutanée et Cryanesthésie dans le Goitre Exophtalmique;

par JACI1\TO DE LÉo1\ (de Montevideo).

Au commencement de la maladie la plupart des sujets préten-

dent ressentir des sensations de chaleur; effectivement on trouve

dans le creux axillaire une température augmentée (3î ? à 380,4

dans le cas de l'auteur).

Lorsque la maladie est constituée, on observe autre chose :

l'isothermie cutanée. La surface cutanée, même aux extrémités,

est partout à la même température, celle du creux de l'aisselle.

Un autre symptôme nerveux présenté par les malades atteints

de goitre exophtalmique est leur résistance au froid. Cette cryanes-

thésie ne doit pas se confondre avec les sensations de chaleur du

début de la maladie; avoir des sensations de chaleur et ne.pas'

sentir le froid sont deux choses bien distinctes. Il y a tout lieu de

penser que l'isotliermie cutanée, le non-refroidissement des extré-

mités, est la cause directe de la cryanesthésie, de la résistance au

froid. A remarquer aussi que l'augmentation de la résistance au

froid marche de pair avec la diminution de la résistance élec-

trique.

Les symptômes décrits par J. de L. sont si nets que l'auteur pro-

' pose de les comprendre parmi les signes cardinaux du goitre

exophtalmique.

- lg6 SOCIÉTÉS SAVANTES.

Idiotie micl'océphalique. Agénésie cérébrale. Cerveau pse21do-kystiq2e;

par Bourneville et Onsarnüa (de Paris). (Présentation de

pièces, crâne, cerveau, photographies.) , ,

Il s'agit d'un enfant de deux ans et demi, idiot, ayant un crâne

notablement plus petit que celui d'enfants normaux de même âge.

A l'autopsie, les hémisphères sont transformés en deux vastes

pseudo-kystes dont les parois sont formées de substance cérébrale

atrophiée.

Au point de vue clinique cet enfant appartient au groupe des

idiots microcéphales. Son crâne, et c'est la règle très générale pour

toutes les formes de l'idiotie, n'offre pas de synostose prématurée.

Son cerveau montre que, ici, la microcéphalie est due à une

lésion destructive qu'on rencontre rarement à un degré aussi con-

sidérable ; c'est la première fois que B... et 0... voient un exemple

de ce genre.

Les auteurs rappellent que la microcéphalie n'est pas due à une

lésion unique, mais à des lésions multiples : arrêt simple de déve-

loppement des circonvolutions, - arrêt de développement avec

malformations variables, sclérose générale des circonvolutions;

enfin, comme dans ce cas, à une transformation kystique de

nature inflammatoire.

K'n : /o-e)te ? tae; par Bourneville et CROUZON (de Paris).

(Présentation de pièces.)

MM. Bourneville et Crouzon présentent l'encéphale d'une enfant

de huit ans, dont l'histoire clinique peut se résumer ainsi : idiotie

profonde avec excitation, cris et pleurs, les antécédents faisant

défaut. La dure-mère est très notablement épaissie et est recou-

verte sur sa face interne de néo-membranes au niveau des lobes

frontaux, des fosses temporales et de la face du cerveau. La pie-

mère, louche et épaissie au moment de la décortication, a entraîné

la couche de substance grise du cerveau et on trouve adhérents à

la méninge les moules des circonvolutions. Cette pie-mère pré-

sente alors une épaisseur d'un demi-centimètre environ. L'hémi-

sphère sous-jacent est réduit à la substance blanche; la forme

générale des circonvolutions est conservée ; leurs contours ne sont

plus sinueux mais angulaires et leur coloration est légèrement

rosée. 0 0

Il s'agit là d'une forme de méningo-encéphalite très accentuée

et différant notablement de celles que l'on rencontre d'ordinaire et

dont MM. Bourneville et Crouzon présentent, par comparaison, un

exemple. Dans le cas actuel les lésions rappellent celles de cer-

taines paralysies générales de l'adulte; ces lésions sont rares dans

l'enfance, mais ont déjà été observées par M. Bourneville en z

, SOCIÉTÉS SAVANTES. 157 î

1883, 1884 avec Mill. Wuillamier, Dauge et Leplaive, et par Bail-

larger en 1882. Les auteurs font voir plusieurs planches et photo-

graphies représentant les mêmes lésions à des degrés divers,

correspondant à un tableau clinique spécial qu'ils résument par ces

mots : idiotie symptomatique de zzzénczzgo-erzcéplccchte, tout en esti-

mant qu'il sera possible un jour de se borner au mot : méningo-

encéphttlile. (L'observation sera publiée ainsi qne la suivante.)

Atrophie Cérébelleuse. Diplégie cérébrale spasmodique infantile

chez deux frères; par MM. Bourneville et CROUZON (de Paris).

(Présentation de pièces, crâne, cerveau, photographies.)

MM. Bourneville et Crouzon présentent l'encéphale d'un enfant

de seize ans, dans lequel le cervelet est atrophié dans sa totalité :

les hémisphères, le vermis, les lobules pneumogastriques sont

tous diminués de volume dans des proportions égales. Le cerveau

ne présente pas de lésions. L'étude histologique de la moelle

montre une diminution des fibres dans les faisceaux pyramidaux,

surtout dans les faisceaux croisés : le cordon latéral dans le reste

de son étendue, le faisceau cérébelleux en particulier parait

indemne.

Pendant la vie, l'enfant avait tous les caractères cliniques de

l'idiotie complète, il était incapable d'aucun mouvement spontané

usuel, la marche lui était impossible. Ses membres étaient en

contracture, mais étaient susceptibles, après une certaine résis-

tance, de mouvements provoqués. Les réflexes étaient légèrement

exagérés Le malade était gâteux. Aucun symptôme cérébelleux

n'avait été observé.

L'enfant n'avait jamais été normal. Il semble toutefois que son

idiotie, son gâtisme et sa paralysie aient surtout été marqués

après une rougeole qu'il a eue à l'âge de dix-huit mois (1). Jamais

on n'avait observé de convulsions.

Ses antécédents héréditaires ne sont point anormaux. Sa mère a

eu cinq autres enfants dont quatre bien portants, et a fait trois

fausses couches. Un des frères de cet enfant, encore vivant, est

dans le service de Bicêtre, et présente les symptômes d'une

diplégie spasmodique. Aussi MM. Bourneville et Crouzon pensent-

ils qu'il s'agit peut-être là d'une affection familiale sans formuler

toutefois de conclusions rigoureuses. Les photographies représen-

tant ensemble les deux freres nus et vus de face et de dos sem-

blent indiquer cliniquement une maladie identique. La lésion

anatomique sera-t-elle la même ? C'est ce que l'avenir décidera.

Etudes expérimentales concernant l'action de l'alcool;

par LAD. HASEOVEC (de Prague). '

1° L'injection intra-veineuse de S centimètres cubes de solution

158 SOCIÉTÉS SAVANTES.

(alcool éthylique 50, eau 12 centimètres cubes) produit chez le

chien une diminution de la pression infra-artérielle et le ralentis-

sement du pouls. 2° L'intensité du phénomène dépend de l'indivi-

dualité de l'animal. 3° Les doses plus fortes présentent l'effet plus

grand. 4° Les ondes du pouls sont très hautes (excitation du vague);

on peut observer une arythmie grave du coeur. 5° Le ralentisse-

ment et l'arythmie sont surtout accentués si les vagues étaient

déjà excités au début de l'expérience. 6. La vagotomie n'empêche

pas complètement le ralentissement du pouls. 7° L'atropine

empêche les hautes ondes du pouls. 8° Après atropinisation on

n'observe pas le ralentissement du pouls. 9. Vagotomie et atropi-

nisation n'ont aucune influence sur la pression sanguine, après

l'injection d'alcool. 10° Les modifications sont plus sensibles si

on élève préalablement la pression sanguine par l'injection d'eau

salée. 11° La diminution de pression s'observe même avec la com-

pression de l'aorte, après la ligature des organes abdominaux.

12° Cette dernière ne modifie pas l'écoulement du sang par une

jugulaire. 13° La diminution de pression s'observe, même quand

on tranche le bulbe, quand on détruit la moelle. i° On n'observe

pas alors les hautes ondes du pouls et un ralentissement plus mar-

qué. 15° L'injection directe d'alcool dans la jugulaire a pour effet

la mort du coeur. 1 (JO Donc le ralentissement du pouls est ici causé

surtout par l'excitation des centres des .nerfs vagues et de leurs

appareils périphériques et aussi un peu par l'action directe de

l'alcool sur le coeur. 17° La diminution de la pression sanguine est

causée par l'affaiblissement direct du coeur par l'alcool. 18° Les

doses faibles d'alcool causent, au contraire, une augmentation de

la pression sanguine de courte durée et un léger ralentissement

du pouls.

Démence épileptique paralytique spasmodique; par JULES Voisin

(de Paris). (Présentation de malades.)

M. Jules Voisin présente cinq jeunes filles âgées de douze à

vingt-deux ans, atteintes de démence épileptique paralytique spas-

modique il des degrés divers. Ces cinq malades, épileptiques

depuis l'âge de trois ou quatre ans, ont toutes les cinq des accès

sériels et des états de mal. A la suite de ces accès ou de ces étals

de mal elles présentent des troubles moteurs et intellectuels pro-

noncés, mais passagers.

Les troubles moteurs consistent en paralysies partielles (mono-

plégie, hémiplégie); les réflexes sont exagérés; la démarche est

très pénible, sautillante, spasmodiqne surtout après un exercice

prolongé. Du côté de l'état mental on constate de l'hébétude et

aussi une véritable stupeur.

Ces phénomènes aussi bien somatiques qu'intellectuels s'amélio-

SOCIÉTÉS SAVANTES. 159

rent dans les espaces intervallaires, mais ne reviennent jamais à

l'état primitif, de sorte que progressivement à la suite des séries

d'accès une véritable démence et une contracture complète se pro-

duisent ; et la malade, enfin, après dix à douze ans meurt contrac-

turée, complètement démente, emportée par une vaste eschare ou

un état de mal.

Ces malades ne sont pas des idiots épileptiques, car elles étaient

auparavant intelligentes, comme le prouvent les cahiers que je

vous montrent; ce ne sont pas non plus des paralytiques géné-

rales, car elles n'ont pas d'inégalité papillaire, pas de tremble-

blement fibrillaire de la langue et des lèvres, pas d'idées de gran-

deur ; pas d'accroc de la parole quoique ayant une manière parti-

culière, caractéristique d'énoncer les mots en projetant les lèvres'. '.

PRÉSENTATION DE MALADES

Atrophies musculaires ; par M. DÉJERINE.

Achondroplasie. Dysostose cléido-c)"l111enne héréditaire;

par M. Pierre Marie. - -

Séance du matin, mercredi 8 août. - Présidence DE 11\I. IImzlc

(de Halle), A. Pick. (de Prague).

Résumé du rapport sur Le diagnostic de l'hémiplégie organique,

et l'hémiplégie hystérique ; par David Feurilr, professeur de

neuro-patbotogie à King's Collège, Londres.

L'hémiplégie hystérique peut simuler l'hémiplégie de cause

organique : il n'y a peut-être aucun symptôme toujours présent

qui suffise pour les différencier au premier coup d'oeil. Il est

cependant possible, dans la plupart des cas, d'assurer le diagnostic,

si l'on prend en considération plusieurs facteurs, dont ,voici les

plus importants :

1° L'histoire personnelle et familiale ; 2° Le genre du début ;

3° Les caractères mêmes de la paralysie ; 4° Son concours et sa

terminaison ; 5° L'état des réflexes superficiels et profonds.

1° L'histoire personnelle et f'amiliale, - L'hémiplégie hystérique,

comme l'hémiplégie organique, peut survenir à tout âge. Les

sujets sont d'hérédité névropathique, et de tempérament hysté-

rique : ils ont eu précédemment des attaques hystériques, ou pré-

sentent des stigmates permanents tels que zones hyperesthésiques,

soit anesthésiques, ou hémianesthésie sensitivo-sensoriellè com-

plète du type usuel. (Charcot.)

' Voir Gazelle hebdomadaire et Archives de Neurotogie. 1900.

160 SOCIÉTÉS SAVANTES. -

Les sujets présentant une hémiplégie organique (les cas de trau-

matisme ou de lésions intra-craniennes autochtones à part) sont

ceux prédisposés à l'hémorragie, l'embolie ou la thrombose, par des

dégénérations vasculaires, cardiaques ou rénales. Il est générale-

ment possible de découvrir l'existence de ces dernières par une

investigation clinique suffisante. - .

2° Le genre du début.' L'hémiplégie hystérique se montre

ordinairement à la suite de quelque perturbation nerveuse, telle

qu'un choc émotionnel ou une attaque épiteptiforme ou apoplecti-

forme (apoplexie hystérique) simulant une hémorragie cérébrale.

Mais l'apoplexie hystérique n'est probablement qu'une phase de

la grande attaque hystérique, et diffère de l'apoplexie vraie entre

autres par l'absence de troubles circulatoires, respiratoires ou

thermiques.

3° Les caractères de la paralysie. Dans l'hémiplégie hysté-

rique, la paralysie s'établit à la fois sur le membre supérieur et

sur le membre inférieur, mais très rarement elle envahit la face.

Celle-ci, lorsqu'elle est impliquée, présente d'habitude le type

labio-glossal spasmodique (Charcot) du même côté ou du côté

opposé. La jambe est ordinairement plus affectée que le bras, et

pendant la marche elle est traînée comme une masse inerte, et ne

décrit pas une courbe de circumduction, comme dans la para-

lysie organique (symptôme de Todd). L'hémiplégie hystérique est,

dans la grande majorité des cas, associée à l'hémianesthésie sen-

sitivo-sensorielle. '

Dans l'hémiplégie due à des lésions du faisceau sensitif de la

capsule interne, l'anesthésie est rarement profonde : les sens

spéciaux (ouï .odorat et goût) sont rarement atteints ensemble, et

quand la vision est impliquée, c'est de l'hémiopie, plutôt que de

l'amblyopie croisée avec contraction concentrique des champs

visuels, comme dans l'hystérie.

La monoplégie hystérique se montre généralement à la suite

d'un traumatisme local et diffère de la monoplégie corticale par

sa restriction absolue à ce membre, ou à un segment de ce

membre ; et par l'association d'anesthésie de type morpholo-

gique (Charcot) qui ne correspond pas à la distribution péri-

phérique d'aucun nerf sensitif, ni d'aucune racine spinale posté-

rieure.

4° Marche et terminaison. L'hémiplégie (monoplégie) hysté-

rique peut persister un temps indéfini, et présenter jusqu'au bout

le même caractère de flaccidité qu'au commencement ; dans l'hé-

miplégie organique, de plus de trois mois de durée, la contracture

se manifeste dans les membres paralysés, et ne disparait que

pour faire place à de l'atrophie musculaire. Cette contracture se

développe lentement, et jamais soudainement comme dans les

hémiplégies ou monoplégies hystériques. L'hémiplégie hystérique

SOCIÉTÉS SAVANTES. 161

présente des variations considérables dans son cours, et peut dis-

paraître subitement après une durée indéfinie. '

5° Les réflexes profonds et superficiels. Dans l'hémiplégie hys-

térique, les réflexes profonds ne sont pas nécessairement altérés,

et le vrai clonus du pied est rare; tandis que dans l'hémiplégie

organique ils sont toujours exagérés, et le clonus est la règle.

Dans l'hémiplégie hystérique, le réflexe plantaire est absent ou

difficile à obtenir. Si on peut l'obtenir, il est du type normal

« fléchisseur ». Dans l'hémiplégie organique, et dans toutes les

affections des faisceaux pyramidaux, le réflexe plantaire est du

type « extenseur » (symptôme de Dabinski : phénomène des

orteils).

Résumé du rapport sur Le diagnostic de l'hémiplégie organique et

de l'hémiplégie hystérique; par W. Roui, professeur à l'Université

impériale de Moscou.

L'étude anatomique détaillée, d'une part, et l'analyse des condi-

tions pathogéniques et des symptômes cliniques de l'autre, nous

permettent de distinguer deux groupes d'hémiplégies : l'hémi-

plégie organique et l'hémiplégie hystérique, et d'établir les bases

pour le diagnostic différentiel de ces deux formes. Cependant, il

y a des hémiplégies dont la nature n'est pas encore suffisamment

élucidée, par exemple l'hémiplégie dans la migraine, dans cer-

taines intoxications. En outre, certains symptômes de l'hémiplégie

organique peuvent manifester des changements dans leur inten-

sité, même sous l'action d'une influence psychique, sans être

pour cela de nature hystérique. Les données fournies par l'examen

anatomique seul ne suffisent pas pour délimiter le domaine des

hémiplégies organiques.

Il y a une quantité d'hémiplégies qui au point de vue clinique

se rangent parmi les hémiplégies organiques, malgré l'absence

des lésions appréciables à l'autopsie. La majorité des facteurs

étiologiques de l'hémiplégie organique, agissant avec une inten-

sité moins prononcée, peuvent produire dans le cerveau une alté-

ration en foyer, soi-disant fonctionnelle, suivie d'hémiplégie. Ces

« hémiplégies fonctionnelles » n'ont rien à faire avec l'hystérie et

ne peuvent être séparées des hémiplégies organiques.

On peut ainsi avoir affaire à des hémiplégiques chez lesquels il

est a priori impossible de déterminer le rôle appartenant à l'hys-

térie, à une lésion anatomique du cerveau ou à une altération

fonctionnelle en foyer.

Dans la grande majorité des cas, seul l'ensemble des symptômes,

intimement liés à l'hémiplégie et le mode de son évolution,

' Symptômes intrinsèques de Babinski.

Archives, 2 sérié, t. XI. 11

'16 sociétés savantes.

caractérisent parfaitement l'hémiplégie organique et l'hémiplégie

hystérique.'(Je ne m'arrêterai pas sur cette dernière, ayant la cer-

titude que cette partie de la question sera de préférence élucidée

. dans le rapport de M. terrier.) 1

Parmi les symptômes les plus caractéristiques de l'hémiplégie

organique, il faut noter : -

A. Le groupe des symptômes constituant le syndrome d'.IPO'

l'LEXIE, qui ne saurait être simulée par 1' « apoplexie hystérique »

que dans les cas tout à fait exceptionnels. Il. Les symptômes

de loyer. I. L'apiiasik dans toutes ses formes. 11 n'est pas difficile

de la distinguer du mutisme hystérique. II. L'hypotonicité

musculaire et la paralysie.

1. Déviation conjuguée des yeux. L'amplitude des mouve-

ments des yeux vers le côlé paralysé reste souvent diminuée pour

longtemps. Parfois cette diminution ne se manifeste que dans les

mouvements volontaires, taudis qu'elle n'apparaît pas dans les

mouvements réflexes, inconscients, ou même si le malade suit

avec les yeux un objet qui se meut dans les directions laté-

rales.

2. Paralysie faciale : le malade « fume la PIPE » ; le facial SUPÉ-

rieur est souvent atteint. La paralysie faciale peut être « systé-

matique » et ne se montrer que dans les mouvements mimiques.

Dans l'hémiplégie hystérique, la paralysie faciale est excessive-

ment rare : ce qu'on voit d'habitude, c'est une pseudo-paralysie,

une hypotonie qui s'associe à une hypertonie avec petites secous-

ses caractéristiques des muscles de la face du côté opposé.

3. La déviation ]Jtt1'étir¡ue de la langue et la dysartiirie typique

en rapport avec le degré de paralysie de cet organe. Dans l'hys-

térie, la déviation de la langue se présente sous des formes

variées et capricieuses bien connues (hémispasme, parésie systé-

matique, déviation du côté opposé, etc.). -

4. L'intensité relative de la paralysie des membres et des groupes

musculaires d'un membre est d'habitude typique. D'où les atti-

tudes caractéristiques, la démarche (en fauchant au lieu de la

démarche de Todd des hystériques).

5. Les mouvements involontaires associés des extrémités paraly-

sées. -

6. L'évolution de la paralysie dans les cas sans ictus présente

ordinairement des particularités caractéristiques.

7. La diminution des troubles paralytiques se fait d'une manière

régulière : quel que soit le degré maximum de la paralysie établie

à la suite d'un,¡ apoplexie, elle subit bientôt une période de dimi-

nution d'intensité.

III. - Les contractures sont caractéristiques dans leur forme et

évolution.

IV. - L'exagération des réflexes tendineux et osseux (trépidation

SOCIÉTÉS SAVANTES. 163

DE L\ rotule, du pied Er DE la Mur<), marchent de paire avec 1'¡'ype1'-

tonie musculaire. La trépidation réflexe du pied peut se montrer à

titre d'exception dans l'hémiplégie hystérique.

V. Les réflexes superficiels ont une valeur moindre, à l'excep-

tion du phénomène des orleds de M. Babinski. Cependant, le.réflexe

d'extension du grand orteil se voit exceptionnellement dans l'hys-

térie. L'absence du réflexe abdominal et crémastérien du côté de

la paralysie seule au début de l'hémiplégie doit être prise en con-

sidération. '

VI. L'7eé)nicéneslleésie est moins accusée que la paralysie, le

degré de l'auestliésie n'est pas nécessairement le même sur toute,

la moitié du corps, mais il n'y a pas de transitions brusques et

des dispositions segmentaires (lignes d'amputations) et capricieuses

qui se voient dans l'hystérie. Prédominance parfois de la diminu-

tion du sens stéréognostique. '

VIL. 1. L'11(,M[ANOISIE. 2. Absence d'altérations manifestes

des mitres sens supérieurs.

VIII. - L'ÉTAT PSYCHIQUE.

IX. Troubles circulatoires thermiques.

X. D6CUD11US acutus.

Dans l'hémiplégie produite par une lésion de l'isthme de l'encé-

phale du bulbe ou de la moelle, les symptômes de foyer sont

typiques. L'hystérie cherche quelquefois à imiter ces symptômes,

mais elle le fait d'une manière très imparfaite.

A priori, on ne saurait admettre la pathognomonicité d'un

symptôme quelconque, cependant l'existence dans un cas d'hémi-

plégie d'un seul de ceux qui sont imprimés en gros caractères

assure le diagnostic d'une hémiplégie organique, si rien n'oblige

à admettre une association de l'hystérie avec l'affection orga-

nique.

La genèse, l'étiologie vraie de l'hémiplégie-n'est pas toujours celle

qui parait être la plus vraisemblable. Le terrain sur lequel la

maladie prend naissance, les conditions dans lesquelles elle appa-

raît, doivent pour cette raison être pris en considération seulement

en deuxième lieu.

Cependant, l'étude approfondie et détaillé^ de ces données peut

avoir une grande valeur pour le diagnostic, si les symptômes seuls

ne suffisent pas pour l'établir. On pourra tirer des arguments en

faveur d'une hémiplégie organique de l'âge, du sexe, de la natio-

nalité du malade, de son genre de vie, de son état général, de l'état

de ses organes (coeur, vaisseaux, reins), etc. Il ne faut pas oublier

le rôle du paludisme, du typhus et autres maladies infectieuses,

de la pneumonie, de la pleurésie, des maladies du système ner-

veux (sclérose en plaques, tumeurs), de la syphilis, du diabète,

des intoxications, etc. L'examen ophtalmoscopique est de

rigueur.

164 ^ ' SOCIÉTÉS SAVANTES.

m

Les circonstances d'apparition d'une hémiplégie permettront sou-

vent d'exclure la possibilité de l'influence d'une auto-suggestion,

d'un agent provocateur de l'hystérie (occupation tranquille, som-

meil profond, etc.) ou bien plaident plutôt en faveurd'une hémor-

ragie (grands efforts musculaires, bains chauds ou froids, déféca-

tion, coït, etc.). D'autres facteurs sont'de nature équivoque (émo-

tions violentes, chute, etc.) et n'ont aucune valeur décisive dans

l'appréciation des cas douteux. ' .

L'évolution d'une hémiplégie (par exemple par anémie passa-

gère circonscrite du cerveau chez des athéromateux) peut agir

comme choc moral et provoquer des symptômes appartenant à

l'hystérie (abasie, hémianesthésie, etc.). La maladie organique

pourrait ainsi être par erreur mise hors de cause. Comme règle

générale, il faut rechercher dans tous les cas présentant des

symptômes indubitables de l'hystérie si elle ne masque pas une

lésion organique, qui est la cause réelle de l'hémiplégie.

Les hémiplégies passagères sont très souvent il tort prises pour

des hémiplégies hystériques. Leur guérison peut même coincider

avec une manoeuvre suggestive quelconque et néanmoins ces para-

lysies sont souvent de nature organique, et une recherche minu-

tieuse découvre, soit une sclérose en plaques, le début d'une para-

lysie générale, une néphrite interstitielle, etc.

Toutes les causes organiques des hémiplégies passagères ne sont

pas connues; d'autre part, dans les hémiplégies organiques en

général il n'est pas toujours possible de découvrir la cause des

accidents, c'est pourquoi il n'est pas permis de diagnostiquer une

hémiplégie hystérique « par exclusion » dans un cas d'hémiplégie

légère, passagère ou avec des symptômes peu caractéristiques.

S'il n'y a pas des données positives en faveur de l'hystérie, on pour-

rait même prendre en considération le siège de l'hémiplégie du

côté gauche, des douleurs dans quelque partie de l'appareil loco-

moteur de ce côté, accompagnées d'une anesthésie cutanée, qui

est exceptionnelle dans des hémiplégies organiques légères. Usera

plus juste de penser une hémiplégie organique.

Discussion. - M. i\IENlJELSSOIlN (de Saint-Pétersbourg). - Je

désire attirer l'attention du Congrès sur deux symptômes que j'ai

eu l'occasion d'observer et qui peuvent, à mon avis, contribuer à

établir le diagnostic différentiel entre l'hémiplégie organique et

l'hémiplégie hystérique.

Le premier de ces symptômes consiste dans les modifications

que les phénomènes électriques qui accompagnent la contraction

volontaire des muscles subissent dans ces deux affections. Depuis

Dubois-Reymond on sait que toute contraction volontaire du

muscle est accompagnée d'un dégagement de l'énergie électrique,

qui peut être facilement observée et mesurée au galvanomètre. Ce

phénomène constitue la variation négative du courant musculaire

SOCIÉTÉS SAVANTES. 165

ou bien le courant d'action du muscle. Or. il résulte de mes nom-

breuses recherches sur ce sujet (v. C. R. du Congrès d'Électricité

à Paris, 1889). Bulletin de l'Académie de médecine 1899 et

Archives d'Electricité médicale, janvier 1900), que l'intensité de ce

courant varie dans différentes maladies du système neuro-muscu-

laire ; mais c'est surtout dans l'hémiplégie organique et hystérique

que l'on observe des diflérences notables dans l'intensité et dans

la forme de la courbe du courant d'action. La forme de la courbe

que l'on obtient en représentant graphiquement la déviation de

l'aiguille galvanométrique présente des faits excessivement carac-

téristiques et variés dans les deux affections à la période de la

contracture.

Dans la contracture hystérique l'aiguille galvanométrique déviée

par la contraction volontaire du muscle contracté revient quoique

lentement, mais d'une façon continue, vers zéro. La courbe se

présente sous forme d'une ascension brusque suivie d'une ligne de

descente très allongée. 11 n'en est pas de même de la contracture

de l'hémiplégie organique. Dans cette dernière l'aiguille galvano-

métrique ne retourne pas d'une façon continue vers zéro; elle

s'arrête en route deux ou trois fois et au moment d'un de ses

arrêts, le plus souvent pendant le premier arrêt, on observe un

petit recul de l'aiguille indiquant pour ainsi dire un nouvel accrois-

sement du courant d'action malgré que le bras n'ait exécuté

aucun mouvement appréciable. La courbe se présente alors comme

ayant deux sommets séparés par un plateau et correspond très

bien à la courbe myographique que l'on obtient dans les mêmes

conditions. Il y a évidemment une différence dans l'activité des

muscles contracturés dans l'hémiplégie organique et dans l'hysté-

rie, qui pourrait tenir aux différents mécanismes de la production

de la contracture dans ces deux affections du système nerveux. Il

est probable que dans l'hystérie toute la masse musculaire d'un

membre est contracturée, tandis que dans l'hémiplégie organique

la contracture attaque isolément les différents muscles et même

différents faisceaux musculaires. De là vient la différence dans le

caractère de la courbe galvanométrique dans les deux affections,

différence qui peut être utilisée comme signe de diagnostic diffé-

rentiel entre l'hémiplégie hystérique et l'hémiplégie organique.

Le second symptôme, qui me paraît également présenter une

certaine valeur séméiologique, se rapporte aux troubles de la vue

que l'on observe dans l'hystérie et dans les affections organiques

du système nerveux. Il y a plus de dix ans, que nous avons, Mul-

ler-Lyer et moi (v. Etude sur la perceptibilité différentielle du sens

de la vue chez l'homme sain et malade. Arch. de Neurologie, 1886,

n° 72, et 1891, n° 60) attiré l'attention sur la valeur diagnostique

du rapport qui existe entre la perceptibilité différentielle et

1 acuité visuelle. Nous avons nommé « symptôme de relation » la

166 SOCIÉTÉS SAVANTES.

relation réciproque de ces deux facteurs et en nous basant sur nos

recherches très nombreuses nous avons cru pouvoir conclure, que

ce symptôme de relation divise la série tout entière de troubles

visuels dans les maladies du système nerveux en deux grandes

catégories : 1) ceux dans lesquels l'acuité visuelle est plus troublée

que la perceptibilité différentielle. A cette première catégorie se

rapportent tous les cas organiques, où le passage des impressions

lumineuses est entravé par une lésion siégeant sur le parcours

compris entre la rétine et les centres occipitaux : 2) ceux dans les-

quels la perceptibilité différentielle est plus troublée que l'acuité

visuelle. A cette deuxième catégorie se rapportent tous les cas de

l'amblyopie hystérique. Les malades de la première catégorie,

parmi lesquels il faut ranger certains hémiplégiques organiques,

éprouvent devant l'alphabet de Snellen des difficultés souvent

insurmontables, mais ils lisent avec une grande facilité nos

tableaux servant à déterminer les différents degrés de la percep-

tibilité différentielle; ils les lisent même jusqu'aux numéros les

plus élevés de la série.

Les hystériques au contraire sont arrêtés du premier coup par

les caractères de nos tableaux d'un ton grisâtre encore net, mais

ils lisent souvent à un éclairage suffisant l'écriture'de Snellen la

plus forte. On voit de là toute l'importance du symptôme de rela-

tion pour le diagnostic différentiel de l'amblyopie dans l'hystérie

et dans l'hémiplégie organique.

Les deux symptômes que je viens de décrire me paraissent pou-

voir contribuer pour une large part à établir le diagnostic diffé-

rentiel entre l'hémiplégie organique et l'hémiplégie hystérique, et

c'est pourquoi j'ai cru utile de les signaler à l'attention de la sec-

tion nourologique du Congrès.

M. CnocQ (de Bruxelles). Depuis plusieurs années je m'occupe

du diagnostic différentiel de l'hémiplégie organique et de l'hémi-

plégie hystérique; bien souvent j'ai été embarrassé et j'ai dû

même quelquefois renoncer à porter un diagnostic définitif. Aussi

ai-je été très heureux de lire le travail de Babinski qui jette une

vive lumière sur la question. Je ne désire nullement contester la

valeur du réflexe de Babinski comme signe pathognomonique de

l'hémiplégie organique ; je veux seulement répondre à cette propo-

sition, énoncée par mon savant collègue, que l'extension des orteils

répond constamment à une lésion organique du système pyramidal.

On a généralement le tort de n'examiner le réflexe de Babinski

que dans les cas organiques ou douteux. Peut-être si l'on généra-

lisait à tous les malades cet examen, arriverait-on à déceler ce

réflexe dans un certain nombre de cas non organiques. Je me base

pour avancer cette idée sur deux cas de paralysie alcoolique dans

lesquels le réflexe de Babinski existait très nettement; ces malades

ayant guéri très rapidement, il n'est pas permis de croire qu'il

SOCIÉTÉS SAVANTES. 167

s'agissait d'une altération organique. On pourrait donc admettre

que le réflexe de Babinski est l'expression non seulement d'une

lésion organique du système pyramidal - ce qui est la règle

mais encore, exceptionnellement à une altération fonctionnelle de

ce système.

M. Mendelssoiin (Saint-Pétersbourg). Les exceptions que l'on

trouve dans la manière dont se compoitent les réflexes, même

lorsqu'il s'agil d'un phénomène aussi constant que « le réflexe de

Babinski », prouvent combien il est difficile de formuler une loi

générale concernant l'acte réflexe, fin physiologie aussi bien qu'en

pathologie toutes les lois sur les réflexes, y compris la loi clas-

sique de Pfluger, ne sont pas exemples des exceptions très nom-

breuses, trop nombreuses pour que la loi formulée puisse être

considérée comme telle. Voici pourquoi je crois que le rôle séméio-

logique des réflexes est très relatif et plus ou moins restreint. Il

existe très peu de réflexes qui pourraient être considérés comme

signe pathognomonique de certains états morbides. Ceci tient

surtout à ce que nos connaissances sur la physiologie des réflexes

sont très insuffisantes. Nous ne connais.-ons guère les voies de

transmission des réflexes, ni leur localisation dans l'axe cérébro-

spinal ; pour un réflexe donné, il nous est impossible pour le

moment de déterminer le rapport entre l'onde excitatrice de l'arc

réflexe et entre l'onde inhibitrice de celui des antagonistes. Voici

pourquoi, à mon avis, il ne faudrait pas, en clinique, s'appliquer

surtout à déterminer la valeur absolue d'un réflexe, niais chercher

plutôt la relation réciproque entre les différents réflexes (par

exemple les réflexes cutanés et tendineux) dans certaines mala-

dies. On obtiendra ainsi peut-être un co symptôme de relation »

qui présenterait une certaine valeur séméiologique, car il est pro- -

bable qu'en vertu d'une finalité fonctionnelle de l'organisme cer-

tains réflexes suppléent la fonction supprimée d'autres réflexes

abolis par le processus morbide. La tonicité de tout le système

musculaire et de différents centres nerveux est sans doute tribu-

taire de cette finalité fonctionnelle de certains réflexes.

M. J. Babinski (de Paris). Je constate avec satisfaction que

M. Terrier et M. liotii ont bien voulu passer en revue quelques-uns

des nouveaux signes distinctifs de l'hémiplégie organique et de

l'hémiplégie hystérique que j'ai fait connaitre, et qu'ils confirment

en grande partie les résultats de mes observations. Ayant exposé

récemment dans une leçon parue dans la Gazette des hôpitaux mes

idées sur ce sujet d'une manière complète, je me contenterai

aujourd'hui de relever quelques points sur lesquels je ne suis pas

tout à fait d'accord avec l'uu ou l'autre des rapporteurs et d'indi-

quer la méthode qui me parait devoir être suivie, si l'on veut être

définitivement fixé.

168 SOCIÉTÉS SAVANTES.

MM. Ferrier et Roth reconnaissent que dans l'hémiplégie hysté-

rique les réflexes tendineux sont généralement normaux ; mais ils,

admettent qu'exceptionnellement ces réflexes peuvent être exa-

gérés. Tel n'est pas mon avis ; je ne crois pas que dans l'hémi-

plégie hystérique pure il puisse y avoir, comme dans l'hémiplégie

organique, de l'exagération des réflexes tendineux du côté de la

paralysie. Un hystérique peut, il est vrai, dans certains cas, exé-

cuter volontairement, à la suite de la percussion du tendon rotu-

lien, un mouvement plus énergique du côté malade que du côte

sain et simuler ainsi, si l'on n'y prend pas garde, une exagération

des réflexes : mais on arrivera généralement à distinguer ce

pseudo-réflexe du réflexe légitime à l'aide des caractères que j'ai

indiqués ; j'ajoute qu'en pareil cas ce n'est guère que le réflexe

rotulien qui parait exagéré et les autres réflexes tendineux et

osseux, le réflexe du tendon d'Achille, le réflexe radial, le réflexe

du triceps brachial sont égaux des deux côtés, contrairement à

ce qui a lieu dans l'hémiplégie organique. Je n'ignore pas que

certains médecins affirment avoir observé dans l'hémiplégie hys-

térique une exagération unilatérale de tous les réflexes tendineux,

mais je déclare n'avoir jamais rien vu de pareil et je suis con-

' vaincu qu'il s'agissait dans ce cas d'associations hystéro-orga-

niques. Pour établir que l'exagération des réflexes tendineux

relève de l'hystérie il faudrait prouver, dans un cas donné, d'une

part que la paralysie, en raison de son mode d'évolution, de l'ac-

tion exercée sur elle par la suggestion, dépend exclusivement de

l'hystérie, et, d'autre part, que l'exagération des réflexes tendi-

neux, disparaissant avec la paralysie, devait être intimement liée

à l'hystérie.. 1

11 est à souhaiter que les neurologistes qui admettent la possi-

bilité de l'exagération des réflexes tendineux dans l'hémiplégie

hystérique veuillent bien présenter à leurs collègues de pareils

malades, car ce n'est en quelque sorte que « pièces en main »

qu'on finira par s'entendre.

J'en dirai autant du phénomène des orteils. La plupart de ceux

qui m'ont fait l'honneur de contrôler mes recherches, et M. Fer-

rier est de ceux-là, admettent avec moi que ce signe est caracté-

ristique d'un trouble dans le système pyramidal et qu'il n'appar-

tient pas à l'hystérie. M. Roth, tout en reconnaissant que ce symp-

tôme constitue une grande présomption pour le diagnostic

d'hémiplégie organique, pense qu'il n'est pas impossible qu'il

dépende de l'hystérie. A l'occasion d'une discussion à ce sujet j'ai

déjà demandé, il y a près d'un an, à mes collègues de la Société

de Neurologie de vouloir bien présenter les malades chez lesquels

ils constateraient le signe des orteils dans des cas d'hystérie pure.

Jusqu'à présent on n'a pas encore pu nous en montrer un seul

exemple.

SOCIÉTÉS SAVANTES. 169

M. P. Marie rappelle le cas d'un malade atteint d'une lésion du

système pyramidal, mais qui ne présentait pas le réflexe de

Babinski. ,

M. J. Babinski. - Je ferai remarquer à mon ami M. Marie que

son observation n'est pas en contradiction avec ce que j'ai écrit à

ce sujet. Je sais en effet que ce phénomène des orteils peut man-'

quer dans des cas de lésions du système pyramidal. Je dirai enfin'

à M. Crocq que je n'ai jamais soutenu qu'une grosse lésion du

système pyramidal fût nécessaire pour donner naissance à ce phé-

nomène. J'ai dit que ce signe dénotait « perturbation du système

pyramidal », ce qui est tout different.

Méningite chronique progressive non adhésive avec symptômes psy-

chiques el amaurose complète chez un sujet ayant depuis trente ans

une tumeur du cervelet; par MM. A. JOFFROY et A. Gombault.

Observation intéressante à plus d'un point de vue, mais l'auteur

attire plus spécialement l'attention sur l'existence de l'amaurose

avec atrophie papillaire, survenue chez un malade atteint de

méningite chronique non adhésive, et rappelant par ses caractères

celle que l'on observe parfois au cours de la paralysie générale.

Séance de l'après-midi. - PnLSiDEKCE DE M. IIO : .IFN (d'IIelsingfors).

Tumeur de la moelle épinière; par le professeur llEIOEclm ?

Sur lui moyen pour étudier les variations du cerveau; par A. 131AilCllI

(de Parme). -

Revision iconographique du torticolis mental, trois cas nouveaux;

traitement, par E. IErNns et H. MEIGE (de Paris). (Projections.)

F... et H. M... rappellent les principaux caractères du toi ticolis

mental, tels que M. Brissaud- les a fait connaître. Ce tic d'habitude

s'installe chez des prédisposés, à l'occasion d'une cause dépri-

mante, et un certain nombre d'observations montrent avec netteté

que le mouvement spasmodique dérive de l'éducation d'un mou-

vement d'abord voulu, répété à satiété, et devenu une habitude

échappant de plus en plus à la volonté. - Un des points les plus

intéressants du torticolis mental est ce fait que chaque malade peut

complètement et instantanément redresser sa tête par un procédé

de son choix; grâce à un artitice puéril, soutien de la tête par une

main, par un doigt, la volonté débile du sujet replace sa tête

droite, alors que cette même volonté est impuissante à ramener,

en commandant aux seuls muscles du cou, la tète dans la recti-

tude. F... et II. M... présentent une vingtaine d'images photogra-

170 SOCIÉTÉS SAVANTES.

phiques de la correction du torticolis mental par la main du

malade qui. en est affecté et donnent trois nouvelles observations

où l'on voit quelques variations du procédé. Ils terminent par un

mot sur le traitement du tic par la méthode d'entraînement de la

volonté au moyen d'exercices gradués d'immobilité et de mouve-

ments. qui leur a donné des améliorations et des guérisons défi-

nitives.

Neurasthénie et Vieillesse; par Pierre l'ancsor (de Nancy).

La neurasthénie vraie n'est pas seulement une maladie de l'âge

adulte, mais aussi de la vieillesse. Après soixante ans on la Irouve

soit comme continuation d'une neurasthénie (19 fois sur 174 cas),

soit comme première manifestation de la névrose (8 fois seule-

ment sur il cas). <

L'hérédité nerveuse remplit toujours le rôle étiologique prépon-

dérant qu'on ne saurait attribuer à l'artéi io-sclérose sans aller à

rencontre de nombreux faits cliniques; la vieillesse ne prédispose

pas à la neurasthénie. Les femmes sont plus fréquemment atteintes

que les hommes.

La neurasthénie chez le vieillard diffère de celle de l'adulte par

une atténuation des symptômes, manifeste surtout dans les cas où

la névrose a apparu pour la première fois après la soixantaine

(neurasthénie sénile proprement dite). 'La forme cérébro-spinale

est la plus fréquente. Le diagnostic de la maladie de Beard est par-

ticulièrement délicat à un âge avancé et nécessite un examen

approfondi pour éviter de la confondre avec les groupes neuras-

théniformes qu'engendre l'évolution sénile. La neurasthénie

aboutit quelquefois à la démence sénile et vient alors ajouter sa

symptomatologie propre à celle qu'engendre la lésion de la cellule

cérébrale.

Goitre exophtalmique traité sans succès par la résection bilatérale du

grand sympathique cervical. Troubles de pigmentation cutanée.

Infiltration pachydcrmiqite des membres inférieurs ; par Cu. Achard

(de Paris). (Présentation de malades.)

Contagion delà Neurasthénie; par A. Moutier (de Paris).

Extension de l'Evolutionisme et de l'Ontologie ou Etat actuel de la

Question du Earwinisme dans ses rapports avec la pathologie; par

TUTISCIIRINE (de Moscou).

Du Traitement de la Mobilisation en pathologie nerveuse, et plus par-

ticulièrement de son action sur la contracture et l'atrophie muscu-

laires ; deux exemples de méningite céréGro-spirzade; par Dagron.

SOCIÉTÉS SAVANTES. 171

Lésions des Noyaux du Pneumogastrique dans la Sclérose latérale

Amyolrophique de la Paralysie Spinale anlé1'ieu/'e subaiguè de

Duclecznze; par MM. CL. PUILIPPE et 1tIAJEWICZ (de Paris).

Les auteurs ont pu étudier par la méthode de Nissl les noyaux

du pneumogastrique chez deux malades qui avaient succombé à

des accidents cardio-pulmonaires d'origine bulbaire. Ils ont cons-

taté des altérations structurales intenses et une diminution de

nombre dans les amas cellulaires (nucleus ambiguus, noyau dor-

sal) ; mais ces altérations étaient sensiblement plus marqués pour

le nucleus ambiguus. Ainsi ces résultats de pathologie humaine

confirment une opinion, émise sur le terrain expérimental, par

MM. Marinesco et Van Gehuchten qui ont soutenu, contrairement

àla doctrine classique, la nature motrice du noyau dorsal du nerf

vague. De plus, les auteurs pensent que ces cellules appartiennent

à un type moteur spécial différent, par exemple, du type des

grandes cellules radiculaires de la corne antérieure de la moelle

épinière.

Traitement mécanothérapique des Hémiplégiques (ntussuge, j'INdu-

cation des mouvements et mécunolhérapie compensatrice) ; par le

Dr P. 110UINDJY. (Voir le n° 9 des Archives.) .

Un cas de Tabès a)/o(rop/ti'/M6. Névrite périphérique; par

Cu. Mirallié (de Nantes).

Mme X..., cinquante-deux ans, ancienne syphilitique probable,

est atteinte de tabes depuis vingt et un ans. Sept ans après le début

des accidents, l'amyotrophie des membres inférieurs était telle que

la malade était condamnée à prendre le lit qu'elle n'a plus quitté

depuis cette époque. Amyotiophie très accentuée des deux membres

inférieurs surtout à droite, et frappant les muscles de la région

antéro-externe de la jambe et le mollet ; pied bot varus équm/paraty-

tique ; impossibilité des mouvements des pieds, difficulté des mou-

vements des jambes. Abolition des réflexes rotuliens; signe d'Argyll-

Ilobertson; troubles de la sensibilité; douleurs fulgurantes; crises

gastro-intestinales. Examen microscopique de tous les segments

médullaires de la Ville cervicale au cône terminal (méthodes de

Nissl, picrocarmin, Weigert); des racines antérieures correspon-

dantes, et des nerfs des membres inférieurs (tibial postérieur et

antérieur, nerfs péroniers, nerfs intra-musculaires à l'acide

osmique et picrocarmin). En dehors des lésions classiques du

tabes, nous trouvons une intégrité complète des cellules des

cornes antérieures, des racines antérieures; par contre, il existe

une névrite périphérique manifeste d'autant plus accentuée que

l'on se rapproche davantage de la terminaison des nerfs.

172 SOCIÉTÉS SAVANTES.

L'auto-l1¡ÏCI'osthésie,. par 111.oecer BLocu (de Paris).

On a décrit sous le nom de microsthésie une affection du tou-

cher caractérisée par une altération spéciale des sensations de

poids et de volume. Lorsqu'un malade, atteint de cette affection,

tient dans sa main un objet quelconque, un presse-papier par

exemple, cet objet lui semble moins lourd et moins volumineux

qu'il ne l'est en réalité.

' J'ai eu l'occasion d'observer une hystérique qui présentait le

phénomène auquel on pourrait donner le nom d'auto-micros-

thésie. Elle se plaignait, en effet, d'avoir maigri considérablement

alors qu'il n'en était rien. Elle n'était ni diabétique, ni albuminu-

rique, ni cancéreuse, ni tuberculeuse : elle était auto-microsthé-

sique. Lorsqu'elle se palpait, elle trouvait que ses membres étaient

diminués de volume, que sa tête était rétrécie, que ses seins

avaient disparu. Ce symptôme a persisté chez elle pendant six

mois, et comme cette malade a été plusieurs années avant de

guérir, on peut en déduire que l'auto-microsthésie est d'un pro-

nostic peu favorable. Il serait également intéressant de recher-

cher si les microsthésiques sont tous auto-microsthésiques.

La trépidation épileptique du membre inférieur; par 111A URICF. BLOC);

(de Paris).

Voici la description de ce symptôme et la manière de le provo-

quer. Je l'ai constaté sur un malade atteint de sclérose en plaques

datant de deux ans, et je me propose de le rechercher dans toutes

les affections pouvant déterminer de la paralysie spasmodique :

Le malade se tenait debout, les mains arcboutées sur un meuble.

Il fléchissait légèrement la jambe droite sur la cuisse en s'ap-

puyant de tout son poids sur cette jambe demi-fléchie et en déta-

chant l'autre du sol. Dans cette position, il se produisait des

mouvements alternatifs de flexion et d'extension, à raison de 60

à 80 par minute; ces mouvements étaient à rythme égal et d'une

amplitude assez considérable. Tant que le malade gardait cette

attitude de demi-flexion, il lui était impossible de ralentir ses

mouvements; mais ces derniers s'arrêtaient aussitôt qu'il remet-

tait la jambe en extension. Chez mon malade ce phénomène était

unilatéral et ne portait que sur la jambe droite.

Deux cas de Paralysie alterne. Troubles de la sensibilité; par

Cn. 11lIRALLlÉ (de Nantes)

Homme, trente-huit ans, ancien syphilitique, est pris subitement

un matin, sans perte de connaissance, d'une paialysie alterne :

ptosis droit, myosis droit, déviation de la langue vers la droite,

SOCIÉTÉS SAVANTES. 173 3

sans autre signe de paralysie facial; intégrité motrice des membres,

mais exagération des réflexes à droite. Conservation du tact sur

tout le corps; retard de la perception avec hyperesthésie consécu-

tive du chaud, du froid et de la douleur dans toute la moitié

gauche du corps avec sensation de fourmillements. Dix-huit mois

après l'attaque, le ptosis a disparu; les troubles de la sensibilité

persistent exactement comme au début.

Homme, cinquante-huit ans. Sensation de faiblesse subite dans

le bras droit, parésie légère de tout le côté droit (membres

supérieur et inférieur), hémianesthésie incomplète de tout ce

coté, le malade perd ses membres dans son lit. Paralysie du droit

externe gauche; la face est indemne des deux côtés. Un an

après la parésie du di oit externe a disparu, cependant un peu

de fatigue de l'oeil dans la position en dehors de l'oeil gauche; les

troubles de motilité des membres droits ont disparu, sauf un

léger degré de spasmodicité; les troubles sensitifs persistent, mais

atténués.

Pu cas de de/'lilo-new'o - fib1'omalOSe C07)llJlt2Cée cle phénomènes

spinaux et de déformation considérable de' la colonne vertébrale;

par M. Hausualter (de Nancy). ,

Observation d'un jeune garçon de seize ans, atteint de paraplégie

spasmodique avec troubles de la sensibilité dans' les membres

inférieurs (thermanesthésie variable comme siège et intensité, et

diminution transitoire de la sensibilité tactile), troubles des

sphincters et déformation considérable du thorax ; il existe en

même temps du strabisme interne de l'oeil gauche et de la

névrite optique à droite. Le début remonte à l'âge de douze ans;

on ne relève chez le malade aucun antécédent morbide personnel

ou héréditaire ; le développement physique et intellectuel est

normal. Les symptômes spinaux sont dus chez lui à la localisa-

tion médullaire de la maladie de Recklinghausen. Les signes cuta-

nés de la de)'mo- ? ! eM)'o ? 6<'o ? Mu<ose se réduisent à une quinzaine de

petits fibromes cutanés, papuleux, mous, recouverts de poils rudes,

à deux verrues colorées, à trois petits fibromes durs sous-cutanés

dont l'un atteint le volume d'une noix, à une vingtaine de taches

pigmentaires de couleur café au lait clair. Le fait le plus curieux

de cette observation réside dans la déformation du thorax, mani-

feste surtout dans la situation assise ; elle consiste en une énorme

cypho-scoliose dorso-lombaire à grande courbure, et une plicature

du tronc en avant, au niveau du creux épigastrique.

Cette déformation, qui disparait presque totalement dans le

décubitus dorsal, semble bien être en rapport avec des altérations

osseuses qui ne sont pas sans analogie avec l'ostéoinalticie, et qui

ont été signalées plusieurs fois déjà dans la dermo-neuro-fibroma-

174 SOCIÉTÉS SAVANTES.

tose, en particulier par MM. P. Marie et COUVEL&IRF; même en

l'absence de phénomènes spinaux.

La prédominance des accidents médullaires et de la déforma-

tion du thorax, l'atténuation des phénomèaes cutanés, rendent

intéressant ce cas de maladie de Recklinghausen, qui montre un

des aspects multiples sous lesquels peut se dérober ou se mani-

fester la maladie.

La dyspnée des neurasthéniques ; par ÂNDRu (de Toulouse).

Les auteurs qui ont écrit sur la neurasthénie sont très brefs

sur les troubles respiratoires de cette névrose. A peine signalent-ils

une certaine sensation d'oppression, de la toux nerveuse et l'asthme

des foins. M. André a acquis, par de nombreuses observations, la

conviction que les neurasthéniques éprouvent fréquemment une

dyspnée singulière, d'origine complexe, mais en grande partie

d'ordre psychique, s'accompagnant d'une véritable angoisse et

indépendante de toute lésion cardio-pulmonaire. Le malade fait

volontairement des inspirations profondes, répétées, entrecoupées

quelquefois de bâillements et provoquant à la fin un état de

fatigue douloureuse des muscles thoraciques. Il suffit au sujet

d'être distrait, de se livrer à un travail quelconque, à une lecture,

pour être débarrassé de cette obsession.

Il ne s'agit pas de palpitations cardiaques qui existent quelque-

fois d'une manière concomitante, et que les malades savent très

bien distinguer; ni de la tachypnée hystérique qui se produit

sans anxiété et sans douleur, s'accompagne de spasme pharyn-

gien et se termine souvent par une crise de pleurs. Parmi les

causes déterminantes les plus fréquentes de la dyspnée neurasthé-

nique, on rencontre la réplétion gazeuse de l'estomac, une crise

de névralgie intercostale, la leclure d'un chapitre de pathologie,

certaines influences barométriques, etc. En résumé, une circons-

tance passagère et de minime importance met en jeu un trouble

respiratoire purement névropathique qui sera prolongé indéfini-

ment par l'obsession. r,

Séance de clôture, jeudi 9 août. Présidence de M. le professeur

TAMBURll'\1 (de Reggio).

conférences

De MAI. Golgi (de Pavie), Obersteiner (de Vienne), Pitres

(de Bordeaux).

SOCIÉTÉS SAVANTES. - 175

Présidence de M. LE Professeur HAYJIOND' (de Paris).

Décisions relatives ci la prochaine réunion des membres de la

section de neurologie.

A la suite d'une discussion à laquelle ont pris part àlàl. Pierre

Marie, Cuocq, VAN GIOEUCHTRN, RAl'101\D, G. Ballet, Tamisurini,

llmoa, Grasset, Bort, llirZIG, Joffroy, les décisions suivantes ont

été approuvées par la majorité des membres présents :

1° Il n'y a pas lieu de réunir ultérieurement un Congrès spécial

international de Neurologie, indépendant du Congrès internatio-

nal de Médecine ;

2 Dans le prochain Congrès international de Médecine qui se

réunira à Madrid, en 1903, il sera créé une SECIION de Neurologie

et DE I'SYCIIIAIltIE, subdivisée en deux Sous-Sections, l'une pour la

Neurologie, l'autre pour la Psychiatrie, ces deux Sous-Sections

pouvant être réunies en certaines occasions dans des séances

communes. z

M. Pierre Marie résume brièvement les travaux de la Section

de Neurologie et adresse les remerciements du Comité d'organi-

sation. -

M. le Professeur IIITZIC remercie à son tour le Comité d'organi-

sation. -

M. le Professeur 11AYMO : 'lD annonce la clôture des travaux de la

Section de Neurologie du XlIIo Congrès international de Méde-

cine.

SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE.

Séance du 29 Octobre 1900. - PRÉSlDE1'\CE de 1\I.l\JAGNA;,\,

La pression sanguine chez les aliénés.

M. LEGUA ! ') rend compte d'un travail de AI. Pilez, médecin assis-

tant de Vienne, sur la- pression sanguine chez les aliénés. L'idée

principale qui s'en dégage est que, dans les formes mélancoliques,

la pression sanguine dépasse notablement la normale. Dans les

formes maniaques, au contraire, elle descend. L'intérêt pratique

de cette constatation est que, dans la folie circulaire, il est possible

rien que par l'étude delà pression sanguine, de prévoir à quelques

176 SOCIÉTÉS SAVANTES.

jours près, le passage d'un stade à l'autre. Si dans le stade mélan-

colique, on voit tout à coup diminuer la pression sanguine on peut

être sùr que dans quelques jours le stade maniaque va apparaître.

Et inversement.

Hallucinations rectifiées au cours tl'zin délire des persécutions

systématiques.

M. Séglas rapporte l'observation d'un délirant chronique qui

rectifie lui-même ses hallucinations. Il s'agit d'un professeur, d'in-

telligence très cultivée, mais aussi de caractère paranoïaque, arrivé

à formuler un délire de persécution très systématisé. Au début, le

délire reposait sur des interprétations délirantes nombreuses avec

quelques hallucinations espacées, olfactives, gustatives, kinesthé-

tiques. auditives. Ces dernières, par la suite, devinrent incessantes

et prédominantes (voix nombreuses, indéterminées, puis particu-

larisées ; colloques à distance, écho de la pensée). D'abord accep-

tées par le sujet, elles sont rapidement critiquées et disparaissent

ainsi au bout de deux mois et demi environ. Ce fait est d'autant

plus curieux qu'il s'agissait là d'hallucinations d'origine intellec-

tuelle, confirmatives du délire; que seules, les hallucinations

auditives les plus complexes ont été rectifiées et non les autres;

qu'après leur rectification le délire a persisté aussi irréductible. De

plus, bien qu'ayant reconnu de lui-même leur caractère hallucina-

toire, le malade n'en continua pas moins à les rattacher à son

délire comme le résultat et la preuve de l'action exercée sur lui

par ses persécuteurs.

L'éclosion rapide, l'intensité et les caractères cliniques dès hal-

lucinations auditives, peuvent trouver leur explication dans l'exis-

tence d'un appoint alcoolique et dans le mode d'activité mentale

antérieure du sujet, habitué de longue date à une parole intérieure

très nette. L'isolement, une hygiène plus sévère, en dominant l'ex-

citation cérébrale, ont pu permettre au malade de mettre à profit

ses connaissances anciennes pour s'observer, analyser et critiquer

ses hallucinations.

Le mode de critique employé, pour l'analyse subjective, explique

comment ses hallucinations auditives les plus complexes ont seules

été rectifiées. Cette critique en s'adressant à l'élément intellectuel

des hallucinations, ne pouvait avoir de prise que sur celles où cet

. élément intellectuel est le plus développé, en respectant les autres

plus voisines d'un fait de sensation simple (olfactives, gusta-

tives...)

M. 131UAND rappelle que M. Gérente a aussi signalé la possibilité

d'obtenir de certains aliénés la rectification de leurs hallucinations.

Une vieille hallucinée quia suivi pendant plusieurs mois la consul-

tation de AI. Magnan à Sainte-Anne rectifiait aussi ses hallucina-

SOCIÉTÉS . SAVANTES. i 177

tions et décrivait avec beaucoup d'intelligence par suite de quel

raisonnement elle était arrivée à se convaincre de leur caractère

pathologique.

M. Doutrebente a observé des cas analogues. Il considère cet

état comme une nouvelle forme de la maladie et même une aggra-

vation et ne voit pas là un signe d'amélioration. '

M. Séglas répond que son malade s'est amélioré en ce sens

qu'après avoir traversé une phase d'extrême agitation, il se calmait

en même temps que s'expliquaient pour lui les hallucinations;

mais le délire n'a pas rétrocédé : le malade établissait au contraire

un rapport entre ses persécutions et les phénomènes subjectifs

qu'il avait observés. -

M. LEGRAIN a suivi un persécuté hypocondriaque dont le délire

proprement dit a rétrocédé après une durée de dix ans. Pendant

la période de démolition du délire, l'aliéné expliquait raisonnable-

ment ses hallucinations.

M. SÉGLAS ne peut formuler qu'un pronostic sombre sur le cas

qu'il vient de rapporter, parce que l'idée de perécution reste im-

muable chez le sujet, qui demeure irréductible dans son délire. Il

voit en ce moment un autre aliéné, professeur de philosophie,

instruit, qui puise dans ses connaissances physiologiques pour

chercher un point d'appui sur lequel il étaye son délire.

M. blanlE. Leuret a déjà signalé deux observations de ce

genre. J'ai aussi publié le cas d'un persécuté halluciné qui a pres-

que complètement guéri, sous l'influence du traitement moral et

qui ne conservait à la fin que des troubles de la sensibilité géné-

rale. Il admettait d'ailleurs pleinement le caractère morbide de ses

hallucinations antérieures.

, Fièvre typhoïde et épilepsie.

M. Marie rapporte deux cas de fièvre typhoïde chez des épilepti-

ques morts eu état de mal au cours de leur pyréxie. L'autopsie

confirma l'existence de la fièvre typhoïde.

Chez l'un des malades la myocardite peut être invoquée comme

cause ultime de la mort; l'autre paraît avoir succombé à la suite

d'une congestion pulmonaire intense. Le traitement bromuré avait

été suivi régulièrement jusqu'au début de l'infection typhique.

L'adage, « febris accedens spasmos solvit » s'est trouvé, en la

circonstance, erroné.

Paralysie générale syphilitique à gommes osseuses.

M. Marie rapporte aussi l'observation de deux cas de paralysie

générale syphilitique avec gommes osseuses sur les tibias et traités

Archives, 2* série, t. XI. 12

')78 ' " SOCIÉTÉS SAVANTES.

par l'iodure de potassium associé à une légère hypochloruration.

Dans les deux cas le traitement spécifique a amené une rapide

disparition des lésions syphilitiques, mais il- semble aussi avoir

« donné un coup de fouet à la paralysie générale. L'un des malades

a succombé après trois jours de diarrhée prol'use.

M. Toulouse admet avec : \1. Richet la possibilité de la guérison

de la syphilis par l'hypocbloruration associée au traitement ioduré.

Les faits signalés par : \1. Marie viennent à l'appui de cette hypo-

thèse. Il cite deux cas de syphilis tertiaire, rebelles à tout traite-

ment, qui ont été guéris en peu de temps. En ce qui concerne les

accidents ultimes ayant déterminé la mort chez les typhitlques

.il y a lieu, dit-il, de se demander si des complications méningiti-

ques ne pourraient pas expliquer la persistance des accès pendant

la période pyrétique de la fièvre.

M. Voisin soigne en ce moment des épileptiques atteints de

fièvre typhoïde chez lesquels le nombre des accès a diminué quand

s'élevait la température. Ceux-ci ont repris progressivement leur

fréquence habituelle en même temps que s'établissait la convales-

cence. Ils étaient toujours suivis d'une élévation plus grande de la

température. Les grands lavements d'eau bouillie froids lui

paraissent d'un puissant secours pour abaisser la température aussi

bien dans la fièvre typhoïde que dans l'état de mal épileptique. ! Il. lII.\G : '<I.\N craint que l'abaissement ainsi obtenu ne soit plus

apparent que réel et qu'il ne reste limité à la zone rectale où e

produit un refroidissement local.

M. l3sAw. - Je soigne accidentellement quelques épileptiques

du service de ! IL Toulouse atteintes de fièvre typhoïde. Elles ne

sont perdues de vue ni jour ni nuit; aucune d'elles n'a jamais eu

d'accès pendant la période pyrétique. Ceux-ci ne se sont montrés

qu'au moment où la défervescence était presque complète. Leur

apparition a eu pour effet d'élever aussitôt la température.

. M. B.

Séance du 26 novembre 1900. - PRÉSIDENCE DE AI. 111.\GNAN.

Un cas de contre-expertise bénévole.

. M. COLLII expose à la Société qu'il a eu l'occasion de faire

acquitter récemment un ancien aliéné, accusé de faux, et qu'il

avait connu au Pénitentier de Gaillon. Un expert de province, non

aliéniste d'ailleurs, le considérait comme responsable. La lecture

du rapport donnant la preuve manifeste qu'il s'agissait d'un aliéné)

alors que les conclusions en faisaient un criminel entièrement

responsable de ses actes, l'avocat écrivit à M. Collin pour lui

demander un avis. M. Collin a pu fournir des renseignements

SOCIÉTÉS SAVANTES. 1ï9

circonstanciés grâce auxquels l'acquittement fut obtenu. Il voudrait

que les expertises en matière d'aliénation mentale soient unique-

ment confiées à des aliénistes.

M. Bnrwn, tout en adoptant le voeu de M. Collin, craint qu'il ne

soit dangereux, pour un médecin, de suivre M. Collin dans cette

voie de confidences.

M. Collin objecta qu'il n'a agi que dans l'intérêt de son ancien

pensionnaire.

M. BTllAIOE rappelle l'affaire du Dr Wattelet, dans laquelle celui-

ci fut poursuivi d'office par le parquet pour violation du secret

médical. L'intervention du médecin était cependant justifiée par

une cause des' plus légitimes puisqu'il avait simplement réfuté,

sur la demande de la famille, l'information d'un journal préten-

dant qu'un peintre célèbre AI. B. L. était mort de syphilis alors

que celui-ci avait succombé à une affection cancéreuse. AI. Watte-

let n'en fut pas moins condamné pour avoir violé le secret profes-

sionnel.

Ai. Legrain cite à l'appui de la thèse de 11. Collin un cas person-

nel remontant à quelques mois. Il s'agit d'un vertigineux, buveur

d'absinthe qui, sous l'influence d'un vertige avait commis deux

homicides. Sur le rapport de trois médecins de la ville, non spé-

cialistes, le malade fut considéré comme responsable, condamné à

la peine capitale et exécuté.

M. Legrain, consulté par les avocats de la défense, fit un rapport

écrit dans lequel il émettait un avis contraire à celui des experts.

Sa déposition fut de nul effet.

Les cas de ce genre appellent une réforme complète des exper-

tises médico-légales, eu matière d'aliénation, ajoute M. Legrain. Ces

expertises ne devraient être confiées qu'à des spécialistes expéri-

mentés. Quelle que soit la parfaite honorabilité des praticiens, il

leur est impossible de porter des jugements précis sur des matières

qui leur sont tout à fait étrangères et qui nécessitent des études

cliniques aussi spécialisées que prolongées.

111. Pactet, au risque de violer le secret médical, a cru faire

oeuvre d'humanité dans une circonstance analogue : Il s'agissait

d'un ancien malade de son service que la justice militaire pour-

suivait devant un Conseil de guerre. M. Pactet a pu fournir à

l'avocat des renseignements d'une précision telle que l'aliéné fut

acquitté. -M. B.

Séance du 17 décembre 1900. - Présidence DE M. Magnan.

Observations pour servir ci l'histoire du délire des négations.

M. P. (.ARMER donne lecture, au,nom de M. P. Masoin, de deux

180 sociétés savantes. ·

observations relatives au syndrome de Cotard. Dans la première il

s'agit d'une pensionnaire de Gheel, âgée de cinquante-neuf ans et

- atteinte de mélancolie avec délire des négations; cette aliénée

avait aussi des idées de damnation et de possession avec de l'agi-

tation anxieuse par intervalles. Ime parait avoir également éprouvé

des hallucinations terrifiantes et était en outre sujette à des

impulsions' verbales. Une période de doute et d'interrogations

avait précédé l'apparition des idées de négations qu'elle manifeste

depuis plusieurs années. Aujourd'hui 1-e X ... a complètement

renoncé âsa personnalité, sans avoir jamais eu d'idées de persé-

cution. Elle croit ne plus exister, ne plus avoir de pieds, de mains,

de corps, etc.

Le second cas est relatif à un délirant chronique, arrivé à la

phase ambitieuse, qui tombe par intervalles dans un état de

dépression mélancolique avec idées hypocondriaques. Il traverse

aussi des périodes au cours desquelles il accuse ses persécuteurs

de l'avoir fait disparaître et prétend ne plus exister.

M. M0501n fait ressortir que ces deux sujets, en apparence iden-

tiques l'un à l'autre, diffèrent par cette circonstance que la femme,

tout en se disant morte n'accuse personne de sa mort, alors que

l'homme attribue son trépas à de puissants ennemis. L'auteur en

arrive à considérer le délire des négations, non point comme le

stade ultime d'évolution d'un délire spécial avec ses périodes suc-

cessives (idée fausssement attribuée à Cotard) - mais bien

plutôt comme un mode spécial d'évolution de certains cas de

mélancolie, où les troubles profonds de la cénesthésie conduisent

naturellement à l'altération et ultérieurement à la destruction de

la notion de la personnalité.

M. Ségus. - Il s'est produit dans ces temps derniers une nou-

velle interprétation du délire des négations. Celui-ci ne serait,

pour certains auteurs, qu'un accident de la sénilité chez les mélan-

coliques chroniques. Une deviendrait qu'une forme particulière de

démence. Le mélancolique marchant progressivement vers un

terrain démentiel en arriverait ainsi à une systématisation ultime

et absurde.

M. ARNAUD ne voit pas bien comment, avec cette théorie, on

peut interpréter les cas de guérison du délire des négations qui

sont encore assez fréquemment observés.

M. SÉGLAS. On peut toujours répondre que le malade n'est pas

définitivement guéri ou qu'il présente une forme intermittente de

la mélancolie. ,

M. SÊRiFux formule la même opinion et ajoute que si, au con-

traire, un jeune sujet faisant en délire des négations ne guérit pas,

il tombera dans la démence précoce.

SOCIÉTÉS SAVANTES. 181

M. Ségalas objecte que les malades dont le délire des négations

guérit n'appartiennent pas au type Cotard. Ce sont des hérédi-

taires dégénérés présentant transitoirement ce syndrome comme

ils en présentent d'autres et non pas des anxieux chroniques.

Troubles du langage dans la paralysie générale.

M. DIDE communique, au nom de M. Chardon et en son nom

personnel, l'observation d'un paralytique général devenu pro-

gressivement aphasique pour en arriver au mutisme complet.

Elections. Après élections, le bureau est ainsi constitué pour

1901 :

Président : M. JOFFROY; vice-président : 1f. MOTET; secrétaire

général : AI. RITTl; secrétaires annuels : 11\I. SssSIELaICNEet SOLLIEit;

trésorier : M. Brunet; bibliothécaire-archiviste : 1\1. 1301SSlER; Conseil

de famille : Les membres DU Bureau ET les deux Présidents sortants :

MM. J. Voisin et MAGNAN; Comité de publication : BALLET,

BRIAND et VALLON. Marcel Briand.

SOCIÉTÉ DE NEUROLOGIE

Séance du 10 janvier 1901. - -Présidence de M. le Professeur

1W raonn.

Après une brève et cordiale allocution en laquelle il remercie les

membres de la Société de l'avoir invité à diriger leurs travaux

pour cette première année, i\I. JOFraoy les félicite de leur zèle et

cède le fauteuil de la présidence à M. RAYMOND, qui fait un éloge

aussi délicat que mérité de son prédécesseur dont il évite avec un

tact infini de blesser la modestie. 11 montre les services rendus par

celui-ci à la neurologie en général et à la société inaugurée par lui

et conduite par lui au rang honorable qu'elle tient parmi les com-

pagnies similaires.

Trépidation épileptoïde dans la tuberculose pulmonaire.

MAL Léopold LÉvi et FOLLET. La trépidation épileptoïde est

loin d'être exceptionnelle cliez les malades atteints de tuberculose

pulmonaire (9 fois sur 50 cas). Elle est parfois aussi marquée que

dans les scléroses pyramidales, d'autres fois n'existe qu'à l'état

182 sociétés savantes.

d'ébauche. Elle peut se montrer spontanément, apparaître à la

suite de la manoeuvre classique ou par la percussion du tendon

d'Achille ou par la piqûre cutanée de la plante du pied.. Dans cer-

tains cas il est nécessaire par une série de tentatives de « charger »

le malade. Iuversement le clonus s'épuise rapidement.

Tous les tuberculeux chez qui on observe la trépidation plan-

taire présentent des lésions cavitaires, mais ils ne sont pas cachec-

tiques. On trouve dans leurs antécédents ou dans leur histoire

actuelle des causes favorisant la trépidation (fièvre typhoïde

3 fois, alcoolisme 1 fois, nervosisme 3 fois, hystérie 1 fois, signes

de dégénérescence 1 fois).

La bacillose pour donner lieu à la trépidation épileptoïde a donc

besoin de rencontrer un système nerveux prédisposé soit congéni-

talement, soit du fait d'intoxications antéiieures. Elle agit par le

mécanisme de la toxine tuberculeuse ou de toxi-infections pre-

nant origine dans les cavernes. Elle détermine une excitation qui

peut sans doute aller jusqu'à la lésion des faisceaux pyrami-

daux. '

M. Babinski demande si la trépidation était associée à l'aboli-

tion des réflexes tendineux. Rien de plus commun que cetle coïn-

cidence avec l'abolition ou diminution du réflexe patellaire. Au

contraire la trépidation avec disparition du réflexe du tendon

d'Achille serait contradictoire.

M. Lévi n'a pas cherché le réflexe du tendon d'Achille; mention

en est faite dans d'autres travaux, mais il a oublié dans quel

sens.

M. Raruow vient d'observer cette même trépidation épileptoïde

dans un cas de rhumatisme chronique.

Paralysies associées des muscles des yeux.

bill. liarsionn et CESTAN ont observé chez deux malades une

paralysie des mouvements de latéralité des yeux et une hémiplégie

sensitivo-motrice : A l'autopsie, ils ont trouvé dans les deux cas un

tubercule de la partie supérieure de la protubérance entre les

noyaux de la 111° paire et de la VIe paire. Ils présentent en outre

un malade atteint d'une paralysie de l'élévalion, de la conver-

gence et de la latéralité des yeux, paralysie survenue subitement,

associée à une hémiplégie sensitivo-motrice droite et n'ayant pas

bougé depuis dix ans.

Les auteurs voient là un nouvel exemple de ces paralysies asso-

ciées'des globes oculaires décrites par l'armaud.

Il s'agit dans de tels cas de relations de noyau à noyau et non

de lésions à distance.

SOCIÉTÉS SAVANTES. 183

Pachymerzingite hypertrophique cervicale.

M. Touche présente les pièces provenant d'un malade atteint de

cette affection et qui avait présenté comme symptômes la grifle

cubitale avec pronation forcée de l'avant-bras d'un seul côté.

Syringomyélie unilatérale à type sensitif.

M. Touche présente un malade chez qui cette affection a eu un

début identique à celui de la pachymeningite cervicale hypertro-

phique (névralgie scapulo-bracloale très prononcée, exagérée par

la contraction musculaire et la pression), avec arlhropatbie de

l'épaule.

AI. Babinski a vu autrefois ue malade considérée comme atteinte

de pachymeningite cervicale avec arthropathie de l'épaule, chez

qui l'autopsie montra une syringomyélie. Depuis il a revu deux

cas d'arthropathie de l'épaule liée à la syringomyélie.

111. JoirRoy appuie aussi le diagnostic porté par 111. Touche, l'iné-

galité pupillaire constatée chez le malade plaidant en faveur d'une

affection médullaire siégeant dans la région supérieure.

Note sur la structure du noyau et la division amilosique des cellules

nerveuses du cobaye adulte.

1111. PrnRI.N, de la Touche et Dide. Il résulte de nos recher ?

ches faites au laboratoire d'histologie de l'Ecole de Médecine de

Bennes sur des coupes fines d'encéphale de cobaye adulte, que la

structure du noyau est beaucoup plus complexe que ne le font sup-

poser les descriptions classiques les plus récentes, et que les cel-

lules nerveuses complètement développées, même du type le plus

différencié, tel que les cellules pyramidales peuvent, en dehors de

toute cause pathologique se diviser par amitose.

1° Noyau des cellules nerveuses. Ce noyau présente dans un

nucléoplasma incolore et homogène, un ou plusieurs nucléoles et

un reticululll nucléaire renfermés dans une membrane nucléaire.

L'appareil nllcléolai1'e est toujours constitué par deux substances,

l'une acidophile, l'autre basophile, formant des éléments très

diversement groupés et présentant une grande variété d'aspects

(sphères distinctes ou conjointes, type en barillet, en haltère, en

triangle, etc).

Le réseau nucléaire offre le plus souvent une disposition radiée,

mais parfois réticulée sans orientation spéciale. Les filaments de

ce réticulum sont garnis d'un grand nombre, de microsomes acido-

pliiles. Quelques microsomes plus volumineux basophiles, en petit

nombre, sont libres dans les mailles du réseau. La membrane

184 - SOCIÉTÉS SAVANTES.

nucléaire présente généralement un point basophile, ordinairement

lenticulaire dont la valeur morphologique nous est encore incon-

nue, mais qui parait avoir une certaine constance de situation

vis-à-vis des éléments du nucléole. ' ,

2° Division amitosique des cellules nerveuses. Le nucléole se

divise suivant divers procédés plus ou moins complexes que nous

avons étudiés en détail. Le noyau se divise lui-même amitosique-

ment, soit par étranglement, soit par fissuration. 'Cette division

du noyau est elle-même suivie de la plasmodicrèse de la cellule

suivant le processus habituel.

Cependant tandis que le processus stade est très fréquent (divi-

sion du nucléole, les deux autres, surtout le dernier, s'observent

rarement. l.

M. GOMIJAULT approuve les remarques de M. Dide dont il a exa-

miné à loisir les préparations. Les deux premiers points surtout

sont à ses yeux hors de doute. Il faut donc faire des réserves sur

les résultats des travaux faits uniquement avec la méthode de

Nissl qui ne permet pas de tout apprécier, et avoir recours au

contrôle de plusieurs méthodes comme l'ont fait Perrin de

la Touche et Dide.

Coupes de moelles d'amputés du membre inférieur.

M. SL'IIITL.15KI présente des dessins et des préparations de cinq

moelles d'amputés dans lesquelles il n'y a pas seulement différence

de volume entre le côté amputé réduit. et le côté sain, mais encore

sclérose dans la région de la corne postérieure.

li. Marie. - Ces préparations établissent en effet deux notions

nouvelles : 1° dégénération secondaire chez les amputés avec sclé-

rose et non atrophie simple (les auteurs jusqu'ici n'ont pas signalé

cette sclérose, ou l'ont prise pour une lésion surajoutée); 2° im-

portance plus grande de ces lésions à mesure qu'on s'élève le long

de la moelle, de telle sorte que peu marquées dans la région lom-

baire elles sont très apparentes dans la région cervicale.

Cerveau de tabétique albuminurique devenu hémiplégique.

M. Ferrand présente le cerveau de ce malade qui devint hémi-

plégique sans ictus, progressivement, les réflexes s'abolissant peu

à peu avec la motilité sans perte du sens stéréognostique et sans

anesthésie. Bien que la vision fut antérieurement à peu près nulle,

M. Ferrand pense avoir au moment de ces nouveaux accidents

constaté l'hémianopsie.- A la face interne du lobe occipital droit

1 occupant tout le cunéus le long de la scissure calcarine on

remarque un ramollissement rouge hémorrhagipare. Le tubercule

mamillaire du côté lésé est atrophié, celui du côté sain est normal.

SOCIÉTÉS SAVANTES. , . . 185

Surdité corticale avec paralexie et hallucinations de l'ouïe

due à des kystes hydaliques du cerveau.

MM. P. Sérieux et Roger-Mignot. Les auteurs donnent l'ob-

servation d'un homme de soixante-quinze ans qui, à la suite de sa

dernière crise épileptifoime (la première remontant il huit ans), a

été atteint de surdité corticale, d'excitation maniaque et d'halluci-

nations de l'ouïe et de la vue.

Le malade ne présentait ni aphasie motrice, ni paraphasie dans

la parole spontanée, ni cécité verbale : la surdité corticale s'ac-

compagnait de paralexie, de perte de la compréhension des mots

lus et de troubles de l'écriture.

L'état maniaque s'amenda rapidement mais la surdité per-

sista jusqu'à la mort survenue trois semaines après la dernière

crise. - .

A l'autopsie on constate la présence dans les hémisphères céré-

braux (à l'exclusion de tout autre région du corps) de 24hydatides

dont six étaient situés dans les deux lobes temporaux.

Cette observation est intéressante à divers points de vue :

1° La nature de la cause déterminant les troubles observés est

exceptionnelle.

2° Les cas de surdité corticale suivis d'autopsie sont très rares; '

l'existence d'une lésion symétrique des deux lobes temporaux con-

firme la constatation clinique.

3- L'intégrité de la parole spontanée prouve que le centre de l'au-

dition des mots n'était pas détruit mais simplement isolé, fait que

vient encore mettre en lumière la persistance des hallucinations

de l'ouïe. -

L'absence de cécité verbale coexistant avec de la paralexie et de

la perte de la compréhension des mots lus paraît relever de l'in-

terruption des voies d'association qui relient les divers centres cor-

ticaux (Aphasies internucléaires de Pitres. F. Botssica.

j SOCIÉTÉ D'I31PNOLOUIE ET DE PSYCHOLOGIE.

Séance du 18 décembre 1900. 'PRÉSIDENCE de M. Jules Voisin.

Guérison d'un cas d'/t ? /pe)'/tt'a ? ose émotive.

M. DOMINCOS Jaguaribe (de San Paulo, Brésil) rapporte l'obser-

186 SOCIÉTÉS savantes.

vation d'une femme âgée de quarante ans, atteinte d'une hyperhi-

drose palmaire ancienne, considérablement accrue, chaque fois

que survient une émotion ou un choc normal quelconque. Cette

femme a été guérie après cinq séances de suggestion hypno-

tique.

Lu fonction' sudorale, la vaso-motricité et la suggestion.

M. PAUL L'anrz. - Il conviendrait de rectifier un point de phy-

siologie, à propos de la l'onction sudorale. Les glomérules des

glandes dites sudoripares semblent bien ne pas secreter de la

sueur, mais simplement une substance graisseuse. Notons, en

effet, que les glandes sébacées sont en nombre très restreint par

rapport aux glandes sudoripares; elles ne peuvent guère suffire à

graisser toute la surface cutanée; d'ailleurs, certaines régions de

celles-ci, comme, par exemple, la paume des mams, la plante des

pieds sont toujours bien, graissées et cependant ne possèdent

aucune glande sébacée. Cette graisse ne peut guère venir que du

glomérule sudoripare; quant aux glandes sébacées, elles seraient

uniquement en rapport avec le système pileux (Uîz ? 2t et .llcissner).

D'après cette interprétation, les pores sudoraux sont les deux con-

'fluents de deux voies d'excrétion. Ils reçoivent : 1° la graisse éla-

borée par le glomérule;, 2° la sueur issue des pupilles. De nom-

breux examens histologiques, il résulte que, à partir des cellules

épineuses, il n'existe plus de canal à paroi propre; la graisse et la

sueur venues toutes deux de leur source respective, cheminent de

concert entre les interstices des cellules et arrivent il la surface

cutanée, confondues l'une avec l'autre. Lafonction sudorale devient

donc sous la dépendance directe de la vaso-motricité. Tout ce qui

amène des perturbations dans la vaso-motricité provoque, par cela

même,, une modification dans la. fonction sudorale. La grippe,

l'influenza, les infections,, Les intoxications,, la surcharge médica-

menteuse, les émotions et, en général, tous les facteurs psychiques

de divers ordres, frappent plus ou moinsl'organisme de déchéance

et diminuent sa résistance. De même, que les divers troubles mo-

teurs, sensitifs, circulatoires, provoqués par les causes ci-dessus

énoncées, les troubles sudoraux présentent les distributions et les

localisations les plus diverses. Ainsi, par exemple, 1liyperbidrose

siège souvent à la paume des mains, parfois à la plante des pieds,

..iL la face postérieure de la cuisse et de la jambe droite, à la face

dorsale de l'avant-bras gauche, au nez, à un côté de la face, au

territoire de distribution des deux branches supérieures de la cin-

quième paire droite et du rameau auriculo-temporal de sa troi-

sième branche., .

Que l'hyperhidrose soit causée ou seulement accrue par l'émo-

tion, voilà qui n'est plus à démontrer. C'est devenu une constata-

SOCIÉTÉS SAVANTES. "187

tion banale. Ceux qui ont fréquenté la consultation de l'hôpital

Saint-Louis n'ont pas pu ne pas remarquer l'abondante hyperhi-

drose axillaire que manifestent la plupart des malades qui défilent

tout nus devant un nombreux personnel médical. Il y a plus. Chez

certains, l'hyperhidrose serait sous la dépendance de la volonté.

Saint-Augustin a écrit : « ipse sxcna cxpertus sudare homincm solere

cllIl1vellct», D'autre part, la suggestion hypnotique a pu expérimen-

talement provoquer non seulement l'hyperhidrose, mais l'hémi-

hyperhidfose. Or, « l'agent qui fait défait ». Quoi d'étonnant alors

que la suggestion hypnotique atténue puis guérisse l'hyperhidrose.

Outre les cas rapportés récemment par M. Charpentier, NI. Jagua-

ribe et par moi-même, je puis encore citer celui de ni. Mi ! ne Bran-

well (de Londres) et de 111. Backman (de Kalmar (Suède). Il est

même étonnant que la littérature médicale n'en possède pas un

plus grand nombre d'observations.

Comment agit physiologiquement la suggestion hypnotique dans

ces cas ? Rappelons-nous qu'elle est à volonté un agent d'inhibition

ou de dynamogénie. S'agit-il d'une hyperhidrose ? Ce trouble est

en rapport soit avec l'excitation du centre vaso-dilatateur, soit

avec laparésie du centre vaso-constricteur; il s'agit, ou bien, d'une

dilatation active, ou bien d'une dilatation neuro-paralytique avec

atonie vasculaire. Dans les deux cas, la thérapeutique suggestive

sera dynamogénique en exaltant la fonction constrictive. Pour

combattre l'anhidrose, au contraire, il conviendra d'atténuer, de

suspendre, d'inhiber celte fonction constrictive.

On voit donc que la physiologie et la psychologie sont parfaite-

ment d'accord et l'on comprendra que la suggestion hypnotique

réussisse, là où les diverses médications locales échouent réguliè-

rement.

M. BÉRILLON. J'ai observé que les abouliques ont souvent les

mains moites. De même, les intoxiqués, les morphinomanes, les

alcooliques, et, d'aulre part, les surmenés, les affaiblis, les neu-

rasthéniques présentent souvent de l'hyperhidrose au point qu'ils

ne peuvent écrire sans tacher fortement leur papier. La fonction

sudorale est, dans une certaine mesure, en rapport avec notre

fonctionnement mental; la sudation très abondante va de pair

avec la diminution de l'énergie vitale et de l'activité volontaire.

Lorsque je visitais à Zurich l'asile où Forel traite ses alcooliques,

j'ai vu, lors'd'une fête champêtre, 3000 personnes gravir le som-

met d'une montagne aux sons d'une fanfare. Un grand nombre

avaient le front ruisselant de sueur. Forel me fit remarquer que

ceux d'entre ses malades qui étaient redevenus sobres suaient à

peine.

M. Félix Regnault. - Des sueurs émotives dont il vient d'être

parlé, je rapprocherai : 1° les « sueurs froides » causées par la

188 - SOCIÉTÉS SAVANTES.

peur; 2° l'exagération, la diminution ou la suppression de la

sécrétion lactée, par suite d'influence psychique désagréable;

3° l'exagération de certaines sécrétions internes, telles la diarrhée

émotive ou la diarrhée provoquée par les pilules de micapanis.

M. RËMLLON. J'ai revacciné ces jours-ci tout le personnel

d'un très important théâtre parisien.'Bon nombre d'artistes étaient

fort émotionnés; chez plusieurs, l'eau coulait très abondamment

des mains et des doigts. Ceux-ci m'ont avoué qu'il en était de

même toutes les fois qu'ils avaient peur.

M. Paul Magnin. Pendant ces quelques dernières semainesj'ai

vacciné dans les mairies plus de 20.000 personnes. 10 p. 100 envi-

ron, avaient tellement peur qu'elles étaient couvertes de sueur.

111. J. Voisin. On a signalé tout à l'heure la fréquence de l'hyper-

hidrose chez les neurasthéniques, les hystériques, les abouliques.

Or. dans la mélancolie, il y a de la vaso-constriction et, par con-

séquent, de l'anhidrose. Toutes les fois qu'on remarque l'absence

de sueur chez un aboulique, on peut dire qu'il s'agit d'une aboulie

mélancolique. L'examen de la fonction sudorale permet ainsi de

porter ou de confirmer un diagnostic.

Recherches expérimentales sur la psychologie des sentiments

- affectifs.

MM. Bérillon et MAGNIN. - Les sentiments jouent un rôle con-

sidérable dans l'hypnotisation; un médecin antipathique échouera;

au contraire, un médecin réussira s'il s'est, au préalable, concilié

la sympathie de son malade. Ce premier temps est indispensable.

De même, dans la formule des suggestions, il faut faire intervenir

l'intérêt du sujet, ajouter un motif d'agir. Souvent un médecin

hypnotiseur est sollicité d'atténuer, ou de développer certains sen-

timents affectifs chez des enfants, des jeunes filles, des femmes,

des maris. Ces cas soulèvent des problèmes de morale d'une

haute importance : souvent, il convient de s'abstenir, en dépit du

désir que manifestent les malades eux-mêmes.

- L'épilepsie chez les hommes de génie.

M. Félix REGNAULT. Sans doute, l'homme de génie est anor-

mal, et parce qu'il possède des qualités psychiques supérieures, et '

parce qu'il est névropathe. Mais il est faux de dire que le génie

est la conséquence de la névropathie; celle-ci peut être non pas la

cause, mais l'effet du génie et survenir chez des individus dont le

cerveau perpétuellement actif devient un locus minoris 1'esistellliæ,

Après avoir étudié le cas de Socrate, Archimède, Goethe, Hégél,

Ampère, Newton, Diderot, Stuart Mill, Balzac, M. Félix Regnault

SOCIÉTÉS SAVANTES. , 189

formule les deux conclusions suivantes : 4° les prétendues attaques

épileptiques de ces grands hommes peuvent tout aussi bien avoir

été des attaques hystériques; les observations rapportées par les

auteurs sont loin d'être probantes; 2° Il ne faut pas confondre

l'absence du mal comitial avec Vidée fixe de l'homme de génie.

Présentation d'appareil (appareil à hypnotiser).

M. BEaILLON présente un appareil de M. Gaiffe, auquel il adapte

divers objets brillants. Ceux ci provoquent une fatigue intense des

yeux. En outre, grâce à un mouvement d'horlogerie,'un volant

produit un ronflement qui agit sur l'appareil de l'audition et con-

tribue lui aussi à amener l'inhibition. L'emploi de cet appareil

facilite considérablement l'hypnotisation.

Séance du 15 janvier 1901. Présidence DE M. LE D'' Jules Voisin.

Stigmates de dégénérescence mentale et psychothérapie.

ni. PAUL PAREZ expose les améliorations qu'il a obtenues, grâce

à la psychothérapie, chez une femme de cinquante-sept ans qui,

persécutée-persécutrice, présentait un cas de folie à deux, avec

stigmates de dégénérescence mentale, tels que phobies, obsessions,

impulsions, etc. Dans ces cas, la cellule nerveuse, plus ou moins

tarée, est ce qu'elle est et aucun moyen thérapeutique n'est capable

d'amener une restitutio ad integrum. Cependant, la psychothérapie,

sous toutes ses formes, permet de rassurer le malade, de lui

rendre le calme, de lui faire prendre patience, de lui procurer

quelque allègement et quelque répit. Sans doute les améliorations

sont fragiles, un rien provoque une rechute; de toute manière, il

faut qu'on revienne à la charge souvent et longtemps. Néanmoins,

quoique la suggestion ne donne guère ici des résultats très dura-

bles, son action est suffisamment appréciable pour qu'on la recom-

mande, à la condition, bien entendu, qu'on n'ait pas l'imprudence

de lui demander plus qu'elle ne peut donner ? >

Le suicide chez quelques animaux.

M. CAUSTIER reprend la question très controversée du suicide

chez les scorpions ; il relate les nombreuses expériences qu'il a

faites à ce sujet tout récemment et rapproche ce suicide de celui

de quelques autres animaux : cheval, chien, serpent à sonnette, etc.

Paracelse et le fluide magnétique.

M. Félix REGNAULT montre que le fluide magnétique ne date pas

de messier et qu'il en est fait mention dans Paracelse.

190 BIBLIOGRAPHIE

M. G,\I11'iAULT, Toutes les idées de Paracelse dérivent de l'An-

tiquité. Certaines cérémonies du culte chez les Egyptiens compor-

tent des attouchements analogues aux passes mescnérienues.

Note HO' un cas de 1JsyLlwpathic sexuelle.

1f. 13ÉRILLO;\; expose le cas d'un inverti qui pratiquait les rapports

homosexuels et qui fut ramené à l'état normal par la suggestion

hypnotique.

'BIBLIOGRAPHIE.

IL Le vade-mecum du médecin-expert (2° édition); par A. L\CAs-

sagne; chez Storck et Ci0, éditeurs à Lyon, et Masson et Cie,

éditeurs il Paris.

Ce petit volume qui a la forme d'un élégant carnet de poche est

destiné, comme l'écrit l'auteur, aux médecins et aux magistrats.

Aux magistrats il servira de moyen de contrôle; aux médecins il

servira de guide. Guide précieux que tous les praticiens consulte-

ront avec profit, car il leur permettra dans les expertises, même

les plus complexes, de conduire avec méthode leurs investigations,

de diriger scientifiquement leurs recherches, et de fournir à la

justice des rapports complets, précis et « marqués au coin de l'ob-

servation scientifique ».

Dans la première partie de l'ouvrage on trouve les renseigne-

ments généraux applicables dans toute expertise : étude de l'ossi-

fication, détermination des os, examen des cheveux, des ongles,

des tatouages; étude de la faune des cadavres, examen d'une

empreinte. -

La deuxième partie est réservée à l'étude des attentats contre la

personne : blessures, asphyxie, empoisonnement.

La troisième partie est consacrée aux attentats à la pudeur, aux

avortements, aux infanticides. Ce qui donne il cet ouvrage son

caractère particulier, c'est la façon dont les'différents chapitres

sont présentés au lecteur. Ils sont condensés avec une science que

peut seule donner une longue pratique de la médecine légale. On

ne sanrait leur ajouter une ligne, mais il n'y en a pas une : i

retrancher. La plupart d'entre eux sont disposés en tableaux

synoptiques ce qui permet au praticien qui s'en sert de guide, de

procéder à ses examens avec méthode et sans oubli possible. D'au-

tant plus que chemin faisant il trouve toutes les indications

. FAITS DIVERS. t 91

nécessaires- pour entreprendre telle ou telle recherche -particu-

lière. il rencontre même exposées avec détails les acquisitions les

plus récentes qu'a pu faire la médecine légale.

Le médecin-expert a-t-il. par exemple, à faire l'examen d'une

tache de sang et à fournir un rapport sur ce point ? Après avoir

noté la date, le lieu, le substlratum, l'état de la température, il

devra d'abord rechercher le sang : 1° sur le lieu du crime; 2° sur

le sol; 3° sur les vêtements; 4° sur l'inculpé. Ensuite il devracou-

server des taches puis les examiner. Les différentes méthodes

d'examen sont alors exposées avec beaucoup de soin et le nouveau

procédé spectroscopique de Florence est décrit en détail. La preuve

du sang étant faite, il restera à établir son origine. Pas à pas,

l'expert est ainsi mené jusqu'à ses conclusions. Nous avons pris

pour exemple l'examen d'une tache de sang : nous pourrions

aussi bien prendre l'examen médico-légal dans un cas de pendai-

son, dans un cas d'asphyxie, l'examen d'une femme enceinte, ou

l'examen d'un aliéné. Ce dernier chapItre est digne d'attirer l'atten-

tion car il est très méthodiquement'exposé. Il en est de même de

certains chapitres nouveaux et mis à point. Celui qui concerne

les taches de sperme a été enrichi de quelques lignes sur l'examen

chimique du sperme.

La docimasie hépatique, c'est-à-dire la preuve de la mort rapide

ou au contraire précédée d'une agonie, par la recherche du glyco-

gène et du glucose dans le foie. est amplement décrite.

Enfin, ne perdant pas de vue le but essentiellement pratique de

son ouvrage l'auteur a fait mettre sous les yeux du lecteur : la loi

sur l'exercice de la médecine, sur les accidents du travail, le

décret sur la nomination des experts et enfin le tarif ouvrier du

Concours médical.

Nous demeurons convaincus que tous les praticiens, particulière-

ment ceux qui de la campagne, n'entreprendront pas une expertise

médico-légale sans avoir sur eux leur Vade-Mecum. LWRENs.

FAITS DIVERS.

Asiles d'aliénés. Nominations et p1'ornotions. - JI. le D'Jooa

MAC, directeur-médecin à Alençon, nommé en la même qualité, à

Auxerre, en remplacement de M. le D1' L.IPOIVTE, admis à faire

valoir ses droits il la retraite. - M. le Dr Anglade, médecin

adjoint à Braqueville (Haute-Garonne), nommé directeur-médecin

192 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

à Alencon, en remplacement de M. le D1' Joeaw : c. '- \I\1, les

Des DaGoNFT (Asile clinique), PACTET (Villejuil'), Sérieux (Ville-

Evrard), 'foouooss (Villejuif), -médecins en chef, promus à la

deuxième classe, du cadre. - M. le or Grisez, directeur' à l'asile

du Mans promu à la première classe du cadre. M. le Dr Peciiar-

MAN, médecin adjoint de la classe exceptionnelle à l'asile de Cler-

mont (Oise),èst nommé médecin chef-à la Colonie familiale de

Dun-sur-Auron (Cher), en remplacement de M. le Dr DUPaIn,

nommé à Vaucluse. M. le Dr tory, médecin adjoint de première

classe à l'asile d'Auxerre (Yonne), passe en la même qualité à

Braqueville (Haute-Garonne), en remplacement de M. le De ANGLADE,

précédemment nommé à Alençou. - M. le Dr Bonne, reçu au

concours de 1900, pour la région de Lyon, est nommé médecin

adjoint à Auxerre, en remplacement de AI. le Dr Toy, nommé à

Braqueville(Haute-Garonne).M. le De PÉLISSIER, reçu au concours

de 1900, pour la région de Montpellier, est nommé médecin adjoint

à l'asile public de Pierrefeu (Var), poste créé. M. le D1' LAPÛINTE,

ancien docteur de l'asile d'Auxerre, est nommé directeur hono-

raire des asiles publics d'aliénés. - M. Roque de 1'unsac, chef de

clinique de pathologie mentale et des maladies de l'encéphale à la

faculté de médecine de Paris, est nommé médecin adjoint à l'asile

de Cierinont, (Oise), en remplacement de M. le Dr l'ECnanuw,

nommé médecin en chef à Dun-sur-Auron.

Enfant assassin. A Armentières (Pas-de-Calais), le jeune

Derolley, treize ans, qui avait eu une discussion en jouant avec le

petit Dancel, cinq ans, l'a étranglé et jeté à la mer. (Bonhomme

normand, du 21 au 27 décembre 1900.)

Triste PRECOCITÉ.-La jeune llalvina Boucher, douze ans, demeu-

rant chez ses parents, rue Hichard-Lenoir, il Caen, est une petite

vagabonde qui a tous les vices et qui poussait ses petites cama-

rades au dévergondage. Surprise en train de commettre un atten-

tat à la pudeur sur un petit garçon de neuf ans, elle a été pour-

suivie et le tribunal l'a envoyée dans une maison de correction

jusqu'à sa vingtième année. Son père est civilemeut responsable.

Le Bonhomme Normand du il au 17 janvier 1901.)

Bulletin de la Société de médecine publique et d'hygiène profession-

nelle. - Tome XXII, 1899. fn-8° de 312 pages. - Paris, 1900. -

Libiairie Masson et CI-.

Bulletin of Iowa State Institutions. (Publication trimestrielle.) - Le

volume II comprend 536 pages, avec illustrations. Publié par la Commis-

sion de contrôle.

CAP1'RAS (J.). - Essai de réduction de la mélancolie en une psychose

d'involution présénile. In-8- de 99 pages. - Paris, 1900. - Librairie

Inilup ci Rnvnr

Jouve et Boyer.

Le rédacteur-gérant : BOURNEVILLE.

Évreux, Ch. HfaiMEY, imp. - 1-1901.

Vol. XI.- Mars 1901. Nu 6

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

CLINIQUE NERVEUSE.

Etude sur trois cas de maladie nerveuse familiale,

mal définie, à allures de paraplégie spasmodique

transitoire ; '

Par E. LENOBLE,

Ancien interne des Hôpitaux de Paris, médecin suppléant de 1 Hôpital ci% de Brest

Le groupe familial des maladies du système nerveux tend

à se développer tous les jours et la multiplicité des cas

publiés jusqu'à présent n'a d'égal que l'infinie variété des

types morbides que l'on y fait rentrer. Si pour un certain

nombre d'entre eux le substratum anatomique est bien

défini, pour un grand nombre d'autres on en est réduit aux

conjectures : il en est ainsi en particulier pour la variété

décrite sous le nom de paralysie périodique ou transitoire et

nous verrons dans la suite de cette étude à quelles hypothèses

on a eu recours pour expliquer cette singulière affection.

Ayant eu l'occasion d'observer trois sujets frappés à la même

époque et dans les mêmes conditions de symptômes nerveux

transitoires à allures assez mal définies, nous avons cru inté-

ressant de les faire connaître, bien qu'il nous manque le

contrôle anatomique pour nous permettre de les rattacher à

leur véritable cause. Mais outre que la lésion supposée

puisse elle-même n'être que transitoire puisqu'au moins chez

l'un de nos sujets la guérison semble s'être faite d'une façon

absolue, il nous paraît que l'absence d'autopsie ne doit pas à

elle seule retarder cette publication ; car il nous sera pro-

, Archives, 2° série, t. XI, 13

194 CLINIQUE NERVEUSE.

bablement impossible d'avoir jamais sous les yeux le système

nerveux de ces malades. En outre, il n'est pas invraisem-

blable de supposer que' des cas analogues puissent être

observés par d'autres auteurs plus heureux qui pourront dé-

finie leur nature anatomique. Dans ces conditions, ce travail,

pour prématuré qu'il puisse paraître', pourra avoir son utilité

quelque jour et c'est dans ce but que nous avons décidé de le

faire connaître.

Observation I. Henri G..., âgé de soixante-trois ans, habitant

les environs de, Landerneau. Le sujet ne-se souvient pas avoir

jamais été malade au point de garder le lit. Parmi ses ascendants

directs, personne n'a jamais été frappé de paralysie ; son père est

mort d'hydropisie. Il a eu huit enfants dont deux sont morts, les

six autres sont vivants ; parmi ces derniers, les deux fils aînés ont

été paralysés de la même façon que le père. Cette paralysie les a

frappés après vingt ans..L'un d'entré eux fut réformé à la suite

d'une blessure à la main; l'autre, qui a servi, était encore boiteux

au moment de son arrivée sous les drapeaux. Le sujet raconte que

la paralysie qu'il a observée chez ses deux fils ressemblait absolu-

ment à ce'qu'il avait éprouvé lui' même. La.' mère est bien por-

tante.

C'est à luge de trente-deux ans que la paralysie s'est manifestée,

sans prodromes. Brusquement une seule jambe, la gauche, a refusé

tout service. Le malade revenait des champs,' où il avait travaillé

.de son métier de cultivateur. Ce n'est qu'avec diff1culté ! et en trai-

nant la jambe qu'il put regagner son logis, distantid'environ deux

cents pas. La souffrance éprouvée était telle que le malade ne put

.dormir la nuit. Pendant quinze jours, les phénomènes persistèrent

tels quels : pendant tout ce temps, la jambe était « comme morte »

et le sujet était dans l'impossibilité de la remuer. 'Le médecin qu'il

appela ne lui fit pas autre chose que des applications de cataplas-

mes de 'farine de moutarde.1 Enfin, durant cette période,' la jambe

- avait maigri et, à l'heure actuelle, elle serait, au dire du malade,

'encore plus petite que l'autre; en outre; elle serait moins solide.

.11 n'ya eu qu'une seule attaque semblable.

. 111 : y,a trois ans, à la suite d'un. accident, Henri G....eut unefrac-

.turc .de la jambe. droite, soignée par le Dr Tanguy ; sans qu'il y ait

eu.de fracture compliquée, le sujet présenta à son niveau desjdce-

rations qui ont été fort longues à guérir.

15 octobre 1899. Actuellement, homme vigoureux, taille moyenne,

bien constitué, qui," tout vêtu, marche avec un léger déhanchement

bilatéral, lequel aurait toujours existé. Le malade étant déshabillé

présente un léger steppage de la jambe 'gauche. 'Au -surplus, le

-sujet s'est aperçu lui-môme, que son pied gauche'frappe le sol à

MALADIE NERVEUSE FAMILIALE. - 195

chaque pas et que le bout de son soulier s'accroche aux aspérités

du sol. Il dit encore que sa jambe n'est pas aussi « vive » que

l'autre et qu'il s'en sert plus difficilement.

Le thorax n'offre pas'd'autres altérations qu'un léger renflement

de la région dorso-lombaire, qui, du reste, n'est pas douloureux à

la percussion ou spontanément. Il n'existe aucune modification de

volume des deux membres inférieurs : la mensuration, pratiquée

au niveau de la partie moyenne des deux cuisses, donne pour

toutes les deux 39 cent. 1/2. Il n'y a pas de trépidation épileptoïde,

pas d'exagération des réflexes rotuliens.

On ne constate pas de troubles trophiques à la jambe jadis

atteinte, sauf au niveau des ongles des orteils des deux côtés, qui

sont striés, épais, friables. Le sujet dit encore qu'au moment de

la paralysie, le gros orteil de ce côté aurait été « mort ». On cons-

tate une esquisse du signe de Romberg.

Les phénomènes douloureux qui ressemblaient, à des piqûres

dans trois endroits ( ? ) du membre inférieur gauche au moment de

la paralysie, persisteraient encore sous la forme de douleurs spon-

tanées et provoquées par la pression, mais très supportables, au

niveau de la partie moyenne et inférieure de la cuisse gauche. IL

existerait aussi une sensation de froid plus vive à la jambe gauche,

surtout en marchant.

Il n'existe pas de troubles des sphincters. Il n'y en aurait jamais

eu, même au moment de la paralysie.

Les membres supérieurs ont conservé toute leur force muscu-

laire. Ils ne présentent pas de mouvements intentionnels, les yeux

étant ouverts ou fermés. La force musculaire est également con-

servée aux membres inférieurs, qui, en outre, ne présentent pas

de contractions fibrillaires.

Le malade parle avec une certaine volubilité, mais ne présente

aucun trouble de la parole. Le sujet ne parle que le breton. Il

n'existe pas de troubles sensoriels : la vue est très bonne, il n'y a

ni nystagmus, ni rétrécissement du champ visuel. L'ouïe, l'odorat,

le goût sont conservés. Intelligence très nette. Le coeur fonctionne

bien. Les poumons sont sains. Les urines n'ont pas été examinées.

Observation II. Goulven G..., âgé de vingt-huit ans, habitant

Brest, est l'aîné des fils de huit enfants :

1° Une soeur, trente-deux ans, bien portante ; 2° une soeur, vingt-

neuf ans, bien portante ; 3° le malade; 4° Jean-Marie G... (obs. III);

5° et 6° deux jumelles mortes à l'âge de huit à neuf mois;

7° un frère en ce moment soldat dans l'artillerie de marine, bien

portant; 8° une fille,- dix-huit ans, bien portante.

Lui-même aurait eu une fièvre cérébrale (' ? ) à l'âge de onze. ans.

Il y a deux ans, il aurait été atteint d'une-fièvre muqueuse. Il a

été soldat et a fait un an de service militaire au 103° de. ligne, à

'19G CLINIQUE NERVEUSE.

Alençon ; mais à son arrivée au corps, il a du rester cinq semaines

à l'infirmerie parce qu'il boitait : cette infirmité, qui a complète-

ment disparu après cette période de repos, était la conséquence de

l'attaque de paralysie qu'il nous décrit.

A l'âge de dix-neuf ans, le sujet étant cultivateur, coupait du

blé dans les champs lorsqu'il ressentit une douleur sourde dans le

membre inférieur du cote gauche. Cette douleur s'accompagnait

d'une sensation de froid dans la jambe gauche, allant du pied au

genou. Enfin cette même jambe devenait plus lourde sans cepen-

dant qu'il y ait eu de chute ; les genoux pliaient sous lui. « la

force lui manquait ». Les souffrances se prolongèrent cinq mois,

puis disparurent. Mais le sujet conservait une boiterie de la jambe

gauche qui persista une année.

Huit mois après le premier accident, alors, que le malade tra-

vaillait encore aux champs, il s'aperçut que la jambe droite deve-

nait plus faible. Les phénomènes observés à l'occasion de cette

deuxième atteinte étaient moins violents, mais absolument analo-

gues à ce qui s'était produit du côté opposé. La douieur existait

dans le mollet et dans le talon droits et s'accompagna d'une boi-

terie du reste moins marquée que celle de la jambe gauche.

Pendant que s'accusaient ces symptômes, la jambe gauche, la

première prise, maigrissait et s'atrophiait. Un an après le début

de l'accident, la différence entre les deux membres était fort

nette.

Le sujet fait un métier pénible : il charge des tonneaux de vin.

A la suite de cette dure besogne, il ressent une faiblesse dans la

jambe gauche. Il nie tout abus d'alcool, dit ne pas faire d'excès.

il ne présente pas de signes d'alcoolisme. Il n'a jamais eu de ma-

ladies vénériennes.

Etat actuel. Note prise le 2.\ : janvier 1899. Nous trouvons dans la

note clinique prise alors que le malade était penché pour faucher

son blé lors de la première attaque. Les douleurs siégeaient sur le

trajet du sciatique gauche, la faiblesse dans la jambe correspondant

fut consécutive. Il dit encore qu'il marchait en fauchant et en

frôlant le sol. A ce premier examen, il existait une sensation de

froid dans le pied gauche, la jambe du même côté était plus

faible et présentait une différence de un centimètre, par rapport

au côté opposé. Le réflexe rotulien était nettement exagéré, mais

il n'existait pas de clonus. 11 n'y avait pas de signe de Romberg.

Les membres supérieurs étaient indemnes. La marche était facile,

le pied ne frôlait plus le sol.

18 octobre 1899. - Sujet vigoureux, solide, bien constitué. Ne

tousse pas d'ordinaire, a bon appétit. Le sujet étant vêtu, la mar-

che se fait bien. Le thorax est bien conformé, les masses muscu-

laires des membres supérieurs sont solides. Toute la force musculaire

est conservée aux membres supérieurs, le malade oppose une

, MALADIE NERVEUSE FAMILIALE. 1 Di

vigoureuse résistance à tous les efforts pour étendre, fléchir, etc.,

les divers segments des membres supérieurs. Il existe une très

légère esquisse de Romberg.

Il n'y a pas de modification dans la marche les yeux ouverts ou

fermés, le sujet étant dévêtu. Légère mais très nette exagération des

réflexes ]Jatellaires, surtout du coté gauche. Pas de clonus du pied.

Le malade sent bien la terre en marchant, mais au moment de

l'accident et pendant trois ou quatre mois il ne la sentait plus. La

force musculaire est absolument conservée aux membres intérieurs,

il n'y a pas de pied bot. '

MENSURATIONS DE LA CUISSE ET DE LA JAMBE.

Cuisse droite à 14 centimètres au-dessus de la rotule, 44 centi-

mètres. Cuisse gauche à 14 centimètres au-dessus de la rotule,

43 cent. 1/2..

La jambe gauche est manifestement plus petite que la droite.

Le sujet accuse en outre en hiver une sensation de froid plusmar-

quée du côté gauche que du côté droit. A la partie moyenne du

tibia gauche existe une cicatrice blanche et lisse résultant d'une

chute faite à l'âge de treize à quatorze ans.

Jambe gauche à 15 centimètres au-dessous du bord supérieur de

la rotule, 30 cent, 1 2. '

Jambe droite à 1;i centimètres au-dessous du bord supérieur de

la rotule, 32 cent. 1/4.

Jambe gauche à 22 centimètres au-dessous du bord supérieur de

la rotule, 21 cent. 1/2. 1

Jambe droite à 22 centimètres au-dessous du bord supérie

la rotule, 26 centimètres.

11 n'existe pas de contractions fibrillaires des muscles de la jambe

gauche. 11 n'y a pas de signe de Babinski.

Le sujet étant dans le décubitus dorsal, le membre inférieui

gauche dans son ensemble est reporté plus haut que celui du côté

opposé. La rotule gauche est un peu surélevée, la plante du pied

gauche est un peu plus relevée que la plante du pied droit. Il n'y

a pas d'autres troubles trophiques apparents, ni des poils, ni de

la peau, ni des ongles.

Sensibilité. 11 n'y a pas de troubles de la sensibilité objective

au tact, à la piqûre, ni de la sensibilité thermique. Il n'y a pas

non plus de troubles de la sensibilité subjective. Le sujet se plaint

seulement d'un peu de faiblesse de la jambe gauche après un fort

travail. Il n'y a pas de déviation de la colonne vertébrale, pas de

déformations articulaires, pas de perte du sens musculaire ou

articulaire, pas de mouvements intentionnels des muscles des

membres supérieurs.

Troubles sensoriels. Pas de nystagmus. Pupilles égales, réa-

193 , CLINIQUE NERVEUSE.

gissant bien à la lumière et à l'accommodation. Pas de paralysies

oculaires. Champ visuel normal, vue bonne. Blessure ancienne de

la cornée gauche formant une mince cicatrice linéaire transversale.

Examen des yeux pratiqué par le D' Aubineau. - « Champ visuel

normal pour le blanc et les couleurs. Pas de scotome central. Le

sujet est emmétrope des deux yeux. Les pupilles réagissent bien à

la' lumière et à l'accommodation. 1

« OEil droit V = I. OEil gauche V = 3/3.

« La différence d'acuité est due à une cicatrice linéaire suite de

traumatisme (éclat de pierre). - Papilles normales. fond d'oeil

normal. En somme, examen purement négatif. »

Pas de,troubles de l'odorat ni de l'ouïe.

Troubles vaso-moteurs. - Pas d'oedème des jambes. Pas de trou-

bles vaso-moteurs au moment de l'examen, mais lorsque le malade

se réchauffe, la jambe du côté gauche se recouvre d'une rougeur

manifeste, à ce que prétend le sujet. L'intelligence est moyenne,

l'instruction rudimentaire, le malade lit à peine et signe difficile-

ment son nom.

La langue est bonne, non tremblante. L'appétit est excellent, les

digestions se font bien. Pas de troubles des réservoirs ni des sphinc-

ters. Pas de trouble de la sensibilité au niveau du périnée. Le coeur

est sain, les poumons fonctionnent régulièrement. Les urines ne

renferment ni sucre, ni albumine. Il n'y a pas de signe de nervo-

sisme ou de neurasthénie. 11 n'y a pas-de troubles de la parole.

Obseuvation III. G ? Jean-Marie, âgé de vingt-cinq ans, habi-

tant Brest. Le sujet est journalier et porte de lourdes charges de

bois :

' Le sujet ne se souvient pas avoir jamais été sérieusement ma-

lade. 11 n'a jamais eu de maladies vénériennes. Il a été cultivateur,

mais actuellement il est employé à une scierie mécanique. A l'âge

de dix-sept ans, une ruade de cheval lui fendit la lèpre supérieure :

il en conserve encore à l'heure actuelle une cicatrice double à

gauche de la ligne médiane. En même temps, le cheval lui faisait

une double morsure, l'une au poignet; l'autre à la cuisse. A l'âge'

de cinq ans, un coup de volant d'une machine à battre lui broya

les doigts plus particulièrement au niveau des phalanges et des

phalangettes : il en conserve la malformation décrite plus loin.

Enfin, il y a environ' dix ans, il reçut un coup de faux sur la face

dorsale de l'index de la main gauche, qui présente une cicatrice

oblique de haut en bas et de dehors en dedans.

Le sujet nie tout excès alcoolique. Il ne présente- pas de trem-

blement de la langue et des doigts. Il a été réformé du service mi-

litaire pour l'accident qu'il a eu à la main. Il est marié depuis

deux ans et demi et il a une fille de vingt mois, bien portante. Il

n'y a pas eu de fausses couches.-

MALADIE NERVEUSE s FAMILULE. 199.

La première attaque de paralysie remonte en z. Le malade'

sarclait des légumes, à genoux, lorsqu'il ressentit au creux poplité;

gauche une sensation de glace accompagnée de fourmillement. En

même temps il éprouvait une sensation de douleur dans la région-

fessière, au niveau de l'émergence du sciatique. Les mêmes symp-.

tomes se produisaient avec la même intensité du côté droit. Il.se

releva et remarqua qu'iL marchait péniblement. Pendant quatre;

mois, la douleur persista avec la même. gène, pour la. marche.. Le,

malade était alors âgé de vingt-deux ans.

L'année suivante, à l'occasion, du même travail, les mêmes phé-

nomènes se reproduisirent, mais du côté, gauche seulement. Ilsr

persistèrent six mois. La marche était pénible et, autant qu'il est

possible de s'en assurer en faisant marcher le sujet comme alors,

en steppant et en boitant un peu du membre inférieur gauche..

Pendant tout le temps compris entre la première : et la deuxième

atteinte, la maladie avait complètement disparu. Mais' il persistai

toujours dans l'intervalle de temps compris entre la deuxième et;

la troisième attaque une certaine faiblesse de la jambe gauche.

avec une douleur vague- dans les mollets jusqu'à'la'troisième

attaque. 1 -

Cette dernière s'est produite, comme les deux, attaques précé-.

dentes, au mois de juin (1898). Elle se caractérisa, par. une sensa-

tion de glace et de fourmillements dans les deux mollets dans :

toute leur hauteur, sensation qui persisla pendant huit jours et

finit par disparaître complètement : les deux jambes étaient prises.

Le malade steppait fortement des deux jambes (le sujet imite de

lui-même la marche telle qu'elle existait à cette époque), l'extré-

mité des pieds raclait le sol. A cette époque, il était encore culti-

vateur, et c'est en se livrant à la même besogne qu'il fut atteint.

Il vint se faire soigner à l'hôpital civil de Brest, où on lui fit des

frictions, on lui appliqua des ventouses et des cautères dans la

région des reins. Au'bout de six semaines, il 'sortit' du service

marchant toujours assez mal. Cette gêne dans la marche existait

encore au mois de janvier : 1899, où il vint.. à notre consultation'

externe. Ce n'est que depuis deux mois qu'il marche beaucoup'

mieux. Jamais, pendant tout ce temps, il n'a présenté de troubles

des sphincters. ' ' -

Etat actuel. Note clinique prise le 10 janvier 1899. -A cette épo-

que, on constatait de l'exagération des réflexes patellaires, mais,

pas de clonus. Il 'existait du. signe de Hombergr Il n'y avait pas de

troubles de la sensibilité, pas de troubles sphinctériens, pas de-

nystagmus. Les membres supérieurs restaient indemnes. On ins-,

titua un traitement antisyphilitique et on donna.un milligramme-

de sulfate de strychnine. Le 24 janvier 1899, le malade revint con-

sulter : il y avait une amélioration. générale dans les : symptômes.

200 CLINIQUE NERVEUSE.

Les réflexes étaient toujours exagérés, on ne constatait pas de

douleurs sur le trajet du sciatique..

La marche était légèrement spasmodique. Le malade, un peu

courbé, marchait les membres inférieurs légèrement repliés sur

eux-mêmes.

20 octobre 1899. Sujet suffisamment vigoureux, de petite taille,

présentant à la partie inférieure de la colonne dorsale la trace de

quatre cautères appliqués en juin 1898 dans le service de méde-

cine.

Il marche bien, sans stepper, présentant en somme une com-

plète différence avec l'aspect qu'il avait en janvier dernier. La

marche, les yeux fermés, est plus difficile, elle ne se fait qu'avec

une hésitation qui ne se produit qu'à la première expérience,

mais fait défaut aux suivantes. Légère esquisse de Romberg.

Force musculaire conservée aux membres supérieurs et égale-

ment aux membres inférieurs. G... (Jean) prétend pourtant qu'il

serait plus fort du membre inférieur gauche que du droit, mais

cette différence, si elle existe, serait en réalité minime. Il n'est pas

gaucher. Il prétend aussi que dans les efforts le gros orteil droit

reste en flexion, alors que celui du côté gauche s'étend. Lorsqu'il

reste au repos, dans le décubitus'dorsal, les orteils du côté gauche

sont en extension plus complète que ceux du côté droit, qui ont

tendance à se replier sur eux-mêmes.

Le malade a appris à lire péniblement au service militaire. Il peut à

peine signer son nom. En ce moment ses doigts tremblent, ce qui n'exis-

terait pas d'ort'inaire - à ce qu'il prétend.

Le sujet étant debout ne peut fléchir le pied sur la jambe. Ce

mouvement est surtout à peine esquissé du côté droit, tandis qu'il

1=est un peu mieux du côté gauche. Il est à peu près impossible de

faire esquisser des mouvements aux orteils. Tous les mouvements

de flexion et d'extension se passent dans l'articulation tibio-tar-

sienne, le sujet fléchit et étend le pied plutôt qu'il ne fait exécuter

de pareils mouvements aux orteils. En outre, la force musculaire

est diminuée au niveau des pieds, en particulier au pied droit où,

si le malade résiste bien aux mouvements de flexion, il n'oppose

qu'une résistance médiocre à l'extension forcée du pied. Dans ce

Fig. 6.

Écriture de Goulven, le 4S oct. 99.

Fig. 7.

Écriture du malade, le 20 oct. 99.

MALADIE NERVEUSE FAMILIALE. 20 l

mouvement, il éprouverait une douleur localisée au niveau du plein

du mollet.

Les réflexes sont sensiblement normaux. Il n'y a pas de clonus

du pied. Rien de particulier aux réflexes cremastériens, ni aux

réflexes des membres supérieurs.

Si l'on fait marcher le malade tout vêtu, 'le plus souvent la

marche se fait aisément, mais de temps en temps il frotte le pied

droit sur le sol, le frottement est plus prononcé le long du bord

interne du pied. Du reste, le sujet fait demi-tour sans hésitation.

Il raconte encore que dans les premiers temps de sa dernière

attaque, lorsqu'il se tenait debout, ses jambes fléchissaient sous

lui. La marche faisait disparaître ce symptôme. En outre, il ne

pouvait rester debout longtemps sans se déplacer, car il perdait

rapidement l'équilibre. A l'heure actuelle, il se fatigue encore rapi-

dement lorsqu'il reste debout sans marcher.

Sensibilité objective. Pas de troubles de la sensibilité au tact

ni à la piqûre. Pas de troubles de thermesthésie.

Le malade éprouverait des douleurs dans la région fessière supé-

rieure et dans le mollet droit après les fatigues. Les mêmes sen-

sations auraient été ressenties d'abord au niveau du mollet gau-

che, mais elles n'ont pas persisté.

La flexion forcée du membre inférieur droit dans l'extension

détermine une sensation de douleur légère, au creux poplité. Rien

de tel n'existe à gauche, mais cette même douleur aurait existé

de ce côté également. Le sujet sent bien le sol sous ses pieds.

Membres supérieurs. - Pas de tremblement intentionnel des

membres supérieurs (yeux ouverts ou fermés). La langue ne trem-

ble pas.

Trophicifé. Pas de déviation de la colonne vertébrale. Pas de

douleurs à la percussion des vertèbres.

Lobule de Darwin aux deux oreilles, surtout marqué à gauche.

Pas de mauvaise dentition. Pas d'excavation de la voûte palatine.

Il existe une déformation de la main droite qui a été la consé-

quence de l'accident relaté plus haut : elle consiste en une flexion

forcéedes phalanges, phalangines et phalangettes sur elles-mêmes.

Le pouce seul est indemne. L'index et l'auriculaire sont moins

déformés que les deux autres doigts. On constate surtout au niveau

du médius et de l'annulaire une forte saillie des tendons fléchis-

seurs. En somme, l'ensemble de la lésion rappelle la griffe cubi-

tale, avec cette différence que les mouvements des doigts se font

assez facilement. En outre, les mouvements des articulations pha-

lango-phalanginiennes sont un peu exagérés.

Il n'y a pas de pied bot, mais un léger pied plat gauche qui ne

gène pas la marche du malade.

Le sujet prétend que ses pieds auraient diminué de volume, mais

à l'examen il ne parait pas exister d'atrophie.

0 CLINIQUE NERVEUSE.

Il existe quelques craquements dans les articulations métatarso-

phalangiennes et tibio-tarsiennes des deux côtés.

Pas de.contractions fibrillaires dans les membres, inférieurs.

Mensurations des mesures. Cuisses : 13 centimètres au-dessus

du bord supérieur de la rotule.

Droite, 43 cent. 5; gauche, 43 cent. 5. -

Jambes : 17 centimètres au-dessous du bord supérieur de la

rotule : droite, 3t fort; gauche, z. -

9 centimètres au-dessus de la partie moyenne de l'articulation

tibio-tarsienne : droite. 18 cent.; gauche, 18 cent.

Pieds, partie moyenne : droit, 23 centimètres ; gauche, 23 cen-

timètres.

Il n'existe pas d'altération de la peau ni de ses annexes : poils,

glandes, etc. Pas de troubles vaso-moteurs. Le sujet n'accuse

qu'une fatigue pas très prononcée après son dur travail jour-

nalier.

Organes des sens. La vue est bonne, le sujet lit la. montre à

trois mètres. 11 épèle à peine, aussi hésite-t-il dans la lecture. Il

n'y a pas de nystagmus.

Examen des yeux pratiqué le 20 octobre 1899 par le Dr 1 ubüaeau.

« Réactions pupillaires lentes, surtout à la lumière. Il existe une

réelle différence dans les réactions pupillaires, suivant qu'il s'agit

de la lumière solaire ou de lumière artificielle : la. pupille réagit

plus difficilement (à peine) dans la chambre noire sous l'influence

de la lumière du gaz.

« L'ophtalmoscope révèle un aspect particulier du fond d'oeil à

gauche. Les contours de la papille sont très nets, mais les vais-

seaux sont tortueux et les veines plus grosses que normalement.

Il n'y a pas d'atrophie. -

« Hypermétropie, O.D. = hum= 1.50 V, = I.

O.G.=Hm=2 ? V=1. ,

« Champs visuels normaux pour le blanc et les couleurs. Pas de

scotome central ».

Il n'existe pas de troubles auditifs, pas de troubles de l'odorat,

pas de troubles du goût. Il n'y a pas de troubles des sphincters.

Le sujet a eu il y a quatre semaines une cholérine qui dure encore

un peu. L'intelligence est assez bonne, le sujet s'exprime facilement.

il lit avec peine. Il n'y a rien au coeur ni aux poumons. Pouls, 70.

L'appétit est bon, les digestions bonnes, les selles sont faciles. Les

urines ne contiennent ni sucre ni albumine.

En résumé, trois individus de la même famille, le père et

deux fils, sont frappés au même âge de phénomènes paraly-

tiques douloureux des membres- inférieurs. A ce début,

MALADIE NERVEUSE FAMILIALE. 203

absolument identique, a succédé une marche absolument

semblable. Dans les trois cas, après une période d'acuité plus

ou moins longue, l'affection disparaît pour-ainsi dire sans

laisser de traces. Chaque sujet'ne lui- imprime son individua-

lité clinique que par des questions- de détail' : le père, frappé

à une seule reprise, ne présente plus au moment de l'examen

aucun signe permettant de reconnaître la bizarre affection

qui l'avait atteint tout jeune : Peut-être avait-il conservé dans

les années qui suivirent une atrophie transitoire du membre

paralysé ; peut-être même peut-on retrouver actuellement la

signature de cet'état morbide dans les douleurs provoquées

ou spontanées ( ? ) ressenties par le sujet dans la cuisse gauche

et dans la sensation de froid du membre inférieur corres-

pondant. Mais ce sont là des signes trop obscurs et trop peu

définis pour permettre d'arriver à un diagnostic rétrospectif.'

Chez les fils, les deux membres inférieurs ont été tour à' tour

ou simultanément frappés. Il est à remarquer que c'est en se

livrant aux mêmes travaux de culture, à la même époque de

l'année, que les phénomènes morbides'ont fait leur appari-

tion. Au début par une sensation de froid glacial'accom-

pagnée de fourmillements et de douleurs, fait suite une phase

paralytique, qui, pour n'être pas-absolue, n'en persiste pas

moins fort longtemps pour disparaître enfin d'une façon-

définitive ou en. ne laissant après elle qu'un reliquat insigni-

fiant. Il semble bien que le sujet de l'observation irait été le

pluspiofondément atteint parce qu'il conserve le maximum'

des signes morbides : une légère exagération des réflexes

roluliens, une atrophie très nette'de la cuisse et de la jambe

gauche par rapport à leurs congénères dû côté opposé et

peut-être aussi un léger raccourcissement de tout le membre*

inférieur gauche : le tout persistant neuf ans encore après le

début de l'affection. Le sujet de l'observation lII'est au con--

traire à peu près complètement indemne de toute tare'

consécutive aux accidents nerveux de son adolescence ; tout'

au plus constate-t-on chez lui une limitation des mouvements

ordinaires des orteils et une démarche assez bizarre pendant*

laquelle il frotte par moments le plancher du bord interne du'

pied droit, mais cela à titre exceptionnel, pourrait-on dire,

et lorsque le malade ne s'observe pas suffisamment. On'peut

considérer le père comme absolument et totalement guéri ;

le seul signe présenté en commun par les trois sujets est une

204 CLINIQUE NERVEUSE.

légère exquisse de Romberg. Mais du reste aucun signe absolu

de dégénérescence du cordon pyramidal. Pas de clonus du

pied, pas de réflexes de Babinski. Ajoutons que nous n'avons

pu rechercher l'état de. la contractilité électrique parce que

nous n'étions pas en mesure de faire cet examen d'une façon

satisfaisante ? -

Il s'agit donc là, en somme, d'une maladie nerveuse essen-

tiellement transitoire et à évolution très rapide. Mais

dans quel cadre nosologique ranger une pareille catégorie

d'accidents ? La question nous paraît difficile à trancher.

Par certains de ces côtés cette affection rappelle la sciatique.

On a signalé la possibilité de sciatiques familiales. Mais toutes

les observations qui ont été publiées sous ce nom s'écartent

absolument du tableau clinique présenté par nos malades.

Elle doit faire songer également à cette variété de sclérose en

plaques à début paraplégique aigu, décrite par M. le profes-

seur Pitres '. La bizarrerie d'allures des observations publiées

par cet auteur peut légitimer cette manière de voir. Mais, en

pareil cas, la marche a été bien différente de révolution

clinique que nous avons relatée. En effet, alors que- nous

assistions à la guérison progressive et régulière de nos

malades, les sujets étudiés par M. Pitres ont vu leur maladie

aboutir presque fatalement à la mort, soit du fait de

leur lésion nerveuse, soit par une maladie intercurrente peut-

être favorisée par l'affection principale. Enfin les observa-

tions du professeur Pitres ont rapport à des individus isolés,

et bien qu'il existe des observations indiscutables de sclérose

en plaques familiales-, nous ne pensons pas que l'on puisse

légitimement y faire rentrer la maladie particulière qui nous

occupe.

Le professeur Charcot et M. Marie ont décrit, en 18863,une

variété d'atrophie musculaire progressive qui peut parfois

se présenter comme une affection familiale et héréditaire et

dont le début a généralement lieu dans l'enfance et l'ado-

lescence. Elle apparaît d'abord aux membres inférieurs. Par

contre, l'évolution progressive de la maladie, l'envahisse-

' Semaine Médicale, 1894, n° 57, p. t53.

2 Lorrain. Coiiii-ibtil. it l'élude de la paraplégie )fMH ! 0(He familiale,

Th. Paris, 1898, p. 18 et sq.. '

' Revue de Médecine, 183fui.

MALADIE NERVEUSE FAMILIALE. zou

ment successif des divers segments des membres inférieurs

depuis les petits muscles des pieds jusqu'à la cuisse, son

extension fatale et régulière aux membres supérieurs, l'aspect

général du malade ne permettent pas un seul instant de

penser que l'on puisse considérer comme s'y rattachant les

sujets de nos observations. Il en est de même d'une

hématomyélie. Si l'on a pu observer des cas multiples

d'hémorragies de la moelle dans la même famille, et si la loi

d'hérédité établie par le professeur Dieulafoy pour le cer-

veau pourrait être retrouvée et admise pour l'axe spinal,

rien dans le tableau clinique présenté ne nous autorise à

trancher le différend dans ce sens. On ne saurait pas davan-

tage faire rentrer de pareils cas dans le cadre de myélites

aiguës, telles qu'elles sont acceptées classiquement à l'heure

actuelle. Enfin, il ne nous semble pas possible de considérer

nos malades comme entachés d'hystérie, car aucun d'eux n'a

jamais présenté les signes caractéristiques de cet état mor-

bide.

Notre collègue et ami, M. le docteur Lorrain, a étudié dans

son intéressante thèse, une catégorie de maladie familiale

encore peu connue au point de vue de ses altérations ana-

lomiques, puisque une seule autopsie a été publiée par

Strumpel'.Au premier abord, cette affection semble se diffé-

rencier nettement de nos observations. Dans sa forme la plus

pure, la paralysie spasmodique familiale se résume dans

la formule suivante : paraplégie spasmodique avec exagé-

ration des réflexes et clonus du pied sans troubles de la

sensibilité ni des sphincters (Lorrain). Sauf "dans un seul

cas relaté dans la thèse de M. Lorrain (obs. XV), et dû à

Hochhaus, la maladie a toujours suivi une marche progrès-

sive. Ilistologiquement, Strumpel a trouvé une sclérose

combinée primitive portant sur les faisceaux pyramidaux ,

cérébelleux directs et de Goll. L'auteur a signalé cependant

des altérations évidentes au moins numériques dans les

colonnes de Clarke.

A côté de ces lésions systématiquement fasciculées, on a

signalé des cas de scléroses combinées primitives, dans les-

quelles, en plus de ces altérations primordiales, s'est montrée

une sclérose disposée sous forme de petits foyers (Wagner),

' Arch fdr Psychiatrie (Bd. X, 1880, p. ill). In thèse Lorrain, p. 62

et f05-lOG.

206 CLINIQUE NERVEUSE.

et même. une altération légère des cellules des cornes anlé-

rieures (Luce)'. Avec M. Lorrain, on est en droit d'admettre,

en présence de pareils faits « à côté, de lésions nettement

«.systématisées, d'autres lésions diffuses sans systématisation

« franche ». 11 est vrai que tous les cas relatés jusqu'à pré-

sent n'ont pas rapport à des maladies familiales. Par contre,

rien n'empêche de supposer qu'il peut en être ainsi dans cette

dernière affection ; l'absence de systématisation absolue peut

exister dans cette -variété .morbide remarquable par son

polymorphisme sans qu'aucun des caractères fondamentaux

des affections familiales ne soit foncièrement lésé.

. C'est en effet dans ce sens qu'il nous semble qu'on doive

interpréter les faits cliniques que nous faisons- connaître. Nous

pensons que la lésion essentielle dans l'espèce peut consister

en un ou plusieurs petits foyers répartis dans les faisceaux

blancs médullaires sans aucune systématisation. En tout cas

il nous paraît s'agir ici d'une paraplégie spasmodique

familiale d'une variété toute particulière, remarquable par

ce fait que les centres nerveux auraient été lésés au mini-

mum,,que ces altérations ont pu complètement guérir dans

un espace de temps relativement rapide, ou tout au moins

s'atténuer au point de ne plus .donner lieu à aucun signe

appréciable. Cependant quelques symptômes cadrent mal

avec cette manière de voir : nos trois malades ont- présenté

des phénomènes douloureux à peu près identiques, localisés

dans la sphère du sciatique alors que dans aucun cas connu de

paraplégie spasmodique familiale la douleur n'a été signalée.

Mais à notre avis, il s'agit là d'une pseudo-névralgie d'origine

centrale sans. altération nerveuse périphérique. Dans tous

nos examens, en effet, nous n'avons pu réveiller de douleur

précise sur le trajet du nerf sciatique. Peut-être pourrait-on

expliquer les phénomènes sensitifs par,une localisation par-

ticulière des foyers de sclérose qui nous paraissent représenter

la lésion essentielle; peut-être aussi les zones sensitives de

la moelle ont-elles été suffisamment atteintes pour donner

naissance au syndrome douloureux. Mais en l'absence

d'hypothèse ^vraiment satisfaisante, nous ne pouvons que

laisser ce phénomène sans interprétation. Nous dirons donc,

pour -nous 'résumer, 'que nous nous .trouvons en présence

1 Cités par Lorrain, p. 67.

MALADIE NERVEUSE FAMILIALE. 207

d'une variété spéciale de paraplégie spasmodique transitoire

remarquable par la brusquerie , dit début, par la rapidité

d'évolution et la bénignité des phénomènes observés, enfin

parla présence d'un élément anormal consistant en esjoAë-

nomènes douloureux dans la sphère des membres inférieurs

et rappelant la névralgie . sciatique par certains de leurs

caractères.

Indépendamment des observations contenues dans la

thèse de M. Lorrain, nous avons recherché si la littérature

médicale ne nous permettait pas de retrouver des faits plus

ou moins rapprochés de ceux qui nous sont personnels ?

Tout d'abord nous éliminerons un certain nombre de cas sur

lesquels nous n'avons pas pu nous procurer de renseigne-

ments directement puisés à la source. Kirsch 2, Willy Taylor3,

Mitehell ? Krewer 5, Putnam 1 ont décrit des paralysies fami-

liales périodiques ou transitoires qui ne semblent pas se rap-

procher sensiblement de, ce que nous avons observé.. Nous

en dirons autant de toutes celles dont nous avons pris

connaissance complète : , aucune, n'offre le moindre. rapport

avec la bizarre affection présentée, par les membres de, la

famille G... Westphal7 a signalé,le cas d'un jeune garçon,

qui à la suite d'une maladie infectieuse fut affecté de

crises de paralysie progressive des quatre membres, revenant

d'abord tous les mois, puis plus fréquemment. Les. réflexes

étaient conservés, la sensibilité intacte. Il y avait de la perte

de la contractilité électrique des nerfs et des muscles. Cousot,

dans son remarquable travail*, fait connaître l'observation

d'une famille chez laquelle cinq personnes, la mère et quatre

1 Nous sommes heureux de remercier notre ami et ancien collègue,

31. le D' MiraiHé, devantes, qui a bien voulu nous aider largement dans

nos lecherclies bibliographiques et nous traduire la plupart des obser-

vations étrangères. -

1 Deutsche Med. 11'och ? 9 août 1894. Anal., in Revue Xeurol., 1895,

p. 81. 1.

' Ed. \illy Taylor. Jourct. of Xerv. and ment., clis., sept. et oct. 1898.

' 9tner. Jourca. of llee Med. Scient., nov. 1899.

vi-ateli, 22 et 29 janvier 1900. Zeilsch. sur /t7 ? Ve ? '1900,'

p. 93-100.

' 'Amer. Jour) ! . of lhe 31ed. Scient., fév., 1900 p. 150

' 'Berlin. 7tH. 11'octieosc%., 1885, p. 489 et 509.

8 Revue de Médecine, 1887.

2C8 CLINIQUE NERVEUSE.

enfants, étaient frappées de crises paralytiques périodiques

transitoires sensiblement analogues à l'intensité près. Le plus

souvent, la crise était nocturne, accompagnée de prodromes

(faiblesse articulaire ou musculaire, besoin d'agir, inquié-

tude physique). La paralysie débutait par les bras ou le plus

souvent par-les jambes. Elle durait- huit à dix heures et

atteignait son acmé au bout de trois heures. Elle était pro-

- agressive, frappait les quatre membres et le tronc; les

mâchoires restaient mobiles, la déglutition était difficile, la

parole embarrassée, la langue lourde, les muscles de la face

épargnés. A l'acmé il y avait une paralysie absolue de tous

les segments deslmembres. On constatait une diminution, puis

une perte de l'excitabilité électrique. L'excitabilité galva-

nique du nerf revenait la première. La sensibilité restait

normale. On ne constatait pas de troubles des sphincters.

Les accès pouvaient être incomplets : quand le malade

copiait de la musique, la paralysie envahissait la jambe et

le bras inactifs, le bras actif ne se prenait que quand le travail

était fini. Si le malade marchait, la paralysie se localisait

longtemps aux bras. L'auteur en fait une paralysie par inhi-

bition. La- malade de Cavaré, relatée dans le travail de Causot.

était très nerveuse : quarante-huit heures après un accouche-

ment, elle fut frappée de paralysie périodique des quatre

membres, envahissant même la langue : la durée variait de

trois à huit heures. Elle fut guérie par la quinine. Aussi le

professeur Landouzy considére-t-il ce cas comme une para-

lysie malarique. Il en serait de même des faits de Gibney,

rapportés dans le même travail : il s'agissait de deux enfants,

l'un âgé de sept ans, qui après des accès de fièvre intermit-

tente eut cinq crises d'akinésie malarique avec perte de la

contractilité électrique; l'autre âgé de six ans, présenta trois

crises analogues en deux ans. Le malade d'IIartwig est sen-

siblement semblable : Un raffineur, âgé de vingt-trois ans,

atteint de fièvre malarique à dix-huit ans, fut frappé à

plusieurs reprises de paralysie des quatre membres avec

gène' de la parole, de la déglutition, de la respiration ; le

visage était respecté ; les sphincters, la sensibilité étaient

intacts. La durée des crises était de vingt-quatre heures. Le

sujet fut amélioré mais non guéri par la quinine. Nous n'in-

sisterons pas sur les cas de Friedmann ' dans lesquels il

Deiilsche Zeitsch. sur Yei-veilheillc, 1892. ,

1 MALADIE NERVEUSE FAMILIALE. 209

s'agit d'une paralysie spastique récidivante observée chez

deux enfants de la même famille; l'auteur les considère

comme hérédo-syphilitiques. Goldflamm' a publié l'histoire

de onze membres de la même famille chez lesquels une para-

lysie complète de toutes les extrémités se produisait de temps

en temps. Cette affection, frappant les individus jeunes, se

caractérisait par une paralysie brusque, flasque, totale des

membres et du dos avec diminution ou perte des réflexes et

de l'excitabilité électrique directe ou indirecte (R. D. partiel^

avec perte des contractions indirectes). Les muscles très dév$-5

loppés n'avaient qu'une puissance musculaire atténuée. L'exa-' ''

men microscopique d'un fragment de muscle excisé montra

une hypertrophie des faisceaux. musculaires, avec raréfaction

des fibrilles primitives et formation de vacuoles. Dans son pre-

mier travail l'auteur émet l'hypothèse que dans la pathogénie

de cette maladie il s'agit probablement du développement

d'un poison qui s'exerce sur les muscles et les terminaisons

nerveuses. Cette conjecture trouve un certain appui dans la

présence d'un corps analogue aux ptomaïnes retrouvé

dans les urines de ces malades et dans la leucocytose qui

serait fréquemment observée. Peut-être ce poison vraisem-

blablement formé pendant le repos exerce-t-il son action

(qui diminue la fonction) sur les muscles qui sont altérés

d'une façon caractéristique dans les paralysies familiales.

L'affection aurait ainsi de grandes analogies avec la maladie

de 9'bomseu.

Le cas d'Orléansky2 se rapprocherait peut-être davantage

des nôtres. Il s'agit d'une veuve de trente-cinq ans, qui en

avril 1898, brusquement fut frappée la nuit d'une paralysie

complète du pied droit et de la main gauche. L'oeil gauche

ne pouvait plus se fermer, la bouche était déviée à droite.

Après deux semaines, la bouche se dévia à gauche. Les

régions atteintes étaient en état d'anesthésie complète. La

paralysie avait disparu complètement, lorsque au mois

d'août' de cette même année, le sujet présenta de nouveau

les mêmes symptômes. Après trois jours la paralysie se

' Nouvelle contribution A la paralysie paroxysmale familiale.

(Deutsche Zeilsch. sur A'e)' ! )C)t/;e ! 7 ? vu, 1895. Anal, in Xeurologische

Ceiatralblall, 1896, p. 83.)

2 Oiléansky. Messager Iled. Russe, 1899. Revue -eunol., 1900, obs. II,

p. 285.

Archives, 2« série, t. XI. 1 1

210. ' CLINIQUE >NERVEUSE : -

transformaièn parésie en même' temps qu'apparaissait une*

aphasie passagère et une difficulté de la déglutition. Les

phénomènes morbides allèrent' eut oscillanttet. disparaissant :

successivement jusqu'à la. moitié, denovembre.

L'important travail de Donath sur la paralysie périodique,

traumatique a eu-le gros avantage de mettre au, point cette'

question» singulièrement obscure. L'auteur insiste sur lai

longue période de latence qui peut exister entre le moment'

où la cause. intervient (infection,' refroidissement) etil'appa-

rilioirs de. lai paralysie- traumatique ; : cette période peut !

s'étendre de quatre semaines à cinq ans. L'hystérie est étran-

gère à la production de-l'affection. La syphilis et, l'alcool ne

jouent aucun. rôle direct dans sa. genèse. La. tare névropa-

tliiquen'existe que chez, quelques malades. Sur les 39 cas

reievéshpar Donallr dans- lat littéralureimédicale, 34 sont,,

fàiliiliaux, (Cousot, Goldflamm, Ilirsch, Bernhardt, Tay-

loi\ etc.). La paralysies frappe tautôt.les3 membres supé-

rieurs, tantôt les membres inférieurs; tantôt dans le même.-

orclre;tanlôt ! dans l'ordre inverse : . Son intensité est très

variable.suivant les cas et les. attaques les nerfs cérébraux

sont d'ordinaire intacts. Il ! estE digne·.de remarque que.beau-

coup de malades présentent, des difformités physiques : Tant

qu'ai lâ3nature de l'affection, elle a été appréciée d'une façon

très" différente, suivant les; auteurs : : Ilartwig la. regarde

comme une imbibition oedémateuse de lai moelle cervicale;

Westphall combat cette théorie : comment les faisceaux sen-

sitifs resteraient-ils intacts ? -Cousot en fait une inhibition des

centres spinaux..Donath la considère. comme. une. affection

des- racines- motrices; médullaires : . A', côté; de; ces auteurs,

d'autres s'appuyant'sur. les altérations des-,fibres musculaires.

biopsiées (Oppenlieim;,Goldflamtu), en.font une myopathie

primitive; proche parente de la maladie : de Thomsen : L'atL

teur insiste ensuite sur la bizarrerie d'allures- de. l'affection;

ilirappelle-Kopinionide Goldflamm mettant eu parallèles la

paralysie périudique-avec : le systèmemeuro-ntusculaire dû

nouveau-né incomplètement développé'au point de vue ana-

tomique ; chez ce dernier existe un état parétique, et comme

Westphali-l'a-montré, une : diminution'.de'l'excitabilité élec-

trique; Aussi' Goldflamm admet-il' que* peut-être' chez' ces

' J. Donath. Wiener ut. «'ochensch., 1900, n- 2.

MALADIE NERVEUSE FAMILIALE. 211

malades, il y a un arrêt de développement' du système mus-,

culaire resté à l'état infantile. Pour Donath, cette conception

ne saurait expliquer l'intermittence des phénomènes observés''

qu'il croit devoir considérer comme l'effet d'une manifesta-

tion toxique sur'le système musculaire ; certaines -toxines z

(asphyxie par Co, Emmingham) pouvant entraîner la diminu-

tion de l'excitabilité électrique.-L'observation qui a servi*

à Donath de point de départ pour son-travail est intéressante-

à connaître : Il s'agit d'une- femme de vingt-cinq ans; qui; à la

suite d'une chute de voiture fut prise brusquement,' le troi-

sième jour, d'une paralysie, de- tout# le- corps,- sans troubles

de la parole et avec conservation de la conscience. Deux

attaques semblables se répétèrent pendant les cinq jours

suivants. La paralysie envahissait rapidement toutes les

extrémités, pouvant s'étendre à la tête et aux muscles de la

respiration, s'accompagnant'd'une sensation de chaleur, de

soif, de sudation, et de temps en temps de délire. La para-

lysie était flasque, avec perte de l'excitation galvanique et

faradique, sans paresthésie, avec seulement parfois des

douleurs dans la tête et. dans les-jambes. Chaque attaque

durait une demi-heure- à huit jours. Les attaques abortives

se caractérisaient uniquement par des douleurs dans les

jambes. Après les crises persistaient' de l'excitation, une

sensation de dépression, de refroidissement pendant le repos.

La marche diminuait plutôt ces phénomènes. Dans l'inter-

valle aussi, l'excitabilité électrique des nerfs et des muscles,

la résistance galvanique de -la-peau étaient normales, l'exci-

tabilité mécanique des muscles diminuée, les réflexes cutanés

et tendineux tantôt diminués, tantôt exagérés.

Nous n'avons relaté toutes ces observations et nous

n'avons analysé les diverses conceptions pathogéniques, de-

leurs auteurs que pour bien faire ressortir'toute la' différence

qui existe entre ces paralysies -spinales- intermittentes ou,

périodiques et les trois faits- qui' nous sont personnels. Bien

qu'il manque à notre examen un' procédé d'investigation de*

premier ordre, l'étude de la réaction, électrique des nerfs et,,

des musclés, nous ne pouvons croire qu'il'ne s'agisse dans

ces cas que de phénomènes toxiques venant frapper le père.

et le fils d'une façon identique. Nous préférons nous arrêter

à l'hypothèse que nous avons.émise plus haut ; il.nous sem-

ble bien qu'il s'agit dans l'espèce d'une lésion organique, qui'

2 ! 3 li ENSEIGNEMENT.

pour être limitée n'en a pas moins été profonde. Qu'il y ait

eu une dégénérescence localisée des faisceaux médullaires,

que quelques-unes des cellules de l'axe gris aient été intéres-

sées, ce qui paraît très plausible, il n'en reste pas moins

avéré que nos trois malades se rapprochent sensiblement

plus, à l'intensité près, des allures cliniques du tabes dorsal

spasmodique familial. Nous croyons que c'est dans ce sens

qu'il est préférable d'interpréter leur histoire morbide, et

qu'on doit, en dernier ressort, les considérer comme un type

spécial de paralysie spasmodique familiale essentiellement

transitoire, particulièrement bénigne et parfaitement curable.

ENSEIGNEMENT

Les Cliniques psychiatriques des Universités

allemandes ' ;

Par le D' Paul SERIEUX,

Médecin des asiles publics d'aliénés de la Seine,

chargé de missions.

PERSONNEL ENSEIGNANT.

liéglementution des études médicales. -Avant d'exposer l'organi-

sation du corps enseignant des Universités, nous devons dire

quelques mots des "règlements concernant les études médicales.

Pour plus de clarté nous suivront l'étudiant du début à la fin de

ses études. Les règlements variant quelque peu suivant les univer-

sités, nous prendrons comme exemple celle de Berlin.

Pour être inscrit dans une Université il faut présenter un certi-

ficat de maturité (Reifezeugniss) constatant que le postulant a fait

ses études dans un lycée (Gymnaùum) allemand et qu'il a satisfait

à l'examen de sortie (1 bituzienlenexamen) qui est la consécration

des études de l'enseignement secondaire. Les droits d'immatricu-

lation sont de 18 marks.

' Voir Archives de Neurologie, n" 57, 59 et 60, t. X, p. 103, 371 et 473,

61 ; t. XI, p. 27. '

LES CLINIQUES PSYCHIATRIQUES. 213

La durée des études médicales est de neuf semestres. Les deux

premières années sont consacrées à l'étude des sciences physiques,

chimiques et naturelles, à l'anatomie et à la physiologie. L'étu-

diant dissèque dès le premier semestre. La troisième et la qua-

trième année sont employées aux études cliniques.

Pour acquérir le droit d'exercer sur toute l'étendue du territoire

allemand, deux examens sont exigés : l'un, le Physiiiiiin ou Ai,tzli-

che Vorprufung, l'autre, l'examen d'état (.S<tMM;f< ! ? M) ! ) ou 1 ) ? ( ?

che Prufung. Le titre de Docteur n'est qu'un grade universitaire

qui ne confère pas, comme l'examen d'Etat, le droit d'exercer.

C'est à la fin du quatrième semestre que l'étudiant passe le pre-

mier examen, le Physikum, qui porte sur l'anatomie, la physiologie

la physique, la chimie, la botanique, la zoologie. L'examen est

oral et public. Le nombre des candidats ne dépasse pas quatre.

Le jury d'examen, présidé par le doyen de la Faculté, se compose

de professeurs de l'Université, désignés chaque année par les auto-

rités sur la présentation de la Faculté de médecine. En 1894 le

nombre des examinateurs, pour le Physikum, était, à l'Université

de Berlin, de huit, dont deux pour la botanique, deux pour l'ana-

tomie, et un pour chacune des branches suivantes : physique, chi-

mie, botanique, zoologie, physiologie. Si le candidat a été insuffi-

sant sur telle ou telle partie physiologie par exemple il doit

subir, dans un délai de deux à six mois, un nouvel examen portant

sur la physiologie exclusivement. Les. droits d'examen sont de

3fui marks.

Le deuxième examen, examen d'Etat (Staatsexamen ou Artzliche

Pru/'un ! 1), qui confère le droit d'exercer et fait de l'étudiant un

« médecin praticien » (Pruklischer Arsl), peut être subi après le neu-

vième semestre. Le candidat doit justifier qu'il a suivi en qualité

de Prakliknnt 1 les cliniques de chirurgie, de médecine et d'accou-

chements, qu'il a fait deux accouchements, qu'il a fréquenté durant

six mois une clinique ophtalmologique, comme Pruktilccntl, qu'il a

pris part aux exercices de vaccination 2. L'examen d'Etat se sub-

divise en plusieurs examens, oraux ou cliniques : il ! anatomie ;

2° physiologie; 3° anatomie pathologique et pathologie générale;

4° chirurgie et ophtalmologie; 5° médecine; 6° accouchement et

gynécologie ; 7° hygiène. -

Les droits d'examen sont de 206 marks. La durée totale de

1 Les l'raldikanten ou élèves praticiens, sont des étudiants attachés à

uue Clinique en qualité de stagiaires. Ils sont appelés à pratiquer des

exercices cliniques, en public, un certain nombre de fois par semestre.

Ils examinent les malades sur lesquels le professeur fait sa leçon et sont

interrogés par lui. 1

8 On voit qu'il n'y a pas, à Berlin, de stage obligatoire dans une Clinique

psychiatrique.

2H i * ENSEIGNEMENT.

l'examen d'Etat est de trois à quatre mois.(La note « insuffisant»

pour une des parties de l'examen met le candidat dans l'obligation

de subir une nouvelle épreuve après un laps de. temps qui ne.doit

pas être inférieur, à trois mois..La note mal.ajourne.le candidat à

six mois. '

.La* commission d'examen (Prufungs Commission). nommée par

l'autorité compétent(,. se compose, à Berlin, de 23 membres; parmi

lesquels se recrutent les examinateurs. -

-Une fois le Staatsexamen,passé avec succès l'étudiant, devenu

Pi-alitische ? - Arzt, peut pratiquer, la médecine.

.Pour obtenir le titre de Docteur qui, à lui seul ne suffit pas ? sans

le Staatsexamen, pour l'exercice del'artmédical,v il faut justifier

de huit semestres d'études universitaires, et avoir subi avec succès

le premier examen, le Phyqiktim.

..L'examen de doctorat consiste : .1° en' une épreuve orale- devant

six membres de.la Faculté ; 2° en une thèse imprimée (Disserta-

tion) soutenue en public. Une fois ces épreuves terminées d'une

façon satisfaisante le candidat est promu docteur (Promotion). Les

droits de la promotion sont de 440 marks, sans compter les frais

du diplôme. et. de-1'impression de la thèse. 315 exemplaires delà

thèse doivent être déposés à l'Université'.

On le voit, la réglementation des études médicales en Allema-

gne est telle qu'un, médecin praticien. n'a point besoin du titre de

docteur pour pratiquer,'et qu'un, docteur, qui m'a pas satisfait à

l'examen de médecin praticien, ne peut exercer.

" Les renseignements que nous venons de donner s'appliquent seule-

ment à l'Université de Uerlin. Dans les autres' Universités, il existe quel-

ques différences dans la réglementation 'des études médicales.

En Allemagne, l'étudiant ne paie pas d'inscriptions, mais il a environ

750 francs à payer, par an, pour solder ses cours (au moins pendant cer-

taines années). Les éludes médicales sont certes moins coûteuses en

France, mais, dit M. Lejars, « la différence pécuniaire est compensée, et

*de beaucoup,' par' le caractère plus complet, plus direct, plus utile d'un

tel enseignement ; si les études médicales coûtent plus cher en Allemagne,

l'étudiant allemand peut apprendre sans contredit beaucoup plus ». Il y a,

.ajoutons-le, des dispenses, pour les étudiants pauvres.

Le service militaire des étudiants en médecine est organisé de la façon

suivante : l'année de service'.est coupée en deux moitiés; les>six pre-

miers mois sont accomplis au commencement des études, dans un

régiment, en général dans une petite ville universitaire de façon à ce

jque l'étudiant puisse prendre'son'premier'semestre d'inscription à

l'Université. ^Après ces six mois de service militaire, l'étudiant quitte

l'uniforme, poursuit ses études et, une fois son diplôme obtenn,accom-

plit une nouvelle période de service de six mois. 'Riais alors' il n'a plus

que des occupations médicales, soit au régiment, soit dans les' hôpitaux

militaires;- il. possède un'grade intermédiaire, ceux'd'officier et de

sous-officier et jouit d'une grande liberté (Progr. ? né(l.).

LES CLINIQUES PSYCHIATRIQUES. : 2 ! S

Ajoutons que la- plupart des cours, .dont le, nombre est de beau-

coup plus considérable, qu'en- France,- sont- payants- (Privatvorles-

rangen).'Cbaque cours : sepay·eaéparément.Lesahouoraiees : sont

perçus par le questeur de l'Université, .qui dresse la liste-des élèves

qui se sont fait inscrire (Weisgerber).,JEn, ou tre< ides1 cours -payants

qui senties-plus nombreux, .il y.a a desecours C) gra Lui ts'(01re;zlliche

,I,lo7,lesiti7gei), et des cours. dits Priuutissimu ? dont la' fréquentation,

gratuite ou rétribuée,.est subordonnée à.l'autorisation spéciale du

professeur. 11 (Convient ;.de, signaler.unsdétail.dontlles étudiants

parisiens apprécieront l'importance : les professeurs etlestPrivat-

docentenseconcertent de, façon à : ce que-les cours n'aient pas.'lieu

aux mêmes heures. A Berlin par.exemple,=le courssout échelon-

nés de 9 heures du.matima 71 heures du soir.

Une fois.reçu «(médecin-praticien » o.u.i.promu «, docteur »ile

médecin qui désire se consacrer à l'étude des maladies mentales ou

qui a l'ambition de. faire sa carrière dans l'euseignementsupérieur

devra entrer comme médecin assistant dans un 'asile d'aliénés' ou

comme Vo/0) : H'<t ? 'z< dans uneclinique psyclliatrique : Si dans ce der-

nier emptoi,)H : a su attirer l'attention. duiprofesseurnl pourra être

choisi par celui-ci comme assistant. Les - places d'assistants -sont

en effet données au choix,sans concours; mais il est-évident que le

professeur de clinique a tout : intérêt à-iiei choisir i pour collabora-

teur qu'un médecin-digne de sa confiance et en mesure de le secon-

der.utilement,pour somenseignement. Ce mode ! de nomination

offre en réalité de sérieuses. garanties aux' médecins de mérite qui

ne voientrpasileur carrière. la'merci d6l'aléa-d*une épreuve de

concours. 1 Une, fois assistant, let médecin, quh veut. orienter sa vie

du côté de l'enseignement, a devant lui plusieurs' années, sans

souci de clientèle ou.de concours, préparer, qu'il peut consacrer

à des recherches originales. Il subit ensuite l'examen tiePrivat-

docent, qui porte sur-la spécialité .qu'il, a choisie. Reçu.Privat-

docent, il a le droit de fairetdes cours à > l'Université, «cours

rétribués,, qui-peuvent le mettre.en : lumière. Il peut conserver son

^emploi d'assistant.tPlus tard il'peut être attaché. la clinique en

qualité de médecin en second, -suppléant du professeur ; ;<être

nommé professeur extraordinaire, jusqu'au jour ou. unei Univer-

sité lui offre'une place der professeurs ordinaire. »'En 'général' on

débute pan les ! Universités les moins considérables : puis si l'ensei-

gnement et les travaux dmprofesseur.lui ont'fait un nom, on- voit

les Universités les plus importantes chercher à l'attirer. «Les,uni-

versités riches, fait remarquerai. Mauclaire, se disputent les meil-

leurs professeurs...' Pour le professeur l'enseignement pur et simple

estime carrière des'-plus' rémunératrices... o'L'enseignement mé-

dical est une carrière (Lejars).

Stage ps</c/t;s<)'t ? ie ? ) 'est-peu d'Universités allemandes dans

lesquelles le stage dans; une clinique psychiatrique soit obligatoire

216 6 ENSEIGNEMENT. '

pour les étudiants. Cependant, tout le monde reconnaît que l'in-

suffisance des connaissances des médecins praticiens en pathologie

mentale a des inconvénients sérieux. Griesinger réclamait déjà un

stage obligatoire de six mois auprès de la clinique psychiatrique.

Le D1' Zinn demande que chaque étudiant accomplisse un stage de'

six mois dans une clinique psychiatrique et neurologique et que

les maladies mentales fassent partie du programme de l'examen

d'Etat. De même, le professeur Fürstner voudrait que tous les mé-

decins praticiens aient à subir un examen clinique de psychiatrie.

De cette façon, non seulement les médecins praticiens auront des

notions précises sur les maladies mentales et nerveuses, mais

encore on verra, par ces mesures, disparaître les légendes qui

règnent encore dans l'opinion publique sur l'assistance des aliénés.

Si l'on veut faire l'éducation du public et lui donner, au' lieu de

préjugés d'un autre âge, des notions exactes sur les maladies du

système nerveux et leur traitement, il convient en effet de faire

d'abord l'éducation des médecins. Le professeur Binswanger

(d'Iéna) est également partisan de l'enseignement obligatoire des

maladies mentales et nerveuses et réclame un examen portant spé-

eialement sur ces matières.

Les Congrès des médecins aliénistes allemands de 1893 et de 1895

ont voté les propositions suivantes : -.

« L'Etat a le devoir de donner aux étudiants en médecine, dans

de meilleures conditions qu'actuellement, une instruction théo-

rique et pratique des maladies mentales. La psychiatrie doit faire

partie du programme des examens, et un stage d'un semestre doit

être exigé des candidats au Staatsexamen. » (Comptes rendus

du Congrès de 1893.)

Instruction psychiatrique des médecins fonctionnaires. On sait

qu'il existe en Allemagne, dans chaque arrondissement, un méde-

cin fonctionnaire de l'Etat (Physilcus, Kreisarzt) qui a dans ses

attributions tout ce qui a trait à la médecine légale, à la police

sanitaire et à la police médicale. En Prusse, l'administration

médicale est en outre représentée dans chaque département par

un médecin départemental Nous n'envisagerons que

celles de ces fonctions qui intéressent la psychiatrie. A ce point de

vue, le Physikus est chargé de l'examen des aliénés en vue de

l'internement, de l'interdiction, ou de l'appréciation du degré

de responsabilité, de l'inspection des maisons de santé privées, des

soins à donner aux aliénés, etc. (Weisgerber).

Pour être nommé médecin fonctionnaire de l'Etat, Physicus, il

faut être reçu, depuis plus de deux ans, médecin praticien, être

docteur et avoir subi avec succès un examen spécial, Physikals

prüfua9, qui, en Prusse, se compose :

io D'une épreuve écrite sur la médecine légale, l'hygiène et la

psychiatrie; 2° d'une épreuve pratique consistant en l'examen d'un

LES CLINIQUES PSYCHIATRIQUES. 217

blessé et d'un aliéné, en une autopsie, etc. ; 3° d'une épreuve orale

sur l'hygiène, la psychiatrie et l'organisation médicale.

Le Congrès des médecins aliénistes allemands de 1895 a réclamé

pour l'examen des médecins fonctionnaires une épreuve portant

spécialement sur la psychiatrie, épreuve qui devrait être passée

devant un médecin aliéniste. Le D'' Zinn demande que les candi-

dats aux places de médecins fonctionnaires, de 17-eisphysicits,

aient rempli les fonctions d'assistant dans un asile d'aliénés. La

chose est d'ailleurs exigée dans les royaumes de Saxe, de Wurtem-

berg et dans le Grand-Duché de Bade.

A propos de la question importante du stage psychiatrique soit

pour tous les étudiants, soit pour les seuls candidats aux emplois

de Kreisphysicus, il convient de citer l'opinion émise par le

D Schultze (d'Iéna), dans une intéressante brochure'. Dans les

quatre ou cinq semestres consacrés aux études cliniques propre-

ment dites, l'étudiant, dit M. Schultze, doit apprendre la chirurgie,

la médecine, les accouchements, l'anatomie pathologique, l'oph-

talmologie et l'hygiène. Le temps lui fait matériellement défaut

pour poursuivre des études si variées. Avant de penser à ajoutera à

ce programme déjà trop complexe de nouvelles matières, il con-

viendrait d'augmenter de deux le nombre des semestres réservés

aux études cliniques. On rie saurait, à coup sûr, diminuer le temps

employé aux études médicales, chirurgicales et obstétricales,

pour le consacrer à la psychiatrie. Pour le praticien, il est bien

- plus important d'être médecin, chirurgien, accoucheur, que psy-

chiatre. D'ailleurs, il n'est pas dans ses attributions de soigner les

maladies mentales, ces affections exigeant le placement dans un

établissement spécial. Pour un cas de maladie mentale, le méde-

cin praticien aura à traiter des milliers de cas de médecine interne,

de chirurgie, d'obstétrique. Dans ces milliers de cas, le rôle du

médecin est de soulager le malade, de le guérir, de prévenir les

complications ; en présence d'un aliéné, le praticien n'a guère qu'à

faire un certificat. Or (en Allemagne), c'est un médecin fonction-

naire qui est le plus souvent chargé de la rédaction de ces certifi-

cats. Pour le médecin praticien, des connaissances pratiques en

otologie sont de beaucoup plus utiles que des notions de psychiatrie.

L'appréciation de la responsabilité des aliénés ne peut être la

tâche que de médecins compétents, ayant subi un examen spécial

(médecins fonctionnaires). C'est donc pour cette dernière catégorie

de médecins, conclut M. Schultze, qu'il faut exiger un examen

psychiatrique sérieux et non pour tous les praticiens.

La psychiatrie et la neuropathologie sont enseignées dans les

' Schultze. Die Psychiatrie Prùfungsgegensland sur aile Aer : ,le ? Iena,

Fischer, 1893.

218 ENSEIGNEMENT.

Universités allemandes par des Professeurs ordinaires, des Pro/'es-

seurs extraordinaires et des P)-ivat-dotei2len (11. Blanchard, Weis-

gerber fournissent sur l'organisation du corps-enseignant univer-

sitaire des renseignements que nous résumons ci-dessous).

* Les professeurs ordinaires (0,tleiitliche ? , Pi-ofesso-) sont . les ! seuls

qui aient un 'traitement fixe. 'Ce traitement n'est;limité ni par

l'État,- ni par l'Université. SU est en rapport avec la- réputation du

professeur et l'éclat de son enseignement.* Les professeurs ordi-

,naires,,iiiaitres absolus de leur chaire, inamovibles, ne peuvent

être mis à la retraite. Ils ont. ta'faculté de se retirer en général

à 60 ans tout en continuant à toucher l'intégralité de leur trai-

tement. Ils doivent faire gratuitement une leçon publique (offei2t.

liche Yorleszanp) par semaine; leurs autres conférences sont'babi-

tuellement l'objet d'une rétribution de la part des étudiants. C'est

l'Université qui'choisit le titulaire de chaque chaire et le' propose

au' Gouvernement.

Les processeurs extraordinaires (Azisse2-oi-tlenilicheiPi,ofesso7,) n'ont

.point les prérogatives des professeurs ordinaires. On peut compa-

rer leur situation à celle des agrégés de nos Facultés, 'mais ils sont

nommés'à vie, sur la' proposition de la' Iacullé.rl;n général, ils ne

reçoivent pas,'au début, du'moins, de traitement de ! l'État ; ! leurs : seuls appointements sont les rétributions des élèves : ils ont ainsi

intérêt à attirer ceux-ci à leurs'cours. C'est parmi eux'que les

Universités i recrutent 1 les i professeurs «-ordinaires, mais nombre

d'entre eux n'arrivent pas à obtenir ce, titre. L'ancienneté' ne joue

aucun rôle. * Le professeur extraordinaire attend tout'de sa réputa-

tion scientifique, de ses travaux, qui seuls le désigneront' au choix

de telle ou telle (Université/ allemande ! ou de ! langue : allemande,

désireuse de se l'attacher.

1 Quant aux Pniuvl-elocezzlen,ce sont des professeurs libres qui ont

obtenu de la Faculté l'autorisation de faire des cours (vezzia docencli)

sur. une partie des sciences médicales qu'ils ont plus spécialement

étudiée.' Cette autorisation est-accordée à la suite - non pas d'un

concours-mais d'un examen (Habilitation) consistant : 10 dans

le dépôt- d'un mémoire portant sur ]ai matière - que le candidat

.désire enseigner, et 2° dans une leçon d'essai suivie' d'argumenta-

. lion. (Pour être admis à se présenter à l'examen de privat-docent,

il) faut avoir subi ses examens de doctorat (Promotion) 2n52n1 CLlI7d

biude et avoir ' terminé-ses études (Quadriennium académique)

depuis deux ans.'Le nombre des privat-docenten'n'est pas limité;

leurs fonctions sont de durée indéfinie.

Tout privat-docent qui a fait, dans une même Université et pen-

dant quatre années consécutives, un cours en présence d'un audi-

toire suffisant, est nommé professeur extraordinaire.

. Nous avons donné plus, haut quelques détails sur, la façon dont

sont organisés les cours. Nous ajouterons seulement que les cours

LES CLINIQUES 1 PSYCHIATRIQUES..219

des privat-docenten ne durent en général qu'un semestre et même

moins, tandis que ceux des professeurs durent toute l'année (Mau-

claire).

Ce n'est pas ici le lieu`d'insister sur les nombreux avantages''de

'l'organisation du corps enseignant dont nous, venons d'esquisser

les grandes lignes. Ce système a d'ailleurs été emprunté à l'Alle-

magne par l'Autriche, la Hongrie,' la Russie; 1'lialie, la Suisse, etc.

On peut le définir en deux mots : pas de concours à aucun éche-

lon de la carrière-- mais, ce qui .vaut .mieux, Tune, concurrence ? )tcessa ? t<e'. 1.

Nous venons d'énumérer les différents degrés de la' hiérarchie

-du corps enseignant.'Deux mots maintenant sur les éléments cons-

'tituants du personnel médical d'une clinique psychiatrique. Ce sont :

,10 le professeur'(ordinaire ou. extraordinaire) ; '2° les assistants ;

3° les médecins stagiaires.

'La clinique de Halle, par exemple, a, Tpour une population de

120 malades, le personnel' médical suivant : le professeur de cli-

nique psychiatrique (directeur-médecin en chef), deux' médecins

en second, trois assistants; un médecin volontaire.

A la clinique de Berlin (188 malades); le professeur : est secondé

'par quatre assistants (dont un pour la section'de neuropathologie),

cinq médecins volontaires et cinq médecins militaires.

Les assistants (assislenten)remplacent à' la, fois, les internes* et

-les chefs de clinique de nos services. C'est parmi les assistants que

se recrutent les privat-docenten.,11 n'est, même, pas rare de.voir

'les fonctions d'assistant remplies par un privat-docent. Pas plus

que les professeurs (ordinaires ou extraordinaires), pas plus'que

'les privat-docenten, les assistants ne sont nommés.au concours.

Ils sont choisis par le chef de service' parmi les'jeunes médecins

ayant terminé leurs études, subi leurs examens-et munis de leur

diplôme. La durée de leurs fonctions est presque illimitée : quatre,

'cinq, six et sept ans même.

' « Ce n'est pas humilier la science française, dit M. le professeur agrégé

Lejars, c'est la servir que de reconnaître les lacunes de son organisation

et les entraves qui gênent son essor.' Il y a deux points qui frappent

surtout dans l'enseignement allemand : 1° on enseigne beaucoup plus que

chez nous; les cours ne 'dépouillent jamais... leur caractère essentielle-

'ment pratique; aux leçons magistrales' l'assistance est obligatoire pen-

dant une certaine période;... pour chaque spécialité, l'Étudiant ! trouve

toujours à sa portée plusieurs cours où il peut sous une direction étroite,

'voir de près le malade et la technique;... 2» le personnel scientifique, celui

qui travaille et qui produit, est en Allemagne, beaucoup plus nombreux;

son recrutement, dans toutes'les branches, plus' largement'assuré;'ne

souffre jamais; c'est à ce nombre de travailleurs spécialisés que'sont

dues tant de recherches et de publications. Ce double fait reconnaît

une cause unique : l'enseignement médical est une carrière. »

220 ENSEIGNEMENT.

Le service médical et les exigences de l'enseignement sont assu-

rés dans les cliniques grâce au nombre élevé des assistants; rappe-

lons, par exemple, qu'à la clinique de Wurzbourg, il y a. pour

60 malades, cinq assistants, soit un médecin pour 10 à 12 mala-

des et, en admettant la proportion de 50 p. 100 de cas aigus, un

médecin pour cinq à six aliénés aigus.

Dans les autres cliniques, le nombre des assistants varie de deux

à quatre pour une population de 80 à 100 et 120 malades.

Plus nombreux, mieux payés', mieux utilisés que les internes

de nos asiles, les assistants des cliniques de psychiatrie ont aussi

des fonctions moins subalternes. Ils ne sont point, comme chez

nous, soumis à une tutelle étroite; chacun d'eux est chargé d'une

section spéciale ; ils ont une responsabilité effective et on leur

laisse une initiative profitable à tous, malades et chef de service

(voy. Clinique de Munich).

Les assistants sont enfin eux-mêmes secondés par des médecins

stagiaires ( Les places de médecins volontaires sont

une institution presque exclusive aux établissements de Prusse.

Dans ce pays le ministère des cultes donne, pour un an. à de

jeunes médecins désireux de faire leur instruction psychiatrique,

une indemnité de 600 marks. De plus la plupart des provinces

accordent à ces jeunes médecins, outre l'entretien gratuit, une

indemnité de 600 marks. Dans quelques petits états allemands les

médecins volontaires n'ont pas de traitement. Dans certains éta-

blissements qui possèdent un second médecin volontaire ce dernier

n'a droit qu'à l'entretien gratuit. Grâce à ce nombreux personnel

médical il possible d'organiser, comme l'a fait le professeur Rie-er

à Wurzbourg, un service de surveillance médicale constante; les

malades des pavillons de traitement sont ainsi soumis d'une façon

presque 'permanente à la surveillance d'un assistant ou d'un sta-

giaire qui intervient dans les accès d'agitation, etc.

Dans quelques cliniques, les assistants, nous l'avons vu, sont

logés dans les pavillons de traitement, ce qui assure une surveil-

lance rigoureuse, et tient le personnel sans cesse en haleine 2.

1 A Munich, les assistants sont logés, nourris, etc., et reçoivent un trai-

tement variant suivant leur ancienneté, de -1.250 à 1.825 francs. Le trai-

tement des assistants des asiles allemands varie de 1225 à ! r 000 francs.

' Grâce à l'excellente institution des assistants les médecins des cli-

niques psychiatriques et des asiles ont des collaborateurs compétents.

L'organisation actuelle de l'internat, en France, mérite certaines critiques.

Nous avons montré (L'internat des asiles d'aliénés de la Seine. Sa

réorganisation. Arch. A'eur., 1896, n''2 et 3) que le mode de recrutement

actuel fournit des mternes trop peu avancés dans leurs études et par

suite préoccupés par leurs examens, leurs travaux pratiques, voire même

la préparation d'autres concours; qu'il ouvre les portes à nombre d'étu-

diants ne s'intéressant nullement à l'aliénation mentale; qu'il met

LES CLINIQUES PSYCHIATRIQUES. 221

Cours de vacances. Les « cours de vacances » (F<; ? '«') ! Cttte),

qui fonctionnent d'une façon régulière dans un certain nombre

d'universités allemandes, rendent des services considérables aux

étudiants et aux médecins qui désirent se familiariser en peu de

temps avec telle ou telle spécialité (psychiatrie, neurologie, méde-

cine légale, etc.) et se tenir au courant des progrès de la science.

Souvent il existe deux séries parallèles de Feriencurse : les uns sont

des cours plus spécialement réservés aux étudiants qui préparent

le Slaatsexamen (Feriencurse fiii- Studirende) ; les autres ont pour

but de compléter l'éducation médicale des méiecins praticiens

(Fo)'<6<M : t ? : g'ct;)'se sur Avant les vacances, chaque univer-

sité fait connaître par des avis publiés dans la presse médicale la

liste des cours de vacances. Par exemple, nous voyons qu'en 1896

à l'Université de Leipzig, ont commencé, le 5 octobre, une série de

dix-neuf cours faits par des privat-docenten ou des professeurs.

Ces cours, d'une durée de deux à trois semaines, ont, la plupart,

heu quotidiennement. Les honoraires varient de 25 à 40 marks.

L'un de ces cours, fait par un privat-docent, est consacré à la

neuropathologie (avec présentation de malades), à l'électrodiagnos-

tic et à l'électrothérapie. Il a lieu cinq fois par semaine, de 5 à

6 heures. Honoraires : 23 marks. Durée du cours : trois semaines.

A Berlin, les cours de vacances, fondés en 1870, sont organisés

parla « Société des privat-docenten ». lis ont lieu deux fois par

an, à Pâques et pendant les grandes vacances. En 1894, le cycle des

Feriencurse destinés aux médecins praticiens a commencé le 5 mars

pour se terminer le 7 avril. Le nombre de ces cours de vacances a

été de 81. parmi lesquels : un cours d'analomie fine du cerveau, par

le privat-docent D1' Koeppen (deux fois par semestre), deux

cours de psychiatrie et maladies du cerveau (honoraires : 30 marks)

l'un donné par le Dr Leppmann (psychiatrie clinique, exercices de

diagnostic, rédaction de rapports, etc.) trois fois par semaine;

l'autre par le Dr Koeppen, également trois fois par semaine (psy-

chiatrie clinique avec ses applications à la médecine légale) ; six

cours de maladies nerveuses et éleclrolltét'apie par les professeurs

ou privat-docenten M. Bernhardt, Goidscheider. Eulenburg, West-

phal, Oppenheim, Hemak (trois et quatre fois par semaine (hono-

raires : 30 et 40 marks).

A propos de ces cours, nous ne pouvons que nous associer aux ré-

obstacle à toute stabilité des internes dans le même service, et à toute

collaboration effective du médecin et de l'iiitei ne. Eiiiiii par la limitation

a trois ans de la- durée des fonctions, les médecins doivent renoncer aux

services de ceux de leurs internes qui s'adonnent sérieusement à l'étude

des maladies mentales, précisément au moment où ces derniers seraient

aptes à rendre de réels services. Note : Depuis que les lignes qui

précèdent ont été écrites, l'internat des asiles de la Seine a été téorganise :

la plupart des réformes que nous avions réclamées ont été adoptées.

2^2 1) ENSEIGNEMENT.'

flexions de 1t. le D Jayle ' : « Une des plus belles installations de

Berlin, qui, du reste, ne lui appartient, pas en propre, ce sont les

cours de vacances, qui se donnent, dans toutes les cliniques et'

policliniques de la ville, en. mars et en septembre. Ces cours sont'

essentiellement destinés aux» jeunes docteurs et les étrangers les-

suivent en foule. Dans l'espace de cinq;semaines, un professeur,

traite complètement tout'un genre d'affections. Un petit opuscule,

est publié en fin, février et en fin août ;- contenant tous les pro-

grammes de ces cours. L'étudiant en prend connaissance; faitson.

choix et va. se faire inscrire.- Il est partoutile bienvenu, cela va-

sans dire; le prix est de 40 à 50 marks en' moyenne. J'ai eu occa-

sion de rencontrer beaucoup de; jeunes- ! docteurs étrangers qui;

avaient passé à.Paris.n'avaient pu'rien y.-faire et'arrivaient à

Berlin pour.suivre ces cours. Ceux-ci sont extrêmement bien faits;

ce qui s'explique aisément : .le fameux droit d'examen n'a plus ici'

la moindre influence; et t le privat-docenttmarcbe de pair avec le'

professeur. C'est donc une lutte ai armes presque- égales et ce ne

sont point les grands maîtres : officiels- qui l'emportent toujours.

« Pourquoi,ne pas organiser chez- nous; des- cours analogues ? *

Personne n'aurait le droit de s'en plaindre. L'étudiant, auquel on-

ouvre largement et gratuitement les portes d'.un service durant un-

semestre, n'aurait rien'a dire; de'se voir remplacer par un jeune

docteur'étranger. ou français pendant' son mois de vacances. Les.

professeurs, d'autre part, s'efforceraient d'avoir des élèves, les uns»

par point'd'honneur, les autres par intérêt, et ce serait une joute

des plus brillantes et des plus fructueuses pour tout le monde. En,

fait d'enseignement' payant, c'est le-seul à établir, mais celui-là.

doit absolument être introduit chez nous. Pour peu que nous tar-.

dions à l'organiser, les-docteurs étrangers déserteront de plus en'

plus nos.services et quand on y.songera enfin, ils ne connaîtront !

plus que la route de Vienne et de Berlin et notre influence scien-.

tifique en sera d'autant diminuée2e "

Conditions' d'admission des^ malades dans les' cliniques psychia-

triques. Les conditions- d'admission varient dans les différents

États.allemands;.mais en général, en. vue de donner,-satisfaction'

aux. exigences : de : l'enseignement, on'a-réduit au minimum les,

formalités nécessaires pour l'admission des malades- dans- les-

' Jayle.. Les cliniques, et les grands hôpitaux de Berlin. {Gazelle des,

hôpitaux, ,26-28 mai 1892.)

2 En 1897-1898, près de la moitié des étudiants des facultés de méde-

cine allemandes étaient des étrangers.. Il convient d'ailleurs de faire*

remarquer que sous la,rubrique.«, étrangers ». sont comptais non seule-

ment les étudiants de nationalité étrangère, mais encore les sujets alle-

mands nés en dehors de. l'État (Royaume, Grand-Duché, etc.) dans lequel !

se trouve l'Université.

LES CLINIQUES PSYCHIATRIQUES. 223 3

cliniques : Kraep.lin se plaint cependant (1897) des difficultés qu'il

éprouve au renouvellement de la population de la clinique badoise v

de Heidelberg. Il n'en est pas de même. l'Université bavaroise de

11'urzbour où les conditions d'admission se rapprochent sensible-

ment de celles édictées par la : loi française, de.1838. Deux sortes

de. placement. : d'office par. la police, .et volontaires sans autre

formalité qu'un certificat de. médecin; sous la responsabilité' du

professeur de clinique. Les cliniques, étant. des établissements

universitaires, reçoivent tous les cas aigus sans distinction de domi-

cile, de secours, de nationalité, de situation de fortune. Les malades

des classes aisées peuvent aussi y être admis, en payant un prix

de pension ; ils ont des locaux spéciaux.

Les indigents dela,région sont traités moyennant un prix de

journée fixé par l'Assemblée provinciale ; les.sujets n'ayant pas le

domicile de secours, les étrangers mêmes, peuvent être hospitalisés

grâce. aux crédits attribués aux cliniques à cet effet ! par les univer-

sités. Dans la plupart d'entre elles, le professeur dispose à son gré

d'un certain nombre de lits (10 ou 15). A Strasbourg, par exemple

on reçoit non seulement les sujets placés d'office par. la police de

la ville et de la banlieue, ainsi que les aliénés du district de la Basse-

Alsace (qui payent un prix de journée égala celui.de l'asile du dis-

trict), mais encore les aliénés des autres districts, et enfin ceux des

pays étrangers voisins, aux frais du fonds. spécial de la clinique-.

Grâce à cette organisation, on assure aux instituts psychiatriques

un recrutement.facile.de cas. intéressants pour l'enseignement'.

Nous croyons- devoir., ajouter.'à, ces notesquelquesrenseigne :

ments empruntés à notre savant confrère le D;Ladame (de Genève).

Elles résument les heureuses.conséquences qu'il faut attribuer, en

Allemagne, à. la création. de cliniques.psychiatriques. (Le nouvel

asile des aliénés à Genève, z.)

« La clinique : psychiatrique, de lleidelbùrg1 a..été inaugurée le

15 octobre 1878, à proximité immédiate des autres cliniques. Le

professeur, docteur, Fïirstner, a publié dans une intéressante bro-

chure les résultats obtenus dans cet etablissement.de. 1878 à 1883. ? .

Il conclut que, malgré les difficultés : iuhérentas à : toule nouvelle

institution à ses débuts,. la clinique a pleinement rempli, la. tâche

qui lui était dévolue.

' propos de l'organisation des cliniques chirurgicales des Cuiver-

sités allemandes, le 1),,)Iauclaii-ei-emaiqueé-laleinetit que « ce qui fait que

chacune des Universités ne périclite pas, c'est qu'elle ai un corps ensei-

gnant remarquablement organisé et aussi parce qu'il y a untreci-utement

énorme de malades par le système de l'assistance médicale rurale ».

°- Ueber 7) ? en/ut</te an.der Ila7zd eines Berichles- über ùen l3elrieb

der Unt't)ef'stM-7)')'e)t/fHn ? u Ileiclelberg withi-eizd der Jaltre.l31S-IBdJ,

';on professor 1) i''ursmer, Director der llinil,, Ilei(ielberg, 1884..

24 ENSEIGNEMENT.

« A Leipzig, où fut fondée la seconde clinique, les résultats n'en

furent pas moins heureux. Dans la réunion des Naturalistes alle-

mands Dresde, en 1868, la section psychiatrique s'était pronon-

cée négativement sur l'opportunité de créer à Leipzig une clinique

suivant les vues de Griesinger. Mais le gouvernement du royaume

de Saxe ne partagea pas cet avis et chargea le professeur Flechsig

de l'organisation de la clinique, qui fut ouverte le 2 mai 1882 l.

« Voici la conclusion à laquelle Flechsig est arrivé après cinq

années d'observations :

1 « Les résultats de la clinique démontrent suffisamment que les

objections faites au début par des médecins aliénistes considérés,

contre les asiles urbains de Griesinger, manquent totalement de

base pratique, ce qui ne doit pas nous étonner au fond, car Grie-

singer avait pu acquérir à la Charité de Berlin (qui offre sous

beaucoup de rapports des analogies avec la clinique de Leipzig) la

conviction de la possibilité d'une facile réalisation de ses plans.

L'asile urbain se généralisera partout, je n'en doute pas, dans un

temps prochain. »

La nouvelle clinique psychiatrique de Strasbourg fut inaugurée

le 29 octobre 1886. Le professeur Jolly arrive à des conclusions

analogues et insiste sur le rôle important des cliniques psychiatri-

ques et des asiles urbains au point de vue de l'enseignement et de

l'assistance des aliénés. '

« La clinique psychiatrique de Triboztry-eza-Brisgctzt, dit M. La-

dame, fut ouverte en 1887. Le professeur Emminghaus, qui en est

le directeur, m'annonce qu'il publiera les résultais très encoura-

geants de cette clinique lorsque les dix premières années seront

accomplies.

A Halle, on inaugura la clinique des maladies mentales et ner-

veuses, placée à côté des autres cliniques, le 29 avril 1891 ; enfin à

11'ürbourg, la nouvelle clinique psychiatrique s'ouvrait le il" juin

1893.

« Chacune de ces fondations marque une nouvelle étape dans

le développement progressif du plan primitif tracé par Griesinger.

Aucune clinique psychiatrique n'est la copie fidèle d'autres éta-

blissements semblables. Elles se sont modifiées suivant les besoins

et les particularités des localités et des universités pour lesquelles

on les a créées. Mais toutes ont cependant des caractères com-

muns qui ont été proclamés par divers auteurs. Le professeur

Hitzig, de Halle, qui avait reconnu les inconvénients des leçons

cliniques données dans l'asile provincial des aliénés de Nietleben,

à une heure de la ville, insiste particulièrement sur la nécessite

' Die 7)')'M/t'H ? der Universilicl Leipzig und ihoe Wirksamkeit in

den'Jahî,en 1882-1886, von Dr Paul Flechsig, professeur de psychiatrie et

directeur de la clinique (mit zwei Plunen). Leipzig, 1888.

LES CLINIQUES PSYCHIATRIQUES. 223 z

de l'indépendance complète de la clinique psychiatrique, dans l'in-

térêt des malades aussi bien que dans celui de l'enseignement. Il

considère l'inauguration des cliniques urbaines comme le début

d'une nouvelle période pour l'enseignement académique de neuro-

pathologie dans les universités prussiennes. La clinique psychia-

trique, dit M. Hitzig, est certainement appelée à remplir dans l'as-

sistance publique des aliénés une lacune incontestable, et sa tâche

humanitaire a une importance infiniment plus grande que ne le

soupçonnent beaucoup de ceux qui l'ont surtout envisagée jus-

qu'ici au seul point de vue de l'enseignement.

« Le professeur Ludwig Meyer a fait à Gôttingen des expériences

analogues à celles de Ilitzig. « On arrive toujours trop tard à

l'asile des aliénés, dit-il, tandis que dans les hôpitaux des -1-aw-

des villes les cas récents d'aliénation mentale sont fréquemment.'

admis, comme j'en ai fait l'expérience à Hambourg. A 1

viucial de fIanovre (où les cours se douuaient n 1 À l'asile : piioo,

viucial de Hanovre (où les cours se donnaient auparavant), iï- Br-

avait pas un tiers du matériel nécessaire pour la clinique. C ?

exactement comme si l'on plaçait les professeurs des clinique^

médicales et chirurgicales à la tête d'hospices d'incurables. »

« Wernicke, à Breslau, reconnaît que c'est seulement depuis

Griesinger que la psychiatrie a été élevée, du moins en Alle-

magne, au rang d'une science clinique. Dès lors l'enseignement

de cette science prend une importance de plus en plus considé-

rable 1.

' Le médecin français qui visite les cliniques allemandes est quelque

peu désorienté par la différence de la terminologie. Séghis, Cliasliu,

Keraval, Roubinowitch, Faruarier ont vulgarisé en France les idées des

allemands sur la catatonie, la paianoia, les psychoses hallucinatoires

aigucs. D'autre part les traités de Schule et de v. Kraftt-Ebing ont été

traduits dans ces dernières années. Enfin, nous avons fait connaître au

public français la très intéressante classification qu'a publiée en 1899

le professeur Kraepelin. Nous reproduisons ci-dessous le tableau de cette

classification, renvoyant pour les détails à notre article de la Revue de

t psychiatrie (avril 1900.) ,

I

J CLASSIFICATION DU PROFESSEUR KIUEPELIX

( 1. Les psychoses infectieuses : A. Les délires fébriles. B. Les délires

j infectieux. C. Les états d'affaiblissement infectieux.

; Il. Les psychoses par épuisement : A. Le délire du collapsus.

1 1 ! . La confusion aiguë. C. L'épuisement nerveux chronique.

i. 111. Lrs j ? ro-,icii ions : 1° Les intoxications aiguës ; 2° Les intoxi-

cations chroniques. A. L'alcoolisme. B. Le morphinisme . C. Le

coca2taisnze.

t IV. Les Psychoses TIIYREOGE.,ES : A. La psychose myxoedéinaleuse.

i B. Le o'etHMme.

V. La démence précoce : A. Formes hébéphréniques. B. Formes

lncmvcs,28 série, t. XI. 13

i

12j ENSEIGNEMENT.

« L'enseignement, dit Wernicke, et surtout l'enseignement aca-

démique libre, est un art qui ne peut s'acquérir et se développer

que s'il existe déjà chez le professeur une disposition naturelle

spéciale... L'étudiant est semblable à un voyageur dans les hau-

tes montagnes qui s'en remet à un guide expert. On passe d'habi-

tude par les, sentiers battus, où guide et touriste n'ont besoin que

de vigueur corporelle pour être assurés du succès. C'est ainsi que

vont les choses dans les branches cliniques anciennes... Mais le

voyageur, comme le guide, est peut-être justement attiré par les

régions écartées et peu explorées de la montagne. Que faut-il ici

pour assurer le succès ? Il faut certes en première ligne l'activité

du guide. C'est lui qui doit avant tout aller en reconnaissance;

par de nombreuses excursions il doit apprendre à connaître

d'abord la position et l'étendue de la région à explorer, et les

moyens de s'y orienter.

« Cette comparaison nous apprend que l'activité scientifique

personnelle n'est nulle part dans aucune autre clinique aussi

indispensable que dans la psychiatrie. Cette activité ressemble à

celle du guide ; sans elle il est absolument impossible de pénétrer

dans cette science, tout-à fait isolée, souvent obscure, à peine

indiquée dans les autres cliniques. Dans celles-ci on apprécie sans

doute aussi particulièrement le professeur qui ne se borne pas à

vivre sur le fonds commun de la science, mais qui s'efforce de

l'augmenter par son propre travail. On sait bien apprécier sur les

élèves et les auditeurs l'action vivante de l'idée « in statu nas-

centi ». Mais, dans le domaine de la psychiatrie, le travail person-

nel du professeur est précisément la condition sine qua non de son

enseignement. -

« Les cliniques psychiatriques ont ainsi un double problème à

ea<N<OMt ! <es. C. Formes paranoïdes : 1° Démence paranoide ; 2° Dé-

lires systématisés fantasques. '

VI. La démence paralytique.

VII. LES psychoses DES lésions CÉRÉBRALES.

VIII. Les psychoses DE la période d'involution : A. Mélancolie.

B. Délire de préjudice présénile. C. Démence sénile.

IX. La folie maniaque-dépressive (Etats maniaques et délirants, étals

dépressifs; états mixtes). - A. Forme simple. B. forMepë ? OtKe.

C. Forme circulaire.

X. La FOLIE systématisée.

XI. Les névroses générales : .1. Les psychoses épilepliques. B. Les

psychoses hystériques, C. La névrose lran7nalique.

XII. Les états psychopathiques (Folie des dégénérés) : A. La f/q)''M-

sion constitutionnelle. B. La folie obsédante. C. La folie impulsive.

D. L'inversion sexuelle. '

XIII. Les arrêts DE développement psychique : A. L'i7nIJG'Cillilé. -

B. L'idiotie.

LES CLINIQUES PSYCHIATRIQUES. 227 7

résoudre, dont l'un est la condition préliminaire de l'autre. Elles

doivent d'abord offrir au maître un champ d'observation aussi

favorable que possible à son travail; pour cela il faut un choix de

malades qui embrasse le domaine tout entier de la science, et

l'organisation de tous les moyens d'études nécessaires. C'est ainsi

que le clinicien sera mis à même de remplir sa seconde tâche, celle

d'instruire les élèves et de les introduire dans sa science spéciale.

« Les cliniques psychiatriques, ajoute le professeur Wernicke, sont

en première ligne des instituts pour faire progresser le travail

scientifique, ainsi que le pensait Griesinger, que nous avons déjà

célébré comme le fondateur de la psychiatrie moderne... C'est

l'État qui doit prendre à tâche de fournir les moyens pour trans-

former de plus en plus les cliniques psychiatriques en cliniques

des maladies nerveuses... Sans un choix de malades qui embrasse

le domaine tout entier de ces maladies, sans les moyens d'ensei-

nnement qui rendent possible l'examen exact et soigneux des

malades, et sans les recherches nécroscopiques, les cliniques psy-

chiatriques restent incomplètes et insuffisamment outillées pour

être de vrais instituts scientifiques.

a La seconde tâche des cliniques psychiatriques est de servir

d'institution d'enseignement ayant pour but de donner aux méde-

cins les connaissances dès maladies mentales nécessaires aux

besoins de leur pratique. Or, la psychiatrie ne peut pas être ensei-

gnée avec succès sans qu'on y joigne l'étude approfondie des

maladies cérébrales organiques, y compris la paralysie générale.

C'est là une vérité qui ne fait aucun doute chez les spécialistes

compétents. »

« Dans un second mémoire exclusivement consacré aux asiles

urbains et aux cliniques psychiatriques, Wernicke montre que

Breslau a pleinement réalisé l'idéal de Griesinger, et possède une

clinique des maladies mentales et nerveuses offrant pour l'ensei-

gnement un choix de cas récents et aigus qu'on ne pourrait sou-

haiter meilleur. En outre, cette clinique rend à la ville les services

les plus avantageux.

« Quels services, dit M. Wernicke, la ville demande-t-elle à un

asile clinique ? Un établissement semblable doit être une station

centrale rapprochée pour tous les malades qui ont besoin d'une

assistance publique urgente. On peut ranger ces cas sous diverses

catégories. En premier lieu, un grand nombre d'aliénés agités et

dangereux, et surtout de délirants et de névropathes qui rentrent

guéris dans leurs familles après un séjour plus ou moins prolongé

à la clinique. Ensuite les incurables non dangereux qui sont trans-

férés à l'asile provincial, de même que les malades curables chro-

niques et les aliénés périodiques. »

« L'asile clinique est essentiellement une station transitoire.

Dans celui de Breslau, le séjour moyen d'un malade a été de

228 ENSEIGNEMENT.

70 jours en 1888-1889. Un temps d'observation de trois à quatre

mois est plus que suffisant pour classer les malades dans les caté-

gories où ils doivent entrer. La durée moyenne 'du séjour des

malades dans la clinique est surtout augmentée parce qu'on y

garde les paralyliclues généraux jusqu'à leur mort. Mais il y a là

un intérêt évident pour la ville. A Breslau, le tiers environ de la

population de l'asile clinique est formé par les paralytiques géné-

raux. Que de soins et de surveillance sont nécessaires pour ces

malheureux ! L'asile clinique réunit ainsi les tâches les plus diffi-

ciles qu'un asile d'aliénés doit remplir. 11 nécessite de nombreux

infirmiers et un service médical bien organisé. » (Wernicke.)

Hitzig- avait déjà fait remarquer que la clinique psychiatrique

n'a nullement la prétention de faire concurrence à la clinique mé-

dicale, en admettant, comme cette dernière, les maladies nerveu-

ses. Le professeur 0. Binswanger, de Iéna, développa cette pensée

dans un discours fait le 20 novembre 1891, à l'occasion de sa nomi-

nation comme professeur ordinaire de cette université.

« Plus les connaissances psychiatriques seront répandues parmi

les médecins, dit-il, plus se perdra l'06 ! tM)M de l'asile spécifique et

tomberont les barrières artificielles qui séparent actuellement

l'asile d'aliénés des autres hôpitaux. Le mouvement plus rapide et

plus libre des malades, qui est particulier à la clinique psychia-

trique, a écarté déjà pour elle ces difficultés. Aujourd'hui on ensei-

gne partout dans ces cliniques la pathologie cérébrale tout entière.

La clinique médicale et la clinique psychiatrique contribuent ainsi

toutes deux parallèlement à cet enseignement et ce n'est pas de

trop dans un domaine aussi vaste, aussi obscur et aussi difficile.

Cette émulation est utile à la science et aux étudiants. Dans les

névroses fonctionnelles (épilepsie, hystérie, hypocondrie, etc.), ou

insiste tantôt sur les symptômes psychiques, tantôt sur les trou-

bles somatiques (moteurs, sensibles, vaso-moteurs). La distinction

des psychoses et des névroses est tout artificielle. Les deux clini-

ques, médicale et psychiatrique, doivent donc travailler ensemble

à résoudre scientifiquement ces graves questions, dans l'intérêt

des études et de la science, qui est aussi l'intérêt des malades. Il

en est de même pour les maladies de la moelle épinière et du sys-

tème nerveux en général. La clinique psychiatrique doit nécessai-

rement comprendre dans sou enseignement la pathologie ner-

veuse tout entière, non pas comme rivalité inutile de la clinique

médicale, mais comme terrain d'observation indispensable à

l'étude des psychoses. Dans les universités où la clinique psychia-

trique a atteint son complet développement, un service spécial des

maladies nerveuses est toujours annexé à la division psychiatrique

proprement dite. C'est ce qui existe aussi à Iéna depuis quelques

années. » -

« Tandis que Wernicke et Binswanger, ajoute M. Ladame, ont

LES CLINIQUES PSYCHIATRIQUES. 229

envisagé les cliniques psychiatriques surtout au point de vue des

progrès de la science et de l'enseignement universitaire, comme

nous venons de le voir, le professeur l31eer, à Wuizburg, met spé-

cialement en relief les avantages qu'elles offrent pour le dévelop-

pement et le perfectionnement de la thérapeutique des maladies

mentales. Nous ne relèverons ici que l'organisation nouvelle qu'il

a créée en supprimant la division spéciale pour les agités (Tob-

abtheilung), comme elle existe encore dans tous les asiles.

« Cet essai sans précédent, dit Rieger, pouvait paraître un peu

téméraire, mais j'osai le tenter après que l'expérience de la clini-

que provisoire m'eût appris qu'on pouvait se passer de cellules

d'isolement... et que les malades dangereux et agités sont beau-

coup mieux et beaucoup plus facilement soignés lorsqu'on n'a

point de cellules pour les y enfermer. »

Les documents et les considérations qui précèdent montrent

fait sur lequel on n'avait guère jusqu'ici attiré l'attention en

France- que l'Allemagne possède à l'heure qu'il est une organi-

sation de l'enseignement psychiatrique que la plupart des pays

doivent lui envier. Le programme tracé par Griesinger il y a une

quarantaine d'années esquissé avant lui par Esquirol, ainsi que

nous l'avons montré ce programme a été réalisé dans tous les

centres universitaires allemands ou de langue allemande.

On peut dès maintenant apprécier les résultats fournis par une

organisation aussi bien comprise de l'enseignement psychiatrique.

C'est à ces cliniques qu'il faut, en grande partie, attribuer l'essor

extraordinaire qu'a pris en Allemagne l'étude des maladies men-

tales ' et les réformes capitales apportées aux modes d'assistance

des aliénés. Au point de vue scientifique, l'action des cliniques des

maladies mentales est incontestable : vingt foyers scientifiques

' Il existe, en Allemagne, onze revues spécialement consacrées aux

maladies mentales et nerveuses.

Il L'Allgei)ieiiie Zeitschrift sur Psychiatrie, fondée en 18li, paraissant

sept fois par an (Berlin). 2° Der Irrenfreund, fondé en 1859, mensuel

(Heilbroiiii). 3° Les Archiv far Psychiatrie, fondées en 1868 (Berlin).

4- Le leitiologiscliei- Cenlralblctlt, fondé en 1882 (Leipzig). 5° Le

Cenlralblctll sur Xervenheilkunde und Psychiatrie, fondé en 1890, men-

suel (Coblence). - 6- La illo71citschi,ifl fii)- Psychiatrie und Neurologie;

fondée en 1897, mensuel (Berlin). - 7° Le Iahresbericht iiber die Leislun-

rlert... aztf clenz Gebiele der neurologie und psychiatrie, fondé en 1898

(Berlin). 8° Zeilschi-ifi sur Psychologie und Physiologie der Siliiies

organe, fondé en 1890, paraissant tous les deux mois (Hambourg- et

Leipzig). 9- Psychialrische 11'oclrenschnifl, fondé en 1899, hebdoma-

daire (Ilalle). 10° Die Zeitscltrifl sur 7/p) : osm;M, Psychothérapie,

dirigé pal Forel et Vogt (Leipzig). H" Die Schriften der Gesellschaft

fiir psychologische 1'onschun (Leipzig).

Le nombre des Sociétés de psychiatrie est de onze.

230 ENSEIGNEMENT.

rivalisent d'activité. Au point de vue de l'éducation professionnelle

des futurs aliénistes, des médecins experts (médecins fonction-

naires) et des médecins praticiens, le rôle des cliniques n'est pas

moins important. Leur personnel est considérable ; les cours des

professeurs ordinaires et extraordinaires, des privat-docenten sont

nombreux. Chaque clinique est une pépinière de médecins compé-

tents et assure, entre autres, le recrutement des médecins des

asiles d'aliénés et des médecins-experts.

Au point de vue de l'assistance des aliénés, les cliniques psychia-

triques agissent aussi d'une façon très favorable. Elles montrent

comment il convient d'atteindre le but que doit se proposer un

établissement d'aliénés moderne : elles constituent autant de petits

asiles modèles . '

L'assistance des aliénés a été en effet métamorphosée par la

création des hôpitaux urbains réclamés par Esquirol et Griesinger.

La physionomie habituelle, autrefois si pénible, de l'asile d'aliénés,

a été transformée. Par le nombre très restreint des malades de

chaque pavillon, par la suppression des quartiers cellulaires et des

moyens de contention mécanique, par le traitement en liberté, par

l'alitement de près de la moitié des malades, la « renfermerie »

où pendant trop longtemps on s'était contenté de parquer pêle-

mêle curables et incurables, la « garderie » d'aliénés a disparu

pour faire place à un véritable hôpital destiné au traitement des

maladies du système nerveux central. Les mesures disciplinaires

ont été remplacées par des procédés thérapeutiques appropriés;

les gardiens sont devenus des gardes-malades. Plus de quartiers

d'agités où les patients s'excitent mutuellement et où tout examen

est rendu impossible ; plus de quartiers cellulaires où les aliénés

curables, isolés entre quatre murs, rapidement se dégradent ;

mais des salles d'hôpital où les malades aigus qui, on ne saurait

trop le répéter, ont besoin de soins aussi minutieux, aussi cons-

ciencieux, aussi assidus que ceux qu'on donne à un typhique, sont

soignés au lit et soumis à une surveillance attentive et à un exa-

men quotidien.

Si les cliniques psychiatriques donnent des résultats féconds au

point de vue du progrès de l'étude des maladies mentales, de l'en-

seignement professionnel des médecins praticiens et des experts,

si elles réalisent dans les meilleures conditions l'hospitalisation

des sujets atteints d'affection du cerveau, ces établissements ne

sont pas moins utiles en permettant le traitement rapide des psy-

choses aiguës et en facilitant la disparition des préjugés ayant

trait à la prétendue incurabilité des maladies mentales. C'est en

effet dans ces établissements qu'on a obtenu les chiffres moyens

de guérison les plus élevés, à savoir de 55 à 61 p. 100 Le public

' Le professeur Meschede fait remarquer avec raison que le public a de

LES CLINIQUES PSYCHIATRIQUES. 231

- et aussi les médecins en voyant entrer les malades à la cli-

nique psychiatrique avec un minimum de formalités, en les voyant,

dans une forte proportion, sortir guéris ou améliorés, prennent

l'habitude de considérer l'établissement d'aliénés, non point comme

un asile d'incurables, mais comme un hôpital pour le traitement

des maladies du cerveau1. -

Si, après cette longue enquête sur l'organisation de l'enseigne-

ment de la psychiatrie en Allemagne, nous examinons les condi-

tions dans lesquelles est donné ce même enseignement en France,

il nous faut avouer que, sauf à Paris, tout est à créer. Aucune de

nos Universités provinciales ne possède de Clinique psychiatrique

autonome, ni quelque établissement qu'on puisse comparer aux

belles Cliniques de Halle, de Wurzhourg, etc. Que les admirables

résultats de la décentralisation scientifique telle qu'elle est prati-

quée dans les divers pays d'Europe ouvrent les yeux de ceux dont

dépend l'avenir de nos jeunes Universités ! Qu'ils cessent de consi-

dérer l'enseignement des maladies mentales comme une clinique

accessoire, d'importance secondaire; qu'ils ne se contentent plus

la répugnance à placer les sujets atteints de maladies mentales dans les

asiles ordinaires, encombrés d'incurables. Il en résulte que les aliénés

ne sont internés que plus ou moins longtemps après le début de la ma-

ladie. Les familles hésiteraient beaucoup moins à placer leurs malades

dans un hôpital de traitement pour les maladies mentales, dans une

clinique psychiatrique, dans un établissement où l'on obtient une pro-

portion de guérisons de 50 p. 100. -

1 Voici quelques renseignements statistiques sur les aliénés et les éta-

blissements qui leur sont destinés, en Allemagne, à la date du le, jan-

vier 1898. (On peut comparer ces chiffres à ceux que nous avons donnés

pour l'année 1890. Archives de Xeurologie, n° 105.)

Population de l'empire allemand : .ï ? .219.901 habitants.

Asiles publics : li2 avec 559 médecins (y compris les médecins assis-

tants) et 55.877 malades (30.358 hommes et 25.519 femmes).

Établissements privés : 120 avec 182 médecins et 18.210 malades

(11.483 hommes et 6.727 femmes).

Soit en tout 2G2 établissements consacrés aux aliénés, avec 741 méde-

cins et 74.087 malades (41.841 hommes et 32.248 femmes).

II y a donc pour 100.000 habitants, 154 malades placés dans des éta-

blissements d'aliénés (publics ou privés). Le nombre proportionnel des

médecins est de 1 pour 105 malades.

Les asiles de buveurs et les établissements « ouverts » ne sont pas

compris dans les chiffres qui précèdent.

Pour les aliénés criminels, il existe des quartiers spéciaux annexés aux

établissements pénitentiaires 1 l3rocbsal, Waldheim, Berlin-llfoabit et

Breslau. -

Il y a 13 sociétés de patronage pour les malades guéris : la plus an-

cienne est celle de Wiesbaden (18-29); la plus récente, celle de Eichberg

188t). ' -

232 ENSEIGNEMENT.

d'installations rudimentaires. imparfaites alors qu'en Allemagne,,

en Suisse, en Italie, en Autriche, en Russie, existent des établisse-

ments cliniques, modèles. Des villes universitaires aussi considé-

rables que Lille, .1\ancy, Toulouse, Bordeaux, ne peuvent moins

faire pour l'enseignement des maladies mentales que telle ville de

12000 habitants, capitale d'une minuscule principauté allemande,

qui vient de dépenser plus d'un million pour une clinique psychia-

trique de cent lits.

- Nous avons dit plus haut les services multiples que rendent les

cliniques de psychiatrie : il est superflu d'insister sur les préjudices

irréparables que la prolongation de l'état de choses actuel entraî-

nerait, non seulement pour les malades et pour l'instruction pro-

fessionnelle du corps médical, mais encore pour les Universités

elles-mêmes et pour la Société, si intéressée, nous le répétons,

à une bonne organisation de l'enseignement de la médecine men-

tale. Si des mesures n'étaient prises en vue de mettre fin aux

errements actuels, les progrès de la psychiatrie, de l'assistance

des aliénés, ceux aussi de toutes les sciences qui ont pour but

l'étude de l'esprit humain, ces progrès seraient gravement com-

promis en France. Ne serait-ce pas méconnaître les traditions

d'un pays qui a été l'initiateur dans l'enseignement des maladies

mentales, ne serait-ce pas porter atteinte au développement de sa

culture scientifique et préparer la décadence d'études qui ont jeté

sur la médecine française, au cours du xixo siècle, un si vif éclat ?

. Fermement convaincus du danger que présentent les lacunes en

question et de la nécessité d'y porter remède sans retard, nous

.émettrons les voeux suivants :

1° Fondation, dans chaque ville universitaire, d'une clinique

psychiatrique autonome, de 60 à 100 lits. Cette clinique située

dans la ville même (hôpital urbain), ou à proximité immédiate,

servirait de bureau d'admission pour les malades placés d'office

ou volontairement. Annexions à la clinique psychiatrique d'une

section spéciale de neuropathologie, d'un service de consultations

externes, de laboratoires divers, de chambres pour pensionnaires

payants, etc.

2° Personnel médical nombreux : un médecin (y compris chefs

de clinique, internes, externes ou stagiaires) pour dix malades.

3° Réorganisation du recrutement du corps enseignant en s'ins-

piraut des institutions qui ont assuré la prospérité des universités

allemandes, suisses, russes, autrichiennes, etc. Création d'un

corps de « Maîtres de Conférences » analogue à celui des Privat-

Docenten.Remplacemen6, dans une large mesure, des concours par

la concurrence. ' .

4° Organisation de cours cliniques payants d'une durée de trois

semaines environ, analogues aux « Cours de vacances » des Uni-

versités étrangères, pour renseignement pratique de la psychia-

LES CLINIQUES PSYCHIATRIQUES. 233

trie, de la neuropathologie, de la médecine légale des aliénés, etc.

5° Organisation du stage psychiatrique. Exiger un stage d'un an

pour les candidats au diplôme de médecin-expert (dont on a pro-

posé la création), aux emplois de médecin des établissements

pénitentiaires, de médecin des établissements privés consacrés aux

aliénés. Stage de quelques semaines pour les médecins de l'armée et

de la marine, et, peut-être, pour tousles étudiants sans exception.

6° Création d'un concours spécial pour les places de médecin

des asiles d'aliénés situés à proximité des villes universitaires.

7° Réforme de l'organisation du service médical dans les asiles

d'aliénés situés à proximité des villes universitaires sur les bases

suivantes : un médecin chef de service nour 250 malades avec les

collaborateurs suivants : 1° un assistant, docteur en médecine,

ancien interne des asiles, nommé sur la présentation du chef de

service ; 2U un interne nommé au concours pour deux ans ; 3° un

stagiaire (docteur ou étudiant). '

Terminons en empruntant notre conclusion au U''Pozzi qui dans

son travail sur l'Enseignement de la gynécologie ei Alle ? 2ttg;-ze s'ex-

prime ainsi : « Quand notre pays sera doté de pareils moyens de

travail, il reprendra vite, dans cette branche de la science comme

dans les autres, la première place qu'il n'a paru perdre momen-

tanément que par suite d'une absence totale d'organisation '. »

Index bibliographique.

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VASLET de Fontaubert. Importance de l'enseignement de la psy-

chiatrie, etc. Th. Paris, 1899.

1 Les conclusions, ou au moins quelques-unes, prêtent à des objec-

tions diverses que nous ferons peut-être un jour. Suivant notre habi-

tude, nous avons laissé à M. Sérieux toute liberté pour exposer ses

idées. (La Rédaction.)

1)3" REVUE DE THERAPEUTIQUE.

234 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

Piston. .111ZSttille ? î und Uinrichlmtgen des offenilichen Gesttnd-

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StrmEnLtnc. - Die psychiatrische IClinilt in TüLingen.Alcadem.

Revue oct. 1895.

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

I. Le traitement de l'ulcère variqueux par l'élongation et la

dissociation fasciculaire des nerfs ; par les D™ de 13uc6 et van

DER Linden. (Joum. de Neurologie, 1900, n° 11.)

Ce travail contient la relation de deux cas d'ulcères variqueux

traités l'un par le procédé d'élongation du nerf sciatique de Clii-

pault, l'autre par la dissociation fasciculaire de P. Delbet.

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 235 5

Dans le premier cas il s'agissait d'un large ulcère atonique siégeant

au-dessus de la malléole externe gauche chez un ouvrier de cin-

quante-quatre ans. Cet ulcère datait de 1891. Le 8 décembre 1899

on fit l'élongation du sciatique poplité externe sans touchera l'ul-

cère.Dès les premiers jours qui suivirent l'opération, le fond de celui-

ci commença à se couvrir de granulations et six semaines après la

cicatrisation était complète.

Dans le second cas l'ulcère siégeait au milieu de la jambe

gauche et datait de quatre années. Il avait une étendue de 10 cen-

timètres carrés et n'avait aucune tendance à la cicatrisation. Trois

mois après la dissociation fasciculaire du sciatique poplité externe

et du saphène interne suivie d'un curettage de l'ulcération le ma-

lade était complètement guéri. G. D.

II. Note sur l'emploi du sulfate de duboisine ; par J. H. SICGE : v.

(Tite Journal of Mental Science, juillet 1897.)

Le sulfate de duboisine est un sédatif et un hypnotique puis-

sant : l'auteur le donne par la bouche ou par la voie hypoder-

mique à des doses qui varient de un centième à un trente-

deuxième de grain (le grain anglais vaut si centigrammes) ; la voie

hypodermique doit être préférée. L'action d'une injection hypo-

dermique isolée se traduit par une légère aggravation de l'excita-

tion et un peu de congestion de la face, qui apparaissent au bout de

quinze à vingt minutes. Le coeur bat plus vite, la langue s'épais-

sit, et si la dose est forte, le langage devient inarticulé. La bouche

est sèche, la démarche ataxique, le malade parait ivre ; bientôt

survient une sensation de calme, suivie d'un sommeil de deux ou

trois heures ; au réveil, l'excitation ne reparaît pas ; il subsiste de

la sécheresse de la gorge, un léger trouble de la vue, quelquefois,

et un peu de mal de tête. Si on donne le médicament par la

bouche, il y a diminution de l'appétit, avec tendance à la syncope

et aux vomissements.

L'emploi continu du médicament a des inconvénients (faiblesse

du pouls, tendance à la syncope, ataxie de la démarche, perte de

poids, quelquefois hallucinations de la vue et de l'ouïe).

Dans la manie aiguë les résultats sont peu satisfaisants ; dans la

manie avec délire, la duboisine est utile à la condition' d'être

employée seulement dans les périodes d'excitation ; dans la manie

chronique, résultats satisfaisants ; dans la paralysie générale, bons

résultats contre l'extrême excitation ; dans l'épilepsie, peu ou pas

d'utilité ; dans la mélancolie, résultats aussi fâcheux que possible;

dans la démence, bons résultats en cas d'agitation.

Les dangers sont presque nuls si le médicament est employé avec

prudence : il faut surtout surveiller le coeur. ·Quand il y a intolé-

rance, le médicament augmente l'agitation. , ,

23C REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

Les indications et contre-indications se résument de la façon

suivante : les cas d'agitation due aux hallucinations et au délire

donnent de très bons résultats ; le médicament est employé utile-

ment comme sédatif dans toutes les formes de folie chronique avec

agitation, et dans quelques cas peu fréquents d'épilepsie. Il ne

doit être employé que chez des sujets somatiquement sains,

jamais chez les malades débilités. Il ne convient pas à la manie

aiguë et se montre nettement nuisible dans la mélancolie.

' La duboisine est préférable à l'hyoscine et à l'hyoseyamine,

l'état de calme qu'elle provoque étant plus prolongé et la prostra-

tion moins profonde qu'avec les deux derniers médicaments.

R. de itIUSGli.1\'E-CL.\l.

III. L'âge dans ses rapports avec le traitement de la mélancolie ;

notes thérapeutiques, par .1.-ft. G S(IUET et John A.CoNEs. (The

Journal of àIe71tal Science, juillet 1897.)

Ce travail est basé sur 43 observations (21 hommes et 22 femmes),

les auteurs sont amenés à conclure que dans la mélancolie, les

malades de cinquante ans bénéficient d'une façon remarquable de

l'emploi de l'opium sous ses diverses formes ; en revanche, les

malades de trente ans et au-dessous voient leur état s'aggraver

sous l'influence de ce médicament, dont l'action est incertaine

entre trente et cinquante ans. Il convient, dans les cas où l'opium

est indiqué, de pousser les doses jusqu'aux limites de la tolé-

rance physiologique et d'en continuer l'emploi pendant un temps

suffisamment long. Lorsque l'opium est contre-mdiqué ou lors-

qu'il échoue, c'est le sulfonal, prescrit aussi à hautes doses, qui

vient en seconde ligne pour donner les mêmes résultats.

R. de Musghave-Clay.

IV. Le lavage de l'estomac chez les aliénés qui refusent de man-

ger ; par 11. Harold GREENWOOD. (The Journal of Mental Science,

janvier 1898.) ,

Il est au moins vraisemblable que dans un assez grand nombre

de cas le refus obstiné qu'opposent les aliénés à toute tentative

d'alimentation a sa source dans une altération de l'estomac, avec

phénomènes douloureux : la gastrite notamment e-t extrêmement

fréquente chez eux. L'auteur rapporte deux cas dans lesquels des

aliénés, notablement soulagés par le lavage de l'estomac, ont

recommencé promptement après les premiers lavages à accepter

sans difficulté leur nourriture. Dans les deux cas, le liquide du

lavage était épais et de couleur anormale et contenait du sang

altéré et du mucus. Une solution faiblement antiseptique serait

peut-être utile dans les cas de ce genre. Il serait bon d'employer

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 237 %

le lavage stomacal chez tous les aliénés qui refusent de manger;

dans la plupart des cas, où il y a une gastrite simple, on obtien-

drait la guérison; et dans les cas plus rares où il existe une affec-

tion maligne de l'estomac, l'examen du liquide laveur éclairerait

le diagnostic. R. ne : u\IusGnvr-CLar.

V. De la tolérance des bromures chez les épileptiques âgés ;

par Cu. FÉRé. (Revue de médecine, janvier 1900.) .

L'intolérance des bromures a été considérée comme plus à

craindre chez les vieillards atteints d'épilepsie. Quelques faits sem-

blent montrer à l'auteur que même chez ces -rlerniers, le bro-

mure peut être employé avec efficacité à une dose assez élevée, si

toutefois on sait le doser progressivement en explorant la tolérance

du sujet. M. llamcr..

VI. L'hédonal; par J. Clans. (Biill. de la Soc. de 772él. ment.

de l3elgique, juin 1900.)

L'hédonal est un dérivé de l'uréthane, qui se présente sous la

forme d'une poudre blanche facilement soluble dans l'alcool. L'au-

teur l'a administré en cachets aux doses de 1 à 4 grammes par

jour chez les malades atteints d'insomnie rebelle. Chez presque

tous il a vu le sommeil se produire de vingt à trente minutes après

l'ingestion de ce médicament, dont l'usage même prolongé n'au-

rait aucun effet secondaire fâcheux. G. D.

VU. Le traitement par la suggestion avec et sans hypnose ; par

John F. WooDs. (1'Ive Journal of Mental Science, avril 1897.)

En parcourant les dix-huit pages de tableaux annexés à ce

travail, on constate que l'auteur a expérimenté le traitement

hypnotique dans un grand nombre de cas divers, à savoir :

26 cas d'alcoolisme chronique, 10 de sciatique, lo de maladies

mentales, 7 de goutte, 22 de mal de tête, 10 de dyspepsie, 10 d'ar-

thrite rhumatismale, 21 de névralgies; 3 de lumbago, 14 d'épi-

lepsie, 21 de chorée (deuxième série), 4 d'insomnie, 2 d'ataxie

locomotrice, 3 de crampe des écrivains, 4 de torticolis spasmo-

dique, 2 de masturbation, 1 de crampe des pianistes' 4 d'hystérie,

1 de hoquet, 1 de delirium tremens, 1 de rhumatisme, 2 d'incon-

tinence nocturne d'urine, 1 de stupeur, 1 de douleur par maladie

chronique avec grossissement de la cheville droite, 1 de tic du

côté gauche de la face, 1 de tremblement avec douleur de la

jambe droite, 1-de douleur lombaire aiguë avec impossibilité de

marcher, en tout 186 cas.

. M. Woods a constaté que la suggestion avec ou sans hypnose

2 : ]8 ' REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

était utile non seulement dans les maladies mentales, mais

encore dans toutes les affections nerveuses et particulièrement dans

celles que l'on qualifie de fonctionnelles. En consultant les labiés

qu'il publie, on verra que les résultats les plus satisfaisants ont

été obtenus dans la chorée et les autres formes de spasme, dans

les névralgies (surtout celles du trijumeau et du sciatique), dans

les maux de tête, l'insomnie, la goutte, le rhumatisme, l'asthme,

les palpitations, la dyspepsie nerveuse, l'alcoolisme chronique et

diverses formes de maladies mentales, particulièrement la mélan-

colie.-Il a eu aussi quelques succès dans l'épilepsie. Dans la

majorité des cas, le résultat favorable a été obtenu sans hypnose.

Dans les névralgies, par exemple, il suffit souvent de poser la

main sur la région douloureuse, et cette pression douce associée à

la suggestion suffit pour faire disparaître la douleur.

Ce travail se termine par quelques observations choisies parmi

les plus démonstratives (névralgie faciale; mouvements athé-

toïdes de la main' droite ; mélancolie ; névralgie du triju-

meau) et des considérations assez étendues sur le mode d'action

du traitement hypnotique, dans lesquelles nous regrettons de ne

pouvoir suivre l'auteur. It. de Musgrave-Clay.

VIII. Le dormiol; par le Dr CLAus. (Bull. de la Soc. de Oléd. men-

. tale de 3elgiyue, septembre 1900.)

Le dormiol est une combinaison de chloral et d'hydrate d'amy-

lène ; c'est un liquide clair, d'un poids spécifique de 1,24, dont

l'auteur conseille l'emploi comme hypnotique dans les diverses

formes de neurasthénie et chez les aliénés dont l'agitation n'est

pas trop forte. On peut l'administrer mélangé à l'eau ou en cap-

sules. Les doses varient de 0 gr. ;i0 à 2 gr. G. D.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

I. Impaludisme et épilepsie ; par MARANDON DE n10\TYEL.

(Revue de médecine, décembre 1899.)

L'impaludisme a longtemps passé pour exercer une influence

heureuse sur les attaques épileptiques, l'auteur ne l'a jamais

observé ; au contraire il a eu l'occasion d'observer certains épilep-

tiques devenus paludéens au cours de leurs attaques et chez qui

l'impaludisme a semblé jouer le rôle d'aggravant. Dans deux

observations notamment, les crises d'épilepsie n'existaient qu'à

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 239 9

l'état de vertiges avant l'infection paludéenne. Après l'infection il

se déclara de franches attaques d'épilepsie et ces attaques s'accen-

tuaient à chaque nouvelle infection malarienne.

L'impaludisme provoquerait donc dans certains cas, l'épilepsie

qui n'existait qu'à l'état latent. Dans les cas observés, l'état d'épi-

lepsie persisterait même après guérison du paludisme. M. IIAMEL.

II. Ptosis intermittent hystérique; par J. AB.1DIG. ,

(Revue de médecine, mars 1900.)

Observation de deux malades à antécédents névropathiques et

ayant présenté à la suite d'émotions du ptosis double intermittent

sans contracture de l'orbiculaire et semblant dû à une insuffisance

motrice passagère. Malgré la rareté des ptosis hystériques, l'auteur

pense que par élimination on peut y rattacher ces deux cas.

1 M. H.

111. Un cas d'atrophie segmentaire ou atrophie musculaire pro-

gressive type Aran-Duchenne ; par van GEHUCHTEN. (Joui-n. de

Neurologie.) , ,

On sait que l'existence de l'atrophie musculaire progressive

type Aran-Duchenne a été contestée dans ces derniers temps, sur-

tout par P. Marie. L'observation de M. Van Gehuchten semble infir-

mer cette opinion. Il s'agit d'un garçon de dix-sept ans, sans anté-

cédents personnels ni héréditaires, qui est atteint depuis trois ans

d'une atrophie de tous les muscles des deux mains et des fléchis-

seurs de l'avant-bras.

La sensibilité est partout normale. Les réflexes tendineux sont

abolis au membre supérieur gauche et un peu exagérés à droite.

Les réflexes rotuliens sont exagérés des deux côtés. Il n'y a pas de

clonus du pied. Les réflexes cutanés (crémastérien, abdominal et

plantaire) sont normaux.

En présence de ce tableau clinique, l'auteur déclare qu'il ne peut

s'agir ici que d'une lésion des cornes antérieures de la moelle cer-

vico-dorsale intéressant le noyau segmentaire des muscles de la

main et quelque peu aussi le noyau segmentaire des muscles de

l'avant-bras. G. D.

IV. Les lésions anatomo-pathologiques de la rage sont-elles spé-

cifiques ? par J. CRocQ. (Joum. de Neurologie, 1900, n° 13.)

Les conclusions qui se dégagent de ce travail peuvent être for-

mulées ainsi :

Ni les lésions vasculaires et cellulaires décrites par les auteurs

antérieurs à van Gehuchten, ni la lésion capsulaire découverte par

cet auteur, ne sont à proprement parler spécifiques de la rage.

240 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

Les premières ne sont que les manifestations d'une inflamma-

tion et d'une infection suraiguë des centres nerveux; la seconde

semble résulter des conditions spéciales dans lesquelles se trouvent

certains organismes profondément intoxiqués. Les unes et les

autres peuvent se rencontrer dans d'autres affections que la rage.

La rage est constituée par une toxi-inipetion suraiguë provoquant

des altérations profondes, chimiques et physiques, sans spécificité

propre, dans tout le neurone et dans les ganglions périphériques.

La physiologie pathologique de la rage s'explique aisément par

les lésions vasculaires, cellulaires, péricellulaires et chimiques,

s'étendant à tout le système nerveux central périphérique.

L'aspect du ganglion nerveux du vague des animaux morts delà

rage des rues est si spécial, que l'examen microscopique de ce

ganglion n'en reste pas moins actuellement le moyen le plus

simple et le plus sur pour établir le diagnostic de rage chez le

chien mordeur. Si la constatation de cette lésion permet d'affirmer

vraisemblablement la rage du chien mordeur, son absence ne suf-

fit pas pour exclure d'une manière absolument décisive l'infection

rabique.. , G. Deny.

V. L'Epilepsie et les tics; par le D1' Féré. (Journal de Neurologie,

1900, n° 17.)

On trouvera dans ce travail trois observations qui montrent

l'étroite parenté qui existe entre quelques tics et l'épilepsie. La

première est celle d'une femme qui présentait depuis son enfance

à certains moments, surtout lorsqu'elle était en colère, des se-

cousses du pavillon de l'oreille gauche et chez laquelle ces

secousses devinrent à 1 âge de trente-huit ans le prélude d'accès

d'épilepsie.

Dans la seconde observation on voit également un tic (rotation

de la tête et des yeux) avec idée fixe corrélative servir de préam-

bule à une série de décharges convulsives généralisées.

Dans la troisième enfin il s'agit d'un épileptique chez lequel des

irritations périphériques légères (abcès dentaire, conjonctivite)

ont été le point de départ de spasmes de la mâchoire, de l'orbi-

culaire, des lèvres, etc.

La conclusion qui se dégage de ces faits est que, lorsqu'on voit

apparaître un tic, surtout chez un adulte qui en était exempt,

antérieurement, ou s'exalter un tic ancien, on doit soupçonner

l'épilepsie et instituer la médication bromurée. G. D.

VI. Sclérose en plaques avec amyotrophie; par le D Boocuaon.

(Joui,il. de Neurologie, 1900, n° 18.)

Observation d'un homme de cinquante-sept ans chez lequel deux

ictus apoplectiformes furent suivis d'une hémiplégie droite et d'un

REVUE DE PATHOLOGIE- NERVEUSE; 241

embarras de la parole qui se dissipèrent graduellement, puis

d'une autre atrophie musculaire qui, après avoir débuté à l'extré-

mité du membre supérieur gauche, a envahi le côté droit et

entraîné une déformation des mains. En même temps il est sur-

venu une exagération des réflexes tendineux aux membres infé-

rieurs et supérieurs et un léger nystagmus.

Malgré l'absence de tremblement, l'auteur, s'appuyant sur un

certain nombre de faits analogues publiés par Déjerine, Killion et

Pitres, croit que les accidents présentés par un malade, y compris

l'atrophie musculaire qui constitue le phénomène prédominant,

doivent être rattachés à une sclérose en plaques. G. D.

VIL L'encéphalite aiguë non suppurée et la thrombose des sinus

crâniens ; par M. Madame. (Revue médicale de la Suisse Ro-

mande, 1900, n° 11.)

M. Ladame résume dans ce travail l'observation (déjà publiée

par le Dr Oppenheim) d'une jeune fille de seize ans qui fut trépa-

née pour une prétendue mastoïdite suppurée (et qui succomba peu

de temps après aux suites de l'infection de la plaie opératoire),

alors qu'il s'agissait en réalité d'une encéphalite non suppurée de

la région fronto-centrale ainsi que l'établit l'autopsie. -L'au-

teur s'élève à ce propos contre la trop grande facilité avec laquelle

on a recours de nos jours à l'emploi du trépan en présence d'ac-

cidents cérébraux dont on néglige de déterminer au préalable la

nature et le siège exacts. Il démontre ensuite que sauf dans les cas

de thrombose seule directe d'un traumatisme ou d'une affection

locale bien déterminée, il n'est pas possible actuellement de faire

avec certitude le diagnostic de la thrombose des sinus crâ-

niens et des veines cérébrales; de sorte que l'on doit être très

réservé quant à l'intervention chirurgicale qui peut avoir les plus

funestes effets lorsqu'elle repose sur une erreur de diagnostic, -

comme le cas de Oppenheim en est une éclatante démonstra-

tion. " G. D.

\'III. Encéphalocèle etaction cérébrale singulière; parA.-P. Brown.

(T/te 11'iv-York liedicccl Journal, 13 mars 1897.)

Dans le cas dont il s'agit la difformité, ou plutôt l'absence de

développement de la quantité normale de substance osseuse avait

été le résultat d'une ossification tardive : c'était réellement une

iasutfisance congénitale, et non accidentelle ; la tumeur avait cinq

pouces sur six, dépendait du cervelet et passait par une ouverture

située à la pattie inférieure de l'occiput. Elle était de couleur nor-

male et la circulation sanguine y paraissait parfaitement libre : -

elle paraissait contenir une petite quantité de liquide (sans qu'on

Archives, 21 série, t. XI. 16

242 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

s'en soit formellement assuré par l'exploration; et son contenu,

au toucher, paraissait se composer de tissu cérébral vrai. A l'aid e

d'une légère pression, qui ne semblait pas douloureuse, on pou-

vait faire rentrer dans la cavité crânienne une petite portion de

cette tumeur : vers le dixième jour de la naissance quelques

troubles musculaires apparurent, et la vitalité de l'enfant parut

diminuée; on réussit à le remonter. Il n'y avait pas de division de

la voûte palatine. L'enfant entendait, mais ne criait jamais. La

mère s'était assurée qu'il voyait, chose digne de remarque l'absence

d'amblyopie étant rare dans les tumeurs du cervelet. L'âge de

l'enfant ne permettait pas de préciser si l'aphasie était amnésique

ou ataxique : mais il était aphasique, car il ne criait pas, et un

bébé crie. Il a été impossible de préciser la cause de cette aphasie,

puisqu'aucun des organes admis comme centres de la parole

n'était atteint. L'anatomie du cerveau était si compliquée qu'on

aurait pu invoquer une influence réflexe ; mais il n'y avait pas

d'hémiplégie.

- L'encéphalocèle élait de dimensions telles qu'on ne pouvait pas

songer à une opération chirurgicale ; il fallut se borner à soutenir

et à maintenir en' place à l'aide d'un bandage cette tumeur qui

était en même temps une hydroméningocèle, ainsi que le démon-

traient les nausées qui survenaient. de temps en temps et un

certain degré de fluctuation aisée à percevoir pendant le taxis

réducteur.

Les sécrétions étaient normales, l'urine seulement un peu rare,

le bébé était le troisième enfant de deux journaliers bien portants,

n'ayant eux-mêmes dans [leur famille aucune hérédité fâcheuse.

On se trouve donc ici en présence d'une tumeur située hors du

cerveau et présentant plusieurs des signes caractéristiques des

tumeurs du cerveau, notamment l'atrophie musculaire, les

spasmes, les nausées et l'aphasie. On n'a guère publié de cas

d'émiphalocèle cérébelleuse chez le nouveau-né, et l'auteur croit

bien que ce cas est le seul où l'on ait constaté l'aphasie. Le

petit malade s'amaigrit rapidement. Il eut quelques crises de

faiblesse cardiaque, avec des sortes de syncope ou de collapsus : la

dernière crise traîna plusieurs jours : il survint de la rigidité mus-

culaire avec état spasmodique, et l'enfant mourut à l'âge de deux

mois et demi. Il. de Musghave CL.1Y.

IX. Ptosis avec anesthésie de la branche sus-orbitaire de la cin-

quième paire ; par W.-H. IIAY : vES. (1'/te New York Médical Jour-

nal, 13 février 1897.) · ,

- Observation intéressante de ptosis avec anesthésie de la branche

sus-orbitraire de la cinquième paire chez une fillette de onze ans et

demi. Le bromure de sodium et l'arsenic n'ayant donné aucun

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 243

résultat, l'aconitine fut essayée et amena une guérison complète.

Cette maladie appartient presque exclusivement à l'enfance et à la

première jeunesse, et parait se montrer également dans les deux

sexes. Il n'est pas commun de la voir s'accompagner comme dans

le cas actuel d'anesthésie d'une branche du trijumeau. Les crises

débutent d'ordinaire brusquement par de la douleur, des nausées

et des vomissements (le tout quelquefois assez peu accusé pour ·

passer inaperçu) ; puis bientôt survient la paralysie d'une branche

ou de toutes les branches du moteur oculaire et alors tous les

symptômes disparaissent, sauf la douleur. Les récidives sont fré-

quentes. Les crises peuvent s'accompagner de photophobie,

d'oedème des paupières, d'écoulement catarrhal ou purulent, de

paralysie des autres muscles de l'oeil, et, très rarement, comme

dans le cas actuel de paralysie d'une des branches du trijumeau.

Le pronostic est variable ; le traitement est celui des névralgies.

R. DE MUSGHAVE CLAY. '

X. Un cas d'acromégalie avec autopsie; par Harlow Brooks.

(The New York Médical Journal, 27 mars 1897.)

Nous ne relevons ici' que les points les plus intéressants de

l'autopsie : la dure-mère n'est ni épaissie, ni adhérente : le

cerveau est volumineux et symétrique ; le tissu cérébral est ferme;

l'ensemble est sain. Au-dessus de la fosse pituitaire, inclinant vers

la gauche, on trouve une masse rouge, ovoïde mesurant un centi-

mètre et demi d'arrière en avant, et sept millimètres de haut en

bas : elle paraît attachée par en bas au corps pituitaire ; elle

a la consistance molle de la gelée et est très vasculaire : elle

appuie sur le nerf optique immédiatement en arrière du chiasma ;

elle est attachée au corps pituitaire qui a un volume à peu près

égala cinq fois son volume normal; la fosse pituitaire est

agrandie et sa paroi osseuse est anormalement mince. Pas d'adhé-

rences ni du corps pituitaire ni de la tumeur avec les tissus

voisins. Le corps thyroïde est symétriquement augmenté de

volume ; il renferme quelques kystes à contenu gélatineux. Le

thymus persiste ; il est symétrique et, normal. Les ganglions

sympathiques sont volumineux et distincts.

L'examen microscopique de la glande pituitaire montre qu'il

s'agit d'une simple hyperplasie de la portion lymphadénoïde de

cet organe. La petite tumeur a la même structure que la portion

hypertrophiée de la glande pituitaire, dont elle forme probable-

ment une partie. Le corps thyroïde et le thymus ne présentent qu'un

accroissement numérique de leurs éléments normaux. Les cel-

lules ganglionnaires des ganglions sympathiques sont fortement

pigmentées. z- R. DE Aiuscnavc Ci,4Y. ..

244 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

XI. Relation clinique d'un cas d'hémorrhagie de la protubérance

suivi de mort ; par William L. LESZYNSKY. (The New York Médi-

ettl Journal, 5 juin 1897.)

Observation intéressante, rapportée avec détails, mais malheu-

reusement non suivie d'autopsie. -

Le premier examen du malade avait démontré d'une manière

évidente qu'une hémorrhagie s'était produite dans le côté droit de

la protubérance, et qu'elle intéressait le tractus pyramidal ainsi

que la région tegmentale et les fibres qui sont au noyau du facial

droit ; elle s'était également étendue jusqu'au pédoncule gauche, et

avait envahi le noyau du moteur oculaire. A la seconde visite,

le tableau clinique indiquait la propagation de l'hémorrhagie au

tractus pyramidal gauche (pédoncule ou protubérance) ainsi que

cela ressortait de l'extrême rigidité musculaire des extrémités

droites. Il faut ajouter que ce cas est un de ceux qui démontrent

une fois de plus qu'un sujet peut être porteur d'une néphrite

interstitielle chronique avec hypertrophie cardiaque très accusée

et n'éprouver aucun symptôme qui le pousse à rechercher l'avis

d'un médecin jusqu'au moment où une hémorrhagie cérébrale

met brusquement fin à sa vie. R. DE Musgrave CLAY.

XII. L'atrophie musculaire progressive chez les jeunes sujets; par

William L. S1'OVELL. (1'lce New Yoi k Médical Journal, 20 mars

1897.)

L'auteur relate d'abord une observation d'atrophie musculaire

progressive chez une jeune fille de treize ans. Il résume ensuite en

quelques lignes l'historique de la question, et il ajoute quelques

remarques sur les caractères particuliers que cette maladie pré-

sente chez les jeunes sujets; chez l'adulte, elle débute presque

toujours par les membres supérieurs, tandis que chez les enfants

de deux à dix ans, ce sont presque toujours les extrémités infé-

rieures, ou bien le thorax et les épaules qui sont atteints primiti-

vement. Plus l'enfant est jeune plus il y a de probabilités pour

qu'on voie les muscles des jambes subir la dégénérescence grais-

seuse en même temps qu'ils s'atrophient, et c'est là la pseudo-

hypertrophie musculaire que quelques auteurs considèrent comme

une maladie distincte. Au point de vue du diagnostic différen-

tiel, on distinguera l'atrophie musculaire progressive delà paraly-

sie infantile ou poliomyélite antérieure par son début qui est

graduel au lieu d'être soudain et par, l'envahissement simultané

de muscles non associés. Le pronostic est sévère. La maladie

peut durer de cinq à vingt ans. Les muscles respiratoires

finissent par être atteints ; mais le plus souvent le malade

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 245 5

succombe à une affection intercurrente. Hammond déclare qu'il n'a

vu que trois fois le processus atrophique s'arrêter, et dans ces trois

cas, il s'agissait de muscles isolés. R. DE Musgrave Clay.

XIII. Un cas d'hémiplégie croisée avec, comme symptôme saillant,

une paralysie du pharynx; origine syphilitique; par Heinrich

STERN. (The 1\rem-I'oo% .llecdicaG Jo2trrtcl, 1 ? mai 1897.)

L'observation de ce malade, qui était âge de trente-cinq ans,

démontrait clairement qu'il s'agissait d'un cas d'hémiplégie

croisée fort simple ; mais ce qui est intéressant et moins commun,

c'est une paralysie du pharynx très accusée et très persistante,

surtout par comparaison avec la paralysie des autres régions.

Cette paralysie pharyngée était évidemment complète, puisqu'une

petite quantité d'eau versée dans la bouche ne pouvait pas être

avalée et provoquait de la suffocation.

La nature syphilitique de la lésion n'est pas douteuse ; le mode

de début, le caractère de l'attaque, mieux encore le succès du trai-

tement spécifique la démontrent surabondamment ; au surplus,

l'infection syphilitique était avouée par le malade.

R. DE iVIU5GIV1VE CLAY.

XIV. Les facteurs pathologiques de la neurasthénie ; par Henry

L. Elsner. (Tlte New-Yorlc Médical Joum il, 10 avril 1897.)

L'auteur tient, dès le début, à se ranger parmi les adversaires

de l'opinion qui fait de la neurasthénie une maladie indépen-

dante. Mais le mot est commode pour désigner un ensemble de

symptômes dont les principaux sont la diminution de l'énergie ner-

veuse, la tendance à l'épuisement, l'augmentation de l'irritation, et

dans un grand nombre de cas le simulacre d'une affection organique.

M. Elsner pense que le plus souvent le complexus symptomatique

se rattache d'ailleurs effectivement à une tare constitutionnele ou

localisée, dont les effets sont exagérés par auto-suggestion, mais

dont la réalité et la nature sont ordinairement faciles à reconnaître

si l'on se donne la peine de la rechercher; mais il y a aussi des

cas où cette tare ne peut être trouvée, et où il faut admettre des

modifications dans les éléments ultimes qui entrent dans la struc-

ture du système nerveux, modifications qui ne peuvent être ni

localisées avec quelque précision, ni même constatées ; et parla,

l'auteur est amené à l'étude de la tendance ou diathèse névropa-

thique.

Cette étude est dominée par l'hérédité; comment, en effet,

naitrait-il autre chose qu'un candidat à la névropathie de parents

dont toute la manière de vivre est en opposition directe avec les

préceptes de l'hygiène physique et morale. Aussi, une hygiène

'1246 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

défectueuse, une éducation maladroite, une ambiance fâcheuse,

constituent-elles des facteurs importants dans la genèse de ces

désordres qui, sans altération organique grave, sont communé-

ment associés à la neurasthénie. Au premier rang de ces facteurs,

il faut placer l'oisiveté.

Quant aux modifications secondaires de la cellule nerveuse

dans la neurasthénie, elles peuvent échapper à nos recherches

sans qu'on ait le droit pour cela de contester leur existence.

, L'auteur s'attache, à la fin de son travail, à concilier les opi-

nions qu'il vient d'émettre sur la neurasthénie avec les variétés

cliniques de cette maladie telles qu'elles ont été établies dans le

travail classique de Beard. R uE 111USGUA1'E Ccax.

XV : Anesthésie du tronc dans l'ataxie locomotrice; par Hugh

T. Patrick. (The 11-ew-5'ozlc Médical Journal, 6 février 1897.)

'Depuis Romberg et Duchenne, les altérations de la sensibilité

dans le tabès ont été étudiées par un grand nombre d'observa-

teurs ; aussi est-il surprenant que l'anesthésie du tronc, si remar-

quable par son siège, sa délimitation et son extrême fréquence,

ait passé longtemps inaperçue. Ilitzig a le premier attiré l'atten-

tion sur elle, mais Laehr surtout l'a très complètement étudiée

sur une série de soixante cas.

Elle se présente sous la forme d'une bande transversale régnant

autour du corps, généralement au niveau du mamelon. Qualitati-

vement, elle diffère nettement de l'émoussement de la sensibilité

qui s'observe généralement aux extrémités inférieures dans la

même maladie. Celle-ci, en effet, est en substance une analgésie,

tandis que l'anesthésie du tronc est essentiellement tactile. Quant

elle est peu accusée, elle n'est décelée que par des attouchements

très légers, et la sensibilité à la douleur est absolument normale;

plus accentuée, elle comporte un certain degré d'analgésie, mais

alors la bande analgésique est plus étroite que la bande anesthé-

sique. Dans certains cas, il n'y a pas d'anesthésie réelle, mais une

diminution dans la précision avec laquelle le malade localise les

sensations tactiles. Une particularité digne de remarque, c'est que

la surface anesthésiée ne correspond pas à la distribution cutanée

des nerfs intercostaux, mais représente l'innervation émanée des

segments de la moelle. A mesure que l'anesthésie monte sur le

tronc, elle envahit les extrémités supérieures, exactement comme

dans les lésions de la moelle ou des racines postérieures. Un autre

point caractéristique, c'est que l'anesthésie, lorsqu'elle est légère,

peut disparaître complètement ou incomplètement, quand l'épreuve

a duré quelques minutes. Dans les traumatismes de la moelle, dans

la myélite, on trouve souvent une bande hyperesthésique étroite,

contiguë à l'anesthésie; il en est de même dans le tabes, et, dans

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 247.

plusieurs des cas observés par l'auteur, cette disposition était très

frappante. Hitzig ajoute que cette zone hyperestllésique est parti-

culièrement sensible au froid. Une autre particularitéencore qui

peut peut-être jeter quelque lumière surla pathologie du tabes, c'est

que les zones ancsthésiques peuvent être doubles, ce qui semble

indiquer que la moelle peut être envahie simultanément à des

niveaux différents. Il est certain que cette anesthésie spéciale est

très fréquente daas le tabes ; Hitzig croit qu'elle existe toujours à

un degré quelconque, et Laehr ne l'a vue manquer que cinq fois

sur soixante cas, et ces cinq cas étaient compliqués de démence

paralytique et par conséquent plus cérébraux que spinaux ; enfin

l'auteur lui-même l'a rencontrée dix-sept fois sur vingt cas.

D'une façon générale, plus la maladie est avancée, plus l'anesthésie

est accentuée et étendue. La valeur diagnostique de ce symptôme

est encore mal déterminée, mais n'est probablemrnt pas-très grande

parce qu'il n'est pas très précoce. Laehr ne l'a vue qu'une fois pré-

céder l'anesthésie des jambes. On ne sait pas encore si cette forme

d'anesthésie se rencontre dans d'autres maladies, mais il est

permis de prévoir qu'on l'observera toutes les fois qu'il y aura

une lésion des racines postérieures à la région dorsale.

H. DE Musgrave CL.1T.

XVI. Névrite multiple épidémique (Béribéri); par E.-D. Bondurant

(The New-Iorlc Médical Journal, 20 novembre et 27 novembre

;897.)

La névrite multiple épidermique (BcriLeri des Cinghalais, Kafilie

des Japonais) ne se rencontre que rarement en Europe et dans

l'Amérique du Nord, mais elle est commune en Asie depuis plu-

sieurs siècles, et règne actuellement en Chine, aux Indes, à Ceylan,

au Japon, dans les îles du Pacifique, et dans certaines parties de

la côte du Brésil et des Indes occidentales. L'auteur a eu l'occa-

sion rare d'en observer soixante et onze cas à l'asile des aliénés

de Tuscaloosa (Alabama). Les nègres figurent dans ce chiffre pour

une proportion égale à celle des blancs : dans les deux races, les

hommes ont été beaucoup plus atteints que les femmes. On n'a

pas trouvé d'indices de contagion directe. La maladie s'est mani-

festée, dans les soixante et onze cas chez les malades atteints d'une

forme psychique de dégénérescence mentale. Parmi les malades

ayant une forme aiguë ou curable, aucun n'a été atteint, non plus

d'ailleurs que le personnel de l'asile, qui comporte 200 individus.

Les cas observés ont présenté de grandes variétés et tous les

degrés de gravité : les symptômes ordinaires étaient ceux de la

névrite : fail)lesse4 iiiii scu 1 aire, endolorissement, douleur, pares-

Hiésies, pertes des réflexes profonds suivie d'atrophie musculaire

avec réaction électrique de dégénérescence, le tout accompagné

248 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

d'élévation de la température, de troubles gastro-intestinaux,

d'anarsaque généralisée et de tachycardie. L'auteur rapporte ici

trois observations très intéressantes, caractérisant chacune un

type de Béribéri, et que nous regrettons de ne pouvoir repro-

duire, en raison de leur longueur, l'intérêt étant ici tout entier

dans les détails :

Un des traits caractéristiques de la maladie c'est la variabilité

de son début : dans certains cas c'est la fièvre et l'irritation gas-

tro-intestinale qui ouvrent la marche, les symptômes locaux de

névrite pouvant, apparaître simultanément ou plus tardivement.

Dans d'autres cas, le début est insidieux, marqué seulement par

des douleurs vagues, du malaise, le tout aboutissant au tableau

de la névrite sans fièvre et sans troubles généraux. Enfin la mala-

die peut débuter par de la dyspnée, avec tachycardie et battements

violents des vaisseaux du cou, ou encore par de l'oedème aux

pieds et aux chevilles.

Dans la moitié environ des cas, il y a une élévation de la tem-

pérature, qui retombe au niveau normal au bout d'une semaine

au plus : quelquefois la température normale, présente des irré-

gularités, probablement dues à des complications.

Presque toujours on constate des troubles digestifs, qui mas-

quent momentanément la névrite locale, et simulent quelquefois

(sauf la marche thermique) la fièvre typhoïde. Les manifestations

cliniques de l'inflammation nerveuse périphérique varient d'inten-

sité, de siège et de caractère, mais se manifestent toujours par

une faiblesse, une perversion ou une abolition de la fonction du

tronc nerveux malade. Dans tous les cas observés par l'auteur la

maladie a débuté par les jambes, et dans un quart des cas, elle

s'y est limitée. Quelques cas à marche rapide pouvaient simuler

la paralysie ascendante aiguë de Landry. Chez un petit nombre

de malades le système nerveux périphérique tout entier paraissait

simultanément atteint. Quelquefois les nerfs de la face ont été

envahis.

Les symptômes de sensibilité sont souvent ceux qui les premiers

attirent l'attention : ils sont représentés par de la douleur ou de

l'endolorissement dans la zone de distribution du nerf malade,

et des douleurs d'abord sourdes, puis plus intenses et devenant

enfin tout à fait angoissantes. Ces douleurs s'accompagnent de

diverses formes de paresthésie, mais jamais d'anesthésie com-

plète. Dans les cas bénins et à la période de début, les réflexes

cutanés restaient normaux ; dans les cas plus graves ils étaient

abolis. Dans presque tous les cas les réflexes tendineux dispa-

raissent de bonne heure et demeurent abolis pendant toute la

durée de la maladie, et quelquefois même pendant plusieurs mois

après la guérison.

Les symptômes moteurs qui apparaissent en même temps que

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. ' 249

les troubles de la sensibilité ou très peu après, sont la raideur des

muscles innervés par les nerfs malades, aboutissant à une para-

lysie plus ou moins complète selon la gravité du cas, l'atrophie - ·

consécutive, a elle aussi une intensité variable, et quelquefois des

contractures. Dans tous les cas d'atrophie on constatait la réac-

tion électrique de dégénérescence.

Les troubles vaso-moteurs et trophiques, sauf l'oedème des

régions affectées ne se sont pas fréquemment montrés. L'oedème

localisé au territoire atteint par la névrite a été constaté dans

presque tous les cas, et parfois même il est le premier symptôme

qui ait attiré l'attention ? Il y a eu six fois un épanchement pleuré-

tique, mais jamais de péricardite. La plupart des malades étant

de vieux pensionnaires de l'asile, dont l'urine avait été examinée

a diverses reprises, il a été facile de constater que l'oedème ne se

rattachait pas à une lésion rénale, ou du moins pas absolument,

ni surtout constamment. -

Le coeur a été souvent troublé, et son premier désordre est une

tachycardie avec asthénie cardiaque : dans les cas les plus graves

les bruits sont modifiés et prennent quelquefois un caractère qui

rappelle le « bruit du diable ». L'exagération pénible des batte*

ments du cou est un symptôme très fréquent et très frappant.

Quelquefois aussi il y a de l'oppression et une dyspnée qui peut,

mais très rarement, amener la mort. -

Sur les vingt et un malades qui sont morts dans cette statis-

tique de soixante et onze cas, environ quatorze ont succombé à

un affaiblissement du coeur.

Le nombre des globules rouges est ordinairement diminué et on

constate de la leucocytose.

On peut dire que le pronostic est grave puisque soixante et

onze cas ont donné vingt et un décès. Il n'y a aucun traitement

spécifique. L'étiologie est obscure et les opinions à cet égard

extrêmement variables.

Dans sept des cas terminés par la mort l'autopsie a pu être

faite : ce sera le sujet d'un mémoire ultérieur; toutefois l'auteur

peut dire dès maintenant que, dans un cas au moins, il y avait

des lésions évidentes de dégénérescence dans les cellules motrices

de la corne grise antérieure de la moelle. Dans aucune des

nécropsies on n'a trouvé de rougeur, ni d'hémorragie, ni de

lésions macroscopiques inflammatoires des troncs nerveux, la

lésion vraie consistant, autant du moins qu'on a pu s'en assurer,

en une dégénérescence des filets nerveux eux-mêmes ; et quant

aux muscles, y compris le coeur quand le pneumogastrique parti-

cipait à la lésion, ils présentaient les altérations de dégénérescence

que déterminent communément le trouble de l'innervation mus-

culaire.

R. DE MUSGRAVE CL : 1Y.

2SO REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

Contribution à l'étude de la syphilis spinale; par William

G. SPILLFR (The Nezu-ITo'l, Médical Journal, 2j septembre 1897.)

Voici le résumé de l'observation :

. Actrice de trente-cinq ans, alcoolique et syphilitique, entrée à

l'hôpital en septembre 1898, en état de paraplégie complète ayant

débuté par la jambe droite, et envahi - ensuite la gauche. Réten-

tion d'urine : Sur les deux jambes, mais surtout sur la droite,

anesthésie à distribution irrégulière, ne montant pas au-dessus

du genou. Pupilles paresseuses à la lumière. Réflexe du genou

absent à droite, diminué à gauche. Pus dans l'urine. Mort.

Autopsie : à l'coil nu les vaisseaux de la base ne paraissent pas

très athéromateux et on ne constate aucune lésion cérébrale. La

surface postérieure de la moelle est couverte tout entière d'un

exsudat fibrino-purulent, depuis le deuxième segment thoracique

jusqu'à la queue de cheval. En avant, la dure-mère est adhérente

dans les régions thoiaciques supérieure et moyenne. La surface

antérieure de la moelle est recouverte d'un exsudat pareil à celui

de la face postérieure mais moins accentué. Les vaisseaux de la

face antérieure sont anormalement saillants, tortueux et disten-

dus, sauf à la portion supérieure de la région thoracique. A la

face postérieure ils sont entièrement masqués par l'exsudat. La

moelle est un peu molle surtout dans les régions thoracique infé-

rieure et lombaire. L'examen microscopique montre les lésions

qu'on rencontre communément dans la syphilis. Cette observation

est suivie de remarques étendues sur la syphilis spinale.

Il. DE itIU : G9 : 1VG CLAY.

XVIII. Remarques sur un cas de lésion traumatique des nerfs pneu-

mogastrique, hypoglosse et sympathique; par William Hirsch.

(7'/t6Vetc-yot'/fff;(< : cn/ Journal, 11 décembre 1897.)

Les lésions traumatiques sont intéressantes à étudier au point

de vue physiologique, parce qu'elles représentent des expériences

involontaires, non préparées, et exécutées sur l'homme sain et

que par là elles échappent à plusieurs objections dont restent

passibles les faits expérimentaux. Aussi l'auteur a-t-il jugé inté-

ressant de publier l'observation suivante que nous résumons :

homme de quarante-neuf ans; pas de syphilis, pas d'alcoolisme :

en nettoyant un revolver il reçut à peu près au centre de la voûte

palatine, une balle qui, d'après son affirmation sortit au côté droit

du nez, près de l'orbite. Il perdit connaissance et demeura sept

semaines à l'hôpital. Depuis cette époque, il a la parole un peu

embarrassée, il dit que « sa langue est lourde ». Quand il mange

des fragments d'aliments restent sous le côté gauche de sa langue,

et il est obligé de les enlever avec les doigts. Sa voix disparut au

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 251

moment de l'accident pour ne revenir qu'après plusieurs semaines,

en restant rauque et dure. Il ne voyait pas aussi bien de l'oeil

gauche que de l'oeil droit. Depuis l'accident il a eu des vomisse-

ments très fréquents, qui n'ont disparu que récemment. La sali-

vation a été très abondante et n'est redevenue normale que depuis

peu. Il n'a jamais ressenti de douleur ni présenté de symptômes

subjectifs. Actuellement les deux cicatrices sont visibles. La

pupille gauche est d'un tiers plus petite que la droite. La fente

palpébrale est plus petite à gauche qu'à droite ; il est évident

qu'il n'y a pas de ptpsis par parésie du releveur de la paupière

supérieure, puisque le malade remue parfaitement la paupière en

regardant en haut. A l'opbthalmoscope, état normal et semblable

des deux côtés. Les deux pupilles réagissent à la lumière et à

l'accommodation, la gauche peut-être un peu plus lentement. Les

deux moitiés de la face sont symétriques à tous les points de vue

(nutrition, coloration, sensibilité et motilité). Les deux moitiés de

la langue sont très inégales, la gauche étant beaucoup plus

étroite. Dans la bouche, la langue exécute sans difficulté tous les

mouvements : hors de la bouche, ses mouvements de droite à

gauche s'arrêtent à la ligne médiane. Les muscles de la moitié

gauche du pharynx sont en état de parésie. Au laryngoscope,

paralysie complète de la corde vocale gauche. Les battements du

coeur sont rapides (108) mais cet organe est sain comme le sont

d'ailleurs tous les autres organes internes. Pas de sucre ni d'albu-

mine.

La réunion de ces symptômes indiquait nettement une lésion

du pneumogastrique, de l'hypoglosse et de la portion cervicale du

sympathique. La question qui se posait alors était la suivante :

comment une balle entrée par la voûte palatine et sortie par la

racine du nez a-t-elle lésé ces trois nerfs ? L'idée d'une fracture de

la base du crâne était en désaccord avec les symptômes ; il fallait

donc admettre que les nerfs avaient été directement lésés par la

balle, et alors le siège le plus probable était le point où le pneu-

mogastrique et l'hypoglosse sont étroitement en rapport avec le

ganglion cervical supérieur du sympathique. Sur un cliché

lîoentgen, on aperçut très nettement la balle au niveau de l'apo-

physe épineuse de la quatrième vertèbre cervicale ; la palpation

révéla en ce point une légère tuméfaction, et une incision simple

permit d'extraire sans difficulté le projectile enchâssé dans le

sterno-cléïdo-mastoïdien. ·

Ce mémoire se termine par d'intéressantes remarques sur les

divers symptômes auxquels peuvent donner lieu les lésions des nerfs

dont il s'agit : ces symptômes sont exposés et discutés avec soin.

Enfin il faut savoir gré à l'auteur d'avoir donné une bonne biblio-

graphie du sujet.

R. DE MUSGRAVE CLAY.

252 ) REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

XI1. Néoplasmes cérébraux : analyse clinique de seize cas person-

nels (quinze tumeurs et un abcès) avec l'observatien de cinq de

ces cas; par William C. Krauss. (Tice New YOI-K 31C die(tl Joiti-ital,

30 juillet 1898.)

L'auteur s'est proposé dans ce travail non de développer des

considérations générales, mais surtout de signaler les symptômes

précoces des néoplasmes cérébraux. Les seize cas qu'il a observés

se décomposent ainsi :

1° Gliome du lobe frontal droit. Mort. Autopsie ;

2° Sarcome multiple du cerveau. Opération. Mort. Autopsie ;

3" Dégénérescence calcaire- du corps pituitaire. Mort. Autopsie;

4° Tuberculose de la protubérance. Mort. Autopsie;

5° Gliome du centre ovale, des aires motrices droites. Mort.

Autopsie ;

60 Gliome des aires motrices gauches. Opération. Mort ;

'7° Tumeur sous-corticale des circonvolutions centrales droites.

Opération. Pas d'amélioration; '

8° Tumeur des aires motrices droites. Mort. Pas d'autopsie;

9° Tumeur des aires motrices gauches. Mort. Pas d'autopsie;

10° Gomme à la base du cerveau. Mort. Pas d'autopsie ;

110 Tumeur dans les aires motrices droites. Mort. Pas d'au-

topsie ;

1211 Gomme dans les aires motrices gauches. Amélioration;

13° Abcès dans la circonvolution temporale gauche. Mort.

Autopsie; . / ' -

14° Nodules tuberculeux dans les lobes droit et gauche du cer-

velet. Mort. Autopsie; '

15" Kyste du lobe droit du cervelet. Mort. Autopsie ;

16° Abcès du lobe gauche du cervelet. Mort. Autopsie.

Nous résumons d'après M. Krauss l'analyse de ces cas : le dia-

gnostic de tumeur cérébrale a été fait dans douze sur treize des

cas qui concernent le cerveau ; dans le treizième cas il a été con-

sidéré comme probable. Dans tous les cas .cérébelleux le dia-

gnostic a été fait, et confirmé. Au point de vue clinique, nous

croyons que les symptômes se sont montrés graduellement, pre-

nant souvent la forme de la neurasthénie ou de l'hystérie.

Chez tous les malades il existait de la céphalalgie, qui était

dans quelques cas localisée à l'occiput, surtout quand la tumeur

, intéressait soit la base, soit les lobes occipitaux ou temporaux,

soit le cervelet.

La névrite optique existait dans dix sur douze des cas cérébraux,

elle n'a pas été recherchée dans un cas, elle manquait dans le

cas d'abcès. L'examen ophthalmoscopique n'a pas été fait dans

les cas cérébelleux. Dans quatre cas l'atrophie du nerf optique

était complète et la cécité absolue. Dans neuf cas la névrite a été

- REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 253 1

précoce, et dans un cas tardive. Elle a été généralement trouvée

plus intense du côté correspondant à la lésion.

La nausée et les vomissements existaient dans onze cas, et ;*<

étaient douteux dans deux. On les a trouvés deux fois sur les trois

cas cérébelleux. L'hébétude mentale, l'apathie, la dépression intel-

lectuelle existaient dans dix cas, et manquaient dans deux. Lever-

tige qui passe pour un des quatre symptômes cardinaux était pré-

sent dans six cas et absent dans sept.

Les réflexes tendineux ont été trouvés exagérés sept. fois, et

normaux ou légèrement augmentés six fois. Pas une seule fois on

ne les a trouvés abolis. Dans tous les cas, les pupilles réagissaient

à la lumière et à l'accommodation et étaient plus ou moins dilatées.

Trois malades avaient des syncopes.

La paralysie, sous une forme ou sous une autre, a été notée

dix fois et n'a manqué que trois fois (hémiplégie dans cinq cas,

diplégie dans deux, monoplégie dans trois). On a constaté deux

fois l'aphasie, une fois l'hémianopsie, une fois le strabisme con-

vergent, une fois du ptosis et du strabisme.

D'après l'étude de ces cas l'auteur disposerait de la manière

suivante les symptômes classiques des tumeurs cérébrales dans

l'ordre de leur importance : 1° Céphalalgie ; 2° Névrite optique ;

3° Apathie mentale; 4° Nausées et vomissements. Enfin à titre de

symptôme spécial et localisateur, il faut ajouter à ce groupe sous

le numéro 5 la paralysie.

Quant aux symptômes précoces, ce sont ceux que l'on rencontre

dans la neurasthénie : la céphalalgie, l'inaptitude au travail intel-

lectuel, les troubles de la digestion, l'irritabilité nerveuse et le

malaise générale. Mais le signe décisif sera toujours l'étrangle-

emt nde la papille, ou la névrite optique, que l'on rencontre si

rarement dans les autres états morbides .que l'on peut presque

faire de cette lésion lo symptôme pathognomonique des tumeurs

cérébrales. Ce travail se termine par la relation détaillée de

cinq observations qui correspondent aux iiuliiéi os, 2,3, G, et

13 du tableau placé en tête de cet article'. 1. H. de 111USGR.1VE-CLAY.

XX. La crampe des liseurs : étude analogique; par Edward W.

Wright. (1'lae ureiv York Médical Journal, 11 septembre 1897.)

La dénomination de « névrose professionnelle » est commode

pour désigner un groupe de maladies dans lesquelles certains

symptômes sont provoqués par la fréquente et nécessaire répéti-

tion des mêmes actes musculaires.

Par une analogie de symptômes et de mécanisme avec la crampe

' Voir dans les Comptes rendus du service de Bicêtre de 1880 à 1900

un certain nombre d'observations de tumeurs cérébrales.

254 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

des écrivains, l'auteur a été conduit à nommer crampe des liseurs

une affection qui se caractérise par un spasme ou une crampe des

fibres musculaires de l'iris, des muscles ciliaires et des muscles

extrinsèques de l'oeil. Les phénomènes qui dominent dans cet état

particulier sont : le spasme ou crampe; l'incoordination du groupe

musculaire malade ; et des troubles vaso-moteurs et sensoriels.

L'analogie est complète entre la crampe des écrivains et la

crampe des liseurs, et si facile à suivre que nous ne suivons pas

l'auteur dans les développements qu'il lui donne.

La tension constante et prolongée de tous les muscles de l'oeil,

aidée parla faiblesse d'un ou de deux couples musculaires, par le

surmenage nerveux, par l'épuisement du tissu cortical, telles sont

les conditions les plus capables de provoquer le spasme ou la

crampe du groupe des muscles oculaires.

R. DE Musgrave-Clay.

XXI. Concussion de la molle épinière (Raihvay Spine) ; par de Forest-

Villard et William G. SPILLER. (The Ne2o York Médical Journal,

6 mars 1897.)

Ce cas est plus intéressant au point de vue anatomo-patholo-

gique qu'au point de vue clinique. Par suite d'un choc d'une

extrême violence, la colonne vertébrale était fracturée au niveau

de la onzième dorsale. Les membres inférieurs étaient complète-

ment paralysés et on n'y remarquait pas de mouvements invo-

lontaires. La sensibilité était complètement abolie au-dessous du

ligament de Poupart, sauf à la partie antérieure et externe des

cuisses où se distribuent les nerfs cutanés externes, nerfs qui

émanent de la 2° et de la 3° racine lombaire. La lésion de la

moelle siégeait surtout aux premier, deuxième et troisième seg-

ments lombaires. Il est démontré qu'il faut couper au moins trois

racines spinales pour détruire la sensibilité d'une surface quel-

conque du corps : c'est ce qui explique pourquoi, malgré le siège

de la lésion spinale, la sensibilité était conservée dans la zone

innervée par le nerf cutanée externe. Le malade ne pouvait ni

uriner ni aller à la selle. On constata que la onzième dorsale était

soulevée et la' douzième déprimée ; à l'aide de quelques manoeu-

vres on put réduire la saillie, mais la dépression subsista. La mort

fut principalement due à l'épuisement.

A l'aùtopsie, on trouva une grande quantité de sang dans les

tissus musculaire et connectif au niveau de la lésion : les lames

de la douzième dorsale présentaient un trait de fracture irrégulier;

il y avait une hémorragie dans le canal vertébral, mais elle était

extérieure à la dure-mère : il est probable que le sang s'était

répandu dans le canal vertébral au moment où on enlevait-la

partie postérieure des vertèbres. Il n'y avait aucun signe de dépla-

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 25S

cernent des corps vertébraux. La dure-mère était intacte et ne ren-

fermait pas de sang. La moelle, même au niveau de la fracture

était parfaitement ferme, avait la forme normale et ne présentait

extérieurement aucun signe ni de ramolissement ni de lésion due

aune compression. Les corps vertébraux n'ayant pas été enlevés, '

on ne peut pas déterminer s'ils ont été ou non fracturés, mais

leur examen in sitit-ne révélait aucun signe de fracture.

L'accident était survenu un lundi : le malade a survécu jusqu'au

samedi suivant. ,

Le reste de ce mémoire est consacré à la relation et à la discus-

sion de cas analogues publiés par divers auteurs.

R. DE 11USGR : 1V);-CLAY.

XXII. Sur la céphalalgie chronique paroxystique, vulgairement t

appelée migraine, hémicrânie ou céphalalgie nauséeuse ; par

Gustavus ELIOT. (Tlie Neiv York Médical Journal, 2 octobre 1897.)

Ce travail a pour objet de rappeler les caractères distinctifs

d'une forme particulière de céphalalgie qui paraît avoir droit à

une place distincte dans le cadre des maladies nerveuses. Beau-

coup de gens souffrent d'un mal de tête qui reparait à des inter-

valles irréguliers, qui affecte surtout une portion ou la totalité

de l'un des côtés de la tête, dont la durée va de quelques heures à

deux ou trois jours, et qu'il est impossible d'attribuer à une cause

définie : c'est là ce que l'on appelle communément migraine

hémicranie, céphalalgie nauséeuse, mal de tête bilieux, mal de

tête nerveux, névralgie de la tête : pour ne pas s'embarrasser des

idées préconçues qu'impliquent ces dénominations et en tenant

compte des exacerbations irrégulières de la maladie et de sa

longue durée on pourrait la désigner sous le nom de céphalalgie

chronique paroxystique.

L'étiologie est obscure, peut-être parce qu'elle est multiple ;

il y a quelquefois chez un malade de l'hérédité nerveuse; une

nutrition défectueuse, une altération générale de la santé, l'anémie

sont des causes prédisposantes. Les angoisses mentales, l'excita-

tion, la perte du sommeil, le surmenage sont peut-être les causes

déterminantes les plus communes. Les troubles digestifs, surtout

la constipation, précipitent le retour des crises; la menstruation,

les maladies de l'appareil génital chez la femme sont encore des

causes déterminantes. Il faut citer encore le surmenage oculaire

surtout s'il existe des anomalies de la défraction. Les femmes sont

plus souvent atteintes que les hommes ; les enfants et les adultes

y sont également exposés, mais chez la femme les paroxysmes

apparaissent souvent avec la puberté et diminuent de fréquence

et d'intensité après la ménopause.

On a beaucoup disserté sur la pathogénie de cette affection sans

256 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

l'éclairer : on l'a considérée comme- un trouble vaso-moteur,

comme une affection névralgique, comme le résultat d'un excès

d'acide urique dans le sang, enfin, et c'est peut-être la théorie la

plus généralement adoptée, comme la conséquence d'une défec-

tuosité oculaire : cette manière de voir, qui contient d'ailleurs

peut-être une part de vérité (si on l'applique à la céphalalgie ordi-

naire plutôt'qu'à la céphalalgie paroxystique) trouve surtout du

crédit chez les oculistes.

L'auteur insiste ensuite sur les caractères qui permettent d'éta-

blir le diagnostic de cette forme spéciale du mal de tôle et entre

dans quelques détails sur le traitement qui doit être palliatif pour

calmer la douleur et préventif pour empêcher le retour des

paroxysmes. Le pronostic est assez peu satisfaisant.

Il. DE Musgrave CLAY.

XXIII. Un cas de syphilis spinale précoce avec paralysie deBrown

Séquard; par Henry Bartox Jacobs. (I'he New-York Médical Jour-

n, 27 avril 1898.)

Il s'agit d'un homme de quarante ans chez lequel la syphilis ne

datait que d'un an, et qui présentait le tableau incomplet d'une

paralysie croisée du mouvement du côté droit avec douleurs et

sensations, thermiques à gauche, limitées à la région située au-

dessous de l'ombilic en avant et de la première lombaire en arrière

la sensibilité au toucher et la sensibilité dite musculaire étant de-

meurées peu ou point modifiées. Cette paralysie est celle à la-

quelle Brown Séquard qui, le premier, l'a bien décrite a attaché

son nom et qu'il considérait comme ne pouvant se rattacher qu'à

une lésion unilatérale de la moelle. Le type pur de cette paralysie

est très rare dans la syphilis spinale, mais sa forme incomplète,

comme dans le cas actuel, y est assez commune. L'auteur rappelle

ici au point de vue du plus ou moins de précocité des symptômes

tertiaires, les travaux et les statistiques de Fournier et résume

assez louguement l'opinion de divers auteurs tant sur la syphilis

que sur les paralysies d'origine médullaire, puis revenant au cas

qu'il a observé, il recherche quel était le siège de la lésion et le

précise ainsi : les modifications de l'analgésie et l'anesthésie ther-

miques observées à gauche jusqu'au niveau de l'ombilic en avant

et jusqu'à la première lombaire en arrière, permettent de situer

la lésion dans des limites assez étroites, d'autant plus qu'il est

admis que les nerfs sensitifs passent du côté opposé immédiate-

ment après leur entrée dans la moelle, en sorte qu'ici les fibres

qui pénétraient au-dessus du niveau de la première lombaire

n'étaient nullement troublées dans leurs fonctions de transmission.

Le niveau inférieur de la lésion est moins facile à préciser,

, d'après les symptômes elle devait descendre assez bas pour com-

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 9S7 7

prendre les noyaux situés dans le renflement lombaire, ou du moins

les voies qui aboutissent à ces noyaux, et en même temps les trac-

tus au moyen desquels l'action d'inhibition supérieure s'exerce sur

les centres réflexes inférieurs, c'est-à-duele tractus latéral ; en ou-

tre, comme l'a établi Brown Séquard, la lésion devait être unila-

térale et située du côté de la moelle correspondant à la paralysie

motrice. -

La nature de la lésion demeure naturellement impossible à déter-

miner.

Ce mémoire se termine par quelques considérations sur la trans-

mission du mouvement et de la sensibilité dans la moelle. ·

R. de illUSf,Ii.IVE-GL ? 1-.

XXIV. Les encéphalopathies consécutives à l'influenza; par Alfred

Gonooa. (Tlve New-York Médical Journal. 2G février 1898.)

On sait que le système nerveux est très impressionné par l'in-

fluenza, et les cas de lésions nerveuses consécutives à cette maladie

sont peut-être plus nombreuses qu'on ne pense. L'auteur résume

l'historique de la question et fait ensuite remarquer que les névro-

pathogènes de l'influenza peuvent porter sur le système nerveux

central, périphérique ou sympathique et qu'ils peuvent être d'in-

tensité très variable. 11 n'est pas toujours facile de diagnostiquer

l'origine grippale d'une encéphalopathie : un bon signe sera tiré

du pouls qui augmente de fréqueuce dans l'influenza alors qn'il se

ralentit plutôt dans les encéphalopathies d'autre origine. A défaut

de ce signe, il faut avoir recours à la bactérioscopie : 1 examen

du sang montrera, parmi les corpuscules sanguins, des diploba-

cilles. très mobiles, et dont le nombre est proportionnel à la gra-

vité de la maladie : cultivés ils prendront l'aspect de baccilles

vrais, puis plus tard celui de streptobacilles ; inoculés à des lapins

ils donneront l'influenza. Il faut probablement admettre, pour

expliquer les accidents nerveux, un empoisonnement rapide ou pro-

longé de l'organisme par les toxines du micro-organisme ; il faut

tenir compte aussi des effets produits par les mbdilications de

l'urine, qui n'est presque jamais normale. L'auteur relate à la,,

fin de son travail deux cas d'encéphalopathie grippale à terminai-

son favorable. R. de 111csca,vE-CLar. -'

XXV. Le diagnostic précoce de tabes ; par Philip 111cmownTZ. (Tlte

l'ecv-3'onl, Jleclical Journal, 12 février 1898.)

Les symptômes les plus communs de la période initiale, sont les

douleurs et l'abolition du réflexe du genou. Les douleurs du tabès,

au début, sont quelquefois sourdes, et sont facilement prises pour

des douleurs rhumatismales. Il y a un autre symptôme qui est

Archives, 2 série,- t. 11. f7 i

258 8 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

assez souvent précoce, c'est l'analgésie, sans perte de la sensation

tactile; elle débute da préférence par les extrémités inférieures.

Les paresthésies s'observent souvent aussi au début de la maladie,

ainsi que la diminution ou la perte de la puissance génitale. La

vessie fournit aussi des symptômes précoces (miction paresseuse

ou incontinence). L'atrophie du nerf optique ne se rencontre à la

vérité que- chez un dixième environ des malades, mais quand elle

existe, elle est ordinairement un symptôme de début, et il semble

que son apparition coïncide avec un arrêt ou un retard des grands

symptômes d'incoordination. La diplôpie, la paralysie des cordes

vocales ont aussi été observées à la période initiale. On remarque

aussi des altérations articulaires et osseuses, ayant vraisemblable-

ment pour origine des troubles trophiques : ces altérations s'ac-

compagnent ordinairement de peu ou point de douleur. Les trou-

bles viscéraux et particulièrement les crises gastriques se rencon-

trent fréquemment dans la période pré-ataxique. La coïncidence

de l'un des symptômes qui viennent d'être indiqués avec l'abolition

du réflexe rotulien permet de porter avec une grande probabilité

le diagnostic de tabes. Il. de Musgrave-Clay.

XXVI. Un cas d'acromégalie avec diabète ; par T.-L. Ciiadbourne.

(The Nem-York Médical Journal, 2 avril 1898.) 1

L'opinion suivant laquelle la coexistence du diabète et de l'acro-

mégalie ne serait pas une simple coïncidence parait gagner du

terrain. Ilansemann pense qu'il est au moins probable qu'il existe

une relation entre ces deux maladies, Brooks et Ullthoff ont rap-

porté des faits où elles existaient simultanément, et c'est pour

augmenter le nombre des faits connus que l'auteur publie cette

observation dont tout l'intérêt, en effet, réside dans cette coïnci-

dence. R. de lIIUSGIiA\'E-CL.1Y.

Un cas de crétinisme consécutif à une attaque de thyroï-

dite aiguë; par Edmund SIIIELDS. (Tlie Nciu-York Médical Journal,

1" octobre 1898.)

Ce court travail est accompagné d'une planche qui montre l'état

d'un enfant qui s'était bien porté pendant les dix premiers mois

de sa vie, et que ne frappait aucune hérédité anormale. A ce mo-

ment, il fut atteint d'une thyroïdite aiguë qui dura une semaine,

et s'accompagna de fièvre, de gonflement du corps thyroïde, etde

signes de compression de la trachée. L'aspect intérieur de la gorge

était normal. Il n'y eut pas d'abcès. Le gonflement et la fièvre dis-

parurent, laissant le corps thyroïde atrophié. Immédiatement le dé-

veloppement de l'enfant s'arrêta, et l'enfant prit l'aspect particulier

aux crétins. Actuellement cette fillette a sept ans ; sa taille est de

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 259 'q

33 pouces, et elle pèse 33 livres (la livre anglaise est de 450 gr.

environ). L'arrêt du développement intellectuel est très marqué. 11

y a quelques mois, l'emploi de l'extrait de corps thyroïde a donné

une amélioration bien accusée. Il. de Diuscnwr.-Cr.ao.

Névrite périphérique avec névrite optique, consécutive au

lavage d'un estomac dilaté, par J.-C. Clemesih. (1'lie 7Ve ! f-Yo)'/t

Médical Journal 23 juin 1898.)

Le titre de cette observation la résume ; l'auteur ajoute seule-

ment que ni la syphilis, ni le saturnisme, ni l'alcoolisme ne pou-

vant être mis en cause chez le sujet dont il s'agit, il faut admettre

que la polynévrite reconnaissait pour cause l'absorption des toxines.

il rappelle les recherches de Herschell, de Bouchard et d'Allbutt

sur les effets de cet ordre qui peuvent être attribués à l'auto-

intoxication. Il. de 1\IusGnAVE-C : vr. -

XXIX. Chorée chez une femme enceinte; par J.-W. Geddes et

Aidons Clincii. (The Journal of Mental Science, octobre 1898.)

Jeune femme de vingt-six ans, enceinte de six ou sept mois,

mal traitée et insuffisamment nourrie : pas d'antécédents nerveux

personnels. Chorée depuis un mois; actuellement mouvements

intenses, rendant la marche impossible, amenant des sueurs pro-

fuses. L'état mental s'aggrave en même temps que la chorée. Le

soir de l'admission à l'asile, agitation, avec alternatives de coma.

Légère congestion pulmonaire. Souffle mitral systolique. Le len-

demain, accouchement prématuré d'un enfant mort. Affaiblisse- x

ment progressif et rapide. L'auteur donne les résultats de l'autop-

sie, et les fait suivre de quelques remarques que nous reproduisons

ici parce qu'elles mettent en valeur les points intéressants de

l'observation tant anatomopathoiogique que clinique.

Il y avait une congestion intense des méninges qui a abouti à

des hémorragies graves; cette congestion diminuait dans les deux

directions à mesure que l'on s'éloignait de l'arachnoïde. Le fait

que les ganglions de la base ne paraissaient pas congestionnés, du

moins à t'oeit nu, est intéressant si l'on se souvient que beaucoup

d'auteurs les considèrent comme le siège de la maladie. La pig-

mentation jaunâtre des couches optiques pour qu'on lui attribue

ici un rôle. Au microscope, on a constaté une dégénérescence

avancée -des cellules et des gaines de myéline des cylindraxes,

qui, elle aussi, diminuait d'intensité à mesure qu'on s'éloignait

des méninges. Il est probable toutefois que les lésions constatées

étaient le résultat plutôt que la cause des symptômes. Elles ont

en tout cas une grande analogie avec celles que l'on observe chez

les animaux que l'on fait mourir en les privant de sommeil. Il en

200 BIBLIOGRAPHIE.

est une toutefois qui était fort inattendue, c'est l'épaississement

considérable de quelques-uns des vaisseaux sanguins, épaississe-

ment non limité à une seule tunique, mais portant sur les tuniques

moyenne et externe : l'aspect rappelait celui des altérations de

dégénérescence survenant dans des vaisseaux préalablement

malades. Ces vaisseaux, à calibre rétréci, ont-ils provoqué des

modifications dans les centres d'inhibition et de régulation, et

ont-ils par là favorisé l'éclosion de la chorée, ou bien n'out-ils eu

aucune influence ? Les rapports du rhumatisme et de la chorée

sont classiques. '

Ici, il n'y avait pas de rhumatisme, mais il y avait un souffle

systolique : on n'a toutefois constaté aucune lésion valvulaire

récente. Enfin il faut noter qu'il existait de la dégénérescence

graisseuse aigué autour des vaisseaux sanguins du foie, ce qui

fait immédiatement penser à une influence tuxique, soit autoch-

tone, soit venue du dehors. Il. de Musgrave-Clay.

BIBLIOGRAPHIE.

111. L'iliteiiieiit cIfi71s le ti-aitenent des aliénés; par le D'' Meunier

(Thèse, Paris, 1900). Même sujet; par le De CAS-rrRS (Thèse de

Lille, même année.)

Avec les rapports et débats du Congrès international de 1900,

des comptes rendus de recherches cliniques sur ce sujet ne pou-

vaient manquer de venir préciser sur certains points douteux

les données de la science.

Deux thèses fort intéressantes à ce point de vue ont été soute-

nues l'une à la Faculté de Paris, par M. P. Meunier (Mesure de

quelques modifications physiologiques produites chez les aliénés

par l'alitement thérapeutique), l'autre à Lille par M. de Caste-

ras. La première abonde en documents cliniques positifs relatifs

aux modifications du poids du sommeil, du pouls, de la tempéra-

ture, de la pression sanguine, etc.

Le dépouillement de ces documents accumulés dans le service

de M. Toutouse a été fait avec une rigueur méthodique louable. En

raison du nombre des faits d'observations, les conclusions qui en

découlent semblent désormais acquises.

En modifiant le rythme de la fonction circulatoire, l'alitement

a une action régulatrice évidente sur le pouls et la température;

BIBLIOGRAPHIE. ' 2G 1

la perte de poids net au début va s'atténuant et cesse dans les

alitements prolongés (2 mois). Si l'agitation est modifiée comme

intensité, sa durée, semble moins influencée, quand on compare

les périodes alternatives de lever et de coucher sur un même

malade; l'atténuation diurne de l'agitation est en effet le plus

souvent compensée par une diminution du sommeil nocturne.

L'étude de M. de Casteras aboutit d'ailleurs à des constatations

analogues bien que moins précises; en voici les conclusions :

io L'alitement supprime la cellule et les moyens de contention,

mais laisse subsister les narcotiques et les bains prolongés; 2° il

alténue les symptômes, mais n'a que peu d'influence sur le cours

et la durée des psychoses; 3° Il donne aux asiles l'aspect réconfor-

tant d'une salle d'hôpital, évite les collisions, facilite la surveil-

lance des malades et leur examen, mais ce n'est qu'au prix de

dépenses excessives; 4° L'alitement ne peut pas être une méthode

générale, ce n'est qu'une addition aux procédés thérapeutiques

employés jusqu'ici; il devra être basé sur la parfaite connaissance

des individualités.

Ce travail inspiré par M. Keraval est en même temps une revue

complète de la question à travers la littérature médicale interna-

tionale et ne contient pas moins de 96 indications bibliographiques

en toutes langues sur la question. [A l'asile d'Armentières l'alite-

ment n'aurait d'ailleurs pas donné les résultats attendus en raison

d'obstacles matériels locaux. D1' Marie.

IV. Le crime et le suicide passionnels ; par Louis Piioal, président

de chambre à la Cour d'appel de Riom, lauréat de l'Institut. '

1 vol., 673 pages. Bibliothèque de philosophie contemporaine,

Célix lcai, 1900. "

L'ouvrage de l. Proal est une étude approfondie du crime

passionnel, et n'est qu'une suite à ses observations nombreuses

sur les diverses formes de la criminalité, entre autre la criminalité

politique étudiée dans un ouvrage précédent.

« Ce n'est pas un recueil de crimes passionnels que je me

propose de composer, c'est la psychologie de l'amoureux criminel,

de la femme délaissée, de l'assassin par jalousie, du meurtrier

pas honneur, du suicide'par amour, contrarié, que je veux écrire.

Cette étude n'est que le résumé des observations que j'ai faites à

l'audience ou dans mon cabinet de juge d'instruction et de procu-

reur de la République, en interrogeant les accusés de crimes

passionnels, en étudiant leur caractère, la cause de leurs égare;

ments, en lisant les écrits que laissent les suicidés par amour ou

que les assassins composent pour leur défense ».

Le champ est immense, comme nous le montre le rapide exposé

qu'en a fait l'auteur lui-même; Il a mené bonne fin cette lourde

2M 1) ' BIBLIOGRAPHIE.

tâche, grâce à une érudition profonde lui permettant de puiser

dans toutes les littératures des exemples psychologiques compa-

rables aux faits qu'il présentait, par une netteté d'analyse lui

permettant de faire ressortir et d'étaler les mobiles souvent

obscurs de ces actes criminels, enfin par un nombre considérable

d'observations prises avec la plus grande clarté.

La lecture de cet ouvrage est captivante et l'intérêt y va crois-

sant. C'est non seulement un livre de fine analyse psychologique,

mais aussi littéraire ; car pour étayer ses observations d'amoureux

criminels il nous transporte dans toutes les littératures pour nous

montrer le rôle puissant qu'y joue l'amour passionnel, envisagé

il est vrai, de façon différente par les auteurs.

Dans les huit premiers chapitres, l'auteur étudie avec un grand

sens critique le suicide passionnel, le double suicide passionnel,

la haine en amour, la séduction et l'abandon, la jalousie, l'adul-

tère de la femme, le pardon, la vengeance du mari, l'adultère du

mari. A chaque page de ces différents chapitres, les remarques

psychologiques abondent et. sont prises sur le vif, avec pièces à

l'appui.

Il passe ensuite, dans le chapitre ix, aux causes et à la fréquence

des suicides et des crimes passionnels, Il met quatre grandes

causes en avant : l'indulgence du jury, la précocité de la jeunesse

pour le suicide et le crime passionnel, le développement du nervo-

sisme, la protection insuffisante de la femme.

Il étudie, dans les trois chapitres suivants, la contagion du

suicide passionnel par la littérature passionnelle, la contagion du

crime passionnel par le roman passionnel, la contagion du crime

passionnel par le théâtre passionnel.

Cette influence est en effet considérable par l'imitation qu'elle

provoque chez ce genre de déséquilibrés dont la volonté est inca-

pable de réfréner les états passionnels qui peuvent les envahir, et

qui ne peuvent juger sainement ce qu'il y a de juste ou de faux

dans ce que les littérateurs leur présentent. -

Il conclue en étudiant la responsabilité du crime passionnel et

les moyens de diminuer la criminalité passionnelle.

L'ouvrage de M. Proal est, en résumé, très instructif et très

intéressant à lire. On y trouvera étudié avec le plus grand soin les

causes sociales et littéraires des suicides'par amour et des crimes

passionnels, avec de nombreux faits à l'appui, qui leur donne un

intérêt tout particulier. Cependant, les médecins, et en particulier,

les aliénistes, voudraient y trouver une étude plus approfondie du

criminel par amour, du suicidé par passion ; en un mot, une

observation biologique très complète de ces individus, observation

qui ferait toucher du doigt facilement le degré de leur respon-

sabilité.

Leur histoire biologique, leur état de dégénérescence mentale,

BIBLIOGRAPHIE. 2G3

permettent de trouver souvent combien ils sont à même d'avoir

des obsessions et des impulsions à l'homicide ou au suicide, sous

l'effet des nombreuses causes que passe en revue l'auteur.

L'amour, ce mal universel, moteur puissant s'il y en a un, ne

peut-il créer l'obsession et l'impulsion homicide ou suicide, chez

un déséquilibré ?

Dans les nombreuses observations que nous avons lues dans cet

ouvrage, nous avons retrouvé dans la plupart les stigmates

psychiques propres aux dégénérés, aux déséquilibrés. Aussi, je

crois que l'état de dégénérescence, créant l'impulsion au suicide ou

à l'homicide, est plus répandu que ne le pense M. Proal, chez ce

genre de criminels. L'auteur lui-même n'est pas loin de notre avis,

quand il dit, dans le chapitre du suicide passionnel, en parlant de

l'état psychologique des suicidés par amour : « Ils ont un excès de

sensibilité, un défaut de volonté, ce sont des émotifs, des neuras-

théniques, des hystériques. » -

11 se résume à la fin de son premier chapitre, en disant : « Il

faut une prédisposition physiologique pour déterminer le suicide

dans les cas de chagrin d'amour. »

L'histoire biologique des individus qui commettent des crimes

passionnels, prise par un médecin compétent, est donc d'une très

grande utilité ; elle permettra le plus souvent au magistrat de se

baser sur des faits précis pour juger de la responsabilité du

criminel. '

11 ne faut pas tomber cependant dans l'excès contraire et voir

des irresponsables partout; M. Proal le fait très bien remarquer,

l'instruction trouve souvent à la genèse des crimes passionnels un

tout autre sentiment que l'amour : l'intérêt

Dans ses conclusions, l'auteur s'attache surtout aux considéra-

tions sociales de la question, dont l'intérêt et l'utilité sont

immenses. Mais elle a aussi des considérations plus immédiates et

non moins intéressantes. Comme le dit M. Proal, il serait de toute

utilité que l'on puisse multiplier les expertises, pour ce genre de

criminels. Leur histoire biologique, établie par un médecin et

jointe au dossier, rendrait le plus grand service aux magistrats,

pour établir le degré de leur responsabilité.

M. Proal dit « que le magistrat doit connaître non seulement le'

Code, mais aussi la nature humaine, le coeur féminin, il doit être

psychologue et aliéniste ».

Pour être aliéniste, il faudrait que le magistrat eût une éduca-

tion clinique spéciale, approfondie ; pour connaître les aliénés, il

faut en voir beaucoup et vivre avec eux.

Le magistrat devrait se pénétrer surtout de la grande utilité des

expertises médico-légales, qui sont un adjuvant précieux à sa

tâche souvent si difficile.

Que faire de ces aliénés qui ne sont ni assez fous pour les asiles,

264 Ik BIBLIOGRAPHIE.

ni assez raisonnables pour être déclarés responsables, se demande

Ji. Proal ? Il propose, avec l'opinion de quelques aliénistes

de créer, des établissements intermédiaires entre l'asile et la

prison. G. CARRIER.

V. Importance de l'enseignement et de l'élude de la psychiatrie

pour le praticien et l'expert ; par 16- Dr Vaslet de Fontaubert.

(Th. Paris, 1899.) -

Après un aperçu historique sur l'évolution de la psychiatrie à

travers les âges et un chapitre consacré à mettre en évidence la

nécessité de connaissances professionnelles plus grandes en

matière de psychiatrie, l'auteur montre que les 'maladies men-

tales qui longtemps furent pour le médecin praticien, et même

pour l'expert, une terra i)2cogi21la, doivent être étudiées au

même titre que la pratique des accouchements, par exemple. Il y

va de. l'intérêt non seulement des malades, mais de leur famille

et aussi de la société. L'importance des études psychiatriques

résulte de -l'accroissement progressif des maladies mentales, de

l'extension que prennent aujourd'hui les questions d'assistance et

de législation des aliénés, des projets de création d'asiles spéciaux

pour les aliénés criminels et les alcooliques, des erreurs judi-

ciaires qui, si fréquemment, ont pour conséquence la condamna-

tion de sujets atteints de maladies mentales par les tribunaux

civils ou militaires, etc. Enfin, le projet de réforme des expertises

médico-légales nécessitera une réorganisation des conditions dans

lesquelles est actuellement donné l'enseignement delà psychiatrie.

L'auteur estime, et nous partageons entièrement son avis,

que la réforme la plus urgente est celle de l'instruction du méde-

cin-expert : un stage d'un an au moins dans un service d'aliénés

serait imposé aux candidats au diplôme spécial; un examen

clinique servirait à contrôler leur degré d'instruction.

Le D1' de Fontaubert étudie ensuite les principaux cas où les

connaissances en psychiatrie du praticien ou de l'expert ont à

s'exercer. 11 passe en revue la plupart des affections mentales,

insiste sur les simulateurs et les dissimulateurs, sur la folie lucide

les psychoses de la vieillesse, les aliénés méconnus, etc.

L'organisation de l'enseignement des maladies mentales en

France et à l'étranger est examiné en détail. On trouvera dans le

chapitre consacré à cette question des renseignements utiles :

l'auteur donne, entre autres, la traduction d'un travail du

Dr Heerman qui, dès 1837, réclamait un stage d'un semestre dans

une clinique psychiatrique. M. de Fontaubert propose d'utiliser

pour le stage, psychiatrique, à Paris, les services de l'infirmerie

spéciale, de Sainte-Anne, de la Salpêtrière, de Bicêtre et de Ville-

juif. Le stage serait obligatoire pour tous les étudiants.

BIBLIOGRAPHIE 2G5

La thèse de M. de Fontaubert a trait à une question dont ne

peuvent se désintéresser ceux qui ont souci de l'avenir de la psy-

chiatrie française ; les réformes que l'auteur réclame auront à

coup sur une influence favorable sur l'éducation des futures géné-

rations médicales et sur l'amélioration du sort des aliénés.

Très consciencieusement documenté, ce travail sera consulté

avec fruit. P. Sérieux.

VI. yu/t)'es6o't'c/t< uLez· die Leistungeiz und Portsclenitle auf dem

Gebiele der Neurologie und Psychiatrie, (Iterausgegeben von

Du E. Flatau und Privat-Docent Du JACOBSOK. Redigiert von

Professor D1' Mlr.wrL. Berlin, S. Karger, éditeur.)

Ce Compendium analytique se propose de résumer tous les

travaux qui paraissent chaque année en Neurologie et en Psychia-

trie ; travaux particulièrement nombreux, puisqu'ils dépassent

le chiffre de 3 500 mémoires publiés dans 40 à 50 revues pério-

diques. Donner pour chaque mémoire une analyse courte quoi-

que suffisamment complète; grouper toutes ces analyses en

des chapitres correspondant aux classiques divisions de nos

traités de pathologie nerveuse ; faciliter les recherches biblio-l,a-

pliiques sur toute une question : tels sont les principaux objectifs

que s'est proposés la Rédaction du « Jahresbericht sur Neurologie

und Psychiatrie », en s'assurant comme collaborateurs des

savants déjà renommés par leurs publications antérieures. Le but

nous a paru atteint et, mieux encore, d'excellente façon.

Le lecteur, dès les premières pages, retrouve, cela va de soi, les

classifications auxquelles il est habitué de par ses études antérieures :

Anatomie, Physiologie, Anatomie pathologique, Pathologie géné-

rale, Pathologie spéciale. En tête de chaque maladie, se place une.

nomenclature alphabétique par noms d'auteurs. Les résumés

analytiques sont généralement présentés de façon concise, sans

détails inutiles, avec les points spécialement mis en lumière,

notamment, les observations et faits nouveaux sont donnés avec

toute l'ampleur désirable; les théories sont plus parcimonieuse-

ment analysées. Puis, le rapporteur a souvent la bonne idée de

faire précéder son chapitre analytique proprement dit de quelques

pages dans lesquelles il donne l'orientation généialede la question

avec une note critique intéressante à souligner. Les tables, par

matières et par noms d'auteuts, placées à la fin de l'ouvrage

permettent de trouver aisément un mémoire sur lequel on peut

ne posséder que quelques indications.

Sans doute, ce Compendium n'est pas fait pour remplacer toutes

1 es revues analytiques qui paraissent dans les journaux spéciaux,

au sur et à mesure des publications ; de même, il ne .saurait se

.dispenser de chercher dans tel mémoire toutes les idées direc-

266 BIBLIOGRAPHIE.

trices qui ont guidé l'auteur dans l'appréciation de ses faits

personnels et dans leur parallèle avec ceux de ses devanciers.

Mais tel qu'il est, ce « Jahresbericht » constitue un ouvrage très

utile à tous les travailleurs qui, s'occupant de ces sciences spé-

ciales, désirent avoir sous la main, toujours à bonne portée, un

livre capable de leur montrer bu quelques pages l'évolution générale,

pour l'orientation nouvelle, les acquisitions plus ou moins défini-

tives, telle partie de la Neurologie ou de la Psychiatrie.

CL. PHILIPPE.

VII. Société libre pour l'étude de la psychologie de l'enfant.

Il s'est fondé à Paris, il y a environ un an, une Société libre

pour l'étude de la psychologie de l'enfant. Le titre nous indique

assez quel est son but et son objet. Ouverte, sans distinction, à

toutes les personnes qui s'intéressent à l'éducation, cette société

vient de faire paraître son premier Bulletin.

Le nom du président, M. F. Buisson, est un sur garant de suc-

cès ; sous un tel patronage, nul doute que la société ne vienne

ajouter quelques chapitres intéressants à l'étude de l'enfant. La

psychologie et la pédagogie vont concurremment y être mises à

contribution; l'homme de science et l'homme d'éducation seront

heureux de s'y rencontrer. « A se réunir ainsi, à confronter les

résultats de leurs recherches, ils ne risquent pas de s'entraver l'un

l'autre, ils sont sûrs de se rendre service, en se corrigeant quel-

quefois, en se complétant toujours. »

Malgré les efforts de M. Buisson qui reconnait volontiers « qu'à

la base d'un problème d'éducation, se cachent d'autres problè-

mes, de tempérament, d'hérédité, de développement physiologi-

que, parfois et plus souvent qu'on'ne pense, de pathologie ner-

veuse », nous croyons cependant qu'il y a dans la société une

tendance à affecter de laisser complètement de côté tout ce qui

touche à l'enfant anormal. Dans une des premières séances, il nous

a été donné d'entendre de la bouche d'une personne autorisée, une

parole d'autant plus regrettable qu'elle n'est pas conforme à la

vérité. « On s'est assez occupé des anormaux », a-t-il été répondu

par un membre du bureau, à la proposition que nous faisions

d'étudier non seulement le développement normal de l'enfant,

mais encore les arrêts, les anomalies que ce développement peut

présenter. Comme si l'on pouvait avoir la prétention de faire des

recherches psychologiques complètes, en laissant de côté la psy-

chopathologie.

Ceux qui formulent une telle opinion, ignorent le puissant con-

cours qu'apportent la clinique et l'anatomo-pathologie, à l'ana-

tomie et à la physiologie normales.

Et, par une contradiction inévitable du reste, la société a com-

BIBLIOGRAPHIE. 267 Î

mencé par indiquer comme premier terrain d'investigation et

d'étude, un sujet qui ne serait pas déplacé dans un traité de psy-

chopatliologie - la colère chez les enfants. Et, dans le question-

naire élaboré pour fournir des documents sur ce point, nous

lisons : « Quel est le développement de l'enfant (observé au point

de vue de la colère) comparé à celui d'enfants du même âne -

Quel est son état de santé ? Quelles ont été ses maladies ?

Déterminer quelle a été l'influence de l'hérédité, du milieu, d'un

accident sur ses accès de colère ?

Savez-vous sur quelle catégorie d'enfants porte la seconde en-

quête proposée ? Sur les enfants indisciplinés et rebelles. Et il est

entendu qu'on ne s'occupe que des enfants normaux ! ·

Nous nous permettrons aussi d'élever un doute sur la sincérité

des documents obtenus par voie de questionnaire. Certes, l'insti-

tuteur pourra donner des renseignements sur ses élèves; mais

est-il à même de connaître à fond l'enfant, au point de vue ins-

tinctif et moral, lui qui ne l'étudié qu'à l'école, c'est-à-dire à l'en-

droit où l'enfant se montre le moins sous son vrai jour, puisqu'il

se sent surveillé; et le père, la mère de famille ne nous induiront-

ils pas, dans leurs réponses inconsciemment en erreur quand

nous leur demanderons des détails sur les défauts de leur progé-

niture ?

L'essai toutefois peut être tenté, à la condition de ne pas atta-

cher une valeur rigoureusement scientifique à des documents

ainsi obtenus. La Société, du reste, en agissant ainsi n'innove

rien ; ainsi qu'elle le reconnaît, elle se borne, a suivre l'exemple

qui lui est donné-par les sociétés américaines de Child-Sludy.

Nous suivrons avec intérêt ses études et leurs résultats.

A signaler dans le premier Bulletin de la Société un intéressant

article de M. J. Boitel, sur les graphiques employés comme moyen

d'émulation individuelle.

J. BOYER.

VIII. Contribution à l'étude des délires transitoires séniles; par

L. Miciiaud. (Thèse de Lyon, 1900.)

Les périodes délirantes qui se montrent parfois sous forme de

confusion mentale ou de mélancolie anxieuse avec hallucinations

de la vue, idées de ruine, de persécution etc., chez les vieillards

athéromateux, sont souvent' consécutifs à un état infectieux

(grippe) quelconque. Ces délires guérissent le plus souvent après

la maladie qui les a causés, ne laissent derrière eux que l'état

mental antérieur parfois un peu aggravé. Aussi doit-on les traiter

par les moyens anti-infectieux et anti-toxique et doit-on ajourner

les internements et précautions légales en raison de la bénignité

du pronostic de durée. F. li.

2G8 VARIA.

IX.UKC<)sd6/ia)'edMH</)'M;parS.M\kEKX)EetW.Mon'

(Londres, Adiard and son, 1900, in-8° extrait des Transactions

o/'l'atholgicul Sociel.)

Comme suite au mémoire précédent, les auteurs rapportent un

nouveau cas survenu à Londres chez un nègre de vingt-deux ans

venant du Congo. Les symptômes fureutles mêmes que ci-dessus.

Comme pour les deux cas précédents on trouva la filaire perstans

dans le sang avec des larves de niaria diurna. Même léthargie,

même adénite, même fonte musculaire progressive malgré une

forte alimentation et de bonnes digestions, même perte graduelle

de l'intelligence, gâtisme, spasmes, attaques épileptiformes et

haute température à la fin. Entré le 6 octobre, le patient meurt

le 3 décembre. A l'outopsie : les recherches ne permettent pas de

retrouver la filaire dans les ganglions lymphatiques ni dans le

canal thoracique ; mais le sang des sinus de la dure-mère et celui

du coeur contiennent une quantité de Blaires perstans vivantes.

Les muscles du dos présentent des cysticerques de ténia solium.

Dans le cerveau un seul cysticerque et les mêmes lésions de mé-

ningo-encéplialite que dans les deux cas précédents. Môme con-

clusion. l . l3oissLn.

VARIA.

LES aliénés EN liberté. E.

Depuis trois semaines, la veuve Dumontier, de Droisy, âgée de

soixante-quinze ans, était atteinte du délire dit la persécution et

parlait de se suicider, disant qu'il valait mieux en finir tout de

suite..Malgré la surveillance dont l'entouraient son gendre et ses

petits-enfants, la pauvre femme a réussi à quitter sa chambre

pendant la nuit de jeudi à vendredi et est allée se jeter dans le

puits communal, à trois cents mètres de son domicile. Ce n'est que

le lendemain matin, à neuf heures, que l'on a découvert son

cadavre. (Rappel de l'Eure, 19 janv.) ·

Un cultivateur du Val-David (Eure). Prosper ilfoulin, a été

trouvé pendu dans un petit bois qui longe la ligne de Boisset à

Evreux. Moulin ne jouissait pas de toute sa raison. (Le Rappel de

l'Eure du janvier 1901.)

varia. ' ' * 269

Ces deux faits montrent que dans le département de l'Eure

l'assistance des aliénés est très défectueuse, alors qu'elle

pourrait se faire d'une façon satisfaisante. Il existe, en effet,

un asile départemental situé à Navarre près d'Evreux. Mais,

au lieu d'assister les aliénés du département qui entraîneraient

des dépenses pour celui-ci, l'administration préfectorale

et le Conseil général de l'Eure préfèrent prendre en grand

nombre les aliénés du département de la Seine qui leur rap-

portent. C'est donc au préjudice des aliénés des départements

que le département de la Seine place ses malades dans les

asiles de la province. Cette situation déplorable n'aura un

terme que quand le Conseil Général de la Seine aura des

asiles en nombre suffisant pour assister tous ses malades.

Suicide. La dame Honoré, née Joséphine Pivet, cultivatrice à

Dampierre, canton d'Aunay-sur-Odon, s'est noyée dans une mare

voisine de son habitation. La pauvre femme, qui avait cinquante-

sept ans, avait le cerveau faible. (Bonhomme Normand, 31 janvier

1901.)

Un emprunt insolite. - A coups de canne. Sous ce titre Le

Petit Soit du-3 décembre rapporte le fait suivant :

Vers huit heures, ce matin, une femme âgée d'environ qua-

rante-cinq ans se présentait chez M. D..., négociant en vins rue

de la'four-d'Auvergne et lui demandait une somme de cinquante

francs dont elle avait absolument besoin. M. D..., qui prétend ne

pas connaître cette femme, les lui refusa.

Entrant aussitôt dans une violente colère, elle saisit une canne

qui se trouvait dans l'entrée de l'appartement de M. D..., et lui

en porta plusieurs coups violents sur la tète et sur la figure lui

mettant le visage en sang.

Aux cris de M. D..., des voisins accoururent et non sans peine

parvinrent à maîtriser cette mégère qui a été conduite au commis-

sariat de la rue Rochechonart. C'est une nommée Marie Duvernois

qui depuis quelque temps ne jouit plus de ses facultés mentales.

Elle a été envoyée à l'infirmerie du Dépôt.

M. Pierre Pornot, lieutenant de douanes à Cancale, vient de

se suicider en se fracassant la tête avec une balle de revolver d'or-

donnance. Le désespéré était âgé de trente-six ans et était en

proie depuis quelque temps à une profonde mélancolie. (De Saint-

llalo au Petit Parisien, 27 septembre.)

Un fou assassin. Notre correspondant de Marseille nous télé-

graphie qu'un crime a été commis ce matin dans le quartier

d'Eadoume, provoquant la plus vive émotion parmi les habitants.

270 VARIA.

Un vérificateur d'octroi, le nommé Caponi, demeurant rue de la

Colline, 28, sous l'empire d'un accès de folie, s'est levé subitement

de son lit vers une heure du matin et, s'armant d'un poignard, il

en a frappé sa femme, profondément endormie. Cette malheureuse

est morfe sur le coup ; l'arme lui avait percé le coeur. Le meurtrier

a été arrêté ce matin, à six heures, à grand'peine. On a dû le gar-

rotter pour le transporter à l'asile des aliénés. (Le Temps, du

6 novembre 1900.) -

Arrestation d'une folle. Des gardiens de la paix étaient requis

. ce matin, par un marchand de vins du Faubourg Montmartre, pour

faire sortir de son établissement une folle qui venait de s'y réfu-

gier. A la vue des agents, la folle se précipita dans les water-clo-

sets de l'établissement, essayant de descendre dans la fosse, pour

aller chercher du secours pour défendre les Boers attaqués parles

Anglais ; on put à grand'peine s'emparer de la malheureuse qui,

interrogée par M. Archer, a déclaré se nommer la marquise de

B... ; en réalité, on se trouve en présence d'une érotomane dange-

reuse, qui a été dirigée sur l'infirmerie du dépôt. (La France, du

6 décembre 1900.)

Assistance DES IDIOTS et DES arriérés.

Viol. Une pauvre idiote, Marie Gosse, seize ans, domestique a

Ilamars, canton d'Evrecy, a été violée par le nommé L..., à Saint-

Martin-de-Sallen. Du moins, c'est lui qu'elle accuse d'être l'auteur

de cet attentat. (Bonhomme Normand, 31 janvier 1901.)

Il s'est passé dernièrement, dans le canton de Saint-André, un

fait grave d'attentat aux moeurs. L'auteur de l'attentat est marié

et jouit d'une certaine considération ; la victime est peu inlelli-

gente et appartient à une famille "pauvre. (Rappel de l'Eure,

19 janv.)

A Lyon (Rhône), une demoiselle Aline Vincent, qui a le cer-

veau faible, a été assaillie par deux rôdeurs qui l'ont violée, frappée

et laissée pour morte. (Le Bonhomme Normand, du 28 décembre

1900 au 1 ? janvier 1901.) .,

Nous continuons à signaler les faits de cette catégorie car

ils. montrent d'une façon évidente la nécessité de l'assistance

et du traitement médico-pédagogique des enfants idiots ou

arriérés. C'est à nos collègues des asiles d'aliénés de faire

auprès des Conseils généraux et de l'administration la propa-

gande la plus active pour la création d'asiles-écoles pour ces

malheureux.

FAITS DIVERS.

Thèses de LAUSANNE : Goguelda Sltoniltotf, Oplatalnaopléfic exté-

rieure, double, congénitale ; - Vera Salomon, Recherches expéri-

mentales sur la rage; de Martines, Recherches sur les troubles du

goût et de l'odorat dans les paralysies générales progressives ;

Nadiejda Stiena, Des fonctions de la tleynoirle. '1

. Alcoolisme infantile. Le tribunal correctionnel de Lannion

(Côtes-du-Nord) a condamné à treize mois de prison une femme

Boussougan, domiciliée à Coatréven, qui après avoir fait absorber

de l'alcool à son enfant l'avait laissé dehors durant la nuit. Le len-

demain il avait été trouvé mort. (Bonhomme Normand, 31 janvier

1901.)

Ivrognerie de L'ENFANCE. Ces jours derniers, la femme Jouy,

journalière, rue du Pont-Percé, à Verneuil, revenait d'Evreux où

elle était allée purger une dette envers l'Etat. Pour fêter son retour

elle avait acheté deux litres d'eau-de-vie, et elle y fit si largement

honneur que le soir on la trouvait affalée ivre-morte devant sa

porte. Quelques instants après, l'enfant de cette malheureuse, une

petite fille de cinq ans, ayant soif et croyant trouver du cidre dans

une bouteille restée sur la table, et qui contenait de l'eau-de-vie,

la vida et ne tarda pas à ressentir les effets de l'alcool car elle vint

tomber près de sa mère. Des voisins charitables portèrent l'enfant

chez un pharmacien qui lui donna un cordial et après l'avoir cou-

chée veillèrent sur elle. (Le Rappel de l'Eure, du 10 octobre 1900).

Suicides D'ADOLESCENTS.- On écrit de Cherves qu'un jeune homme

de seize ans environ, nommé G..., fils d'un charpentier demeurant

à Orlut. s'est pendu à l'aide de sa ceinture. (L'Indicateur de Cognac,

9 décembre.)

Dans la Creuse, à Chavannes, Elise Boucret, quatorze ans,

disparue depuis huit jours, a été retrouvée pendue dans une mai-

son non habitée. Dans sa poche se trouvait un papier sur lequel

était écrite cette phrase : « Le plaisir de mourir sans peur vaut

bien la peine de vivre sans plaisir. Peusons-y bien. » (L'Indicateur

de Cognac, 3 janvier 1901.) '

Nouveau journal. Nous venons de recevoir le premier numéro

de la Revue de Philosophie paraissant tous les deux mois sous la

direction de M. E. Peillaube. Un an pour la France : 12 francs; pour

l'Union postale : 15 francs. Éditeurs : Carré et Naud, 3, rue Racine,

Paris.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

Asile public d'aliénés de Maréville. Rapport du médecin en chef de

la division des hommes à M. le Préfet de Meurthe-et-Moseiie. - In-8° de

21 pages. Nancy, 1900. Imprimerie Berger-Levrault et C ?

~~Colin. - Les asiles d'aliénés à portes 'ouvertes. In-8° de 5 pages.

(Extrait des Annales médico-psychologiques). Paris, 1900

Colin. Les aliénés criminels. (Communication faite à la séance de

la Société générale des prisons du 17 novembre 1897.) In-8° de 12 page ? .

Chez l'auteur : Maison centrale de Graillon. a

COLIN. - Du système de l'Open-lJoorel des grands services d'aliénés.

In-S° de 18 pages. Extrait des Annales médico-psychologiques.

Paris, 1900. ,

D'AMATO (V.). - La cure poalica délie malallie veuerce sifilitiche e

délia pelle. In-18 cartonné de 271 pages. Roma, 1901. Tipo-

grafia Foreuse.

Déricq (L.). Asile départemental d'aliénés de l'Orne. Extrait du

compte moral et administratif pour l'année 1895 suivi de l'introduction

au rapport médtcal.-In-8° de 17 pages. Atencon, 1896. - Imprimerie

Guy. -

DONAT J.) und Hugo Lukacs. Die elektrische Erregbarkeil der Xer-

ven und Jlusklen tinter curare. de 10 pages. Virliung.

(Extrait du Zeitschrift sur IClin. medicin). · .

Jahresbericht ilber (lie Geisfuagert und 1,'o,ischi-ille ciiif (le ? ? Z gebiele

der Neurologie und Psychiatrie. Publié sous la direction de 1111. Fia-

tau, Jacobsohn et I.. Monde). 3° année (1899). - Volume in-8° de vi-l2s6

pages. Berlin, 1900. Verlag von S. Iiurger. '

Mignot (R.). Élude des troubles pupillaires dans quelques maladies

mentales. In-8° de 121 pages. Paris, 1900 ? Jouve et I)oyer.

Mott (F.-W.). The craniazz lectures on lhe degeneralion of Ilie

neurone. Brochure in-8° de 118 pages, avec o9 ligures. Londres,

1900. John Baie, sons et Danielsson.

MoTT (F.-W.) and Tredgold. llemialrophy o/' llie l3nain and ils

2,esitlls on the'eei,ebelliiiii, medulla, and spinal corcl. Brochure in-8"

de 25 pages, avec 14 figures. London, 1900. Macmiitan and C°.

P.1C'fET. - Des grands services d'aliénés, In-8" de 4 pages. Chez

l'auteur : Asile d'aliénés à Villejuif. '

Petit (G.). Accès répétés d'épilepsie survenus chez une femme de

soixante et un ans après un ictus apoplectique. In-8° de 18 pages.

Angers, 1900. Libiairie Germain et G. Grassin.

Poli (G.). Sul centra cortico-cerebrale delta sensibilila igrica.

Brochure in-8" de 6 pages. Reggio-Emilia, 1900. Calderiui e Figlio.

Le rédacteur-gérant : Bouiixetclle.

liwew,l Cli. IlÉni5s -Ey, mp. - 2-1901.

Vol. XI. Avril 1901. ? .64.

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

Idiotie microcéphalique : cerveau pseudo-kystique ;

Par BOUI3NCVILLE et OBERTIIUR. '

Ainsi que nous l'avons fait souvent remarquer, lamicrocéphalie,

loin de répondre à une lésion anatomique toujours la même, a

pour cause des lésions très diverses : arrêt de développement des

circonvolutions, avec ou sans malformations, sclérose atrophique,

méningo-encéphalite avec destruction de la plupart des circonvo-

lutions, etc. L'observation qu'on va lire appartient à cette caté-

gorie. Les cas analogues sont assez rares. En général, ils ont été

observés chez des enfants qui meurent peu après la naissance. Il

est exceptionnel que la vie se prolonge aussi longtemps que chez

notre malade. On trouvera dans le mémoire intéressant de M. le

D' Audry (de Lyon) sur les Porenccphalies 1 le résumé d'un certain

nombre de cas empruntés à Andral, Breschet, Cruveilhier, Lalle-

mand, etc., qui se rapprochent du nôtre. En se reportant au texte

même des auteurs il y aurait là le sujet d'une thèse sérieuse.

Sommaire. Père, très intelligent, rien de particulier. Grand-père

et grand' tante paternels migraineux . il nom-

breux grands-oncles, grand' tantes et une tante paternels, morts

de tuberculose. Tante paternelle, coi ? viilsio2s de l'enfance.

Mère, traumatisme céphalique vers sept ans, avec évanouissement,

hémorragie, cicatrice avec dépression douloureuse au toucher ci

spo) : <<tHme) : < ? ReM<t à treize ans ; évanouissements. Accidents

hystériques; suggestionnable. Grand-père maternel, excès de

boisson. oe ! <)' morte de méningite.

' Revue de médecine, 1888, p. 462 et S52.

Archives, 2 série, t. XI. 18

274 " ANATOMIE PATHOLOGIQUE. '

· Pas de consanguinité. Inégalité d'âge de deux ans (père plus

âgé).

Grossesse accidentée par une chute de cheval avec grand- émoi et

suivie de tremblement, et par des ennuis multiples. Somnolence

dès la naissance. A quinze jours, premières co)iviilsioiis, p,ëdoiiii-

nant adroite. A partir de là jusqu'au sixième mois, convul-

sions quotidiennes toujours prédominant ci droite. Début de la

contracture générale cinq jours «près les premières convulsions.

Exercices des jointures, diminution de la contracture. - DilUé-

vie ; pieds bols. - Trépidation épileptoïde par les mouvements pro-

coqtsés. Idiotie complète. Ophtalmie purulente; cécité. ('oit

flasque, tête retombante. Développement régulier du corps et

même des membres ; arrêt de développement de la tète, du front

surtout. Accidents méningitiques ; mort rapide.

Autopsie. Crâne mince avec de nombreuses plaques transpa-

rentes; pas de synostoses. Transformation kystique des deux

hémisphères. Destruction complète des circonvolutions. Ménin-

go-encéphalite et sclérose.

Perr... (Maurice), né à Nouméa, âgé de deux ans et demi, entré

dans le service le 30 octobre 1899, y est décédé le 3 novembre.

Cet enfant est arrivé avec un certificat ainsi conçu : « Est atteint

de sclérose cérébro-spinale, qu'il présente des troubles marqués et

incurables des facultés cérébrales et qu'il y a lieu de le diriger sur

un asile spécial où il recevra les soins et la surveillance néces-

saires. » (Signé : D1' Nelter.)

1° Antécédents. Renseignements fournis par son père.-1- Père, vingt-

six ans, planteur, grand, brun, pas de convulsions ni diatheses,

ni syphilis, ni migraine, sobre, caractère doux. Durant six mois,

deux ans avant la naissance du malade, il a fumé 50 centimes de

tabac par jour puis a cessé complètement. Il a fait ses études clas-

siques, a obtenu ses deux baccalauréats, s'est engagé à dix-huit

ans, a fait quatre ans de service, puis s'est marié (vingt-trois ans)

et est parti comme planteur à la Nouvelle-Calédonie d'où il est

revenu il y a trois mois. Il descend, par les femmes, de Denis Papin.

[Son père, soixante-trois ans, aurait eu des migraines pendant sept

ou huit ans; elles l'obligeaient à se coucher, très rhumatisant,

aucun excès, caractère calme. - Sa mère, quarante-huit ans, n'au-

rait jamais eu d'accidents nerveux et jouirait d'une bonne santé.

Ses grands-parents paternels et son grand-père maternel seraient

morts vieux, il ne sait de quoi. Sa grand'mère maternelle aurait

succombé à la tuberculose. Une tante paternelle aurait eu des

migraines très violentes. Ses trois enfants sont bien portants et

n'ont pas eu de convulsions. Quatre oncles maternels, célibataires,

sont morts vers trente-cinq ou trente-six ans de la tuberculose.

Sept tantes maternelles dont cinq, célibataires, sont mortes vers

IDIOTIE MICROCÉPHALIQUE. 275 7

trente-quatre ou trente-cinq ans de tuberculose. Deux autres sont

bien portantes ainsi que leurs enfants. Deux soeurs, l'une morte à

dix-sept ans de tuberculose, l'autre, dix-neuf ans, jusqu'ici en

bonne santé; pas de convulsions; un frère, vingt-un ans, aurait

eu des convulsions jusqu'à deux ans; il est intelligent.]

,1/ére, vingt-quatre ans, ouvrière en brosserie avant le mariage;

elle appartient à une famille de paysans bretons très robustes. Pas

de convulsions de l'enfance. Vers six. ou sept ans en jouant, elle

s'est cognée le sommet de la tète contre le timon d'une voiture.

Elle s'est évanouie et a perdu un peu de sang. Cet accident a occa-

sionné une cicatrice de 3 centimètres : « Il y a à ce niveau, dit son

mari, une dépression de l'os et, si l'on appuie, on détermine une

vive douleur. Elle est sujette à des céphalalgies qui ont leur point

de départ à la cicatrice et s'accompagnent parfois de spasmes des

muscles du front et des sourcils. A partir de ses règles, survenues

il y a treize ans et qui ont provoqué une très grande anémie, elle

a été sujette à des évanouissements fréquents, jusqu'à deux fois

par jour. Le mari a assisté avant le mariage à un évanouissement

qui aurait duré un quart d'heure. Ils ont disparu presque aussitôt

après la cohabitation. Elle est encore anémique, d'un caractère

difficile, sombre : « elle se forme des idées » ; deux fois, pendant une

demi-heure environ, elle a eu des «ccès de folie avec divagation et

suivis de sommeil. Elle a eu quatre crises hystériques après des

contrariétés ou des impressions violentes. Elle éprouve d'abord

une douleur au niveau de la tète, puis une sensation de boule avec

strangulation, bruit de cloches, peurs ; elle se raidit ensuite,

«vient à elle au bout d'un quart d'heure en poussant des soupirs ;

pas de pleurs, urines assez abondantes. Elle dit que quand elle

peut pleurer, la crise avorte. Elle est très suggestionnable. Un

jour, en causant avec elle, son mari insistant pour la convaincre,

il la fixait dans les yeux : elle s'est endormie les yeux ouverts. Son

mari l'a endormie plusieurs autres fois et avec une extrême faci-

lité. [Son père, soixante ans, sans troubles névropathiques, fai-

sait des excès de boissons relativement modérés quand il a conçu

-sa fille. Ses excès ont augmenté quand il est venu de la campagne

à la ville. Sa mère, d'un caractère calme, est en bonne santé.

On ne peut nous donner aucun renseignement sur ses grands-pa-

rents, ses oncles et tantes. Elle a neuf frères et quatre soeurs;

aucun d'eux n'aurait eu de manifestations nerveuses, et, en parti-

culier, de convulsions de l'enfance. Ces frères « très robustes sont

des coureurs à pied très remarquables, le plus âgé a trente-quatre

ans, le plus jeune dix-sept ».][Dans les deux familles, il n'y aurait

pas eu d'idiots, d'aliénés, d'épileptiques, de difformes, etc.]

Pas de consanguinité. (Vendéen et bretonne.) Inégalité d'âge

276 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

de deux ans. Deux enfants : 1° Une fille morte à six mois d'une

méningite.

2° Notre malade. Rien d'anormal à la conception qui a eu lieu

iL la lVouvelle-Calédonié. Grossesse. Chute de cheval sur le dos,

au troisième ou quatrième mois. Pas de syncope, mais, tremble-

ment des membres pendant cinq minutes l'empêchant de rester

debout. Elle a pu ensuite marcher et durant deux ou trois heures

elle est restée sous l'empire d'une grande frayeur : traits tirés,

face pâle. Consécutivement ni cauchemar, ni hémorragie. Elle

n'avait pas encore senti remuer son enfant, elle n'était pas sûre

d'être enceinte car ses règles étaient venues régulièrement. Quel-

ques jours après cet accident, son mari est revenu en France pour

affaires et est rentré à la Nouvelle-Calédonie, dix jours avant l'ac-

coucllement.Durantcetemps, elleaurait eu des ennuis occasionnés

par des voisins qui, la sachant seule, lui ont intenté des procès.

Elle a dû quitter la brousse pour aller à Nouméa où elle a été

tourmentée par des embarras d'argent. Ni peur, ni syncope, ni

attaques de nerfs, etc.

Accouchement à terme en vingt ou vingt-cinq minutes. Présenta-

tion du sommet, beaucoup d'eau. A la naissance, pas d'asphyxie,

pas de circulaire, l'enfant paraissait normal, sa tète n'avait pas

attiré l'attention. Allaitement au biberon, avec du lait de vache.

Dès les premiers jours, l'enfant était «somnolent et constipé» {il

en a toujours été ainsi), pas d'accès de cris.

Premières convulsions à quinze jours pendant une heure, les

quatre membres étaient raides durant quelques instants, puis

étaient pris de secousses, prédominant à droite, qui persistaient

plus longtemps. A partir de là, il aurait eu quotidiennement deux

séries de convulsions; leur durée était de quarante-cinq minutes :

Face pâle, yeux convulsés, on ne sait plus dans quel sens, léger

écoulement de salive. Api es les crises, il était encore plus endormi

que d'ordinaire. Spontanément, il remuait très peu ses membres,

mais moins mal les bras que les jambes. Il ne pouvait se retourner

dans son lit qu'en se renversant la tête en arrière, comme appui.

Les convulsions ont disparu au bout de six mois. Elles ont tou-

jours prédominé dans le côté droit Au cours de cette période, il

aurait eu une entérite, une pneumonie et une ophtalmie.

Avant les convulpions les mains étaient naturelles et les bras

souples. C'est peu après le début des convulsions, au plus tard au

cinquième jour, qu'on a remarqué que les mains se fermaient et

que les membres se contracturaient. La contracture était la même

des deux côtés. Au point de vue de l'extrême limitation des mou-

vements et de la contracture, on nous assure que la situation était

lamême après la première semaine de convulsions, qu'aujourd'hui. *

Les convulsions ayant cessé, dans le septième mois, le père a

1 DIOTI E- ? Il CROC PHALIQUE.. 277 Î

essayé d'étendre et de fléchir alternativement les bras, de les

étendre en croix. et de les porter au-dessus de la tête. 11 aurait

fait les mêmes exercices aux membres inférieurs. Il était parvenu

à diminuer la contracture.

Per... remue la tête, mais.seulement dans certaines circons-

tances, par exemple quand on le caresse. Au lit, les jambes res-

tent allongées, les bras collés contre le tronc, les avant-bras fléchis,

les mains fermées reposant sur le devant de la poitrine.

Lorsqu'on babillait l'enfant, pour faire entrer les manches, on

était obligé d'étendre de force les avant-bras qui, aussitôt, étaient

pris de trépidation : Ils reprenaient ensuite leur attitude primitive.

La trépidation épileploïde des jambes, quand on les allongeait,

est nettement décrite par le père. Il fait remarquer que si elles

étaient fléchies sur le bassin, il n'y avait pas de trépidation. Ce-

phénomène ne se produisait pas spontanément. Deux ou trois fois

par semaine, on notait des secousses des reins et de la tête. En

même temps, les bras étaient projetés en avant et les poignets se

relevaient sur les avant-bras. Pas d'accès spontanés de contracture.

Si on essayait de le faire sauter, les jambes étaient prises de trépi-

dation et restaient en demi-flexion. Les pieds ne posaient point par

terre (pieds bols).

La physionomie était sans expression, sauf quand on le caressait :

il avait l'air de sourire, frottait sa tête contre la personne qui le

caressait et poussait une sorte de ronronnement. « C'est la seule

marque de connaissance qu'il ait donnée. Il aimait davantage

qu'on lui frictionnât doucement les paupières. » Per... a une cer-

taine volonté. Quand il a pris assez de lait, il le rejette en soufflant.

L'attention et la parole ont toujours été nulles.

La sensibilité générale semble obtuse. Son père a remarqué que

lorsqu'on le pinçait il y avait un mouvement de flexion de la

jambe. Si on le cognait, il y avait un mouvement réflexe qu'on

attribue plutôt aiacommotion qu'à la douleun. Des piqûres d'épin-

gle ne paraissaient déterminer qu'un mouvement réflexe. On ne

peut rien préciser quant au froid et à la chaleur.

La vue était à peu près Huile. Lorsqu'il y avait près de lui une

lampe allumée, il la regardait. Il semblait même la chercher. Si

le soleil était trop vif, il fermait les paupières. Il ne distinguait

pas les personnes. Il a eu de quinze à vingt jours de sa vie, durant

les premiers temps de la période convulsive, une ophtalmie

purulente : les yeux étaient gros et le pus assez abondant.

« L'ouïe existait certainement. Il sursautait au bruit d'une porte

fermée brusquement ou si on frappait dans ses mains, ou quand

on tirait un coup de fusil à une soixantaine de mètres de l'habita-

tion. »

L'odorat, au contraire, était nul. Son père lui a soufflé de la

fumée de tabac dans les narines et il est resté indifférent.

278 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

Le goût, s'il existait, était bien émoussé. Quand on lui donnait

des médicaments qui lui déplaisaient, il les gardait dans la bouche

et les rejetait quelques instants après. Mais comme il lui arrivait,

dans d'autres moments, de garder le lait dans sa bouche et de le

rejeter, il est difficile de savoir s'il y avait réellement une distinc-

tion ou un simple caprice.

Fig. G. Pe... à deux ans.

IDIOTIE MICROCÉPHALIQUE. 279

Ni tics, ni balancements, ni cognements de tête, ni grincements

de dents, ni troubles vaso-moteurs.

Le palais est creux et étroit. La mastication est nulle. Pas de

bave. Il n'a jamais pris que du lait. On a essayé de lui. donner du

biscuit, il réunissait les fragments en pelote et les gardait entre

la langue et le palais. Il' vomissait quelquefois mais pendant la

traversée de la Nouvelle-Calédonie en France, il a été insensible

au mal de mer. Pas de rumination. Constipation habituelle. -

L'enfant semblait supporter sa tête difficilement, comme si elle

était lourde. Les muscles du cou m'ont paru, dit le père, « peu

développés, il avait l'air de rattraper sa tête ». Jamais on aurait

remarqué de raideurs de la région cervicale.

Dans les premiers temps de la vie, on croit qu'il était bien pro-

portionné, face aimante; puis on a remarqué que l'un des côtés du

front, le gauche, croit-on, était plus déprimé que l'autre..A me-

sure qu'il grandissait, la face se développait, mais le front ne bou-

geait pas. Le crâne serait resté le même depuis un an. -

Les membres se sont développés régulièrement, il était fort pour

son âge. Le développement de la taille aurait subi une marche ré-

gulière (y. G).

Le père dit que dès les premiers tempsde la vie, avant les convul-

sions, son enfant n'était pas naturel, car il était toujours somnolent.

Il affirme enfin que les fontanelles ont été fermées à trois mois.

30. L'enfant nous arrive de l'Asile clinique avec de la fièvre (38°).

Le corps offre un état d'embonpoint normal. La face, dans son

ensemble, ne présente pas d'asymétrie. Le nez est légèrement ca-

mus et court, sans déviation, les narines sont égales. La bouche

régulière. Le lobule des oreilles est presque adhérent, surtout le

gauche. Sur la cornée, du même côté, existe un nuage, reste de

l'ancienne ophtalmie purulente.

280 " ANATOMIE PATHOLOGIQUE. 1

ajouler à,la description qui précède. La peau est pâle, avec une

teinte brune cuivrée qui s'explique parce fait que l'enfant est né

à Nouméa. Les testicules, dans les bourses, sont de la grosseur

d'un haricot.

Membres supérieurs.

IDIOTIE MICROCÉPHALIQUE. " . 281

une contracture modérée des fléchisseurs des membres inférieurs.

Les réflexes sont exagérés. On constate le signe de Babinski

(extension du gros orteil par la piqûre de la racine plantaire).

- Soir : T. Il. 401,5.

3. Dans la nuit, mêmes plaintes, mêmes cris, l'enfant meurt'

avec une T. R. de 40°,5. La température après la mort au offert la

marche ci-après :

282 -) ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

Tête. Le' cuir. chevelu est très pâle sans ecchymose. - La

calotte crânienne est ovoïde avec un léger degré de plagiocéphalie

(aplatissement de l'occipital droit et du frontal gauche). Elle est

très mince, offrant de nombreuses plaques transparentes sur le

frontal droit, les pariétaux, un peu plus sur le gauche que sur le

droit, enfin sur l'occipital gauche. Les fontanelles sont ossifiées;

les sutures persistent, sont finement dentelées et transparentes,

prêtes en quelque sorte à se séparer. Au moment de l'autopsie, les

sutures étaient gorgées de sang et comme distendues par lui,

lésions que nous avons souvent observées chez des malades atteints

de méningo-encéphalite et succombant à des poussées aiâuia( ? 7).

La calotte enlevée, la masse encéphalique s'affaisse complète-

ment en arrière.

On recueille 430 grammes de liquide céphalo-rachidien dont

voici l'analyse faite par M. SE'IN, interne en pharmacie du service.

Aspect : le liquide est louche, de couleur rose pâle, couleur

qu'il doit évidemment à un peu d'hémoglobine. Il réduit légère-

ment la liqueur de Fehling.

IDIOTIE MICROCÉPHALIQUE. 283

let. Ces poches kystiques sont distendues par le liquide céphalo-

rachidien ; leur face externe présente de très nombreuses adhé-

rences filamenteuses avec la face interne de la dure-mère; ces

adhérences sont très facilement détachées avec le doigt. (l. et IL)

Les nerfs olfactifs sont réduits à une sorte de membrane, de

coloration grise, dont l'épaisseur parait être à peine de 1 milli-

mètre à droite, et encore plus mince à gauche.

Les nerfs optiques sont blancs et assez gros, par rapport au

cerveau : leur coupe a environ un millimètre et demi de diamètre.

Le nerf moteur oculaire est assez bien développé. Les t«ber-

cudes mamillaires font défaut.

Fig. 7. Ardue : atrophie du frontal ; persistance des sutures.

'28 1 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

Les pédoncules cérébraux sont très rétrécis, blancs et symétriques.

Les. pédoncules cérébelleux et le 4° ventricule sont plutôt grêles.

Les artères vertébrales et sont régulières. Les

'obères cérébrales sont très réduites de volume.

Le cervelet, a un volume proportionné à l'âge de l'enfant.

La protubérance est petite et en retrait par rapport au bulbe.

Le bulbe est légèrement déformé en ce sens que la pyramide

antérieure droite et l'olive sont un peu plus saillantes que les

.parties correspondantes du côté gauche.

La moelle épinière semble avoir son volume et ses proportions

normaux.

Dans l'ablation, la poche kystique se vide et on sent de chaque

côté de la ligne médiane, un peu au-dessus et le long des nerfs

optiques, deux noyaux durs, irréguliers, dont l'ensemble équivaut

à une petite noix. On en sent un autre au niveau du lobe occipital

gauche. A droite, on sent une petite induration de quelques milli-

mètres de diamètre. D'une façon générale, les poches héj ? iisphé-

oiques sont transparentes. La partie de la poche correspondant

aux lobes frontaux est d'une minceur extrême, aussi s'est-elle

déchirée malgré toutes les précautions prises pendant l'ablation.

Dans l'eau, ces fragments sont flottants, et dans l'intérieur, il y a

-des filaments cellulaires. Cette partie de la poche paraîtrait formée

par la pie-mère, extrêmement amincie, et il ne semble pas y avoir

de substance cérébrale. La partie des poches qui répond aux lobes

pariéto-temporo-sphénoïdaux est plus épaisse et comprend des

parties transparentes, comme des kystes, et des parties jaunàtles,

plus épaisses, non transparentes. Les lobes occipitaux et tempo-

rccux sont bien dessinés.

Le lobe lemporo-sphénoïdal droit est transformé en un kyste tout

à fait transparent, ainsi que la plus grande partie du lobe octi-

pital. Il en est de même du lobe correspondant du côté gauche,

sauf un épaississement à sa pointe, d'environ un centimètre carré.

Le lobe occipital gauche offre, dans sa moitié postérieure, un épais-

sissement constitué par un reste de circonvolution.

Il existe aussi un épaississement répondant à la moitié inférieure

des circonvolutions frontales et pariétales ascendantes, des deux

côtés.

La transformation kystique est plus prononcée à droite qu'à

gauche. (La description se fait, le cerveau placé dans une solution

de formol ; cette solution distend les pseudo-kystes.)

Les parties non transparentes paraissent être formées par la pie-

mère et une couche de tissu cellulaire; elles ont une coloration

légèrement jaunâtre et sont sillonnées çà et là par des vaisseaux.

Lorsqu'on examine le cerveau en dehors de la solution, toutes

les poches s'affaissent et les parties non transparentes se présen-

tent sous l'aspect de circonvolutions réduites à de petites crêtes.

IDIOTIE MICROCÉPHALIQUE. 285.

Quand on écarte les deux hémisphères cérébraux, on voit qu'à

gauche, au niveau du lobe frontal, les méninges molles sont

doublées de quelques fragments de circonvolution sans qu'il soit

possible d'en individualiser aucune. A la partie moyenne, il ne

semble pas y avoir de fragments de circonvolution. En arrière,

le lobe occipital persiste avec des circonvolutions qui ont une

forme.

Sur la face interne de l'hémisphère droit, au niveau du lobe

frontal, il y en a moins qu'à gauche, mais les membranes restent

épaissies, comme doublées à leur face interne, de parties dures,

sur lesquelles cheminent deux ou trois vaisseaux d'apparence

capillaire. A la partie moyenne, même aspect qu'à gauche.

Le lobe occipital n'est plus reconnaissable, en tant que circon-

volution ; il est représenté par une masse scléreuse, qui, à la

pression, n'est qu'une petite couche de substance corticale.

Les deux hémisphères sont réunis par une sorte de membrane,

un peu dure, laissant voir une traînée blanchâtre répondant au

corps calleux.

Nous pratiquons une incision au-dessus de ce qui serait le corps

calleux; la membrane incisée est assez ferme; en écartant les

lèvres de l'incision, on voit des tractus celluleux formant, comme

des pseudo-kystes.

Une incision transversale effectuée, à la partie moyenne de l'hé-

misphère gauche, fait voir le même aspect de cloisonnement cellu-

laire constituant toujours des kystes.

On pratique une incision longitudinale au-dessous de ce qui.

reste de la première frontale et on tombe dans le ventricule latéral

gauche. On pratique les mêmes incisions sur la face interne de-

l'hémisphère et on trouve les mêmes lésions. (IL. 111.)

En écartant les lèvres de ces incisions, on découvre un grand

kgste qui représente alors toutes les circonvolutions : lobes parié-

tal, rolandique, frontal, temporal et la plus grande partie du lobe

occipital, le ventricule latéral, le corps opto-strié tout entier, ainsi

que le corps calleux; de ces deux masses, il est impossible de-

distinguer à I'oeil nu aucun vestige.

Le ventricule latéral, dont la cavité se confond avec la grande

cavité pathologique (soit dans la portion moyenne, soit dans ses

deux cornes frontales ou sphéno-occipitales) se reconnaît grâce à

la persistance des, plexus choroïdes, devenus d'ailleurs fibreux et

adhérant avec l'épendyme ventriculaire et les tissus pathologiques

voisins. En incisant légèrement l'épendyme ventriculaire, épaissi

à sa partie interne, on tombe sur une cavité ou fente antéro-

postérieure, communiquant avec un orifice arrondi, semblant être

le restant de la corne frontale agrandie. Sous l'épendyme ventricu-

laire, qui se laisse aisément décoller (comme si l'inflammation

s'arrêtait là), on trouve une masse blanche, aplatie, présentant 42

'286 . ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

à 15 millimètres dans le sens antéro-postérieur et 20 millimètres

dans le sens transversal. Cette masse parait complexe, mais elle

contient sûrement le pédoncule cérébelleux supérieur qu'on

découvre un peu en arrière d'elle et la calotte du pédoncule céré-

bral ; le pied parait manquer complètement.

Hémisphère droit. Sauf quelques points de détail (disparition

plus complète du lobe occipital, épaississement plus ou moins

marqué des membranes du kyste),' l'examen du grand

kyste du ventricule latéral, du plexus choroïde et de l'épendyme

ventriculaire ; l'examen du ventricule moyen, communiquant

avec la corne frontale; l'examen de la masse blanche sous-

épendymaire et du pédoncule cérébelleux, etc. : tout cela est

absolument identique à ce que l'on a trouvé sur le côté gauche.

Dans le ventricule moyen, dilaté, la commissure blanche est

conservée.

Examen histologique ; par le D'' 013rRTIIUR.

Les lésions de ce cerveau qui présente, à première vue, l'aspect

d'un ramollissement kystique, donnent, à l'observation microsco-

pique, l'impression qu'il s'agit vraisemblablement d'un processus

inflammatoire, ? diti ? go-ei2céph(ilitiqzic avec désintégration de

l'écorce, aussi bien autour des vaisseaux émanés de la pie-mère

qu'au voisinage de ceux des couches inférieures de la substance

grise, mécanisme qu'il nous a été souvent donné d'observer, à un

degré moindre en vérité, dans des cas de ménin-o-encéplialite de

l'enfance avec ou sans sclérose alrophique des circonvolutions. ! ,à

où le processus de destruction est au maximum, on ne rencontre

plus qu'une sorte de membrane feuilletée, où l'on reconnaît à la

face inférieure la paroi épaissie du ventricule avec son épithélium;

celle-ci se trouve réunie à la pie-mère par des Iravées fibro-vas-

culaires, restant delà charpente névroglique des circonvolutions;

ces fibres sont hypertrophiées et les tuniques interne et moyennedes

vaisseaux sont sclérosées. Les interstices sont remplis de cellules

.arrondies ou polygonales, les unes vraisemblablement d'origine

névroglique, les autres sont des éléments migrateurs ou des corps

granuleux ; on aperçoit aussi par places quelques globules san-

guins et des débris de cellules et des fibres nerveuses.

Mais si l'on observe les points (portion interne des lobes occi-

pitaux) où la substance nerveuse est encore relativement conservée,

on voit le tableau suivant :

Le tissu nerveux atteint une épaisseur d'un centimètre environ

de la paroi du ventricule latéral à la méninge ; les circonvolutions

très atrophiées sont encore reconnaissables. La paroi du ventri-

cule est formée de bandes de névroglie résistante dans lesquelles

.sont inclus des boyaux d'épithélium épendymaires, de là s'irra-

IDIOTIE : 111CROCEFH.1LIQUE. 287 I

'dient des pinceaux de grosses fibres névrogliques vers les circon-

volutions, au milieu desquelles on aperçoit encore quelques fibres

nerveuses grêles contournées en divers sens. Le centre ovale de ces

circonvolutions est occupé à Qa partie médiane par des nodules de

sclérose; à sa périphérie par des libres myéliniques qui atteignent

à peine la substance grise, où l'on voit encore quelques libres

radiaires, mais aucune trace des libres tangentielles.

On voit se former de nombreuses cavités par le même méca-

nisme que dans les scléroses atrophiques que nous avons pu étu-

dier (formation de nodules, d'ilots périvasculaires, fonte névro-

giique autour de ceux-ci).

Les vaisseaux subissent la dégénérescence fibreuse. Les méninges

elles aussi semblent prendre part à la destruction. On remarque

que la zone la plus inférieure de la pie-mère est le siège d'une

prolifération vasculaire importante. Ces capillaires néoformés pé-

nètrent dans la substance grise, et, autour de ces amas de vaisseaux

la substance nerveuse se nécrose. Il s'agit là d'un cas rapidement

destructif; aussi trouve-t-on au voisinage des foyers de désintégra-

tion, dans la lumière des cavités, une quantité considérable d'élé-

ments migrateurs mononucléés, à gros protoplasma granuleux,

, remplissant ici la fonction de macrophages.

Il faut mentionner, en outre, dans ce cas l'atrophie extrême des

cellules nerveuses. Elles sont arrondies, sans prolongements prolo-

plasmiques, leur noyau est riche en chroinutine, ce sont plutôt

des neuroblastes que des cellules nerveuses différenciées; abon-

dantes en certains points, presque absentes ailleurs, leurscouelles

sont tassées et disposées très irrégulièrement. En divers points l'on

rencontre des éléments arrondis en grand nombre, colorés en bleu

par 1'liéinatoxvline, blocs amyloïdes ou hyalins; ailleurs ce sont

des dépôts brunâtres de pigment et des masses de débris cellu-

laires, iésultats ultimes du processus de désintégration.

Réflexions I. Du côté du père, qui « descend par les

femmes » de Denis Papin, nous n'avons à relever, au point

de vue nerveux, que la migraine chez le grand-père et l'un

des arrière-grands- pères de l'enfant. En revanche, les cas

de tuberculose sont très nombreux. La mère est une névro-

pallie à un degré très prononcé, état qui paraît être la consé-

quence d'un Iraamalisme céphalique de l'enfance, car ses

père, sauf quelques excès de boisson, mère, frères et soeurs

seraient en excellente santé. Ce qui semble dominer chez elle,

ce sont des accidents hystériques, avec troubles intellectuels.

Rappelons qu'une soeur du malade est morte de méningite à

six mois.

288 ANATOMIE PATHOLOGIQUE

II. La grossesse a été accidentée au troisième ou quatrième

mois par une chute suivie d'une émotion vive et par des

ennuis et des contrariétés. Cet accident, les inquiétudes

morales, jointes à ce fait que, dès les premiers jours de la

naissance, l'enfant était somnolent, nous amènent à penser

qu'il s'agitià d'un cas d'idiotie congénitale. Les convulsions

généralisées, avec prédominance à droite, survenues au quin-

zième jour, se montrant sous forme d'état de mal à partir de

ce jour, jusqu'au sixième mois, ont été la conséquence de

l'état congénital. Mentionnons la diplégie avec contracture

et pieds bols remarqués après huit jours de convulsions, la

trépidation épileptoïde clans les mouvements provoqués,

enfin l'idiotie complète.

III. L'habitude que nous avons dans le service de faire

prendre matin et soir la température rectale des entrants

pendant cinq jours, nous a permis de suivre l'évolution de la

poussée méningilique à laquelle l'enfant a succombé'.

IV. La température après la mort montre que progres-

sivement, en 15 heures, elle s'est mise de niveau avec la tem-

pérature de la chambre (l5°) où était déposé le corps. D'où

il suit que, dans notre climat et les climats analogues, le

thermomètre fournit un signe certain de la réalité de la

mort.

. V. Au point de vue anatomo-pathologique, nous n'avons

pas à insister sur les lésions. La minutieuse description que

nous en avons donnée, nous paraissant suffire. Une simple

énumération synthétisera : microcéphalie, occlusion pré-

coce des fontanelles, persistance des sutures, nombreuses

plaques transparentes qui indiquent que, dans ce cas encore,

la craniectomie n'aurait pas été justifiée ; pachyménin-

gite très accusée de la dure-mère, atrophie de la faux,

méningo-encéphalite, destruction de' la plupart des cir-

convolutions, transformation kystique du cerveau, sclérose

des fragments restant des circonvolutions, hydrocéphalie.

Quand il doit être procédé au transfert de malades de notre sec-

lion, nous faisons prendre leur température pour être sur qu'ils ne

sont pas sous le coup d'une affection aiguë, auquel cas il est sursis

au transfert. Il y aurait un intérêt d'humanité à agir partout de même.

CLINIQUE NERVEUSE.

Abcès du lobe temporal droit du cerveau

d'origine inconnue ;

Par LUCIEN LAGHIFFE,

- Interne des hôpitaux de Toulouse.

Malgré la puissante contribution apportée récemment par

les otologisles à l'étude des abcès du cerveau, la symptoma-

tologie de l'encéphalite circonscrite est encore peu connue,

parce que surtout cette lésion donne lieu à la fois à des

symptômes d'inhibition et d'excitation. L'étiologie en est bien

souvent très obscure ce qui ajoute encore aux difficultés du

diagnostic. L'observation que nous allons rapporter constitue

un nouvel exemple de ces difficultés, c'est ce qui nous a

engagé à la publier.

Observation I. Le 19 octobre 1899, entre dans le service de

mon maitre M. le Professeur Mossé, le nommé Antoine L..., âgé

de trente-six ans, marchand ambulant qui se plaint de céphalalgie

rebelle, de prurit intense sur tout le corps et de bourdonnements

dans l'oreille droite.

Sans antécédents héréditaires dignes d'être notés, le malade a

une soeztî, nerveuse, il a été atteint de diverses maladies infec-

tieuses : coqueluche à cinq ans, trois attaques d'influenza dont la

dernière il y a trois ans, variole à vingt-un ans. Soldat en Afrique

pendant trois ans, il n'a pas été impaludé.

Depuis sa jeunesse L... fait des excès de boissons, son breuvage

favori est le vin, dont il prend jusqu'à cinq litres par jour et plu-

sieurs fois par semaine, il se grise.

A vingt-quatre ans, il présente diverses manifestations morbi-

des au niveau du foie, et d'après son récit il y a tout lieu de

penser qu'il s'agissait là de coliques hépatiques. Il n'y eut et il n'y

a jamais eu d'ictère. Depuis quatre ou cinq ans, le malade a

remarqué très nettement l'établissement d'un certain degré de

parésie du membre supérieur gauche. Il y a un an, nous notons

quelques accès de céphaléenoelurne ayant duré quelques nuits à peine.

Archives, 2' série, t. NI. 19

290 CLINIQUE NERVEUSE.

La maladie actuelle aurait débuté pour le malade il y a quatre

ou cinq mois : un matin au lendemain d'une griserie, le malade

ressent une céphalalgie intense sans localisation; il pense aune

conséquence de la fête de la veille, se lève mais tombe aussitôt m

syncope, il doit se recoucher et présente alors quelques nausées.

Depuis cette époque les maux de tête persistent et à quelque

temps de li il aurait été frappé d'insolation en juillet 1899 pour

laquelle il lit un séjour de deux mois à l'hôpital de Cette où on lui

administra de la quinine et de l'antipyrine. dotons cette insolation

au sujet de laquelle nous regrettons de n'avoir pu recueillir de

plus amples renseignements vu l'état du malade au moment où

l'observation a été recueillie.

La céphalalgie présente diverses rémissions de courte durée au

cours desquelles apparurent de nouveaux phénomènes : il y a

deux mois névralgie périorbitaire à droite avec scotome scintil-

lant et si le malade nous a bien compris hémianopsie. Celte mi-

graine ophtalmique dure peu et se reproduit pendant quelques

jours seulement.

Un peu après à l'occasion d'une crise nouvelle de céphalalgie le

malade dit avoir remarqué lui-même l'existence d'un certain degré

d'empâtement à la partie supérieure de la nuque.

Depuis cette époque un nouveau phénomène se montre l'amnésie,

ammésie présentant le premier caractère des amnésies progres-

sives se limitant aux notions les plus récemment acquises, faits

professionnels récents, et se manifestant déjà dans le langage

écrit par l'oubli de certaines lettres et la difficulté de les faire

revivre dans la mémoire.

Il y a un mois le malade accuse des cauchemars, des rêves terri-

fiants, de la zoopsie avec, pendant la journée, des hallucinations

bilatérales de la vue et de fouie, hallucinations non pénibles que le

malade eut la force morale suffisante de rectifier.

A peu près vers la même époque, il y aurait eu une crise de

nerfs caractérisée par l'émission de cris, un tremblement généra-

lisé à tout le corps, le tout ayant duré à peine une minute sans

convulsion des muscles' masticateurs, sans incontinence. Lorsque

tout fut rentré dans l'ordre, le malade avait conservé le souvenir

de cette crise, et la température prise à ce moment aurait dénoté

l'existence d'une hyperthermie. Il n'y eut pas consécutivement de

sueurs. 1

Enfin il y a quinze jours, le malade est pris d'un étourdissement

très passager, une faiblesse plutôt dit-il, suivie de chute sur les

deux genoux.

Voici maintenant, d'après les notes recueillies par M. Sarde

interne du service à cette époque quel était l'état de Antoine L...,

au moment de l'entrée : homme assez grand, fort, céphalalgie

assez intense sous localisation fixe avec prédominance du côté de

ABCÈS DU LOBE TEMPORAL DROIT DU CERVEAU. 291

la nuque. La percussion même forte de la calotte crânienne ne

produit pas de douleurs.

Les poumons et le coeur sont sains, le pouls bat 70 à la minute.

Langue blanche, présentant au niveau du V lingual et un peu en-

avant une surface mamelonnée presque ulcérée, rouge et qui>

semble être la cicatrice d'une ancienne lésion spécifique. Ni diar-

rhée, ni constipation. n

Pas de troubles de la sensibilité sauf peut-être un peu d'hyperes-

thésie des membres inférieurs. Les réflexes sont couservés, le cré-r

mastérien étant diminué. Les urines sont normales. L'intelligence i

est conservée, la parole un peu traînante et les syllabes mal arti-

culées...'... ?

Le 29 octobre la céphalée reste toujours aussi intense, la nuque..

est raidie et douloureuse à la pression, la tête est lourde, les mou-.

vements sont pénibles, seuls les mouvements de latéralité se font

plus facilement et sans raideur. Dans la partie supérieure de la

nuque on observe l'empâtement déjà signalé. i

Le 30 octobre lorsque nous-même voyons le malade, nous cons-)

tâtons les phénomènes suivants : 1 - '.

Le malade est couché en chien de fusil et lui-même prétend que

c'est là sa position habituelle, mais l'entourage a remarqué qu'elle

est plus exagérée que de coutume. La peau est fraîche, il n'y a

pas de fièvre, le pouls est régulier, il bat 64 à la minute et son

impulsion est normale. Il a les yeux fermés car la lumière, comme

le bruit, augmente sa céphalée; le visage est pâle... ' '

Léger degré de macrocéphulic avec asymétrie crânienne portant

principalement sur l'os pariétal droit qui est plus volumineux et

plus bombé que le gauche. A la tempe gauche, cicatrice du cuir

chevelu. La percussion du crâne ne provoque aucune douleur. A la

nuque, immédiatement au-dessous de la protubérance occipitale

externe, on note l'empâtement sur une hauteur d'environ 1 cen-

timètre, empâtement qui ne s'accompagne, ni de rougeur, ni de

chaleur, ni de battements, est nettement médiane. La palpation ne

provoque ici aucune douleur, non plus que la percussion des apo-

physes épineuses de la colonne cervicale. Cependant à l'occasion'

des mouvements de la tète, il y a là un point douloureux. Ces-

mouvements sont tous possibles, mais le mouvement d'extension

est très limité et la rotation à gauche détermine de vives douleurs

de telle sorte que la position favorite de la tête, que nous pouvons

considérer suivant les lois ordinaires comme position de moindre'

douleur est-elle la flexion légère avec rotation à droite comme dans

le torticolis de moyenne intensité. " ' '

D'ailleurs nous ne notons aucune particularité au niveau des

sterno. - ' ';

Pas d'inégalité pupillaire, les pupilles réagissent à toutes les

excitations (lumière et accommodation) très rapidement et 'sans

292 CLINIQUE NERVEUSE. 1

paresse. Pas de nystagmus, nous avons dit précédemment que le

malade gardait constamment ses yeux fermés.

Légère dureté d'oreille il droite avec quelques bourdonnements, phé-

nomènes datant de deux mois et d'ailleurs très atténués aujour-

d'hui.

Langue couverte d'un enduit blanchâtre, sans tremblements

fibrillaires, l'haleine n'est pas fétide. Coeur, poumon, foie, rate

sans particularités. Abdomen un peu dur et tendu, mais indolore,

de sonorité partout normale. Au niveau des organes génitaux

diminution considérable de la sensibilité testiculaire.

Ongles bombés, contractions idiomusculaires des biceps.

Membres inférieurs normaux sans oedème ni troubles trophi-

ques. Sphincters continents, constipation habituelle, envies cons-

tantes de vomir.

Les réflexes irien, cornéen, pharyngien étaient conservés; le

réflexe crémastérien très diminué des deux côtés; réflexe patellaire

aboli cl gauche, diminué à droite; réflexe cutané plantaire aboli des

deux côtés, réflexe plantaire de Babinsky diminué à gauche, plus

diminué encore ci droite, avec extension pour les trois derniers

orteils. La raie méningitique déjà observée le 29 octobre existait

encore le 30, mais elle était lente à se produire et peu accusée.

Pour la sensibilité générale, il y avait hypereslhésie à gauche

pour les membres supérieur et inférieur, réaction normale pour

-le tronc et la face. Aux membres supérieur et inférieur droits, un

peu d'hypoesthésie. Normale pour les sensations thermiques et tac-

tiles.

La force musculaire était conservée et suffisante à droite, très

nettement diminuée et presque nulle à gauche. La coordination des "

mouvements est suffisante, pas de tremblements. Aucune particu-

larité en ce qui touche les organes des sens, sauf les bourdonne-

ments et la diminution de l'acuité auditive à droite.

L'examen du fond de l'oeil pratiqué par M. le, De Frenkel ne

révèle aucune modification pathologique.

Coordination des idées suffisantes, l'expression en est lente

parce que la parole augmente la céphalalgie. Abattement marqué,

le malade reste figé dans la même attitude.

Sommeil nul, alimentation insuffisante en raison des nausées.

Le malade ne se plaint que de céphalalgie localisée à la moiliepos-

térieure du crâne, comprenant lui-même que la douleur frontale

est une douleur d'irradiation. Le soir épistaxis de 60 centimètres

cubes environ par la narine droite. Température toujours infé-

rieure à 38°. Le pouls oscille entre 60 et 70.

Le 1er novembre, la raideur de la nuque est moins marquée,

mais il y a du trismus. L'examen du fond de l'oeil pratiqué de

nouveau est encore négatif.

Le malade demeure toujours les yeux fermés dans une apathie

Fig. 8.

294 CLINIQUE NERVEUSE.

complète; il répond toujours correctement mais avec plus de lassi-

tude. Il est maintenant allongé dans son lit.

La paralysie parait aujourd'hui complète ci gauche mais plus

marquée au membre supérieur dont la force musculaire est nulle

et qui conserve la position qu'on lui donne. De ce même côté

gauche la réaction aux excitations est difficile : pour la douleur ce

sont les membres droits en effet qui réagissent et il faut une

piqûre bien profonde pour provoquer un très léger mouvement de

la jambe gauche. A droite, la force musculaire est beaucoup

moins forte que le 30 octobre.

Les réflexes ont subi depuis le 30 les modifications suivantes : le

réflexe plantaire de Babinsky donne comme résultat l'extension

du gros orteil (à gauche), le réflexe crémastérien est aboli à

gauche, presque nul à droite. Il y a aujourd'hui incontinence des

urines mais les selles sont encore volontaires.

Dans la journée le malade pousse quelques gémissements. L'in-

tolérance gastrique est complète, toute alimentation est impossible.

Le soir, le trismus est au maximum.

Le 2 novembre, la raideur de la nuque a augmenté, la position

de la tête est toujours la même, la rotation à gauche est plus dou-

loureuse que jamais. De temps à autre le malade ouvre les yeux

alors que les jours précédents, il les tenait constamment fermés-

Toute tentative d'alimentation est suivie de régurgitation. La

bouche est sale, le trismus toujours très marqué. La parésie delà

jambe gauche n'augmente pas. L'incontinence des urines per-

siste.

Le soir vers quatre heures le malade est presque dans le coma.

sa position est toujours la même, la raideur de la nuque est moins

prononcée, les mouvements de la tète sont plus amples, sans

doute parce que le malade sent moins ou qu'il n'a plus la force

de réagir. La parole est rare, à peine intelligible, les plaintes sont

maintenant presque nulles.

Yeux toujours fermés, conjonctives ternes, réflexe cornéen pres-

que nul à droite, aboli à gauche ; strabisme divergent de l'oeil

gauche. A la lumière la pupille gauche se contracte; il en est de

même de la droite, mais ici la contraction est incomplète, et lors-

qu'elle est arrivée à un certain degré, elle fait place à de la dila-

tation. Inégalité pupillaire (PD>PG).

Anesthésie complète à gauche, hyperesthésie à droite. Hémiplé-

gie complète; tous les réflexes sont abolis.

La peau est chaude, plus chaude sur le côté droit du corps, avec

sueurs, alors que à gauche la peau est simplement moite. Intolé-

rance gastrique ou plutôt pharyngée complète. Le trismus persiste,

la bouche est pleine de glaires, l'haleine est fétide. Le pouls qui

était le matin à 94 est maintenant à 178. Température du malin

37°7. Température du soir 38°9.

ABGÀS DU LOBE TEMPORAL DROIT DU CERVEAU. 293 a

L'étal soporeux persiste toute la nuit et le malade meurt le len-

demain 3 novembre à 8 heures du matin. La température prise

dix minutes avant la mort s'élevait à 40-3.

Revenons maintenant sur les différents signes présentés par

noire malade.

Le 30 octobre, jour où tous les symptômes apparurent

le pins nettement, nous observions comme phénomènes

subjectifs :

'1° Une céphalalgie tenace et rebelle localisée à la région

occipitale; 2° des nausées; 3° de la. raideur de la nuque ;

4° l'existence du trouble vaso-moteur connu sous le nom de

raie 2 ? 1é)liigiliqite.

Ces quatre éléments permettaient de penser déjà que le

processus était localisé en partie sur les méninges.

Mais nous étions possesseur d'un ensemble de renseigne-

ments tels qu'il nous était permis de ne voir surtout là

qu'une manifestation aiguë ou subaiguë venant compliquer

une situation déjà ancienne. -

La céphalalgie datait de quatre mois, elle avait été parfois

accompagnée de signes d'une valeur clinique considérable :

migraine ophtalmique à droite, amnésie progressive, convul-

sions, insolation qui avait peut-être été un ictus et que, dans

l'incertitude où nous sommes, nous laisserons de côté ; dimi-

nution de l'acuité auditive et bourdonnements d'oreille à

droite. Ensemble nous amenant à penser que, sous cette

méningite, il y avait une lésion destructive du cerveau,

lésion siégeant à droite.

Et dans l'examen objectif, cette hypothèse se confirme par

la constatation d'une flexion de la léle avec rotation ci droite

et du côté gauche du corps : parésie gauche déjà ancienne,

abolition du réflexe palellaire et du réflexe cutané plan-

taire, diminution du réflexe de Babinsky, hyperesthésie

suivie d'anesthésic.

L'observation de quelques phénomènes concernant les

nerfs crâniens autorise une approximation plus grande :

Migraine ophtalmique (trijumeau, branche ophtalmique) :

trismus (trijumeau, branche maxillaire inférieure); bour-

donnements d'oreille (nerf acoustique).

Le diagnostic porté fut donc celui de lésion de la base et,

dans l'espèce, compression intéressant le pédoncule cérébral

96 - CLINIQUE NERVEUSE.

- '0 ! < (parésie et troubles de la sensibilité à gauche), le tri-

jumeau et l'acoustique.

La nature de la lésion, vu l'àge du sujet et la présence

d'une cicatrice suspecte de la langue fut considérée' comme

étant probablement d'origine syphilitique ; l'administration

d'iodure de potassium et les frictions mercurielles qui répon-

daient à une double indication ne donnèrent aucun résultat.

Nous avons vu précédemment la rapidité de la marche des

phénomènes : la parésie faisant place à la paralysie, les

troubles pupillaires faisant leur apparition à droite, la tem-

pérature montant rapidement à 40°,3 au moment de la mort,

comme pour légitimer l'idée d'une méningite.

Autopsie pratiquée le 4 novembre (2'r heures après la mort),

donna les résultats suivants : poumons : congestion des bases; au

sommet du poumon droit, caverne de la grosseur d'une noisette

remplie d'un pus jaune crémeux dont l'examen bactériologique est

demeuré négatif. Foie un peu gras.

Au niveau de la nuque, au point où pendant la vie on avait noté

Fig. 9. z

ABCÈS DU LOBE TEMPORAL DROIT DU CERVEAU. 297

de l'empâtement rien d'anormal. Congestion intense des méninges

rachidiennes et du bulbe, sans sclérose des artères. A l'ouverture

du 4° ventricule, liquide encéphalo-rachidien en quantité anor-

male. Au niveau de la moelle allongée, la dure-mère adhère [plus

que de coutume au canal rachidien. Cervelet normal, méninges

crâniennes sans particularités, non adhérentes et non congestion-

nées. Léger oedème cérébral au niveau de la partie supérieure du

lobe frontal gauche. En somme, à première vue et revêtu de ses

méninges le cerveau parait n'être le siège d'aucune lésion. 1

Après décortication, l'attention est attirée du côté du lobe tem-

li. l0. - t : oupe frontale. -

.298 CLINIQUE NERVEUSE.

poral droit où l'on voit un point de ramollissement superficiel occu-

pant la partie antérieure de T2 et de T3. Au-dessus de ce point de

ramollissement dans une région occupant la partie médiane de la

moitié inférieure de T1, la partie moyenne de T2 et de @r3 la subs-

tance cérébrale présente un aspect lardacé, elle est pâle, anémiée,

les circonvolutions y sont aplaties et élargies. Enfin en arrière de

cette région et par conséquent dans toute la partie postérieure du

lobe temporal, l'aspect est violacé et au niveau de 'P on observe

trois petits territoires ischémies conttgus et entourant chacun la

dernière ramification d'une artériole.

. La région pâle, incisée, donne issue à environ la centimètres

Fi. ll. - Coupe Lor,zoWale.

ABCÈS DU LOBE TEMPORAL DROIT, DU CERVEAU. 299 9

d'un pus jaune et bien lié contenu dans une poche unique, à petit

diverticule postérieur, poche constituée par une membrane de

2 millimètres d'épaisseur à surface interne rouge et tomenteuse.

Cette poche est entourée de tissu cérébral ramolli ; les lésions ne

dépassent pas les limites du lobe temporal droit. Quant aux cir-

convolutions qui correspondent à l'abcès, leur consistance est

suffisante, sauf à la partie antérieure de T2 et dont le ramollisse-

ment déjà signalé intéresse toute la profondeur ( ? 10 et 11). Les

ventricules latéraux sont remplis et distendus par le liquide encé-

plialo-rachidien.'

En pratiquant les coupes de Pitres on remarque de l'oedème au

niveau du plancher du ventricule moyen et des ventricules laté-

raux ainsi qu'à la partie postéro-externe du lobe frontal. Dans la

région la plus reculée de T3 en un point correspondant extérieure-

ment aux trois petits territoires ischémies déjà signalés, on tombe

sur un deuxième petit abcès, indépendant, gros comme une noi-

sette et rempli de pus crémeux bien lié et vert.'

Les rochers et les voies auditives ne présentaient aucune parti-

cularité. Rien dans les cavité nasale, buccale, pharyngée. Le pus

examiné par la méthode extemporanée révéla la présence de très

rares diplocoques ne se décolorant pas par la méthode de Gram.

En possession de ces données nouvelles, nous pouvons

maintenant reconstituer la physiologie pathologique de ce cas

clinique :

Le lobe temporal droit, siège de l'abcès, se trouvant trop à

l'étroit exerçait une compression progressive sur le pédon-

cule cérébral droit ce qui donnait l'explication de la parésie

el de la paralysie à gauche. La compression du nerf auditif,

à son entrée dans le conduit auditif interne, légitimait les

bourdonnements d'oreilles. Enfin la compression avait porté

aune époque sur l'ophtalmique (migraine), et en dernier lieu

elle exerça surtout son action sur le nerf maxillaire inférieur.

. La compression avait donc eu lieu entièrement sur la face

supérieure du rocher. Quant à la diminution de l'acuité

auditive, elle a pour cause la destruction des fibres acous-

tiques qui se rendent dans le lobe temporal.

Sur la notion de l'étiologie de ces abcès, nous ne pouvons

formuler aucune hypothèse. Le premier et le plus gros était

fort ancien, comme le prouve l'existence d'une membrane

d'enliystement très épaisse ; bien que formées dès le dou-

zième jour pour Abercrombie, ces membranes ne sont orga-

nisées, dans la plupart des cas, qu'au bout d'un mois et,

300 CLINIQUE NERVEUSE.

d'ailleurs, les premiers symptômes accusés par notre malade

dataient déjà de cinq mois, ce qui est évidemment un mini-

mum, puisque pour tous les auteurs, une des principales

caractéristiques de ces abcès enkystés est d'être très long-

temps tolérés.

Dans quelles conditions s'est-il formé ? On a récemment

appelé de nouveau l'attention sur l'origine otique de» abcès

du cerveau et principalement des abcès du lobe temporal;

depuis quelques années surtout, dans les congrès d'otologie,

de nombreux cas analogues au nôtre ont été apportés, mais

c'étaient là des observations dans lesquelles les lésions auri-

culaires avaient été constatées et où par suite le diagnostic

n'avait souffert aucune difficulté.

Notre malade n'accusait pas d'otite dans ses antécédents

et l'examen des voies auditives à l'autopsie fut négatif. Peut-

être néanmoins avait-il eu autrefois une lésion de l'oreille

interne ayant passé inaperçue. D'autre part, nous ne pou-

vons dire que cet abcès était primitif car les auteurs n'admet-

tent pas cette forme. -

Il existe dans la science de très nombreux cas dans lesquels

la porte d'entrée ne put être trouvée : celui de Brocarde) et

Josué dans lequel on trouva du pus amicrobien, et surtout

celui très intéressant observé par Lereboullet, dans le service

de Barlh, où, à la suite de toute une série de circonstances,

on porta le diagnostic d'urémie cérébrale; il y avait, d'ail-

leurs, albuminurie, puis celui de méningite tuberculeuse;

à l'autopsie, on trouva un abcès du lobe temporal droit et

une méningite suppurée de la base ; il y avait eu quelques

phénomènes semblables à ceux que nous avons pu observer :

déviation de la tête à droite, céphalée, occipitale, raideur

modérée de la nuque. -

- Peut-être faudrait-il chercher ailleurs l'origine de quelques-

unes de ces suppurations et ne pas céder toujours à l'engoue-

ment actuel en accusant les oreilles. Toutes les maladies

infectieuses peuvent se compliquer d'abcès des centres ner-

veux. Dogliotti a publié tout récemment un cas d'abcès du

bulbe consécutif à un panaris ; on a signalé des abcès du

cerveau après la grippe et Boppe en a rapporté un cas très

intéressant.

La dernière maladie infectieuse de notre maladé était jus-

tement une attaque de grippe, deux ans et demi avant les

ABCÈS DU LOBE TEMPORAL DROIT DU CERVEAU. 301 L

premiers signes de l'encéphalite et nous avons trouvé un

petit abcès du poumon.

Nous avons rapporté cette observation pour montrer com-

bien est obscure et diffuse la symptomatologie des lésions de

certaines zones du cerveau. z

Dans les « centres moteurs corticaux », Charcot et Pitres

citent entre autres l'observation d'une femme qui mourut à

quatre-vingt-un ans d'un cancer du sein, et à l'autopsie de

laquelle on trouva un ramollissement de tout le lobe tem-

poral droit sans dégénération secondaire.

Il est probable que les conditions déplorables dans les-

quelles vivait notre malade et ses habitudes alcooliques n'ont

pas été étrangères à l'apparition du processus aigu qui

détermina sa mort. 1

Dans le cas où le diagnostic ferme eût pu être posé, aurait-

on pu du moins intervenir de façon efficace ? Nons ne le

pensons pas, bien que l'observation de Cllarcot et Pitres soit

de nature à faire penser que l'on puisse vivre sans lobe tem-

poral droit. Une intervention chirurgicale, en effet, aurait

abouti à ce résultat, car tout autour de l'abcès la substance

cérébrale était ramollie et, si l'on en croit' Debaisieux, elle

se fut écoulée entièrement à travers le drain.

En considérant à côté de l'abcès en somme volumineux, les

lésions circonvoisines et en quelque sortes diffusées dans le

lobe, nons voyons que notre abcès ne remplissait pas les

conditions de la tumeur opérable telle qu'elles ont été posées

par deux maîtres en la matière, Raymond et Chipault : il était

trop gros et la réaction des tissus environnants faisait que,

la lésion n'était pas circonscrite.

Asiles d'aliénés. Nominations et promotions : M. le Dur MusM, mé-

decin adjoint à Armentiéres (Nord), promu à la l« classe du cadre;

.Il. le D Cll.%USSINA'iD, directeur médecin à Siiiit-Diziei- (Haute-Marne).

nommé officier d'académie à l'occasion de l'Imposition Universelle; a

obtenu déjà à l'Exposition une médaille d'argent (classe 1 1-) pour travaux

sur l'alcoolisme (février 1901). M. le D' Bonne, médecin adjoint à

mis en congé pour raison de santé; M. le Ur C,%S-1,AIN, con-

cours de Paris, délégué comme médecin adjoint à Auxerre pour rem-

placer M. le D' Bonne ; - M. le D, %IAIGNAL, médecin adjoint a Mont--

devergues (Vaucluse), mis en disponibilité sur sa demande; M. le

D' Homes, médecin adjoint, concours de Lille, nommé à Montdevergues

[mars 1901).

RECUEIL DE FAITS.

Hi)l'1T.1L DES ENFANTS M\HDES. SERVICE DE M. LE De DESCROCZILLES.

Un cas de congestion cérébrale active

. avec autopsie;

Par Albert h1'IZ, interne des hôpitaux.

La congestion cérébrale, nous parlons de la congestion

active, idiopathique du cerveau, divise plus que jamais les

cliniciens. A l'engouement'des anciens médecins qui voyaient

partout la « pléthore, la fluxion cérébrale » succéda la réac-

tion vigoureuse des cliniciens de nos jours qui ne veulent

plus reconnaître « la congestion maladie » de l'encéphale.

Trousseau dans la retentissante communication qu'il fit en 1861

à l'Académie de médecine ' et dans ses leçons cliniques 2

porta à la « congestion cérébrale » le coup le plus sensible.

Depuis cette époque, ce syndrome est de plus en plus nié.'

Et, si Jules Simon tenta de réhabiliter la congestion active

du cerveau au moins chez l'enfant, nous ne lisons pas moins

dans un récent travail de M. Pierre Marie '' que :

« La congestion cérébrale est un de ces faits que personne

n'a directement constatés et qu'on accepte d'une façon géné-

rale. » Dans un pareil débat, les observations cliniques sont les

seuls arguments valables ; c'est à ce titre aussi que nous rela-

tons le cas suivant d'une cpngestion cérébrale idiopathique

- 4°

1 Trousseau. C. R. Acacl. de médecine, 15 janvier 1861. De la conges-

tion cérébrale apoplectique dans ses rapports avec l'épilepsie.

' Trousseau. Leçons de clinique médicale de l'Hôtel Dieu, 5« édit.,

t. 11, p. 68.

3 Jules Simon. Progrès médical, 1884.

* Pierre Marie. La congestion cérébrale devant l'Académie de médecine

en 1861. (Presse médicale, 3 février 1900.)

UN CAS DE CONGESTION CÉRÉBRALE ACTIVE. 303-

chez un enfant que nous eûmes l'occasion d'observer dans le

service de notre maître M. Descroizilles et dont nous avons

pratiqué l'autopsie. -

Lact... Louis, âge de douze ans, se promène, le 13 novembre 1899,

sur la berge de la Seine, à Auteuil, à 9 heures du matin, après-

avoir pris un déjeuner copieux.

L'enfant marche en sifflant et en jetant à chaque instant des

pierres dans l'eau.

En voulant ramasser des pierres, il glisse tout d'un coup, sur la

pente de la berge, et tombe dans la Seine.

Des riverains qui ont vu la scène accourent et le retirent de

l'eau. -

L'enfant n'est pas resté dans, l'eau plus d'une demi-minute;

il n'a pas été submergé et n'a pas avalé une goutte d'eau (une

enquête judiciaire a parfaitement établi tous ces détails).

A peine retiré de l'eau, l'enfant se met à pousser des cris per-

çants et présente la plus violente agitation.

Ramené chez lui, il ne reconnaît plus ses parents ; on a beaucoup

de peine à le coucher; dans le lit il remue furieusement les bras et

lesjambes. A chaque instant, il esquisse une sorte de mouvement

de fuite, comme pour éviter un danger. Il se débat comme pour

sortir de l'eau et se cramponne aux objets environnants et aux

personnes qui sont autour de lui. t '

- Au bout d'une demi-heure d'agitation, le calme renaît ; l'enfant

reste couché les yeux grand ouverts, comme hébété; il ne reconnaît

ni les siens, ni l'endroit où il se trouve ; de temps à autre, il mar-

motte quelques monosyllabes inintelligibles.

Une nouvelle crise d'agitation ne tarde pas à succéder à cette

courte accalmie; l'enfant recommence les mêmes tentatives déses-

pérées pour fuir un péril imaginaire, pour se cramponner et se

mettre en sûreté, en même temps qu'il pousse des cris perçants qui

désolent la famille.

A cette période d'excitation, succède de nouveau une accalmie

de courte durée et le cycle agitation prostration se reproduit

ainsi jusque vers trois heures de l'après-midi. Alors, l'enfant tombe

définitivement dans un état de torpeur profonde, dont il ne devait

plus se relever jusqu'à sa mort. Un médecin consulté à ce moment

conseille son transport à l'hôpital. A 6 heures du soir, le malade

est reçu dans le service de notre maitre M. Descroizilles, salle

Blache, où nous l'examinons aussitôt après son entrée.

L'enfant, d'une constitution robuste, est étendu sur son lit com-

plètement sans connaissance.

Les pupilles très petites et égales ne réagissent pas à la lumière

la cornée est insensible ; la respiration stertoreuse, accélérée ; (il

)' 14X respirations par minute).

304 RECUEIL DE FAITS. '

Les réflexes rotulieus sont exagérés des deux côtés ; les membres

inférieurs dans la résolution absolue ; les membres supérieurs

contractures, l'avant-bras est fléchi, la main en pronation

forcée.

. Pendant l'examen, l'enfant perd ses urines et nous pouvons

recueillir quelques grammes pour l'examiner ; il n'y a ni sucre ni

albumine.^-

Le coeur est bien frappé; le pouls normal ; on ne trouve rien aux

poumons.

On ne découvre aucun indice de traumatisme nulle part; nom,

cherchons vainement la moindre trace de tramuntisme sur le cuir

chevelu.

Le père qui nous donne les renseignements sur l'accident de ce

matin et sur la période d'agitation qui l'avait suivi, nous dit que

l'enfant s'est toujours bien porté ; qu'il est né à terme et a été

nourri au sein jusqu'à seize mois; qu'il a marché de bonne heure

et qu'il n'a eu aucune maladie, sauf la rougeole. Jamais la moindre

céphalée ; aucun vertige ni étourdissement n'ont été observés chez

l'enfant ; il n'a pas eu de chorée.

Ses parents eux-mêmes sont bien portants et sobres; ni dans la

famille du père, ni dans celle de la mère, on n'a remarqué de ma-

ladies nerveuses, telles qu'hystérie, épilepsie, danse de Saint-

Guy, etc. ,

La brusquerie du début des accidents, la violence des phéno-

mènes d'excitation qui ont ouvert ici la scène morbide, la phase

comateuse qui survint si vite après la période d'excitation jointe

à l'absence d'albumine et à l'intégrité du coeur et des poumons

nous fait poser le diagnostic de congestion cérébrale apoplectiformi

chez un enfant subitement refroidi, en pleine période digestive.

On lui applique deux sangsues derrière chaque oreille, des sina-

pismes sur les jambes et les pieds et des ventouses sèches sur la

poitrine. -

14 novembre. Pendant toute la nuit, le malade reste dans le

coma complet ; il ne peut rien avaler ; il a eu une selle et des mic-

tions involontaires ; il transpire très abondamment. Pas de vomis-

sements, la température d'hier soir s'est élevée à 38,-1. Ce matin

à 10 heures, nous retrouvons le malade dans le même état coma-

teur qu'hier soir; la résolution musculaire est complète; la tem-

pérature est à 38°, le pouls régulier à 90°. Rien aux poumons,

ni au coeur.

Vers les onze heures, l'état empire encore ; on commence à

entendre, même à distance, des râles trachéaux forts ; l'enfant

devient de plus en plus asphyxique, il succombe à 4 heures de

l'après-midi. '

Autopsie faite le 16 novembre à 9 heures du matin (41 heures

UN CAS DE CONGESTION CÉRÉBRALE ACTIVE. 305

après la mort'. Il n'y a aucune altération des téguments.

L'examen des organes thoraciques et abdominaux ne révèle aucune

lésion capable d'expliquer les accidents survenus pendant la vie et

la cause de la mert.

Les poumons sont légèrement congestionnés aux deux bases

sans qu'on trouve aucun noyau d'infarctus. Des mucosités épaisses

remplissent la trachée et les deux grosses bronches ; rien dans les

petites. L'examen du coeur, des gros vaisseaux est négatif; il en

est de même pour celui des organes abdominaux.

Télé. Le cuir chevelu ne présente aucune lésion appréciable.

On enlève la calotte osseuse avec la scie, sans entamer la dure-

mère. Ce qui frappe d'abord, c'est l'énorme congestion des méninges

et la réplétion des sinus de la dure-mère. A l'incision de la dure-

mère, le cerveau fait aussitôt hernie à travers la solution de conti-

nuité. La dure-mère enlevée, les vaisseaux de la pie-mère nous

apparaissent énormes, tortueux, gonflés de sang. Lu pie-mère se

détache facilement du cerveau, après enlèvement de cette mem-

brane, le cerveau, de par la rupture des vaisseaux, se couvre d'une

épaisse nappe sanguine.

L'encéphale pèse 1 550 grammes, ce qui est énorme pour un.

enfant de douze ans, puisque le poids moyen de l'encéphale d'un

homme âgé de vingt-un à trente ans est de 1 341 grammes '. La

substance grise est molle et d'un rouge sombre, dans tous les

points où on la considère.

Sur les coupes, la surface de section est parsemée d'une infinité

de petits points d'un rouge sombre; tous ces points laissentsuinter

du sang, à tel point qu'au bout de quelques secondes, la surface

de la coupe est uniformément recouverte d'une nappe mince d'un

rouge sombre.

Un filet d'eau enlève cette nappe de sang et laisse réapparaître

les points rouges qui, bientôt, par le suintement sanguin qui

recommence vont contribuer à former une nouvelle nappe. Quelque

soit la partie du cerveau où l'on fait la coupe, on observe le même

phénomène sur la surface de section de la substance blanche.

Les noyaux opto-slriés. un peu ramollis, sont gorgés de sang et les

coupes failesali niveau des noyaux, donnent abondamment du sang.

Mêmes particularités sur les coupes du cervelet. La protubérance

elle bulbe ne présentent presque pas de piqueté hémorrhagique.

Les méninges rachidiennts ne présentent rien de particulier et la

moelle, débitée en coupes, ne présente aucune altération visible à

l'ceil nu. Nous ajoutons enfin que l'encéphale ayant macéré dans

' Le corps de l'enfant a été disposé de façon à éviter la congestion

passive du cerveau après la mort. Deux billots ont soutenu le crâne qui

de ce fait se trouvait faire un angle très oblique avec le trooc. ! Sappey. Anal. Deser., t. 111, p. 42. -

Archives, 2' série, t. XI. 20

306 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

l'eau, ne pesa, après vingt-quatre heures de macération, que 1 200

grammes il avait donc perdu z0 grammes de son poids, ce qui

représentait autant de sang diffusé dans l'eau ; il est probable

qu'après une nouvelle macération, le poids se serait encore réduit.

En somme, il s'agit d'un jeune garçon qui, après avoir subi

une réfrigération brusque et intense, est frappé subitement

de perte de connaissance.

Après une phase d'excitation très marquée, le malade

tombe dans le coma complet, et meurt, trente heures après

le début des accidents. 1

L'autopsie démontre l'existence d'une congestion cérébrale

très prononcée, ce qui explique les phénomènes observés

pendant la vie.

Ce cas légitime, d'après nous, la réhabilitation de la con-

gestion cérébrale idiopathique active, que beaucoup d'au-

teurs, depuis Trousseau, voudraient rayer du cadre noso-

logique 1. ' "

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE

PATHOLOGIQUES.

XXXI. Un cas de rage humaine suivi d'autopsie par le Dr Saxo.

(Journal de Neurologie, 1900, 110 31.)

La malade qui fait le sujet de cette observation, succomba avec

tous les symptômes de la rage trois semaines environ après avoir

été mordue à la lèvre supérieure par un chien inconnu.

Un chien et un lapin ioculés avec le bulbe de la malade succom-

bèrent à la rage; malgré cette confirmation expérimentale du dia-

gnostic clinique M. Sano déclare que l'examen histologique des

centres nerveux et des ganglions cérébro-spimaux (ganglions du

nerf vague excepté) ne lui ont pas permis de découvrir des lésions

suffisamment nettes pour affirmer l'existence d'une infection rabi- i-

que. G. D.

' Voir I;oLirneville. Sur le traitement des congestions consécutives à

1'él)ilel ? sie (,IIéleciiie coîilei)7p., 1861, p. 298); Uelasiauve. Jourzaal cle

2nétl. mentale, p. 65 et 97, 1861); Moreau (de Tours)) dlécl. cotit.,

1861, p. 53.) *

REVUE d'aNATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 307

Les lésions ganglionnaires de la rage. leur valeur au point

de vue de la symptomatologie et du diagnostic ; par van Geiiucii-

Tex. (Journal de Neurologie, 1900, nos 19 et 20.)

L'auteur revient dans ce travail sur la question encore débattue

de la nature des lésions ganglionnaires de la rage et de leur valeur

au point de vue de la symptomatologie et du diagnostic. Ayant

examiné dans ces derniers temps les ganglions cérébro-spinaux et

sympathiques de deux chiens morts de la rage naturelle et d'un

chien mort dix-neuf jours après inoculation du virus des rues sous

la dure mère il a constaté une fois de plus que seules les lésions

capsulaires des ganglions notamment de ganglions noueux du

nerf vague existent du façon constante chez les chiens morts

de l'évolution naturelle de la rage et leur constatation est donc

un signe certain delà rage.

En outre ce sont ces lésions qui pour M. van Gehuchten sont la

cause des symptômes de la rage (hyperathesie, anesthésie et para-

ljsie). -

Si elles font défaut chez les chiens morts de la rage expérimen-

tale aussi bien du reste que les altérations cellulaires et vasculaires

c'est qu'elles n'ont pas eu le temps de se produire.

La conclusion qui ressort de ces faits, c'est qu'au lieu d'abattre

les chiens mordeurs, suspects de rage comme on le fait encore trop

souvent, ces animaux devraient être tenus en observation afin

qu'en cas de mort on puisse établir avec une certitude absolue, par

l'examen des ganglions nerveux du nerf vague l'existence ou la

non-existence de la rage. G. DENY.

Tumeur rachidienne; par \alter-1J. CLInEK. (The New-York

Médical Journal, 14 août 1807.)

Homme de cinquante-un ans, bien portant, sobre, non syphili-

tique : douleur entre les côtes et l'os iliaque, s'irradiant parfois

vers le testicule et l'extrémité de la verge : * mictions fréquentes : '

mauvais estomac ; quelque temps après, chute de voiture, sans

blessure; puis anémie, amaigrissement, changement de caractère,

porte des désirs sexuels : fièvre légère. Le malade prend l'aspect

des sujets porteurs de tumeurs malignes : il est obligé de s'aliter,

avec des élancements dans le membre inférieur droit, puis dans le

gauche, puis dans l'épaule gauche, et dans la poitrine de ce même

côté. Puis cessation de la miction, et paralysie presque complète

des membres inférieurs, de la vessie et du rectum ! diminution de

la sensibilité générale ; dépression des forces ; eschare'au sacrum,

et mort. A l'autopsie, on trouve les arcs vertébraux ramollis.

La tumeur paraissait partis de la dure-mère, et remplissait com-

plètement le canal vertébral : il y avait une saillie légère au niveau

308 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

des dernières dorsalis et des premières lombaires : les corps vert

tébraux étaient ramollis. La tumeur, grisâtre, avait l'aspect du

tissu cérébral; la moelle était saine, sauf les efforts de la com-

pression subie, et non adhérente à la pie-mère. La tumeur s'éten-

.dait de bas en haut depuis la seconde lombaire jusqu'au-dessus

de la neuvième dorsale. ` .

L'examen histologique a montré qu'il s'agissait d'un sarcome à

cellules fusiformes. R. OH I)ILISGRAVF CL.%Y.

XXXIV. Sur les corps amyloïdes, colloïdes, hyaloïdes et granuleux

dans le système nerveux central; par William-J. Simlleb.

(The Yetv-Yo ? ,Ii médical Journal, 13 août 1898.)

Nous reproduisons ici presque complètement ce travail intéres-

sant : L'auteur a eu l'occasion d'étudier dans un grand nombre de

cas les corps amyloïdes du système nerveux central, et il a constaté

qu'ils présentaient toujours le même aspect. Ils se teignent en

violet pâle avec l'hématoxyline de DelaCield, et en brun rougeâtre,

qui par l'addition d'un peu d'acide sulfurique, se change en une

teinte violacée, par la solution de Lugoi. Ils ne sont pas absolu-

ment identiques à la substance amyloïde qu'on trouve eu d'autres

points du corps, ni aux corps amyloïdes de la prostate. En étu-

diant un cas type de sclérose amyotrophique latérale, l'auteur et

le Dr Dercum ont rencontré des éléments qui ont avec les corps

amyloïdes une étroite ressemblance, et qui en diffèrent pourtant à

' certains égards importants. Ils sont plus grands, mais en général

arrondis, et, lorsqu'ils sont fortement colorés, homogènes. Faible-

ment colorés, quelques-uns d'entre eux paraissent avoir un noyau

pâle, entouré d'un cercle fortement coloré, lequel [est lui-même

entouré d'un cercle plus large de la même teinte que le noyau

central. Ils ne se colorent ni avec l'hématoxyline de Delafield, ni

avec le vert de méthyle, ni avec la fuchsine acide. Avec le violet

de gentiane, ils ont la même couleur que le tissu ambiant, mais

peuvent cependant être décelés. Avec lathionine, ils se colorent en

violet foncer mais cette teinte s'affaiblit promptement à la lumière

au point qu'ils deviennent invisibles. Le tissu dans lequel on les a

rencontrés avait été durci à la formaline et à l'alcool.

Ces corps sont particulièrement nombreux dans l'intérieur delà

moelle allongée et dans les espaces péri-vasculaires de cette région

mais ils s'étendent jusque dans le tissu voisin. Ils diffèrent des

corps hyaloïdes par leur réaction à l'égard des agents colorants,

par le nombre et l'aspect de leurs cercles, malgré que beaucoup

d'entre eux soient homogènes, par leur forme globuleuse et leur

volume plus sensiblement égal, et par l'absence de toute tendance

à former des masses irrégulières, sauf le cas d'un séjour trop long

dans le liquide durcisseur' Avec la solution de Lugol, ils se colo-

REVUE L'ANAT011LIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 309

rent en jaune.tandis que les corps amyloïdes se teignent en brun

rougeàtre. - ,

Bevan-Lewis parle de produits de formation particulière qu'il

désigne sous le nom de dégénérescence colloïde. Ce sont des corps

menus, arrondis en ovales, de six à douze et jusqu'à quarante mi-

crons de diamètre, que l'on rencontre fréquemmen- dans le sys-

tème nerveux central des aliénés, et que cet auteur croit dériver

des libres médullaires. Il reconnaît que le nom de corps colloïdes

n'est'pas heureux, puisqu'il inquerait une transformation colloïde

des cellules de la névroglie semblable à celle des cellules épithé-

liales, et que ces corps ne dérivent pas des cellules de la névroglie

Ils sont sphériques, ovoïdes ou pyriformes, et à des périodes plus

avancées, ils peuvent être- crénelés, disposition que M. Spiller a

rencontrée. Ils sont homogènes, sans bords nets, incolores et Li ans-

parents. L'hématoxyline les colore légèrement, mais ils ne se tei-

gnent ni par le carmin ni par l'aniline et ne répondent que par

une réaction très faible à l'iode et à l'acide sulfurique. Bevan-Lewis

a observé ces corps en grand nombre dans un cas de paralysie

bulbaire. On ne les rencontre guère hors de la substance blanche.

L'auteur pense que les corps qu'il a trouvés dans son cas de sclé-

rose latérale amyolrophique à symptômes bulbaires ont avec les

corps de Bevan-Lewis une plus grande ressemblance qu'avec tout

autre élément connu.

Dans un cas de tumeur de la base du cerveau avec acromégalie

il arencontré les corps hyaloïdes indiqués récemment parDagonet

Ils sont de forme irrégulière et beaucoup présentent une dispos

silion concentrique. Leur volume est très variable, et ils forment

en certains points des masses considérables. Ils ressemblent peu

aux éléments qui viennent d'être décrits, avec lesquels il serait

difficile de les confondre. Avec l'hématoxyline de Weigert, ils se

colorent en brun ; avec l'éosine en rose ; avec l'hématoxyline de

itelanetd en violet foncé ; avec la fuchsine en rouge; avec l'iode en

jaune comme le tissu environnant ; avec le violet de genliane en

violet avec légère teinte rose ; avec le réactif de Van Gieson en brun

rougeàtre foncé. Ils ne se dissolvent ni dans l'eau bouillante, ni

dans les solutions acides, ni dans les conditions alcalines. Ils ont

assez souvent des bords de teinte foncée et un cintre pâle, et chacun

d'eux parait entouré d'un espace analogue aux espaces péri-vascu-

laires. Ils sont situés dans -l'écorce cérébrale, et forment de

grandes masses irréguiières dans l'épendyme très épaissi. Assez

souvent ils sont allongés et prennent un aspect très analogue à

celui de vaisseaux épaissis, similitude qui est encore augmentée

par l'espace qui les entoure. Une étude attentive a conduit l'auteur

à admettre, contrairement aux vues primitivement adoptées, que

probablement quelques-uns de ces corps sont en effet des vais-

seaux épaissis. Les espaces qui les entourent, leurs anneaux con-

310 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

centriques, très semblables à ceux qu'il a trouvés ailleurs dans les

vaisseaux malades. la forme allongée de quelques-uns de ces élé-

ments, avec les espaces environnantes qui s'étendent au-delà des

masses hyaloïdes, tout cela suggère fortement l'idée de vaisseaux

malades.

Les corps granuleux sont des éléments très différents de ceux qui

viennent d'être décrits, mais, comme eux, caractéristique d'un état

de dégénérescence. On peut les rencontrer dans différentes mala-

dies du système nerveux central. Dans des processus pathologiques

de longue durée, l'auteur les a observés en masses dans lesquelles

ils s'écrasaient les uns contre les autres. Dans les cas d'hémiplégie

ancienne, en employant la méthode de Marché, il les a vus remplir

les espaces prévasculaires, sans toucher au reste de la moelle. A

l'état frais ils sont beaucoup plus volumineux qu'après le durcis-

sement, et sont remplis de gouttelettes graisseuses. Lorsqu'ils

s'égarent dans les tissus nerveux, il semble qu'ils n'en puisseut

plus sortir. Ce sont de très grandes cellules, qui sont très nom-

breuses dans le cerveau du nouveau-né, ce qui a fait penser qu'elles

servaient peut-être à transporter des matériaux pour la formation

des gaines médullaires (Obersteiner). Elles sont très nombreuses

dans toutes les formes de dégénérescence où la fibre nerveuse est

atteinte, et la méthode de Marcha montre qu'elles sont remplies

d'une substance qui ressemble à la graisse. On croit qu'elles pro-

viennent de la dégénérescence graisseuse des cellules nerveuses,

des cellules du tissu contiectif (itévi-oglie ? et même des fibres mus-

culaires lisses des vaisseaux (iltiguenin, cité par Obersteiner). Enfin

Guizzetti pense que ces cellules dérivent en partie de leucocytes mi-

grateurs et en partie de la transformation des éléments endothéliaux

des-gaines lymphatiques péri-vasculaires, qu'elles semultiplient par

karyokinêse, et que les cellules ganglionnaires et la névroglie n'en-

trent pour rien dans leur constitution. Récemment l'auteur aeu

l'occasion d'étudier des vaisseaux artério-scléreux, provenant delà

région protubérantielle, et il a trouvé dans l'intérieur des parois

vasculaires des accumulations considérables de ces cellules ; elles

étaient remplies de gouttelettes graisseuses, comme le montrait

l'acide osmique; elles avaient ordinairement un noyau unique,

arrondi ou légèrement allongé. Elles formaient dans certaines por-

tions des parois vasculaires des masses granuleuses, au milieu

desquelles on ne distinguait qu'à grand peine les cellules indivi-

duelles. R. DE Musgbavk-Clay.

XXXV. Psychro-esthésie (sensation de froid) et psychro-algie (duu-

leur de froid); par Charles L. Dana. (T/itYetf 0 Médical Jour-

12al,'26 février 1898.)

Dans un travail précédent, dont il rappelle quelques passages,

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 311

l'auteur a étudié les paresthésies ; actuellement, il se propose

d'étudier l'une des formesl ! es plus rares de paresthésie. la psychro-

esthésie, ou sensation de froid. Cette sensation est absolument

indépendante de l'abaissement de la température et ne s'accom-

pagne d'aucun signe objectif d'altérations vasculaires dans la.

région affectée. La paresthésie froide n'est pas ordinairement très

gênante, et. bien qu'elle soit quelquefois décrite comme une

douleur de froid (psyclvro-algie), elle ne se rapproche pas autant

de la douleur vraie que la paresthésie chaude.

L'auteur rapporte ici avec détail sept observations que nous

regrettons de ne pouvoir reproduire, car elles sont intéressantes.

Dans ces sept cas, il s'agissait de malades chez lesquels on ne

put découvrir aucun signe formel d'affection organique du

système nerveux central ou phériphérique.

Si l'on analyse les symptômes, on voit qu'il parait y avoir deux

formes de paresthésie froide : dans l'une, le symptôme n'est pas

limité à certaines zones, mais il envahit toute une extrémité,

ou bien les quatre extrémités, et s'accompagne d'autres pares-

Lliésies, ou bien de douleurs, et souvent de troubles vaso-moteurs ;

dans l'autre forme, oupsychro-esthésie proprement dite, le

malade éprouve exclusivement ou presque exclusivement une

sen-ation de froid, qui ne s'accompagne pas toujours d'une douleur

nette, bien que la sensation puisse quelquefois aller jusque-là,

mais à laquelle ne s'associe jamais, ni la sensation de piqûres,

ni celle d'engourdissement. Cette forme de psychro-esthésie est

complètement isolée, limitée à une zone spéciale, qui suit plus ou

moins exactement le trajet d'un nerf, et son siège est variable.

Cette sensation est purement dermique et superficielle; c'est

l'esprit qui la rapporte aux choses extérieures, à un contact froid,

en sorte qu'elle ressemble à une sensation objective. Elle peut

disparaître par l'exercice ou quand le temps est chaud. On a vu

que dans quelques cas elle devient douloureuse, surtout chez les

vieillards.

Les causes provocatrices les plus ordinaires sont l'alcoolisme, la

hthémie, l'exposition au froid et les agents to.\iques qui abou-

tissent à la dégénérescence nerveuse. Quant au siège de la lésion

(sauf en ce qui concer,ie les états psychiques) il paraît être dans

les nerfs périphériques. Le traitement est naturellement celui de

névrite causale. Dans les cas très rebelles, il faut chercher la

syringomyélie. R. de Musgrave Clay.

\1 \VI. Relation d'un cas d'abcès du cerveau ayant une origine peu

commune; par Charles 1311ELLIS. (The New 1"01'li IICtliC,41 JOIII-llitl,

octobre 1898.)

Chez ce malade, qui fut trépané, et qui succomba, non aux

312 REVUE D' : 1N.1'I'0\IlE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

suites de l'opération, mais à des symptômes méningitiques, il y

avait eu autrefois des abcès épi-crâniens, survenus en l'absence de

tout traumatisme ; l'autopsie montra des traces de carie ancienne

de la table interne de la voûte du crâne, mais il y avait aussi dn.

signes de carie récente, en sorte que l'on peut se demander quellr

était ici la relation de la carie osseuse et de l'abcès, mais il e.-t

évident que-cette relation est incontestable, et que c'est là une

étiologie peu commune des abcès du cerveau.

I. DE MUSGItdV); CL4T.

Anatomie et psychologie cérébrales ; par Stëwaht l'.arov.

(The IYeo l'orh Médical Journal, 3 septembre 1898.)

L'étude de l'anatomie du cerveau a été l'un des fadeurs les plus

importants du développement de la psychologie. Wcber a dit que

toute science passait par trois phases, une phase théotogique, une

phase métaphysique et une phase positive ou scientifique.

L'auteur se propose de passer sommairement en revue quelques-

unes des influences qui ont aidé la psychologie à passer de la

période métaphysique à la période scientifique et de montrer que

l'élan nouveau de la psychologie est principalement dû aux

travaux accomplis en anatomie cérébrale.

Après un historique concis, mais substantiel, il fait observer que

les psychologistes de l'avenir contribueront beaucoup an progrès

de la science, lorsqu'ils étudieront systématiquement les relations

qui existent- entre la structure et la fonction aux différente';

périodes de la vie de l'individu. Celte corrélation de la structure.

et de la fonction est mise en lumière pour certaines affections

mentales caractérisées par des altérations cérébrale bien défiuit,.

Par exemple, les conditions de structure qui existent dans

l'écorce cérébrale de l'enfant pendant la deuxième année de sa

vie ont bien des points communs avec les lésions corticales que

l'on rencontre dans la démence paralytique.

La dissémination des fibres, le nombre relativement faible des

fibres d'association, longues ou courtes caractérisent l'écorce

cérébrable dans un cas comme dans l'autre. Non seulement il y a

similitude de structure, mais il y a une analogie marquée de fonc-

tion. Le pouvoir limité que pos-éde l'enfant d'associer les idées,

l'impossibilité où il est de fixer longtemps son attention sont

comparables à la série des symptômes que l'on observe souvent

dans la paralysie générale.

La psychologie du nouveau-né. étudiée dans ses rapports avec

les modifications corrélatives de la structure cérébrale est incon-

testablement l'une des études nécessaires et fondamentales sur

lesquelles repose l'avenir de la psychiatrie. A mesure que l'on

voit s'accroître le pouvoir d'associer les idées et la faculté de

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 313

concentrer l'attention en même temps que la capacité d'accomplir

un effort physique plus prolongé, on constate parallèlement une

complexité plus grande de la structure des centres supérieurs.

Depuis la naissance jusqu'à l'Age adulte, à mesure que l'activité

mentale augmente, les connexions entre les centres supérieurs et

inférieurs du cerveau s'accroissent avec une étonnante rapidité.

Chez l'adulte jeune, l'écorce a atteint son maximum de complexité.

Les centres supérieurs ont entre eux des rapports plus étroits que

jamais, et quand le sujet entre dans la période où les facultés

intellectuelles commencent à baisser, on constate parallèlement

des altérations corrélatives de structure.

A la naissance, le cerveau du nouveau-né, au point de vue

de l'activité fonctionnelle, est inférieur à celui de la truite. Chez

lui. tous les éléments corticaux existent, mais au point de vue

pratique, ils ressemblent aux éléments démontés d'une machine

electriqne. Chez la truite, les centres les plus élevés sont incapables

d'activité fonctionnelle, parce que l'écorce cérébrale de la truite

ne se compose que de cellules épithéliales sans éléments nerveux.

Mais la truite a un avantage marqué : comme ses centres céré-

brauxinterniédiaires sont capables d'activité fonctionnelle, les con-

ditions de sa structure cérébrale offrent une possibilité d'association

des diverses impulsions bien supérieure à celle que l'on observe

chez l'enfant nouveau-né. Petit à petit l'enfant monte pour ainsi

dire dans l'ééhelle animale; des. relations s'établissent entre le

tractus olfactif et l'écorce; à cette période, le cerveau de l'enfant

est fonclionnellement comparable à celui des amphibies ; puis

c'est le tractus optique qui se relie l'écorce et l'enfant devient,

au môme sens que plus haut, comparable à l'oiseau. Le dévelop-

pement du cerveau de l'enfant montre bien des analogies de

structure et de fonction avec les modalités de structure que l'on

rencontre dans la série animale. L'anatomie et la psychologie

comparées ont enrichi de bien des faits précieux nos connaissances

sur la structure et les fonctions du cerveau de l'homme ; mais il

est malheureux qu'un etropt plus persévérant n'ait pas été fait

pour rapprocher et assimiler les résultats des recherches ontogé-

niques d'une part et phylogéniques d'autre part. La psychologie

u'a fait que peu de tentatives pour résoudre les problèmes les

plus simples et elle a consacré la meilleure parlie de son attention

a étudier les fonctions du cerveau à un moment où les conditions

déstructure de cet organe sont précisément les plus complexes.

La psychologie de l'avenir devra chercher à simplifier le problème

en envisageant les rapports de structure et de fonction à leur

phase de plus complète simplicité.

L'auteur a parlé des fibres qui servent de voies de. transmission

aux impulsions ; il se propose de dire quelques mots sur le=

éléments qui y contribuent ; il est inutile de rappeler que le mode

314 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

de transformation des impulsions sensorielles en phénomènes

moteurs, ou physiques, ou vice versa ne nous est pas connu. On

peut cependant admettre avec Ribot, paice que c'est au moins la

une bonne hypothèse de travail « que les phénomènes psychiques

ne peuvent pas être dissociés de leurs conditions physiques ». Et

bien que nous ne sachions rien du mode exact de production des

diverses impulsions il est très important d'étudier les relations de

structure qui existent entre ces éléments et les diverses voies de

transmission.

L'auteur rappelle ici les travaux de Remak et de Deiter, elles

progrès, qu'ils ont réalisés ; mais c'est des recherches de Golgi que

date une ère nouvelle en anatomie cérébrale ; à ses travaux sont

venus se joindre pour les compléter ceux de Ramon y Cajal et de

plusieurs autres encore, et l'on peut dire sans exagération, que

depuis Bell et Marshall Hall, aucune oeuvre n'avait révolutionné

les idées en matière d'anatomie et de psychologie du système

nerveux comme l'a fait l'oeuvre de Golgi et de son école. Les très

nombreuses recherches qui ont été faites durant ces dernières

années à l'aide de la méthode de Golgi paraissent démontrer que

chaque cellule nerveuse avec ses rameaux protoplasmiques et son

prolongement rylindraxial constitue une unité structurale, indé-

pendante de toute autre cellule, aucune continuité des éléments

n'ayant pu être démontrée. Le processus suivant lequel une

impulsion peut être transmise de l'une de ces unités structurales

à une autre, ne peut être actuellement que l'objet de conjectures,

puisque ni la méthode de Golgi, ni les autres méthodes n'ont

découvert de contact entre leurs prolongements. Les recherches

de Wiedersheim sur quelques organismes inférieurs ont fait invo-

quer la possibilité d'une expansion et d'une rétraction de ces

prolongements. Cette idée a été acceptée par plusieurs physiolo-

gistes comme un moyen vraisemblable d'expliquer certains

phénomènes psychiques tels que le sommeil et les divers degrés

de conscience ; pendant les périodes d'activité sul7-cousclente, les

prolongements cellulaires se rétracteraient pour subir un nouveau

mouvement d'expansion dans les périodes plus actives de cons-

cience. ' · .

Van Giesen a tiré de la structure fibrillaire de ces prolon-

segments, un argument en faveur de leur contractilité,et par suite,

de leurs mouvements.

Ces théories, si elles étaient reconnues exactes, aideraient

certainement à la solution de bien des problèmes psychiques;

malheureusement les faits n'autorisent pas encore de pareilles

déductions. L'une des principales raisons qu'a l'auteur de rester

dans le doute, c'est que des recherches plus récentes paraissent

indiquer que la conception des neurones est loin d'être une vérité

établie.

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 313

On ne saurait abandonner ce sujet sans parler des recherches

très soigneusement conduites qu'a publiées A l,,atliy ; bien qu'elles

aient porté exclusivement sur des organismes inférieurs, le prin-

cipe qu'elles impliquent est très important; les conclusions prin-

cipales de ce physiologiste peuvent se résumer ainsi : il y a dans le

système nerveux deux variétés principales de cellules : l'une qu'il

appelle la cellule nerveuse, produit la substance transmetteuse ;

l'autre, qu'il appelle la cellule ganglionnaire, est la source de

l'impulsion. Tous les éléments qui entrent dans la constitution -

du système nerveux sont en état de continuité structurale ininter-

rompue. Il faut noter que, dès le commencement, sitôt que les

cellules se sont différenciées dans le germe, on peut distinguer

divers prolongements protoplasmiques ramifiés; mais primitive-

ment ces prolongements ne sont constitués que dans des masses

de protoplasma non différencié. A une période plus avancée de

développement, on voit nettement de petites fibrilles s'étendre le

long des prolongements; ces fibrilles qui se développent aux

dépens des cellules ganglionnaires servent de trait d'union entre

les divers éléments, en sorte que, au point de vue de sa structure

comme au point de vue de ses fonctions, le cerveau constitue une

unité.

Le but principal de ce travail, que nous avons abrégé, mais

dont nous avons reproduit à peu près textuellement d'assez longs

passages, était de montrer que la psychologie et la psychiatrie

nouvelles dépendent d'une exacte connaissance de la structure

cérébrale. La classification des processus mentaux, normaux ou

anormaux demeure actuellement impossible. Tous les efforts faits

pour étudier les maladies mentales par leur côté exclusivement

clinique ont aussi manifestement échoué que ceux delà psycholo-

nie introspective essayant de fonder un- système pour étudier

l'esprit.

On entre aujourd'hui dans une voie nouvelle, meilleure et plus

féconde ; mais malheureusement le vieil esprit métaphysique n'est

pas mort et se retrouve encore trop souvent dans les oeuvres et

dans l'enseignement de beaucoup de psychologistes et de psy-

chiatres. R. de MUSGRAYE CLaY.

Sur le poids spécifique du cerveau chez les aliénés; par

Francis 0. SmrsoN. (The Journal of Mental Science, octobre

1898.) '

Les recherches de l'auteur ont porté sur quatorze cerveaux

d'hommes et seize cerveaux de femmes. Les régions cérébrales

choisies pour cette étude sont : 1° le milieu de la deuxième cir-

convolution frontale ; 2° le milieu des circonvolutions pariétales

ascendantes ; 3° le-milieu de la seconde circonvolution occipitale ;

3 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

4° le milieu des circonvolutions de l'hippocampe. Pour chaque

région, la substance blanche et la substance grise ont été étudiées

pour chaque hémisphère. Gliniqnement les cas observés se décom-

posent de la manière suivante : 1° Cinq cas de paralysie générale.

2° Cinq cas de démence sénile. 3° Quatre cas de démence orga-

nique. 4° Cinq cas de démence secondaire et un de démence pri-

mitive. 5°; Cinq cas de démence épileptique et un d'imbécillité

épileptique. 6° Trois cas d'imbécillité simple. -il Un cas de mélan-

colie chronique (omis).

L'auteur décrit ensuite le procédé employé, et constate les résul-

tats. En considérant toutes les formes de folie ci-dessus indiquées

dans leur ensemble, et les diverses régions cérébrales également

dans leur ensemble, on trouve comme poids spécifique moyen,

pour la substance grise 1037 et pour la substance blanche 1041.

l.e poids spécifique de la substance blanche est le même dans les

deux sexes, mais celui de la substance grise est de 1039 pour les

hommes et de 1032 pour les femmes. Pour chaque région étudiée,

on trouve une étroite analogie entre les poids spécifiques des

fragments prélevés sur chacun des hémisphères : on trouve en

outre que les différences les plus accusées entre la substance

blanche et la substance grise se rencontrent dans la région

motrice, et que ces différences sont exactement semblables des

deux côtés pour les lobes frontaux et occipitaux. Dans les deux

hémisphères, la substance blanche et la substance grise de la

corne d'Ammon ont exactement le même poids spécifique.

Si l'on considère l'influence du sexe, on voit que chez les

hommes, le poids spécifique est absolument identique dans les

deux hémisphères tant pour la substance blanche que pour la

substance grise de chaque région. Le maximum de différence

entre les deux substances se trouve chez l'homme à la région

frontale, le minimum dans les circonvolutions occipitales, tandis

que dans la corne d'Ammon la substance blanche de chaque

hémisphère a un poids spécifique légèrement inférieur à celle de

la substance grise.

Chez la femme la seule région où la substance blanche et la

substance grise aient le même poids spécifique dans les deu

hémisphères est la circonvolution pariétale ascendante. Les diffé-

iences entre les deux substances sont sensiblement les mêmes

tant dans les régions frontales que dans les régions occipitales.

mais elles sont beaucoup plus considérables dans l'hémisphère

droit que dans le gauche. Le poids spécifique des deux substance^

dans la région de l'hippocampe est presque identique dans les

deux hémisphères. '

Il faudrait traduire textuellement, comme nous venons de lo

faire d'ailleurs, pour suivre l'auteur dans ses recherches sur les

diverses maladies mentales ; nous nous bornerons donc, pour ne

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 317 I

pas allonger outre mesure cette analyse, à donner pour chacun

des groupes cliniques énumérés plus haut, le poids spécifique de

la substance grise et celui de la substance blanche : 1° Paralysie

générale : S. G. 1 )40 S. B. 1042 2° Démence sénile : S. G.

1037 S. B. 1041 3° Démence organique : S. G. 1037 S. B.

1038 4° Démence simple : S. G. 1038 S. B. 1043. 3° Folie

épileptique : S. G. 1038 S. B. 1042. - 0" Imbécillité simple :

S G. 1037 S. B. 1040. R. DE MUSGRAVE CL1Y.

Une nouvelle méthode de Nissl. La structure normale de la

cellule et les altérations cytologiques qui aboutissent à la dégé-

nérescence graisseuse. Quelques remarques sur la physiologie

de la cellule dans ses rapports avec l'aliénation mentale. Une

note sur l'emploi du picro-formol en général, et dans la méthode

fraîche de Bevan Lewis; par J.-H. Lord. (Tlcc Journnl o/'J7(;;)

Science, octobre.)

Nous ne pouvons que relever très sommairement les principaux

points de ce travail, qui est accompagné d'une planche. L'auteur a

pensé qu'un procédé rapide et facile de coloration d'après la

méthode de Nissl ferait très avantageux. Voici comment il pro-

cède : il fait une couche fraîche et la colore par la méthode de

Bevan Lewis, ce qui montre assez bien les altérations de la névro-

glie, mais moins parfaitement celles du protoplasma cellulaire;

pour bien voir ces dernières, il faut employer la méthode de Nissl,

mais elle n'est pas parfaite, car l'alcool détermine de la rétraction

et dissout une partie de la graisse; d'ailleurs, on n'a pas toujours

l'outillage nécessaire.

Les avantages de la méthode proposée sont les suivants : les

coupes sont fraîches et montrent des cellules non ratatinées;

l'alcool ne dissout pas la graisse; le procédé est simple, rapide, et

ne demande pas de montage; il montre plus exactement le degré

de séparation des tissus, et colore mieux la névroglie et les vais-

seaux. L'agent fixateur employé est le picro-formol (parties égales

d'une solution aqueuse saturée d'acide picrique et d'une solution

aqueuse de formol à 6 p. 100). L'auteur décrit ensuite minutieuse-

ment la technique employée, et impose la structure normale d'une

grande cellule pyramidale, étudiée par ce procédé, et il insiste sur

quelques points imparfaitement définis de la structure cellulaire.

Il décrit ensuite les altérations de la cellule dans la dégénéres-

cence graisseuse et recherche la nature de la substance jaune que

l'on y constate. Il présente ensuite quelques observations sur les

relations de la* physiologie cellulaire avec la folie. Si, comme

paraissent le prouver les travaux récents, le siège de l'impulsion

nerveuse n'est pas dans les cellules nerveuses, où est-il ? L'auleur

n'est certainement pas en mesure de répondre, mais il pense qu'on

318 S REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

le trouvera dans la couche la plus superficielle de l'écorce céré-

brale, et il donne les diverses raisons qui militent en 'faveur de

cette manière de voir. 1

Revenant au picro-formol, il fait remarquer que cet agent peut

remplacer l'acide osmique dans la méthode de Bevan Lewis : on

l'emploi de la même manière et de la même force que dans la

méthode de Nissl ; il a l'avantage d'être meilleur marché, moins

difficile à conseruer et de colorer plus vite et plus profondément la

névroglie. R. de Musgraviî-Clay.

XL. Observations sur l'histologie normale et pathologique des

plexus choroïdes des ventricules latéraux du cerveau ; par John

Waniman Fmcer. (The Journal of Mental Science, octobre 1898.)

L'auteur rappelle d'abord l'histologie normale du plexus cho-

roïde ; puis passant aux altérations pathologiques, il étudie d'abord

les corps hyalins concentriques qui représentent la frontière entre

l'était normal et l'état pathologique. Leur forme est ordinairement

arrondie, mais non toujours, et chacun-d'eux est habituellement

entouré d'une capsule hyaline bien accusée, ou même d'une

capsule fibreuse; ils paraissent avoir pour origine un gonflement

des cellules endotbéliales ; mais cette origine n'est probablement

pas la seule : lorsque la dégénérescence hyaline atteint les arté-

rioles, elle les obstrue et les convertit en bâtonnets hyalins,

capables de donner lieu aussi à la formation de corps concen-

triques. En somme, la substance hyaline est très instable et pré-

sente, quand on la colore, des variations et des anomalies nom-

breuses. Encore sur la limite de l'état normal et de l'état

pathologique figurent les listes du plexus choroïde, qui sont

extrêmement fréquents et dont le volume varie de la grosseur

d'une tête d'épingle à celui d'un pois. L'auteur étudie leur mode

de formation ; puis, abordant l'étude des altérations vraiment

pathologiques, il décrit l'altération hyaline fibreuse des vaisseaux.'

En terminant, il fait remarquer que toutes les altérations anato-

miques du tissu connectif et de l'endothélium que l'on observe

communément sur la pie-mère et l'arachnoïde des aliénés se ren-

contrent pareillement dans les plexus choroïdes des ventricules

latéraux. R. de Musgrave-Clay.

XL1. Sur l'histologie normale et la pathologie des cellules ner-

veuses corticales (surtout dans leurs rapports avec 1'tiliéib ilioii

mentale); par W. Ford 110BItRTsoN et Uavln-0 (Tlte Journal

of Mental Science, octobre 1898.)

Les auteurs décrivent d'abord la structure normale de la cellule

nerveuse, décrivent ensuite les phénomènes que Marinesco désigne

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 319

sous le nom de- chromatolyse; ils étudient ensuite l'atrophie

variqueuse des prolongements protoplasmiques, l'hypertrophie

variqueuse du prolongement du cylindre-axe ; puis ils abordent

l'étude de ces altérations anatomiques dans les cas de folie aiguë,

décrivent les méthodes histologiques employées, indiquent les

causes d'erreur, constatent la présence (dans 10 à 1 p. 100 des

cas) de la chromotolyse chez les malades qui meurent dans les

hôpitaux généraux, et l'étudient enfin dans l'aliénation mentale.

Ce n'est que dans les folies aiguës et dans la paralysie générale,

que la chromatolyse acquiert une fréquence suffisante pour sépa-

rer complètement ces cas de ceux ou l'intelligence est intacte.

Les auteurs ont étudié six cas de folie aiguë dans lesquels la mort

était survenue par épuisement (trois cas de manie aiguë, deux

de mélancolie et un de manie récurrente) ; dans la manie, la pro-

portion des cellules atteintes de chromatolyse était de 50 p. 100

dans un cas, de 80 p. 100 dans l'autre, et dans le troisième, elles

paraissaient toutes envahies; dans la manie récurrente' on en

trouvait 60 p. 100 et dans les cas de mélancolie environ 25 p. 100.

Mais la différence avec la proportion formée par les malades

morts dans les hôpitaux généraux ne porte pas seulement sur les

chiffres, elle porte aussi sur le caractère de la lésion, les cellules

arrivées au dernier stade de la désintégration étaient beaucoup

plus nombreuses dans la folie. Dans quelques-uns des cas, tout

au moins, il y avait aussi une diminution du nombre des cellules

nerveuses.

C'est dans cette disparition complète d'une forte proportion des

cellules nerveuses corticales, et non pas dans la simple privation

de leurs prolongements ou dans telle ou telle altération particu-

lière des cellules existantes qu'il faut voir, suivant les auteurs, le

fait anatomique essentiel dans la pathologie des démences secon-

daires. Cette disparition peut atteindre la proportion de a0 p. 100.

Sans préjuger les causes de cette chromatolyse avancée, on peut

remarquer qu'elle présente une grande analogie avec celle que l'on

observe chez les animaux inférieurs que l'on a soumis à l'influence

des divers agents toxiques.

Quant à l'atrophie variqueuse des prolongements protoplas-

miques des cellules corticales chez le sujet sain d'esprit et chez

l'aliéné, les auteurs ont constaté qu'elle se rencontrait dans les

cas de chromatolyse avancée, et on pourrait presque dire paral-

lèlement. avec celle-ci ; elle peut s'observer aussi chez les malades

morts dans les hôpitaux généraux, mais à un degré beaucoup

moins accusé. Les mêmes conclusions sont applicables à

l'hypertrophie variqueuse du prolongement du cylindre-axe, mais

avec plus de réserve encore dans l'interprétation.

R. DE IlUSGn.I'E-CL1Y.

320 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

La Colite; par Alfred Camphell. (The Joii,licil of 3jeili(ll

Science, juillet 1898.)

Etude intéressante sur la colite et sa bactériologie.

Ii. 111.-C.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

XIX. Recherches sur les troubles du goût et de l'odorat dans la

paralysie générale progressive; par le D1' de 1\l.1eT11ES. (7 ? M.

méd. de la Suisse Romande, 1900,,n° 9.)

Des recherches exposées dans ce trauail, l'auteur conclut que

l'abolition ou la diminution de l'olfaction peut être considérée

comme un des signes de la paralysie générale. Sur 22 paralytiques,

il a trouvé ce sens aboli 15 fois, sur le point de devenir nul 2 fois

et intact 3 fois. Les troubles de la gestation sont plus rares;

cependant la perte du goût pour le sel est pour ainsi dire cons-

tante (21 fois sur 22). ' -

L'abolition ou la diminution de l'olfaction et de la gustation, la

perte du goût pour le sel sont des signes qu'on peut trouver aussi

bien au début de l'affection que plus tard et quel que soit 1 âge où

la maladie se déclare. La recherche du goût du sel s'impose donc

à tout médecin en présence d'un malade suspect de paralysie

générale. ' G. D.

XX. De l'influence de la détention cellulaire sur l'ét t mental des

condamnés; par le D' de Rode. (Bull, de la Soc. de. écl. ment, de

Belgique, septembre 1900.) «

De l'exposé des statistiques contenues dans ce travail il est per-

mis de tirer les conclusions suivantes : 11 n'existe pas de forme de

folie qui soit propre aux prisons cellulaires et qui puisse être

appelée du nom de « folie pénitentiaire ». Les folies que l'on

observe dans ces établissements sont les mêmes que celles que l'on

rencontre dans la vie ordinaire, mais modifiées par les conditions

hygiéniques spéciales, sociales et disciplinaires des établissements.

Le nombre des cas d'aliénation mentale dans les prisons cellu-

laires n'est pas ou n'est guère supéiieur à celui des cas observés

dans les prisons en commun.

Les affections mentales que l'on constate dans les prisons cellu-

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 321

laires sont généralement moins graves et d'une durée moins longue

que celles qu'on observe le plus souvent dans les prisons en com-

mun. Il est possible de réduire leur nombre en opérant une

sélection des condamnés appelés à subir le régime cellulaire, ou en z

en éloignant au début ceux qui présentent déjà un commencement

d'altération des facultés. ' G. D.

XXI. Les rapports del'hypnotisme et du sub-conscient; par George

E. BILL. (Tlce Ne2u-Yorlc Jledic«l Journul,,1° mai J897.)

La stricte définition du mot hypnotisme est la production arti-

ficielle du sommeil; mais on tend actuellement à étendre sa signi-

fication pour y comprendre les divers phénomènes connus sous le

nom d'hypnotisme mesmérique, magnétique ou fluidique, d'hyp-

notisme physique et d'hypnotisme suggestif. Ces trois formes peu-

vent être employées séparément ou conjointement en médecine.

L'auteur rappelle ici les travaux de l'école de Nancy et de l'école

de la Salpêtrière, qui, dit-il, ont peut-être mis en lumière des lois

d'égale valeur, l'école de Nancy ayant formulé la grande loi de la

suggestion, et les gigantesques travaux de Charcot ayant fait con-

naître et admettre par les médecins un royaume presque inconnu,

celui de l'esprit sub-conscient. Ce sont là des éléments connxes ;

car la loi de la suggestion, seule applicable à l'esprit sub-cons-

cient, et un troisième fait, la télépathie, expliquent comme aucune

autre interprétation ne pourrait le faire, les différents phénomènes

de l'hypnotisme.

La classification la plus communément adoptée pour les deux

formes de mentalité est celle qui la divise en esprit conscient et

esprit sub-conscient, mais il vaudrait mieux adopter la termino-

logie de Hudson, qui emploie les mots objectif et subjectif. Sui-

vant cet auteur, l'esprit objectif exerce ses fonctions à l'égard de

l'ambiance objective par l'intermédiaire des sens spéciaux, et c'est

lui qui met nécessairement l'homme en rapport avec la nature : >

par son éducation objective, il met l'homme en état de vivre au

milieu de son entourage physique, et sa fonction la plus haute est

le raisonnement. L'esprit suggestif prend connaissance de ce qui

l'environne par des moyens indépendants des sens spéciaux. Il

perçoit par intuition. Il est le siège des émotions et le magasin de

la mémoire. 11 accomplit ses plus hautes fonctions quand les sens

objectifs sont en état d'inactivité : en un mot, il est cette forme

d'intelligence qui se manifeste chez un sujet hypnotique lorsqu'il

est dans un état de somnambulisme. Ces définitions distinctives

de Hudson fournit la meilleure explication de l'importance uni-

verselle de la loi de suggestion dans les divers phénomènes mor-

bides. i

Il est curieux et instructif de remarquer que jamais, dans n'im-

Ancmves, 2' série, t. XI. 21 "

322 ) REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

porte quelle circonstance, un médecin et un malade ne se trouvent

en présence sans que, inconsciemment, les bases de l'hypnotisme

deviennent apparentes, et il est non moins étrange que ce fait, si

caractéristique, si singulier, si général, ait été ignoré, méconnu

ou même inconsciemment utilisé en thérapeutique. On voit la

vérité de cette proposition dans l'attitude, dans la manière d'être

des deux personnages, qui est celle du commandement et de la

domination pour le médecin, de l'obéissance et de la dépendance

pour le malade. -

Il y a, en somme, deux grandes divisions de l'effort hypnotique :

l'une emploie pour le produire les moyens déjà indiqués, suppose

toujours une concentration du sujet et de l'opérateur, exige l'en-

tière acceptation de l'opérateur par le sujet, l'oubli de toutes les

choses extérieures; c'est la forme d'hypnotisme la plus communé-

ment employée : elle exige aussi la soumission consciente du sujet

à la volonté objective de l'opérateur, et par là elle est passible de

quelques objections thérapeutiques, car sa pratique peut rendre

la volonté vacillante, sauf dans quelques cas spéciaux (perversion

sexuelle, alcoolisme, morphinisme et impulsions criminelles).

Mais il y a une autre forme, qui peut-être beaucoup plus large-

ment employée avec avantage pour la généralité des malades,

sans inconvénient pour l'énergie de leur volonté objective, et qui

permet au médecin de maitiiser les symptômes morbides et de

délivrer l'esprit subjectif du malade de son entourage somatique

de souffrances. Cstte forme ne détermine de fatigue ni chez le

sujet ni chez l'opérateur, elle n'exige ni fixité ni tension de la

volonté, et ne dépend que de la réitération continuelle de sugges-

tions orales ou mentales allant de l'opérateur dirigeant au sujet

dirigé. Elle donne des résultats trù brillants et souvent très sur-

prenants et dépend d'un fait désigné en psychisme sous le nom de

télépathie. La télépathie est le pouvoir qu'a un esprit de commu-

niquer avec un autre autrement que par l'intermédiaire ordinaire

du sens : l'existence de cette faculté chez l'homme n'est plus une

hypothèse, car elle se rencontre constamment, et elle a, en hypno-

tisme, la même valeur que la suggestion et le sub-conscient.

L'auteur entre ici dans de curieuses considérations sur les sym-

tômes objectifs et subjectifs des maladies, et sur les rapports à cet

égard du malade et du médecin, celui-ci pouvant deviner avec son

esprit subjectif (qui peut d'ailleurs ici bénéficier de l'expérience)

les symptômes subjectifs, et pouvant en outre remédier à un cer-

tain nombre de symptômes objectifs' en suggérant à l'esprit sub-

jectif du malade un rétablissement de sa domination sur l'orga-

nisme physique. Nous ne pouvons malheureusement, bien que

nous reproduisions presque textuellement une partie de ce travail,

reproduire ici ces trop longs, mais fort intéressants détails. L'au-

teur ajoute que, bien entendu, l'examen des signes physiques pe

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 323

doit jamais être omis ni négligé : les deux diagnostics, objectf et

subjectif, ne se remplacent pas, mais se complètent. Très souvent

on peut prédire non seulement la disparition d'un symptôme,

mais le moment précis de cette disparition : cette prédiction

implique nécessairement des suggestions orales et mentales, et

quelquefois personne n'est plus surpris du résultat que l'opérateur

lui-même. Il n'est pas toujours nécessaire, d'ailleurs, pour lancer

utilement une suggestion thérapeutique que le sujet soit à portée

de la voix et de la vue; il n'est même pas nécessaire de le con-

naître ni de l'avoir jamais rencontré.

Quant à la voie que parcourent les communications de ce genre,

l'auteur avoue ignorer absolument quelle en est la nature, mais il

ne verrait aucun obstacle à admettre que ce soit un milieu ana-

logue ou même identique à l'éllier inter-planétaire, que l'on sup-

pose être la voie de transmission de la lumière, de la chaleur et

de l'électricité, et qui probablement environne et pénétre tous les

êtres et toutes les choses.

L'auteur termine ce travail par la relation d'un fait qui lui est

personnel de télépathie thérapeutique : nous résumons, en l'abré-

geant notablement,' le récit auquel nous laissons, pour plus de

brièveté, l'emploi du pronom personnel. Voici le lait : Un jeudi

soir, vers sept heures, un confrère me demande d'aller voir sa

mèle diabétique, et actuellement mourante par gangrène du

pied droit; il m'avait précédemment renseigné sur la marche de la

maladie qui avait amené la chute de quatre orteils : actuellement,

le pouls était intermittent, les artères athéromateuses, il y avait

de la stupeur, des nausées, pas de soif : l'âge et la débilité écar-

taient toute idée d'opération ; il me demandait d'aller la voir le

surlendemain : à quoi bon, répondis-je, puisqu'elle est mourante ?

ilmedemauda de venir quand même. Souffre-t-elle ? demandai-je.

Non, et voilà le mal, elle ne réagit plus : voilà le malheur.

Si on pouvait réveiller les réactions, dis-je, il y aurait peut-être

quelque chose à faire. Où demeure votre mère ' ? -11 m'indiqua le

domicile qui était à une distance de 16 milles (23 kilomètres).

Voulez-vous que j'essaie l'hypnotisme ? Oui, mais il faudra tou-

jours attendre samedi. - Non : il est possible d'arriver à la

malade télépatiqticiiieiit. - Il se mit à rire. Je repris : fixez

votre attention sur votre mère : imprimez dans votre esprit son

image telle que vous l'avez vue cette après-midi, et je vais vous

décrire son aspect, son visage, sa posture dans le lit, et par-dessus

tout cela sa chambre, l'appartement et tout ce qui l'environne.

lise remit à rire et me dit qu'il était prit. Je décrivis tout ce que

j'avais annoncé, et, sauf un léger détail, avec une exactitude par-

faite. Maintenant, lui dis-je, donnez-moi la main : pour venir ici'

vous avez pris telle direction et tel chemin ; je n'ai qu'à retourner

avec vous par la pensée; quelle heure est-il ? Il était sept heures

324 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

un quart. -- Immédiatement je fis appel à toute l'énergie dont je

pouvais disposer, et retraçant dans mon esprit la route suivie par

mon confrère, je lançai vers l'esprit subjectif de la malade la sug-

gestion de souffrir et de souffrir continuellement du pied droit;

je suggérai en même temps le rétablissement des fonctions corpo-

relles. L'heure fut notée afin de pouvoir s'informer le samedi sui-

vant si la malade n'avait pas commencé à souffrir le jeudi vers

sept heures un quart. Le samedi, à notre arrivée, nous apprîmes

que les choses s'étaient passées conformément à ma suggestion.

A ce moment, la malade était en état de stupeur, le dos tourné et

ne nous avait pas vu entrer; je réunis les mains du docteur et de

son père, faisant étendre la main droite de ce dernier sur le pied

de sa femme, et le leur recommandai de faire grande attention à

ce qu'ils ressentiraient. Alors, mentalement, énergiquement et

avec confiance, j'ordonnai à la malade de souffrir, et à son esprit

subjectif de reprendre le gouvernement de ses fonctions, puis je

commandai à haute voix : souffrez, réagissez. Le père sentit un

choc, le docteur rien, mais la malade' se retourna brusquement

en criant : « Pourquoi me faites-vous souffrir; je ne puis supporter

cela, je veux mourir ! Une souffrance terrible agitait son pied et

sa jambe de mouvements spasmodiques. Le docteur ne riait plus,

disant que cela dépassait sa compréhension. Cependant, lorsque je

vis le pied débarrassé de son bandage, mon expérience objective

me dit que cette femme était perdue et allait mourir. Si je cédai

à cette impression, la malade allait mourir en effet : je rassemblai

toute mon énergie subjective et, mentalement et oralement, je

commandai que le pied donnât issue à du pus jusqu'au lundi

suivant,- et contre toute probabilité objective, ainsi que j'en infor-

mai mon confrère, je demeurai subjectivement convaincu qu'elle

guérirait. En effet, du samedi au lundi, le pied suppura plus que

dans les deux semaines précédentes. La difficulté la plus grande

que présentait ce cas, c'est que la malade, convaincue qu'elle

allait mourir, combattait mes suggestions par son auto-sugges-

tion. Pendant bien des semaines, j'allai la voir tous les deux

jours, réitérant mes suggestions, gagnant peu à peu sur elle un

réel pouvoir : actuellement elle veut vivre, le sucre a diminué et

le pied a repris, sauf la perte de quatre orteils (le gros orteil seul

subsiste), sa forme normale.

Ce cas démontre, dit l'auteur, que l'on peut agir par l'hyp-

notisme alors même que l'on ne doit pas compter sur l'intelligence

normale et attentive du sujet, et que l'esprit objectif ne vient pas

aider l'opérateur; il montre aussi l'importance de l'esprit subjectif

dans l'effort hypnotique ; il prouve l'existence de la télépathie et

indique qu'il existe, en dehors de l'intermédiaire des sens spé-

ciaux, un moyen physique de communication entre deux iiitelli-

gences, car l'auteur n'avait jamais vu ni la malade, ni le village,

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. ` 323

ni la route qui y conduisait, ni la chambre où la malade était cou-

chée. L'auteur, en terminant, insiste énergiquement sur ce

point, qu'il ne croit ni aux miracles ni au surnaturel moderne,

mais qu'il est convaincu qu'un résultat thérapeutique a toujours

une cause, et qu'il existe des lois, établies sur une base scienti-

fique, qui sont capables d'expliquer les résultats thérapeutiques

de l'hypnotisme. R. DEMusoRAVE CL1Y.

XXII. Un cas peu ordinaire de délirium tremens ; par G. A. Hendon.

7'Ae New-Yorh Médical Journal, 35 décembre 1897.)

Ce cas est surtout intéressant par la forme particulière du sui-

cide qui en a été la conséquence du délire alcoolique : conduit

lors de son entrée à l'asile dans une cellule d'agité, il déclara pen-

dant qu'on l'y conduisait, que quelque chose l'étranglait; croyant

à une hallucination l'interne ne prit pas garde à ce propos : mais

peu après en retournant le soir, il le trouva dans une mare de sang

il venait de s'arracher la langue, que le surveillant ramassa. L'in-

terne arrêta l'hémorrhagie et lui fit mettre aux maiusle manchon

de cuir : mais peu après le malade dégagea ses mains et s'acharna

de nouveau après la racine de la langue. L'interne ayant ouvert la

porte, il se jeta sur lui pourl'étrangler; l'interne que le surveillant

avait abandonné, était seul et dutcolleter avec le fou pourdéfendre

sa vie; mais bientôt il sentit l'étreinte de l'aliéné qui se relâchait,

et pendant qu'on lui remettait, maintenant sans lutte, le manchon

de cuir, il fut pris d'un tremblement convulsif et mourut.

R. DE IUSGR.1VE-CLAT.

XXIII. Acromégalie avec folie; par David f3Laa. (The Journal of

Mental Science, avril 1898.)

Le cas d'acromégalie relaté par l'auteur, est un cas classique;

la seule particularité qu'il présente est son association avec la

folie de la persécution. La malade cont il s'agit a été traitée par

l'extrait de glande pituitaire; pendant le premier mois elle en a

pris 7 grains et demi par jour (environ 0 9" 45), puis 15 grains

(0 sr 90) et enfin 19 grains 1/4 (environ 1 91 20). Le premier résultat

de cette médication fut une ménorrhagie abondante, accompagnée

d'hémorrhagie intestinale ; le tout disparut promptement, et la

malade demeura calmée et plus tranquille. Le traitement fut suivie

d'une diminution de poids considérable, mais dès qu'on le suspen-

dit la malade reprit de l'embonpoint. Il y eut aussi une diminution

importante dans la quantité de l'urine.

R. DE IUGft\'E-CLY.

326 6 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

Contribution a l'étude de la mélancolie, avec un tableau

, montrant les résultats de l'examen du sang dans cinquante-

sept cas ; par B. C. Loveland. (The New York Médical Journal,

25 juin 1898.)

Le chiffre le plus élevé des globules rouges par millimètre cube

est de 8760000 ; le chiffre le plus lias est de 4 320 000. Le taux le

plus bas de l'hémoglotine s'est rencontré dans un cas où la mélan-

colie était survenue au cours d'une néphrite chronique intersti-

tielle, et par conséquent n'est pas imputable à la mélancolie. Le

chiffre le plus bas des globules rouges a été observé dans un cas

de mélancolie derne, très chronique avec état stationnaire depuis

deux ans et un état de quasi-guérison.

Le seul travail qui soit parvenu à la connaissance de l'auteur sur

le même sujet est celui du D'' Whitmore Sfeelle, qui considère

tous les mélancoliques comme présentant une diminution à la fois

de l'hémoglotine et des hématies, et fait cette remarque, que

M. Lovelatid ne saurait admettre comme exacte « que l'améliora-

« tion des symptômes mentaux coïncide toujours avec une amélio-

« ration de la santé générale ».

Ce qui résulte de cette étude de cinquante-sept cas faite par l'au-

teur c'est que dans la période initiale, le sang bien loin d'être au-

dessous du taux normal d'hémoglotine et d'hématies, est cons-

tamment au-dessus ; mais il est vrai aussi que plus tard, quand

surviennent la perte de l'appétit, les fréquents refus de s'alimen-

ter, et l'affaiblissement des fonctions digestives qui accompagne

inévitablement un pareil état mental, le sang devient plus pauvre

en matière colorante, et plus tard encore, en éléments corpus-

culaires. R. DE Musgiuve-Clay.

XXV. La corrélation des sciences dans les études de psychiatrie

et de neurologie; par Ira -Va.11 Giesen. (1'he Journal of Mental

Science, octobre 1898.)

Pour donner un coup d'oeil d'ensemble sur la corrélation utile

des sciences dans les recherches de psychiatrie et de neurologie,

l'auteur passe en revue les divers départements de recherches

institué dans le centre scientifique des recherches neurologiques

de l'Etat de New-York. L'indication de ces divers départements, à

chacun desquels l'auteur donne un certain développement, suffit

à résumer l'économie générale du système préconisé par lui.

1° Psychologie et psychopathologie; 2U Histologie (A) normale

et (B) comparée du système nerveux ; 3° Biologie cellulaire;

4e Anatomie pathologique, bactériologie et chimie psychologique ;

bo (A) Pathologie expérimentale et (13) hématologie; 0° Anthro-

pologie. li. M. C.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 327

X1\'1. Faits cliniques : 1° Hystérie post-épileptique. 2° Aberra-

tions congénitales de l'épiblaste chez un aliéné; par Ghaiiam

CROOKSHANK. (1'hc Jottrltul oJ' .lleztul Snienee, octobre 1898.)

le Homme de vingt-huit ans, épileptique : après la période ordi-

naire de passivité stertoreuse, il prend la position en arc de cercle

du clownisme hystérique, et se livre à des mouvements acroba-

tiques : puis il se met à rire, ramasse son chapeau et s'assied

sur un banc. Tous ces derniers actes sont purement automatiques,

et le malade ne reprend nettement connaissance que-lelcndemain.

L'attaque convulsive était très nettement épileptique, mais les

mouvements qui l'ont suivie correspondent exactement à ceur que

décrit Richer à propos de la grande hystérie. ·

2° Homme d'un certain âge trouvé en état de vagabondage et

admis à l'asile : heureux, gai. se conduisant bien; il a des droits

au trône d'Angleterre, mais attend patiemment le moment où on

les reconnaîtra .Mais sa peau est plus intéressante que son délire :

elle est parsemée de vérues, les unes sessiles, les autres pédiculées

et de petites grosseurs noevoïdes. Sur le bord postérieur de l'ais-

selle gauche, il y a une mamelle parfaitement conformée, grosse

comme un oeuf de pigeon, et terminée par un mamelon de vierge.

Au niveau du sacrum, on trouve des poils rudes et abondants. Les

coudes et les genoux portent des plaques de psoriasis invétéré. La

voûte palatine est large et aplatie. La physionomie est celle d'un

satyre gai et bon enfant. Quand on constate, comme dans le cas

qui vient d'être rapporté, une corrélation entre l'aliénation men-

tale et des anomalies cutanées, on ne peut s'empêcher de se sou-

venir que le système nerveux central, aussi bien que la peau et ses

annexes, est d'origine épiblastique. Il y a donc un fondement ana-

tomique à la doctrine clinique suivant laquelle les anomalies cuta-

nées indiquent souvent l'existence de l'aliénation mentale.

Il. DE Musgrave-Clay.

XXVII. Analyse des causes de la folie chez mille malades; par

J.-V. 1;1 ? CIIFORD. (7'/te Journal 0/' Mental Science, juillet 1898.)

Le groupe des malades examinés se compose de 1014 sujets,

(507 hommes et 507 femmes) : ces recherches ont eu surtout pour

but de préciser l'influence de l'hérédité, et la ou elle fait défaut,

de l'alcoolisme, des traumatismes, etc. Les 1014 malades ont été

divisés en deux groupes, dont l'un composé de 230 malades, com-

prend les épileptiques, les paralytiques généraux et les formes

congénitales et puerpérales. L'autre groupe, plus important, ren-

ferme 376 hommes et 408 femmes. Pour éviter toute confusion,

les chiffres donnés seront toujours des pourcentages. Sur 784 cas

ordinaires l'hérédité figure pour 30 p. 100. L'alcoolisme (hérédité

328 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

exclue) figure pour. 11 p. 100. Les chiffres recueillis confirment les

données étiologiques déjà indiquées, et montrent aussi que la

période de 20 à 37 ans est celle ou l'apparition de la folie est sur-

tout fréquente. Il semble que l'hérédité directe porte également

sur les deux sexes, que la transmission vienne soit du père soit de

la mère. '

. Chez 64. hommes et 22 femmes, -la maladie mentale a paru

résulter directement d'excès alcooliques, soit 8,4 p. 100 du total

des cas. Le traumatisme ne joue qu'un rôle étiologique insignifiant.

L'épilepsie figure pour 7,7 p. 100 dans le total des cas, et l'hérédité

figure dans l'étiologie de l'épilepsie pour 21,5 p. 100. C'est de 10

à 15 ans que l'épilepsie idiopathique débute dans le plus grand

nombre des cas. La paralysie générale figure dans l'ensemble pour

9 p. 100 environ, et dans son étiologie paiticulière on trouve

l'hérédité dans 23 p. 100 des cas. R. de Musgrave-Clay.

XXVIII. L'hérédité dans ses rapports avec les maladies mentales

par W.-F. Karqijhakson. (7'Ae yo : < ? o/'Af' ? ? Sctf7 ! M, juillet 1898.)

Les conclusions de ce mémoire sont formulées par l'auteur lui-

même dans les propositions qui suivent : ,

1° Les auteurs varient considérablement dans les appréciations

qu'ils donnent de la fréquence de la prédisposition héréditaire

dans les cas de folie. A l'asile de Cumberland et de Westmorland,

on a trouvé des antécédents d'aliénation mentale dans la famille

de 30,7 p. 100 des malades admis dans l'établissement ;

2° La présence de la folie chez les parents, que ce soit en ligne

directe ou en ligne collatérale doit être considérée comme une

preuve suffisante de prédisposition héréditaire. Ce n'est pas la

folie elle-même qui se transmet, c'est la tare héréditaire de l'orga-

nisation nerveuse, laquelle peut demeurer latente pendant une ou

plusieurs générations, et, subséquemment, reparaître ;

3° La prédisposition héréditaire à la folie atteint son maximum

quand elle est reçue à la fois du père et de la mère;

4° L'influence maternelle a une activité très légèrement supé-

rieure à l'influence paternelle dans la transmission de la tendance

à la folie ;

5° La folie transmise par le père est légèrement plus dange-

reuse pour les fils que pour les filles ; la folie transmise parla

mère est beaucoup plus dangereuse pour les filles que pour les fils ;

6o Le sexe féminin est nettement plus exposé aux atteintes de la

folie héréditaire que le sexe masculin ;

7° En ce qui touche la fréquence de la prédisposition hérédi-

taire, les formes de folie observées chez les malades admis à

l'asile de Garlands peuvent être langées dans l'ordre suivant, de

fréquence décroissante : 10 imbecilité congénitale ; 2° mélancolie ;

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 3l9 9

3°manie; 4" folie épileptique; 5° démence; 60 paralysie générale;

8° La tendance au suicide est très fréquente dans la folie héré-

ditaire ;

9° Le suicide et la dipsomanie ont une tendance très accusée à

se transmettre sans modification de forme d'une génération à

une autre ;

10° Dans la plupart des cas cependant la forme de la folie chez

les descendants diffère notablement de la forme observée chez les

ascendants, et différents membres d'une même famille ou d'une

même génération peuvent présenter des variétés très différentes

de maladies mentales ou d'autres troubles nerveux. Une forme de

folie déterminé chez un malade par une tendance héréditaire peut

avoir été précédée dans l'hérédité de famille non par l'aliénation

mentale, mais par d'autres formes de maladies nerveuses.

11° La propension aux maladies mentales peut s'accentuer gra-

duellement de génération en génération, aboutissant finalement à

un état de démence ou d'ampiiiia qui tend à amener l'extinction de

la famille ; mais il se peut aussi que la tendance à la folie s'élimine

progressivement dans la succession des générations.

12° On peut quelquefois faire remonter aux excès alcooliques

des ascendants l'origine des névroses héréditaires rencontrées dans

une famille.

13° La prédisposition héréditaire à la folie dans une famille est

souvent associée à la diathése tuberculeuse.

14° Les causes provocatrices des attaques de folie paraissent

être en somme à peu près de même nature que le sujet présente ou

non une prédisposition héréditaire.

lo La folie héréditaire a une tendance particulière à se mani-

fester aux époques critiques de la vie ; ainsi la folie puerpérale est

proportionnellement beaucoup plus fréquente chez les femmes à

prédisposition héréditaire que chez celles qui sont indemnes de

toute prédisposition'; -

16° Les rechutes sont plus fréquentes dans les cas de folie héré-

ditaire que dans ceux de folie non héréditaire. 1

n" La folie héréditaire se manifeste à une époque de la vie un

peu plus précoce que la folie non héréditaire.

18° Les attaques de folie héréditaire peuvent survenir à n'im-

porte quelle époque de la vie; même dans la folie sénile la propor-

tion des cas héréditaires n'est que très légèrement inférieure

à la proportion constatée pour tous les âges réunis.

19° Toutefois, la folie héréditaire fait souvent son apparition vers

la même époque de la vie dans plusieurs générations successives.

Quand la tare va en s'accroissant; la folie tend à se manifester à

un âge plus précoce dans chacune des générations qui se succè-

dent ; et, inversement quand la tare s'atténue, elle tend à se ma-

nifester à un âge plus tardif de génération en génération.

330 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

20o La proportion des célibataires est considérablement plus

forte parmi les malades atteints de folie héréditaire que parmi les

indemnes de toute prédisposition.

21° La proportion des guérisons dans les cas héréditaires de

folie est considérablement plus forte que dans les cas non hérédi-

taires.

22" Le.taux de la mortalité est moins élevé pour les cas hérédi-

taires que pour les non héréditaires. - -

23° La durée de la vie est un peu plus courte chez les malades

atteints de folie héréditaire que chez les aliénés pris dans leur

ensemble.

24° La proportion des décès par tuberculose est plus élevée dans

les cas de folie héréditaire que dans les cas de folie non héréditaire.

2on La durée de l'attaque de folie dans les cas héréditaires qui

guérissent ne parait pas différer sensiblement de celle que l'on

constate dans les cas non héréditaires. Il. DE \IUSCa.l1'E-CL.1Y.

XXIX. L'alcoolisme et l'impulsion au suicide; par \V.-C. Sullivan.

(The Journal of Mental Science, avril 1898.) °

Les conclusions de ce travail sont les suivantes :

1° L'impulsion au suicide associée à l'alcoolisme se manifeste

rarement avant que l'intoxication ait atteint un certain degré de

chronicité;

2° Dans la très grande majorité des cas l'alcoolique chronique

commet sa tentative de suicide en pleine ivresse, et dans plus de

la moitié de ces cas-là, il y a une amnésie complète relativement à

cette tentative;

3° Chez l'alcoolique à idées de suicide, l'intoxication chronique

se manifeste d'une part par un degré variable de démence, et de

l'autre par des troubles fonctionnels généralisés; ces troubles por-

tant sur des viscères qui fournissent la base organique de la per-

sonnalité déterminent un abaissement de la tonicité émotionnelle,

d'où naît l'impulsion au suicide;

· 4° Les organes génitaux, surtout chez la femme, ont a. l'égard du

poison alcoolique une susceptibilité particulière, et leurs troubles

jouent un rôle très important dans la productiou des modifica-

tions émotionnelles qui précèdent et déterminent la tendance au

suicide., R. de Musgrave-Clay.

XXX. Démence précoce; par Jeo. SPRGUF. (The American Journal

of 171stinify, october 1900.)

L'auteur conçoit la démence précoce à la façon de Kroepelin et

range dans cette affection tous les cas d'affaiblissement intellectuel

primitif, de stupeur, d'hébéphrenie, la plupart des faits étiquetés

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 331

catatonie, mélancolie « attonita » et certains malades considérés

autrefois comme atteints de manie, de mélancolie, de paranoïa,

de folie circulaire. ,

Au point de vue étiologique, il fait jouer un rôle important à la

débilité physique et intellectuelle, naturelle ou acquise, tout en

constatant la fréquence de la maladie chez des individus autrefois

très intelligents. Sprague a constaté l'hérédité dans 3 p. 100 des

cas, mais considère cette proportion comme inférieure à la

réalité.

Dans son service, la démence précoce, également fréquente

dans les deux sexes, représente 12 p. 100 des admissions totales.

Le polymorphisme des symptômes est habituel,, comme la brus-

querie du début. Dans la forme la plus atténuée, le malade,

devenu indoient et irritable, n'est pas interné et est considéré par

l'entourage comme ayant simplement changé de caractère. Mais,

en général, les déments précoces sont de nos malades les plus

décourageants et les plus gravement atteints.

Le début est marqué par de la céphalée, des excentricités, de la

dépression, puis survient de la confusion, du négativisme, parfois

de la stupeur avec ou sans catatonie ou bien encore un état

maniaque ou mélancolique. Mais tous ces aspects peuvent se suc-

céder et « le changement panoramique des symptômes est paifois

si rapide qu'en six semaines on peut voir se suivre toutes ces

formes cliniques ». '

Les hallucinations de la vue et de l'ouïe sont fréquentes et par

elles l'auteur explique les attitudes bizanes si particulièrement

fréquentes chez les déments précoces. Il signale également la sté-

réotypie. L'excitation sexuelle n'a été constatée que dans 3 p. 100

des cas.

Le diagnostic se fera avec la manie où n'existe ni confusion, ni

stéréotypie; avec la mélancolie où la dépression est réelle, moti-

vée, constante, tandis que la dépression -du dément précoce est

superficielle, sans motif et intermittente. 11 faut songer que la

catatonie s'observe chez les épileptiques et les paralytiques géné-

raux. Dans la confusion aiguë, l'état psychique morbide est inin-

terrompu, les terreurs sont continuelles, et la résistance aveugle.

Sprague a observé des rémissions fréquentes, parfois de longue

durée, il constate une guéiison incomplète sur 112 cas.

Comme traitement, t'opofhérapie thyroïdienne est conseillée.

L'auteur pense que l'examen microscopique de l'écorce, fait avec

la technique moderne, donnera des résultats. 1), Roger MiG'OT.

ASILES D'ALIENES.

I. Quelques observations de nature économique sur l'augmen-

tation des aliénés internés en Italie ; par FORNASARI DI VERCE.

(Riv. sp. difren., fasc. II, 1899.)

II. Sur l'insuffisance des aménagements fournis parles asiles aux

aliénés de la catégorie placée immédiatement au-dessus des

indigents, par 1) ? VID-BOWER. (The Journal of Mental Science,

janvier 1899.)

Ce travail est consacré à la démonstration de cette insuffisance,

avec chiffres et preuves à l'appui, dont souffre une catégorie nom-

breuse de malades qui ne peuvent payer une pension élevée, qui

ne sont pas assez pauvres pour réclamer le bénéfice de l'indigence,

mais qui pourraient parfaitement payer une pension variant entre

15 et z5 francs par mois. R. M. C.

111. Le Patronage familial des aliénés en Russie; lettre adressée

au D1' PEETERS par le D Bojénoff. (D«M. de la soc. de inétl. ment.

- de Belgique, septembre 1900.) -

IV. Les gardiens d'asile pourvus d'une instruction spéciale et

d'un certificat de l'Association médico - psychologique ; par

T. OUTTERSOri WOOD. (1'Iae Journal of Mental Science, juillet

1897.) .

- L'Association médico-psychologique a actuellement inscrit sur

ses registres plus de 2 400 gardiens et gardiennes d'agile ; le

.succès a dépassé toutes les espérances, surtout si l'on considère

qu'il n'y a pas encore dix ans que ce système fonctionne.

L'auteur se demande dans ce mémoire : to quelle est la situation

qu'occupent en ce moment ces gardiens et gardiennes parmi

les garde-malades ; 2° quelles mesures on peut prendre pour

améliorer leur position ; 3° quelle est la situation de l'asso-

ciation qui confère ces diplômes vis-à-vis du public. Sur le

premier point, l'ignorance du public et le mauvais vouloir de

certaines institutions de garde-malades ont créé à ce personnel

spécial une situation fâcheusement inférieure; mais, à la suite

d'une campagne énergique, il jouit partout aujourd'hui de la con-

asiles d'aliénés. ' 333

sidération qu'il mérite. Sur le second point, l'auteur propose de

poursuivre leur affiliation à certains grands instituts de garde-

malades, point sur lequel nous n'avons pas à insister; il constate

que leur mérite est reconnu dans tous les asiles et que leur

situation ne peut que s'améliorer; sur le troisième point, il pense

que l'association doit contribuer autant que possible à relever la

situation des gardiens ou gardiennes munis de leur diplômes qui

quittent les asiles pour se consacrer au service des particuliers ;

ici encore, il propose d'agir en vue de les faire admettre, à titre

de branche distincte, dans le Royal British Nurses'Association.

R. DE Musgrave Clay.

V. Le service des aliénés en Hongrie, publié par le Ministre

de l'Intérieur de Hongrie. (Budapest, 1900.) -

L'assistance des aliénés en Hongrie, n'est méthodiquement orga-

nisée que depuis une époque récente, c'est-à-dire que ses premiers

asiles publics datent de 1863 (Nagy-Szeben) et 1868 (Bude-Lipot-

mezo). C'est le premier rapport général publié en langue hongroise,

allemande et française. L'asile royal d'aliénés de Lipotmezo est le

principal et le berceau de la psychiatrie hongroise. J'en ai fait

l'objet déjà d'une courte notice dans les Archives de Neurologie en

1891, l'ayant visité à l'occasion du congrès de Budapest.

Cet asile de 500 lits est souvent encombré et abrite jusqu'à

800 malades, il est conçu suivant l'ancien type de l'asile français

de 1830, en ailes parallèles symétriques agglomérées avec services

généraux centraux. Pour le désencombrer on créa deux asiles

annexes de chroniques et incurables ou dangereux à Augyafïl et

Nagy Kallo. Mais les mêmes causes produisant toujours les mêmes

effets, ces annexes durent être employés comme asiles d'aigus et

des quartiers d'hospice aménagés pour les chroniques et incura-

bles à Szegzard, Gyongyüs, Iiapsscar, Nystra et Gyula. Ces établis-

sements avec le quartier d'asile prison de Budapest (120 aliénes

criminels) peuvent assister un nombre d'environ 2 000 malades.

Budget général d'assistance pour les quatre asiles d'Etat :

1 83 898 couronnes.

Les cinq quartiers d'hospice reçoivent les chroniques par traité

à raison de 1 cour.- 50 par journée de malade. Moyenne générale

des guérisons et améliorations 12 p. 100.

Admission annuelle : 1 millier.

Une Société de patronage fonctionne avec une commission spé-

ciale qui tranche les questions de sortie des dangereux et peut

renvoyer certains inoffensifs à leurs familles avec secours.

Le no restranit est prescrit par arrêté ministériel. L'opM'e-doo)'

est appliqué à 20 p. 100 des malades à Augyalfôld. L'alitement est

appliqué dans les quatre asiles d'aigus : Lipotmezo, Augyafold,

334 . asiles d'aliénés.

Magykalto et Nagy-Szebez. Des concerts, théâtres, tennis, sont éta-

blis pour le traitement moral, ainsi que des ateliers nombecux.

La surveillance est assurée par des soeurs, le personnel subalterne

est laïc, à raison d'un agent par 10 malades.

Les médecins sont nombreux et connus par leurs travaux aux

Congrès internationaux : ce sont entre autres, 1111. 1. Kourad,

G. Olah, I.-Salgo et Epstein. Les expertises sont contradictoires et

discutées par un conseil de médecins légal analogue aux Conseils

supérieurs d'hygiène. D 1. blanie.

- 1'1. Rapports sur le service médical de l'Asile public d'aliénés de

Maréville, pour 1899 ; par les 1)"S VLRNUT, médecin de la division

des hommes, et Paris, médecin de la division des femmes.

Ces rapports contiennent de nombreux tableaux de statistique,

concernant le mouvement de la population, les entrées, les sorties,

les décès et les maladies incidentes. Celui de M. Paris se termine

par des considérations intéressantes et assez étendues sur la dégé-

nérescence et la criminalité, qui sont le produit de l'hérédité, de

l'alcoolisme et de la misère et, contre lesquelles, la société ne prend

presque aucune mesure pour se protéger. Loin de là, la nouvelle

loi sur les bouilleurs de cru aggravera certainement l'alcoolisme

qui fait tant de ravages, surtout dans nos départements de l'Ouest

et du Nord.

Aliénés existant le 31 décembre 1898.

asiles d'aliénés. , 335

M. Paris ne nous donne pas de renseignements sur l'augmen-

tation de la population des femmes ni sur le cubage de ses

salles, mais il est probable qu'il en est de même que pour les

hommes.

Le nombre des décès a été de 87 pour les hommes et de 79 pour

les lemmes, ce qui donne, par rapport au nombre d'aliénés traités,

une proportion p. 100 de 7,70 pour les premiers et de 8,07 pour

les secondes. Cette proportion n'est pas exagérée pour les hommes,

si l'un considère que sur les 87 décès, 23 aliénés étaient atteints

de paralysie gêné) aie; pour les femmes dont 7 seulement ont suc-

combé à cette affection, elle est encore un peu élevée. La mortalité

des années précédentes a été très grande et sa diminution a été

attribuée à l'amélioration du régime alimentaire. Pendant les

années 189, 1896, 189î, 1898 elle a été de il p. 100 chez les

hommes et cette grande mortalité me parait tenir en grande

partie à l'encombrement. L'amélioration du régime alimentaire

surcira-t-elle pour continuer à en combattre les funestes effets ? Je

ne le crois pas et il serait désirable qu'on prit les mesures néces-

saires pour le faire disparaître, ce qui serait facile, en ne rece-

vant plus de- malades de la Seine. Ceux-ci ne présentent plus,

d'ailleurs aujourd'hui, aucun avantage économique pour les asiles

de province, la Seine gardant ses aliénés tranquilles et demi-

tranquilles, ne transférant plus que ses galeux et ses agités, qui

demandent beaucoup de surveillance, rendent le service tiès diffi-

cile, très pénible. Ils ne sont susceptibles d'aucun travail, et lors-

qu'ils deviennent calmes, la Seine les renvoie chercher pour les

conduire à Dun-sur-Auzon. J'avoue que si j'étais resté à l'asile

d'l,'vreux, je ne me serais jamais soumis à des conditions pareilles

et je ne conçois guère qu'un asile qui, comme celui de Maréviile, a

des ressources considérables, puisqu'il compte 242 pensionnaires,

outre les indigents de Meurthe-et-Moselle, Vosges, Haute-Saône,

Belfort, les accepte.

M. Vernet se plaint, avec juste raison, de recevoir un grand

nombre de vieillards, nullement dangereux, qui seraient mieux

placés dans des hospices d'incurables; malheureusement ces hos-

pices n'existent pas partout et la part afférente aux communes,

dont le budget est très restreint, est beaucoup plus élevée pour les

personnes qui y sont admises, que dans les asiles d'aliénés.

D1' Daniel Brunet..

VU. L'évacuation du « Sewage » à l'asile de Hawkhead; par

W.-R. \\ ? rsoa. (l'lie Journal of Ileital Science, octobre 1898.)

Détails intéressants sur le système de Sutton et son application

à l'asile dirigé par l'auteur. .. ., R. M.-C.

336 asiles d'aliénés.

VIII. Le collectionnement méthodique des données anthropologi-

ques dans les asiles; par Edwin Goodall. (Tlte Journal o/'J/en-

lal Science, avril 1898.)

Les recherches anthropologiques sont un champ encore peu

cultivé dans les asiles. De quelque façon que l'on juge la théorie

de Lombroso, ei si vivement critiquée qu'elle ait pu être, elle a eu

tout au moins le mérite d'attirer l'attention sur certaines hérédités

morbides et sur certains défauts anthropologiques de conforma-

tion. Dans beaucoup des cas observés dans les asiles, l'observateur

le moins attentif est frappé par la concomitance de certaines

défectuosités physique et de certaines insuffisances mentales; mais

il convient de ne pas se contenter de ces observations superficielles

il est désirable que chaque malade à son entrée à l'asile soit exa-

miné au point de vue anthropologique suivant une méthode qui,

pour rendre possible le groupement des résultats, devra être par-

tout uniforme; il ne sera pas moins utile de prendre comme élé-

ment de comparaisan les données anthropologiques fournies par

des sujets absolument sains d'esprit. R. de 111USGn.IVE-CLAY.

IX. Le logement des aliénés ; par, H. RAYNER. (The Journal of

Mental Science, juillet 1897.)

L'auteur désigne par là l'ensemble des moyens adoptés pour le

placement des aliénés, asiles, colonies, homes, etc., et après un

examen rapide, mais substantiel du sujet, il résume son opinion

dans les conclusions suivantes :

Les défauts de l'organisation anglaise en ce qui touche les

aliénés sont grands et sérieux : 1° les défectuosités dans le traite-

ment des premières périodes de la maladie sont absolues et com-

plètes ; 2° la façjn de traiter les malades améliorés ou occupés

est très défectueuse ; 3° la catégorie des infirmes, la catégorie du

« workhouse» est groupée en masses trop considérables et trop

séparée de ses parents ou amis ; 4° là où les aliénés sont réunis

en grandes masses, la responsabilité du traitement n'est ni claire-

ment ni suffisamment déléguée ; 5° le personnel médical est en

nombre insuffisant.

La question de la dimension des asiles reste à étudier. En

somme, l'opinion de l'auteur est qu'il faut dans les asiles d'aliénés

beaucoup moins de bâtiments et beaucoup plus de médecins, et,

comme il le dit en terminant, moins de briques et plus de cerveaux.

Il. DE MUSGHAYË CLAY.

X. Les bâtiments des asiles d'aliénés pendant un siècle; par Jos.

G. RoGËRS. M. D. (The American Juumzal o'hzsanily,1900, p.1- ! 9.)

Résumé des modifications apportées à la distribution et à l'amé-

asiles d'aliénés. 337

nagement des quartiers, pour rendre plus agréable et plus favo-

rable t la guérison, le séjour des asiles. Simon. ,

XI. Etude sur les statistiques d'une année (30 septembre 1898,

30 septembre 1899) à Hudson River State Hospital; par Chas-

U. ILGUlii. M. D. (TAe American Journal o/' Iiisaaily, 1900

p. r'7 ? ) \

Sur522 admissions : mélancolie, 41 ? p. 100; manie, 3-2,5 p. 100 ;

démence, 20 p. 100; paralysie générale, 6 p. 100. Renvoyés

guéris, 12,6 p. 100; améliorés, 3,4 p. 100; décès, 11,4 p. 100; sans

espoir de guérison, 44 p. 100. Etiologie : causes morales, 20 p.

100; alcooliques, 14 p. 100; hérédité, 34 p. 100. '

L'auteur attribue l'accroissement dans le nombre des admissions

à ce fait qu'on entre plus volontiers et plus tôt à l'asile. Il cons-

tate que la proportion des guérisons .s'est élevée de 9 p. 100. Dans

90 p. 100 des guérisons, le malade était entré à l'asile moins d'un

an après le début de la maladie; dans 81 p. 100, la guérison a eu

lieu moins d'un an après l'entrée à l'asile.

Les admissions sont de 20 p. 100 plus nombreuses en mai, -juin

et juillet que dans les autres mois; 65 p. 100 des guérisons se pla-

cent dans les 6 mois du printemps et de Fêté.

D'après les statistiques des onze dernières années, la vie se pro-

longe pendant en moyenne 12 ans après le début de la folie, un

peu plus longtemps chez les femmes que chez les hommes. La

paralysie générale fait exactement 4 fois plus de victimes chez les

hommes.

Il serait assez fréquent dans les cas où l'organisme n'est pas très

altéré, qu'un retour à la raison précède de quelques heures la mort.

Simon.

XII. Sur l'opportunité d'affecter les tuberculeux à des quartiers

séparés dans les asiles de l'Etat ; par Arthur-H. Haeauscros.

M. D. (The American Journal of Insanily, 1900, p. 30-64.)

Une statistique sur la mortalité par la tuberculose dans 67 asiles

et pendant les cinq dernières années donne les résultats suivants :

Etats de la Nouvelle Angleterre, 11,9 p. 100; Etats du centre,

13, : i p. 100; Etats de l'ouest, 15,2 p. 100; Etats du sud, 20 p. 100.

Les chiffres sont très variables d'un asile à l'autre, de 5 p. 100 et

au-dessous, à 00 et 65 p. 100. La moyenne est 14,8 p. 100.

Un certain nombre de malades ont contracté la tuberculose après

leur entrée à l'asile. Le seul moyen efficace de combattre la conta-

gion est l'isolement des tuberculeux. Il a fait baisser considérable-

ment le pour cent de la mortalité dans 2 asiles (Lancashire (Angle-

terre et Illinois). Simon.

Archives, 2e série, t. XI. 22

338 asiles d'aliénés.

XIII. L'État de New-York et la pathologie de l'aliénation mentale ;

par P. M. Wize. M. D. (The American Journal of Insanily, 1900,

p. 81-95.)

Discussion d'intérêt local sur l'organisation d'un Institut central,

pour l'étude de l'étiologie et la pathologie des maladies mentales.

A noter le souci d'encourager et de faciliter les recherches scienti-

fiques. - SIMON.

XIV. Revision des lois relatives aux aliénés dans l'état de Virginie ;

par William-Francis Drewry. M. D. (The Inzei-icaîi,Joit212al of

. Insanit, 1900, p. 623 à 629.)

Article d'intérêt local : court exposé de la loi ancienne, puis de

la loi nouvelle; il reste cependant des desiderata, entre autres que

les aliénés, attendant d'être reçus à l'hôpital, ne soient pas main-

tenus en prison. ' Simon.

XV. La place de l'étude de la psychopathologie dans la section

pathologique des asiles d'aliénés de l'Etat de Michigan; par

Théo. KLINGMKINN. (77te American Journal of Insanily, 1900,

' p. 681-708.)

L'article a surtout pour but d'indiquer comment doit être prise

une observation complète (de tous les appareils-les désordres

du système nerveux n'étant pas isolés, mais.liés par exemple à des

phénomènes d'anto-intoxication) d'aliénés, et de façon à rendre

facilement comparables entre elles de telles observations. De là Le

plan général élaboré par'la section pathologique des asiles de l'Etat

de Miehigan, exposé avec exemple et figure à l'appui. SmoN.

XVI. Le sytème colonial pour le traitement des aliénés ; par le

Dr Hermami OsTRANDU. (2'/t6 American Journal of ! 6'u ? M< ? 1900,

p.43-45.) . '

Après un mot sur, la tendance actuelle qui est plutôt au disper-

sement, un mot du système employé en Ecosse où les incura-

bles tranquilles sont placés dans des familles privées zip. 100 des

aliénés étant ainsi soignés) rappelant comme objection l'influence

pernicieuse que peut avoir le contact d'un fou spécialement avec un

individu jeune l'auteur, résume ce qui a été essayé comme système

colonial, en particulier par le Dr Talmer, et fort de son expérience

personnelle, le déclare économique, agréable pour les malades à

qui il fournil l'illusion du chez soi, rationnel, et demande seule-

ment que lenombredes habitants de chaque cottage soitlimité à 20,

et qu'ils ne soient pas trop éloignés de l'institution mère. Simon.

1 Voir à ce propos les Comptes rendus de Bicètre.

asiles d'aliénés. 339

XVII. Ce que des aliénés chroniques peuvent accomplir sous une

direction convenable; parle Dr J.-T.-W. ltowt. (The Anterican

yon)'tts<o/'7)M'«)<t ? 1900, p. 07.)

L'auteur fait le récit du transfert d'un certain nombre de fous

chroniques de\ew York à Central-Islip Long-Island, où un millier

d'acres leur avaient été réservés : des bâtiments confortables, un

site agréable les attendaient; l'auteurexprime la satisfaction qu'ils

éprouvèrent et décrit en détail les différents travaux auxquels on

les lit se livrer chacun selon leurs moyens. Les résultats obtenus -

l'amenèrent à conclure qu'on devrait multiplier de telles colonies.

,, SIMON.

IVIII. La garde des aliénés dans des habitations agricoles; par

G.-Alder l3LOnEn. (Tlce American Journal o/'htsazily, juillet 1899,

p. 31 à 40.)

Après quelques mots sur la mode en psychiatrie, cette remarque

que les médecins qui s'occupent des asiles sont en face non seule-

ment du problème du bien-être individuel d'un malade.mais du

bien-être de la masse; .après avoir indiqué le contraste entre le

sort des fous autrefois et aujourd'hui, et indiqué les modifications

des idées, non seulement des médecins, mais du public, Blumer

arrive au vrai sujet de cet article : la supériorité de;fermes et jar-

dins sur les hôpitaux où les fous sont tenus enfermés.

Il faut tâcher de conserver pour les fous la vie de famille.; faire

quelque chose d'intermédiaire entre 'l'asile fermé .et la liberté de

la vie domestique, pour tous ceux qui peuvent en .profiter. En

Ecosse, on envoie, dit-il, en pension dans des familles 33 p. 100

des malades. Et-son expérience personnelle à New-Yorlz lui montre

le succès des colonies de fermes : après des difficultés pécuniaires,

il obtient pourtant de louer pour trois ans une.ferme; des cons-

tructions furent faites pour 23 malades; bientôt on avait une colo-

nie de 23 malades vivant de la vie de, famille; des travaux divers

attachent tout le monde à la ferme; le succès physique et mental

dépasse toute attente; c'était la vie qu'ils avaient vécue chez eux;

on agrandit une ptemiere fois, puis une seconde; on fonde.des

quartiers de femmes toujours dans le même esprit; les travaux

domestiques des hommes pouvaient trouver avantage en effet à

être faits par des femmes, mais celles-ci sont choisies ayant passé

le retour d'âge pour éviter des accidents sexuels; résultats écono-

miques avantageux. Il y a moins d'accidents là que dans les asiles.

Certainement, il y a des fermiers qui accepteraient de recevoir des

malades pour une rétribution moindre que ce qu'ils coûtent ordinai-

rement dans les hôpitaux d'Etat. Réellement, on peut se demander

sil'Etat a raison d'enfermer des malades qui ailleurs seraient mieux

à tous les points de vue et à meilleur marché. Son.

SOCIETES SAVANTES.

SOCIETE DE NEUROLOGIE

Séance du 7 février 1901. Présidence de M. Raymond.

Glyomalose cérébrale. '

M. GILI3ERT-I3.1LLET présente trois cerveaux atteints de gliome.

Dans le premier la lésion était circonscrite et sise au niveau de la

troisième circonvolution frontale gauche. Les symptômes avaient

été ceux d'une tumeur cérébrale; mais il n'y avait pas eu trace

d'aphasie, grâce, sans doute, à l'évolution lente du gliome et de

l'adaptation du cerveau aux conditions nouvelles déterminées par

la tumeur. Dans le second cerveau, une gliomatose diffuse serait

vraisemblablement liée au point de vue pathogénique à un trau-

matisme crânien. Enfin le troisième cerveau présente un énorme

gliome occupant presque la totalité de l'hémisphère gauche. Dans

ces trois cas les symptômes ont été ceux des tumeurs cérébrales

en général, mais pas le moindre signe de localisation n'a permis

de reconnaître le siège de la lésion. Dans le troisième cas, une

piqûre de tuberculine a déterminé de la fièvre 'mais sans influen-

cer en rien les symptômes encéphaliques. Il y avait donc tubercu-

lose. mais celle-ci n'avait aucun rapport avec l'affection cérébrale.

L'autopsie a en effet montré des lésions de bacillose pulmonaire.

L'absence de réactions cérébrales locales serait due à la lenteur

du processus gliomateux.

M. 13anmshc. Ne semble-t-il pas que ce troisième malade

aurait pu tirer grand avantage d'une opération chirurgicale ?

M. Ballet ne le croit pas et cite des faits analogues pour les-

quels la trépanation n'a été d'aucune utilité.

Stase papillaire guérie par la trépanation.

M. B : 1BINHf présente une femme qui. en tombant de bicyclette

s'est violemment heurté l'occiput. A partir du mois suivant sur-

vinrent des céphalées tenaces d'intensité croissante qui devinrent

intolérables, en même temps : amblyopie progressive par névrite

SOCIÉTÉS SAVANTES. 341 L

optique oedémateuse doubleethémorragies rétiniennes. La céphalée

disparaissait pour quelques jours après chaque période menstruelle,

ainsi que les vomissements quotidiens qui l'accompagnaient.

Une large craniectomie pratiquée sur le côté gauche fit dispa-

raître complètement les maux de tête et les vomissements, et,

quinze jours après l'étranglement papillaire avait aussi disparu

sous l'influence de la compression.

L'action calmante exercée dans ces cas parle flux menstruel est

compaiable t celle qu'exerce la saignée dans l'urémie, dont

l'aspect symptomatique, dans sa forme cérébrale a des analogies

avec le tableau symptomatique des néoplasmes crâniens. La théo-

rie de l'aedème cérébral actuellement peu en faveur, ne contien-

drait-elle pas une part de vérité ? Il serait intéressant de chercher

à vérifier cette idée en pratiquant la ponction rachidienne chez

des malades atteints d'urémie à forme cérébrale.

Hé7nyasyizc),gie avec hémilremblemenl d'origine

M. Babinski présente un homme de cinquante-quatre ans, chez

qui se sont développés progressivement les troublesque l'on cons-

tate aujourd'hui. Il est atteint d'une paralysie faciale droite com-

plète avec UR, d'une paralysie du moteur oculaire externe droit,

de nystagmus, de kératite neuro-paralytique, ainsi que d'une

abolition de l'ouïe du même côté. La réunion de ces symptômes

est caractéristique d'une lésion siégeant dans la région bulbo-pro-

tubérantielle du côté droit. Mais, de quelle nature est cette lésion ?

Il est difficile de se prononcer catégoriquement sur sa nature, mais

il est très vraisemblable qu'elle résulte d'un trouble de la circula-

tion. Aucun signe ne plaide en faveur d'un néoplasme.

Ce qui fait l'intérêt de ce cas, ce sont les troubles de motilité

qu'on observe dans les membres et qui siègent à droite, comme à

la face. Or, on sait que l'hémiplégie protubérantielle est alterne,

lorsque la paralysie faciale a les caractères de la paralysie péri-

phérique.

Est-ce donc là un fait en opposition avec les faits établis par

Millard et Gubler ? Il n'y a là qu'une apparence, car, en réalité,

on n'a pas affaire ici à une véritable paralysie des membres, liée,

comme la paralysie alterne, à une altération du système pyra-

midal ; on ne trouve, en effet, dans le côté droit, ni d'affaiblisse-

ment bien net, ni de contracture, ni d'exagération des réflexes

tendineux, ni d'épilepsie spinale, ni de modifications dans les

réflexes cutanés, et il y a lieu d'admettre que le système pyra-

midal est intact. La motilité dans le côté droit n'en est pas moins

touchée, mais d'une manière toute autre que dans l'hémiplégie.

Le membre supérieur est atteint d'un tremblement à peu près nul l

3M SOCIÉTÉS SAVANTES.

au repos et apparaissant à l'occasion des mouvements. C'est un

tremblement intentionnel analogue à celui de la sclérose en pla-

ques. -

Les mouvements élémentaires des divers serments du membre

inférieur droit soit bien accomplis, mais les autres, plus com-

plexes, sont imparfaitement exécutés : pendant la marche, ce

membre, légèrement en rotation en'dehors, s'écarte de la ligne

médiane;' la cuisse se fléchit sur le bassin et le pied se soulève

plus du côté malade que du côté sain, tandis que la jambe se fléchit

sur la cuisse, bien moins à droite qu'à gauche; le pied droit vient

ensuite s'appliquer sur le sol avec une certaine brusquerie. Il s'agit.

là d'un phénomène qui n'est ni de la paralysie ni de l'mcoordina-

tion, mais'qui consiste en une perturbation dans la faculté d'asso-

ciation des mouvements élémentaires dans les actes complexes,

perturbation déjà décrite par l'auteur sous le nom d'asynergie.

Cette hémiasynergie dans la partie inférieure du corps et 1'liéiiii-

tremblement dans^la partie supérieure doivent être sous la dépen-

dance d'une lésion des fibres du pédoncule cérébelleux inférieur

qui, dans la protubérance, occupe le voisinage des 5°, 60, 7° et

8e paires crâniennes. On peut donc conclure qu'il s'agit ici d'un

syndrome pouvant être désigné sous le nom de « hémiasynergie

avec hémitremblement d'origine cérébello-protubérantielle. »

Polynévrite 6lenzzow·czgiyice. J

MM. RAYMOND ET Cestan présenfent deux malades atteints de

polynévrite blennorragique. Dans le premier cas il s'agit d'une

polynévrite ascendante généralisée avec diplégie faciale et trou-

bles bulbaires; le malade a guéri en trois mois, mais la diplégie

faciale persiste avec signes de réaction de dégénérescence. Chez

le second malade, la polynévrite réalise le tableau du pseudo-tabes.

Ces deux polynévrites sont survenues au cours d'une blennorra-

gie à l'exclusion de toute autre cause toxique ou infectieuse.

La moelle dans le mal de Pott.

MM. Thomas et HA.USER ont trouvé, dans un cas de mal de Pott,

en dehors de toute compression osseuse, une destruction presque

totale de la moelle au niveau de la région dorso-lombaire avec

dégénérescence hyaline en masse. Au-dessus et au-dessous se sont

développées des cavités pathologiques -à paroi névroglique, dont

l'une peut être suivie jusqu'à la quatrième dorsale. Il semble que

ces cavités sont l'aboutissant d'un processus inflammatoire qui a

amené d'abord la prolifération, ensuite la dégénérescence du tissu

névroglique. En outre, les coupes fines permettent de constater

l'existence de très fines fibres nerveuses de régénération; ainsi

SOCIÉTÉS SAVANTES. 343

s'expliquerait, l'intégrité relative de la sensibilité dans des régions

recevant des conducteurs nerveux qui pénètrent dans la. moelle,

au-dessous des lésions.

Je'7'eo-a<a.E : 'Ë cérébelleuse.

M. SwiTALSKi présente des coupes provenant de la moelle d'un

sujet atteint d'hérédo-ataxie cérébelleuse, on y voit une dégéné-

rescence de la partie interne des cordons de Goll et des faisceaux

cérébelleux avec agénésie accentuée de l'écorce du cervelet, du

noyau de Goll et des fibres du pédoncule cérébelleux.

Aphasie sensorielle.

Mi Touciic présente deux cerveaux atteints, l'un d'une lésion du

lobe temporal ayant entraîné de la surdité verbale avec jarâonu-

phasie; l'autre d'une lésion profonde du pli courbe ayant coupé

les radiations optiques et provoqué la cécité psychique.

Traitement de la maladie de l3vsedoco par le salicylate de soude.

M. Babinsri a traité plusieurs malades atteints de goitre exoph-

talmique par le salicylate de soude et il a obtenu, par cette

méthode des résultats satisfaisants. Il cite à l'appui l'histoire de

trois malades chez, lesquels les effets de cette cure ont été- très

encourageants.

M. Poolard présente une malade atteinte d'une paralysie

d'abaissement des globes oculaires. M'. PHCUARMAN présente la

cage thoracique d'un syriigoii2yéliqzte. Ml B %BiNski établit le rap-

port qui existe entre le vertige voltaïc/ue et les lésions auriculaires

que celui-ci peut révéler. ' F. B.

/

Séance du 7 mars. Présidence de M. Raruovo.

M. RAYMOND souhaite la bienvenue à 11 ? Déjerine qui vient sié-

ger pour la première fois à la Société.

Ophtalmoplégie totale et paraplégie ascendante..

M. ODDO envoie une observation dans laquelle il insiste sur la

rareté de l'association de ces deux symptômes dans la méningite

tuberculeuse. L'ophtalmopiégie était totale à droite et partielle à

gauche. La paraplégie flasque' présentait, chose exceptionnelle,

une marche ascendante très nette, rapide, avec abolition des

réflexes rotuliens et signe de Uabinski. Du côté de l'encéphale les

lésions étaient purement basilaires et surtout méningées, l'inté-

344 SOCIÉTÉS SAVANTES.

grité des noyaux était complète. Du côté de la moelle au contraire

les lésions intra-médullaires étaient très accentuées.

Un cas d'acromégalie avec autopsie.

M. Ferrand présente les pièces d'une acromégalique morte à

Bicètre dans le service de M. Pierre-Marie. La malade était deve-

nue acromégalique à la suite d'une chute. Elle est morte diabéti-

que et albuminurique. On a trouvé l'autopsie une tumeur kystique

tlu corps pituitaire poussant un prolongement qui englobait le gan-

glion de Casser. Histologiquement la tumeur a les caractères d'un

adénome. Le thymus manquait. Les amygdales sont volumineuses

et le corps thyroïde est hypertrophié. ,

M. 111EIGE. On note souvent des traumatismes dans les anté-

cédents des acromégaliques. Ce fait ne manque pas dans le cas de

M. Ferrand.

Faut-il accorder une part importante à ces accidents dans l'étio-

logie de l'acromégalie ?

M. Marie n'a aucune idée nette de l'influence de ces traumatis-

mes, surtout pour le cas actuel dont le sujet syphilitique était en

outre atteint d'attaques épileptiformes et présentait un complexus

pathologique difficile à débrouiller. Il faudrait faire des statistiques.

Injections 17zlra-cercaclarzoïdienrzes de cocaïne dans les affections

douloureuses.

M. ACIIAIID a ainsi traité trois sciatiques, dont une causée par un

mal de Pott, une sciatique ancienne avec amyotrophie marquée et

une sciatique de six mois sans complications. Dans tous les cas il

a obtenu comme pour les interventions chirurgicales une analgésie

rapide disparaissant au bout d'une heure; mais en outre, il a

obtenu la disparition complète des points douloureux classiques,

survenant plus tardivement et durant plusieurs jours.

il a obtenu encore un soulagement réel dans un cas de crises

gastriques tabétiques et dans un cas de zona crural aigu. Les

douleurs seules ont été calmées temporairement, mais la marche

de la maladie n'a pas été modifiée; enfin dans un cas de coliques

de plomb l'échec a été complet malgré une dose de trois centi-

grammes qui a même provoqué des phénomènes d'intoxication.

Il ne faut jamais dépasser un centigramme. Ce moyen a donc

l'avantage d'être un bon calmant contre la douleur sans être

comme la piqûre hypodermique à la portée du malade.

, athétose double clcoréïforme.

M. LONDE présente une malade dont un cousin germain a été

atteint de la même affection. La démarche est spastique, le visage

- SOCIÉTÉS SAVANTES. 3'l5

grimaçant, la parole explosive. Il y a hypertrophie de certains

groupes musculaires. Le diagnostic est difficile à établir entre cet

état et la chorée chronique de l'adulte. L'intégrité absolue de l'in-

telligence permet cependant de spécifier l'athétose double. '

M. DÊjhR)NE a vu à Angers un malade identique absolument

impotent du fait des mouvements choreïtbrmes et athétosiques, mais

dont l'intelligence remarquable lui a permis d'établir le diagnostic.

Trois cas de généralisation cancéreuse sur le système nerveux

périphérique. '

M. Obertiiùr rapporte trois cas avec autopsie dont deux avec

examen histologique, de généralisation cancéreuse aux nerfs péri-

phériques. l

Dans le premiercas il s'agit d'uneparalysie radiculaire duplexus

bachial avec myosis et rétrécissement de la fente palpébrale du

côté droit, consécutive à une généralisation d*'un cancer de l'uté-

rus ; les troncs nerveux sont comprimés et en partie dégénérés, le

tissu nerveux lui-même n'est pas envahi par les productions épi-

tliéliales, la moelle ne présente que des altérations minimes.

Le second cas a trait à une femme présentant tous les signes

d'une tuberculose pulmonaire avancée accompagnée d'une poly-

névrite très douloureuse avec paraplégie totale. A l'autopsie, can-

cer primitif du poumon gauche et carcinose généralisée à tous les

organes, principalement aux muscles des membres sous forme de

nodules de très petites dimensions; atrophie musculaire, des-

truction des branches terminales des nerfs intra-musculaires et

intra-dermiques.

Le troisième cas est un cancer de l'estomac avec généralisation

aux poumons et embolie cancéreuse dans la région du rocher qui

crée une paralysie faciale périphérique par compression du nerf

dans l'aqueduc de Fallope. L'auteur insiste sur l'importance du

cancer du poumon pour créer ces généralisations cancéreuses péri-

. phériques et sur ce fait qu'à côté des névrites toxiquespar cachexie

cancéreuse, il y a lieu de penser aux localisations neuro-muscu-

laires du cancer.

M. Souques a observé aussi chez un homme au cours d'un can-

cer de l'estomac une paralysie faciale due à un noyau cancéreux

comprimant le nerf dans l'aqueduc de Fallope.

Syndrome de Wcber.

MM. MARIE et Ferrand montrent le cerveau d'un malade ayant

présenté une hémiplégie alterne très nette. On voit sur la pièce

une destruction complète de l'un des pédoncules cérébraux par

un foyer de ramollissement exactement limité à ce pédoncule.

3 li 6 SOCIÉTÉS SAVANTES. , ·

Nouvelle méthode de coloration de la névroglie.

M. INCL.uE expose son' procédé qui consiste à fixer dans un

mélange de trois parties de liquide chromo-osmio-acétique de Foi

et une partie de sublimé à 5 p. 100; à inclure dans la paraffine,

et à colorer par le bleu Victoria en faisant ensuite agir la liqueur

iodo-iodurée. Sur l'observation qu'on n'obtient pas ainsi de dou-

ble coloration, l'auteur moptre que une fois la coloration bleue de

la névroglie obtenue il lave à l'alcool absolu et traite à l'érysco-

sine et obtient ainsi en sus du bleu de la névroglie la coloration

rouge du reste de la préparation. -

Paralysie associée îles muscles droits supérieurs.

MM. 1\loc;uÈs et Cirode envoient l'observation et. les photogra-

phies d'une malade atteinte de paralysie hystérique des muscles

droits supérieurs. 11 lui est impossible de regarder en haut sans

lever la- tète. Il n'existe aucune modification du fond deToeil et

aucun signe de lésion nucléaire.

Cas fruste de sclérose en plaques ou paralysie générale.

A131. Brissaud et Monod. Il s'agit d'un malade pour lequel

malgré des signes incontestables de paralysie générale le dia-

gnostic a pu être hésitant en raison de l'absence momentanée de

quelques-uns de ces signes (signes pupillaires), les lymphocytes

observés dans le liquide de la ponction lombaire ont pu confirmer

le diagnostic d'ailleurs fort probable de paralysie générale.

M. JORFROY à propos de ce malade insiste sur la contingence de

la plupart des signes de la paralysie générale sauf pour l'affai-

blissement intellectuel qui est capital et absolument, nécessaire,

mais qui se rencontre aussi au cours de méningites chroniques

toxiques, et autres. F. Boissier.

SOCIÉTÉ D'H1'PNOLOGIE ET DE PSYCHOLOGIE

Séance du 13 janvier 1901.

Stirn.ates de dégénérescence mentale et psychothérapie.

M. Paul Farez expose les améliorations qu'il a obtenues, grâce

à la ps3-clrotliérapie, chez une femme de cinquante-sept ans qui,

SOCIÉTÉS SAVANTES. 347 I

persécutée-persécutrice, présentait un' cas de folie- à deux avec

stigmates de dégénérescence mentale, tels que phobies, obsessions,

impulsions, etc. Dans ces cas, la cellule nerveuse, plus ou moins

tarée, est ce qu'elle est et aucun moyen thérapeutique n'est capa-

ble d'amener une restitutio ad intey>7cm. ,

Cependant, la psychothérapie, sous toutes ses formes, permet

de rassurer le malade, de lui rendre le calme, de lui faire prendre

patience, de lui procurer quelque allégement et quelque répit.

Sans doute, les améliorations sont fragiles et un rien provoque

une rechute ; de toute manière, il faut que l'on revienne à la charge

souvent et longtemps. Néanmoins, quoique la suggestion ne donne

guère ici des résultats très durables, son action est suffisamment

appréciable pour qu'on la recommande, à la condition, bien

entendu, qu'omn'ait pas l'imprudence de lui demander plus qu'elle

ne peut donner., c

Le suicide chez quelques animaux.

M. Causiez reprend' la question très controversée du suicide

chez les scorpions; il relate les nombreuses expériences qu'il a

faites à ce sujet tout récemment et rapproche ce suicide de celui

de quelques autres animaux : cheval, chien, serpent à sonnette, etc.

Paracelse et le fluide magnétique.

M. Félix REGNAULT montre que le fluide magnétique ne date pas

de Mesmer et qu'il en est fait mention dans Paracelse.

M. Garnault. Toutes les idées de Paracelse dérivent de l'anti-

quité. Certaines cérémonies du culte chez les Egyptiens compor-

tent des attouchements analogues aux passes mesmériennes.

Note sur un cas de psychopathie sexuelle.

M. Bérillon expose le cas d'un inverti qui pratiquait les rapports

homosexuels et qui1 fut ramené à l'état normal' par la suggestion

hypnotique.

Séance du mardi 19 février 1901. Présidence. de M. Jules Voisin.

Troubles psychiques en l'apport avec le vaginisme.

M. ARAGON. Le vaginisme dépend' presque' toujours d'un état

psychique et la psychothérapie en est le traitement de choix. L'in-

tervention chirurgicale, outre qu'elle nécessite parfois des délabre-

ments assez considérables, échoue souvent; quant à la cocaïne,

elle n'est pas à recommander, car elle provoque l'impuissance chez

le mari.

348 SOCIÉTÉS SAVANTES. '

M. Félix Regnault. Cette influence du psychique sur la fonc-

tion génitale se retrouve au moyen âge dans les pratiques des

noueurs d'aiguillettes et dans les prétendus talismans qui préser-

vent de leurs atteintes

M. Bérillon. Dans certains milieux, on entretient dans l'esprit

des jeunes filles une véritable terreur, à l'égard de la douleur des

premiers rapprochements. On suggère ainsi une phobie et souvent

le vaginisme ne reconnaît point d'autre cause. Quant aux noueurs

d'aiguillettes, ils opèrent encore de nos jours dans certaines cam-

pagnes.

Perversion de l'instinct de conservation chez les animaux.

M. Lépinay rapporte plusieurs observations de chiens et de che-

vaux qui se sont laissés mourir de chagrin ; il traite à nouveau la

question du suicide chez les animaux. ,

Les exercices des derviches Rouscdy expliqués par l'hypnotisme.

\iJI. IIirusT (de Constantinople) et Félix HEGNAULT. Ces der-

viches par des manoeuvres de balancement ou de tournoiement se

mettent d'abord dans un état hypnotique spécial avec anesthésie

complète. Alors ils commencent leurs exercices. Ils se mettent

sur la tête un plateau métallique chauffé au rouge et ils le conser-

vent pendant cinq ou dix minutes sans que l'épidémie porte

aucune trace de brûlure. D'autres fois, ils s'enfoncent une grande

pique en fer derrière la trachée, en avant de la colonne vertébrale,

et, ainsi transpercés, ils se promènent en se dandinant. Quand

cette pique est retirée, on ne constate pas la moindre hémorragie.

Le premier phénomène s'explique par les principes de la calél'ac-

tion - (Ilyperli id rose abondante), le second par la vaso-constriction

que l'on sait pouvoir devenir très intense pendant l'état hypnotique.

nleszner et le fluide magnétique.

M. Paul ranrz. C'est tout à fait à tort que les partisans de

Mesmer prétendaient qu'il était le premier inventeur de sa doc-

trine. Il n'a fait que plagier et rééditer, presque mot à mot, la

théorie du fluide universel, telle qu'elle est exposée dans les

oeuvres des médecins et des philosophes de la fin du xvie et du

commencement du xviie siècle, en particulier Paracelse, Van fiel-

mont, Goclenius, Burgravius, Wirdig, Kircher, Santanelli et sur-

tout Maxwell.

BIBLIOGRAPHIE.

X. Essai de réduction de la mélancolie en une psychose d'involution

présénile ; par le D''J. Capgras. (Th. Paris, juillet 1900.)

L'auteur, adoptant les idées exposées par le professeur Kroepelin,

dans sa dernière classification de 1899, propose une conception

nouvelle delà mélancolie.

En un historique rapide, il montre que le remarquable tableau

clinique de la lypémanie, tracé par Esquirol. beaucoup trop

compréhensif, puisqu'il renfermait tous les troubles psychiques,

tous les délires partiels accompagnés de dépression, est peu à peu

dissocié. Baillarger établit une première démarcation en réservant

le nom de mélancolie aux seuls faits caractérisés par une lésion

générale de l'entendement. De cette dernière entité morbide,

ainsi définie, on détacha, grâce aux travaux de Delasiauve, la con-

fusion mentale. Baillarger montra encore que nombreux étaient

les cas de mélancolie appartenant à la période initiale de la

paralysie générale ou à une phase de la folie circulaire. Lasègue

décrivit ensuite le délire de persécution. Enfin Magnan, avec la

dégénérescence mentale, Krupelin avec la démence précoce,

ont encore restreint le domaine de la mélancolie.

Mais, si les frontières de cette psychose se sont resserrées, celle-

ci n'a point changé d'aspect ; elle reste toujours constituée par un

syndrome que l'on rencontre dans de nombreuses affections psy-

chiques. Ce syndrome. chez l'adulte, ne peut acquérir rang d'en-

tité morbide, car l'observation montre qu'il se résout dans les

principales maladies suivantes :

1° Dans la folie périodique, l'état dépressif n'a en lui-même

qu'une valeur secondaire par rapport à l'évolution de la maladie.

Or, un accès de mélancolie survenant chez un jeune sujet doit

toujours faire soupçonner la folie intermittente, d'autant plus

que les accès consécutifs peuvent rester frustes, inaperçus, on ne

se reproduire qu'à intervalles très éloignés ; -

2° Les rapports de la neurasthénie et de la mélancolie ont été

déjà signalés ; entre la névrose et la psychose (en particulier la

mélancolie avec conscience) il n'y a qu'une simple différence de

degré, sinon similitude complète ;

3° A la grande classe des dégénérés se rattachent de nombreux

états mélancoliques d'aspect et de durée tout à fait spéciaux,

350 - BIBLIOGRAPHIE.

grâce à leur terrain d'évolution. Dans cette catégorie rentrent

la plupart des mélancolies hypocondriaques;

4° La confusion mentale, la psychose hallucinataire aiguë, le

délire à base d'interprétations s'accompagnent de réactions

anxieuses qui n'ont de la mélancolie que l'apparence ; l'asthénie

psycho-motrice s'accorde mal avec une telle richesse d'hallucina-

nations ou d'interprétations ;

50 La démence précoce se caractérise par de l'apathie, de l'in-

différence, des périodes d'excitation, de la tendance aux impulsions,

du négativisme plutôt que par la dépression. De vrais états

mélancoliques se montrent cependant comme stade de l'affaiblis-

sement intellectuel progressif. -

De cette étude critique, le D'' Capgras, conclut que la mélancolie

chez l'adulte est bien un syndrome, sans autonomie, se retrou-

vant dans les multiples expressions de la folie. Il expose alors

une conception nouvelle dont l'intérêt est de donnera un étatpsy-

chopathique une base organique et de transformer la mélancolie

en une psychose liée à une phase de l'évolution physiologique de

l'individu. La prédominance relative des suicides chez les séniles,

prouvée parles statistiques, la fréquence extrême des états dépres-

sifs à cette époque de la vie sont dus, non point seulement à la

mentalité spéciale du vieillard, mais plutôt à sa déchéance physi-

que. L'étude des mélancolies organiques - celles des paralytiques

généraux ou des alcooliques chroniques rend cette opinion

évidente. Et l'on peut trouver, surtout chez les artério-scléreux,

des cas de transition qui font mieux comprendre la pathogénie

des faits où la lésion mentale semble seule en cause. Ce trouble

morbide, uniquement psychique en apparence, n'est que le reflet

des processus d'involuLion sénile. C'est au moment où la cénes-

tliésie est profondément troublée par la diminution des échanges

chimiques et par la disparition de certaines fonctions (ménopause)

que se montre la dépression, simple réaction cérébrale provoquée

par cet amoindrissement chez les prédisposés.

L'exactitude de cette hypothèse est affirmée par l'existence chez

ces mélancoliques,de signes physiques dont les plus importants

sont les troubles pupillaires et l'hypotension artérielle ; signes

trouvés par l'auteur chez tous les malades examinés. S'appuyant

sur quinze observations originales, le Dr Capgras donne la descrip-

tion sommaire de la mélancolie ainsi comprise, et insiste particu-

lièrement sur l'importance d'un examen somatique approfondi. Il

la divise en mélancolie simple, mélancolie délirante et mélancolie

sénile, cette dernière, correspondant au Wahnsinn dépressif de

Kroepelin, débute à un âge plus avancé et chez des affaiblis.

Le diagnostic de cette mélancolie présénile est souvent délicat.

Il faut songer surtout aux cas de mélancolie apparaissant de

bonne heure, manifestation'd'une sénilité prématurée; et d'autre

BIBLIOGRAPHIE. 331 1

part il importe de ne pas se laisser tromper par les cas de folie

intermittente ou de démence précoce à début tardif; les états

dépressifs delà démence paralytique ou de la démence sénile sont

en général plus faciles à distinguer. Enfin, si la pathogénie donnée

est réelle, on est en droit d'espérer de bons résultats de l'apothé-

rapie et l'ovaritie est indiquée.

Le remarquable travail de M. le Ur Capgras est, ainsi que le

montre l'analyse qui précède, d'un haut intérêt pour le clinicien

désireux de s'orienter au milieu des psychoses de natures.si

diverses que l'on a confondues sous le nom de mélancolie. 11 faut

le féliciter et de l'excellent exposé qu'il a donné de la conception

de hraepelin et de la contribution personnelle qu'il a apportée à

l'histoire des états dépressifs. P. Sérieux.

XI. Contribution à l'étude de la peur et des phobies; par F. DUGUET.

(Thèse de Lyon, 1899.)

Sans observations et sobre de bibliographie, cette dissertation

émane de l'étude réfléchie de cent soixante cas de phobies; elle

cherche à en déterminer le mécanisme,. l'étiologie et la nature;

elle part de l'instinct de conservation dont la manifestation

émotive générale et normale est la peur.

Cette dernière constitue seule la base émotive de la phobie ;

comme toute émotion, la peur comporte deux phénomènes : l'un

psychique cortical initial, modifiable par la volonté; l'autre consé-

etitif, somatique, réflexe, centrifuge involontaire. M. Dugnet

répudie la théorie inverse comme trop matérialiste, mais il ne

semble pas avoir eu connaissance des opinions de Lange et de

Jules Soury. C'est ce phénomène secondaire se traduisant par les

angoisses et des effets vaso-moteurs qui joue le rôle important

dans la production de la phobie. Celle-ci est fonction de deux

facteurs : 1° émotivité; 2° faculté de contrôle agissant suivant un

rapport inverse, le premier exagéré, le second diminué; c'est une

émotion pervertie, pathologique en quelque sorte, hallucinatoire

par opposition à la peur naturelle, émotion normale. Ici se place

une bonne réfutation de la théorie de la « loi de stabilité » de

M. Duprat, pour qui une émotion si légère et naturelle qu'elle soit

est toujours tant soit peu pathologique, théorie en effet purement

artificielle. En tout cas, en égard à un objet quelconque, les phobies

et les philies sont les unes le côté négatif, les autres le côté positif

de l'émotion. Pour l'étiologie, les observations pas plus que la

littérature ne permettent de décider le sexe le plus frappé; mais

sur les 160 cas examinés, il y avait à l'origine : l'hérédité, 40 fois ;

la névropathie, 23 fois ; l'infection, 29 fois; des intoxications ou

excès, li fois ; des altérations du sang, 16 fois ; enfin une pre-

mière émotion ou aucun fait saillant, 40 fois. Enfin, il faut distin-

352 BIBLIOGRAPHIE.

guer des phobies des cas d'émotivité pathologique (hypocondria-

ques, superstitieux, convalescents,, affaiblis en général) qui n'ont

ni la systématisation, ni la durée, ni l'angoisse subite, ni l'irrésis-

tibilité des cas de phobie. Celle-ci ne doit-être enfin ni du délire

émotif de More], ni la folie avec conscience de Pritli, ni un

syndrome de dégénérescence (Magnan), encore moins de l'épilep-

sie larvée (Westpliall) pas plus qu'un symptôme de neurasthénie

(Beard). Elle serait une entité morbide, manifestation de « névrose

d'angoisse » de Frend et de Lannois et Fournier. Le champ delà

théorie n'est pas clos autour des phobies, on peut encore écrire.

F. 13OISSIER.

111. Léthargie d'Afrique ou maladie dit sommeil; par P. Alwsov et

V. MoTT. (Londres, Adlard and son 1900, in-8° extrait des

Transactions of Ptithol. Society.)

Bien que la littérature médicale d'Europe ait été depuis 1803

saisie de cette question, la pathologie et surtout l'étiologie de la

maladie du sommeil sont encore mal connues et la nature en reste

mystérieuse malgré la constante découverte d'un ver dans le sang

des malades. L'affection reste endémique dans l'Ouest africain où

elle ravage çà et là certaines bourgades, épargnant des villages

voisins, sans qu'on sache pourquoi et abandonnant complètement

les premiers pour envahir les seconds, sans qu'aucun cas authen-

tique ait jamais été observé chez un Européen. Le cours delà ma-

ladie présente trois périodes : 1° initiale avec langueur progres-

sive, tristesse inertie, somnolence, accidents légers; 2" période

d'état, sommeil continu avec réveils faciles à provoquer mais très

courts, le malade se rendort même en mangeant, réponses labo-

rieuses mais exactes, réactions lentes, bave, éruption papulaire

avec démangeaison violente, adénite douloureuse, réflexes nor-

maux, affaiblissement graduel de l'intelligence; 3° période termi-

ncale, profonde léthargie, malade confiné au lit, bave, perte de

l'intelligence, escarres, tremblement et spasmes musculaires,

parésie, attaques épileptiformes, amaigrissement extrême malgré

la conservation de l'appétit, quelquefois accès maniaques, hyper-

thermie parfois suivie d'hypothermie et mort par maladie inter-

mittente ou dans le marasme. La filaria nocturna ne parait pas

avoir de rapport avec le mal; au contraire la présence de la filaria

perstans est constante dans le sang, et la maladie semble avoir la

même répartition géographique que ce ver. On retrouve pourtant

hors de l'Afrique la filaria perstans dans la Guyane anglaise où la

présence de cas de léthargie n'est pas scientifiquement confirmée.

Il n'y a là qu'une présomption. En tout cas la filaria perstans ne

paraît pas être la cause absolue et unique, peut-être faut-il admet-

tre des causes additionnelles; peut-être sont-ce les formes larvaires

BIBLIOGRAPHIE. 353

du ver et non les individus adultes qui déterminent les accidents.

Cependant l'examen du liquide des papules n'a permis de con-

trôler que la présence du ver adulte et jamais d'un individu em-

bryonnaire.

Des deux cas qui illustrent ce mémoire l'un est celui d'un nègre

de 29 ans, fort intelligent et malade depuis un an au moment de

son arrivée en Angleterre. Il entre à l'hôpital le 12 septembre en

pleine léthargie. A l'état de veille il répond avec peine mais avec

justesse, il titube en marchant. Sensibilité et réflexes normaux,

affaiblissement musculaire rapidement progressif, gingivite

extrême, paresse intellectuelle; dans les selles présence d'oeufs de

trichocéphales, d'ascarides lombricoïdes et d'anlcylostomes; dans

le sang Ciliaires perstans. Pression artérielle très basse, tempéra-

ture irrégulièrement normale et plutôt basse. Bientôt parésie,

obtusion, tremblement, gâtisme partiel, fièvre et mort en février.

A l'autopsie : très petit abcès du poumon contenant une filiaire

embryonnaire; rien à noter aux autres viscères, une filaire dans

le tissu périaortique, pas de lésion macroscospique des centres

nerveux sauf l'hyperhémie et l'épaississement de la pie-mère et de

l'arachnoïde.

Le second cas concerne un nègre de 11 ans'entré le 24 septembre

. et malade depuis quatre mois. Mêmes symptômes, mais plus in- z

tenses. Léthargie profonde, obtusion au réveil, affaiblissement et

dénutrition rapide malgré un bon appétit. Bientôt gâtisme com-

plet, douleurs, contractures, tremblement, escarres, enfin attaques

épileptiformes très fréquentes. A la fin, fièvre suivie d hypothermie,

inconscience absolue, mort le 2 avril. Al'autopsie, dure-mère adhé-

rente, liquide cérébro-spinal trouble contenant des lilaires à l'état

larvaire vivantes.

A la coupe des centres nerveux, dans les deux cas, hémorra-

gies punctiformes, leptoméningite et enceplialomyélile diffuses.

L'arachnoïde et la pie-mère sont infiltrées de leucocytes mononu-

cléaires, ni l'examen microscopique ni les ensemencements ne

révèlent de microorganismes. A la coupe des centres nerveux, la

lésion caractéristique est l'énorme invasion de la gaine des petits

vaisseaux par les leucocytes mononucléaires, l'atrophie des libres

tangentielles, la chromotalyne légère de certaines cellules. En

somme, comme Régis et Gaide l'avaient établi sur un simple exa-

men clinique, ces deux autopsies prouvent que la maladie du

sommeil est une méningo-encéphalo-myélite. Celle-ci serait due à

un poison d'origine micro-parasitaire affectant le système gan-

glionnaire et lymphatique et les centres nerveux. Ce qui frappe

quand on regarde les nombreuses figures de ce travail c'est la res-

semblance presque identique des lésions représentées avec celles

de la paralysie générale. D'ailleurs certains auteurs après avoir

épuisé la liste des infections, intoxications et parasites ont voulu

Archives, 2° série, t. XI. 23

354 BIBLIOGRAPHIE.,

voir dans cette affection inflammatoire des centres nerveux un ac-

cident tardif de nature syphilitique et même une forme de para-

lysie générale. M. Mott fait observer qu'ici les lésions des vaisseaux

avec leurs gaines gorgées de noyaux sont beaucoup plus intenses

que dans la paralysie générale, au lieu que l'atrophie et la raréfac-

tion des cellules nerveuses est au contraire beaucoup moins accu-

sée, si bien que cette dernière altération est en dispropoi tion avec

la première, comme si la lésion vasculaire était primitive. Ne pour-

rait-on en conclure que dans la paralysie générale où l'aspect est

inverse, la fonte cellulaire est la lésion principale et autonome ? ` ?

F. BossiER.

XIII. llniiiiii-opitie du cerveau et ses résultats sur le cervelet, le bulbe

et la moelle; par W. Mott et F. Tredgold. (Londres, Mac Ilillaii,

and C° 1900, 111-80, extrait du Brain.)

Il s'agit de trois cas d'atrophie partielle d'un hémisphère céré-

bral, dans lesquels les lésions diffèrent de siège et de nature

mais peuvent comme dans tous les autres cas de ce genre, se grou-

per en deux classes : 1° classe corticale, lésions limitées à l'écorce

ou à la substance blanche sous-jacente ; 2° basale, lésions atteignant

les ganglions de la base.

Les altérations secondaires intéressant les parties inférieures de

l'axe cérébrospinal sont différentes dans l'une et .dans l'autre

classe.

, 1° Homme, attaques épileptiformes depuis l'enfance, hémiplégie

droite avec exagération des réflexes, démence progressive, mort à

trente ans. Lésion primitive des ganglions de la base à gauche

(couche optique), atrophie de l'hémisphère gauche englobant les

ganglions de la base, consécutivement : atrophie de la pyramide

et de la bandelette à gauche dans la protubérance et dans le

bulbe; sclérose du faisceau pyramidal direct à gauche et du croisé

à droite dans la moelle; atrophie du cordon autérolatéral gauche;

atrophie de la moitié droite du cervelet et du pédoncule cérébel-

leux supérieur droit; raréfaction des cellules des cornes anté-

rieures affectant les groupes latéral et postéro-externe.

2° Homme, hémiplégie droite avec attaques ^épileptiformes et

réflexes exagérés (de naissance), pas de démence, mort à trente-

trois ans. Atrophie des circonvolutions centrales de l'hémisphère

gauche. Intégrité des ganglions de la base. En conséquence :

atrophie du faisceau descendant correspondant dans la protubé-

rance et le bulbe, intégrité de la bandelette et du cervelet. Haié-

faction des cellules de la corne antérieure.

3° Femme, hémiplégie droite (de naissance), attaques épilepti-

formes depuis l'âge de douze ans, démence progressive, morte à

vingt-deux ans. Atrophie des circonvolutions à la partie inférieure

BIBLIOGRAPHIE. · 355

de la région motrice gauche et du faisceau efférent correspondant

dans la protubérance, le bulbe et la moelle. Intégrité des gan-

glions de la base, de la bandelette et du cervelet. ' ,

L'atrophie de l'écorce seule entraîne donc la sclérose des fais-

ceaux efférents correspondants à travers la protubérance, le bulbe

et la moelle. Quand la lésion intéresse les ganglions de la base, il

y a atrophie de la moitié opposée du cervelet et de son pédon-

cule supérieur ainsi que de la bandelette longitudinale dans la

protubérance et de la couche interolivaire dans le bulbe du même

côté, en sus de la sclérose du faisceau efférent. A cette dernière

correspond la raréfaction numérique des cellules de la corne

antérieure dans les régions cervicale et lombaire, et des fibres

constituant le réseau de cette même corne. A remarquer l'inté-

grité constante de la'colonne de Clarke dont les cellules d'après

cela ne formeraient pas une connexion inter-neuronique entre les

faisceaux efférents supérieurs et inférieurs. Enfin tandis que les

fibres de projection sont atrophiées, celles d'association sont

indemnes. F. BOISSIER.

XIV. Manuel du praticien. Aide-mémoire de Neurologie; par le

Professeur P. LEMET. ]3aillère, éditeur, 1900.

Ce manuel, utile à l'étudiant l'est plus encore au lit du malade

pour le praticien qui sait, mais a besoin de se remémorer les

lignes essentielles de ce qu'il a vu déjà à l'hôpital au milieu de la

variété des cas courants.

Les grandes lignes capitales sont esquissées surtout au point de

vue symptomatique et diagnostique.

Après l'étude des maladies des centres nerveux, cerveau etmoelle

étudiées en première ligue, l'auteur passe aux grands syndromes

communs à diverses affections pour terminer par 12s affections des

enveloppes nerveuses des nerfs périphériques et des névroses et

dystrophies. Mémento fort utile aux praticiens et non sans intérêt

pour le spécialiste. - A. Marie.

XV. La colonie d'aliénés de Lierneux ; par le D1' DLVERON.

Ed. Miiil, Liège. '

Cet exposé contient un historique de la création delà deuxième

colonie belge, par dédoublement de la colonie-mère de Gheel (on

sait que le dédoublement fut rendu nécessaire par la dualité des

langues wallonne et flamande).

Depuis 1883, Lierneux a reçu 1 385 malades ; à l'heure actuelle,

il y a 429 malades, 240 hommes et 183 femmes. Ainsi que je l'ai

répété bien des fois avant d'obtenir gain de cause, on sait que la

question des sexes est ici résolue depuis longtemps, en faveur du

356 BIBLIOGRAPHIE.

mélange dans une même colonie (sans inconvénient aucun

- d'ailleurs) et du plus grand nombre de malades hommes ; alors

que la création d'une colonie d'hommes, réclamée par moi

dès 1893, n'a été obtenue qu'en 1900 par transformation de la

colonie que j'avais créée à Ainay en 1898. En matière d'assistance

familiale, les difficultés capitales -résident dans les idées précon-

çues et les préjugés courants en haut lieu.

Le budget annuel de Lierneux n'a atteint que 250.000 francs

dont 150.000 pour journées de nourriciers. La proportion des

sorties y est de 10 p. 100 dont moitié par guérison, et les décès

atteignent 4 p. 100, pas d'accident sérieux (deux évasions en 1900).

Pas de restreint hors de l'infirmerie, et au dedans l'isolement en

cellule est rarement employé.

J'ai eu occasion récemment de revoir cette institution et d'y

constater les efforts louables faits par M. Déperon pour l'amélio-

ration constante des placements1 signalerdansson règlement deux

mesures originales : la haute paye au nourricier qui a un pension-

naire malade à domicile, du jour où il le signale; cela assure

contre la négligence et garantit de l'avis immédiat au médecin en

cas d'indisposition ; de plus, au cas de décès, le remplacement

tarde de sorte que le nourricier a tout intérêt à conserver son

malade par des soins diligents. Ce sont là des mesures qu'il serait

'bon d'adopter pour l'assistance familiale de l'enfance, comme pour

l'assistance familiale des aliénés de la Seine. Quant à l'âge des

malades, je relèverai sans commentaire celui des malades entrés

en 1900.

BIBLIOGRAPHIE. 357 .

comportent pas le régime familial, tel est l'idéal qui apparait dans

les appréciations unanimes dont le régime familial est aujourd'hui

l'objet de la part des médecins aliénistes.

Et dans le rapport sur la situation des aliénés en Belgique pré-

senté au'; chambres en 1895, par M. Bergerem, ministre de la

justice, on lit le passage suivant : « Il est permis d'affirmer

quoique les statistiques réitérées faites par le gouvernement

n'aient fourni que des données inexactes ou incomplètes, que les

asiles fermés contiennent de trèi nombreux malades dont le.

placement est marqué dans les colonies où ils bénéficient large-

ment de la vie libre, tandis que l'internement dans un asile

constitue pour eux un supplice aussi douloureux qu'inutile. En)

atténuant les restrictions trop étroites posées par les règlements,-

on parviendrait probablement à soumettre au régime familial,

dont l'éloge n'est plus à faire, tous les aliénés pour lesquels ne se

justifient pas des mesures de séquestration proprement dite. :

Pour les cas chroniques, pour les malades inoffensifs et curables,

les convalescents, les demi-fous, la séquestration ne se justifie pas.

Ils ne sont pas dangereux et ils peuvent recevoir, en colonie les-

soins généraux qu'ils réclament ; ils n'y trouveront peut-être pas

toutes les conditions de confort et d'alimentation qu'offrent nos

asiles d'aliénés, mais ils jouiront de la liberté substituée à l'em-

prisonnement, de l'influence bienfaisante de l'air des champs,

du travail et des distractions, enfin des relations de sympathie

s'établiront forcément entre les habitants et les malades. "

il y a plus,. les asiles fermés sont loin de constituer un milieu

favorable au point de vue de l'entretien et de la réparation des

fonctions cérébrales, les stimulants habituels de l'intelligence y

font défaut, la famille, l'image réduite de la société, et la

société elle-même où l'homme à l'état normal recueille les

impressions qui éveillent le travail de l'esprit, n'existent pas pour

l'aliéné enfermé. ,

Les gémissements et les plaintes des uns, les cris, les chants et

éclats de rire des autres, les idées délirantes de toute espèce que

des cerveaux tourmentés ne demandent souvent qu'à commu-

niquer, tout cela est fait pour troubler et pour affaiblir les

facultés. 1

La situation est également fâcheuse au point de vue de la

sensibilité affective et morale. Beaucoup sont susceptibles d'affec-

tion et de sympathie; ils veulent en recevoir et en donner.

A qui voulez-vous qu'ils s'attachent dans les asiles fermés ? Au

médecin qui passe une ou deux fois par jour, qui leur témoigne

de l'intérêt, mais qui est dans l'impossibilité de s'occuper d'eux

individuellement, au personnel servant ? mais les infirmiers ont

des centaines de malades à soigner; souvent ils ne font qu'aller et

venir et la population de l'asile se renouvelle sans cesse elle-même.

358 NÉCROLOGIE. -

A leur compagnon d'infortune ? mais l'aliéné, qui ne comprend

pas sa propre situation, apprécie parfaitement celle des malheureux

qui l'entourent. Leur état est à ses yeux en état d'infériorité, il

refuse de se lier avec eux, les aliénés sociables avec les personnes

sensées s'éloignent des autres aliénés.

Il est rare d'en rencontrer qui nouent des relations d'amitié. 11

est rare pour le même motif et c'est le côté favorable d'une situa-

lion qui ne l'est pas en général, de voir les complots se tramer et

recevoir seulement un commencement d'exécution.

Enfin, l'aliéné renfermé n'a pas, en général, l'occasion de

déployer son activité volontaire. Il lui est impossible, au contraire,

de se mouvoir comme il le voudrait, de se livrer à un travail

régulier. Encore un stimulant soustrait au cerveau, encore une

cause d'affaiblissement des facultés intellectuelles et morales ».

Toutes ces considérations se recommandent à l'attention des

médecins aliénistes et autres pour la désignation des aliénés aptes

au régime familial. D'' A. Marie.

XVI. Archives de médecine expérimentale et d' anatomie pathologique,

fondées par J.-11. Cu ? cicor, publiées par MAI. GRANCrIE9, Joffroy.

Léfinf. Secrétaires de la rédaction, Ch. Achard et R. Wurtz,

Paris, Masson et Cle, éditeurs.

Le volume de 1900 de cette très intéressante publication ne ren-

ferme cette année que peu d'articles relatifs aux maladies ner-

veuses. En voici les titres : De l'inhibition dans les maladies mentales,

par Libertini; Contribution à l'étude dct)'6) ! Sfo ? K ? ? ee<s autres

affections cavitttii-es de la moelle, par Philippe et Oberthur; Cas de

lèpre observés au Choa (Abyssinie), par V'urtz et Leredde.

NÉCROLOGIE.

Le D' Viret, directeur honoraire de l'asile départemental

d'aliénés de Prémontré, est mort à la fin de février. A ses obsè-

ques'qui ont eu lieu le 28 février, son successeur, M. le Dr l'illeyre,

a rappelé les traits principaux de la vie de : -on prédécesseur. Isaac

VmET est né à Rouen le 5 novembre 1823, il y fit ses études clas-

siques et ses premières études médicales. 11 fut successivement

interne de l'asile de Saint-Yon, à Charenton et à Blois. Aussitôt

après sa réception au doctorat (16 avril 1858), il fut nommé méde-

VARIA. 359

cin-adjoint à l'asile de Quatre-Mares et un an plus tard directeur-

médecin de l'asile de Saint-Lizier (Ariege), d'où il passa avec la

même qualité à l'asile d'Auch et en janvier 1868 à l'asile de Pré-

montré dont il fut l'organisateur. « C'est lui qui, méthodique-

ment, patiemment, avec des ressources modestes, a jeté les bases

de ce grand établissement. La création du domaine agricole,

l'aménagement de la ferme, l'installation des pensionnats, la

construction de la colonisation de Lieubain, notamment, furent

son oelivre. »

« Parallèlement à ces travaux d'ordre administratif, il s'appli-

quait, médecin fortement documenté, au traitement des aliénés et

son activité lui permit toujours de ne sacrifier aucune de ces deux

tâches qui, quoiqu'on en ait. dit, ne sont pas antagonistes et se

complètent au contraire fort heureusement pour le bien des mala-

des ». M. le 1)' Viret était membre fondateur de la Société médico-

1)ychologiqite.

Nous apprenons la mort de M- RASSE, interne de l'asile

d'aliénés de Prémontré. Il était né à Rouen, en 1841. Après avoir

passé plusieurs années comme interne à l'asile d'aliénées de

Saint-Yon, il fut nommé interne à Prémontré, en 1874, fonctions

qu'il a conservées jusqu'à sa mort; c'était assurément le plus

ancien interne de tous les asiles. Il avait été nommé maire de

Prémontré, ce qui lui a permis de rendre des services adminis-

tratil's à son asile.

VARIA.

La clinique de Tuuingen.

Une notice du Professeur Siemerling fournit les renseignements

suivants concernant la Clinique psychiatrique de Tubingen 1. Le

z dont dispose la Clinique a une superficie de 1 hectare

30 ares, dont 36 ares pour le terrain d'assiette des bâtiments. La

Clinique possède'en outre un terrain de près de 3 hectares qui est

loué. L'ensemble du domaine a coûté 100 000 francs.

' Die psychialrische A7 ! )/b in 1'clüngela von prof. Siemerlino;.ll;ade

mischen Revue oct. 1893.

Voir 1'. Sérieux. Les Cliniques psychiatriques des Universités alle-

mandes. (arcs. de Neurologie, 1900, iio 30, p. 476.)

360 - varia. `

La Clinique est placée dans une situation admirable, sur une

hauteur d'où la vue est fort belle et tiès étendue, et à proximité

des autres établissements universitaires : les cliniques de méde-

' cine et de gynécologie sont à 4 minutes de distance; l'institut

d'anatomie pathologique et la clinique chirurgicale sont à quelques

pas.

Un n'a pas adopté le système des pavillons séparés : toutes h s

parties de la Clinique sont reliées entre elles dans un même bâti-

ment composé d'une partie centrale, de deux ailes latérales aux-

quelles sont annexées deux ailes postérieures. Seule une construc-

tion spéciale sert de salle des machines (gaz, dynamo, ventilation).

La partie médiane et les ailes latérales ont un rez-de-chaussée et

deux étages. Les ailes postérieures n'ont qu'un seul étage.

I. Le rez-de-chaussée (ou sous-sol) des divers bâtiments est occupé

par les logements du personnel, les services généraux, la cuisine,

les appareils à gaz, à eau chaude, quelques chambres de malade ? ,

4 salles de réunion et dortoirs de 3 et 4 lits, 4 cellules.

Le premier étage est plus spécialement réservé aux locaux des-

tinés aux malades et à l'enseignement :

II. La partie centrale du corps de bâtiment, situé en façade, est

surélevée d'un étage, elle comprend les locaux destinés à l'ensei-

gnement et à l'administration. La salle des cours possède 70 pla-

ces ; elle est munie d'un appareil de Hirschmann pour les courants

constants et induits, qui sert aus-i de table pour le professeur;

d'un appareil à projections qui peut donner un grossissement de

1 800 projeté à 3 mètres sur la muraille. Le diamètre du cercle

lumineux projeté est de 2 mètres pour les grossissements faibles :

l'éclairage est produit par une lampe de 6 : i volts. Deux vastes

salles sont en communication avec les salles de cours : l'une sert

de musée, d'où l'on peut amener sur des tables roulantes les pré-

parations destinées à être montrées aux élèves : devant les six

fenêtres de la salle sont disposés une série de microscopes pour

les démonstrations. La deuxième salle sert de chambre d'électro-

thérapie.

Au deuxième étage, les bureaux de la Direction, à côté d'une

grande salle de travail; une salle des fêtes, la bibliothèque médi-

cale, une petite salle de travail, un laboratoire de photographie.

A l'étage supérieur : logements des médecins (3 assistants, 2 sta-

giaires), salle de garde, chambre pour collections.

III. Les locaux réservés aux malades ont été aménagés en vue

du traitement par le lit et de la surveillance continue. Au 1 ? étage,

chaque division comprend trois salles de surveillance de 12, et lits

séparées par une salle de réunion, vaste et agréable, et deux cham-

bresd'isolement : Cessalles de surveillance ressemblent - parties

barreaux des fenêtres à des salles d'hôpital. Elles servent aussi

. - VARIA. 361

de section d'admission. Les plus petites sont destinées aux malades

ayant besoin d'une surveillance spéciale (agités, paralytiques affai-

blis, malades à idées de suicide); la plus grande est réservée aux

sujets tranquilles. Les chambres d'isolement, placées à proximité

immédiate des salles de surveillance servent à isoler passagère-

ment, dans le jour ou la nuit, des malades agités et non dange-

reux pour eux-mêmes. Une chambre spéciale, chambre d'examen,

est munie de tous les appareils nécessaires pour l'examen clinique.

Il y a encore un dortoir de G lits, une. chambre d'infirmier et

enfin, dans une aile postérieure, une section pour malades agités

comprenant un dortoir de 3 lits, 4 chambres d'isolement et une

chambre d'infirmier. Les cellules ont une double porte, la porte

interne étant munie d'un judas; les vitres sont remplacées par

des carreaux-dalles de 1 centimètre d'épaisseur. Les fenêtres sont

de modèles divers, à titre d'essai.

Au deuxième étage, 6 chambres à 1 et 2 lits pour pensionnaires,

une grande salle de iéunion occupe la partie médiane. Les ailes

comportent les mêmes locaux pour des malades tranquilles ou

convalescents.

Chaque aile possède, à chaque étage, sa salle de bains, son

office, ses closets. Les baignoires sont en cuivre ou émaillées.

Il existe un bain électrique. Les fenêtres ont été munies de grilles

(sauf dans la section des agités) et de jalousies. Les murs sont

cimentés et peints à l'huile. Distribution d'eau froide et d'eau

chaude dans tous les locaux. Chauffage à l'air chaud et à la

vapeur à basse pression. Eclairage au gaz (Bec Auer).

A la Clinique de Tubingen les conditions d'admission sont les

suivantes : i° Admission gratuite pour les malades munis d'un

certificat d'indigence délivré par les autorités de leur lieu de rési-

dence ; 2° les malades qui ne peuvent présenter le certificat

d'indigence payent un prix de pension de 1 fr. 2j par jour. Ceux

qui veulent une chambre à part ont à payer un prix de pension

quotidien de 5 francs à G fr. 23. Tous les malades doivent présen-

ter un certificat médical. Paul Sérieux.

Congrès des aliénistes ET neurologistes.

Le prochain Congrès des aliénistes et neurologistes de France et

des pays de langue française aura lieu au mois d'août, à Limoges,

sous la présidence de M. Gilbert Ballet.

Les questions qui feront l'objet de rapports sont les suivantes :

1°Neurologie : Physiologie pathologique et palhogénic du tonus mus-

culaire, des modificaliotis des réflexes et de la contracture dans les

lésions du njvraxe. Rapporteur, M. Crôcq (de Bruxelles) ;

2° Pathologie mentale : Du délire aigu au point de vue clinique,

anotonio-patliologique et bactériologique. Rapporteur, M. Car-

302 VARIA.

rier (de Lyon); 3° Administration : Le personnel secondaire dans Us s

rrsilos d'aliénés.- Rapporteur, M. 1'.1GUE1' (de la Maison Blanche).

Les rapports seront distribués aux adhérents du Congrès, le

1 ? juillet, au plus tard. '

LES aliénés en liberté.

La folle de la rue Franklin. La paisible rue Frantdin, à Passy,

a été mise en émoi, hier matin, par un drame de la folie qui mé-

rite d'être conté.

11m° une riche rentière d'origine anglaise, occupe au numéro

13 de cette rue un très coquet appartement situé au deuxième étage.

Depuis quelque temps, pour une cause non définie, son esprit

vagabondait. Tantôt elle parlait de mettre le feu à son apparte-

ment, tantôt elle menaçait ses voisins de les tuer. Elle se croyait,

d'autres fois, poursuivie par des ennemis invisibles, et cet état

n'était pas sans inspirer à ses voisins une certaine inquiétude. Ils

avaient averti le commissaire de police du quartier, mais ce magis-

trat ne. pouvait remédier à cet état de choses que s'il y avait cont-

t7ettcemenl d'exécution, et Nui ? Mit) ne s'était bornée jusqu'à ce

jour qu'à de vaines menaces.

Hier matin-, ses voisins furent révolutionnés subitement par des

cris stridents provenant de l'appartement de la riche Anglaise. Ils

s'inquiétèrent et voulurent pénétrer chez elle. Toutes les portes

étaient fermées à double tour et les meubles avaient été poussés

derrière. 111 ? lllill, de la fenêtre de sa chambre, jetait' à pleines

mains dans la rue, de l'or, des billets de banque, des valeurs; une

somme 'de 137riOO francs fut ainsi jetée sur la chaussée.

Des gardiens de la paix s'occupèrent de réunir les valeurs ainsi

lancées au vent et d'empêcher que quelques parcelles ne disparus-

sent dans la poche des curieux rassemblés, pendant que l'on allait

prévenir M. Bacot, commissaire de police du quartier.

A son arrivée, ce magistrat trouva la rue Franktin envahie par

une foule considérable de curieux suivant avec anxiété les moin-

dres mouvements de la folle. M. Bacot, accompagné de M. Flory

juge d'instruction, qui se trouvait présent au moment où ces inci-

dents se déroulaient, essaya mais en vain de pénétrer dans le

logement de 11-e Le commissaire de police dut alors recourir

à l'intervention des sapeurs-pompiers de la caserne des Réservoirs,

qui, à l'aide d'échelles et après une vive résistance, réussirent à

s'emparer de la malheureuse aliénée, qui a été transportée à l'in-

firmerie spéciale du dépôt. (Le Radical. 1 ? novembre 1900.)

Kruger surexcite les imaginai ion s. L'arrivée à Paris du prési-

dent Kruger, et la manifestation dont elle a' été l'objet a surexcité

les cerveaux et nous avons à signaler plusieurs cas de folie. C'est

1 - VARIA. 1 363

d'abord un individu de mise correcte qui se présentait chez M. Bou-

tineau, commissaire de police et lui apprenait sous le sceau du se-

cret que l'archevêque de Paris-lui avait remis une note du pape Léon

XIII, l'informant que le président liruger allait mourir dans les

vingt-quatre heures, après avoir fumé un cigare empoisonné.

Il ajoutait que ce cigare provenait d'une boite, envoyée par

M. Chamberlain pour être remise au président de la République'

du Transvaal. M. Boutineau, commissaire de police, a remercié ce

malheureux de son avertissement et il a fait prévenir aussitôt sa

famille. Il se nomme le comte Emmanuel de B. L... et est âgé de

trente-deux ans.

Un autre s'est rendu au commissariat de M. Brunet et a averti

ce magistrat, avec un grand sérieux, qu'une troupe de personnes

armées de revolvers suivaient partout le président Ktuger pour

l'assassiner. Ce malheureux, nommé Louis Leroy, employé de

commerce, demeurant 12, rue des Charbonniers, a été envoyé à

1 infirmerie du Dépôt. (La France du 26 novembre 1900.)

On a trouvé, errant dans la gare de Saint-Laud, à Angers,

une dame âgée, atteinte d'un accès de folie qu'on a dû diriger. sur

l'asile d'aliénés de Saint-Gemmes-sur-Loire. On ignore son identité.

Elle était en possession d'un sac contenant 300 000 francs de titres

au porteur, et près de 200 billets de 1.000 francs. Depuis trois jours

la malhemeuse avait élu domicile dans les salles d'attente de la

gare avec sa fortune. (Le Bonhomme Normand, 30 novembre 1900.)

Au numéro 2 de la rue Belle-Hache, à Sèvres, habite

1f« Marie Le Deist, âgée de trente-cinq ans. qui, depuis quelque

temps, présentait des signes d'aliénation mentale. Celle-ci. profi-

tant de l'absence de son mari, a entassé son mobilier dans sa

chambre et y a mis le feu. Aux cris de ses trois enfants, effrayés

par les flammes, les voisins accoururent et purent éteindre à temps

l'incendie qui s'était déclaré. La malheureuse folle a été envoyée à

l'infirmerie spéciale de Versailles. (Journal de Seine-et-Oise. lor dé-

cembre 1900.)

Les crimes d'un fou. Un drame épouvantable s'est déroulé

vendredi dans la petite ville du Chatclct-en-Berry (Cher). Vers deux

heures de l'après-midi, alors que chacun était à ses occupations-

habituelles, un nommé Augustin Girault, plâtrier, pris soudain de

folie sanguinaire, a répandu la terreur dans le pays, en tentant

d'assassiner plusieurs personnes. Le malheureux, armé d'un cou-

peret, s'est d'abord précipité sur son beau-père', M. Deveaux, âgé

de soixante-quatre ans, et lui a porté six coups.de son arme sur

la tête. Il s'est ensuite jeté sur sa femme, âgée de vingt-six ans, et

l'a frappée avec. ia même brutalité. La malheureuse a été littéra-

364 VARIA.

lemant lardée. Croyant avoir tué ses deux victimes, Girault les a

jetées dans un jardin situé derrière sa maison.

Deveaux et sa fille, qui n'étaient heureusement que blessé*,

appelèrent du secours, mais ne furent point entendus. Alors, les

deux blessés se traînèrent jusque chez un voisin, M. Corbinelt, où

ils arrivèrent défaillants. 11 ? Corbinelt s'empressa d'aller chercher

du secours. On accourut de toutes parts, et tandis que les uns

prodiguaient des soins aux deux victimes, d'autres se mirent à la

recherche du meurtrier.

Pendant ce temps, Girault avait pris son enfant, un bébé de

quinze mois, et était allé le porter chez une voisine. Ayez bien

soin de mon enfant, dit-il à cette personne. Je viens de tuer mon

beau-père et ma femme; et maintenant je vais en finir avec la

vie. -

Sa voisine, Mmo Chaymon. s'empressa de déposer l'enfant en

lieu sur. Elle se mit eusmte à la poursuite du meurtrier pour l'em-

pêcher de mettre à exécution son funeste projet. Girault s'était

enfermé dans sa chambre. Quelques instants après, la fenêtre de

la chambre du fou meurtrier était en feu. Girault incendiait sa

maison.

Un jeune homme, M. faut Fomenfreau, garçon coiffeur, allait

jeter un seau d'eau dans la pièce en feu, lorsque Girault, apparais-

sant à la fenêtre, lui asséna sur la tête deux violents coups de son

terrible couperet. Les gendarmes qui avaient été prévenus, arri-

vèrent bientôt et pénétrèrent dans la maison du fou. Ils réussirent,

non sans peine, à s'emparer du meutrier, qui les menaçait de son

arme. Il a été conduit à la prison de Saint-Amand et mis à la dis-

position de la justice qui, vraisemblablement, va le faire interner

à l'asile d'aliénés de 13eaureâard,à liourges. (Le Petit Sou, du

3 décembre 1900.)

Une folle dangereuse. M. Raulin, propriétaire de l'hôtel du

Grand-Central, 6, rue Amelot, prenait, il y a deux mois à son ser-

vice, une jeune femme, Maria Régnier, âgée de trente ans. Il y a

quelques jours, elle était prise de la folie de la persécution, folie

douce, qui ne faisait prévoir en aucune façon la scène violente qui

s'est déroulée hier matin. -

Vers huit heures, cette malheureuse s'armait d'un long couteau

de cuisine et parcourait les escaliers et les couloirs de l'hôtel, pous-

sant des cris sauvages et portant dans chaque porte de violents

coups de couteau. Vainement, le directeur de l'hôtel et les loca-

taires tentèrent de la calmer, et, cette malheureuse, finalement

exaspérée, se réfugia dans sa chambre, un étroit boyau, dans lequel

elle se barricada. z

M. Guicheteau, commissaire de police fut mandé en toute hâte.

Sa présence ne fit qu'irriter la pauvre folle, qui, s'emparant de

VARIA. 36S

tous les objets à portée de sa main, les lança sur le commissaire

qui fut blessé à la main par un lourd chenet de fer. M. Guiche-

teau, doué d'une force peu commune réussit à maîtriser la pauvre

femme qui a été transportée à l'infirmerie du Dépôt. (Le Petit Soit

du 3 décembre 1900.) -

Drame de la folie. M. Sléfani, vieil étudiant très connu au

quartier Latin, où il était très estimé de ses amis, donnait depuis

quelque temps des signes d'aliénation mentale et déjà, il y a un

an environ, à la suite d'une de ces crises, où il se précipita par

.une fenêtre d'un logement qu'il occupait au quartier, on dut l'in-

terner dans une maison de santé. Il en sortit au bout de quelques .

mois et se remit au travail comme par le passé.

' Lorsque hier, dans la soirée, à la suite d'une crise plus violente

que celles qu'il avait eues, le malheureux étudiant, ouvrant la

porte de son logement, se rendit sur le palier du dernier étage de

la maison qu'il habite, puis, ouvrant une fenêtre qui donnait sur

les toits, il grimpa sur ces derniers et se mit à gesticuler en pous-

sant des cris effrayants. Les agents, que la foule avait été requérir,

montèrent à leur tour dans l'immeuble et essayèrent de calmer ce

pauvre halluciné, mais en vain. Un instant, ils crurent le tenir,

mais d'un bond le pauvre fou sauta sur le toit de la maison voi-

sine et fit un plongeon dans l'espace. Malgré la chute terrible qu'il

venait de faire, ce malheureux, qui s'était fracturé le crâne, res-

pirait encore. Transporté à l'hôpital de la Pitié, il expirait un quart

d'heure après, sans avoir repris connaissance. (Le Soleil, du

19 décembre 1900.)

L'ALCOOLISME.

Hue du Mont-Cenis, Hugène Berger, vingt-quatre ans, rentrant

ivre chez ses parents, se mit à briser le mobilier, puis se jeta sur

sa soeur Marie, dix-huit ans, qu'il voulait frapper avec un couteau.

On ne sait ce qui se passa alors, mais peu après un médecin

était appelé et trouvait le jeune homme agonisant. Il avait plu-

sieurs blessures dans le dos. On fait une enquête.

Boulevard Bessières, Louis Robert, trente-huit ans, ciseleur,

alcoolique invétéré, étant gris, chercha querelle à son fils aîné,

dix-neuf ans, et le frappa. La mère intervenant, l'alcoolique la

roua de coups. Alors le fils, prenant un revolver, tira sur son père

et le tua. Il s'est constitué prisonnier. (Le Bonhomme Normand

du 7 au 13 mars 1901.)

FAITS DIVERS.

Aliénés 11CLT1r.InLI : S.-On mande de-Cahors qu'un des pension-

naires de l'asile d'aliénés de Leyme, nommé Aristide Lapergue,

âge de vingt-sept ans, paralysé des membres inférieurs, passait

ses journées dans un fauteuil de l'infirmerie. Un autre aliéné, con-

sidéré comme inoffensif, dans un accès de folie furieuse, saisit un

de ses sabots et en frappa violemment le paralytique auvisa;e; puis,

arrachant la barre d'appui du fauteuil sur lequel le malheureux

était assis, il lui en asséna sur la tête deux coups furieux. Laper-

uue a été littéralement assommé. Il n'a pas fallu moins de trois

personnes pour maîtriser le fou furieux. (Le Temps, 30 janvier 4901.)

Ce fait est très important, il démontre d'une façon péremptoire la

nécessité de placer dans les asiles les déments de toute catégorie

qu'on voudrait reléguer d'une façon absolue dans les hospices qui

ne doivent pas conserver des aliénés.

PynoHAKiECUEz une fillette. La gendarmerie de Vic-le-Comte

vient de mettre'en état d'arrestation et de transférer au parquet

de Clermont Mélanie Prun, douze ans, qui avoue avoir mis le feu,

à plusieurs reprises, dans la commune d'Isserteaux, canton de

Vic-le-Comte. Mélanie Prun est une enfant de l'Assistance publique

qui était placée au hameau de Gagne, chez M. Fontbastier; son

père est au bagne et sa mère est dans une maison centrale. (L'In-

dicalcur tle Cogii(ic, 31 janvier 1901.) Et on nie l'hérédité !

Suicide d'un enfant. Le navrant suicide d'un enfant de treize

ans vient de plonger dans le désespoir une des plus honorables

familles d'Alger. Jeudi matin, vers sept heures, Mmo Descombes,

femme d'un officier d'administration de l'intendance, allait réveil-

ler son fils, élève au lycée d'Alger, et lui disait de se lever.

« Dans quelques minutes répondit câlinement l'enfant. »

Un peu plus tard, Mrae Descombes entendait une détonation.

Affolée, elle se précipita dans la chambre avec son mari et vit son

fils épouvantablement blessé au côté droit : « Papa, je viens de me

suicider, dit simplement l'enfant. » Un revolver d'ordonnance se

trouvait, en effet, sur le lit. Le docteur Véron, médecin-major à

l'hôpital, fut aussitôt prévenu et des soins furent donnés au pauvre

petit, mais on désespère de le sauver.

La veille au soir une remontrance avait été faite à l'enfant, qui

avait été même menacé de passer devant le conseil de discipline

du lycée. C'est au gros chagrin qu'il éprouva de ces reproches

BULLETIN bibliographique / 367

qu'on attribue sa fatale détermination. Il monta dans la chambre

de sa mère, ouvrit l'armoire à glace, y déroba un revolver et alla

le cacher sous son oreiller. Toute la nuit il a dû penser à l'acte

qu'il aUdit accomplir. (Indicateur de Cognac, 10 février 1001.) D'où

la nécessité de l'histoire familiale de tous les enfants.

Suicide d'adolescent. Rue de la Goutte-d'Or, Georges André,

quatorze ans, apprenti bijoutier, avait reçu sans s'en apercevoir

pour une pièce de deux francs une pièce de dix centimes étamée.

Sa mère l'accusa de supercherie. Désespéré, il monta à sa chambre

et se tua d'un coup de revolver (Bonhomme Normand, 27 février.)

Sodomie et assassinat par un .1DOLCSCIs\T ? A Aulaire (Mayenne),

on a trouvé dans un sac le cadavre du jeune Delaunay, quatre

ans. Le pauvre petit avait la bouche pleine de terre et avait été

ignoblement souillé. Un jeune homme de seize ans, qui travaillait

dans une ferme voisine, le nommé Duplessis, auteur de ce crime

atroce, a été arrêté (Le Bonhomme Normand du 21 février 1901.)

Alcoolisme DE l'enfance. Farce mortelle. Deux jeunes gens

de vingt ans, habitant Montagny, près Louhans, par stupide amu-

sement, firent boire de l'alcool à un enfant de cinq ans. Ils vou-

laient provoquer l'ivresse complète chez ce bambin. Ayant absorbé

de fortes doses d'alcool, l'enfant tomba ivre-mort; il succomba

après des convulsions épouvantables. (Le Journal, 1'='' mars 1901.)

Revue philosophique de mars 1901. - Sommaire : 1), Grasset.

Le vertige. Etude physiopathologique de la fonction d'orientation

et d'équilibre. Cb. Dnnan. Les principes de la morale. - R.-P.

Sertillanges. La morale ancienne et la morale moderne. Evellin

et Z... Sué l'infini nouveau. Analyses et comptes rendus.

Revue des périodiques étrangers. Livres nouveaux. Abonne-

ment du 1"' janvier : un an, Paris, 30 francs; départements et

étranger, 33 francs. La livraison : 3 francs. Félix Alcan, édi-

teur, 108, boulevard Saint-Germain, Paris.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

DI wé (E.). La loi de 18a8 sur les aliénés et ses lacunes. In-8*

de 12 pages. Paris, 1900. L'Assistance publique, 1 rue des Carmes.

POi\Ti[ : n. Les olioes du bulbe chez l'homme et les mammifères.

In-8° de 78 pages, avec 7 planches hors texte Lille, 1900. Librairie

Masson et C'o. 0

368 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

RITTI (A.). Eloge au Dr 7f. l31llocl lu f't la séance publique annuelle

de la Société médico-psycliologique du 30 avril 1900. Brochure in-8°

dé 37 pages. Paris, 1900. Librairie Masson et C-1.

Iloux (J.). Diagnostic el traitement des maladies nerveuses. Piéface

du professeur J. Teissicr. In-16 cartonné de 550 pages, avec 65 figures.

Prix : 7 fr. 5U. Paris, 1901. Librairie J.-B. Bdillière et fils.

SOUKHAXO)'F.(S.) et Geiiui, Conlribulion le l'élude de l'analomie pa-

thologique el de l'liislopalkoloyie de la paralysie générale. ln-8° de

16'pages avec 2 planches hors texte. Paris, 1900. Extrait de la

nouvelle Iconographie. L

STERN'(9). Ueber Psychologie der inclinicluellen differenzen (idem

zu eirter « Différentielle) ! psychologie ». In-18 z pages, avec

3 figures. Prix : 6 fr. Leipzig, 190U. Verlag J.-A.- Bartli.

- Tenth biennal Report of lite stale Asylum /'or Idiotie and Imbécile

Youllz at Il'iiifield. Iu-8° de 10 pages. 'l'opeka, 1900. W. J.

Morgan. ' - -

TUE case or FLOMXCR-E. 1AY13RICh. Report of Ihe Maybrick mémo-

rial commiller. ln-8° de 26 pages. t\'eV-1'ml<, 1900. C. Bull.

New-York Academy of Medicine.

Thirty-Sixlh annual Report of Ihe trustees of Ihe Ilostozz City hospital

including Ihe report of llze superinlendent (tebruary 1899 to january

190U). ln-8° de 212 pages, avec 9 planches et 2 plans hors texte.

.Boston, 1900.- Municipal printing office.

1'oaoLt (G.). Délia clinoterapice nette malallie mentait, Brochure

in-8° de 31 pages. Ferrara, z Z dell' Eridano.

VASLET de rONTAUBERT. Importance de l'enseignement et de l'étude

de la psychiatrie pour le praticien et pour re.t'pe;'<. In-80 de 176 pages.

- Paris, 1899. Imptimerie Jouve et Boyer. - .

VINAI E VIFTTI (G.). L'azione délie correnti ad alla frequenza sul

ricambio ourlatzico. Brochure in-8° de 17 pages, avec 2 planches hors

texte. Nocera inferiore, 1899. Tipografia del cllanicomto.

Vocr (C.). Élude sur la myênilisalion des hémisphères cérébraux.

z in-8° de 72 pages, avec 20 figures. Paris, 1900. Librairie

G. Steiuheil. ' z

Nous appelons vivement l'attention de nos lecteurs sur

l'annonce des livres qui accompagnent le Sommaire.

Par suite d'un accident dans le tirage des Planches I, Il

et ? elles ne pourront être jointes qu'au numéro de mai.

- Le rédacteur-gérant : BoÙlt'4EVILIE.

Évreux, Cli. llémssev, imp.-3-l'JO1.

Vol. XI. Mai 1901. NO 65.

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

CLINIQUE NERVEUSE.. «,

L'Épilepsie partielle. Pathogénie et traitement'' ?

Par le professeur RAYMOND,

M6dGcnidûIaëa ! pti'iôre. '

Messieurs ·

En interrogeant les faits cliniques, pour en dégager le

substratum anatomo-pathologique de l'épilepsie partielle,

H. Jackson avait été induit à soupçonner que les impulsions

volontaires, destinées aux différents groupes de muscles d'un

côté du corps, partent de centres moteurs situés dans l'hémi-

sphère cérébral du côté opposé et dans une zone limitée de

l'écorce grise de cet hémisphère.

La découverte de l'excitabilité de l'écorce grise par le cou-

rant électrique, dont nous sommes redevables à Fritsch et

Hitzig, date de la même époque (1870). Elle a fourni aux

physiologistes le moyen de se renseigner sur la topographie

et les limites de la zone motrice corticale, entrevue par

M. Jackson. Naturellement, dans cette voie d'étude expéri-

mentale, on a pris d'abord pour sujets, des animaux supé-

rieurs et en particulier celui qui, dans la série animale, se

tient le plus près de l'homme, le singe. Vous n'ignorez pas,

je suppose, à quels admirables résultats ont abouti les recher-

ches de cette nature, en particulier celles faites par Horsiey.

Sur le cerveau, mis à nu, du singe, on a réussi à délimiter,

avec une extrême précision, les territoires dont l'excitation

électrique détermine la contraction d'un groupe isolé de

1 Leçon extraite de la Clinique des maladies du système nerveux,

t. V (sous presse), du professeur F. llaymond. ' ? '

ARCHIVES, 2- Série, t. XI. 24

.370 CLINIQUE NERVEUSE.

muscles, préposé à tel ou tel mouvement intentionnel : con-

traction isolée du pouce, des doigts, de la main, des lèvres,

de la langue, des muscles du larynx, des yeux, etc. Notez

bien que ces résultats ont trouvé leur confirmation dans ceux

qu'on a obtenus ensuite, en expérimentant sur des sujets de

notre espèce, trépanés.

Messieurs, on ne s'est pas contenté de déterminer la topo-

graphie des centres moteurs corticaux, chez les animaux

supérieurs tels que le singe, puis chez l'homme,' par voie

d'excitation directe, c'est-à-dire en délimitant les territoires

de l'écorce, dont l'excitation électrique, réduite à son inten-

sité minima, fait contracter un groupe déterminé de muscles

synergiques, du côté opposé. On a encore eu recours à un

procédé complémentaire. On a procédé à des extirpations de

centres corticaux, pour s'assurer que leur suppression

entraîne l'impuissance fonctionnelle des muscles auxquels

ils sont censés commander. On a été ainsi mis en présence

de constatations dont quelques-unes demandent à être souli-

gnées, en raison de l'application que nous aurons à en faire

au cas d'un de nos malades. En me plaçant à ce point de

vue spécial, je crois devoir mettre en relief les deux notions

suivantes : ,

a. Premièrement, l'extirpation d'un centre moteur cortical

entraîne toute autre chose qu'une paralysie complète et irré-

médiable des muscles innervés par ce centre, contrairement

à ce qu'on eût pu prévoir a priori. Les troubles qu'on voit

survenir dans ces conditions revêtent des caractères bien

différents; vous allez être à même de vous en rendre compte,

sur notre malade. Ce sont des désordres passagers, répara-

bles, et des désordres qui n'ont rien de commun avec la

paralysie motrice, dans le sens propre du mot, dans le sens

de la perte de la faculté d'exécuter des mouvements. Ils con-

sistent surtout dans une maladresse et une lenteur des mou-

vements qui exigent une certaine délicatesse ou l'association

de plusieurs groupes de muscles, puis dans un défaut de

spontanéité. Ainsi, à la suite de l'extirpation du centre

moteur des doigts et de la main, ces parties ne se contractent

plus sous l'influence d'incitations motrices qui leur sont des-

tinées exclusivement, mais elles participent encore aux mou-

vements volontaires exécutés par l'ensemble du membre

supérieur;' elles sont entraînées dans les mouvements associés

L'ÉPILEPSIE PARTIELLE. PATHOGÉNIE ET TRAITEMENT. 371 I

qu'exécutent les différents segments de ce membre. Bref, les

désordres relèvent bien plus de l'incoordination motrice que

de la paralysie ; on les désigne couramment sous le nom

d'ataxie corticale. Selon toute vraisemblance, ils sont étroi-

tement liés à d'autres désordres concomitants, qui affectent

la sensibilité profonde ; tout à l'heure je m'expliquerai sur ce

point. Enfin, je vous le répète, ils sont essentiellement répa-

rables. Ils se dissipent avec le temps ; tout à l'heure vous sai-

sirez l'importance pratique de cette particularité.

b. En second lieu, l'extirpation d'un centre moteur cortical

entraîne l'impossibilité de provoquer des mouvements con-

vulsifs dans le ou les groupes de muscles qui tirent leur

innervation volontaire du centre extirpé. Il y a plus ; prenons

un animal, chez lequel on a créé un centre épileptogène, en

développant un foyer d'irritation dans un territoire limité de

la zone motrice corticale. A la suite de l'extirpation de ce

centre épileptogène, les excitations de l'écorce ne provoquent

plus de décharges convulsives.

C'est là le point capital où je voulais en venir : l'extirpa-

tion d'un centre moteur de l'écorce supprime la possibilité

de développer, par voie d'irritation expérimentale, des con-

vulsions dans le groupe des muscles innervés par le centre

extirpé. D'où ce corollaire : dans un cas d'épilepsie corticale,

l'extirpation du centre convulsivogène devra, a priori,

entraîner la suppression des accidents convulsifs.

Corollaire rationnel ; je vous répète que les expérimenta-

teurs nous ont démontré son exactitude, en opérant sur des

animaux. Les chirurgiens n'ont pas manqué d'en faire l'ap-

plication à la thérapeutique de l'épilepsie jacksonienne, dans

les cas où, selon toutes les apparences, l'irritation épilepto-

gène siégeait dans l'épaisseur même de l'écorce grise. Il me

reste précisément à vous dresser le bilan actuel des princi-

paux résultats obtenus par ceux qui se sont aventurés dans

cette voie, inaugurée par Horstey. La récente publication

d'un mémoire du professeur Braun', de Koenigsberg, qui

comprend un exposé des résultats fournis par l'intervention

chirurgicale, dans les cas d'épilepsie jacksonienne d'origine

traumatique, me facilitera ma lâche.

' Braun. Ucber die Erfolge der operativen Behandlung der trauma-

tischen Jacksonschen Epilepsie. Deulsche Zeilschrift fitt' Chirurgie, 1898,

1. XLVIII, fasc. 2 et 3, p. 223.

372 CLINIQUE NERVEUSE. -

L'extirpation DES centres corticaux ÉPILEPTOGÈNES. SES

résultats. A. Voici une première catégorie de faits ; elle

comprend les cas où le siège précis du centre moteur a été

déterminé avant l'extirpation, à l'aide de l'excitateur élec-

trique. Ils sont au nombre de 15 ; eu égard au résultat thé-

rapeutique, ils se répartissent ainsi :

a) Bans cinq cas, l'extirpation du centre épileptogène a

été suivie d'un insuccès thérapeutique complet.

Je vais vous donner une relation concise de ces faits, avec

les indications relatives au nom d'auteur et à la source :

- 1° HORSLEY (Remarks on thé surgery of the central nervous sys-

tem. À it71al of surgery, 1896, vol. XXIV, p. 1286).

Un homme de trente-neuf ans était sujet à des attaques convul-

sives depuis l'âge de vingt-deux ans; elles débutaient par l'épaule

gauche et se généralisaient ensuite. Le malade ,a été opéré le

28 janvier 1890. Au préalable, on s'était renseigné, à l'aide de l'ex-

citateur électrique, sur le siège précis du, centre cortical des mus-

cles de l'épaule. On a extirpé la portion correspondante de l'écorce.

Les attaques convulsives ont été supprimées pour quelque temps;

puis elles se sont reproduites.

2° Sachs und GERST6.R (Die operative Behandlung der partiellen

Epilepsie. Deulsche medicin. Voc/te ? ! 6C/t)' ? /'t, 1896, n° 35, p. 559,

obs. XII).

Un homme de vingt-quatre ans avait fait une chute sur l'occi-

put. Un an plus tard, il avait eu une première attaque de convul-

sions, limitée au bras et à la jambe gauches. Les attaques se sont

répétées, dans la suite, jusqu'au nombre de six dans les vingt-

quatre heures; par moments, elles étaient beaucoup plus rares.

Une première opération a été pratiquée le 23 mai 1892. Elle a

consisté dans une trépanation, faite au niveau du centre cortical

du bras (hémisphère gauche), et dans l'incision de la dure-mère,

à ce même niveau.

Une deuxième opération a eu lieu le 8 mars 1892 : cette fois on

a excisé tout le territoire cortical dont l'excitation avec des inten-

sités de courant maxima déterminait des contractions du membre

supérieur droit. Les attaques convulsives se sont reproduites après

l'une et l'autre opération. La seconde opération a entrainé à sa

suite une parésie du bras droit, apparue le second jour, et qui

s'est dissipée au bout de deux semaines environ.

3° Nancrède (Tlie operative Treatment, etc. 41111als of surgery,

1896, vol. XXIV, p. 127). Un homme de trente ans avait subi,

dans son enfance, une fracture du crâne ; elle intéressait la région

fronto-pariétale dans une grande étendue. Le malade était entré à

l'hôpital, le 0 juin 1892 : depuis dix-huit mois, il était sujet à des

L'ÉPILEPSIE PARTIELLE. PATHOGÉNIE ET TRAITEMENT. 373

attaques convulsives; leur fréquence était allée en augmentant et

en dernier lieu elles se succédaient presque sans interruption. Un

traitement médicamenteux avait été suivi d'une amélioration pas-

sagère. Les attaques débutaient par le pouce, par la commissure

labiale gauche, et par la moitié gauche du plancher buccal. Elles

ne s'accompagnaient pas de perte de la connaissance. Le 16 juin

1892, on a procédé à l'extirpation des centres corticaux épilepto-

gènes ; leur position exacte avait été déterminée, au préalable, à

l'aide de l'excitateur électrique. Après l'opération, les attaques se

sont d'abord reproduites avec une très grande fréquence; puis

elles se sont espacées de plus en plus. Au moment où le malade

quitta l'hôpital, il n'avait plus eu d'attaques depuis quelque

temps, mais il lui restait une parésie du bras et de la jambe gau-

ches. Deux mois plus tard, le malade, qui avait travaillé avec

ardeur, et en plein soleil, aux moissons, fut pris d'un accès de

manie aiguë (méningite au dire de l'auteur) ; à ce moment, les

attaques convulsives réapparurent avec une grande fréquence. La

parésie motrice du membre supérieur gauche persistait, elle se

compliquait de contracture de la main gauche.

4° Sachs et GEItSTER-(10C Cit., obs. IX). Un garçon de quinze

ans avait fait une chute sur le crâne, à l'âge de trois ans et demi.

Un an plus tard, il avait eu une première attaque de petit mal.

Peu de temps après survint une attaque d'épilepsie, partielle

d'abord, et qui se généralisa ensuite : elle débuta par une dévia-

tion de la tête vers le côté droit, puis des convulsions agitèrent

successivement la main droite, le membre inférieur correspon-

dant : finalement les spasmes se généralisèrent, après que l'enfant

eut perdu connaissance. D'autres attaques semblables ont suivi;

leur fréquence est allée en augmentant; le malade en a eu jusqu'à

quatre et cinq dans les vingt-quatre heures. De plus, il vint en

état d'infantilisme.

Le il février 1896, on extirpa tout le centre moteur du membre

supérieur de l'hémisphère gauche. Déjà douze heures après la fin

de l'opération, le malade a eu une nouvelle attaque; l'administra-

tion de fortes doses de bromure et de chloral ne le mit pas à

l'abri d'un retour des accidents convulsifs. -

Le 13 mars 1896, on procéda à l'extirpation du centre moteur

du membre supérieur de l'hémisphère droit. Cette dernière opéra-

tion a été tout aussi infructueuse que la première.

Il est à noter qu'à la suite de ces excisions de fragments de

l'écorce, le membre supérieur correspondant a été frappé d'une

simple parésie motrice; légère et transitoire, qui n'a pas duré

plus de quarante-huit heures. L'examen histologique des frag-

ments d'écorce excisés a fait constater une dégénération des

grosses cellules pyramidales, et une condensation du tissu névro-

glique. '

374 CLINIQUE NERVEUSE.

8° Doyen-Raymond (Il s'agit du cas du malade dont l'observation

a été relatée dans deux précédentes leçons).

b) Dans cinq cas l'extirpation dit centre épileptogène a

été suivie d'une amélioration plus ou, moins durable : .'

10 Nancrède (Two successful cases of brain surgery. Excision of

the tumb centre for Jacksonian epilepsy : recoverywith non récur-

rence of the attacks. Médical News, 24 novembre 1888, p. 585).

Un jeune homme de vingt-sept ans avait été victime, à l'âge de

neuf ans, d'un traumatisme crânien qui avait porté sur la région

temporale gauche. Après une perte de connaissance de trois heu-

res de durée, il avait eu des attaques convulsives; leur fréquence

était allée en augmentant. Cinq mois avant son entrée à l'hôpital,

on lui avait excisé la vieille cicatrice crânienne qui datait de son

accident, et on l'avait trépané. Immédiatement après cette pre-

mière opération, il avait eu une attaque convulsive; toutefois,

pendant les quatre mois suivants, il n'en eut pas d'autres. l'uis il

tomba dans de nouvelles attaques; il n'en eut pas moins de vingt-

cinq, en l'espace des trois premiers jours qui ont suivi son entrée

à l'hôpital. Après une phase prodromique, le pouce de la main

droite secontracturait en flexion; puis les autres doigts et la main

se mettaient en extension, l'avant-bras en pronation, le bras en

flexion; la tête se tournait et s'inclinait vers le côté droit. Le

malade tirait la langue, qui se déviait vers la droite. Il se mettait

à loucher, avec le regard dirigé vers ce même côté. Après cette

phase tonique éclataient des convulsions cloniques généralisées, de

courte durée; elles prédominaient dans le côté droit. Le malade

perdait complètement connaissance.

On l'a opéré le 4 octobre 1888. L'opération a consisté dans la

destruction d'adhérences qui soudaient entre elles les méninges,

au niveau des deux tiers inférieurs delà zone rolandique. Puis on

a déterminé les limites exactes du centre du pouce, en se servant

de l'excitateur électrique. L'excitation de ce centre a provoqué une

attaque semblable à celles qui survenaient spontanément. On a

procédé à son extirpation. Cela fait, l'excitation électrique du

cerveau n'a plus provoqué de manifestations convulsives.

L'opération a entraîné' comme suite immédiate une paralysie

complète du pouce, une parésie complète de la main et des autres

doigts, de la langue, de la moitié droite de la face, une aphasie

presque complète, que l'auteur a attribuée à un arrachement des

couches superficielles du cerveau, lors de la destruction des adhé-

rences, et à une insuffisance circulatoire des centres susdits, con-

sécutive à des ligatures de vaisseaux pie-mériens. Au bout de

trois jours, l'aphasie, la paralysie des septième et neuvième paires

étaient en voie de rétrocession. Au bout de vingt jours, tous les

L'ÉPILEPSIE PARTIELLE. PATHOGÉNIE' ET TRAITEMENT. 373

doigts, à l'exception du pouce, avaient récupéré leur motilité. Le

malade a quitté l'hôpital le vingt-quatrième jour ; il n'avait plus

eu d'attaques depuis son opération. On apprit, par la suite, qu'il

s'était marié, qu'il avait repris ses occupations, et qu'au bout de

trente mois environ il était redevenu sujet et ses atiaqucs.

2° Nancrède (The operative Treatment of Jacksonian and focal

épilepsie. Annuls of Surgery, 1896, vol. XXIV, p. 125). Un

homme de vingt-quatre ans avait subi une lésion traumatique, au

côté gauche du crâne. Deux ans plus tard, il était devenu sujet à des

attaques d'épilepsie; à certaines époques, elles se produisaient

tous les jours, puis elles cessaient pendant une ou deux.semaines.

Elles débutaient par un spasme de la commissure labiale droite et

par des mouvements convulsifs dans l'articulation du poignet

droit. La connaissance n'était pas troublée. Le malade a été

opéré, sept ans après son accident, le 18 décembre 1890 : après

avoir déterminé, à l'aide de l'excitateur électrique, le siège précis

des centres épileptogènes, on procéda à leur extirpation. Il s'en

est suivi une paralysie de la partie inférieure de la moitié droite

du visage, de la langue et du plancher buccal, et une aphasie

complète, qui a persisté pendant neuf jours. La paralysie a mis

trois semaines à se dissiper. Le malade a eu une attaque d'épilep-

sie partielle, deux jours après l'opération, puis il est resté bien

portant pendant près de trois années. Finalement, il a eu de nou-

velles attaques, à des intervalles assez éloignés. z

3° PAMER RUSIITON and GOTCH FRANCIS. (A case of local epilepsy.

Trephining. Electrical stimulation and excision of focus, primary

healing-improvement. British médical Journal, 27 mai 1893,

p. 1101.) Au mois d'octobre 1891, un garçon de neuf ans avait

fait une chute sur le côté droit du crâne. Trois semaines après, il a

été pris d'un léger tremblement de la main gauche, puis cette

main a été envahie par des secousses cloniques. Le tremblement

et les secousses gagnèrent en fréquence et en durée; l'avant-bras

gauche, la tête et les yeux se mirent à participer aux secousses.

Le malade devint sujet à de véritables attaques d'épilepsie par-

tielle. Elles commençaient par un mouvement d'écartement des

doigts. Puis l'avant-bras, en légère abduction, exécutait des mou-

vements de flexion sur le bras; la tête s'inclinait trois ou quatre

fois à droite; les yeux se déviaient vers ce même côté. L'accès se

terminait par de nouvelles secousses de la main. La durée d'une

attaque était de dix secondes environ. Dans les derniers temps, le

nombre des attaques s'était élevé jusqu'à vingt et trente dans les

vingt-quatre heures; elles étaient annoncées par une aura, sous la

forme d'une sensation anormale qui parcourait le membre supé-

rieur gauche, de l'épaule à la main... 1

Le 17 décembre 1892, on mit à nu la portion de la zone motrice

corticale dont l'excitation produisait des contractions du pouce et

376 CLINIQUE NERVEUSE.

des mouvements dans l'articulation du poignet. On extirpa ces

mêmes parties. '

Pendant les cinq mois qui ont suivi, le nombre des attaques

s'est abaissé progressivement, jusqu'à n'être plus que de 4 à 6 par

jour. -

. 4" Eskridge (Thephining in three cases of epilepsy : Two for the

Jacksonian variety; ode due to old meningeal haemorraage,

improvement. The médical News, 1894,vol.LRV,n°45,p.395).-Une

femme de trente-cinq ans avait fait une chute sur la région fronto-

pariétale gauche, àl'âge de quatre ans. Dans le cours des premiè-

res années suivantes, elle a eu, avec une fréquence très variable,

des secousses dans la main droite; parfois ces secousses étaient

accompagnées d'une douleur dans le pied droit. Au sortir de ces

accès, elle se plaignait d'avoir mal.à la tête, et elle avait l'esprit

un peu troublé.

. Durant son séjour à l'hôpital, on a pu faire les constatations

suivantes : les attaques débutaient par une sensation de raideur

dans les doigts et dans le pouce de la main droite; immédiate-

ment après, la main se fermait et l'avant-bras se fléchissait sur le

bras.

Le 30 mars 1894, on lui trépana le crâne, au niveau de la partie

moyenne de la scissure de Rolando. L'os était épaissi; l'excitation

électrique de la portion de la dure-mère mise à nu fut suivie de la

contraction successive du pouce, de l'index et des autres doigts de

la main droite. Une fois la dure-mère incisée, la surface du cer-

veau se présenta avec son aspect normal. L'excitation directe de

l'écorce donna lieu à des mouvements du pouce et de l'index de

la main droite. On extirpa le territoire correspondant de l'écorce,

dans une étendue d'un demi-pouce et sur une épaisseur d'un

quart de pouce. Après l'opération, le pouce de la main droite

était paralysé partiellement; l'index l'était totalement. Les mou-

vements du petit doigt étaient empreints de faiblesse; les mouve-

ments de flexion et d'extension de l'annulaire et du médius étaient

très limités. Les extenseurs de la main se contractaient énergique-

ment et les fléchisseurs faiblement. Les muscles intérosseux, à

l'exception de celui qui fait mouvoir le petit doigt, étaient para-

lysés. De même, les muscles de la moitié droite du visage et de la

bouche étaient frappés d'une paralysie complète. La sensibilité

était intacte dans les parties paralysées. Le ler avril suivant, la

paralysie motrice était complète, à la main droite et au coude; la

langue, tirée, était déviée adroite; il existait de l'embarras de la

parole. On soupçonna une hémorragie méningée d'être cause de

ces accidents, et on procéda à l'ouverture de la plaie, le 3 avril;

on ne trouva pasdetraces d'une hémorragie. Au bout de quelques

jours, les symptômes de dépression s'étaient dissipés. Le 12, la

malade pouvait de nouveau mouvoir le bras droit et l'épaule. Le

L'ÉPILEPSIE PARTIELLE. PATHOGÉNIE ET TRAITEMENT. 377 "1

16, au moment où on changea le pansement, on assista à un

accès de convulsions cloniques; les spasmes débutaient par le

pouce et l'index, pour envahir tout le membre supérieur droit.

D'autres accès semblables se reproduisirent le 18. La malade fut

soumise à un traitement par les bromures et le borax : à partir du

18 mai, les accès cessèrent. -

5° Banda (Ein Fall von erfolgreicher osteo-plastischer Schaedel-

trepanation, etc. Verhandlungen der deM<sc/t6H Gesellschaft sur

Chirurgie, 20° Congrès, 1891, p. 413. - Un canonnier, en tombant

de cheval, s'était blessé à la région pariétale droite. Dix-huit mois

plus tard, il a eu une attaque subite de perte de connaissance. On

le fit entrer à l'hôpital. Il se plaignait d'une céphalalgie persis-

tante, il avait des vertiges, il était apathique, pleurnichard. Par

moments,' les vertiges aboutissaient à des pertes de la connais-

sance. Plus tard, le malade a eu des accès d'hystérie. Enfin, vingt

mois après son accident, il a eu sa première attaque épileptoïde

généralisée ; elle dura plusieurs heures. Le malade en a eu quatre

autres, les jours suivants. Elles débutaient par un tremblement du

pied droit; puis, des secousses cloniques envahissaient le membre

inférieur droit ; le membre supérieur se raidissait. Les spasmes

envahissaient le côté opposé avec moins de violence.

Un traitement par le bromure et l'iodure de potassium resta

sans effet utile. Le malade fut opéré. L'hémisphère gauche, mis à

nu, ne présentait pas d'altérations appréciables. On procéda à la

détermination du centre moteur de la jambe, à l'aide de l'excita-

teur électrique ; la substance corticale fut incisée à ce niveau,

dans une étendue correspondant à celle d'une pièce de 50 centi-

mes et sur une épaisseur de 2 millimètres 4/2. Le malade a pré-

senté une paralysie passagère du membre supérieur droit. Les

attaques d'épilepsie se sont reproduites.

c) Dans cinq cas, l'extirpation du centre épileptique a été

suivie d'une guérison durable.

1° J. H. Lloyd and J. B. Deaver (A Case of focal epilepsy suc-

cessfully treaded by trephining ; excision of the motor centres.

American Journal of médical sciences, 1888, vol. XCVI, p. 447).

Un homme de trente-cinq ans avait reçu, à l'âge de quinze ans, un

coup de pied de cheval sur la tête; il était resté sans connaissance

un jour durant. Six années plus tard, il devint sujet à des attaques

convulsives, d'abord pendant son sommeil, et plus tard pendant

le jour. Ces attaques débutaient par une aura dans l'index et le

médius de la main gauche ; puis les doigts se fléchissaient, ainsi

que l'avant-bras qui, de plus, était porté en supination; la tête se

tournait à droite; le bras et la jambe gauches se raidissaient.

Bientôt la tête se tournait vers la gauche ; les doigts de la main

378 CLINIQUE NERVEUSE.

gauche se relâchaient; le malade ouvrait la bouche, qui se déviait

vers la gauche ; en même temps, la commissure labiale droite

s'abaissait. Puis le bras gauche et la moitié gauche de la face

étaient envahis par. des convulsions cloniques. Les pupilles se dila-

taient. La connaissance était conservée partiellement. Le nombre

des attaques s'élevaient jusqu'à vingt-huit dans les vingt-quatre

heures. Elles étaient suivies d'une paralysie du membre supérieur

gauche et de la moitié gauche de la face. Le malade a été opéré

le 12 juin 1888. On lui mit à nu un territoire de l'écorce, dont

l'excitation faradique détermina des mouvements des doigts et de

la main, à gauche, mais pas de mouvements de l'avant-bras. L'ou-

verture crânienne fut élargie ; on réussit alors à obtenir des con-

tractions des muscles de l'avant-bras, du bras et de la figure, en

excitant la portion de cerveau mise à nu. On procéda à l'excision

de trois fragments d'écorce, l'un en arrière de la scissure de

llolando, les deux autres en avant. L'examen histologique de ces

fragments fit constater, dans les trois, des foyers hémorragiques

récents qui provenaient vraisemblablement de l'opération, ainsi

que des traces bien nettes d'un travail dégénératif.

Après l'opération, on trouva le bras gauche et la moitié gauche

de la figure paralysés. Pendant les six premiers jours suivants, les

accès convulsifs se sont reproduits, mais avec une intensité moin-

dre qu'avant l'opération ; puis ils n'ont plus reparu. Le troisième

jour, le malade a éprouvé de la raideur dans les doigts de la main

gauche. Le cinquième jour, la paralysie avait envahi les fléchis-

seurs des doigts, les fléchisseurs, les pronateurs et les supinateurs

de la main ; le biceps et les muscles de la moitié gauche de la

face se contractaient facilement. Du sixième au dix-huitième jour,

le malade est devenu pleurnichard, en proie à des hallucinations

de la vue et de l'ouïe, à des manies ; il s'est livré à la masturba-

tion. Au bout de cinq semaines il ne subsistait plus la moindre

trace de manifestations paralytiques. '

Le 17 juillet, le malade a quitté l'hôpital. Dans les trois mois qui

ont suivi l'opération, il n'a pas eu une seule attaque, à part les

quelques légers accès de secousses convulsives, notés dans les

premiers jours. Il se plaignait d'une certaine faiblesse dans

l'épaule gauche, et d'une certaine maladresse des mouvements du

membre supérieur gauche. La sensibilité était intacte de ce côté.

La moitié gauche de la face était toujours encore paralysée, rouge,

ainsi que les fléchisseurs des doigts de la main gauche.

2° HORSLEY (Remarks on thé surgery of the central System. The

British médical Journal, 1890. T. 11, p. 1286). Un homme de

quarante-un ans était sujet, depuis l'âge de vingt-cinq ans, à des

attaques de convulsions généralisées qui débutaient - par des

secousses dans les doigts et dans la jointure du poignet. Le 16 jan-

vier, Horsley trépana le malade, en un point du crâne qui corres-

L'ÉPILEPSIE PARTIELLE. PATHOGÉNIE ET TRAITEMENT. 379

pondait au genou de la scissure de Rolando ; à ce niveau/la dure-

mère était un peu adhérente et l'écorce cérébrale avait une teinte

jaunâtre. Le centre cortical dont l'excitation électrique détermi-

nait des mouvements des doigts et de la main fut excisé. Au

mois de juillet suivant le malade n'avait pas eu de nouvelles

attaques.

3° IENN (Five cases of cérébral surgery, etc. Americacz Journal of

the médical sciences, septembre 1891, p. 219).- Une négresse, âgée

de trente-neuf ans, avait subi dans son enfance un traumatisme de

la moitié gauche du crâne. Peu de temps après, elle avait eu une

première attaque d'épilepsie. Dans les onze années qui ont suivi,

cette femme n'a eu que deux nouvelles attaques, puis leur fré-

quence est allée en augmentant. Elles débutaient par une flexion

des doigts et de la main, à droite; ensuite survenaient de violents

mouvements de supination de la main et des secousses dans le

bras. Pendant ces attaques, la malade perdait connaissance, puis

elle éprouvait de violents maux de tête. L'inspection de la moitié

gauche du crâne décelait une dépression de la paroi, dans la

région du sillon de Ilolanclo. Cette femme a été opérée le 20 octo-

bre 1890. On lui a excisé la portion déprimée de la paroi crâ-

nienne. A ce niveau, la dure-mère était adhérente à l'écorce. En

l'excitant avec le courant faradique, on a provoqué des mouve-

ments d'extension des autres doigts de la main droite, des

secousses cloniques (flexion et extension du bras droit). Ces

secousses duraient encore une minute après la cessation de l'exci-

tation faradique.

On excisa le territoire cortical correspondant, ainsi que deux

petits kystes, logés dans la cicatrice dure-mérienne. L'excitation

de -la substance blanche sous-jacente a provoqué également des

mouvements du bras droit, mais ils cessèrent en même temps que

l'excitation.

Immédiatement après l'opération, les doigts et le poignet ont

été trouvés paralysés, à droite ; cette paralysie prédominait dans

les fléchisseurs. Les mouvements qui se passent dans les jointures

du coude et de l'épaule s'exécutaient également sans vigueur, de

ce côté. La paralysie mit un certain temps à se dissiper; on n'a

pas constaté d'anesthésie.

La malade a quitté l'hôpital, vingt-trois jours après l'opération.

Elle a été revue le Il juin 1891, huit mois après l'opération. Dans

l'intervalle, elle n'avait pas eu une seule attaque convulsive ;

l'état général et l'état intellectuel étaient meilleurs que précé-

demment.

4° Sachs und Gerster (loc. cit., p. 558, obs. II). Un jeune

homme de vingt-un ans avait reçu un coup sur la tête. Quelques

années plus tard, le 29 novembre 1894, il a eu le pouce droit

envahi par des secousses involontaires, auxquelles fit suite une

380 CLINIQUE NERVEUSE. -

attaque d'épilepsie. Ce même jour, il a eu deux autres attaques;

elles se sont réduites à des secousses convulsives du pouce droit.

Le lendemain, de nouvelles attaques ont suivi, auxquelles parti-

cipa toute la main droite.

Vers la fin du mois d'avril 1895, 'les secousses convulsives ont

fait leur réapparition ; elles étaient limitées au pouce de la main

gauche ; elles ne s'accompagnaient pas de perte de la connais-

sance. -

Le malade a subi une première opération, le 14 mai 1895 ; on lui

a mis à nu le centre cortical du bras droit, dont le siège précis fut

déterminé à l'aide de l'excitateur électrique. En raison de l'état du

pouls, il fallut interrompre l'opération.

Le 16 mai, le malade a eu trois nouvelles attaques convulsives;

les spasmes sont restés limités aux muscles du côté droit' de la

face et du membre supérieur droit ; ils se sont accompagnés de

perte de la connaissance.

Le 20 mai, on a procédé à une deuxième opération. Elle a con-

sisté dans l'incision de la dure-mère et dans l'excision de la moitié

inférieure du centre cortical du bras. L'examen histologique du

fragment excisé a fait constater la présence d'un foyer déjà ancien,

dans la substance grise, à côté de traces d'une leptoméningite de

vieille date.

Le 25 mai, le malade a eu une légère attaque ; elle a consisté en

secousses de l'oeil droit, des paupières droites et de la moitié

correspondante du nez. Les spasmes se sont calmés, après qu'on

eut fait prendre de la morphine au malade. On a constaté une

anesthésie du pouce et des autres doigts de la main droite; cette

main était atteinte d'une légère paralysie. Les jours suivants,

la paralysie motrice est allée en s'amendant. Le malade a quitté

l'hôpital le 12 juin, vingt et un jours après l'opération. Pendant

les premiers mois qui ont suivi, il a présenté une légère dysar-

thrie.

Du 20 mai 1895 jusque fin juillet 1896, c'est-à-dire en l'espace

de quatorze mois, le malade n'a pas eu une seule attaque convul-

sive. La dysarthrie avait complètement disparu, ainsi que la

parésie de la main droite. Lé malade accusait une légère sensation

d'engourdissement. A part cela, il était plein' d'entrain et il pou-

vait se livrer au travail, sans aucune gêne.

5° L3naoN (Ueber die Erfolge der operativen Behandlung der

traumatischen Jacksonischen Epilepsie. Deutsche Zeitschrift sur

Chirurgie, 1898. T. XLVI11, fasc. 2 et 3, p. 223).

Il s'agit d'un jeune homme de dix-neuf ans. A l'âge de douze

ans (28 mai 1884), il avait été atteint, au côté droit du crâne, par

un seau plein de mortier, tombé du quatrième étage@d'une maison

en construction. Le jour de l'accident on avait remarqué une agi-

tation insolite des membres du côté droit; pendant une semaine

L'EPILEPSIE PARTIELLE. PATHOGÉNIE ET TRAITEMENT. 381

environ, l'enfant était resté privé de l'usage de la parole ; puis il se

mit à balbutier.

Des semaines s'écoulèrent, avant qu'il pût de nouveau s'expri-

mer correctement. Pendant longtemps il a eu le côté gauche

paralysé; sous l'influence d'un traitement par l'électricité et les

bains chlorurés sodiques, cette paralysie s'est amendée lentement.

Quatre années après l'accident, le malade a eu pour la pre-

mière fois une attaque d'épilepsie partielle ; depuis trois mois

environ, il éprouvait, dans la région pariétale droite, une sensa-

tion de bouillonnement et de battement. D'autres attaques sont

survenues, dans la suite ; elles étaient précédées par de violents

maux de tête, par du vertige, par l'impossibilité de marcher. Elles

avaient une durée d'environ cinq minutes. Elles consistaient en

secousses toniques et cloniques de l'avant-bras gauche, aux-

quelles s'associaient des secousses semblables de la jambe

gauche et de la moitié gauche de la nuque. Jamais, pendant

ces attaques, le malade n'a perdu connaissance ; par moments

il lui est arrivé de tomber, en raison du vertige qu'il éprouvait.

Tout d'abord, les attaques se suivaient à des intervalles de

quatre jours ; plus tard, sous l'influence du traitement médica-.

menteux auquel fut soumis le malade, elles sont devenues plus

rares, au point de se reproduire seulement toutes les trois ou

quatre semaines ; voire qu'à la suite de l'application d'un vésica-

toire sur la région pariétale droite, le malade n'a pas eu une seule

attaque, du 10 mai au 22 septembre. A partir de là, les attaques

se sont renouvelées avec une fréquence croissante ; au mois d'oc-

tobre, le malade en a eu jusqu'à plusieurs dans le courant des

mêmes vingt-quatre heures; elles s'accompagnaient maintenant

de perte de la connaissance.

Le le, décembre 1899, le malade a subi une première opération.

On l'a trépané, en un point de la région'pariétale droite au niveau

duquel la pression digitale développait une douleur très vive. On

lui a extirpé un kyste du volume d'un oeuf de poule, rempli d'un

liquide limpide, et qui était simplement recouvert par l'arachnoïde,

c'est-à-dire qu'à son niveau la dure-mère faisait défaut ; drainage

consécutif.

A la suite de cette opération, lés attaques d'épilepsie se repro-

duisirent comme par le passé. Une seconde opération fut pratiquée

le 9 mars 1890 ; elle consista dans l'extirpation d'un fragment de

la paroi crânienne épaissie, à l'endroit où l'excitation électrique

provoquait des mouvements dans le membre supérieur du côté

opposé. A la suite de cette seconde opération, les attaques convul-

sives ne firent que gagner en fréquence et en intensité, constam-

ment accompagnées de perte de la connaissance.

Une troisième opération, pratiquée le 15 novembre 1890, con-

sista dans l'extirpation du centre cortical des mouvements de la

382 ) CLINIQUE NERVEUSE.

main gauche. Deux jours après, on constata une paralysie de la

main gauche ; elle persista une dizaine de jours. Pendant les deux

premiers jours qui ont suivi cette troisième opération, on a encore

constaté quelques légères attaques convulsives ; à partir de là,

elles ont cessé définitivement. La guérison se maintenait au bout

de six ans. ,

Résumé. - En résumé, si nous faisons entrer en ligne de

compte le cas de notre malade, nous arrivons à un total de

quinze'cas d'épilepsie jacksonienne d'origine traumatique,

ayant donné lieu à une intervention opératoire qui a consisté

dans l'excision du centre convulsivogène préalablement repéré

à l'aide de l'excitateur électrique. C'est là, si je puis m'ex-

primer ainsi, l'opération la plus rationnellement radicale,

dans un cas de cette nature. Or, les résultats thérapeutiques

obtenus jusqu'ici sont loin d'être brillants ; ils se chiffrent

ainsi :

Insuccès à peu près complet, dans cinq cas (Horsley, Gerster

' et Sachs (deux cas), Nancrède, Doyen) ;

Amélioration dans cinq cas (Nancrède deux cas, Benda,

Parker et Gotch, Eskridge).

Guérison complète, ou prétendue telle, dans cinq cas (Loyd

et Deaver, Horsley, Keen, Sachs et Gerster, Braun).

Au sujet de la valeur des cas de cette dernière catégorie,

des réserves sont à faire. Il ne suffit pas qu'un malade, atteint

d'une épilepsic jacksonienne et ayant subi une opération,

soit pendant quelque temps, débarrassé de ses attaques con-

vulsives, pour qu'on ait le droit de conclure à sa guérison. Il

faut encore que celle-ci se maintienne pendant une période

de temps suffisamment longue, avant qu'on puisse la consi-

dérer comme définitive. Horsley a fixé cette période d'obser-

vation à cinq ans. Braun est d'avis qu'en thèse générale on

peut la réduire à trois ans. Or, jusqu'ici, la condition que je

viens d'énoncer ne s'est trouvée remplie qu'exceptionnelle-

ment, une seule fois, chez le malade opéré par Braun. Vous

vous rappelez, sans doute, que ce malade est resté en obser-

vation pendant les six années qui ont suivi l'opération et que,

dans l'intervalle, il n'y a pas eu d'attaque convulsive. N'y

aurait-il eu que ce cas unique, pour m'inciter à la tentative

opératoire dont a fait l'objet notre malade, que cela eût suffi

pour me convaincre de la légitimité de cette tentative. Or, je

ne crois pas trop m'aventurer, en prédisant qu'au nombre

L'ÉPILEPSIE PARTIELLE. PATHOGÉNIE ET TRAITEMENT. 38.3

des malades signalés comme ayant été guéris, il s'en trouve

l'un ou l'autre, chez lequel la guérison se maintiendra, selon

toute probabilité.

B. Une seconde catégorie comprend les cas où, avant

d'opérer, on s'est simplement guidé sur les données de l'ana-

tomie topographique, pour délimiter le centre qu'on se pro-

posait d'extirper. Il est certain que celle manière de pro-

céder n'a pas autant de rigueur que la précédente, basée sur

l'emploi de l'excitateur électrique. Elle expose à des mé-

comptes. Il arrivera, par exemple, que dans un cas où les

attaques convulsives débutent par des spasmes du pouce, on

procède à ce que l'on croit être le centre cortical de ce doigt,

dans l'hémisphère du côté opposé, et qu'on obtienne encore

des contractions du pouce, lorsqu'on applique l'excitateur

électrique en des points voisins de la zone excisée. Peu

importe. Voyons seulement à quels résultats ont abouti les

interventions du genre de celles que je viens de spécifier.

Elles sont, d'ailleurs, peu nombreuses. Braun, dans son tra-

vail déjà cité, n'en relève que quatre cas, dont un équivaut à

un échec complet, tandis que les trois autres ont été donnés

comme des exemples de guérison. A vrai dire, la période

d'observation post-opératoire n'a pas dépassé six mois ; c'est

vous dire avec quelle réserve doit être accueillie cette manière

de présenter les choses. Voici l'indication de ces quatre cas.

1° STAnn (ALLEN). Brain Surgery. New-York Wood, 1893. Obs. 2.

2° CASSFLI. Trepanazione del cranio nell'epilessia traumatica,

VIII, Società ital. di chirurgien, 1891, p. 17, obs. 2.

3° A. D. ANTONA. Nove casi di chirurgia cérébrale (épilessia).

Socielri italiana cli chirurgien, 1893, p. 147, obs. 3.

4° Warnots. Sur la chirurgie cérébrale. Congrès français de chi-

rurgie, 1893, p. 483.

, C. Une troisième catégorie comprend des cas d'épilepsie

traumatique où on a procédé à l'extirpation d'un foyer mor-

bide, situé au voisinage du sillon de Rolando, par conséquent

dans l'aire de la zone motrice. Eu égard au résultat théra-

peutique, ils se répartissent ainsi :

a) Trois cas ont aboutit à un échec complet; ils ont été

publiés par :

Knapp et PosT..Boston médical and su)-gical journal, 7 jan-

vier 1892.

384 CLINIQUE NERVEUSE.

STARR, loc. cit ? obs. 3.

DANA et CURTIS. Two cases of jacksonian epilepsy treated by

excision of thé cortex. Tite Post gi,aditate, 1897, vol. XI, p. 305.

b) Trois autres cas ont abouti à une amélioration très

franche ; ils ont été publiés par : ·

Th. Kociier. I. Chirurgische Beitrage zur physiologie des Gehirns

und des Büclcenmarlis; Il. Zur Kenntniss der traumatischen epi-

lepsie. Detitsche Zeitschrift fier Chirurgie, 1892, t. XXVIII, p. 45.

Poppert-Weissgerher. Ueber 2 Faelle operativen behandelter

Rindenepilepsie. Mittheilung gemaclit in der Sitzung des aerztli-

chen Vereins in Giessen am 28 Januar 1896. Deutsche 7î2ediciiî,

Wochenschrift, 1896, Vereins-beilage, p. 449, obs. 3.

TM.OE. Yerlectndlunryeu der deutschen Gesellschaft sur Chirurgie,

1893. 22 ten Congress, p. 33.

c) Enfin dans six cas l'opération a été suivie de la sup-

pression des attaques convulsives ; ces cas ont été publiés

par : .

A. Brenner. Ein Fall von traumatiscberEpilepsie. Trépanation.

Heiluun. Wiener lcliuisclae IVocheizsch2,ifi, 1894, n° 4, p. 68. Durée

d'observation, quelques semaines.

Navratil. Beitriige zur Ilirnchirurgie. SLutt,ard, 1889, obs. 2.

Durée d'observation, onze mois.

Hociitnegg. Traumatische Epilepsie. Wiener klinische 117ocheits-

chrift, 1892, p. 174. Durée d'observation, dix-huit mois.

Kocher. Loc. cit., p. 36. Durée d'observation, trente mois.

Kumuell. Zur operativen Behandlung der Epilepsie. Dezitsche

medicin. 117ociteiisciti-ift, 1892, n" 23, p. 256. Durée d'observa-

tion, trois ans et demi.

POPPFRT- VEf3SGEaaCa. Loc. cit. Obs. I. Durée d'observation,

quatre ans.

Récapilitlation générale et conclusions. Si maintenant

nous fondons ces trois catégories de cas dans une statistique

unique, nous arriverons à faire les constatations suivantes :

sur un total de trente et un cas d'épilepsie jacksonienne,

d'origine traumatique, qui ont fait l'objet d'une intervention

opératoire radicale excision d'un fragment de la zone cor-

ticale, au niveau du foyer épileptogène présumé neuf ont

abouti à un échec complet, neuf ont été améliorés et treize

ont été donnés comme des exemples de guérison, sous toutes

réserves, car dans trois cas seulement, la période d'observa-

tion post-opératoire a dépassé trois ans. ,

ÉPILEPSIE PARTIELLE : PATHOGÉNIE ET TRAITEMENT. 385

Certes, ce résultat est loin d'être brillant; il est loin de

répondre aux espérances que l'on était en droit de concevoir,

du jour où il fut démontré que l'épilepsie bravais-jacksonienne

se comporte, dans ses allures, de la même façon que l'épi-

lepsie expérimentale provoquée en appliquant l'excitateur

électrique sur un territoire de la zone rolandique, du jour où

il fut établi que l'extirpation de la zone rolandique empêche

l'excitation électrique du cerveau d'aboutir à une attaque

convulsive.

Sera-t-on plus heureux dans l'avenir, quand on aura for-

mulé avec plus de rigueur les indications de l'opération radi-

cale préconisée par Horsley, quand on aura modifié la

technique opératoire de façon à garantir une extirpation

complète du centre qu'on se propose de supprimer ? A ce

propos, quelques mots d'explication ne seront pas superflus.

Pour ce qui est d'abord de la question des indications opé-

ratoires, on a dénié toute utilité à l'extirpation de centres

moteurs corticaux, pratiquée chez un malade dont l'épilepsie

partielle remonte à une époque déjà lointaine. Braun a

montré que cette assertion est en opposition avec les faits. *.

Des guérisons ont été obtenues, dans des cas où le début de

l'épilepsie partielle remontait à plusieurs années en arrière,

au moment où fut pratiquée l'extirpation d'un fragment de

la zone motrice. Inversement, les échecs n'ont pas été rares,

dans des cas où on est intervenu à une époque relativement

rapprochée du début de l'épilepsie. Le cas de notre malade

rentre dans cette catégorie : chez B..., l'accident qui a

entraîné à sa suite les attaques d'épilepsie est survenu le

11 juillet '1897 ; la première attaque un peu sérieuse a éclaté

le 15 février suivant; les deux opérations subies par le malade

ont eu lieu le 22 et le 8 avril 1898.

Il ne semble pas non plus que l'intervalle, plus ou moins

long, compris entre le traumatisme et la première attaque

convulsive ait une influence bien nette sur les résultats thé-

rapeutiques de l'extirpation du centre moteur qu'on suppose

être le point de départ des attaques d'épilepsie partielle.

On a prétendu que le retour des attaques, à la suite d'une

extirpation du centre cortical épileptogène, était imputable à

la formation d'adhérences cicatricielles entre le cerveau ou

les méninges et la paroi crânienne. D'autres ont incriminé la

Ancltmes, 28 série, t. Xf. 25

386 CLINIQUE NERVEUSE.

compression de la zone rolandique, par le fragment osseux

réimplanté ; c'est pourquoi, des chirurgiens, en France

notamment, se sont élevés contre la résection ostéo-plas-

tique temporaire et contre la réimplantation du fragment

osseux, dans les cas de trépanation vulgaire (Vergère et

Waltliei ? Terriei, Lucas-Championnière et Pechade). D'autres

ont proposé des modifications opératoires destinées à empê-

cher la formation d'adhérences entre le cerveau et la paroi

crânienne : introduction d'une plaque de celluloïde, d'une

plaque d'or, entre le cerveau et le crâne ; mise en contact

direct, avec le cerveau, du périoste de la paroi crânienne.

. J'ignore ce que valent, au juste, ces procédés techniques.

Une circonstance me rend perplexe, la voici : -

Les troubles sensitivo-moleurs, qu'on observe à la suite de

l'extirpation d'un fragment ou de la totalité de la zone

motrice, sont essentiellement' transitoires : c'est un point sur

lequel j'insisterai tout particulièrement dans une de mes

prochaines leçons. Mais, dès maintenant, je tiens à vous

pénétrer de cette notion : L'extirpation d'un centre moteur

n'entraîne pas de paralysie durable de la partie qui est censée

tirer son innervation motrice du centre extirpé; elle entraine

des désordres moteurs qui relèvent de l'incoordination plutôt

que de la paralysie et qui, en tout cas, se dissipent au bout

de quelque temps. Qu'est-ce à dire ? C'est qu'à la longue, les

centres extirpés sont suppléés dans leurs fonctions par d'au-

tres territoires de l'écorce. Et alors, je me demande si, de

même qu'il se fait une suppléance des fonctions normales, il

ne se ferait pas, dans les cas d'épilepsie partielle, corticale,

une suppléance pathologique, uue transmission du pouvoir

épileptogène à d'autres territoires de l'écorce ? Déjà un auteur

allemand, Froenkel, avait prétendu que lorsque l'épilepsie

partielle persiste depuis un certain temps, des centres épilep-

togènes secondaires ont pris naissance, au voisinage du centre

primitif. Plus récemment, un auteur américain, Putnam' a a

prétendu qu'après une certaine durée d'une épilepsie par-

tielle, il s'établit un état épileptogène de tout le cerveau, qui

ne saurait plus être influencé par une intervention opératoire

limitée à une portion de l'écorce grise. ,

' J. Putnam. On the relation of Epilepsy to injurie of tlie liead. Bostoit

medic. and surgic. Journal, 7 janvier 1892.

ÉPILEPSIE PARTIELLE : PATHOGÉNIE ET TRAITEMENT. 387

La remarque suivante mérite également d'être prise en

considération : assez souvent; dans les cas d'épilepsie par-

tielle d'origine traumatique, on a trouvé en état d'intégrité

apparente le territoire de la zone rolandique, qu'il y avait

tout lieu de considérer comme le point de départ des atta-

ques. Chez deux malades que j'ai fait opérer, la confirmation

de l'intégrité apparente du fragment extirpé a été fournie

par les résultats de l'examen histologique. Notez bien qu'il

n'existait pas de lésions de surface, du côté des méninges ou

de la paroi crânienne, susceptible de rendre compte des

attaques, en conséquence d'une irritation exercée par la zone

rolandique. Force est donc d'admettre que le traumatisme,

même quand il s'exerce sur la portion du crâne, qui corres-

pond à la zone rolandique, peut engendrer une épilepsie

partielle, corticale, sans occasionner de lésions appréciables

de l'écorce de la zone motrice. Il faut donc admettre que

l'épilepsie corticale, développée dans ces conditions, dépend

d'altérations purement dynamiques. Selon toute vraisem-

blance, ces altérations dynamiques ne sont pas limitées à un

territoire circonscrit de l'écorce; elles atteignent simplement

leur maximum d'intensité, dans le territoire qui correspond

au groupe de muscles par lequel débutent les attaques. Sup-

primer ce territoire ne saurait dès lors aboutir à la suppres-

sion des attaques.

Voilà les réflexions dont j'ai cru devoir vous faire part,

après avoir montré le petit nombre de succès fournis, jus-

qu'alors, par l'extirpation de fragments de la zone rolandique,

dans des cas d'épilepsie partielle motrice, d'origine trauma-

tique. Je vous ai dit déjà que ce genre d'intervention nous a

misa même de contrôler, par la voie expérimentale, sur des

sujets de notre espèce, nos connaissances touchant la topo-

graphie des centres moteurs de la zone rolandique, que nous

tenions de l'expérimentation in anima vili et de l'emploi de

la méthode anatomo-clinique. Dans une prochaine leçon, je

compte vous exposer les observations que nous avons été à

même de faire sur notre malade 1.

1 Le lecteur trouvera dans les précédents volumes des Archives et

dans la thèse de l'un de nos élèves, le D, Itellay, de nombreux faits

concernant la trépanation dans les diverses formes de l'épilepsie. (f3.) .)

THÉRAPEUTIQUE.

Le traitement par le repos au lit, en médecine

mentale;

Par le D' Alexandre PARIS,

Médecin du service des femmes de l'asile d'aliénés de Marévillc-Nancy.

Comme beaucoup de mes confrères, et depuis nombre

d'années déjà, j'ai remarqué les bons effets du traitement de

l'aliénation mentale par le repos au lit ; si je ne peux pas dire

que je lui dois un chiffre de guérisons supérieur à celui que

j'aurais obtenu sans lui, je peux cependant affirmer qu'il est

presque toujours utile, qu'il a une action palliative évidente,

facile à constater, dans la plupart des formes de l'aliénation

mentale.

Mais l'alitement n'est pas seulement utile comme traite-

ment auxiliaire ou comme base de traitement d'aliénations

mentales, il présente d'autres avantages qu'il est bon de

signaler pour hâter la généralisation d'une méthode théra-

peutique plus rationnelle que ses aînées :

L'alitement n'est qu'en apparence une cause d'accroisse-

ment bien sérieux de dépenses, à l'encontre de ce que se

figurent encore quelques confrères directeurs d'asiles d'alié-

nés ; s'il exige un personnel plus nombreux, il supprime le

surcroit de dépenses qui résultait autrefois de l'agitation

même du maniaque non alité, destruction d'effets d'habille-

ment, bris de vitres, d'objets divers, indemnisations de gar-

diens blessés, consommation relativement considérable et de

plus longue durée d'hypnotiques, etc. ; il restreint de même

les dépenses spéciales nécessitées par l'alimentation forcée,

maniaques ou mélancoliques habituellement alités n'oppo-

sant plus la même résistance à l'alimentation ordinaire. Son

influence sur la mortalité ne semble pas moins favorable.

D'autres côtés, non moins intéressants, de la question

«traitement des maladies mentales par l'alitement me sem-

LE TRAITEMENT PAR LE REPOS AU LIT. 389

blent un peu trop négligés jusqu'à présent dans les publica-

tions sur ce sujet. Quelques indications à cet égard seraient

cependant utiles aussi pour entraîner les hésitants :

On peut donner comme certain, par exemple, que le rôle

du service chirurgical dans les asiles d'aliénés est d'autant

moins étendu que l'on généralise plus le traitement par repos

au lit ; métrorrhagies, plaies, fractures sont beaucoup plus

rares qu'autrefois dans nos services, mais il est surtout un

accident, jadis assez commun, que nous ne voyons plus que

tout à fait exceptionnellement : la hernie. Nous avions à

chaque instant à réduire des hernies crurales (service de

femmes) résultant de l'agitation, de cris, etc. ; chaque année

quelques opérations sanglantes étaient nécessaires ; la hernie

réductible est aujourd'hui extrêmement rare et la hernie

étranglée absolument exceptionnelle.

Je terminerai cette note par un mot au sujet de l'alitement

en dortoir : si je l'ai vu donner de bons résultats, je l'ai vu

certainement nuisible à quelques maniaques (surtout mania-

ques hystériques) dont l'agitation était en quelque sorte

constamment renforcée par le voisinage d'autres agitées ; chez

ces malades repos au lit, hypnotiques pendant le jour, hyp-

notiques pour la nuit, hydrothérapie ne donnaient absolu-

ment aucun résultat, mais l'isolement, en chambre ordinaire,

avec une ou deux gardes-malades, était immédiatement suivi

d'une accalmie telle que la suppression des hypnotiques

était bientôt possible, parfois un ou deux jours après seu-

lement.

Je ne parle pas évidemment de l'isolement cellulaire dont

je n'ai jamais été partisan; j'ai, du reste, fait disparaître

toutes les cellules de mon service dès 1890, c'est-à-dire presque

dès mon arrivée à Maréville. - - -

Brame de l'alcoolisme. Le nommé Odin, couvreur, cinquante

ans, à Villemaur (Aube), alcoolique invétéré, se rua sur le sieur

Mernot, son beau-père, et lui plongea son couteau dans le ventre.

L'état de ce dernier est désespéré. Après son crime, Odin s'en-

ferma chez lui et frappa le maire, puis il mordit cruellement le

garde-champêtre.

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE

PATHOLOGIQUES.

XLIII. Note sur la mémoire des poissons ; par W.-C. Mac Intosii.

(The Journal of Mental Science, avril 1898.)

L'auteur rapporte un certain nombre de faits propres à démon-

trer que les poissons ne sont pas dépourvus de mémoire. Ils ne

possèdent pas, il est vrai, de substance corticale, mais c'est pro-

bablement une question de degré ; et d'ailleurs est-il démontré

que chez l'homme le siège de la mémoire soit dans les couches

corticales ? llyabien des faits qui semblent démontrer le contraire.

R. M.-C.

XLIV. Sur la manière de recueillir et de relever les données des-

criptives et anthropologiques fournies par l'étude de l'oreille

- chez les névropathes, les aliénés et les criminels ; une méthode

nouvelle; par Joliii-11. Lord. (7Vte./ou)'Ha<o ? MeH<f.Sc ! t'Hce, avril

1898.)

Ce travail intéressant est accompagné de figures qui en facilitent

l'intelligence et d'un tableau où figurent les différentes données à

recueillir suivant le procédé de l'auteur. R. M.-C.

XLV. Ëtude anatomique de 131 aliénés criminels admis à l'asile de

West Riding, de 1884 a 1896 inclus; par Frédéric-P. Harder.

(T/te Journal of Mental Science, janvier 1898.)

Ce travail est bien en effet une analyse, très soigneuse et très

détaillée, échappant par cela même à une analyse de seconde

main, et ne donnant lieu à aucune conclusion. R. M.-C.

XLVI. Sur la perte unilatérale externe du réflexe pupillaire de la

lumière (iridoplégie réflexe) ; sa pathologie, sa signification cli-

nique ; par William M. Leszynsky. (Tite New-Yoik 31edic(il Jour-

1 nal, 30 juillet et 6 août 1898.)

' Les conclusions de ce travail, qui reposent sur dix-huit observa-

tions, sont les suivantes :

1° L'iridoplégie réflexe unilatérale est un état qui peut se ren-

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 391

contrer dans le tabes et dans la démence paralytique, et qui peut

rester limitée à un seul côté pendant un temps indéfini avant que

l'autre pupille soit atteinte de la même manière.

2° Elle se rencontre aussi dans la syphilis cérébrale et peut être

limitée d'une façon permanente à un seul des deux yeux.

3° On l'observe souvent à l'état de conséquence éloignée d'une

maladie de la troisième paire ou de son noyau, et elle peut être

la seule preuve clinique appréciable d'une paralysie pré-existante

de la troisième paire. -

4° Elle indique toujours une dégénérescence nerveuse centrale,

intéressant soit le noyau du moteur oculaire, soit ses rameaux

afférents.

5° Elle est généralement d'origine syphilitique.

6° La lésion qui produit l'iridoplégie réflexe unilatérale a son

siège dans la portion centrifuge du mécanisme réflexe.

L'exactitude de cette manière de voir est confirmée par les

arguments suivants :

a. Cette iridoplégie accompagne, ou suit, une paralysie du

moteur oculaire.

b. A l'appui de l'opinion de l'auteur on trouve le cas de Siemer-

ling dans lequel on constata une dégénérescence du noyau sphinc-

terien et des nerfs moteurs oculaires.

c. Les recherches nécroscopiques montrent que, dans les cas

d'iridoplégie réflexe bilatérale, les fibres de Meynert ne sont pas

intéressées. R. de MUSGRAVE CL.1,Y.

,1,V] Paresthésie de la région fémorale; par John C. Snaw. (The

New-York Médical Journal, 13 février 1897.)

L'anesthésie de la région externe de la cuisse peut être soit

un symptôme isolé, soit le symptôme prédominant d'un groupe

séméiologique : le plus souvent elle se présente à l'état de symp-

tôme isolé; mais dans un cas comme dans l'autre elle est loin

d'être commune : l'auteur a pu en observer trois cas dont il publie

le compte rendu en le faisant suivre de quelques remarques.

R. M. C.

XL1111. Analgésie, anesthésie thermique et ataxie consécutives à

des foyers de ramollissement dans la moelle allongée et le cer-

velet provenant d'une occlusion de l'artère cérébelleuse pos-

térieure inférieure gauche; étude sur le trajet des faisceaux

sensoriels et coordinateurs dans la moelle allongée ; par Henry

IioN. (1'/te iyew-Yoi-li illedical Jozt ? ,ncl, 17 avril 1897.)

Cette observation et les remarques qui la suivent sont trop

détaillées pour qu'il soit possible de les analyser utilement ici,

392 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

surtout en l'absence des figures qui les accompagnent. Le titre du

travail d'ailleurs résume les faits d'une manière suffisante pour

que les chercheurs puissent avec profit se reporter au mémoire

intégral. il. M. C.

XLIX. Des troubles moteurs à évolution aiguë, à forme d'ataxie

cérébelleuse, chez les ivrognes; par W. M. Rechterew. (0&o ? t !

psichiatrii, V, 1900.) -

L'ataxie aiguë des auteurs, observée chez l'alcoolique chronique

a tout l'air d'une ataxie cérébelleuse. Elle survient, d'ordinaire à

la suite d'une débauche supplémentaire. Le malade,'en se réveil-

lant du coma qui suit une ivresse intense, ou d'un sommeil nor-

mal, ne peut absolument pas marcher, ou bien il ne peut se

tenir sur les jambes, parce qu'elles se jettent de côté et d'autre,

comme s'il était encore ivre. Il éprouve aussi du vertige, de la

pesanteur de tête, parfois des nausées, même des vomissements.

Avec le temps tout s'atténue, sauf le désordre des mouvements.

Le malade oscille d'un côté à l'autre, même au repos, les yeux

ouverts ou fermés, S'il marche, il heurte dans tous les sens, et,

parfois, il est contraint de s'accrocher à quoi que ce soit pour ne

pas tomber. Les mouvements séparés des membres n'ont rien

d'ataxique, sauf le tremblement des doigts d'origine alcoolique. 11

existe du nystagmus pendant la vision de côté, parfois une petite

. inégalité pupillaire. Intégrité de la parole ou léger embarras delà

langue un peu tremblée, pas de paralysie des membres, pas de trou-

bles de la sensibilité, rien aux réflexes cutanés quelquefois cepen-

dant un peu diminués. Réflexes du genou légèrement exagérés,

Confusion mentale, état vertigineux, plus ou moins vague, lour-

deur de tête, sans bruit aigu dans les oreilles, et parfois, douleur

locale, par la percussion, à la région de l'occiput. Deux observa-

tions ont révélé des accès épileptoïdes ou épileptiques d'origine

alcoolique. La marche de ce complexus a été aiguë; début soudain

diminution graduelle, et disparition presque absolue : guérison au

moyen de bains, de KL de strychnine, en quelques semaines, deux

à trois mois. Pas d'autopsies. L'intensité des désordres de l'équi-

libre, jointe au nystagmus et à l'absence de paralysies et de bruits

dans les oreilles, indique une affection du cervelet (douleur occipi-

tale à la percussion) il doit s'agir d'un processus aigu du lobe moyen

de cet organe. N P. KERAVAL.

L. Parésie partielle des muscles droits de l'abdomen chez un hys-

térique ; par L. W. BLOUBIENAU. (06o. : r<pMC/M('t(, III, 1898.)

Deux figures. L'état de l'excitabilité électrique et de l'excitabi-

lité réflexe force à exclure ici toute affection cérébro-spinale ou

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 393

périphérique. La parésie porte sur les deux tiers supérieurs des

muscles seulement. Une chute sur le ventre ne pourrait-elle; en

pareil cas, impliquer le diagnostic d'hystéro-traumatisme, ou les

lésions contuses suffiraient-elles à déterminer de l'amyosthénie ?

Solution impossible. P. KERAVAL.

LI. Altérations pathologiques du cerveau dans le délire aigu; par

M. N. Joukowsky. (06ozrézcié psichiutnü, III, 1898.)

Trois observations. Hyperémie des méninges troubles, par pla-

ces, hyperémie de la snbstance blanche et grise, adhérence, en

certains points, de l'écorce avec la pie-mère, accumulation de

liquide dans les ventricules cérébraux. Réseau vasculaire de la

pie-mère et de l'écorce dévelopé exagérément, vaisseaux gorgés de

sang, diapédèse et en même temps 7,exis des globules blancs et

rouges constituant des épanchements de sang dans l'écorce et la sub-

stance blanche. Espaces périvasculaires et péricellulaires dilatés, et

gorgés de leucocytes. Dégénérescence graisseuse des parois des vais-

seaux. Masses'de leucocytes dans le tissu du cerveau. Dégénéres-

cence des cellules corticales, depuis la simple atrophie, jusqu'à la

nécrose de coagulation, mais avec prédominance de la dégénéres-

cence stéatopigmentaire, et insinuation de leucocytes dans le pro-

toplasma. Dans les fibres, gonflement du manchon de myéline, et

désintégration. En un mot, méningo-encéphalite diffuse aiguë. C'est

ce qu'ont généralement trouvé les auteurs. 11 est probable qu'elle

est d'origine infectieuse, toutes les autres causes ne jouant qu'un

rôle secondaire, prédisposant. Les éléments nerveux ne prennent

pas une part active à l'inflammation, ils subissent la dégénéres-

cence secondairement, par suite du trouble de la nutrition, de

l'augmentation de la pression, des modifications de la température.

Outre les altérations parenchymateuses des auteurs, il faut atta-

cher un grand prix, à la déchéance des fibres nerveuses, et à la

leucocytose des cellules. P. 11ERAVaL.

LU. Troubles de l'équilibre consécutifs à une tumeur de la région

du troisième ventricule ; par N.-A. Wyroubow. (0&oz ! 'eH : psi-

chiatrii, III, 1898.)

Les troubles de l'équilibre dépendaient, en l'espèce, de la lésion

du troisième ventricule : les attaques épileptoïdes provenaient des

nodus de nouvelle formation, qui irritaient la protubérance et le

bulbe. Cette dernière hypothèse est la plus probable, car une

paralysie du facial gauche se développa par degrés dans les jours

qui suivirent la première attaque convulsive. Cette paralysie s'ex-

plique par la compression du tronc du facial, à l'endroit où il sort

à la surface du cerveau. Influence de l'oblitération de l'artère basi-

laire sur la mort. P. IEIIAYAL.

394 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

LUI. De la question des centres corticaux du gros intestin ; par

. V.-P. Ossteow. (Obozrénié psichatrii, III, 1898.)

Expériences sur des chiens : figures. L'excitation de l'extrémité

interne de la circonvolution sigmoïde, immédiatement en avant

du sillon crucial, et de la même circonvolution, immédiatement

en avant de l'extrémité interne du sillon crucial, provoque la con-

traction du gros intestin, mais il convient de déterminer plus

exactement encore l'étendue et la constance de ces foyers.

P. KEHAYAL.

L1V. Des altérations du cerveau dans la sclérose atrophique;

par M.-N. JoaxoNSrx. (0&OH'eH ! ëpt'c/ta'< ! , III, 1898.)

Observation : autopsie, étude microscopique, figures. La com-

paraison de cette observation avec les recherche des auteurs décèle

une différence unique, mais radicale, à savoir : le point de départ

du processus pathologique. La pie-mère est le siège d'une altéra-

tion vasculaire, et de la prolifération du tissu conjonctif, bien plus

vives que dans l'écorce. Ces lésions sont à leur tour bien plus pro-

noncées dans la couche superficielle de l'écorce que dans ses par-

ties profondes et que dans la substance blanche. Des altérations

des vaisseaux procède le développement du tissu conjonctif, et

l'atrophie de la substance cérébrale, selon l'étendue du processus

pathologique.

Les altérations des vaisseaux en occupent les parois : les noyaux

sont augmentés de nombre, la tunique interne et la tunique adven-

tice sont épaissies, la lumière est rétrécie, parfois jusqu'à la com-

plete oblitération. Tout autour des vaisseaux se développe le tissu

conjonctif.

Un tel processus doit émaner, comme semblent le montrer les

faits, d'un agent d'irritation opérant sur la paroi vasculaire, le

plus souvent de l'alcoolisme et de la syphilis.

On a invoqué l'alcoolisme des parents, mais cet alcoolisme ne

peut guère provoquer que l'invalidité du cerveau, l'affaiblissement

de ses fonctions, non une lésion interstitielle chronique des tissus.

La présence de l'irritant alcoolique lui-même est nécessaire pour

cela, et encore; c'est plutôt l'agent syphilitique qui engendre ce

processus histologique de l'artérite. En ce cas, il est fort possible

que les altérations soient dues à la syphilis héréditaire. C'est à

rechercher. P. KEHAVAL.

LV. Double syndrome de Weber, suivi d'autopsie ; par Souques.

(Noitu. Iconogr. de la Salpélrière, n° 2, 1900.)

Double paralysie alterne supérieure, plus accentuée à gauche,

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 395

causée comme on pouvait s'y attendre, par des lésions bilatérales

dans la région pédonculaire. A droite, deux foyers de ramollisse-

ment ; à gauche un foyer de sclérose : le tout causé par une endar-

térite nodulaire des cérébrales postérieures avec oblitération com-

plète à droite, incomplète à gauche. R. C.

LVI. Contribution clinique et anatomo-pathologique à l'étude de

l'acromégalie; par 13oivnnm. (Il IIIOI'g(1221, 1899, sept.)

L'auteur présente quatre observations d'acromégalie, dont une

avec autopsie. Il rappelle à ce propos une observation, également

avec autopsie, qu'il a publiée en 1893 dans l'Archivi itctliaizo di

Clinica medica. Dans ces deux cas, la lésion principale révélée par

l'examen nécroscopique était l'artério-sclérose des viscères. Pas

d'hypertrophie de d'hypophyse qui était, au contraire atrophiée

dans les deux cas, en voie de dégénérescence calcaire dans le

second. L'artério-sclérose ne pouvait s'expliquer ni parl'àge, ni par

la syphilis, la goutte ou l'intoxication (alcoolique, saturnine ou

nicotinique).

A noter dans le second cas une sclérose diffuse delà moelle por-

tant surtout sur les cordons antéro-latéraux, mais intéressant

aussi les cordons postérieurs (faisceaux de Goll et de Burdach),

ainsi que l'atrophie du corps thyroïde. Cliniquement il s'agissait

de cas types d'acromégalie présentant tout le cortège symptomati-

que, à part l'hémianopsie. Dans les trois observations non suivies

d'autopsie l'examen clinique avait révélé des signes d'artério-

sclérose. Louis Deluas.

LVII. Sur la fonction de la glande thyroïde;'par C. B.1LDI (Ibid.)

Des recherches expérimentales qu'il a entreprises au laboratoire

de physiologie de l'Univerté de Bologne l'auteur tire les conclusions

suivantes : La thyroïde est un organe à fonction générale, au

moins chez les mammifères, les reptiles, les amphibiens; la suppres-

sion amène inévitablement la tétanie ou la cachexie strumiprive;

les jeunes animaux en subissent plus de dommage que les adultes.

Il ne semble pas qu'on puisse compter sur une action de suppléance

efficace des glandules parathyroïdiennes, de la rate ou de l'hypo-

physe.

Le suc thyroïdien ou l'injection de thyroïde atténuent, retar-

dent ou empêchent la tétanie et la cachexie strumiprive. Sous son

influence l'excrétion de l'azote augmente; peut-être aussi celle du

phosphore et du chlore. Les troubles graves, nerveux ou digestifs,

indiquent plutôt un trouble fonctionnel qu'une véritable altération

anatomique sérieuse peu susceptible de réparation quand elle a

duré quelque temps. -

396 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

Le myxoedème opératoire ou spontané, l'arrêt de développement

par absence ou atrophie de la thyroïde, guérissent entièrement par

l'action prolongée du suc thyroïde. Il est permis de supposer que

les phénomènes de thyroïdisme dépendent plus souvent de prépa-

rations impures ou d'un commencement de putréfaction de la

glande, que de l'action directe du suc.

La théorie de Notkine, production par la glande d'un ferment

neutralisant la thyréoprotéine, n'est pas admissible. La maladie

de Basedow parait être toujours sous la dépendance de lésions

primitivement nerveuses; la glande ne présente aucune lésion, ou

bien des lésions analogues à celles des goitres non exophtalmiques.

Lathyrodine de Knol, la tliyroïdine de Howitz et Vermehren, l'iodo-

thyrine de Baumann, la substance albuminoïde de Hutchinson ne

constituent pas les seuls produits de la glande. La thyroïde de

nombreux animaux contient de l'iode qui, peut-être, exerce une

action spéciale sur la fonction de la glande. L. D.

LVIII. Troubles trophiques et troubles de la sensibilité chez les

hémiplégiques; par Ciiatin. (Bévue de médecine, octobre 1900).

Les troubles trophiques doivent-ils faire supposer l'existence de

centres trophiques ?

Depuis les plus récents travaux on tendrait plutôt à rejeter cette

idée et à attribuer les troubles trophiques à un défaut d'équilibre

réflexe sensitivo-moteur. Des troubles moteurs seuls peuvent s'ac-

compagner de dystrophie, mais cette dystrophie est toujours plus

considérable quand la sensibilité est en même temps compro-

mise, l'équilibre réflexe étant lui-même plus lésé. Les affections

médullaires portant sur le point de conjugaison de deux neurones,

sensitif et moteur, comme la syringomyélie, présentent des troubles

trophiques plus accentués ; la paralysie infantile qui ne porte que

sur les cellules motrices ne produit que l'atrophie. Les mêmes

remarques s'alressentaux affectionscérébrales, mais ici lestroubles

trophiques devront être moins accentués d'une façon générale, si

l'arc réflexe médullaire reste intact.

L'auteur apporte 19 observations d'hémiplégiques. 11 présentant t

des troubles trophiques avaient en même temps des troubles

notables de la sensibilité. La sensibilité était au contraire très peu

atteinte chez les huit autres qui ne présentaient pas de troubles

trophiques. , M. HAMEL.

LIX. Sur l'inhibition; par S. J. Meltzer. (The New York Médical

Journal, 13 et 27 mai 1899.)

L'auteur a lui-même résumé cette étude dans des conclusions que

nous reproduisons ici : ,

REVUE d'aNATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 397

in En présence de l'ubiguïté de l'inhibition, et en raison des

multiples documents que nous avons rassemblés sur sa véritable

complicité dans les manifestations de la vie, nous sommes, à ce

qu'il me semble, autorisés à poser les conclusions fondamentales

suivantes : .

« 1° L'inhibition s'étend à tout le domaine de l'irritabilité dont

elle fait partie intégrante. Chacun des tissus irritables du corps

vivant répond dur une stimulation soit par une activité spécifique,

soit par une inhibition de cette activité; le résultat effectif d'une

stimulation n'est jamais que la résultante de ces deux facteurs con-

traires, avec peut-être, dans la plupart des cas, une tendance à

céder davantage à l'un ou à l'autre des facteurs, suivant les cir-

constances extérieures; ni l'impulsion d'activité, ni l'impulsion d'in-

hition ne sont effacées ; elles suivent souvent leur cours d'une

manière qu'il nous est impossible de percevoir.

«2« Aucun des phénomènes réels de la vie n'est la manifestation

pure de l'un de ces facteurs : tous sont au contraire des résultan-

tes de deux forces antagonistes : le repos absolu n'existe en aucune

portion d'un être vivant, et il n'y a pas d'action sans mélange

d'inhibition. L'état de la vie dans chacune des parties du corps est

subordonnée aux rapports généraux qui existent entre les forces

antagonistes dans le corps tout entier et aux rapports spéciaux qui

existent entre ces mêmes forces en un point spécial. Toutes les

lois biologiques actuellement admises, si elles ont été formulées

avec l'idée préconçue qu'elles dérivaient de l'étude de la façon

dont se comporte l'activité pure, devront être revisées.

« 3° Dans les organes périphériques aussi bien que dans les

organes centraux, l'activité et l'inhibition sont évidemment sépa-

rément accessibles par l'intermédiaire de fibres nerveuses spécia-

les, dont le gouvernement du corps fait un usage assez judicieux

pour éveiller le degré voulu d'inhibition en un point dont l'antago-

niste est appelé à l'activité ».

«Jecrois que dans mon estimation de l'étendueet de l'importance

de l'inhibition, je suis d'accord, au moins dans une large mesure,

avec deux physiologistes éminents, Gaskell en Angleterre, et Bie-

dermann en Allemagne.

«le suis convaincu qne la conception dualiste des phénomènes de

la vie est destinée à faire une profonde impression sur la médecine

et la thérapeutique ; et je suis aussi profondément pénétré de ce

lait que la découverte et l'étude de l'inhibition constituent l'une des

plus grandes oeuvres biologiques du siècle qui va finir ».

« Nous devons ajouter que le mémoire de M. llfeltzer se termine

par une excellente bibliographie du sujet, qui ne comporte pas

moins de 136 numéros. R. DE Musgrave-Clay.

398 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

LX. Relation de l'autopsie d'un cas d'acromégalie avec une revue

critique des théories anatomo-pathologiques ayant cours ; par

Louis J. AIITCHELL et E. R. Le Couine. (The Nelv Yo ? 7f Médical

Journal, avril 1899.)

Les auteurs terminent leur résumé de l'anatomie pathologique

de l'acromégalie en donnant comme les plus généralement accep-

tées les propositions suivantes, qui ont trait à la pathogénie de

cette affection : ♦

1° Les cas d'acromégalie associée à une tumeur vraie du corps

pituitaire ne sont certainement pas aussi nombreux qu'on l'a sup-

posé jusqu'à présent; 2° L'état pathologique du corps pituitaire est

moins constant que ne le sont l'augmentation de volume du coeur

de la glande thyroïde et de la selle turcique ; 3° L'acromégalie ne

dépend pas, ou tout au moins ne dépend pas exclusivement de

l'abolition de l'une quelconque des fonctions du corps pituitaire ;

4° Les rapports qui existent entre la glande thyroïde et le corps

pituitaire ont été amplement démontrés ; 5° Il se peut fort bien

que la prolifération des éléments histologiques du corps pituitaire

soit déterminée dans certains cas par une augmentation primitive

du volume de la selle turcique, et dans d'autres cas par un oedème

ou une hémorragie ec vacuo ; 6° Il n'y a aucune raison pour que

l'augmentation de volume de la selle turcique ne se rencontre pas

dans l'acromégalie d'une manière aussi constante que les altéra-

tions des autres os; il n'y a aucune raison non plus pour qu'elle

ne soit pas déterminée par une cause ou par des causes similaires.

Il. de Musgrave-Clay.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

XXX. Hémiatrophie de la langue; par Harold N. Moyer. (The New-

Yorfi Médical Journal, 7 août 1897.)

Observation curieuse d'hémiatrophie de la langue, survenue

chez un homme de vingt cinq ans consécutivement à une plaie

par arme à feu. H. M. C.

XXXI. La maladie de Henoch, ou purpura nerveux; par rrancis-A.

Thompson. (The iyew- Yoi-k 31ediettl Jouî-i2ttl, 26 novembre 1898.) t

L'auteur donne de cette maladie peu commune une description

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 399

sommaire et relate une observation intéressante, mais qui est

malheureusement assez peu complète. R. de Musgrave CLAY.

XXXII. Observation de microcéphalie ; par L. W. Bloumexau.

(0&ozt'ëHiëps : cAM< ? 't ! , 111, 1898.)

Diminution de poids et de toutes les dimensions du cerveau,

avec excès de développement relatif du cervelet, qui est à décou-

vert, par suite de l'arrêt de développement des régions occipitales

des hémisphères cérébraux. Raccourcissement du corps calleux.

surtout en arrière. Quelques anomalies de forme et de répartition

des circonvolutions et des sillons des hémisphères, principalement

dans les régions centrales. Absence de cloison transparente, et

complète adhérence, en cet endroit, des parois des hémisphères,

comme chez les mammifères. L'épaisseur de l'écorce grise est de

quatre millimètres, elle est du double à la parties moyenne des

circonvolutions centrales. En cette région, l'écorce est riche en

cellules, parmi lesquelles les cellules pyramidales, mais en général

les cellules sont petites. A la région cervicale de la moelle, abon-

dance des cellules dans les cornes antérieures, notamment en leurs

portions externes, et dans la corne latérale. Le cerveau du nou-

veau-né devant peser 300 gr. celui de cette fillette de sept ans et

quatre mois pesait, frais, 3u3 gr. 5. P. KERAVaL.

XXXIII. Contribution au diagnostic des paralysies hystériques ;

parM.-N. Fedorow. (Obozrénié psichiatrii, 111, 1898.)

Trois observations, dont voici les conclusions. -

A. 1° Les hémiplégies hystériques, dans la plupart des cas, s'ac-

compaguent d'anesthésie du côté du corps frappé ; 2° La déviation

de la face qui s'observe parfois, dépend d'un spasme des muscles

du visage, et non d'une paralysie faciale ; 3° Le bras reprend ses

fonctions plus tôt que la jambe ; 4° Les paralysies des muscles des

yeux sont douteuses et se rapportent plutôt à quelque affection

concomitante. La blépharoptose hystérique est un spasme de l'or-

biculaire.

B. 1° Les paraplégies hystériques, celles en particulier des jambes,

s'accompagnent en grande partie d'anesthésie ; 2° Les fonctions

vésicales et rectales y sont normales ; 3° La réaction électrique des

extrémités paralysées est d'habitude diminuée, mais jamais on

ne voit de réaction dégénérative ; 4° On ne voit pas non plus

d'atrophie dégénérative : il y a seulement une maigreur généra-

lisée des membres frappés.

C. Dans beaucoup de cas, l'hémiplégie et la paraplégie hystéri-

ques s'évanouissent facilement après la suggestion hypnotique.

P. KERAVAL.

400 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

XXXIV. Epilepsie convulsive causée par la trépanation ; par L. MAR

ciiand. (Revue de Psychiatrie, décembre 1809, n° 12.)

11 s'agit d'une femme frappée à 26 ans d'un ictus apoplecti-

forme suivi de contracture, puis de paralysie flasque. Croyant à

une tumeur le médecin traitant fit, pratiquer la trépanation. On

ne trouva rien, mais à partir du lendemain de l'opération la

malade eut des crises épileptiformes du type jacksonnien qui per-

sistent toujours '. * F. B.

XXXV. Anévrysme de l'artère vertébrale gauche ; par LADAME et

Von lO4,lOW. (Nouv. A'OHogr. de la Salpétrière, n° 1, 1900.)

Observation d'un cas rare dans la littérature médicale, compre-

nant une description clinique complète et une autopsie avec exa-

men microscopique des organes lésés.

L'anévrysme développé lentement chez un ancien syphilitique a

produit des troubles qui ont pu être suivis pendant plusieurs

années : au début, vestiges avec angoisse cardiaque, démarche

titubante, agraphie sans troubles notables des facultés intellec-

tuelles.

Deux ans plus tard, apoplexie et chute sur le côté gauche, délire

sans hallucinations, hémianalgésie à droite avec conservation de

la sensibilité tactile, puis affaiblissement des membres inférieurs.

Deux ans et demi après l'apparition des premiers symptômes,

deuxième attaque d'apoplexie, coma et mort.

A l'autopsie, anévrysme de la grosseur d'un oeuf de pigeon,

siégeant sur le trajet de la vertébrale gauche au niveau où elle se

jette dans le tronc basilaire, destruction presque complète de

l'hémisphère cérébelleux gauche et du vermis, atrophie de la VI°

paire à gauche, rien du côté des hémisphères cérébraux, com-

pression totale du bulbe et de la protubérance avec atrophie des

cellules et dégénérescence des fibres surtout dans l'olive gauche.

Ce cas de déficit cérébelleux, sans localisations motrices impor-

tantes est particulièrement intéressant; il s'ajoute aux observa-

tions rassemblées depuis quelques années, pour justifier l'opinion

de Luciani sur la fonction cérébelleuse. R. CIIARON.

XXXVI. Neurofibromatose généralisée ; par Pierre Marie et Couve-

laire. (Nouv. Inconogr. de la Salpétrière, n° 1, 1900.)

Tableau clinique et anatomo-pathologique complet de cette

affection avec les caractères particuliers suivants : Au point de

' Voir : Robert (Paul). Thèse de Paris, 1901, De V epilepsie consécutive

a ! la trépanation.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 401

vue clinique, début tardif des symptômes ; au point de vue ana-

tomo-pathologique, existence de lésions squelettiques et muscu-

laires, et fibromes intestinaux et cutanés développés vraisembla-

blement en dehors des nerfs. ,

Les auteurs voient dans ce cas un nouvel argument contre la

théorie de Recklingausen (unité originelle et exclusivement ner-

veuse) et en faveur de cette conception, que la neurofibromatose

serait en réalité une fibromatose sans systématisation nerveuse

absolue, mais présentant comme caractère de se dévolopper dans

le tissu conjonctif entourant les éléments nobles, avec prédilection

nerveuse. R. C

XXXVII. L'adéno-lipomatose symétrique à prédominance cervicale;

par LAuNois et BEN51UBE. (Nouv. Iconogr. de la 8(ilpêti,iè ? -e, nos 1

et 3, 1900.)

Comme suite à une communication antérieure sur cette affection,

non encore décrite en France, les auteurs ont réuni d'une part

5 observations inédites, d'autre part 80 observations publiées par

les cliniciens sous des noms divers et qui présentent des caractères

identiques permettant de les ranger dans le cadre de cette curieuse

affection, dont le tableau clinique peut-être résumé comme suit :

développement progressif de tumeurs symétriques, intéressant

surtout les régions cervicales latérales, les régions sous-menton-

nière et vertébrale, les parties supérieures et internes des membres,

les régions pectorale, épigastrique, suspubienne, les mamelles;

ce développement peut atteindre des proportions énormes sans

causer d'autres accidents que ceux dus à la compression ; aucun

trouble viscéral ; pas de modifications de l'état général. Ces

tumeurs, comme les adéno lymphocèles, (ce qui confirmerait

l'hypothèse d'une origine vasculaire lymphatique), peuvent subir

des variations subites de volume en plus ou en moins, mais ne

disparaissent jamais complètement.. R. C.

XXXVIII. Un cas d'anorexie hystérique ; par G. GASNE. (Nouv.

Iconogr. de la Salpétrière, n° 1, 1900.)

Guérison par l'isolement, sans traitement physique, ni psychique.

XXXIX. Un cas de tympanisme abdominal d'origine hystérique ;

par BENOIT et BERNARD. (Nouv. Iconogr. de la Salpêtrère, n° 1,

1900.) '

XL. Sur un cas de sommeil prolongé pendant sept mois par

tumeur de l'hypophyse; par SocA. (Nouv. Iconogr. de la Salpé-

trière, n° 2, 1900.)

Jeune fille de dix-huit ans, sans tare héréditaire ou acquise

Archives, 2° série, t. XI. 26

402 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

connue ; à la suite de surmenage physique, attaque avec perte de

connaissance suivie d'affaiblissement de la vue, de céphalalgie,

d'incertitude de la marche, de vomissements, puis de sommeil

plus ou moins profond, presque continu, interrompu seulement

par de courts intervalles de veille, pendant lesquels la malade

mange abondamment et manifeste un affaiblissement profond des

facultés intellectuelles ; conservation des sensibilités, pas d'atro-

phie musculaire, pas de convulsions. Cet état dure sept mois et se

termine par la mort au cours d'une broncho-pneumonie.

A l'autopsie, on découvre une tumeur de la grosseur et de la

couleur d'une mandarine, siégeant au niveau de la selle turcique,

de nature sarcomateuse et qui parait s'être développée aux dépens

de l'hypophyse dont on ne retrouve plus trace et avoir englobé le

chiasma des nerfs optiques et les tubercules mamillaires en péné-

trant dans le troisième ventricule. L'examen histologique n'a

révélé aucune lésion des différentes parties du cerveau.

L'auteur discute la question de savoir dans quelle classe des

états de sommeil, peut être rangé ce cas de sommeil physiolo-

gique par sa forme, pathologique par sa durée. Il élimine succes-

sivement : 1° la narcolepsie ; 2° le sommeil hystérique ; 3° la

léthargie ; 4° la catalepsie ; 5° le somnambulisme; 6° le coma, et

range son observation dans la septième catégorie des sommeils

pathologiques ; 7° sommeils divers dans lesquels se trouve fré-

quemment comme cause une tumeur cérébrale et qui ne permet-

tent pas au clinicien, non plus qu'à l'anatomo-pathologiste, d'éta-

blir des rapports fermes de causalité dans l'état actuel de nos con-

naissances. 1-1. C.

XLI. Les arthropathies tabétiques et la radiographie; par Gibert.

(Nouv. Iconogr. de la Salpêtrière, n° 2, 1900.)

Discussion portant sur cinq observations de tabétiques ne pré-

sentant, en dehors du symptôme arthropathie, qu'un tableau

clinique presque nul, et conduisant l'auteur aux conclusions sui-

vantes : « Nous sommes donc en droit d'admettre l'existence d'un

tabès trophique, tout en reconnaissant que des troubles sensitifs

viennent le plus souvent se joindre aux troubles de nutrition,

comme Brissaud le premier en a fait la juste remarque.

« Ces faits invitent à supposer la présence dans un point encore

inconnu de la moelle, d'un centre trophique dont l'excitation a

pour conséquence l'hyperplasie osseuse, tandis qu'une cause agis-

sant en sens inverse entraîne de l'atrophie ostéo-articulaire.

« On peut d'ores et déjà penser que ce centre, étant données

les associations fréquentes de troubles sensitifs aux troubles tro-

phiques, se trouve dans un territoire médullaire voisin de l'appa-

reil sensitif. R. C.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 403

XLII. La polynévrite syphilitique ; par CESTAN. (Nom. 7eo) ! o) ?

de lcz Scalpêtt·iète, n° , 1cJ00.) ' ,

D'après l'histoire de treize observations de polynévrite dite syphi-

litique, dont deux personnelles, l'auteur croit pouvoir établir les

catégories suivantes : 1° troubles nerveux ne rentrant pas dans le

cadre de la polynévrite aiguë ; 2° polynévrites survenant chez des

syphilitiques sous l'influence d'intoxications multiples (syphilis,-

mercure, alcool, etc.) ; 3° polynévrite paraissant causée exclusive-

ment par la syphilis (huit cas dont deux personnels). Malgré la

diversité déroutante des descriptions publiées sur la polynévrite

syphilitique il parait donc possible de tracer l'histoire clinique de

cette affection : apparition de troubles nerveux à la période secon-

daire variant de un à quinze mois avant ou pendant réclusion des

syphilides secondaires ; installation rapide de ces troubles selon

la forme sensitivo-motrice aiguë ou la forme exclusivement

motrice ou la forme pseudo-tabétique ; évolution selon la'forme

ascendante lente ou disséminée ; pas de troubles intellectuels ;

pronostic favorable à moins de complications de myélite aiguë ;

diagnostic généralement facile et dont la pierre de touche est le

traitement iodo-mercuriel. R. C.

XLIII. Angiome segmentaire ; par GASNE et GUILLAIN.

(Nouv. Iconogr. de la Salpétrière, n° 2, 1900.)

Observation remarquable parla multiplicité des angiomes et leur

étendue qui comprend le bras et l'hémithorax droits tout entiers. -.

Pour en expliquer la pathogénie encore obscure, l'auteur se

demande s'il n'y aurait pas lieu de faire intervenir le système ner-

veux comme pour les hypertrophies partielles congénitales. R. C.

XLIV. Un cas d'hémiplégie hystérique guéri par la suggestion

hypnotique; par MAniNEsco. (Nouv. Iconogr. de la Sa<)'<e)'6,

no 2, 1900.) ' ....

Cas d'hémiplégie hystérique à droite chez une jeune femme de

vingt-huit ans, guérie par la suggestion hypnotique et dont l'ob-

servation clinique est enrichie de 'tracés cinématographiques dont

la comparaison est des plus intéressantes. R. C.

XLV. Une complication du tabès non encore signalée; par Sabrazès,

et F.AUQUET. (Nouv. Iconogr. de la Scalpétrière, n° 3, 1900.) ,

Fracture complète de la totalité du rebord alvéolaire des deux

maxillaires supérieurs pendant l'avulsion d'une canine chez une

tabétique de cinquante-quatre ans ; large brèche de communica-

401 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

tion bucco-sinusienne, simulant le mal perforant buccal ; faciès

spécial démoniaque. Cette complication à ajouter à toutes celles

qu'a déjà permis d'enregistrer cette affection si fertile en incidents

et qui rentre dans la catégorie des fractures spontanées est un

avertissement dont devra tenir compte le chirurgien-dentiste.

- Z, - R. C.

XLVI. Un cas d'abcès traumatique du lobe frontal; J. CONA. (Ibid.)

- Traumatisme remontant à dix ans ; aucun autre signe que l'épi-

lepsie jacksonienne. Trépanation qui laisse passer l'abcès inaperçu.

Le malade meurt le surlendemain.

A l'autopsie : abcès frontal, infarctus des poumons, rate hyper-

trophiée et atteinte de dégénérescence graisseuse. En somme pyo-

hémie. L. D.

XLVII. Syphilis médullaire précoce avec syndrome de Brown-

Séquard ; par Brousse et ARDIN-DELTEIL. (Revue demédecine, sep-

tembre 1900.)

Les myélites syphilitiques qui ont été jusqu'ici observées ont

souvent présenté notamment une paralysie prédominante d'un des

membres inférieurs avec hypéresthésie du côté moins parésié,

réalisant ainsi le type expérimental de Brown-Séquard produit par

l'hémisection de la moelle. L'auteur rapporte une observation où ce

syndrome se trouvait réalisé à peu près complètement. M. H.

XLVIII. La crise nasale tabétique ; par H. Jullian. (Revue de

médecine, juillet 1900).

Syndrome déjà décrit dans une observation de M. Klippel. Dans

le cas dont il s'agit ici, la crise d'éternuement survenait après un

état prodomique de picotement de la face mais sans aura pares-

thésique. M. II.

XLIX. Sur les maladies de la moelle chez les nouveau-nés hérédo-

syphilitiques ; par DE PETERS. (Revue de médecine, août 1900.)

Observation de plusieurs cas de paralysie médullaire' chez des

nouveaux nés syphilitiques sans aucun trouble cérébral. Il y

avait paralysie des membres supérieurs et quelquefois des infé-

rieurs. Les troubles moteurs des membres supérieurs étaient

variables, réalisant tantôt le type Déjerine-Klumpke ou Duchemin-

Erb. Ils présentaient souvent, en outre, une forme caractéristique,

par suite d'une paralysie prédominante des muscles innervés par

le radial, l'avant-bras étant en pronation et la paume de la main

en dehors (position en nageoire du phoque) (Flossenstellung).

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 405

Le pronostic de l'affection fut plutôt favorable et a cédé facile-

ment à un traitement mercuriel. M. H.

L. Paraplégie spasmodique familiale et sclérose en plaques fami-

liale ; par CCSTAN et GUILL.11N. (Revue de médecine, octobre 1900.)

Deux observations dont la première se rapporte à un cas de

paraplégie spasmodique chez un homme dont le père et la soeur

avaient déjà présenté la même affection. Cette paraplégie s'est

développée lentement à partir de l'âge de la puberté, Le second

cas se rapporte à une famille de dix enfants dont plusieurs pré-

sentèrent des toux nerveuses et dont deux ont présenté à partir

de l'adolescence l'ensemble syndromique de la sclérose en plaques.

Dans les deux maladies observées, l'absence de syphilis hérédi-

taire, le début au même âge, l'absence de troubles antérieurs,

'indépendance de toute influence extérieure permet de poser le

diagnostic de maladie familiale. M. H.

LI. Sur le diagnostic général de la syphilis du cerveau et

de la moelle; par B. Sachs. (Tlie New York Médical Journal,

27 mai 1899.)

Le cerveau et la moelle sont plus fréquemment atteints par la

syphilis que les nerfs périphériques; les capillaires jouent un rôle

important dans la formation du néoplasme syphilitique, mais ce

rôle n'est pas exclusif, et les vaisseaux plus volumineux du cerveau

et de la moelle sont le siège d'altérations importantes que les beaux

travaux de Heubner ont légitimement rattachées à l'action du virus

spécifique, et qui se présentent sous la forme d'endartérite, avec

occlusion ultérieure du vaisseau et ramollissement de la zone qu'il

alimente. La syphilis dès centres nerveux est caractérisée surtout

par la multiplicité des symptômes, et par une tendance aux rémis-

sions et aux rechutes qui correspond parfaitement avec la tendance

même des tissus à la prolifération et à la régression. Il faut ajou-

ter que le processus syphilitique n'est pas rapidement destructeur;

de là une modification des symptômes : c'est ainsi que dans la

syphilis plus que partout ailleurs on trouvera la parésie au lien de

la paralysie, la rigidité légère au lieu des contractures, l'anesthésie

partielle et non générale, l'aphasie transitoire et incomplète plutôt

que permanente ; ce sont là des signes qui ne sont pas sans valeur

pour le diagnostic. On ne se trompera guère en suspectant la

syphilis si l'on est en présence de lésions multiples, de symptômes

incomplets et d'une tendance aux rémissions, aux rechutes et à la

guérison. »

Le symptôme qui, suivant l'auteur, a le plus de valeur diagnos-

tique, celui qui est presque pathognomonique, est tiré de la façon

406 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

dont se comportent les pupilles, alors même que tous les autres

signes de la syphilis manquent : les particularités pupillaires im-

portantes sont les suivantes : 1° l'inégalité des pupilles, dont l'une

est dilatée et l'autre contractée : 2° leur inégalité de réaction à la

lumière, l'une répondant, l'autre ne répondant pas ; 3° la complète

immobilité des pupilles à la lumière et pendant l'accommodation,

signalée par Hutchinson, mais sur laquelle on n'a pas assez insisté;

il faut se souvenir que la pupille d'Argyll-Robertson, si caractéris-

tique du tabès et de la paralysie générale ne l'est pas de la syphilis;

4° la forme de la pupille, qui s'écarte d'un façon bien accusée de

la forme circulaire, et cela en l'absence de toute iritis antérieure;

à la vérité cette irrégularité de forme se rencontre en dehors de la

syphilis, mais elle est beaucoup plus commune chez les syphiliti-

ques. Il faudra aussi rechercher la syphilis dans les cas où l'on

observera des vertiges. On n'oubliera pas non plus que la né-

vrite optique double est un signe de réelle valeur. L'auteur

entre ensuite dans quelques explications sur le pseudo-tabes syphi-

litique, qui n'est pas, dit-il, un simple produit de l'imagination des

cliniciens. Il discute enfin, pour l'admettre entièrement, l'origine

fréquemment syphilitique de la sclérose des cordons postérieurs.

R. de Musgrave Clay.

.L11. Quelques psycho-névroses intéressantes; par B. C. LOVELAND.

(The Neto Yorls Médical Journal, 4 mars 1899.) .

OBSERVATION I. Femme de cinquante-cinq ans, se plaint d'une sen-

sibilité douloureuse des mains et des pieds. Réflexes normaux. Sen-

sibilité normale. La malade, assise, prend son point d'appui sur les

coudes et demeure les doigts des mains écartés; le moindre attou-

chement, même celui d'une légère feuille de papier, paraissent

être une cause de douleur et d'angoisse. Cette malade a subi

l'ablation des annexes, et cette opération n'a nullement modifié

son état. L'auteur pense qu'il s'agit d'un acro-paresthésie, d'ori-

gine hystérique.

. Observation IL- Jeune fille de seize ans. Hérédité nerveuse, sans

gravité, du côté maternel. Hoquet quotidien et persistant, allant

jusqu'à nécessiter l'isolement, tant il devient incommode pour les

voisins. On crut d'abord que le hoquet était d'origine hystérique : -.

mais un examen plus attentif montra qu'il existait chez cette jeune

fille une sorte de chorée du diaphragme et des muscles abdomi-

naux, un véritable clonus abdominal qui existait à l'état de veille

même en l'absence du hoquet, donnant lieu dans les crises les plus

fortes à un véritable aboiement. Le traitement, surtout moral,

donne des résultats très favorables. ,

- Observation III. Veuve de cinquante-cinq ans, troubles nerveux

depuis quatre ou cinq ans, a fait un usage excessif de stimulants

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 407

alcooliques pour combattre de prétendues crises cardiaques, qu'elle

décrit comme étant de véritables arrêts du coeur, et qui paraissent

avoir un caractère purement subjectif, car elles ne s'accompagnent

d'aucune modification du pouls. Ces crises étaient précédées d'une

sensation de suffocation,et de l'émission d'un son aigu et aboyant.

On amène la malade à ne plus avoir recours aussi fréquemment à

son remède favori, l'alcool, et les accidents s'amendent rapide-

ment.

Si l'on voulait interpréter les phénomènes nerveux observés

dans ces trois cas, il faudrait faire toute la psychologie de la men-

talité hystérique : on se bornera donc à remarquer que les phéno-

mènes étaient ici purement subjectifs, et que pour remédier à des

symptômes fort incommodes il a suffit de substituer à l'idée qu'on

voulait éliminer une idée d'un caractère plus utile.

R. DE AIUSGRAVE-CLAY.

LUI. Hémorragie méningée spinale en dehors delà dure-mère, avec

une observation; par S. D. HoPFiNs. (77te New Yorlc Médical

Journal, 26 août 1899.)

Le sujet dont il s'agit avait été en parfaite santé jusqu'en juin

1898 : il n'était ni alcoolique ni syphilitique : à cet époque, pen-

dant qu'il déchargeait une charrette de charbon, il éprouva par

tout le corps une « sensation singulière » qu'il ne peut définir que

par ce mot. Arrivé chez lui, il .ne put descendre de sa charrette,

les membres inférieurs étant paralysés : ceci s'était passé en une

vingtaine de minutes : on le descendit et il se plaignit de douleurs

atroces dans le bas du dos, s'étendant à l'abdomen et le long des

cuisses : la sensibilité du bas du tronc et des jambes était abolie ;

le pouls était normal, la température aussi. En vingt-quatre heures,

la motilité avait commencé à se rétablir dans la jambe gauche,

et vers la fin du second jour elle était satisfaisante. Les réflexes

avaient été abolis dès -le début, il y avait de l'incontinence

d'urine. Trois jours après, l'auteur voit le malade, et outre les

symptômes déjà indiqués, il constate que la jambe droite est inca-

pable du moindre mouvement, que la sensibilité existe sur toute

la surface du corps; que le réflexe du genou manque à droite et

est exagéré à gauche; qu'il n'y a ni ataxie ni paralysie des bras;

que les muscles de la face sont normaux et normales aussi toutes

les sensibilités spéciales. L'intelligence n'a pas été atteinte : il y a

incontinence urinaire et fécale. Le lendemain matin surviennent

des nausées, et le soir le malade meurt à la suite de convulsions

généralisées.

On porta le diagnostic d'hémorragée méningée spinale, que

l'autopsie vint confirmer. Le canal spinal, extérieurement à la

dure-mère fut trouvé rempli par du sang fluide, avec quelques

408 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

petits caillots qui occupaient la région lombaire. Les membranes

étaient légèrement congestionnées. La moelle était normale.

L'hémorragie méningée spinale extérieure à la dure-mère est

rare chez l'adulte, sauf à la suite d'un traumatisme tel qu'un

coup ou une chute; elle est au contraire fréquente chez le nou-

veau-né. Dans le cas actuel on ne trouvait aucun des facteurs étio-

logiques ordinaires de cette forme d'hémorragie, et l'on ne peut

invoquer qu'un effort musculaire considérable, c'est-à-dire la plus

rare des causes connues. Le siège le plus ordinaire des hémorrha-

gies de cette nature est la région cervicale, tandis qu'ici elle sié-

geait à la région lombaire.

La convulsion finale a probablement été le résultat de l'irritation

intense provoquée dans les membranes ou dans la moelle elle-

même, ou peut-être dans ces deux tissus par l'abondance du sang

épanché : il est démontré que l'irritation des méninges spinales ou

cérébrales provoque des mouvements convulsifs. La mort soudaine

parait due à une paralysie par compression des centres cardiaques

et respiratoire. R. de Musgrave-Clay.

LIV. Importance du diagnostic précoce de l'ataxie locomotrice

résultant de la pathologie récente; par William BROADDUS

PRITCHARD. ( ? 7teJVeM Youk Médical Journal, 22 juillet 1899.)

Les symptômes précoces de l'ataxie locomotrice appartiennent

à la période préataxique de la maladie et sont d'une importance

capitale pour l'utilité du traitement. La doctrine de l'ataxie telle

qu'elle résulte des travaux de Duchenne de Boulogne et de Char-

cot ne parait pas pouvoir actuellement résister à la lumière des

faits introduits dans la science par les recherches de Waldeyer,

Ramon y Cajal, Van Gehuchten, Andriezen, Marie, Hodge,Sherring-

ton, Leyden et d'autres auteurs encore et la théorie des neurones

marque ici la fin de l'ancien régime. L'auteur entre en de longs

détails sur cette théorie et ses applications à l'ataxie, et il conclut

qu'il est rationnel d'admettre par analogie que si la maladie peut

être reconnue assez tôt, avant l'apparition du processus secon-

daire de sclérose, on pourra non seulement l'enrayer mais la

guérir effectivement au moyen d'un traitement approprié : de là

la nécessité d'étudier de très près les symptômes prodromiques ;

ces symptômes se rapportent à la sensibilité générale, à la nutri-

tion et aux troubles des diverses sensibilités spéciales. Si les

théories nouvelles sont exactes, on doit constater parmi les symp-

tômes les plus précoces les altérations de la sensibilité tactile, de

la sensibilité à la douleur et du sens musculaire ; or la clinique

est d'accord ici avec la théorie, et ces symptômes sont en effet

parmi les premiers qui se manifestent ; l'auteur les passe en revue.

Puis il passe aux symptômes oculaires et rappelle que Môbius

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 409

enseigne que tout sujet du sexe masculin qui présente brusque-

ment du strabisme et du ptosis avec diplopie est un ataxique.

La troisième paire est la plus communément atteinte. Les modi-

fications pupillaires sont un bon signe précoce : le myosis est la

règle. Plus significative encore est la pupille dite d'Argyll Robert-

son (iridoplégie réflexe se manifestant par un défaut de réaction

à la lumière, ordinairement bilatérale, mais non toujours). La

lenteur de la réaction pupillaire à la lumière chez un syphilitique

doit éveiller l'attention. L'anesthésie de la conjonctive palpébrale,

innervée par la cinquième paire est un bon signe de début. Enfin,

dans le tabès dit amaurotique, c'est ordinairement l'atrophie du

nerf optique qui révèle le diagnostic. '

Tous les cas d'impuissance génitale dus à l'absence d'érection

ou à toute autre faiblesse motrice doivent faire soupçonner le

tabes. Il peut y avoir aussi diminution des désirs vénériens. Quand

l'impuissance existe, on trouve souvent une analgésie plus ou

moins marquée du testicule et du scrotum (signe de Pitres). On

sait que le signe de Westphal (abolition du réflexe du genou) est

souvent un signe très précoce et toujours un signe constant.

Beaucoup de troubles trophiques peuvent être aussi des signes

très précoces, depuis la chute prématurée des cheveux jusqu'au

mal perforant.

Enfin, parmi les phénomènes plus rares du tabès au début, il

faut encore mentionner divers troubles viscéraux : gastralgie ou

entéralgie paroxystiques, vomissements excessifs, dysurie, ténesme

vésical, enfin tout ce que l'on décrit sous le nom de crises gas-

triques, intestinales, laryngées, vésicales. Des phénomènes de cet

ordre survenant chez l'adulte, sans cause appréciable, sont parfois

indicateurs de l'ataxie à son début. R. du Musgrave-Clay.

LV. Les névroses fonctionnelles dans leurs relations avec les

maladies des femmes ; par H.-J. BOLDT. (7'Ae New York Médical

Journal, 11 février 1899.)

L'auteur laissera de côté dans ce travail les névroses vraies,

d'origine gynécologique, telles que le vaginisme ou la coccygo-

dynie, pour ne s'occuper que de celles que l'on peut légitimement

qualifier de réflexes. Parmi ces formes particulières de névroses,

celles qui se rattachent à la menstruation tiennent le premier

rang, par exemple l'acne rosacea, l'eczéma, l'urticaire, qui sont

de vraies névroses réflexes cutanées. La mélancolie et l'hypocondrie

de la ménopause doivent également être citées. Et n'est-ce pas

encore une névrose réflexe, dépendant de modifications des organes

pelviens, cette anémie, cet état névropathique qui surviennent à

la suite de l'accouchement chez des filles-mères préalablement

robustes et saines. Il suffit de mentionner les névroses de la

410 - " REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 1

grossesse, et les psychoses de l'état puerpéral et de la lactation.

On a contesté et nié que la non-satisfaction des désirs vénériens

puisse figurer dans l'étiologie névropathique : une pareille néga-

tion est peut-être d'un moraliste, elle n'est pas d'un médecin.

. La cardialgie, la tachycardie temporaire, la céphalalgie et le

malaise anémiques se rencontrent fréquemment dans l'endomé-

trite, et l'auteur a pu les rattacher dans plusieurs cas à l'existence

de désirs non satisfaits, et constater leur disparition après le

mariage.

Les états névropathiques qui accompagnent la nymphomanie

vraie sont bien connus : l'auteur connaît un cas où l'ablation du

clitoris hypertrophié a amené la guérison, mais souvent aussi il a

vu l'opération échouer. L'avortement est aussi une source de

névroses réflexes. Les inflammations pelviennes donnent des résul-

tats analogues : elles compriment les nerfs, modifient la circula-

tion ; ces lésions ou ces modifications mécaniques étendent leur

influence jusqu'aux gang-lions voisins et le réflexe se propage au

système nerveux central. Quelquefois aussi les névroses réflexes

ont pour point de départ la mise à nu de quelques terminaisons

nerveuses dans une érosion ou une ulcération. Les déplacements

utérins donnent souvent naissance à des états névropathiques

intenses.

Dans un autre travail l'auteur a déjà attiré l'attention sur les

névroses cardiaques d'origine ovarienne ou utérine. Il faut signa-

ler que certaines attaques d'hystérie sont précédées d'une sen-

sation douloureuse dans le bassin et l'abdomen.

Les troubles nerveux, consistant dans de la dépression mentale,

de l'irritation spinale et de la migraine, qui accompagnent l'in-

flammation chronique des ovaires, méritent une attention spéciale :

l'une des causes de ces inflammations ovariennes, et des névroses

qui en dépendent, est assurément la pratique du coït interrompu,

telle que l'emploient les couples qui ne veulent pas avoir d'enfants :

l'action de ces fraudes est analogue à celle de la masturbation et

n'est pas moins nuisible. L'auteur termine son travail par des

considérations étendues sur le traitement des névroses réflexes

d'ordre gynécologique. - R. DE nIUSGR1VE-CLAT.

LVI. Sur une tumeur célébrale polymorphe (glidme alvéolaire).

contenant des tubercules et des bacilles de la tuberculose; par

CLARIBEL Cône. ( 77tc New Yo2-Ic Médical Journal, 11 1 mars, 18 mars,

25 mars 1899.)

Le développement donné à cette observation et aux considéra-

tions auxquelles elle donne lieu, les figures qui l'accompagnent

et qui sont nécessaires à la pleine intelligence du texte, rendent ce

travail difficile à analyser; mais les conclusions par lesquelles l'au-.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 411,

teur termine son mémoire en donnent par elles-mêmes, car elles

sont assez étendues, un résumé suffisamment complet : c'est pour-

quoi nous les reproduisons ici à peu près textuellement :

La tumeur dont il s'agit présente l'aspect de plusieurs types his-

tologiques, (carcinome, sarcome et gliome). Les segments qui res-

semblent au carcinome sont alvéolaires et tubulaires; ceux qui

ressemblent au sarcome ont la structure du sarcome simple et de

l'endothélium; ceux qui se' rapprochent du gliome présentent un

mélange de cellules de tumeur et de fibres fortement rétractiles.

En outre on rencontre dans la tumeur des zones de transition

entre ces divers états qui montrent bien que ce sont là des états

différents d'une même tumeur.

Si l'on se reporte aux différentes variétés de néoplasme qui tirent

leur origine de la névroglie, on constate que, seules, les tumeurs

que l'on considère comme carcinomateuses tirent leur origine de

la cellule épendymaire adulte. Il est probable dans ces conditions

que la tumeur dont il s'agit actuellement n'est pas un carcinome

au vrai sens du mot, mais une forme particulière de gliome, et

comme elle tend à se présenter sous la forme alvéolaire, on pour-

rait la définir un « gliome alvéolaire », ce mot ayant le double

avantage d'indiquer la nature et l'origine du néoplasme, et de le

distinguer nettement des formes secondaires et métastatiques du

cancer.

La période initiale de la formation du néoplasme n'a pas pu

être suivie, en raison des progrès trop avancés de la tumeur; la

transition périphérique du tissu anormal au tissu normal ne peut

être décelée à cause de l'encapsulement de la tumeur, et malheu-

reusement les tissus environnants n'ont pas été couservés : la tu-

meur en outre siège dans le cerveau, c'est-à-dire dans un organe

où l'épithélium, au sens ordinaire de ce mot, fait normalement

défaut, et par surcroit, elle occupe, une région dépourvue de toute

connexion même avec les cellules épendymaires normales : ceci

toutefois n'exclurait pas la possibilité de tumeurs secondaires;

mais celles-ci sont élimiuées par les constatations nécroscopiques.

Seule la possibilité d'une ectopie embryonnaire subsiste.

. Il ne reste donc guère pour faire un diagnostic précis que les

données histologiques, et elles sont ici complexes et plus propres

à dérouter qu'à éclairer. En faveur du carcinome, il y a : 1° la

structure alvéolaire et tubulaire de la tumeur; 2° la ressemblance

de la cellule, qui est cylindrique, cuboïdale et polyédrique, avec la

cellule épithéliale; 3° l'hyperchromatose des noyaux; et 4° la forme

anormale des noyaux. Contre le carcinome, il y a : 1° le caractère

circonscrit de la tumeur; 20 son encapsulement; 3° certaines zones

diffuses, d'aspect sarcomateux rencontrées dans diverses parties de

la tumeur; 4° l'absence dans le reste du corps de toute tumeur

pouvant être considérée soit comme primitive, soit comme consé-

412 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

cutive à celle dont il s'agit; et l'on pourrait ajouter : 5° la rareté

du carcinome cérébral, soit primitif, soit secondaire.

La séparation complète de la tumeur d'avec les ventricules peut

passer pour un argument contre l'idée du carcinome, mais elle ne

l'exclut pas absolument, cette séparation pouvant dater de l'état

embryonnaire.

En faveur du gliome alvéolaire, il y a : 1° la présence des alvéoles

et des tubes; 2° l'aspect épithélial des cellules; 3° les fibrilles for-

tement rétractiles et rappelant l'aspect de la névroglie, disséminées

par places au milieu des cellules. Contre l'idée du gliome alvéolaire,

il y a : 1° l'absence de la cellule épendymaire type, caractérisée

par ses longs prolongements filamenteux; 2° le caractère circons-

crit de la tumeur qui ne s'accorde pas avec la nature infiltrante

du'gliome; 3° enfin la complète séparation de la tumeur d'avec les

ventricules; mais ici encore on peut se demander s'il en était ainsi

à l'état embryonnaire.

En faveur de l'endothéliome, il y a : 1° le caractère circonscrit

de la tumeur; 301'absence de toute autre tumeur analogue dans le

reste de l'organisme; 3° la disposition en cordons cellulaires des

tissus qui entourent les vaisseaux; et 4° par places la transition qui

va des types les plus complexes à un tissu diffus ressemblant au

tissu sarcomateux. Ce dernier point est plus spécial à l'endothé-

liome qu'a toute autre tumeur; et la disposition histologique qui

règne autour des vaisseaux est tout à fait caractéristique de la

forme d'endothéliome désignée sous le nom d'angiosarcome péri-

thélial ; enfin 5° il n'y a aucune donnée positive à opposer à ce

diagnostic.

L'étude des différentes modalités de genèse des divers néoplas-

mes dont nous venons de parler va peut-être aider au diagnostic.

Le carcinome est rare dans le cerveau, et il est admis que dans cet

organe comme dans tous les autres, il prend son origine dans les

éléments épithéliaux, adultes ou embryonnaires et ces éléments

on le sait, dérivent de l'ectoderme. Les épithéliums du cerveau sont

le revêtement épendymaire des ventricules et l'épithélium qui re-

couvre les plexus choroïdes. Le carcinome dit primitif du cerveau

doit par conséquent se rencontrer à l'état de néoplasme se conti-

nuant avec l'un ou l'autre de ces tissus épithéliaux (saut le cas déjà

indiqué d'ectopie embryonnaire).

Le gliome est représenté comme la forme la plus fréquente de

tumeur cérébrale. Comme le carcinome il dérive de cellules ayant

leur origine dans les tissus ectodermiques, qui, pour le gliome,

sont les éléments respectifs de la névroglie.

On voit par là que l'épendyme est considéré comme le point de

départ de deux néoplasmes dissemblables, le gliome ordinaire et

le carcinome. Voyons s'il est actuellement possible de distinguer

ces deux types de tumeur.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 413

Le fait que des tumeurs ayant la structure morphologique du

carcinome peuvent avoir leur origine dans l'épendyme est démontré

par un cas de carcinome primitif du quatrième ventricule qu'a

publié von Wunschheim, et dans lequel il y avait connexion directe

entre l'épithélium de la tumeur d'une part, et, d'autre part l'épi-

thélium épendymaire et celui qui revêt le plexus choroïde; cet au-

teur pense que le point d'origine de la tumeur était le point de

transition entre l'épithélium du plexus et l'épithélium de l'épen-

dyme. Le fait que le gliome peut aussi partir de l'épendyme est

démontré par la présence de cavités à revêtement épithélial dans

l'intérieur de certains gliomes : Stroebe, Buchholz et Henneberg

ont publié des faits de ce genre concernant le cerveau ; et les cas

de déplacements épithéliaux du même genre ne sont pas rares dans

les cas déjà nombreux de syringo-myélie. Il est évident actuelle-

ment que le carcinome ordinaire et certaines formes de gliome ont

été jusqu'ici confondus. Peut-être trouverait-on la solution de la

difficulté, si l'on admettait que bien que le carcinome et le gliome

dérivent tous deux de la même couche blaslodcraiq2te chez l'embryon

à savoir, l'ectodennze, ils prennent leur origine dans ce tissu à des

périodes différentes de son développement. Le carcinome correspon-

drait alors à la cellule ectodermique d'une période embryonnaire

plus jeune, et le gliome à la cellule ectodermique d'une période

plus avancée. Suivant cette théorie le terme carcinome s'applique-

rait exclusivement aux néoplasmes dont les germes ont débuté

à l'état d'inclusions ectodermiques chez l'embryon jeune, et l'ori-

gine analogue du gliome appartiendrait à une période plus avan-

cée, et même à l'état adulte avec point de départ dans la cellule

épendymaire des ventricules ou dans les plexus choroïdes. Et de

là viendrait peut-être, pour le cerveau, la rareté du carcinome et

la grande fréquence du gliome. '

Quelle est donc la nature de la tumeur dont il s'agit dans ce

travail ? Là réponse est malaisée : cependant il semble plus que

possible que la tumeur, primitive dans la substance cérébrale, ait

pris naissance dans de l'épithélium épendymaire adulte, qui était

inclus dans les profondeurs du tissu cérébral, et que le néoplasme

ait été entièrement séparé des ventricules à l'époque de l'autopsie.

Quant aux rapports de la tuberculose avec la tumeur, la première

avait pénétré partout dans le néoplasme, soit à l'état de tissu tu-

berculeux diffus, soit à l'état de nodules discrets. Les bacilles et les

cellules géantes ont été constatés. En dehors de toute'autre cause

reconnue, l'exsudat inflammatoire aigu doit être considéré comme

de nature tuberculeuse. La tumeur est parfois sillonnée par des

infiltrations diffuses de cellules tuberculeuses et de leucocytes po-

lymorphonucléaires. On peut donc en raison de son état d'infiltra-

tion et son étendue limitée, considérer la tuberculose comme secon-

daire par rapport à la formation de la tumeur. Il est plus difficile

414 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

de préciser le foyer primitif de i'infection tuberculeuse. La lésion

bacillaire du tissu cérébral n'a été découverte que lors de l'examen

histologique, et l'on ne peut par conséquent affirmer qu'un

foyer primitif, qui n'a pas été recherché, n'existait pas en un point

quelconque de l'organisme. Mais il est rationnel de supposer que

la tumeur cérébrale s'est comportée. comme un locits iiii21o),is resis-

ieî2li(t, offrant au développement de la tuberculose un terrain favo-

rable. La littérature médicale est assez pauvre en faits de ce genre :

L'auteur a cependant rencontré un cas de gliome compliqué de

tuberculose. Peut-être s'apercevra-t-on à l'avenir que pour les tu-

meurs cérébrales, comme pour les néosplasmes des autres parties

de l'organisme, cette association n'est pas rare.

R. de Musgrave-Clay.

LVII. La Paralysie de Landry; par W.-H. HAYNES. (Tlte New 1 oi-k

Médical Journal, 27 mai 1899 ) ,

La paralysie de Landry peut être considérée comme une mala-

die infectieuse du système nerveux, elle intéresse surtout les cornes

grises antérieures, ou du moins les cellules ganglionnaires, mais

la substance blanche et les nerfs moteurs efférents sont aussi

atteints. Dans quelques cas, elle s'accompagne de symptômes plus

ou moins généraux, analogues à ceux que l'on observe dans les

divers degrés de gravité de la poliomyélite antérieure, elle peut

être ascendante ou descendante; sa durée varie de quelques jours

à trois ou quatre mois; et l'état spécial qui la caractérise est une

paralysie flasque de toutes les extrémités, avec perte des réflexes,

peu d'altérations de la sensibilité, des réactions électriques nor-

males, des sphincters intacts, une marche rapide et une terminai-

son invariablement funeste. L'auteur après ce tableau clinique se

propose d'insister sur le diagnostic et le traitement. Le diagnostic

est souvent malaisé, il est à faire différentiellement avec la névrite

multiple, la myélite transverse, la myélite diffuse, la myélite dis-

séminée, la méningo-myélite, la poliomyélite antérieure et la

polioencéphalite.

' Voici les éléments de différenciation : dans la névrite multiple,

il y a intoxication ou maladie infectieuse préalables, le début est

brusque, mais la (marche est lente, la sensibilité générale est

atteinte, les réactions électriques sont nulles, il y a de l'alrophie;

enfin la terminaison est lente, mais favorable; dans la myélite

transverse, on trouve ou un traumatisme antérieur ou la syphilis,

des phénomènes de compression localisés, la sensibilité est atteinte,

les sphincters sont intéressés, il y a de l'atrophie et des modifica-

tions électriques; dans la myélite diffuse il y a un ensemble plus

complet de symptômes généraux et spinaux, et dans la forme

disséminée, les symptômes sont épars, comme les foyers; dans la

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 445

méningo-myélite, il y a de bonne heure des spasmes musculaires,

de la douleur, de la fièvre, et d'autres symptômes généraux bien

accusés, outre ceux de la méningite qui précède la paralysie, et les

symptômes cérébraux dans la forme cérébro-spinale; dans la forme

ordinaire de poliomyélite antérieure, la paralysie est-limitée à

certains groupes musculaires, et dans la polioencéphalite, l'écorce

et les centres crâniens sont intéressés, tandis que, en règle géné-

rale, la paralysie de Landry n'atteint que les nerfs spinaux moteurs

efférents, les cornes grises antérieures de la moelle et le tissu

médullaire : elle est constituée par une inflammation exsudative

avec infiltration cellulaire des gaines périvasculaires, dégénéres-

cence des cellules ganglionnaires et destruction des éléments de

structure, avec ou sans dégénérescence des racines antérieures.

Le traitement est jusqu'ici resté sans aucune utilité : l'auteur

conseillerait volontiers l'essai du sérum antistreptococcique de

Marmorek, en s'inspirant des expériences du physiologiste finlan-

dais Homen qui en infectant des animaux avec des bactéries strep-

tococciques et leurs toxines, a provoqué chez eux des altérations

du système nerveux très analogues à celles que l'on observe dans

la paralysie de Landry. - R. de Musgrave-Clay.

LV111. Un cas de porencéphalie ; par Samuel EDGEXLEY. (Tite Jour,

o/ Mental Science, juillet 1899.)

Ce cas est intéressant en raison de l'étendue des territoires céré-

braux envahis et aussi à cause des effets consécutifs de la lésion

cérébrale sur les autres parties de l'organisme. La malade était

une femme de 43 ans, sur laquelle pesait une lourde hérédité

mentale et qui présentait depuis sa petite enfance des signes

d'insuffisance intellectuelle et d'hémiplégie ; depuis au moins

15 ans avant sa mort (on n'a pas de renseignements antérieurs)

elle avait des crises épileptiformes, pas très fréquentes, mais

intenses et généralisées. Beaucoup de données utiles étaient diffi-

ciles à recueillir' chez elle en raison de la grande insuffisance

mentale ; elle mourut de péritonite.

A l'autopsie, la dure-mère était épaissie, et quand elle fut enle-

vée, on trouva du côté gauche du cerveau un kyste volumineux

rempli de liquide parfaitement clair : il commençait très en avant

de la scissure de Sylvius pour finir à la circonvolution pariétale

postérieure, et partait en haut de la partie supérieure de la seconde

circonvolution frontale pour finir en bas à la scissure temporale

inférieure : dans toute cette étendue les circonvolutions cérébrales

manquaient complètement.

L'arachnoïde était opaque, et, sur un peu plus de la moitié

antérieure de l'espace indiqué, en étroit contact avec la pie-mère.

A la partie postérieure, les membranes étaient séparées par du

416 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

liquide, formant ainsi un second petit kyste. La cavité était

presque entièrement séparée du ventricule latéral gauche par une

membrane translucide, d'environ 1/16 de pouce d'épaisseur, que

l'on reconnut être formée de tubes nerveux atrophiés et de névrog-

lie hypertrophiée, et qui était tapissée du côté ventriculaire par

l'épendyme épaissi. A l'extrémité postérieure, le kyste communi-

quait avec le ventricule par un orifice de la grandeur d'une pièce

de cinquante centimes. -

Les ganglions de la base étaient atrophiés, surtout dans la

couche optique. Le lobe cérébelleux du côté opposé à la lésion

(c'est-à-dire le droit) avait subi une notable diminution de volume,

probablement due à la dégénérescence des fibres croisées de com-

municatioif qui vont de la base du cerveau au cervelet par les

pédoncules supérieurs. L'examen des pédoncules, de la protu-

bérance et de la moelle montra une diminution des faisceaux

pyramidaux à gauche. Ce travail est accompagné de deux

planches. R. de Musgrave-Clay.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

XXXI. De la réticence médicale; par Charles .Mercier. (The Journal

of Mental Science, avril 1897.)

L'auteur traite ici du secret professionnel, et il conclut en pro-

posant à l'adoption de l'Association médico-psychologique la for-

mule suivante : « Tous les renseignements fournis au médecin par

« un malade sain d'esprit en vue de lui faire mieux comprendre

« sa maladie et de lui en rendre le traitement plus utile, sont

« sacrés et ne doivent jamais être révélés sans le consentement du

« malade. » Il ajoute trois observations : 1° la formule comprend

les faits constatés à l'examen du malade ainsi que les communica-

tions verbales faites par ce dernier ; 2° elle ne comprend que les

faits confiés au médecin en sa qualité de médecin ; 3° elle exclut les

faits que le médecin est légalement forcé de révéler pour obéir à la

loi sur la notification des maladies infectieuses, le malade sachant

par avance que le médecin est astreint à cette révélation. Il reste

un point à préciser, c'est la façon dont l'observation du secret

professionnel doit être pratiquée lorsque le malade n'est plus sain

d'esprit : la question n'a été que peu ou point examinée jusqu'ici;

M. Mercier propose la règle suivante : « Les renseignements four-

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 417

« nis au médecin par un aliéné peuvent être révélés dans le cas

« où cette révélation est nécessaire dans l'intérêt du malade ou

« dans l'intérêt de la sécurité publique, mais seulement dans ce

« cas. » R. DE Musgrave-Clay.

XXXII. Contribution à la question des obsessions; par M. SCHAIKE-

wiTscn. (06o·énié psichiatrii, III, 1898.)

Observation tendant à prouver que l'obsession peut émaner d'une

émotion morale, et que l'idée y joue un rôle relativement petit.

Ce n'est pas étonnant, car normalement la vie' affective l'emporte

sur la vie intellectuelle. P. KERè<5(lo

r °

XXXIII. Perversion de l'instinct sexuel; par S. Lass. (ht^5vnj

, ,`psic7aiatrü, III, 9898.1 >,

Eulenburg distingue trois degrés tdans les anomalies ' ™t f

Eulenburg distingue trois degrés .dans les anomalies psyché

cérébrales : 10 L'hermaphrodisme psycho-sexuel, le malade sent £

une attraction identique pour les personnes des deux sexes; 2° il

existe une attraction pour les personnes du même sexe, mais avec

conscience de la morbidité de cet instinct; 3° l'attraction homo-

sexuelle, avec inconscience, s'accompagne d'idées délirantes. La

présente observation ressortit à la seconde espèce. P. Keraval.

XXXIV. Le coup de foudre ; par FERÉ. (Revue de médecine, '

juillet 1900.) ,

L'attraction sexuelle subite appelée coup de foudre se rencontre

souvent chez des dégénérés, associée, à des états névropathiques.

L'auteur apporte deux observations, l'une d'un épileptique sujet à

des vertiges et à des fausses réminiscences et qui fut frappé d'un

attrait sexuel subit, suivi peu après de crise consulsive. Cet état se

reproduisit plusieurs fois.

L'autre observation est celle d'un neurasthénique qui éprouvait

à certaines époques des besoins confus irrésistibles. Un jour, il

fut pris dans la rue d'un coup de foudre pour une personne

qu'il ne connaissait pas, et suivi peu après de sensation de vertige

avec état confus. En général, le coup de foudre semble surtout

fréquent chez les dégénérés. M. II.

XXXV. Sadisme aux courses de taureaux ; par FÉRÉ. (Revue de

médecine, 1900.)

Observation d'une hystérique à hérédité névropathique, qui

éprouvait un plaisir sexuel aux courses de taureaux, à la vue de

l'animal poursuivi et en danger de mort. Cette perversion sexuelle

Archives, 2' série, t. XI. 27

'418 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

se manifestait aussi à la vue d'autres sports violents, et était sui-

vie de rêves érotiques obsédants.

Existe-t-il beaucoup de cas semblables ? l'auteur fait remarquer

qu'il ne faudrait pas se hâter de tirer des conclusions générales de

ce cas. Seulement il y a lieu de se demander si un sport violent,

.si le spectacle d'une souffrance qui ne sont pas par eux-mêmes

une perversion, ne peuvent pas servir d'aliment aux perversions

sexuelles de quelques prédisposés. La flagellation, par exemple qui

était une coutume autrefois, a alimenté parfois des instincts

- sadiques. M. H.

XXXVI. Etude sur le délire ; par William Kirsch. (The Ne2o Yb ? '/t

Médical Journal, 22 juillet 1899.)

L'auteur définit le délire « Un état psychique caractérisé par

l'abolition de la conscience individuelle, par l'incohérence dans

l'enchaînement des conceptions, et par l'apparition de symptômes

d'initiation sensorielle et motrice, » et, comme résultat de son

étude, il conclut que le délire, tel qu'il vient d'être défini, est un

'état psychopathique indépendant, sans cependant constituer un

'moi,bus sui generis, mais qu'il se rencontre dans le cours d'un grand

nombre d'affections mentales. R. de Mugraves-Clay.

XXXVIL, L'alcoolisme; par Charles J. Douglas. (The Ne2v Yoi-li

Médical Journal, 28 octobre 1899.) '

Il est peu de maladies qui soient plus accessibles que l'alcoo-

lisme à un traitement approprié, mais le premier acte de ce trai-

tement doit consister à enlever le malade de son domicile et de

son milieu. Mais il ne faut pas supprimer brusquement l'alcool, ce

qui a pour effet de faire énormément souffrir le malade, et souvent

de provoquer une attaque de delirium tremens; il faut le suppri-

mer graduellement, en le remplaçant temporairement par un

médicament approprié comme l'hydrastis ou le capsicum. : . On a coutume en parlant de l'alcoolisme d'énumérer toutes les

altérations qu'il détermine dans l'estomac, le foie, les reins :

mieux vaudrait se souvenir que le malade est surtout atteint d'un

trouble nerveux qui se manifeste par un besoin constant ou pério-

dique d'alcool, et que en somme, l'alcoolisme est une maladie

pe2, se, et la première qu'il faut soigner chez un alcoolique. 11 faut

noter d'ailleurs en passant que la résistance du sujet à l'action de

l'alcool est extrêmement variable et que tandis que les uns peu-

vent boire impunément des quantités d'alcool assez considérables,

il en est d'autres qui acquièrent la maladie à bon compte. -Reve-

nant au traitement l'auteur rappelle qu'un mélange de bromure et

de chloral est un excellent hypnotique chez un alcoolique, et n'a

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 419

besoin d'être donné qu'à faibles doses. Parmi les dérivés de la

houille, c'est le trional qu'il faut préférer, mais à doses élevées.

La suggestion est utile aussi. Jamais, sauf le cas de complica-

tions anormales, l'auteur ne prescrit la morphine.

Mais le médicament précieux, inoffensif, donnant le sommeil en

quelques minutes, même dans le délire le plus violent, c'est l'apo-

morphine, en restant au-dessous de la dose vomitive (en moyenne

un trentième de grain, soit deux milligrammes en injection hypo-

dermique).

Au bout de quelques minutes le malade à une heure ou deux de

sommeil. L'auteur croit être le premier à signaler cette application

spéciale de l'apomorphine. Les symptômes aigus dissipés, reste à

choisir la médication générale à diriger contre la maladie : ici, un

autre médicament excellent sera le nitrate de strychnine, à la

condition de l'employer à des doses beaucoup plus faibles que

celles qui sont indiquées dans les livres. Portugaloff déclare que

la strychnine est le médicament par excellence de l'alcoolisme, et

rapporte d'ailleurs le mérite de cette découverte à ses véritables

auteurs, Luton et Dujardin-Beaumetz. Je dis que par ce moyen,

il n'empêche pas le malade de boire, il lui en ôte le désir. La

strychnine aussi doit être administrée par la voie hypodermique.

Enfin, il est superflu d'ajouter que la médication adoptée devra

être aidée par une hygiène physique et morale appropriée.

R. DE RIUSGRAVE-CLAY.

XXXVIII. L'anesthésie chez les aliénés; par V. H. B. STODDART.

(The Journal o/'Ne) ! <6[< Science, octobre 1899.)

L'auteur déclare qu'il aurait peut-être plus justement intitulé

son travail « l'analgésie chez les aliénés » : tous les aliénistes con-

naissent cette analgésie; il s'est surtout attaché à en préciser la

distribution , et il a employé deux procédés, la piqûre et le pin-

cement, l'état mental de la plupart des malades observés nécessi-

tant le recours à un moyen non pas seulement tactile, mais un peu

douloureux. Il faut noter dès le début que dans tous les cas où

l'on a pu comparer la sensibilité au toucher avec la sensibilité à la

douleur, on a trouvé l'anesthésie toujours un peu plus étendue que

l'analgésie. Il faut signaler aussi que l'anesthésie dont on s'occupe

ici n'est pas celle qui se rattache à. une grosse lésion du cerveau.

L'hémianesthésie relative est un état beaucoup plus commun

qu'on ne pense chez les aliénés : l'auteur désigne par le mot

« hémianesthésie relative » l'anesthésie qui est inégale sur deux

points symétriques du corps : le côté anesthésié est presque tou-

jours le côté gauche chez les droitiers, et le côté droit chez les gau-

chers. L'auteur n'a pas encore'rassemblé assez de fait pour pou-

420 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

voir dire quels sont les autres symptômes qui accompagnent

l'hémianesthésie relative chez les aliénés.

Il arrive ensuite à une variété d'anesthésie qui. sans qu'il puisse

s'expliquer ni pourquoi ni comment, paraît avoir jusqu'ici échappé

à l'attention des observateurs, et qui pourtant lui semble devoir un

peu aider à comprendre la physiologie et la pathologie du système

nerveux. Lorsque cette anesthésie atteint son maximum d'exten-

sion, toute la surface du corps du malade est insensible à l'excep-

tion de : 1° une surface d'environ 1 pouce 3/4 au-dessus de chaque

repli sus-orbitaire; 2° une surface d'environ 2 pouces 1/2 sur

2 pouces au-dessus du milieu de chaque ligament de Poupart;

3° deux bandes étroites au niveau des régions dorsale et cervicale

du rachis. Une anesthésie aussi étendue est rare; mais une forme

commune, relativement du moins, est celle où la sensibilité est

conservée aux pieds,'au bassin sur une surface qui rappelle un

peu irrégulièrement la forme du caleçon de bain, sur de petits

points plus ou moins symétriques du nez et peut-être encore sur

une petite bande à la région dorsale. Si l'anesthésie est encore moins

étendue, les surfaces sensibles sont plus vastes. Enfin l'auteur décrit

les formes décroissantes, dans l'ordre de l'étendue, de cette anes-

thésie, et l'intelligence du texte est aidée par des figures. Quelque-

fois l'anesthésie arrive à n'occuper que la face dorsale des doigts.

La forme mentale où cette anesthésie se rencontre le plus sou-

vent est la démence secondaire avancée : chez ces malades, elle

varie d'un jour à l'autre et peut même manquer complètement le

lendemain d'un jour où elle aura été constatée. On ne la rencontre

pas dans la démence de la paralysie générale. Après la démence

c'est dans la stupeur qu'on la rencontre le plus souvent. Il n'est

guère possible de dire actuellement quels sont les symptômes qui

accompagnent cette variété d'anesthésie. Sa symétrie toutefois, sa

variabilité conduisent naturellement à penser qu'il s'agit d'un

trouble fonctionnel et non organique. L'auteur examine et discute

'la question du mécanisme de cette anesthésie. -

R. de Musgrave-Clay.

XXXIX. Une forme dégénérescente-de folie syphilitique, avec

types cliniques; par G.-A. Welsch. (Tite Journal of Mental Science,

avril 1899.)

. L'auteur en a observé seize cas, dont six ont guéri : cette ma-

ladie est un état de dégénérescence du système nerveux qui enva-

hit primitivement les cellules nerveuses, et qui, par ses manifesta-

tions cliniques rappelle de très près la paralysie générale, avec cette

différence qu'elle est assez souvent curable, et que même dans les

cas où elle ne l'est pas, on obtient assez souvent des rémissions

sous l'influence du traitement anti-syphilitique. La première ques-

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 421'

tion qui se pose à l'occasion de cette maladie est relative au mode

d'action du virus : les faits cliniques indiquent un processus de dégé-

nérescence et indiquent l'existence d'une lésion irritative des

cellules nerveuses (mentales et motrices). L'auteur estime que

l'agent irritant est une toxine produite par la syphilis, et il donne

ici au mot toxine son sens le plus large. La réalité de la produc-

tion des toxines dans la syphilis est démontrée par les manifesta-

tions cliniques de la maladie, et d'une façon plus concluante encore

par les lésions non nerveuses et précoces (lesquelles sont infec-

tantes pai la voie des sécrétions glandulaires) que par les lésions

plus tardives et non infectieuses. Dans ses recherches récentes,

Marinesco a démontré que les irritants exercent une affinité élec-

tive, qui se manifeste par le choix non seulement de certaines cel-

lules, mais de différentes portions des éléments chromophiliques.

L'auteur ne saurait actuellement donner d'opinion sur l'affinité

élective du virus syphilitique sur tel ou tel point du tissu chromo-

philique : tout ce qu'il faut dire, c'est que les cellules mentales et

les cellules motrices sont atteintes les unes et les autres. Il veut

aussi établir que la maladie dont il s'agit est une manifestation de

la période tertiaire, et une lésion de dégénérescence, très distincte

des produits de formation ; il examine ici quelques points delà

dégénérescence cellulaire et principalement ce qu'il appelle la spé-

cialisation de la cellule, et il conclut que lorsqu'il y a spécialisa-

tion cellulaire, la fonction végétative de reproduction est remplacée

par la fonction spéciale que les cellules assument, et s'il en est

ainsi dans d'autres tissus, à plus forte raison peut-on dire que cela

est vrai pour un tissu à spécialisation supérieure comme celui qui

constitue le système nerveux. Deux autres points sont à considérer,

l'arrêt du processus et la dégénérescence progressive. Dans la dé-

générescence syphilitique des cellules nerveuses, l'arrêt du proces-

sus est l'exception plutôt que la règle; cependant il y en a des

cas authentiques, bien que la forme progressive soit au contraire

la règle; cette différence entre divers cas a des causes multiples

qui sont le pouvoir de résistance des cellules, l'intensité du virus,

le fait que ce virus est ou n'est pas le seul agent nuisible, enfin

l'état général du système nerveux ; mais dans tous les cas on se

trouve en présence de l'équation personnelle et il est presque com-

plètement impossible d'apprécier à l'avanceles chances de guérison

d'un malade. Le pouvoir de résistance de la cellule peut être

abaissé par bien des facteurs et principalement par une dégéné-

rescence lente. L'intensité du virus joue naturellement un rôle; la

syphilis dit l'auteur, est un créancier capricieux qui exige tout des

uns et presque rien des autres. La syphilis n'est pas toujours le

seul facteur en jeu ; d'autres agents toxiques peuvent joindre leur

influence à la sienne, et parmi eux le plus fréquent est naturelle-

ment l'alcool. Enfin il faut tenir compte de l'état général du sys-

422 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

tème nerveux, et par là l'auteur entend la présence ou l'absence de

lésions confirmées, telles que les altérations vasculaires des gros

vaisseaux et les dégénérescences des faisceaux de la moelle ou des

tractus optiques.

Si l'on étudie maintenant la pathologie de la maladie, on y observe

deux périodes, l'une de dégénérescence lente, l'autre Se modifica-

tion active; c'est tout ce que l'on peut dire pour le moment. Il faut

ajouter cependant que la syphilis est une des maladies qui ont le

plus de tendance à bénéficier de la force médicatrice de la nature.

Les rapports de cette maladie avec l'hérédité paraissent indi-

rects.

La symptomatologie est caractéristique, et la maladie se prête à

la définition : c'est un trouble du système nerveux caractérisé par

des symptômes mentaux avec phénomènes moteurs concomitants;

cette concomitance est constante et nécessaire; sans elle la maladie

n'existe pas. L'état mental est en état d'exaltation et d'agitation

qu'on pourrait appeler manie syphilitique. La période prémoni-

toire est courte, d'intensité variable, quelquefois assez légère pour

passer inaperçue.La période d'invasion a un début brusque, caracté-

risé par desidées délirantes de grandeur, auxquelles s'ajoutent quel-

quefois des idées de persécution. Les autres manifestations mentales

sont l'insomnie, l'affaiblissement mental, la variabilité alternante

de l'état mental, et les rémissions : la troisième de ces manifesta-

tions prend ici un caractère tout à fait spécial et très capable de

faciliter le diagnostic.

Les phénomènes moteurs sont représentés par une parésie mo-

trice et une diminution de l'excitabilité réflexe : les états que l'on

observe le plus souvent sont la parésie, locale ou générale; l'incoor-

dination parétique, ordinairement, mais non toujours, limitée aux

membres inférieurs; l'absence ou la diminution des réflexes du

genou et des autres réflexes tendineux; les tremblements musculai-

res avec articulation imparfaite du langage; enfin de véritables

attaques congestives. Les symptômes sensoriels sont remarquables

par leur absence. Dans les cas curables, les pupilles restent égales

et réagissent à la lumière et à l'accommodation ; leur inégalité et

leur absence de réaction sont des signes de lésions profondes de

dégénérescence. Le diagnostic différentiel est à faire avec : 1° la

paralysie générale; 2° la manie alcoolique aiguë simple. Dans la

plupart des cas, le diagnostic différentiel avec la paralysie générale

reste pendant longtemps impossible.

Le pronostic est toujours sérieux, mais non certain. Le traite-

ment est naturellement celui de la syphilis, et parmi les médica-

ments antisyphilitiques c'est à l'iodure de potassium qu'il faut

donner la préférence. * R. de Musgrave-Clay.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 423'

XL. Considérations sur l'état mental dans l'aphasie ; par CONOLLY

NoRMAN. (The Journal of Mental Science, avril 1899.)

Ce travail débute par des considérations étendues sur la faculté

du langage et sur l'aphasie en général, et-l'auteur rappelle et

résume les travaux de Marie, de Brissaiid, de Finkelberg, de Heil-

bronner, de Starr, de Pick, de Grashey, de Wolff, etc. Puis il cons-

tate qu'il est évident que l'aphasie, en prenant ce mot dans son

sens générique, est intimement associée à des formes de troubles

mentaux que nous rencontrons quotidiennement, et que comme on

pouvait le prévoir, l'intelligence est très sérieusement compromise

dans un grand nombre de cas. Socialement et légalement, on peut

se demander quel est l'état d'un malade atteint d'aphasie. A priori,

on incline à répondre qu'une lésion du cerveau, si petite qu'elle

puisse être, ne saurait exister sans entraîner une diminution des

facultés mentales, diminution qu'on doit s'attendre à trouver d'au-

tant plus accentuée que la portion du cerveau intéressée est pré-

posée à une fonction dont les rapports avec la pensée sont parti-

culièrement étroits. Mais on s'attendra aussi à ce que des lésions

en foyer, bien délimitées, soient moins nuisibles à l'ensemble de

l'intelligence que certains états corticaux qui impliquent une per-

turbation générale des associations fonctionnelles du cerveau. En

présence d'un cas d'aphasie ou d'un cas similaire, si l'on veut pré-

ciser l'état mental, il faut d'abord chercher dans quelles limites les

fonctions nerveuses supérieures sont intactes et voir dans quelle

mesure les facultés intellectuelles générales sont conservées. On se

fera ainsi une opinion sur le siège probable de la lésion cérébrale,

et l'on sera renseigné sur l'état des organes de l'expression; ce

renseignement est d'autant plus utile que le plus souvent dans le-

cas qui est examiné ici, il ne s'agit pas du traitement, mais de la

capacité du malade au point de vue de la direction de ses affaires

ou de la disposition de ses biens. Cette capacité peut être entravée

par l'abolition de la faculté d'expression, alors même que l'on

accepterait l'hypothèse (inadmissible suivant l'auteur) suivant

laquelle la faculté de penser pourrait survivre à l'abolition com-

plète de la faculté d'expression.

Chaque cas doit donner lieu à une étude spéciale, car aucun

critérium général ne saurait être établi : deux précautions toute-

fois sont à prendre dans cette étude : ne pas examiner le malade

trop tôt après l'apparition des symptômes, afin de ne pas être

égaré par des phénomènes transitoires, et répéter l'examen à plu-

sieurs reprises en ayant soin de ne pas trop prolonger les séances,

car l'aphasique se fatigue vite. Mais le plus souvent on rencontre

des complications ou plutôt des phénomènes concomitants qui

augmentent les difficultés, l'hémiplégie droite, par exemple, qui

peut empêcher le malade d'écrire. '

424 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

La forme d'aphasie qui entrave le moins la faculté d'expression

et qui permet le maximum de conservation de l'intégrité mentale

est celle où la lésion est rigoureusement limitée à la circonvolution

de Broca. Mais ici même survient une autre difficulté : le malade

n'est pas toujours absolument muet; il a conservé l'usage, mais

non le sens, de certains mots, et particulièrement des mots oui et

non qu'il emploie indistinctement à propos et hors de propos, et il

devient à peu près impossible de pénétrer sa pensée ou sa volonté.

Quelquefois, il est vrai, il peut se faire comprendre par signes ou

en écrivant; mais dans la majorité tout au moins des cas, l'apha-

sie motrice s'accompagne d'une agraphie plus ou moins accusée

et l'on se trouve en présence d'une double impossibilité d'expres-

sion. Cependant, s'il n'y a pas alexie, les communications peuvent

rester possibles. On n'est pas d'accord sur la mesure dans laquelle

l'amnésie verbale est associée à la lésion du centre de Broca exclu-

sivement : mais cette association est à prévoir, et en fait, on la

rencontre généralement, et alors il est impossible d'apprécier la

capacité intellectuelle du sujet. La cécité des mots s'accompagne

généralement d'agraphie ; mais il arrive assez souvent que le

malade conserve la faculté de signer son nom : une pareille signa-

ture a tout juste la valeur de la croix des illettrés; la question est

de savoir s'il se rend compte de l'usage qu'il en fait et de la signi-

fication qui lui est donnée. Il existe cependant des cas de cécité des

mots avec conservation par le malade de la faculté d'écrire et

même de lire à haute voix les mots écrits sous la dictée. Déjerine

en a rapporté un exemple, mais sa malade ne comprenait pas les

mots qu'elle voyait ou qu'elle écrivail.

Quand la surdité psychique est associée àla surdité des mots, ou

quand la cécité des objets est associée à la cécité des mots, la

déchéance mentale est plus avancée que quand les derniers de ces

états se rencontrent isolément, et quand, l'asymbolie est absolue,

la démence est complète. R. de Musgrave-Clay.

XLI. Un cas de « folie circulaire » dans lequel la durée de

chaque phase ne dépassait pas un jour; par M. Mac-Lulich. (The

Journal of 31ental Science, juillet 1899.)

Ce cas, observé chez une femme de 45 ans, présente quelques

particularités intéressantes; d'abord la courte durée des phases

qui ne dépassaient pas vingt-quatre heures est un fait rare ; ensuite

on n'a pu découvrir chez cette malade aucune influence hérédi-

taire, et l'on sait que l'hérédité se rencontre presque toujours à

l'origine de la folie circulaire ; on remarquera encore que la

malade avait 35 ans au moment où les premiers troubles mentaux

se sont manifestés alors qu'ils apparaissent généralement, dans

cette forme de folie, vers le moment de la puberté, et en tout cas

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 42S

rarement après l'âge de trente ans ; enfin il n'existait aucun rap-

port appréciable entre l'époque des règles et le retour des phases

d'excitation ou de dépression. - R. DE Musgrave-Clay.

XLII. Un cas d'impulsion homicide délirante; par D. F. RAnBAUT.

(Tlte Journal of 31ental Science, juillet 1899.)

Il s'agit d'un homme de 48 ans, fermier, intelligent, qui, il y a

huit ans, et souvent depuis présenta de petites crises de dépression

mentale, précédées de symptômes assez bizarres : sensation de

poids, ou quelquefois de vide, à la région frontale, faiblesse géné-

rale, douleur rétrosternale, sueurs profuses, et, plus récemment,

irrégularités cardiaques ; quelquefois, à l'occasion de ces crises, il

était obsédé par l'idée que son bétail allait mourir; en 1897, il

eut, toujours dans les mêmes circonstances, des hallucinations de

l'ouïe, tout en reconnaissant parfaitement le caractère hallucina-

toire de ses sensations ; vers le même moment, il tint des propos

incohérents, en les sachant incohérents, mais sans pouvoir s'em-

pêcher de les tenir. Un jour plus tard il se réveilla avec des batte-

ments de coeur, et une impulsion le poussait à frapper sa nièce

préférée ; le lendemain une impulsion non moins énergique le

poussait à tuer sa soeur ; il y résista, prit la fuite pour aller chez

son frère, qu'il quitta brusquement en lui recommandant de ne

pas le suivre, parce qu'il avait peur de lui faire du mal ; il se

rendit alors au bureau de police, où il expliqua son état, et où on

lui conseilla de ne pas faire l'imbécile ; il alla alors chez un ami,

y coucha sans dormir, et le lendemain son état s'était encore

aggravé ; les impulsions homicides devenaient encore plus fré-

quentes ; il fut mis à l'asile. Ses impulsions sont toujours très

fréquentes, et il demande lui-même à être attaché, sauf à tenter

des actes de violence contre ceux qui l'attachent.

Ce cas parait rentrer dans la description classique parEsquirol

de la monomanie homicide pure, sans autre altération de l'intel-

ligence ni des sentiments affectifs, avec conscience, horreur et

souvenir de l'acte homicide tenté ou accompli.

R. DE 1·IUSGR.1\'E-CLAY.

XLIII. Fréquence, causes, prophylaxie et traitement de la phtisie

pulmonaire dans les asiles d'aliénés ; par P. G. Crookshank.

( Tite Journal o/'JU6n< Science, octobre 1899.)

Le premier chapitre de ce long travail est consacré à la phtisie

considérée comme cause de mort dans les asiles : voici les princi-

paux points de ce chapitre : le taux « officiel » de la mortalité par

phtisie dans les asiles d'Angleterre et du Pays-de-Galles est

quatre fois et demi plus élevé que le taux de la mortalité par

426 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

- phtisie chez les hommes de 35 à 45 ans,' c'est-à-dire pour la

période décennale qui, dans la population générale, fournit le

plus fort contingent de décès par phtisie. Ce taux « officiel » de

la mortalité dans les asiles est d'un bon tiers inférieur au taux

réel. Dans les asiles irlandais, la mortalité est de 50 p. 100 plus

élevée que dans les asiles anglais, et bien que la tuberculose soit

plus répandue en Ecosse qu'en Angleterre, elle est de 20 p. 100

moins élevée dans les asiles écossais que dans les asiles anglais.

La mortalité par phtisie, pour la population en général, en

Angleterre et dans le pays de Galles subit actuellement une dimi-

nution qui tend à s'accentuer, et qui de 1871 à 1880 a atteint le

chiffre de 30 p. 100. Une diminution analogue s'est manifestée en

Ecosse.

11 ne parait pas y avoir de raisons sérieuses de supposer que,

depuis vingt ans, il y ait eu une diminution dans le taux de la

mortalité phtisique des asiles ; mais il est probable qu'une dimi-

nution a eu lieu de 1870 à 1880. Le taux de la mortalité phtisique

des asiles écoosais qui avait lui aussi diminué entre 1870 et 1880,

n'a que très légèrement fléchi durant les vingt dernières années

(1,5 à 6,7 p. 100).

Actuellement ce taux de mortalité a, peut-être en Ecosse, et

certainement en Angleterre, une tendance à s'élever. Il ne semble

pas que la mortalité, d'ailleurs relativement faible des asiles de

Londres, tende à s'abaisser davantage.

Le chapitre suivant traite des causes de l'excessive mortalité

par phtisie chez les habitants des asiles : l'auteur étudie avec

soin les divers aspects de la question, et constate que bien que

beaucoup de sujets au moment de leur entrée à l'asile soient atteints

de phtisie plus ou moins avancée, il n'en est pas moins vrai que,

dans la plupart des cas qui se terminent par la mort, la tubercu-

lose a été acquise à l'asile. En raison soit de tendances hérédi-

taires, soit de particularités respiratoires, beaucoup d'aliénés

offrent au bacille un terrain favorable. Mais, sauf dans un très

petit nombre de cas, la cause immédiate est la contagion qui

résulte nécessairement de la pratique ordinaire et déplorable qui

consiste à laisser les phtisiques en contact avec les autres

malades au lieu de les isoler.

Le dernier chapitre traite de la prophylaxie et de la guérison de

la phtisie chez les malades des asiles : il peut se résumer en

deux phrases : séparation complète entre les tuberculeux et les

non tuberculeux, voilà pour la prophylaxie ; pour les tubercu-

leux, le traitement moderne est généralement adopté dans un

sanatorium, voilà pour la thérapeutique. - Un appendice à ce

mémoire contient des tableaux statistiques.

R. DE Musgrave-Clay.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 427

XLIV. Rapports de la Syphilis avec la Folie, ouverture de la discus-

sion ; par F.-W. Mott. (The Journal of Mental Science, octobre

1899.) 1 '

Quand on étudie les rapports de la syphilis avec les maladies

mentales, il faut avant tout étudier les différents modes d'action

du poison syphilitique. Or ce poison agit de deux manières : le

premier mode d'action est bien connu et produit des lésions qui

sont elles-même bien connues : la syphilis détermine un processus

inflammatoire spécifique qui atteint à la fois, ou isolément, les

membranes et les vaisseaux du système nerveux central. L'auteur

passe en revue les diverses lésions produites par ce mécanisme et

les symptômes auxquels elles donnent naissance; puis il passe à

l'étude du deuxième mode d'action de la syphilis, qui se manifeste

dans les affections dites parasyphilitiques, à savoir, la paralysie

générale et le tabes. Son opinion sur la pathogénie de ces affec-

tions parasyphilitiques, c'est que la syphilis, acquise ou hérédi-

taire, abaisse l'énergie vitale spécifique des cellules, en sorte que

sous cette influence des systèmes de neurones meurent prématu-

rément. Il développe longuement et ingénieusement cette manière

de voir en ce qui touche la paralysie générale. Il insiste en termi-

nant sur un point important qui est le suivant : Hitzig a démontré

que dans l'infection syphilitique, il y a probablement plusieurs

toxines : peut-être y en a-t-il une qui agit sur les tissus épiblasti-

ques, et une autre qui a de l'affinité pour les tissus mésoblasti-

ques. Il y aurait là une analogie avec la diphtérie, où c'est sou-

vent après les cas bénins que l'on voit apparaître la paralysie

diphtéritique : de même pour certains cas de paralysie générale

ou de tabes, dans lesquels le malade n'accuse qu'un chancre mou,

forme bénigne, qui n'est peut-être que le résultat d'une immunité

héréditaire, mais qui est parfaitement capable de donner lieu à

des affections parasyphilitiques. Enfin l'auteur cite la forme juvé-

nile de la paralysie générale comme l'argument le plus fort en

faveur de la doctrine qui considère la syphilis comme le facteur

étiologique le plus important de la paralysie générale.

R. DE Musgrave-Clay.

XLV. Folie et mariage; par G. E. Moum. (The Journal of Mental

' Science, octobre 1899).

L'auteur examine la question de savoir si le mariage doit être

permis soit à un aliéné guéri, soit à un sujet portant le poids d'une

lourde hérédité mentale; et il conclut que malgré la grande res-

ponsabilité morale qui en pareil cas résulte pour le médecin d'un

conseil affirmatif, il convient de ne pas se montrer invariablement

rigoureux; car, d'un mariage contracté dans de bonnes conditions,

428 . REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

il peut résulter un avantage pour le malade (vie régulière, tran-

quillité d'esprit, etc.) et même pour la société (hérédité corrigée

par le conjoint sain). M. Mould désire que l'on conçoive bien qu'il

ne recommande pas le mariage indistinctement à tous les ins-

tables d'esprit : bien des points importants sont à considérer avant

de prendre ou de conseiller une détermination : nature du trouble

mental, antécédents dans les deux familles, et surtout degré de

vitalité physique du principal- intéressé. Il a voulu surtout com-

battre l'axiome qui dit : « Fou un jour, célibataire toujours. »

R. DF MUSGRAVE-CLAY.

XLVI. Sur les causes de l'augmentation du nombre des suicides;

par William W. Ireland. (The Journal of Mental Science, juillet

1899.)

Malgré les efforts de quelques auteurs anglais pour démontrer

- le contraire, il est certain que la fréquence du suicide augmente

en Angleterre comme d'ailleurs dans tous les autres pays, et

M. Ireland le démontre par les meilleurs arguments qui sont les

chiffres : cette augmentation admise, il se propose d'en rechercher

les causes.

On a soutenu que tout homme qui se suicide est fou, au moins

temporairement : ainsi formulée, l'opinion n'est pas soutenable,

mais il est véritable que beaucoup de .ceux qui s'ôtent volontaire-

ment la vie sont en état de trouble mental : d'ailleurs la'plupart

des causes qui poussent les hommes à se donner la mort sont les

mêmes, que le sujet soit sain ou aliéné : il se tue parce que la vie

lui est devenue insupportable, et il n'appartient à personne d'ap-

précier dans quelle mesure et de quelle manière elle peut devenir

insupportable à tel ou tel individu : Goethe l'a dit justement, la

question n'est pas de savoir si un homme est faible ou fort, mais

s'il peut ou non supporter le degré de souffrance physique ou

morale qu'il subit, Il devient évident par là que si on diminue chez

un homme la force d'endurance, on augmentera sa sensibilité, et

conséquemment, ses tendances au suicide, et c'est ce qui se passe

actuellement sans qu'on puisse pour cela, comme on l'a fait, affir-

mer que la race'dégénère.

11 est certain qu'un acte aussi commun que le suicide doit avoir

des causes multiples, mais l'auteur estime que la cause la plus

puissante doit être une cause mentale et parmi ces causes men-

tales, l'auteur signale les suivantes par lesquelles il conclut son

travail : surmenage du système nerveux par la lutte pour l'exis-

tence, augmentation de la sensibilité et de l'irritabilité, et en

même temps diminution de la force morale de résistance due

principalement à l'affaiblissement du sentiment religieux.

. R. DE Musgrave-Clay.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 429

XLVII. Emphysème du tissu aréolaire sous-cutané survenu dans un

cas de manie aiguë ; par CoNOLLY NoRmAN. (Tite Journal of Men-

tal Science, octobre 1899).

L'auteur rapporte avec détail l'observation de ce cas, et il la fait

suivre de la relation d'un autre fait analogue, publié par Kellner

dans le tome XXV des Archiv f. Psychiatrie. Le cas du Dr Conolly

Normal est intéressant par l'absence de toute cause vraisemblable

à laquelle on puisse attribuer l'emphysème, à moins que chez cette

malade, extrêmement agitée et bruyante, on n'admette que les

efforts qu'elle faisait dans ses vociférations aient amené l'emphy-

sème parle mécanisme qui le provoque quelquefois à la suite des

efforts chez les parturientes. Les signes ordinaires des fractures de

côté ont naturellement été cherchés, mais inutilement, et l'examen

radiographique a confirmé l'absence de toute fracture costale.

Mais si l'emphysème a bien été déterminé par les efforts de vocifé-

ration, il est surprenant que l'effet soit si rare alors que la cause

est si commune. R. DE Musgrave-Clay.

XLVIII. Sept cents cas de paralysie générale des aliénés : analyse

de tous les cas observés à l'asile du comté de Glamorgan de 1867

à 1896; par J. G. SMITII. (Tite Journal of Mental Science, juil-

let 1899). 1

Ce travail est intéressant à cause du grand nombre de cas sur

lesquels il est établi ; mais il est impossible à analyser puisqu'il est

composé presque uniquement de chiffres et de tableaux : nous

aurions pourtant été tenté de reproduire ici ces chiffres s'ils ne

confirmaient sur presque tous les points les travaux antérieurs du

même genre et particulièrement ceux de Mickle.

R. DE Musgrave CLAY.

XLIX. Notes sur quatre cas de grandes opérations chez des aliénés;

par Il. SPRO.4T. (The Jozcrnal of blental Science. Juillet 1899).

Le premier cas consista d'abord en l'extration d'un tuyau de

pipe en vulcanite qu'un malade s'était introduit dans l'urèthre;

le cathétérisme ayant démontré en outre l'existence d'une pierre

dans la vessie, la cystotomie suspubienne fut pratiquée.

Dans le second cas, il s'agit de l'ablation d'un fibrome utérin du

volume d'une tête foetale : l'opération fut pratiquée par les voies

naturelles. Le troisième était un cas d'abcès sous-hépatique qui

fut ouvert par incision.

Dans le quatrième une laparotomie fut pratiquée pour extraire

des aiguilles avalées par la malade et qui s'étaient logées dans les

muscles abdominaux où elles avaient déterminé de l'inflammation

430 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

et de la suppuration, et dans l'estomac. Ces quatre cas se sont

terminés par la guérison. R. DE IUSCRIVE CLAY.

n.

L. Les hallucinations olfactives chez les aliénés; par F. St-Joun

· Bullen. (The Journal of Mental Science juillet 1899.)

, L'organe olfactif de l'homme nous apparaît dans un état rudi-

mentaire lorsque nous le comparons à celui de différents animaux :

l'auteur en étudie avec soin et compétence le développement dans

la série animale, puis il examine quel en est le siège chez l'homme

en donnant pour cela un résumé des travaux d'Elliot Smith : il

signale ensuite les différences que l'on observe entre le cerveau de

certains animaux puissamment doués au point de vue de l'olfaction

et le cerveau de l'homme qui l'est très faiblement. L'homme servi

.par d'autres sens très aiguisés, exerce peu son odorat, et le per-

fectionnement par entraînement lui fait défaut. L'imperfection de

la nomenclature des impressions olfactives montre le caractère mal

défini des odeurs et l'absence des points de comparaison, et l'on

peut dire ici avec vérité que la pauvreté du symbolisme révêle

la faiblesse et le vague de l'idéation. On remarquera que dans le

rêve, les impressions ne sont que très rarement olfactives.

, Les rapports de l'odorat et du goût sont étroits, et la très fré-

quente association des impressions olfactives et gustatives rend

parfois très difficiles à isoler les hallucinations correspondantes.

L'exclusion des illusions est souvent aussi chose malaisée. Chaque

cas doit, à cet égard, être apprécié isolément, aucune règle n'étant

valable pour tous, et l'on fera bien de se souvenir que les excita-

tations périphériques d'un sens n'excluent pas une hallucination

indépendante.

Les hallucinations de l'odorat sont beaucoup moins communes

que celles du toucher, de la vue et de l'ouïe, et il se peut qu'elles

passent souvent inaperçue. L'auteur rappelle ici les recherches de

Macario, de Brierre de Boismont, de Griesinger, de Savage, de

Krafft-Ebing (sur les rapports de l'olfaction avec l'excitation

sexuelle) de Goodall et Craig, de Schlager, etc., et il arrive à ses

recherches personnelles. Il a examiné 95 malades chez lesquels des

hallucinations de l'odorat étaient supposées exister; la réserve

qu'implique le mot « supposées » s'applique évidemment aux illu-

sions, mais il croit avoir pris des précautions suffisantes pour que

les illusions n'aient pu se glisser qu'en très petit nombre parmi les

hallucinations. Les hallucinations de l'odorat se rencontrent pres-

que toujours associées à celles d'un ou plusieurs autres sens

(92 fois sur 95), le plus souvent à celles de l'ouïe, puis à celles du

goût, puis à celles du toucher, enfin à celles de la vue. Elles sont

presque toujours de nature désagréable (odeurs agréables dans

quatre cas seulement, et encore dans deux de ces quatre cas, elles

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 431

alternaient avec des odeurs désagréables). Presque toujours l'odeur

est supposée venir des objets environnants, rarement du malade

lui-même : la nature de l'odeur varie rarement.

Comme les autres hallucinations celle-ci est surtout fréquente et

obsédante dans la soirée ou la nuit. La fréquence avec laquelle elle

se renouvelle est variable. Elles sont d'un pronostic fâcheux à

cause de la forme de maladie mentale qu'elles accompagnent le

plus communément; elles sont la marque d'un trouble mentalpro-

.fond : sur les quatre-vingt-quinze cas observés sept seulement ont

guéri ou sont considérés comme guérissables, Elles paraissent plus

fréquentes chez les femmes que chez les hommes (64 contre 31).

Quatorze femmes avaient en même temps des hallucinations

sexuelles, et en prenant les deux sexes, on trouve trente et un mala-

des (sur 95) ayant des hallucinations sexuelles, chiffre qui paraît

donner raison à Krafft-Ebing. Néanmoius par des raisous qu'il

indique et d'après les documents qu'il a recueillis, l'auteur n'm-

cline aucunement vers l'opinion qu'il existe une counexion entre

l'appareil génital et le sens de l'odorat : mais il reconnaît qu'une

apparence d'association est suggérée parla concomitance des phé-

nomènes de ces deux ordres dans les perturbations fondamentales

.de l'intelligence. Il donne ensuite, très sommairement, le détail de

treize cas d'hallucinations olfactives qui lui ont été communiqués

par le D Urquhart.

En somme si l'on considère la situation très secondaire, tant au

point de vue de le structure qu'au point de vue de la fonction,

qu'occupe chez l'homme le sens, virtuellement si puissant, de

l'odorat, on conçoit très bien qu'il ne soit que tardivement impli-

qué dans les processus de dissolution qui constituent l'aliénation

mentale. R. de Musgrave-Clay.

LI. Courte note sur le Béribéri dans les asiles; par Conolly 1\ORnA : v.

(The Journal of AIei2t(il Scieiice, juillet 1899.)

L'auteur se propose d'attirer l'attention des médecins d'asiles sur

la tendance actuelle du Béribéri à se manifester dans ces établisse-

ments. Jusqu'à il y a quelques années, sauf chez les pêcheurs de

Terre-Neuve, l'apparition en Europe du Béribéri autrement que

par importation directe était inconnue. Depuis cinq ans, des épidé-

mies de béribéri ont éclaté dans les asiles d'aliniés d'Irlande, d'An-

gleterre, du Nord de l'Amérique, de France, et probablement d'Al-

lemagne.

A l'asile de Richmond que dirige l'auteur, à Dublin, la maladie

a fait sa première apparation en 1894 ; la population était de 1503

personnes : il y a eu 174 cas de béribéri (127 hommes et 47 fem-

mes) : le nombre des décès a été de 25 (18 hommes et 7 femmes).

Encore les chiffres ci-dessus sont-ils probablement au-dessous de la

432 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

. vérité, car L'auteur a la certitude, que dans bien des cas légers ou

même dans quelques cas plus graves, ne soupçonnant pas la ma-

ladie, il n'a pas fait le diagnostic.- Les épileptiques ont été parti-

culièrement atteints. La maladie disparut en 1895 pour reparaître

en 1896. (Population 1686. Cas de béribéri parmi les aliénes 107,

dont 31 hommes et 76 femmes; et parmi le personnel de l'asile 7,

en tout 114. Décès : 2 hommes et six femmes pas de décès dans le

personnel)-En 1897, pour une population moyenne de 1 800 per-

sonnes, 246 cas dont 45 hommes, 193 femmes 2 infirmiers et 6 infir-

mières. Décès : 3 hommes et 8 femmes. En 1898, 12 cas, tous chez

les femmes avec 4 décès.

La mort survient généralement par affaiblissement progressif, et

est le plus souvent déterminée par une dégénérescence graisseuse

du coeur qui est la conséquence ordinaire des formes aiguës.

La cause de l'apparition du béribéri n'a pu être découverte;

l'auteur décrit ensuite d'après les auteurs qui les ont observées

quelques autres épidémies d'asile, celles de l'asile du comté de

Suffollc, celle de l'asile de-Tuscaloosa (Alabama), celle de l'asile de

Saint-Gemmes, très bien étudiée par Chantemesse et Ramond dans

les Annales de l'Institut Pasteur.

11 ne parait guère possible d'admettre que ces épidémies multi-

ples de béribéri survenues ainsi dans divers asiles de pays diffé-

rents soient uniquement le fait d'une coïncidence; il faudra donc

désormais que l'attention des médecins d'asiles soit constamment

éveillée sur l'apparition possible de la névrite périphérique infec-

tineuse. Mais il ne faut pas oublier, d'un autre côté, que la cause

du béribéri est inconnue, et que nons appelons béribéri la maladie

quia éclaté dans nos asiles parce qu'elle en présente les symptômes

cliniques et les lésions anatomo-pathologiques. Mais les symptômes

varient suivant les pays et les épidémies, et pendant longtemps on

a refusé d'admettre l'identité du Kakké du Japon et de la maladie

brésilienne avec le béribéri de la Chine et de Ceylan. 11 se peut que

l'on découvre un jour que plusieurs maladies ont été confondues

sous le nom de béribéri (c'est à une découverte semblable que

beaucoup d'entre nous s'attendent en ce qui touche la paralysie

générale); mais à l'heure actuelle nous avons plus d'avantage au

point de vue scientifique à grouper les faits qui ont tout au moins

des caractères communs qu'à les subdiviser à l'infini, alors même

que l'avenir devrait prouver la légitimité de cette subdivision.

R. DE Musgrave-Clay.

LU. Notes sur une épidémie de colite à l'asile du comté de Derby ;

par R. F. LI : cGE. (The Journal of Mental Science, juillet 1899.)

Cette épidémie a frappé 54 malades (26 hommes et 28 femmes)

et 23 ont succombé. Le bacille rencontré chez ces malades, est celui

- SOCIÉTÉS SAVANTES. 433

Klein a isolé,et décrit en 1895 sous le nom de Bacillus eiitei-ilictis

sporogenes, et l'auteur entre dans quelques détails sur ce microbe;

malheureusement ce fait n'a pas sensiblement éclairé la question

de l'origine de l'épidémie, ni de la colite en général, attendu que

ce même bacille a été trouvé dans les selles de trois malades non

atteints de colite, et dans celles de l'un des fonctionnaires de l'asile.

En outre, parmi les échantillons envoyés à l'Institut Jenner pour y

être cultivés, il en est un dont la culture a été déclarée « modéré-

ment virulente » et le bacille appartenait à un malade à forme

grave, qui a succombé. Peut-être la virulence est-elle variable sui-

vant le terrain; en tout cas il y a là de nouvelles recherches à pour-

suivre. , R. de Musgrave-Clay. -

SOCIÉTÉS SAVANTES.

SOCIÉTÉ DE NEUROPATHOLOGIE ET DE PSYCHIATRIE

DE MOSCOU

Séance du 21 janvier 1901.

L. Minor. Contracture tardive dans le domaine des nerfs facial

et hypoglosse.

La contracture faciale tardive organique est admise par tous les

auteurs. Quant à la langue, les auteurs sont généralement muets

à ce sujet, et il n'y aque Pasquier et Marie qui donnent une indica-

tion précise sur la possibilité d'une contracture de la langue.

M. Afinorrelate le cas d'une femme âgée de trente-deux ans, ancienne

syphilitique, frappée d'hémiplégie droite avec aphasie motrice et

sensorielle, paralysie du facial et de l'hypoglosse (langue déviée

à à droite), à la suite d'une fièvre puerpérale. Grâce au traitement

mercuriel énergique, il y eut une amélioration considérable de

l'état général, de la parole et des mouvements de la jambe. Mais

ultérieurement il se développa un état spasmodique des muscles

du bras et de la jambe, et deux ans après le début de l'hémiplégie

la contracture apparut également dans la face et dans la langue.

Depuis un an cette contracture est très prononcée : la bouche est

tirée du côté droit, ce qui apparaît surtout lorsque la malade

veut parler ou rire ; la langue, au contraire, est déviée à gauche

lorsqu'elle est tirée hors de la bouche (elle n'est pas déviée au

Archives. 2" série, t. XI. 28

434 SOCIÉTÉS SAVANTES. -

repos). L'auteur croit que, si l'on admet la contracture secondaire

de la langue, celle-ci doit notamment être déviée du côté sain,

grâce à la contracture du muscle génioglosse, et non du côté para-

lysé, comme pensent quelques auteurs.

La communication de M. Minor a donné lieu à une discussion

très animée, à laquelle ont pris part MM. Mouratow, Kornilow,

Rossolimo, Serbsky, Weidenhamer, lllouravieff, Schatalo-%v et Iloth.

S. SourifANow. Sur les psychoses chez les jumeaux.'

Les cas des psychoses chez les jumeaux ne sont pas nombreux ;

ils ont trait pour la plupart au sexe féminin (soeurs jumelles). Ce

sont des cas de confusion maniaque, de manie, de mélancolie, de

démence primitive, de folie circulaire, etc. Le début de la maladie

coïncidait souvent chez les deux jumeaux, parfois la psychose

apparaissait à des époques différentes et d'une façon indépendante,

dans d'autres cas il s'agissait de la folie induite.

L'auteur relate le cas de deux frères jumeaux, âgés de trente-trois

ans, admis à la ctinique psychiatrique à la fin de l'année 1899. Les

deux frères présentaient surtout dans leur enfance une très grande

ressemblance, vivaient et faisaient leurs études ensemble. C'étaient

deux jeunes gens instruits et intelligents, mais qui présentaient

déjà depuis longtemps quelques bizarreries de caractère. L'un des

deux eut un court accès de folie il y a huit ans. Dans le cours des

six dernières années on constatait chez lui un affaiblissement

progressif des facultés mentales. L'autre présente depuis trois ans

un état analogue de démence progressive avec plaintes à propos

de souffrances physiques multiples. L'un est d'apparence chétive

et présente une épendidymite tuberculeuse, l'autre est d'une bonne

nutrition générale, et son état mental est meilleur que chez le

premier. En résume, il s'agit dans ce cas d'une démence précoce,

s'étant développée indépendamment chez deux frères jumeaux.

Discussion . M. Tokarsky dit que les psychoses chez les jumeaux

plaident en faveur de l'hérédité au même titre que les autres

affections familiales. Des remarques ont été faites par MM. Mou-

ravieff, Mouratow, Kornilow, Ilossolimo et Roth.

S. NALB.1NDOV.- Sur les déviations de la colonne vertébrale dans

la syringomyélie.

Il s'agit d'une malade de la Clinique, paysanne âgée de quarante

ans, qui présentait le tableau typique de la syringomyélie, à

savoir : dissociation de la sensibilité en forme de veste, brûlures

et panaris, paralysie atrophique des mains, exagération des

réflexes rotuliens. Il existait en même temps une double arthro-

pathie des épaules et une cypho-scoliose droite très prononcée ; tous

ces phénomènes, absolument indolores, se sont développés dans

le cours des onze et douze dernières années. La malade est morte

avec des phénomènes bulbaires. A l'aulovsie, on trouva une cavité

SOCIÉTÉS SAVANTES. 435

tout le long de la moelle cervicale et dorsale jusqu'aux onzième et

douzième segments dorsaux. Arthrite déformante très prononcée

des épaules. Les arcs vertébraux cèdent facilement aux coups du

maillet, grâce à leur consistance molle. La colonne vertébrale for-

tement déviée présente une concavité cypho-scoliotique extrême-

ment prononcée, dont le sommet se trouve à la hauteur des corps

des quatrième et sixième vertèbres dorsales. A partir de la

deuxième vertèbre dorsale, du côté gauche, aux endroits qui cor-

respondent à l'insertion des têtes costales aux cartilages interver-

tébraux, on voit des masses osseuses compactes de formation

récente et sous forme de stalactites. C'est donc bien d'une spon-

dylite déformante qu'il s'agit ici (Ziégler), comme le prouve du

reste l'examen microscopique. A l'examen chimique on trouve une

augmentation des substances organiques, mais la quantité de

graisse est diminuée. L'examen microscopique de toute une série

de muscles latéraux de la colonne vertébrale (des deux côtés)

montre l'existence d'une amyotrophie neurotique.

Le cas de M. Nalbandow prouve bien la réalité de la déviation

osseuse par lésions trophiques des vertèbres, ce qui jusqu'au

dernier temps était encore contesté, et il est en désaccord avec la

théorie de la déviation musculaire (de Roth). La déviation a com-

mencé à se développer chez cette malade dans le jeune âge (à trente

ans), elle ne s'accompagnait pas de douleurs, elle s'est limitée aux

parties supérieures et moyennes de la colonne vertébrale et elle a

pris l'aspect d'une cypho-scoliose ; tous ces faits distinguent cette

déviation de la spondylite déformante typique et font supposer

que celle-ci [dépend très probablement de la lésion fondamentale

(syringomyélie).

N... montre les préparations anatomiques, les radiographies et

les dessins microscopiques.

Secrétaires des séances : G. Rossolimo. A. BERNSTEIN.

Séance du 11 février 1901.

W. Weideniiammer et P. BROUEHANSKY. Contribution à l'élude

du délire aigu.

Observation I. Homme, âgé de trente-trois ans, hérédité psy-

chopathique. Début brusque de la maladie par des phénomènes

d'insomnie, d'excitation motrice, refus d'alimentation, hallucina-

tions visuelles et auditives, confusion mentale.

La température oscille entre 37,2° et 39,5°. Le pouls est de 100

à 120 ; les réflexes patellaires sont absents. La réaction des pupilles

est vive. Amaigrissement rapide. Etat général grave. Confusion

mentale profonde. Mort le huitième jour de la maladie.

Observation II. Paysan, âgé de trente-deux ans, arriéré de

naissance. A la suite d'une grippe surviennent : tachycardie, pal-

436 SOCIÉTÉS SAVANTES.'

pitations, cauchemars, confusion mentale et hallucinations, ensuite

confusion mentale, excitation générale, refus d'alimentation,

insomnie. Etat grave. Température 36°-38°,4, P = 400-120 ; inéga-

lité des pupilles, avec réaction très vive à la lumière. Mort le

sixième jour.

A l'autopsie on constate dans les deux cas que les os du

crâne et la dure-mère cérébrale sont intacts; la pie-mère est très

hyperémiée, et légèrement oedémateuse, parsemée de quelques

légères hémorragies. L'écorce cérébrale est un peu oedémateuse,

très hyperémiée. A l'examen microscopique, on trouve une encé-

phalite aiguë hémorragique de l'écorce, avec altérations inflam-

matoires légères du côté de la pie-mère. Les lésions* étaient stric-

tement limitées à l'écorce et n'intéressaient légèrement que la

couche limitrophe de la substance blanche.

Ces observations justifient l'hypothèse émise antérieurement par

MM. Weidenhammer et Sémidaloff, à savoir que le délire aigu a

pour base anatomique une méningo-encéphalite corticale aiguë ;

c'est pourquoi il faut le considérer comme une forme d'eiicéplia-

lite de Strumpell (poliencéphalite aiguë hémorragique coiticale).

P. Préobrajensky. Contribution à la question de la formation

des cavités dans la moelle.

En se basant sur l'examen anatomo-pathologique de quatorze

cas (dont neuf de syringomyélie, trois d'hématomyélie et deux

d'hydrocéphalie congénitale et d'anencéphalie) l'auteur arrive

aux conclusions suivantes :

i° Les cavités intramédullaires peuvent être d'origine très diffé-

rente ;

2° La forme la plus fréquente des cavités est celle que nous

appelons la syringomyélie gliomateuse ou gliose médullaire ;

3° A la syringomyélie gliomateuse (et à elle seule) correspond

un tableau clinique bien caractéristique (la triade d'Iloffnian). Les

cavités dues à d'autres causes ne peuvent pas évoluer d'une façon

latente et s'accompagnent d'autres symptômes. Pour cette raison

la syringomyélie gliomateuse doit être mise à part et différenciée

tant au point de vue clinique qu'anatomo-pathologique ;

4° La syringomyélie gliomateuse (ou « vraie ») est une maladie

de dégénération provenant des suites d'anomalies de développe-

ment du canal central ;

5° Les altérations qui forment la base de cette affection peuvent

être présentées de la façon suivante : le canal central subit une

inflammation chronique de ses parois, en même temps qu'une

dilatation de son volume, par suite de l'augmentation de la quan-

tité du liquide cérébro-spinaL'A ce degré d'évolution, la cavité

conserve encore l'aspect du canal central. Plus tard, la quantité

du liquide cérébro-spinal devient souvent énorme, mais les parois

- SOCIÉTÉS SAVANTES. 437 I

de ce canal conservent encore dans divers endroits leur épithélium,

preuve qu'il s'agit d'un canal central extrêmement dilaté. On

pourrait appeler les altérations ci-dessus décrites « hydromyélie

chronique progressive » ou épendymite avec hydromyélie chro-

nique progressive, tandis qu'il vaudrait mieux réserver le nom de

syringomyélie pour les cavités d'autres origines ;

6° La syringomyélie vraie sans anomalies ni participation du

canal central, mais avec désagrégation de la gliomatose et forma-

tion de cavités, n'existe pas ; c'est un mythe. Dans ces cas l'auteur

n'a jamais vu de résorption de la gliomatose avec formation indé-

pendante de cavités ; il ne peut donc pas adopter les vues de Wei-

gert à ce sujet ;

7° L'affirmation de quelques auteurs à savoir que le canal cen-

.tral est parfois tout à fait intact et ne prend pas part à la forma-

tion de la cavité, provient de ce que ces auteurs n'ont pas fait sans

doute un·nombre suffisant de coupes ou n'ont pas examiné un

assez grand nombre de segments médullaires. L'auteur est con-

vaincu que presque dans tous les cas de syringomyélie on trouve

un revêtement épithélial sur une partie (ne fût-ce qu'infime) des

parois : il s'agit seulement de poursuivre assez loin ses investiga-

tions dans ce sens ;

8° L'hématomyélie ne peut jamais donner lieu à la syringo-

myélie vraie ; mais on observe consécutivement des cicatrices,

des kystes, des ramollissements, des foyers de destruction, etc. ;

9° De même la syringomyélie ne peut pas provenir d'une névrite

ascendante ;

10° L'influence du traumatisme sur l'origine de la syringomyélie

vraie est plus que douteuse;

11° La syringomyélie n'a rien de commun avec la lèpre. Ce sont

deux affections absolument différentes ;

12° La cause immédiate de la syringomyélie vraie reste inconnue :

peut-être réside-t-elle dans la syphilis héréditaire ; peut être

existe-t-il d'autres conditions favorisant la dégénérescence.

Discussion. M. Minor fait remarquer que les conclusions de

l'auteur n'apportent pas de contributions nouvelles à l'étude de la

syringomyélie.

M. Rossolimo attire l'attention sur le fait de la rareté de la

syringomyélie dans les classes civilisées, tandis qu'au contraire le

nombre de dégénérés et de vices de conformation y est très grand.

La syringomyélie affecte surtout les basses classes des pays froids.

Il doit y avoir, par conséquent, des conditions spéciales, en dehors

d'anomalies de conformation, qui favorisent l'éclosion de la syrin-

gomyélie. - -

M. Mouratow fait remarquer que si l'on veut nier le ramollisse-

ment avec formation de cavités d'origine traumatique, on ne

438 SOCIÉTÉS SAVANTES.

pourrait pas expliquer beaucoup de faits positifs, entre autre la

formation des cristaux d'hématoïdine, etc.

M. le professeur Roth indique nombre de travaux russes que

M. Préobrajensky a négligé de consulter. En 1878, dans son pre-

mier travail sur la syringomyélie, M. Roth a mis en évidence des

cas de transition anatomique avec et sans formation de* cavités.

Quelle relation existe-t-il entre la cavité et la lésion de la racine

médullaire du trijumeau ou d'autres régions du bulbe ? Dans

quelques cas tous les processus se résument dans une hyperplasie

de la neuroglie, principalement dans la substance grise posté-

rieure, sans trace de cavité ; il ne peut donc pas s'agir ici de l'hy-

dromyélie ; mais même là où la cavité se forme, le processus com-

mence par une gliose. Il existe toutes les transitions possibles de

la gliomatose ou gliose sans cavité à la syringomyélie très pro-

noncée. D'autre part, l'existence d'une cavité à côté d'une hydro-

myélie peut ne se lévéler par aucun symptôme clinique, tandis que

le tableau clinique de la syringomyélie gliomateuse'répond à un

substratum anatomique bien défini, à savoir une hyperplasie de la

neuroglie, avec ou sans formation de cavités.

S. POPOFF. Les degrés initiaux de la névrite multiple.

L'auteur relate l'observation de quatre malades dont trois alcoo-

liques et un saturnin entrés à l'hôpital pour l'impaludisme, apo-

plexie cérébrale, embolie de l'articulation sylvienne et paralysie

traumatique du plexus brachial.

Bien que les malades ne présentassent pas de phénomènes de

polynévrites, l'examen électrique des muscles a montré des ano-

malies considérables allant jusqu'à la disparition complète de

l'excitabilité galvanique, voire même la réaction de dégénérescence.

Ainsi chez le malade affecté de névrite traumatique du bras droit

et dont le bras gauche avait toutes les apparences de santé, on a

constaté dans le nerf radial gauche, dans les extenseurs de la main

et dans les petits muscles de la main une absence totale de l'exci-

tabilité galvanique, ou une contraction paresseuse (A = K). Mêmes

constatations chez les autres malades.

L'auteur attire l'attention sur ces faits qui plaident en faveur

d'un degré initial de névrite, et s'efforce de dégager l'importance

de ces recherches électriques alors que les symptômes objectifs

font encore défaut. Dans les névrites professionnelles (arsenicales,

saturnines), ces recherches pourraient contribuer à prévenir le

développement de la névrite grave, en soustrayant l'ouvrier du

milieu du travail.

Discussion. M. KORNILOFF dit que des anomalies de l'excitabi-

lité électrique s'observent même chez des personnes bien por-

tantes.

M. le professeur Roth doute également de la valeur diagnos-

SOCIÉTÉS SAVANTES. 439

tique du symptôme indiqué par M. Popoff. Pour avoir l'occasion

d'examiner électriquement les muscles de l'ouvrier, il faut que

celui-ci soit attiré vers le médecin par des troubles quelconques.

Or, dans les névrites alcooliques et arsenicales, il existe des troubles

précoces de la sensibilité.

Secrétaires des séances : A. BERNSTEIN. W. IIIOUR9VIEFF.

SOCIÉTÉ D'HYPNOLOGIE ET DE PSYCHOLOGIE

Séance du 16 avril 1901.

Léthargie ayant duré cinq mois.

M. LigGEARD (de Bellême). Une institutrice, âgée de trente-

cinq ans, est en train de faire sa classe. Le tonnerre tombe sur

son école. Aussitôt elle perd connaissance et reste en léthargie

pendant cinq mois. Deux ans après, à la suite d'une discussion

violente, elle retombe en léthargie pendant soixante jours.

Mutisme, bégaiement et tremblement général guéris par la suggestion

hypnotique.

M. J. Voisin. Ces trois phénomènes morbides sont survenus

à la suite d'un deuil chez une hystéro-neurasthénique âgée de

trente-six ans. Supprimés une première fois par suggestion hyp-

notique, ils ont récidivé trois ou quatre fois à l'occasion de dis-

cussions ou de contrariétés. Finalement la malade a été tout à

fait guérie par la suggestion.

Hémichorée récidivante d'origine émotive.

M. Paul FAREZ. Une jeune fille de dix-sept ans, précipitam-

ment amenée auprès de sa mère en danger de mort, éprouve une

telle émotion qu'elle présente une hémichorée droite qui dure six

mois. Deux ans après, survient la mort de sa mère. En revenant

du cimetière, cette jeune fille est reprise de son hémichorée; elle

laisse tomber tous les objets qu'elle tient à la main et elle ne peut

ni écrire, ni coudre, ni manger seule. Un rêve émotionnel qui

revient chaque nuit lui cause des insomnies rebelles. Elle est en

outre totalement anesthésique à droite. En une seule séance de

suggestion hypnotique, les mouvements choréiques sont suppri-

més, le rêve obsédant inhibé, la sensibilité restaurée.

440 .'BIBLIOGRAPHIE.

1 Action hyp ? zogè22e de l'électricité statique.

- M. BERILLON. Il est parfois difficile d'endormir des obsédés.

J'y suis parvenu plusieurs fois en utilisant l'action sédative de

l'électricité statique. Des malades qu'aucun procédé n'a pu

influencer finissent souvent par s'endormir, en dehors de toute

suggestion, dès qu'ils sont installés sur le tabouret et soumis à la

douche électrique. '

La constatation exacte des troubles de sensibilité dans l'hystérie.

M. Paul Joire (de Lille). Il convient d'explorer isolément la

sensibilité du palais, du voile du palais, de la base de la langue

et de toutes les régions de la bouche, à l'aide d'un instrument fin,

pour y dépister des zones parfois assez restreintes d'anesthésie ou

d'hyperesthésie.

BIBLIOGRAPHIE.

XVI. Etude de physiologie sexuelle; par HAVELOCK ELLIS.

(Ed. Davis Company, 1900.)

1 Ce travail du savant aliéniste anglais est d'une documentation

très riche en faits et abonde en citations variées, tirées des auteurs

anciens et modernes de toutes nationalités. Le sujet est traité

d'une façon neuve et originale. Epris de la vérité avant tout, Ellis

émet des vues audacieuses sur la pudeur, son évolution, ses ori-

gines, la physiologie animale comparée à celle de l'homme pri-

mitif, ancien et actuel lui servent de point de départ.

La pudeur civilisant l'amour est l'aboutissement final avec

toutes les conventions variables d'ailleurs à.l'infini suivant les

milieux et les temps; par la coquetterie, les voiles aux intentions

pudiques se tournent en toilettes stimulantes de l'instinct sexuel.

Ellis considère que le sentiment de la pudeur repose sur le

dégoût intermittent pour les rapprochements sexuels. Cette répul-

sion périodique provient du rythme physiologique dépendant lui-

même de la périodicité sexuelle. Ce rythme, cette périodicité, sont

variables suivant les espèces, phase d'évolution, crise saisonnière,

ou menstruation plus ou moins à l'image des phases lunaires,

c'est une alternative qu'on retrouve toujours chez les animaux

comme chez l'homme, chez le mâle comme chez la femelle.

BIBLIOGRAPHIE. 441

. Ici se placent de très originales recherches sur le rythme sexuel

mâle; l'auteur s'appuie pour l'établir sur les maladies périodiques

y compris les affections mentales, viscérales, etc., sur la périodi-

cité des pollutions nocturnes, sur l'évolution de la croissance

normale et les courbes des statistiques annuelles, relativement aux

suicides, aux crimes, aux maladies des prisonniers, etc. Un cycle

moyen de 33 jours avec exacerbation saisonnière semble résulter

de la concordance de divers diagrammes. '

La seconde partie de cette intéressante étude traite de l'auto-

érotisme, étude de manifestations spontanées de l'instinct sexuel.

L'auteur, sous ce mot d'auto-érotisme comprend toutes les trans-

formations de l'activité sexuelle réprimée, tant au point de vue

pathologique qu'à d'autres points de vue, puisqu'il comprend sous

cette rubrique jusqu'aux manifestations psychiques d'art, de poésie

et de mysticisme surtout.

Il étudie d'abord la masturbation comparée chez l'animal et les

différentes races humaines, les phallies antiques, l'olibos jusqu'au

rinotama asiatique et les rafanis grecques. On sait d'autre part la

fréquence de l'introduction de corps étrangers vésicaux dans tous

les pays, chez les deux sexes. '

En Europe, la machine à coudre, la bicyclette et le railwayrem-

placent l'action excito-génésique spéciale de l'équitation. Puis vien-

nent les masturbations morales, la délectatio-moroso, les orga-

nismes plus ou moins nets par la lecture, par auditions musicales,

ou par vues de tableaux, statues, paysages, etc.

La masturbation dans son acception la plus large est envisagée

dans tous ses rapports avec l'étiologie des désordres mentaux et

nerveux du génie, souvent, dans ses inconvénients exagérés par les

religions et par certaines écoles mystiques, et par certaines écoles

scientifiques; enfin chemin faisant l'hystérie, en tant que névrose

sexuelle, est défendue par l'auteur qui considère les théories de

Charcot comme devant être complétées par celle de Brewer et

Frend. Un chapitre spécial particulièrement intéressant est finale-

ment consacré à l'élément sexuel inhérent au mysticisme.

De A. Marie.

XVII. Conférence sur la supériorité intellectuelle et la névrose; par

le Dr Grasset, de Montpellier. (Coulet et fils, 3 avril 1900).

M. Grasset nous donne ici son opinion sur les théories émises au

sujet des rapports du génie et d'un état morbide (folie-névrose).

Il ne parle qu'en passant de la théorie de Lombroso voulant assi-

miler le génie à une crise épileptique,

Personne ne peut soutenir sérieusement cette assimilation sans

démasquer, sans défigurer le mot épilepsie et en faire un terme

flou, synonyme de névropathe. Son but est de réfuter les idées de

442 BIBLIOGRAPHIE.

Moreau de Tours pour qui la supériorité intellectuelle est la mani-

festation d'une névrose caractérisée par l'exaltation morbide du

système nerveux. M. Grasset ne peut admettre que la supériorité

soit une maladie, une manifestation de la névrose. Il y a, fait-il

remarquer des signes morbides caractérisés par l'excès d'une fonc-

tion, mais toute exagération de fonction n'est pas morbide. S'il y

a maladie, la fonction est sacrée. Or, la supériorité intellectuelle

ne gênant, pas le fonctionnement cérébral, mais au contraire le

favorisant, n'est pas une maladie. '

En somme, pour être juste, il faut dire que les supérieurs ont

souvent de la névrose, sans dire que la supériorité est une mani-

festation de cette névrose. Pourquoi cette coïncidence évidente ? ` ?

Les faits nombreux rapportés parle conférencier en sont la preuve.

Chaque individu a un tempérament qui se manifeste dans sa vie

physiologique et dans sa vie morbide. C'est précisément ce tem-

pérament nerveux qui se retrouve à la fois chez les supérieurs et

chez les névrosés,qui forme le lien entre la supériorité et lanévrose.

Le cerveau, d'autre part, est composé de parties qui peuvent fonc-

tionner isolément, on peut ainsi admettre qu'un même homme

soit à la fois névrosé et supérieur il il est névrosé par une zone

de son système nerveux et supérieur par une autre i-.

« La supériorité et la névrose ne sont reliées chez le même

individu que par la souche commune. Ce trait commun est un

tempérament et non une maladie. »

'M. Jonnart fait remarquer à M. Grasset que la fréquence des

deux manifestations chez un même individu a besoin d'être expli-

quée.

Il se range pour cela à cette opinion émise par Réveillé-Parise :

que la névrose est la conséquence de la supériorité. « La névrose,

dit M. Grasset, est plutôt la rançon du génie... la névrose est plu-

tôt la plaie, la complication de la supériorité. Ce n'est pas la cause

c'est l'obstacle. » Tel est le résumé des conclusions de l'auteur;

il a le grand mérite de ramener les faits à leurs véritables pro-

portions et de les expliquer avec simplicité et partant avec clarté.

' P. B.

XVIII. Irritabilité dans la série animale; par le De DENIS COURTADE.

(Scientia, n° 7. Carré et Naud, 1900.)

L'auteur s'est proposé dans ce travail non de faire une étude

complète de l'irritabilité, mais de résumer l'état actuel des connais-

sances à ce sujet et aussi de déterminer avec soin quels sont les

problèmes que l'on doit s'efforcer de résoudre dans l'avenir. Ceci

explique l'absence de conclusions générales : mais cette monogra-

phie n'en présente pas moins d'intérêt, car la multiplicité, comme

la diversité des questions qui sont abordées suffisent à satisfaire

VARIA. 443

l'esprit. Après un premier chapitre, donnant l'historique de la

notion, vient une étude de la nature (mayhologie, structure histo-

logique et composition chimique) de la matière vivante. Chaque

corps ne peut manifester ses propriétés parmi lesquels l'irritabi-

lité sans la présence de certaines conditions ; ceci amène l'auteur

à passer en revue le rôle de l'eau, de l'oxygène, des aliments, au-

tant d'éléments destinés à fournir le milieu nécessaire au fonc-

tionnement de la substance protoplasiéesique.

Etant donné ces considérations, l'étude de l'irritabilité et de ses

manifestations peut être abordée. C'est l'objet de trois chapitres :

irritabilité fonctionnelle, irritabilité nutritive, irritabilité nerveuse.

En terminant l'auteur parle de la nature de l'irritabilité : il indique

clairement comment il faut la concevoir. L'animal n'a pas des

propriétés absolument séparées du minéral. L'un et l'autre sont

formés des mêmes éléments, par conséquent les phénomènes

intimes dont ils sont le siège sont de même ordre et la compa-

raison n'est pas un simple jeu de l'esprit. On a pris l'habitude sous

l'influence des notions anciennes ou de croyances transmises de

distinguer les phénomènes d'irritabilité (corps vivants) et les phé-

nomènes d'affinité (matière non organisée). Tous ces actes sont

identiques et signifient un seul et même. fait : le fonctionnement'

de la nature des corps. P. B.

VARIA.

Réparation tardive.

Nous avons souvent reçu du Bon-Sauveur de Caen des lettres

qui parvenaient à nous faire remettre des malheureux se plaignant

d'être retenus sans motif dans cet établissement. Peut-être que,

dans le nombre, s'en est-il trouvé qui avaient leur c raison » pour

protester. Malheureusement, une enquête n'est pas facile à faire

dans une maison aussi bien gardée que le Bon-Sauveur. Le par-

quet, chargé de la surveillance de cet établissement, peut seul

faire mettre en liberté les personnes qu'il considère comme ayant

été enfermées en vertu de certificats qu'on pourrait, dans certains

cas qualifier de « complaisance ». C'est ainsi que, il y a quelques

années, le parquet de Caen fit sortir du Bon-Sauveur une personne

de notre ville. Cette affaire fit beaucoup de bruit; nous en avons,

alors, longuement parlé.

444 VARIA.

En 1897, nous avons aussi mentionné dans le Bonhomme nor-

mand qu'une demoiselle Moisson intentait une action en domma-

ges-intérêts à l'un de ses neveux et au médecin signataire du cer-

tificat qui l'avaient fait interner au Bon-Sauveur. Devant le tri-

bunal civil, le neveu de la demoiselle Moisson fut condamné à lui

- verser 500 francs de dommages-intérêts ; mais le docteur fut mis

hors de cause. Sur appel, la cour de Caen vient de lui donner

entière et complète satisfaction.

Voici les faits : La demoiselle Moisson, cinquante-neuf -ans, avait

4 à 5 000 francs d'économies pendant qu'elle était domestique. Son

.neveu, le sieur Raoult, restaurateur à Caen, rue de l'Oratoire,

aujourd'hui en faillite, parvint à se faire remettre 4 000 francs sur

cette somme, puis il prétendit que sa tante était atteinte de folie

furieuse. Raoult appela un docteur qui arriva au moment où la

demoiselle Moisson venait de tout briser dans la chambre qu'elle

occupait chez son neveu. Sans plus d'examen, le médecin signa,

séance tenante, un certificat déclarant que M110 Moisson était

atteinte de « manie furieuse » et devait être de suite internée dans

un asile d'aliénés ? ... Heureusement pour la pauvre demoiselle que

les médecins du Bon-Sauveur eurent des doutes et la mirent en

observation. Au bout de huit jours, ils étaient fixés : la demoiselle

Moisson fut rendue à la liberté. C'est alors qu'elle intenta un pro-

cès à son neveu et au docteur. Plus de trois ans se sont écoulés

depuis, et justice vient seulement d'être rendue. Cela prouve qu'il

est plus facile d'être arbitrairement interné dans un asile d'aliénés

que d'en sortir et, surtout, d'obtenir réparation. La cour de Caen

a condamné le sieur Raoult à 5 000 francs de dommages-intérêts

envers la demoiselle Moisson, sa tante, et le docteur à 2 000 francs.

(Bonhomme Normand, du 21 au 27 février 1901.)

Les aliénés EN liberté.

La gendarmerie de Dives-sur-Mer a été appelée à constater

le suicide de la femme Anne Le Corre, ménagère à Cabourg.

Cause : dérangement des facultés. (Le Bonhomme Normand, 1 juil-

let 1900.) '

Le crime d'une alcoolique. Dans un accès de folie alcoolique la

veuve Desabeie, cultivatrice à Sausson (Seine-Inférieure), a tué, à

l'aide d'un instrument contondant, sa belle-mère, âgée de quatre-

vingt-cinq ans, rentière au même lieu. La mort a été presque ins-

'tantanée. La meurtrière avait la manie de la persécution. Son acte

accompli, elle s'est suicidée en se noyant. (Le Temps, 14 juillet

1900.)

, .111 ? Eucher qui était internée à l'asile des aliénés de Saint-

Henri, à Marseille, ayant réussi à s'échapper de cet établissement,

VARIA. 44S

se rendit au domicile de son mari où elle arriva pendant l'absence

de ce dernier. Son premier soin fut d'allumer un réchaud près du

lit de son enfant, une fillette de quatre ans, qui se trouvait seule à

la maison; puis, la prenant dans ses bras, elle s'étendit sur un

lit, attendant la mort. Lorsque M. Eucher rentra de son travail,

il trouva les deux corps étroitement unis. L'enfant ne donnait plus

signe dévie. La folle a été sauvée. (Le Bonhomme normand, 28 dé-

cembre 1900 au 3 janvier 1901.)

Voyantes non lucides. La police de Lisieux a arrêté deux som-

nambules : Esther Dubus, trente-cinq ans, née à Caen, domiciliée

au Havre, et Pauline Lecoq, quarante ans, née à Valenciennes

(Nord). Elles avaient escroqué à une pauvre folle, à laquelle elles

avaient promis guérison, une somme de 50 francs et arraché l'en-

gagement formel d'un autre versement de 100 francs.

Un drame de la folie. La femme Eugénie Rougier, âgée de

trentre-quatre ans, demeurant rue des Envierges, 26, donnait

depuis quelque temps des signes non équivoques d'aliénation men-

tale. Son mari, qui l'aimait beaucoup, n'avait pu se décider à la

faire interner. et la soignait chez lui. La nuit dernière, la folle,

prise d'un accès, se leva de son lit et se précipita sur sa fillette,

âgée de neuf ans, pour l'étrangler. Son mari se leva en toute hâte

pour porter secours à l'enfant. Au moment où il mettait le pied à

terre,'sa femme saisit un bol de vitriol qu'elle avait préparé le soir

et lui en jeta le contenu au visage. Rougier, qui restera probable-

ment aveugle, a été transporté à l'hôpital Tenon et sa femme diri-

gée par les soins de M. Girard, commissaire de police de Belle-

ville, sur l'infirmerie spéciale du Dépôt. (La France, 19 janvier

1901.)

Par la fenêtre. Un ancien commerçant de Clermont-Ferrand,

nommé Barthélémy P..., était depuis quelque temps atteint de la

folie de la persécution. Il y a trois jours, M. P..., croyant sa vie

menacée, quitta précipitamment sa ville natale et vint à Paris,

sans billet, d'ailleurs. Pendant deux jours, il erra dans les rues,

cherchant à se dérober à ses ennemis imaginaires qui, croyait-il,

l'avaient suivi dans son voyage. Enfin, cette nuit, en proie à une

terreur folle, épuisé, haletant, il se réfugia au poste de police de

la rue Drouot. Ce matin, on le conduisit chez M. Archer, commis-

saire de police. Mais, en entrant dans les bureaux du commissa-

riat, il fut pris d'une crise furieuse. S'échappant des mains de

l'agent qui le tenait, il bondit vers la fenêtre, brisa deux carreaux

de vitre et, par l'ouverture, fit mine de se précipiter dans la rue.

Déjà le pauvre aliéné avait la moitié du corps qui penchait dans

le vide, quand un inspecteur du commissariat, M. Etienne Falet,

doué d'une poigne solide, le rattrapa et le remit sur ses jambes.

446 ' FAITS DIVERS.

Il lui fallut ensuite soutenir une véritable lutte pour maîtriser le

malheureux fou, qui a été conduit à l'infirmerie du Dépôt. (Le

Temps du 20 janvier 1901.)

Pauvre fou. Le sieur Joanne, épicier à Grandmesnil, canton

de Saint-Pierre-sur-Dives, qui était atteint du délire de la persé-

cution, s'est tiré dans la bouche un coup de feu qui l'a très griève-

ment blessé. (Le Bonhomme Normand; 7 février 1901).

- Drame de la folie. Nous avons raconté hier dans quelles cir-

constances un rentier espagnol, M. Aurélanio Yanès, atteint d'alié-

nation mentale, tua un agent d'assurances, M. Henri Bellencon-

tre, et chercha ensuite à se donner la mort.

Le drame s'est déroulé dans la pension de famille de la « Villa

de la Grille Dorée », route de Versailles, à Boulogne-sur-Seine, et

non dans la maison de santé du docteur Sollier. M. Yanès avait

séjourné pendant quelque temps dans cet établissement, puis il

avait été placé dans la pension de famille voisine où la scène tra-

gique s'est en réalité accomplie. Les dépêches signalant l'événe-

ment ont confondu les deux maisons, de là l'erreur de la plupart

des journaux. (Le Matin, 8 février 1901).

Les faits de ce genre montrent la nécessité d'interner

dans des maisons spéciales les personnes atteintes d'aliéna-

tion mentale. Malheureusement la loi du 30 juin 1838. n'est

pas respectée et si la préfecture de police faisait une enquête

sérieuse elle trouverait dans les couvents de Paris et des

environs des personnes internées dont la place est dans les

asiles d'aliénés. C'est là qu'on trouverait les fameuses

séquestrations arbitraires dont parlent souvent les journaux

politiques.

FAITS DIVERS.

CLAIiK University, Worcester, llinsrs. -Dans le n° 89, le passage

d'un article sur l'enseignement de cette université peut laisser

supposer qu'elle est entièrement consacrée à la Psychologie qui, au

contraire, constitue seulement une des branches de l'enseignement.

Dépravation PRÉCOCE.- Le nommé Constant Martin, quatorze ans

et demi, vacher à Sommervieu, a été arrêté pour avoir commis des

attentats contre nature sur un enfant de 6 ans. (Le Bon/MmmeA'or-

mand, du 28 février au 6 mars 1901.)

FAITS DIVERS. - 447

SOCIÉTÉ D'HYPNOLOGIE ET DE Psychologie. Prix Liébeault. Un

prix fondé par le Dr Liébeault (de Nancy) sera décerné annuelle-

ment par la Société d'Hypnologie et de Psychologie à l'auteur de

la meilleure thèse sur l'un des sujets suivants : Hypnologie, Psy-

chothérapie, Pédagogie, Criminologie, Psychologie physiologique

et pathologique. Le prix Liébeault est de la valeur de 200 francs.

Les thèses des Facultés des Lettres, des Sciences et de Droit sont

admises à 'concourir au même titre que celles des Facultés de

Médecine. Les thèses devront être adressées avant le 31 décembre

de chaque année à M. le Secrétaire général de la Société d'Hypno-

logie et de Psychologie, 14, rue Taitbout, Paris. -

Suicide d'enfant. Le jeune Auguste Vrac, douze ans, domestique

à Saint-Germain-le-Gaillard (Manche), s'est pendu. On ignore les

causes de ce suicide. (Le Bonhomme Normand, du 2 au 27 mars 1901 .)

Nécrologie. Dr Singer. Nous avons à enregistrer la mort

prématurée d'un jeune médecin adjoint des asiles d'aliénés, le

Dr Désiré-François-Louis-Joseph Singer, décédé le 17 février 1901

à Berguette, dans sa famille ; il était dans sa trente-quatrième

année. ,

École pratique des hautes études. Laboratoire de psychologie

expérimentale (Asile de'Villejuif). M. le Di Toulouse, directeur

du laboratoire, médecin en chef de l'asile de Villejuif, a com-

mencé, le mercredi 24 avril 1901, à 3 heures, son cours sur les

méthodes de mesures dans l'examen de psychologie et les continuera

les mercredis à la même heure.

M. Vaschide, chef des travaux du laboratoire, exercera les

élèves, les lundis et les samedis à 2 heures, aux manipulations de

psychologie expérimentale. M. le D" Antheaume, ancien chef de

clinique des maladies mentales à la Faculté de Médecine, fera, à

l'issue du cours, des démonstrations cliniques.

Des conférences complémentaires, accompagnées de travaux

pratiques, auront lieu sur les matières suivantes : Psychiatrie :

MM. les Dr, A. Marie et Pactet, médecins en chef de l'asile de

Villejuif. Anthropologie : M. le Dr Blin, médecin en chef de

l'asile de Vaucluse. Histologie du système nerveux : 111. le De

Marchand, médecin adjoint des asiles. Electro-diagnostic : .'

M. le Dr A. Vigouroux, médecin en chef de l'asile de Vaucluse.

Chimie physiologique : M. Requier, pharmacien en chef de l'asile de

Villejuif. Examen de la vision : M. le Dr Carra. Examen de

l'audition : M. le Dr Mahu. '

Pour prendre part à ces travaux, s'adresser au Laboratoire.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

BABEs (V.). Die lepra. In-8° de xn-33S pages, avec 66 ligures et

10 planches hors texte. Wien, 1901. Librairie A. tlâLDErt.

BABES (V.). et Scorr (V,). Die pellagra. In-8° de 87'pages, avec

9 figures- et 2 planches hors texte. 1901. - Librairie A. HoLDER..

Chipault (A.). Travaux de neurologie chirurgicale (Cinquième

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15 francs. Paris, 1901. Lilaairie Vigot frères.

Grocq (J.). Un cas de polynévrite urémique. In-8° de 10 pages,

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Garnier (P.) et Cololian (P.). Traité de thérapeutique des maladie s

mentales et nerveuses (Hygiène et prophylaxie), In-8° dexvi-i86 pages.

Prix : 7 fr. Paris. 1901. Librairie J.-B. Baillière et fils. -

Gilles DE la Tourette. Le traitement pratique de l'épilepsie.

In-16 de 96 pages. Prix : 1 fr. 50. Paris, 1901. Librairie J.-B.

Baillière et fils.

Jolly (F ). Neurologie mid Psychiatrie. In-8° de 9 pages.

Berlin, 1900. Archiv fiir Psychiatrie.

Nozis appelons vivement l'attention de nos lecteurs sur

. l'annonce des livres qui accompagne le Sommaire.

Le rédacteur-gérant : BOUI(,NEVILLE.

Evreux, Cli. J[IÉR ! S3EY, imp.-4-IJO1.

Archives de Neurologie. T. XI. PL. I.

Archives DE Neurologie. - T. XL PL. II.

1

Archives de Neurologie. ' T; XI. 1 - PL. Ilf.

Vol. XI. Juin 1901. N, 66.

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

CLINIQUE MENTALE.

1

Un nouveau cas de paralysie générée'

avec syphilis héréditaire ; * Nv\

Par le D' E. RÉGIS, ·1 *

Clargé du cour des maladies mentales à l'Umvm·silL de Bordeaux.

J'ai eu la bonne fortune de publier, il y a dix-huit ans, le

premier cas de paralysie générale juvénile connu en France

et le premier travail spécial sur le sujet 1. Depuis j'ai succes-

sivement observé et rapporté trois autres cas semblables 2.

Celui-ci est donc le cinquième.

Si je me permets de rappeler ce fait, ce n'est pas seulement

pour fixer, si minime qu'il soit, un point d'histoire, c'est aussi

pour montrer le chemin parcouru, depuis 1883. dans l'étude

de la question. A cette époque, en effet, la paralysie générale

au-dessous de vingt ans, des adolescents, était absolument

ignorée et regardée comme n'existant pas, tandis qu'aujour-

d'liui, représentée par une centaine d'observations émanées

' A'o/e sur la paralysie générale prématurée, A propos d'un cas remar-

q ? iable survenu « l'âge de dix-neuf ans. (Bull. de la Soc. de méd. de

Bordeaux, séance du "3 février 1883. Journal cie« mécl. de Bordeaux et

l'Encéphale, 1883.)

2 Un cas de paralysie générale à l'âge de dix-sept ans. (Bull. de la

Soc. de tle Bordeaux, séance du 8 mai 1S85. Journal de de

Bordeaux et l'Encéphale, 1885.) Deux nouveaux cas de paralysie

générale juvénile avec syphilis héréditaire. (Biill. de la Soc. de ii2étl.

de Bordeaux, séance du 7 décembre 1891. Journal de nzécl. de Bordeaux

180j et Académie de médecine, séance du 20 mai 1893.) ,

Archives, 2« série, t. XI. 29

450 CLINIQUE mentale.

d'aliénistes autorisés de tous les pays, elle est à peu- près

unanimement acceptée, avec les caractères étiologiques et

cliniques que nous lui avions tracés dès le début.

OBSERVATION. Le malade dont je vais résumer l'histoire est.

âgé aujourd'hui de vingt-trois ans. Il m'a été adressé, il y a deux

ans environ, par mon excellent collègue et ami Dr Frèche.

Anamnèse. -Voici les renseignements qui me furent donnés à

ce moment par sa tante, qui l'accompagnait. Bien de connu au

point de vue cérébral du côté des grands-parents paternels Une

soeur du père, âgée de cinquante-cinq ans, d'une santé très déli-

cate, est affaiblie intellectuellement et incapable de tout travail

' manuel.

Père charretier, buveur, mais surtout débauché, remarié un mois

après avoir perdu sa première femme; mort à cinquante ans par

suicide (coup de fusil). Sa belle-soeur ajoute, sur nos questions,

qu'il était probablement syphilitique, car, entre la naissance de

son premier enfant et celle du second, le malade présenta du mal

aux lèvres qu'on supposait avoir été pris avec une femme, et il

était recommandé de ne pas boire après lui. Elle croit que le D' 111ai-

sonnave (de Rioti-les-Landes), qui l'a soigné, serait en mesure de

donner des renseignements plus précis à ce sujet.

Pas d'antécédents cérébraux, vésaniques ou névropathiques du

côté maternel. Mère morte à trente-neuf ans d'une maladie de

matrice (cancer de l'utérus ? ).

De son premier mariage, le père avait eu : 1° fils vivant, vingt-

six ans, très bien portant ; 2° Victor, le malade ; 3° fille vivante,

dix-huit ans, atteinte de mal de Pott avec des plaies de mauvais

aspect et fétides, considérées par les divers médecins qui l'ont

soignée comme très probablement de nature syphilo-tuberculeuse;

4° fille morte, brûlée par accident, à cinq ans ; 50 enfant mort-né

à terme ; 6° fille née à terme, morte à huit jours.

De son second mariage, le père eut également trois enfants bien

venus et vivant encore à sa mort, mais perdus de vue depuis cette

époque.

Victor, notre sujet, n'a jamais été sérieusement malade. Venu à

Bordeaux aussitôt après sa première communion, il entra en

apprentissage chez un bourrelier, en même temps qu'il suivait

assidûment les écoles du soir pour acquérir de l'instruction. Intel-

ligent, docile et laborieux chez son patron, où il demeura plusieurs

années, il se montra également, à l'école, excellent élève, au point

de mériter plusieurs prix. -

Lorsqu'il partit pour son lourde France, à dix-sept ans, il était

déjà très bon ouvrier et possédait une instruction primaire assez

complète, ainsi qu'en témoignent ses cahiers de classe et ses lettres

de cette époque, dont j'ai eu des spécimens sous les yeux.

paralysie générale ET syphilis héréditaire. 451

Son voyage dura trois ans. La première année, rien de particu-

lier ne se produisit. Mais dès la seconde (il avait alors dix-huit ans),

sa tante s'aperçut que ses lettres, tant au point de vue des idées,

que de l'écriture et de l'orthographe, devenaient progressivement

moins bonnes. Il n'avait cependant contracté aucune maladie,

subi aucun traumatisme, commis aucun excès..

Lors de son retour, le changement survenu en lui frappa tout le

monde. 11 arriva malpropre, sans chapeau, demi-mort de froid,

l'air hébété, ne se souvenant plus de ce qui lui était arrivé, oubliant

ce qu'on lui commandait ; en un mot, notablement affaibli au

point de vue mental. C'est dans ces conditions qu'il tira au sort et

que, son état ayant passé inaperçu, il fut incorporé, en novembre

1897, au 15° régiment d'artillerie à Tarbes.

Les choses allèrent tant bien que mal-jusqu'au 21 mars 1898,

jour où, sous l'influence d'une simple chute, étant debout, dans la

cour du quartier, le malade se fit une fracture de la cuisse gauche,

pour laquelle tut traité à l'hôpital militaire du 25 mars au 18 juil-

let 1898. A cette date, il fut envoyé dans sa famille, en congé de

convalescence de deux mois.

Pendant ces deux mois, sa déchéance et son incapacité mentales,

qui s'étaient progressivement accrues, se manifestèrent delà façon

la plus évidente. Par deux fois, on essaya de le placer pour lui

faire gagner sa vie durant son congé ; par deux fois, il fut renvoyé

le jour même, comme n'étant plus bon à rien. Il passa alors son

temps à la maison, presque toujours assis, dans une indifférence et

une inertie complètes. En septembre 1898, il rejoignit son régi-

ment. Mais sa démence était devenue telle que, hors d'état de

continuer son service, il fut réformé le 23 janvier 4899. C'est peu

de temps après qu'on me 1 amena.

Etal du malade. Victor L... est de taille moyenne, bien pris,

assez robuste et sans stigmates de dégénérescence. Son visage,

jeune et à peu près imberbe, lui donne seulement l'aspect d'un

adolescent de dix-sept à dix-huit ans.

Les principaux symptômes qu'il présente sont les suivants.

Du côté physique :

10 Inégalité pupillnire (gauche plus large) avec abolitiondu réflexe

lumineux, surtout à gauche, et diminution très notable du réflexe

à l'accommodation, également plus marquée àlgauche. Le fond de

l'oeil, examiné à la clinique ophtalmologique du professeur liadal,

ne révèle pas de lésions. '

2° Embarras de la parole, se traduisant par de la lenteur avec

ânonnement et accrocs caractéristiques.

3° Tremblement saccadé (en mouvement de trombone) de la

langue, particulièrement marqué au moment de l'émission des

mots ou de la projection de l'organe hors de la bouche, qui s'ac-

compagne même de trémulation de l'orbieulaire des lèvres et

452 . CLINIQUE mentale.

des muscles de la face. Après un instant de cet état ataxique, la

langue acquiert une certaine stabilité et le tremblement prend la

forme nettement fibrillaire.

40 Instabilité des mains avec secousses digitales, sans tremble-

ment proprement dit.

- 5° Marche intil assurée, surtout dans la rotation sur place.

6° Réflexe rotulien très exagéré à droite, aboli à gauche (côté de

la fracture). Réflexe du tendon d'Acliille exagéré des deux côtés.

Réflexes cutanés abolis, sauf le réflexe abdominal supérieur.

7° Verge normale. Testicules petits. Anesthésie testiculaire.

8° Chapelet ganglionnaire des régions inguinales très marqué

des deux côtés.

9° Existence à la partie supérieure et interne des doux cuisses,

un peu au-dessous de l'anneau crural, d'une tumeur plus volumi-

neuse à droite, s'exagérant dans certaines positions, et reconnue

à l'examen, par M. le professeur Lanelongue et son chef de clinique

le D1' de Boucaud, comme une hernie musculaire de cavalier.

Toutes les fonctions organiques s'accomplissent bien. L'appétit

et le sommeil sont excellents. L'urine ne présente rien de particu-

lier.

Au point de vue mental, l'état se caractérise par un affaiblisse-

ment très notable des facultés. En ce qui concerne la mémoire, le

malade n'a plus que des souvenirs imprécis, vagues et confus.

Particularité curieuse cependant, il se souvient assez bien de son

temps de service militaire, des circonstances de sa fracture, du

nom des majors qui l'ont soigné, mais il a perdu la notion des

faits immédiatement antérieurs ou plus anciens, et il ne lui reste

presque plus rien de ce qu'il avait acquis au point de vue de

l'instruction.

Voici, à cet égard, un spécimen démonstratif, caractéristique à

la fois de la déchéance mentale et de l'altération de l'écriture. Il

remonte à la date même de nos premiers examens. Le sujet a

essayé dans les premières lignes, d'écrire ses nom, prénom et lieu

de naissance ; au-dessous, de copier sur un modèle placé devant

lui, ces mots : « La formation d'une classe de recrutement » ; au

bas enfin, de résoudre l'addition li8-li'+ 327, sur des chiffres qui

lui étaient également présentés dans l'ordre voulu.

L'activité psychique est à peu près éteinte chez le malade Il ne

recherche de lui-même aucune occupation, aucune distraction, et

reste inerte, passif, indifférent à tout. Cependant, très doux et très

docile, il fait ce qu'on lui commande et l'exécute tant bien que

mal, comme un enfant. Il ne présente de délire d'aucune sorte,

mais il a la satisfaction, le visage épanoui, le sourire béat, la

banale affectuosité d'accueil qui s'observent de façon si typique

chez le paralytique général.

paralysie générale ET SYPHILIS héréditaire. 453

Tel était l'état de Victor L... dans le ? premiers mois de l'année

1899. Cet état, tout en restant le même, est allé depuis en s'aggra-

vant insensiblement, malgré les divers traitements et la médication

spécifique employés.

Placé d'abord à l'hôpital Saint-André, où il est resté quelques

mois, Victor a été transféré, en novembre 1899, à l'établissement

d'aliénés du Dr Laiannp, qui a bien voulu l'hospitaliser. Il s'y

trouve encore, et bien qu'il n'ait jamais éprouvé d'ictus congestif,

tous les symptômes de sa paralysie générale se sont, dans ces

derniers temps surtout, nettement accentués. La démence est plus

profonde ; l'inégalité des pupilles (gauche toujours plus large) et

l'abolition de leurs réflexes sont plus marquées ; la parole est très

bredouillée, parfois inintelligible; l'ataxie, la parésie musculaire,

la trémulation linguale et labiale sont très accusées, etc. Seule,

1 Fig. li.

454 CLINIQUE MENTALE.

l'exagération du réflexe rotulien du côté droit a disparu. Le réflexe

du côté gauche est resté aboli. Le gâtisme n'existe pas encore,

mais il semble imminent.

Réflexions. Il me paraît inutile de discuter longuement

le diagnostic chez mon malade. C'est, à n'en pas douter, un

cas de paralysie générale juvénile, ayant débuté à l'âge de

dix-sept à dix-huit ans, et poursuivant normalement et len-

tement son cours progressif jusqu'à la terminaison finale et

la nécropsie qui ne pourra, je crois, que confirmer le résultat

de l'examen clinique. Ce que je voudrais, c'est relever et

commenter en quelques mots les principales particularités de

cette observation.

Syphilis héréditaire. La première de ces particularités,

la plus importante, est celle relative à l'existence de la syphi-

lis héréditaire, qui est pour moi, et j'ajoute pour la majorité

des auteurs aujourd'hui, le facteur essentiel de la paralysie

-juvénile.

On a vu que les renseignements de la tante du malade

avaient permis de penser que le père était syphilitique. Mais

ce n'était là qu'une présomption qu'il fallait, de toute néces-

sité, préciser plus nettement. Je n'avais pour cela qu'un

moyen : c'était de m'adresser au Dr Maisonnave (de Rion-les-

Landes). Voici la lettre très explicite et très péremptoire que

cet estimable confrère a bien voulu me répondre, et dont je

le remercie bien sincèrement :

Très honoré confrère,

Je puis vous donner des renseignements très précis sur les

parents de votre protégé Victor L... Le père que j'ai connu avant

son mariage, était fils d'un pellagreux. Lui-même était atteint de

pellagre, doublée d'une syphilis qu'il communiqua à sa femme avant

la naissance de Victor. La pellagre le conduisit au suicide. Il se

tira un coup de fusil sous le menton : mais voyant que la mort ne

venait pas assez vile, il eut le courage de prendre une corde et de

se pendre.

La mère était sous l'influence des accidents secondaires de la

syphilis lorsqu'elle accoucha de Victor. J'eus toutes les peines du

monde pour arriver à guérir provisoirement ce malheureux garçon

atteint lui-même de syphilis. Plus tard, la mère eut des accidents

tertiaires que je lomballis du mieux possible par des doses massives

d'iodure de potassium. Mais elle succomba, jeune encore, par suite

de cancer utérin.

PARALYSIE GÉNÉRALE ET SYPHtHS HÉRÉDITAIRE. 455

Je puis donc affirmer que Victor est syphilitique de père et de mère

et que lui-même a eu dès le bas âge des accidents secondaires de

syphilis. - 1

Il me semble difficile de souhaiter mieux en fait de preuve,

et il est certain que notre malade est un hérédo-syphilitique.

A noter aussi, au moins à titre de curiosité; - car ni sa soeur

ni lui ne portent des traces de cette intoxication devenue

aujourd'hui bien rare, même dans les Landes, qu'il est

fils et petit-fils de pellagreux.

Voici donc un nouveau cas de paralysie générale juvénile à

l'origine duquel on trouve manifestement la syphilis. Je rap-'

pelle, en ce qui concerne mes quatre observations antérieures,

que la première était relative à un jeune homme chez lequel

la syphilis fut soupçonnée en raison d'une éruption suspecte ;

que la seconde avait trait à un jeune homme qui, étant

enfant, fut considéré et traité comme ayant été contaminé,

.par sa nourrice; que la troisième et la quatrième enfin inté-

ressaient une jeune fille et un jeune homme chez les parents

desquels la syphilis fut nettement retrouvée.

J'ajoute qu'il en a été de même dans tous les cas où on a

pu et voulu la chercher sérieusement, ainsi qu'on peut s'en

convaincre en lisant les derniers travaux d'ensemble parus

sur la question, en particulier l'excellente thèse du Dr Thiry

(de Nancy) ', et celle plus récente de mon élève M. Delmas 1,

couronnée par la Faculté de médecine de Bordeaux. ·

Il y a là une accumulation de faits qui, dans la paralysie

générale juvénile comme dans la paralysie générale des

adultes, dénoncent nettement la syphilis et confirment ainsi

le rôle capital de cette infection dans l'étiologie de la maladie

à tous les âges, sous toutes ses formes et dans tous les

pays.

Pour en terminer sur ce point, je note que la famille de

notre malade, j'entends la descendance du premier lit de son

père, sur laquelle nous avons des détails précis, présente les

caractères de morti-natatité propres aux familles de syphili-

tiques tels que les a tracés notre éminent maître, le profes-

seur Alf. Fournier ; avec ceci en plus de significatif que le fils

' Thiry. De la paralysie générale dans le jeune âge. (Thèse de Kancv,

1898.) ' -

2 L. Delmas. De la paralysie générale des adolescents. (Thèse de Bor-

deaux, 1899.)

456 ' CLINIQUE MENTALE.

aine, antérieur à la syphilis paternelle, est, des cinq, le seul

bien portant.

C'est, du reste, exactement ce que l'on retrouve dans la

descendance des paralytiques généraux envisagée dans son

ensemble, ainsi que nous l'avons récemment démontré 1.

Forme démente. La seconde particularité à relever dans

notre observation, c'est la forme exclusivement démente,

sans aucun délire, de la maladie chez le sujet. -

Il en est ainsi, la plupart du temps, dans la paralysie géné-

rale juvénile qui, sauf de rares exceptions, où existe le délire

mégalomaniaque habituel, se manifeste sous la forme pure-

ment démente.

Cette particularité, qui se retrouve, bien qu'à un degré

moindre, dans la paralysie générale de la femme, comme

dans celle de l'adolescent, explique comment chez elle et chez

lui la maladie, réduite mentalement à un lent et silencieux

affaiblissement des facultés, reste parfois méconnue, ce qui

l'y fait paraître sensiblement plus rare qu'elle n'est en réalité,

et ce qui la fait prendre parfois, ainsi que je l'ai signalé 2,

pour de l'idiolie ou pour de la démence précoce. Le cas de

Victor est à cet égard aussi démonstratif que possible, car ce

jeune homme a pu, en pleine évolution de méningo-encépha-

lite, être incorporé dans un régiment et rester plus d'un an

soldat sans que sa démence, déjà profonde, ait nécessité l'in-

tervention du médecin et déterminé sa mise en réforme.

Ce fait bien curieux et qui mérite d'attirer l'attention de

nos confrères militaires, souvent aux prises avec des pro-

blèmes délicats de pathologie mentale, m'a été confirmé dans

les termes suivants par mon distingué collègue le médecin

major X., que je remercie de ce complément si instructif :

« Victor L... a été hospitalisé le 24 mars 1898 pour frac-

lit,e indirecte du fémur gauche au tiers moyen, consécutive

à une chute déterminée par un faux pas dans la cour du

quartier. Il est sorti de l'hôpital par guérison le 28 juillet.

Après une convalescence de deux mois dans ses foyers, il

1 E. Régis. La descendance des paralytiques généraux (L'Intermé-

cliczire des aliénistes et neurologisles, août, septembre, octobre 1899) et

Pli. Kicard. La descendance des paralytiques fiCtéi,a ? (x. (Thèse de l3or-

deaux, 1900.)

E. Régis. Quelques réflexions générales à propos de la paralysie

générale juvénile. (Annales n : f'(co-yc/to ? yK('6',mai-juu] 1898.)

PARALYSIE GÉNÉRALE ET SYPHILIS HÉRÉDITAIRE. 457

rentre au corps, puis le 3 janvier 1899 est présenté devant la

commission de réforme directement par son médecin major

pour affaiblissement progressif des facultés intellectuelles.

Durant son séjour à l'hôpital, le nommé L... n'a pas pré-

senté de manifestations psychopatbiques assez accusées pour

appeler l'attention du chirurgien sur son état mental. Doux

et discipliné, n'étant astreint à aucun travail manuel ou intel-

lectuel, il passait pour un esprit faible, dont l'instruction

militaire restait des plus lentes. Ce ne fut que le 3 janvier

1899, date de la réforme, que nous connûmes par le médecin

major du régiment et par le capitaine commandant sa batterie

les troubles psychopathiques que présentait L... depuis son

incorporation en novembre 1897, caractérisés essentiellement

par une insuffisance intellectuelle absolue. Malgré son appli-

cation à l'étude, il n'avait jamais pu apprendre quelque peu

ses théories militaires ; désireux de bien faire et très obéis-

sant, il était incapable d'exécuter les ordres les plus simples.

Un de ses camarades l'envoyait-il à la cantine chercher du

tabac, il lui rapportait du pain ; s'il était chargé de balayer

la chambre, il s'en acquittait très scrupuleusement mais en

divisait les balayures en autant de petits tas que la chambre

comptait de lits, pour les déposer ensuite religieusement sur

ceux-ci. Les chefs et les médecins du corps ayant certifié au

conseil qu'après observation cet homme leur paraissait réel-

lement inapte, au point de vue intellectuel, au service armé,

sa réforme a été prononcée. Le service hospitalier n'a jamais

été appelé à l'examiner et à donner son avis sur son état

mental.

Il semble donc ressortir nettement de ces faits que les trou-

bles psychopatiques présentés par le nommé L... sont anté-

rieurs à sa fracture de cuisse et que son traumatisme n'a pas

semblé exercer une influence au moins immédiate sur cet état

psychique. »

Je n'ai rien à ajouter à un document si plein d'intérêt et

d'enseignement, et j'insiste 1 nouveau sur le caractère effacé,

fruste, de la paralysie générale juvénile et sur la nécessite d'y

songer et de la rechercher chez les adolescents en \oie de

déclin mental, si on ne veut pas s'exposer à la méconnaître.

Fracture sponlanée. Radiographie. Il ne me reste plus

maintenant qu'à dire un mot de la fracture de cuisse surve-

nue chez mon malade pendant sou séjour au régiment.

458 CLINIQUE MENTALE. - -

- Les conditions dans lesquelles s'est produite cette fracture

chez un jeune homme de vingt-deux ans, sans traumatisme,

sans chute véritable, dans un simple affaissement du corps de

sa seule hauteur, permettent de la considérer comme une

fracture à peu près spontanée.

Je ne veux point traiter icicette, question de fractures

spontanées dans la paralysie générale, où elle est encore

discutée, et je me borne à dire qu'il serait étrange que ce

trouble trophique seul ne put se produire dans la maladie de

Bayle, alors qu'on y rencontre tous ceux, depuis le mal plan-

taire jusqu'aux dystrophies unguéales et dentaires, qu'on a

décrits dans le tabes. Pour ma part, j'ai déjà observé et signalé

plusieurs faits de ce genre.

Par une sorte de contradiction pour ainsi dire paradoxale,

la facilité aux fractures, dans certaines maladies, comme la

paralysie générale, n'a d'égale on le sait, que leur facilité de

réparation. C'est ce qui est arrivé chez Victor L..., qui a par-

faitement guéri, sans complication, sans trace de raccour-

cissement et de boiterie. La figure ci-contre donne, du reste,

une reproduction de la radiographie de sa cuisse, exécutée

dans le laboratoire de physique de mon ami le professeur

Bergouié. Elle montre la perfection du cal osseux.

J'ai pensé, à ce propos, que la radiographie serait suscep-

tible de montrer si le fémur, chez mon malade, était plus

grêle que normalement, et aussi si ce fémur présentait une

raréfaction plus ou moins grande du tissu osseux.

Grâce à l'amabilité du professeur Bergonié, qui a bien

voulu radiographier la cuisse de Victor, sur un même cliché,

à côté de celle d'un individu du même âge et de même taille,

j'ai pu m'assurer qu'il n'existait entre les deux aucune diffé-

rence appréciable.

Pour le reste, mon collègue, si compétent, estime que la

radiographie n'est pas actuellement en mesure de déceler,

d'une façon précise, l'état de nutrition des os, des circons-

tances multiples pouvant faire varier l'opacité du membre

radiographié.

Il n'en reste pas moins que cette nouvelle et merveilleuse

méthode d'exploration, appliquée à l'étude de certaines

lésions profondes chez les paralytiques généraux, en particu-

lier à celles des fractures, est susceptible de donner des résul-

tats intéressants, et je rappelle que le Dr Lalanue, continuant

Fig. 13.

460 THÉRAPEUTIQUE CHIRURGICALE.

mon premier essai sur ce point, a présenté au récent Congrès

international de médecine (section de psychiatrie) et à celui

de l'Association française pour l'avancement des sciences,

une série de plusieurs cas curieux de fractures dans la para-

lysie générale, nettement relevées par la radiographie.

Quant aux hernies musculaires de cavalier, chez mon

malade, que le professeur Lannelongue de Bordeaux et son

chef de clinique le D de Boucaud ont bien voulu examiner et

vérifier chirurgicalement, je me borne à signaler, à leur

égard, la possibilité de la même cause adjuvante que pour la

fracture spontanée : lé trouble de nutrition.

THÉRAPEUTIQUE CHIRURGICALE.

Hémiplégie spasmodique infantile avec épilepsie.

Ci,aîiectoî2tie avec éversion durale.

Modification de la contracture et disparition des accès

depuis un an;

Par le Ur J.-A. ESTEVES,

Professeur agrégé de la faculté et médecin des hôpilauv de Bucnos-Aircs.

L'idée de Fuller (de Montréal de pratiquer lacraniectomie

à un idiot afin de donner de l'expansion au cerveau, réa-

lisée dans l'année 1878, et émise onze ans plus tard par Gué-

niot, comme étant susceptible de quelque utilité dans les cas de

synostose prématurée des os du crâne, et pratiquée en grande

échelle par Lannelongue dans l'année 1890 et les suivantes,

fut accueillie partout avec un grand enthousiasme, en l'espé-

rance d'avoir trouvé le moyen de transformer en d'utiles

individus des êtres négatifs, dépourvus des qualités supé-

rieures du cerveau humain. Beaucoup d'années n'étaient pas

écoulées que déjà l'inefficacité d'une opération qui avait fait

naître tant d'espérances était démontrée.

M. Bourneville, dans une très intéressante communication

HÉMIPLÉGIE SPASMODIQUE INFANTILE. - 461

qui eut lieu à l'Académie'de Médecine de Paris au mois dejuin

1893, démontra, non seulement l'inefficacité de la craniec-

tomie employée comme moyen pour produire le développe-

ment cérébral, en modifiant favorablement le fonctionnement

de cet organe, mais il apporta aussi les preuves anatomo-

pathologiques d'une éloquence irréfutable, par lesquelles il

démontra l'inanité d'un tel procédé pour le traitement des

idiots et arriérés. Les cas que je connais confirment pleine-

ment l'opinion formée par le savant de Bicètre, et à l'appui

de laquelle, chaque année, depuis 1891 , il publie de nouveaux

faits.

Chez un enfant opéré par le D' M. Castro, au lieu d'une

croissance dans le côté opéré, on observa, après un certain

temps, une atrophie de ce côté du crâne.

Tous ces faits confirment une fois déplus l'axiome anthro-

pologique qui dit : « Le cerveau forme le crâne » ; l'espé-

rance est donc frustrée de prétendre modifier le contenu en

interrompant la continuité du contenant.

D'autre part, les solutions de, continuité produites par la

craniectomie simple pour obtenir non plus le développement

du crâne, sinon l'expansion du cerveau, étaient chimériques,

car la dure-mère empêche ce résultat dès le commencement

en ossifiant plus tard les brèches ouvertes, comme quelques

calottes d'opérés l'ont démontré'.

La craniectoiiiie est incluse dans les procédés chirurgicaux

qu'on a employés pour le traitement de l'épilepsie, soit que

celle-ci reconnaisse un traumatisme pour cause, soit dans

l'épilepsie essentielle, principalement après que les travaux

de Ctaslin furent connus. Les résultats laissèrent beaucoup

à désirer, et les restrictions de la majorité sont très justes*

Telle était ma manière de penser lorsque, au mois d'août

de l'année 1899, on me conduisit un petit idiot, qui souffrait

de fréquents. accès épileptiques.

Cet enfant, âgé de vingt-cinq mois, naquit à terme, accouche-

ment facile. -Son père et sa mère n'ont souffert d'aucune maladie,

son père mourut de la variole en l'année 1898. Sa mère est une

femme jeune, bien développée, de tempérament tranquille et d'une

santé très bonne. L'aîné des enfants a maintenant quatre ans, et

sa première maladie a été la rougeole, qu'il a passé d'ailleurs sans

' Il y en a une belle collection au Musée du Dr Bourneville à Bicutre.

Il 6 ) THÉRAPEUTIQUE CHIRURGICALE.

complications cet hiver, en même temps que son petit frère. C'est

un garçon proportionnellement développé, intelligent et d'un bon

caractère. Les grands-patents maternels vivent en bonne santé.

La grand'mère paternelle mourut de cancer à la mamelle.

Quand ce petit malade avait un mois, il souffrit d'une attaque

convulsive dont la jambe et le membre supérieur droit restèrent

paralysés. La mère ne se rappelle pas s'il' y eut déviation de la

ligure. Depuis ce temps, on remarqua que l'enfant ne donnait pas

des signes d'intelligence, et les convulsions se répétaient fréquem-

ment. Vers les onze à douze mois sa dentition commença, et sa

mère observa que les membres paralysés étaient devenus durs, ce

qui la gênait pour l'habiller, le membre supérieur avec l'avant-bras

en flexion, était appliqué au tronc : le membre inférieur était aussi

en flexion, lajambe sur la cuisse. Il ne pouvait pas se mettre debout.

Les convulsions étaient très fréquentes. C'est dans ces conditions

que je le vis.

Son aspect était plutôt sympathique. La figure gentille, avec le

crâne brachicéphajique, occipital aplati, montrant une déformation

plus grande peut-être que celle qu'on observe chez les enfants qui

sont continuellement couchés. Le vague de son regard attirait l'at-

tention. C'est en vain que l'on cherche à attirer son regard, il se

meut en tous sens. 11 crie constamment, il remue inconsidéré-

ment son bras gauche, mais on n'obtient pas qu'il regarde, ce

qui lit que sa mère le crut aveugle. Pendant la demi-heure que

nous avons dédiée à l'examen de cet enfant, nous avons compté

six attaques, produites en cette forme : la tête penchée en avant,

contracture générale en flexion, pâleur, un peu de salive écu-

meuse apparaît parfois entre ses lèvres, il semblait assoupi pen-

dant quelques secondes, puis il rouvrait les yeux et tout était fini.

Ces attaques sont celles que sa mère appelle « les petites attaques»;

ce sont celles dont il souffre constamment. Il souffre aussi d'autres

attaques où ses membres sont agités convulsivement, inclus les

membres paralysés, de même que la figure.

La paralysie faciale n'existe pas. L'avant-bras droit en flexion

sur le bras, les doigts sur la paume, la main en semi-flexion sur

l'avant-bras; la partie inférieure de ce membre en pronation était

entièrement appliquée au thorax, et il fallait vaincre une grande

résistance pour la séparer quelque peu.

La jambe en flexion sur la cuisse, celle-ci légèrement sur le bas-

sin, le pied en varus équin, ayant les doigts fortement étendus,

principalement le gros doigt, on pouvait l'étirer, mais pas autant

que le pied gauche.

Les réflexes étaient exagérés dans ces deux membres, mais ils

l'étaient davantage dans le membre droit. Le phénomène de

Uabinski s'observait dans le pied gauche; dans le pied droit la

position du gros doigt était, à l'état habituel, la même que la posi-

HÉMIPLÉGIE SPASMODIQUE INFANTILE. 463

tion prise au moment de se produire le réflexe inverti, c'est-à-dire

en extension forcée. Quant à la sensibilité générale, ce que je peux

dire, c'est qu'il retirait les membres ou la partie dans laquelle on

lui faisait une excitation douloureuse, étant impossible de faire une

investigation délicate.

Il était âgé de quatorze mois quand je l'examinai et opéré, et

jusqu'alors il n'avait pas donné le moindre signe d'intelligence.

Lorsque je voulus le mettre debout, il appuyait, pendant de

légers instants, le pied gauche par terre, mais le pied droit se

llexiontiait davantage sur la cuisse, en augmentant la contracture,

le membre supérieur s'appliquait en même temps, avec plus de

force contre le thorax. Le leste de ses fonctions était normal.

Je lui prescrivis une potion au Bi'k que sa mère ne voulut pas

lui donner. Elle revint me voir quelque temps après, me priant

de faire tout mon possible, pour que son enfant éprouvât au moins

un mieux, s'il était impossible de le guérir. Elle me ditqu'il avait

pris toutes espèces de remèdes, sans qu'ils aient fait aucun effet,

et qu'elle croyait que seule une opération pouvait le guérir.

Toutes les raisons que je lui émis furent inutiles à la faire désis-

ter de son propos, et c'est dans ces conditions que je consentis à sa

prière, en la prévenant que j'avais très peu d'espérance dans l'in-

tervention chirurgicale que j'allais pratiquer.. -

Une craniectomie comme celles qui, jusqu'ici, s'étaient pratiquées,

me semblait aussi inutile que de rien faire, car la place où la solu-

tion de continuité devait se produire, était indiquée par l'excita-

tion du centre cortical correspondant aux circonvolutions cen-

trales gauches et n'importe qu'elle fut la cause, il aurait gagné,

avec la simple section osseuse, autant que tous les cas connus.

En faisant l'intervention, puisque sa mère le désirait si vivement,

mon objet n'était certainement pas de chercher à améliorer son

état intellectuel, mais de pouvoir agir favorablement sur son état

épileptique, cela m'induit à mettre en pratique ce que Berezowski

avait fait dans ses expériences sur le rôle ostéogénique de la dure-

mère : faire l'incision en suturant les bords au périoste.

Le 3 septembre, je faisais l'incision du cuir chevelu un peu en

avant de la région rolandique, de manière que la brèche osseuse

correspondit a la icissure, et que la cicatrice molle pût s'appuyer

sur le pariétal, évitant ainsi les conséquences ultérieures.

Je sectionnai l'os dans une étendue de 6 centimètres de lon-

gueur sur 1 centimètre de largeur. La dure-mère avait son aspect

normal. Je lis la section de la dure et en séparant les lambeaux je

n'observai qu'un léger oedème sub-méningé. Je fis la suture des

bords de la dure au périoste et la blessure du cuir chevelu, je

plaçai ensuite un pansement simple que je laissai huit jours, au

bout desquels la cicatrisation était complète, sans qu'aucun acci-

dent se soit produit. %

464 THÉRAPEUTIQUE CHIRURGICALE.

Dans le mois de juin de l'année courante la mère revint me voir.

Elle m'amenait son enfant en me disant que depuis trois mois il

n'avait eu aucune des attaques dont il souffrait constamment

auparavant « ni petite ni grande » que l'enfant, avant si turbu-

lent, était devenu tranquille, car elle le laissait assis, et il passait

dans cette position de longs moments qu'elle pouvait dédier aux

soms du ménage, que, la rigidité de son bras et de sa jambe ayant

disparu] il lui était facile de l'habiller et il pouvait se mettre

debout. Enfin, qu'il disait « pipa, marna et ? ! ene », et que quand

elle l'appelait il se tournait de son côté, la regardait et souriait.

Tous ces faits, je pus les vérifier, et je dois confesser que je fus

surpris en voyant un succès sur lequel je n'avais pas eu d'espoir.

Ce n'est pas certainement son développement intellectuel qui causa

ma surprise, car le vague de son regard, réfléchissant la nébulo-

sité de son esprit, est le même que j'observai dans les premiers

moments. Je fus surpris par la modification de la contracture et

par la disparition de l'épilepsie. -

Lorsque cet enfant était âgé d'un mois, on se rappellera

qu'il souffrit d'une attaque convulsive, dont le bras et la .

jambe droits restèrent ballants, el ce ne fut seulement que

six mois après que sa mère s'aperçut qu'ils étaient rigides,

le bras adossé au corps, de manière qu'il lui était difficile de

l'habiller. Il était naturel de supposer que quelque lésion

pathologique fréquente s'était produite dans le cerveau gau-

che, et qu'elle avait envahi, non seulement la région motrice,

mais aussi la région frontale, puisque son intelligence ne se

développait pas (hémorragie méningée ou intrahémisphé-

rique, ramollissement, sclérose lobaire, pachyméningile, etc.).

Mais la c·tcziecGonie, en mettant à nu les membranes et la

superficie corticale, ne me permettait pas de découvrir dans

la petite extension ouverte qu'un léger oedème, incapable de

produire des phénomènes aussi prononcés, permanents, et

présentant tous les caractères des lésions désorganisatrices.

En effet, l'hémiplégie se produisit, et six mois après la

contracture se présentait. Cette manifestation, lorsqu'elle se

présente et survient avec cet intervalle, est considérée'dans la

clinique comme une conséquence de la dégénération secon-

daire. Ce symptôme révèle évidemment la lésion du cordon

pyramidal, quoiqu'il ne soit pas possible d'affirmer l'intensité

ou la nature de cette lésion.

La contracture post-hémiplégique chez l'adulte est géné-

ralement l'effet de la dégénération secondaire du faisceau

HÉMIPLÉGIE SPASMODIQUE INFANTILE. 465

pyramidal, mais, de même qu'il existe des cas qui ont présenté

la contracture sans la dégénération, produite par la simple

compression des cellules cortico- motrices 1 (chez l'enfant,

plus fréquemment que chez l'adulte), on ne peut pas établir

une relation de l'état du faisceau pyramidal déduite de la

lésion cérébrale.

Cestan, dans le travail que je viens de citer, rapporte des

observations qui ne permettent pas d'établir une règle à ce

respect. Des cerveaux avec porencéphalie, qui est une lésion

produite, d'après les auatomo-pathologistes, pendant la vie

intra-utérine, avaient leurs cordons pyramidaux correspon-

dants franchement dégénérés, alors qu'ils devaient se trouver

en état agénésique d'après le développement et la patho-

génie de ses lésions, puisque le neurone central manquait,

tandis que,dans d'autres cas, la dégénération du cordon pyra-

midal ne s'est pas produite malgré l'existence d'adhérences

méningées et de lésions méningo-encéphaliques, placées dans

la région rolandique.

Ceci, qui constitue une rareté chez l'adulte, est observé

plus fréquemment chez l'enfant, de manière qu'il n'est pas

possible d'induire l'état du faisceau pyramidal, quelque

intense que soit la rigidité spastique. Une dégénération de

quelques fibres seulement a produit d'énergique* contractures.

L'étude de Cestan rapporte beaucoup d'observations qui

prouvent le fait précédent. P. Marie, en traitant de l'hémi-

plégie infantile 2, dit « que l'on trouve presque toujours une

sclérose descendante assez prononcée du faisceau pyramidal,

quelquefois, au contraire, celle-ci est très peu marquée, elle

peut même ne pas exister dans des cas vraiment excep-

tionnels ». P. Marie et E. Jendrassik ont publié, en 1885,

l'observation d'un cas dont la maladie avait commencé à

' Le syndrome de Lille : par H. Cestan. Paris, 1899. Femme de cin-

quante-six ans entre à la Salpétrière avec hémiplégie produite deux ans

auparavant. Bras contracture en flexion. Paralysie. Jambe légalement

rigide. Hëuexes tendineux exagérés. Epilepsie jacksomenne du côté

paralysé sans perte de connaissance. On trouve à l'autopsie une tumeur

delà dure-mère, de la grosseur d'une mandarine, facilement énucléalle·

qui a comprimé la région motrice gauche, a poussé en arnere la scissure

de Sylvius et a aplati sans la détruire la circonvolution frontale ascen-

dante. Aucune altération du cordon pyramidal. La plus grande partie

des cellules pyramidales étaient intactes.

' Dictionnaire encyclopédique.

Archives, 2' série, t. XI. 30

d

466 THÉRAPEUTIQUE CHIRURGICALE.

l'âge de trois ans par des convulsions épilepliformes qui se

reproduisirent jusqu'à l'âge de six ans1. A cet âge, une para-

lysie et contracture du côté gauche se produisit avec parti-

cipation du facial inférieur. Son intelligence s'affaiblissait

progressivement.

Hémiplégie spasmodique du côté gauche, avec l'avant-bras

en flexion et le pouce dans la paume de la main. Pied bot

varus équin. Spasticité dans tous les segments de la jambe

gauche, exagération des réflexes tendineux. L'enfant mourut

à l'âge de huit ans et demi de tuberculose pulmonaire.

Sclérose lobaire de l'hémisphère droit, ayant l'écorce et les

nucléoles centrales complètement atrophiés. Il n'y avait pas

d'adhérences de la pie-mère. Diminution du nombre des

cellules nerveuses, et lésions vasculaires dans la substance

grise du lobe frontal. -

On chercha immédiatement la dégénération descendante,

que l'on devait / ? '0 ! fue ? ' d'après les lésions cérébrales et les

symptômes présentés par le malade (contracture très pro-

noncée). Au niveau du faisceau pyramidal croisé, les tubes

nerveux étaient moins abondants; le tissu conjonctif était un

peu plus épais, ces deux caractères se trouvaient des deux

côtés de la moelle et ne me permettaient pas d'admettre qu'un

côté fût plus .attaqué que l'autre, il ne fut pas possible de

vérifier la dégénération du faisceau pyramidal droit en haut

de l'entre-croisement. Etait-il question, dans cet enfant, d'un

de ces derniers cas ?

En tout cas, il est rare qu'une contracture, produite dans

dentelles circonstances et avec -l'intensité que présentait sa

rigidité, se soit modifiée si notablement et en si peu de temps

parce que dans tous les cas où ce phénomène s'est présenté

il a été perdurable.

Quand cette contracture cesse, c'est à cause de l'atrophie

des muscles. Mais, dans ce dernier cas, les attitudes vicieuses

des membres persistent, par les rétractions musculaires et

fibreuses, attitudes qui peuvent manquer dans les grandes

1 On trouvera de nombreux cas à'hémiplégie spasmodique infantile,

avec idiotie, imbécillité, arriération intellectuelle, d'une paît et cuiuci-

dant avec l'hémiplégie, et, d'autre part, a une époque ultérieure d'épi-

lepsie, dans les diverses publications du Dr Botirneville, de 187 à ci' jour.

M. P. Marie, d'ailleurs, en a utilisé quelques-unes dans son article du

nicl. Pucyclnr.

HÉMIPLÉGIE SPASMODIQUE INFANTILE. ' 467

articulations, mais qui généralement, si cela arrive, sont

observées dans les petites articulations (la main en griffe ou

déformations partielles des doigts). Mais il ne pourrait être

question de ce cas non plus, puisque l'atrophie des muscles

contractures n'existe pas.

Les faits cliniques démontrant que le syndrome, exagéra-

tion des réflexes et la contracture sont les manifestations

d'une lésion pyramidale, sont si nombreux qu'ils font une loi

neuropalhologique, mais il doit exister quelques cas qui font

exception, puisqu'il existe beaucoup d'enfants nés avant

terme dont les cylindraxiles pyramidaux ne sont pas arrivés

à la même hauteur que ceux de l'enfant né à terme, et dans

lesquels il manque, par conséquent, non seulement la myé-

linisation comme dans ce dernier, mais aussi l'axe qui doit se

couvrir de myéline, et ils ne présentent pas la rigidité que

présentent d'autres enfants nés dans des conditions pareilles ;

il existe aussi exagération des réflexes et contractures per-

mauentes, avec des lésions cérébrales destructives, sans que

l'examen le plus minutieux ait pu découvrir des lésions pyra-

midales.

De même qu'on ne peut pas donner une explication physio-

pathologique de la cause qui fait que les réflexes ne s'exagè-

rent pas immédiatement après la séparation de l'écorce et du

faisceau pyramidal, écueil'des théories encéphaliques autant

que des médullaires, je ne sais pas comment la modification *

de la contracture pourrait être interprétée, dans le petit

malade qui nous occupe, après une simple ouverture du

crâne qui ne montra pas de lésions méningées ni cérébrales

appréciables, sans que l'on puisse nier pour cela leur exis-

tence dans les régions intra-hémisphériques.

Si l'on admet la surexcitabilité de la substance ganglion-

naire sous-corticale par une lésion qui la sépare des couches

corticales (Ilitzi,-), l'intervention que j'ai pratiquée ne peut

avoir eu aucune influence sur la restauration de sa connexion'.

S'il y avait eu une sclérose descendante, les tissus sclérosés

excitant les centres sous-corticaux, la face des choses ne

changeait pas davantage.

Je ne crois pas à propos de m'arrêter à examiner -si les

théories de Bastian, Van Gehuchten, Monacnw, Grasset, ni

les théories spinales de Charcot, Brissaud, Blocq, 'ulpian,

lesquelles sont le plus généralement acceptées, ou l'action

468 THÉRAPEUTIQUE CHIRURGICALE.

inhibitrice du faisceau pyramidal supposée par Marie, peu-

vent expliquer la modification de la contracture chez cet

enfant, parce qu'aucune de ces théories n'est susceptible

d'être appliquée comme une interprétation de ce phénomène.

Le phénomène s'est produit et je le consigne comme un fait

notable.

La disparition des attaques épileptiques est digne d'attirer

l'attention. En général, l'on observe qu'après une inter-

vention crânienne, les attaques épileptiques, soient-elles

produites par des traumatismes plus ou moins anciens, ou

soit par d'autres causes, disparaissent pendant un temps plus

ou moins long, pour reparaître ensuite. Carter Gray dit,

dans la session du '18 novembre 1890, dans l'Académie de

Médecine de New-York : « Que dans les prétendus cas de gué-

rison, on ne peut pas assurer qu'elle soit due à l'acte opéra-

toire, et qu'une opération quelconque, sur n'importe quelle

partie du corps, ou, plus exactement, qu'une compression

quelconque sur les nerfs périphériques, peut produire les

mêmes résultats, comme White l'a démontré. D'ailleurs, on

sait que dans beaucoup de cas d'épilepsie, il se passe des

mois et des années sans qu'aucune attaque ait lieu. Et il est

utile de rappeler que lorsque le phénomène élait considéré

comme un facteur important dans la genèse de l'épilepsie,

on attribua plus tard à la circoncision les mêmes avantages

que l'on attribue aujourd'hui à la trépanation '. »

Cette opinion de Carter Gray a quelque fond de vérité,

mais elle est peut-être trop absolue. La manière avec

laquelle Nocher 2 trace le problème est plus scientifique.

Il étudie les statistiques de MM. Graf et Braün, lesquelles

démontrent que lea curations, au lieu d'atteindre les propor-

tions de 60, 70 p. '100, comme on l'avait admis, ne dépasse-

raient pas 4 p. 100, et il soupçonne que la cause de ceci est

due aux procédés opératoires, et il se demande s'il ne serait

pas possible de les améliorer.

Les recherches de Schâr et de Berezowski confirment la

manière de voir de Féré, par laquelle on obtiendrait les meil-

leurs résultats dans les cas où l'opération vise à supprimer

' Lu ! gi Roncoroni. Trait, clini. dell' Epilepsia, 1894.

* Congrès de la Société de chirurgie allemande dans la Semaine me-

dicale, 1899. Voir pages 370 et 387 du numéro de mai des Archives.

HÉMIPLÉGIE SPASMODIQUE INFANTILE. 409

une cause mécanique de l'épilepsie, comme dans les kystes

ou les tumeurs.

Les guérisons immédiates atteignent 68 p. 100 quand la

dure-mère n'a pas été entamée et elles arrivent à 88 p. 100

quand cette membrane a été incisée. Quand il n'existe pas de

lésion anatomique bien déterminée, l'intervention par l'ou-

verture durale donne 14 p. 100 de guérisons immédiates,

tandis qu'elle donne S4 p. -100 quand la dure-mère a été

incisée. Cette différence frappante fait confirmer Kocher dans

la théorie qu'une des causes principales de l'épilepsie réside

dans une exagération générale ou locale de la pression intra-

cranienne, et il croit, ce qui est très vraisemblable, que l'ou-

verture dure-mérale, semblable à une soupape de sûreté,

produit une action favorable.

Les expériences de Kiseljon, Todarsky (hyperémie et pres-

sion sanguine), Navrazky et Arent, ces derniers pratiquant

la ponction lombaire à des épileptiques, ratifient les opinions

théoriques et d'observation, lesquelles soutiennent l'augmen-

tation de la pression intra-cranienne dans l'épilepsie.

Kocher a observé que, dans les cas de guérison définitive,

le point trépané était resté flexible, tandis que chez les

malades attaqués de récidive, la perle de substance se trou-

vait remplacée par une membrane résistante et immobile.

Bourneville a insisté sur l'ossification des brèches et même

sur la formation exagérée de l'os ; cela ajouterait alors une

nouvelle cause à la production de nouvelles attaques '.

Boissier a fait connaître dernièrement la calotte d'une

jeune fille de dix-neuf ans, laquelle ayant souffert la trépa-

nation à l'âge de treize ans, mourut en élat de mal, et dont

l'orifice de trépanation était presque comblé et « serait par- -

venu à une occlusion totale si la malade avait survécu ». Les

trois premiers mois qui suivirent l'opération, il n'y eut pas

d'attaques.

Dans '18 cas de fracture compliquée du crâne, Kocher n'a

observé l'épilepsie consécutive qu'une fois, chez les autres

patients, il existait une perle de substance molle, laquelle

faisait lieu de soupape. Il termine, appuyant sur l'importance

' Congrès d'aliénisles d'Angers (Archives de Neurologie, 1898 et Progrès

médical, 1893 ; Congres international de médecine de 1900, section de

neurologie).

470 THÉRAPEUTIQUE CHIRURGICALE.

d'inciser la dure-mère après la trépanation et de ne pas

remplacer les rondelles osseuses.

Lannelongue craignait d'ouvrir la dure-mère, il ne faisait

que des scarifications dans les cas ds pachyméningite et,

dans ce dernier cas. il conseillait de la suturer soigneuse-

ment, et il ne faisait pas la résection par crainte de la perte

de liquide céphato-ractiidien, et parce qu'il ne croit pas à la

régénération des os par la diire-ii-ièi-c 1. Lucas-Chtmpionnière

ne craint pas non plus la reconstitution osseuse.

Les pièces anatomiques de Bourneville et les expériences

de Berezowski sur le rôle ossincateur de la dure-mère, ne

permettent pas de mettre en doute son action osléogénique.

Ce sont là des pièces que chacun peut voir et qui parlent

hautement.

Dans les congrès de sociétés allemandes de chirurgie, Von

Beck, Gussenbauer, Lawensteim et Von Bergmann furent

d'accord avec la manière de voir de Kocher. Von Bergmann

manifeste quelques réserves parce qu'il croit que l'altération

spasmophile congénitale ou acquise, soutenue par Féré,Joly,

Ummerricht, est celle qui doit dominer dans le traitement

chirurgical de l'épilepsie. Lawenhtein raconta l'intéressante

histoire d'une jeune fille qu'il avait opérée quatre ans aupa-

ravant en faisant l'incision de la dure-mère, cette jeune fille

était attaquée d'épilepsie dès l'âge de huit ans, avec cécité

complète et paralysie. Après l'opération, la paralysie, la

cécité et les attaques disparurent définitivement.

La matière dont Kocher a formulé le problème a ouvert

de nouveaux horizons au traitement chirurgical de l'épilepsie,

et dans l'étude des cas opérés l'on est vraiment incliné à

procéder en entamant la membrane durale, parce que non

seulement elle maintient le cerveau emprisonné, en facilitant

l'augmentation de tension, mais elle sert aussi à reconstruire

l'os de nouveau. z

Il serait hasardeux de déduire une conclusion définitive,

mais je crois prudent, et peut-être profitable, de diriger les

recherches dans ce sens. L'étude de Kocher est encourageante

et le cas que j'ai observé, quoique unique, est, dans mon opi-

nion et dans celle de mes confrères à la considération desquels

je l'ai soumis, celui qui a présenté un succès plus complet.

' Congrès Français de chirurgie, 31 mars 1891.

HÉMIPLÉGIE SPASMODIQUE INFANTILE. 4-il L

L'épilepsie, chez les hémiplégiques de cette nature, ne dis-

paraît qu'au bout de trente ans en avant, et ce sont les cas

où le traitement médical a le moins d'action. Il est vrai qu'il

existe un incognito qu'il est difficile d'éclairer, car la nature

anatomique de la lésion qui produit le syndrome influera

probablement dans les résultats. Mais malheureusement, ce

diagnostic, dans l'état actuel, ne peut qu'être soupçonné '.

L'espace de temps qui s'est écoulé sans que les attaques se

soient reproduites chez ce garçon, n'est pas assez long pour

que l'on puisse affirmer qu'elles ne reviendront plus. Cepen-

dant, comme la disparition des attaques n'a pas été le seul

résultat de la petite craniectomie, mais aussi la modification

de la contracture, laquelle, à ma manière de voir, a rendu ce

cas plus intéressant, je ne considère pas prématurée sa

publication sans préjudice de faire connaître sa marche ulté-

rieure.

En nous retournant les épreuves de son travail (mars 1901),

M. le professeur Estèves y ajoute les notes suivantes qui en

augmentent l'intérêt.

Je n'avais pas revu cet enfant, dit-il. depuis le mois de novembre,

je l'examinai de nouveau dans tes premiprs jours do ce mois. J'arrivai

chez lui au moment qu'il déjeunait ; il mangeait avec appétit, assis

à côté de sa mère. Son aspect était le même que j'ai déjà décrit :

regard si vague où il fait douter s'il n'est pas aveugle; il demeure

toujours tranquille où on le place; sommeil et fonctions générales

sans altération. Mais je sus que dans le mois de décembre il

souffrit d'altérations gastro-intestinales, avec diarrhée abondante

pendant presque tout le mois ; les derniers jours, quand les dépo-

sitions se produisaient il devenait « comme s'il était mort ».

H y a déjà un an que ses attaques ont disparu complètement,

et quoique je pense, malgré le laps de temps écoule, le plus long

. peut-être qu'on a observé après des interventions opératoires, car

généralement les attaques reparaissent entre trois ou cinq mois,

quoique je pense je le répète, qu'il est prudent de ne pas déduire une

conclusion définitive. C'est une observation qui devient chaque jour

plus intéressante, et qui autorise à continuer ce procédé comme

traitement dans tous les cas rebelles au bromure de potassium et

au régime qu'on emploie généralement chez un épileptique.

Ce cas est d'autant plus intéressant qu'il a passé par une des

' Voir les observations de lîourneville dans l'Icoioqi,. de la Salpêtrière

de 1878.

472 THÉRAPEUTIQUE CHIRURGICALE.

preuves les plus sérieuses, car l'influence provocatrice de phéno-

mènes convulsifs (épilepsie) qu'ont les perturbations intestinales,

est bien connue, et par-dessus tout cela, il faut remarquer la nature

de ? on épilepsie. Ces paroxysmes syncopaux produits les derniers

jours chaque fois que les dépositions avaient lieu, pendant les-

quels l'enfant devenait « comme s'il était mort », je ne pourrais

pas affirmer qu'ils ne furent pas des vertiges épileptiques, mais la

coïncidence qui faisait qu'ils ne se produisaient qu'au moment des

évacuations, me porte à les considérer comme étant des réflexes

intestinaux vulgaires. Il est fréquent d'observer que lorsqu'un épi-

leptique a passé un temps sans attaques, lorsque celles-ci se repro-

duisent par une cause quelconque, elles se répètent pendant un

certain temps après que la cause a disparu.

Dans les premiers jours du mois de janvier de l'année courante,

ses fonctions intellectuelles se régularisèrent, ses forces furent toni-

fiées, il commença à vouloir marcher tout seul.

En le prenant de la main gauche il marche facilement. Son

membre supérieur droit devient rigide en flexion, les doigts de la

main flexionnés aussi, mais sans l'appliquer fortement au thorax,

comme c'était sa position habituelle avant la craniectomie, ce qui

démontre que la contracture quoique modifiée grandement, n'a

pas encore tout à fait disparu. Il fait usage de la main gauche

pour prendre les objets qui tombent à sa portée. Les réflexes tendi-

neux sont exagérés, toujours davantage dans le côté droit. Ce que

j'ai observé de son état intellectuel, c'est que pendant le mois de

décembre qu'il passa séparé de sa mère, il a oublié de dire

« marna ».

J'ai opéré deux autres enfants; un d'eux, à peu près du même

âge que l'antérieur, je l'ai perdu de vue; et l'autre âgé de sept ans,

était un garçon très turbulent, souffrant de très fréquentes attaques

épileptiques, qui se répétaient journellement; il est maintenant

plus tranquille, il ne souffre qu'une attaque parjour de 4 à 5 heures

après-midi. J'opérai ce garçon le mois d'octobre de l'année passée;

les attaques ont diminué peu à peu jusqu'au nombre indiqué.

Si je peux arriver à quelque déduction quant à l'espérance que

l'on peut abriter sur le succès de cette intervention, c'est que les

attaques ne disparaissent pas brusquement après l'opération.

Chez ces deux petits malades, j'ai observé une diminution gra-

duelle, jusqu'à la disparition complète, chez le premier des enfants

au bout de cinq mois, et chez le second, dans ce même laps de

temps, elles étaient réduites à une seule. Il semble que l'habitude

convulsive ne se perd pas tout à coup malgré la plus grande expan-

sibilité cérébrale 1. -

1 Nous invitons notre distingué collaborateur à nous tenir au courant

de l'histoire de ses opérés. ( ? )

HÉMIPLÉGIE SPASMODIQUE INFANTILE. 473

Épilepsie et trépanation.

Le cas suivant, emprunté à M. le Dr Gilles de la Tourette,

vient s'ajouter à tous ceux que nous avons publiés sur le peu

d'efficacité de la trépanation contre l'épilepsie.

« Je soigne depuis deux ans environ, dit-il, un jeune homme qui,

à l'âge de douze ans, reçut sur la tête un objet très lourd qui lui

occasionna une fracture du crâne avec enfoncement, bientôt suivie

d'accidents épileptiques généralisés, intenses et fréquemment

répétés. Il /'f<< opéré trois fois. On enleva d'abord une portion d'os

qui n'était plus de niveau avec la surface du crâne et comprimait

le cerveau. Une seconde fois, on agrandit le trou de trépanation,

une ttoisieme fois on incisa et on libéra la dure-mère qui était adhé-

rente. Il conserva S6S<tceMd't'pt<epsM. Les choses allèrent ainsi pen-

dant près de 8 ans ; il prit un peu de bromure à doses interrompues.

En fin de compte, on vint me consulter pour les accès qui allaient

en augmentant. Je le soumis à un traitement bromure à la dose

assez forte de 6, 7 et 8 grammes qui fut scrupuleusement suivi, es-

paça et fit disparaître presque complètement les accès. Ce n'est

pas la guérison, mais la vie est redevenue possible et le malade

peut se livrer à quelques occupations. » (Le Traitement pratique de

F Epilepsie, p. 8.)

En présence d'un traumatisme tel que celui du malade de

M. G... de la T..., c'esl-à-dire avec enfoncement du crâne, le

traitement chirurgical devrait intervenir de suite.

Lorsqu'on suit les malades pendant plusieurs années (deux,

trois, quatre, cinq ans), on voit presque toujours, malheureu-

sement, réapparaître les accès. Nous faisons de nouveau, appel

à tous nos confrères qui ont opéré des épileptiques, ou voient

des épileptiques naguère opérés, pour qu'ils nous envoient

ou publient ailleurs les cas qu'ils observent soit dans

les asiles, soit dans leur clientèle. l3oaiVr.vICLE.

Alcoolisme DE l'enfance ET de l'adolescence. La Société médi-

cale de Iteims s'est occupé récemment de la question si grave de

l'alcoolisme. Nous relevons le fait suivant : « 11. Colleville a dans

son service de l'Hôtel-Dieu un jeune alcoolique de quinze ans qui

boit chaque jour à la cave trois bouteilles de vin et est déjà atteint

de cirrhose. » Ce fait s'ajoute à tous ceux que nous enregistrons

presque mensuellement dans les numéros des Archives de Neuro-

logie et qui, réunis, permettraient de faire une thèse très intéres-

sante au point de vue clinique et social.

SÉMÉIOLOGIE.

Un nouveau signe physique spécial à l'intoxication

alcoolique : « le signe de Quinquaud » ;

I'ar le D I : u. <1GBR1-,

Interne a l'asile ite Mantille.

Il est utile en bien des cas de rechercher les habitudes

alcooliques; si cette recherche est parfois facile, et permet

d'arriver à la certitude, très souvent, au contraire, on ne

.peut acquérir que des présomptions : il n'existe, en effet,

aucun critérium, surtout à l'égard des buveurs modérés ; les

troubles digestifs ou nerveux qui sont fréquents chez les

alcoolises ne sont nullement spécifiques, en effet ils peuvent

se rencontrer chez des individus sobres comme ils peuvent

manquer chez des buveurs avérés, aucun d'eux n'est suffi-

samment précis. De plus une telle recherche est délicate, elle

exige des questions ou des examens bien connus du public;

le malade se méfie, et par intérêt ou amour-propre cherche

à dissimuler. Il n'est pas toujours aisé de faire étendre la

main pour constater du tremblement; bien des gens surpren-

nent ainsi la pensée du médecin et peuvent se blesser du

procédé.

Notre attention a été attirée en ces derniers temps par

notre chef de service M. Paris sur un signe nouveau d'alcoo-

lisme propre à l'alcoolisme, et jusqu'ici peu connu, décrit par

un médecin des environs de Rouen 1L. Maridort. Ce dernier,

habitant une des régions les plus alcoolisées de France, a

donc un champ d'expérimentation assez étendu, et son opi-

nion à cet égard a par conséquent une réelle valeur. Ce signe

qu'il recherche quotidiennement a été étudié, paraît-il, par

Quinquaud mais sans en avoir jamais parlé, et sans laisser

aucune publication à ce sujet. Il est ainsi décrit : « Ordonner

à l'individu d'écarter les doigts, de les étendre et de les

appuyer fortement et perpendiculairement contre le fond de

SIGNE PHYSIQUE SPÉCIAL A I,'lNT0XlCATION ALCOOLIQUE. 475

votre main : pendant les deux ou trois premières seconde»,

vous n'éprouvez rien d'extraordinaire, mais bicnlôf vous sen-

tirez de petits chocs, comme si les os de chaque doigt se

repoussaient brusquement l'un l'autre et -menait frapper vôtre

paume '. » " ' .

Nous avons recherché ce signe chez les malades de l'asile

de Maréville en employant le manuel opératoire que nous

venons de décrire, voici les résultats qae nous avons

obtenus. Nous ferons d'abord quelques remarques. La crépi-

tation varie d'intensité et de nature suivant les individus,

c'est tantôt un frottement léger, tantôt un véritable craque-

ment analogue à celui que l'on perçoit dans une articulation

atteinle d'arthrite sèche. L'intensité est plus grande chez les

hommes aux larges surfaces ai Liculaires que chez les femmes.

Il n'est pas nécessaire de faire appuyer fortement les doigts;

une pression modérée suffit en général, une pression trop

forte produit la fatigue et masque la véritable sensation. Il

faut aussi se méfier du frottement de l'extrémité des doigts

contre la peau épaisse de la paume de la main, il produit,

surtout si la peau est sèche, une impression assez analogue à

celle qu'on devrait ressentir, niais pouvant avec de l'habitude

en être facilement distinguée.

Les malades de l'asile peuvent évidemment être considérés

comme sobres, car il n'est alloué à chacun d'eux que la

ration quotidienne réglementaire ; jamais il n'est distribué

d'alcool, mais quelques-uns boivent de temps en temps un

peu de bière. A ce régime les alcooliques peuvent éliminer

rapidement leur poison ; aussi la plupart de ceux que nous

avons pu voir, ne présentaient plus de signes physiques d'in-

toxication ; en outre nous n'avons jamais eu à examiner que

d'anciens alcoolisés, sobres depuis plusieurs jours au moins.

Nous avons commencé nos recherches chez les épilepti-

ques. Sur cinquante-deux femmes observées tant en état de

mal que dans des moments sans crises, une fois seulement

le signe de Quinquaud existait : c'était chez une ancienne

fille soumise âgée de trente ans, entrée récemment, ayant

déjà subi une vinglaine de condamnations pour ivresse

publique. Dipsomane, elle trouvait le moyen malgré une sur-

veillance assidue de voler le vin de ses compagnes. Cepen-

' Médecine moderne, IS juillet 1900. Moniteur thérapeutique, ô novem-

bre 1900.

476 SÉIkIOLOGIE.

dant parmi nos épileptiques il existait encore d'anciennes

buveuses, mais elles étaient toutes entrées depuis cinq ans au

moins, et ne subsistait plus chez elle aucun signe apparent

de leur intoxication passée. >

Passant ensuite aux paralytiques généraux, nous avons

obtenu le résultat suivant. Vingt malades (hommes et femmes)

atteints de paralysie générale vraie, mais sans alcoolisme, ont

donné un résultat négatif. Neuf autres paralytiques anciens

alcooliques se répartissaient ainsi :

SIGNE PHYSIQUE SPÉCIAL A L'iNTOXICATION ALCOOLIQUE. 477

plus peut-être pour que chez des gens déjà intoxiqués, un

faible supplément d'alcool entretint des manifestations

légères.

La deuxième catégorie comprenait dix-neuf aliénés entrés

depuis deux ans. Dix cas étaient positifs; sur ces dix cas :

quatre entrés en 1899 et 1900 présentaient un tremblement

intense, deux des trou btesparalytiformes avec steppage, quatre

enfin ne présentaient plus que des troubles mentaux divers.

Sur neuf cas négatifs, trois fois il n'existait plus de tremble-

ment, deux fois le tremblement était très fort, et dans un cas

accompagné d'amblyopie.

Nous nous résumerons donc en disant que nous n'avons

trouvé le signe de Quinquaud ni chez les épileptiques, ni chez

les paralytiques généraux. Les alcooliques seuls nous l'ont

donné avec assez peu de régularité et de fréquence. En dehors

de l'asile, au contraire, sans avoir fait une véritable enquête,

nous l'avons cherché chez des étudiants ou des ouvriers quand

l'occasion s'en présentait. Nous avons alors été frappés du

grand nombre de cas positifs. Quoique notre étude sur ce

point n'ait pas été rigoureuse, nous pouvons dire cependant

que le signe de Quinquaud se rencontrait non seulement chez

des individus que nous connaissions comme des buveurs

habituels, mais aussi chez d'autres qui boivent peu et qui

passent pour être sobres ; il est vrai que pour beaucoup la

sobriété n'exclut pas un alcoolisme mitigé. Néanmoins dans

tous les cas où l'abstinence était indiscutable il nous a tou-

jours fait défaut; de plus rare à l'asile où les malades sont

forcément tempérants, il est fréquent au dehors où la liberté

de boire est absolue. Nous pouvons donc conclure que le

signe de Quinquaud est vraisemblablement un phénomène

pathologique.

Est-il spécifique à l'alcoolisme ? Nous n'oserions l'affirmer,

nos recherches, et vraisemblablement celles de Quinquaud

lui-même, ayant été loin de donner des résultats rigoureu-

sement probants. Etant donné qu'on peut le rencontrer chez

des individus ayant fait peu d'excès, qu'il disparaît rapide-

ment après le sevrage chez les uns, qu'il persiste au contraire

longtemps dans les mêmes conditions chez d'autres, et qu'enfin

chez certains buveurs d'habitude il peut faire complètement

défaut, il nous semble qu'il serait prudent de restreindre sa

valeur séméiologique. On peut en tout cas affirmer que lors-

478 SÉMÉIOLOGIE.

qu'on le rencontre, on se trouve en présence de quelqu'un

dont l'abstinence n'est pas absolue.

Il paraît de plus être un signe habituellement précoce puis-

qu'il existe si fréquemment au dehors en l'absence de toute

autre manifestation pathologique de l'alcoolisme. Disparais-

sant rapidement après le sevrage il peut être considéré

comme un signe d'alcoolisme entretenu.

Quelle en est la pathogénie ? Il nous semble difficile de

l'élucider dès à présent, mais il parait certain qu'il n'est pas

en rapport avec le tremblement puisque nous l'avons cherché

en vain chez des malades présentant un tremblement très

accusé'. Voilà quelles sont les conclusions auxquelles nous

sommes arrivés, ce sont celles aussi du D'' Maridort qui nous

les a confirmées dans une lettre récente.

Si la valeur spécifique de ce signe pouvait être démontrée,

on aurait au moins un moyen de diagnostic bien utile, sans

parler de l'avantage momentané qu'il possède d'être inconnu

du public, et de pouvoir être facilement appliqué. En patho-

logie mentale il pourrait montrer dans quelle mesure des

excès alcooliques ont joué un rôle dans l'éliologie d'une

affection, et servir ainsi à préciser le diagnostic. Il nous a

aidé de cette façon dans un cas en mettant notre esprit en

éveil. Une femme âgée chez laquelle on avait signalé des

excès alcooliques, était considère comme atteinte de trou-

bles dus à la fois à l'alcoolisme et à la sénilité ; elle ne pré-

sentait aucun signe physique d'alcoolisme, même pas le signe

de Quinquaud si précoce cependant, nous avons conclu que

les excès alcooliques, insuffisants pour déterminer une intoxi-

cation physique légère étaient conséquence et non cause de

l'altération de l'état mental. Le signe de Quinquaud pourrait

être encore un élément de diagnostic différentiel dans les cas

d'hébétude soit qu'ils soient consécutifs à des attaques d'épi-

lepsie pendant la nuit, et jamais constatées de jour, soit qu'ils

fassent suite à l'alcoolisme, à la confusion mentale ou à un

choc cérébral. Il en serait de même pour des hallucinations

terrifiantes et pour une foule d'autres symptômes qu'on

pourrait peut-être mieux interpréter.

' Ne serait-il pas plutôt un phénomène de même ordre que les cra-

quements musculaires ou tendineux observés chez certains névropathes,

en particulier chez les neurasthéniques et les hystériques et dont l'ex-

pltcation est encore à donner.

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. - 47&

Il serait trop long de signaler tous les cas dans lesquels il

est important de savoir l'usage que fait un individu des bois-

sons alcooliques, chose que chacun nie au médecin. Il nous

semble cependant que le signe que nous venons de décrire

pourrait beaucoup aider au choix d'un personnel de surveil-

lance dans les asiles ou le^ hôpitaux, à défaut d'autres rem-

seignements, et qu'il ne serait pas à dédaigner pour un con-

trôle périodique tel que celui des aiguilleurs et employés de

chemins de fer, ou pour l'examen de ma ! ades à opérer avant

la chloroformisation ; peut-être pourrait-il faire éviter bien

des accidents.

Ces conclusions sont peut-être un peu avancées, nous espé-

rons qu'elles sont conformes à la vérité, mais nous souhaitons

surtout que d'autres recherches viennent définir le « signe

de Quinquaud » mieux que nous n'avons pu le faire, et en

montrent la valeur clinique. Nous avons simplement voulu

attirer l'attention sur une particularité intéressante à étudier.

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

IX. Sur la mauvaise direction donnée au traitement des buveurs,

par George R. Wilson. (7'Ae7oM)' ? ? a< Mental Science, octobre

1898.)

On ne trouve guère à relever dans ce mémoire assez long que

deux points originaux : l'auteur pense que les doctrines médicales

actuelles (hérédité, névroses, etc ) trouvent trop d'excuses aux

buveurs; il est aussi d'avis que les parents et les amis du buveur

au lieu de s'ingénier à dissimuler ou à excuser son vice devraient

au contraire le rendre public afin d'éveiller le sentiment de la

honte ; il ne serait même pas éloigné de préconiser les châtiments

corporels chez les buveurs invétérés. R. de luscn.lve-CLAx.

X. Un cas d'hématoporphynurie; par Keitii-Campbell.

(Tne Journal of mental Science, avril 18987)

L'hématoporphynurie et ses rapports avec l'administration du

sulfonal ont vivement attiré l'attention dans ces derniers temps,

480 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

et si l'on n'a pu préciser la nature des phénomènes qui provoquent

cette modification urinaire, le tableau clinique des symptômes qui

l'accompagnent est maintenant nettement tracé. Le cas observé par

l'auteur et dont il publie l'observation détaillée est un cas typique

et complet, suivi d'autopsie. il est remarquable par la faible dose

de sulfonal employée (1 gr. 80 en deux doses, trois jours avant

l'entrée à l'asile), si faible que l'on peut légitimement se demander

si elle doit être mise en cause. Des cas de ce genre ont été décrits

dans lesquels les malades n'avaient pas pris de sulfonal.

Le pronostic en pareil cas est toujours au moins grave ; il devient

tout à fait mauvais lorsque surviennent des symptômes paraly-

tiques et surtout lorsque l'activité diaphragmatique'est le moins

du monde compromise. R. de Musgrave-Clay.

XL Notes sur un cas d'empoisonnement par l'if ;

par BEDFORD l'isucr. (llie Journal o' lletztal Sei,îice, avril 1898.)

Jeune femme de vingt-six ans atteinte de folie puerpérale avec

tendance au suicide : vers Noël, elle devient plus gaie et concourt

à la décoration des salles au moyen de plantes vertes ; le 27 dé-

cembre, en sortant de table, elle tombe, la face se cyanose, les

pupilles se dilatent, la respiration devient stertoreuse, et la malade

meurt en un quart d'heure. A l'autopsie, on trouve l'estomac rem-

pli de feuilles d'if. 1

L'auteur rappelle les quelques cas analogues qui existent dans

la littérature médicale; les exemples connus démontrent que la

plante mâle est plus toxique que la plante femelle. L'action phy-

siotogique de l'il' est due à un alcaloïde, la toxine, qui n'a été jus-

qu'ici qu'imparfaitement isolé ; cet alcaloïde a une action marquée

sur le coeur pour lequel il est un tonique puissant. La manière

dont l'if détermine la mort mérite d'être signalée ; ordinairement

il n'y a aucun symptôme prémonitoire, tout au plus un peu de

mal de tête ou de légers troubles gastriques; mais le plus souvent

la mort survient avec une soudaineté terrible. Il est donc indis-

pensable de ne pas planter d'ifs autour des asiles, et de ne pas

employer les branches de cet arbuste dans la décoration des salles.

R. DE iiIUGft.a1'L-CL.1Y.

XII. Sur le traitement de la folie par la médication thyroïdienne ;

par J. Middlemass. (The Journal of Mental Science, janvier 1899.)

Nous reproduisons ici textuellement les conclusions très détaillées

de cet important travail : 1° la glande thyroïde contient une ou

plusieurs substances qui, médicalement administrées, sont capables

d'exercer sur l'organisme une puissante influence; 2° ce fait est

prouvé dans la plupart des cas par une élévation de température

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 481

qui peut aller jusqu'à quatre degrés (Fahrenheit) au-dessus de la

normale ; 3° Dans un certain nombre de cas cette élévation de tem-

pérature est très légère ou fait même entièrement défaut; il) Il est-

actuellement impossible de prévoir les cas où cette élévation exis-

tera, et ceux où elle manquera; ? L'état ambiant de la tempéra-

ture influence dans une certaine mesure la réaction; G° La fré- .

quence et le caractère du pouls sont modifiés dans tous les cas où

l'on fait usage des préparations thyroïdiennes. ·

7° Ces modifications consistent en une augmentation de la fré-

quence, et une augmentation initiale suivie d'une diminution dans

le volume du pouls; 8° Comme ce signe est constant, tandis que

l'élévation de la température ne l'est pas, c'est l'action sur le pouls

qui devra servir principalement de guide pour montrer que les

doses administrées sont suffisantes; 9 Comme le médicament s'ac-

cumule, et ne s'élimine pas rapidement, il faut avoir soin de ne pas

pousser trop loin les doses; 10° En règle générale, des effets avan-

tageux complets sont obtenus avec des doses de 6J grains par

jour (le grain anglais vaut G centigrammes) pendant six jours;

mais, dans certains cas, une dose moindre est suffisante, et dans

d'autres 90 grains sont tolérés sans accidents.

41° Dans quelques cas, de petites doses, administrées pendant

une longue période de temps, produisent une réaction suffisante;

12° 11 est absolument indispensable de faire, chez tous les malades,

avant de commencer le traitement, un examen attentif des pou-

mons et du coeur; 13° Dans les cas où la phthisie est active, ou

même assoupie, la médication thyroïdienne augmente toujours

l'activité du processus morbide; 14J Comme la médication thyroï-

dienne agit aussi avec une grande puissance sur le coeur, les

lésions de cet organe et particulièrement celles qui déterminent

des irrégularités d'action constituent une contre-indication for-

melle à son emploi.

lu0 Pour la même raison, pendant l'emploi des doses fortes, le

malade doit être maintenu au lis, et y rester pendant quelques

jours après la suspension du traitement; 16" Les préparations thy-

roïdiennes provoquent des troubles digestifs, que l'on réussit ordi-

nairement à éviter en les donnant dans du beeftea tiède (non

chaud) et en mettant le malade à un régime alimentaire léger et

facile à digérer; 17° Après la suspension du traitement, les toniques

et un régime alimentaire, particulièrement substantiel, seront pres-

crits avec avantage; 18° Dans la grande majorité des cas, la médi-

cation thyroïdienne exerce aussi une influence bien nette sur l'état

mental ; 19° Chez beaucoup de malades, elle exerce une action net-

tement stimulante sur l'écorce cérébrale.

20° Dans la plupart des cas, il y a une tendance à la reproduction

des symptômes mentaux primitifs; 21" L'interprétation de la façon

dont les préparations thyroïdiennes agissent pour amener la guéri-

AiDVi.s, 2* 2* série, t. Y1. 31

'482 'revue DE thérapeutique.

son est encore obscure; 22° Il est parfaitement clair que les effets

bienfaisants sont entièrement indépendants de la réaction de

température; 23° Par conséquent l'idée directrice initiale du traite-

ment, à savoir la prodution d'un état fébrile, n'est pas entièrement

justifiée par les résultats; 24" Il estactuellemens tout à fait impos-

sible de dire quel sera, au point de vue mental, le résultat du trai-

tement thyroïdien. -

25° If est également impossible de dire dans quelles formes de

maladies mentales il donnera des résultats avantageux; 26° Dans

la série de cas étudiée par l'auteur, des malades qui ont guéri

a toujours été de vingt-quatre à trente-cinq ans, et à [exception

d'un seul, tous étaient atteints d'une forme ou d'une autre de mé-

lancolie ; 2 ï° L'âge de ceux chez lesquels on a constaté une amélio-

ration marquée variait dans des limites beaucoup plus étendues,

et l'âge ne parait pas être la seule mlluence qui agisse' sur les

chances de guérison, pas plus après la médication thyroïdienne

qu'après toute autre médication; 28° Les femmes paraissent plus

susceptibles d'amélioration par le traitement thyroïdien que les

hommes; 29° La raison de cette différence est inconnue.

30° Même dans les cas que l'on considère comme désespérés, la

médication thyroïdienne produit souvent une amélioration telle-

ment grande que le degré de la démence est considérablement

diminué; 31° Chez aucun malade le traitement n'a été suivi de résul-

tats fâcheux, grand soin ayant été pris d'éliminer ceux qui étaient

porteurs de lésions physiques; 32° Il est extrêmement probable

que le traitement thyroïdien fournit un élément pronostique sur en

ce qui touche les chances de guérison ; c'est-à-dire que si le malade

ne présente pas d'amélioration sous l'influence de ce traitement,

ses chances de guérison sont pratiquement nulles.

Il. de Musgrave CLAY.

XIII. La punition considérée comme conséquence douloureuse de la

conduite; par Charles Mercier. (I'he Journal of Mental Science,

octobre 1899.)

L'auteur rappelle que dans un précédent travail, il a. posé trois

principes : 1° d'abord qu'un aliéné ne devait pas être puni comme

une personne saine d'esprit; 2° ensuite que certains aliénés ne

devaient pas être punis du tout; 3° enfin que la majorité des

aliénés devait être punie pour le plus grand- nombre de ses

méfaits. 11 ajoutait que, en fait, le système des punitions était sur

une grande échelle, appliqué aux aliénés. A cela, dit-il, on a répli-

qué qu'on appliquait en effet aux aliénés un système de punitions

et de récompenses qui seraient des punitions et des récompenses

s'il ne s'agissait pas d'aliénés, mais qui, parce qu'il s'agit d'aliénés

cessent d'en être : en un mot, on punit les aliénés, mais on ne

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 483

veut pas le reconnaître. On prétend ne pas punir l'aliéné parce

qu'on le prive simplement d'une chose qui lui est agréable, mais

cette piivation est pénible, et par conséquent elle est une puni-

tion : car l'auteur définit la punition : une conséquence doulou-

reuse de la conduite.

Nous sommes dans un monde où nous avons, dans une certaine

mesure, la faculté de déterminer notre conduite : quelques-uns

de nos actes nous donnent du plaisir, d'autres de la douleur :

quand un acte cause de la douleur, cette douleur est la punition

de cet acte. Et il va de soi que si l'acte entraîne du plaisir nous

avons une tendance à le répéter, et que s'il entraîne de la douleur,

nous faisons un effort pour l'éviter : donc la punition détourne de

la répétition de l'acte.

La punition peut venir des choses ou des personnes. Le D' Ra3·-

ner dit que le sentiment de vengeance qui est au fond de la puni-

tion, qui e=t infligée par le milieu social, la différencie de celle que

nous recevons des objets inanimés : s'il s'agit du punisseur, soit;

mais s'il s'agit du puni, les motifs du punisseur lui sont parfaite-

ment indifférents ; la punition, d'où qu'elle vienne, l'empêchera

dans une certame mesure de renouveler l'acte qui l'a provoquée.

Si les aliénés ne doivent, en aucun cas, être punis, il ne reste plus

qu'à bouleverser le monde en leur faveur. On dira que c'est pous-

ser les choses à l'extrême; mais il faut que les partisans du sys-

tème de l'abstention de toute punition système que pas un seul

d'entre eux ne met rigoureusement en pratique, -voient bien net-

tement où leur théorie les conduit : la seule justification de leur

théorie, ce serait que la punition ait perdu tout son effet sur les

aliénés, et que ceux-ci ne fussent plus capables d'être détournés

d'un acte par la prévision de ses conséquences certaines ou pro-

bables. lui est-il ainsi ? Est-ce que les aliénés qui travaillent dans

les ateliers ne prennent pas' les précautions nécessaires pour ne

pas se blesser avec leurs outils ? Est-ce que les femmes employées

à la buanderie ne prennent pas soin de ne pas s'échauder ? Est-ce

que tout aliéné qui possède un peu d'argent le gaspille d'une

façon désordonnée. Il faudrait pourtant démontrer cette impré-

voyance des aliénés pour pouvoir soutenir qu'ils ne sont pas

influencés par la crainte des conséquences fâcheuses de leurs actes,

ce qui revient à dire par la crainte du châtiment.

Mais si l'influence du châtiment sur la conduite n'est presque

jamais totalement abolie chez l'aliéné, elle peut fort bien être

modifiée, et il n'est pas sans intérêt de rechercher de quelle

manière. La conduite est cei tainement le résultat de l'attraction

pour le plaisir et de la répugnance pour la douleur; mais on peut

l'envisager à un autre point de vue et la considérer comme le résul-

tat d'un antagonisme entre l'impulsion qui pousse vers un acte et

la faculté de contrôle qui permet de s'en abstenir. A ce point de

484 REVUE DE THRAPFUTIQUE.

vue la folie peut diminuer les effets du châtiment de deux maniè-

res : en augmentant l'impulsion, ou bien en diminuant le pouvoir

de lui résister. Il est évident que dans les formes d'aliénation men-

tale qui exagèrent à un degré extrême l'un de ces deux étals

(énergie de l'impulsion, faiblesse de la résistance) aucun châti-

ment ne doit être infligé.

Il y a très peu de fous, dit encore l'auteur, qui soient totalement

fous; chez la plupart d'entre euxil y a une sphère d'activité, petite

chez les uns, mais grande chez les autres, dans laquelle ils sont

gouvernés par les mêmes motifs que les gens raisonnables, et dans

laquelle aussi la punition est efficace, et par conséquent légitime.

- li. oE \I=cnwn : CLav.

XIV. Note sur le sulfonal, avec un cas de névrite périphérique

toxique consécutif à son emploi; par John S111'Cllrl.n : . (7'lte Joli ? '-

nal of Mental Science, octobre 1899.)

Il s'agit d'un malade atteint de mélancolie aiguë qui, ayant pré-

senté pendant un mois des symptômes d'extrême agitation, fut

soumis au traitement par le sulfonal : la dose que l'auteur prescrit

généralement., c'est-à-dire 40 grains (3 gr. 40 centig.) n'ayant pas

amené de calme, celte dose fut portée quotidiennement pendant

six jours (avec un effet modérément accusé, mais néanmoins utile)

à 80 grains (4 gr.'80 centig.). Le malade a présenté rapidement

des phénomènes classiques de névrite périphérique : il est actuel-

lement en bonne voie de guérison, et les périodes d'excitation

n'ont pas reparu. L'auteur ajoute que, depuis deux ans qu'il

emploie continuellement le sulfonal, il n'a jamais eu d'accidents

sérieux, tels que hémato-porphyninurie, troubles gastro-intesti-

naux, éruptions cutanées, dépression cardiaque, etc., et qu'en

revanche il en a toujours retiré de réels avantages.

lt. de tUSG12.11'E-CL.11-.

XV. Le refus de nourriture chez les aliénés, avec une méthode

d'alimentation artificielle qui n'est pas généralement connue;

par A. Il. NEWT. (The Journal nf Mental Science, octobre 1899.)

Après avoir passé en revue les divers modes usités d'alimenta-

tion artificielle des aliénés, l'auteur propose le suivant qu'il a pra-

tiqué avec succès depuis trente ans et qui est suffisamment simple

et facile pour être à la portée de tout le monde. On place le malade

dans la position couchée on à demi couchée et l'opérateur fixe la

tète soit avec le bras gauche, soit en la prenant entre ses genoux :

un drap est enroulé autour des jambes du malade, et un aide

'agenouillé à côté des jambes saisit les poignets et les abaisse, en

évitant toute pression sur le corps ou sur les membres. Alors

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 485

l'opérateur introduit l'index de la main gauche dans la joue que

l'on distend le plus possible : on empêche ainsi toute contraction

de l'orbiculaire des lèvres et du buccinateur et le malade est dans

l'impossibilité de cracher les aliments. On verse dans la poche for-

mée par la joue distendue environ deux cuillerées à soupe d'un

aliment liquide qui descend graduellement düsts le tube digestif.

Il n'est pas nécessaire d'écarter les dents, car même si l'on ne peut

pas profiter du vide que laisse fréquemment une dent manquante,

le liquide a largement la place de passer derrière la dernière

molaire pour arriver jusqu'au pharynx. Si cependant le malade

s'obstinait à refuser d'avaler, il suffirait de pincer légèrement le

nez pour mettre obstacle à la respiration nasale et forcer le

malade à respirer par la bouche; le succès est certain, puisque,

pour respirer, il faut qu'il avale. Quand le malade a été alimenté

de cette façon pendant quelques jours et quand il s'est aperçu

qu'il était absolument sans défense, il se fatigue ordinairement

d'une résistance inutile et recommence à s'alimenter volontaire-

ment. L'auteur espère que ceux qui prendront la peine d'essayer

ce petit moyen ne tarderont pas à abandonner pour toujours la

sonde oesophagienne. Il. de Musgiuve-Ciuy.

XVI. Les grandes opérations chez les aliénés : Notes sur un cas de

cataracte; par J. H. 1'cLL WA ? =n.

C'est l'observation résumée d'une double opération de cataracte

pratiquée chez un aliéné. Il. de lfuscrc.we-CEr. '

XVII. Un cas d'idiosyncrasie remarquable à l'égard du chloral; par

Arthur \V. Wilcox. (The Joumtul of Mental Science, avril 1900.)

Il s'agit d'une malade de quarante-quatre ans, anémique et

atteinte de manie aiguë, qui à la suite de l'administration de

doses relativement faibles de chloral présenta tous les symp-

tômes de la scarlatine (éruption, oedème de la face et des pali-

pières, angine, température élevée, et ultérieurement desquama-

tion, pas d'albumine). Comme il y avait à ce moment dans l'asile

un cas de scartine on n'eut aucun doute sur le diagnostic. Le début

de la scarlatine était du 12 septembre. Une fois guérie, elle rede-

vint agitée; vers le 4 janvier on lui redonne une potion au chloral,

pour calmer cette agitation, et la malade est immédiatement

reprise d'une éruption scarlatineuse, également suivie de desqua-

mation. En février, nouvelle agitation, nouvelle potion au chloral,

cette fois encore suivie d'une éruption semblable. Enfin le chloral

administré une dernière fois à la dose de cinq grains (0,30 centig.)

détermina en quelques heures une vive rougeur de la face avec

irritabilité cutanée, et la malade donna des signes d'agitation et

de mauvaise humeur.

486 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

Divers auteurs ont décrit un rash scarlatiuiforme avec desqua-

mation après l'usage prolongé du chloral à hautes doses. Garrod

dit que ce rash ressemble plus souvent à l'urticaire. Couler dit

qu'on peut trouver de l'albuminurie; dans le cas actuel il n'y eu a

jamais eu. L'élévation de la température est un fait digne de

remarque, le chloral étant plutôt un agent anti-thermique. Il est à

noter qu'une fois chez cette malade une seule dose de 10 grains

(0,00 centigr.) a fait monter la température de 3° (Fahrenheit).

L'engorgement ganglionnaire, l'oedème de la face, l'angine, la rapi-

dité avec laquelle la langue s'est revêtue d'un enduit épais, sont

encore des phénomènes dignes d'être mentionnés. Enfin on a observé

que les personnes saines d'esprit qui ont contracté depuis long-

temps l'habitude de faire usage du chloral deviennent irritables,

et poignardes; or, une seule dose de 0,30 centigr. a suffi chez la

malade en question pour provoquer ces symptômes à un (le-té é

très accentué. ' R. de lLiSGI(AVF-CL.IY.

1VIIL- Traitement des aliénés phthisiques par l'isolement et le

plein-air, avec notes sur soixante-quatorze cas traités de cette

manière; par David 13r..ma. (The Journal of Mental Science.

avril 1900.)

L'auteur résume ainsi les résultats obtenus :

Le plus grand nombre des malades, relativement, se composait

d'epileptiques, et ce sont eux qui ont été les moins accessibles au

traitement. Parmi les autres, tous étaient à une période plus ou

moins avancée de la maladie, quelques-uns même n'étaient entrés

à l'hôpital que pour mourir. Mais chez 23 malades, la tuberculose

a été enrayée d'une manière effective et leur état a été beaucoup

amélioré. Deux d'entre eux, outre l'amélioration marquée de leur

état pulmonaire et de leur santé générale, ont guéri de leur folie,

et ont obtenu leur sortie.

Pratiquement, les malades suspects bénéficient tellement du

traitement au point de vue de la santé générale qu'on ne tarde

pas à pouvoir sans inconvénient les réintégrer dans les salles géné-

rales. Mais le bénéfice de cette méthode n'a pas été limité aux

sujets en état d'imminence morbide, ou actuellement atteints par

la maladie. Il est incontestablement résulté un avantage réel du

simple isolement, car depuis son introduction dansl'asilele chiffre

de la mortalité par phthisie a baissé de près de moitié.

Pour des raisons que l'auteur a indiquées, l'isolement complet de

tous les phthisiques n'a pas été possible, jusqu'ici, mais il le sera

bientôt. Même en tenant compte de cette impossibilité, et en

admettant la possibilité d'une simple coïncidence dans la diminu-

tion du chiffre de la mortalité, l'auteur estime que les résultats

obtenus démontrent suffisamment que l'isolement elle traitement

REMJE DE THÉRAPEUTIQUE. 487 I

hygiénique de la phthisie sont, dans une certaine mesure, des

moyens efficaces, et sont aussi applicables aux aliénés des asiles

^qu'aux autres catégories sociales. li. de Musguave Clay.

XIX. La technique de la ponction lombaire ; par Lewis-A. CONINER.

(1'Ivc Ntw-York Médical Journal, 12 mai 1900.)

Depuis Quincke, la ponction lombaire s'est tellement répandue

qu'il n'est pas surprenant que de nombreuses variétés se soient

introduites dans la technique.

L'auteur rappelle d'abord quelques données anatomiques, ainsi

que les altitudes qu'on a proposé de donner à l'opéré, et les divers '

points d'élection préconisés par les différents auteurs.

Dans la détermination de ce point d'élection, il faut se souvenir

1° que l'aiguille doit pénétrer facilement dans l'espace sous-arach-

noidien ; 2° que la ponction doit être faite au point où l'on risque

le moins de léser le tissu nerveux contenu dans le canal rachidien;

3° que le liquide évacué doit être aussi riche que possible en sédi-

ment. - On répond suffisamment à la première de ces exigences

en pénétrant par l'un quelconque des espaces lombaires ou par

l'espace lombo-sacré. La seconde condition est réalisée pour

peu que l'on opère au-dessous de la troisième lombaire, et la

troisième en ponctionnant dans l'espace lombo-sacré. Quelle

que soit la position que l'on fait prendre au malade (et qui peut

être dictée ou modifiée par les circonstances) il importe d'obtenir

le maximum de flexion ventrale du sujet.

L'anesthésie est le plus souvent tout à fait inutile : l'insensibili-

sation de la peau (cocaïne, stypage) est suffisante. L'asepsie

doit être aussi parfaite et aussi rigoureuse que pour n'importe

quelle grande opération. Les points de repère sont faciles à trouver

sauf chez les sujets très gras ou très musclés : pour eux on se sou-

viendra de la règle de Jacoby (une ligne partant du sommet des

crêtes iliaques passe parla quatrième apophyse épineuse). L'ap-

pareil instrumental, que l'auteur décrit avec soin, est connu.

Quand tout est préparé et le point où l'on veut opérer choisi, on

marque avec le doigt de la main gauche l'espace interapophysaire

et l'on introduit l'aiguille en un point situé eu face du bord supé-

rieur de l'apophyse épineuse inféneute, et sur.une ligne située un

peu en dehors d'elle, c'est-à-dire à quelques millimètres de la ligne

médiane; l'aiguille est dirigée très légèrement en haut et vers la

ligne médiane de manière à ce qu'elle soit sur cette ligne médiane

au moment où elle pénètre dans l'espace sous-arachnoïdien : chez

l'enfant, on rencontre le liquide une profondeur de deux ou trois

centimètres, et chez l'adulte, aune proton leur de quatre à sept.

Si l'on rencontre une résistance osseuse, on retire légèrement l'ai-

guille et on la pousse de nouveau sous un angle un peu différent.

488 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

Dans la position horizontale le liquide s'écoule ordinairement

goutte à goutte; dans la position verticale il sort sous forme

de léger filet. Il vaut mieux le laisser couler que de l'aspirer

avecune seringue, procédé qui diminueliop brusquement la pres-

sion et donne lieu à des symptômes fâcheux.

La quantité de liquide à évacuer dépend du but de la ponction

d'abord ; celle-ci peut être en effet exploratrice ou thérapeutique ;

mais il'faut se guider principalement sur l'état du malade, et

arrêter immédiatement l'écoulement en cas de céphalalgie, de ter.-

dance t la syncope ou de modification du poulg. Pour retirer

· 1 â âyille il faut employer une certaine force. L«s accidents sont

rares', et le plus souvent sans importance et sans gravité, bien

qu'ils puissent devenir ennuyeux. Les cas dans lesquels il

existe depuis déjà assez longtemps une augmentation considérable

la pression ce l'ébrospmate, par exemple les cas de tumeur

sont ceux qui paraissent le moins bien supporter la

brusque soustraction d'une grande quantité de liquide céphalo-

rachidien. DE

XX. De l'importance médicale des écoles auxiliaires pour les

enfants arriérés; pas- (de Irancfort-sur-Ie-\fein). Tiie

du XXV0 Congre-; annuel des neurologues et (iliéiiisles de l'Allc-

magne du Sud, à 13ade-les-Baiiis, 27 mai 1900.

Le médecin praticien des grandes villes sait, par expérience'

qu'une grande partie des troubles fonctionnels du système nerveux

de la grosse armée des neurasthéniques, hypochondriaques, hys-

lériques, doivent être mis sur le compte de la débilité mentale

congénitale. Les succès scolaires et les examens heureux n'infir-

ment pas cette manière de voir parce qu'il ne s'agit, en l'espèce,

que de produits purement mécaniques de la mémoire. En tous cas,

les éléments suivants sont intéressants. En dehors de la Prusse, il

n'y a pas encore beaucoup d'écoles auxiliaires, eu Allemagne, pour

les arriérés. Dresde a été la première ville allemande qui, sur la

motion des professeurs Kern et Staetzner, a créé une classe auxi-

llaire pour arriérés : c'était en 1867. Géra, Apotda, el, en 1881,

Ilrun·wc)c, à l'mstigalion du 1), 13erllian, suivirent cet exemple.

Les classes auxiliaires donnèrent graduellement naissance à des

écoles à plusieurs degrés. Il en fut de même pour Leipzig, Dresde,

Elberfeld, Dusseldorf, Cologne et Francfort-sur-le-Mein. En 1897,

il y avait en Allemagne quarante-trois villes, en Suisse trois villes

pourvues d'installations de ce genre.

A lrancforl-sur-le-\ieiu, où l'école en question fonctionne depuis

onze ans, on vient de construire un bâtiment moderne à cet usage.

Il se compose de six classes. On y reçoit, avant tout, les élèves,

ndemnes de troubles visuels et auditifs, qui dans les écoles com-

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 489

munales (populaires) n'ont pu réus-ir, après les avoir assidûment

fréquentées pendant deux années, à apprendre les matières de la

deruicte classe.

Au début de la présente année, 47 garçons et 5 filles étaient

mis à la disposition de l'école auxiliaire, ce qui fait 1/2 p. 100 pour

les ? 0.000 élèves environ des écoles primaires. 43 enfants seule-

ment étaient admis, pa< ce que l'école auxiliaire ne reçoit que

vingt à vingt-cinq enfants par classe, alors que l'école ordinaire

en admet au maximum soixante pour les classes élémentaires et

quarante pour les classes supérieures, Chaque enfant I)ossèd 1-

certificat sanitaire et sa feuille individuelle ; on y inscrit lessindife*1

cations nécessaires sur les tares héréditaires, les maladies qu'ils

eues, les conditions domestiques et sociales des parents, les,po-

grès et les travaux qu'il a accomplis, les passages aux classer

supérieures, ainsi que l'observation médicale détaillée. '\<

Le maître ou la maîtresse accompagne l'enfant pendant cinq

ans jusqu'à la seconde classe A quatorze ans les enfants quittent

l'école. L'enseignement n'y a lieu que le matin. En toutes les

classes, on fait simultanément l'enseignement sur les mêmes

matières, de sorte que l'enfant, suivant ses disposition", peut être

affecté à une classe inférieure ou à une classe plus élevée.

Sur la religion, l'histoire, l'histoire naturelle, l'enseignement ne

dure qu'une demi-heure. Les leçons de choses, les exercices ma-

nuels, les exercices de diction, et de traitement des vices du

langage occupent une large place dans le plan de l'enseignement.

Chaque heure est suivie de dix a quinze minutes de repos. Chants,

jeux, exercices en liberté, devoirs très courts à faire à la maison,

réduction des punitions au minimum.

Sur 137 arriérés, observés en 1899, beaucoup présentaient, outre

la défectuosité iutellectuel'e, d'autres signes de dégénérescence :

paralysies infantiles hémilatérales, cérébrales et spinales, mala-

die de Liltle, chorée congétinale, lipomatose des muscles, rachi-

tisme, végétations adénoïdes de la cavité nasopharyngietine, dont

l'ablation fut sans influence sur l'attention et, variétés crâniennes,

malformations des oreilles, nystagmus et strabisme, furent fré-

quents. Rareté de l'inégalité des pupilles. Six élèves durent être

transférés à l'asile d'idiots. Un put revenir à l'école ordinaire.

Même alors qu'il a quitté l'école, l'élève n'est pas perdu de vue.

Il est difficile de les placer. Le gouvernement saxon alloue par an

150 marks de récompense aux maîtres ouvriers qui ont appris

avec succès leur métier aux élèves des écoles auxiliaires de Diesde'

et de Leipzig.

La ville de Brunswick remet aux conseils de revision la liste des

élèves sortis afin qu'on évite les inconvénients chez les conscrits

de l'interprétation erronée et de l'ignorance de leur état mental.

Les classes supplémentaires annexées en'beaucoup de villes aux

490 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

écoles ordinaires, ou qui doivent leur être annexées (merlin) sont

. moins pratiques, comme le pensent aussi nombre de pédagogues,

que ces écoles auxiliaires. Il existe une sorte de concurrence entre

' les asiles d'idiots et les écoles auxiliaires. Quand les conditions

sociales des parents sont très mauvaises, ce qui est l'habitude,

l'internat, comme iL Leipzig, est en bien des cas préférable. Quand

les conditions du foyer domestique sont bonnes, les E... auxiliaires

suffisent. Les enfants atteints d'imbécillité morale ont dû être

tenus éloignés de l'école auxiliaire.

En résumé : 1° le médecin a besoin de la collaboration des

maîtres, de leur observation prolongée dans l'école; 2° la sur-

veillance par le médecin des écoles auxiliaires et, dans les petites

villes, des classes auxiliaires, est indispensable ; 3° l'organisation

doit'en être élaborée par les médecins et les maîtres en commun ;

4° l'imbécillité morale relève d'établissements spéciaux (d'édu-

cation coercitive) ; u° les enfants qui ne font pas de progrès à l'école

auxiliaire doivent être placés dans les asiles d'idiots ; 60 il n'y a que

l'institution des médecins des écoles qui puisse nous garantir le diag-

nostic hâtif, essentiel, de l'imbécillité, le diagnostic différentiel

entre l'imbécillité morale et 1 imbécillité intellectuelle, et nous

permettre de séparer les arriérés par défaut de développement des

organes des sens, de la parole, etc. '. P Keraval.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

LUI. Fausse grossesse; par G. 1lliNDL,Y. (Tlie journal of mental

Science, janvier 1900.)

11 s'agit d'un de ces cas qui ont été souvent décrits sous le nom

de « grossesses de la ménopause » et dont Pajot donnait jadis

la description la plus humoristique. Le point intéressant de l'obser-

vation actuelle c'est que la malade a poussé l'erreur jusqu'à ses

dernières limites en se croyant prise des douleurs de l'enfantement,

1 Nos lecteurs que cette question intéresse, trouveront des renseigne-

ments détaillés dans la collection des Archives de Neurologie, dans

nos Compte rendus de Bicetre, les Procès verbaux de la Commission de

s irveillance des asiles d'aliénés de la Seine, enfin dans les volumes du

Congrès international d'assistance publique de 1900. - Tout ce qui est

dit pjr M. Laquer est ce que nous nous enurcuns de faire comprendre à

l'Administration de notre pays. (11.).

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 491

et en faisant appeler l'auteur pour la délivrer. Cette malade, âgée

de cinquante-quatre ans, était saine d'esprit; il faut donc voir là,

non une hallucination, mais bien plutôt un exemple d'auto-sugges-

tion intense. ' 11. de Musgrave-Clay.

'Nous avons eu l'occasion de voir un cas qui se rapproche

du précédent, Mme X..., âgée alors de quarante-cinq ans, a eu

ses règles le février 1897. A partir de là, elle a eu des

dégoûtsr3es envies de vomir. « Moi, dit-elle, qui prenais une

absinthe de temps en temps, j'étais écoeurée quand je passais

devant des gens qui en prenaient. » Son ventre gontlait. Elle

sentait comme des mouvements, « mais pas forls. » Un chi-

rurgien, un gynéeotogiste, un accoucheur des hôpitaux l'ont

examinée et lui ont déclaré qu'elle n'était pas enceinte et

n'avait pas de fibromes, qu'elle devenait simplement obèse.

Persuadée, malgré cette alfirmalion, qu'elle était enceinte,

elle a régularisé sa situation et a épousé son amant. Elle a

préparé le berceau et la layelle. A huit mois, elle a eu des

« douleurs dans les reius et quelque chose qui poussait. »

Depuis le février, néanmoins, tous les mois, elle aurait eu

ses règles, mais passagères et peu abondantes.

L'erreur, dans ce cas, concernant une femme très nerveuse,

est d'autant plus surprenant qu'elle avait eu une fille autrefois

et fait plusieurs fausses couches. Depuis qu'elle a constaté son

erreur elle a eu des idées de suicide, ce qui se voit parfois. Les

journaux politiques du mois de mai ont signalé un nouveau z

cas de fausse grossesse, celui de la reine Draga, de Serbie, dont

nous aurons peul-être l'occasion de parler. Bournlville.

LIV. Contribution à l'étude de la paralysie progressive infanto-

juvénile ; par G1\Nul.l. (Rio. sp. tii 1894, fasc. 3-i.)

Deux observations dont l'une s'accompagne de ces phénomènes

dits hallucinations hygriques. A ce propos l'auteur rapporte deux

autres faits, relatifs a des adultes ayant présenté les mêmes hallu-

cinations et suivis d'autopsie. Dans ces deux cas, les lésions ana-

tomiques présentaient une diffusion uniforme sur les lobes

cérébraux de nature à exclure d'emblée l'idée d'un rapport entre

les hallucinations hygriques et l'existence d'une lésion en foyer de

l'écorce. D'ailleurs, excepté le cas de Tambroni, dans toutes les

autres autopsies, on a noté l'atrophie diffuse des circonvolutions'

qui se rencontre communément dans la démence, paralytique.

Aussi, est-il impos-ible de circonscrire le siège cortical de cette

voie sensitive. La sensibilité hygrique ne semble plutôt pas être

492 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

une sensation indépendante de la sensation tactile ; mais un

attribut de cette dernière qui se reflète dans les phénomènes hal-

lucinatoires de la même manière que dans les hallucinations

visuelles et auditives se reflètent tous les multiples attributs, reliés

à chacun de ces sens. Cela n'est pas seulement prouvé par les

lésions anatomiques diffuses de l'écorce, mais aussi par cette obser-

vation- qu'aux hallucinations hygrnques font souvent cortège

d'autres hallucinations complexes et que, comme tous les autres

troubles sensoriels elles sont sujettes à des rémissions et à des

exacerbations et peuvent même s'élever à la dignité de véritables

délices. En dehors de leur rareté, ces hallucinations n'ont rien de

véritablement particulier par rapport aux autres. Baillarger pensait

qu'elles se rencontraient fréquemment chez les paralytiques. Le

fait est exact. Cependant Ramadier les a notées chez un épilep-

tique, Tambroni chez un hypochondriaque, Ciistiani, Alessi et

Fronda chez deux paranoïaques et un hypochondriaque.

J. SÉGLAS.

LV. Étude clinique sur les psychoses névralgiques; par Muigazziki

. et l'ACETi'L (Iiiv. sp. ilift-ell., 189), lasc. 3 4).

Les auteurs distinguent suivant la forme de névralgie quatre

groupes de psychoses dus à la prosopalg : e, à la migraine, à la

céphalalgie ou aux névralgies extraencéphatatgiques. Ils subdivi-

sent ensuite chaque groupe en trois formes selon la durée et

l'intensité de la psychose, une forme aborlive, une forme aiguë ou

transitoire de quelques heures à une ou deux semaines, une forme

prolongée pendant des semaines ou des mois.

Ce sont les céphalalgies qui fournissent le^ formes les plus nom-

breuses de psychopathies ; puis viennent les migraines. Plus rares

sont les psychopathies dues au prosopalgies et aux névralgies

périphér.ques. Les formes prolongées qui se développent à la suite

de la migraine et de la prosopalgie sont très rares ; elles sont plus

souvent provoquées par la céphalalgie et la névralgie intercostale.

Les formes abortives sont presque exclusives de la céphalalgie. Les

formes hallucinatoires, associées à un degré plus ou moins grave

de confusion, dominent dans les psychoses névralgiques d'origine

encéphalique : rares sont les délires paranoïdes. Un état d'angoisse

associé à de la dépression et à des interprétations délirantes est

presque caractéristique des psychoses névralgiques, d'origine

extra-encéphalique. Les psychoses , névralgiques dans leur

ensemble frappent plutôt l'homme que la femme ; les formes abor-

tives dominent exclusivement chez la femme, tandis que les

formes transitoires ou aiguës sont plus fréquentes chez l'homme.

Pour ce qui est de l'étiologie et de la nature de ces psychopa-

thies, les auteurs attribuent'une grande importance à l'hérédité et

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 493

ne pensent pas qu'il s'agisse là d'accidents de nature hystérique ou

épileptique.

Au point de vue symptomatologique les formes ont-elles un

aspect spécifique ? Tantôt elles révèlent l'aspect d'un état émotion-

nel pathologique simple ou accompagné d'interprétations déli-

iantes ; d'autres fois on a aft'aite à des délires hallucinatoires, à

des impulsions épileptouies, à des délires paranoïdcs. Mais ces

états ne se distinguent pas en eux-mêmes de ceux que l'on ren-

contre communément en d'autres circonstances. -

Quelques considérations médico-légales à propos des actes

impulsifs qui se manifestent fréquemment dans les psychoses

névralgiques terminent cet important mémoire. Vingt observa-

tions personnelles. J. Séglas.

LVI. La démence organique chez la femme hystérique ; par

A.-L. Ltocuuucuma (06u : .rnninsicliutrit, IV, 1899.)

Observation d'une femme de 28 an=. Hérédité. Caractère hysté-

rique, symptômes et accès d tnstérie. Puis les accès changent de

nature : la malade urine sous elle et se mord la langue ; ils sont

suivis de troubles somatiques et psychiques, tels que : hémiparésie

passagère, excitation motrice, confusion mentale et hallucinations.

Bientôt se développe une démence progressive. L'apparition et

l'aggravation de ces accidents a nettement coiincidé avec l'entrée

en scène d'attaques épileptiformes et apoplecliformes, d'origine

corticale, comme en témoignent de l'agitation, de la confusion

mentale, un' délire interrompu, des hallucinations de la vue, les

hémiparésies passagères. Avec l'affaiblissement des facultés, se

montre de l'inégalité des pupilles dont la réaction à la lumière et

à l'accommodation diminue : on constate de l'achoppement sy 11a-

bique, un syltahage traînant, une parère du facial gauche, du

tremblement de la langue, des muscles de la face et surtout des

lèvres, tous signes d'une lésion du cerveau. Il est très-probable

qu'il s'agit d'une paralysie générale, à forme démentielle, com-

pliquée de symptômes représentant les empreintes d'une hystérie

antérieure. Une éruption avec un violent coryza seraient en faveur

de la syphilis secondaire. P. Kerwal.

LVII. Du sourire obsédant ; par \1 ? I. ) ! t,cni[ : RË\\'(0o'M : e/)-

clvcclrü, I\', 1S99).

Il s'agit d'un professeur neurasthénique, qui sourit malgré lui,

mal à propos, sans raison, juste au moment où il aurait le plus

besoin de garder son sérieux. Ce sourire incoercible diminue quand

le malade parle, il peut même disparaître, mais pour revenir après.

11 fuit quand il est distrait, pour réapparaître dès qu'il y pense. II

494 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

ne le tourmente qu'en face du monde. Ce sourire ne s'accompagne

d'aucune idée risible, au contraire, il s'associe à un sentiment de

timidité qui se traduit par l'expression des yeux ; il date d'une

vingtaine d'années, mais il n'y a quejiuit ou, neuf ans qu'il a pris

cette forme obsédante. Le patient a maintenant trente-cinq ans.

M. Bechterew pense que la neurasthénie a engendré une timidité

irrésistible, qui se traduit par le sourire en question ; il pèse d'au-

tant plus au malheureux qu'il dévoile son-trouble et s'installe sur

son visage tout à fait à contre-temps. P. EERAYAL.

LVIII. Epilepsie procursive ; par L-\ ? l3oaowmow (0&o ? eH : e psi-

chictt ? -ii, IV, 1899).

Les attaques présentaient, dans l'observation en question, les

caractères suivants : 1° elles commençaient presque foutes, plus ou

moins, par un cri accusé, qui se produisait en même temps que*

la perte de connaissance ou avec le début du mouvement automa-

tique ; 2° toutes se sont accompagnées d'inconscience ; 3° elles ont

consisté en mouvements rapides, plus ou moins compliqués d'as-

pect intentionnel, généralement assez courts ; 4° pendant leur exé-

cution, les yeux du malade étaient ouverts, ses pupilles, dilatées,

ne réagissaient point à la lumière, le regard était dirigé en avant

sans objet; 5° le malade n'urina jamais sous lui pendant l'attaque,

ne se mordit pas la langue, n'écuma point, n'eut pas d'albumine

dans l'urine. Il semble y avoir eu des auras représentées par la

sensation d'une alêne transperçant le crâne entre les tempes, par

un engourdissement de tout le corps, par un trouble vague de la

respiration et des tiraillements des extrémités. '

Les renseignements montrent que cet individu est issu d'une

famille scrofuleuse, affectée de syphilis héréditaire, dans laquelle

le système nerveux serait le locus zrzinoris 7-esisteizlix : paraplégie

maternelle, paralysie infantile ou rachitisme d'une soeur Le ma-

lade même, à douze ans, eut une peur terrible, à la suite d'une

morsure de chien. A dix-sept ans, il fut frappé par un cheval à la

tête. 11 s'en suivit, dans les deux cas, des pertes de connaissance ;

la perte de connaissance dura, dans la seconde circonstance, vingt-

quatre heures, et il garda le lit ensuite trois semaines environ.

Déjà, à la suite de la première secousse émotive, il eut des attaques

rappelant l'automatisme ambulatoire, dont il guérit. Après la

seconde, il eut des attaques de petite épilepsie, ayant bien des

traits communs avec l'épilepsie vraie. P. KEHAYAL.

LI Y. Des états mentaux qui sont à la limite de l'aliénation mentale

et de la raison; pari'. 1. Itosr : w.vcu. (Oo'oitf&'tKtft'tt, IV,

1899.)

L'auteur examine les allures des diverses formes mentales qui ne

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 495

sont pas de l'aliénation mentale confirmée. D'abord un nombre

énorme de psychoses se développe peu à peu, lentement; on observe

donc une période prodromique, intermédiaire entre la santé et la

folie, incomparablement plus fréquente que dans les affections soma-

tiques. Quelques maladies mentales, telles que le délire chronique

primitif et la paralysie générale, -débutent parfois par un stade

extraordinairement long qui dure des mois et qui constitue une

phase floue. Les toqués, les personnes présentant des particularités

qui les éloignent de la sphère psychique normale, sans qu'on puisse

les tenir pour folles, représentent d'autres exemples de cette

légion : les uns sont mal construits de naissance, les autres sont

désorganisés depuis une maladie qui a nui au système nerveux,

depuis môme une affection mentale incomplètement guérie, ou sont,

sous le coup d'une involution physiologique du cerveau séncscent.

Il exisle une sénilité à progression lente qui ne verse pas dans la. !

vraie démence sénile. Etude delà dégénérescence mentale, notam-

ment de l'imbécillité, de la folie morale. Les limites de la folie sont

encore évidentes chez les sujets qui pendant toute leur vie sont

en proie à des anomalies de l'humeur surtout dépressives, qui,

sans être maniaques ni mélancoliques, sont continuellement mal à

l'aise (dysesthésie personnelle) : tels les neurasthéniques et les

hypochondriaques. Il parait également certain que des gens ne

souffrant d'aucune maladie mentale, peuvent être le jouet d'illu-

sions et d'hallucinations sensorielles, sans perdre la disposition de

leur conscience, ni la vigueur de leur esprit : histoire de la télépa-

thie, des religions, etc.

Des obsessions et des idées absurdes sont capables de hanter des

individus non aliénés. Le début de la folie systématisée ne laisse

pas de donner matière a une interprétation souvent délicate. Il en

est de même pour les troubles de l'instinct sexuel, pour les actes

irrésistibles, tous symptômes susceptibles de produire, avec

d'autres éléments morbides, de vraies maladies mentales, mais

qui, par eux-mêmes, ne sont pas de la folie.

Les déséquilibrés, qui frappent par l'étrangeté de leur conduite,

ne sont point des aliénés, et ne peuvent profiter de l'immunité

attachée à ce diagnostic tant qu'ils n'ont pas franchi les bornes de

la folie.

Quelle cause peut bien, dans les diverses catégories passées pré-

cédemment en revue, mener l'homme à la limite de la folie ? Peut-

être qu'un de ces jours l'étude d'une anatomie plus fine de l'écorce

du cerveau nous permettra d'y localiser les différentes fonctions

psychiques, de même qu'on y a localisé toute une séiie de fonctions

physiologiques.

Pour terminer, M. Rosenbach discute les rapports de la folie et

du génie. Nous ignorons les conditions du système nerveux qui

président à la création du terrain propre au talent et aux tendances

496 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

géniales. Récemment, Flechsig a essayé de rattacher le talent à

un développement spécial de parties séparées de l'écorce cérébrale,

et d'établir un rapport entre les aptitudes intellectuelles et le

développement inégal des centres du cerveau. Attendons. Au point

de vue psychologique, la ressemblance entre le génie et la folie

doit être regardée simplement comme superficielle et illusoire. Ces

deux révélations du monde psychique représentent, au contraire,

deux extrêmes, et ne prêtent à confusion que les cas, sans doute

parfois observés, où l'on constate un'talent unilatéral associé à

diverses défectuosités mentales. Il n'y a pas de lien intime entre

le génie et la folie ; si les confins de la folie dépendent d'un déve-

loppement inégal, défectueux, des centres psychiques, le génie

tient à un développement démesuré, hypertrophique, pour ainsi

dire, de ces centres. Ces deux particularités opposées se peuvent

combiner, et, en ce cas, surgissent des types d'individualités désé-

quilibrées, douées de talents partiels. P. KERAVAL.

LX. Cas original de névrose traumatique; par M. Schaikewitsch.

(0&o : )'e; ! i'epstc/tMt ? ? IV, 1899.)

Dépression avec obtusion intellectuelle, retard et espèce d'extinc-

tion de la vie mentale. Contracture des muscles deltoïdes, tra-

pèzes ; rigidité du biceps brachial et, en partie, du fessier. Hyper-

tonie peu importante des muscles ciliaires. Ce n'est une affection

organique classée ni du cerveau ni de la moelle. Le chloroforme

montre qu'il s'agit d'une maladie nettement fonctionnelle. Il existe

des préoccupations hypochondriaques, un rétrécissement concen-

trique du champ visuel, une analgésie peu marquée, une vive

réaction du cerveau sous le chloroforme. Les commémoratifs

révèlent : un traumatisme à l'âge de treize ans, qui n'eut pas de

conséquences morbides. Mais il y en eut un second, un peu avant

le service militaire. Le malade, à cette occasion, éprouva une vio-

lente terreur, perdit le souvenir, demeura souffrant. Au service, il

eut à tirer de lourds fardeaux, qui ont pu agir sur un terrain pré-

disposé. Il aurait eu aussi à subir des injures, des coups, de la part

surtout des sous-officiers. La sommation de l'ensemble de ces fac-

teurs a abouti à ce que nous voyons. l'. Ki baval.

LXI. Des sensations anormales obsédantes et des erreurs senso-

rielles obsédantes; par \V.-\l. l3l : cunnnl : w. (OGoréaié 2aichiafrü,

IV, 1899.)

Il convient d'appeler sensations obsédantes des sensations anor-

males, plus ou moins élémentaires, qui prennent une forme obsé-

dante en telles ou telles circonstances. Ainsi, des malades, qui

éprouvent une sensation pathologique ou désagréable quand ils

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 497

touchent de leurs doigts n'importe quel étranger, en sont affectés :

il en est qui ressentent une sensation anormale obsédante de cécité,

l'impossibilité d'ouvrir les yeux, l'impression d'éclairs dans la vue

quand ils ne peuvent fumer à temps. Il en est chez lesquels la

lumière électrique engendre des séries de sensations désagréables.

Nombreux exemples. Ces sensations ne se limitent pas à la sensi-

bilité générale, elles affectent, les sens spéciaux : exemples.

Voici maintenant des phénomènes plus complexes, auxquels le

travail cérébral participe, bien que l'impression suit moins vive

que dans l'erreur sensorielle proprement dite. Le malade, par

exemple, qui a la sensation que l'objet qu'il voit devant lui se

meut droit sur lui, ne voit en réalité pas ce mouvement ; celui qui

est obsédé du mouvement derrière lui d'un cheval, de son sosie,

n'entend vraiment pas derrière lui les bruits de paa, il les sent

pour ainsi dire en lui. De même le malade qui croit qu'il marche

en l'air a parfaitement conscience qu'il marche sur le sol, mais il

éprouve la sensation correspondante. Révision de l'opinion de

quelques auteurs sur les illusions et les hallucinations obsédantes.

Les hallucinations obsédantes ne sont pas très rares. On les

observe à l'état épisodique dans beaucoup de psychoses. Particu-

lièrement instructifs sont les cas où elles se développent presque

isolément et constituent le symptôme principal, avec conservation

de la conscience et du jugement relativement à ce symptôme. Enu-

mération de faits pour chaque sens. De même que les sensations

obsédantes, les hallucinations obsédantes peuvent s'observer sur

les divers organes des sens, les unes de concert avec d'autres dé-

sordres de la sensibilité, les autres plus ou moins isolément. Toutes,

elles ont une persévérance extraordinaire et tourmentent les ma-

lades de leur persistance. Tantôt ceux-ci les critiquent, tantôt ils,

les reconnaissent comme phénomènes réels. Cette dernière idée

est presque la règle quant aux sensations qui se rapportent au

domaine du corps du malade. Les erreurs sensorielles obsédantes

sont le plus souvent crues par le patient : néanmoins, il n'est pas

rare de voir des mala les ne pas perdre tout à fait le jugement au

sujet de leurs hallucinations, surtout si ces erreurs sensorielles

n'atteignent pas le plein'degré de sensations réelles, affectent la

forme de psemlo-lallucinaliuus ou hallucinations incomplètes :

l'organe sensoriel semble, dans l'espèce, avoir quelque importance.

Des hallucinations de la vue, par exemple, plus ou moins isolées,

paraissent plus compatibles avec le jugement que des hallucina-

tions obsédantes de la sensibilité générale ou du nerf olfactif.

Les erreurs sensorielle^ obsédantes sont : les unes primitives,

les auties secondaires. Celles-ci embrassent celles qui dérivent

d'idées délirantes s'objectivant sous une forme sensible. Les primi-

tives sont des hallucinations obsédantes ne procédant pas d'idées

obsédantes; elles sont autonomes. P. KEHAVAL.

Anciiivi : s, 2° séiie, I. XL 32

498 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

LX11. Cas de folie communiquée; par E. W. CiiiFri ? (The journal

of mental science, janvier 1900.) ,

Cette intéressante observation est résumée par l'auteur de la

manière suivante : Deux soeurs, \I ? 11L.. et 11 ? T... vont voir

leur soeur M1110 C... atteinte de troubles mentaux, Pendant toute

une semaine elles soignent la malade jour et nuit, sans pren-

dre presque ni repos ni sommeil. Le huitième jour, \i ? 11 ..

part pour rentrer chez elle, en bonne santé, mais le lendemain des

symptômes de folie se manifestent chez elle. Le huitième jour

Mme T... dont la raison se trouble est emmenée par son mari. Les

deux malades ont attribué leur désordre mental temporaire au

manque de sommeil et de repos. D'après les renseignements ! re-

cueillis il semble que le délire de 11111, M... et de M"10 C... ait été le

même, mais sous une forme atténuée que celui de la soeur qu'elles

étaient allées soigner : il y avait une grande agitation, des idées

délirantes agréables, des hallucinations de la vue et de l'ouïe. Ces

deux cas se rattachent évidemment à cette forme de folie que

Régis a décrite sous le nom de « folie simultanée o; ils montrent

par un exemple frappant comment on peut devenir fou par la

société d'un fou, non pas du tout par un transfert direct des idées

morbides, comme dans la folie à deux, mais sous l'iiiniience d'im-

pressions pénibles, et aussi des fatigues éprouvées pendant les soins

donnés au malade.' En somme les points les plus remarquables de

cette observation sont les suivants : 10 la cause déterminante a été

la même dans les deux cas, à savoir la maladie de M"10 C... qui a été

dans cette affaire l'agent véritablement actif; 2° la forme de la folie

et l'état mental ont été absolument similaires; 3° dans les deux- cas

la guérison a été calme et ininterrompue; 4° il n'y avait ni prédis-

position héréditaire, ni tendance néviopathique accusée; 5° les

deux soeurs étaient des personnes intelligentes et assez instruites

pour leur condition (femmes de fermiers). La troisième soeur qui a

guéri chez elle avait souffert de céphalalgies périodiques et de

troubles gastriques. Elle n'avait pas d'enfants; 6° les trois soeurs

étaient très attachées les unes aux autres.

1. de I(;Gli.a\'E-CL.1T.

SOCIÉTÉS SAVANTES.

SOCIÉTÉ MEDICO-PSYCHOLOGIQUE.

Séance du 28 janvier 1901. Présidence de MM. Magnan

FT JOFFI0Y.

M. Magnan, avant de céder le fauteuil de la présidence à son

successeur qui l'a déjà aussi occupé, passe en revue les principales

discussions qui se sont déroulées devant la Société dans le cours

de sa présidence. Il conclut en constatant que la Société a pris une

très large part dans l'importante manifestation scientifique qu'a

été le Congrès de médecine, réuni à l'occasion de l'Exposition

universelle. En adressant un dernier mot de souvenir aux membres

décédés en 1900, M. Magnan fait connaître que M"10 Vle Bouchereau

et 11 ? Bouchereau ont versé, en mémoire du Dr Bouchereau une

somme de 000 francs à la Société des médecins aliénistes de

France.

M. Jorrnos- fait l'éloge de la présidence de^ son prédécesseur et

ami M. Magnan et remercie la Société qui l'a appelé de nouveau à

diriger ses travaux. M. Motet qui l'année prochaine prendra

aussi pour la seconde fois la présidence, à l'occasion du cinquan-

tenaire de la Société, annonce son intention de faire la biographie

de tous ses membres fondateurs.

Commission des prix : Prix Bellioiiiiite (000 francs). La question

à traiter était la suivante : Du délire chez l'idiot et l'imbécile à

l'exclusion des arriérés. Un mémoire a été déposé. Commission :

MM. Itliu, l.egrain, Houbinowitch, Sérieux et J. Voisin. Prix

Esquirol ( ? 00 francs et les oeuvres d'Esquirol). Deux mémoires. Com-

mission : 11111. lutlceaume, Boissiei-, Il. Garnier Motet et Vallon.-

Prix Moreau (de Tours) (200 francs). Huit mémoires. Commission :

MM. Bi-iaiiL], Deny, Dupai», Legras et Moreau (de Tours). Prix

Sémelaiyae (00 francs). Questions : De la protection de la foi tune

des malades placés dans les établissements d'aliénés (Deux mé-

moires). Commission : MM. Brunet, Febvré, Meuriot, Sémetaigne,

Taguet. -

Un cas de décubitus aigu.

M. Douireuenif, communique à la, Société un cas de décubitus

500 SOCIÉTÉS SAVANTES.

aigu chez un hémiplégique du côté gauche ; la lésion siégeait exclu-

sivement au centre de la région fessière droite. M. Doutrebenle

fait remarquer que le décubitus aigu, après hémorragie cérébrale

suivie d'hémiplégie, se produit habituellement du côté paraly-é et

se distingue nettement par la rapidité de son évolution et le peu

de profondeur de la lésion des eschares sacrées dues au séjour

prolongé au lit. ' ,

Co)tSRl(;l'CllZOIIS Srll' lct purvlysic énc'rule, ci 2))'0)oS Cl'rlR C(IS S2l ? '))711G

citez une jeune fille lié rédo-syphililiquc ; par 11. L. Marchand et

CL. Vurpas.

Le sujet de l'observation, T..., est une jeune fille âgée de vingt-

trois ans à son entrée à l'Asile de Villejuif, dans le service de

M. le Dr Briand où nous l'avons observée. Elle présentait des signes

très nets d'hérédo-syphilis et d'infantilisme. L'affection mentale

débuta à dix-sept ans par un affaiblissement progressif de l'intel-

ligence. Jusqu'alors la malade avait été relativement intelligente,

et avait même obtenu sou certilicat d'études. Elle eut aussi îles

mélancolies alternant avec les périodes d'agitation de attaques

épileptiformes et de l'aphasie passagère. A l'âge de vingt-trois ans,

l'embarras de la parole s'accentua; plus tard les attaques apoplec-

tiformes, laissèrent à leur suite des troubles paralytiques passa-

gers (hémiplégie à gauche). Puis survinrent de l'atrophie, muscu-

laire et des e-chares. La perte de l'intelligence ne fut jamais ni

complète ni globale. La malade 'l'... succombait a vingt-quatre ans

et demi, six mois après l'entrée à l'asile, huit ans après le début

de l'affection.

L'autopsie permet de relever une atrophie cérébrale manifeste,

des adhérences de la pie-mère avec le cortex et l'existence des gra-

nulations au niveau du plancherdu quatrième ventricule.

A l'examen histologique des vaisseaux du cortex on constata de

la diapédèse autour de la moelle, une néoformation vasculaire au

niveau de la substance grise, de l'hyperproduction névrogliquc

surtout au voisinage des vaisseaux et la disparition des fibres lau-

gentielles et de la strie de

Les grandes cellules pyramides, mais surtout les petites sont

lésées; il en est de même des cellules de la moelle.

Les cordons postérieurs de la moelle sont sclérosés ainsi que la

bandelette externe de Charcot et Pierret. Ce tableau ressemble a

ceux que les auteurs donnent de la P. G. juvénile, alors que la

maladie est étiquetée idiotie, imbécilité, démence précoce, etc.

L'excitation maniaque, la dépression mélancolique sous lesquelles

l'affection s'est manifestée au début chez cette malade, aurait pu

passer pour delà manie ou de la mélancolie, les attaques épilepti-

formes pour des attaques d'épilepsie. - ,

SOCIÉTÉS SAVANTES. 501

S'agit-il ici de P. G. ou de syphilis cérébrale comparable aux

myélites embryonnaires diffuses (Gilbert et Lion) ou aux encépha-

lites embryonnaires diffuses (liumpol, Raymond) ? L'examen anato-

mique ne dévoile aucune lésion qui soit indubitablement de nature

syphilitique. La néoformation vasculaire expliquerait la disparition

rapide des paralysies ainsi que l'aphasie consécutives aux attaques

apoplectiformes. La lésion labétiforme coexistant avec l'exagéra-

tion des réflexes pendant les attaques semble donner un gage à

l'hypothèse de Scherrington, qui vent que le réflexe soit produit

par la secousse transmise par le tendon aux muscles.

M. BmD. L'observation que vous venez d'enlendresoulève un

autre problème que celui des paralysies générales juvéniles. Je veux

parler de celui des pseudo-paralysies générales. Le syndrome para

lysie générale, (affaiblissement en masse des facultés intellectuelles,

hésitation de la parole, inégalité pupillaire et troubles delà réflec-

tivité pour ne parler que de ses principaux éléments constitutifs)

peut-il exister en dehors de l'entité morbide ? Ou bien la pseudo-

paralysie générale alcoolique saturnine, syphilitique, arthriti-

que, etc., n'est-elle qu'une paralysie générale vraie, en rémission ou

guérie, survenue chez un alcoolique,. un saturnin, un syphilitique,

un arthritique., etc., à moins encore que les faits publiés ne soient

des cas mal observés pouvant, à la rigueur, être confondus avec la

paralysie générale sans cependant la simuler ?

La question reste posée, sans que l'observation qui vient de vous

être communiquée ait la prétention delà résoudre.

J'ai publié autrefois l'observation d'une malade qu'on avait

tout lieu de croire paralytique générale et dont le cerveau était

farci de kystes hydatiques donnant l'aspect d'une lésion diffuse.

Dans l'observ atiou dui fait l'objet principal de la communication

que vous venez d'entendre, s'agit-il d'une de ces paralysies juvé-

niles, sur lesquelles mon savant ami Régis a, il y a quelques

années, rappelé l'attention ? On ne peut l'affirmer : Il manquait à

cette jeune fille, très manifestement lrérédo-syplilitique ce que je

voudrais appeler l'aspect sincèrement paralytique général. Ses facul-

tés intellectuelles, si elles s'étaient progressivement amoindries, ne

l'étaient pas également dans leur masse ; la preuve en est dans ce

fait que, peu de temps avant de succomber dans le marasme, au

milieu de son indifférence, survivaient quelques sentiments affectifs.

Elle montrait, par exemple, de la joie en voyant sa mère et nous a

toujours reconnu jusqu'au moment de l'agonie.

Vous avez entendu la lecture des pièces du procès, on a fait passer

sous vos yeux quelques photographies macroscopiques. A vous de

juger. 0

' Journal des Connaissances médicales du professeur Cornil, numéro

Il 11 décembre 187'J.

5012 SOCIÉTÉS SAVANTES.

S'il- nie fallait cependant conclure, je dirais que la jeune T...

était atteinte d'une encéphalopathie hérédo syphilitique- d'un

caractère assez diffus pour se traduire par un syndrome rappelant

celui de la paralysie générale. Que serait donc alors la paralysie

générale vraie ? Sans préjuger de l'ordre de subordination des alté-

rations pathologiques, on peut la considérer comme une lésion

inflammatoire à étiologie multiple et produite indifféremment par

un agent infectieux, syphilis, alcool, aulo-inloxication (surmenage)

ou etc., etc.

Cette interprétation n'etil-elle pour effet que de mettre d'accord

des observateurs comme Magnan, Mierzejewski, àlendel, etc. d'une

part ; avec Tuczeck,Zicg)er,Uinswanger, Joffroy, Pierret, etc. ou

Ballet, Klippel, etc.; ou encore d'autre part : Fournier, Régis et

plusieurs autres cliniciens distingués, qu'elle mériterait d'être sou-

tenue. - -

J'y trouve, pour ma part, l'explication de bien des faits en appa-

rence discordants : quand chez un syphilitique devenu dément on

trouve encore la signature de la syphilis, on ne devra par exemple,

diagnostiquer qu'une encéphalopathie-syphililique. Si la signature

est effacée que la démence soit globale et que la lésion soit celle

de la paralysie générale, les partisans de l'étiologie syphilitique

pourraient s'approprier le cas et qualifier la lésion de para-syphi-

lilique.

M. le professeur Raymond a d'ailleurs publié trois observations

dans lescluellés on passe histologiquement de la syphilis cérébrale

à la paralysie générale. La même interprétation s'applique tout

aussi bienaux faits magistralement enseignés par .M. Magnan quand

il montre la transition insensible de l'alcoolisme chronique vers la

paralysie générale qu'à ceux signalés par M. Klippel quand il dé-

crivait dans ces temps derniers une paralysie générale d'origine

rhumatismale.

M. Toulouse insiste sur les difficultés du diagnostic delà para-

lysie générale juvénile à une certaine époque de la maladie. Il lui

semble que les lésions décrites dans l'observation de la malade de

M. Briand sont tellement voisines de celles de ]t 1)Lialy-ie générale,

qu'il y a lieu de croire qu'il s'agit bien d'une paralysie juvénile.

Parfois celle-ci revêt la' marque de la débilité mentale', parfois

on la confond avec la démence précoce. M. Briand, dit-il, fait

remarquer que ce qui crée le syndrome clinique c'est surtout le

syndrome anatomique. Je ne crois pas qu'on puisse pousser la

comparaison aussi loin. J'aimerais mieux admettre que le syn-

drome hormis le cas de paralysie générale vraie, est seulement

un syndrome simulé comme dans l'observation qu'il a publiée de

kystes hydatiques du cerveau faisant croire à l'existence d'une para-

lysie générale vraie. En ce qui concerne sa dernière malade je me

SOCIÉTÉS SAVANTES. 503

rallierais assez volontiers au diagnostic de paralysie générale juvé-

nile vraie, car elle se rapproche beaucoup d'un autre cas publié

par M. Marchand et-qui pour moi était très net.

M. LEGRAiN. Les réserves de M. Briind et les observations de

M. Toulouse sont tout à fait à leur place. J'ai publié, il y a quel-

ques années, un cas comparable'dont le diagnostic est resté malgré

l'autopsie, très difficile. Celle-ci a démontré que le malade avait

débuté par une lésion circonscrite devenue plus tard diffuse. La

débilité mentale qui traduisit cet état, était peu aisée à différencier

de celle qui caractérise un début de paralysie générale.

M. Buiand. Ce qui m'a fait surtout réserver le diagnostic de pa-

ralysie juvénile vraie, c'est la persistance de quelques lueurs d'in-

telligence au milieu de l'effondrement général. En effet, jusqu'au

moment de l'agonie cette malade nous a toujours reconnus

M. Vurpas et moi ainsi que sa' mère et l'infirmière qui la soignait.

- 11. B.

Séance du 23 [écrier 1901. Présidence de M. Joffroy.

Rôle des compressions hinesthésiques dans la maladie du doute.

M. P. SOLLIER développe l'opinion que certaines formes de la

maladie du doute tiennent à des troubles de la mémoire : quelques

douteurs croient n'avoir pas fait ce qu'ils ont fait ; d'autres crai-

gnent d'avoir accompli des actes qu'ils n'ont pas accomplis. La

discontinuité dans les souvenirs peut donc parfois expliquer le

doute, mais cette discontinuité n'est pas un fait primitif : elle

résulte d'un trouble momentané de la conscience. On peut alors

se demander pourquoi le sujet remplit le temps d'inconscience par

des actes en contraste avec son caractère habituel, plutôt que par

des actes quelconques, auxquels aucune préoccupation ne serait

attachée.

Une de ses malades craignait de mettre des épingles dans les cara-

ses de la table et une autre de les porter à sa bouche et les avaler.

L'une et l'autre éprouvaient une sorte de contraction dans le bras

parfois assez forte pour que, dans la crainte de succomber elles se

prissent le poignet avec l'autre main. Mais, quand l'impression

n'était pas aussi forte, et qu'aucun sens n'intervenait pour con-

trôler leurs actes, il leur restait une impression vague du mouve-

ment nécessaire à l'accomplissement de l'acte redouté et la crainte

de l'avoir accompli. Comment n'auraient-elles pas douté ?

Un jeune homme se figurait encore porter sa main a ses par-

ties génitales et projeter du sperme ou d'autre liquide sur les per-

sonnes qui se trouvaient devant lui, ou toucher les plaies, les

boutons qu'il voyait à d'autres personnes, et mettre ses mains dans

les saletés qu'il pouvait rencontrer. Aussi passait-il son temps à se

504 -il SOCIÉTÉS SAVANTES.

contracter les bras derrière le dos pour résister à ce qu'il appelait

ses mouvements nerveux. Or un jour il sentit son bras s'allonger

tellement qu'il pouvait atteindre un mur situé à plus de 30 mètres,

passer par-dessus et plonger avec la main dans des ordures situées

de l'autre côté. Il reconnut cette fois que ce n'était pas possible et

qu'il était le jouet d'une illusion, mais cela ne l'empêcha pas d'ail-

leurs de~rester absolument convaincu que, dans tous les antres

cas, les mouvements qu'il croyait exécuter n'étaient pas également

une simple impression subjective. Ce qui le confirmait dans son

doute c'estqu'il avait constaté que lorsqu'il se sentait ainsi poussé

à faire ce qu'il ne voulait pas, il avait comme un vertige qui lui

faisait perdre la conscience nette des choses, et que dès lors il était

incapable de savoir combien cela durait et ce qu'il avait fait pen-

dant ce temps.

Illusion kinesthésique des mouvements nécessaires à l'accom-

plissement de l'acte qu'on redoute, contredite par les sens,

mais avec obnubilation de la conscience empêchant de tenir

compte du contrôle de ces derniers, tel paraît être, pour M. Sollier

le mécanisme du doute dans certaines phobies.

M. SMLAS croit qu'il faut établir des distinctions entre les dou-

leurs. Au point de vue du mécanisme, l'idée de doute ne se pré-

sente pas toujours de la même façon dans la crise obsédante : elle

est fiéquemment due à des troubles de mémoire, non primitifs,

mais secondaires tenant au défaut d'attention au moment de l'ac-

complissement de certains actes. D'aulres fois l'illusion est la con-

séquence de dissociation d'idées par contrastes. En effet, une idée

amène toujours une idée contraire. L'homme normal ne s'en

préoccupe pas, tandis que ledouteur hésite entre les deux. L'idée

de doute peut aussi se transformeren auto-accusation, comme dans,

l'exemple suivant : une femme avait la crainte de frapper les per-

sonnes qu'elle rencontrait, parce qu'elle avait la sensation que sa

main accomplissait l'acte de frapper. Plus tard elle crut avoir

frappé et eut des idées délirantes d'auto-accusation et de culpabi-

lité imaginaire. Un autre malade devenu auto-accusateur par le

même mécanisme a fini par se transformer en persécuté.

M. Sollier partage l'opinion de M. Séglas en ce qui concerne

l'évolution de l'idée de doute vers un délire systématisé.

Hallucinations psychomotrices et spiritisme

chez une paralytique générale.

M. 'I'RNEL rapporte l'observation d'une paralytique générale,

ayant des hallucinations psychomotrices qu'elle rattache au spiri-

tisme. La malade est âgée de quarante-huit, ans; elle prend part

depuis des années à des séances de spiritisme. Depuis d x-huit

mois elle se livre à ces pratiques avec frénésie, mais ne parait pas

SOCIETES SAVANTES. 505

avoir obtenu elle-même les résultats habituels, malgré ses essais

répétés. En avril 1900. des troubles mentaux deviennent manifestes.

La malade exprime des idées lypoctondriaques à propos d'une

sialorrhée intense qui dure plusieurs mois Entrée à l'asile Saint-

1ou en octobre 1900 a la buite d'un accès d'agitation, elle présente

alors des hallucinations psychomotrices (on lui paile dans le

ventre, elle est ventriloque) accompagnées de sialorrhée, de mâ-

chonnement et de mouvements 'plus ou moins conscients de la

main droite. Les pratiques spirites, au moyen de la table, sont

accomplies par la malade d'une façon tout à fait niaise et absurde.

Les signes physiques de paralysie générale consistent' en un trouble

d'ailleurs léner, de la parole, de troubles pupillaires,' de l'exagé-

ration des réflexes.

Ce qui fait l'intérêt de cette observation c'est la- présence d'hal-

lucinations psychomotrices dans la paralysie générale, dont il

n'existe que 9 observations, et d'autre part leur apparition, à la

suite de pratiques spirites qui, peut-être, ont produit unéréthisme

particulier des centres psychomoteurs. -

M. f3sr»o. La sialoribée n'est pas rare dans la paralysie

générale; elle s'explique, le plus souvent, par une idéehypochon-

driaque qui pousse la malade à cracher continuellement. En ce

qui concerne les idées spirites présentées parla malade de M. Tré-

nel. je ne suis pas éloigné de croire que l'hallucination psychomo-

trice est très fréquente chez les médiums du type Allaii-la-dec et

qu'elle explique la sincérité de quelques-uns..l'ai observé un malade

très instruit, appartenant à une famille spirite dont il plaisantait

la crédulité, jusqu'au jour où il eut lui-même une hallucination

psychomotrice. Le Christ lui parla par sa propre bouche. Il se

crut médium et iL partir de ce jour accomplit les actes les plus dan-

gereux pour lui-même (auto-mutilations, tentatives répétées de

suicide, etc.) en exécution d'ordres qu'il recevait de la sorte.

M. Séglas a publié l'observation d'une aliénée spirite avant son

aliénation et qui finit par tomber dans un délite chronique de per-

sécution. Sans dire que toutes les personnes qui se livrent au spi-

ritisme sont hallucinées, on doit cependant reconnaître que, dans

les descriptions d'Allan-Kardec, on retrouve souvent tous les carac-

tères des hallucinations verbales.

M. Dupain a suivi une malade demeurée fort longtemps dans un

complet mutisme à la suite des faits suivants : c'était une spirite

qui interrogeait les tables. Un jour la table lui annonça un foi t

héritage et lui défendit désormais de parler. A partir de ce jour

elle ne proféra plus une parole.

M. G. B.1,Ll,T ne voit pas bien où est la limite qui sépare le spi-

rite de l'aliéné. Un médecin adonné depuis longtemps aux prati-

ques du spiritisme se crut d'abord médium moteur, puis médecin

506 ' · SOCIÉTÉS SAVANTES.

entendant. Longtemps spirite vulgaire, il sauta un jour par sa

fenêtre, puis chercha à se couper la gorge, se frappait la tête contre

les murs pour obéir aux esprits, sans différer sensiblement de ce

- qu'il était comme spirite. On dut l'interner pour le protéger contre

lui-même.

Aujourd'hui, il a des hallucinations plutôt psychiques que psy-

chomotrices vraies. 11 entend la voix des esprits et de son père qui

lui ordonnent de prier et il s'use les genoux en prières. M. Ballet

donnera plus tard l'observation complète de cet intéressant

malade.

M. Tt)É.\KL. L'histoire de ma malade m'a paru digne d'être

rapportée parce qu'il s'agit d'une maladie à lésions définies dans

laquelle s'est rencontrée 1'lialliie.iiaLioii, symptôme qu'on observe

dans les vésanies, maladies sans lésions, La sialorrhée était très

abondante et plus vraisemblablement d'origine bulbaire que d'ori-'

gine hypochondriaque. -

M. MAGNAN. Quels -étaient les antécédents héréditaires de votre

paralytique ?

M.'Tnn..veL. Il m'a été impossible de les connaître. Elle avait

les oreilles mal ourlées et était sujette dans l'enfance à des crises

hystérifotmes.

M. llvcaav. Ses antécédents personnels peuvent très bien

expliquer, à défaut delà connaissance d'une hérédité plus ou moins

chargée, qu'elle ait eu des troubles psychiques. Un paralytique

général peut se présenter sous les dehors familiers aux vésanies

vraies. M. Magnan développe l'opinion que c'est dans l'hérédité

plutôt que dans la pratique du spiritisme que M. Trénel doit cher-

cher l'étiologie et l'explication des hallucinations psychomotrices

présentées par sa paralytique générale. \I. 13.

Séance du 25 mars 1901. Présidence DE M. Joffroy.

LE Secrétaire général adresse au nom de la Société des félicita-

tions a son président M. Joffroy qui vient d'être élu membre de

l'Académie de médecine.

M. Joffroy remercie la Société de la nouvelle marque de sympa-

thie qu'elle lui donne alors que chacun des membres en particulier

lui a déjà adressé des compliments individuels. *

Suppression de l'image d'un hystérique reflétée dans une glace.

M. Sollier a observé un jeune garçon hystérique qui, brusque-

ment, a cessé de voir sa propre image reflétée dans une glace

en face de laquelle il se trouvait. Tous les autres objets qui l'en-

vironnaient étaient visibles pour lui, alors que la glace lui sem-

SOCIÉTÉS ' SAVANTES. 807 ï

blait un verre transparent. Guy de Maupassant, ajoute M. Sollier,

a déjà décrit ce phénomène dans le llorlct. Peut-être l'avait-il lui-

même éprouvé ? " ? -

Le bromure de potassium dans l'épilepsie.

M. Toulouse rapporte le résultat de quelques recherches qu'il a

effectuées relativement à l'administration du bromure dans l'épi-

epsie. Il lui semble qu'il est préférable d'administrer le bromure

aussitôt après l'attaque. ' 'Marcel l3er.wn.

SOCIÉTÉ DE NEUROLOGIE.

Séance du 18 au/77 1901. Présidence de M. Gombault,

vice-président.

Si/) : t<)'o6JeWce)'e<<t<M&f<<f'o)).

M. Touche rapporte le cas d'une malade ayant présenté ces deux

phénomènes, l'ophtalmoplégie droite était très nette, la parésie et

surtout l'incoordination est marquée au bras gauche; les deux

membres inférieurs sont atrophiques, paretiques et piivés de

réflexes; la titubation surajoutée est intense. Au début, il y a eu

des céphalées, des vertiges et des vomissements. A l'autopsie, on

trouve une tumeur volumineuse de la région pédonculaire com-

primant l'oculomoteur commun droit et inégalement les deux

pédoncules. La tituhation était due à la compression cérébelleuse

déterminée par la tumeur ; les deux un; gdales sont en effet refou-

lées et engagées dans le trou occipétal dont elles portent encore

l'empreinte.

M. P. ilamr a déjà attiré l'attention sur cette altération par com-

pression des amygdales cérébelleuse dans des cas d'hémorrhagie

cérébrale de la région postérieure.

,111,oose doidoureuse.

MM. Aciurd et'LAUMY rapportent l'histoire et présentent des

photographies d'une malade de 79 ans, qui à la suite d'un trau-

matisme présenta les premiers signes (actuellement au complet)

de la maladie de Uercum. La face, les mains et les pieds sont

indemnes, l'infiltration adipeuse est diffuse sur le tronc mais net-

508 SOCIÉTÉS SAVANTES.

tement nodulaire aux membres : les douleurs sont spontanées et

augmentées par la pression; les réflexes sont intacts; la sensibilité

n'est pas modifiée, il y a eu au début des métrorrhagies, actuelle-

ment il y a des épistaxis ; il n'y a pas de troubles thyroïdiens. Ce

cas vient donc compléter les descriptions de Dercum, de White, de

Gindiceandrea, d'Eshner, etc., qui n'ont rencontré aussi cette affec-

tion que chez la femme.

M. Marie a dans son service un homme atteint de. symptômes

analogues, fait évidemment très rare.

llémittsyuergie et héinilremblement d'origine cérébello-protubé-

ranlielle.

M. 13aucnsm. Le malade atteint d'hémiasynergie et d'hémi-

tremblement du côté droit que j'ai présenté à la société au mois

de février dernier a succombé à une infection grippale le 25

mars.

L'autopsie a décelé l'existence d'une eliolistéatome qui remplit

l'espace compris à droite, entre le bulbe, la face inférieuie du cer-

velet et la protubérance, cette tumeur n'est pas énucléable et

envahit la substance du cervelet; elle empiète sur la protubérance;

le facial et l'acoustique sont perdus dans la masse. Aucun oedème

sous-arachnoïdien. Le cerveau n'est pas comprimé.

Naturellement, quand les pièces seront en état d'être étudiées

sur des coupes, un examen microscopique sera fait et nous en

ferons connaître les résultats.

Mais dès maintenant je suis en droit de dire que le nécroposie a

confirmé dans leurs traits essentiels les déductions que j'avais

tirées de l'observation clinique de ce malade.

Il existe bien un syndrome consistant en des troubles de moti-

lité qui occupent un côté du corps, qui se caractérisent principale-

ment au membre supérieur par un tremblement, au membre infé-

rieur par une perturbation de la faculté d'association des mou-

vements, la synergie musculaire et ce syndrome dépend d'une

lésion cérébelleuse ou cérébello-protubéranlielle siégeant du même

côté.

Les causes provotalrices et l,i p(ilhogéîîie des tics de la face el du cou.

M. H. MitiGE et Feindel. Le tic, geste motivé au début, deve-

nant dans la suite machinal et irréfléchi en raison d'une prédispo-

sition du sujet reconnaît le plus souvent comme cause provocatrice

l'imitation ; mais pour chaque tic particulier certaines causes

semblent agir plus spécialement.

Dans les tics des yeux, ce sont les corps étrangers, lesinflamma-

tions des paupières, l'action de la vive lumière, ou certains défauts

SOCIÉTÉS SAVANTES. 509

de la vision. Pour les tics du ne ? les corza, les petits furoncles ;

pour les tics des lèvres, les gerçures, pour les tics de la langue, les

anomalies de la dentition ; pour les tics clitcoitet de l'épaule la gêne

produite par une coiffure ou un vêtement. Il faut toujours cher-

cher cette origine en vue de la prophylaxie et du traitement.

M. Panmano confirme ces données. On guérit souvent un blep-

harospasme clonique en faisant disparaître des granulations.

11. E. Dorez. Le tic est un réflexe cortical, tandis que le

spasme est un réflexe sous-cortical. 11 se produit à l'origine du tic

un phénomène analogue à celui qui préside à la genèse des obses-

sions ou des impulsions, et que l'on qualifie de choc émotionnel.

Aussi les obsédés et les impulsifs appartiennent-ils à la même caté-

gorie morbide que les liqueurs. Le fait principal, c'est la partici-

pation de la conscience au début ; puis peu à peu par la répétition

de l'acte réflexe la disparition du rôle de la conscience. ,

M Meigk. C'est là précisément ce que montrent les cas que nous

avons observés et ce qui prouve l'importance thérapeutique de la

connaissance de la cause provocatrice.

EMo<Ae7/om< : cérébral.

MM. et Revaux montrent la pièce et des dessins d'un gros

épithélioma développé à la base de l'hémisphère gauche d'un

malade n'ayant éprouvé que les symptômes généraux d'une tumeur

sans signes de localisation.

Spasme névropathique d'élévation des yeux. -

M. P. Muiik présente pour la troisième fois un malade que

M. Crouion a montré en janvier 1900 et que M. Babinski a montré

aussi en juin 1900. M. Marie pense que l'on a affaire à un spasme

de l'élévation comme AI. Crouzon, premier présentateur. Pour

M. Babinski (avis confirmé par M. Parinaud), il se serait agi d'une

paralysie du mouvement associé d'abaissement, paralysie de

nature organique et d'origine supranucléaire. Or, si le malade tient

la têle en l'air dans l'extension forcée, il peut aisément suivre un

doigt qu'on abaisse et cela sans baisser la tête, le mouvement en

bas des globes oculaires est donc possible. Dans une position nor-

male au contraire, il ne peut regarder ses pieds par suite du

spasme d'élévation qui s'établit lui faisant porteries yeux en haut

quand il fléchit la tète. Au bout d'une demi-minute les yeux

reprennent une position directe, le spasme étant vaincu. Un peu de

bégaiement à forme hystérique, le rétrécissement bilatéral du

champ visuel, le bon effet de l'application d'un aimant militent

avec les anamnestiques, en faveur de la nature purement névropa-

thique et non pas organique de ce [rouble. 1

510 SOCIÉTÉS SAVANTES.

. M. Parinaud reconnaît la possibilité de cette interprétation,

cependant reprenant le mécanisme physiologique des mouvements

de roeil, il localiserait la lésion supposée corticale de ce malade

à la zone inférieure du centre oculomoteur en avant de la frontale

ascendante,

M. Babinski. Lorsque j'ai présenté ce malade, l'année dernière,

j'ai combattu l'hypothèse qui avait été émise d'après laquelle les

troubles oculaires dont il est atteint devraient être considérés

comme un « tic d'élévation des yeux », analogue aux tics d'habi-

tude et en particulier au tic mental.

Je faisais remarquer que dans l'affection dénommée torticolis

mental ou spasme du cou, le malade .est en mesure d'accomplir

dans des moments de calme un mouvement opposé à celui que le

spasme fait exécuter, tandis qu'ici le mouvement opposé à l'éléva-

tion, c'est-à-dire l'abaissement, est toujours impossible, que, de

plus, dans le cas qui nous occupe, le début a été marqué par un

ictus et qu'on n'observe jamais rien de pareil dans le torticolis

mental. Ces arguments me paraissent avoir toujours la même

valeur. 1,L'\Iarie, il est vrai, est disposé à abandonner ce diagnostic.

Il soutient seulement qu'il s'agit non d'une affection organique,

mais d'un trouble fonctionnel qu'il tend à rattacher à l'hystérie et

que le spasme des élévateurs est bien primitif et non consécutif à

une paralysie de l'abaissement, dont il conteste la réalité.

Il cherche à établir d'abord que le malade est hystérique cela

est possible. Je ferai observer toutefois que lorsque M. Crouzon

l'a présenté à la Société, il n'avait pas été question d'hystérie et

dans sa communication, il n'y a pas un seul stigmate de cette

névrose qui ait été noté : on peut donc penser que l'apparition de

l'hystérie, si tant est qu'elle existe nettement pour le moment, a

été consécutive à l'affection oculaire. Du reste, que le malade soit

ou ne soit pas hystérique, que l'hystérie soit de date ancienne ou

de date récente, c'est là un point secondaire, car les associations

hystéro-organiquessonttrès communes et pour prouver qu'un trou-

ble nerveux est hystérique, il faut s'appuyer sur ses caractères intrin-

sèques. On n'a pas affaire, dit M. Marie, une véritable paralysie

de l'abaissement, car en plaçant la tête du malade dans une cer-

taine attitude, ce mouvement seiait exécuté d'une manière cor-

recte. Je-viens d'examiner les yeux dans ces conditions et si je

reconnais que l'abaissement s'opère ainsi dans unecertaine mesure,

M. Marie doit reconnaître de son côté qu'il n'est pas aussi étendu,

tant s'en faut, qu'à l'état normal. Il y a donc bien de la paralysie

ou de la parésie.de l'abaissement. Dès lors il est tout au moins

permis de considérer le spasme comme un phénomène secondaire

à la paralysie. Cela n'a rien d'irrationnel, cela est même conforme

à ce que nous savons sur l'action des antagonistes dans les cas de

· " SOCIÉTÉS SAVANTES. 51 L

paralysie localisée dans un groupe de muscles, comme, par exem-

ple. dans la paralysie des extenseurs delà main où les effets d'ex-

tension provoquent une flexion de la main. Scruder a du reste

observé un cas de paralysie de l'abaissement très analogue à celui

qui nous occupe ; dès que le malade tâchait d'exécuter ce mouve-

ment, il se produisait, au contraire, un spasme des muscles rele-

veurs.

J'ai dit que l'idée de lésion organique cadrait parfaitement avec

l'ictus, l'affaiblissement intellectuel, les troubles de motihf.e, l'em-

barras de la parole, je le répèle aujourd'hui. Je ne prétends pas et

je n'ai pas prétendu autrefois avoir démontré rigoureusement

qu'il s'agissait ici d'une lésion organique; j'ai dit simplement que

celte hypothèse semblait s'adapter aux faits observés.

Je ne vois aucun signe essentiel qui permette de séparer ce cas

des autres observations de paralysie des mouvements associés des

yeux qui ont été publiées jusqu'à ce jour. Le critérium des troubles

hystériques consiste en ce qu'ils sont susceptibles de paraître et de

disparaître sous l'influence de la suggestion.

Pour admettre l'opinion de M. Marie, il faudrait au moins qu'il

fut établi que le syndrome présenté par ce malade puisse être replo-

duit paT'suggestion chez des hypnotiques et on ne serait en droit

d'affirmer que dans ce cas particulier l'hystérie est en cause que

si l'on arrivait à modifier ce syndrome d'une manière notable sous

l'influence delà suggestion, si surtout on la faisait dispaiaitie e

brusquement. Si M Marie obtient un pareil résultat, il ne me coû-

tera rien de reconnaître que sou hypotlièee s'est vérifiée.

Bégaiement hystérique.

M. Gb'fLLAlK présente un malade de quarante-huit ans atteint

depuis quatre ans. à la suite d un traumatisme, d'un bégaiement

qui semble dépendre' d'un processus mental morbide de. nature

hystérique. ·

Aphasie hystérique.

M. Guillun présente un malade atteint d'hémiplégie droite

ancienne avec aphasie, l'examen des signes considérés en eux

mêmes feraient'diagnostiquer l'hémiplégie organique commune,

les réflexes même sont exagérés ; mais le réflexe cutané plautaire

se fait en flexion. D'autre part l'attitude et la mentalité du malade

comparées et examinées dans leurs rapports avec les symptômes

doivent faire porter le diagnostic de la nature hystérique des

accidents.

M. Bi31NsKi. Je ne veux pas discuter la question de la'nature de

l'aphasie chez ce malade. S'agit-il bien d'une aphasie hystérique ?

512 SOCIÉTÉS SAVANTES.

Pour me former une opinion à ce sujet, je serais obligé d'étudier

le malade avec soin, ce que je ne puis faire ici. Le point que je

veux relever est le suivant : je constate très nettement l'exagéra-

tion des réflexes tendineux au côté droit, particulièrement au

membre supérieur ; les réflexes du biceps brachial et du poignet

sont manifestement plus forts et plus brusques à droite qu'à gau-

elie je suis donc, à cet égard, "d'accord avec les présentateurs.

Mais je me sépare d'eux en ce qui concerne l'interprétation de

ce phénomène, d'après MM. Marie et Guillain, tous les troubles

nerveux observés chez ce malade sont de nature hystérique. Or,

je soutiens depuis longtemps que dans l'hémiplégie hystérique

pure il ne peut y avotr d'exagération des réflexes tendineux an

côté de la paralysie. Je crois donc que chez ce malade il y a tout

au moins une association lrystéro-organique et que l'exagération

des réflexes tendineux relève d'une altération du système pyra-

midal. ·

Je demande à MM. Marie et Guillain de soumettre de nouveau,

dans quelque temps, le malade à l'examen de la Société, car la

question de savoir si dans l'hémiplégie hystérique les réflexes

tendineux peuvent être exagérés dans les membres paralysés est

d'une grande importance et jusqu'à présent on n'a pas fourni à la

Société de neurologie un seul fait démontrant que cela est pos-

sible.

D2tx cas de maladie familiale intermédiaire entre la maladie de

P. llarie et la maladie de Fricdrcicli.

MM. Lenorle et AUBINE.4U (de Brest). Il s'agit de deux frères

ayant présenté des signes se rattachant nettement à l'héredo-

alaxie cérébelleuse ; des signes de la maladie de luiedreiclr, et des

signes se rattachant à ces deux t pes cliniques.

1111. Crsr.w et Iwnotr montrent les radiographies d'un cas

d'achondroplasie. ic.'

Note préliminaire sur la toxicité du liquide céphalo-ruchidien dans

i l'épilrpsie.

1111. Dtne et SacQrH.er : H : exposent leurs expériences et, tenant

compte des causes d'erreurs et contingences, ils concluent :

1° Le liquide céphalo-rachidien est dépourvu de toxicité chez les

épileptiques en dehors des paroxysmes convulsifs ; 2° en injec-

tion inlracérébrale, il produit chez le cobaye, après une attaque

isolée des phénomènes variables et généralement légers, abat e-

ment, stupeur, parfois quelques secousses généralisées ; 3° après

des attaques en série, ce liquide produit très généralement à la

SOCIÉTÉS SAVANTES. 513

dose d'un quart de centimètre cube en injection intra-cérébrale,

des convulsions généralisées- intenses et se reproduisant parfois de

façon subintrante. A plus forte dose la mort survient.

Note hi,51ologiqiie sur les myélites tuberculeuses.

1111. Oono et OLMEn (de Marseille) envoient une observation qui

est un type aussi pur que possible de leptomyélite diffuse à forme

infiltrée, avec spécificité bactériologique évidente.

M. A. T'homvs rappoite l'observation d'un cas de syndrome de

Weber d'origine syphilitique. Il y avait aussi une amanrose com-

plète gauche, les lésions étaient multiples. Celles qui avaient déter-

miné la paralysie alterne siégeaient sur la capsule interne et le

pédoncule. F. r ! oiss)ER. '

Séance du 2 m<tt 1901. PRIIDE £ ÇCE de M. le Professeur Raymond.

Contribution et l'Anatomie pathologique de la chorée héréditaire.

MM. L.wets, PavroT et MoK)ssET ont observé un nouveau cas de

chorée héréditaire dont ils ont fait l'autopsie. Au point de ue

histotogique, la lésion dominante est une infiltration de grains

fortement colorés en bleu dans l'écorce et la substance blanche

centrale des circonvolutions. Us forment des amas de 3 ou 4, isolés

ou réunis dans la game lymphatique des cellules, notamment des

grandes pyramidales. Les cellules les plus entourées par ces grains

ont souvent des corps potoplasmiques pâles, uniformément teintés

en bleu, mais à côté on trouve de nombreuses cellules dont les

grains et les bâtonnets cllromatopltiles ne sont pas altérés. Leur

nombre ne parait pas diminué.

La méthode de Marchi donne des résultats négatifs démontrant

ainsi qu'il n'y a pas de dégénérescence en activité des fibres

blanches. Il n'y a pas non plus de lésions vasculaires. La moelle et

les racines sont intactes. Les auteurs, après avoir discuté et rejeté

l'hypolhèse d'altérations infectueuses survenues à la période ultime,

passent en revue les diverses lésions signalées par les auteurs,

diminution des fibres tangentieues, lésions vasculaires, altérations

et disparition pattielie des cellules nerveuses, et ne leur recon-

naissent qu'une valeurrelative et contingente. La lésion constante

est pour eux l'infiltration par les grains bleus de l'écorce cérébrale

et de la gaine lymphatique des cellules nerveuses; qu'il s'agisse

là de leucocytes comme on l'a soutenu, ou de cellules d'origine

névrogiique comme ils le pensent, c'est là le substratum organique

de la chorée de Iltintin-Loti. C'est d'ailleurs la lésion qui rend le

mieux compte de l'évolution des symptômes.

Archives, 2° série, t. XI. 33

514 sociétés savantes.

Pression artérielle dans la Myopathie alrophique.

M. P. Marie. Chez tous les amyotrophiques il existe une dimi-

nution très considérable et constante de la pression intravasculaire,

sans qu'il existe chez eux la moindre altération cardiaque. Cette

dépression qui n'existe ni dans la syringomyélie, ni dans les autres

affections médullaires serait due à un trouble de l'innervation du

coeur; trouble d'origine sympathique. Dans deux cas de maladie

de 1'lioinsen il y avait au contraire hypertension artérielle. De ces

deux cas on ne peut encore conclure que ce phénomène est cons-

tant, mais il y a lieu de le rapprocher de la constatation qui pré-

cède en attendant de nouveaux faits.

Tremblement chez un enfant.

M. Cestan présente un petit garçon de trois ans environ atteint

d'un tremblement de la tète du type « négateur » ; tremblement

qui se modifie 'par l'action des muscles volontaires et qui dispa-

raît pendant le sommeil ; les membres ne tremblent pas. C'est

donc un tremblement identique au tremblement dit sénile. Ce

tremblement essentiel dit sénile n'a jamais été signalé chez un

aussi jeune sujet. Dans la thèse de Bourgaret le malade atteint le

plus tôt fait remonter le symptôme à )'âge de dix-huit'ans. Chez

l'enfant présenté il n'existe aucun autre phénomène névropathique;

la santé est bonne, aucun des ascendants ne tremble. La mère est

saine, le père a commis des excès alcooliques. Le tremblement est

donc congétinal mais non héréditaire.

Myopathie avec troubles faciaux particuliers.

AI. P. nhme présente un myopathique dont les bras, le thorax

et la face sont pris, mais dont le type diffère absolument du type

Landouxy-Déjerine. C'est un homme de vingt-cinq ans, qui a un

frère et une soeur bien portants et qui n'a marché qu'à cinq ans.

L'amyotrophie a débuté à l'âge de douze ans et a régulièrement

progressé depuis. Actuellement les quatre membres sont impotents;

le thorax est pris au point que les mouvements respiratoires ont

été fortement compromis au cours d'une bronchite récente. L'in-

térêt réside surtout du côté de la face. Il existe un ptosis bilatéral

très accentué. Contrairement au type L.-D. le malade peut fermer

complètement les yeux, mais ne peut les ouvrir que très imparfai-

tement et ne peut pas regarder en haut. "

Les muscles masticateurs sont perdus, le sujet ne peut rappro-

cher ses arcades dentaires et le maxillaire inférieur est pendant,

seuls les mouvements d'abaissement et de latéralité persistent. Sa

langue un peu amincie à sa pointe conserve presque tous ses

sociétés savantes. ' .515

mouvements mais au repos elle fait saillie sur la lèvre inférieure.

La parole articulée est assez nette sauf un certain zézaiement. Le

ptosis date de l'enfance, tandis que les troubles masticateurs

remontent à trois ou quatre ans. De semblables cas n'ont pas été

signalés souvent. On trouve seulement un malade de Sano, un de

Bouveret, un de Ha'nohi, un de Hoffmann, encore les uns n'avaient-

ils que le ptosis et les autres que les troubles masticateurs. Pour

éviter toute confusion, M. Marie montre un malade type Landouzy-

Déjprine dont l'oeii gauche est classique et dont, l'oeil droit est

atteint de ptosis. Mais ce ptosis est congénital et n'empêche pas

l'occlusion complète ne soit impossible, chez ce second malade la

mastication est intacte et le faciès général est typique; ce ptosis

n'a donc chez lui lien de commun avec t'amjotrophie, contraire-

ment à ce qui a lieu chez le premier. L'examen électrique n'a pas

été faitetne donnerait vraisemblablement que les signes communs

de la myopathie.

Paralysie radiale double subite.

M. P. MAîuE présente un malade qui depuis de longues années

ne marche qu'avec des béquilles- sans que l'innervation de ses

membres supérieurs ait jamais été altérée. Or, après une seule

débauche alcoolique est survenue une paralysie radiale bilatérale.

Il a donc fallu l'intervention de l'intoxication pour que la com-

pression réussisse à produire la paralysie. Des faits semblables ont

d'ailleurs été déjà signalés.

M. Joffroy. Il faut en effet que le nerf ait été préparé par une

intoxication ou une dystrophie pour que la compression devienne

efficace. Ici la compression était habituelle et l'intoxication a été

occasionnelle. Dans un cas que j'ai vu, l'alcoolisme était au con-

traire habituel et la compression a eu lieu accidentellement; aussi

cette compression peut-elle quelquefois passer inaperçue.

M. LANNOIS a vu récemment une femme chez laquelle une para-

lysie radiale réalisait l'effet de trois causes : alcoolisme, hystérie et

compression. '

Importance du réflexe du tendon (1'-Ichille.

lli. 13.umsr.i. Anatomiquement le réflexe du tendon d'Achille

devrait avoir plus d'importance que celui du tendon rotulien, le

domaine du scialirlue étant autrement vaste et autrement impor-

tant que celui du nerf crural. En réalité,^le fait est d'ailleurs exact.

Dans les cas de névralgie sciatique l'abolition du réflexe d'Achille

est fréquente et peut servir à différencier la névrite sciatique de la

pseudo-sciatique hystérique ; en présence du réflexe, peut par

contre servir à déjouer la simulation.

516 - SOCIÉTÉS savantes.

Dans le tabès, ce réflexe est aussi plus important que le réflexe

rotulien. Très souvent, en effet, il est aboli alors que le réflexe patel-

laire existe encore, tandis que l'inverse ne se rencontre jamais. La

disparition du réflexe du tendon d'Achille est même un signe très

précoce de tabès. Il est aboli en effet chez un homme de quarante

ans qui a eu la syphilis à vingt-quatre et qui s'estbien porté jus-

qu'à ces derniers jours où se sont manifestés de la dyplopie et de

légers troubles pupillaires. 11 est aboli aussi chez une femme que

présente M. Babinski. Celle-ci a eu des crises de douleurs à l'es-

tomac et des troubles nerveux qui l'ont d'abord fait prendre pour

une hystérique, mais qui présente aussi de légers troubles pupil-

laires. C'est donc une tabétique au début avec crises gastriques.

Enfin, il est encore aboli chez un homme âgé ayant eu aussi la

syphilis et qui présente de la rigidité pupillaire ; chez ces trois

sujets le réflexe rotulien est intact. F. Boissirn.

SOCIÉTÉ DE NEUIOPATHOLOGIE ET DE PSYCHIATRIE

DE MOSCOU.

Séance du 24 février 1900.

M. le professeur Rotii présente cinq malades atteints de paraly-

sies oculaires de nature diverse, à savoir :

1 Oplalulmoplégie nucléaire progressive (poliencéphalile subaiguë

à la suite d'une myélite aiguë) chez un mécanicien, âgé de vingt-

six ans. Dans le cours des derniers dix-huit mois se développent

lentement des phénomènes de poliomyélite dans les régions supé-

rieures de la moelle, en même temps qu'une lésion des noyaux des

nerfs moteurs qui n'est pas celle d'une paialysie bulbaire progres-

sive. Les noyaux du nerf facial et sui tout du nerl hypoglosse n'.tnt

presque pas souffert, de môme que le nerf spinal. Sont notable-

ment atteints les noyaux des nerfs oculomoteurs, à l'exclusion de

ceux qui innervent les muscles internes et l'élévateur de la pau-

pière supérieure. L'ophtalmoplégie est certainement d'origine

nucléaire, tous les noyaux sont, atteints au même degré d'intensité,

et les muscles sont très faibles. Les mouvements rapides des globes

oculaires sont tout à fait impossibles. On dirait que les mouve-

ments sont accompagnés d'un grand frottement ou s'effectuent

dans un milieu très visqueux. L'amplitude des mouvements est

très limitée, surtout dans la direction à gauche. Les mouvements

s'exécutent mieux, lorsque le malade suit des yeux un objet qui se

sociétés savantes. SI 7

déplace; ils deviennent encore meilleurs et presque normaux lors-

qu'en même temps la tête exécute un mouvement dans le sens

contraire. Les mouvements latéraux s'exécutent mieux que ceux

de la convergence. On voit donc, dans ce cas, que les impulsions

volontaires ne provoquent pas de contractions musculaires et que

les réflexes précis et rapides du nerf optique (regard dans l'une ou

l'autre direction) sont impossibles; les mouvements lents des globes

oculaires suivant un objet déplacé, sont encore possibles,- mais

bien limités. Enfin l'amplitude normale des mouvements latéraux

peut être atteinte par une rotation simultanée de la tête dans le

sens contraire, ce qui facilite sans doute le travail mécanique des

muscles des globes oculaires.

2° Ophtalmojilégie aiguë d'origine syphilitique, ayant l'apparence

clinique d'une affection parenchymateuse systématisée. Phénomène

de Calassi-\'estphal. Le malade, âgé de cinquante ans, présente

une paralysie des deux muscles droits supérieurs et une parésie

des droits inférieurs ; quelques mouvements des globes en haut et

en bas peuvent être exécutés grâce à l'action des muscles obliques.

Les pupilles sont très dilatées, la pupille gauche un peu plus que la

droite. Elles se rétrécissent rapidement lorsque les yeux se ferment

ou en général lorsque se contracte le muscle orbiculaire, et elles

se dilatent aussi rapidement, comme sous l'action de la lumière,

lorsque les yeux s'ouvrent. Ce phénomène paradoxal est très

accusé. Le malade contracta la syphilis à l'âge de dix-huit ans.

Neuf ans plus lard, il eut un accès épileptiforme. En 1883, on nota

une mydriase de l'oeil gauche et la paralysie de l'accommodation.

Au mois d'août 1898, on constata des vertiges, une courbature

générale, une diplopie et selon toute vraisemblance, le premier

jour de la maladie, une légère hémiparésie droite avec légère

aphasie; de cette époque date également l'ophtalmoplégie qu'on

observe actuellement ; en outre, il exista pendant quelques mi-

nutes une paralysie du nerf abducens gauche.

Les phénomènes pupillaires sont évidemment d'origine non nu-

cléaire. Le noyau du sphincter pupillaire est évidemment intact;

ii n'y a qu'une lésion de quelques arcs réflexes qui s'y rendent. La

paralysie des mouvements en haut et en bas peut être expliquée

par une lésion nucléaire ou par une interruption des conducteurs

dans le voisinage des noyaux correspondants. L'intérêt du cas pré-

sent réside dans ce que l'affection des vaisseaux (car il s'agit ici

sans nul doute d'une affection vasculaire) qui s'est constituée en

deux reprises et à intervalle de quinze ans, a donné lieu à une

lésion élective de quelques éléments, lésion parfaitement symé-

trique, qu'on n'observe ordinairement que dans les affections dégé-

nératives primitives.

3° Paralysie pseti@io-btilb ii2,e. Biplégie faciale et ophlnlmoplégie

corlico-nucléaire. Musicien, âgé de soixante-trois ans ; ne peut

518 sociétés savantes.'

pas fermer les yeux volontairement, mais il cligne des yeux et les

ferme lorsqu'on approche le doigt. Les mouvements volontaires

des yeux, à gauche, à droite, eu haut et en bas, sur commande,

ne peuvent généralement pas être exécutés; de même il ne peut

pas jeter un regard oblique, de côté, sur un objet situé latérale-

ment. Parfois cependant, les yeux du malade se tournent latérale-

ment, indépendamment de sa volonté. Mais si le malade fixe un

objet qu'on déplace lentement, les yeux exécutent des mouvements

assez étendus dans tous les sens. Les mouvements oculaires devien-

nent même tout à fait normaux lorsqu'on même temps la tête

exécute une rotation dans un sens contraire. Malgré l'action suffi-

sante des muscles dioits internes, lors des mouvements latéraux,

la convergence est impossible. Dans ce cas les mouvements réflexes

des globes oculaires sont plus ou moins bien conservés, mais plus

les mouvements portent le caractère des mouvements volontaires,

plus ils deviennent limités et difficiles; ils sont tout à fait impos-

sibles lorsque leur direction se définit dans la pensée.

4° Paralysie pMMo-6M/6a ! )'e. Ophtvlznopléyie dissociée itléo motrice.

Prêtre, âgé de cinquante-quatre ans. Plusieurs attaques apo-

plectiformes avec foyers corticaux ou dans le voisinage de la cap-

sule interne. Ensuite, il s'est formé un foyer de ramollissement dans

l'autre hémisphère. Il en résulta le tableau ordinaire de la para-

lysie pseudo-bulbaire. Les mouvements des globes oculaires sont

possibles lorsque le malade suit et regarde les objets, mais ils ne

s'exécutent pas à la commande. Pourtant, si le malade se repré-

sente l'objet qu'il faut regarder, par exemple, la suspension, il

réussit à mettre les yeux en mouvement dans la direction voulue.

Dans ce cas il existe une interruption anatomique dans la voie

idéo-motrice, tandis que la voie qui communique les impulsions

motrices des images visuelles aux noyaux des nerfs oculomoteurs,

reste intact. Il est possible que cette dernière voie part, de la circon-

volution pariétale inférieure ou des circonvolutions avoisinantes.

5° Ophtalmoplégie psychique d'origine hystérique. Jeune fille

âgée de dix-huit ans. Diplopie par suite du spasme du muuscle

droit interne de l'ecil gauche; le spasme s'atténue lorsque l'autre

oeil est fermé. Immobilité complète des globes oculaires, lorsqu'on

invite la malade à regarder à droite, à gauche, en haut ou en bas.

Au lieu de suivre l'objet déplacé, les yeux font des petits mouve-

ments irréguliers dans divers sens (d'une étendue de 2 mm. en-

viron). La malade peut lire et faire des fleurs, sans accuser de

diplopie. On trouve dans les antécédents de la malade une série

d'autres phénomènes hystériques (paraplégie, anesthésies, spasme

de 1'oesopage, etc.), qui persistent encore à l'heure actuelle. Ici

l'ophlalmoplégie est évidemment de nature purement psychique.

W. 11OURATO\'. Contribution il l'étude de la folie épileplique.

SOCIÉTÉS SAVANTES. ;i19

Homme âgé de trente-sept annaux antécédents héréditaires

névropatitiques, abusait de boissons alcooliques dans sa jeunesse

et était sujet aux petits accès épileptiques. En 1891, le malade eut

un équivalent pshychique d'une longue durée, avec idées de gran-

deur et de persécution et du délire religieux et sexuel. Il regagna

ensuite toute la lucidité de son esprit, mais conserva le souvenir

de son délire. L'année suivante, on note plusieurs poussées de

délire religieux et sexuel. Le délire se développa et se systématisa

de plus en plus, des idées de persécution s'y ajoutèrent qui s'ag-

gravaient et s'accusaient plus nettement lors des poussées aiguës.

La source de l'idée délirante se trouve toujours dans une sensation

intérieure mal définie qui s'accompagne d'une altération de la per-

sonualité et parfois aussi d'hallucinations. A la fin du séjour du

malade à l'hôpital Préobrajenski, le délire devient fixe et le malade

perd la notion critique qu il en avait au commencement. En exa-

minant le malade en dehors de l'état d'équivalent épileptique, on

trouve chez lui des idées délirantes fixes (idées de grandeur), qui

ne sont que la continuation du délire épileptique, dont il garde

bien le souvenir. Les idées de grandeur se sont développées davan-

tage, celles de persécution au contraire ont diminué. 11 y a un état

manifeste de démence.

L'auteur considère son cas comme paranoïa chronique d'origine

épileptique (paranoïa chronica epileptica). Elle s'est développée

notamment des équivalents épileptiques, elle a évolué épisodique-

ment, mais le délire a pris de la consistance et de la fixité à me-

sure que ces épisodes (équivalents épileptiques) se sont multipliés.

Ce sont autant de différences d'avec la folie compliquée d'épilepsie.

D'autre part l'évolution progressive et la systématisation du délire

distinguent cette forme de l'équivalent chronique d'épilepsie.

Discussion. M. Postowskv, qui connaît le malade, croit que

l'alcoolisme a pu jouer dans son cas un grand rôle et contribuer

(vu la prédisposition héréditaire du malade) à, réclusion d'une

démence précoce. Cette démence était la principale raison de ce

que le malade empruntait des idées délirantes chez ses voisins de

la salle.

nI. Weidemiuiuer, qui a également connu le malade, dit qu'il

n'y avait pas chez lui de corrélation absolue entre le délire et les

attaques. Le tableau clinique aurait dû être complété de cette

constatation que le malade était raisonneur et avait des halluci-

nations très accusées, notamment du côté de l'ouïe.

M. Tokarsky ne croit pas que ce cas doit être considéré comme

un type autonome, méritant un nom à part.

iAI. 5num.v est convaincu qu'il s'agit dans ce cas de la folie épi-

leptique, mais il ne voit pas de raisons suffisantes pour lui donner

une nouvelle dénomination, celle de paranoïa epileptica. Le nom

520 BIBLIOGRAPHIE. '

pourrait prêter à confusion et d'autre part, le cas du malade de

M. Mouratow rentre parfaitement dans le cadre de la folie épilep-

tique chronique, bien connue.

MM. Soukiianoit et Bernstein se prononcent dans le même sens.

M. Bernstein croit qu'il n'y a pas plus de raisons de distinguer plu-

sieurs fomes de folie épileptique, que de différencier plusieurs

types de paralysie générale.

Secrétaires des séances : G. RossouMO; X. Versiloff.

BIBLIOGRAPHIE.

XIX. Elude des /roubles pupillaires dans quelques maladies mentales;

par le D' Iloger ! llicwr. 'l'hèse de Paris, 1900, chez Jouve.

Depuis l'époque où Bailiarger signala chez les paralytiques

généraux la fréquence de l'inégalité pupillaire, les travaux sur

cette question se multiplièrent, mais il semble que les aliénistes

limitèrent leurs recherches aux seuls paralytiques.

Si l'on trouve en effet noté, de ci de là, l'existence de troubles

pupillaires chez d'autres aliénés, il n'a pas été fait, du moins en

France, de statistiques détaillées portant sur les différentes formes

de l'aliénatienmentale. Dans sa thèse, M. Mignot a cherché àcom-

bler cette lacune. Il a systématiquement examiné tous les malades

de la Maison de Santé de Ville-Evrard (139) et est arrivé ainsi à

des conclusions quelque peu inattendues.

Dans un premier chapitre, l'auteur énumère les divers facteurs

physiologiques, agissant sur la mobilité de l'iris et signale, en

particulier, les réflexes psychiques de Ch. Henry, de Haab, de .

Pillz. L'existence de ces réflexes supérieur^, ainsi que des modifi-

cations pupillaires dans les états émotionnels, lui font émettre

l'hypothèse du retentissement, sur les mouvements de l'iris, des

troubles fonctionnels de l'écorce. Il résume ensuite les notions

actuellement acquises, et les points encore en litige, sur la situa-

tion des centres et le trajet des fibres pupillaires. Dans le chapitre

suivant, Minot décrit les divers troubles pupillaires (inégalité,

troubles des réflexes, déformations, réaction paradoxale, etc.) en

donne la physiologie pathologique, et insiste sur ce point, qu'à

côté des troubles, résultant d'altérations manifestes des centres et

fibres pupillaires, il existe des troubles, considérés comme fonc-

tionnels, signalés dans les intoxications et les infections, et pou-

, BIBLIOGRAPHIE. 5121 1

vant, d'après lui, dépendre aussi d'états psychiques morbides ;

tandis que les premiers sont constants et définitifs, les seconds

seront variables ou momentanés, comme les causes dont ils dé-

pendent.

Vient ensuite une revue historique des troubles pupillaires dans

la paralysie générale. En comparant, dans les tableaux qui sont

donnés, les statistiques des différents auteurs, on est frappé des

différences qui les séparent. Ainsi, pour ne parler que de l'altéra-

lion du réflexe à la lumière, on la trouve dans 47 p. 100 des cas,

d'après Thonisen et Monde ! , et dans 88 p. 100 des cas. d'après

Fiancolté.

L'auteur attribue ces divergences énormes, non seulement aux

différentes techniques employées, mais encore aux milieux diffé-

rents d'observations; et l'on a pas toujours eu soin d'indiquer la

technique et de préciser le milieu.

Chez les 22 paralytiques, dont les observations font suite, tous

plus ou moins avancés et, internés depuis longtemps, pour la plu-

part, il a été trouvé le pourcentage suivant : inégalité, G : 3; aboli-

tion du réflexe à la lumière, 77 ; diminution de ce réflexe, 22;

altération du réflexe à la convergence,'j0 ; myosis, 13; mydriase, i;

déformations, <j8.....

Dans les pages suivantes, nous voyons quelques statistiques,

concernant les aliénés non paralytiques. Les auteurs cités ne don-

nent que des chiffres très faibles; ainsi Oebeker ne trouve l'iné-

galité que dans 2 p. 100 et Thomsen l'immobilité des pupilles que

dans 2,1 p. 100 des cas. Seuls, Verga et Casliglioni considèrent

que les troubles pupillaires ne sont spéciaux à aucune forme

d'aliénation mentale, et trouvent des altérations dans 74 p. 100

des cas. 1

Vignot a constaté des troubles pupillaires chez les déments

organiques, les déments séniles, les délirants chroniques, les

dégénérés, les intermittents et dans les psychoses des alcooliques;

il en donne les observations, mais, comme le nombre des malades

observés est peu important et les examens peu répétés, il n'en

tire d'autre conclusion que la possibilité de l'existence des altéra-

tions pupillaires dans ces catégories de malades. Par contre, se

basant sur les examens multipliés de 03 déments précoces, il éta-

blit, après Kroeptin, la fréquence de la mydriase (30 p. 100) ; en

outre, il constate au=si l'inégalité (32 p. 100) des troubles du

réflexe à la lumière (G2 p. 100), du réflexe à l'accommodation

(12 p. 100) et des déformations (2 p. 100). Ce qui dans la plupart'

des cas, caractérise ces troubles, c'est leur inconstance et leur

variabilité; de plus, rarement (7 p. 100), le réflexe à la lumière a

été trouvé nul à un momeut donné ; généralement, l'altération se

manifeste par la lenteur et la petitesse de la réaction.

. Chez 12 mélancoliques séniles, Mignot trouve avec une grande

622 ) BIBLIOGRAPHIE.

fréquence des troubles pupillaires et, surtout, l'altération du réflexe

à la lumière (90 p. 100); ce réflexe a été aboli a un moment donné

dans (16 p. 100) des cas. Ici encore, il signale une variabilité très

grande dans les troubles des réactions : par exemple, dans une

observation, on voit une inégalité apparaissant et disparaissant

d'un jour à l'autre. Dans ce chapitre, l'auteur démontre que les

troubles variables qu'il observe ne peuvent, être attribués aux mé-

dications suivies, car, ils en sont indépendants.

Enfin, chez 31 individus sains de tous les âgeset des deux sexes-

il a rencontré 3 inégalité ? un myosis, et 7 fois des déformations.

On peut, de la façon suivante résumer les conclusions auxquelles

aboutit ce travail.

L'inégalité et les déformations, symptômes banaux, s'observent

dans toutes les psychoses. Les altérations des réflexes existent

également dans toutes les formes morbides, mais, tandis que le

trouble observé est constant ou progressif dans la paralysie géné-

rale, la démence senile, et les démences organiques, il est ccico)7S-

tant, variable, en plus comme en moins dans les autres psychoses

et en particulier, dans la mélancolie sénile et la démence précoce.

Constater l'existence d'un trouble pupillaire. sans en spécifier les

caractères, enlève toute valeur à l'observation, mais, en aucun

cas, ce symptôme ne peut être pathognomonique, car, certains

auteurs (l'auzi) ont observé même dans la paralysie générale, la

variabilité.

L'analyse qui précède montre tout l'intérêt du travail très con-

sciencieux de M. Vignot. Inutile d'insister sur l'importance, au

point de vue clinique, des résultats auxquels est arrivé l'auteur,

en particulier pour ce qui a trait aux troubles pupillaires de la

paralysie générale, de la mélancolie sénile ou présénile et de la

démence précoce. Paul Sérieux.

». Le co nple rendu des travaux de la clinique des maladies ner-

veuses et psychiques du professeur 13ECIITEREFI ? 1899, t. II.

Saint-Pétersbourg.

Dans cet intéressant recueil, une véritable encyclopédie, le pro-

fesseur Bechtereff a réuni la statistique des travaux accomplis

par lui et scs'nombreux élèves pendant les cinq années de 1893

jusqu'à 1898. Xous regrettons de ne pas pouvoir donner une ana-

lyse plus détaillée de ce recueil qui occupe au moins 50a pages

imprimées, accompagné d'un grand nombre de tableaux compara-

tirs, concernant les différentes discussions en cours du travail. En

première ligne se discute le régime des aliénés. Les élèves du pro-

fesseur les [)Il Trapeznikoff et Ossipolsse prononcent contre le

repos absolu des aliénés, qui : 1° produit souvent une diminution

considérable de poids, une perturbation dans la digestion et une

BIBLIOGRAPHIE 52 3

prédisposition à l'onanisme ; 2° le repos absolu n'améliore pas l'in-

somnie et n'exclue point l'emploi des narcotiques, il facilite, cepen-

dant, la suiveillance des malades. Quand le repos absolu est bien

supporté, c'est-à-dire, quand il n'entraîne pas une perte de poids,

et ne provoque pas de l'insomnie et devient utile.

D'après le 1), Ti,apeziiiloff, l'emploi du repos absolu par la force

pour les aliénés est un énorme pas en aniere. Le même auteur

affirme, que la théorie, qui exige de disséminer les furieux parmi

les aliénés tranquilles, conduit souvent aux résultats inverses. Le

meilleur moyen d'employer le repos absolu dans le traitement des

fous serait de les placer séparément dans des pièces isolées et non

fermées et les surveiller sans employer de la violence.

Les statistiques des malades traités dans la clinique du profes-

seur Becliterell'coiicertieiit les malades soisnés de septembre 1893

au septembre 1898. La première statistique se rapporte à la clas-

sificatiou des aliénés d'après leurs professions.

De toutes les professions, les professions dites libérales occu-

pent la première place avec 25,3 p. 100. La statistique de Mayer

donne pour les mêmes piofessious 14,17 p. 100, pour les profes-

sions industrielles 8,26 p. 100, i.83 p. 100 pour les domestiques,

7,01 p. 100 pour les ouvriers et 6,5 p. 100 pour les agriculteurs.

La statistique suivante publiée pour les malades des asiles russes

des treize gouvernements est composée pour un nombre de

5 309 aliénés (300 hommes et 1809 femmes) :

524 BIBLIOGRAPHIE. -

100. les musulmans, 0,G p. 100, à peu près proportionnellement

au nombre d'habitants de chaque religion. Ce sont les célibataires

qui ont fourni au professeur Bekbtereff le plus grand nombre

d'aliénés , 60.1 p. 100. les mariés, 3.3,8 p. 100, les veufs, 2,7 p. 100,

les divorcés. 0,04 p. 100. Ces données se rapprochent de celles

fournies par Hagen (Statistiche Untersucherung uber Geisterlcrau-

kheitèn, Eralangen 1876, p. 1;i3), qui donne pour les célibataires

01.7 p. 100 hommes, 51, 9 p. 100 femmes, et pour les mariés)

34, 4 p. 100. D'après Hagen ce phénomène dépendrait : 1° de ce

fait que le nombre de célibataires est relativement élevé parmi les

habitants; 20 les troubles mentaux subis par les jeunes gens les

empêchent de se marier et 3° l'hygiène du foyer et les coits régu-

liers agissent favorablement sur le système nerveux de l'orga-

nisme. En ce qui concerne 1 âge. le grand nombre des aliénés

appartient aux hommes de vingt et un à quarante ans (38 p. 100

et aux femmes de seize à quarante ans (28,4 p. 100). De tous les

malades du professeur t3ehlrtereff, 86 p. 100 appartenaient aux

lettrés et 14 p. 100 aux illettrés, cliiffies très élevés, vu que le

nombre des illettrés habitants russes est de beaucoup supérieur à

celui des lettrés.

Steinberg et Tcheremchansky admettent un aliéné pour 300 habi-

tants russes.

D'après Hertzenstein, ce nombre varie suivant le gouvernement

un aliéné pour 103 habitants dans les gouvernements de la mer

Baltique, un aliéné pour 8«il habitants dans le gouvernement de

laroslawsk et un aliéné pour 4lui habitants dans le gouvernement

de Saint-Pétersbourg.

Les psychoses épileptiques viennent en première ligne, 15,4 p. 100;

la p. p. g. vient ensuite, 14,G p. 100, les hallucinations après, 11,6

p. 100, la folie primitive, 11,4 p. 100, les aliénés hystériques, 7 p.

100, etc. D'après les auteurs. du recueil, le nombre des morts varia

entre 10 p. 100 et 13 p. 100. Oesterlen donne pour la mortalité des

aliénés, 10 p. 100. D'après Ilageii, la mortalité parmi les aliénés

serait cinq fuis plus grande que parmi les gens normaux.

Des malades morts dans la clinique de M. Bekhtereff 45,2 p. 100

sont morts à la suite des affections pulmonaires (l ? 7 p. 100 de la

pneumonie, 11,9 p. 100 de la tuberculose), 35,5 p. 100 des affec-

tions du système nerveux, 11,8 p. 100 de la septicémie et 1,9 p.

100 du cirhose du foie.

Les tableaux des malades au point de vue étiologique se rappor-

tent aux 474 malades (360 hommes et 108 femmes); 212 malades

(14G hommes et G6 femmes) présentaient une tare héréditaire, soit

44,70p. 100. Parmi les autres causes étiologiques, l'auteur indique :

l'émotion, 24 p. 100; la syphilis, 18.S p. 100; l'alcoolisme 11,3 p.

100; le traumatisme, 9, 1 p. 100;grossesse,couches,etc.,3,)p.100.

L'émotion a produit plus de cas d'aliénation parmi les femmes

-BIBLIOGRAPHIE. 525

(3*,4p. 100) que parmi les hommes (19,9 p. 100). L'alcoolisme, le

traumatisme et les fatigues intellectuelles se rencontrent peu

parmi les femmes. La syphilis figure comme cause étiologique

exclusivement pour le sexe fort. La grossesse, les couches et l'al-

laitement tiennent une place assez importante parmi les causes

d'aliénation des femmes (13,7 p. 100). L'hérédité est en majeure

partie une des causes principales de l'aliénation. Dans 21 p. 100 de

cas, l'aliénation se déclara sans aucune cause occasionnelle; dans

57,3p. 100, sous l'influence d'une seule cause, dans 12,2 p. 100,

sous l'influence de deux ou plusieurs causes. 47,8 p. 100 avaient

des antécédents directs, 24 p. 100 des antécédents indirects. Parmi

les antécédents on nota 39.1 p. 100 de cas d'aliénation, 26,5 p. 100

d'alcoolisme, 14,9 p. 100 de névrose, .8 p. 100 de l'épilepsie,

4,4 p. 100 de la tuberculose, 2,6 p. 100 d'hystérie et d'apoplexie.

L'aliénation, l'hystérie et l'épilepsie se rencontrent davantage chez

les femmes; l'alcoolisme, la tuberculose et l'apoplexie chez les

hommes.

Au point de vue de l'influence de l'hérédité les auteurs donnent

les résultats suivants : l'hérédité a donné : 13,6 p. 100 de p. p. g,

43,1) p. 100 des hallucinations, 12.8 p. 100 des psychoses épilepti-

ques, 12,3 p. 100 des psychiques, 8,4 p. 100 des psychiques hystéri- '

ques. En moyenne, l'auteur admet avec les autres classiques, que

l'hérédité joue un rôle considérable dans les maladies psychiques,

cette influence peut s'exprimer par les chiffres de 40 à 30 p. 100.

Des moyens thérapeutiques employés par les auteurs du travail

analysé la thérapeutique diéto-hygiénique, occupe la place prin-

cipale dans le traitement des aliénées. Comme hydrothérapie, le

professeur Bekhtereff préfère les bains tièdes, agissant à la fois

par leur propriété sédative et comme régulateur de la circulation.

Viennent ensuite les douches tièdes. L'électrothérapie n'est em-

ployée que pour les cas de neuro psychose. Les bromures sont lar-

gement appliqués dans la clinique du profes-eur russe. On donne

parfois le chloral, rarement le sulfuual; encore plus rarement

l'opium et le codéine. 'l'el est grosso modo le résumé de cet

intéressant travail du savant neurologiste de Saint-Pétersbourg. Le

reste du travail contient la description des différentes formes patho-

logiques, leur classification et la description des cas particuliers.

Malgré le haut intérêt que cette partie présente, l'analyse même

restreinte pourrait nous entraîner loin, nous nous arrêtons seule-

ment sur le mode de classification des maladies mentales adopté

par M Beckhtereff. 11 divise ces maladies en six catégories : 1° Les

psychoses ordinaires, comprenant la mélancolie, la manie, les hal-

lucinations aiguës (ou amentia), l'aliénation catalouique, t'imbcci-

hté et le délire aigu; 20 les psychoses dégénérées : la folie primaire,

la folie périodique, la psycho-neurasthénie dégénérée avec idée

fixe, insanilas moralis et la psychose développée sur un terrain

S26 BIBLIOGRAPHIE. -

dégénéré; 3° les pschoses zezcro-patlaolo31qaees : psychoses épilep-

tiques, psychoses hystériques et pelloses neurasthéniques, psy-

chose épilepticale, psychose hystéricale et psychose neurasthénicate;

4° psychoses toxiques, celles qui sont occasionnées par l'introduc-

tion dans l'organisme d'un agent toxique quelconque : alcool,

morphine, cocaïne, plomb, syphilise; 50 î)s ! lcitoses organiques :

p. p. g., tumeurs céiébrales, atrophie du cerveau, et 6° psychoses

par arrêt de développement. La statistique des maladies nerveuses

se rapporte à 286 malades, dont 537 hommes et 49 femmes. L'âge

qui donna le plus de malades fut celui de vingt et un à vingt-cinq

ans. Parmi les catégories, les paysans et la noblesse fournirent plus

de malades que les autres catégories de ! ;(Vfe russe; le moins fut

donné par les commerçants. Les mariés fournirent ici j2 p. 100 et

les célibataires 44 p. 100; les lettres 160 et les illettrés 82. Les ma-

ladies nerveuses sont divisées par le professeur t3eclilaerell'en cinq

catégories : y

1° Maladies des nerfs périfériques : a) névralgie, b) convulsions,

c) paralysies, d) névrite simple, e) poli-névrites;

2° Maladies de l'encéphale : a) hémorragie cérébrale, b) embolie

et trombose de l'artère s3,lvieiine, c) méninge-encéphalite, d)

encéphalite,e) syphilis cérébrale, /') tumeurs cérébrales, h) ané-

vrisme de la carotide interne, k) tumeurs cérébreuses, l) tumeurs

du pont Varolet m) ophtalmoplégie.

3° Maladie de la moelle épinière et du bulbe : ' a) ankylose de la

colonne vertébrale, b) méningite spinale chronique, c) myélite,

d) tabes dorsalis, e) tabes dorsahs spasmodique, f) sclérose laté-

rale amyotrophique, h) poly-myélites antérieures, h) syriugomyélie,

1) paralysie de Brown-Sequart, m) lésions des queues de cheval,

n) amyotrophie progressive, o) paralysie bulbaire progressive.

4° Maladies organiques communes de l'encéphale el de la moelle :

a) méningite tuberculeuse et nieningomyélile, b) méningite tuber-

culeuse, pachyméningite cervicale et dorsale, c) myélite cervicale

et tabes dorsale, d) sclérose en plaques disséminées.

5° Névroses communes el autres maladies nerveuses communes : u)

épilepsie, b) hystérie, c) neurasthénie', d) névrose traumatique,

e) chorée (mirr.), f) myoclonus multiplexe, h) paralysie agitante,

k) tétanos traumatique, 1) tétanie, in) myotétanie, K) maladie de

Bawsedav, o) mixideme, p) hémicranie, '/) maladie de Meniere,

r) inyosthénie, s) bégayement, t) alcoolisme chronique, a;) morphi-

nisme chronique.

Parmi les causes étiologiques, la syphilis occupe la première

place, (27,03 p. 100). Viennent ensuite : le traumatisme (15,2 p. 100),

l'alcoolisme (13 p. 100), le refroissement (10, p. 100), les infec-

tions (7,3 p. 100), les émotions (7 p. 100), la grossesse tt les mala-

dies des femmes (1,6 p. 100), onanisme (0,8 p. 100), fatigue intel-

lectuelle (0,4 p. 100 et sans cause 20 p. 100). P. KOUI.NDJY.

VARIA.

HOMMVGE A M. LE PROFESSEUR LACASSAGKE.

Les collègues, élèves et amis de notre directeur, M. Lacassagne,

lisons-nous dans les Archives d'anthropologie criminelle, se réunis-

saient, le 23 février, pour offrir un- bronze au sympathique profes-

seur à l'occasion de sa promotion au grade d'officier de la Légion

d'honneur. [liés de 130 souscripteurs s'étaient unis pour lui donner

un souvenir matériel de cette distinction depuis longtemps méritée.

De ch ainu reuses uHocuUo usent été prononcées. MM. lesL)rsEtieL)iie

Martin, Boyer, Ilugounencq, Claudot. AIM. Arcis et Storck ont

rappelé les nombreux titres de leur maître et ami, et fait un tableau

vibrant de ses hautes qualités de coeur, de caractère, d'intelligence.

Leur parole émue a prouvé combien ils se félicitaient de toute

leur àme de cette récompense justifiée par des travaux dont les

lecteurs des Archives connaissent le nombre et l'importance.

111. Lacassagne, profondément touché, a répondu à chacun par les

mots qui pouvaient le mieux prouver ses sentiments.

Cette manifestation était bien, croyons-nous, telle que le maître £ '

et ses amis pouvaient la désirer. Elle leur laissera à tous un profond

et délicat souvenir.

FAITS DIVERS.

Asiles publics d'aliénés. Nominations et promotions : M. le

D1' Petit (Gilbert), médecin en chef à l'asile public d'aliénés du

Mans, est piomu n la deuxième classe du cadre; M. le D1' AMEUTE

(concours de Paris), est détaché à l'asile de Montdevergues pour

remplacer pendant trois mois M. le D1 Rodiet, qui a obtenu un

coué; M. le Il'' IIUE,4, médecin-adjoint, à Armeotières (Nord).

promu à la première classe du cadre; 1. le D1' Bonne, médecin-

adjoint Auxerre, mi, en congé pour raison de santé ; M. le

D1' CASTAIN, concours de Paris, délégué comme médecin-adjoint à

Auxeire, pour remplacer M. le D' l3onne; - 11. le De \l.ncwr.,

528 FAITS DIVERS.

médecin-adjoint à Montdevergues (Vaucluse), mis en disponibilité

sur demande ; - M. le D1' Rodiet, médecin-adjoint, concours de

Lille, nommé à Viontdevergues; Du. le Dr Charon, directeur-

médecin à Saiut-Alban (Lozère), nommé à l'asile de Sainte-Cathe-

rine à Moulins (Allier); M. le D1' Nolé, directeur-médecin à

Sainte-Catherine, nommé directeur-médecin à Saint-Alban;

M. le Dol Boiteux, médecin en chef à l'asile de Clermont, promu à

la l1'0 classe du cadre.

Sont nommés : officier de l'Instruction publique, 11. le D1' Lrcnnw,

médecin en chef de l'asile de Ville-Evrard; officiers d'Académie :

le D1' Bellat, directeur-médecin de l'asile de Breuty-la-Cou-

ronne ; le Dr Chardon, médecin en chef de l'asile de Rennes, le

1), Guyor, directeur-médecin de l'asile de Chàlous-sur-\iarne ;

le U'' Sérieux, médecin en chef de l'asile de Ville-Evrard ; le

Dl SIZARET, directeur-médecin de l'asile de Saiut-1'lie (Jura);

M. le D1' Cmossm.n, directeur-médecin à Saint-Dizier (Haute-

Marne), nommé officier d'académie à l'occasion de l'Exposition

universelle, a obtenu déjà à l'exposition une médaille d'argent

(classe 112), pour travaux sur l'alcoolisme.

Précoce incendiaire. Ces jours derniers, le feu se déclarait à

Livry, dans une maison appartenant à la dame Pasquet. C'était le

sixième incendie depuis le mois de septembre dernier, sans qu'on

pût en deviner la cause. Après enquête, l'incendiaire vient d'être

arrêté. C'est le jeune Georges Leligeois, treize ans, demeurant chez

ses parents, à Livry. Il a avoué être l'auteur des six incendies et a

ajouté qu'il avait voulu se venger des personnes qui ne lui faisaient

pas l'aumône lorsqu'il mendiait. (Bonhomme Normand, avril.)

Nouveau fait à l'appui de l'hospitalisation et du traitement des

idiots et des imbéciles intellectuels et moraux.

Adolescent parricide. Des agents ont arrêté, cette nuit, un

jeune garçon âgé de quatorze ans, chenapan de la pire espèce,

nommé Robert N..., qui avait frappé sa mère d'un coup de cou-

teau. Robert N..., dont le père est palefrenier, habite avec ses

parents, passage Duhesme, à Montmartre. 11 fréquentait les pires

vauriens du quartier. Il s'est précipité sur sa mère parce qu'elle

lui reprochait sa mauvaise conduite et qu'elle l'invitait se dému-

nir d'un couteau catalan qu'il avait gagné dans une boutique en

plein vent du boulevard Ornano. (Le Temps, du 2 avril 1901.)

Enfant empoisonneur. A Ars (Ain), un jeune enfant a empoi-

sonné sa mère malade en trempant un paquet d'allumettes dans

sa tisane. (Le Bonhomme Normand du 19 au 23 avril 1901.)

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

t.

Jolly (G.-II). Si/philis uncl geisleskrankhulen - lit-8- de 18 pages.

- Berlin, 1900. Berliner Kliii. IŸocltetzsclzrift..

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matismus ii7z(l cleoreanzirzou. - Iu-8° de 7 pages. - Berlin, 1900. -

Charilé-Annalen.

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In-S° de 8 pages, avec 2 figures. Berlin, 1900.-Deielsches Jleclicinische

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JOLLY. Ueber einett lcill voit S<te/tuo6;«t ? des RMC/tettHtr/M.

In-8^ de 29 avec 2 ligures et une planche. Ber ! in, 1900.

,17,chiv I*ii- I'sychial-ie.

KEHAVAL. - La pratique de la médecine mentale. - Conférences faites

avec l'autorisation du conseil de l'Université, à l'Ecole pratique de la

Faculté de médecine de Lille. In-18 cartonné de 487 pages. Prix :

7 francs. Paris, 1901. Librairie Vtgot frères.

(P.). Épilepsie, traitement, assistance el médecine

légale. - In-18 de 290 pages, avec 7 ligures. Prix : 3 fr. 50. -

Paris, 1901. Libraine 1'iot frères.

KR.%FFT-ELIÇG. Médecine légale des aliénés. Traduit sur la der-

nière édition allemande, par A. Kémond. Fasc. II (Partie civile).

Paris, 1900. - Librairie 1)om.

KmEt'oux (P.). Einfillirung in clie Psychiatrische Z Dreissig

aorlesttngen. ln-8° de 336 pages. Leipzig, 1901. Verlag von

J.-A. littil.

Manicomio nacional. Alemoria correspondiente al ano 1899.

Comision nacional de Caridad J.-B. publica. Iu-8° de 60 pages, avec

15 planches hors texte. Montevideo, 1900. Escuela Nacional de

Actes y oficios.

Report on lhe scientifc sletcly of lke mental arzcl physical conditions

of chilhood witli particular référence to chitdren of defective consti-

tution ; aiid witli recommandations as to éducation aiid trainins. In-8"

de 118 pages l.ondon, 1893. Pubhsheb by thé comittee. Parkes Mu

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REY ? %UD (G.) et Audibert (V.). Recherches cliniques et radiogra-

phiques sur six cas d'usléo-arlhropulhie hype,li-ol)hi(iiite pueumigue.

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Spassok. (S.). Contribution à l'élude de l'instinct sexuel et de ses

transfoi mations dans les maladies mentales. In-8° de 98 pages. Tou-

louse, 1901. Imprimerie Sarut-Cyprieu.

SPIT7,1 ? (Ed. A.). The mescal relations of the inflected fissure :

observations zzpon orze hundred Drains. In-8- de 13 pages, avec 5 ligures.

- New-York. 1901. New York mecliettlJourtzal.

Archives, '3° séiie, t. XI 31 1

530 AVIS A NOS ABONNÉS.

Stewart (B.-S ). Vecrease of gênerai paralysies of the Insane in

En gland and ccales. - In-8» de 8 pages. - Loiicloii, 1901. Prmted

by Adlard and Son.

Z (A.). R/Kca : ? 07 ! e ! fs e rigenerazione di pololo. - z

Brochure in-S° de lb pages. Napoli, l'JOO. Tip. Alelfi et Jocle.

Zaborowsm. Contribution à l'ethnologie ancienne et moderne du

Caucase. In-8" de 38 pages. Paris, 1900. Extrait des Bulletins de

la Société d'anthropologie, t

Ziciien (Th.). Leilfaden der Illiysiolo 'rlisclieîi Psychologie i ? l 15 Yor-

lesungen. Volume in-8° de 268 pages,-aec '1ï firmes. lena, 1900.

librairie G. Fischer.

Weil (A.) et Diamant-Berger (AI. -S.) De la gaiacolisalion inlinsive

dans le traitement de la luLerculosep;2rlmonaire. In-8" de 7 pages.

Paris, 1901. Atctnves orientâtes de médecine et de chirurgie.

Nous appelons vivement ? < ? M/ ! 0 de nos lecteurs sur

l'annonce des livres qui accompagne le Sommaire.

AVIS A NOS ABONNÉS. L'échéance du 1"' JUILLET

étant l'une des plus importantes de l'année, nous prions

instamment nos souscripteurs dont l' abonnement cesse à

cette date, de nous envoyer le plus tôt possible le montant

de leur renouvellement. Ils pourront nous adresser ce

montant par l'intermédiaire du bureau de poste de leur

localité, qui leur remettra un reçu de la somme versée.

Nous prenons à notre charge les frais de 3 jo. 100 prélevés

par la poste, et nos abonnés n'ont rien à payer en SMS du

prix de leur renouvellement.

Nous leur rappelons que, à moins d'avis contraire, la

quittance de réabonnement leur sera présentée, aug-

mentée des frais de recouvrement, à partir du

15 Juillet. Nous les engageons donc à nous envoyer DE

SUITE leur renouvellement par un mandat-poste.

Afin d'éviter toute erreur, nous prions également nos

abonnés de joindre à leur lettre de réabonnement et à toutes

leurs réclamations la BANDE de leur journal.

- Nous rappelons à nos lecteurs que l'abonnement collec-

tif des Archives de Neurologie et du Progrès Médical

est réduit ci 30 francs pour la France et l'Étranger.

Le rédacteur-gérant : l3ouwevu.La.

TABLE DES -MATIÈRES

Abcès du lobe temporal droit du

cerveau, par Lagnfi'e, 289. - du

cerveau, par l'iïell7s. 311. - du

lobe frontal par Cône, Oi.

ACRO\IÉG.1LIE avec autopsie , par

Broolc., ` ? 'r3. - avec diabète, par

Chadebournr, °5S. - avec folie.,

par Hlinr, 32ô. , par errand;31+.

- Etude de l ? par Bonardi, 39à.

- Relation de l'autopsie d'un cas

d ? par ilitcliell et Le Coiiit, 398.

ADC\0-LI('OÛ1.1'l'OSE symétrique, par

Lannois et f3ensamle, ',0 l .

ADn'osE douloureuse, par Icliai(1 et

Latibi y, 507.

Alcool. Études expérimentales sur

l'action de 1' , par Haskovex, Ibi.

Alcoolique. Effets d'une lésion de i

tête eliez un -, par Raw, 937. -

Signe plnsique de l'intoxication,

, par Aubry, 474.

Alcoolisme infantile, 271. - et im-

pulsion au suicide, par Sullivan,

330. L ? 363. - de l'enfance, 367.

L ? par Douglas, 418. ,

Aliénation. L'état de New- York et

la pathologie de 1' , par Nvize,

338. Etats mentaux à la limite de

l ? par Itosenbach, 19-4.

Aliénés. Le système osseux chez les

- , par 13ri.sac, 5S. - en liberté,

93, 268. Lésions de. l'utérus chez

les -, par Gortlou-111unn, 137.

Pression sanguine chez les -

par Legrain, 175. Lavage de l'es-

tomac chez les -, par Crt enwood,

236. Augmentation des en

Italie, par Fornasari, 332. ratio-

nage familial des - en Russie,

par 13oJeuoll, 332. Sériée des -

en llonririe, 333. Logement des ,

par liayner, 336. Lois relatives

aux - en Virginie, par Dre%1 ?

338. Système colonial pour le trai-

tement des-, par Ostranda. 338.

Ce que peuvent accomplir les

- , par Home. 338. Garde des

dans les habitations agricoles, par

[mimer, 339. Colonie d'- de

Lierneux, 1),,ir Dépei,on, 355. - en

lil)pité, 3G, 444. - incurables,

366, 131. - ct mmels de l'asile de

\\-est-Itedmg, par Hearder, 390.

Aiiestliésie chez les -, par Stod-

dart, 419. Grandes opérations'

chez les -, par Spmat, 429. Refus

de nourtiture chez les - par

1\ewt 484. Grandes opérations

chez les -, cataracte, par \\-alslt,

485. Traitement des - phtisiques

par l'isolement, par Blair, 486.

Aliicment dans le traitement des*

, aliénés, par Meunier, parCasteras,

260.

ApmKS. Coupes de moelle d' - ,

par SwUtaslm, 184.

Analgésie et anesthésie thermiques ,

consécutives à des foyers de ra- : .*

mollissementde lamaelle allongée,

par llun, 391.

Anatomie et psychologie cérébrale,

par Stewait flatou. 312. -

Ani.ve5sw de l'artère vertébrale, par

\on Ioual.ow. 400.

Angiome segmentaire, par Gasne et

Guillain, 403.

Anorexie hystérique, par Gasne, 401.

Aphasie sensorielle, cartouche, 313.

Etat mental dans l ? parNorman,

423. hystérique, par Guillain,

511.

Archives de médecine expérimen-

tale, 355.

Arriérés. Ecoles auxiliaires pour les

enfants -, par Laquer, 488.

Asile d'aliénés, 191, 332. Insuffi-

sance des aménagements fournis

par les -, par David-Bower, 332.

Gardiens d'- pourvus d'une ins-

truction spéciale, par Wood, 332.

Rapport sur 1' de Maréville, par

Vernet, 33'r. Evacuation du Sewage

à l'- de How Rhead, par \Vatson,

335. Collectionnement des don-

nées anthiopologiques dans les

, par Goodall, 336. Bâtiments

J3 TABLE DES MATIÈRES.

des pendant un siècle, par

Rogers, 336. Statistiques d'une

année à l'- de Hudson-River, par

Pilgiun, 33î. Quartiers séparés de

tuberculeux dans les -, par Ilar-

rington, 337. Psychopabologie

dans les - du %Iicllig',111, par

par Iillogmann, 338. Phtisie pul-

moi 1ait-e dans les -, pal Croola-

liaiilç, 425. Epidémie de colite à

- Il- de Derby, par Legge, 432. -

529.

Ataxie. Anesthésie du tronc dans

il-, par Patrick. 246. Troubles

moteurs à forme il'- cérébelleuse

chez les ivrognes, par Becbterew,

392.

Atiiltose double cllorétforme, par

Londe, 344.

Atrophie musculaire progressive.

Relations de la sclérose latérale

amjoiroplnque et de l'- par

liajmondet lieclillil, 73. Syringo-

ni y elie et -, par de Buclc et de

loor, 143. Atrophie segmentaire

et -, par van Gelluclaan, 'L>39.-

chez les jeunes sujets, par Stowell,

211. Plessiun artérielle dans l ?

par Il. 111a11e, 514.

ALTO,)IICROS 1 IlÉbIE, par 19. Bloch, 172.

Bégaiement hystérique, par Guillain,

511.

DECIDER; dans les asiles, par Nor-

man, 431.

Bromures. Tolérances des chez

les épileptiques âgés, par Père,

237. - dans l'épilepsie, par Tou-

louse, 307.

Bulletin bibliographique, L)5, 272,

367, 448, 531.

Buveurs. Mauvaise direction donnée I

au traitement des -, par Wilson,

479.

Cardiaques. Affections - dans l'asile

du comté de Durham, par Cllnch,

60.

Cécité VERBALE sans aphasie, ni

agraphie, par Brissaud, 77.

Cellules géantes de l'écorce mo-

tiice chez les aliénés, par Turnor,

138. nerveuse du coeur du

lapin, par Farmalcowslca, 112.

t Imprégnation des névrogliques,

par Soukliatioff, liG. Pathologie

de la- pyramidale, parSano, 116.

Evolution des - de l'écorce, par

BecUterew , 1 49. Structure du

noyau des -, par Perrin de la

Touche et Dide, 183. Histologie

des - corticales, par Robertson

et Davidsoti, 318

Centres corticaux du gros intestin,

par Ossipow, 394.

CI"111 ? IELI,EUSE. Atlopllie -. Diplégie

cérébrale spasmodique infantile

chez deux frères, par Bourneville

et Crouzon, In7.

Cérébraux. Valeur intellectuelle

comparée des lobes , par Cro-

Gllley-Clalaam, 13G.

Cerveau. Contusion du simulant

le delirium tt,emetis, par Ambler,

52. Formes atypiques du -, par

Mickle, 135. Formation de fibres

axiales du -, par Fleclisig, Doll-

lieu et Nissl, 137. - Etude des

variations du -, par 131aiielii, 169.

Poids spécifique du - chez les

aliénés par Simpson. 315. lléma-

tropbie du -, par Jlott et Tred-

gold, 334.

Ciiloral Idiosyncrasie a l'égard du

, par Wilcox, 485.

Chorée chez une femme enceinte,

chez Gerides et Clinch, '.)59. -

héréditaire, par Lauuois, Farcot

et Alonuisset, 513.

CL4RIÇ University, \urcesler, lasts,

446

Cliniques psychiatriques des Uni-

versités allemandes, par P. Sérieux,

27, 212. Faits - ' par Crooshank,

3 ? 7. - de'1·uhineu, par Sérieux,

359. des maladies neiveuses de

Bechterew. 522

Cocvïn. Injections tntra-arachnoï-

diennes de -, par Achard, 3îl.

Coloration. Nouvelle méthode de

de la névroglie. par Atiglt(le, 3î6.

Compression. Troubles ps;chiques

dus à la - cérébrale, par Aubeati,

89.

Congestion cérébrale active avec

autopsie, par Katz, 302.

Congrès IXTERX Tt0\ 1L de Médecine :

Section de neurologie, 61, 17b.

Congrès des aliénistes et neurolo-

gistes, 361.

Corn(.uE tardive dans le domaine

du facial et de 1'li,po.-losse, par

Minor, 433.

Corps CALLEUX dans les grosses lé-

sions du cerveau, par Kattwinkel,

78.

Coup de foudre, par Ferë, 47.

Crampe des liseurs, par 1\'riglt, 253.

TABLE DES' MATIÈRES. ` 533

Crétinisme consécutif à une attaque

de thvroidite aiguë, par Shields.258.

Crime et suicide passionnels, par

Proal, 261.

CYSTICERQUES de l'encéphale, par

Long et Wie), 113.

DECUI31TUS aigu, par Doutrebente,

498.

Dégénérescence mentale et psycho-

thérapie, par Il. Farez, 189, 3î6.

Délire des négations, par P. Gar-

nier, 179 - transitoires séniles.

par Micita.ud, 267. Altérations du

cerveau dans le - aigu, par Jou-

kowski, 393. Etude sur le -, par

Hir.-ch, 418. Contribution à l'étude

du - aigu, par Ve de[iliaminei-

et Broukhowsky, 435.

DEI,1111U,l Cas peu ordinaire

de -, par fleudon, 325.

Démence précoce, par Sprague, 330.

- chez la femme hystérique, par

Lioubouschine, 493.

DÉPRA%,%'110-, piécoce, 4 46.

DEIi\IO-\CUIiO-l'IISIt03fATOSE, par gaus-

ltalter, 173.

Derviches. Eaetcices des - expli-

qués par l'hypnotisme, par Hih-

met et Regnault, 348.

Détention. Influence de la - cellu-

laire sur l'état mental, par de Rode.

320

Diabète. Rapports du - et de

l'aliénation mentale, par Bond,

45, insipide dépendant d'un

gliome du IVe ventricule, par

llariuesco, 85.

DtPt.éctE. Atrophie cérébelleuse, -

céiébrale spasmodique infantile

chez deux frères, par Buurneville

et Crouzon, 137.

Dormiol. Le -, par Clans, 238.

Douleur. Recherches stucs condi-

tions de la -, par Guénnot, 91.

Doute. Compression kinesthésique

dans la maladie du , par Sollier,

503.

Duboimne. Emploi du sulfate de ,

par Skeen, 235.

Ecole pratique des hautes études :

Laboratoire de psychologie expé-

rimentale, 147.

Ecoliers. Psycho-physiologie des

- , par Bethencourt-Perreira, 151.

Electricité. Action hypnogène de

l'- statique, par Rérillou, 140.

Empoisonnement. Enfant -, 530. I

Encéphale. Nécroses multiples de

l ? par Ivazowsky, 111. É.

Encéphalite aiguë et thrombose des

sinus, par Ladame, 241.

EKCLPHALOCÈLE et action cérébrale

singulière, par Brown, 241.

Encéphalopaihies consécutives à

l'iiiillienza, par Gordon, 257.

E ? DO-111EI.IOi.% cérébral, par,Dupré

et Devaux, 507.

Epice)NE. Lésions traumatiques de

l'- médullaire, par Jlmor, 79.

Epilepsie et fièvre typhoïde, par

A. Marie et Buvat, 18; par A.

.Marie, 177. chez les hommes

de génie, par F. Itegnault, 188.

Impaluriisme et -, par .Marandon

de lluntyel, 238. L'- et les tics,

par Feré, 240. L' - partielle,

pathogénie et trailement, par Itav-

mond, 369. - convulsive causée

par la trépanation, par Marchand,

400. - et trépanation, par 13oui,-

neville, 473. - procursive, par

i : 0 ! 'ow ! kow, 494. Toxicité du

liquide cépltalo-rachidien dans

l ? par 1)nle et Sacduepée. 512.

Epu.Ei'1'rQLE. Uénience paialy-

tique spa.,modique, parJ. Voisin,

158. Tiépiriation - du membre

inférieur, par Block, 172. Folie

- , par llouratow, 518.

Ereltophobie, par Bechterew, 63.

Eruptions à dtposition segmentée,

par llachard, 89.

Emers. %(tion de T sur les cellules

célébrâtes par Stefaaom6a. 150.

Expertise contre-bénévole, par Col-

lin, 178.

F\MH.iALE. Maladie , par Lenoble

et Aubiueau, 512.

Folie, Happons de la sypbylis ac-

quise et de la -. par Dawson, ài.

Classification de la , par Pas-

more, b7. dans la clientèle pri-

vée, l1-isLONN-11, 59. Deux nou-

veaux cas de - gémellaire, par

Clillerie, 97. Cause de la chez

mille malades, par 131achfor : i, 3J7.

- circulaire, par Jlac-Lulich. 424.

Syphilis et -, par Mon, 427. -

et mariage, par Afould, 427.

communiquée, par (jritfin, 498.

Fracture du péroné chez un mélan-

colique, par Briscol, 51.

Gliomatose cérébrale, par Gilbeit

Ballet, 341.

53 Il TABLE DES MATIÈRES.

Goitre exophtalmique. isotherrme

cutanée z dans le

- , par J. de Léon, 155. - traité

sans succès par la résection du

grand sympathique, par Acharcl,

170. Traitement du - par le sali-

cylate, par Babinski. 313.

Grossesse. Fausse -. par Finrllay.

H)0 ?

ILIItITLDE. L' considérée comme

un état mental morbide, par K.es-

teven, 48.

IIailucimtio.ns rectifiées au cours

d'un délire des persécutions, par

Séglas, 176. - olfactives chez les

aliénés, par Bullen, 430.

Fl6uoa.L, lar C : l,ms, 237.

IIÉ%iITO%IYÉLIr, par Laignel-Lavas-

1 1 ne, 87.

Il 1'.NIATOI'OrtPIIY ? URI E, par Campbell,

479.

Ili'.%IlSYNEIIC,IE avec hemitremble-

ment céréhello- protubérantielle,

par Balnualci, 31l, bO8.

Hl ? IIATii0l'Ilir du cerveau et ses

résultats sur le cervelet, la bulbe

et la moelle, par %loft et'fred;old,

351.

Hcwcuonée d'origine émotive, par

Fartez, 439.

Hémiplégie spinale gauche; syn-

drome de Brown-Léquard, par i,

Déjei ine et Lortat-J.icob, 83 Diag-

nostic de 1' organique et de 1'

hystérique, par I). h'errier, 159;

par liuth. 161. Traitement méca-

z Kouindjy,

171. - croisée avec ou sans para-

lysie du pharynx, par Stem, 21,

hystérique guérie par sugges-

lion, 403. -spas-

modique infantile, par Esteves,

460.

Hémiplégiques. Troubles troplnqiies

et de la sensibilité chez tes,par

Chatin, 396.

Hémorragie méningée spinale, par

llnpkins. 407.

Hérédité et maladies mentales, par

Fiirquharson, 328.

t;tlsli, 343. I)arSwi-

talski, 343.

IIÉRÉ,DO-S-l'IlILITIQUES. Maladie delà

moelle chez les -, par de Peters.

'f01.

Hersage des nerfs, par de Buck, 1 12

Hommage au professeur Lacassague.

527.

Ilrrernvnrtose. Gnérison d'unes

émollve, par Jaquarche, 183.

Hyperthermie nerveuse chez la

femme, par Leven, 141.

IhPNO-Mi'.iRONOME, par l'au de Saint-

Mai tin, 90.

1111)1)01'tS de l'- et du

subconscient, ptr Bill, 321.

Hypophyse. Sommeil prolongé par

tumeur de l ? par Soca. 101.-

Hystérie. Constatation des troubles

de la sensibilité dans l' -, par

Joue, 440.

Hystérique. Suppression de l'image

d'un dans une glace, par Sol-

liei, 506.

Idiotie familiale amaurosique, par

Patrick et liult, 02. - microcé-

phatmue, Agénésie cérébrale.

Cerveau hsPUdo-I : y,till e, par

et bertluir, 158, 273.

li)ioi,s. Assistance des - et arriérés,

270.

Ir. Empoisonnement pa.r) ? par

Pierce,-480.

Illusion du poids, par Leg, 143.

1.ll,iLUDISbIF. et épilepsie, par \la-

rdtidon de llontyel, 238.

Impulsion homicide délirante, par

Ramhaut, 425.

Ucr;sutamr.. l'r(cocc -, : 30.

Inhibition. Sur 1' , par Mellzer, 396.

Irritabilité dans la série animale,

par Cuurtacle, 442.

Langue. Hématrophie de la -, par

Mayer. 398.

Lcvu iucts des nègres, par Nlil,enz e

et 111ott, 268. z ou

maladie du sommeil, par mansion

et Aloll, 3J ? - ayant duré cinq

mois, par Liégeard, 439.

Lipom vtosk scinéurque, par de e,,

B il cl, et de Moor, 112.

Lt'r. Traitement par le mlros au ,

par Paris, 388.

Flechsig et la - cé-

rehratedes processus mentaux.

par li,elitil(l, 135.

lloii31111 ? Technique de la fonction

z Conner, 487.

J1 wmes MENTALES. Guérisons dans

, les par Soutar, Quelques

cas tiré» de la pratique, des -.

par Manning. 47. Psychologie et

classification dans les -, par

Andriezen, 54.

TABLE DES MATIÈRES. 531;

Manie avec aman rose et paralysie ;

ghome probable, par Vincent, 45.

Emphysème sous-cutanée dans

un cas de -, par Norman.'f9.

àlipi%GE. Folie et -. par ulould,

427.

Médecin expert. Vade inecum du

- , par Lacassa;·ne. 190

Méhncolie. Signes physiques de la

- ,-par Stoddait, 52. L âge et le

traitement de la -. par Gasquet

et Cônes, 236. De la - par

Lovelaml. 3'25. Essai de iédtictioti

de la - en psychose d'involutiou

présénile, par 319.

Mélancolique. Fracture du péroné

chez un -, par Briscue, 51.

Mémoire des poissons par Mac In

tosli. 390.

Méningite tuberculeuse expérimen-

tale, par Sicanl, 152. - cltro-

nique, progressive non adhésive,

par Iofl'ioy et Gumbault, 1G9. ,

ptir BOI[rile-

ville et Ciotizoii, 157.

Mesmer et le fluide magnétique, par

Fartez, 348.

Méthode. Nouvelle - de Nissl, par

Lord, 317.

)ICIIOCh : PII \L1C. Observation de -,

par 13loumenau, 399.

Migraine. Céphalalgie chronique

paroxystique vulgairement appe-

lée-, par Eliot, 255.

Mobilis vtion en pathologie nerveuse,

par 110.

Moelle Lésions non tabé-

tiques des cordons postérieurs de

la -, par Uana, fil; par Homen,

65. Tumeur de la -, par Heus-

clien, 169. Concussion de itt,

par de Forest-Villard et Spiller,

251. dans le mal de Pott, par

Thomas et Hauser, 342. Forma-

tion de cavités dans la -, par

l'reobrajensky. 436.

Mouvements Physiologie des du

tronc, par Mann, 146.

1)1)1 : LITE-.N-%TUIE et traitement de la

- Irtr illarinesco, 80. -

tuberculeuse par Oddo et Olmer.

513.

Myoclonie et spondylose rhyzomé-

hque, par 1,. Levi et Follet, 86.

111von.ruu : avec troubles faciaux,

par 1, 1 Marie, 511.

Nécrologie. Le Dr Viret, 3à8

111. liasse, 359; D'Singer, 447.

Néopusmes cérébraux, par Krauss,

252.

Ncurs. - Lésions traumatiques des

pneumogastriques. hyp elosse

et sympathique, par Ilirch, 250.

Neurasthénie et vieillesse, par Pan-

sot, 170. Contagion de la -, Par

Moulier, 170. Contagion de la ,

par Lloiier, 243.

Neurasthéniques. Dyspnée des ,

par André, 174.

ELROFII31t01WTOSE généralisée, par

Il. Marie et Couvelaire, 100.

NEUROLOGIE. Compendium de -et

de psychiatrie, par flatau, J;icob-

son et iNleti(le], 26;-). Aide-mémoire

de -, par Lefert, 333.

NEI'110 ? OlIIAGII : , par de et de

1 143 et phagocytose, par

J. Crocq. 143. "

EUR01'.1T11OLOGIR. Masques et sta.

tueries concernant la -, par Il.

Bicher, 72.

Névrites palustres, par Sacquepee

et Uupler, 141. - multiple epi-

léi-ni(lue, par Bon(itirdtit, z

périphérique avec optique con-

sécutive au lava;e d'estomac, par

Clemeslca, 259. Degrés inmaus de

la - multiple, par f'opolf, î38.

Névroses fonctionnelles et maladies

(feh lemmes. par Boldt, 409 hnpe-

l'ioute intellectuelle et - .par

Grasset, 441. traumatique, par

Sch,uhewitscU, -i96.

Orsedvntes. Sensatious-et erreurs

aenscrtelles, par Bechterew,

i J6 n -

Obsessions. Contribution à la ques-

tion des -, par Schashewusct,

417.

totàle et paraplégie

ascentlaute, pat Oddo. 333. -

nucléaire, par lioth..ïl6.

0111 : ILII- e chez les névropathes, les

aliénés et les criminels, par Lord,

390.

ljypertrophi(itie cer-

vicale par Touche, 18a.

Pumllure. Stase guérie par

trépanatien, 340.

t'AHAC[;L&E et le Ouide magnétique,

par F. Lirgnault, 189, 347.

Paralysie spinale antérieure suh-

par Cestan et Philippe, 72.

musculaire, progressive de

lurme tziiiiiiiale, jiar Lruno, -ii.

536 TABLE DES MATIÈRES.

- infanlile, par Sitta, 80. - ra-

diculaire du plexus brachial, par

r. Raymond et Iluet, 153; par

Huet, Duval et Guillain, 134

Deux cas de - alterne, par Miral-

lié, 172. - associée des muscles

des e v, par Raymond et Cestan,

182." . associée des muscles droits

supérieurs, par Noguès et Cirode.

340. Diagnostic des - liystéri-

ques, par rcdorow, : 399. - de

Landry, par Haynes, 414. - ra-

diaiedoubte, par Il. Marie, 515.

(le

, par Sérieux, G0. Dégénéres-

cence des libres du bulbe dans la

par Becliterew, 118. - syphi-

litique à gommes osseuses, par l'

A. Nlarie, 177. Troubles du lan-

gage dans la -, par Dide. 181.

Troubles du goût et de l'odorat

dans la -, par de Martines, 320.

Sclérose en placlues ou -, par

Brissaud et monos. 346. Sept

cents cas de -, par Smith. 429.

- avec syphilis héréditaiie. par

Régis. 449. infauto-juvéulle,

har Giaunuli. 'c91. - cllez lue

1)érécio-sylbilltique, par Marchand

et Vtirpa7s. 500. Hallucinations et

spiritisme dans une-, narTrenel,

501.

Paiujiyoclonus sunptomatique, pal

L. Lévi et Follet, 86.

Paranoïa. De iaaisue, par Koep-

peti, 61.

Paraplégie ataxique subaiguë, par

Dana, 68. - .Maladie nerveuse

mal définie à allures de - sl)as-

modique, par Lenohle, 193. -

spasmodique et sclérose en pla-

ques familiales, par Cestan et

"Guillain, 405.

Parésiiï des muscles de l'abdomen

chez un hystérique, par Bloume-

nau. 392.

Paresthésie de la région fémorale,

par Shaw, 391.

Parricide. Adolescent , 530.

Perversion de l'instinct de conser-

vation, par Lépinay, 348.

Peur. Etude de la et des phobies,

par Dugiiet, 351.

Phobies. Etude de la peur et des .

par Duguet, 351. *

Pileux. Sensibilité du système -

par Voiscllewslcy et Osslpow, par

Bee))terew,147.

Plexus CIIOIt0ÏD1-S. Histologie nor-

male et pathologique des

Fmdley, 318. 1

Polynévrite biennorragique, par

Raymond et Cestan, 342. syphi-

litique, par Cestan, 403.

Polyurie nerveuse, par Souques et

Balthazard, 8t. avec une lésion

du IV- ventricule, par Swital.l,y,

85.

Paré.ncéphu.ie Un cas lié

Edgerley, 413.

Protubérance. Hémorragie de la ,

par Leszynsky, 244. '

Psyciii wrie. Importance de l'ensei-

gnement et de l'étude de la -

par Vaslrt, '26k. Coiy)lieti(liiiiii de

neurologie et de -, par Flattait,

Jacobson et Jlendel, 265. -, par

van Glesen, ;26.

Psychonévroses intéressantes, par

I.owelatici, 106.

PsycnosKS chez les jumeaux, par

Sonkhanow, 434. névralgiques,

par 111111g'aZZllll. 492.

l's5cnnc>csrursle etpsyclroalâie, par

Dans, 310.

Ptosis intermittent hystérique, par

Abadie, 239. avec anesthésie

de la 1' pacre, par fla311es, 212.

Punition considérée comme consé-

quence douloureuse de la con-

duite, par Mercier, 482.

Pmu'UHA. Maladie de Denoch ou

nerveux, par Thompson, 398.

Pupillaires. 'froubles-dans quel-

ques maladies mentales, par )li-

gnot, 520.

Pyramide. Disposition anormale des

fibres de la bulbaire, par Van

Gehucbten, 145.

Ponoonwr chez une fillette, 366.

I{AC ! I)IE ? E. Tumeur , par Cladek,

307.

Rage. Les lésions allatomo-patholo-

giques de la rage sont-elles spé-

cifiques, par Croc(j, 239. - Im-

maine suivie d'autopsie, parSano.

306. Lésions ganglionnaires de la

, par van Gehncilten, 307.

Réflexes conceptuels des pupilles,

par Piltz, 144. Perle unilatérale

externe du - pupillaire, par Les-

zinsky, 390. Importance du du

tendon d'Actiille, par Babinski,

515.

Réparation tardive, 443.

Représentation de Gala à Villejuif,

527.

TABLE DES MATIÈRES. 537

Réticence médicale, par Mercier,

416.

Revue de pathologie mentale, par

1(et-ival, 14, 320, 490, d'ana-

tomie et de physiologie patholo-

giques, 135, 306, 390, 416. (le

thérapeutique 234, 479. de

pathologie nerveuse. 238, 398.

Revue philosophique, 367.

Rigidité. Disparition de la - cada-

vérique, par hlacllford, 133.

Sadisme aux courses de taureaux,

par Fei-e, 117.

SCLi nuscs cumblnées, par Babinski,

î8. - en plaques avec amyotro-

17111e, par lolicli111(l, 240. -- en

plaque» ou paralysie générale,

p.u BI issaud et 10110(l. 316. Allé-

rations du cerveau dans la

atroplliql, par Joukowski, 391.

Sclérose L\TP.nlLl : %1YOlitOPIII(UE.

Lésions médullaires de la

, par Philippe et Guillain, 71.

Relation de la - et de l'atrophie

musculaire progressive, par Ray-

mond et Rickhn, 73. Lésion des

noyaux du pneumogastrique dans

la , par Philippe et Majewicz,

171.

SLM'iuE.\rs. Psychologie des affec-

tés, par Bérillon et Magnin, 188.

Sexuelle. Psychopatliie , par Be-

i-illoii, 190, 347. Perversion de

l'instinct -, par l,as ? 41 ? Elude

de physiologie. -, par Ellis, 1'tO.

0(.11.IÉ DE Neurologie par Bousier,

8G, JNI, 31U, : i07.

Société D'uvPVOl.ocll : et de psycho-

Lomc, 89. 18a, 31G, 439. Prix LIO

beault. 4 47.

Société DE Neurologie, et de psy-

ciii%liiir de 110SCOU, par Bei,usteit)

et Aloulavlew, 413, 16.

Société SII.D1C0-l'S1'CIIOLOGIQUE, par ! ,L-ian(l, 175, 4S9.

Socu : rl; libre pour l'étude de la psy-

chologie de l'enfant, par Roger,

206.

Sodomie et assassinat, par un ado-

lescent. 367.

Sommeil prolongé par tumeur de

l'hypophyse, par Soca, 401.

Sourire obsédant, par Buchterew.

IIJ3.

Spasme d'élévation des yeux, par

S,1,1. Maue, ùO9.

)OFIALE. Fonctions -, par Farez,

180.

Suggestion dans les miracles, pai

ltegnault, ! l0. Le trailument, par

la -. par Woods, 237 Mutisme,

bégaiement, tremblement guéris

par la . par Voisin, 430.

Suicide. Impulsion au - en état

d'automatismecérébral, par Sulli-

van, 59. - cUez quelqnes anunau

par Caustier, 159, 317. Crime et

passionnels, par Proal, 261.

d'adoleaceuts, ? i 1. - d'un enfant,

366. Au ? intntdtioti du nombre des

. par Ireland, 428, d'enfant,

447.

SuLFOAL avec névrite consécutive

à son emploi, par SW cItITe, -fS4.

Supériorité intellectuelle et névrose,

par Grasset, 441.

Surdité corticale avec parabole et

hallucination, par Sérieux et

Roger-Migiiot. 185.

Syndrome de Weber, par P. Marie

et Ferrand, 3É5. -suici d'autop-

sie, par Souques, 394. et tttu-

bation, par Touche, 507.

Syphilis. Rapports de la - acquise

et de la folie, par Dawson, 5.

spinale par Sptllcr, ? 50. -spinale

avec paralysie tle t3rown-Sequard,

par Jaiohs. ? 5G : par Brousse et

rlrdtn-Deltetl, 101. - du cerveau

et de la moelle, ftar Sachs, 405.

Happ0 ! tsde)aetdetafotie,

par Mott, 427.

Syphilitique. Forme dégénérescente

de folie, - pai- Welsli. 420.

SwmconoLt.te. Pathogénie de la -

par Préobrajensky, 80. -et atro-

phie musculaire progressive, par

de Bitch et de Mopr, 145. uni-

latérale à type sensitif, par Touche

183. Déviation de la colonne

vertébrale dans la -, par Nal-

baudow, 434.

(]ans les affections

nerveuses, par Kageotte. 70.

Système nerveux. Corps amyiontes.

hyaloïdes, etc., dans le central,

par Smiller, 308. Généralisation

cancéreuse sur le pétiphéri-

que, par Oberthur, 315.

TBcs. Anatomie et physiologie pa-

thotogiques du -, parJ. Soury,

1 115. Systématisation dans les

affections ne) veuses, en particulier

dans le-, par kNageoLte, 70. t-aiid

sympathique dans le -, par J.

Roux, 74. -associé à une pachymé-

538 TABLE DES AUTEURS ET DES COLLABORATEURS.

ninfiite pottidue, par.1'ouclie, 87.

Lésions des cellules des ganglions

spinaux dans)e,parMar ! nesco,

88. Un cas deamyotrophiqup,

par Mirallié, 171. Diagnostic pré-

coce du , par Jleiowitz, 257.

ConipticationnonsignaléRdu,

par Sabrazès et t'auquet 403. Dia-

gnostic précoce du -, par Prit-

eliard, 408.

T.1BLTIQCE. Hémiplégie permanente

chez un -, par Cestan, 75. Cer-

veau de , par Ferrand, 184.

Atrophies - et radiographie, par

Gilbert, 40`3. Crise -, lar Jullian,

404.

Thyroïde. Sur la fonction de la

lande -, par BalJi, 39.

Thyroïdienne. Traitement de la folie

par la médication,parMiddle-

inass, 480.

Tics. L'épilepsie et les , par Féré,

240, Causes provocatrices des

par Meige et Feindel, 508.

Torticolis mental, par Feiiidel et

Meige, 169.

Tremblement chez un enfant, par

Cestan, 514.

Trépanation. Epilepsie et -, par

Bourneville, 472.

Trépidation épileptoide dans la tu-

berculose pulmonaire, par L. Lévi

et Follet, 182.

TtoYUOLni.ve clonique librétlitaiie,

ltar Lannois, 34.

Tumeurs cérébiules. Diagnostic et

nature des , par Dtpont, 85.

tuberculeuse, par Cône, 410.

.Tympanisme abdominal hystérique,

par Benoit et Bernard, 401.

Ulcère. Traitement de l'- vain-

queur par la dissociation des nerfs

par de Btick et van der Linden,

234.

Vagintsme. Troubles psycli'ques en

rapport avec le -, par Aragon,

317.

VLATRICCLES. Troubles de l'équilibre

consécutifs à une tumeur du troi-

sième -, par \\yroubotf, 393.

TABLE DES AUTEURS ET DES COLLABORATEURS

Abadie, 239.

Achard, 170,344, 507.

Amblar, 5.

André, 17 4.

Andriezen, 54.

Anglade, 316.

Aragon, 347.

Ardin-Delteil, 404.

Arnaud, 180.

Aubeau, 89.

Auhineau, 512.

Aubry, 47 i.

Babinski, 78, 167, 169.

181, 183, 3K), 341,

343, 008, 512, 515.

Baldi, 395.

Ballet, 340, 505.

Balthazard, 84.

Bechterew (de), 63, 147,

148, I i ! l, 39 ? , 493,

496, 522.

Benoit, 401.

f3ensaude, iOl.

Bernard, 401.

Bernstem, 433.

Bérillon, 91, 187, 183,

189, 190, 348, 440.

f3eWencom t - Ferreira,

t51.

Blanchi, 169.'

Bill, 320.

Blachford, 93a, 327.

Blair, 323. 486.

Bloch, 172.

Bloumenau, 392, 399.

Blumer, 339. '

Boissier. 86.

Bojenoff, 332.

Boldo, 408.

Bonardi, 393.

Boud, 43.

Bonduriint, 247.

Borowsfcow, 491.

Bouchaiid, 240.

Bonrneville, 156, lai,

27, 1-13.

Bover. 200.

liriand, 175, 170, 178,

;99, 501, 50a.

Briscoe, 51, 54.

Brissaud, 77, 316.

Bristowe, 59.

BroodiS, 243.

Broukawsky, 435.

Brousse, SUi.

Rruwn. 241.

Bruns, 74. -

Bm.lv (de), l' 9, 143,145,

234.

bullez, 430. ·

Burat, 18.

Campbell, 479.

Capras, 3+9.

Capteras, `3G0.

TABLE DES AUTEURS ET DES COLLABORATEURS. 539

Caustier, 189.

Cestan, 72, 75. 182, 342,

4U : S, 403, 514, 515.

Chadbourne, 258.

Chatin, 396.

Cirode, 340.

Clade6, 307. -

Claus,`33;. 238.

Clemesha, 239.

Clinch, 60, 259.

Cloehley-Clapham, 136.

Colhn, 178.

Cône, 236 410.

donner, 487.

Courtade, 442.

Couvetdire, 400.

Crocy. 143, 106. 239.

Croolcslanl., 31, SAS.

Crouzon, l6, 157.

Cullerre, 97.

Dagron, 170.

Dana, G+, 68, 31U.

David Bower, 332.

Davidsou, 318.

Da'son,S4.

Dnjerme, 83, 80, 159,

345.

Depeion, 355.

Revaux, 509.

Dide, 183. 312.

Dollkey, 137.

Dopler, 141.

Douglas. 419.

I)otiLrebeiite, 499.

Drewrv. 338.

Duguet. 351.

Uupain. 505.

Dupont, 85.

Du pré, 509.

Duval, 154.

l : djerley. 115.

Etrnrootli, 83.

Eliot, ë5.

Ellis, 440.

K)snef,2tj.

Estèves, 460.

Farez. 186, 189, 348.

439.

Farmakowaka, 1 f.

aryuharsou, 328.

Faiiqtiet, 403.

Fedorow, 300.

Feindel, 518.

reinden, 160.

Féré, 237, 240, 117.

Feirand, 18 31'1, 345.

Ferrier, 139.

Fnullev. 490.

Culey, 315.

Flatau. 265.

Flechsig. 127.

Follet, 86, 181.

Foiest-Villard (dej,251.

Fornasari, 332.

Gamault, 190.

Gantier P., 179.

Gasne, 401, 403.

Gasquet, 21.6.

Geddes, 259.

Geliiicliteli 143,

239. 307.

Gibert, 402.

Giesen (van). 326.

Ginanulh, 491.

Gombault. 169.

Good,ill, 33G.

Gordon, 137. 257.

Giasset. 1+I.

Greenwood, 236.

Griffin, 498.

Cut'rinot.'JL

Guillain, 71, loi. 103,

405. 511.

Hachard. 89.-

Harr]ngton.3; ! 7.

Haskovec, 137.

Hauser, 342.

Ilaushalter. 173.

Haynes, 242, 414.

I tendon, 323.

llenschen, 109.

Ilikmet. 348.

Hirscli, 230, 419.

Homcn,63. -

Hoplnn, 101.

Iluet, 153, laf.

Ilun, 391.

Iieland, 135. 428.

Jacohs. 26.

Jacobson, 205.

Jaquarche, 185.

Jofiroy. 89, 169, 183.

346, 499, 518.

Joire, 4 40.

Jolikowsliv, 393, 39î.

Jullian, 404.

Kattwiuhel, 78.

Katz. 302.

Kazowshy, 1 rl.

Kéraval, 45.

Kesteven, 18.

Z 338.

lioepnen, 61.

Kortniow, 138.

Z 1 il.

Krauss, 252.

Kuh, 62.

Lacassagne, 190, 527.

Ladame, 241.

Lagrille, 289.

Laignel-Lavastine, 87.

Launols. 85, 401, 513.

Laquef, 488.

Lasts, 417.

I.aubrv, 507.

Le Coïnt. 398.

Lefelt, 3a5.

Legge, 432.

I.egrain, 173, 177. li8,

503.

Lenoble, 193, 512.

Léon (de). 155.

Lépuuiy, 348.

Leszuibky, 21l, 390.

Levens, 111.

I.é\i (L.). 86, 181.

Lev. 153.

Liégeard. 439.

l.in(leii (van deri. 234.

Lloubouslline, 193.

Londr.. 3t+.

Long, 1 43.

Lord, al i, 390.

Lortat-Jacob, 83.

Loveland, 326, 40G.

Mac Ilitosli, 390.

Mac Lulich, 424.

Magnan, 178, 499, 506.

Magnin, 188.

Nlilewiez, 1 il.

Makenzie, 26S.

Mann, 146.

Manning. 47.

.larisoii, 3à,-).

de Monhel,

238.

Marchand, 100, 500.

lal'ie ( : 1.), 18. 1 i Î.

Marie (P.), 87, 89, 159,

1 G9,18+, J Fo, +OU, 507,

JO9, a LJ, a t G.

Marmesco, S0, 85, 88,

Î03.

%1,-Irtiiies (de), 30.

Meige, z 311 508.

Mehzer, 396.

Mendel. 265.

540 TABLE DES AUTEURS ET DES COLLABORATEURS.

Mendelshon, 164, 167.

Mercier. 416. 482.

Merowitz, 257.

Meunier. 260.

Michaud, 207.

licl,le, 135.

Muldleniass, 579.

Mignol, 520.

Miugazzim, 492.

3lmûr, 79, 433.

Mirallié, 1-il, 172.

Mitchell, 398.

Monakow 400. z

Monisset, 513/ ' '

llonod, 346

(ils). li2, I 4'1, 145.

.lott, 208, 352, 354,427.

Mould, 427.

iluuratow, =3î, 518.

Mouravicw. 433.

Moutier, 170.

\loye ? 395..

Nageotte, 70.

Nalhaudow, 434.

New ! , 484.

- Nissl, 137.

Noâuès, 396.

Noischewsky, lSi.

Norman, 423, 29.

OUertlur. 756, 273, 355.

Oddo, 313, 513.

Olmer, 513.

Ostranclu, 335.

Ossipow, 147, 391.

Partez, 178.

Paris, 388.

nariuaud, 509.

l'nwsor, 150 150 '

l'amore, 57. 57.

l'atriclc, 62, 246. ·

l'atou, 312.

l'nu le aint-llartin, 90. 90.

Paviot, 513.

Pécharmand, 343.

l'errin de la Touche,

183.

Paters (de), 40.

Plnlippe, 71, 72, 171.

Pierce, 479.

Pilguin, 337.

Piltz, 1 44.

l'opotT, 438.

Potowski, 519.

Poulard, 343.

Pruohrajenshl, 80, 36.

Plitclmrd, 408.

Proal, 262.

Itatnb.mt, 'r` ? 5.

fiasse, 39,

Raz, 137

Raunond, 73, 153, 181,

182, 3 4-i, 343, 369.

liayner, 330.

Ré"is 419

Regn;lu;t, J0, 18ï, 188,

f89, 315.

Richer (P.), î`3.

Riuklin, 73.

Boliertsiiii, 318.

Itudes (de), 320.

Roger Mignol, 185.

Bogers, 336.

Rosenhach, 494.

Itossolimo, 435, 437.

161, 516.

Roux (J.), 7t. 1.

liwvo, 339. -

Sabrazès, 403.

Sacs, 403.

Sacynépée, 141, 512.

Sano, 146, 306.

Schaskewilsch. 496.

séglas, 161, 180, 181,

504, 505.

Serbsky, 519.

Sérieux, 27, 60, 180, 185,

212, 339.

Sllaw, 391.

Shields, 258.

Sicai(1, 152.

Simpson, 315. -

Singer 447.

Sitta, S0.

Smith, 429.

Soca, 401.

Sollier, 503, 506.

Suuklianow, 1 46, 431.,

Souques, 84, 394.

Soury, 1, 115.

Suutar, 45.

Splntalski, 184.

SI)IIIer, 250, 251, 308.

Spramue, 330.'

Sproat, 429.

SiLiratiow,.3k 1, 450.

Stcru. 241

Studdait, il9.

Stowell, 245.

Sullivan. 59, 330.

Siltcliffe, 481.

bwitalsky, 85, 343.

Thomas, 3t2. 513.

Thompson. 398.

Touche, 8 î, 89. 183, 343,

507. ,

Tokarsk'y, 519.

Toulouse, 178, 502, 507.

Z 354.

Trenel, 501.

Turner, 138.

Vas)et,26t.

Vernet, 334.

Vincent. 43.

V i ret. 358.

Voisin. 90. 158, 178, 139.

Vu 1 pas, 500.

Walsh, 485.

Walson, 335.

Weidenbammer, 435,

519.

Nvelsli. 420.

Wiel, 143.

Witcox, 485.

Wilson. 479.

Wize, 338.

N\'ood, 332.

Woods. 237.

Wright, 233.

Wvioubow, 393.

Evreux, Gli. Hsmssex, iiiip. - 0- l01.