(1896) Archives de neurologie [2ème série, tome 01, n° 01-06] : revue mensuelle des maladies nerveuses et mentales
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(1896) Archives de neurologie [2ème série, tome 01, n° 01-06] : revue mensuelle des maladies nerveuses et mentales

ARCHIVES

DE

NEUROLOGIE

ARCHIVES

DE E

NEUROLOGIE

REVUE MENSUELLE

DES MALADIES NERVEUSES ET MENTALES

Fondée par J.-M. CHARCOT

PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE MM.

A. JOFFROY

Professeur de clinique

des

maladies mentales

à la Faculté de médecine

de Paris.

V. MAGNAN

Membre de l'Académie

de médecine

Médecin de l'Asile clinique

(Ste-Anne).

F. RAYMOND

Professeur de clinique

des maladies

du système nerveux

à la Faculté de médecine

de Paris.

COLLABORATEUR ? - PRINCIPAUX

MM. AI,ELEKEFF, BABINSKI. BALLET. BLANf.fIARU (R.), BLI\ (E.),

BOUCUEREAC, BOYER. BItIAND PI.), BItISS.IUl7 (E.), BROUAKHEL (P.),

CAMUSI : T, CATSARAS, CHABBERT. CHARNON (R.), CHRISTIAN'

CULLERRE, DEBOVE (hl.l, UEVY. DEVAY, UUCeI31l', DUYAL (llerume), FERRIER,

FRAXCOTTE, GAL.1VIELLE, GARNIER (P.), GARNIER (S.), GILLES DE LA TOI;IIETTE,

GOJIBALLT, GRASSET. KERA%7AL (P.), KLYPPEL, LAXDOUZY,

1L1HANDON DE MOXTYEL, MARIE, NfERGEJE\VS61 MUSGRAYE-CLSY, NOIR,

POERRET. PITRES, REGIS, REGNAIII) (P.), IIÉGNIER (P.), RICHER (l'.),

ROUIH11OnTCH, ROTH (\V.), SÉGLAS, SEGUIN SERIEUX. SOLDER.

SOUKH1VOFF, SOIIQLES, SOURY (J.), TE1XTUR1ER (E.), THULIE (H.),

TOULOUSE (E.), ILLARD, VOISIN (J.), Y\-0\ (P.).

Rédacteur en chef : DOUttNHVtLLË

Secrétaires de la rédaction : J.-n. CIIAHCOT et G. GUINON

Dessinateur : LEUBA

Deuxième série, tome I. 1896.

Avec 30 figures dans le texte et 2 planches.

PARIS

BUREAUX DU Pli 0 G Il È' MÉDICAL l.

1b, rue des Cannes.

-

1896 ,

Vol. I. Janvier 1896. - N" 1

1

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

THÉRAPE

TROIS CAS D'IDIOTIE MYXOEDÊMATEUSE TRAITÉS

PAR L'INGESTION THYROÏDIENNE;

. Par BOURNEVILLE, médecin de Bicètre.

(Section des enfants nerveux.)

Le lendemain de la communication d'un travail

intitulé : De l'idiotie avec cachexie pachydermique ou

idiotie myxoedémateuse, que nous avons faite le 14 août

1889 à l'Association française pour l'avancement des

sciences, nous avons reçu de M. le Dr Arnaud (de

Saint-Gilles), qui avait assisté à la séance, une lettre

dans laquelle il soumettait à notre appréciation un

mode particulier de traitement alors tout à fait in-

connu et qui, depuis cette époque, a fait un grand

chemin 1.

« M. Brown-Séquard, dit-il, pense, non sans raison

peut-être, que les glandes ou du moins quelques-unes

d'entre elles, ont une action encore inconnue sur la

1 Voir Archives de Neurologie, 1890, t. XIX, p. 228, à la fin de notre

mémoire intitulé : Nouvelle observation d'idiotie JIIyxoedémaleuse (ca-

chexie pac/t(7e/'Mtue. ,

Archives, 2e série, t. I. 1

2 THÉRAPEUTIQUE. -

nutrition, par suite de certains principes qu'elles ver-

seraient incessamment dans la circulation. N'en se-

rait-il pas de même du corps thyroïde ? Dès lors, on

- s'expliquerait facilement la cachexie consécutive à l'ab-

sence de cette glande.

« En outre, cette théorie pourrait conduire à un

traitement rationnel de la cachexie pachydermique :

- le traitement par les injections sous-cutanées (ou même

peut-être par l'absorption intestinale) de certains prin-

cipes empruntés à la glande thyroïde. »

Différentes circonstances nous ont empêché, malgré

notre désir, d'essayer immédiatement le traitement

indiqué par M. le Dr Arnaud. Entre temps est inter-

venu un essai de traitement par la greffe de la glande

thyroïde dans la cavité péritonéale'. La malade qui

, avait été soumise à ce traitement, Wathi... (Augus-

tine), est entrée dans notre service et nous avons con-

) staté qu'aucune amélioration ne s'était produite. Les

autres tentatives de ce genre ne semblent pas avoir

donné des résultats satisfaisants 2. -

En 1891, M. le Dr Murray publia la première obser-

. vation de guérison du myxoedème par les injections

de suc thyroïdien et, en 1892, M. le professeur Bou-

chard communiqua à l'Association française pour l'a-

vancement des Sciences les observations de deux ?

· Lannelongue. Sur la transplantation du corps thyroïde sur

l'homme. (En collaboration avec Legroux.) (Comptes rendus de la Société

de Biologie, 8 mars 1890, p. 135.) La malade en question est celle qui

fait l'objet de notre seconde observation.

1 Consulter entre autres les travaux de MM. Walther, Battincourt, Se-

rano, Horsley, qui ont suivi la publication des recherches physiologiques

du professeur Schiff d'abord, puis du D' Eiselsberg. -

3 Bouchard (Ch.). Réflexions sur deux cas de 11 ! yxoedème, traités

TROIS cas D'IDIOTIE MYXOEDli;MATE.USE. 3

myxoedémateuses adultes, notablement améliorées par

le même traitement. Ainsi se trouvait appliquée l'idée

émise deux ans auparavant par M. le DI' Arnaud,

c'est-à-dire le traitement thyroïdien. A partir de leurs

publications, ce mode de traitement s'est rapidement

vulgarisé.

Personnellement, en mars 1893, nous avions fait

administrer le suc thyroïdien en julep, puis, en no-

vembre et décembre de la même année, nous avons

pratiqué des injections sous-cutanées de liquide thy-

roïdien sur trois malades atteints d'idiotie myxoedéma-

teuse due à l'absence congénitale de la glande THY-

RoIDE : Debarg..., âgé de vingt-huit ans; Wat...,âgée.

de dix-huit ans, et Gonich..., âgée de un an et demi.

Les injections ont été au nombre de 65, 63, 91. Ce

traitement n'a déterminé aucune amélioration seusible

chez ces malades. C'est pourquoi nous nous sommes

décidé à recourir à l'ingestion stomacale de la glande

thyroïde du mouton. Nous avons commencé par un

demi-lobe, c'est-à-dire le quart de la glande 2@ puis

nous avons donné un lobe, ou la moitié de la glande.

Trois malades ont été soumis à ce traitement à partir

du 31 mai, et il a été continué jusqu'à ce jour. Durant

cette période, soit plus de deux mois, nous avons fait

par des injections de sue thyroïdien. (Session de Pau, 1892,1r8 partie,

p. 292.)

' La malade qui a reçu le moins d'injections était une malade externe.

Gonich ? habitant Ivry, que sa mère amenait tous les deux jours. Les

injections sous-cutanées ont été pratiquées à partir de 1890, par Vassole,

Pisanti, Gley, Magnan. :

1 Nous avons pesé pendant huit jours les lobes, soit la moitié des

glandes; les pesées nous ont donné les résultats suivants : 1 gr. 70,

1 gr. 40, 1 gr. 95, 2 gr. 20, 2 gr. 30, 2 gr. 60, 2 gr. 80, 2 gr., soit environ

2 grammes par lobe frais ou demi-glande.

f4 . THÉRAPEUTIQUE.

prendre régulièrement la température des malades,

matin et soir, leur poids tous les huit jours, et leur

photographie également tous les huit jours.

Les tracés que nous plaçons sous vos yeux indiquent

les oscillations de la température [tracé rouge), les mo-

difications du poids [tracé bleu); les rectangles et les

carrés verts, placés en bas de chaque tableau, répon-

dent aux jours où l'on a administré la glande, les rec-

tangles correspondent à un demi-lobe, les carrés à un

lobe entier. Ces explications préalables étant données,

nous allons maintenant aborder l'exposé de chaque

cas.

ORSERVATION I. IDIOTIE I,fYSyDÉ3fATEUSE.

Père tuberculeux ( ? ). Oncle maternel paralysé, aliéné et sujet

probablement ci des accès d'épilepsie. Frère et sceur morts tuber-

culeux. BlEU1' strabique à la suite de convulsions de l'enfance,

morte tuberculeuse.

Renseignements incomplets sur les antécédents du malade. z

Marche ci dix-huit mois. Propre de bonne heure. Arrêt de

développement, bouffissure et épaissis sèment à partir de trois ans.

Etat du malade au 1er février 1890. Lésions scrofuleuses et

rachitiques, Absence de la glande thyroïde; symptômes clas-

siques de l'idiotie myxoedémateuse : pseudo-lipomes ; persistance

de la fontanelle antérieure; hernie ombilicale; eczéma; arrêt de

développement physique et intellectuel ; parole, voix, etc.

1893-1894. Julep avec extrait de glande thyroïde et injections

sous-cutanées de liquide thyroïdien : résultats négatifs.

1895. Ingestion stomacale de glande thyroïde de mouton.- Amé-

lioration : Élévation de la température ; diminution de poids;

phénomènes divers dus au traitement; modifications de la voix,

etc., etc.

Deharg... (Jules), né à la Ventie (Pas-de-Calais), le 6 octobre 1865,

est entré à Bicêtre dans notre service, le 23 février 1890.

Il s'agit d'un malade dont nous avons publié l'observation détail-

lée dans les Archives de Neurologie et que nous avons reproduite

1 Année 1890, t. XVI, p. 217.

TROIS CAS D'IDIOTIE MYXOEDEMATEUSE. 5

dans le Compte rendu du service des enfants de Bicêtre pour l'an-

née 1889 (t. X, p. 172), aussi nous bornons-nous à citer le som-

maire de son observation. Les figures 1, 2, 3 et 4 ne laissent aucun

doute sur la réalité de l'idiotie myxoedémateuse.

La température rectale du malade prise avec soin à diverses

, ' Nous prenons la température rectale des malades, la plus facile et la

plus sûre. La température axillaire, pour offrir des garanties, exige, en

effet, de quinze à vingt minutes : il faut veiller à ce que le bras soit bien

appliqué contre le thorax et que le thermomètre reste bien en place,

conditions difficiles a réaliser complètement chez les malades ordinaires

.et, à plus forte raison, chez les enfants et surtout les idiots.

l ir. 1.

Deb... avec sa pipe et sa canne (1889)

6 THERAPEUTIQUE.

reprises n'a jamais dépassé 37° et a été en général au-dessous de ce

chiffre, c'est ce que montre le petit tracé qui figure à droite de la

Planche I. - Le poids, relevé tous les six mois depuis l'entrée

du malade, a offert là progression suivante :

TROIS CAS D'IDIOTIE MYXOEDEMATEUSE. I

tremblement, faiblesse et sueurs. Deb... marche difficilement.

Sueurs dans la nuit. Urines de vingt-quatre heures : 750 grammes.

Il juin. Pas de glande. Pouls : 120. Haleine fétide, douleur

au niveau de l'estomac. Urine : 050 grammes. Le visage est beau-

coup moins gonflé, les yeux sont plus ouverts. Erythème des aines

dû aux poussées sudorales.

12, juin. Tremblement de

tout le corps sans sueurs, affai-

blissement, persistance des

douleurs stomacales. Urine : : i00 grammes.

13 juin. Dans la nuit,

vomissements alimentaires. La

faiblesse des jambes est moins

prononcée. Le médicament est

suspendu jusqu'au 5 juillet.

L'érythème inguinal a disparu.

14 juin. - Tremblement des

jambes qui oblige de main-

tenir le malade au lit, pour

éviter le retour des faiblesses

qui le prennent dès qu'il se

lève. Douleurs abdominales,

diminution des tumeurs grais-

seuses du cou. Urine : 400

grammes. Potion de Tood et

caféine.

15 juin. Agitation pen-

dant la nuit : le malade s'est

levé sur son lit et voulait battre

la veilleuse. Ce matin, il ne

se rappelle point ce qui s'est

passé.-Urine : 500 grammes.

L'appétit est toujours médiocre

et le malade se nourrit surtout

de lait.

4 juin. - Le tremblement

a diminue, les douleurs ont

disparu, la température descend à 37°; le poids n'est plus que de

24 kg. 100. La peau devient moite. Pouls : 120.

20 juin. La langue est moins épaisse, la prononciation est

meilleure; les lèvres sont moins violacées; la marche, qui d'habi-

tude était lente et pesante, semble devenir plus rapide.

21 juin. Le malade assiste au concert des frères Lionnet et

Fiy. Y.

b . THERAPEUTIQUE.

le soir, sans autre cause appréciable, la température s'élève à 38°.

Durant la suspension du traitement, le poids qui s'était abaissé

jusqu'à 24 kg. 100, est remonté à 25 kg. 050. Les urines se main-

tiennent aux environs~de 500 grammes. Jamais elles n'ont contenu

de l'albumine ou du sucre..

5 juillet. Reprise du traitement (demi-lobe). Deb... se met en

colère, ce qu'on n'avait jamais vu et casse sa pipe parce que l'infir-

mier examinait ses poches. Le pouls est descendu à 60.

6 juillet. Urine : 500 grammes. Pouls : G0. '

7 juillet. - La température s'élève de nouveau à 37°,6. Urine :

1 litre. Pouls : 70...

8 juillet. Pouls : 70; T. R. 37°,2. Urine : 525 grammes.

Firl. 3.

Firl. 4.

TROIS CAS D'IDIOTIE MYXOEDEMATEUSE. li

9 juillet. La peau du malade reste toujours moite. savant le

traitement, chez lui comme chez les malades de cette catégorie, la

peau était sèche. Les croûtes du cuir chevelu ont complètement

disparu. On observe une desquamation de la peau des mains et

des pieds. Deb... taquine les' infirmiers, par exemple cache leur

casquette; jamais on n'avait noté autant de spontanéité. Diarrhée,

douleurs du ventre et du dos, affaiblissement des jambes. Pouls :

120. Matin : T. R. 37°,4. Soir : 38°.

11 juillet. Pouls petit : 130; T. R. 37°,4. Urine hier : 750,

aujourd'hui 500 grammes.

Fig. 5.

Deb... en septembre 1895.

10 O THÉRAPEUTIQUE.

12 juillet. - La diarrhée a disparu, la faiblesse des jambes est

moindre. Pouls : 120. Urine : 500 grammes.

13 juillet. Depuis hier soir, coliques, diarrhée, courbature

générale. Le malade est atl'aissé, n'a pas d'appétit. Urine : 500 gram-

mes. Pas de'glande. La desquamation de la peau des mains et des

pieds continue. Pouls : 120. Urine : 500 grammes. ,

14 juillet. - Demi-lobe. Pouls : 120. Urine : 260 grammes ( ? ).

15 juillet. -Pas de glande. Pouls : 120. Urine : 500 grammes.

La peau est moite.

1G juillet. - Demi-lobe. Pouls : 120. Urine : 500 grammes. Quel-

ques coliques.

Fifl. li.

Deb... en septembre 1895.

TROIS CAS D'IDIOTIE MYXOEDÉMATEUSE. 11

17 juillet. Pas de glande. Pouls : 120. Urine : 500 grammes.

Coliques, sueurs.

18 juillet. - Depuis hier soir, prolapsus du bourrelet hémorroï-

daire. Pouls : 100. Sueurs, faiblesse générale. Urine : 560 grammes.

Potion : bismuth, bétol, laudanum. On supprime la glande

thyroïde.

19 juillet. - Le bourrelet hémorroïdaire est réduit et la diar-

rhée a cessé. Pouls : 8'r.

20 juillet. La physionomie exprime la fatigue. Le poids qui

avait augmenté, ainsi que nous l'avons vu, durant la période de

suspension du traitement sans revenir toutefois au chiffre primitif,

a notablement diminué depuis la reprise du traitement, car il est

descendu à 22 z00 ; aussi l'amaigrissement est-il évident : non

seulement les pseudo-lipomes ont diminué, mais le ventre est de-

venu beaucoup moins volumineux : tandis qu'il mesurait au niveau

de l'ombilic 0 m. 740, il ne mesure plus que 0 m. 67. La peau des

mains demeure moite et devient souple ; les ongles poussent bien

plus rapidement et sont plus brillants. Les mouvements sont plus

vifs, la parole est moins lente, le malade est moins engourdi-

Pouls : 90. Urine : 500 grammes. '

28 juillet. - Bien que la médication soit suspendue depuis le

18 juillet, le poids a continué de baisser (22 kg. 300). Les figures 5

et 6 comparées aux figures 2, 3 et 4 permettent d'apprécier les

changements de la physionomie et l'amaigrissement général.

[Depuis notre communication, nous avons repris le trailement à

la date du 13 août, le malade ayant gagné 500 grammes et la tem-

pérature descendant à 37° et au-dessous, ainsi que cela existait

avant tout traitement.-Nous lui avons fait prendre un lobe tous les

deux jours jusqu'à la date du 30 septembre : les mouvements et la

parole sont plus vifs, l'intelligence est un peu plus éveillée; D... n'a

plus éprouvé aucun malaise et, depuis le il septembre, sa tempé-

rature n'est jamais descendue au-dessous de 37°. Le poids, après

avoir diminué du 16 août (22 kg. 800) jusqu'au 7 septembre

(22 kg. 450), est remonté à 22 kg. 800 (17 septembre) et s'est main-

tenu à ce chiffre (28 septembre).

Voix. Nous avons fait examiner le malade au point de vue de

la voix par M. Sutter, professeur de chant de notre service. Voici

la copie de la note qu'il nous a remise : « Avant le traitement,

Jules Debarg... n'avait qu'une étendue très faible, correspondant

à 2°, depuis la dernière observation l'enfant a gagné 4°.]

Observation II. IDIOTIE MYXOEDÉMATEUSE

Père, fièvres intermittentes. Grand-père paternel, apoplectique.

Grand'mère maternelle, excès de boisson. Cousine germaine

'12 THÉRAPEUTIQUE.

^paralysie consécutive à des convulsions. Cousine germaine su-

jette à des attaques. Grand-père maternel, apoplectique.

Grand'mère maternelle, excès de boisson. ;- Oncle maternel, p2,o-

. bablement apoplectique. 缭 Tante maternelle, aliénée. Consan-

guinité. Un frère mort de convulsions, un autre idiot et épilep-

lique; un troisième a eu des convulsions.

Accouchement à dix mois ( ? ). A la naissance, fontanelle

antérieure très large. Hernie ombilicale. Premières dents à

sept mois. A deux ans chute sur la face, écrasement du nez et

fracture du maxillaire supérieur. Ozène consécutive. Dévelop-

pement de la cachexie pachydermique. Rachitisme. Absence

probable de la glande thyroïde. -Alalfoa°mcttioat de l'un des orteils.

Dentition.

1890. Greffe d'une glande thyroïde du mouton dans la cavité

pêritonéale (Lannelongue). -

1893-1894. Julcp avec extrait de glande thyroïde et injections

sous-cutanées de liquide thyroïdien : résultats négatifs.

1895. Ingestion stomacale de glande thyroïde : élévation de la

température; - diminution de poids; - phénomènes divers dus au

traitement (modifications de la voix, augmentation de la taille, etc.).

Amélioration.

Wathi... (Aupustine), née à Paris le 7 décembre 1875, est entrée

à la fondation Vallée, dans notre service, le 7 juin 1890.

L'ol>sercation de celte malade figure dans la communication

que nous avons faite le 14 août 1878 à l'Association française pour

l'avancement des sciences. Elle à été reproduite dans le Progrès

Médical (1890, p. 3) et dans notre Compte rendu de Bicêtre pour

l'année 1889 (p. 57). Les figures 7, 8, 9 et 10 donnent une idée de

sa situation à l'âge de onze ans et demi et de quatorze ans. Le

tableau ci-après permet d'avoir une idée de son développement

physique.

TROIS cas D'IDIOTIE MYXOEDÉMATEUSE. 13 e

ingérées (rectangles et carrés verts). Aussi nous bornerons-nous a

relever les principaux phénomènes observés depuis le 31 mai jus-

qu'au 30 septembre. La température rectale, notée à différentes

époques, avant le traitement, était toujours inférieure à 37° et ne

dépassait pas 36°,6; le septième jour, du traitement elle atteint 37°

et le neuvième jour elle monte à 38°.

12 juin.- Amaigrissement; paupières moins gonflées (diminu-

tion de poids de 2 kilogrammes) ; quelques secousses dans les

membres.

13 juin. Tremblement presque continuel des membres supé-

rieurs.

14 juin. - Persistance du tremblement. Diminution de l'appétit.

Fig. 7.

Wat...-eii 1887 (onze ans et demi).

'14 THÉRAPEUTIQUE.

16 juin. La perte de poids est de 2 ka. 500. Wathi... parait

plus agile ; elle a moins de répugnance au mouvement et essaie,

ce qu'on ne lui avait jamais vu faire auparavant, de courir avec ses

camarades.

25 juin. L'agilité semble augmenter : W... tourne maintenant

facilement sa tête. Les masses graisseuses situées à la nuque et

sur les côtés du cou ont diminué, la parole est plus nette.

12 juillet. Les mains et les pieds font peau neuve, 'les ongles

poussent bien, les cheveux restent raides, le teint est moins jaune.

Wathi... est très gaie, moins timide, répond avec plus d'aplomb.

. 20 juillet. Contrairement à ses anciennes habitudes, Wathi...

Fig. 8.

1 1 Wa... à quatorze ans (mai 1889).

TROIS cas d'idiotie 111YSDEIIfATEUSE. 15

ne reste pas toujours assise; elle aime au contraire à marcher et

essaie de courir ; elle devient espiègle et fait des niches aux autres

enfants. Il y a quelques jours, elle a voulu jouer à cache-cache

avec ses camarades.

29 juillet. - Wathi... n'est plus aussi timide, elle a plus de

spontanéité et plus d'agilité. Elle se cache derrière les portes avec

un petit bâton à la main dont elle donne un coup à chaque enfant

qui passe. Prise sur le fait, elle prétend que ce n'est pas elle et

désigne une fillette quelconque en disant : « Tiens, c'est elle. » Elle

tire les robes des infirmières ou les rubans de leur bonnet et rit

Fig. 9.

Wa... à quatorze ans (mai 1889).

16 thérapeutique.

bruyamment. La desquamation des mains et des pieds continue.

30 septembre. Durant presque tout ce mois, la température

est demeurée au-dessus de 37°. La physionomie est plus éveillée;

les masses lipomaleuses des joues ont diminué ; le teint n'est plus

aussi terreux et se rapproche du teint naturel. L'ozène dont elle

est atteinte s'est améliorée, l'écoulement nasal a diminué et l'odeur

est de moins en moins fétide.

Depuis quelque temps, le teint n'est plus du tout terreux ; les

paupières considérablement dégonflées, laissent bien voir les globes

oculaires, les lèvres sont rosées, les cheveux sont devenus beau-

I% ü. 10.

Wa... à quatorze ans (mai 1889).

TROIS cas D'IDIOTIE 111Q : DE : IfATEUSE. 17

coup moins secs au toucher, le cuir chevelu est tout à fait sain et

la malade n'a pas eu cette année les poussées eczémateuses qu'elle

a d'habitude. La fontanelle persiste et on sent une dépression qui

peut être évoluée à deux centimètres dans tous les sens avec une

sorte de fissure transversale des deux côtés. Toutes les masses lipo-

mateuses ont considérablement diminué. Aucune modification des-

seins ni de la vulve, le corps tout entier est glabre. Les mains

et les pieds n'ont plus l'aspect pachydermique, il ne semble plus

y avoir de dépôt graisseux exagéré entre la peau et les'muscles.

Modifications de la voix. Depuis le traitement la voix est deve-,

nue bien plus claire et a gagné en étendue, L'enfant qui, le 14 juin,

Archives, 2e série, t. I. 2

L ? ig. 11..

\Va... en septembre 1895.

18 H THÉRAPEUTIQUE.

n'avait qu'une étendue de six notes, avait, le 24 juillet, un timbre

de voix plus sonore et d'une étendue de sept notes.

Taille. La taille, qui était de 882 millimètres le 31 mai, était

de 905 millimètres le 17 août, et de 92 centimètres à la fin de sep-

tembre. Le pouls n'a pas dépassé quatre-vingt-seize pulsations.

- Les figures Il et 12, comparées aux figures 8 et 9, donnent

une idée assez exacte de l'amélioration obtenue. ,

i ? j ....' .. ,

.. Observation III. IDIOTIE MYXOEDËMATEUSE. , ,

Enfant naturelle. Père sobre,' caractère sournois; renseignements-

, insuffisants' sur lui, et nuls sur toute sa famille. -Mère, rien de.

Fig. 12.

Wa ? en septembre 1893.'

TROIS cas D'IDIOTIE MYXCEDÉMATEUSE. 19

particulier. Grand-père maternel, excès de boisson, mort d'apo-

plexie. Oncle maternel, mort de convulsions. Petit cousin,

pieds bots. - Pas de consanguinité. - Egalité d'dge entre le père

et la mère. -

Grossesse : émotion vive au quatrième mois. A la naissance,

bonne santé apparente. Aucun renseignement précis sur l'enfant

jusqu'à son admission. Dentition imparfaite et en retard. -

Encore malpropre à l'entrée. Ne marche pas seule. - Premiers

mots à deux ans. Affectivité nulle.

1894. Prolapsus du rectum. - Vaccinée avec succès. z

1895. Ingestion de glande thyroïde du mouton. - Résumé des

phénomènes dus au traitement. Amélioration très remarquable.

Gangl... Marie, née à Nancy, le 6 mai 1881, est entrée le

10 août 1894 à la Fondation Vallée.

Renseignements fournis par la mère de l'enfant (le 6 septembre 1894).

La malade est une enfant naturelle. Père, valet de chambre,

a eu des rapports avec la mère de G... pendant deux ans, très sobre,

fumeur, caractère sournois, grand, vigoureux ; aucune maladie de

peau, nez aquilin, cheveux châtain foncé. Il était soldat du train

et ordonnance du général X... à Nancy quand il a fait connaissance

de la mère de la malade, domestique dans une maison que fré-

quentait son général. Il a abandonné sa maîtresse, à qui il avait

promis le mariage, trois mois après la naissance de l'enfant.

Aucun renseignement sur sa famille.

Mère, trente-six ans, autrefois domestique, maintenant concierge.

Pas de convulsions de l'enfance, pas de migraines, tempérament

assez nerveux, sans crises ; physionomie régulière, cheveux châ-

lain foncé, nez aquilin, pas de maladie de peau ni de syphilis.

Bien qu'elle se soit mariée il y a dix ans elle n'a pas eu d'enfant.

Son père, menuisier, buvait la a goutte » tous les matins et

quelquefois dans la journée, il est mort d'une attaque d' apoplexie

en une heure. Sa mère est morte « asthmatique » ; elle n'était ni

nerveuse, ni migraineuse. Elle a eu cinq frères ou sceurs. Ses

deux frères sont morts l'un peu après l'accouchement, l'autre de

convulsions à trois ans. Ses trois soeurs seraient bien portantes

ainsi que leurs enfants. Les grands parents paternels et maternels

sont morts vieux, sans accidents nerveux. Dans le reste de la

famille, pas d'autre cas d'apoplexie, pas d'idiots, de goitreux, de

bègues, de sourds-muets, etc. Un cousin maternel issu de ger-

main a les pieds tournés.

Pas de consanguinité : le père est du département de la Seine ;

la mère est de Saint-Avold près Metz où il y a des goitreux.

Egalité d'âge.

Notre malade. - Bien portants tous deux à la conception. Gros-

20 , thérapeutique.

sesse : au quatrième mois elle a eu une émotion vive occasionnée

par un incendie dans la maison de sa tante où elle était allée

passer quelques jours ; elle prétend avoir été très effrayée, ne pas

s'être trouvée mal, mais avoir été prise d'un fort tremblement

qui aurait duré une demi-heure : a Je tremblais si fort, que je ne

pouvais rester assise. » La nuit suivante, elle aurait dormi tran-

quillement et, depuis, elle n'aurait plus pensé à l'incendie. Ce n'est

qu'un mois après qu'elle a senti remuer son enfant : < eilen'a'

jamais remué beaucoup. » Ni envie d'alcool, ni coup, ni chutes,

pas de vomissements; ni syncopes, ni constriction du ventre. Elle

a fait connaître son état de grossesse à ses patrons et, comme le

soldat lui avait promis le mariage, on la garda. Elle entra six

semaines avant terme dans unasile de Nancy. Accouchement à terme,

naturel, sans chloroforme, présentation de la tête ; elle a eu des

petites douleurs pendant deux jours et de fortes douleurs pendant

deux heures. Son ventre était gros, mais elle dit avoir perdu plus

de sang que d'eau. A la naissance pas d'asphyxie, pas de cordon

autour du cou, l'enfant a crié de suite. Elevée au sein par sa

mère durant un mois, puis placée chez une soigneuse d'enfant»

(nourrie au lait de vache). Elle l'a visitée tous les mois pendant un

an. A cette époque, peu avant son départ pour Paris, ayant su

que la gardeuse donnait à son enfant de l'eau de pavot dans son

lait et lui faisait prendre des trempettes à l'eau-de-vie, elle l'a

reprise et placée chez sa tante paternelle (grand'tante de l'enfant).

Alors elle n'avait que deux dents, était petite, ne marchait pas,

ne prononçait aucun mot, avait la peau blanche et non cireuse.

Elle aurait été bien soignée chez sa tante qui aurait continué long-

temps l'alimentation lactée. Sa grand'lante étant morte « de

vieillesse (soixante-quinze ans), sans accidents nerveux, l'enfant a

été ramenée à Paris par une de ses tantes maternelles chez laquelle

elle est restée huit jours avant d'être placée à la Fondation. Elle

a remarqué que son enfant ne marchait pas seule, qu'elle était

très coléreuse, sujette à la constipation. On ne lui a pas dit qu'elle

ait jamais eu de chute du rectum. Elle avait déclaré que l'enfant

était propre, cependant il lui est arrivé de gâter dès les premiers

jours de son arrivée. Comme maladie antérieure, on a signalé une

bronchite en 1892.

Etat acluel (août 1894). La malade présente tous les carac-

tères de l'idotie avec cachexie pachydermique.

Tête symélrique, assez grosse, de forme rectangulaire ; le front

est bombé sur une assez grande largeur, les bosses frontales sont

assez développées, la droite plus que la gauche. Les bosses parié-

tales sont peu saillantes de même que l'occipitale. La fontanelle

antérieure n'est pas complètement fermée : elle a environ- 3 cen-

timètres d'avant'en arrière et 4 centimètres transversalement.

TROIS CAS D'IDIOTIE MYXOEDÉMATEUSE. z1 ,

Le cuir chevelu est assez épais. Les cheveux sont châtains et peu

abondants surtout au niveau des tempes : ils sont assez longs et

assez fins et plus doux au toucher que chez les autres enfants

myxoedémateux. Au voisinage du front et des tempes, ils ont une

coloration plus claire. Pas d'éruption eczémateuse. Le visage a

une forme rectangulaire il est plus large au niveau des joues et

aplati à son extrémité. - Les arcades sourcilières sont peu sail-

santes et il existe au-dessus d'elles une dépression assez prononcée

à droite, très prononcée à gauche. Les sourcils sont irrégulière-

ment implantés, les poils peu nombreux au niveau de la tête des

sourcils sont plus fournis vers la queue. Les paupières supérieures

sont gonflées, surtout sur la gauche. Les cils sont longs, réguliers

et agglutinés par une sécrétion jaunâtre, ceux de la paupière infé-

rieure sont plus rares et plus courts ; les fentes palpébrales sont

peu ouvertes. Les yeux sont mobiles dans toutes les directions sans

aucune lésion. Les iris ont une couleur d'un gris bleuté, les pupilles

sont égales et réagissent bien à la lumière et à la distance. Le

nez est épaté, large, effondré (nez camus)1,; les narines sont larges

la racine du nez est tout à fait' déprimée. La bouche est grande,

presque constamment ouverte, cependant la langue ne pend pas

et la salive ne s'écoule pas au dehors; les lèvres sont épaisses,

l'inférieure est pendante.

Etat des maxillaires et de la dentition. Les maxillaires sont

marqués de prognathisme alvéolaire. Le maxillaire supérieur pré-

sente en particulier un abaissement très marqué de la voûte pala-

tine, semblant indiquer un état pathologique des fosses nasales

postérieures.

La courbe alvéolaire offre 11. chaque maxillaire un grand déve-

loppement, ce qui détermine l'évolution défectueuse des. dents

permanentes.

Les bords alvéolaires soutrecouverts,surtont au niveau dumaxil-

laire inférieur, par un chaos de dents temporaires et permanentes

chevauchant dans toutes les directions. La plupart des dents tem-

poraires, à ce maxillaire, sont encore en place soit entières avec

leur couronne, soit privées de celle-ci. Les dents permanentes ou

de remplacement ont fait éruption en avant ou en arrière de

l'alignement des premières.

Les dents permanentes sont de volume et de constitution

normaux. Les dents temporairesétaientplutôt réduites devolume.

En résumé : 1° anomalie des maxillaires et de la voûte palatine;

2° anomalie des dents temporaires; 3° anomalie d'éruption de la S

1 C'est pour montrer la différence de forme du nez de la malade de

celle du nez de ses père et mère que nous avons mentionné, détail qui

a pu paraitre insignifiant mais qui a, au contraire, sa valeur, que ceux-

ci avaient le ne aquilin. ,

22 4.) 1 thérapeutique.

deuxième dentition (anomalie de siège) avec anomalie de nom-

breuses dents temporaires'.

La voûtepalaline est large, peu profonde, les amygdales ne sont

pas volumineuses, la luette est longue. Le menton, court et

large, se continue insensiblement avec les joues, celles-ci sont

larges, tremblotantes, épaissies par l'infiltration graisseuse.

Les oreilles, peu écartées de la tête, sont bien ourlées, le lobule

est nettement dessiné, légèrement arrondi et à moitié libre.

Le cou est court; sa circonférence est de 5 centime très; on sent très

bien les cartilages cricoïde et thyroïde et au-dessous les anneaux

de la trachée, mais on ne trouve pas de traces de la glande thyroïde

Thorax. --Il est assez développé, un peu étroit transversalement,

large d'avant en arrière; sa circonférence, prise à 2 centimètres au-

dessous des mamelons, est de 53 centimètres. On note une légère

dépression de la région sternale; il n'y a pas de chapelet rachitique.

Le dos est arrondi, les épaules sont peu saillantes.

La colonne vertébrale forme une saillie notablement exagérée au

niveau de la partie inférieure du cou et de la partie supérieure

du dos; il existe également une légère convexité à gauche des ver-

tèbres dorsales. L'ensellure est assez accusée mais n'est pas aussi

exagérée que chez les autres idiots myxoedémateux. L'épaule gauche

est un peu affaissée et la droite relevée. La percussion et l'aus-

cultation né décèlent rien d'anormal dans les poumons et le cceur.

L'abdomen est volumineux, saillant, proéminent. L'ombilic

forme une petite saillie. Les fesses, par rapport au volume exagéré

du ventre, semblent petites..

Les glandes mammaires ne sont pas perceptibles, l'aréole est

pâle et a près d'un centimètre de diamètre. Toute la région pecto-

rale est infiltrée de graisse.

Organes génitaux et puberté. - Le pénil est glabre, moyennement

adipeux, saillant. Les grandes lèvres sont assez volumineuses; les

petites lèvres triangulaires. Fourchette assez développée, fosse na-

viculaire profonde, orifice hyménéal circulaire, étroit. Muqueuse

vulvaire pâle; aucune sécrétion pathologique. L'anus et les ais-

selles sont glabres.

Les membres sont petits, gros, épais et relativement courts par

rapport au tronc; la disproportion cependant est moins accusée

chez elle querellez les malades précédents. Aux membres supérieurs,

nous n'avons à noter que l'épaississement des mains.

Aux membres inférieurs signalons une légère incurvation à con-

cavité interne des jambes et le rapprochement des genoux en

dedans, l'épaississement de la peau des pieds et son aspect violacé.

Sur tout le corps la peau est pâle, jaunâtre, cireuse, principale-

ment à la face; elle est douce au toucher et n'offre pas, quant il

' Note de M. le D' Bouvet, médecin-dentiste à l'hospice de Bicêtre.

TROIS cas D'IDIOTIE MYXOEDÉMATEL'SE. 23

présent, de desquamation furfuracée. Pas d'hypertrophie sen-

sible des ganglions. La sensibilité générale semble légèrement

obtuse, ce qui tient peut-être à l'état intellectuel de l'enfant. Elle

est très sensible au froid 1.

Digestion. Appétit médiocre, difficile dans le choix des aliments;

n'aime pas le vin, préfère la soupe et les légumes. Elle se sert de la

cuillère et de la fourchette mais ne peut découper la viande; la

mastication est très lente et imparfaite. Pas de bave, ni de suc-

cion, ni vomissements, ni rumination; constipation habituelle.

Elle gâtait presque toutes les nuits dans le commencement de son

séjour (elle est devenue propre au bout de quelques semaines).

Elle marche assez bien, à la condition d'être toujours tenue par

la main; le pas est encore mal assuré. Elle a une assez grande

répugnance pour le mouvement, préfère demeurer assise.

La physionomie est douce, mais sans expression. L'enfant répète

le nom d'un grand nombre d'objets, répond oui ou non aux ques-

tions qu'on lui adresse, mais ne fait pas de phrases. Elle parait peu

affectueuse et ne montre aucune joie quand ses parents viennent

la voir, aucun chagrin 'lorsqu'ils s'en vont; ne s'amuse qu'avec sa

poupée; elle ne sait ni s'habiller, ni se déshabiller, elle est con-

tente lorsqu'on la nettoie. Le caractère est plutôt triste, elle est

très susceptible, pleure à la moindre contrariété. L'attention est

assez difficile à fixer. La mémoire parait très bornée.

Pseudo-lipomes des aisselles et du cou.

24 . thérapeutique.

ment a été commencé le 31 mai. Un demi-lobe de corps thyroïde

du mouton.- Poids : 15 kg. 500. Les modifications de la tempéra-

tu7,e,.du poids et les doses de la glande ingérée sont représentées

sur le tracé n° 3 en rouge, bleu et vert, comme sur les autres tra-

cés. La température a commencé à s'élever le neuvième jour; elle

n'a jamais dépassé 37°,9. Le treizième jour, on notait une dimi-

nution de poids de 500 grammes.

13 juin. - Le ventre diminue, l'enfant est maussade, pleure

pour un rien, est très énervée et mange moins. Secousses dans les

membres supérieurs.

14 juin. Les secousses continuent dans les membres supérieurs.

Inappétence, vomissements. Suspension du traitement.

c 16 juin. - Gang)... est redevenue gaie et plus qu'elle ne l'avait

jamais été; elle joue plus qu'à l'ordinaire. Avant le traitement,

elle marchait seule, mais très difficilement et il fallait l'exciter

pour la faire marcher sans soutien. Aujourd'hui sa répugnance

pour le mouvement a disparu; elle essaie de marcher spontané-

ment ; elle titube souvent et pousse un petit cri chaque fois qu'elle

manque de tomber, elle recommence d'ailleurs aussitôt.

25 juin. Gang)... est plus agile. Naguère elle voulait toujours

demeurer au lit, maintenant elle demande à se lever; elle est tou-

jours gaie, cherche à causer un peu avec tout le monde et fait des

petites réflexions. '

5 juillet. Le traitement a été suspendu depuis huit jours

parce qu'on a manqué de glande thyroïde; on le reprend aujour-

d'hui.

12 juillet. - Gang ! ... prend difficilement sa glande; il faut, pour

la décider, lui donner un peu de vin, qu'elle avale aussitôt après

l'ingestion. Elle est très gaie, beaucoup plus vive, elle bavarde

continuellement. En classe elle est même dissipée et dissipe les

autres. Elle est devenue câline; sa parole est plus nette : .

25 juillet. - L'appétit est bon, la marche est plus assurée, la

physionomie est plus éveillée, le teint est moins jaunâtre.

Septembre. Gang ! ... est plus alerte, sa marche est de plus en

plus ferme, elle prêle plus d'attention à l'école, elle semble moins

sensible au froid, elle devient joueuse.

Voix. Avant le traitement, l'enfant avait une voix très faible

comme timbre et comme étendue (quatre notes). Le 14 juin, la

voix est plus sonore. Le 24 juillet l'enfant a gagné trois notes,

une en bas, deux en haut (ce qui fait une étendue de sept notes).

La peau est blanche, sans aucun caractère myxoedémateux, les

paupières sont tout à fait dégonflées ainsi que les joues; les lèvres

sont rosées; la physionomie est éveillée; les cheveux sont doux au

toucher, le cuir chevelu est intact. On sent encore la fontanelle

dans une longueur d'environ trois centimètres et une largeur un

peu plus grande sous une forme étoilée. A aucune époque du trai-

r

TROIS cas D'IDIOTIE MYXOEDÉMA.TEUSE. 25

tement on n'a remarqué de sueur; on n'a noté qu'une très légère

desquamation.

Sa taille, qui était de om,89 avant le traitement, est maintenant t

de 0 ? 95.

Les symptômes dus au médicament se sont succédés

ainsi : dégonflement des paupières, amaigrissement,

élévation de la température rectale qui, au lieu de

rester au-dessous de 37° ainsi que cela est la règle

chez les idiots myxoedémateux, monte à 38° et au-

dessus, tremblement, faiblesses lypothymiques, sueurs

profuses remplaçant la sécheresse habituelle de la

peau; affaiblissement des jambes, augmentation du

tremblement, tachycardie, vomissements, agitation,

excitation, diminution du volume de la langue et de

la coloration violacée des lèvres, poussée plus rapide

des ongles, disparition des croûtes de la tête, desquama-

tion des mains et des pieds qui perdent leurs carac-

tères pachydermiques, coloration de plus en plus na-

turelle de la peau qui perd sa teinte jaune de cire,

diarrhée au lieu de constipation. Tous les mouvements

s'assouplissent : la préhension est moins lente ; la

marche plus légère et plus rapide. La taille se déve-

loppe ; la sensibilité au froid diminue.

Au point de vue intellectuel, nous avons à relever

l'excitation, les accès de colère inhabituels se substi-

tuant à la torpeur, davantage de spontanéité. L'hé-

bétude disparaît, la physionomie est plus éveillée,

plus expressive et traduit les émotions qui, jusqu'alors,

ne se manifestaient par aucun changement sur un

masque toujours impassible. L'aptitude au travail sco-

laire augmente.

Nous avons fait faire toutes les semaines la photo-

26 THÉRAPEUTIQUE.

graphie, en groupe, de ces trois malades, nus. Ces

photographies, que nous faisons passer sous vos yeux,

mettent en parfaite évidence les heureuses modifica-

tions produites par le traitement.

Les tracés résument bien les changements survenus

dans la température et dans le poids des malades. La

température s'élève et dépasse la normale sous l'in-

fluence du traitement, s'abaisse et tend à revenir à son

degré antérieur, c'est-à-dire au-dessous de la normale,

pendant les suspensions du traitement. Le poids di-

Fig. 13.

Les trois malades au milieu de juin 1895.

TROIS CAS D'IDIOTIE iYYXOEDÉMATEUSE. 27 Î

minue durant l'administration de la glande thyroïde et

augmente durant les suspensions.

Tous les symptômes, en particulier la diminution de'

poids, l'élévation de la température, les accidents nerveux,

la tachycardie, etc., et partant la nécessité de la suppres-

Q)

sion momentanée du médicament, ont été très accusés

chez le malade de trente ans (OBS. 1), moins prononcée

chez celle de vingt ans (OBs. II) et encore moins chez

elle de quatorze ans (Cas. III). -La dose a varié d'un

demi-lobe à un lobe de glande thyroïde du mouton.

Fia. 11.

Les trois malades fin septembre 1895.

t) 8 MÉDECINE LÉGALE.

L'action de là glande, dans ces cas, est indiscutable,

et, en raison de l'effet produit, il convient de sur-

veiller son emploi avec soin, afin d'éviter des accidents

qui pourraient devenir mortels.

Nous avons insisté naguère sur le rôle important

que, selon nous, jouait la glande thyroïde sur la nutri-

tion de l'organisme', en particulier du cerveau (d'où

l'idiotie), sur le système osseux (d'où le nanisme, la

persistance de la fontanelle antérieure, la déformation

des os des membres, l'état particulier des os 2, etc.),

sur le système cutané, enfin sur la génération (absence

de puberté, etc.). Ces idées sont confirmées par les

phénomènes obervés chez nos trois malades, surtout

.les deux dernières, qui ont éprouvé une véritable

transformation : l'accroissement de la taille en fournit

la démonstration péremptoire 3.

MÉDECINE LÉGALE.

ATAXIE LOCOMOTRICE ET FOLIE SIMULÉES.

rapport MçDICO-LÉGAL;

Par MM. PAUL GARNIER et CHARLES VALLON,

Experts près les Tribunaux.

Delannoy, qui est âgé de 53 ans, est inculpé d'abus de

confiance et de vol; son histoire est des plus curieuses.

1 Compte rendu du service des enfants de Bicêlre, pour 1889, t. X,

p. 106, etc.

2 7&<W., 1891, t. XII; p. 34.

3 Ce travail a été communiqué au Congrès des aliénistes el des neuro-

10f/isles de Bordeaux au mois d'août dernier.

ATAXIE LOCOMOTRICE ET FOLIE SIMULÉES. 29

De sa famille nous ne savons rien ; sur son enfance et son

adolescence nous ne possédons non plus aucun renseigne-

ment précis. De 1877 à 1881, Delannoy est infirmier dans

divers établissements hospitaliers de Paris; de 1883 à 1889 il

passe encore la plus grande partie de son temps dans les

hôpitaux, mais non plus comme infirmier, il est devenu

malade, est ataxique, ou soi-disant ataxique. Le 1 -1 >août 1889,

il part de Paris avec le pèlerinage national pour arriver

le 19 à Lourdes ; le lendemain, dès sa première visite à la

grotte, il est guéri de son ataxie. Le D1' de Saint-Maclou 1 a

rendu compte de ce l'ait extraordinaire de la façon suivante :

* La guérison de Pierre Delannoy, qui. s'est opérée à

Lourdes, le 20 août 1889, au milieu d'une foule innombrable,

est la plus prodigieuse peut-être qu'ait vue l'année 1889.

Atteint d'ataxie locomotrice progressive, dont le diagnostic

avait été établi par nombre de sommités médicales et qui se

montrait rebelle à tous les remèdes, Pierre Delannoy est venu

il y a six mois à la grotte.de Masabielle et là, pieusement

prosterné devant le Très-Saint Sacrement, il a fait cette, sim-

ple prière : « Notre-Dame de Lourdes, guérissez-moi s'il vous

plaît et si vous le jugez nécessaire. » Puis il s'est relevé

complètement guéri. » ' i

Le D'' R. Petit, ancien interne des hôpitaux de Paris, pro-

fesseur à l'école de médecine de Rennes, : a publié en détail

dans les Annales de Lourdes*, l'observation de cette guérison,

sous ce titre : A taxie locomotrice, datant de six années guérie

subitement à Lourdes. Delannoy a eu aussi les honneurs du

roman, son cas est cité dans le livre de Zola, Lourdes.

A la suite de sa guérison, Delannoy resta pendant quelque

temps comme jardinier chez les Pères missionnaires ; puis un

beau soir il disparut, subitement sans même. prendre la peine

de réclamer les gages qui lui étaient dus. Le lendemain on

constata que 600 francs avaient été dérobés dans un chalet

dont Delannoy avait la garde.

Du 25 septembre 1891 au 24 décembre 1893, Delannoy a été

placé quatre fois à l'Asile clinique (Sainte-Anne), comme

aliéné. Pendant son dernier séjour il y aidait aux travaux de

ménage, chez le pharmacien de l'établissement, M. Quesne-

Dr de Saint-Maclou. - Les impiétés de Renan. (Annales de Notre-

Dame de Lourdes, 28 février 1890, p. 302.)

1 Annales de Lourdes, novembre-décembre 1889, janvier 1890.

30 MÉDECINE LÉGALE.

ville. Le 23 décembre 1893, il demande au D''Dubuisson une

permission sous prétexte d'aller chercher du travail en ville,

de façon à s'assurer des moyens d'existence pour le jour de sa

sortie définitive. Le lendemain matin de bonne heure il quitte

l'asile emportant dix-huit cent francs et divers objets de valeur

soustraits au pharmacien chez lequel il était occupé.

A cette occasion, le Dl Dubuisson, médecin de l'Asile Cli-

nique, dans le service duquel se trouvait Delannoy, fut invité

à rédiger un rapport médical dont voici les conclusions 1 :

« Tout porte à penser que, dès sa première séquestration,

Delannoy n'a été qu'un simulateur et, en admettant même

qu'il ait présenté au moment de ses différentes entrées quel-

ques légers troubles mentaux dus à l'alcoolisme, il en serait de

lui comme de tous les autres alcooliques que nous gardons

souvent longtemps après leur guérison, dans le but de les

déshabituer de l'alcool, et qui, du jour où ils sont guéris, de-

viennent, quoique séquestrés, tout aussi responsables de leurs,

actes que les personnes en liberté. » (27 décembre 1893.1

La .première fois que nous voyons Delannoy, à Mazas, il

simule les troubles de la marche que l'on observe chez les

individus atteints de la maladie de la moelle épinière, connue

sous le nom de tabes ou d'ataxie locomotrice. La simulation

est grossière. L'ataxique, quand il fait des mouvements,

dépasse le but ou ne l'atteint pas, aussi, quand il marche,

a-t-il continuellement les yeux fixés sur ses pieds pour en

régler la direction; Delannoy marche le nez en l'air regardant

de droite et de gauche. L'ataxique a une marche caractéris-

tique, il lance ses jambes en avant et en dehors, Delannoy

fait aller ses jambes de tous côtés, il gigote et titube comme

un homme ivre. Dans l'ataxie locomotrice il y a habituelle-

ment disparition, du réflexe rotulien ; chez Delannoy, les

réflexes sont normaux.

Interrogé sur les faits qui l'amènent devant la justice,

Delannoy prétend n'en avoir gardé aucun souvenir et malgré

nos questions pressantes il est impossible d'obtenir de lui

aucun éclaircissement sur ce sujet.

Huit jours plus tard, à notre seconde visite, Delannoy

marche mieux et avoue se rappeler, quoique vaguement, avoir

volé M. Quesneville ; quant aux circonstances dans lesquelles

' Ce rapport a été publié in exlenso dans le n' 14 du journal La nté-

decine scientifique, février 1894.

ATAXIE LOCOMOTRICE ET FOLIE SIMULÉES. 31,

il a commis le vol elles lui échappent, il avait bu la goutte, dit-il,

contrairement à son habitude, et il ne savait pas ce qu'il faisait.

A notre troisième visite, Delannoy marche à peu près cor-

rectement, en sorte que si nous avions pu avoir quelque doute

sur la nature des troubles locomoteurs observés chez lui, nous

serions maintenant complètement édifiés à cet égard. L'ataxie

locomotrice en effet a une marche progressive, elle est incu-

rable ; Delannoy a guéri à deux reprises ; la première fois

subitement à Lourdes en 1889, la seconde fois à Mazas en

quelques semaines sans avoir même suivi un traitement. En

même temps que la régularité dans les mouvements, Delannoy

a recouvert la mémoire, mais il se plaint de douleurs terribles ? ?

à la tête et à la nuque : Il nous explique que lors de nos deux

premières visites il était malade et n'a pu en conséquence

nous donner les renseignements que nous lui demandions,

mais maintenant il est bien, il est revenu à lui, il sait que nous

venons l'interroger au sujet de l'argent de M. Quesneville et il

est en état de nous répondre. « Le matin nous dit-il, j'avais bu

une bouteille de vin blanc, j'étais en train de faire le lit quand

tout à coup l'idée de prendre de l'argent et de partir m'est

venue ; il s'est passé dans ma tête quelque chose que je ne

puis définir. Je n'avais plus la tête à moi, la preuve c'est que

j'ai laissé le lit à moitié fait. (Delannoy insiste sur ce point

qui lui parait important.) Je me suis emparé d'un porte-mon-

naie et d'un petit calepin sans savoir ce que je prenais ; le soir

seulement en dînant, j'ai jeté un coup d'oeil sur leur contenu,

mais sans compter ; après diner je me suis amusé avec des

femmes puis je suis allé coucher avec une d'elles dans une

maison située près de la gare du Nord. Vers minuit un indi-

vidu s'est présenté disant qu'il était chez lui et m'a fait partir,

j'avais donné cinq francs à la femme; je me suis promené toute

la nuit sans savoir ce que je faisais. Le lendemain j'ai songé z

à compter ce qu'il y avait dans le porte-monnaie et le calepin,

ils ne contenaient plus que 600 francs, il manquait un billet,

de 500 frans que j'avais aperçu la veille, alors j'ai cherché la

maison où j'avais été avec la femme, mais je n'ai'pas pu la

retrouver. Je suis parti pour la fontière d'Espagne, j'ai été en,

différents endroits, mes ressources étant épuisées, j'ai dù rêve-,

nir à pied à Paris. En arrivant je suis allé à l'Asile Clinique

pour toucher mon pécule. M. Quesneville a envoyé chercher

des agents et on m'a arrêté. » , 1

32 ' - MÉDECINE LÉGALE.

Le système de défense adopté par Delannoy peut, on le voit,

se résumer ainsi : quand j'ai volé chez M. Quesneville je

n'avais pas la conscience de mes actes, la preuve c'est que

pendant longtemps je n'ai pu me rappeler ce que j'avais fait.

Étudions d'abord la singulière perte de mémoire dont Delan-

noy prétend avoir été atteint. Une amnésie brusque, totale,

comme celle-là ne s'observe guère qu'à la suite d'un trauma-

tisme cérébral grave, ou d'un ictus épileptique, Or, Delannoy

n'a subi aucun traumatisme ; il n'est pas épileptique : rien

dans son état présent, rien dans son passé ne peut faire sup-

poser qu'il est atteint d'épilepsie. D'ailleurs, une amnésie

survenue dans ces conditions est définitive, la lacune qui existe

dans la mémoire ne se comble jamais ; or, chez Delannoy, la

perte de la mémoire n'a été que temporaire, le nuage qui

obscurcissait une page de sa vie s'est peu à peu complètement

dissipé. C'est dire que l'amnésie dont Delannoy s'est prétendu

atteint n'a jamais existé, a été simulée.

Examinons maintenant cet autre point : Delannoy avait-il,

comme il assure, perdu la conscience de ses actes sous l'in-

fluence de l'alcool quand il a volé ? Certainement non et la

meilleure preuve c'est qu'il se souvient maintenant de toutes

les circonstances du vol, il se rappelle même ce détail qu'il a

laissé le lit à moitié fait. Or, qui dit mémoire d'un fait dit

conscience de ce fait. Qu'est-ce en effet que la mémoire ? C'est

la faculté de se rappeler un événement passé en le rapportant

à l'époque où il a eu lieu. Mais comment se rappeler un événe-

ment dont' on n'a pas eu conscience et qui. par conséquent n'a

pu se ûxer dans le cerveau ? C'est impossible. Delannoy ment

donc quand il prétend avoir agi inconsciemment, il ne saurait

y avoir de doute à cet'égard.

Quant aux- troubles des mouvements présentés par Delannoy

pendant trois semaines, ils ont été simulés, cela est certain.

Ils ne sauraient être rapportés à aucune maladie de la moelle

épinière, du cerveau ou- d'un organe quelconque. Ajoutons

qu'à aucun moment de sa vie Delannoy n'a présenté d'accident

pouvant faire supposer qu'il est atteint d'hystérie et qu'on ne

constate chez lui aucun, absolument aucun, des stigmates per-

manents de cette névrose.

Pour nous, Delannoy n'est atteint d'aucune maladie de la

moelle épinière, d'aucune maladie mentale ; nous estimons

que le vol dont il est inculpé ne saurait être mis sur le compte

COMMENT DÉBUTENT LES DÉGÉNÉRESCENCES SPINALES. 33

d'un trouble cérébral quelconque, car il ne présente en rien

les caractères d'un acte pathologique.

Quant aux accès d'aliénation mentale présentés autrefois

par Delannoy ont-ils été .réels ou au contraire simulés ? Nous

ne saurions, on le conçoit, nous prononcer sur une période de

l'existence de Delannoy qui n'a pas été soumise à notre obser-

vation, nous ne pouvons cependant nous empêcher de faire

-remarquer que le fait pour Delannoy d'avoir simulé devant

nous l'ataxie locomotrice et des troubles intellectuels permet

d'avoir au moins des doutes sur la'réalité des maladies men-

tales notées chez lui antérieurement. -Aussi sommes-nous

tout disposés à partager à cet égard la manière de voir de

notre confrère, le D'' Dubuisson. '

En résumé, nous dirons pour conclure :

Delannoy n'est pas atteint d'aliénation mentale ; rien n'au-

torise à penser qu'il était hors de raison au moment où il a

commis l'acte dont il est inculpé ; il doit donc en rendre

compte à la justice. 1 1 1

Delannoy- a comparu devant les assises de la Seine le

13 août il8895. A l'audience, il n'a pas essayé de simuler de

nouveau l'ataxie locomotrice, mais il a prétendu ne se souve-

nir ni de sa guérison miraculeuse, ni du vol-commis chez

M. Quesneville. L'interrogatoire a été très court. A la plupart

des questions du président, l'accusé s'est contenté de répondre :

A qui pourra-t-on faire croire qu'un ignorant comme moi ait

pu tromper aussi longtemps la science.

Delannoy a été condamné à quatre ans de

. V ? ' - " .'y ?

ANATOMIE PATHOLOU ?

COMMENT DÉBUTENT LES DÉGÉNÉRESCENCES SPINALES ; ·

· Par le D' M. KLIPPEL.

Chef de laboratoire de la Faculté de médecine.

(Clinique du professeur Joffroy.)

La question du début des dégénérescences dans la moelle

comporte deux points de vue : le premier est relatif à la topo-

AucmvEs, 2'sérient ? 3

34 ANATOMIE PATHOLOGIQUE. ·

graphie. Il aurait pour conclusion la systématisation des lésions, z

leur évolution dans une région définie, leur développement

suivant une loi physiologique et embryologique. Le second est

relatif à l'évolution histologique de Ja lésion dont l'élément

nerveux est le siège, prise dans les premières phases d'un pro-

cessus pathologique qui se poursuit. Dans ce cas peu importe

le faisceau et la localisation; le tube nerveux est le même

partout. C'est ce second point seulement qui fera l'objet des

lignes suivantes.

Nous savons très bien comment se termine le processus

dégénératif : il aboutit à la destruction de l'élément noble qui

est remplacé par un tissu nouveau qui, tantôt est une infiltra-

tion eéreuse, tantôt une prolifération névrologique et qui dans

les deux cas porte, peut-être à tort, le môme nom, celui de

sclérose. Par contre, il est assez rare qu'on ait l'occasion

d'observer dès leur début des lésions spinales qui évoluent sur

le mode chronique. Et même lorsque les malades ont présenté

depuis peu de temps des signes cliniques et qu'ils viennent à

succomber une affection intercurrente aiguë, est-on en droit

d'affirmer absolument que la lésion actuelle est tout à fait

récente ? Non, car il y a des raisons de croire que le processus

anatomique a débuté à une époque antérieure à l'apparition

des svmptômes. C'est ainsi qu'on peut rencontrer les altéra-

tions spinales que nous allons décrire chez des sujets n'ayant

présenté aucun signe clinique.

Nous avons déjà eu l'occasion d'étudier cette lésion qui

marque le début des dégénérescences les plus communes, dans

une courte note'; nous y revenons aujourd'hui en apportant

à cette étude des documents nouveaux après de nouvelles

recherches.

Cette lésion initiale, observée sur les tubes nerveux, peut se

résumer très brièvement de la façon suivante :

Sur des coupes transversales de la moelle épinière, se

montrent disséminés parmi des fibres saines des tubes nerveux

offrant les caractères suivants : tuméfaction, augmentation

notable du volume de la myéline par rapport à l'état normal et

par rapport aux éléments voisins ; transformation hyaline et

liquéfaction de la myéline se montrant d' abord exclusivement au

centre du tube nerveux, c'est-à-dire autour du cylindraxe, avec

disparition sur ce point des cercles concentriques normaux;

' Congrès des Aliénistes el Xe 11l'oloflisles. Clermoiit-Ferrand, 1894.

COMMENT DÉBUTENT LES DÉGÉNÉRESCENCES SPINALES. 35

contournement flexueux du cylindraxe en voie d'atrophie et se

présentant comme une ligne izzcuroée, au lieu d'apparaître

comme un point central. Plus tard désintégration granuleuse

et disparition de cet organe.

Ce sont là des caractères généraux. Mais suivant le degré

d'évolution de cette lésion ou l'aspect du cylindre d'axe on a

des types un peu particuliers. Voici la description que nous en

avons donnée dans notre première publication sur ce sujet :

Le tube nerveux comprend une gaine de myéline et un

cylindraxe. Invariablement la lésion débute par le centre du

tube nerveux où la myéline perd ses cercles concentriques,

tandis qu'elle les conserve encore à la périphérie du tube; elle

débute donc en ce qui concerne là myéline, autour du cylin-

draxe lui-même. Vu à un faible grossissement, avec ou sans

coloration préalable, le tube nerveux est remarquablement

augmenté de volume (oedème inflammatoire). Il semble hyper-

trophié par rapport à l'état normal et aux éléments qui l'en-

tourent. Il ne s'agit pas, en réalité, d'une hypertrophie vraie,

mais d'une tuméfaction, premier stade d'une lésion essentiel-

lement destructive.

Avec de forts grossissements, on constate du côté de la myé-

line d'autres détails forts significatifs; elle devient hyaline et

perd, en ce point, les cercles concentriques qu'elle offre à l'état

normal; quelquefois elle se transforme en boules très fines

qui donnent à cette portion centrale un aspect granuleux; la

coloration par le picrocarmin, la nigrosine, etc., est toujours

plus intense que dans la portion périphérique saine, mais

cependant sans atteindre le degré de coloration du cylin-

draxe qui, par le fait, reste très visible et bien distinct des por-

tions altérées qui l'entourent.

Mais la myéline n'est pas seule atteinte, et sitôt qu'on peut

constater les lésions précédentes, on observe déjà celle du

cylindraxe lui-même. Ceci parait conforme à ce qu'on sait de

la nutrition du tube nerveux pris dans son ensemble; le

cylindraxe, partie essentielle du tube nerveux, ne saurait

devenir le siège d'un trouble important sans que la myéline

s'altère à son tour, et réciproquement. Ce qui pourrait faire

admettre une lésion primitive du cylindraxe, c'est ce fait

signalé plus haut, à savoir que c'est précisément au voisinage

de cet organe que débute la lésion dégénérative de la myéline,

sa partie centrale étant déjà liquéfiée et transformée en boules

36 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

granuleuses, tandis que sa périphérie offre encore des caractères

normaux (cercles concentriques).

Mais quoi qu'il en soit du début de la lésion, soit par la por-

tion de myéline qui. confine au cylindraxe, soit par le cylin-

draxe lui-même, ce dernier présente des altérations des plus

remarquables et qui peuvent se résumer ainsi : Le cylindraxe

s'hypertrophie en même temps qu'il présente des flexuosités et

qu'il se contourne de façon à offrir sur les coupes des figures

tout à fait singulières. '

On sait que, sur la coupe transversale d'un tube nerveux,

cet organe apparaît comme un point occupant exactement le

centre du manchon de myéline dont il est l'axe rectiligne.

Or, ce qu'on peut voir dans le début des lésions qui nous

occupent, c'est une forme tout à fait différente : sur une coupe

transversale le picrocarmin ou la nigrosine font apparaître

un cylindraxe en forme de virgule, ou en forme de spirale,

ou en forme de cercle, ou de huit chiffre, ou d'S italique ou

encore sous un aspect plus sinueux et plus irrégulier. (Voyez

les figures ci-jointes.)

Les colorations par les réactifs habituels se font avec une

intensité normale, ce qui permet de distinguer parfaitement

la lésion. Cependant il arrive assez souvent que la myéline,

altérée au niveau du centre, prend une coloration plus foncée

qu'à l'état normal, mais cependant pas assez forte pour que

celle du cylindraxe cesse de trancher nettement sur les portions

environnantes.

En faisant varier la vis micrométrique, on constate facile-

ment que toutes les parties du '^cylindraxe ainsi contournées,

ne sont pas sur le même plan, ce qui se conçoit facilement,

et ce qui permet de conclure aux figures que l'on aurait en

faisant des coupes suivant la direction longitudinale.

Les bords des croissants, des virgules, des spirales, etc.,

LCG6\DE DES figures. Toutes les figures de la page ci-après repré-

sentent des tubes nerveux coupés transversalement. On y voit : 1° au

centre des cylmdraxes contournés en volutes, en S italiques, en vir-

gules, etc., ou comme dans la figure 7, le cylindraxe en voie de désin-

tégration moléculaire; 2° une zone centrale, voisine du cylindraxe

altéré, où la myéline, fortement colorée, a perdu ses cercles concen-

triques et est hyaline et liquéfiée; 3° à la périphérie une zone, où la

myéline a conservé ses cercles concentriques et n'a pas encore subi de

dégénérescence.

COMMENT DÉBUTENT LES DÉGÉNÉRESCENCES SPINALES. 37

Fin. 15.

Fig. 16.

F(1. 17.

1% i,g. 1 S.

Fifl. 19.

Fig. 20.

Fig. 21.

Fig. 22.

38 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

qu'on observe sont souvent irréguliers ^quelquefois on trouve

que ces bords sont hérissés de saillies et que les sinuosités

offrent sur leur trajet de petits renflements et des portions

rétrécies et effilées. Ces lésions indiquent déjà que non seule-

ment le cylindraxe est flexueux et contourné, mais qu'il est

encore en état de dégénérescence.

Mais il y a plus : dans les points les plus altérés il présente,

en effet, une fragmentation granuleuse, qui est le dernier

terme de la lésion avant la résorption complète. Le centre du

tube nerveux présente alors, au sein de la myéline liquéfiée,

une désintégration moléculaire composée de débris fortement

colorés par le réactif du cylindraxe. Beaucoup plus rare-

ment cet organe se présente comme un filet très grêle au milieu

de la myéline tuméfiée, ce qui indique qu'il peut y avoir sur

son trajet des portions plus ou moins atrophiées. Enfin, il

faut encore noter qu'en se contournant il peut être rejeté à la

périphérie du manchon de myéline; on a alors une figure

faisant croire à la coloration foncée d'un demi-cercle de myé-

line.

En cherchant à résumer les caractères de l'ensemble de la

lésion on voit qu'elle est constituée par un gonflement pseudo-

hypertrophique de l'ensemble de tube nerveux, par la désin-

tégration de la myéline débutant dans les parties les plus

voisines du cylindraxe, par le contournement flexueux de ce

dernier et par sa désintégration moléculaire plus ou moins

avancée.

On a sous les yeux le début d'un processus dont le. dernier

terme serait une destruction organique complète. Il est fort

remarquable de faire ces constatations à une période où il

n'existe encore que des altérations minimes du côté des vais-

seaux, du tissu névroglique et à un moment où la sclérose fait

défaut, le début de la lésion se faisant là par le fait dans l'élé-

ment nerveux lui-même.

Ces processus dégénératifs des tubes nerveux et qu'on

trouve reliés entre eux par des transitions, peuvent se diviser

pour simplifier la description en deux ou trois stades. Dans le

premier on observe le gonflement et le contournement du

cylindraxe avec les figures qui viennent d'être mentionnées;

dans le second la désintégration granuleuse, le morcellement

du cylindraxe apparaît, tandis que la myéline s'est liquéfiée

du centre vers la périphérie. Enfin la résorption* complète

COMMENT DÉBUTENT LES DÉGÉNÉRESCENCES SPINALES. 39

de ces gouttelettes et débris, marque en dernier le degré de

la destruction. -

Dans les maladies comme la paralysie générale par exemple

où la cellule nerveuse s'altère, on trouve dans les cornes de la

moelle épinière, des lésions de ces cellules qui peuvent être

considérées comme l'analogue de celles des tubes nerveux

et qui sont les premières périodes d'une lésion dont le dernier

terme est tout semblablement la transformation en corps

granuleux et la destruction complète.

Les granulations et les bâtonnets colorables par la méthode

de Nissl disparaissent ou se transforment d'abord en fines

granulations hyalines, le protoplasma devient homogène,

perdant ses réactions colorantes normales pour en acquérir

d'autres, se montre tuméfié ou clair, mais rempli de grosses

masses granulo-pigmentaires. Cette première phase est donc

représentée ici par une désintégration de la chromatine avec

tuméfaction du corps cellulaire et gonflement 'du cylindraxe

qui en sort. Plus tard la cellule ainsi altérée se présentera

avec l'aspect connu qu'on rencontre dans les atrophies de

longue date.

Ces lésions nous les avons rencontrées sur les tubes nerveux

dans un cas de tabes où la mort est survenue rapidement après

l'apparition des premiers symptômes, avant la période d'inco-

ordination, par tuberculose pulmonaire, en second lieu dans

quelques cas de dégénérescences secondaires à des foyers

encéphaliques et plus récemment avec M. Durante dans un

cas de sclérose combinée enfin et surtout dans la paralysie

générale : Aucune maladie n'offre peut-être des conditions

aussi favorables à ce genre d'étude. Presque tous les malades

de cette espèce ont des dégénérescences spinales, souvent elles

ne débutent qu'après les lésions cérébrales, de sorte qu'au

jour de l'autopsie, elles sont encore récentes. Il n'est donc pas

rare d'y observer la lésion dont la sclérose spinale n'est que

la suite et la phase ultime.

C'est en étudiant des moelles qui semblent d'abord indemnes

de lésions, qu'on rencontre çà et là cette altération naissante

et qui apparait alors avec évidence comme une première phase

tandis qu'au point de vue clinique, elle a évolué silencieuse-

ment. Elle se rencontre dans les points où va se produire la

sclérose, c'est-à-dire plus spécialement dans les cordons posté-

rieurs chez les paralytiques généraux, et dans les cordons

40 ANATOMIE PATHOLOGIQUE. .

latéraux dans les dégénérescences secondaires à des foyers

encéphaliques. ,

De plus, elle existe souvent dans la substance grise des para-

lytiques généraux, principalement dans la corne postérieure

où elle apparaît nettement sur les tubes nerveux qui ont été

coupés transversalement. C'est là une preuve de plus, disons-

le en passant, de l'altération des cornes de la moelle dans cette

maladie; altération sur laquelle notre maitre M. le professeur

Joffroy' et nous-même avons insisté.

Mais outre les cas où nous avons vu nous-même cette lésion,

on la rencontre décrite par d'autres auteurs, dans des maladies

à vrai dire, très différentes des précédentes et où on a

pu la considérer comme un processus particulier. Un peu

plus loin nous verrons encore que ces lésions ne sont pas sans

analogie avec ce qui a été décrit dans le début des myélites

aiguës, si elles ne sont pas identiques.

Dans l'anémie grave, dès 1893, Minnich a observé sur les

tubes nerveux de la moelle dont il a établi les lésions dans

cette maladie, des figures semblables à celles que nous venons

de décrire comme caractérisant la première phase des scléroses

communes. Dans un remarquable mémoire 2 cet auteur a donné

de ces lésions des figures très nettes, observées sur des coupes

transversales et longitudinales.

La même lésion pourrait, d'après Minnich, se rencontrer

dans la maladie d'Adisson ainsi que le montrent les observa-

tions de Tizzoni, de Fleiner, de Balès et Kalindero et aussi

dans une série d'autres maladies de la moelle où elle semble

une lésion surajoutée probablement dominée par un processus

d'infiltration oedémateuse. D'après Minnich cette dernière con-

sidération a une importance pathogénique et nous allons y

revenir.

Mais dès à présent, en considérant l'ensemble des maladies

où cette même lésion, avec ses caractères si nets et si tranchés,

a été observée, soit par nous, soit par d'autres, nous pouvons

conclure qu'il ne s'agit pas d'une forme spéciale, mais au con-

traire d'un processus banal paraissant à l'origine des maladies

les plus dissemblables sous d'autres rapports. C'est pour nous

une manière de se détruire du tube nerveux et de la cellule

' Contribution ci l'ancelonaie pathologique de la paralysie générale.

(Congrès de Médecine mentale. Blois, 1893.)

1 Minnich. Zeilsclu'illliil' klin med., t. XXII. 1893.

COMMENT DÉBUTENT LES DÉGÉNÉRESCENCES SPINALES. 41

nerveuse qui est commune aux lésions finalement destructives

de l'élément noble. Elle précède les scléroses, elle est à l'ori-

o-ine du tabes où elle se poursuit dans les cordons postérieurs;

à l'origine des dégénérescences wallériennes secondaires à des

foyers cérébraux; elle se montre dans les scléroses combinées ',

elle existait dans les observations de Minnich 2 au cours de

l'anémie progressive; elle a été vue par cet auteur et par

nous-même dans des processus scléreux déjà avancés où elle

apparaissait comme plus récente à côté d'une destruction déjà

parfaite.

Tout récemment encore nous la trouvons figurée sur les

planches du mémoire de Michaël Lapinshi' et ici elle apparais-

sait comme caractérisant la lésion récente dans une sclérose

en foyers disséminés.

Ce n'est pas tout dans des recherches sur l'oedème des centres

nerveux Rumpf a observé une lésion analogue.

Enfin pour terminer cette énumération déjà longue il nous

reste à jeter un rapide coup d'oeil sur ce qu'on observe dès le

début dans des processus aigus.

Si, ainsi qu'on vient de le voir, des examens histologiques

sont rares au début des scléroses spinales, il n'en est pas de

même dans les myélites aiguës où la mort fréquente et rapide

des malades a permis de surprendre le processus pathologique

dans sa première phase.

Du côté des éléments nerveux on y peut observer deux

ordres de lésions : d'abord ce sont des nécroses massives des

tubes nerveux et des cellules nerveuses. Cette nécrobiose peut

être très rapide; elle a été constatée après vingt-quatre heures;

elle relève soit des toxines sécrétées, soit d'oblitération vascu-

laire par artérite aiguë. ,

Dans d'autres cas, et c'est là ce qui doit fixer notre attention

comme se rapprochant plus des maladies à évolution lente, on

observe des modifications qu'on désigne sous le nom d'inflam-

matoires et qui sont caractéristiques quelle qu'en soit d'ailleurs

la pathogénie. Elles ont été établies par les travaux de L. Clarke,

de Charcot, de Joffroy, de Gombault, etc. Ce sont du côté des

1 Klippel et Durante. Revue de médecine, 1895, et Durante. Soc. Anal.,

1895.

1 Loc. cil.

3 Zeilschrifl fin- lilin. med., t. XXVII, 1895.

. Fliiger. Arch. fUr Physiologie, Bd. 26, cité par Minnich, loc. cil.

42 . ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

cellules multipolaires la tuméfaction, un état globuleux, une

transformation en corps opaques finement granuleux avec con-

servation du noyau, mais modification des réactions colo-

rantes, ou bien c'est un gonflement, avec protoplasma clair,

plus réfringent, moins granuleux, tuméfaction oedémateuse du

noyau qui prend un aspect bosselé. Dans les faits de ce genre

on peut aujourd'hui, grâce surtout à la méthode de M. Nissl,

constater qu'en pareil cas les granulations et bâtonnets de la

cellule sont détruits, liquéfiés dans la masse du protoplasma

et ne prenant plus par conséquent le réactif qui les colore et

les fait apparaître à l'état normal. Tout récemment des lésions

de ce genre ont été constatées par Ballet et IIenriquez 1

dans la paralysie diphtérique.

Dans la substance blanche, MM. Charcot, Joffroy, Ilayem,

Gombault, etc., ont noté la tuméfaction des cylindraxes des

tubes nerveux. Et cela non seulement au niveau du foyer de

myélite, mais plus loin sur des points paraissant affectés secon-

dairement. Le cylindraxe apparaît énorme tandis que la

myéline ne forme plus autour de lui qu'une mince enveloppe.

C'est cette même lésion que .\f. Joffroy a encore constatée au

voisinage des foyers de ramollissement aigu. Ces cylindres

d'axe hypertrophiés se trouvaient disséminés au milieu de

tubes sains. Et de plus le même auteur, poursuivant l'étude

de cette lésion, dans les myélites expérimentales, y a rencontré

les mêmes caractères de tuméfaction des tubes nerveux.

Au bout de quelques jours lI. \Iuller a vu une tuméfaction

moniliforme des cylindraxes dans une myélite aiguë trauma-

tique et ici encore la même altération se retrouvait avec des

caractères semblables, plus loin, dans des faisceaux atteints

de dégénérescences descendantes.

La même tuméfaction est signalée par Charcot et Joffroy

dans l'inflammation qui suit ou précède 1'liémorrlia-ie aiguë

de la moelle. Enfin cette tuméfaction des cylindraxes a été

rencontrée au cours de processus aigus, en dehors de toute

lésion de névroglie; les éléments nerveux apparaissaient les-

premiers frappés.

Telles sont les lésions du début des processus aigus. Ce qui

nous intéresse c'est le gonflement des éléments nerveux. Cet

état pseudo-hypertrophique qui loin de représenter .une surac-

1 Congrès de médecine de Bordeaux, 1895.

COMMENT DÉBUTENT LES DÉGÉNÉRESCENCES SPINALES. 43

tivité de fonction est la première phase de la destruction que

nous avons retrouvée avec les caractères analogues sinon iden-

tiques dans le premier stade des lésions chroniques et irrépa-

rablement destructives.

Les différences qui séparent ce mode de destruction aiguë

de la première phase des lésions chroniques consistent surtout

en ce que, dans les lésions aiguës, le cylindraxe apparaît

comme tuméfié à un très haut degré, entouré qu'il est par un

étroit cercle de myéline. Mais dans le début de l'état chronique

on peut voir aussi cette tuméfaction bien qu'à un faible degré.

On ne retrouve pas non plus signalée cette liquéfaction débu-

tant par le centre de la myéline au voisinage du cylindraxe.

Mais à part ces particularités, la lésion prise dans son début

offre de frappantes analogies avec l'état chronique.

C'est pourquoi on est en définitive autorisé à croire que dans

la plupart des cas le mode de destruction de l'élément nerveux

est le même à son début, si diverses que soient les maladies

envisagées dans leur cause et leur évolution ultérieure. Les

maladies sont nombreuses, les manières de se détruire des élé-

ments anatomiques sont infiniment plus restreintes. La lésion

qui nous occupe est donc la façon la plus commune de se

transformer et de disparaitre des éléments nerveux. Elle

marque le début, non d'un processus plus ou moins spécial,

mais du plus grand nombre des dégénérescences communément

observées dans la moelle.

Elle précède la sclérose et la prolifération névroglique qui

la suit, suivant le cas, de plus ou moins près. Souvent lors-

qu'on la constate avec netteté, on peut déjà découvrir dans le

tissu connectif un léger degré d'infiltration oedémateuse qui va

de plus en plus s'étendre, mais sans que la lésion primitive de

l'élément nerveux lui-même soit commandée par celle du tissu

ambiant.

Peu à peu un tissu de sclérose à forme myxomaleuse ou

inflammatoire va remplacer le tissu nerveux insensiblement

détruit et constituer un espace dans lequel on ne trouve plus

que des tubes nerveux absolument sains, mais disséminés et

éloignés les uns des autres; le reste de la substance nerveuse

ayant disparu complètement.

Notre conclusion sera qu'une même lésion dont nous avons-

tenté d'indiquer les caractères et les phases successives est à

l'origine d'un très grand nombre de dégénérescences spinales

44 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

en ce qui concerne les tubes nerveux. Il parait en être de même

des cellules nerveuses puisqu'il nous est permis de rappro-

cher les lésions que nous avons rencontrées au début des

processus chroniques de celles qui ont été décrites par d'autres

auteurs dans un grand nombre d'empoisonnements réalisés

expérimentalement J.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

I. La surdi-mutité au point DE vue clinique; par James KERR Love.

(British médical journal, 24 nov. 1874.)

L'auteur demande que des médecins auristes soient attachés aux

institutions d'éducation pour les sourds-muets afin de faire le

départ exact des causes organiques de la surdité et de pratiquer les

interventions opératoires ou faire les prescriptions hygiéniques et

thérapeutiques spéciales découlant de ces examens physiques

méthodiques. Il appelle l'attention sur l'importance des exan-

thèmes et de la rougeole par exemple comme cause d'affections

auriculaires secondaires précoces. Il propose de prohiber le mariage

entre sourds-muets congénitaux et demande que les sourds-muets

des institutions spéciales fassent l'objet d'examens nécroscopiques

rigoureux pour élucider les causes anatomo-pathologiques de la

surdi-mutité. A. M.

II. UN cas DE maladie DE Friedreich, ataxie héréditaire avec

nécropsie; par Michell CLAME. (British médical journal, 8 décem-

· bre 1894.)

Les altérations anatomiques affectaient particulièrement les

cordons postérieurs dans le voisinage,de la commissure latérale avec

épaississement de la.pie-mère et des vaisseaux, diminution de

volume de la moelle malgré une prolifération névrologique

exagérée. Ces lésions étaient diffuses ce qui explique que, malgré

leur degré peu avancé relativement, l'extension en ait pu produire

des symptômes cliniques accentués. Une tumeur cérébelleuse les

1 Nous citerons en particulier le mémoire de Koloman Pàndi sur

l'empoisonnement par le brome, l'antipyrine, la nicotine, etc. (Al'ch. hon-

groises de médecine, t. II.)

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 45

compliquait, assez développée pour avoir permis le diagnostic du

vivant, hérédité convergente. A. M.

lit. UNE épidémie DE paralysie infantile; par Andrew MACPHAIL.

(British médical journal, 1 déc. 1894.)

Celte épidémie observée en Amérique dans l'Etat de Vermont

atteignit 120 enfants en trois mois de juin en août 1894.

46 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. -

reprendre la marche sans béquilles. Dans le soixante-deuxième

congrès de British medical association tenue à Bristol en 1894, cette

question des interventions chirurgicale sur la colonne vertébrale a

fait l'objet d'une longue discussion relatée dans le numéro d'oc-

tobre 27 du British médical journal, 18\J't. A. )1.

VII. L'ataxie, symptômes de diverses maladies. (British médical

Association, Meeting de Bristol, juillet-août 1894.)

Sur un rapport de Ormerod, l'ataxie locomotrice fait l'objet

d'une longue discussion entre MM. Miche ! Clarke, W. Gordon,

Williams Dawson, et Waldo.

La théorie sensitive de Leyden, motrice de Erb et cérébrale de

Jendrassik sont passées en revue ainsi que l'ataxie cérébelleuse. Les

cas d'ataxie par névrite périphérique de Déjerine sont rappelés et

l'ataxie semble, pour les auteurs précités, devoir se ramener à un

symptôme y compris l'ataxie des tubes que nous considérons avec

Charcot comme entité morbide distincte. A. M.

VIII. Névrite multiple chez L'rnrasr; par l. Mackey. (British médical

journal, 2 août 1894.)

C'est le cas d'un enfant de six ans, atteint de parésie doulou-

reuse ; des membres, consécutive à une rougeole considéré d'abord

comme rhumatisant, il fut ensuite pris pour un cas de paralysie

de Landry. Au bout de deux mois, il présentait des phénomènes de

contractions douloureuse empêchant l'extension passive et la

flexion, douleur à la pression le long des troncs nerveux en parti-

culier sur le trajet du nerf sciatique gauche. Les muscles du tronc

étaient également parésiés et douloureux et l'enfant ne pouvait au

lit changer de positions. Mais en greffe pas 'de dysphagie, urine

normale, circulation, respiration normales, guérison au bout de

huit mois après traitement par les toniques, la faradisation, le

massage. L'auteur conclut à une névrite périphérique par auto-

intoxication. A. M.

IX. Maladie D'A nDISO : '<1 et capsules surrénales : par A. G. AULD.

(British médical journal, oct. 1894.)

L'auteur s'appuyait sur l'anatomie comparée, l'expérimentations

par l'extirpation sur des cobayes et les examens microscopiques

chez l'homme, conclue à une altération particulière du sang con-

sécutive à l'altération ou suppression des capsules surrénales. C'est

ainsi que dans la maladie d'Addison le sang se caille difficilement

et l'es globules ne se forment plus en rouleaux et piles. Les liquides

de l'organisme sont secondairement modifiés, en particulier le

liquide céphalorachidien, d'où les hydropisies et exsudats ventri-

\

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 47

culaires, les tissus et eu particulier la peau s'altèrent, des throm-

boses capillaires se produisent et des pigments dérivés de l'hémo-

globine se déposent dans les tissus qui prennent la teinte bronzée

caractéristique. Les capsules surrénales sont l'objet d'une longue

et magistrale étude par Rolleston dans les deux numéros de Mars.

, A. M.

X. Archives cliniques. (dondon Clinical Society.)

l. Observation de Sclérodermie ; par II EnllI1\GII.IM. C'est un

marin de trente-six ans, plongeur depuis seize ans; atteint de

sclérodermie traité successivement par les onctions huileuses et la

pilocarpine. Traces d'albuminurie, amélioration. Pas d'accidents

Illlllllatoïdes mais raideur des doigts et des coudes. Le Dr Duck-

worth n'obtient aucun résultat de l'emploi, l'extrait thyroïdien dans

un têt cas.

II. Atrophie primitive des muscles du tronc et des membres ; par

13.RLO ? C'est un cas de paralysie de Erb avec lordose chez un

enfant de cinq ans, résistance marquée à l'action excitatrice des

contractions par la faradisation, pas de réaction de dégénérescence,

réflexe patellaires atténués, sensibilité conservée, intelligence

relative, pas de cause héréditaire appréciable, frères et générateurs

normaux.

III. Ispilepsie traumatique et trépan; par BUTLIN. Observation

d'un homme atteint d'épilepsie consécutive à une chute avec plaie

pénétrante du crâne, opéré du trépan, il présentait au niveau du

centre des mouvements de la face et du bras dans l'hémisphère

gauche un caillot sous-duremérien comprimant la corticalité

déprimée. - .

L'opération réussit et l'épilepsie guérit. MM. Pearcegould et

l3arher citent un cas semblable.

IV. Acromégalie et maladies de Grâces. Deux observations,

l'une d'acromégalie relativement récente et améliorée par l'arsenic

(IIarry Campbell), l'autre de basedowieu ayant présenté des

polypes nasaux dont l'extirpation fut suivie d'amendement des

symptômes de la maladie de Graves (Scanes Spicer). Le D'' Stoker

a cité un cas de goitre simple avec polype nasaux où l'extirpation

des derniers fit disparaître le goitre en deux mois.

V. Deux cas de- luxation spontanée de la hanche chez des tabé-

tiques au débat.- L'un d'eux s'était réveillé dix ans auparavant

avec la hanche luxée sans fracture. Actuellement âgé de cin-

quante-huit ans, il ne présente que quelques douleurs fulgurantes,

un commencement de décoloration de la papille, l'atténuation

des réflexes et une difficulté à marcher les yeux fermés. (British

médical journal, 17 novembre 1894.) or Marie. z

48 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

XI. Paralysie laryngée dans LES affections NERVEUSES

CHRONIQUES; par W. PER11ENAN.

L'auteur conclut à la fréquence des altérations fonctionnelles du

larynx dans la paralysie générale. Les adducteurs seraient les

muscles le plus souvent atteints par la paralysie. Il n'est pas néces-

saire que la paralysie générale soit associée au tabès, les altéra-

tions cérébrales pouvant s'étendre aux noyaux encéphaliques et

bulbaires correspondants. (British médical journal, 24 novem-

bre 1891·.) A. M.

XII. Cas d'arthropathie DE CHARCOT avec ulcères perforants

plantaires chez un tabétique; par Henry `ALDO. (British medi-

cal journal, 1 CI' décembre 189.)

C'est une athropathie du genou gauche avec ulcères plantaires

multiples. Les symptômes tabétiques sont peu accentués en dehors

de cela et de crises gastriques ayant-cuïncidé avec l'arthropathie et

l'éclosion des maux perforants. A. M.

XIII. Acromégalie ET OSTÉO- : 1RTIIROI' : 1THIES; par G. Murray.

(British médical journal, 9 février 1894.)

L'auteur cite trois cas, dont un avec diabèle, un autre avec

hypertrophie marquée du thyroïde, du thymus et de la pituitaire

enfin le troisième avec accidents arthritiques et pulmonaires

(hypertrophie pulmonary, osteo-arthritis de J. Hutchinsou.) A. M.

XIV. Surdité fonctionnelle; par H.\USOUR et William DALBY.

(British médical journal, 2 et 16 mars 1895.)

Ce sont deux cas de surdité hystérique avec mutisme dans l'un.

L'un et l'autre symptômes disparurent brusquement comme ils

étaient venus sous l'influence d'une émotion vive. A M.

XV. Perforation DE la base du crâne ET amnésie ENTNRO-RL'rROGR : 1DE;

par Horace ABEL et ConiAN(jOrt/t6/t médical journal, 16 février

1895.)

C'est un chauffeur de trente-six ans qui, en tombant de sa ma-

chine, se perfora la joue droite avec le bec d'un huileur. Tout

d'abord il eut des phénomènes paralytiques du côté gauche qui

cédèrent en partie et il subsista une amnésie avec hébétude et mic-

tion inconsciente. Il ne reconnaissait aucun des siens, ni les

objets de l'usage le plus courant.

Le souvenir des vingt années précédentes était effacé de sa mé-

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 49

moire, car il se disait laboureur, qu'il avait réellement été vingt

ans avant. Finalement l'amnésie se restreignit aux cinq dernières

années avec persistance de phénomènes hémiparétiques à eauche

avec mouvements choréiques. Emotivité spéciale persistante comme

dans les lésions circonscrites. A. M.

XVI. Trois cas d'abcès INTRACRANIENS; par Robert MURRAr. (British

médical journal, 5 janvier 1895.)

Dans ces trois cas d'abcès dont deux cérébraux et un cérébel-

leux, l'intervention chirurgicale eut plein succès. La méthode

opératoire fut celle de Horsley. C'est aussi cette méthode qu'ont-

employée MM. Outterson, Wood et Cotterelb dans un cas d'hémi-

plégie avec épilepsie. A. M.

XVII. Du diagnostic DES affections cérébelleuses; par Risien

Russel. (British médical journal, 18 mai 1895.)

L'auteur, s'aidant des recherches expérimentales sur l'animal

et passant en revue les travaux sur la question, étudie successive-

ment le symptôme incoordination et parésie motrice, les dévia-

tions oculaires et le nystagmus, l'attitude contournée, les rigidités

musculaires et spasmes convulsifs, les anesthésies et modifications

de réflexes. A. M.

XVIII. Traumatisme du front SUIVI d'aphasie, convulsions ET mono-

PLÉGIE brachiale droite; par RUSSE et PUIRERTON. (British

médical journal, 15 juin 1895.)

A la suite d'une chute de tricycle, les auteurs durent opérer le

malade du trépan ; une poche sanguine sous-dure-mérienne fut

ouverte et drainée : le malade 'guérit et ne conserva qu'un léger

embarras de la parole, selon toutes apparences transitoire. A. M.

XIX. Notes sur LE pronostic DE l'apoplexie par hémorragie

cérébrale; par Alf. BARRS. (British médical journal, 18 mai 1895.)

Conclusions : Une triple indication capitale s'impose pour éclairer

le pronostic ; l'examen de l'état du rein, la recherche du signe de

Cheyne-Stokes et de celle de l'hyperpyrexie. Des trois, l'étude de

l'état du rein est la plus importante. Dans un cas d'apoplexie par

hémorragie d'un hémisphère, s'il y a altération du rein, hyper-

pyrexie et respiration type Cheyne-Stokes, le malade est perdu.

Si aucun des trois symptômes ne peut être constaté, le malade

peut se rétablir. Les états toxiques ou infectieux équivalent à

l'altération de la fonction rénalé et à l'hyperpyrexie. A. 111.

Archives, 2e série, t. I. - 4

50 -REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

ZX. Dystrophies cutanées herpétiformes; par Jonathan Hutchinson.

(British médical journal, 28 juin 1895.)

L'auteur, groupant un grand nombre d'observations, décrit suc-

cessivement, avec photographies à l'appui, les distrophies herpé-

tiformes par névrite du~plexus cervical, de la cinquième paire, du

plexus brachial, des nerfs dorsaux,lombaires et sacrés, unilatérale

ou symétrique.

Il rapproche ces lésions, au point de vue anatomo-patholoâique,

des lésions de la maladie de Raynaud. A. M.

XXI. Diathèse urique ET névroses; par H. SUINT. (NU1'oloa.

Ccnt'cc161., XIII, 18rJ4.)

' Méthode chimique de Pfeiffer. Examen de 24 malades dont 17

atteints d'hystérie, neurasthénie et états semblables (tableau). A la

tendance d'excréter de l'acide urique libre, s'associaient dessymp-

tômes cérébrasthéniques, avec une remarquable fréquence. Mais

existait-il, en l'espèce, une diathèse urique latente, c'est ce que ne

permit pas de déterminer la méthode de Pfeiffer. Procédons par la

méthode statistique. Cherchons si, chez des arthritiques notoires

qui sont atteints de maladies nerveuses ou mentales, on trouve des

traits communs devant être mis à la charge de la diathèse urique.

Or,dans ces dix dernières années, nous avons reçu, sur 700 malades,

5 arthritiques atteints de diverses psycho et névropathies. Voici le

résumé de leurs observations. Eh bien, on n'en peut tirer de com-

plexus symptomatique d'ordre nei veux imputable iL-l'arthritisme;

il n'y a pas de névrose arthritique, et cependant dans les trois pre-

mières observations on constate qu'il y a eu dépression, puis épui-

sement psychique. C'est à contrôler par de nouvelles recherches.

. P. K.

XXII. Des sarcomes multiples du cerveau ET DES méminges spinales;

par A. Westpual. (Archiv f. Psychiat., XXVI, 3.) -

Observation avec anatomie pathologique. D'après les faits

connus dans la science, on a affaire, soit à des nodules sarcomateux

de la substance nerveuse même et des enveloppes des organes

centraux, soit à des néoplasmes limités aux enveloppes. Il semble

que les sarcomes n'aient que peu ou point de tendance à se propager

au tissu nerveux : ce sont des tumeurs très vasculaires, ne présen-

tant jamais d'altérations régressives. La symptomatologie est en

'rapport avec le siège et l'étendue des néoplasmes, bien que des

sarcomes très étendus du système nerveux central puissent souvent

ne donner lieu qu'à très peu de troubles fonctionnels. Mais en

général ils tuent très rapidement. Les deux tiers des observations

concernent l'enfance ou les premiers temps de la puberté. P. K.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 51

XXIII. Contribution A la connaissance DE l'étiologie DE la para-

LYSIE faciale périphérique; par Il. Hatschek. (Ja/t)'6t<C/t. f. Psy-

chiat., XIII, 1.) .

Sur 80 cas de cette maladie, on compte 10 faits de récidive

(observations) sur l'un ou l'autre côté de la face indifféremment.

Pas de prédisposition sexuelle, ni d'hérédité. Deux exemples de

névrite (probable) diabétique. Le rôle de l'infection parait établi,

mais non celui de la syphilis. P. K.

11 ? Observation DE myélite aiguë dans la substance blanche;

par K. KilsTERMANN. (AI'chiv f. Psychiat., XXVI, 2.)

Observation de myélite transverse mais avec conservation de la

sensibilité tactile contrastant avec l'analgésie et l'anesthésie ther-

miqne. L'autopsie révèle une altération de la substance blanche

(déchéance du parenchyme et prolifération de la névroglie) de la

périphérie au centre, sans atteindre la substance grise. Dégénéres-

cence ascendante des faisceaux de Goll, de Gowers, et antérieurs;

dégénérescence descendante des faisceaux pyramidaux. Peut-être

s'agit-il d'une infection aiguë, mais de laquelle ? P. K.

XXV. LES maladies nerveuses fonctionnelles ET la syphilis ;

par P. ICON.1LE\\'SEY. (Archiv f. Psychiat., XXVI, 2.)

La syphilis peut agir directement sur le sang, les parois vascu-

laires (artério-sclérose), le tissu nerveux et détermine ainsi des

accidents nerveux, mais elle peut aussi exercer une action morale

(syphilophobie) et provoquer des désordres nerveux, par exemple

hystériques; enfin les agents pharmacodynamiques antisyphili-

tiques peuvent léser les tissus et aboutir à des névropathies.

P. K.

XXVI. Contribution A la pathologie du CERVELET; par M. ARNCT.

. (Archiv f. Psyc)ciut., XXVI, 2.)

Sorte de cirrhose cérébelleuse, c'est-à-dire atrophie des éléments

nerveux par multiplication des éléments du mésoderme et non de

la névroglie. Cette altération s'arrête en avant de l'olive céré-

belleuse restée presque normale, de même que les pédoncules

cérébelleux supérieurs. Le sujet de l'observation est un vieillard

de soixante-dix ans. Cette altération cérébelleuse aurait déterminé

des vertiges, de l'ataxie, du tremblement des mains, de la paresse

vésicale, de la dysurie, de l'affaiblissement des membres.

P. K.

5"6 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

XXVII. Sur une névrose observée dans les Indes hollandaises, LE

LA-1-All; par P.-C. vaN BREVO, second médecin à l'asile d'aliénes

de Buiteuzorg Java. (Allg. Zcitsclc·, fiil' Psych., 1895, LI, 5.)

On désigne dans l'Inde sous le nom de lalah une maladie dans

laquelle le malade parle ou exécute des mouvements malgré lui.

Ces mouvements accompagnent ou suivent des sons ou des mots,

généralement des expressions habituelles. Ils sont quelquefois causés

par la peur. L'intellect est indemne; les malades ont parfaitement

la conscience de leur mal. L'auteur n'a jamais trouvé chez ces

malades des traces d'hystérie ou d'épilepsie. Cette maladie se voit

dans l'Inde, surtout chez les femmes indigènes; les jeunes y sont

plus exposées que les femmes âgées. Elle est assez fréquente.

Ilammond l'a observée en Sibérie, où elle est appelée 11lYl'iachit.

L'auteur n'a trouvé dans la population féminine de l'asile que 3 cas

de latah. Il donne huit observations se rapportant à celte maladie,

et dit qu'on en voit tous les jours des cas dans les rues de Java. Il

s'agirait d'un affaiblissement de la volonté, impuissante à empêcher

des mouvements ou des paroles qu'on ne désire pas. Cet affaiblis-

sement s'explique dans l'espèce par les conditions d'infériorité

sociale et par une vie de privations. Le latah ne devrait pas être

identifié avec la maladie des tics de Gilles de la Tourette. On pour-

rait, avec Marina, l'appeler une myospasie impulsive imitatrice

provoquée. Il n'y a pas de thérapeutique spéciale. P. Sérieux.

SUR l'alexie DITE SOUS-CORTICALE; par Emile Reulicu. (Jahr-

biicher fv2r l'sychiatz·ie u. Neural., 1895, XIII, 2, 3.)

Il s'agit d'une variété d'aphasie que Wernicke a décrite sous le

nom d'alexie et Déjerine sous celui de cécité verbale pure. Cette

forme d'alexie consiste dans l'impossibilité de lire, la faculté

d'écrire restant intacte. L'importance du cas réside dans l'examen

anatomique minutieux. Le malade âgé de soixante-quatre ans,

accusait depuis longtemps une faiblesse de la vue consécutive à

une atrophie du nerf optique, mais qui ne l'empêchait pas de pou-

voir écrire. Il présenta en avril 1891 une parésie passagère des

deux membres inférieurs et du bras droit qui disparut bientôt.

En juin 1892, attaque d'apoplexie évoluant sans aucun symptôme

particulier. On constata alors une hémiparésie droite avec parti-

cipation de la peau et du sens musculaire de la main droite ; ces

signes disparurent après quelque temps. Comme signes permanents

on nota de la parésie, une hémianopsie droite et des troubles de

la parole. La compréhension de la parole, les fonctions purement

motrices du langage sont intactes. Le malade présente une manière

de parler caractéristique, il éprouve des difficultés pour désigner

les objets qu'on lui présente. Les troubles de l'écriture n'ont été

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 53

relevés qu'au début après l'attaque; plus tard le malade peut écrire

spontanément et sur dictée. Avec cela, alexie totale littérale et ver-

bale pour l'écrit et l'imprimé. Cet état dure sans modifications

appréciables jusqu'à la mort qui a lieu un an et demi plus tard il

la suite d'attaques épileptiformes et d'une bronchite grave. Ana-

lysant les signes observés, Hedlich trouve l'hémianopsie droite

caractéristique. 11 insiste sur les particularités de langage du

malade qui ne mettait pas beaucoup de précision dans son vocabu-

laire et qui, ainsi qu'on l'a remarqué chez d'autres aphasiques,

employait fréquemment les mots déjà prononcés quoique impro-

prement bien qu'il fût probable qu'il en connût le sens, 1'ecw'l'iny

utterance de Jackson. Ce malade présentait aussi le trouble que

Freund a décrit sous le nom d'aphasie optique et qui consiste dans

l'impossibilité dans laquelle se trouve un malade de désigner

l'objet qu'il voit quoiqu'il en connaisse l'usage. L'alexie du malade

était complète, elle portait sur les lettres et sur les chiffres. On

notait aussi un certain affaiblissement de la mémoire et du niveau

intellectuel. Pas de cécité psychique.

Autopsie. Atrophie du cerveau généralisée. Petits foyers sans

importance dans le lobe occipilai droit, foyer de ramollissement

étendu dans le lobe occipital gauche. Ce foyer s'étendait sur une

grande partie de la scissure calcarine, et des lobules lingual et

fusiforme. Il y avait aussi des modifications de la corne d'Am-

mon et de la circonvolution de l'hippocampe. Le foyer de ramollis-

sement du lobe occipital ne se bornait pas à l'écorce, mais portait

aussi sur la substance blanche. Le ramollissement avait envahi

aussi le bourrelet du corps calleux, la partie postérieure du tha-

lamus opticus et la queue du noyau caudé.

La convexité du lobe occipital et du lobe temporal était intacte.

Le territoire ramolli se trouve, au point de vue vasculaire sous la

dépendance de l'artère cérébrale postérieure, mais il ne porte pas

sur la totalité de son domaine, car le cuneus était intact. On pour-

rait donc admettre que l'oblitération a porté non sur le tronc prin-

cipal de l'artère, mais sur une de ses branches plus importantes.

A l'examen microscopique, le ramollissement et la dégénéres-

cence secondaire se mêlaient si intimement que la distinction en

était impossible. Le forceps minor était complètement détruit, le

faisceau optique était en grande partie ramolli et dégénéré secon-

dairement. Le forceps major est intact dans la partie supero-ex-

terne et complètement dégénéré dans sa partie médiane. Le

faisceau longitudinal inférieur est aussi ramolli dans ses parties

postérieures; ce faisceau important d'association est presque com-

plètement dégénéré. Le bourrelet du corps calleux est en partie

ramolli; il en est de même pour quelques parties du tapetum du

corps calleux. La partie convexe du lobe occipital est indemne,

même au point de vue microscopique. La corne d'Ammon n'est

'Jll4 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

pas ramollie sur les coupes antérieures, mais elle présente une

atrophie de ses faisceaux. Le fornix gauche présente des signes de

dégénérescence.

Interprétation des lésions. Par suite du ramollissement de la

scissure calcarine, les excitations optiques ne peuvent plus être

conduites dans l'hémisphère gauche. La destruction du forceps

qui a pour fonction de relier les deux territoires visuels, rend im-

possible la communication du territoire visuel gauche avec le

droit qui est intact. Le faisceau longitudinal inférieur qui établit

une communication entre le centre optique gauche et le lobe tem-

poral gauche (centre auditif du langage) étant lésé, le rapport

entre les excitations optiques qui arrivent dans l'hémisphère

gauche et le centre des sons est détruit. Le ramollissement du

bourrelet du corps calleux et du tapetum interrompt la communi-

cation du centre optique droit avec le lobe temporal gauche. Ces

lésions expliquent, d'après Redlich, l'alexie,mais il pense qu'il faut

abandonner le terme de sous-corticale.

Son malade ne peut lire parce que ses centres visuels droit et

gauche ne peuvent conduire des excitations au centre auditif de la

parole. La lésion du tapetum qui établit l'association entre le

centre visuel droit et le centre auditif est de la plus grande impor-

tance. L'écriture est une acquisition secondaire de la faculté du

langage, un appendice, pour ainsi dire, du mot parlé qui n'acquiert

jamais une indépendance absolue. Que l'association entre le mot

parlé et écrit vienne à manquer et alors le mot écrit est réduit à une

sensation optique. Telle serait l'explication de l'alexie du malade.

Pour ce qui est de la faculté d'écrire que le malade conservait

encore, elle pourrait s'expliquer de deux façons. On sait que Déje-

rine admet, en dehors du centre optique du lobe occipital, un centre

optique spécial, où seraient déposées les images optiques des lettres,

et qu'il le place, dans le pli courbe, en le reliant d'un côté avec

les deux centres optiques, et d'un autre côté avec les centres auditif

et moteur du langage. Ce centre étant lésé, il y a impossibilité de

lire et d'écrire; si la lésion, au lieu de porter sur le centre, porle

sur les voies de conduction aux deux centres optiques, il n'y a pas

d'agraphie. Redlich n'admet pas cette interprétation et pense que

son malade compensait la perte de l'association entre le contre

auditif et le centre visuel, grâce à l'association existant entre les

mots et les sensations musculaires des mouvements de l'écriture,

ces derniers pouvant quelquefois suppléer l'image optique. P. S.

XXIX. DE L'INFLUENCE qu'exerce l'inflammation traumatique DE

l'écorce cérébrale sur son excitabilité; par DE BECIITEtiEV.

(Neu)'o. Cnlrul6l., XIV, 1895.)

On fait une première fois agir sur le centre moteur d'un membre

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 55

(du singe) le courant faradique, et l'on note la force minima du

courant nécessaire pour obtenir une faible contraction musculaire

de l'extrémité du côté opposé; on note aussi la force minima du

courant nécessaire pour produire un accès d'épilepsie généralisé.

On extirpe alors tous les points excito-moteurs en rapport avec le

membre en question, et on laisse l'animal au repos. Il demeure

incomplètement paralysé de l'extrémité opposée aux centres

enlevés. Quelques jours plus tard, au moment où les phénomènes

paralytiques commencent à se dissiper, on électrise comparative-

ment les parties corticales lésées et les points symétriques de l'autre

hémisphère. On voit alors que l'excitabilité de l'écorce, au voisi-

nage de l'endroit détruit, est brusquement exagérée; il faut un

courant éminemment faible pour provoquer une contraction mus-

culaire ; un courant à peine suffisant chez l'animal sain pour

provoquer une très faible contraction musculaire, provoquera un

accès d'épilepsie ; fréquemment même, une simple excitation

mécanique, le contact de l'écorce par une éponge, provoquera des

contractions convulsives dans les membres de la moitié opposée du

corps. De plus, au voisinage de la partie de l'écorce totalement

enlevée, il s'est reformé un' centre cortical; par exemple, a-t-on

enlevé le segment moyen de la frontale ascendante, c'est-à-dire le

centre qui commande à l'extrémité antérieure, il suffit maintenant

d'exciter le bord du sillon de Rolando, région qui, antérieurement,

était tout à fait insensible au courant électrique, pour obtenir des

contractions marquées des groupes musculaires du membre en

question privé cependant de ses centres corticaux.

M. Shukow a déterminé les lois suivantes :

1° La période latente de l'excitabilité de l'écorce est considéra-

blement abrégée, la suite de l'inflammation traumatique; 20 l'hy-

perexcitabilité corticale déterminée par l'inflammation traumatique,

est amoindrie par la destruction des centres correspondants de

l'hémisphère de l'autre côté; 3° les centres moteurs néoformés sous

l'influence de l'inflammation sont- ils enlevés à leur tour, ils se

reforment encore dans les régions voisines de l'écorce, jusque

dans le territoire d'un autre centre.. P. KERAVAL.

XXX. Amyotrophie spinale PROGRESSIVE DE la première enfance;

par G. `VEftDNIG. (A1'chiv f. Psychiat., XXVI, 3.)

L'auteur essaie de constituer un. nouveau type indépendant de

la polynévrite, de l'atrophie musculaire névropathique progressive,

de l'atrophie musculaire Duchenne-Aran, de la sclérose latérale

amyotrophique, de la poliomyélite antérieure aiguë, appartenant,

au point de vue anatomo-pathologique, à la classe des dystrophies.

Il s'agit d'une affection atteignant souvent plusieurs enfants de

la même famille, débutant, dès la première année de la vie, sans.

56 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

symptômes infectieux, par de l'atrophie avec parésie de la région

qui englobe le bassin, les lombes, la cuisse, et s'accompagnant

d'obésité. Elle porte d'ahord sur le triceps crural, les fessiers, les

longs muscles vertébraux. L'enfant n'apprend pas à marcher et ne

peut se tenir debout sans aide. Puis l'atrophie avec la paralysie

^ gagne supra et infra, frappant des groupes musculaires s) mé-

triques. Ce sont successivement : les muscles de'la nuque et du

cou, ceux de la ceinture scapulaire, du système locomoteur du

bras sur le tronc, du bras, de la cuisse. Finalement sont pris ceux

des avant-bras et des jambes, et, en tout dernier lieu, les muscles

des mains et des pieds.

La paralysie, toujours flasque, progresse parallèlement avec

l'atrophie. Jamais il n'y a d'hypertrophie ou de pseudo-hypertrophie

des muscles. On constate, en outre, des convulsions fibrillaires, du

tremblement des doigts, des accidents bulbaires. Il y a diminution

de l'excitabilité électrique, réaction dégénérative, absence des

réflexes tendineux et, en partie, des réflexes cutanés, intégrité de

la sensibilité et des sphincters.

L'atrophie de la substance musculaire est excessive; il y a sura-

bondance de tissu adipeux sous-cutané. A une certaine période de

la maladie, il se produit des lordoses et des contractures, parfois

de la surextensibililé de plusieurs articulations. La maladie évolue

en neuf mois au minimum, six ans et demi au plus. La mort ne

souffre aucune exception. Anatomie pathologique : disparition par

atrophie des cellules des cornes antérieures dans toute la hauteur

de la moelle; intégrité de la substance blanche; dégénérescence

très avancée des racines antérieures; faible dégénérescence des

troncs nerveux antérieurs. Les muscles subissent : l'atrophie

simple, la dégénérescence homogène, et fragmentaire; on y note

de l'hyperplasie du tissu conjonctif, avec lipomatose, une faible

hypertrophie des fibres musculaires. P. K.

XXXI. Un cas DE tabès au début; par Al. Tell.

(Al'chiv f. Psychiat., XXVI, 3.)

Il s'agit d'un homme de trente-sept ans, syphilitique depuis l'âge

de vin ? t-six ans. Il est successivement atteint d'ictus avec perte de

connaissance prolongée, hémiplégie motrice et sensitive du côté

gauche ; quelques perturbations dans l'appareil musculaire des

yeux. Plus tard, symptômes généraux de tabes, sans douleurs lan-

cinantes. Il meurt à quarante-un ans de phtisie pulmonaire. Jamais

de troubles vésicaux, ni rectaux; jamais d'ataxie. L'autopsie révèle :

une dégénérescence du faisceau latéral gauche et du faisceau anté-

rieur droit dans les pyramides; un foyer ancien, gros comme un

noyau de cerise, dans la capsule interne droite; une dégénérescence

disséminée sans ordre dans les cordons postérieurs, qui n'a par

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 57

conséquent point la physionomie de celle du tabes. Cette dégéné-

rescence, dans la moelle lombaire, respecte la zone radiculaire

moyenne et gagne la cloison médiane postérieure; dans la moelle

dorsale, elle n'atteint ni les zones médianes, ni les zones latérales,

confinant au bord médian des cordons postérieurs, et elle continue

à être asymétrique et disséminée irrégulièrement. Seule la moelle

cervicale présente une dégénérescence des cordons de Goll et des

cordons de Burdach à leur voisinage des cordons de Goll; ce sont

des plaques d'une grande netteté, d'une vive intensité, mais qui,

de par l'examen des vaisseaux, des cylindraxes, des gaines myéli-

niques et du tissu sain ambiant, n'ont rien à voir avec celles de

la sclérose multiloculaire. P. K.

XXXII : Rires et PLEURS inextinguibles dans les affections Méfié-

BRaLEs; par W. DE Becuterew. (Archiv f. Psychiat., XXVI, 3.)

Toutes ces observations concernent des lésions corticales et des

lésions de la substance blanche sous-corticale, avec constante loca-

lisation aux régions motrices (hémiplégies, monoplégies, aphasies);

on y constate invariablement de la paralysie faciale seule (lésion

du segment inférieur des ascendantes) ou accompagnée d'autres

troubles.

Le rire, dit l'auteur, surtout le rire franc, procède de l'action des

mouvements respiratoires, de la tension des cordes vocales, de la

sécrétion des larmes, de phénomènes vaso-moteurs, de mouvements

des muscles de la physionomie (mimique).

Or, l'écorce contient des centres qui actionnent la respiration,

des cenlres qui actionnent les cordes vocales, des centres qui pré-

sident à la sécrétion lacrymale, des centres vaso-moteurs, des

centres moteurs commandant aux mouvements volontaires de la

face et à la mimique. D'autre part, les noyaux cérébraux sous-corti-

.eaux sont le foyer de centres combinés pour l'expression des senti-

ments ; la couche optique, en particulier, participe à la réalisation

des mouvements affectifs ou de l'expression. Quand on excite la

couche optique, on accélère la respiration en faisant entrer en

fonctions la voix, l'expiration, la mobilité du visage, les mouve-

ments du corps et des extrémités, comme si l'animal voulait, par

.un ensemble de gestes, imiter l'homme, et cela qu'on ait respecté

préalablement les hémisphères ou qu'on les ait auparavant résé-

qués. La couche optique influence aussi les vaso-moteurs et la sécré-

tion des larmes. Le rire a donc lieu par l'intermédiaire de la couche

optique. Le système des fibres, qui relève de celle-ci, contient des

faisceaux excitateurs et coercileurs; ils servent à transmettre le sti-

mulus cortical et périphérique, provoquant le rire par action réflexe.

Le fou rire accompagnant les affections organiques du cerveau,

affections de la région cortico-motrice, il appert que la lésion

58 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

locale a été la cause immédiate des stimulus involontaires qui pro-

voquent Je rire; ou bien la lésion locale du cerveau, en interrom-

pant les voies de conjonction entre les zones motrices et la couche

optique, a empêché l'arrêt volontaire du rire qui, par suite, est

devenu inextinguible à la moindre occasion ou sans aucun motif.

- Les pleurs inextinguibles' provoqués par le stimulus psychique

ont pour facteurs : l'action combinée du centre facial de la physio-

nomie (mimique), des centres de la sécrétion lacrymale et des

vaso-moteurs. Ce sont encore les couches optiques et les systèmes

de fibres qui servent à transmettre et à rassembler les stimulus

entraînant les pleurs. La même genèse préside à leur entrée en jeu

dans les affections cérébrales, soit par arrêt d'excitations modéra-

trices, soit par action des faisceaux et centres excitateurs des

pleurs. P. Keraval.

XXXIII. Tabès ou diabète sucré ? par K. GRUBE.

(Ncll1'olog. Centralbl., XIV, 48cJ.)

Observation I. Tabes au début, avec glycosurie simultanée,

mais indépendante, dont les causes restent inconnues. Le régime,

le massage, l'électrothérapie font en quatre semaines disparaître

le sucre, mais les troubles nerveux persistent. Puis reparaît la glyco-

surie et les accidents nerveux s'améliorent. Il ne s'agissait donc

point d'un tabes au début, l'immobilité pupillaire qui semble un

caractère précis de tabes s'observe aussi dans le diabète. La

seconde observation est un exemple de ce genre, sans autre acci-

dent de pseudo-tabes; par contre, l'auteur a vu cinq malades,

atteints de névrite diabétique dont une affectait tout à fait la forme

de névrite ataxique. tandis qu'ils conservaient la mobilité pupil-

laire. Enfin voici un symptôme très fréquent dans le vrai tabes,

qui, d'ordinaire,y est précoce,et qui manque, dans le pseudo-tabes,

ce sont les troubles vésicaux (Obs. 111). P. K.

XXXIV. Contribution A l'étiologie DE L'ENC1 : PIIALASTIIÉNIE;

par J. ALTIIAUS. (Ai-chiv f. Psychiat., XXVI, 3.)

Neurasthénie ne signifie rien, dit l'auteur. C'est encéphalasthénie

qu'il faut dire. Influence de l'hérédité : prédominance du sexe mas-

culin ; âge entre trente et cinquante ans; influence génératrice de

l'alcool, de la cocaïne, de la morphine, du chloral, de la syphilis,

de certaines maladies infectieuses aiguës, des facteurs psychiques.

P. K.

XXXV. EFFETS tardifs DU traumatisme DE la moelle CHEZ LES mineurs;

par Hhys GnlFFlrlls. (Britisla médical journal, 4 mai 1895.)

Conclusion : Les symptômes de commotion spinale varient en

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. " 59

durée selon l'âge du malade.-La neurasthénie consécutive est de

règle. Le cathétérisme est assez rarement nécessaire au bout d'un

assez court espace de temps. Les troubles sensoriels persistent

longtemps. Les affections organiques de la moelle consécutives à

une altération fonctionnelle et moléculaire sont exceptionnelles.

A. M.

XXXVI. Surdité hystérique ou fonctionnelle ; par I\nI. RANSO.\1 et

VAN DYCK. (British médical journal, 4 mai 1895.)

Les auteur : , après quelques réflexions relativement à une obser-

vation antérieure de Dalby (B. M. J., 16 mars 1895), distinguent la

surdité hystérique de la surdité fonctionnelle proprement dite.

111. Van Dyck rapporte une observation de surdité fonctionnelle

sans la moindre trace d'hystérie proprement dite chez un mas-

turhateur. A. AI.

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

I. Les hypnotiques SOIN : 1L ET SULFONAL; par MEMOM et SCALLT.

(Journal of Ncruous and Mental Diseases, juin 1874.)

Le D'' Memom donne le somnal à la dose de 3 à 5 grammes et

produit ainsi le sommeil profond de cinq ou six heures. Il s'est

surtout bien trouvé de son emploi pour les accidents convulsifs et

spasmodiques. Le Dur Scally préconise le sulfonal dans les accès de

manie aiguë, de manie récurrente ou épileptique et dans la manie

chronique et la mélancolie agitée. A. AI.

II. Tumeur sous-corticale traitée par trépanation; par BEEVOR.et

Balance. (British médical journal, 5 janvier 1895.)

La paralysie avait envahi successivement le cou-de-pied, le genou

puis la hanche droite. Au bout de sept mois elle s'étendait au

membre supérieur du même côté; enfin la parole devint difficile,

puis on put observer les symptômes classiques de compression

intra-cranienne (céphalées, vomissements, névrite optique). L'état

mental commençait à s'altérer ainsi que la sensibilité à droite,

sauf pour la face. Pas d'antécédents tuberculeux ou syphilitiques.

Le traitement spécifique ne fit qu'empirer l'état du malade qui

guérit par le trépan (méthode de Horsley). A. M.

60 ' REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

111. DE la RfiOJIALIi'OE; par L. Laquer. (Neurolog. Ccntlralbl., XIV, 1895.)

Synonyme : bromo-éthylformine.

Formule (CI12)6 1z· C2 H5 13r.

Deux grammes de la marque de Merck équivalent à 1 gramme

de KBr. Ce sont des folioles incolores, cristallines, aisément solubles

-dans l'eau, sans saveur désagréable, que l'on peut, sans inconvé-

nient debromisme, administrer jusqu'à la dose de 8 grammes par

jour pendant six semaines contre l'épilepsie. Les résultats semblent

bons, si l'on en croit les sept premières observations de l'auteur.

P. K.

- in. Goitre exophtalmique ET son traitement par les sucs GLAN-

DULAIRES : par David OwEN. (British médical journal, 16 février

1895.)

L'auteur rectifie une observation de décembre 1893 où il avait

relaté une cure par l'alimentation thyroïdienne alors qu'en réalité

le boucher avait fourni constamment du thymus. A. 11.

V. Traitement familial DES aliénés en Ecosse; par le D"' H1GGS.

Relation intéressante d'une visite aux localités d'Ecosse, où se

trouve appliqué le système du traitement des aliénés dans les

familles. Au lieu d'être sous la surveillance d'une commission cen-

trale, comme dans les divers pays où ce système est appliqué, les

malades, en Ecosse, sont sous la surveillance des autorités locales.

L'auteur estime que, dans l'application de ce système en Amérique,

on aura de la peine à rencontrer chez les paysans les qualité ?

d'énergie, de propreté, d'économie, qui sont de tradition chez le

paysan écossais. (Anmerican journal of insanit, janvier 1895.)

E. B.

SUR deux cas DE folie avec goitre, traités par l'extrait THYa01-

DIEN; pal' ThomaÓ-SamuelMAc CLAL : GIIIIY. (The Jourltal of Mental

science, octobre 1894.) ,

L'auteur se propose d'attirer l'attention sur un mode de traite-

ment qui n'a pas encore été généralement adopté dans les cas de

goitre : il rapporte deux observations, toutes deux encourageantes,

bien qu'inégales au point de vue des résultats obtenus relativement

à l'état mental. La préparation employée dans les deux cas consis-

tait en tablettes contenant chacune cinq grains (30 centigr.) d'extrait

thyroïdien.

Observation I. Il s'agit d'une femme qui a tenté de mettre le

feu à sa maison et de tuer son mari et son fils. Après six mois,

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 61

pendant lesquels tous les traitements rationnels furent inutilement

employés, on se décide à expérimenter le traitement thyroïdien

(une tablette après chaque' repas). Il existait un goitre volumi-

neux.

Au bout de quinze jours, amélioration marquée de l'état mental

et du goitre. Au bout d'un mois l'amélioration s'accentue au double

point de vue indiqué. On porte la dose à une tablette et demie

par repas. La médication, moins bien supportée, est ensuite sus-

pendue. Au bout de trois mois, on la reprend, et un mois plus

ta d, la malade est redevenue tout à fait raisonnable; elle parle de

ses enfants qu'elle désire revoir, et demande sa sortie. Elle est

complètement transformée.

Observation IL Elle a trait à une femme qui avait commis des

actes de violence sur son père et sa mère et qui croyait sa maison

entourée d'hommes qui voulaient pénétrer dans son lit. Elle portait

un goitre volumineux. Le traitement thyroïdien fut institué : il se

montra beaucoup plus efficace que dans le cas précédent au

point de vue physique : car le goitre disparut complètement.

L'amaigrissement fut aussi beaucoup plus considérable.

- H.1\1. C.

VII. QUELQUES cas DE crétinisme sporadique traités par l'extrait

thyroïdien; par Telford Telford-Smitii. (The Journal of mental

science, avril 1895.)

Les cas étudiés par l'auteur sont au nombre de quatre (trois

filles et un garçon); ce sont des cas de moyenne intensité, répon-

dant bien aux descriptions classiques qui ont été données du cré-

tinisme sporadique. Chez les quatre malades les résultats du trai-

tement n'ont pas été égaux, mais les effets ont été similaires.

L'auteur rapporte avec détail les quatre observations, dans cha-

cune desquelles^ note une amélioration plus ou moins marquée.

Les principaux points à noter quant aux effets du médicament

peuvent se résumer de la façon suivante : Presque dès la première

dose, la température commence à s'élever, et elle tend graduelle-

ment à se rapprocher de la normale. Après deux ou trois semaines

la peau se desquame, surtout au visage et aux extrémités, et prend

une teinte plus naturelle ; la transpiration devient appréciable.

L'état myxoedémateux des tissus sous-cutanés devient moins accusé,

et les traits du visage se précisent. L'abdomen est moins saillant,

les mains et les pieds perdent un peu leur aspect de pelle, et le

poids du sujet diminue : si les doses sonl trop élevées cette dimi-

nution peut aller jusqu'à l'émaciation. Mais si l'on s'en tient à des

doses faibles, la nutrition musculaire parait s'améliorer ; la taille

commence à s'accroître, et si la seconde dentition a été retardée, elle

ne tarde pas à apparaître. La sensibilité cutanée se rétablit, et la

62 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

constipation disparaît. En même temps on note des modifications

dans le tempérament et la manière d'être : l'apathie fait place à

une certaine activité spontanée, et l'expression du visage s'éclaire.

Les petits malades deviennent joueurs et même malicieux.

Dans ces quatre cas l'auteur a eu plusieurs fois à suspendre

^l'administration de l'extrait thyroïdien pendant un laps de temps

qui a atteint plusieurs mois. Il a constaté pendant ces intervalles

que les petits malades revenaient plus ou moins lentement vers

leur état antérieur, mais cette régression était plus lente que n'avait

été l'amélioration, et l'auteur serait tenté de préciser en disant

deux fois plus lente.

C'est sur deux données : la température du soir et l'état de la

nutrition générale, qu'il faut se baser pour régler les doses, avec

cette réserve toutefois que l'état de la nutrition est plus impor-

tant des deux signes, et que si la perte de poids va ou menace

d'aller jusqu'à l'émaciation, la dose du médicament doit être dimi-

nuée alors même que la température se maintiendrait notable-

ment au-dessous de la normale.

Il convient de commencer le traitement par de faibles, doses,

par exemple trois grains (18 centigr.) par jour, pour atteindre

progressivement cinq grains (30 centigr.) ou même davantage,

suivant les effets observés. Si l'on débute par des doses trop foi tes

on risque de provoquer des symplômes très accusés de dépression :

vomissements, sueurs froides, chute rapide de la température suivie

d'une excessive élévation, symptômes d'asthénie cardiaque.

Enfin il paraît démontré que le traitement donne des résultats

d'autant plus favorables qu'il est institué à une époque plus voisine

du début de la maladie. On se demande si, dans ces conditions, il

ne serait pas possible de diagnostiquer la maladie de très bonne

heure, même dans la toute première enfance et d'instituer alors

un traitement approprié, qui donnerait son maximum dé résultats

favorables. R. DE MuscHAVE CLAY.

VIII. QUELQUES expériences thérapeutiques SUR l'alimentation

thyroïdienne; par Léo STIEGLITZ. (The Nciv-York Médical Journal,

4 mai 1895.)

Depuis que le traitement thyroïdien du myxoedème a monlré

dans quelle large mesure la glande thyroïde agit sur l'état tro-

phique de la peau et influence le système nerveux, on a. expéri-

menté cette médication dans diverses affections cutanées et ner-

veuses. Les remarquables effets obtenus par ce traitement sur la

croissance des cheveux et des ongles dans le myxoedème a poussé

l'auteur à l'essayer dans une maladie des ongles dont la cause

locale n'a pu être précisée. Il s'agissait d'une jeune fille de vingt-

deux an=, dont les ongles étaient èomme mortifiés et d'une teinte

. REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 63

brunâtre : ils étaient en même temps rugueux, irréguliers, courts

et émoussés comme s'ils avaient été retardés dans leur croissance;

sur ceux qui étaient le moins atteinls, l'affection n'envahissait

qu'une partie de l'ongle suivant une section longitudinale, et la

partie malade était séparée de la partie saine par un sillon longi-

tudinal ; les ongles les moins malades sont friables et tachetés.

Ceux des pieds présentent les mêmes symptômes. Le traitement

thyroïdien est institué et toléré sans accident ni incident. A la fin

d'octobre, après quatre semaines de traitement, la malade perd

ses ongles et une partie de ses cheveux; à la fin de décembre, des

ongles absolument normaux avaient remplacé les ongles malades,

et la chevelure, déjà très abondante avant sa chute, devenait

absolument luxuriante. La suspension du traitement amena un

commencement de récidive, qui céda promptement à la reprise de

la médication.

La soeur de cette malade, âgée de dix-sept ans présentait à l'ongle

du pouce droit les mêmes symptômes que ceux qu'on avait obser-

vés chez la première malade, c'était le seul ongle qui fût atteint.

Le traitement, ayant causé des nausées, fut abandonné, mais il put

être repris un peu plus tard sans inconvénient, et donna cette fois

encore les résultats espérés.

Le troisième cas rapporté par l'auteur est un cas de sclérodermie

circonscrite, siégeant à la jambe droite depuis la cheville jusqu'au

genou. Quelques îlots de sclérodermie s'observaient autour du

siège principal de la maladie, montrant diverses phases de l'évo-

lution de la lésion cutanée, et rendant le diagnostic absolument

certain. Le traitement thyroïdien, longtemps continué, a donné chez

cette malade une amélioration qui équivaut presque la guérison.

La quatrième et dernière observation a trait à un cas d'hémia-

trophie progressive de la face. Les spasmes musculaires de la face

ont tout d'abord presque .complètement disparu, mais ils ont

reparu, et dernièrement, il a semblé que leur disparition et leur

réapparition étaient indépendantes des interruptions de traite-

ment. L'hémiatrophie n'a paru subir aucune modification.» ·

R. de 11DSGIt.1\'E Clay.

IX. Sur LE traitement thyroïdien, son histoire ET son emploi en

médecine interne; par S.-J. -'¡ETLZER. (The-New 1'01'" médical

journal, 25 mai 1895.) '

Après avoir débuté par un historique bien fait du traitement

thyroïdien, l'auteur fait remarquer que le principe thérapeutique

de ce traitement diffère en un point important du principe des

extraits animaux, des antitoxines; celles-ci en effet sont détruites

par la digestion et par la chaleur, ce qui n'est pas le cas pour les

préparations thyroïdiennes.

64 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

Le traitement thyroïdien est spécifique dans tous les états patho-

logiques relevant d'un défaut ou d'une insuffisance d'action du

corps thyroïde; ces états pathologiques sont : 1° le myxoedème

acquis des adultes; 2° le myxoedème acquis par opération; 3° le

myxoedème congénital ou acquis dans la première enfance (créti-

nisme). Dans les trois "cas, la médication thyroïdienne donne

d'excellents résultats ;' mais l'auteur s'occupe surtout ici du

myxoedème acquis des adultes. Dans cette forme de myxoedème,

les résultats sont tellement certains que, si la médication échoue,

on est à peu près autorisé à conclure soit à une erreur de diagnos-

tic, soit à une fausse manoeuvre dans,l'administration de l'agent

thérapeutique.

Il va de soi que lorsque l'on parle de « guérison » par la médi-

cation thyroïdienne, il ne s'agit pas d'une cure radicale : il est au

contraire nécessaire de continuer le traitement, bien qu'à des

intervalles de plus en plus éloignés, si l'on veut assurer la perma-

nence des résultats obtenus. Suivant l'auleur, les doses devraient

être plus fortes, et les intervalles du traitement moins longs pen-

dant l'hiver que pendant l'été.

On admet généralement que l'augmentation du poids du sujet

est une indication de reprendre le traitement ; mais cela n'est

certainement pas vrai pour tous les cas; l'auteur attacherait vo-

lontiers plus d'importance à la sensation du froid comme symp-

tôme de réapparition du myxoedème.

Quant au mode pharmaceutique de préparation, la substance

tyroïdienne pulvérisée est aujoud'hui considérée comme la forme

qui doit être préférée; on peut ainsi la doser à volonté en cachets

ou en capsules. La dose d'ailleurs est loin d'être indifférente : il

est absolument démontré que l'alimentation thyroïdienne peut

donner lieu à de graves désordres ; mais ces désordres ont surtout

été observés dans les périodes de tâtonnement de cette nouvelle

médication, et ils paraissent avoir été presque constamment dus à

l'emploi de doses trop élevées : les symptômes dangereux consis-

tent surtout en crises de sténocardie, avec rapidité et faiblesse du

pouls, et prostration extrême ; cet état de faiblesse peut durer

plusieurs jours. Mais l'auteur est d'avis que l'on peut sûrement

éviter ces effets fâcheux, en apportant à l'administration des pre-

mières doses de la prudence et de la réserve, et en se guidant,

pour les augmenter, sur l'observation du pouls et de la tempéra-

ture. En agissant avec prudence, les phénomènes les plus sérieux

que l'on puisse observer sont des vomissements, de l'asthénie mus-

culaire, de l'oppression précordiale et du tremblement, phéno-

mènes d'ailleurs qui disparaissent rapidement sous l'influence de

la suspension du traitement et du repos au lit. Il est toutefois

quelques ennuis que la plus grande réserve dans le traitement ne

saurait éviter, par exemple l'accélération du pouls, la fatigue, le

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 61J

léger tremblement des membres, la céphalalgie, les douleurs mus-

culaires généralisées, et quelquefois, même avec de très faibles

doses, de fort incommodes poussées d'urticaire.

L'auteur a remarqué que l'accoutumance au traitement thyroï-

dien s'établissait parfois assez vite, diminuant ainsi l'effet de doses

même très actives : on voit alors reparaître les symptômes

myxoedémateux ; mais en ce cas, une suspension de quelques

jours rendra à l'agent thérapeutique toute son énergie primi-

tive.

L'auteur rapporte ensuite l'observation d'un cas de crétinisme

qu'il soumet actuellement au traitement thyroïdien, avec une amé-

lioration tout juste appréciable au point de vue mental, mais

extrêmement frappante au point de vue physique.

On peut dire que les trois groupes de symptômes fondamentaux

du myxoedème (modifications de la peau modifications du tissu

sous-cutané modifications de l'activité normale du système ner-

veux) subissent une atténuation marquée sous l'influence du traite-

ment thyroïdien ; on est ainsi amené à se demander si ces

symptômes ne seraient pas également modifiés lorsqu'ils se ren-

contrent isolément dans d'autres maladies que le myxoedème ;

l'événement a justifié cette prévision théorique dans une certaine

mesure en ce qui concerne les dermatoses et certaines névroses, et

d'une façon beaucoup plus formelle en ce qui concerne l'obésité,

contre laquelle le traitement thyroïdien constituerait, suivant

l'auteur, le remède non infaillible, mais du moins le plus efficace.

Il faut toutefois se souvenir que les obèses, pressés de maigrir et

d'ailleurs séduits par les premiers résultats ont une dangereuse

tendance à augmenter trop rapidement les doses du médicament

et doivent être étroitement surveillés à cet égard, si l'on veut se

mettre à l'abri des accidents. Les premiers symptômes que l'on

voit s'amender chez les obèses sous l'influence du traitement thy-

roïdien sont la dyspnée et les palpitations ; l'auteur en conclut

avec vraisemblance que l'action du médicament s'exerce d'abord

sur le coeur, et que l'on peut l'utiliser dans les cas de surcharge

graisseuse du coeur : c'est d'ailleurs ce qu'il a fait avec succès, et

il rapporte, à l'appui de cette manière de voir, une intéressante

observation. H de IUSGR.1VE Clay.

X. TÉTANIE TRAITÉE PAR L'EXTRAIT THYROÏDIEN; par BURON 13R.IM\-ELL,

d Edimbourg. (British médical journal, le"juin 1893.)

Il est question dans l'observation d'un cas de tétanie consécutif

à l'extirpation de la glande thyroïde. Le traitement institué fut

l'extrait thyroïdien à forte dose, la guérison s'ensuivit. L'auteur

propose d'étendre la méthode aux letanies autres de l'enfance et

de l'âge adulte. 1)" A. M.

Archives, 2° série, t. I. 5

66 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE :

XI. Maladie D'ADDISION et SON traitement par l'extrait DE

glande surrénale ; par LLOYD JONCS. (British médical journal,

. 24 août 189.)

L'auteur rapporte l'histoire d'une femme dont l'affection semble

remonter à vingt-cinq années environ, à la naissance d'un premier

enfant. -

Elle fut traitée par le lait peptonisé, les tablettes d'extrait surré-

nal, trois par jour, et l'iodure de mercure. En trois mois la

malade revint à la santé, put s'alimenter comme tout le monde et

perdit sa pigmentation anormale. Dans une étude de Georges Oliver

sur l'emploi thérapeutique des glandes surrénales (B. m. j., 14 sep-

tembre 1893), l'auteur confirme l'action thérapeutique effective et

a donné comme mécanisme l'action constrictive et vaso-tonique

d'un produit spécial de la glande et dérivé du sang. A. MARIE.

XII. Sur la nécessité DE pourvoir d'une manière spéciale au trai-

tement DES dégénérés; par Jules MUREL (de Gand). (The J021r)tcLl

of Mental Science, octobre 189t.)

L'obligation de pourvoir à l'entretien et à l'assistance des aliénés

est considérée par tous comme impérieuse; elle ne l'est pas moins

à l'égard des dégénérés qui sont la véritable pépinière du crime

et de la folie.

En organisant des établissements spéciaux pour réunir et traiter

les dégénérés, la société poursuivrait et atteindrait un triple but :

1° elle se préserverait elle-même et réduirait le nombre des crimes;

21 elle protégerait les dégénérés eux-mêmes; 3° elle diminuerait

notablement les vices sociaux, tels que l'intempérance, le vaga-

bondage, la débauche, qui trop souvent aboutissent au crime.

R. M. C.

XIII. Sur les variétés DE la dégénérescence et LEUR traitement;

par le D1' IIALLERVORDEN. (Allg. Zeitsc2'. f. Psyclviut., t. LU, f. 1.)

Les aliénistes tendent actuellement à considérer le crime comme

une manifestation de la dégénérescence; le vagabondage, la pros-

titution, seraient également des produits de dégénérescence. Des

considérations théoriques et pratiques avaient déjà conduit l'au-

teur, il y a plus de huit ans, à regarder les criminels, les hôtes des

maisons de correction, les vagabonds et les prostituées comme

des aliénées dépravées, et à proposer des mesures inspirées par

cette conception. Un premier pas a été fait par le conseil provin-

cial de la Prusse orientale qui a décidé (1895) de réserver un pavil-

lon séparé de la maison de correction de la province aux criminels

aliénés.

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. ' 67

En 1887, le ministre de l'Intérieur de Prusse adressait aux direc-

teurs des asiles d'aliénés une circulaire les invitant à faire con-

naître quelles étaient les mesures prises où à prendre pour assurer

la détention dans les asiles publics des aliénés criminels. L'auteur

y répondit par les propositions suivantes :

1° Les détenus aliénés cessent, aussitôt qu'ils présentent des

troubles psychiques, d'appartenir aux établissements pénitentiaires

de l'État. Ils doivent être rendus à la province.

2° Leur séjour dans un asile d'aliénés est, d'autre part, une

source d'inconvénients pour le repos des autres malades et pour le

régime normal de l'établissement. Ils peuvent s'en évader, y com-

mettre de nouveaux crimes. Il convient donc de ne pas les admettre

dans les asiles provinciaux, mais de les interner daus un auire

établissement.

3° C'est à tort que la plupart des auteurs qui ont étudié la ques-

tion, ont à peine mentionné les vagabonds, et consacré leurs tra-

vaux aux criminels. Les vagabonds sont assez nombreux dans les

asiles de province. A Kortau, qui ne compte pas 400 malades, il

existait en 1887, 16 malades criminels et 10 vagabonds. Ces der-

niers ont une influence fâcheuse au point de vue du bon ordre de

l'établissement. Parmi les criminels, il n'y a que les criminels

d'habitude qui ont une action néfaste pour ce qui est du maintien

de la discipline; tandis que les vagabonds, qu'ils viennent ou non

d'une maison correctionnelle, constituent un élément de désordre,

cherchent à s'évader, donnent de mauvais exemples, excilent les

aliénés, etc. Ajoutons que la plupart des femmes vagabondes sont

des prostituées, dont le contact est pénible pour des femmes bien

élevées.

4° La solution de la question se trouve dans l'aménagement d'un

quartier spécial d'aliénés dans l'établissement provincial de correc-

tion. Dans cette section seront placés les aliénés qui ont été aupa-

ravant des criminels, des délinquants, des vagabonds ainsi que les

prostituées aliénées. Ces divers éléments constituent par le danger

qu'ils font courir aux autres malades, au bon ordre de l'asile et

à la société par la conformité de leur constitution psychique-

par la similitude de leur situation sociale parieur incurabilité,

enfin par la nécessité d'avoir pour eux une installation spéciale,

ces éléments constituent un groupe à part. Enlevés à l'asile d'aliénés,

ces malades doivent naturellement être rattachés à un établisse-

ment pénitencier. ,

Le Conseil provincial, à la suite d'une campagne menée par

l'auteur, a adopté le projet de création d'un pavillon spécial des-

tiné à 50 criminels aliénés, pavillon qui sera annexé à la maison,

de correction de Tapiau. Les frais sont évalués à 130,208 11.

P. Sérieux..

68 ' REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

XIV. Traitement CBIUUIIGICAL DE la folie; par Macpherson.

(Edinburg IlospilalBcpo1'ts, L. III, 189.)

Après un court historique où il rappelle les pièces curieuses des

stations paléolithiques, démontrant la fréquente pratique préhisto-

rique du trépan comme usage à la fois thérapeutique et religieux,

l'auteur s'appuyant sur les principes généraux de la physiologie et

de la pathologie cérébrales, fait ressortir la légitimité théorique

d'une intervention qui modifie sûrement et d'une façon profonde

l'état de la circulation intracranienne et par suite de la tension

cérébrale. La mentalité étant visiblement dépendante de l'état de

tension vaso-molrice plus ou moins grande du cerveau, doit être

modifiée en même temps que cette tension, d'où des indications

thérapeutiques possibles du trépan en aliénation mentale. Tout

d'abord l'auteur passe en revue les tentatives faites pour la cure

de l'idiotie et de l'imbécillité ; les cas de Lannelongue, King,

Horsley, Park et Agnew, ainsi que ceux de Keen et Miriar sont

rappelés; mais l'auteur, en dépit des pourcentages parfois encou-

rageants, termine sur l'impression que lui a laissée la visite du

musée de Bicêtre et des pièces démonstratives recueillies par

11. Bourneville. Après l'examen de ces pièces il convient qu'il y a

peu d'illusions à conserver sur l'opportunité des trépanations et

craniectomies dans l'idiotie microcéphalique.

Pour les troubles mentaux d'origine traumatique en revanche,

les résultats de l'intervention chirurgicale sont plus encourageants

surtout si l'on admet avec l'auteur que 2 p. 100 des cas d'alié-

nation sont d'origine traumatique. Rappelant les cas de Starr,

Keen et Mackensie Bacon, 111. Macpherson montre l'importance

curative du trépan appuyé sur la topographie cranio-cérébrale de

plus en plus précise, en ce qui concerne la cure des épilepsies

jacksonniennes avec ou sans troubles mentaux consécutifs (la cure

des troubles mentaux eux-mêmes étant subordonnée au temps

plus ou moins long ayant précédé leur apparition.

Reste la paralysie générale pour laquelle des tentatives ont été

faites en Angleterre comme en France (or Rey). 31. Macpherson

rapporte les cas de Shaw Batty Tuke et \Vallace, ce dernier ayant

opéré dans le service de Stirling dont l'auteur est superintendant.

Trois cas sur douze furent non pas guéris, mais arrêtés dans leur

évolution, sorles de rémissions de paralysie générale. Enfin, con-

formément aux vues hardies émises par Burckardt au congrès de

Berlin, l'auteur rappelle les tentatives d'exploration chirurgicale

proposées pour la folie chronique proprement dite sans lésions ni

localisation établie. Quatre observations de malades opérés dans

ces conditions dans son service donnent deux améliorations et une

guérison pour un décès.

Néanmoins l'auteur conclut à l'opportunité discutable de telles

1 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 69

interventions et pense que la question doit être réservée, la phy-

siologie cérébrale et les localisations pas plus que la chirurgie

cranio-cérébrale et la médecine mentale n'ayant dit leur dernier

mot. L. A. Marie.

XV. SUR la trépanation dans la méningite, avec UNE observation;

par John laEAY (The Journal of Mental Science, octobre 1894).

Il s'agit d'un cas de lepto-méningite diffuse, suppurante, ayant

son origine dans l'oreille moyenne, et s'étant propagé par infection

aux méninges basilaires, et, par l'effet combiné de l'infection et

de la pesanteur, jusqu'aux enveloppes de la moelle. L'opération

pratiquée in extremis fut suivie de mort; on l'avait tentée comme

dernière ressource, mais elle ne saurait avoir de chances réelles

de succès que lorsqu'elle est pratiquée de très bonne heure. -

R. M. C.

XVI. KYSTE traumatique DU cerveau consécutif A une lésion

datant DE VINGT-CINQ ANS : ÉPILEPSIE; opération; guérison; par

J.-T. );srRIDGE et F.-r.lllAC-1.UGnT. (The New- Yo¡'/i Médical Journal,

1er juin 1895.) .

Le sujet est un homme de trente-cinq ans, sans antécédents per-

sonnels ou héréditaires; à l'âge de neuf ans, il reçut un coup de

pied de cheval à la région sus-orbitaire gauche; le crâne fut frac-

turé, et une quantité assez considérable de substance cérébrale

sortit par la plaie. Le malade demeura inconscient durant vingt

minutes environ : l'os déprimé ne fut pas relevé, mais le médecin,

après avoir introduit le doigt dans la plaie, pénétrant ainsi dans

le cerveau, pratiqua la suture des parties molles : c'est alors que le

blessé recouvra une conscience apparente, mais son intelligence

resta obtuse, et sa mémoire, du moins en ce qui touche l'accident

et ses suites, fut sérieusement atteinte, car il ne se souvient aucune-

ment, ni du traumatisme lui-même, ni d'aucun des événements de

sa vie pendant les onze premiers mois qui l'ont suivi : sa santé se

maintint bonne jusqu'à l'âge de dix-neuf ans, époque à laquelle,

s'étant exposé aux rayons d'un soleil très vif, il commença à se

plaindre de céphalalgie et à présenter des périodes d'inconscience,

durant lesquelles il était privé de l'usage de la parole, et qui, une

fois au moins, se renouvelèrent en série durant plusieurs jours

consécutifs; il reprit ensuite sa santé ordinaire, et depuis l'âge de

dix-neuf ans jusqu'au moment où l'auteur l'examina, il n'eut que

trois crises convulsives, provoquées par de légers excès alcooliques

ou par une insolation.

A la fin de 1894, âgé alors de trente-cinq ans environ, après un

nouvel excès alcoolique, le malade fut pris d'une crise convulsive

grave et demeura inconscient pendant trente-six heures; le len-

70 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

demain soir, deux crises convulsives; le troisième jour, onze crises :

le quatrième jour, quinze. Toutes ces crises furent violentes, et

durant leurs intervalles, la conscience ne reparut pas un seu-

instant. Après leur cessation, il redevint à demi conscient, demeul

rant toutefois en état de somnolence et ne répondant que fort mal

aux questions qu'on lui posait. Le réflexe du genou était exagéré,

un peu plus à gauche qu'à droite, les réflexes plantaires étaient

conservés, mais peu marqués. Les réflexes crémastériens et abdo-

minaux manquaient : les réflexes profonds des bras étaient à peu

près normaux. Il n'y avait ni parésie, ni paralysie d'aucun muscle;

aucun nerf crânien ne paraissait intéressé. La vision paraissait par-

faite, et l'examen opbtalmoscopique ne révélait aucune altération

de la rétine, ni du nerf optique. La céphalalgie était continue et

siégeait à la région frontale gauche. L'hébétude mentale était très

accusée; en somme, on paraissait avoir affaire à une méningite

localisée, ayant pour cause la dépression osseuse. Une opération,

au moins exploratrice, fut proposée, acceptée par la famille, et

pratiquée par le Dr Alac-Naught.

L'os était déprimé, et l'ouverture osseuse' recouverle par une

membrane fibreuse très dense. La dissection des parties montra

une fracture triangulaire; la base du triangle osseux avait pénétré

profondément dans le tissu cérébral, formant presque un angle e

droit avec le crâne; au-dessous de l'os ainsi déprimé, et en rapport

avec lui, apparaissait un kyste ; une couronne de trépan fut

appliquée à un pouce environ en arrière de la base de la fracture,

et une rondelle d'os normal fut enlevée. A l'aide de la pince à

séquestres, le fragment d'os déprimé fut ébranlé, mais à ce moment

survinrent des phénomènes convulsil's très nets, envahissant les

muscles des extrémités aussi bien que ceux de la face. Enfin l'abla-

tion du fragment osseux mit à nu un kyste volumineux qui occu-

pait dans le lobe frontal une surface mesurant environ deux pouces

et demi dans le sens longitudinal et de un pouce et demi à deux

pouces dans le sens transversal. Le contenu de ce kyste était un

liquide aqueux, de coloration jaune paille; ses parois étaient résis

tantes et de nature fibreuse. Après évacuation de son contenu, la

cavité kystique fut bourrée de gaze ioduformée, et la plaie fut

fermée et suturée : on ménagea toutefois une ouverture suffisante

pour pouvoir renouveler le tamponnement à la gaze. Au bout de

quatre jours, à l'enlèvement du pansement et de la gaze, la cavité

du kyste était réduite de moitié, et au bout de huit jours, après un

nouveau tamponnement, elle était à peu près complètement effacée.

L'état mental du malade s'était rapidement 'amélioré dès le

deuxième ou le troisième jour après l'opération. , G

Revu sept mois après, le malade est très bien portant, ne se plaint

plus de céphalalgie, et sa mémoire et son attention sont nettement

améliorées; mais dès qu'il se livre à un très léger excès alcoolique

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.. 71

(deux ou trois verres de whisky), il est repris de céphalalgie et de

convulsions : celles-ci, toutefois, sont beaucoup plus faibles que

dans les crises anlé-opératoires.

La réapparition des convulsions chez ce malade nous enseigne

que, lors même que la cause épileptogène n'existe plus, les crises

peuvent réparai Ire sous l'influence d'excitations insignifiantes. Il est

probable que la présence prolongée d'un corps étranger (esquille

ou tumeur), dans la substance cérébrale, donne lieu, dans le tissu

nerveux périphérique, à des modifications de structure qui altèrent

le fonctionnement cellulaire normal dans le cerveau tout entier,

et qu'il en résulte un affaiblissement et une instabilité du cerveau

capables de survivre à l'ablation de l'agent perturbateur.

D'autre part, lorsque le corps étranger est en contact avec les

méninges, l'inflammation et l'épaississement de ces membranes ne

disparaissent évidemment pas avec lui. Enfin, ce cas nous montre

encore qu'après que le cerveau a été libéré de la violence subie,

il faut mettre le malade à l'abri des moindres causes d'excilation,

celles-ci pouvant trop aisément provoquer la réapparition des crises

convulsives. R. DE ! \lUSGRAVE Clay.

XVII. UN cas d'épilepsie HCKSOl\ILiC-OE : cessation DES attaques après

l'opération du trépan; par CU\\ING11AI. (The NeU-Yorh; Médical

Jour., 7 juillet 1894.)

Voici le résumé de cette inléressante observation : il s'agit d'un

mineur nègre, âgé de trente ans, sans antécédents pathologiques

ou névropathiques, qui fut frappé avec une brique à la partie anté-

rieure gauche de la tête : quatre jours après, en reprenant con-

naissance, il constate qu'il ne peut mouvoir que très imparfaitement

le bras et les doigts du côté droit, et guère mieux la jambe droite.

Il comprenait ce qu'on lui disait, mais ne pouvait pas parler :

il avait de fréquents mouvements spasmodiques affectant surtout

le bras, l'avant-bras, l'épaule, la face, et plus rarement la jambe

du côté droit. Six jours après l'accident, une opération est pratiquée

C[ à cause d'un os qui comprimait le cerveau », et le malade

recouvre progressivement et à peu près complètement la parole et

le mouvement; mais les crises spasmodiques subsistent environ

deux fois par semaine : la céphalalgie, pas très fréquente, est

modérée et siège principalement au niveau de la cicatrice. L'attaque

spasmodique a été soigneusement observée : elle débute de deux

manières; la première forme de début,' qui est de beaucoup la plus

ordinaire, est caractérisée par de l'engourdissement et du picote-

ment à la main droite, surtout au pouce et à l'index; quelques

secondes après le pouce rentre, et dans un délai rigoureux de

quinze secondes on voit apparaître des mouvements convulsifs de

nature alternativement tonique et clonique, débutant dans la main

\

72 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

et se propageant à l'avant-bras, au bras, à l'épaule et à la face.

La tête et les yeux sont tournés à droite. La parole est abolie;

mais la conscience, l'intelligence et le pouvoir d'exprimer les idées

par des gestes de la main gauche sont conservés. Ni le membre

inférieur droit, ni les membres inférieur et supérieur gauches ne

participent à l'état convulsif. Il est arrivé quelquefois, cependant,

que la jambe droite et le bras gauche ont été envahis, mais jamais

la conscience n'a été abolie.- Enfin, dans l'ordre chronologique,

autant qu'on a pu l'observer, on a constaté successivement la

perle du sens musculaire, l'anesthésie au toucher, l'analgésie, la

perte du sens de ta température, celle-ci surtout accusée à la main

et à tout le côté droit de la face. Au bout de cinq minutes, tous

les mouvements musculaires disparaissent, et il subsiste de la parésie

pendant un quart d'heure. Les phénomènes disparaissent dans

l'ordre suivant : l'aphasie au bout de trois minutes, la perte de

sens de la température au bout de cinq minutes, l'analgésie au bout

de huit, l'anesthésie au toucher au bout de dix, le sens musculaire

au bout de treize; enfin, après un quart d'heure, le malade peut

remuer tout le bras droit, malgré un engourdissement et une rai-

dcur qui persistent environ une demi-heure. Dans le second

mode de début, le plus rare, c'est une sensation de crampe épigas-

trique, promptement suivie de la perle de la parole, qui ouvre la

scène : le reste se passe comme il a été dit plus haut.

Ces symptômes ayant paru se rattacher à une lésion des méninges

earacténsée par un épaississement, avec adhérences des mem-

branes, soit entre elles, soit avec l'écorce cérébrale, on décide

d'avoir recours à la trépanation. On trouve, en effet, les méninges

épaissies, adhérentes entre elles et, en un point, à l'extrémité infé-

rieure de la circonvolution centrale antérieure. Le lendemain de

l'opération, il y eut encore une petite attaque d'épilepsie jackson-

nienne, mais il n'y en a plus eu depuis. Les suites de l'opération,

ont été normales et bénignes.

L'auteur fait remarquer en terminant combien les cas de ce

genre sont instructifs, car non seulement ils révèlent clairement

les propriétés sezsitivo-motrices de l'aire dite motrice de l'écorce

cérébrale, mais Ils peuvent encore nous fournir le moyen de pré-

ciser les fonctions exactes des différents plans cellulaires de la

substance grise corticale, dont chaque couche, ainsi que le pensent

Horsley et plusieurs autres auteurs, possède probablement une

fonction qui lui est propre. R. de l\lUSGIUVE CLAY.

XVIII. Deux opérations SUIVIES DE succès dans la folie trauma-

tique, avec commentaires ; par George W. Cale. (The New-York

Médical Journal, 12 octobre 1895.)

Les cas de folie consécutive à un traumatisme de la tête ne sont

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 73

pas très communs. La méningite chronique et l'encéphalite jouent

d'ordinaire un rôle important dans la production de la folie trau-

matique, et les deux lésions accompagnent assez souventlesinflam-

mations de la voûte du crâne : c'est souvent pendant ou après la

guérison de la plaie que l'on voit apparaître les symptômes d'alié-

nation mentale. Quelquefois aussi, un traumatisme, même grave,

ne donne pas lieu directement à la production d'une affection men-

tale, mais il fait du cerveau un locus minoris 1'esistentiæ. La folie,

en ce cas, peut être provoquée par toute cause capable d'abaisser

la tension vaso-motrice : elle peut revêtir des formes très diverses.

L'auteur a observé, et il rapporte, deux cas de folie traumatique

dans lesquels une intervention chirurgicale a donné de très heu-

reux résultats.

Observation I. Homme de vingt-six ans, charpentier. Pas

d'hérédité. Traumatisme à la tête (coup de bâton) : plaie sié-

geant à peu près à égale distance de la scissure de Rolando et de

la protubérance occipitale externe, un peu à gauche de la ligne

médiane : réunion après trois mois de suppuration. Quatre ans

plus tard, douleur vive dans les régions pariétale et occipitale

gauches : attaque de petit mal ; changement très accentué du carac-

tère qui devient ombrageux, soupçonneux ; idées de persécution :

tendance à mentir, même alors que son intérêt manifeste est d'être

sincère. Séjour de seize mois dans un asile ; puis retour dans la

famille, suivi dix mois plus tard d'un nouvel internement de cinq

mois. Nouvelle sortie, suivie de réintégration au bout d'un mois.

Une opération est décidée et pratiquée au niveau de la cicatrice.

L'os est légèrement déprimé ainsi que la portion correspondante

de la table interne. La dure-mère paraît normale ; la plaie es

refermée et drainée au catgut. A peine sorti du sommeil chloro-

formique, le malade présente des signes évidents d'amélioration ;

la céphalalgie a disparu, et le malade est redevenu gai. La guéri-

son s'est poursuivie sans interruption. Ce cas est remarquable

par la tardive apparition des troubles mentaux, et l'absence de

toute lésion pathologique, au moins d'ordre macroscopique.

Observation II. Manie aiguë consécutive à un traumatisme. Il

s'agit d'un charpentier de trente-trois ans, qui reçut une brique

sur la tête, au niveau de la ligne interauriculaire. Le choc le ren-

versa, et il demeura inconscient pendant deux heures. Au réveil il

fut pris d'excitation maniaque. Il se plaignait d'une céphalalgie

constante ayant son maximum à la base du cerveau, et quelques

jours après l'accident sa vue s'affaiblit notablement. Cet état dura

environ quatre jours. eut plusieurs attaques de manie plus

douce que la moindre excitation suffisait à provoquer. Il était fort

agité la nuit, et les hypnotiques demeuraient presque sans effet.

Une opération fut pratiquée : il n'y avait pas d'adhérences, mais la

74 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

dure-mère était un peu congestionnée. La guérison a marché régu-

lièrement, et le malade a repris son travail.

Chez ces deux malades, le temps qui s'est actuellement écoulé

depuis l'opération permet d'affirmer la solidité de la guérison.

R. DE lluscaavH CLAY.

XIX. Sur LE traitement séparé des cas récents ET curables D'ALlÉ-

nation MENTALE DANS DES HOPITAUX DÉTACHÉS FT SPECIAUX; par'

John A. «ALLIS. (The journal of Mental Science, juillet 1894.)

Dans ce travail, accompagné de deux plans, l'auteur entre dans

des détails étendus sur la disposition qu'il conviendrait de donner

aux hôpitaux en question. Il insiste une fois de plus sur les avan-

tages de toute nature qu'il y aurait à séparer les aliénés curables

de ceux dont la guérison ne peut plus être espérée. R. 11. C.

XX. Trépanation dans un cas d'épilepsie; observation clinique) ; par

T. DUNCAN GREEi'\LEES. (The Journal of Mental Science, juillet

1894.) .

11 s'agit d'une femme de trente-neuf ans, non mariée, entrée à

l'asile de Grahamstown (Afrique du Sud) et atteinte de manie épi-

leptique. Hérédité névropathique. Irrégularité de la menstruation.

Traumatisme accidentel à la tête, avec perte de connaissance con-

sécutive de courte durée : retour à la santé normale. Onze.mois

avant l'admission à l'asile, attaque d'épilepsie : depuis cette époque

retour plus ou moins fréquent d'attaques d'épilepsie plus ou moins

intenses. Presque simultanément à la première attaque, appari-

tion de troubles mentaux d'abord légers, et aboutissant à des hallu-

cinations et à des phénomènes d'excitation : aggravation de ces

symptômes au moment des règles : à la dernière époque mens-

truelle elle se croyait morte, refusait de se laisser toucher, et de

manger : elle croyait aussi avoir commis le « péché impardonnable »

et être devenue enceinte. Les attaques d'épilepsie reparaissent à

des intervalles plus ou moins éloignés, mais aucune d'elle ne paraît

s'accompagner d'une perte absolue de conscience. L'aura parait

consisler en une sorte de frémissement de la langue.

A l'entrée de la malade à l'asile on noie un léger état de dépres-

'-ion et d'irritabilité : on ne constate aucune affection organique.

Les attaques' sont assez fréquentes ; la malade refuse de manger,

prenant pour de la chair humaine les aliments qu'on lui présente.

Une légère amélioration se produit dans la, santé générale, et son

père qui vient la voir accepte volontiers l'idée d'une opération. Ou

décide d'appliquer une couronne de trépan au niveau du trauma-

tisme ancien, dont la trace demeure apparente, c'est-à-dire dans

la région correspondante à la partie moyenne et supérieure de la

REVUE DE THERAPEUTIQUE. 1 -la

circonvolution frontale ascendante, du côté droit. La dure-mère est

épaissie, elle fait saillie hors de l'ouverture osseuse, mais l'aiguille

du trocart introduite dans différentes' directions ne donne ni liquide,

ni pus. La couche corticale, mise à nu par le détachement des

membranes, on prélève, eu vue de l'examen histologique un frag-

ment de la dure-mère, et on referme la plaie par la méthode ordi-

naire. La cicatrisation s'effectue rapidement, sans suppuration.

L'opération donna d'abord un résultat satisfaisant et une semaine

entière se passa sans attaque épileptique. Les crises reparurent

bientôt, mais moins fréquentes et moins intenses : l'état mental

était sensiblemenl amélioré. La céphalalgie, surlout nocturne se

manifesta de nouveau. Peu à peu les crises d'épilepsie reprirent

leur fréquence ancienne.

On en conclut que si l'opération n'avait pas amené la guérison

espérée, elle avait du moins précisé la cause des attaques, à savoir :

Ja compression exercée sur l'écorce cérébrale par la dure-mère

considérablement épaissie : cet épaississement paraissant s'étendre

bien au-delà du territoire mis a nu par la trépanation, on jugea

qu'une seconde opération était indiquée ; mais avant d'y avoir

recours, et en tenant compte des lésions histologiques de la dure-

mère et particulièrement de l'existence de l'endartérile, on crut

.devoir instituer un traitement antisyphilitique. dont les excellents

résultats ne se firent pas attendre, et paraissent à l'heure actuelle

.devoir être définitifs.

L'auteur termine ce mémoire par les considérations suivantes,

- dans lesquelles il est conduit par son entière confiance dans la mo-

- l'alité de la malade il émettre une hypothèse du moins discutable,

- sur le réveil tardif (la malade avait trente-neuf ans) de la syphilis

infantile par un traumatisme.

« Il semble, quand nous considérons le résultat du traitement

que nous soyons forcés de considérer le cas'qui vient d'être rap-

porté comme un cas d'épaississement syphilitique de la dure-mère.

La moralité de la malade exclut la probabilité d'une sypliilis

acquise à l'âge adulte, mais on m'apprend que la syphilis est très

souvent communiquée dans l'enfance par des nourrices indigènes.

« Le point intéressant de cette observation, c'est que le trauma-

tisme, subi à l'âge adulte, parait avoir pour ainsi dire réveillé le

virus spécifique latent, si bien que les conséquences intlammatoires

de la lésion, survenant chez un sujet syphilitique, ont pu être elfec-

tivement guéries par un traitement antisyphilitique : ainsi l'opé-

ration, dans ce cas, ne nous a rendu d'autre service que de nous

mettre sur la bonne piste ; le diagnostic une fois confirmé par

l'examen microscopique, le traitement devenait simple, et il a

donné les résultats les plus satisfaisants. »

- li. DE MUSGRAVE CL.\Y.

76' REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

TUMEUR cérébrale : opération suivie DE succès; par Charles

L. D.\NA et J.-R. CowvAY. (The Neiv-York médical Journal,

22 juin 1895.)

Il s'agit d'un malade atteint d'épilepsie jacksonnienne, de para-

lysie du bras gauche avec troubles de la sensibilité, de céphalalgie

et de névrite optique. L'analyse des symptômes révélait nettement

l'existence d'une tumeur cérébrale et permettait de les localiser.

La paralysie du bras gauche et les troubles sensoriels dont il était

le siège, alors que la face et la jambe n'étaient que très légèrement t

affectés, rendaient facile à diagnostiquer une lésion du centre

brachial de l'hémisphère cérébral droit. La douleur et la pares-

thésie ainsi que les mouvements convulsifs initiaux débutent par

les doigts, il devenait clair que les centres de la main et des doigts

étaient atteints; et l'on pouvait dès lors diagnostiquer une tumeur

intéressant les centres du bras et de la main.

Le malade ayant présenté des convulsions et de la céphalalgie

avant tout autre symptôme localisateur, il paraissait probable que

la tumeur était située en avant des centres moteurs, qu'elle ne

devait atteindre que secondairement.

L'âge du sujet (16 ans), l'absence de tout phénomène syphilitique

ou tuberculeux, aussi bien que la marche assez rapide de la tumeur

amenèrent l'auteur à penser qu'il s'agissait d'un gliome ou d'un

glio-sarcome. -

L'opération fut pratiquée par le Dr Conway. Une couronne

de trépan d'environ trois quarts de pouce de diamètre, fut appli-

quée, ne perforant qu'avec une grande difficulté l'os très épaissi..

En enlevant la rondelle, on constate l'adhérence de la dure-mère

L'ouverture fut agrandie et son diamètre atteignit ainsi près de

deux pouces, car il était devenu évident que la tumeur occupait une

surface considérable : mise à nu, cette tumeur se présenta sous

l'aspect d'une masse aplatie, résistante, de nature fibreuse ; elle

adhérait si étroitement à la substance grise qu'une petite partie de

celle-ci suivit la tumeur au moment de l'ouverture, on put constater

que le néoplasme s'étendait assez loin dans' cette direction ; mais

comme la portion enlevée mesurait deux pouces un quart sur deux

pouces et que le malade s'affaiblissait visiblement, on nejugea pas

à propos de poursuivre l'ablation totale. Trois heures après l'opé-

ration, le malade eut une crise de convulsions généralisées. Fermée

par les procédés ordinaires, la plaie guérit bien.

Vingt-trois jours après l'opération, l'intelligence était tout à fait

lucide, la céphalalgie avait disparu et la convalescence était con-

firmée.

A cette date on constate l'état suivant : la parésie de la face,

l'état de la jambe ne sont pas modifiés; le bras gauche se meut

plus librement ; ses mouvements d'élévation, de flexion et d'exlen-

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. - Il

sion sont plus faciles, mais ils demeurent très affaiblis, ainsi que

les mouvements de pronation. Les doigts sont ordinairement dans

l'extension ; mais il existe de légers mouvements de flexion, d'ad-

duction et d'abduction : en somme les mouvements du bras sont

améliorés.

La douleur, l'hyperalgésie du bras ont à peu près disparu. La

sensibilité au loucher est presque normale, quoique peut-être un

peu retardée. Le sens thermique est normal. En revanche le sens

musculaire fait entièrement défaut.

Le malade est de nouveau examiné onze mois après l'opération :

il a des crises convulsives à peu près une fois par mois ; elles sont

unilatérales, et ne sont plus, comme avant l'opération, accompa-

gnées de perte de conscience. Elles sont precédées par une aura

légèrement douloureuse commençant à l'extrémité des doigts et

remontant le long du bras. La paralysie a diminué depuis l'opéra-

tion. Le malade peut élever le bras au-dessus de sa tête, le fléchir

et l'étendre, il fléchit les doigts, surtout ceux qui sont innervés par

le cubital, et il péut les étendre légèrement : toutefois l'extension

du poignet est impossible. La pronation est possible, mais non la

supination. Il reste un peu de parésie du côté gauche de la face;

la jambe gauche est un peu faible, et le réflexe du genou y est exa-

géré. - Il n'y a pas de céphalalgie; la vue est bonne, et il ne

demeure que de faibles traces de névrite optique. La santé géné-

rale est satisfaisante. L'examen du fragment de tumeur enlevé

montre qu'il s'agissait d'un sarcome à cellules fusiforne=.

R. DE Musgrave CL.1Y.

XXII. Sur LE drainage par aspiiution DU canal vertébral;

par Augustus Caille. (The iYem-2'or>i médical journal, 15 juin 1895.)

Le drainage du canal vertébral par la méthode aspiratrice, qui.

en dehors de sa valeur propre comme moyen thérapeutique, peut

fournir d'utiles éléments au diagnostic a été proposé pour la pre-

mier fois par Quincke au Congrès allemand de médecine de 1891.

Celle méthode repose sur la donnée que l'espace sous-arachnoïdien

péri-médullaire communique librement avec les ventricules céré-

braux. La ponction doit être faite entre la troisième et la quatrième,

ou entre la quatrième et la cinquième vertèbres lombaires, immé-

diatement au-dessous de l'apophyse épineuse un peu en dehors de

la ligne médiane, l'aiguille étant introduite entre les arcs des ver-

tèbres adjacentes et pénétrant à travers la dure-mère spinale

jusque dans le canal spinal. Le corps du malade doit être penché

en avant, et l'anesthésie n'est pas toujours nécessaire. Le plus ordi-

nairement l'aspiration n'est pas non plus indispensable, car si le

liquide céphalo-rachidien est soumis à la moindre pression on le

voit sourdre spontanément.

18 ' REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

Les cas rapportés par l'auteur sont au nombre de quatre on est

obligé de reconnaître qu'ils sont peu concluants et ne peuvent guère

contribuer utilement à l'appréciation de la méthode. Les deux

premiers, en effet, ne sont plus actuellement sous l'ohservation de

M. Caillé, qui, ne peut par conséquent donner de renseignements

sur l'état actuel des malades. Dans le troisième cas, le malade

est de l'aveu de l'opérateur, à peu près dans le même état qu'avant

l'opération. Et quant au quatrième cas, l'auteur ne mentionne

que le manuel opératoire, et la nature du liquide (qui contenait

20 p. 100 de sucré) et se borne à annoncer que le complément de

l'observation sera probablement publié.

Malgré ce que ces données peuvent avoir d'insuffisant, l'auteur

estime que le drainage du canal rachidien est un procédé que l'on

peut appliquer en toute sécurité lorsqu'il existe, dans des affections

diverses, des phénomènes de compression. Il est d'avis que le drai-

nage de la cavité racbidienue doit être préféré, au point de vue de

l'inocuité, au drainage de la cavité crânienne dans l'hydrocéphalie

crânienne : il pense enfin que, au point de vue du diagnostic, la

valeur de cette méthode est nettement établie. li. 11. C.

XXIII. Du soulagement DE la migraine ET DE quelques autres AFFFC-

'l'10\S névralgiques DE la Titre ; par Sargent et F. S4om,. (Tlce

Neiu- York médical journal, 31 mars 189 1.) '

L'auteur s'est proposé de démontrer qu'il existe un certain nombre

de cas où la migraine et les autres affections névralgiques de la

tête peuvent être guéries, ou lotit au moins amendées par un trai-

tement approprié des lésions nasales qui les provoquent : il rap-

porte à l'appui de cette proposition quatre observations intéres-

santes et très démonstratives : il a d'ailleurs observé des cas de ce

genre en assez grand nombre, et ne manque jamais maintenant,

quand il se trouve en présence d'affections de nature douloureuse

siégeant à la tète de conseiller l'examen des cavités nasales, et à

engager les malades, en cas de lésion reconnue, d'avoir recours à

une intervention chirurgicale, qui, bien entendu, n'est pas toujours

absolument curative, mais qui donne tout au moins d'importantes

améliorations. H. 11. C..

XXIV. Excitation maniaque intense consécutive A l'administration

du salicylate DE soude; par G.-B. 1VDI1VSUY. (The Journal of

mental Science, octobre 1895.)

Chez une aliénée de quarante ans, le salicylale de soude fut

prescrit pour des douleurs rhumatismales à la dose de 20 grains

(1 gr. 20) toutes les quatre heures ; la malade prit en tout six de

ces doses, soit 120 grains, ou 7 gr. 20. Elle fut alors prise d'une

SOCIÉTÉS SAVANTES. 79

crise d'excitation d'une intensité extrême ; il fallait plusieurs per-

sonnes pour la maintenir ; encore ne put-on l'empêcher de se

meurtrir et de se contusionner : le pouls était trop rapide pour

être compté, les sueurs étaient abondantes. Les accidents disparu-

rent au bout de trente-six heures ; il est à noter que la rougeur et

la douleur articulaires n'existaient plus.

Ce cas est surtout intéressant à cause de l'usage courant que l'on

fait du salicylate de soude dans une maladie très répandue. Les

accidents consécutifs à son administration ne sont pas rares, mais

en général ils ne se montrent que dans les cas où l'on a employé

des doses massives, et ils sont moins graves que ceux qu'a observés

l'auteur; toutefois, il règne à cet égard, parmi les médecins, de

profondes divergences d'opinion. R. M. C.

XXV. La TUBERCULOSE ET son traitement DINS LES ASILES D'IftL 1NDE ;

par Finegan. (The Journal of mental Science, avril 1895.)

Tous les aliénistes savent combien la tuberculose est fréquente

dans les asiles : l'auteur se demande si l'on fait bien réellement

tout ce qui est nécessaire pour faire bénéficier les aliénés tubercu-

leux de toutes les ressources nouvelles qu'une thérapeutique plus

rationnelle met aujourd'hui à notre dlsposiliqn dans le traitement

de la tuberculose, et il craint bien que l'on ne soit forcé de répondre

négativement ; il pense aussi que les mesures prophylactiques

rendues nécessaires par le caractère infectieux de la maladie ;

et plus indispensables dans un asile que partout ailleurs puisque

l'on peut sans exagération dire que tous les malades y sont en état

de réceptivité bacillaire plus ou moins accusée, ne sont guère mieux

appliquées que les mesures thérapeutiques. Il y a là une réforme

importante à instituer. . R. 111. C.

SOCIÉTÉS SAVANTES.

SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE.

Séance du 28 octobre 1893. Présidence de M. Paul MOREAU.

Condamnation d'un aliéné.

M. LEGRAIN lit, au nom de 1\1. ADAM (de Clermont), une observa-

tion médico-légale, concernant un aliéné hypocondriaque, con-

80 .SOCIÉTÉS SAVANTES.

damné récemment pour homicide, par la cour d'assises. Cette obser-

vation complète une lacune, dans l'enquête qui se poursuit il la

tribune de la Société, concernant le rôle du pouvoir judiciaire dans

les affaires d'aliénation mentale- Deux ordres de faits ont été pré-

sentés jusqu'alors : 1° des cas d'aliénés mis en liberté intempestive-

nient par autorité de justice; 2° des cas d'aliénés authentiques con-

damnés par les tribunaux pour délits ou crimes commis pendant

l'état de maladie. Il manquait à ces faits des cas de condamnation

d'aliénés par décision du jury. L'observation de M. Au.ut comble

cette lacune.

Le malade est un dégénéré héréditaire, n'ayant rien de grave dans

son passé, sauf quelques excès alcooliques et sexuels. La mélancolie,

le suicide existent manisfestement dans la famille. Il est hypochon-

driarlue depuis de nombreuses années; il croit avoir la syphilis et

un cancer de l'estomac. Toute son existence, dans les dernières

années, est celle des hypochondriaques obsédés (voyages incessants

en vue de consultations multiples). De temps en temps surviennent

des raptus mélancoliques, avec anxiété, désespoir, idées et ten-

tatives de suicide, impulsions violentes. C'est au cours d'une de-

ses impulsions, qu'il lire sur sa maîtresse, couchée à ses côtés, deux

coups de revolver, pour des motifs insignifiants, nuls en vérité.

Le jury, malgré les conclusions de l'expertise, a condamné Je

malade à cinq ans de travaux forcés. Gracié peu après, il est

aujourd'hui séquestré, toujours victime de ses préoccupations hypo-

chondriaques. -

M. Charpentier ne trouve pas, dans la communication, les élé-

ments d'une incontestable irresponsabilité. 11 manque une corré-

lation directe entre l'état mental de l'individu et l'acte incriminé.

M. LECRAIN répond que l'auleur ne lui a envoyé qu'un résumé de

son rapport qui est plus concluant dans son ensemble.

Hallucinations psycho-notriccs.

M. A. Voisin communique l'observation d'une malade ayant reçu

un traumatisme crânien dans l'enfance, plus tard, hystérique persé-

cutée, et chez laquelle les hallucinations devinrent provocatrices

de mouvements divers, en rapport avec la conception délirante.

M. Charpentier se demande s'il ne faut pas, au contraire, voir

dans ce fait un phénomène inverse. La malade éprouverait des

troubles de la sensibilité générale déterminant des mouvements,

provoquant eux-mêmes l'hallucination.

Congrès pénitentiaire.

III. Motet dépose le rapport qu'il a lu au Congrès pénitentiaire

sur les questions suivantes : Quelles mesures sont à prendre contre les

SOCIÉTÉS SAVANTES. 81

délinquants irresponsables ou contre ceux dont la responsabilité est

diminuée au moment du crime ou du délit ?

D'après quels principes doit être fait le calcul de la durée de la

peine pour les condamnés atteints d'aliénation mentale : A, Quand

ils sont enfermés dans des asiles spéciaux dépendant de l'administra-

lion pénitentiaire; B, Quand ils sont Yiel 11 sdes, asiles d'a-

liénés proprement dits. 6t· ? vC-rt't ? . 1; . B.

liénés proprement date. l ç< ? \ IC ? ? c.¿ : l'I, ,13.

'" ? \ si \i,P¡ : T : )1 i : : nl( : "

Séance du 25 novembre 1895. +. Présidence nez ? ljh ", fi- . ° . °, é'1 Ca\ · 'y'-

. ? t ? E )1 ? .

Tentative de meurtre sous l'il1fluel1ceil'ul'Q.'[jsbsiÓn.

M. Vallon lit un rapport médico-légal concernant un jeune

homme de dix-neuf ans qui, sous l'influence d'une obsession pa-

thologique, a commis une tentative d'homicide.

Depuis quelques jours X... était obsédé par l'idée fixe de tuer

une fille publique. Cette idée lui était venue peu à peu, sans qu'il

sût pourquoi. Après avoir vainement essayé de lutter, un soir il

est sorti avec l'intention arrêtée d'en finir avec cette situation in-

tolérable et de tuer la première femme qui lui ferait des proposi-

tions dans la rue. A cet effet il s'était armé d'un couteau-poignard

et d'un revolver. Accosté par une fille publique, il la suivit dans un

hôtel où, après avoir payé à l'avance des faveurs dont il n'a pas

voulu profiter, sans discussion préalable, il l'a frappée de plusieurs

coups de couteau et a tiré sur elle deux coups de revolver.

X... est ensuite rentré tranquillement chez lui et n'aurait pro-

bablement jamais été découvert si, un mois plus tard, il ne s'était

dénoncé lui-même dans des circonstances assez bizarres, en écri-

vant au commissaire de police une lettre signée d'un nom de

femme dans laquelle il se désignait comme l'auteur de la tentative

d'homicide. Arrêté, X... a fait le récit complet de la tentative

d'homicide et des causes qui l'avaient poussé à la commettre.

L'acte incriminé présente tous les caractères classiques de l'ob-

session et de l'impulsion conscientes. Deux ans auparavant X... avait

eu une obsession de suicide; celle-ci avait eu la même durée que

l'obsession homicide. Cet individu est un dégénéré héréditaire. Sa

grand'mère paternelle avait « des manies»; très triste, elle res-

tait des mois sans sortir de chez elle et sans vouloir^ recevoir per-

sonne ; parfois elle faisait des achats absurdes; elle est morte subi-

tement. Le père de X... a été longtemps plongé, lui aussi, dans

la mélancolie.

11. Vallon est arrivé à cette conclusion que X... ne devait pas

être considéré comme responsable de l'homicide dont il était in-

culpé puisqu'il avait commis cet acte sous l'empire d'une obsession

pathologique, d'une idée incoercible, d'une impulsion irrésistible;

mais qu'étant dangereux, il devait être envoyé dans ,un asile

Archives, 2° série, t. I. 6 -

83 SOCIÉTÉS SAVANTES.

d'aliénés. Conformément aux conclusions du rapport médico-légal,

l'affaire s'est terminée par un non-lieu et X... a été interné comme

aliéné.

AI. Vallon appelle l'attention de la Société sur les trois

points suivants : 1" la cause de l'obsession dans le cas particulier

pouvait bien être la dégénérescence héréditaire; mais il lui parait

exagéré de considérer toujours l'obsession comme un syndrome

épisodique de la dégénérescence. On peut observer l'obsession en

dehors de la dégénérescence, par exemple chez les individus à cer-

veausurmené ; en second lieu chez certains dégénérés, les obses-

sions sont si nombreuses, durent de si longues années, qu'on peut

et doit les considérer comme la partie essentielle de la maladie et

non comme un simple épisode de celle-ci;

2" Depuis son arrestation X... est calme et lucide; M. Vallon se

demande combien de temps on devra le garder à l'asile et il dési-

rerait, quand la famille demandera la sortie, voir la magistrature

intervenir et prendre un peu de la lourde responsabilité qui in-

combera au médecin ;

3 M. Vallon trouve mauvaise l'expression ordinairement employée

d'obsession ou d'impulsion consciente. Pendant la crise obsédante le

malade n'a pas toute sa conscience; sa personnalité et par suite son

état de conscience sont entamés. Ainsi, dans le cas particulier,

X..., au cours de la crise obsédante, n'avait certainement pas toute

sa conscience. La preuve c'est que lui, un garçon honnête, a commis

sans sourciller un cruue dont l'accomplissement lui a procuré une

grande satisfaction. Quelques jours plus lard, quand la crise a été

terminée, alors, seulement, il est revenu à son état de conscience

habituelle, a eu regret de ce qu'il avait fait, a été pris de remords

et s'est dénoncé.

AI. 13m.»u ne sait pas comment l'intervention de la magistra-

ture dans le placement des aliénés diminuerait la responsabilité

des médecins traitants. Un magistrat, ne pouvant qu'être incom-

pétent en matière de médecine, devra toujours recourir aux lu-

mières d'un expert qui sera le médecin. Celui-ci, obligé de for-

muler une opinion, sera tout aussi embarrassé que maintenant

dans la détermination à conseiller.

M. Vallon. Je veux dire que dans des cas analogues, c'est-à-

dire quand l'aliéné n'a pu échapper à la prison que grâce à son état

mental, le magistrat devrait pouvoir tenir au criminel le raisonne-

' ment suivant : « Votre état mental vous rend irresponsable, par con-

séquent, vous n'êtes pas condamné ; mais vous resterez dans un asile

d'aliénés jusqu'à ce que vous soyez inoffensif. Actuellement, l'autorité

administrative, entre les mains de laquelle de semblables aliénés

sont confiés, ne peut être contrainte à les séquestrer, si elle ne

croit pas devoir le faire. »

SOCIÉTÉS SAVANTES. 83

M. Garnier voudrait qu'aucun aliéné criminel ne pût être remis

en liberté sans qu'une commission spéciale fût consultée. C'est dans

ce sens que le congrès pénitentiaire s'est prononcé, en émettant

le voeu que désormais l'autorité judiciaire, au lieu de renvoyer le

criminel irresponsable à l'autorité administrative qui est libre de

le séquestrer ou non, fût obligée de rendre un jugement ordon-

nant la séquestration. Celle-ci ne pourrait cesser sans un jugement

du même tribunal. ,

1f. Charpentier. L'autorité administrative étant libre de ne

pas faire eufermer, il faudrait que l'autorité judiciaire fût obligée

de le faire. Rien de cela ne figure dans la loi en préparation sur le

régime des aliénés. La seule objection est que si la collocation est

prononcée par un tribunal, elle aura le caractère infamant d'une

pénalité. On peut encore supposer un individu honorable commet-

tant un crime sous l'influence d'une absorption involontaire d'un

liquide toxique et frappé d'une tare indélébile.

11. Ballet. Nous nous laissons toujours dominer par les vieilles

idées métaphysiques, dont nous pourrions nous dégager quand

nous causons entre nous. Quel est le rôle de la magistrature ? Pro-

téger la Société. Par conséquent, c'est à elle à dicter les mesures

préservatrices. Le tribunal placé en face d'un individu ayant com-

mis un crime sous l'influence d'un état mental pathologique, prendra

une mesure temporaire ou définitive suivant que la nocuité sera elle-

même temporaire ou définitive.

l\1. Arnvud. Qui dira que l'aliéné est dangereux ? Le mé-

decin ! Or, nous voyons tous les jours les magistrats faire sortir

de l'asile, des aliénés criminels dangereux ayant bénéficié d'une

ordonnance de non-lieu, et cela malgré l'avis des médecins.

M. Charpentier ne croit pas que la protection de la Société, soit

dans les attributions de la magistrature. Cette protection appar-

tient plutôt, selon lui, à l'autorité administrative représentée à

Paris par le préfet de police. La loi de 1838, appliquée rigoureu-

sement, est largement suffisante.

M. Christian. Nous revenons à l'éternelle question des respon-

sabilités des magistrats et des médecins; vous ne faites que déplacer

cette responsabilité en substituant le magistrat au médecin, mais

vous ne résolvez pas le problème.

M. 1311LIND. L'autorité administrative prend seule des mesures

préservatrices; c'est d'elle que doit relever l'aliéné qui peut être

dangereux.

Présentation d'instrument.

As. TouLOUSE présente un marteau percuteur pour l'exploration

des réflexes, dû à son invention. Marcel BRL11D.

84 -,t SOCIÉTÉS SAVANTES.

1

ye CONGRÈS INTERNATIONAL CONTRE L'ABUS

DES BOISSONS ALCOOLIQUES.

Session de Bâte : les 20 et 22 août 1895. (Suite .)

M. Alglave (de Paris) prétend que les impuretés de l'alcool en

font seules le danger et que l'alcool rectifié n'est pas nuisible. Il

soulève une vive contradiction en soutenant, d'après une statis-

tique suisse, que le nombre des cabarets, et celui des cas d'alcoo-

lisme étaient des séries de faits indépendants. Ceci parait, en effet,

résulter d'une statistique officielle où l'on voit le canton de Thur-

govie présenter à la fois beaucoup plus de débits de boissons et

beaucoup moins de cas d'alcoolisme que le canton de Berne. Enfin

M. Alglave allègue, en faveur du monopole, que l'introduction de

ce système en llussie a déjà produit d'excellents résultais.

M. Moeller, répondant à ;\1. Alglave, fait connaître qu'en Belgique

l'alcoolisme exerce de grands ravages et cependant les spiritueux

qu'on y consomme sont d'une pureté remarquable; ils renferment

moins d'impuretés que la proportion tolérée par la régie fédérale

suisse (2 à 3 p. 1000) ; preuve que l'alcoolisme est dû, moins à la

qualité qu'à la quantité d'alcool ingéré.

11. BOVET répond à la seconde allégation de nI. Alglave, que le

fait signalé tient il ce que le canton de Berne avait beaucoup de

distilleries agricoles, qui n'étaient pas comprises dans la statistique

des débits, bien qu'on y bût beaucoup de spiritueux sur place.

Enfin M. )11 ? ZLOI'F, le délégué russe, déclare que tout ce qu'on a pu

constater dans son pays, c'est qu'il y a eu moins d'arrestations pour

ivresse publique; mais cette diminution s'explique parce que, dans

les provinces où le monopole russe a été appliqué, on a supprimé

les débits de buissons; l'alcool est acheté par le public dans des

bureaux officiels, tenus par des employés du fisc ; cet alcool est bu

il domicile, il est donc très possible qu'il y ait moins de cas d'ivresse

publique, mais tout autant de gens qui s'enivrent.

M. Grant-Mills propose au Congrès d'émettre un voeu en faveur

de la revision de l'acte de Bruxelles (1890-91) sur le trafic des spi-

ritueux en Afrique. On sait que, malgré l'entente des puissances

réunies en conférence, il y a encore de grands abus dans le con-

tinent noir; nombre de missionnaires et d'explorateurs ont dénoncé

les ravages causés par cet abominable commerce dans les peu-

plades africaines; l'orateur en cite plusieurs exemples. Le voeu

' D' moelles. Internationale Monalschr. zur Ilelwnthfuu ! 1 (Ici- Trink

sillen, novembre 1895.

SOCIÉTÉS SAVANTES. 8

formulé par Il. Grant-Mitts et modifié par le Dr Forel, est adopté à

l'unanimité moins trois voix (22 août).

111. III 1 LLI [.T, directeur de la régie fédérale des alcools, fait un rap-

port sur le monopole de l'alcool en Suisse. Voici en quoi consiste

ce système : l'autorité fédérale a accaparé le monopole des spiri-

tueux provenant de la distillation des matières amylacées (céréales

et pommes de terre) ainsi que des fruits et vins étrangers. La dis-

tillation des alcools de fruits, baies, racines, etc., indigènes est

libre; il en est de même de celle de l'absinthe, sauf que celle-ci est

soumise à une taxe de monopole. Le quart de l'alcool nécessaire à

la consommation du pays est fabriqué par des particuliers distil-

lant pour le compte de la fédération; les trois autres quarts sont

achetés à l'étranger par l'administration du monopole.

Le commerce des boissons distillées par quantités supérieures à

40 litres est libre; pour les quanlités moindres, il est soumis aux

lois cantonales fiscales et de police. Il appartient aux cantons de

réglementer l'exploitation des auberges et le commerce en détail

de la bière et du vin. La confédération veille à la qualité des spi-

ritueux provenant des matières amylacées, les cantons à la qualité

-des aulres. L'excédent des recettes du monopole est réparti entre

les cantons, à charge pour ceux-ci de consacrer le dixième des

sommes que chacun perçoit à la lutte contre l'alcoolisme.

M. Milliet fait remarquer que la législation sur l'alcool avait un

triple but : agricole, financier et hygiénique. Au point de vue de

l'agriculture, il s'agissait de supprimer les grandes et les petites

distilleries qni ne rendaient aucun service à l'agriculture, tandis

que l'autorité fédérale pouvait créer ou entretenir des distilleries

moyennes, qui, par leur situation et leur installation, utilisaient

le surplus de la production de fécules et rendaient au sol, comme

matières fertilisantes, les résidus de leur fabrication; au point de

vue financier, il fallait abolir une véritable anarchie qui existait

dans certains cantons relativement aux impôts frappant soit les

spiritueux, soit les boissons fermentées : enfin l'hygiène publique

réclamait la disparition des petites distilleries, qui favorisaient la

consommation sur place, et les grandes distilleries qui faisaient

descendre le prix de l'alcool à un chiffre trop bas; en outre, il était

nécessaire d'obtenir la suppression des droits que certains cantons

avaient décrétés sur les boissons fermentées; il importait aussi de

veiller à la qualité des spiritueux consommés.

111. IIIILLIET croit que les résultats du monopole sont favorables,

puisque la consommation alcoolique a diminué. Il reconnaît cepen-

dant qu'il y a des revers à la médaille : les cantons n'ont guère

usé de la faculté de soumettre la distillation de fruits à des mesures

policières et fiscales; aussi cette fabrication a-t-elle pris de l'exten-

sion ; il est certain aussi que certains produits étrangers sont im-

86 SOCIÉTÉS SAVANTES.

portés par fraude; les cantons n'ont pris aucune mesure pour

diminuer le nombre desdébits; enfin jusqu'ici l'emploi des 10 p. 100

sur le produit du monopole n'a pas toujours été judicieux.1L11JILLIET

termine en disant que la législation suisse sur l'alcool ne mérite

ni des éloges enthousiastes, ni un blâme exagéré; elle n'a pas

, donné au problème de l'alcoolisme une solution complète, défini-

tive, celle-ci ne pourra être atteinte que par étape dans le courant

du vingtième siècle.

M. MARTIN (de Genève), insiste particulièrement sur les ravages

causés par l'abus de l'absinthe et réclame des mesures énergiques

pour arrêter ce mal. Il se plaint du mauvais emploi de la dîme de

l'alcool dans divers cantons. .11. HOCIIAT louche également ce

dernier point; il émet l'avis que l'avantage de la rectification de

l'alcool monopolisé est souvent perdu par les manipulations que

subit cet alcool chez les liquoristes avant de parvenir aux consom-

mateurs ; enfin il dénonce les maux produits par l'alcool de'fruits;

cette liqueur est bue dans beaucoup de villages, souvent à domicile;

c'est un abus qui échappe complètement à l'action du monopole.

1\1. le D1' MOELLES tire de tout le débat cette conclusion, essen-

tielle, que le monopole ne peut être présenté comme un remède

radical de l'alcoolisme; c'est un palliatif qui peut être utile dans

certains pays comme la Suisse et dans certaines circonstances;

mais il n'est pas rationnel de vouloir l'imposer à toutes les contrées,

comme veulent le faire certains partisans de ce système.

ni. Jules Dews, instituteur à Genève, fait une conférence sur la

statistique des boissons distillées et fermenlées consommées dans

divers pays; M. FRAl'OE, directeur de l'asile de MitnsLerliiigeii (Thur-

govie), lit un travail sur la statistique des décès imputables à

l'alcool. AI. le D1' BLEULu et \i. le pasteur BOVET parlent des asiles

pour buveurs, 11. CLOCHER de la lutte contre l'alcoolisme par la

création de salons de lecture.

Il. Skinner et Gutsmann abordent un sujet délicat à traiter

devant un congrès aussi mêlé : l'alcoolisme dans ses rapports avec

la question sociale. Le second de ces orateurs, un simple menui-

sier de Bâle, invoque sa propre expérience : « Qu'ai-je besoin, s'est-

il écrié, de la physiologie pour connaître les effets de l'alcool sur

mon corps. Il me suffit de savoir que je me porle beaucoup mieux

depuis que je suis abstinent. Je sais aussi que l'ouvrier travaille plus

et mieux lorsqu'il renonce complètement aux boissons enivrantes.

Comme socialiste, je recommande l'abstinence à mon parti, parce

qu'elle est un puissant moyen d'émancipation. La lutte des classes

élève l'ouvrier, mais l'usage de l'alcool l'abaisse ! »

M. 'VnsELY expose les résultats obtenus par les célèbres Band,

o/'llope d'Angleterre, 111. BYSE ceux de la société de tempérances

l'Espoir, fondée par la jeunesse suisse. Les deux orateurs font

SOCIÉTÉS SAVANTES. 87

l'éloge de l'oeuvre si remarquable par la rapidité de ses succès,

créée en Belgique par .\1. l'inspecteur Robons. Ils insistèrent sur ce

fait, peut-être unique, que le gouvernement belge a donné un

puissant appui à ces sociétés scolaires de tempérance et qu'il a

déridé d'inscrire l'enseignement anti-alcoolique dans le programme

des études des écoles primaires.

Mme SELMER, de Copenhague, et 11. Louis FRANK, de Bruxelles,

entretiennent le congrès du rôle de la femme dans la lutte contre

l'alcoolisme. NI. FRANK montre que dans toutes les contrées, où

cette lutte avait donné des résultats sérieux, cela était dû à' la

coopération des femmes. Il en est ainsi de l'Angleterre, de la Scan-

dinavie, de l'Amérique et de la Suisse. Par contre, dans les pays,

comme la Belgique, la France et le Danemark où l'intempérance

exerce le plus de ravages, l'intervention de la femme est nulle. Il

importe de développer l'action féminine, si l'on veut extirper l'al-

coolisme. 111. Frank donne des statistiques relatives à la Nouvelle-

Zélande, pays où règne la liberté de la femme. Nous y notons de

grands progrès daus l'état social, dans le bien-être général, une

diminution de l'ivresse, de la criminalité, de l'aliénation mentale.

L'orateur veut favoriser la coopération de la femme en frappant le

buveur dans sa bourse, en protégeant le salaire et l'épargne de la

femme contre la prodigalité et l'imprévoyance des maris alcoolisés ;

en diminuant le pouvoir marital et l'autorité parternelle de telle

sorte que les femmes et les enfants soient soustraits à la tyrannie de

pères et d'époux alcoolisés, en confiant à la femme, dans certaines

circonstances, la direction de la communauté; et enfin en décidant

que l'ivresse habituelle sera une cause de séparation et de divorce.

Pour faire face aux dépenses militaires, les États demandent in-

cessamment de nouvelles ressources à l'alcool. Les nations civi-

lisées s'empoisonnent elles-mêmes pour se procurer les .ressources

qui leur permettent de s'entre-tuer dans la guerre. Il est impossible

que les femmes ne cherchent pas à anéantir une politique aussi

insensée et aussi désastreuse.... P. S.

L'atavisme dans le suicide. - : \1. Eugène Obret, âgé de trente-

deux ans, tailleur de limes, demeurant àAlfortville, avait plusieurs

fois manifesté l'intention de se donner la mort. Hier, sa femme s'ab-

senta pendant cinq minutes à peine qui suffirent au malheureux

pour mettre son projet à exécution. Lorsque Mue Obret rentra, elle

trouva son mari pendu. Tous les soins furent inutiles. Le frère du

suicidé s'est noyé dans la Marne, il y a quelques mois, son père

avait à plusieurs reprises tenté de se pendre. Son grand-père s'é-

tait pendu. (Le Républicain Orléanais, 7 déc. 1895.) 0

VARIA.

Iile Congrès international DE psychologie A IIIUnICII;

Du 4 au 7 août 1896.

Comité de réception. Président : D1' Lipps, professeur à la Fa-

cullé de philosophie, Georeenstrasse, 18 ? Munich. Secrétaire géné-

ral : D1' baron Schrenck-Notzing, Max-Josephstrasse, 2 ? Munich.

Trésorier : Ernest Retter, secrétaire de la Compagnie d'assurances

contre l'incendie, Adalbertstrasse, G/3, Munich.

. Comité exécutif. D'' Lipps, D'' Schrenck-Notzing, Retter, Parish,

D1' Fogt, Dr Weinmann.

Comité international d'organisation. Présidents : Dr Stumpf,

professeur à la Faculté de philosophie à Berlin, et membre de l'Aca-'

démie des sciences, Berlin W., Nùrnberâerstrasse, 14. Dr Lipps,

professeur à l'Université de Munich, Georgenstrasse, 18 ? Secré-

taire général : D'' baron de Sclirenck-Notzing, médecin, Munich,

Alax-Josephstrasse, 2 ?

Organisation. L'ouverture du congrès aura lieu le mardi

4 août 1896, avant midi, dans la grande salle de l'Université. Y

pourront prendre part toutes les personnes prenant intérêt à la

propagation des connaissances psychologiques et désirant voir

s'établir des relations personnelles entre les psychologues des dif-

férentes nations. Les dames y seront admises avec mêmes droits

que les hommes. Relativement à l'admission au congrès, de même

que pour toutes les leclures et discours à tenir, on est prié de rem-

plir le formulaire ci-joint, et de bien vouloir l'adresser avant l'ou-

verture du congrès au secrétariat (Munich, Bavière, Alax-Josepbst.). '

Les personnes qui voudront assister aux séances du congrès sont

priées de verser une cotisation de 20 francs, qui donnera droit à

une carte d'admission pour toutes les séances du congrès; en

même temps, elles recevront gracieusement le journal avec la

liste des membres et un exemplaire des rapports officiels. Cette

carte servira également de quittance ainsi que de billet d'entrée

aux fêtes diverses qui auront lieu en l'honneur 'des membres du

congrès.

Le journal paraîtra en quatre numéros. Il est destiné à servir de

guide et contiendra l'indication des logements, le programme des

lectures et discours à tenir, les divertissements qui sont projetés, la

liste des membres du congrès et enfin un aperçu des galeries et

des curiosités de Aluniez.

VARIA. 89

Les langues admises pour les discussions sont : l'allemand, le

français, l'anglais et l'italien. Les travaux du congrès se feront

soit dans les séances générales, soit dans les séances de sections.

La répartition des sections dépendra des discours et des lectures

projetés et se fera dans les diverses salles de l'Université.

La durée d'un rapport lu dans les sections est fixée à vingt mi-

nutes au plus. Les membres qui voudront prendre part aux dis-

cussions sont priés de présenter un résumé de leur discours avant

ou pendant les séances, pour faciliter la rédaction du rapport. Ils

pourront se servir pour cela des formulaires mis à leur disposition.

En général, on invite tous les savants, qui annonceront des rap-

points pour le congrès, à en envoyer préalablement, et avant son

ouverture, un extrait succinct, ou table des matières, au secrétariat,

dans la dimension d'une ou de deux pages imprimées. Ces extraits

seront imprimés et distribués avant la séance à l'auditoire 'pour

rendre plus facile la compréhension du rapport. Quant aux détails

du programme des travaux, les membres du comité local donne-

ront volontiers tous les renseignements nécessaires, de même que

pour les visites à faire dans les instituts et laboratoires scientifiques.

PROGRAMME. IPsyclto-physiùlogie. S'adresser, pour les ren-

seignements, à les professeurs Rüdinger et Graetz, D1' Cremer.

a) Anatomie et physiologie du cerveau et des organes des sens

(bases physiologiques de la vie psychique). Développement des

centres nerveux. Localisations. Neurones. Voies de conduction.

Structure du cerveau. Fonctions psychologiques des parties cen-

trales ; actions réflexes et automatiques; innervation, énergie spé-

cifique des nerfs. b) Psycho-physique. Rapports du physique et

du psychique. Méthodologie psycho-physique. Loi de Fechner. Phy-

siologie des sens (sensations musculaires et organiques, le toucher,

l'ouïe, la vue, audition colorée). Effets psychiques de certaines

substances, temps de réaction, mesures des réactions végétatives

(respiration, pouls, fatigue des muscles).

II. Psychologie, de l'individu normal. S'adresser, pour les ren-

seignements, à 11111. le professeur Lipps, Du Cornelius et Du Wein-

mann. Buts. Méthodes. - Observations et expériences. Psy-

chologie des sens, sensations et idées, mémoire. Lois de l'asso-

ciation. La conscience et l'inconscience, l'attention, l'habitude,

l'attente, l'exercice. L'espace objet de perception de la vue, du

toucher, des autres sens, la conscience de l'étendue. Illusions géo-

métriques et optiques, perception du temps. La science de la con-

naissance. Action de l'imagination. - Sentiments et sensation,

les sentiments esthétiques, éthiques et logiques, les émotions elles

lois de la sensation. Le système de la volonté, la conscience de

la volonté, actions volontaires, mouvements expressifs, faits éthi-

ques. Conscience personnelle, développement de la personna-

90 varia.

lité, variétés individuelles, L'hypnotisme. Suggestion, sommeil

normal, rêves. Automatisme psychique, importance des sugges-

tions au point de vue judiciaire et pédagogique, psychologie péda-

gogique. -

III. Psycho-pathologie. S'adresser, pour les renseignements, à

le professeur DI Grashey, D1' de Schrenck-N'olzing et 11. Parish.-

Importance de l'hérédité dans la psycho-pathologie; données sta-

tistiques, la question de l'hérédité des qualités acquises, relations

psychiques (transmissions corporelles et psychiques). Observations

faites au sujet de la dégénération, dégénération et génie. L'héré-

dité aux points de vue éthique et social.- Relations de la psvchoiogie

et du droitcriminei.Psycho-pathotogie des sensations sexuelles.-

Grandes névroses (hystérie, épilepsie). - Conscience alternante, con-

tagion psychique, côté pathologique de l'hypnotisme, somnolence

pathologique.Psycho-thérapie, suggestions thérapeutiques, sug-

gestion mentale, télépathie, transfert psychique, statistique inter-

nationale des hallucinations; autres matières qui s'y rapportent. z

Hallucinations, idées obsédantes, aphasie, etc., etc.

IV. Psychologie comparée. -S'adresser, pour les renseignements,

à Blini. le professeur Dl' Ranche, D1' Ilirth et D1' Fogt. Statistique des

faits psychologiques. La vie psychique des enfants. Les fonc-

tions psychiques des animaux. La psychologie des peuples et la

psychologie anthropologique. Etudes comparatives sur la lin-

guistique et la graphologie au point de vue psychologique.

LE témoignage DES enfants EN justice.

Sous le titre : Odieuse calomnie, la Presse libre du 14 octobre

publie le récit suivant. « Après la mort de sa femme survenue pres-

que subitement, il y a deux ans, un sieur H... allait habiter avec sa

petite fille, Juliette âgée de dix ans, chez des amis, rue Truffault.

Sous le couvert de cette hospitalité, les époux B..., qui savaient

le veuf dans une situation très aisée, mûrirent le projet de le faire

interdire pour capter son bien. Pour cela on devait avoir recours,

par la bouche d'un enfant, à la plus odieuse des calomnies.

« La femme un(,- horrible mégère revendeuse à la toilette,

s'ingénia d'abord à détacher l'enfant du père. Ce premier résultat

obtenu, elle fit la leçon à la petite Juliette qui, au mois de février

dernier, accusa l'auteur de ses jours d'avoir abusé d'elle.

« Le parquet fit commencer une enquête. M. Il... fût arrêté; mais

M. le docteur Vibert, médecin-légiste, chargé d'examiner l'enfant

ayant constaté qu'elle n'avait subi aucune violence, son père fut

aussitôt remis en liberté provisoire. Continuant habilement l'ins-

truction de cette affaire, AI. Albanel, juge d'instruction, a amené,

non seulement, Juliette H... à reconnaître son mensonge, mais

VARIA. 91

aussi à faire nommer ceux qui en étaient les instigateurs. D'autres

révélations de l'enfant à qui les époux B... avaient également con-

seillé de voler la clef d'un coffret contenant des valeurs, ont amené

l'anestation de ces derniers. Le peu intéressant couple a été

écroué. »

1 .Lutte contre l'alcoolisme.

Les Sociétés de tempérance ne sont pas un vain mutehez nos voi-

sins les Belges. Un inspecteur principal de l'instruction primaire,

M. Robyns, a su organiser sous ce titre : Sociétés scolaires de tem-

pérance, 17,449 groupes comprenant deux millions de jeunes adhé-

rents. AI. Robyns demande aux instituteurs publics placés sous ses

ordres « d'obtenir que, dans chaque école, un certain nombre

d'élèves, âgés de douze ans au moins, s'engagent d'honneur, mais

librement, il s'abstenir jusqu'à l'âge de vingt ans, de genièvre,

d'ean-de-vie et de liqueurs tories et à ne faire qu'un usage modéré

du vin ». -

Celle idée est couronnée de succès dans la province de Limboug.

Sur z57 écoles communales de garçons, 209 ont une Société de

tempérance et réunissent un total de 5,000, adhésions. Ce mouve-

ment est suivi par les provinces voisines : Namur en compte 154;

le Ilainaut, 21` ? ; Liège, 71; la Flandre occidentale, 34; Anvers, 6;

le Brabant, 98; la Flandre orientale, 34. Au 31 décembre dernier,

le nombre de ces sociétés était pour toute la Belgique, de 952 avec

16,307 membres. Ne trouvez-vous pas que le besoin d'un ltobyns

français se fait sentir ? ' !

MOEURS anglaises,' tel est le titre donné par le Petit Pari-

sien du 13 septembre, à la note que nous reproduisons.

« Le jury de Londres avait, hier, à statuer sur les causes de la

mort d'une dame Carver, épouse du révérend Thomas Carver, qui

avait succombé à un empoisonnement. Adonnée à l'ivrognerie,

cette malheureuse s'était trompée de bouteille et avait avalé, au

lieu de gin, une large gorgée d'acide sulfurique.

« L'enquête a établi que défunte Al™0 Carver possédait un luxueux

exemplaire de la Bible, format in-8°, à tranche dorée... contenant

une bouteille de la capacité d'un litre. Plus elle buvait plus elle

semblait attachée aux pratiques de sa religion. C'est seulement

après sa mort que son pauvre mari a découvert quel emploi elle

avait fait du recueil des textes sacrés.

« Le jury a rendu un verdict de « décès causé par accident ?

mais le coroner n'a pas laissé échapper cette occasion de flétrir

las dames adonnées aux spiritueux. »

Alcool. Voici d'après l'ouvrage d'un publiciste allemand,

traitant du développement de l'alcoolisme, les quantités de bois-

sons que consomment les Allemands pendant une année. Ils

92 varia.

absorbent par an, d'après la moyenne de la statistique des cinq

dernières années, G7G,470,000 litres d'eau-de-vie; 5,455,600,000

litres de bière, et seulement 322,000,000 de litres de vin. Le '

nombre ,des habitants étant de 49,428,470, chaque Allemand

boit par année : 13 litres 705 centilitres d'eau-de-vie, 110 litres 1/2

de bière et seulement 7 litres 510 décilitres de vin. (Petit Parisien,

8 sept.) .

La LOI SUR l'ivresse. Hier, vers 2 heures de l'après-midi, un

individu titubait sur le boulevard de Strasbourg. En apercevant un

débit de tabacs et de boissons, le poivrot est entré dans ce

débit pour boire encore. Le propriétaire de l'établissement a servi

un verre d'absinthe à l'ivrogne. Un gardien de la paix qui se trou-

vait par là a voulu présenter quelques observations au débitant,

qui l'a quelque peu rudoyé. L'agent a alors verbalisé contre lui

pour avoir servi à boire à un ivrogne et pour n'avoir pas affiché

la loi sur l'ivresse dans son établissement (Le Petit S'ar, 9 octobre).

Il est certain que si l'on appliquait rigoureusement la loi,

comme cela a été fait dans ce cas, on verrait peu à peu le

nombre des ivrognes diminuer, et partout s'atténuer tous les

graves inconvénients de l'alcoolisme. Qu'on surveille aussi

et sévèrement la nature des boissons livrées à la consomma-

tion et, loin de se multiplier, les débits de boissons diminueront.

NÉCESSITÉ DE L'ASSISTANCE DES IDIOTS. NOUVEAU CAS

DE SÉQUESTRATION.

« Le parquet de Coutances, dit le Cotentin (22 novembre), s'est

rendu à Baudreville, canton de la Ilaye-du-Puits, chez un nommé

Pierre Ozouf, cultivateur, qui, sous un prétexte peu fondé, tenait

ptisonnièle dans un appartement fermé avec une chaîne et un

cadenas, sa pauvre fille, âgée de vingt-quatre ans, bossue et

simple d'esprit. De charitables voisins, sans doute, en ont informé

la gendarmerie qui s'est rendue au domicile d'Ozouf et ont demandé

à voir la captive.

A la vue de cette malheureuse, ils ont reculé de dégoût; ses

habits étaient dans un affreux état de malpropreté, et son appar-

tement, où séjournaient ses excréments, ressemblait à une fosse à

fumier. Après avoir porté secours à la victime, les gendarmes ont

mis les menottes à ce père dénaturé et l'ont emmené. Le parquet

a pris les mesures nécessaires pour que la pauvre fille soit soignée

comme sa situation l'exige. Ozouf donne comme excuse que sa fille,

faible d'esprit, était un danger pour la sécurité publique, et c'est'

pour cette raison qu'il l'avait séquestrée. »

Ce fait montre une fois de plus la nécessité d'organiser

, VARIA ' 93

dans tous les départements des Asiles-Ecoles pour les idiots.

Il n'y a pas de départements où il n'existe trois à quatre cents

enfants et adolescents idiots ou atteints de perversion morale

ou d'épilepsie. Assurément la conduite du père de cette

« simple d'esprit » est inhumaine et blâmable. Mais la muni-

cipalité de sa commune ne l'est pas moins. Assurément elle

connaissait la séquestration. Pourquoi n'est-elle pas inter-

venue ? C'est qu'elle a craint, en demandant le placement dans

un asile, d'occasionner une dépense à la commune ; c'est

qu'elle sait sans doute que les administrations départemen-

tales n'aiment pas interner les aliénés, tant qu'ils ne sont pas

devenus un danger pour la sécurité publique, parce que cela

coûte.

Un FOU TUÉ par ses gardiens.

La cour d'assises de l'Oise était saisie hier d'une affaire de

meurtre commis sur un aliéné, par deux gardiens de la maison

centrale de Clermont. Cette affaire rappelle le fameux procès

Estoret, jugé il y a une quinzaine d'années à Beauvais. Les accusés

se nomment Bleuse et Forestier. La victime était un sieur Jean

Maître, originaire de ltoyaucourt. Voici les faits d'après l'acte

d'accusation :

Le 29 mai dernier, vers huit heures du soir, le gardien Bleuse.

chef de surveillance de la 4° section affecté aux demi-agités, jugea

nécessaire de mettre la camisole de force à Jean Maître, qui refu-

sait de prendre une potion calmante. Comme le malade se prépa-

rait à résister, le gardien alla chercher des auxiliaires à la section

voisine.

Pendant ce temps, le gardien Forestier, aidé de son collègue

Benuaille, entreprit de camisoler le malade qui lui lança deux

coups de poing. Bleuse survenant alors se.précipita sur Maître au-

quel il porta deux coups de pied et deux coups de poing dans le

creux de l'estomac. Puis, quand il l'eut renversé sur le parquet, où

ses collègues le maintenaient, Bleuse lui porta encore plusieurs

coups de poing dans le côté droit de la poitrine.

Comme le malade se débattait, Forestier, placé à sa gauche, lui

porta avec violence de ce côté de la poitrine et dans l'estomac plu-

sieurs coups de poing. En outre, il plaça avec force son genou sur

la poitrine du pauvre fou, qui se trouvait ainsi presque étouffé.

Plusieurs malades, attirés parles crisdu malheureux, assistèrent à

une partie de la scène. Transporté à l'infirmerie, Maître succom-

bait le lendemain à une pneumonie traumatique double, consé-

quence directe des graves violences exercées sur lui. L'autopsie

révéla qu'il-avait eu le sternum brisé en deux endroits et neuf côtes

fracturées.... - - i .. -

t

94 ' 1 FAITS DIVERS. t

L'instruction ouverte aussitôt établit, avec l'aveu même de

Bleuse, que nul autre que lui et Forestier n'avait frappé Maître.

Celui-ci n'était pas un aliéné habituellement dangereux : l'amélio-

'ration constatée dans son état l'avait même fait attacher au service

du médecin de l'asile. Les renseignements fournis sur le compte

des deux gardiens ne sont pas défavorables. Cependant, en ce qui

concerne Bleuse, un acte de brulalité commis par lui sur un aliéné

quelques instants avant la scène qui devait coûter la vie à Maitre,

permet de penser qu'il recourait assez volontiers à la violence vis-

à-vis des malades confiés à sa surveillance.

Interrogé le premier, Bleuse. qui est âgé de vingt-quatre ans.

ne nie pas les faits, mais voici comment il les explique : A l'heure

du coucher, on fait prendre une potion calmante, sirop de chioral,

aux malades; l'aliéné Jean Maître ayant refusé de prendre la

potion, on recourut à la camisole de force : Maître s'y opposa;

c'est alors que se produisit la scène au cours de laquelle l'infortuné

reçut de nombreux coups. Lorsqu'il fut réduit à l'impuissance, les

gardiens lui passèrent la camisole de force et le déposèrent sur un

lit. Ni le directeur, ni le médecin ne furent informés,' ce ne fut que

le lendemain, alors qu'on s'aperçut que le malade était én syncope,

qu'on avertit le directeur. Il était trop tard : Maître expirait quel-

ques instants après. i . .

Sur interpellation, Bleuse avoue avoir frappé le malade. Inter-

rogé à son tour, Forestier nie avoir placé son genou sur la poitrine

de Maitre : Je n'ai, dit-il, exercé de pression que sur l'épaule du

malade. Les dépositions des témoins de la scène sont en contra-

diction formelle avec les dires du gardien Forestier. Le Dr Adam,

médecin en chef de l'asile de Clermont, dit que la maison manque

de cellules, que les gardiens sont en nombre insuffisant, que tout

cela nuit au bon fonctionnement de l'asile..

Après le réquisitoire de 111. Scherdlin, procureur de la République

et les plaidoiries de MM. Jumel et Revrart, le jury répond négati-

vement aux questions qui lui sont posées. Les gardiens Bleuse et

Forestier sont, en conséquence, acquittés.

. FAITS DIVERS.

Asiles d'aliénés. Nominations et promotions ; 11. le D1' Lallemant,

médecin en chef à Mal'éville, est nommé directeur-médecin à

l'asile de Dijon ; - AI, le Dr Brun, médecin en chef à l'asile de l3rou,

bulletin bibliographique. U8

est élevé à la 2° classe du cadre (28 octobre) ; 11. le Dr Chambaru,

médecin-directeur de l'asile de Bourges, est promu à la 1 classe

du cadre (28 octobre); M. le U' Vernet, directeur-médecin à

l'asile d'Auch, est nommé médecin en chef à l'asile de Maréville

(4. novembre) ; - M. le D' NICOUL.2 £ U, médecin-adjoint à Saint-Yon,

est nommé directeur-médecin de l'asile d'Auch (11 novembres

Al. le Dr TRÉNEL, médecin-adjoint à Levallec; est nommé médecin-

adjoint à l'asile Saint-Yon (25 novembre); -- 11. le Dr MALFtLATRE

est nommé directeur-médecin à l'asile de Saint-Lizier (30 no-

vembre). .

Démission : ;M. le Dr Belle, directeur-médecin à l'asile de Saint-

Lizier a donné sa démission qui est acceptée (25 novembre 1895).

Asile d'aliénés DE la SEINE. Concours de. l'internat en médecine.

Ce concours s'est ouvert le 2 décembre; 57 candidats inscrits;

9 n'ont pas répondu à l'appel et 8 se sont retirés à la lecture de la

question écrite : Substance goi,c de la moelle (anatomie et physiolo-

gie). Les autres questions restées dans l'urne étaient : 1° Capsule in-

terne; 2° Appareil nerveux du coeur. - Parmi les 40 candidats qui

ont déposé une copie, deux sont de nationalité étrangère. Le con-

cours a lieu pour quatre places d'interne qui seront vacantes au lerfé-

vrier 1896. Le jury se compose de MM. Bouchereau, président;

Deny, Marandon de llontyel, Legrain, Talamon et Caput :

Asile de Bnov. Le concours pour l'internat en médecine de

l'asile de Bron vient de se terminer par les nominations suivantes :

Internes titulaires : MM. Serripny et Picard. - Internes suppléants : .'

MM. Lamy, Grousset et Bouveyron. -

Archives russes de pathologie, de médecine ET DE D\CTéIllOLO-

(dE, publiées sous la direction de il. V. V. l'owosaoTrrl, professeur à

l'Université de Iileti, avec la collaboration des médecins les plus éminents

de la Russie. Les Archives paraîtront en langue russe le 20 de chaque

mois par un fascicule de ! )8 pages in-8° (ci-inclus un extrait en langue

française de tous les articles originaux).7fA't)'c/t/f'M de Pathologie, de

Médecine clinique el de Bactériologie publieront : I. Des travaux origi- ,

naux avec planches et Illustrations. Il. Des analyses et revues critiques.

11l. Bibliographie. Prix de l'abonnement pour les pays faisant partie

de l'union postale, 33 fr. Le premier numéro paraîtra le 20 janvier 1896.

(Librairie C. Ricker à Sainl-Péler,houl'g,)

Ciiarrin. Poisons de l'organisme. Poisons du tube digestif. Volume

in-18 de 188 pages. l',ms, 1895. Librairie G. Massun.

CcnERRE. Rapport du directeur-médecin de l'asile d'aliénés adressé

il .Il. le Préfet pour la session du Conseil général du mois cL'aoril 1895.

Brochure il-8' de 66 pages. La Roche-sur-Yon, 1595. yc lvonnet

et fils.

DELIAS (P.). Tremblement hystérique. Brochure in-8° de 10 pages,

avec 24 figures. - Paris, 1891. - Librairie 0. Dom.

MonEL (J.). L'Enseignement professionnel des gardiens dans les asiles

96 AVIS AUX ABONNÉS.

d'aliénés. Brochure in- de 11 pages. Extrait du Bulletin de la Société

de médecine mentale de Belgique. 1891.

CAU\IVE.1U. Un nouveau type de paralysie associée des mouvements

horizon/aux des yeux. Brochure m-8" de 11 pages, avec 3 figure. -

Paris, 1895. - Librairie Stainheil.

Schaffer (K.). Suggestion und Reflex. Fine krislisch-experhnentelle

Studie ubel' die Reflex plioenomene îles //v ? o/;6';t : t<.s ? Volume in-8° de

123 pages, avec 6 planches hors texte, iena, 1895. - Verlaô von Gus-

tav Fischer.

SETT SCOTT BtSnOP. .'If/f/reM on the Founding of the Illinois Ilo.spilrtl.

Brochure ¡n-8° de 4 pages. Chicago, 1895. American Médical

.'ioc;'a/;o< ! 7'<'M.

SÉGLAS (J.). Leçons cliniques sur les maladies mentales et nerveuses

(Salpêtrière 1887.189), recueillies et publiées par H. Meige. Volume

n)-8<' de VII-835 pages, avec figures. "

Toulouse (I : rl.) - Les causes de la folie. (Prophylaxie et a,si>lance.)-

Volume in-8° de X-19 pages.- Pans, 1895. - Société d'Editions scien-

tifiques.

Vonoaoee. Hystérie. Volume in-8° de 123 pages. - Paris, 1895.

Librairie A. Maloine.

Zin[E\' (Th.). Leitfaden der 7'/t</6to/w ? t'/<ett Psychologie in 15 \'or-

lerinigeii. Volume in-8" de 238 pages. Prix : 6 Ir. léua, 1895. z

Verlan G. Fischer.

AVIS A NOS ABONNÉS. - L'échéance du 1er jANFlER

étant l'une des plus importantes de l'année, nous prions

instamment nos souscripteurs dont l'abonnement cessera

à cette date, de nous envoyer le plus tôt possible le mon-

tant de leur renouvellement. Ils pourront nous adresser ce

montant par l'intermédiaire du bureau, de poste de leur

localité, qui leur remettra un reçu, de la somme versée.

Nous prenons à notre charge les frais de 3 p. 100 prélevés

par la poste, et nos abonnés n'ont rien Ù payer en sus du

prix de leur renouvellement.

Nous leur rappelons que, à moins d'avis contraire, la

quittance de réabonnement leur sera présentée, aug-

mentée des frais de recouvrement, Ù partir du

20 janvier. Nous les engageons donc à nous envoyer DE

SUITE leur renouvellement par un mandat-poste.

Afin d'éviter toute erreur, nous prions également nos

abonnés dejoind1'e à leur lettre de réabonnement et à toutes

leurs réclamations, la bande de leur journal.

Nous rappelons à nos lecteurs que l'abonnement collectif

des Archives de Neurologie et du, Progrès Médical

esl réduit ci 30 francs pour la France et l'Etranger.

Le rédacteur-gérant : Bourneville.

Eu'cu\., cil. IltRlS8EY, tmp. - 1 ? 5.

Vol. I. Février 1896. N° 2

ARCHIVES DE NEU

CLINIQUE MENT^ ?

Asile CLINIQUE (SAINTE-ANNE . PROFESSEUR JOFFROY.

LES HALLUCINATIONS UNILATÉRALES ;

LEÇON recueillie par EDOUARD TOULOUSE,

Chef de clinique, médecin de l'Asile Sainte-Anne.

Sommaire : I. Nouveau cas d'hallucinations unilatérales de

l'ouïe. II. Définition et pathogénie de l'hallucination.

III. Deux classes d'hallucinations unilatérales : par lésion

sensorielle et par lésion cérébrale. IV. Nécessité de la

prédisposition pour la production de l'hallucination.

Messieurs, -

I. Je désire vous montrer aujourd'hui un malade qui pré-

sente des troubles hallucinatoires assez peu communs et dont

la pathogénie soulève des questions du plus haut intérêt.

C'est un homme de soixante-cinq ans qui a une histoire assez

instructive sous le rapport des antécédents névropathiques. Ses

parents et grands parents sont tous morts âgés, le père à

quatre-vingt-seize ans, la mère à quatre-vingt-huit, ses aïeuls

maternels vers la quatre-vingt-dixième année. Vous savez

qu'une telle longévité n'exclut pas toute idée de tare familiale;

ce qui est certain c'est que ces ascendants, sur lesquels nous

n'avons que des renseignements excellents, peut-être même

Archives, 2e série, t. 1. 7

98 CLINIQUE MENTALE.

trop optimistes, ont eu pour rejetons des individus moins favo-

risés qu'eux. Le malade est un ivrogne endurci, un de ses

frères a les mêmes habitudes d'intempérance, un autre est mort

-de délire alcoolique aigu et son fils épileptique est interné à

Bicétre depuis l'âge de douze ans. En outre Merc..., notre malade

a eu des convulsions en bas âge. '. '

Il est intelligent, a exercé divers métiers et avant la dernière

guerre avait réussi, dans la fabrication des plumes, à écono-

miser 40,000 francs, lorsqu'un jour sa femme, qui l'aidait dans

son commerce, le quitta à l'improviste, emportant sa petite

fortune. Désespéré, Merc... se mit à boire ; et, la guerre franco-

allemande étant survenue, il s'engagea et continua, pendant

son séjour au régiment, à s'adonner aux excès alcooliques.

Après la guerre, Merc..., trouvant difficilement des emplois

convenables, finit par servir chez les restaurateurs et les mar-

chands de vin, sans songer à résister à ses penchants. Le ma-

tin, à jeun, il prenait cinq ou six verres de vin blanc, et dans

la journée plusieurs bouteilles de vin rouge et quelques verres

d'absinthe ou d'eau- de-vie.

Ce régime eut à la longue un fâcheux retentissement sur son

cerveau prédisposé, et, en 1881, il eut un accès de délire aigu

avec hallucinations de la vue et agitation violente. Détail impor-

tant, le malade ne semble pas avoir eu à ce moment d'halluci-

nations de l'ouïe. Après un séjour de six mois à Ville-Evrard il

sortit guéri, mais ne tarda pas à retomber dans ses anciennes

habitudes. Fortifié par le séjour à l'asile et une abstinence

prolongée, il put tout d'abord supporter ces nouveaux excès,

mais cela ne devait pas toujours durer. Vieilli, usé par l'âge,

l'alcool et la cachexie, il ne devait pas tarder à présenter de

nouveaux troubles cérébraux.

Merc... est entré dans notre service le 19 octobre; c'est un

homme de soixante-cinq ans, très athéromateux, affaissé, sans

énergie physique, toussant, présentant quelques signes physi-

ques de tuberculose pulmonaire; et paraissant beaucoup plus âgé

qu'il ne l'est en réalité. La force musculaire est à peu près égale

des deux côtés; mais il se plaint de douleurs, qui présentent

quelque chose de particulier. Elles affectent beaucoup plus la

moitié gauche de la tête et de la face que la moitié droite. Au

moment des paroxysmes, les douleurs sont lancinantes et s'ac-

compagnent de phénomènes sensoriels, tels que : sensations

de rayons électriques dans l'oeil gauche et bourdonnements

LES HALLUCINATIONS UNILATÉRALES. 99

dans l'oreille du même côté. Si l'on presse sur les points d'émer-

gence des branches du trijumeau, on détermine de la douleur.

Le malade se plaint aussi de névralgies, survenant par accès,

et siégeant sur le trajet des nerfs maxillaires inférieurs. Enfin

au moment des crises névralgiques, Merc... a parfois des ver-

tiges et des étourdissements qui durent quelques secondes,

pendant lesquelles il perd presque conscience de ce qui l'en-

toure ; toutefois il ne tombe jamais. Les douleurs, très accu-

sées à la face, affectent aussi les membres, avec une certaine

prédominance pour le côté gauche, et il est facile, comme vous

pouvez vous en assurer, de les provoquer en comprimant même

légèrement les nerfs périphériques, le cubital et le radial au

coude, le médian au poignet, ou les sciatiques au niveau des

fesses et des genoux. En même temps que ces douleurs spon-

tanées ou provoquées, il existe dans ces mêmes parties du corps

une sensation habituelle d'engourdissement et des fourmille-

ments très fréquents.

La sensibilité, ou plutôt la faculté de percevoir les sensations

de contact et de chaleur, est à peu près intacte, mais il n'en est

plus de même du fonctionnement des organes des sens, et j'ap-

pelle ici toute votre attention. La vision est diminuée des deux

côtés, surtout à gauche, et cet affaiblissement s'explique en

grande partie par des opacités des cristallins, ainsi qu'il résulte

d'un examen de M. le U'' Sauvineau. Mais c'est surtout du côté

de l'audition que nous trouvons des troubles prononcés, très

prédominants du côté gauche. Le malade, qui entend à droite

le tic tac d'une montre à 25 centimètres et souvent plus, ne le

perçoit plus à gauche à partir de 5 centimètres. On constate

aussi une diminution très appréciable du goût et de l'odorat.

Voilà donc un ensemble de troubles sensoriels, parmi les-

quels il convient de distinguer la surdité assez accusée du

côté gauche, avec phénomènes douloureux prédominant dans

la moitié gauche de la face, et paroxysmes rappelant quelque

peu la migraine ophtalmique. Mais ce n'est pas tout; il existe

un autre ordre de phénomènes, qui constituent l'intérêt prin-

cipal de cette observation. Merc... a éprouvé des hallucinations

de la vue, et il perçoit habituellement des hallucinations de

l'ouïe, localisées ou du moins très prédominantes à gauche.

Les renseignements qu'il donne ne sont pas bien précis sur

les hallucinations visuelles. On sait combien il est parfois dif-

ficile à un observateur de localiser des phénomènes de ce

100 ' CLINIQUE MENTALE.

genre dans l'oeil droit ou dans l'oeil gauche. Le champ visuel

des deux yeux ayant une grande partie commune, on ne se

rend que difficilement compte qu'une hallucination est uni-

latérale, et notre malade ne sait pas en réalité*si ses halluci-

nations visuelles ont été unilatérales ou bilatérales. Ajoutons

que ces hallucinations consistaient en la vision d'ombres,

de figures, d'animaux, par exemple des marmottes qui dan-

saient.

Plus intéressantes sont les hallucinations de l'ouïe, elles

sont mieux localisées, et sur ce point le malade est très affir-

matif. Il entend, non seulement des bourdonnements, mais

aussi des voix qui se moquent de lui, le plaisantent et l'insul-

tent, et, presque toujours, dans l'oreille gauche. En tout cas,

les hallucinations auditives, quand elles sont bilatérales, sont

prédominantes à gauche.

Notez que Merc..., si affaibli qu'il paraisse au point de vue

physique, a conservé une grande netteté d'observation. Il nous

fournit des renseignements très circonstanciés, fait preuve de

bon sens et montre une parfaite conscience de son état. Il sait

par exemple que ces voix sont des hallucinations ; toutefois

quand à l'heure propice du sommeil commençant, elles l'obsè-

dent, il se laisse parfois abuser quelques instants par elles. Il

se lève alors pour mettre ses interlocuteurs à la porte, crie,

s'emporte, puis se réveille tout à fait et se recouche « en plai-

gnant sa pauvre tête ».

Il était intéressant de savoir quelles étaient les lésions des

oreilles chez notre malade. Nous avons eu recours à l'obli-

geance de notre collègue le docteur Lermoyez. Voici le résumé

de son examen : lésions bilatérales, mais beaucoup plus

prononcées à gauche, intéressant l'oreille moyenne (catarrhe

chronique de la caisse du tympan, avec ramollissement de la

membrane tympanique, relâchement de la chaîne des osselets,

enfoncement caractéristique, sténoses tubaires) et aussi l'oreille

interne (lésions des terminaisons labyrinthiques des nerfs

auditifs, surtout du côté gauche). Ces altérations paraissent

très anciennes.

Nous avons donc maintenant tous les détails de la maladie

de Merc... C'est peut-être un prédisposé héréditaire, mais c'est

à coup sûr un alcoolique, qui a eu un premier accès de délire

il y a treize ans, et qui présente actuellement quelques hallu-

cinations de la vue et surtout des hallucinations unilatérales

LES HALLUCINATIONS UNILATÉRALES. 101

de l'ouïe. A quoi convient-il de rattacher ces dernières ? C'est

là le point intéressant que je vais aborder.

II. Mais auparavant je vous rappellerai brièvement ce

que c'est qu'une hallucination et une illusion. Par la connais-

sance de la pathogénie de ces phénomènes considérés en

général, ainsi que par l'étude des autres faits connus d'hallu-

cinations unilatérales, je pourrai, je l'espère, arriver à vous

faire saisir l'intérêt de ce cas particulier.

« L'hallucination, a dit Bail en résumant la définition

d'Esquirol, est une perception sans objet. » Quand par exemple

un individu dit qu'il voit un homme à quelques pas devant

lui, alors que rien ne peut en réalité provoquer une telle per-

ception, on dit qu'il est halluciné. -

L'illusion n'est qu'une fausse perception. Par exemple un

malade, qui, mis en présence de son médecin, reconnaît en -

lui une autre personne, un parent ou un ami, ou encore une

personne imaginaire, est, non plus un halluciné, mais un illu-

sionné. Pratiquement, et dans certaines circonstances,' ces

deux phénomènes sont plus difficiles à distinguer, ou du moins

on ne s'attache pas et il n'y pas intérêt à les séparer. Ainsi

vous vous rappelez un alcoolique chronique atteint de névrite

périphérique, que je vous présentais dernièrement, il croyait

sentir des vers sous sa peau et de la sorte paraissait avoir des

hallucinations ; en réalité, il avait plutôt des illusions. Il parais-

sait bien au premier abord avoir une hallucination puisque

rien de semblable à des vers n'excitait ses nerfs sensitifs, mais

il avait des fourmillements, des sensations morbides variées

dans ses nerfs altérés, et il les interprétait d'une manière

erronée en les attribuant aux mouvements de vers qui s'agi-

taient et sortaient de sa peau. En un mot il y avait une

sensation réelle qu'il appréciait mal ; c'est bien là l'illusion.

Il faut aussi se rappeler que les hallucinations ne créent

rien et ne font qu'évoquer des images existant dans le cerveau

du malade. Par exemple les voix d'un' aliéné ne lui parleront

jamais que dans les langues qu'il connaît ; et, lorsqu'il a des

visions fantastiques, par exemple un animal ayant la tête d'un

chat et la queue d'un serpent, c'est que les éléments de ces

apparitions étaient dans sa mémoire. Ce qui est nouveau alors,

c'est seulement leur juxtaposition particulière. Cette remarque

nous permet de considérer le phénomène hallucinatoire,

comme une erreur de l'activité cérébrale qui s'est manifestée

102 CLINIQUE MENTALE.

tout à fait en dehors des conditions habituelles de l'excitation

sensorielle normale, et l'illusion comme une erreur de l'activité

du cerveau régulièrement provoqué. Or, il en est de l'hallucina-

tion comme de l'illusion et de la perception normale, pour que

l'activité du centre contenant l'image hallucinatoire soit éveillée,

il faut naturellement qu'il soit excité. Mais il peut l'être de

bien des manières, soit par un trouble vaso-moteur, soit par

l'irrigation de sang vicié, soit par une lésion, une modification

légère, le plus souvent insaisissable des éléments nerveux. Je

dis modification légère ou insaisissable, car pour qu'un centre

puisse produire l'hallucination, il est nécessaire qu'il ait conservé

des conditions d'intégrité suffisantes pour permettre son activité.

Ainsi se trouvent éliminées du nombre des causes productrices

des hallucinations les lésions destructives des centres psycho-

sensitifs. Toutefois des lésions de ce genre, siégeant au voisi-

nage du centre sensoriel, pourraient l'irriter et agir sur lui

comme cause d'excitation. Dans ces cas l'hallucination serait

considérée avec raison comme étant d'origine centrale.

Mais il peut aussi arriver que l'activité du centre contenant

l'image hallucinatoire soit mise en jeu par une excitation des

nerfs sensitifs-périphériques. Il s'agit alors d'illusions, ou,

comme l'on dit, d'hallucinations d'origine périphérique, par

opposition aux hallucinations d'origine centrale. Cette théorie,

acceptée par la plupart des aliénistes, est celle qui explique le

mieux les faits complexes. Mais il ne faut pas oublier qu'une

condition est nécessaire au développement de l'hallucination,

c'est la prédisposition vésanique, acquise ou originelle, c'est

l'état d'infériorité fonctionnelle des centres cérébraux. Sans

cela tous les malades qui ont des lésions irritatives du cerveau

(tumeurs, foyers cicatriciels, lésions des vaisseaux, des

méninges) seraient en proie à des phénomènes hallucina-

toires. Rappelons-nous qu'en fin de compte l'irritation d'un

centre cortical ou d'un nerf périphérique ne peut donner que

l'idée d'une image sensorielle, et pour que le sujet la projette

en dehors de. lui, la rende en quelque sorte réelle, vivante el-

objective, il faut un état mental particulier, assez rare puis-

qu'en somme les hallucinations constituent un élément excep-

tionnel dans la symptomatologie si riche des maladies du cer-

veau. Ces réserves faites, voyons si les hallucinations unilaté-

rales peuvent, parleur caractère en quelque sorte expérimental,

apporter quelque lumière dans l'étude de ces phénomènes.

LES HALLUCINATIONS UNILATÉRALES. 103

III. Nous avons dit que les faits de ce genre étaient en

petit nombre. En fouillant la littérature française et étrangère, z

on en trouve une quarantaine. Ils ont fait en France l'objet

d'une étude d'ensemble de la part de M. Régis en 1881 et

plus récemment, en 1892, de M. Toulouse2, qui a réuni tous

les cas observés jusqu'alors. Les conclusions de ces deux auteurs

sont un peu différentes. De l'étude des cas connus, M. Régis

sort avec cette affirmation que l'hallucination unilatérale est

causée par une lésion de l'organe sensoriel périphérique ;

M. Toulouse, tout en admettant comme indiscutable, cette

catégorie de faits, pense qu'il en est d'autres qui peuvent être

légitimement rattachés à des lésions centrales de l'encéphale.

Vous savez que dans les discussions de ce genre, il n'est qu'un

moyen de se faire une opinion, c'est d'examiner les faits de

près. Or quels sont-ils ? On peut les diviser naturellement en

deux groupes : ceux où l'hallucination est sans contestation

sous la dépendance d'une lésion de l'organe sensoriel, et ceux

où elle semble être l'effet d'une altération cérébrale.

Il serait facile de justifier la constitution du premier groupe,

en citant les observations de Baillarger, Régis, Bail, Max

Buch, Schule, Mabille, pour ne citer que les principales. Je ne

rappellerai ici que celles d'une signification indiscutable ; car

ce qui importe dans le choix des preuves, c'est leur valeur et

non leur nombre. Une observation de M. Régis me paraît

présenter une réelle signification à ce point de vue. Il s'agit

d'un jeune homme de vingt-sept ans, qui eut dans l'enfance

une otite droite avec écoulement purulent. A l'âge de vingt

ans, il commença à souffrir d'hallucinations absolument loca-

lisées à l'oreille malade. On fit des cautérisations ponctuées

au niveau de la région mastoïdienne, on améliora enfin

l'état local et les hallucinations disparurent avec l'otite, au

bout de trois mois de traitement. Bail * a aussi rapporté le cas

d'un jeune homme qui, après un vigoureux soufflet, aurait été

atteint d'otite moyenne gauche et peu après d'hallucinations

auditives localisées de ce côté. Le traitement local fit disparaitre

1 Régis. Des hallucinations unilatérales. (Encéphale, 1881, p. 13.)

' Ed. Toulouse. Les hallucinations unilatérales. (Revue générale,

Gazette des hôpitaux, 1892, p. 609.) .

3 Régis. Ouvrage cité, p. 68 et smv.

1 Bail. Encéphale, 1892, p. 1.

104 CLINIQUE MENTALE.

ces deux ordres de phénomènes morbides. Mais le cas le plus

.intéressant, parce qu'il a, par son évolution, la valeur d'une

expérience, est celui rapporté par M. Mabille'. Cet auteur,

- ayant à soigner une femme qui présentait un délire mélanco-

lique avec troubles hallucinatoires de l'oreille droite, examina

l'oreille affectée, pratiqua un lavage du conduit auditif externe

et fit ainsi sortir un grain de blé entouré d'un amas de céru-

men. Le soir même, les hallucinations disparurent et la malade

guérit peu à peu de son délire mélancolique.

Je crois que ces quelques exemples suffiront pour vous con-

vaincre que la lésion d'une oreille, donnant lieu à des bour-

donnements et à des bruits variés par irritation du nerf auditif,

peut déterminer la mise en activité morbide du centre senso-

riel correspondant, qui interprétera les bruits pathologiques,

les transformera en voix et en fera ainsi des hallucinations

unilatérales de l'ouïe, mais seulement quand il y aura prédis-

position. Je dis : quand il y aura prédisposition, parce qu'il

faut bien admettre que cette conséquence hallucinatoire n'est

pas forcée, sans quoi toutes les personnes souffrant de bour-

donnements d'oreilles auraient des hallucinations, alors que

c'est la grande exception. L'affaiblissement du cerveau, la pré-

disposition du centre auditif sont les véritables causes de la

production de ce phénomène, que la maladie de l'oreille, la

lésion sensorielle périphérique ne fait que déterminer et entre-

tenir. Voilà donc un premier groupe de phénomènes, dont

l'existence et l'explication ne donnent lieu à aucune objection

de fond ; abordons l'examen du second groupe.

La plupart des faits s'y présentent dans des conditions de

complexité telle que l'on est très embarrassé quand on

recherche leur interprétation. Ainsi les organes sensoriels

(yeux ou oreilles) ne sont pas toujours examinés, ce qui laisse

un doute sur la véritable pathogénie de l'hallucination ; et

parfois même il existe des altérations à la fois dans le cerveau

et dans l'organe des sens, ce qui rend le problème encore plus

ardu. D'autres fois encore il y a des lésions cérébrales telle-

ment diffuses ou tellement profondes qu'on se demande

comment elles auraient pu donner naissance à des troubles

hallucinatoires, qui supposent, je le répète, une intégrité

presque absolue du centre cortical.

1 Mabille. Cas de uérisozz d'hallucinations unilatérales de l'ouïe de

cause externe. (Annales nzéclicu sclcolu71yues, 1883, Go série, t. X, 412.)

LES HALLUCINATIONS UNILATÉRALES. 105

Sans m'attarder à critiquer le point faible de chacune des

observations présentées comme exemples d'hallucinations uni-

latérales par lésion cérébrale, dont plusieurs doivent être reje-

tées du débat parce que l'oreille n'a été examinée ni pendant

la vie ni après la mort, et dont d'autres, comme celles de

M. Lwoff et de M. Toulouse 2, manquent de preuves nécrop-

siques, seules irrécusables en la matière, je vais rappeler les

principaux détails de certains faits, ayant une signification

plus précise et paraissant prouver l'existence des hallucinations

par lésion des centres cérébraux.

Une malade, dont l'histoire très curieuse nous a été rappor-

tée par Tomaschewski et Simonowitsch 3, présenta durant sa

vie des hallucinations de l'ouïe et de la vue qui, à un certain

moment, furent unilatérales. Relativement- aux hallucinations

de l'ouïe il,y a lieu de remarquer que si l'autopsie révéla des

lésions de la première temporale, siège du centre auditif, on

en constata aussi dans l'oreille moyenne, du côté où s'étaient

produites les hallucinations de l'ouïe. Mais cette critique ne

peut être maintenue pour les hallucinations de la vue, qui

disparurent vers la fin de la maladie ; et elles paraissent bien

devoir être mises sur le compte d'une lésion sensorielle cen-

trale, puisque l'oeil était intact et que l'examen des nerfs et

bandelettes optiques ne révéla aucune altération. On trouva

du reste des lésions des lobes temporo-pariétaux, et en parti-

culier du pli courbe dont la partie la plus superficielle était

remplacée par du tissu sclérosé. Les auteurs supposèrent que

cette lésion avait, en se développant, provoqué des hallucina-

tions, lesquelles disparurent lorsque le tissu nerveux eût subi

une destruction plus profonde. Nous avouons qu'il nous paraît

plus rationnel de rattacher à la lésion de l'oreille gauche, et aux

bruits morbides qui en étaient la conséquence, la prédomi-

nance (car les hallucinations de J'ouïe étaient doubles) des

symptômes hallucinatoires auditifs de ce côté. Quant aux hallu-

cinations unilatérales de l'oeil gauche, qui se produisirent plus

tard, il semble légitime de les rattacher à la lésion centrale,

t Lwoff. Études sur les troubles intellectuels liés aux lésions circons-

crites du cerveau. Th. Paris, 1890, p. 10.

2 Ed. Toulouse. Hallucinations unilatérales chez une femme ayant

vue lésion circonscrite du cerveau. (Gazelle des hôpitaux, 1892, p. 591.)

' Tomaschewski et Simonowitsch. Analysé in Neurologisclies Cen-

tralblall, 1889, p. 22. ' .

106 CLINIQUE MENTALE.

mais il y a lieu de se demander par quel mécanisme elles se

sont produites dans ce cas.

On peut supposer que là encore, comme pour les hallucina-

tions auditives, il s'agit de fausses sensations qui ont été

interprétées d'une manière erronée par la patiente en proie

depuis longtemps déjà à d'autres troubles hallucinatoires. En

résumé, la lésion de la région du pli courbe aurait donné nais-

sance à des sensations lumineuses, et la malade qui transfor-

mait en voix ses bourdonnements d'oreilles, aurait transformé

ses sensations lumineuses en hallucinations, ou plus juste-

ment en illusions de la vue.

M. Féré a rapporté de son côté une observation très instruc-

tive. Il s'agissait d'un homme de soixante-dix-neuf ans qui,

à la suite d'attaques épileptiformes, eut des hallucinations de

la vue et de l'ouïe. Un jour il ressentit une douleur de tète

très forte dans le pariétal droit ; le lendemain il présenta des

convulsions épileptiformes dans le bras gauche ; et consécuti-

vement il fut sujet à des hallucinations unilatérales du sens

du toucher dans le membre supérieur gauche. Il lui semblait

parfois que sa main se promenait sur une surface polie, ou

bien qu'elle serrait un bâton, ou encore que son bras était

pressé par de lourds paquets : or la sensibilité tactile était

diminuée à la main et au bras gauche, la sensibilité au froid

y était au contraire augmentée, et dans ces conditions il ne

nous semble pas téméraire de penser que le malade, ayant

éprouvé dans le membre supérieur gauche des sensations mor-

bides, les transforma en hallucinations, avec d'autant plus de

facilité qu'il avait déjà des hallucinations de la vue et de l'ouïe.

En somme, la lésion cérébrale donne lieu dans les cas de ce

genre à des troubles subjectifs de la sensibilité, à de fausses

sensations rapportées à la périphérie, et le malade qui est en

état hallucinogénique, les interprète et les transforme en hallu-

cinations. C'est donc l'état hallucinogénique du sujet et non la

lésion cérébrale qui fait l'hallucination ; la lésion cérébrale ne

produit que des fourmillements, des engourdissements, en un

mot des troubles subjectifs de la sensibilité, c'est-à-dire la

matière première que le cerveau prédisposé, taré, hallucinogène,

transforme en hallucinations.

Cette manière d'expliquer la production des hallucinations

1 Féré. Les épilepsies et les épileptiques. 1890, p : 466 et suiv.

LES HALLUCINATIONS UNILATÉRALES. 107

en conséquence de lésions cérébrales a été exposée dans la

thèse de mon élève M. Wormser '. Elle parait encore plus légi-

time après la lecture du cas de Lick 2. Le malade était un para-

lytique général, qui eut un jour une attaque épileptiforme

suivie d'hémiparésie, hémianesthésie et hémianopsie droites,

avec aphasie motrice et surdité verbale. Les troubles moteurs

et sensitifs s'amendèrent dans les trois jours, des hallucina-

tions se produisirent alors dans l'oreille droite; puis tout dis-

parut, et le malade retomba dans son état habituel. Deux mois

après il survint une nouvelle attaque épileptiforme, suivie des

mêmes phénomènes qui apparurent et disparurent dans le

même ordre. Il est probable que là encore les hallucinations

unilatérales n'étaient que la traduction erronée de sensations

morbides.

Il faut rapprocher de ces cas les faits d'aura sensorielle uni-

latérale accompagnant les convulsions épileptiformes ; souvent

on observe des impressions lumineuses, ou encore des bour-

donnements et des sifllements dans les oreilles, etc., mais quel-

quefois il survient de véritables hallucinations visuelles ou

auditives dont la pathogénie est facile à comprendre après ce

que je viens de dire. Gowers 3 a même fourni des preuves ana-

tomiques du rapport que nous cherchons à établir. Dans un

cas où des convulsions épileptiformes débutaient par une aura

auditive rapportée à une seule oreille, il trouva à l'autopsie

une' tumeur dont la plus ancienne partie était au-dessous de la

première circonvolution temporale. Dans ce cas, l'hallucination

de l'ouïe était vraisemblablement provoquée, de même que les

attaques épileptiformes, par la tumeur, c'est-à-dire par l'irri-

tation du centre sensoriel cortical. Hughes Bennett a a rapporté

un fait intéressant de traumatisme de la région pariétale droite,

ayant donné lieu à des attaques épileptiformes. Celles-ci

étaient précédées de visions d'une lumière rouge brillante et

suivies d'une amblyopie de l'oeil gauche. L'auteur attribue les

sensations lumineuses et la cécité à la lésion des régions

pariéto-occipitales; en tout cas, la trépanation au niveau du

pli courbe fit cesser ces symptômes .morbides. Or toutes ces

' Wormser. Les hallucinations unilatérales. Th. Paris, 1895.

, Lick. Analysé in Neul'Olo,r¡isches Cenlralblall, 1892, p. 329.

' Gowers. Archives de Neurologie, 1891, t. XXI, p. 256.

' Hughes Bennett. The Lancel, 1889, t. I, p. 674.

108 CLINIQUE MENTALE.

auras sensorielles unilatérales peuvent être transformées par

un cerveau prédisposé en hallucinations unilatérales.

On a cherché à nouveau dans ces derniers temps à établir

un rapport entre certains de ces phénomènes et les lésions

nécropsiques, principalement dans la paralysie générale, et

Mickle', après de nombreuses autopsies, semble s'être con-

vaincu que la plupart des hallucinations de la paralysie géné-

rale sont liées d'une façon intime à des lésions des centres

sensoriels corticaux du sens intéressé. M. Sérieux a constaté

à l'autopsie d'un paralytique général, qui avait présenté

durant sa vie des hallucinations psycho-motrices verbales

ainsi que des mouvements de mastication, l'existence d'adhé-

rences méningées symétriques très circonscrites intéressant la

frontale interne, l'extrémité antérieure du lobe frontal et

la 3e frontale (siège des images motrices d'articulation) ainsi

que le quart inférieur des circonvolutions ascendantes (siège

du centre masticateur). Cet auteur s'appliqua à rattacher

l'existence des hallucinations et des impulsions motrices au

siège des lésions.

Enfin Hertz 3, qui s'est livré à des études semblables sur des

cerveaux d'autres aliénés, a constaté des altérations du lobe

temporal coïncidant avec des hallucinations chroniques de

l'ouïe, ce qui conduirait à penser que les lésions cérébrales

unilatérales peuvent, dans certains cas, donner lieu à des hallu-

cinations unilatérales. Mais il importe de s'expliquer nettement

sur ce point. Si une lésion cérébrale détruit un centre, elle se

traduit alors symptomatiquement par la suppression de la

fonction : si elle ne fait que l'irriter, elle modifie son fonc-

tionnement, donne lieu à une exagération ou à une perversion

de la fonction : à de la contracture, à des convulsions, à des

mouvements choréiques s'il s'agit d'un centre moteur, à des

sensations lumineuses, à de l'amblyopie, à des bourdonnements

d'oreilles, à des sifflements, à des fourmillements, à des engour-

dissements, s'il s'agit des centres dc la sensibilité visuelle,

auditive ou tactile; mais jamais le cerveau étant normalement

constitué, la lésion ne donnera lieu à une hallucination. En

d'autres termes, il ne suffit pas, pour produire une hallucina-

1 Mickle. Journal o' nxetzlctl Science, 1883, t. XXVIII, p. 2G.

* Sérieux. Archives de Neurologie, 1894, t. XXVII, p. 344 et suiv.

3 Hertz. Analysé in Archives de Neurologie, 1885, t. X, p. 448 et 449.

LES HALLUCINATIONS UNILATÉRALES. 109

tion, d'activer un centre sensoriel par une lésion irritative,

quelque chose de plus est nécessaire, il faut que ce centre soit

modifié, il faut qu'il soit préparé d'une manière originelle ou

acquise, il doit avoir cette disposition anormale qui le rend

hallucinogène; et c'est pour cela qu'il n'y a pas de lésions pro-

duisant d'emblée des hallucinations, comme on pourrait par-

fois être tenté de le croire. La lésion donne seulement

naissance à des sensations morbides (fourmillements, sensa-

tions auditives, lumineuses, etc.,) qui sont transformées en

hallucinations. S'il en était autrement, l'hallucination serait

(nous ne saurions trop le répéter) un phénomène vulgaire

dans la symptomatologie de la pathologie organique du cer-

veau ; elle serait la manifestation habituelle des plaques jaunes,

des ramollissements corticaux ou sous-corticaux, des ménin-

gites chroniques, des tumeurs cérébrales, et s'observerait

communément dans la paralysie générale. Or, nous savons que

les choses ne se passent pas ainsi et que, dans la paralysie

générale par exemple, il n'est pas rare de trouver des lésions

étendues des centres sensoriels chez des malades qui n'ont

jamais présenté d'hallucinations, ou encore de rencontrer des

lésions de la troisième frontale gauche, analogues à celles

observées par M. Sérieux, sans qu'on ait constaté d'hallucina-

tions psycho-motrices. J'ai donc raison de dire que ce n'est pas

la lésion qui fait directement l'hallucination, mais bien la

modification préalable du cerveau, la prédisposition sans

laquelle la lésion, quelle qu'elle soit, sera impuissante à pro-

duire l'hallucination.

En résumé, et pour en revenir au sujet de cette leçon, il y a

des hallucinations unilatérales d'origine périphérique et d'ori-

gine centrale, et c'est par un même mécanisme, du moins dans

la majorité des cas, que les altérations des centres sensoriels

et celles des organes périphériques donnent lieu à des phéno-

mènes hallucinatoires. Dans les deux cas il y a des troubles

sensitifs et des sensations subjectives, qui sont transformées

en hallucinations par le sujet prédisposé '.

Mais puisque nous faisons intervenir la prédisposition

comme une condition essentielle, il conviendrait de préciser

' C'PSt intentionnellement, et pour ne pas compliquer la question, que

dans cette leçon nous n'avons pas parlé des hallucinations psychiques

dont le mécanisme est différent.

110 O CLINIQUE MENTALE.

en quoi elle consiste, ou du moins d'indiquer les principales

circonstances dans lesquelles elle peut se développer.

Cette prédisposition est héréditaire ou acquise.

Héréditaire, nous la trouvons chez ces enfants nerveux qui,

atteints de chorée par exemple, ont facilement des hallu-

cinations soit au milieu de la nuit, soit surtout vers le soir.

Nous observons encore cette prédisposition congénitale,

héréditaire, chez beaucoup d'hystériques facilement sugges-

tionnables. Nous la retrouverons encore chez certains dégé-

nérés mentaux, comme chez cette ancienne religieuse que je

vous ai présentée l'an dernier, qui avait une hérédité chargée

et à qui il suffisait, même en dehors de toute période délirante,

de concentrer sa pensée sur une personne connue pour qu'elle

la vit apparaître au point d'avoir l'illusion de sa présence réelle.

Acquise, nous trouvons la prédisposition aux hallucinations

chez des enfants, qui ont souffert dans les premirs mois de la

vie et dont le svstème nerveux central a été entravé dans son

évolution. Mais' c'est surtout sous l'influence de certaines

intoxications aiguës ou chroniques, et en particulier de l'alcoo-

lisme prolongé que nous voyons se développer la prédisposition

aux troubles hallucinatoires. Et à ce point de vue il est intéres-

sant d'étudier les observations d'hàllucinations unilatérales

publiées jusqu'à ce jour, en tenant compte bien entendu de ce

que l'attention des auteurs n'ayant pas été attirée spécialement

sur cette question on n'a pas dû noter l'alcoolisme chaque fois

qu'il existait.

Roberston a, dès 1875, fait très nettement cette même

remarque que les hallucinations unilatérales se rencontrent

surtout chez les alcooliques et plus particulièrement chez ceux

qui ont fait des excès récents. Dans l'observation de Mer... que

nous venons de relater, il y a bien un certain degré de prédis-

position héréditaire, mais l'alcoolisme chronique et invétéré

est évidemment le facteur morbide principal qui a fendu son

cerveau hallucinogène. La première observation de M. Régis

est relative à un ivrogne d'habitude, et dans le second fait du

même auteur il s'agit d'un épileptique qui, « à la suite d'excès

alcooliques » eut des hallucinations unilatérales de l'oeil et de

l'oreille gauches. Chez le malade de Raggi on note aussi l'in-

tempérance, de même celui de 11. Lwoff est marchand de vins

et alcoolique ; enfin le malade de .\1. Toulouse est encore un

ivrogne.

LES HALLUCINATIONS UNILATÉRALES. - 1'1'1

De sorte qu'on peut dire avec Roberston, sans aucune exa-

gération, que l'intoxication alcoolique intervient dans la majo-

rité des cas pour rendre le malade apte à produire des halluci-

nations. Mais si, en fait, c'est là une condition fréquente, ce

n'est pas pour cela une condition indispensable. A l'appui de

cette opinion je pourrais, entre autres, invoquer l'observation

que je recueillais dernièrément et dans laquelle je notais,

d'après des renseignements précis, que la malade n'avait, pen-

dant toute son existence, bu presque exclusivement que de

l'eau. En revanche, dans ce cas, la prédisposition héréditaire

était très facile à établir. Transmise avec la naissance ou

acquise par l'individu, une certaine aptitude morbide est donc

essentielle pour la production des hallucinations. Mais cette

notion générale, qui doit vous guider dans l'observation des

faits en pathologie mentale, ne doit pas non plus vous faire

négliger de rechercher les causes déterminantes, quelquefois

plus près de nous, qui, ainsi que les lésions sensorielles ou

cérébrales actionnent et donnent une forme précise à la prédis-

position. Souvent alors vous pourez saisir sur le fait ces

véritables agents provocateurs, comme les appelait Charcot, et,

en les réduisant au silence, obtenir un amendement et même

la guérison des troubles vésaniques.

Quelques mois après cette leçon Mère... mourut. On trouva

à l'autopsie les lésions des deux oreilles reconnues pendant la

vie. ,

A l'oeil nu l'encéphale présentait seulement de l'épaississe-

ment des méninges et de l'athérome artériel. L'examen histo-

logique a été fait par mon chef de laboratoire, M. le Dr¡OEppel ;

en voici le résultat :

L'examen histologique a porté sur les points suivants :

Le lobe frontal, les première et deuxième circonvolutions

temporales droites, la première circonvolution temporale

gauche. Sur tous ces points on rencontra des lésions qui sont

sensiblement les mêmes pour leur degré et leur nature. Elles

répondent exactement à ce qu'on observe en général dans l'al-

coolisme chronique avec démence. Elles portent sur les

cellules, les tubes nerveux et les vaisseaux. Partout les cellules

sont presque toutes, petites, atrophiées, avec des contours ir-

réguliers ; il est très rare d'en trouver une ayant nettement

conservé la forme pyramidale ou triangulaire et possédant

'112 CLINIQUE MENTALE.

un noyau à contours nets; elles ont des formes rondes ou

ovales, sans prolongements visibles. Le protoplasma est rem-

pli de granulations graisseuses pressées les unes contre les

autres, de gros volume; elles entourent souvent complètement

le noyau, d'autres fois elles laissent libre un espace compre-

nant à peu près le tiers du protoplasma. Lorsque le proto-

plasma n'est pas complètement chargé de granulations, on

peut le rencontrer en dégénérescence hyaline avec perte des

granulations chromatiques. Les noyaux sont eux-mêmes atro-

phiés, à bords irréguliers et contiennent aussi des granula-

tions.

Du côté des tubes nerveux il y a des lésions moins accusées,

caractérisées par une raréfaction de la myéline et la présence

de quelques granulations noires par la méthode de Marchi.

Partout aussi les vaisseaux sont en état de dégénérescence

granulo-graisseuse. Dans les artérioles on voit de gros amas

disséminés dans la gaine lymphatique, siégeant au niveau des

points de bifurcation; ces amas sont constitués par de grosses

granulations pigmentaires ou graisseuses. Les vaisseaux capil-

laires sont altérés de la même manière : amas de granulations

siégeant ici dans les cellules endothéliales.

Toutes les lésions qui viennent d'être décrites sont généra-

lisées. Elles ont été retrouvées uniformément dans toutes les

circonvolutions citées plus haut.

Mais de plus on rencontre par place un processus de con-

gestion chronique avec dilatation des vaisseaux, pigmentation

ocreuse, blocs pigmentaires dans gaines lymphatiques et pig-

mentation ocreuse des cellules nerveuses elles-mêmes. Cette

dernière lésion se trouvait disséminée dans quelques points

des circonvolutions frontales antérieures, dans le lobe temporal

gauche et particulièrement dans la première circonvolution

temporale droite où sur plusieurs préparations on retrouve

cette pigmentation.

\

SUR L'ACCROISSEMENT DF; la folie EN IRLANDE; par Thomas DRAPES.

(The Journal of Mental Science, octobre 1894.)

Ce travail, très richement documenlé, est accompagné de seize

tableaux, où tous les détails de la question sont soigneusement

examinés et étudiés. Il conclut d'ailleurs à la réalité de l'accroisse-

ment du nombre des cas de folie en Irlande. - R. M. C.

REVUE D'ÉLECTRICITÉ MÉDICALE.

Contrairement à ce qui s'est passé pour ma dernière revue, j'ai

aujourd'hui à parler de nombreux et intéressants travaux, tant en

ce qui concerne la physiologie que pour le diagnostic et la théra-

peutique.

ÉLECTRO- PHYSIOLOGIE.

M. le professeur d'Arsonval a lu à la société de biologie une note

intéressante de M. Carpentier sur l'emploi du condensateur pour

régler- l'intensité de l'excitation faradique des nerfs en physiologie.

En plaçant un condensateur de capacité connue sur le trajet de

l'excitation induite monopolaire ou bipolaire, on a un moyen de

roder l'excitation plus avantageux que celui basé sur l'écart des

bobines qui varie, comme chacun sait, avec la longueur des fils, leur

diamètre et la source de force électro-motrice qui fournit le cou-

rant. Ce procédé lui a permis de constater qu'il existe pour une

valeur déterminée de la capacité du condensateur un optimum

d'excitation.

M. le Dr Giltay (de Marseille) propose pour la mesure des cou-

rants induits un électro-dynamomètre qui me parait en effet destiné

à rendre de grands services dans les expériences de laboratoire et

pour l'électro-diagnostic ; l'appareil est décrit dans les Archives

d'électricité médicale du professeur Bergonie, de Bordeaux. Il se

compose essentiellement d'une échelle divisée en 10° sur la-

quelle se meut un index relié à l'équipage mobile de l'instru-

ment. Il permet de mesurer les courants alternatifs, les courants

induits volto ou magnéto-faradiques et les courants voltaïques à

l'aide d'un shunt. Un petit pachytrope est joint à l'appareil pour

éviter qu'il soit endommagé par de fausses connexions. Mais pour

la mesure des courants faradiques, il faut encore, même avec cet

instrument, que, si on veut s'entendre, physiologistes et médecins

se décident à n'employer que les bobines normales et l'appareil à

chariot adoptés par le congrès des électriciens de 1881.

Dans un travail paru le 31 juillet 1895 dans la Semaine médicale,

M. Lecercle étudie les modifications de la chaleur rayonnée produites

par la faradisation. 11 constate que la température de la peau et

celle obtenue par rayonnement s'élèvent progressivement à mesure

que l'excitation augmente, mais seulement jusqu'à un certain

maximum qui est atteint avant le maximum d'excitation.

Archives, 2° série, t. I. 8

114 Il REVUE d'électricité médicale.

Dans ses recherches expérimentales sur l'effluve statique (Arch.

d'élect. méd., 15 oct. 1895) M. H. Bordicr nous montre une action

toute différente de cette forme de l'électricité sur la température.

"L'effluve négatif a une action prédominante non seulement au

point de vue de la sensation produite, mais aussi sur les phéno-

mènes vaso-moteurs de la région soumise à son influence. Il se

produit un abaissement thermométrique qui varie de 0°,8 à 1°,1,

suivant l'effluve employé et atteint son maximum vers la sixième

ou septième minute. Les effets vaso-moteurs sont d'autant plus

accentués que le débit de la machine est plus grand.

électro-diagnostic.

Le Dr E. Huet a présenté au mois de novembre à la Société fran-

çaise d'électrothé1'apie un travail très intéressant sur l'influence de

la résistance sur l'apparition et l'étendue des contractions et sur le

rôle de la polarisation dans la production des contractions d'ouver-

ture. L'exploration de l'excitabilité galvanique des nerfs et des

muscles est, on le sait, une des parties les plus importantes de l'exa-

men électro-diagnostic et l'adoption des unités de mesure eu

électricité a marqué un très grand progrès en rendant plus facile-

ment comparables des examens faits soit avec des sources diffé-

rentes d'électricité soit par des auteurs différents. L'intensité du

courant est en effet un élément très important pour juger de la

valeur d'une excitation et comme il est très facile d'en connaître

la valeur absolue, on a raison d'en tenir compte en première ligne.

Mais il faudrait aussi, seulement cela allonge considérablement

l'examen, tenir compte de la force électromotrice de la source

d'électricité, de la différence de potentiel au niveau des électrodes

appliquées sur la peau, de la polarisation des électrodes et des

tissus, de la résistance du circuit dans ses différentes parties et

aussi de certaines conditions instrumentales. M. Huet s'est attaché

dans son travail à montrer comment on peut faire varier quelques-

unes de ces conditions.

En ce qui concerne l'excitabilité quantitative, il dégage de ses

recherches un premier fait : Une augmentation de la résistance dans

le circuit parcouru par le courant galvanique affaiblit l'excitation du

nerf ou du muscle à la fermeture du courant aussi bien avec le pôle

négatif qu'avec le positif. Pour l'excitabilité qualitative il s'est

servi de deux clefs de Morse associées de telle manière que le cou-

rant reste fermé tant qu'on tient l'une des clefs abaissée ; il est

ouvert si on l'abandonne à elle-même. Mais ce qu'il nous importe

de considérer dans son mode opératoire, ce sont les connexions

particulières qui résultent, entre les électrodes appliquées sur la

peau, de cette manière de produire les fermetures et les ouvertures

de courant dans un sens ou dans l'autre. Pendant le repos des

REVUE d'électricité médicale. 118 D

deux clefs, c'est-à-dire pendant que le courant est ouvert, ces

électrodes aboutissent à deux bornes reliées d'une part avec les

pôles de la pile et d'< ! M< ! 'c part entre elles par un cirant métallique.

Cette seconde condition est très importante à considérer : en effet

par le fait de cette disposition, s'il s'est produit une action électro-

lytique au niveau des électrodes ou des tissus du corps, le courant

de polarisation qui en résulte se trouvera fermé sur lui-même; il

se trouve ainsi au moment de l'ouverture du courant et pendant

toute la durée de cette ouverture mis en court circuit. C'est là une

condition qui n'existe pas avec les inversions ordinaires et c'est

d'elle que provient la différence des résultats obtenus. Les con-

tractions de fermeture se comportent sensiblement de même avec

les deux variétés d'interrupteurs. Pour les secousses d'ouverture il

n'en est plus de même et tandis qu'avec les interrupteurs ordi-

naires elles conservent généralement le rang qu'elles occupent

le plus souvent dans la loi des secousses avec les deux clefs de

Morse associées, elles dépassent le plus souvent en amplitude les

contractions de fermeture et se montrent avant elles, surtout lors-

qu'une résistance de plusieurs milliers d'ohms est intercalée dans

le circuit. Lorsqu'il n'y a pas de résistance supplémentaire inter-

calée dans le circuit, les contractions d'ouverture, tout en étantplus

fortes qu'avec les interrupteurs ordinaires, restent plus faibles que

les secousses de fermeture et apparaissent après elles.

Les recherches démontrent que, dans les conditions ordinaires

de la pratique de l'électro-diagnostic le courant de polarisation

joue un rôle très important, peut-être même prépondérant, dans la

production des courants d'ouverture, quel que soit l'interrupteur

employé.

M. Ettlinger, étudiant les troubles de l'excitabilité électrique

dans les polynévrites (Gaz. des hôp., n° 59), arrive à cette conclu-

sion que la diminution de l'excitabilité faradique et galvanique se

montre dans le degré le plus léger de la maladie ; la réaction de

dégénérescence partielle et plus encore la réaction de dégénéres-

cence complète indiquent des lésions plus profondes qui deman-

dent des mois à guérir, la disparition totale de toute excitabilité

est l'indice de lésions incurables, fait rare dans les névrites péri-

phériques. Le passage de la réaction de dégénérescence complète

à la partielle est l'indice d'un processus de régénération.

M. Phulpin, dans sa thèse sur la sciatique (Paris, 1895), a étudié

au point de vue électrique vingt-cinq malades.

Une fois seulement les réactions électriques ont été normales.

C'était dans un cas de récidive légère d'une sciatique très forte

l'année précédente. Quatre fois elles ont été trop irrégulières pour

qu'on en puisse tirer des conclusions.

Chez huit malades les réactions étaient exagérées : chez deux

pour les modes galvanique et faradique et pour le nerf et les mus-

116 REVUE d'électricité médicale.

clés ; chez trois pour le nerf seulement. Deux autres présentaient

une hyperexcitabilité du nerf au courant faradique, le dernier au

courant galvanique. Dans ce groupe ne figurent que deux névrites,

- l'une avec exagération de l'excitabilité du nerf au courant fara-

dique, l'autre avec exagération pour les deux courants. Dans huit,

autres cas il y a eu diminution de l'excitabilité. Dans cinq cas l'au-

teur a pu constater la réaction de dégénérescence, mais dans un

seul elle était complète (sciatique avec amyotrophie du poplité

externe). Jamais elle n'a porté sur tout le domaine du sciatique ;

dans le cas où elle était le plus étendue elle avait respecté le mollet.

C'étaient cinq cas de névrite avec amyotrophie marquée.

En somme, la réaction de dégénérescence est exceptionnelle

dans la sciatique vulgaire amyotrophique ; lorsqu'elle existe, elle est

le plus souvent limitée à un nombre restreint de muscles. L'excita-

bilité du nerf et des muscles pour une des formes de courant ou

pour les deux est plus fréquemment exagérée dans la névralgie,

diminuée dans la névrite ; mais ces règles comportent certaines

exceptions que le peu de développement des observations de l'au-

teur ne me permet malheureusement pas de préciser.

Le traitement des neurasthénies par l'électricité simple ou asso-

ciée à d'autres médications a été l'objet d'un certain nombre de

travaux.

Je dois signaler d'abord celui du docteur L.-H. Petit (Gaz. des

Hôp., 1895) intitulé Rapports de la neurasthénie avec la scoliose et

quelques autres difformités orthopédiques. Pour l'auteur la presque

totalité des enfants atteints de scoliose dite essentielle ont des

antécédents névropalhiques et sont de plus eux-mêmes presque

tous des neurasthéniques. C'est cet état qui déterminerait chez

eux un affaiblissement général des muscles et en particulier de

ceux qui sont situés de chaque côté de la colonne vertébrale.

L'examen électrique ne révèle pas d'altérations graves de leur

nutrition. Le traitement rationnel déduit de cette pathogénie con-

siste à associer l'électrisation aux longs repos au lit, au massage

et aux exercices volontaires exécutés au commandement.

Le docteur Imbert de la Touche conseille dans son Traitement de

la neurasthénie l'action combinée de l'électricité el de la médication

hypodermique (Revue internationale d'électricité et Congrès de Bor-

deaux, 1895). Il emploie l'électricité sous toutes ses formes en l'as-

sociant aux injections hypodermiques d'arséniate de strychnine,

d'or, de glycéro-phosphates, de phosphore. Dans les cas où l'élec-

tricité se montre insuffisante les injections hypodermiques ajou-

tent leur action stimulante sur le système artériel. Si celui-ci est en

hypotension, le malade est soumis d'abord aux bains statiques. En

cas de céphalalgie, on met au-dessus de sa tête un disque à pointes

d'argent qui, suivant l'auteur, dégage des effluves sédatives.

On peut aussi employer un faisceau de chiendent qui donne une

médecine sociale. 117

sensation de fraîcheur. C'est là, on le voit, une sorte d'applica-

tion de la méthode de Burq. Les bains électrostatiques et les

bains à courants sinusoïdaux doivent être donnés tous les jours au

début, puis de plus en plus espacés. Leur durée doit être d'une

demi-heure. Les injections hypodermiques sont en même temps

pratiquées tous les jours et de préférence le matin.

Le docteur Foveau de Courmelles (Avancement des Sciences,

Congrès de Bordeaux) préconise la douche et le bain statiques. Il

y ajoute, lorsqu'il y des symptômes cérébraux ou médullaires, la

galvanisation ascendante ou descendante, suivant qu'on veut exciter

ou calmer.

La durée de la franklinisation doit augmenter progressivement.

Lui aussi se montre un adepte de Burq en préconisant la douche

statique à travers des peignes métalliques divers : argent, nickel,

aluminium. ,

Le professeur Raymond, dans son article sur ]e ltlyoclonus (Progrès

médical, 1895) après avoir soigneusement établi le diagnostic diffé-

rentiel et les analogies du paramyoctonus multiplex avec la chorée

dite électrique et le spasme saltatoire étudie les modifications de,

l'excitabilité électrique. Il recommande la plus grande réserve,

quant au pronostic et conseille comme traitement les bains fran-

kliniens.

Au Congrès des aliénistes et neurologistes de Bordeaux, j'ai

présenté une étude comparée du Traitement du goitre exophtal-

mique par l'électricité galvanique et faradique. De la comparaison

des observations publiées il se dégage nettement cette conclusion

que le traitement galvanique est le traitement de choix à cause de' `

l'action électrolytique du courant sur le goitre et aussi parce que

la faradisation est dangereuse à manier. Il résulte d'expériences

personnelles que l'électricité a une action très probable sur la

sécrétion thyroïdienne qu'elle modifie et qu'elle agit dans ce cas

comme le traitement thyroïdien. or L.-R. REGNIER.

MÉDECINE SOCIALE.

SUR LE rôle FUTUR DU MÉDECIN dans LE traitement scientifique DU

crime ET des criminels ; par Austin Flint. 1'he New- York Médical

Journal, 19 octobre 1895.)

La grande notoriété de l'auteur, la remarquable largeur de vues

118 MÉDECINE SOCIALE.

qu'il apporte dans l'examen de la question, l'importance même de

cette question feront excuser l'étendue que nous donnons au

compte rendu de ce travail, dans certaines parties duquel nous sui-

- vrons l'auteur presque pas à pas.

Lombroso, dans son travail sur l'Anthropologie criminelle appli-

quée, cite un passage d'un essai sur la peine de mort, dans lequel

Rondeau dit que les assassins eux-mêmes sont des malades, comme

les autres criminels, et qu'il faut les punir parce qu'ils troublent

le cours de la vie sociale, et aussi parce qu'ils entravent le déve-

loppement de l'espèce ; mais si l'on admet que le crime est

l'aboutissant naturel et la conséquence logique d'un état mor-

bide, il ne saurait avoir d'autre punition qu'un traitement médical.

Il s'en faut de beaucoup que la société soit prête à accepter les

conséquences logiques d'une pareille manière de voir; mais on est

obligé de reconnaître que, avec les lois existantes et leur mode

d'application, notre manière actuelle de procéder, à l'égard du

crime et des criminels, n'aboutit qu'a un échec, et à un échec si

lamentable dans ses résultats, qu'il est difficile de prévoir l'étendue

du désastre où nous tendons, si une révolution complète ne sur-

vient pas dans l'étude scientifique du crime et de la peine.

D'après des auteurs compétents, le crime coûterait, dans la

Grande-Bretagne, dix millions de livres sterling par an; aux Etats-

Unis, les dépenses qu'il nécessite atteindraient le chiffre de cin-

quante-neuf millions de dollars. Et le crime augmente dans une

mesure absolument disproportionnée avec l'accroissement de la

population ; voici, pour les Etats-Unis, les chiffres précis :

MÉDECINE SOCIALE. 119

En matière de crime et de peine, il faut se garder d'une senti-

mentalité qui serait aussi déplacée qu'en médecine ou en chirur-

gie. Le crime est une lésion du corps social, que l'on peut sinon

détruire, du moins enrayer et qui veut être traitée intelligemment

et scientifiquement. On a surabondamment démontré que les cri-

minels se divisent en deux catégories : les curables et les incu-

rables ; pour séparer ces deux catégories, pour rendre la première

à son utilité sociale, pour protéger la société contre la seconde, il

faut avoir recours à des hommes compétents ; les jurisconsultes,

ceux qui font la loi comme ceux qui l'appliquent, ont échoué dans

cette tâche; l'auteur pense que c'est maintenant aux médecins

qu'il convient de s'adresser. Mais l'expérience nous apprend de

quelle faible influence le médecin dispose en matière législative ;

il faut donc se borner à espérer que les juges, les jurisconsultes et

les législateurs consentiront désormais, -dans l'étude de la loi, à

s'aider des lumières de la science moderne.

Le système tout entier des lois criminelles existantes repose sur

l'idée ancienne de la vengeance ou du talion, rajeunie sous le

nom de châtiment. L'idée même de loi, en ce qui touche le crime

et les criminels, demande à être soumise à un nouvel et sérieux

examen. Au sens rigoureux et scientifique du mot, une loi est

quelque chose qui existe, qui a toujours existé et que l'esprit de

l'homme ne conçoit pas comme pouvant cesser d'exister. On ne

peut pas plus faire, défaire ou modifier une loi, qu'on ne peut

créer ou anéantir un atome de matière. L'homme ne fait pas les

lois, il les découvre.

Il peut, dans une certaine mesure, modifier le fonctionnement

des lois naturelles; mais ces lois demeurent fixes et immuables.

L'univers entier, animé ou inanimé, sans excepter l'homme, vit et

progresse conformément à des lois, connues ou inconnues; ces lois,

que subit l'homme, sont psychiques aussi bien que physiques, et

nul acte humain ne s'accomplit sans une cause, immédiate ou

éloignée. Au sens juridique, et dans ses rapports avec l'organisa-

tion sociale, on peut définir la loi « l'équité formulée et la justice

appliquée » ; mais, suivant les belles paroles de Blackstone : « Au-

cune loi humaine n'est valide si elle est contraire à la loi naturelle

et toute loi valide, médiatement ou immédiatement tire sa force et

son autorité de sa conformité avec la loi naturelle. »

Le médecin a su découvrir les moyens de modifier les lois natu-

relles en vue de la guérison et de la prophylaxie de certaines

maladies ; c'est à lui qu'on s'adressera un jour et ce jour est sans

doute prochain pour la guérison et la prophylaxie des maladies

morales; c'est il lui qu'on demandera de faire le diagnostic diffé-

rentiel des criminels curables et des criminels incurables. Alors on

verra s'évanouir la théorie surannée de la punition du crime et le

traitement des criminels se résoudra en deux ordres de mesures :

120 MÉDECINE SOCIALE.

mesures de réforme et d'amendement pour les criminels curables;

mesures de protection de la Société à l'égard des criminels incu-

rables.

Le diagnostic doit logiquement précéder le traitement. Personne

- ne songe à rendre l'aliéné responsable des actes criminels qu'il

commet; mais toute infraction morale a-t-elle une cause physique ?

Existe-t-il une anomalie ou un défaut physique qui puisse pousser

à commettre tel ou tel crime dans des conditions favorables à l'en-

tier développement de cette anomalie ou de ce défaut et à leur

manifestation par un acte criminel ? Ce sont là des questions qui

préoccupent les criminalistes contemporains.

On a souvent dit que la frontière qui sépare le crime de la folie

est étroite et mal précisée; rien ne le prouve mieux que les dis-

tinctions que l'on a établies entre la criminalité et la folie dite

« folie morale ». L'auteur estime toutefois qu'il n'est pas ordinai-

rement difficile de distinguer la folie de la criminalité pourvu que

l'on soit en possession de données complètes et suffisantes ; la pre-

mière distinction à faire est entre l'aliéné criminel et le criminel

aliéné. Pour les différences fondamentales à cet égard, on ne sau-

rait mieux faire que de prendre pour guide Garofalo; pour ce cri-

minaliste distingué, le crime commis par un aliéné n'a d'autre but

et d'autre objet que le crime même, sans idée aucune d'avantage

ou de profit à en retirer, sauf la satisfaction même de le com-

mettre. Le criminel, au contraire, recherche un avantage matériel

par un moyen qu'il n'a aucune satisfaction, qu'il a même souvent

de la répugnance à employer. En d'autres termes, ce qui caracté-

rise l'aliéné, c'est le plaisir anormal et exclusif de tout autre avan-

tage qu'il trouve à commettre un crime. La classification des cri-

minels n'est pas difficile, et Hack Tuke accepte, en la modifiant

légèrement, celle de Ferri qui est excellente; elle comporte trois

catégories : 1° les criminels passionnels ; 2° les criminels d'occa-

sion ; 3° les criminels-nés.

Le criminel par passion eàt un être qui manque de pouvoir sur

lui-même; on ne peut le considérer comme un ennemi de la

société, à l'égard de laquelle il n'est que très modérément dange-

reux. Il a généralement le remords de son crime, qui ne s'exerce

d'ailleurs presque jamais contre la propriété, mais seulement

contre la personne d'autrui. Il est néanmoins nécessaire qu'il

subisse les conséquences de son acte criminel.

Le'criminel d'occasion (demi-criminel de Lombroso) commettra

ou ne commettra pas de crime suivant qu'il rencontrera ou ne ren-

contrera pas une occasion ou une tentation; la faiblesse de son

caractère peut le conduire à n'importe quel acte; il faut le ranger

parmi les criminels, car sans une tendance au crime plus ou moins

marquée, il ne commettrait pas les actes auxquels il se laisse

entraîner. La distinction de llavelock Ellis entre le criminel pro-

MÉDECINE SOCIALE. 121 1

fessionnel et le criminel-né de Lombroso paraît à M. Austin Flint

artificielle.

La science n'a pas à s'occuper des crimes passionnels. Les con-

séquences judiciaires ou morales qui en résultent suffisent d'ordi-

naire à corriger la violence du caractère et à prévenir toute réci-

dive. Il convient aussi d'écarter de la criminalité tous les menus

délits dont les législateurs paraissent s'ingéniera augmenter chaque

année le nombre : vendre du pain ou du vin aux heures défendues,

violer certains règlements de salubrité ou de convenances publiques

ne révèle pas une tendance criminelle; et il y abeaucoup d'hommes

et encore plus de femmes à qui l'on ne fera jamais comprendre

que c'est un délit d'éluder certaines obligations fiscales. S'il est

nécessaire d'appliquer, tant qu'ils sont en vigueur, des règlements

de cette nature, il serait absurde de voir dans leur violation une

tendance criminelle.

11 reste donc à étudier, au point de vue scientifique, le criminel

d'occasion, le criminel habituel et le criminel-né.

Le criminel-né présente généralement des signes évidents de

dégénérescence ; s'il fallait s'en rapporter absolument à Lombroso,

on admettrait même que quiconque ne présente pas ces anomalies

n'est pas un criminel-né. Mais celles dont le caractère est pure-

ment physique, se rencontrent fréquemment chez l'homme nor-

mal, à un degré variable, et sont compatibles avec une vie parfai-

tement régulière et honnête; seulement, on ne saurait nier que

ces signes de dégénérescence, qui sont plus ordinaires chez le cri-

minel que chez l'homme normal, et qui s'observent, respective-

ment, d'une manière plus accusée dans certaines formes de crimi-

nalité, ne soient très utiles pour classer un criminel, et même pour

se rendre compte du plus ou moins de danger qu'il fait courir à la

société, du plus ou moins d'espoir que l'on peut conserver relati-

vement à son amendement moral. Ce qu'il faut bien savoir, c'est

que ces anomalies physiques, alors même qu'elles accompagne-

raient une hérédité criminelle, ne constituent pas une preuve de

criminalité. Ainsi la théorie de Lombroso et de son école faiblit

sur deux points : l'absence d'un élément normal de comparaison ;

la fréquence des exceptions.

D'autre part, les signes caractéristiques moraux et mentaux de

la criminalité sont assez nets et assez définis. Dans les vrais crimes,

c'est-à-dire ceux qui constituent une violation de la loi naturelle,

les anomalies ou les particularités mentales ou morales peuvent

être utilisées en vue du diagnostic, de la classification et du traite-

ment, et c'est alors que les anomalies purement physiques viennent

réellement peser de tout leur poids dans la balance.

Chez le criminel d'occasion, on peut ne rencontrer aucun des

signes caractéristiques physiques ou moraux de la criminalité ;

c'est un malheureux qu'il faut traiter avec soin et protéger contre

122 MÉDECINE SOCIALE.

les influences extérieures nocives qui en feraient facilement un cri-

minel d'habitude.

Le criminel de profession-et le criminel d'habitude sont les plus

-^dangereux ennemis de la société. Ils forment une organisation

dirigée par ceux de leurs semblables qui sont doués d'une intelli-

gence supérieure. Ils peuvent ne présenter que peu ou point les

anomalies dites de dégénérescence; mais, après les plus grands

crimes, ils n'ont jamais le sentiment du remords ; ils ne vivent pas

solitaires, ils s'associent, et parlent une langue de convention, l'ar-

got, dont ne se servent jamais ni le criminel passionnel, ni le cri-

minel d'occasion. Ils ne sont pas lâches comme les criminels-nés;

ils sont sobres, prudents, sans amitiés réelles, et leurs attache-

ments féminins sont sans durée et sans stabilité. Leurs crimes sont

profitables. Dugdale dit avec raison qu'il faut que nous nous débar-

rassions de cette idée que « le crime ne rapporte pas ». L'idéal

serait de trouver un moyen de rendre le crime improductif, mais la

chose est malaisée.

C'est surtout au criminel-né que le médecin peut avoir affaire, et

son étude serait excessivement utile à notre système social ; il pré-

sente toujours des anomalies mentales et morales caractéristiques.

Ces criminels sont plus ou moins intelligents et acceptent d'ordi-

naire la direction de ceux qui sont les mieux doués; ceux qui sont

d'intelligence inférieure présentent presque toujours des stigmates

physiques. Beaucoup sont incapables de bénéficier d'une éducation

quelconque. On a remarqué que la plupart des criminels n'ont

jamais appris de métier manuel. On constate presque toujours

chez eux le phénomène que Havelock Ellis appelle l'insensibilité

morale, et qu'il faut distinguer avec soin de ce que l'on a désigné

sous le nom de folie morale. Cette insensibilité est caractérisée par

un défaut d'appréciation, au point de vue du criminel lui-même

du bien et du mal, et par une complète absence de repentir ou

de remords. En effet le criminel-né n'a jamais de remords, et l'on

peut dire que là est le signe pathognomonique de la criminalité

congénitale.

Le caractère général et la manière de vivre des criminels habi-

tuels sont à la fois intéressants et instructifs; ils sont vains, supers-

titieux, constitutionnellement paresseux et imprévoyants, souvent

excitables et sentimentaux. Ils parlent un argot spécial, différent

de l'argot courant, et sont volontiers adonnés au tatouage, qui est

assez commun chez eux pour prendre une valeur presque caracté-

ristique. Sans essayer d'aborder ici cette grave question, il faut

noter en passant, chez ces criminels, la toute-puissante et déplo-

rable influence de l'hérédité.

Quand le diagnostic et la classification du criminel ne sont pas

fournis par sa propre histoire, ils ne peuvent plus l'être que par

l'observation dont il est l'objet à la prison ou à la maison de cor-

MÉDECINE SOCIALE. 123

rection ; et un prisonnier, âgé de moins de trente ans et qui en est

à sa première condamnation, est certainement un sujet d'étude fort

intéressant. Mais cette étude n'est profitable que si l'on a recours

au système de la sentence indéterminée, c'est-à-dire à durée va-

riable. Le juge et le jury peuvent bien préciser le crime et la res-

ponsabilité qui en découle ; ils ne peuvent ni mettre en lumière le

caractère vrai du criminel, ni fournir les indications nécessaires

pour le traiter intelligemment. Vouloir mesurer le châtiment au

crime, c'est obéir à un esprit de vengeance, par lequel il n'appar-

tient pas à l'homme de se laisser guider. Van Hamel a dit juste-

ment que le plus grand obstacle auquel se heurtent les tendances

nouvelles dans le traitement des criminels, est la doctrine de la

satisfaction pénale, dérivée de cette « vieille idée de vengeance qui

a la prétention de confier à l'homme une tâche qu'il convient de

ne laisser qu'aux mains de Dieu ». Et Wines dit encore : « Il ne

suffit pas que la jurisprudence criminelle soit humaine, il faut

encore qu'elle soit intelligente. »

La loi a entouré les criminels de tant de garanties que beaucoup

de crimes demeurent impunis ; en revanche il est certain que les

condamnations injustes sont extrêmement rares. Mais lorsqu'un

criminel est condamné, il devrait être remis aux mains de l'Etat,

chargé de pourvoir à son traitement ultérieur. Le juge ne devrait

pas fixer ce qu'on est convenu d'appeler le châtiment. L'auteur est

heureux de dire que la législation de l'Etat de New-York offre au

magistrat de nombreuses facilités pour s'abstenir de fixer la peine.

Tout le monde admet l'avantage qu'il y a pour la société à faci-

liter l'amendement des criminels, et tous les criminalisles recon-

naissent, sans exception, que la condition première de cet amen-

dement, c'est le caractère indéterminé de la sentence. L'auteur

rapporte ici des textes qui montrent que les lois existantes dans

l'Etat de New-York ont pourvu à la classification des criminels, à

l'amendement de ceux qui en sont susceptibles et à la protection

de la société contre ceux qui sont incorrigibles. Or, c'est le méde-

cin qui est le mieux qualifié pour présider à l'application et au

développement de ces réformes. La manière de procéder à l'égard

des criminels est l'une des grosses questions sociales de l'heure

actuelle; il n'y a pas de raison pour que l'on ne traite pas, d'après

les données scientifiques modernes, le crime comme une maladie

et le criminel comme un malade. La punition, considérée comme

rétribution du crime, ne peut plus trouver place dans ce système;

elle ne doit être conservée que comme élément de discipline, dans

les prisons et dans les maisons de correction. 11 ne faut pas se

demander si cela vaut la peine de corriger les criminels, mais bien

si l'on peut les corriger, et à cet égard l'auteur a pu recueillir des

données intéressantes à la maison de correction (Reformatory) d'El-

mira, dans l'Etat de New-York.

124 MÉDECINE SOCIALE.

Le système de cette maison, qu'il serait trop long d'étudier

en détail consiste à auLoriser, au bout d'un certain temps de

traitement, la libération sur parole. On compte, et ce relevé

- 'parait exact que sur 3,725 libérés sur parole, depuis 1876 jus-

qu'au 30 septembre 1893, 3,051, c'est-à-dire 81,9 p. 100 étaient

amendés. Sur 4,797 libérations indéterminées, c'est-à-dire sur

parole, ou à l'expiration du maximum de durée de l'internement,

ou pour toute autre cause, la proportion des amendés était de

63,6 p. J00. Ces calculs reposent en partie sur des estimations;

en 1887 et 1888 on a essayé d'atteindre une plus grande précision,

et ces recherches, plus restreintes, mais plus exactes, ont porté

sur 1,722 prisonniers. On a pu obtenir des renseignements crI tains

sur 1,125 de ceux qui avaient été mis en liberté sur parole, et on

a trouvé que le chiffre de ceux qui ne s'étaient pas mis en état de

récidive était de 78,5 p. 100. La règle de la maison est de faire

bénéficier d'une libération définitive tout libéré sur parole dont la

conduite a été satisfaisante pendant six mois.

La maison de correction d'Elmira ne reçoit que des hommes

âgés de seize à trente ans, et condamnés pour la première fois pour

un crime impliquant la réclusion dans une prison d'Etat. L'inter-

nement ne peut jamais dépasser le maximum de durée de la peine

encourue; le minimum n'est pas fixé. Le criminel est mis d'abord

en observation; puis suivant sa conduite, il passe des catégories

inférieures dans les supérieures, tout comme il peut redescendre si

sa conduite n'est pas satisfaisante. Un prisonnier qui se conduit

bien peut mériter en un an sa liberté sur parole.

L'établissement d'Elmira comporte une école littéraire, une

école technologique, une école de gymnastique, une série d'ate-

liers et une organisation militaire ; les ateliers comprennent trente-

quatre états différents, et, bien qu'ils n'aient pas été créés dans

cette intention, ils constituent une très importante source de béné-

fices. Aucun prisonnier n'est libéré sur parole tant que l'on n'a pas

pu le pourvoir d'une situation et aussi de la somme d'argent néces-

saire pour vivre jusqu'au moment où il touchera son premier mois

de salaire. 11 reste en surveillance pendant six mois, durant les-

quels il peut être reintégré à Elmira, s'il ne se conforme pas aux

conditions de sa libération.

Les facteurs qui contribuent à donner de si remarquables résul-

tats sont les suivants : 1° la durée indéterminée de la peine, qui

laisse l'espoir de la libération et encourage chez le prisonnier tout

effort vers une amélioration morale ; 2° la discipline, qui est rigou-

reuse et inflexible, aidée des exercices militaires; il est beaucoup

de prisonniers à qui l'on n'a jamais enseigné à se maîtriser eux-

mêmes ni à se soumettre à une discipline; 3° l'exercice physique

et l'absence de toute occasion de commettre un excès quel qu'il

soit; 4° l'éloignement d'un milieu et de fréquentations dont l'ac-

MÉDECINE SOCIALE. 12S

tion est démoralisante; 5° l'éducation et l'enseignement technique.

Il est tellement rare, sauf le cas de crime passionnel ou acci-

dentel qu'un criminel au-dessus de trente ans soit accessible à

l'amendement moral, que les prisonniers qui ont dépassé cet âge

sont exclus des établissements où l'amélioration morale des crimi-

nels est seule poursuivie. Si le criminel n'est plus susceptible de se

corriger, il faut l'enfermer, le condamner si l'on veut à un travail

forcé, mais utile pour subvenir à son entretien; mais en sachant

bien qu'il s'agit là de protection sociale et non de punition. Quand

on interne un aliéné dangereux, on le fait pour protéger la société,

mais il serait absurde de le faire avec la pensée que l'on empêche

ainsi d'autres hommes de devenir fous et dangereux, ou même que

l'on empêche d'autres aliénés de se livrer à des actes de violence.

L'idée de restitution ou de réparation d'un dommage n'influe

guère sur la manière actuelle de procéder à l'égard des criminels;

elle est cependant très en honneur dans l'école italienne, et Garo-

falo a énergiquement insisté sur sa valeur, qui est en effet consi-

dérable, puisque, méthodiquement appliquée, elle contribuerait à

restreindre ou à détruire le bénéfice du crime.

L'auteur regrette de ne pouvoir, faute de temps et de place entrer

dans le détail des mesures qu'il conviendrait de prendre contre

l'alcoolisme et la prostitution, deux vices qui ont toujours existé et

qui existeront toujours, mais qu'il n'est pas impossible de res-

treindre. Mais il veut terminer ce travail de criminologie par quel-

ques considérations sur la peine capitale.

La peine capitale élimine le criminel et protège la société contre

le danger que lui ferait courir une postérité criminelle comme

lui ; elle constitue un procédé simple et commode d'extermination.

Mais, s'il est admis à peu près généralement qu'un homme a le

droit d'ôter la vie à un autre homme pour sauvegarder la sienne,

s'ensuit-il que nous ayons le droit, dans un but de punition, de pro-

tection ou d'exemple, de supprimer une vie humaine. Punir de

mort un crime, c'est commettre un autre crime. Il n'existe, en

faveur de la peine de mort qu'un seul argument, l'exemple, et il

est discutable; car si des criminalistes éminents lui attribuent une

grande valeur, il en est d'autres, non moindres, qui la contestent

absolument; pour n'eu citer qu'un seul, Mac Donald rapporte que

sur 167 criminels condamnés à mort en Angleterre, 164 avaient

assisté à des exécutions capitales.

Jamais un médecin ne pourra logiquement admettre la suppres-

sion d'une vie humaine. Comment, en effet, pourrions-nous recon-

naître la légitimité de la peine capitale, nous qui ne voulons ni ne

pouvons, alors que ce serait faire oeuvre de charité et de misé-

ricorde, abréger l'existence d'un malheureux en proie aux tor-

turantes souffrances d'une affection incurable, ou d'un aliéné dan-

gereux dont la guérison est impossible. Comme acte de sauvagerie,

Il-)6 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

l'exécution d'un criminel dépasse le cannibalisme, car, ainsi que

l'écrivait Montaigne, il est plus barbare de tuer un homme vivant

que de le rôtir et de le manger quand il est mort.

- Dugdale dit que lorsque les criminels constituent pour la société

un danger permanent et réel, il faut les empêcher de nuire, mais

surtout les empêcher de donner le jour à des êtres semblables à

eux; et que ce but, que l'on atteignait autrefois par la pendaison,

est aujourd'hui atteint par l'emprisonnement perpétuel. Dugdale

n'a pas osé suggérer une méthode propre à organiser l'extinction

de la race ; mais il en est une, moins sévère que la peine capi-

tale, qui se présente immédiatement à l'esprit.

En terminant, l'auteur s'excuse des lacunes que présente son

travail,' et il exprime une fois de plus l'espoir de voir les médecins

prendre dans l'élude des questions de criminologie et de pénalité

la place importante, prépondérante même qu'ils sont particulière-

ment aptes à occuper. R. DE Musgrave CLAY.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

I. Sur la FOLIE morale ET ses rapports avec la criminologie; par

le professeur BENGDIKT (de Vienne). (The Journal of mental

Science, octobre 1894.)

Les termes « folie morale » et a obsession » ont donné lieu à de

fausses interprétations en matière de science et de criminologie

pratiques. C'est néanmoins un grand progrès en psychologie

d'avoir reconnu que beaucoup d'actes vicieux ou criminels sont le

résultat de défectuosités congénitales. Ces défectuosités s'accom-

pagnent quelquefois d'anomalies anatomiques de la forme du

corps, et spécialement du crâne; mais la valeur de ces anomalies

est relative, nullement absolue.

Le terme « folie morale » a été appliqué à ces cas de défectuo-

sités psychologiques congénitales ; mais il prête à l'équivoque, et

il conviendrait de lui préférer le mot de « dépravation morale >,

et de distinguer une forme active (perversité morale) et une forme

passive (insuffisance morale).

Il faut toujours se souvenir que tout acte criminel a une impor-

tance sociale aussi bien qu'une importance scientifique, et que la

sécurité de la société n'est pas une question médicale. Il est évident

aussi que les personnes entachées de dépravation morale congéni-

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. '1Î

tale ou acquise ne doivent pas être traitées de la même manière

que les aliénés.

La confusion de l'aliénation et de la dépravation donne nais-

sance à un véritable danger social, surtout lorsque vient s'y ajouter

la confusion entre l'irresponsabilité métaphysique et l'irresponsa-

bilité criminelle. La science médicale et la science juridique ne

seront à l'abri de ce danger que lorsque la doctrine kantienne des

« autonomies » aura pénétré dans toutes les intelligences cultivées.

On peut, au sujet de la conduite d'un homme, discuter la ques-

tion de la responsabilité métaphysique; mais ce débat demeure

étranger à la procédure criminelle, qui ne peut admettre l'irres-

ponsabilité comme cause de la non culpabilité que si elle est fondée

sur l'aliénation mentale démontrée.

Il faut se souvenir aussi qu'un niveau intellectuel inférieur à la

moyenne et une faiblesse d'esprit congénitale ne suffisent pas à

démontrer la folie chez un sujet atteint de perversité morale. Tous

les psychologues savent qu'un faible d'esprit peut fort bien appar-

tenir à la classe de l'homo nobilis et qu'un homme de génie

peut être pourvu d'un sens moral notablement insuffisant. C'est

pourquoi l'auteur propose les conclusions suivantes : 4° la dépra-

vation morale congénitale ou acquise, n'est pas un motif de non

culpabilité d'un acte criminel ou vicieux ; 2° le principe de non

culpabilité ne peut être appliqué qu'aux cas où les actions crimi-

nelles ou vicieuses sont bien réellement le résultat d'un état d'alié-

nation mentale aigu, chronique ou périodique; 3° la combinaison

de la dépravation et de la faiblesse d'esprit congénitale n'est pas

un motif de non culpabilité.

Il reste ici à discuter la question des « obsessions », mais on peut

établir sommairement que l'on ne doit considérer les actes dits

irrésistibles comme relevant effectivement de l'aliénation mentale

que lorsqu'ils se présentent sous la forme de véritables explosions

et ne sont pas seulement l'exagération d'un état normal. Par

exemple, si une personne très irascible devient furieuse, la non-

culpabilité ne devra pas, en règle générale, être admise pour un

crime commis dans cet état de fureur. Mais lorsque sans motif

objectif ou subjectif suffisant, une personne devient subitement

furieuse, nous admettrons la nature pathologique de l'explosion,

même si nous n'en pouvons préciser le motif réel.

4° Il s'ensuit que les obsessions sont nécessairement imprévues

et impossibles à prévoir, et que par conséquent elles entraînent la

non culpabilité; mais lorsqu'une anomalie paroxystique de con-

duite n'est que l'exagération d'un état psychologique habituel, la

culpabilité subsiste.

L'auteur termine par quelques considérations sur l'application

de ces principes aux cas d'inversion sexuelle congénitale.

R. DE Musgrave CLAY.

Il-)8 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

II. Sur LES affections DE la faculté musicale ,dans LES maladies

cérébrales; par William W. IRELAND. (The Journal of mental

Science, juillet 1894.) -

Les documents n'abondent pas sur les rapports de la faculté

musicale avec les maladies cérébrales et l'aliénation mentale;

aussi pensons-nous qu'il sera agréable au lecteur de nous voir

rendre compte un peu longuement du travail de M. Ireland.

L'auteur déclare tout d'abord qu'il n'est guère enclin à admettre

la théorie suivant laquelle la musique serait issue du langage par

voie d'évolution; mais on peut reconnaître que les premières traces

de la faculté musicale sont peut-être représentées par les mouve-

ments rythmiques que l'on observe chez certains idiots du type le

plus inférieur. Chez les sauvages d'autre part, la musique paraît

être étroitement liée à la danse. Chez tous les peuples, certains

mouvements, comme ceux de ramer, de bercer, sont accompagnés

de chants. Il est à peu près incontestable que la musique (le mot

étant pris dans son sens le plus large) n'est pas un art technique,

mais une faculté de l'esprit. Toutefois, en dehors de Gall, dont la

doctrine est abandonnée, aucune tentative n'a été faite pour loca-

liser la faculté musicale en un point particulier du cerveau. Il

faut remarquer que de tous les talents le talent musical est peut-

être celui qui se transmet le plus fréquemment par voie d'hérédité.

Entre la musique et le langage, il existe, sinon une analogie, du

moins un parallélisme que le Dr Brazier (Revue philosophique de la

France, t. XXXIV) a excellemment fait ressortir : dans les deux cas,

il est fait usage de symboles qui peuvent être évoqués à l'aide

d'images motrices, auditives et visuelles. La note musicale peut

être chantée ou jouée mentalement, mentalement entendue, lne ou

écrite, tout comme la lettre, symbole phonétique, ou le mot peuvent

être mentalement prononcés, lus, ou écrits. Comme le langage, la

musique s'apprend par imitation, mais la lecture musicale demande

plus d'efforts que la lecture des mots; le musicien débutant ne com- .

prend bien ce qu'il déchiffre, lentement d'ailleurs et laborieu-

sement, qu'en jouant ou en chantant, tout comme l'individu

qui sait à peine lire, lit à haute voix son texte pour s'aider à com-

prendre.

Nous savons dans quelles conditions une lésion nettement

définie d'un des deux hémisphères abolit la fonction du langage,

laissant intactes les autres facultés; mais nous ignorons si une

lésion analogue peut anéantir la faculté musicale en respectant les

autres facultés, ce qui nous conduit à admettre que cette faculté

est exercée par les deux hémisphères, avec possibilité de suppléanee

d'un hémisphère par l'autre.

Il est évident qu'il existe entre la musique et le langage une

connexion parfois impossible à rompre. Tout langage possède des

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. "129

intonations modifiables par les émotions. Dans certaines langues,

l'italien par exemple, l'euphonie est l'âme même du langage. L'ac-

croissement de la tendance musicale du langage aboutit à la poé-

sie. L'auteur a connu un assez grand nombre de personnes, abso-

lument indifférentes à la musique, et possédant une oreille très

délicate relativement à la mesure et à la cadence du vers; ces per-

sonnes ne distinguaient pas une fausse note, mais une faute de

quantité ou un pied de trop dans un vers les choquaient, ce qui

prouve qu'il existe une différence entre la mélodie des tons et la

mélodie des vers.

Dans l'aphasie motrice, la faculté d'expression musicale est

généralement compromise, bien qu'elle puisse ne l'être qu'à un

faible degré. L'auteur cite à cet égard divers exemples intéressants,

observés par Knoblauch, Griffen, Hochwart, et par lui-même.

La contre-partie de l'aphasie motrice se rencontrerait chez un

malade qui aurait conservé la faculté du langage en perdant celle

du chant ou de l'expression musicale; mais aucun cas de perte

isolée du pouvoir d'expression musicale ne paraît avoir été rap-

porté jusqu'à ce jour. Toutefois, un fait qui se rapproche de ce

cas, jusqu'ici idéal, a été publié par Brazier d'après une commu-

nication écrite qu'il a reçue en 1873 (cas de Barré, de l'Opéra-Co-

mique).

Wallaschek mentionne un certain nombre de cas dans lesquels

des musiciens ont soudainement oublié leur rôle on leur partie

dans des opéras ou des concerts. Mais il s'agit là d'une amnésie

temporaire, pouvant relever de causes diverses et n'ayant rien de

spécial à la musique, puisqu'elle se rencontre également chez des

acteurs de drame ou de comédie.

La contre-partie de la surdité aux mots, ou aphasie sensorielle,

serait fournie par l'incapacité de distinguer les sons musicaux des

autres bruits (amnésie sensorielle, Tontaubheit, de Wallaschek).

En général, dans l'aphasie sensorielle, le pouvoir de distinguer les

sons subsiste. Mais il est des personnes qui naissent avec une

grande incapacité de différencier les bruits musicaux; on dit

d'elles qu'elles n'ont pas « l'oreille musicale ». Brazier parle d'un

homme pour lequel toute note jouée sur le piano avait le même

son, et un professeur de musique a déclaré à l'auteur qu'il con-

naissait une personne incapable de distinguer le son du violon de

celui de la trompette. Il n'est pas très rare de rencontrer des sol-

dats incapables de distinguer les sonneries du clairon. Brazier

rapporte quinze cas d'amnésie sensorielle consécutive à une affec-

tion cérébrale.

Dans quelques cas d'aphasie soigneusement observés, on a re-

marqué que l'impossibilité de lire les notes accompagnait la perte

de l'écriture; mais il y a aussi des cas de perle isolée de l'une ou

l'autre de ces deux facultés.

Archives, 2° série, t. I. 9

'130 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

Oppenheim a publié l'observation de dix-sept cas d'aphasie, soi-

gneusement étudiés au point de vue musical, et il résulte de ces

observations que la faculté musicale survit généralement à la perte

du langage chez les aphasiques; elle n'était en effet abolie que

chez deux malades. ,

D'autre part, Finkelburg, Charcot et d'autres auteurs ont rap-

porté des cas où, en dehors de toute aphasie, les malades avaient

perdu la faculté de lire la musique, tout en conservant le pouvoir

d'exécuter de mémoire ou de reproduire des airs entendus. Le cas

de la maîtresse de piano, rapporté par Bernard - est bien

connu, et Brazier a observé un fait de cécité des signes musicaux

(amusie visuelle) sans aucun mélange d'alexie ou cécité des

mots.

Le même auteur a bien étudié les associations des airs musicaux

avec des représentations auditives, avec des représentations ou des

impulsions motrices, avec des contractions du muscle tenseur du

tympan, avec de légers mouvements de la gorge ou du larynx.

Quelquefois la musique est associée au son d'une voix, ou à l'image

de la notation musicale; mais ceci est plus rare. On conçoit tou-

tefois qu'un trouble apporté dans des associations de ce genre

puisse entraver ou affaiblir la faculté musicale. Il y a naturellement

des degrés dans l'exercice de la faculté musicale, et ces degrés vont

du simple plaisir éprouvé à l'audition de la musique jusqu'à la^

composition. ,

En général les idiots éprouvent du plaisir à entendre la mu-

sique ; mais il y a aussi des idiots et des imbéciles qui sont absolu-

ment indifférents à la musique. Wildermuke a examiné compara-

tivement 180 idiots et 82 enfants sains ; il a trouvé qu'un tiers à

peu près des idiots avaient à"l'égard de la musique une capacité

moyenne ; 11 p. 100 des idiots et 2 p. 100 des enfants sains étaient

absolument dépourvus de toute capacité musicale. Le même auteur

ajoute une observation intéressante : les gens du village de Stet-

ten, d'où provenaient les enfants sains, sont réputés pour leur,

aptitude musicale, et presque tous ces enfants avaient été instruits

dans l'art de la musique, ce qui n'élait pas le cas pour les idiots;

ou peut donc déduire de la comparaison, que les idiots possèdent

la faculté musicale à un degré assez élevé. Toutefois ils n'at-

teignent que très rarement à l'habileté d'exécution, ce qui tient

probablement surtout à leur défaut d'application mentale, à leur

indolence générale et à leur gaucherie ordinaire dans les exer-

cices corporels. Toutefois leur aptitude musicale contraste singu-

lièrement avec leur manque absolu de sens esthétique.

On sait combien la faculté musicale est étrangement accrue

dans le somnambulisme et dans l'hypnotisme. Dans le délire causé

par le haschisch, les hallucinations musicales atteignent, paraît-il,

une merveilleuse beauté. Enfin, dans l'exaltation de la manie, la

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 131

puissance d'expression musicale est quelquefois considérablement

augmentée, mais elle ne s'exerce guère que d'une façon un peu

incohérente.

La folie avec hallucinations permet, suivant les observations de

l'auteur, la conservation du sens musical; mais il en est de même,

en ce cas, de la plupart des facultés mentales.

Ribot a établi, comme une loi de régression, que la mémoire est

constituée par une stratification d'impressions dont les couches les

plus profondes sont les plus anciennes, et qu'elle se détruit en sens

inverse de la façon dont elle a été acquise. Ceci conduirait à sup-

poser que, dans la démence, la faculté musicale doit être l'une des

dernières à disparaître, et c'est en effet ce que l'on observe dans

un certain nombre de cas. Mais il est aussi beaucoup de déments

chez lesquels la faculté musicale participe à la déchéance des

autres facultés. Toutefois, M. Ireland a eu l'occasion de lire le tra-

vail du Dr Legge sur la faculté musicale et chez les aliénés, et en

constatant le désaccord qui existe sur ce point entre son distingué

confrère et lui, il a été amené à mettre en doute l'exactitude de sa

propre manière de voir, bien qu'elle soit partagée par d'autres

auteurs. Eu' terminant, M. Ireland formule les conclusions sui-

vantes que nous traduisons textuellement :

« La région cérébrale dans laquelle siègent le sentiment musical

et l'activité musicale n'est pas limitée aux circonvolutions de l'hé-

misphère gauche auxquelles correspond l'aphasie motrice ou sen-

sorielle. Il me semble que la faculté musicale doit s'exercer des

deux côtés de l'encéphale. La question de savoir si son activité

correspond à une région circonscrite du cerveau, demeure dou-

teuse. Il serait désirable de posséder des observations propres à

démontrer si les maladies de l'hémisphère droit peuvent abolir le

pouvoir de chanter, de suivre ou de reproduire des mélodies. J'in-

cline à penser que ce pouvoir ne peut être détruit que par des

lésions intéressant simultanément les deux côtés du cerveau. Il me

paraît aussi que la faculté musicale peut survivre à des lésions

cérébrales étendues, alors même que celles-ci ont plus profondé-

ment atteint les facultés mentales plus complexes. »

. R. DE MUSGRAVE CLAY.

IIL LA musique Er la faculté musicale dans la folie; par Richard

LEGGE. (The Journal of mental science, juillet 189 ? )

La faculté musicale comprend : 1° la capacité de reconnaître

des sons d'une hauteur définie et les rapports de ces sons entre

eux, c'est-à-dire l'oreille musicale; 2° la susceptibilité émotive à

l'égard de l'intluence musicale (ce qui suppose un goût naturel ou

cultivé pour la musique); 3° une habileté plus ou moins grande

dans l'exécution de la musique soit vocale, soit instrumentale;

132 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

4° la faculté de composer de la musique originale. Ces trois der-

niers degrés de la faculté musicale s'expliquent et se comprennent

d'eux-mêmes; il convient d'entrer dans quelques détails relative-

ment au premier degré ; le premier degré est analogue au sens

des couleurs, lequel est imparfait chez beaucoup de sujets sains,

mais, probablement* ne fait jamais entièrement défaut. Si peu

développée que soit l'oreille musicale, il semble qu'elle existe tou-

jours, au moins au degré nécessaire pour permettre de distinguer

un son très haut d'un son très bas. A partir de ce niveau on peut

rencontrer tous les degrés de la faculté musicale. Lorsque l'oreille

musicale existe, elle s'accompagne ordinairement du sentiment du

rythme, mais ce dernier sentiment peut être très marqué alors

que le premier est tout à fait rudimentaire. Il est à remarquer en

passant que le sens des couleurs fait plus souvent défaut chez les

musiciens que chez toute autre catégorie de personnes (Edridge

Green). Une aptitude spéciale pour une forme d'art paraît limiter

l'aptitude pour les autres formes, et les poètes sont souvent fort

mal doués au point de vue de l'oreille musicale. La sensation du

rythme, d'ailleurs, n'est pas particulière aux musiciens.

Dans la manie aiguë, on constate généralement une incohérence

de la pensée musicale comme des autres formes de la pensée.

Dans la manie subaiguë, les malades chantent souvent, ou jouent

d'un instrument, d'ailleurs sans trop se préoccuper de la mesure

ou de l'air. Dans la manie chronique, le, sens musical est mieux

conservé, et c'est dans cette catégorie de malades que se recrute le

plus souvent la musique des asiles. Quelques-uns sont de bons exé-

cutants ; mais ils jouent sans expression, obéissant bien plus à leurs

sensations du moment qu'à la pensée musicale du compositeur. Ils

sont, en tout cas, moins accessibles à l'influence de la musique

que les sujets sains.

Les mélancoliques, en état de dépression, ne jouent que rare-

ment, et la musique ne leur fait d'ordinaire aucun plaisir. Quoi

qu'on en ait pu penser, il n'y a guère à compter sur la musique

comme agent thérapeutique dans la mélancolie, sauf peut-être dans

la convalescence, si le malade était, à l'état normal, sensible aux

impressions musicales. '

Dans les cas de « melancholia attonita » toutes les facultés esthé-

tiques paraissent abolies ; on ne comprendrait guère d'ailleurs

qu'un malade absolument insensible à des malaises physiques into-

lérables pour un sujet sain, demeurât accessible à des impres-

sions d'art.

Dans la paralysie générale on voit souvent des malades, norma-

lement bien doués au point de vue musical, s'exagérer leurs apti-

tudes musicales, comme ils s'exagèrent toutes leurs autres facultés,

mais, en réalité, le niveau de la faculté musicale est très abaissé.

Dans la démence les aptitudes esthétiques subissent la même

REVUE DE PATHOLOGU ! MENTALE. 133

déchéance, et peut-être plus rapidement encore -- que toutes

les autres aptitudes mentales; mais la faculté de jouer d'un ins-

trument peut quelquefois survivre à la perte du pouvoir d'apprécier

la musique.

Dans les manies partielles, la faculté musicale peut être intégra-

lement conservée.

L'élude de la faculté musicale chez les idiots est évidemment

l'un des côtés les plus intéressants de la question ; malheureuse-

ment l'auteur n'a pu observer qu'un nombre de cas assez restreint.

Il a cependant examiné cinquante sujets atteints d'idiotie à des

degrés différents, et il a constaté que trente d'entre eux écoutaient

la musique avec plaisir, que vingt lui étaient totalement indif-

férents, que quinze pouvaient fredonner, ou siffler, ou chanter des

airs sans paroles, et que cinq étaient capables de chanter des airs

avec paroles. On constate fréquemment chez les idiots l'existence

d'un sens esthétique rudimentaire, alors que les autres attributs

mentaux font totalement ou presque totalement défaut, et l'on

peut rencontrer chez eux un degré de capacité musicale qui est en

disproportion manifeste avec le développement général de leur

mentalité; on en sera moins surpris si l'on réfléchit à la préco-

cité de l'apparition du sens esthétique chez l'enfant. Au point de

vue de l'oreille et de la sensibilité à la musique, les idiots ne pa-

raissent pas être inférieurs à des sujets sains dénués de culture

musicale.

Dans les folies acquises, les formes supérieures de la faculté

musicale, celles où la musique est un moyen d'exprimer des

idées intellectuelles ou des émotions particulièrement complexes

sont généralement amoindries ou altérées, comme il était aisé

de le prévoir.

En somme, les points principaux à noter sont : l'existence de la

faculté musicale chez les idiots, sa déchéance dans la démence, sa

perte intégrale dans la démence organique et dans la démence

paralytique. R. DE )MUSGRAVE CLAY. ,

IV. Sur la mélancolie : TROIS observations; par Frank Hallek STE-

PHENSON. (The New-York Médical journal, 27 juillet 1893.)

Les points principaux de ce travail sont relatifs à l'utilité du

diagnostic différentiel entre la mélancolie légère et la neurasthénie

très accusée, et au traitement de la mélancolie. L'auteur rap-

porte trois cas où d'heureux résultats ont été obtenus au moyendu

traitement qu'il préconise, traitement qui ne nous parait d'ailleurs

pas différer sensiblement de celui qui est généralement usité.

Notons cependant cette remarque, dont nous lui laissons la res-

ponsabilité, que, surtout à la période de convalescence, les opéra-

tions pratiquées sur les organes pelviens sont quelquefois suivies

134 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

d'heureux effets au point de vue mental, alors même que ces opé-

rations sont légères et inutiles. R. DE MUSGRAVE CLAY.

V. La législation relative A l'aliénation mentale EN IRLANDE; par

John EusTACE. (The Journal of mental science, octobre 1894.)

Travail intéressant et bien documenté, mais que nous devons

nous borner à signaler au point de vue de la législation comparée

des aliénés. ' R. M. C.

VI. UN cas DE grossesse TUBAIRE sans RUPTURE DE la trompe, avec TU-

MEUR KYSTIQUE DE L'OVAIRE DU CÔTÉ OPPOSÉ; OPERATION; MANIE ET

phlegmatia ALBA DOLE\S consécutives; guérison; par A. C. BUT-

LER SCYTHE. (The Journal of mental science, octobre 1894.)

L'observation dont il s'agit est rare ; elle est recueillie avec soin;

mais le titre même en résume exactement les points principaux.

R. M. C.

t

VII. Histoire D'UNE expérience RELATIVE''A LA façon DE procéder

A l'égard DES aliénés CEBT11ÉS TELS dans la paroisse DE BARONY

DE GLASGOW; par John CARSWELL. (The Journal of mental Science,

juillet 1894.) ' . \

.

Cette expérience relative surtout au mode de placement des

aliénés curables ou incurables, suivant le cas, et à la manière de

faire constater leur état d'aliénation et de curabilité, est étroite-

ment liée aux formalités et coutumes, d'ailleurs assez variables,

usitées en Angleterre et en Ecosse : elle a donc surtout un intérêt

local; aussi devons-nous nous borner à signaler ce travail à ceux

de nos lecteurs qui s'intéressent spécialement à la législation com-

parée de l'aliénation mentale. R. M. C.

VIII. Contribution A L'ÉTUDE ANATOfO-PATBOLOC1QUE ET A la PATUO-'

LOGIE DES ALTÉRATIONS NEURO-MUSCULAIRES DANS LA PARALYSIE GÉNÉ-

RALE des aliénés; par Alfred W. C.amBELL. (The Journal of mental

Science, avril 1894.)

Ce travail est basé sur l'étude de douze cas intéressants : nous

ne pouvons malheureusement pas les analyser ici et nous devons

nous borner à résumer les conclusions de l'auteur. Il constate que

les recherches actuelles, jointes à celles des auteurs qui l'ont pré-

cédé dans cette voie, ont fourni d'une manière indiscutable la

preuve de la dissémination des lésions morbides dans le grand

appareil nerveux de contrôle. Des signes cliniques indéniables

montrent que c'est ce système qui est le premier affecté : mais

dans l'état actuel de la science, nous restons forcément dans le

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 135

domaine des conjectures lorsqu'il s'agit de préciser quel est le fac-

teur véritable de cette destruction nerveuse, et dans l'ignorance

où nous sommes de la pathogénie vraie de la maladie, il nous est

extrêmement difficile d'établir la pathologie des altérations neuro-

musculaires qui l'accompagnent. Cependant, si l'on considère

séparément les altérations neuro-musculaires de la paralysie géné-

rale, et si on les compare avec les modifications observées dans

les autres névrites multiples, on constate, au point de vue anato-

mique, une étroite ressemblance entre ces altérations neuro-mus-

culaires propres à la paralysie générale et celles qui se rencontrent

dans les névrites multiples; mais l'analogie pathogénique existe

surtout entre ces lésions et celles des névrites multiples toxémiques

primitives intrinsèques. Bien entendu cette remarque ne s'applique

qu'aux cas purement idiopathiques de paralysie générale, et nulle-

ment à ceux où l'alcool et la syphilis ont joué un rôle pathogé-

nique, donnant naturellement naissance à des effets toxémiques

secondaires du côté du système nerveux périphérique.

Poursuivant la comparaison, l'auteur estime que les altérations

qui se rencontrent dans la paralysie générale sont certainement

comparables à celles que l'on observe dans celles des névrites

toxiques où le virus, autant du moins que l'état de la science nous

permet de l'affirmer, a pris naissance primitivement et intrinsè-

quement dans l'organisme, indépendamment de toute affection

morbide définie ou connue. Il ajoute qu'un état de ce genre du

liquide sanguin nous fournit une explication bien plus probante

et plus satisfaisante que toute autre de la dissémination lointaine

de la maladie, de l'altération des cordons médullaires qui n'ont

pas de relations physiologiques avec les centres craniens ou les nerfs

périphériques, de la répartition symétrique des lésions dans les

nerfs de la périphérie et de l'envahissement général des petits

canaux vasculaires; enfin la prolifération cellulaire dans la mem-

brane qui tapisse les ventricules cérébraux et la moelle, proliféra-

tion qui est un caractère si essentiel de la paralysie générale, et

que l'on observe si souvent dans les autres névrites purement

toxiques (par exemple dans la névrite alcoolique), vient évidem-

ment à l'appui de la théorie de l'auteur en indiquant la présence

d'une substance toxique dans le liquide céphalo-rachidien dont on

connaît les connexions intimes avec lè sang.

Il est donc impossible à l'auteur d'adopter l'hypothèse suivant

laquelle les lésions neuro-musculaires périphériques seraient

secondaires, et consécutives à des troubles de nutrition déterminés

eux-mêmes par des altérations primitives du cerveau. Il se peut

toutefois que cette hypothèse soit partiellement vraie, puisque

nous savons parfaitement que des altérations de tissu peuvent don-

ner naissance à des agents toxiques capables d'agir sur les nerfs

(diabète, anémie) : mais ce qui est incontestable, c'est que dans

136 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

des cas rapidement mortels de paralysie générale, dans lesquels

les altérations cérébrales et les troubles mentaux n'avaient pas eu

le temps d'atteindre une période avancée, l'auteur a rencontré des

lésions très accusées des nerfs~périphériques, et qu'il ne manquait

pas de preuves cliniques pour démontrer que l'apparition de ces

lésions avait été précoce : dans un des cas rapportés, notamment,

où les altérations musculaires avaient manifestement et de beau-

coup précédé les altérations nerveuses, il est impossible d'ad-

mettre que ce premier groupe d'altérations ait été entièrement

sous la dépendance des modifications du tissu cérébral.

L'auteur ne se propose pas de discuter les autres théories : en

faveur de chacune d'elles on a apporté de sérieux arguments; il

se borne à constater'*que, suivant lui, aucune d'elles n'est en

mesure de fournir une explication satisfaisante des lésions neuro-

musculaires qu'il a observées et décrites.

'La prédominance des lésions dans les portions les plus périphé-

riques des nerfs résulte ici, comme dans les autres névrites, de

leur situation même à la fois plus éloignées de leurs centres tro-

' phiques, et doués d'un degré plus élevé d'organisation et de sensi-

bilité fonctionnelle, elles subissent aussi des conditions doublement

désavantageuses et sont exposées à une influence plus active de

l'agent toxique : l'auteur tient cette explication pour également

applicable aux nerfs sensitifs et aux nerfs moteurs.

Si l'on admet la théorie qui vient d'être exposée, on se rend beau-

coup plus facilement compte de beaucoup d'altérations de la sen-

sibilité ou du mouvement couramment observés dans la paralysie

générale : en effet les lésions nerveuses périphériques contribuent

pour une large part aux phénomènes parétiques ou paralytiques;

il en est de même pour l'atrophie des muscles et ponr divers

troubles cutanés, sensoriels et trophiques, et la même interpréta-

tion pathogénique est encore applicable aux troubles de la parole

- et de la déglutition. R. de 111USGR.1VECLA1·.

IX. Notes sur un cas DE folie ataxique; par J. Vincent 13L.1CHFOIiD."

(The Journal of mental Science, juillet 1895.)

Ce cas est un nouvel exemple de la difficulté qu'il y a différencier

avec quelque précision les symptômes mentaux qui se rencontrent

dans quelques cas d'alaxie locomotrice et ceux qui appartiennent

à la paralysie générale. S'agit-il ici d'une ataxie locomotrice

à symptômes mentaux, ou d'une paralysie générale à symptômes

alaxiques ? En faveur de ce dernier diagnostic, on peut alléguer

que les symptômes physiques étaient ceux d'une ataxie locomotrice

typique : la constriction éprouvée il la gorge, les signes d'acidité

stomacale étaient dues probablement à des crises pharyngées et

gastriques. On constatait en outre la perte précoce et permanente

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. '137

du réflexe du genou, la'démarche ataxique, l'engourdissement des

pieds et le signe d'Aryll Robertson. En revanche la rapidité de la

marche de la maladie, sa terminaison funeste par des crises con-

vulsives plaident contre l'ataxie en faveur de la paralysie générale.

La rareté des cas de ce genre mixte conduit à se demander s'il ne

peut y avoir chez le même sujet coïncidence des deux affections.

En tout cas, s'il s'agit ici d'un cas d'ataxie, il faut qu'il ait été d'une

forme particulièrement aiguë. Mais si, d'autre part, on a eu affaire

à un cas de paralysie générale avec symptômes ataxiques, on doit

le considérer comme un des cas rares, dont Bevan Lewis a pu dire

qu'ils témoignent par leur allure clinique de l'analogie bien nette,

sinon de l'identité des processus morbides jju4-«eprretrouv^nt au

fond du tabes dorsalis et de la paralysie ! ! é11hal-&, , . : 1) ? H. 11 .C.

'¡' ? ' ' ! 1 t 'r S, 1 l ? I' r ? r. \

X. L'opinion courante SUR LES questions ¥DICOP5rt()'LOGIQUES, en1

ALLEMAGNE, d'après LE professeur LUDIVŸG111 : YEIi, de GOTT\GE1V

par A. R. URQUIiaRT. (The Joumal of mettct 'biânce,, ! à\'ril 1894.)

- .

On ne peut que signaler ici ce mémoire intéressant qui touche

successivement à tous les sujets de la psychiatrie et qui par cela

même échappe à toute analyse utile. R. M. C.

XI. SUR quelques-uns DES POINTS DE vue LES PLUS nouveaux DE LI

pathologie DE la folie : démonstration pratique A l'aide DE PRÉ-

PARATIONS anatomiques; par W. Lloyd Andriezen. (The Journal of

mental Science, octobre 1894.)

Les recherches du D'' Andriezen ont été publiées dans le Brain

de 1894 : elles présentent un réel intérêt, que ne saurait avoir la

simple analyse d'une démonstration pratique, faite sommairement

devant un Congrès. IL M. C.

XII. UN cas DE paralysie GENER \LE chez UNE FILLETTE DE NEUF ANS

ET neuf mois; par Edwin L. Dont. (The Journal of mental Science,

juillet 1895.) ,

Par ses symptômes, par sa marche, par sa terminaison, par les'

altérations constatées a l'autopsie, ce cas est bien et dûment un

cas de paralysie générale, remarquable surtout par l'âge de la

malade, puisque la maladie a été reconnue à l'âge de neuf ans et

trois mois, et que, d'après les constatations faites au moment de

l'admission, il est légitime de supposer qu'elle avait débuté un

certain temps auparavant. La durée de la maladie a été courte

(quinze à seize mois) ; la démence est survenue d'une manière pré-

coce, et il n'y a pas eu d'idées de grandeur. Il est à remarquer que

la menstruation s'est établie pendant le cours de la maladie men-

tale.

138 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

,

Il est incontestable que les cas de paralysie générale chez les

très jeunes sujets, fort rares autrefois, se sont notablement multi-

pliés dans ces derniers temps. Est-on plus attentif et plus habile

- aujourd'hui à reconnaître la maladie, ou faut-il voir là le résultat

d'une hérédité due au genre de vie mené par les parents dans les

conditions nouvelles et souvent fâcheuses de la civilisation mo-

derne ? L'auteur penche pour la première hypothèse. R. M. C.

IIII. LE TAUX DE L'AGE ET DE LA MORTALITE DES ALIÉNÉS DANS LES

DISTRICTS OU L'ACCUMULATION DES ALIÉNÉS EST LE PLUS CONSIDÉRABLE;

par T. ALGERNON CHAP : .IAN. (The Journal of mental Science, juillet

1894.)

Travail intéressant, très largement documenté, concernant exclu-

sivement les aliénés du Henfordshire (comté où se rencontre la

plus formidable accumulation d'aliénés), et dont on ne pourrait

donner une idée qu'en reproduisant intégralement les tableaux

, de statistique et les graphiques qui l'accompagnent et l'éclairent.

R. M. C.

XIV. LES sulfates dans l'urine DES paralytiques généraux, étudiés

SURTOUT AU POINT DE VUE DE LEURS RAPPORTS AVEC LES ATTAQUES

OBSERVÉES chez ces malades; par John TunNEl\, (The Journal of

mental Science, janvier 1895.)

L'auteur a résumé le résultat de ses recherches dans les conclu-

sions suivantes : 1° dans huit cas de paralysie générale examinés

à une période relativement précoce de la maladie, on n'a pas noté

que l'excrétion des deux formes de sulfates s'écartât sensiblement

de la normale; - 2° dans les cas observés à des périodes diverses

de la maladie la proportion entre les deux formes de sulfates ten-

dait à s'accroître à mesure que la maladie progressait; 3° dans

les onze cas étudiés de la paralysie générale avancée, l'excrétion

des sulfates combinés était considérable et le taux proportionnel de

ces sulfates combinés par rapport aux sulfates préformés était très

, élevé, ce qui indique pour cette période de la maladie une aug-

mentation très notable de l'activité des processus de putréfaction

intestinale; 4° aussi bien au point de vue absolu qu'au point

de vue relatif, l'excrétion des sulfates combinés est plus considé-

rable au moment des attaques qu'aux autres époques de la maladie.

R. M. C.

XV. UN cas DE catalepsie avec silence prolongé alternant avec

DE la verbigération; par John Warneck. (The Journal of mental

Science, janvier 1893.)

Homme de quarante-trois ans, intelligent, actif, très cultivé

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 139

sans hérédité nerveuse : interné pour la première fois en 1880, il

croit avoir en lui un automate qui dirige sa conduite; il est hallu-

ciné. Trois ans plus tàrd, il se croit le fils d'Arabi Pacha. Pendant

quelque temps, catalepsie et mutisme; puis amélioration légère;

eusuite il devient bruyant et de nouveau silencieux. L'alternance

de ces deux états continue pendant plusieurs années. Quand il

parle, c'est pour répéter d'une façon monotone des phrases dé-

pourvues de sens. En somme, les troubles du langage sont du

mutisme, alternant avec de la verbigération ou de la déclamation

emphatique de paroles sans suite; les troubles moteurs sont de

la catalepsie et l'exécution monotone de mouvements automati-

ques. La sensibilité générale paraît au moins obtuse. Les troubles

trophiques et vaso-moteurs sont manifestes. Les pupilles sont

quelquefois inégales. L'urine est normale.

Ce cas présente [de grandes analogies avec la description de la

catatonie donnée par Neisser, mais il en diffère aussi sur plusieurs

points importants, et l'auteur hésite à en faire un cas de catatonie.

R. M. C.

XVI. Manie aiguë dans un cas DE CELLULITE PELVIENNE; par J. CHOIS-

TIAN SIUPSON. (The Jou1'nal of Mental Science, juillet 1895.)

Cas intéressant dans lequel des symptômes d'excitation ma-

niaque se sont manifestés d'une manière extrêmement intense à

l'occasion d'une inflammation péri-utérine. Les deux guérison ? ,

physique et mentale, ont marché aussi parallèlement que pos-

sible, et toutes deux sont actuellement complètes. il. M. C.

XVII. NOTE sur un cas d'extraction DE corps étrangers du vagin;

par W. HUSSEL STRAPP. (The Journal of mental Science, juillet

1895.)

Il s'agit d'une aliénée qui souffrait depuis assez longtemps d'une

leucorrhée abondante, fétide et rebelle à tous les traitements, mais

qui ne se plaignait d'aucune douleur et ne présentait pas de phé-

nomènes généraux. Le toucher vaginal, et d'autres raisons, ayant

fait soupçonner la présence d'un corps étranger, la malade fut

anesthésiée, et l'on put ainsi, non sans une certaine peine retirer

de la cavité vaginale un morceau de bois de deux pouces de lon-

gueur et d'un pouce de largeur, un éteignoir ordinaire, muni de

son crochet et finalement une boule de cuivre de deux pouces trois

quarts de circonférence : tout ce petit arsenal s'était casé dans la

cavité vaginale sans y avoir causé de dégâts sérieux. Ce fait indique

une fois de plus la nécessité d'une exploration vaginale attentive

dans tous les cas de leucorrhée rebelle chez les aliénées.

R. M. C.

140 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

XVIII. Observation d'un cas d'épilepsie avec aphasie; par Franck

IIAx. (The Journal of mental Science, avril 1895,)

-~ Cette observation est extrêmement intéressante; mais elle est

d'une telle longueur (elle ne comprend pas moins de dix pages de

petit texte), qu'il est tout à fait impossible de la résumer. Tout ce

que l'on peut faire c'est d'indiquer quelques-uns des résultats de

l'autopsie, en choisissant les plus saillants : légère atrophie des

régions frontale et pariétale; sur le bord du lobe temporo-sphé-

noïdal gauche, la désorganisation de l'écorce est complète. La

lésion est irrégulièrement ovale et intéresse les extrémités anté-

rieures des circonvolutions temporo-sphénoïdales supér ieure,

moyenne et inférieure. Sous le robinet, le tissu cérébral laisse voir

une cavité qui pénètre dans la scissure de Sylvius, et met en partie

à nu l'insula et l'extrémité antérieure de l'opercule. Celte cavité

mesure 25 millimètres dans le sens vertical, 37 dans le sens hori-

zontal et elle a de 5 à 15 millimètres de profondeur suivant les

points observés. Les parties correspondantes de l'hémisphère droit

ont leur consistance ordinaire. R. M. C.

XIX. LES EFFETS DES maladies somatiques INTERCURRENTES SUR LES

troubles mentaux ; par E. GOOD.1LL et Saint-John 13CLLEN. (The

Journal of mental Science, avril 1895.)

Ces effets ont été signalés maintes et maintes fois par différents

auteurs, mais sans qu'on ait jusqu'ici cherché le lien de causalité

grâce auquel la maladie somatique modifie la maladie mentale.

L'idée fondamentale du travail des deux auteurs est qu'il ne fau-

drait pas se borner à constater ces expériences de la nature, mais

qu'il faudrait tenter de les interpréter, et rechercher si l'on ne

pourrait pas obtenir volontairement des résultats analogues, ou

même supérieurs. Leur mémoire toutefois est plutôt consacré à

poser le problème sous plusieurs de ses faces qu'à le résoudre : sa

solution d'ailleurs ne saurait être immédiate; mais des recherches

activement dirigées dans ce sens ne manqueraient pas de donner

des résultats intéressants et avantageux. R. M. C.

XX. PIIÉNOMÈNlcS 1101tDIDES SENSORIELS REMARQUABLES, DE NATURE

EXPLOSIVE OU )iPILEI''l'IC01111b : , CONSÉCUTIFS A DES TRAUMATISMES

anciens DE la tète ; par Drapes. (The journal of Mental Science,

avril 1895.)

L'observation dont il s'agit ici est celle d'un homme de soixante-

cinq ans dont la carrière a été fort accidentée, et qui, à la suite

d'une chute sur la tête, survenue à une époque déjà reculée, pré-

senta des excentricités de conduite très accusées, et se livra à

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 141

l'usage des boissons alcooliques ; l'étendue de cette observation

ne permet guère de la résumer ; mais les commentaires dont l'au-

teur l'a fait suivre en signalent suffisamment les points principaux

pour qu'on les fasse ressortir ici d'après ces commentaires eux-

mêmes. Les faits les plus remarquables signalés par M. Drapes

sont les suivants : d'abord, au point de vue mental, le passage

brusque, presque violent d'un état prolongé d'excitation maniaque

avec idées d'exaltation, d'une conduite des plus bizarres et des plus

fantasques à un état de profonde dépression aboutissant à une

tentative de suicide, ce passage, disons-nous, est en soi un fait que

l'on n'observe pas communément : il est vrai que l'on peut se

demander si cette dépression constituait véritablement un état

mental de mélancolie, ou bien et l'auteur inclinerait vers cette

hypothèse si elle n'était pas le résultat d'un retour à la santé

mentale mettant le malade en état de se rendre un compte exact

de sa misérable situation. Ce qui rendrait cette hypothèse fort

admissible, c'est que, depuis cette crise, malgré ses souffrances et

ses hallucinations persistantes, le malade n'a jamais cessé d'avoir

une conduite et une conversation parfaitement rationnelles. En

fait, les symptômes mentaux ont été remplacés par des symptômes

d'ordre beaucoup plus purement physique, et dont les principaux

forment un complexus qui présente tous les caractères d'un

paroxysme épileptiforme surtout sensoriel, les symptômes moteurs,

bien que primitifs dans l'ordre chronologique étant manifestement

subordonnés au point de vue de l'intensité, aux symptômes senso-

riels. Ces symptômes moteurs, qui se bornent à une crampe dans

trois doigts et dans le mollet, se manifestent parfois seuls, sans

être suivis de phénomènes explosifs. On peut donc admettre ici

l'existence de deux lésions de décharge, l'une ayant pour siège

un petit territoire de la circonvolution pariétale ascendante (cor-

respondant au mouvement des doigts), l'autre plus étendue, sié-

geant dans le lobule sus-marginal adjacent et dans la circonvolu-

tion temporo-sphénoïdale supérieure où résident les centres de la

vision et de l'audition. La longue dépression que l'on remarquait

au niveau de la région pariétale gauche indiquait une lésion fort

capable d'avoir provoqué les désordres cérébraux aboutissant aux

manifestations morbides observées, et la question de la trépana-

tion se posait tout naturellement. Le déplorable état de santé du

malade a fait écarter l'hypothèse d'une intervention opératoire

dont le résultat d'ailleurs, même au point de vue exclusivement

cérébral, ne pouvait être que fort incertain.

Pendant les paroxysmes, l'état mental du malade est assez sin-

gulier, et correspond assez exactement à 1' « état de rêve » décrit

parHuphlings Jackson ; il est seulement plus prolongé. En effet,

il n'y a pas perte de conscience, mais plutôt diminution de la

conscience, ainsi qu'il arrive dans le rêve pendant le sommeil, ou

14'2 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

mieux encore au moment même où l'on s'endort : ceci indiquerait

pour employer la terminologie de Jackson, un état de dissolution

des couches les plus supérieures des centres les plus élevés, avec

activité hyperphysiologique des centres qui leur sont subordonnés.

Ce qui semblerait confirmer cette manière de voir, c'est l'assertion

même du malade qui déclare que pendant ses hallucinations, il y

a des moments où il ne sait pas s'il est éveillé ou endormi. La

courbature et la grande prostration qui suivent l'attaque sont

rigoureusement semblables à ce que l'on observe à la suite des

paralysies passagères qui succèdent aux convulsions épileptiformes :

l'état manifeste de parésie est démontré par la diplopie concomi-

tante, qui dépend probablement, aussi bien que les vertiges et

les nausées, d'un degré plus ou moins accusé de paralysie oculaire.

R. DE MUSGRAVE CLAY.

SUR la peptonurie chez LES aliénés; par MEYER et MEINE.

(Archiv sur Psychiatrie und iYei,ve71li7,aîzliheiten, t. XXVII, liv. II.)

Chez les aliénés ordinaires la peptonurie se rencontre dans

41 p. 100 de cas, chez les paralytiques généraux dans 56,4 p. 100,

et chez les individus normaux dans 20 p. 100. Lwoff.

XXII. SUR la pathologie DE la CONFUSION mentale hallucinatoire

aiguë (Venvo ? '1'enheit) ; par Ernst BEYER. (A1'chiv. sur Psychiatrie

und JVen;6H< : faHA/tet, t. XXVII, liv. 1.)

11 règne une grande confusion dans les idées sur la confusion

mentale. Après avoir cité une vingtaine d'aliénistes et non des

moins connus (Meynert, Westphal, Kraeplin, etc.) l'auteur déclare :

« Il me semble impossible de donner une définition compréhen-

sible pour tout le monde tant que persistera cette diversité dans

la nomenclature et la manière de concevoir et de grouper les

symptômes variés qui caractérisent cette maladie mentale. »

Pour remédier à cet état de choses, il serait nécessaire de trou-"

ver une base psychologique de la confusion mentale. Le schéma

donné par M. Beyer suppose, en outre des voies médullaires, un

centre sous-cortical, siège des sensations et de leurs souvenirs; un

centre cortical sensoriel, siège des images et de leurs résidus (per-

ception) et un centre cortical supérieur (lobe frontal) siège de l'idéa-

tion (aperception), qui enverrait des ordres au quatrième centre à

fonctions motrices (circonvolutions centales). Il montre ensuite,

comment les troubles fonctionnels, soit de ces divers centres, soit

de leurs voies d'association, donnent lieu à tel ou tel symptôme de

la maladie dite « confusion mentale ». C'est un travail d'analyse

très intéressant; mais la synthèse manque, et l'auteur.ne nous

donne pas de tableau d'ensemble de la maladie en question.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 143

Il serait peut-être bon de rappeler en terminant que l'école

française désigne avec Magnan, sous le nom de délire polymorphe

des dégénérés, l'ensemble de symptômes qu'on a essayé jusqu'ici de

faire entrer dans le cadre de la confusion mentale ; ce cadre est

très mal limité, et tel auteur allemand y fait entrer des symptômes

qui en sont exclus par tel autre.

Aussi cette maladie a-t-elle reçu des noms différents (Amentia,

Verworrenheit, Verwirtheit, etc.). Lwoff.

XXIII. SUR LE délire DES alcooliques ET LES VISIONS qu'on provoque

chez eux artificiellement; par I.lEP3LINN. (Archiv sur Psychiatrie

und NC1'ven/¡ranl¡hiten, t. XXVII, liv. 1.)

On peut provoquer chez les alcooliques aigus des troubles senso-

riels de divers genres en exerçant une pression sur les globes ocu-

laires. Le malade voit des lettres, des chiffres, des figures humaines,

des scènes dans la rue, etc.

Les visions ainsi provoquées se distinguent des visions spontanées,

en ce que : 1° la vision d'animaux est très rare ; 2° l'élément

terrifiant manque ; 3° elles ne sont pasliées les unes aux autres ;

4° la mobilité, le déplacement n'existenl pas.

Les hallucinations alcooliques provoquées peuvent nous aider à

comprendre le rôle de l'excitation des organes des sens dans la

production des hallucinations en général.

L'intoxication alcoolique n'impose pas à nos organes de percep-

tion des images morbides déterminées, elle leur communique

plutôt une tendance à amplifier, objectiver et altérer les images

nées des excitations sensorielles internes et externes.

XXIV. Contribution A l'étude clinique DES idées obsédantes ET DES

états psychiques analogues ; par ÏHOMSEN. (fi1'C%li'D sur Psychia-

trie und Nervenkrankheiten, t. XXVII, liv. II, 1895.)

Etude basée sur sept observations personnelles ; les malades

présentaient des obsessions et des impulsions, des scrupules, le

doute, etc. L'auteur pense qu'il vaudrait mieux se servir du terme

« états psychiques obsédants » dont le cadre est plus large que

celui « d'idées obsédantes ». Il considère comme appartenant aux

états psychiques obsédants :

I. Les états obsédants deutéropatiques,nés le plus souvent sur

un terrain neurasthénique : a) Les phobies - 6) Les états dési-

gnés sous la rubrique Il, mais survenant dans l'hystérie, neuras-

thénie, etc.

II. Les états psychiques obsédants idiopathiques formant une

entité pathologique caractérisée par les symptômes suivants : a)

Idées obsédantes; - h) Sensation obsédantes; c) Mouvements

144 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

obsédants (impulsifs) qui, n'étant le plus souvent que le résultat

des idées et sensations obsédantes, peuvent avoir un eexistence

propre (écholalie, coprolalie, tic, etc.) ; d) Etat d'arrêt psychique

- e) Troubles somatiques ; f) Lucidité habituelle et angoisse.

' Cet ensemble de symptômes constituerait une entité morbide,

une maladie type dont la marche est le plus souvent chronique.

Tous les malades de M. Thomsen, sauf un, avaient une hérédité

psycho-pathologique très chargée ; mais n'auraient pas présenté

de signes de dégénérescence. L'auteur ne croit pas qu'on puisse

considérer les obsessions et les impulsions comme appartenant à

la folie dégénérative ou à la folie héréditaire. Il ne trouve pas de

point de contact entre les différentes manies (oniomanie, pyroma-

nie, impulsions au suicide, etc.) avec ses étals obsédants. Il en

exclut formellement toutes les perversions sexuelles. Lworr.

XXV. ETUDE statistique SUR l'hérédité CHEZ LES aliénés DU canton

de ZURICH comparée A l'hérédité vésanique CHEZ l'homme sain ; par

Jenny COLLER. (Archiv. fier Psychiatrie und Ner2enl,rczlzlahetien,

t. XXVII, liv. I, ]89ti.)

Voici les conclusions : 1° l'hérédité vésanique chez l'homme sain,

plus considérable qu'on ne le croit généralement, démontre l'action

efficace des facteurs de régénération ; 2° l'apoplexie, la démence

sénile, la plupart des maladies nerveuses sont négligeables comme

facteurs d'hérédité ; 3° les maladies mentales et les caractères

excentriques sont les facteurs les plus redoutables au point de vue

de l'hérédité ; 4° l'alcoolisme prédispose les descendants aux

excès alcooliques et aux maladies mentales ; 5° l'hérédité éloignée

n'a que peu d'action si elle n'est pas accumulée. Lwoff.

XXVL LA STUPEUR comme entité morbide; par JAMES `VIIITNELL.

(Potain, Part. LXIX, 1895, p. 66.)

L'auteur émet cette théorie que les cas de stupeur ou au moins

certains d'entre eux, peuvent être dus à un défaut de développe-

ment proportionnel normal entre le système circulatoire et le sys-

tème nerveux, que ce défaut, au moment du développement de

ces deux systèmes entraîne une dystrophoneurose et par suite une

action mentale défectueuse, et qu'en fait, pendant que le cerveau

atteint le degré de développement normal suivant ]*âge, le sexe et

la constitution physique, les vaisseaux sanguins et fréquemment

aussi le coeur, restent dans un état d'infantilisme, l'aorte et les

autres vaisseaux présentent une étroitesse congénitale, associée

dans certains cas à une petitesse du coeur également congénitale.

Si le système cardio-vasculaire continue à se développer sous une

influence ou une autre, son rapport avec le système nerveux est

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 145

atteint et le malade sort de sa stupeur. Si au contraire l'hypo-

plaie persiste, la démence survient.

Pour appuyer cette théorie qu'il a déjà émise, l'auteur rapporte

deux cas nouveaux, où l'on constate les différents points sur les-

quels elle est basée : 1° diminution de calibre des vaisseaux de la

base du cerveau, ou de l'aorte, ou des deux, associée fréquemment

avec une hypoplasie générale du système circulatoire ; 2° l'étude

expérimentale du rapport entre la réaction de l'écorce et l'excita-

tion et l'apport du sang, montre qu'il y a parallélisme dans les

cas de stupeur; 3o les symptômes cliniques sont pleinement en

rapport avec la possibilité d'une telle lésion ; 4° l'examen phy-

sique révèle fréquemment une lésion cardiaque connue pour

survenir dans les cas d'atrésie vasculaire congénitale ; S" le sphyg-

mographe montre une haute tension du pouls indiquant une résis-

tance périphérique ; 6° le changement de tension du pouls

coïncidant avec un changement dans l'état mental peut être

observé dans certains cas de stupeur intermittente ; 7° l'action

des médicaments qui dilatent les vaisseaux est favorable sur

l'état mental. P. S.

XXVII. Fréquence DES TROUBLES FONCTIONNELS DU pneumogastrique

dans LES affections mentales ; par le Dr KELLOG.

Les troubles fonctionnels du pneumogastrique se rencontrent

fréquemment chez les aliénés : paralysie des muscles du pharynx,

dans la démence paralytique, dans la syphilis cérébrale, la mé-

ningite, etc. ; spasme du pharynx dans l'hystérie, l'aura épilep-

tique, l'hypocondrie; paralysie et spasme du larynx, troubles de

l'innervation cardiaque; paralysie des fibres de l'oesophage, dans

la paralysie générale; troubles gastriques dans la mélancolie, la

paralysie générale, l'épilepsie, etc. L'auteur passe en revue, en

procédant par divisions du nerf, les diverses affections mentales

où peuvent se rencontrer les altérations du pneumogastrique et in-

siste sur l'importance capitale des désordres fonctionnels des bran-

ches pulmonaires.

Il est d'observation fréquente en effet, que la tuberculose pulmo-

naire et les affections pulmonaires en général font de grands ra-

vages chez les aliénés : il paraît certain qu'il existe une relation

étroite entre ces désordres pulmonaires et des lésions des branches

pulmonaires du pneumogastrique. (American journal of insazzity,

octobre 1894.) ' E. B.

XXVIII. POIDS du corps ET aliénation mentale; par le Dr MOUTON.

Les troubles mentaux sont fréquemment accompagnés de troubles

de la nutrition : aussi, dans la folie aiguë, la nutrition doit-elle être

surveillée et améliorée le plus promptement possible.

Archives, 2e série, t. I. 10

146 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

Il est certain que, malgré tous les soins, certains cas resteront

incurables, mais on peut espérer, en maintenant l'organisme dans

les meilleures conditions d'existence, avoir le maximum possible

- de guérisons. (American journal of insanily, octobre 1894.) E. B.

XXIX. Désordres gynécologiques D\NS LEURS rapports avec la folie;

par le Dl' Clara BARRUS.

L'auteur insiste sur la nécessité d'un examen physique complet

des aliénées en raison des troubles, affection ou malformation des

organes génito-urinaires qui se rencontrent si fréquemment chez

ces malades et sans qu'elles mettent eu rien le médecin sur la

voie de l'affection.

En effet, sur cent aliénées examinées par le Dr Barrus, trois

seulement se plaignent de troubles des organes génitaux, alors que

soixante en présentaient.

Or, si le cerveau est toujours le siège de la folie, il n'est pas tou-

jours le siège de la cause, et une intervention du côté d'une affec-

tion périphérique peut, pour le moins, en diminuant le degré d'ir-

ritation nerveuse, « écarter une pierre d'échoppement du chemin

de la guérison. (American journal ofinsanity, avril 1895.) E. B.

XXX. NOTE DE PSYCHOLOGIE morbide comparée : l'immobilité DU cheval;

par le Dr FÉRÉ.

L'auteur rapporte une intéressante observation de troubles men-

taux survenus chez un cheval et répondant à ce que les vétérinaires

ont désigné, sous le nom d'immobilité, état morbide qui parait

jusqu'à présent n'avoir été observé que chez le cheval. L'immobilité

serait souvent héréditaire, et alors incurable ou accidentelle, con-

sécutive à une maladie aiguë, une chute, etc., et alors curable.

Cet état, caractérisé par l'abolition de l'excitation et l'absence

d'activité spontanée, quelquefois entrecoupé par des crises d'exci-

tation, rappelle le complexus symptomatique désigné chez l'homme

sous le nom de confusion mentale. (Revue neurologique, janvier

1895.) E. B.

XXXI. Trois nouveaux cas DE c torticolis mental » ; par les

Drs BRISSAUD et Meige.

Le nom de torticolis mental peut être appliqué à une variété de

spasme intermittent des muscles du cou, associé ou subordonné à

des troubles psychiques chez des sujets névropathes, en dehors de

toute altération organique des muscles des nerfs ou des centres.

Les intéressantes observations relatées par les auteurs sont des

plus démonstratives et montrent combien les mouvements, tout

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 147

d'abord appropriés à un but, ont de tendance à devenir involon-

taires et à se généraliser.

Dans l'un des cas par exemple, il s'agit d'un tic limité au début

aux muscles rotateurs de la fête et qui peu à peu s'est généralisé à

l'épaule et au bras : le point de, départ a été un mouvement des-

tiné à atténuer une douleur de la nuque. Volontaire d'abord, ce

mouvement devient involontaire par habitude et le torticolis men-

tal fut constitué. Tourmenté par son tic, le malade le combattit en

repoussant sa tête avec sa main. Ce geste également volontaire au

commencement devint involontaire à son tour, et au tic du cou

s'ajouta le tic du bras.

Les mouvements spasmodiques se sont compliqués chaque jour

de contorsions nouvelles, d'abord calculées pour dissimuler une

infirmité obsédante, mais se transformant peu à peu, elles aussi,

en tics par habitude.

La différence capitale qui existe entre le tic généralisé et la ma-

ladie des tics, c'est que, dans cette dernière, il semble très souvent

à peu près impossible d'expliquer par un acte voulu, dans le* prin-

cipe, l'incoordination musculaire.

En tout état de cause, ce qui décide du diagnostic dans le torti-

colis mental, c'est l'état mental du malade toujours plus ou moins

débile et anxieux. (lk-vue neurologique, déc. 1894.) E. B.

XXXII. INTRODUCTION D'UN TESTICULE artificiel ET GUÉRISON D'UN

état mental morbide chez un SIONO-CIiYPTORCIIIDE; par le Dr HER-

MANCE.

Il s'agit d'un garçon de vingt-un ans chez qui la constatation qu'il

n'avait qu'un testicule avait développé un état d'anxiété profonde

de dépression mélancolique et de l'idée fixe que cet état le con-

damnait à l'impuissance.

Après un essai infructueux pour abaisser le second testicule dans

le scrotum l'auteur, sur la demande expresse du malade, fit faire

un testicule en argent qu'on plaça dans la vaginale. La plaie se

cicatrisa très vite et le malade guérit immédiatement de son état

mélancolique et perdit si bien ses idés d'impuissance qu'il se maria

peu après et, comme dans les contes, eut beaucoup d'enfants.

(Amen'Mm Journal of insanity, avril, 1895.)

XXXIII. Prophylaxie DE LA tuberculose dans LES asiles d'aliénés;

par le Dr BABCOCK.

Des études statistiques de l'auteur il résulte que la tuberculose

est deux ou trois fois plus commune dans les asiles que dans la

population ordinaire : cette affection se rencontre surtout chez les

malades chroniques el doit par conséquent être regardée comme

148 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

une résultante des conditions sanitaires de l'asile ; ce qui tendrait à

montrer la réalité de cette assertion, c'est que dans les asiles

privés où les conditions d'hygiène peuvent être mieux remplies, la

proportion de tuberculeux n'est pas plus forte que dans la popula-

tion ordinaire.

Indépendamment de leurs prédispositions héréditaires, ou des

conditions de moindre résistance dans lesquelles les place leur état

mental, les malades trouvent en général, dans les asiles d'Amé-

rique, des conditions hygiéniques défectueuses; manque de venti-

lation, d'éclairage, humidité, exercice insuffisant, nourriture

monotone.

Aussi est-il urgent de prundre activement des mesures préven-

tives contre l'envahissement de la tuberculose par l'isolement et le

traitement efficace des malades atteints en même temps que par

des mesures de désinfection rigoureuse, par l'amelioration des

locaux et des conditions d'existence. (American Journal of insanity,

oct. 1894.) E. B.

XXXIV. SUR LES troubles mentaux dans la maladie DES TICS CONVUL-

siFS; par le Dr Remonchamps. (Bull. de la Soc. de méd. ment, de Bel-

gique, mars 1895.)

La malade qui fait l'objet de cette note imitait l'aboiement du

chien, le beuglement des vaches, le bêlement des moutons. Elle

présentait en outre des mouvements involontaires qui d'abord

limités à la tête s'étendirent bientôt aux membres. On la vit faire

semblant de jouer du piano, du violon, de l'orgue, etc. On la vit

boiter, frapper le sol du talon, danser, etc. Elle gardait malgré

tout sa pleine conscience et se rendait parfaitement compte de l'ab-

surdité de ses actes, mais ceux-ci s'imposaient à elle avec force.

Elle pouvait bien résister quelque temps à l'idée de les exécuter

mais la volonté devenait bientôt impuissante à empêcher l'acte ou

le mot de se produire.

Quelque temps après le début de cette névrose, survint un accès'

de manie qui guérit à la suite d'un internement.

Pendant la durée de cet accès de manie la maladie des tics rétro-

céda, elle se reconstitua ensuite mais à un degré moindre qu'aupara-

vant. G. DERNY.

XXXV. Contribution A l'étude DES PERVERSIONS sexuelles chez LES

dégénérés; par le Dr P. AIASOIN. (Bull. de la Soc. de met. de Bel-

gique, décembre 489r : )

La malade qui fait l'objet de cette note est une femme de trente-

quatre ans qui contracta des habitudes d'onanisme dès l'âge de

trois ans. A six ans elle commença à être obsédée du désir d'avoir

un enfant.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 149

Pubère, elle interrompt ses habitudes d'onanisme dans la crainte

qu'elles ne l'empêchent de devenir grosse, et bientôt elle se livre à

tous les hommes, les provoquant, les violentant au besoin. Devenue

enceinte, elle éprouvait à| chaque mouvement de l'enfant plus de

jouissance qu'à l'accomplissement de l'acte vénérien. On nota éga-

lement à plusieurs reprises chez cette malade du délire du toucher

et des phobies diverses. A la suite de la mort de son enfant, son obses-

sion génitrice reparaît et elle reprend ses habitudes d'onanisme.

L'auteur trouve dans cette observation une confirmation de la clas-

sification des perversions sexuelles établies par M. Magnan.

G. DENY,

RAVI. SUR LES DÉLIRES du début DE la FIÈVRE typhoïde ; par ASCHU-

FENBURG, {Allg. Zeitschr. f. Psychiatrie, t. LII, fasc. 1, p. 75

à 133.)

Drasche prétend que les psychoses sont rares au cours ou dans

la convalescence de la fièvre typhoïde. Bail est du même avis. On

doit àBetke une bonne statistique sur les rapports des psychoses

et de la fièvre typhoïde. Sur 1420 cas de dothiénenterie observés

à l'hopital de Bâle de 1865 à 1868, il a observé 191 fois des délires

peu accentués ou ne se montrant que la nuit ; 158 fois des

délires plus ou moins intenses, et 20 fois des délires furieux. Il y

a donc eu des troubles psychiques dans le quart des cas de fièvre

typhoïde. Baumler, sur 73 typhiques, a observé 43 cas p. 100 de

délires ; Louis a noté des troubles de ce genre dans les trois quarts

des cas. Vuillemin (Thèse, Paris 1874) a étudié la date d'apparition

des troubles psychiques dans la fièvre typhoïde ; Kraepelin a séparé

les états délirants qui se montrent après l'infection typhique,

(délires asthéniques), et les formes du début (initialdelirium) des

délires fébriles. Marandon de montre) accepte la même classi-

fication. L'auteur se propose d'étudier spécialement la question

encore peu connue des délires initiaux ; il en a observé un cas ; il

en rapporte un 'autre, encore inédit, dû à Kraepelin, et enfin il a

rassemblé tous les cas antérieurement publiés qui ne sont pas plus

d'une quinzaine. `

Symptomatologie. - L'auteur distingue deux formes : 1° la forme

délirante ; 2° la forme maniaque. Dans la première on note, avant

le début des troubles psychiques, des maux de tête, une sensation

de malaise, une anxiété vague. Bientôt apparaissent des idées déli-

rantes généralement de nature dépressive, habituellement non

accompagnées d'hallucinations au moins au début, et affectant

parfois le caractère de faux souvenirs. Les malades sont quelquefois

tout à fait lucides, par exemple le sujet observé par Raynaud, qui

se rend au commissariat de police pour s'accuser du meurtre de sa

femme et qui réussit à en imposer au magistrat. Mais en'général

1

1duo REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

l'anxiété et la dépression apparaissent, ainsi que des idées de persé-

cution ; les malades se plaignent d'être empoisonnés par des

miasmes, d'être accusés, électrisés, menacés de mort, entourés

d'agents secrets, etc. On constate aussi des idées hypocondriaques,

de l'auto-accusation. Les hallucinations auditives et visuelles sont

fréquentes : les malades voient devant eux des personnes qui leur

reprochent leur mauvaise conduite ; ils voient des apparitions

menaçantes, des flammes, ils entendent la voix de leurs parents.

Les hallucinations n'ont habituellement rien de caractéristique ;

elles réflètent la couleur des conceptions délirantes ; leur activité

n'est pas en général très grande. Dans un cas elles faisaient penser

au délire alcoolique, bien que Je malade ne fût pas un buveur.

Dans la seconde forme les symptômes d'excitation maniaque

passent au premier plan. Tantôt il s'agit d'un état de simple exci-

tation intellectuelle, tantôt d'un état de confusion délirante avec

hallucinations ; les malades sont en proie à des impulsions motrices

continuelles, à une agitation incessante. Au début ils manifestent

quelques idées cohérentes, en général de couleur pénible. Us voient

des flammes, des animaux, ils sont entourés d'ennemis, puis la

confusion augmente : ils crient, chantent, pleurent, prient, font

des tentatives de suicide, interpellent leurs interlocuteurs imagi-

naires. L'humeur est tantôt gaie, tantôt triste, parfois indifférente.

L'attention du patient est alors souvent difficile à fixer, les ques-

tions sont difficilement comprises. Le sujet est obtus, et fait penser

à l'obnubilation des individus ivres. Les impulsions motrices sont

désordonnées, sans but, incohérentes ; la démarche est incertaine,

mal assurée, la parole embarrassée, la physionomie stupide.

Fièvre. Dans les 17 cas connus, le délire a débuté dans la pre-

mière semaine de la maladie, le plus souvent quatre ou cinq jours

après les premiers symptômes. Chez cinq malades la psychose s'est

montrée avant toute élévation de température. 11 ne parait pas y

avoir eu, dans les autres cas, de rapport entre l'élévation de la

température et l'intensité des troubles psychiques. Liebermeister et

rr.ntzel ont même noté la coïncidence de troubles cérébraux

graves avec une température peu élevée.

Marche, durée, terminaison. L'agitation la plus furieuse et

l'anxiété la plus vive cessent parfois pour un temps, et reviennent

ensuite aussi intenses. La rétention d'urine n'est pas rare, il y a

parfois de l'albuminurie. Dans divers cas on a observé la répéti-

tion automatique des mêmes mots, des mêmes phrases, des mêmes

mouvements; ces phénomènes stéréotypés et dénués de toute

signification, font penser à l'automatisme et à la verbigération de

la catatonie. Un malade a présenté des attaques épileptiformes

avec perte de connaissance ; l'autopsie a montré l'absence de mé-

ningite. Le délire initial peut, après un intervalle de lucidité com-

plète, être suivi d'un autre accès délirant. Dans d'autres cas, le

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. loi

délire du début se continue durant tout le cours de la maladie et

persiste même pendant la convalescence.

Le souvenir est souvent complètement conservé, parfois il est

très incomplet ; il peut aussi faire totalement défaut. On ignore si

les délires initiaux peuvent être suivis de troubles psychiques du-

rables. Une chose certaine, c'est que la guérison complète a été

constaté souvent. Mais la terminaison n'est pas toujours aussi favo-

rable.

La mortalité des sujets atteints de psychoses est plus considé-

rable que dans les cas non compliqués de délire. Kraepelin a trouvé

comme proportion des cas mortels 30,9 p. 100, et Bethe 39 p. 100.

Pour ce qui est des délires initiaux la proportion des morts est,

d'après Kraepelin de 61,5 p. 100 ; d'après l'auteur de 50 p. 100.

Au point de vue de la gravité des cas recueillis par l'auteur, il n'y

avait que trois ou quatre formes relativement légères.

Anatomie pathologique et pathogénie. Thuet explique le délire

de la fièvre typhoïde par l'intervention de facteurs multiples :

l'hyperthermie, la méningo-encéphalile, la suppression de l'alcool,

l'urémie, etc. Nombre d'auteurs français ont admis l'existence de

lésions anatomiques, de processus méningitiques (Bouchut, Rostan,

BarbeleL).

Buhl, de l'examen du cerveau dans 31 cas, conclut qu'une dimi-

nution du liquide encéphalo-rachidien ne détermine pas de troubles

accusés, tandis que l'augmentation de la quantité de ce liquide

donne lieu à des symptômes sérieux. Hoffmann a constaté très fré-

quemment chez des typhiques de l'oedème cérébral ; il a noté

aussi de l'hypérémie, des hémorragies, des méningites.

Louis a observé dans la moite des cas une coloration rouge. Des

recherches faites par l'auteur sur les résultats de l'autopsie dans

les cas qu'il a rassemblés, il résulte que dans un certain nombre

de nécropsies on n'a rien pu constater; dans d'autres, on n'a noté

qu'un degré variable de congestion ou d'oedème. Ce ne sont donc

pas ces modifications qui peuvent expliquer l'apparition du délire;

elles sont trop inconstantes.

L'examen microscopique a été bien rarement pratiqué dans les

cas qui nous occupent. L'auteur a pu faire examiner par Nissl les

centres nerveux d'un sujet atteint de délire au début de la lièvre

typhoïde. Les lésions constatées ne seraient pas de nature inflam-

matoire (l'appareil vasculaire est en effet peu intéressé), mais

seraient dues à des altérations d'origine toxique des cellules gan-

glionnaires. Griesinger, en 1857, considérait déjà les manifesta-

tions nerveuse et cérébrales de la fièvre typhoïde comme dues à

une intoxication. llluudsley se rallie à la même interprétation, et

compare cette action toxique à celle du thé et de l'opium. Les allé-

rations de la composition normale du sang auraient pour consé-

quence première une modification du tonus psychique soit en

- ? '" , ? 1- ? ; 1 : : °

1S3 J REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. : ' ;t : t ;

plus,(états maniaques), soiten moins (états dépressifs). A un degré

plus accentué on observe la systématisation de ces formes patho-

logiques'de l'humeur; enfin l'action directe du poison sur l'élément

cellulaire détermine un délire incohérent et confus. Kirchhoff

croit également à une action chimique sur la cellule nerveuse et

pense que la fièvre, à elle seule, agit rarement comme facteur

unique (dans la pneumonie en effet les psychoses sont assez rares,

si on met de côté le délire alcoolique). Kraepelin attribue le délire

initial des typhiques au poison spécifique de la fièvre typhoïde et

décrit ce délire parmi les psychoses toxiques.

Liebermeister était partisan du rôle actif de l'hyperthermie dans

la genèse des troubles délirants. Baumler fait intervenir, en outre

de la prédisposition individuelle, le degré, la durée et la continuité

de la fièvre et surtout l'hyperthermie. Il accorde cependant, dans

certains cas, quelque influence au poison typhique. L'auteur critique

le rôle important attribué par les observateurs précédents à l'éléva-

tion de la température; il rappelle les observations de Gerhardt, dans

lesquelles on voit des troubles psychiques graves se produire au

moment où la température vient à baisser, et disparaître avec

l'hyperthermie. Gerhardt pense que ces faits s'expliquent par

l'existence d'un poison sécrété par le bacille d'Eberth, poison qui

diminuerait l'hyperthermie, en même temps qu'il agirait sur

l'écorce cérébrale comme un alcaloïde narcotique. L'auteur rap-

porte l'opinion émise par Brieger et Wassermann, par Sirotiuiu,

qui considèrent la fièvre typhoïde comme une intoxication plutôt

que comme une infection.

Le tableau clinique du délire initial des typhiques, présente de

nombreuses ressemblances avec les psychoses observées dans la

variole, la fièvre intermittente, la fièvre jaune, la rage, et qui

doivent dans bien des cas être attribuées à une intoxication.

Diagnostic. Le délire initial est d'un diagnostic très difficile,

tant qu'il n'y a pas de symptômes de l'infection générale de l'or-

ganisme. L'apparition de la fièvre est un signe important, mais

elle peut se produire dans la paralysie générale, dans i'amentiar

On tiendra compte aussi de la brusquerie du début, de l'existence

d'une épidémie dans la localité, des troubles de la mémoire ; les

accès épileptiques ou délirants antérieurs, les intoxications orien-

teront au contraire le diagnostic vers un autre sens.

Le diagnostic avec les états délirants accompagnés de confusion

et de désorientation et surtout avec les psychoses d'épuisement,

offre des difficultés. L'auteur insiste sur le diagnostic avec l'amen-

tia, avec le délire de collapsus, la paralysie générale, la folie pério-

dique, la folie hébéphrénique, les délires épileptiques, le délire

aigu, les psychoses toxiques.

Le mémoire se termine par dix-sept observations.

P. Sérieux.

SOCIÉTÉS SAVANTES.

SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE.

Séance du 30 décembre 1895. Présidence DE M. Moreau.

Sortie prématurée des alcooliques.

M. A. Voisin fait connaître, à propos du procès-verbal, qu'il a

dans son service depuis trois ans, une malade précédemment

séquestrée plusieurs fois pour alcoolisme. Cette femme paraissant

très améliorée, M. Voisin lui a accordé récemment quelques jours

de permission pour aller voir des parents en province. Mais elle

n'a pu arriver au terme de son voyage; elle s'est arrêtée en route

pour boire et tomber dans un accès de délire alcoolique aigu. C'est

dans ces conditions qu'elle fut réintégrée à la Salpêtrière. Au point

de vue de la durée moyenne du traitement des alcooliques, il est

bon de se rappeler, ajoute M. Voisin, que souvent leur guérison n'est

qu'apparente et que le retour des accidents aigus peut être soudain.

Vacances. LE PRÉSIDENT déclare la vacance de deux membres

titulaires.

Election du bureau. Le bureau se trouve ainsi composé pour

1896 : Président : M. Charpentier ; Vice-Président : AI. G : vRNIER ;

Secrétaire général : M. RITTf; Secrétaire des séances : MM. SEMELAIGNE

et SOLLIER; Comité des Finances : MM. FALRET et CHRISTIAN; Comité

des Publications : MM. Ballet, BOUCUEREAU, Vallon ; Conseil de

Famille : LE Bureau et MM. A. Voisin et P. Moreau.

Suffisance de la loi de 1838 en face des délinquants

. dits irresponsables.

M. Charpentier. Dans une première partie de sa communica-

tion, après avoir parlé du libre arbitre et de la responsabilité, ne

croit pas que la notion de sécurité sociale puisse se substituer à

celle de responsabilité pour motiver des décisions judiciaires; il fait

remarquer que le mot démence du code ne veut pas dire folie, ni

aliénation mentale, ni fureur, ni imbécillité : il signifie perte du

libre arbitre. 1

loi SOCIÉTÉS SAVANTES.

Plus loin, M. Charpentier estime que M. Ballet et quelques alié-

nistes ont trop étendu le domaine de l'irresponsabilité et qu'il est

nécessaire de limiter cette tendance scientifique. Il propose de

reconnaître comme responsables ordinairement : les aliénés aux

séquestrations multiples, les folies du caractère (folie morale, manie

raisonnante, aliénés persécuteurs sans hallucinations elles ivrognes).

Il critique les expressions maladies mentales, maladies de l'esprit,

qui, pour lui, n'ont aucune signification.

Dans la dernière partie de son argumentation, M. Charpentier

pense que les nouveaux articles de loi à propos des délinquants

irresponsables, sont inutiles; il critique les asiles-prisons et pense

que si ceux-ci sont créés, ils ne doivent pas être motivés par l'alié-

nation mentale. et relèvent uniquement d'une loi d'administration

pénitentjairejUj conclut que la loi de 1838 n'est pas insuffisante

pour les délinquants irresponsables, mais qu'elle n'est pas suffisam-

ment appliquée.) , .. , )

..ut.. o. - » ! ! . L f z

u11 àJ3Ar.LET. M. Charpentier et moi ne nous plaçons pas sur le

même terrain. En·l'écôutant je croyais entendre un magistrat ou

un philosophe discutant sur le côté métaphysique de la responsa-

bilité. Je me place à un point de vue plus pratique : Que doit-on

faire d'un individu ayant commis un méfait, mais irresponsable en

totalité ou en partie. M. Charpentier estime que la loi de 1838

qui l'abandonne à l'autorité administrative est suffisante. Je ne

suis pas de cet avis, parce que la loi de 1838 n'oblige pas cette auto-

rité à colloquer l'individu dans un asile; mais le met tout simple-

ment à la disposition du préfet. Celui-ci peut faire ce qu'il veut du

délinquant et par conséquent le laisser en liberté où il pourra

commettre de nouveaux crimes. Je voudrais que le magistrat, qui

est intervenu pour déclarer l'irresponsabilité, fût obligé de rendre

efficace son intervention en colloquant l'individu dans un asile

pour une durée de temps déterminé. Je ne défends pas la respon-

sabilité partielle; mais il faut bien, dans la pratique, accepter ce

langage que tout le monde parle et comprend. Un ivrogne dans-

un accès de délire frappe sa maîtresse d'un coup de couteau; nous

remontons dans son passé et nous trouvons une hérédité mentale

très chargée : à un certain moment il a présenté des troubles hys-

tériques très accusés et a toujours vagabondé sans réussir dans

aucune entreprise. Qu'en feriez-vous ? - Avec la loi actuelle, cela

dépend des circonstances, tantôt on l'enverra en prison, tantôt on

l'acquittera. Les deux solutions sont déplorables. Nous tournerons

la difficulté en le considérant comme partiellement irresponsable.

C'est pour ces individus-là que nous demandons des asiles-prisons.

M. Charpentier. La législature de 1838 vous donne satisfaction

en ce qui concerne l'exemple choisi, puisqu'elle permet au Procu-

reur de la République de faire placer d'office dans un asile le délin-

L'INTERNAT DES ASILES D'ALIÉNES DE LA SEINE. 155

quant irresponsable bénéficiant d'une ordonnance de non-lieu.

Les autres, dits irresponsables, ne doivent pas nous intéresser

plusqu'ils ne nous regarderaient s'ils s'étaient cassé un membre

avant de commettre'un crime. Qu'on les enferme si l'on veut;

mais pas au nom de la médecine mentale. Us doivent être con-

damnés comme de vulgaires coquins.

M. COLIN. - Ce ne serait pas une solution; l'individu dont vient

de vous parler M. Balllet existe réellement. Condamné à la prison,

il n'a pu être conservé ; on vient de l'envoyer à Gaillon.

MARCEL BRI.\ND.

ASILES D'A

L'INTERNAT DES ASILES D'ALIENES DE LA SEINE.

NÉCESSITÉ DE SA RÉORGANISATION;

Par le D' PAUL SÉRIEUX,

Ancien interne des Asiles d'aliénés de la Seine,

médecin-adjoint à l'Asile de Villejuif,.

Nous avons cherclié à montrer, dans des travaux anté-

rieurs', que l'organisation du service médical des asiles

publics d'aliénés laissait â désirer. Nombre de médecins en

chef dès asiles se trouvent à la tête de services dont la popula-

tion est trop considérable pour qu'il leur soit possible d'en

connaître tous les malades. A plus forte raison ne peut-il être

question de soumettre ces derniers à un traitement métho- -

dique. Les défectuosités de l'organisation actuelle du service

1 L'assistance des alcooliques eu Suisse, en Allemagne, en Au/riche.

llontévrain. Imprimerie de l'École ci'Alembert, 189, p. 131 et suivantes.

L'asile d'alcooliques du département de la Seine. Annales médico-

psychologiques, novembre 189J.

Notice historique sur le développement de l'assistance des aliénés en

.1llema,r¡ne. Archives de Neurologie, novembre 1895.

L'organisation du service médical dans les asiles (/'aliénés (sous

presse).

156 , asiles d'aliénés.

de l'adjuvat ne sont pas moins graves : les médecins-adjoints,

en effet, sont inutilisés, alors que cependant les médecins en

chef ne peuvent suffire à la-besogne'. Reste le troisième élé-

ment du service médical de nos asiles : le corps des internes en

médecine. Cette institution est-elle au moins capable d'atténuer,

fût-ce dans une mesure restreinte, la gravité des lacunes et des

vices d'organisation que nous avons signalés ?

Il est malheureusement loin d'en être ainsi ; et, du haut en

bas de l'échelle médicale, c'est, il est pénible d'avoir à le

constater, la même non-utilisation d'éléments actifs, le

même gaspillage de forces vives et de bonnes volontés, bref la

même organisation défectueuse. Si le médecin chef de service

est débordé par le nombre excessif de ses malades et la multi-

plicité de ses occupations, - si le médecin adjoint est un

rouage inutile, qui se meut dans le vide, et qui ne trouve

plus de défenseurs, le corps de l'internat est, lui, un organe

mal adapté à ses fonctions et dont la réforme s'impose.

En présence de ce tableau dont les couleurs n'ont point, à

plaisir, été assombries, il est permis de se demander ce que

devient le traitement individuel que réclament les sujets

atteints de maladies mentales ? Comment peuvent être mis en

oeuvre et cette analyse psychologique quotidienne, et cet

examen physique soigneux . sans lesquels le diagnostic et la

thérapeutique des formes si variées de la folie sont choses

impossibles ? Dans des conditions aussi défavorables, que

viennent encore aggraver et la constitution matérielle mal

comprise de nos asiles, et les proportions inouïes qu'atteignent

la population et le mouvement des services, le traitement des

sujets atteints de psychoses aiguës, affections éminemment

curables, ce traitement est, il faut bien en convenir, gra--

vement compromise Rappelons qu'on obtient dans nos asiles,

1 Consulter sur ce sujet : P. Sollier. La guérison des aliénés dans les

asiles. Progrès médical, 5 septembre 1891.

Maxime Du Camp. Paris, ses organes, sa fonction et sa vie, t. IV, p. 389.

Marandon de \lontyel. La réorganisation du service médical dans les

asiles d'aliénés. Archives de Neurologie, novembre, 1891.

Renaudill. Annales médico-psychologiques, 1855, p. 673.

J. Lieinach. Proposition de loi sur le rér/ime des aliénés. Chambre des

Députés, t890. .

2 « Les services des asiles d'aliénés, disait déjà Trélat en 1839, sont

trop chargés : une augmentation dans le personnel des médecins pro-

duirait un meilleur classement des malades, faciliterait l'étude. et l'ob-

l'internat DES asiles d'aliénés DE la SEINE. 157

le professeur Pierret l'a montré, moitié moins de guérisons

que dans les établissements étrangers '.

De pareilles constatations sont attristantes : elles sont aussi

de nature à faire réfléchir ceux qui ne veulent pas se contenter

de l'optimisme banal et superficiel, si en honneur dans certaines

sphères, et qui le considèrent comme le pire ennemi du pro-

grès. Avouons-le : un état de choses pareil n'est point digne

d'un pays qui était jadis à la tête du progrès dans l'assistance

des aliénés. Tout le monde en souffre : les malades, la Société

et en outre, nous le verrons plus Join, le personnel médical

lui-même. C'est la profonde conviction que nous avons des

conséquences déplorables de pareils errements, qui nous a

empêchés de reculer devant la tâche, toujours ingrate, de dire,

sans détours ni réticences, la vérité.

Revenons au corps de l'internat en médecine des asiles.

Quel est le rôle de l'interne dans un service d'aliénés ? Les

règlements nous parlent de l'assistance à la visite du matin,

des pansements, du service de garde, de la contre-visite, etc.

Mais nous entendons laisser de côté ces obligations, maté-

rielles en quelque sorte. Leur accomplissement, exécuté à

la lettre, n'est qu'une formalité qui ne peut sérieusement con-

tribuer au traitement méthodique des malades. Elle ne saurait

pas davantage satisfaire un esprit curieux de s'instruire.

Dans un service d'aliénés, l'interne a, ou plutôt devrait

posséder des attributions d'un ordre plus relevé, analogues à

celles qui lui sont réservées dans les services hospitaliers ordi-

naires. Il doit être le collaborateur du chef de service. La

nécessité de cette collaboration s'impose d'autant plus que

la tâche de ce dernier est, en raison du nombre, parfois

servation de chacun d'eux et augmenterait certainement la proportion

des guérisons. » ,

Plus tard, en 1862, Marcé déclare que le médecin de nos asiles d'alié-

nés n'a pas même le temps de connaître ses malades, eût-il toute la

jeunesse, la force, la santé, le zèle imaginables. Il insiste sur les « incon-

vénients inséparables des grands établissements dans lesquels les

malades, entassés et sans direction intellectuelle et morale, deviennent

incurables, la plupart du temps, par la seule raison qu'on ne les traite

pas ». (Traité pratique des maladies mentales. Paris, 1862, p. 656, 657.)

Les observations de Trélat et de Marcé sont encore d'actualité aujour-

d'hui.

1 Pierret. Discussion sur la 1'evision de la loi de 1838. Comptes rendus

du Congrès de médecine mentale de Lyon, 7 août 1891. Masson, 1892.

158 asiles d'aliénés.

invraisemblable,, de ses malades, toujours au-dessus de ses

forces. Le rôle de l'interne doit donc, toutes proportions gar-

dées, être calqué sur celui du médecin. Il lui faut interroger les

aliénés nouvellement admis, suivre ceux-ci chaque jour avec

soin, prendre, auprès des familles, les renseignements sans les-

quels diagnostic et pronostic ne peuvent être précisés. Il lui faut

aussi rédiger les observations, s'occuper activement du côté

thérapeutique trop souvent négligé (traitement moral, etc.).

Ajoutons à cette tâche déjà lourde, les recherches anatomo-

pathologiques (autopsies, examens histologiques et bactériolo-

giques). '

Il convient, de plus, que le chef de service fasse appel à l'ini-

tiative de son interne, qu'il lui accorde une certaine responsa-

bilité et une certaine autorité, qu'il sache lui laisser prendre

quelques décisions, qu'il le charge de résoudre tel diagnostic

délicat, de proposer une solution pour telle ou telle question

médico-administrative, de rédiger une partie de la correspon-

dance avec les familles, etc. Ainsi comprise, la fonction de

l'interne cesse d'être une corvée fastidieuse ; intéressante pour

ce dernier, profitable aux malades, elle constitue pour le

médecin une précieuse collaboration.

Mais pour que cette extension des attributions de l'interne

soit féconde en résultats, certaines conditions sont nécessaires,

qui sont loin d'être toujours réalisées. L'interne, pour être en

mesure de remplir le rôle que nous venons d'indiquer, doit

avoir une instruction médicale générale assez étendue. Or

celle-ci n'est point suffisamment assurée par les huit inscrip-

tions qu'on se borne à exiger des candidats, et qui ne corres-

pondent qu'à deux années d'études médicales.

Il faut aussi que l'interne puisse se consacrer tout entier à.

sa besogne et que la majeure partie de son temps ne soit pas

absorbée, comme cela se voit souvent, par des occupations

tout à fait étrangères, telles que travaux pratiques de dissec-

tion, de médecine opératoire, d'anatomie pathologique, stage

d'accouchement, préparation d'examens et même de con-

- cours, etc., etc.

En outre, il est indispensable, c'est là le point capital,

que l'interne s'intéresse à la tâche qui lui incombe. Le concours

de l'internat des asiles d'aliénés est loin d'être recherché par

la plupart des candidats dans le but de s'initier à la psychia-

trie. Le plus grand nombre d'entre eux se destinent à la pra-

l'internat DES asiles d'aliénés DE la SEINE. 159

tique médicale ordinaire, soit à la ville, soit à la campagne.

Ces étudiants n'ont que faire, cela se conçoit, d'une étude

approfondie et prolongée des maladies mentales. Aussi n'en-

trent-ils dans les services d'aliénés qu'à leur corps défendant,

sous la pression de nécessités matérielles, attirés qu'ils sont

par les avantages qu'offre la situation d'interne des asiles,

avantages relativement considérables si on les compare à ceux

de l'internat des hôpitaux'.

M. le D'' Bourneville, dans un Rapport sur le service des

aliénés (1878), émet la crainte que les candidats se présen-

tant au Concours spécial des asiles, « ne viennent du stock des

refusés de l'internat des hôpitaux, que leur instruction géné-

rale soit moins solide et qu'ils ne soient dans un état d'infé-

riorité relative= 2 '. Nous ne voulons point rechercher si M. Bour-

neville a, sur ce point, été bon prophète. Nous voyons au

concours, tel qu'il est actuellement organisé, de bien plus

graves inconvénients. Comment des internes qui considèrent

les asiles d'aliénés comme un pis-aller, les études de psychia-

trie comme un bagage inutile, pourraient-ils s'intéresser aux

choses de la médecine mentale et à la tâche toute spéciale qui

leur est réservée ? La plupart n'ont qu'un désir, bien légitime

d'ailleurs, c'est de quitter, aussitôt que possible, les services

d'aliénés. N'y apprenant rien de ce qui leur sera utile plus

tard dans la clientèle ordinaire, ils ne peuvent oublier que les

hôpitaux de Paris leur offrent des ressources cliniques considé-

rables, et qu'ils y trouveront des maîtres éminents pour leur

enseigner ce qu'il leur importe de savoir : la médecine interne,

'Grâce à l'initiative et à la persévérance de M. Bourneville, et aux

voeux émis sur sa proposition par le Conseil général, les internes des

asiles de la Seine sont, depuis 1879, recrutés au concours.

Peuvent prendre part à ce concours, les étudiants en médecine pour-

vus de huit inscriptions au moins et âgés de moins de trente ans. Il y a

deux épreuves : l'une écrite, de trois heures, l'autre orale, de quinze

minutes. La durée des fonctions d'interne est de trois ans. Les internes

titulaires reçoivent, outre le logement, le chauffage, l'éclairage et la

nourriture, un traitement annuel de 800 francs à l'asile clinique (Sainte-

Anne), de 1,000 francs à la Préfecture de Police, et de J,L00 francs dans

les autres asiles... Un interne ne peut rester plus de deux années dans

le même service Tout interne est autorisé à soutenir sa thèse de

doctorat aussitôt après sa nomination. (Progrès médical. Numéro des

Etudiants, 1891.)

. Boul'I1eville. Rapport sur le service des aliénés fait au Conseil général

de la Seine, février 1878. Progrès médical, 1879, p. 443.

160 O asiles d'aliénés.

la chirurgie, l'art des accouchements'. On ne saurait, certes,

en vouloir à des étudiants en médecine de chercher à dévelop-

per leur instruction médicale générale ; tâche difficile dans

un établissement d'aliénés. Mais il n'en est pas moins vrai

que cette façon d'envisager les choses a, pour les malades et

pour les chefs de service, de fâcheuses conséquences. Comme

le dit notre excellent collègue et ami le Dr A. Marie, on voit

dans la Seine, « des internes passagers pour lesquels l'asile

n'est qu'un succédané de l'hôtel ou du restaurant, où ils entrent

avec l'intention arrêtée de s'occuper de tout, sauf d'aliéna-

tion t. Quelques-uns cumulent leurs fonctions d'interne des

asiles avec celles d'externe ou d'interne provisoire des

hôpitaux, etc. Les plus travailleurs, afin de ne point perdre

complètement leur temps, consacrent les nombreux loisirs

qu'ils doivent à leur participation très réduite au service, à la

préparation du concours de l'internat des hôpitaux. Il va sans

dire que, considérant leur situation dans nos établissements

comme essentiellement provisoire, ils se désintéressent plus ou

moins de la médecine mentale et du traitement des aliénés.

Nous n'entendons point, qu'on nous comprenne bien, mettre

en doute le dévouement et les qualités professionnelles des

internes en médecine de nos asiles. Si un grand nombre

d'entre eux ne peuvent, faute d'un intérêt suffisant pour les

études spéciales de psychiatrie, constituer pour les médecins

ces collaborateurs actifs que nous réclamions plus haut, la

faute en est, avant tout, à un mode de recrutement défectueux

qui met en conflit l'intérêt des malades et les exigences de

l'instruction pratique de futurs praticiens.

- L'organisation actuelle a donc pour conséquence d'ouvrir les

portes des asiles d'aliénés à des élèves qui, pour cette double '

raison qu'ils sont habituellement au début de leurs études

médicales, et qu'ils n'ont point l'intention de se vouer à la

spécialité, ne peuvent être utilisés comme l'exigeraient le bien

des malades et l'intérêt de la science.

L'état de choses que nous critiquons a encore pour résultat

d'enlever toute stabilité au séjour des internes dans un même

1 Les trois années que passe dans des services d'aliénés un étudiant

qui n'a point le désir de se consacrer à l'étude spéciale des affections du

système nerveux, sont pour lui trois années de perdues.

2 A. Marie. L'assistance des aliénés en Ecosse. Paris, Imprimeries réu-

nies, 1892, p. 18. ,

l'internat DES asiles d'aliénés DE la SEINE. 161

service. La proximité de Paris est, pour des élèves qui n'ont

point terminé leurs études, d'une importance capitale (en

raison des travaux pratiques obligatoires, des examens). Aussi

assiste-t-on, surtout dans les asiles excentriques, à un mouve-

ment continuel d'internes. On voit, par exemple, trois, quatre

internes (titulaires ou provisoires, parfois même étudiants en

médecine n'ayant point pris part au concours) se succéder en

moins d'un an dans le même service. Ce manque de stabilité

serait fort regrettable dans un hôpital ordinaire ; il est encore

plus funeste dans un établissement d'aliénés, où l'on doit con-

naître à fond et suivre des malades dont le séjour est en

général prolongé. Il a de plus pour résultat l'absence de liens

entre le médecin et l'interne. Ce dernier ne peut, la chose est

matériellement impossible, connaître le service ; d'autre part

le médecin, n'osant compter sur un interne plus ou moins

novice, qui souvent ne sera plus là dans quelques mois, prend

l'habitude de se priver de son concours et de se reposer plus

ou moins sur le surveillant ou la surveillante en chef. On voit

alors les mille petits détails de police intérieure passer au

premier plan, aux dépens de la question capitale : le traite-

ment des malades curables. Le cercle des attributions de l'in-

terne va ainsi se rétrécissant, ce qui n'est pas fait pour

l'attacher aux études de psychiatrie, et se réduit bientôt à

l'alimentation artificielle des sujets qui refusent de s'alimenter,

et àl'assistance à la visite. Ajoutons qu'à cette visite le côté médi-

cal tient souvent peu de place'. A ce régime, tout intérêt, toute

initiative, tout sentiment de responsabilité ne tardent pas for-

cément à disparaître. Nous avons été souvent frappés du rôle

effacé des internes dans la plupart des services, à côté de

l'importance des fonctions du surveillant en chef 1. En serait-il

ainsi, si les établissements d'aliénés étaient ce qu'ils devraient

être, c'est-à-dire des hôpitaux pour le traitement des maladies

mentales, au lieu de rappeler des établissements de détention ?

1 Le professeur Rieger (de Wurzbourg) s'élève, avec juste raison, contre

l'utilité de ces « visites » : - Cette réunion d'un grand nombre de méde-

cins conversant entre eux, n'a, dit-il, d'autre résultat que d'exciter les

malades. Il Il estime de beaucoup préférable l'arrivée fréquente et inat-

tendue des médecins et assistants. (Uber Selibalilen fùr Psychiatrische

KliuiGet. Centralblatt f. Nerveuheillc. und ilsycliiair. Coblenz, août 1894.)

2 Le D e1. Marie remarque également que, chez nous, à rencontre de

ce qui se passe ailleurs, les internes n'ont qu'une faible participation

au service.

Archives, 2° série, t. I. 1l t

z) asiles d'aliénés.

D'autres mesures réglementaires viennent aggraver encore

les défectuosités de l'organisation de l'internat des asiles. Nous

voulons parler de la limitation à deux années du séjour des

internes dans le même service, et de la durée trop restreinte

de leurs fonctions (trois ans). La première mesure a pour

résultat fâcheux de priver le chef de service de la collaboration

d'un élève qu'il a formé, auquel il s'intéresse par suite plus

spécialement, et qui connaît à fond les malades, le personnel

et les familles.

La seconde disposition est éminemment regrettable. Après

deux on trois ans passés dans un établissement d'aliénés, il

arrive qu'un certain nombre d'internes prennent goût à la

médecine mentale, et se sentent attirés vers la carrière des

asiles. Leur apprentissage d'aliéniste a pris fin. Ayant de plus

terminé leurs études, passé examens et thèse, ils peuvent enfin

se consacrer entièrement à leur tâche, tout en présentant, par

leur diplôme de docteur, des garanties spéciales. Certains

d'entre eux rendent alors de réels services et sont, pour le

médecin, des collaborateurs indispensables dont on voudrait

n'avoir pas à se séparer. C'est alors que, de la façon la plus

malencontreuse, le Règlement intervient, Règlement spé-

cial d'ailleurs au département de la Seine, et en contradiction

formelle avec le Règlement ministériel. Il faut que le médecin

se prive du concours d'un aide compétent et dévoué. Ce der-

nier est rompu aux mille difficultés médicales et administra-

tives qui se présentent dans un établissement d'aliénés. Il

s'est adapté à ses fonctions. Il est susceptible de rendre des

services considérables. Peu importe ! Les trois années d'exercice

sont écoulées; on oblige l'interne à partir, alors qu'on devrait

mettre tout en oeuvre pour le retenir. On remplace ce colla-

borateur utile par un étudiant, souvent tout au début de sa

carrière médicale, complètement ignorant des choses de la

psychiatrie, et qui nous ne craignons pas de nous répéter

ayant en vue d'exercer plus tard la médecine ordinaire,

ne saurait se passionner pour l'étude des maladies mentales.

Pourquoi ce licenciement de jeunes médecins expérimentés ?

On ne saurait le justifier. Que dirait-on d'un industriel qui,

dans ses ateliers, ne voudrait que des apprentis et se hâterait

de renvoyer ces derniers lorsque, les années d'apprentissage

terminées, ils seraient devenus d'habiles ouvriers ? Comment

qualifierait-on ce travail de Pénélope ? ' ?

l'internat DES asiles d'aliénés DE la SEINE. 163

Qu'on ne vienne pas invoquer l'exemple de l'internat des

hôpitaux où la durée des fonctions (quatre ans) n'est que

d'une année plus longue. La comparaison pèche par la base.

Les internes des hôpitaux sont, en général, plus avancés dans

leurs études médicales, en raison de la difficulté du concours

qui oblige un grand nombre d'entre eux à se présenter plu-

sieurs fois. En outre, tandis que l'interne des asiles prend

possession de ses fonctions sans avoir jamais mis le pied dans

un établissement d'aliénés, l'interne des hôpitaux, lui, a passé

déjà quatre ou cinq ans dans les services hospitaliers en

qualité d'externe et de stagiaire. De plus, la période d'appren-

tissage dans les asiles nécessite un temps considérable : les

rapports avec les familles, l'étude d'affections toutes spé-

ciales que l'interne n'a auparavant jamais eu l'occasion

d'étudier, etc., exigent un noviciat assez prolongé. Enfin,

pour l'internat des hôpitaux, on n'est pas en peine de trou-

ver, parmi la foule des étudiants qui se destinent à la pra-

tique ordinaire, des jeunes gens s'intéressant aux fonctions

qu'ils ont à remplir : dans les asiles d'aliénés, la situation

est bien différente, en raison de la spécialisation même de

l'établissement.

Est-il encore besoin d'insister pour démontrer ce qu'a d'illo-

gique un mode de recrutement qui choisit, pour remplir les

fonctions si délicates d'interne dans un service d'aliénés, des

élèves au début de leurs études, et se désintéressant en général

de tout ce qui touche à l'aliénation mentale ? C'est là une

sélection à rebours. Combien plus néfaste encore ce singulier

licenciement des internes à l'heure même où ils sont devenus

des aides utiles et compétents ! Que de forces on laisse perdre

ainsi ! Et comme on tient peu compte des vues très sages qui

ont présidé à l'organisation générale, par le ministre de l'in-

térieur, du service de l'internat dans les asiles ! Dans sa circu-

laire du 20 mars 1857, portant envoi aux préfets d'un Règle-

ment du service intérieur des asiles d'aliénés, le ministre com-

mentait ainsi l'article 54 du Règlement ' :

« J'appelle toute votre attention sur le choix des élèves internes.

« Il convient de ne nommer, autant que possible, aux emplois de

« médecins des asiles publics d'aliénés que des élèves y ayant fait

' " Art. 5 ? Les élèves internes sont nommés par le préfet, sur la pré-

sentation du directeur et du médecin en chef; ils doivent être âgés de

vingt-un ans au moins et avoir au moins dix inscriptions. "

164 asiles d'aliénés.

« un stage I... L'internat doit être considéré dans un établissement,

« comme le commencement d'une carrière. II importe donc de ne

« l'ouvrir qu'à des jeunes gens laborieux, capables et dignes de la

«-parcourir sous les auspices et avec l'appui de l'administration 2.

D'ailleurs ce n'est pas d'aujourd'hui que l'on formule des

plaintes, trop justifiées, contre cet état de choses. En 1863, le

Dr Girard de Cailleux, inspecteur général du service des aliénés

de la Seine, s'exprimait ainsi à propos de l'internat dans les

quartiers d'aliénés de Bicêtre et de la Salpêtrière : "

« Ces élèves, la plupart occupés de se préparer à de nouvelles

« luttes pour assurer leur position dans les hôpitaux ordinaires,

« ou acceptant leur situation dans les asiles spéciaux à titre pro-

» visoire, n'attachant du reste à ces études qu'un intérêt secon-

« daire, vu l'avenir incertain et peu avantageux que leur offre la

« carrière aliéniste, ne consacrent point à ce service important le

« temps qu'il mérite. Ils bornent, en effet, leur ambition à prendre

« une connaissance superficielle de l'aliénation mentale de manière

« à en reconnaître les formes, après en avoir constaté l'existence.

« Par suite du peu d'attrait et du faible intérêt que leur présente

c ce service, il n'est point étonnant de remarquer dans les sections

« les mieux tenues, l'absence de feuilles d'observations, de cahiers

a d'autopsie ; le plus souvent même, la présence des internes pen-

« dant le jour fait défaut, entraînés qu'ils sont par des études

« d'un autre genre... Enfin, appartenant par droit de concours à

« l'administration des hôpitaux,' rien ne les liant à la position

« qu'ils occupent, ils sollicitent sans cesse leur changement, et

« par suite de cette instabilité, les chefs de service perdent la

c plus grande partie de leur autorité et toute direction médicale

« sur ces jeunes gens qui se bornent pour ainsi dire ci traverser les

« services. Cet état de choses mérite de sérieuses réformes 3.. »

Citons encore un trait caractéristique qui vient à l'appui de

ce que nous avons dit plus haut Un seul élève, raconte Girard

de Cailleux, a pu lui donner des renseignements sur les

malades : c'était un externe qui remplissait provisoirement

les fonctions d'interne. « J'ai appris, ajoute l'auteur, qu'il se

proposait d'entrer dans la carrière aliéniste, ce qui m'a expli-

qué son zèle. »

1 Il n'a d'ailleurs pas toujours été tenu compte de cette règle.

' Législation sur les aliénés et les enfants assistés, t. l, p. 183. Berger-

Levrault, Pans, 1880.

3 Girard de Cailleux. Études pratiques sur les maladies nerveuses et

mentales. Paris, 1863, p. 191.

l'internat DES asiles d'aliénés DE la SEINE. 165

En résumé, le mode de recrutement actuel donne les résul-

tats les plus fâcheux : il fournit des internes trop peu avancés

dans leurs études médicales, et par suite préoccupés par leurs

examens, leurs travaux pratiques, voire même la préparation

d'autres concours. Il ouvre les portes à nombre d'étudiants

qui ne s'intéressent nullement à l'aliénation mentale. Il

met obstacle à toute stabilité des internes dans le même service

et à toute collaboration effective du médecin et de son interne.

Enfin, par la limitation à trois années de la durée des

fonctions, il oblige les médecins à se séparer de ceux de leurs

élèves qui s'adonnent sérieusement à l'étude des maladies

mentales, et cela précisément au moment où ces derniers

seraient aptes à rendre de réels services.

Signaler ces défectuosités, c'est indiquer les réformes à

introduire. Mais avant d'aborder cette question, il convient de

dire quelques mots sur la façon dont le service de l'internat est

organisé à l'étranger. Nous verrons que, sur ce point (comme

sur d'autres, de l'organisation matérielle et morale de nos

asiles), la comparaison n'est pas à notre avantage.

L'institution des assistants, c'est-à-dire d'internes ayant ter-

miné leurs études médicales, possédant leur diplôme de doc-

teur, nommés pour une durée de quatre, cinq, six années et

même davantage, se destinant presque tous à la spécialité,

cette institution obvie, dans la plupart des établissements

étrangers, aux inconvénients que nous avons signalés.

En Ecosse, les assistants sont recrutés au choix et sur titres;

ils entrent dans l'administration au cours de leurs études

médicales, et une fois leur diplôme obtenu, ils deviennent

d'assistants juniors, assistants seniors. Le chef de service par-

tage avec ces derniers une partie de sa besogne administrative

et médicale (délivrance de certificats et régime intérieur de

l'asile). Un service médical complet est ainsi assuré pour

chaque établissement. « Or on sait que le nombre des guéri-

« sons obtenues en Ecosse est près du double des nôtres. La

« sélection soignée des malades, grâce à un corps médical

« nombreux, en est la cause '. *

1 A. Marie. Loc cil.

166 1 asiles d'aliénés.

En Italie, les assistants des asiles d'aliénés sont docteurs :

à Rome, la durée de leurs fonctions est de trois ans ; mais à

l'expiration de ce temps, ils peuvent être prolongés dans leurs

fonctions pour une nouvelle période de trois années.

Il en est de même, à peu de chose près, en Allemagne, en

Autriche', en Suisse, en Russie. Les assistants, qui sont doc-

teurs, sont nommés pour une période souvent illimitée. Les

nominations sont faites directement, sans concours et sans

distinction de nationalité. Plus nombreux, mieux payés, mieux

utilisés que les internes de nos asiles, les assistants ont aussi

des fonctions moins subalternes : ils ne sont point soumis,

comme chez nous, à une tutelle étroite ; on leur accorde une

certaine initiative et une part de responsabilité.

Quelques exemples recueillis par nous-même sur place, au

cours d'une mission dont nous avons été chargé, vont mon-

trer combien plus étendue est la sphère des attributions des

assistants. A l'asile de Bâle, le premier assistant est chargé,

sous l'autorité du médecin en chef-directeur, de la moitié de la

division des hommes, soit trois pavillons (admission, agités et

malpropres), comprenant une soixantaine de malades. Le

deuxième assistant s'occupe des deux pavillons de pension-

naires et de chroniques. Voici quel est l'emploi du temps : à

7 heures du matin, chaque assistant fait une visite dans la

section dont le service lui est confié ; à 8 h. 30, il assiste au

rapport et rend compte au directeur des incidents survenus

depuis la veille. A 9 h. 45, le directeur fait une visite générale

de tous les services : il est accompagné des assistants (sauf au

pensionnat des femmes). Cette visite se prolonge jusque vers

1 heure ; on assiste ainsi au déjeuner des malades. A 4 heures,

contre-visite faite par les assistants. A 7 heures, nouvelle visite-,

et à 8 heures du soir, rapport.

A Munich, les assistants font, seuls, avant 10 heures, la

visite de la section dont ils sont respectivement chargés. De

10 heures à midi, ils rendent compte des incidents survenus

dans leur service au Directeur-médecin en chef. Le soir, de

4 à 5 heures, contre-visite.

A l'asile de Zurich, les assistants font, seuls, deux visites

par jour dans leur division respective : l'une à 7 heures du

matin, l'autre l'après-midi. Chacun d'eux est chargé, pour les

Il. Laehr. Vie Heil-und Y/legeanstalten {il 1 , l'sychisch-Ttmnke de

deulschen Spraclagebieles in J. 18'do. Berlin, 1891.

l'internat DES asiles d'aliénés DE la SEINE. 167

malades de sa division, de la rédaction des observations, de la

correspondance avec les familles, etc. '. A l'asile de Dûssel-

dorf (550 malades), le plus ancien des assistants est chargé de

la division des hommes.

Dans nombre d'autres asiles, les assistants font, seuls, la

visite quotidienne; ils sont chargés de la correspondance avec

les familles, et rédigent des rapports de médecine légale.

Ces détails suffisent pour montrer la distance qui sépare, au

point de vue des attributions, le corps des assistants du corps

de l'internat de nos asiles. Leurs fonctions, on le voit, sont

loin d'être une sinécure ; on exige beaucoup d'eux. Inutile

d'insister sur les services considérables que peuvent rendre

aux malades et au médecin, des aides aussi compétents et

aussi stables.

Le nombre proportionnel des assistants des établissements

étrangers est plus considérable que celui de nos internes 2.

Les internes des asiles de la Seine étaient en 1894, dans la pro-

portion de 1 pour 275 malades. Pour les dix asiles suisses et

allemands, pris au hasard, que nous citons ci-dessous, le

rapport est de un assistant pour '1'17 malades, soit un chiffre

proportionnel double et au delà de celui de nos asiles.

A Munich (598 malades), on compte quatre assistants titu-

laires, plus un volontaire. Les deux divisions des hommes et

des femmes sont segmentées chacune en deux sections : à la

tète de chaque section est placé un assistant qui est ainsi

chargé, sous l'autorité du médecin en chef, du traitement

d'un groupe de 120 à 170 malades.

Le directeur-médecin de l'asile municipal de Dresde

(400 malades) est secondé par quatre assistants. A Zurich,

1 C'est l'assistant qui est chargé de rédiger lui-même les réponses aux

demandes de renseignements des parents. Sa lettre est ensuite soumise

à la signature du directeur médecin en chef. Le copie-lettres sert à en

obtenir une reproduction qui est jointe au dossier du malade.

'Le nombre des internes en médecine des asiles de la Seine s'élève à

dix-sent. Ils sont renards ainsi au'il suit (31 déc. IS ! J}) :

168 asiles d'aliénés.

deux assistants sont chargés, l'un de la division des hommes

(136 malades), l'autre de la division des femmes. L'asile

provincial de Vienne possède cinq assistants pour les 600 ma-

lades de l'asile proprement dit, et deux assistants pour le

service de la clinique de psychiatrie (300 malades). A Niet-

leben il y a trois assistants pour 700 aliénés.

L'asile de Herzberge (Berlin) possède, pour mille malades,

dix assistants'. Chaque division de 500 aliénés possède quatre

assistants titulaires, plus un volontaire ; ce qui donne la propor-

tion d'un médecin pour cent malades. A l'asile de Dalldorf

(Berlin), il y a, pour 1,300 malades, sept assistants titulaires,

plus deux volontaires. A Bâle, la division des hommes qui

ne compte que 125 malades, possède deux assistants (c'est le

médecin adjoint qui est chargé de la division des femmes).

Citons encore : les asiles de Düsseldorf (550 malades), et de

Bonn (600 malades), avec trois assistants chacune

Quant à la durée des fonctions, elle est pour ainsi dire

illimitée : les assistants peuvent attendre, à l'asile même,

qu'une place de médecin adjoint (ou médecin en. second),

devienne vacante. La plupart restent en exercice durant cinq,

six, sept ans. A Vienne, les assistants sont nommés pour une

période de deux années, renouvelable plusieurs fois. Ils ne

sont considérés comme faisant définitivement partie du [cadre

des médecins des asiles, qu'après quatre années d'exercice.

Le traitement des assistants est en général supérieur à celui

de nos internes. A Munich, ces médecins reçoivent, outre la

nourriture, le logement, etc., un traitement variant, suivant

leur ancienneté, de 1,250 z5 francs. Le traitement varie

de 1,125 à 3,000 francs à Hildesheim, et de 750 à 1,500 et

1,900 francs, dans la Prusse rhénane. A Vienne, le traitement

est de 1,200 francs pour les deux premières années, puis de

1,600 francs (3° et 4c années), et enfin de 2,800 francs (5 et

6e années). A partir de 2,800 francs les assistants ne sont plus

nourris. (A suivre.)

1 A l'asile de Villejuif, nous le répétons, il n'y a que quatre internes

pour près de 1,500 malades (1895). ,

'Il convient de mettre à part les cliniques de psychiatrie dont voici

l'effectif :

BIBLIOGRAPHIE.

1. Essai sur la pathogénie et le traitement de l'épilepsie ; par

MM. G. MARINESCO et Paul SÉRIEUX. (Mémoires de l'Académie de

médecine de Belgique, XIV, fasc. 2, 1895.)

Ce travail, basé sur 160 observations personnelles, ne constitue

pas seulement un essai sur la pathogénie et le traitement de l'épi-

lepsie, il contient encore une description complète de l'état per-

manent des épileptiques et des paroxysmes du mal comitial. Les

auteurs étudient tour à tour l'hérédité, les stigmates physiques de

dégénérescence, l'état mental, la coexistence des psychoses liées à

la tare dégénérative. Dans le chapitre des paroxysmes, ils passent t

en revue les auras, les attaques, les vertiges, les absences, les délires.

Comme les phénomènes convulsifs de l'épilepsie sont fugaces,

MM. Marinesco et Sérieux ont utilisé la méthode graphique pour

enregistrer ces divers phénomènes. L'épilepsie corticale délerminée

par l'excitation électrique reproduit d'une façon fidèle les réactions

motrices et organiques de l'épilepsie essentielle. Après avoir étudié

en détail les agents provocateurs des paroxysmes épileptiques, ils

concluent que le champ autrefois si vaste de l'épilepsie idiopathique

diminue chaque jour. Ce sont les épilepsies réflexes et les épilepsies

relevant d'une lésion organique tangible qui s'agrandissent aux

dépens de la forme idiopathique.

Dans bien des cas d'épilepsie idiopathique, on ne peut découvrir

d'autre agent provocateur que des accidents pathologiques d'ordre

banal, parfois même que des facteurs physiologiques. Dans ces

cas, les accès se reproduisent en apparence spontanément. Mais il

est fort probable que la production, dans l'organisme, de certains

poisons de nature inconnue entre pour une grande part dans la

pathogénie des paroxysmes épileptiques. En réalité, ces agents

seraient eux-mêmes insuffisants, s'ils n'exerçaient leur influence

sur un terrain prédisposé qui constitue proprement l'état perma-

nent des épileptiques.

On peut dire, en résumé, que plus la prédisposition est marquée

moins l'agent provocateur a besoin d'être puissant. C'est là ce qui

conduit les auteurs à admettre que la cause principale du mal épi-

leptique réside dans des modifications de structure des neurones

corticaux.

Le chapitre de la physiologie pathologique renferme des données

très originales, parce que la théorie des neurones y a été appliquée

à l'explication des symptômes du mal comitial. L'aura et l'épilepsie

sensitive seraient dues, d'après MM. Marinesco et Sérieux, à l'exci-

tation des neurones de réception ; les convulsions relèvent de l'ex-

170 varia.

citation des neurones d'exportation ou de décharge, tandis que le

délire est sous la dépendance des neurones de perception et d'asso-

ciation. - -

- Le traitement des épileptiques doit répondre à deux grandes

indications : 1° modifier l'état permanent des malades ; 2° prévenir

les paroxysmes en empêchant l'action des agents provocateurs. Les

agents qui diminuent l'excitabilité corticale répondent à la première

indication et sont susceptibles de prévenir les paroxysmes, tandis

que la connaissance approfondie des agents provocateurs permettra

de répondre à la seconde indication.

VARIA.

LES enfants arriérés.

Nous empruntons à la publication annuelle de M. de Crise-

noy, intitulée : Questions d'assistance et d'hygiène publiques

traitées dans les conseils généraux en 1894, les documents

suivants qui concernent les progrès de l'assistance et du

traitement des enfants idiots et arriérés.

I. Création à l'asile d'aliénés de Bordeaux d'un quartier spécial pour

les enfants idiotes. (Rapport de la commission.)

Messieurs, à votre session d'avril dernier, M. le préfet, s'inspirant

du désir manifesté par vous en septembre 1891, vous proposait de

créer à l'asile d'aliénées un quartier spécial aux enfants arriérées,

idiotes ou épileptiques et d'affecter à cette dépense les 11,693 francs

provenant du legs Génin, et une somme de 24,000 francs à prendre^

sur celle de 32,000 francs allouée au département par l'administra-

tion supérieure sur les fonds du pari mutuel.

Par délibération du 6 avril 1894, le conseil général reconnaissait,

en principe, l'utilité de la création projetée, mais renvoyait le dos-

sier à 111. le préfet, pour supplément d'instruction.

La question revient aujourd'hui devant vous complètement élu-

cidée. La commission de surveillance de l'asile d'aliénés prend la

charge d'installer le service en question, comprenant vingt-cinq ou

trente lits avec tous les locaux accessoires, dans l'un des pavillons

de l'asile approprié à cet effet. L'asile supportera la dépense moyen-

nant la subvention de 36,000 francs environ dont il est parlé ci-

dessus. Enfin, la commission de surveillance demande que le prix

de journée soit provisoirement fixé à 2 francs.

VARIA. " 171

Ce prix de journée dépasse notablement celui payé pour les

malades originaires de la 4° classe, et qui ne s'élève qu'à 1 fr. 35.

Mais il est juste de reconnaître, avec la commission de surveillance

qu'il ne s'agit pas de malades adultes, mais bien d'enfants qui exi-

gent une nourriture et des soins plus dispendieux, et qu'en outre,

l'asile devra pourvoir ce quartier d'une institutrice et d'un maître

de gymnastique. Au surplus, le prix de 2 francs n'est fixé qu'à titre

provisoire, et votre commission a lieu d'espérer que la mise en pra-

tique en amènera plutôt la réduction que l'accroissement. Il est

bien entendu que ces frais de séjour seront, comme ceux des autres

malades, supportés par les familles, les communes ou le départe-

ment. Le conseil adopte ces propositions et décide que dix places

au moins seront réservées aux indigents provenant des communes

ou du département. ,

Sur les observations d'un membre du conseil, M. Clauzet, que le

projet adopté donnera asile aux jeunes filles idiotes, épileptiques

qui ne peuvent fréquenter les écoles, mais non aux malades

adultes que les communes sont obligées de garder parce qu'elles

ne peuvent les mettre dans aucun asile, le conseil invite le préfet

à étudier la création d'un asile spécial pour cette catégorie de

malades (6 avril et 4 septembre).

II. Création d'un quartier d'enfants épileptiques et arriérés à l'asile

de Dury. (Renseignements sur les créations analogues dans les

autres départements.)

A la session d'avril 1893, le conseil général avait demandé au

préfet de faire une enquête qui lui permit d'apprécier l'utilité que

pourrait présenter la création d'un quartier spécial d'enfants à

l'asile d'aliénés de Dury. Cette enquête a porté sur le nombre d'en-

fants à hospitaliser et sur les institutions analogues .existant dans

les autres- départements.

Statistique des enfants. Il existe dans le département 298 en-

fants ;< ! teints d'affections mentales dont 183 garçons et 115 filles.

Ce, 298 enfants se répartissent de la manière suivante :

1° Suivant la nature de l'affection mentale : 126 arriérés ou im-

béciles, 118 idiots, 54 épileptiques; 2° En raison de l'âge :

25 ayant moins de six ans, 128 de six à douze, 145 de treize à dix-

huit ans; 3° Au point de vue de la surveillance : 249 de surveil-

lance facile, 49 de surveillance difficile; 4° Au point de vue de la

situation de fortune : 65 appartiennent à des familles aisées, 233 à

des familles nécessiteuses.

111. Quartiers d'enfants annexés aux asiles des départements

La plupart des asiles d'aliénés ne possèdent pas de quartiers

spéciaux pour les enfants. Ceux-ci sont ordinairement placés dans

172 , VARIA. 1

les quartiers de malades tranquilles et inoffensifs ou dans les infir-

meries, quand leur état exige des soins assidus. Le nombre des

enfants admis dans ces conditions est d'ailleurs généralement peu

élevé; il a été en effet reconnu que le placement des enfants arrié-

rés au milieu des adultes présente de grands inconvénients.

Des quartiers d'enfants existent dans huit asiles d'aliénés et sont

en voie de création dans deux autres.

Armentières (Nord). Le quartier comprend un corps de bâti-

ment séparé pour recevoir 100 enfants (50 de chaque sexe). Les

dépenses de construction se sont élevées à lis,000 francs. Les

idiots et les épileptiques sont seuls admis, à l'exclusion des arriérés

et simples d'esprit. La Roche-su1'-Yon (Vendée). Pavillons

spéciaux isolés, mais faisant partie de l'asile d'aliénés. Il y a place

pour 44 enfants (22 de chaque sexe). Les dépenses de construction

se sont élevées à 70.000 francs, 31 enfants y sont actuellement

entretenus. Bourges (Cher). Locaux dépendant de l'asile d'in-

curables. On peut y recevoir 30 garçons épileptiques. L'aména-

gement de ces locaux a nécessité une dépense de 12,400 francs.

Dans les établissements ci-après, les quartiers ont été construits

en même temps que l'asile lui-même ou par les soins des ateliers

de l'asile. Les dépenses d'installation n'ont pas fait l'objet d'un

décompte spécial et ne peuvent par suite être évaluées.

Saint-Yon (Seine-Inférieure). Le quartier comprend 52 lits

pour les filles idiotes, imbéciles ou épileptiques, 46 enfants sont

actuellement traitées.Qu'e-ttt'cs (Seine-Inférieure).Le quar-

tier ne comprend que quelques locaux : un dortoir, un chaulfoir-

réfectoire, une petite salle d'école et un préau. On peut y placer

20 garçons idiots ou épileptiqnes. Evreux (Eure). Le quartier

peut recevoir 44 enfants (22 de chaque sexe). 15 enfants y sont

actuellement placés. Naugeat (Haute-Vienne). Le quartier est

affecté aux enfants du sexe masculin épileptiques et idiots. Le

nombre des places est de ? 5. Saint-lIIéen (Ille-et-Vilaine). - On

peut recevoir 20 enfants (10 de chaque sexe) idiots et épileptiques.

Il y a en ce moment 17 enfants en traitement. Saint-Dizier

(Haute-Marne). Le conseil général de la Haute-Marne, dans sa

session d'avril 1894, a approuvé un projet d'aménagement d'un

quartier spécial pour les épileptiques et idiots, dans un des bâti-

ments de l'asile de Saint-Dizier. Ce quartier pourra recevoir environ

15 malades. Le devis s'élève à 2,912 francs. La Charité (Nièvre).

La construction, à l'asile de La Charité, de quartiers spéciaux

aux jeunes idiots, épileptiques et pensionnat vient d'être également

décidée par le conseil général qui a voté pour cet objet des crédits

s'élevant à 528,000 francs. Les quartiers d'idiots pourront recevoir

100 malades des deux sexes, celui des épileptiques 70 et le pen-

sionnat 100.

Le Conseil général de la Somme n'a pas discuté à la session

VARIA. 173

d'août la question qu'il avait posée précédemment et au sujet de

laquelle il avait demandé les renseignements qu'on vient de lire.

Toutes ces tentatives sont assurément des plus louables et

nous ne pouvons personnellement que nous en féliciter. Mais,

suivant nous, si on ne veut pas commettre d'impairs, il serait

absolument indispensable, que le ministère de l'intérieur fit

dresser un programme précis des conditions que doivent

remplir les quartiers ou les asiles destinés aux enfants idiots,

arriérés et épileptiques. Il n'est pas de département, qui

n'en ait un nombre assez grand pour justifier la construction

d'un quartier ou d'un Asile-Ecole, d'au moins 300 enfants.

Quand cela est possible, il y a tout avantage à le placer à côté

d'un asile d'aliénés, dont les services généraux, s'ils ne sont

pas déjà insuffisants, pourraient être communs. D'ailleurs, le

programme étant accepté on pourrait ne construire les pavil-

lons qu'au sur et à mesure des besoins, ce qui réserverait

l'avenir pour ceux qui craignent que nos prévisions soient exa-

gérées. B. -

DE la SORTIE DES aliénés DES asiles.

N° 1. Sous le titre : L'envie de tuer, le Républicain Orléanais

du 16 décembre relate le fait suivant : « Un homme couvert de

sueur, les yeux hagards, la bouche écumante, entrait hier en coup

de vent dans les bureaux du commissariat de police du quartier

Clignancourt. '

« Il dit d'une voix fébrile : Je me nomme Gaston Poinsignon

et je suis âgé de trente-six ans. Je suis sorti avant-hier de l'asile

de Ville-Evrard avec un certificat constatant ma complète guérison.

J'avais été conduit dans cet établissement à la suite d'un accès de

folie furieuse. Or, continua l'homme en s'animant et en grinçant

des dents, depuis que je suis en liberté, un désir fou me possède,

une idée fixe s'est implantée dans mon cerveau... Il faut que je tue

quelqu'un. Hier, j'ai acheté un revolver, je me suis promené la

soirée entière dans Paris, cherchant une victime. J'ai rencontré

des femmes, des jeunes filles, des enfants... Mon arme était dans

la poche de mon vêtement, et j'avais le doigt sur la gâchette. Vingt

fois j'ai été sur le point de faire feu sur d'inotfensifs passants, vingt

fois j'ai eu assez d'énergie pour me contenir. Maintenant, je sens

que je suis à bout. Arrêtez-moi, si vous ne voulez pas que je fasse

un malheur ! ...

« L'infortuné Poinsignon avait à peine achevé de parler qu'un

jeune homme apportait au commissariat un revolver chargé qu'il

venait de ramasser dans la rue 'de Clignancourt : C'est mon

revolver, dit Poinsignon, je le reconnais. En venant ici, j'ai ren-

contré un petit garçon, je l'ai arrêté et je lui ai appliqué le canon

174 varia.

de mon arme sur la tempe. Je ne veux pas être un assassin, me

suis-je dit au moment de presser la détente... J'ai fait un violent

effort sur moi-même et j'ai jeté mon revolver dans le ruisseau pour

ne pas avoir la tentation de m'en servir.

« Tout en parlant, le pauvre fou fixait obstinément un coupe-

papier en métal qui se trouvait sur le bureau de M. Fédée :

Monsieur le commissaire, s'écria-t-il, enlevez ce coupe-papier, car

je vais m'en servir contre vous. Et il ajouta : Je sens que la

crise va venir, je ne vais plus être maître de moi, attachez-moi les

bras et les jambes ! En effet, Poinsignon se mit à écumer et à

rugir. On le ligota étroitement pour le conduire à l'infirmerie spé-

ciale du Dépôt. »

N° 2. Une scène pénible s'est déroulée, hier, rue Blomet, dans

une famille composée du père, M. L..., âgé de soixante-cinq ans,

de la mère et de deux jeunes filles de dix-neuf et de quinze ans.

L'aînée de celles-ci était sortie récemment d'une maison de santé

où elle avait été internée à la suite de dérangements cérébraux,

et semblait guérie, lorsque hier, à la suite d'une discussion futile

avec ses parents, elle a été reprise d'un subit accès de folie furieuse,

et a tenté d'élrangler son père et sa jeune soeur, en ce moment

alitée. Jeanne L... a été envoyée à l'infirmerie spéciale du Dépôt,

sur l'ordre de M. Duponnois, commissaire de police. (Le Journal,

29 nov.)

N3.-lin fou qui se livre. Un homme très correctement vêtu

se présentait au commissariat de police de M. Guénin, rue de

Provence, et lui tenait le discours suivant :

« Monsieur, je suis un fou dangereux et je viens vous prier

de me faire enfermer. En ce moment je suis très calme, mais je

sens parfaitement qu'une crise est prochaine. J'ai déjà été enfermé

deux fois à Charenton et une fois à Picpu; je suis propriétaire de

plusieurs maisons à Levallois et à Asnières et je vous prie de faire

prévenir ma famille à cette dernière commune où je suis domicilié.

Je préfère venir vous trouver avant qu'un accès me prenne, parce

qu'alors je suis en proie à une envie irrésistible de tuer n'importe

qui. M. Guénin fit droit à la requête de ce singulier fou et le fit

conduire à l'infirmerie spéciale du Dépôt. Durant le trajet, le

malheureux fut pris en effet d'une terrible crise et les agents qui

l'accompagnaient eurent grand'peine à le maintenir. »

Ces faits montrent combien la situation des médecins des

asiles est difficile quand il s'agit de signer la sortie des aliénés.

LES aliénés en liberté.

Folie furieuse : Un homme, jeune encore, sanglé dans une élé-

gante redingote, portant le ruban de la Légion d'honneur, adres-

- varia. 175 e

sait ce matin de vifs reproches à un gardien de la paix qui, étant

de faction sur le quai des Orfèvres, ne lui avait point rendu les

honneurs militaires. L'agent interloqué crut avoir affaire à un

mauvais plaisant et riposta vertement à l'inconnu.

Celui-ci s'élança à la gorge du factionnaire qu'il voulait étran-

gler pour lui apprendre à obéir. D'autres agents arrivèrent enfin

au secours de leur camarade et purent, après une lutte acharnée,

maîtriser l'assaillant qui fut conduit devant le commissaire de

police. Ce magistrat reconnut bientôt qu'il avait affaire à un

dément, le capitaine X... qui, à la suite de fièvres pernicieuses

contractées aux colonies, est sujet à de fréquents accès de folie

furieuse. Le malheureux a été écroué à l'infirmerie du dépôt. (Le

Républicain Orléanais.)

On lit, d'autre part, dans l'Indépendant Anxel'I'ois (nov.) :

« Voici les renseignements que nous envoie notre correspondant

sur le drame de la folie dont la petite commune de Jaulges a été le

théâtre : une de ces dernières nuits, vers quatre heures du matin,

Mme Ythier, femme d'un entrepreneur de battages, fut prise subi-

tement d'un accès de démence furieuse. Elle se leva, s'empara d'une

machine à coudre fonctionnant à la main et en asséna sur la tête

de son mari un coup très violent. '

« M. Ythier, malgré la grave blessure qu'il venait de recevoir,

eut la force de sortir de son lit et la chance de pouvoir désarmer

et maîtriser la malheureuse qui venait d'attenter à ses jours.

Un médecin, mandé auprès du blessé, a constaté que la plaie qu'il

portait à la tête, présentait un certain caractère de gravité. Il en a

immédiatement opéré le pansement et aujourd'hui M. Ythier va

aussi bien que possible. Quant à la pauvre folle, elle a été emmenée

à Etivey, où habitent ses parents.

« Ainsi que nous l'avons annoncé, la gendarmerie de Saint-

Florentin a procédé à une enquête au sujet de cette affaire. Comme

ce n'est pas la première fois que Mme Ythier est victime de dange- .

reuses crises cérébrales, il est probable que l'on se trouvera dans

la nécessité de la faire interner dans un asile d'aliénés. D

Les faits de ce genre sont si nombreux qu'ils nous parais-

sent motiver de la part de M. Léon Bourgeois une circulaire

à ses préfets pour les inviter, contrairement à la pratique

actuelle, à faciliter le placement des aliénés, à le provoquer

dés le début de la maladie, afin de donner aux malades plus de

chances de guérison, à la société plus de sécurité.

CONCOURS D'.\D311S1111LITl. aux emplois de médecin adjoint DES asiles

PUBLICS d'aliénés, INSTITUÉS par l'arrêté MINISTÉRIEL

DU 18 JUILLET 1888.

Par explication des arrêtés ministériels des 18 juillet 1888 et

176 FAITS DIVERS.

14 avril 18994, un concours pour l'admissibilité aux emplois de

médecin adjoint des asiles publics d'aliénés aura lieu à Paris, Lille,

Nancy, Lyon, Bordeaux, Montpellier et Toulouse, dans les derniers

jours du mois d'avril ou dans le courant du mois de mai prochain.

- Un avis ultérieur publié au journal officiel et dans le recueil des

actes administratifs de la préfecture du chef-lieu de chaque région

fera connaître la date exacte d'ouverture de chacun des concours

ainsi que celle à laquelle devront être parvenues au Ministère de

l'intérieur les demandes des candidats qui solliciteront l'autorisa-

tion de concourir. Les demandes peuvent être adressées, dès main-

tenant, au Ministère de l'intérieur, sous le timbre de la direction

de l'assistance et de l'hygiène publiques, premier bureau.

FAITS DIVERS.

Distinctions honorifiques. Nous sommes heureux d'annoncer

à nos lecteurs que nos amis et collaborateurs VI. le Dr BRIAND,

médecin en chef de l'asile de Villejuif, et M. le Dr A. Marie, mé-

decin en chef de la colonie de Dun-sur-Auron, viennent d'être

'nommés, le premier, chevalier de la Légion d'honneur, le second

officier d'Académie. Nous leur adressons à tous deux nos plus

vives félicitations. B.

Nécrologie. Le Dr GAUSTER, directeur de l'asile provincial de la

Basse-Autriche vient de mourir à Vienne, à l'âge de soixante-huit

ans (mars 1895). II était médecin en chef de l'asile de Vienne

depuis 1871 et directeur du même asile depuis 1885. Parmi ses

monographies : les Dégénérescences psychiques, dans l'Encyclopédie

de médecine légale de Maschka (1882); la Folie morale (1879), la

Paralysie générale progressive (Iahrb. f. Psychiatr., 1879); le Trai-

tement de l'épilepsie par les bromures (Wiener medicinische Presse,

1889); l'Epidémie d'influenza à l'asile de Vienne; son influence sur les

psychopathies (Wien. med. Presse, 1891). L'asile provincial de Kier-

ling-Gugging a été construit d'après ses plans. G.\l1STER a été pen-

dant de longues années vice-président de laSociété psychiatrique de

Vienne. (Jahrb. f. Psych., t. XIV, f. 1 et 2, 1895.) P. Sérieux.

Le rédacteur-gérant : l3oursarvn.e.

Evreux, Ch. HÉFTISSEY. imp. - 296.

Vol. I. Mars 1896. N° 3.

ARCHIVES DE NE Ir T " f% 'r 1% il 'F '"

ANATOMIE PATHO ? u ?

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CHANGEMENTS

-DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL DANS LA POLYNÉVRITE;

Par le D' SERGE SOUKIIANOFF,

Médecin de la Clinique psychiatrique de Moscou.

Peu de temps après que la polynévrite fut regardée comme

une entité morbide, liée avec la lésion des nerfs périphériques,

on commença à remarquer que dans cette maladie peuvent

aussi survenir différents changements du système nerveux cen-

tral. Ces anomalies apparaissaient le plus souvent et le plus

distinctement dans la moelle épinière et elles atteignaient

également la substance grise et la substance blanche. C'était

Vierordt', qui le premier avait décrit un cas pareil. Il avait

constaté dans son observation la lésion 'des faisceaux de Goll,

dans la moelle épinière ainsi que dans le bulbe. Il est à

remarquer cependant que dans le cas de Vierordt le tableau cli-

nique de la polynévrite alcoolique n'était pas constaté par les

recherches microscopiques.

Kahler et Pick 2 trouvèrent dans la polynévrite une vacuo-

lisation très distincte des cellules des cornes antérieures de la

substance grise. '

C'est M. le professeur Iiorsalcow3 qui démontra dans sa mo-

' Degeneration der Goll'scletz S/range bei einem l'olalor (Arch. f.

Psychiatrie, XVII, 36,i).

1 Voyez Korsakow. De la paralysie alcoolique, thèse de Moscou, 1887,

p. 300, 301. '

, Idem, p. 307. '

Archives, 2e série, t. I. ' 12

178 s ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

nographie bien connue, intitulée De la paralysie alcoolique,

plus nettement et plus définitivement les changements du

système nerveux central 'dans certains cas de la polynévrite.

D'après l'opinion de ce dernier auteur, ces changements con-

sistent dans l'atrophie et la vacuolisation des cellules, dans les

changements des vaisseaux, dans de petites hémorragies du

système nerveux, dans la multiplication du tissu conjonctif

(surtout dans les cordons postérieurs et latéraux de la moelle

épinière).

En examinant les cas que nous trouvons chez d'autres au-

teurs concernant les changements du système nerveux central

dans la polynévrite nous nous assurons, que ces altérations

avaient eu lieu pour la plupart du temps dans la moelle épi-

nière et dans le bulbe, mais elles ne furent pas partout égales.

C'est ainsi que Eichhorst1, dans son observation de la polyné-

vrite alcoolique, remarqua dans la région dorsale de la moelle

épinière une assez grande quantité de très petites hémorragies.

M71llç.in constata dans son cas une lésion de faisceaux pos-

térieurs, surtout auprès de la périphérie de la moelle épi-

nière, une dégénérescence des racines postérieures, une multi-

plication du tissu conjonctif des cordons latéraux et la

leptoméningite spinale.

Sharkey observa la prolifération des noyaux des cellules

dans la substance grise en général et la disparition des pro-

longements cellulaires dans les cornes antérieures en partie.

Schaffer aussi rencontra dans la polynévrite alcoolique

une atrophie des cellules des cornes antérieures et des cordons

de Clarke et une altération de la substance blanche, surtout

dans les cordons postérieurs, en forme des corps amylacés.

Payne démontre une altération aiguë de la moelle en forme de

la myélite. Dans le cas de M. Korsakow et de M. Serbskyb

1 Eichhorst. Neurilis fascians. Ein Beilra7 mzr Lehl'e von der Alco-

holnelll'itis H-c/t. Az·clz., B. 112, 1888, p. 237-259).

2 Willin.Alcoholie paralysies with central lésion (illed. 11'ews. July 13).

Voyez Jcclzresberichl ilber die Leisluiifleit und Forlschrilte in du ge-

sammten Medicin, 1890. Berlin, Jahrgang XXIV, B. II, I Abth. (Berichl

fui- das Jahî ? 1889, p. 116).

3 Schaffer. Ein Fait von Alcoholpccralyse mil centraient l3efuzcle.

Veurologisches Ceizlnalb., 1889, v. 6, p. 156. .

à Korsakow et Serbsky. Vu cas de psychose polynévriliqùe avec au-

lopsie. Sbornik posviaszonny prof. Kojéwnikow, 1890, p. 319-372.

DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL DANS LA POLYNÉVRITE. 179

fut constaté le développement très fort du tissu conjonctif dans

le faisceau de Goll.

Dans l'ouvrage de M. le professeur Kojéwnikow 1 sont

cités cinq cas de paralysie alcoolique avec autopsie, où l'on

trouva dans la moelle épinière des altérations qui ne furent

pas égales dans différentes observations ; mais, en somme,

elles consistaient dans l'élargissement des cylindraxes,

(observ. I), dans l'apparition de globules granuleux (observ.

II, III et IV), dans la vacuolisation des cellules (observ. III) et

dans la lésion des cordons postérieurs (observ. II et IV), laté-

raux (observ. II et IV) et antérieurs (observ. IV).

En comparant les cas de la polynévrite décrits dans la mo-

nographie de Pal2, se jette aux yeux l'altération fréquente des

cordons postérieurs et de la zone marginale de Lissauer et des

racines postérieures.

L'altération de ces dernières fut constatée de même par Bie-

deharlien 3. C'est lui qui remarqua dans son cas sur la coupe

transversale de la moelle épinière la disparition d'une grande

partie de fibres nerveuses.

Nous devons maintenant mentionner encore un ouvrage

concernant la question des altérations centrales dans la poly-

névrite alcoolique. C'est Campbell-, l'auteur de cet ouvrage

qui employa dans ces investigations la nouvelle méthode de la

coloration de Marchi.

Campbell cite quatre cas de la polynévrite alcoolique. Dans

le premier cas, dans la région du bulbe et de la protubérance,

« aucun centre ganglionnaire n'avait de changements patholo-

giques, mais tout le long de la voie pyramidale, on a trouvé

la dégénérescence disséminée des fibres nerveuses ».

Dans le même cas les fibres nerveuses dégénérées ont été dis-

séminées dans la moelle épinière. On observa la dégénérescence

partielle aussi dans les racines, et elle a été plus visible dans

les racines postérieures que dans les inférieures.

' Prof. Kojéwnikow. De la paralysie alcoolique. Westnik psycliiatrü,

1891, f. Il, p. 180-ZO9.

pal. Weber multiple Neurilis. M'ieii, 1891.

3 Carlllietlekarken. Ueber multiple insbesondere Alcoliol-Neurilis mil

Beschl'eieulI[1 eines Fatles von solchel'. 1892. Frelbnrg.

. Campbell. Ein l3eilrag zur pathologischen Anatomie der sogenann-

le,, l'olynettrilis alcoholica. (Zeitsclzrift /'ltr e<7/ti<; ! (/e, 1893, B. XIV,

H. 1, p. 11-f0.)

180 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

Dans sa seconde observation, Campbell remarqua la même

chose dans la région du bulbe et de la protubérance ; quant à

la.'moelle épinière, les fibres dégénérées disséminées tout le

long de cette dernière s'étendent en plus grande quantité dans

la zone marginale de Lissauer et dans les cordons et les racines

postérieures. Dans le troisième cas les cordons de Goll, la zone

marginale de Lissauer, la voie cérébelleuse et le faisceau de

Gowers contenaient le plus grand nombre des fibres dégénérées.

Quant au quatrième cas, la lésion était plus remarquable

dans le faisceau de Burdach, dans celui de Goll et dans la zone

marginale de Lissauer. En outre, Campbell rencontra des va-

cuoles et la pigmentation des cellules des cornes antérieures

et postérieures et des cordons de Clarke et souvent l'oblitéra-

tion du canal central.

En raison de ces faits, l'auteur en question a fait la conclu-

sion suivante : « D'après mon opinion, la dégénérescence mul-

tiple des nerfs périphériques doit s'accompagner d'un change-

ment sensible dans la moelle épinière (etj'envisage cela comme

règle), c'est-à-dire de la dégénérescence disséminée des fibres

nerveuses de la moelle avec la lésion spéciale de la zone

radiculaire de Lissauer et des cordons postérieurs. Et dans tous

ces cas, dans les racines postérieures était remarquée la dégé-

nérescence partielle. »

Ainsi après l'examen des travaux que nous venons de citer

concernant l'objet qui nous intéresse, nous voyons que la

lésion du système nerveux central, surtout de la moelle épi-

nière, dans la polynévrite, se rencontre très souvent.

Les nouvelles recherches nous permettent d'être d'accord

avec Campbell que les altérations de la moelle et de ses ra-

cines sont inévitables pour la névrite multiple. Sans doute le

degré et même la qualité de ces anomalies peuvent être diffé-

rents dans divers cas.

Le cas de la polynévrite alcoolique que nous allons décrire

nous sert d'exemple très visible des lésions aiguës et très pro-

noncées de la moelle épinière et en partie du bulbe.

Le malade âgé de vingt-un ans, entre à la clinique psychia-

trique de Moscou, le 26 mars de l'année 1895. Concernant l'héré-

dité nous avons appris les faits suivants : le père du malade était

un homme énergique et actif ; la mère était une personne ner-

veuse, irritable, déséquilibrée et elle souffrait de la migraine ; une

tante du côté paternel était une personne extravagante ; l'oncle et

DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL DANS LA POLYNEVRITE. 181

le grand-père du côté maternel abusaient des boissons, ses grands

parents étaient atteints d'hémiplégie; l'une des soeurs du malade a

eté sujette à une maladie mentale, la seconde mourut de phtisie, la

troisième décéda pendant des convulsions, quant à la quatrième,

c'est une personne déséquilibrée et qui s'entraîne à tout ; notre

malade est le cadet de la famille. Il est né à ternie, mais les

couches étaient longues et pénibles. Un jour, étant enfant encore,

notre malade en jouant aux chevaux, tomba et pendant une heure

il resta inconscient, .

Les personnes qui l'entouraient commencèrent à remarquer

dans sa tendre enfance encore, qu'il était nerveux et emporté.

Ayant un caractère doux, mais faible, il était très impressionnable.

Parfois le malade semblait énergique, s'emportait et s'animait sous

l'influence étrangère ; mais son énergie n'était jamais de longue

durée et n'apparaissait que par intervalles.

En somme, il était très insoucieux, étourdi, très mal équilibré,

doué d'une volonté faible et d'une humeur changeante et incons-

tante. Ayant commencé ses études très tôt, le malade était dans

deux écoles sans y avoir fini son cours ; plus tard il essaya d'entrer

dans une des universités à l'étranger ; outre cela il s'occupait à la

maison sous la direction de personnes instruites; mais il n'aboutit

à rien.

Notre malade commença à boire de très bonne heure, mais nous

ne pûmes savoir au juste quand. A treize ans, c'était déjà remar-

qué par son entourage. Et depuis lors il s'adonna aux boissons de

plus en plus. Avant, il avait des intervalles lucides, mais depuis

deux ans, il ne les a plus.

Son désir de boire n'avait pas de caractère d'impulsion irrésis-

tible, mais il était tout de même plus fort que la faible volonté du

malade. Ce dernier, pour se distinguer, inventait toutes sortes de

raisons : tantôt il se disait amoureux sans réciprocité, tantôt il se

plaignait d'un désenchantement général.

Au printemps de l'année 1892, le malade fut atteint de delirium

tremens, et ses parents furent obligés de le placer dans un des éta-

blissements spéciaux pour les alcooliques, à l'étranger, où il resta

trois mois et fut traité par l'hypnotisme ; mais notre malade

appartenait à la catégorie des personnes qui ne sont jamais

sujettes au sommeil suggéré. Bientôt après sa sortie de l'asile,

notre malade dans peu de temps recommença à boire avec excès.

En automne de l'année 1891, pendant un nouvel accès de deli-

rium tremens, notre malade se précipita par la fenêtre du second

étage, se donna des coups très accusés et resta quelques heures

inconscient. Au mois de décembre de cette même année, il a eu

plusieurs attaques épileptiques.

Nous ne pûmes savoir au juste le commencement de la maladie

présente ; nous savons seulement que deux mois avant l'entrée du

182 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

malade à la clinique psychiatrique, les personnes qui l'entouraient

remarquèrent qu'il avait une démarche mal assurée et se plaignait

de la faiblesse des pieds.

Presque en même temps son appétit qui n'était plus déjà bon,

devint encore pire et le malade eut des vomissements opiniâtres.

A la moitié du mois de février de l'année 1895, le malade se sentit

un jour plus mal, et que ses pieds se paralysaient de plus en plus.

En réalité, le degré de la paralysie devint si fort que le malade

fut obligé de garderie lit. Un mois et demi avant son entrée à la

clinique psychiatrique il cessa de boire.

Etat présent. Le malade est d'une assez bonne constitution, et

d'un embonpoint satisfaisant. Les oreilles et surtout les dents sont

celles d'un dégénéré. Le malade est faible et il ne peut ni marcher,

ni se tenir sur les pieds. Le côté droit de son visage se trouve en

état de légère parésie comparativement au côté gauche; dans tous

les mouvements mimiques la moitié gauche tire de son côté. La

langue tremble et est un peu déviée à droite. Il a un nystagmus

très accusé. Les membres supérieurs sont en général faibles, mais

le bras droit est visiblement plus faible que le gauche ; les mains

sont plus affectées comparativement que les muscles de l'avant-bras

et du bras.

Les mouvements actifs de la main droite sont faibles, mal coor-

donnés et maladroits et l'extension de la main gauche est presque

impossible.

La sensibilité générale des membres supérieurs est conservée,

quant à]la main droite elle est un peu émoussée. Les muscles du

tronc, à l'exception de la faiblesse des muscles abdominaux, ne pré-

sentent aucune anomalie. Les membres inférieurs se trouvent dans

la situation suivante : les mouvements actifs des cuisses sont pos-

sibles quoique faibles ; ceux des jambes sont encore plus faibles

ceux des pieds sont presque tout à fait impossibles, et dans les

doigts les mouvements actifs manquent totalement. Les réflexes

patellaires n'existent pas. Les muscles de la jambe et de la cuisse

sont douloureux à la pression des deux côtés. La sensibilité tactile,

est amoindrie sur les pieds plus que dans la région de la jambe et

de la cuisse. Certain mouvement des pieds, leur toucher et le

déplacement du malade sont très douloureux, et cette douleur

l'oblige à rester tranquille. Les pieds sont oedémateux. La peau est

boursouflée. Quant aux organes digestifs, il est à noter la dispo-

sition à vomir et des vomissements, la diarrhée et l'abdomen gon-

flé. Le pouls est accéléré (à peu près 120-130 dans une minute).

Le malade tousse assez fort. L'urine est concentrée ; sa quantité

est très diminuée ; elle ne contient ni albumine, ni sucre. L'état

mental du malade présente quelqups singularités.

Le nouvel entourage ne l'intéresse pas ; il est à tout indifférent

et seulement en voyant le médecin, il commence, comme un

DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL DANS LA POLYNÉVRITE. 183

enfant capricieux et impatient, à prier de fumer. Sa propre situa-

tion l'inquiète peu et il ne semble pas remarquer qu'il est sérieu-

sement malade. Quoiqu'il n'y avait pas de grandes affections de

la mémoire, mais cependant, en examinant l'état mental du ma-

lade scrupuleusement, on voit qu'il ne peut pas tout à fait bien

s'orienter dans les faits des jours derniers.

Lorsqu'on lui demande quel est le quantième aujourd'hui, il

ne répond pas toujours également. Les jours suivants de son

séjour à la clinique psychiatrique, les phénomènes paralytiques

s'aggravèrent progressivement. La toux augmentait et s'accompa-

gnait d'une expectoration abondante de pituite fétide. Dans

divers endroits de l'un et de l'autre poumon nous trouvâmes toutes

sortes de râles humides et secs, et il y avait des endroits où on

percevait à la percussion des sons émoussés. Mais la faiblesse du

malade ne nous permit pas de faire une plus exacte auscultation

et une percussion. '

Après quelques jours de l'entrée du malade à la clinique, on

trouva dans sa pituite les bacilles de Koch.

La quantité d'urine n'augmentait pas et restait très diminuée.

Le pouls était faible durant tout ce temps et accéléré (120-140 bat-

tements). La température oscillait irrégulièrement entre 37 et 40°.

Les vomissements et la diarrhée ne cessaient pas. L'abdomen

était gonflé. La faiblesse des muscles abdominaux s'accroissait.

L'observation de l'état mental du malade indiquait qu'il avait des

singularités. La mémoire devenait encore plus faible et encore

moins nette. 11 ne faisait guère attention à son état dangereux et

sa principale pensée était de demander à fumer; quelquefois il

demandait à aller à la maison « pour quelque temps en visite », disait-

il. Toutes ses prières d'aller à la maison et de fumer étaient très

monotones et stéréotypées, et il s'adressait avec la même prière à

certaines personnes. L'état physique du malade s'empirait pro-

gressivement et le 14 avril le malade succomba.

l'autopsie, qui a eu lieu le lendemain, donna les résultats sui-

vants : Cavité crazziezrze : Leptoméningite chronique très nette.

La substance du cerveau est oedémateuse. Les ventricules du cer-

veau sont dilatés. Sclérose des artères de la base du cerveau. -

Cavité du thorax et celle de l'abdomen. Dans la cavité de la

plèvre droite, on a trouvé une assez grande quantité de liquidité

ichoreuse, purulente et très fétide . Le poumon droit est comprimé

et il est accessible à l'air seulement dans sa portion supérieure.

Dans la partie supérieure de la portion inférieure du poumon

droit il y a une assez grande caverne avec perforation dans la

cavité de la plèvre. Par tout le poumon droit sont disséminés des

noeuds de diverses grandeurs et solidités. La plèvre du poumon

droit est couverte des membranes gris vert.

Le poumon gauche est adhérent légèrement en plusieurs endroits

184 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

à la plèvre correspondante. Sur le poumon gauche sont aussi dissé-

minées des adhérences, mais moins grandes ; dans quelques endroits

on voit des cavernes. Le coeur est d'une couleur de chair cuite. La

face interne de l'aorte est couverte de plaques athéromateuses.

La rate est un peu augmentée et flétrie. Le foie est ausssi augmenté

et d'une dégénération adipeuse. Les capsules des reins ne s'ôtent

pas facilement. Outre cela, les viscères ne présentent rien d'anor-

mal. ,

Les recherches microscopiques des nerfs périphériques, colorés

à l'aide de l'acide osmique, confirmèrent l'existence de la névrite

parencbymateuse. Pour cet examen nous primes les nervi dorsalis

pedis, peroneus, radialis (à la région du bras), ulnaris vagus et

phrenicus et nous vîmes que le procès morbide envahit surtout les

nervi dorsalis pedis et perorzeus, moins le zzervus radiales et très

peu le reste des nerfs en question.

Dans les nerfs gravement altérés, nous pouvions observer sur la

même préparation microscopique toutes sortes de degrés de des-

truction de la myéline'jusqu'à sa totale, disparition. Nous avons

aussi remarqué sur plusieurs préparations des endroits, où il y a

un semblant de la névrite segmentaire.

Examen microscopique de la moelle 1. Région lombaire. Sur les

coupes transversales, sur les préparations microscopiques, traitées

par la méthode de Marchi, la lésion des cordons postérieurs est

évidente, elle est distribuée dans ces derniers très inégalement.

La portion postéro-externe des cordons postérieurs a souffert le

plus. Il faut dire que même dans la région, où le procès morbide

est exprimé plus intensivement, on ne trouve pas une lésion

entière des voies conductrices, mais les fibres dégénérées se mêlent

avec les fibres saines. Ce qui concerne la portion antéro-interne

des cordons postérieurs, nous y trouvons beaucoup moins de fibres

dégénérées qu'à la région de l'altération la plus intensive.

Les fibres dégénérées sont aussi disséminées çà etlàdans les cor-

dons antérieurs et latéraux. Les racines postérieures ont assez

souifertes et en tout cas plus que les antérieures. Sur les couper

transversales de la moelle épinière on voit nettement que les fais-

ceaux des fibres dégénérées se dirigent des racines antérieures

ainsi que des racines postérieures vers la substance grise des

cornes correspondantes et traversent visiblement cette dernière

dans diverses directions ; surtout on le remarque dans les cornes

postérieures. Cela dépend de ce que la lésion des racines posté-

rieures est plus grave. Nous voyons encore comme les petits fais-

ceaux des fibres dégénérées se tendent vers les cellules de la corne

antérieure correspondante. Nous rencontrons aussi des fibres

dégénérées et dans la commissure antérieure.

1 Voyez la figure 15.

DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL DANS LA POLYNÉVRITE. '185

La région dorsale présente les mêmes altérations que nous venons

de décrire, avec la seule différence que la lésion des cordons posté-

rieurs est ici distribuée plus également, et c'est difficile de dire

quelle portion de ces cordons contient plus de fibres dégénérées. Ce

qui concerne les autres cordons de la moelle, c'est-à-dire les cor-

dons antérieurs et latéraux, il faut remarquer que la région dor-

sale contient plus de fibres dégénérées, que la région lombaire ;

surtout on voit la multiplication des fibres altérées dans les cordons

latéraux en général, bien que la lésion de ces derniers est moins

grave que celle des antérieurs. Nous trouvons aussi des fibres dégé-

nérées dans la commissure antérieure. Les racines postérieures

et antérieures tout aussi bien que la substance grise présentent les

mêmes anomalies, qui sont analogues à celles que nous venons de

décrire.

Renflement cervical '. Sur les préparations microscopiques de

cette région, traitées par la méthode de Marchi et de Weigert,

ainsi que sur les préparations colorées par le carmin, on voit

1 Voyez la figure 16.

1'iy. la.

Région lombaire.

Préparation, traitée par la méthode de Marchi.

186 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

déjà à l'oeil nu la lésion de la portion interne des cordons posté-

rieurs qui se nomme le faisceau de Goll. Un regardant sous divers

grossissements des préparations microscopiques de Marchi on voit

que la lésion des cordons de Goll est très grave et la quantité des

fibres dégénérées domine la quantité des fibres saines. La netteté

des esquisses des cordons de Goll dépend encore de ce que les

faisceaux de Burdach sont lésés dans le renflement cervical très

peu comparativement à la région lombaire.

Dans le faisceau de Burdach, la région qui est adjacente aux

racines postérieures, dont le procès morbide est aussi plus grave

que dans les racines antérieures, a soull'erte le plus. Dans les cor,

dons antérieurs et latéraux les fibres dégénérées ne sont pas très

nombreuses. Sur les préparations microscopiques traitées par la

méthode de Weigert la lésion des faisceaux de Goll se remarque

aussi, bien qu'elle ne soit pas visible, comme sur les préparations

colorées par la méthode de Marchi. La méthode de ce dernier nous

donne dans notre cas la plus nette présentation de la quantité des

fibres qui participent dans le procès morbide. Sur les préparations

microscopiques colorées par le carmin, de la région du renflement

cervical, les faisceaux de Goll ont nue autre coloration que

le reste de la substance blanche. Outre cela, nous voyons dans la

région altérée une multiplication des vaisseaux et une congestion.

Nous observons ce tableau seulement dans les faisceaux de Goll,

Fit. 16.

Région cervicale.

Préparation, traitée par la méthode de Marchi.

DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL DANS LA POLYNEVRITE. 187

mais dans ceux de Burdach il n'existe pas. Sur les préparations

microscopiques colorées par la méthode de Marchi et prises de

la région au-dessus du renflement cervical, les faisceaux de Goll

ont souffert tout autant que ceux du renflement cervical. Dans

les faisceaux de Burdach, la quantité des fibres dégénérées est

plus grande que dans les faisceaux antérieurs et latéraux. A la

périphérie de la moelle épinière, plus près du bord extérieur du

faisceau dégénéré de Goll que de l'entrée de la racine postérieure,

est située une agglomération de fibres dégénérées.

Outre tout ce que nous avons dit des changements de la moelle

épinière, il est remarquer que nous ne trouvâmes pas de lésion

des cellules de la substance grise, ni sur les préparations colorées

par le carmin, ni sur celles de Nissl.

Bulbe et protubérance (préparations traitées par la méthode de

Marchi). Voyez la figure 17. En examinant les coupes transver-

sales au niveau du croisement du lemniscus, nous remarquons très

Fifl. 17.

Bulbe (au niveau du croisement du lemlliscus).

Préparation, traitée par la méthode de Mardi).

188 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

nettement la lésion du {uniculus g1'acilis. Cette dernière est. la

continuation de la lésion du faisceau de Goll. Les fibres dégénérées

pénètrent à toutes directions le noyau du {uniculus cyzracilis.

- Au même niveau les fibres dégénérées se rencontrent dans le

fzczziculzcs cuneatus et dans son noyau et bien moins dans d'autres

systèmes conducteurs. Sur les coupes transversales du bulbe et de

la protubérance, où on voit les nervi hypoglossus, facialis, tibtîzt-

cens et oculomotorius, nous remarquons que tous ces nerfs cranieus

dont nous venons de parler, contiennent avec les fibres saines une

petite quantité des fibres dégénérées.

L'examen microscopique de l'écorce cérébrale par la méthode

de Marchi ne nous a pas donné des résultats définis.

Dans notre cas dela polynévrite dont nous venons de parler,

l'altération du système nerveux central nous présente un in-

térêt particulier, concernant le caractère de ce procès morbide,

nous pouvons dire que nous avons affaire à une maladie aiguë

de la moelle épinière et du bulbe. On peut s'en assurer facile-

ment en examinant les préparations microscopiques faites par

la méthode de Marchi, grâce à laquelle nous avons la possibi-

lité de constater un procès dégénératif frais dans la destruction

des fibres à myéline. Ce procès est tout à fait semblable à celui

que nous observons dans les nerfs périphériques pendant la

névrite parenchymateuse.

Noms voyons sur les préparations traitées par la méthode de

Marchi, outre des fibres dégénérées, disséminées çà et là parmi

les saines, que la dégénérescence envahit principalement les

cordons postérieurs et les racines antérieures et postérieures.

Dans la région lombaire le procès morbide a plus attaqué la

portion postéro-externe des cordons postérieurs que la portion

antéro-interne ; dans la région dorsale les faisceaux posté-

rieurs sont altérés plus également et dans l'intumescence cer-

vicale et plus haut ont souffert le plus les faisceaux de Goll et

leur continuation immédiate dans le bulbe, c'est-à-dire le funi-

culus graciés. Puisque la dégénérescence des racines posté-

rieures est très marquée sur toutes les préparations microsco-

piques traitées parla méthode de Marchi, il faut supposer que

la lésion des cordons postérieurs est une continuation du procès

morbide des racines correspondantes ; la distribution inégale

de la lésion des cordons postérieurs sur les différentes hauteurs

de la moelle épinière s'explique de la manière suivante : une

partie des racines postérieures continue sans interruption dans

les cordons postérieurs; les fibres radiculaires, après leur en-

DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL DANS LA POLYNEVRITE. '189

trée dans la moelle, s'approchent vers la ligne médiane et elles

se placent dans la portion externe des cordons postérieurs ; et

puis, en se rendant de plus en plus vers la ligne médiane elles

atteignent les cordons de Goll et font partie de ces derniers.

Le degré de la dégénérescence de la portion externe des cor-

dons postérieurs, c'est-à-dire des faisceaux de Burdach, n'est

pas égal sur les différentes hauteurs de la moelle; ce fait s'ex-

plique par cela que les racines postérieures sont plus atta-

quées dans les étages inférieurs que dans les supérieurs.

Quel rapport existe entre la lésion de la moelle et du bulbe

et la névrite multiple ? L'altération de l'appareil nerveux péri-

phérique, avec le changement très marqué de la moelle et du

bulbe et aussi des parties situées plus haut, les symptômes

cliniques du côté du cerveau (les vomissements et l'état men-

tal très caractéristique), tout cela indique que dans la maladie

nommée la névrite multiple, souffrent non seulement les nerfs

périphériques, mais le système nerveux entier. Nous connais-

sons plus les anomalies de la moelle qui sont observées dans

la polynévrite et qui consistent dans l'altération des éléments

cellulaires, de même que le changement des voies conduc-

trices. Ces changements ne se ressemblent pas dans chaque

cas. Quelquefois ils sont exprimés très nettement, d'autres

fois, au contraire, plus faiblement. La méthode de Marchi, qui

consiste dans la coloration des préparations à l'aide des chro-

mates et de l'acide osmique, est, selon nous, un réactif plus

sensible que la méthode de Weigert, concernant le système

nerveux central et surtout la moelle épinière dans la polyné-

vrite.

Dans notre revue historique nous avons déjà parlé des obser-

vations de Campbell qui a trouvé dans tous ces quatre cas dé-

crits par lui, une lésion des voies conductrices de la moelle

épinière, en se servant outre la méthode de Weigert de celle

de Marchi. Ce même auteur a fait une examen du bulbe et

de la protubérance et il réussit à constater ici les anomalies

semblables à celles de la moelle épinière. En ce qui regarde les

recherches microscopiques du cerveau, il faut remarquer que

jusqu'à présent on n'a pas trouvé de changements caractéris-

tiques même dans les cas où les symptômes du côté du cerveau

en forme de la psychose particulière avec amnésie étaient ex-

primés très nettement. Ce manque des changements microsco-

piques propres à la psychose polynévritique ne nous empêche

190 THÉRAPEUTIQUE.

pas d'envisager la névrite multiple comme une maladie de tout

le système nerveux et nous voyons que dans un cas existe

la lésion très profonde de la moelle épinière, dans un autre la

-moelle souffre comparativement peu, mais.la névrite multiple

est accompagnée des symptômes cliniques caractéristiques

pour la lésion du cerveau.

Pour l'explication des différents phénomènes observés dans

la polynévrite, il existeune théorie que l'on nommetoxémique.

Ses partisans supposent que la névrite multiple est provo-

quée par une auto-intoxication du sang et par un dérangement

particulier de la nutrition, ce qui se réfléchit, entre autre, sur

la qualité et sur la quantité de l'urine.

THÉRAPEUTIQUE.

PHARMACOLOGIE DU CORPS THYROÏDE; ,

Par M. YVON,

(Travail du laboratoire de thérapeutique de la Clinique des maladies nerveuses.)

L'action et l'efficacité thérapeutique du 'corp thyroïde contre

le myxoedème sont aujourd'hui démontrées d'une manière in-

contestable. Ce mode de traitement est entré définitivement

dans la pratique médicale. Divers modes d'administration ont

été préconisés, on emploie tantôt le corps thyroïde en nature,

tantôt après lui avoir fait revêtir diverses formes pharmaceu-

tiques. Nous passerons successivement en revue les points

suivants : 1° greffe directe du corps thyroïde provenant d'un

animal vvant; 2° injections sous-cutanées de suc ou d'extrait

thyroïdien; 3° administration du corps thyroïde en nature;

4° administration de poudre desséchée, de pulpe, d'extrait

fluide ou mou. ·

1° Greffe. - C'est à la physiologie et à la pathologie expéri-

mentales que sont dues les notions exactes de la pathogénie

du myxoedème et par suite les principes qui ont servi de base

PHARMACOLOGIE DU CORPS THYROÏDE. 191

a son traitement rationnel. En 1882, MM. Reverdin, d'un côté, et

Rocher, de l'autre, ont démontré, par une série d'observations,

qu'un certain nombre d'individus ayant subi l'extirpation du

corps thyroïde présentaient un ensemble de symptômes morbides

analogues à ceux que l'on constatait chez les myxoedémateux.

Reverdin désigna cet état pathologique sous le nomdeA/yoe-

dème opératoire et Rocher sous celui de Cachexie sl1'umip1'ive.

Reverdin attribua, sans hésiter, ces troubles à la sup-

pression des fonctions du corps thyroïde -par suite de son abla-

tion, et l'expérimentation physiologique faite postérieurement

par divers savants confirma cette manière de voir. La thyroï-

dectomie expérimentale fut pratiquée par Schiff, sur des

chiens, en 1884; par Horsley, sur le singe, en 188, par Gley,

sur les chiens, z1891-1892, par Moussu, sur le porc et plus ré-

cemment z3) par Christian ! sur les reptiles. Les expé-

riences de ces divers expérimentateurs ont fourni des résulats

concordants. Elles ont confirmé la théorie émise par Reverdin

et démontré d'une façon péremptoire que le myxoedème, l'idio-

tie myxoedémateuse et la cachexie strumiprive constituaient

trois variétés d'une même affection due à la suppression de

la glande thyroïde et à l'abolition de ses fonctions dans l'or-

ganisme'. Quelle est la nature de ces fonctions ? Elles vien-

nent d'être discutées par le D' Epelbaum dans sa thèse inau-

gurale, à laquelle nous faisons quelques emprunts. Schiff a

démontré que si l'on n'enlève pas entièrement la glande thy-

roïde chez un animal et que si on en laisse subsister un mor-

ceau, ce morceau s'hypertrophie rapidement et la cachexie ne

survient pas ; si d'autre part on introduit dans le péritoine

d'un chien thyroïdectomisé une glande thyroïde provenant

d'un autre chien, les accidents postopératoires n'apparaissent

pas aussi longtemps que la glande transplantée n'a pas été

résorbée.

En 1887 M. Bouchard a répété cette expérience : il enleva le

corps thyroïde à 12 chiens et les inclut dans le péritoine d'un

autre chien. Lorsqu'il supposa que la greffe avait eu le temps .

de se produire il enleva le corps thyroïde de ce chien et l'ani-

mal eut une survie de dix jours, alors que les ·1 ? autres chiens

étaient morts dans un délai de quatre à cinq jours. Des expé-

1 Voir : Bourneville. Archives de Neurologie, 1896, n° 1, p. 1 ;

Progrès méd., 1896, p. 66, travaux où sont rappelées un certain nombre

d'indications bibliographiques.

'1 92 THÉRAPEUTIQUE.

riences faites sur la toxicité des tissus, du sang et de l'urine,

par Gley, Lamori, Masoîn, Ragowitz prouvent que la glande

thyroïde semble agir en détruisant ou neutralisant les diverses

substances toxiques, et que les phénomènes qui suivent la

thyroïdectomie, sont dus à une auto-intoxication.

Ce sont ces faits qui ont inspiré à Horsley l'idée que si chez

un homme auquel on avait dû pratiquer l'ablation du corps

thyroïde, on greffait un fragment du corps thyroïde d'un ani-

mal, on empêcherait 'peut-être le développement de la cachexie

strumiprive : c'est là le point de départ du traitement chi-

rurgical du myxoedème. En 1887, une greffe fut pratiquée par

Rocher, mais sans succès. En '1889, Bircher put constater une

amélioration considérable chez un myxoedémateux auquel il

fit l'opération. En 1890, lllerklen présenta à la Société médi-

cale des hôpitaux une malade à laquelle Walther avait pratiqué

la greffe thyroïdienne sous-cutanée dans la région sous-mam-

maire avec un des lobes pris sur le mouton vivant; au moment

même de l'opération. La réunion de la plaie se fit par pre-

mière intention et les résultats furent très nettement favo-

rables. La même année, Bettancourt et Serrano opéraient une

femme qui ne paraissait pas avoir de glande thyroïde : ils in-

troduisirent dans le tissu sous-cutané de la région mammaire,

de chaque côté, la moitié d'une glande du corps thyroïde du

mouton. Les suites de l'opération furent très simples et les

résultats immédiats, ce qui autorise à penser qu'ils étaient

dus à une simple absorption des sucs des corps thyroïdes et

non à la réussite définitive de la greffe'.

Depuis cette époque, l'implantation directe du corps thy-

roïde fut pratiquée plusieurs fois ; mais cette opération ne

constitue pas un mode de traitement d'une application géné-

rale. On a été amené à le remplacer par les injections sous-

cutanées de suc thyroïdien comme cela était logique d'après

l'interprétation donnée du cas de Bettancourt et Serrano. On

pouvait de cette manière espérer un succès plus définitif et

plus durable.

Examinons d'abord de quel animal on doit faire choix pour

recueillir les glandes thyroïdes qui serviront aux diverses pré-

parations pharmaceutiques. On s'est adressé successivement

au boeuf, au veau, au mouton, au cheval, au porc.

1 Voir aussi : Lannelongue. Sur la transplantation de la glande

thyroïde, etc. Soc. de biologie, 8 mars 1890.

PHARMACOLOGIE DU CORPS THYROÏDE. 193

D'après les expériences de Gley, l'extrait des glandes thy-

roïdes du mouton serait moins actif que celui des glandes du

boeuf, mais tous les extraits sont actifs quelle que soit leur pro-

venance, pourvu qu'ils soient bien préparés.

On donne aujourd'hui la préférence aux glandes thyroïdes

du mouton bien qu'elles soient plus petites que celles du boeuf.

M. Permilleux, vétérinaire-inspecteur de l'abattoir de Gre-

nelle, donne, pour justifier cette préférence, les raisons sui-

vantes : chez le mouton la tuberculose est excessivement

rare, pour ne pas dire douteuse, tandis que chez le boeuf il

peut se trouver des tubercules ganglionnaires qui échappent

aux recherches les plus minutieuses. De plus, suivant les pra-

tiques en usage dans la boucherie, on sectionne la tête du

mouton par une incision faite au niveau de la partie moyenne

du larynx, puis on enlève un morceau de la trachée d'une

longueur de 5 à 6 centimètres ; c'est précisément dans cette

partie que se trouve le corps thyroïde, on peut donc se le pro-

curer sans déparer les morceaux de boucherie.

2° Injections sous-cutanées de suc thyroïdien. -Ce fut B. Mur-

ray qui fit les premières tentatives en 1891 ; voici comment il

préparait le liquide injectable. Un lobe du corps thyroïde

d'un mouton qu'on vient de tuer est débarrassé de tout tissu

graisseux et conjonctif puis coupé en petits morceaux que l'on

place dans un tube à essais : on y ajoute ensuite 1 centimètre

cube de glycérine et 1 centimètre cube d'eau phéniquée à

0 gr. où p. 100. On buuche le tube avec un tampon de coton

aseptique et on laisse en rapos pendant vingt-quatre heures

dans un endroit frais. Au bout de ce temps on exprime forte-

ment dans un petit linge préalablement stérilisé par immer-

sion dans l'eau bouillante et l'on obtient par expression et

filtration environ 3 centimètres cubes de suc. Cette quantité,

qui correspond à un lobe de corps thyroïde, sert pour deux

injections. Cette méthode s'est depuis cette époque généralisée

et a été perfectionnée par Gley, Bouchard, Chorrin et Bour-

neville en 1893 et depuis par d'autres expérimentateurs.

Gley a fait connaître le procédé suivant : la glande thy-

roïde est d'abord divisée avec des ciseaux, puis triturée dans

un mortier avec une petite quantité de sable et d'eau salée;

on exprime, puis on filtre le liquide ainsi obtenu. Pour cette

dernière opération on peut se servir d'une bougie de porce-

laine en suivant le procédé de d'Arsonval.

Archives, 2° série, t. I. 13

194 THÉRAPEUTIQUE.

M. Gley a encore pratiqué la filtration avec une bougie de

porcelaine; mais sous faible pression et même a tout simple-

ment filtré sur du papier ou du coton de verre convenablement

- tassé. Le liquide obtenu dans ces derniers cas est beaucoup

plus riche en matières albuminoïdes et cliniquement beaucoup

plus actif que celui obtenu par filtration à travers une bougie

de porcelaine sous forte pression. Toutes ces opérations doi-

vent être faites d'une manière rigoureusement aseptique.

Aujourd'hui on prépare le plus souvent les extraits liquides

en suivant la méthode de d'Arsonval qui utilise l'acide carbonique

liquide comme moyen de stérilisation et de filtration sous pres-

sion ; on opère sur un mélange à parties égales de glande,

glycérine et eau salée. Les liquides ainsi préparés sont parfaite-

ment aseptiques ; mais leur activité thérapeutique est, ainsi

que l'a remarqué Gley et depuis d'autres expérimentateurs

variable et inférieure à celle des extraits préparés par les

autres méthodes de filtration aseptique. Le procédé qui donne

les meilleurs résultats est le suivant qui m'a été communiqué

par M. le Dur Roux.

' Les corps thyroïdes doivent être enlevés sur l'animal le plus

rapidement possible après qu'il a été sacrifié. Le prélèvement

doit être fait d'une manière rigoureusement aseptique. Les

lobes débarrassés de la graisse et du tissu conjonctif sont saisis

avec une pince stérilisée et jetés dans une boîte en verre cons-

tituée par deux cristallisoirs dont le plus grand sert de cou-

vercle et peut recouvrir entièrement l'autre : ces cristallisoirs

ont été préalablement stérilisés à l'autoclave et tarés à la

balance. Lorsqu'on a recueilli une quantité suffisante de corps

thyroïdes, on les porte au laboratoire et on les pèse ; ce qui est

facile puisque l'on a préalablement déterminé la tare des cris-

tallisoirs. On divise alors avec des ciseaux stérilisés les corps

thyroïdes sans les sortir du vase qui les contient puis on les

arrose avec deux fois leur poids d'un mélange de 2 parties de

glycérine pour 1 partie d'eau préalablement stérilisée et on

laisse en contact pendant vingt-quatre heures dans un endroit

frais. Au bout de ce temps on verse le mélange dans une petite

allonge fermée par un tampon de coton et stérilisée; on reçoit

le liquide dans de petits tubes. L'extrait ainsi détenu est

moins limpide que celui qui a été préparé d'après le procédé

de d'Arsonval, mais il est infiniment plus actif et se conserve

bien.

PHARMACOLOGIE DU CORPS THYROÏDE. 195

Le titre des extraits liquides obtenus par les divers procédés

est variable ; et par suite la dose que l'on doit injecter ne peut

être fixée d'une manière uniforme. En se conformant aux

indications de M. le D'' Bra qui adopte comme moyenne des

divers titres celui de un cinquième, on peut injecter 4 centi-

mètres cubes par semaine; mais cette dose peut être dépassée.

Le praticien que nous citons dit que l'on doit diviser le traite-

ment en deux périodes : dans la première, qui comporte le

traitement actif, et dans laquelle on constate une amélioration

progressive des symptômes, il convient de faire une injection

de solution au cinquième tous les deux ou trois jours ; dans la

seconde, que l'on peut appeler période de l'amélioration sta-

tionnaÏ1'e, il suffit pour prévenir les récidives de faire une

injection tous les huit ou quinze jours.

3° Administration du corps thyroïde en nature. Les pre-

mières applications du traitement du myxoedème par le corps

thyroïde ont été faites au moyen de la méthode hypodermique.

Ce mode de traitement donne de bons résultats, mais il n'est

pas sans présenter des inconvénients; il nécessite l'interven-

tion continue du médecin ; peut provoquer des abcès si les

liquides injectés ne sont pas parfaitement stérilisés ; en outre

l'activité de ces liquides est variable suivant le mode de prépa-

ration et de stérilisation. Pour ces raisons on donne aujour-

d'hui généralement la préférence à l'administration par voie

stomacale. De nombreuses observations publiées en Angle-

terre, Allemagne, Norvège, Danemark et en France montrent

que ce mode d'administration donne des résultats aussi mar-

qués que les injections hypodermiques et les malades l'acceptent

plus facilement. On peut employer soit les corps thyroïdes en

nature, soit diverses préparations pharmaceutiques.

Lorsqu'on veut employer le corps thyroïde en nature il est

tout d'abord nécessaire de bien fixer l'unité thérapeutique.

La glande thyroïde est une glande bilobée : l'unité thérapeu-

thique sera un lobe, c'est-à-dire une demi-glande. Ce point est

important à bien établir pour éviter des confusions qui se sont

déjà produites. Le poids d'un lobe varie de 1 gr. 05 à 1 gr. 20

ce qui fait pour la glande entière 2 gr. 10 à 2 gr. 40.

MU. Howitz et Ehlers conseillent de hacher les glandes après

les avoir décortiquées et fait légèrement cuire; on les fait

ensuite ingérer soit directement soit avec l'eau qui a servi à

les faire cuire. ,

196 THÉRAPEUTIQUE.

MM. Fox et Mackensie font macérer dans une petite quantité

d'eau pendant une demi-heure la glande thyroïde coupée en

petits morceaux : on exprime et l'on mélange avec du thé de

- boeuf le liquide ainsi obtenu. Au lieu de faire cuire dans l'eau

le corps thyroïde, Fox conseille de le faire griller légèrement,

pensant avec raison que cette cuisson superficielle altère moins

les propriétés thérapeutiques que la coction.

On administre également le corps thyroïde finement haché

absolument comme de la viande crue. C'est à ce mode d'admi-

nistration que le D'' Marie donne la préférence, il présente

d'après lui les avantages de la simplicité. 11 évite les risques

d'introduction dans le tissu sous-cutané des matières septiques

qui peuvent toujours être contenues dans un extrait de glande

quelque soigneusement préparé qu'il soit. Un autre avantage

très appréciable, consiste dans le contrôle toujours facile soit

de la fraîcheur, soit de la nature même de la glande (il est

parfois arrivé de voir présenter comme corps thyroïde soit du

thymus de mouton, soit même des ganglions lymphatiques.)

Enfin, pour les mêmes motifs que M. Permilleux, M. Marie

donne la préférence au corps thyroïde du mouton.

4" Préparations pharmaceutiques du corps thyroïde. A côté

des nombreux avantages que nous venons d'énumérer, l'adminis-

tration du corps thyroïde frais et en nature présente quelques

inconvénients. Il n'est pas toujours facile de se procurer en

tout temps et en tous lieux des glandes fraîches, et de plus ce

mode d'administration n'est pas toujours accepté facilement

par le patient. C'est pour ces raisons qu'un certain nombre de

préparations officinales ayant pour base le corps thyroïde ont

été préparées tant en France qu'à l'étranger : nous allons les

passer successivement en revue.

Poudre desséchée et pilules.- On peut après avoir recueilli les

glandes thyroïdes , les avoir bien débarrassées de tous les

tissus étrangers, les couper en petits fragments et les dessé-

cher à une basse température de manière à éviter la cuisson.

Mais la graisse assez abondante dans la glande communique à

cette poudre une odeur assez désagréable. MM. Nielsen et

IIaslund, de Copenhague, administrent cette poudre sous

forme de pilules qui en renferment chacune 5 centigrammes

associés à de la poudre de cacao destinée à masquer l'odeur ;

on en administre jusqu'à 8 par jour, ce qui correspondrait,

d'après les auteurs, à environ un lobe de corps thyroïde. Cette

PHARMACOLOGIE DU CORPS THYROÏDE. 197

poudre desséchée peut également être introduite dans des ta-

blettes ou incluse dans des capsules gélatineuses.

Extraits, glycérine ou aqueux. Murray recommande de

diviser le corps thyroïde en petits morceaux et de le faire

macérer dans un poids égal de glycérine : on exprime, puis

on filtre et l'extrait ainsi obtenu est administré par gouttes;

la dose doit être quatre fois plus élevée que celle qu'on donne

en injections hypodermiques.

M. Catillon conseille d'employer un extrait aqueux préparé

avec l'eau distillée qui est ensuite évaporée à une basse tempé-

rature et en prenant toutes les précautions voulues ; cet extrait

se présente avec la belle couleur rubis du sang frais, ce qui

écarte toute idée d'altération.

Cette couleur ne subsiste pas dans la poudre qui est grise ;

de plus la matière grasse est éliminée. D'après M. Catillon, la

glande fraîche fournit 20 p. 100 d'extrait, et 27 a 28 p. 100 de

poudre sèche. Cet extrait peut être mis sous forme pilu-

laire ou introduit dans une tablette à la dose de S centi-

grammes. Ces deux formes pharmaceutiques représentent

alors 25 centigrammes de glande fraîche. Il faudrait employer

7 centigrammes de poudre pour représenter cette même quan-

tité de glande fraîche.

Davies a conseillé l'emploi d'un extrait sec que l'on peut

réduire en poudre et qui représente 8 fois son propre poids de

glande fraîche.

Les diverses préparations que nous venons d'indiquer néces-

sitent toujours que l'on soumette la glande thyroïde à cer-

taines manipulations nécessitant l'emploi soit de la chaleur,

soit de dissolvants. La forme capsulaire peut, jusqu'à un cer-

tain point, mettre à l'abri de toute cause d'altération et assure

en outre la conservation très longue du produit. M. Ferdinand

Vigier opère de la manière suivante : après avoir recueilli des

corps thyroïdes il les débarrasse des corps étrangers qu'ils

peuvent renfermer, tels que graisse, petits kystes, etc., dont

la proportion atteint parfois 40 p. 100 du poids de la glande.

Cette opération terminée, on pulpe le corps thyroïde et on

le mélange avec du bi-borate de soude et de la poudre de

charbon de manière à obtenir une masse sèche que l'on divise

en capsules renfermant une quantité de 10 centigrammes de

tissu thyroïde frais. D'après l'auteur, cette préparation n'ayant

'198 THÉRAPEUTIQUE.

pas subi l'action de la chaleur ne s'altère pas et conserve

longtemps ses propriétés thérapeutiques.

Nous avons eu, M. Berlioz et moi, occasion de rechercher

un mode de préparation pharmaceutique du corps thyroïde et

voici celui auquel nous nous sommes arrêtés. Les glandes

recueillies aussitôt que possible après la mort du mouton sont

débarrassées de tous tissus étrangers puis immédiatement sau-

poudrées de poudre d'acide borique de façon à permettre de les

transporter au laboratoire sans avoir à redouter d'altération.

On les triture alors dans un mortier avec du sucre en morceaux

et une nouvelle dose d'acide borique ; le sucre absorbe une

grande partie du suc de la glande et l'on obtient un mélange à

peu près exempt de liquide ; on le dessèche dans le vide aune

température qui ne dépasse pas 30° puis on la divise en petites

masses que l'on enrobe ensuite dans une couche de gélatine.

Chacune des capsules ainsi obtenues correspond à '10 centi-

grammes de glande fraîche. Un kilogramme de glandes thy-

roïdes telles qu'on les reçoit de l'abattoir fournit en moyenne

300 grammes de pulpe débarrassée de tous tissus étrangers et

ce poids se trouve réduit à 80 gr. 50 par dessiccation.

Chaque lobe de glande thyroïde pesant en moyenne

1 gr. z3 et fournissant environ 0 gr. 302 de poudre (soit

26,8 p. 100), il faut 3 de ces capsules pour représenter un lobe

soit une unité thérapeutique.

Thyroéidine et tlayroprotéine. M. Wermerhen a désigné

sous le nom de tliyroïdine une substance amorphe qu'il croit

être le principe actif de la glande thyroïde et qu'il extrait de

la manière suivante : la pulpe thyroïdienne est laissée en

contact pendant vingt-quatre heures avec le double de son

poids de glycérine, on exprime et l'on filtre ensuite sur du

coton hydrophile, on ajoute de l'alcool absolu en liquide filtré

et l'on précipite la thyroéidine.

Notkine a retiré du corps thyroïde une substance à laquelle

il a donné le nom de thyroprotéide ; cette substance serait,

d'après l'auteur, la cause déterminante du myxoedème, en

s'accumulant dans le sang. Le véritable produit de la glande

serait un ferment soluble qui neutralise la thyroprotéide et la

transforme en thyroïdine, produit de sécrétion utile ; cette

neutralisation s'effectue dans la circulation générale.

RECUEIL DE FAITS.

INSTABILITE MENTALE, ALCOOLISME, CRISES

HYSTÉRIFORMES, GUÉRISON;

Par MM. BOURNEVILLE et J. BOYER.

SOMMAIRE.Rt : )Me : 9 : e ! Kett<S insuffisants sur la famille patemelle.-

Mère migraineuse. - Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de

cinq ans. - Émotion vive au septième mois de la grossesse avec

perle de connaissance. - Parole complète, seulement à trois ans.-

A dix ans, influenza, otite suppurée, trépanation. - A douze ans,

modification du caractère, violents accès de colère. Céphalalgies,

vanité exagérée. Excès de boisson. Crises hystériformes fré-

quentes. - Description du malade à treize ans. - Traitement mé-

dico-pédctgogique. - Disparition des crises et de l'irritabilité ne ?

veuse. - Amélioration progressive de l'état moral. - Guérison.

Camille C..., né à Paris en 1880, est entré à l'Institut médico-

pédagogique le 9 avril 1893.

Antécédents {Renseignements fournis par le père et la mère, en

mai 1893). - Père, quarante ans, bien portant, grand et fort,

marchand de vins en gros. Aucun renseignement précis sur la

famille du père. Il n'y aurait dans sa famille, ni aliénés, ni ner-

veux, ni apoplectiques, ni paralytiques, ni difformes.

dlère.-1·rente-cinq ans, bien portante, grande, forte, lympha-

tique, grosse, pas de convulsions de l'enfance, nerveuse, facile à

conlrarier. Migraines accompagnées de vomissements avant ou

après les règles. Etourdissements, troubles de la vue, « je vois

double, comme du brouillard, quelquefois des flammes, un jour

ou deux avant mes époques ». Pas d'attaques de nerfs. Pertes de

connaissance de treize à quatorze ans. Réglée à douze ans et demi.

- [Famille de la mère. - Père, bien portant, cultivateur, sobre.

Mère, douleurs dans les jambes, pas de migraines. Aucun cas de

démence ou de paralysie.] Pas de consanguinité; inégalité d'âge

de cinq ans.

Deux enfants : 1° notre malade; 2° garçon de quatre ans, bien

venant, pas de convulsions, intelligent.

Notre malade. - Conception au dix-huitième mois du mariage;

200 0 RECUEIL DE FAITS.

entente complète, pas de chagrins. Grossesse, assez bonne, ni

chute, ni coups; émotion au septième mois : la mère a eu une dis-

cussion avec une femme qui. l'avait insultée; syncope consécutive

;de quinze minutes, puis, douleurs abdominales qui ont fait croire

que l'accouchement allait avoir lieu. - Accouchement à terme,

naturel, sans chloroforme, assez long, les grandes douleurs ont

duré douze heures. A la naissance, pas d'asphyxie, bel enfant;

à un mois, il pesait 9 kilogrammes. Elevé au sein par sa mère,

sevré à quatorze mois, marche à treize mois, parole de bonne

heure, mais n'a bien marché qu'à trois ans, propre à six mois,

première dent à quatre mois, dentition complète à dix-huit mois.

Rougeole à trois ans; scarlatine peu après. Pas de variole; pas

d'angine, cependant très « susceptible » de la gorge ; le D' Heyniel'

aurait conseillé la section des amygdales. Pas de dartres, ni de toux.

L'enfant a été placé dès l'Age de sept ans dans une école pu-

blique de la Creuse. A neuf ans il a été à une école primaire de

Paris. On en était très content. A eu son certificat d'études à

douze ans (1892).

En janvier 1890, influenza. Fn septembre, refroidissement, otite

suppurée à gauche ; trépané deux fois par M. Menière en novem-

bre 1890 et en décembre 1892.

Début de la maladie actuelle en décembre 1892. L'enfant

avait toujours eu un caractrèe diffice, hautain et désobéissant. A

cette époque, il devient violent et emporté, n'en fait qu'à sa tête,

se moque de sa mère, la menace. Depuis le mois de janvier 1893,

accès de colère à la moindre contrariété : frappe du pied, renverse

les chaises. Il veut une bicyclette, son père refuse, il se sauve et va

en louer une.

En février, première crise nerveuse : l'enfant était en train

de déjeuner, il s'est trouvé mal, sans motif, sans contrariété, il

est tombé de sa chaise, son corps était « mou », il a repris connais-

sance au bout de dix minutes, il a pleuré abondamment en reve-

nant à lui. Trois jours après, deuxième crise, même aspect,'on

venait de lui reprocher sa mauvaise tenue à table. Depuis, crises

fréquentes, sans perte de connaissance, ce sont plutôt des accès de

colère : il se roule par terre, se cogne la tête, se tire les cheveux;

cela lui arrive tous les jours; c'est toujours après une contrariété.

Depuis le mois de février, céphalalgies ; pas de vertiges, parfois,

face un peu congestionnée.

Idées de grandeur, ne veut pas travailler : « Je ne suis pas né

pour cela, » ne cesse-t-il de répéter. 11 ne veut même pas débar-

rasser la table, après les repas. Onanisme depuis l'âge de cinq ou

six ans.

Les parents ne savent à quoi attribuer la maladie, ils s'accusent

l'un et l'autre de l'avoir trop gâté. Ils pensent qu'il a du boire en

INSTABILITÉ MENTALE. 201

cachette dans le débit de vins qu'ils tiennent. Du reste l'enfant

nous l'a avoué lui-même plus tard. « Le matin surtout, et quel-

quefois dans la journée, nous a-t-il dit, quand j'avais soif, je pre-

nais au comptoir de ma mère un bon verre de vin blanc, et

comme il me fallait entamer une bouteille, je la vidais pour que

mes parents ne s'en aperçoivent pas. » Une fois, en dînant chez

des amis, il s'est grisé avec du cidre, il se roulait par terre et ne

voulait pas se coucher. Aucun enfant de la famille ne lui res-

semble.

État du malade à son entrée le 9 avril 1893 à l'Institut médico-

pédagogique. - a) État physique. - Physionomie intelligente et

malicieuse; les yeux sont vifs, mais jamais complètement ouverts,

paupières en accent circonflexe; lorsque l'enfant rit aux éclats, ce

qui lui arrive souvent, les yeux sont presque entièrement fermés.

L'oeil gauche est plus fermé que le droit. L'enfant a subi une opé-

ration dans l'oeil gauche parce qu'il louchait. L'iris est marron

foncé. Les cils sont noirs et courts, les sourcils clairsemés et blonds

avec une forte solution de continuité; les cheveux châtain clair,

abondants, assez fins. Peau satinée, teint mat; visage rond, joues

pleines, légèrement rosées. Léger affaissement dans l'habitude

générale du corps. La tête est un peu rejetée en arrière, le tronc

arqué, les bras pendants, les jambes molles. Légèie palmature

entre les deuxième et troisième orteils des deux pieds. Pieds creux.

A la main gauche, cicatrice consécutive probablement à un abcès

scrofuleux. Poitrine et tronc bien conformés. Cicatrice en dehors

de l'olécrâne gauche, cicatrice de vésicatoire sur la partie moyenne

du bras gauche. Derrière l'oreille gauche, cicatrice se terminant en

infundibulum. La peau est Une, sensible aux contusions. Les

oreilles sont bien faites, la gauche coule toujours.

Puberté : visage glabre ainsi que les aisselles, le tronc et les

membres. Rien au pénil ni aux bourses qui sont pendantes, plus à

gauche qu'à droite. Testicules égaux de la grosseur d'une noix

moyenne. Tendance au varicocèle à gauche. Prépuce un peu long.

Méat normal un peu dirigé en bas, légère adhérence à la base du

gland en haut.

b) État physiologique. - Un peu apathique, se fatigue vite, aime

à changer d'occupation, est capable de montrer de l'activité, mais

pour un moment seulement. Quand il marche, il fléchit sur ses

.ïambes, et prend le bras de la personne qui l'accompagne. -

Très irritable, un rien l'agace et l'énervé. - Parle haut et fort,

bavarde sans cesse. Très sensible au froid. Pas de mouve-

ments spasmodiques. Les mouvements volontaires s'accomplis-

sent normalement. - Les organes des sens ne présentent rien de

particulier, sinon la vue qui est faible ; myopie accentuée. - Fonc-

tions respiratoires, circulatoires et digestives, rien de particulier.

Tendance à la constipation. - Sommeil bon; pas de cauchemars.

202 RECUEIL DE FAITS.

c) Etat psychologique. L'intelligence parait être normalement

développée. L'attention et la réflexion sont possibles. L'enfant

arrive à résoudre des problèmes assez compliqués. Dans sa con-

versation, on sent qu'il raisonne assez bien pour son vue, ne dit

jamais de naïvetés et fait preuve souvent de beaucoup de logique

dans ses déductions. A l'entendre causer on constate qu'il a lu

beaucoup de romans-feuilletons, a fréquenté le théâtre, aimait les

drames, nous dit-il. - Se fait une idée juste de ce qui l'environne,

a du reste une instruction élémentaire convenable. Pêche plus par

étourderie que par ignorance. - Imagination peu vive. Préfère

le calcul à toute autre occupation scolaire. - En résumé, au point

de vue du développement intellectuel, l'enfant a les apparences

d'un enfant normal.

d) Etat instinctif et moral. - Camille a l'instinct de la conser-

vation personnelle très développé. Peureux, n'irait pas seul dans

un appartement, même dans la journée, et cependant si l'on n'y

veillait, se livrerait à toutes sortes d'exercices dangereux. Peu

d'ordre dans ses affaires, il faut lui dire à chaque instant de ranger

ce dont il vient de se servir. - Aime à dire que telle ou telle chose

lui appartient, n'est, pas égoïste. - Foncièrement indépendant

et indiscipliné. Ne fera telle ou telle chose que parce qu'elle lui a

été défendue. Si on lui résiste, se met à crier, à frapper du pied

et à se rouler par terre, affecte de ne pas faire comme les autres,

mauvaise tenue en classe, à table où il se couche à moitié près de

son assiette. Siffle continuellement. Très vaniteux, dans les dis-

cussions tranche en maître. Sait et connait tout. Très fat. - N'a

de respect pour qui que ce soit. Il faut prendre beaucoup de

ménagements pour lui parler. - Aime qu'on s'occupe de lui. Sen-

timents affectifs exagérés; souvent importun par ses câlineries

qu'il prodigue à la personne dont il veut obtenir quelque chose.

Très osé, se rend vite familier. - Paraît avoir la notion du bien et

du mal, il lui arrive de morigéner ses camarades. - Volonté

active et énergique; quand on veut la contrecarrer, crises de

colère. - Aime la société. - Tendance à l'onanisme. Yeux cernés

au réveil. Instinct génésique précocement développé.

Traitement. - Bain d'un quart d'heure tous les huit jours,

douche complète en jet en éventail (30") tous les jours, gymnastique

et travaux manuels, travail intellectuel à heure fixe, traitement

moral. - Injections auriculaires à l'eau boriquée tiède.

1893. Avril. - Le jour de son entrée à l'Institut médico-péda-

gogique, Camille C... a eu une violente crise de colère accompagnée

de mouvements convulsifs. Ses parents durent le quitter à l'impro-

viste. Dès qu'il s'en aperçoit, Camille se met à pousser de véritables

hurlements : il se jette à terre en donnant des coups de pied et

des coups de poing. On ne peut l'approcher. Par moments son

INSTABILITÉ MENTALE. 203

corps se raidit et parait agile de mouvements convulsifs. Il ne

s'arrête pas de crier. Grossièretés obscènes à l'adresse des personnes

qui sont près de lui.

Nous faisons semblant de ne pas nous occuper de lui, nous le

plaçons sur une pelouse et nous nous éloignons en le surveillant.

Pendant une heure et quart, Camille C... n'a cessé de crier, de

pleurer et de se rouler en projetant les pieds et les poings de tous

côtés. La face est congestionnée, les oreilles sont pourpres. Il ne

s'arrêta que lorsque ses forces furent à bout. Il resta un quart

d'heure immobile, il paraissait essoufflé. Nous nous approchâmes

de lui en l'invitant à se lever, il nous écouta, se leva et nous sui-

vit. Il resta une heure sans paraître faire attention à ce que nous

lui disions. Il se mit à lable, mangea modérément. La nuit fut

bonne, le lendemain il était habitué à son nouveau genre de vie.

Il fut aussitôt, soumis à un travail régulier.

liai. Même traitement. Nous constatons déjà une sérieuse

amélioration. Camille travaille à heure fixe, il s'occupe au jardi-

nage et à des travaux de terrassement. Il a fallu insister beaucoup

pour l'entraîner. S'y est mis au bout de deux semaines. Se rend

utile. Fait lire de petits camarades plus jeunes que lui. A eu cepen-

dant une petite crise de colère le 17, parce qu'on ne voulait pas lui

prêter un outil dangereux. Camille a frappé du pied, crié et pleuré,

mais comme on ne fit pas attention à lui, il s'est calmé lui-même,

et est venu faire des excuses. Durée vingt minutes. Le 21 mai,

l'enfant va passer chez lui les fêtes de la Pentecôte. Il rentre sans

difficulté le 24. Ses parents sont très heureux de l'amélioration

obtenue. - Durant' ce mois, l'écoulement de l'oreille gauche a

persisté, mais les' douleurs que l'enfant éprouvait paraissent avoir

disparu.

Juin. Même traitement : les injections auriculaires à l'eau

boriquée, sont remplacées par des injections d'une solution de

sublimé. - Le mois de juin a été bon. Une crise de colère le 15,

qui n'a pas duré cinq minutes. - L'amélioration s'est accentuée.

L'enfant est docile aux ordres qu'on lui donne. Sa tenue est moins

négligée. A table ne s'accoude plus. Ne fait rien sans demander la

permission. Fait preuve de persévérance dans son travail. Ne laisse

plus un travail inachevé. Beaucoup plus sociable, joue sans dis-

puter avec des camarades plus jeunes que lui. L'enfant ne paraît

plus avoir de migraine. L'écoulement de l'oreille gauche est

beaucoup moins abondant.

Juillet. - Même traitement. L'enfant est de plus en plus tran-

quille. - Au 14 juillet, ses parents le font sortir une seconde fois.

Ils en sont tellement contents qu'ils décident, un peu prématuré-

ment peut-être, de le reprendre à la fin du mois.

Nous avons eu l'occasion de revoir Camille C... à trois reprises

204 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

différentes depuis son départ de l'Institut médico-pédagogique.

Toutes les fois les parents nous en ont fait des éloges. En nous

quittant il a été passer deux mois à la campagne et, en octobre 1893,

.- il est entré comme interne au collège de Sens, où il est encore en

ce moment. Il est en quatrième moderne, et dans une classe de

vingt-quatre élèves il occupe le huitième rang. Nous avons pu lire

ses bulletins trimestriels, ils fournissent tous sur le travail de

Camille de bonnes notes, et ne se plaignent en rien de sa

conduite (janvier 1896).

Les accidents observés chez cet enfant consistaient beaucoup

plus en troubles moraux, qu'en troubles intellectuels. L'irrita-

bilité croissante du caractère, les accès de colère et les crises

nerveuses nous paraissent devoir être rattachés à l'alcoolisme.

Grâce à l'isolement qui a supprimé les excès de boissons, il

l'hydrothérapie et au traitement moral, nous avons obtenu une

assez prompte guérison. Deux ans et demi se sont écoulés

depuis, et il n'y a pas eu de rechute.

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE

PATHOLOGIQUES.

I. SUR LES lésions microscopiques caractéristiques QUI S'OBSERVENT

DANS LE CERVEAU DES ALIÉNÉS; DÉMONSTRATION PRATIQUE; par

T.-S. CLOUSTUN, James Middlemass et W.-F. Robertson. (The

Journal of mental science, octobre 1894.)

Il s'agit ici d'une démonstration pratique, faite à l'Association

médico-psychologique au moyen de préparations microscopiques ;

ces préparations ont trait : 1° anatomiquement : à la dure-mère, à

la pie-mère et à l'arachnoïde, aux vaisseaux sanguins, à la névro-

glie, aux cellules nerveuses, aux fibres nerveuses; 2° clinique-

ment, à la paralysie générale, à la folie alcoolique, à l'idiotie

épileptique, à la folie sénile, à la manie aiguë (puerpérale), à la

manie chronique, à la folie avec hallucination de fouie, à la

démence secondaire, à la mélancolie viscérale.

Les préparations histologiques présentées étaient au nombre de

soixante-trois. R. M. C.

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 205

IL Un cas DE PORENCÉl'HALIE j par CONOLLY NoRUAN et Alec. FRAISER

(Tlae Journal of mental science, octobre 1894.)

Nous regrettons vivement de ne pouvoir rendre compte comme

il conviendrait de cette remarquable observation. La partie cli-

nique est un peu courte et un peu insuffisante, ce qui tient sur-

tout à ce que le diagnostic exact n'a pas été fait pendant la vie.

En revanche la partie anatomique est traitée avec beaucoup de soin

et de détail par M. Fraser. Malheureusement pour nous, qui ne

pouvons reproduire ici les planches, le travail de M. Fraser renvoie

presque à chaque paragraphe à des planches qui ne comprennent

pas moins de vingt-cinq figures; ces planches éclairassent admi-

rablement la lecture du texte; mais leur absence l'obscurcirait à

peu près complètement; nous préférons renvoyer le lecteur que ce

sujet intéresse au texte même du recueil anglais et aux belles

planches qui l'accompagnent : il ne regrettera ni son temps ni sa

peine. R. M. C.

III. SUR LES éléments constitutifs normaux D'UNE circonvolution

ET SUR LES EFFETS DE LA STIMULATION ET DE LA FATIGUE SUR LA CI : L-

LULE NERVEUSE DÉMONSTRATION PRATIQUE ; par J. B.ITTY-TuKE. (The

Journal of mental science, octobre 1894.)

Il s'agit ici d'une démonstration pratique, faite devant l'Associa-

tion médico-psychologique, à l'aide de préparations histologiques

et de projections lumineuses, etayant surtout pour objet de démon-

trer la très grande valeur de la méthode de Golgi dans l'élucida-

tion des importantes relations anatomiques qui existent dans le

cerveau de cellule à cellule et de région à région. R. M. C.

IV. Dualité DE l'action cérébrale; par Samuel-B. Lyon.

(The Neiv-York Médical Journal, 27 juillet 1895.)

Le cerveau est-il un organe physiologiquement dysymétrique,

dont une moitié ne prend aucune part à la formation des idées,

des émotions et des actions intentionnelles, ou bien ses deux moi-

tiés agissent-elles à l'unisson, en vue d'un but unique, c'est là une

question qui n'est pas encore résolue, et sur laquelle les auteurs

les plus compétents ne sont pas d'accord. On rencontre, chez les

aliénés, des cas où s'observent deux caractères différents et même

si diamétralement opposés que l'on a peine à croire qu'on est en

présence d'un seul et même individu. Dans le Brain, le Dr Lewis-

C. Bruce a publié un cas intéressant de dualité de l'action céré-

brale. - Son malade présentait un cas de double conscience, et

dans sa condition seconde il n'avait aucun souvenir de sa condition

première : dans l'une de ces conditions, il était droitier, dans

206 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

l'autre il était gaucher; dans l'une il parlait anglais, dans l'autre il

se servait imparfaitement de la langue du pays de Galles. Dans le

premier état, qui était le plus normal, son pouls était fort et plein;

. dans le second, il était faible, avec tension artérielle basse. Le

Dr Bruce tire de ce fait des conclusions favorables à la dualité de

l'action cérébrale.

La possibilité d'une action indépendanle des deux hémisphères

n'est d'ailleurs pas une idée nouvelle : elle a été soutenue d'une

manière intéressante par Luys dans une série d'articles de l'Encé-

phale en 1888.

Déjà, en 1864, Follet, à l'asile de Quimper, était arrivé à la con-

clusion que, chez les épileptiques tout au moins, il y avait inéga-

lité de poids entre les deux hémisphères cérébraux ; Jaffa a fait

aussi des recherches dans cette direction, et il a publié la très inté-

ressante observation d'un malade qui se croyait double et chez

lequel on trouva, à l'autopsie, une inégalité marquée des deux

hémisphères. '

Si l'on recherche sur quelles preuves cette théorie du dédouble-

ment de l'activitécérébrale peut être établie, on trouve tout d'abord

ce fait remarquable que l'écart normal de poids entre les deux

lobes cérébraux, dont le maximum habituel est de 5 ou 6 grammes,

de 7 au plus, au bénéfice du lobe gauche, est absolument inverse

dans les cerveaux d'aliénés; ce simple fait révèle une rupture de

l'équilibre entre les activités dynamiques que chacun des deux

lobes est capable d'exercer. Ajoutons que la différence de poids

chez les aliénés peut aller de 18 à 40 grammes.

« Ces conclusions inattendues, dit l'auteur, si d'autres recherches

viennent les confirmer, nous conduiront à penser que dans le

processus morbide de l'aliénation mentale, les actes nutritifs sont

dirigés en sens inverse de leur direction chez l'homme sain, et

cela au profit de l'hémisphère droit; celui-ci... en se'dévelop-

pant isolément devient l'instrument de la folie. »

Nous résumons ici l'observation publiée par l'auteur :

1\J ! lc X..., vingt-trois an ? entre à l'asile pour son troisième accès

de folie ; le premier remonte à quatre ans et a duré trois mois;

le second, de même durée, remonte à deux ans et l'accès actuel

dure depuis quatre mois. Depuis six mois l'aménorrhée est com-

plète. La crise actuelle a débuté par des actes bizarres, de l'inco-

hérence du langage et de l'excitation bruyante. La malade a des

aliénés dans sa famille. Normalement, ses allures sont modestes,

son intelligence au moins moyenne, son éducation au-dessus de la

moyenne. L'excitation a augmenté allant jusqu'à la violence dans

les acles : elle tient des propos orduriers; elle insulte ceux qui

l'entourent; elle chante, elle frappe et elle mord, le tout en parais-

sant conserver une excellente humeur. Au moment même où elle

accomplit des actes bruyants ou violents, elle reconuait'qu'elle est

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 207

très méchante, mais se glorifie de l'être, et déclare que ce qu'elle

a fait de mieux depuis son entrée a été de mordre une autre

malade. Il faut cinq infirmières pour l'habiller ou la déshabiller,

et elle ne perd pas une occasion de frapper ou de mordre. A cer-

tains moments elle parle raisonnablement : ses parents étant venus

la voir, elle se montre aimable avec eux, puis au moment de leur

départ, elle crache sur eux. Elle dit qu'elle regrette d'être mé-

chante, mais qu'elle ne peut pas faire autrement; elle promet

cependant d'essayer de se contraindre; ce qui ne l'empêche d'ail-

leurs ni de mordre, ni de pincer son infirmière jusqu'au sang, ni

de lui donner des coups de pied. Elle sait tout ce que l'on dit d'elle,

observe très bien, et possède une excellente mémoire. Elle dit à

son père qu'elle sait bien qu'elle est une malade très difficile; elle

se loue des infirmières et prie son père de leur apporter des ca-

deaux. Au moment même où elle tient ce langage à son père, il

ne faut pas, pour la maintenir, moins de deux infirmières, qu'elle

s'efforce à tout instant de mordre ou de frapper à coups de pied.

Elle parait honteuse des actes qu'elle commet, mais elle persiste

dans ses efforts pour nuire, et est incapable - elle le proclame

d'ailleurs - de résisler à ses impulsions méchantes. Sa conversa-

tion est raisonnable, et même intéressante.

Ainsi voilà une jeune fille naturellement aimable, douce, d'édu-

cation raffinée, de tendances presque religieuses, qui durant une

attaque d'aliénation mentale a une tendance irrésistible à com-

mettre des actes qui contrastent énergiquement avec sa nature; et

au moment même où elle accomplit ces actes, où elle s'y aban-

donne sans réserve, elle en est profondément honteuse, elle les

déplore et s'en excuse avec une sincérité qui paraît complète. Le

cas est doublement intéressant, d'abord au point de vue de la

dualité de l'action cérébrale; ensuite parce que, à la suite d'une

ovariotomie, pratiquée cinq ans plus tard, elle est demeurée

indemne de tout désordre mental : cette immunité dure déjà

depuis deux ans, alors que durant les neuf années précédentes,

elle n'a pas eu moins de cinq attaques d'aliénation mentale, ces

attaques devenant chaque fois plus prolongées tandis que les inter-

valles lucides devenaient au contraire plus courts.

En dehors de la théorie qui admet la dualité de l'action céré-

brale, il faut reconnaître que les discordances mentales dont cette

jeune fille est un intéressant exemple, sont bien difficiles à expli-

quer. R. DE lUSGRAVE-CLAY.

V. Deux ABCÈS DU cerveau, causés par UNE EMBOLIE septique CON-

S1CU'fIVE A une plaie par arme A FEU du poumon, datant DE trente-

deux ANS ; par J.-T. F.SELLIDGE et CLAYTON 1ABEnLLL. (The 11'eIU-

York Médical Journal, 10 août 1895.)

Le malade dont il s'agit, avait cinquante-deux ans ; il y a trente

208 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

ans, pendant la guerre de la Sécession, il fut blessé par une balle

de carabine Minié : le projectile fractura la septième côte gauche

et se logea dans le lobe inférieur du poumon droit : il ne put être

extrait, et bientôt le malade présenta des symptômes pulmonaires

dont les plus importants furent des hémoptysies répétées et fré-

quentes. Cependant sa santé lui permettait d'occuper des fonc-

tions importantes dans l'administration d'une affaire industrielle.

Le 16 février 1893, vers le soir, sans cause appréciable, les muscles

du côté gauche de la face et du pharynx présentèrent des contrac-

tions cloniques répétées et d'une durée de deux à trois minutes.

La portion frontale du muscle occipito-frontal se contractait des

deux côtés, mais surtout à gauche. Le clignement de l'oeil gauche

était constant, et tous les muscles du côté gauche de la face étaient

assez énergiquement contractés ; il y avait en même temps une

contraction des muscles du pharynx donnant lieu à du gargouille-

ment pharyngé ; les muscles du larynx participaient plus légère-

ment à cet état convulsif. Le côté droit de la face demeurait

presque complètement indemne. La déglutition, pendant les pa-

roxysmes, était très difficile. Le malade demeurait absolument

conscient. Interrogé pour savoir s'il souffrait, il indiquait la région

antérieure droite de la tête et répondait : « Oui. » Après la crise,

les muscles du côté gauche de la face demeuraient légèrement con-

tractés, et la face elle-même était un peu tirée vers la gauche. Les

rémissions duraient de dix à quinze minutes. Le clignement inces-

sant empêchait d'examiner le fond de l'oeil ; tous les réflexes parais-

saient normaux, et aucun autre muscle que ceux du côté gauche

de la face, ceux du pharynx, et - beaucoup plus légèrement

ceux du larynx, n'était atteint.

L'auteur pensa que le diagnostic ne pouvait hésiter qu'entre

une embolie et une thrombose, l'âge du malade et l'absence de

tout souffle cardiaque devant toutefois faire pencher la balance eu

faveur de la thrombose ; s'il avait connu alors la nature de la

lésion pulmonaire, il aurait au contraire adopté le diagnostic

d'embolie infectieuse. Le lendemain, les crises convulsives avaient'

disparu, mais les muscles qui en avaient été le siège étaient en

état de parésie, et la langue était légèrement déviée à gauche. La

déglutition était difficile, provoquait la toux, et était suivie de

régurgitation par les voies nasales.

Il n'y avait pas d'aphasie, mais les troubles musculaires ren-

daient l'articulation de la parole un peu indistincte. Pendant trois

ou quatre jours le malade fut assez bien, mais continua à se

plaindre de céphalalgie.

Le 21 février, on note une paralysie presque complète des muscles

du côté gauche de la face, une déviation nette de la langue à

gauche, un léger ptosisà gauche et une grande difficulté de la

déglutition. L'intelligence est lucide, mais déprimée : le malade

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 209

répond correctement aux questions, mais avec une lenteur intellec-

tuelle qui est loin de lui être habituelle. - Rectifiant alors son

diagnostic, l'auteur, mieux informé, est d'avis qu'une embolie

infectieuse partie d'une des veines pulmonaires a pénétré dans

l'une des branches de la cérébrale moyenne droite, et qu'il y a

lieu de craindre un abcès du cerveau.

Le 27, la paralysie du côté gauche de la face est complète, la

prostration est très grande, la constipation est rebelle. - L'acti-

vité intellectuelle est ralentie et très émoussée. - Du 5 au 7 mars

tous les symptômes s'aggravent et la paralysie s'étend au bras

gauche où elle devient vite complète. Du 8 au 11, la paralysie se

généralise, et une opération est décidée, mais ne peut être prati-

quée que le 13 ; à cette date, le malade entre dans le coma, et

l'avis unanime des médecins réunis est que, à moins d'une prompte

intervention, le malade ne peut pas vivre au delà de vingt-quatre

heures.

L'opération est pratiquée par le Dr Parkhill, le Dr Eskridge

ayant préalablement délimité sur le crâne le point où devra être

appliquée la couronne de trépan, point qu'il a fixé à peu près à

égale distance de l'extrémité inférieure du sillon de Rolando et de

la branche horizontale de la scissure de Sylvius. A un pouce et

demi de profondeur dans la substance cérébrale, un trocart explo-

rateur rencontra une résistance considérable ; on était évidemment

sur la paroi de l'abcès, et, en effet, cette résistance vaincue, on vit

immédiatement sortir une once ou une once et demie de pus. La

plaie fut fermée selon la méthode ordinaire.

L'auteur entre ensuite dans le détail des symptômes constatés

après l'opération. 11 y eut d'abord une amélioration ; mais bientôt

le malade retomba dans la prostration, et alla s'affaiblissant ; il

fallut recourir il l'alimentation artificielle, et le 17 mars le malade

succomba. Nous résumons ici le résultat de l'autopsie, seulement

en ce qui touche le cerveau : dans le lobe frontal de l'hémisphère

droit, on trouve un abcès enveloppé d'une capsule résistante ayant

détruit et remplaçant presque toute la substance blanche des deux

tiers antérieurs et inférieurs de ce lobe. Cet abcès s'étendait en

arrière jusqu'à environ 1/8 de pouce du bord antérieur du ventri-

cule latéral de la cavité duquel il était séparé à la fois par sa mem-

brane d'enveloppe et par l'effacement dû à des adhérences du

tiers antérieur de la cavité ventriculaire. Cet abcès n'intéressait

pas directement la région motrice ; le pus était de couleur brun

verdâtre sale, épais, et très fétide ; il y en avait environ trois

onces. Un second abcès, plus petit que le premier, également en-

kysté, fut trouvé dans la substance blanche, immédiatement au-

dessous de la portion inférieure des circonvolutions frontales et

pariétales ascendantes et des parties qui avoisinent l'extrémité

inférieure du sillon de Rolando (troisième frontale). Son enveloppe

AnCaIVES, 2e série, t. I. 14

zizi REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

que le trocart du chirurgien avait percée pendant l'opération était

moins résistante que celle du grand abcès. Les deux abcès ne com-

muniquaient pas : autour d'eux le tissu cérébral était un peu

ramolli.

L'auteur termine par quelques considérations sur l'origine, le

diagnostic, la localisation des abcès du cerveau : il pense que dans

quelques cas, il ne serait pas impossible, avec du soin et de l'atten-

tion, de diagnostiquer un double abcès du cerveau, tel que celui

qui fait l'objet de cette observation. R. DE )IUSGRAVE-CLAY.

VI. LES altérations morbides DU système cérébro-spinal chez LES

aliénés âgés; par Alfred-W. C.11PDELL. (The Journal of mental

science, octobre 1894.)

Durant ces dernières années, les altérations subies parle système

nerveux des vieillards ont été l'objet de travaux assez nombreux,

mais elles n'ont guère été étudiées au point de vue spécial de

l'aliénation mentale : c'est le point particulier que l'auteur se pro-

pose d'étudier.

Altérations macroscopiques de l'encéphale. - Les adhérences de

la dure-mère et de la voûte crânienne sont fréquentes. Les héma-

tomes situés au-dessous de la dure-mère, que l'on désigne aujour-

d'hui sous le nom de pachyméningite hémorragique interne, qui

sont si fréquents dans la paralysie générale, ne sont pas rares

dans la folie sénile. La quantité du liquide que l'on rencontre sous

la dure-mère est invariablement augmentée. L'arachnoïde est géné-

ralement opaque et les corpuscules de Pacchioni sont hypertro-

phiés. La pie-mère est ordinairement épaissie; elle est ordinaire-

ment facile à détacher, 'mais quelquefois elle entraine avec elle du

tissu cérébral, comme cela arrive dans la paralysie générale.

Tous les cerveaux séniles d'aliénés que l'auteur a examinés pré-

sentaient une atrophie plus ou moins marquée et une diminution

de poids plus ou moins considérable. La surface cérébrale est géné-

ralement ferme : sur une section, l'écorce est de nuance foncée, et

sa strialion manque de netteté. La substance blanche participe à

l'atrophie superficielle; elle est de consistance ferme. On y re-

marque quelquefois de petits îlots brunâtres de sclérose, restes de

la résolution d'hémorragies périvasculaires. L'état criblé décrit

par Durand-Fardel est commun chez les athéromateux. Les

espaces périvasculaires, en plusieurs points, sont ordinairement

dilatés, et sont fréquemment le siège d'hémorragies miliaires

dues à l'altération des vaisseaux : les points où ces hémorragies

se rencontrent le plus souvent sont, par ordre de fréquence : le

segment extérieur du noyau lenticulaire, les deux autres segments

de ce même noyau, puis le noyau caudé, et enfin la couche op-

tique. Les ventricules sont toujours considérablement dilatés et

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 211 I

' contiennent un excès de liquide. L'épendyme ventriculaire est ordi-

nairement épaissi mais non granuleux. Les plexus choroïdes sont

communément vésiculeux, et la glande pinéale a un aspect sable.

Le corps piluitaire est souvent atrophié surtout dans sa moitié

supérieure. Enfin, l'état athéromateux du cerveau des vieillards

détermine fréquemment des thromboses et des embolies, avec

ramollissement consécutif.

Altérations microscopiques de l'encéphale. Une section de

l'écorce cérébrale révèle un épaississement de la pie-mère et de

l'arachnoïde ; à la surface corticale, on rencontre souvent des

corpuscules dits amyloides. La profondeur de la première couche

cellulaire corticale est ordinairement diminuée, et la présence dans

cette couche de nombreuses cellules étoilées, est, comme l'a

montré Bevan Lewis, presque caractéristique de la folie sénile. Des

cellules étoilées plus petites se rencontrent souvent dans la subs-

tance blanche. Tous les degrés de dégénérescence de la cellule

nerveuse peuvent se rencontrer dansles cerveaux des vieux aliénés ;

il est commun aussi de trouver une augmentation des noyaux péri-

cellulaires et des noyaux de la névroglie; mais l'altération la plus

frappante et la plus constante dans ces cerveaux séniles, celle qui

atteint toutes les cellules, quelle que soit leur taille, c'est la dégé-

nérescence pigmentaire. - Les éléments constitutifs des vaisseaux

cérébraux de l'écorce ne se dégagent pas nettement, et leurs espaces

périvasculaires sont ordinairement dilatés, ce qui donne naissance

à l'état criblé déjà indiqué.

Altérations de ta moelle épinière. Presque invariablement on

constate un amoindrissement du diamètre de la moelle et une

diminution de son poids. Les membranes sont épaissies et se déta-

chent plus facilement qu'à l'âge adulte. La quantité du liquide

cérébro-spinal est accrue. Histologiquement, sur une coupe

transversale traitée par la méthode de Marchi, on remarque, dissé-

minées dans la substance blanche, des fibres nerveuses en état de

dégénérescence, que l'acide osmique colore en noir. Ces fibres

dégénérées sont visibles, en plus petit nombre, dans les racines,

soit antérieures, soit postérieures : on trouve même dans ces

racines des îlots absolument dépourvus de fibres nerveuses nor-

males. La pigmentation exagérée des cellules ganglionnaires,

situées dans les cornes antérieures et postérieures, et dans les

colonnes vésiculaires de Clarke, est un caractère constant. La dégé-

nérescence de ces cellules est loin d'être aussi fréquente qu'on

serait tenté de le supposer. On constate ordinairement une hyper-

plasie du tissu cotineclif, aboutissant à la destruction par compres-

sion, d'un grand nombre de fibres longitudinales. Les vaisseaux

sanguins présentent également des particularités intéressantes.

Dans toute la substance blanche, mais surtout dans les régions qui

sont le siège d'une sclérose par compression, leurs parois sont

212 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

épaissies : dans la substance grise, il en est de même, et on note

en outre la dilatation des espaces périvasculaires. Il faut signaler

encore l'abondance des corpuscules amyloïdes surtout au niveau

du sillon antérieur, ainsi que l'hypertrophie de l'épendyme du

canal central.

Altérations des nerfs périphériques. Quel que soit celui des

nerfs périphériques d'un aliéné âgé que l'on soumet à l'examen,

on est certain d'y constater des modifications importantes. Sur une

coupe transversale colorée par la méthode de Marchai, on constate

que quelques-unes des fibres subissent une dégénérescence paren-

chymateuse aiguë; mais ce qui frappe le plus vivement l'observa-

teur, c'est la diminution considérable du nombre des grands

cylindres nerveux sains. Cette diminution est, en général, à peu

près égale dans les divers faisceaux constitutifs du nerf, mais il

arrive quelquefois qu'elle est notablement plus accusée dans quel-

ques-uns d'entre eux. Les espaces laissés vides par la disparition

de ces fibres sont remplis de substance et de débris III)ro-cel lu 1 aires,

et en ou ! re - c'est là un fait intéressant que l'auteur a maintes

fois constaté - de fibres nerveuses très menues, qui, tout en pos-

sédant un cylindraxe très net, n'ont qu'une gaine de Schwann

très mince et très délicate. D'autre part, les altérations intersti-

tielles ne sont pas rares : le périnèvre et l'épinèvre peuvent être

considérablement épaissis, et quelquefois ils sont infiltrés de cellules

graisseuses. Les modifications présentées par les vaisseaux sanguins

du tronc nerveux sont intéressantes ; on peut presque dire que leur

épaississement est la règle générale ; cet épaississement s'observe

surtout dans la tunique adventice, mais il peut se manifester sur

la tunique interne au point d'effacer presque complètement la

lumière du vaisseau. Les petits vaisseaux qui courent le long des

fibres nerveuses, sous le périnèvre, sont souvent le siège d'altéra-

tions très accusées; ils subissent un épaississement énorme et

empiètent sur les tubes nerveux adjacents, jusqu'à provoquer, par

compression, la destruction d'un certain nombre de ces tubes ;

ils s'obliLèrent souvent et se transforment alors en une masse

solide, cylindrique, fibro-celluleuse ou homogène. Les altéra-

tions qu'on vient de signaler se rencontrent à un égal degré et

sont de même nature dans les nerfs sensitifs et dans les nerfs

moteurs. \

Il semble seulement qu'ils soient d'autant plus altérés qu'ils sont

plus voisins de la périphérie Plusieurs auteurs ont remarqué la

prédisposition des nerfs vagues à subir des altérations dans d'autres

formes de névrite, par exemple dans la polynévrite alcoolique, dans

la diphtérie, dans la paralysie générale des aliénés ; le fait parait

demeurer exact en ce qui concerne la névrite sénile, car, dans

plusieurs cas, l'auteur a rencontré des altérations étendues du nerf

vague.

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 213

Ce mémoire se termine par quelques considérations intéressantes

sur la pathogénie des lésions qui viennent d'être signalées. R. M. C.

VU. Atrophie ET sclérose du CERVELET; par C. HUBERT-Bo\D.

(The Journal of mental Science, juillet 1895.)

La physiologie du cervelet demeure encore obscure et contro-

versée ; il en est de même de ses relations fonctionnelles avec le

reste du système nerveux central. L'auteur rappelle et résume au

début de ce travail les diverses théories physiologiques qui ont été

proposées, et publie ensuite l'observation très détaillée d'un cas

de lésion étendue du cervelet; nous en indiquons ici les points les

plus saillants. La malade dont il s'agit avait quarante-trois ans

en 1877 ; les renseignements cliniques que l'on a pu obtenir sont

assez maigres; ils nous indiquent pourtant que la maladie a duré

trente-six ans, ce qui en fait remonter le début à l'âge de sept ans.

La cause de la maladie demeure obscure : on ne signale pas d'ac-

cidents méningitiques dans l'enfance, et s'il s'agissait d'une de ces

hémorragies que l'on a signalées et qui peuvent accompagner un

accouchement laborieux, les lésions de dégénérescence ne seraient

pas réparties aussi uniformément qu'elles l'étaient. Un autre point

intéressant, c'est l'état mental de la malade; c'était une imbécile,

présentant les exacerbations périodiques que l'on rencontre quel-

quefois chez les malades de ce genre. Gowers a signalé des trou-

bles intellectuels chez des sujets dont le cervelet seul était atteint;

or, ici le cervelet était presque anéanti fonctionnellement, et le

cerveau en revanche ne présentait pas les caractères que l'on y

rencontre chez les imbéciles; il ne serait donc pas téméraire de

rattacher les troubles intellectuels à la lésion cérébelleuse.

Beaucoup des signes qui aident à établir le diagnostic d'une affec-

tion du cervelet manquaient chez cette malade ; il n'y avait ni

vomissements, ni vertiges, ni spasmes des muscles de la nuque ;

pas de nystagmus, pas de tendance à tomber d'un côté. Eu re-

vanche la démarche était nettement cérébelleuse, et la malade

présentait les tremblements généraux de l'incoordination des

membres qui accompagnent souvent ces lésions, que Luciani dési-

gne dans leur ensemble sous le nom d' « astasie » et que Ferrier

rattache à l'atrophie du cervelet.

Ce cas nous montre aussi que l'existence d'une lésion cérébel-

leuse étendue est compatible avec une durée considérable de la

vie, - au moins cinquante-trois ans chez la malade dont il s'agit,

qui d'ailleurs est morte phtisique. R. M. C.

VIII. Remarques sur la pathologie DE l'hématome DE l'oreille;

par Edwin GOOD.1LL. (The Journal of mental Science, octobre 1894.)

L'auteur, après des expériences qui lui ont donné des résultats

? 11· REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

insuffisamment concluants, pense qu'il reste à l'heure actuelle à

déterminer si des microorganismes se rencontrent régulièrement

dans le liquide séro-sanguinolent que l'on trouve dans les tissus de

l'oreille dans le cas d'hématome; si la réponse était affirmative, il

conviendrait de préciser leur signification étiologique, ou plutôt

de rechercher s'ils en possèdent une. Cette supposition serait, sui-

vant M. Goodall, parfaitement rationnelle, et ne serait nullement

en désaccord avec l'idée d'un traumatisme, lorsque la réalité de

celui-ci peut être établie.

Enfin l'auteur estime qu'il serait intéressant d'examiner au point

de vue bactériologique le sang extravasé que l'on rencontre dans

les cas récents d'hématome de la dure-mère. R. M. C.

IX. Observation d'un cas 1)'IIÉMIATROPHIE cérébrale; par John

J. CowAN. (The Journal of Mental Science, juillet 1895.)

Le malade était un imbécile épileptique qui avait tué un ouvrier

à coups de hache : il était halluciné ; la médication bromurée avait

rendu plus rares les crises épileptiques : mais le malade était

demeuré irritable, puis était devenu dément ; il présenta des signes

de phtisie et mourut de tuberculose péritonéale.

' A l'autopsie : crâne asymétrique, plus volumineux à droite.

Dure-mère épaissie; au niveau du vertex, fausse membrane mince,

couleur de rouille, parsemée de points brunâtres. Le cerveau est

beaucoup plus volumineux du côté droit que du côte gauche. Les

circonvolutions de l'hémisphère gauche, dans les régions frontale

et occipitale, sont très petites, flétries et comme comprimées;

celles des régions motrices, bien qu'atrophiées, ont un volume et

un aspect qui se rapprochent davantage de l'état normal. Les

circonvolutions de l'hémisphère droit sont plus volumineuses au

niveau des régions motrices, mais légèrement atrophiées au niveau

du lobe frontal. Les grosses artères sont saines : la communiquante

antérieure est double. Le lobe pariétal gauche est ratatiné et flétri.

La moitié droite du cervelet est plus petite que la* gauche; mais'

on n'y constate aucune lésion. La moelle paraît saine du moins à

l'oeil nu. Une planche accompagne ce travail et montre troi.

aspects de ce cerveau. H. M. C.

X. Remarques SUR L'EMPLOI DE la formaline dans la fixation DES

fibres NERVEUSES : par EDWIN-11. Kl'fCIlELL. (The New-York Médical

Journal, 20 juillet 1895.)

A l'exception de l'acide osmique, les agents de fixation de la

fibre nerveuse usités jusqu'à présent ont pour effet fâcheux de

ratatiner le cylindraxe. Entie les mains de l'auteur, la formaline a

donné d'excellents résultats en ce qui touche la conservation du

REVUE d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques. 215

cylindraxe et a fourni en même temps l'occasion de quelques

remarques intéressantes relatives à son action sur la myéline.

L'expérimentation a porté sur des sciatiques de chien et de

lapin pris avec toute leur épaisseur. Le liquide employé était titré

à 1, à 2, à 10, à 25, à 50, et enfin à 100 p. 100 de la solution com-

merciale, laquelle est elle-même une solution aqueuse de formal-

déhyde il 40 p. 100.

Avec la solution de formaline à 1 ou 2 p. 100, il y a ratatinement

du cylindraxe et de la myéline, à peu près comme avec l'alcool.

La solution à 10 p. 100 donne des résultats meilleurs, mais encore

peu satisfaisants. A 25, 50 et 100 p. 100, le cylindraxe demeure

entièrement ou presque entièrement normal dans le plus grand

nombre des fibres. La formaline pure donne des résultats encore

un peu meilleurs.

Les agents ordinaires de coloration, fuchsine, éosine et autres

couleurs d'aniline, aussi bien que l'hématoxyline de Gave, ne colo-

rent que faiblement le cylindraxe fixé par la formaline ; ils agis-

sent au contraire énergiquement sur le tissu connectif.

Au contraire les cylindraxes ratatinés sont énergiquement

colorés par les agents ci-dessus mentionnés.

Les coupes transversales de fibies nerveuses fixées par une solu-

tion de formaline comprise entre 25 et 100 p. 100 présentent de

nombreuses petites lignes qui traversent la myéline sous forme

d'irradiations irrégulières, et qui prennent lorsque l'on observe la

fibre dans le sens de sa longueur, l'aspect d'un réseau très fin ; ce

réseau est beaucoup plus net et plus régulier que celui que l'on

observe dans la myéline fixée par le liquide de lluller.

Quand la fibre nerveuse a été durcie à l'aide de la formaline,

l'acide osmique la colore en brun pâle; on peut, d'autre part, la

dissocier, la colorer, la monter dans la glycérine sans alcool, ou

la tremper dans l'alcool et l'éther, sans modifier son aspect.

Lorsque l'on veut colorer la fibre nerveuse, - ou le tissu des

centres nerveux - par la méthode de Weigert après fixalion par

la formaline, il convient de dédoubler la liqueur réductrice, sans

quoi la décoloration sera trop rapide et peu uniforme.

L'auteur pense que ces résultats autorisent à ajouter utilement

la formaline à la liste actuelle des agents fixateurs de la libre ner-

veuse. H. ;\1. C.

XI. Observation DE déformation DU crâne due A la syphilis llÉItl3-

DITAIRE ; par Charles-E. NAMMACK. (The New- YOdi JI edicLLl Journal,

8 juin 1895.)

Il s'agit d'un enfant nègre âgé de trois ans et demi, chez lequel

sa mère remarqua quatre jours après sa naissance un gonflement

au niveau de la fontanelle antérieure; ce gonflement a persisté et

216 REVUE d'anatomie ET DE physiologie pathologiques.

est devenu plus dur, sans que l'enfant présentât le moindre symp-

tôme digne d'être noté; il se présente actuellement sous la forme

d'une exostose de l'os frontal, ayant son maximum d'épaisseur à

l'angle supérieur de jonction de cet os avec les pariétaux, et s'éten-

dant de haut en bas, en diminuant d'épaisseur sur la surface

externe de la portion verticale du frontal. La pression sur cette

zone saillante ne provoque aucun symptôme. Les yeux de l'enfant

sont grands et les globes oculaires saillants. Le diagnostic se pose

entre un céphalhémalorne ossifié et une hypertrophie osseuse due

à la syphilis héréditaire. L'auteur expose les raisons qui lui font

adopter ce dernier diagnostic, ainsi que celles qui lui ont fait

écarter l'hypothèse du rachitisme. R. M. C.

XII. LE réflexe du genou au point DE VUE du diagnostic; par

William-111. LESZYNS61. (The Neiv-York Médical Journal, 29 juin

1895.)

Le réflexe du genou, quand il est bien observé, fournit au dia-

gnostic des éléments importants : il dépend de l'intégrité de l'arc

réflexe ayant pour siège le troisième ou quatrième segment lom-

baire. La méthode ordinairement employée pour le rechercher

(les jambes étant croisées) est suffisante quand le réflexe est suffi-

samment actif, car alors la position des membres est indifférente ;

mais, dans les cas douteux, il est nécessaire de faire asseoir le malade

sur un siège élevé ou sur le bord d'une table, de manière que ses

pieds ne touchent pas le sol. La recherche du réflexe doit toujours

être bilatérale : il faut en outre distraire le malade soit par des

questions, soit par des mouvements imposés des membres supé-

rieurs pour se mettre en garde contre les effets de l'attention expec-

tante. Il convient aussi de réitérer les épreuves.

L'absence ou l'exagération du réflexe du genou ne doit jamais

être considérée comme pathognomonique. L'absence du réflexe est

d'ailleurs beaucoup plus significative que l'exagération.

Une lésion qui intéresse les racines postérieures des colonnes

postérieures au niveau du second, du troisième ou du quatrième

segment lombaire (par exemple tabes ou myélite transverse) pro-

voque une interruption dans le trajet sensoriel, et le réflexe est

aboli ; ces lésions sont les seules lésions sensorielles qui donnent

lieu à cette disparition du réflexe. Une lésion intéressant la portion

motrice de l'arc réflexe (poliomyélite antérieure aiguë ou chro-

nique, - névrite périphérique multiple ou isolée affectant les nerfs

cruraux antérieurs) déterminera l'abolition du réflexe.

L'abolition du réflexe du genou, accompagnée de douleurs

intenses, aiguës, circonscrites et paroxystiques dans les extrémités

inférieures, - d'incontinence d'urine ou de paresse dans l'évacua-

tion de la vessie, avec conservation de la résistance musculaire,

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 217

avec ou sans incoordination, avec ou sans phénomènes sensoriels

objectifs, - indique des altérations organiques des segments lom-

baires de la moelle, telles que celles qui accompagnent la dégéné-

rescence tabétique ou une lésion des racines postérieures.

L'abolition du réflexe du genou accompagnée d'une diminution

de la résistance musculaire ou de parésie ou de paralysie évidente

des extrémités inférieures, de phénomènes douloureux sur le trajet

des troncs nerveux avec sensibilité à la pression, d'un certain

degré d'atrophie avec diminution de l'irritabilité faradique, avec

ou sans troubles sensoriels objectifs, et en l'absence de tout symp-

tôme vésical - correspond à la névrite multiple.

L'abolition du réflexe du genou, avec paralysie flasque, atrophie,

et perte de la sensibilité faradiqne du muscle, en l'absence de tout

symptôme sensoriel indique une poliomyélite de la portion lom-

baire de la moelle du même côté.

Après avoir énoncé ces propositions, l'auteur insiste sur ce point

que le réflexe du genou n'est pas nécessairement aboli dans tous

les cas de tabes. Il étudie ensuite l'état du réflexe du genou dans

un certain nombre de maladies, particulièrement dans la diphtérie,

dans la méningite, dans l'asphyxie par l'oxyde'de carbone, dans

l'épilepsie, dans le diabète. "

Il examine ensuite la signification de l'exagération du réflexe,

et signale la fréquence de cette exagération chez les malades à qui

l'on a dû prescrire, comme on le fait chez les épileptiques, l'usage

des bromures poussé jusqu'à la production des effets physiolo-

giques. Ce fait serait dû, suivant l'auteur à la sédation exercée par

le bromure sur l'écorce motrice et à la diminution consécutive de

l'action cérébrale de contrôle sur les centres réflexes inférieurs.

La dégénérescence primitive ou secondaire des cordons latéraux

s'accompagne ordinairement d'une exagération du réflexe du côté

de la lésion; il en est de même dans certains cas d'hémiplégie

consécutive à une hémorrhagie de la capsule interne. Cette exagé-

ration s'observe encore à la période de début de la démence para-

lytique, sauf dans les cas où les cordons postérieurs ont été les pre-

miers intéressés; alors le réflexe manque.

Comme le réflexe est souvent très accusé ou exagéré dans la

neurasthénie, l'hystérie, l'alcoolisme, le surmenage mental, on est

conduit à admettre que, dans bien des cas, l'interprétation de l'exa-

gération est plus difficile que celle de l'abolition, - et cela est

surtout vrai quand l'exagération est bilatérale et d'intensité uni-

forme.

L'exagération unilatérale du réflexe du genou a souvent une

signification pathologique de premier ordre; elle est ordinaire-

ment accompagnée d'autres symptômes de nature objective, tels

que la diminution de la résistance musculaire, la parésie ou la

rigidité des muscles. > li. de 'I\IUSGRAVE-CLAY.

' 1ô REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

XIII. HÉMIPLÉGIE gauche : PERTE DES réflexes superficiels ET PRO-

FONDS ; ATROPHIE musculaire considérable; anesthésie marquée de

-certaines PORTIONS DES membres ; PERTE DE l'irritabilité faradique,

ET réaction DE dégénérescence DES muscles DU côté paralysé; par

J.-T. EsI : RIDCE, avec remarques par Frederick PETERSON. (The

lVeiv-Yoz·lc Médical Journal, 2 mars 1895.)

Le titre même de l'observation en résume utilement les points

principaux : le sujet était une femme de quarante-deux ans, chez

laquelle on ne constatait ni antécédents névropathiques, ni syphi-

lis, ni alcoolisme. Les troubles trophiques que présentait cette ma-

lade différaient suffisamment de ceux que l'on rencontre dans les

vieilles hémiplégies d'origine cérébrale pour que l'auteur a cru devoir

rapporter cette observation intéressante, avec des détails qui échap-

pent à l'analyse. Les observations de M. Peterson qui terminent ce

travail ont surtout trait à l'historique du sujet et aux diverses théo-

ries qui ont été proposées pour expliquer la pathogénie de l'amyo-

trophie dans les lésions d'origine cérébrale; sa conclusion est que,

à l'heure actuelle, il n'existe pas de données sur lesquelles on

puisse légitimement baser une théorie de l'origine de l'atrophie

musculaire dans l'hémiplégie. R. M. C.

XIV. LE diagnostic différentiel DES lésions traumatiques intra-

CRANiENNES; par Charles Phelps. (The New-York Médical Journal,

10 novembre 1894; 12 janvier 1895.)

Dans un travail antérieur, publié il y a deux ans, M. Phelps

avait déjà indiqué la facilité relative que présente le diagnostic

différentiel des traumatismes cérébraux avec les états morbides

intra-craniens, en même temps qu'il signalait la difficulté qu'offre

le diagnostic différentiel des diverses lésions encéphaliques entre

elles. De nouveaux faits sont venus aider à éclaircir le diagnostic.

Dans son premier mémoire il publiait 124 cas, il apporte aujour-

d'hui 176 cas nouveaux, soit un total de 300 cas. Les cas nouveaux

se décomposent ainsi : I. Fractures intéressant la base du crâne :

A. Guérisons, 36; B. Morts, 59; C. Autopsies, 52. - IL Fractures

limitées à la voûte : A. Guérisons, 31; B. Morts, 12; C, Autopsies, 7.

- 111. Lésions intra-craniennes sans fracture : A. Guérisons, 21;

B. Morts, 17; C. Autopsies, 13. - En réunissant les deux séries,

les 300 cas qui servent de base à cette étude se décomposent ainsi :

I. Fractures intéressant la base du crâne : A. Guérisons, 57;

B.Morts, 108; C. Autopsies, 87. - Il. Fractures limitées à la voûte :

A. Guérisons, 52; B. Morts, 22; C. Autopsies, 17. - III. Lésions

intra-craniennes sans fracture : A. Guérisons, 28; B. Morts, 33;

C. Autopsies, 10. Total des guérisons, 137; total des morts, 163;

nombre des autopsies, 130. .

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 2 1 i>

Nous résumons ici les plus importantes des remarques que l'au-

teur a déduites de cette série considérable d'observations.

Hémorrhagie. - Les symptômes qui peuvent résulter directement

d'une hémorrhagie intra-cranienne d'origine traumatique sont :

les anomalies de température, la perte totale ou partielle de cons-

cience, les modifications de fréquence ou de caractère du pouls et

de la respiration, le trouble ou l'abolition de la fonction muscu-

laire, et l'irrégularité des pupilles. Une température qui se main-

tient au-dessous de la normale indique une hémorrhagie abondante

et relativement dénuée de complications, et les hémorrhagies de

ce genre siégeant le plus communément au-dessus de la dure-

mère, cette indication donne sur le siège de la lésion un rensei-

gnement au moins probable, qui sera confirmé par l'absence des

signes caractéristiques d'une lésion parenchymateuse. Des symp-

tômes concomitants de contusion générale feront penser à une hé-

morrhagie de la pie-mère et des symptômes de lacération à une

hémorrhagie corticale. Dans ces deux dernières formes la tempé-

rature est plus élevée que dans la variété précédente, et son éléva-

tion est proportionnelle à l'étendue et à l'importance de la com-

plication qui la provoque. La perte primitive de conscience,

fréquente dans les hémorrhagies indique qu'il y a complication de

contusion générale. La perte consécutive de conscience due soit à,

la perte de sang soit à la compression exercée par le sang épanché,

est suivie ou non d'un retour passager de la connaissance, suivant

que la lésion diffuse du parenchyme est plus ou moins grave et que

l'hémorrhagie est plus ou moins rapide : le retour à la conscience

est partiel ou complet selon l'importance de l'épanchement. Le

caractère et la fréquence du pouls sont sans relation précise avec

la forme, le siège ou l'étendue de l'hémorrllanie. L'apparition d'un

changement dans la fréquence ou le caractère de la respiration est

presque invariable lorsque l'hémorrhagie constitue une lésion à peu

près isolée. Si l'épanchement sanguin siège à la surface convexe

du cerveau, la respiration est ordinairement fréquente et souvent

stertoreuse : si c'est à la base, en arrière, elle peut être fréquente

et accompagnée de cyanose, à moins qu'il n'y ait compression de

la moelle, auquel cas elle se ralentit progressivement jusqu'à ces-

sation complète. Dans les cas favorables, la respiration ne subit

d'ordinaire aucun changement. Les paralysies générales ou

locales, les troubles de l'action musculaire peuvent être des symp-

tômes directs d'une hémorrhagie qui comprime ou irrite les

centres qui président au contrôle musculaire : les contractions

tétaniques sont assez communes, mais les cloniques sont rares,

sauf le cas de lésion complicante. L'état des pupilles est ordinaire-

ment modifié, mais aucun des changements qu'il présente n'est

caractéristique; d'ailleurs un état pupillaire normal est compatible

avec toutes les variétés d'hémorrhagies, simples ou compliquées,

220 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

quelque soit leur siège. Les troubles sensoriels tels que le délire ou

l'irritabilité, ne sont pas des symptômes d'hémorrhagie, et leur pré-

sence indique une lésion concomitante du parenchyme.

- Transsudation séreuse sous-arachnoïdienne. - Aucun symptôme

ne se rattache assez directement à cette lésion pour la révéler.

A1'lIehnitis. Elle est aiguë ou subaiguë, et généralement cau-

sée par une contusion diffuse des méninges, bien qu'elle puisse,

exceptionnellement procéder, par propagation, d'une lésion locale.

Elle peut être insidieuse dans son début et dans sa marche, mais

plus communément son apparition est tardive, et nettement indi-

quée par une élévation manifeste et brusque de température et

par une modification évidente de l'état général. Les températures

ultérieures sont irrégulières et les symptômes caractéristiques sont

ceux de l'irritation corticale. Peu de modifications du pouls et de

la température.

Contusion générale. - Elle complique constamment les autres

formes de traumatismes intra-craniens, mais elle existe rarement

à l'état de lésion mortelle isolée : ses symptômes sont irréguliers

dans leur apparition, leur marche et leur terminaison, et leurs

rapports entre eux manquent de précision. Le moins irrégulier de

ces symptômes est la perte de conscience, se manifestant à une £ -

époque et à un degré variables. La température reste ordinaire-

ment au-dessus de la normale. Comme la perte primitive de cons-'

cience, le délire primitif ou précoce doit être attribué uniquement

à l'influence de cette lésion aussi bien dans les cas simples que

dans les cas compliqués. Pour le reste des symptômes, leur analyse

physiologique pourra seule préciser la part qui revient à cette

lésion.

Contusion limitée. Elle est relativement rare, généralement

disséminée et difficile à distinguer de la contusion générale.

Lacération. Elle se complique presque toujours, sinon toujours,

de contusion générale concomitante et d'hémorrhagie consécutive.

La perte primitive de connaissance, et le délire variable qui pré-

cède ou qui suit le retour de la conscience relèvent de la contusidn

générale concomitante. Dans les cas ordinaires, il peut n'exister

aucun symptôme secondaire révélant la lacération. La perte pri-

mitive de conscience peut être remplacée par un état de léthargie

ou d'affaiblissement des perceptions qui, en passant par la somno-

lence aboutit au coma et à la mort. La période primitive est très

souvent suivie d'un trouble ou d'un atlaiblissement mental qui

peut se terminer par la guérison, la démence chronique ou la

mort. Exceptionnellement, la conscience peut demeurer intacte

malgré l'existence d'un déchirement étendu et fatalement mortel.

Il n'y a aucun rapport obligatoire entre les symptômes psychiques

primitifs et le plus ou moins de sévérité du pronostic. La tempéra-

ture est plus élevée dans cette variété de lésions que dans toutes les

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 221

autres, et son élévation rapidement progressive indique une termi-

naison promplement fatale. Il est commun de rencontrer dans

cette forme de traumatisme une sensibilité anormale aux impres-

sions extérieures, qui survit parfois à l'apparition de l'inconscience

terminale, et qui fait défaut dans l'hémorrhagie et dans la contu-

sion. Les convulsions, particulièrement lorsque la lésion intéresse

le lobe frontal ou temporo-sphénoïdal, sont si fréquentes dans les

cas mortels, et si rares dans les autres variétés de traumatismes

intra-craniens, qu'on peut les considérer comme caractéristiques.

Le relâchement des sphincters se rencontre dans toutes les lacéra-

tions étendues, indépendamment de l'abolition de la conscience et

de la perte de la puissance musculaire. Il est rare dans les autres

variétés de lésions traumatiques intra-craniennes, et devient ainsi

presque pathognomonique. Les paralysies beaucoup plus communes

dans les autres lésions, ne peuvent ici aider qu'au diagnostic 'du

siège, après que le diagnostic de la nature du mal a été établi à

l'aide d'autres données. Les pupilles demeurent le plus souvent

normales, et leurs modifications, quand elles existent, sont sans

valeur séméiologique. Sauf complication, ni le pouls, ni la respi-

ration ne changent de caractère, si bien que la persistance de

leur état normal au milieu des désordres concomitants prend

une véritable valeur diagnostique. Les troubles psychiques n'exis-

tent que si les lobes frontaux sont intéressés, mais ils le sont

d'une manière si fréquente que, pratiquement, on peut considérer

ces troubles comme des signes de l'existence d'une lacération. En

somme le diagnostic de lacération cérébrale repose surtout sur la

présence de certaines particularités de température, de troubles

psychiques, du relâchement involontaire des sphincters et de con-

vulsions cloniques. '

Inflammation pyo[Jénique pU1'enc ! ty¡¡¡atellse. Elle est rare, et

sauf le cas de pénétration d'un corps étranger, elle demeure limi-

tée. Les cas observés sont trop nombreux pour qu'on en puisse

déduire les éléments du diagnostic.

En résumé, dans les lésions intra-craniennes d'origine trauma-

tique, les symptômes sont si divers, leurs combinaisons sont si va-

riées, leur durée, quelquefois si courte, qu'il faut une observation

très attentive pour poser le diagnostic avec quelque précision.

Mais si, dans ces lésions, on ne rencontre que peu de symptômes

qui possèdent, intrinsèquement, une valeur pathognomonique, on

en trouve en revanche un assez grand nombre qui, par les rela-

tions réciproques des circonstances dans lesquels ils se manifes-

tent et des moments où ils apparaissent, parviennent à acquérir

cette valeur. R. DE Musgrave-Clay.

XV. SUR LES lésions DE dégénérescence DU SYSTÈME artériel CHEZ

LES ALIÉNÉS, AVEC QUELQUES REMARQUES SUR LA NATURE DE L'Él'EN-

222 REVUE. D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

DYME granuleux; par Cecil-F. Belles. (The Journal of mental

science, janvier 1895.)

L'auteur se propose d'attirer l'attention sur les signes dissé-

minés de dégénérescence artérielle que l'on rencontre à l'autopsie

des aliénés.

Quand on observe les [fous, on est vite frappé de ce fait qu'ils

paraissent généralement beaucoup plus âgés qu'ils ne le sont en

réalité. Ce vieillissement, qui n'est qu'un degré plus ou moins

avancé de déchéance sénile, relève de l'état de nutrition des

tissus, ou, en d'autres termes, des caractères du sang et de l'état

des vaisseaux qui le distribuent. Chez beaucoup d'aliénés, la dégé-

nérescence artérielle est démontrée par la saillie et la dureté des

artères; il n'est pas rare non plus de rencontrer chez eux de

l'hypertrophie ou de la dilatation cardiaque, avec ou sans lésion

valvulaire, ou encore de la simple asthénie cardiaque ou de la sur-

charge graisseuse. La fréquence dans les asiles du mal de Bright,

un état particulier de refroidissement et de cyanose des extré-

mités que l'on trouve souvent chez les déments jeunes et qui se

rattache à la maladie de Raynaud; l'hématome de l'oreille, la

production facile et la guérison lente des ecchymoses, la friabilité

des os et les altérations dentaires sont autant d'indices de troubles

de la nutrition dus à la dégénérescence des artères. Les altéra-

tions viscérales indiquent ordinairement, par leur nature, l'exis-

tence d'une sclérose artério-capillaire généralisée. L'étude des

reins, presque toujours altérés (néphrite chronique interstitielle,

avec rein plus ou moins contracté) est à cet égard particulière-

ment démonstrative.

Le coeur, si l'on prend la peine de l'examiner attentivement,

n'est 'presque jamais sain chez les aliénés; les lésions valvulaires

et artérielles sont communes et le myocarde est souvent flasque

et pâle. La fréquence du coeur gras suffit probablement à expli-

quer les syncopes si communs chez les fous. La rupture du coeur

n'est pas très rare chez eux, et un effort et un exercice violents ne

sont nullement indispensables pour qu'elle se produise.

Les artères de la base du crâne offrent presque toujours des

signes de dégénérescence; leurs parois sont épaissies, opaques et

rendues rigides par des dépôts crayeux, et cela chez des sujets dont

l'âge ne justifie pas ces modifications. D'après Saint-John Bullen,

l'athérome artériel de la base serait cinq fois plus fréquent dans la

démence que dans la paralysie générale, où il le considère d'ail-

leurs comme relativement rare.

Les petites ramifications des artères du cerveau, examinées sur

une coupe micrographique, ne sont presque jamais exemptes de

lésions. La tunique interne est le siège d'une prolifération d'inten-

sité variable, qui peut obstruer simplement ou effacer totalement

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 23

le calibre de l'artériole. La syphilis est la grande cause de ces alté-

rations de la tunique interne. Le plus souvent c'est la tunique

moyenne qui est la plus profondément modifiée. La paroi peut

être épaissie par une prolifération du tissu musculaire et fibreux, ou

bien encore s'infiltrer de graisse, comme dans les artères plus

grosses. Les tissus qui constituent le vaisseau se fondent, prennent

un aspect homogène et les noyaux cellulaires disparaissent; le

cordon vasculaire prend l'aspect d'un chapelet. Des vaisseaux de

moyenne taille, présentant ces anomalies à un degré très accusé,

se rencontrent souvent sous l'épendyme des ventricules, dont ils

soulèvent le revêtement épaissi, donnant ainsi l'illusion d'un état

granuleux.

Les états signalés dans les artères de moyenne taille se ren-

contrent chez les aliénés-jusque dans les plus petites arlérioles ;

mais dans ce dernier cas on observe dans les espaces périvascu-

laires et dans leur voisinage immédiat les amas ordinaires de

petites cellules arrondies; on rencontre souvent aussi, autour

d'elles, de petits épanchements sanguins, ou des amas de pigment

altéré et de petits foyers de ramollissement.

La sclérose des artérioles est toujours suivie d'une hyperplasie du

tissu connectif qui les entoure, paraissant prendre naissance sur la

tunique externe du vaisseau et ayant pour effet de durcir et de

ratatiner l'organe.

Bien que cette remarque s'écarte un peu du sujet, l'auteur tient

à signaler en passant un état pigmenté de la pie-mère qui revêt la

moelle allongée et la région cervicale de la moelle, qui est assez

commun chez les aliénés, et qui, à sa connaissance, n'a pas été

décrit. Cette pigmentation ne parait spécialement liée à aucune

forme d'aliénation, bien qu'elle soit incontestablement plus fré-

quente dans la paralysie générale : elle peut d'ailleurs se rencon-

trer ailleurs que dans les affections mentales.

Quelle est l'explication des phénomènes de dégénérescence arté-

rielle qui viennent d'être indiqués ? Sont-ils primitifs ou secon-

daires ? faut-il voir en eux un des facteurs de la folie ? L'auteur est

d'avis que, dans un certain cas et dans une certaine mesure, les

altérations des artères peuvent être secondaires, mais qu'il y a des

raisons suffisantes pour admettre que souvent elles sont primitives

et précèdent de longtemps l'apparition des troubles mentaux. Il

pense donc que l'état vacuolé et la dégénérescence des cellules

nerveuses peuvent souvent être le résultat d'une insuffisance de la

nutrilion cellulaire due à l'interruption de la distribution sanguine

mal accomplie par des artères obstruées ou malades. A cette lé-

sion, à cette obstruction des artères, on peut trouver bien des

causes, mais la plus importante parait être la toxicité du sang ZD

(alcool, syphilis, ptomaïnes ou autres agents similaires). Ces agents

d'intoxication peuvent assurément exercer une action primitive sur

224 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

la cellule nerveuse, mais ils ne sauraient demeurer sans effet sur l'

les tissus des vaisseaux qui les charrient.

En étudiant les dégénérescences artérielles chez les aliénés, l'au-

teur a eu l'occasion de signaler l'aspect granuleux de l'épendyme

ventriculaire; il se propose en terminant d'indiquer sommaire-

ment la nature histologique des petits corps que l'on trouve ré.

pandus comme des grains de sable fin sur la surface de l'épen-

dyme ventriculaire.

Us ont depuis longtemps été reconnus comme caractérisant un

état de dégénérescence, et ont été l'objet des recherches de

Lockhart-Clarke, Hally Tuke, Clouston, Mielde, Angel Monay, etc.,

qui m'ont donné des descriptions brèves et peu concordantes. Ou

ne les rencontre jamais dans le cerveau normal, mais ils accom-

pagnent des lésions très diverses de cet organe; ils manquent

rarement dans la paralysie générale, mais n'ont pas la valeur d'un

signe caractéristique.

L'auteur pense que ces petits nodules participent de la nature

des petites tumeurs ayant pour cause une lésion irritative, telle

qu'un agent chimique contenu dans les ventricules ou dans le

sang. L'irritation constante de l'épithélium détermine par places

une dégénérescence, et par places une prolifération ; celle-ci peut

se produire de haut en bas et envahir les tissas sous-jacents. La

continuité de la surface se trouve ainsi affaiblie, et le tissu con-

nectif voisin, dérivé de la névroglie et de la tunique externe des

vaisseaux entre en hyperplasie active et pousse vers la surface des

projections verruqueuses. Sous l'influence de ce travail il est naturel

que des cellules épithéliales se trouvent isolées et enchâssées dans

le stroma fibreux. En outre, par suite de la diminution et de l'ap-

pauvrissement de l'apport sanguin le tissu connectif de nouvelle

formation peut dégénérer de bonne heure en un tissu amorphe

plus ou moins granuleux. R. DE MUSGRAVE-CLAY.

XVI. REVUE DE L'INFLUENCE DES facteurs réflexes ET toxiques SUR

LA PRODUCTION DE LA FOLIE Er DE l'ÉPILEPSIE; par SALUT-JOLIS

BULLEN. (The Journal of mental science, avril 1895.)

L'objet de ce travail est de présenter quelques-unes des vues les

plus nouvelles relatives à l'influence des stimulations réflexes et

des agents toxiques sur la folie et l'épilepsie. L'auteur étudie

d'abord les rapports étroits qui existent entre les fonctions du

système nerveux et celles des autres organes ; il insiste ensuite sur

la distinction qu'il convient d'établir entre le délire et l'aliénation

mentale, distinction qui ne peut être solidement basée que sur

l'étude de leurs conditions étiologiques respectives. Au point de

vue clinique, il est impossible de méconnaître que certaines aber-

rations mentales, aiguës ou chroniques, peuvent être provoquées

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 225

par des agents toxiques, engendrés par l'individu lui-même, ou

introduits dans l'organisme, et que, si un agent toxique peut pro-

voquer le délire d'une manière aiguë, son action réitérée peut

donner lieu à des désordres mentaux systématisés. Le surmenage

mental, le surmenage physique peuvent donner lieu à des auto-

intoxications génératrices de la folie. Les recherches dirigées dans

ce sens ont été fréquentes, et sont déjà nombreuses, et l'auteur

résume celles qui ont porté sur la sécrétion ett'excrction urinaires,

sur les auto-intoxications originaires de l'appareil gastro-intestinal

et du foie. Les lésions pulmonaires paraissent moins actives dans

la production des troubles mentaux. Parmi les causes les plus

puissantes au contraire, il faudrait ranger les affections des or-

ganes pelviens chez la femme, ainsi que les états morbides qui se

rattachent à la gestation.

Les causes d'ordre réflexe sont celles qui exercent surtout leur

influence sur la production des épilepsies, car on peut encore se

demander si la circulation des agents toxiques dans le sang est

capable de produire l'épilepsie vraie, comme elle l'est assurément

de produire l'éclampsie; d'autre part, il faut se souvenir que beau-

coup de réflexes pathologiques ont une origine toxémique, bien

que beaucoup d'auteurs estiment qu'il n'en est ainsi que chez les

sujets mentalement prédisposés. L'auteur énumère ensuite les

divers points d'où peuvent partir les stimulations réflexes généra-

trices de l'épilepsie vraie; les sources les plus ordinaires de ces

réflexes épileptogènes sont les troubles de l'appareil de la vision,

les affections de l'oreille, du nez, des dents, enfin et surtout les

lésions des organes génitaux chez l'homme. R. M. C.

XVII. Li VALEUR DE LA MÉTHODE DE FREXKEL DANS LE TRAITEMENT DU

tabès dorsal ; par DE 13EcaTEREW. (Neurolog. Ce>atralbl., XIII,

1894.)

Cette méthode produit dans presque tous les cas une améliora-

tion plus ou moins notable des mouvements ; quelquefois, au bout

d'un mois et demi, il y a un brillant résultat. On pratique des

séances quotidiennes de trente minutes, excepté les premières,

afin d'éviter de fatiguer le malade; les pieds sont massés après

chaque séance, pour faciliter la circulation des déchets qui pro-

viennent de la fatigue et relever la nutrition du muscle.

En somme : 1° amélioration remarquable de l'ataxie ; 3" les

exercices musculaires prudents augmentent et relèvent la force

musculaire des extrémités malades; 3° les exercices sous le con-

trôle de la volonté des patients améliorent la coordination motrice;

4° les malades reprennent de la confiance en eux; Sa le sens mus-

culaire se rétablit; le signe de Romberg s'atténue, mais les signes

d'Argyll Robertson et de Westphal subsistent tels quels. P. K.

ABCIIIVE9. 2" série, t. I. 15 5

226 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

XVIII. Application DES étincelles DES bobines D'INDUCTION OUVERTES

A DES USAGES DIAGNOSTIQUES ET THÉRAPEUTIQUES; par M. STERNBERG.

(uelcrolog. Centralbl., XIV, 1895.)

Si l'on met en communication avec la terre l'extrémité du second

circuit d'un appareil d'induction, l'autre extrémité projette de

fortes étincelles émanant du courant de l'ouverture du circuit, ces

étincelles ont tout à fait les mêmes propriétés que celles d'une

machine statique ou d'une bouteille de Leyde. En se servant d'ar-

matures appropriées on dirige sur un point déterminé de la peau

des étincelles longues de 1 à 2 millimètres; on limite ainsi la zone

d'analgésie que l'on peut rencontrer sans avoir les inconvénients

des piqûres d'épingles. Si au contraire l'opérateur saisit de la main

gauche une électrode plate humide en contact avec l'extrémité

conductrice du second circuit, et qu'il place sa main droite sèche,

dont la paume est dirigée vers le malade, à un demi-millimètre

ou un millimètre de distance de l'endroit à électriser, le malade

reçoit une myriade de petites étincelles, en uu mot une douche

électrique excellente dans les céphalalgies des neurasthéniques, des

chlorotiques, des tumeurs cérébrales. P. K.

XIX. DE l'influence DE l'écorce DU cerveau SUR l'acte DE la

DÉGLUTITION ET LA RESPIRATION; par W. DE BeCHTEREW et P. DE

OST.aNBON. (Veurolog. Cent1'albl., XIII, 1894.)

Expériences sur le chien. - Le centre de la déglutition occupe le

segment antérieur de la deuxième circonvolution, en dehors de la

circonvolution sigmoïde, à l'extrémité antéro-externe du deuxième

sillon. L'excitation de l'extrémité antéro-externe de la deuxième

circonvolution (Landois), immédiatement au-dessus du centre des

mouvements de la déglutition, accélère la respiration en prolon-

geant la phase expiratoire. Assez souvent cette dyspnée expiratoire

est suivie d'un mouvement de déglutition, ce qui prouve l'extrême

vicinité des deux centres. P. K. -

XX. CONTRIBUTION A la question DE L'INFLUENCE DE l'écorce CÉRÉ-

BRALE ET DES COUCHES OPTIQUES SUR LES mouvements DE la DÉGLU-

TITION ; par W. DE Bechterew. (Neurolg. Centralbl., XIII, in4.)

Réthi a trouvé chez le lapin un seul centre cortical situé en

avant et en dehors du centre cortical des extrémités, dont l'exci-

tation produit des mouvements de mastication, suivis de l'acte de

la déglutition. Si voisin que soit, chez le .chien, dans l'écorce, le

centre de la déglutition de celui des mouvements des maxillaires

et de la langue, de celui de l'angle buccal, de celui de l'ouverture

de la gueule, il n'est pas encore possible de les réunir en un seul

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 227

centre. Le centre de coordination des mouvements nécessaires à

l'opération de manger serait la couche optique (Réthi). M. de

Bechterew trouve dans les couches optiques un centre pour les

mouvements de l'estomac et de l'intestin ; elles sont bien le lieu

où prennent naissance l'ensemble des mouvements nécessaires à

la nutrition de l'organisme, depuis ceux de la mastication et de la

déglutition, jusques et y compris ceux de l'intestin. P. K.

XXI. DE la craniotonoscopie ET DE sa valeur clinique ; par

W. lIIULIANJ131f. (Neurolog. Ceatnal6l., XIII, 1894.)

Appareil et méthode de Gabritschewsky, appareil de Bechterew.

On prendra soin de couper courts les cheveux du malade; quand

on placera le pavillon du stéthoscope dans la bouche dn malade, il

devra respirer le plus doucement possible ; on veillera à bien placer

le diapason sur des points symétriques du crâne en donnant à ses

vibrations la même intensité chaque fois. On comparera bien exac-

tement l'auscultation de points précisément symétriques; on écou-

tera deux fois à chaque mise en branle du diapason, et l'on appré-

ciera les différences minimes de son perçues. Dans ces conditions,

voici ce que l'on peut dire :

1° Les points symétriques du crâne rendent des tons toujours

égaux, quels que soient l'âge, l'épaisseur des os, la forme du crâne,

sauf erreur pour les crânes très obliques non encore examinés ;

2° au sur et à mesure que l'on déplace le diapason, du front à

l'occiput, le son des vibrations transmis par les os du crâne et

ausculté par la bouche s'affaiblit, mais non uniformément; il y a

des transitions brusques à la limite du frontal et du pariétal, entre

le pariétal et l'occipital; au niveau des sutures le son est un peu

plus étouffé. Il y a affaiblissement des tonalités en certaines zones

du crâne; voici par exemple un ton éclatant au niveau du frontal ;

nous le trouvons plus obscur dans la moitié antérieure du pa-

riétal, à la base de l'apophyse mastoïde, tout le long des os de la

face, dans la région du sinus frontal ; un second degré d'obscu-

rité se constate au niveau de la moitié postérieure des pariétaux,

de l'occipital, des prolongements des apophyses mastoïdes ; un

troisième degré d'obscurité se manifeste sur les vertèbres cra-

niennes, les tempes et le reste du temporal à l'exception de l'apo-

physe mastoide.

Le son peut-il être masqué ou affaibli par des lésions intra-

craniennes, ou par des lésions des os du crâne. Des expériences

établies par l'auteur et rapprochées d'études cliniques ont indiqué

à M. Murawjetf que la craniotonoscopie ne permet pas de dia-

gnostiquer les lésions intra-craniennes. Mais elle permet de dia-

guostiquer les altérations des os du crâne; moins l'os est compact

(suppuration et carie, maladie de Menière, tumeurs des os), moins

: 28 REVUE d'anatomie ET DE physiologie PATHOLOGIQUES.

bien le son est conduit; mais il faut faire la part de l'état des

parties molles qui recouvrent les os, leur atrophie étant en rapport

avec une perception plus nette du son du diapason du côté atro-

phié, leur augmentation de volume au contraire obnubilant le

son dans cette région. P. Keraval.

XXII. DE l'atrophie musculaire dégénérative dans la paralysie

PROGRESSIVE; par A. HocHE. (Aelii-010g. Cent·albl., XIII, 1894.)

Il s'agit de deux observations, dont l'une avec autopsie, qui témoi-

gnent de l'existence d'atrophies musculaires, malgré l'intégrité

des cornes antérieures et des nerfs périphériques. Ces atrophies, de

par leur siège et leur répartition, se distinguent de l'atrophie ordi-

naire de la paralysie générale, et, par la netteté des altérations

qualitatives de l'excitabilité galvanique, de l'atrophie lente tabé-

tique. M. Hoche discute à ce sujet l'opinion de Nageotte pour qui

la paralysie générale n'est qu'une forme de tabès, ou le tabes une

forme fruste de paralysie générale. P. K.

XXIII. UNE gomme dans la RÉGION DES tubercules quadrijumeaux;

par G. ILllERG. (Archio. f. Psychillt., XXVI, 2.)

Observation avec autopsie. Céphalée, vertiges, insomnie, démar-

che ataxique, dysarthrie, accidents spasmodiques. Lésions multi-

ples : leptoméniugite cérébro-spinale, hémorragies dans la subs-

tance grise, dégénérescences dans la substance blanche, névrite de

plusieurs nerfs rachidiens et de presque tous les nerfs crâniens ;

vaisseaux athéromateux , stigmates syphilitiques de plusieurs

organes; hydrocéphalie interne; gomme dans les tubercules qua-

drijumeaux. P. K.

XXIV. LES faisceaux sensitifs DE la moelle d'après LES recherches

DE M. F. IIOLZINGER ; par W. DE Bechterew. (Nelcrolog. Centralbl.,

XIII, 1894.) .

Expériences sur des chiens; section de la moelle dorsale (au

niveau des troisième et quatrième vertèbres) ; contrôle micros-

copique.

L'hémisection produit une diminution bilatérale de la sensibilité

des régions sous-jacentes; mais cette perturbation disparaît au bout

de quelques jours. La section des cordons postérieurs et de la

substance grise avec les cordons antérieurs ne donne pas d'anal-

gésie, pas plus que la section de la partie antérieure de la moelle,

c'est-à-dire de l'ensemble des cordons antérieurs, de la partie anté-

rieure des cordons latéraux et d'une partie des cornes antérieures.

La section isolée, à l'aide du couteau de de Groefe, de la couche

REVUE d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques. 229

limitante de substance grise d'un côté ou de l'autre, reste sans

résultats. Pour qu'il se produise de l'analgésie, il faut sectionner

les deux cordons latéraux ou la moitié postérieure de la moelle, et,

encore, dans ce dernier cas, faut-il que la limite antérieure de la

coupe se trouve un peu en avant des faisceaux pyramidaux; si la

destruction de la partie postérieure de la moelle ou des cordons

latéraux est peu profonde, il n'y a pas de perte complète de la sen-

sibilité à la douleur. L'anesthésie tactile et la perte du sens mus-

culaire surviennent quand il y a codestruction des cordons posté-

rieurs. La section des cordons postérieurs, au niveau indiqué, pro-

duit de l'ataxie dans les extrémités postérieures. P. K.

XXV. DE CE QUE L'ON appelle LES granulations DES CELLULES

nerveuses; par F. NtssL. (Neurolog. Centl'albl., XIII, 189r.)

Etude microchimique des plus importantes des cellules, avec

magnifiques dessins; dissection chimique des éléments composants

des cellules; discussion avec Rosin.

Conclusions. - Si nous caractérisons l'une des parties fondamen-

tales du corps de la cellule, en disant qu'elle a une forme (appa-

rente), c'est-à-dire qu'elle est colorable, et si nous établissons qu'il

existe une seconde partie constitutive du même corps cellulaire

qui, elle, n'a pas de forme (apparente), c'est-à-dire n'est pas colo-

rable, nous arrivons alors à dénommer chacun des éléments mor-

phologiques. Les composants de la partie constitutive colorable

seront, suivant les figures qu'iis affectent : des granulations, des

filaments de granulations, des séries et des groupes de granula-

tions, des fils de telle ou telle composition. Les grosses portions

de substance seront des corpuscules à désignation typique et

s'appelleront : fuseaux, coiffes, cônes, selon les dessins qu'elles

figurent. · '

Ce sera la meilleure terminologie pour les éléments morpho-

logiques du corps cellulaire. P. K.

XXVI. DE la circulation DES régions DE la protubérance et DU

pédoncule cérébral, ET EN particulier DU noyau DE L'OCULO-110-

TEUR commun ; par S. SHIMAMURA. (Neurolog. Centralbl., XIII,

1894.)

Etudes analogues à celles de Duret et Ileubiier pour le cerveau.

L'auteur étudie successivement les grosses artères des régions pé-

donculaires et protubérantielles, les petites branches artérielles de

la région pédonculaire occupant le côté externe, et pénètre ensuite

dans la profondeur.

«Comme partout ailleurs, dit-il, les régions qui possèdent de

la substance grise, sont bien plus riches en vaisseaux que celles

230 REVUE d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques.

qui, presque exclusivement, sont occupées par de la substance

blanche. Les parties qui sont sur la ligne médiane sont alimentées

par les branches qui proviennent des artères à direction antéro-

postérieure, longeant la ligne médiane. Les parties latérales, y

compris les tubercules quadrijumeaux, sont alimentées par les

rameaux qui proviennent des vaisseaux contournant d'avant en

arrière la protubérance et les pédoncules cérébraux. Toutefois il

existe des districts vasculaires bien séparés. »

C'est ce que montrent les coupes transverses et perpendiculaires

à travers les pédoncules cérébraux et les tubercules quadrijumeaux

antérieurs. A la base du cerveau, du point où les artères céré-

brales postérieures s'abouchent dans la basilaire, partent nombre

de petits vaisseaux, dans l'angle même où les pédoncules cérébraux

touchent à la face antérieure de la protubérance ; de même les

branches intercrurales, provenant des communicantes postérieures,

convergent vers la ligne médiane du trigone. Toutes ces branches

dans le sillon intercrural forment un cône qui pénètre la substance

nerveuse où sur une étendue plus ou moins longue elles dessinent

un éventail qui divergent d'avant en arrière. Deux d'entre elles,

plus fortes, se dirigent le long de la ligne médiane jusqu'à l'aque-

duc de Sylvius, où, de chaque côté, elles dessinent un arc qui

gagne le bord externe et se résolvent en rameaux terminaux. Dans

la protubérance, de ces deux branches médianes partent, à cer-

taines distances, des rameaux affectant la direction perpendicu-

laire. De ces rameaux-là, dans la région pédonculaire se détachent

des branches médianes sous des angles aigus ou droits. De sorte

qu'il n'y a pas de distribution vasculaire étagée.

Les rameaux qui se détachent sous un angle aigu se rendent :

1° à la partie médiane de la substance noire de Soemmering ; 2° aux

pédoncules cérébelleux supérieurs, et, transversalement, aux noyaux

rouges de la calotte ; 3° à la région du faisceau longitudinal posté-

rieur ; 4° au noyau de l'oculomoteur commun.

Chaque hémisphère, droit ou gauche, est alimenté par les vais-

seaux du même côté. Il n'y a pas d'anastomoses entre les dislricls

vasculaires qui existent des deux côtés de la ligne médiane, et

ceux qui occupent les parties latérales el postérieures c'est-à-dire

les tubercules quadrijumeaux. Il n'y a pas de vaisseaux unissant

les vaisseaux des parties latérales et médianes de la région des

pédoncules cérébraux. La partie médiane du côté où l'on a fait

l'injection est très bien injectée ; la partie médiane de l'autre côté

est peu injectée ; l'injection ne pénètre pas ailleurs, ni dans la

partie postérieure (tubercules quadrijumeaux). La sphère vascu-

laire médiane, injectée, a la forme d'un triangle à base vers le

pied du pédoncule cérébral,' à angle dirigé vers l'aqueduc de Sylvius

c'est-à-dire qu'en avant elle est élargie et qu'elle se rétrécit vers

l'aqueduc. Il est impossible d'établir sans aucun doute qu'il y ait

REVUE d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques. 231

des anastomoses d'un côté à l'autre. Il est probable qu'entre les

vaisseaux de la région médiane d'un côté et de la région médiane

de l'autre côté il y a des vaisseaux très fins qui établissent une '

communication entre le vaisseau médian d'un côté et le vaissean

médian de l'autre; mais, dans le pédoncule cérébral même, il n'y

a pas d'anastomoses entre les deux districts vasculaires. Il n'y a pas

non plus d'union vasculaire entre la partie médiane et la partie

latérale d'une part, ni entre la partie médiane et la partie posté-

rieure d'autre part ; le territoire vasculaire situé à côté de la ligne

médiane est donc un territoire autonome et isolé.

On remarque que la région del'oczclo-n : otezar commun est celle qui

est le plus fréquemment visitée par un processus pathologique

direct ou indirect. Or, cette région occupe à peu près la place du

cerveau où les ondes sanguines de la carotide et de la vertébrale

viennent se choquer ; de plus, tous les vaisseaux qui finalement se

résolvent dans ce noyau en rameaux terminaux, montent presque

perpendiculairement de la base en arrière et ces vaisseaux sont

des artères terminales ; le noyau de l'oculo-moteur commun ne

reçoit donc son sang que de ces vaisseaux. Voilà trois conditions

défavorables expliquant pourquoi le noyau de l'oculo-moteur

commun est si fréquemment le siège de lésions et pourquoi beau-

coup d'affections du système nerveux central se traduisent à leur

début par des symptômes en rapport avec l'altération du territoire

des parties animées par i'oculo-moteur commun. P. KERAVAL.

XXVII. DES fibres MYOSIGLVES ; par W. DE BECHTEREIv

(lveurolog. Centralbl, XIII, 1894.)

L'expérimentation a révélé chez les oiseaux l'existence dans le

chiasma de fibres optiques et de fibres pupillaires entre-croisées ;

celles-ci parcourent un certain trajet avec la bandelette optique

dans l'hémisphère cérébral opposé, mais elles s'en séparent avant

d'entrer dans la région du tubercule bijumeau et se dirigent en

dedans pour gagner directement la région du noyau de l'oculo-

moteur commun. Chez les chiens, il y a très probablement entre-

croisement incomplet des fibres pupillaires dans le chiasma; elles

se séparent des fibres optiques non immédiatement en arrière du

chiasma, mais dans le trajet ultérieur de la bandelette optique.

Il existe des fibres pupillaires dans la commissure postérieure.

Nombre de faits pathologiques confirment que des fibres pupillaires

marchent séparées des fibres optiques sur une certaine étendue du

segment centripète de l'arc réflexe ; telle la cécité totale avec con-

servation de la réaction à la lumière, après la destruction des

tubercules quadrijumeaux. Les cas dans lesquels il y a immobilité

réflexe des pupilles avec conservation de la réaction à l'accommo-

dation (tabes et paralysie générale), et ceux de la perte unilatérale

232 REVUE d'anatomie ET DE physiologie pathologiques.

de la réaction lumineuse directe, peuvent s'expliquer par des lésions

qui atteignent le segment centripète les fibres pupillaires, dans le

'trajet où elles sont justement séparées des fibres optiques. Travaux

-sur ce segment de Gudden, Darkschewitsch, Flechsig, Bogrow.

P. K.

XXVIII. SUR UNE NOUVELLE MÉTHODE DE recherches dans LES CENTRES

nerveux, EN particulier pour localiser LES CELLULES nerveuses ;

par F. NISSL (Cent1'¡¡liJ ! . f. Newenheilk., N. F. V., 1894.)

Il s'agit 1° de supprimer les relations directes (musculaires ou

sensorielles) des cellules nerveuses avec leur organe terminal, chez

un animal adulte ou demi-adulte; il en résultera une altération

régressive de ces éléments; 2° d'enlever un centre nerveux des

organes centraux ou de couper les faisceaux qui sortent de ce

centre; dans les cellules nerveuses du centre le plus voisin de celui

qui dépend le plus directement du premier, il s'effectuera une

altération régressive qui, dans les premières semaines, ne dépas-

sera pas le centre le plus voisin ; 3° la régression variera suivant

la forme de la cellule; d'une manière générale, il s'agira d'abord

d'une tuméfaction du corps cellulaire et de modifications toutes

particulières des portions du protoplasma colorables ; puis, pour

quelques formes de cellules, de phénomènes spécifiques dans le

noyau de la cellule ; c'est ce qu'on constate quand on emploie une

méthode convenable, dans les huit à quinze jours qui suivent

l'intervention opératoire; 4° enfin la loi est que dès que les cellules

nerveuses des centres sont directement atteintes par un agent

nocif, elles régressent, tandis que les cellules de la névroglie du

pourtour subissent une altération progressive quel que soit l'agent

nocif. Voici comment réagit la cellule de la névroglie ; son proto-

plasme ou corps cellulaire se déplisse et sécrète, alors que jusque-

là il résistait aux agents colorants, il devient visible et la cellule

prolifère par voie de karyokinèse (Weigert). Pour qu'on observe

celte compensation entre la régression de la cellule nerveuse et'la

progression de la cellule névroglique, il faut que l'agent nocif ait

uniquement lésé les éléments spécifiques des centres nerveux,

c'est-à-dire la cellule et les fibres nerveuses. Combinaison de la

méthode de Marchi et de Gudden aux éludes micro-chimiques de

Nissl. P. K.

XXIX. CONTRIBUTION A l'anatomie pathologique DE la commotion

CÉRÉBRO-SPINALE ; par G. BiKELES. (Celtlralbl. fi. Nrvenheilk.,

Ir. V. 1891.)

Avec un marteau de Skoda, on frappe sur la tête des cochons

d'Inde jusqu'à produire de petites convulsions épileptiformes, soit

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 233

un seul coup, soit plusieurs coups à plusieurs reprises. Puis on

obtient chez eux soit une extrême maladresse dans les mouve-

ments, soit des parésies avec convulsions tono-cloniques persis-

tantes. Quelques semaines plus tard, on les tue et on examine le

système nerveux central. Dans ces conditions on constate qu'un

traumatisme localisé peut déterminer des altérations étendues à

travers tout le système nerveux central, mais celles-ci échappent à

la plupart des méthodes d'examen ; or ce sont elles qui constituent

le substratum de bien des névroses traumatiques, dites fonction-

nelles.

I. Le traumatisme détermine, non seulement une tuméfaction

des cylindraxes, mais une tuméfaction très marquée des gaines

myéliniques (névrites dégônératives traumatiques), et cela en des

endroits qui ne peuvent avoir été atteints qu'indirectement et non

par l'action du contre-coup; il est prohable qu'il y a eu aussi lésion

des cellules, mais on ne possède point de réaction sensible et facile

pour déceler ces fines altérations de structure ; la méthode de Nissl

même est impuissante. La commotion cérébrale provoque donc des

lésions étendues des fibres nerveuses à myéline de tout le système

nerveux central. IL La commotion de la moelle se traduit par des

foyers de ramollissement survenant après le traumatisme et qui

sont la conséquence directe de la déchéance de la substance ner-

veuse (sans hémorragies préalables), parle choc; il y a dégénéres-

cence traumatique, puis régénérescence, les symptômes disparais-

sent après un temps plus ou moins long. La névrose traumatique à

symptômes spécialement graves prend son origine dans l'atteinte

plus vive de certains systèmes de fibres que d'autres. L'hystérie

post-traumatiqueaprès commotion violente de la moelleabel etbien

pour substratum réel et non occasionnel ces lésions des fibres

nerveuses à myéline qui se propagent si loin, bien qu'on évite de

parler d'une déchéance des éléments nerveux et qu'on se rallie à

l'idée d'une diminution des fonctions, d'une réduction de l'énergie

du travail fonctionnel. P. KERAVAL.

XXX. Contribution A la question DU POLYMORPHISME DES réactions DE

divers nerfs ou DE leurs terminaisons A L'éc \Rd d'une même

excitation; pal' 111.LEVy-DoR¡'¡. (Centralbl. f. Ne1'venheilk, XVII, NF.

V. 189'r. )

Etude de l'excitabilité thermique. On prend pour sujet d'expé-

rience le chat, qui sue, comme on sait fort bien, au niveau des

coussinets des pattes. Ou sectionne un sciatique, on fait passer le

bout périphérique de ce nerf par un tuyau mince de cuivre laminé

long de 3 centimètres. Si l'on fait an i ver dans ce tuyau de l'eau

chaude à 49°, on ne tarde pas à voir perler des gouttes de sueur v

la paume des pattes du chat; ce premier résultat obtenu, on obtien-

33k REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

dra les mêmes résultats en employant des températures moindres

(47° par exemple) ; il ne faudra pas monter à plus de 52° sous

peine d'altérer le nerf. On constate tout près de la paume de la

patte une élévation thermique de la peau, c'est-à-dire une dilata-

tion vasculaire. Il est donc très probable que la dilatation s'étend

également aux vaisseaux des glandes sudoripares tant que la sécré-

tion s'opère, si l'on en juge d'après les glandes salivaires dont la

circulation est directement accessible à l'oeil. L'intervention de

l'action réflexe est écartée, car, après la section du sciatique, on a

beau agir violemment sur les centres sudoripares, même par la

dyspnée, sur les nerfs sensitifs par la faradisation, on n'arrive pas

à faire suer la paume de la patte. On n'obtient pas non plus la

sudation quand on met le tuyau calorigène à côté du nerf au lieu

d'introduire celui-ci dans celui-là. La chaleur peut donc exciter de

vrais nerfs centrifuges et produire ainsi la mise en.'activité des cel-

lules glandulaires. P. K.

XXXI. I)E LA CIRCULATION DU SANG DANS LE CERVEAU PENDANT LES

accès D'ÉPILEPSIE expérimentale; par W. DE Bechterew. (1\'eu ? ,ol.

Centmbl., XIII, 1894.)

Etudes expérimentales de Todorshi; après avoir relevé la pres-

sion artérielle dans les mêmes conditions (t1'eurolog. Centralbl, 1891;

Archives de Neurologie), il s'est adressé à la pression veineuse et à

celle du liquide céphalo-rachidien, pendant qu'on excite l'écorce

de la région motrice du chien au courant induit ou à l'essence

d'absinthe. Ces études ont été faites au moyen du manomètre à

eau, des ballons et du tambour de Marey ou du manomètre de

Welischaïnow. Il en résulte que pendant les accès d'épilepsie, le

sang artériel afflue en quantité prodigieuse au cerveau.

- P. K.

XXXII. SUR LES oscillations périodiques DES FONCTIONS DE l'écorce

cérébrale; par H. Stern. (Arch. sur Psychiatrie und Neroenkrank-

*,heiten-, t. XXVII, 1, 3, 1895.)

L'âil,téüï' étudié ' trois malades chez lesquels les opératious intel-

·le,e,tuelles, la sensibilité dans tous les modes, la mobilité ne s'exer-

Ç âlién 1-1-às', .domine à l'état normal, d'une façon continue, mais

présentaient à-dcg'inlervalles courts, plus ou moins réguliers, des

défaillances. Pendant ces périodes de défaillance, on constatait une

diminution de la sensibilité dans tous les modes, une parésie avec

ataxie des muscles de la vie de relation et une diminution de

facultés intellectuelles.

Chez tous les malades, ces oscillations se sont montrées à la

suite d'une lésion traumatique de la tête. Le premier présentait

REVUE d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques. 235

au début de signes non douteux d'une lésion cérébrale localisée.

Chez les deux autres, on n'observait que des symptômes généraux

consécutifs au choc traumatique.

La durée des défaillances variait entre trois et vingt-quatre se-

condes suivant l'époque de l'examen, la fonction examinée, etc.

Les périodes de fonctionnement normal ou temps intermédiaires

étaient de deux à quarante-quatre secondes.

Un examen du malade pendant un temps intermédiaire ne révé-

lait rien d'anormal; mais si on prolongeait l'examen au delà de

la durée de ce temps intermédiaire, une défaillance survenait et

on était tout étonné du changement brusque dans les résultats

obtenus. Cette défaillance de quelques secondes passée, tout rede-

venait normal et ainsi de suite..

Il faut remarquer avec l'auteur que ces défaillances n'avaient

rien de commun avec ce qu'on désigne sous le nom de phénomènes

de fatigue. Pendant les défaillances, la sensibilité tactile, la sensi-

bilité à la douleur, à la chaleur et au froid, le sentiment d'effort,

la notion de position étant diminuée ou abolie. Le malade ne sen-

tait pas, par exemple, le contact de la glace.

L'acuité visuelle était très faible et par moments la vue était

complètement brouillée « un rétrécissement du champ visuel avec

des particularités qui, d'après Charcot, sont caractéristiques de

l'hystérie », a été observé et étudié à plusieurs reprises pendant

les défaillances.

L'ouïe, le goût etl'odorat étaient très affaiblis; la force dynamo-

métrique, inférieure à la normale; la démarche ataxique. La res-

piration irrégulière rappelait, par son rythme, celle de Cheyne-

Stockes. Les réactions psychiques étaient retardées, les plus simples

opérations intellectuelles rendues difficiles, la mémoire défectueuse,

la parole embarrassée, l'écriture incertaine et maladroite.

Pas de troubles psychiques, conscience intacte. Pour expliquer

les défaillance, l'auteur admet l'hypothèse d'un trouble périodique

des fonctions de l'écorce, de nature probablement vasculaire.

Aucun cas de ce genre n'a été publié jusq ? i,c ? t : r ? 11>.;......"

-' .xi ' r'r ? t ?

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XXXIII. Examen par la méthode DE GOLGIr16;. NERFS I : <iTRA-TllV RQ,L ? ,

DIENS DANS UN CAS DE GOITRE EJOPIiTALM f Cl r .... ?

DIENS DANS UN CAS DE GOITRE EXOPHTALMIQ 'Ii.¡ '¡.i\fl'<Cbofl ? \ ?

On s'accorde à considérer les lésious du corps thyroïde comme

étant la règle dans la maladie de Basedow : l'état des vésicules et

de leur contenu, des travées conjonctives qui les séparent, des vais-

seaux lymphatiques, a été étudié par un grand nombre d'auteurs :

les nerfs, au contraire, n'ont point encore attiré l'attention, quoi-

qu'on ait plusieurs fois attribué à l'affection une origine nerveuse.

L'auteur, en examinant une glande thyroïde exophtalmique par la

236 REVUE DE thérapeutique.

méthode de Golgi, a vu que les nerfs n'y manquent ni plus ni

moins que dans une thyroïde saine. Sur certains points, les termi-

naisons nerveuses sur la paroi d'une inouïe vésicule thyroïdienne

étaient plus nombreuses que ne le signale Anderson sur les thyroï-

~des normales. Autant que permet de le dire la méthode employée,

les nerfs paraissaient sains. (Revue de Neurologie, septembre 1893.)

E. BLIN.

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

I. Contribution A l'étude DE la question DE la castration ; par le

Dr IRAE3LER. (Allg. Zeitschr. f. Psychiatrie, t. LU, f. 1, 1895,

p. 1-74.) ,

Dans ce long mémoire, l'auteur étudie la question, si contro-

versée depuis une vingtaine d'années, de la valeur de la castra-

lion dans le traitement des maladies du système nerveux. Rare-

ment on a vu des opinions'aussi contradictoires : les uns considé-

rant la castration comme indiquée dans nombre d'affections

nerveuses et psychiques; les autres déclarant, avec Spencer Wells

que l'ovariotomie, pratiquée chez les femmes atteintes d'irrita-

bilité nerveuse, de nymphomanie et d'aliénation mentale, était

un * crime contre la société et un déshonneur pour le corps mé-

dical ». L'auteur a recueilli dans la littérature plus de trois cents

cas d'opérations portant sur les ovaires et sur les annexes entre-

prises dans le but de guérir des névroses ou des psychoses. De ces

trois cents cas, deux cents ont été suivis d'un résultat favorable;

cent n'ont donné aucune amélioration, ou seulement une amélio-

ration douteuse, ou même ont eu des conséquences fâcheuses. Il y

aurait donc à la suite de l'opération de la castration 70 p. 100 de

cas de guérison ou d'amélioration et seulement 30 p. 100 d'échecs,

c'est-à-dire que l'intervention chirurgicale réussirait dans les deux

tiers des cas. Sans insister sur ces résultats fournis par la statis-

tique, l'auteur fait remarquer qu'il faut tenir compte de la gravité

des cas dans lesquels on a eu recours à la castration : il s'agit, le

plus souvent, de femmes dont l'état physique et psychique était très

compromis et pour lesquelles on avait porté un pronostic défavo-

rable. Les cas de guérison ou d'amélioration - et il en est d'au-

thentiques sont donc encourageants. En outre, dans un certain

nombre de cas désespérés, on sera toujours en droit, en dépit des

/ REVUE DE thérapeutique. ? 31 Î

insuccès, de faire bénéficier la malade des chances favorables

d'une intervention chirurgicale, puisque l'on sait que des troubles

nerveux ou psychiques graves ont été guéris ou se sont amendés

grâce à un traitement gynécologique. Enfin il ne faut pas fonder

sur les résultats de l'intervention des espérances trop vastes; il

faut ne pas être trop exigeant. Nombre d'interventions chirurgi-

cales ne déterminent que des améliorations, ou laissent après elles

des troubles fonctionnels plus ou moins pénibles, et cependant on

ne s'appuie pas sur ces faits pour interdire au chirurgien d'inter-

venir. Seule l'ovariotomie ne devrait pas être suivie de troubles de

ce genre. On oublie que cette opération détermine une méno-

pause artificielle, qui peut être l'occasion de l'apparition de mani-

festations nerveuses. On a reproché encore à l'ovariotomie d'avoir

transformé des femmes, jusque-là normales, en névropathes, en

hystériques, en aliénées, et l'on en conclut que cette opération,

qui peut provoquer des psychoses, n'est pas de nature à guérir ces

mêmes troubles. Mais on sait que toute opération chirurgicale, et

non pas seulement l'ovariotomie, peut déterminer l'apparition de

névroses et de.psychoses. Il en est de même du shok, de l'action

du chloroforme, des émotions dues à l'opération. On a été enfin

jusqu'à incriminer l'ovariotomie quand celle-ci avait été suivie,

après plusieurs années, d'une psychose. On a prétendu que la cas-

tration pouvait, à ce point de vue, avoir de funestes résultats chez

les prédisposées. Il est démontré au contraire, par de nombreux

exemples, que des femmes prédisposées ont été améliorées ou gué-

ries par l'opération. C'est précisément chez ces prédisposées que la

castration peut être utile, en empêchant la conception et les accou-

chements ultérieurs qui sont souvent chez ces femmes la cause de

troubles du système nerveux.

Certains auteurs ont attribué les cas de castration suivis d'échecs

à ce fait que l'on avait extirpé les ovaires seulement et non les

trompes qui sont, elles aussi, souvent lésées. Cette explication

serait confirmée par les cas dansjesquels l'ovariotomie ayant été

suivie d'une extirpation des annexes, cette seconde opération a

ramené la guérison. Il faut donc en général enlever les an-

nexes.

Il faut tenir compte encore, pour apprécier à leur valeur les

échecs que l'on impute à la castration, des cas dans lesquels celle-ci

a été pratiquée par suite d'indications erronées.

Les Américains et certains Allemands (Schramm, Schroeder)

enlèvent les ovaires même si ces organes ne présentent pas de

signes d'altérations : il leur suffit que les troubles génitaux aient

joué un rôle dans le développement de la maladie. Les symptômes

à eux seuls constituent une indication suffisante. On peut d'ailleurs

admettre que des ovaires, sains d'apparence, présentent néanmoins

des altérations maladives, à un degré plus ou moins accentué. On

238 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

sait aussi que, dans nombre de cas, des organes ne paraissant

point altérés ont pu provoquer des troubles nerveux accusés,

tandis que des lésions considérables (tumeurs, etc.), sont restées

silencieuses. -

~ Certains auteurs ont soutenu que les troubles de l'appareil

génital n'étaient que la conséquence d'une psychose, d'un état de

souffrance du système nerveux central, qui déterminait des modi-

fications de structure dans les organes génitaux; ils ont cru devoir

par suite condamner non seulement l'ovariotomie chez les aliénées,

mais encore tout examen gynécologique.

On n'admet sans doute plus aujourd'hui que l'hystérie ait son

siège dans les ovaires, pas plus que l'épilepsie réflexe ou les né-

vroses réflexes n'ont leur siège dans les organes qui provoquent

l'accès. Mais il n'en est pas moins vrai que des processus mor-

bides de l'appareil génital et en particulier de l'ovaire, peuvent

retentir sur le système nerveux central, et que cette influence péri-

phérique fâcheuse peut être supprimée par l'ablation de l'organe

d'où part l'excitation.

Ce n'est que dans des cas exceptionnels qu'il est possible d'invo-

quer, pour l'expliquer l'apparition d'une psychose, une cause

unique. Habituellement les facteurs sont complexes. La prédispo-

sition psychopathique du sujet est sans doute la cause principale,

tandis que la maladie de l'appareil sexuel n'est qu'une cause occa-

sionnelle ; mais la thérapeutique doit agir sur ces causes occasion-

nelles.

On a prétendu que la castration ne déterminait par elle-même

ni guérison, ni amélioration : elle agirait par voie psychique.

Israël prétend avoir guéri une malade à qui il pratiqua une simple

incision abdominale tout en lui disant qu'il avait extirpé les ovaires.

Mais Hagar a démontré qu'il n'y avait pas eu guérison.

A quel moment doit-on pratiquer la castration ? La plupart des

auteurs recommandent de n'y avoir recours qu'après avoir expéri-

menté toutes les médications autres, et surtout le massage. Mais

dans les cas graves d'hystéro-épilepsie, d'excitation maniaque avec

idées de suicide, il faut intervenir rapidement : le massage et les

autres procédés thérapeutiques demandent trop de temps pour

amener un résultat. Par contre les affections nerveuses deviennent

avec le temps de plus en plus rebelles.

L'auteur rapporte cinq observations personnelles. Dans deux

cas, il s'agit de jeunes filles hystéro-épileptiques, sans antécédents

héréditaires ; chez l'une d'elles les attaques se montrèrent en

même temps que la menstruation. Douleur au niveau de l'ovaire

chez les deux malades. Chez l'une la pression ovarienne provoque

et suspend les attaques. Celles-ci augmentent de fréquence aux

périodes menstruelles. Les malades en question étaient sujettes à

des attaques syncopales, à des palpitations, des hallucinations,

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 239

des idées de persécution et des états passagers d'excitation. Chez

l'une on constatait de l'hémianesthésie. La thérapeutique ordi-

naire ne fut suivie d'aucune amélioration. La castration n'a pas,

dans un cas, donné immédiatement des résultats favorables; les

attaques augmentèrent même de fréquence, ce qu'il faut attribuer

à l'excitation réflexe déterminée par les suites de l'opération. Mais

depuis octobre 1891, les attaques ont complètement disparu, le

caractère s'est amélioré; la guérison se maintient depuis trois ans.

Dans le second cas, les attaques convulsives ont disparu ; les atta-

ques syncopales persistent; la douleur ovarienne a presque com-

plètement disparu ainsi que l'hémianesthésie.

La troisième observation est celle d'une femme de vingt-deux

ans, non hystérique, sujette à des accès d'excitation maniaque que

la menstruation activait. La guérison d'un ulcère du col déter-

mine une amélioration de l'état psychique : la malade est mise en

liberté guérie. Huit mois après, la menstruation redevient très

douloureuse et provoque un accès d'excitation. Internée de nouveau

à l'asile, on lui fait l'ablation des ovaires qui étaient atteints de

dégénérescence kystique. La malade sort guérie quatorze mois

après l'opération. La guérison se maintient depuis cinq ans.

Le quatrième cas concerne une fille publique syphilitique, habi-

tuellement dans la stupeur, et qui au moment des périodes mens-

truelles s'excite, a des hallucinations et devient agressive. Castra-

tion : (ovaires atrophiés et salpingite). Amélioration notable de

l'état mental, disparition des accès maniaques. Dans la cinquième

observation le resultat a été également favorable.

L'auteur termine par des considérations sur les résultats théra-

peutiques à attendre de la castration chez l'homme, dans des cas

analogues. P. Sérieux.

Il. Traitement DE l'épilepsie; par \VULFrr. (Communication faite

au Congrès des médecins aliénistes de Basse-Saxe et de West-

phalie, 1 ? mai 1895, Allg. Zeitschr. f. Psychiatrie, t. 52, fasc. 3.)

L'intervention chirurgicale a été conseillée et mise en pratique

non seulement dans l'épilepsie corticale et l'épilepsie symptoma-

tique, mais encore dans l'épilepsie essentielle. On a employé la

ligature d'une ou des deux artères vertébrales, l'excision du gan-

glion cervical supérieur, la trépanation, avec ou sans incision des

méninges ou du cerveau, etc. Ces modes de traitement, qui ne

sont pas sans dangers, n'ont pas en général donné de résultats.

Il n'en est pas de même des opérations partant sur les organes

périphériques dans les cas d'épilepsie réflexe, à condition que l'ap-

parition des accès ne soit pas de date trop ancienne. L'auteur

communique deux cas de guérison (résection d'une cicatrice au

crâne, - et extirpation d'un fibrome comprimant les nerfs de

240 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

l'avant-bras), et deux cas d'amélioration réelle (extirpation d'un

polype nasal et opération du phimosis). Mais il convient de faire

des réserves au point de vue du pronostic : car, d'une part, on voit

^parfois les accidents épileptiques disparaître pendant un temps, à

la suite d'une opération qui n'a pu intervenir directement sur la

cause supposée du mal, d'autre part les faits rapportés ne sont pas

tous concluants, faute d'une période d'observation suffisamment

longue (plusieurs années).

Pour ce qui est du traitement médicamenteux, l'auteur n'a pas

obtenu de résultat par l'emploi de la nitroglycérine, de l'antifé-

brine, de l'antipyrine, du borax, de l'acide osmique et de ses sels,

des injections de substance nerveuse normale, du curare (dange-

reux par son action sur la respiration). L'hydrate d'amylène n'a

pas d'influence sur la marche ordinaire de l'épilepsie, mais il est

ulile dans l'état de mal, ainsi que le chloral. Les bromures sont

encore les agents les plus actifs; la meilleure façon de les admi-

nistrer consiste à employer le mélange des trois bromures (de

sodium, de potassium et d'ammonium) suivant la formule d'Erlen-

mayer ou celle de Sander (solution gazeuse). Dans l'emploi des

bromures le point capital consiste à administrer une dose suffi-

sante (6 à 12 gr. par jour), et à en prolonger l'usage pendant des

années (en diminuant de temps à autre les doses). Le chiffre des

guérisons est peu élevé (2 p. 100), mais il est rare que le bromure

n'ait pas une action favorable. Le bromure d'éthylène serait un

médicament efficace et bien toléré; mais sa saveur et son odeur

sont désagréables.

En cas d'insuccès par les bromures, on conseille de leur asso-

cier la belladone, la fève de Calabar. D'après l'auteur, ce dernier

médicament serait sans action, et le premier serait aussi efficace,

dans les cas en question, lorsqu'il est employé seul. L'atropine, ou

mieux les pilules de Trousseau, sont bien supportées et peuvent

être longtemps continuées; c'est un médicament recommandable.

Nothnagel leur associe l'oxyde de zinc (de 0,03 à 0,30, trois fois

par jour, en augmentant). Récemment Moeli a recommandé d'al-

terner le bromure de potassium et l'atropine; l'auteur n'a pas

d'expérience personnelle sur ce traitement, mais il le croirait

volontiers utile. La cure d'opium et de bromure conseillée par

Flechsig a donné à l'auteur d'excellents résultats. Sur 19 malades

longtemps maintenus en observation, les accès ont cessé dans 5 cas

(depuis dix-huit mois dans l'un). Dans certains cas rares, l'opium

a été mal supporté; pour les autres malades, l'amélioration a été

réelle. (Présentation de courbes concluantes.) Mais ce mode de

traitement exige une surveillance constante de la part du médecin.

L'auteur conseille en outre un régime diététique spécial (prédomi-

nance des végétaux) et le repos absolu au lit. Cette dernière mesure

suffit souvent, à elle seule, pour empêcher les accès convulsifs.

SOCIÉTÉS SAVANTES. 241

Discussion : M. BERaIIaN. La période de cessation des accès

consécutive au traitement de Flechsig parait trop brève pour qu'on

puisse parler de guérison. Dans les observations communiquées,

cette période va de quelques mois jusqu'à vingt mois. Or on voit

nombre d'épileptiques rester sans accès à la suite de divers traite-

ments et même sans traitement. Il ne faut prononcer le mot de

guérison que quand le malade est resté au moins cinq ans sans

accès.

Au point de vue du régime il faut rappeler que, d'après Cheyne,

un médecin épileptique a pu rester quatorze ans sans avoir d'accès,

en prenant pour toute nourriture quatre litres de lait et quatre

petits pains par jour. La guérison a été définitive.

Pour ce qui est de l'acné bromique, il faut savoir que le bro-

mure de potassium est souvent impur (chlorure de potassium), et

n'employer que du bromure purifié. P. Sérieux.

III. Observation d'empoisonnement par le TRIO,4.IL; par E. HECKER

(Centralbl. f. Nervenhek; N.F.V., 1894.)

L'intoxication eut lieu à la suite de l'absorption quotidienne de

1 gr. 50 du médicament, pendant trente-six jours; donc total

54 grammes. Elle se traduisit par des apparences intellectuelles et

physiques extrêmes de la démence paralytique. La suppression du

médicament fit disparaître les accidents. P. K.

SOCIÉTÉS SAVANTES.

SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE.

Séance du 27 janvier 1896. - Présidence DE MM. Moreau

ET Charpentier.

M. P. Moreau passe en revue les principaux travaux de la So-

ciété, au cours de l'année écoulée et cède ensuite le fauteuil de la

présidence à M. Charpentier qui se félicite d'avoir été appelé à

diriger des discussions toujours' intéressantes et empreintes de cor-

dialité. ,

M. P. GARNIER exprime ses remerciements à ses collègues qui

l'ont choisi pour vice-président.

Archives, 2° série, t. I. 16

242 asiles d'aliénés.

Une page de l'éloge de Gubler à l'Académie.

M. Motet donne lecture d'une page de l'éloge de Gubler prononcé

-par M. Bergeron à l'Académie de médecine. L'éloquent secrétaire

perpétuel y rappelle en termes élevés la tentative d'homicide dont

Gubler avait été victime de la part d'un aliéné persécuté qu'il

accompagnait en Italie.

A ce sujet M. Motet fait remarquer que les félicitations adressées

en cette occasion du haut de la tribune de l'Académie aux méde-

cins aliénistes, sont une légitime compensation aux attaques d'une

certaine presse qui les prend souvent à partie. M. B.

ASILES D'ALIÉNÉS.

L'INTERNAT DES ASILES D'ALIÉNÉS DE LA SEINE.

. NÉCESSITÉ DE SA RÉORGANISATION';

Par le D' PAUL SÉRIEUX,

Ancien interne des Asiles d'aliénés de la Seine,

' médecin-adjoint à l'Asile de Villejuif.

Examinons maintenant de quelles améliorations serait sus-

ceptible l'organisation actuelle de l'internat des asiles d'aliénés

de la Seine.

Le principe de recrutement des internes par le concours ne

nous paraît point devoir être discuté. Comment, autrement,

apprécier la valeur des candidats, comment fermer la porte à

l'arbitraire, aux recommandations, au népotisme 2 ? Ce con-

cours doit-il rester un concours distinct, ou doit-il fusionner

avec celui de l'internat des hôpitaux ? M. Bourneville demande

1 Voir Archives de Neurologie, n° 2.

'2 On a protesté dans ces derniers temps contre l'admission des étran-

gers au concours de l'internat des asiles : nous ne saurions trop nous

élever contre l'esprit de protectionnisme à outrance qui a dicté ces pro-

testations.

l'internat DES asiles d'aliénés DE la SEINE. 243

depuis longtemps que les internes des asiles soient fournis par

l'Assistance publique et appartiennent au corps de l'internat

des hôpitaux. Nous connaissons les desiderata nombreux aux-

quels doit donner satisfaction l'organisation dans les établisse-

ments d'aliénés d'un corps d'assistants compétents et stables.

Nous avons parlé des qualités professionnelles et du noviciat

prolongé nécessaires. Les considérations dans lesquelles nous

sommes entrés nous empêchent, sans parler des critiques for-

mulées par Girard de Cailleux, de nous rallier à la modification

réclamée par M. Bourneville. Celle-ci nous paraît de nature à

donner des résultats encore plus défectueux que le maintien

du statu quo. Elle augmenterait cette instabilité des internes

dont on se plaint tant aujourd'hui. Les asiles de la Seine, sur-

tout ceux situés dans le département de Seine-et-Oise, devien-

draient le refuge des derniers de chaque promotion, ou des

internes provisoires. Ceux-ci n'auraient qu'un désir : sortir

d'exil, rentrer à Paris où la préparation du concours des hôpi-

taux leur serait plus facile. Il en résulterait de continuelles

mutations fort préjudiciables.

Le concours de l'internat des asiles doit donc rester un con-

cours spécial. Mais certaines modifications sont indispensables.

La première concerne le nombre des inscriptions exigées des

candidats. Au début de l'institution du concours, ces derniers

devaient être pourvus de seize inscriptions; plus tard, on n'en

a plus exigé que douze. Actuellement, on admet les candidats

ne possédant que huit inscriptions. L'article, 54 du Règlement

ministériel du 20 mars 1857 a cependant spécifié que les élèves

internes doivent avoir au moins dix inscriptions, et être âgés

de vingt-un ans au moins. Les inspecteurs généraux du ser-

vice des aliénés considèrent avec raison ces conditions comme

insuffisantes : ils demandent que les candidats aient pris douze

inscriptions de doctorat et soient âgés d'au'moins vingt-deux

ans 2. C'était d'ailleurs le chiffre réclamé par Esquirol, en z,

pour les internes de Charenton, 3. Admettre aux épreuves du

1 Ilapp01't général à M. le Ministre de l'Intérieur sur le service des

aliénés en 1874, par les inspecteurs généraux du service, MM. les D" Cons-

tans, Lunier et Dumesnil. Paris. Imprimerie nationale, 1878.

' A Charenton, et dans nombre d'asiles de province (Armentières,

Dury, etc.), on exige douze inscriptions des candidats aux places d'in-

terne.

'Esquirol. Traité des maladies mentales. Paris, 1838.

244 - asiles d'aliénés. '

encours de l'internat des étudiants à huit inscriptions, c'est,

nous pensons l'avoir démontré, aller au-devant d'un grand

nombre d'inconvénients. Afin de les éviter, il serait nécessaire,

= notre avis, d'exiger des candidats seize inscriptions, c'est-à-

dire quatre années d'études, et d'autoriser les docteurs en

médecine à prendre part au concours'.

Les épreuves du concours consistent actuellement en une

épreuve écrite de trois heures sur un sujet d'anatomie et de

physiologie du système nerveux, et en une épreuve orale de

quinze minutes sur un sujet de pathologie interne et de patho-

logie externe. Il serait à désirer que l'épreuve écrite portât, non

seulement sur un sujet d'anatomie et de physiologie du système

nerveux, mais en outre sur une question de pathologie mentale.

Nous arrivons à des réformes plus importantes, qui répon-

dent à la nécessité sur laquelle nous avons insisté, de relever

la situation faite aux internes, d'étendre leurs attributions,

bref de transformer dans la mesure du possible les a élèves

internes » (c'est le nom que leur donne le Règlement), en

assistants docteurs en médecine. Dans ce but, on peut, non pas

imiter servilement ce qui se fait à l'étranger, mais s'inspirer

de l'organisation libérale dont nous avons montré les résultats

favorables.

' Il y a tout avantage, disent les inspecteurs généraux du service des

aliénés, à ce que les internes soient pourvus du diplôme de docteur : ils

n'ont plus à s'occuper d'examens, et ils peuvent consacrer tout leur

temps au service qui leur est confié. »

M. le Dr Sorel (du Ilavre) a récemment proposé dans le Progrès médi-

cal, d'exiger de tout candidat à l'internat des hôpitaux le titre de doc-

teur en médecine. Les considérations dans lesquelles entre l'auteur sont

tout à fait applicables à l'internat des asiles de la Seine. Grâce à cette

mesure, dit M. Soiel, on sera sûr, par les nombreuses épreuves subies

dans les Facultés, que l'instruction des internes est suffisante, qu'ils ont

cinq à six ans de médecine. u Le concours ne sera pas encombré de

jeunes gens de deuxième ou troisième année, et on ne verra pas des

internes nommés au concours, grâce au hasard de la question, arriver

dans un service... pour la première fois de leur existence avec le titre

d'interne. Ceux qui auront ce titre seront donc à même d'en remplir la

fonction. Les candidats étant moins nombreux, le concours sera moins

long, et les candidats, ayant satisfait à la loi militaire, auront tout le

temps nécessaire pour le bien préparer.Enfin, il est une dernière con-

sidération qui a une très grosse importance : les élèves des écoles de

province pourront y prendre part, sans avoir interrompu le cours de

leurs études en province. Les mesures de décentralisation, si urgentes

pour la Faculté de Paris, ne seront pas contrecarrées par l'organisation

du concours de l'internat. »

l'internat DES asiles -d'aliénés DE la SEINE. 245

Une première mesure s'impose. Il faut revenir purement et

simplement à l'application de l'article 89 du Règlement minis-

tériel de il 857, qui spécifie » que les internes restent en exercice

« pendant trois ans, mais qu'une prolongation de la durée de

l'internat pour une ou plusieurs années, peut être accordée

« par le préfet, sur la demande du directeur et du médecin en

« chef ». Cette disposition très sage a été laissée de côté par

la commission chargée d'organiser le mode de recrutement

des internes des asiles : nous le regrettons. Il semble qu'on

ait voulu calquer aussi exactement que possible le concours de

l'internat des hôpitaux. Mais ces deux internats ne sont nulle-

ment comparables, et cette imitation trop fidèle n'a point été

heureuse et ne pouvait pas l'êlre, pour les raisons exposées

plus haut.

En autorisant à proroger de quelques années la durée des

fonctions des internes, on permettra à ceux de ces jeunes

médecins qui s'intéressent à l'étude des maladies nerveuses et

mentales, de prolonger leur séjour dans les riches services de

nos asiles. Ils pourront ainsi y poursuivre des recherches de

longue haleine et s'y initier aux difficultés que présentent le

diagnostic, le pronostic, le traitement de la folie.

Une mesure utile serait de fixer à deux années la durée des

fonctions des internes, en spécifiant qu'à l'expiration de cette

période, ceux-ci seraient susceptibles d'être investis de nouveau.

pour deux années, sur la demande des médecins dans le service

desquels ils seraient désireux d'entrer ou de rester1. Après la

quatrième année, ils pourraient être encore autorisés à faire

une cinquième et une sixième année d'internat. Cette prolon-

gation facultative de la durée de leurs fonctions aurait l'avan-

tage précieux de stimuler leur zèle en faisant dépendre des

chefs de service qui auraient été à même de les apprécier une

nouvelle investiture pour deux années.

L'article 89 du Règlement ministériel et le Règlement de

l'internat des asiles de la Seine spécifient : que « les internes

peuvent se faire recevoir docteurs pendant leur internat sans

être forcés de renoncer à leurs fonctions ». Seuls devraient

être appelés à bénéficier d'une prolongation, les internes qui

auraient passé leur thèse. Une fois docteurs, et nommés pour

une nouvelle période, leurs attributions pourraient être éten-

1 Le cas échéant, un concours sur titres pourrait être organisé.

246 asiles d'aliénés. - '

dues, leur traitement augmenté. Ils échangeraient leur titre

d'interne contre celui d'assistant. De plus, à la fin de' la qua-

trième année, l'assistant'devrait pouvoir être chargé plus spé-

cialement d'une section du service. M. le Docteur A. Marie a

exprimé des voeux analogues :

« Pourquoi, dit-il, les internes les plus anciens, docteurs en

« médecine, ayant passé un concours spécial d'internat, et fait une

« thèse dans la spécialité, ne seraient-ils pas, après examen de

« leurs titres et de leurs états de services, appelés à des fonctions

« plus actives (signature de certificats, etc.), que la loi les auto-

« rise à exercer comme docteurs en médecine ? Ces assistants,

« internes transformés, seraient simplement prorogés pour quatre

« années de services nouveaux, auprès de chefs qui auraient pu

« les apprécier; après quoi, ayant parfait leurs études, ils pour-

'' raient passer médecins adjoints, au lieu qu'actuellement, l'in-

« terne qui concourt directement pour l'adjuvat n'a aucun béné-

« fice à être reçu de bonne heure, ni dans un bon rang. Il est, en

« effet, exposé à être expédié prématurément loin de tout centre

« d'études, privé de toutmoyen de travail scientifique (bibliothèque,

« laboratoire, etc.); il court'grand risque de voir son activité

« s'éteindre comme la flamme dans le vide'. »

Nous avons montré plus haut qne la solution du problème

de l'organisation du service de l'internat était tout entière

dans la création d'un corps d'assistants s'intéressant aux études

de psychiatrie. La réforme que nous défendons nous parait

appelée à fournir, à ce point de vue, les résultats les plus heu-

reux. Mais d'autres mesures encore seraient utiles. Il convien-

drait de supprimer l'interdiction, actuellement en vigueur, de

rester plus de deux ans dans le même service, et de tenir

compte aux assistants de leur ancienneté en leur allouant un

traitement de plus en plus élevé suivant le nombre de leurs

années de service2. Le logement des internes, souvent défec-

1 Marie, loc cil., p. 20.

2 A la Maison nationale de Charenton, le traitement des internes, nom-

més pour trois ans, est de 1,00 francs la première année, 1,600 francs la

seconde, et 1,700 francs la troisième. En dehors de l'interne de galde qui

est nourri et logé, les internes ont droit au déjeuner.

Actuellement, le traitement des internes des asiles est de 1,100 francs

dans les asiles extra-muros, de 800 francs à l'asile clinique (Sainte-Anne)

où la plupart n'arrivent que la dernière année. Les internes des

hôpitaux reçoivent une indemnité variant suivant leur ancienneté :

600 francs en première année, 1000 francs en quatrième année.

l'internat DES asiles d'aliénés DE la SEINE. 247

tueux, devrait être amélioré'. Le concours pour la bourse de

voyage devrait avoir lieu tous les deux ans régulièrement, entre

les assistants ayant au moins trois ans de service dans les asiles.

Ajoutons qu'il à aurait de grands avantages à étendre aux

internes des quartiers d'aliénés de Bicétre et de la Selpêtrière,

ainsi qu'à ceux de la maison nationale de Charenton, le mode

de recrutement et la prorogation de la durée des fonctions que

nous réclamons pour les internes des asiles de la Seine et

de l'infirmerie spéciale des aliénés de la préfecture de po-

lice s.

Un même concours pourrait servir à recruter les internes

de tous les asiles d'aliénés de l'agglomération parisienne, que

ces établissements relèvent du département, du ministère de

l'intérieur, de la préfecture de police ou de l'Assistance

publique de la Ville de Paris. On obtiendrait ainsi un corps

d'assistants ayant parfait leur instruction médicale, et possé-

dant une grande compétence. Les malades seraient suivis de

plus près, partant mieux traités ; les familles seraient mieux

renseignées, les chefs de service mieux secondés par des col-

laborateurs présentant des garanties spéciales. Ce corps d'as-

sistants deviendrait, en outre, une pépinière d'aliénistes

instruits ; et, qui sait, peut-être nous serait-il donné de

voir renaître en France le goût des études de psychiatrie 3 ?

' On s'est demandé, à diverses reprises, s'il ne conviendrait pas de

loger les internes en dehors de l'asile. Nous ne croyons pas utile de

discuter cette proposition : il suffit de connaître les exigences médicales

d'un service d'aliénés, de savoir quelles sont, et surtout quelles devraient

être les attributions des internes, pour ne point s'arrêter à pareil projet.

Dans divers asiles étrangers, les assistants sont logés dans les pavillons

des malades tranquilles. 1l. le professeur Rieger demande (loc. cit.) que

ces médecins aient leur logement dans les pavillons de traitement, près

de la salle de surveillance continue » et qu'ils soient obligés, par la

disposition même des locaux, de traverser cette salle pour pénétrer dans

leur logement. Cette arrivée fréquente et inattendue du médecin vaut

mieux que toutes les « visites « et « contre-visites » du règlement.

' M. Bourneville défend depuis longtemps une idée analogue : il estime

qu'il serait plus pratique et plus économique de condenser en un seul,

les concours distincts des asiles de la Seine, de la Maison de Charenton,

et des asiles nationaux de Vincennes et du Vésinet.

3 D'éminents aliénistes émettent sur l'état actuel de notre science spé-

ciale dans notre pays des réflexions fort pessimistes.

« La France, déclare M. Chambaud, aurait aujourd'hui bien besoin

d'aliénistes pour relever aux yeux de l'étranger la science et l'enseigne-

ment de la psychiatrie auxquels elle a servi de berceau ». (Essai critique

248 , asiles d'aliénés.

Résumons en quelques propositions les modifications que

nous venons d'exposer :

1° Nomination au concours des internes de tous les établis-

- sements d'aliénés du départemcut de la Seine (asiles départe-

mentaux et autres). Ce concours sera spécial, et unique pour

tous les établissements ;

2° Pourront prendre part au concours, les étudiants en

médecine pourvus de seize inscriptions prises dans une Faculté

française et les docteurs en médecine, âgés de moins de

trente ans;

3° L'épreuve écrite de trois heures devra porter, non seule-

ment sur un sujet d'anatomie et de physiologie du système

nerveux, mais encore sur un sujet de pathologie mentale ;

4° Limitation de la durée des fonctions d'interne à deux

années.

A l'expiration de leurs fonctions, les internes qui auront

passé leur thèse pourront, sur la demande de leurs chefs de

service (et en cas de' besoin, à la suite d'un concours sur titres).

être nommés assistants pour une période de deux années.

Cette période accomplie, ceux-ci pourront être autorisés à

accomplir une cinquième et une sixième années;

5° Suppression de l'interdiction de rester plus de deux ans

dans le même service;

6° Augmentation progressive du traitement des assistants et

extension de leurs attributions suivant leur ancienneté.

Ces modifications dans l'organisation actuelle de l'internat

des asiles, nous les estimons urgentes et indispensables. Elles

* donneront satisfaction aux exigences du traitement des

alliénés. Elles assureront à l'administration des internes : ^adaptés à*leurs fonctions spéciales et parmi lesquelles pour-

ront être recrutés des médecins compétents. Elles fourniront

aux ohefs de service des collaborateurs expérimentés, à la

sur l'organisation médico-adninislrolive du service des aliénés. Annales

méd. ps c/¡olog" janvier, 1890, p. 71.)

« La psychiatrie française se meurt, tel est le cri, dit M. Marandon

de Montyel, qui, d'année en année, retentit avec plus de force. De quoi

donc est-elle atteinte ? Comment, lorsqu'elle a eu dans nos pères et nos

grand'pères des travailleurs si opiniâtres, des producteurs si féconds,

sommes-nous arrivés à ce degré d'initié et de stérilité ? Nous y sommes

arrivés par le recrutement et l'organisation du personnel médico-admi-

nistratif. » (Du personnel médico-administmtif des asiles et de son l'e.

crutement. Annal, méd. psycholog., novembre, 1890, p. 403.)

bibliographie. 249

hauteur de leur tâche. Ajoutons que les plus importantes de ces

mesures peuvent être réalisées sans grever le budget. Ces

considérations sont-elles suffisantes pour obtenir une réforme ?

Est-ce avoir trop de confiance dans l'esprit d'initiative et le

désir de' progrès de notre époque que d'espérer voir accueillir

favorablement les critiques que nous nous sommes permis

d'émettre ?

Le travail très intéressant de M. P. Sérieux mérite d'attirer

l'attention de tous ceux qui s'occupent de l'organisation des

asiles d'aliénés et en particulier de l'Administration qui pour-

rait s'en servir de base pour une communication à la Commis-

sion de surveillance des asiles de la Seine. Personnellement,

nous sommes d'accord avec M. Sérieux sur la plupart des

points. Par exemple, la faculté laissée aux internes de passer

leur thèse tout en continuant leurs fonctions et sur la prolon-

gation des années d'internat dans de certaines conditions à

déterminer, etc. Toutefois, nous ne partageons pas son avis

sur l'adjonction d'une question de pathologie mentale à

l'épreuve écrite. C'est déjà trop d'avoir limité l'épreuve d'ana-

tomie au système nerveux. Ce que le concours doit nous

apprendre, c'est si les candidats parmi lesquels on va choisir

les internes ont des connaissances sérieuses en médecine et

non pas s'ils sont déjà des spécialistes en aliénation mentale.

" 'R* ? ^

BIBLIOGRAPHIE.

II. 34° Rapport sur l'asile du district de StÍ1'ling, à Larbert;

par le D1' MACPHERSON. (Striling district-lunacy BOa1'd, mai 1894.)

Rapport suggestif en ce sens que, dans un asile de 504 malades,

le superintendant a réalisé un desideratum que nous poursuivons

en France depuis Esquirol sans y arriver. Dans l'asile que nous

avions visité en 1890, on a construit un véritable hôpital de trai-

tement pour les aliénés aigus curables, servant en même temps

de quartier d'admission et d'observation. Le service médical et la

surveillance y sont particulièrement complets et l'action thérapeu-

250 VARIA.

tique s'y concentre sur les cas diagnostiqués curables. Le reste de

l'asile, sections de chroniques et de classement, asile-ferme, place-

ments familiaires, annexe, assure avec les sorties par guérison le

désencombrement de l'hôpital ainsi réalisé; c'est le dédoublement

dans le même asile des services aigus et chroniques, dédouble-

ment réclamé par Esquirol en 1817 et par le projet de loi Roussel,

en 1878. D1' A. Marie.

VARIA.

Asiles d'idiots EN ALLEMAGNE.

I. Rapport sur les établissements d'idiots en Allemagne. - L'au-

teur M. Krayatsch a été chargé, par l'assemblée provinciale de la

Basse-Autriche de visiter les établissements d'Allemagne afin de

recueillir les documents nécessaires à la création d'un établisse-

ment d'arriérés comme annexe de l'asile provincial de Kierling-

Gugging. M. Krayatsch s'est préoccupé, dans son voyage, de la

constitution matérielle des asiles, de l'aménagement des locaux,

des résultats fournis par l'expérience de leurs directeurs, plus que

de l'étude du côté pédagogique de la question. Il a rédigé un

questionnaire très complet d'après les travaux de G. Brandes :

Idiotie et asiles d'idiots; d'A. Erlenmeyer : Les asiles d'aliénés et

d'idiots de Suisse; de Knapp : Bapport sur les asiles d'idiots; Rapport

sur les établissements d'idiots et de sourds-muets ; de L. Pilez-der

L'idiotie et les asiles d'idiots.

L'auteur a visité 14 établissements dont 9 consacrés aux, idiots,

2 aux crétins el 3 aux épileptiques. Les débuts de l'assistance des

arriérés et faibles d'esprit en Allemagne ont été modestes. Ces

sujets étaient recueillis et élevés dans des établissements dus à l'ini-

tiative privée, surtout à celle des clergés catholique et protestant.

Il y a environ trente-trois ans, par exemple, un instituteur autri-

chien recueillait 2 idiots : aujourd'hui l'établissement fondé par lui

compte 250 pensionnaires répartis suivant le sexe, l'âge, l'état

mental, l'éducabilité, et une colonie de 50 sujets.

L'expérience acquise dans les établissements privés, et la loi prus-

sienne du 11 juillet 1891 qui rend obligatoire l'assistance des idiots

et des épileptiques comme celle des sourds-muets et des aveugles,

firent sentir la nécessité de créer des asiles pour l'hospitalisation et

l'éducation des idiots de tout âge. Dans le royaume de Saxe, pour

remplacer le quartier d'idiots fondé à Hubertusburg en 1844, on a

VARIA. 251

ouvert en 1889 les asiles de Gross-Hennersdorf pour les garçons et

de Nossen pour les filles. La ville de Berlin possède une école

d'idiots annexée à l'asile de Daldorf, et une école d'épileptiques

annexée à la colonie d'épileptiques de Bisdorf.

Il est indispensable d'avoir une bonne statistique des idiots

celle-ci n'existe pas en Prusse. Il faut donc se contenter des chiffres

obtenus en Danemark, dans le Wurtemberg et dans le canton de

Zurich, qui donnent la proportion d'un arriéré pour 500 habitants ;

la sixième partie de ces arriérés doit être hospitalisée. On peut,

dans les provinces peu populeuses, réunir ensemble idiots et épilep-

tiques ; mais dans les grands centres, il est préférable de séparer ces

deux catégories de sujets, dans la mesure du possible. L'éducation

des faibles d'esprit est une oeuvre essentiellement médicale ; les

asiles spéciaux d'idiots doivent donc être dirigés par un médecin.

Certains auteurs ne considèrent pas comme indispensable la

création ^'établissements autonomes et proposent d'annexer les

colonies d'idiots à un asile d'aliénés, comme on l'a fait à Berlin et

à Paris. D'autres réclament la réunion de tous les idiots et épilepti-

ques dans de grands établissements, où une section d'éducation

médico-pédagogique serait réservée aux enfants idiots et épilepti-

ques. Avant tout, il faut s'occuper des idiots éducables et pour cela

attacher plus de prix à l'éducation qu'à l'instruction.

Il faut aussi bien définir l'idiotie et considérer comme « idiots »

tous les sujets atteints de maladies mentales caractérisées par un

état de faiblesse intellectuelle congénitale ou acquise dans le jeune

âge. On distinguera : a) l'idiotie avec hydrocéphalie; h) l'idiotie

avec microcéphalie ; c) l'idiotie par arrêt de développement ; d) l'i-

diotie avec sclérose cérébrale ; e) l'idiotie consécutive à la ménin-

gite ; f) l'idiotie avec myxoedème 1.

Asile de Dossen (royaume de Saxe). - Cet établissement, fondé

en 1889, est destiné aux arriérées du sexe féminin, non épileptiques,

âgés de cinq à quinze ans. Population : 160 malades, dont 80 sont

éducables, 40 susceptibles d'être occupées et 40 inéducables. Les

enfants non éducables sont au nombre de 12 à 14 par section, sous

la surveillance de deux infirmières ; la chambre de réunion qui est

réservée à chaque section sert aussi de réfectoire. Les dortoirs sont

aménagés d'une façon très simple; ils possèdent jusqu'à 20 lits. Des

salles-lavabos leur sont annexées ; chaque malade a sa cuvette, sa

serviette, etc. Les enfants éducables et ceux qui travaillent pren-

nent chaque semaine un bain de propreté; ceux qui sont inéduca-

bles prennent deux fois par semaine un bain salé en outre du bain

de propreté. On réclame des cabinets d'aisance plus nombreux que

ceux qui existent, car les enfants doivent y être conduits en groupe

1 Ce sont là des distinctions que nous avons ètablies depuis long-

temps. (B.)

252. VARIA.

plusieurs fois parjour. Dans les sections d'hospitalisation, il y a des

chaises percées avec de la tourbe. De vastes et larges corridors ser-

vent de promenoir et de sallede récréation en cas de mauvais temps.

- Les enfants éducables sont au nombre de 20 par section (2 infir-

mières). Comme régime alimentaire, on donne aux enfants un

demi-litre de lait, de la viande de boeuf, des fruits, du beurre, du

lard. Les salles d'école sont tout à fait analogues à celles des écoles

primaires : les murs sont décorés de caries, de gravures, etc.

Les enfants sont répartis en 8 classes. Le personnel enseignant

se compose d'un instituteur en chef, d'un instituteur, de 5 surveil-

lantes diplômées et de 24 infirmières, ayant passé par l'école d'in-

firmières de Huberlurhurg. Le traitement des infirmières est de

34 à 44 francs par mois ; elles couchent dans le dortoir des enfants

et prennent leur repas avec ces derniers. Les travaux de couture,

de jardinage de cuisine, font partie de l'éducation. L'auteur repro-

duit l'emploi du temps d'après le règlement de la maison. (Krayatsch,

ialti,bîtehe7- f. Psychiatrie, t. XIV, f. 1 et 2, 1895.) P. Sérieux.

II. Asile de Gl'oss-llennel'sdol'f (royaume de Saxe). -Cet établis-

sement a été créé par l'Etat pour recevoir les enfants arriérés du

sexe masculin, âgés de cinq à quinze ans, à l'exclusion des épilep-

tiques. La population était en 1894 de 243 garçons. A l'asile, ins-

tallé dans un ancien établissement de correction, à 3 étages, est

annexé un domaine cultural de 21 hectares, exploité par les enfants.

Les sujets éducables sont répartis dans trois dortoirs de 60 lits, un

de 40 et un de 30 ; leur réfectoire comprend 160 places, avec des

tables de 12 à 16 places ayant chacune 2 infirmiers. Pour les enfants

gâteux, 2 salles de 20 lits, une salle pour 10 enfants alités et une

salle de bain. En outre des ateliers et des écoles il existe des cham-

bres de réunion. Murs peints à l'huile. fenêtres fermant à clef. Lits

en bois, de trois grandeurs, avec balustrades latérales mobiles. On

se plaint des dimensions exagérées des dortoirs et l'on réclame des

chambres à coucher pour 14 à 16 enfants avec 2 infirmiers. Chaque

enfant a sa cuvette, ce qui a nécessité de vastes salles-lavabos. Dis-

tribution d'eau chaude et d'eau froide. Baignoires nombreuses. Les

gâteux prennent un bain chaque jour. On oblige les enfants à

prendre soin de leurs dents. -

Les cabinets sont simples, sans chute d'eau. On insiste sur la

nécessité d'avoir des cabinets nombreux (1 pour 10) ; les enfants

doivent y être conduits après l'école, après le travail et après

chaque repas 1. Dans les dortoirs et dans les sections il y a des cabi-

nets avec tourbe. Même régime alimentaire qu'à l'asile de Dossen.

Les infirmiers dorment, mangent, jouent et travaillent avec les

enfants. Lavage des mains et de la figure avant chaque repas. On

1 Même pratique à Bicêtre, où cabinets et lavabos sont très multipliés.

VARIA. 253

emploie de préférence les enfants aux travaux des champs. En 1894,

on a compté, en moyenne, par jour, 50 enfants hospitalisés, 80 sui-

vant les cours de l'école et 113 travailleurs.

Dans le courant de l'année, il y a eu 5 décès sur une population

de 230. A l'âge de quinze ans, et parfois de dix-huit an*, les pen-

sionnaires sont mis en liberté ou envoyés dans un asile en cas d'in-

curabilité. On cherche à leur trouver du travail, autant que possible

dans les environs de l'asile. On a fait l'essai d'envoyer les enfants

par groupe de 14, comme journaliers dans une fabrique sous la sur-

veillance d'un infirmier. - Le règlement de l'asile est annexé au

travail. (Krayatsch. Visite des asiles d'idiots d'Allemagne, Jahrhucher

f. Psychiatrie, t. XIV, f. 1 et 2.) P. Sérieux.

III. Etablissement municipal d'idiols annexé à l'asile berlirzois de

Dalldorff. - Population (24 juin 1894) : 133 garçons, 76 filles. Les

bâtiments, au nombre de deux (un pour chaque sexe), ont été cons-

truits spécialement en vue de leur destination. Ils sont reliés par

des galeries couvertes. Les salles des deux divisions des garçons et

des filles sont disposées sur le même plan ; elles donnent toutes sur

un large corridor (système du corridor). Les dortoirs ont 5 mètres

de large, 12 de long et 4 de haut : ils contiennent chacun 14 lits.

Un infirmier et un instituteur couchent dans chacun d'eux. Lits en

fer, avec parois latérales mobiles, en bois et tablette mobile pour les

vêlements; matelas de crin, couverture de laine. Le parquet et les

murs sont peints il l'huile. La salle de bains, contiguë aux dortoirs,

contient, pour chaque sexe, 6 baignoires et un appareil pour bains

de vapeur. Les enfants prennent également des bains d'eau cou-

rante. Le réfectoire (largeur : 10 mètres, hauteur 4 mètres, lon-

gueur 15 mètres) est éclairé par 5 grandes fenêtres. Chaque section

d'enfants a sa table, le repas a lieu sous la surveillance d'un infir-

mier par table. Prières avant et après le repas. Les enfants para-.

lysés, infirmes, 'prennent leur repas dans la salle de réunion de leur

section. Chaque section comprend, outre le dortoir précédemment

décrit pour 14 enfants, une salle de réunion et une salle bien éclai-

rée renfermant les cabinets d'aisance, une baignoire. L'infirmerie

est complètement isolée, au second étage : salles de 10 lits, où les

deux sexes sont réunis, où couchent les infirmières. Dans un large

corridor s'ouvrent une salle de bains avec closet, l'office et deux

chambres d'isolement. Population (juin 1894) : 11 garçons, 6 filles.

Les sujets atteints de maladies contagieuses sont isolés et quand

le diagnostic est confirmé, sont envoyés à l'hôpital municipal.

Les salles d'école sont grandes et bien éclairées. Chaque enfant

a un pupitre adapté à sa taille. Les murs des salles sont décorés de

tableaux. 11 y a 6 classes.

Les enfants sont en outre employés dans des ateliers de reliure,

de menuiserie, de cordonnerie, de vannerie ; ils s'occupent égale-

254 VARIA.

ment aux travaux agricoles et aux soins du ménage. Les ateliers,

sont dans le sous-sol. Le revenu du jardin est d'environ 700 marks

par an. Une fois leur éducation terminée, les enfants sont placés

comme journaliers ou manoeuvres : la ville paye 20 marks par mois

pour leur entretien et leur éducation. Ils sont visités au moins 2 fois

par au par un inspecteur. Les sujets infirmes ou excitables sont

transférés à l'asile d'aliénés; les indigents sont confiés à l'assistance

publique. Le personnel se compose de 1 inspecteur, 4 instituteurs,

3 institutrices (dont une pour l'enseignement professionnel). Pour

les filles et les jeunes garçons ou emploie des infirmières, pour les

garçons plus âgés des infirmiers. Il y a 1 infirmier pour 9 enfants.

Régime alimentaire : le matin, café au lait avec pain ; à midi, un

plat de viande avec légumes ; au goûter, café au lait avec pain ; le

soir, soupe et collation. Le personnel a le même régime alimen-

taire, mais reçoit en plus de la bière. L'auteur reproduit le règle-

ment très détaillé de l'asile d'idiots de Dalldorf. (Krayatsch. Reise-

btricht t<6e ? ' die Besuche einiger dcutscher Idioten nlastaltez. Jahrb. f.

Psychiatrie, t. XIV, f. 1, 2'.) P. Sérieux.

Congrès DE médecine mentale ET NERVEUSE.

Le septième Congrès annuel des médecins aliénistes et neuro-

logistes de France et des pays de langue française s'ouvrira le

samedi 1CI' août, à Nancy, sous la présidence de M. le De Pitres,

doyen de la Faculté de Médecine de Bordeaux.

Le programme comprendra : I. Questions à discuter : 1° Patholo-

gie mentale. Pathogénie et physiologie pathogénique de l'hallucina-

tion de l'ouïe; rapporteur, M. J. Séglas. - 2° Pathologie nerveuse.

De la séméiologie des tremblements; rapporteur, M. Souques. -

3° Législation. De l'internement des aliénés dans les établissements

spéciaux. Thérapeutique et législation; rapporteur, M. Paul Garnier.

IL Lectures, présentations, travaux divers. III. Excursions, visite

de l'Institut anatomique, de l'Asile de lllaréville et de ses nouveaux

pensionnats, banquet. - IV. Impression et distribution du volume

du Congrès. - Prix de la cotisation : 20 francs.

Adresser dès maintenant les inscriptions et toutes communica-

tions à M. le Dr Vernet, médecin en chef à l'asile de Marévilie,

secrétaire général du Congrès.

DANIEL HACK TUKE.

La mort du Dr Daniel Hack Tuke a laissé un vide considérable

1 Nos lecteurs trouveront des renseignements détaillés sur les asiles

consacrés à cette question dans notre volume intitulé : Assistance, trai-

lement et éducation des enfants idiots et dégénérés, t. IV de la Biblio-

thèque d'éducation spéciale. (B.)

varia. 255

et des regrets profonds dans les rangs des aliénistes anglais.

M. Ireland s'est fait, dans le journal dont le médecin qui vient de

disparaître était le rédacteur en chef, l'interprète de ces regrets.

Il a retracé avec éloquence la carrière de Hack Tuke, et en termes

élevés il a montré la grandeur et la noblesse de cette vie labo-

rieuse. (The Journal of mental Science, juillet 1895.) R. M. C.

CONCOURS d'admissibilité aux emplois DE médecins-adjoints DES asiles

PUBLICS d'aliénés, INSTITUÉ par l'arrêté ministériel DU 18 JUIL-

LET 1888.

Ainsi que l'annonçaient des avis insérés aux numéros du Journal

Officiel des 23, 30 janvier, 6 et 11 février 1896 et dans les recueils

des actes administratifs des préfectures du chef-lieu de chacune des

régions déterminées par l'arrêté ministériel du 14 avril 1894, un

concours d'admissibilité aux emplois de médecins-adjoints des

asiles publics d'aliénés aura lieu à Lille, à Lyon et à Montpellier le

5 mai prochain; à Toulouse, le 8 mai; à Paris, à Bordeaux et à

Nancy, le 11 du même mois.

Le nombre de ceux des candidats ayant subi l'examen avec suc-

cès, qui pourront être déclarés admissibles est fixé à six pour la

région de Paris, à cinq pour celle de Lille et à trois pour chacune

des régions de Lyon, Bordeaux, Nancy, Montpellier et Toulouse.

Les docteurs en médecine satisfaisant aux conditions énumérées

dans les avis publiés aux dates ci-dessus rappelées et qui désirent

subir les épreuves du concours devant le jury qui fonctionnera dans

l'une ou l'autre de ces régions, devront adresser leur demande,

sur papier timbré, au ministère de l'Intérieur, direction de l'Assis-

tance et de l'Hygiène publiques, premier bureau, de manière à ce

qu'elle y soit parvenue dans la journée du 10 avril prochain, avant

cinq heures, dernier délai de rigueur.

Cette demande, qui devra indiquer la région dans laquelle le

candidat veut subir le concours, devra être accompagnée des pièces

ci-après : 1° acte de naissance; 2° certificat constatant que le can-

didat a accompli le stage d'une année au moins, soit comme in-

terne dans un asile public ou privé consacré au traitement de

l'aliénation mentale, soit comme interne nommé au concours dans

un hôpital; 3° diplômes, élats de services, distinctions obtenues.

Les candidats qui seront autorisés par le ministre de l'Intérieur

à prendre part au prochain concours en seront prévenus officielle-

ment et recevront également les indications nécessaires au sujet

du lieu où siégera le jury d'examen et de l'heure à laquelle ils

devront se présenter.

FAITS DIVERS.

~ Asiles d'aliénés. - Promotions et nominations : M. le D" Bresson,

directeur-médecin de l'asile Saint-Pierre, est élevé il la classe

exceptionnelle (15 décembre 1895); M. le Dr Charron, médecin-

adjoint à l'asile de Bailleul, est élevé à la classe exceptionnelle

(19 décembre 1895); M le 1)1' JOUAND, directeur-médecin de l'asile

de Bron, est promu à la 1re classe (19 décembre); M. le D1' Finai-

GRON est nommé médecin-adjoint de l'asile de Lesvallec (30 dé-

cembre) ; M. le Dr Thivkt, médecin-adjoint à l'asile de Blois, est

nommé médecin-adjoint à l'asile de Quatre-Mares (8 janvier) ; M. le

Dr Marie, médecin-adjoint à Dun-sur-Auron, est nommé médecin

en chef chargé des fonctions de médecin-directeur (3 janvier) ;

M. 'le Dr PACTE, médecin-adjoint à l'asile de Saint-Yon, est nommé

médecin-adjoint à l'asile de Villejuif en remplacement de M. Rouil-

lard, décédé; M. le Dr HAMKL, médecin-adjoint à Saint-Ylie, est

nommé médecin-adjoint à Saint-Yon.

Nécrologie. - The American Journal of Insanity du mois de jan-

vier confient un article intéressant sur le or Evanste Duquel, l'un

des aliénistes les plus distingués du Canada, décédé en décembre 1894.

Il était né le 3 avril 1855 a Sainte-Philomène d'une famille de fer-

miers. Après la mort de ses parents, survenue alors qu'il n'avait que

seize ans, il quitta la vie de fermier pour laquelle il n'avait aucun

goût et se rendit à Montréal. Il fut reçu docteur en 1879. Il s'établit

d'abord à Longue-Pointe et en 1885 fut nommé médecin-assistant

à l'asile de Saint-Jean-de-Dieu dont il devint le médecin-directeur

en 1887. Parmi ses travaux nous signalerons une communication

au Congrès médical de Philadelphie en 1887 sur une classification

des maladies mentales, et une communication sur la législation

concernant les aliénés, et sur les asiles de la province de Québec au

Congrès international de 4889.

DONATH (J.). - Ueber hysleriche multiple Sidérose. - Brochure in-8°

de 11 pages. - Wien, 1895. Librairie ISraiimuller. :

Haskovec - Ein fall von sporadischen Crelirzismas, behandelt mil

einem SchilddrÜsenp,'iipaml, lirochure in-8° de 16 pages, avec 2 fi-

,-ures. Wien, 1895. Wiener J11edi ? inischen lVochensc1u'i{t.

Olivier (P.) et Halipré (A.). Claudication intermittente chez un

homme hystérique atteint de pouls lent permanenl. - Brochure in-8° de

11 pages. Rouen, 1890. - Imprimerie G. Ueshayes et Ciao.

Santé DE SANCTIS. - Ricerche azzalo>zziclce sul nucleus funicazli leielis.

Brochure in-8° de 35 pages, avec 2 planches hors texte. - Reggio

Emila, 1896. - Tipografia S. Calderini e Figlio.

Le rédacteur-gérant : Bourneville.

Èvreut, Ch, IHRI8SEY, imp. - 396.

Vol. I. Avril 1896. N° 4.

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

CLINIQUE MENT

DÉMENCE VÉSANIQDE, RAMOLLISSEMENT

DU CERVELET (lobe droit), RUPTURE DU COEUR (oreillette droite) ;

Par le D'REXË CIIARON,

Médecin-adjoint des Asiles publics d'aliénés.

Depuis les intéressants travaux d'Elleaume (Essai sur les

causes de mort subite, aï) ; d'Ollivier (Dictionnaire en 30 vol.);

de Le Piez (Essai sur les ruptures du coeU1', 1873), il est

reconnu que la rupture du coeur, signalée par Morgagni, est

une cause de mort assez fréquente chez les vieillards. Elle a

été rencontré chez des aliénés (Pichenot, John Bruce, IIash),

et, si nous nous rapportons à notre expérience personnelle,

elle ne doit pas être plus fréquente dans les asiles que dans les

hôpitaux, puisque sur environ 250 autopsies, c'est la première

fois que nous la trouvons.

Le lieu d'élection de la rupture du coeur, dite spontanée et

dont la cause efficiente est la dégénérescence du muscle, est le

ventricule. Sur un total de 89 observations ressemblées dans

les monographies d'Ollivier et de Le Piez, ces auteurs ne citent

que h cas de rupture des oreillettes, dont 3 cas de rupture de

l'o2,eillette droite. La lésion, ainsi localisée doit donc être

regardée comme extrêmement rare.

On peut en dire autant du ramollissement cérébelleux. La

fréquence de l'hémorrhagie cérébelleuse serait par rapport à

celle du cerveau comme 1 est à 15 (Andral), 1 à 30 ou 35

(Hillairet) ; Brissaud déclare que le ramollissement cérébel-

ARCHIVES, 2° série, t. I. 17

258 CLINIQUE mentale.

Jeux est encore plus rare, et il ajoute : « Le plus souvent le foyer

de ramollissement occupe soit le centre, soit la couche cor-

ticale d'un hémisphère ; rarement, dans ce cas, il s'étend à la

"surface de tout un lobe. » (Traité de niée.)

Dans l'observation suivante le ramollissement intéressait

l'hémisphère droit tout entier. Le vermis et l'hémisphère

gauche étaient intacts. Il n'existait aucune altération de voisi-

nage de nature à masquer les symptômes de la lésion.

Observation. Bom... Cath..., soixante-quinze ans, pension-

naire d'hospice a été internée en 1882 pour « mégalomanie ». Il n'a

été possible de recueillir aucun renseignement sur ses antécédents

personnels et héréditaires.

Au moment de son admission elle était très excitée et incohé-

rente et manifestait des idées de richesse absurdes sans présenter

aucun symptôme paralytique. Elle était atteinte d'un eczéma qu'elle

attribuait bientôt à une maladie vénérienne qu'on lui aurait com-

muniquée à l'asile. Elle ne présentait d'ailleurs aucune trace de

syphilis. ,

A cette excitation maniaque qui persiste pendant environ une

année, viennent s'ajouter des troubles sensoriels. Les idées de ri-

chesse et de persécution se manifestent sans modification. B... reste

absolument inactive, elle accuse constamment les médecins et les

religieuses de lui avoir dérobé sa fortune. Agitation nocturne. Hal-

lucinations de l'ouïe : se lève nue pour aller répondre aux personnes

qui l'appellent. Etat physique peu satisfaisant.

1883. Dépression mélancolique. Vit à l'écart, affaissée, sans au-

cune réaction physique ou mentale. Quelques périodes d'excita-

liou.

1884. Même état. Hallucinations de la vue, de la sensibilité gé-

nérale.

1885. Quelques manifestations mégalomaniaques. L'eczéma a

envahi toute la face et le cuir chevelu. L'état de la nutrition est

mauvais : amaigrissement. Reste constamment repliée sur elle-

même, indifférente à tout.

1886-87-88. Même état de cristallisation. Embonpoint progressif.

1889. Erysipèle de la face sans modification de l'état mental.

Adipose généralisée.

1890-91-92-93-9 ! 4. Inertie physique et mentale complète. Ne ma-

nifeste plus aucune idée délirante. Ne répond à aucune question.

Les lésions eczémateuses ont produit une calvitie complète. Pas de

troubles de la motricité, ni de la sensibilité cutanée.

Un matin, B... parait éprouver des sensations vertigineuses avec

vomissements, refroidissement. On croit à un embarras gastrique,

justifié par les habitudes voraces. La face est pâle, mais n'accuse

DÉMENCE VESANIQUE, RAMOLLISSEMENT DU CERVELET, ETC. 259

aucune soutlrance. Les bruits du coeur sont faibles, sourds, voilés

par' un souffle faible. La malade est alitée, réchauffée. Elle

n'éprouve plus de vertiges, s'alimente, mais reste plus affaissée

que jamais. Mêmes signes que précédemment à l'auscultation du

coeur. La situation est sans changement depuis dix jours, quand

subitement pendant la toilette à la suite d'un effort pour s'asseoir

dans son lit, la malade étend les bras, jette un cri et tombe fou-

droyée.

Autopsie. - Le système pileux est presque complètement détruit

par un eczéma ancien. Le péricrâne est couvert de croûtes épaisses.

Adipose très prononcée. Pas d'anomalies ni d'atrophies partielles

apparentes.

Après ouverture des cavités thoracique et abdominale, la poche

péricardique fait en avant une saillie considérable, incisée, elle

donne issue à environ 400 à 500 grammes de sang cailleboté. Le

lavage de la cavité laisse voir le COEW' recouvert d'un caillot sanguin

adhérent, épais d'environ 1 centimètre et qui semble de formation

antérieure à celle des caillots entraînés par le lavage.

Sur la partie moyenne du bord externe de l'oreillette droite se

présente une déchirure, irrégulièrement circulaire, de la dimen-

sion d'une pièce de 50 centimes et dont les bords déchiquetés sont

rabattus sur la surface externe de l'oreillette au-dessus du caillot

adhérent dont nous avons parlé. La partie de la surface interne du

péricarde correspondant au siège de cette rupture présente un

épaississement très notable et une teinte ocreuse. L'oreillette rem-

plie de caillots sanguins est du côté externe déformée en bissac et

agrandie.

La paroi'auriculaire est friable et très amincie particulièrement

au pourtour de la rupture dont les bords ne dépassent pas 1 mil-

limètre d'épaisseur. - Les veines caves ne présentent rien d'a-

normal.

Le cas : ; ? ' débarrassé des caillots adhérents apparaît couvert d'une

couche épaisse de tissu adipeux. Les ventricules sont de dimensions

normales, leur paroi est très friable, couleur feuille morte. Quel-

ques caillots adhèrent à la surface interne; les piliers sont petits,

peu résistants. Les valvules auriculo-ventriculaires sont saines; la

valvule aortique dure, envahie par des plaques athéromateuses

épaisses est rétrécie et insuffisante. Les artères aorte et pulmo-

naire sont dilatées, gorgées de sang liquide, parsemées de plaques

atl1éromaleuses.- Les poumons se présentent comme deux énormes

caillots sansuins. Ils surnagent et ne renferment aucun noyau

d'induration.

Etat de congestion intense du foie, des reins, de la rate sans lésions

apparentes. Rien d'anormal dans toute l'étendue du tube digestif.

Encéphale. - Le crâne est de consistance normale sans adhérences

de la dure-mère. Celle-ci incisée donne issue à environ 00 grammes

260 CLINIQUE MENTALE.

de sang rouge provenant des artères carotides et vertébrales béantes

et dures. Les sinus sont remplis de sang : le système veineux'péri-

phérique est vide. - La topographie, le volume, le poids des-hé-

misphères cérébraux ne s'écartent point de la moyenne. Les artères

sont indurées et béantes. Les coupes ne laissent voir ni lésion, ni

analomie. -

La protubérance et les pédoncules présentent de l'hémiatrophie il

droite; le bulbe et la moelle cervicale de l'hémiatrophie à gauche. Le

corps olivaire gauche est atrophié et déformé.

Le lobe droit du cervelet est un peu moins volumineux que le

gauche. Il est de consistance très molle, mais sa forme extérieure

est assez bien soutenue par le lacis pié-mérien. On voit seulement

une dépression à sa partie postéro-interne. A la coupe les subs-

tances grise et blanche sont ramollies dans toute leur étendue

avec maximum de diffluence à la partie interne. L'hémisphère

droit tout entier n'est qu'une véritable bouillie blanche, légèrement

ocreuse par endroits. Il ne reste plus du système vasculaire que des

filets ténus qui semblent ne plus être perméables depuis longtemps.

Les lobes moyen et gauche sont normaux.

L'examen microscopique du coeur et de plusieurs muscles locomo-

teurs a révélé une dégénérescence graisseuse parvenue à un degré

extrême. Au coeur la fibre musculaire est envahie par les granules

graisseux dans toutes les paities de l'organe et l'oreillette droite.

siège de la rupture, n'est plus à proprement parler qu'une poche

très mince du tissu conjonctif et graisseux.

Le système artériel n'est plus dans toute son étendue qu'un lacis

de tubes rigides, friables, parsemés de plaques athéromateuses très

rapprochées et dans lesquels il ne reste presque plus rien des tuni-

ques élastiques et musculaires. Les altérations sont surtout accen-

tuées à la base du crâne, en particulier aux artères hasilaire et

vertébrale du côté droit. Les artères cérébelleuses oblitérées dès leur

origine n'apparaissent plus que sous la forme de filets ténus et

imperméables. La multiplicité des vaisseaux atteints permet

d'exclure l'embolie comme cause de cette oblitération, il s'agit

donc sans doute, d'une thrombose oblitérante ancienne. Quant aux

circonstances qui ont pu influer sur la localisation de cette lésion,

elles n'apparaissent à aucun signe.

Quoi qu'il en soit, les deux lésions, rupture du coeur et ramollis-

sement cérébelleux sont ici sous la dépendance d'une même cause

l'artérite généralisée, laquelle pourrait être de nature syphilitique.

Bien que l'examen n'ait révélé aucune trace de vérole, les mani-

festations délirantes de B... autorisent cette supposition.

La localisation et le mécanisme de la rupture permettent

quelques remarques intéressantes. Comme on l'a vu plus haut

la surface interne du péricarde présentait un épaississement

DÉMENCE YÉSANIQUE, RAMOLLISSEMENT DU CERVELET, ETC. 261

rugueux produit par un frottement ancien de l'oreillette droite.

C'est au siège même de ce frottement que la paroi auriculaire,

très amincie, s'est rompue, et ce frottement semble bien être

le résultat de l'attitude vicieuse de la malade qui, depuis plus

de dix ans, se tenait constamment nuit et jour repliée sur

elle-même dans la station accroupie, les poings ramenés sur les

genoux et la base du thorax appuyée et comprimée sur les

poings.

Les signes cliniques et anatomo-pathologiques indiquent que

dans notre cas la rupture auriculaire s'est produite en deux

temps espacés ; d'abord une déchirure probablement très

petite avec écoulement sanguin peu abondant qui se traduit

par les troubles décrits plus haut (syncope, vomissement,

refroidissement), puis dix jours plus tard, à la suite d'un

effort pendant la systole ventriculaire, déchirure en étoile de la

première fissure avec irruption sanguine considérable entraî-

nant la mort instantanée.

En raison de l'obscurité qui entoure encore la physiologie

du cervelet, les lésions pathologiques de cet organe et l'obser-

vation de leurs symptômes sont toujours intéressantes. Malgré

les contradictions des expérimentateurs qui font du cervelet

tantôt un organe de la coordination des mouvements et de

l'équilibre (Flourens, Ferrier), tantôt un organe homogène pro-

duisant une action bilatérale et directe sur l'appareil locomoteur

(Luciani), tantôt un organe modérateur pour la moelle et

excitateur pour le cerveau (I.ussell) avec indépendance fonc-

tionnelle des deux moitiés ; il est acquis que le cervelet exerce

une action sur le système musculaire. Mais cette action est-elle,

pour chaque hémisphère, bilatérale ou unilatérale ? est-elle

coordinatrice et régulatrice ou simplement tonique et tro-

phique ?

Dans notre observation il s'agit de la suppression complète

d'un hémisphère cérébelleux et cette lésion ne s'est traduite

pendant la vie par aucun symptôme unilatéral. B... n'a jamais

présenté ni incoordination des mouvements, ni vertiges, ni

troubles de la sensibilité générale. Mais, après avoir présenté

de l'excitation maniaque, elle est tombée peu à peu dans

l'espace de quelques mois dans un état d'inertie physique et

psychique profond, qui a duré jusqu'à sa mort après avoir

entrainé la démence.

Cette évolution dans l'état mental de B... avait paru singu-

362 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

Hère en son temps sans qu'il fitt possible de l'attribuer à une

lésion intercurrente ; il est légitime de penser qu'elle était en

réalité sous la dépendance du ramollissement cérébelleux

constaté àl'autopsie. En admettant cette interprétation, on con-

firmerait l'opinion de Luciani pour qui le cervelet est (dans la

sphère physique) un organe de renforcement du cerveau, homo-

gène, dont les actions sté1l1'que, tonique eltrophique s'exercent

sur les deux moitiés du corps et dont les lésions, si étendues

qu'elles soient, ne se traduisent que par des phénomènes de

déficit; on pourrait admettre également que le cervelet exerce

de plus une action de renforcement dans la sphère psychique et

que ses lésions produisent de ce côté les mêmes phénomènes

de déficit que dans la sphère physique. Cette hypothèse s'accor-

derait d'ailleurs avec les observations'de Bourneville qui, dans

ses remarquables Eludes cliniques et thermométriques sur les

maladies du système nerveux a déjà constaté chez les indi-,

vidus porteurs de lésions cérébelleuses anciennes des troubles

du caractère, et des idées mélancoliques avec dépression

physique.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE,

XXXVH. LA tétanie, avec observation d'un cas TYPE; par George

J. PRESTON. (The New-York Médical Journal, 8 juin 1895.)

On a singulièrement étudié, dans ces dernières années, le domaine

de la tétanie, telle que l'ont décrite Trousseau, Dance, Corvisart,

Steinheim et d'autres auteurs. L'observation que rapporte M. Pres-

ton est conforme au type anciennement établi, et l'auteur souhai-

terait que le nom de tétanie fût réservé à ces cas bien définis. On

peut se demander si la tétanie est une affection suffisamment dis-

tincte pour qu'on la sépare des autres formes de spasmes muscu-

laires (et l'auteur penche pour l'affirmative) et aussi quelles sont

ses causes ; sur ce dernier point, la réponse dans l'état actuel de la

science, doit demeurer incertaine : les symptômes toutefois len-

draient à faire admettre que le siège de la lésion est dans la moelle

plutôt que dans le cerveau. L'auteur termine son travail par quel-

ques considérations sur le traitement de l'affection dont il s'agit.

R. M. C.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 263

aTlVlli. Sur r..1 compression cérébrale; par John MACPHERSOK.

(The Journal of Mental Science, oelo]¡re 1894.)

L'auteur formule en ces termes les conclusions générales de son

travail : 1° tout ce que nous savons sur la pathogénie de l'état

décrit sous le nom de compression cérébrale - aussi bien d'ail-

leurs que les faits généraux d'expérience - semble indiquer que

l'on peut remédier à cet état par l'intervention chirurgicale; 2° dan,

l'état actuel de nos connaissances, il est désirable que nous possé-

dions une expérience plus complète et plus étendue des résultats

fournis par les opérations chirurgicales pratiquées en vue de remé-

dier à la compression cérébrale ; 3° les opérations de ce genre sont

légitimes et justifiées par la raison qu'elles sont éminemment sûres

etque soigneusement pratiquées, elles sont pratiquement indemnes

de tout risque de mortalité. ' R. 11. C.

1

XXXIX. Abcès du cerveau; parN.-B. CARSON. (The New-York Médical

Journal, 27 avril 189 : i.)

Nous résumons les points principaux de ce travail. Les abcès du

cerveau ne sont pas aussi rares qu'on le pense communément, et

l'auteur a pu en observer un assez grand nombre de cas.

Le premier est celui d'un enfant qui était tombé d'un troisième

étage et portait au crâne une fracture comminutive, avec pénétra-

tion des fragments osseux dans le cerveau; pendant l'exploration

faite par l'auteur quelques mois après l'accident, une poche fluc-

tuante fut accidentellement crevée, donnant issue à une quantité

considéiable de pus. L'enfant a bien guéri.

Dans le second cas, un jeune homme reçoit au crâne, dans une

rixe un coup de fourchette; les dents de la fourchette se brisent

et à travers le crâne fracturé, trois d'entre elles pénètrent dans le

tissu cérébral. Le siège du traumatisme était la tempe gauche.

Deux des branches de la fourchette avaient donné lieu à la forma-

tion d'un abcès du cerveau, ainsi qu'on put le constater à l'au-

topsie.

Dans un autre cas, chez un enfant de quatre ans, un catarrhe

masal d'origine traumatique transporta, par la lame criblée de

l'ethmoïde, des éléments infectieux jusque dans le cerveau où un

abcès se produisit et causa la mort.

Un cinquième fait est celui d'un abcès cérébral consécutif aune

suppuration de l'oreille moyenne : l'auteur donne des détails cir-

constanciés sur ce cas, qui motiva une intervention chirurgicale et

se termina par la mort.

Le sixième malade était un enfant de huit ans qui fut mordu au

côté droit de la tête par un insecte très commun dans le pays. Le

.cuir chevelu s'enilamma et un abcès se forma, occupant l'espace

264 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

compris entre le sourcil et l'éminence pariétale. L'abcès fut ouvert

vidé et guéri. Quelque temps après l'enfant fut pris de mouvements

spasmodiques, intéressant d'abord les muscles de l'angle externe

de l'oeil gauche, puis ceux de l'angle de la bouche, puis ceux du

- bras et enfin ceux de la jambe du même côté. Cet état convulsif

dura cinq heures pendant lesquelles le malade fut privé de l'usage

de la parole; pendant une partie au moins du même temps il

était inconscient. L'enfant guérit, mais il conserva un certain degré

de parésie du côté gauche, surtout au voisinage de l'angle de la

bouche. R. M. C.

XL. Sur la névrite; par F.-1L STEPHENsoN. (The u'etu-7'orh; Médical

Journal, 8 juin 1895.)

L'auteur se propose d'étudier surtout la névrite accidentelle ou

isolée, et il publie quatre observations. Dans la première il s'agit

probablement d'un cas de névrite d'origine diphtéritique. Le

deuxième fait est un cas de névrite a frigore. Le troisième cas était

dû à une contusion du nerf sciatique. Le quatrième malade offre

un exemple de douleurs se réfléchissant du côté opposé du corps

alors qu'il n'y a de ce côté, secondairement envahi par la douleur,

aucun signe de névrite.

A l'occasion de chacun de ces faits, l'auteur entre dans quelques

considérations sur la symptomatologie des névrites, sur le dia-

gnostic différentiel, et sur le traitement. R. M. C.

XLI. Paraplégie TOXIQUE; par E.-R. AxTELL. (The New-York Médical

Journal, 27 juillet 1895.)

Le malade dont l'auteur rapporte l'observation n'a été vu par

lui qu'après la disparition des accidents paraplégiques; il a pensé

que, néanmoins, le cas était assez intéressant pour mériter d'être

publié. `

Il s'agit d'un homme de vingt-trois ans, célibataire, et exerçant

la profession de peintre, qui demandait à être soigné pour une

plaie siégeant à la partie interne de la jambe droite. Pendant son

enfance, le malade avait une bonne santé. A l'âge de huit ans, il

commença (son père tenait un débit de spiritueux) à faire usage de

boissons alcooliques : on ne le surveillait pas et on le laissait boire à

volonté des liqueurs fortes, pour lesquelles il paraît avoir eu un

goût marqué et précoce puisque, à l'âge de douze ans, il s'était déjà

mis plusieurs fois en état d'ivresse. Dès qu'il commença à gagner

de l'argent, il le dépensa en liqueurs fortes, buvant souvent à jeun,

préférantle whiskey, mais se contentant, quand il manquait d'ar-

gent, d'alcool pur mélangé d'une moitié d'eau. Il y a eu des mois

entiers pendant lesquels il n'a jamais cessé d'être sous l'influence

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. ' 265

de l'alcool. A neuf ans il commença à fumer, et jusqu'au moment

de sa paralysie il fumait de dix à quarante cigarettes par jour. Il

nie absolument avoir eu la syphilis. Il y a trois ans et demi, il

commença à exercer l'état de peintre, et l'exerça dix-mois : c'est

alors que parut la paralysie, précédée de douleurs vives et aiguës

dans le dos, et d'engourdissements et de fourmillements dans les

jambes et les bras, qui devinrent douloureux au toucher. Il assure

qu'il pouvait mouvoir la tête, la face et la langue; mais ne pouvait

ni uriner, ni aller à la selle. Durant deux semaines, il demeura

paralysé, sans pouvoir faire agir un seul muscle des extrémités.

Le mouvement revint d'abord à la main droite, puis au bras

gauche. Enfin, graduellement, il guérit, et put marcher avec des

béquilles, après quatre mois de séjour au lit.

Pendant l'état paralytique, il remarqua que ses deux jambes

étaient enflées et que leurs veines, ainsi que celles de l'abdomen,

étaient saillantes ; c'est après avoir gratté l'une de ces jambes

enflées qu'il vit apparaitre la plaie pour laquelle il consulta l'au-

teur, plaie rebelle et dont la guérison a été lente.

Actuellement son état général est satisfaisant, il dort bien, il a

bon appétit, l'intestin fonctionne régulièrement, il ne tousse pas,

la miction est normale. Il a repris l'habitude des boissons alcooli-

ques et des cigarettes; mais il n'use que très modérément des unes

et des autres. Les veines des deux jambes sont variqueuses, et sur

l'abdomen l'épigastrique superficielle est volumineuse et saillante;

les diverses sensibilités sont normales. Pas de liseré gingival.

Il paraît évident à l'auteur qu'il s'agissait là d'une paralysie

toxique liée à une triple intoxication (alcool, tabac, plomb). Il entre

à propos de celte observation dans quelques détails sur la nature

et les symptômes de diverses formes de paraplégie.

R. de MUSGRAVE CLAY.

XLII. Un cas DE paralysie bulbaire UNILATÉRALE SUIi41GUE, AVFC

autopsie; par Alfred Wiener. (The New-York Médical Journal,

14 juillet 1894.)

Les paralysies bulbaires unilatérales sont peu communes et l'au-

teur a pensé qu'il ne serait pas sans intérêt de rapporter le cas

qu'il a observé. Il s'agit d'un jeune homme de dix-sept ans, sans

antécédents névropathiques, mais ayant présenté des symptômes

de pharyngite, et plus tard, de chaque côté, dans la région sterno-

mastoïdienne, des engorgements ganglionnaires qui nécessitent

l'énucléation des glandes malades des deux côtés : les ganglions

extirpés furent reconnus tuberculeux. Le premier signe qui attira

l'attention du côté d'une paralysie bulbaire fut une déviation de la

langue à droite : bientôt survinrent quelques troubles de la déglu-

tition, de l'enrouement et de la toux ; tous ces symptômes se mani-

266 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

festaient dans un délai d'une dizaine de jours. La langue était

atrophiée et spongieuse au loucher sur le milieu de sa moitié droite

elle répondait mal il l'excitation faradique. Le raphé de la partie

-molle de la voûte palatine était dévié à gauche, aussi bien que la

luette qui était allongée et légèrement épaissie. La sensibilité géné-

rale et le goût étaient conservés. La déglutition était difficile,

moins difficile cependant que dans les cas de paralysie bilatérale.

Les aliments solides étaient mieux avalés que les liquides. L'exa-

men laryngoscopique montra que la dysphonie était due à une

lésion du récurrent laryngé droit, ayant déterminé une paralysie

unilatérale complète à droite. Les fonctions qui relèvent des autres

nerfs crâniens étaient normales, ainsi que les réflexes tant profonds

que superficiels. La mort survint au bout de deux mois après deux

crises d'affaiblissement de la respiration. Tel est le résumé clinique

de ce cas qui a commencé par une paralysie unilatérale de la

langue, des parties molles du palais, et du larynx du côté droit

pour aboutir, peut de temps avant la mort, à une paralysie bila-

térale incomplète. -

L'auteur indique ensuite les hypothèses qu'il a faites, - succes-

sivement admises ou repoussées pour arriver à établir d'après

les symptômes, le diagnostic anatomique de la lésion. L'autopsie

lui montra que l'hypothèse à laquelle il avait donné la préférence

était inexacte. En l'absence de lésions macroscopiques de quelque

valeur, l'examen histologique seul devait présenter de l'intérêt ;

en voici les résultats : l'air motrice corticale, la capsule interne, la

capsule externe, les pédoncules, la protubérance sont normaux. Le

noyau de la douzième paire est très altéré à droite; il l'est très

peu à gauche. Le noyau de la dixième paire (nerf vague accessoire)

est très peu atteint, un peu plus toutefois à droite qu'à gauche.

Le noyau de la neuvième paire, à droite, n'est que très légère-

ment atteint. Le faisceau respiratoire est complètement dégénère

à droite, tandis que, à gauche, dans la région du noyau de l'hypo-

glosse, il n'est malade que dans ses portions inférieure et exté-

rieure. Les racines lntra-médullaires de la neuvième paire et du

nerf vague, vague accessoire et hypoglosse sont moins saillantes

a droite qu'à gauche.

Rapprochons maintenant les faits cliniques des faits anato-

miques. Cliniquernent : développement en dix jours d'une paralysie

unilatérale complète du côté droit de la langue, des parties molles

du palais, du pharynx et du récurrent laryngé, le tout sans rien

qui puisse attirer l'attention sur la possibilité d'une lésion d'autres

nerfs crâniens ou rachidiens que ceux des quatre dernières paires.

- Historiquement : dégénérescence très accusée du noyau de

l'hypoglosse adroite, dégénérescence légère des noyaux adjacents,

' dégénérescence complète du faisceau respiratoire.

L'interprétation des faits est ici d'autant plus difficile que les

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 267

auteurs sont loin d'être d'accord sur la physiologie des noyaux

dont il s'agit. L'auteur après une intéressante discussion des faits,

des opinions et des interprétations possibles, est amené à formuler

les conclusions suivantes :

10 La région du noyau de l'hypoglosse donne naissance aux

fibres nerveuses qui alimentent la langue, le palais, le pharynx et

le larynx de chaque côté du corps;

2° La colonne de fibres nerveuses connue sous le nom de fais-

ceau respiratoire est composée de fibres provenant des nerfs glosso-

pharyngien, vague et vague accessoire, et il est probable que les

fibres provenant du nerf vague et du nerf vague accessoire occu-

pent la partie inférieure et externe de cette colonne.

3° Dans le pharynx et les parties molles du palais, le réflexe de

la nausée paraît être placé sous la dépendance du glosso-pharyn-

gien, qui envoie aussi des filets moteurs aux muscles du pharynx.

Ces derniers filets naissent du noyau de l'hypoglosse, et montent

le long du faisceau respiratoire jusqu'au noyau propre, d'où ils

émergent avec le losso-pharynrien;

4° Les muscles des parties molles du palais ne sont pas innervés

par des fibres émanant de la septième paire.

R. DE MUSGHAVE CLAY.

XLIII. Chorée DE Huntington ; par Arthur CONKLIN BItUSH. (The

New-York Médical Journal, 9 mars l8cJ.)

Il s'agit d'une affection peu commune et l'auteur en a observé

deux cas dont l'observation peut se résumer ainsi :

Observation I. Négresse de cinquante-deux ans : sa soeur est

atteinte de la même maladie. Pas d'hérédité. Trois ans avant son

entrée à l'hôpital, elle commencé à avoir des contractions involon-

taires des muscles de la face : puis les bras, le corps et finalement

les membres inférieurs ontélé successivementenvahis. Les spasmes

cessent pendant le sommeil, et s'interrompent quelquefois dans la

journée pendant un laps de temps qui peut n'être que de quelques

minutes ou dépasser une heure. Ils augmentent sous l'influence de

l'excitation mentale ou de l'attention. Les contractions muscu-

laires sont cloniques et intéressent les groupes musculaires qui ont

coutume de s'associer pour exécuter un mouvement intentionnel :

elles peuvent être passagèrement maîtrisées par un effort volon-

taire et cessent pendant les mouvements intentionnels. Au point de

vue mental on note la perte de la mémoire et l'affaiblissement

intellectuel. Pendant un an, l'état de la malade resle stationnaire,

puis elle est prise de plusieurs crises épileptiformes, et meurt dans

le coma qui succède à l'une d'elles.

Observation IL - Femme de quarante-six ans, dont le père a

268 .REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

présenté des symptômes identiques. Trois ans avant son entrée à

l'hôpital, elle a vu apparaître des contractions involontaires des

muscles de la face, qui se sont aggravées et ensuite propagées aux

- bras, au tronc et aux jambes. Ces spasmes sont partiellement maî-

trisés par les efforts volontaires. De légers mouvements persistent

pendant le sommeil. Les mouvements convulsifs sont d'ordre clo-

nique et intéressent des groupes musculaires physiologiquement

associés. On note également des contractions fibrillaires, et des

spasmes partiels et isolés de plusieurs muscles individuellement,

ainsi qu'une certaine incoordination dans les jambes et les bras

des deux côtés.

On disait que la chorée de Huntington se distingue des autres

variété ? de chorée par les caractères suivants : elle est chronique

et progressive, sans tendance à la guérison, mais elle n'abrège

ordinairement pas la vie ; - elle apparaît assez tard dans la vie,

car elle débute communément entre trente et quarante ans ;

elle est plus fréquente chez les femmes que chez les hommes ;

elle est ordinairement accompagnée d'affaiblissement mental ou de

mélancolie, avec ou sans délire ; - si une génération échappe à

l'hérédité, la maladie ne reparaît pas dans cette branche de la

famille ; - elle ne reconnaît aucune cause appréciable ; - elle

commence par la face et se propage de haut en bas, en s'aggra-

vant.

Les auteurs ditièrent d'opinion sur la nature des contractions

musculaires ; mais il s'agit là d'une différence sans importance,

puisque les deux variétés décrites se rattachent à une lésion unique,

la différence n'étant due qu'au degré des altérations subies par les

cellules motrices corticales.

L'auteur rappelle ensuite quelques données de physiologie céré-

brale qui peuvent aider à l'interprétation du mécanisme de produc-

tion de la chorée de Huntington, et il déduit de ces données les

commentaires que nous résumons ici : des modifications anato-

miques telles que celles que l'on rencontre dans cette affection,

portant principalement sur les couches corticales superficielles,

auront pour effet, suivant le degré de la lésion cellulaire, soit

d'affaiblir, soit de détruire le pouvoir d'inhibition de la couche

sensorielle. laissant les cellules motrices libres d'accomplir leur fonc-

tion de décharge dès qu'elles ont acquis une force suffisante.

Si la lésion est modérément accusée, il peut subsister un nombre

suffisant de cellules saines pour maîtriser temporairement ces

décharges motrices, ainsi que cela arrive quand l'attention est

fixée sur ce point, ou encore dans les mouvements intentionnels.

- Si la lésion des couches motrices n'est pas assez profonde pour

rompre le groupement des cellules, les contractions musculaires

comprendront des groupes de muscles associés, et surtout, parmi

ces groupes, ceux qui sont le plus habituellement sous la dépell-

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 269

dance de l'esprit, comme ceux de la face et de la main. - Si les

lésions de dégénérescence s'étendent aux cellules motrices, cette

action associée est détruite, et l'on observe alors des contractions

irrégulières et des tremblements fibrillaires, provenant de ce que

les centres spinaux sont alors libérés de tout contrôle : de là aussi

l'exagération des réflexes et l'incoordination. L'absence ou la dimi-

nution des contractions pendant le sommeil a pour cause l'aboli-

tion de toute action corticale chez l'homme endormi ; les muuve-

ments qui peuvent'alors subsister sont d'origine spinale. - Quant

aux troubles mentaux qui accompagnent, tôt ou tard, mais inva-

riablement, la chorée de Huntington, ils sont la conséquence de

modifications analogues survenues dans les centres de la volition,

et dans le mécanisme qui les met en rapport avec les autres

centres. R. de Musgrave CLAY.

XLIV. UN cas anormal DE SCLÉROSE EN plaques ; par Théodore

DILLER. (The New-York Médical Journal, 25 mai 1895.)

'Il s'agit d'un cas où le diagnostic est rendu très difficile par la

possibilité où l'on se trouve d'attribuer le tremblement à une cause

toxique.

Le malade a vingt-et-un ans. Hérédité nulle. Aucune maladie

dans l'enfance sauf la coqueluche. A treize ans, il est employé au

vernissage dans une fabrique de chaises : impossible de préciser la

composition des vernis, mais le malade sait bien que l'on employait

du plomb dans la fabrique. Il y reste jusqu'à seize ans, c'est-à-dire

un an après l'apparition des premiers tremblements. De seize à

dix-huit ans, sans être lui-même occupé à ce travail, il est employé

dans une maison de nickelage et d'argenture. De dix-huit ans

jusqu'à l'époque actuelle, sans manier lui-même le mercure, il est

employé au polissage des cadres dans une maison d'étamage de

glaces.

A quinze ans, apparition d'un tremblement aux mains s'accen-

tuant surtout dans les petits mouvements (écriture) : à dix-neuf

ans, tremblement des pieds. Depuis six mois, projection de la tête

en avant et à droite durant la marche. Affaiblissement et amai-

grissement.

A l'examen actuel, maigreur générale : démarche saccadée, la

tête jetée en avant et à droite. Le malade étant tranquillement

assis, on note un tremblement des mains et des pieds, plus ample

que dans la paralysie agitante. En cas d'émotion, un peu de trem-

blement du visage et de la langue. Les petits mouvements de pré-

cision n'augmentent pas le tremblement des mains. Des deux

côtés, exagération légère du réflexe du genou. Pupilles dilatées,

globes oculaires un peu saillants, léger strabisme interne. Pas de

nystagmus. Légère hésitation du langage. Lenteur et affaiblisse-

270 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

ment intellectuels. Diminution considérable des forces. Pas d'atro-

phie musculaire. Le malade affirme que lorsqu'il est seul et calme,

le tremblement peut disparaître entièrement pendant plusieurs

heures. L'examen ophtalmoscopique donne pour le champ visuel

gauche 20/30 papille normale - et pour le champ visuel droit

20/100, avec légère rétraction des artères et papille de coloration

normale, mais il bords nettement tranchés.

S'il s'agit d'un cas de sclérose en plaques, dit l'auteur, ce cas est

anormal en ce qui touche le tremblement puisque les auteurs sont

d'accord pour admettre que le tremblement dans cette maladie

accompagne les mouvements, et pour mettre en doute la possibi-

lité de sa persistance durant le repos : aussi est-ce sur les autres

symptômes énumérés plus haut que l'auteur s'est appuyé pour éta-

blir son diagnostic.

Si maintenant on étudie ce tremblement même, l'âge, l'aspect

du malade font immédiatement écarter la démence paralytique

aussi bien que la paralysie agitante. Il ne paraît guère plus légi-

time d'admettre la maladie de Friedreich ou celle de Graves. Seule

l'hypothèse d'un tremblement toxique demeurerait admissible sur-

tout en tenant compte des emplois qu'a successivement occupes le

malade ; mais si l'on admet cette hypothèse, ce sont les autres

symptômes présentés par le malade qui ne s'expliquent plus et qui

deviennent anormaux, tandis qu'ils s'accordent avec l'existence

d'une sclérose disséminée. Il ne serait pas impossible toutefois

qu'une intoxication métallique vient ici compliquer la symptoma-

tologie de la lésion médullaire. R. DE Musgraye CLAY.

XLV. UN cas DE SCLÉROSE spinale postérieure, avec prodromes OCU-

LAIRr : S anormaux ; par C. Il. Cnunu. (The New-York Médical jour-

nal, 15 juin 1895.)

Ce cas est intéressant à cause de la rareté des symptômes ocu-

laires, qui, chez le malade, ont précédé d'un an l'apparition des

autres smyptômes caractéristiques de la maladie, et de bien plus

longtemps, l'abolition du réflexe du genou et des autres réflexes;

il montre l'importance des troubles oculaires dans la sclérose posté-

rieure, et l'utilité d'un examen ophtalmoscopique précoce, dût-il

ne donner comme dans le cas actuel que des résultats négatifs.

Il s'agissait d'un homme de soixante ans, sans habitudes alcoo-

liques et sans antécédents syphilitiques, présentant des douleurs

fulgurantes paroxystiques, avec sensation de froid et de pression

aux extrémités inférieures; le réflexe du genou n'était que très

légèrement diminué, si tant est qu'il l'ait été : à l'examen de la vue,

on constate un scotome central de deux pouces de diamètre à la

distance d'un pied, sans que l'examen ophtalmoscopique révèle

de lésion capable de l'expliquer; il existe une légère érosion sur

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 27'J Il

le bord externe de la papille, et à gauche, une pulsation assez vive

de la veine centrale de la rétine. En deux mois, sans traitement,

on note la disparition du scotome qui ne reparaît pas. On ne note,

comme autres symptômes oculaires, mais qui ne se sont manifesté

que bien plus tardivement qu'une diplopie passagère et de l'irido-

plégie.

L'observation des premiers symptômes du côté des yeux remonte

à 1880, et pendant quinze ans, le malade a été régulièrement suivi

et observé, et tout est venu confirmer le diagnostic primitivement

porté de sclérose postérieure. L'autopsie n'a pu être pratiquée.

R. M. C.

XLVI. UN cas DE cécité absolue (amblyopie) par anopsie. guérison ,.

par A. SClIIR1 ! ANN. (The New-York Médical Journal. 10 août

1895.) -

Cette observation d'un cas rare est intéressante à divers points

de vue ; il s'agit d'un homme de cinquante-un ans, qui à l'âge de

deux ans avait eu une variole ayant atreclé les deux yeux. L'oeil

gauche était irrémédiablement perdu, le globe oculaire ayant été

absolument détruit. A droite la sensibilité à la lumière solaire

avait persisté, mais à un degré infiniment faible. Le malade ne

voyait pas la main du médecin. On distinguait sur cet oeil une opa-

cité blanchâtre enchâssée au niveau de la jonction de l'iris et de

la cornée (leucome adhérent). Un peu au-dessous du centre existait

une large tache de la cornée au bord central de laquelle l'iris

adhérait étroitement. Une intervention chirurgicale ne pouvant

rien compromettre, l'iridectomie fut tentée, plutôt dans un but

esthétique qu'avec l'idée de restaurer la vue. Le cristallin et sa

capsule parurent transparents, fait que l'examen ophtalmosco-

pique ne tarde pas à vérifier; le même examen montra que la

rétine et le nerf optique n'avaient pas perdu leur fonction, bien

que le malade eût absolument perdu la vue depuis près de cin-

quante ans. Le lendemain de l'opération, il distinguait la main à

cinquante centimètres, et le troisième jour, il la voyait à quatre

mètres de distance. Aidée par des verres appropriés, sa vision con-

tinua à s'améliorer, et bientôt il put mesurer une distance, re;on-

naître une personne et distinguer les objets environnants. Pendant

les années de cécité le développement mental avait été presque

nul, et les actions du malade avaient un caractère puéril. En même

temps que la vue, l'intelligence se développe très lentement à la

vérité, mais dans une mesure bien appréciable.

L'auteur rappelle en terminant que deux cas analogues ont été

publiés, l'un par Mackenzie dans le lancer de 1888, l'autre par

PIluger, qui l'avait observé en 1885 à Berlin. R. M. C.

272 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

XL VIL Symptomatologie DES affections cérébelleuses : ANALYSE CLI-

NIQUE DE CENT CAS, SUIVIE DE QUATRE OBSERVATIONS PERSONNELLES ;

par William C. KR : 1USS. (The New-York Médical Journal, lé" juin

1895.)

L'auteur débute par un historique, très succinct, mais suffisam-

ment complet de la question, et il résume ainsi les données qui, à

l'heure actuelle, paraissent acquises à la science : 1° les lésions uni-

latérales du cervelet déterminent des symptômes dans le côté du

corps qui leur correspond ; 2° l'ablation partielle du cervelet déter-

mine un affaiblissement musculaire qui disparait presque complè-

tement au bout de quelques mois ; 3° après l'ablation complète

du cervelet, chez l'animal, les mouvements des extrémités infé-

rieures sont entravés et les membres inférieurs refusent d'obéir

aux impulsions qui essayent de diriger leur action ; 4° le cervelet

exerce une certaine action sur la régulation des mouvements mus-

culaires, soit de coordination, soit de compensation : l'opinion des

auteurs paraît pencher en faveur de ce dernier groupe de mouve-

ments ; 5° les lésions du lobe moyen paraissent affecter les deux

côtés du corps, tandis que les lésions des lobes latéraux ou des

pédoncules n'affectent que le côté correspondant.

En résumé, suivant la majorité des observateurs, le cervelet,

considéré comme centre nerveux, préside à la coordination des

mouvements musculaires, laquelle a pour résultat de maintenir

l'équilibre du corps, de guider la démarche et d'assurer, la station.

Passant de la physiologie expérimentale à la clinique, l'auteur

recherche dans quelle mesure les faits cliniques s'accordent avec

les faits expérimentaux, et pour cela il s'appuie sur 97 cas dans

lesquels le diagnostic a été vérifié à l'autopsie ; ces cas se répar-

tissent ainsi au point de vue de la nature des lésions : sarcome

22 cas; tuberculose, 22 cas; gliôme, 18 cas; abcès 10 cas ; tumeur

de nature non spécifiée, 13 cas ; kyste, 7 cas ; ramollissement, en-

dothéliome, tumeur sarco-kystique, cancer, gomme, fibrome et

hémorragie, de chaque un cas.

Au point'de vue du siège, les lésions occupaient le lobe gauche

dans 32 cas, le lobe droit dans 32 cas, le lobe moyen dans 17, les

deux lobes latéraux ensemble dans 6, le lobe droit et le lobe moyen

dans 3, le lobe gauche et le lobe moyen dans cas.

Au point de vue des manifestations cliniques, les quatre grands

symptômes que l'on a coutume de considérer comme caractéris-

tiques des lésions intra-crâniennes ont présenté la répartition sui-

vante : 1° la céphalalgie existait dans 83 cas, elle faisait totalement

défaut dans G cas ; dans 12 cas, elle n'est pas mentionnée ; 2° les

vomissements existaient dans 09 cas, manquaient dans 9, et ne

sont l'objet d'aucune mention dans 23 ; 3° la névrite optique a été

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 273

rencontrée 66 fois, elle a manqué 12 fois, 23 fois elle n'est l'objet

d'aucune mention ; 4° le vertige existait dans 48 cas, manquait

dans 9, et n'est pas mentionné dans 43.

Si l'on passe aux symptômes qui ne sont plus des symptômes

cardiuaux, on rencontre 45 fois la douleur ou la sensibilité de la

région occipitale : ce signe est douteux dans 30 cas; dans 8 il

n'est pas indiqué. L'ataxie est notée dans 58 cas ; elle fait défaut

dans 9, et n'est l'objet d'aucune indication dans 33.

L'asthénie musculaire, souvent qualifiée à tort de paralysie ou

de parésie, a été observée 48 fois ; elle a manqué dans 14 cas, et

dans 38 elle n'est pas mentionnée. Les convulsions partielles ou

générales ont été notées dans 30 cas, elles ont manqué dans 14,

et 56 observations sont muettes à cet égard.

On a souvent cru trouver dans l'inclinaison de la démarche à

droite et à gauche un signe propre à préciser le côté de la lésion :

les observations recueillies dans 35 cas montrent qu'il n'y a pas là

de règle absolue, mais que cependant les mouvements du sujet se

dirigent généralement du côte sain vers le côté malade.

Les réflexes tendineux étaient normaux dans 10 cas, exagérés

dans 12, diminués ou absents dans 12.

Les troubles de la sensibilité générale n'ont été que trop rare-

ment notés pour qu'on puisse arriver à une conclusion tant soit

peu précise.

Il y a d'autres symptômes importants : ce sont ceux qui sont dus

à la compression par une tumeur, du plancher du quatrième ven-

tricule ; cette compression peut donner lieu à une paralysie des

cinquième, sixième, septième, huitième, neuvième et dixième

paires crâniennes; elle peut aussi obstruer la veine de Galien, et

parla déterminer la dilatation des ventricules latéraux et du troi-

sième ventricule. Ces symptômes sont des symptômes secondaires,

mais leur coïncidence avec les symptômes primitifs peut servir à

faciliter la localisation de la lésion dans le cervelet. Il se peut que

la morl subite, si souvent observée dans les lésions cérébelleuses,

soit due à la compression du nerf vague.

En résumé, les principaux symptômes des lésions cérébelleuses,

rangés suivant leur ordre de fréquence dans le groupe des cas étu-

dié par l'auteur, sont : la céphalalgie, les vomissements, la névrite

optique, les vertiges, l'ataxie, l'asthénie musculaire, la douleur et

la sensibilité de la région occipitale, la tendance de la démarche à

incliner du côté de la lésion, les convulsion*, - et, parmi les

symptômes secondaires, les paralysies nucléaires, la polyurie, la

glycosurie, les tremblements et la mort subite. Les symptômes

négatifs comprendraient les modifications des désirs sexuels, les

troubles de l'intelligence et des sensations, et la variabilité des

réflexes tendineux.

L'auteur termine son travail par le résumé de quatre observations

Archives, 2° série, t. l. 18

274 . REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

personnelles. Dans le premier cas, il s'agissait d'une tuberculose

du cervelet vérifiée à l'autopsie. Dans le second cas, on avait dia-

gnostiqué pendant la vie un néoplasme du lobe cérébelleux droit :

l'autopsie vérifia le diagnostic tout en précisant la nature de la

tumeur qui était kystique. Chez le troisième malade, il s'agissait

d'un abcès du lobe cérébelleux' gauche, diagnostiqué pendant la vie

et constaté à l'autopsie. Le quatrième fait est relatif à une malade

qui vit encore, et chez laquelle le diagnostic demeure hésitant

entre une tuberculose ou un abcès du cervelet.

R. DE MUSGRAVE CLAY.

XLVIII. La syphilis cérébrale : étude clinique; par Léo STIEGLITZ.

(The New-York Médical Journal, 13 juillet 1895.)

L'auteur s'est proposé de rapporter quelques cas intéressants ou

difficiles au point de vue du diagnostic, et de tirer des faits obser-

vés quelques conclusions.

Dans le premier cas, il s'agissait d'une méningo-encéphatite

syphilitique de la région fronto-pariétale gauche. Le traitement

dans ce cas confirma le diagnostic. Les symptômes étaient ceux

de la paralysie générale; leur disparition sous l'influence du trai-

tement spécifique montre qu'ils étaient probablement dus à une

méningite d'origine syphilitique siégeant au niveau du lobe frontal.

Il est toutefois à craindre ici que le malade ne finisse par succom-

ber à une paralysie générale de nature spécifique.

Dans le second cas, les symptômes prédominants sont : un hoquet

persistant, le caractère chancelant de la démarche surtout vers le

côté gauche et l'engourdissement du bras gauche. Le diagnostic

porté fut celui de syphilis cérébrale. Le chancellement vers la

gauche indiquait un foyer dans la région des pédoncules cérébel-

leux gauches ou dans le voisinage du lobe cérébelleux moyen.

L'origine du hoquet n'a pu être précisée.

Dans le troisième cas, on avait affaire à une céphalalgie qui

n'avait pas moins de quinze années d'existence : la guérison fut

obtenue par le traitement ioduré. Ce cas se rattache à la première

catégorie de syphilis cérébrale de Fournier, c'est-à-dire à la syphilis

à forme céphalalgique : il est remarquable par la longue durée du

' symptôme céphalalgie sans apparition ultérieure de phénomènes

plus graves et par la rapidité de la guérison sous l'influence d'un

traitement approprié. On sait d'ailleurs que la céphalalgie est le

symptôme précurseur par excellence dans la syphilis cérébrale en

même temps qu'elle est le phénomène le plus rapidement modi-

liable par le traitement ioduré.

Le quatrième cas était caractérisé par de la céphalalgie, des

ésions de décharge de nature sensorielle, de l'amnésie verbale

temporaire et de l'alexie passagère : ici encore la guérison fut

REVUE DE PATHOLOGIE 'NERVEUSE. aï5

rapide et durable sous l'influence du traitement ioduré. Il y avait

aussi chez celte malade de l'engourdissement du bras droit et du

côté droit de la face. On diagnostique une endartérile syphilitique

des ramifications de la sylvienne gauche, avec troubles passagers

de la circulation au niveau du bras, de la face et de= centres du

langage. Ce cas était intéressant, car on pouvait hésiter entre des

troubles fonctionnels de nature hystérique et des lésions \ asculaires,

du moins à ne considérer que les symptômes : mais tous les stig-

mates hystériques manquaient : le diagnostic de syphilis fut donc

adopté, et vérifié par le résultat du traitement.

La cinquième observation est celle d'une gomme de la protubé-

rance, avec paralysie croisée : la guérison fut obtenue, sauf en ce

qui touche'l'amblyopie qui persiste encore : ce cas est surtout inté-

ressant en ce qu'il démontre la valeur du traitement mercuriel

dans la syphilis cérébrale; la malade, en effet, avait pris des doses

énormes d'iodure de potassium sans résultat; la guérison ne com-

mença à se manifester que lorsque le mercure fut associé à

l'iodure.

Dans le sixième cas, on note les phénomènes suivants : hémor-

ragie de la protubérance en juin 189 i- ; persistance d'une hémi-

parésie croisée et de phénomènes ataxiques : en juin 1895, cépha-

lalgie, aphasie transitoire et neuro-rétinite syphilitique. Dans ce

cas la concomitance d'une lésion de la base et d'une lésion de la

convexité devait naturellement faire penser à la syphilis dont on

ne trouvait cependant aucun autre symptôme, et qui était forme)--

lement niée par le malade. Aussi l'examen ophtalmoscopique

a-t-il été ici fort ulile en révélant%la nature incontestablement

syphilitique des lésions de la rétine.

Dans le septième cas, on observa des phénomènes épileptiques,

de l'aphasie temporaire et de la céphalalgie : une première guéri-

son fut suivie au bout de six mois d'une rechute caractérisée par

de la céphalalgie, de la polyurie et de la polydipsie. Ces deux der-

niers symptômes ont survécu à la disparition des autres phéno-

mènes pathologiques.

L'auteur conclut que, en raison des allures protéiformes que

revêt la syphilis cérébrale, elle donne lieu, à son début, à de fré-

quentes erreurs de diagnostic, et qu'elle risque surtout d'être con-

fondue avec les névroses à troubles fonctionnels, telles que la neu-

rasthénie, l'hystérie et l'épilepsie. Il croit donc utile de signaler les

symptômes qui doivent plus spécialement diriger l'attention du

médecin vers la syphilis; ces symptômes d'après lui sont les sui-

vants : 1° Céphalalgie persistante, s'aggravant généralement le soir

ou la nuit, et s'accompagnant souvent d'insomnie et d'irritabilité

générale ; 2° modification de la pupille (myosis, mydriase, pupille

d'Argyll-Hobertson, perte de la sensibilité réflexe à la lumière et il

l'accommodation); 3° paralysie des muscles oculaires; 4° paralysie

276 6 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

irrégulière bilatérale des nerfs crâniens; 5° hémianopsie, névrite

optique, surtout l'hémianopsie double passagère (Oppenheim);

6° crises épilepliformes, motrices ou sensorielles, en l'absence de

toute étiologie traumatique ; 7° épilepsie apparaissant après l'âge

de vingt-cinq ans (sauf les cas de traumatisme, alcoolisme, satur-

nisme et urémie); 8° monoplégies temporaires; 9° aphasie tempo-

raire, quelle qu'en soit la forme; 10° apoplexie avant l'âge de cin-

quante ans (sauf le cas de saturnisme et de lésions cardiaques ou

rénales); 11° polydipsie et polyurie; 12° d'une façon générale, ten-

dance des symptômes ci-dessus énumérés à s'améliorer spontané-

ment pour récidiver ensuite. Enfin, l'auteur fait remarquer que ces

symptômes seront d'autant plus suspects qu'ils se continueront en

des associations plus irrégulières.

Au point de vue du traitement, l'auteur conclut des faits qu'il à

observés : 1° que sauf le cas de contre-indication spéciale et absolue

il faut dans la thérapeutique de la syphilis cérébrale associer le

mercure à l'iodure de potassium ; 2° que dans le traitement ioduré,

il faut se défier des doses trop faibles, et ne pas craindre d'aborder

les doses massives, seules efficaces. R. DE Musgrave Clay.

XLIX. Epilepsie sensorielle [et psychique; par Théodore Diller.

(The New-York Médical Journal, 31 mars 1894.)

Après quelques considérations préliminaires, l'auteur fait remar-

quer que si l'on divisait l'épilepsie essentielle en épilepsie motrice,

épilepsie sensorielle et épilepsie psycliique, cette classification

parfaitement légitime dans l'état actuel de la science, faciliterait

considérablement l'étude de cette intéressante affection. Beaucoup

de cas de petit mal rentreraient alors dans l'épilepsie sensorielle, pL

l'épilepsie larvée, aussi bien que les états décrits sous le nom

d'équivalents psychiques de l'épilepsie seraient rattachés à l'épi-

lepsie psychique. L'épilepsie psychique pure, l'épilepsie procursive

décrite par Mairet, Bourneville, Ladame et d'autres auteurs est

probablement rare.

M. Diller rapporte l'observation d'un cas que ceux qui ont spécia-

lement étudié l'épilepsie psychique rangeraient vraisemblablement

dans cette catégorie; mais comme chez le malade dont il s'agit il y

a constamment une aura sensorielle (aura du goût) il doit logi-

quement, pour se conformer à sa propre classification, rattacher

le cas à l'épilepsie sensorielle. L'intérêt de l'observation qu'il publie

réside surtout dans l'absence de convulsions motrices, et dans la

présence de convulsions psychiques très manifestes, précédées

d'une aura du goût. Voici le résumé de celte observation :

Homme de vingt-deux ans, israélite, bonne santé antérieure; pas

d'excès de tabac, ni d'alcool, pas de syphilis au dire du malade. Il

y a cinq mois, cet homme leçoit sur la tôle, il la région frontale,

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. : 21ï -1

un coup très violent qui lui est porté par un camarade avec une

pince en fer, et qui a laissé une cicatrice à la jonction de la pean

du front et du cuir chevelu. A partir de ce moment céphalalgie

reparaissant à peu près tous les quinze jours, et devenue quoli-

dtennc depuis son mariage. Sommeil mauvais, troublé par des

rêves. - Il y a deux mois, c'est-à-dire trois mois après le trauma-

tisme, il commence à éprouver d'abord une ou deux fois par

semaine, puis jusqu'à quatre ou cinq fois par jour, des crises

bizarres, précédées d'une aura (qui se manifeste sous la forme

d'un goûL amer dans la bouche) et qui commencent par de l'agi-

tation et de l'inquiétude, et s'accompagnent de perte de connais-

sance. Il marche rapidement dans la chambre, en vociférant des

paroles déraisonnables. Il n'y a jamais ni chute, ni morsure de ]"

langue, ni incoordination des mouvements musculaires. Sou

visage s'altère durant l'accès et devient, au dire de sa femme.

« étrange et jaune ». La crise ne dure jamais plus d'une minute,

souvent moins. Les vociférations changent à chaque attaque, mais

l'idée qui y domine est l'idée de peur. Quelquefois, mais rarement,

le malade répond raisonnablement à une question posée pendant

l'attaque. La crise est suivie d'une légère confusion dans les idées;

le malade n'a aucun souvenir de ce qu'il a dit ou fait.

DE MUSGRAVE CLAY.

L. DE l'ataxie considérée comme symptôme DES lésions du système

CÉRÉDItO-Sf'INL; par D.-B. MAC C.OETlE. (The New-York Médical

Journal, 9 mars 1895.)

L'auteur rappelle que l'ataxie figure dans la symptomatologie

d'un grand nombre de maladies de l'axe cérébro-spinal; le plus

communément c'est dans l'ataxie locomotrice progressive qu'on

l'observe; mais elle existe encore à un degré très accusé dans la

paraplégie ataxique et dans la maladie de Friedreich; elle se ren-

contre aussi dans la sclérose disséminée, où elle se manifeste à

l'occasion des mouvements volontaires des muscles des membres

et de ceux des yeux, du larynx et de la langue. On la constate

dans la paralysie générale des aliénés, où elle modifie à la fois la

démarche et les mouvements de la langue, et aussi dans la névrite :

elle est parfois consécutive aussi aux lésions du cerveau et de la

moelle. Elle compte parmi les symptômes les plus saillants des

maladies du cervelet, et accompagne parfois les tumeurs de

l'appareil cérébro-spinal. On l'a vu survenir consécutivement à la

diphtérie, à l'alcoolisme et à l'intoxication arsenicale. Elle appa-

raît quelquefois chez les hystériques, et peut aussi constituer un

pur trouble fonctionnel du système nerveux. L'auteur s'est attaché

à discuter les diverses interprétations physiologiques qui peuvent

éclairer la pathogénie dn symptôme ataxie. IL M. C.

278 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

LI. SUR QUELQUES manifestations nerveuses extraordinaires chez un

jeune sujet, par lveretl-1. CULVER. (The New-York Médical

Journal, 3 novembre 1894.)

Nous résumons ici cette curieuse observation que l'auteur publie

sans commentaires : Au moment où M. Culver le vit pour la

première fois, le malade était âgé d'environ dix-huit ans : il était

petit mais très musclé, sans antécédents héréditaires d'aucune

sorte. Pas de syphilis, pas de blennorragie, pas de masturbation.

aucun excès de tabac ni d'alcool. Il était très déprimé moralement

par un état pathologique qui datait d'environ deux ans, et qui se

manifestait sous la forme d'une constipation telle qu'il ne pouvait

aller à la selle qu'à l'aide de purgatifs, d'efforts violents, de com-

pression de l'abdomen avec les mains, et que cette défécation

douloureuse s'accompagnait de l'écoulement par l'urètre d'un

liquide blanchâtre et visqueux. Il n'était pas difficile de voir qu'il

s'agissait là d'une expulsion de liqueur prostatique, mais le

malade se croyait atteint de spermatorrhée, et, ce qui est plus

étrange, c'est qu'un médecin consulté par lui partagea son erreur,

lui incisa le méat et pratiqua des cathétérismes répétés. L'auteur

examina le rectum, qui était d'une exploration difficile : en effet,

quand le doigt arrivait à environ deux pouces et demi au-dessus

du sphincter, il était arrêté par un spasme très énergique des fibres

musculaires circulaires du rectum : la compression exercée sur le

doigt explorateur était assez forte pour être douloureuse. Faite

pendant 1 anesthésie par l'éther, l'exploration était aisée et le doigt

ne rencontrait aucun obstacle. Un jet de lumière envoyé dans le

rectum montra que la paroi rectale ne présentait rien d'anormal.

On profita de l'anesthésie pour faire la dilatation du sphincter,

qui donna d'excellents résultats, malheureusement l'amélioration

ainsi obtenue ne persista pas au delà de quelques semaines.

Après divers essais thérapeutiques l'auteur s'aperçut que chaque

fois qu'il conseillait au malade l'emploi d'un médicament ou d'un

procédé nouveau, il en résultait une sédation morale qui suppri-

mait complètement le spasme rectal pendant quelque temps ; il

s'ingénia alors à multiplier et à varier les prescriptions dont cha-

cune eut un succès momentané, et quand il fut à bout de ressources

thérapeutiques, il conseilla un voyage en mer, pendant toute la

durée duquel la défécation redevint normale : mais dès que le ma-

lade eut mis le pied à terre, tout fut à recommencer. Au bout de

deux ans et demi de tentatives pharmaceutiques et psychiques, le

malade était tellement abattu et désespéré qu'il réclamait une opé-

ration, préférant même un anus contre nature à son état actuel.

Une opération fut en effet pratiquée par l'auteur, non pas la

colotomie réclamée, mais l'incision d'une bande de tunique

muqueuse du rectum, large d'un doigt et longue de 3 pouces,

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. '279

prise sur la paroi postérieure : la tunique musculaire fut ensuite

divisée jusqu'au tissu connectif. Le résultat de cette opération,

bien que M. Culver reconnaisse qu'il a été surtout.psychique, a été

très favorable et s'est maintenu plus de deux ans. Retombé dans

son état pathologique antérieur, le malade reçut le conseil de

voyager, et à Heidelberg, il consulta le professeur Kussmaul qui

lui conseilla des lavements d'huile d'olive, mais en lui renom-

mandant de l'es prendre avec un appareil tellement hérissé de

thermomètres, de robinets et de soupapes qu'il est manifeste qu'il

avait reconnu le véritable état névropathique du malade et qu'il

avait surtout cherché à agir sur son imagination : ici encore le

résultat fut une amélioration qui dura environ une année. Comme

son père était dans le commerce du houblon, on le chargea d'aller

faire des acquisitions de cette plante dans l'Orégon. Il y passa

deux années pendant lesquelles il demeura libéré de toute misère

intestinale. Mais le spasme rectal fut remplacé par un trouble

d'ordre absolument différent, que l'auteur décrit, mais ne se charge

pas de définir : dans le trouble nouveau, pour lequel le malade a

consulté nombre de médecins de la région où il se trouvait, l'élé-

ment psychique joue encore un état important, puisque la simple

idée qu'il allait trouver des médecins qui le guérissaient a déter-

miné une amélioration qui progressait à mesure que le malade

approchait de New-York. Ce trouble a été caractérisé au début par

l'apparition brusque, sans prodromes, d'une sensation de chaleur

et de brûlure au périnée, avec élevures de la peau se propageant

aux fesses et aux cuisses : l'épaisissement de la peau était énorme :

les bords en étaient d'un rouge vif : la sensation de brûlure et le

prurit étaient intenses. - Ces manifestations cutanées se sont

reproduites plusieurs fois. Au bout de quelques heures la saillie

cutanée devient moins dure, mais la peau reste considérablement

épaissie, rouge, gonflée, tendue au point d'être luisante, et ce

gonflement dure environ un jour pour disparaître ensuite complè-

tement (sauf la rougeur qui persiste un ou deux jours de plus)

sans laisser de trace, et sans passer par la desquamation. L'inter-

valle qui sépare ces poussées cutanées varie de quelques jours à

plusieurs semaines. Le point de départ, la zone de propagation de

ces singulières lésions sont très variables et ne respectent pas la

face. Les médecins de l'Orégon ont fait le diagnostic d'érysipèle et

ont vainement épuisé chez lui tous les remèdes ordinaires de cette

maladie ; le seul médicament qui le soulage est une lotion conte-

nant du chloroforme et de l'acide cyanhydrique. L'auteur s'est

demandé, vu le genre d'occupation du malade dans l'Orégon (achats

de houblon) si l'action du lupulin ne pouvait pas être incriminée.

Toutefois il demeure convaincu qu'il s'agit là de troubles trophiques

de la peau ayant la même origine névropathique que l'ancien

spasme rectal. R. de Musgrave CLAY.

280 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

LII. Hémianopsie transitoire ET rétrécissement concentrique du

champ visuel D\1\, un cas DE paralysie 1NP1NTILE d'origine CËR)'-

Ber \LE; par W* Koening. (Archiv. far Psychiatrie uncllYcnenkl'tI1Û¡-

- hciten, t. XXVII, 1. 3, 1893.)

Il s'agit d'une fillette de douze ans avec hémiplégie droite dont-

il ne reslait au moment de l'examen qu'une parésie du facial

inférieur. Plus tard accès d'épilepsie avec paresie droite passagère

consécutive aux accès. 1

L'auteur a observé chez cette malade une hémianopsie homo-

nyme droite accompagnée d'un rétrécissement concentrique du

champ visuel.

L'hémianopsie disparaît progressivement; en même temps le

champ visuel s'élargit et au bout de deux mois tout rentre dans

l'ordre. Lwoff.

LUI. SUR la forme grave DE la sclérose artérielle DU système

NERVEUX central; par L. JACOBSODN. (Archiu. sur Psychiatrie und

Nel'Venli1'ankheiten, t. XXVII, 1. 3.)

L'auteur fait remarquer qu'on désigne souvent sous les noms de

paralysie bulbaire chronique ou aiguë et pseudoparalysie bulbaire,

des étals les plus divers et dans lesquels les lésions du bulbe ne

louent qu'un rôle effacé ou ne sont pas seules en jeu. Les formes

graves de l'arlério-sclérose se localisent en elfet rarement dans le

bulbe. Presque toujours les ramollissements, les hémorragies, les

tbrombus, sont disséminés dans tout le système nerveux central.

Dans l'observation personnelle, dont il donne une description

anatomo-clinique détaillée, les phénomènes bulbaires étaient pré-

dominants ; les autres symptômes se rattachaient, comme l'a

démontré l'autopsie, à des foyers de ramollissement et d'hémorra-

gie disséminés dans la protubérance, le pédoncule et les hémis-

phères.

Le seul nom qui convient aux nombreux cas de ce genre, dit

l'auteur, est celui de « ramollissements multiples ». Lwoff.

L1V. Sur la PACIIY3fÉNI\GITE cervicale hypertrophique; par Koeppen.

(Arch. sur Psychiatrie und Nervezzl,rczzz7clieiten, t. XXVII, I. 3,

1895.)

Deux cas de pachyméningite cervicale hypertrophique avec

examen microscopique.

L'origine syphilitique est nettement démontrée pour le premier

cas. elle doit être considérée comme très probable pour le second.

L'auleur insiste sur les différences cliniques et anatomo-patho-

logiques, par lesquelles ses cas s'écartent du type classique Charcot-

Joffroy.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 281

Il ne s'agit pas dans la pachyméningite cervicale hypertrophique

d'une lésion des méninges localisée à la hauteur de la moelle cer-

vicale. La moelle tout entière, le bulbe et même le cerveau peuvent

participer aux lésions comme le démontre l'étude clinique et.

microscopique des deux cas en question. Adamkievicz et Wieting

ont publié des cas analogues. z

Pour l'auteur, l'épaississement de la dure-mère n'est pas la

lésion primitive. -

Il a trouvé les méninges des régions dorsale et lombaire atteintes

par le processus pathologique, et la dure-mère à ce niveau était

intacte; si dans la région cervicale, là dure-mère participe aux

lésions, ce n'est que par suite des rapports plus intimes avec la

moelle. Les lésions int.ra-l11édullaires doivent être considérées

aussi comme primitives, elles ne sont qu'influencées par les lésions

des méninges.

Tout en admettant que dans certaines maladies des vertèbres,

les lésions de la dure-mère peuvent êlre considérées comme cause

de la pachyméningite, on ne peut s'empêcher de remarquer que

ce n'est pao là la règle. '

Dans les cas d'Adamkievicz, de Wieting et de l'auteur, le pro-

cessus pathologique est analogue à celui de la syphilis médullaire,

et avec il il croit qu'il serait plus juste de les désigner sous

le nom de méningomyélite chronique. Lrvor.r..

LV. UN CS DE paralysie isolée traumatique par LÉSION A la base

DU NERF OCULOMOTEUR EXTERNE par A. EULE ? 13URG. (11'curolo ?

Centralb., XIII, 189 i.)

La cause de cette altération fut un coup de couteau reçu au

niveau du segment postéro-inférieurdela région temporale droite,

au point d'entre-croisement de deux droites formées : l'une par

l'allongement du bord supérieur de la cavité orbitaire; l'autre par

le prolongement de la branche montante du maxillaire inférieur.

L'oculomoteur externe fut complètement sectionné au point où il

est isolément accessible, c'est-à-dire en l'end3oit où, se dirigeant

contre le plan incliné posléro-latéral à la selle turcique (elivus basi-

laire), il va pénétrer dans le sinus caverneux, où il se place au

côté externe de la carotide interne. Paralysie complète, mais ten-

dance à la régénérescence. P. K.

LVI. Contribution au diagnostic différentiel ENTRE LES TUMEURS

DES TUBERCULES QUADRIJUMEAUX ET CELLES DU CERVELET ; par

L. Bruns. (Al'chiv f. Pschiat., XXVI, 2.)

Etude de deux observations. L'auteur établit que l'association de

l'ophlalmoplégie et de l'ataxie n'implique point le diagnostic de

: J8 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

tumeurs dans les tubercules quadrijumeaux, mais que c'est l'ordre

de succession de ces deux syndromes qui importe. Un néoplasme

siégeant dans ces orsanes se manifesterait d'abord par une para-

- lysie des muscles de l'oeil, tandis qu'un néoplasme cérébelleux

débuterait par de l'ataxie de la marche. P. Iil : nnvaL.

LVII. Des troubles DE la sensibilité ET DE LEURS localisations dans

LE tabès DOnSALIS ; par M. L1EIIR. (1·CIC2U. fiir Psychiatrie

und iYo'venk1'al1kheiten, t. XXVII, 1. 3, 1893.)

' Parmi les troubles de la sensibilité, l'hypesthésie du tronc appa-

raît de bonne heure et paraît être constante. Pendant longtemps

elle se manifeste au tronc par une diminution de la sensibilité aux

frôlements, tandis qu'aux membres supérieurs c'est la sensibilité

à la douleur et la notion de position qui diminuent tout d'abord.

Au tronc, les troubles apparaissent d'abord dans la zone d'inner-

vation des nerfs dorsaux moyens. Ils s'étendent ensuite réguliè-

rement et le plus souvent d'une façon symétrique en haut, atteignant

le bras, et en bas jusqu'aux régions sacrée et lombaire. Ces régions

présentent souvent des plaques isolées à sensibilité normale.

Cette anesthésie tactile ne suit pas le trajet des nerfs périphé-

riques, mais correspond exactement aux zones d'innervation des

racines postérieures.

On trouve sur les limites de l'hypesthésie et entre ses différents

territoires de l'hypéralgie, surtout pour les sensations de froid.

LWOFF.

LVIII. Pollutions nocturnes ET épilepsie; par le Dr LUC.1RRELL1.

(l3acll. de la Soe. de blés. ment, de Belgique, Mars 1895.)

L'auteur dit avoir vu deux malades qui, sous l'influence des

variations atmosphériques, font pendant leur sommeil des rêves

effrayants, dans lesquels ils sont tantôt entrailles à se livrer à des

agressions et à des actes de : violence peu en harmonie avec leur

manière d'être à l'état de veille et tantôt poussés à se livrer à des

actes charnels répugnants.

Dans ce dernier cas, le rêve s'accompagne de pollutions invo-

lontaires qui se répètent à de courts intervalles. Ces pollutions

involontaires représenteraient, d'après l'auteur, autant de petites

décharges épileptiques, qui s'effectueraient non par l'intermédiaire

des muscles de la respiration et de la vie de relation, mais pour

la musculature des organes de sécrétion et d'excrétion du sperme.

Ce seraient des accès d'épilepsie partielle qui se produiraient à la

suite d'une excitation cérébrale limitée et circonscrite. M. Zucarelli

leur donne le nom de crises d'épilepsie de nature érotique et carorc-

térlsées par des pollutions. 6. U.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 283

LIX. Diabète insipide avec rétention d'urine SP.15110D1QUE simul-

TANÉE chez UNE jeune fille hystérique; par A. Linke. (Ct'7719'Cflb.

f. Nerveinheilk., N F V, 1891.)

De ces deux symptômes est résultée une énorme distension de la

vessie nécessitant le cathétérisme. On évacua successivement 1,200,

10,000, 4,500, 8,000, 7,000, 6,000, 5,000. 3,000 centimètres cubes

d'une urine faiblement acide, jaune clair, limpide, ayant des

densités de 1.008, 1,001, 1,004, 1,002, 1,003, 1,006, ne contenant

ni albumine ni sucre. La contracture du sphincter vésical fut à un

certain moment telle qu'il fallut employer des cathéters solides ou

demi solides; les .bougies urétrales côcaïniques à 0,05 demeu-

raient d'ailleurs impuissantes. Cette attaque de polyurie spasmo-

dico-urinaire ne dura pas moins de onze jours. Peut-être faut-il

attribuer le spasme à la suggestion produite sur la malade par les

plaintes d'une voisine atteinte d'une rétention d'urine; en tout

cas, elle eut pour cause physique le spasme des muscles de l'urètre

et de la vessie. Quant à la polyurie, c'est une compagne fréquente

de l'hystérie, surtout avec grandes attaques comme ici. Elude com-

parative des travaux de Mathieu (polyurie hystérique in Revue

Neurologique, 1893, n° 19), et de F. Esmarch (spasme vésical.

Arch. f. lili7z. Chirurgie, X1V. 1,), )Jnôesser (Berlia. Klin. Wochen-

schcrift, 188 : i, 13, 14), Arndt (tiyperkinésie vésicale. TÆhl'Ú, (ici-

Psychiat.) P. K.

LX. Contribution A la pathogénie DE l'acromégalie ; par A. Tam-

burini. (Central6l, f. lVerve7zlveilG., XVI), N F V, 1894.)

La malade en question était une belle personne jusqu'à l'âge de

vingt ans; à celte époque, les règles se suspendirent et l'acromé-

galie s'établit graduellement, d'abord dans les membres inférieurs,

puis à la tête, finalement dans les bras (épaississement extrême

des mains et des pieds). Quelques années plus tard elle était prise

de délire de persécution, avec phases d'agitation et démence. Elle est

morte dans le marasme d'entérite chronique. - Autopsie avecétude

microscopique. Conclusion : les processus dégénératifs de la glande

pituitaire, en en abolissant les fonctions, produisent l'acromégalie,

de même que le myxoedème est le résultat de l'atrophie de la

glande thyroïde. La lésion dépénérative aurait, de même que

l'acromégalie, deux phases. Une première phase est caractérisée

par la suractivité, l'hypertrophie de la glande pituitaire, cette

suractivité se traduit par l'exagération de substances anormales

dans l'organisme, qui aboutit à l'accroissement du volume des os.

La seconde phase se traduit par une altération secondaire dégéné-

rative quelconque (kystique, adénoïde) de l'organe ; à ce moment,

l'accroissement des os cesse, et il survient une cachexie mortelle.

284 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

Cette constatation est en rapport avec l'histoire du gigantisme

ordinaire ; dans les cas de ce genre, on a nolé une hypertrophie

de la glande pituitaire avec agrandissement [de la selle turcique.

^L'excès de fonction de cette glande entraîne donc bien de l'hyper-

nutrition, surtout de l'hyperproduction des substances qui, molé-

cule'à molécule, forment de l'hyperplasie des os et des autres tis-

sus. Gries, en administrant de l'arsenic et du phosphore aux jeunes

animaux, a produit du gigantisme artificiel.

Nous publierons plus tard le résultat d'expériences relatives à la

longue, administration de grandes quantités de suc de la glande

pituitaire sur l'organisme. P. Keraval.

Lll, AYYOTAXI8 cérébrale ; différentes SORTES DE convulsions

d'origine cérébrale; fonds dégénératif; par G. ROSSOLI)10. (lVBt1-

rolo. CeltGmal6l., XIII, 1804).

Observation I. Il s'agit d'un homme arrivé à l'âge moyen de

la vie présentant des symptômes physiques et intellectuels de dégé-

nérescence. Il s'est mis dès l'enfance à bégayer pour des raisons

psychiques; plus tard, après avoir fatigué la main droite (c'est un

écrivain de profession), il a éprouvé des sensations désagréables

dans ce membre envahissant bientôt les autres extrémités et le

tronc et s'accompagnant de contractions musculaires involontaires

finissant par contracturer le bras droit. Le repos absolu n'arrive

que la nuit. Il n'obtient de répit dans le jour que s'il concentre

toute son attention sur un mouvement réel ou voulu exécuté dans

l'espace avec la main droite, parexemple en faisant le geste d'écrire

dans le vide. Pendant toute la durée de la maladie, convulsions

fibrillaires et fasciculaires. M. Rossolimo établit qu'il ne s'agit pas'

de complications du bégaiement, non plus de la crampe des écrivains,

ni de l'athétose. ni de la tétanie, ni des tics. 11 relève les signes

dégénératifs tels que la complexion féminine, l'ogive palatine, la

brièveté du frein lingual, le phymosis, l'anomalie coccygienne de

Féré, l'exagération du système pileux sur le dos de la main droite

et la face correspondante de l'avant-bras. Il y a une perpétuelle

mobilité musculaire qui rappelle la neurasthénie et les tiqueurs,

se complique d'une tendance aux obsessions et impulsions; elle a

provoqué l'hypertrophie des muscles et des attaches osseuses, et

elle se double des crises choréiformes, athétoides, réflexes, avec

troubles de la sensibilité, qui sont de l'amyotaxie, de l'hyperkinésie

réflexe.

Observation II. - Il s'agit en ce cas d'une sorte d'alhélose avec

les accidents convulsifs des bégayeurs et de la crampe des écrivains,

plus comparables à la maladie des tics et aux hyperkinésies

toniques.

Genèse uniforme. Ilyperexcitabililô de l'appareil moteur, depuis

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. : Q81>

les centres corticaux et les noyaux de la substance grise, jusqu'aux

faisceaux isolés des muscles. Exagération dans la transmission

des impulsions centripètes de la peau, du sens musculaire, et des

centres psychiques sur l'appareil moteur. Tells--estJ'amt/o<aa'M

cérébrale due à un vice de construclion ? é £ 'Wiéi' £ rrurlîveau,

exactement comme dans les obsessions^ ? P. IiElch ? "

' ;, l' H.Pt : I'Jui'l) ? r 110 ? z

1 XIT Sun LA. RËC ! D)VË ET H. DPLËS1E ? (S,,LA PARALYSIE' rA(f[.\.LE

1,Xl". SUR LA RECIDIVE ET LA DIPL¡';G1E '\ ! '\19.S,L,\ p.lnALYSll' : P Ctl,l ? E

rhumatismale; par P. HIIUSCHM.11.1'. (1l'.211'GI0lf ? lLllA ? I ? )

Statistique. - Sur 6806 cas de maladies nerveuses en 14 ans

(1890-94) il n'y avait que 135 cas de paralysie faciale périphérique,

soit 2 p. 100. Le tableau des causes révèle quatre-vingt-dix-neuf fois

le rhumatisme, soit 73 p. 100, et 12 fois l'otite moyenne ou toute

autre affection auriculaire, soit 12 p. 100. Sur les quatre-vingt-dix-

neuf cas de rhumatisme, 5r concernaient l'homme, et 45 la femme.

Age de 20 à 50 ans. Le refroidissement et les intempéries auxquels

sont exposées les travailleurs jouent leur rôle, quoique la maladie

soit de toute saison, et qu'il n'y ait que peu de formes graves à la

saison froide. Rareté des douleurs initiales qui, en tous cas, n'ont

rien à voir avec le pronostic. On ne note que G récidives sur les

quatre-vingt-dix-neuf cas en question, soit G,1 p. 100. En voici

néanmoins 5 observations résumées. L'autopsie faite par Minkowski

d'un suicidé en pleine évolution d'une paralysie faciale rhuma-

tismale grave, vient, de concert avec les faits de Voigt, Strûbing,

Eulenburg, Reniai;, Hoffmann, prouver qu'il s'agit d'une affection

simultanée des rameaux nerveux sensitifs qui conduisent les nerfs

tropbulaes et qui s'anastomosent avec les rameaux terminaux du

iacial. La clinique montre du reste qu'en l'espèce, le facial n'est pas

seul atteint. Donc, comme l'a dit Moebius, et comme le confirme

l'autopsie de Minkowski, la paralysie faciale rhumatismale est

probablementune espèce de maladie infectieuse, qui, généralement,

n'atteint l'homme qu'une fois. Et, quand il y a récidive, c'est que

la première atteinte n'a pas confére l'immunité, ainsi que cela se

voit pour la scarlatine et la rougeole. Lé refroidissement joue ici

le rôle d'adjuvant, comme dans la pneumonie fibrineuse. Le facial

réagit par la paralysie parce qu'il est le seul moteur; il est aussi

probable que 1 l'agent nocif lèse plus gravement les fibres motrices

que les fibres sensitives, celles-ci réagissant par une excitation

douloureuse plus ou moins vive. Il n'est pas rare de voir la lésion

passer d'un facial à l'autre (obs. \ 1) grâce aux anastomoses. Ainsi

s'établit la bilatéralité de la paralysie faciale ou diplégie. En voici

un beau type. D'abord une légère paralysie faciale à droite tradui-

sant l'atteinte du nerf jusqu'au point d'émergence de'la corde du

tympan (troubles du goût); six mois après, récidive du même côté

(paralysie de moyenne gravité;. Alors le processus morbide passe

286 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

de l'autre côté, atteint d'abord le facial supérieur, puis, quand

cette branche a récupéré sa motilité, la paralysie reparaît et sévit

sur le facial inférieur. Les deux facials sont donc atteints jusqu'au-

dessus du point de départ de la corde du tympan. A ce moment la

paralysie disparaît du côté gauche, le dernier pris; il ne reste

qu'une légère parésie à droite qui disparaît à son tour en 4 semaines

environ. La diplégie s'était effectuée en 3 semaines. La diplégie

est très rare; en un demi-siècle on en a à peine recueilli 18 cas.

Mais cette observation prouve bien la progression de la névrite

ascendante qui affecte, justement, la marche propre aux maladies

infectieuses. Ajoutons avec Neumann que toute maladie, y compris

la tare névropathique, propre à, affaiblir la résistance de l'orga-

nisme, prédispose l'homme à une paralysie faciale, pourvu qu'il

s'expose à l'agent nocif qui, probablement, produit la lésion.

P. IvEnAV.aL.

LXIII. Syndrome APPELANT la sclérose latérale amyotropiiique,

chez un syphilitique ; par les DIS Olivier et Halipré.

Un syphilitique, dix ans après l'infection, est atteint de paraplé-

gie à tendance spasmodique avec thermo-analgésie et troubles des

sphincters. Pendant plusieurs années l'affection reste stationnaire,

puis la paralysie spasmodique s'établit définitivement, les contrac-

tures gagnent les membres supérieurs où l'atrophie est très mar-

quée, tandis qu'elle est légère seulement aux membres inférieurs.

Les sphincters ont recouvré leur intégrité. Les troubles sensitifs ont

disparu. Puis paralysie transitoire de la troisième paire et quelques

phénomènes bulbaires stationnaires pendant plusieurs années.

Huit ans après le début des accidents paraplégiques, le sujet

succombe au cours d'un érysipèle :

L'examen anatomo-pathologique permet de constater : a). Sclé-

rose bilatérale du faisceau pyramidal direct et croisé ; b.) Sclérose

bilatérale du faisceau cérébelleux direct ;c). Sclérose du faisceau

de Lissauer ; d). Légère sclérose du cordon de Goll dans la région

cervicale; e). Disparition de la colonne de Clarhe ; f). Lésions

légères du groupe antéro-interne des cellules de la corne anté-

rieure ; g). Atrophie du noyau de la douzième paire.

Après une discussion intéressante, les auteurs rattachent ce cas

complexe à une forme anormale de tabès combiné chez un syphi-

litique, à une combinaison de lésions relevant à la fois des artères

radiculaires postérieures et de la spinale antérieure. (Revue Neuro-

logique, août, 180¡j,) E. B.

LXIV. UN CAS D'ARTHROPATHIE DU GEKOU, DlLATÉnALE ET SYMETRIQUE;

' par les D''s Glorieux et VAN GP : IIUCiITE\.

Bel exemple d'arthropathie du genou survenue chez un tabétique

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 287

appartenant au type sensitif pur de Brissaud : douleurs lancinantes,

crises gastriques, troubles génito-urinaires, troubles de l'ouïe, in-

sensibilité à la pression du nerf cubital, sensation de coton à la

plante du pied, troubles de sensibilité douloureuse et thermique,

signe de Romberg. Absence d'ataxie, de diplopie, de ptosis, etc.

En même temps que l'arthropathie tabétique aux deux genoux, ce

malade présente un mal perforant au pied droit : de plus, il est

rachitique et les auteurs se demandent, sans trancher la question,

si le rachitisme n'a pas été une cause prédisposante aux troubles

articulaires du tabes. (Revue Neurologique, septembre 1895.) E. B.

LXV. UN cas DE sclérose EN PLIQUES A FORME d'hémiplégie alterne ;

par le D' Adam WlZr.L. ,

Il s'agit d'un malade présentant d'une part le syndrome de Mil-

lard-Gublér, c'est-à-dire une paralysie du facial et du moteur ocu-

laire externe d'un côté, coïncidant avec une parésie des membres

du côté opposé, et d'autre part des symptômes incontestables de

sclérose en plaques : exagération des réflexes, tremblement inten-

tionnel, nystagmus, décoloration des papilles, troubles de la parole,

troubles vésicaux, etc.

L'auteur estime qu'il y a lieu de rapporter les deux syndromes

à la même source, de reconnaître dans le tableau clinique com-

plexe et polymorphe une seule maladie, une forme fruste de la

sclérose en plaques. Il y aurait localisation d'une plaque scléreuse

au niveau de la protubérance, en ce lieu où l'on voit passer, en

étroit voisinage, le faisceau pyramidal et les fibres des nerfs facial

et moteur oculaire externe.

A côté des trois variétés des formes frustes de la sclérose en

plaques par intervention des phénomènes insolites, déjà distinguées

par Charcot, (variété hémiplégique, variété tabetique, et variété

latérale amyotrophique) il y aurait donc lieu d'ajouter une qua-

trième variété, la variété hémiplégique alterne. (Revue Neurolo-

flique, juin 1895.) E. Blin.

LXVI. Un cas DE TUMEUR cérébrale avec hémianestiiésie ; par

J. Macfay. (Brain, été et automne 1895.)

Un homme de- quarante-cinq ans a présenté un léger affaiblisse-

ment moteur de tout le côté gauche avec ophtalmoplégie droite,

et surtout anesthésie complète pour toutes les sensibilités à gauche.

L'autopsie montre à droite une tumeur lenticulaire de 4 centimètres

de diamètre sur 2 centimètres d'épaisseur oblitérant les circonvo-

lutions tcmporo-sphénoidales en leur milieu et sur la moitié de

leur largeur. Ramollissement de la partie sous-jacente à la tumeur

ainsi que du lobule lingual et du tronc de la troisième paire à

288 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

droite. L'intégrité de la substance blanche correspondant à ces

régions dans la capsule interne et le pédoncule laisse supposer que

les portions intéressées de l'écorce étaient bien le siège exact des

troubles sensitifs observés. " F. B.

LXVII. UN cas D'OPHTALMOPLÉGIE unilatérale COMPLÈTE ; par

F. 1-RESILLIAN. (Bmin, été et automne, 1895.)

Homme de quarante-trois ans. syphilitique depuis huit ans, pré-

sente deux* gommes cutanées et d'un côté ptosis, immobilité du

globe oculaire, myosis, amblyopie et anesthésie de la paupière.

Amélioration notable par le traitement spécifique. Gomme pro-

bable du sommet de l'orbite vers la fente sphénoïdale. F. B.

LXVIII. DE L'ÉLÉMENT physiologique DE l'émotion ; par E. WfifGHT.

(Brnin, été et automne, 1895.)

Les facteurs de la réaction émotive sont : 1° un violent stimulus

sensoriel ; 2° une extrême tension dans les centres réflexes ; 3° un

débordement d'influx nerveux d'abord dans les conduits efférents

allant aux muscles involontaires, puis dans ceux des muscles semi-

volontaires, enfin dans ceux des muscles volontaires. C'est cette

haute tension dans les centres réflexes qui constitue l'essence physio-

logique de l'émotion. Les réflexes viscéraux .sont secondaires, ils

sont une manifestation consécutive du phénomène psychique qui

seul coïncide avec cette tension centrale préreflexe.

Un même stimulus souvent répété arrive à perdre son pouvoir

émotionnel par le fait du remplacement du réflexe somatico-vis-

céral par un réflexe somatique spécialisé. Le bond d'un lapin pro-

voque chez le chasseur novice un réflexe général, sursaut, palpita-

tion, tremblement, etc. ; plus tard il ne produira chez ce même

chasseur qu'un réflexe adapté au tir. L'influx se trouve donc cana-

lisé-et détourné des conduits viscéraux vers des conducteurs soma-

tiques déterminés. Il faut pour cela qu'il existe un système de

contrôle des réflexes, sans lequel du reste la vie ne serait qu'un

chaos de mouvements musculaires entraînant une déperdition

constante d'énergie, qui ne laisserait aucune réserve pour les

besoins futurs. La constitution de cette provison nerveuse est carac-

téristique de la vie humaine. Pour les muscles volontaires le con-

trôle est entièrement dévolu à l'inhibition : venue d'en haut elle

exerce une action continue sur le centre réflexe médullaire avec

la faculté de se relâcher éventuellement ; de cette manière, tout

stimulus pour provoquer le réflexe doit avoir préalablement sou-

levé tout un poids mort d'inhibitions. Ce réflexe des muscles volon-

taires représente donc une décharge de faible tension. Le centre

viscéral au contraire subit infiniment moins l'influence des inhibi-

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 289

lions supérieures, son contrôle lui est surtout intrinsèque, et le

réflexe dû seulement à une extrême accumulation de force ner-

veuse en ce centre, représente une décharge haute tension. Or,

c'est cette haute tension qui s'accompagne d'un sentiment plus on

moins grand d'angoisse, d'où la lutte par l'habitude contre l'émo-

tion consiste non dans la substitution d'un réflexe à un autre, mais

bien d'un état de faible tension à une condition de haute tension.

Ceci revient à rendre plus libre l'échappement dans les conduc-

teurs somatiques par une plus prompte suspension des inhibitions.

Guskell compare un segment médullaire à une citerne recevant

l'eau par deux bouches dont l'une représente les nerfs centripètes

viscéraux, et l'autre les nerfs centripètes somatiques. La citerne

possède par contre deux tuyaux d'échappement, l'un en haut, nerfs

centrifuges viscéraux, et l'autre en bas, nerfs centrifuges soma-

tiques, celui-ci est muni d'une soupape obturatrice mobile qui

représente les inhibitions. Si cette soupape est fermée ou insuffi-

samment ouverte l'accumulation de l'eau atteint l'échappement

supérieur et s'écoule surtout par cette voie. Si la force de l'eau qui

arrive actionne un appareil destiné il soulever la soupape, l'écou-

lement se fait régulièrement par en bas. Enfin en supposant

diverses modifications de l'apport d'eau et diverses conditions des

deux échappements on peut reconstituer l'image de tous les états

émotifs ou réflexes imaginables. F. BOISSIER.

LIX. Sur l'épilepsie sénile ET LE symptôme DE GRIESI1\GER DU A la

thrombose B%SIL.IIIE ; par M. NAUXYN (de Strasbourg) (Journal de

neurologie et ? p ! M/o : 6, n° 1 et 2.)

La compression des carotides ayant déterminé chez trois sujets,

devenus épileptiques après soixante ans, des accès analogues à

ceux qui se produiraient spontanément, AI. Naunyn conseille de

s'abstenir de ce procédé. Il suffit en effet que la circulation arté-

rielle du cerveau soit troublée par une cause quelconque ou qu'il

existe une artério-sclérose légère pour que la compression des

carotides puisse déterminer des attaques épileptiformes. G. D.

LX. Deux cas de tumeur du canal rachidien comprimant la moelle ;

par MM. RaYMoaD et Nageoite. (Journal de neurologie et d'ltypno-

logie, nez' 1 et 2.)

Le premiercas concerne un homme de vingt-six ans chez lequel

l'affection débuta par des sensations douloureuses dans les mem-

bres inférieurs et par une faiblesse croissante. En môme temps

survinrent des douleurs en ceinture et une névralgie du sep-

tième espace intercostal gauche.'A l'hôpital on constate une para-

plégie spasmodique qui, au bout de quelque temps, devint

Archives, 2e série, t. I. 19

290 REVUE DE MÉDECINE LÉGALE. ,

flasque en même temps que disparaissaient tous les phénomènes

douloureux. Anesthésie remontante jusqu'à la huitième vertèbre

dorsale, troubles sphinctériens. Mort quatre mois après le début

- des accidents par tuberculose pulmonaire.

A l'autopsie on trouva une tumeur violacée paraissant s'être

développée primitivement dans le sixième trou de conjugaison

dorsal droit : un des prolongements de la tumeur s'étendait sous

la plèvre, l'autre sous les muscles des gouttières vertébrales, le

troisième dans le canal rachidien où il comprimait la moelle..

Dans le second cas, il s'agit d'un homme de quarante-neuf

ans qui se plaignit d'abord de fourmillements dans la plante des

pieds et d'une faiblesse des jambes qui augmenta peu à peu.

Bientôt cet homme fut atteint d'une paralysie spasmodique, de

contractions douloureuses et de troubles sensitifs variés dans les

membres inférieurs, consistant principalement en une déforma-

tion syringomyélique plus ou moins complète. Paralysie des

sphincters, crises pseudo-angineuses, léger nystagmus. Mort par

broncho-pneumonie dix mois après le débutdes accidents.

A l'autopsie on trouva un sarcome logé dans le huitième trou de

conjugaison dorsal droit comprimant la moelle par un prolonge-

ment intra-rachidien. Dans les deux cas la lésion médullaire était

de même nature : il s'agissait d'une myélite diffuse transverse qui

altérait les cylindraxes sans les sectionner complètement, il leur

eut été dès lors possible de remplir leurs fonctions si la cause de

leur altération, c'est-à-dire la compression de la moelle, avait été

supprimée. Les constatations histologiques dans ces- deux cas

étaient donc en faveur d'une intervention chirurgicale. G. D.

REVUE DE MEDECINE LÉGALE.

I. Parjure, hystérie, amnésie ET irresponsabilité, expertise MLDICO-

légale ; par KRArrT-Ei3tNG. (Jaltr, f. Psych. und Ncurol., 1895;

XIII, 2, 3.)

Il s'agit d'une malade condamnée à deux mois de prison pour

parjure. Son défenseur obtient une expertise médico-légale qui

fit constater chez elle l'existence de l'hystérie, mais sans l'amnésie.

La névrose delà malade s'aggravant nécessite son internement et

provoque une nouvelle expertise. Krait't-Kbing reconnaît une tare

ueuropatilique mais ne pense pas que l'amnésie puisse être invo-

REVUE DE MÉDECINE LÉGALE. 291

quée pour excuser le parjure. L'hystérique, le neurasthénique, le

vieillard, le débile ont généralement la conscience de leur peu de

mémoire ; lorsqu'il s'agit d'un événement quelconque, ils déclarent

généralement qu'ils ne se rappellent pas telle ou telle circons-

tance, mais n'ont pas l'habitude comme dans le cas en question de

déclarer catégoriquement une chose. L'amnésie dans ce cas manque

d'une base médico-psychologique et n'est pas admissible scientifi-

quement. P. SERIEUX.

ÉTUDE légale DE l'impuissance dans l'Illinois ;

par le Dr Baum.

Les questions d"impuissance ou d'incapacité d'un des conjoints

de satisfaire aux fins du mariage, qui sont la procréation de l'espèce,

soulèvent assez fréquemment des questions dont la solution est le

plus souvent difficile.

L'auteur rapporte un intéressant procès qui s'est déroulé récem-

ment dans l'Illinois : une femme demandait le divorce en alléguant

que depuis son mariage, qui remontait à deux mois, son mari,

adonné à la masturbation, n'avait pas accompli une seule fois ses

devoirs conjugaux. Les juges déboutèrent cette femme de sa

demande : rien ne prouve, disait le jugement, que l'impuissance du

mari soit définitive et il y a lieu d'espérer que, s'il renonce à ses

pratiques dégradantes, il pourra remplir ses devoirs d'époux. (The

alienist and zze2crologist., avril 1895.) E. B.

III. Rapport SUR l'état mental DU SIEUR A..., inculpé d'outrage

aux MOEURS. Perversions sexuelles. Exhibitionnisme ; par le

Dr RAINEAU.

Il s'agit d'un cantonnier âgéde soixante-dix ans, accusé d'exhiber

- ses organes génitaux et de se masturber devant des enfants qui

allaient à l'école.

L'histoire de cet homme est intéressante au point de vue de

l'aberration du sens génital. Depuis l'âge de douzeans, A... éprouve

à la vue d'un mouchoir une excitation génitale particulière suivie

d'érection. Dès qu'il pratiqua le coït, il chercha surtout à dérober

les mouchoirs des femmes qu'il fréquentait pour se masturber

ensuite avec.

Malgré d'assez violents désirs, il ne pouvait d'ordinaire arriver à

pratiquer le coït qu'après s'être recouvert la verge d'un mouchoir ;

ce revêtement bizarre déterminait aussitôt l'érection. Avec l'âge,

l'excitation produite par le mouchoir n'a plus suffi à réveiller ses

sens endormis et c'est en s'exhibant aux enfants et en se découvrant

qu'il parvenait à trouver sa vigueur perdue : à la perversion sexuelle

est venue se joindre l'exhibitionnisme. (Annales médico-psycholo-

giques, mai 1895). E. B.

292 , REVUE DE MÉDECINE LÉGALE.

' IV. Les MESURES législatives CONTRE LES DITS délinquants

« irresponsables »; par le Du GILUEIiT Ballet.

D'un intéressant rapport fait au cinquième congrès pénitentiaire

international, l'auteur tire les conclusions suivantes : -

1° La législation actuelle est insuffisante à protéger la société

contre les délinquants criminels déclarés irresponsables pour cause

de maladie mentale. Il y a lieu de la modifier;

2° Les délinquants ou criminels pathologiques se divisent en

plusieurs groupes : l'internement doit être pour les uns définitif,

pour les autres temporaire ou intermittent ;

3° Il est il désirer que la magistrature ait à intervenir d'office

pour ordonner la séquestration des aliénés criminels reconnus, après

enquête médicale, irresponsables et dangereux. C'est à elle aussi

que doit incomber la mission d'autoriser la sortie définitive ou

provisoire de l'asile, quand l'enquête médicale l'aura reconnue

opportune ; ,

r° Il n'y a pas lieu de créer des asiles spéciaux pour les aliénés

dits criminels ; : i° Mais il serait nécessaire d'avoir un ou des établissements inter-

médiaires à la prison et à l'asile, pour y interner par jugement les

fous moraux et certains autres délinquants ou criminels (certains

épileptiques et alcooliques), dont la responsabilité en justice est

considérée comme atténuée.(Annales médieo-psychologiques, octobre

1895.) E. Il.

V. Contribution A la psychologie du vagabondage.

UN vagabond qui se nNGE; par le Dl' CLILLERII]E.

Histoire des plus curieuses d'un malheureux déséquilibré, âgé de

trente ans, abandonné à lui-même dès son jeune âge, qui, après

une existence vagabonde et neuf condamnations pour vol, vaga-

bondage et meudicité, est venu se fixer dans un petit village des

plus reculés du Bocage vendéen. Poussé dès son enfance à une

sorte de mysticisme morbide, il s'est nourri avidement depuis dix

ans, malgré son manque de culture intellectuelle, de lectures abs-

truses bien au-dessus de sa portée, puis, à la suite d'hallucinations

et de phénomènes extatiques, il s'est cru initié aux grands mys-

tères, s'est affilié aux sociétés occultes et en est arrivé à se croire

doué de facultés surnaturelles et divinatoires et à verser dans le

délire des grandeurs. Aussi, avec la plus grande ingénuité s'est-il

livré à la divination ainsi qu'à la médecine, faisant de nombreuses

dupes dans ce coin perdu du Bocage vendéen, fournissant ainsi

au milieu de notre existence moyenne un épisode qui semble nous

reporler en plein moyen âge. (Annales médico-psychocogiques,

oct. 189 : i.) E. 13.

REVUE DE MÉDECINE LÉGALE. 293

VI. DE l'évidence DE l'état S11V de l'esprit dans LES affaires

criminelles; par le Dr ICIR : vAN. -

Par la citation de nombreux exemples, l'auteur montre que ni la

préméditation, ni l'adresse dans l'exécution, ni le motif, ni la dis-

simulation, ni la complicité, ni la crainte d'être découvert, ne sont

des témoignages certains de l'état sain de l'esprit dans un cas

donné. ,

Souvent, en effet, les actes criminels accomplis par un aliéné

sont tirés d'un motif logique ou bien accomplis sous l'influence

d'une idée délirante, peuvent se rapporter il des motifs logiques.

De même un aliéné qui commet un homicide sous l'influence d'idées

délirantes, peut parfaitement prendre toutes les précautions aptes

à préserver sa vie. Aussi les principes de la justice supérieure de la

loi commune et de la science demandent que, dans chaque affaire

criminelle, l'état sain de l'esprit de l'accusé soit établi sans qu'il il

puisse exister aucun doute. Aucun prétendu devoir envers la société,

aucune exigence publique ne peut justifier l'écart de ces principes

scientifiques. L'énorme quantité d'aliénés, placés dans les prisons,

montre que l'excuse de la folie, au lieu de constituer un abus, est

trop rarement mise en lumière. (T'he alienist and neurologist, avril

f 89). E. B.

VII. LES aliénés ET LE droit civil; par le D'' L. DERODE. (Bzlll. de

la Soc. de Médecine Ment, de Belgique, décembre 1894.)

On sait que, d'après la loi française, la procédure d'une de-

mande en interdiction ne comporte pas nécessairement une exper-

tise médicale. C'est contre cette lacune de la loi que s'élève

M. Derode. Dans son travail, il s'efforce de prouver que l'interven-

tion de la science est aussi nécessaire dans les affaires de la jus-

tice civile où la folie joue un rôle, que dans celles qui relèvent de

lajustice criminelle. Quant à l'expert, il ne doit formuler que des

conclusions rigoureusement scientifiques et ne pas se hasarder à

émettre des appréciations arbitraires basées sur des impressions

où la science n'a rien à voir. Plutôt que d'apporter à la justice des

affirmations téméraires, il doit s'abstenir de conclure et se borner

à exposer les raisons qui lui paraissent de nature à entretenir

l'incertitude et le doute. G. Di.Ny. ,

VIII. Uranisme ET pédérastie ; par le Dl' STEFA1\OWSJ(I.

L'auteur établit la distinction qu'on rencontre entre la pédéras-

tie et l'uranisme.

La pédérastie est bien plus souvent acquise qu'innée ; elle appa-

rait tard. Le pédéraste reste d'aspect masculin ; ses penchants sont

294 REVUE DE MÉDECINE LÉGALE

matériels et grossiers. La pédérastie est plus souvent un vice qu'une

maladie; elle peut être modifiée par la volonté ou par un traite-

ment moral et soit comme vice, soit comme profession, doit être

punie par la loi. -

- Au contraire l'uranisme est inné et se manifeste des l'enfance en

même temps que les habitudes; l'aspect extérieur, les vêtements

même sont féminins. Les malheureux qui y sont sujets adorent le

membre viril, mais d'un amour idéal, souvent désintéressé; le coït

anal est rare, la masturbation et l'onanisme buccal sont plus

fréquents.

L'uranisme est toujours une maladie, un symptôme de dégéné-

rescence, placé en dehors de la volonté, et comme difforinitéinorale

innée ne doit pas être puni par la loi. (The alienist and neurolo-

gist., octobre 1894.) E. B.

IX. L'enfant CUI11lNEL- : \Éj par G. DIETTItICH.

(Ceutralblalt f. Nereenheilk, XVII, N. F. V., 1894.)

Type d'instincts pervers précoces dès l'âge de dix-huit mois.

P. K.

X. PARAGRAPHE 51 ET FOLIE partielle; par RIEGER.

(Centralblatt f. 11'ervelzlzeill ? N. F. V., 1894.)

Il s'agit d'une veuve de quarante-quatre ans qui a fait avorter

plusieurs femmes et filles, fait pour lequel elles ont été condam-

nées. Cinq rapports de spécialistes ont été faits sur son compte.

Est-ce une folie partielle ? Ses actes sont-ils la conséquence de ses

idées délirantes ? Etude analytique complète. Elle formule des

accusations terribles contre le bourgmestre, or, si ces accusations

sont fausses, il appert qu'elles sont le produit non d'un mensonge

conscient, mais d'une folie systématique maladive. Or s'il est

reconnu qu'elle est paranoïaque, on ne peut lui appliquer de pro-

cédure pénale, en vertu du 203 du Code pénal qui dit : « Qu'il y

a lieu d'interrompre définitivement une action judiciaire sus-

pendue, dès qu'on oppose à la procédure ce fait que le délinquant

est devenu aliéné consécutivemeut après l'acte délictueux. » Si

donc le tribunal décide qu'elle n'est plus maintenant justiciable

des débats juridiques et qu'elle ne peut les suivre, il doit lui appli-

quer le § 80 du Code, et la faire séquestrer dans un asile comme

aliénée dangereuse. P. KERAVAL.

SOCIÉTÉS SAVANTES.

SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE.

Séance du 24 février 1896. PRÉSIDENCE DE M. Charpentier.

Fausse mémoire.

M. ARNAUD communique une observation d'illusions de 'N vu

ou fausse mémoire. Il s'agit d'un officier de trente-quatre ans qui,

aussitôt après une fièvre paludéenne très grave, devint neuras-

thénique, présenta une amnésie continue ou antérograde, de la

faiblesse de l'attention, des idées de persécution assez développées

(aucune espèce d'hallucinations). Mais le symptôme le plus impor-

tant de cet état morbide est l'illusion de déjà vu, qui dure depuis

plus de trois ans et qui s'étend à la plupart des faits de la vie

mentale. Le malade reconnaît tout ce qu'il voit, tout ce qu'il

entend, tout ce qu'il fait, tout ce qu'il pense, pour l'avoir déjà vu,

entendu, fait et pensé l'année dernière, dans des circonstances et

dans un milieu identiques. Cette illusion très intense, complique

et trouble toute l'existence du malade ; elle entraine secondaire-

ment toutes sortes d'idées et d'appréciations fausses.

Il est important de préciser le moment où se produit la fausse

reconnaissance. En présence d'un fait nouveau, le malade l'ap-

précie comme tel; mais, environ une minute après, il affirme

qu'il le reconnaît très exactement pour l'avoir déjà connu l'année

dernière, etc.

Chez ce malade, l'intervalle entre la perception réelle et le sou-

venir illusoire est, dans tous les cas, sensiblement le même.

L'illusion ne présente pas les caractères du souvenir, elle n'est

localisée dans le temps que par des procédés indirects (journaux,

saisons, etc.), par le raisonnement qui joue un très grand rôle

chez le malade ; elle a la même étendue, les mêmes limites que

la perception; enfin elle n'est pas continue, son extension

apparente est due à une habitude, à un faux pli de l'esprit. L'expli-

cation psychologique de l'illusion de déjà vu doit être cherchée

dans le mécanisme de la perception et dans l'état de la mémoire.

Elle pourrait être trouvée dans l'influence combinée de la situa-

296 ,~ ' ` . SOCIÉTÉS SAVANTES.

tion et dé la forme particulière d'amnésie (amnésie continue,

antérograde)' qui existent chez ce malade.

Cette observation est encore intéressante au point de vue élio-

, logique; car. on ne trouve,dans les auteurs qu'un très petit nombre

d'exemples de troublés de la mémoire liés au paludisme. '

M. JANNET critique le terme de fausse mémoire. Pour lui, il

s'agit plutôt d'un trouble de perception, que d'un trouble de la

mémoire. Il a observé des phénomènes analogues chez un hysté-

rique neurasthénique. Ses yeux se fixaient-ils, par exemple, sur le

nez de sou interlocuteur, qu'il croyait voir un nez pour la pre-

mière fois.

Un autre malade pensait que les événements auxquels il assi,-

tait, duraient depuis longtemps. -

M. GARNtER estime aussi que la dénomination de fausse mé-

moire n'est pas très bien fondée ; il pense néanmoins que le

terme doit être conservé, parce que ce syndrome ne s'observe que

chez les amoindris de la mémoire.

M. JaN\ET. - Un auteur anglais, Mayer, qui a publié un travail

sur la mémoire, désigne le phénomène du nom de promnésie. Il

serait intéressant de rechercher quelles formes d'amnésie coexis-

tent avec la fausse mémoire.

M. Charpentier demande à M. Arnaud quelle serait l'altitude de

son malade si on le mettait en présence d'un événement auquel il

a été réellement associé, pendant que s'accomplissait celui qu'il

croyait faussement avoir déjà constaté.

M. ARNAUD. - Cette expérience s'est produite au moment de

- l'enterrement de Pasteur. Mon malade a accepté momentanément

la rectification en attribuant à des maléfices de ses persécuteurs,

on illusion de déjà vu.

' M. BRIAND.- Quand vous lui demandez quelle va être la suite de

l'événement qu'il prétend s'être déjà accompli antérieurement et

que vous le priez de vous en indiquer quelle en a été la consé-

quence ultérieure, que répond-il ? Pour la campagne de Madagas-

car, par exemple, à laquelle il croit assister pour la seconde fois,

quelle terminaison lui donne-t-il ' ?

M. ARNAUD. - Il me répond invariablement que la mémoire lui

fait défaut et qu'il ne se souvient plus de ce qui s'est produit par

la suite. NI. B

sociétés SAVAi ? W ? 7~ ~ ? 297

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SOCIÉTÉ D'1\'l'li ? kÿ ? LOGIL;" «.* \<ï £

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LE CERVEAU DU MOUFLON; par le professeur Benedikt (de Vienne).

B6\EDIhT (de Vienne) fait une communication sur le cerveau du

mouflon (Ovies Musimon), qui réunit les qualités des onguiculés

avec celles des primates, comme il possède une scissure cen-

trale et précentrale et des scissures sagittales très développées. La

seconde scissure de Leuret du mouflon conflue avec la scissure

centrale et la partie moyenne et inférieure de cette scissure repré-

sente alors l'arc descendant antérieur de la seconde scissure de

Leuret, ce que Benedikt avait conclu depuis longtemps et ce qui

est prouvé par le spécimen étudié.

Benedikt donne quelques renseignements généraux sur les résul-

tats de ses études sur l'anatomie comparée des scissures. Il a suivi

deux principes. Le premier était de chercher dans la série des

animaux les scissures complètes. Il a reconnu alors que ces scis-

sures complètes consistent en une série d'éléments indépendants

l'un de l'autre, qui peuvent exister ou manquer dans les différents

types.

Comme il a reconnu que ces éléments indépendants peuvent

entrer eu combinaison libre, avec des éléments des autres scissures

il fallait suivre le second principe, de dénommer les éléments et de

les ranger convenablement.

Le plus instructif était l'étude de la scissure calleuse marginale

(scissure limbique interne) et de la scissure rhinale (scissure lim-

bique exlerne). La première est complète chez le cheval et se

trouve plus rarement complète chez l'homme principalement sur

des cerveaux de dégénérés. On voit alors que le style de la scis-

sure paréto-occipitale interne, n'est autre chose que la scissure

retrospténique de l'arc rélrosplénique de la scissure calleuse mar-

ginale des animaux.

La scissure rliiuale est très bien représentée chez l'homme. La

scissure olfactive représente sa partie frontale. La partie tempo-

rale de celle-là est représentée chez l'homme par la scissure, qui

sépare la circonvolution d'hippocampe du lobe temporal et cette

scissure est moins bien développée sur un des deux hémisphères

de l'homme. Cette scissure temporo-hippoeampique se continue

chez l'homme dans la scissure collatérale, qui existe comme partie

occipitale de la scissure rliiuale chez les animaux.

La première scissure de Leuret, comme on la trouve par exemple

chez les carnivores, peut devenir complète avec de minimes imiter-

298 SOCIÉTÉS SAVANTES. -

ruptions du pôle frontal jusqu'au pôle occipital par exemple chez le

rosuarus et le taureau comme nous savons des publications de T1l1'-

ner. Chez l'homme les scissures secondaires sagittales de la pre-

- migre circonvolution frontale représentent la partie frontale de

cette première scissure de Leuret; chez beaucoup d'animaux elle

existe comme scissure coronaire (supérieure).

Chez l'homme, M. Benedikt a retrouvé la partie pariétale dans

certains cerveaux par exemple dans le cerveau de Francesconi. En

arrière c'est l'étape supérieur de la scissure inter-pariétale qui

appartient chez l'homme, à cette première scissure de Leuret et

sa continuation occipitale qui se trouve chez les animaux comme

scissure médio-latérale (première scissure occipitale).

La seconde scissure de Leuret se trouve complète par exemple,

chez les brebis. Chez l'homme, la scissure dite première scissure

frontale représente la partie frontale de cette scissure, qui est

interrompue en arrière par les circonvolutions ascendantes et les

scissures transversales centrales.

Dans la région sus-sylvienne et pariéto-temporale, la seconde

scissure de Leuret est représentée par l'étage moyen de la scissure

inter-pariétale (ou scissure de Turner, selon M. Benedikt). Dans la

région occipitale la seconde scissure de Leuret n'est pas toujours

représenlée en général très distinctement. Sur certains cerveaux

comme chez un Américain décrit par Benedikt cette partie est

au contraire très accentuée (c'est alors la seconde scissure occi-

pitale). 1

La troisième scissure de Leuret est complète chez le narval décrit

par Turner, pour la partie temporo-pariétale et centrale et assez

complète pour le lobe frontal. Elle y manque pour le lobe occipital.

Chez l'homme la partie frontale de cette troisième scissure de

Leuret est bien développée; c'est la scissure dite scissure seconde

frontale. Elle manque dans la partie centrale et en général dans

la région sus-sylvienne où elle est représentée par exception dans

un nombre restreint des cerveaux, comme par exemple chez un

Feilah, décrit par Benedikt. C'est alors un arc horizontal sus-syl-

vien, qui correspond à l'arc horizontal de la troisième scissure de

Leuret, par exemple chez le chien. \

Dans la région temporo-occipitale, la troisième scissure de Leuret

est au contraire toujours représentée chez l'homme par une scis-

sure constante, nommée par Benedikt la scissure temporo-occi-

pitale. Elle nait dans la région temporale et aboutit au pôle occi-

pital (comme troisième scissure occipitale) où elle sépare la partie

externe de la circonvolution fusiforme de la troisième circonvolu-

tion occipitale. La scissure temporo-occipitale apparaît chez beau-

coup d'animaux et y est désignée souvent comme scissure ecto-

latérale par les auteurs.

Benedikt ajoute encore pour compléter les scissures sagittales,

SOCIETES SAVANTES. 299'

que la scissure dite scissure présylvienne correspond à la scissure

frontale externe de l'homme, qui sépare le lobe frontal externe de

la circonvolution orbitaire.

Jusque-là il s'agissait des scissures sagittales. Non moins impor-

tante est la discussion des scissures transversales et leur forme

variée dans les différentes classes des gyrencéphales. A la face

interne du cerveau il y a différentes branches transversales de

la scissure marginale calleuse ou plutôt des arcs verticaux sur la,

scissure nommée.

Chez l'homme il y a un arc qui sépare la circonvolution quadri-

latère de la circonvolution paracentrale; c'est une scissure rétro-

centrale interne.

Chez beaucoup d'animaux il y a au contraire un arc trans-

versal - la scissure croisée --qui représente une scissure précen-

trale interne. Cet arc ne manque pas toujours chez l'homme, mais

il est en général rudimentaire.

Un autre arc transversal est celui qui sépare la circonvolution

quadrilatère du lobe occipital et que Benedikt désigne comme-

scissure précunéenne.

Elle est constante chez les primates, et à peu d'exceptions con-

fluentechez l'homme avec l'arc rétro-splénique de la scissure mar-

ginale calleuse et n'est pas sous cette confluence rare chez les ani-

maux, mais était méconnue ou négligée par les auteurs.

Un autre arc vertical sur la scissure marginale-calleuse, c'est la.

scissure calcarine des primates qui, chez l'homme, conflue à peu

d'exceptions avec la scissure rétro-splénique et avec la précunéenne

et qui existe souvent-quoique rudimentaire -chez les animaux.

Les scissures transversales de la région centrale ne sont pas, selon

Benedikt un privilège des primates.

Depuis longtemps M. Benedikt a insisté sur ce point, qu'il faut

chercher la scissure centrale par exemple chez les carnivores, en

arrière et au milieu de la région dite « psycho-motrice », dont un

bord antérieur est la scissure croisée et Benedikt a prétendu,

qu'une petite scissure transversale au bout antérieur de la première

scissure de Leuret chez un nombre de carnivores doit être reconnue

comme représentante au moins de la partie supérieure de la scis-

sure centrale des primates :

Plus tard il a insisté sur ce que l'arc descendant antérieur de la

seconde scissure de Leuret, par exemple des carnivores représente

la partie moyenne et inférieure de la scissure centrale et il dé-

montre aujourd'hui sur le cerveau du moufllon, que sa présomp-

tion est justifiée.

L'arc antérieur de la troisième scissure de Leuret, des carnivores

correspond à la partie inférieure de la scissure rétro-centrale de

l'homme et souvent à l'étage inférieur de la scissure inter-parié-

tale ou de Turner. L'arc descendant postérieur de la troisième

300 0 .1,-ILES D'ALIÉNÉS.

scissure de Leuret des carnivores correspond à la première scis-

sure temporale de l'homme, et l'arc descendant de la seconde scis-

sure de Leuret des carnivores correspond dans sa partie supérieure

-à la scissure pariéto-occipitale externe de l'homme et dans sa

partie inférieure à la seconde scissure temporale de l'homme.

M. Benenikt ajoute que les gyrencéphales ont des scissures à

fentes, à vallons et à raies ou à stries. Lesdits gyrencéphales ont

seulement des scissures à raies ou à stries. -

ASILES D'ALIÉNÉS.

I. SUR LE RECRUTEMENT futur ET sur la situation du personnel

D'INFIRMIERS dans LES asiles; par W. F. Menzies. (F/tC Journal

of mental Science, juillet 1894.)

La difficulté toujours croissante que tous les directeurs d'asiles

trouvent à recruter convenablement leur personnel de service

suffit à démontrer la nécessité de certaines réformes. Suivant l'au-

teur, ces réformes devraient porter principalement : 1° sur l'âge

minimum des candidats qui doit être élevé; 2° sur la durée des

heures de service qui doit être abrégée, et sur la durée des heures

quotidiennes de loisir et des vacances annuelles.qui doit êire aug-

mentée ; 3° sur le régime alimentaire qui demande à être amé-

lioré ; 4° sur la nécessité de fournir au personnel un « chez soi »

séparé des salles de malades, et d'encourager les jeux de plein

air; 5° sur l'utilité de compléter l'enseignement pratique au point

de vue des soins à donner aux malades, et en particulier aux

aliénés.

Ce sont là les desiderata les plus importants : mais après une

étude attentive de la question, l'auteur est amené à formuler les

conclusions suivantes : il est difficile dans l'état actuel des choses

de relever le niveau du personnel appelé il donner des soins aux

aliénés. Les heures de service, le régime alimentaire peuvent être

.l'objet d'améliorations graduelles, mais pour le moment peu mar-

quées ; les améliorations peuvent être telles cependant que lorsque

l'enseignement technique sera prêt à fonctionner, et que les con-

ditions matérielles de la vie auront été favorablement modifiées,

on puisse compter sur le recrutement d'un personnel d'infirmiers

'd'un niveau social supérieur au niveau actuel. R. 11f. C.

ASILES D'ALIÉNÉS. 301 l

II. Epreuves, misères et griefs d'un directeur d'asile privé;

par Lionel A. WEATiIERLY. (The Journal of Mental Science, juillet

1894.)

L'auteur énumère, sous une forme parfois humoristique, les

ennuis et les déboires que rencontre dans l'administration de sa

maison de santé, un directeur d'agile privé. Il reconnait d'ailleurs

de bonne grâce que les médecins-directeurs d'asiles publics sont

peut-être encore plus à plaindre. R. M. C.

III. Revue DES VINGT dernières années A l'asile DES aliénés DE

LA VILLE ET DU COMTÉ DE WORCESTER ; par E, MARRJOTT COOK. (Thc

Journal of Mental Science, juillet 1895.)

Compte rendu intéressant et détaillé du fonctionnement de cet

asile, des progrès de tout genre qui y ont été réalisés et des amé-

liorations qui restent à y introduire. R. M. C.

IV, Les aliénés au « WOIlKHOUSE »; par M. J. VoLAN. (The Journal

of Mental Science, octobre 1894.)

Le « '\Vll1'l¡ho¡ise », institution de charité paroissiale à plusieurs

fins, a pour but, en Angleterre, de pourvoir à des misères sociales

très diverses : il recueille des malades et des vagabonds, des aliénés

et des indigents, etc. Il occupe une place importante dans tous les

travaux des auteurs qui se préoccupent du placement, de l'inter-

nement et de l'hospitalisation de ces diverses catégories sociales.

Ni le mot, ni la chose n'existant en France, il devient très difficile

de rendre utilement compte des travaux de ce genre ; nous nous

bornerons donc à reproduire les très sommaires conclusions de

l'auteur, qui sont les suivantes :

« Il est désirable : 1° de pourvoir au sort des idiots et des épilep-

tiques idiots dans un ou plusieurs établissements mieux adaptés à

cette fin que le Voi-h-hùuse ; 2° de transférer les « simples alié-

nés » et les « aliénés épileptiques » dans des asiles régionaux, où

ils recevront de l'Etat les soins et l'assistance dont ils ont été

jusqu'ici injustement privés. » , H. DE Musgrave CLAY.

V. DISCOURS présidentiel prononcé au COLLÈGE royal DES médecins

DE DUBLIN, LE 12 juin 1894, A L'OUVERTURE DE la cinquante-

troisième réunion annuelle DE l'association médico-psycuiatrique ;

par CO-40LLY Norman. (The Journal of Mental Science, octobre

1894.)

Comme la plupart des harangues officielles, ce discours touche à

des sujets très divers, et par là il est très intéressant; mais par là

302 asiles d'aliénés.

aussi il échappe à toute analyse, étant lui-même une analyse des

progrès accomplis et des desiderata à combler en matière de

psychiatrie. R. M. C.

VI. Rapport sur l'organisation matérielle D'UN asile d'aliénés

moderne; par KRAYATSCH. (./tt/t)'6MC/t6)' sur Psychiatrie, t. XIII,

f. 2, 3, 1895.).

L'auteur est directeur-médecin en chef de l'asile d'aliénés de

Kierling-Gugging (Basse-Autriche) dont la construction, décidée en

1885, se poursuit encore actuellement. 11 a mis à profit de nom-

breuses visites dans les asiles autrichiens et allemands et l'expé-

rience qu'il a pu acquérir dans le nouvel établissement qu'il dirige,

pour fixer les conditions de l'organisation matérielle d'un asile

d'aliénés moderne. Son mémoire, très documenté, mérite d'être

consulté.

Il faut renoncer entièrement aux asiles fermés : en effet, ils ne

valent ceux construits suivant le système des pavillons isolés, ni

au point de vue hygiénique, ni au point de vue du groupement

des malades d'après leur état mental. En outre la possibilité d'ac-

cidents tels que incendie, épidémie, va contre la construction

d'établissements de ce genre. Le système des pavillons isolés est au-

jourd'hui presque unanimement reconnu comme le meilleur et n'a

contre lui que les médecins qui en ignorent les avantages, ou ceux

qui font passer avant tout la commodité du service.

L'éloignement des pavillons de malades du bâtiment de la direc-

tion, des villas des médecins, de la chapelle, de la cuisine, n'a pas

d'importance. 11 importe seulement que le bâtiment d'adminis-

tration, situé sur le front de l'établissement, soit d'un abord

commode. Les pavillons peuvent être disposés parallèlement à un

grand axe constitué par le bâtiment d'administration, la cuisin'e,

la chapelle, la salle des fêles, ou se rangent en sens inverse, à

droite et à gauche des bâtiments précédents.

Il faut assurer autant que possible la séparation des divisions

réservées à chaque sexe. Le plus simple semble, à première vue,

de construire des établissements séparés pour chaque sexe, comme

on l'a fait en France, en Saxe, en Belgique. Mais on ne peut ce-

pendant recommander cette façon de trancher la difficulté en

raison : 1° de l'entrave qu'on apporterait à l'instruction du corps

médical, les modes d'évolution des psychoses différant suivant le

sexe; 2° de ce fait que l'asile unisexué perdrait le caractère fami-

lial des établissements mixtes (distractions plus rares, perte pour

les femmes des préoccupations ayant trait à la toilette) ; 3° des

inconvénients provenant de l'absence de la main-d'oeuvre des

hommes dans un asile de femmes et vice versa (lingerie, cuisine,

travaux divers; 4° de l'impossibilité où l'on serait de réunir dans

asiles d'aliénés. 303

un même asile le mari et la femme tous deux frappés de folie.

Le choix de l'emplacement est très difficile si l'on veut tenir

compte des exigences hygiéniques, administratives et financières.

L'asile doit être construit, autant que possible, au milieu d'une

province, dans le voisinage d'une ville possédant un tribunal et

des autorités administratives, à environ 2 kilomètres d'une station

de chemin de fer. De cette façon les approvisionnements ne seront

pas trop coûteux, et l'asile bénéficiera du voisinage d'un centre ur-

bain au point de vue du service des eaux, de l'éclairage, des cana-

lisations, des écoles (pour les enfants du personnel).

Sit1lation.- L'asile doit être mis à l'abri des vents régnants par

sa situtation sur un terrain en pente; le terrain de culture doit

complètement isoler l'établissement pour lui éviter le voisinage

ultérieur d'usines qui a bien des inconvénients.

La superficie du terrain d'assiette (pavillons de malades et leurs

préaux) doit être calculée d'après le chiffre minimum de 40 mètres

carrés par tête; il faut ajouter la superficie des routes etdes chemins,

des parcs, du bâtiment administratif, delà chapelle, de la cuisine,

de la buanderie, etc. En Angleterre, on compte 10 ares par tête de

malade pour évaluer la superficie réclamée par un établissement.

Pour apprécier l'étendue du terrain nécessaire pour le bétail, l'au-

teur se base sur les chiffres suivants : un asile de 500 malades

possède, avec le personnel (1 p. 8), une population de 600 per-

sonnes. Le lait nécessaire est d'environ 360 litres par jour

(60 centilitres par tête). Une vache fournissant environ 10 litres de

lait, l'étable devra en contenir 36, soit 46 avec les jeunes. Pour ce

troupeau il faut environ 35 hectares de prairie; pour 4 chevaux,

3 hectares; pour la culture des pommes de terre, 5 hectares; pour

le jardin potager, 3 hectares; soit en tout 46 hectares, auxquels

il faut ajouter les 8 ou 9 hectares du terrain d'assiette, en tout

56 hectares.

Nombre des pavillons de malades. - Au point de vue économique

de grands bâtiments, à plusieurs étages et comprenant chacun un

nombre élevé de malades; sont avantageux. Mais les inconvénients

multiples de ce système doivent le faire rejeter. La surveillance est

difficile ou impossible dans des pavillons de 50 à 60 malades;

l'agitation y devient contagieuse. Avec des groupements plus

restreints il est possible de faire un classement meilleur des alié-

nés en tenant compte de leur état mental et de leur situation

sociale. L'auteur conseille la construction de pavillons à un seul

étage, pour 50 malades; ces pavillons devront être aménagés de

façon à pouvoir être séparés en deux sections de 25. Au pre-

mier étage, les dortoirs. Chacun d'eux ne doit pas avoir plus de

10 lits. Au rez-de-chaussée, deux salles de réunion, chacune pour

25 malades, deux chambres pour les sujets alités, trois cellules pour

chaque section de 25 aliénés, une salle de bain commune, un esca-

304 ` asiles d'aliénés.

lier commun et les waler-closets. Les deux sections sont réunies

au rez-de-chaussée, et au premier étage, par une porte de communi-

cation qui peut être fermée. Avec 20 quartiers (10 pour chaque

- sexe) construits sur ce modèle on pourra se passer d'un quartier

cellulaire spécial. Dans plusieurs quartiers les cellules prévues

pourront être transformées en simples chambres d'isolement.

Les ateliers devront autant que possible être situés en dehors des

quartiers. Exceptionnellement on pourra utiliser le sous-sol ou les

combles de ces derniers.

Les pavillons destinés aux sujets atteints de psychoses aiguës diffé-

reront au point de vue de leur disposition et de leur aménagemanl

des pavillons réservés aux autres sujets. Dans les anciens asiles ou

distinguait des quartiers pour les tranquilles - pour les demi-

agités - pour les agités - pour les malpropres. Un établissement

moderne doit posséder un pavillon d'admission pour les sujets

nouvellement admis, un pavillon pour les malades tranquilles tra-

vailleurs, un autre pour les sujets dont on est moins sûr et qui ne

travaillent pas régulièrement, un pavillon pour les épileptiques,

un pour les paralytiques à la période terminale, avec dortoirs au

rez-de-chaussée (pas de parquet en bois, mais carreaux). Enfin cpr-

tains malades peuvent être logés dans le bâtiment des services

généraux. Un pavillon spécial doit être réservé aux sujets atteints

de maladies contagieuses.

Chambres de réunion, 1'é{ectoÏ1'es,- Ces derniers doivent être con-

tigus aux salles de réunion : ih peuvent être utilisés en outre

comme salles de musique ou de lecture. La plupart des meubles

doivent être faits en bois de chêne. De petites tables et des bancs

n'ayant que deux places da chaque côté sont recommandables. Les

chambres doivent être ornées de tables couvertes de fleurs, de

tableaux. Les murs seront peints à l'huile jusqu'à la hauteur de

2 mètres.

Chambres d'infirmerie. - Elles ne doivent pas avoir plus de 10 lits

et contenir autant de tables de nuit, de lavabos, d'armoires à mé-

dicaments et de grandes tables servant aux repas des malades. En

général le nombre des maladies organiques incidentes varie entre

5 à 10 p. 100 par rapport à la population; il faut y ajouter, pour

avoir le total des sujets alités, les malades soumis au traitement

par le repos au lit. Il est donc nécessaire d'avoir une chambre de

malades par pavillon. Le pavillon d'admission doit posséder une

salle bien éclairée, à deux fenêtres, qui servira de chambre d'exa-

men et d'opérations.

Chambres d'isolement, cellules. - Leur nombre sera de 10 pour

100 aliénés. Leur superficie de 12 il 15 mètres carrés et leur cubage

de 50 à. î0 mètres cubes. Nécessité d'une ventilation artificielle. Le

chauffage central est préférable. Les fenêtres seront grandes; le

quart ou le tiers en devra être mobile. Éclairage nocturne par l'ex-

asiles d'aliénés. 305

térieur de la cellule. Portes solides, s'ouvrant en dehors, rapide-

ment, et munies de plusieurs appareils de fermeture. Doubles portes

pour certaines cellules. La plupart des cellules ne devront pas

avoir de judas. Les murs doivent être résistants, faciles à nettoyer

et à désinfecter. Parquets en bois solide. Pas de mobilier fixé au

parquet.

Fenêtres. - Elles doivent être solidement construites dans les

pavillons fermés. Dans les chambres d'isolement les fenêtres seront

formées de petits carreaux de 20 millimètres d'épaisseur, main-

tenus dans une armature en fer. Pas de grilles. Le tiers supérieur

servira à la ventilation. '

Dortoirs. - 25 mètres cubes par lit. Ventilation artificielle. Ri-

deaux. Chaises devant les lits. Chaises percées. Murs peints à

l'huile. Les vêtements des malades seront déposés dans le vestibule

du dortoir.

Lits. - Ils devront être en fer. Pour les gâteux, une paillasse;

pour les autres malades, matelas de crin. Pas de lits de plumes.

L'auteur étudie dans tous les détails l'aménagement des salles-

lavabos, des bains, des cabinets d'aisance, des offices, des cabinets

de débarras, les questions du service des eaux (100 litres par ma-

lade et par jour), du chauffage (le meilleur est le chauffage par la

vapeur d'eau à basse pression).

Les jardins doivent avoir une superficie basée sur le rapport mi-

nimum suivant : 40 mètres carrés par malade. Ils doivent être

plantés d'arbres atteignant une taille élevée et fournissant de

.t'ombre (tilleuls, platanes, etc.). Les jardins seront entourés d'une

roture de 2m,50 de hauteur (pavillon des sujets tranquilles), d'un

mur de 3 mètres pour les pavillons de surveillance.

La disposition du bâtiment d'administration, des logements du

personnel, de la chapelle, de la salle des fêtes, de l'étable, de la

cuisine, de la buanderie, du pavillon pour les maladies conta-

gieuses, des ateliers, l'organisation des services d'incendie, de vi-

dange, toutes ces questions sont l'objet d'un examen très complet.

P. Sérieux.

VII. L'administration DES aliénés A BERLIN ET EN Ecosse, considérée

spécialement au point DE VUE DU placement DES aliénés dans LES

habitations particulières ; par John SIBBALD. (The Journal of

Mental Science, janvier et avril 1895.)

11 y a beaucoup de documents précieux et de renseignements

intéressants dans ce mémoire d'une trentaine de pages : il y en a

,même trop pour qu'une analyse. fût-elle étendue, puisse en donner

une idée suffisante : nous ne pouvons qu'indiquer, avec l'auteur,

que la majeure partie du problème qui consiste à pourvoir à l'assis-

tance des aliénés pauvres dans les habitations particulières, de-

Archives, 2" série, t. I. 20

306 asiles d'aliénés.

meure aujourd'hui sans solution. Mais il n'est pas sans intérêt de

noter que des efforts utiles ont été faits dans ce sens à Berlin, et

que des médecins aussi compétents et aussi autorisés que les

- 7-I)rs Saiider, Bothe et Otto restent convaincus qu'il est un grand

nombre d'aliénés auxquels l'internement dans un asile n'est nulle-

ment nécessaire et qu'ils recevraient tout aussi bien dans des habi-

tations particulières l'assistance dont ils ont besoin. R. M. C.

VIII. Impressions D'UNE rapide VISITE A UN asile hollandais ; par

M.-D. MAcLEOD. (The Journal of Mental Science, avril 1895.)

Relation intéressante, mais un peu sommaire et superficielle

(l'auteur lui-même le reconnaît de bonne grâce) d'une visite faite

à l'asile de Meer-en-Berg, en Hollande, qui contient 1330 aliénés,

et qui paraît être fort habilement dirigé par le Dl' Van Deventer.

R. M. C.

IX\ DE l'assistance DES ÉPILEPTIQUES ; par le Dr 1\IASOIN. (Bulletin

de la Société de médecine mentale de Belgique, décembre 1894.)

L'auteur établit dans cette conférence qu'il existe environ

5,000 épileptiques en Belgique, soit 1 pour 1000 habitants. Sur ces

5,000 épileptiques, 850 seulement sont séquestrés dans les asiles,

les autres sont recueillis dans les hôpitaux ou hospices quand

ceux-ci veulent bien les recevoir; le plus grand nombre est laissé

en liberté, et le reste à la charge des familles. hf. Masoin démontre

ensuite qu'aucune de ces catégories de malades ne reçoit en réa-

lité les soins que leur état réclame. La séquestration ne convient

en effet qu'aux épileptiques aliénés, et encore dans leurs intervalles

lucides devraient-ils être placés ailleurs. A l'hôpital, on ne trouve

aucune des conditions requises pour le traitement du morbus-

sacer. Dans la famille, à moins qu'il ne soit favorisé de la fortune,

l'épileptique constitue un danger permanent pour lui-même et

pour les siens. ,

En présence de l'insuffisance de ces trois modes d'assistance les

seuls pratiqués en Belgique, l'auteur propose à l'exemple de ce qui

a été fait dans plusieurs pays étrangers, de créer pour les épilepti-

ques des asiles spéciaux, ou plutôt des colonies analogues à celles

de Bielefeld, en Allemagne, de la Teppe en France, etc. G. DENY.

X. La NOUVELLE hospitalisation DES aliénés par la méthode DE

LIBERTÉ ET SON APPLICATION A VILLE-EvR.\RD ; par le D'' l\JARAND0N

DE MONTYEL.

Au moment où le Conseil Général de la Seine s'occupe des plans

du nouvel asile dont il a décidé la création sur le domaine de Ville-

Evrard, c'est une question d'actualité pressante de savoir si l'établis-

asiles d'aliénés. 307

sèment projeté devra reproduire le type jusqu'ici suivi ou en différer

radicalement, par adoption des idées nouvelles sur la matière.

La nouvelle méthode d'hospitalisation diffère du tout au tout de

l'ancienne : à l'hygiène de l'isolement, elle substitue l'hygiène de

la liberté. Plus de murs, ni intérieurs, ni extérieurs, mais des villas

dispersées dans un parc, ou groupées sous forme de village : villas

aux portes, aux fenêtres ouvertes pour 60 p. 100 des aliénés hospi-

talisés, fermées par une simple serrure et une grille tout à la fois

solide et élégante pour les 40 p. 100 restant. Partout un milieu qui

rappelle la vie ordinaire. .

L'expérience de l'étranger ne saurait laisser de doute ni sur la

possibilité de cette méthode, ni sur. son efficacité. Mais une objec- '

tion était à prévoir, c'est que ce qui peut se faire dans une nation

peut très bien être impraticable chez sa voisine.

L'auteur, dans un mémoire des plus documentés, répond à cette

objection et fournit la preuve expérimentale qu'elle, n'a, dans ce

cas, aucune valeur. En effet, il expérimente depuis huit ans, avec

un plein succès, dans son service de Ville-Evrard; partant en France

et sur des Parisiens, le traitement des aliénés par toute la liberté

que comporte leur état : absence de mur extérieur et intérieur,

développement considérable du travail, portes et fenêtres ouvertes,

visites à volonté des familles, collations et villégiatures, possibilité

d'écrire â toute heure, congés et sorties provisoires, etc. Tant au

point de vue hygiénique qu'au point de vue thérapeutique, la nou-

velle hospitalisation est beaucoup plus efficace que l'ancienne;

mais les résultats fussent-ils les mêmes, qu'il faudrait encore

l'adopter, car, sans conteste, elle est mille fois plus humanitaire et

plus agréable pour le malade et sa famille.

La réussite de la tentative entreprise par M. Marandon de Mon-

tyel a d'autant plus de valeur qu'il l'a conduite dans des conditions

défectueuses de personnel, car il s'est contenté du nombre habituel

des serviteurs dans les asiles fermés, bien que la nouvelle méthode

exige un personnel beaucoup plus nombreux. (Annales médico-

psychologiques, janvier 1896.) E. B.

XI. Asile d'idiots DE L.1NGI;EIIAGEN (Hanovre).

Cet établissement, d'abord propriété privée, a été considérable-

ment agrandi, consécutivement à la loi du 11 juillet 1891 sur l'as-

sistance des idiots et épileptiques, et sera incessamment transformé

en asile provincial. Il est consacré à l'éducation et à l'hospitalisa-

tion des arriérés. Le nombre des malades est de 500. Le domaine,

cultural est de 60 hectares. L'âge de la plupart des malades varie

de cinq à quinze ans; mais on garde certains sujets ayant dépassé ce

dernier âge ; on les utilise pour les travaux agricoles et dans les nom-

breux ateliers (de tailleurs, de reliure, de vannerie, de cordonne-

308 asiles d'aliénés.

rie, de brosserie, etc.). Les filles sont employées aux travaux du

ménage, à la buanderie. Deux cents enfants suivent les cours ;

ils sont répartis en dix classes : la classe supérieure ne compte que

r10 élèves. Le personnel enseignant se compose de 2 instituteurs et

5 institutrices. Le personnel de surveillance est dans la proportion

de 1 pour 10, pour les enfants éducables, et de 1 pour 6, pour les

enfants non éducables. Les infirmiers couchent dans les dortoirs

des malades. -

Un pavillon spécial est réservé aux agités et aux sujets atteints

de maladies incidentes. Il existe des chambres d'isolement pour

les affections contagieuses (tuberculose, etc.). Chaque quartier pos-

sède une chambre d'isolement. Le Dr Wulff conseille d'adopter,

pour les établissements futurs, une disposition permettant d'asso-

cier deux sections d'hospitalisation (12 à 14 malades), afin de faci-

liter la surveillance. (Krayatsch. Jah1'lmch, f. Psychiatrie, t. XIV,

f. 1 et 2, 1895.) " P. Sérieux.

v XII. Asiles d'idiots.

Etablissement pédagogique provincial de Potsdam. - Cet établis-

sement, fondé en 1865, grâce 11 l'initiative privée, se composait

primitivement d'un corps de bâtiment et de 4 hectares de jardins,

de prairies et de terrain de culture. Agrandi en 1858 et 1864, l'éta-

blissement possède aujourd'hui 150 enfants des deux sexes. Depuis

1894, il est devenu asile provincial et dirigé par un comité composé

du médecin, de l'instituteur et de l'aumônier, sous le contrôle de

l'autorité administrative. Les dortoirs ont de 12 à 15 lits. Il n'y a

pas d'infirmerie. Les enfants atteints de maladies contagieuses sont

envoyés à l'hôpital de Potsdam. Il n'y a pas de chambres d'isole-

ment ; les sujets agités sont transférés dans les asiles d'aliénés. Il y

un grand réfectoire pour 120 personnes. L'inspecteur et sa famille

prennent leurs repas en commun avec les enfants. Le régime ali-

mentaire est bon.

Les enfants sont répartis en deux sections : 1° section des filles ;

2° section des garçons, divisée en trois quartiers : a) les enfants en

bas âge, sous la surveillance d'infirmières; b) les enfants plus âgés

surveillés par des infirmiers; c) les adultes.

Le personnel se compose d'un inspecteur, d'un instituteur, trois

instituteurs-adjoints, huit infirmières, cinq filles de service. Les

salles de réunion servent de salles d'école. On cherche il apprendre

aux enfants un métier. On les utilise aux services généraux. Sur

les 114 enfants, il n'y en a que 40 qui suivent l'école avec profit- t.

(Jahi-biieh. f. Psychiatrie, t. XIV, f. 1 et 2.) P. Sérieux.

XIII. Asile d'épileptiques DE POSTDASf.

Cet établissement, dirigé par un pasteur, possède 120 malades

bibliographie. 309

(épileptiques ou aliénés), répartis par groupes de dix dans ditl'é-

rents pavillons. Chaque groupe a un dortoir, une chambre de réu-

nion (avec un lit pour attaques), une salle-lavabo (avec une bai-

gnoire) et des cabinets d'aisance. L'infirmier couche dans le dor-

toir des malades, mais il dispose cependant d'une chambre particu-

lière. Dans le pavillon où loge le Directeur, se trouvent les salles

d'école ; chaque groupe de dix malades suit un cours spécial. Les

murs des salles sont peints à l'huile et portent des maximes tirées

de la Bible. Il existe un quartier cellulaire composé d'une grande

salle de réunion d'où partent, à droite et à gauche, deux corridors

éclairés par en haut, sur chacun desquels donnent six cellules et

deux chambres d'isolement. Cet établissement sera prochainement t

transformé en asile provincial et dirigé par un médecin. (Krayatsch.

Ja' ! 1 ? f. Psychiatrie, f. 1 et 2, 1895.) P. Sérieux.

1 1. 1

BIBLIOGRAPHE '\ ? \i ¡t ! "1 dt) Li..

* : . :

III. Les névroses traumatiques. Etude pathologique et clinique ; par le

Dr CROCQ fils. (In-8°, 1896, Société des Editions scientifiques.)

« L'étude des névroses traumatiques offre actuellement un in-

térêt énorme à deux points de vue bien différents : la clinique et

la médecine légale.

« Les troubles nerveux consécutifs aux traumatismes ne pré-

sentent, en effet, pas seulement l'importance médicale pure des

autres affections nerveuses; ils sont encore le sujet de procès très

fréquents et souvent le point de départ de vives polémiques entre

les experts nommés par les tribunaux. »

Ces lignes, par lesquelles M. Crocq commence la très intéres-

sante étude dont nous allons présenter une rapide analyse suffisent

pour faire ressortir l'utilité pour le médecin de connaître exacte-

ment ces troubles nerveux, si complexes, parfois si bizarres, suscep-

tibles de se produire a la suite d'un traumatisme.

Signalés pour la première fois par Brodie, décrits ensuite par

Duchesne et par Robert, ces troubles nerveux ne furent sérieuse-

ment étudiés qu'en 1866 par Erichsen. Depuis cette époque, ils ont

fait l'objet de nombreuses publications aussi bien en France qu'à à

l'étranger.

Quatre théories se sont formées pour les expliquer. L'auteur

examine successivement chacune d'elles, et par une critique judi-

cieuse, élimine la théorie d'Oppenheim et celle de Grasset, la pre-

310 O bibliographie.

mière considérant la névrose traumatique comme une entité mor-

bide à part, la seconde ne voyant dans les névroses traumatiques

que des formes d'hystérie, mais d'une hystérie spéciale, ayant

ses caractères propres. De ces quatre théories, deux seulement lui

paraissent acceptables : celle d'Erichsen, qui attribue à la commo-

tion physique et aux lésions organiques le rôle principal dans le

développement de ces névroses, et celle de Charcot, qui ne voit dans

les troubles nerveux consécutifs aux traumatismes que des formes

hystériques ou neurasthéniques. Chacune de ces deux théories ex-

plique certains cas; elles ont le tort chacune d'être trop exclusives.

Au point de vue étiologique, trois éléments doivent entrer en

considération : le traumatisme, l'émotion, la prédisposition. Là,

les opinions sont divisées : Vibert considère la nature du trauma

comme très importante dans la production des accidents nerveux;

pour Charcot et son école, c'est l'émotion morale qui est le prin-

cipal agent provocateur de ces accidents, la nature du trauma-

tisme restant secondaire. Il importe cependant de faire une dis-

tinction : dans la catégorie des troubles nerveux graves, où Jes

symptômes fonctionnels semblent se mêler à des troubles orga-

niques, il faut noter cette circonstance, démontrée par l'observa-

tion, c'est que presque toujours ces troubles graves sont consécutifs

à une secousse considérable, à une commotion violente. Dans la

catégorie des névroses traumatiques pures, au contraire, le rôle

du trauma est moins important et il semble bien que c'est l'émo-

tion morale seule qui a provoqué l'apparition des phénomènes

nerveux. Quant à la prédisposition, son rôle est tout à fait acces-

soire dans les : névroses traumatiques graves; elle doit par contre

entrer en ligne de compte s'il s'agit de névroses traumatiques pure-

ment fonctionnelles, dépendant d'une émotion morale ou d'une

affection réflexe.

La symptomatologie des névroses traumatiques est très complexe;

elle comporte une foule de troubles nerveux, tantôt simples et

locaux, tantôt compliqués et généraux et pour la description des-

quels l'auteur maintient la division qu'il a précédemment établie

entre les névroses traumatiques graves, avec commotion et lésions

organiques probables et les névroses traumatiques pures, fonc-

tionnelles.

Dans les névroses de la première catégoriê, les .phénomènes

caractéristiques sont des troubles intellectuels, sensitifs, moteurs

et généraux, avec prédominance des premiers. Ces phénomènes

ont une grande analogie avec ceux de la neurasthénie trauma-

tique pure; cependant en dehors d'eux, on rencontre fréquemment

des caractères : névrite optique, atrophie papillaire, troubles de la

vessie, inexcitabilité de la pupille à la lumière, début de cachexie,

etc., qui permettent de soupçonner et de reconnaître l'existence

d'une lésion organique. .

bibliographie. 311

Dans les névroses de la deuxième catégorie, d'où est exclue la

possibilité d'une semblable lésion, où le traumatisme n'a en lui-

même'qu'une faible importance et est quelquefois insignifiant, où

le plus souvent les troubles nerveux ont été précédés chez les ma-

lades d'une grande frayeur, avant, pendant ou tout de suite après

l'accident, on peut rencontrer tous les symptômes caractérisent des

affections en dehors du traumatisme, symptômes d'hystérie locale

ou générale, à la fois locale et générale, de neurasthénie, chorée,

épilespie, avec ou sans hystérie, etc.; seulement ici, c'est le trau-

matisme qui a déterminé réclusion des accidents.

Toutes ces différentes manifestations sont successivement exa-

miuées par l'auteur avec une grande méthode, avec un soin scru-

puleux, de manière à permettre d'établir un diagnostic aussi précis

possible, diagnostic souvent très difficile et qui ne peut reposer, de

même que le pronostic, que sur une étude approfondie de l'évolu-

tion de la maladie et sur la nature du traumatisme initial. Cette

question du diagnostic et du pronostic a du reste un intérêt spé-

cial et tout particulier; elle n'est pas importante seulement au

point de vue du traitement, elle l'est encore au point de vue mé-

dico-légal, car le médecin peut être appelé comme expert à se

prononcer devant les tribunaux et à déterminer si un malade

atteint de névrose traumalique est capable ou non de reprendre

ses occupations et quelle sera la durée probable de sa maladie.

Les névroses traumatiques de M. Crocq constituent une mono-

graphie complète du sujet. C'est une oeuvre sérieuse, appuyée sur

des faits nombreux, quelques-uns inédits, tous judicieusement

interprétés. Au point de vue didactique, aussi bien qu'au point de

vue pratique, elle présente un intérêt incontestable et nous semble

ne rien laisser à désirer. Sa lectuie s'impose à tous les médecins

soucieux de connaître et d'apprécier la nature, la forme, la

marche et la gravité des troubles si complexes et si variés, dont le

traumatisme peut devenir la conséquence. Dr F. VILLARD.

IV. Etude de la physionomie chez les aliénés; par Luigi Mongeri.

(Internat, medi : .inisch-photog1'. JlIonatssch1'ifl,)

L'étude de la physionomie peut être d'un utile secours dans le

diagnostic des maladies .mentales, c'est ce que démontre M. Mon-

geri, en s'appuyant sur de belles photographies représentant divers

types d'aliénés. L'imbécile, l'idiot, le crétin, le dément ont le

regard insignifiant; leur visage est sans expression et quand leurs

muscles se contractent, c'est brusquement et violemment.

Le maniaque a la physionomie animée et changeante, les yeux

luisants, etc. Le mélancolique a la physionomie triste, le regard

effrayé et hagard. Les rides transversales du front existent surtout

chez les exaltés ; les verticales chez les impulsifs ; les horizontales

312 bibliographie.

et verticales concomittantes chez les lypémaniaques qui ont peur

et souffrent. L'oeil aussi exprime facilement l'exaltation et la

dépression, selon qu'il est lucide ou terne, à regard mobile ou fixe.

- La bouche est mobile chez les agités et immobile chez les mé-

lancoliques. Le maintien des divers types d'aliénés est aussi diffé-

rent : le maniaque est en mouvement perpétuel; le mélancolique

accroupi, les yeux baissés, les mains inactives ; les dégénérés, les

idiots et les déments ont les vêtements en désordre et semblent insou-

ciants. Au contraire, les convalescents ont le regard éveillé, les vête-

ments soignés et se préoccupent de tout ce qui les environne. J. N.

V. Nègres criminels au Brésil; par Nina RODRIGUES. (Archiv. di

Psichialrica, Scienze Penali ed Antropologia criminale, vol. XVI,

fasc. IV et V.)

L'auteur interprétant la conduite d'un brigand fameux dans la

province de Bahia, le nègre Lucas, en lire un argument en faveur

des doctrines de l'école de Lombroso. Le crâne de Lucas ne pré-

sente pas d'anomalies accentuées, c'est celui d'un nègre supérieur,

mais aussi il était chef de brigands, d'esclaves révoltés, et ses

crimes affectaient des caractères particuliers : il ne tuait que les

gens qui le trahissaient et ne faisait jamais mal à ses anciens

maîtres, ni aux habitants du village où il était né. En un mot, il

agissait plus comme un chef de tribu sauvage que comme un véri-

table brigand. J. Noir.

VI. Epilepsie traumatique et trépanation. - Epilepsie et folie épi-

leptique dues à un traumatisme crânien et remontant à vingt-

cinq ans' et guéries par trépanation ; par BOUBILÀ et J Pantalon),

de Marseille. (Institut internat, de bibliogr. méd., Paris, 1895.)

Il s'agit d'une femme de vingt-trois ans, atteinte de folie inter-

mittente avec tentatives de suicide et impulsions. Cette femme

était en outre sujette à des crises convulsives épileptiformes et

avait subi un arrêt de développement des facultés intellectuelles,,

à la suite d'une blessure au front, consécutive à une chute de

balançoire. La trépanation paraissant indiquée fut opérée avec

succès. La guérison de la maladie mentale s'effectua lentement,

mais progressivement en six mois environ. J. Noir.

VU. Du réveil des affections anciennes des centres nel veux (Para-

lysie infantile et hémiplégie Cé1'éb1l1le infantile) ; par Il. PAULY,

ce Lyon. (J.-B. Baillière, édit., 1895.)

L'auteur démontre qu'il existe des affections des centres nerveux

qui peuvent, à des années de distance, se réveiller et donner lieu -IL

une symptomatologie nouvelle; les cas s'observent surtout chez.

VARIA. * 313

les personnes atteintes dans l'enfance de paralysie infantile qui,

quinze; vingt, quarante ans après, sous une influence banale, ont

un réveil de la première lésion des centres nerveux. La maladie

affecte alors le plus souvent le type de la paralysie spinale aiguë

ou de l'atrophie musculaire progressive. Ce travail se termine par

l'observation d'un malade atteint d'hémiplégie cérébrale infantile

qui, cinquante ans plus tard, fut frappe d'un ictus qui augmenta

ses contractures. J- Nom.

VIII. Congrès des médecins aliénistes et neurologistes de France et des

pays de langue française. (Sixième session tenue à Bordeaux du

1er au 7 août 1895.) Volumes I et II publiés par le Dr E. Régis,

secrétaire-général. - Comptes rendus : - Paris, 1896, Masson,

éditeur.

Nous venons de recevoir le compte rendu du Congrès de Bor-

deaux. Le premier volume est consacré aux rapports, le second

aux discussions et aux communications individuelles. Nous devons

féliciter vivement notre collaborateur M. Régis, secrétaire général

du Congrès, d'avoir su, par son activité et son dévouement, mener

promptement à bien cette publication. Si nous ne nous trompons

son compte rendu est le premier qui soit paru des différents con-

grès qui ont eu lieu à Bordeaux. Comme nous avons publié très

en détail dans les numéros de septembre et d'octobre des Archives,

l'analyse de toutes les communications, nous devons nous borner

aujourd'hui à signaler à nos lecteurs l'apparition des deux volumes

qui constituent le compte rendu officiel du Congrès.

VARIA.

Assistance ET éducation DES enfants arriérés.

Rapport présenté à là délégation cantonale du V° arrondissement;

par BOURNEVILLE (séance de décembre 189).

Messieurs, ,

Le département de la Seine aasisLe, traite et instruit à l'heure

actuelle dans ses asiles ou quartiers d'hospices plus de mille enfants

idiots épileptiques ainsi répartis :

314 VARIA. ,

Quelque élevé que puisse paraître ce nombre, il ne comprend

pas toute la population enfantine appartenant à cette catégorie

d'enfants anormaux. On peut, en effet, évaluer à une centaine

ceux qui sont inscrits pour être admis lorsqu'il y aura des lits

vacants; d'autres demeurent dans leurs familles qui ignorent l'exis-

tence des établissements où on les reçoit et qui, mal renseignées,

ne croient pas à la possibilité d'améliorer la situation physique et

mentale de leurs malheureux enfants. D'autres enfin, après avoir

été renvoyés de diverses écoles, parce qu'ils sont insuffisants, tur-

bulents, instables ou pervers, placés même en correction, sont

abandonnés à eux-même-, vagabondent et servent d'instruments à

des misérables plus intelligents et plus vicieux.

En général, dans le public, on englobe sous le nom d'idiots tous

les enfants qui sont, sous le rapport intellectuel, au-dessous de la

moyenne. Les médecins tout en se servant du mot générique

idiots, distinguent plusieurs espèces, suivant les degrés d'idiotie :

1° les idiots proprement dits - les plus malades ; - les imbéciles :

- les arriérés. Les médecins reconnaissent aussi des variétés dans

chacune de ces espèces.

A côté de l'idiotie, de l'imbécillité et de l'arriération intellectuelles,

il y a encore l'imbécillité morale dans laquelle les facultés affectives

et morales sont perverties, tandis que les facultés intellectuelles

sont conservées ou peuvent même être développées.

Tous les enfants atteints d'idiotie, à tous les degrés, les enfants

atteints d'imbécillité à ses degrés les plus avancés, les enfants

frappés d'imbécillité morale doivent être hospitalisés, car leur

séjour à la maison est dangereux et ils immobilisent en quelque

sorte et presque complètement un des membres de la famille, alors

que dans les asiles, une personne suffit pour soigner et surveiller

6 ou 8 enfants ou même davantage.

Ceux que vise la proposition que nous vous avons faite il y a

quelques années, et, dont nous avons à nous occuper ici, ce sont

les imbéciles les moins malades, inoffensifs sans altération des sen-

timents moraux et les arriérés ou les simples d'esprit.

Des premiers, un certain nombre sont hospitalisés. Or, comme

ils ne sont pas dangereux et ne peuvent le devenir que s'ils sont

sans surveillance de la part de leurs familles, il y aurait un grand

avantage à les soigner et à les éduquer en dehors des asiles, en

les laisant dans leurs familles et en les envoyant dans des classes

spéciales. En agissant ainsi, on désencombrerait les asiles, laissant

les places qu'ils détiennent à de plus malades qu'eux. On ferait de

la véritable assistance républicaine 'puisqu'on leur viendrait en

aide, en les maintenant dans leurs familles, tout en procédant à

leur développement physique et intellectuel.

Les seconds, les arriérés, les débiles, les insuffisants sont soit

dans les écoles, soit dans leurs familles. Ceux des écoles sont une

VARIA. 315 S

gêne pour les instituteurs et les institutrices. Ils troublent les

classes, sans profiter des leçons. Ils sont l'objet de la risée, des

moqueries de leurs camarades qui leur donnent des surnoms bles-

sants; ils sont les souffre-douleurs des autres enfants.

Leur caractère s'irrite, ils deviennent violents, leur état mental

s'aggrave.

Quant au dernier groupe composédes arriérés, souvent instables,

qui sont censés rester dans leurs familles, ils sont généralement

abandonnés à eux-mêmes, errent dans les rues, fréquentent les

vagabonds ou les pires vauriens, et leurs servent d'instruments

pour commettre des délits de toutes sortes et même des crimes. On

les arrête, on les place dans des maisons de correction où ils

finissent de se perdre et plus tard la société dépense pour eux, en

pure perte, dans les prisons un argent qui aurait été mieux

employé à les instruire, à les relever, à les perfectionner.

Pour ces différentes catégories d'enfants, les moins malades, qui

n'offrent qu'une diminution des facultés intellectuelles, sans perver-

sion notable des instincts, sans accidents convulsifs, les asiles-écoles

ne sont pas indispensables. On pourrait les assister, les traiter et

les instruire dans des classes spéciales où seraient employés pour

eux les méihodes et les procédés d'éducation des asiles-écoles.

Nous ajouterons même que la société a le devoir de s'intéresser

à eux. La loi sur l'obligation de l'instruction l'exige : il ne faut pas

qu'ils soient plus longtemps hors de l'école. Aujourd'hui on les

rejette de tous côtés, on essaie de l'école laïque, puis de l'école

congréganiste. Finalement ils sont exclus. Que deviennent-ils ? de

mauvais sujets d'abord, ensuite des criminels, en général sinon

toujours irresponsables.

Bien des fois, nous avons appelé l'attention sur ces classes spé-

ciales, entre autres ici même, en 1891. Nous appuyions notre pro-

position sur l'existence, dans certaines villes des Pays Scandinaves,

d'Allemagne, de la Suisse et d'Angleterre de ces classes spéciales.

Ce sont le Danemark et la Norwège qui, les premiers, paraissent

avoir institué ces classes spéciales' qui leur ont rendu et leur

rendent chaque jour d'incontestables services.

En 1889, le gouvernement bâlois a créé à titre d'essai, dans la

ville de Bâle, des classes à l'usage des élèves de faible intelligence.

« On n'y admet, ni les enfants atteints de maladies corporelles ou

mentales, ni les enfants corrompus. Le nombre des élèves d'une

classe spéciale ne doit pas dépasser 25.

Au mois de janvier- 1892, le School Board for London nous a adressé

une de ses institutrices les plus distinguées, Mistress Burgwin,

1 Voir : Bourneville.- Assistance, traitement et éducation des enfants

idiots, rapport fait au Congrès national d'Assistance publique de Lyon

en 1891, p. 112, 113, etc. ·

316 VARIA.

chargée de se rendre compte de ce que nous faisions dans notre

service de Bicêtre. Sa mission consistait aussi à étudier, s'il y avait

lieu, l'organisation de ces classes spéciales dont nous venons de

-parler. A la .suite de la mission de Mistress Burgwin, le School

Board de Londres a décidé en juillet 1892 l'organisation de classes

spéciales. Il y avait en 1892 à Londres 9 classes spéciales avec

. 12 instituteurs ou institutrices titulaires et 7 adjoints qui ont acquis

les qualités requises pour la direction des 7 nouvelles classes spé-

ciales qui vont être créées'. En presence des résultats obtenus,

d'autres villes se préparent maintenant à suivre l'exemple donné

par le School Board de Londres. Les classes ont été visitées par les

inspecteurs royaux. « Après cette inspection, dit Mistress Burgwin,

quelques écoliers sont retournés dans leurs anciennes écoles, où, je

l'espère, ils seront capables, jusqu'à un certain point, de suivre

leurs camarades. S'il en était autrement, l'élève qui se serait

montré trop inférieur serait réadmis à l'école spéciale.

L'an dernier nous avons entretenu de nouveau la délégation

cantonale de cette question et sur notre demande M. Foubert a

invité les instituteurs : ;et les institutrices des V° et VIe arrondisse-

ments, à lui adresser une liste des enfants arriérés et indisciplinés

qu'ils avaient dans leurs écoles. Nous avons résumé le résultat de

cette enquête dans le tableau ci-contre (p. 317). '

Eu ce qui concerne les écoles maternelles, sur douze écoles, une

seule, celle de la rue du Sommerard, signale quatre arriérés. Il

est évident que cette enquête, faite à la hâte, par des personnes

qui n'ont pas de connaissances médicales, aurait . besoin d'être

reprise en leur donnant des indications détaillées sur le but que

l'on poursuit. Certains maîtres et certaines maîtresses, par exemple,

ont craint d'être accusés de négligence s'ils mentionnaient l'exis-

tence dans leurs classes d'enfants indisciplinés ou arriérés. Cepen-

dant, telle qu'elle est, cette enquête sommaire montre qu'il y a

83 enfants arriérés et 49 indisciplinés des deux sexes dans les

écoles des Ve et VI0 arrondissements sur une population scolaire

de 3,575 garçons et de 3,207 filles. Elle met en relief l'utilité delà

création des classes spéciales dont nous venons de parler.

Les indications sommaires que nous avons données sur ce qui

se fait à l'étranger, la statistique approximative des enfants arrié-

rés des écoles du V° et du Vie arrondissement, les essais qui ont

été faits dans quelques écoles pour deux autres catégories d'en-

fants anormaux, les aveugles et les sourds-mue.ts, nous paraissent

fournir des arguments sérieux en faveur de*la proposition que

nous avons eu l'honneur de faire la délégation cantonale du

Ve arrondissement.

' On voit qu'à Londres on n'hésite pas à préparer d'avance le personnel

enseignant secondaire. ,

VARIA. - 317

318 FAITS divers'.

Bruxelles 1892), l'étude scientifique de la criminalité chez l'homme

dans ses rapports avec la biologie et avec la sociologie. Les gou-

vernements étrangers seront invités à s'y faire représenter.

- ART. 2. Le droit d'admission au congres est fixé à 20 francs.

Les demandes d'admission devront être adressées, avec le montant

de la cotisation, au secrétariat général. Les souscripteurs devien-

dront membres. adhérents et recevront gratuitement le volume des

comptes rendus de la session, ainsi que les rapports imprimés qui

seront distribués avant l'ouverture du congrès.

ART. 3. - Les rapports, rédigés en français, ddivent'être envoyés

au Comité d'organisation avant le 4 avril 1896 '. Ils ne. pourront

excéder dix pages d'impression. On n'acceptera pas de planches à

moins que les auteurs ne s'engagent à en supporter les frais. Au

cun travail, déjà imprimé ailleurs, ne pourrait être communiqué

au congrès.

ART. 4. - Les séances du congrès sont publiques. Les membres

du congrès ont seuls le droit de voter ou de prendre part aux dis-

cussions. Des places seront réservées aux représentants de la presse.

ART. 5. - Le but du congrès étant exclusivement scientifique,

toute discussion politique ou religieuse est absolument interdite.

Les opinions exprimées sont personnelles à leurs auteurs et n'en-

gagent en aucune façon le bureau.

ART. 6. - Les membres du congrès qui désireraient faire insérer

le titre de leurs mémoires ou communications au programme im-

primé devront en faire la demande écrite'avant le 15 mai 1896,

au Comité d'organisation, qui est chargé d'élaborer le programme

et qui décidera de l'opportunité des communications et de l'ordre

dans lequel elles seront faites.

FAITS DIVERS.

Asile d'aliénés. - Nominations et promotions : lI. le Dl' Chardon,

médecin-adjoint à l'asile de Saint-Venant, est élève à la classe excep-

tionnelle à partir du 1 ? février 1896 (19 février) ; M. le D'' PICHENOT,

médecin en chef de l'asile de Montdevergues, est élevé à la deuxième

classe du cadre (19 février); M. le D'' Bonnet, médecin-adjoint de

l'asile public d'aliénés de Saint-Robert, est élevé à la classe excep-

tionnelle du cadre (13 mars); M. le D1' Fenayron, médecin-adjoint

à l'asile de Levallec, est nommé à la même qualité à l'asile public

de Blois. '

1 MM. les rapporteurs qui pourront envoyer leur manuscrit avant la

date indiquée rendront service au Comité d'organisation.

, faits DIVERS. 319

L'Assistance DES IDIOTS ET l'auteur DE Gulliver. - « On dit que

SwuT ne reçut jamais rien pour ses écrits, excepté pour Gullioer,

dont le manuscrit était resté une nuit 'il la porte du libraire, et

pour lequel Pope obtint enfin 500 livres sterlings. Il est vrai que

SWIFT était riche, et laissa une fortune de 11,000 livres sterling,

qui, suivant ses dernières instructions, servirent à fonder un hôpi-

tal pour les idiots. n - Ceci est extrait du livre de Lalarm (L.),

intitulé : Bibliothèque de poche (Curiosités bibliographiques), p. 334.

UN FOU royal. - Contrairement aux usages, la fête du malheu-

reux roi Olhon II de Bavière a été célébrée avec moins de solennité

que les années précédentes. On prévoit sa mort prochaine. On dit,

à Fuerstenried, que la maladie du roi Othon est arrivée à sa der-

nière période. Les accès de folie furieuse ont fait place à l'écrase-

ment d'une idiotie absolue. Le malheureux a perdu toute notion

de propreté, il ne parle même plus. (Le Journal, 3 octobre 1895.)

Criminel ou malade. Sous ce titre : Voleur précoce, le Journal

du 26 novembre publie le récit suivant : « Les allures singu-

lières d'un gamin de treize ans, qui frôlait de très près les clientes

d'un magasin de nouveautés du quartier de l'Opéra, attiraient l'at-

tention des employés de la maison qui ne tardaient pas à l'aper-

cevoir, plongeant sa main dans les poches de celles qu'il approchait.

Le gamin fut arrêté et conduit au commissariat de la rue de Pro-

vence, où il refusa de donner son nom, déclarant avec aplomb

qu'il ne le donnerait qu'au juge d'instruction.

« Il a été envoyé au Dépôt, où un agent de la Sûreté l'a reconnu.

C'est un nommé Charles Pourcelot, condamné il y a quelque mois

à être interné, jusqu'à l'âge de vingt ans, dans une maison de cor-

rection de Bologne (Haute-Marne). 11 s'était évadé, il y a quelques

mois, et, depuis ce temps, vivait à Paris du produit de ses vols. »

- Dans tous les cas de ce genre, il serait juste de s'enquérir des

antécédents pathologiques héréditaires et personnels et aussi de se

rendre compte du milieu dans lequel ont vécu les malheureux de

ce genre. Les asiles-écoles pour les arriérés, intellectuels et mo-

. raux, les asiles de réforme pour les autres, vaudraient mieux que

les prétendues maisons de correction.

Possédés DU diable. - Une dépêche de Béziers en date du

8 décembre, annonce qu'une femme de nationalité espagnole se

croyant possédée du diable a enduit ses vêtements de pétrole et y

a mis le feu. Son mari, également atteint de folie, au lieu d'éteindre

les flammes, voulut se brûler avec sa femme. La femme, qui a de

graves brûlures, a été transportée à l'hôpital; elle est à toute

extrémité. (Eclair, 10 novembre 1895.)

UNE folle. - Mme Leccrf, marchande de pommes de terre frites,

320 0 BULLETIN bibliographique.

établie sous le n°3t de la rue des Blancs-Manteaux, élait depuis

quelque temps, sujette à des absences. Au grand amusement des

gamins du quartier, elle prisait des cendres et jetait sa tabatière ? dans le feu, ou servait ses clients tout de travers.

Hier matin, comme d'habitude, elle vint s'installer à sa place.

Peu d'instants après, des cris perçants et une forte odeur de roussi

.- attiraient les passants. Us trouvèrent la pauvre femme, les robes ! relevées, .assise dans, son poêlon, sous lequel brillait un feu très vif.

C'est avec peine QU'OI/Pl1t la dégager; les apents la conduisirent

"' 'dansune....pharmacie'et, de là, chez M. Duranton, commissaire de

1 ">I-+ ? t.,¡J1 ....-

pôlice·, à qm elle expliqua que, n'ayant pas de graisse pour prépa-

rer ses pommes de terre et se trouvant un peu grosse, elle avait

résolu de se faire fondre. Sur ces explications, le magistrat l'a

dirigée sur l'infirmerie du dépôt. (Le Petit Troyen, 13 déc.)

l3ouaevn.ne. Crânes el cerveaux d'idiots : Craniolomie. Bro-

chure in-8° de 47 pages, avec 18 figures. Prix : 1 fr. 50. - Pour nos

abonnés : 1 franc. - Au bureau du Progrès Médical.

DEBIERRE et DOUMER, L'Album des Centres nerveux se compose de

48 figures schématiques, avec légendes explicatives; il rendra les plus

grands services aux étudiants en médecine pour étudier ou repasser

rapidement les différentes vues d'ensemble et les coupes classiques du

cerveau. Le prix très modique de cet album permettra de le prendre

comme complément de tous les cours d'anatomie et particulièrement de

l'Album stéréoscopique des Centres nerveux des mêmes auteurs, chacune

de ses figures correspondant à une des préparations représentées dans

les photographies stéréoscopiques. - Félix Alcan, éditeur, 1 vol. in-t2

broché, 1 fr. 50. ,

DOCUJIENTOS referentes al existenle y al proyeclado hospilal Sczx-9pus-

lin. - Volume in-8° de 119 pages. - Valparaiso, 1895. - Imprenta y

litografia central. 0 '

GARNIER (F.). - Barbe Buvée, en religion, soeur sainte Colombe, et

la prétendue possession des Ursulines d'Auxonne (1658-1663). - Etude

historique et médicale d'après des manuscrits de la Bibliothèque natio-

nale et des Archives de l'ancienne province de Bourgogne, l'réface de

M. BOURNEVILLE. - Volume in-8" carré de XVII-96 pages. - Papier vélin :

3 fr.; pour nos abonnés, 2 fr. ; - papier de Hollande : 5 fr. ; pour nos

abonnés, 3 fr. 75 ; papier Japon : 7 fr. ; pour nos abonnés, 5 fr. - Ce

volume fait partie de la Bibliothèque diabolique.

Permuta DEL AOSPITrII. San flqustin. Replica de la comision duel consejo

départemental de Ilijene de t'alparaiso, al volo especial de sinor Inten-

dente don Osvaldo Renji{o, Brochure in-8° de 24 pages. - Valparaiso,

1894. - Imprenta y litografia central. '

R.1Y3(OND. - Clinique des maladies du système nerveux. - Hospice de

la Salpêtrière (année 1891-1895), 1° série. - Volume in-8° de 653 pages,

avec 103 figures et 2 planches hors texte. Prix : 16 francs.

' Le rédacteur-gérant : Bourneville.

Evreux, Cli. Hébissey, imp. - 496.

Vol. I. Mai 1896. N° 5.

ARCHIVES DE 1lETTnnr nr·rr,

ANATOMIE PATHOLUU1UUE.

ÉTUDE AN1TO110-P1'fIOLOGIQUL : DE L'OEDÈME BLEU;

Par le D A. ALELEKOFF, de Moscou.

Travail fait au laboratoire DE M. LE PROFESSEUR RAYMOND.

L'historique de la question sur l'oedème bleu ne remonte pas

au delà de 1889, quand Charcot a pour la première fois décrit

ce complexus symptomatique et lui a donné son nom. A par-

tir de ce moment ont commencé à apparaître, daus la littéra-

ture française surtout, des observations plus ou moins détail-

lées d'oedème bleu. L'épithète « hystérique » que lui a ajoutée

Charcot et qui a été conservée dans toutes les observations

ultérieures semble préjuger de sa pathogénie, du mécanisme

de sa production et de ses lésions anatomo-pathologiques; on

trouve cependant dans la littérature des indications démon-

trant que l'oedème bleu peut se rencontrer dans des lésions du

système nerveux qui sont loin d'être purement fonctionnelles;

telles sont par exemple les observations de Remak (Berlin

ICI. Woch., 1889, N. 3) et de Roth (Archives de Neurologie,

1888) ont observé l'oedème bleu dans la syringomyélie.

En parcourant la littérature de la question on peut facile-

ment se convaincre que l'anatomie pathologique de l'oedème

bleu n'est même pas ébauchée. Aucun cas, en effet, ne s'est

terminé par la mort et les observations à ce sujet sont en

général si peu nombreuses qu'il ne serait pas inutile je crois

Archives, 2e série, t. I. 21

322 ) ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

de décrire un cas que j'ai eu l'occasion d'observer, d'autant t

plus que dans ce cas le malade a succombé et que son autopsie

a pu être faite. -

Le malade Ch. Goul..., vingt-un ans, est entré le 3 mai 1894

dans la section des maladies du système nerveux de l'hôpital de

Moscou qui se trouve sous ma direction. D'après le malade, le

début de l'affection remonte à trois ans environ, et s'est montré,

après un fort refroidissement. Chez les membres de la famille du

palient, on n'a observé aucune maladie nerveuse. En novembre 1893,

le malade fut reçu au service militaire; il prétend que sa main

était déjà à ce moment dans le même état qu'à son entrée à l'hô-

pital, c'est-à-dire bleue, froide et paralysée. Le patient se plaint de

douleurs et de faiblesse dans le membre supérieur gauche. Les

douleurs sont parfois si intenses qu'elles empêchent le sommeil.

Le degré de faiblesse du membre est tel que tout mouvement

est impossible. Parfois des convulsions se montrent au membre

atteint.

A l'examen du malade on constata : un amaigrissement général

notable; pouls et température normaux. Pupilles normalement

dilatées, réagissent bien à la lumière et à l'accommodation. Percep-

tion des couleurs normale. Rétrécissement concentrique du champ

visuel des deux yeux. Mouvement des globes oculaires conservé,

acuité de la vue normale. Aucune modification du côté de l'ouïe,

sens du goût et de l'odorat notablement diminués. Légères con-

tractions fibriilaires de la langue. La luetle occupe une position

parfaitement normale. Réflexe pharyngien paresseux. Anesthésie

de la muqueuse de la bouche et de la gorge. Déglutition libre. La

parole ne présente aucune modification, elle est seulement un peu

lente et traînante.

Les mouvements du membre supérieur droit sont normaux; le

membre supérieur gauche pend inerte le tons du tronc. Le malade

peut le lever légèrement quand on le lui ordonne, faire des mou-

vements d'abduction, de flexion du coude, de pronation et de

supination, remuer les doigts; mais tous ces mouvements soutirés

limités. Les mouvements passifs sont libres, on ne sent aucune

résistance et le malade n'éprouve aucune douleur pendant la pro-

duction de ces mouvements. Aux membres inférieurs on ne note

aucune modification, sauf un refroidissement des pieds. Abolition

des réflexes tendineux et périostiques aux membres supérieurs,

diminution notable aux membres inférieurs. Force musculaire de

90 kilogrammes à la main droite, de 8 kilogrammes à la main

gauche. La musculature est flasque en général, surtout au bras et

à l'avant-bras gauches. Toute la partie supérieure du membre

semble plus amaigrie que la partie correspondante du membre du

côté opposé.

ÉTUDE ANATOMO-PATHOLOG1QUE DE L'OEDÈME BLEU. 323 3

L'excitabilité électrique est diminuée pour les muscles et les

nerfs du membre supérieur gauche dans les limites de 1 à 2 mil-

liampères pour le courant galvanique et de 7 à 9 distances de

bobines pour le courant faradique. Pas de réaction de dégénéres-

cence. Affaiblissement de l'excitabilité mécanique des muscles du

membre supérieur gauche. Diminution de la sensibilité cutanée

douloureuse et thermique sur toute la moitié gauche du corps; la

sensibilité au contact est conservée par places. Au membre supé-

rieur gauche, il y a abolition presque complète de la sensibilité

douloureuse et thermique et affaiblissement de la sensibilité tac-

tile depuis les insertions du deltoïde jusqu'au pli du coude. A

partir du pli du coude et jusqu'à l'extrémité des doigt=, perte

complète des trois modes de sensibilité. OEdème cutané prononcé

et changement de coloration des téguments à partir du tiers infé-

rieur de l'avant-bras gauche jusqu'à l'extrémité des doigts. La a

peau est d'un rou ? e vineux, bleu noirâtre sur les parties saillantes.

Le passage à la peau normalement colorée se fait presque brus-

quement, sans nuances intermédiaires. Par pression avec le doigt

on obtient une tache blanche et un godet qui s'ell'acent bientôt,

mais la coloration bleue revient encore plus vite. Sa main gauche

est notablement plus froide que Ja droite et la mensuration de la

température répétée plusieurs fois a montré une différence de

4 à 5°. Les troncs nerveux sont indolores à la pression. Pour se

rendre compte de l'irrigation du membre supérieur gauche on a

retiré une gouttelette de sang à l'aide d'une piqûre sur la face

dorsale des deux mains. L'examen a démontré que le sans du

membre droit, sain, contient 85 p. 100 d'hémoglobine. Le nombre

d'hématies par millimètre cube était de 5,262,000, celui de leu-

cocytes de 2,400, de sorte que les rapports des globules blancs

aux rouges était de 1 : 2 200. Le sang du membre gauche, malade

contenait 95 p. 100 d'hémoglobine, 4,587,000 globules rouges par

millimètre cube, 6,885 globules blancs, de sorte que les rapports

de ces derniers anx hématies étaient de 1 : 660. Parmi les dilfé-

rentes variétés de globules blancs on observe une augmentation

du nombre de leucocytes mononucléaires en comparaison avec les

leucocytes polynucléaires.

Au cours ultérieur de l'affection on n'a noté aucune modifica-

tion importante produite par le traitement. La suspension de l'ex-

trémité, le massage, les courants galvanique et faradique n'ont eu

aucune influence sur la couleur et l'oedème de la main. Seuls les

bains chauds semblaient diminuer quelque peu l'intensité de la

coloration des téguments.

A la fin du mois de juin, le malade a commencé à avoir de la

fièvre; il toussotait; un point de côté s'est montré. On a constaté

à cette époque une malilé aux deux sommets. Au mois d'août on

a pu trouver à l'examen des crachats, des bacilles de la tubercu-

324 i ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

lose. La fièvre est devenue plus intense, la température montait

le soir à 39° et plus. Deux fois on a fait la mensuration de la tem-

pérature locale, pendant quinze jours consécutivement chaque

fois, afin de pouvoir noter les rapports des modifications de la

température locale avec les modifications de la température géné-

rale du corps et de la température de l'air ambiant. On a observé

que lorsque la température ambiante baissait de 3°, la température

du membre supérieur droit baissait de 0°,6, celle du membre

gauche de 2°,6. L'appareil régularisaleur était par conséquent

complètement détruit et les conditions de la perte en calorique

du membre atteint étaient les mêmes que pour un corps mort. Un

fait restait cependant inexplicable : l'élévation physiologique ves-

pérale de la température générale du corps provoquait une éléva-

tion de la température locale de la main droite. A la main gauche,

malade, il y avait au contraire un abaissement de la température.

En septembre, quand les malades ont été transférés dans les

salles d'hiver où la température de l'air ambiant restait station-

naire, quand le malade en question avait déjà la fièvre régulière-

ment tous les soirs, on a noté que l'élévation de la température

générale du corps amenait une élévation de la température au

même degré à peu près de la main droite; à la main gauche la

température restait sans modification ou bien il y avait même un

abaissement comparativement avec la température du matin.

Sans vouloir préjuger de l'interprétation de ce fait, on peut cepen-

dant admettre ici l'influence des deux facteurs : une diminution

de l'intensité des échanges nutritifs locaux d'une part et en même

temps une augmentation dans la perte en calorique par suite de

dilatation des capillaires d'autre part.

Bientôt se montra un épuisement progressif de l'organisme, un

oedème des membres inférieurs, une augmentation de l'oedème

et de l'intensité de la coloration bleue de la main gauche. Le

processus des deux sommets devint rapide, la diarrhée s'établit et

le malade succomba à la fin d'octobre.

Le procès-verbal de l'autopsie a fourni les renseignements sui-

vants : la coloration bleu noirâtre de la main gauche a disparu,

mais le gonflement oedémateux est resté tel quel. Après avoir

enlevé la peau des deux membres supérieurs, ce qui frappe surtout

c'est la différence du calibre des vaisseaux des membres gauche et

droit; les artères du membre gauche sont notablement plus étroites

que celles du membre droit; les veines, au contraire, sont légè-

rement dilatées. En examinant les artères du membre atteint

depuis la main jusqu'à la sous-cldvière, je n'y ai pu trouver, de

même que dans les veines, aucun obstacle au cours du sang. Le

panicule adipeux sous-cutané a presque complètement disparu.

Accumulation d'une quantité notable de sérosité dans le tissu cel-

lulaire de la face dorsale de la main gauche. Processus tubercu-

ÉTUDE ANATOMO-PATHOLOGIQUE DE L'OED'L·'S'LE BLEU. 325

leux très prononcé dans les poumons et le larynx. Adhérences

pleurales des deux côtés. Dans la cavité crânienne, la pie-mère est

légèrement trouble avec léger oedème des espaces sous-arachnoï-

diens. Rien de pathologique du côté du coeur; l'organe semble

un peu plus petit qu'à l'état normal ; l'aorte semble plus étroite.

Hypérémie passive du foie. Rien d'anormal dans les autres organes.

Pour l'étude microscopique, on a pris le cerveau et la moelle,

les ganglions intervertébraux, les parties cervicale et thoracique du

grand sympathique, les vaisseaux et les nerfs des extrémités supé-

rieures, la peau des différents points du membre atteint au-dessus

et au-dessous des parties oedématiées et quelques muscles de la

main. Les ganglions du grand sympathique ont été congelés et

examinés immédiatement après l'autopsie. Toutes les autres pré-

parations ont été fixées dans le liquide de Millier et examinées

d'après les méthodes appropriées après inclusion dans la celloïdine.

Les résultats de l'examen microscopique sont les suivants :

Dans le cerveau, le cervelet, le pont de Varole et le bulbe on ne

trouve aucune modification pathologique. Dans le bulbe on est

frappé par le riche développement des cellules de noyaux arci-

formes des deux côtés. Dans la moelle épinière, à la hauteur de

la deuxième à la quatrième paire dorsale, on trouve dans la

colonne de Clarlce, du côté gauche, un nombre beaucoup moins

considérable de cellules nerveuses que dans la colonne correspon-

dante droite. Les noyaux cellulaires sont difficiles à distinguer; les

prolongements sont sans modifications. Au-dessous de l'émer-

gence de la quatrième paire dorsale la différence dans le nombre

des cellules nerveuses des colonnes citées disparaît et la moelle

présente partout un tableau parfaitement normal. Aucune modi-

fication dans les ganglions intervertébraux et sympathiques. Il en

est de même pour les gros troncs nerveux du membre malade,

sauf pour le nerf cubital ; sur des coupes transversales de ce nerf,

différenciées d'après le procédé de Koultchitzky, on trouve çà et là

des fibrilles dégénérées en petit nombre. Ces fibrilles dégénérées

deviennent plus nombreuses dans les petits nerfs cutanés, quoi-

qu'on ne trouve pas un seul tronc nerveux où toutes les fibrilles

soient dégénérées. Les vasa-nervorum sont dilatés sur un grand

nombre des coupes. Le périnèvre est infiltré par place, quoique à

un léger degré.

Les grosses artères : humérale, radiale, cubitale, ont un calibre

beaucoup moindre qu'à l'état normal. Ainsi, par exemple, l'hu-

mérale présente à peine le calibre de l'artère radiale normale. A

l'examen microscopique on n'y trouve aucune modification, mais

à mesure que le calibre des vaisseaux décroit, on aperçoit des

lésions de leurs parois d'autant plus nettes que le vaisseau est plus

petit.

L'endothélium vasculaire est gonflé, décollé par place de la

326 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

couche sous-jacente; la tunique moyenne devient homogène, mais

nulle part on ne trouve cependant d'infiltration. Les parois des

veines cutanées superficielles sont épaissies surtout aux dépens de

-la tunique moyenne. Les petites veinules sont thrombosées par

places et quelques-unes même complètement oblitérées, sans

lumière et les cellules des parois sont atrophiées. On peut encore

noler dans les veines un épaississement notable des valvules. Ces

valvules sont parfois très développées, épaissies, présentant des

plis festonnés qui oblitèrent toute la lumière du vaisseau. On

trouve parfois des petites hémorragies dans le tissu cellulaire péri-

vasculaire sur quelques préparations les vasavasorum sont très

nets. Les alléialions de leur lunique interne sont plus prononcées,

celle tunique est épaissie, décollée par places; son endothélium

est très gonflé; quelques cellules ont perdu leur noyau. Dans la

tunique moyenne et dans l'adventice on trouve de petite» hémor-

ragies et des thrombus pariétaux' avec un commencement d'organi-

sation.

Les vaisseaux lymphatiques sont partout notablement dilatés.

Dans la peau au-dessus des parlies oedématiées, on trouve des

fibres nerveuses dégénérées avec cylindraxes difficilement percep-

tibles. Les vaisseaux sont légèrement sclérosés avec un emlollié-

lium gonfle. Plus on s'approche des parties oedématiées, plus les

vaisseaux et les fentes lymphatiques sont dilatés, plus aussi la dila-

tation des capillaires est grande. On trouve ici aussi par places des

vaisseaux complètement oblitérés, avec disparition complète de la

lumière et atrophie des parois. Sur quelques préparations de la

peau on trouve des hémorragies interstitielles. Les cellules épi-

théliales de la couche de 111alpiâhi au niveau de l'oedème sont très

pigmentées. La recherche des bacilles de la tuberculose dans les

nerfs, les vaisseaux et la peau a donné des résultats négatifs. Dans

les muscles on n'a trouvé aucune modification.

Comme nous l'avons déjà dit, la littérature de l'oedème bleu

est loin d'être riche. Il n'y a presque pas de doute que ce

complexes symptomatique a été observé avant le professeur

Charcot, ainsi que le démontraient par exemple les observations

du professeur Rosenthal ( Wiener Illedic. Presse, 1879) où il y

avait une coloration bleuâtre des extrémités avec abaissement

de la température locale; le cas de Rosenbach (Cent1'GltJl, f.

Nerven., 1888, ne8) qui décrit un oedème d'une moitié du corps

et la cyanose de, la face après une émotion morale violente ;

le cas de Widowilz (Jalarb. f. Kinvelc ? l vol. XXV) qui a observé

un oedème bleu des doigts d'origine névropathique chez un

enfant de sept ans atteint d'entérite et de coqueluche. Dans

tous ces cas tous les auteurs ont insisté sur la brusquerie du

ÉTUDE ANATOMO-PATHOLOGIQUE DE L'OEDlhlE BLEU. 327 Î

début de l'affection, succédant parfois à un traumatisme phy-

sique ou psychique ; dans tous ces cas aussi l'oedème a fait

suite à une paralysie, une parésie ou une contracture des

membres atteints. Les mêmes symptômes cardinaux ont été

observés chez mon malade. En plus dans tous les cas d'oedème

bleu, sauf dans celui de Damaschino où il y avait une éléva-

tion de la température, et le cas de Gajkiewicz où la tempéra-

ture du membre atteint oscillait tantôt au-dessus, tantôt au-

dessous de celle du membre sain; dans tous les cas, disons-nous,

l'oedème est accompagné et même est précédé d'un abaisse-

ment notable de la température locale. Ainsi dans un cas du

professeur Charcot la différence dans la température des deux

membres atteignait 4ouzo ; dans les cas de Bosit cette différence

allait même jusqu'à 6 ? O. Dans la majorité des cas, de même

que dans le mien, l'oedème n'occupe qu'un seul membre et

siège toujours à son extrémité.

La durée de l'affection est variable. Tantôt l'oedème est per-

sistant et dure plusieurs années (dans un cas de Charcot la

durée était de cinq ans, dans mon cas l'oedème persistait pen-

dant trois ans), tantôt il revient périodiquement, disparait

pour réapparaître de nouveau, parfois pour quelques heures

seulement. On peut quelquefois par l'hypnotisme le faire

apparaître et disparaître à volonté.

Quant au mécanisme et à la patlaogézzie de l'oedème bleu, les

auteurs qui ont exprimé leur opinion à ce sujet sont peu

nombreux ce qui ne les empêche pas d'être en désaccord.

Charcot voit la cause essentielle de ce complexus symptoma-

tique dans un spasme des vaso-moteurs. Pour Pitres au con-

traire il s'agit de leur paralysie ; Trintignan dans sa descrip-

tion de la pathogénie de l'oedème bleu l'attribue à un spasme

de tous les vaisseaux ; Gajkiewicz cherche sa cause dans une

lésion de l'endothélium ; Bauchouïeff l'explique par un

spasme des vaisseaux et par un ralentissement de la circula-

tion capillaire, d'où anémie locale et troubles inévitables de

nutrition des parois vasculaires qui deviennent plus perméa-

bles et permettent ainsi une transsudation consécutive plus

intense de la lymphe dans les fentes interstitielles. Ces quelques

lignes résument toutes les théories pathogéniques émises sur

l'oedème bleu. Il est certain qu'il est à peu près impossible de

combattre l'hypothèse de la majorité des auteurs d'un spasme

vasculaire. Mais il faut aussi prendre en considération le fait

328 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

suivant : comme il vient d'être dit, dans tous les cas l'oedème

était précédé, en dehors du traumatisme, de paralysie, de

parésie ou de contracture du membre atteint. Ces phénomènes

- seuls créent déjà des conditions favorables au développement t

de l'oedème, car la circulation du sang dans les veines est due

non seulement à l'action aspiratrice du coeur et de la cage

thoracique, mais aussi à la contraction des muscles qui chas-

sent le sang des veines pourvues de valvules dans une seule

et même direction, c'est-à-dire vers le coeur. Les conditions de

stase ou d'oedème sont donc favorisées dans un membre

immobilisé par la paralysie ou la contracture. En même temps

les vaisseaux lymphatiques sont soumis aux mêmes conditions.

En plus, une fois le spasme des vaisseaux produit, il survient

non seulement une gêne de la circulation par suite du rétré-

cissement de la lumière aussi bien des artères que des veines,

mais aussi une diminution de la vis a lergo des artères qui

chassent le sang dans les veines. La stase primitive retentit

directement sur les parois vasculaires : ils auraient une trans-

sudation exagérée, un oedème d'abord léger et à la première

période de « l'oedème bleu », nous devons plutôt mettre le

gonflement des extrémités sur le compte de la stase sanguine;

la transsudation rie survient qu'en second lieu. En effet la

piqûre de la peau n'amène pas d'écoulement de la moindre

gouttelette de sérosité. Quant à la coloration rouge vineux ou

bleu noirâtre des téguments, elle s'explique par la même stase

de sang veineux dont les capillaires sont gorgés, par l'apport

moindre de sang artériel. Là aussi réside la cause principale de

l'abaissement de la température locale. L'analyse du sang

capillaire chez mon malade a démontré qu'il possédait des

propriétés du sang veineux. Dans les cas passagers d'oedème

bleu la disparition de l'oedème suit la disparition de la paraly-

sie ou de la contracture ; les troubles que cette paralysie ou

cette contracture a provoqués se contre-balancent. Dans les

cas durables le tableau clinique et l'anatomie pathologique de

l'oedème présentent déjà quelques caractères constants : les

veines se dilatent de plus en plus ; les artères, qui ne se trou-

vaient que dans un spasme temporaire, présentent maintenant

une contracture permanente. Dans cet état, les conditions qui

favorisent le reflux du sang veineux, telles que le massage, la

position élevée du membre, ne peuvent plus rétablir l'équi-

libre rompu étala dilatation des veines fait suite une dilatation

ÉTUDE ANATOMO-PATHOLOGIQUE DE L'OEDÈME BLEU. 329

de leurs valvules, l'épaississement de ces dernières correspond

à cette surcharge de travail qu'elles sont obligées de suppor-

ter. La lésion des parois vasculaires est une conséquence fatale

d'une telle stase, et nous voyons en effet le gonflement de

l'endothélium, son décollement, des hémorragies dans l'é-

paisseur des parois des vaisseaux et dans la lésion cellulaire

périvasculaire.

Les nerfs sont soumis aux mêmes conditions des troubles

de la nutrition, de là ces lésions de névrite au début que j'ai

constatées, plus prononcées dans les nerfs de la peau que dans

le gros tronc nerveux. Ainsi donc les lésions anatomo-patho-

logiques que j'ai trouvées chez mon malade ne sont que des

phénomènes secondaires consécutifs. Une névrite à peine pro-

noncée ne peut dans aucun cas expliquer les troubles paraly-

tiques de tout le membre ; d'autre part il n'y a aucune donnée

pour l'origine centrale de cette paralysie.

On ne peut de même considérer comme primitifs les lésions

vasculaires; il n'y avait pas de trace d'un processus primitif

quelconque, sous forme d'une inflammation, d'une dégénéres-

cence, etc. La sclérose des parois trouvée à l'examen était si

prononcée qu'elle ne devait être considérée que comme la phase

tout à fait initiale de ce processus provoqué par les troubles

trophiques des parois, troubles consécutifs à la stase. Etant

donnée l'absence des faits qui parleraient en faveur d'une

lésion organique quelconque et la présence des stigmates carac-

téristiques de l'hystérie, je devrais décrire mon cas aussi

sous le nom d'oedème bleu d'origine hystérique.

Pour ne pas répéter ce qui était exposé avec détails par

d'autres auteurs je m'abstiens d'énumérer ici les signes diag-

nostiques différentiels de l'oedème bleu d'avec les symptômes

analogues qui peuvent s'observer dans d'autres affections.

Etant donné tout ce qui précède et si l'on exclut les cas

d'oedème passager, ne laissant après lui aucune trace, le pro-

nostic dans les cas prolongés ne peut être considéré comme

favorable. Ainsidans mon cas, quoiqu'il n'y ait pas de troubles

trophiques nets, les hémorragies dans le tissu cellulaire, dans

l'épaisseur des tuniques vasculaires, la névrite et la sclérose

au début, tout cela montre la possibilité d'un développement

de lésions graves et profondes si l'on avait laissé l'oedème sans

traitement.

Le traitement doit surtout s'adresser à l'hystérie. La médi-

330 RECUEIL DE FAITS.

cation locale ne consiste qu'en massage, en gymnastique

active ou passive, en enveloppement du membre malade afin

de diminuer la perte de calorique ou bien en bains locaux

chauds. L'application d'appareils de toute espèce, inamovibles

ou compressifs, est contre-indiquée pour des raisons sur les-

quelles nous croyons inutile d'insister.

En terminant je tiens à exprimer ma profonde reconnais-

sance à mon éminent et très honoré maître, M. le professeur

Raymond, pour l'intérêt qu'il a montré pour mon travail et

pour l'hospitalité qu'il m'a donnée dans son laboratoire, et à

M. le D'' Nageotte pour l'aide qu'il m'a porté et pour ses excel-

lents conseils.

Paris, le 23 février 1896.

EXPLICATION DE LA PLANCHE II.

1'ig, 1. - Coupe de l'artère cubitale avec les deux veines qui l'accom-

pagnent. On peut y voir le décollement de la tunique interne de l'artère,

des hémorragies dans l'épaisseur de la tunique moyenne (ci) ; illi

thrombus pariétal avec commencement d'or;auisaOun (b); du côte de la

veine on voit une valvule très développée (c); et la prolifération de la

tunique interne du vaisseau (tl).

fin. 2. - Petite veine du tiers inférieur de l'avant-bras. Thrombose

des vasa-vasorum (a); vaisseau oblitéré, sclérose (b); décollement de

l'endothélium (c).

Fig. 3. Coupe verticale de la peau de la région oedématiée. Fentes

lymphatiques dilatées (a) ; vaisseau sanguin oblitéré (b) ; hémorragies (c).

Fig. 4. Nerf de la peau dégénéré, pris à la région oedématlée. '

l'ill. 1, 2 et 3. - Grossissement de 75.

Fi. 4. -- Grossissement de 350.

RECUEIL DE FAITS.

GUÉRISON APPARENTE DES TROUBLES PSYCHIQUES

CHEZ DEUX MANIAQUES ATTEINTES, L'UNE DE FIÈVRE

TYPHOÏDE, L'AUTRE DE SUPPURATION ABONDANTE;

Par le Dr René CHARON,

Médecin-adjoint des agiles publics d'aliénés (Bailleul).

L'influence salutaire des maladies graves intercurrentes sur

l'état mental des aliénés est depuis longtemps reconnue et, si

GUÉRISON APPARENTE DES TROUBLES PSYCHIQUES. 331

les aliénistes d'aujourd'hui n'affirment plus, comme au temps

d'Esquirol, qu'une affection mentale ne peut réellement gué-

rir qu'à la suite d'une crise, il leur arrive assez souvent devoir

une amélioration plus ou moins considérable des troubles

psychiques se produire, sans autre cause appréciable, au cours

de manifestations inflammatoires d'origine microbienne.

Les notes que nous avons réunies depuis quatre ans sur les

maladies incidentes pour une population moyenne d'environ

z50 aliénées indiquent des modifications favorables de l'état

mental au cours des maladies suivantes : érysipèle de la face,

pneumonie, tuberculose pulmonaire, anthrax, phlegmon,

fièvre typhoïde, variole, adénite (avec suppuration consécu-

tive). Sur 153 malades frappées deces affections, 98 étaient des

maniaques aiguës, chroniques ou démentes, dont 61 ont été

améliorées mentalement; les améliorations qui se sont, comme

on voit, produites dans la proportion considérable de 62 p. 100

pour les maniaques, n'ont d'ailleurs dans la plupart des cas été

que légères et d'une très courte durée. Deux malades seule-

ment atteintes simultanément l'une de fièvre thyphoïde grave,

l'autre d'adénite avec suppuration abondante, ont bénéficié,

du fait de la maladie intercurrente d'une véritable suppression

des troubles psychiques qui s'est maintenue pendant environ

un mois : l'une, avec toutes les apparences d'une démence

maniaque, était en réalité, comme nous le verrons, une

maniaque chronique; l'autre était atteinte d'un accès de manie

aiguë datant de quelques semaines. L'observation résumée de

ces deux cas, par la netteté des phénomènes qu'ils ont permis

de constater et par les quelques réflexions qu'ils suscitent,

nous a paru digne d'être rapportée.

Observation I. -D... Julienne vinft-six ans, entrée le 6 mars 1891

avec le diagnostic : « dépression mélancolique avec mutisme, refus

d'aliments et tendance au suicide. » Hérédité névropathique et

vésanique. Au bout de peu de temps, il se manifeste de l'excita-

tion intermittente, puis peu à peu l'état d'excitation devient per-

manent avec des paroxysmes fréquents nécessitant une contention

presque continue. Au refus d'aliments a succédé une véritable hou-

limie, accompagnée d'une émaciation squelettique, sans lésions

d'aucun organe de la nutrition. Incohérences continuelles des actes

et des paroles. Cet état dure depuis plus de trois ans. Les facultés

intellectuelles semblent comme l'état physique profondément atfai-

blies et il parait qu'un dénoûment fatal soit proche, quand se

manifestent des symptômes d'adénite, engorgement considérable

332 RECUEIL DE FAITS.

des régions parotidiennes, fièvre intense; une vaste collection puru-

lente se forme au côté gauche avec induration de toute la région

du cou; après intervention chirurgicale, il s'écoule en abondance

, un pus infect, laissant voir au microscope des colonies de staphy-

lococcus et micrococcus : lymphangite consécutive, suppuration pen-

dant un mois.

Un matin, pendant le pansement, la malade absolument indocile

et incohérente jusqu'alors, nous fait tout à coup une réponse rai-

sonnable et nous explique qu'elle va être sage et se laisser soigner.

Les moyens de contention sont aussitôt supprimés. L'excitation a

disparu, le syllogisme et la mémoire sont intacts. D... nous remercie

de nos soins, se promène, commence à s'occuper et prend soin de

sa personne. Cet état dure pendant trois semaines. Le foyer de

suppuration est tari. L'alimentation est normale, les forces phy-

siques reviennent. Puis subitement une réponse incohérente, l'exci-

tation reparaît et dans l'espace de quelques jours notre malade est

retombée dans un état absolument analogue à celui que nous avons

noté avant la maladie intercurrente. Elle présente de nouveau

toutes les apparences de la démence maniaque.

En résumé : manie chronique avec réactions très violentes

(présentant l'apparence d'une démence maniaque). Grave

lésion inflammatoire intéressant les régions cervico-faciales.

Suppuration abondante et de longue durée. Au cours de cette

affection, disparition subite des troubles psychiques. Guérison

apparente pendant trois semaines. Retour presque subit à l'état

maniaque antérieur.

Observation II. - F... Florine, vingt ans. Entrée le 29 avril 1895.,

Accès de manie aiguë avec désordre extrême des actes et des idées.

Mouvement incoercible. Violences (sujet très vigoureux). Nécessité

de contention et d'isolement absolu. Insomnie. Mélange chaotique

d'idées délirantes et de troubles sensoriels. Pas d'hyperthermie.

Hérédité névropalhique et vésanique très chargée.

Cet état ne présente aucune modification jusqu'au 20 mai, jour

où l'on s'aperçoit que la malade est fébrile avec la langue saburrale

et qu'elle a eu plusieurs épistaxis pendant les derniers jours.Trans-

fert à l'infirmerie. T. 38°,8. L'excitation reste très violente. Refus

absolu de toute espèce de médicament. Les moyens de contention

sont indispensables; 22 mai, 39°,9. Injection sous-cutanée de chlor-

hydrate de quinine. Langue rôtie. Epistaxis. Selles fréquentes,

fétides, sueurs profuses. Le 24 au matin 39°,4, Le visage de notre

malade a complètement changé d'expression. Elle répond raison-

nablement à toutes nos questions, regrette ses extravagances, et

promet de se laisser soigner docilement. Elle est débarrassée de

toute contrainte, prend ses médicaments spontanément, s'entretient

! GUÉRISON APPARENTE DES TROUBLES PSYCHIQUES. 333

convenablement avec nous : syllogisme et mémoire intacts. La

fièvre typhoïde évolue avec des symptômes graves adynamiques et

l' ' tous les signes cliniques classiques. La température reste au-dessus

de 40° pendant près d'une semaine. Délire tranquille, carpliologie.

, Traitement : quinine, antisepsie intestinale; médication tonique

stimulante; allusions froides et vinaigrées. A partir du 30 mai, la

¡ température diminue progressivement et le 7 juin le malade entre

r en convalescence. Elle se lève, s'occupe, écrit à ses parents, aide

aux soins des malades. Son état physique se restaure et elle peut

être considérée comme guérie de son accès de manie jusqu'aux

premiers jours de juillet, c'est-à-dire pendant un mois. A ce mo-

ment la menstruation se produit pour la première fois depuis

l'admission et avec elle coïncide la réapparition brusque de l'exci-

talion. Le 15 juillet F... est dans le même état qu'au moment de

son entrée : agitation maniaque extrêmement violente. Elle reste

sans modification jusqu'au mois d'octobre. Depuis cette époque,

elle s'améliore progressivement.

En résumé : manie aiguë très violente datant d'un mois.

Fièvre typhoïde à forme adynamique grave. Pendant la période

d'état, disparition brusque et complète des symptômes mania-

Fig. 18.

334' RECUEIL DE FAITS.

ques durant un mois. Retour presque subit à l'état maniaque

antérieur puis amélioration progressive.

Entrer dans le détail des nombreuses observations que nous

avons recueillies au cours des quatre dernières années serait

abuser de l'hospitalité qui nous est accordée ici, mais il nous

semble intéressant de résumer les conclusions qui semblent

en découler. L'influence des maladies microbiennes chez les

aliénés se traduirait dans la majorité des cas, lorsqu'il s'agit

de sujetsjeunes et non affaiblis, par une amélioration plus ou

moins considérable de l'état mental.

Près des deux tien de nos malades étaient des maniaques.

Cette remarque rapprochée de celle qui a été faite par le

Dr Camuset au cours d'une épidémie de choléra semblerait

indiquer que, toutes choses égales d'ailleurs, la manie serait

un véritable terrain de prédilection pour les microbes patho-

gènes. Les améliorations se montrent plus fréquentes et plus

solides (62 p. 100) chez les maniaques que'dans toute autre

forme vésanique.

Cette amélioration peut aller dans certains cas (obs. 1 et II)

jusqu'à la disparition complète de l'état maniaque, qu'il

s'agisse de manie chronique ou de manie aiguë. Cette dispa-

rition se produit brusquement en même temps que se manifes-

tent les signes detnxhémie intercurrents, et, dans les deux seuls

cas où nous l'avons vu se produire, l'état mental normal ne

s'est maintenu que pendant trois semaines et un mois. Ce

retour subit à l'état normal suivi d'une rechute presque aussi

subite ne saurait donc être considéré comme une véritable

guérison, mais comme une guérison apparente, une éclipse de

l'état psychopathique antérieur.

Cette éclipse serait-elle due au choc intercurrent jouant le

rôle de dérivatif mécanique ? Ce n'est pas probable. Mais alors,

sans entrer dans le domaine des hypothèses, ne serait-il pas

légitime de mettre en regard des deux observations que nous

venons de rapporter les faits déjà nombreux signalés en

pathologie ordinaire, de guérisons par antagonisme microbien,

dont l'observation tout récemment publiée par le Dr Lalande

(Hôpital Saint-Louis) est un exemple remarquable (guérison

de lupus par un érysipèle) ? L'analogie est d'autant plus frap-

pante que dans ces cas comme dans les nôtres, il ne s'agit en

réalité que de guérisons apparentes puisque la récidive se

manifeste au bout de quelque temps.

REVUE DE MÉDECINE LÉGALE.

Xi. L'ANALYSE D'UN crime; pai- Joseph L. Bauer. M. D., St-Louis.

(The St-Louis Médical and Sur·gical Journal, octobre 1895,

p. 201.)

A propos d'un crime, l'auteur essaye de délimiter l'esprit sain

de l'esprit malade. Voici le fait. Un jeune homme âgé de vingt-

cinq ans, de condition aisée, rentre un jour ivre chez lui. Sans dis-

cussion et sans raison, il tue sa femme et son enfant. Après cela,

il va à un poste de police faire l'aveu de son acte sans en indiquer

les motifs. Peu après il déclara que c'était un accident, puis il finit

par demander si son crime était un de ceux pour lesquels on pou-

vait verser une caution.

Après quelques mois d'incarcération, son avocat déclara que son

client,était devenu fou depuis l'acte d'accusation et qu'il ne pou-

vait pas apprécier les circonstances ni la nature de sa tentative cri-

minelle. Un jury fut chargé de l'examen, et l'avocat dit qu'il s'agis-

sait de paranoïa. Quelques semaines après, le jury renvoya son

verdict à plusieurs mois. Sur ces entrefaites, un des défenseurs du

criminel le présenta dans un journal comme un halluciné avec des

idées de persécutton et de grandeur. Le D'' Bauer examina le pri-

sonnier, mais il ne trouva pas de symptômes de folie. Enfin, après

une seconde expertise, il fut rendu un verdict de santé.

L'auteur discute successivement les quatre hypothèses faites pour

justifier l'irresponsabilité du meurtrier : l'hérédité, l'épilepsie, la

folie alcoolique et la paranoïa. Il montre qu'on ne trouve, ni

dans les antécédents, ni dans les habitudes, ni dans les actes du

sujet, ni dans le crime, rien qui puisse prouver manifestement

qu'une de ces quatre conditions morbides était en cause. Le

Dr Bauer déclare le meurtrier responsable et montre que la mau-

vaise éducation, des habitudes vicieuses et un caractère égoïste et

brutal avaient naturellement poussé le sujet à tuer sa femme et son

enfant qui étaient un obstacle à sa vie de libertin. E. TOULOUSE.

XII. DE QUELQUES CAS PSYCHOPATHOLOGIQUES DEVANT LES TRIBUNAUX

serbes; par le D1' VAs : iTCH.

Dans un premier cas, il s'agit d'un malheureux persécuté avec

hallucinations multiples de l'ouïe et des idées de grandeurs qui,

sous l'influence de ses idées délirantes, commit un meurtre.

336 REVUE DE MÉDECINE LEGALE.

Condamné d'abord à mort par le tribunal de première instance,

ce malade, après un rapport médical, fut transféré dans un asile.

Le second cas a trait à une femme débauchée qui, voulant se dé-

barrasser de son mari, le fit tomber dans un guet-apens et assas-

siner par des hommes qu'elle avait soudoyés. Elle fut condamnée à

vingt ans de travaux forcés, et ses complices condamnés à mort.

Or, pendant l'instruction, cette femme fut atteinte d'aliénation

mentale et, après observation, reconnue réellement folle.

Il s'agissait de savoir quel était l'état mental de cette femme

pendant les années qui ont précédé le crime, et surtout au moment

du crime, car c'est sur ses déclarations que les exécuteurs du crime

avaient été condamnés à mort. Le rapport fait à ce sujet a conclu

que, avant l'exécution du crime aussi bien qu'à l'époque où le crime

fut commis. cette femme n'était point aliénée.

Le troisième cas cité a trait à un homme atteint de manie

intermittente, et qui tua sa femme sous l'influence d'une impul-

sion homicide au cours d'un accès maniaque.

Ce malade fut envoyé, bien entendu, dans un asile.

L'auteur constate avec plaisir que, depuis quelques années, les

tribunaux serbes se sont mis à considérer non seulement le crime,

mais aussi le criminel. (Annales médico-psèicologiqzces, janvier 1896.)

E. B.

XIII. L'hypnotisme ET la LOI; par M. CLARK BELL.

L'attention des juges et des médecins légistes a été spécialement

attirée au cours de ces dernières années sur les rapports de l'hyp-

notisme et de la loi dans différentes affaires criminelles où s'est

posée la question de savoir jusqu'à quel point l'accomplissement

du crime devait être imputé à la suggestion hypnotique, notam-

ment dans l'affaire Bompard, à Paris ; dans laffaire-Czyiiski, à

Munich ; dans l'affaire Macdonald, en Amérique.

A ce propos, l'auteur a adressé à différents médecins légistes et

psychologues une sorte de questionnaire où il leur demande :

1° Si le sujet hypnotisé est un agent inconscient et innocent,

capable de commettre un crime;

2° S'il est possible, par la suggestion, d'enlever de l'esprit de

l'hypnotisé toute mémoire des circonstances ou actes accomplis

pendant l'état hypnotique ;

3° Si le pouvoir de l'hypnotiseur sur l'hypnotisé est assez fort

pour que l'hypnotisé, devant une tierce personne, signe un testa-

ment, un chèque, en requérant cette tierce personne de témoi-

gner qu'il agissait en pleine volonté et que, malgré cela, l'hypno-

tisé n'ait, dans la suite, aucune conscience de l'acte qu'il a commis.

Le plus grand nombre des réponses ont été affirmatives et ont

confirmé les idées de Bernheim et de Liébault.

REVUE DE MÉDECINE LEGALE. 337

Quelques médecins légistes cependant se sont refusés à admettre

qu'un individu ordinaire dans l'état hypnotique puisse commettre

un crime et que, d'autre part, la volonté et la personnalité de l'hyp-

notisé soient à ce point annihilées qu'elles ne puissent mettre cer-

tains obstacles à l'exécution d'une suggestion qui leur répugne

aussi violemment qu'un crime.

La conclusion de l'auteur est que la question est toujours pen-

dante. (The alienist and zzeurologist, octobre 1895.) E. B.

XIV. La responsabilité criminelle CHEZ les aliénés; par Oscar

WooDS. (The Journal of Mental Science, octobre 1894.)

La jurisprudence en matière de responsabilité criminelle a été

fixée en 1843, à la suite d'un procès retentissant à l'aide des réponses

faites à un questionnaire par les principaux magistrats du pays : le

résumé de ces réponses nous est fourni par l'auteur : 1° alors

même que l'accusé a agi sous l'influence d'une délusion délirante,

qu'il a cru obéir à un grief ou venger une injure qui n'existent pas,

ou même être utile à la société, il est punissable; 2° pour que la

défense puisse invoquer l'aliénation mentale, il est indispensable

de prouver clairement que, au moment où il a commis l'acte cri-

minel, l'accusé ne possédait, par suite d'une maladie mentale, qu'un

degré de raison insuffisant pour connaître la nature de l'acte qu'il

accomplissait, ou, s'il la connaissait, pour savoir que l'action qu'il

commettait était mauvaise, en d'autres termes pour distinguer entre

le bien et le mal : 3° l'existence d'illusions ou d'hallucinations

n'exclut pas la cuipabilité, sauf le cas où elles auraient sur le crime

dont il s'agit une influence directe, par exemple dans le cas où un

homme commettrait un crime en se croyant en état de légitime

défense : dans ce cas seulement il doit être reconnu non coupable.

Ou voit assez que cette jurisprudence ne tient aucun compte du

cas où l'homme commet un crime, en sachant que c'est un crime,

mais sans pouvoir résister à l'impulsion délirante qui l'oblige à le

commettre. Par des citations, par des exemples, l'auteur montre

l'absurdité de celte jurisprudence, et se demande s'il ne vaudrait

pas mieux la modilier que de forcer (il cite un cas démonstratif) un

jury et un magistrat à prononcer une sentence de mort que chacun

à l'audience sentait et savait ne pas devoir, ne pas pouvoir être

exécutée. R. de Musgrave-Clay.

XV. Sur la nécessité d'une législation relativement au SUICIDE;

par S.-A.-K. Strahan. (The Journal of mental science, octobre 1894.)

Après avoir résumé l'historique des peines plus ou moins bar-

bares autrefois édictées contre le suicide, l'auteur constate qu'elles

se réduisent aujourd'hui, au moins dans la pratique, aux pénalités

d'ordre spirituel relatives à l'inhumation des suicidés. Ces pénalités

Archives, 2e série, t. I. 22

338 REVUE DE MÉDECINE LÉGALE.

même sont ordinairement évitées, puisque, en Angleterre, le ma-

gistrat chargé de l'enquête les épargne à la famille en rendant un

verdict de suicide dans un accès temporaire d'aliénation mentale,

. verdict qui n'est presque jamais basé sur la moindre preuve et

constitue un véritable faux témoignage.

A l'heure actuelle, en Angleterre, le suicide est assimilé par la

loi criminelle à l'assassinat. Si deux personnes prennent la réso-

lution de se suicider ensemble, et si une seule réussit effectivement

à se tuer, l'autre est considérée comme coupable d'assassinat. Qui-

conque aide ou facilite un suicide suivi d'effet, est également tenu

pour coupable du même crime. On a même soutenu que si une

personne perd la vie en essayant d'empêcher un suicide, la per-

sonne qui a voulu attenter à ses jours est coupable de meurtre.

Telle est la lettre de la loi. Mais dans la pratique, cette loi est à

chaque instant violée par les magistrats, par le jury et par l'opi-

nion publique. Il n'y a pas longtemps, un homme de lettres bien

connu et universellement respecté, qu'une maladie incurable avait

conduit au seuil de la mort, a mis fin à ses souffrances en se tuant

à l'aide d'une arme à feu. Comme on demandait à sa femme, qui

lui était fort dévouée et qui était présente au moment du suicide, si

elle aurait pu l'empêcher, elle répondit qu'elle l'aurait certainement

pu, mais qu'elle aurait considéré son intervention dans ce cas

comme une lâcheté; elle ajouta même que, à la demande de son

mari, elle lui avait enlevé ses fausses dents avant qu'il se tirât un

coup de pistolet dans la bouche. Aux termes de la loi, cette femme

aurait dû être poursuivie pour meurtre; il est à peine besoin de

dire qu'aucune poursuite n'eut lieu. Il est absurde de prétendre,

comme le prétend la loi, que le meurtre et le suicide sont des

crimes égaux au point de vue de la société; et d'ailleurs la loi se

contredit elle-même, car la tentative de meurtre est punie de la

servitude pénale à perpétuité, tandis que le maximum en cas de

suicide ne dépasse pas deux ans; le crime n'est donc pas semblable

puisque la peine est différente.

La tentative de meurtre est invariablement poursuivie; la tenta-

tive de suicide ne l'est presque jamais, et quand elle l'est, la con-

damnation est si légère que l'on comprend qu'elle n'est prononcée

que par déférence pour la loi : ce genre de pénalité discrédite la

loi plus que ne ferait l'impunité. En fait, les magistrats sentent par-

faitement que la loi est non seulement inutile, mais injuste, et

savent qu'ils auront pour eux l'opinion publique en la laissant

tomber rapidement dans une désuétude qui en prépare l'abolition.

Si l'on veut réformer cette législation, il n'y a que deux voies

logiques à suivre : 1° supprimer toute législation sur la matière en

ce qui touche l'attentat commis exclusivement sur l'individu lui-

même, c'est-à-dire cesser de considérer le suicide comme un crime,

et ne pas s'en occuper; 2° déclarer que toute tentative de suicide,

REVUE DE MÉDECINE LÉGALE. 339

suivie ou non de succès, constitue par elle-même la preuve suffi-

sante d'un état dangereux d'aliénation mentale et un motif non

moins suffisant d'internement dans un asile d'aliénés.

Le premier procédé est incontestablement le plus équitable et le

plus sensé; c'est très vraisemblablement celui qui sera adopté; il

vaut mieux ne pas faire du suicide un crime que d'en faire un crime

qui reste impuni quatre-vingt-dix neuf l'ois surcent. Il est même pro-

bable que cette impunité désormais légale, n'augmenterait pas le

nombre des morts volontaires. Mais son inconvénient capital est de

ne rien faire pour le diminuer.

Aussi la deuxième manière de procéder serait-elle certainement

beaucoup plus profitable à la société. Ses avantages seraient nom-

breux : elle épargnerait au clergé des situations difficiles, et assu-

rerait aux familles la consolation des dernières prières; elle met-

trait les magistrats chai gésde l'enquête à l'abri du faux témoignage

qu'ils sont couramment amenés à pratiquer dans leurs rapports;

enfin et surtout, la crainte, en cas de tentative avortée, d'être

immédiatement enfermés dans un asile d'aliénés serait parfai-

tement capable d'arrêter bon nombre de gens tentés de se débar-

rasser de la vie; eu tout cas cet internement serait plus rationnel

et plus humain que de les enfermer dans une cellule de prison, où,

trop souvent, ils réussissent à exécuter l'acte même pour lequel ils

ont été emprisonnés. Enfin la perspective de l'internement dans

un asile aurait, sur le suicide, absolument les mêmes effets que la

loi actuelle, c'est-à-dire qu'elle n'en détournerait personne, et

qu'elle assurerait une proportion importante de succès dans les

tentatives de suicide. Pour ces raisons, et pour d'autres de moindre

gravité, l'auteur préférerait, au point de vue social, la seconde des

réformes proposées. R. DE MUSGRAVE-CLAY.

XVI. Les aliénés ET LE DROIT civil; par le Dr L. DERODE. ("J} : <M. de

la soc. de méd. ment, de Belgique, décembre 1894.)

On sait que, d'après la loi française, la procédure d'une demande

en interdiction ne comporte pas nécessairement une expertise

médicale. C'est contre cette lacune de la loi que s'élève M. Derode

dans son travail; il s'efforce de prouver que l'intervention de la

science est aussi nécessaire dans les affaires de la justice civile où

la folie joue un rôle que dans celles qui relèvent de la justice cri-

minelle. Quant à l'expert il ne doit formuler que des conclusions

rigoureusement scientifiques et ne pas se hasarder à émettre des

appréciations arbitrdires, basées sur des appréciations où la science

n'a rien à voir. Plutôt que d'apporter à la justice des affirmations

téméraires, il doit s'abstenir de conclure et se borner à exposer

les raisons qui lui paraissent de nature à entretenir l'incertitude et

le doute. G. DENY.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

XXVII. La forme spasmodique ET L1 FORME tabétique dans la para-

LYSIE générale ; par R.-S. STEWARD. (The Journal of Mental Science,

avril 1895.) ,

La forme de paralysie générale qui s'associe à la force locomo-

trice est bien définie et bien admise; mais l'auteur estime que,

dans les cas qui ne se rattachent pas à ce type tabétique, les symp-

tômes qui prédominent au cours de la maladie indiquent une

étroite relation, à la fois clinique et pathologique, avec la forme

d'affection médullaire que l'on désigne sous le nom de paraplégie

spasmodique primitive. Dans un petit nombre de cas, la maladie

participe des deux formes, mais cette combinaison de symptômes

est rare, et le rattachement primitif à l'une des deux formes est

toujours possible.

Les recherches de l'auteur ont porté sur 317 cas de paralysie

générale, parmi lesquels 85 p. 100 appartenaient à la forme spas-

modique et 15 p. 100 à la forme tabétique ; cette proportion est la

même pour les deux sexes. La forme spasmodique débute d'ordi-

naire entre trente et quarante ans, et la forme tabétique entre

quarante et cinquante ans; et en cela, chacune des formes parait

se modeler sur le type d'affection purement médullaire auquel elle

correspond. Dans la forme spasmodique, la durée moyenne de la

maladie est de un à deux ans, et dans la forme tabétique de, deux

à trois ans. Les crises congestives (attaques épileptiformes géné-

rales ou partielles, attaques apoplectiformes, paralysies passagères)

sont plus fréquentes dans la forme spasmodique; elles sont aussi

plus rapprochées et plus longues. L'excitation maniaque prédomine,

dans la forme spasmodique, et la mélancolie dans la forme tabé-

tique. - Le poids du cerveau est notablement moindre dans les

cas spasmodiques que dans les cas tabétiques. - L'atrophie de la

moelle est la règle dans la paralysie générale ; mais il est à noter

que dans la forme spasmodique, elle se présente sous la forme d'un

ratatinemenl latéral, tandis que dans la forme tabétique, elle prend

l'aspect d'un aplatissement antéro-postérieur.

L'auteur conclut en disant qu'il s'est efforcé de montrer, en signa-

lant les faits les plus saillants, qu'il existe deux types ou deux

variélés de paralysie générale, l'une qui se présente associée à la

sclérose postérieure, l'autre qui est associée, secondairement dans

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 341

l'ordre chronologique, à des symptômes indiquant une sclérose des

cordons latéraux. Il estime en outre que les altérations révélées par

l'examen microscopique de la moelle justifient pleinement cette

manière de voir. R. M.-C.

XXVIII. LES rapports DE la paralysie générale DES aliénés ET DES

affections chroniques DES reins ; par Hubert C. BRISTOWE. (The

Journal of Mental Science, avril. 1895.)

Les points principaux sur lesquels l'auteur a voulu insister dans

ce très intéressant mémoire sont les suivants :

1° La présence du rein granuleux contracté dans la paralysie

générale est très fréquente;

2° La similitude des altérations subies par les vaisseaux sanguins

dans les deux maladies est tellement grande qu'une différenciation

est impossible à établir ;

3° Les deux maladies ont entre elles des rapports de dépendance

si singulièrement étroits que, selon toute probabilité, elles ont une

commune origine. R. M.-C.

XXIX. La folie DE la PERSÉCUTION ; par René SEMELAIGNE. (Tlee

Journal of Mental Science, octobre 1894.)

Après avoir résumé, au début de son intéressant travail, l'his-

torique de la question, et rappelé les travaux de Lasègue, Jules

Falret, Magnan, Morel, Ballet, Séglas, Jules Voisin, Christian, Pot-

tier, l'auteur conclut qu'il n'y a pas une folie de la persécution,

mais qu'il y en a plusieurs, et que ce n'est pas toujours chose facile

de les différencier et de les classer. On peut cependant, dès le pre-

mier abord, ' diviser les persécutés en deux grands groupes : les

orgueilleux et les humbles. C'est le premier groupe qui a été le

mieux étudié ; il comprend cinq variétés : 1° délire de persécution

systématique à évolution progressive; 2° délire de persécution des

persécuteurs raisonnants; 3° délire de persécution des alcooliques;

4° délire de persécution de la ménopause; 5° délire de persécution

des vieillards. Le second groupe comprend les malades atteints du

délire de persécution avec idée de crime commis. Ces malades n'ont

généralement pas d'hallucinations de l'ouïe, mais seulement des

interprétations délirantes; ils ont souvent des idées de suicide et du

dédoublement de la personnalité. Etudions successivement ces dif-

férents types.

Chez les délirants persécutés systématiques à évolution progres-

sive, on trouve une période d'incubation, une période d'invasion et

une période d'état. La première période peut être précoce et très

longue ; elle est constituée par l'état d'anxiété (Magnan) et les

interprétations délirantes (faire). Dans la seconde, apparaissent

342 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

les hallucinations de l'ouïe auxquelles peuvent s'ajouter celles de

la sensibilité générale. A la période d'état le délire se systématise

et il comporte trois échelons successifs : les idées de persécution

- (on électrise le malade, on mêle des substances nuisibles à ses ali-

ments, etc.); les idées de persécution collective (les jésuites, les

francs-maçons, la police); enfin les idées de persécution personni-

fiées ; c'est alors surtout que le malade, ayant fait élection d'un

bouc émissaire, devient dangereux. Enfin, aux idées de persécu-

tion, à la période d'état du délire, peuvent s'ajouter des idées de

grandeur, qui peuvent être soudaines, ou consécutives à des hallu-

cinations de l'ouïe, mais qui plus souvent peut-être, s'expliquent

de la manière indiquée par Foville; en effet, la persistance des

persécutions auxquelles le malade se croit soumis le conduit natu-

rellement à croire qu'on ne les accumulerait pas ainsi sur un indi-

vidu ordinaire et qu'il doit évidemment être un personnage impor-

tant. Il faut ajouter que, pour Mairet, les idées de grandeur existent

dès le début, et sont même antérieures à l'apparition des premiers

troubles mentaux. ,

Le délire des persécuteurs raisonnants, ou persécutés persécu-

teurs, a été très bien décrit par Lasègue ; ces aliénés commettent

souvent des actes de violence; souvent ils interprètent, faussement

un fait exact en soi, et raisonnent juste sur ce point de départ faux,

ils passent pour jouir de toutes leurs facultés. Ils sont d'autant plus

dangereux qu'on ne les distingue pas des gens sensés, à moins de

les étudier à fond ; ils présentent généralement les signes phy-

siques et mentaux de la folie morale, et des stigmates physiques

et psychiques d'hérédité morbide. Souvent on constate chez eux des

anomalies génitales. Ils parlent facilement, sont très intelligents,

exposent, soutiennent à merveille leurs prétendus griefs, écrivent

des lettres, font des visites, entament des procès, et finissent, n'ob-

tenant pas l'imaginaire justice qu'ils réclament, par se faire justice

eux-mêmes au moyen d'actes de violence; arrêtés, ils sont diffi-

ciles à diagnostiquer aliénés, parce qu'ils sont très réservés et très

habiles à cacher leur délire ; presque toujours à force de démarches

t d'apparent bon sens, ils finissent par obtenir leursorlie, et s'em-

pressent de recommencer. Ils n'ont généralement aucune halluci-

nation, mais seulement des interprétations délirantes; ils sont

ambitieux, mais n'ont jamais d'idées absurdes de grandeur. Ils

n'aboutissent jamais au délire chronique. Suivant leurs tendances,

on pourrait les diviser en trois groupes : a) les criminels ; b) les

processifs ; c) les amoureux.

Les persécutés alcooliques forment un groupe nombreux ; à la

vérité, tous les alcooliques sont plus ou moins des persécutés, mais

quelques-uns présentent une forme particulière de délire; ils ont

des ennemis, qui conspirent contre eux, qu'ils désignent, comme

les autres persécutés; mais ce qui, cliniquement, caractérise sur-

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 343

tout cette forme du délire de persécution, c'est sa curabilité (Bail).

Il est à noter que les persécutés alcooliques ont souvent de la ten-

dance au suicide.

Le délire de persécution de la ménopause a une évolution

rapide ; les hallucinations de l'ouie y sont précoces et presque

constantes ; le dédoublement de la personnalité est commun ; dans

la plupart des cas la maladie est incurable. Savage a remarqué

qu'une surdité double apparaissait souvent en même temps que les

hallucinations de l'ouïe. Les obsessions et possessions sont fré-

quentes dans cette forme, et ont été bien étudiées par Séglas. (Nous

ne pouvons qu'indiquer une très longue et très intéressante obser-

vation intercalée ici par l'auteur.)

Le délire de persécution des vieillards débute d'ordinaire par des

étourdissements et de la congestion. Ces malades se croient volés,

ruinés, menacés d'assassinat; ils ont des hallucinations terrifiantes

de la vue. Ces hallucinations et ces soupçons peuvent persister

longtemps sans que le délire se modifie ; mais souvent on voit

rapidement apparaître la démence. La tendance au suicide est

commune.

Si l'on passe maintenant aux persécutés humbles, à ceux qui

s'accusent de crimes imaginaires, on voit que ce sont le plus sou-

vent des sujets à tendances morbides héréditaires, présentant, sur-

tout du côté des organes génitaux, des stigmates de dégénéres-

cence. En général ils n'ont pas d'hallucinations de l'ouïe, mais

seulement des interprétations délirantes. Ils peuvent quelquefois,

dans un moment d'exaspération contre leurs persécuteurs, se

livrer à des actes de violence; mais, en général, ils sont plutôt

déprimés qu'agressifs. Si les hallucinalionsdes sens sont rares chez

ces malades, celles de la sensibilité générale le sont moins, et

assez souvent, à une période variable de l'évolution du délire, on

constate des hallucinations psyclio-iiiottices ; Ballet et Séglas ont

publié à cet égard plusieurs faits intéressants.

Chez les persécutés qui s'accusent de crimes en général, les idées

de persécution sont en général tenaces et persistantes, mais peuvent

parfois présenter des rémissions momentanées.

Il faut ajouter en terminant que, entre le groupe des persécutés

orgueilleux et celui des persécutés humbles, on peut observer des

variétés intermédiaires, et aussi que chez un même malade, ces

deux formcs peuvent se succéder, ou se remplacer. R. \L-C.

XXX. Courtes études sur la tuberculose chez LES aliénés ; par

E.-D. Bondurant. (ThetVew-I'orknedicnl joulnzul ? 3 février 1895.)

Il résulte des recherches faites par l'auteur à l'Asile des aliénés

de l'Alabama, que sur 179 décès survenus chez des malades de

race blanche, 51, c'est-à-dire 28 p. 100 étaient dus à la tubercu-

344 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

lose, et que sur 116 décès survenus chez les malades de race noire,

49, c'est-à-dire 42 p. 100 étaient dus à la même maladie. Sur ces

295 cas, 163 autopsies ont été faites (91 blancs, 72 nègres). Des

'signes de tuberculose guérie, stationnaire ou progressive ont été

rencontrés 91 fois (50 blancs, 41 nègres).

Le résultat des recherches de M. Bondurant a surtout porté sur

deux points : 1° la fréquence de la guérison de la tuberculose ;

2° la susceptibilité comparée de la race blanche et des races de

couleur à l'égard de la tuberculose.

Le premier de ces deux points est depuis longtemps démontré

par des investigations similaires (dont les premières, croyons-nous,

remontent à Boudet et ont été faites il y a une soixantaine d'an-

nées à la Salpêtrière) et les recherches de l'auteur n'ont ici que la

valeur d'une confirmation. Sur le second point, le travail de

M. Bondurant vient à l'appni de l'opinion généralement répandue

dans les Etats-Unis du Sud et qui veut que les nègres soient plus

accessibles à la tuberculose que les blancs. La proportion des décès

tuberculeux chez les blancs est de 25 à 30 p. 100; chez les nègres

elle atteint 40 à 45 p. 100. D'autre part le registre clinique de

l'asile montre que la tuberculose revêt, chez les hommes de cou-

leur, une forme beaucoup plus active et une marche notablement

plus rapide. Les formes très chroniques sont rares chez le noir, et

la forme miliaire est au contraire très commune. C'est le contraire

dans la race blanche. On peut, en somme, sur ce deuxième point,

déduire des données fournies par l'auteur les conclusions sui-

vantes : la mortalité par tuberculose est plus considérable dans la

race nègre que dans la race blanche. - La marche de la maladie

est plus rapide chez le nègre. - Les cas de guérison ou d'arrêt

dans le processus morbide sont comparativement rares chez le

nègre. La généralisation tuberculeuse est fréquente dans la race

noire, puisqu'on l'a constatée dans plus d'un tiers des cas où l'au-

topsie a été faite. R. M.-C.

XXXI. Recherches expérimentales SUR l'état mental dans LE VERTIGE,

ET SUR LE VERTIGE CONSIDÉRÉ COMME AUXILIAIRE DE L'HYPNOTISME ET

DE la narcose; par J. Léonard CoRNING. (The New-Y01'k Médical

Journal, 7 septembre 1895.) .,

Travail-intéressant.à. plusieurs points de vue et dont nous regret-

tons de ne pbuvoir donner Ici'que les conclusions, telles d'ailleurs

que 1*4uteunles a- lui-même -sommairement résumées : 1° dans le

vertige, si 1¡ ? rl. ! u laconscience est loujours altérée;

vertige, vsi léger'qu'il il soit, la/ conscience est toujours altérée;

cette altération-.s'accroitën'.raison directe de l'intensité du ver-

tige; 3° Jneh' quc.les : .çause's cliniques du vertige soient de nature

très diverse, elles ont au moins un point commun qui est le sui-

vant : elles sont toutes, sans exception, capables d'eutraver, soit

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 34b 5

directement, soit indirectement (par voie réflexe) les fonctions cor-

ticales, et, par suite, d'altérer les phénomènes de conscience. On

est d'accord avec les données expérimentales et on fournit une

explication clinique satisfaisante quand on considère le vertige

comme relevant essentiellement d'une modification corticale ;

4" l'état d'instabilité et de paresse psychiques qu'engendre le ver-

tige favorise les manifestations de l'hypnose; 5° un sujet en état

de vertige devient anormalement accessible à l'influence du pro-

toxyde d'azote, de l'éther et des autres agents de même ordre ;

mais si ces agents anesthésiques sont préalablement employés à

dose modérée (sans aller jusqu'à l'abolition de la conscience) et si

l'on essaye alors de provoquer le vertige, on verra que celui-ci est

notablement affaibli ou même totalement empêché. Au point de

vue neuro-physiologique, ce dernier fait a une importance qui

n'échappera à personne.. R. \1.-C.

XXXII. SUR les relations cliniques ET pathologiques DE la paralysie

générale des aliénés ; par REGINALD FARRAR. (The Journal of

Mental science, juillet 1895.)

Ce long et intéressant mémoire se résume dans les conclusions

suivantes que nous fournit l'auteur lui-même :

« Mon but dans ce travail a été de démontrer que la paralysie

générale n'est à aucun point de vue une maladie spécifique, mais

bien une variété clinique d'encéphalite chronique diffuse intersti-

tielle corticale. J'admets que l'on puisse utilement conserver la

dénomination de paralysie générale comme désignant suffisam-

ment un type clinique bien accusé ; mais en comparant cette

maladie avec des états cérébraux connexes, j'ai essayé de montrer

que son identité essentielle avec quelques-uns de ces états a été

obscurcie par la manie de diagnostic différentiel dont sont possé-

dés quelques écrivains tels que le Dr Clouston et M. Voisin. Le

terme d'encéphalite corticale comprend non seulement toutes les

variétés de la paralysie générale, mais beaucoup d'autres états

que l'on a à tort, essayé jusqu'à présent de différencier de la

paralysie générale, car toutes les variétés de l'encéphalite corti-

cale sont pathologiquement homogènes, et si, cliniquement elles

peuvent fournir plusieurs types ditférents, c'est une grave erreur

de considérer ces types comme des esp1 £ i ? Ù ? 111nctes.» ? t ! R 1\1" C : .

(' ,I ? , ? ';

t 6,1 \ S ! rU'Ht ? t

XXXHI. Recherches collectives EN H. T;E,DE maladies mentais;; par

Charles AIERCIEII. COLLECTIVES EN I. e DI,; MALADIES MÊ ! 4 ? par

Charles Mercier. (The Journal of i érÎttl eltc bt`,i95.)

. ? ? 'f ?

L'auteur est le premier à reconnaître queTTo'e'e n'est pas nou-

velle et qu'elle a déjà été appliquée à d'autres branches des sciences

346 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

médicales ; mais il pense qu'elle pourrait être ici particulièrement

féconde et il le prouve en signalant un grand nombre de points

de pathologie mentale qui ne peuvent guère être éclairés que par

un travail collectif. R. M.-C.

XXXIV. SUR l'augmentation DE la FOLIE en IRLANDE ; par D. [JACK TUEE.

(The journal of mental science, octobre 189 L)

Nous résumons ici les conclurions de l'auteur : ·

Le résultat le plus saillant de l'étude des documents étudiés est

l'accroissement énorme du nombre des malades (aliénés et idiots)

admis pour la première fois dans les asiles, malgré une décrois-

sance extraordinaire du chiffre général de la population ; cet

accroissement a pour effet - sans parler des effets inévitables de

l'accumulation - d'encombrer les asiles.

On trouve à cet accroissement du nombre des aliénés une cause

très évidente et très déplorable dans l'influence exercée sur la

partie la plus faible de la population par l'augmentation de la

peine et de la responsabilité qui lui incombe par suite de l'éloigne-

ment de la partie la plus saine et la plus vigoureuse.

Bien que le fait ne puisse guère être prouvé, il semble que ce soit

là l'une de= causes importantes de l'augmentation du nombre des

aliénés, surtout si l'on se souvient de la cause qui a motivé l'émi-

gration, à savoir : l'insurmontable pauvreté du peuple dans cer-

tains districts.

Enfin les conditions fâcheuses au milieu desquelles se débat une

population privée dans une large mesure de ceux qui étaient les

gagne-pain de leurs familles ont été encore aggravées par les

mariages qu'ont contractés entre eux les membres les plus faibles

de la population et par la procréation de sujets à esprit-faible qui

en a été la conséquence héréditaire, et a donné lieu à la dégénéres-

cence de la race. R. M.-C.

XXXV. QUELQUES indications relatives ALLA prophylaxie DES TROUBLES

mentaux; par Curven. (The jou1'1ll[l of mental science, octobre i 87/k.)

C'est par les modifications de l'hérédité et de l'éducation, et

finalement par la religion, que l'auteur voudrait surtout travailler

à la prophylaxie des désordres mentaux. R. M.-C.

XXXVI. UN cas d'ecchymoses accompagnant DE l'excitation délirante;

par W. R. DAWSON, (The journul of mental science, octobre 189 : >.)

L'histoire des hémorragies cutanées ou sous-cutanées sans

origine traumatique est encore fort obscure. Après des considéra-

lions assez étendues sur le siège, l'anatomie pathologique et la

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 347

pathogénie de ces ecchymoses, l'auleur rapporte une observation

intéressante ; c'est celle d'une femme d'environ cinquante ans,

entrée à l'asile pour de la mélancolie avec hallucinations et ayant

présenté à diverses reprises des crises d'excitation, dont les der-

nières (depuis avril 1894) ont été invariablement accompagnées ou

suivies d'une éruption de plaques ecchymotiques, lesquelles ne

sont jamais apparues en dehors de ces crises. Ces plaques étaient

de nombre, de dimensions et de sièges variables ; elles se mon-

traient de préférence aux extrémités, jamais au visage; deux fois

seulement elles ont envahi les muqueuses; elles étaient tantôt

symétriques, tantôt asymétriques. Les plaques les plus grandes

avaient absolument l'aspect de meurtrissures. La température,

l'urine étaient normales, ce qui permet déjà d'exclure une origine

microbienne que rend d'ailleurs également inadmissible la coïnci-

dence invariable avec les crises d'excitation. Il ne reste donc à

invoquer comme causes probables que la congestion, ou une alté-

ration des vaisseaux, ou, peut-être, une modification du sang. Il

est vraisemblable que ces trois facteurs ont agi simultanément, et

l'auteur développe, d'après les faits cliniques observés, les raisons

qui le conduisent à admettre cette triple intervention dans le

mécanisme des lésions. R. M.-C.

XXXVI. Folie ou NON-FOLIE : REVUE sommaire DES opinions médicale

ET LÉGALE SUR LA FOLIE ET DE QUELQUES DIFFICULTÉS PRATIQUES. (The

Journal of Mental Science, juillet 1895.)

Les conclusions de l'auteur sont les suivantes; elles résument son

travail :

La loi demande à savoir à quel moment une personne cesse

d'être un membre utile de la société, et elle hésite à entraver la

liberté d'un individu tant que cet individu n'a pas démontré par

son mépris pour les libertés des autres qu'il est un personnage

nuisible dont l'internement dans une prison ou un asile est une

mesure nécessaire. Il est possible toutefois de penser que la loi

servirait mieux les intérêts supérieurs de la société, aussi bien que

ceux de l'individu, si elle attachait plus d'importance au traitement

médical précoce des personnes dont l'esprit est malade en prenant

en considération l'aspect pathologique et physique de lafolie aussi

bien que le mal social qui en est la conséquence.

La médecine, d'un autre côté, dans un but à la fois pophylac-

tique et curatif, s'efforce de découvrir les premiers symptômes de

trouble dans les fonctions les plus obscures et les plus compliquées

du système nerveux. Elle est entravée par son ignorance de ces

fonctions, et par la difficulté, sinon l'impossibilité de constater les

signes physiques directs de la maladie ; elle est par conséquent

obligée de conclure des symptômes à la maladie, sans posséder la

48 ô REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

notion certaine et précise des lésions pathologiques, mais elle

s'achemine lentement vers des connaissances physiques plus

exactes.

- Dans la pratique, un compromis intervient ordinairement entre

ces deux points de vue. La loi se meut lentement, mais elle se

rapproche, à un pas régulier, des idées médicales sous la pression

de l'opinion publique renseignée par la diffusion plus grande et

l'acquisition plus facile des connaissances physiologiques. La solu-

tion de la question de folie ou non-folie se trouve donc actuelle-

ment entre les mains du public, et si ceux qui sont en contact

immédiat et quotidien avec un homme le considèrent commeatteint

d'une maladie mentale, cet homme peut être considéré comme

légalement aliéné. R. M.-C.

XXXVIII. SUR LES affections intestinales DE nature TROPHIQUE CHEZ

LES aliénés; par Thomas-Philip CowEi\. (The Journal of Mental

Science, avril 1895.)

On voit de temps en temps apparaître dans les asiles des diar-

rhées qui ne paraissent relever d'aucune cause précise. La diarrhée

simple se rencontre dans beaucoup de psychoses, particulièrement

dans la paralysie générale, où sa durée est ordinairement longue

et sa terminaison souvent funeste. A l'autopsie, on trouve soit de

la colite, soit de l'entérite, soit encore de l'entéro-colite, souvent à

forme ulcéreuse. On ne trouve habituellement à ces diarrhées

aucune des causes ordinaires. On observe deux variétés de cette

diarrhée, mais la seconde qui est aussi la plus grave, n'est proba-

blement qu'un état plus avancé de la première. Dans la première

variété les évacuations alvines sont aqueuses, fréquentes et ne

contiennent ni sang, ni excès de mucus; ordinairement il n'y a ni

fièvre, ni symptômes généraux graves. La guérison est fréquente,

bien que la terminaison puisse être funeste. On trouve rarement

des lésions intestinales manifestes.

Dans la seconde variété les selles sont fréquentes, s'accompa-

gnent de vomissements, de douleurs,souvent de ténesme, toujours

de symptômes généraux graves : elles contiennent souvent du

sang, du mucus, des lambeaux de muqueuse : la terminaison ordi-

naire est la mort : on trouve à l'autopsie des lésions inflammations

de l'iléon et du côlon, et souvent des ulcérations de la muqueuse.

Cette seconde variété est la plus fréquente : on l'observe surtout

chez les hommes et plus spécialement dans la paralysie générale.

Le début est soudain ou progressif : la durée varie de trois

semaines à trois mois. La perforation avec péritonite consécutive

est rare : la fièvre manque souvent; quand elle existe, elle est mo-

dérée et irrégulière. L'auteur décrit ici avec soin les altérations

anatomiques observées à l'autopsie : nous ne pouvons le suivre ici

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 349

dans cette description minutieuse et nous passons avec lui à l'inter-

prétation des faits signalés.

Tous les auteurs sont d'accord pour admettre que, en dehors de

certaines maladies (fièvre typhoïde, tuberculose), les altérations

anatomiquesdel'intestin grêle sont excessivement rares. Elles sont

assurément rares chez les aliénés, et l'auteur estime qu'elles relè-

vent chez ces malades du processus général de dégénérescence

qu'ils subissent, et ont pour origine une perversion nerveuse; aussi

propose-t-il, malgré ce que cette dénomination peut avoir de

vague, de les qualifier de trophiques ou de dystrophiques. Il base

cette opinion sur les raisons suivantes : il rareté des lésions ana-

logues chez l'homme non aliéné; 2° fréquence relative de ces

lésions chez les aliénés dégénérés; 3° absence de toute étiologie

appréciable; 4° concomitance avec d'autres lésions trophiques;

5° concomitance avec les affections du système nerveux central.

On sait qu'il n'est pas rare chez les aliénés dégénérés et en par-

ticulier chez les paralytiques généraux de rencontrer des lésions

trophiques, telles que l'atrophie de la peau, des muscles et des os,

des destructions de tissus (eschares au sacrum, abcès dits «abcès

des aliénés »), des éruptions herpétiques et huileuses, des formes

insidieuses de pneumonie probablement d'origine nerveuse, des

cystites aiguës d'origine trophique. Une ou plusieurs de ces

trophonévroses se rencontrent habituellement chez les malades

atteints des affections intestinales que l'on étudie ici :

On peut expliquer de la manière suivante la production des deux

variétés de diarrhée : A. Pour la diarrhée aqueuse, celle que l'on

rencontre si souvent dans la paralysie générale, elle parait due à

une irritation centrale du nerf vague. Buzzard, parlant de cette

forme de diarrhée chez les tabétiques, la rattache à une irritation

du noyau du nerf vague dans la moelle, et Bevan Lewis attribue

l'excès de liquide à la paralysie des nerfs splanchniques (nerfs

vaso-moteurs de l'intestin) et à la transsudation consécutive qui

s'effectue des vaisseaux sanguins vers l'intestin, et qui est encore

aidée par l'augmentation des mouvements péristaltiques. Cette

paralysie vaso-motrice est probablement la cause de la présence

d'Ilots plus ou moins congestionnés et explique aussi les hémor-

ragies. -l3.les ulcérations que l'on constate ont souvent cet aspect

arrondi et à l'emporte-pièce que l'on attribue d'habitude aux

influences trophiques, et dont le type est l'ulcère simple de l'esto-

mac. L'autre variété d'ulcération, celle qui se montre le plus

nettement dans la colite ulcéreuse, est probablement due à la

même influence : elle est produite par une propagation de l'irri-

tation des noyaux médullaires, donnant lieu à une inflammation

et à une ulcération trophique de l'intestin. Il est probable que

l'ulcération ainsi provoquée s'agrandit sous l'influence des microbes

de l'intestin, dont l'influence est très active sur des tissus de

380 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

résistance et de vitalité fort amoindries. L'action nocive du bacillus

coli est très énergique à ce point de vue. R. DE MUSGRAVE-CLAY.

XXXIX. SUR la MESURE DE L'EFFORT nécessaire POUR fracturer LES

CÔTES CHEZ LES aliénés ; par.Alfred-W. CAMP13ELL. (The Journal

of Mental Science, avril 183r.) ,

Tous les aliénisles connaissent la fréquence et l'importance

médico-légale des fractures des côtes chez les aliénés : M. Mercier

a imaginé un appareil fort ingénieux pour mesurer, en poids,

l'effort nécessaire pour déterminer sur le cadavre la force néces-

saire pour fracturer les côtes. L'auteur s'est servi de cet appareil

dans 158 cas, qui se répartissent ainsi au point de vue des formes

d'aliénation mentale : paralysie générale, 18 cas ; démence sénile,

12 cas; mélancolie, 9 cas ; démence consécutive, soit à la manie,

soit à la mélancolie, 8 cas; épilepsie, 4 cas; démence organique,

folie avec hallucinations et manie chronique, de chaque, 2 cas ;

manie aigué, 1 cas. Il est arrivé aux conclusions suivantes :

1° La résistance des côtes à la fracture, dans la paralysie géné-

rale est d'ordinaire considérablement inférieure à la résistance

normale. En prenant pour moyenne de l'effort nécessaire pour

fracturer la huitième côte chez l'homme adulte, le chiffre de

62 livres pour la face convexe et de 65 livres pour la face concave

(la livre dont il s'agit ici est la livre anglaise de 433 grammes),

on trouve que chez 13 paralytiques généraux du sexe masculin,

cet effort a été de 44,8 livres pour la convexité, et de 44,4 livres

pour la concavité.

2° Dans la folie sénile, la résistance des côtes à la fracture est

également très diminuée, et le fait est surtout manifeste chez les

femmes, car en prenant pour moyenne de l'effort nécessaire pour

fracturer la huitième côte chez la femme adulte le chiffre de

29 livres pour la convexité, et de 30 livres pour la concavité, on

trouve, dans six cas de démence sénile chez la femme, les chiffres

extrêmement faibles de 11,8 livres pour la convexité, et 11,3 livres

pour la concavité.

3° Dans presque toutes les formes d'aliénation mentale, la résis-

tance est diminuée : dans les 58 cas examinés, la moyenne de

l'effort nécessaire pour fracturer les côtes a été : pour les hommes

(35 cas), de 41,04 livres du côté de la convexité, et de 42,14 livres

du côté de la concavité; pour les femmes (23 cas), de 20,68 livres

du côté de la convexité, et de 28,90 livres du côté de la conca-

vité.

4° Le sexe joue un rôle important dans la diminution de la

résistance aux fractures ; chez les femmes, en effet, les côtes

paraissent être, aussi exactement que possible, de moitié moins

résistantes que chez les hommes.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 351

5° La résistance aux fractures varie proportionnellement à l'âge :

elle augmente d'une façon régulière depuis la jeunesse jusque

vers l'âge de trente-cinq ans, où elle atteint son maximum, puis

elle décroit progressivement.

6° Dans toutes ces expériences, la différence d'intensité entre la

force fracturante appliquée à la convexité de la côte et la force

fracturante appliquée à sa concavité a été moindre que celle que

l'auteur s'attendait à rencontrer. Dans la majorité des cas, la

résistance a paru un peu plus grande du côté de la concavité;

mais, en somme, l'écart est peu considérable.

L'auteur a eu l'excellenle idée de compléter ses recherches par

l'étude histologique des côtes soumises à ces efforts fracturants, et

il indique avec d'intéressants détails le résultat des investigations

micrographiques auxquelles il s'est livré ici ; ce qui en résulte d'une

manière très évidente, c'est que, dans tous les cas où la résistance

de l'os à la fracture est abaissée, l'examen histologique révèle une

altération des tissus qui concourent à constituer la force architectu-

rale de la côte. - R. de iIIUSGBAVE-CL : 1Y.

XL. Nouvelle contribution A l'étude DES rapports qui existent

ENTRE LES maladies chroniques DU rein ET la paralysie générale

DES aliénés; par Hubert-C. Bristowe. (The Journal of Mental

Scéezzce, julllet 9895.)

Ce travail est le complément de celui que l'auteur a publié dans

le Mental Science, et dont nous avons donné les conclusions; -,

M. Bristowe les maintient, et en se basant sur un nombre de faits

actuellement plus considérable, il continue à penser que les affec-

tions rénales, d'une forme ou d'une autre, sont extrêmement com-

munes dans la paralysie générale. Mais il est obligé de reconnaître

en même temps que, d'après les statistiques, il n'est pas aussi évi-

dent qu'il l'avait pensé que cette forme d'affection rénale soit tou-

jours la néphrite interstitielle. Il est certain que c'est celle-ci que

l'on rencontre dans la majorité des cas; dans d'autres cas, une

néphrite interstitielle qui existerait pourrait être masquée par

d'autres grosses lésions du rein. Il a observé au moins un cas dans

Jequella lésion, micruscopiquemenl douteuse, fut constatée à l'exa-

men microscopique. A ne considérer d'ailleurs que l'épaississe-

ment des artères de la pie-mère et l'accroissement de la tension

artérielle dans les gros vaisseaux, il serait bien surprenant de ne

pas trouver une altération rénale.

Plus l'auteur approfondit cette question, plus il incline à croire

que l'opinion de Gull et de Sutton est la vraie - ou tout au moins

est vraie, - lorsqu'ils soutiennent qu'il existe une maladie spé-

ciale qui est la sclérose artério-capillaire, et que, dans cette mala-

die, les reins sont communément atteints. Il ajouterait volontiers

352 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

que, dans certains cas, cette maladie peut aussi donner naissance

à une maladie du cerveau, et que cette maladie est la paralysie

générale des aliénés. R. M.-C.

XLI. La FOLIE CHEZ LES INDIGÈNES DE L'AFRIQUE DU SUD; par E. DUNCAN

f,REENLEES. (The Journal of Mental Science, janvier 1895.)

L'Afrique du Sud est peut-être l'un des pays où l'influence de la

race blanche est la plus accusée et où les effets nuisibles de la

civilisation sont le plus marqués sur la race indigène; celle-ci,

d'ailleurs, est trop mélangée actuellement avec les races voisines

pour que l'on puisse tenter de lui attribuer des caractères ethnolo-

giques propres.

Au point de vue des formes de la folie, on constate une prédo-

minance remarquable de la manie (321 cas de manie sur un total

de 473 aliénés). La paralysie générale est extrêmement rare : sur

le même chiffre d'aliéné*, l'auteur n'en a trouvé que 2 cas. Les

causes générales sont difficiles à préciser, car on ne connaît guère

l'histoire ou les antécédents des malades ; cependant il en est deux

qui ne peuvent guère être contestées : ce sont les excès alcooliques et

l'habitude de fumer le « dagga », plante très analogue au chanvre

indien.

L'auteur fait remarquer en terminant les avantages que présente

l'élude de la folie chez les peuples primitifs ; le cerveau indigène

est très analogue au cerveau d'un enfant européen ; à bien des

égards, les attributs mentaux de ces peuplades ressemblent à ceux

d'un enfant; de là des aspects nouveaux bien faits pour intéresser

l'observateur. R. M.-C.

XLII. TROIS cas DE GUÉRISON DE H mélancolie après UNE très

longue durée DE lv maladie ; par James NEIL. (Tlte Journal of

Mental Science, janvier 1895.)

Chez ces trois malades, la mélancolie avait duré respectivement

onze ans, neuf ans et demi et sept ans. Le premier de ces cas est

le cas le plus prolongé de mélancolie aboutissant à la guérison

que l'auteur connaisse, exception faite pour un cas rapporté par

le Dl' Blandford, et qui avait duré treize ans. Les trois malades

avaient présenté des symptômes qui sont généralement considérés

comme ayant une signification pronostique défavorable. La gué-

rison a été complète dans les trois cas. R. M.-C.

LIIt. Fréquence DES affections rénales constatées A l'autopsie dans

LES ASILES, LEURS RAPPORTS AVEC L'ALCOOLISME ET LA FOLIE; par

Hubert Bond.

L'auteur a fait 15r autopsies; or, 74 fois, soit dans 48 p. 100 des

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 3S3

cas, il a trouvé des altérations du rein. Cette proportion ne corres-

pond en aucune façon à celle des antécédents alcooliques chez ces

malades. Les affections rénales ne semblent donc pas une consé-

quence d'une intoxication préalable mais plutôt la cause d'une

auto-intoxication qui entraînerait les troubles mentaux secondaires.

(British médical journal, 2 mars 1895.) A. M.

XLIV. Deux cas d'hystérectomie SUIVIE d'accès d'aliénation mentale;

par Macpherson LAWRIE. (British medical journal, 19 janvier

1893.)

L'une des malades était âgée de quarante-trois ans, l'autre de

soixante-six ans, sans tare héréditaire connue. La première ma-

lade mourut en pleine manie aigué, l'autre guérit après un accès

anxieux.

A signaler dans le même numéro deux cas de tétanos traités par

l'antitoxine. Le traitement réussit chez l'adulte, chez l'autre il

n'empêcha pas la mort. C'était un enfant nouveau-né d'ailleurs.

(Drs Marriot et L.LCy-Firth,) A. M.

XLV. Extraits D'UN rapport DU comité DES maladies mentales ET

nerveuses; par VHIT<<'ELL. (Occidental médical Time, mai 189 )

Le comité émane de la Société médicale de Californie. Ce rap-

port est d'autant plus intéressant que l'État de Californie a adopté

le principe que l'on propose d'adopter en France, de la comparu-

tion de l'aliéné devant les magistrats. Chaque fois qu'un individu

est signalé comme aliéné, il doit être cité à comparaître devant

le juge. Il en résulte des situations particulièrement regrettables et

même scandaleuses, comme la comparution d'un typhoïde avec

délire ou d'une mélancolique puerpérale.

Le comité réclame le retrait de ces examens aux juges pour

qu'ils soient confiés uniquement aux médecins seuls compétents.

C'est la mesure que requiert d'urgence la sollicitude vraiment

éclairée à l'égard des aliénés. A. M.

XLVI. La folie chez les Malais; par Gilmore Elles de SINGAPOORE.

Amok et sakit-hati, tels sont les deux noms donnés aux deux

grandes formes d'aliénation mentale qu'on observe chez les

Malais. L'amok est un raptus homicide, manie impulsive rappe-

lant l'épilepsie par l'automatisme brusque de l'impulsion ambula-

toire. Le malade se précipite dans une foule frappant tous ceux

qu'il rencontre devant lui. Le sakit-hati est au contraire une sorte

d'hébétude avec dépression et confusion mentale. Les deux formes

peuvent alterner comme dans la folie circulaire. A. M.

Archives, 2e série, t. I. 23

z354 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

.XLVII. Observation DE paralysie générale associée A une atrophie

musculaire progressive; par P. SCHUSTEIt. (Neurolog. Centralbl.

XIV, 1895.)

- Démence avec idées de grandeur, immobilité pupillaire réflexe,

hypoalgésie dans les jambes (moindre à la parlie supérieure du

corps); atrophie musculaire extrême. Il s'agit évidemment de deux

maladies, car l'un des complexus morbides (l'atrophie) précédait

l'autre (la démence paralytique) de huit années.

L'auteur établit le diagnostic d'avec la névrite atrophique par

exemple du tabes dorsal, d'avec la névrite mulliloculaire avec

atrophie, d'avec la syringomyélie. Conviendrait-il d'admettre deux

groupes de cas : celui du type actuel et un autre dans lequel

- la paralysie générale précéderait l'atrophie ? On ne sait. Y aurait-il

lieu de tenir pour accidentelle la coexistence de la paralysie géné-

rale et de l'atrophie, ou de considérer cette coexistence comme

due à la même cause ? La même cause ou la communauté d'ori-

gine est supposable lorsqu'en peu de temps se succèdent les deux

maladies. Et alors, comme dans notre cas, la syphilis peut être

rendue responsable des deux maladies. Mais le long intervalle de

temps écoulé entre les deux maladies est un argument contre la

poliomyélite antérieure syphilitique. Il n'en faut pas moins, pour

juger de la question, examiner avec précision les cornes anté-

rieures des nombreuses moelles de paralytiques généraux. P. K.

XLVIII. Des paralysies psychiques ; par C. S. Freund.

(Neurolog. Cent1'anl., XIV, z.)

Les paralysies hystériques sont des paralysies psychiques, mais

toute paralysie psychique n'est pas hystérique. La paralysie psy-

chique est une paralysie centrale qui porte sur des formes déter-

minées du mouvement mais non sur quelques muscles isolés. Dans

ces paralysies, les mouvements sont suspendus exactement dans

l'ordre où l'exercice les avait fait acquérir, de sorte qu'il peut y

avoir perte fonctionnelle de tout un membre aussi bien que d'un

mouvement isolé. En d'autres termes, les mouvements volontaires

sont l'expression extérieure de certaines conceptions qui, elles,

sont le résultat de notre expérience.

Comment donc acquérons-nous nos conceptions, c'est-à-dire

l'expérience. De quelle manière et en quel lieu s'effectue le travail

mental correspondant aux mouvements acquis par l'expérience ?

D'après la théorie des unités psychiques corticales, de l'onde

moléculaire constituant la perception élémentaire, et des centres

sous-corticaux chargés d'élaborer les excitations centrifuges

(H. Sachs), l'image commémorative des impressions n'est autre

chose que la synergie des cellules reliées entre elles par des

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. "355

faisceaux d'association bien exercés et se transmettant les ondes

moléculaires qui s'y forment. Le substratum physiologique préé-

tabli, c'est la constante de l'énergie psychique. Loi, d'après laquelle

la somme des tensions de toutes les ondes moléculaires existantes

est presque constante chez certains individus dans les limites de

certains facteurs de temps. Avec l'âge, avec la nutrition, consécu-

tivement aux perturbations physiologiques dues à la fatigue, cette

quantité d'énergie psychique peut varier. De cette loi résulte que,

pour que de nouvelles conceptions deviennent conscientes, il faut

et il suffît que celles qui ont été antérieurement emmagasinées dimi-

nuent, et qu'en outre, l'intensité, c'est-à-dire la hauteur absolue

d'un groupe donné de conceptions soit toujours en rapport inverse

avec leur expansion puisque cette hauteur absolue est la résultante

'des ondes élémentaires constitutives du groupe conceptuel.

Les conceptions du mouvement forment, ainsi, les anneaux de

ces innombrables chaînes d'associations par lesquelles il nous faut

nous représenter reliées entre elles les diverses parties de notre

écorce cérébrale. C'est le jeu des ondes qui projette au-dessus du

seuil de la conscience ces conceptions, ou au contraire qui les

attire au-dessous du seuil.

Tel est le canevas de cette étude.

La finale, c'est que les fibres d'association peuvent être arrêtées

dans leur fonctionnement à raison d'un défaut de répartition de

la provision limitée d'énergie psychique nécessaire aux mouve-

ments. En ce cas, il y a arrêt de mouvements, paralysie psychique

pour l'ensemble du territoire des fibres d'association. Et cela, sans

qu'il y ait de perturbations anatomiques localisées, puisque, par

toute l'écorce du cerveau, il y a dissémination des unités corticales

et de leurs fibres d'association, qui ne sont enchaînées que par

l'exercice résultant de l'expérience.

La classification des paralysies psychiques se résume en : paralysie

psychique généralisée par abdication de l'ensemble de la vie concep-

tuelle ou stupeur, et paralysie psychique d'une partie du corps par

le détournement dans d'autres groupes conceptuels de la provision

d'énergie psychique, ou par l'absence ou l'insuffisance de la quan-

tité absolue d'énergie psychique (exemple l'hystérie). Il y a une

modification des rouages attractifs des fibres d'association excito-

motrices, chargées de tensions moléculaires.

L'organe de l'intelligence est en effet non point l'écorce du cerveau

en général, mais le système des fibres d'association. P. K.

XLIX. RECHERCHES SUR la genèse DES accès D'ÉPILEPSIE;

par W. DE Bechterew. (1\'eurolog. Cent¡'aU,l., XIV, 1893.)

Expériences sur les chiens et les chats.

Conclusions. - L'excitation des centres corticaux du cerveau

jeu REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

peut, chez l'animal adulte, provoquer des accès d'épilepsie. Les

régions de la base, si tant est qu'elles participent à cette genèse,

contribuent surtout à en engendrer l'élément tonique. Ces dernières

régions (protubérance et bulbe) pourront provoquer l'épilepsie,

dans les cas d'excitation mécanique de la protubérance, de com-

motion cérébrale, d'intoxication, mais il faut que l'écorce inter-

vienne, car c'est son excitation qui imprime aux convulsions le

caractère épileptiforme. P. KERA\'AL,

L. Observation DE métastase carcinomateuse D1`1S la CIRCONVO-

LUI'ION DU corps calleux; part. MURATOW. (IVeu ? ,olog. C27tG>'CILL.,

XIV, 1895.)

Une femme qui se plaint de douleurs abdominales est hémipa-

rétique du côté droit, cette hémiparésie est survenue brusquement.

Elle éprouve des vertiges. La parole est demeurée indemne. Il

existe un cancer ovarien qui a envahi le mésentère. Toute la cir-

convolution du corps calleux gauche est envahie par un néoplasme

qui est limité, en arrière, par le lobule paracentral. Il n'y a plus

à proprement parler de circonvolution du corps calleux au niveau

des ascendantes; la partie interne de la capsule interne est altérée.

P. K.

LI. Contribution A la symptomatologie DE L1 paralysie générale

ET DE l'épilepsie; par H1LLENBERG. (Neurolog. Cent1'ulbl" XIV,

1893.)

Etude très complète dont nous extrairons le principal.

Dans la paralysie générale (48 h., 12 f.) comparée à un nombre

égal de déments, l'auteur a examiné l'analgésie cubitale, la sensi-

bilité cutanée, celle des pupilles. Sur le premier chef, il enregistre

les mêmes résultats que Cramer; il y a analgésie cubitale chez

90 p. 100 des paralytiques généraux; chez 79 p. 100 les déments

ordinaires présentent la réaction normale. En ce qui concerne la

sensibilité culanée, ses résultats concordent avec ceux de Korufeld

et Bikeles; l'anesthésie n'est qu'un phénomène rare du complexus

symptomatique de la paralysie générale. Les pupilles sont, chez

les paralytiques, généralement égales et de moyenne largeur;

l'immobilité pupillaire s'y combine surtout à la disparition du

phénomène du genou ; après cela, comme degré de fréquence,

on constate la conservation de la réaction pupillaire associée à l'exa-

gération du phénomène du genou.

Dans l'épilepsie (26 h. 27, f.), l'analgésie cubitale est un signe de

la maladie, quand on n'a pas affaire à de la paralysie générale ;

notamment s'il s'agit d'épilepsie dite psychique, sans attaques

convulsives nettes. P. K.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 357

LII. Une observation DE PSYCHOSE menstruelle avec GOITRE ET

EIOPUTAL : \11E périodique; par E. Thomas. (Allg. Zeitsch. f. Psy-

chiat" LI, 3.)

Il s'agit d'une fillette intelligente, de famille tarée. A l'âge de

dix-huit ans, elle reste en stupeur pendant un an. L'accès récidive

à l'âge de vingt-six ans; cette fois on constate une tumeur de goitre

avec exophtalmie; à l'époque des règles, que celles-ci apparaissent

ou non, courts accès d'agitation, souvent extrêmement vive, pen-

dant lesquels, le goitre et l'exophtalmie diminuent. Au moment

du déclin de l'agitation, l'administration de digitale pendant

dix jours empêche la stupeur de revenir. L'auteur en conclut que

la stupeur avait pour facteur une stase veineuse intra-cérébrale

qui augmentait la tension intra-orbitaire et thyroïdienne.

P. KERAVAL.

LUI. Contribution A L'ÉTUDE DES altérations DE l'urine dans LES

MALADIES MENTALES, ET, EN PARTICULIER, DANS LA PARALYSIE PRO-

GRESSIVE des aliénés; par P.-R. SIEGMUND. (Allg. Zeitsch, f. Psy-

chiat. LI, 3.)

La glycosurie (réactif de Nylander) existait chez les paralytiques

généraux (52,30 p. 100), les épileptiques (7,4 p. 100), les déments

(3î7 p. 100). Elle faisait défaut chez tout autre aliéné.

P. K.

LIV. Paralysie hystérique avec contracture ET troubles mentaux ;

par le Dr II. Bonnet.

Il s'agit d'une jeune fille de dix-huit an, atteinte d'hémiplégie

du coté gauche avec contracture des mains, hémianesthésie et

amaurose de l'oeil droit ; il existait en même temps un état mélan-

colique avec cauchemars, hallucinations. La malade présentait

aussi des lésions de tuberculose au début aux deux sommets.

Le traitement institué a été le suivant :

Electricité à courants continus, huile de foie de morue, bains de

mer chauds, phosphure de zinc, peptonate de fer. Quelque temps

après le début de la médication, on fit tous les deux jours et pen-

dant quinze jours deux injections de un centimètre cube et demi

chacune de sérum.

Au bout de trois mois, les troubles de la motilité et de la sensibi-

lité avaient disparu; la vision avait reparu ; la poitrine n'offrait

plus rien d'anormal et les conditions psychiques étaient redeve-

nues naturelles. (Annales médico-psychologiques, janv. 1890.)

E. B.

358 REVUE DE PATHOLOGIE. MENTALE.

DIIUX cas DE folie hystérique d'origine infectieuse;

par le Dr Taty.

Déjà connus depuis quelques années comme agents provocateurs

= de l'hystérie, les agents infectieux tendent à prendre la valeur

d'un facteur étiologique capable de créer la maladie de toutes

pièces. A l'appui de cette idée l'auteur présente deux observations :

Dans le premier cas, il s'agit d'une malade de vingt-trois ans,

sans antécédents héréditaires, chez laquelle sont survenus, consé-

cutivement à une infection puerpérale, des troubles hystériques

caractérisés par des phases diverses d'agitation, de confusion men-

tale, de demi-stupeur, de pseudo-catalepsie avec conservation de la

conscience. '

Chez la deuxième malade, au lieu de voir la folie hystérique

succéder cliniquement à une infection primitive, c'est l'hystérie

qui ouvre la marche par des accidents convulsifs et de la stupeur.

L'infection originelle ne s'est révélée que tardivement, mais avec

des allures si sournoises et cependant des lésions si graves que

l'auteur estime que l'agent infectieux, qui devait plus tard donner

naissance à une tuberculose pulmonaire et enlever rapidement la

malade, couvait depuis longtemps dans l'organisme et préparait son

terrain, manifestant seulement son sourd travail par les troubles

cérébraux et nerveux. (Annales médi';o-psyclwlogi'1ues, déc. 1895.)

E. B.

LVI. La folie chez LES nègres; par le D'' BABCOCK.

Sous le nom de nègres, l'auteur comprend les individus de race

africaine, qu'ils soient nègres pur sang ou demi-sang.

D'après divers témoignages, les maladies mentales sont incon-

nues chez les tribus sauvages africaines. De même la folie était rare

chez les esclaves des Etats américains du Sud.

Depuis l'émancipation, la folie est devenue de plus en plus com-

mune chez le nègre ; alors qu'en 1860 la folie était cinq fois moins

fréquente chez le nègre que chez le blanc, elle ne l'était plus que

trois fois en 1870 et deux fois en 1880.

D'après la dernière statistique de 1890, il y avait un aliéné

sur 1,364 nègres dans les Etats du Sud, un sur 542 dans les Etats

du Nord et un sur nô dans les districts et territoires. Et même

dans l'Etat de Virginie, l'accroissement des cas de folie dans la race

noire a été, depuis vingt-cinq ans, de 100 p. 100 tous les dix ans.

Les nouvelles conditions d'existence intellectuelle, matérielle et

sociale créées par l'émancipation, succédant brusquement à l'inac-

tion cérébrale la plus complète, suffisent à expliquer cet accrois-

sement énorme des cas de folie.

Un fait intéressant dans l'étude de la folie chez la race nègre,

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 3J·

c'est la rareté de la mélancolie et la fréquence, relativement bien

plus grande que chez le blanc, de la manie. Depuis quelques années

on a rencontré chez le nègre certaines formes de maladies men-

tales qu'on n'avait jusque-là rencontrées que chez le blanc : la

paralysie générale, la dipsomanie, l'intoxication par l'opium. Les

idées de suicide sont relativement rares chez le nègre. (The alienist

and nell1'olo[]ist, oct. 1895.) E. B.

LVII. La RACE dégénère-t-elle ? par le D''T.1LDOT.

Prenant pour définition de la dégénérescence celle qu'a donnée-

Morel, l'auteur montre que les signes de dégénérescence sont fré-

quents, puisqu'on en constate dans riz cas pour 100 chez les alié-

nés, dans 74 p. 100 chez les ivrognes, dans 39 cas pour 100 adultes

pris au hasard. De là à proclamer la dégénérescence de la race, ce

serait peut-être tirer une conclusion trop absolue, mais la société

doit profiter du premier pas fait dans l'étude de la dé" énérescence.

par la découverte des stigmates de dégénérescence, car la race

porte en elle les germes de sa propre destruction. (The alienist and'

neurologist, oct. 189.) A. B.

LVIII. La race DÉGËNËKE-T-ELLE ? par le D1' B.1\NIS-rElt.

L'auteur s'élève contre la théorie de Nordau, d'après laquelle la

race dégénère. Non, la race et en particulier la race américaine ne

dégénère pas; si certains de ses membres ont dégénéré, on peut,

dire que la race type s'est élevée à un degré plus élevé tant au

point de vue physique qu'au point de vue intellectuel.

Près de la moitié des cas de folie sont constatés chez des immi-

grants que leur nouveau genre d'existence a placés dans des con-

ditions spéciales. Sans médire de nos ancêtres, dit l'auteur, il y a

tout lieu de croire qu'ils avaient, en proportion, autant de vices

que leurs descendants et sous le rapport de la moralité, aussi bien

que de l'organisation sociale et politique, nous avons suivi depuis

un siècle une large voie de progrès. (The alienist and neurologist,.

oct. 1895.) E. B.

HX. La race DÉGÉ`IÈtiE-T-ELLE par le Dr KIERNaN.

Il est une loi psychologique observée par Maeautey, c'est que la,

société, tout en suivant un mouvement progressif en avant, a une

tendance générale à regarder le temps passé avec un sentiment de-

regret. De cette disposition générale de l'esprit humain a résulté

de tout temps une sorte de pessimisme populaire que des données

scientifiques sont venues, au cours de ce siècle, renforcer de leur

autorité en proclamant la notion de la dégénérescence de la race.

L'auteur réfute successivement les divers témoignages apportés-

iJ60 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

par les auteurs l'idée d'une dégénérescence delà race : tendances

littéraires actuelles; instabilité sociale; accroissement du nombre

des criminels; fréquence plus grande de la folie; diminution du

chiffre de la natalité et augmentation du nombre des enfants du

sexe féminin; enfin, le goût montré par les femmes pour les occu-

pations masculines, en même temps que l'émancipation de la

femme.

L'auteur montre combien cette dernière notion est fausse en

s'appliquant à une idée de dégénérescence, car elle représente bien

plutôt une marche en avant sur le chemin de la perfection, car,

comme le dit Shelley, « comment l'homme peut-il être libre, si la

femme est uue esclave ? » Les partisans de la dégénérescence

semblent ignorer la bienfaisante loi biologique par laquelle l'es-

pèce, en cas de dégénérescence, tend à la restauration du type.

En résumé, la race n'a pas dégénéré, mais elle a commencé, au

contraire, « à se mouvoir en avant, perfectionnant la bêle et lais-

sant s'éteindre en elle le singe et le tigre ». (The alienist and neu-

olorist, oct. 1893.) E. B.

,- ? \.y J ?

'ICVI ? DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

c.. '\... ?

LXI. DEUX cas DE TUMEUR DU canal rachidien comprimant la moelle ;

par MM. RAYMOND et NAGEOTTE. (Journal de neurologie et d'hypno-

logie, n01 1 et 2.)

Une erreur de mise en pages ayant fait paraître l'analyse de la

Note très intéressante de notre ami, le professeur Raymond, sans

les figures', nous avons cru devoir l'insérer de nouveau telle qu'elle

devait être. B.

Le premier cas concerne un homme de vingt-six ans chez lequel

l'affection débuta par des sensations douloureuses dans les mem-

bres inférieurs et par une faiblesse croissante. En même temps

survinrent des douleurs en ceinture et une névralgie du sep-

tième espace intercostal gauche. A l'hôpital on constate une para-

plégie spasmodique qui , au bout de quelque temps, devint

flasque en même temps que disparaissaient tous les phénomènes

douloureux. Anesthésie remontante jusqu'à la huitième vertèbre

' Ces figures ont été mises à notre disposition par le D' I. Crock,

rédacteur en chef du Journal de Neurologie.

Observation I. La tumeur vue obliquement par derrière ajjrès " *

ablation des arcs et d'une partie des corps vertébraux. Prolonge-, \ )

ment dans le canal rachidien et dans la gouttière vertébrale ? " v ?

'Ouscav·.mov I. - Prolongement sous-pleural de la tumeur.

N, nerf intercostal visible sous la plèvre réclinée, à la partie

inférieure de la tumeur.

1% i. 21.

Observation 1. Coupe de la moelle un peu au-dessus du point le plus

lésé, (coloration de Pul). Elargissement des travées vasculaires qui cir-

conscrivent des îlots où la myéline désintégrée est restée sur place.

Fig, 22.

Observation Il. - Prolongement intra-rachidien de la tumeur qui vient

comprimer la moelle et semble situé sous l'arachnoïde, alors qu'en

réalité il est coiffé de la dure-mère adhérente et amincie.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 363

dorsale, troubles sphinctériens. Mort quatre mois après le début

des accidents par tuberculose pulmonaire.

A l'autopsie on trouva une tumeur violacée paraissant s'être

développée primitivement dans le sixième trou de conjugaison

dorsal droit : un des prolongements de la tumeur s'étendait sous

la plèvre, l'autre sous les muscles des gouttières vertébrales, le

troisième dans le canal rachidien où il comprimait la moelle.

Dans le second cas, il s'agit d'un homme de qnarante-neuf

ans qui se plaignit d'abord de fourmillements dans la plante des

pieds et d'une faiblesse des jambes qui augmenta peu à peu.

Bientôt cet homme fut atteint d'une paralysie spasmodique, de

contractions douloureuses et de troubles sensitifs variés dans les

membres inférieurs, consistant principalement en une déforma-

tion syringomyélique plus ou moins complète. Paralysie des

Fi ! J,23.

UI3sEW'A'l'10\ II. - Prolongement de la tumeur dans le canal de conju-

gaison, vu par en dessous après désarticulation de la vertèbre infé-

rieure.

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Fig.'21,

Observation II. Coupe de la moelle et de la tumeur; D M, dure-mère; S, smface de section séparant la

partie intra-rachidienno de la tumeur; lt A, racine antérieure tuméfiée.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 365

sphincters, crises pseudo-angineuses, léger nystagmus. Mort par

broncho-pneumonie dix mois après le débutdes accidents.

A l'autopsie on trouva un sarcome logé dans le huitième trou de

conjugaison dorsal droit comprimant la moelle par un prolonge-

ment intra-rachidien. Dans les deux cas la lésion médullaire était

de même nature : il s'agissait d'une myélite diffuse transverse qui

altérait les cylindraxes sans les sectionner complètement, il leur

eût été dès lors possible de remplir leurs fonctions si la cause de

leur altération, c'est-à-dire la compression de la moelle, avait été

supprimée. Les constatations histologiques dans ces deux cas

étaient donc en faveur d'une intervention chirurgicale.

G. DENY.

LXII. SURDITÉ ET aphasie hystériques chez UN homme;

par le D'' EmoRy SANPIIEAR.

Il s'agit d'un homme de quarante-deux ans, teneur de livres,

qui, après quelques excès alcooliques et génitaux se réveilla un beau

matin avec une surdité et une aphasie motrice complètes avec des

fourmillements dans tout le côté droit. L'examen du malade montra

une hémianesthésie complète du côté droit, de l'abolition des

réflexes. La surdité et l'aphasie ont rapidement cédé à un trai-

tement hydrothérapique.(2'/ie afezisi andneurologisl, octobre 1895.)

E. B.

LXIII. UN cas d'acromégalie dans LE gigantisme ; par \YODS IIUT-

jcHmsorr. (The Amer. Jour, of the médical science, août 1893.)

Il s'agit d'une géante française, lady Aama, qu'on exhibait en

public et qui mourut le 27 février 1893 à Jowa. Elle mesurait

6 pieds pouces 3/4 (2m,02) et paraissait avoir dix-sept ans. Elle était

morte d'une attaque de grippe survenue au cours d'une cachexie

déjà vieille. C'était le quinzième enfant d'un pauvre laboureur et ses

frères et soeurs étaient de taille moyenne. Son intelligence était

faible. La mort l'a surprise comme sa taille croissait encore. Son

corps était très émacié; ce qui frappait, c'était le petit développe-

ment de la poitrine et du tronc relativement à celui des membres.

La longueur du membre inférieur mesurait 47 pouces (li, 193), soit

presque 60 p. 100 de la hauteur totaledu corps. Or, suivant le canon

de Blanc (Anatomie a1'tistique de Duval), qui était, paraît-il, suivi par

les anciens artistes égyptiens, la longueur du membre inférieur

représenterait normalement les 10/19 de la hauteur totale (soit

environ 52 p. 100). De même le membre supérieur mesurait

37 pouces (os, (30) et, d'après le même canon, il n'aurait dû avoir

que 33 pouces 1/3 (0 ? 8r0).

D'autre part, le sternum mesurait 8 pouces 1/4 (0m,209) ou seu-

366 .REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

lement 1/4 de pouce (os,006 environ) de plus que celui d'un

homme adulte moyen (Duval), et la clavicule 7 pouces (os,177) ou

seulement 1 pouce (0m,0234) de plus que le même étalon. La main

qui, dans le canon artistique, représente le 1/10 de la hauteur

totale était égale chez cette femme au 1/7; les doigts étaient longs,

de grosseur uniforme et aux extrémités carrées; le pied était aussi

très gros; de même la mâchoire et les os du nez. Au contraire, le

crâne avait une circonférence à peine au-dessus de celle d'une

femme moyenne, 21 pouces 1/8 (0 ? 53G) au lieu de 20 pouces

(dom, 508).

Les glandes mammaires étaient complètement absentes ; et la

circonférence de la poitrine avait seulement 2 pouces (os,05) de

moins que celle des hanches. Le coeur était d'une grosseur légère-

ment au-dessus de la moyenne, tandis que les poumons semblaient

plutôt petits. La rate, très grosse, pesait 2 livres. La glande

thyroïde paraissait normale de poids et d'aspect.

Le cerveau était pâle et, à cause de la tardiveté de l'autopsie,

dans un état de semi-dégénérescence telle qu'il était difficile de

l'enlever entier. Pour la même cause, le corps pituitaire, qui était

grandement hypertrophié, fut arraché en l'enlevant du cerveau ;

ses dimensions ont pu être déterminées par celles de la fosse pitui-

taire, dont les diamètres antéro-postérieuret transverse mesuraient

respectivement 1 pouce 1/4 (0m,031) et 1, pouce 1/2 (os,038), Le

poids du cerveau, après durcissement dans l'alcool, était de

36 onces (737 gr. 10), soit 8 onces (226 grammes) au-dessous de la

moyenne pour la femme. Les méninges étaient saines.

Les organes génitaux étaient anormaux, et les grandes lèvres

peu développées; le clitoris au contraire, extrêmement proéminent,

1 pouce 1/2 (dom, 038), ressemblait à un petit pénis. La malade

passait d'ailleurs pour hermaphrodite. Le vagin était petit et

étroit, à peine capable d'admettre l'index. Les organes génitaux

internes étaient plus ou moins atrophiés.

Les os étaient spongieux, dans un état d'ostéoporose. On pouvait

facilement enlever les dents de leurs alvéoles et on aurait pu briser

les côtes avec un léger effort. Les os, quoique plus grands, étaient

à peine plus lourds que la normale. Les sinus osseux crâniens

étaient très élargis et leurs parois très minces.

L'auteur donne différentes mensurations portant sur le tronc, le

bassin et les membres. Dans ses considérations générales, il parait

admettre que l'hypertrophie du corps pituitaire est la principale

lésion de l'acromégalie; puis il recherche les rapports qui peuvent

exister entre l'acromégalie et le gigantisme. Il pense que, dans

beaucoup de cas, les géants sont des malades ayant peu de vitalité

et mourant jeunes, et aussi que le processus acromégalique, sur-

venant dans l'enfance ou dans la période embryogénique, allon-

gerait les os comme il les épaissit dans l'âge adulte. Quel est le

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 367

rôle du corps pituitaire ? Bien que mystérieux et indéfinissable

encore, il semble devoir être principal dans la pathogénie de l'acro-

mégatie.

L'auteur en finissant fait remarquer que le corps pituitaire qui

est hypertrophié dans l'acromégalie, si souvent liée au gigantisme,

serait au contraire atrophié chez les crétins et les nains. Enfin,

d'autre part, ajoute-t-il, iessingesanthropoïdesqui, par la mâchoire,

les sinus frontaux, les mains, les pieds et la cyphose dorsale rap-

pellent les acromégaliques, présenteraient dans certains cas une

fosse pituitaire très excavée. E. T.

LXIV. Alopécie localisée dans un cas D'HYSTliRO-\EUrt-15THÉN1E

TRAUMATIQUE; par le Dr P. LADamE.

Observation d'un malade qui, tombé d'un échafaudage placé

entre le deuxième et le troisième étage d'une maison en construc-

tion, et n'ayant présenté d'autre blessure immédiate qu'une plaie

des parties molles au niveau de la bosse pariétale gauche, resta

atteint d'hystéro-neurasthénie traumatique de forme classique.

Le point intéressant de l'observation réside dans une calvitie

précoce nettement localisée au voisinage de la cicatrice de 4 cen-

timètres, située au niveau de la bosse pariétale gauche. Depuis

l'accident, en effet, le malade a perdu abondamment ses cheveux

dans toute cette région qui, du reste, est hyperesthésiée, et il n'en

reste que quelques rares mèches clairsemées qui témoignent des

limites primitives de sa chevelure. La peau ne présente, à cet

endroit, aucune altération : elle est parfaitement lisse et polie.

(Revue neurologique, janvier 1896.) E. B.

LXV. Du bégaiement hystérique; par B. S. GLIEIDENBERG. (. ! YeM)'0.

Centmlbl" XIV, 1895.)

Trois observations. Symptômes plus ou moins marqués de l'hys-

térie Le bégaiement survient toujours brusquement ; dans la

première observation, après un très fort accès d'hystérie dans

la deuxième, après une secousse morale-dsns la troisième, après

du surmenage physique. Dans les deux premières observations,

rapport étroit du bégaiement avec la mutilé ; dans la troisième le

bégaiement reste seul.

Signes différentiels du bégaiement hystérique : 1° il ne date pas de

l'enfance - 2° il survient et cesse brusquement - 3° il n'a pas

la marche intermittente 4° il persiste pendant que cessent le

trouble respiratoire et les convulsions des muscles de la face -

5° il s'accompagne d'autres signes de l'hystérie (Higier, Remak).

Pathogénie. Tous les troubles de la parole hystériques, surve-

nant à la suite d'une forte et soudaine secousse nerveuse, résultent

368 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

d'une brusque détente des éléments nerveux du centre de la

parole placé dans l'écorce du cerveau. Tant que dure cet épuisement

du cerveau, tant que les éléments nerveux, ou quelques-unsd'entre

les éléments nerveux du cerveau sont privés de leur énergie spéci-

fique et ne peuvent fonctionner, persiste la perte correspondant de

la parole (mutilé, aphasie). Quand cet état s'est dissipé, la parole

revient. Généralement cette restitution est soudaine, mais parfois

elle a lieu lentement, graduellement, parfois aussi, avec une

période intermittente de bégaiement. A cet égard les troubles de

la parole hystériques ressemblent aux troubles moteurs poslhémi-

plégiques. Ceux-ci tiennent à une interruption entre la zone mo-

trice et les organes terminaux périphériques. Même chose se passe

pour le bégaiement hystérique; si l'interruption est totale, il y a

perte totale delà parole (aphasie); est-elle incomplète, il y a une

espèce d'athétose qui est le bégaiement. La seule différence c'est que

dans ce dernier cas (de l'hystérie) l'interruption est fonctionnelle

et non organique. Un épuisement incomplet des éléments corticaux

donne une parole choréiforll1e (observation 111), le même phéno-

mène a lieu quand la restitution du courant nerveux a lieu. C'est

une sorte de trouble comparable aux troubles moteurs posthémi-

plégiques c'est-à-dire une alternance entre, la période de paralysie

complète et les troubles moteurs variés, alternance produite par

exemple par un substratum anatomique oscillant, tels les hémorrha-

gies capillaires, l'excès de pression due aux tumeurs cérébrales. P. K.

LXVI. L'algésiomètre DE iIOTSCIlUT60R'SRY ET L'ALGÉSI31ÈTRE DE IIESS;

par HEss. (Neurolog. Centralbl., XIV, 1895.)

Etude critique des deux instruments, de leur graduation, de leur

utilisation : c'est affaire d'application. P. K.

LXVII. Contribution A la QUESTION DES équivalents de la migraine;

par A. 13,Rr. (Neurolog. Cent1'albl" 1V, 1895.)

C'est l'observation d'une dame de cinquante et un ans atteinte de mi-

graine héréditaire dès sa plus tendre jeunesse ; il arrive que la migraine

disparait pour une période de deux à trois mois pendant laquelle arri-

vent des accès de gastralgie ou plutôt ces accès de gastralgie, coexis-

tant jadis avec la migraine, se montrent d'une violence exception-

nelle quand la migraine disparaît. Commeil nesaurait être question

d'affection organique de l'estomac, de neurasthénie, d'hystérie, la

gastralgie remplace la migraine. P. K.

LXVIII. UN cas d'intoxication saturnine A symptômes extrêmement

rares; par JANOWSKI. (I1 ezcrolo7. Centr«lhl., XIV, 1895.)

Ouvrier de vingt-sept ans, travaillant à la soudure de conduites

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 369

d'eau et maniant du minium.Il y a trois ans, paralysie de l'extrémité

supérieure gauche qui disparait quatre mois plus tard. Le second

accès d'intoxication se traduit par une excessive irrégularité du

pouls; celui-ci devient très petit, il y a embryocardie, paralysie

partielle du facial droit ou plutôt des deux rameaux inférieurs de

ce dernier, myosis avec diminution de la réaction à la lumière de

la pupille droite. P. KERAY AL,

LXIX. Sur une forme très rare DE scoliose alternante

dans la sciatique; par H. HiGIER. (Neu1'01o ! J. Centralbl., XIV, 1895.)

Il y a trois espèces de scolioses dans la sciatique. La scoliose

croisée (Gussenbauer et Albert, Ballet et Babinski), la scoliose

homologue de Brissaud, enfin, la plus rare, la scoliose alternante,

caractérisée par un changement de la direction de l'incurvation

dans le cours même de la sciatique.

De la scoliose alternante il y a trois types : le lype Remak, le type

Phulpin, le type Higier. Les types Phulpin et Higier ont les carac-

tères communs suivants : il s'agit d'une sciatique assez opiniâtre,

siégeant à la fois sur les rameaux sacrés et sur les rameaux

lombaires, constituée plutôt par une névrite que par une névralgie

ordinaire; la scoliose, d'abord croisée, sous l'influence d'un pa-

roxysme douloureux, prend une incurvation à direction opposée

plus ou moins persistante; mais, si on vientà comprimer plusieurs

points douloureux dans la région du plexus lombaire, on exagère

nettement cette scoliose homologue en train de disparaître à son

tour. Quoi qu'il en soit, la transformation est involontaire et dépend

de l'intensité des douleurs; elle est graduelle et subsiste une fois

effectuée dans le type Phulpin, elle est subite et passagère dans

le type Higier. ' P. IiERA\·.1L.

LXX. Contribution A la casuistique DES maladies' cérébrales aiguës

DE l'enfance; par W. 1\IURATOW. (Neurolog. Centt'albl., XIV, 189J.)

Observation 1. Abcès cérébral à la base, ayant, chez une

fillette de dix ans, comprimé l'oculomoteur commun gauche et le

nerf optique, et détiuit les lobes frontaux. OEdème de la capsule

interne et de sa branche antérieure. L'abcès communique avec les

ventricules latéraux. Ependymite aiguë gagnant le noyau caudé.

Myocardite parenchymateuse. OEdème pulmonaire. Il en est

résulté cliniquement, d'abord des phénomènes cérébraux diffus

correspondant à l'abcès des lobes frontaux, puis des symptômes,

en rapport avec la méningite purulente de la base, finalement des

attaques épileptoïdes (épend3·mite). Observation II. Jeune

garçon de sèpt ans. Coxalgie tuberculeuse, à marche trainante,

avec fistule incurable. Puis hyperthermie, ostéite multiple, otite

Archives, 2e série, t. I. 24

370 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

tuberculeuse. Convulsions cloniques de la face et des extrémités,

hémiplégie droite. L'autopsie révèle l'existence d'un tuhercule soli-

taire sous l'extrémité inférieure des ascendantes, au-dessus de la

- scissure deSylvius; zone d'encéphalite réactionnelle. L'épilepsie

jacksonienne a permis de localiser exactement le corps du délit,

les convulsions commençant par le facial, mais il était impossible

de savoir s'il s'agissait d'un abcès ou d'un tubercule, à raison de

l'otite moyenne et de la tuberculose osseuse généralisée. - Oi3srR-A-

TION III. Exemple de la prédominance des symptômes généraux

dans une affection en foyer très localisée; chez un garçon de huit

ans. Trabécule solitaire du chiasma, avec un état de confusion

mentale aiguë fébrile, sans hémianopsie temporale. P. KERAVAL,

LXXI. SUR LES P1REST11SIES localisées dans le domaine DU NERF

fémoro-cutané EXTERNE; par le professeur BERNHARDT. (Revue

neurologique, novembre 1895.)

a propos du travail d'Escat, paru dans le n° 20 de la Revue nou-

1"ologique (1895) et intitulé : « Un cas de méralgie paresthésique de

Roth (paresthésie du fémoro-cutané externe) », l'auteur rappelle

qu'il a publié dans le numéro du 15 mars 1895 du Neurologisches ?

Cezztrctl6lall, un mémoire ainsi libellé : « sur les paresthésies qui

surviennent isolément dans le domaine du nerf fémoro-cutané

externe. » Or, la communication de Roth n'a été présentée à la

Société physico-médicale de Moscou que le leur avril 1895, par con-

séquent après l'apparition du travail de l'auleur.

Bien que l'affection soit locale, non progressive et sans inconvé-

nient sérieux pour la vie, il y a lieu, cependant, d'examiner avec

le plus grand soin le malade se plaignant de paresthésie dans le

domaine du nerf fémoro-cutané externe, de rechercher les symp-

tômes d'autres maladies (tabes, diabète) et de faire des réserves

pour le pronostic. E. B.

LXX11. UN cas DE méralgie paresthésique DE IIOTII (paresthésie du

fémoro-cutané externe) ; par le Dr ESCAT. (Revue neurologique

octobre 1895.)

L'observation a été prise par l'auteur sur lui-même, fait d'autant

plus intéressant que les symptômes de l'affection sont uniquement

subjectifs.

Il est, du reste, à noter que plusieurs des observations de mé-

ralgie paresthésique sont dues à des médecins ayant rapporté leur

propre observation.

Il y a treize ans que l'auteur a éprouvé les premières atteintes de

l'affection ; peu après le début de la marche et surtout pendant la

station debout, il éprouvait dans le tiers inférieur de la face

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 371

externe de la cuisse droite, sur une surface grande comme la

paume de la main, une sorte d'engourdissement en surface qui

gagnait la peau de la région ; bientôt survenait une sensation de

brûlure, puis la plaque s'étendait excentriquement. Au bout de

quelques minutes, les symptômes allaient en s'atténuant en sur-

face et en intensité, le rayon de la plaque se réduisait progressi-

vement puis tout disparaissait.

En dehors des crises, dans le centre de la surface où se manifes-

taient les troubles sensitifs, étaient ressentis parfois de véritables

coups d'aiguille superficiels, extrêmement vifs et rapides.

A l'état ordinaire la sensibilité à la douleur est exagérée sur

toute la plaque, mais la sensibilité tactile est émoussée : quand on

frôle la plaque avec le doigt, il semble au malade que la sensation

tactile se fait à travers une lame de carton.

Depuis treize ans l'affection a présenté des variations d'intensité

et de fréquence, mais les symptômes ne se sont guère modifiés. A

une certaine période les crises se répétaient au nombre de cinq ou

six dans une journée en même temps que la plaque brûlante

s'étendait à la face externe de la cuisse et que la douleur forçait le

malade à s'arrêter. La station assise était suivie d'un soulagement

presque immédiat.

Du reste, le malade n'a jamais présenté de crises étant assis ou

couché; pas plus, du reste, que pendant la marche accélérée et

pendant la course. E. B.

LXXIII. UN cas DE méningite TUBERCULEUSE spinale ; par ROTHGANGER

(de Marc Island). (Occidental médical Times, avril 1895.)

C'est l'observation d'un matelot opéré pour ganglion tubercu-

leux du cou par un curettage avec la curette de Volkmaun.

Un mois après l'opération, lourdeur dans l'épaule et douleurs

irradiées faisant croire à une lésion persistante du plexus cervical;

deuxième opération exploratrice sans résultat, mort après six

mois. A l'autopsie, tuberculose méningée de la moelle sur la face

latérale. A. M.

LXXIV. Mélancolie aiguë consécutive UN traumatisme DU crâne; par

HoISHoLT (de Stockton). (Occidental medical Times, mars 1895.)

C'est l'observation d'un ouvrier blessé par la chute d'une poutre

avec enfoncement de la boîte cranienne au niveau de la région

frontale supérieure gauche. L'accès délirant survint quelques mois

après et motiva l'internement. Il paraît être greffé sur une incapa-

cité initiale de travailler et partant de vivre (crainte de mort, tout

le monde va le tuer, bien qu'il n'ait fait de mal à personne, tout

le consterne, etc.). Le trépan découvre un épaississement ostéo-

372 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

fibreux de la paroi crânienne et des méninges. La paroi osseuse

altérée fut seule enlevée à l'aide de douze couronnes de trépan.

Mort. - A. M.

LXXV. Deux cas d'abcès cérébraux ; par \I11. BARIiAU etIliRSCHFELDER

. '(de San Francisco). (Occidental médical Times, juin 1895.)

Ces deux cas furent suivis de mort malgré le trépan pratiqué,

dans l'un pour une otite suppurée avec propagation au sinus mas-

toide, dans l'autre pour un abcès sous-méningé avec pachymé-

ningite interne au niveau de la protubérance occipitale (deux

couronnes de trépan avec excision au ciseau du pont intermé-

diaire). A l'autopsie, on trouva des abcès profonds par propagation.

Durant la vie du second malade les symptômes marquants furent

les vertiges avec vomissements des troubles visuels et vaso-sécré-

toires, puis le coma final. A. M.

LXXVI. Quatre cas d'acromégalie ; par R.1NSCAi, LYI-TI30u.1S

et BENSON.(Bl'itish medic,joll1'" 1 CI', 8juin et 19 octobre 1895.)

Les deux premiers cas offraient, comme caractéristique, l'arrêt

précoce de la menstruation, les symptômes nets d'hypertrophie du

corps pituitaire et l'absence d'effets thérapeutiques des tablettes

d'extrait pituitaire. Le troisième présentait d'une façon particu-

lièrement nette le signe de Wernicke; l'oeil droit était amblyope

et l'oeil gauche atteint d'hémianopsie temporale. L'oeil amblyope

comme la moitié gauche de la rétine gauche ne donnaient à

l'éclairage aucune réaction pupillaire ; la partie droite de la

rétine gauche, éclairée par un faisceau lumineux réfléchi, provo-

quait une contraction symétrique des pupilles. La lésion siégeait

donc en avant des tubercules quadrijumeaux sur le corps pitui-

taire probablement (anosmie concomitante).

Dans la quatrième observation présentée à la British médical

Association, par M. Benson, le malade, un homme de trente-huit

ans, fumeur, eut une hémianopsie bitemporale qui céda à l'emploi

des tablettes d'extrait thyroïdien et à l'abstention du tabac.

A. M.

LXXVII. SUR l'étiologie DU goitre ; par MORRIS. (British médical

journal, 6 juillet 1893.)

L'auteur relate que sur une clientèle de 2,000 habitants à Ham-

bleden, il a relevé 55 cas de goitre. Rapprochant ces faits d'un

goitre développé chez une domestique à son arrivée, disparu après

son retour à Londres et du développement du thyroïde chez trois

jeunes enfants d'une même famille nouvelle venue, il estime que

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 373

l'étiologie ne saurait être autre dans le cas particulier, que l'ab-

sorption d'une eau chargee en carbonate de chaux et de ma-

gnésie. A. M.

LXXVIII. Affection BULBURE AIGUÎ3 ; par A. VAL4ENBEILG. (Archiv

sur psychiatrie und Nervenkruzzkheiten, t. XXVII, liv. II.)

Observation d'un malade qui, deux mois après le début de l'af-

fection, présentait les symptômes subjectifs et objectifs suivants;

vertige, engourdissement de la moitié gauche de la face et de la

moitié droite du corps (la face excepté), difficulté peu marquée de

la déglutition, douleurs dans la région de la nuque et parfois dans

ici ! gauche, tendance à tomber à gauche pendant la marche,

ataxie dans les mouvements des membres du côté gauche, parésie

de la moitié gauche du voile du palais, paralysie et plus tard paré-

sie de la corde vocale gauche, volume plus grand de la moitié

gauche de la langue, troubles de sensibilité dans le domaine delà

première et de la deuxième branche du trijumeau gauche.

Les troubles du sens thermique et la sensibilité à la douleur

étaient très marqués ; la sensibilité électrique, le sens de la loca-

lisation et de la pression l'étaient moins.

Absence des réflexes cornéen et conjonctival gauches, troubles

de la sensibilité à la douleur et du sens thermique dans la moitié

droite du tronc et des membres, intéressant les différentes renions

à des degrés divers, et légère altération des autres modes de sensi-

bilité ; signes d'ataxie dans le membre inférieur gauche, absence

des réflexes abdominaux, souffle systolique à l'auscultation de la

région de l'apophyse mastoïde droite. -

Après une longue discussion très documentée de son cas et d'au-

tres analogues, et après avoir étudié en détail, d'après Duret, la

circulation du bulbe, l'auteur se croit autorisé à conclure qu'il

s'agissait chez son malade d'une embolie de l'artère cérébelleuse

postérieure et inférieure gauche.

LXXIX. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE l'ophtalmoplégie aiguë ; par

A. SCHULE. (Archiv sur Psychiatrie und Nervenf,ralzkleeitezz, r

t. XXVII, 1. I, 1895.)

Deux cas d'ophtatmoplégie :

1° Une paralysie plus ou moins complète des muscles des yeux

(l'élévateur de la paupière supérieure à gauche, excepté) survient

brusquement, chez un alcoolique. Vertige, délire. La paralysie

persiste adroite; à gauche, parésie. Mort au bout de trente-cinq jours.

A l'autopsie, on trouve : des lésions vasculaires, plusieurs foyers de

ramollissement dans l'écorce; foyer étendu dans la région de l'ocu-

lomoteur droit qui a détruit les cellules et les fibres du noyau de

374 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

ce nerf et qui intéresse le pédoncule cérébral droit (ce qui explique

la parésie gauche).

2° Malade âgé de vingt-sept ans. Terrain syphilitique. Symp-

tômes de tabès au début. Paralysie complète des muscles de l'oeil

des deux côtés; l'élévateur palpébral gauche n'est que parésie. Gué-

rison presque complète au bout de tiois mois. Pas d'autopsie.

L'auteur après avoir discuté ce cas croit que cette paralysie peut

être expliquée par un exsudat méningétique de la base; une lésion

nucléaire lui parait inadmissible. LwoFF.

LXXX. UN cas DE paramyoclonus multiplex; par BREYMAN, (Archiv

sur Psychiatrie und Ne1'venlï1'an/¡heiten, t. XXVII, liv. I.)

Soixante cas de paramyoclonus multiplex ont été publiés jus-

qu'ici dans la littérature médicale. L'auteur en rapporte un cas

nouveau qui a présenté tous les symptômes caractéristiques de

cette maladie.

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE

PATHOLOGIQUES.

XXXIII. DE QUELQUES phénomènes réflexes peu connus dans LES

maladies nerveuses, ET DE la PILEUR diagnostique DU phénomène

DU PIED, ainsi QUE DES modifications DES réflexes tendineux ET

cutanés; par W. DE BECIITEIIEW. (Neu1'olo[j. Centrait., XIV, 1895.)

A. - L'auteur signale la tension brusque du tendon du biceps que

l'on voit se produire dans le membre paralysé des vieux hémiplé-

giques, lorsque fléchissant Pavant-bras dans l'articulation du coude,

on le laisse retomber passivement; cette tension arrête momenta-

nément la chute de l'avant-bras. On observe le même phénomène

quand on saisit le bras entier dans ses deux mains et qu'on exerce

l'extension brusque de l'avant-bras fléchi. Rien de semblable ne se

produit quand l'extension n'a lieu que lentement. C'est, dil M. de

Bechterew, un phénomène réflexe par élongation du tendon du

biceps qui, transmise à la moelle, fait contracter le muscle élongé.

B. Dans la névrite 7 ? îullilociilciii,e le réflexe du genou est très

ralenti. La percussion produit d'abord un ralentissement, puis une

disparition du réflexe. Après quelque temps de répit, une nouvelle

expérience produit les mêmes résultais. Intégrité en pareil cas des

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 375

réflexes cutanés et de la sensibilité (observation). Cet épuisement

du réflexe tendineux patellai1'e s'observerait aussi dans la tétanie.

C. - Chez les paraplégiques complets (sensibilité et motricité)

par affection de la moelle, une légère et égale percussion de la face

antérieure du tibia répétée périodiquement à intervalles déterminés,

toutes les six à sept minutes, par exemple, détermine la contrac-

tion réflexe des muscles de la jambe pouvant aller à la flexion de

l'articulation du genou. La percussion périarticulaire des tendons

ou des muscles de la jambe peut produire le même résultat, la

jambe étant étendue. C'est, pour l'auteur, de la. sommation des excita-

lions sensibles. Ceci s'observe encore, parfois, dans le membre para-

lysé des hémiplégiques, ainsi que dans les cas où il y a exagéra-

tion des réflexes tendineux.

D. Le phénomène podnlzqzte est-il dû à la dégénérescence

secondaire des faisceaux pyramidaux ? Pas plus que le phénomène

du genou, il n'est un signe certain de lésions organiques du sys-

tème nerveux central (Bechterew). L'asymétrie des réflexes tendi-

neux, malgré sa grande valeur diagnostique, ne peut non plus

servir de preuve absolument certaine d'une affection organique du

système nerveux. Il faut aussi se préoccuper de l'asymétrie des

réflexes cutanés que l'on rencontre dans l'hémianesthésie hysté-

rique, dans l'hyperesthésie fonctionnelle. Il faut donc faire la part

de tous les éléments d'appréciation symptomalique.

Si, par exemple, les réflexes tendineux sont exagérés et qu'il y

ait en même temps diminution des réflexes cutanés dans la moitié du

corps paralysée, on a affaire à une affection organique. D'autre

part, l'asymétrie des réflexes cutanés n'élimine pas absolument la

possibilité d'une névrose (névrose traumatique). En revanche, l'a-

symétrie des réflexes cutanés dans l'hémianesthésie et l'hyperes-

thésie sensorielle permet de déjouer la simulation (hystérie,

névrose traumatique), surtout si l'on examine avec soin les signes

objectifs tels que la réaction pupillaire, les vaso-moteurs de la

peau de la face et de la tête, l'état de la respiration, du coeur, du

pouls, etc. P. Keraval.

XXXIV. NOUVELLES communications SUR LES centres SENSORIELS ET LES

centres d'association DE l'encéphale humain; par P. FLECHSIG.

(Ne1l1'olog. Cent1'albl" XtV, 1893.) , .

- Sont, d'après l'auteur, des centres sensoriels, les parties du cer-

veau qui sont pourvues d'une couronne rayonnante, c'est-à-dire

qui reçoivent des fibres établissant une communication enlre

l'écorce et les contres sous-corticaux. En réalité, ce sont des centres

recevant et groupant les origines de toutes les parties du système

de projection, considérées, quel qu'en soit le fonctionnement,

376 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

comme des conducteurs principaux, tenus eux-mêmes pour les pro-

longements directs des cylindraxes. Ces conducteurs principaux du

système de projection ont une direction radiaire par rapport à la

surface de l'écorce. Chez- un embryon humain, âgé de quelques

semaines, cette disposition est des plus nettes. Vers la fin du pre-

mier mois, à ces conducteurs principaux, ou fibres fondamentales,

s'adjoignent des trousseaux myéliniques formant, avec les pre-

mières, un angle droit, ou fibres collatérales.

Il est probable que les fibres fondamentales de la couronne rayon-

nante sont des expansions terminales à fonction centripète, (zone

centrale du centre sensor iel) et. que les fibres collatérales qui partent

de ces dernières constituent la zone terminale ou périphérique, cen-

trifuge de ce même centre. Chaque centre sensoriel aurait donc deux

territoires corticaux : un territoire cortical central pour les fibres

fondamentales de la couronne rayonnante et un territoire cor-

tical périphérique recevant les fibres collatérales. Les fibres fonda-

mentales paraissent n'envoyer de fibres collatérales que dans le

voisinage de leur zone respective, autrement dit, le territoire colla-

téral de chaque conducteur sensoriel est lui aussi circonscrit ; toutes

les arborescences collatérales de chaque groupe de fibres fonda-

mentales ou centre sensoriel semblent en effet pourvues de leur

myéline vers le troisième mois de la vie : à ce moment il semble

que le système de projection avec ses collatérales (conducteur;

sensoriels et leurs collatérales) soit terminé. Ce qui est certain,

c'est que les fibres fondamentales du système de projection n'en-

trent guère en relation qu'avec un tiers de l'écorce du cerveau. Ce

tiers est formé de quatre territoires absolument séparés l'un de

l'autre par des centres d'association : 1° le plus grand, de beau-

coup, qui se confond en grande partie avec la zone motrice des

auteurs, sert assurément au tact. Cette sphère tactile est plutôt un

congrégat de centres sensoriels à fonction étroitement liée, dont

le tact est la plus élevée. Elle s'étend de la scissure de Sylvius au

corps calleux et est formée par les ascendantes, le pied des fron-

tales, le lobule paraceutral et la partie de la circonvolution du

corps calleux qui limite le pied des frontales (à peu près le tiers

moyen de la circonvolution du corps calleux). La paroi du sillon de

Rolando est le lieu de convergence principal des conducteurs fon-

damentaux du système de projection; déjà, sur le versant posté-

rieur de la pariétale ascendante il y a peu de fibres de projection,

tandis qu'on trouve des collatérales et des fibres d'association, etc.;

2° La sphère visuelle est le lieu qui reçoit les faisceaux de la cou-

ronne rayonnante émanés du corps genouillé externe, de la couche

optique, du tubercule quadrijumeau antérieur. C'e,t : le pourtour

de la fissure calcarine, le coin, le lobule lingual, les segments pos-

térieurs des occipitales. La région située en arrière du pli courbe

ne parait en relation avec les irradiations optiques que par des

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 377

collatérales. Le pli courbe lui-même appartient au centre d'as-

sociation pariétal.

3° La sphère auditive, formée par la continuation des faisceaux

de la couronne rayonnante émanés du corps genouillé interne, du

faisceau cortical auditif direct, du ruban de Reil latéral, occupe

surtout les circonvolutions transversales du lobe temporal. Elle est

donc en grande pat Lie cachée dans la paroi de la scissure de Syl-

vius et porte, dans la première temporale, sur la surface corres-

pondante des OV1'i transverse (tiers moyen). Le tiers antérieur et le

tiers postérieur de celle-ci constituent des sphères collatérales.

4° La sphère olfactive se compose des irradiations terminales de

la racine de la bandelette olfactive, et occupe la circonvolution en

crochet dans le point où elle touche l'insula, etc.

La couche optique a des connexions directes, mais exclusivement

par les fibres fondamentales ou tronculaires, avec toutes ces

sphères ou tous ces centres sensoriels; le centre sensoriel avec

lequel elle a le moins de relations, c'est la sphère auditive; elle en

a avec celle-ci beaucoup moins qu'avec la sphère olfactive qui est

bien plus petite.

Trois centres d'association :

1° Pariétal : ce sont les deux circonvolutions pariétales, une par-

tie de la circonvolution du corps calleux placée au-dessous du lobule

paracentral ; 2° temporal; toutes les circonvolutions du lobe tem-

poral entre la première temporale et la circonvolution de l'hippo-

campe, c'est-à-dire les deuxième et troisième temporales et le

lobule fusiforme, avec le pôle du lobe temporal. En réalité, le

centre temporal et le centre pariétal passent l'un dans l'autre par

le pli courbe et la partie postérieure du trigone. Il serait donc juste

de dire : centre tempo ro-pariétal ; c'est un lobe du double plus

grand que le centre d'association frontal ;

3° Le centre d'association frontal comprend tout le lobe frontal

moins le pied des frontales (partie des frontales située en arrière

d'une droite tirée de la portion antérieure de la scissure de Syl-

vius et montant à la crête de l'hémisphère), etc.

Le reste est à étudier en détail dans le mémoire, y compris l'étude

embryogénique minutieuse du bouquet des fibres de la couronne

rayonnante qui, du rameau antérieur de la capsule, viennent dans

le lobe frontal, et les faisceaux que le noyau lenticulaire jette dans

la calotte du pédoncule cérébral. P. Keraval

XXXV. DE l'importance DES détails de structure révélés dans les

CELLULES NERVEUSES PAR LES COULEURS D'ANILINE BASIQUES; par

C. BENDA. (Neurolog. Cerztralbl., XIV, z.)

Technique particulière de Benda. On laisse pendant deux jours,

378 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

en renouvelant une fois la liqueur, de petits morceaux de tissus

dans l'alcool à 95° ; on les met ensuite dans une solution de for-

maline à 1 p. 100 pendant un quart d'heure au moin=, vingt-

quatre heures au plus. On pratique au microtome congélateur des

coupes de 20 p. L'étude des granulations se fait au moyen de

l'hématoxyline alunée, ou avec le bleu de méthylène de Loeffler

(action de la chaleur ou immersion pendant vingt-quatre heures).

On lave à l'alcool, on ajoute sur le porte-objet quelques gouttes de

créosote. L'excès de matières colorantes à l'état nuageux est

enlevé à l'aide du papier buvard, on ajoute du xylol, on inclut

dans le baume ou dans la colophane.

Conclusion : 1° Les détails de structure révélés par les couleurs

basiques d'aniline dans le protoplasma du corps de la cellule ne sont

ni des granulations d'Ehrlich, ni une substance cellulaire à struc-

ture particulière. Ils sont constitués par du protoplasma cellulaire

non différencié ou neuroplasme plus ou moins rempli de granu-

lations basophiles; 2° ce neuroplasme se distingue nettement de la

substance fibrillairc différenciée de la cellule, substance développée,

perfectionnée dans le prolongement cylindraxile, dans le corps

cellulaire (plus ou moins), dans les arborescences; 3° les divers

dessins de structure du neuroplasme reconnaissables par la colora-

tion basique sont contrôlés par les dégénérescences correspondantes

également différenciées de la substance fibrillaire difficile à repré-

senter, et permettent de conclure à la disposition réelle de cette

substance dans le corps de la cellule ; 4° le cylindraxe doit être

tenu pour le degré le plus haut de différenciation fibrillaire d'un

prolongement de cellule nerveuse; 5° les cellules des cornes anté-

rieures de la moelle et toutes les cellules à organisation sériaire ou

filiforme du neuroplasme sont parsemées de tractus de substance

fibrillaire intercalée entre les dessins structuraux du neuroplasme.

P. K.

XXXVI. Contribution A L'ÉTUDE DES 1 ? ILtESTIIliSIES ISOLÉES dans LE

domaine du fémoro-cutané externe ; par l'. NOECKE. (Neurolog.

Centralbl., XIV, 1895.)

Auto-observation de l'auteur : 1° à la suite d'une foulure du

pied droit, en descendant un escalier, il éprouve une violente dou-

leur dans la profondeur du bassin pendant deux à trois heures.

Quatre à cinq jours plus tard, dans certaines situations, il ressent

un élancement dans la cuisse du même côté; après une longue

marche, une station debout prolongée, les muscles paraissent rac-

courcis, les aponévroses anormalement tendues; 2° le soir, inter-

viennent les paresthésies (de Bernhardt) dans la zone du fémoro-

cutané. C'est tout. Quelques frictions alcooliques et le massage en

viennent à bout en trois mois. P. K.

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 379

XXXVII. Recherches SUR LES dégénérescences consécutives aux

SECTIONS TRANSVERSES DOUBLES DE LA MOELLE; par J. FAJEMTAJK.

(Nezerolog. Cent1"albl" XIV, 180 : ),)

Etude spéciale des fibres issues de la substance grise même de la

moelle, auxquelles il serait peut-être opportun de réserver le nom

de fibres myélogènes, Examen des dégénérescences secondaires

(méthode de coloration de Marchi) consécutives aux sections spi-

nales opérées sur des chiens jeunes et adultes.

Conclusions : (0 La plupart des fibres myélogènes se rassemblent

dans le cordon antérieur et dans le cordon latéral de la moelle dor-

sale, en une couche ininterrompue qui entoure la substance grise

(zone interne), plus large dans la partie antérieure et latérale, allant

en se rétrécissant en arrière; 2° il est plus que probable qu'il faut

chercher l'origine du faisceau latéro-céréhelleux dans les cellules de

Clarke-Stilling; 3° la zone périphérique contient dans toute son

étendue, avec des fibres de ce faisceau, un très grand nombre de

tuyaux nerveux myélogènes d'un calibre assez notable ou moyen ;

4° la plupart des fibres myélogènes longues sont atteintes de dégé-

nérescence dans le segment de la moelle, isolé par la section

double ; ces longues fibres (faisceau de Gowers, faisceau intermé-

diaire du cordon latéral de Loewenthal, faisceau sulcomarginal

ascendant de Marie) s'épanouissent dans la zone périphérique, tan-

dis que les fibres myélogènes courtes occupent de préférence la

zone interne; 5° le champ antérieur des cordons postérieurs se

compose, dans la moelle lombaire, pour la plus grande partie, de

fibres myélogènes dont les cellules originelles occupent lasubstance

grise lombaire; 6° la commissure antérieure se compose surtout de

fibres myélogènes; les déchets finement grenus, épars en cette

région, doivent tout naturellement être considérés comme pro-

duits par les fibres commissurales myélogènes dont les cellules

originelles occupent les régions en dehors des surfaces section-

nées, et aussi par les fibres croisées extra-spinales. Il est certain n

qu'il faut éliminer la participation des racines postérieures à l'édi-

fication de la commissure antérieure, car dans le voisinage immé-

diat de la lésion inférieure o.ù toutes les fibres ascendantes doivent

être dégénérées, la commissure antérieure se compose presque

absolument de libres saines; 7° outre des collatérales sensitives, il va a

probablement aussi dans la commissure postérieure des libres myé-

Jogènes. En faveur de cette opinion milite le nombre considérable

de fibres commissurales saines, même dans le voisinage de la

lésion inférieure; 8° toutes les libres des conducteurs extra-spinaux

sont intimement confondues avec des fibres d'origine rnyélogène ;

il n'y a donc, quand le développement de la moelle est terminé, pas

de systèmes purs, c'est-à-dire contenant exclusivement une seule

espèce de fibres. P. K. <

380 REVUE d'aNATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

XXXVIII. Contribution A la pathologie DES dégénérescences encépha-

LIQUES DANS LES AFFECTIONS EN l'01 ? R DE L 1 ZONE MOTRICE D E L'ÉCORCE;

WL. llul;a'row. (New'ol, JJent1'Ulul, L. XIV, 1895.)

Deux observations avec analyses analomocliniques, propres à

servir de complément aux expériences antérieurement publiées

(Archiv. f. Anut. und Physiologie, 1893; Neurolog. Cent1'albl" t. XIII,

1894'), qui tendent à établir qu'unelesion unilatérale d'un hémis-

phère peut déterminer une dégénérescence descendante bilatérale.

De la pyramide du bulbe partent des fibres qui se rendent il trois

systèmes de la moelle. La crosse masse gagne l'entre-croisement;

elle fournit : a) au cordon latéral du côté opposé ; b) pour une petite

partie au cordon latéral du même côté ; c) quelques fibres, restant

du même côté, descendent dans la moelle pour constituer le fais-

ceau pyramidal direct detiirelz. Il est aujourd'hui anatomiquement

démontré (méthode de Weigert et carmin) qu'une seule et même

pyramide envoie des fibres dans les deux cordons latéraux (Pitres).

L'expérimentation montre le même fait chez le chien. P. K.

XXXIX. DES SYSTÈMES défibres QUI OCCUPENT LES segments moyen ET

POST1 : R0-1\PI : IiIEUR DU corps calleux ; par U. VOG'C. (JYeU ! '0<Og'.

Centralbl., t. XIV, 1895.)

Après avoir indiqué que sous le nom de fibres du corps calleux,

il enlend parler exclusivement des fibres commissurales, c'est-à-dire

de celles qui joignent deux points homologues du cerveau, l'auteur

procède à des études d'anatomie comparée qui nous paraissent

tendre aux résultats généraux suivants.

Voici d'abord le tapetum ou couche de fibres occupant la paroi

latérale des cornes inférieure et postérieure, entre l'épendyme et

les fibres de projection. 11 contiendrait autant de fibres dn faisceau

subcalleux que de fibres du corps calleux lui-même, et se compo-

serait d'une couche interne de fibres fines d'un jaune clair, et

d'une couche externe, bien plus large, surtout en arrière, de

grosses fibres sombres. Les fibres minces appartiennentau système

du faisceau subcalleux; les fibres épaisses sont commissurales.

Plusieurs des premières gagnent la couche externe, mais elles sont

complètement recouvertes, chez l'adulte, par des fibres commissu-

rales : ainsi s'explique l'apparente intégrité du tapetum dans les

cas d'absence du corps calleux. Les deux couches passent dans le

lobe occipital (Sachs); à la partie moyenne de celui-ci, la couche

interne a une direction antéro-poslérieure, la couche externe une

direction verticale. Cela vient de ce que les fibres du corps calleux se

rassemblent en la région dorsale de cet organe; puis, de là, gagnent

' Voy. Archives de Neurologie, Revues analytiques.

REVUE d'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 381

transversalement la couche externe du tapetum. Aussi la diffé-

rence d'orientation entre les deux couches est-elle bien moins frap-

pante dans le lobe temporal; ici, en effet, les deux systèmes de

fibres suivent l'arc d'inflexion du noyau caudé. La couche interne

s'étend dans la corne postérieure, depuis son toit jusqu'à l'extré-

mité antérieure de sa paroi médiane, ses fibres parvenant aux

extrémités convexes et basales du lobe occipital ; dans le lobe tem-

poral, elles arrivent, du reste comme les fibres de la couche

externe, aux parties homologues du segment inférieur. La région

placée directement au-dessous de l'arc de cercle du noyau caudé est

le point de concours de toutes les fibres du faisceau subcalleuxqui

proviennent des lobes temporal et occipital ; de là elles se dirigent

en commun en arrière du noyau caudé. Le plus fort trousseau

commun se trouve au-dessus de la région latéro-dorsale du ventri-

cule latéral, point où les fibres dorsales s'entrelacent avec celles du

corps calleux. Sur les côtes, la couche des fibres s'étale en s'amm-

cissant jusqu'au noyau caudé; il en est de même, au milieu, jus-

qu'au voisinage des fibres longitudinales de la saillie de la corne

d'Ammon dans la ventricule (Alveus). On constate aussi, le long de

la face dorsale et médiane du noyau caudé, l'existence d'une mince

bordure de fibres qui fournissent continuellement dans le noyau

même des éléments, plus épais et plus sombres que ceux du faisceau

subcalleux, constituant un système d'association unissant entre

elles les diverses régions du noyau caudé. Le faisceau subcalleux

entoure la tête du noyau caudé à la base duquel il se termine gra-

duellement ; une couche interne correspondante visite la .paroi

médiane de la corne cérébrale antérieure jusqu'à l'écorce, ainsi

que l'insula par l'intermédiaire de la capsule externe.

Puis vient le splenium ou bourrelet. Si l'on fait passer une coupe

transverse et perpendiculaire au-dessous du point d'union de la lis-

sure calcarine et de la fissure panéto-occipitale, on voit que, sui-

vant ce plan, la paroi médiane du lobe occipital présente, du côté

du ventricule, une couche ininterrompue de fibres du corps calleux ;

en arrière ou en haut, les parties médianes du fragment moyen de

Beevor (splenium), au milieu, un ourlet étroit revêtant la fissure

calcarine (voile interne sagittal de Sachs) en avant ou en bas,

le forceps postérieur (ou minor de Sachs). (Suivent des discussions

de rapports et d'entre-croisements de ces régions.)

L'auteur admet que le splenium fournit des fibres au trigoue;

mais celui-ci reçoit aussi des fibres latérales du corps calleux pro-

prement dit et des fibres médianes qui quittent le corps calleux à

angle droit. Les fibres latérales sont des fibres de la circonvolution

du corps calleux; les fibres perpendiculaires viennent du trousseau

antérieur fortement développé dans le tractus de Lancisi. Plus pré-

cisément, chez l'homme, les fibres antérieures du trigone (fomiæ

longues) vont par le pédicule de la cloison transparente à la subs-

38 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

tance blanche du gynts subcallosus ; là s'y joint un faisceau qui, en

haut, seconfond avec le segment antérieur du genou du corps cal-

leux, ou bien est un prolongement de la raie médiane de Lancisi.

La substance blanche du gyius subcallosus envoie alors une racine

olfactive médiane au tuber tracti 01{act01'ii, Les autres fibres se

dirigent antéro-iatératement pour former en cet endroit l'ancienne

quatrième couche de Meynert dans la substance innominée. Et l'on

en peut suivre des fibres de conjonction à la pointe du lobe tem-

poral, au noyau amygdalien, au pédoncule antérieur de la glande

pinéale.

Partie constituante de l'extrémité inférieure ou caudale du corps

calleux de l'homme. A l'arc d'inflexion formé par la branche

latérale delacorne d'Ammon qui, dans sa partie médiane, contient

les fibres antéro-inférieures du segment médian de Beevor, ne

prennent point part les fibres tangentielles médianes. Ce trajet

n'est suivi que par les fibres plus latérales. Celles-ci suivent le dos

du corps calleux et se prolongent eu ce point dans les raies de

Lancisi. Plus loin, ies fibres médianes se trouvent en dedans du

corps godronné auquel elles se rendent. Certaines parties de la lyre

sont très étroitement unies au corps calleux, à l'étal de fibres

commissurales. Mais les fibres de la lyre et celles du corps calleux

sont partout histologiquement distinctes. La formation de la lyre

précède celle du corps calleux : cela change les manières de vuirde

Meynert, Sachs, Edinger sur les relations entre chacun des seg-

ments de l'extrémité inférieure du corps calleux et l'écorce céré-

brale. P. KÉRAVAL.

XL. LES tractus nerveux sensitifs ET sensoriels ET les CENTRES ; par

G. JELGERSMA. (Neurolog. Ce)zti-albl., XIV, 1895.)

Y a-t-il, comme le prétend Ramon y Cajal, des fibres des racines

postérieures qui ne se terminant point, à la manière habituelle,

par des collatérales à arborescences terminales au sein de la subs-

tance grise (cellules nerveuses), passent directement des racines

postérieures dans les cornes antérieures de la moelle où, en rayon-

nant, elles gagnent les grosses cellules motrices ? En d'autres

termes y a-t-il des fibres radiculaires postérieures centrifuges ?

L'auteur s'est proposé de contrôler ce point par l'étude des dégéné-

rescences consécutives à l'ablation des yeux chez les jeunes pigeons

à l'aide de la méthode de Nissl. Distinguant entre les dégénéres-

cences fonctionnelles dans lesquelles il y a conservation indivi-

duelle de la cellule simplement modifiée dans son volume et sa

structure, et les dégénérescences organiques caractérisées par une

disparition complète de la cellule absorbée par un tissu étranger,

il montre que la degénérescence organique exige l'atteinte de

toute la coupe transverse du neurone qui, seule, empêche qu'il

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 383

puisse s'exercer de fonction minima. Ceci dit, l'étude de l'atrophie

du lobe optique des oiseaux prouve, d'après M. Jelgersma, que les

nerfs sensitifs et les nerfs sensoriels renferment des fibres de deux

espèces; les unes émanent des cellules des centres, les autres vont

aux cellules des centres. Tantôt ces fibres se mélangent confu-

sément, tantôt elles forment des trousseaux à fonctions centrifuges

et centripètes séparées.

Quel rôle maintenant jouent les prolongements cylindraxilesdes

cellules motrices à l'égard de la fonction sensitive et de la fonction

sensorielle ? Il appert que les phénomènes moteurs sont, en ce qui

concerne l'oeil, liés à la sensation même. Ne connaît-on pas les

noyaux spéciaux qui commandent à l'accommodation et aux mou-

vements du globe ? Reste la question de déplacements, de circula-

tion de pigments en rapport avec l'action de la lumière (Van Gen-

deren, Stort et Engelmaun); la fonction précise des fibres nerveuses

et de leurs centres qui y présideraient se conçoit avant de s'expli-

quer positivement. D'autre part les racines postérieures contiennent

des éléments centrifuges (Cajal, Van Gehuchten), parce qu'à leurs

fonctions sensitives concourent quelques phénomènes nerveux cen-

trifuges, et que, d'une manière générale, il y a réunion anato-

mique de groupes fonctionnels simultanés. Excitez en effet l'écorce

occipitale, vous pourrez produire des mouvements des globes ocu-

laires ; excitez le centre cérébral de l'ouie, vous engendrerez des

mouvements du pavillon de l'oreille. De même les noyaux mo-

teurs de la moelle sont disposés non suivant les nerfs périphé-

riques, mais suivant l'ensemble des muscles qui agissent. Il en

est ainsi pour les racines postérieures de la moelle et les nerfs

sensoriels.

L'embryogénie et la technique microscopique de ces dernières

années nous apprennent que les cellules nerveuses de la rétine et

du ganglion spinal cochléaire sont des constructions homologues à

celles des ganglions spinaux; ces cellules envoient tous les cylin-

draxes aux centres. Les fibres des nerfs optiques et acoustiques

correspondent donc aux racines postérieures de la moelle ainsi

qu'aux prolongements de celles-ci dans les cordons postérieurs de

la moelle jusqu'au noyau grêle. Les noyaux nerveux du nerf

optique sont comparables au noyau grêle, ou encore aux cellules

de la moelle autour desquelles se trouvent les fibres nadiculaires

postérieures, cellules principalement placées il la périphérie anté-

rieure de la corne postérieure. L'atrophie de la rétine et du nerf

optique des tabétiques n'est donc pas périphérique, le tabès dorsal

étant une maladie qui débute par les ganglions spinaux et leurspro-

longements cylindraxiles dans la moelle; la rétine et le nerf optique

sont donc bien les homologues de ceux-ci. La structure des cellules

des ganglions spinaux, unipolaire, n'est qu'une apparence, comme

en témoignent les travaux de Cajal, Lenhossek, van Gehuchten ;

384 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

ce qui est spécial en l'espèce, c'est que la cellule est entourée d'une

sorte de capsule revêtue de cellules endothéliales.

En résumé, il y a analogie entre les nerfs sensitifs et les nerfs

sensoriels. Tout le système nerveux sensitif périphérique est l'bomo-

logue des prolongements protoplasmiques de cellules rétiniennes et

du ganglion spinal cochléaire. Les ganglions spinaux correspon-

dent au ganglion rétinien et au ganglion spinal cochléaire. Les

racines postéiieures et leurs prolongements dans les cordons pos-

télieursde la moelle sont l'homologue des nerfs optique et acuus-

tique. Le noyau grêle et les cellules nerveuses de la base de la

corne postérieure, suivant toute la hauteur de la moelle, corres-

pondent aux centres optiques et auditifs primaires. La cellule

nerveuse de la corne antérieure, de laquelle partent les cytin-

draxes qui vont aux racines postérieures de la moelle, se retrouve

dans le lobe optique des oiseaux, dans le ganglion dorsal optique

(ganglion dorsal du nerf optique ? et il est permis de supposer la

même disposition pour le nerf auditif. Ce qui n'est pas établi, c'est

l'existence d'un centre du nerf optique qui (de même que les

fibres nerveuses des racines postérieures se terminent en partie

dans les cellules des colonnes de Clarke, lesquelles envoient leurs

cylindraxes au cervelet), projette ses cylindraxes au cervelet. Cette

connexion est cependant supposable. Les centres de l'acoustique

ont des connexions cérébelleuses. P. 111;R.1VAL.

XLI. DE L'INFLUENCE exercée SUR l'organisme humain par LES SECOUSSES

DUES aux vibrations du diapason; par `V. 13GC11TEREN, (N2211'OIUg.

Centralbl., XLV, 1895.)

Le prince d'Oldembourg a inventé une table vibratoire actionnée

par des diapasons mus par l'électricité. On obtient des ell'ets géné-

raux et des effets gradués d'après les régions plus particulièrement L

soumises à l'action vibratoire en question, et suivant des modalités

vibratoires réglées par des accumulateurs électriques. Les effets

généraux sont principalement obtenus dans la station couchée.

Voici d'ailleurs les premiers résultats de M. Tschigajew.

1° D'ordinaire les pupilles se dilatent. - 2° Pouls plus rare

ou plus fréquent (selon les personnes), souvent le ralentissement

est suivi d'accélération, et, inversement, l'accélération d'un ralen-

tissement. 3° La pression du sang augmente. 4° La respira-

tion, quelquefois d'abord ralentie puis plus rapide, peut être d'em-

blée plus fréquente; il y a finalement du ralentissement expiratoire

par rapport à l'inspiration. - 5° Presque toujours, hypothermie

axillaire, auriculaire et cutanée, tandis qu'il existe un peu d'hyper-

thermie rectale. - G° Diminution de la radiation du calorique par

la peau. 7° Légère diminution de la sensibilité tactile et doulou-

reuse ; quand il y a, avant l'expérience, asymétrie de la sensibilité

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 385

des deux moitiés du corps, on obtient un transfert mais incomplet.

- 8° La force des muscles des mains demeure, la plupart du

iemps, intacte. 9° Vers la fin de la séance ou peu après, la som-

nolence s'établit chez beaucoup d'individus. Le mémoire est

accompagné de tracés du pouls et de la respiration. P. IÜ;1\AVAL.

XLII. DES déplacements DU champ VISUEL dans LE scotome SCIN-

tillant; par E. Berger. (Neztrolog. Centralbl., XIV, 1895.)

L'auteur a étudié sur lui-même des accès de migraine ophtal-

mique commençant dans la moitié inférieure gauche du champ

visuel par des lacunes, des nuages bientôt associés à des zigzags

brillant avec fantasmes colorés aussi mobiles que les scolomes.

Les manifestations en question gagnent la partie supérieure et

droite de champ visuel qu'elles occupent bientôt tout entier. A

aucun moment le malade ne cesse de percevoir des fragments des

objets ambiants. Cet état dure dix à quinze minutes, la perception

parfaite revient à mesure que disparaissent les sensations en

question, du centre à la périphérie, comme si les nuages se frag-

mentaient ; l'accès a complètement cessé au bout d'une demi-

heure, laissant après lui, une céphalalgie très légère, une sensation

de pesanteur aux tempes, surtout à droite, qui subsiste pendant une

heure ou deux. Jamais, ni avant ni après, de paresthésies ou

auties symptômes de migraine. M. Berger insiste sur le début du

scotome par le bord inférieur gauche du champ visuel, il uoteavec

soin qu'il n'est pas paracentral mais bien exactement localisé au

point du regard. Le courant galvanique, quel qu'en soit le mode

d'application sur l'oeil, n'exerce aucune influence sur les scintille-

ments, il les additionne de phosphènes électriques, il n'a pas non

plus d'action sur les accidents subjectifs ni sur la marche de

l'accès : par suite, c'est une migraine ophtalmique d'origine cen-

trale, hémisphérique, comme le prouvent encore l'hémianopsie du

début, le scotome surtout central, la légère céphalalgie consé-

cutive.

Pendant le dernier accès la vision fragmentaire a présenté une

autre particularité. M. Berger a vu à gauche et en haut les

fragments d'objets (maisons, arbres) qu'il devait voir à droite, c'est

il dire qu'il y a eu déplacement dans le champ visuel externe

gauche et supérieur des fragments de choses perçues à la droite

du patient. L'accès passe, tout est rentré dans l'ordre.

Le trouble fonctionnel trophique ou circulatoire des centres

visuels cortico-occipitaux qui d'ordinaire, en pareil cas, trouble la

perception centrale des stimulus rétiniens (lacunes du champ

visuel) en même temps qu'il se produit des excitations anormales

(phénomènes lumineux subjectifs, scotome scintillant), peut aussi

dissocier les sollicitations physiologiques de la rétine de sorte que

Archives, 2e série, t. I. 25

386 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

les objets ambiants ne soient plus perçus à leur vraie place; il y a

donc alors perceptions frustes et peu actives. P. KERAVAL.

GLUI. Encore une RRM.41SQUE au PROFESSEUR FLECBSIG. relativement

A son travail sur UN nouveau principe DE division 01<, la SUR-

face du cerveau; par ADAMKJEW)CZ. Réponse DU professeur

F'LECIISIG. (Nell1'olog, Ce)'c[/6 ? XIV, 1895.)

L'écorce du cerveau contient des régions psychiques équivalentes

entre elles de chacun des systèmes organiques concrets. Tel doit

être le bréviaire de celui qui cherche à résoudre le problème de

la division la plus naturelle de l'écorce, en y faisant coopérer

l'anatomie, la physiologie, la pathologie (A.). Voilà un apho-

risme contre lequel je protesterais si j'en avais le temps (F.).

P. KERAVAL.

XLIV. Observation DE GLIOME dans la partie POSTÉRIEURE DE la

protubérance ET DU BULBE ; par F. JOLLY. (Archiv f. Psychiat.,

XXVI, 3.)

Parésie faciale gauche; vertiges ; vomissements ; troubles de la

déglutition, paralysie du mouvement du plan du regard à gau-

che ; parésie avec hypoesthésie du trijumeau gauche ; affaiblisse-

ment et diminution de la sensibilité dans les membres du côté

droit, c'est-à-dire paralysie croisée du facial, de l'oculomoteur

externe, du trijumeau indiquant l'existence d'une tumeur dans la

région protubérantielle qui donne naissance au noyau du facial et

de l'oculomoteur externe. Autopsie : Gliome du plancher du qua-

trième ventricule ayant gagné par l'ouverture postérieure de l'a-

queduc de Sylvius le calames sCI'ipto1'ius et totalement détruit les

noyaux du pneumogastrique et du ¡ : ! Iosso-pharyngiell, du facial, de

l'oculomoteur externe, à la branche motrice et sensitive du triju-

meau, du côté gauche, ayant partiellement détruit les mêmes

organes à droite, et s'étant infiltré dans des noyaux gauches de

l'hypoglosse et de l'acoustique ainsi que dans le ruban de Reil du

côté gauche. , P. ICERAV ? .L.

XLV. Contribution A l'étude DES affections syphilitiques DE la

moelle; par A. BoETrIGER. (Archiv f. Psychiat., XXVI, 3.)

L'anatomie pathologique doit être souvent éclairée par la cli-

nique. Telle méningite spinale syphilitique qui donne sous le

microscope l'impression d'un sarcome s'en distingue par l'exten-

sion du processus à la substance nerveuse. - Telle myelo-ménin-

gite spinale tuberculeuse, indemne de bacilles, ressemble à une

affection syphilitique; il faut compléter la nécropsie et s'attacher

à l'évolution ; la première procède rapidement, comme les mala-

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 387

dies infectieuses et avec un appareil fébrile, la seconde par pous-

sées à marche traînante. Aucun des éléments anatomiques ne peut

être invoqué en faveur d'une lésion- histologique due à la syphilis.

Les altérations vasculaires ne sont caractéristiques de celle-ci que

lorsqu'elles apparaissent en plaques isolées et qu'on ne constate

aucune relation entre elles et d'autres processus pathologiques

occupant le voisinage des vaisseaux. Sans doute aussi une gomme

au sein du système nerveux central, une vraie gomme, et non un

infiltrat gommeux est une signature de la syphilis, mais c'est un fait

extrêmement rare dans la moelle. - On pourrait, d'après l'auteur

faire le diagnostic différentiel de vivo, entre la myélite syphilitique,

la méningo-my en te syphilitique, les gommes de la moelle, en tenant

compte du début de la maladie a la suite de l'infection, des symp-

tômes de début, du mode de la marche ultérieure. C'est bien

affaire d'espèce clinique et non de nosographie. P. K.

XLVI. Partie supérieure DU ruban DE REIL ET écorce cérébrale;

par M. BOELScHowsKY. (Neurolog. Centralbl., XIV, 1895.)

Expériences sur deux chiens. Ou plutôt ce sont les chiens rendus

idiots par Goltz à la suite de l'ablation des hémisphères cérébraux

(voir les pièces de l'Institut de Senckenberg) ; il ne se produit pas de

dégénérescence du ruban de Reil quand on a épargné les couches

optiques. Le ruban de Reil ne va donc pas directement à l'écorce,

il passe dans la couche optique (théorie de Mahaim). P. K.

XLVII. DES paresthésies QUI SE montrent ISOLÉMENT dans LE terri-

TOIRE du PÉU0R0-CUTANE j par M. UERN11 : 1RDT. (Neu1'olog. Cent1'( ! lbl.,

xiv, 1895.)

Ce sont des névrites comparables aux névrites du cubital du

même auteur(A ? ,(,hiv f. lilinioch. 111edicin, XXII, p. 372), caracté-

risées par : une sensation d'engourdissement qui se montre à la

face externe et antérieure de la cuisse, de la douleur à la pression

ou à la suite d'efforts prolongés; intégrité de la mofilité. Causes :

fièvre typhoïde, syphilis, refroidissement. Amélioration, mais non

guérison, par frictions, massage, pinceau électrique, bains tièdes

salins P. K.

XLV111. Ondulations musculaires dans UN cas DE sciatique DILATÉ-

RALE chronique; par J. HOFFMANN. (Neurolog. Centralbl., XIV,

1895.)

Cantonnier de vingt-six ans, atteint, en 1872, de douleurs scia-

tiques à droite. En 1876, atteinte du sciatique gauche. Exaspéra-

tion pendant plusieurs semaines en 1880, 1882, 1886, 1888. A la

388 REVUE d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques.

période douloureuse, du moins au début, on constate des palpita-

tions et des ondulations des muscles de la région, des adducteurs

-.des cuisses, et véritable tumulte dans les mollets. ,P. K.

XLIX. Contribution A l'étude DU trajet DU ruban DE REIL (ruban

de Reil supérieur c01'lico-tha[¡tmique); par Chr. JAKOB. (Neurolog.

Centralbl., XIV, 1895.)

L'auteur tire de deux observations que l'interruption complète

du ruban de Reil dans la région sublhalamique entraine une dégé-

nérescence totale du ruban de Reil. S'il y a complète interruption

au-dessus de cette région (écorce, centre ovale), il n'y aura qu'atro-

phie simple de ce dernier. Il est donc probable que les cellules

d'où partent les fibres du ruban de Reil occupent lesenvirons de la

région sublhalamique, et peut-être les zones basales de la couche

optique notamment le globule pallidus du noyau lenticulaire.

P. K.

L. La SUCCESSION DES échelons SÉAIAIAES DE la dégénérescence

SECONDAIRE DANS CHACUN DES CORDONS DE LA MOELLE; pal' K. SCIIAF-

FER. 1,Nezirolog. Cent2'albl.; XIV, 1895.)

Une fillette reçoit un projectile au niveau de la onzième vertèbre

dorsale; elle succombe au bout de cinq mois au marasme et à la

gangrène trophique du décubitus lentement progressifs. La lésion

transverse de la moelle a déterminé : tout d'abord, une dégéné-'

rescence secondaire des cordons de Goll, puis des faisceaux pyra-

midaux, finalement une dégénérescence descendante des cordons

postérieurs et ascendante des faisceaux cérébelleux et du trousseau

de Gowers. Des expériences réalisant les mêmes conditions trauma-

tiques chez le chat démontrent que, quatre jours après l'opération,

commence une dégénérescence ascendante des cordons de Goll et

descendante des faisceaux marginaux etintermédiaires du cordon

latéral (Loewenthall, qu'il se produit en outre le sixième jour, une

dégénérescence du faisceau latéro-cérébelleux, que le quatorzième

jour, il y a dégénérescence très nette des pyramides (cordons laté-

raux). L'auteur insiste sur le parallélisme qu'il y a entre les éche-

lons de la série du développement des manchons, de myéline et

ceux de la série des dégénérescences secondaires des systèmes

de la moelle. P. K.

LI. LA SECTION TRANSVERSE DE DEUX PYRAMIDES CHEZ LE CHIEN;

par J. STARLINGER, (Neurolog. Centrafbl., XIV, 1895.)

» De ses expériences l'auteur conclut :

1 Les faisceaux pyramidaux du chien ne jouent dans la locomo-

.tion qu'un rôle subordonné; 2° le chien doit avoir une autre voie

REVUE d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques. 389

de communication chargée de transmettre les ordres de l'écorce

cérébrale aux muscles ; cette voie ne passe pas par les pyramides;

3° actuellement nos connaissances anatomiques ou physiologiques

ne permettent pas de préciser cette voie. Meynert a indiqué la zone

médiane de la calotte comme tractus moteur. Ce sera à examiner.

P. K.

LII. D'un TROUBLE VASO-MOTEUR HÊMILATËRAL d'origine cérébrale;

par Kaiser. (Neurolog. Centmlbl" XIV, 1895.)

Démente sénile, de soixante-neuf ans. Au début de l'année cou-

rante, hémi-oedème, hémi-rougeur, hémi-hyperthermie, hémi-sug-

gillatious à la moindre pression, du côté droit. En mars, cet état .

subsistant, légère fièvre, marasme, mort. On constate à l'autopsie :

de l'artério-sclérose; une atrophie générale du cerveau ; un foyer

de ramollissement, du volume d'une pièce de 1 franc, dans le

lobule pariétal intérieur (supramarginal) ; un kyste dans le noyau

lenticulaire ; enfin un foyer de ramollissement, en strie de uucen-

timèlre de Ions au milieu du noyau caudé. 11. Kaiser attribue à

cette dernière lésion le trouble vaso-moteur, et, au noyau caudé la

fonction vaso-motrice croisée. P. K.

LUI. LE TROUBLE DE la sensibilité de BERNHARDT au niveau DE la

cuisse; par S. LREeD. (Nezl1'olog, Centralbl., XLV, 1895.)

L'auteur joint son observation personnelle au mémoire de Bern-

hardt sur les paresthésies et sensations douloureuses dans la région

du fémoro-culané. D'après sa clientèle, l'affection serait plus fré-

quente à droite. Enfin Hosenherg en a vu un cas chez une dame

tandis que jusqu'ici on ne l'avait observé que chez l'homme.

P. K.

LIV. SUR un complexus symptomatique caractérisé par des troubles

DE la COORDINATION, CONGENITAUX ou acquis; par Nonne. (Archiv.

fier Psychiatrie M) : (/Verce) ! /ttWt ? te<<6) ! , t. XXVII, 1. 2.)

Depuis Friedreich on a décrit un grand nombre de maladies

dont le symptôme fondamental a toujours été l'ataxie des mouve-

ments. M. Nonne a relaté eu 1892, l'histoire pathologique de trois

frères qui tous présentaient les mêmes symptômes rattachés par

l'auteur à une gracilité congénitale et héréditaire du cervelet et de

la moelle épinière. Cette fois, M. Nonne, se basant sur sept obser-

vations personnelles, cherche à démontrer qu'il existe des formes

intermédiaires, entre la maladie de Friedreich, l'atrophie du cer-

velet, l'ataxie cérébelleuse héréditaire de P. Marie, le tableau cli-

nique présenté par lui et les cas mixtes des différents auteurs.

390 revue d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques.

Ces formes intermédiaires sont caractérisées par des troubles de

coordination dans les mouvements des muscles des membres, de

la tête, du tronc, des muscles de la phonation et du langage arti-

- culé. -

- On trouve aussi des mouvements anormaux du globe oculaire,

mais la fonction de la pupille reste intacte; le nerf optique n'est

jamais dégénéré, l'intelligence peut être diminuée, les réflexes

tendineux sont normaux ou exagérés; il peut survenir de la rigidité

musculaire; pas de troubles de la sensibilité ni de troubles sphinc-

tériens.

Ce complexus symptomatique apparaît spontanément chez les

enfants en bas âge ou se développe à la suite d'une maladie infec-

tieuse ou d'une maladie cérébrale aiguë, chez les adultes, par

exemple. L'hérédité et le cachet familial manquent. La marche de

la maladie. est éminemment lente; les paralysies et les contractures

n'ont pu être observées jusqu'ici.

Quant à l'anatomie pathologique, l'auteur, se basant sur les

autopsies faites dans des cas analogues aux siens, conclut : « Il

s'agit dans tous ces cas soit d'une anomalie, soit d'un arrêt de

développement ou d'un processus dégénératif de ce vaste système

de libres qui, par les cordons grêles de la moelle, les olives, les

corps resliformes croisés, pénètrent dans le cervelet et de là par

les pédoncules cérébelleux supérieurs dans le cerveau ». On n'est

.pas encore à même de savoir si ce dernier participe aux lésions.

Lworr'.

LV. SUR LES altérations secondaires DE la moelle épinière, CONSÉ-

CUTIVES aux désarticulations DE l'épaule; par \VILLE. (Archiv. sur

Psychiatrie und Nervenkmnliheiten, t. XXVH, 1. Il.)

Etude microscopique de trois moelles épinières dont les deux

premières appartenaient à des individus ayant subi une désarticu-

lation de l'épaule gauche, le premier dix ans et le second quarante

ans avant la mort; la dernière à un homme, mort quatre ans

.après une amputation du bras droit. Les coupes ont été faites

surtout dans le segment compris entre la deuxième paire dorsale

.et le plan bulbaire passant par les racines de l'hypoglosse.

Les lésions avaient leur maximum au niveau des septième et

.huitième paires cervicales et diminuaient progressivement en bas

et en haut. Au niveau des septième et huitième paires, la moitié

.atteinte de la moelle est plus petite, ce qui tient à une diminution

.de volume du cordon de Burdach et de la substance grise dans sa

totalité. Le rapport du cordon cunéiforme du côté sain à celui du

aûté malade est comme 3 : 2. Le cordon de Goll est intact. Les

autres cordons ne paraissent pas diminués. Dans le cordon de

Burdach : zone de dégéuération de forme triangulaire à sommet

REVUE d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques. 391

antérieur; elle n'est séparée de la commissure postérieure que par

une mince bandelette de substance normale. La corne postérieure

est plus étroite ; la corne antérieure est déformée, son bord

antérieur est concave, par places sa partie moyenne manque et

elle est séparée en deux tronçons. Dans toute la substance grise,

diminution de l'élément fibrillaire; les racines motrices possèdent

moins de fibres. Ces altérations s'atténuent à mesure qu'on s'ap-

proche du bulbe; mais sont encore sensibles au niveau de l'appa-

rition de la bandelette intra-bulbaire de l'hypoglosse.

Il ne s'agit pas, dans ces cas, comme on l'a souvent prétendu,

d'une simple atrophie d'une moitié de la moelle. La lésion pre-

mière, c'est la dégénération bien localisée d'un segment du cordon

de Burdach et l'atrophie ne vient que consécutivement. Les cellules

scnsitives et motrices sont toujours atteintes; quant aux lésions des

cellules des ganglions spinaux on n'en a pas encore de preuves

certaines. Ltvoff.

LVI. SUR la compression totale DE la RÉGION supérieure DE la MOELLE

épinière; par EGGER, (A1'chiv, rÜ1' Psychiatrie und Nervenkran-

kheiten, t. XXVII, 1. 1, 1895.)

Observation d'une malade, qui présentait à la suite d'une frac-

ture des vertèbres cervicales inférieures, datant de onze ans, les

symptômes suivants :

Paraplégie complète des extrémités inférieures; anesthésie de la

face interne des bras et avant-bras, du tronc à partir de la troi-

sième côte et des jambes; absence des réflexes tendineux; paralysie

de la vessie et du rectum; troubles vasomoteurs; troubles psy-

chiques (hallucinations terrifiantes, culpabilité imaginaire).

Autopsie et examen microscopique : Destruction totale des

éléments de la moelle épinière au niveau de la première racine

dorsale. Au-dessus de la lésion, dégénérescence des cordons et

dissociation de la substance grise. A la partie moyenne de la moelle

cervicale, dégénérescence ascendante typique. Immédiatement au-

dessous de la lésion, sclérose de l'ensemble des cordons. Au niveau

de la deuxième racine dorsale, la moelle a sa configuration nor-

male. Sclérose dans la région des cordons postérieurs jusqu'au

niveau de la dixième racine dorsale, dégénérescence typique des

faisceaux pyramidaux croisés jusqu'au-dessous du renflement lom-

baire et des segments antérieurs des cordons latéraux dans la

région dorsale. Diminution du nombre de cellules dans les cornes

antérieures du renflement lombaire. Atrophie musculaire dans la

région de l'éminence thénar droite. Atrophie et disparition totale

des libres dans les extrémités inférieures, surtout à droite.

C'est la un nouveau cas de compression de la moelle avec abo-

lition des réflexes tendineux; fait paradoxal en apparence et qui

392 REVUE d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques.

contredit les données classiques de la physiologie de la moelle.

Cette contradiction a attiré dans ces derniers temps l'attention de

neuropathologistes qui ont essayé d'en donner l'interprétation.

. La théorie la plus connue est celle de Bastian-Jackson d'après

laquelle le cervelet jouerait un rôle considérable dans la production

et la régularisation des réflexes médullaires. M. Egger n'admet

pas cette théorie; pour lui, l'abolition des réflexes est due à une

action traumatique, que subit la substance grise par suite de la

compression; une abolition des fonctions de cette substance en est

la conséquence. Plus tard, les muscles s'atrophient et ne répondent

plus à l'excitation, même quand la fonction est rétablie.

LWOFF.

LVII. TROIS cas DE RUPTURE NON traumatique DE la VESSIE CHEZ DES

malades atteints DE paralysie générale; par Herting. (Archiv f.

Psychiatrie and Nervenkrankheiten, t. XXVII, liv. II.)

De ces trois malades, un seul avait éte sondé à l'aide d'une sonde

en gomme. Aucune violence n'a pu être exercée sur ces malades.

L'examen microscopique a montré que dans les trois cas, les fibres

musculaires de la vessie étaient atteintes à divers degrés de dégé-

nérescence hyaline, colloïde ou graisseuse.

LVIII. NOTE A PROPOS DES lésions vasculaires dans la syphilis DES

centres NERVEUX ; par le D1' Lamy. (Revue neurologique, jan-

vier 1890.)

L'étude de l'artérite syphilitique présente plusieurs difficultés ;

la première résulte de l'ancienneté ordinaire de la lésion ; la

seconde, de la difficulté qu'il y a de déterminer le point précis de

l'artérite nodulaire vraiment spécifique qui est la lésion initiale ; -,

la troisième, que signale l'auteur, est la possibilité d'infections

secondaires, chez les syphilitiques touchés du côté des centres

nerveux. Ces malades peuvent, en effet, présenter des troubles

trophiques graves, portes d'entiée d'infections secondaires; ils

succombent le plus souvent à une infection du sang et rarement

du fait de la syphilis seule. Il faut être servi en quelque sorte par

le hasard pour avoir le droit de dire qu'on se trouve en présence

d'une myélite syphilitique pure.

L'auteur a pu faire une recherche minutieuse de l'état des vais-

seaux de la moelle, dans un cas de paraplégie syphilitique récent

et pur de toute infection secondaire.

Il a constaté que : 1° les veines étaient atteintes à un degré

beaucoup plus profond que le système artériel, qui pouvait être

regardé comme à peu près intact du haut en bas de la moelle ;

2° que la lésion initiale était partout la périvascularite. Nulle part

REVUE D'ANATOI>;IE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 393

d'endophlébite oblitérante, au moins indépendante ; nulle part

d'endarLériLe, mais seulement une périartérite très discrète.

Dans les formes compliquées d'infection septique secondaire, les

vaisseaux de la moelle présentent des altérations bien différentes

de ces dernières et qu'on est fondé à attribuer à l'infection sura-

joutée : elles consistent essentiellement dans la présence de

thromboses intra-veineuses surtout et intra-artérielies, pouvant

évoluer vers l'organisation et entraîner une endovascularite secon-

daire E. B.

Lita. LE fonctionnement cérébral pendant LE SOMMEIL hypnotique ;

par le Dr LANP1S. (Annales médico-psychologiques, décembre 1895.)

L'état de veille est l'état normal de fonctionnement psychogé-

nique des centres cérébraux. L'auteur considère comme nécessaire

à l'état de veille le fonctionnement d'un centre de coordination

intellectuelle supérieure, de fixation et d'élaboration des matériaux

fournis par les autres centres. L'état de cessation du fonction-

nement psychogénique d'un centre constitue le sommeil de ce

centre.

L'etat de cessation du fonctionnement psychogénique du cerveau

entier constitue le sommeil normal complet, à côté duquel se ren-

contrent les sommeils partiels accompagnés de rêves et constitués

par l'état de repos du centre supérieur en même temps que par le

fonctionnement partiel ou total d'autres centres (rêves partiels ou

généralisés). Le sommeil hypnotique est un état de sommeil pro-

fond et durable du centre supérieur; l'état des autres ne différant

de l'état normal que par la cessation de leurs communications

avec le centre supérieur, d'où une plus grande intensité dons leur

fonctionnement Comme tous les autres centres, le centre supérieur

serait sujet à certaines maladies (dans certains genres de dé-

mence ? ) ou inhibé à l'état normal, surtout chez des prédisposés ou

sous l'influence du fonctionnement exagéré d'autres centres :

ainsi le fonctionnement intensif d'une zone visuelle pourrait pro-

duire l'hallucination, au cours de laquelle il y aurait inhibition du

centre supérieur. E. B.

LX. Circonvolutions cérébrales anormales; par le Dr J. ! \IICKLE.

L'auteur constate tout d'abord que les schémas et figures donnés

comme représentant le type normal des circonvolutions cérébrales

sont d'une part insuffisants, d'autre part erronés : en effet cer-

taines scissures sont trop accentuées et d'autres, importantes

cependant, singulièrement diminuées ou même oubliées; de plus

les descriptions sont faites d'après des cerveaux pris au hasard

dans les salles d'autopsie, sur des cadavres dont on ignore l'his-

394 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

toire et les antécédents, si bien que des dessins donnés comme

typiques représentent cependant des cerveaux anormaux.

Les anomalies les plus fréquentes se rencontrent du côté droit.

Elles sont caractérisées par l'irrégularité des plis, que ces derniers

soient parcourus par des scissures ordinaires modifiées dans leur

direction, leur profondeur, leur longueur, ou qu'ils soient divisés

par de nouvelles incisures.

Ces modifications sont plus marquées dans le lobe pariétal que

.partout ailleurs.

Parmi les nombreuses anomalies décrites, une des plus fréquentes

est l'isolement superficiel, sous forme d'îlot, d'une partie du lobule

quadrilatère, ordinairement dans sa portion postéro-supérieure,

par la bifurcation de la scissure perpendiculaire interne. Plus ou

moins en rapport avec les anomalies du lobule quadrilatère, on

observe aussi de fréquentes anomalies des denx bords de la scissure

perpendiculaire interne et des circonvolutions adjacentes. (The

alienist and neurologist, oct. 1895.) E. BLIN.

LXI. Lésions produites par l'action DE l'alcool éthylique SUR LES

CELLULES DE L'ÉCORCE CÉRÉBRALE; par le Dr BEItCELET.

En étudiant par les nouvelles méthodes de coloration les cel-

lules cérébrales de lapins à qui on avait donné pendanl plusieurs

mois des doses quotidiennes d'alcool éthylique pur, l'auteur a

trouvé dans ces cellules des lésions constantes. Le nucléole est

augmenté de volume, a pris un aspect spongieux; son contour est

irrégulier. Le corps cellulaire présente sur ses prolongements pro-

toplasmiques des tuméfactions variables en grosseur et en situa-

tion. Ces altérations des dendrites sont accompagnées ou même

précédées par des modifications particulières dans les bourgeons

latéraux que présentent normalement les dendrites; en effet, ces

bourgeons disparaissent et les dendrites prennent un aspect grêle

caractéristique.

Les cylindraxes paraissaient normaux. En même temps on a

trouvé quelques altérations dans les gaines lymphatiques des vais-

seaux. Un fait ressort nettempnt de cette étude, c'est que l'alcool

qui était réputé le moins toxique de sa série détermine cependant

des lésions accentuées sur les cellules nerveuses. (American journal

of insanity, juillet 1895.) E. B.

LXII. SUR un phénomène plantaire chez les tabétiques; par le

Dr RUBENS HIHSCHBERG.

Quand on promène l'ongle du pouce rapidement le long de la

plante du pied, comme on fait pour provoquer le réflexe plantaire

cutané, au moment même le malade a parfaitement la sensation

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 395

tactile, sans que le réflexe ait lieu; puis cinq ou six secondes plus

tard, le malade secoue et retire violemment la jambe et éprouve

une forte douleur, le long du passage de l'ongle.

L'auteur a rencontré ce curieux phénomène d'hyperesthésie

plantaire chez tous les tabétiques qu'il a eu l'occasion d'examiner;

il le considère donc comme constant à un certain moment de l'évo-

lution eu tabès dorsalis, sans pouvoir encore se prononcer sur la

valeur diagnostique de ce symptôme, tous les malades chez les-

quels il l'a observé étant des tabétiques en plein développement.

(Revue neurologique, oct. 1895.) . E. B.

LXIII. Rapports ENTRE l'appareil A ! Ii1'ULLAIRE DE l'oreille interne

ET les centres OCULO-fOTEURS; par P. BONNIER.

Elude documentée et complétée par un schéma, de ces rapports

au point de vue anatomique, physiologique et clinique. Les troubles

ampullaires sont intéressants à connaître, car ils peuvent plêler

leur symptomatologie à toute espèce de troubles oculo-moteurs,

et qu'en présence de ces derniers, il faut bien se rappeler qu'après

la rptine elle-même, c'est le labyrinthe, et particulièrement l'ap-

pareil ampullalre, qui commande aux appropriations oculo-mo-

trices, comme aux fonctions d'équilibration.

Les troubles oculo-moteurs sont fréquemment symptomatiques

d'affections labyrinthiques, surtout nucléaires. Tous les noyaux

oculomoteurs peuvent ainsi se trouver pris par l'irradiation réflexe

issue de l'appareil ampullaire, et téaliser les tableaux cliniques les

plus complexes. Il faut donc, en présence de ces troubles oculo-

moteurs, songer à l'appareil ampullaire et se rappeler que le nerf

labyrinthique, en sa qualité de racine postérieure la plus active et

la plus grosse de toutes, sera la victime de choix guettée par le

tabes. (Revue neurologique, déc. 1895.) E. B.

LXIV. C00R1·.E CHEZ deux cardiaques. Contribution LA PHYSIO-PATHO-

LOGIE DE LA CHORÉE DES ADULTES; par le Dr R. M.aSS.\LONGO.

Dans les deux observations citées par l'auteur, et ayant trait

l'une à un cardiaque de soixante ans, l'autre à un cardiaque de

soixante-dix ans, il existe un enchaînement étroit entre les mouve-

ments choréiques et les accidents cardiaques. - En elle[, avec les

premiers phénomènes d'asyslolie ont apparu les mouvements

choréiques; avec la disparition de l'asystolie sous l'influence du

traitement approprié, les mouvements ont diminué et disparu; ils

sont revenus avec l'asystolie. Les conclusions de l'auteur sont que

la chorée mineure peut s'observer au cours des cardiopathies com-

munes lorsque celles-ci réunissent les conditions suivantes :

1° L'aulo-intoxication ordinaire des affections cardiaques (irri-

tant chimique); .. Il

396 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

2° Des troubles de la circulation cérébrale liés à des altérations

locales (artérite chronique) ;

3° L'aedènle histologique du cerveau ;

4° La méningite chronique localisée au niveau des zônes motrices

corticales. [Revue neurologique, novembre 189.) E. B.

LXV. Sur QUELQUES modifications DE STUCTURE constantes DES racines

spinales ; par E. DE AIASSARY.

L'auteur a pratiqué des coupes en séries de racines dorsales,

lombaires ou sacrées de cinq sujets morts d'affections quelconques,

mais dont aucun ne présentait de symptômes médullaires. La

comparaison des racines de cinq malades permet de décrire,

outre la disposition d'ensemble correspondant à l'état normal, cer-

taines modifications constantes, dont les degrés seuls varient,

attestant ainsi la sensibilité prévue de cette région et imputables

à des affections antérieures ou actuelles. Ces modifications cons-

tantes résultent de deux particularités de structure de la racine

rachidienne : 1° tractus fibreux étranglant et dissociant les filets

nerveux; po enveloppement direct par une séreuse. L'irritation

p roi itérative que détermine l'infection aboutit à la production du

tissu fibreux.

Dans les cas observés, ces lésions, absolument banales, n'ont en

rien altéré la vitalité des neurones sensitifs et moteurs, dont l'inté-

grité était, d'ailleurs, prouvée par la clinique, et cependant elles

sont identiques avec celles que le Dr Nageotte a décrites comme

étant la cause immédiate du tabès. (Revue neurologique, décembre

1895.) 1 1 : . B.

LXVI. L'emploi DE la méthode DE coloration DE WEIGERI' ET PAL,

pour LE système NERVEUX central durci dans LE formol; par

H. l\1ARCUS. (Neurolog. Centrabl., XIV; 1895.)

Le formol durcit fort bien; il conserve : au système nerveux son

élasticité; le cerveau et la moelle ne sont ni friables ni recoquillés,

les lésions conservent leur aspect; le formol en renforce simplement

les caractères ainsi que la beauté. Ainsi, pour la moelle tabétique;

on voit nettement à l'oeil nu, les parties blanches, et les cordons

postérieurs sont d'un transparent gris brun. Au bout de deux à

quatre semaines on peut obtenir de bonnes coupes à la celloïdine

et le microscope montre des noyaux bien colorés. Voici au sur-

plus la technique.

La moelle sera durcie dans une solution de formol à 1/2 p. 100

pendant deux à quatre semaines. On coupe alors un morceau d'un

demi centimètre d'épaisseur. Immersion dans le liquide de Muller

au bain-marie à 37° pendant huit jours; puis, dans l'alcool à 95°

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 397

(vingt-quatre heures), vingt-quatre heures encore dans l'alcool

absolu. Enfin inclusion dans la celloïdine.

Couper au microtorne. Immersion dans la liqueur de Aiüller au

bain-marie, de quelques jours à une semaine. Lavage rapide à l'al-

cool. Immersion, deux jours au moins, dans le réactif colorant de

Weigert et Pal. Puis décoloration et différenciation, ainsi que l'a

décrit Pal.

Les gaines de myéline sont bleues; tout ce qui est dégénéré est

complètement décoloré. Les cellules nerveuses sont très distinctes,

leurs noyaux sont très nets. P. K.

LXVII. Structure normale ET altérations AN.1TOM0-P.4THOLOG1QUES

des capillaires cérébraux les plus fins; par M. LAPINSEY. (A1'ch,

f. Psychiat., XXVI, 3.) .

Recherches à l'aide de la méthode de Kronthal, qui établissent

qu'il s'agit de petits tuyaux transparents mais élastiques ; ayant une

paroi à double contour qui contient deux espèces de noyaux, ronds

et ovales, et se compose d'une tunique interne et d'une tunique

externe. Les plus fins vaisseaux ont un diamètre de 1 p. 4. A la

tunique interne appartiennent les noyaux elliptiques; à la tunique

externe les noyaux ronds. Sur une distance de 120 de ces capil-

laires on compte un à deux noyaux longs et un noyau rond; si le

capillaire a un diamètre de 4 à 5 ? on compte, pour la même

longueur, quatre noyaux longs, deux noyaux ronds.

Suit une revue des lésions pathologiques des vaisseaux dans la

paralysie générale, la syphilis cérébrale, etc... P. K.

LXVIII. POINTS relatifs A la LOI DE 'VEB8R-l"ETCHNER; par D. WAL-

LER. (min, été et automne 1895.)

La loi de Weber-Fechner établit les rapports de grandeur entre

la sensation et l'excitation : la première est fonction logarithmique

de la seconde. Ce rapport est représenté géométriquement par

une courbe graphique indiquant la progression des stimuli sui-

vant l'axe des abscisses, et celle de la sensation suivant les ordon-

nées.

Cette courbe est concave vers l'abscisse et convexe vers l'axe des

ordonnées. L'auleur étend cette loi, hors du domaine purement

nerveux, à la détermination des rapports de grandeur entre toute

cause et son effet sur la matière vivante en général. Or, d'après la

courbe de Weber-Fetchner : pour produire des augmentations

égales de sensation, il faut des augmentations croissantes d'excita-

tion ; autrement. dit : des augmentations égales de stimulus donnent

des augmentations décroissantes de sensation.

Mais il faut considérer trois actes dans le phénomène : 10 le sti-

398 REVUE d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques.

jnulus externe, cause objective de l'excitation ; 2° l'excitation in-

terne ou modification matérielle produite dans l'appareil nerveux

par le stimulus ; 3° la sensation ou phénomène subjectif accom-

pagnant cette modification. Donc étant donnée une série d'excita-

tions de grandeurs 1, 2, 3, 4, 5, et une série correspondante de

sensations 1, 3, 5. 6, 7 ; cette disproportion a-t-elle une origine

physiologique (du 2° acte), ou psychologique (du 3e acte) ? Pour

répondre à cette question, l'auteur a entrepris une série d'expé-

riences graphiques sur la rétine, le muscle et le nerf.

Pour la rétine (oeil de grenouille isolé , et disposé de manière à

recueillir et utiliser les couranls d'impression), l'auteur a trouvé

que la modification matérielle inlra-uerveuse est fonction téorné-

trique du stimulus externe, et accompagnée de sensation propor-

tionnelle à sa propre valeur. Avec le muscle considère non comme

organe musculaire, mais en tant que matière vivante quelconque

excitable, il n'obtient pas une courbe uniforme à concavité vers

l'abscisse, mais une courbe en forme d'S à courbure inférieure très

courte et convexe vers l'abscisse et à courbure supérieure longue

et concave vers l'abscisse. Pour le nerf, même résultat mathé-

matiquement et graphiquement réductible à la courbe en S. Celle-

ci est donc la représentation typique des réactions de la matière

vivante.

Les résultats antérieurement obtenus : ligne, droite de Héring et

courbe unique de Weber sont incomplets à cause des difficultés

opératoires qui n'ont permis l'inscription que d'un seul des trois

stades de l'expérience ; soit : le second pour Héring ou ligne droite

correspondant à la partie moyenne de l'S ; et pour Weber le troi-

sième ou courbure supérieure de l'S concave vers l'abscisse. Le

procédé technique est en effet excessivement délicat ; pour le tracé

de la courbure inférieure qui est extrêmement minime il faut opé-

rer à une échelle énorme qui laisse fo'rcément hors du champ les

deux autres portions, la moyenne, et surtout la troisième ou cour-

bure supérieure, qui, très grande, exige une très petite échelle

où les deux autres portions ne sont pas sensibles.

La totalité du phénomène s'exprime donc par une courbure

en S allongée et inégale dont la courbure inférieure très courte et

convexe vers l'abscisse représente des augmentations croissantes;

le milieu de longueur moyenne, sensiblement droit détermine des

augmentations égales ; et la partie supérieure de beaucoup la plus

grande concave vers l'abscisse indique des augmentations décrois-

santes. F. BOISSIER.

LXIX. Anatomie pathologique d'un cas DE PARALYSIE infantile;

par F. TItÉVELLAN. {Drain, été et automne 1895.)

Enfant de six ans, morte après neuf mois de maladie. Pièces

revue d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques. 399

immergées dans le liquide de Muller chauffé à l'étuve à 38°. L'in-

térêt de ce cas tient au moment vraiment opportun, ni précoce

ni tardif, de l'évolution moi bide où l'autopsie fut faite. Les lésions

étaient à point. Les conclusions sont entièrement en faveur de

l'origine névrotique périartérielle du plocessus. Les cellules sont

étouffées sans distinction dans la prolifération de la névroglie. La

lésion irritative est due vraisemblablement à la filtration à travers

les vaisseaux des toxines sécrétées par les microbes ; on ne trouve

pas un seul microorganisme dans la moelle. F. B.

LXX. Névrite alcoolique périphérique dans la vieillesse; par

A. IltauDE. (I3rain, été et automne, 1895.)

Un vieillard de soixante-quinze ans ayant fait des excès de bois-

son (bière surtoul) pendant vingt ans, présente de la parésie, dyses-

thésie et incoordination des membres, sans altérations mentales.

F. B.

LXXI. Essai théorique sur la NATURE ET LE mode d'action DE la force -

nerveuse; par W. BROADBENT. (If9'Cll)t, été et automne 1895.)

Comme la chaleur, l'électricité, l'action chimique, etc. ; la force

nerveuse n'est qu'une forme du mouvement. Les stimuli qui l'ex-

citent sont les équivalents du choc qui fait éclater la nitroglycé-

rine et de l'étincelle électrique qui fait détonner le mélange

oxhydrique : chacun de ces faits n'est qu'un enchaînement de

mouvements. L'action nerveuse n'est aussi que de l'éuergie mise

en liberté par une modification moléculaire dite chimique (faute

d'un terme meilleur) opérée dans les éléments hautement diffé-

renciés du système nerveux. Le développement de cette force

comporte en effet une augmentation dans le dégagement de COQ

et. de Il=0 et pourrait être évalué par la mesure de cet excès

d'oxydation ; il cesse en effet quand l'oxygène hemoglobique cesse

d'eue fourni ou se trouve remplacé par un corps anesthéique. La

production d'énergie est donc due à des échanges atomiques plu-

tôt que moléculaires. L'influx nerveux doit être évalué en intensité

et non en quantité (comparaison avec l'électricité faradique).

Des doses infinitésimales de toxiques produisent d'énormes effets

nerveux; or, s'il y a corrélation des forces et s'il y a échange

exact d'atomes entre les molécules toxiques et les molécules ner-

veux (neutralisation de ceux-ci par les atomes morphiques dans la

narcose) il faut supposer dans les centres nerveux l'existence d'une

substance à haute tension chimique, c'est-à-dire d'une structure mo-

léculaire telle que ses atomes, groupés contrairement à leurs affi-

nités naturelles, tendent constamment à reprendre brusquement

leur groupement normal aussitôt libres de leurs mouvements.

400 REVUE d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques.

Cette haute tension, toujours prête à donner un arrangement

constant et déterminé, n'a rien de commun avec l'instabilité, ou

tendance perpétuelle à une désagrégation quelconque.

- Un acte nerveux complet s'accompagne d'oxydation et désinté-

- gration a'.omique, donc une excitation non suivie d'effet réflexe,

mais enregistrant une impression dans l'écorce (mémoire) doit

entraîner une modification inverse : intégration et construction

moléculaire capable de conserver l'image. Mais si l'on évalue, con-

formément aux autres formes du mouvement, la somme d'énergie

dégagée dans un ensemble d'opérations nerveuses diverses, par le

total des échanges chimiques, ce total exclut les opérations men-

tales supérieures. -Les opérations de l'esprit sont en surplus sur la

fisttmmë des échangés matériels qui les accompagnent.

i¡,}> ? Les relations des centres entre eux ou avec la périphérie ne sont

1 ' ^pas^dçs' rapports d'activité à passivité ; le point récepteur n'est nul-

' ..Sèment passif par ? rapport à celui d'où part l'impulsion et qui en ? dé;àit-lseul'gérrerateur : il y a entre eux un rapport de tension et

dé résistance mutuelles. Tout point de départ d'influx nerveux en-

gendre de l'énergie, celle-ci demeure en lui à l'état de potentiel

maintenue par les forces identiques nées et accumulées dans les

centres ou terminaisons en connexion fonctionnelle avec ce point

et elle devient actuelle dès que cesse l'action de ces énergies qui

la contrebalancent. Cet équilibre constitue l'état de repos, et l'ac-

tivité consiste dans la réponse équivalente immédiatement déter-

minée dans les divers appareils centraux ou terminaux par chaque

modification provoquée dans leurs connexes par un stimulus quel-

conque. L'évaluation en intensités explique les disproportions entre

causes et effets et les équilibres entre groupes inégaux (comparai-

son à la résistance efficace d'un seul homme placé au bras long

d'un levier contre une troupe d'hommes appliquée au bras court).

Cette loi s'applique non seulement aux opérations sensori-mo-

trices mais aussi à toutes les actions nerveuses quelle que soit leur

nature (calorifique, inhibitoire, trophique). L'hyperthermie peut

résulter aussi bien d'une suroxydation dans les centres caléfacteurs

que d'une baisse de résistance dans les terminaisons calorifiques ;

l'inhihition est le résultat du contrôle de tension antagoniste entre

les centres ou terminaisons associés. Quant à l'action trophique,

les tissus en relation structurale et fonctionnelle avec les termi-

naisons nerveuses prennent une part active au maintien de la ten-

sion entre celles-ci et leurs centres d'attache ; ces centres en retour

influent sur le processus nutritif des tissus. (Muscles considérés

comme organes terminaux des nerfs moteurs.)

Enfin la transmission de la force nerveuse se fait dans la fibrille

par une modification moléculaire analogue il celle qui en produit

le dégagement dans la cellule, avec une simple variation de degré.

La fibre est une, et sa conductibilité est indifférente quelle que

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 401

soit la nature de l'action nerveuse. Les sensibilités diverses n'ont

pas de conducteurs spéciaux, et ne relèvent que de différences

d'intensités. Leur ordre évolutionnel généralement admis est con-

traire à leur ordre d'effacement ; l'auteur en propose un nouveau

qui met les faits d'accord avec la théorie, dans les formes rudi-

mentaires de la vie, la réponse localisée (nutrition) pour toute im-

pression de la surface est nécessaire et rend le tact suffisant, indis-

pensable et primordial. La douleur n'est qu'une impression tactile

dont la violence est incompatible avec la sécurité du point impres-

sionné ; elle est donc secondaire. Enfin les sensations thermiques

sont encore inutiles à ce degré de l'échelle b\aimt,r1.a. vie est

aquatique ? ÿ)\3\ lll<\ £ .E ? \.,

; '; .. ' u.tJ ?

LXXII. Sur LE rLOCcuLus; par A. BR.6'f : i( ? lM1P'M'kl ? J<' "

automne 1895.) ? 1' M,f-»lfi ,1 t

L'auteur a montré en 1892 que les fibres du Ilaciiit ? rt : : veii '

connexion avec les noyaux interne, externe et accessoire du nerf

auditif et avec celui de la sixième paire du même côté. Par un

système de nouvelles coupes chez le foetus, il confirme ces données;

de plus, quelques fibres arriveraient à la formation réticulaire

grise du même côté et aucune d'elles ne gagnerait le cervelet, le

faisceau de Stcherbak ne serait pas flocculaire, mais viendrait du

noyau du toit. Le flocculus serait donc un important annexe des

noyaux des racines vestibulaires, cochléaires et accessoires du nerf

auditif et probablement de la sixième paire. F. B.

L11111. Destruction expérimentale du tubercule DE 1l0L.\NDO j par

W. 'I'URNER. (train, été et automne 1895.)

Cette lésion trouble la sensibilité dans le domaine du trijumeau

d'un côté et sur tout le corps des deux côtés. L'auteur avec plus de

précautions que ses devanciers détruit le tubercule au thermocau-

tère chez des singes, limitant la lésion aussi exactement que pos-

sible. Résultats : du côté de la destruction, anesthésie complète du

trijumeau ; sur le corps et les membres, abolition de la sensibilité

tactile et de ses localisations, perte de la sensibilité à la tempéra-

ture ; intégrité de la douleur. Du côté opposé, conservation du tact

simplement affaibli, localisation exacte des impressions tactiles,

conservation de la sensibilité thermique ; analgésie complète. Donc

au point de jonction du bulbe et de la moelle, les fibres conduc-

trices du tact et de la douleur sont représentées des deux côtés, les

premières croisées et non croisées, les secondes croisées seulement.

La substance gélatineuse et la partie contiguë de la corne posté-

rieure sont affectées à la transmission des impressions sensitives.

F. BoISSrER.

Archives, 2° série, t. 1. 26

'402 REVUE d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques.

LXXIV. Sécrétion interne DU corps TU1ROÏDE; par J. GODIEZ ÂCONA.

, (Siglo 7nedico, février 1895.)

Neuf chiens ont subi l'ablation du corps thyroïde, l'apparition

des symptômes se fait dans un ordre variable; dans fous les cas

ceux-ci ne se montrent qu'exceptionnellement dans les vingt-

quatre heures, ils paraissent généralement entre quarante-huit et

soixante-deux heures : 1° apalhie, adynamie, perte absolue d'ini-

tiative, répugnance invincible à tout mouvement volontaire;

2° dyspnée, respiration courte, bruyante et rapide, hypothermie;

3° rupture de l'harmonie des fonctions bulbaires, la température,

la respiration et la circulation dissociées semblent agir chacune

pour son compte sans aucune influence mutuelle ; 4° anorexie,

aggravation de tous les accidents, convulsions cloniques précédées

de tremblements et suivies d'inertie, mort. Quatre chiens ont suc-

combé, l'un d'entre eux, particulièrement robuste, a été enlevé

dans les quarante-huit heures. Les autres ont été sauvés par des

injections de suc thyroïdien et notamment de leur propre glande.

Les convulsions sont suivies de parésies musculaires. Deux fois

l'urine contenait de l'albumine, jamais de sucre. Les symptômes

trophiques, chute des poils, etc., sont tardifs et ne se sont montrés

que chez des chiens qu'on a maintenus en vie par des injections

de suc. Un chien ayant conservé un petit fragment de sa glande

n'a éprouvé aucun trouble quoique n'ayant reçu aucune injection.

Ces injections, même à haute dose, n'ont amené aucun trouble chez

des chiens intacts, tandis que leur effet est merveilleux sur les

chiens thyroïdectornisés. L'auteur poursuit de nouvelles expériences

dans le but d'établir l'action du suc thyroïdien comme antitoxine,

contre les produits toxiques de désassimilation, ou comme ferment

contribuant à l'assimilation des substances protéiques et enrayant

l'accumulation de la mucine dans les tissus.

Pour contrôler les expériences ci-dessus, il a pratiqué sur un chien

la section des nerfs laryngés supérieurs et récurrents, et lésé les

troncs du sympathique et des vagues. Cette opération n'a donné

aucun résultat semblable à ceux de la thyroïdectomie.

F. BOISS1ER.

SOCIÉTÉS SAVANTES.

SOCIÉTÉ PSYCHIATRIQUE DE BERLIN.

Séance du 16 mars 1893. Présidence DE M. II. LAEIIR.

1° La discussion sur la communication de M. Këni- De l'état

actuel de l'assistance des aliénés en Anglete7,i,e est ajournée;

2° M. limucc6ra. Sur un cas de paralysie chronique des muscles de

l'oeil (avec présentation de préparations). Il s'agit d'une femme

traitée à l'asile de Dalldorf pour paranoïa hallucinatoire. Admise

en juillet 1891, elle succomba en décembre de la même année.

Treize ans environ avant son entrée elle était devenue plus faible

du côté gauche en même temps que survenaient du ptosi ? du stra-

bisme externe du côté gauche et de la diplopie. Six ans après

survint une amaurose totale de l'oeil gauche. A l'asile, on constate

une paralysie complète de l'oculo-moteur commun du côté gauche

et une atrophie du nerf optique; du côté droit on note la perte du

réflexe lumineux et de la réaction dans les mouvements de conver-

gence. Pas de troubles de la parole. Réflexes rotuliens conservés.

Syphilis probable mais non démontrée. Autopsie : athérome de

l'aorte, endocardite chronique, leptoméningite chronique, dila-

tation des ventricules cérébraux, dégénérescence du nerf optique

et de l'oculomoteur gauches. L'examen clinique ayant fait con-

stater une paralysie complète de l'oculomoteur gauche et une pa-

ralysie de la musculature interne de l'oeil droit, des coupes en

série furent faites et colorées par la méthode de Pal afin de préciser

les limites des troisième et quatrième paires et d'expliquer les sym-

ptômes présentés du côté droit. On constata que les cellules pla-

cées sur le prolongement du noyau de la troisième paire étaient

intactes, tandis que les deux noyaux des nerfs oculomoteurs

étaient dégénérés dans leur totalité.

2° M. MENDEL. Paralysie générale et tabes chez le mari et la femme.

Il s'agit d'une femme de quarante ans atteinte du tabes avec

paralysie générale. Son mari, syphilitique, est mort de paralysie

générale dans un asile d'aliénés. On n'a pu faire la preuve de la

syphilis de la femme. Il n'y a pas eu d'enfants. Le début de la

maladie remonte déjà à un certain temps : la femme a été en effet

soignée il y a deux ans pour une paralysie oculaire.

404 SOCIÉTÉS SAVANTES.

Discussion : M. BENNECICE. A la clinique du professeur Binswanger

(Iéna), il est mort, de paralysie générale, après dix ans de maladie,

-une femme dont le mari avait succombé à la même affection une

quinzaine d'années auparavant.

M. FRAEi'lKEL dit observer un cas de ce genre.

4° M. IL Laeur. La question du personnel de surveillance. C'est là

une question qui n'est pas neuve puisqu'elle date de l'époque où

les asiles d'aliénés se sont transformés en établissements d'assis-

tance. L'auteur a cependant vu, jadis, dans certains asiles associés

à des établissements pénitentiaires, des détenus être employés à

surveiller les aliénés. La question des infirmiers de nos asiles a déjà

été étudiée en 1868 au congrès de Dresde. Après avoir dit quelques

mots du personnel religieux des asiles, des inconvénients qu'on lui

a attribués et des efforts faits en vue d'obtenir un personnel laïque,

M. Laehr aborde la critique des opinions récemment émises sur

l'organisation du personnel de surveillance des asiles d'aliénés.

Pour M. Sommer, la réforme véritable ne consiste ni à recruter les

infirmiers dans un milieu social plus élevé, ni à relever la situation

qui leur est faite. Il recommande avant tout la surveillance perma-

nente de ce personnel par les médecins; aussi dans les nouveaux

asiles faut-il aménager les logements des médecins de façon à per-

mettre cette surveillance. C'est ce qui a été fait à la clinique de

Wurtzbourg. Quant à M. Hoppe, après avoir constaté l'insuffisance

du personnel qui est en général mal préparé à son rôle, il

demande une réforme radicale et pose deux principes fondamen-

taux : augmentation des appointements des infirmiers et création

d'écoles d'infirmiers. M. Konig a donné d'intéressants renseigne-

ments sur le personnel de surveillance des asiles anglais. Il y a

séparation entre le personnel de jour et le personnel de nuit ; ce

dernier est en fonction de 8 heures du soir à 6 heures du matin Les

infirmiers de chaque sexe logent dans un pavillon distinct, où

chacun à sa chambre. Un petit nombre seulement d'entre eux

habitent dans les quartiers. On favorise les mariages et chaque

couple est logé dans un cottage en dehors de l'asile. Les appointe-

ments sont assez élevés. Tout cela ne serait guère praticable en

Allemagne. L'auteur critique aussi les vues de Sommer qui vou-

drait faire remplir par des médecins des fonctions analogues à

celles de surveillant en chef. Les difficultés seraient multiples.

Quant au recrutement du personnel dans un milieu social plus

élevé, il est évident que la culture intellectuelle et morale est faite

pour faciliter la tâche du personnel de surveillance, augmenter son

autorité, lui gagner la confiance des malades. Les travaux mécani-

ques seront confiés a des infirmiers en sous-ordre. Mais des appoin-

tements plus élevés sont nécessaires pour conserver un personnel

de choix. Pour ce qui est des écoles d'infirmiers, il faut attacher

BIBLIOGRAPHIE. 405

plus de prix à l'éducation pratique du personnel qu'aux besoins

théoriques. L'association d'infirmiers créée par le professeur

Zimmer oblige ses membres à passer un an dans un service

d'hôpital avant de. se consacrer aux asiles d'aliénés. Les médecins

de l'asile sont les mieux préparées pour faire des cours au per-

sonuel. (.Illy. Zeitsch f. Psychiatrie, t. II, fasc. 2.) P. Sérieux.

BIBLIOGRAPHIE.

IX. Les fétichistes. Pervertis et invertis sexuels; par le Dr Garnier.

(1 vol., 192 pages. Librairie J.-B. Baillière et fils, 1896.)

Chargé des doubles fonctions de médecin-légiste et de chef de

service à la Préfecture de police, M. Garnier se trouve placé dans

des conditions exceptionnelles pour étudier les aberrations, parfois

les plus étranges, de l'instinct sexuel.

Les faits qu'il vient de rapporter sur l'obsession fétichiste, cet

aspect tout spécial des perversions et inversions du sens génital,

sont d'un haut intérêt et s'imposent aussi bien à l'attention du

magistrat et du philosophe qu'à celle du médecin.

Symptôme de la dégénérescence mentale, le fétichisme peut être

défini : l'anomalie de l'instinct sexuel conférant tantôt à un objet

de la toilette féminine ou des vêtements masculins, tantôt à un

costume déterminé, tantôt, enfin, à une partie du corps de l'un et

de l'autre sexe, le pouvoir exclusif d'éveiller les sensations amou-

reuses et de produire l'orgasme voluptueux.

Timide dans les choses de l'amour normal, le fétichiste, bien

loin d'être un excité sexuel au point de vue des plaisirs vénériens,

est bien plutôt un insuffisant que rien n'attire vers l'union des

sexes, le plus souvent.

Chez cet individu, prédisposé par une altération profonde de la

sensibilité morale et affective, un. fait insignifiant en lui-même,

mais qui se hausse à l'importance d'un fait capital par un rapport

d'idées, accapare, à un moment donné, toute son attention, fait

date dans ses souvenirs d'ordre génital, va s'imposer à toute sa vie

sexuelle, réduisant à néant, ou à peu près, toutes les impressions

sensuelles qui n'en dérivent pas.

Le perverti sexuel, dans son culte fétichiste, reste toujours sous

l'influence physiologique des tendances qui poussent l'homme vers

la femme et l'objet de son culte est d'essence féminine.

406 BIBLIOGRAPHIE.

C'est tantôt un objet de toilette féminine, bottine, chemise, mou-

choir, étoffes, etc., tantôt une partie du corps de la femme, l'un

des attributs spéciaux de son sexe, sans que cet amour morbide, en

.devenant « plus personnel,"plus corporel », suivant l'expression de

M. Garnier, se rapproche pour cela d'un besoin naturel du rappro-

chement sexuel.

A cette dernière catégorie appartiennent les collectionneurs de

mèches de cheveux de femme, les coupeurs de nattes, les « frot-

leurs » ayant le fétichisme des fesses de femmes et qui, dans les

endroits où la foule s'amasse, s'approchent des femmes aux formes

saillantes, se frottent contre leur derrière, et, au paroxysme de la

passion, vont jusqu'à sortir leur verge pour opérer le « frottage »

avec cet organe.

A la limite, pour ainsi dire, des cas de fétichisme hétéro-sexuel,

se rencontrent les faits, plus graves en eux-mêmes et plus étranges

dans lesquels l'impulsion fétichiste, tout en gardant son caractère

de sexualité, se confond avec une impulsion homicide : tel est le

bel exemple rapporté par l'auteur, de ce jeune homme chez qui

l'excitation génitale se développait à l'idée de manger un morceau

de la peau fine et blanche d'une jeune fille et de boire le sang qui

coulerait de la plaie. Ce malheureux suivit de la sorte plusieurs

jeunes filles « les ciseaux ouverts à la main, tout prêt à enfoncer

les lames dans leur chair, à en détacher un morceau et à le

dévorer»; mais, n'ayant pu accomplir son dessein, il tournait

chaque fois, comme il dit, sa rage contre lui-même, et, bien que

n'offrant aucune analgésie cutanée, d'un coup de ciseau détachait

nn morceau de sa peau, au niveau des parties du corps où elle a

le plus de finesse et le plus de rapports, par conséquent, avec

le délicat épiderme de la jeune fille désirée... puis il portait

cette chair sanglante à sa bouche et la mangeait avec volupté, se

donnant de son mieux, à ce moment, l'illusion que c'était de la

peau féminine, et entrant aussitôt en érection à cette représentation

mentale.

L'amour morbide qui pousse l'homme vers l'homme ou la femme

vers la femme, a aussi ses passionnés fétichistes.

Il ne s'agit pas là évidemment du pédéraste vulgaire, mais de

l'inverti-né, qui est toujours un malade dont les tendances doivent

être à peu près irrésistibles, puisqu'il est jeté dans la vie morale-

ment dépouillé du sexe qu'il extériorise seulement, ayant au

dedans de lui-même, par suite d'une mystérieuse transposition

constitutionnelle, le sexe opposé à celui que la nature physique

affiche.

L'objet du culte de l'inverti sexuel doit être d'essence masculine,

que ce soit le mouchoir, les bottes, la blouse ou une partie du

corps, et suivant le or Moll, c'est principalement sur le pied que

porte ce fétichisme homo-sexuel.

BIBLIOGRAPHIE. 407

On voit combien les faits signalés par le D'' Garnier sont impor-

tants à connaître pour le magistrat et pour le médecin qui peu-

vent se trouver amenés, eu présence de certains délits, à se

demander si, sous les apparences d'une perversité obstinée, ne se

cache pas une obsession morbide que des pénalités ne sauraient

amender. E. BLIN.

X. Des étals cataleptiques dans les maladies mentales; par le

D'' P. Lr;uairaE (1. Steinheil, éditeur, Paris, 1895).

L'auteur, dans une étude clinique très documentée, passe en revue

les délires toxiques, la manie et la mélancolie, la confusion mentale,

les folies périodiques et les états de faiblesse intellectuelle congé-

nitaux ou acquis. Il montre que les états cataleptiques s'y peuvent

observer sous une forme généralement atténuée, incomplète et

rémittente (accès partiels composés). Ils coexistent avec une aug-

mentation de la tension musculaire, un affaiblissement de l'activité

psychomotrice volontaire et de la sensation de fatigue musculaire.

Les boudées mystiques des dégénérés en offrent la manifestation la

plus frappante.

On peut aussi les observer dans les psychoses associées à l'épi-

lepsie et à l'hystérie.

Suivant l'auteur, la cacatonie de Kalbaum n'existerait pas en

tant que entité pathologique et ne serait que phénomènes catalep-

tiques chez les dégénérés en état de stupeur. L'auteur termine par

les applications du myographe au diagnostic de la simulation des

états cataleptoïdes. Dr A. Marie.

X1. Hystér ie ; par le Dr Yoronoff (lfaloine, éditeur).

C'est là une longue revue générale de l'hystérie, telle que l'ont

faite les travaux de Charcot et de ses élèves, y compris la psycho-

logie de M. Pierre Janet. L'étiologie est tout d'abord étudiée, et

M. Voronoff, passant en revue les principales causes plus ou moins

occasionnelles de la névrose, accorde le principal rôle à l'hérédité.

Puis les symptômes sont examinés, appareil par appareil; l'astasie-

abasie hystérique est décrite après les paralysies. L'auteur envisage

ensuite les syndromes hystériques simulateurs d'autres maladies, et

aussi les associations morbides avec divers états pathologiques.

Quelques considérations sur l'état mental l'amènent à définir la

nature de cette névrose qu'il considère avec M. Pierre Janet comme

une maladie mentale « caractérisée par la tendance au dédouble-

ment permanent et complet de la personnalité '. Le livre se ter-

mine par un chapitre sur le traitement; tel qu'il est, il représente

un petit manuel théorique et pratique et rendra des services aux

praticiens peu familiarisés avec l'hystérie. , E. T.

ASILES D'ALIÉNÉS.

XIV. DE L'INTERNEMENT DES aliénés ET DE l'organisation DES ASILES.

C'est une virulente philippique conlre l'intervention judiciaire

pour le placement des aliénés. L'auteur nous montre l'aliéné

passant en justice avec les voleurs de chevaux et exposé à la curio-

silé malsaine du public des cours de justice. Il montre des délirants

ainsi traînés en prison préventive avec une fièvre typhoïde ou une

pneumonie non diagnostiquées, bien que la loi préconise en Cali-

fornie la comparution rapide devant le juge. La famille est généra-

lement représentée au prétoire. mais c'est auprès du médecin de

l'asile qu'elle serait bien plus utile, alors que le transfèrement de

la prison à l'asile est trop souvent fait, pour les indigents, par un

schériff seul, même avec les malades femmes. Le scandale est

patent pour les cas de manie aiguë et le préjudice irréparable pour

les mélancoliques. Quant à l'organisation intérieure des asiles de

Californie, elle est compromise par l'immixtion de la politique,

qui donne la superintendance aux électeurs influents. Une fois

directeurs, d'ailleurs, ils n'ont aucune influence administrative

sur le personnel, paralysés qu'ils sont, par leurs comités de surveil-

lance pour lesquels les préoccupations politiques l'emportent

encore. {Occidental médical Tinies, avril 1895.) A. M.

XV. INTERDICTION ET internement DES BUVEURS d'habitude.

La Société allemande contre l'abus des boissons spirituelles a tenu sa

réunion annuelle à Munich le 19 septembre 1895. On s'y est occupé

des mesures législatives à prendre contre l'intempérance. Dans

l'état de choses actuel le buveur d'habitude jouit, au point de vue

légal, de tous les droits, bien qu'il ait perdu en réalité son libre-

arbitre. La loi ne protège contre lui ni ses parents, ni sa femme,

ni ses enfants. La société voudrait obtenir qu'on autorisât l'inter-

nement des buveurs dans un asile de traitement, et cela même

contre leur volonté. Il va sans dire que des mesures spéciales

seraient prises pour empêcher les abus. Il conviendrait également

de faire prononcer l'interdiction des buveurs, ainsi que leur

déchéance des droits de puissance paternelle.

La Société contre l'abus des boissons spirituelles appuie éner-

giquement le projet de loi contre l'intempérance. Elle reconnaît

que le gouvernement impérial a donné un avis favorable à la péti-

asiles d'aliénés. 409

tion qu'elle a adressée à la commission duReichstag, mais elle se

plaint que le gouvernement ne semble pas pénétré de l'urgence de

cette loi. La Société charge son bureau de faire des démarches

auprès du Parlement afin d'obtenir des dispositions législatives

contre l'intempérance, conformément aux résolutions votées par la

Société à Brème (1891), Halle (1892) et Munich (1895). Voici quel-

ques-unes de ces dispositions :

ART. Il. - Quiconque par ses habitudes d'intempérance aura

compromis ses propres intérêts et ceux de sa famille, ou sera un

danger pour la sécurité publique, pourra être interné dans un

établissement de traitement pour buveurs, même contre son gré.

L'internement aura lieu, au cas de danger pour la sécurité

publique, sur la réquisition des autorités ; dans les autres cas, pour-

ront réclamer l'internement tous ceux qui d'après le code civil

ont le droit de demander l'interdiction d'aliénés. L'inlernement ne

pourra avoir lieu qu'après une procédure réglée par la loi et après

l'expertise d'un ou de plusieurs spécialistes. L'internement prendra

fin lorsque les causes spécifiées dans le premier paragraphe auront

disparu, et lorsque la mise en liberté sera réclamée soit par

l'administration, soit par le buveur, soit parles personnes désignées

dans le paragraphe 2 à condition que le maintien dans l'établis-

sement ne soit plus nécessaire.

ART. 11, a. Les buveurs peuvent entrer volontairement dans

un établissement spécial de traitement. Ils y sont soumis pendant*

leur séjour à toutes les dispositions appliquées aux sujets internés

d'office. Les mesures prises pour l'internement contre leur gré des

buveurs d'habitude sont applicables au maintien contre leur gré des

sujets entrés volontairement. Le Directeur de l'établissement sera

consulté. Sur la proposition de ce dernier le maintien du buveur

sera ordonné jusqu'à décision ultérieure.

ART. 11, b. Un buveur peut être interdit dans les conditions

énoncées au paragraphe 1 de l'article 11. L'interdit est considéré

comme un mineur qui a dépassé l'enfance. Il conserve le droit de

tester. Il est privé des droits de puissance paternelle. Il a un

tuteur. Ce dernier peut le placer dans un asile spécial avec l'auto-

risation de l'administration. Cette dernière peut elle-même en cas

de non-intervention du tuteur provoquer le placement. L'inter-

diction peut être levée après disparition des causes qui l'ont fait

prononcer. Toutes les dispositions concernant l'interdiction des

aliénés sont applicables aux buveurs. (Art. 593 à 620 du Code civil.)

(Ko1'l'epondenzbl(/tt des a;r2«eic/te; ! Krcis und BezÏ1"is- Vel'eine in

KoIZireich Sachsen, leur novembre 1895.)

XVI. Assistance DES ÉPILEPTIQUES.

Etablissement municipal d'épileptiques de l31csdol·f, près Berlin.

410 ' asiles d'aliénés.

Cet établissement est exclusivement réservé aux épileptiques. Il a

été créé dans le but louable de séparer complètement les épilep-

tiques des aliénés. Sa population se composait, en juin 1894, de

350 hommes, 220 femmes, et 80 enfants des deux sexes. L'asile est

composé de pavillons isolés, distribués sans symétrie, à droite et a

gauche d'une avenue de 1,200 mètres de longueur. A l'entrée de

l'établissement se trouve le bâtiment destiné à l'éducation des

jeunes épileptiques. A 300 mètres de cette construction est situé le

bâtiment d'administration. En face, la chapelle et l'amphithéâtre.

Près de la chapelle, les villas du Directeur-médecin et des fonction-

naires. A droite et à gauche du bâtiment d'administration, on a

placé les quartiers des épileptiques (hommes et femmes) qui ont

besoin d'être isolés, ou que leur état d'excitation empêche de vivre

dans les pavillons des sujets tranquilles. Ces quartiers de surveil-

lance sont construits d'après le système du corridor et ne pré-

sentent rien de particulier dans leur aménagement. Les cellules

sont vastes, leurs fenêtres ont des vitres incassables maintenues

dans des cadres de fer. Les fenêtres de ces quartiers sont munies

de grilles qui semblent plutôt de véritables ornements, que des

appareils destinés à assurer le maintien des malades. Derrière le

bâtiment d'administration se trouvent le réservoir, la cuisine, la

buanderie. L'auteur loue beaucoup l'installation parfaite de la cui-

sine et de la buanderie et celle de la salle des machines qui servent

au chauffage de tout l'établissement et à la production de la lumière

électrique. Pour donner une idée de la munificence avec laquelle

le Conseil municipal a installé cet asile, l'auteur rapporte que le

bâtiment d'administration a 80 mètres de longueur, 10 mètres de

hauteur, et 20 mètres de largeur : perpendiculairement à son grand

axe part un autre bâtiment de 60 mètres de profondeur. Le pre-

mier étage de ces deux constructions est occupé par une salle des

fêtes, un théâtre, une bibliothèque, une salle de billard, le tout

éclairé à la lumière électrique «

En outre de ces diverses constructions, il existe une colonie com-

posée de deux divisions, une pour chaque sexe. La division des

hommes, située à gauche de l'avenue, comprend 10 pavillons ; celle

des femmes, à droite de l'avenue, 12 pavillons. Ces pavillons sont

des villas qui diffèrent entre elles au point de vue du style et de

l'aménagement; chacune a de 15 à 20 malades. Le service des bains

est installé dans un grand bâtiment très bien aménagé ; on y voit

une vaste piscine et deux baignoires pour bains électriques. Les

ateliers, situés derrière les villas de la division des femmes, sont

vastes, bien éclairés ; le bâtiment qui les renferme a 40 mètres de

longueur et 20 mètres de largeur. On a organisé des ateliers de

.reliure, de menuiserie, de serrurerie, de tailleurs, de cordonnerie,

de tapisserie. Du côté du domaine cultural se trouve un bâtiment

où logent 60 malades occupés aux travaux agricoles. Le domaine

varia. 411

cultural a une superficie de 6,300 mètres carrés; il comprend,

entre autres, un bâtiment d'habitation, des écuries, des étables pour

40 vaches, une porcherie (100 porcs), un poulailler. ,

La superficie de l'établissement tout entier est de 84 hectares.

Derrière la chapelle se trouve l'amphithéâtre avec une salle

d'autopsie et deux laboratoires, l'un pour le Directeur, l'autre

pour les médecins. Ces laboratoires sont admirablement installés.

Dans le bâtiment qui sert d'école, les salles d'étude sont au rez-

de-chaussée ; elles contiennent chacune seize places. A côté des

salles d'étude se trouve la chambre d'attaques, matelassée, qui con- ·

duit aux cabinets d'aisance. Les salles de réunion sont voisines des

salles d'étude.

On semble considérer les résultats pédagogiques comme très

douteux. (Krayatsch, Reisebericht uber die Besuche einiger deutscher

Idiotenanstalten. Jahrbücher f. Psychiatrie, t. XIV, f. 1 et 2, 1895.)

P. S.

VARIA.

La 111 É TA L LOT Il É RA PIE au temps DE Charlemagne E

Dans la petite brochure : Les Quatre fils Aymon, éditée par

Charles Simond, chez H. Gautier, on lit le passage suivant qu'il

nous semble bon de mettre sous les yeux de nos lecteurs :

« Comme le vieux cavalier parlait ainsi, le convui de Pinabel,

qu'on croyait mort et qu'on portait au tombeau, passa : Maugis

s'approcha du vieux soldat et lui demanda quel était ce chevalier,

t C'est, lui dit-il, un favori du roi, un méchant homme que Dieu a

puni de ses crimes, et qu'on a trouvé mort subitement. - 1[ n'est

pas mort, reprit l'ermite, il n'est qu'enchanté comme ces deux

autres qu on porte aussi au tombeau, ils dorment. Voulez-vous que

je les réveille ? - - Je serais assez curieux de voir un désenchante-

ment, reprit le soldat, mais je voudrais que ce fût sur tout autre

que ces méchantes gens.-Comment connaissez-vous qu'ils ne sout

qu'enchantés ? Et comment avez-vous le pouvoir de les désenchan-

ter ? -Le charme est aisé à connaître, reprit Maugis, à la couleur

de leurs traits; quant au pouvoir de les désenchanter, il consiste,

comme vous l'avez très bien observé, dans ces médailles*. Maugis

qui savait le moment où le charme devait finir, donna une médaille

au cavalier. « Vous pouvez, si vous voulez faire l'essai, accom-

pagner le convoi, et, dans deux heures d'ici, quand on sera prêt à

412 VARIA.

les mettre dans le tombeau, dites qu'on suspende la cérémonie :

appliquez seulement un demi-quart d'heure la médaille sur le

front des ensorcelés , et vous les verrez revenir peu à peu. »

Le cavalier remercia l'ermite et ne se vanta pas du présent qu'il

lui avait fait, pour se ménager le plaisir de surprendre ses cama-

rades. »

Croyance aux SORCIERS.

Sous le titre : Une Mégère, la Justice publie le fait suivant : « Une

femme de Catane, du nom de Gaelana Stimoli, attirait en leur pro-

mettant des bonbons, des jouets, les enfants qu'elle rencontrait et

leur faisait boire ensuite du vin mélangé à du phosphore. Les mal-

heureuses victimes mouraient dans d'atroces douleurs. Vingt-trois

enfants auraient été empoisonnés de cette façon. La femme Sti-

moli a été arrêtée; elle a avoué ses crimes, disant qu'elle voulait se

venger, parce que deux de ses enfants qui avaient été ensorcelés

étaient morts. La foule, indignée, voulait mettre la mégère à mort. »

IVe CONGRÈS D'ANTHROPOLOGIE CRIMINELLE

Du 21 au 29 août 1896.

PROGRAMME

I. Biologie criminelle.

1. Faits positifs démontrant le criminel-né. (Rapp. : Dur MORSGLLI

prof. de psychiatrie à Gênes.)

2. Dégénérescence et criminalité. (Rapp. : Dr Dr.LEU.cNE, prof.,

de méd. légale, Bruxelles; second rapporteur : D'' A. BAER, à

Berlin.)

3. Tempérament et criminalité. (Rapp. : Il. FERU], prof. de droit,

député, à Rome.)

4. Anomalie du sens génital au point de vue dela criminalité (Rapp. :

Dr P. Garnier, médecin de la préfecture ,de police à Paris.)

5. L'inversion génitale. (Rapp. : D'' lIAGtTOr, membre de l'Académie

de médecine, à Paris.)

15. Relation entre la prédisposition héréditaire et le milieu domes-

tique pour la provocation du penchant criminel. (Rapp. : Ber-

nardino ADMENA, professeur de droit criminel à l'Université

de Naples.)

II. Sociologie criminelle.

1. L'anarchisme et le combat contre l'anarchisme au point de vue

de l'anthropologie criminelle. (Rapp. : VAN HAMEL, prof. de

droit à Amsterdam.)

2. De l'influence de la légitimité ou de l'illégitimité de la nais-

VARIA. t13

sance sur la criminalité. (Rapp. : Tarde, chef du bureau de

statistique au ministère de la justice à Paris.)

3. La criminalité professionnelle. (Rapp. : Tarde, à Paris.)

4. Combinaison de la statistique criminelle avec celle des profes-

sions. (Rapp. : D IIUItELLA.)

5. Les vols dans les grands magasins. (Rapp. : D1' LACASSAGNE, prof.

à Lyon.)

6. Conséquences sociales de l'alcoolisme des ascendants au point

de vue de la dégénérescence, de la morale et de la crimina-

lité. (Rapp. : Dr Leceam de Ville-Evrard, à Paris.)

7. Relations du droit et de l'anthropologie. (Rapp. : Paul OTLET,

avocat à Bruxelles, et Comité russe.)

8. Quels sont parmi les facteurs de la criminalité ceux que la sta-

tistique devrait sut Lout mettre en relief ? Comment les données

relatives à ces facteurs devraient-elles être recueillies et grou-

pées ? (Rapp. : Chs DELA-4,NOY (docteur en droit), attaché au

ministère de la justice, Bruxelles.)

9. Criminalité féminine. (Rapp. : Comité russe.)

10. Influence de la Presse sur la criminalité. (Dr Paul AUBRY, à

Saint-Brieuc.)

III.- Psychologie et psychopathologie criminelles.

t. La préméditation ohsessive. (Rapp. : D SellaL, à llons, Belgique.)

2. De la folie méconnue. Conséquences pénales; nécessité d'une

intervention médicale plus fréquente. (Rapp. : D' P. Garnier,

à Paris.)

3. Responsabilité pénale (Rapp. : Dr Manouvrier, prof. à Paris.)

3 (bis). Les fondements et le but de la responsabilité pénale.

(Rapp. : Dimilri DRILL, (Saint-Pétersbourg'.)

4. Les suggestions criminelles envisagées au point de vue de la cap-

tation des testaments et des faux témoignages suggérés.

(Rapp. : D'' BLarLr.ov, à Paris.)

5. Le diagnostic de la « Moral Insanity » et son rapport avec la

responsabilité criminelle. (Rapp. : D1' M. Benedikt, prof. à

Vienne.)

0. Les persécuteurs processifs. (Rapp. : D1' Ballet, prof. agrégea à

Paris.)

7. Sur la valeur médico-légale du somnambulisme alcoolique (pro-

posé par M 111EIIZEdEWSIiI, professeur à Saint-Pétersbourg.

(Rapp. : Dr Xavier FnANCuTTE. prof. à Liège.

8. Considérations générales sur la psychiatrie criminelle (Rapp. :

Dr Ni;ci ? Hubertusburg).

9. Les facteurs pathologiques du vagabondage (Rapp. : Dr MENDEL,

prof. à Berlin.

414 Il VARIA.

IV. Applications légales de l'anthropologie criminelle.

1. L'emprisonnement cellulaire doit être interdit relativement à

certains détenus dont il favorise les penchants criminels ; tel

est le cas notamment pour ceux chez qui on observe l'exis-

tence d'obsessions morbides. (Rapp. : Telnr, prof. à Liège et

COMITÉ russe.)

2. Influences anthropologiques en matière de capacité et de respon-

sabilité civiles. (Rapp. : Abbé DE BaETS, à Gand, et DE BAETs,

avocat et prof. à Gand.)

3. Le traitement du criminel d'occasion et du criminel-né, selon

les sexes, les âges, les types, etc. (Rapp. : D'' Lounnoso, prof.

à Turin.)

4. Dans quelles limites et par quelles conditions la récidive peut-

elle servir pour désigner les malfaiteurs de profession et les

malfaiteurs incorrigibles ? (Rapp. : L. Carelli, substitut du

procureur du roi à Rome.)

Quelle classification des criminels pourrait-on adopter, laquelle,

tout en étant fondée sur des caractères physiologiques et

moraux, pourrait être utilisée par la législation pénale ? Rapp. :

Baron GAROFALO, conseiller à la cour d'appel de Naples.)

6. L'influence du droit positif sur les actes punissables. (Rapp. :

(Dr Julius OFNER, avocat à Vienne.)

7. Quelle devrait être la position du médecin-expert devant la loi ?

(Rapp. : Comité russe.)

8. Sur les mesures pénales à prendre au sujet des mineurs délin-

quants. (Rapp. : Dr Th. RoUssEL, sénateur, à Paris.)

9. Sur quelques types de criminels au point de vue de leur traite-

ment pénal. (Rapp. : Comité russe.)

10. Quelles sont les mesures propres à faire connaître la person-

nalité physiologique, psychologique et morale du prévenu

qui permettent aux magistrats et aux avocats d'apprécier

l'opportunité d'une expertise médicale ? (Xe voeu du Congrès

de Bruxelles.) (Rapp. : Mauls, Bruxelles.)

V. Applications administratives de l'anthropologie criminelle.

1. Toute oeuvre de patronage des délinquants, enfants ou adultes,

doit soumettre ses patronnés à un examen anthropologique

destiné à découvrir les causes de la criminalité, ainsi que

les moyens de la détruire. (Rapp. : Tnipy, prof. de droit

criminel à Liège.)

2. Le traitement physique des prisonniers, principalement des

jeunes délinquants et des dégénérés, tant dans le système de

l'emprisonnement en commun que dans le système cellulaire.

(Rapp. : BnocwvaY, directeur du Reformatory à \en--1'orl;.)

VARIA. 415 S

3. Education des fils de criminels. (Rapp. : D'' DE BAETS, à Gand;

abbé DE BaTS, à Gand.)

4. L'enseignement de l'anthropologie criminelle. (Rapporteur :

Dr LACASSAGNK. prof. à Lyon.)

5. Quelles sont les mesures à prendre à l'égard des buveurs d'ha-

bitude délinquants ? Faut-il les maintenir dans les prisons ?

N'y aurait-il pas plus d'avantage pour la morale et la société

à les faire traiter et à essayer de les guérir ? (Rapp. :

Dr Magnan, à Sainte-Anne, Paris.)

fi, Inspection mentale des détenus dans les prisons. (Rapp. :

Dr P. Garnier, à Paris.)

7. Résultats obtenus par l'anthropométrie au point de vue de la

criminalité. Quelles sont les lacunes à combler ? (Rapp. :

A. BftTILLO\, chef du service de l'Identité judiciaire, à Paris.)

7 (bis). Empreintes digitales. (Rapp. : Francis G1LTON, à Londres.)

8. De la nécessité d'organiser sur des données scientifiques sérieuses

l'éducation correctionnelle. (Rapp. : Dr Motet, à Paris.)

9. Les modes de prévenir l'évolution de la criminalité. (Rapp. :

Dr Jean nl.lLIREWS71Y, Saint-Péterabourg.) :

Communications annoncées :

Histologie de l'écorce cérébrale chez les criminels et les épilepti-

ques. (Rapp. : Dr Roncoroni, à Turin.)

Histoire des progrès de l'anthropologie et de la sociologie crimi-

nelles depuis 1890. (Rapp. : Prof. Lombroso, à Turin.)

De la suggestion hypnotique envisagée comme adjuvant il la cor-

rection paternelle. (Rapp. : D1' BGRILLOV. à Paris.)

De la nécessité de pratiquer le détatouage des jeunes détenus

par voie de correction. (Rapp. : 1)" 13ÉRILLON, à Paris.)

Par quels moyens peut-on recueillir des renseignements sur les

détenus dans les prisons pour le but des études sociologiques

et pénitentiaires, et quels doivent être ces renseignements ?

(Rapp. : Comité russe.)

Aperçu statistique sur les prisons de la Suisse. (Rapp. : J. CCÉNOUD,

ancien directeur de la police centrale à Genève.)

Thème réservé. (Rapp. : Scipio SsIEtE, à Rome.)

NÉCROLOGIE.

Le Dr Auguste TEB.1LDI, mort en septembre dernier, était né

en 1833, à Vérone, fut reçu docteur à Padoue, en 1859, fit la

même année la campagne du Piémont comme médecin mili-

taire, visita ensuite les Facultés de Paris et de Berlin, et se fixa à

Padoue comme docent de psychiatrie, puis devint professeur titu-

laire. Son principal ouvrage est intitulé : Fisonomia ed Espressione

studiate nielle loro deviaz;oî21 con un appendice salla espressiorze del

de/M'(0 nell'arte, 1884. Citons encore : Del sogizo; - Alienats ed

alienisti; Napoleone, une page d'histoire psychologique du génie,

paru en 1895.

CIllAIS (F.).- Les eaux d'Evian dans l'arlhrilisme, la neurasthénie, la

goutte. Brochure in-8e de 44 pages. Paris, 1896. Société d'édi-

tions scientifiques.

Grasset (.1.). Leçons de clinique médicale faites t't l'hôpital Sainl-

Éloi de Montpellier (novembre 1890, juillet 1895), 2° série. Volume

in-8°, de 787 pages. Prix : 12 francs. Paris, 1896. G. Masson.

L'Année psychologique, publiée par \I11. Beaunis (H.), Btuer, avec la

collaboration de \111. Kibot ('l'U.), Victor Henri, Azoulay, Biewlict, Bour-

don, Cltaslin, Courtier, Flournoy, Foiel, Gley, Passy, Philippe, Xidiez et

M"° Sczawimka.- Deuxième année, 189.i.- Volume in-8° de 1,010 pages.

Prix : 15 francs. - Paris, 1896. Librairie F. Alcan.

R.\FFALOnclI (11.-e1.). - Uranisme et KMetMtM.Volume in-8° relié

de 363 pages. Prix : 8 francs. Pans, 181>6. Librairie G. Masson.

RosKAM. Lpilepsie et volonté. Brochure in-8° de 8 pages.

Liège, 1895. lmptimerie G. Faust.

AVIS AUX ÉDITEURS. - Tout ouvrage dont deux

exemplaires seront remis aux Archives sera annoncé et ana-

lysé. Ceux dont un seul exemplaire aura été reçu seront sim-

plement annoncés.

Le rédacteur-gérant : BOURNEVILLE.

Evreux, Ch, HÉRI55E\', imp. - 596.

Archives DE Neurologie, ;898, T I

Ftg, 1

Pl{f.2 2

Ftg. 3

Fig. 4

Vol. I. Juin 1896. N° 6.

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

ANATOMIE PATHOLOGIE

LES NEURONES'. 1.

LES LOIS FONDAMENTALES DE LEURS DÉGÉNÉRESCENCES

I'ar le D' A1. KLIPPEL,

Chef de laboratoire de la Clinique des maladies mentales.

La pathologie a généralement profit aux notions de struc-

ture et de physiologie des organes. En est-il ainsi en ce qui

concerne la doctrine du neurone ? A l'heure actuelle la ma-

nière de comprendre la structure du système nerveux, pris

dans son ensemble, n'est plus celle qui régnait il y a quelques

années. A cette époque les éléments nerveux formaient à leurs

terminaisons des réseaux centraux; aujourd'hui les éléments

nerveux, au lieu de s'anastomoser, se mettent simplement en

contact les uns avec les autres, et l'ensemble est ainsi formé

de particules élémentaires relativement indépendantes. Toutes

ces particules sont analogues; elles constituent les unités du

tout.

L'unité nerveuse se nomme neurone.

Cette doctrine nouvelle comporte des données physiolo-

giques et pathologiques, nouvelles elles aussi; de plus, elle

contribue, à notre avis, à rendre plus claires les notions de

1 Ce mémoire est l'exposé de leçons que nous avons faites en février 1896,

à la Clinique de notre maître, le professeur Jolfroy. Nous sommes heureux

de lui exprimer en cette occasion toute la reconnaissance que nous lui

devons.

Archives, 2° série, t. I. 27

418 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

pathologie nerveuse que nous devons à des travaux relative-

ment plus anciens.

- S'il existe une unité nerveuse, un neurone, sa morphologie,

sa physiologie, sa pathologie doivent, en quelque sorte, repré-

senter en miniature, la structure, la physiologie, la pathologie

du système nerveux tout entier.

Nous étudierons tout d'abord le neurone d'une façon isolée,

cherchant à dégager les lois principales qui le régissent, envi-

sagé sous sa triple individualité anatomique, physiologique et

pathologique.

En second lieu, nous tenterons la même étude en tenant

compte des relations des neurones entre eux et envisagés sous

le rapport de leurs réactions de l'un à l'autre.

I. Anatomie ET pathologie DU NEURONE

ENVISAGÉ ISOLÉMENT.'

L'un des premiers avantages de la théorie du neurone est

de permettre de faire une étude générale les yeux fixés sur un

élément unique, très simple, en laissant tout d'abord de côté

la complexité du système nerveux pris dans son ensemble.

On peut définir le neurone : une cellule nerveuse avec ses

divers prolongements, ses prolongements protoplasmiques qui

le mettent en rapport avec les neurones voisins, son prolon-

gement cylindraxe qui établit les mêmes connexions ou qui

s'en va jusqu'aux muscles, à la peau, aux organes des sens,

etc., etc.

La cellule nerveuse est connue depuis longtemps et Deiters,

en établissant l'origine cellulaire des cylindraxes, avait sans

doute indiqué le point le plus important de sa structure. On

connaissait d'ailleurs aussi les prolongements protoplasmiques.

De la sorte, ce qui justifie ce terme nouveau de neurone, c'est-

à-dire l'unité nerveuse, c'est que chaque cellule nerveuse,

chaque neurone, est un petit organisme séparé, n'affectant

avec ses voisins que des relations de contiguïté, non de conti-

nuité.

Pour en arriver à cette conception il fallait démontrer que

les nombreux prolongements de la cellule nerveuse ne s'anas-

tomosent pas pour former un réseau; il fallait partout briser

le réseau de Gerlach pour établir l'indépendance de la cellule

nerveuse. Or, en 1874, Golgi, faisant usage d'une nouvelle

LES NEURONES. 419

technique histologique, démontra que les prolongements pro-,

toplasmiques des cellules nerveuses ne s'anastomosaient pas,

qu'ils se déterminaient au contraire librement. Plus tard,

Ramon y Cajal montra que le prolongement nerveux lui aussi

se termine sans s'anastomoser avec les prolongements des élé-

ments voisins. Dès lors le réseau, rompu des deux côtés, fait

apparaître l'élément nerveux comme isolé dans ses rapports de

continuité. Et Waldeyer put dès lors créer, fort à propos, le

terme de neurone pour désigner l'unité nerveuse.

A. Morphologie générale et physiologie du neurone.

Les neurones peuvent être de petites ou de grandes cellules

nerveuses, leurs prolongements peuvent former de très riches

arborisations ou être beaucoup plus réduits, leurs prolonge-

ments nerveux peuvent être si courts qu'ils se ramifient sim-

plement au voisinage du corps cellulaire dont ils émanent ou,

au contraire, aller à travers un nerf périphérique, de la moelle

épinière à un muscle des extrémités, par exemple; les varia-

tions, en un mot, de formes et de dimensions peuvent être

considérables ; mais peu importe, les différences, les analogies

sont toujours telles que le neurone est le même partout. On

peut lui considérer trois portions :

1° Une portion centrale qui est constituée par un proto-

plasma cellulaire (nous reviendrons sur les détails de sa struc-

ture en parlant de ses lésions) et d'un noyau. La forme, l'as-

pect, les différences relatives de ces cellules suivant les régions

de la moelle, du cervelet, de la substance corticale du cerveau,

sont des faits trop connus pour y insister ici.

2° Des prolongements protoplasmiques que dans les travaux

récents on nomme dendrites1. Ces prolongements du neurone

se ramifient dans son voisinage en formant des arborisations

hérissées de petites saillies et se terminent librement par un

panache. Ces prolongements dendritiques se mettent en con-

tact avec des prolongements cylindraxes d'un autre neurone ;

c'est ce que Ramon y Cajal appelle Yarliculalion des neurones.

Ces prolongements, qu'on oppose aux prolongements neu-

raux (neurit ou cylindraxe), sont généralement très courts par

rapport à ces derniers. Cependant on les voit naître par

1 Le mot dendrites est tiré de la minéralogie où il sert à désigner des

figures qui représentent des végétaux par le fait de l'agrégation d'une

multitude de petits cristaux qui se groupent de façon à donner l'aspect

d'une arborisation.

450 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

exemple d'une cellule de la corne antérieure de la moelle et

passer par la commissure pour aller se ramifier dans la corne

-du côté opposé. 11 y a même bien plus : il est permis de consi-

dérer comme- un prolongement dendritique celui qui, par-

tant d'un des pôles d'une cellule du ganglion intervertébral,

s'en va à travers le nerf sensible se terminer dans'la peau. Le

prolongement neural de ces mêmes cellules va à travers la

racine postérieure se ramifier dans la moelle. Bien des argu-

ments sont en faveur de cette façon de considérer le prolon-

gement périphérique du tube en T, de la cellule du ganglion

intervertébral. L'embryologie démontre d'ailleurs que primi-

tivement la cellule en question a deux pôles opposés et que

le tube en T n'est qu'un résultat secondaire.

On pourrait objecter que les prolongements dendritiques

n'ont pas ailleurs de gaine de myéline et que celle-ci caracté-

rise les prolongements du second ordre. Nous ferons remar-

quer qu'une telle loi n'a rien d'absolu, car il y a nombre de

prolongements cylindraxes qui n'ont pas de gaine de myéline.

La gaine de myéline qui entourerait les dendrites du neurone

intervertébral nous apparait comme un résultat de leur long

trajet et de leur importance physiologique. Cette gaine de

myéline n'est-elle pas en effet, un appareil, non pas néces-

saire, mais un appareil de perfectionnement ? Ce serait pour

cette raison qu'on ne la retrouverait plus sur les cylindraxes

très courts et aussi qu'elle n'existerait pas encore sur les

collatérales des neurones cérébraux dans la première semaine

après la naissance (Flechsig), c'est-à-dire avant le dévelop-

pement des fonctions psychiques.

Enfin il faut ajouter que les différences des deux ordres de

prolongements ne sont pas fondamentales; le cylindraxe doit

apparaître comme simplement plus différencié que les den-

drites qui sont eux-mêmes fibrillaires jusqu'à un certain point.

(Rappelons à ce sujet les travaux de Benda.) Dès lors il n'y a

rien d'extraordinaire à trouver cette gaine de myéline sur des

prolongements dont la fonction physiologique est si impor-

tante et si spéciale. Si nous insistons sur ce fait, c'est qu'il a

une grande importance au point de vue pathologique, il en

sera question plus loin.

3° Un prolongement cylindraxe ou neural (neurit des Alle-

mands). C'est, pour citer un exemple le prolongement de

Deiters dans le neurone qui de la corne antérieure de la

LES NEURONES. 42]

moelle va au muscle. Le prolongement cylindraxe ou neural

naît soit du corps de la cellule, soit de l'un de ses dendrites.

Dans son trajet il émet des branches collatérales plus ou moins

nombreuses, nombreuses surtout sur le trajet des libres sen-

sibles, plus rares sur les fibres motrices. Sa terminaison,

quand elle a lieu dans le système nerveux central, se fait par

des extrémités libres se mettant en contact avec les prolonge-

ments dendritiques d'un neurone voisin pour constituer l'arti-

culation des neurones. ,

Habituellement le cylindraxe ou neurit est unique, mais il

existe des neurones polyneuriques où celui-ci est multiple ;

c'est le type décrit par Cajal. i

Si le prolongement nerveux est très long on a le type Dei-

ters du neurone ou le premier type de Golgi, ou si l'on veut

le type de Deiters-Golgi. Si le prolongement est court on a, le

deuxième type de Golgi, Enfin il y a, mais rarement, des neu-

rones qui n'ont que des prolongements dendritiques; d'autres

que des prolongements neuraux. Ces notions d'histologie du

neurone sont encore complétées par l'étude embryologique

qui montre que chacun d'eux dérive d'un neuroblaste et forme

un tout dès l'origine.

Le neurone se présente donc en résumé comme une cellule

ayant des prolongements dendritiques et généralement un

seul prolongement cylindraxe ou neural. Les prolongements

de ces deux variétés se terminent librement sans s'anastomoser

avec ceux des neurones voisins. Telle est la- morphologie du

neurone; nous retrouverons plus loin les détails de sa struc-

ture en étudiant ses dégénérescences. ' :

Ce que nous savons actuellement de la physiologie du neu-

rone peut se résumer en peu de mots : Chaque fois que l'in-

flux nerveux de quelque nature qu'on le suppose, gagne le centre

de la cellule il suit les prolongements dendrites, chaquefois qu'il

s'échappe du corps de la cellule pour s'en éloigner il suit le pro-

longement cylindraxe.

Supposons une impulsion motrice partant de l'écorce du

cerveau pour se rendre à un muscle; le courant nerveux qui

s'éloigne à ce moment du centre d'une cellule de l'écorce suit

son prolongement cylindraxe jusqu'au point où il se termine

librement dans la corne antérieure de la moelle. En ce;point

,le courant est repris par un nouveau neurone dont il gagne le

centre en suivant des prolongements dendritiques; puis il

422 11) ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

,quitte le centre de ce deuxième neurone, pour gagner la péri-

phérie ; à ce moment il est de nouveau repris et conduit à des-

tination (au muscle) par un prolongement cylindraxe.

La même loi se retrouve dans la chaîne plus compliquée des

neurones qui portent les impressions sensibles parties de la

périphérie, à travers les neurones de la moelle, du bulbe, etc.,

dans les couches corticales. Nous nous sommes efforcé d'accu-

muler les arguments qui au point de vue anatomique permet-

taient de considérer les fibres de la sensibilité dans leur trajet

compris entre la cellule du ganglion intervertébral et la péri-

phérie, comme constituées par les prolongements dendrites de

cette cellule. La loi physiologique qui vient d'être indiquée

confirme complètement cette manière de voir.

L'impression sensible au moment où elle part de la peau

pour arriver au ganglion intervertébral marche en effet vers le

centre du neurone qui forme les cellules de ces ganglions;

elle doit donc suivre les prolongements dendritiques.

Ensuite, au moment où arrivée au corps cellulaire, cette im-

pression va gagner la moelle, elle s'éloigne du centre du neu-

rone et doit suivre par conséquent un prolongement cylin-

draxe. 1

Au point de vue physiologique le neurone qui va de la peau à

la moelle a donc ses prolongements dendritiques dirigés vers la

périphérie; son prolongement neural dirigé vers la moelle.

Les mêmes considérations sont applicables aux neurones

commissuraux et d'association des différentes zones psychiques

B. Pathologie du neurone considéré isolément. S'il est

permis de prendre pour type d'une description anatomique

un neurone et de lui assigner des caractères généraux apparte-

nant à tous les neurones, le même procédé peut être appliqué

à la pathologie. Les mêmes lésions, envisagées dans une unité

nerveuse se pourront rencontrer avec le même aspect dans

toutes les autres unités. Le neurone formant un tout il est lo-

gique d'admettre que la lésion d'une de ses parties retentisse

forcément sur l'ensemble à un certain degré.

Supposons un neurone avec son centre cellulaire et ses

prolongements des deux variétés; supposons une section hori-

zontale passant transversalement en un point de son prolon-

gement cylindraxe, les deux portions séparées vont présenter

des lésions, celle qui constitue le centre cellulaire, son noyau

et un tronçon du prolongement neural aussi bien que celle

LES NEURONES. 423

qui se résume dans le bout périphérique de ce dernier. Seule-

ment les deux lésions ne seront pas identiques. Le bout

périphérique va dégénérer suivant la loi de Waller, le bout

central va s'altérer suivant le processus de la dégénérescence

dite rétrograde.

Mais ce qu'il importe de souligner c'est que le neurone tout

entier se trouvera atteint. Lorsque Waller, considérant les

deux extrémités des sections, écrivit : « le bout périphérique

dégénère », il formula une des lois les plus générales et les

plus incontestées de la pathologie nerveuse. Lorsqu'il ajouta :

c le bout central reste intact », il indiqua un fait inexact, car

pour être le siège d'une lésion, d'un aspect différent, cette

lésion n'en existe par moins dans cette dernière portion. Ce

dernier fait peut se résumer de la manière suivante : la loi de

Waller n'est pas exacte dans ce qu'elle a d'exclusif.

Dans un mémoire en collaboration avec M. Durante, nous

avons insisté sur ce fait en faisant concourir à sa démonstra-

tion dans la moelle, l'encéphale et les nerfs périphériques un

nombre considérable de documents. Cette donnée nouvelle de

la double dégénérescence s'explique mieux avec la conception

du neurone qui place dans un isolement relatif le bout central

du neurone en le montrant moins lié au reste du système

nerveux et d'autre part en établissant l'unité de l'élément que

nous supposons altéré.

La portion sectionnée du cylindraxe y compris ses collatérales

séparée du reste du neurone s'altère profondément, sa lésion se

fait avec rapidité, elle aboutit non seulement à la destruction

fonctionnelle, mais à la destruction matérielle, la myéline se

fragmente et résorbe, le cylindraxe se détruit et disparait,

plus ou moins complètement; au dernier terme, souvent réa-

lisé, il ne reste plus rien de la structure primitive. On a l'en-

semble des lésions qui caractérisent habituellement la dégé-

nérescence wallérienne. L'autre portion du neurone, celle qui

conserve le centre cellulaire offre des lésions moins aiguës et

moins destructives : ce sont celles que nous avons regardées

dans le travail précédemment cité, d'après les observations des

auteurs et les nôtres, comme caractérisant la dégénérescence

ou mieux l'atrophie rétrograde dans sa forme typique.

' Revue de Méd., janvier 1895 et numéros suivants. Des dégénéres-

cences rétrogrades dans les centres nerveux et les nerfs périphériques.

Voir aussi la thèse de Durante, Paris, 189J, sur le même sujet.

424 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

Nous devons supposer de même que les prolongements den-

dritiques du neurone dégénèrent dans les cas où pourrait se

trouver réalisée la même séparation que nous venons de sup-

poser, pour le prolongement cylindraxe. Ici nons n'avons pas,

on le comprend, les expériences si souvent réalisées en patho-

logie expérimentale, à moins d'admettre, ainsi que nous l'avons

fait, que les nerfs sensibles sont des dendrites.

Ce que nous savons, c'est que la pathologie montre chaque

jour que dans les lésions, même peu marquées du centre du

neurone, on a déjà une destruction plus ou moins complète

de ses dendrites. Avec la méthode Golgi nous avons pu cons-

tater cette dernière lésion au début de la paralysie générale ' .

Au point de vue pathologique les prolongements dendrites sem-

blent donc suivre les mêmes lois de dégénérescence que les

prolongements neuraux.

Dans d'autres cas plus rares, le neurone sectionné dégénère

dans ses deux fragments d'une manière complète, c'est-à-dire

dans le bout central au même degré de destruction que dans

le bout périphérique. La dégénérescence qui est physiologi-

quement rétrograde dans le bout central n'a plus alors son

caractère particulier : au point de vue anatomique elle se

confond dans sa forme, si non par sa pathogénie, avec la

dégénérescence wallérienne.

D'ailleurs la réciproque peut s'observer parfois dans le bout

périphérique.

Nous rappellerons, en effet que Schiff a retrouvé le cylindraxe

non détruit dans le bout périphérique des nerfs sectionnés.

En répétant ses expériences avec la nigrosine, nous avons pu

arriver à des résultats moins évidents en ce sens que cette

conservation du cylindre d'axe était au moins fort inconstante.

Le bout central peut donc parfois dégénérer par un processus

anatomique semblable et celui du bout ? A(°)'Me, et récipro-

quement. Ces exceptions aux lois fondamentales de la dégénéres-

cence des fragments du neurone ont, à notre avis, cette

importance qu'elles montrent qu'il y a des conditions qui

échappent aux données d'une simple expérience. La résistance

.vitale des portions du neurone sectionné doivent entrer en

ligne de compte; l'expression est vague, mais elle est néces-

saire dans notre ignorance actuelle.

' Travail en collaboration avec le Dr Azoulay. (.1t,eh. de Neurologie,

août 1891.)

LES NEURONES. 425

Ce que nous appelons résistance vitale est sans doute le

résultat d'un grand nombre de conditions, comme des colla-

térales nombreuses reliant encore la portion détachée du

centre du neurone à la fonction des neurones voisins, peut-

être la fonction des neurones voisins suppléant au centre perdu

pour le bout périphérique sectionné, etc. La distance du centre

à laquelle la section est faite paraît en tout cas jouer un cer-

tain rôle. '

Quoi qu'il en soit, les dégénérescences wallérienne ou rétro-

grade des neurones reconnaissent des conditions sans doute

multiples et complexes, ce qui rend compte de leurs modalités

différentes, tandis que les lésions primitives sont identiques. Ces

sections du prolongement cylindraxe des neurones sont, on le

sait, chose commune en pathologie; c'est ce qui a lieu pour

toutes les lésions en foyer circonscrit siégeant dans les nerfs,

dans le cerveau et la moelle. Il en résulte que cette double

dégénérescence du neurone au-dessus et au-dessous de la lésion

est un fait souvent observé en pathologie. C'est ainsi que la

névrite périphérique, la section expérimentale des nerfs, par

exemple, sont toujours accompagnées d'une lésion rétrograde

s'effectuant en sens contraire de la loi de Waller. Et les mêmes

faits s'observent lorsqu'il s'agit de lésion sur le trajet des

neurones centraux'. 1.

Seulement le degré de cette lésion est plus variable et

moins évident que celle du bout périphérique. Elle demande

pour être reconnue, du moins dans beaucoup de cas, l'emploi

des méthodes de Marchi pour l'examen des tubes nerveux et

de Nissl pour l'examen de la portion cellulaire du neurone.

Cette dernière méthode a donné de très beaux résultats en

matière d'expérimentation puisqu'on a pu rencontrer des

lésions évidentes des granulations chromatiques du proto-

plasma cellulaire déjà accusées quarante-huit heures après

l'arrachement d'un nerf moteur comme le facial 2. La patho-

génie de la dégénérescence wallérienne se résume dans la

suppression du centre trophique. Userait surperflu d'y insister

davantage.

Le mode de développement dans le neurone sectionné de

1 Voir pour la bibliographie notre mémoire cité plus haut. {Revue de

Méd., 1895, janvier et numéros suivants.)

2 Voir le même mémoire cité plus haut pour l'indication bibliographique

des auteurs qui ont établi ce fait.

426 1N1T0911li PATHOLOGIQUE.

l'atrophie que nous appelons rétrograde est plus obscur.

Marinesco et Goldscheider admettent un repos fonctionnel du

centre du neurone qui,-s'altérant sous cette influence, com-

manderait la dégénérescence des ramifications restées en

connexions avec ce centre. Nous n'avons pas de critiques à

faire à cette manière de voir, mais nous ferons remarquer que

cette dernière modalité de lésion prise dans sa complexité n'est

pas semblable à celle qui préside à la lésion du bout périphé-

rique du neurone et cela ni par sa pathogénie, ni par son degré

habituel. Quelles que soient les analogies entre ces deux variétés

d'altérations, il y a lieu de les distinguer.

Le prolongement cylindraxe d'un neurone étant sectionné

expérimentalement ou par une lésion en foyer il y a donc lieu

de réserver à la lésion du bout périphérique le nom de dégéné-

rescence Wallérienne ; à celle du bout central le nom de

dégénérescence ou d'atrophie rétrograde , tout en acceptant

d'ailleurs certaines analogies.

Telles sont les deux variétés de lésions les plus importantes

que peut offrir un neurone envisagé comme unité patholo-

gique. Mais les neurones qui composent le système nerveux

sont en rapport les uns avec les autres; les neurones réagis-

sent les uns sur les autres et ce fait, important encore au point

de vue pathologique, va faire l'objet des lignes suivantes.

II. Pathologie DES systèmes DE NEURONES.

Le neurone qui est le même partout forme, en se mettant

au contact avec les neurones voisins, des chaînes de neurones

qui constituent des systèmes physiologiques. L'une de ces

chaînes de neurones constitue le système moteur ; une autre

forme le système sensitif; d'autres chaînes de neurones unis-

sent de distance en distance dans la moelle, dans l'encéphale,

ces deux grandes lignes physiologiques; ce sont des neurones

d'association ou des neurones commissuraux. Mais quel que

soit le genre d'impressions qu'ils transportent où élaborent,

insistons encore une fois sur ce point : ces neurones ont une

morphologie et une structure pareille, la question de détail

(dimension forme, longueur des prolongements, etc.) étant

mise à part.

C'est précisément cette uniformité de structure qui autorise

en pathologie des déductions touchant à la fois les neurones

LES NEURONES. 427

d'association, de mouvement, de sensibilité, etc. D'ailleurs, au

point de vue physiologique, la force, quelle que soit sa nature,

qui traverse le système nerveux en donnant lieu aux phéno-

mènes de la sensibilité, du mouvement, de la pensée, est tou-

jours la même, mais seulement transformée, par exemple, de

sensibilité en mouvement. Les expériences des physiologistes

n'ont-elles pas démontré que le cylindraxe moteur était apte à

conduire vers les centres les impressions de la sensibilité, du

moment où il est mis en rapport avec un organe de sensibi-

lité ?

Un neurone du corps calleux, par exemple, est donc au point

de vue de sa structure analogue à l'archineurone 1 ou au télé-

neurone du système moteur. Comme eux il se compose d'un

centre cellulaire siégeant dans les circonvolutions cérébrales,

de dendrites, d'un prolongement cylindraxe donnant naissance

â des collatérales, qui va se terminer dans les circonvolutions

de l'hémisphère opposé sous forme de ramifications libres. De

même de tous les neurones, à cylindraxes courts comme les

cellules du second type de Golgi ou à longs prolongements,

formant des systèmes d'association dans des départements plus

ou moins éloignés, etc., etc.

Ce que nous nous proposons d'essayer d'établir, c'est qu'au

point de vue pathologique les lois de la dégénérescence des neu-

rones sont dans les voies psychiques, motrices et sensibles, con-

formes à cette unité de structure, c'est-à-dire les mêmes dans

ces trois ordres de systèmes physiologiques.

A. Pathologie des neurones du système moteur. Considé-

rons séparément chacun de ses systèmes. Et d'abord le système

moteur.

Deux neurones suffisent à établir la communication entre

l'écorce cérébrale et les muscles, c'est-à-dire que la chaîne

motrice se compose de deux neurones. Le premier archineu-

rone a sa cellule d'origine dans la zone motrice de l'écorce ;

son prolongement cylindraxe descend dans la capsule interne,

le pédoncule, le bulbe et arrive dans la corne antérieure de la

moelle où il se termine au contact des prolongements den-

drites du second neurone. Ce second neurone (téléneurone) est

' Dans une chaîne de neurones, on nomme archiueurone le neurone

qui est le plus rapproché du centre, et téléneurone, celui qui est le plus

périphérique (Waldeyer, Flatau).

428 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

une cellule de Deiters dont le prolongement cylindraxe s'en va

dans le muscle à travers la racine antérieure et le nerf.

Ce système est relativement très simple. Partie de l'écorce,

l'impression nerveuse suit le cylindraxe en s'éloignant du centre

de l'archineurone ; elle parvient à son extrémité ; elle est

recueillie par les dendrites du téléneurone qui la conduisent

au centre de ce neurone, centre qu'elle abandonne ensuite en

suivant de nouveau un prolongement cylindraxe jusqu'au

muscle. S'il existe deux neurones dans la voie motrice, trois

cas peuvent se rencontrer en pathologie : 1° l'archineurone est

dégénéré seul ; 2° le téléneurone est dégénéré seul ; 3° les deux

neurones sont dégénérés simultanément.

Un type morbide clinique correspond très particulièrement

à chacune de ces éventualités. Chacun de ces types a été décrit

en clinique comme évoluant isolément bien avant qu'on con-

nut la doctrine des neurones. Mais ce qu'il est intéressant de

remarquer c'est qu'en raison de cette doctrine chacune de ces

grandes modalités cliniques correspond justement à la lésion

isolée ou combinée des deux neurones.

1° La dégénérescence isolée de l'archineurone de la chaîne

motrice, celui qui va de l'écorce à la moelle et dont le prolon-

gement neural suit le faisceau pyramidal, entraîne des

symptômes qui correspondent au tabès spasmodique. On a de

la parésie, de l'exagération des réflexes, des phénomènes de

trépidation épileptoïde et de la contracture. Ce grand syn-

drome clinique est le résultat de toutes Jes affections qui

frappent les neurones qui constituent le faisceau pyramidal et

l'on sait combien est fréquente cette dégénérescence du fais-

ceau pyramidal.

2° Les dégénérescences isolées du téléneurone, celui qui va

de la corne antérieure au muscle, donnent lieu, de leur côté, à

un tableau clinique dont les lignes ne sont pas moins connues

et précises et qui est en quelque sorte, l'opposé de ce que l'on

observe dans les maladies du neurone précédent ; ce tableau

est celui de l'atrophie musculaire progressive. Les muscles

s'atrophient ; les paralysies ne se produisent qu'en raison du

degré de cette atrophie qui n'est jamais absolue ; les réflexes

diminuent ou sont abolis ; il n'y a aucun phénomène de con-

tracture ; les membres ne sont déformés que par des rétrac-

tions.

3° En supposant que les deux ' neurones précédents soient

LES NEURONES. 429

.ésés l'un et l'autre, le tableau clinique sera encore différent

et nous fournira le troisième des grands syndromes moteurs

que nous montre chaque jour la clinique, celui de la sclérose

latérale amyotrophique. On aura réunis et combinés les mani-

festations des deux variétés précédentes. 11 y aura l'atrophie

musculaire, ce caractère principal des dégénérescences du télé-

neurone et de plus il y aura des phénomènes de contracture

qui appartiennent aux destructions de l'archineurone.

Dans cette vue d'ensemble des maladies du système moteur,

chaque grand syndrome, dégagé depuis longtemps, apparaît

donc comme le résultat de la destruction de tel ou tel neurone

de la chaîne motrice. Et à ce point de vue la doctrine du neu-

rone, sans rien simplifier d'ailleurs, éclaire du moins les notions

que nous possédons déjà en les faisant apparaître comme plus

logiques et plus précises.

Il est nécessaire, avant d'abandonner la chaîne motrice des

neurones, d'examiner ce qui se passe ultérieuremeut dans les

neurones de cette chaîne lorsque l'un deux venant à dégénérer

le second se trouve placé par le fait dans des conditions

physiologiques nouvelles. On vient devoir que chacun des neu-

rones de la chaîne pouvait être affecté simultanément ou iso-

lément. Dans ce dernier cas, le neurone resté indemne de

lésion peut être épargné pendant très longtemps ; mais le voi-

sinage d'un neurone altéré et dont la fonction est si étroite-

ment liée à la sienne ne peut pas rester indifférent pour lui.

A un degré ou à un autre, tôt ou tard ce neurone s'altère à

son tour. On a alors une maladie de neurone à neurone, une

dégénérescence de transmission qui est du plus haut intérêt

en pathologie. Cette variété diffère, on le comprend sans peine,

du cas où les deux neurones sont frappés simultanément par

un même agent morbide.

Il importe d'étudier cette lésion de transmission suivant que

c'est l'archineurone dont la dégénérescence entraîne à plus ou

moins longue échéance celle du téléneurone, ou réciproque-

ment. Supposons, par exemple, un foyer cérébral sectionnant

l'archineurone au niveau de la capsule interne, d'où la dégé-

nérescence descendante du prolongement neural de ce neurone,

c'est-à-dire la lésion du faisceau pyramidal. Eh bien, dans ce

cas, le téléneurone va s'altérer à son tour et la maladie va

emprunter quelque chose des signes de la sclérose latérale

amyotrophique; l'hémiplégie avec contracture va se compli-

430 0 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

quer d'un peu d'atrophie musculaire impliquant la partici-

pation du neurone périphérique. A un léger degré, la maladie

^est presque, suivant une expression devenue classique, « une

lésion fonctionnelle >. Mais souvent elle dépasse ce stade et

aboutit à une lésion nettement visible à l'autopsie. Ce qu'il

importe de connaître, c'est comment se fait cette lésion et

quelle elle est de par sa pathogénie.

Les recherches que nous avons pu faire sur ce point confir-

ment la manière de voir des auteurs qui ont établi que la

dégénérescence se faisait, dans ce cas, de l'extrémité muscu-

laire du neurone vers son centre spinal. En d'autres termes,

la lésion du neurone supérieur influence le neurone suivant

à son extrémité périphérique. C'est là que là lésion débute, et

c'est aussi là qu'elle peut rester longtemps localisée, sans

remonter jamais tout le trajet du cylindraxe. Dans cette der-

nière condition, le centre du neurone reste, ou mieux paraît

rester intact.

La dégénérescence de l'archineurone moteur détermine donc

dans le neurone périphérique une lésion de propagation qui

débute à l'extrémité musculaire du cylindraxe de ce dernier et

qui peut rester localisée à cette extrémité. En d'autres termes,

la lésion de ce neurone est cellulipète. En second lieu, nous

supposons la dégénérescence effectuée dans le neurone périphé-

rique (téléneurone). Comment va s'altérer le neurone supérieur

(archineurone) ?

Il n'est pas rare d'observer la dégénérescence du faisceau

pyramidal à la suite des atrophies des neurones de la corne

antérieure. C'est le cas qui nous occupe. Les auteurs admettent,

depuis les récentes acquisitions des neurones, qu'il existe dans

la corne antérieure des neurones dont le cylindraxe remonte

dans le faisceau pyramidal. On s'explique facilement de la

sorte les dégénérescences ascendantes de quelques fibres de ce

faisceau pyramidal dans toute poliomyélite. Mais il y a beau-

coup plus; le faisceau pyramidal peut dégénérer presque com-

plètement dans ce cas et la lésion qui déborde ses limites

étroites l'atteint aussi dans ses fibres qui viennent directement

de l'écorce.

Mais, dans ce fait, l'étude de la hauteur à laquelle se propage

la lésion démontre qu'elle ne remonte pas aux régions corti-

cales d'origine, et même qu'elle n'atteint pas le bulbe et le

pédoncule. Il est probable que, dans ce cas, la dégérescence de

LES NEURONES. 431

propagation se fait de la moelle vers le cerveau et, de plus,

qu'elle peut rester et qu'elle reste confinée à l'extrémité du

neurone la plus voisine du neurone primitivement malade.

A ce dernier point de vue seulement, c'est donc le contraire

du cas précédent ; mais l'analogie n'est cependant pas moins

évidente pour le fait fondamental : c'est encore à l'extrémité

cylindraxe du neurone que débute la lésion ; c'est encore là

qu'elle est le plus marquée, c'est encore là que nous la voyons

stationnaire.

La conclusion de ces faits s'impose :

La maladie d'un neurone moteur retentit sur le neurone voisin ;

elle frappe ce dernier au niveau de ses ramifications cylindraxes

que celles-ci soient au voisinage ou dans l'éloignement du neu-

rone primitivement malade ; la lésion la plus apparente débute

en ce point; elle ne remonte que plus ou moins haut; elle peut

rester stationnaire sur ce segment. Nous ne saurions trop

insister sur cette modalité de la dégérescence de neurone à

neurone du système moteur par la raison qu'elle sera pour

nous un guide précieux dans l'étude bien plus compliquée du

système des neurones de la sensibilité.

B. Pathologie des neurones du système de la sensibilité. (Les

tabès.) Les neurones qui s'échelonnent pour former la voie

qui transmet les impressions sensibles de la périphérie au

cerveau forment une chaîne beaucoup plus compliquée, et

cela encore que nous laissons de côté le trajet des impressions

de la douleur dont l'étude est encore plus complexe. S'il ne

faut que deux neurones pour conduire une impression motrice

du cerveau au muscle, il en faut pour le moins trois ou quatre

pour parcourir la chaîne de la sensibilité. Les neurones de la

chaîne sensitive sont aussi beaucoup plus complexes ; ils ont

des connexions plus multiples, des collatérales plus nombreuses,

des relations plus étendues avec les divers centres; mais, à part

ces particularités, nous verrons que ce qui a été dit de la

pathologie de la chaîne motrice est applicable ici.

Les dégénérescences de la voie sensitive des neurones cons-

tituent les tabès. L'un des résultats de la théorie des neurones

est d'établir d'une façon plus solide la multiplicité, la variété

des dégénérescences des cordons postérieurs, la doctrine des

tabès exogène et endogène, dans le sens où M. Marie a pris cette

expression, et aussi la manière dont notre maître, le professeur

Joffroy, mettant en parallèle les lésions anatomiques du tabès

432 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

vulgaire et de la forme tabétique de la paralysie générale des

aliénés, a établi les différences histologiques qui séparent ces

deux variétés, au moins dans la majorité des cas 1. Ces faits

ressortiront de ce qui va être dit sur ce sujet.

La téléneurone de la sensibilité est un neurone géant. Ses

racines se distribuent dans la peau sous forme de dendrites qui

constituent les nerfs sensibles ; son centre est dans le ganglion

intervertébral; son prolongement neural, après avoir constitué

les racines postérieures, va se terminer directement ou par de

nombreuses collatérales au niveau des centres gris de la moelle;

quelquefois il remonte jusqu'au au bulbe au niveau des noyaux

des cordons de Coll et de Burdach. Toutes ces collatérales,

tous ces prolongements cylindraxes se terminent, comme tou-

jours, par les ramifications libres avoisinant les neurones de la

moelle et du bulbe.

Les connexions avec ces derniers sont donc nombreuses; elles

se font dans la moelle par les branches directes ou collaté-

rales des neurones de la corne antérieure, de la colonne de

Clarke, des différentes zones de la corne postérieure, des

noyaux bulbaires. De ces points d'autres neurones conduisent

l'impression sensible dans la couche optique, de la couche

optique par un nouveau neurone dans le cerveau, etc. ,

La chaîne des neurones de la sensibilité présente donc une

série assez longue de neurones. Parmi ceux-ci le téléneurone

que nous avons appelé un neurone géant est le principal.

Sa dégénérescence primitive constitue le tabès vulgaire, par op-

position à la dégénérescence des autres neurones de la chaîne

dont les lésions primitives constituent les autres formes des

maladies tabétiques. Ces dernières maladies sont absolument

distinctes du tabès par dégénérescence du téléneurone au point

de vue du début de la lésion qui se fait dans les neurones voi-

sins de ce dernier. Mais d'autre part le téléneurone étant en

relation de contiguité avec ceux-ci, il s'altère à bon tour, mais

alors seulement dans des points limités, suivant la même loi

de dégénérescence de neurone à neurone que nous avons éta-

blie pour le système moteur. '

' Bulletins de la Soc. méd. des hôp., 1893. Congrès des Aliénistes

et Neurologistes de Cle7nonl-l'erraccl, 189'r. Iconographie de la Sal-

pêtrière, 1895. De plus le professeur JoITroy a fait sur le même sujet

plusieurs leçons cliniques (1891, 1893 et 1896) à l'Asile clinique (Sainte-

Anne).

LES NEURONES.. 433

Sans doute toute la complexité de cette question des tabès

se résume dans cette participation secondaire du téléneurone.

Mais avec la loi indiquée plus haut, il est très facile de se

rendre compte de l'ensemble complexe des lésions qu'on a sous

les yeux.

10 Le tabès par lésion primitive du téléneurone, tabès exo-

gène, se répartit dans ses lésions suivant la topographie de ce

neurone, y compris ses branches collatérales. Où débute la

lésion ? Est-ce au niveau du ganglion ainsi que les premiers

observateurs des lésions histologiques de cette maladie l'avaient l

pensé ? Est-ce à la périphérie du neurone, ou au niveau des

racines postérieures qu'il constitue ? C'est là une question qui

a été souvent posée et résolue de différentes manières. A notre

avis cette question placée en face des notions que nous possé-

dons sur la pathologie du neurone perd presque tout son

intérêt. Le neurone dégénère, en effet, avec facilité quelque soit

le point de son trajet qui soit lésé. Nous avons indiqué plus

haut qu'il dégénérait dans un sens suivant la loi wallérienne,

dans l'autre suivant la loi rétrograde. Il résulte de là que le

tabès du téléneurone, le télélabés survient à la suite de l'alté-

ration de n'importe quel point de son neurone. Tout l'intérêt

étiologique se reporte donc sur les conditions qui font que tel

individu devient tabétique à la suite d'un traumatisme périphé-

rique, d'une maladie générale, etc. C'est une question de l'ésis-

lance vitale, d'hérédité, de faiblesse native, etc., et non de lora-

lisation sur un point tout particulier du neurone. Ce qu'il peut

être intéressant de connaitre au sujet du début de la lésion sur

un point de ce neurone, c'est d'abord la fréquence relative de

ce début. Probablement ce sont les expansions périphériques

du neurone, plus exposées à l'action du froid humide et aux

traumatismes, etc., qui sont souvent lésées d'abord, mais non

dans tous les cas. En second lieu, on peut se demander, la

lésion étant faite sur un point du neurone, dans laquelle de ses

parties la dégénérescence va devenir le plus apparent. Mais

en somme cela n'a qu'un intérêt relatif.

La clinique a déjà cherché à mettre en opposition le tabès

du téléneurone avec les autres dégénérescences tabétiques', 1,

mais on est encore loin d'avoir tout dit sur ce sujet.

1 Travaux de Tuczek, de Marie, de Joffroy, etc. Voir aussi noire

mémoire : Lésions et symptômes spinaux, formes spinales de la paralysie

générale. (.4rele. de méd. expérimentale et d'anal, palh., janvier 1891.)

ARCHIVES,'2'= série, t. I. 28

434 . ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

Nous ne voulons insister ici que sur une seule différence

entre ces variétés pour la raison que la doctrine des neurones

. la rend évidente. -

Nous faisons allusion à la rétinite qui est assez fréquente

dans les tabès du téléneurone et qui manque dans tous les

autres. On se rend compte de cette différence si l'on se pénètre

bien de cette idée que la rétine représente, à la partie supé-

rieure de l'axe cérébro-spinal, un ganglion intervertébral. Le

fait qui, à première vue, peut paraitre un peu surprenant nous

semble démontré à l'aide d'arguments des plus puissants. A ce

sujet nous renvoyons le lecteur au mémoire de Jelgersma '.

La variété de tabès qui nous occupe peut frapper en effet le

téléneurone à des hauteurs différentes de l'axe cérébro-spinal,

quelquefois la rétine est prise, d'autres fois elle ne l'est pas

mais elle ne l'est jamais que dans la variété du télétabès.

Ainsi, par exemple, il n'y a pas d'atrophie de la papille dans

les formes spinales tabétiques de la paralysie générale 2 dont

la lésion primitive est dans d'autres neurones.

2° Le tabès d'origine endogène débute dans d'autres neurones

que celui que nous venons d'étudier; ces neurones sont ceux

dont la cellule est dans la moelle, le bulbe, le cerveau, au lieu

d'être dans le ganglion intervertébral. Disons tout de suite que

les lésions qui sont primitives dans ces derniers cas, ne tardent

pa à retentir sur le neurone périphérique ; de manière que

celui-ci participe souvent à la lésion, mais dans des branches

limitées de ces nombreuses expansions.

On peut voir une dégénérescence limitée à certaines zones

des cordons postérieurs, au faisceau virgule de Schultze, au

centre ovale de Flischig, dont la topographie vient d'être pré-

cisée, par le mémoire de Hoche'. Cette dégénérescence dérive

de l'altération de neurones intraspinaux. La lésion se poursuit

du haut en bas. Cette dernière forme n'a aucun retentissement

sur les branches du neurone périphérique ;.

1 Neurolog. Centralbatl, 1er avril 1895, p. 290.

1 Les malades qui ont le tabes avec atrophie de la papille délirent

souvent, mais ils ne sont pas des paralytiques généraux.

3 Neurolog. Centralbalf, 1896.

* Nota. Il nous est impossible d'admettre l'opinion, non exclusive

d'ailleurs, de M. Marie, qui ferait de cette variété la forme type du tabes

des paralytiques généraux, puisque sur une centaine d'examens histo-

logiques nous ne l'avons pas rencontrée une seule fois.

LES NEURONES. 435

La moelle comprend en outre dans sa substance grise un

très grand nombre de neurones dont les fibres dégénèrent

(suivant la loi de Waller) de bas en haut. Tels sont les neu-

rones de la colonne de Clarke dont les fibres iraient en grand

nombre former le faisceau cérébelleux direct de Flechsig et

dont peut-être quelques-unes se mêleraient aux faisceaux de

Burdach et de Goll ; tels sont les neurones dont les prolonge-

ments forment les faisceaux de Gowers ou faisceaux céré-

belleux ventral de Loewenthal et de Mott. Ce n'est pas tout.

La corne postérieure contient en outre de nombreux neurones

dont les prolongements des deux ordres se terminent dans

cette corne même à peu de distance de leur centre cellulaire.

La dégénérescence de tous ces neurones peut être regardée

comme primitive dans beaucoup de cas où le téléneurone est

intéressé. La dégénérescence de tous ces neurones est cons-

tituée par des maladies qui se localisent primitivement sur

la substance grise de la moelle. Aussi, en pareils cas, la subs-

tance grise est-elle souvent lésée dans des points multiples,

d'où ces dégénérescences combinées des neurones qui com-

mandent les dégénérescences ascendantes des faisceaux pyra-

midaux, des faisceaux cérébelleux, du faisceau de Gowers, ce

sont ces lésions qui constituent pour une bonne part l'anatomie

pathologique de la maladie de Freidereich qui peut être consi-

dérée, elle aussi, comme un tabès endogène.

La dégénérescence primitive peut encore porter sur d'autres

neurones qui continuent en haut la chaîne dont le téléneurone

est l'extrémité périphérique, c'est-à-dire au niveau du bulbe

dans les noyaux grêles, cunéiformes, etc., dans les neurones de

la couche optique dont l'extrémité cylindraxe vient se mettre

au contact des neurones précédents, dans les neurones de

l'écorce qui unissent à celle-ci la couche optique, etc.

Mais si la dégénérescence primitive de tous ces neurones

peut amener et amène souvent des lésions qui empiètent en

quelques points sur les territoires du téléneurone, c'est que

celui-ci se met en rapport étroit avec ces neurones. Dès lors il

faut en revenir pour l'explication des lésions à la dégénéres-

cence de transmission de neurone à neurone. Nous allons

essayer de démontrer que celle-ci se fait suivant la même loi

que dans le système moteur.

Supposons d'abord la lésion primitive d'un neurone du

noyau bulbaire des cordons postérieurs. Ce neurone qui fait

436 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

partie de la chaîne sensitive est représenté par une cellule dont

le prolongement cylindraxe va se terminer dans la couche

optique, et dont les dendrites se mettent en contact avec le

cylindraxe d'un neurone du ganglion intervertébral qui par-

vient jusqu'au bulbe en suivant le cordon postérieur de la

moelle. D'après la loi de dégénérescence de neurone à neu-

rone, c'est ce dernier prolongement qui va s'altérer manifes-

tement et sans que l'altération se propage jusqu'à son extré-

mité. De là une dégénérescence des cordons postérieurs d'une

forme toute spéciale, une dégénérescence descendante de la

partie interne des cordons postérieurs, tandis que ni les racines

postérieures, ni les zones des collatérales, ni le centre même

du téléneurone n'offre d'altération destructive. C'est cette

variété de tabès descendant que nous avons cherché à établir,

M. Durante et moi, dans notre mémoire sur les dégénérescences

rétrogrades en l'opposant au tabès vulgaire 1.

Nous pouvons généraliser ce fait et dire que l'altération de

tous les neurones et ils sont nombreux dans la substance

grise de la moelle dont les dendrites se mettent en rapport

avec les ramifications cylindraxes ou collatérales du téléneu-

rone peuvent déterminer secondairement la dégénérescence

cellulipète de ces ramifications.

De là l'apparente complexité des lésions des tabès endogènes;

de là dans ces tabès la participation limitée à des segments du

téléneurone. De là ce fait que dans les lésions de tous les neu-

rones centraux de la chaîne sensitive on trouve à plus ou moins

bref délai la dégénérescence de branches collatérales ou autres

du téléneurone lui-même.

Dans tous ces cas, il est de règle que la lésion respecte à peu

près la racine postérieure, le ganglion invertébral ainsi que la

zone de Lissauer. Seules les branches cylindraxes directes avec

les collatérales sont nettement dégénérées.

De son côté, dans un mémoire récent, M. Marinesco 2 a montré

le rôle et l'importance des lésions de ces mêmes collatérales

dans le tabès, la maladie de Friedereich, etc., en s'appuyant

1 L'expérimentation sur le cerveau des animaux a démontré la possi-

bilité de ces lésions descendantes dans le cordon postérieur de la moelle.

1 A l'époque où nous avons fait les leçons (février 1896), dont ce mé-

moire est le résumé, la communication de M. Marinesco n'avait pas

encore été faite et nous l'ajoutons ici en raison de l'importance que nous

lui attribuons. Voir Bul. de la Soc. méd. des hôp., séance du 6 mars 1896.

LES NEURONES. 437

sur la topographie des lésions qu'il a observées et d'ailleurs

sans s'inspirer de nos travaux avec M. Durante. On peut donc

dire que les dégénérescences des neurones centraux de la chaîne

sensitive retentissent sur le téléneurone dans certaines de ses

portions et donnent par le fait à leurs lésions quelques resserre-

blances avec celles du tabès vulgaire. Il n'y a même rien d'in-

vraisemblable à admettre qu'à la longue, une lésion primiti-

vement endogène devienne plus tard exogène dans un sens

très étendu. Ces faits doivent être très rares. Ainsi dans la

forme tabétique de la paralysie générale où la lésion occupe

d'abord des neurones centraux l'intégrité relative de la racine

postérieure, ainsi que l'a établi en particulier M. Joffroy (loc.

cit.) reste le caractère le plus nettement opposable au tabès

vulgaire.

Les lésions des neurones centraux de la chaîne sensitive

retentissent donc sur le téléneurone, mais en limitant la lésion

à certaines de ses branches et en suivant en cela les mêmes lois

énoncées au sujet des neurones moteurs.

C. Dégénérescences combinées des neurones des chaînes sensi-

tive et motrice. S'il est habituel de voir la dégénérescence

de neurone à neurone se faire soit dans la chaîne motrice,

soit dans la chaîne sensitive, il est plus rare de voir un neu-

rone moteur entraîner la dégénérescence de propagation à un

neurone sensitif. Cependant il existe des neurones intermé-

diaires qui transmettent les impressions d'une chaîne à l'autre

et le fait de la dégénérescence combinée peut se rencontrer

quelquefois. Seulement il est évident que les rapports de fonc-

tion et de vitalité, et aussi de retentissements pathologiques

sont plus étroits entre des neurones d'un même système. Il

semble que la dégénérescence de propagation éprouve une

sorte de résistance à se faire d'un grand système physiologique

à un autre grand système autrement différencié dans sa fonc-

tion.

Il résulte de là que le plus souvent, quand la pathologie

nous montre à la fois la dégénérescence des cordons pyrami-

daux et postérieurs, que la lésion primaire a touché simulta-

nément et à part les neurones de ces deux systèmes.

Sans cette résistance de neurone à neurone et surtout de

système à système, toute lésion, si localisée qu'elle soit, se

généraliserait rapidement. M. Joffroy a fait remarquer dans

438 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

ses leçons' qua le système moteur s'altérait plus rapidement

que le système sensitif.

- Parfois il y a lieu de rechercher l'origine de la dégénéres-

cence combinée dans les neurones spinaux et non pour la

sensibilité dans les téléneurones ni pour la voie motrice dans

l'archneurone, c'est-à-dire ni dans les circonvolutions motrices

ni dans le ganglion intervertébral, mais au contraire dans les

neurones de la substance grise de la moelle. Une telle manière

de voir n'est cependant pas exclusivement en rapport avec

les faits suivants :

Dans les scléroses combinées, le faisceau pyramidal ne

dégénère pas jusqu'à l'écorce et le faisceau pyramidal croisé

est intact. Les zones de Lissauer et les racines postérieures

sont relativement épargnées. C'est ce qu'on voit habituellement

dans la sclérose combinée de Westphal d'une part et dans la

maladie de Friederich d'autre part. C'est ce que nous avons vu

avec notre maître le professeur Joffroy chez les paralytiques

généraux, sauf une exception où le faisceau de Turck était

lésé. Mais il est des cas où la lésion d'un système physiologique

se transmet à un autre svstème de neurone à neurone. On

pourrait invoquer cette manière de voir pour expliquer l'atro-

phie tardive des muscles dans le tabès vulgaire, etc., etc.

D. Pathologie des neurones corticaux. Les neurones corti-

caux sont très nonbreux. Ils unissent entre eux les différents

départemeuts de l'écorce, d'hémisphère à hémisphère (corps

calleux), de lobe à lobe, de circonvolution à circonvolution et,

dans une même circonvolution, de zone à zone, de neurone

à neurone. La fonction de ces neurones est en rapport avec

les phénomènes de la vie psychique.

Ces neurones ont une morphologie et une structure sem-

blables à celles des autres neurones.

Une cellule calleuse, par exemple, est constituée par un

centre cellulaire d'où émanent des dendrites d'une part et,

d'autre part, un prolongement cylindraxe, qui va se terminer

dans l'écorce du côté opposé, par des ramifications libres se

mettant au contact avec les dendrites d'un autre neurone de

cette région. Il en est de même de tous les neurones des

commissures et de l'association. Ils ont des collatérales qui

Leçons inédites. '

LES NEURONES.. 1 439

se terminent de la même manière qu'ailleurs et dont le rôle

est important comme partout.

De nombreuses, collatérales partent du prolongement des

cellules calleuses, d'autres des fibres de projections pour se

terminer dans l'écorce. De là un système très complexe et en

rapport avec la physiologie psychologique.

Nos connaissances sur ce point en anatomie et en physiologie /

sont encore fort restreintes. M. Flatau ', dans son remarquable

mémoire sur le neurone, pense qu'on ne peut pas encore tirer

de conclusions formelles des travaux sur cette question.

Nous partageons cette manière de voir, mais nous croyons

cependant que la pathologie des neurones de l'écorce recon-

naît les mêmes lois générales que les autres neurones. Cette

opinion est fondée sur l'identité de structure des neurones et

aussi sur ce que nous savons déjà de l'anatomie pathologique

du cerveau. D'ailleurs, en nous proposant de revenir plus tard

sur ce sujet, nous voudrions simplement compléter ce mémoire

en ajoutant sur ce point quelques brèves considérations d'un

ordre général. Les nombreux neurones de l'association cor-

ticale peuvent être atteints par une même cause morbide,

agissant simultanément sur un très grand nombre d'entre eux.

On a alors les lésions et les symptômes bien connus de

l'encéphalite difluse, c'est-à-dire la démence, du moins comme

symptôme principal.

La multiplicité des neurones détruits implique la rupture

des communications entre les multiples territoires de l'écorce.

Dans une autre variété il s'agit de lésion en foyer, détrui-

sant une portion limitée de l'écorce. Dans ce cas, on a non

seulement des dégénérescences qui sont en rapport avec les

neurones détruits et leurs fibres de projection, mais encore les

dégénérescences des neurones d'association, dont les branches

collatérales des cylindraxes de projection font d'ailleurs elles-

mêmes partie. Dans ces cas, on a toutes les lésions qui ont

été décrites dans le neurone de la sensibilité et de la motilité

et en particulier la dégénérescence de propagation de neurone

à neurone. Non seulement ce fait pourrait être admis comme

fort vraisemblable à priori; mais encore il est démontré par

les dégénérescences wallériennes du corps calleux, par les

atrophies du cervelet consécutives à la lésion expérimentale de

1 Zeilsclll'iri far M ? Med., 1893.

/4,40 ANATOMIE PATHOLOGIQUE. ? telle'' portion du cerveau, par la démence de l'adulte consé-

^cultive ,à" des foyers morbides bien circonscrits, par l'arrêt de

^développement qui suit les lésions en foyers qui sont à l'ori-

gineadE l'idiotie, par la constatation des lésions habituelles ? 1 ? g&;1¡[demence, etc., etc.

Dans ces cas, il est infiniment probable qu'un neurone

sectionné dégénère suivant la loi de la dégénérescence rétro-

grade du côté de son extrémité centrale, s'il est certain qu'il

s'altère suivant la loi wallérienne dans son bout périphérique.

De plus, ici comme partout, lorsqu'un neurone est dégénéré,

le neurone voisin d'un même système physiologique a ten-

dance à s'altérer consécutivement. Nous croyons aussi que

cette dernière lésion se produit avec la même localisation

première et prédominante vers l'extrémité libre du cylindraxe,

comme on la voit se faire dans la chaîne motrice ou sensitive,

que, en d'autres termes, elle est cellulipète. Mais, après

quelques travaux publiés sur ce sujet, il en faudra encore

beaucoup d'autres pour arriver à préciser dans leur trajet les

chaînes d'associations des neurones corticaux.

Tout ce qu'on peut affirmer à l'heure actuelle, c'est l'ana-

logie des lésions de ces neurones avec celles qui sont mieux

connues dans d'autres systèmes, c'est la possibilité d'une

démence succédant à l'affection simultanée d'une grande

quantité de neurones et une démence secondaire avec ou

sans arrêt de développement, suivant qu'il s'agit de sujets

jeunes (idiotie consécutive à des foyers morbides), ou des sujets

adultes [démence secondaire et des lésions en foyers).

Notre conclusion finale sera que la pathologie des dégéné-

rescences, rapportée à la doctrine des neurones, peut se conce-

voir d'une façon plus claire, si l'on veut bien admettre que

dans la chaîne motrice, la chaîne sensitive et dans les chaînes

des neurones de la vie psychique, la dégénérescence wallé-

rienne et la dégénérescence rétrograde pour chaque neurone,

la loi de dégénérescence de neurone à neurone pour chaque

système, peuvent invariablement servir de guide pour l'étude

de l'immense variété de cas que nous offre l'observation de

chaquejour.

RECUEIL DE FAITS.

PARÉSO-ANALGÉSIE DES EXTRÉMITÉS SUPÉRIEURES

AVEC PANARIS ANALGÉSIQUES OU MALADIE DE SIORVAN.

HÉMIPLÉGIE DROITE ET PARAPLÉGIE INFÉRIEURE ;

Par BOURNEVILLE.

Sommaire. Père, excès de boisson. - Grand-oncle paternel

suicidé. Grand' tante paternelle morte de congestion cérébrale.

- Autre grand' 'tante paternelle démente. - Mère, convulsions de

l'enfance, fièvre cérébrale a quatorze ans accompagnée de canitie

partielle, très nerveuse. - Grand-père et oncle maternels, excès de

boisson. - Consanguinité. - Inégalité d'âge de huit ans.

Impression maternelle vive pendant lu grossesse. - Convul-

sions répétées vers deux ans. - Affaiblissement paralytique du

côté droit et mains en crochet, constatés à deux ans et demi. -

Traumatisme du genou suivi d'arthrite à quatre ans. - Aggrava-

tion de la paralysie et contracture des membres inférieurs. -

Abcès multiples du genou droit. - Brûlure de la main gauche à

neuf ans et, peu après, premier panaris analgésique. - A qua-

torze ans, second panaris analgésique. - Quelques semaines après,

deux abcès du membre supérieur droit. - Description du malade

en 1889 : différence de coloration des iris; - malformation des

oreilles ; - déformation du thorax; - mal(ol'l1wtions pathologi-

ques de l'index et du médius gauche ; - m'1'ét de développement du

bassin et du train postérieure hémiplégie droite-- paraplégie ;

- dissociation de la sensibilité, etc. - Luxation du 1'adius droit.

- Ankylose du genou droit, doigt à ressort, etc.

1890. Furoncles, abcès. - BrÛlure provoquée au dos de la main

droite sans douleur.

1893. Phlegmon du coude et fracture de l'extrémité inférieure de

l'humérus.

1894-1895. Amélioration progressive de l'état intellectuel et phy-

sique.

1896. Mars-avril. Nouvelle description du malade.

44 : 2 RECUEIL DE FAITS.

Bis... (Charles), né à Paris le 12 novembre 18î, est entré dans

notre service le 24 novembre 1888.

- - Antécédents héréditaires. Père, cinquante-cinq ans, homme de

peine dans un lavoir. Il paraît plus vieux que son âge. Il a la tête-

conique et le sillon naso-labial gauche plus creux que le droit,bien

qu'ilaf(irmen'avoirjamaiseu d'accidents nerveux. Durant l'enfance,

il n'a eu ni manifestations scrofuleuses, ni convulsions, ni fièvres

infectieuses, ni syphilis, ni migraines, ni maladies de peau, ni

panaris. Il avoue faire des excès de boisson quotidiens : il boit deux

à trois litres Je vin par jour et un litre de café mélangé d'eau-de-

vie. Sa physionomie dénote ses habitudes alcooliques. [Père

mort à quarante-huit ans (fusillé au fort d'Ivry) ; il était séparé de

sa femme, aussi ne peut-on donner d'autres renseignements sur

lui. Grand-oncle paternel suicidé par pendaison. - Grand" tante

paternelle morte de congestion cérébrale à soixante-quatorze ans.-

Mère morte à soixante-dix ans en trois jours, on ne sait de quoi.-

Tante, quatre-vingt-quatre ans, démente. Frère mort à cinquante-

neuf ans de la poitrine; six autres frères et soew's morts en bas

âge. Grands parents paternels et maternels, pas de détails. - Point

d'aliénés ni d'épileptiques, etc., dans la famille].

Mère, blanchisseuse, sobre, morte à quarante-six ans en 1883

d'une tumeur blanche du genou ; à quatorze ans, elle avait eu une

fièvre cérébrale grave, durant laquelle une grande partie de ses

cheveux aurait blanchi [canitie partielle). Elle. aurait eu des convul-

sions, mais on ne sait si c'est pendant sa fièvre ou dans l'enfance.

Pas d'attaques de nerfs ni de migraines, mais des accès de colère

suivis de pleurs. [Père mort de bronchite chronique ; nombreux

excès de boisson. Mère, soeur du grand-père paternel de notre

malade, pas de renseignements. Frère mort on ne sait de quoi,

faisait des excès alcooliques. Pas d'aliénés, etc., dans la famille.]

Consanguinité (cousins germains); différence d'âge de huit ans.

Dix enfants, tous des garçons; huit sont morts du croup à diffé-

rentes époques. Ils étaient intelligents et n'avaient jamais eu de

convulsions. Il en est de même du septième qui est soldat dans un

régiment de cuirassiers.

Antécédents personnels du malade. La conception n'aurait pas eu

lieu durant l'ivresse. Grossesse : pas de traumatismes, ni d'envie de

boire, ni de syncopes, ni d'attaques, mais dans les premiers mois,

sa mère urait eu « un regard » : « un mendiant de lavoir ., para-

lysé d'un côté du corps est venu demander l'aumône; elle l'a fixé,

ce que voyant, une de ses camarades l'a interpellée vivement :

cadèle que faites-vous là ? » Elle est revenue aussitôt à elle comme

d'un rêve. « Mon enfant a un bras et une jambe qui ressemblent à

ceux du mendiant et du même côté. » - Accouchement naturel et

sans chloroforme, en quatre heures. A la naissance, pas d'as-

PARÉSO-ANALGÉSIE DES EXTRÉMITÉS SUPÉRIEURES. 443 ri

phyxie. Elevé à la campagne, au biberon, avec du lait de

chèvre, il aurait eu, vers deux ans, à trois reprises des convulsions,

qui, chaque fois, auraient duré deux ou trois heures et sur lesquelles

on ne peut fournir de détails. Depuis lors il n'en a plus eu, affirme

son père.

Quand B... est revenu ehez ses parents, à deux ans et demi, il était

bien portant, mais sa mère remarqua qu'il avait le côté droit moins

gros et plus faible que le gauche, qu'il marchait en tortillant et trai-

nant la jambe, que ses mains étaient en crochet : «les doigts, dit-on,

se refermaient toujours ». Cette rétraction était plus prononcée du

côté droit.

A quatre ans, étant à l'asile, il a reçu un coup de pied d'nn de ses

camarades. Dès le lendemain le genou droit était gonflé. C'est pour

cet accident et pour la rétraction de ses doigts que ses parents

l'ontconduit au bout d'un mois à l'hôpital des Enfants malades où il

n'a fait qu'un court séjour ; le diagnostic posé était : méningo-

myélite. Puis il y est rentré le 17 août 1881, en est sorti le 8 octobre

et le 29 du même mois, il a été envoyé à l'hôpital de Berck. Il en

est revenu le 10 juin 1881.

D'après les notes qu'à bien voulu transmettre M. le Directeur des

Enfants-Malades, le diagnostic était au départ : Coxalgie avec appa-

reil, état général bon; et, au retour, coxalgie améliorée. Les notes

du Directeur de l'hôpital de Berk-sur-Mer, copiées sur le registre

de la maison, ne nous fournissent aucun renseignement utile. On

parle d'une tumeur blanche, d'un redressement du genou qui sera

prochaiuement tenté. Et c'est tout. Le malade, lui, prétend

qu'on lui aurait retiré un petit os du genou droit et qu'on lui aurait

maintenu la jambe dans l'extension pendant quarante jours, à

l'aide de poids.

Lorsque B... est rentré de Berck, son père a remarqué qu'i7 avait

les genoux collés et qu'il lui était impossible d'écarter la jambe droite

sans douleur, symptômes qui n'existaient pas au momentdu départ :

« Avant mon départ, mon père me portait sur ses épaules et j'écar-

tais bien les jamhes, dit l'enfant. » En raison de son infirmité et

aussi à cause de la mort de sa mère, B... fut placé quelques

semaines après son retour à l'asile des incurables des frères Saint-

Jean de Dieu. Durant son séjour dans cet établissemenl( dix-huitmois),

on lui aurait ouvert deux abcès au niveau du genou. Ces abcès,

si l'on en croit l'enfant, renfermaient beaucoup de pus et les inci-

sions auraient produit de vives douleurs. Au dire du père, 8..., n'au-

rait rien appris dans cette maison : « J'ai payé pendant plus d'un

an 15 francs par mois, puis m'étant trouvé sans travaille n'ai pas

pu payer et, au bout de cinq mois, les frères m'ont ramené l'en-

fant. Je l'ai gardé deux ou trois semaines et ensuite j'ai obtenu

son placement à la colonie de Vaucluse (26 février 188 i). » Il y est

z44 RECUEIL DE FAITS.

resté jusqu'au 2 novembre 1888, sans aucune amélioration, pré-

tend-on. C'est là qu'il a eu, à treize ans (janvier 1888), son premier

panaris siégeant à l'index gauche. Voici d'après le malade lui-

même dans quelles circonstances.

Il s'amusait à tisonner un feu de charbon de bois. Un morceau

de charbon incandescent ayant été projeté du foyer, il voulut le

ramasser, tomba et posa le dos de la main gauche sur le charbon,

sans s'en apercevoir : « Pendant ce temps, af(irme-t-iJ, l'infirmière

me parlait, j'avais la tête tournée et je ne m'apercevais de rien. »

Il prit le charbon entre ses doigts et le remit dans le feu, sans avoir,

à aucun moment, éprouvé une sensation douloureuse. Peu après, il

s'aperçut qu'il avait une cloque au niveau de l'articulation méta-

carpo-phalangienne et la phalange de l'index gauche, du côté delà

face dorsale. Il aurait enlevé l'épiderme c pour faire sortir l'eau »,

aurait refusé tout pansement et quand il se produisait des croûtes

il les détachait. Jamais il n'aurait souffert durant les deux mois

que la plaie a mis à se cicatriser.

Environ quinze jours plus tard, sans cause connue, il serait sur-

venu un gonflement très prononcé de l'index gauche. Le gonflement

qui, à l'origine, occupait la phalange, aurait ensuite gagné la pha-

langine et la phalangette. Fièvre vive, céphalalgie, insomnie.

Absence complète de douleurs locales. Pendant deux jours on appli-

qua des cataplasmes et, le troisième jour, on fit une incision qui

n'aurait occasionné aucune souffrance (pansement phéniqué).

Deux jours après l'opération, l'ongle était tombé et l'extrémité du

doigt était nécrosée. On procéda sans chloroforme et sans douleur à

l'ablation des os de la phalangette et de la phalangine.La cicatrisa-

tion aurait été lente et n'aurait pas duré moins d'un mois : c'était

le PREMIER PANARIS ANALGÉSIQUE.

Sauf une tendance à mentir, B... n'a pas de mauvais instincts, il

n'est ni gourmand, ni voleur, ni méchant, ni destructeur, ni ona-

niste, ni coléreux. Il estdoux et affectueux. n'aeu ni vers ni aucune

maladie infectieuse, sauf la coqueluche à trois ans et peu après des

croûtes dans le cuir chevelu. Il n'aurait eu aucune autre manifes-

tation lymphatique.il aurait eu beaucoup d'engelures qui se seraient

ulcérées ( ? ) ; on ne saurait dire si elles étaient plus prononcées d'un

côté que de l'autre.

En novembre 1888, le père de B... a demandé et obtenu son

transfert de la colonie de Vaucluse à Bicêtre, à cause des dépenses

que lui occasionnaient les visites à la colonie.

Notre dévoué collaborateur, le Dr BLIN, médecin de la colonie de

Vaucluse, a eu l'obligeance de nous envoyer les notes ci-après sur

les particularités oirertes par Bi... durant son séjour à Vaucluse :

Certificat du Dr LEGnas (février 1887) : « B..., idiotie, violences

passagères; rétraction du membre droit; malformation de la main

PARÉSO-ANALGÉSIE DES EXTRÉMITÉS SUPÉRIEURES. 445

droite, voûte palatine en ogive, inégalité pupillaire, contusion très

légère à l'oeil gauche. Ce malade est dans un état mental qui exige

son placement dans un asile d'aliénés. »

Certificat du Dr Magnan (20 février 1887) : « Débilité mentale avec

excitation passagère; ankylose du genou droit. »

Certificat du 0" KERAVAL (27 février 1887) : « Débilité mentale

compliquée de manifestations strumeuses d.u côté des os; associa-

tion des idées excessivement lente ; mémoire très rudimentaire. »

Mars 1887. Infirme par accidents scrofuleux ; enfant paraissant

extrêmement doux; perfectible.

Novembre. - Insubordination, « hypocrisie », brutalités, frappe

son entourage avec ses béquilles.

Décembre. Grossièreté, trivialité, indocilité. Aucun progrès

dans l'état mental.

Janvier 1888. Panaris ostéomyélitique de l'index gauche.

Mars. Mauvais instincts, taquineries incessantes. Son esprit

n'est tourné que vers le mal.

Avril. Indiscipline constante; cet enfant ferait le martyre des

gardiennes si son infirmité lui permettait d'être agile.

Mai. Abcès sous-axillaire à droite, produit par le frottement

de la béquille.

Juin. Grossier, malpropre, brutal, frappe ses camarades avec

ses béquilles quand il ne peut les atteindre autrement.

Septembre. Plus doux et plus tranquille.

Octobre. L'amélioration se maintient, parait avoir quelques

sentiments affectifs et s'attache à son entourage.

Voici maintenant ce que nous avons observé durant son séjour

dans notre service de 1889 à 189fui.

1889. Janvier. B... reste quatre jours à l'infirmerie pour une

angine érythémaleuse.

13 murs. Salivation; opalescence des commissures labiales,

exulcération transversale de la face interne de la joue gauche ;

petite plaque rouge près de la dernière molaire. Petites adénites

sous-maxillaires, cervicales, axillaires et inguinales. Rien aux

organes génitaux, à l'anus, au cuir chevelu, à la peau. Dans l'ctis-

selle droite, on trouve une demi-douzaine de croûtes épaisses repo-

sant sur des plaques indurées, rosées à là périphérie, ayant une

direction antéro-postérieure. Ces accidents ont disparu en trois

semaines 1.

Avril. Second panaris analgésique. B... s'aperçoit par

hasard d'un gonflement du médius gauche. Fièvre vive, insomnie;

ni céphalalgie, ni douleur au niveau du doigt malade. Incision

indolore; issue de pus en abondance. L'extrémité du droit se

nécrose. Cicatrisation lente.

446 RECUEIL DE FAITS.

En juin 1889, B... a eu un abcès sans cause connue au niveau de

la partie supérieure de l'avant-bras droit, à 3 ou 4 centimètres du

pli du coude. La fièvre aurait été assez vive; l'incision transversale

qui a donné issue à une grande quantité de pusaurait été douloureuse

et on dut tenir vigoureusement le malade. Guérison rapide; cica-

trice de 3 centimètres. Peu après deuxième abcès au niveau du tiers

moyen de la face antérieure du bras droit; mêmes phénomènes.

Cicatrice longitudinale de 2 centimètres.

3890.Juillet.- En travaillant à la cordonnerie, il s'est fait à la face

postérieure de l'avant-bras droit, un peu au-dessus du poignet, une

plaie en biseau de 3 centimètres de longueur : il dit n'avoir abso-

lument rien senti.

Etat actuel (5 août) (fig. 25, 26, 27). Tête de volume à peu près

moyen, régulière, à peu près symétrique, presque ronde. Le cuir

chevelu présente en arrière trois cicatrices.

Face. Front peu élevé, un peu fuyant avec des bosses frontales

peu saillantes. Arcades sourcilières plutôt déprimées. Les yeux sont

assez petits. L'iris, bleu à droite, a une couleur jaune verddtre ci

gauche. Les pupilles sont égales et réagissent bien à la lumière et

à l'accommodation. L'acuité et le champ visuels sont normaux.

Oreilles longues, écartées en haut, non ourlées, à lobule adhérent.

Ne : ; aquilin, régulier, légèrement dévié à droite. Les plis du front,

les sillons naso-labiaux soit au repos, soit dans les mouvements

provoqués, le rire, etc., sont égaux. Les angles de la mâchoire

inférieure sont fortement accentués. Bouche d'habitude légère-

ment entr'ouverte, lèvres assez épaisses. Langue, amygdales,

, 'palais, rien à noter. Luette courte. Menton un peu carré.

Dentition. Il existe, à chaque mâchoire, 14 dents de forme

normale, d'assez bonne qualité, peu serrées, bien rangées. L'arti-

culation est naturelle. Les gencives sont en bon état.

Cou assez long; circonférence, 28 centimètres. La glande thyroïde

est peu volumineuse'.

Thorax irrégulier, très développé dans ses deux tiers supérieurs,

rétréci dans son tiers inférieur. Les muscles pectoraux sont volumi-

neux ; leur bord inférieur forme un relief prononcé. La région

pectorale droite est plus relevée que la gauche. En avant la moitié

droite est moins large que la gauche. La partie comprise entre le

bord inférieur des régions pectorales et le rebord des fausses côtes,

nettement convexe en avant et à gauche, est aplatie à droite. En

arrière le thorax est notablement déformé. L'épaule gauche est un

peu plus élevée et plus bombée que la droite. Il y a une dépression

assez prononcée entre les deux omoplates. Très large en haut, la

poitrine se rétrécit à partir de la pointe de ces os. Le reste du tronc

' En 1896, la circonférence du cou est de 31 centimètres.

PARÉSO-ANALGÉSIE DES EXTRÉMITÉS SUPÉRIEURES. -447

et le bassin tout entier sont notablement arrêtés dans leur développe-

ment par rapport à la moitié supérieure du tronc.

La colonne vertébrale décrit une légère courbure à convexité

dirigée à droite au niveau de la partie moyenne de la région dor-

sale ; elle est rectiligne dans la partie inférieure de cette région;

enfin les deux dernières vertèbres dorsales et les vertèbres lom-

baires offrent une seconde convexité dirigée à gauche. Les apo-

physes épineuses des cinq dernières vertèbres dorsales et surtout

les trois dernières sont assez saillantes. La peau qui les recouvre

est épaissie par suite du frottement de la ceinture, ce qui contribue

encore à augmenter la saillie.

Membres supérieurs. On n'observe pas de déformation des bras

pirl. 23.

13... en 1888, il (le treize ans et demi.

448 RECUEIL DE FAITS.

mais le gauche est mieux développé que le droit. Les saillies mus-

culaires, malgré cette différence, se dessinent nettement : aucun

indice d'atrophie. L'aisselle droite est le siège de troubles trophiques

cutanés. La peau est brunâtre, épaissie dans son ensemble, avec

des papules larges, mamelonnées. Durant son séjour à la colonie de

Vaucluse, il est arrivé maintes fois que ces lésions ont été plus

accusées, en quelque sorte par poussées. Les papules grossissaient,

étaient le siège d'une sécrétion légère, et se recouvraient de croûtes'.

Les muscles deltoïdes, biceps et triceps brachiaux forment des

' Les lésions ont toujours été beaucoup plus étendues et beaucoup

plus prononcées sur la paroi externe de l'aisselle que sur la paroi

interne.

Pif ! , 6,

B... il treize ans et demi.

PARÉSO-AJSALGÉSIE DES EXTRÉMITÉS SUPÉRIEURES. 44U

saillies très nettes. Ils sont plus volumineux à gauche (voir le

Tableau des mensurations ,le, membres). Les coudes sont déformés

par suite d'une grande hixité des ligaments.

La flexion des coudes est normale, mais l'extension est exagérée.

Les mouvements de rotation de l'avant-bras ne s'opèrent que par

la rotation du bras et de l'épaule. Aucun traumatisme connu du

père et de l'enfant n'explique cette laxité des ligaments aux deux

coudes, qui est un peu plus prononcée à droite.

Il existe une luxation de l'extrémité supérieure du radius dont

on ignore et la date et la cause.

L'état des mains mérite une description détaillée.

a) Main gauche. La peau de toute la main, surtout des doigtf,

Archives. 2e bérie, . 1. 29

l'ifl.2ï.

il... treize ans et demi.

450 RECUEIL DE -FAITS.

est épaissie, rugueuse. On note sur la face dorsale deux cicatrices

blanchâtres, consécutives à des brûlures volontaires qui n'ont occa-

sionné aucune douleur, et qu'il s'était faites à la suite d'un pari,

avec une cuillère chauffée au rouge. L'index, composé seulement

de la phalange, se termine par une masse arrondie sur laquelle

s'implante un petit fragment d'ongle. Les mouvements de flexion

et d'extension sont peu étendus. Le médius se termine par un

fragment d'ongle un peu plus large que celui de l'index. La peau

de ce doigt est le siège d'une induration cornée; la phalangette

persiste. Les autres doigts n'offrent qu'une hypertrophie de la peau.

Il n'y a pas d'atrophie des éminences thénar et hypothénar (fig. 28).

b) Main droite. La peau est épaisse, principalement autour

des articulations des doigts. Il existe un durillon au point de contact

Fi ? 28.

PARÉSO-ANALGÉSIE DES EXTRÉMITÉS SUPÉRIEURES. 451

du pouce avec la paume. L'extension des doigts est incomplète.

Rétraction de la phalangette du pouce; mouvements très limités.

La peau des deux mains est le siège de crevasses assez profondes.

L'écartement des doigts, des deux côtés, est nul. Au dynamomètre,

10 à gauche, 6 à droite (y. 28 et 30).

Membres inférieurs. Dans l'attitude habituelle, la cuisse droite

est fléchie sur le bassin ; elle forme un angle d'environ 45° et ne

peut être étendue davantage. De plus, elle est dans l'adduction et

croisée sur la cuisse gauche (fig. 26 et 27). L'adduction est limitée;

la flexion complète est possible. Le genou ne semble pas déformé,

mais les mouvements sont très circonscrits.

La jambe est iléchie à angle droit, c'est à peine si on peut lui

faire décrire un angle de quelques degrés dans le sens de la flexion

et de l'extension {ankylose incomplète). Le tendon d'Achille est

rétracté et forme une corde saillante sous la peau. Le pied semble

ankylose. Il est dans l'exlension presque complète, avec un léger

degré d'abduction et de rotation en dedans. Il est possible de pro-

voquer quelques mouvements très peu étendus dans tous les sens.

Les mouvements des orteils sont faciles.

A gauche, les mouvements de la cuisse sont un peu limités dans

le sens de l'extension et de l'abduction; l'extension complète de la

jambe sur la cuisse est impossible; les mouvements du pied et des

orteils ont peu d'amplitude.

Les réflexes tendineux paraissent normaux ( ? ).

Organes génitaux. Bourses pendantes; testicules égaux du

volume d'une olive. Verge : longueur et circonférence, 5 cen-

trimètres; prépuce un peu long; gland découvrahle; méat normal.

Une demi-douzaine de poils de chaque côté de la racine de la

verge. Rien à l'anus. Le corps est glabre.

Sensibilité spéciale. La vue, l'ouïe, le goût, l'odorat sont con-

servés et au même degré des deux côtés.

Sensibilité géizéi ale. a) Sensibilité au contact. Les yeux fermés,

le malade reconnaît bien les objets que l'on place entre ses doigts,

sur la face dorsale du carpe, de l'avaut-bras et du bras. Il sent bien

le contact de l'épingle que l'on passe sur le bras et l'avant-bras. Il

ne sent pas le frottement du doigt dans la zone analgésique, ni le

passage des poils d'un pinceau; il ne sent pas non plus le contact de

gros objets appuyés avec pression sur sa main.

b) Sensibilité à la douleur. 1° Côté gauche : anesthésie en gant

remontant jusqu'à deux travers de doigt au-dessus de l'articulation

du poignet. Au niveau de l'avant-bras et du bras, le malade ne

ressent qu'une piqûre lorsque les deux épingles sont à 15 milli-

mètres l'une de l'autre.

2° Côté droit. L'anesthésie occupe, à la main les mêmes régions

sauf que l'éminence thénar a conservé la sensibilité. Sur l'avant-

1152 RECUEIL DE FAITS.

bras et le bras, la sensibilité à la piqûre est normale et le malade

distingue nettement la pointe de deux épingles à 5 millimètres

d'écartement. -

c) Sensibilité thermique. Thermo-anesthésie de la main gauche

dépassant l'analgésie de deux à trois travers de doigt. Thermo-

anesthésie de la main droite ayant la même distribution que l'anal-

gésie, mais occupant toute la face palmaire.

B... a conservé la notion déposition et se rend compte qu'on meut

ses jointures, qu'on les tord mais sans éprouver de douleur.

Au niveau de la face interne du tiers supérieur du bras droit et

de l'aisselle correspondante, analgésie très marquée et thermo-anes-

thésie avec conservation de la sensibilité tactile. Dans les

mêmes régions, ci gauche, les différents modes de la sensibilité sont

conservés '.

La physionomie dénote un certain degré d'intelligence mais offre

en même temps une expression de niaiserie due au regard un peu

vague et à la bouche presque toujours légèrement béante. - La

parole est libre, le langage rarement grossier. IL. est peu appliqué

à l'école où très souvent il s'amuse et se dispute avec ses camarades.

Son caractère est assez doux; il aime à jouer et ne se fâche presque

jamais. Il est toujours dans les groupes où l'on se distrait, car,

quoique ne marchant qu'avec des béquilles, il prend part à tous les

jeux. Il a de la volonté, distingue le bien du mal. Il est toutefois

facile à entraîner à mal faire, ment quelquefois en classe pour évi-

ter des réprimandes ou couvrir ses camarades. Il est attentif, à

condition d'être surveillé. Il aime assez les exercices de lecture,

mais ne sait pas lire couramment, fait les trois premières opérations,

commence à faire la division, mais ne peut réussir le plus simple

problème. Il possède quelques notions d'histoire et de géographie;

toutefois, il s'embrouille facilement et confond les termes et les

dates. Sa tenue est en général bonne. Pas de mauvais instincts.

Il a choisi le métier de cordonnier.

25 septembre. B... travaille à l'atelier de cordonnerie. Il a

laissé tomber un tranchet sur la partie inférieure de sa cuisse droite

et s'est fait une plaie transversale qui a nécessité deux points de

suture. Guérison en quelques jours (cicatrice de 3 centimètres

au-dessous du condyle interne du fémur).

1890. Janvier. - B... est taquin, grossier, paresseux, violent et

frappe ses camarades avec ses béquilles.

Février. Embarras gastrique bilieux. Un nouvel examen de la

sensibilité donne les résultats suivants : anesthésie totale à la cha-

leur, au tact et à la douleur au niveau de la face dorsale des doigts,

' Nous avons rédigé tout cet état actuel d'après les notes recueillies par

notre ancien interne de 1889, le DI Robert SoREL (du Havre).

PARESO-AN.1LGESIE DES EXTRÉMITÉS SUPÉRIEURES. 453

de la main et du poignet jusqu'à une ligne passant à deux travers

de doigt au-dessus du pli articulaire. A la face palmaire de la

main, le malade reconnaît les objets qu'on lui fait saisir, mais il

ne perçoit ni la chaleur, ni le froid, ni la douleur [dissociation de

la sensibilité). Pas de troubles de la sensibilité sur le tronc et les

membres inférieurs.

Avril. -Deux furoncles l'un au côté du mamelon droit, l'autre sur

la cuisse droite. -

Juillet. Puberté. Le corps est toujours entièrement glabre,

sauf quelques poils rares au pénil. Longueur et circonférence de la

verge, 7 centimètres.. Pas d'autres changements.

Août. Abcès tubéreux de l'aisselle droite dû au frottement de

la béquille.

Septembre. Brûlure sur le dos de la main droite qui n'a occa-

sionné aucune douleur.

1891. Rien de particulier durant cette année. B... préfère l'atelier

à l'école. Il commence à faire des chaussures neuves. Son écriture

(de la main gauche) est restée lisible, mais il sait à peine lire. Sa

tenue laisse à désirer. Ses mains surtout sont sales, pleines de cre-

vasses ; il les brûle souvent exprès. « Cela ne me fait aucun mal»,

dit-il. Souvent il s'amuse à marcher « à quatre pattes ». Il est

bruyant en classe, disputeur, grossier, et se moque des répri-

mandes. Les malades plus âgés ou plus vicieux s'en servent pour

faire de mauvais coups, voler du vin, par exemple, le battant s'il

refuse.

1892. Juillet. - Puberté. Le visage, le tronc et les membres sont

glabres. Quelques poils sous l'aisselle gauche. Mêmes lésions

cutanées de l'aisselle droite dépourvue de poils. Poils abondants et

longs à la partie inférieure du pénil. Les testicules ontla dimension

d'un oeuf de moineau. Verge : longueur, 11 centimètres; circon-

férence, 9.

Décembre. - Même indiscipline à l'école. Tenue malpropre.

Caractère irritable. Accès de colère, déchire ses livres, ses cahiers,

casse les carreaux, ne cède jamais, ne veut pas reconnaître ses

torts. Il est très souvent répréhensible.

1893. 14janviei,. Avant-hier et hier matin, il est tombé de son

lit sur le coude droit qui est le siège d'un oedème douloureux consi-

dérable, s'étendant à 10 centimètres au-dessus et au-dessous de

l'interligne articulaire. Tout mouvement de l'articulation déter-

mine une vive souffrance. La bourse séreuse olécranienne est

enflammée. Le débridement au bistouri donne issue à du pus

mélangé de sérosité. Pansement humide au sublimé ; gouttière.

15 janvier. Insomnie, battements et élancements douloureux

dans le coude. Malin : T. R. 38°. Soir : 39°.

16 janvier. - Même état. Pe"sistance du gonflement et de la

4154 RECUEIL DE FAITS.

douleur. T. R. 38°,7 et 39°,5. Bain de bras phéniqué pendant

trois heures; même pansement.

17 janvier. - L'oedème a un peu diminué; il s'écoule peu de pus.

T. R. 38°,5 et 39°.

18 janvier. - Le malade est chloroformé. On constate que les

surfaces articulaires ne sont pas changées; que le sommet de l'olé-

crâne, l'épicondyle et l'épitrochlée sont sur la même ligne; qu'il

y a un décollcment épiphysai7'e de l'extrémité inférieure de l'humérus.

Pendant la réduction par traction il jaillit de la plaie un jet de

sérosité purulente semblant venir de la jointure. Pansement

humide; gouttière antérieure plâtrée sur le coude en demi-flexion

avec une échancrure laissantlibre l'olécrâne. T. R. 39° et 39°,2.

19 janvier. La nuit a été bonne. L'oedème a diminué,

T. R. 38° et 38°,4. '

20 janvier. Le coude est le siège de douleurs vives, lancinantes

qui ont empêché l'enfant de dormir. La plaie mise à nu laisse

voir un tissu lardacé, infiltré. Il est enlevé à la curette ; la plaie

saigne abondamment. On aperçoit dans le fond de la plaie l'olé-

crâne dénudé. Drainage à la gaze iodoformée, pansement

humide, etc.

A partir de là, amélioration progressive, consolidation de la

fracture, cicatrisation de la plaie. L'enfant sort de l'infirmerie

dans les premiers jours d'avril.

Juillet. B... est allé un peu plus fréquemment à l'école ; on le

retient trop volontiers à l'atelier de cordonnerie dont il est l'un

des meilleurs apprentis. Amélioration en classe, mais durant les

récréations, il se montre toujours indiscipliné.

Puberté. Les modifications sont les suivantes : poils follets à

la lèvre supérieure et au menton poils longs, frisés à la racine

des bourses ; poils assez abondants à l'anus. Verge : longueur,

11 centimètres ; circonférence, 10 centimètres. Testicules de la

grosseur d'un petit oeuf de pigeon.

1894. Janvier. - B... aime toujours à se mêler aux jeux les plus

bruyants, les plus actifs, malgré son infirmité. Il devient plus rai-

sonnable, plus docile, et se soumet plus volontiers aux observations

qu'on lui adresse. La tenue est meilleure.

Mars. Phlegmon de ia main droite; incision.

Juillet. Puberté. Pas de changement notable.

La conduite de B... est bonne et nous lui promettons, s'il conti-

nue, de ne pas le faire passer aux aliénés à dix-huit ans comme

c'est la règle, mais à vingt ans, dans la division des incurables de

l'hospice. Afin de l'encourager, nous l'autorisons à aller travailler

pendant une partie de la journée chez un cordonnier du dehors.

1895. Janvier. - Puberté. Poils fins à la lèvre supérieure et au

menton. Quelques poils dans l'aisselle gauche. Fin duvet sur les

PARÉSO-ANALGÉSIE DES EXTRÉMITÉS SUPÉRIEURES. 455

avant-bras, sur la face externe des cuisses et des jambes. Poils

assez abondants sur la partie inférieure du pénil ; quelques poils

sur les bourses. Verge : longueur, Il centimètres; circonférence,

iOcm,5.

B... continue à travailler chez un cordonnier du dehors, qui lui

donne 0 francs par semaine.

1896. Janvier. Mêmes lésions trophiques de l'aisselle droite.

Même état de la puberté, si ce n'est que la moustache se dessine

davantage.

Mars-avril. Bis... s'est notablement amélioré au point de vue

intellectuel. Sa conduite ne laisse rien à désirer. Il continue à tra-

vailler au dehors chez un cordonnier du voisinage. Pour ces rai-

sons, au lieu de le faire passer à dix-huit ans dans l'une des sec-

tions du quartier des aliénés, nous l'avons gardé jusqu'à ce jour

(vingt ans), afin d'obtenir son placement, justifié par ses infirmités

et sa maladie, dans l'une des divisions de l'hospice. L'autorisation

étant arrivée, nous avons procédé à un dernier examen, dont nous

ne relèverons que les points principaux.

La différence entre la partie supérieure du thorax et la partie

inférieure persiste, et il en est de même de l'arrêt de développe-

ment du reste du tronc (fig. 29). Les mesures suivantes en donnent

une idée.

lui56 . - RECUEIL DE FAITS.

sant la phalangette, on produit un bruit sec, et dès qu'on retire son

propre doigt, immédiatement la phalangette reprend avec le même

qruit sa position à angle droit, à l'instar d'un ressot t. L'index et le

médius sont recourbés dans la demi-flexion ; l'annulaire est un peu

moins recourbé ; l'auriculaire est presque droit. Le malade ne peut

pas relever ses doigts jusqu'à la ligne droite; il peut les fléchir

jusque sur la paume de la main, sauf l'auriculaire qui en reste très

écarté, en conservant la demi-flexion, ce qui doit être attribué à

ce qu'il y a plusieurs années il s'est fait au niveau de l'articulation

phalango-phalanginienne (face palmaire) une plaie avec un tran-

chet.

Les doigts sont boudinés ; les ongles sont réguliers. La peau est

épaissie sur le dos du métacarpe et sur la face dorsale des doigts;

elle est en outre légèrement rouge. Il existe une induration pro-

Fi ? 29.

PARÉSO-ANALGÉSIE DES EXTRÉMITÉS SUPÉRIEURES. 457

fessionnelle de la moitié radiale de l'index, et un durillon à la face

palmaire, sur la moitié inférieure du deuxième métacarpien. On

arrive à redresser les doigts, ce que ne peut faire le malade, mais

avec uce certaine résistance.

A gauche, les mouvements de l'épaule et du coude sont libres;

parfois, il y a des craquements.

Main. - Les doigts sont plus qn'à demi fléchis sur la paume de

la main, et dans leur totalité portés vers le bord cubital, tandis que

le métacarpe est incliné vers le bord radial (. us et 30). Tous sont

plus ou moins déformés. La phalange du pouce est presque à angle

droitsurle premiermétacarpien et la phalangette est relevée à angle

droit sur la phalange. On ne peut complètement ni redresser le

pouce, ni fléchir la phalangette; par conséquent, les mouvements

de flexion et d'extension sont limités. L'index a la forme d'un

moignon boudiné terminé par une sorte de cône bas (un centi-

mètre et demi au plus), formé par la peau très épaissie, et terminé

par un tout petit fragment d'ongle. L'os de la phalange seul existe.

Les mouvements provoqués sont très limités, et encore plus les

mouvements spontanés. Le médius est composé d'une phalange et

d'une phalangine bien développées, d'une phalangette raccourcie.

Les mouvements provoqués sont presque complets dans l'articula-

tion métacarpo-phalangienne, limités dans l'articulation phalango-

phalanginienne, nuls dans la dernière articulation. La phalange a

5 centimètres de longueur, la phalangine 4 centimètres, et la pha-

langette à peine un centimètre et demi. Celle-ci est légèrement

Fig. 30.

458 RECUEIL DE FAITS.

fléchie et portée vers le pouce. Elle se termine par un ongle

déformé, épais de 3 à 5 millimètres. Toute la peau de la phalan-

gette, sauf sur la face externe, est épaissie, et le siège de fissures

et même de crevasses. L'annulaire peut être fléchi complètement,

mais non étendu. Les articulations sont assez roides. Tandis que

les doigts précédents n'ont pas de mouvements spontanés de laté-

ralité, ils existent à l'auriculaire, dont l'articulation métacarpienne

est libre ; et les autres articulations un peu roides. Les deuxième,

troisième et quatrième doigts sont plus volumineux au niveau de

la jointure de la phalangine avec la phalangette qu'au niveau de

l'articulation phalango-mélacarpienne (les doigts de la main

droite sont bien moins cylindriques). Les productions épidermiques

prédominent sur le deuxième, et principalement sur le quatrième

doigt. Sur les autres doigts et à la paume de la main, les épais-

sissements paraissent dus à la profession. Très souvent, le pouce,

passant au-dessous du moignon de l'index, vient s'appuyer sur la

phalangine du médius.

Le malade prétend qu'il fatigue davantage de la main droite,

bien qu'il s'en serve moins que de l'autre : « J'écris et je fais tout

de la main gauche,» dit-il. Avant son entrée à Vaucluse, quand il

n'avait pas de béquilles, il marchait sur les mains. Il s'appuyait

principalement sur les articulations phalango-phalanginiennes. De

là, des épaississements anciens de la peau qui s'étendent jusqu'aux

articulations des phalanges avec le métacarpe. A la colonie de

Vaucluse, il lui arrivait assez souvent de marcher sur les mains.

Ici, il ne le fait qu'en jouant ou lorsque ses camarades lui cachent

ses béquilles.

B... rappelle qu'autrefois les doigts des deux mains étaient

placés en crochets. Ils se sont allongés progressivement. Cet allon-

gement a commencé avant l'entrée à Bicêtre et est allé en aug-

mentant.

Les mensurations suivantes donnent une idée des différences qui

existent entre les doigts des deux mains.

PARÉSO-ANALGÉSIE DES EXTRÉMITÉS SUPÉRIEURES. 459

460 RECUEIL DE FAITS.

autres orteils sont à peu près normaux (rétraction du fléchisseur du

deuxième orteil qui est déformé).

Côté gauche. Roideur assez prononcée de la hanche. Flexion

jusqu'à angle droit; extension incomplète : il n'est pas possible de

coller la cuisse sur le lit; abduction presque nulle; adduction

assez étendue. Contracture très prononcée des adducteurs.

Rigidité moyenne du genou; flexion presque totale, extension

imparfaite. Mouvements de latéralité très limités. B... soulève la

jambe, la plie, la porte en dehors et en dedans, mais tout cela

d'une façon imparfaite. Les articulations métatarso-phalangiennes

sont rigides, les autres articulations des orteils sont libres.

Le gros orteil est étendu sur la face dorsale du pied (contrac-

ture). Les mouvements spontanés sont assez étendus. Les ongles

sont réguliers. Le pied est plat.

Dans la station verticale qui, comme la marche, n'est possible

qu'avec des béquilles, la jambe gauche est un peu fléchie, portée

en dedans et le talon est un peu relevé. La cuisse droite croise la

gauche au-dessus de son genou et la jambe droite croise la gauche

au-dessous de sou genou, de telle sorte que le genou gauche est

encadré dans le jarret droit. Le pied droit est vertical et ne repose

sur le sol que par la pointe du gros orteil. Dans la marche, B...

avance ses béquilles simultanément, les membres inférieurs con-

servant leur attitude de la station verticale, le tronc repose sur le

gros orteil droit et sur les deux tiers antérieurs de la plante du

pied gauche. Les béquilles fixées, il porte en masse le train posté-

rieur en avant, le pied gauche frottant sur le sol.

Sensibilité spéciale, normale et égale des deux côtés. L'examen

complet des yeux, pratiqué par notre ami le D1' KOENiG, n'a décelé

aucune lésion. - Il en est de même de la sensibilité des muqueuses.

Sensibilité générale. Elle est conservée sur la face, au cou, sur

le tronc et les membres inférieurs. Toutefois B... prétend que le

froid (projection d'eau) est plus vif à droite qu'à gauche ; que d'ha-

bitude Je membre inférieur gauche est toujours assez chaud tandis

que le droit est toujours froid. Le chatouillement de la plante des

pieds n'est pas perçu. Le réflexe rotulien, conservé à gauche, est

très affaibli à droite. Pas de trépidation spinale. A ce moment de

l'examen on observe un léger tremblotement des muscles de la

jambe. La notion de position est normale.

En ce qui concerne les membres supérieurs, les divers modes de

la sensibilité sont conservés des deux côtés de l'épaule jusqu'au

pli du coude en avant, jusqu'à l'olécrâneen arrière. Au-dessous on

note les particularités suivantes :

Anebthébie du pli du coude à l'extrémité des doigts ; thermo-

anesthésie dans les mêmes régions; analgésie depuis l'extrémité des

doigts jusqu'à cinq centimètres au-dessous du pli du coude et de

PARÉSO-ANALGÉSIE DES EXTRÉMITÉS SUPÉRIEURES. 461

l'olécrâne. Les piqûres d'épingle ont déterminé autant de petites

papules arrondies de trois à quatre millimètres de diamètre (urti-

caire artificielle) réunies par une bande érythémateuse. Ces troubles

vaso-moteurs sont plus accusés à gauche qu'à droite.

La force musculaire est notablement plus faible à droite (côté

paralysé) qu'à gauche ainsi que le montrent les expériences dyna-

mométriques faites durant cinq jours avec le même instrument.

462 RECUEIL DE FAITS.

PARÉSO-ANALGÉSIE DES EXTRÉMITÉS SUPÉRIEURES. 463

II. Bien qu'il faille être réservé sur l'influence des

impressions maternelles, nous devons rappeler que, dans les

premiers mois de la grossesse, la mère a été vivement frappée

par la vue d'un mendiant atteint d'hémiplégie et que Je père

prétend que son fils a un bras et une jambe qui ressemblent

à ceux du mendiant. Les convulsions survenues à trois reprises,

vers deux ans et qui auraient duré chaque fois deux ou trois

heures, nous paraissent expliquer d'ailleurs l'hémiplégie qui

existe du côté droit, ainsi que la paraplégie inférieure. Si,

d'après le père, on n'a pas remarqué de paralysie à la nais-

sance, il n'y a plus de doute sur sa réalité, au retour de l'en-

fant de nourrice, à deux ans et demi; sa mère, en effet, a

remarqué alors, que le côté droit de son enfant était moins

gros et plus faible que le gauche, qu'il marchait en traînant la

jambe droite et que les mains étaient en crochet.

III. Nous croyons donc devoir rattacher aux convulsions,

probablement symptomatiques d'une sclérose cérébrale, le

premier groupe ' d'accidents pathologiques observés chez B...

et qui se sont traduits : a) par une arriération intellectuelle ;

b) par une hémiplégie du côté droit, par une paralysie de la

jambe gauche, et enfin c) par l'attitude des mains en crochet.

IV. L'a1'1'iération intellectuelle qui, au début, confinait à

l'imbécillité est bien mise en relief par les certificats que nous

avons reproduits et par les notes scolaires recueillies tant à la

colonie de Vaucluse qu'à Bicètre. Il s'y joignait une perversion

des instincts assez prononcée, qui a paru s'exagérer par

périodes durant lesquelles, entraîné par ses impulsions mala-

dives ou cédant sans trop de résistance aux mauvais conseils

d'enfants plus âgés, B... commettait de nombreux petits méfaits.

Nous avons pu obtenir cependant, avec le temps, une amélio-

ration assez sérieuse aussi bien sous le rapport intellectuel

que sous le rapport moral. Si, à l'école, les progrès de B...

ont été limités, en revanche, nous avons pu lui faire apprendre

suffisamment pour en tirer profit, malgré son infirmité, le

métier de cordonnier.

V. L'hémiplégie du côté droit qui prédomine au membre

1 L'enfant ayant été envoyé en nourrice trois ou quatre jours après sa

naissance, nous n'avons pu savoir si certains accidents, comme la laxité

cles ligaments des coudes, était ou non congénitale.

\

464 RECUEIL DE FAITS.

inférieur se complique d'une paralysie du membre inférieur

gauche. Il semblerait donc que les régions motrices du cer-

veau, correspondant aux membres inférieurs auraient été plus

atteintes que les régions qui correspondent aux membres

supérieurs. Les mensurations des membres'faites à différentes

reprises et dont nous ne citons que les deux extrêmes (1888 et

1896) mettent bien en relief les différences qui existent entre

les membres des deux côtés du corps et donnent une idée de

leur croissance durant cette période de .huit années.

L'hémiplégie s'accompagne en outre,' comme d'habitude,

d'un arrêt de développement de la moitié correspondante du

tronc, la face et le crâne demeurant à peu près tout à fait

indemnes, à'arthropathies, de rétractions musculaires et

tendineuses peu prononcées aux jointures du membre supé-

rieur mais très accusées au membre inférieur où elles ont été

aggravées par des traumatismes et des lésions de nature scro-

fuleuse( ? ).

Y a-t-il eu autrefois une coxalgie à droite, ainsi que le fait

supposer la note provenant de l'hôpital des Enfants malades,

on ne saurait l'admettre d'une façon absolue. En tout cas,

aujourd'hui, la hanche droite n'offre aucune déformation'; elle

est le siège de rétractions musculaires et tendineuses, qui res-

treignent considérablement les mouvements, et l'ensemble de

ces lésions, qui répond aux arlhropathies des hémiplégiques 2,

est, sauf le degré plus accusé, le même que celui qu'on observe

à la hanche gauche.

Quant à l'attitude de la jambe droite, à l'ankylose du

genou, à la déformation du pied, elles diffèrent de ce qu'on

note d'ordinaire dans l'hémiplégie, mais ces modifications sont

évidemment dues au traumatisme subi par le genou, aux

abcès qui se sont formés, aux opérations qui ont été prati-

quées. Le membre inférieur gauche, dans son attitude générale,

dans ses jointures, présente les symptômes habituels (craque-

ments, rigidité, arrêt de développement, etc.) des membres

frappés de paralysie. Rappelons que l'arrêt de développe-

' Cette opinion a été confirmée par noire collègue, M. le D'' CIIAI'UT,

chirurgien de Bicêtre, qui a bien voulu examiner le malade au point de

vue chirurgical.

' Bourneville. Elude sur les al'lhl'opalhies consécutives il quelques

maladies de la moelle el du cerveau (Revue photogr. des hôpitaux, 1871,

p. 9, 52, 67, etc.).

PARÉSO-ANALGESIE DES EXTRÉMITÉS SUPÉRIEURES. 468

ment, qui atteint les membres inférieurs, le droit plus que le

gauche, a également intéressé le bassin et la partie la plus

inférieure du thorax comme les figures 26, 27 et 29 permettent

de le vérifier.

D'après le malade, qui a été soumis chaque année depuis

son admission z1888) jusqu'à cette année à un traitement

antiscrofuleux pendant l'hiver, à l'hydrothérapie durant l'été,

les membres inférieurs, surtout le gauche, seraient devenus rela-

tivement plus agiles, les membres supérieurs se seraient fortifiés

et,l'attitude en crochet des mains aurait notablement diminué.

VI. Nous nous bornerons, au point de vue chirurgical, à

une simple énumération : pouce à ressort, luxation de l'extré-

mité supérieure du radius, mutilations pathologiques de deux

doigts de la main gauche, ankylose et attitude vicieuse du

genou droit, rétractions musculaires et tendineuses multiples.

VII. Il nous reste maintenant à faire ressortir les points

principaux d'une autre affection dont est atteint notre malade

et qui paraît répondre à la paréso-analgésie, décrite par

M. Morvan et à laquelle on donne généralement son nom.

La maladie de Morvan et la syringomyélie, remises à jour

dans ces dernières années, ont été l'objet, durant cette période,

de nombreux travaux. Elles ont d'abord été étudiées séparé-

ment. Puis, divers auteurs ont soutenu que cette séparation

n'était pas justifiée, que la paréso-analgésie des extrémités

supérieures n'était qu'une variété clinique de la syringomyélie.

MM. A. Joffroy et Achard, entre autres, se sont faits les défen-

seurs de cette théorie unitaire 2.

Au contraire, MM. Morvan, Charcot, Déjerine3 et Bruhl*,

ont soutenu qu'il s'agissait là de deux maladies distinctes.

M. Charcot a formulé son opinion dans une leçon faite en

1890, à la Salpêtrière, et a conclu en ces termes : « Il était

opportun de vous parler de la maladie de Morvan, après nos

1 Morvan. Gaz. lzebd., 1883, p. 580, 590, G27, 722; 1887 (cas de

Prouff), p. 249; 1889 (cas de ProufC et Gombault), p. 308, etc., etc.

' Joffroy et Achard. Soc. nzéd. des hôpitaux, 11 juillet 1890, et

Archives de muez. expél'im., 1890, p. 540.

3 Déjerine. Soc. de biologie, 5 juillet 1890, et Médecine moderne,

10 juillet 1890.

' Bruhl. Contribution il l'élude de la syringomyélie, 1890, p. 72.

Archives, 2° série, t. I. 30

466 RECUEIL DE FAITS.

dernières leçons sur la syringomyélie, car les deux affections

ont certains traits de ressemblance et sont confondues à tort,

selon moi, par quelques auteurs. »

Récemment, M. le professeur Grasset, dans une leçon très

intéressante, a discuté minutieusement cette question et a

conclu qu'il y avait lieu de distinguer la paréso-analgésie à

panaris des extrémités supérieures de la syringomyélie '.

Le cas qui précède nous parait appartenir à la maladie de

Morvan. Tout d'abord, les troubles de la sensibilité sont ana-

logues à ceux qu'a décrits cet auteur. Notre malade a une anes-

thésie, une analgésie, une tlte1'lno-anesthésie des doigts, des

mains, des avant-bras jusqu au voisinage du pli du coude.

Toutefois, la région analgésique est un peu moins étendue, en

ce sens qu'au-dessous du pli du coude et au-dessous de l'olé-

crâne, c'est-à-dire à la partie tout à fait supérieure de l'avant-

bras, et cela des deux côtés, il y a une zone d'environ cinq

centimètres de hauteur au niveau de laquelle la sensibilité à

la douleur persiste, alors que la sensibilité tactile, au froid, à

la chaleur est abolie. Nous devons faire remarquer que les

troubles de la sensibilité semblent quelquefois varier. C'est

ainsi qu'en février 1890 nous avons noté une dissociation par-

tielle de la sensibilité. Ce ne serait pas là une exception.

«Aujourd'hui, dit M. Grasset, il est démontré par des faits

nombreux que dans la maladie de Morvan la dissociation de la

sensibilité peut parfaitement exister. » (Loc. cit., p. 194.)

Les troubles trophiques sont aussi très nets. Le malade a eu

deux panaris graves, absolument indolores; il y a eu une éli-

mination d'une phalangette et d'une phalangine. De plus, il

présente un épaississement de la peau, des crevasses, une

sorte d'hypertrophie des doigts. Signalons aussi l'attitude des

mains en crochet et une atrophie, à droite, des éminences

thénar et hypothénar.

Nous avons eu la bonne fortune de montrer notre malade à

MM. Morvan, Prouff et Déjerine au cours d'une visite qu'ils

faisaient dans notre service et ils ont confirmé notre diagnostic.

1 Grasset, - Leçons de clinique médicale, 11° s6ne, MontpeUier et Paris,

1896. Nous ne pouvons pas, à propos de cette observation, refaire

l'historique de ces deux maladies. Nous renvoyons le lecteur à la thèse

si consciencieuse de M. Bruhl et à la leçon toute récente de M. Grasset.

PARESO-ANALGÉSIE DES EXTRÉMITÉS SUPÉRIEURES. 467 Î

EXAMEN ÉLECTRO-DIAGNOSTIQUE

Du cas précédent par le Dr Régnier.

Pour mesurerla diminution delà sensibilité, comme nous n'avions

pas à notre disposition de pont différentiel de Boudet (de Paris) ni

de machine statique, nous avons adoplé la technique suivante :

une électrode indifférente constituée par une large plaque de zinc

de 8 X 12 centimètres est appliquée sur la colonne vertébrale, à la

répion cervicale pour l'examen des membres supérieurs, à la région

lombaire pour les membres inférieurs, l'électrode active est cons-

tituée par un tampon de charbon recouvert de peau de chamois de

2 centimètres de diamètre. Nous déterminons d'abord dans les

régions saines la limite minima à laquelle le malade a la sensation

du passage du courant. Elle correspond au 0 de l'appareil portatif

à chariot de Chardin. La division de la règle est en centimètres.

Pour l'appréciation des modifications de la contractilité muscu-

laire nous avons suivi la méthode de Erb. '

MEMBRE SUPÉRIEUR GAUCHE

468 RECUEIL DE FAITS.

face dorsale, ainsi qu'à la plante du pied. Dans cette dernière

région la diminution est surtout prononcée au niveau de la tête

des métatarsiens et du talon; diminution moindre = 1/2 division,

au niveau du corps des 2°, 3e et 4° métatarsiens. existe de chaque

côté'du genou une zone de diminution de la sensibilité = 1 divi-

sion 1/2 de la largeur d'une pièce de cinq francs.

Jambe. - Diminution de la sensibilité = 1 division 1/2 dans la

moitié inférieure de la zone d'anesthésie.

C. Contractilité musculaire. Exploration faradique. La con-

tractilité est normale dans les muscles fessiers ainsi que dans ceux

de la cuisse, de la jambe et du pied.

Exploration galvanique. Pas de modifications du caractère de

la contraction N F C > PFC > P 0 C. 1V 0 C n'est pas recherchée à

cause de la douleur provoquée par le passage du courant.

La contraction musculaire est obtenue avec 5 milliampères.

MEMBRE SUPÉRIEUR DROIT

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 469

2e, 3e et 4e métatarsiens, diminuée au niveau des articulations

métatarso-phalangiennes = 1 division. Au niveau du talon la

diminution = 1 division 3/4. La diminution = 1 division sur le

bord externe du pied jusqu'au niveau de la malléole externe.

Sur la face dorsale la diminution = 1 division jusqu'au niveau

du pli articulaire de l'articulation du cou-de-pied. Sur le bord

interne diminution = 1/2 division.

Jambe. Diminution de la sensibilité = 1 division dans toute

la moitié inférieure. Il y a également deux zones de diminution de

la sensibilité = 1 division 1/2 sur la face interne et la face externe

du genou, sur une étendue égale à la largeur d'une pièce de

cinq francs. A la cuisse, la sensibilité est normale.

B. Cont1'actilité. Exploration faradique. La contractilité est

diminuée dans les muscles péroniers latéraux.

Exploration galvanique.- Dans les muscles où l'excitabilité fara-

dique est diminuée, il existe également une modification de la

réaction galvanique N F C = N 0 C. C'est le premier degré de la

réaction de dégénérescence d'Erb.

En résumé, l'examen électrique démontre que tant au point de

vue de la sensibilité que de la contractilité, les signes sont plus pro-

noncés à droite qu'à gauche aux deux membres. Sur le tronc et la

face, la sensibilité et la contractilité n'ont pas subi de modifi-

cations.

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE

1

PATHOLOGIQUES.

LXXV. NOUVEL appareil POUR apprécier LE DEGRÉ DE la SENSIBILITÉ

DOULOUREUSE DE LA PEAU, OU ALGI;SIOMi·,TRE pal' O.-O. MOTSCHUT-

KOWSKY. (Neurolog. Centralbl., XIV, 1895.)

Un cylindre contient une aiguille organisée de telle sorte qu'à

l'aide d'un système annulaire on puisse la faire sortir d'une quan-

tité donnée pour agir sur la surface cutanée. Cette longueur de

pointe qui actionne la peau est numérotée sur le cylindre, en vertu

de conventions divisionnaires faciles à lire. On obtient ainsi une

échelle de sensibilité. Un connaît, en effet, exactement le moment

où la pointe touche la peau et de combien elle l'intéresse; on con-

470 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

trôle avec sa montre à secondes, et l'on obtient de cette façon les

modalités du contact, c'est-à-dire de lasensation douloureuse.Toutes

conditions qui,d'ailleurs, ont été préalablement déterminées, jusques

et y compris l'intervention d'un dynamomètre, quand on a voulu

graduer l'appareil. De sorte que celui-ci représente en réalité une

échelle de normales, à peu près comme un thermomètre.

A l'aide de cet instrument, M. Motschutkowsky a vu que la force

de la sensation douloureuse ne correspond point partout à l'épais-

seur de la peau : à épaisseur égale de la peau en diverses places,

la sensation douloureuse est influencée par le degré de résistance

du tissu sous-jacent; plus le substratum est dur, plus violente est la

douleur.-L'épaisseur de la couche épidermoïde exerce une grande

influence sur la douleur, elles sont inversement proportionnelles

l'une à l'autre.-Les muqueuses sont moins sensibles que la peau.

La sensibilité atteint son acmé à la face dorsale des articulations

phalangiennes des doigts, et à la limite du front et du cuir che-

velu ; son minimum est à la fesse et à la plante des pieds.

En résumé, les avantages présentés par ce petit appareil seraient :

1° notation chiffrée de la sensation douloureuse ; 1° contrôle de

l'appareil sur soi-même; 3° application à toutes les intelligences de

malades; 4° suppression de toute action émotive; 5° suppression

de toute effusion de sang (aiguille très épaisse à cône piquant de

dimension insignifiante); 0° rapidité d'exécution. P. K.

LXXVI. LE TUBERCULE QUADRIdUJfEAU POSTÉRIEUR COMME CENTRE DE L'()Ul E,

DE LA VOIX ET DES REFLEXES; par W. DE BECHTEREW. (IiCtU0l0.

Centralbl., XIV, 1895.)

Voici ce que dit M. de Bechlerew :

J'ai démontré l'union du tubercule quadrijumeau postérieur avec

mon noyau réticulaire de la calotte protubérantielle au moyen de

fibres spéciales qui, sur les côtés de la partie supérieure de cette

calotte et en dedans du ruban de Reil inférieur et latéral descen-

dent en arrière du ruban de Reil proprement dit. Or ce noyau est

en étroite relation, par un trousseau vertical, avec la substance

grise de la protubérance ainsi qu'avec les fibres de la formation

réticulaire qui constituent le prolongement direct et supérieur des

faisceaux fondamentaux des cordons antérieurs et latéraux de la

moelle; il y a par conséquent relations anatomiques du tubercule

quadrijumeau postérieur et de la zone motrice.

D'autre part, on sait que le tubercule quadrijumeau postérieur

est en rapports directs avec l'acoustique notamment avec la branche

cochléaire de celui-ci ; sur des cerveaux d'embryons de 28 à 30 centi-

mètres de long, le tubercule quadrijumeau inférieur se relie à

l'olive supérieure et au corps trapézoïde par le ruban de Reil latéral,

et, par là, au nerf de la huitième paire. De plus, la racine pos-

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 471

térieure de l'auditif est un prolongement immédiat de sa branche

cochléaire, et est en relation avec le corps trapézoïde ; il y a donc,

par cette voie, au moyen du corps trapézoïde et du ruban de Reil

latéral, union entre le tubercule quadrijumeau postérieur et la branche

cochléaire de l'auditif.

La destruction du limaçon par Baginsky et Kirilzew montre que

les fibres de la racine postérieure de l'acoustique se terminent au

noyau acoustique antérieur, au tubercule acoustique, aux olives

supérieures, au tubercule bijumeau postérieur du côté opposé. Les

fibres de la racine postérieure, qui se terminent dans les olives supé-

rieures, passent par le corps trapézoide; celles qui se terminent dans

le tubercule quadrijumeau postérieur passent aussi dans le ruban de

Reil inférieur. Held ajoute que la racine postérieure de l'auditif a

également des relations avec le tubercule quadrijumeau postérieur

du même côté, que le trajet des sensations auditives entre le tuber-

cule quadrijumeau et le rameau cochléaire de l'acoutisque contient

et des fibres centripètes et des fibres centrifuges, et que le trajet

acoustique entretient des relations anatomiques étendues destinées

à la transmission réflexe des impulsions motrices, car les fibres

acoustiques atteignent non seulement le tubercule quadrijumeau

postérieur,mais en partie aussi le tubercule quadrijumeau antérieur,

dans lesquels elles ^touchent les cellules originelles des systèmes

descendants (noyaux des nerfs de l'oeil, cordons antérieurs de la

inoelle). Les libres optiques étant en relation avec ces cellules, il

existe une communication réflexe commune oculo-auditive. En effet des

fibres du corps trapézoïde, qui sert de voie centrale aux sensations

auditives, et des olives supérieures, qui servent de postes interrup-

teurs des fibres du corps trapézoïde, part un gros trousseau de

fibres qui vont au noyau de l'oculomoteur externe du côté opposé.

Monakow a montré qu'il faut attribuer, pour l'ouïe, au tubercule

quadrijumeau postérieur et au corps genouillé interne la même

importance qu'on attribue, pour la vue, au tubercule quadrijumeau

antérieur, et au corps genouillé externe.

Ce n'est pas tout.

La destruction parfaite du tubercule quadrijumeau postérieurchez

le rat blanc, le cochon d'Inde, ou le lapin, en les rendant sourds

des deux oreilles, affaiblit ou fait disparaître leur voix (Bechterew),

selon le degré de la destruction, sans que cela puisse être attribué

à la respiration de ces animaux. D'après Onodi et Bechterew, il

existe à. la base du cerveau, un centre de 8 millimètres sur une

ligne séparant le tubercule quadrijumeau antérieur du tubercule

quadrijumeau postérieur, qui est le centre spécial de la voix. Enfin,

le tubercule quadrijumeau postérieur des mammifères contient un

centre vocal dont le développement se rattache à celui de l'organe

de l'ouïe, lui-même en intime relation avec le tubercule quadriju-

meau postérieur.

472 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

Un^animal dont on a radicalement détruit le tubercule quadri-

jumeau postérieur perd la faculté de se tenir debout et de marcher

quoiqu'il conserve la liberté des mouvements de ses membres. Une

simple, lésion du tubercule quadrijumeau postérieur entraîne de la

propension à tomber de côté, à tituber, à prendre des attitudes ou

à exécuter des mouvements irrésistibles, parfois avec du nys-

tagmus, ou encore, au moins dans les premiers temps, avec l'im-

possibilité de dresser le pavillon de l'oreille du côté opposé et de

le tourner du côté où vient le son. Si on excite à l'aide du courant

électrique une des éminences du tubercule quadrij umeau postérieur,

on obtient une déviation des globes oculaires du côté opposé, avec

redressement du pavillon de l'oreille du côté opposé, et des contrac-

tions convulsives de la moitié opposée du corps. Augmentez la

force du courant et vous obtenez : une rotation de la tête et du

tronc autour de l'axe du corps vers le côté excité, avec convulsions

bilatérales. Excitez les deux éminences du tubercule quadrijumeau

postérieur, vous obtenez toujours des mouvements convulsifs bila-

téraux et assez souvent un cri. Il faut donc attribuer à l'organe en

question ce que jusqu'ici l'on attribuait au pédoncule cérébelleux

antérieur. P. KERAVAL.

LXXVII. DE la I'L1CE occupée dans LE BULBE par LES fibres DES

cordons antérieurs des pyramides ; par L. JACOBSOHN. (,Ne2l)'Ol.

Cealralb., XIV, 1895.)

L'étude comparative des dégénérescences secondaires du cor-

don antérieur des pyramides et du cordon latéral des pyramides

dans un cas de ramollissement ayant lésé les pyramides dans la

protubérance inspire à l'auteur les réflexions suivantes :

Très probablement, des fibres du cordon antérieur des pyra-

mides ne se mélangent point dans le tronc du cerveau, avec celles

du cordon latéral. Si elles sont conglomérées en un seul cordon,

elles marchent à côté les unes des autres. Ce n'est qu'ainsi que

l'on peut comprendre que, bien que toutes atteintes par un

même processus pathologique, celles du cordon latéral étaient plus

atteintes que celles, voisines, du cordon antérieur; par suite, la.

dégénérescence descendante des premières était plus considérable

que celle des secondes. En effet, s'il y avait eu fusion, il serait

extraordinaire que la lésion ait exactement et toujours plus atteint

les fibres du cordon latéral que celles du cordon antérieur.

Ayant procédé à de nouvelles dissections soit sur des pièces

fraîches, soit sur des pièces durcies, empruntées à l'entre-croisement t

des pyramides, M. Jacobsohn conclut que : les fibres des pyramides

qui, ne s'entre-croisant pas à la région de passage entre le cer-

veau et la moelle, descendent du même côté dans le cordon anté-

rieur de la moelle tout contre le sillon longitudinal antérieur,

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 473

occupent dans le bulbe, tout près de l'entre-croisement des pyra-

mides, l'angle latéral du faisceau pyramidal, et, dans cet angle,

continuent à se tenir tout le long du bulbe.

Une minutieuse comparaison de la coupe, transverse pratiquée

au voisinage de l'entre-croisement des pyramides, et de la coupe

transverse exécutée à travers le milieu de l'entre-croisement (v. les

figures) démontre que : ce sont les trousseaux postérieurement

placés qui se portent de l'autre côté, fait également constaté dans

les coupes antéro-poslérieures à travers le tronc du cerveau nor-

mal. A ces fibres postérieures s'adjoignent celles qui occupent le

sillon longitudinal postérieur. Les fibres antérieures se placent

dans l'ordre que voici : plus latéraux sont les plans qu'elles occu-

pent dans le faisceau pyramidal, plus tard elles abordent l'entre-

croisement, et inversement, jusqu'à ce que finalement les plus

latérales ne s'entre-croisant plus, restant au contraire du même

côté, descendent tout droit dans le sillon longitudinal à l'état de

cordon antérieur des pyramides. Ces fibres-là, dans la moelle,

s'entre-croisent, non en trousseaux, mais isolément, allant alors,

par la commissure antérieure, aux cellules motrices de la corne

antérieure de l'autre côté. P. Keraval.

LXXVIII. LE faisceau CÉftÉBftO-CEftÉBELLEUX croisé; par G. itIINGAZZ1NI.

(Neurolog. Centl·albl., XIV, 1895.)

u

Etude critique des travaux récents, de laquelle l'auteur déduit

que : il n'y a pas de faisceau cérébro-cérébelleux croisé direct.

Sans doute, une lésion hémi-cérébrale est parfois suivie d'une

atrophie de l'hémisphère cérébelleux du côté opposé, mais c'est

parce qu'alors il y a lésion concomitante de la couche optique du

même côté qui est la voie de communication cérébro-cérébelleuse.

P. K.

LXXIX. DES altérations DE la MOELLE CONSÉCUTIVES A UNE OBTU-

ration momentanée DE l'aorte abdominale. Contribution A la

pathologie des cellules nerveuses; par A. SARBO, (Neurolog.

Cealralbl., XIV, 1895.)

Si on lie pendant une heure l'aorte abdominale, on obtient une

désagrégation du protoplasma du corps des cellules nerveuses en

fines granulations, suivie d'une atrophie homogène progressive du

noyau. Quelquefois il y a tuméfaction uniforme des cellules avec

sclérose partielle du protoplasma. Quoi qu'il en soit, cette dégéné-

rescence cellulaire constitue du ramollissement aigu de la substance

grise. Neuf jours après la ligature, la désagrégation a été com-

plète, des cellules ont disparu, et les cornes de la moelle sont

remplacées par un tissu formé de névroglie, d'éléments épithé-

474 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

lioïdes, de cellules de prolifération; les fibres nerveuses sont atro-

phiées, surtout dans les cordons antéro-latéraux, et les gaines myé-

liniques se désagrègent au niveau des points les plus atteints. P. K.

LXXX. Conservation DES mouvements DE flexion A l'articulation

BUMERO-CUBITALE DANS UN CAS DE PARALYSIE COMPLÈTE DU PLEXUS DE

);RS; par 11. Weber. (1\'e2c·oloy. Centralbl., XIV, 1895.)

. A la suite d'une séance de chloroformisatiôn nécessaire pour l'abla-

tion d'un corps étranger vésical, un jeune apprenti serrurier de seize

ans présente un affaiblissement général, avec paralysie partielle du

bras droit. C'est la paralysie du plexus brachial de Erb, avec dégé-

nérescence complète des muscles deltoïde, biceps, brachial anté-

rieur, long supinateur, dégénérescence moindre des sus et sous-

épineux et sous-scapulaire, paralysie de la sensibilité dans le terri-

toire des nerfs axillaires, musculo-culané, radial. Le malade ne peut

faire aucun mouvement qui ait pour centre l'articulation de l'épaule,

si ce n'est l'adduction du bras et porter celui-ci dans le dos. L'avant-

bras a conservé ses mouvements d'extension, de supination, de

pronation, mais la flexion en est possible, quoique limitée, excepté

quand le membre est placé en supination. Pendant la flexion de

l'avant-bras, on sent dans la profondeur du condyle externe de

l'humérus une masse musculaire énergiquement contractée. Il en

résulte que cette flexion a pour facteurs le muscle premier radial

externe aidé des épicondyliens, qui n'agissent ainsi que parce

qu'ils sont hypertrophiés. D'où l'indication d'exercer et de masser

ces muscles-là pour ramener la flexion perdue de l'articulation du

coude. L'électricité, dans l'espèce, guérit complètement le jeune

homme en trois mois. P. K.

LXXXI. Du nerf OPTIQUE du PIGEON; par MAYSER. (Allg. ZeiLSschr. f.

Psychiat., LI, 2.)

Il n'y a pas chez lui, d'entre-croisement total des nerfs optiques.

La masse principale de la bandelette optique des oiseaux, qui

recouvre le 'lobe optique, comme un manteau, se divise en deux

parties : 1° une partie antéro-supérieure ; 2° une partie postéro-

inférieure. Chacune de ces parties constitue un gros trousseau radi-

culaire. Ces deux trousseaux ne sont pas nettement séparés l'un de

l'autre ; au niveau de la face latérale du lobe optique qu'ils embras-

sent à la façon d'un globe creux, ils sont en continuité au moyen

d'une large couche optique intermédiaire. Chacun d'eux est aussi

accompagné d'un petit satellite médian également composé de fibres

optiques; les fibres de ce satellite inféro-médian ne sont point des

fibres pédonculaires ; la bandelette optique ne monte pas dans le

cerveau antérieur.

, REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 475

Quand on a, chez l'oiseau, énucléé un oeil, il se produit une

dégénérescence à peu près totale de la bandelette optique du côté

opposé. La bandelette optique correspondante est recouverte d'une

couche de fibres bien conservées assez uniformément disposées sur

toute la surface. Il est impossible que ces fibres soient optiques;

partie d'entre elles proviennent des systèmes commissuraux optiques

(sorte de commissure de Meynert), partie émanent du corps ge-

nouillé thalamique de l3ellonci, d'autres enfin paraissent prendre

naissance dans la substance grise de la paroi latérale du cerveau

intermédiaire (couches optiques) qui, en dedans du corps genouillé

thalamique, borde latéralement l'appendice antérieur ou ventral

du pédoncule cérébral et est antérieure au gros noyau pédonculaire.

L'homologue de la commissure de Meynert serait située en arrière

et, en partie, un peu au centre de la commissure de de Gudden.

La paroi postérieure du tuber cinereum contiendrait un nodus

gris, allongé en avant en forme de coin, sorte de ganglion termi-

nal des fibres optiques, de celles qui occupent la face médiane de

la [racine optique inféro-postérieure. Les fibres, qui suivent la voie

de la racine optique supéro-antérieure,se terminent dans une grosse

nodosité grise située en dehors du noyau du pathétique; cette nodo-

sité reçoit aussi des fibres du noyau du pathétique voisin, ainsi que

du faisceau longitudinal postérieur du bulbe duquel, d'autre part,

beaucoup de fibres vont passer dans les noyaux des nerfs moteurs

de ici ! . Il se pourrait que la dernière nodosité donnât naissance

aux fibres optiques qui se terminent dans la couche granuleuse

interne de la rétine à l'état de ramuscules terminaux.

P. KERAVAL..

LXXXII. Faisceaux cérébelleux descendants; par A. BIEDL

(Neul'ol. Centralbl., XIV, 1895.)

Sectionne-t-on, chez le chat, le corps restiforme gauche à 1 centi-

mètre, ou 1 centimètre et demi de distance du calamus scriptorius,

l'animal se met à tourner autour de l'axe de son corps, de droite à

gauche, puis surviennent des attaques convulsives des quatre pattes,

la fête est alternativement fléchie et étendue, etc. Quant à l'exa-

men histologique des lésions consécutives, il montre une dégéné-

rescence des fibres à direction horizontale, des libres à direction

radiaire, des fibres à direction longitudinale. Le détail de ces alté-

rations permet de conclure, d'après M. Biedl, ce qui suit.

Le corps restiforme donne naissance à des fibres qui vont aux

deux faisceaux longitudinaux postérieurs et, s'infléchissant à leur

niveau pour se diriger en bas, en forment les parties constitutives,

La dénomination de faisceau longitudinal postérieur n'est usitée

que jusque, à peu près, à l'extrémité inférieure des grosses olives.

A la hauteur de l'entre-croisement des rubans de Reil, la région en

476 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

question s'appelle faisceau radiculaire antérieur. Ici, nous trouvons

dans l'espèce, les fibres longitudinales dégénérées; on peut les

suivre jusque dans la moelle cervicale supérieure. Le faisceau lon-

gitudinal postérieur du côté lésé se trouve aussi, par un petit

nombre de fibres radiaires, en rapport avec une aire de dégéné-

rescence que j'ai désignée, dans les coupes transverses successive-

ment étagées du bulbe, sous le nom de vestige du cordon antéro-

latéral. Or, s'il y a là un surcroît de fibres dégénérées, c'est au corps

restiforme que cela est dû, par les fibres arciformes, internes,

moyennes et externes qui, à ce niveau, s'infléchissent en prenant

une direction longitudinale. Ces fibres courent tout le long de la

moelle et forment l'aire de dégénérescence décrite dans le cordon

antéro-latéral. La dégénérescence des fibres radiculaires émer-

gentes d'une série de nerfs craniens, celle aussi d'un très grand

nombre de fibres radiculaires antérieures émergentes de la

moelle, sont la conséquence dés altérations dégénératives, soit

dans les faisceaux longitudinaux postérieurs, soit dans le cordon

antéro-latéral. Ces deux dernières dégénérescences prouvent l'exis-

tence d'un système tirant ses fibres du corps restiforme.

Un second système est formé par le vestige du cordon latéral ;

les fibres arciformes externes y apportent des fibres du corps resti-

forme. Peut-être même celui-ci donne-t-il au noyau du cordon

latéral ? Il est impossible de se prononcer encore sur ce point.

Un troisième groupe de fibres est celui des fibres entre-croisées.

Une importance spéciale doit être, sous ce rapport, attribuée à la

dégénérescence des fibres entre-croisées qui vont du corps restiforme

à la grosse olive du côté opposé. Elle confirme la manière devoir

de Koelliker, d'après laquelle ces fibres cérébello-olivaires sont un

trousseau centrifuge, du moins une petite partie d'entre elles. Les

fibres qui pénètrent dans l'olive du côté opposé, s'y terminent pro-

bablement et ne vont pas, après l'avoir traversée, au cordon latéral

de la moelle, car il n'y a de dégénérescence que du cordon latéral

du côté vivisecté.

Par conséquent, la grosse olive du côté opposé, est une annexe

cérébelleuse et les fibres cérébello-olivaires sont, en partie du

moins, centrifuges. Le corps restiforme joint, dans le bulbe, le ves-

tige du cordon latéral; de là partent des fibres centrifuges qui

vont jusque dans la moelle lombaire. Du cervelet partent aussi des

fibres centrifuges qui, traversant la portion latérale du corps res-

tiforme, se rendent à la région du noyau du cordon latéral. Et la

section du corps restiforme entraine une dégénérescence descen-

dante du cordon latéral qui n'a aucun rapport avec la pyramide,

Le cordon latéral des pyramides n'appartient donc pas exclusive-

ment à la grande communication entre-croisée musculo-motrice;

il contient aussi des fifres qui, sans s'entre-croiser, sont centrifuges et

viennent, non du cerveau, mais du cervelet.

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 477

Le trousseau cérébelleux centrifuge proprement dit quitte le cer-

velet par le corps restiforme, dans lequel il occupe la partie médiane.

En passant dans le bulbe, ce trousseau, jusque-là compact, se par-

tage en un groupe de fibres arciformes internes et en un autre

groupe de fibres arciformes moyennes. Les premières passent tout

à fait en arrière, sous les noyaux gris du ventricule et entrent dans

le faisceau longitudinal postérieur. Les secondes se dirigent oblique-

ment au milieu et en avant, pour se terminer dans la substance

blanche réticulaire qui, sur une coupe transverse, est située entre le

faisceau longitudinal postérieur et l'olive supérieure.

Enfin le corps restiforme fournit des fibres arciformes internes

et externes au vestige du cordon antéro-laléral du bulbe.

Les fibres cérébelleuses centrifuges sont donc représentées dans le

bulbe par deux écheveaux. Celui du faisceau longitudinal postérieur

et le vestige du cordon antéro-latéral. Le premier est exclusive-

ment un raccord centrifuge entre le cervelet et le bulbe; les nerfs

craniens en rapport avec Je faisceau longitudinal postérieur con-

tiennent quelques fibres originaires du cervelet. Par le vestige du

cordon antéro-latéral dans le bulbe, les activités cérébelleuses

passent à la moelle.

Dans la moelle, nous retrouvons, le trousseau cérébelleux cen-

trifuge, qui occupe le cordon antéro-latéral, et, plus bas, dans la

moelle lombaire, le cordon antérieur. Les racines antérieures émer-

gentes de la moelle contiennent aussi des fibres cérébelleuses cen-

trifuges. Entre le faisceau longitudinal postérieur et le cordon

antéro-latéral il y a, par passage dans le second des fibres du pre-

mier, continuité et analogie. Le faisceau longitudinal postérieur

joue vis-à-vis des nerfs crâniens, le rôle que joue le cordon artéro-

latéral pour les nerfs spinaux. P. KERAVAL.

LXXXIII. DE l'importance QU'IL Y A A combiner la MÉTHODE EIiBBYO-

GÉNIQUE ET DÉGENÉRATIVE AVEC CELLE DES VIVISECTIONS POUR LA PHYSIO-

LOGIE EXPÉRIMENTALE DU SYSTÈME NERVEUX ET LE RÔLE DES FAISCEAUX

GRÊLES ET CÉRÉBELLEUX DANS LA FONCTION DE L'ÉQUILIBRE ; par

W. DE BECHTEREW. (ueurolog. Centralbl., XIV, 1895.)

La méthode embryogénique a démontré que le développement

des fonctions cérébrales, chez les nouveau-nés, va de pair avec le

développement successif de chacune des parties du système nerveux,

avec la genèse des manchons myéliques des fibres de ces parties.

La conscience s'exerce chez le nouveau-né, pour cette raison, par

les centres inférieurs, dont le développement est précoce, et monte

graduellement dans les centres supérieurs avec le développement

de ceux-ci.

L'animal nouveau-né parcourt, pendant son développement,

l'échelle de l'animalité, depuis le degré le plus bas, celui dans

478 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

lequel l'acte conscient parait en rapport avec les centres cérébraux

inférieurs, jusqu'au degré le plus élevé, dans lequel la fonction n

conscience s'exerce principalement par l'écorce des hémisphères.

Fibres myéliniques et cellules sont les facteurs des fonctions. On

arrive par l'observation combinée à l'expérimentation chez le

nouveau-né à bien limiter les centres, et à étudier jusqu'à un cer-

tain point, les parties constitutives des nerfs périphériques. Les

résultats acquièrent une précision, extrême quand on examine les

dégénérescences secondaires d'origine expérimentale, et qu'on se

rend compte, par elles, des effets positifs ou négatifs de l'excitation

électrique ou de la destruction des régions qui contiennent des

trousseaux dégénérés. Ainsi le corps strié est inexcitable parce que

chez les animaux auxquels on a préalablement extirpé la zone

motrice (dégénérescence consécutive du faisceau pyramidal), les

courants électriques de force moyenne appliqués sur le noyau

caudé ne produisent plus d'effet moteur, alors que cela a lieu chez

l'animal auquel on n'a pas préalablement enlevé la zone motrice

corticale.

Cette méthode de vivisection avec étude des dégénérescences

rend d'inimitables services, lorsqu'on l'associe à l'étude du déve-

loppement successif des systèmes et trousseaux de l'animal nou-

veau-né. En voici un exemple :

L'enroulement forcé des animaux autour de l'axe du corps et

leur propension à tomber a lieu par suite de la lésion du faisceau

cérébelleux dans les cordons latéraux de la moelle. L'excitation de

ce faisceau dans la région du vermis, et à l'extrémité centrale de la

moelle des animaux nouveau-nés, produit la rotation du tronc et

de la tête autour de l'axe du corps du côté opposé tandis que la

tête regarde l'épaule correspondante. Donc le faisceau cérébelleux

des cordons latéraux est un système de fibres qui joue un rôle

important dans la fonction de l'équilibre. P. K.

LXXXIV. Nouvelles recherches sur LE symptôme ULNAIRE (analgésie

cubitale), chez les aliénés ; par W. Goebel. (Neurolog. Centmlbl"

XIV, 1895.)

L'analgésie du tronc du cubital dans la rainure du condyle

interne de l'humérus (Biernacki) parait être un signe pathogno-

monique, un élément de diagnostic de paralysie générale (chez

l'homme), mais elle existe aussi dans l'épilepsie. Quand on soup-

çonne la paralysie générale, l'existence de cette analgésie parait

constamment en faveur de cette psychopathie organique, son

absence semble militer contre la paralysie générale. Mais, chez la

femme, ni la conservation, ni la suppression de la sensibilité à la

douleur du tronc ulnaire ne peuvent servir d'élément de diagnostic

pour ou contre la paralysie générale.

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 479

- L'analgésie ulnaire a pour cause, dans la paralysie générale, la

déchéance des éléments histologiques de l'écorce ; chez les autres

aliénés elle est un trouble fonctionnel. P. K.

LXXXV. Contribution .1 la QUESTION DE l'excitabilité ÉLECTRIQUE DE

la MOELLE humaine; par A. Hoche. (Neurolog. Gent1'aLbl., XLVy 7

1895.)

. L'auteur a élé assez heureux pour pouvoir examiner le cadavre

d'un guillotiné trois minutes après la mort. La section, très nette,

sans esquilles, au niveau de la quatrième vertèbre cervicale, lais-

sait voir un plan transverse lisse et poli de la moelle en celte région.

Sur cette surface de section, plaçant légèrement les deux pôles

d'un courant faradique suffisant pour, chez le vivant, exciter le

cubital, M. Hoche a observé ce qui suit : le cadavre, couché à plat,

a levé aussitôt les deux bras, fléchissant les coudes, et fermant les

poings, la cage thoracique exécuté des mouvements d'inspiration

à plusieurs reprises, si bien que le tronçon du cou sectionné s'est'

mis à saigner, les deux jambes se sont étendues rigides quel que

fût le point de la coupe transverse excité, le même complexus

moteur symétrique s'est reproduit pendant quelques minutes.

Douze minutes après la mort, on n'obtenait plus que des contrac-

tions dans les muscles du cou. Quelques minutes plus tard, on

n'obtenait plus rien du tout. Les nerfs périphériques recouverts

de la peau sont encore sensibles au courant faradique cinq quarts

d'heure après la mort, ceux au contraire que l'on met à nu per-

dent rapidement cette excitabilité au contact de l'air. L'examen

microscopique révéla plus tard une parfaite intégrité de la moelle.

P. KERAVAL.

LXXXVI. SUR la valeur RESPECTIVE DE la partie chromatique ET

achromatique du CITOPLAS21E des cellules nerveuses ; par E. LUGARO.

(Riv. di pat. IW'V. et ment., n° 1, 1896.)

LXXXVII. SUR L'ANATOMIE microscopique DU PONT DE VAROLE CHEZ

L'HOMME ; par le D1' E. PUSATERI. (Riv. de pat. nerv. et ment.,

. n° 1, 1896.)

LXXXVIII. SUR l'examen bactériologique DU sang .dans LE délire

aigu; par le Dr Clemeute CADITTO. (RiV. di put. nerf. et ment.,

ni 2, 1896.)

Dans quelques cas, correspondant cliniquement à la forme

appelée par Bianchi « délire aigu bacillaire », les examens bacté-

riologiques du sang sont restés négatifs. J. S.

480 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. '

LXXXIX. RECHERCHES expérimentales sur L'INFLUENCE DU cerveau

sur l'échange azoté; par le Dr BELMONDO. (Riv. di pat. nerv. et

ment., n° 2, 1896.) -

XC. SUR l'anatomie MICROSCOPIQUE DES RÉGIONS pédonculaires ET

SUBTIIALAMIQUES chez l'homme; par le D1' Domenico MIRTO. (Riv. di

pat. nerv. et ment., fasc. 2, 1896.)

XCI. SUR LES rapports ANASTOMOTIQURS du nerf accessoire ET DU

vague; par ]esD ? R'IIRTO et PUSATERI. (Ii.i'U. di pat. nerv. et ment.,

fasc. 2, 1896.)

XCII. Observations CLINIQUES ET anatomo-pathologiques relatives

A un cas peu commun DE poliomyélite antérieure aiguë; par le

Dr Ezio LUISAD.1. (I,iv. di pal. 7zerv. et ment., fasc. 3, 1896.)

XCIII. SUR LES effets DE l'extirpation DES glandes PARATHYRO-

DIENNES; par C. Vassale et F. GENERALI. (Riv. di 7at. nerv. et ment.,

fasc. 3, 1896.)

XCIV. Modification DE la méthode au bichlorure DE mercure POUR

L'ÉTUDE des centres nerveux; par le Dr G. MIRO. (Riv. di pat.

nerf. et ment., fasc. 3, 896.)

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

LX. Sur l'évolution du délire paranoïaque ; par del GRGCO.

(Il manicomio, fasc. 3, 4, 1894.)

L'évolution du délire paranoïaque, au. point de vue descriptif,

peut se diviser d'après les étapes suivantes : phases hypocondriaques,

des interprétations délirantes et des hallucinations verbales audi-

tives de persécution, de systématisation, de dissolution délirante

avec idées de grandeur. L'évolution du délire paranoïaque peut

être regardée comme un processus de dégénérescence mentale qui

trouve dans plusieurs formes paranoïaques inévolutives, station-

naires, l'analogue de quelqu'une de ses phases. La caractéristique

réside dans une réaction aperceptive persistante (bien qu'inégale

dans ses. résultats) en face d'un travail de dissociation mentale,

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 481

qui se développe de façon à irriter la fonction aperceptive (synthèse

mentale), loin de l'anihiler et parles conséquences qui en décou-

lent (idées .délirantes), montre surtout la déchéance de l'intelli-

gence. Cette caractéristique aurait quelque importance pour la

distinction des formes paranoïaques proprement dites avec les

formes sensorielles et lypémaniaques. J. SEGLAS.

LXI. SUR QUELQUES problèmes relatifs A la paralysie générale ;

par le Dr Angiolklla. (Il manicomio, fasc. 3, 4, 1894.)

Ces problèmes sont ceux relatifs à l'étiologie, à la nature du

processus anatomique, à son extension, à l'augmentation de la

paralysie, aux variétés cliniques, au traitement.

Il semble que le processus anatomo-palhologique qui est à la

base de la paralysie générale soit le plus souvent l'effet de sub s-

tances toxiques circulant dans le sang, et qui peuvent être des

produits de l'infection syphilitique ou d'autres poisons spéciaux,

alcool, nicotine, etc ? ou peut-être des substances qui se produisent

dans l'organismedébilitéparun travail excessif du système nerveux.

La forme anatomique comme les symptômes cliniques sont, dans tous

les cas, identiques et par suite on ne peut en aucun cas les distin-

guer en l'absence d'un critérium bactériologique ou clinique.- Le

point de départ du processus anatomique paraît être le système vas-

culaire et les altérations interstitielles et parenchymateuses seraient

la conséquence de celles des vaisseaux. Les dégénérescences cellu-

laires peuvent être cependant produites en partie directement par

l'action des substances toxiques contenues dans le sang. Le pro-

cessus s'étend à tout le système nerveux; il semble cependant que

dans des cas particuliers, certaines régions soient atteintes de pré-

férence. L'augmentation des cas de paralysie générale résulte

de toutes les causes dégénératives et morbides que l'extension de

la civilisation entraîne avec elle. Les formes cliniques sont très

variables, mais il est difficile de les distinguer en différentes caté-

gories, reliées à chaque facteur étiologique : il semble plutôt que

leur variété tienne à la différence de localisation du processus ana-

tomique. Pour le traitement, il semble démontré que le traite-

ment antisyphilitique reste impuissant, et que l'affection soit incu-

rable. J. S.

LXII. La suggestion en psychothérapie; par le DR. G.LDI. 1.

(Il manicomio, fasc. 3, 4, 1894.)

La suggestion à l'état de veille, plus que l'hypnotique, est d'une

très grande utilité en psychothérapie : si ses avantages peuvent

être encore mis en doute dans certaines formes de maladies men-

tales, ils sont certainement incontestables dans les psychoses hys-

Archives, 2e série, t. I. 31

482 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

tériques. La thérapeutique des psychopathies étant encore très

défectueuse, il ne faut jamais négliger le traitement suggestif dans

tous les cas où il présente une indication formelle. La suggestion à

l'état de veille ne doit pas être faite avec routine, mais doit se

modeler sur chaque cas clinique. J. S.

LXIII. LE choléra CHEZ LES aliénés; par le Dr D. VENTRA.

(Il manicomio, fasc. 3, 4, 1894.)

Relation d'une épidémie cholérique au manicome de \ocera

en septembre-octobre 1893. La plupart des malades atteints étaient

des déments, des phrénasthéniques et des épileptiques invétérés.

Parmi les maniaques et lypémaniaques, beaucoup étaient épuisés

et dans le marasme. En général, le paroxysme cholérique ne

modifia nullement les conditions psychopathiques,d'a;·itation chez

les maniaques, de dépression chez les mélancoliques, d'apathie

chez les déments, de délire chez les paranoïaques, contrairement

à ce que le Dr Cainuset a observé pour les deu".e premières formes :

la dépression n'apparaissait chez les maniaques et les agités que

durant la période de collapsus et préagonique. La majeure par-

tie des malades, sans en excepter les phrénasthéniques et les

déments présentèrent, avec l'aggravation de la maladie intercur-

rente, comme un retour à la lucidité et quelques-uns se lamen-

taient de leur fin prochaine et se rappelaient leurs parents dont ils

étaient séparés. La phase aiguë de l'attaque n'a pas empêché

presque tous les épileptiques d'avoir leurs accès habituels, jusqu'à

10 en quelques heures. La phase typhoïde consécutive au choléra

n'apporta aucune modification à l'état psychopathique antérieur :

seule une maniaque très agitée présenta, durant cette seconde

période de l'infection, un état transitoire de calme et de lucidité,

qui disparut avec le processus fébrile. Par la suite les aliénés,

échappés aux atteintes du choléra, restèrent sans exception

aucune avec les mêmes phénomènes neuro-psychopathiques qu'ils

présentaient avant l'épidémie. Beaucoup moururent de marasme

et de phtisie. J. S.

LXIV. La sécrétion lactée PROLONGÉE chez certaines aliénées;

par le Dr R. Fronda. (Il manicomio, fasc. 3, 4, 1894.)

Chez certaines aliénées, la sécrétion lactée se prolonge pendant

un temps indéterminé. Elle est probablement en rapport avec un

trouble vaso-moteur dépendant de l'excitation du symphatique. Le

fait se rencontre plutôt dans les états d'exaltation que dans ceux

de dépression, comme cela est l'ordinaire pour les autres sécré-

tions. Cette sécrétion lactée est indépendante des autres fonctions,

y compris la menstruation, contrairement à ce que l'on observe à

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 483

l'état normal. Les stimulus périphériques ne peuvent qu'influer

sur l'augmentation de la quantité du lait, en ajoutant à l'action

due à l'excitation du sympathique celle des fibres musculaires

lisses en rapport avec la sécrétion. Dans ces cas le lait renferme

tous ses éléments constituants : à noter une certaine diminution

des substances grasses et des globules, caractère qui du reste se

retrouve aussi dans le lait des femmes normales, quand il s'est

écoulé plus d'un an depuis le début de la lactation. J. S.

LXV. Les stigmates dégénératifs dans la démence paralytique; par

le Dr A. CRISTIANI. (Il manicomio, fasc. 3, 4, 1894.)

On retrouve chez les paralytiques des stigmates de dégéné-

rescence anthropologique identiques à ceux des dégénérés et avec

une fréquence à peu près égale. On rencontre aussi chez eux des

stigmates psychiques de la dégénérescence dans une proportion de

12,58 p. 100. Cela montre la grande fréquence chez lesparalytiques

de la dégénérescence héréditaire comme cause ^étiologique prédis-

posante de la maladie, dont le développement nécessite un autre

facteur essentiel, spécifique, infectieux comme la syphilis, etc.

J. S.

LXVI. LES caractères cliniques différentiels ENTRE la paralysie

générale syphilitique ET non syphilitique; par le Dr YASQU.1RELLI

nIICUELE. (Il manicomio, fasc. 3, 4, 1894.)

L'auteur, contrairement à l'opinion de Fournier, trouve que

d'après ses observations personnelles, l'état intellectuel, celui de la

motilité, le mode de début, la marche, la durée de la maladie, sa

prétendue curabilité ne nous autorisent pas à faire des paralytiques

syphilitiques une classe à part. On rencontre également chez les

paralytiques syphilitiques ou non, les mêmes symptômes intellec-

tuels et moteurs, le même début, la même évolution, la même

durée : le mercure n'est utile à aucun et souvent nuisible aux uns

comme aux autres. Si l'on ajoute que les autres symptômes

secondaires sont les mêmes, que lorsqu'on note la syphilis elle

n'est jamais le seul antécédent, que l'autopsie reste le plus sou-

vent négative au point de vue des lésions syphilitiques osseuses,

nerveuses, hépatiques, etc., on peut affirmer que la syphilis n'est

qu'une des causes de la paralysie générale, grave si l'on veut, mais

pas autre chose. Entre la syphilis et la paralysie générale il n'y a

pas le terme moyen de pseudo-paralysie. Quand la syphilis céré-

brale prend le moins du monde l'aspect de la paralysie générale,

c'est de celte dernière qu'il s'agit et non de pseudo-paralysie.

J. S.

484 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

LXVII. VIEILLESSE ET FOLIE, par le Dr VERGA. (Il manicomio,

fasc. 1, 1895.)

Aucun Age ne produit par lui-même la folie. Le dépouillement

de nombreux cas dits de folie sénile montre souvent l'interven-

tion d'autres causes. L'hérédité y a une large part, sinon dans tous

les cas; et ce que l'on considère comme l'effet de l'âge n'est que la

conséquence de lésions encéphaliques qui en sont tout à fait indé-

pendantes. Les sénilités précoces ne peuvent être attribuées à l'âge

comme les démences concomitantes, mais les causes de la précipi-

tation des phénomènes sont tout autres. Il s'agit d'individus ordi-

nairement d'esprit faible ou atteints de délires chroniques ; il y a

au contraire des individus très valides d'esprit qui finissent

déments dans la vieillesse. On rencontre dans toutes les classes

sociales des individus très vieux, et toutà fait normaux intellectuelle-

ment. Beaucoup des vieillards qui versent dans la folie peuvent

guérir et beaucoup d'aliénés guérissent aux approches de la

vieillesse ou dans la vieillesse elle-même. On peut rencontrer dans

la vieillesse toutes les formes mentales : il n'y a pas de type constant.

La démence de la vieillesse ne diffère pas de celle des autres âgés

sinon par les apparences extérieures et celles de la sénilité varient t

d'un individu à un autre en raison des causes et des complications .

J. S.

LXVIII. Contribution A la casuistique DES dédoublements DE

la conscience; par le Dr IOVELLO GiusEPPE. (Il manicomi 0,

fasc. 1, 1895.) ·

Observation d'un hystérique atteint de vigilambulisme avec

dédoublement de la conscience et ammésie réciproque. J. S.

LXIX. Deux cas d'hystérie; par le D" Césare pIaNETT.1. (Il manicomio ,

fasc. 1, 1895.)

Ces deux observations sont également des exemples du dédou-

blement de la conscience dans l'hystérie. J. S.

LXX. Sur la toxicité du SUC gastrique chez les épileptiques; par l'

le Dr AGOSTINI. (Riv. di pat. nerf. et ment., fasc. 3, 1896.) ,

Le suc gastrique de l'épileptique à grands accès, injecté chez le

lapin, a une action toxique manifeste et donne lieu à un abaisse-

ment de la température, de l'abattement psychique, de l'impotence

motrice, du ralentissement de la respiration, parésie et mort par

convulsions diffuses toniques et cloniques. La toxicité est plus grande

peu avant l'accès et sitôt après; son degré est en relation avec la

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 485

violence et la durée des convulsions. Il en résulte qu'entre autres

méthodes, les lavages de l'estomac, l'antisepsie soigneuse du tube

digestif pourront être utilisés pour combattre les manifestations

paroxystiques d'un grand nombre d'épileptiques : soit que l'on

attribue la toxicité spéciale du suc gastrique à un trouble primitif

de l'estomac, ou quel'on admette que les désordres de la fonction

gastrique soient secondaires à l'altération du système nerveux, ou

enfin que l'on considère la muqueuse gastrique comme une voie

d'élimination de toxines formées dans le torrent circulatoire.

La toxicité du suc gastrique chez les épileptiques soumis au

traitement bromuré est diminuée. J. S.

LXXI. Contribution A l'explication DE l'inversion du SENS génital;

par R. DE KRAFFT EBING. (Jahrbiich. f. Psychiat., XIII, 1.)

Jusqu'au troisième mois intra-utérin, les organes et appareils

sexuels sont bisexués ; les centres cérébro-spinaux correspondants

doivent donc être bi-fonctionnels. Quand plus tard s'effectue la

spécialisation génitale, l'une des fonctions se développe, l'autre

demeure latente. Mais ne peut-il arriver que malgré la spécialisa-

tion génitale l'évolution psychophysiologique soit entravée et que

ce soit le centre psychique contraire, inverse, de la sexualité oppo-

sée qui se développe. N'y a-t-il pas des hommes ayant les attributs

physiques et mentaux de la femme ? Les eunuques n'ont-ils pas un

caractère féminin ? Les femmes- la ménopause n'ont-elles pas un

caractère masculin ? Par suite l'inverti sexuel, qui congénitale-

ment a des sentiments opposés à ceux de son sexe, a dû subir

psychiquement le développement de la sexualité contraire à celle

des glandes sexuelles qu'il a. D'ailleurs quelques-uns de ces invertis

ont les attributs du sexe opposé. Puis il est certain que l'inversion

sexuelle, acquise ou congénitale, en tant que sentiment ne se

montre que chez des individus tarés, c'est donc un signe de dégé-

nérescence. P. Keraval.

LXXII. Contribution A la connaissance ET A L'INTELLIGENCE des

délires bénins ET A courte évolution ; par M. FRIEDUANN. (NCU1'olog.

CenlralLl., XIV, 1895.)

11 y a des délires qui ne sont que l'exagération d'idées normales

mais déjà exagérées. Telles les manières de voir prévalentes des

émotifs, les obsessions des nerveux et des dégénérés, certaines idées

fixes et délirantes de la folie systématique. Il y a des formes

bénignes de cette dernière que l'on peut considérer comme une

fusée de prétentions minimes sans que le substratum psychique

cesse de conserver son assiette. Mais il faut que l'idée fixe reste

simple et isolée. C'est le cas, dit l'auteur, de la paranoïa bénigne

486 SOCIÉTÉS SAVANTES.

à rechutes qui s'appelle le délite par exagération de l'attention,

délire d'inquisition, de suspect, forme de l'inquiétude par exagéra-

tion morbide de la valeur du moi et de ses rapports avec le monde

extérieur. On y constate un enchaînement d'idées tout à fait

absurde. Ce mécanisme représente un des restes de l'habitude

prise par les sauvages d'objectiver leur personne et de lui rappor-

ter tous les phénomènes extérieurs les plus insignifiants comme e

les plus élevés, P. K.

SOCIÉTÉS SAVANTES.

XXIX- CONGRÈS DE LA SOCIÉTÉ DES MÉDECINS ALIÉNISTES

DE LA BASSE-SAXE ET DE WESTPHALIE.

Hanovre, le, mai 1895. Présidence du D'' GctsTENBCRG.

M. Bruns (de Hanovre) présente un cas typique d'acromégalie. Il

s'agit d'une jeune femme, âgée de vingt-cinq ans, non réglée

depuis treize mois et dont l'utérus est actuellement complètement

atrophié. On constate depuis plusieurs années une augmentation

de volume des mains, des pieds, de la mâchoire inférieure, du

nez, de la langue et des clavicules. Pas de troubles oculaires.

Urine normale. La malade est soumise depuis plusieurs mois au

traitement par les tablettes anglaises de corps thyroïde. Ce traite-

ment parait avoir fait disparaître de pénibles paresthésies et des

douleurs siégeant dans les bras et les jambes, symptômes qui ren-

daient impossible tout.travail délicat. Mais, après quelques mois,

ce procédé thérapeutique dut être suspendu, en raison de la nota-

ble accélération du coeur et de la chlorose qui se manifestèrent :

les symptômes qui avaient rétrocédé se montrèrent de nouveau. La

médication thyroïdienne eut aussi pour résultat un amaigrissement

généralisé.

M. Bruns présente un enfant chez lequel la suture des nerfs a

donné un excellent résultat. A l'âge de deux mois, en 1893, cet

enfant avait été opéré d'un neurosarcome congénital siégeant au

bras droit. La fumeur avait englobé le médian et le cubital : ces

deux nerfs durent être complètement sectionnés et leurs extré-

mités restèrent éloignées de plusieurs centimètres. En 1894, on

constate que la main a l'attitude dite du prédicateur; les muscles

SOCIÉTÉS SAVANTES. 487

innervés par le médian et le cubital sont complètement paralysés

et présentent la réaction de dégénérescence ; il y a de l'analgésie.

Cinq mois après l'opération, on pratique la suture secondaire des

nerfs sectionnés et sept mois après cette suture, on constate que sa

main n'a plus son attitude caractéristique, mais les trois derniers

doigts ont toujours la situation due à la paralysie du cubital, le

pouce et l'index sont en extension. Paralysie persistante des mus-

cles innervés par le médian et le cubital, mais le courant fara-

dique appliqué sur la cicatrice ou au-dessus détermine la flexion

des doigts surtout dans le domaine du cubital. Il y avait donc trans-

mission du courant de l'extrémité centrale à l'extrémité périphé-

rique des nerfs sectionnés et ensuite suturés. En janvier 1895, se

produisent des mouvements actifs de la main ; la position anor-

male des trois derniers mois disparaît. Actuellement (mai 1895) le

petit malade, âgé de vingt mois, a récupéré tous les mouvements

des trois derniers doigts; ceux du pouce et de l'index sont encore

insuffisants, mais l'opposition et l'adduction existent à n'en pas

douter. L'excitabilité faradique du fléchisseur innervé par le cubital

est revenue. Les résultats sont moins nets pour le médian. Le

malade se sert de sa main pour manger, pour jouer ; elle est légè-

rement moins développée que l'autre. A part cela, pas de troubles

trophiques.

M. Bruns présente ensuite un sarcome du quatrième ventricule.

Cette tumeur, de la grosseur d'une pomme, s'est développée entre le

cervelet et le quatrième ventricule. Il s'agissait d'un enfant de cinq

ans, chez lequel les premiers symptômes (maux de tête, vomisse-

ments) s'étaient manifestés il l'âge de deux ans. Les symptômes

cérébelleux ne se sont montrés que dans la dernière année, ainsi

que des paralysies oculaires d'apparence nucléaire, du tremble-

ment intentionnel, des troubles de la parole et des pupilles. La

tête s'était considérablement agrandie et on constatait un bruit

de pot fêlé, surtout au niveau des sutures. En raison de la longue

durée de la maladie on avait pensé, jusque dans les derniers temps,

à la possibilité d'une hydrocéphalie. A l'autopsie on trouve les os

du crâne minces comme une feuille de papier; la tumeur compri-

mait le cervelet, la protubérance et le bulbe.

M. Bruns montre ensuite les préparations microscopiques d'une

gomme volumineuse qui siégeait au niveau de la partie postérieure

de l'hémisphère gauche, englobant les circonvolutions pariétales

supérieures, les urus supramarginalis et angularis et la partie

postérieure des deux premières temporales; le pulvinar et la cap-

sule interne étaient intéressés. Les symptômes consistaient en :

hémianopsie et plus tard amblyopie, atrophie du nerf optique du

côté droit, alexie, agraphie, surdité verbale et paraphasie, aphasie

optique, suivie d'aphasie totale.

488 SOCIÉTÉS SAVANTES.

Le malade pouvait remuer les extrémités du côté droit, mais se

servait plus volontiers des membres gauches ; plus tard survint une

hémiplégie droite complète avec exagération des réflexes. On nota

aussi de violents maux de tête, des vomissements. Le patient

avait eu la syphilis, quarante ans auparavant, mais n'avait jamais

jusqu'alors présenté d'accidents. Deux traitements par l'iodure de

potassium, un autre par les frictions mercurielles amenèrent une

amélioration passagère.

M. Bruns présente à la Société des préparations microscopiques

et des dessins se rapportant à deux cas de tumeur de la moelle. Une

discussion très animée s'engage entre M. Bruns et MM. Alt, Wich-

mann, Weber.

M. Wichmann à propos du traitement par les tablettes de corps

thyroïde, rappelle qu'il a été le premier en Allemagne à employer

cette médication, chez deux myxoedémalp.uses (Deutsch medic.

Wochensclar., 1S93). Les deux malades en question sont toujours

bien portantes et continuent à suivre le traitement par les

tablettes.

M. Weber (d'Ucbtspringe) fait remarquer que les racines anté-

rieures et postérieures, bien qu'elles soient englobées dans la

masse de la tumeur médullaire, ne présentent cependant pas de

dégénération. Il a eu occasion d'observer un cas identique; les symp-

tômes d'une altération des racines manquaient d'ailleurs. Dans les

cas de méningite spinale de longue durée, on Irouve les racines

englobées mais les cylindraxes et la myéline sont intacts. Les

vaisseaux de la pie-mère résistent moins bien à la compression par

les tumeurs et présentent consécutivement des hémorragies, des

thromboses. Quant aux dégénérations de la moelle elles sont dues

non à la compression, mais à la pénétration directe de la tumeur

dans la substance blanche.

M. Nicol présente un malade qui, en juillet 1893, a eu une frac-

ture du crâne, au niveau du pariétal gauche. Ce traumatisme fut

suivi, trois jours après, d'une hémiplégie droite avec aphasie ; on

trépana le malade à deux reprises. On constate actuellement une

cicatrice de 5 centimètres de diamètre, avec perte de substance du

crâne. Quand le patient penche la tête à gauche on sent la masse

cérébrale s'appliquer sur la paroi. Comme troubles qui ont per-

sisté malgré l'opération on note de la surdité de l'oreille gauche et

une anesthésie complète des quatrième et cinquième doigts de la

main droite.

M. Bruns (de Hanovre). L'hystérie chez les enfants. m. Bruns

fait, d'après un grand nombre de cas observés par lui, le tableau

symptomatique de l'hystérie chez les enfants, et insiste sur certains

caractères particuliers de la névrose à cet âge. Chez les enfants, il

SOCIÉTÉS SAVANTES. 489

s'agit le plus souvent, comme l'a montré Charcot, d'hystérie mono-

symptomatique ; le rétrécissement du champ visuel et des anes-

thésies étendues sont rares, mais cependant on les rencontre.

L'astasie-abasie est fréquente, mais chaque cas a son allure clinique

spéciale. On observe surtout des formes paralytiques, spastiques,

trémulantes ; puis vient la dystasie à type cérébelleux, ensuite

ces troubles de la marche qui ne se produisent qu'au début de

chaque mouvement et qui font penser à certains modes de

bégaiement. L'astasie-abasie peut être continue ou survenir

par accès. Les convulsions hystéro-épileptiques généralisées sont

rares; on observe plus souvent des convulsions limitées (cho-

rée rythmique, mouvements de salutation). Bruus a relevé aussi

des cas de grande chorée, des états qui rappellent la période de

clownisme (Charcot), des états de somnambulisme, des cas typi-

ques de possession, etc. Les contractures sont fréquentes, tantôt

généralisées, tantôt localisées ; elles s'accompagnent le plus sou-

vent de névralgies au niveau des articulations ; la contracture de la

main, des doigts s'accompagne parfois d'oedème bleu ou blanc par

stase mécanique. Plus rares sont les contractures de muscles

isolés (tibial antérieur), Bruns a observé plusieurs cas de mutisme

avec aphasie, deux cas d'auto-mutilation, un cas d'obsession de se

faire pratiquer des opérations chirurgicales, un cas de simulation

de mydriase.

Pour ce qui est de la nature de l'hystérie, Bruns considère celle-ci

comme un trouble psychique dans la plus large acception du mot.

Il se rallie à l'opinion de Moebius qui admet qu'on ne rencontre dans

l'hystérie que des troubles fonctionnels qui pourraient être pro-

duits volontairement et par conséquent simulés. Il ne croit donc

pas à l'existence des paralysies hystériques des pupilles, du moteur

oculaire externe, de la fièvre hystérique, de la paralysie d'une

corde vocale, etc. Il n'a obseivé jusqu'ici l'oedème hystérique que

dans des cas de contracture, ce qui fait supposer que ce trouble est

d'origine mécanique. Quant aux troubles trophiques de la peau, il

faut penser aux auto-mutilations : un cas typique de soi-disant

herpès zoster gangreneux hystérique n'avait pas d'autre cause. La

répartition et la forme des paralysies et des anesthésies démon-

trent en outre que celles-ci sont déterminées par des représenta-

tions : ces troubles intéressent en effet des membres entiers ou des

segments de membres, et ne correspondent jamais aux groupe-

ments des nerfs des muscles et de la peau, soit à la périphérie, soit

dans la moelle. Bruns reconnaît cependant qu'il y a certains symp-

tômes qui ne cadrent pas avec la théorie de l\Ioebius.

Le diagnostic de l'hystérie chez les enfants peut souvent être

fait d'un seul coup d'oeil ; dans d'autres cas il exige plus de temps

et dans quelques cas il peut rester douteux malgré un examen pro-

longé, car l'hystérie peut admirablement simuler des maladies

490 SOCIÉTÉS SAVANTES.

organiques. Bruns rapporte un cas de pseudo-méningite etde pseudo-

tumeur hystériques. Des erreurs graves et fréquentes consistent à

prendre certaines affections organiques graves pour des manifes

tations hystériques. L'examen le plus attentif est parfois insuffisant.

Bruns a lui-même pris pour un trouble hystérique un cas de cysti-

cerque du quatrième ventricule chez une jeune fille. Il est évidem-

ment moins grave de prendre une manifestation hystérique pour

un état organique, mais la confusion est néanmoins fâcheuse. Il

faut d'ailleurs remarquer qu'une issue fatale peut s'observer dans

l'hystérie : Bruns a vu un cas d'anorexie hystérique chez un enfant

se terminer par la mort, les parents s'étant refusés à se séparer de

leur malade. Une question importante est celle des combinaisons

de l'hystérie avec des lésions organiques : Bruns a observé un cas de

sclérose multiple avec hémianesthésie hystérique, un cas de para-

lysie infantile d'origine cérébrale avec névralgie hystérique des

articulations, un cas de syringomyélie avec anesthésie hystérique

dont la nature fut démontrée par le transfert.

Le diagnostic de certains s3,inptômeohysLéi-iques avec la simula-

tion est parfois difficile, par exemple dans des cas d'automutilation.

Mais le fait que des enfants peuvent se livrer à des actes de ce

genre prouve que, même dans les cas de simulation, il s'agit de

sujets anormaux. Il est important, au point de vue du pronostic,

de séparer l'hystérie de certains états relevant de la dégénérescence

mentale (tics et surtout tics généralisés, etc.).

L'hystérie se rencontre, chez les enfants, dans les deux sexes, avec

une fréquence presque identique. L'âge de prédilection est de huit t

ans à l'époque de la puberté. Bruns a observé des cas d'hystérie à

quatre et à cinq ans ; il considère le diagnostic d'hystérie chez les

enfants à la mamelle comme bien difficile à faire.

Les formes graves de l'hystérie sont, pour l'enfant comme pour

l'adulte, beaucoup plus fréquentes à la campagne et dans les petites

villes que dans les grandes villes. L'hystérie est à peu près aussi

fréquente chez les enfants des familles riches que chez ceux de la

classe pauvre. Le pronostic est plus favorable chez les enfants qu'à

luge adulte, surtout pour ce qui a trait à la manifestation symp-

tomatique en elle-même qui habituellement rétrocède assez rapi-

dement ; la guérison de la prédisposition hystérique elle-même peut

être constatée. Le pronostic est meilleur pour les enfants de la

campagne que pour ceux de la ville, parce que les premiers, en

venant à la ville pour suivre un traitement changent complètement

de milieu, de médecin, etc.

Comme traitement il faut en première ligne enlever l'enfant de

la maison paternelle et le placer dans un établissement hospitalier.

Souvent cela suffit. Dans les cas plus rebelles le traitement varie

suivant les cas, tout en restant un traitement psychique. Deux

méthodes peuvent être employées. Dans l'une il ne faut pas laisser

SOCIÉTÉS SAVANTES. 491

à l'enfant le temps d'être malade ; il faut attaquer vigoureusement

les troubles fonctionnels ; souvent la simple affirmation suffit, par-

fois (dans l'astasie-abasie) on emploiera l'hypnose. L'hydrothérapie

froide est utile.

En cas d'insuccès de la première méthode on agit différemment :

on néglige systématiquement toutes les manifestations hystériques

et souvent on les voit disparaître.

Discussion : M. WiciiMANN a observé dans une école une épidémie

d'hystérie à forme convulsive. Il a constaté aussi des cas de gué-

rison rapide de convulsions hystériques chez l'enfant et chez

l'adulte.

M. BOULER. Considérations cliniques sur les rapports de la

syphilis et des maladies mentales.

Sera publié in extenso et analysé ultérieurement.

M. 0. SNELL. Siti- l'efficacité des asiles d'aliénés dans la lutte

contre l'alcoolisme.

Parmi les facteurs des maladies mentales, l'alcool vient en pre-

mière ligne après l'hérédité. Les mesures prophylactiques ayant

pour but de diminuer les cas de folie ne sauraient agir d'une façon

plus efficace qu'en restreignant la consommation excessive de

l'alcool. Aussi le médecin aliéniste doit-il s'intéresser au mouve-

ment de tempérance qui se manifeste, surtout grâce à la Société

allemande contre l'abus des boissons alcooliques. Pour ce qui est

des mesures à prendre pour la cure des buveurs, qui est mieux pré-

paré à cette tâche que le médecin aliéniste qui est journellement

en contact avec les cas les plus graves d'alcoolisme ? Quel est le rôle

des asiles d'aliénés dans le traitement de ces malades ? L'auteur a

fait des recherches statistiques à l'asile de Ilildesheim. On admet

en général que le quart des aliénés doivent leur entrée à l'asile à

l'abus de l'alcool. Snell a trouvé que la proportion des sujets entrés

dans ces vingt dernières années à l'asile pour des troubles psychi-

ques provoqués par l'alcool, est de 15 p. 100. Les formes cliniques

observées sont les suivantes : paranoia, démence, affaiblissement

intellectuel, paralysie générale, épilepsie, manie, mélancolie. Au

point de vue des résultats du traitement, l'auteur a étudié 183 ma-

lades ; la proportion des guérisons a été de 12,5 p. 100, celle des

décès de 35 p. 100, celle des malades encore existants à l'asile de

22 p. 100.

Parmi les causes de ces résultats peu favorables, il faut mettre eu

première ligne la longue durée de la maladie avant l'admission.

Cette durée a été en moyenne de deux ans. Il est hors de doute que

le nombre des guérisons aurait été de beaucoup plus considérable

si l'internement avait eu lieu dès le début de l'affection. Il faut

remarquer, en outre, que les sujets adonnés à l'abus de l'alcool

sont, plus que tous les autres, portés à ruiner leur famille. Ces

492 BIBLIOGRAPHIE.

considérations font désirer que les buveurs d'habitude, qui sont

dangereux pour autrui ou qui causent la ruine de leur famille,

puissent être séquestrés d'office dans des asiles de buveurs, même

en l'absence de troubles psychiques. L'organisation de ces établis-

sements et les dispositions relatives aux formalités nécessaires pour

l'internement des buveurs, doivent faire l'objet d'une étude spé-

ciale. Le devoir du médecin aliéniste est de poursuivre la réalisation

de cette mesure, l'internement des buveurs.

Discussion : M. Berckhan (de Brunswick) rapporte des observa-

tions concluantes de guérison de buveurs d'habitude. Il parle de

l'établissement spécial de Soutorf, près Dusseldorf. Un alcoolique,

complètement abruti, est sorti guéri après un an de séjour; lagué-

rison se maintient depuis douze ans; l'ancien buveur a même pu

se créer une situation. Chez deux autres sujets, la guérison se

maintient depuis six ans et deux ans. Ce dernier a même fondé une

ligue anti-alcoolique. Un médecin a réussi à se guérir lui-même,

après un long séjour dans un établissement spécial, en remplaçant

l'alcool par 20 ou 25 tasses de café.

M. Wulff. Communication sur le traitement de l'épilepsie (déjà

analysé). (ami. Zeitschr. f. Psychiatrie, t. LII, fasc. 3.)

P. SÉRIEUX.

BIBLIOGRAPHIE.

XII. Leçons de clinique médicale; par le professeur J. Grasset, de

Montpellier. (Paris, Masson, édit.; Montpellier, C. Coulet, édit.,

1896.)

Le professeur Grasset a eu l'heureuse inspiration de publier les

leçons cliniques qu'il a faites à l'hôpital Saint-Eloi, de novembre

1890 à juillet 1895. La plupart de ces leçons ont trait aux maladies

nerveuses, nous allons faire une rapide analyse de ces dernières :

Hystérie rabiforme chez un homme. - M. Grasset a observé un

malade qui, après avoir subi le traitement pasteurien pour une

morsure de chien enragé, fut atteint de troubles rabiformes d'ori-

gine netlement hystérique : Cette hystérie à localisation bulbo-

mésocéphalique fut facilement améliorée par la suggestion et

l'hydrothérapie. Une question médico-légale s'ajoute à cette obser-

vation. M. Grasset en publie les documents et parmi eux le juge-

ment du tribunal qui accorda au malade des dommages-intérêts

importants.

BIBLIOGRAPHIE. 493

Quelques cas d'hysté1'ie mâle et de neurasthénie,- Au sujet de cinq

intéressantes observations, M. le professeur Grasset expose en une

succession de leçons le tableau clinique de l'hystérie chez l'homme

et de la neurasthénie. Il passe en revue avec détails tous les symp-

tômes et les complications de ces deux grandes névroses.

Un cas de maladie de Morvan. L'observation que relate ici

M. Grasset est un cas type de maladie de Morvan avec un tableau

symptomatique complet. Aux panaris analgésiques s'y ajoute la

dissociation sensitive dont on fit quelque temps a tort l'apanage de

la syringomyélie. Le diagnostic est ici facile avec la névralgie et la

névrite; avec la maladie de Maurice Raynaud qui donne lieu à de

la gangrène et non à des panaris. La sclérodactylie de Bail ne peut

être confondue ne s'accompagnant ni de paralysies, ni d'analgésie.

La sclérodermie a bien été différenciée par Charcot de la maladie

de Morvan. Elle ne détermine pas de névrose, ni d'élimination des

os. Elle ne cause ni anesthésie, ni paresthésie; le malade a un

masque à part. La lèpre est plus facile à confondre, on ne la dis-

tingue que par son endémicité, les taches et les macules qui sur-

viennent chez ceux qui en sont atteints. La syringomyélie donne

lieu au diagnostic le plus délicat. Le syndrome syringomyélique

(dissociation de la sensibilité) existe dans la maladie de Morvan,

mais y est plus fugace. Comme troubles trophiques, l'atrophie mus-

culaire prime dans la syringomyélie les panaris qui sont l'apanage

de la maladie de Morvan.

Des associations hystéro-o1'ganigues. Un cas de sclérose en

plaques et hystérie associées, suivi de l'autopsie du malade fait ici

le sujet d'intéressantes leçons. La névrose vient là singulièrement

compliquer l'appareil symptomatique. Ces sortes d'associations

morbides ne sont pas rares, il est probable que la sclérose a fa-

cilité l'éclosion de l'hystérie ou peut-être les mêmes causes ont

déterminé chez le malade les deux affections concomitantes.

Un cas de pseudo-tabes post-inrectieux. Il s'agit là d'un malade

atteint d'une paralysie périphérique des extenseurs des membres

inférieurs par névrite symétrique post-érysipélateuse du tibial

antérieur et un peu d'une branche du crural. A propos de ce fait,

M. Grasset croit qu'il faut supprimer en pathologie le groupe des

pseudo-tabes, car ils sont soit des tabes vrais et fugaces, soit des

névroses simulatrices et des névrites.

Des mouvements involontaires au repos chez les ataxiques.

L'auteur étudie un phénomène rare dans l'ataxie, un trouble tout

spécial qu'il propose d'appeler ataxie statique ou du tonus. Dans le

tabès à côté des contractions anormales dans les mouvements

volontaires, il existe une autre espèce de mouvements, anormaux

également, mais ayant lieu au repos et par suite rentrant dans la

classe des mouvements choréiformes. La malade observée remue

spontanément et sans secousses les orteils, les pieds, les mettant

494 BIBLIOGRAPHIE.

suit en flexion, soit en extension ; la jambe se déplace aussi, fléchit

légèrement sur la cuisse. Ces mouvements, peu étendus, sont

inconscients et n'ont pas le caractère ataxique chez la malade

qui a pourtant tous les signes du tabes. Ce fait n'avait pas passé

inaperçu. Rosenbach l'avait signalé en 1868 et depuis l'attention

des cliniciens a été fixée sur ce point. Ces mouvements involon-

taires au repos dans le tabès sont soit limités, athétosiques, soit

violents et spasmodiques. Il serait intéressant de connaître le siège

exact de la lésion qui entraîne ces troubles. ,

Du vertige des alaxiques. Sous ce titre M. Grasset réunit d'in-

téressantes leçons sur le signe de Romberg, publiées en 1893 par

son élève Sacaze (Archives de Neurologie, 1893, nos 73 et 74.)

Deux grands types de paralysie infantile. M. Grasset s'attache

à différencier nettement ici la paralysie spinale atrophique de la

paralysie cérébrale spasmodique de l'enfance. z

Mal de Pott et paraplégie flasque anesthésique. C'est une

curieuse observation de mal de Pott avec paraplégie flasque anes-

thésique. Cette paraplégie s'est améliorée et a guéri. Elle n'était

pas due à une compression de la moelle. M. Grasset l'attribue à

une action à distance peut-être simplement fonctionnelle, dyna-

mique, portant sur un autre point de la moelle que celui qui est

en rapport avec la gibbosité.

Paralysie ascendante à rétrocession. A propos de deux obser-

vations, M. Grasset établit un groupe clinique qu'il caractérise

ainsi : maladie infectieuse aiguë du système nerveux à marche

progressivement ascendante suivie de rétrocession pouvant aller

jusqu'à la guérison.

Etiologie infectieuse de l'hystérie. M. Grasset défend dans une

série de leçons une théorie générale qui, dit-il, lui est chère; c'est

le rôle pathogénique des maladies générales dans la production de

ce qu'on appelle les maladies du système nerveux. A son avis, il n'y

a pas de névrose idiopathique, toutes sont véritablement sympto-

matiques même l'hystérie et les maladies infectieuses jouent pour

elle un rôle pathogène important.

Basophobie ou abasie phobique chez un hémiplégique. Il s'agit

d'un cas très curieux d'hémineurasthénie post-hémiplégique.

Chez le malade en question la basophobie se superpose à l'hémi-

plégie et la marche déjà rendue difficile par une lésion organique

devient impossible par la névrose surajoutée.

biéningisme dans le cours d'une fièvre typhoïde. Il s'agit d'une

fièvre typhoïde à marche absolument anormale qui donna lieu à

une erreur de diagnostic. Les accidents méningés firent croire jus-

qu'au dernier moment à une méningite et l'autopsie seule démontra

que l'on avait eu affaire à une fièvre typhoïde anormale.

Délire transitoire dans la pneumonie . - Le professeur insiste sur

le délire qui survient parfois dans la pneumonie à la fin de la

BIBLIOGRAPHIE. %tJ

maladie au moment de la crise. Ce délire est caractérisé par les

hallucinations et la confusion des idées. L'hérédité et les intoxica-

tions antérieures tiennent une grande place dans son étiologie.

Outre les très intéressantes leçons que nous venons de trop

brièvement analyser, signalons dans ce volumes publiées sous forme

d'appendice, de savantes études dues aux élèves de M. Grasset. Par

exemple : une analyse de la thèse du Dr Guibert sur la sclérose

primitive des cordons latéraux de la moelle; une observation d'ataxie

locomotrice avec atrophie musculaire et ataxie du tonus, par le

Dr Sacaze; une analyse de la thèse du D' Cannac sur l'analogie des

différents types de myopathie essentielle; enfin un cas de méningisme

chronique simulant la méningite tuberculeuse chez un adulte, par

Galavielle et Villard. J. Noir.

XIII. Considérations générales sur la pathogénie des troubles psychi-

ques. Examen critique d'une hypothèse (les auto -intoxications dans

les maladies mentales); par M. leur Santenoise, ex-préparateurde

thérapeutique à la Faculté de Naucy; interne à l'asile de Maré-

ville, Nancy. (Imprimerie A. Nicolle, Nancy.)

Le travail inaugural de AI. le Dr Santenoise indique chez son

auteur un esprit méthodique et ferme; il reflète de solides études.

C'est avant tout une oeuvre critique, mais M. Santenoise n'est pas la

critique banale que l'on trouve habituellement dans les mémoires

de ce genre. Il n'a pas repris les sentiers battus de la psychiatrie,

il a tenté une oeuvre originale, très personnelle qui mérite bonne

place dans la littérature médico-psychologique.

Dans son introduction, l'auteur fait une critique, à la vérité

souvent un peu acerbe, des tendances de beaucoup d'écrivains

médicaux à débaptiser des syndromes de folie, à isoler souvent de

simples symptômes pour en faire de nouvelles formes qui, scienti-

fiquement, n'ont pas plus de raison d'être que celle dont on les

extrait pour satisfaire une ambition personnelle. 11 montre îles

paradoxes de l'Ecole italienne de Lombroso », les bases fragiles de

l'Ecole expérimentale de Luys et Pierre Janet, pour arriver à con-

clure qu'il est « absolument nécessaire, pour aborder l'étude des

phénomènes psychiques en général, des phénomènes psychiques

morbides en particulier, d'avoir une méthode rigoureuse et

précise. >

Dans le premier chapitre, il tente d'établir les rapports des phé-

nomènes physiques et des phénomènes psychiques après les avoir

étudiés séparément; il fait ressortir le but de la médecine men-

tale : d'une part faire l'histoire des maladies mentales, d'autre

part en établir la physiologie. 11 examine surtout la valeur des

deux méthodes qui peuvent concourir à l'étude de la physiologie

des phénomènes psychiques, méthode expérimentale, méthode

496 BIBLIOGRAPHIE.

d'observation. Il montre que la méthode expérimentale, « méthode

scientifique par excellence, ne peut avoir qu'une application bien

restreinte en médecine mentale, et que, même employée complè-

tement et systématiquement, elle ne nous fournirait jamais les

beaux résultats qu'elle a donnés dans les sciences physiques ». A la

méthode d'observatio il reproche de n'avoir pas encore déterminé

de lois en médecine mentale, l'aliénation mentale n'ayant été

jusqu'à présent que purement descriptive ou à peu près.

Dans le second chapitre, M. Sautenôise étudie les hypothèses

faites sur la pathogénie de la folie ; il fait reposer cette élude sur

trois ordres de faits : a 1° les conditions du dynamisme cérébral;

2° le dynamisme cérébral lui-même; 3° les phénomènes psychiques

qui accompagnent ce dynanism e. »

Il est amené, au sujet du mécanisme de production des phéno-

mènes psychiques morbides, à faire les hypothèses suivantes : « 1° la

cause organique de ces phénomènes réside dans la structure même

du cerveau, le milieu intérieur étant constant et invariable; 2° la

cause de ces phénomènes réside dans la composition spéciale du

milieu intérieur, les cerveaux étant supposés identiques; 3° la cause

réside à la fois dans une structure spéciale du cerveau et dans une

composition particulière du milieu intérieur. »

La seconde hypothèse, hypothèse chimique, qui « se présente sou s

une étiquette nouvelle, la. théorie des auto-intoxications dans les ma-

ladies mentales » est l'objet des chapitres m, iv, v et vi.

Dans le chapitre m, l'auteur construit l'hypothèse, en déduit les

conséquences et cherche les moyens de vérification. Dans le cha-

pitre iv, il met « cette hypothèse en face des faits que peut nous

fournir la méthode d'observation » ; il passe en revue toutes les

formes de maladies mentales, et cherche si à chacune d'elles cor-

respond un état humoral déterminé. Les recherches expérimen-

tales avecles urines trouvent aussi pla,e dans ce chapitre. L'intitulé

du chapitre v : « Les auto-intoxications dans les maladies mentales .

- Hypothèses connexes. - Conséquences pratiques », indique suffi-

samment le but auquel il tend.

Enfin le chapitre vi est consacré aux conclusions qui découlent

de ces chapitres relatifs à l'hypothèse de l'auto-intoxication dans

les maladies mentales, conclusions d'un travail d'une logique

presque mathématique et qui se résument en quelque sorte dans

cette phrase de l'auteur : « A notre grand regret, nous sommes

obligés de conclure par l'ignoramus du philosophe ; nous n'ose-

rions et nous ne voudrions pas y ajouter son ignorabimus. »

Bien qu'arrivant à une conclusion négative, ce travail a une

réelle valeur, puisqu'il remet au point une question un peu

obscurcie parce qu'elle n'avait pas été méthodiquement et physio-

logiquement posée. A. Paris.

FAITS DIVERS.

Asiles d'aliénés. - Nominations et promotions : M. le Dr FE-

nxnov, médecin adjoint à l'asile public de Lesveilec, est nommé

en la même qualité à l'asile public d'aliénés de Blois; M. le

Dr Maumier, directeur - médecin de l'asile de Pierrefeu, est

nommé directeur-médecin de l'asile d'Aix en remplacement de

M. Dauby, admis à faire valoir ses droits à la retraite; M. le

Dr PACTET, médecin adjoint de l'asile de Villejuif, est promu à la

classe exceptionnelle du cadre àparlir du 1er avril ; - M. le D'DouR-

sons, directeur-médecin de l'asile de Naugeat, est promu à la classe

exceptionnelle du cadre à'partir du 1er avril 1896; - M. le Dr JOUR-

N1AC, médecin adjoint de l'asile de Châlons-sur-Marne, est nommé

directeur-médecin de l'asile de Pierrefeu, en remplacement de

M. Dagonet, non acceptant.

LE SUICIDE EN PRUSSE EN 1893. - On a constaté, en Prusse, pour

l'année 1893, G,409 suicides (5,135 hommes et 1,274 femmes), sur

un total de 746,478 décès (385,061 hommes et 360,817 femmes). Ce

qui donne la proportion de 24,2 décès et de 2,08 suicidés pour

1,000 habitants. Les tendances au suicide augmentent avec l'âge,

sauf entre vingt-cinq et trente ans. Les causes sont restées incon-

nues dans 20,2 cas p. 100. Un quart des suicides environ sont dus

à la folie. La pendaison est le mode de suicide le plus employé,

puis viennent la submersion, le suicide par arme à feu, l'empoi-

sonnement. Le nombre des suicides augmente chaque année. (Allg.

Zsihs. f. Pyschiatrie, t. LU, f. 3.) P. S.

AyroMM (G.). Le f'uylie deflli aliénait criminali dai J[anicoll111,

Brochure in-8°, de si pages. - Fil enze, 1806. - Tipografia Cooperativa.

Dreyfuss (11.). - Die Krankheilen des Gehrins und seiner adnexa il/ !

Gefolfle von Sasepeilcl'unycn, - Volume in-8", de 104 pages. - Prix :

fr. 75. - Iéna, 1896. - ferlag von G. Fischer.

Le rédacleur-gérant : BOR\EVILLE.

Archives, 2e série, t. 1. 32

TABLE DES MATIERES

Abcès intracranien, par Murray, 49.

- cérébraux, par Barkan et Hirs-

chfelder, 372.

Acromégalie et maladie de Gra-

ves, 47. - et ostéo-arthropatliies,

par Murray, 48. Pathogénie de

l' -, par Tamburini, 283. - et

gigantisme, par Hutchinson, 365.

- , par Ranson, Sym Thomas

et Benson, 372. - par Bruns, 486.

ADDISSOV. La maladie d' et son

traitement par l'extrait des glandes

surrénales, par Jones, 66. La mala-

die d' - et les capsules, par

Auld, 46.

Administration des aliénés à Berlin

et en Ecosse, par Sibbald, 305. 1

Alcool. Lésions produites par l' -

sur les cellules du cerveau, par

Berckley, 39t.

Alcooliques. Sur le délire des -,

par Liepmann, 143. Sortie pré-

maturée des -, par Voisin, 153.

Alcoolisme. Lutte contre l' -, 91.

Efficacité des asiles d'aliénés dans

la lutte contre l' -, par Snell, 491.

Alexie dite sous-corticale, par Red-

lich, 52.

Algésiomlthe, par Hess, 368. -, par

Motschutkowsky, 469.

. Aliénation mentale. Traitement sé-

paré de l ? par Wallis, 74. Légis-

lation de l' - en Irlande, par

Eustace, 134. Poids du corps et

- , par Moulton, 145.

Aliénés. Traitement familial des -

en Ecosse, par Kiggs, 60. Condam-

nation d'un -, par Legrain et

Adam, 79. Façon de procéder à

l'égard des - de l'asile de Ba-

rony de Glasgow, par Carlswell,

134. Mortalité des -, par Chap-

man, 138. De la sortie des - des

asiles, 173. en liberté, 175.

Lésions microscopiques caracté-

ristiques du cerveau des -, par

Clouston, Middlemass et Robert-

son, 201. Les - et le droit civil

par Derode, 293, 339. - au work-

house, par Nolan, 301. Nouvelle

hospitalisation des - par la mé-

thode de la liberté, son applica-

tion à Ville-Evrard par Marandon

de montre), 306. Physionomie des

- par nlongerl, 311. Tuberculose

chez les - par Bondurant, 343.

Internement des - 108. Choléra

chez les - par Ventra, 482.

Alopécie dans un cas d'hvstéro-

neurasthénie traumatique par La-

dame, 367.

Amnésie. V antéro -rétrograde dans

la perforation de la base du crâne,

par Abel et Colman, 48.

A)IYOTA.Xir cérébrale, par Rossolimo,

284.

Anthropologie criminelle. IV* Con-

grès d' -, statuts, 317, 412.

Aphasie. Épilepsie avec par Hay,

140. Surdité et - hystériques

chez un homme, par Sanphear,

365.

Apoplexie. Pronostic de 1' par

hémorragie cérébrale, par Barrs,

49.

Archives cliniques, 47.

Arriérés. Enfants par Jiourne-

ville, 170. Assistance et éducation

des enfants -, par Bourneville,

313.

Artériel Dégénérescence du sys-

tème - chez les aliénés, par

Beadles, 222.

Arthropathie du' genou, par Glo-

rieux et Van Gehuchten, 286.

Asiles. Internat des - de la Seine,

par Sérieux, 135, 2'r2. - du dis-

trict de Stirling, à Larbert, par

Macpherson, 249, - d'idiots en

Allemagne, par Sérieux, 250. -

d'aliénés, 256. Recrutement futur

et situation des infirmiers dans

les -, par Menzies, 300. Epreuves,

misères et griefs d'un directeur

table DES matières. 499

d' - privée, par Weatherly, 301.

- de la ville et du comté de

Worcester, par Cool., 301. Orga-

nisation matérielle d'un - mo-

derne, par Iirayatsch,1302. Impres-

sions d'une visite dans un

hollandais, par \Iacleod , 306. -

d'idiots de Languenhagen, 307.

d'idiots de Postdam, par Sérieux,

308. - d'aliénés. 318.

Assistance des idiots et l'auteur de

Gullwer, 319.

Association médico-psychiatrique.

Discours prononcé par Conolly

Norman, 301.

Atavisme dans le suicide, 87.

Ataxie locale et folie simulées, par

P. Garnier et Vallon, 28. L'-

symptôme de diverses maladies,

46. L'- considérée comme symp-

tôme des lésions du système

cérébro-spinal, par Marc Cartie,

277. -

Ataxiques. Mouvements involon-

taires au repos chez les - par

Grasset, 493.

Atrophie primitive des muscles du

tronc et des membres par Barlow,

47. - de Charcot chez un tabé-

tique par Witldo, 48. - spinale

progressive de la première en-

fance par Werding, 55.

IJASOPIIOI11E, par Grasset, 194.

Bégaiement hystérique, par Greiden-

berg,367.

Bibliographie 169, 249, 309,405, 492.

BRC\lnL1\E par Laquet, 60.

Bulbaire. Affection - aigue, par

Wataenberg, 373.

Buveurs. Interdiction et interne-

ment des -, 408.

Capillaires. Structure des - céré-

braux, par Lapinsky, 397.

Castration. Etude sur la question

de la -, par Kraemer, 236.

Catalepsie alternant avec de la

verbigération, par Warneck.

Cataleptiques. États - dans les

maladies mentales par Lemaitre,

407.

CÉCI1É. Un cas de - absolue par

anopsie, guérison ; par Schirman,

271. J.

CELLULES nerveuses. Ce que l'on

appelle les granulations des -,

par \issl, 232. Nouvelle méthode

de coloration pour localiser les

par Nissl, 332. Détails de struc-

ture dans les -, par lienda, 377.

Centres. Réveil des affections des

- liet-votin, par llauly, 312.- sen-

soriels et - d'association dans

l'encéphale humain, par Flechsig,

375.

Cérébelleuses. Diagnostic des affec-

tions -, par Hlsier, 19. Symp-

tômes des affections - par Krauss,

272.

Cérébelleux. Faisceaux - descen-

dants par Bield, 475.

Cérébrale, 'lumeur -; opération

suivie de succès, par Dana et

Conway, 76. Dualité de l'action

- , par Lyon, 205. Hémiatrophie

- , par Cowan, 214. Oscillations

périodiques des fonctions de l'é-

corce -, par Cowan, 214. Oscil-

lations périodiques des fonctions

de l'écorce -, par Stern, 234.

Tumeur avec hémianesthésie,

par illaclcay, 287.

CÉRÉBRO-CÉltEl3E[,LI'UX. Faisceau

croisé, par 111mgazzini, 473.

Cenenno-semo.. Altération du sys-

tème chez les aliénés âgés, par

Campbell, 210.

Cerveau. Kyste traumatique du

, par Eskndge et Mac Naught,

69. Deux abcès du z, par Eskndge

et Parkhill, 207. Abcès du -, par

Carson, 263. Division de la sur-

face du -, par Adamkiewicz ;

réponse de Flechsig, 386. In-

fluence sur l'échange azoté du-

par Belmondo, 480.

Cervelet. Pathologie du -, par

Arndt, 51. Atrophie et sclérose

du -, par Hubert Boud, 213.

Diagnostic différentiel entre les

tumeurs des tubercules quadriju-

meaux et celles du -, par Bruns,

281.

Choléra. Le - chez les aliénés, par

Ventra, 482.

Chorée de Iluntington, par Con-

klm finish, 267. - chez deux

cardiaques, par Massaiongo, 235.

Circonvolution. Éléments normaux

d'une - et effets de la stimula-

tion et de la fatigue sur ces élé-

ments, par Batty-'fuke, 205. -

anormales, par Mickle, 393.

Ctronsnc des cellules nerveuses,

par Lugaro, 479.

Coloration. Méthode de de Wei-

gert et Pal, par Marcus, 396.

500 TABLE DES MATIÈRES.

Commotion cérébro-spinale. Anato-

mie pathologique, pai Bikeles, 232

Compression cérébrale, par Mac-

pherson, 263.

Concours des médecins adjoints des

asiles d'aliénés, 255.

Confusion mentale hallucinatoire

aiguë, par Re%-er, 142.

Congrès pénitentiaire par Motet, 80.

Va - international contre l'abus

des boissons alcooliques, 84. 1 IIe -

international de psychologie à

Munich, 88. - de médecine men-

tale et nerveuse, 254. - des mé-

decins aliénistes de France, par

Régis, 313.

Coordination. Troubles de la -

congénitaux et acquis, par Nonne

389.

Corps calleux. Métastase carcino-

mateuse dans les circonvolutions

du -, par Muratow, 356, 369.

Fibres des segments moyens et

postéro inférieurs du -, par Vogt,

380.

Crâne. Déformation du - due à la

syphilis héréditaire, par Nam-

mack, 215.

Craniotonoscopie. De la - par Mu-

ranjeff, 227.

Crétinisme sporadique traité par

l'extrait thyroïdien, par Talford

Smith, z, parBouineville, 1.

Crime. Rôle futur du médecin dans

le traitement du -, par Austin

Flint, 117. Analyse du -, par

Bauer, 335.

Criminel. Evidence de l'état sain

des esprits dans les affaires, -

par Kiernan, 293. L'enfant - né,

par Diettrich, 294. Nègres au

Brésil, par Rodrigues, 312. - ou

malade, 319.

Dédoublements de conscience par

Giuseppe, 484.

Dégénères. Traitement des -, par

mortel, 66.

Dégénérescence. Sur les variétés de

la - et leur traitement, par Ilal-

lervorden, 66. - de la race, par

Talbot, 359 ; par Banmster, 359 ;

par Kiernan, 359.

DÉGÉNÉRESCENCES spinales . Com-

ment débutent les -, par Klip-

pel, 33.

Déglutition. Influence de l'écorce

du cerveau sur la et la respi-

ration, par de Bechterew et Os-

tankow, 226. La - et les couches

optiques, par de Bechterew, 226.

Délirante. Ecchymoses accompa-

nnées d'excitation-, par Dawson,

346.

Délire. Evolution du paranoïaque

par Greco, 480. - bénins et à

courte évolution, par Friedmann,

485. - transitoire dans la pneu-

monie, par Grasset, 494.

Démence. Ramollissement du cerve-

let, rupture du coeur dans la -

vésanique, par Charon, 257. Stig-

mates dégénératifs dans la - pa-

talvtique, par Cristiani, 483.

Diabète. Tabès ou - sucré, par

Grube, 58. - insipide avec réten-

- tion d'urine chez une hystérique,

par Linke, 283.

Drainage par aspiration du canal

vertébral, par Caille, 77.

Dystrophies cutanées herpétiformes,

par Hutcltinson, 50.

Electricité. Revue il ? médicale,

par Régnier, 113.

Emotion. Elément physiologique de

l ? par Wright, 288.

E\CÉI'11.1L.aS'l'lIÉVIE. Etiologie de Il-,

par Althaus, 58.

Encéphaliques. Dégénérescences

dans les affections du foyer de la

zone motrice, par Muratow, 380.

Enfants. Quartiers d' annexés

aux asiles des départements, 171.

EPILEPSIE traumalique et trépan, par

Butlin, 47. jacksonienne traitée

par la trépanation, par Cunnin-

gham, 71. Trépanation dans un

cas d ? par Greenleess, 74. -

avec aphasie parHay, 140. Patho-

génie et traitement de l ? par

Mannesco et P. Sérieux, 169. In-

fluence des facteurs réflexes sur

la production de la folie et de l ?

par Bullen, 224. Circulation du

sang dans le cerveau pendant un

accès d'- expéiimentale par de

Bechterew, 234. Traitement de

l ? par \\'ulff, 239. - sensorielle

et psychique, par Diller, 276. Pol-

lutions nocturnes et -, par Zucar-

relli, 282. Sur l'- sénile, par

Naunyn, 289. - Traumatique et

trépanation, par Boubtla et Pan-

taloni, 312, Genèse des accès d ? 1

par de Bechterew, 355. Symptômes

delà paralysie générale et de l ?

par Iüllenberg, 350.

TABLE DES MATIÈRES. 501

Epileptiques. Quartier spécial pour

les enfants - et arriérés à l'asile

de Dury, 171. Assistance des -,

409. Toxicité du suc gastrique

chez les -, par Agostini, 484.

Equilibre. Rôle des faisceaux grêles

et cérébelleux dans la fonction de

l ? par de Bechterew, 477.

Etincelles. Application des - des

bobines d'induction ouvertes, par

Sternberg, 226.

Fétichistes. Pervertis et intervertis,

par Garnier, 405.

FLOCCULUS. Sur le -, par Bruce, 401.

Folie. Ataxie locomotrice et -

simulée, par P. Garnier et Vallon,

28. Traitement chirurgical de la

- , par Macpherson, 68. - trau-

matique opérée avec succès par

Calle, 72. Accroissement de la -

en Irlande, par Drapes, 112. La -

morale et ses rapports avec la

criminologie par Benedikt, 126.

ataxique par l3laclcfor,136. Points

de vue nouveaux sur la patholo-

gie de la -, par Andriezen, 137.

Influence des facteurs réflexes et

toxiques sur la production de

l'épilepsie et de la -, par Bullen,

224. Paragraphe 51 et- partielle,

par Rieger, 294. - de la persé-

cution, par Semelaigne, 341. Aug-

mentation de la - en Irlande par

Hack Tuke, 316. - ou non folie,

311. - chez les indigènes de

l'Afrique du Sud, par Greenleeis,

352. - chez les Malais, par Ellis,

353. - chez les nègres par Bab-

cock, 358.

FOLLE. Une -, 319.

Force. Action de la - nerveuse,

par Broadbent, 399.

Fohmaune pour fixation des fibres

nerveuses, par Kitchell, 214.

Fou tué par ses gardiens, 93. Un -

royal, 319.

Fracturer. Effort nécessaire pour

- les côtes chez les aliénés, par

Campbell, 50.

Frif.dreich. Un cas de maladie de

- , par Clarke, 14.

Front. Trauma du - suivi d'apha-

sie, convulsions et monoplégie

brachiale droite, par Russel et

Pinkerton, 19.

Goitre. Etiologie du , par Murris,

372. exophtalmique et son

traitement par les sucs glandu-

laires, par Owen, 60. Folie avec

- traitée par l'extrait thyroïdien,

par Mac Claugher, 60. Examens

des nerfs intra-thyroidiens dans

un cas de - exophtalmique, par

Bonne, 235.

Grossesse tubaire suivie de manie

par Butler Smithe, 134.

Gynécologiques. Désordres - dans

leurs rapports avec la folie, par

Barrus,lt6.

Hallucinations psychomotrices, par

A. Voisin et Charpentier, 80.

unilatérales, par le professeur

Joffroy, leçon recueillie par Tou-

louse, 07.

Hématome. Pathologie de l'- de

l'oreille, par Goodall, 213.

Hémiplégie gauche, perte des ré-

flexes superficiels et profonds,

atrophie musculaire, etc., par Es-

kridge et Peterson, 218.

Hérédité chez les aliénés du canton

de Zurich, par Koller, 144.

Hypnotique. Fonctionnement céré-

bral pendaut le sommeil - par

Lanpts. -

Hypnotisme et la loi, par Bell, 336.

Hystérectomie. Deux cas d'- suivie

d'aliénation, par Lawrie, 353.

HYSTÉRIE. Parjure, -, amnésie et

irresponsabilité, par Krafft Ebing,

290. -, pai Voronoif, 407. Deux

cas d ? par Pianetta, 484. L'-

chez les enfants par Bruns, 488.

- rabiforme, par Grasset, 492.

- mâle et neurasthénie, par

Grasset, 493.

Hystérique. Deux cas de folie -

d'origine infectieuse, par Taty, 358.

HYS1'ÉRO-ORG.1\IQUBS. Des associa-

tions -, par Giasset, 493.

Idiot. Nécessité de l'assistance des

- , 92. Quartiers spéciaux pour

idiotes à l'asile de Bordeaux, 170.

Voir p. 1, 199, 441.

Impuissance. Etude légale de l'-

dans l'Illiriois, par Baum, 291.

Inflammation. Influence de l'- trau-

matulue de l'écorce sur son exci-

tabilité par de Bechterew, 51.

Instabilité mentale, par Bourneville

etJ. 130yel', 199.

Intestinales. Affections trophiques

chez les aliénés, par Cowen, 348.

1 : sTRACR.\lilEli)¡ES. Diagnostic des

502 TABLE DES MATIÈRES.

lésions traumatiques-,par Phleps,

218.

Inversion. Explication ne 1'- du sens

génital, par Krafït l : bina, 485.

IaRESI'0\SABILIIÉ. Parjure, hystérie,

amnésie et -, par Krafft Ebing,

290. -

Irresponsables. Mesures législatives

contre les -. par Gilbert Ballet,

292.

KYSTE traumatique du cerveau, par

Eskridge et Mac Naught, 69.

Lactée. Sécrétion - prolongée chez

certaines aliénées, par Fronda, 482.

Laryngée. Paralysie - dans les aflec-

tions nerveuses chroniques, par

Permewan, 48.

LATAII. Névrose observée dans les

Indes Néerlandaises; le -, par

van Brévo, 52.

Loi de 1838 en face des délinquants

dits irresponsables, par Charpen-

tier, 153.

LOIDE Weber-Fetcuneb, parWaller,

397.

Maladies cérébrales aiguës de l'en-

fance, par Muratow, 369. Effets des

- intercurrentes sur les troubles

mentaux, par Goodall et Bullen,

140. - mentales et nerveuses, par

Witwell, 353.

Maniaque. Excitation due au

salicylate de soude, par Hobinson,

78.

Manie aiguë dans un cas de cellulite

pelvienne, par Simpson, 139.

Médico-psychologiques. Les ques-

tions - en Allemagne, par Meyer

et Urquhart, 137.

Mélancolie. Sur la -, par Stephen-

son, 133. Trois cas de guenson de

la-, parNeill, 352.-ayuéconsé-

cutive à un traumatisme par

Hoisholt, 37J.

Mémoire. Fausse -, par Arnaud,

295.

au cours d'une fièvre

typhoïde, par Grasset, 494.

Méningite. Trépanation dans la -,

parKeay, 69. - tuberculeuse spi-

nale par Rothganger, 371.

Menstruelle. Psychose - avec

¡('oille exophtalmique périodique,

par Thomas, 357.

Mentales. Rapport du comité des

maladies -, par Whitwell, 353.

Recherches collectives en matière

des maladies-, par Mercier, 345.

Méralgie paresthésique de Rotli

par Escat, 370.

IÉTALLOTIIÉR.1PIE, au temps de Char-

lemagne, 411.

Migraine. Soulagement de la et

de quelques autres affections né-

vralgiques de la tête, par Sargent

et Snow, 78. Equivalents de la-,

par Bary, 368.

Moelle. Traumatismes de la -

chez les mineurs, par Gri(fiths, 58.

Tumeur du canal rachidien com-

primant la -, par Raymond et

Nageotte, 289, 360. Dégénéres-

cences consécutives aux sections

transversales doubles de la -

par Fajerstajn, 379. Affections

syphilitiques de la-, par Boetti-

ger, 386. Dégénérescence secon-

d'ure de chacun des cordons de la

. par Schaffer, 388. Altérations

de la - consécutives à la désar-

ticulation de l'épaule, par Wille,

390. Compression totale de la ré-

(;ionsupéneurede)a,parEgger,

391. Altération de la-, par obtu-

ration momentanée de l'aorte par

Sarbon, 479.

MoRvAn. Paréso-analgésie des extré-

mités supérieures avec panaris

ou maladie de - avec imbécillité

et hémiplégie, par lJoul'l1evi11e,HI.

Un cas de maladie de -, par Gras-

set, 493.

Mouflon. Le cerveau du-, par Bene-

dild, 297.

Musicale. Affections de la faculté

dans les maladies cérébrales,

par Ireland, 128.

Musique et faculté musicale dans la

folie, par Legre, 131.

Myélite aigué dans la substance

blanche, par Kustermann, 51.

1115oscEnes. Des fibres -, par de

Bechterew, 231.

1111'\OI,UÉIfATC«SR. Trois cas d'idiotie

- traités par l'ingestion de glande

thyioïde, par Bourneville, 1.

Nécrologie. Le D' Gauster, par

P. Sérieux, 176. Duquet, 256.

D' Tebaldi, 416.

Nerfs. Polymoiphisme des réactions

des divers -, par Lévy Dom, 233.

Suture des -, par Biuns, 486.

Nerveuses. Les maladies - fonc-

tionnelles et la syphilis, par Kowa-

TABLE DES MATIÈRES. 503

lewsky, 51. Manifestations - ex-

traordinaires chez un jeune sujet,

par Culver, 278.

Névrite multiple chez les enfants,

par Mackey, 10. Sur la -, par

Stephenson, 264 - alcoolique, par

Maudre, 399.

Névrose traumatique. par Crocq, 309.

Neurones par Khppel, 417.

Obsédantes. Etude clinique des

idées -, par Thomsen, 143.

Obsession. Tentative de meurtre

sous l'influence d'une -, par

Vallon, 81.

Oculomoteur. Paralysie isolée trau-

matique du nerf' - externe, par

Eulenberg, 281.

OEDÈME. Etude anatomo-pathologi-

que de 1' bleu, par Alekoff, 3' ? 1. 1.

Opiitalmoplégie unilatérale com-

plète, par Trésillon, 288. - aiguë,

parSchule, 373. -

Optique. Du nerf - du pigeon, par

Mayser, 474.

Oreille. Rapports des centres am-

pullaires de l' -interne avec les

centres oculomoteurs, par Bon-

nier, 395.

PACmoéwGITE cervicale hypertro-

phique, par Koeppen 280.

Panaris analgésique, par Bourne-

ville, 441.

Paralysie psychique, par Freund,

354. associée à uneatropUe mus-

culaire progressive, par Schuter,

354. - hystérique avec contrac-

tures et troubles mentaux, par

Bonnet, 35ï ? bulbaireumlatérale

subaigué, par Wiener, 265 -

ascendante à rétrocession par

Grasset, 494.

Paralysie l'ACI1LE. Etiologie de la-

péripliéuque, par Hatschek, 51.

Récidive et diplégie dans la rhu-

matismale, parHubschmann, 28a.

Paralysie générale I'RGGfiESSI\ E. Al-

térations neuro-musculaires dans

la -, par Campbell, 134. - chez

une fillette de neuf ans, parDunn

137. De l'atrophie musculaire dé-

générativedans la -, par Hoche,

288. Symptômes de la- et de l'é-

pilepsie par Hellenberg, 356. Rup-

ture de la vessie dans la -, par

llerting, 392. et tabès chez mari

et femme, par Mendel, 403. Forme

spasmodique et forme tabétique

de la -, par Stewart, 340. Rap-

ports de la - et affections chro-

niques des reins, par Bristowe,

311, 351. Relations cliniques et

pathologiques de la-, pai-Fari-ar.

- associée à une atrophie mus-

culaire, par Schuter, 354. Quelques

problèmes relatifs à la -, par An-

giolella, 481. Caractères diagnos-

tiques différentiels entre la

syphilitique et non syphilitique,

par Pasquarel, 482.

Paralytiques généraux. Sulfates dans

dans l'urine des -, par Turner,

138.

Paralysie infantile. Une épidémie

de -, par Macphail, 45. llémia-

nopsie transitoire dans un cas de

- , par Koening, 280. Anatomie

pathologique de la-, par Trevel-

lan, 398.

PAtA ? ocLOJ's multiples, par Brey-

mail, 394.

Paraplégie tonique, par Axtell. 264.

Paresthésies. Sur les - localisées

dans le domaine du nerf fémoro-

cutané exteine, par Bernhardt,

370, 387; par Noecke, 378.

Pathologie. Revue de - nerveuse,

par Deny, Blm, Kerayal, Lwoff,

etc., 360.

Pédérastie. Uranisme et-, par Ste-

tdnowskj, 293.

Peptonurie chez les aliénés, par

\layer et Meine, 142.

PERSONNEL de surveillance des alié-

nés, par Laelir, 404.

Pleurs. Rires et - inextinguibles

dans les affections cérébrales, par

de Bechterew, 57.

Plexus DE ERB. Paralysie complète

du -, par Weber, 474.

Pneumogastrique . Troubles fonc-

tionnels du dans les affections

mentales, par Kellog, 145.

Pollutions nocturnes et épilepsie,

par Zucarrelh, 281.

POL1\VItITE. Changements du sys-

tème nerveux central dans la -,

par Soukhaiioll, 177.

Pont DE VAROLE. Anatomie micros-

copique du - chez l'homme, par

Pusateri, 479.

PORENCÉPIIALIF. Un cas de -, par

Conolly Norman et Fraser,' 205.

Possédés du diable, 319.

Por ? Mal de - et paraplégie flas-

que anesthésique, par Grasset,

494.

504 TABLE DES MATIÈRES.

Protubérance. De la circulation

des régions de la - et du bulbe,

par Shimamura, 229. Gliome de

la partie postérieure de la -, par

Jolly, 380.

Psychiques. Guérison apparente des

troubles chez deux maniaques,

par Charon, 330. Pathogénie des

troubles -, par Santenoise, 495.

Psychologie morbide comparée; im-

mobilité du cheval, par Férié, 146.

PYCI101'ATIIOLOGN1UES. Quelques cas

- devant les tribunaux serbes,

par Wassitch, 335.

Pyramides. Sections des deux chez

le chien, par Starlinger, 388. Place

des libres des cordons antérieurs

des - dans le bulbe, par Jacob-

sohn, 472.

RÉrLExEs du genou au point de vue

du diagnostic, par Leszinsky, 216.

peu connus dans les maladies

nerveuses, par de Bechterew,374.

Rénales. Affections -, leurs rap-

ports avec l'alcoolisme et la folie,

par Bond, 352.

Respiration. Influence de l'écorce

du cerveau sur la déglutition et la

- , -, par de Bechterew et Otankow,

226.

Responsabilité criminelle chez les

aliénés, par Woods, 357.

Rires et pleurs inextinguibles dans

les affections cérébrales, par de

Bechterew, 57.

Ruban DE Reil et écorce cérébrale,

par Bielscbowsky, 387. Trajet du

, par Jakob, 388.

Sang dans le délire aigu, par Cabitto,

479.

Sarcomes multiples du cerveau et

des méninges spinales, par West-

phal, 50.

Saturnine. Intoxication à symp-

tômes rares, par Janowsky, 368.

Sclérodermie, par Ilemngham, 7.

Sclérose. Un cas anormal de en

plaques, par Diller, 269. Un cas

de - spinale postérieure, par

Chubb, 270. artérielle du sys-

tème nerveux central, par Jacob-

sohn, 180. Syndrome rappelant la

latérale amyotrophique chez

un syphilitique, par Olivier et

Ilalipre, 286. - en plaques à

forme d'hémiplégie alterne, par

Wizel, 287.

Sciatique, par Illâier, 369. Ondu-

lations musculaires dans une -,

par 1101l11lann, 387.

Scoliose alternante dans la sciati-

que, par Illgier, 369.

Scotome. Déplacement du champ

visuel dans le - scintillement,

par Berger, 385.

Sensibilité. Troubles de la de

Bernhardl à la cuisse, pat Freud,

389. .

Sensitifs. Les faisceaux de la

moelle d'après les recherches

d'llolzinser, par de Bechterew. Les

tractus tlerveux - eL sensoriels et

les centres -, par Jelgersma,

382.

Sensoriels. Phénomènes - consé-

eutissii des traumatismes anciens,

par Drapes, 140.

SEXUELLES. Perversions chez les

dégénérés, par Masoin, 148. Per-

versions - et exhibitionnisme,

par Reyneau, 291.

Société médico-psychologique, par

Briand, 79, 152, 2H, 291. - psy-

chiatrique de Berlin, par Sérieux,

103. - des médecins aliénistes

de Basse Saxe et de Westphalie,

par Sérieux, 486.

Som1AL et sulfonal, par Memon et

Scally, 59.

Sorciers. Croyance aux -, 412.

Spinales. Structure des racines ,

par de Massary, 396.

Strychnine dans la névrite périphé-

rique, par Walker, 45.

Stupeur. La entité morbide, par

Whitwell, 144.

Suggestion et psychothérapie, par

Goldi, 481.

Suicide. Nécessité d'une législation

relative au-, par Strahan, 337.

en Prusse, 497.

Surdi-mutité, par Kerr-Low, 44.

Surdité fonctionnelle, par Ransom

et Dalby, 48. - hystérique ou

fonctionnelle, par Ransom et Van

Dyck, 59. - et aphasie hystérique

chez un homme, par Sanphear,

365.

Syphilis cérébrale, par Stiéglitz,274.

Lésions vasculaires dans la des

centres nerveux, par Lamy, 392.

Tabès. Méthode de Froenkel dans

le traitement Sa -, par de Bech-

terew, 225. Un cas de - au dé-

but, par Weil, 56. ou diabète

TABLE DES MATIÈRES. 505

sucré, par Grube, 58. Des troubles

de la sensibilité et de leur locali-

sation dans le -, par Loehr, 282,

Pspudo-postinfecLieux, pal' Grasset,

493.

Tabétiques. Deux cas de luxation

spontanée de la hanche chez des

- , 47. Phénomène plantaire chez

les -, par Hil'schberg, 394.

Témoignage des enfants en justice,

90.

TESTICULE artificiel et guérison d'un

état mental morbide chez un mo-

no-cryptorcliide, par Ilermance,

147.

Tétanie traitée par l'estrait thvroi-

dien, par Byron Bramwell, 65.

Observation d'un cas hpe de ,

par Preston, 262.

Thyroïde. Glande - accessoire avec

procidence buccale, par Ilraith,

45. Pharmacologie du corps -

par Yvon, 190. Sécrétion interne

du corps -, par Acona, 00.

Thyroïdien. Trois cas d'idiotie

myxoedémateuse traitée par l'in-

- estioli -, par Bourneville, 1.

Folie avec goitre traitée par l'ex-

trait -, par Mac Claughery, 60.

Crétinisme sporadique traité par

l'extrait , parTalford Smith, 61.

Expériences thérapeutiques sur

l'alimentation -, par Sieglitz,

62. Traitement -, son histoire et

son emploi en médecine interne,

par Metzler, ri3.

Tics convllsifs. Troubles mentaux

dans la maladie des -, par Ke-

monchamps, 148.

Torticolis mental, par Brissaud et

Meige, 146.

Trépanation dans la méningite, par

Keay, 69.

TRIONAL. Empoisonnement par le- ,

par llecker, 241.

Tubercule de Rolando, par Turner,

401.

Tuberculose et son traitement dans z

les asiles d'Irlande, par Finegan,

79. Prophylaxie de la - dans les

asiles, par Babcock, 1 il.

TUBERCULES quadbijumeaux. Une

gomme dans la région des -, par

llberg, 228. Diagnostic entre les

tumeurs des - et celles du cer-

velet, par Bruns, 281.

Tun (Daniel llaclo, 254.

Tumeur sous-corticale traitée par la

trépanation, par Beevor et Bal-

lance, 59. - cérébrale; opération

suivie de succès, par Dana et Con-

way, 76.

Tipiioïuc. Délire au début de la

fièvre -, par Aschaflenburg, 149.

Ulnaire. Symptôme - chez les

aliénés, par Goebel,478.

Uramsme et pédérastie, par Stefa-

nowsl ? 293.

Urine. Altération de l'- dans les

maladies mentales et la paralysie

générale, par Siegmund, 357.

Urique. Diathèse - et névroses,

par Smidt, 50.

Vagabondage. Psychologie du -,

par Cu lierre, 292. ·

Vagin. Corps étrangers du -, par

Bussel Strapp, 139.

Vaso-moieur. Trouble - unilatéral

d'origine cérébrale, par Kaiser,389.

Ventricule. Sarcome du 1Va -, par

Bruns, 487.

Vertébrale. Carie - et compression

médullaire, lamnectomie, par

Sinitli, 4b.

Vertige. Etat mental dans le -, par

Cornmng, 344.

Vibrations. Influence des - du dia-

pason, par de Bechterew, 384.

Vieillesse et folie, par Verga, 484.

TABLE DES AUTEURS ET DES COLLABORATEURS.

Abel, 48.

Acona, 402.

Adam, 79.

AdamI¡iewicz, 386.

AgosLilll, 184.

Alelekoff, 321.

Althaus, 58.

Andriezen, 137.

Angyobella, 481.

AI-ilat](1, 295.

Aschaffenburg, 149.

Auld, 46.

Axtell, 264.

Babcock, 147, 3a8.

Ballance, 59.

Ballet, 292.

Bannister, 3b9.

Bailian, 372.

Barlow, 47.

Barrs, 49.

BalTus, 146.

Ba ry, 368.

Batty-Tuke, 205.

Bauer, 335. '

Baum, 291.

Beadles, 222.

Bechterew (de), 54, 57,

225,226,228,231,234,

355, 374, 384, 477.

Beevor, 59.

Bell, 336.

Belmondo, 480,

Benda, 377.

lienedll.t, 126, 297.

Benson, 374.

Berckley, 394.

Berger, 385.

Bernhardt, 370, 387.

Beyer. 142.

Biedl, 475.

Bielschowsky, 387.

]31lçeles, 232.

Blackford, 130.

Bbetllgcr, 386.

Bond, 352. i. 3î*3.

Bondul'ant. 33.

Bonne, 235.

Bonnet, 357.

Bonnier, 395.

Boubila, 312.

liourneville, 1, 170,199,

313, 441.

Boyer, 199.

Brévo (van), 52.

Brryman, 374.

Briand, 79, 158.

Bi-issaud, 146.

Brlstowe, 311, 351.

liroabdent, 399.

Bruce, 401.

Bruns, 281, 486, 487,

488.

Bllllell, 140, 224.

Butler Smithe, 134.

ISullin, 47.

Byron Bramwell. 65.

1

Cabitto. 479.

Caille, 77.

Cale, 72.

Campbell, J 3'>,210,350.

Carlswell, 134.

Carson, 263.

Cllapmann, 138.

Cllaron, 257, 330.

Charpentier, 80, 153.

Chubb, 270,

Claïke, 44.

Clouston, 204.

Colman, 48.

Conkhn Brush, 265.

Conollv Norman, 20J,

301.

Cowvav, 76.

Cook, 301.

Corning, 344.

Cowati, 21 le.

Cowen, 348.

Crlstiani, 484.

Crocq, 309.

Cullerre, 292.

Culver, 278.

Cunningham, 71.

Daly, 48.

Dana, 76.

Dawson, 346.

Derocie, 293, 339.

Dick (van), 59.

Diettrich, 291.

Diller, 269, 276.

Drapes, 112, 140,

Dune, 137.

Egger, 391.

Ellis, 353.

Escat, 370.

Eskridge, 69, 207, 2(8.

Eulenl7urg, 281.

Eustace, 134.

Fajerstajn, 379.

Farrar, 345.

Féié, 146.

Fmegan, 79.

Flechsir, 375, 386.

Flint, 117.

Fraser, 205.

Freund, 354.

Fiiedmann, 485.

Fronda, 482.

Garnier, 28, 405.

Causter, 176.

Geliueliten (van), 286.

Guiseppe, 484.

Glorieux, 286.

Grasset, 492, 493, 494.

Grennless, 74, 352.

Greidenberg, 367.

Griffiths, 58.

Grube, 58.

Goebel, f78.

Goldi, 481.

Goodal, 140, 213.

Halipré, 286.

Hallervorùen, 66.

Hastchask, 51.

Hav, 140.

Ilecker, 241.

TABLE DES AUTEURS ET DES COLLABORATEURS. joui

Hermann, 147.

Herringham, 47.

Herting, 392. '

Hess, 368. j

Higier, 369.

Hillenberg, 356.

Hirscliberg, 394.

Hirschfelder, 372.

Hoche, 228, 479. I

lloisholt, 371.

Hoffmann, 387.

lIo)singer, 228.

Hubert Bond, 213.

Hubschmann, 285.

Hutchinson, 50, 365.

lirait», 45.

Ireland, 128.

Jacobsohn, 280, 472.

Ja6ob,388.

Janowski, 368.

Jelgersma, 382.

Joffrov, 97.

Jolly, '380.

Jones, 66.

Kaiser, 389.

lieay, G9.

liello" 115.

I\Iel'l1an, 293, 359.

Kit chell , 2t4.

Iüippel, 33, 117.

Koening, 280.

Koeppen, 280.

Koller, 1 rf.

Kowallewôky, 51.

Kraemer, 236.

Krafft Ebing, 290, 485.

Krauss, 272.

Krayatsch, 302.

Kustermann, 51,

Ladame, 367.

Laehr, 282, 10f.

Lame, 392.

Lanpts, 393,

Lapmsl : y, 39ï.

Laquer, 60.

Lawnie, 353.

Legge, 131.

Legrain, 79

Lemaître, 407.

Leszins ! ,y, 216.

Levy Dorn, 233.

Liepmann, 148.

l.inke, 283.

Love, 44.

Lunaro,479.

Lyon, 205.

Lyon-Thomas, 372.

Mac Cartie, 277.

.Mac Claugliery, 60.

Mackey, 42, 287.

Iacleod, 306.

Mac-Nangnt, 69.

Macphail, 45.

Macpherson, 68, 249,

263.

Marandon de Montyel,

306.

Marens, 396.

Mannesco, 169.

Masoin, 108, 306.

Massalono, 395.

Massai-v (de), 396.

Maudre, 399.

Mayor, 474.

.Nlei,7e, 146.

\leiôe, 142. I

Memon, 59. '

Mendel,403.

lenzies, 300.

Mercier, 395.

Metlzer, 63.

Aleyer, 137, 142.

Iickle, 393.

Middlemass. 20L

)11 ngazzinl, 473.

\longeri, 311.

lorel, G6.

Morris, 372.

Motet, 80.

)101schutkowsky, 169.

Moulton, 145.

Aluratow, 353, 369, 380.

Murray, 48, î9.

Nageotte, 289, 360.

Nammack, 215.

\aunvn, 289.

Neill,"352.

Nissl, 229, 232.

Noecke, 378.

Nol"n, 301.

Nonne, 389.

Olivier, 286.

Ostanskow, 226.

Owen, 60.

Pantaloni, 312.

Parkhil, 207.

Pasquarel, 483.

l'auly, 312.

Permewan, 48.

l'eterson, 218.

Phleps, 218.

Piaiietta, 484.

Pinlcerton, 49.

Preston, 262.

Pusateri, î79.

Ranson, 59, 372.

Rausour, 18.

Raymond, 289, 300.

Rayneau, 291.

Redhch, 52.

Régis, 313. 1 467-

Régnier, 113, 467.

Remonchamps, 148.

Rieger, 291.

Rings, 60.

Risien, 19.

Robertson, 204.

Robinson, 78.

Rodngues, 312.

Rossolimo, 284.

Itotlyaurer, 371.

Russell, 49.

Russe) Snapp, 139.

Sanphear, 365.

Sarbo, 473.

Santenoise, 495.

Sarment. 78.

Scallv, 59.

Schaller, 388.

Scinder, 373.

Schirmann, 271.

Schuster, 35f.

Sémelaigne, 341.

Sérieux, 155, 169, 176.

2f2,250,308,403. 186

Shimamura, 229.

Sibbald, 305.

Sieglitz, 62.

Stenmund, 367.

Simpson, 139.

Smidt, 50

Snell, 491.

Smith, }5.

Snow, 78.

Soukhauoff, 177.

Starlinger, 388.

Stefanowsky, 293.

Stephenson, 133, 26L

Stern, 234.

Sternberg, 226.

Stewart, 340.

Stieglitz, 274.

Strahan, 337.

Talbot, 359.

Talfort Simth, 61.

Tamburini, 283.

ex08 EXPLICATION DES PLANCHES.

Tatv, 358.

Thomas, 357.

Thomsen, 143.

Toulouse, 97.

Tresillan, 288.

Trevellan, 398.

Tuke, 346.

Turner, 138, 401.

Urquhart, 137.

Vallon, 28, 81.

Vassitch, 33 ?

Vogt, 380.

Voisin (H). 80, 153.

Voronofi, 407.

Walaenberg, 373.

Waldo, 48.

""alker, 45.

Waller, 397.

VVallis, 74.

Warneck, 138, 353.

Weatherly, 301.

Weber, 474.

Weil, 56.

Werding, 55.

Westphal, 50.

Whitwell, 144.

Wiener, 265.

Wille, 390.

Wizel, 287.

Woods, 337.

Wright, 288.

Wulff, 239.

Yvon, 190.

Zucarrelli, 283.

EXPLICATION DES PLANCHES.

Planche 1.

La ligne rouge indique la marche de la température.

La ligne bleue indique les modifications du poids.

Les rectangles verls correspondent à un demi-lobe de glande lhyi,o'ide

et les carrés à un lobe.

Planche II.

1'ill. 1. - Coupe de l'artère cubitale avec les deux veines qui l'accom

pagnent. On peut y voir le décollement de la tunique interne de l'artère,

des hémorragies dans l'épaisseur de la tunique moyenne (a) ; un

thrombus pariétal avec commencement d'organisation (b) ; du côté de la

veine on voit une valvule très développée (c); et la prolifération de la

tunique interne du vaisseau (d).

Fig. 2. - Petite veine du tiers inférieur de l'avant-bras. Thrombose

des vasa-vasorum (a); vaisseau oblitéré, sclérosé (b); décollement de

l'endothélium (c).

Firl. 3. Coupe verticale de la peau de la région oedématiée. Fentes

lymphatiques dilatées (a); vaisseau sanguin oblitéré (b); hémorragies (c).

Fig. 4. - Nerf de la peau dégénéré, pris à la région oedématiée.

Fig. 1, 2 et 3. Grossissement de 75.

Fig. i. - Grossissement de 350.

Evreux, Cli. H€ssssx, imp. - 696.