ARCHIVES
DE
NEUROLOGIE
ARCHIVES
DE E
NEUROLOGIE
REVUE MENSUELLE
DES MALADIES NERVEUSES ET MENTALES
Fondée par J.-M. CHARCOT
PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE MM.
A. JOFFROY
Professeur de clinique
des
maladies mentales
à la Faculté de médecine
de Paris.
V. MAGNAN
Membre de l'Académie
de médecine
Médecin de l'Asile clinique
(Ste-Anne).
F. RAYMOND
Professeur de clinique
des maladies
du système nerveux
à la Faculté de médecine
de Paris.
COLLABORATEUR ? - PRINCIPAUX
MM. AI,ELEKEFF, BABINSKI. BALLET. BLANf.fIARU (R.), BLI\ (E.),
BOUCUEREAC, BOYER. BItIAND PI.), BItISS.IUl7 (E.), BROUAKHEL (P.),
CAMUSI : T, CATSARAS, CHABBERT. CHARNON (R.), CHRISTIAN'
CULLERRE, DEBOVE (hl.l, UEVY. DEVAY, UUCeI31l', DUYAL (llerume), FERRIER,
FRAXCOTTE, GAL.1VIELLE, GARNIER (P.), GARNIER (S.), GILLES DE LA TOI;IIETTE,
GOJIBALLT, GRASSET. KERA%7AL (P.), KLYPPEL, LAXDOUZY,
1L1HANDON DE MOXTYEL, MARIE, NfERGEJE\VS61 MUSGRAYE-CLSY, NOIR,
POERRET. PITRES, REGIS, REGNAIII) (P.), IIÉGNIER (P.), RICHER (l'.),
ROUIH11OnTCH, ROTH (\V.), SÉGLAS, SEGUIN SERIEUX. SOLDER.
SOUKH1VOFF, SOIIQLES, SOURY (J.), TE1XTUR1ER (E.), THULIE (H.),
TOULOUSE (E.), ILLARD, VOISIN (J.), Y\-0\ (P.).
Rédacteur en chef : DOUttNHVtLLË
Secrétaires de la rédaction : J.-n. CIIAHCOT et G. GUINON
Dessinateur : LEUBA
Deuxième série, tome I. 1896.
Avec 30 figures dans le texte et 2 planches.
PARIS
BUREAUX DU Pli 0 G Il È' MÉDICAL l.
1b, rue des Cannes.
-
1896 ,
Vol. I. Janvier 1896. - N" 1
1
ARCHIVES DE NEUROLOGIE
THÉRAPE
TROIS CAS D'IDIOTIE MYXOEDÊMATEUSE TRAITÉS
PAR L'INGESTION THYROÏDIENNE;
. Par BOURNEVILLE, médecin de Bicètre.
(Section des enfants nerveux.)
Le lendemain de la communication d'un travail
intitulé : De l'idiotie avec cachexie pachydermique ou
idiotie myxoedémateuse, que nous avons faite le 14 août
1889 à l'Association française pour l'avancement des
sciences, nous avons reçu de M. le Dr Arnaud (de
Saint-Gilles), qui avait assisté à la séance, une lettre
dans laquelle il soumettait à notre appréciation un
mode particulier de traitement alors tout à fait in-
connu et qui, depuis cette époque, a fait un grand
chemin 1.
« M. Brown-Séquard, dit-il, pense, non sans raison
peut-être, que les glandes ou du moins quelques-unes
d'entre elles, ont une action encore inconnue sur la
1 Voir Archives de Neurologie, 1890, t. XIX, p. 228, à la fin de notre
mémoire intitulé : Nouvelle observation d'idiotie JIIyxoedémaleuse (ca-
chexie pac/t(7e/'Mtue. ,
Archives, 2e série, t. I. 1
2 THÉRAPEUTIQUE. -
nutrition, par suite de certains principes qu'elles ver-
seraient incessamment dans la circulation. N'en se-
rait-il pas de même du corps thyroïde ? Dès lors, on
- s'expliquerait facilement la cachexie consécutive à l'ab-
sence de cette glande.
« En outre, cette théorie pourrait conduire à un
traitement rationnel de la cachexie pachydermique :
- le traitement par les injections sous-cutanées (ou même
peut-être par l'absorption intestinale) de certains prin-
cipes empruntés à la glande thyroïde. »
Différentes circonstances nous ont empêché, malgré
notre désir, d'essayer immédiatement le traitement
indiqué par M. le Dr Arnaud. Entre temps est inter-
venu un essai de traitement par la greffe de la glande
thyroïde dans la cavité péritonéale'. La malade qui
, avait été soumise à ce traitement, Wathi... (Augus-
tine), est entrée dans notre service et nous avons con-
) staté qu'aucune amélioration ne s'était produite. Les
autres tentatives de ce genre ne semblent pas avoir
donné des résultats satisfaisants 2. -
En 1891, M. le Dr Murray publia la première obser-
. vation de guérison du myxoedème par les injections
de suc thyroïdien et, en 1892, M. le professeur Bou-
chard communiqua à l'Association française pour l'a-
vancement des Sciences les observations de deux ?
· Lannelongue. Sur la transplantation du corps thyroïde sur
l'homme. (En collaboration avec Legroux.) (Comptes rendus de la Société
de Biologie, 8 mars 1890, p. 135.) La malade en question est celle qui
fait l'objet de notre seconde observation.
1 Consulter entre autres les travaux de MM. Walther, Battincourt, Se-
rano, Horsley, qui ont suivi la publication des recherches physiologiques
du professeur Schiff d'abord, puis du D' Eiselsberg. -
3 Bouchard (Ch.). Réflexions sur deux cas de 11 ! yxoedème, traités
TROIS cas D'IDIOTIE MYXOEDli;MATE.USE. 3
myxoedémateuses adultes, notablement améliorées par
le même traitement. Ainsi se trouvait appliquée l'idée
émise deux ans auparavant par M. le DI' Arnaud,
c'est-à-dire le traitement thyroïdien. A partir de leurs
publications, ce mode de traitement s'est rapidement
vulgarisé.
Personnellement, en mars 1893, nous avions fait
administrer le suc thyroïdien en julep, puis, en no-
vembre et décembre de la même année, nous avons
pratiqué des injections sous-cutanées de liquide thy-
roïdien sur trois malades atteints d'idiotie myxoedéma-
teuse due à l'absence congénitale de la glande THY-
RoIDE : Debarg..., âgé de vingt-huit ans; Wat...,âgée.
de dix-huit ans, et Gonich..., âgée de un an et demi.
Les injections ont été au nombre de 65, 63, 91. Ce
traitement n'a déterminé aucune amélioration seusible
chez ces malades. C'est pourquoi nous nous sommes
décidé à recourir à l'ingestion stomacale de la glande
thyroïde du mouton. Nous avons commencé par un
demi-lobe, c'est-à-dire le quart de la glande 2@ puis
nous avons donné un lobe, ou la moitié de la glande.
Trois malades ont été soumis à ce traitement à partir
du 31 mai, et il a été continué jusqu'à ce jour. Durant
cette période, soit plus de deux mois, nous avons fait
par des injections de sue thyroïdien. (Session de Pau, 1892,1r8 partie,
p. 292.)
' La malade qui a reçu le moins d'injections était une malade externe.
Gonich ? habitant Ivry, que sa mère amenait tous les deux jours. Les
injections sous-cutanées ont été pratiquées à partir de 1890, par Vassole,
Pisanti, Gley, Magnan. :
1 Nous avons pesé pendant huit jours les lobes, soit la moitié des
glandes; les pesées nous ont donné les résultats suivants : 1 gr. 70,
1 gr. 40, 1 gr. 95, 2 gr. 20, 2 gr. 30, 2 gr. 60, 2 gr. 80, 2 gr., soit environ
2 grammes par lobe frais ou demi-glande.
f4 . THÉRAPEUTIQUE.
prendre régulièrement la température des malades,
matin et soir, leur poids tous les huit jours, et leur
photographie également tous les huit jours.
Les tracés que nous plaçons sous vos yeux indiquent
les oscillations de la température [tracé rouge), les mo-
difications du poids [tracé bleu); les rectangles et les
carrés verts, placés en bas de chaque tableau, répon-
dent aux jours où l'on a administré la glande, les rec-
tangles correspondent à un demi-lobe, les carrés à un
lobe entier. Ces explications préalables étant données,
nous allons maintenant aborder l'exposé de chaque
cas.
ORSERVATION I. IDIOTIE I,fYSyDÉ3fATEUSE.
Père tuberculeux ( ? ). Oncle maternel paralysé, aliéné et sujet
probablement ci des accès d'épilepsie. Frère et sceur morts tuber-
culeux. BlEU1' strabique à la suite de convulsions de l'enfance,
morte tuberculeuse.
Renseignements incomplets sur les antécédents du malade. z
Marche ci dix-huit mois. Propre de bonne heure. Arrêt de
développement, bouffissure et épaissis sèment à partir de trois ans.
Etat du malade au 1er février 1890. Lésions scrofuleuses et
rachitiques, Absence de la glande thyroïde; symptômes clas-
siques de l'idiotie myxoedémateuse : pseudo-lipomes ; persistance
de la fontanelle antérieure; hernie ombilicale; eczéma; arrêt de
développement physique et intellectuel ; parole, voix, etc.
1893-1894. Julep avec extrait de glande thyroïde et injections
sous-cutanées de liquide thyroïdien : résultats négatifs.
1895. Ingestion stomacale de glande thyroïde de mouton.- Amé-
lioration : Élévation de la température ; diminution de poids;
phénomènes divers dus au traitement; modifications de la voix,
etc., etc.
Deharg... (Jules), né à la Ventie (Pas-de-Calais), le 6 octobre 1865,
est entré à Bicêtre dans notre service, le 23 février 1890.
Il s'agit d'un malade dont nous avons publié l'observation détail-
lée dans les Archives de Neurologie et que nous avons reproduite
1 Année 1890, t. XVI, p. 217.
TROIS CAS D'IDIOTIE MYXOEDEMATEUSE. 5
dans le Compte rendu du service des enfants de Bicêtre pour l'an-
née 1889 (t. X, p. 172), aussi nous bornons-nous à citer le som-
maire de son observation. Les figures 1, 2, 3 et 4 ne laissent aucun
doute sur la réalité de l'idiotie myxoedémateuse.
La température rectale du malade prise avec soin à diverses
, ' Nous prenons la température rectale des malades, la plus facile et la
plus sûre. La température axillaire, pour offrir des garanties, exige, en
effet, de quinze à vingt minutes : il faut veiller à ce que le bras soit bien
appliqué contre le thorax et que le thermomètre reste bien en place,
conditions difficiles a réaliser complètement chez les malades ordinaires
.et, à plus forte raison, chez les enfants et surtout les idiots.
l ir. 1.
Deb... avec sa pipe et sa canne (1889)
6 THERAPEUTIQUE.
reprises n'a jamais dépassé 37° et a été en général au-dessous de ce
chiffre, c'est ce que montre le petit tracé qui figure à droite de la
Planche I. - Le poids, relevé tous les six mois depuis l'entrée
du malade, a offert là progression suivante :
TROIS CAS D'IDIOTIE MYXOEDEMATEUSE. I
tremblement, faiblesse et sueurs. Deb... marche difficilement.
Sueurs dans la nuit. Urines de vingt-quatre heures : 750 grammes.
Il juin. Pas de glande. Pouls : 120. Haleine fétide, douleur
au niveau de l'estomac. Urine : 050 grammes. Le visage est beau-
coup moins gonflé, les yeux sont plus ouverts. Erythème des aines
dû aux poussées sudorales.
12, juin. Tremblement de
tout le corps sans sueurs, affai-
blissement, persistance des
douleurs stomacales. Urine : : i00 grammes.
13 juin. Dans la nuit,
vomissements alimentaires. La
faiblesse des jambes est moins
prononcée. Le médicament est
suspendu jusqu'au 5 juillet.
L'érythème inguinal a disparu.
14 juin. - Tremblement des
jambes qui oblige de main-
tenir le malade au lit, pour
éviter le retour des faiblesses
qui le prennent dès qu'il se
lève. Douleurs abdominales,
diminution des tumeurs grais-
seuses du cou. Urine : 400
grammes. Potion de Tood et
caféine.
15 juin. Agitation pen-
dant la nuit : le malade s'est
levé sur son lit et voulait battre
la veilleuse. Ce matin, il ne
se rappelle point ce qui s'est
passé.-Urine : 500 grammes.
L'appétit est toujours médiocre
et le malade se nourrit surtout
de lait.
4 juin. - Le tremblement
a diminue, les douleurs ont
disparu, la température descend à 37°; le poids n'est plus que de
24 kg. 100. La peau devient moite. Pouls : 120.
20 juin. La langue est moins épaisse, la prononciation est
meilleure; les lèvres sont moins violacées; la marche, qui d'habi-
tude était lente et pesante, semble devenir plus rapide.
21 juin. Le malade assiste au concert des frères Lionnet et
Fiy. Y.
b . THERAPEUTIQUE.
le soir, sans autre cause appréciable, la température s'élève à 38°.
Durant la suspension du traitement, le poids qui s'était abaissé
jusqu'à 24 kg. 100, est remonté à 25 kg. 050. Les urines se main-
tiennent aux environs~de 500 grammes. Jamais elles n'ont contenu
de l'albumine ou du sucre..
5 juillet. Reprise du traitement (demi-lobe). Deb... se met en
colère, ce qu'on n'avait jamais vu et casse sa pipe parce que l'infir-
mier examinait ses poches. Le pouls est descendu à 60.
6 juillet. Urine : 500 grammes. Pouls : G0. '
7 juillet. - La température s'élève de nouveau à 37°,6. Urine :
1 litre. Pouls : 70...
8 juillet. Pouls : 70; T. R. 37°,2. Urine : 525 grammes.
Firl. 3.
Firl. 4.
TROIS CAS D'IDIOTIE MYXOEDEMATEUSE. li
9 juillet. La peau du malade reste toujours moite. savant le
traitement, chez lui comme chez les malades de cette catégorie, la
peau était sèche. Les croûtes du cuir chevelu ont complètement
disparu. On observe une desquamation de la peau des mains et
des pieds. Deb... taquine les' infirmiers, par exemple cache leur
casquette; jamais on n'avait noté autant de spontanéité. Diarrhée,
douleurs du ventre et du dos, affaiblissement des jambes. Pouls :
120. Matin : T. R. 37°,4. Soir : 38°.
11 juillet. Pouls petit : 130; T. R. 37°,4. Urine hier : 750,
aujourd'hui 500 grammes.
Fig. 5.
Deb... en septembre 1895.
10 O THÉRAPEUTIQUE.
12 juillet. - La diarrhée a disparu, la faiblesse des jambes est
moindre. Pouls : 120. Urine : 500 grammes.
13 juillet. Depuis hier soir, coliques, diarrhée, courbature
générale. Le malade est atl'aissé, n'a pas d'appétit. Urine : 500 gram-
mes. Pas de'glande. La desquamation de la peau des mains et des
pieds continue. Pouls : 120. Urine : 500 grammes. ,
14 juillet. - Demi-lobe. Pouls : 120. Urine : 260 grammes ( ? ).
15 juillet. -Pas de glande. Pouls : 120. Urine : 500 grammes.
La peau est moite.
1G juillet. - Demi-lobe. Pouls : 120. Urine : 500 grammes. Quel-
ques coliques.
Fifl. li.
Deb... en septembre 1895.
TROIS CAS D'IDIOTIE MYXOEDÉMATEUSE. 11
17 juillet. Pas de glande. Pouls : 120. Urine : 500 grammes.
Coliques, sueurs.
18 juillet. - Depuis hier soir, prolapsus du bourrelet hémorroï-
daire. Pouls : 100. Sueurs, faiblesse générale. Urine : 560 grammes.
Potion : bismuth, bétol, laudanum. On supprime la glande
thyroïde.
19 juillet. - Le bourrelet hémorroïdaire est réduit et la diar-
rhée a cessé. Pouls : 8'r.
20 juillet. La physionomie exprime la fatigue. Le poids qui
avait augmenté, ainsi que nous l'avons vu, durant la période de
suspension du traitement sans revenir toutefois au chiffre primitif,
a notablement diminué depuis la reprise du traitement, car il est
descendu à 22 z00 ; aussi l'amaigrissement est-il évident : non
seulement les pseudo-lipomes ont diminué, mais le ventre est de-
venu beaucoup moins volumineux : tandis qu'il mesurait au niveau
de l'ombilic 0 m. 740, il ne mesure plus que 0 m. 67. La peau des
mains demeure moite et devient souple ; les ongles poussent bien
plus rapidement et sont plus brillants. Les mouvements sont plus
vifs, la parole est moins lente, le malade est moins engourdi-
Pouls : 90. Urine : 500 grammes. '
28 juillet. - Bien que la médication soit suspendue depuis le
18 juillet, le poids a continué de baisser (22 kg. 300). Les figures 5
et 6 comparées aux figures 2, 3 et 4 permettent d'apprécier les
changements de la physionomie et l'amaigrissement général.
[Depuis notre communication, nous avons repris le trailement à
la date du 13 août, le malade ayant gagné 500 grammes et la tem-
pérature descendant à 37° et au-dessous, ainsi que cela existait
avant tout traitement.-Nous lui avons fait prendre un lobe tous les
deux jours jusqu'à la date du 30 septembre : les mouvements et la
parole sont plus vifs, l'intelligence est un peu plus éveillée; D... n'a
plus éprouvé aucun malaise et, depuis le il septembre, sa tempé-
rature n'est jamais descendue au-dessous de 37°. Le poids, après
avoir diminué du 16 août (22 kg. 800) jusqu'au 7 septembre
(22 kg. 450), est remonté à 22 kg. 800 (17 septembre) et s'est main-
tenu à ce chiffre (28 septembre).
Voix. Nous avons fait examiner le malade au point de vue de
la voix par M. Sutter, professeur de chant de notre service. Voici
la copie de la note qu'il nous a remise : « Avant le traitement,
Jules Debarg... n'avait qu'une étendue très faible, correspondant
à 2°, depuis la dernière observation l'enfant a gagné 4°.]
Observation II. IDIOTIE MYXOEDÉMATEUSE
Père, fièvres intermittentes. Grand-père paternel, apoplectique.
Grand'mère maternelle, excès de boisson. Cousine germaine
'12 THÉRAPEUTIQUE.
^paralysie consécutive à des convulsions. Cousine germaine su-
jette à des attaques. Grand-père maternel, apoplectique.
Grand'mère maternelle, excès de boisson. ;- Oncle maternel, p2,o-
. bablement apoplectique. 缭 Tante maternelle, aliénée. Consan-
guinité. Un frère mort de convulsions, un autre idiot et épilep-
lique; un troisième a eu des convulsions.
Accouchement à dix mois ( ? ). A la naissance, fontanelle
antérieure très large. Hernie ombilicale. Premières dents à
sept mois. A deux ans chute sur la face, écrasement du nez et
fracture du maxillaire supérieur. Ozène consécutive. Dévelop-
pement de la cachexie pachydermique. Rachitisme. Absence
probable de la glande thyroïde. -Alalfoa°mcttioat de l'un des orteils.
Dentition.
1890. Greffe d'une glande thyroïde du mouton dans la cavité
pêritonéale (Lannelongue). -
1893-1894. Julcp avec extrait de glande thyroïde et injections
sous-cutanées de liquide thyroïdien : résultats négatifs.
1895. Ingestion stomacale de glande thyroïde : élévation de la
température; - diminution de poids; - phénomènes divers dus au
traitement (modifications de la voix, augmentation de la taille, etc.).
Amélioration.
Wathi... (Aupustine), née à Paris le 7 décembre 1875, est entrée
à la fondation Vallée, dans notre service, le 7 juin 1890.
L'ol>sercation de celte malade figure dans la communication
que nous avons faite le 14 août 1878 à l'Association française pour
l'avancement des sciences. Elle à été reproduite dans le Progrès
Médical (1890, p. 3) et dans notre Compte rendu de Bicêtre pour
l'année 1889 (p. 57). Les figures 7, 8, 9 et 10 donnent une idée de
sa situation à l'âge de onze ans et demi et de quatorze ans. Le
tableau ci-après permet d'avoir une idée de son développement
physique.
TROIS cas D'IDIOTIE MYXOEDÉMATEUSE. 13 e
ingérées (rectangles et carrés verts). Aussi nous bornerons-nous a
relever les principaux phénomènes observés depuis le 31 mai jus-
qu'au 30 septembre. La température rectale, notée à différentes
époques, avant le traitement, était toujours inférieure à 37° et ne
dépassait pas 36°,6; le septième jour, du traitement elle atteint 37°
et le neuvième jour elle monte à 38°.
12 juin.- Amaigrissement; paupières moins gonflées (diminu-
tion de poids de 2 kilogrammes) ; quelques secousses dans les
membres.
13 juin. Tremblement presque continuel des membres supé-
rieurs.
14 juin. - Persistance du tremblement. Diminution de l'appétit.
Fig. 7.
Wat...-eii 1887 (onze ans et demi).
'14 THÉRAPEUTIQUE.
16 juin. La perte de poids est de 2 ka. 500. Wathi... parait
plus agile ; elle a moins de répugnance au mouvement et essaie,
ce qu'on ne lui avait jamais vu faire auparavant, de courir avec ses
camarades.
25 juin. L'agilité semble augmenter : W... tourne maintenant
facilement sa tête. Les masses graisseuses situées à la nuque et
sur les côtés du cou ont diminué, la parole est plus nette.
12 juillet. Les mains et les pieds font peau neuve, 'les ongles
poussent bien, les cheveux restent raides, le teint est moins jaune.
Wathi... est très gaie, moins timide, répond avec plus d'aplomb.
. 20 juillet. Contrairement à ses anciennes habitudes, Wathi...
Fig. 8.
1 1 Wa... à quatorze ans (mai 1889).
TROIS cas d'idiotie 111YSDEIIfATEUSE. 15
ne reste pas toujours assise; elle aime au contraire à marcher et
essaie de courir ; elle devient espiègle et fait des niches aux autres
enfants. Il y a quelques jours, elle a voulu jouer à cache-cache
avec ses camarades.
29 juillet. - Wathi... n'est plus aussi timide, elle a plus de
spontanéité et plus d'agilité. Elle se cache derrière les portes avec
un petit bâton à la main dont elle donne un coup à chaque enfant
qui passe. Prise sur le fait, elle prétend que ce n'est pas elle et
désigne une fillette quelconque en disant : « Tiens, c'est elle. » Elle
tire les robes des infirmières ou les rubans de leur bonnet et rit
Fig. 9.
Wa... à quatorze ans (mai 1889).
16 thérapeutique.
bruyamment. La desquamation des mains et des pieds continue.
30 septembre. Durant presque tout ce mois, la température
est demeurée au-dessus de 37°. La physionomie est plus éveillée;
les masses lipomaleuses des joues ont diminué ; le teint n'est plus
aussi terreux et se rapproche du teint naturel. L'ozène dont elle
est atteinte s'est améliorée, l'écoulement nasal a diminué et l'odeur
est de moins en moins fétide.
Depuis quelque temps, le teint n'est plus du tout terreux ; les
paupières considérablement dégonflées, laissent bien voir les globes
oculaires, les lèvres sont rosées, les cheveux sont devenus beau-
I% ü. 10.
Wa... à quatorze ans (mai 1889).
TROIS cas D'IDIOTIE 111Q : DE : IfATEUSE. 17
coup moins secs au toucher, le cuir chevelu est tout à fait sain et
la malade n'a pas eu cette année les poussées eczémateuses qu'elle
a d'habitude. La fontanelle persiste et on sent une dépression qui
peut être évoluée à deux centimètres dans tous les sens avec une
sorte de fissure transversale des deux côtés. Toutes les masses lipo-
mateuses ont considérablement diminué. Aucune modification des-
seins ni de la vulve, le corps tout entier est glabre. Les mains
et les pieds n'ont plus l'aspect pachydermique, il ne semble plus
y avoir de dépôt graisseux exagéré entre la peau et les'muscles.
Modifications de la voix. Depuis le traitement la voix est deve-,
nue bien plus claire et a gagné en étendue, L'enfant qui, le 14 juin,
Archives, 2e série, t. I. 2
L ? ig. 11..
\Va... en septembre 1895.
18 H THÉRAPEUTIQUE.
n'avait qu'une étendue de six notes, avait, le 24 juillet, un timbre
de voix plus sonore et d'une étendue de sept notes.
Taille. La taille, qui était de 882 millimètres le 31 mai, était
de 905 millimètres le 17 août, et de 92 centimètres à la fin de sep-
tembre. Le pouls n'a pas dépassé quatre-vingt-seize pulsations.
- Les figures Il et 12, comparées aux figures 8 et 9, donnent
une idée assez exacte de l'amélioration obtenue. ,
i ? j ....' .. ,
.. Observation III. IDIOTIE MYXOEDËMATEUSE. , ,
Enfant naturelle. Père sobre,' caractère sournois; renseignements-
, insuffisants' sur lui, et nuls sur toute sa famille. -Mère, rien de.
Fig. 12.
Wa ? en septembre 1893.'
TROIS cas D'IDIOTIE MYXCEDÉMATEUSE. 19
particulier. Grand-père maternel, excès de boisson, mort d'apo-
plexie. Oncle maternel, mort de convulsions. Petit cousin,
pieds bots. - Pas de consanguinité. - Egalité d'dge entre le père
et la mère. -
Grossesse : émotion vive au quatrième mois. A la naissance,
bonne santé apparente. Aucun renseignement précis sur l'enfant
jusqu'à son admission. Dentition imparfaite et en retard. -
Encore malpropre à l'entrée. Ne marche pas seule. - Premiers
mots à deux ans. Affectivité nulle.
1894. Prolapsus du rectum. - Vaccinée avec succès. z
1895. Ingestion de glande thyroïde du mouton. - Résumé des
phénomènes dus au traitement. Amélioration très remarquable.
Gangl... Marie, née à Nancy, le 6 mai 1881, est entrée le
10 août 1894 à la Fondation Vallée.
Renseignements fournis par la mère de l'enfant (le 6 septembre 1894).
La malade est une enfant naturelle. Père, valet de chambre,
a eu des rapports avec la mère de G... pendant deux ans, très sobre,
fumeur, caractère sournois, grand, vigoureux ; aucune maladie de
peau, nez aquilin, cheveux châtain foncé. Il était soldat du train
et ordonnance du général X... à Nancy quand il a fait connaissance
de la mère de la malade, domestique dans une maison que fré-
quentait son général. Il a abandonné sa maîtresse, à qui il avait
promis le mariage, trois mois après la naissance de l'enfant.
Aucun renseignement sur sa famille.
Mère, trente-six ans, autrefois domestique, maintenant concierge.
Pas de convulsions de l'enfance, pas de migraines, tempérament
assez nerveux, sans crises ; physionomie régulière, cheveux châ-
lain foncé, nez aquilin, pas de maladie de peau ni de syphilis.
Bien qu'elle se soit mariée il y a dix ans elle n'a pas eu d'enfant.
Son père, menuisier, buvait la a goutte » tous les matins et
quelquefois dans la journée, il est mort d'une attaque d' apoplexie
en une heure. Sa mère est morte « asthmatique » ; elle n'était ni
nerveuse, ni migraineuse. Elle a eu cinq frères ou sceurs. Ses
deux frères sont morts l'un peu après l'accouchement, l'autre de
convulsions à trois ans. Ses trois soeurs seraient bien portantes
ainsi que leurs enfants. Les grands parents paternels et maternels
sont morts vieux, sans accidents nerveux. Dans le reste de la
famille, pas d'autre cas d'apoplexie, pas d'idiots, de goitreux, de
bègues, de sourds-muets, etc. Un cousin maternel issu de ger-
main a les pieds tournés.
Pas de consanguinité : le père est du département de la Seine ;
la mère est de Saint-Avold près Metz où il y a des goitreux.
Egalité d'âge.
Notre malade. - Bien portants tous deux à la conception. Gros-
20 , thérapeutique.
sesse : au quatrième mois elle a eu une émotion vive occasionnée
par un incendie dans la maison de sa tante où elle était allée
passer quelques jours ; elle prétend avoir été très effrayée, ne pas
s'être trouvée mal, mais avoir été prise d'un fort tremblement
qui aurait duré une demi-heure : a Je tremblais si fort, que je ne
pouvais rester assise. » La nuit suivante, elle aurait dormi tran-
quillement et, depuis, elle n'aurait plus pensé à l'incendie. Ce n'est
qu'un mois après qu'elle a senti remuer son enfant : < eilen'a'
jamais remué beaucoup. » Ni envie d'alcool, ni coup, ni chutes,
pas de vomissements; ni syncopes, ni constriction du ventre. Elle
a fait connaître son état de grossesse à ses patrons et, comme le
soldat lui avait promis le mariage, on la garda. Elle entra six
semaines avant terme dans unasile de Nancy. Accouchement à terme,
naturel, sans chloroforme, présentation de la tête ; elle a eu des
petites douleurs pendant deux jours et de fortes douleurs pendant
deux heures. Son ventre était gros, mais elle dit avoir perdu plus
de sang que d'eau. A la naissance pas d'asphyxie, pas de cordon
autour du cou, l'enfant a crié de suite. Elevée au sein par sa
mère durant un mois, puis placée chez une soigneuse d'enfant»
(nourrie au lait de vache). Elle l'a visitée tous les mois pendant un
an. A cette époque, peu avant son départ pour Paris, ayant su
que la gardeuse donnait à son enfant de l'eau de pavot dans son
lait et lui faisait prendre des trempettes à l'eau-de-vie, elle l'a
reprise et placée chez sa tante paternelle (grand'tante de l'enfant).
Alors elle n'avait que deux dents, était petite, ne marchait pas,
ne prononçait aucun mot, avait la peau blanche et non cireuse.
Elle aurait été bien soignée chez sa tante qui aurait continué long-
temps l'alimentation lactée. Sa grand'lante étant morte « de
vieillesse (soixante-quinze ans), sans accidents nerveux, l'enfant a
été ramenée à Paris par une de ses tantes maternelles chez laquelle
elle est restée huit jours avant d'être placée à la Fondation. Elle
a remarqué que son enfant ne marchait pas seule, qu'elle était
très coléreuse, sujette à la constipation. On ne lui a pas dit qu'elle
ait jamais eu de chute du rectum. Elle avait déclaré que l'enfant
était propre, cependant il lui est arrivé de gâter dès les premiers
jours de son arrivée. Comme maladie antérieure, on a signalé une
bronchite en 1892.
Etat acluel (août 1894). La malade présente tous les carac-
tères de l'idotie avec cachexie pachydermique.
Tête symélrique, assez grosse, de forme rectangulaire ; le front
est bombé sur une assez grande largeur, les bosses frontales sont
assez développées, la droite plus que la gauche. Les bosses parié-
tales sont peu saillantes de même que l'occipitale. La fontanelle
antérieure n'est pas complètement fermée : elle a environ- 3 cen-
timètres d'avant'en arrière et 4 centimètres transversalement.
TROIS CAS D'IDIOTIE MYXOEDÉMATEUSE. z1 ,
Le cuir chevelu est assez épais. Les cheveux sont châtains et peu
abondants surtout au niveau des tempes : ils sont assez longs et
assez fins et plus doux au toucher que chez les autres enfants
myxoedémateux. Au voisinage du front et des tempes, ils ont une
coloration plus claire. Pas d'éruption eczémateuse. Le visage a
une forme rectangulaire il est plus large au niveau des joues et
aplati à son extrémité. - Les arcades sourcilières sont peu sail-
santes et il existe au-dessus d'elles une dépression assez prononcée
à droite, très prononcée à gauche. Les sourcils sont irrégulière-
ment implantés, les poils peu nombreux au niveau de la tête des
sourcils sont plus fournis vers la queue. Les paupières supérieures
sont gonflées, surtout sur la gauche. Les cils sont longs, réguliers
et agglutinés par une sécrétion jaunâtre, ceux de la paupière infé-
rieure sont plus rares et plus courts ; les fentes palpébrales sont
peu ouvertes. Les yeux sont mobiles dans toutes les directions sans
aucune lésion. Les iris ont une couleur d'un gris bleuté, les pupilles
sont égales et réagissent bien à la lumière et à la distance. Le
nez est épaté, large, effondré (nez camus)1,; les narines sont larges
la racine du nez est tout à fait' déprimée. La bouche est grande,
presque constamment ouverte, cependant la langue ne pend pas
et la salive ne s'écoule pas au dehors; les lèvres sont épaisses,
l'inférieure est pendante.
Etat des maxillaires et de la dentition. Les maxillaires sont
marqués de prognathisme alvéolaire. Le maxillaire supérieur pré-
sente en particulier un abaissement très marqué de la voûte pala-
tine, semblant indiquer un état pathologique des fosses nasales
postérieures.
La courbe alvéolaire offre 11. chaque maxillaire un grand déve-
loppement, ce qui détermine l'évolution défectueuse des. dents
permanentes.
Les bords alvéolaires soutrecouverts,surtont au niveau dumaxil-
laire inférieur, par un chaos de dents temporaires et permanentes
chevauchant dans toutes les directions. La plupart des dents tem-
poraires, à ce maxillaire, sont encore en place soit entières avec
leur couronne, soit privées de celle-ci. Les dents permanentes ou
de remplacement ont fait éruption en avant ou en arrière de
l'alignement des premières.
Les dents permanentes sont de volume et de constitution
normaux. Les dents temporairesétaientplutôt réduites devolume.
En résumé : 1° anomalie des maxillaires et de la voûte palatine;
2° anomalie des dents temporaires; 3° anomalie d'éruption de la S
1 C'est pour montrer la différence de forme du nez de la malade de
celle du nez de ses père et mère que nous avons mentionné, détail qui
a pu paraitre insignifiant mais qui a, au contraire, sa valeur, que ceux-
ci avaient le ne aquilin. ,
22 4.) 1 thérapeutique.
deuxième dentition (anomalie de siège) avec anomalie de nom-
breuses dents temporaires'.
La voûtepalaline est large, peu profonde, les amygdales ne sont
pas volumineuses, la luette est longue. Le menton, court et
large, se continue insensiblement avec les joues, celles-ci sont
larges, tremblotantes, épaissies par l'infiltration graisseuse.
Les oreilles, peu écartées de la tête, sont bien ourlées, le lobule
est nettement dessiné, légèrement arrondi et à moitié libre.
Le cou est court; sa circonférence est de 5 centime très; on sent très
bien les cartilages cricoïde et thyroïde et au-dessous les anneaux
de la trachée, mais on ne trouve pas de traces de la glande thyroïde
Thorax. --Il est assez développé, un peu étroit transversalement,
large d'avant en arrière; sa circonférence, prise à 2 centimètres au-
dessous des mamelons, est de 53 centimètres. On note une légère
dépression de la région sternale; il n'y a pas de chapelet rachitique.
Le dos est arrondi, les épaules sont peu saillantes.
La colonne vertébrale forme une saillie notablement exagérée au
niveau de la partie inférieure du cou et de la partie supérieure
du dos; il existe également une légère convexité à gauche des ver-
tèbres dorsales. L'ensellure est assez accusée mais n'est pas aussi
exagérée que chez les autres idiots myxoedémateux. L'épaule gauche
est un peu affaissée et la droite relevée. La percussion et l'aus-
cultation né décèlent rien d'anormal dans les poumons et le cceur.
L'abdomen est volumineux, saillant, proéminent. L'ombilic
forme une petite saillie. Les fesses, par rapport au volume exagéré
du ventre, semblent petites..
Les glandes mammaires ne sont pas perceptibles, l'aréole est
pâle et a près d'un centimètre de diamètre. Toute la région pecto-
rale est infiltrée de graisse.
Organes génitaux et puberté. - Le pénil est glabre, moyennement
adipeux, saillant. Les grandes lèvres sont assez volumineuses; les
petites lèvres triangulaires. Fourchette assez développée, fosse na-
viculaire profonde, orifice hyménéal circulaire, étroit. Muqueuse
vulvaire pâle; aucune sécrétion pathologique. L'anus et les ais-
selles sont glabres.
Les membres sont petits, gros, épais et relativement courts par
rapport au tronc; la disproportion cependant est moins accusée
chez elle querellez les malades précédents. Aux membres supérieurs,
nous n'avons à noter que l'épaississement des mains.
Aux membres inférieurs signalons une légère incurvation à con-
cavité interne des jambes et le rapprochement des genoux en
dedans, l'épaississement de la peau des pieds et son aspect violacé.
Sur tout le corps la peau est pâle, jaunâtre, cireuse, principale-
ment à la face; elle est douce au toucher et n'offre pas, quant il
' Note de M. le D' Bouvet, médecin-dentiste à l'hospice de Bicêtre.
TROIS cas D'IDIOTIE MYXOEDÉMATEL'SE. 23
présent, de desquamation furfuracée. Pas d'hypertrophie sen-
sible des ganglions. La sensibilité générale semble légèrement
obtuse, ce qui tient peut-être à l'état intellectuel de l'enfant. Elle
est très sensible au froid 1.
Digestion. Appétit médiocre, difficile dans le choix des aliments;
n'aime pas le vin, préfère la soupe et les légumes. Elle se sert de la
cuillère et de la fourchette mais ne peut découper la viande; la
mastication est très lente et imparfaite. Pas de bave, ni de suc-
cion, ni vomissements, ni rumination; constipation habituelle.
Elle gâtait presque toutes les nuits dans le commencement de son
séjour (elle est devenue propre au bout de quelques semaines).
Elle marche assez bien, à la condition d'être toujours tenue par
la main; le pas est encore mal assuré. Elle a une assez grande
répugnance pour le mouvement, préfère demeurer assise.
La physionomie est douce, mais sans expression. L'enfant répète
le nom d'un grand nombre d'objets, répond oui ou non aux ques-
tions qu'on lui adresse, mais ne fait pas de phrases. Elle parait peu
affectueuse et ne montre aucune joie quand ses parents viennent
la voir, aucun chagrin 'lorsqu'ils s'en vont; ne s'amuse qu'avec sa
poupée; elle ne sait ni s'habiller, ni se déshabiller, elle est con-
tente lorsqu'on la nettoie. Le caractère est plutôt triste, elle est
très susceptible, pleure à la moindre contrariété. L'attention est
assez difficile à fixer. La mémoire parait très bornée.
Pseudo-lipomes des aisselles et du cou.
24 . thérapeutique.
ment a été commencé le 31 mai. Un demi-lobe de corps thyroïde
du mouton.- Poids : 15 kg. 500. Les modifications de la tempéra-
tu7,e,.du poids et les doses de la glande ingérée sont représentées
sur le tracé n° 3 en rouge, bleu et vert, comme sur les autres tra-
cés. La température a commencé à s'élever le neuvième jour; elle
n'a jamais dépassé 37°,9. Le treizième jour, on notait une dimi-
nution de poids de 500 grammes.
13 juin. - Le ventre diminue, l'enfant est maussade, pleure
pour un rien, est très énervée et mange moins. Secousses dans les
membres supérieurs.
14 juin. Les secousses continuent dans les membres supérieurs.
Inappétence, vomissements. Suspension du traitement.
c 16 juin. - Gang)... est redevenue gaie et plus qu'elle ne l'avait
jamais été; elle joue plus qu'à l'ordinaire. Avant le traitement,
elle marchait seule, mais très difficilement et il fallait l'exciter
pour la faire marcher sans soutien. Aujourd'hui sa répugnance
pour le mouvement a disparu; elle essaie de marcher spontané-
ment ; elle titube souvent et pousse un petit cri chaque fois qu'elle
manque de tomber, elle recommence d'ailleurs aussitôt.
25 juin. Gang)... est plus agile. Naguère elle voulait toujours
demeurer au lit, maintenant elle demande à se lever; elle est tou-
jours gaie, cherche à causer un peu avec tout le monde et fait des
petites réflexions. '
5 juillet. Le traitement a été suspendu depuis huit jours
parce qu'on a manqué de glande thyroïde; on le reprend aujour-
d'hui.
12 juillet. - Gang ! ... prend difficilement sa glande; il faut, pour
la décider, lui donner un peu de vin, qu'elle avale aussitôt après
l'ingestion. Elle est très gaie, beaucoup plus vive, elle bavarde
continuellement. En classe elle est même dissipée et dissipe les
autres. Elle est devenue câline; sa parole est plus nette : .
25 juillet. - L'appétit est bon, la marche est plus assurée, la
physionomie est plus éveillée, le teint est moins jaunâtre.
Septembre. Gang ! ... est plus alerte, sa marche est de plus en
plus ferme, elle prêle plus d'attention à l'école, elle semble moins
sensible au froid, elle devient joueuse.
Voix. Avant le traitement, l'enfant avait une voix très faible
comme timbre et comme étendue (quatre notes). Le 14 juin, la
voix est plus sonore. Le 24 juillet l'enfant a gagné trois notes,
une en bas, deux en haut (ce qui fait une étendue de sept notes).
La peau est blanche, sans aucun caractère myxoedémateux, les
paupières sont tout à fait dégonflées ainsi que les joues; les lèvres
sont rosées; la physionomie est éveillée; les cheveux sont doux au
toucher, le cuir chevelu est intact. On sent encore la fontanelle
dans une longueur d'environ trois centimètres et une largeur un
peu plus grande sous une forme étoilée. A aucune époque du trai-
r
TROIS cas D'IDIOTIE MYXOEDÉMA.TEUSE. 25
tement on n'a remarqué de sueur; on n'a noté qu'une très légère
desquamation.
Sa taille, qui était de om,89 avant le traitement, est maintenant t
de 0 ? 95.
Les symptômes dus au médicament se sont succédés
ainsi : dégonflement des paupières, amaigrissement,
élévation de la température rectale qui, au lieu de
rester au-dessous de 37° ainsi que cela est la règle
chez les idiots myxoedémateux, monte à 38° et au-
dessus, tremblement, faiblesses lypothymiques, sueurs
profuses remplaçant la sécheresse habituelle de la
peau; affaiblissement des jambes, augmentation du
tremblement, tachycardie, vomissements, agitation,
excitation, diminution du volume de la langue et de
la coloration violacée des lèvres, poussée plus rapide
des ongles, disparition des croûtes de la tête, desquama-
tion des mains et des pieds qui perdent leurs carac-
tères pachydermiques, coloration de plus en plus na-
turelle de la peau qui perd sa teinte jaune de cire,
diarrhée au lieu de constipation. Tous les mouvements
s'assouplissent : la préhension est moins lente ; la
marche plus légère et plus rapide. La taille se déve-
loppe ; la sensibilité au froid diminue.
Au point de vue intellectuel, nous avons à relever
l'excitation, les accès de colère inhabituels se substi-
tuant à la torpeur, davantage de spontanéité. L'hé-
bétude disparaît, la physionomie est plus éveillée,
plus expressive et traduit les émotions qui, jusqu'alors,
ne se manifestaient par aucun changement sur un
masque toujours impassible. L'aptitude au travail sco-
laire augmente.
Nous avons fait faire toutes les semaines la photo-
26 THÉRAPEUTIQUE.
graphie, en groupe, de ces trois malades, nus. Ces
photographies, que nous faisons passer sous vos yeux,
mettent en parfaite évidence les heureuses modifica-
tions produites par le traitement.
Les tracés résument bien les changements survenus
dans la température et dans le poids des malades. La
température s'élève et dépasse la normale sous l'in-
fluence du traitement, s'abaisse et tend à revenir à son
degré antérieur, c'est-à-dire au-dessous de la normale,
pendant les suspensions du traitement. Le poids di-
Fig. 13.
Les trois malades au milieu de juin 1895.
TROIS CAS D'IDIOTIE iYYXOEDÉMATEUSE. 27 Î
minue durant l'administration de la glande thyroïde et
augmente durant les suspensions.
Tous les symptômes, en particulier la diminution de'
poids, l'élévation de la température, les accidents nerveux,
la tachycardie, etc., et partant la nécessité de la suppres-
Q)
sion momentanée du médicament, ont été très accusés
chez le malade de trente ans (OBS. 1), moins prononcée
chez celle de vingt ans (OBs. II) et encore moins chez
elle de quatorze ans (Cas. III). -La dose a varié d'un
demi-lobe à un lobe de glande thyroïde du mouton.
Fia. 11.
Les trois malades fin septembre 1895.
t) 8 MÉDECINE LÉGALE.
L'action de là glande, dans ces cas, est indiscutable,
et, en raison de l'effet produit, il convient de sur-
veiller son emploi avec soin, afin d'éviter des accidents
qui pourraient devenir mortels.
Nous avons insisté naguère sur le rôle important
que, selon nous, jouait la glande thyroïde sur la nutri-
tion de l'organisme', en particulier du cerveau (d'où
l'idiotie), sur le système osseux (d'où le nanisme, la
persistance de la fontanelle antérieure, la déformation
des os des membres, l'état particulier des os 2, etc.),
sur le système cutané, enfin sur la génération (absence
de puberté, etc.). Ces idées sont confirmées par les
phénomènes obervés chez nos trois malades, surtout
.les deux dernières, qui ont éprouvé une véritable
transformation : l'accroissement de la taille en fournit
la démonstration péremptoire 3.
MÉDECINE LÉGALE.
ATAXIE LOCOMOTRICE ET FOLIE SIMULÉES.
rapport MçDICO-LÉGAL;
Par MM. PAUL GARNIER et CHARLES VALLON,
Experts près les Tribunaux.
Delannoy, qui est âgé de 53 ans, est inculpé d'abus de
confiance et de vol; son histoire est des plus curieuses.
1 Compte rendu du service des enfants de Bicêlre, pour 1889, t. X,
p. 106, etc.
2 7&<W., 1891, t. XII; p. 34.
3 Ce travail a été communiqué au Congrès des aliénistes el des neuro-
10f/isles de Bordeaux au mois d'août dernier.
ATAXIE LOCOMOTRICE ET FOLIE SIMULÉES. 29
De sa famille nous ne savons rien ; sur son enfance et son
adolescence nous ne possédons non plus aucun renseigne-
ment précis. De 1877 à 1881, Delannoy est infirmier dans
divers établissements hospitaliers de Paris; de 1883 à 1889 il
passe encore la plus grande partie de son temps dans les
hôpitaux, mais non plus comme infirmier, il est devenu
malade, est ataxique, ou soi-disant ataxique. Le 1 -1 >août 1889,
il part de Paris avec le pèlerinage national pour arriver
le 19 à Lourdes ; le lendemain, dès sa première visite à la
grotte, il est guéri de son ataxie. Le D1' de Saint-Maclou 1 a
rendu compte de ce l'ait extraordinaire de la façon suivante :
* La guérison de Pierre Delannoy, qui. s'est opérée à
Lourdes, le 20 août 1889, au milieu d'une foule innombrable,
est la plus prodigieuse peut-être qu'ait vue l'année 1889.
Atteint d'ataxie locomotrice progressive, dont le diagnostic
avait été établi par nombre de sommités médicales et qui se
montrait rebelle à tous les remèdes, Pierre Delannoy est venu
il y a six mois à la grotte.de Masabielle et là, pieusement
prosterné devant le Très-Saint Sacrement, il a fait cette, sim-
ple prière : « Notre-Dame de Lourdes, guérissez-moi s'il vous
plaît et si vous le jugez nécessaire. » Puis il s'est relevé
complètement guéri. » ' i
Le D'' R. Petit, ancien interne des hôpitaux de Paris, pro-
fesseur à l'école de médecine de Rennes, : a publié en détail
dans les Annales de Lourdes*, l'observation de cette guérison,
sous ce titre : A taxie locomotrice, datant de six années guérie
subitement à Lourdes. Delannoy a eu aussi les honneurs du
roman, son cas est cité dans le livre de Zola, Lourdes.
A la suite de sa guérison, Delannoy resta pendant quelque
temps comme jardinier chez les Pères missionnaires ; puis un
beau soir il disparut, subitement sans même. prendre la peine
de réclamer les gages qui lui étaient dus. Le lendemain on
constata que 600 francs avaient été dérobés dans un chalet
dont Delannoy avait la garde.
Du 25 septembre 1891 au 24 décembre 1893, Delannoy a été
placé quatre fois à l'Asile clinique (Sainte-Anne), comme
aliéné. Pendant son dernier séjour il y aidait aux travaux de
ménage, chez le pharmacien de l'établissement, M. Quesne-
Dr de Saint-Maclou. - Les impiétés de Renan. (Annales de Notre-
Dame de Lourdes, 28 février 1890, p. 302.)
1 Annales de Lourdes, novembre-décembre 1889, janvier 1890.
30 MÉDECINE LÉGALE.
ville. Le 23 décembre 1893, il demande au D''Dubuisson une
permission sous prétexte d'aller chercher du travail en ville,
de façon à s'assurer des moyens d'existence pour le jour de sa
sortie définitive. Le lendemain matin de bonne heure il quitte
l'asile emportant dix-huit cent francs et divers objets de valeur
soustraits au pharmacien chez lequel il était occupé.
A cette occasion, le Dl Dubuisson, médecin de l'Asile Cli-
nique, dans le service duquel se trouvait Delannoy, fut invité
à rédiger un rapport médical dont voici les conclusions 1 :
« Tout porte à penser que, dès sa première séquestration,
Delannoy n'a été qu'un simulateur et, en admettant même
qu'il ait présenté au moment de ses différentes entrées quel-
ques légers troubles mentaux dus à l'alcoolisme, il en serait de
lui comme de tous les autres alcooliques que nous gardons
souvent longtemps après leur guérison, dans le but de les
déshabituer de l'alcool, et qui, du jour où ils sont guéris, de-
viennent, quoique séquestrés, tout aussi responsables de leurs,
actes que les personnes en liberté. » (27 décembre 1893.1
La .première fois que nous voyons Delannoy, à Mazas, il
simule les troubles de la marche que l'on observe chez les
individus atteints de la maladie de la moelle épinière, connue
sous le nom de tabes ou d'ataxie locomotrice. La simulation
est grossière. L'ataxique, quand il fait des mouvements,
dépasse le but ou ne l'atteint pas, aussi, quand il marche,
a-t-il continuellement les yeux fixés sur ses pieds pour en
régler la direction; Delannoy marche le nez en l'air regardant
de droite et de gauche. L'ataxique a une marche caractéris-
tique, il lance ses jambes en avant et en dehors, Delannoy
fait aller ses jambes de tous côtés, il gigote et titube comme
un homme ivre. Dans l'ataxie locomotrice il y a habituelle-
ment disparition, du réflexe rotulien ; chez Delannoy, les
réflexes sont normaux.
Interrogé sur les faits qui l'amènent devant la justice,
Delannoy prétend n'en avoir gardé aucun souvenir et malgré
nos questions pressantes il est impossible d'obtenir de lui
aucun éclaircissement sur ce sujet.
Huit jours plus tard, à notre seconde visite, Delannoy
marche mieux et avoue se rappeler, quoique vaguement, avoir
volé M. Quesneville ; quant aux circonstances dans lesquelles
' Ce rapport a été publié in exlenso dans le n' 14 du journal La nté-
decine scientifique, février 1894.
ATAXIE LOCOMOTRICE ET FOLIE SIMULÉES. 31,
il a commis le vol elles lui échappent, il avait bu la goutte, dit-il,
contrairement à son habitude, et il ne savait pas ce qu'il faisait.
A notre troisième visite, Delannoy marche à peu près cor-
rectement, en sorte que si nous avions pu avoir quelque doute
sur la nature des troubles locomoteurs observés chez lui, nous
serions maintenant complètement édifiés à cet égard. L'ataxie
locomotrice en effet a une marche progressive, elle est incu-
rable ; Delannoy a guéri à deux reprises ; la première fois
subitement à Lourdes en 1889, la seconde fois à Mazas en
quelques semaines sans avoir même suivi un traitement. En
même temps que la régularité dans les mouvements, Delannoy
a recouvert la mémoire, mais il se plaint de douleurs terribles ? ?
à la tête et à la nuque : Il nous explique que lors de nos deux
premières visites il était malade et n'a pu en conséquence
nous donner les renseignements que nous lui demandions,
mais maintenant il est bien, il est revenu à lui, il sait que nous
venons l'interroger au sujet de l'argent de M. Quesneville et il
est en état de nous répondre. « Le matin nous dit-il, j'avais bu
une bouteille de vin blanc, j'étais en train de faire le lit quand
tout à coup l'idée de prendre de l'argent et de partir m'est
venue ; il s'est passé dans ma tête quelque chose que je ne
puis définir. Je n'avais plus la tête à moi, la preuve c'est que
j'ai laissé le lit à moitié fait. (Delannoy insiste sur ce point
qui lui parait important.) Je me suis emparé d'un porte-mon-
naie et d'un petit calepin sans savoir ce que je prenais ; le soir
seulement en dînant, j'ai jeté un coup d'oeil sur leur contenu,
mais sans compter ; après diner je me suis amusé avec des
femmes puis je suis allé coucher avec une d'elles dans une
maison située près de la gare du Nord. Vers minuit un indi-
vidu s'est présenté disant qu'il était chez lui et m'a fait partir,
j'avais donné cinq francs à la femme; je me suis promené toute
la nuit sans savoir ce que je faisais. Le lendemain j'ai songé z
à compter ce qu'il y avait dans le porte-monnaie et le calepin,
ils ne contenaient plus que 600 francs, il manquait un billet,
de 500 frans que j'avais aperçu la veille, alors j'ai cherché la
maison où j'avais été avec la femme, mais je n'ai'pas pu la
retrouver. Je suis parti pour la fontière d'Espagne, j'ai été en,
différents endroits, mes ressources étant épuisées, j'ai dù rêve-,
nir à pied à Paris. En arrivant je suis allé à l'Asile Clinique
pour toucher mon pécule. M. Quesneville a envoyé chercher
des agents et on m'a arrêté. » , 1
32 ' - MÉDECINE LÉGALE.
Le système de défense adopté par Delannoy peut, on le voit,
se résumer ainsi : quand j'ai volé chez M. Quesneville je
n'avais pas la conscience de mes actes, la preuve c'est que
pendant longtemps je n'ai pu me rappeler ce que j'avais fait.
Étudions d'abord la singulière perte de mémoire dont Delan-
noy prétend avoir été atteint. Une amnésie brusque, totale,
comme celle-là ne s'observe guère qu'à la suite d'un trauma-
tisme cérébral grave, ou d'un ictus épileptique, Or, Delannoy
n'a subi aucun traumatisme ; il n'est pas épileptique : rien
dans son état présent, rien dans son passé ne peut faire sup-
poser qu'il est atteint d'épilepsie. D'ailleurs, une amnésie
survenue dans ces conditions est définitive, la lacune qui existe
dans la mémoire ne se comble jamais ; or, chez Delannoy, la
perte de la mémoire n'a été que temporaire, le nuage qui
obscurcissait une page de sa vie s'est peu à peu complètement
dissipé. C'est dire que l'amnésie dont Delannoy s'est prétendu
atteint n'a jamais existé, a été simulée.
Examinons maintenant cet autre point : Delannoy avait-il,
comme il assure, perdu la conscience de ses actes sous l'in-
fluence de l'alcool quand il a volé ? Certainement non et la
meilleure preuve c'est qu'il se souvient maintenant de toutes
les circonstances du vol, il se rappelle même ce détail qu'il a
laissé le lit à moitié fait. Or, qui dit mémoire d'un fait dit
conscience de ce fait. Qu'est-ce en effet que la mémoire ? C'est
la faculté de se rappeler un événement passé en le rapportant
à l'époque où il a eu lieu. Mais comment se rappeler un événe-
ment dont' on n'a pas eu conscience et qui. par conséquent n'a
pu se ûxer dans le cerveau ? C'est impossible. Delannoy ment
donc quand il prétend avoir agi inconsciemment, il ne saurait
y avoir de doute à cet'égard.
Quant aux- troubles des mouvements présentés par Delannoy
pendant trois semaines, ils ont été simulés, cela est certain.
Ils ne sauraient être rapportés à aucune maladie de la moelle
épinière, du cerveau ou- d'un organe quelconque. Ajoutons
qu'à aucun moment de sa vie Delannoy n'a présenté d'accident
pouvant faire supposer qu'il est atteint d'hystérie et qu'on ne
constate chez lui aucun, absolument aucun, des stigmates per-
manents de cette névrose.
Pour nous, Delannoy n'est atteint d'aucune maladie de la
moelle épinière, d'aucune maladie mentale ; nous estimons
que le vol dont il est inculpé ne saurait être mis sur le compte
COMMENT DÉBUTENT LES DÉGÉNÉRESCENCES SPINALES. 33
d'un trouble cérébral quelconque, car il ne présente en rien
les caractères d'un acte pathologique.
Quant aux accès d'aliénation mentale présentés autrefois
par Delannoy ont-ils été .réels ou au contraire simulés ? Nous
ne saurions, on le conçoit, nous prononcer sur une période de
l'existence de Delannoy qui n'a pas été soumise à notre obser-
vation, nous ne pouvons cependant nous empêcher de faire
-remarquer que le fait pour Delannoy d'avoir simulé devant
nous l'ataxie locomotrice et des troubles intellectuels permet
d'avoir au moins des doutes sur la'réalité des maladies men-
tales notées chez lui antérieurement. -Aussi sommes-nous
tout disposés à partager à cet égard la manière de voir de
notre confrère, le D'' Dubuisson. '
En résumé, nous dirons pour conclure :
Delannoy n'est pas atteint d'aliénation mentale ; rien n'au-
torise à penser qu'il était hors de raison au moment où il a
commis l'acte dont il est inculpé ; il doit donc en rendre
compte à la justice. 1 1 1
Delannoy- a comparu devant les assises de la Seine le
13 août il8895. A l'audience, il n'a pas essayé de simuler de
nouveau l'ataxie locomotrice, mais il a prétendu ne se souve-
nir ni de sa guérison miraculeuse, ni du vol-commis chez
M. Quesneville. L'interrogatoire a été très court. A la plupart
des questions du président, l'accusé s'est contenté de répondre :
A qui pourra-t-on faire croire qu'un ignorant comme moi ait
pu tromper aussi longtemps la science.
Delannoy a été condamné à quatre ans de
. V ? ' - " .'y ?
ANATOMIE PATHOLOU ?
COMMENT DÉBUTENT LES DÉGÉNÉRESCENCES SPINALES ; ·
· Par le D' M. KLIPPEL.
Chef de laboratoire de la Faculté de médecine.
(Clinique du professeur Joffroy.)
La question du début des dégénérescences dans la moelle
comporte deux points de vue : le premier est relatif à la topo-
AucmvEs, 2'sérient ? 3
34 ANATOMIE PATHOLOGIQUE. ·
graphie. Il aurait pour conclusion la systématisation des lésions, z
leur évolution dans une région définie, leur développement
suivant une loi physiologique et embryologique. Le second est
relatif à l'évolution histologique de Ja lésion dont l'élément
nerveux est le siège, prise dans les premières phases d'un pro-
cessus pathologique qui se poursuit. Dans ce cas peu importe
le faisceau et la localisation; le tube nerveux est le même
partout. C'est ce second point seulement qui fera l'objet des
lignes suivantes.
Nous savons très bien comment se termine le processus
dégénératif : il aboutit à la destruction de l'élément noble qui
est remplacé par un tissu nouveau qui, tantôt est une infiltra-
tion eéreuse, tantôt une prolifération névrologique et qui dans
les deux cas porte, peut-être à tort, le môme nom, celui de
sclérose. Par contre, il est assez rare qu'on ait l'occasion
d'observer dès leur début des lésions spinales qui évoluent sur
le mode chronique. Et même lorsque les malades ont présenté
depuis peu de temps des signes cliniques et qu'ils viennent à
succomber une affection intercurrente aiguë, est-on en droit
d'affirmer absolument que la lésion actuelle est tout à fait
récente ? Non, car il y a des raisons de croire que le processus
anatomique a débuté à une époque antérieure à l'apparition
des svmptômes. C'est ainsi qu'on peut rencontrer les altéra-
tions spinales que nous allons décrire chez des sujets n'ayant
présenté aucun signe clinique.
Nous avons déjà eu l'occasion d'étudier cette lésion qui
marque le début des dégénérescences les plus communes, dans
une courte note'; nous y revenons aujourd'hui en apportant
à cette étude des documents nouveaux après de nouvelles
recherches.
Cette lésion initiale, observée sur les tubes nerveux, peut se
résumer très brièvement de la façon suivante :
Sur des coupes transversales de la moelle épinière, se
montrent disséminés parmi des fibres saines des tubes nerveux
offrant les caractères suivants : tuméfaction, augmentation
notable du volume de la myéline par rapport à l'état normal et
par rapport aux éléments voisins ; transformation hyaline et
liquéfaction de la myéline se montrant d' abord exclusivement au
centre du tube nerveux, c'est-à-dire autour du cylindraxe, avec
disparition sur ce point des cercles concentriques normaux;
' Congrès des Aliénistes el Xe 11l'oloflisles. Clermoiit-Ferrand, 1894.
COMMENT DÉBUTENT LES DÉGÉNÉRESCENCES SPINALES. 35
contournement flexueux du cylindraxe en voie d'atrophie et se
présentant comme une ligne izzcuroée, au lieu d'apparaître
comme un point central. Plus tard désintégration granuleuse
et disparition de cet organe.
Ce sont là des caractères généraux. Mais suivant le degré
d'évolution de cette lésion ou l'aspect du cylindre d'axe on a
des types un peu particuliers. Voici la description que nous en
avons donnée dans notre première publication sur ce sujet :
Le tube nerveux comprend une gaine de myéline et un
cylindraxe. Invariablement la lésion débute par le centre du
tube nerveux où la myéline perd ses cercles concentriques,
tandis qu'elle les conserve encore à la périphérie du tube; elle
débute donc en ce qui concerne là myéline, autour du cylin-
draxe lui-même. Vu à un faible grossissement, avec ou sans
coloration préalable, le tube nerveux est remarquablement
augmenté de volume (oedème inflammatoire). Il semble hyper-
trophié par rapport à l'état normal et aux éléments qui l'en-
tourent. Il ne s'agit pas, en réalité, d'une hypertrophie vraie,
mais d'une tuméfaction, premier stade d'une lésion essentiel-
lement destructive.
Avec de forts grossissements, on constate du côté de la myé-
line d'autres détails forts significatifs; elle devient hyaline et
perd, en ce point, les cercles concentriques qu'elle offre à l'état
normal; quelquefois elle se transforme en boules très fines
qui donnent à cette portion centrale un aspect granuleux; la
coloration par le picrocarmin, la nigrosine, etc., est toujours
plus intense que dans la portion périphérique saine, mais
cependant sans atteindre le degré de coloration du cylin-
draxe qui, par le fait, reste très visible et bien distinct des por-
tions altérées qui l'entourent.
Mais la myéline n'est pas seule atteinte, et sitôt qu'on peut
constater les lésions précédentes, on observe déjà celle du
cylindraxe lui-même. Ceci parait conforme à ce qu'on sait de
la nutrition du tube nerveux pris dans son ensemble; le
cylindraxe, partie essentielle du tube nerveux, ne saurait
devenir le siège d'un trouble important sans que la myéline
s'altère à son tour, et réciproquement. Ce qui pourrait faire
admettre une lésion primitive du cylindraxe, c'est ce fait
signalé plus haut, à savoir que c'est précisément au voisinage
de cet organe que débute la lésion dégénérative de la myéline,
sa partie centrale étant déjà liquéfiée et transformée en boules
36 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
granuleuses, tandis que sa périphérie offre encore des caractères
normaux (cercles concentriques).
Mais quoi qu'il en soit du début de la lésion, soit par la por-
tion de myéline qui. confine au cylindraxe, soit par le cylin-
draxe lui-même, ce dernier présente des altérations des plus
remarquables et qui peuvent se résumer ainsi : Le cylindraxe
s'hypertrophie en même temps qu'il présente des flexuosités et
qu'il se contourne de façon à offrir sur les coupes des figures
tout à fait singulières. '
On sait que, sur la coupe transversale d'un tube nerveux,
cet organe apparaît comme un point occupant exactement le
centre du manchon de myéline dont il est l'axe rectiligne.
Or, ce qu'on peut voir dans le début des lésions qui nous
occupent, c'est une forme tout à fait différente : sur une coupe
transversale le picrocarmin ou la nigrosine font apparaître
un cylindraxe en forme de virgule, ou en forme de spirale,
ou en forme de cercle, ou de huit chiffre, ou d'S italique ou
encore sous un aspect plus sinueux et plus irrégulier. (Voyez
les figures ci-jointes.)
Les colorations par les réactifs habituels se font avec une
intensité normale, ce qui permet de distinguer parfaitement
la lésion. Cependant il arrive assez souvent que la myéline,
altérée au niveau du centre, prend une coloration plus foncée
qu'à l'état normal, mais cependant pas assez forte pour que
celle du cylindraxe cesse de trancher nettement sur les portions
environnantes.
En faisant varier la vis micrométrique, on constate facile-
ment que toutes les parties du '^cylindraxe ainsi contournées,
ne sont pas sur le même plan, ce qui se conçoit facilement,
et ce qui permet de conclure aux figures que l'on aurait en
faisant des coupes suivant la direction longitudinale.
Les bords des croissants, des virgules, des spirales, etc.,
LCG6\DE DES figures. Toutes les figures de la page ci-après repré-
sentent des tubes nerveux coupés transversalement. On y voit : 1° au
centre des cylmdraxes contournés en volutes, en S italiques, en vir-
gules, etc., ou comme dans la figure 7, le cylindraxe en voie de désin-
tégration moléculaire; 2° une zone centrale, voisine du cylindraxe
altéré, où la myéline, fortement colorée, a perdu ses cercles concen-
triques et est hyaline et liquéfiée; 3° à la périphérie une zone, où la
myéline a conservé ses cercles concentriques et n'a pas encore subi de
dégénérescence.
COMMENT DÉBUTENT LES DÉGÉNÉRESCENCES SPINALES. 37
Fin. 15.
Fig. 16.
F(1. 17.
1% i,g. 1 S.
Fifl. 19.
Fig. 20.
Fig. 21.
Fig. 22.
38 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
qu'on observe sont souvent irréguliers ^quelquefois on trouve
que ces bords sont hérissés de saillies et que les sinuosités
offrent sur leur trajet de petits renflements et des portions
rétrécies et effilées. Ces lésions indiquent déjà que non seule-
ment le cylindraxe est flexueux et contourné, mais qu'il est
encore en état de dégénérescence.
Mais il y a plus : dans les points les plus altérés il présente,
en effet, une fragmentation granuleuse, qui est le dernier
terme de la lésion avant la résorption complète. Le centre du
tube nerveux présente alors, au sein de la myéline liquéfiée,
une désintégration moléculaire composée de débris fortement
colorés par le réactif du cylindraxe. Beaucoup plus rare-
ment cet organe se présente comme un filet très grêle au milieu
de la myéline tuméfiée, ce qui indique qu'il peut y avoir sur
son trajet des portions plus ou moins atrophiées. Enfin, il
faut encore noter qu'en se contournant il peut être rejeté à la
périphérie du manchon de myéline; on a alors une figure
faisant croire à la coloration foncée d'un demi-cercle de myé-
line.
En cherchant à résumer les caractères de l'ensemble de la
lésion on voit qu'elle est constituée par un gonflement pseudo-
hypertrophique de l'ensemble de tube nerveux, par la désin-
tégration de la myéline débutant dans les parties les plus
voisines du cylindraxe, par le contournement flexueux de ce
dernier et par sa désintégration moléculaire plus ou moins
avancée.
On a sous les yeux le début d'un processus dont le. dernier
terme serait une destruction organique complète. Il est fort
remarquable de faire ces constatations à une période où il
n'existe encore que des altérations minimes du côté des vais-
seaux, du tissu névroglique et à un moment où la sclérose fait
défaut, le début de la lésion se faisant là par le fait dans l'élé-
ment nerveux lui-même.
Ces processus dégénératifs des tubes nerveux et qu'on
trouve reliés entre eux par des transitions, peuvent se diviser
pour simplifier la description en deux ou trois stades. Dans le
premier on observe le gonflement et le contournement du
cylindraxe avec les figures qui viennent d'être mentionnées;
dans le second la désintégration granuleuse, le morcellement
du cylindraxe apparaît, tandis que la myéline s'est liquéfiée
du centre vers la périphérie. Enfin la résorption* complète
COMMENT DÉBUTENT LES DÉGÉNÉRESCENCES SPINALES. 39
de ces gouttelettes et débris, marque en dernier le degré de
la destruction. -
Dans les maladies comme la paralysie générale par exemple
où la cellule nerveuse s'altère, on trouve dans les cornes de la
moelle épinière, des lésions de ces cellules qui peuvent être
considérées comme l'analogue de celles des tubes nerveux
et qui sont les premières périodes d'une lésion dont le dernier
terme est tout semblablement la transformation en corps
granuleux et la destruction complète.
Les granulations et les bâtonnets colorables par la méthode
de Nissl disparaissent ou se transforment d'abord en fines
granulations hyalines, le protoplasma devient homogène,
perdant ses réactions colorantes normales pour en acquérir
d'autres, se montre tuméfié ou clair, mais rempli de grosses
masses granulo-pigmentaires. Cette première phase est donc
représentée ici par une désintégration de la chromatine avec
tuméfaction du corps cellulaire et gonflement 'du cylindraxe
qui en sort. Plus tard la cellule ainsi altérée se présentera
avec l'aspect connu qu'on rencontre dans les atrophies de
longue date.
Ces lésions nous les avons rencontrées sur les tubes nerveux
dans un cas de tabes où la mort est survenue rapidement après
l'apparition des premiers symptômes, avant la période d'inco-
ordination, par tuberculose pulmonaire, en second lieu dans
quelques cas de dégénérescences secondaires à des foyers
encéphaliques et plus récemment avec M. Durante dans un
cas de sclérose combinée enfin et surtout dans la paralysie
générale : Aucune maladie n'offre peut-être des conditions
aussi favorables à ce genre d'étude. Presque tous les malades
de cette espèce ont des dégénérescences spinales, souvent elles
ne débutent qu'après les lésions cérébrales, de sorte qu'au
jour de l'autopsie, elles sont encore récentes. Il n'est donc pas
rare d'y observer la lésion dont la sclérose spinale n'est que
la suite et la phase ultime.
C'est en étudiant des moelles qui semblent d'abord indemnes
de lésions, qu'on rencontre çà et là cette altération naissante
et qui apparait alors avec évidence comme une première phase
tandis qu'au point de vue clinique, elle a évolué silencieuse-
ment. Elle se rencontre dans les points où va se produire la
sclérose, c'est-à-dire plus spécialement dans les cordons posté-
rieurs chez les paralytiques généraux, et dans les cordons
40 ANATOMIE PATHOLOGIQUE. .
latéraux dans les dégénérescences secondaires à des foyers
encéphaliques. ,
De plus, elle existe souvent dans la substance grise des para-
lytiques généraux, principalement dans la corne postérieure
où elle apparaît nettement sur les tubes nerveux qui ont été
coupés transversalement. C'est là une preuve de plus, disons-
le en passant, de l'altération des cornes de la moelle dans cette
maladie; altération sur laquelle notre maitre M. le professeur
Joffroy' et nous-même avons insisté.
Mais outre les cas où nous avons vu nous-même cette lésion,
on la rencontre décrite par d'autres auteurs, dans des maladies
à vrai dire, très différentes des précédentes et où on a
pu la considérer comme un processus particulier. Un peu
plus loin nous verrons encore que ces lésions ne sont pas sans
analogie avec ce qui a été décrit dans le début des myélites
aiguës, si elles ne sont pas identiques.
Dans l'anémie grave, dès 1893, Minnich a observé sur les
tubes nerveux de la moelle dont il a établi les lésions dans
cette maladie, des figures semblables à celles que nous venons
de décrire comme caractérisant la première phase des scléroses
communes. Dans un remarquable mémoire 2 cet auteur a donné
de ces lésions des figures très nettes, observées sur des coupes
transversales et longitudinales.
La même lésion pourrait, d'après Minnich, se rencontrer
dans la maladie d'Adisson ainsi que le montrent les observa-
tions de Tizzoni, de Fleiner, de Balès et Kalindero et aussi
dans une série d'autres maladies de la moelle où elle semble
une lésion surajoutée probablement dominée par un processus
d'infiltration oedémateuse. D'après Minnich cette dernière con-
sidération a une importance pathogénique et nous allons y
revenir.
Mais dès à présent, en considérant l'ensemble des maladies
où cette même lésion, avec ses caractères si nets et si tranchés,
a été observée, soit par nous, soit par d'autres, nous pouvons
conclure qu'il ne s'agit pas d'une forme spéciale, mais au con-
traire d'un processus banal paraissant à l'origine des maladies
les plus dissemblables sous d'autres rapports. C'est pour nous
une manière de se détruire du tube nerveux et de la cellule
' Contribution ci l'ancelonaie pathologique de la paralysie générale.
(Congrès de Médecine mentale. Blois, 1893.)
1 Minnich. Zeilsclu'illliil' klin med., t. XXII. 1893.
COMMENT DÉBUTENT LES DÉGÉNÉRESCENCES SPINALES. 41
nerveuse qui est commune aux lésions finalement destructives
de l'élément noble. Elle précède les scléroses, elle est à l'ori-
o-ine du tabes où elle se poursuit dans les cordons postérieurs;
à l'origine des dégénérescences wallériennes secondaires à des
foyers cérébraux; elle se montre dans les scléroses combinées ',
elle existait dans les observations de Minnich 2 au cours de
l'anémie progressive; elle a été vue par cet auteur et par
nous-même dans des processus scléreux déjà avancés où elle
apparaissait comme plus récente à côté d'une destruction déjà
parfaite.
Tout récemment encore nous la trouvons figurée sur les
planches du mémoire de Michaël Lapinshi' et ici elle apparais-
sait comme caractérisant la lésion récente dans une sclérose
en foyers disséminés.
Ce n'est pas tout dans des recherches sur l'oedème des centres
nerveux Rumpf a observé une lésion analogue.
Enfin pour terminer cette énumération déjà longue il nous
reste à jeter un rapide coup d'oeil sur ce qu'on observe dès le
début dans des processus aigus.
Si, ainsi qu'on vient de le voir, des examens histologiques
sont rares au début des scléroses spinales, il n'en est pas de
même dans les myélites aiguës où la mort fréquente et rapide
des malades a permis de surprendre le processus pathologique
dans sa première phase.
Du côté des éléments nerveux on y peut observer deux
ordres de lésions : d'abord ce sont des nécroses massives des
tubes nerveux et des cellules nerveuses. Cette nécrobiose peut
être très rapide; elle a été constatée après vingt-quatre heures;
elle relève soit des toxines sécrétées, soit d'oblitération vascu-
laire par artérite aiguë. ,
Dans d'autres cas, et c'est là ce qui doit fixer notre attention
comme se rapprochant plus des maladies à évolution lente, on
observe des modifications qu'on désigne sous le nom d'inflam-
matoires et qui sont caractéristiques quelle qu'en soit d'ailleurs
la pathogénie. Elles ont été établies par les travaux de L. Clarke,
de Charcot, de Joffroy, de Gombault, etc. Ce sont du côté des
1 Klippel et Durante. Revue de médecine, 1895, et Durante. Soc. Anal.,
1895.
1 Loc. cil.
3 Zeilschrifl fin- lilin. med., t. XXVII, 1895.
. Fliiger. Arch. fUr Physiologie, Bd. 26, cité par Minnich, loc. cil.
42 . ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
cellules multipolaires la tuméfaction, un état globuleux, une
transformation en corps opaques finement granuleux avec con-
servation du noyau, mais modification des réactions colo-
rantes, ou bien c'est un gonflement, avec protoplasma clair,
plus réfringent, moins granuleux, tuméfaction oedémateuse du
noyau qui prend un aspect bosselé. Dans les faits de ce genre
on peut aujourd'hui, grâce surtout à la méthode de M. Nissl,
constater qu'en pareil cas les granulations et bâtonnets de la
cellule sont détruits, liquéfiés dans la masse du protoplasma
et ne prenant plus par conséquent le réactif qui les colore et
les fait apparaître à l'état normal. Tout récemment des lésions
de ce genre ont été constatées par Ballet et IIenriquez 1
dans la paralysie diphtérique.
Dans la substance blanche, MM. Charcot, Joffroy, Ilayem,
Gombault, etc., ont noté la tuméfaction des cylindraxes des
tubes nerveux. Et cela non seulement au niveau du foyer de
myélite, mais plus loin sur des points paraissant affectés secon-
dairement. Le cylindraxe apparaît énorme tandis que la
myéline ne forme plus autour de lui qu'une mince enveloppe.
C'est cette même lésion que .\f. Joffroy a encore constatée au
voisinage des foyers de ramollissement aigu. Ces cylindres
d'axe hypertrophiés se trouvaient disséminés au milieu de
tubes sains. Et de plus le même auteur, poursuivant l'étude
de cette lésion, dans les myélites expérimentales, y a rencontré
les mêmes caractères de tuméfaction des tubes nerveux.
Au bout de quelques jours lI. \Iuller a vu une tuméfaction
moniliforme des cylindraxes dans une myélite aiguë trauma-
tique et ici encore la même altération se retrouvait avec des
caractères semblables, plus loin, dans des faisceaux atteints
de dégénérescences descendantes.
La même tuméfaction est signalée par Charcot et Joffroy
dans l'inflammation qui suit ou précède 1'liémorrlia-ie aiguë
de la moelle. Enfin cette tuméfaction des cylindraxes a été
rencontrée au cours de processus aigus, en dehors de toute
lésion de névroglie; les éléments nerveux apparaissaient les-
premiers frappés.
Telles sont les lésions du début des processus aigus. Ce qui
nous intéresse c'est le gonflement des éléments nerveux. Cet
état pseudo-hypertrophique qui loin de représenter .une surac-
1 Congrès de médecine de Bordeaux, 1895.
COMMENT DÉBUTENT LES DÉGÉNÉRESCENCES SPINALES. 43
tivité de fonction est la première phase de la destruction que
nous avons retrouvée avec les caractères analogues sinon iden-
tiques dans le premier stade des lésions chroniques et irrépa-
rablement destructives.
Les différences qui séparent ce mode de destruction aiguë
de la première phase des lésions chroniques consistent surtout
en ce que, dans les lésions aiguës, le cylindraxe apparaît
comme tuméfié à un très haut degré, entouré qu'il est par un
étroit cercle de myéline. Mais dans le début de l'état chronique
on peut voir aussi cette tuméfaction bien qu'à un faible degré.
On ne retrouve pas non plus signalée cette liquéfaction débu-
tant par le centre de la myéline au voisinage du cylindraxe.
Mais à part ces particularités, la lésion prise dans son début
offre de frappantes analogies avec l'état chronique.
C'est pourquoi on est en définitive autorisé à croire que dans
la plupart des cas le mode de destruction de l'élément nerveux
est le même à son début, si diverses que soient les maladies
envisagées dans leur cause et leur évolution ultérieure. Les
maladies sont nombreuses, les manières de se détruire des élé-
ments anatomiques sont infiniment plus restreintes. La lésion
qui nous occupe est donc la façon la plus commune de se
transformer et de disparaitre des éléments nerveux. Elle
marque le début, non d'un processus plus ou moins spécial,
mais du plus grand nombre des dégénérescences communément
observées dans la moelle.
Elle précède la sclérose et la prolifération névroglique qui
la suit, suivant le cas, de plus ou moins près. Souvent lors-
qu'on la constate avec netteté, on peut déjà découvrir dans le
tissu connectif un léger degré d'infiltration oedémateuse qui va
de plus en plus s'étendre, mais sans que la lésion primitive de
l'élément nerveux lui-même soit commandée par celle du tissu
ambiant.
Peu à peu un tissu de sclérose à forme myxomaleuse ou
inflammatoire va remplacer le tissu nerveux insensiblement
détruit et constituer un espace dans lequel on ne trouve plus
que des tubes nerveux absolument sains, mais disséminés et
éloignés les uns des autres; le reste de la substance nerveuse
ayant disparu complètement.
Notre conclusion sera qu'une même lésion dont nous avons-
tenté d'indiquer les caractères et les phases successives est à
l'origine d'un très grand nombre de dégénérescences spinales
44 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
en ce qui concerne les tubes nerveux. Il parait en être de même
des cellules nerveuses puisqu'il nous est permis de rappro-
cher les lésions que nous avons rencontrées au début des
processus chroniques de celles qui ont été décrites par d'autres
auteurs dans un grand nombre d'empoisonnements réalisés
expérimentalement J.
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
I. La surdi-mutité au point DE vue clinique; par James KERR Love.
(British médical journal, 24 nov. 1874.)
L'auteur demande que des médecins auristes soient attachés aux
institutions d'éducation pour les sourds-muets afin de faire le
départ exact des causes organiques de la surdité et de pratiquer les
interventions opératoires ou faire les prescriptions hygiéniques et
thérapeutiques spéciales découlant de ces examens physiques
méthodiques. Il appelle l'attention sur l'importance des exan-
thèmes et de la rougeole par exemple comme cause d'affections
auriculaires secondaires précoces. Il propose de prohiber le mariage
entre sourds-muets congénitaux et demande que les sourds-muets
des institutions spéciales fassent l'objet d'examens nécroscopiques
rigoureux pour élucider les causes anatomo-pathologiques de la
surdi-mutité. A. M.
II. UN cas DE maladie DE Friedreich, ataxie héréditaire avec
nécropsie; par Michell CLAME. (British médical journal, 8 décem-
· bre 1894.)
Les altérations anatomiques affectaient particulièrement les
cordons postérieurs dans le voisinage,de la commissure latérale avec
épaississement de la.pie-mère et des vaisseaux, diminution de
volume de la moelle malgré une prolifération névrologique
exagérée. Ces lésions étaient diffuses ce qui explique que, malgré
leur degré peu avancé relativement, l'extension en ait pu produire
des symptômes cliniques accentués. Une tumeur cérébelleuse les
1 Nous citerons en particulier le mémoire de Koloman Pàndi sur
l'empoisonnement par le brome, l'antipyrine, la nicotine, etc. (Al'ch. hon-
groises de médecine, t. II.)
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 45
compliquait, assez développée pour avoir permis le diagnostic du
vivant, hérédité convergente. A. M.
lit. UNE épidémie DE paralysie infantile; par Andrew MACPHAIL.
(British médical journal, 1 déc. 1894.)
Celte épidémie observée en Amérique dans l'Etat de Vermont
atteignit 120 enfants en trois mois de juin en août 1894.
46 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. -
reprendre la marche sans béquilles. Dans le soixante-deuxième
congrès de British medical association tenue à Bristol en 1894, cette
question des interventions chirurgicale sur la colonne vertébrale a
fait l'objet d'une longue discussion relatée dans le numéro d'oc-
tobre 27 du British médical journal, 18\J't. A. )1.
VII. L'ataxie, symptômes de diverses maladies. (British médical
Association, Meeting de Bristol, juillet-août 1894.)
Sur un rapport de Ormerod, l'ataxie locomotrice fait l'objet
d'une longue discussion entre MM. Miche ! Clarke, W. Gordon,
Williams Dawson, et Waldo.
La théorie sensitive de Leyden, motrice de Erb et cérébrale de
Jendrassik sont passées en revue ainsi que l'ataxie cérébelleuse. Les
cas d'ataxie par névrite périphérique de Déjerine sont rappelés et
l'ataxie semble, pour les auteurs précités, devoir se ramener à un
symptôme y compris l'ataxie des tubes que nous considérons avec
Charcot comme entité morbide distincte. A. M.
VIII. Névrite multiple chez L'rnrasr; par l. Mackey. (British médical
journal, 2 août 1894.)
C'est le cas d'un enfant de six ans, atteint de parésie doulou-
reuse ; des membres, consécutive à une rougeole considéré d'abord
comme rhumatisant, il fut ensuite pris pour un cas de paralysie
de Landry. Au bout de deux mois, il présentait des phénomènes de
contractions douloureuse empêchant l'extension passive et la
flexion, douleur à la pression le long des troncs nerveux en parti-
culier sur le trajet du nerf sciatique gauche. Les muscles du tronc
étaient également parésiés et douloureux et l'enfant ne pouvait au
lit changer de positions. Mais en greffe pas 'de dysphagie, urine
normale, circulation, respiration normales, guérison au bout de
huit mois après traitement par les toniques, la faradisation, le
massage. L'auteur conclut à une névrite périphérique par auto-
intoxication. A. M.
IX. Maladie D'A nDISO : '<1 et capsules surrénales : par A. G. AULD.
(British médical journal, oct. 1894.)
L'auteur s'appuyait sur l'anatomie comparée, l'expérimentations
par l'extirpation sur des cobayes et les examens microscopiques
chez l'homme, conclue à une altération particulière du sang con-
sécutive à l'altération ou suppression des capsules surrénales. C'est
ainsi que dans la maladie d'Addison le sang se caille difficilement
et l'es globules ne se forment plus en rouleaux et piles. Les liquides
de l'organisme sont secondairement modifiés, en particulier le
liquide céphalorachidien, d'où les hydropisies et exsudats ventri-
\
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 47
culaires, les tissus et eu particulier la peau s'altèrent, des throm-
boses capillaires se produisent et des pigments dérivés de l'hémo-
globine se déposent dans les tissus qui prennent la teinte bronzée
caractéristique. Les capsules surrénales sont l'objet d'une longue
et magistrale étude par Rolleston dans les deux numéros de Mars.
, A. M.
X. Archives cliniques. (dondon Clinical Society.)
l. Observation de Sclérodermie ; par II EnllI1\GII.IM. C'est un
marin de trente-six ans, plongeur depuis seize ans; atteint de
sclérodermie traité successivement par les onctions huileuses et la
pilocarpine. Traces d'albuminurie, amélioration. Pas d'accidents
Illlllllatoïdes mais raideur des doigts et des coudes. Le Dr Duck-
worth n'obtient aucun résultat de l'emploi, l'extrait thyroïdien dans
un têt cas.
II. Atrophie primitive des muscles du tronc et des membres ; par
13.RLO ? C'est un cas de paralysie de Erb avec lordose chez un
enfant de cinq ans, résistance marquée à l'action excitatrice des
contractions par la faradisation, pas de réaction de dégénérescence,
réflexe patellaires atténués, sensibilité conservée, intelligence
relative, pas de cause héréditaire appréciable, frères et générateurs
normaux.
III. Ispilepsie traumatique et trépan; par BUTLIN. Observation
d'un homme atteint d'épilepsie consécutive à une chute avec plaie
pénétrante du crâne, opéré du trépan, il présentait au niveau du
centre des mouvements de la face et du bras dans l'hémisphère
gauche un caillot sous-duremérien comprimant la corticalité
déprimée. - .
L'opération réussit et l'épilepsie guérit. MM. Pearcegould et
l3arher citent un cas semblable.
IV. Acromégalie et maladies de Grâces. Deux observations,
l'une d'acromégalie relativement récente et améliorée par l'arsenic
(IIarry Campbell), l'autre de basedowieu ayant présenté des
polypes nasaux dont l'extirpation fut suivie d'amendement des
symptômes de la maladie de Graves (Scanes Spicer). Le D'' Stoker
a cité un cas de goitre simple avec polype nasaux où l'extirpation
des derniers fit disparaître le goitre en deux mois.
V. Deux cas de- luxation spontanée de la hanche chez des tabé-
tiques au débat.- L'un d'eux s'était réveillé dix ans auparavant
avec la hanche luxée sans fracture. Actuellement âgé de cin-
quante-huit ans, il ne présente que quelques douleurs fulgurantes,
un commencement de décoloration de la papille, l'atténuation
des réflexes et une difficulté à marcher les yeux fermés. (British
médical journal, 17 novembre 1894.) or Marie. z
48 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
XI. Paralysie laryngée dans LES affections NERVEUSES
CHRONIQUES; par W. PER11ENAN.
L'auteur conclut à la fréquence des altérations fonctionnelles du
larynx dans la paralysie générale. Les adducteurs seraient les
muscles le plus souvent atteints par la paralysie. Il n'est pas néces-
saire que la paralysie générale soit associée au tabès, les altéra-
tions cérébrales pouvant s'étendre aux noyaux encéphaliques et
bulbaires correspondants. (British médical journal, 24 novem-
bre 1891·.) A. M.
XII. Cas d'arthropathie DE CHARCOT avec ulcères perforants
plantaires chez un tabétique; par Henry `ALDO. (British medi-
cal journal, 1 CI' décembre 189.)
C'est une athropathie du genou gauche avec ulcères plantaires
multiples. Les symptômes tabétiques sont peu accentués en dehors
de cela et de crises gastriques ayant-cuïncidé avec l'arthropathie et
l'éclosion des maux perforants. A. M.
XIII. Acromégalie ET OSTÉO- : 1RTIIROI' : 1THIES; par G. Murray.
(British médical journal, 9 février 1894.)
L'auteur cite trois cas, dont un avec diabèle, un autre avec
hypertrophie marquée du thyroïde, du thymus et de la pituitaire
enfin le troisième avec accidents arthritiques et pulmonaires
(hypertrophie pulmonary, osteo-arthritis de J. Hutchinsou.) A. M.
XIV. Surdité fonctionnelle; par H.\USOUR et William DALBY.
(British médical journal, 2 et 16 mars 1895.)
Ce sont deux cas de surdité hystérique avec mutisme dans l'un.
L'un et l'autre symptômes disparurent brusquement comme ils
étaient venus sous l'influence d'une émotion vive. A M.
XV. Perforation DE la base du crâne ET amnésie ENTNRO-RL'rROGR : 1DE;
par Horace ABEL et ConiAN(jOrt/t6/t médical journal, 16 février
1895.)
C'est un chauffeur de trente-six ans qui, en tombant de sa ma-
chine, se perfora la joue droite avec le bec d'un huileur. Tout
d'abord il eut des phénomènes paralytiques du côté gauche qui
cédèrent en partie et il subsista une amnésie avec hébétude et mic-
tion inconsciente. Il ne reconnaissait aucun des siens, ni les
objets de l'usage le plus courant.
Le souvenir des vingt années précédentes était effacé de sa mé-
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 49
moire, car il se disait laboureur, qu'il avait réellement été vingt
ans avant. Finalement l'amnésie se restreignit aux cinq dernières
années avec persistance de phénomènes hémiparétiques à eauche
avec mouvements choréiques. Emotivité spéciale persistante comme
dans les lésions circonscrites. A. M.
XVI. Trois cas d'abcès INTRACRANIENS; par Robert MURRAr. (British
médical journal, 5 janvier 1895.)
Dans ces trois cas d'abcès dont deux cérébraux et un cérébel-
leux, l'intervention chirurgicale eut plein succès. La méthode
opératoire fut celle de Horsley. C'est aussi cette méthode qu'ont-
employée MM. Outterson, Wood et Cotterelb dans un cas d'hémi-
plégie avec épilepsie. A. M.
XVII. Du diagnostic DES affections cérébelleuses; par Risien
Russel. (British médical journal, 18 mai 1895.)
L'auteur, s'aidant des recherches expérimentales sur l'animal
et passant en revue les travaux sur la question, étudie successive-
ment le symptôme incoordination et parésie motrice, les dévia-
tions oculaires et le nystagmus, l'attitude contournée, les rigidités
musculaires et spasmes convulsifs, les anesthésies et modifications
de réflexes. A. M.
XVIII. Traumatisme du front SUIVI d'aphasie, convulsions ET mono-
PLÉGIE brachiale droite; par RUSSE et PUIRERTON. (British
médical journal, 15 juin 1895.)
A la suite d'une chute de tricycle, les auteurs durent opérer le
malade du trépan ; une poche sanguine sous-dure-mérienne fut
ouverte et drainée : le malade 'guérit et ne conserva qu'un léger
embarras de la parole, selon toutes apparences transitoire. A. M.
XIX. Notes sur LE pronostic DE l'apoplexie par hémorragie
cérébrale; par Alf. BARRS. (British médical journal, 18 mai 1895.)
Conclusions : Une triple indication capitale s'impose pour éclairer
le pronostic ; l'examen de l'état du rein, la recherche du signe de
Cheyne-Stokes et de celle de l'hyperpyrexie. Des trois, l'étude de
l'état du rein est la plus importante. Dans un cas d'apoplexie par
hémorragie d'un hémisphère, s'il y a altération du rein, hyper-
pyrexie et respiration type Cheyne-Stokes, le malade est perdu.
Si aucun des trois symptômes ne peut être constaté, le malade
peut se rétablir. Les états toxiques ou infectieux équivalent à
l'altération de la fonction rénalé et à l'hyperpyrexie. A. 111.
Archives, 2e série, t. I. - 4
50 -REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
ZX. Dystrophies cutanées herpétiformes; par Jonathan Hutchinson.
(British médical journal, 28 juin 1895.)
L'auteur, groupant un grand nombre d'observations, décrit suc-
cessivement, avec photographies à l'appui, les distrophies herpé-
tiformes par névrite du~plexus cervical, de la cinquième paire, du
plexus brachial, des nerfs dorsaux,lombaires et sacrés, unilatérale
ou symétrique.
Il rapproche ces lésions, au point de vue anatomo-patholoâique,
des lésions de la maladie de Raynaud. A. M.
XXI. Diathèse urique ET névroses; par H. SUINT. (NU1'oloa.
Ccnt'cc161., XIII, 18rJ4.)
' Méthode chimique de Pfeiffer. Examen de 24 malades dont 17
atteints d'hystérie, neurasthénie et états semblables (tableau). A la
tendance d'excréter de l'acide urique libre, s'associaient dessymp-
tômes cérébrasthéniques, avec une remarquable fréquence. Mais
existait-il, en l'espèce, une diathèse urique latente, c'est ce que ne
permit pas de déterminer la méthode de Pfeiffer. Procédons par la
méthode statistique. Cherchons si, chez des arthritiques notoires
qui sont atteints de maladies nerveuses ou mentales, on trouve des
traits communs devant être mis à la charge de la diathèse urique.
Or,dans ces dix dernières années, nous avons reçu, sur 700 malades,
5 arthritiques atteints de diverses psycho et névropathies. Voici le
résumé de leurs observations. Eh bien, on n'en peut tirer de com-
plexus symptomatique d'ordre nei veux imputable iL-l'arthritisme;
il n'y a pas de névrose arthritique, et cependant dans les trois pre-
mières observations on constate qu'il y a eu dépression, puis épui-
sement psychique. C'est à contrôler par de nouvelles recherches.
. P. K.
XXII. Des sarcomes multiples du cerveau ET DES méminges spinales;
par A. Westpual. (Archiv f. Psychiat., XXVI, 3.) -
Observation avec anatomie pathologique. D'après les faits
connus dans la science, on a affaire, soit à des nodules sarcomateux
de la substance nerveuse même et des enveloppes des organes
centraux, soit à des néoplasmes limités aux enveloppes. Il semble
que les sarcomes n'aient que peu ou point de tendance à se propager
au tissu nerveux : ce sont des tumeurs très vasculaires, ne présen-
tant jamais d'altérations régressives. La symptomatologie est en
'rapport avec le siège et l'étendue des néoplasmes, bien que des
sarcomes très étendus du système nerveux central puissent souvent
ne donner lieu qu'à très peu de troubles fonctionnels. Mais en
général ils tuent très rapidement. Les deux tiers des observations
concernent l'enfance ou les premiers temps de la puberté. P. K.
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 51
XXIII. Contribution A la connaissance DE l'étiologie DE la para-
LYSIE faciale périphérique; par Il. Hatschek. (Ja/t)'6t<C/t. f. Psy-
chiat., XIII, 1.) .
Sur 80 cas de cette maladie, on compte 10 faits de récidive
(observations) sur l'un ou l'autre côté de la face indifféremment.
Pas de prédisposition sexuelle, ni d'hérédité. Deux exemples de
névrite (probable) diabétique. Le rôle de l'infection parait établi,
mais non celui de la syphilis. P. K.
11 ? Observation DE myélite aiguë dans la substance blanche;
par K. KilsTERMANN. (AI'chiv f. Psychiat., XXVI, 2.)
Observation de myélite transverse mais avec conservation de la
sensibilité tactile contrastant avec l'analgésie et l'anesthésie ther-
miqne. L'autopsie révèle une altération de la substance blanche
(déchéance du parenchyme et prolifération de la névroglie) de la
périphérie au centre, sans atteindre la substance grise. Dégénéres-
cence ascendante des faisceaux de Goll, de Gowers, et antérieurs;
dégénérescence descendante des faisceaux pyramidaux. Peut-être
s'agit-il d'une infection aiguë, mais de laquelle ? P. K.
XXV. LES maladies nerveuses fonctionnelles ET la syphilis ;
par P. ICON.1LE\\'SEY. (Archiv f. Psychiat., XXVI, 2.)
La syphilis peut agir directement sur le sang, les parois vascu-
laires (artério-sclérose), le tissu nerveux et détermine ainsi des
accidents nerveux, mais elle peut aussi exercer une action morale
(syphilophobie) et provoquer des désordres nerveux, par exemple
hystériques; enfin les agents pharmacodynamiques antisyphili-
tiques peuvent léser les tissus et aboutir à des névropathies.
P. K.
XXVI. Contribution A la pathologie du CERVELET; par M. ARNCT.
. (Archiv f. Psyc)ciut., XXVI, 2.)
Sorte de cirrhose cérébelleuse, c'est-à-dire atrophie des éléments
nerveux par multiplication des éléments du mésoderme et non de
la névroglie. Cette altération s'arrête en avant de l'olive céré-
belleuse restée presque normale, de même que les pédoncules
cérébelleux supérieurs. Le sujet de l'observation est un vieillard
de soixante-dix ans. Cette altération cérébelleuse aurait déterminé
des vertiges, de l'ataxie, du tremblement des mains, de la paresse
vésicale, de la dysurie, de l'affaiblissement des membres.
P. K.
5"6 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
XXVII. Sur une névrose observée dans les Indes hollandaises, LE
LA-1-All; par P.-C. vaN BREVO, second médecin à l'asile d'aliénes
de Buiteuzorg Java. (Allg. Zcitsclc·, fiil' Psych., 1895, LI, 5.)
On désigne dans l'Inde sous le nom de lalah une maladie dans
laquelle le malade parle ou exécute des mouvements malgré lui.
Ces mouvements accompagnent ou suivent des sons ou des mots,
généralement des expressions habituelles. Ils sont quelquefois causés
par la peur. L'intellect est indemne; les malades ont parfaitement
la conscience de leur mal. L'auteur n'a jamais trouvé chez ces
malades des traces d'hystérie ou d'épilepsie. Cette maladie se voit
dans l'Inde, surtout chez les femmes indigènes; les jeunes y sont
plus exposées que les femmes âgées. Elle est assez fréquente.
Ilammond l'a observée en Sibérie, où elle est appelée 11lYl'iachit.
L'auteur n'a trouvé dans la population féminine de l'asile que 3 cas
de latah. Il donne huit observations se rapportant à celte maladie,
et dit qu'on en voit tous les jours des cas dans les rues de Java. Il
s'agirait d'un affaiblissement de la volonté, impuissante à empêcher
des mouvements ou des paroles qu'on ne désire pas. Cet affaiblis-
sement s'explique dans l'espèce par les conditions d'infériorité
sociale et par une vie de privations. Le latah ne devrait pas être
identifié avec la maladie des tics de Gilles de la Tourette. On pour-
rait, avec Marina, l'appeler une myospasie impulsive imitatrice
provoquée. Il n'y a pas de thérapeutique spéciale. P. Sérieux.
SUR l'alexie DITE SOUS-CORTICALE; par Emile Reulicu. (Jahr-
biicher fv2r l'sychiatz·ie u. Neural., 1895, XIII, 2, 3.)
Il s'agit d'une variété d'aphasie que Wernicke a décrite sous le
nom d'alexie et Déjerine sous celui de cécité verbale pure. Cette
forme d'alexie consiste dans l'impossibilité de lire, la faculté
d'écrire restant intacte. L'importance du cas réside dans l'examen
anatomique minutieux. Le malade âgé de soixante-quatre ans,
accusait depuis longtemps une faiblesse de la vue consécutive à
une atrophie du nerf optique, mais qui ne l'empêchait pas de pou-
voir écrire. Il présenta en avril 1891 une parésie passagère des
deux membres inférieurs et du bras droit qui disparut bientôt.
En juin 1892, attaque d'apoplexie évoluant sans aucun symptôme
particulier. On constata alors une hémiparésie droite avec parti-
cipation de la peau et du sens musculaire de la main droite ; ces
signes disparurent après quelque temps. Comme signes permanents
on nota de la parésie, une hémianopsie droite et des troubles de
la parole. La compréhension de la parole, les fonctions purement
motrices du langage sont intactes. Le malade présente une manière
de parler caractéristique, il éprouve des difficultés pour désigner
les objets qu'on lui présente. Les troubles de l'écriture n'ont été
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 53
relevés qu'au début après l'attaque; plus tard le malade peut écrire
spontanément et sur dictée. Avec cela, alexie totale littérale et ver-
bale pour l'écrit et l'imprimé. Cet état dure sans modifications
appréciables jusqu'à la mort qui a lieu un an et demi plus tard il
la suite d'attaques épileptiformes et d'une bronchite grave. Ana-
lysant les signes observés, Hedlich trouve l'hémianopsie droite
caractéristique. 11 insiste sur les particularités de langage du
malade qui ne mettait pas beaucoup de précision dans son vocabu-
laire et qui, ainsi qu'on l'a remarqué chez d'autres aphasiques,
employait fréquemment les mots déjà prononcés quoique impro-
prement bien qu'il fût probable qu'il en connût le sens, 1'ecw'l'iny
utterance de Jackson. Ce malade présentait aussi le trouble que
Freund a décrit sous le nom d'aphasie optique et qui consiste dans
l'impossibilité dans laquelle se trouve un malade de désigner
l'objet qu'il voit quoiqu'il en connaisse l'usage. L'alexie du malade
était complète, elle portait sur les lettres et sur les chiffres. On
notait aussi un certain affaiblissement de la mémoire et du niveau
intellectuel. Pas de cécité psychique.
Autopsie. Atrophie du cerveau généralisée. Petits foyers sans
importance dans le lobe occipilai droit, foyer de ramollissement
étendu dans le lobe occipital gauche. Ce foyer s'étendait sur une
grande partie de la scissure calcarine, et des lobules lingual et
fusiforme. Il y avait aussi des modifications de la corne d'Am-
mon et de la circonvolution de l'hippocampe. Le foyer de ramollis-
sement du lobe occipital ne se bornait pas à l'écorce, mais portait
aussi sur la substance blanche. Le ramollissement avait envahi
aussi le bourrelet du corps calleux, la partie postérieure du tha-
lamus opticus et la queue du noyau caudé.
La convexité du lobe occipital et du lobe temporal était intacte.
Le territoire ramolli se trouve, au point de vue vasculaire sous la
dépendance de l'artère cérébrale postérieure, mais il ne porte pas
sur la totalité de son domaine, car le cuneus était intact. On pour-
rait donc admettre que l'oblitération a porté non sur le tronc prin-
cipal de l'artère, mais sur une de ses branches plus importantes.
A l'examen microscopique, le ramollissement et la dégénéres-
cence secondaire se mêlaient si intimement que la distinction en
était impossible. Le forceps minor était complètement détruit, le
faisceau optique était en grande partie ramolli et dégénéré secon-
dairement. Le forceps major est intact dans la partie supero-ex-
terne et complètement dégénéré dans sa partie médiane. Le
faisceau longitudinal inférieur est aussi ramolli dans ses parties
postérieures; ce faisceau important d'association est presque com-
plètement dégénéré. Le bourrelet du corps calleux est en partie
ramolli; il en est de même pour quelques parties du tapetum du
corps calleux. La partie convexe du lobe occipital est indemne,
même au point de vue microscopique. La corne d'Ammon n'est
'Jll4 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
pas ramollie sur les coupes antérieures, mais elle présente une
atrophie de ses faisceaux. Le fornix gauche présente des signes de
dégénérescence.
Interprétation des lésions. Par suite du ramollissement de la
scissure calcarine, les excitations optiques ne peuvent plus être
conduites dans l'hémisphère gauche. La destruction du forceps
qui a pour fonction de relier les deux territoires visuels, rend im-
possible la communication du territoire visuel gauche avec le
droit qui est intact. Le faisceau longitudinal inférieur qui établit
une communication entre le centre optique gauche et le lobe tem-
poral gauche (centre auditif du langage) étant lésé, le rapport
entre les excitations optiques qui arrivent dans l'hémisphère
gauche et le centre des sons est détruit. Le ramollissement du
bourrelet du corps calleux et du tapetum interrompt la communi-
cation du centre optique droit avec le lobe temporal gauche. Ces
lésions expliquent, d'après Redlich, l'alexie,mais il pense qu'il faut
abandonner le terme de sous-corticale.
Son malade ne peut lire parce que ses centres visuels droit et
gauche ne peuvent conduire des excitations au centre auditif de la
parole. La lésion du tapetum qui établit l'association entre le
centre visuel droit et le centre auditif est de la plus grande impor-
tance. L'écriture est une acquisition secondaire de la faculté du
langage, un appendice, pour ainsi dire, du mot parlé qui n'acquiert
jamais une indépendance absolue. Que l'association entre le mot
parlé et écrit vienne à manquer et alors le mot écrit est réduit à une
sensation optique. Telle serait l'explication de l'alexie du malade.
Pour ce qui est de la faculté d'écrire que le malade conservait
encore, elle pourrait s'expliquer de deux façons. On sait que Déje-
rine admet, en dehors du centre optique du lobe occipital, un centre
optique spécial, où seraient déposées les images optiques des lettres,
et qu'il le place, dans le pli courbe, en le reliant d'un côté avec
les deux centres optiques, et d'un autre côté avec les centres auditif
et moteur du langage. Ce centre étant lésé, il y a impossibilité de
lire et d'écrire; si la lésion, au lieu de porter sur le centre, porle
sur les voies de conduction aux deux centres optiques, il n'y a pas
d'agraphie. Redlich n'admet pas cette interprétation et pense que
son malade compensait la perte de l'association entre le contre
auditif et le centre visuel, grâce à l'association existant entre les
mots et les sensations musculaires des mouvements de l'écriture,
ces derniers pouvant quelquefois suppléer l'image optique. P. S.
XXIX. DE L'INFLUENCE qu'exerce l'inflammation traumatique DE
l'écorce cérébrale sur son excitabilité; par DE BECIITEtiEV.
(Neu)'o. Cnlrul6l., XIV, 1895.)
On fait une première fois agir sur le centre moteur d'un membre
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 55
(du singe) le courant faradique, et l'on note la force minima du
courant nécessaire pour obtenir une faible contraction musculaire
de l'extrémité du côté opposé; on note aussi la force minima du
courant nécessaire pour produire un accès d'épilepsie généralisé.
On extirpe alors tous les points excito-moteurs en rapport avec le
membre en question, et on laisse l'animal au repos. Il demeure
incomplètement paralysé de l'extrémité opposée aux centres
enlevés. Quelques jours plus tard, au moment où les phénomènes
paralytiques commencent à se dissiper, on électrise comparative-
ment les parties corticales lésées et les points symétriques de l'autre
hémisphère. On voit alors que l'excitabilité de l'écorce, au voisi-
nage de l'endroit détruit, est brusquement exagérée; il faut un
courant éminemment faible pour provoquer une contraction mus-
culaire ; un courant à peine suffisant chez l'animal sain pour
provoquer une très faible contraction musculaire, provoquera un
accès d'épilepsie ; fréquemment même, une simple excitation
mécanique, le contact de l'écorce par une éponge, provoquera des
contractions convulsives dans les membres de la moitié opposée du
corps. De plus, au voisinage de la partie de l'écorce totalement
enlevée, il s'est reformé un' centre cortical; par exemple, a-t-on
enlevé le segment moyen de la frontale ascendante, c'est-à-dire le
centre qui commande à l'extrémité antérieure, il suffit maintenant
d'exciter le bord du sillon de Rolando, région qui, antérieurement,
était tout à fait insensible au courant électrique, pour obtenir des
contractions marquées des groupes musculaires du membre en
question privé cependant de ses centres corticaux.
M. Shukow a déterminé les lois suivantes :
1° La période latente de l'excitabilité de l'écorce est considéra-
blement abrégée, la suite de l'inflammation traumatique; 20 l'hy-
perexcitabilité corticale déterminée par l'inflammation traumatique,
est amoindrie par la destruction des centres correspondants de
l'hémisphère de l'autre côté; 3° les centres moteurs néoformés sous
l'influence de l'inflammation sont- ils enlevés à leur tour, ils se
reforment encore dans les régions voisines de l'écorce, jusque
dans le territoire d'un autre centre.. P. KERAVAL.
XXX. Amyotrophie spinale PROGRESSIVE DE la première enfance;
par G. `VEftDNIG. (A1'chiv f. Psychiat., XXVI, 3.)
L'auteur essaie de constituer un. nouveau type indépendant de
la polynévrite, de l'atrophie musculaire névropathique progressive,
de l'atrophie musculaire Duchenne-Aran, de la sclérose latérale
amyotrophique, de la poliomyélite antérieure aiguë, appartenant,
au point de vue anatomo-pathologique, à la classe des dystrophies.
Il s'agit d'une affection atteignant souvent plusieurs enfants de
la même famille, débutant, dès la première année de la vie, sans.
56 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
symptômes infectieux, par de l'atrophie avec parésie de la région
qui englobe le bassin, les lombes, la cuisse, et s'accompagnant
d'obésité. Elle porte d'ahord sur le triceps crural, les fessiers, les
longs muscles vertébraux. L'enfant n'apprend pas à marcher et ne
peut se tenir debout sans aide. Puis l'atrophie avec la paralysie
^ gagne supra et infra, frappant des groupes musculaires s) mé-
triques. Ce sont successivement : les muscles de'la nuque et du
cou, ceux de la ceinture scapulaire, du système locomoteur du
bras sur le tronc, du bras, de la cuisse. Finalement sont pris ceux
des avant-bras et des jambes, et, en tout dernier lieu, les muscles
des mains et des pieds.
La paralysie, toujours flasque, progresse parallèlement avec
l'atrophie. Jamais il n'y a d'hypertrophie ou de pseudo-hypertrophie
des muscles. On constate, en outre, des convulsions fibrillaires, du
tremblement des doigts, des accidents bulbaires. Il y a diminution
de l'excitabilité électrique, réaction dégénérative, absence des
réflexes tendineux et, en partie, des réflexes cutanés, intégrité de
la sensibilité et des sphincters.
L'atrophie de la substance musculaire est excessive; il y a sura-
bondance de tissu adipeux sous-cutané. A une certaine période de
la maladie, il se produit des lordoses et des contractures, parfois
de la surextensibililé de plusieurs articulations. La maladie évolue
en neuf mois au minimum, six ans et demi au plus. La mort ne
souffre aucune exception. Anatomie pathologique : disparition par
atrophie des cellules des cornes antérieures dans toute la hauteur
de la moelle; intégrité de la substance blanche; dégénérescence
très avancée des racines antérieures; faible dégénérescence des
troncs nerveux antérieurs. Les muscles subissent : l'atrophie
simple, la dégénérescence homogène, et fragmentaire; on y note
de l'hyperplasie du tissu conjonctif, avec lipomatose, une faible
hypertrophie des fibres musculaires. P. K.
XXXI. Un cas DE tabès au début; par Al. Tell.
(Al'chiv f. Psychiat., XXVI, 3.)
Il s'agit d'un homme de trente-sept ans, syphilitique depuis l'âge
de vin ? t-six ans. Il est successivement atteint d'ictus avec perte de
connaissance prolongée, hémiplégie motrice et sensitive du côté
gauche ; quelques perturbations dans l'appareil musculaire des
yeux. Plus tard, symptômes généraux de tabes, sans douleurs lan-
cinantes. Il meurt à quarante-un ans de phtisie pulmonaire. Jamais
de troubles vésicaux, ni rectaux; jamais d'ataxie. L'autopsie révèle :
une dégénérescence du faisceau latéral gauche et du faisceau anté-
rieur droit dans les pyramides; un foyer ancien, gros comme un
noyau de cerise, dans la capsule interne droite; une dégénérescence
disséminée sans ordre dans les cordons postérieurs, qui n'a par
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 57
conséquent point la physionomie de celle du tabes. Cette dégéné-
rescence, dans la moelle lombaire, respecte la zone radiculaire
moyenne et gagne la cloison médiane postérieure; dans la moelle
dorsale, elle n'atteint ni les zones médianes, ni les zones latérales,
confinant au bord médian des cordons postérieurs, et elle continue
à être asymétrique et disséminée irrégulièrement. Seule la moelle
cervicale présente une dégénérescence des cordons de Goll et des
cordons de Burdach à leur voisinage des cordons de Goll; ce sont
des plaques d'une grande netteté, d'une vive intensité, mais qui,
de par l'examen des vaisseaux, des cylindraxes, des gaines myéli-
niques et du tissu sain ambiant, n'ont rien à voir avec celles de
la sclérose multiloculaire. P. K.
XXXII : Rires et PLEURS inextinguibles dans les affections Méfié-
BRaLEs; par W. DE Becuterew. (Archiv f. Psychiat., XXVI, 3.)
Toutes ces observations concernent des lésions corticales et des
lésions de la substance blanche sous-corticale, avec constante loca-
lisation aux régions motrices (hémiplégies, monoplégies, aphasies);
on y constate invariablement de la paralysie faciale seule (lésion
du segment inférieur des ascendantes) ou accompagnée d'autres
troubles.
Le rire, dit l'auteur, surtout le rire franc, procède de l'action des
mouvements respiratoires, de la tension des cordes vocales, de la
sécrétion des larmes, de phénomènes vaso-moteurs, de mouvements
des muscles de la physionomie (mimique).
Or, l'écorce contient des centres qui actionnent la respiration,
des cenlres qui actionnent les cordes vocales, des centres qui pré-
sident à la sécrétion lacrymale, des centres vaso-moteurs, des
centres moteurs commandant aux mouvements volontaires de la
face et à la mimique. D'autre part, les noyaux cérébraux sous-corti-
.eaux sont le foyer de centres combinés pour l'expression des senti-
ments ; la couche optique, en particulier, participe à la réalisation
des mouvements affectifs ou de l'expression. Quand on excite la
couche optique, on accélère la respiration en faisant entrer en
fonctions la voix, l'expiration, la mobilité du visage, les mouve-
ments du corps et des extrémités, comme si l'animal voulait, par
.un ensemble de gestes, imiter l'homme, et cela qu'on ait respecté
préalablement les hémisphères ou qu'on les ait auparavant résé-
qués. La couche optique influence aussi les vaso-moteurs et la sécré-
tion des larmes. Le rire a donc lieu par l'intermédiaire de la couche
optique. Le système des fibres, qui relève de celle-ci, contient des
faisceaux excitateurs et coercileurs; ils servent à transmettre le sti-
mulus cortical et périphérique, provoquant le rire par action réflexe.
Le fou rire accompagnant les affections organiques du cerveau,
affections de la région cortico-motrice, il appert que la lésion
58 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
locale a été la cause immédiate des stimulus involontaires qui pro-
voquent Je rire; ou bien la lésion locale du cerveau, en interrom-
pant les voies de conjonction entre les zones motrices et la couche
optique, a empêché l'arrêt volontaire du rire qui, par suite, est
devenu inextinguible à la moindre occasion ou sans aucun motif.
- Les pleurs inextinguibles' provoqués par le stimulus psychique
ont pour facteurs : l'action combinée du centre facial de la physio-
nomie (mimique), des centres de la sécrétion lacrymale et des
vaso-moteurs. Ce sont encore les couches optiques et les systèmes
de fibres qui servent à transmettre et à rassembler les stimulus
entraînant les pleurs. La même genèse préside à leur entrée en jeu
dans les affections cérébrales, soit par arrêt d'excitations modéra-
trices, soit par action des faisceaux et centres excitateurs des
pleurs. P. Keraval.
XXXIII. Tabès ou diabète sucré ? par K. GRUBE.
(Ncll1'olog. Centralbl., XIV, 48cJ.)
Observation I. Tabes au début, avec glycosurie simultanée,
mais indépendante, dont les causes restent inconnues. Le régime,
le massage, l'électrothérapie font en quatre semaines disparaître
le sucre, mais les troubles nerveux persistent. Puis reparaît la glyco-
surie et les accidents nerveux s'améliorent. Il ne s'agissait donc
point d'un tabes au début, l'immobilité pupillaire qui semble un
caractère précis de tabes s'observe aussi dans le diabète. La
seconde observation est un exemple de ce genre, sans autre acci-
dent de pseudo-tabes; par contre, l'auteur a vu cinq malades,
atteints de névrite diabétique dont une affectait tout à fait la forme
de névrite ataxique. tandis qu'ils conservaient la mobilité pupil-
laire. Enfin voici un symptôme très fréquent dans le vrai tabes,
qui, d'ordinaire,y est précoce,et qui manque, dans le pseudo-tabes,
ce sont les troubles vésicaux (Obs. 111). P. K.
XXXIV. Contribution A l'étiologie DE L'ENC1 : PIIALASTIIÉNIE;
par J. ALTIIAUS. (Ai-chiv f. Psychiat., XXVI, 3.)
Neurasthénie ne signifie rien, dit l'auteur. C'est encéphalasthénie
qu'il faut dire. Influence de l'hérédité : prédominance du sexe mas-
culin ; âge entre trente et cinquante ans; influence génératrice de
l'alcool, de la cocaïne, de la morphine, du chloral, de la syphilis,
de certaines maladies infectieuses aiguës, des facteurs psychiques.
P. K.
XXXV. EFFETS tardifs DU traumatisme DE la moelle CHEZ LES mineurs;
par Hhys GnlFFlrlls. (Britisla médical journal, 4 mai 1895.)
Conclusion : Les symptômes de commotion spinale varient en
REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. " 59
durée selon l'âge du malade.-La neurasthénie consécutive est de
règle. Le cathétérisme est assez rarement nécessaire au bout d'un
assez court espace de temps. Les troubles sensoriels persistent
longtemps. Les affections organiques de la moelle consécutives à
une altération fonctionnelle et moléculaire sont exceptionnelles.
A. M.
XXXVI. Surdité hystérique ou fonctionnelle ; par I\nI. RANSO.\1 et
VAN DYCK. (British médical journal, 4 mai 1895.)
Les auteur : , après quelques réflexions relativement à une obser-
vation antérieure de Dalby (B. M. J., 16 mars 1895), distinguent la
surdité hystérique de la surdité fonctionnelle proprement dite.
111. Van Dyck rapporte une observation de surdité fonctionnelle
sans la moindre trace d'hystérie proprement dite chez un mas-
turhateur. A. AI.
REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.
I. Les hypnotiques SOIN : 1L ET SULFONAL; par MEMOM et SCALLT.
(Journal of Ncruous and Mental Diseases, juin 1874.)
Le D'' Memom donne le somnal à la dose de 3 à 5 grammes et
produit ainsi le sommeil profond de cinq ou six heures. Il s'est
surtout bien trouvé de son emploi pour les accidents convulsifs et
spasmodiques. Le Dur Scally préconise le sulfonal dans les accès de
manie aiguë, de manie récurrente ou épileptique et dans la manie
chronique et la mélancolie agitée. A. AI.
II. Tumeur sous-corticale traitée par trépanation; par BEEVOR.et
Balance. (British médical journal, 5 janvier 1895.)
La paralysie avait envahi successivement le cou-de-pied, le genou
puis la hanche droite. Au bout de sept mois elle s'étendait au
membre supérieur du même côté; enfin la parole devint difficile,
puis on put observer les symptômes classiques de compression
intra-cranienne (céphalées, vomissements, névrite optique). L'état
mental commençait à s'altérer ainsi que la sensibilité à droite,
sauf pour la face. Pas d'antécédents tuberculeux ou syphilitiques.
Le traitement spécifique ne fit qu'empirer l'état du malade qui
guérit par le trépan (méthode de Horsley). A. M.
60 ' REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.
111. DE la RfiOJIALIi'OE; par L. Laquer. (Neurolog. Ccntlralbl., XIV, 1895.)
Synonyme : bromo-éthylformine.
Formule (CI12)6 1z· C2 H5 13r.
Deux grammes de la marque de Merck équivalent à 1 gramme
de KBr. Ce sont des folioles incolores, cristallines, aisément solubles
-dans l'eau, sans saveur désagréable, que l'on peut, sans inconvé-
nient debromisme, administrer jusqu'à la dose de 8 grammes par
jour pendant six semaines contre l'épilepsie. Les résultats semblent
bons, si l'on en croit les sept premières observations de l'auteur.
P. K.
- in. Goitre exophtalmique ET son traitement par les sucs GLAN-
DULAIRES : par David OwEN. (British médical journal, 16 février
1895.)
L'auteur rectifie une observation de décembre 1893 où il avait
relaté une cure par l'alimentation thyroïdienne alors qu'en réalité
le boucher avait fourni constamment du thymus. A. 11.
V. Traitement familial DES aliénés en Ecosse; par le D"' H1GGS.
Relation intéressante d'une visite aux localités d'Ecosse, où se
trouve appliqué le système du traitement des aliénés dans les
familles. Au lieu d'être sous la surveillance d'une commission cen-
trale, comme dans les divers pays où ce système est appliqué, les
malades, en Ecosse, sont sous la surveillance des autorités locales.
L'auteur estime que, dans l'application de ce système en Amérique,
on aura de la peine à rencontrer chez les paysans les qualité ?
d'énergie, de propreté, d'économie, qui sont de tradition chez le
paysan écossais. (Anmerican journal of insanit, janvier 1895.)
E. B.
SUR deux cas DE folie avec goitre, traités par l'extrait THYa01-
DIEN; pal' ThomaÓ-SamuelMAc CLAL : GIIIIY. (The Jourltal of Mental
science, octobre 1894.) ,
L'auteur se propose d'attirer l'attention sur un mode de traite-
ment qui n'a pas encore été généralement adopté dans les cas de
goitre : il rapporte deux observations, toutes deux encourageantes,
bien qu'inégales au point de vue des résultats obtenus relativement
à l'état mental. La préparation employée dans les deux cas consis-
tait en tablettes contenant chacune cinq grains (30 centigr.) d'extrait
thyroïdien.
Observation I. Il s'agit d'une femme qui a tenté de mettre le
feu à sa maison et de tuer son mari et son fils. Après six mois,
REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 61
pendant lesquels tous les traitements rationnels furent inutilement
employés, on se décide à expérimenter le traitement thyroïdien
(une tablette après chaque' repas). Il existait un goitre volumi-
neux.
Au bout de quinze jours, amélioration marquée de l'état mental
et du goitre. Au bout d'un mois l'amélioration s'accentue au double
point de vue indiqué. On porte la dose à une tablette et demie
par repas. La médication, moins bien supportée, est ensuite sus-
pendue. Au bout de trois mois, on la reprend, et un mois plus
ta d, la malade est redevenue tout à fait raisonnable; elle parle de
ses enfants qu'elle désire revoir, et demande sa sortie. Elle est
complètement transformée.
Observation IL Elle a trait à une femme qui avait commis des
actes de violence sur son père et sa mère et qui croyait sa maison
entourée d'hommes qui voulaient pénétrer dans son lit. Elle portait
un goitre volumineux. Le traitement thyroïdien fut institué : il se
montra beaucoup plus efficace que dans le cas précédent au
point de vue physique : car le goitre disparut complètement.
L'amaigrissement fut aussi beaucoup plus considérable.
- H.1\1. C.
VII. QUELQUES cas DE crétinisme sporadique traités par l'extrait
thyroïdien; par Telford Telford-Smitii. (The Journal of mental
science, avril 1895.)
Les cas étudiés par l'auteur sont au nombre de quatre (trois
filles et un garçon); ce sont des cas de moyenne intensité, répon-
dant bien aux descriptions classiques qui ont été données du cré-
tinisme sporadique. Chez les quatre malades les résultats du trai-
tement n'ont pas été égaux, mais les effets ont été similaires.
L'auteur rapporte avec détail les quatre observations, dans cha-
cune desquelles^ note une amélioration plus ou moins marquée.
Les principaux points à noter quant aux effets du médicament
peuvent se résumer de la façon suivante : Presque dès la première
dose, la température commence à s'élever, et elle tend graduelle-
ment à se rapprocher de la normale. Après deux ou trois semaines
la peau se desquame, surtout au visage et aux extrémités, et prend
une teinte plus naturelle ; la transpiration devient appréciable.
L'état myxoedémateux des tissus sous-cutanés devient moins accusé,
et les traits du visage se précisent. L'abdomen est moins saillant,
les mains et les pieds perdent un peu leur aspect de pelle, et le
poids du sujet diminue : si les doses sonl trop élevées cette dimi-
nution peut aller jusqu'à l'émaciation. Mais si l'on s'en tient à des
doses faibles, la nutrition musculaire parait s'améliorer ; la taille
commence à s'accroître, et si la seconde dentition a été retardée, elle
ne tarde pas à apparaître. La sensibilité cutanée se rétablit, et la
62 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.
constipation disparaît. En même temps on note des modifications
dans le tempérament et la manière d'être : l'apathie fait place à
une certaine activité spontanée, et l'expression du visage s'éclaire.
Les petits malades deviennent joueurs et même malicieux.
Dans ces quatre cas l'auteur a eu plusieurs fois à suspendre
^l'administration de l'extrait thyroïdien pendant un laps de temps
qui a atteint plusieurs mois. Il a constaté pendant ces intervalles
que les petits malades revenaient plus ou moins lentement vers
leur état antérieur, mais cette régression était plus lente que n'avait
été l'amélioration, et l'auteur serait tenté de préciser en disant
deux fois plus lente.
C'est sur deux données : la température du soir et l'état de la
nutrition générale, qu'il faut se baser pour régler les doses, avec
cette réserve toutefois que l'état de la nutrition est plus impor-
tant des deux signes, et que si la perte de poids va ou menace
d'aller jusqu'à l'émaciation, la dose du médicament doit être dimi-
nuée alors même que la température se maintiendrait notable-
ment au-dessous de la normale.
Il convient de commencer le traitement par de faibles, doses,
par exemple trois grains (18 centigr.) par jour, pour atteindre
progressivement cinq grains (30 centigr.) ou même davantage,
suivant les effets observés. Si l'on débute par des doses trop foi tes
on risque de provoquer des symplômes très accusés de dépression :
vomissements, sueurs froides, chute rapide de la température suivie
d'une excessive élévation, symptômes d'asthénie cardiaque.
Enfin il paraît démontré que le traitement donne des résultats
d'autant plus favorables qu'il est institué à une époque plus voisine
du début de la maladie. On se demande si, dans ces conditions, il
ne serait pas possible de diagnostiquer la maladie de très bonne
heure, même dans la toute première enfance et d'instituer alors
un traitement approprié, qui donnerait son maximum dé résultats
favorables. R. DE MuscHAVE CLAY.
VIII. QUELQUES expériences thérapeutiques SUR l'alimentation
thyroïdienne; par Léo STIEGLITZ. (The Nciv-York Médical Journal,
4 mai 1895.)
Depuis que le traitement thyroïdien du myxoedème a monlré
dans quelle large mesure la glande thyroïde agit sur l'état tro-
phique de la peau et influence le système nerveux, on a. expéri-
menté cette médication dans diverses affections cutanées et ner-
veuses. Les remarquables effets obtenus par ce traitement sur la
croissance des cheveux et des ongles dans le myxoedème a poussé
l'auteur à l'essayer dans une maladie des ongles dont la cause
locale n'a pu être précisée. Il s'agissait d'une jeune fille de vingt-
deux an=, dont les ongles étaient èomme mortifiés et d'une teinte
. REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 63
brunâtre : ils étaient en même temps rugueux, irréguliers, courts
et émoussés comme s'ils avaient été retardés dans leur croissance;
sur ceux qui étaient le moins atteinls, l'affection n'envahissait
qu'une partie de l'ongle suivant une section longitudinale, et la
partie malade était séparée de la partie saine par un sillon longi-
tudinal ; les ongles les moins malades sont friables et tachetés.
Ceux des pieds présentent les mêmes symptômes. Le traitement
thyroïdien est institué et toléré sans accident ni incident. A la fin
d'octobre, après quatre semaines de traitement, la malade perd
ses ongles et une partie de ses cheveux; à la fin de décembre, des
ongles absolument normaux avaient remplacé les ongles malades,
et la chevelure, déjà très abondante avant sa chute, devenait
absolument luxuriante. La suspension du traitement amena un
commencement de récidive, qui céda promptement à la reprise de
la médication.
La soeur de cette malade, âgée de dix-sept ans présentait à l'ongle
du pouce droit les mêmes symptômes que ceux qu'on avait obser-
vés chez la première malade, c'était le seul ongle qui fût atteint.
Le traitement, ayant causé des nausées, fut abandonné, mais il put
être repris un peu plus tard sans inconvénient, et donna cette fois
encore les résultats espérés.
Le troisième cas rapporté par l'auteur est un cas de sclérodermie
circonscrite, siégeant à la jambe droite depuis la cheville jusqu'au
genou. Quelques îlots de sclérodermie s'observaient autour du
siège principal de la maladie, montrant diverses phases de l'évo-
lution de la lésion cutanée, et rendant le diagnostic absolument
certain. Le traitement thyroïdien, longtemps continué, a donné chez
cette malade une amélioration qui équivaut presque la guérison.
La quatrième et dernière observation a trait à un cas d'hémia-
trophie progressive de la face. Les spasmes musculaires de la face
ont tout d'abord presque .complètement disparu, mais ils ont
reparu, et dernièrement, il a semblé que leur disparition et leur
réapparition étaient indépendantes des interruptions de traite-
ment. L'hémiatrophie n'a paru subir aucune modification.» ·
R. de 11DSGIt.1\'E Clay.
IX. Sur LE traitement thyroïdien, son histoire ET son emploi en
médecine interne; par S.-J. -'¡ETLZER. (The-New 1'01'" médical
journal, 25 mai 1895.) '
Après avoir débuté par un historique bien fait du traitement
thyroïdien, l'auteur fait remarquer que le principe thérapeutique
de ce traitement diffère en un point important du principe des
extraits animaux, des antitoxines; celles-ci en effet sont détruites
par la digestion et par la chaleur, ce qui n'est pas le cas pour les
préparations thyroïdiennes.
64 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.
Le traitement thyroïdien est spécifique dans tous les états patho-
logiques relevant d'un défaut ou d'une insuffisance d'action du
corps thyroïde; ces états pathologiques sont : 1° le myxoedème
acquis des adultes; 2° le myxoedème acquis par opération; 3° le
myxoedème congénital ou acquis dans la première enfance (créti-
nisme). Dans les trois "cas, la médication thyroïdienne donne
d'excellents résultats ;' mais l'auteur s'occupe surtout ici du
myxoedème acquis des adultes. Dans cette forme de myxoedème,
les résultats sont tellement certains que, si la médication échoue,
on est à peu près autorisé à conclure soit à une erreur de diagnos-
tic, soit à une fausse manoeuvre dans,l'administration de l'agent
thérapeutique.
Il va de soi que lorsque l'on parle de « guérison » par la médi-
cation thyroïdienne, il ne s'agit pas d'une cure radicale : il est au
contraire nécessaire de continuer le traitement, bien qu'à des
intervalles de plus en plus éloignés, si l'on veut assurer la perma-
nence des résultats obtenus. Suivant l'auleur, les doses devraient
être plus fortes, et les intervalles du traitement moins longs pen-
dant l'hiver que pendant l'été.
On admet généralement que l'augmentation du poids du sujet
est une indication de reprendre le traitement ; mais cela n'est
certainement pas vrai pour tous les cas; l'auteur attacherait vo-
lontiers plus d'importance à la sensation du froid comme symp-
tôme de réapparition du myxoedème.
Quant au mode pharmaceutique de préparation, la substance
tyroïdienne pulvérisée est aujoud'hui considérée comme la forme
qui doit être préférée; on peut ainsi la doser à volonté en cachets
ou en capsules. La dose d'ailleurs est loin d'être indifférente : il
est absolument démontré que l'alimentation thyroïdienne peut
donner lieu à de graves désordres ; mais ces désordres ont surtout
été observés dans les périodes de tâtonnement de cette nouvelle
médication, et ils paraissent avoir été presque constamment dus à
l'emploi de doses trop élevées : les symptômes dangereux consis-
tent surtout en crises de sténocardie, avec rapidité et faiblesse du
pouls, et prostration extrême ; cet état de faiblesse peut durer
plusieurs jours. Mais l'auteur est d'avis que l'on peut sûrement
éviter ces effets fâcheux, en apportant à l'administration des pre-
mières doses de la prudence et de la réserve, et en se guidant,
pour les augmenter, sur l'observation du pouls et de la tempéra-
ture. En agissant avec prudence, les phénomènes les plus sérieux
que l'on puisse observer sont des vomissements, de l'asthénie mus-
culaire, de l'oppression précordiale et du tremblement, phéno-
mènes d'ailleurs qui disparaissent rapidement sous l'influence de
la suspension du traitement et du repos au lit. Il est toutefois
quelques ennuis que la plus grande réserve dans le traitement ne
saurait éviter, par exemple l'accélération du pouls, la fatigue, le
REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 61J
léger tremblement des membres, la céphalalgie, les douleurs mus-
culaires généralisées, et quelquefois, même avec de très faibles
doses, de fort incommodes poussées d'urticaire.
L'auteur a remarqué que l'accoutumance au traitement thyroï-
dien s'établissait parfois assez vite, diminuant ainsi l'effet de doses
même très actives : on voit alors reparaître les symptômes
myxoedémateux ; mais en ce cas, une suspension de quelques
jours rendra à l'agent thérapeutique toute son énergie primi-
tive.
L'auteur rapporte ensuite l'observation d'un cas de crétinisme
qu'il soumet actuellement au traitement thyroïdien, avec une amé-
lioration tout juste appréciable au point de vue mental, mais
extrêmement frappante au point de vue physique.
On peut dire que les trois groupes de symptômes fondamentaux
du myxoedème (modifications de la peau modifications du tissu
sous-cutané modifications de l'activité normale du système ner-
veux) subissent une atténuation marquée sous l'influence du traite-
ment thyroïdien ; on est ainsi amené à se demander si ces
symptômes ne seraient pas également modifiés lorsqu'ils se ren-
contrent isolément dans d'autres maladies que le myxoedème ;
l'événement a justifié cette prévision théorique dans une certaine
mesure en ce qui concerne les dermatoses et certaines névroses, et
d'une façon beaucoup plus formelle en ce qui concerne l'obésité,
contre laquelle le traitement thyroïdien constituerait, suivant
l'auteur, le remède non infaillible, mais du moins le plus efficace.
Il faut toutefois se souvenir que les obèses, pressés de maigrir et
d'ailleurs séduits par les premiers résultats ont une dangereuse
tendance à augmenter trop rapidement les doses du médicament
et doivent être étroitement surveillés à cet égard, si l'on veut se
mettre à l'abri des accidents. Les premiers symptômes que l'on
voit s'amender chez les obèses sous l'influence du traitement thy-
roïdien sont la dyspnée et les palpitations ; l'auteur en conclut
avec vraisemblance que l'action du médicament s'exerce d'abord
sur le coeur, et que l'on peut l'utiliser dans les cas de surcharge
graisseuse du coeur : c'est d'ailleurs ce qu'il a fait avec succès, et
il rapporte, à l'appui de cette manière de voir, une intéressante
observation. H de IUSGR.1VE Clay.
X. TÉTANIE TRAITÉE PAR L'EXTRAIT THYROÏDIEN; par BURON 13R.IM\-ELL,
d Edimbourg. (British médical journal, le"juin 1893.)
Il est question dans l'observation d'un cas de tétanie consécutif
à l'extirpation de la glande thyroïde. Le traitement institué fut
l'extrait thyroïdien à forte dose, la guérison s'ensuivit. L'auteur
propose d'étendre la méthode aux letanies autres de l'enfance et
de l'âge adulte. 1)" A. M.
Archives, 2° série, t. I. 5
66 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE :
XI. Maladie D'ADDISION et SON traitement par l'extrait DE
glande surrénale ; par LLOYD JONCS. (British médical journal,
. 24 août 189.)
L'auteur rapporte l'histoire d'une femme dont l'affection semble
remonter à vingt-cinq années environ, à la naissance d'un premier
enfant. -
Elle fut traitée par le lait peptonisé, les tablettes d'extrait surré-
nal, trois par jour, et l'iodure de mercure. En trois mois la
malade revint à la santé, put s'alimenter comme tout le monde et
perdit sa pigmentation anormale. Dans une étude de Georges Oliver
sur l'emploi thérapeutique des glandes surrénales (B. m. j., 14 sep-
tembre 1893), l'auteur confirme l'action thérapeutique effective et
a donné comme mécanisme l'action constrictive et vaso-tonique
d'un produit spécial de la glande et dérivé du sang. A. MARIE.
XII. Sur la nécessité DE pourvoir d'une manière spéciale au trai-
tement DES dégénérés; par Jules MUREL (de Gand). (The J021r)tcLl
of Mental Science, octobre 189t.)
L'obligation de pourvoir à l'entretien et à l'assistance des aliénés
est considérée par tous comme impérieuse; elle ne l'est pas moins
à l'égard des dégénérés qui sont la véritable pépinière du crime
et de la folie.
En organisant des établissements spéciaux pour réunir et traiter
les dégénérés, la société poursuivrait et atteindrait un triple but :
1° elle se préserverait elle-même et réduirait le nombre des crimes;
21 elle protégerait les dégénérés eux-mêmes; 3° elle diminuerait
notablement les vices sociaux, tels que l'intempérance, le vaga-
bondage, la débauche, qui trop souvent aboutissent au crime.
R. M. C.
XIII. Sur les variétés DE la dégénérescence et LEUR traitement;
par le D1' IIALLERVORDEN. (Allg. Zeitsc2'. f. Psyclviut., t. LU, f. 1.)
Les aliénistes tendent actuellement à considérer le crime comme
une manifestation de la dégénérescence; le vagabondage, la pros-
titution, seraient également des produits de dégénérescence. Des
considérations théoriques et pratiques avaient déjà conduit l'au-
teur, il y a plus de huit ans, à regarder les criminels, les hôtes des
maisons de correction, les vagabonds et les prostituées comme
des aliénées dépravées, et à proposer des mesures inspirées par
cette conception. Un premier pas a été fait par le conseil provin-
cial de la Prusse orientale qui a décidé (1895) de réserver un pavil-
lon séparé de la maison de correction de la province aux criminels
aliénés.
REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. ' 67
En 1887, le ministre de l'Intérieur de Prusse adressait aux direc-
teurs des asiles d'aliénés une circulaire les invitant à faire con-
naître quelles étaient les mesures prises où à prendre pour assurer
la détention dans les asiles publics des aliénés criminels. L'auteur
y répondit par les propositions suivantes :
1° Les détenus aliénés cessent, aussitôt qu'ils présentent des
troubles psychiques, d'appartenir aux établissements pénitentiaires
de l'État. Ils doivent être rendus à la province.
2° Leur séjour dans un asile d'aliénés est, d'autre part, une
source d'inconvénients pour le repos des autres malades et pour le
régime normal de l'établissement. Ils peuvent s'en évader, y com-
mettre de nouveaux crimes. Il convient donc de ne pas les admettre
dans les asiles provinciaux, mais de les interner daus un auire
établissement.
3° C'est à tort que la plupart des auteurs qui ont étudié la ques-
tion, ont à peine mentionné les vagabonds, et consacré leurs tra-
vaux aux criminels. Les vagabonds sont assez nombreux dans les
asiles de province. A Kortau, qui ne compte pas 400 malades, il
existait en 1887, 16 malades criminels et 10 vagabonds. Ces der-
niers ont une influence fâcheuse au point de vue du bon ordre de
l'établissement. Parmi les criminels, il n'y a que les criminels
d'habitude qui ont une action néfaste pour ce qui est du maintien
de la discipline; tandis que les vagabonds, qu'ils viennent ou non
d'une maison correctionnelle, constituent un élément de désordre,
cherchent à s'évader, donnent de mauvais exemples, excilent les
aliénés, etc. Ajoutons que la plupart des femmes vagabondes sont
des prostituées, dont le contact est pénible pour des femmes bien
élevées.
4° La solution de la question se trouve dans l'aménagement d'un
quartier spécial d'aliénés dans l'établissement provincial de correc-
tion. Dans cette section seront placés les aliénés qui ont été aupa-
ravant des criminels, des délinquants, des vagabonds ainsi que les
prostituées aliénées. Ces divers éléments constituent par le danger
qu'ils font courir aux autres malades, au bon ordre de l'asile et
à la société par la conformité de leur constitution psychique-
par la similitude de leur situation sociale parieur incurabilité,
enfin par la nécessité d'avoir pour eux une installation spéciale,
ces éléments constituent un groupe à part. Enlevés à l'asile d'aliénés,
ces malades doivent naturellement être rattachés à un établisse-
ment pénitencier. ,
Le Conseil provincial, à la suite d'une campagne menée par
l'auteur, a adopté le projet de création d'un pavillon spécial des-
tiné à 50 criminels aliénés, pavillon qui sera annexé à la maison,
de correction de Tapiau. Les frais sont évalués à 130,208 11.
P. Sérieux..
68 ' REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.
XIV. Traitement CBIUUIIGICAL DE la folie; par Macpherson.
(Edinburg IlospilalBcpo1'ts, L. III, 189.)
Après un court historique où il rappelle les pièces curieuses des
stations paléolithiques, démontrant la fréquente pratique préhisto-
rique du trépan comme usage à la fois thérapeutique et religieux,
l'auteur s'appuyant sur les principes généraux de la physiologie et
de la pathologie cérébrales, fait ressortir la légitimité théorique
d'une intervention qui modifie sûrement et d'une façon profonde
l'état de la circulation intracranienne et par suite de la tension
cérébrale. La mentalité étant visiblement dépendante de l'état de
tension vaso-molrice plus ou moins grande du cerveau, doit être
modifiée en même temps que cette tension, d'où des indications
thérapeutiques possibles du trépan en aliénation mentale. Tout
d'abord l'auteur passe en revue les tentatives faites pour la cure
de l'idiotie et de l'imbécillité ; les cas de Lannelongue, King,
Horsley, Park et Agnew, ainsi que ceux de Keen et Miriar sont
rappelés; mais l'auteur, en dépit des pourcentages parfois encou-
rageants, termine sur l'impression que lui a laissée la visite du
musée de Bicêtre et des pièces démonstratives recueillies par
11. Bourneville. Après l'examen de ces pièces il convient qu'il y a
peu d'illusions à conserver sur l'opportunité des trépanations et
craniectomies dans l'idiotie microcéphalique.
Pour les troubles mentaux d'origine traumatique en revanche,
les résultats de l'intervention chirurgicale sont plus encourageants
surtout si l'on admet avec l'auteur que 2 p. 100 des cas d'alié-
nation sont d'origine traumatique. Rappelant les cas de Starr,
Keen et Mackensie Bacon, 111. Macpherson montre l'importance
curative du trépan appuyé sur la topographie cranio-cérébrale de
plus en plus précise, en ce qui concerne la cure des épilepsies
jacksonniennes avec ou sans troubles mentaux consécutifs (la cure
des troubles mentaux eux-mêmes étant subordonnée au temps
plus ou moins long ayant précédé leur apparition.
Reste la paralysie générale pour laquelle des tentatives ont été
faites en Angleterre comme en France (or Rey). 31. Macpherson
rapporte les cas de Shaw Batty Tuke et \Vallace, ce dernier ayant
opéré dans le service de Stirling dont l'auteur est superintendant.
Trois cas sur douze furent non pas guéris, mais arrêtés dans leur
évolution, sorles de rémissions de paralysie générale. Enfin, con-
formément aux vues hardies émises par Burckardt au congrès de
Berlin, l'auteur rappelle les tentatives d'exploration chirurgicale
proposées pour la folie chronique proprement dite sans lésions ni
localisation établie. Quatre observations de malades opérés dans
ces conditions dans son service donnent deux améliorations et une
guérison pour un décès.
Néanmoins l'auteur conclut à l'opportunité discutable de telles
1 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 69
interventions et pense que la question doit être réservée, la phy-
siologie cérébrale et les localisations pas plus que la chirurgie
cranio-cérébrale et la médecine mentale n'ayant dit leur dernier
mot. L. A. Marie.
XV. SUR la trépanation dans la méningite, avec UNE observation;
par John laEAY (The Journal of Mental Science, octobre 1894).
Il s'agit d'un cas de lepto-méningite diffuse, suppurante, ayant
son origine dans l'oreille moyenne, et s'étant propagé par infection
aux méninges basilaires, et, par l'effet combiné de l'infection et
de la pesanteur, jusqu'aux enveloppes de la moelle. L'opération
pratiquée in extremis fut suivie de mort; on l'avait tentée comme
dernière ressource, mais elle ne saurait avoir de chances réelles
de succès que lorsqu'elle est pratiquée de très bonne heure. -
R. M. C.
XVI. KYSTE traumatique DU cerveau consécutif A une lésion
datant DE VINGT-CINQ ANS : ÉPILEPSIE; opération; guérison; par
J.-T. );srRIDGE et F.-r.lllAC-1.UGnT. (The New- Yo¡'/i Médical Journal,
1er juin 1895.) .
Le sujet est un homme de trente-cinq ans, sans antécédents per-
sonnels ou héréditaires; à l'âge de neuf ans, il reçut un coup de
pied de cheval à la région sus-orbitaire gauche; le crâne fut frac-
turé, et une quantité assez considérable de substance cérébrale
sortit par la plaie. Le malade demeura inconscient durant vingt
minutes environ : l'os déprimé ne fut pas relevé, mais le médecin,
après avoir introduit le doigt dans la plaie, pénétrant ainsi dans
le cerveau, pratiqua la suture des parties molles : c'est alors que le
blessé recouvra une conscience apparente, mais son intelligence
resta obtuse, et sa mémoire, du moins en ce qui touche l'accident
et ses suites, fut sérieusement atteinte, car il ne se souvient aucune-
ment, ni du traumatisme lui-même, ni d'aucun des événements de
sa vie pendant les onze premiers mois qui l'ont suivi : sa santé se
maintint bonne jusqu'à l'âge de dix-neuf ans, époque à laquelle,
s'étant exposé aux rayons d'un soleil très vif, il commença à se
plaindre de céphalalgie et à présenter des périodes d'inconscience,
durant lesquelles il était privé de l'usage de la parole, et qui, une
fois au moins, se renouvelèrent en série durant plusieurs jours
consécutifs; il reprit ensuite sa santé ordinaire, et depuis l'âge de
dix-neuf ans jusqu'au moment où l'auteur l'examina, il n'eut que
trois crises convulsives, provoquées par de légers excès alcooliques
ou par une insolation.
A la fin de 1894, âgé alors de trente-cinq ans environ, après un
nouvel excès alcoolique, le malade fut pris d'une crise convulsive
grave et demeura inconscient pendant trente-six heures; le len-
70 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.
demain soir, deux crises convulsives; le troisième jour, onze crises :
le quatrième jour, quinze. Toutes ces crises furent violentes, et
durant leurs intervalles, la conscience ne reparut pas un seu-
instant. Après leur cessation, il redevint à demi conscient, demeul
rant toutefois en état de somnolence et ne répondant que fort mal
aux questions qu'on lui posait. Le réflexe du genou était exagéré,
un peu plus à gauche qu'à droite, les réflexes plantaires étaient
conservés, mais peu marqués. Les réflexes crémastériens et abdo-
minaux manquaient : les réflexes profonds des bras étaient à peu
près normaux. Il n'y avait ni parésie, ni paralysie d'aucun muscle;
aucun nerf crânien ne paraissait intéressé. La vision paraissait par-
faite, et l'examen opbtalmoscopique ne révélait aucune altération
de la rétine, ni du nerf optique. La céphalalgie était continue et
siégeait à la région frontale gauche. L'hébétude mentale était très
accusée; en somme, on paraissait avoir affaire à une méningite
localisée, ayant pour cause la dépression osseuse. Une opération,
au moins exploratrice, fut proposée, acceptée par la famille, et
pratiquée par le Dr Alac-Naught.
L'os était déprimé, et l'ouverture osseuse' recouverle par une
membrane fibreuse très dense. La dissection des parties montra
une fracture triangulaire; la base du triangle osseux avait pénétré
profondément dans le tissu cérébral, formant presque un angle e
droit avec le crâne; au-dessous de l'os ainsi déprimé, et en rapport
avec lui, apparaissait un kyste ; une couronne de trépan fut
appliquée à un pouce environ en arrière de la base de la fracture,
et une rondelle d'os normal fut enlevée. A l'aide de la pince à
séquestres, le fragment d'os déprimé fut ébranlé, mais à ce moment
survinrent des phénomènes convulsil's très nets, envahissant les
muscles des extrémités aussi bien que ceux de la face. Enfin l'abla-
tion du fragment osseux mit à nu un kyste volumineux qui occu-
pait dans le lobe frontal une surface mesurant environ deux pouces
et demi dans le sens longitudinal et de un pouce et demi à deux
pouces dans le sens transversal. Le contenu de ce kyste était un
liquide aqueux, de coloration jaune paille; ses parois étaient résis
tantes et de nature fibreuse. Après évacuation de son contenu, la
cavité kystique fut bourrée de gaze ioduformée, et la plaie fut
fermée et suturée : on ménagea toutefois une ouverture suffisante
pour pouvoir renouveler le tamponnement à la gaze. Au bout de
quatre jours, à l'enlèvement du pansement et de la gaze, la cavité
du kyste était réduite de moitié, et au bout de huit jours, après un
nouveau tamponnement, elle était à peu près complètement effacée.
L'état mental du malade s'était rapidement 'amélioré dès le
deuxième ou le troisième jour après l'opération. , G
Revu sept mois après, le malade est très bien portant, ne se plaint
plus de céphalalgie, et sa mémoire et son attention sont nettement
améliorées; mais dès qu'il se livre à un très léger excès alcoolique
REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.. 71
(deux ou trois verres de whisky), il est repris de céphalalgie et de
convulsions : celles-ci, toutefois, sont beaucoup plus faibles que
dans les crises anlé-opératoires.
La réapparition des convulsions chez ce malade nous enseigne
que, lors même que la cause épileptogène n'existe plus, les crises
peuvent réparai Ire sous l'influence d'excitations insignifiantes. Il est
probable que la présence prolongée d'un corps étranger (esquille
ou tumeur), dans la substance cérébrale, donne lieu, dans le tissu
nerveux périphérique, à des modifications de structure qui altèrent
le fonctionnement cellulaire normal dans le cerveau tout entier,
et qu'il en résulte un affaiblissement et une instabilité du cerveau
capables de survivre à l'ablation de l'agent perturbateur.
D'autre part, lorsque le corps étranger est en contact avec les
méninges, l'inflammation et l'épaississement de ces membranes ne
disparaissent évidemment pas avec lui. Enfin, ce cas nous montre
encore qu'après que le cerveau a été libéré de la violence subie,
il faut mettre le malade à l'abri des moindres causes d'excilation,
celles-ci pouvant trop aisément provoquer la réapparition des crises
convulsives. R. DE ! \lUSGRAVE Clay.
XVII. UN cas d'épilepsie HCKSOl\ILiC-OE : cessation DES attaques après
l'opération du trépan; par CU\\ING11AI. (The NeU-Yorh; Médical
Jour., 7 juillet 1894.)
Voici le résumé de cette inléressante observation : il s'agit d'un
mineur nègre, âgé de trente ans, sans antécédents pathologiques
ou névropathiques, qui fut frappé avec une brique à la partie anté-
rieure gauche de la tête : quatre jours après, en reprenant con-
naissance, il constate qu'il ne peut mouvoir que très imparfaitement
le bras et les doigts du côté droit, et guère mieux la jambe droite.
Il comprenait ce qu'on lui disait, mais ne pouvait pas parler :
il avait de fréquents mouvements spasmodiques affectant surtout
le bras, l'avant-bras, l'épaule, la face, et plus rarement la jambe
du côté droit. Six jours après l'accident, une opération est pratiquée
C[ à cause d'un os qui comprimait le cerveau », et le malade
recouvre progressivement et à peu près complètement la parole et
le mouvement; mais les crises spasmodiques subsistent environ
deux fois par semaine : la céphalalgie, pas très fréquente, est
modérée et siège principalement au niveau de la cicatrice. L'attaque
spasmodique a été soigneusement observée : elle débute de deux
manières; la première forme de début,' qui est de beaucoup la plus
ordinaire, est caractérisée par de l'engourdissement et du picote-
ment à la main droite, surtout au pouce et à l'index; quelques
secondes après le pouce rentre, et dans un délai rigoureux de
quinze secondes on voit apparaître des mouvements convulsifs de
nature alternativement tonique et clonique, débutant dans la main
\
72 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.
et se propageant à l'avant-bras, au bras, à l'épaule et à la face.
La tête et les yeux sont tournés à droite. La parole est abolie;
mais la conscience, l'intelligence et le pouvoir d'exprimer les idées
par des gestes de la main gauche sont conservés. Ni le membre
inférieur droit, ni les membres inférieur et supérieur gauches ne
participent à l'état convulsif. Il est arrivé quelquefois, cependant,
que la jambe droite et le bras gauche ont été envahis, mais jamais
la conscience n'a été abolie.- Enfin, dans l'ordre chronologique,
autant qu'on a pu l'observer, on a constaté successivement la
perle du sens musculaire, l'anesthésie au toucher, l'analgésie, la
perte du sens de ta température, celle-ci surtout accusée à la main
et à tout le côté droit de la face. Au bout de cinq minutes, tous
les mouvements musculaires disparaissent, et il subsiste de la parésie
pendant un quart d'heure. Les phénomènes disparaissent dans
l'ordre suivant : l'aphasie au bout de trois minutes, la perte de
sens de la température au bout de cinq minutes, l'analgésie au bout
de huit, l'anesthésie au toucher au bout de dix, le sens musculaire
au bout de treize; enfin, après un quart d'heure, le malade peut
remuer tout le bras droit, malgré un engourdissement et une rai-
dcur qui persistent environ une demi-heure. Dans le second
mode de début, le plus rare, c'est une sensation de crampe épigas-
trique, promptement suivie de la perle de la parole, qui ouvre la
scène : le reste se passe comme il a été dit plus haut.
Ces symptômes ayant paru se rattacher à une lésion des méninges
earacténsée par un épaississement, avec adhérences des mem-
branes, soit entre elles, soit avec l'écorce cérébrale, on décide
d'avoir recours à la trépanation. On trouve, en effet, les méninges
épaissies, adhérentes entre elles et, en un point, à l'extrémité infé-
rieure de la circonvolution centrale antérieure. Le lendemain de
l'opération, il y eut encore une petite attaque d'épilepsie jackson-
nienne, mais il n'y en a plus eu depuis. Les suites de l'opération,
ont été normales et bénignes.
L'auteur fait remarquer en terminant combien les cas de ce
genre sont instructifs, car non seulement ils révèlent clairement
les propriétés sezsitivo-motrices de l'aire dite motrice de l'écorce
cérébrale, mais Ils peuvent encore nous fournir le moyen de pré-
ciser les fonctions exactes des différents plans cellulaires de la
substance grise corticale, dont chaque couche, ainsi que le pensent
Horsley et plusieurs autres auteurs, possède probablement une
fonction qui lui est propre. R. de l\lUSGIUVE CLAY.
XVIII. Deux opérations SUIVIES DE succès dans la folie trauma-
tique, avec commentaires ; par George W. Cale. (The New-York
Médical Journal, 12 octobre 1895.)
Les cas de folie consécutive à un traumatisme de la tête ne sont
REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 73
pas très communs. La méningite chronique et l'encéphalite jouent
d'ordinaire un rôle important dans la production de la folie trau-
matique, et les deux lésions accompagnent assez souventlesinflam-
mations de la voûte du crâne : c'est souvent pendant ou après la
guérison de la plaie que l'on voit apparaître les symptômes d'alié-
nation mentale. Quelquefois aussi, un traumatisme, même grave,
ne donne pas lieu directement à la production d'une affection men-
tale, mais il fait du cerveau un locus minoris 1'esistentiæ. La folie,
en ce cas, peut être provoquée par toute cause capable d'abaisser
la tension vaso-motrice : elle peut revêtir des formes très diverses.
L'auteur a observé, et il rapporte, deux cas de folie traumatique
dans lesquels une intervention chirurgicale a donné de très heu-
reux résultats.
Observation I. Homme de vingt-six ans, charpentier. Pas
d'hérédité. Traumatisme à la tête (coup de bâton) : plaie sié-
geant à peu près à égale distance de la scissure de Rolando et de
la protubérance occipitale externe, un peu à gauche de la ligne
médiane : réunion après trois mois de suppuration. Quatre ans
plus tard, douleur vive dans les régions pariétale et occipitale
gauches : attaque de petit mal ; changement très accentué du carac-
tère qui devient ombrageux, soupçonneux ; idées de persécution :
tendance à mentir, même alors que son intérêt manifeste est d'être
sincère. Séjour de seize mois dans un asile ; puis retour dans la
famille, suivi dix mois plus tard d'un nouvel internement de cinq
mois. Nouvelle sortie, suivie de réintégration au bout d'un mois.
Une opération est décidée et pratiquée au niveau de la cicatrice.
L'os est légèrement déprimé ainsi que la portion correspondante
de la table interne. La dure-mère paraît normale ; la plaie es
refermée et drainée au catgut. A peine sorti du sommeil chloro-
formique, le malade présente des signes évidents d'amélioration ;
la céphalalgie a disparu, et le malade est redevenu gai. La guéri-
son s'est poursuivie sans interruption. Ce cas est remarquable
par la tardive apparition des troubles mentaux, et l'absence de
toute lésion pathologique, au moins d'ordre macroscopique.
Observation II. Manie aiguë consécutive à un traumatisme. Il
s'agit d'un charpentier de trente-trois ans, qui reçut une brique
sur la tête, au niveau de la ligne interauriculaire. Le choc le ren-
versa, et il demeura inconscient pendant deux heures. Au réveil il
fut pris d'excitation maniaque. Il se plaignait d'une céphalalgie
constante ayant son maximum à la base du cerveau, et quelques
jours après l'accident sa vue s'affaiblit notablement. Cet état dura
environ quatre jours. eut plusieurs attaques de manie plus
douce que la moindre excitation suffisait à provoquer. Il était fort
agité la nuit, et les hypnotiques demeuraient presque sans effet.
Une opération fut pratiquée : il n'y avait pas d'adhérences, mais la
74 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.
dure-mère était un peu congestionnée. La guérison a marché régu-
lièrement, et le malade a repris son travail.
Chez ces deux malades, le temps qui s'est actuellement écoulé
depuis l'opération permet d'affirmer la solidité de la guérison.
R. DE lluscaavH CLAY.
XIX. Sur LE traitement séparé des cas récents ET curables D'ALlÉ-
nation MENTALE DANS DES HOPITAUX DÉTACHÉS FT SPECIAUX; par'
John A. «ALLIS. (The journal of Mental Science, juillet 1894.)
Dans ce travail, accompagné de deux plans, l'auteur entre dans
des détails étendus sur la disposition qu'il conviendrait de donner
aux hôpitaux en question. Il insiste une fois de plus sur les avan-
tages de toute nature qu'il y aurait à séparer les aliénés curables
de ceux dont la guérison ne peut plus être espérée. R. 11. C.
XX. Trépanation dans un cas d'épilepsie; observation clinique) ; par
T. DUNCAN GREEi'\LEES. (The Journal of Mental Science, juillet
1894.) .
11 s'agit d'une femme de trente-neuf ans, non mariée, entrée à
l'asile de Grahamstown (Afrique du Sud) et atteinte de manie épi-
leptique. Hérédité névropathique. Irrégularité de la menstruation.
Traumatisme accidentel à la tête, avec perte de connaissance con-
sécutive de courte durée : retour à la santé normale. Onze.mois
avant l'admission à l'asile, attaque d'épilepsie : depuis cette époque
retour plus ou moins fréquent d'attaques d'épilepsie plus ou moins
intenses. Presque simultanément à la première attaque, appari-
tion de troubles mentaux d'abord légers, et aboutissant à des hallu-
cinations et à des phénomènes d'excitation : aggravation de ces
symptômes au moment des règles : à la dernière époque mens-
truelle elle se croyait morte, refusait de se laisser toucher, et de
manger : elle croyait aussi avoir commis le « péché impardonnable »
et être devenue enceinte. Les attaques d'épilepsie reparaissent à
des intervalles plus ou moins éloignés, mais aucune d'elle ne paraît
s'accompagner d'une perte absolue de conscience. L'aura parait
consisler en une sorte de frémissement de la langue.
A l'entrée de la malade à l'asile on noie un léger état de dépres-
'-ion et d'irritabilité : on ne constate aucune affection organique.
Les attaques' sont assez fréquentes ; la malade refuse de manger,
prenant pour de la chair humaine les aliments qu'on lui présente.
Une légère amélioration se produit dans la, santé générale, et son
père qui vient la voir accepte volontiers l'idée d'une opération. Ou
décide d'appliquer une couronne de trépan au niveau du trauma-
tisme ancien, dont la trace demeure apparente, c'est-à-dire dans
la région correspondante à la partie moyenne et supérieure de la
REVUE DE THERAPEUTIQUE. 1 -la
circonvolution frontale ascendante, du côté droit. La dure-mère est
épaissie, elle fait saillie hors de l'ouverture osseuse, mais l'aiguille
du trocart introduite dans différentes' directions ne donne ni liquide,
ni pus. La couche corticale, mise à nu par le détachement des
membranes, on prélève, eu vue de l'examen histologique un frag-
ment de la dure-mère, et on referme la plaie par la méthode ordi-
naire. La cicatrisation s'effectue rapidement, sans suppuration.
L'opération donna d'abord un résultat satisfaisant et une semaine
entière se passa sans attaque épileptique. Les crises reparurent
bientôt, mais moins fréquentes et moins intenses : l'état mental
était sensiblemenl amélioré. La céphalalgie, surlout nocturne se
manifesta de nouveau. Peu à peu les crises d'épilepsie reprirent
leur fréquence ancienne.
On en conclut que si l'opération n'avait pas amené la guérison
espérée, elle avait du moins précisé la cause des attaques, à savoir :
Ja compression exercée sur l'écorce cérébrale par la dure-mère
considérablement épaissie : cet épaississement paraissant s'étendre
bien au-delà du territoire mis a nu par la trépanation, on jugea
qu'une seconde opération était indiquée ; mais avant d'y avoir
recours, et en tenant compte des lésions histologiques de la dure-
mère et particulièrement de l'existence de l'endartérile, on crut
.devoir instituer un traitement antisyphilitique. dont les excellents
résultats ne se firent pas attendre, et paraissent à l'heure actuelle
.devoir être définitifs.
L'auteur termine ce mémoire par les considérations suivantes,
- dans lesquelles il est conduit par son entière confiance dans la mo-
- l'alité de la malade il émettre une hypothèse du moins discutable,
- sur le réveil tardif (la malade avait trente-neuf ans) de la syphilis
infantile par un traumatisme.
« Il semble, quand nous considérons le résultat du traitement
que nous soyons forcés de considérer le cas'qui vient d'être rap-
porté comme un cas d'épaississement syphilitique de la dure-mère.
La moralité de la malade exclut la probabilité d'une sypliilis
acquise à l'âge adulte, mais on m'apprend que la syphilis est très
souvent communiquée dans l'enfance par des nourrices indigènes.
« Le point intéressant de cette observation, c'est que le trauma-
tisme, subi à l'âge adulte, parait avoir pour ainsi dire réveillé le
virus spécifique latent, si bien que les conséquences intlammatoires
de la lésion, survenant chez un sujet syphilitique, ont pu être elfec-
tivement guéries par un traitement antisyphilitique : ainsi l'opé-
ration, dans ce cas, ne nous a rendu d'autre service que de nous
mettre sur la bonne piste ; le diagnostic une fois confirmé par
l'examen microscopique, le traitement devenait simple, et il a
donné les résultats les plus satisfaisants. »
- li. DE MUSGRAVE CL.\Y.
76' REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.
TUMEUR cérébrale : opération suivie DE succès; par Charles
L. D.\NA et J.-R. CowvAY. (The Neiv-York médical Journal,
22 juin 1895.)
Il s'agit d'un malade atteint d'épilepsie jacksonnienne, de para-
lysie du bras gauche avec troubles de la sensibilité, de céphalalgie
et de névrite optique. L'analyse des symptômes révélait nettement
l'existence d'une tumeur cérébrale et permettait de les localiser.
La paralysie du bras gauche et les troubles sensoriels dont il était
le siège, alors que la face et la jambe n'étaient que très légèrement t
affectés, rendaient facile à diagnostiquer une lésion du centre
brachial de l'hémisphère cérébral droit. La douleur et la pares-
thésie ainsi que les mouvements convulsifs initiaux débutent par
les doigts, il devenait clair que les centres de la main et des doigts
étaient atteints; et l'on pouvait dès lors diagnostiquer une tumeur
intéressant les centres du bras et de la main.
Le malade ayant présenté des convulsions et de la céphalalgie
avant tout autre symptôme localisateur, il paraissait probable que
la tumeur était située en avant des centres moteurs, qu'elle ne
devait atteindre que secondairement.
L'âge du sujet (16 ans), l'absence de tout phénomène syphilitique
ou tuberculeux, aussi bien que la marche assez rapide de la tumeur
amenèrent l'auteur à penser qu'il s'agissait d'un gliome ou d'un
glio-sarcome. -
L'opération fut pratiquée par le Dr Conway. Une couronne
de trépan d'environ trois quarts de pouce de diamètre, fut appli-
quée, ne perforant qu'avec une grande difficulté l'os très épaissi..
En enlevant la rondelle, on constate l'adhérence de la dure-mère
L'ouverture fut agrandie et son diamètre atteignit ainsi près de
deux pouces, car il était devenu évident que la tumeur occupait une
surface considérable : mise à nu, cette tumeur se présenta sous
l'aspect d'une masse aplatie, résistante, de nature fibreuse ; elle
adhérait si étroitement à la substance grise qu'une petite partie de
celle-ci suivit la tumeur au moment de l'ouverture, on put constater
que le néoplasme s'étendait assez loin dans' cette direction ; mais
comme la portion enlevée mesurait deux pouces un quart sur deux
pouces et que le malade s'affaiblissait visiblement, on nejugea pas
à propos de poursuivre l'ablation totale. Trois heures après l'opé-
ration, le malade eut une crise de convulsions généralisées. Fermée
par les procédés ordinaires, la plaie guérit bien.
Vingt-trois jours après l'opération, l'intelligence était tout à fait
lucide, la céphalalgie avait disparu et la convalescence était con-
firmée.
A cette date on constate l'état suivant : la parésie de la face,
l'état de la jambe ne sont pas modifiés; le bras gauche se meut
plus librement ; ses mouvements d'élévation, de flexion et d'exlen-
REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. - Il
sion sont plus faciles, mais ils demeurent très affaiblis, ainsi que
les mouvements de pronation. Les doigts sont ordinairement dans
l'extension ; mais il existe de légers mouvements de flexion, d'ad-
duction et d'abduction : en somme les mouvements du bras sont
améliorés.
La douleur, l'hyperalgésie du bras ont à peu près disparu. La
sensibilité au loucher est presque normale, quoique peut-être un
peu retardée. Le sens thermique est normal. En revanche le sens
musculaire fait entièrement défaut.
Le malade est de nouveau examiné onze mois après l'opération :
il a des crises convulsives à peu près une fois par mois ; elles sont
unilatérales, et ne sont plus, comme avant l'opération, accompa-
gnées de perte de conscience. Elles sont precédées par une aura
légèrement douloureuse commençant à l'extrémité des doigts et
remontant le long du bras. La paralysie a diminué depuis l'opéra-
tion. Le malade peut élever le bras au-dessus de sa tête, le fléchir
et l'étendre, il fléchit les doigts, surtout ceux qui sont innervés par
le cubital, et il péut les étendre légèrement : toutefois l'extension
du poignet est impossible. La pronation est possible, mais non la
supination. Il reste un peu de parésie du côté gauche de la face;
la jambe gauche est un peu faible, et le réflexe du genou y est exa-
géré. - Il n'y a pas de céphalalgie; la vue est bonne, et il ne
demeure que de faibles traces de névrite optique. La santé géné-
rale est satisfaisante. L'examen du fragment de tumeur enlevé
montre qu'il s'agissait d'un sarcome à cellules fusiforne=.
R. DE Musgrave CL.1Y.
XXII. Sur LE drainage par aspiiution DU canal vertébral;
par Augustus Caille. (The iYem-2'or>i médical journal, 15 juin 1895.)
Le drainage du canal vertébral par la méthode aspiratrice, qui.
en dehors de sa valeur propre comme moyen thérapeutique, peut
fournir d'utiles éléments au diagnostic a été proposé pour la pre-
mier fois par Quincke au Congrès allemand de médecine de 1891.
Celle méthode repose sur la donnée que l'espace sous-arachnoïdien
péri-médullaire communique librement avec les ventricules céré-
braux. La ponction doit être faite entre la troisième et la quatrième,
ou entre la quatrième et la cinquième vertèbres lombaires, immé-
diatement au-dessous de l'apophyse épineuse un peu en dehors de
la ligne médiane, l'aiguille étant introduite entre les arcs des ver-
tèbres adjacentes et pénétrant à travers la dure-mère spinale
jusque dans le canal spinal. Le corps du malade doit être penché
en avant, et l'anesthésie n'est pas toujours nécessaire. Le plus ordi-
nairement l'aspiration n'est pas non plus indispensable, car si le
liquide céphalo-rachidien est soumis à la moindre pression on le
voit sourdre spontanément.
18 ' REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.
Les cas rapportés par l'auteur sont au nombre de quatre on est
obligé de reconnaître qu'ils sont peu concluants et ne peuvent guère
contribuer utilement à l'appréciation de la méthode. Les deux
premiers, en effet, ne sont plus actuellement sous l'ohservation de
M. Caillé, qui, ne peut par conséquent donner de renseignements
sur l'état actuel des malades. Dans le troisième cas, le malade
est de l'aveu de l'opérateur, à peu près dans le même état qu'avant
l'opération. Et quant au quatrième cas, l'auteur ne mentionne
que le manuel opératoire, et la nature du liquide (qui contenait
20 p. 100 de sucré) et se borne à annoncer que le complément de
l'observation sera probablement publié.
Malgré ce que ces données peuvent avoir d'insuffisant, l'auteur
estime que le drainage du canal rachidien est un procédé que l'on
peut appliquer en toute sécurité lorsqu'il existe, dans des affections
diverses, des phénomènes de compression. Il est d'avis que le drai-
nage de la cavité racbidienue doit être préféré, au point de vue de
l'inocuité, au drainage de la cavité crânienne dans l'hydrocéphalie
crânienne : il pense enfin que, au point de vue du diagnostic, la
valeur de cette méthode est nettement établie. li. 11. C.
XXIII. Du soulagement DE la migraine ET DE quelques autres AFFFC-
'l'10\S névralgiques DE la Titre ; par Sargent et F. S4om,. (Tlce
Neiu- York médical journal, 31 mars 189 1.) '
L'auteur s'est proposé de démontrer qu'il existe un certain nombre
de cas où la migraine et les autres affections névralgiques de la
tête peuvent être guéries, ou lotit au moins amendées par un trai-
tement approprié des lésions nasales qui les provoquent : il rap-
porte à l'appui de cette proposition quatre observations intéres-
santes et très démonstratives : il a d'ailleurs observé des cas de ce
genre en assez grand nombre, et ne manque jamais maintenant,
quand il se trouve en présence d'affections de nature douloureuse
siégeant à la tète de conseiller l'examen des cavités nasales, et à
engager les malades, en cas de lésion reconnue, d'avoir recours à
une intervention chirurgicale, qui, bien entendu, n'est pas toujours
absolument curative, mais qui donne tout au moins d'importantes
améliorations. H. 11. C..
XXIV. Excitation maniaque intense consécutive A l'administration
du salicylate DE soude; par G.-B. 1VDI1VSUY. (The Journal of
mental Science, octobre 1895.)
Chez une aliénée de quarante ans, le salicylale de soude fut
prescrit pour des douleurs rhumatismales à la dose de 20 grains
(1 gr. 20) toutes les quatre heures ; la malade prit en tout six de
ces doses, soit 120 grains, ou 7 gr. 20. Elle fut alors prise d'une
SOCIÉTÉS SAVANTES. 79
crise d'excitation d'une intensité extrême ; il fallait plusieurs per-
sonnes pour la maintenir ; encore ne put-on l'empêcher de se
meurtrir et de se contusionner : le pouls était trop rapide pour
être compté, les sueurs étaient abondantes. Les accidents disparu-
rent au bout de trente-six heures ; il est à noter que la rougeur et
la douleur articulaires n'existaient plus.
Ce cas est surtout intéressant à cause de l'usage courant que l'on
fait du salicylate de soude dans une maladie très répandue. Les
accidents consécutifs à son administration ne sont pas rares, mais
en général ils ne se montrent que dans les cas où l'on a employé
des doses massives, et ils sont moins graves que ceux qu'a observés
l'auteur; toutefois, il règne à cet égard, parmi les médecins, de
profondes divergences d'opinion. R. M. C.
XXV. La TUBERCULOSE ET son traitement DINS LES ASILES D'IftL 1NDE ;
par Finegan. (The Journal of mental Science, avril 1895.)
Tous les aliénistes savent combien la tuberculose est fréquente
dans les asiles : l'auteur se demande si l'on fait bien réellement
tout ce qui est nécessaire pour faire bénéficier les aliénés tubercu-
leux de toutes les ressources nouvelles qu'une thérapeutique plus
rationnelle met aujourd'hui à notre dlsposiliqn dans le traitement
de la tuberculose, et il craint bien que l'on ne soit forcé de répondre
négativement ; il pense aussi que les mesures prophylactiques
rendues nécessaires par le caractère infectieux de la maladie ;
et plus indispensables dans un asile que partout ailleurs puisque
l'on peut sans exagération dire que tous les malades y sont en état
de réceptivité bacillaire plus ou moins accusée, ne sont guère mieux
appliquées que les mesures thérapeutiques. Il y a là une réforme
importante à instituer. . R. 111. C.
SOCIÉTÉS SAVANTES.
SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE.
Séance du 28 octobre 1893. Présidence de M. Paul MOREAU.
Condamnation d'un aliéné.
M. LEGRAIN lit, au nom de 1\1. ADAM (de Clermont), une observa-
tion médico-légale, concernant un aliéné hypocondriaque, con-
80 .SOCIÉTÉS SAVANTES.
damné récemment pour homicide, par la cour d'assises. Cette obser-
vation complète une lacune, dans l'enquête qui se poursuit il la
tribune de la Société, concernant le rôle du pouvoir judiciaire dans
les affaires d'aliénation mentale- Deux ordres de faits ont été pré-
sentés jusqu'alors : 1° des cas d'aliénés mis en liberté intempestive-
nient par autorité de justice; 2° des cas d'aliénés authentiques con-
damnés par les tribunaux pour délits ou crimes commis pendant
l'état de maladie. Il manquait à ces faits des cas de condamnation
d'aliénés par décision du jury. L'observation de M. Au.ut comble
cette lacune.
Le malade est un dégénéré héréditaire, n'ayant rien de grave dans
son passé, sauf quelques excès alcooliques et sexuels. La mélancolie,
le suicide existent manisfestement dans la famille. Il est hypochon-
driarlue depuis de nombreuses années; il croit avoir la syphilis et
un cancer de l'estomac. Toute son existence, dans les dernières
années, est celle des hypochondriaques obsédés (voyages incessants
en vue de consultations multiples). De temps en temps surviennent
des raptus mélancoliques, avec anxiété, désespoir, idées et ten-
tatives de suicide, impulsions violentes. C'est au cours d'une de-
ses impulsions, qu'il lire sur sa maîtresse, couchée à ses côtés, deux
coups de revolver, pour des motifs insignifiants, nuls en vérité.
Le jury, malgré les conclusions de l'expertise, a condamné Je
malade à cinq ans de travaux forcés. Gracié peu après, il est
aujourd'hui séquestré, toujours victime de ses préoccupations hypo-
chondriaques. -
M. Charpentier ne trouve pas, dans la communication, les élé-
ments d'une incontestable irresponsabilité. 11 manque une corré-
lation directe entre l'état mental de l'individu et l'acte incriminé.
M. LECRAIN répond que l'auleur ne lui a envoyé qu'un résumé de
son rapport qui est plus concluant dans son ensemble.
Hallucinations psycho-notriccs.
M. A. Voisin communique l'observation d'une malade ayant reçu
un traumatisme crânien dans l'enfance, plus tard, hystérique persé-
cutée, et chez laquelle les hallucinations devinrent provocatrices
de mouvements divers, en rapport avec la conception délirante.
M. Charpentier se demande s'il ne faut pas, au contraire, voir
dans ce fait un phénomène inverse. La malade éprouverait des
troubles de la sensibilité générale déterminant des mouvements,
provoquant eux-mêmes l'hallucination.
Congrès pénitentiaire.
III. Motet dépose le rapport qu'il a lu au Congrès pénitentiaire
sur les questions suivantes : Quelles mesures sont à prendre contre les
SOCIÉTÉS SAVANTES. 81
délinquants irresponsables ou contre ceux dont la responsabilité est
diminuée au moment du crime ou du délit ?
D'après quels principes doit être fait le calcul de la durée de la
peine pour les condamnés atteints d'aliénation mentale : A, Quand
ils sont enfermés dans des asiles spéciaux dépendant de l'administra-
lion pénitentiaire; B, Quand ils sont Yiel 11 sdes, asiles d'a-
liénés proprement dits. 6t· ? vC-rt't ? . 1; . B.
liénés proprement date. l ç< ? \ IC ? ? c.¿ : l'I, ,13.
'" ? \ si \i,P¡ : T : )1 i : : nl( : "
Séance du 25 novembre 1895. +. Présidence nez ? ljh ", fi- . ° . °, é'1 Ca\ · 'y'-
. ? t ? E )1 ? .
Tentative de meurtre sous l'il1fluel1ceil'ul'Q.'[jsbsiÓn.
M. Vallon lit un rapport médico-légal concernant un jeune
homme de dix-neuf ans qui, sous l'influence d'une obsession pa-
thologique, a commis une tentative d'homicide.
Depuis quelques jours X... était obsédé par l'idée fixe de tuer
une fille publique. Cette idée lui était venue peu à peu, sans qu'il
sût pourquoi. Après avoir vainement essayé de lutter, un soir il
est sorti avec l'intention arrêtée d'en finir avec cette situation in-
tolérable et de tuer la première femme qui lui ferait des proposi-
tions dans la rue. A cet effet il s'était armé d'un couteau-poignard
et d'un revolver. Accosté par une fille publique, il la suivit dans un
hôtel où, après avoir payé à l'avance des faveurs dont il n'a pas
voulu profiter, sans discussion préalable, il l'a frappée de plusieurs
coups de couteau et a tiré sur elle deux coups de revolver.
X... est ensuite rentré tranquillement chez lui et n'aurait pro-
bablement jamais été découvert si, un mois plus tard, il ne s'était
dénoncé lui-même dans des circonstances assez bizarres, en écri-
vant au commissaire de police une lettre signée d'un nom de
femme dans laquelle il se désignait comme l'auteur de la tentative
d'homicide. Arrêté, X... a fait le récit complet de la tentative
d'homicide et des causes qui l'avaient poussé à la commettre.
L'acte incriminé présente tous les caractères classiques de l'ob-
session et de l'impulsion conscientes. Deux ans auparavant X... avait
eu une obsession de suicide; celle-ci avait eu la même durée que
l'obsession homicide. Cet individu est un dégénéré héréditaire. Sa
grand'mère paternelle avait « des manies»; très triste, elle res-
tait des mois sans sortir de chez elle et sans vouloir^ recevoir per-
sonne ; parfois elle faisait des achats absurdes; elle est morte subi-
tement. Le père de X... a été longtemps plongé, lui aussi, dans
la mélancolie.
11. Vallon est arrivé à cette conclusion que X... ne devait pas
être considéré comme responsable de l'homicide dont il était in-
culpé puisqu'il avait commis cet acte sous l'empire d'une obsession
pathologique, d'une idée incoercible, d'une impulsion irrésistible;
mais qu'étant dangereux, il devait être envoyé dans ,un asile
Archives, 2° série, t. I. 6 -
83 SOCIÉTÉS SAVANTES.
d'aliénés. Conformément aux conclusions du rapport médico-légal,
l'affaire s'est terminée par un non-lieu et X... a été interné comme
aliéné.
AI. Vallon appelle l'attention de la Société sur les trois
points suivants : 1" la cause de l'obsession dans le cas particulier
pouvait bien être la dégénérescence héréditaire; mais il lui parait
exagéré de considérer toujours l'obsession comme un syndrome
épisodique de la dégénérescence. On peut observer l'obsession en
dehors de la dégénérescence, par exemple chez les individus à cer-
veausurmené ; en second lieu chez certains dégénérés, les obses-
sions sont si nombreuses, durent de si longues années, qu'on peut
et doit les considérer comme la partie essentielle de la maladie et
non comme un simple épisode de celle-ci;
2" Depuis son arrestation X... est calme et lucide; M. Vallon se
demande combien de temps on devra le garder à l'asile et il dési-
rerait, quand la famille demandera la sortie, voir la magistrature
intervenir et prendre un peu de la lourde responsabilité qui in-
combera au médecin ;
3 M. Vallon trouve mauvaise l'expression ordinairement employée
d'obsession ou d'impulsion consciente. Pendant la crise obsédante le
malade n'a pas toute sa conscience; sa personnalité et par suite son
état de conscience sont entamés. Ainsi, dans le cas particulier,
X..., au cours de la crise obsédante, n'avait certainement pas toute
sa conscience. La preuve c'est que lui, un garçon honnête, a commis
sans sourciller un cruue dont l'accomplissement lui a procuré une
grande satisfaction. Quelques jours plus lard, quand la crise a été
terminée, alors, seulement, il est revenu à son état de conscience
habituelle, a eu regret de ce qu'il avait fait, a été pris de remords
et s'est dénoncé.
AI. 13m.»u ne sait pas comment l'intervention de la magistra-
ture dans le placement des aliénés diminuerait la responsabilité
des médecins traitants. Un magistrat, ne pouvant qu'être incom-
pétent en matière de médecine, devra toujours recourir aux lu-
mières d'un expert qui sera le médecin. Celui-ci, obligé de for-
muler une opinion, sera tout aussi embarrassé que maintenant
dans la détermination à conseiller.
M. Vallon. Je veux dire que dans des cas analogues, c'est-à-
dire quand l'aliéné n'a pu échapper à la prison que grâce à son état
mental, le magistrat devrait pouvoir tenir au criminel le raisonne-
' ment suivant : « Votre état mental vous rend irresponsable, par con-
séquent, vous n'êtes pas condamné ; mais vous resterez dans un asile
d'aliénés jusqu'à ce que vous soyez inoffensif. Actuellement, l'autorité
administrative, entre les mains de laquelle de semblables aliénés
sont confiés, ne peut être contrainte à les séquestrer, si elle ne
croit pas devoir le faire. »
SOCIÉTÉS SAVANTES. 83
M. Garnier voudrait qu'aucun aliéné criminel ne pût être remis
en liberté sans qu'une commission spéciale fût consultée. C'est dans
ce sens que le congrès pénitentiaire s'est prononcé, en émettant
le voeu que désormais l'autorité judiciaire, au lieu de renvoyer le
criminel irresponsable à l'autorité administrative qui est libre de
le séquestrer ou non, fût obligée de rendre un jugement ordon-
nant la séquestration. Celle-ci ne pourrait cesser sans un jugement
du même tribunal. ,
1f. Charpentier. L'autorité administrative étant libre de ne
pas faire eufermer, il faudrait que l'autorité judiciaire fût obligée
de le faire. Rien de cela ne figure dans la loi en préparation sur le
régime des aliénés. La seule objection est que si la collocation est
prononcée par un tribunal, elle aura le caractère infamant d'une
pénalité. On peut encore supposer un individu honorable commet-
tant un crime sous l'influence d'une absorption involontaire d'un
liquide toxique et frappé d'une tare indélébile.
11. Ballet. Nous nous laissons toujours dominer par les vieilles
idées métaphysiques, dont nous pourrions nous dégager quand
nous causons entre nous. Quel est le rôle de la magistrature ? Pro-
téger la Société. Par conséquent, c'est à elle à dicter les mesures
préservatrices. Le tribunal placé en face d'un individu ayant com-
mis un crime sous l'influence d'un état mental pathologique, prendra
une mesure temporaire ou définitive suivant que la nocuité sera elle-
même temporaire ou définitive.
l\1. Arnvud. Qui dira que l'aliéné est dangereux ? Le mé-
decin ! Or, nous voyons tous les jours les magistrats faire sortir
de l'asile, des aliénés criminels dangereux ayant bénéficié d'une
ordonnance de non-lieu, et cela malgré l'avis des médecins.
M. Charpentier ne croit pas que la protection de la Société, soit
dans les attributions de la magistrature. Cette protection appar-
tient plutôt, selon lui, à l'autorité administrative représentée à
Paris par le préfet de police. La loi de 1838, appliquée rigoureu-
sement, est largement suffisante.
M. Christian. Nous revenons à l'éternelle question des respon-
sabilités des magistrats et des médecins; vous ne faites que déplacer
cette responsabilité en substituant le magistrat au médecin, mais
vous ne résolvez pas le problème.
M. 1311LIND. L'autorité administrative prend seule des mesures
préservatrices; c'est d'elle que doit relever l'aliéné qui peut être
dangereux.
Présentation d'instrument.
As. TouLOUSE présente un marteau percuteur pour l'exploration
des réflexes, dû à son invention. Marcel BRL11D.
84 -,t SOCIÉTÉS SAVANTES.
1
ye CONGRÈS INTERNATIONAL CONTRE L'ABUS
DES BOISSONS ALCOOLIQUES.
Session de Bâte : les 20 et 22 août 1895. (Suite .)
M. Alglave (de Paris) prétend que les impuretés de l'alcool en
font seules le danger et que l'alcool rectifié n'est pas nuisible. Il
soulève une vive contradiction en soutenant, d'après une statis-
tique suisse, que le nombre des cabarets, et celui des cas d'alcoo-
lisme étaient des séries de faits indépendants. Ceci parait, en effet,
résulter d'une statistique officielle où l'on voit le canton de Thur-
govie présenter à la fois beaucoup plus de débits de boissons et
beaucoup moins de cas d'alcoolisme que le canton de Berne. Enfin
M. Alglave allègue, en faveur du monopole, que l'introduction de
ce système en llussie a déjà produit d'excellents résultais.
M. Moeller, répondant à ;\1. Alglave, fait connaître qu'en Belgique
l'alcoolisme exerce de grands ravages et cependant les spiritueux
qu'on y consomme sont d'une pureté remarquable; ils renferment
moins d'impuretés que la proportion tolérée par la régie fédérale
suisse (2 à 3 p. 1000) ; preuve que l'alcoolisme est dû, moins à la
qualité qu'à la quantité d'alcool ingéré.
11. BOVET répond à la seconde allégation de nI. Alglave, que le
fait signalé tient il ce que le canton de Berne avait beaucoup de
distilleries agricoles, qui n'étaient pas comprises dans la statistique
des débits, bien qu'on y bût beaucoup de spiritueux sur place.
Enfin M. )11 ? ZLOI'F, le délégué russe, déclare que tout ce qu'on a pu
constater dans son pays, c'est qu'il y a eu moins d'arrestations pour
ivresse publique; mais cette diminution s'explique parce que, dans
les provinces où le monopole russe a été appliqué, on a supprimé
les débits de buissons; l'alcool est acheté par le public dans des
bureaux officiels, tenus par des employés du fisc ; cet alcool est bu
il domicile, il est donc très possible qu'il y ait moins de cas d'ivresse
publique, mais tout autant de gens qui s'enivrent.
M. Grant-Mills propose au Congrès d'émettre un voeu en faveur
de la revision de l'acte de Bruxelles (1890-91) sur le trafic des spi-
ritueux en Afrique. On sait que, malgré l'entente des puissances
réunies en conférence, il y a encore de grands abus dans le con-
tinent noir; nombre de missionnaires et d'explorateurs ont dénoncé
les ravages causés par cet abominable commerce dans les peu-
plades africaines; l'orateur en cite plusieurs exemples. Le voeu
' D' moelles. Internationale Monalschr. zur Ilelwnthfuu ! 1 (Ici- Trink
sillen, novembre 1895.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 8
formulé par Il. Grant-Mitts et modifié par le Dr Forel, est adopté à
l'unanimité moins trois voix (22 août).
111. III 1 LLI [.T, directeur de la régie fédérale des alcools, fait un rap-
port sur le monopole de l'alcool en Suisse. Voici en quoi consiste
ce système : l'autorité fédérale a accaparé le monopole des spiri-
tueux provenant de la distillation des matières amylacées (céréales
et pommes de terre) ainsi que des fruits et vins étrangers. La dis-
tillation des alcools de fruits, baies, racines, etc., indigènes est
libre; il en est de même de celle de l'absinthe, sauf que celle-ci est
soumise à une taxe de monopole. Le quart de l'alcool nécessaire à
la consommation du pays est fabriqué par des particuliers distil-
lant pour le compte de la fédération; les trois autres quarts sont
achetés à l'étranger par l'administration du monopole.
Le commerce des boissons distillées par quantités supérieures à
40 litres est libre; pour les quanlités moindres, il est soumis aux
lois cantonales fiscales et de police. Il appartient aux cantons de
réglementer l'exploitation des auberges et le commerce en détail
de la bière et du vin. La confédération veille à la qualité des spi-
ritueux provenant des matières amylacées, les cantons à la qualité
-des aulres. L'excédent des recettes du monopole est réparti entre
les cantons, à charge pour ceux-ci de consacrer le dixième des
sommes que chacun perçoit à la lutte contre l'alcoolisme.
M. Milliet fait remarquer que la législation sur l'alcool avait un
triple but : agricole, financier et hygiénique. Au point de vue de
l'agriculture, il s'agissait de supprimer les grandes et les petites
distilleries qni ne rendaient aucun service à l'agriculture, tandis
que l'autorité fédérale pouvait créer ou entretenir des distilleries
moyennes, qui, par leur situation et leur installation, utilisaient
le surplus de la production de fécules et rendaient au sol, comme
matières fertilisantes, les résidus de leur fabrication; au point de
vue financier, il fallait abolir une véritable anarchie qui existait
dans certains cantons relativement aux impôts frappant soit les
spiritueux, soit les boissons fermentées : enfin l'hygiène publique
réclamait la disparition des petites distilleries, qui favorisaient la
consommation sur place, et les grandes distilleries qui faisaient
descendre le prix de l'alcool à un chiffre trop bas; en outre, il était
nécessaire d'obtenir la suppression des droits que certains cantons
avaient décrétés sur les boissons fermentées; il importait aussi de
veiller à la qualité des spiritueux consommés.
111. IIIILLIET croit que les résultats du monopole sont favorables,
puisque la consommation alcoolique a diminué. Il reconnaît cepen-
dant qu'il y a des revers à la médaille : les cantons n'ont guère
usé de la faculté de soumettre la distillation de fruits à des mesures
policières et fiscales; aussi cette fabrication a-t-elle pris de l'exten-
sion ; il est certain aussi que certains produits étrangers sont im-
86 SOCIÉTÉS SAVANTES.
portés par fraude; les cantons n'ont pris aucune mesure pour
diminuer le nombre desdébits; enfin jusqu'ici l'emploi des 10 p. 100
sur le produit du monopole n'a pas toujours été judicieux.1L11JILLIET
termine en disant que la législation suisse sur l'alcool ne mérite
ni des éloges enthousiastes, ni un blâme exagéré; elle n'a pas
, donné au problème de l'alcoolisme une solution complète, défini-
tive, celle-ci ne pourra être atteinte que par étape dans le courant
du vingtième siècle.
M. MARTIN (de Genève), insiste particulièrement sur les ravages
causés par l'abus de l'absinthe et réclame des mesures énergiques
pour arrêter ce mal. Il se plaint du mauvais emploi de la dîme de
l'alcool dans divers cantons. .11. HOCIIAT louche également ce
dernier point; il émet l'avis que l'avantage de la rectification de
l'alcool monopolisé est souvent perdu par les manipulations que
subit cet alcool chez les liquoristes avant de parvenir aux consom-
mateurs ; enfin il dénonce les maux produits par l'alcool de'fruits;
cette liqueur est bue dans beaucoup de villages, souvent à domicile;
c'est un abus qui échappe complètement à l'action du monopole.
1\1. le D1' MOELLES tire de tout le débat cette conclusion, essen-
tielle, que le monopole ne peut être présenté comme un remède
radical de l'alcoolisme; c'est un palliatif qui peut être utile dans
certains pays comme la Suisse et dans certaines circonstances;
mais il n'est pas rationnel de vouloir l'imposer à toutes les contrées,
comme veulent le faire certains partisans de ce système.
ni. Jules Dews, instituteur à Genève, fait une conférence sur la
statistique des boissons distillées et fermenlées consommées dans
divers pays; M. FRAl'OE, directeur de l'asile de MitnsLerliiigeii (Thur-
govie), lit un travail sur la statistique des décès imputables à
l'alcool. AI. le D1' BLEULu et \i. le pasteur BOVET parlent des asiles
pour buveurs, 11. CLOCHER de la lutte contre l'alcoolisme par la
création de salons de lecture.
Il. Skinner et Gutsmann abordent un sujet délicat à traiter
devant un congrès aussi mêlé : l'alcoolisme dans ses rapports avec
la question sociale. Le second de ces orateurs, un simple menui-
sier de Bâle, invoque sa propre expérience : « Qu'ai-je besoin, s'est-
il écrié, de la physiologie pour connaître les effets de l'alcool sur
mon corps. Il me suffit de savoir que je me porle beaucoup mieux
depuis que je suis abstinent. Je sais aussi que l'ouvrier travaille plus
et mieux lorsqu'il renonce complètement aux boissons enivrantes.
Comme socialiste, je recommande l'abstinence à mon parti, parce
qu'elle est un puissant moyen d'émancipation. La lutte des classes
élève l'ouvrier, mais l'usage de l'alcool l'abaisse ! »
M. 'VnsELY expose les résultats obtenus par les célèbres Band,
o/'llope d'Angleterre, 111. BYSE ceux de la société de tempérances
l'Espoir, fondée par la jeunesse suisse. Les deux orateurs font
SOCIÉTÉS SAVANTES. 87
l'éloge de l'oeuvre si remarquable par la rapidité de ses succès,
créée en Belgique par .\1. l'inspecteur Robons. Ils insistèrent sur ce
fait, peut-être unique, que le gouvernement belge a donné un
puissant appui à ces sociétés scolaires de tempérance et qu'il a
déridé d'inscrire l'enseignement anti-alcoolique dans le programme
des études des écoles primaires.
Mme SELMER, de Copenhague, et 11. Louis FRANK, de Bruxelles,
entretiennent le congrès du rôle de la femme dans la lutte contre
l'alcoolisme. NI. FRANK montre que dans toutes les contrées, où
cette lutte avait donné des résultats sérieux, cela était dû à' la
coopération des femmes. Il en est ainsi de l'Angleterre, de la Scan-
dinavie, de l'Amérique et de la Suisse. Par contre, dans les pays,
comme la Belgique, la France et le Danemark où l'intempérance
exerce le plus de ravages, l'intervention de la femme est nulle. Il
importe de développer l'action féminine, si l'on veut extirper l'al-
coolisme. 111. Frank donne des statistiques relatives à la Nouvelle-
Zélande, pays où règne la liberté de la femme. Nous y notons de
grands progrès daus l'état social, dans le bien-être général, une
diminution de l'ivresse, de la criminalité, de l'aliénation mentale.
L'orateur veut favoriser la coopération de la femme en frappant le
buveur dans sa bourse, en protégeant le salaire et l'épargne de la
femme contre la prodigalité et l'imprévoyance des maris alcoolisés ;
en diminuant le pouvoir marital et l'autorité parternelle de telle
sorte que les femmes et les enfants soient soustraits à la tyrannie de
pères et d'époux alcoolisés, en confiant à la femme, dans certaines
circonstances, la direction de la communauté; et enfin en décidant
que l'ivresse habituelle sera une cause de séparation et de divorce.
Pour faire face aux dépenses militaires, les États demandent in-
cessamment de nouvelles ressources à l'alcool. Les nations civi-
lisées s'empoisonnent elles-mêmes pour se procurer les .ressources
qui leur permettent de s'entre-tuer dans la guerre. Il est impossible
que les femmes ne cherchent pas à anéantir une politique aussi
insensée et aussi désastreuse.... P. S.
L'atavisme dans le suicide. - : \1. Eugène Obret, âgé de trente-
deux ans, tailleur de limes, demeurant àAlfortville, avait plusieurs
fois manifesté l'intention de se donner la mort. Hier, sa femme s'ab-
senta pendant cinq minutes à peine qui suffirent au malheureux
pour mettre son projet à exécution. Lorsque Mue Obret rentra, elle
trouva son mari pendu. Tous les soins furent inutiles. Le frère du
suicidé s'est noyé dans la Marne, il y a quelques mois, son père
avait à plusieurs reprises tenté de se pendre. Son grand-père s'é-
tait pendu. (Le Républicain Orléanais, 7 déc. 1895.) 0
VARIA.
Iile Congrès international DE psychologie A IIIUnICII;
Du 4 au 7 août 1896.
Comité de réception. Président : D1' Lipps, professeur à la Fa-
cullé de philosophie, Georeenstrasse, 18 ? Munich. Secrétaire géné-
ral : D1' baron Schrenck-Notzing, Max-Josephstrasse, 2 ? Munich.
Trésorier : Ernest Retter, secrétaire de la Compagnie d'assurances
contre l'incendie, Adalbertstrasse, G/3, Munich.
. Comité exécutif. D'' Lipps, D'' Schrenck-Notzing, Retter, Parish,
D1' Fogt, Dr Weinmann.
Comité international d'organisation. Présidents : Dr Stumpf,
professeur à la Faculté de philosophie à Berlin, et membre de l'Aca-'
démie des sciences, Berlin W., Nùrnberâerstrasse, 14. Dr Lipps,
professeur à l'Université de Munich, Georgenstrasse, 18 ? Secré-
taire général : D'' baron de Sclirenck-Notzing, médecin, Munich,
Alax-Josephstrasse, 2 ?
Organisation. L'ouverture du congrès aura lieu le mardi
4 août 1896, avant midi, dans la grande salle de l'Université. Y
pourront prendre part toutes les personnes prenant intérêt à la
propagation des connaissances psychologiques et désirant voir
s'établir des relations personnelles entre les psychologues des dif-
férentes nations. Les dames y seront admises avec mêmes droits
que les hommes. Relativement à l'admission au congrès, de même
que pour toutes les leclures et discours à tenir, on est prié de rem-
plir le formulaire ci-joint, et de bien vouloir l'adresser avant l'ou-
verture du congrès au secrétariat (Munich, Bavière, Alax-Josepbst.). '
Les personnes qui voudront assister aux séances du congrès sont
priées de verser une cotisation de 20 francs, qui donnera droit à
une carte d'admission pour toutes les séances du congrès; en
même temps, elles recevront gracieusement le journal avec la
liste des membres et un exemplaire des rapports officiels. Cette
carte servira également de quittance ainsi que de billet d'entrée
aux fêtes diverses qui auront lieu en l'honneur 'des membres du
congrès.
Le journal paraîtra en quatre numéros. Il est destiné à servir de
guide et contiendra l'indication des logements, le programme des
lectures et discours à tenir, les divertissements qui sont projetés, la
liste des membres du congrès et enfin un aperçu des galeries et
des curiosités de Aluniez.
VARIA. 89
Les langues admises pour les discussions sont : l'allemand, le
français, l'anglais et l'italien. Les travaux du congrès se feront
soit dans les séances générales, soit dans les séances de sections.
La répartition des sections dépendra des discours et des lectures
projetés et se fera dans les diverses salles de l'Université.
La durée d'un rapport lu dans les sections est fixée à vingt mi-
nutes au plus. Les membres qui voudront prendre part aux dis-
cussions sont priés de présenter un résumé de leur discours avant
ou pendant les séances, pour faciliter la rédaction du rapport. Ils
pourront se servir pour cela des formulaires mis à leur disposition.
En général, on invite tous les savants, qui annonceront des rap-
points pour le congrès, à en envoyer préalablement, et avant son
ouverture, un extrait succinct, ou table des matières, au secrétariat,
dans la dimension d'une ou de deux pages imprimées. Ces extraits
seront imprimés et distribués avant la séance à l'auditoire 'pour
rendre plus facile la compréhension du rapport. Quant aux détails
du programme des travaux, les membres du comité local donne-
ront volontiers tous les renseignements nécessaires, de même que
pour les visites à faire dans les instituts et laboratoires scientifiques.
PROGRAMME. IPsyclto-physiùlogie. S'adresser, pour les ren-
seignements, à les professeurs Rüdinger et Graetz, D1' Cremer.
a) Anatomie et physiologie du cerveau et des organes des sens
(bases physiologiques de la vie psychique). Développement des
centres nerveux. Localisations. Neurones. Voies de conduction.
Structure du cerveau. Fonctions psychologiques des parties cen-
trales ; actions réflexes et automatiques; innervation, énergie spé-
cifique des nerfs. b) Psycho-physique. Rapports du physique et
du psychique. Méthodologie psycho-physique. Loi de Fechner. Phy-
siologie des sens (sensations musculaires et organiques, le toucher,
l'ouïe, la vue, audition colorée). Effets psychiques de certaines
substances, temps de réaction, mesures des réactions végétatives
(respiration, pouls, fatigue des muscles).
II. Psychologie, de l'individu normal. S'adresser, pour les ren-
seignements, à 11111. le professeur Lipps, Du Cornelius et Du Wein-
mann. Buts. Méthodes. - Observations et expériences. Psy-
chologie des sens, sensations et idées, mémoire. Lois de l'asso-
ciation. La conscience et l'inconscience, l'attention, l'habitude,
l'attente, l'exercice. L'espace objet de perception de la vue, du
toucher, des autres sens, la conscience de l'étendue. Illusions géo-
métriques et optiques, perception du temps. La science de la con-
naissance. Action de l'imagination. - Sentiments et sensation,
les sentiments esthétiques, éthiques et logiques, les émotions elles
lois de la sensation. Le système de la volonté, la conscience de
la volonté, actions volontaires, mouvements expressifs, faits éthi-
ques. Conscience personnelle, développement de la personna-
90 varia.
lité, variétés individuelles, L'hypnotisme. Suggestion, sommeil
normal, rêves. Automatisme psychique, importance des sugges-
tions au point de vue judiciaire et pédagogique, psychologie péda-
gogique. -
III. Psycho-pathologie. S'adresser, pour les renseignements, à
le professeur DI Grashey, D1' de Schrenck-N'olzing et 11. Parish.-
Importance de l'hérédité dans la psycho-pathologie; données sta-
tistiques, la question de l'hérédité des qualités acquises, relations
psychiques (transmissions corporelles et psychiques). Observations
faites au sujet de la dégénération, dégénération et génie. L'héré-
dité aux points de vue éthique et social.- Relations de la psvchoiogie
et du droitcriminei.Psycho-pathotogie des sensations sexuelles.-
Grandes névroses (hystérie, épilepsie). - Conscience alternante, con-
tagion psychique, côté pathologique de l'hypnotisme, somnolence
pathologique.Psycho-thérapie, suggestions thérapeutiques, sug-
gestion mentale, télépathie, transfert psychique, statistique inter-
nationale des hallucinations; autres matières qui s'y rapportent. z
Hallucinations, idées obsédantes, aphasie, etc., etc.
IV. Psychologie comparée. -S'adresser, pour les renseignements,
à Blini. le professeur Dl' Ranche, D1' Ilirth et D1' Fogt. Statistique des
faits psychologiques. La vie psychique des enfants. Les fonc-
tions psychiques des animaux. La psychologie des peuples et la
psychologie anthropologique. Etudes comparatives sur la lin-
guistique et la graphologie au point de vue psychologique.
LE témoignage DES enfants EN justice.
Sous le titre : Odieuse calomnie, la Presse libre du 14 octobre
publie le récit suivant. « Après la mort de sa femme survenue pres-
que subitement, il y a deux ans, un sieur H... allait habiter avec sa
petite fille, Juliette âgée de dix ans, chez des amis, rue Truffault.
Sous le couvert de cette hospitalité, les époux B..., qui savaient
le veuf dans une situation très aisée, mûrirent le projet de le faire
interdire pour capter son bien. Pour cela on devait avoir recours,
par la bouche d'un enfant, à la plus odieuse des calomnies.
« La femme un(,- horrible mégère revendeuse à la toilette,
s'ingénia d'abord à détacher l'enfant du père. Ce premier résultat
obtenu, elle fit la leçon à la petite Juliette qui, au mois de février
dernier, accusa l'auteur de ses jours d'avoir abusé d'elle.
« Le parquet fit commencer une enquête. M. Il... fût arrêté; mais
M. le docteur Vibert, médecin-légiste, chargé d'examiner l'enfant
ayant constaté qu'elle n'avait subi aucune violence, son père fut
aussitôt remis en liberté provisoire. Continuant habilement l'ins-
truction de cette affaire, AI. Albanel, juge d'instruction, a amené,
non seulement, Juliette H... à reconnaître son mensonge, mais
VARIA. 91
aussi à faire nommer ceux qui en étaient les instigateurs. D'autres
révélations de l'enfant à qui les époux B... avaient également con-
seillé de voler la clef d'un coffret contenant des valeurs, ont amené
l'anestation de ces derniers. Le peu intéressant couple a été
écroué. »
1 .Lutte contre l'alcoolisme.
Les Sociétés de tempérance ne sont pas un vain mutehez nos voi-
sins les Belges. Un inspecteur principal de l'instruction primaire,
M. Robyns, a su organiser sous ce titre : Sociétés scolaires de tem-
pérance, 17,449 groupes comprenant deux millions de jeunes adhé-
rents. AI. Robyns demande aux instituteurs publics placés sous ses
ordres « d'obtenir que, dans chaque école, un certain nombre
d'élèves, âgés de douze ans au moins, s'engagent d'honneur, mais
librement, il s'abstenir jusqu'à l'âge de vingt ans, de genièvre,
d'ean-de-vie et de liqueurs tories et à ne faire qu'un usage modéré
du vin ». -
Celle idée est couronnée de succès dans la province de Limboug.
Sur z57 écoles communales de garçons, 209 ont une Société de
tempérance et réunissent un total de 5,000, adhésions. Ce mouve-
ment est suivi par les provinces voisines : Namur en compte 154;
le Ilainaut, 21` ? ; Liège, 71; la Flandre occidentale, 34; Anvers, 6;
le Brabant, 98; la Flandre orientale, 34. Au 31 décembre dernier,
le nombre de ces sociétés était pour toute la Belgique, de 952 avec
16,307 membres. Ne trouvez-vous pas que le besoin d'un ltobyns
français se fait sentir ? ' !
MOEURS anglaises,' tel est le titre donné par le Petit Pari-
sien du 13 septembre, à la note que nous reproduisons.
« Le jury de Londres avait, hier, à statuer sur les causes de la
mort d'une dame Carver, épouse du révérend Thomas Carver, qui
avait succombé à un empoisonnement. Adonnée à l'ivrognerie,
cette malheureuse s'était trompée de bouteille et avait avalé, au
lieu de gin, une large gorgée d'acide sulfurique.
« L'enquête a établi que défunte Al™0 Carver possédait un luxueux
exemplaire de la Bible, format in-8°, à tranche dorée... contenant
une bouteille de la capacité d'un litre. Plus elle buvait plus elle
semblait attachée aux pratiques de sa religion. C'est seulement
après sa mort que son pauvre mari a découvert quel emploi elle
avait fait du recueil des textes sacrés.
« Le jury a rendu un verdict de « décès causé par accident ?
mais le coroner n'a pas laissé échapper cette occasion de flétrir
las dames adonnées aux spiritueux. »
Alcool. Voici d'après l'ouvrage d'un publiciste allemand,
traitant du développement de l'alcoolisme, les quantités de bois-
sons que consomment les Allemands pendant une année. Ils
92 varia.
absorbent par an, d'après la moyenne de la statistique des cinq
dernières années, G7G,470,000 litres d'eau-de-vie; 5,455,600,000
litres de bière, et seulement 322,000,000 de litres de vin. Le '
nombre ,des habitants étant de 49,428,470, chaque Allemand
boit par année : 13 litres 705 centilitres d'eau-de-vie, 110 litres 1/2
de bière et seulement 7 litres 510 décilitres de vin. (Petit Parisien,
8 sept.) .
La LOI SUR l'ivresse. Hier, vers 2 heures de l'après-midi, un
individu titubait sur le boulevard de Strasbourg. En apercevant un
débit de tabacs et de boissons, le poivrot est entré dans ce
débit pour boire encore. Le propriétaire de l'établissement a servi
un verre d'absinthe à l'ivrogne. Un gardien de la paix qui se trou-
vait par là a voulu présenter quelques observations au débitant,
qui l'a quelque peu rudoyé. L'agent a alors verbalisé contre lui
pour avoir servi à boire à un ivrogne et pour n'avoir pas affiché
la loi sur l'ivresse dans son établissement (Le Petit S'ar, 9 octobre).
Il est certain que si l'on appliquait rigoureusement la loi,
comme cela a été fait dans ce cas, on verrait peu à peu le
nombre des ivrognes diminuer, et partout s'atténuer tous les
graves inconvénients de l'alcoolisme. Qu'on surveille aussi
et sévèrement la nature des boissons livrées à la consomma-
tion et, loin de se multiplier, les débits de boissons diminueront.
NÉCESSITÉ DE L'ASSISTANCE DES IDIOTS. NOUVEAU CAS
DE SÉQUESTRATION.
« Le parquet de Coutances, dit le Cotentin (22 novembre), s'est
rendu à Baudreville, canton de la Ilaye-du-Puits, chez un nommé
Pierre Ozouf, cultivateur, qui, sous un prétexte peu fondé, tenait
ptisonnièle dans un appartement fermé avec une chaîne et un
cadenas, sa pauvre fille, âgée de vingt-quatre ans, bossue et
simple d'esprit. De charitables voisins, sans doute, en ont informé
la gendarmerie qui s'est rendue au domicile d'Ozouf et ont demandé
à voir la captive.
A la vue de cette malheureuse, ils ont reculé de dégoût; ses
habits étaient dans un affreux état de malpropreté, et son appar-
tement, où séjournaient ses excréments, ressemblait à une fosse à
fumier. Après avoir porté secours à la victime, les gendarmes ont
mis les menottes à ce père dénaturé et l'ont emmené. Le parquet
a pris les mesures nécessaires pour que la pauvre fille soit soignée
comme sa situation l'exige. Ozouf donne comme excuse que sa fille,
faible d'esprit, était un danger pour la sécurité publique, et c'est'
pour cette raison qu'il l'avait séquestrée. »
Ce fait montre une fois de plus la nécessité d'organiser
, VARIA ' 93
dans tous les départements des Asiles-Ecoles pour les idiots.
Il n'y a pas de départements où il n'existe trois à quatre cents
enfants et adolescents idiots ou atteints de perversion morale
ou d'épilepsie. Assurément la conduite du père de cette
« simple d'esprit » est inhumaine et blâmable. Mais la muni-
cipalité de sa commune ne l'est pas moins. Assurément elle
connaissait la séquestration. Pourquoi n'est-elle pas inter-
venue ? C'est qu'elle a craint, en demandant le placement dans
un asile, d'occasionner une dépense à la commune ; c'est
qu'elle sait sans doute que les administrations départemen-
tales n'aiment pas interner les aliénés, tant qu'ils ne sont pas
devenus un danger pour la sécurité publique, parce que cela
coûte.
Un FOU TUÉ par ses gardiens.
La cour d'assises de l'Oise était saisie hier d'une affaire de
meurtre commis sur un aliéné, par deux gardiens de la maison
centrale de Clermont. Cette affaire rappelle le fameux procès
Estoret, jugé il y a une quinzaine d'années à Beauvais. Les accusés
se nomment Bleuse et Forestier. La victime était un sieur Jean
Maître, originaire de ltoyaucourt. Voici les faits d'après l'acte
d'accusation :
Le 29 mai dernier, vers huit heures du soir, le gardien Bleuse.
chef de surveillance de la 4° section affecté aux demi-agités, jugea
nécessaire de mettre la camisole de force à Jean Maître, qui refu-
sait de prendre une potion calmante. Comme le malade se prépa-
rait à résister, le gardien alla chercher des auxiliaires à la section
voisine.
Pendant ce temps, le gardien Forestier, aidé de son collègue
Benuaille, entreprit de camisoler le malade qui lui lança deux
coups de poing. Bleuse survenant alors se.précipita sur Maître au-
quel il porta deux coups de pied et deux coups de poing dans le
creux de l'estomac. Puis, quand il l'eut renversé sur le parquet, où
ses collègues le maintenaient, Bleuse lui porta encore plusieurs
coups de poing dans le côté droit de la poitrine.
Comme le malade se débattait, Forestier, placé à sa gauche, lui
porta avec violence de ce côté de la poitrine et dans l'estomac plu-
sieurs coups de poing. En outre, il plaça avec force son genou sur
la poitrine du pauvre fou, qui se trouvait ainsi presque étouffé.
Plusieurs malades, attirés parles crisdu malheureux, assistèrent à
une partie de la scène. Transporté à l'infirmerie, Maître succom-
bait le lendemain à une pneumonie traumatique double, consé-
quence directe des graves violences exercées sur lui. L'autopsie
révéla qu'il-avait eu le sternum brisé en deux endroits et neuf côtes
fracturées.... - - i .. -
t
94 ' 1 FAITS DIVERS. t
L'instruction ouverte aussitôt établit, avec l'aveu même de
Bleuse, que nul autre que lui et Forestier n'avait frappé Maître.
Celui-ci n'était pas un aliéné habituellement dangereux : l'amélio-
'ration constatée dans son état l'avait même fait attacher au service
du médecin de l'asile. Les renseignements fournis sur le compte
des deux gardiens ne sont pas défavorables. Cependant, en ce qui
concerne Bleuse, un acte de brulalité commis par lui sur un aliéné
quelques instants avant la scène qui devait coûter la vie à Maitre,
permet de penser qu'il recourait assez volontiers à la violence vis-
à-vis des malades confiés à sa surveillance.
Interrogé le premier, Bleuse. qui est âgé de vingt-quatre ans.
ne nie pas les faits, mais voici comment il les explique : A l'heure
du coucher, on fait prendre une potion calmante, sirop de chioral,
aux malades; l'aliéné Jean Maître ayant refusé de prendre la
potion, on recourut à la camisole de force : Maître s'y opposa;
c'est alors que se produisit la scène au cours de laquelle l'infortuné
reçut de nombreux coups. Lorsqu'il fut réduit à l'impuissance, les
gardiens lui passèrent la camisole de force et le déposèrent sur un
lit. Ni le directeur, ni le médecin ne furent informés,' ce ne fut que
le lendemain, alors qu'on s'aperçut que le malade était én syncope,
qu'on avertit le directeur. Il était trop tard : Maître expirait quel-
ques instants après. i . .
Sur interpellation, Bleuse avoue avoir frappé le malade. Inter-
rogé à son tour, Forestier nie avoir placé son genou sur la poitrine
de Maitre : Je n'ai, dit-il, exercé de pression que sur l'épaule du
malade. Les dépositions des témoins de la scène sont en contra-
diction formelle avec les dires du gardien Forestier. Le Dr Adam,
médecin en chef de l'asile de Clermont, dit que la maison manque
de cellules, que les gardiens sont en nombre insuffisant, que tout
cela nuit au bon fonctionnement de l'asile..
Après le réquisitoire de 111. Scherdlin, procureur de la République
et les plaidoiries de MM. Jumel et Revrart, le jury répond négati-
vement aux questions qui lui sont posées. Les gardiens Bleuse et
Forestier sont, en conséquence, acquittés.
. FAITS DIVERS.
Asiles d'aliénés. Nominations et promotions ; 11. le D1' Lallemant,
médecin en chef à Mal'éville, est nommé directeur-médecin à
l'asile de Dijon ; - AI, le Dr Brun, médecin en chef à l'asile de l3rou,
bulletin bibliographique. U8
est élevé à la 2° classe du cadre (28 octobre) ; 11. le Dr Chambaru,
médecin-directeur de l'asile de Bourges, est promu à la 1 classe
du cadre (28 octobre); M. le U' Vernet, directeur-médecin à
l'asile d'Auch, est nommé médecin en chef à l'asile de Maréville
(4. novembre) ; - M. le D' NICOUL.2 £ U, médecin-adjoint à Saint-Yon,
est nommé directeur-médecin de l'asile d'Auch (11 novembres
Al. le Dr TRÉNEL, médecin-adjoint à Levallec; est nommé médecin-
adjoint à l'asile Saint-Yon (25 novembre); -- 11. le Dr MALFtLATRE
est nommé directeur-médecin à l'asile de Saint-Lizier (30 no-
vembre). .
Démission : ;M. le Dr Belle, directeur-médecin à l'asile de Saint-
Lizier a donné sa démission qui est acceptée (25 novembre 1895).
Asile d'aliénés DE la SEINE. Concours de. l'internat en médecine.
Ce concours s'est ouvert le 2 décembre; 57 candidats inscrits;
9 n'ont pas répondu à l'appel et 8 se sont retirés à la lecture de la
question écrite : Substance goi,c de la moelle (anatomie et physiolo-
gie). Les autres questions restées dans l'urne étaient : 1° Capsule in-
terne; 2° Appareil nerveux du coeur. - Parmi les 40 candidats qui
ont déposé une copie, deux sont de nationalité étrangère. Le con-
cours a lieu pour quatre places d'interne qui seront vacantes au lerfé-
vrier 1896. Le jury se compose de MM. Bouchereau, président;
Deny, Marandon de llontyel, Legrain, Talamon et Caput :
Asile de Bnov. Le concours pour l'internat en médecine de
l'asile de Bron vient de se terminer par les nominations suivantes :
Internes titulaires : MM. Serripny et Picard. - Internes suppléants : .'
MM. Lamy, Grousset et Bouveyron. -
Archives russes de pathologie, de médecine ET DE D\CTéIllOLO-
(dE, publiées sous la direction de il. V. V. l'owosaoTrrl, professeur à
l'Université de Iileti, avec la collaboration des médecins les plus éminents
de la Russie. Les Archives paraîtront en langue russe le 20 de chaque
mois par un fascicule de ! )8 pages in-8° (ci-inclus un extrait en langue
française de tous les articles originaux).7fA't)'c/t/f'M de Pathologie, de
Médecine clinique el de Bactériologie publieront : I. Des travaux origi- ,
naux avec planches et Illustrations. Il. Des analyses et revues critiques.
11l. Bibliographie. Prix de l'abonnement pour les pays faisant partie
de l'union postale, 33 fr. Le premier numéro paraîtra le 20 janvier 1896.
(Librairie C. Ricker à Sainl-Péler,houl'g,)
Ciiarrin. Poisons de l'organisme. Poisons du tube digestif. Volume
in-18 de 188 pages. l',ms, 1895. Librairie G. Massun.
CcnERRE. Rapport du directeur-médecin de l'asile d'aliénés adressé
il .Il. le Préfet pour la session du Conseil général du mois cL'aoril 1895.
Brochure il-8' de 66 pages. La Roche-sur-Yon, 1595. yc lvonnet
et fils.
DELIAS (P.). Tremblement hystérique. Brochure in-8° de 10 pages,
avec 24 figures. - Paris, 1891. - Librairie 0. Dom.
MonEL (J.). L'Enseignement professionnel des gardiens dans les asiles
96 AVIS AUX ABONNÉS.
d'aliénés. Brochure in- de 11 pages. Extrait du Bulletin de la Société
de médecine mentale de Belgique. 1891.
CAU\IVE.1U. Un nouveau type de paralysie associée des mouvements
horizon/aux des yeux. Brochure m-8" de 11 pages, avec 3 figure. -
Paris, 1895. - Librairie Stainheil.
Schaffer (K.). Suggestion und Reflex. Fine krislisch-experhnentelle
Studie ubel' die Reflex plioenomene îles //v ? o/;6';t : t<.s ? Volume in-8° de
123 pages, avec 6 planches hors texte, iena, 1895. - Verlaô von Gus-
tav Fischer.
SETT SCOTT BtSnOP. .'If/f/reM on the Founding of the Illinois Ilo.spilrtl.
Brochure ¡n-8° de 4 pages. Chicago, 1895. American Médical
.'ioc;'a/;o< ! 7'<'M.
SÉGLAS (J.). Leçons cliniques sur les maladies mentales et nerveuses
(Salpêtrière 1887.189), recueillies et publiées par H. Meige. Volume
n)-8<' de VII-835 pages, avec figures. "
Toulouse (I : rl.) - Les causes de la folie. (Prophylaxie et a,si>lance.)-
Volume in-8° de X-19 pages.- Pans, 1895. - Société d'Editions scien-
tifiques.
Vonoaoee. Hystérie. Volume in-8° de 123 pages. - Paris, 1895.
Librairie A. Maloine.
Zin[E\' (Th.). Leitfaden der 7'/t</6to/w ? t'/<ett Psychologie in 15 \'or-
lerinigeii. Volume in-8" de 238 pages. Prix : 6 Ir. léua, 1895. z
Verlan G. Fischer.
AVIS A NOS ABONNÉS. - L'échéance du 1er jANFlER
étant l'une des plus importantes de l'année, nous prions
instamment nos souscripteurs dont l'abonnement cessera
à cette date, de nous envoyer le plus tôt possible le mon-
tant de leur renouvellement. Ils pourront nous adresser ce
montant par l'intermédiaire du bureau, de poste de leur
localité, qui leur remettra un reçu, de la somme versée.
Nous prenons à notre charge les frais de 3 p. 100 prélevés
par la poste, et nos abonnés n'ont rien Ù payer en sus du
prix de leur renouvellement.
Nous leur rappelons que, à moins d'avis contraire, la
quittance de réabonnement leur sera présentée, aug-
mentée des frais de recouvrement, Ù partir du
20 janvier. Nous les engageons donc à nous envoyer DE
SUITE leur renouvellement par un mandat-poste.
Afin d'éviter toute erreur, nous prions également nos
abonnés dejoind1'e à leur lettre de réabonnement et à toutes
leurs réclamations, la bande de leur journal.
Nous rappelons à nos lecteurs que l'abonnement collectif
des Archives de Neurologie et du, Progrès Médical
esl réduit ci 30 francs pour la France et l'Etranger.
Le rédacteur-gérant : Bourneville.
Eu'cu\., cil. IltRlS8EY, tmp. - 1 ? 5.
Vol. I. Février 1896. N° 2
ARCHIVES DE NEU
CLINIQUE MENT^ ?
Asile CLINIQUE (SAINTE-ANNE . PROFESSEUR JOFFROY.
LES HALLUCINATIONS UNILATÉRALES ;
LEÇON recueillie par EDOUARD TOULOUSE,
Chef de clinique, médecin de l'Asile Sainte-Anne.
Sommaire : I. Nouveau cas d'hallucinations unilatérales de
l'ouïe. II. Définition et pathogénie de l'hallucination.
III. Deux classes d'hallucinations unilatérales : par lésion
sensorielle et par lésion cérébrale. IV. Nécessité de la
prédisposition pour la production de l'hallucination.
Messieurs, -
I. Je désire vous montrer aujourd'hui un malade qui pré-
sente des troubles hallucinatoires assez peu communs et dont
la pathogénie soulève des questions du plus haut intérêt.
C'est un homme de soixante-cinq ans qui a une histoire assez
instructive sous le rapport des antécédents névropathiques. Ses
parents et grands parents sont tous morts âgés, le père à
quatre-vingt-seize ans, la mère à quatre-vingt-huit, ses aïeuls
maternels vers la quatre-vingt-dixième année. Vous savez
qu'une telle longévité n'exclut pas toute idée de tare familiale;
ce qui est certain c'est que ces ascendants, sur lesquels nous
n'avons que des renseignements excellents, peut-être même
Archives, 2e série, t. 1. 7
98 CLINIQUE MENTALE.
trop optimistes, ont eu pour rejetons des individus moins favo-
risés qu'eux. Le malade est un ivrogne endurci, un de ses
frères a les mêmes habitudes d'intempérance, un autre est mort
-de délire alcoolique aigu et son fils épileptique est interné à
Bicétre depuis l'âge de douze ans. En outre Merc..., notre malade
a eu des convulsions en bas âge. '. '
Il est intelligent, a exercé divers métiers et avant la dernière
guerre avait réussi, dans la fabrication des plumes, à écono-
miser 40,000 francs, lorsqu'un jour sa femme, qui l'aidait dans
son commerce, le quitta à l'improviste, emportant sa petite
fortune. Désespéré, Merc... se mit à boire ; et, la guerre franco-
allemande étant survenue, il s'engagea et continua, pendant
son séjour au régiment, à s'adonner aux excès alcooliques.
Après la guerre, Merc..., trouvant difficilement des emplois
convenables, finit par servir chez les restaurateurs et les mar-
chands de vin, sans songer à résister à ses penchants. Le ma-
tin, à jeun, il prenait cinq ou six verres de vin blanc, et dans
la journée plusieurs bouteilles de vin rouge et quelques verres
d'absinthe ou d'eau- de-vie.
Ce régime eut à la longue un fâcheux retentissement sur son
cerveau prédisposé, et, en 1881, il eut un accès de délire aigu
avec hallucinations de la vue et agitation violente. Détail impor-
tant, le malade ne semble pas avoir eu à ce moment d'halluci-
nations de l'ouïe. Après un séjour de six mois à Ville-Evrard il
sortit guéri, mais ne tarda pas à retomber dans ses anciennes
habitudes. Fortifié par le séjour à l'asile et une abstinence
prolongée, il put tout d'abord supporter ces nouveaux excès,
mais cela ne devait pas toujours durer. Vieilli, usé par l'âge,
l'alcool et la cachexie, il ne devait pas tarder à présenter de
nouveaux troubles cérébraux.
Merc... est entré dans notre service le 19 octobre; c'est un
homme de soixante-cinq ans, très athéromateux, affaissé, sans
énergie physique, toussant, présentant quelques signes physi-
ques de tuberculose pulmonaire; et paraissant beaucoup plus âgé
qu'il ne l'est en réalité. La force musculaire est à peu près égale
des deux côtés; mais il se plaint de douleurs, qui présentent
quelque chose de particulier. Elles affectent beaucoup plus la
moitié gauche de la tête et de la face que la moitié droite. Au
moment des paroxysmes, les douleurs sont lancinantes et s'ac-
compagnent de phénomènes sensoriels, tels que : sensations
de rayons électriques dans l'oeil gauche et bourdonnements
LES HALLUCINATIONS UNILATÉRALES. 99
dans l'oreille du même côté. Si l'on presse sur les points d'émer-
gence des branches du trijumeau, on détermine de la douleur.
Le malade se plaint aussi de névralgies, survenant par accès,
et siégeant sur le trajet des nerfs maxillaires inférieurs. Enfin
au moment des crises névralgiques, Merc... a parfois des ver-
tiges et des étourdissements qui durent quelques secondes,
pendant lesquelles il perd presque conscience de ce qui l'en-
toure ; toutefois il ne tombe jamais. Les douleurs, très accu-
sées à la face, affectent aussi les membres, avec une certaine
prédominance pour le côté gauche, et il est facile, comme vous
pouvez vous en assurer, de les provoquer en comprimant même
légèrement les nerfs périphériques, le cubital et le radial au
coude, le médian au poignet, ou les sciatiques au niveau des
fesses et des genoux. En même temps que ces douleurs spon-
tanées ou provoquées, il existe dans ces mêmes parties du corps
une sensation habituelle d'engourdissement et des fourmille-
ments très fréquents.
La sensibilité, ou plutôt la faculté de percevoir les sensations
de contact et de chaleur, est à peu près intacte, mais il n'en est
plus de même du fonctionnement des organes des sens, et j'ap-
pelle ici toute votre attention. La vision est diminuée des deux
côtés, surtout à gauche, et cet affaiblissement s'explique en
grande partie par des opacités des cristallins, ainsi qu'il résulte
d'un examen de M. le U'' Sauvineau. Mais c'est surtout du côté
de l'audition que nous trouvons des troubles prononcés, très
prédominants du côté gauche. Le malade, qui entend à droite
le tic tac d'une montre à 25 centimètres et souvent plus, ne le
perçoit plus à gauche à partir de 5 centimètres. On constate
aussi une diminution très appréciable du goût et de l'odorat.
Voilà donc un ensemble de troubles sensoriels, parmi les-
quels il convient de distinguer la surdité assez accusée du
côté gauche, avec phénomènes douloureux prédominant dans
la moitié gauche de la face, et paroxysmes rappelant quelque
peu la migraine ophtalmique. Mais ce n'est pas tout; il existe
un autre ordre de phénomènes, qui constituent l'intérêt prin-
cipal de cette observation. Merc... a éprouvé des hallucinations
de la vue, et il perçoit habituellement des hallucinations de
l'ouïe, localisées ou du moins très prédominantes à gauche.
Les renseignements qu'il donne ne sont pas bien précis sur
les hallucinations visuelles. On sait combien il est parfois dif-
ficile à un observateur de localiser des phénomènes de ce
100 ' CLINIQUE MENTALE.
genre dans l'oeil droit ou dans l'oeil gauche. Le champ visuel
des deux yeux ayant une grande partie commune, on ne se
rend que difficilement compte qu'une hallucination est uni-
latérale, et notre malade ne sait pas en réalité*si ses halluci-
nations visuelles ont été unilatérales ou bilatérales. Ajoutons
que ces hallucinations consistaient en la vision d'ombres,
de figures, d'animaux, par exemple des marmottes qui dan-
saient.
Plus intéressantes sont les hallucinations de l'ouïe, elles
sont mieux localisées, et sur ce point le malade est très affir-
matif. Il entend, non seulement des bourdonnements, mais
aussi des voix qui se moquent de lui, le plaisantent et l'insul-
tent, et, presque toujours, dans l'oreille gauche. En tout cas,
les hallucinations auditives, quand elles sont bilatérales, sont
prédominantes à gauche.
Notez que Merc..., si affaibli qu'il paraisse au point de vue
physique, a conservé une grande netteté d'observation. Il nous
fournit des renseignements très circonstanciés, fait preuve de
bon sens et montre une parfaite conscience de son état. Il sait
par exemple que ces voix sont des hallucinations ; toutefois
quand à l'heure propice du sommeil commençant, elles l'obsè-
dent, il se laisse parfois abuser quelques instants par elles. Il
se lève alors pour mettre ses interlocuteurs à la porte, crie,
s'emporte, puis se réveille tout à fait et se recouche « en plai-
gnant sa pauvre tête ».
Il était intéressant de savoir quelles étaient les lésions des
oreilles chez notre malade. Nous avons eu recours à l'obli-
geance de notre collègue le docteur Lermoyez. Voici le résumé
de son examen : lésions bilatérales, mais beaucoup plus
prononcées à gauche, intéressant l'oreille moyenne (catarrhe
chronique de la caisse du tympan, avec ramollissement de la
membrane tympanique, relâchement de la chaîne des osselets,
enfoncement caractéristique, sténoses tubaires) et aussi l'oreille
interne (lésions des terminaisons labyrinthiques des nerfs
auditifs, surtout du côté gauche). Ces altérations paraissent
très anciennes.
Nous avons donc maintenant tous les détails de la maladie
de Merc... C'est peut-être un prédisposé héréditaire, mais c'est
à coup sûr un alcoolique, qui a eu un premier accès de délire
il y a treize ans, et qui présente actuellement quelques hallu-
cinations de la vue et surtout des hallucinations unilatérales
LES HALLUCINATIONS UNILATÉRALES. 101
de l'ouïe. A quoi convient-il de rattacher ces dernières ? C'est
là le point intéressant que je vais aborder.
II. Mais auparavant je vous rappellerai brièvement ce
que c'est qu'une hallucination et une illusion. Par la connais-
sance de la pathogénie de ces phénomènes considérés en
général, ainsi que par l'étude des autres faits connus d'hallu-
cinations unilatérales, je pourrai, je l'espère, arriver à vous
faire saisir l'intérêt de ce cas particulier.
« L'hallucination, a dit Bail en résumant la définition
d'Esquirol, est une perception sans objet. » Quand par exemple
un individu dit qu'il voit un homme à quelques pas devant
lui, alors que rien ne peut en réalité provoquer une telle per-
ception, on dit qu'il est halluciné. -
L'illusion n'est qu'une fausse perception. Par exemple un
malade, qui, mis en présence de son médecin, reconnaît en -
lui une autre personne, un parent ou un ami, ou encore une
personne imaginaire, est, non plus un halluciné, mais un illu-
sionné. Pratiquement, et dans certaines circonstances,' ces
deux phénomènes sont plus difficiles à distinguer, ou du moins
on ne s'attache pas et il n'y pas intérêt à les séparer. Ainsi
vous vous rappelez un alcoolique chronique atteint de névrite
périphérique, que je vous présentais dernièrement, il croyait
sentir des vers sous sa peau et de la sorte paraissait avoir des
hallucinations ; en réalité, il avait plutôt des illusions. Il parais-
sait bien au premier abord avoir une hallucination puisque
rien de semblable à des vers n'excitait ses nerfs sensitifs, mais
il avait des fourmillements, des sensations morbides variées
dans ses nerfs altérés, et il les interprétait d'une manière
erronée en les attribuant aux mouvements de vers qui s'agi-
taient et sortaient de sa peau. En un mot il y avait une
sensation réelle qu'il appréciait mal ; c'est bien là l'illusion.
Il faut aussi se rappeler que les hallucinations ne créent
rien et ne font qu'évoquer des images existant dans le cerveau
du malade. Par exemple les voix d'un' aliéné ne lui parleront
jamais que dans les langues qu'il connaît ; et, lorsqu'il a des
visions fantastiques, par exemple un animal ayant la tête d'un
chat et la queue d'un serpent, c'est que les éléments de ces
apparitions étaient dans sa mémoire. Ce qui est nouveau alors,
c'est seulement leur juxtaposition particulière. Cette remarque
nous permet de considérer le phénomène hallucinatoire,
comme une erreur de l'activité cérébrale qui s'est manifestée
102 CLINIQUE MENTALE.
tout à fait en dehors des conditions habituelles de l'excitation
sensorielle normale, et l'illusion comme une erreur de l'activité
du cerveau régulièrement provoqué. Or, il en est de l'hallucina-
tion comme de l'illusion et de la perception normale, pour que
l'activité du centre contenant l'image hallucinatoire soit éveillée,
il faut naturellement qu'il soit excité. Mais il peut l'être de
bien des manières, soit par un trouble vaso-moteur, soit par
l'irrigation de sang vicié, soit par une lésion, une modification
légère, le plus souvent insaisissable des éléments nerveux. Je
dis modification légère ou insaisissable, car pour qu'un centre
puisse produire l'hallucination, il est nécessaire qu'il ait conservé
des conditions d'intégrité suffisantes pour permettre son activité.
Ainsi se trouvent éliminées du nombre des causes productrices
des hallucinations les lésions destructives des centres psycho-
sensitifs. Toutefois des lésions de ce genre, siégeant au voisi-
nage du centre sensoriel, pourraient l'irriter et agir sur lui
comme cause d'excitation. Dans ces cas l'hallucination serait
considérée avec raison comme étant d'origine centrale.
Mais il peut aussi arriver que l'activité du centre contenant
l'image hallucinatoire soit mise en jeu par une excitation des
nerfs sensitifs-périphériques. Il s'agit alors d'illusions, ou,
comme l'on dit, d'hallucinations d'origine périphérique, par
opposition aux hallucinations d'origine centrale. Cette théorie,
acceptée par la plupart des aliénistes, est celle qui explique le
mieux les faits complexes. Mais il ne faut pas oublier qu'une
condition est nécessaire au développement de l'hallucination,
c'est la prédisposition vésanique, acquise ou originelle, c'est
l'état d'infériorité fonctionnelle des centres cérébraux. Sans
cela tous les malades qui ont des lésions irritatives du cerveau
(tumeurs, foyers cicatriciels, lésions des vaisseaux, des
méninges) seraient en proie à des phénomènes hallucina-
toires. Rappelons-nous qu'en fin de compte l'irritation d'un
centre cortical ou d'un nerf périphérique ne peut donner que
l'idée d'une image sensorielle, et pour que le sujet la projette
en dehors de. lui, la rende en quelque sorte réelle, vivante el-
objective, il faut un état mental particulier, assez rare puis-
qu'en somme les hallucinations constituent un élément excep-
tionnel dans la symptomatologie si riche des maladies du cer-
veau. Ces réserves faites, voyons si les hallucinations unilaté-
rales peuvent, parleur caractère en quelque sorte expérimental,
apporter quelque lumière dans l'étude de ces phénomènes.
LES HALLUCINATIONS UNILATÉRALES. 103
III. Nous avons dit que les faits de ce genre étaient en
petit nombre. En fouillant la littérature française et étrangère, z
on en trouve une quarantaine. Ils ont fait en France l'objet
d'une étude d'ensemble de la part de M. Régis en 1881 et
plus récemment, en 1892, de M. Toulouse2, qui a réuni tous
les cas observés jusqu'alors. Les conclusions de ces deux auteurs
sont un peu différentes. De l'étude des cas connus, M. Régis
sort avec cette affirmation que l'hallucination unilatérale est
causée par une lésion de l'organe sensoriel périphérique ;
M. Toulouse, tout en admettant comme indiscutable, cette
catégorie de faits, pense qu'il en est d'autres qui peuvent être
légitimement rattachés à des lésions centrales de l'encéphale.
Vous savez que dans les discussions de ce genre, il n'est qu'un
moyen de se faire une opinion, c'est d'examiner les faits de
près. Or quels sont-ils ? On peut les diviser naturellement en
deux groupes : ceux où l'hallucination est sans contestation
sous la dépendance d'une lésion de l'organe sensoriel, et ceux
où elle semble être l'effet d'une altération cérébrale.
Il serait facile de justifier la constitution du premier groupe,
en citant les observations de Baillarger, Régis, Bail, Max
Buch, Schule, Mabille, pour ne citer que les principales. Je ne
rappellerai ici que celles d'une signification indiscutable ; car
ce qui importe dans le choix des preuves, c'est leur valeur et
non leur nombre. Une observation de M. Régis me paraît
présenter une réelle signification à ce point de vue. Il s'agit
d'un jeune homme de vingt-sept ans, qui eut dans l'enfance
une otite droite avec écoulement purulent. A l'âge de vingt
ans, il commença à souffrir d'hallucinations absolument loca-
lisées à l'oreille malade. On fit des cautérisations ponctuées
au niveau de la région mastoïdienne, on améliora enfin
l'état local et les hallucinations disparurent avec l'otite, au
bout de trois mois de traitement. Bail * a aussi rapporté le cas
d'un jeune homme qui, après un vigoureux soufflet, aurait été
atteint d'otite moyenne gauche et peu après d'hallucinations
auditives localisées de ce côté. Le traitement local fit disparaitre
1 Régis. Des hallucinations unilatérales. (Encéphale, 1881, p. 13.)
' Ed. Toulouse. Les hallucinations unilatérales. (Revue générale,
Gazette des hôpitaux, 1892, p. 609.) .
3 Régis. Ouvrage cité, p. 68 et smv.
1 Bail. Encéphale, 1892, p. 1.
104 CLINIQUE MENTALE.
ces deux ordres de phénomènes morbides. Mais le cas le plus
.intéressant, parce qu'il a, par son évolution, la valeur d'une
expérience, est celui rapporté par M. Mabille'. Cet auteur,
- ayant à soigner une femme qui présentait un délire mélanco-
lique avec troubles hallucinatoires de l'oreille droite, examina
l'oreille affectée, pratiqua un lavage du conduit auditif externe
et fit ainsi sortir un grain de blé entouré d'un amas de céru-
men. Le soir même, les hallucinations disparurent et la malade
guérit peu à peu de son délire mélancolique.
Je crois que ces quelques exemples suffiront pour vous con-
vaincre que la lésion d'une oreille, donnant lieu à des bour-
donnements et à des bruits variés par irritation du nerf auditif,
peut déterminer la mise en activité morbide du centre senso-
riel correspondant, qui interprétera les bruits pathologiques,
les transformera en voix et en fera ainsi des hallucinations
unilatérales de l'ouïe, mais seulement quand il y aura prédis-
position. Je dis : quand il y aura prédisposition, parce qu'il
faut bien admettre que cette conséquence hallucinatoire n'est
pas forcée, sans quoi toutes les personnes souffrant de bour-
donnements d'oreilles auraient des hallucinations, alors que
c'est la grande exception. L'affaiblissement du cerveau, la pré-
disposition du centre auditif sont les véritables causes de la
production de ce phénomène, que la maladie de l'oreille, la
lésion sensorielle périphérique ne fait que déterminer et entre-
tenir. Voilà donc un premier groupe de phénomènes, dont
l'existence et l'explication ne donnent lieu à aucune objection
de fond ; abordons l'examen du second groupe.
La plupart des faits s'y présentent dans des conditions de
complexité telle que l'on est très embarrassé quand on
recherche leur interprétation. Ainsi les organes sensoriels
(yeux ou oreilles) ne sont pas toujours examinés, ce qui laisse
un doute sur la véritable pathogénie de l'hallucination ; et
parfois même il existe des altérations à la fois dans le cerveau
et dans l'organe des sens, ce qui rend le problème encore plus
ardu. D'autres fois encore il y a des lésions cérébrales telle-
ment diffuses ou tellement profondes qu'on se demande
comment elles auraient pu donner naissance à des troubles
hallucinatoires, qui supposent, je le répète, une intégrité
presque absolue du centre cortical.
1 Mabille. Cas de uérisozz d'hallucinations unilatérales de l'ouïe de
cause externe. (Annales nzéclicu sclcolu71yues, 1883, Go série, t. X, 412.)
LES HALLUCINATIONS UNILATÉRALES. 105
Sans m'attarder à critiquer le point faible de chacune des
observations présentées comme exemples d'hallucinations uni-
latérales par lésion cérébrale, dont plusieurs doivent être reje-
tées du débat parce que l'oreille n'a été examinée ni pendant
la vie ni après la mort, et dont d'autres, comme celles de
M. Lwoff et de M. Toulouse 2, manquent de preuves nécrop-
siques, seules irrécusables en la matière, je vais rappeler les
principaux détails de certains faits, ayant une signification
plus précise et paraissant prouver l'existence des hallucinations
par lésion des centres cérébraux.
Une malade, dont l'histoire très curieuse nous a été rappor-
tée par Tomaschewski et Simonowitsch 3, présenta durant sa
vie des hallucinations de l'ouïe et de la vue qui, à un certain
moment, furent unilatérales. Relativement- aux hallucinations
de l'ouïe il,y a lieu de remarquer que si l'autopsie révéla des
lésions de la première temporale, siège du centre auditif, on
en constata aussi dans l'oreille moyenne, du côté où s'étaient
produites les hallucinations de l'ouïe. Mais cette critique ne
peut être maintenue pour les hallucinations de la vue, qui
disparurent vers la fin de la maladie ; et elles paraissent bien
devoir être mises sur le compte d'une lésion sensorielle cen-
trale, puisque l'oeil était intact et que l'examen des nerfs et
bandelettes optiques ne révéla aucune altération. On trouva
du reste des lésions des lobes temporo-pariétaux, et en parti-
culier du pli courbe dont la partie la plus superficielle était
remplacée par du tissu sclérosé. Les auteurs supposèrent que
cette lésion avait, en se développant, provoqué des hallucina-
tions, lesquelles disparurent lorsque le tissu nerveux eût subi
une destruction plus profonde. Nous avouons qu'il nous paraît
plus rationnel de rattacher à la lésion de l'oreille gauche, et aux
bruits morbides qui en étaient la conséquence, la prédomi-
nance (car les hallucinations de J'ouïe étaient doubles) des
symptômes hallucinatoires auditifs de ce côté. Quant aux hallu-
cinations unilatérales de l'oeil gauche, qui se produisirent plus
tard, il semble légitime de les rattacher à la lésion centrale,
t Lwoff. Études sur les troubles intellectuels liés aux lésions circons-
crites du cerveau. Th. Paris, 1890, p. 10.
2 Ed. Toulouse. Hallucinations unilatérales chez une femme ayant
vue lésion circonscrite du cerveau. (Gazelle des hôpitaux, 1892, p. 591.)
' Tomaschewski et Simonowitsch. Analysé in Neurologisclies Cen-
tralblall, 1889, p. 22. ' .
106 CLINIQUE MENTALE.
mais il y a lieu de se demander par quel mécanisme elles se
sont produites dans ce cas.
On peut supposer que là encore, comme pour les hallucina-
tions auditives, il s'agit de fausses sensations qui ont été
interprétées d'une manière erronée par la patiente en proie
depuis longtemps déjà à d'autres troubles hallucinatoires. En
résumé, la lésion de la région du pli courbe aurait donné nais-
sance à des sensations lumineuses, et la malade qui transfor-
mait en voix ses bourdonnements d'oreilles, aurait transformé
ses sensations lumineuses en hallucinations, ou plus juste-
ment en illusions de la vue.
M. Féré a rapporté de son côté une observation très instruc-
tive. Il s'agissait d'un homme de soixante-dix-neuf ans qui,
à la suite d'attaques épileptiformes, eut des hallucinations de
la vue et de l'ouïe. Un jour il ressentit une douleur de tète
très forte dans le pariétal droit ; le lendemain il présenta des
convulsions épileptiformes dans le bras gauche ; et consécuti-
vement il fut sujet à des hallucinations unilatérales du sens
du toucher dans le membre supérieur gauche. Il lui semblait
parfois que sa main se promenait sur une surface polie, ou
bien qu'elle serrait un bâton, ou encore que son bras était
pressé par de lourds paquets : or la sensibilité tactile était
diminuée à la main et au bras gauche, la sensibilité au froid
y était au contraire augmentée, et dans ces conditions il ne
nous semble pas téméraire de penser que le malade, ayant
éprouvé dans le membre supérieur gauche des sensations mor-
bides, les transforma en hallucinations, avec d'autant plus de
facilité qu'il avait déjà des hallucinations de la vue et de l'ouïe.
En somme, la lésion cérébrale donne lieu dans les cas de ce
genre à des troubles subjectifs de la sensibilité, à de fausses
sensations rapportées à la périphérie, et le malade qui est en
état hallucinogénique, les interprète et les transforme en hallu-
cinations. C'est donc l'état hallucinogénique du sujet et non la
lésion cérébrale qui fait l'hallucination ; la lésion cérébrale ne
produit que des fourmillements, des engourdissements, en un
mot des troubles subjectifs de la sensibilité, c'est-à-dire la
matière première que le cerveau prédisposé, taré, hallucinogène,
transforme en hallucinations.
Cette manière d'expliquer la production des hallucinations
1 Féré. Les épilepsies et les épileptiques. 1890, p : 466 et suiv.
LES HALLUCINATIONS UNILATÉRALES. 107
en conséquence de lésions cérébrales a été exposée dans la
thèse de mon élève M. Wormser '. Elle parait encore plus légi-
time après la lecture du cas de Lick 2. Le malade était un para-
lytique général, qui eut un jour une attaque épileptiforme
suivie d'hémiparésie, hémianesthésie et hémianopsie droites,
avec aphasie motrice et surdité verbale. Les troubles moteurs
et sensitifs s'amendèrent dans les trois jours, des hallucina-
tions se produisirent alors dans l'oreille droite; puis tout dis-
parut, et le malade retomba dans son état habituel. Deux mois
après il survint une nouvelle attaque épileptiforme, suivie des
mêmes phénomènes qui apparurent et disparurent dans le
même ordre. Il est probable que là encore les hallucinations
unilatérales n'étaient que la traduction erronée de sensations
morbides.
Il faut rapprocher de ces cas les faits d'aura sensorielle uni-
latérale accompagnant les convulsions épileptiformes ; souvent
on observe des impressions lumineuses, ou encore des bour-
donnements et des sifllements dans les oreilles, etc., mais quel-
quefois il survient de véritables hallucinations visuelles ou
auditives dont la pathogénie est facile à comprendre après ce
que je viens de dire. Gowers 3 a même fourni des preuves ana-
tomiques du rapport que nous cherchons à établir. Dans un
cas où des convulsions épileptiformes débutaient par une aura
auditive rapportée à une seule oreille, il trouva à l'autopsie
une' tumeur dont la plus ancienne partie était au-dessous de la
première circonvolution temporale. Dans ce cas, l'hallucination
de l'ouïe était vraisemblablement provoquée, de même que les
attaques épileptiformes, par la tumeur, c'est-à-dire par l'irri-
tation du centre sensoriel cortical. Hughes Bennett a a rapporté
un fait intéressant de traumatisme de la région pariétale droite,
ayant donné lieu à des attaques épileptiformes. Celles-ci
étaient précédées de visions d'une lumière rouge brillante et
suivies d'une amblyopie de l'oeil gauche. L'auteur attribue les
sensations lumineuses et la cécité à la lésion des régions
pariéto-occipitales; en tout cas, la trépanation au niveau du
pli courbe fit cesser ces symptômes .morbides. Or toutes ces
' Wormser. Les hallucinations unilatérales. Th. Paris, 1895.
, Lick. Analysé in Neul'Olo,r¡isches Cenlralblall, 1892, p. 329.
' Gowers. Archives de Neurologie, 1891, t. XXI, p. 256.
' Hughes Bennett. The Lancel, 1889, t. I, p. 674.
108 CLINIQUE MENTALE.
auras sensorielles unilatérales peuvent être transformées par
un cerveau prédisposé en hallucinations unilatérales.
On a cherché à nouveau dans ces derniers temps à établir
un rapport entre certains de ces phénomènes et les lésions
nécropsiques, principalement dans la paralysie générale, et
Mickle', après de nombreuses autopsies, semble s'être con-
vaincu que la plupart des hallucinations de la paralysie géné-
rale sont liées d'une façon intime à des lésions des centres
sensoriels corticaux du sens intéressé. M. Sérieux a constaté
à l'autopsie d'un paralytique général, qui avait présenté
durant sa vie des hallucinations psycho-motrices verbales
ainsi que des mouvements de mastication, l'existence d'adhé-
rences méningées symétriques très circonscrites intéressant la
frontale interne, l'extrémité antérieure du lobe frontal et
la 3e frontale (siège des images motrices d'articulation) ainsi
que le quart inférieur des circonvolutions ascendantes (siège
du centre masticateur). Cet auteur s'appliqua à rattacher
l'existence des hallucinations et des impulsions motrices au
siège des lésions.
Enfin Hertz 3, qui s'est livré à des études semblables sur des
cerveaux d'autres aliénés, a constaté des altérations du lobe
temporal coïncidant avec des hallucinations chroniques de
l'ouïe, ce qui conduirait à penser que les lésions cérébrales
unilatérales peuvent, dans certains cas, donner lieu à des hallu-
cinations unilatérales. Mais il importe de s'expliquer nettement
sur ce point. Si une lésion cérébrale détruit un centre, elle se
traduit alors symptomatiquement par la suppression de la
fonction : si elle ne fait que l'irriter, elle modifie son fonc-
tionnement, donne lieu à une exagération ou à une perversion
de la fonction : à de la contracture, à des convulsions, à des
mouvements choréiques s'il s'agit d'un centre moteur, à des
sensations lumineuses, à de l'amblyopie, à des bourdonnements
d'oreilles, à des sifflements, à des fourmillements, à des engour-
dissements, s'il s'agit des centres dc la sensibilité visuelle,
auditive ou tactile; mais jamais le cerveau étant normalement
constitué, la lésion ne donnera lieu à une hallucination. En
d'autres termes, il ne suffit pas, pour produire une hallucina-
1 Mickle. Journal o' nxetzlctl Science, 1883, t. XXVIII, p. 2G.
* Sérieux. Archives de Neurologie, 1894, t. XXVII, p. 344 et suiv.
3 Hertz. Analysé in Archives de Neurologie, 1885, t. X, p. 448 et 449.
LES HALLUCINATIONS UNILATÉRALES. 109
tion, d'activer un centre sensoriel par une lésion irritative,
quelque chose de plus est nécessaire, il faut que ce centre soit
modifié, il faut qu'il soit préparé d'une manière originelle ou
acquise, il doit avoir cette disposition anormale qui le rend
hallucinogène; et c'est pour cela qu'il n'y a pas de lésions pro-
duisant d'emblée des hallucinations, comme on pourrait par-
fois être tenté de le croire. La lésion donne seulement
naissance à des sensations morbides (fourmillements, sensa-
tions auditives, lumineuses, etc.,) qui sont transformées en
hallucinations. S'il en était autrement, l'hallucination serait
(nous ne saurions trop le répéter) un phénomène vulgaire
dans la symptomatologie de la pathologie organique du cer-
veau ; elle serait la manifestation habituelle des plaques jaunes,
des ramollissements corticaux ou sous-corticaux, des ménin-
gites chroniques, des tumeurs cérébrales, et s'observerait
communément dans la paralysie générale. Or, nous savons que
les choses ne se passent pas ainsi et que, dans la paralysie
générale par exemple, il n'est pas rare de trouver des lésions
étendues des centres sensoriels chez des malades qui n'ont
jamais présenté d'hallucinations, ou encore de rencontrer des
lésions de la troisième frontale gauche, analogues à celles
observées par M. Sérieux, sans qu'on ait constaté d'hallucina-
tions psycho-motrices. J'ai donc raison de dire que ce n'est pas
la lésion qui fait directement l'hallucination, mais bien la
modification préalable du cerveau, la prédisposition sans
laquelle la lésion, quelle qu'elle soit, sera impuissante à pro-
duire l'hallucination.
En résumé, et pour en revenir au sujet de cette leçon, il y a
des hallucinations unilatérales d'origine périphérique et d'ori-
gine centrale, et c'est par un même mécanisme, du moins dans
la majorité des cas, que les altérations des centres sensoriels
et celles des organes périphériques donnent lieu à des phéno-
mènes hallucinatoires. Dans les deux cas il y a des troubles
sensitifs et des sensations subjectives, qui sont transformées
en hallucinations par le sujet prédisposé '.
Mais puisque nous faisons intervenir la prédisposition
comme une condition essentielle, il conviendrait de préciser
' C'PSt intentionnellement, et pour ne pas compliquer la question, que
dans cette leçon nous n'avons pas parlé des hallucinations psychiques
dont le mécanisme est différent.
110 O CLINIQUE MENTALE.
en quoi elle consiste, ou du moins d'indiquer les principales
circonstances dans lesquelles elle peut se développer.
Cette prédisposition est héréditaire ou acquise.
Héréditaire, nous la trouvons chez ces enfants nerveux qui,
atteints de chorée par exemple, ont facilement des hallu-
cinations soit au milieu de la nuit, soit surtout vers le soir.
Nous observons encore cette prédisposition congénitale,
héréditaire, chez beaucoup d'hystériques facilement sugges-
tionnables. Nous la retrouverons encore chez certains dégé-
nérés mentaux, comme chez cette ancienne religieuse que je
vous ai présentée l'an dernier, qui avait une hérédité chargée
et à qui il suffisait, même en dehors de toute période délirante,
de concentrer sa pensée sur une personne connue pour qu'elle
la vit apparaître au point d'avoir l'illusion de sa présence réelle.
Acquise, nous trouvons la prédisposition aux hallucinations
chez des enfants, qui ont souffert dans les premirs mois de la
vie et dont le svstème nerveux central a été entravé dans son
évolution. Mais' c'est surtout sous l'influence de certaines
intoxications aiguës ou chroniques, et en particulier de l'alcoo-
lisme prolongé que nous voyons se développer la prédisposition
aux troubles hallucinatoires. Et à ce point de vue il est intéres-
sant d'étudier les observations d'hàllucinations unilatérales
publiées jusqu'à ce jour, en tenant compte bien entendu de ce
que l'attention des auteurs n'ayant pas été attirée spécialement
sur cette question on n'a pas dû noter l'alcoolisme chaque fois
qu'il existait.
Roberston a, dès 1875, fait très nettement cette même
remarque que les hallucinations unilatérales se rencontrent
surtout chez les alcooliques et plus particulièrement chez ceux
qui ont fait des excès récents. Dans l'observation de Mer... que
nous venons de relater, il y a bien un certain degré de prédis-
position héréditaire, mais l'alcoolisme chronique et invétéré
est évidemment le facteur morbide principal qui a fendu son
cerveau hallucinogène. La première observation de M. Régis
est relative à un ivrogne d'habitude, et dans le second fait du
même auteur il s'agit d'un épileptique qui, « à la suite d'excès
alcooliques » eut des hallucinations unilatérales de l'oeil et de
l'oreille gauches. Chez le malade de Raggi on note aussi l'in-
tempérance, de même celui de 11. Lwoff est marchand de vins
et alcoolique ; enfin le malade de .\1. Toulouse est encore un
ivrogne.
LES HALLUCINATIONS UNILATÉRALES. - 1'1'1
De sorte qu'on peut dire avec Roberston, sans aucune exa-
gération, que l'intoxication alcoolique intervient dans la majo-
rité des cas pour rendre le malade apte à produire des halluci-
nations. Mais si, en fait, c'est là une condition fréquente, ce
n'est pas pour cela une condition indispensable. A l'appui de
cette opinion je pourrais, entre autres, invoquer l'observation
que je recueillais dernièrément et dans laquelle je notais,
d'après des renseignements précis, que la malade n'avait, pen-
dant toute son existence, bu presque exclusivement que de
l'eau. En revanche, dans ce cas, la prédisposition héréditaire
était très facile à établir. Transmise avec la naissance ou
acquise par l'individu, une certaine aptitude morbide est donc
essentielle pour la production des hallucinations. Mais cette
notion générale, qui doit vous guider dans l'observation des
faits en pathologie mentale, ne doit pas non plus vous faire
négliger de rechercher les causes déterminantes, quelquefois
plus près de nous, qui, ainsi que les lésions sensorielles ou
cérébrales actionnent et donnent une forme précise à la prédis-
position. Souvent alors vous pourez saisir sur le fait ces
véritables agents provocateurs, comme les appelait Charcot, et,
en les réduisant au silence, obtenir un amendement et même
la guérison des troubles vésaniques.
Quelques mois après cette leçon Mère... mourut. On trouva
à l'autopsie les lésions des deux oreilles reconnues pendant la
vie. ,
A l'oeil nu l'encéphale présentait seulement de l'épaississe-
ment des méninges et de l'athérome artériel. L'examen histo-
logique a été fait par mon chef de laboratoire, M. le Dr¡OEppel ;
en voici le résultat :
L'examen histologique a porté sur les points suivants :
Le lobe frontal, les première et deuxième circonvolutions
temporales droites, la première circonvolution temporale
gauche. Sur tous ces points on rencontra des lésions qui sont
sensiblement les mêmes pour leur degré et leur nature. Elles
répondent exactement à ce qu'on observe en général dans l'al-
coolisme chronique avec démence. Elles portent sur les
cellules, les tubes nerveux et les vaisseaux. Partout les cellules
sont presque toutes, petites, atrophiées, avec des contours ir-
réguliers ; il est très rare d'en trouver une ayant nettement
conservé la forme pyramidale ou triangulaire et possédant
'112 CLINIQUE MENTALE.
un noyau à contours nets; elles ont des formes rondes ou
ovales, sans prolongements visibles. Le protoplasma est rem-
pli de granulations graisseuses pressées les unes contre les
autres, de gros volume; elles entourent souvent complètement
le noyau, d'autres fois elles laissent libre un espace compre-
nant à peu près le tiers du protoplasma. Lorsque le proto-
plasma n'est pas complètement chargé de granulations, on
peut le rencontrer en dégénérescence hyaline avec perte des
granulations chromatiques. Les noyaux sont eux-mêmes atro-
phiés, à bords irréguliers et contiennent aussi des granula-
tions.
Du côté des tubes nerveux il y a des lésions moins accusées,
caractérisées par une raréfaction de la myéline et la présence
de quelques granulations noires par la méthode de Marchi.
Partout aussi les vaisseaux sont en état de dégénérescence
granulo-graisseuse. Dans les artérioles on voit de gros amas
disséminés dans la gaine lymphatique, siégeant au niveau des
points de bifurcation; ces amas sont constitués par de grosses
granulations pigmentaires ou graisseuses. Les vaisseaux capil-
laires sont altérés de la même manière : amas de granulations
siégeant ici dans les cellules endothéliales.
Toutes les lésions qui viennent d'être décrites sont généra-
lisées. Elles ont été retrouvées uniformément dans toutes les
circonvolutions citées plus haut.
Mais de plus on rencontre par place un processus de con-
gestion chronique avec dilatation des vaisseaux, pigmentation
ocreuse, blocs pigmentaires dans gaines lymphatiques et pig-
mentation ocreuse des cellules nerveuses elles-mêmes. Cette
dernière lésion se trouvait disséminée dans quelques points
des circonvolutions frontales antérieures, dans le lobe temporal
gauche et particulièrement dans la première circonvolution
temporale droite où sur plusieurs préparations on retrouve
cette pigmentation.
\
SUR L'ACCROISSEMENT DF; la folie EN IRLANDE; par Thomas DRAPES.
(The Journal of Mental Science, octobre 1894.)
Ce travail, très richement documenlé, est accompagné de seize
tableaux, où tous les détails de la question sont soigneusement
examinés et étudiés. Il conclut d'ailleurs à la réalité de l'accroisse-
ment du nombre des cas de folie en Irlande. - R. M. C.
REVUE D'ÉLECTRICITÉ MÉDICALE.
Contrairement à ce qui s'est passé pour ma dernière revue, j'ai
aujourd'hui à parler de nombreux et intéressants travaux, tant en
ce qui concerne la physiologie que pour le diagnostic et la théra-
peutique.
ÉLECTRO- PHYSIOLOGIE.
M. le professeur d'Arsonval a lu à la société de biologie une note
intéressante de M. Carpentier sur l'emploi du condensateur pour
régler- l'intensité de l'excitation faradique des nerfs en physiologie.
En plaçant un condensateur de capacité connue sur le trajet de
l'excitation induite monopolaire ou bipolaire, on a un moyen de
roder l'excitation plus avantageux que celui basé sur l'écart des
bobines qui varie, comme chacun sait, avec la longueur des fils, leur
diamètre et la source de force électro-motrice qui fournit le cou-
rant. Ce procédé lui a permis de constater qu'il existe pour une
valeur déterminée de la capacité du condensateur un optimum
d'excitation.
M. le Dr Giltay (de Marseille) propose pour la mesure des cou-
rants induits un électro-dynamomètre qui me parait en effet destiné
à rendre de grands services dans les expériences de laboratoire et
pour l'électro-diagnostic ; l'appareil est décrit dans les Archives
d'électricité médicale du professeur Bergonie, de Bordeaux. Il se
compose essentiellement d'une échelle divisée en 10° sur la-
quelle se meut un index relié à l'équipage mobile de l'instru-
ment. Il permet de mesurer les courants alternatifs, les courants
induits volto ou magnéto-faradiques et les courants voltaïques à
l'aide d'un shunt. Un petit pachytrope est joint à l'appareil pour
éviter qu'il soit endommagé par de fausses connexions. Mais pour
la mesure des courants faradiques, il faut encore, même avec cet
instrument, que, si on veut s'entendre, physiologistes et médecins
se décident à n'employer que les bobines normales et l'appareil à
chariot adoptés par le congrès des électriciens de 1881.
Dans un travail paru le 31 juillet 1895 dans la Semaine médicale,
M. Lecercle étudie les modifications de la chaleur rayonnée produites
par la faradisation. 11 constate que la température de la peau et
celle obtenue par rayonnement s'élèvent progressivement à mesure
que l'excitation augmente, mais seulement jusqu'à un certain
maximum qui est atteint avant le maximum d'excitation.
Archives, 2° série, t. I. 8
114 Il REVUE d'électricité médicale.
Dans ses recherches expérimentales sur l'effluve statique (Arch.
d'élect. méd., 15 oct. 1895) M. H. Bordicr nous montre une action
toute différente de cette forme de l'électricité sur la température.
"L'effluve négatif a une action prédominante non seulement au
point de vue de la sensation produite, mais aussi sur les phéno-
mènes vaso-moteurs de la région soumise à son influence. Il se
produit un abaissement thermométrique qui varie de 0°,8 à 1°,1,
suivant l'effluve employé et atteint son maximum vers la sixième
ou septième minute. Les effets vaso-moteurs sont d'autant plus
accentués que le débit de la machine est plus grand.
électro-diagnostic.
Le Dr E. Huet a présenté au mois de novembre à la Société fran-
çaise d'électrothé1'apie un travail très intéressant sur l'influence de
la résistance sur l'apparition et l'étendue des contractions et sur le
rôle de la polarisation dans la production des contractions d'ouver-
ture. L'exploration de l'excitabilité galvanique des nerfs et des
muscles est, on le sait, une des parties les plus importantes de l'exa-
men électro-diagnostic et l'adoption des unités de mesure eu
électricité a marqué un très grand progrès en rendant plus facile-
ment comparables des examens faits soit avec des sources diffé-
rentes d'électricité soit par des auteurs différents. L'intensité du
courant est en effet un élément très important pour juger de la
valeur d'une excitation et comme il est très facile d'en connaître
la valeur absolue, on a raison d'en tenir compte en première ligne.
Mais il faudrait aussi, seulement cela allonge considérablement
l'examen, tenir compte de la force électromotrice de la source
d'électricité, de la différence de potentiel au niveau des électrodes
appliquées sur la peau, de la polarisation des électrodes et des
tissus, de la résistance du circuit dans ses différentes parties et
aussi de certaines conditions instrumentales. M. Huet s'est attaché
dans son travail à montrer comment on peut faire varier quelques-
unes de ces conditions.
En ce qui concerne l'excitabilité quantitative, il dégage de ses
recherches un premier fait : Une augmentation de la résistance dans
le circuit parcouru par le courant galvanique affaiblit l'excitation du
nerf ou du muscle à la fermeture du courant aussi bien avec le pôle
négatif qu'avec le positif. Pour l'excitabilité qualitative il s'est
servi de deux clefs de Morse associées de telle manière que le cou-
rant reste fermé tant qu'on tient l'une des clefs abaissée ; il est
ouvert si on l'abandonne à elle-même. Mais ce qu'il nous importe
de considérer dans son mode opératoire, ce sont les connexions
particulières qui résultent, entre les électrodes appliquées sur la
peau, de cette manière de produire les fermetures et les ouvertures
de courant dans un sens ou dans l'autre. Pendant le repos des
REVUE d'électricité médicale. 118 D
deux clefs, c'est-à-dire pendant que le courant est ouvert, ces
électrodes aboutissent à deux bornes reliées d'une part avec les
pôles de la pile et d'< ! M< ! 'c part entre elles par un cirant métallique.
Cette seconde condition est très importante à considérer : en effet
par le fait de cette disposition, s'il s'est produit une action électro-
lytique au niveau des électrodes ou des tissus du corps, le courant
de polarisation qui en résulte se trouvera fermé sur lui-même; il
se trouve ainsi au moment de l'ouverture du courant et pendant
toute la durée de cette ouverture mis en court circuit. C'est là une
condition qui n'existe pas avec les inversions ordinaires et c'est
d'elle que provient la différence des résultats obtenus. Les con-
tractions de fermeture se comportent sensiblement de même avec
les deux variétés d'interrupteurs. Pour les secousses d'ouverture il
n'en est plus de même et tandis qu'avec les interrupteurs ordi-
naires elles conservent généralement le rang qu'elles occupent
le plus souvent dans la loi des secousses avec les deux clefs de
Morse associées, elles dépassent le plus souvent en amplitude les
contractions de fermeture et se montrent avant elles, surtout lors-
qu'une résistance de plusieurs milliers d'ohms est intercalée dans
le circuit. Lorsqu'il n'y a pas de résistance supplémentaire inter-
calée dans le circuit, les contractions d'ouverture, tout en étantplus
fortes qu'avec les interrupteurs ordinaires, restent plus faibles que
les secousses de fermeture et apparaissent après elles.
Les recherches démontrent que, dans les conditions ordinaires
de la pratique de l'électro-diagnostic le courant de polarisation
joue un rôle très important, peut-être même prépondérant, dans la
production des courants d'ouverture, quel que soit l'interrupteur
employé.
M. Ettlinger, étudiant les troubles de l'excitabilité électrique
dans les polynévrites (Gaz. des hôp., n° 59), arrive à cette conclu-
sion que la diminution de l'excitabilité faradique et galvanique se
montre dans le degré le plus léger de la maladie ; la réaction de
dégénérescence partielle et plus encore la réaction de dégénéres-
cence complète indiquent des lésions plus profondes qui deman-
dent des mois à guérir, la disparition totale de toute excitabilité
est l'indice de lésions incurables, fait rare dans les névrites péri-
phériques. Le passage de la réaction de dégénérescence complète
à la partielle est l'indice d'un processus de régénération.
M. Phulpin, dans sa thèse sur la sciatique (Paris, 1895), a étudié
au point de vue électrique vingt-cinq malades.
Une fois seulement les réactions électriques ont été normales.
C'était dans un cas de récidive légère d'une sciatique très forte
l'année précédente. Quatre fois elles ont été trop irrégulières pour
qu'on en puisse tirer des conclusions.
Chez huit malades les réactions étaient exagérées : chez deux
pour les modes galvanique et faradique et pour le nerf et les mus-
116 REVUE d'électricité médicale.
clés ; chez trois pour le nerf seulement. Deux autres présentaient
une hyperexcitabilité du nerf au courant faradique, le dernier au
courant galvanique. Dans ce groupe ne figurent que deux névrites,
- l'une avec exagération de l'excitabilité du nerf au courant fara-
dique, l'autre avec exagération pour les deux courants. Dans huit,
autres cas il y a eu diminution de l'excitabilité. Dans cinq cas l'au-
teur a pu constater la réaction de dégénérescence, mais dans un
seul elle était complète (sciatique avec amyotrophie du poplité
externe). Jamais elle n'a porté sur tout le domaine du sciatique ;
dans le cas où elle était le plus étendue elle avait respecté le mollet.
C'étaient cinq cas de névrite avec amyotrophie marquée.
En somme, la réaction de dégénérescence est exceptionnelle
dans la sciatique vulgaire amyotrophique ; lorsqu'elle existe, elle est
le plus souvent limitée à un nombre restreint de muscles. L'excita-
bilité du nerf et des muscles pour une des formes de courant ou
pour les deux est plus fréquemment exagérée dans la névralgie,
diminuée dans la névrite ; mais ces règles comportent certaines
exceptions que le peu de développement des observations de l'au-
teur ne me permet malheureusement pas de préciser.
Le traitement des neurasthénies par l'électricité simple ou asso-
ciée à d'autres médications a été l'objet d'un certain nombre de
travaux.
Je dois signaler d'abord celui du docteur L.-H. Petit (Gaz. des
Hôp., 1895) intitulé Rapports de la neurasthénie avec la scoliose et
quelques autres difformités orthopédiques. Pour l'auteur la presque
totalité des enfants atteints de scoliose dite essentielle ont des
antécédents névropalhiques et sont de plus eux-mêmes presque
tous des neurasthéniques. C'est cet état qui déterminerait chez
eux un affaiblissement général des muscles et en particulier de
ceux qui sont situés de chaque côté de la colonne vertébrale.
L'examen électrique ne révèle pas d'altérations graves de leur
nutrition. Le traitement rationnel déduit de cette pathogénie con-
siste à associer l'électrisation aux longs repos au lit, au massage
et aux exercices volontaires exécutés au commandement.
Le docteur Imbert de la Touche conseille dans son Traitement de
la neurasthénie l'action combinée de l'électricité el de la médication
hypodermique (Revue internationale d'électricité et Congrès de Bor-
deaux, 1895). Il emploie l'électricité sous toutes ses formes en l'as-
sociant aux injections hypodermiques d'arséniate de strychnine,
d'or, de glycéro-phosphates, de phosphore. Dans les cas où l'élec-
tricité se montre insuffisante les injections hypodermiques ajou-
tent leur action stimulante sur le système artériel. Si celui-ci est en
hypotension, le malade est soumis d'abord aux bains statiques. En
cas de céphalalgie, on met au-dessus de sa tête un disque à pointes
d'argent qui, suivant l'auteur, dégage des effluves sédatives.
On peut aussi employer un faisceau de chiendent qui donne une
médecine sociale. 117
sensation de fraîcheur. C'est là, on le voit, une sorte d'applica-
tion de la méthode de Burq. Les bains électrostatiques et les
bains à courants sinusoïdaux doivent être donnés tous les jours au
début, puis de plus en plus espacés. Leur durée doit être d'une
demi-heure. Les injections hypodermiques sont en même temps
pratiquées tous les jours et de préférence le matin.
Le docteur Foveau de Courmelles (Avancement des Sciences,
Congrès de Bordeaux) préconise la douche et le bain statiques. Il
y ajoute, lorsqu'il y des symptômes cérébraux ou médullaires, la
galvanisation ascendante ou descendante, suivant qu'on veut exciter
ou calmer.
La durée de la franklinisation doit augmenter progressivement.
Lui aussi se montre un adepte de Burq en préconisant la douche
statique à travers des peignes métalliques divers : argent, nickel,
aluminium. ,
Le professeur Raymond, dans son article sur ]e ltlyoclonus (Progrès
médical, 1895) après avoir soigneusement établi le diagnostic diffé-
rentiel et les analogies du paramyoctonus multiplex avec la chorée
dite électrique et le spasme saltatoire étudie les modifications de,
l'excitabilité électrique. Il recommande la plus grande réserve,
quant au pronostic et conseille comme traitement les bains fran-
kliniens.
Au Congrès des aliénistes et neurologistes de Bordeaux, j'ai
présenté une étude comparée du Traitement du goitre exophtal-
mique par l'électricité galvanique et faradique. De la comparaison
des observations publiées il se dégage nettement cette conclusion
que le traitement galvanique est le traitement de choix à cause de' `
l'action électrolytique du courant sur le goitre et aussi parce que
la faradisation est dangereuse à manier. Il résulte d'expériences
personnelles que l'électricité a une action très probable sur la
sécrétion thyroïdienne qu'elle modifie et qu'elle agit dans ce cas
comme le traitement thyroïdien. or L.-R. REGNIER.
MÉDECINE SOCIALE.
SUR LE rôle FUTUR DU MÉDECIN dans LE traitement scientifique DU
crime ET des criminels ; par Austin Flint. 1'he New- York Médical
Journal, 19 octobre 1895.)
La grande notoriété de l'auteur, la remarquable largeur de vues
118 MÉDECINE SOCIALE.
qu'il apporte dans l'examen de la question, l'importance même de
cette question feront excuser l'étendue que nous donnons au
compte rendu de ce travail, dans certaines parties duquel nous sui-
- vrons l'auteur presque pas à pas.
Lombroso, dans son travail sur l'Anthropologie criminelle appli-
quée, cite un passage d'un essai sur la peine de mort, dans lequel
Rondeau dit que les assassins eux-mêmes sont des malades, comme
les autres criminels, et qu'il faut les punir parce qu'ils troublent
le cours de la vie sociale, et aussi parce qu'ils entravent le déve-
loppement de l'espèce ; mais si l'on admet que le crime est
l'aboutissant naturel et la conséquence logique d'un état mor-
bide, il ne saurait avoir d'autre punition qu'un traitement médical.
Il s'en faut de beaucoup que la société soit prête à accepter les
conséquences logiques d'une pareille manière de voir; mais on est
obligé de reconnaître que, avec les lois existantes et leur mode
d'application, notre manière actuelle de procéder, à l'égard du
crime et des criminels, n'aboutit qu'a un échec, et à un échec si
lamentable dans ses résultats, qu'il est difficile de prévoir l'étendue
du désastre où nous tendons, si une révolution complète ne sur-
vient pas dans l'étude scientifique du crime et de la peine.
D'après des auteurs compétents, le crime coûterait, dans la
Grande-Bretagne, dix millions de livres sterling par an; aux Etats-
Unis, les dépenses qu'il nécessite atteindraient le chiffre de cin-
quante-neuf millions de dollars. Et le crime augmente dans une
mesure absolument disproportionnée avec l'accroissement de la
population ; voici, pour les Etats-Unis, les chiffres précis :
MÉDECINE SOCIALE. 119
En matière de crime et de peine, il faut se garder d'une senti-
mentalité qui serait aussi déplacée qu'en médecine ou en chirur-
gie. Le crime est une lésion du corps social, que l'on peut sinon
détruire, du moins enrayer et qui veut être traitée intelligemment
et scientifiquement. On a surabondamment démontré que les cri-
minels se divisent en deux catégories : les curables et les incu-
rables ; pour séparer ces deux catégories, pour rendre la première
à son utilité sociale, pour protéger la société contre la seconde, il
faut avoir recours à des hommes compétents ; les jurisconsultes,
ceux qui font la loi comme ceux qui l'appliquent, ont échoué dans
cette tâche; l'auteur pense que c'est maintenant aux médecins
qu'il convient de s'adresser. Mais l'expérience nous apprend de
quelle faible influence le médecin dispose en matière législative ;
il faut donc se borner à espérer que les juges, les jurisconsultes et
les législateurs consentiront désormais, -dans l'étude de la loi, à
s'aider des lumières de la science moderne.
Le système tout entier des lois criminelles existantes repose sur
l'idée ancienne de la vengeance ou du talion, rajeunie sous le
nom de châtiment. L'idée même de loi, en ce qui touche le crime
et les criminels, demande à être soumise à un nouvel et sérieux
examen. Au sens rigoureux et scientifique du mot, une loi est
quelque chose qui existe, qui a toujours existé et que l'esprit de
l'homme ne conçoit pas comme pouvant cesser d'exister. On ne
peut pas plus faire, défaire ou modifier une loi, qu'on ne peut
créer ou anéantir un atome de matière. L'homme ne fait pas les
lois, il les découvre.
Il peut, dans une certaine mesure, modifier le fonctionnement
des lois naturelles; mais ces lois demeurent fixes et immuables.
L'univers entier, animé ou inanimé, sans excepter l'homme, vit et
progresse conformément à des lois, connues ou inconnues; ces lois,
que subit l'homme, sont psychiques aussi bien que physiques, et
nul acte humain ne s'accomplit sans une cause, immédiate ou
éloignée. Au sens juridique, et dans ses rapports avec l'organisa-
tion sociale, on peut définir la loi « l'équité formulée et la justice
appliquée » ; mais, suivant les belles paroles de Blackstone : « Au-
cune loi humaine n'est valide si elle est contraire à la loi naturelle
et toute loi valide, médiatement ou immédiatement tire sa force et
son autorité de sa conformité avec la loi naturelle. »
Le médecin a su découvrir les moyens de modifier les lois natu-
relles en vue de la guérison et de la prophylaxie de certaines
maladies ; c'est à lui qu'on s'adressera un jour et ce jour est sans
doute prochain pour la guérison et la prophylaxie des maladies
morales; c'est il lui qu'on demandera de faire le diagnostic diffé-
rentiel des criminels curables et des criminels incurables. Alors on
verra s'évanouir la théorie surannée de la punition du crime et le
traitement des criminels se résoudra en deux ordres de mesures :
120 MÉDECINE SOCIALE.
mesures de réforme et d'amendement pour les criminels curables;
mesures de protection de la Société à l'égard des criminels incu-
rables.
Le diagnostic doit logiquement précéder le traitement. Personne
- ne songe à rendre l'aliéné responsable des actes criminels qu'il
commet; mais toute infraction morale a-t-elle une cause physique ?
Existe-t-il une anomalie ou un défaut physique qui puisse pousser
à commettre tel ou tel crime dans des conditions favorables à l'en-
tier développement de cette anomalie ou de ce défaut et à leur
manifestation par un acte criminel ? Ce sont là des questions qui
préoccupent les criminalistes contemporains.
On a souvent dit que la frontière qui sépare le crime de la folie
est étroite et mal précisée; rien ne le prouve mieux que les dis-
tinctions que l'on a établies entre la criminalité et la folie dite
« folie morale ». L'auteur estime toutefois qu'il n'est pas ordinai-
rement difficile de distinguer la folie de la criminalité pourvu que
l'on soit en possession de données complètes et suffisantes ; la pre-
mière distinction à faire est entre l'aliéné criminel et le criminel
aliéné. Pour les différences fondamentales à cet égard, on ne sau-
rait mieux faire que de prendre pour guide Garofalo; pour ce cri-
minaliste distingué, le crime commis par un aliéné n'a d'autre but
et d'autre objet que le crime même, sans idée aucune d'avantage
ou de profit à en retirer, sauf la satisfaction même de le com-
mettre. Le criminel, au contraire, recherche un avantage matériel
par un moyen qu'il n'a aucune satisfaction, qu'il a même souvent
de la répugnance à employer. En d'autres termes, ce qui caracté-
rise l'aliéné, c'est le plaisir anormal et exclusif de tout autre avan-
tage qu'il trouve à commettre un crime. La classification des cri-
minels n'est pas difficile, et Hack Tuke accepte, en la modifiant
légèrement, celle de Ferri qui est excellente; elle comporte trois
catégories : 1° les criminels passionnels ; 2° les criminels d'occa-
sion ; 3° les criminels-nés.
Le criminel par passion eàt un être qui manque de pouvoir sur
lui-même; on ne peut le considérer comme un ennemi de la
société, à l'égard de laquelle il n'est que très modérément dange-
reux. Il a généralement le remords de son crime, qui ne s'exerce
d'ailleurs presque jamais contre la propriété, mais seulement
contre la personne d'autrui. Il est néanmoins nécessaire qu'il
subisse les conséquences de son acte criminel.
Le'criminel d'occasion (demi-criminel de Lombroso) commettra
ou ne commettra pas de crime suivant qu'il rencontrera ou ne ren-
contrera pas une occasion ou une tentation; la faiblesse de son
caractère peut le conduire à n'importe quel acte; il faut le ranger
parmi les criminels, car sans une tendance au crime plus ou moins
marquée, il ne commettrait pas les actes auxquels il se laisse
entraîner. La distinction de llavelock Ellis entre le criminel pro-
MÉDECINE SOCIALE. 121 1
fessionnel et le criminel-né de Lombroso paraît à M. Austin Flint
artificielle.
La science n'a pas à s'occuper des crimes passionnels. Les con-
séquences judiciaires ou morales qui en résultent suffisent d'ordi-
naire à corriger la violence du caractère et à prévenir toute réci-
dive. Il convient aussi d'écarter de la criminalité tous les menus
délits dont les législateurs paraissent s'ingéniera augmenter chaque
année le nombre : vendre du pain ou du vin aux heures défendues,
violer certains règlements de salubrité ou de convenances publiques
ne révèle pas une tendance criminelle; et il y abeaucoup d'hommes
et encore plus de femmes à qui l'on ne fera jamais comprendre
que c'est un délit d'éluder certaines obligations fiscales. S'il est
nécessaire d'appliquer, tant qu'ils sont en vigueur, des règlements
de cette nature, il serait absurde de voir dans leur violation une
tendance criminelle.
11 reste donc à étudier, au point de vue scientifique, le criminel
d'occasion, le criminel habituel et le criminel-né.
Le criminel-né présente généralement des signes évidents de
dégénérescence ; s'il fallait s'en rapporter absolument à Lombroso,
on admettrait même que quiconque ne présente pas ces anomalies
n'est pas un criminel-né. Mais celles dont le caractère est pure-
ment physique, se rencontrent fréquemment chez l'homme nor-
mal, à un degré variable, et sont compatibles avec une vie parfai-
tement régulière et honnête; seulement, on ne saurait nier que
ces signes de dégénérescence, qui sont plus ordinaires chez le cri-
minel que chez l'homme normal, et qui s'observent, respective-
ment, d'une manière plus accusée dans certaines formes de crimi-
nalité, ne soient très utiles pour classer un criminel, et même pour
se rendre compte du plus ou moins de danger qu'il fait courir à la
société, du plus ou moins d'espoir que l'on peut conserver relati-
vement à son amendement moral. Ce qu'il faut bien savoir, c'est
que ces anomalies physiques, alors même qu'elles accompagne-
raient une hérédité criminelle, ne constituent pas une preuve de
criminalité. Ainsi la théorie de Lombroso et de son école faiblit
sur deux points : l'absence d'un élément normal de comparaison ;
la fréquence des exceptions.
D'autre part, les signes caractéristiques moraux et mentaux de
la criminalité sont assez nets et assez définis. Dans les vrais crimes,
c'est-à-dire ceux qui constituent une violation de la loi naturelle,
les anomalies ou les particularités mentales ou morales peuvent
être utilisées en vue du diagnostic, de la classification et du traite-
ment, et c'est alors que les anomalies purement physiques viennent
réellement peser de tout leur poids dans la balance.
Chez le criminel d'occasion, on peut ne rencontrer aucun des
signes caractéristiques physiques ou moraux de la criminalité ;
c'est un malheureux qu'il faut traiter avec soin et protéger contre
122 MÉDECINE SOCIALE.
les influences extérieures nocives qui en feraient facilement un cri-
minel d'habitude.
Le criminel de profession-et le criminel d'habitude sont les plus
-^dangereux ennemis de la société. Ils forment une organisation
dirigée par ceux de leurs semblables qui sont doués d'une intelli-
gence supérieure. Ils peuvent ne présenter que peu ou point les
anomalies dites de dégénérescence; mais, après les plus grands
crimes, ils n'ont jamais le sentiment du remords ; ils ne vivent pas
solitaires, ils s'associent, et parlent une langue de convention, l'ar-
got, dont ne se servent jamais ni le criminel passionnel, ni le cri-
minel d'occasion. Ils ne sont pas lâches comme les criminels-nés;
ils sont sobres, prudents, sans amitiés réelles, et leurs attache-
ments féminins sont sans durée et sans stabilité. Leurs crimes sont
profitables. Dugdale dit avec raison qu'il faut que nous nous débar-
rassions de cette idée que « le crime ne rapporte pas ». L'idéal
serait de trouver un moyen de rendre le crime improductif, mais la
chose est malaisée.
C'est surtout au criminel-né que le médecin peut avoir affaire, et
son étude serait excessivement utile à notre système social ; il pré-
sente toujours des anomalies mentales et morales caractéristiques.
Ces criminels sont plus ou moins intelligents et acceptent d'ordi-
naire la direction de ceux qui sont les mieux doués; ceux qui sont
d'intelligence inférieure présentent presque toujours des stigmates
physiques. Beaucoup sont incapables de bénéficier d'une éducation
quelconque. On a remarqué que la plupart des criminels n'ont
jamais appris de métier manuel. On constate presque toujours
chez eux le phénomène que Havelock Ellis appelle l'insensibilité
morale, et qu'il faut distinguer avec soin de ce que l'on a désigné
sous le nom de folie morale. Cette insensibilité est caractérisée par
un défaut d'appréciation, au point de vue du criminel lui-même
du bien et du mal, et par une complète absence de repentir ou
de remords. En effet le criminel-né n'a jamais de remords, et l'on
peut dire que là est le signe pathognomonique de la criminalité
congénitale.
Le caractère général et la manière de vivre des criminels habi-
tuels sont à la fois intéressants et instructifs; ils sont vains, supers-
titieux, constitutionnellement paresseux et imprévoyants, souvent
excitables et sentimentaux. Ils parlent un argot spécial, différent
de l'argot courant, et sont volontiers adonnés au tatouage, qui est
assez commun chez eux pour prendre une valeur presque caracté-
ristique. Sans essayer d'aborder ici cette grave question, il faut
noter en passant, chez ces criminels, la toute-puissante et déplo-
rable influence de l'hérédité.
Quand le diagnostic et la classification du criminel ne sont pas
fournis par sa propre histoire, ils ne peuvent plus l'être que par
l'observation dont il est l'objet à la prison ou à la maison de cor-
MÉDECINE SOCIALE. 123
rection ; et un prisonnier, âgé de moins de trente ans et qui en est
à sa première condamnation, est certainement un sujet d'étude fort
intéressant. Mais cette étude n'est profitable que si l'on a recours
au système de la sentence indéterminée, c'est-à-dire à durée va-
riable. Le juge et le jury peuvent bien préciser le crime et la res-
ponsabilité qui en découle ; ils ne peuvent ni mettre en lumière le
caractère vrai du criminel, ni fournir les indications nécessaires
pour le traiter intelligemment. Vouloir mesurer le châtiment au
crime, c'est obéir à un esprit de vengeance, par lequel il n'appar-
tient pas à l'homme de se laisser guider. Van Hamel a dit juste-
ment que le plus grand obstacle auquel se heurtent les tendances
nouvelles dans le traitement des criminels, est la doctrine de la
satisfaction pénale, dérivée de cette « vieille idée de vengeance qui
a la prétention de confier à l'homme une tâche qu'il convient de
ne laisser qu'aux mains de Dieu ». Et Wines dit encore : « Il ne
suffit pas que la jurisprudence criminelle soit humaine, il faut
encore qu'elle soit intelligente. »
La loi a entouré les criminels de tant de garanties que beaucoup
de crimes demeurent impunis ; en revanche il est certain que les
condamnations injustes sont extrêmement rares. Mais lorsqu'un
criminel est condamné, il devrait être remis aux mains de l'Etat,
chargé de pourvoir à son traitement ultérieur. Le juge ne devrait
pas fixer ce qu'on est convenu d'appeler le châtiment. L'auteur est
heureux de dire que la législation de l'Etat de New-York offre au
magistrat de nombreuses facilités pour s'abstenir de fixer la peine.
Tout le monde admet l'avantage qu'il y a pour la société à faci-
liter l'amendement des criminels, et tous les criminalisles recon-
naissent, sans exception, que la condition première de cet amen-
dement, c'est le caractère indéterminé de la sentence. L'auteur
rapporte ici des textes qui montrent que les lois existantes dans
l'Etat de New-York ont pourvu à la classification des criminels, à
l'amendement de ceux qui en sont susceptibles et à la protection
de la société contre ceux qui sont incorrigibles. Or, c'est le méde-
cin qui est le mieux qualifié pour présider à l'application et au
développement de ces réformes. La manière de procéder à l'égard
des criminels est l'une des grosses questions sociales de l'heure
actuelle; il n'y a pas de raison pour que l'on ne traite pas, d'après
les données scientifiques modernes, le crime comme une maladie
et le criminel comme un malade. La punition, considérée comme
rétribution du crime, ne peut plus trouver place dans ce système;
elle ne doit être conservée que comme élément de discipline, dans
les prisons et dans les maisons de correction. 11 ne faut pas se
demander si cela vaut la peine de corriger les criminels, mais bien
si l'on peut les corriger, et à cet égard l'auteur a pu recueillir des
données intéressantes à la maison de correction (Reformatory) d'El-
mira, dans l'Etat de New-York.
124 MÉDECINE SOCIALE.
Le système de cette maison, qu'il serait trop long d'étudier
en détail consiste à auLoriser, au bout d'un certain temps de
traitement, la libération sur parole. On compte, et ce relevé
- 'parait exact que sur 3,725 libérés sur parole, depuis 1876 jus-
qu'au 30 septembre 1893, 3,051, c'est-à-dire 81,9 p. 100 étaient
amendés. Sur 4,797 libérations indéterminées, c'est-à-dire sur
parole, ou à l'expiration du maximum de durée de l'internement,
ou pour toute autre cause, la proportion des amendés était de
63,6 p. J00. Ces calculs reposent en partie sur des estimations;
en 1887 et 1888 on a essayé d'atteindre une plus grande précision,
et ces recherches, plus restreintes, mais plus exactes, ont porté
sur 1,722 prisonniers. On a pu obtenir des renseignements crI tains
sur 1,125 de ceux qui avaient été mis en liberté sur parole, et on
a trouvé que le chiffre de ceux qui ne s'étaient pas mis en état de
récidive était de 78,5 p. 100. La règle de la maison est de faire
bénéficier d'une libération définitive tout libéré sur parole dont la
conduite a été satisfaisante pendant six mois.
La maison de correction d'Elmira ne reçoit que des hommes
âgés de seize à trente ans, et condamnés pour la première fois pour
un crime impliquant la réclusion dans une prison d'Etat. L'inter-
nement ne peut jamais dépasser le maximum de durée de la peine
encourue; le minimum n'est pas fixé. Le criminel est mis d'abord
en observation; puis suivant sa conduite, il passe des catégories
inférieures dans les supérieures, tout comme il peut redescendre si
sa conduite n'est pas satisfaisante. Un prisonnier qui se conduit
bien peut mériter en un an sa liberté sur parole.
L'établissement d'Elmira comporte une école littéraire, une
école technologique, une école de gymnastique, une série d'ate-
liers et une organisation militaire ; les ateliers comprennent trente-
quatre états différents, et, bien qu'ils n'aient pas été créés dans
cette intention, ils constituent une très importante source de béné-
fices. Aucun prisonnier n'est libéré sur parole tant que l'on n'a pas
pu le pourvoir d'une situation et aussi de la somme d'argent néces-
saire pour vivre jusqu'au moment où il touchera son premier mois
de salaire. 11 reste en surveillance pendant six mois, durant les-
quels il peut être reintégré à Elmira, s'il ne se conforme pas aux
conditions de sa libération.
Les facteurs qui contribuent à donner de si remarquables résul-
tats sont les suivants : 1° la durée indéterminée de la peine, qui
laisse l'espoir de la libération et encourage chez le prisonnier tout
effort vers une amélioration morale ; 2° la discipline, qui est rigou-
reuse et inflexible, aidée des exercices militaires; il est beaucoup
de prisonniers à qui l'on n'a jamais enseigné à se maîtriser eux-
mêmes ni à se soumettre à une discipline; 3° l'exercice physique
et l'absence de toute occasion de commettre un excès quel qu'il
soit; 4° l'éloignement d'un milieu et de fréquentations dont l'ac-
MÉDECINE SOCIALE. 12S
tion est démoralisante; 5° l'éducation et l'enseignement technique.
Il est tellement rare, sauf le cas de crime passionnel ou acci-
dentel qu'un criminel au-dessus de trente ans soit accessible à
l'amendement moral, que les prisonniers qui ont dépassé cet âge
sont exclus des établissements où l'amélioration morale des crimi-
nels est seule poursuivie. Si le criminel n'est plus susceptible de se
corriger, il faut l'enfermer, le condamner si l'on veut à un travail
forcé, mais utile pour subvenir à son entretien; mais en sachant
bien qu'il s'agit là de protection sociale et non de punition. Quand
on interne un aliéné dangereux, on le fait pour protéger la société,
mais il serait absurde de le faire avec la pensée que l'on empêche
ainsi d'autres hommes de devenir fous et dangereux, ou même que
l'on empêche d'autres aliénés de se livrer à des actes de violence.
L'idée de restitution ou de réparation d'un dommage n'influe
guère sur la manière actuelle de procéder à l'égard des criminels;
elle est cependant très en honneur dans l'école italienne, et Garo-
falo a énergiquement insisté sur sa valeur, qui est en effet consi-
dérable, puisque, méthodiquement appliquée, elle contribuerait à
restreindre ou à détruire le bénéfice du crime.
L'auteur regrette de ne pouvoir, faute de temps et de place entrer
dans le détail des mesures qu'il conviendrait de prendre contre
l'alcoolisme et la prostitution, deux vices qui ont toujours existé et
qui existeront toujours, mais qu'il n'est pas impossible de res-
treindre. Mais il veut terminer ce travail de criminologie par quel-
ques considérations sur la peine capitale.
La peine capitale élimine le criminel et protège la société contre
le danger que lui ferait courir une postérité criminelle comme
lui ; elle constitue un procédé simple et commode d'extermination.
Mais, s'il est admis à peu près généralement qu'un homme a le
droit d'ôter la vie à un autre homme pour sauvegarder la sienne,
s'ensuit-il que nous ayons le droit, dans un but de punition, de pro-
tection ou d'exemple, de supprimer une vie humaine. Punir de
mort un crime, c'est commettre un autre crime. Il n'existe, en
faveur de la peine de mort qu'un seul argument, l'exemple, et il
est discutable; car si des criminalistes éminents lui attribuent une
grande valeur, il en est d'autres, non moindres, qui la contestent
absolument; pour n'eu citer qu'un seul, Mac Donald rapporte que
sur 167 criminels condamnés à mort en Angleterre, 164 avaient
assisté à des exécutions capitales.
Jamais un médecin ne pourra logiquement admettre la suppres-
sion d'une vie humaine. Comment, en effet, pourrions-nous recon-
naître la légitimité de la peine capitale, nous qui ne voulons ni ne
pouvons, alors que ce serait faire oeuvre de charité et de misé-
ricorde, abréger l'existence d'un malheureux en proie aux tor-
turantes souffrances d'une affection incurable, ou d'un aliéné dan-
gereux dont la guérison est impossible. Comme acte de sauvagerie,
Il-)6 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
l'exécution d'un criminel dépasse le cannibalisme, car, ainsi que
l'écrivait Montaigne, il est plus barbare de tuer un homme vivant
que de le rôtir et de le manger quand il est mort.
- Dugdale dit que lorsque les criminels constituent pour la société
un danger permanent et réel, il faut les empêcher de nuire, mais
surtout les empêcher de donner le jour à des êtres semblables à
eux; et que ce but, que l'on atteignait autrefois par la pendaison,
est aujourd'hui atteint par l'emprisonnement perpétuel. Dugdale
n'a pas osé suggérer une méthode propre à organiser l'extinction
de la race ; mais il en est une, moins sévère que la peine capi-
tale, qui se présente immédiatement à l'esprit.
En terminant, l'auteur s'excuse des lacunes que présente son
travail,' et il exprime une fois de plus l'espoir de voir les médecins
prendre dans l'élude des questions de criminologie et de pénalité
la place importante, prépondérante même qu'ils sont particulière-
ment aptes à occuper. R. DE Musgrave CLAY.
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
I. Sur la FOLIE morale ET ses rapports avec la criminologie; par
le professeur BENGDIKT (de Vienne). (The Journal of mental
Science, octobre 1894.)
Les termes « folie morale » et a obsession » ont donné lieu à de
fausses interprétations en matière de science et de criminologie
pratiques. C'est néanmoins un grand progrès en psychologie
d'avoir reconnu que beaucoup d'actes vicieux ou criminels sont le
résultat de défectuosités congénitales. Ces défectuosités s'accom-
pagnent quelquefois d'anomalies anatomiques de la forme du
corps, et spécialement du crâne; mais la valeur de ces anomalies
est relative, nullement absolue.
Le terme « folie morale » a été appliqué à ces cas de défectuo-
sités psychologiques congénitales ; mais il prête à l'équivoque, et
il conviendrait de lui préférer le mot de « dépravation morale >,
et de distinguer une forme active (perversité morale) et une forme
passive (insuffisance morale).
Il faut toujours se souvenir que tout acte criminel a une impor-
tance sociale aussi bien qu'une importance scientifique, et que la
sécurité de la société n'est pas une question médicale. Il est évident
aussi que les personnes entachées de dépravation morale congéni-
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. '1Î
tale ou acquise ne doivent pas être traitées de la même manière
que les aliénés.
La confusion de l'aliénation et de la dépravation donne nais-
sance à un véritable danger social, surtout lorsque vient s'y ajouter
la confusion entre l'irresponsabilité métaphysique et l'irresponsa-
bilité criminelle. La science médicale et la science juridique ne
seront à l'abri de ce danger que lorsque la doctrine kantienne des
« autonomies » aura pénétré dans toutes les intelligences cultivées.
On peut, au sujet de la conduite d'un homme, discuter la ques-
tion de la responsabilité métaphysique; mais ce débat demeure
étranger à la procédure criminelle, qui ne peut admettre l'irres-
ponsabilité comme cause de la non culpabilité que si elle est fondée
sur l'aliénation mentale démontrée.
Il faut se souvenir aussi qu'un niveau intellectuel inférieur à la
moyenne et une faiblesse d'esprit congénitale ne suffisent pas à
démontrer la folie chez un sujet atteint de perversité morale. Tous
les psychologues savent qu'un faible d'esprit peut fort bien appar-
tenir à la classe de l'homo nobilis et qu'un homme de génie
peut être pourvu d'un sens moral notablement insuffisant. C'est
pourquoi l'auteur propose les conclusions suivantes : 4° la dépra-
vation morale congénitale ou acquise, n'est pas un motif de non
culpabilité d'un acte criminel ou vicieux ; 2° le principe de non
culpabilité ne peut être appliqué qu'aux cas où les actions crimi-
nelles ou vicieuses sont bien réellement le résultat d'un état d'alié-
nation mentale aigu, chronique ou périodique; 3° la combinaison
de la dépravation et de la faiblesse d'esprit congénitale n'est pas
un motif de non culpabilité.
Il reste ici à discuter la question des « obsessions », mais on peut
établir sommairement que l'on ne doit considérer les actes dits
irrésistibles comme relevant effectivement de l'aliénation mentale
que lorsqu'ils se présentent sous la forme de véritables explosions
et ne sont pas seulement l'exagération d'un état normal. Par
exemple, si une personne très irascible devient furieuse, la non-
culpabilité ne devra pas, en règle générale, être admise pour un
crime commis dans cet état de fureur. Mais lorsque sans motif
objectif ou subjectif suffisant, une personne devient subitement
furieuse, nous admettrons la nature pathologique de l'explosion,
même si nous n'en pouvons préciser le motif réel.
4° Il s'ensuit que les obsessions sont nécessairement imprévues
et impossibles à prévoir, et que par conséquent elles entraînent la
non culpabilité; mais lorsqu'une anomalie paroxystique de con-
duite n'est que l'exagération d'un état psychologique habituel, la
culpabilité subsiste.
L'auteur termine par quelques considérations sur l'application
de ces principes aux cas d'inversion sexuelle congénitale.
R. DE Musgrave CLAY.
Il-)8 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
II. Sur LES affections DE la faculté musicale ,dans LES maladies
cérébrales; par William W. IRELAND. (The Journal of mental
Science, juillet 1894.) -
Les documents n'abondent pas sur les rapports de la faculté
musicale avec les maladies cérébrales et l'aliénation mentale;
aussi pensons-nous qu'il sera agréable au lecteur de nous voir
rendre compte un peu longuement du travail de M. Ireland.
L'auteur déclare tout d'abord qu'il n'est guère enclin à admettre
la théorie suivant laquelle la musique serait issue du langage par
voie d'évolution; mais on peut reconnaître que les premières traces
de la faculté musicale sont peut-être représentées par les mouve-
ments rythmiques que l'on observe chez certains idiots du type le
plus inférieur. Chez les sauvages d'autre part, la musique paraît
être étroitement liée à la danse. Chez tous les peuples, certains
mouvements, comme ceux de ramer, de bercer, sont accompagnés
de chants. Il est à peu près incontestable que la musique (le mot
étant pris dans son sens le plus large) n'est pas un art technique,
mais une faculté de l'esprit. Toutefois, en dehors de Gall, dont la
doctrine est abandonnée, aucune tentative n'a été faite pour loca-
liser la faculté musicale en un point particulier du cerveau. Il
faut remarquer que de tous les talents le talent musical est peut-
être celui qui se transmet le plus fréquemment par voie d'hérédité.
Entre la musique et le langage, il existe, sinon une analogie, du
moins un parallélisme que le Dr Brazier (Revue philosophique de la
France, t. XXXIV) a excellemment fait ressortir : dans les deux cas,
il est fait usage de symboles qui peuvent être évoqués à l'aide
d'images motrices, auditives et visuelles. La note musicale peut
être chantée ou jouée mentalement, mentalement entendue, lne ou
écrite, tout comme la lettre, symbole phonétique, ou le mot peuvent
être mentalement prononcés, lus, ou écrits. Comme le langage, la
musique s'apprend par imitation, mais la lecture musicale demande
plus d'efforts que la lecture des mots; le musicien débutant ne com- .
prend bien ce qu'il déchiffre, lentement d'ailleurs et laborieu-
sement, qu'en jouant ou en chantant, tout comme l'individu
qui sait à peine lire, lit à haute voix son texte pour s'aider à com-
prendre.
Nous savons dans quelles conditions une lésion nettement
définie d'un des deux hémisphères abolit la fonction du langage,
laissant intactes les autres facultés; mais nous ignorons si une
lésion analogue peut anéantir la faculté musicale en respectant les
autres facultés, ce qui nous conduit à admettre que cette faculté
est exercée par les deux hémisphères, avec possibilité de suppléanee
d'un hémisphère par l'autre.
Il est évident qu'il existe entre la musique et le langage une
connexion parfois impossible à rompre. Tout langage possède des
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. "129
intonations modifiables par les émotions. Dans certaines langues,
l'italien par exemple, l'euphonie est l'âme même du langage. L'ac-
croissement de la tendance musicale du langage aboutit à la poé-
sie. L'auteur a connu un assez grand nombre de personnes, abso-
lument indifférentes à la musique, et possédant une oreille très
délicate relativement à la mesure et à la cadence du vers; ces per-
sonnes ne distinguaient pas une fausse note, mais une faute de
quantité ou un pied de trop dans un vers les choquaient, ce qui
prouve qu'il existe une différence entre la mélodie des tons et la
mélodie des vers.
Dans l'aphasie motrice, la faculté d'expression musicale est
généralement compromise, bien qu'elle puisse ne l'être qu'à un
faible degré. L'auteur cite à cet égard divers exemples intéressants,
observés par Knoblauch, Griffen, Hochwart, et par lui-même.
La contre-partie de l'aphasie motrice se rencontrerait chez un
malade qui aurait conservé la faculté du langage en perdant celle
du chant ou de l'expression musicale; mais aucun cas de perte
isolée du pouvoir d'expression musicale ne paraît avoir été rap-
porté jusqu'à ce jour. Toutefois, un fait qui se rapproche de ce
cas, jusqu'ici idéal, a été publié par Brazier d'après une commu-
nication écrite qu'il a reçue en 1873 (cas de Barré, de l'Opéra-Co-
mique).
Wallaschek mentionne un certain nombre de cas dans lesquels
des musiciens ont soudainement oublié leur rôle on leur partie
dans des opéras ou des concerts. Mais il s'agit là d'une amnésie
temporaire, pouvant relever de causes diverses et n'ayant rien de
spécial à la musique, puisqu'elle se rencontre également chez des
acteurs de drame ou de comédie.
La contre-partie de la surdité aux mots, ou aphasie sensorielle,
serait fournie par l'incapacité de distinguer les sons musicaux des
autres bruits (amnésie sensorielle, Tontaubheit, de Wallaschek).
En général, dans l'aphasie sensorielle, le pouvoir de distinguer les
sons subsiste. Mais il est des personnes qui naissent avec une
grande incapacité de différencier les bruits musicaux; on dit
d'elles qu'elles n'ont pas « l'oreille musicale ». Brazier parle d'un
homme pour lequel toute note jouée sur le piano avait le même
son, et un professeur de musique a déclaré à l'auteur qu'il con-
naissait une personne incapable de distinguer le son du violon de
celui de la trompette. Il n'est pas très rare de rencontrer des sol-
dats incapables de distinguer les sonneries du clairon. Brazier
rapporte quinze cas d'amnésie sensorielle consécutive à une affec-
tion cérébrale.
Dans quelques cas d'aphasie soigneusement observés, on a re-
marqué que l'impossibilité de lire les notes accompagnait la perte
de l'écriture; mais il y a aussi des cas de perle isolée de l'une ou
l'autre de ces deux facultés.
Archives, 2° série, t. I. 9
'130 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
Oppenheim a publié l'observation de dix-sept cas d'aphasie, soi-
gneusement étudiés au point de vue musical, et il résulte de ces
observations que la faculté musicale survit généralement à la perte
du langage chez les aphasiques; elle n'était en effet abolie que
chez deux malades. ,
D'autre part, Finkelburg, Charcot et d'autres auteurs ont rap-
porté des cas où, en dehors de toute aphasie, les malades avaient
perdu la faculté de lire la musique, tout en conservant le pouvoir
d'exécuter de mémoire ou de reproduire des airs entendus. Le cas
de la maîtresse de piano, rapporté par Bernard - est bien
connu, et Brazier a observé un fait de cécité des signes musicaux
(amusie visuelle) sans aucun mélange d'alexie ou cécité des
mots.
Le même auteur a bien étudié les associations des airs musicaux
avec des représentations auditives, avec des représentations ou des
impulsions motrices, avec des contractions du muscle tenseur du
tympan, avec de légers mouvements de la gorge ou du larynx.
Quelquefois la musique est associée au son d'une voix, ou à l'image
de la notation musicale; mais ceci est plus rare. On conçoit tou-
tefois qu'un trouble apporté dans des associations de ce genre
puisse entraver ou affaiblir la faculté musicale. Il y a naturellement
des degrés dans l'exercice de la faculté musicale, et ces degrés vont
du simple plaisir éprouvé à l'audition de la musique jusqu'à la^
composition. ,
En général les idiots éprouvent du plaisir à entendre la mu-
sique ; mais il y a aussi des idiots et des imbéciles qui sont absolu-
ment indifférents à la musique. Wildermuke a examiné compara-
tivement 180 idiots et 82 enfants sains ; il a trouvé qu'un tiers à
peu près des idiots avaient à"l'égard de la musique une capacité
moyenne ; 11 p. 100 des idiots et 2 p. 100 des enfants sains étaient
absolument dépourvus de toute capacité musicale. Le même auteur
ajoute une observation intéressante : les gens du village de Stet-
ten, d'où provenaient les enfants sains, sont réputés pour leur,
aptitude musicale, et presque tous ces enfants avaient été instruits
dans l'art de la musique, ce qui n'élait pas le cas pour les idiots;
ou peut donc déduire de la comparaison, que les idiots possèdent
la faculté musicale à un degré assez élevé. Toutefois ils n'at-
teignent que très rarement à l'habileté d'exécution, ce qui tient
probablement surtout à leur défaut d'application mentale, à leur
indolence générale et à leur gaucherie ordinaire dans les exer-
cices corporels. Toutefois leur aptitude musicale contraste singu-
lièrement avec leur manque absolu de sens esthétique.
On sait combien la faculté musicale est étrangement accrue
dans le somnambulisme et dans l'hypnotisme. Dans le délire causé
par le haschisch, les hallucinations musicales atteignent, paraît-il,
une merveilleuse beauté. Enfin, dans l'exaltation de la manie, la
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 131
puissance d'expression musicale est quelquefois considérablement
augmentée, mais elle ne s'exerce guère que d'une façon un peu
incohérente.
La folie avec hallucinations permet, suivant les observations de
l'auteur, la conservation du sens musical; mais il en est de même,
en ce cas, de la plupart des facultés mentales.
Ribot a établi, comme une loi de régression, que la mémoire est
constituée par une stratification d'impressions dont les couches les
plus profondes sont les plus anciennes, et qu'elle se détruit en sens
inverse de la façon dont elle a été acquise. Ceci conduirait à sup-
poser que, dans la démence, la faculté musicale doit être l'une des
dernières à disparaître, et c'est en effet ce que l'on observe dans
un certain nombre de cas. Mais il est aussi beaucoup de déments
chez lesquels la faculté musicale participe à la déchéance des
autres facultés. Toutefois, M. Ireland a eu l'occasion de lire le tra-
vail du Dr Legge sur la faculté musicale et chez les aliénés, et en
constatant le désaccord qui existe sur ce point entre son distingué
confrère et lui, il a été amené à mettre en doute l'exactitude de sa
propre manière de voir, bien qu'elle soit partagée par d'autres
auteurs. Eu' terminant, M. Ireland formule les conclusions sui-
vantes que nous traduisons textuellement :
« La région cérébrale dans laquelle siègent le sentiment musical
et l'activité musicale n'est pas limitée aux circonvolutions de l'hé-
misphère gauche auxquelles correspond l'aphasie motrice ou sen-
sorielle. Il me semble que la faculté musicale doit s'exercer des
deux côtés de l'encéphale. La question de savoir si son activité
correspond à une région circonscrite du cerveau, demeure dou-
teuse. Il serait désirable de posséder des observations propres à
démontrer si les maladies de l'hémisphère droit peuvent abolir le
pouvoir de chanter, de suivre ou de reproduire des mélodies. J'in-
cline à penser que ce pouvoir ne peut être détruit que par des
lésions intéressant simultanément les deux côtés du cerveau. Il me
paraît aussi que la faculté musicale peut survivre à des lésions
cérébrales étendues, alors même que celles-ci ont plus profondé-
ment atteint les facultés mentales plus complexes. »
. R. DE MUSGRAVE CLAY.
IIL LA musique Er la faculté musicale dans la folie; par Richard
LEGGE. (The Journal of mental science, juillet 189 ? )
La faculté musicale comprend : 1° la capacité de reconnaître
des sons d'une hauteur définie et les rapports de ces sons entre
eux, c'est-à-dire l'oreille musicale; 2° la susceptibilité émotive à
l'égard de l'intluence musicale (ce qui suppose un goût naturel ou
cultivé pour la musique); 3° une habileté plus ou moins grande
dans l'exécution de la musique soit vocale, soit instrumentale;
132 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
4° la faculté de composer de la musique originale. Ces trois der-
niers degrés de la faculté musicale s'expliquent et se comprennent
d'eux-mêmes; il convient d'entrer dans quelques détails relative-
ment au premier degré ; le premier degré est analogue au sens
des couleurs, lequel est imparfait chez beaucoup de sujets sains,
mais, probablement* ne fait jamais entièrement défaut. Si peu
développée que soit l'oreille musicale, il semble qu'elle existe tou-
jours, au moins au degré nécessaire pour permettre de distinguer
un son très haut d'un son très bas. A partir de ce niveau on peut
rencontrer tous les degrés de la faculté musicale. Lorsque l'oreille
musicale existe, elle s'accompagne ordinairement du sentiment du
rythme, mais ce dernier sentiment peut être très marqué alors
que le premier est tout à fait rudimentaire. Il est à remarquer en
passant que le sens des couleurs fait plus souvent défaut chez les
musiciens que chez toute autre catégorie de personnes (Edridge
Green). Une aptitude spéciale pour une forme d'art paraît limiter
l'aptitude pour les autres formes, et les poètes sont souvent fort
mal doués au point de vue de l'oreille musicale. La sensation du
rythme, d'ailleurs, n'est pas particulière aux musiciens.
Dans la manie aiguë, on constate généralement une incohérence
de la pensée musicale comme des autres formes de la pensée.
Dans la manie subaiguë, les malades chantent souvent, ou jouent
d'un instrument, d'ailleurs sans trop se préoccuper de la mesure
ou de l'air. Dans la manie chronique, le, sens musical est mieux
conservé, et c'est dans cette catégorie de malades que se recrute le
plus souvent la musique des asiles. Quelques-uns sont de bons exé-
cutants ; mais ils jouent sans expression, obéissant bien plus à leurs
sensations du moment qu'à la pensée musicale du compositeur. Ils
sont, en tout cas, moins accessibles à l'influence de la musique
que les sujets sains.
Les mélancoliques, en état de dépression, ne jouent que rare-
ment, et la musique ne leur fait d'ordinaire aucun plaisir. Quoi
qu'on en ait pu penser, il n'y a guère à compter sur la musique
comme agent thérapeutique dans la mélancolie, sauf peut-être dans
la convalescence, si le malade était, à l'état normal, sensible aux
impressions musicales. '
Dans les cas de « melancholia attonita » toutes les facultés esthé-
tiques paraissent abolies ; on ne comprendrait guère d'ailleurs
qu'un malade absolument insensible à des malaises physiques into-
lérables pour un sujet sain, demeurât accessible à des impres-
sions d'art.
Dans la paralysie générale on voit souvent des malades, norma-
lement bien doués au point de vue musical, s'exagérer leurs apti-
tudes musicales, comme ils s'exagèrent toutes leurs autres facultés,
mais, en réalité, le niveau de la faculté musicale est très abaissé.
Dans la démence les aptitudes esthétiques subissent la même
REVUE DE PATHOLOGU ! MENTALE. 133
déchéance, et peut-être plus rapidement encore -- que toutes
les autres aptitudes mentales; mais la faculté de jouer d'un ins-
trument peut quelquefois survivre à la perte du pouvoir d'apprécier
la musique.
Dans les manies partielles, la faculté musicale peut être intégra-
lement conservée.
L'élude de la faculté musicale chez les idiots est évidemment
l'un des côtés les plus intéressants de la question ; malheureuse-
ment l'auteur n'a pu observer qu'un nombre de cas assez restreint.
Il a cependant examiné cinquante sujets atteints d'idiotie à des
degrés différents, et il a constaté que trente d'entre eux écoutaient
la musique avec plaisir, que vingt lui étaient totalement indif-
férents, que quinze pouvaient fredonner, ou siffler, ou chanter des
airs sans paroles, et que cinq étaient capables de chanter des airs
avec paroles. On constate fréquemment chez les idiots l'existence
d'un sens esthétique rudimentaire, alors que les autres attributs
mentaux font totalement ou presque totalement défaut, et l'on
peut rencontrer chez eux un degré de capacité musicale qui est en
disproportion manifeste avec le développement général de leur
mentalité; on en sera moins surpris si l'on réfléchit à la préco-
cité de l'apparition du sens esthétique chez l'enfant. Au point de
vue de l'oreille et de la sensibilité à la musique, les idiots ne pa-
raissent pas être inférieurs à des sujets sains dénués de culture
musicale.
Dans les folies acquises, les formes supérieures de la faculté
musicale, celles où la musique est un moyen d'exprimer des
idées intellectuelles ou des émotions particulièrement complexes
sont généralement amoindries ou altérées, comme il était aisé
de le prévoir.
En somme, les points principaux à noter sont : l'existence de la
faculté musicale chez les idiots, sa déchéance dans la démence, sa
perte intégrale dans la démence organique et dans la démence
paralytique. R. DE )MUSGRAVE CLAY. ,
IV. Sur la mélancolie : TROIS observations; par Frank Hallek STE-
PHENSON. (The New-York Médical journal, 27 juillet 1893.)
Les points principaux de ce travail sont relatifs à l'utilité du
diagnostic différentiel entre la mélancolie légère et la neurasthénie
très accusée, et au traitement de la mélancolie. L'auteur rap-
porte trois cas où d'heureux résultats ont été obtenus au moyendu
traitement qu'il préconise, traitement qui ne nous parait d'ailleurs
pas différer sensiblement de celui qui est généralement usité.
Notons cependant cette remarque, dont nous lui laissons la res-
ponsabilité, que, surtout à la période de convalescence, les opéra-
tions pratiquées sur les organes pelviens sont quelquefois suivies
134 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
d'heureux effets au point de vue mental, alors même que ces opé-
rations sont légères et inutiles. R. DE MUSGRAVE CLAY.
V. La législation relative A l'aliénation mentale EN IRLANDE; par
John EusTACE. (The Journal of mental science, octobre 1894.)
Travail intéressant et bien documenté, mais que nous devons
nous borner à signaler au point de vue de la législation comparée
des aliénés. ' R. M. C.
VI. UN cas DE grossesse TUBAIRE sans RUPTURE DE la trompe, avec TU-
MEUR KYSTIQUE DE L'OVAIRE DU CÔTÉ OPPOSÉ; OPERATION; MANIE ET
phlegmatia ALBA DOLE\S consécutives; guérison; par A. C. BUT-
LER SCYTHE. (The Journal of mental science, octobre 1894.)
L'observation dont il s'agit est rare ; elle est recueillie avec soin;
mais le titre même en résume exactement les points principaux.
R. M. C.
t
VII. Histoire D'UNE expérience RELATIVE''A LA façon DE procéder
A l'égard DES aliénés CEBT11ÉS TELS dans la paroisse DE BARONY
DE GLASGOW; par John CARSWELL. (The Journal of mental Science,
juillet 1894.) ' . \
.
Cette expérience relative surtout au mode de placement des
aliénés curables ou incurables, suivant le cas, et à la manière de
faire constater leur état d'aliénation et de curabilité, est étroite-
ment liée aux formalités et coutumes, d'ailleurs assez variables,
usitées en Angleterre et en Ecosse : elle a donc surtout un intérêt
local; aussi devons-nous nous borner à signaler ce travail à ceux
de nos lecteurs qui s'intéressent spécialement à la législation com-
parée de l'aliénation mentale. R. M. C.
VIII. Contribution A L'ÉTUDE ANATOfO-PATBOLOC1QUE ET A la PATUO-'
LOGIE DES ALTÉRATIONS NEURO-MUSCULAIRES DANS LA PARALYSIE GÉNÉ-
RALE des aliénés; par Alfred W. C.amBELL. (The Journal of mental
Science, avril 1894.)
Ce travail est basé sur l'étude de douze cas intéressants : nous
ne pouvons malheureusement pas les analyser ici et nous devons
nous borner à résumer les conclusions de l'auteur. Il constate que
les recherches actuelles, jointes à celles des auteurs qui l'ont pré-
cédé dans cette voie, ont fourni d'une manière indiscutable la
preuve de la dissémination des lésions morbides dans le grand
appareil nerveux de contrôle. Des signes cliniques indéniables
montrent que c'est ce système qui est le premier affecté : mais
dans l'état actuel de la science, nous restons forcément dans le
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 135
domaine des conjectures lorsqu'il s'agit de préciser quel est le fac-
teur véritable de cette destruction nerveuse, et dans l'ignorance
où nous sommes de la pathogénie vraie de la maladie, il nous est
extrêmement difficile d'établir la pathologie des altérations neuro-
musculaires qui l'accompagnent. Cependant, si l'on considère
séparément les altérations neuro-musculaires de la paralysie géné-
rale, et si on les compare avec les modifications observées dans
les autres névrites multiples, on constate, au point de vue anato-
mique, une étroite ressemblance entre ces altérations neuro-mus-
culaires propres à la paralysie générale et celles qui se rencontrent
dans les névrites multiples; mais l'analogie pathogénique existe
surtout entre ces lésions et celles des névrites multiples toxémiques
primitives intrinsèques. Bien entendu cette remarque ne s'applique
qu'aux cas purement idiopathiques de paralysie générale, et nulle-
ment à ceux où l'alcool et la syphilis ont joué un rôle pathogé-
nique, donnant naturellement naissance à des effets toxémiques
secondaires du côté du système nerveux périphérique.
Poursuivant la comparaison, l'auteur estime que les altérations
qui se rencontrent dans la paralysie générale sont certainement
comparables à celles que l'on observe dans celles des névrites
toxiques où le virus, autant du moins que l'état de la science nous
permet de l'affirmer, a pris naissance primitivement et intrinsè-
quement dans l'organisme, indépendamment de toute affection
morbide définie ou connue. Il ajoute qu'un état de ce genre du
liquide sanguin nous fournit une explication bien plus probante
et plus satisfaisante que toute autre de la dissémination lointaine
de la maladie, de l'altération des cordons médullaires qui n'ont
pas de relations physiologiques avec les centres craniens ou les nerfs
périphériques, de la répartition symétrique des lésions dans les
nerfs de la périphérie et de l'envahissement général des petits
canaux vasculaires; enfin la prolifération cellulaire dans la mem-
brane qui tapisse les ventricules cérébraux et la moelle, proliféra-
tion qui est un caractère si essentiel de la paralysie générale, et
que l'on observe si souvent dans les autres névrites purement
toxiques (par exemple dans la névrite alcoolique), vient évidem-
ment à l'appui de la théorie de l'auteur en indiquant la présence
d'une substance toxique dans le liquide céphalo-rachidien dont on
connaît les connexions intimes avec lè sang.
Il est donc impossible à l'auteur d'adopter l'hypothèse suivant
laquelle les lésions neuro-musculaires périphériques seraient
secondaires, et consécutives à des troubles de nutrition déterminés
eux-mêmes par des altérations primitives du cerveau. Il se peut
toutefois que cette hypothèse soit partiellement vraie, puisque
nous savons parfaitement que des altérations de tissu peuvent don-
ner naissance à des agents toxiques capables d'agir sur les nerfs
(diabète, anémie) : mais ce qui est incontestable, c'est que dans
136 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
des cas rapidement mortels de paralysie générale, dans lesquels
les altérations cérébrales et les troubles mentaux n'avaient pas eu
le temps d'atteindre une période avancée, l'auteur a rencontré des
lésions très accusées des nerfs~périphériques, et qu'il ne manquait
pas de preuves cliniques pour démontrer que l'apparition de ces
lésions avait été précoce : dans un des cas rapportés, notamment,
où les altérations musculaires avaient manifestement et de beau-
coup précédé les altérations nerveuses, il est impossible d'ad-
mettre que ce premier groupe d'altérations ait été entièrement
sous la dépendance des modifications du tissu cérébral.
L'auteur ne se propose pas de discuter les autres théories : en
faveur de chacune d'elles on a apporté de sérieux arguments; il
se borne à constater'*que, suivant lui, aucune d'elles n'est en
mesure de fournir une explication satisfaisante des lésions neuro-
musculaires qu'il a observées et décrites.
'La prédominance des lésions dans les portions les plus périphé-
riques des nerfs résulte ici, comme dans les autres névrites, de
leur situation même à la fois plus éloignées de leurs centres tro-
' phiques, et doués d'un degré plus élevé d'organisation et de sensi-
bilité fonctionnelle, elles subissent aussi des conditions doublement
désavantageuses et sont exposées à une influence plus active de
l'agent toxique : l'auteur tient cette explication pour également
applicable aux nerfs sensitifs et aux nerfs moteurs.
Si l'on admet la théorie qui vient d'être exposée, on se rend beau-
coup plus facilement compte de beaucoup d'altérations de la sen-
sibilité ou du mouvement couramment observés dans la paralysie
générale : en effet les lésions nerveuses périphériques contribuent
pour une large part aux phénomènes parétiques ou paralytiques;
il en est de même pour l'atrophie des muscles et ponr divers
troubles cutanés, sensoriels et trophiques, et la même interpréta-
tion pathogénique est encore applicable aux troubles de la parole
- et de la déglutition. R. de 111USGR.1VECLA1·.
IX. Notes sur un cas DE folie ataxique; par J. Vincent 13L.1CHFOIiD."
(The Journal of mental Science, juillet 1895.)
Ce cas est un nouvel exemple de la difficulté qu'il y a différencier
avec quelque précision les symptômes mentaux qui se rencontrent
dans quelques cas d'alaxie locomotrice et ceux qui appartiennent
à la paralysie générale. S'agit-il ici d'une ataxie locomotrice
à symptômes mentaux, ou d'une paralysie générale à symptômes
alaxiques ? En faveur de ce dernier diagnostic, on peut alléguer
que les symptômes physiques étaient ceux d'une ataxie locomotrice
typique : la constriction éprouvée il la gorge, les signes d'acidité
stomacale étaient dues probablement à des crises pharyngées et
gastriques. On constatait en outre la perte précoce et permanente
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. '137
du réflexe du genou, la'démarche ataxique, l'engourdissement des
pieds et le signe d'Aryll Robertson. En revanche la rapidité de la
marche de la maladie, sa terminaison funeste par des crises con-
vulsives plaident contre l'ataxie en faveur de la paralysie générale.
La rareté des cas de ce genre mixte conduit à se demander s'il ne
peut y avoir chez le même sujet coïncidence des deux affections.
En tout cas, s'il s'agit ici d'un cas d'ataxie, il faut qu'il ait été d'une
forme particulièrement aiguë. Mais si, d'autre part, on a eu affaire
à un cas de paralysie générale avec symptômes ataxiques, on doit
le considérer comme un des cas rares, dont Bevan Lewis a pu dire
qu'ils témoignent par leur allure clinique de l'analogie bien nette,
sinon de l'identité des processus morbides jju4-«eprretrouv^nt au
fond du tabes dorsalis et de la paralysie ! ! é11hal-&, , . : 1) ? H. 11 .C.
'¡' ? ' ' ! 1 t 'r S, 1 l ? I' r ? r. \
X. L'opinion courante SUR LES questions ¥DICOP5rt()'LOGIQUES, en1
ALLEMAGNE, d'après LE professeur LUDIVŸG111 : YEIi, de GOTT\GE1V
par A. R. URQUIiaRT. (The Joumal of mettct 'biânce,, ! à\'ril 1894.)
- .
On ne peut que signaler ici ce mémoire intéressant qui touche
successivement à tous les sujets de la psychiatrie et qui par cela
même échappe à toute analyse utile. R. M. C.
XI. SUR quelques-uns DES POINTS DE vue LES PLUS nouveaux DE LI
pathologie DE la folie : démonstration pratique A l'aide DE PRÉ-
PARATIONS anatomiques; par W. Lloyd Andriezen. (The Journal of
mental Science, octobre 1894.)
Les recherches du D'' Andriezen ont été publiées dans le Brain
de 1894 : elles présentent un réel intérêt, que ne saurait avoir la
simple analyse d'une démonstration pratique, faite sommairement
devant un Congrès. IL M. C.
XII. UN cas DE paralysie GENER \LE chez UNE FILLETTE DE NEUF ANS
ET neuf mois; par Edwin L. Dont. (The Journal of mental Science,
juillet 1895.) ,
Par ses symptômes, par sa marche, par sa terminaison, par les'
altérations constatées a l'autopsie, ce cas est bien et dûment un
cas de paralysie générale, remarquable surtout par l'âge de la
malade, puisque la maladie a été reconnue à l'âge de neuf ans et
trois mois, et que, d'après les constatations faites au moment de
l'admission, il est légitime de supposer qu'elle avait débuté un
certain temps auparavant. La durée de la maladie a été courte
(quinze à seize mois) ; la démence est survenue d'une manière pré-
coce, et il n'y a pas eu d'idées de grandeur. Il est à remarquer que
la menstruation s'est établie pendant le cours de la maladie men-
tale.
138 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
,
Il est incontestable que les cas de paralysie générale chez les
très jeunes sujets, fort rares autrefois, se sont notablement multi-
pliés dans ces derniers temps. Est-on plus attentif et plus habile
- aujourd'hui à reconnaître la maladie, ou faut-il voir là le résultat
d'une hérédité due au genre de vie mené par les parents dans les
conditions nouvelles et souvent fâcheuses de la civilisation mo-
derne ? L'auteur penche pour la première hypothèse. R. M. C.
IIII. LE TAUX DE L'AGE ET DE LA MORTALITE DES ALIÉNÉS DANS LES
DISTRICTS OU L'ACCUMULATION DES ALIÉNÉS EST LE PLUS CONSIDÉRABLE;
par T. ALGERNON CHAP : .IAN. (The Journal of mental Science, juillet
1894.)
Travail intéressant, très largement documenté, concernant exclu-
sivement les aliénés du Henfordshire (comté où se rencontre la
plus formidable accumulation d'aliénés), et dont on ne pourrait
donner une idée qu'en reproduisant intégralement les tableaux
, de statistique et les graphiques qui l'accompagnent et l'éclairent.
R. M. C.
XIV. LES sulfates dans l'urine DES paralytiques généraux, étudiés
SURTOUT AU POINT DE VUE DE LEURS RAPPORTS AVEC LES ATTAQUES
OBSERVÉES chez ces malades; par John TunNEl\, (The Journal of
mental Science, janvier 1895.)
L'auteur a résumé le résultat de ses recherches dans les conclu-
sions suivantes : 1° dans huit cas de paralysie générale examinés
à une période relativement précoce de la maladie, on n'a pas noté
que l'excrétion des deux formes de sulfates s'écartât sensiblement
de la normale; - 2° dans les cas observés à des périodes diverses
de la maladie la proportion entre les deux formes de sulfates ten-
dait à s'accroître à mesure que la maladie progressait; 3° dans
les onze cas étudiés de la paralysie générale avancée, l'excrétion
des sulfates combinés était considérable et le taux proportionnel de
ces sulfates combinés par rapport aux sulfates préformés était très
, élevé, ce qui indique pour cette période de la maladie une aug-
mentation très notable de l'activité des processus de putréfaction
intestinale; 4° aussi bien au point de vue absolu qu'au point
de vue relatif, l'excrétion des sulfates combinés est plus considé-
rable au moment des attaques qu'aux autres époques de la maladie.
R. M. C.
XV. UN cas DE catalepsie avec silence prolongé alternant avec
DE la verbigération; par John Warneck. (The Journal of mental
Science, janvier 1893.)
Homme de quarante-trois ans, intelligent, actif, très cultivé
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 139
sans hérédité nerveuse : interné pour la première fois en 1880, il
croit avoir en lui un automate qui dirige sa conduite; il est hallu-
ciné. Trois ans plus tàrd, il se croit le fils d'Arabi Pacha. Pendant
quelque temps, catalepsie et mutisme; puis amélioration légère;
eusuite il devient bruyant et de nouveau silencieux. L'alternance
de ces deux états continue pendant plusieurs années. Quand il
parle, c'est pour répéter d'une façon monotone des phrases dé-
pourvues de sens. En somme, les troubles du langage sont du
mutisme, alternant avec de la verbigération ou de la déclamation
emphatique de paroles sans suite; les troubles moteurs sont de
la catalepsie et l'exécution monotone de mouvements automati-
ques. La sensibilité générale paraît au moins obtuse. Les troubles
trophiques et vaso-moteurs sont manifestes. Les pupilles sont
quelquefois inégales. L'urine est normale.
Ce cas présente [de grandes analogies avec la description de la
catatonie donnée par Neisser, mais il en diffère aussi sur plusieurs
points importants, et l'auteur hésite à en faire un cas de catatonie.
R. M. C.
XVI. Manie aiguë dans un cas DE CELLULITE PELVIENNE; par J. CHOIS-
TIAN SIUPSON. (The Jou1'nal of Mental Science, juillet 1895.)
Cas intéressant dans lequel des symptômes d'excitation ma-
niaque se sont manifestés d'une manière extrêmement intense à
l'occasion d'une inflammation péri-utérine. Les deux guérison ? ,
physique et mentale, ont marché aussi parallèlement que pos-
sible, et toutes deux sont actuellement complètes. il. M. C.
XVII. NOTE sur un cas d'extraction DE corps étrangers du vagin;
par W. HUSSEL STRAPP. (The Journal of mental Science, juillet
1895.)
Il s'agit d'une aliénée qui souffrait depuis assez longtemps d'une
leucorrhée abondante, fétide et rebelle à tous les traitements, mais
qui ne se plaignait d'aucune douleur et ne présentait pas de phé-
nomènes généraux. Le toucher vaginal, et d'autres raisons, ayant
fait soupçonner la présence d'un corps étranger, la malade fut
anesthésiée, et l'on put ainsi, non sans une certaine peine retirer
de la cavité vaginale un morceau de bois de deux pouces de lon-
gueur et d'un pouce de largeur, un éteignoir ordinaire, muni de
son crochet et finalement une boule de cuivre de deux pouces trois
quarts de circonférence : tout ce petit arsenal s'était casé dans la
cavité vaginale sans y avoir causé de dégâts sérieux. Ce fait indique
une fois de plus la nécessité d'une exploration vaginale attentive
dans tous les cas de leucorrhée rebelle chez les aliénées.
R. M. C.
140 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
XVIII. Observation d'un cas d'épilepsie avec aphasie; par Franck
IIAx. (The Journal of mental Science, avril 1895,)
-~ Cette observation est extrêmement intéressante; mais elle est
d'une telle longueur (elle ne comprend pas moins de dix pages de
petit texte), qu'il est tout à fait impossible de la résumer. Tout ce
que l'on peut faire c'est d'indiquer quelques-uns des résultats de
l'autopsie, en choisissant les plus saillants : légère atrophie des
régions frontale et pariétale; sur le bord du lobe temporo-sphé-
noïdal gauche, la désorganisation de l'écorce est complète. La
lésion est irrégulièrement ovale et intéresse les extrémités anté-
rieures des circonvolutions temporo-sphénoïdales supér ieure,
moyenne et inférieure. Sous le robinet, le tissu cérébral laisse voir
une cavité qui pénètre dans la scissure de Sylvius, et met en partie
à nu l'insula et l'extrémité antérieure de l'opercule. Celte cavité
mesure 25 millimètres dans le sens vertical, 37 dans le sens hori-
zontal et elle a de 5 à 15 millimètres de profondeur suivant les
points observés. Les parties correspondantes de l'hémisphère droit
ont leur consistance ordinaire. R. M. C.
XIX. LES EFFETS DES maladies somatiques INTERCURRENTES SUR LES
troubles mentaux ; par E. GOOD.1LL et Saint-John 13CLLEN. (The
Journal of mental Science, avril 1895.)
Ces effets ont été signalés maintes et maintes fois par différents
auteurs, mais sans qu'on ait jusqu'ici cherché le lien de causalité
grâce auquel la maladie somatique modifie la maladie mentale.
L'idée fondamentale du travail des deux auteurs est qu'il ne fau-
drait pas se borner à constater ces expériences de la nature, mais
qu'il faudrait tenter de les interpréter, et rechercher si l'on ne
pourrait pas obtenir volontairement des résultats analogues, ou
même supérieurs. Leur mémoire toutefois est plutôt consacré à
poser le problème sous plusieurs de ses faces qu'à le résoudre : sa
solution d'ailleurs ne saurait être immédiate; mais des recherches
activement dirigées dans ce sens ne manqueraient pas de donner
des résultats intéressants et avantageux. R. M. C.
XX. PIIÉNOMÈNlcS 1101tDIDES SENSORIELS REMARQUABLES, DE NATURE
EXPLOSIVE OU )iPILEI''l'IC01111b : , CONSÉCUTIFS A DES TRAUMATISMES
anciens DE la tète ; par Drapes. (The journal of Mental Science,
avril 1895.)
L'observation dont il s'agit ici est celle d'un homme de soixante-
cinq ans dont la carrière a été fort accidentée, et qui, à la suite
d'une chute sur la tête, survenue à une époque déjà reculée, pré-
senta des excentricités de conduite très accusées, et se livra à
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 141
l'usage des boissons alcooliques ; l'étendue de cette observation
ne permet guère de la résumer ; mais les commentaires dont l'au-
teur l'a fait suivre en signalent suffisamment les points principaux
pour qu'on les fasse ressortir ici d'après ces commentaires eux-
mêmes. Les faits les plus remarquables signalés par M. Drapes
sont les suivants : d'abord, au point de vue mental, le passage
brusque, presque violent d'un état prolongé d'excitation maniaque
avec idées d'exaltation, d'une conduite des plus bizarres et des plus
fantasques à un état de profonde dépression aboutissant à une
tentative de suicide, ce passage, disons-nous, est en soi un fait que
l'on n'observe pas communément : il est vrai que l'on peut se
demander si cette dépression constituait véritablement un état
mental de mélancolie, ou bien et l'auteur inclinerait vers cette
hypothèse si elle n'était pas le résultat d'un retour à la santé
mentale mettant le malade en état de se rendre un compte exact
de sa misérable situation. Ce qui rendrait cette hypothèse fort
admissible, c'est que, depuis cette crise, malgré ses souffrances et
ses hallucinations persistantes, le malade n'a jamais cessé d'avoir
une conduite et une conversation parfaitement rationnelles. En
fait, les symptômes mentaux ont été remplacés par des symptômes
d'ordre beaucoup plus purement physique, et dont les principaux
forment un complexus qui présente tous les caractères d'un
paroxysme épileptiforme surtout sensoriel, les symptômes moteurs,
bien que primitifs dans l'ordre chronologique étant manifestement
subordonnés au point de vue de l'intensité, aux symptômes senso-
riels. Ces symptômes moteurs, qui se bornent à une crampe dans
trois doigts et dans le mollet, se manifestent parfois seuls, sans
être suivis de phénomènes explosifs. On peut donc admettre ici
l'existence de deux lésions de décharge, l'une ayant pour siège
un petit territoire de la circonvolution pariétale ascendante (cor-
respondant au mouvement des doigts), l'autre plus étendue, sié-
geant dans le lobule sus-marginal adjacent et dans la circonvolu-
tion temporo-sphénoïdale supérieure où résident les centres de la
vision et de l'audition. La longue dépression que l'on remarquait
au niveau de la région pariétale gauche indiquait une lésion fort
capable d'avoir provoqué les désordres cérébraux aboutissant aux
manifestations morbides observées, et la question de la trépana-
tion se posait tout naturellement. Le déplorable état de santé du
malade a fait écarter l'hypothèse d'une intervention opératoire
dont le résultat d'ailleurs, même au point de vue exclusivement
cérébral, ne pouvait être que fort incertain.
Pendant les paroxysmes, l'état mental du malade est assez sin-
gulier, et correspond assez exactement à 1' « état de rêve » décrit
parHuphlings Jackson ; il est seulement plus prolongé. En effet,
il n'y a pas perte de conscience, mais plutôt diminution de la
conscience, ainsi qu'il arrive dans le rêve pendant le sommeil, ou
14'2 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
mieux encore au moment même où l'on s'endort : ceci indiquerait
pour employer la terminologie de Jackson, un état de dissolution
des couches les plus supérieures des centres les plus élevés, avec
activité hyperphysiologique des centres qui leur sont subordonnés.
Ce qui semblerait confirmer cette manière de voir, c'est l'assertion
même du malade qui déclare que pendant ses hallucinations, il y
a des moments où il ne sait pas s'il est éveillé ou endormi. La
courbature et la grande prostration qui suivent l'attaque sont
rigoureusement semblables à ce que l'on observe à la suite des
paralysies passagères qui succèdent aux convulsions épileptiformes :
l'état manifeste de parésie est démontré par la diplopie concomi-
tante, qui dépend probablement, aussi bien que les vertiges et
les nausées, d'un degré plus ou moins accusé de paralysie oculaire.
R. DE MUSGRAVE CLAY.
SUR la peptonurie chez LES aliénés; par MEYER et MEINE.
(Archiv sur Psychiatrie und iYei,ve71li7,aîzliheiten, t. XXVII, liv. II.)
Chez les aliénés ordinaires la peptonurie se rencontre dans
41 p. 100 de cas, chez les paralytiques généraux dans 56,4 p. 100,
et chez les individus normaux dans 20 p. 100. Lwoff.
XXII. SUR la pathologie DE la CONFUSION mentale hallucinatoire
aiguë (Venvo ? '1'enheit) ; par Ernst BEYER. (A1'chiv. sur Psychiatrie
und JVen;6H< : faHA/tet, t. XXVII, liv. 1.)
11 règne une grande confusion dans les idées sur la confusion
mentale. Après avoir cité une vingtaine d'aliénistes et non des
moins connus (Meynert, Westphal, Kraeplin, etc.) l'auteur déclare :
« Il me semble impossible de donner une définition compréhen-
sible pour tout le monde tant que persistera cette diversité dans
la nomenclature et la manière de concevoir et de grouper les
symptômes variés qui caractérisent cette maladie mentale. »
Pour remédier à cet état de choses, il serait nécessaire de trou-"
ver une base psychologique de la confusion mentale. Le schéma
donné par M. Beyer suppose, en outre des voies médullaires, un
centre sous-cortical, siège des sensations et de leurs souvenirs; un
centre cortical sensoriel, siège des images et de leurs résidus (per-
ception) et un centre cortical supérieur (lobe frontal) siège de l'idéa-
tion (aperception), qui enverrait des ordres au quatrième centre à
fonctions motrices (circonvolutions centales). Il montre ensuite,
comment les troubles fonctionnels, soit de ces divers centres, soit
de leurs voies d'association, donnent lieu à tel ou tel symptôme de
la maladie dite « confusion mentale ». C'est un travail d'analyse
très intéressant; mais la synthèse manque, et l'auteur.ne nous
donne pas de tableau d'ensemble de la maladie en question.
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 143
Il serait peut-être bon de rappeler en terminant que l'école
française désigne avec Magnan, sous le nom de délire polymorphe
des dégénérés, l'ensemble de symptômes qu'on a essayé jusqu'ici de
faire entrer dans le cadre de la confusion mentale ; ce cadre est
très mal limité, et tel auteur allemand y fait entrer des symptômes
qui en sont exclus par tel autre.
Aussi cette maladie a-t-elle reçu des noms différents (Amentia,
Verworrenheit, Verwirtheit, etc.). Lwoff.
XXIII. SUR LE délire DES alcooliques ET LES VISIONS qu'on provoque
chez eux artificiellement; par I.lEP3LINN. (Archiv sur Psychiatrie
und NC1'ven/¡ranl¡hiten, t. XXVII, liv. 1.)
On peut provoquer chez les alcooliques aigus des troubles senso-
riels de divers genres en exerçant une pression sur les globes ocu-
laires. Le malade voit des lettres, des chiffres, des figures humaines,
des scènes dans la rue, etc.
Les visions ainsi provoquées se distinguent des visions spontanées,
en ce que : 1° la vision d'animaux est très rare ; 2° l'élément
terrifiant manque ; 3° elles ne sont pasliées les unes aux autres ;
4° la mobilité, le déplacement n'existenl pas.
Les hallucinations alcooliques provoquées peuvent nous aider à
comprendre le rôle de l'excitation des organes des sens dans la
production des hallucinations en général.
L'intoxication alcoolique n'impose pas à nos organes de percep-
tion des images morbides déterminées, elle leur communique
plutôt une tendance à amplifier, objectiver et altérer les images
nées des excitations sensorielles internes et externes.
XXIV. Contribution A l'étude clinique DES idées obsédantes ET DES
états psychiques analogues ; par ÏHOMSEN. (fi1'C%li'D sur Psychia-
trie und Nervenkrankheiten, t. XXVII, liv. II, 1895.)
Etude basée sur sept observations personnelles ; les malades
présentaient des obsessions et des impulsions, des scrupules, le
doute, etc. L'auteur pense qu'il vaudrait mieux se servir du terme
« états psychiques obsédants » dont le cadre est plus large que
celui « d'idées obsédantes ». Il considère comme appartenant aux
états psychiques obsédants :
I. Les états obsédants deutéropatiques,nés le plus souvent sur
un terrain neurasthénique : a) Les phobies - 6) Les états dési-
gnés sous la rubrique Il, mais survenant dans l'hystérie, neuras-
thénie, etc.
II. Les états psychiques obsédants idiopathiques formant une
entité pathologique caractérisée par les symptômes suivants : a)
Idées obsédantes; - h) Sensation obsédantes; c) Mouvements
144 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
obsédants (impulsifs) qui, n'étant le plus souvent que le résultat
des idées et sensations obsédantes, peuvent avoir un eexistence
propre (écholalie, coprolalie, tic, etc.) ; d) Etat d'arrêt psychique
- e) Troubles somatiques ; f) Lucidité habituelle et angoisse.
' Cet ensemble de symptômes constituerait une entité morbide,
une maladie type dont la marche est le plus souvent chronique.
Tous les malades de M. Thomsen, sauf un, avaient une hérédité
psycho-pathologique très chargée ; mais n'auraient pas présenté
de signes de dégénérescence. L'auteur ne croit pas qu'on puisse
considérer les obsessions et les impulsions comme appartenant à
la folie dégénérative ou à la folie héréditaire. Il ne trouve pas de
point de contact entre les différentes manies (oniomanie, pyroma-
nie, impulsions au suicide, etc.) avec ses étals obsédants. Il en
exclut formellement toutes les perversions sexuelles. Lworr.
XXV. ETUDE statistique SUR l'hérédité CHEZ LES aliénés DU canton
de ZURICH comparée A l'hérédité vésanique CHEZ l'homme sain ; par
Jenny COLLER. (Archiv. fier Psychiatrie und Ner2enl,rczlzlahetien,
t. XXVII, liv. I, ]89ti.)
Voici les conclusions : 1° l'hérédité vésanique chez l'homme sain,
plus considérable qu'on ne le croit généralement, démontre l'action
efficace des facteurs de régénération ; 2° l'apoplexie, la démence
sénile, la plupart des maladies nerveuses sont négligeables comme
facteurs d'hérédité ; 3° les maladies mentales et les caractères
excentriques sont les facteurs les plus redoutables au point de vue
de l'hérédité ; 4° l'alcoolisme prédispose les descendants aux
excès alcooliques et aux maladies mentales ; 5° l'hérédité éloignée
n'a que peu d'action si elle n'est pas accumulée. Lwoff.
XXVL LA STUPEUR comme entité morbide; par JAMES `VIIITNELL.
(Potain, Part. LXIX, 1895, p. 66.)
L'auteur émet cette théorie que les cas de stupeur ou au moins
certains d'entre eux, peuvent être dus à un défaut de développe-
ment proportionnel normal entre le système circulatoire et le sys-
tème nerveux, que ce défaut, au moment du développement de
ces deux systèmes entraîne une dystrophoneurose et par suite une
action mentale défectueuse, et qu'en fait, pendant que le cerveau
atteint le degré de développement normal suivant ]*âge, le sexe et
la constitution physique, les vaisseaux sanguins et fréquemment
aussi le coeur, restent dans un état d'infantilisme, l'aorte et les
autres vaisseaux présentent une étroitesse congénitale, associée
dans certains cas à une petitesse du coeur également congénitale.
Si le système cardio-vasculaire continue à se développer sous une
influence ou une autre, son rapport avec le système nerveux est
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 145
atteint et le malade sort de sa stupeur. Si au contraire l'hypo-
plaie persiste, la démence survient.
Pour appuyer cette théorie qu'il a déjà émise, l'auteur rapporte
deux cas nouveaux, où l'on constate les différents points sur les-
quels elle est basée : 1° diminution de calibre des vaisseaux de la
base du cerveau, ou de l'aorte, ou des deux, associée fréquemment
avec une hypoplasie générale du système circulatoire ; 2° l'étude
expérimentale du rapport entre la réaction de l'écorce et l'excita-
tion et l'apport du sang, montre qu'il y a parallélisme dans les
cas de stupeur; 3o les symptômes cliniques sont pleinement en
rapport avec la possibilité d'une telle lésion ; 4° l'examen phy-
sique révèle fréquemment une lésion cardiaque connue pour
survenir dans les cas d'atrésie vasculaire congénitale ; S" le sphyg-
mographe montre une haute tension du pouls indiquant une résis-
tance périphérique ; 6° le changement de tension du pouls
coïncidant avec un changement dans l'état mental peut être
observé dans certains cas de stupeur intermittente ; 7° l'action
des médicaments qui dilatent les vaisseaux est favorable sur
l'état mental. P. S.
XXVII. Fréquence DES TROUBLES FONCTIONNELS DU pneumogastrique
dans LES affections mentales ; par le Dr KELLOG.
Les troubles fonctionnels du pneumogastrique se rencontrent
fréquemment chez les aliénés : paralysie des muscles du pharynx,
dans la démence paralytique, dans la syphilis cérébrale, la mé-
ningite, etc. ; spasme du pharynx dans l'hystérie, l'aura épilep-
tique, l'hypocondrie; paralysie et spasme du larynx, troubles de
l'innervation cardiaque; paralysie des fibres de l'oesophage, dans
la paralysie générale; troubles gastriques dans la mélancolie, la
paralysie générale, l'épilepsie, etc. L'auteur passe en revue, en
procédant par divisions du nerf, les diverses affections mentales
où peuvent se rencontrer les altérations du pneumogastrique et in-
siste sur l'importance capitale des désordres fonctionnels des bran-
ches pulmonaires.
Il est d'observation fréquente en effet, que la tuberculose pulmo-
naire et les affections pulmonaires en général font de grands ra-
vages chez les aliénés : il paraît certain qu'il existe une relation
étroite entre ces désordres pulmonaires et des lésions des branches
pulmonaires du pneumogastrique. (American journal of insazzity,
octobre 1894.) ' E. B.
XXVIII. POIDS du corps ET aliénation mentale; par le Dr MOUTON.
Les troubles mentaux sont fréquemment accompagnés de troubles
de la nutrition : aussi, dans la folie aiguë, la nutrition doit-elle être
surveillée et améliorée le plus promptement possible.
Archives, 2e série, t. I. 10
146 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
Il est certain que, malgré tous les soins, certains cas resteront
incurables, mais on peut espérer, en maintenant l'organisme dans
les meilleures conditions d'existence, avoir le maximum possible
- de guérisons. (American journal of insanily, octobre 1894.) E. B.
XXIX. Désordres gynécologiques D\NS LEURS rapports avec la folie;
par le Dl' Clara BARRUS.
L'auteur insiste sur la nécessité d'un examen physique complet
des aliénées en raison des troubles, affection ou malformation des
organes génito-urinaires qui se rencontrent si fréquemment chez
ces malades et sans qu'elles mettent eu rien le médecin sur la
voie de l'affection.
En effet, sur cent aliénées examinées par le Dr Barrus, trois
seulement se plaignent de troubles des organes génitaux, alors que
soixante en présentaient.
Or, si le cerveau est toujours le siège de la folie, il n'est pas tou-
jours le siège de la cause, et une intervention du côté d'une affec-
tion périphérique peut, pour le moins, en diminuant le degré d'ir-
ritation nerveuse, « écarter une pierre d'échoppement du chemin
de la guérison. (American journal ofinsanity, avril 1895.) E. B.
XXX. NOTE DE PSYCHOLOGIE morbide comparée : l'immobilité DU cheval;
par le Dr FÉRÉ.
L'auteur rapporte une intéressante observation de troubles men-
taux survenus chez un cheval et répondant à ce que les vétérinaires
ont désigné, sous le nom d'immobilité, état morbide qui parait
jusqu'à présent n'avoir été observé que chez le cheval. L'immobilité
serait souvent héréditaire, et alors incurable ou accidentelle, con-
sécutive à une maladie aiguë, une chute, etc., et alors curable.
Cet état, caractérisé par l'abolition de l'excitation et l'absence
d'activité spontanée, quelquefois entrecoupé par des crises d'exci-
tation, rappelle le complexus symptomatique désigné chez l'homme
sous le nom de confusion mentale. (Revue neurologique, janvier
1895.) E. B.
XXXI. Trois nouveaux cas DE c torticolis mental » ; par les
Drs BRISSAUD et Meige.
Le nom de torticolis mental peut être appliqué à une variété de
spasme intermittent des muscles du cou, associé ou subordonné à
des troubles psychiques chez des sujets névropathes, en dehors de
toute altération organique des muscles des nerfs ou des centres.
Les intéressantes observations relatées par les auteurs sont des
plus démonstratives et montrent combien les mouvements, tout
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 147
d'abord appropriés à un but, ont de tendance à devenir involon-
taires et à se généraliser.
Dans l'un des cas par exemple, il s'agit d'un tic limité au début
aux muscles rotateurs de la fête et qui peu à peu s'est généralisé à
l'épaule et au bras : le point de, départ a été un mouvement des-
tiné à atténuer une douleur de la nuque. Volontaire d'abord, ce
mouvement devient involontaire par habitude et le torticolis men-
tal fut constitué. Tourmenté par son tic, le malade le combattit en
repoussant sa tête avec sa main. Ce geste également volontaire au
commencement devint involontaire à son tour, et au tic du cou
s'ajouta le tic du bras.
Les mouvements spasmodiques se sont compliqués chaque jour
de contorsions nouvelles, d'abord calculées pour dissimuler une
infirmité obsédante, mais se transformant peu à peu, elles aussi,
en tics par habitude.
La différence capitale qui existe entre le tic généralisé et la ma-
ladie des tics, c'est que, dans cette dernière, il semble très souvent
à peu près impossible d'expliquer par un acte voulu, dans le* prin-
cipe, l'incoordination musculaire.
En tout état de cause, ce qui décide du diagnostic dans le torti-
colis mental, c'est l'état mental du malade toujours plus ou moins
débile et anxieux. (lk-vue neurologique, déc. 1894.) E. B.
XXXII. INTRODUCTION D'UN TESTICULE artificiel ET GUÉRISON D'UN
état mental morbide chez un SIONO-CIiYPTORCIIIDE; par le Dr HER-
MANCE.
Il s'agit d'un garçon de vingt-un ans chez qui la constatation qu'il
n'avait qu'un testicule avait développé un état d'anxiété profonde
de dépression mélancolique et de l'idée fixe que cet état le con-
damnait à l'impuissance.
Après un essai infructueux pour abaisser le second testicule dans
le scrotum l'auteur, sur la demande expresse du malade, fit faire
un testicule en argent qu'on plaça dans la vaginale. La plaie se
cicatrisa très vite et le malade guérit immédiatement de son état
mélancolique et perdit si bien ses idés d'impuissance qu'il se maria
peu après et, comme dans les contes, eut beaucoup d'enfants.
(Amen'Mm Journal of insanity, avril, 1895.)
XXXIII. Prophylaxie DE LA tuberculose dans LES asiles d'aliénés;
par le Dr BABCOCK.
Des études statistiques de l'auteur il résulte que la tuberculose
est deux ou trois fois plus commune dans les asiles que dans la
population ordinaire : cette affection se rencontre surtout chez les
malades chroniques el doit par conséquent être regardée comme
148 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
une résultante des conditions sanitaires de l'asile ; ce qui tendrait à
montrer la réalité de cette assertion, c'est que dans les asiles
privés où les conditions d'hygiène peuvent être mieux remplies, la
proportion de tuberculeux n'est pas plus forte que dans la popula-
tion ordinaire.
Indépendamment de leurs prédispositions héréditaires, ou des
conditions de moindre résistance dans lesquelles les place leur état
mental, les malades trouvent en général, dans les asiles d'Amé-
rique, des conditions hygiéniques défectueuses; manque de venti-
lation, d'éclairage, humidité, exercice insuffisant, nourriture
monotone.
Aussi est-il urgent de prundre activement des mesures préven-
tives contre l'envahissement de la tuberculose par l'isolement et le
traitement efficace des malades atteints en même temps que par
des mesures de désinfection rigoureuse, par l'amelioration des
locaux et des conditions d'existence. (American Journal of insanity,
oct. 1894.) E. B.
XXXIV. SUR LES troubles mentaux dans la maladie DES TICS CONVUL-
siFS; par le Dr Remonchamps. (Bull. de la Soc. de méd. ment, de Bel-
gique, mars 1895.)
La malade qui fait l'objet de cette note imitait l'aboiement du
chien, le beuglement des vaches, le bêlement des moutons. Elle
présentait en outre des mouvements involontaires qui d'abord
limités à la tête s'étendirent bientôt aux membres. On la vit faire
semblant de jouer du piano, du violon, de l'orgue, etc. On la vit
boiter, frapper le sol du talon, danser, etc. Elle gardait malgré
tout sa pleine conscience et se rendait parfaitement compte de l'ab-
surdité de ses actes, mais ceux-ci s'imposaient à elle avec force.
Elle pouvait bien résister quelque temps à l'idée de les exécuter
mais la volonté devenait bientôt impuissante à empêcher l'acte ou
le mot de se produire.
Quelque temps après le début de cette névrose, survint un accès'
de manie qui guérit à la suite d'un internement.
Pendant la durée de cet accès de manie la maladie des tics rétro-
céda, elle se reconstitua ensuite mais à un degré moindre qu'aupara-
vant. G. DERNY.
XXXV. Contribution A l'étude DES PERVERSIONS sexuelles chez LES
dégénérés; par le Dr P. AIASOIN. (Bull. de la Soc. de met. de Bel-
gique, décembre 489r : )
La malade qui fait l'objet de cette note est une femme de trente-
quatre ans qui contracta des habitudes d'onanisme dès l'âge de
trois ans. A six ans elle commença à être obsédée du désir d'avoir
un enfant.
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 149
Pubère, elle interrompt ses habitudes d'onanisme dans la crainte
qu'elles ne l'empêchent de devenir grosse, et bientôt elle se livre à
tous les hommes, les provoquant, les violentant au besoin. Devenue
enceinte, elle éprouvait à| chaque mouvement de l'enfant plus de
jouissance qu'à l'accomplissement de l'acte vénérien. On nota éga-
lement à plusieurs reprises chez cette malade du délire du toucher
et des phobies diverses. A la suite de la mort de son enfant, son obses-
sion génitrice reparaît et elle reprend ses habitudes d'onanisme.
L'auteur trouve dans cette observation une confirmation de la clas-
sification des perversions sexuelles établies par M. Magnan.
G. DENY,
RAVI. SUR LES DÉLIRES du début DE la FIÈVRE typhoïde ; par ASCHU-
FENBURG, {Allg. Zeitschr. f. Psychiatrie, t. LII, fasc. 1, p. 75
à 133.)
Drasche prétend que les psychoses sont rares au cours ou dans
la convalescence de la fièvre typhoïde. Bail est du même avis. On
doit àBetke une bonne statistique sur les rapports des psychoses
et de la fièvre typhoïde. Sur 1420 cas de dothiénenterie observés
à l'hopital de Bâle de 1865 à 1868, il a observé 191 fois des délires
peu accentués ou ne se montrant que la nuit ; 158 fois des
délires plus ou moins intenses, et 20 fois des délires furieux. Il y
a donc eu des troubles psychiques dans le quart des cas de fièvre
typhoïde. Baumler, sur 73 typhiques, a observé 43 cas p. 100 de
délires ; Louis a noté des troubles de ce genre dans les trois quarts
des cas. Vuillemin (Thèse, Paris 1874) a étudié la date d'apparition
des troubles psychiques dans la fièvre typhoïde ; Kraepelin a séparé
les états délirants qui se montrent après l'infection typhique,
(délires asthéniques), et les formes du début (initialdelirium) des
délires fébriles. Marandon de montre) accepte la même classi-
fication. L'auteur se propose d'étudier spécialement la question
encore peu connue des délires initiaux ; il en a observé un cas ; il
en rapporte un 'autre, encore inédit, dû à Kraepelin, et enfin il a
rassemblé tous les cas antérieurement publiés qui ne sont pas plus
d'une quinzaine. `
Symptomatologie. - L'auteur distingue deux formes : 1° la forme
délirante ; 2° la forme maniaque. Dans la première on note, avant
le début des troubles psychiques, des maux de tête, une sensation
de malaise, une anxiété vague. Bientôt apparaissent des idées déli-
rantes généralement de nature dépressive, habituellement non
accompagnées d'hallucinations au moins au début, et affectant
parfois le caractère de faux souvenirs. Les malades sont quelquefois
tout à fait lucides, par exemple le sujet observé par Raynaud, qui
se rend au commissariat de police pour s'accuser du meurtre de sa
femme et qui réussit à en imposer au magistrat. Mais en'général
1
1duo REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
l'anxiété et la dépression apparaissent, ainsi que des idées de persé-
cution ; les malades se plaignent d'être empoisonnés par des
miasmes, d'être accusés, électrisés, menacés de mort, entourés
d'agents secrets, etc. On constate aussi des idées hypocondriaques,
de l'auto-accusation. Les hallucinations auditives et visuelles sont
fréquentes : les malades voient devant eux des personnes qui leur
reprochent leur mauvaise conduite ; ils voient des apparitions
menaçantes, des flammes, ils entendent la voix de leurs parents.
Les hallucinations n'ont habituellement rien de caractéristique ;
elles réflètent la couleur des conceptions délirantes ; leur activité
n'est pas en général très grande. Dans un cas elles faisaient penser
au délire alcoolique, bien que Je malade ne fût pas un buveur.
Dans la seconde forme les symptômes d'excitation maniaque
passent au premier plan. Tantôt il s'agit d'un état de simple exci-
tation intellectuelle, tantôt d'un état de confusion délirante avec
hallucinations ; les malades sont en proie à des impulsions motrices
continuelles, à une agitation incessante. Au début ils manifestent
quelques idées cohérentes, en général de couleur pénible. Us voient
des flammes, des animaux, ils sont entourés d'ennemis, puis la
confusion augmente : ils crient, chantent, pleurent, prient, font
des tentatives de suicide, interpellent leurs interlocuteurs imagi-
naires. L'humeur est tantôt gaie, tantôt triste, parfois indifférente.
L'attention du patient est alors souvent difficile à fixer, les ques-
tions sont difficilement comprises. Le sujet est obtus, et fait penser
à l'obnubilation des individus ivres. Les impulsions motrices sont
désordonnées, sans but, incohérentes ; la démarche est incertaine,
mal assurée, la parole embarrassée, la physionomie stupide.
Fièvre. Dans les 17 cas connus, le délire a débuté dans la pre-
mière semaine de la maladie, le plus souvent quatre ou cinq jours
après les premiers symptômes. Chez cinq malades la psychose s'est
montrée avant toute élévation de température. 11 ne parait pas y
avoir eu, dans les autres cas, de rapport entre l'élévation de la
température et l'intensité des troubles psychiques. Liebermeister et
rr.ntzel ont même noté la coïncidence de troubles cérébraux
graves avec une température peu élevée.
Marche, durée, terminaison. L'agitation la plus furieuse et
l'anxiété la plus vive cessent parfois pour un temps, et reviennent
ensuite aussi intenses. La rétention d'urine n'est pas rare, il y a
parfois de l'albuminurie. Dans divers cas on a observé la répéti-
tion automatique des mêmes mots, des mêmes phrases, des mêmes
mouvements; ces phénomènes stéréotypés et dénués de toute
signification, font penser à l'automatisme et à la verbigération de
la catatonie. Un malade a présenté des attaques épileptiformes
avec perte de connaissance ; l'autopsie a montré l'absence de mé-
ningite. Le délire initial peut, après un intervalle de lucidité com-
plète, être suivi d'un autre accès délirant. Dans d'autres cas, le
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. loi
délire du début se continue durant tout le cours de la maladie et
persiste même pendant la convalescence.
Le souvenir est souvent complètement conservé, parfois il est
très incomplet ; il peut aussi faire totalement défaut. On ignore si
les délires initiaux peuvent être suivis de troubles psychiques du-
rables. Une chose certaine, c'est que la guérison complète a été
constaté souvent. Mais la terminaison n'est pas toujours aussi favo-
rable.
La mortalité des sujets atteints de psychoses est plus considé-
rable que dans les cas non compliqués de délire. Kraepelin a trouvé
comme proportion des cas mortels 30,9 p. 100, et Bethe 39 p. 100.
Pour ce qui est des délires initiaux la proportion des morts est,
d'après Kraepelin de 61,5 p. 100 ; d'après l'auteur de 50 p. 100.
Au point de vue de la gravité des cas recueillis par l'auteur, il n'y
avait que trois ou quatre formes relativement légères.
Anatomie pathologique et pathogénie. Thuet explique le délire
de la fièvre typhoïde par l'intervention de facteurs multiples :
l'hyperthermie, la méningo-encéphalile, la suppression de l'alcool,
l'urémie, etc. Nombre d'auteurs français ont admis l'existence de
lésions anatomiques, de processus méningitiques (Bouchut, Rostan,
BarbeleL).
Buhl, de l'examen du cerveau dans 31 cas, conclut qu'une dimi-
nution du liquide encéphalo-rachidien ne détermine pas de troubles
accusés, tandis que l'augmentation de la quantité de ce liquide
donne lieu à des symptômes sérieux. Hoffmann a constaté très fré-
quemment chez des typhiques de l'oedème cérébral ; il a noté
aussi de l'hypérémie, des hémorragies, des méningites.
Louis a observé dans la moite des cas une coloration rouge. Des
recherches faites par l'auteur sur les résultats de l'autopsie dans
les cas qu'il a rassemblés, il résulte que dans un certain nombre
de nécropsies on n'a rien pu constater; dans d'autres, on n'a noté
qu'un degré variable de congestion ou d'oedème. Ce ne sont donc
pas ces modifications qui peuvent expliquer l'apparition du délire;
elles sont trop inconstantes.
L'examen microscopique a été bien rarement pratiqué dans les
cas qui nous occupent. L'auteur a pu faire examiner par Nissl les
centres nerveux d'un sujet atteint de délire au début de la lièvre
typhoïde. Les lésions constatées ne seraient pas de nature inflam-
matoire (l'appareil vasculaire est en effet peu intéressé), mais
seraient dues à des altérations d'origine toxique des cellules gan-
glionnaires. Griesinger, en 1857, considérait déjà les manifesta-
tions nerveuse et cérébrales de la fièvre typhoïde comme dues à
une intoxication. llluudsley se rallie à la même interprétation, et
compare cette action toxique à celle du thé et de l'opium. Les allé-
rations de la composition normale du sang auraient pour consé-
quence première une modification du tonus psychique soit en
- ? '" , ? 1- ? ; 1 : : °
1S3 J REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. : ' ;t : t ;
plus,(états maniaques), soiten moins (états dépressifs). A un degré
plus accentué on observe la systématisation de ces formes patho-
logiques'de l'humeur; enfin l'action directe du poison sur l'élément
cellulaire détermine un délire incohérent et confus. Kirchhoff
croit également à une action chimique sur la cellule nerveuse et
pense que la fièvre, à elle seule, agit rarement comme facteur
unique (dans la pneumonie en effet les psychoses sont assez rares,
si on met de côté le délire alcoolique). Kraepelin attribue le délire
initial des typhiques au poison spécifique de la fièvre typhoïde et
décrit ce délire parmi les psychoses toxiques.
Liebermeister était partisan du rôle actif de l'hyperthermie dans
la genèse des troubles délirants. Baumler fait intervenir, en outre
de la prédisposition individuelle, le degré, la durée et la continuité
de la fièvre et surtout l'hyperthermie. Il accorde cependant, dans
certains cas, quelque influence au poison typhique. L'auteur critique
le rôle important attribué par les observateurs précédents à l'éléva-
tion de la température; il rappelle les observations de Gerhardt, dans
lesquelles on voit des troubles psychiques graves se produire au
moment où la température vient à baisser, et disparaître avec
l'hyperthermie. Gerhardt pense que ces faits s'expliquent par
l'existence d'un poison sécrété par le bacille d'Eberth, poison qui
diminuerait l'hyperthermie, en même temps qu'il agirait sur
l'écorce cérébrale comme un alcaloïde narcotique. L'auteur rap-
porte l'opinion émise par Brieger et Wassermann, par Sirotiuiu,
qui considèrent la fièvre typhoïde comme une intoxication plutôt
que comme une infection.
Le tableau clinique du délire initial des typhiques, présente de
nombreuses ressemblances avec les psychoses observées dans la
variole, la fièvre intermittente, la fièvre jaune, la rage, et qui
doivent dans bien des cas être attribuées à une intoxication.
Diagnostic. Le délire initial est d'un diagnostic très difficile,
tant qu'il n'y a pas de symptômes de l'infection générale de l'or-
ganisme. L'apparition de la fièvre est un signe important, mais
elle peut se produire dans la paralysie générale, dans i'amentiar
On tiendra compte aussi de la brusquerie du début, de l'existence
d'une épidémie dans la localité, des troubles de la mémoire ; les
accès épileptiques ou délirants antérieurs, les intoxications orien-
teront au contraire le diagnostic vers un autre sens.
Le diagnostic avec les états délirants accompagnés de confusion
et de désorientation et surtout avec les psychoses d'épuisement,
offre des difficultés. L'auteur insiste sur le diagnostic avec l'amen-
tia, avec le délire de collapsus, la paralysie générale, la folie pério-
dique, la folie hébéphrénique, les délires épileptiques, le délire
aigu, les psychoses toxiques.
Le mémoire se termine par dix-sept observations.
P. Sérieux.
SOCIÉTÉS SAVANTES.
SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE.
Séance du 30 décembre 1895. Présidence DE M. Moreau.
Sortie prématurée des alcooliques.
M. A. Voisin fait connaître, à propos du procès-verbal, qu'il a
dans son service depuis trois ans, une malade précédemment
séquestrée plusieurs fois pour alcoolisme. Cette femme paraissant
très améliorée, M. Voisin lui a accordé récemment quelques jours
de permission pour aller voir des parents en province. Mais elle
n'a pu arriver au terme de son voyage; elle s'est arrêtée en route
pour boire et tomber dans un accès de délire alcoolique aigu. C'est
dans ces conditions qu'elle fut réintégrée à la Salpêtrière. Au point
de vue de la durée moyenne du traitement des alcooliques, il est
bon de se rappeler, ajoute M. Voisin, que souvent leur guérison n'est
qu'apparente et que le retour des accidents aigus peut être soudain.
Vacances. LE PRÉSIDENT déclare la vacance de deux membres
titulaires.
Election du bureau. Le bureau se trouve ainsi composé pour
1896 : Président : M. Charpentier ; Vice-Président : AI. G : vRNIER ;
Secrétaire général : M. RITTf; Secrétaire des séances : MM. SEMELAIGNE
et SOLLIER; Comité des Finances : MM. FALRET et CHRISTIAN; Comité
des Publications : MM. Ballet, BOUCUEREAU, Vallon ; Conseil de
Famille : LE Bureau et MM. A. Voisin et P. Moreau.
Suffisance de la loi de 1838 en face des délinquants
. dits irresponsables.
M. Charpentier. Dans une première partie de sa communica-
tion, après avoir parlé du libre arbitre et de la responsabilité, ne
croit pas que la notion de sécurité sociale puisse se substituer à
celle de responsabilité pour motiver des décisions judiciaires; il fait
remarquer que le mot démence du code ne veut pas dire folie, ni
aliénation mentale, ni fureur, ni imbécillité : il signifie perte du
libre arbitre. 1
loi SOCIÉTÉS SAVANTES.
Plus loin, M. Charpentier estime que M. Ballet et quelques alié-
nistes ont trop étendu le domaine de l'irresponsabilité et qu'il est
nécessaire de limiter cette tendance scientifique. Il propose de
reconnaître comme responsables ordinairement : les aliénés aux
séquestrations multiples, les folies du caractère (folie morale, manie
raisonnante, aliénés persécuteurs sans hallucinations elles ivrognes).
Il critique les expressions maladies mentales, maladies de l'esprit,
qui, pour lui, n'ont aucune signification.
Dans la dernière partie de son argumentation, M. Charpentier
pense que les nouveaux articles de loi à propos des délinquants
irresponsables, sont inutiles; il critique les asiles-prisons et pense
que si ceux-ci sont créés, ils ne doivent pas être motivés par l'alié-
nation mentale. et relèvent uniquement d'une loi d'administration
pénitentjairejUj conclut que la loi de 1838 n'est pas insuffisante
pour les délinquants irresponsables, mais qu'elle n'est pas suffisam-
ment appliquée.) , .. , )
..ut.. o. - » ! ! . L f z
u11 àJ3Ar.LET. M. Charpentier et moi ne nous plaçons pas sur le
même terrain. En·l'écôutant je croyais entendre un magistrat ou
un philosophe discutant sur le côté métaphysique de la responsa-
bilité. Je me place à un point de vue plus pratique : Que doit-on
faire d'un individu ayant commis un méfait, mais irresponsable en
totalité ou en partie. M. Charpentier estime que la loi de 1838
qui l'abandonne à l'autorité administrative est suffisante. Je ne
suis pas de cet avis, parce que la loi de 1838 n'oblige pas cette auto-
rité à colloquer l'individu dans un asile; mais le met tout simple-
ment à la disposition du préfet. Celui-ci peut faire ce qu'il veut du
délinquant et par conséquent le laisser en liberté où il pourra
commettre de nouveaux crimes. Je voudrais que le magistrat, qui
est intervenu pour déclarer l'irresponsabilité, fût obligé de rendre
efficace son intervention en colloquant l'individu dans un asile
pour une durée de temps déterminé. Je ne défends pas la respon-
sabilité partielle; mais il faut bien, dans la pratique, accepter ce
langage que tout le monde parle et comprend. Un ivrogne dans-
un accès de délire frappe sa maîtresse d'un coup de couteau; nous
remontons dans son passé et nous trouvons une hérédité mentale
très chargée : à un certain moment il a présenté des troubles hys-
tériques très accusés et a toujours vagabondé sans réussir dans
aucune entreprise. Qu'en feriez-vous ? - Avec la loi actuelle, cela
dépend des circonstances, tantôt on l'enverra en prison, tantôt on
l'acquittera. Les deux solutions sont déplorables. Nous tournerons
la difficulté en le considérant comme partiellement irresponsable.
C'est pour ces individus-là que nous demandons des asiles-prisons.
M. Charpentier. La législature de 1838 vous donne satisfaction
en ce qui concerne l'exemple choisi, puisqu'elle permet au Procu-
reur de la République de faire placer d'office dans un asile le délin-
L'INTERNAT DES ASILES D'ALIÉNES DE LA SEINE. 155
quant irresponsable bénéficiant d'une ordonnance de non-lieu.
Les autres, dits irresponsables, ne doivent pas nous intéresser
plusqu'ils ne nous regarderaient s'ils s'étaient cassé un membre
avant de commettre'un crime. Qu'on les enferme si l'on veut;
mais pas au nom de la médecine mentale. Us doivent être con-
damnés comme de vulgaires coquins.
M. COLIN. - Ce ne serait pas une solution; l'individu dont vient
de vous parler M. Balllet existe réellement. Condamné à la prison,
il n'a pu être conservé ; on vient de l'envoyer à Gaillon.
MARCEL BRI.\ND.
ASILES D'A
L'INTERNAT DES ASILES D'ALIENES DE LA SEINE.
NÉCESSITÉ DE SA RÉORGANISATION;
Par le D' PAUL SÉRIEUX,
Ancien interne des Asiles d'aliénés de la Seine,
médecin-adjoint à l'Asile de Villejuif,.
Nous avons cherclié à montrer, dans des travaux anté-
rieurs', que l'organisation du service médical des asiles
publics d'aliénés laissait â désirer. Nombre de médecins en
chef dès asiles se trouvent à la tête de services dont la popula-
tion est trop considérable pour qu'il leur soit possible d'en
connaître tous les malades. A plus forte raison ne peut-il être
question de soumettre ces derniers à un traitement métho- -
dique. Les défectuosités de l'organisation actuelle du service
1 L'assistance des alcooliques eu Suisse, en Allemagne, en Au/riche.
llontévrain. Imprimerie de l'École ci'Alembert, 189, p. 131 et suivantes.
L'asile d'alcooliques du département de la Seine. Annales médico-
psychologiques, novembre 189J.
Notice historique sur le développement de l'assistance des aliénés en
.1llema,r¡ne. Archives de Neurologie, novembre 1895.
L'organisation du service médical dans les asiles (/'aliénés (sous
presse).
156 , asiles d'aliénés.
de l'adjuvat ne sont pas moins graves : les médecins-adjoints,
en effet, sont inutilisés, alors que cependant les médecins en
chef ne peuvent suffire à la-besogne'. Reste le troisième élé-
ment du service médical de nos asiles : le corps des internes en
médecine. Cette institution est-elle au moins capable d'atténuer,
fût-ce dans une mesure restreinte, la gravité des lacunes et des
vices d'organisation que nous avons signalés ?
Il est malheureusement loin d'en être ainsi ; et, du haut en
bas de l'échelle médicale, c'est, il est pénible d'avoir à le
constater, la même non-utilisation d'éléments actifs, le
même gaspillage de forces vives et de bonnes volontés, bref la
même organisation défectueuse. Si le médecin chef de service
est débordé par le nombre excessif de ses malades et la multi-
plicité de ses occupations, - si le médecin adjoint est un
rouage inutile, qui se meut dans le vide, et qui ne trouve
plus de défenseurs, le corps de l'internat est, lui, un organe
mal adapté à ses fonctions et dont la réforme s'impose.
En présence de ce tableau dont les couleurs n'ont point, à
plaisir, été assombries, il est permis de se demander ce que
devient le traitement individuel que réclament les sujets
atteints de maladies mentales ? Comment peuvent être mis en
oeuvre et cette analyse psychologique quotidienne, et cet
examen physique soigneux . sans lesquels le diagnostic et la
thérapeutique des formes si variées de la folie sont choses
impossibles ? Dans des conditions aussi défavorables, que
viennent encore aggraver et la constitution matérielle mal
comprise de nos asiles, et les proportions inouïes qu'atteignent
la population et le mouvement des services, le traitement des
sujets atteints de psychoses aiguës, affections éminemment
curables, ce traitement est, il faut bien en convenir, gra--
vement compromise Rappelons qu'on obtient dans nos asiles,
1 Consulter sur ce sujet : P. Sollier. La guérison des aliénés dans les
asiles. Progrès médical, 5 septembre 1891.
Maxime Du Camp. Paris, ses organes, sa fonction et sa vie, t. IV, p. 389.
Marandon de \lontyel. La réorganisation du service médical dans les
asiles d'aliénés. Archives de Neurologie, novembre, 1891.
Renaudill. Annales médico-psychologiques, 1855, p. 673.
J. Lieinach. Proposition de loi sur le rér/ime des aliénés. Chambre des
Députés, t890. .
2 « Les services des asiles d'aliénés, disait déjà Trélat en 1839, sont
trop chargés : une augmentation dans le personnel des médecins pro-
duirait un meilleur classement des malades, faciliterait l'étude. et l'ob-
l'internat DES asiles d'aliénés DE la SEINE. 157
le professeur Pierret l'a montré, moitié moins de guérisons
que dans les établissements étrangers '.
De pareilles constatations sont attristantes : elles sont aussi
de nature à faire réfléchir ceux qui ne veulent pas se contenter
de l'optimisme banal et superficiel, si en honneur dans certaines
sphères, et qui le considèrent comme le pire ennemi du pro-
grès. Avouons-le : un état de choses pareil n'est point digne
d'un pays qui était jadis à la tête du progrès dans l'assistance
des aliénés. Tout le monde en souffre : les malades, la Société
et en outre, nous le verrons plus Join, le personnel médical
lui-même. C'est la profonde conviction que nous avons des
conséquences déplorables de pareils errements, qui nous a
empêchés de reculer devant la tâche, toujours ingrate, de dire,
sans détours ni réticences, la vérité.
Revenons au corps de l'internat en médecine des asiles.
Quel est le rôle de l'interne dans un service d'aliénés ? Les
règlements nous parlent de l'assistance à la visite du matin,
des pansements, du service de garde, de la contre-visite, etc.
Mais nous entendons laisser de côté ces obligations, maté-
rielles en quelque sorte. Leur accomplissement, exécuté à
la lettre, n'est qu'une formalité qui ne peut sérieusement con-
tribuer au traitement méthodique des malades. Elle ne saurait
pas davantage satisfaire un esprit curieux de s'instruire.
Dans un service d'aliénés, l'interne a, ou plutôt devrait
posséder des attributions d'un ordre plus relevé, analogues à
celles qui lui sont réservées dans les services hospitaliers ordi-
naires. Il doit être le collaborateur du chef de service. La
nécessité de cette collaboration s'impose d'autant plus que
la tâche de ce dernier est, en raison du nombre, parfois
servation de chacun d'eux et augmenterait certainement la proportion
des guérisons. » ,
Plus tard, en 1862, Marcé déclare que le médecin de nos asiles d'alié-
nés n'a pas même le temps de connaître ses malades, eût-il toute la
jeunesse, la force, la santé, le zèle imaginables. Il insiste sur les « incon-
vénients inséparables des grands établissements dans lesquels les
malades, entassés et sans direction intellectuelle et morale, deviennent
incurables, la plupart du temps, par la seule raison qu'on ne les traite
pas ». (Traité pratique des maladies mentales. Paris, 1862, p. 656, 657.)
Les observations de Trélat et de Marcé sont encore d'actualité aujour-
d'hui.
1 Pierret. Discussion sur la 1'evision de la loi de 1838. Comptes rendus
du Congrès de médecine mentale de Lyon, 7 août 1891. Masson, 1892.
158 asiles d'aliénés.
invraisemblable,, de ses malades, toujours au-dessus de ses
forces. Le rôle de l'interne doit donc, toutes proportions gar-
dées, être calqué sur celui du médecin. Il lui faut interroger les
aliénés nouvellement admis, suivre ceux-ci chaque jour avec
soin, prendre, auprès des familles, les renseignements sans les-
quels diagnostic et pronostic ne peuvent être précisés. Il lui faut
aussi rédiger les observations, s'occuper activement du côté
thérapeutique trop souvent négligé (traitement moral, etc.).
Ajoutons à cette tâche déjà lourde, les recherches anatomo-
pathologiques (autopsies, examens histologiques et bactériolo-
giques). '
Il convient, de plus, que le chef de service fasse appel à l'ini-
tiative de son interne, qu'il lui accorde une certaine responsa-
bilité et une certaine autorité, qu'il sache lui laisser prendre
quelques décisions, qu'il le charge de résoudre tel diagnostic
délicat, de proposer une solution pour telle ou telle question
médico-administrative, de rédiger une partie de la correspon-
dance avec les familles, etc. Ainsi comprise, la fonction de
l'interne cesse d'être une corvée fastidieuse ; intéressante pour
ce dernier, profitable aux malades, elle constitue pour le
médecin une précieuse collaboration.
Mais pour que cette extension des attributions de l'interne
soit féconde en résultats, certaines conditions sont nécessaires,
qui sont loin d'être toujours réalisées. L'interne, pour être en
mesure de remplir le rôle que nous venons d'indiquer, doit
avoir une instruction médicale générale assez étendue. Or
celle-ci n'est point suffisamment assurée par les huit inscrip-
tions qu'on se borne à exiger des candidats, et qui ne corres-
pondent qu'à deux années d'études médicales.
Il faut aussi que l'interne puisse se consacrer tout entier à.
sa besogne et que la majeure partie de son temps ne soit pas
absorbée, comme cela se voit souvent, par des occupations
tout à fait étrangères, telles que travaux pratiques de dissec-
tion, de médecine opératoire, d'anatomie pathologique, stage
d'accouchement, préparation d'examens et même de con-
- cours, etc., etc.
En outre, il est indispensable, c'est là le point capital,
que l'interne s'intéresse à la tâche qui lui incombe. Le concours
de l'internat des asiles d'aliénés est loin d'être recherché par
la plupart des candidats dans le but de s'initier à la psychia-
trie. Le plus grand nombre d'entre eux se destinent à la pra-
l'internat DES asiles d'aliénés DE la SEINE. 159
tique médicale ordinaire, soit à la ville, soit à la campagne.
Ces étudiants n'ont que faire, cela se conçoit, d'une étude
approfondie et prolongée des maladies mentales. Aussi n'en-
trent-ils dans les services d'aliénés qu'à leur corps défendant,
sous la pression de nécessités matérielles, attirés qu'ils sont
par les avantages qu'offre la situation d'interne des asiles,
avantages relativement considérables si on les compare à ceux
de l'internat des hôpitaux'.
M. le D'' Bourneville, dans un Rapport sur le service des
aliénés (1878), émet la crainte que les candidats se présen-
tant au Concours spécial des asiles, « ne viennent du stock des
refusés de l'internat des hôpitaux, que leur instruction géné-
rale soit moins solide et qu'ils ne soient dans un état d'infé-
riorité relative= 2 '. Nous ne voulons point rechercher si M. Bour-
neville a, sur ce point, été bon prophète. Nous voyons au
concours, tel qu'il est actuellement organisé, de bien plus
graves inconvénients. Comment des internes qui considèrent
les asiles d'aliénés comme un pis-aller, les études de psychia-
trie comme un bagage inutile, pourraient-ils s'intéresser aux
choses de la médecine mentale et à la tâche toute spéciale qui
leur est réservée ? La plupart n'ont qu'un désir, bien légitime
d'ailleurs, c'est de quitter, aussitôt que possible, les services
d'aliénés. N'y apprenant rien de ce qui leur sera utile plus
tard dans la clientèle ordinaire, ils ne peuvent oublier que les
hôpitaux de Paris leur offrent des ressources cliniques considé-
rables, et qu'ils y trouveront des maîtres éminents pour leur
enseigner ce qu'il leur importe de savoir : la médecine interne,
'Grâce à l'initiative et à la persévérance de M. Bourneville, et aux
voeux émis sur sa proposition par le Conseil général, les internes des
asiles de la Seine sont, depuis 1879, recrutés au concours.
Peuvent prendre part à ce concours, les étudiants en médecine pour-
vus de huit inscriptions au moins et âgés de moins de trente ans. Il y a
deux épreuves : l'une écrite, de trois heures, l'autre orale, de quinze
minutes. La durée des fonctions d'interne est de trois ans. Les internes
titulaires reçoivent, outre le logement, le chauffage, l'éclairage et la
nourriture, un traitement annuel de 800 francs à l'asile clinique (Sainte-
Anne), de 1,000 francs à la Préfecture de Police, et de J,L00 francs dans
les autres asiles... Un interne ne peut rester plus de deux années dans
le même service Tout interne est autorisé à soutenir sa thèse de
doctorat aussitôt après sa nomination. (Progrès médical. Numéro des
Etudiants, 1891.)
. Boul'I1eville. Rapport sur le service des aliénés fait au Conseil général
de la Seine, février 1878. Progrès médical, 1879, p. 443.
160 O asiles d'aliénés.
la chirurgie, l'art des accouchements'. On ne saurait, certes,
en vouloir à des étudiants en médecine de chercher à dévelop-
per leur instruction médicale générale ; tâche difficile dans
un établissement d'aliénés. Mais il n'en est pas moins vrai
que cette façon d'envisager les choses a, pour les malades et
pour les chefs de service, de fâcheuses conséquences. Comme
le dit notre excellent collègue et ami le Dr A. Marie, on voit
dans la Seine, « des internes passagers pour lesquels l'asile
n'est qu'un succédané de l'hôtel ou du restaurant, où ils entrent
avec l'intention arrêtée de s'occuper de tout, sauf d'aliéna-
tion t. Quelques-uns cumulent leurs fonctions d'interne des
asiles avec celles d'externe ou d'interne provisoire des
hôpitaux, etc. Les plus travailleurs, afin de ne point perdre
complètement leur temps, consacrent les nombreux loisirs
qu'ils doivent à leur participation très réduite au service, à la
préparation du concours de l'internat des hôpitaux. Il va sans
dire que, considérant leur situation dans nos établissements
comme essentiellement provisoire, ils se désintéressent plus ou
moins de la médecine mentale et du traitement des aliénés.
Nous n'entendons point, qu'on nous comprenne bien, mettre
en doute le dévouement et les qualités professionnelles des
internes en médecine de nos asiles. Si un grand nombre
d'entre eux ne peuvent, faute d'un intérêt suffisant pour les
études spéciales de psychiatrie, constituer pour les médecins
ces collaborateurs actifs que nous réclamions plus haut, la
faute en est, avant tout, à un mode de recrutement défectueux
qui met en conflit l'intérêt des malades et les exigences de
l'instruction pratique de futurs praticiens.
- L'organisation actuelle a donc pour conséquence d'ouvrir les
portes des asiles d'aliénés à des élèves qui, pour cette double '
raison qu'ils sont habituellement au début de leurs études
médicales, et qu'ils n'ont point l'intention de se vouer à la
spécialité, ne peuvent être utilisés comme l'exigeraient le bien
des malades et l'intérêt de la science.
L'état de choses que nous critiquons a encore pour résultat
d'enlever toute stabilité au séjour des internes dans un même
1 Les trois années que passe dans des services d'aliénés un étudiant
qui n'a point le désir de se consacrer à l'étude spéciale des affections du
système nerveux, sont pour lui trois années de perdues.
2 A. Marie. L'assistance des aliénés en Ecosse. Paris, Imprimeries réu-
nies, 1892, p. 18. ,
l'internat DES asiles d'aliénés DE la SEINE. 161
service. La proximité de Paris est, pour des élèves qui n'ont
point terminé leurs études, d'une importance capitale (en
raison des travaux pratiques obligatoires, des examens). Aussi
assiste-t-on, surtout dans les asiles excentriques, à un mouve-
ment continuel d'internes. On voit, par exemple, trois, quatre
internes (titulaires ou provisoires, parfois même étudiants en
médecine n'ayant point pris part au concours) se succéder en
moins d'un an dans le même service. Ce manque de stabilité
serait fort regrettable dans un hôpital ordinaire ; il est encore
plus funeste dans un établissement d'aliénés, où l'on doit con-
naître à fond et suivre des malades dont le séjour est en
général prolongé. Il a de plus pour résultat l'absence de liens
entre le médecin et l'interne. Ce dernier ne peut, la chose est
matériellement impossible, connaître le service ; d'autre part
le médecin, n'osant compter sur un interne plus ou moins
novice, qui souvent ne sera plus là dans quelques mois, prend
l'habitude de se priver de son concours et de se reposer plus
ou moins sur le surveillant ou la surveillante en chef. On voit
alors les mille petits détails de police intérieure passer au
premier plan, aux dépens de la question capitale : le traite-
ment des malades curables. Le cercle des attributions de l'in-
terne va ainsi se rétrécissant, ce qui n'est pas fait pour
l'attacher aux études de psychiatrie, et se réduit bientôt à
l'alimentation artificielle des sujets qui refusent de s'alimenter,
et àl'assistance à la visite. Ajoutons qu'à cette visite le côté médi-
cal tient souvent peu de place'. A ce régime, tout intérêt, toute
initiative, tout sentiment de responsabilité ne tardent pas for-
cément à disparaître. Nous avons été souvent frappés du rôle
effacé des internes dans la plupart des services, à côté de
l'importance des fonctions du surveillant en chef 1. En serait-il
ainsi, si les établissements d'aliénés étaient ce qu'ils devraient
être, c'est-à-dire des hôpitaux pour le traitement des maladies
mentales, au lieu de rappeler des établissements de détention ?
1 Le professeur Rieger (de Wurzbourg) s'élève, avec juste raison, contre
l'utilité de ces « visites » : - Cette réunion d'un grand nombre de méde-
cins conversant entre eux, n'a, dit-il, d'autre résultat que d'exciter les
malades. Il Il estime de beaucoup préférable l'arrivée fréquente et inat-
tendue des médecins et assistants. (Uber Selibalilen fùr Psychiatrische
KliuiGet. Centralblatt f. Nerveuheillc. und ilsycliiair. Coblenz, août 1894.)
2 Le D e1. Marie remarque également que, chez nous, à rencontre de
ce qui se passe ailleurs, les internes n'ont qu'une faible participation
au service.
Archives, 2° série, t. I. 1l t
z) asiles d'aliénés.
D'autres mesures réglementaires viennent aggraver encore
les défectuosités de l'organisation de l'internat des asiles. Nous
voulons parler de la limitation à deux années du séjour des
internes dans le même service, et de la durée trop restreinte
de leurs fonctions (trois ans). La première mesure a pour
résultat fâcheux de priver le chef de service de la collaboration
d'un élève qu'il a formé, auquel il s'intéresse par suite plus
spécialement, et qui connaît à fond les malades, le personnel
et les familles.
La seconde disposition est éminemment regrettable. Après
deux on trois ans passés dans un établissement d'aliénés, il
arrive qu'un certain nombre d'internes prennent goût à la
médecine mentale, et se sentent attirés vers la carrière des
asiles. Leur apprentissage d'aliéniste a pris fin. Ayant de plus
terminé leurs études, passé examens et thèse, ils peuvent enfin
se consacrer entièrement à leur tâche, tout en présentant, par
leur diplôme de docteur, des garanties spéciales. Certains
d'entre eux rendent alors de réels services et sont, pour le
médecin, des collaborateurs indispensables dont on voudrait
n'avoir pas à se séparer. C'est alors que, de la façon la plus
malencontreuse, le Règlement intervient, Règlement spé-
cial d'ailleurs au département de la Seine, et en contradiction
formelle avec le Règlement ministériel. Il faut que le médecin
se prive du concours d'un aide compétent et dévoué. Ce der-
nier est rompu aux mille difficultés médicales et administra-
tives qui se présentent dans un établissement d'aliénés. Il
s'est adapté à ses fonctions. Il est susceptible de rendre des
services considérables. Peu importe ! Les trois années d'exercice
sont écoulées; on oblige l'interne à partir, alors qu'on devrait
mettre tout en oeuvre pour le retenir. On remplace ce colla-
borateur utile par un étudiant, souvent tout au début de sa
carrière médicale, complètement ignorant des choses de la
psychiatrie, et qui nous ne craignons pas de nous répéter
ayant en vue d'exercer plus tard la médecine ordinaire,
ne saurait se passionner pour l'étude des maladies mentales.
Pourquoi ce licenciement de jeunes médecins expérimentés ?
On ne saurait le justifier. Que dirait-on d'un industriel qui,
dans ses ateliers, ne voudrait que des apprentis et se hâterait
de renvoyer ces derniers lorsque, les années d'apprentissage
terminées, ils seraient devenus d'habiles ouvriers ? Comment
qualifierait-on ce travail de Pénélope ? ' ?
l'internat DES asiles d'aliénés DE la SEINE. 163
Qu'on ne vienne pas invoquer l'exemple de l'internat des
hôpitaux où la durée des fonctions (quatre ans) n'est que
d'une année plus longue. La comparaison pèche par la base.
Les internes des hôpitaux sont, en général, plus avancés dans
leurs études médicales, en raison de la difficulté du concours
qui oblige un grand nombre d'entre eux à se présenter plu-
sieurs fois. En outre, tandis que l'interne des asiles prend
possession de ses fonctions sans avoir jamais mis le pied dans
un établissement d'aliénés, l'interne des hôpitaux, lui, a passé
déjà quatre ou cinq ans dans les services hospitaliers en
qualité d'externe et de stagiaire. De plus, la période d'appren-
tissage dans les asiles nécessite un temps considérable : les
rapports avec les familles, l'étude d'affections toutes spé-
ciales que l'interne n'a auparavant jamais eu l'occasion
d'étudier, etc., exigent un noviciat assez prolongé. Enfin,
pour l'internat des hôpitaux, on n'est pas en peine de trou-
ver, parmi la foule des étudiants qui se destinent à la pra-
tique ordinaire, des jeunes gens s'intéressant aux fonctions
qu'ils ont à remplir : dans les asiles d'aliénés, la situation
est bien différente, en raison de la spécialisation même de
l'établissement.
Est-il encore besoin d'insister pour démontrer ce qu'a d'illo-
gique un mode de recrutement qui choisit, pour remplir les
fonctions si délicates d'interne dans un service d'aliénés, des
élèves au début de leurs études, et se désintéressant en général
de tout ce qui touche à l'aliénation mentale ? C'est là une
sélection à rebours. Combien plus néfaste encore ce singulier
licenciement des internes à l'heure même où ils sont devenus
des aides utiles et compétents ! Que de forces on laisse perdre
ainsi ! Et comme on tient peu compte des vues très sages qui
ont présidé à l'organisation générale, par le ministre de l'in-
térieur, du service de l'internat dans les asiles ! Dans sa circu-
laire du 20 mars 1857, portant envoi aux préfets d'un Règle-
ment du service intérieur des asiles d'aliénés, le ministre com-
mentait ainsi l'article 54 du Règlement ' :
« J'appelle toute votre attention sur le choix des élèves internes.
« Il convient de ne nommer, autant que possible, aux emplois de
« médecins des asiles publics d'aliénés que des élèves y ayant fait
' " Art. 5 ? Les élèves internes sont nommés par le préfet, sur la pré-
sentation du directeur et du médecin en chef; ils doivent être âgés de
vingt-un ans au moins et avoir au moins dix inscriptions. "
164 asiles d'aliénés.
« un stage I... L'internat doit être considéré dans un établissement,
« comme le commencement d'une carrière. II importe donc de ne
« l'ouvrir qu'à des jeunes gens laborieux, capables et dignes de la
«-parcourir sous les auspices et avec l'appui de l'administration 2.
D'ailleurs ce n'est pas d'aujourd'hui que l'on formule des
plaintes, trop justifiées, contre cet état de choses. En 1863, le
Dr Girard de Cailleux, inspecteur général du service des aliénés
de la Seine, s'exprimait ainsi à propos de l'internat dans les
quartiers d'aliénés de Bicêtre et de la Salpêtrière : "
« Ces élèves, la plupart occupés de se préparer à de nouvelles
« luttes pour assurer leur position dans les hôpitaux ordinaires,
« ou acceptant leur situation dans les asiles spéciaux à titre pro-
» visoire, n'attachant du reste à ces études qu'un intérêt secon-
« daire, vu l'avenir incertain et peu avantageux que leur offre la
« carrière aliéniste, ne consacrent point à ce service important le
« temps qu'il mérite. Ils bornent, en effet, leur ambition à prendre
« une connaissance superficielle de l'aliénation mentale de manière
« à en reconnaître les formes, après en avoir constaté l'existence.
« Par suite du peu d'attrait et du faible intérêt que leur présente
c ce service, il n'est point étonnant de remarquer dans les sections
« les mieux tenues, l'absence de feuilles d'observations, de cahiers
a d'autopsie ; le plus souvent même, la présence des internes pen-
« dant le jour fait défaut, entraînés qu'ils sont par des études
« d'un autre genre... Enfin, appartenant par droit de concours à
« l'administration des hôpitaux,' rien ne les liant à la position
« qu'ils occupent, ils sollicitent sans cesse leur changement, et
« par suite de cette instabilité, les chefs de service perdent la
c plus grande partie de leur autorité et toute direction médicale
« sur ces jeunes gens qui se bornent pour ainsi dire ci traverser les
« services. Cet état de choses mérite de sérieuses réformes 3.. »
Citons encore un trait caractéristique qui vient à l'appui de
ce que nous avons dit plus haut Un seul élève, raconte Girard
de Cailleux, a pu lui donner des renseignements sur les
malades : c'était un externe qui remplissait provisoirement
les fonctions d'interne. « J'ai appris, ajoute l'auteur, qu'il se
proposait d'entrer dans la carrière aliéniste, ce qui m'a expli-
qué son zèle. »
1 Il n'a d'ailleurs pas toujours été tenu compte de cette règle.
' Législation sur les aliénés et les enfants assistés, t. l, p. 183. Berger-
Levrault, Pans, 1880.
3 Girard de Cailleux. Études pratiques sur les maladies nerveuses et
mentales. Paris, 1863, p. 191.
l'internat DES asiles d'aliénés DE la SEINE. 165
En résumé, le mode de recrutement actuel donne les résul-
tats les plus fâcheux : il fournit des internes trop peu avancés
dans leurs études médicales, et par suite préoccupés par leurs
examens, leurs travaux pratiques, voire même la préparation
d'autres concours. Il ouvre les portes à nombre d'étudiants
qui ne s'intéressent nullement à l'aliénation mentale. Il
met obstacle à toute stabilité des internes dans le même service
et à toute collaboration effective du médecin et de son interne.
Enfin, par la limitation à trois années de la durée des
fonctions, il oblige les médecins à se séparer de ceux de leurs
élèves qui s'adonnent sérieusement à l'étude des maladies
mentales, et cela précisément au moment où ces derniers
seraient aptes à rendre de réels services.
Signaler ces défectuosités, c'est indiquer les réformes à
introduire. Mais avant d'aborder cette question, il convient de
dire quelques mots sur la façon dont le service de l'internat est
organisé à l'étranger. Nous verrons que, sur ce point (comme
sur d'autres, de l'organisation matérielle et morale de nos
asiles), la comparaison n'est pas à notre avantage.
L'institution des assistants, c'est-à-dire d'internes ayant ter-
miné leurs études médicales, possédant leur diplôme de doc-
teur, nommés pour une durée de quatre, cinq, six années et
même davantage, se destinant presque tous à la spécialité,
cette institution obvie, dans la plupart des établissements
étrangers, aux inconvénients que nous avons signalés.
En Ecosse, les assistants sont recrutés au choix et sur titres;
ils entrent dans l'administration au cours de leurs études
médicales, et une fois leur diplôme obtenu, ils deviennent
d'assistants juniors, assistants seniors. Le chef de service par-
tage avec ces derniers une partie de sa besogne administrative
et médicale (délivrance de certificats et régime intérieur de
l'asile). Un service médical complet est ainsi assuré pour
chaque établissement. « Or on sait que le nombre des guéri-
« sons obtenues en Ecosse est près du double des nôtres. La
« sélection soignée des malades, grâce à un corps médical
« nombreux, en est la cause '. *
1 A. Marie. Loc cil.
166 1 asiles d'aliénés.
En Italie, les assistants des asiles d'aliénés sont docteurs :
à Rome, la durée de leurs fonctions est de trois ans ; mais à
l'expiration de ce temps, ils peuvent être prolongés dans leurs
fonctions pour une nouvelle période de trois années.
Il en est de même, à peu de chose près, en Allemagne, en
Autriche', en Suisse, en Russie. Les assistants, qui sont doc-
teurs, sont nommés pour une période souvent illimitée. Les
nominations sont faites directement, sans concours et sans
distinction de nationalité. Plus nombreux, mieux payés, mieux
utilisés que les internes de nos asiles, les assistants ont aussi
des fonctions moins subalternes : ils ne sont point soumis,
comme chez nous, à une tutelle étroite ; on leur accorde une
certaine initiative et une part de responsabilité.
Quelques exemples recueillis par nous-même sur place, au
cours d'une mission dont nous avons été chargé, vont mon-
trer combien plus étendue est la sphère des attributions des
assistants. A l'asile de Bâle, le premier assistant est chargé,
sous l'autorité du médecin en chef-directeur, de la moitié de la
division des hommes, soit trois pavillons (admission, agités et
malpropres), comprenant une soixantaine de malades. Le
deuxième assistant s'occupe des deux pavillons de pension-
naires et de chroniques. Voici quel est l'emploi du temps : à
7 heures du matin, chaque assistant fait une visite dans la
section dont le service lui est confié ; à 8 h. 30, il assiste au
rapport et rend compte au directeur des incidents survenus
depuis la veille. A 9 h. 45, le directeur fait une visite générale
de tous les services : il est accompagné des assistants (sauf au
pensionnat des femmes). Cette visite se prolonge jusque vers
1 heure ; on assiste ainsi au déjeuner des malades. A 4 heures,
contre-visite faite par les assistants. A 7 heures, nouvelle visite-,
et à 8 heures du soir, rapport.
A Munich, les assistants font, seuls, avant 10 heures, la
visite de la section dont ils sont respectivement chargés. De
10 heures à midi, ils rendent compte des incidents survenus
dans leur service au Directeur-médecin en chef. Le soir, de
4 à 5 heures, contre-visite.
A l'asile de Zurich, les assistants font, seuls, deux visites
par jour dans leur division respective : l'une à 7 heures du
matin, l'autre l'après-midi. Chacun d'eux est chargé, pour les
Il. Laehr. Vie Heil-und Y/legeanstalten {il 1 , l'sychisch-Ttmnke de
deulschen Spraclagebieles in J. 18'do. Berlin, 1891.
l'internat DES asiles d'aliénés DE la SEINE. 167
malades de sa division, de la rédaction des observations, de la
correspondance avec les familles, etc. '. A l'asile de Dûssel-
dorf (550 malades), le plus ancien des assistants est chargé de
la division des hommes.
Dans nombre d'autres asiles, les assistants font, seuls, la
visite quotidienne; ils sont chargés de la correspondance avec
les familles, et rédigent des rapports de médecine légale.
Ces détails suffisent pour montrer la distance qui sépare, au
point de vue des attributions, le corps des assistants du corps
de l'internat de nos asiles. Leurs fonctions, on le voit, sont
loin d'être une sinécure ; on exige beaucoup d'eux. Inutile
d'insister sur les services considérables que peuvent rendre
aux malades et au médecin, des aides aussi compétents et
aussi stables.
Le nombre proportionnel des assistants des établissements
étrangers est plus considérable que celui de nos internes 2.
Les internes des asiles de la Seine étaient en 1894, dans la pro-
portion de 1 pour 275 malades. Pour les dix asiles suisses et
allemands, pris au hasard, que nous citons ci-dessous, le
rapport est de un assistant pour '1'17 malades, soit un chiffre
proportionnel double et au delà de celui de nos asiles.
A Munich (598 malades), on compte quatre assistants titu-
laires, plus un volontaire. Les deux divisions des hommes et
des femmes sont segmentées chacune en deux sections : à la
tète de chaque section est placé un assistant qui est ainsi
chargé, sous l'autorité du médecin en chef, du traitement
d'un groupe de 120 à 170 malades.
Le directeur-médecin de l'asile municipal de Dresde
(400 malades) est secondé par quatre assistants. A Zurich,
1 C'est l'assistant qui est chargé de rédiger lui-même les réponses aux
demandes de renseignements des parents. Sa lettre est ensuite soumise
à la signature du directeur médecin en chef. Le copie-lettres sert à en
obtenir une reproduction qui est jointe au dossier du malade.
'Le nombre des internes en médecine des asiles de la Seine s'élève à
dix-sent. Ils sont renards ainsi au'il suit (31 déc. IS ! J}) :
168 asiles d'aliénés.
deux assistants sont chargés, l'un de la division des hommes
(136 malades), l'autre de la division des femmes. L'asile
provincial de Vienne possède cinq assistants pour les 600 ma-
lades de l'asile proprement dit, et deux assistants pour le
service de la clinique de psychiatrie (300 malades). A Niet-
leben il y a trois assistants pour 700 aliénés.
L'asile de Herzberge (Berlin) possède, pour mille malades,
dix assistants'. Chaque division de 500 aliénés possède quatre
assistants titulaires, plus un volontaire ; ce qui donne la propor-
tion d'un médecin pour cent malades. A l'asile de Dalldorf
(Berlin), il y a, pour 1,300 malades, sept assistants titulaires,
plus deux volontaires. A Bâle, la division des hommes qui
ne compte que 125 malades, possède deux assistants (c'est le
médecin adjoint qui est chargé de la division des femmes).
Citons encore : les asiles de Düsseldorf (550 malades), et de
Bonn (600 malades), avec trois assistants chacune
Quant à la durée des fonctions, elle est pour ainsi dire
illimitée : les assistants peuvent attendre, à l'asile même,
qu'une place de médecin adjoint (ou médecin en. second),
devienne vacante. La plupart restent en exercice durant cinq,
six, sept ans. A Vienne, les assistants sont nommés pour une
période de deux années, renouvelable plusieurs fois. Ils ne
sont considérés comme faisant définitivement partie du [cadre
des médecins des asiles, qu'après quatre années d'exercice.
Le traitement des assistants est en général supérieur à celui
de nos internes. A Munich, ces médecins reçoivent, outre la
nourriture, le logement, etc., un traitement variant, suivant
leur ancienneté, de 1,250 z5 francs. Le traitement varie
de 1,125 à 3,000 francs à Hildesheim, et de 750 à 1,500 et
1,900 francs, dans la Prusse rhénane. A Vienne, le traitement
est de 1,200 francs pour les deux premières années, puis de
1,600 francs (3° et 4c années), et enfin de 2,800 francs (5 et
6e années). A partir de 2,800 francs les assistants ne sont plus
nourris. (A suivre.)
1 A l'asile de Villejuif, nous le répétons, il n'y a que quatre internes
pour près de 1,500 malades (1895). ,
'Il convient de mettre à part les cliniques de psychiatrie dont voici
l'effectif :
BIBLIOGRAPHIE.
1. Essai sur la pathogénie et le traitement de l'épilepsie ; par
MM. G. MARINESCO et Paul SÉRIEUX. (Mémoires de l'Académie de
médecine de Belgique, XIV, fasc. 2, 1895.)
Ce travail, basé sur 160 observations personnelles, ne constitue
pas seulement un essai sur la pathogénie et le traitement de l'épi-
lepsie, il contient encore une description complète de l'état per-
manent des épileptiques et des paroxysmes du mal comitial. Les
auteurs étudient tour à tour l'hérédité, les stigmates physiques de
dégénérescence, l'état mental, la coexistence des psychoses liées à
la tare dégénérative. Dans le chapitre des paroxysmes, ils passent t
en revue les auras, les attaques, les vertiges, les absences, les délires.
Comme les phénomènes convulsifs de l'épilepsie sont fugaces,
MM. Marinesco et Sérieux ont utilisé la méthode graphique pour
enregistrer ces divers phénomènes. L'épilepsie corticale délerminée
par l'excitation électrique reproduit d'une façon fidèle les réactions
motrices et organiques de l'épilepsie essentielle. Après avoir étudié
en détail les agents provocateurs des paroxysmes épileptiques, ils
concluent que le champ autrefois si vaste de l'épilepsie idiopathique
diminue chaque jour. Ce sont les épilepsies réflexes et les épilepsies
relevant d'une lésion organique tangible qui s'agrandissent aux
dépens de la forme idiopathique.
Dans bien des cas d'épilepsie idiopathique, on ne peut découvrir
d'autre agent provocateur que des accidents pathologiques d'ordre
banal, parfois même que des facteurs physiologiques. Dans ces
cas, les accès se reproduisent en apparence spontanément. Mais il
est fort probable que la production, dans l'organisme, de certains
poisons de nature inconnue entre pour une grande part dans la
pathogénie des paroxysmes épileptiques. En réalité, ces agents
seraient eux-mêmes insuffisants, s'ils n'exerçaient leur influence
sur un terrain prédisposé qui constitue proprement l'état perma-
nent des épileptiques.
On peut dire, en résumé, que plus la prédisposition est marquée
moins l'agent provocateur a besoin d'être puissant. C'est là ce qui
conduit les auteurs à admettre que la cause principale du mal épi-
leptique réside dans des modifications de structure des neurones
corticaux.
Le chapitre de la physiologie pathologique renferme des données
très originales, parce que la théorie des neurones y a été appliquée
à l'explication des symptômes du mal comitial. L'aura et l'épilepsie
sensitive seraient dues, d'après MM. Marinesco et Sérieux, à l'exci-
tation des neurones de réception ; les convulsions relèvent de l'ex-
170 varia.
citation des neurones d'exportation ou de décharge, tandis que le
délire est sous la dépendance des neurones de perception et d'asso-
ciation. - -
- Le traitement des épileptiques doit répondre à deux grandes
indications : 1° modifier l'état permanent des malades ; 2° prévenir
les paroxysmes en empêchant l'action des agents provocateurs. Les
agents qui diminuent l'excitabilité corticale répondent à la première
indication et sont susceptibles de prévenir les paroxysmes, tandis
que la connaissance approfondie des agents provocateurs permettra
de répondre à la seconde indication.
VARIA.
LES enfants arriérés.
Nous empruntons à la publication annuelle de M. de Crise-
noy, intitulée : Questions d'assistance et d'hygiène publiques
traitées dans les conseils généraux en 1894, les documents
suivants qui concernent les progrès de l'assistance et du
traitement des enfants idiots et arriérés.
I. Création à l'asile d'aliénés de Bordeaux d'un quartier spécial pour
les enfants idiotes. (Rapport de la commission.)
Messieurs, à votre session d'avril dernier, M. le préfet, s'inspirant
du désir manifesté par vous en septembre 1891, vous proposait de
créer à l'asile d'aliénées un quartier spécial aux enfants arriérées,
idiotes ou épileptiques et d'affecter à cette dépense les 11,693 francs
provenant du legs Génin, et une somme de 24,000 francs à prendre^
sur celle de 32,000 francs allouée au département par l'administra-
tion supérieure sur les fonds du pari mutuel.
Par délibération du 6 avril 1894, le conseil général reconnaissait,
en principe, l'utilité de la création projetée, mais renvoyait le dos-
sier à 111. le préfet, pour supplément d'instruction.
La question revient aujourd'hui devant vous complètement élu-
cidée. La commission de surveillance de l'asile d'aliénés prend la
charge d'installer le service en question, comprenant vingt-cinq ou
trente lits avec tous les locaux accessoires, dans l'un des pavillons
de l'asile approprié à cet effet. L'asile supportera la dépense moyen-
nant la subvention de 36,000 francs environ dont il est parlé ci-
dessus. Enfin, la commission de surveillance demande que le prix
de journée soit provisoirement fixé à 2 francs.
VARIA. " 171
Ce prix de journée dépasse notablement celui payé pour les
malades originaires de la 4° classe, et qui ne s'élève qu'à 1 fr. 35.
Mais il est juste de reconnaître, avec la commission de surveillance
qu'il ne s'agit pas de malades adultes, mais bien d'enfants qui exi-
gent une nourriture et des soins plus dispendieux, et qu'en outre,
l'asile devra pourvoir ce quartier d'une institutrice et d'un maître
de gymnastique. Au surplus, le prix de 2 francs n'est fixé qu'à titre
provisoire, et votre commission a lieu d'espérer que la mise en pra-
tique en amènera plutôt la réduction que l'accroissement. Il est
bien entendu que ces frais de séjour seront, comme ceux des autres
malades, supportés par les familles, les communes ou le départe-
ment. Le conseil adopte ces propositions et décide que dix places
au moins seront réservées aux indigents provenant des communes
ou du département. ,
Sur les observations d'un membre du conseil, M. Clauzet, que le
projet adopté donnera asile aux jeunes filles idiotes, épileptiques
qui ne peuvent fréquenter les écoles, mais non aux malades
adultes que les communes sont obligées de garder parce qu'elles
ne peuvent les mettre dans aucun asile, le conseil invite le préfet
à étudier la création d'un asile spécial pour cette catégorie de
malades (6 avril et 4 septembre).
II. Création d'un quartier d'enfants épileptiques et arriérés à l'asile
de Dury. (Renseignements sur les créations analogues dans les
autres départements.)
A la session d'avril 1893, le conseil général avait demandé au
préfet de faire une enquête qui lui permit d'apprécier l'utilité que
pourrait présenter la création d'un quartier spécial d'enfants à
l'asile d'aliénés de Dury. Cette enquête a porté sur le nombre d'en-
fants à hospitaliser et sur les institutions analogues .existant dans
les autres- départements.
Statistique des enfants. Il existe dans le département 298 en-
fants ;< ! teints d'affections mentales dont 183 garçons et 115 filles.
Ce, 298 enfants se répartissent de la manière suivante :
1° Suivant la nature de l'affection mentale : 126 arriérés ou im-
béciles, 118 idiots, 54 épileptiques; 2° En raison de l'âge :
25 ayant moins de six ans, 128 de six à douze, 145 de treize à dix-
huit ans; 3° Au point de vue de la surveillance : 249 de surveil-
lance facile, 49 de surveillance difficile; 4° Au point de vue de la
situation de fortune : 65 appartiennent à des familles aisées, 233 à
des familles nécessiteuses.
111. Quartiers d'enfants annexés aux asiles des départements
La plupart des asiles d'aliénés ne possèdent pas de quartiers
spéciaux pour les enfants. Ceux-ci sont ordinairement placés dans
172 , VARIA. 1
les quartiers de malades tranquilles et inoffensifs ou dans les infir-
meries, quand leur état exige des soins assidus. Le nombre des
enfants admis dans ces conditions est d'ailleurs généralement peu
élevé; il a été en effet reconnu que le placement des enfants arrié-
rés au milieu des adultes présente de grands inconvénients.
Des quartiers d'enfants existent dans huit asiles d'aliénés et sont
en voie de création dans deux autres.
Armentières (Nord). Le quartier comprend un corps de bâti-
ment séparé pour recevoir 100 enfants (50 de chaque sexe). Les
dépenses de construction se sont élevées à lis,000 francs. Les
idiots et les épileptiques sont seuls admis, à l'exclusion des arriérés
et simples d'esprit. La Roche-su1'-Yon (Vendée). Pavillons
spéciaux isolés, mais faisant partie de l'asile d'aliénés. Il y a place
pour 44 enfants (22 de chaque sexe). Les dépenses de construction
se sont élevées à 70.000 francs, 31 enfants y sont actuellement
entretenus. Bourges (Cher). Locaux dépendant de l'asile d'in-
curables. On peut y recevoir 30 garçons épileptiques. L'aména-
gement de ces locaux a nécessité une dépense de 12,400 francs.
Dans les établissements ci-après, les quartiers ont été construits
en même temps que l'asile lui-même ou par les soins des ateliers
de l'asile. Les dépenses d'installation n'ont pas fait l'objet d'un
décompte spécial et ne peuvent par suite être évaluées.
Saint-Yon (Seine-Inférieure). Le quartier comprend 52 lits
pour les filles idiotes, imbéciles ou épileptiques, 46 enfants sont
actuellement traitées.Qu'e-ttt'cs (Seine-Inférieure).Le quar-
tier ne comprend que quelques locaux : un dortoir, un chaulfoir-
réfectoire, une petite salle d'école et un préau. On peut y placer
20 garçons idiots ou épileptiqnes. Evreux (Eure). Le quartier
peut recevoir 44 enfants (22 de chaque sexe). 15 enfants y sont
actuellement placés. Naugeat (Haute-Vienne). Le quartier est
affecté aux enfants du sexe masculin épileptiques et idiots. Le
nombre des places est de ? 5. Saint-lIIéen (Ille-et-Vilaine). - On
peut recevoir 20 enfants (10 de chaque sexe) idiots et épileptiques.
Il y a en ce moment 17 enfants en traitement. Saint-Dizier
(Haute-Marne). Le conseil général de la Haute-Marne, dans sa
session d'avril 1894, a approuvé un projet d'aménagement d'un
quartier spécial pour les épileptiques et idiots, dans un des bâti-
ments de l'asile de Saint-Dizier. Ce quartier pourra recevoir environ
15 malades. Le devis s'élève à 2,912 francs. La Charité (Nièvre).
La construction, à l'asile de La Charité, de quartiers spéciaux
aux jeunes idiots, épileptiques et pensionnat vient d'être également
décidée par le conseil général qui a voté pour cet objet des crédits
s'élevant à 528,000 francs. Les quartiers d'idiots pourront recevoir
100 malades des deux sexes, celui des épileptiques 70 et le pen-
sionnat 100.
Le Conseil général de la Somme n'a pas discuté à la session
VARIA. 173
d'août la question qu'il avait posée précédemment et au sujet de
laquelle il avait demandé les renseignements qu'on vient de lire.
Toutes ces tentatives sont assurément des plus louables et
nous ne pouvons personnellement que nous en féliciter. Mais,
suivant nous, si on ne veut pas commettre d'impairs, il serait
absolument indispensable, que le ministère de l'intérieur fit
dresser un programme précis des conditions que doivent
remplir les quartiers ou les asiles destinés aux enfants idiots,
arriérés et épileptiques. Il n'est pas de département, qui
n'en ait un nombre assez grand pour justifier la construction
d'un quartier ou d'un Asile-Ecole, d'au moins 300 enfants.
Quand cela est possible, il y a tout avantage à le placer à côté
d'un asile d'aliénés, dont les services généraux, s'ils ne sont
pas déjà insuffisants, pourraient être communs. D'ailleurs, le
programme étant accepté on pourrait ne construire les pavil-
lons qu'au sur et à mesure des besoins, ce qui réserverait
l'avenir pour ceux qui craignent que nos prévisions soient exa-
gérées. B. -
DE la SORTIE DES aliénés DES asiles.
N° 1. Sous le titre : L'envie de tuer, le Républicain Orléanais
du 16 décembre relate le fait suivant : « Un homme couvert de
sueur, les yeux hagards, la bouche écumante, entrait hier en coup
de vent dans les bureaux du commissariat de police du quartier
Clignancourt. '
« Il dit d'une voix fébrile : Je me nomme Gaston Poinsignon
et je suis âgé de trente-six ans. Je suis sorti avant-hier de l'asile
de Ville-Evrard avec un certificat constatant ma complète guérison.
J'avais été conduit dans cet établissement à la suite d'un accès de
folie furieuse. Or, continua l'homme en s'animant et en grinçant
des dents, depuis que je suis en liberté, un désir fou me possède,
une idée fixe s'est implantée dans mon cerveau... Il faut que je tue
quelqu'un. Hier, j'ai acheté un revolver, je me suis promené la
soirée entière dans Paris, cherchant une victime. J'ai rencontré
des femmes, des jeunes filles, des enfants... Mon arme était dans
la poche de mon vêtement, et j'avais le doigt sur la gâchette. Vingt
fois j'ai été sur le point de faire feu sur d'inotfensifs passants, vingt
fois j'ai eu assez d'énergie pour me contenir. Maintenant, je sens
que je suis à bout. Arrêtez-moi, si vous ne voulez pas que je fasse
un malheur ! ...
« L'infortuné Poinsignon avait à peine achevé de parler qu'un
jeune homme apportait au commissariat un revolver chargé qu'il
venait de ramasser dans la rue 'de Clignancourt : C'est mon
revolver, dit Poinsignon, je le reconnais. En venant ici, j'ai ren-
contré un petit garçon, je l'ai arrêté et je lui ai appliqué le canon
174 varia.
de mon arme sur la tempe. Je ne veux pas être un assassin, me
suis-je dit au moment de presser la détente... J'ai fait un violent
effort sur moi-même et j'ai jeté mon revolver dans le ruisseau pour
ne pas avoir la tentation de m'en servir.
« Tout en parlant, le pauvre fou fixait obstinément un coupe-
papier en métal qui se trouvait sur le bureau de M. Fédée :
Monsieur le commissaire, s'écria-t-il, enlevez ce coupe-papier, car
je vais m'en servir contre vous. Et il ajouta : Je sens que la
crise va venir, je ne vais plus être maître de moi, attachez-moi les
bras et les jambes ! En effet, Poinsignon se mit à écumer et à
rugir. On le ligota étroitement pour le conduire à l'infirmerie spé-
ciale du Dépôt. »
N° 2. Une scène pénible s'est déroulée, hier, rue Blomet, dans
une famille composée du père, M. L..., âgé de soixante-cinq ans,
de la mère et de deux jeunes filles de dix-neuf et de quinze ans.
L'aînée de celles-ci était sortie récemment d'une maison de santé
où elle avait été internée à la suite de dérangements cérébraux,
et semblait guérie, lorsque hier, à la suite d'une discussion futile
avec ses parents, elle a été reprise d'un subit accès de folie furieuse,
et a tenté d'élrangler son père et sa jeune soeur, en ce moment
alitée. Jeanne L... a été envoyée à l'infirmerie spéciale du Dépôt,
sur l'ordre de M. Duponnois, commissaire de police. (Le Journal,
29 nov.)
N3.-lin fou qui se livre. Un homme très correctement vêtu
se présentait au commissariat de police de M. Guénin, rue de
Provence, et lui tenait le discours suivant :
« Monsieur, je suis un fou dangereux et je viens vous prier
de me faire enfermer. En ce moment je suis très calme, mais je
sens parfaitement qu'une crise est prochaine. J'ai déjà été enfermé
deux fois à Charenton et une fois à Picpu; je suis propriétaire de
plusieurs maisons à Levallois et à Asnières et je vous prie de faire
prévenir ma famille à cette dernière commune où je suis domicilié.
Je préfère venir vous trouver avant qu'un accès me prenne, parce
qu'alors je suis en proie à une envie irrésistible de tuer n'importe
qui. M. Guénin fit droit à la requête de ce singulier fou et le fit
conduire à l'infirmerie spéciale du Dépôt. Durant le trajet, le
malheureux fut pris en effet d'une terrible crise et les agents qui
l'accompagnaient eurent grand'peine à le maintenir. »
Ces faits montrent combien la situation des médecins des
asiles est difficile quand il s'agit de signer la sortie des aliénés.
LES aliénés en liberté.
Folie furieuse : Un homme, jeune encore, sanglé dans une élé-
gante redingote, portant le ruban de la Légion d'honneur, adres-
- varia. 175 e
sait ce matin de vifs reproches à un gardien de la paix qui, étant
de faction sur le quai des Orfèvres, ne lui avait point rendu les
honneurs militaires. L'agent interloqué crut avoir affaire à un
mauvais plaisant et riposta vertement à l'inconnu.
Celui-ci s'élança à la gorge du factionnaire qu'il voulait étran-
gler pour lui apprendre à obéir. D'autres agents arrivèrent enfin
au secours de leur camarade et purent, après une lutte acharnée,
maîtriser l'assaillant qui fut conduit devant le commissaire de
police. Ce magistrat reconnut bientôt qu'il avait affaire à un
dément, le capitaine X... qui, à la suite de fièvres pernicieuses
contractées aux colonies, est sujet à de fréquents accès de folie
furieuse. Le malheureux a été écroué à l'infirmerie du dépôt. (Le
Républicain Orléanais.)
On lit, d'autre part, dans l'Indépendant Anxel'I'ois (nov.) :
« Voici les renseignements que nous envoie notre correspondant
sur le drame de la folie dont la petite commune de Jaulges a été le
théâtre : une de ces dernières nuits, vers quatre heures du matin,
Mme Ythier, femme d'un entrepreneur de battages, fut prise subi-
tement d'un accès de démence furieuse. Elle se leva, s'empara d'une
machine à coudre fonctionnant à la main et en asséna sur la tête
de son mari un coup très violent. '
« M. Ythier, malgré la grave blessure qu'il venait de recevoir,
eut la force de sortir de son lit et la chance de pouvoir désarmer
et maîtriser la malheureuse qui venait d'attenter à ses jours.
Un médecin, mandé auprès du blessé, a constaté que la plaie qu'il
portait à la tête, présentait un certain caractère de gravité. Il en a
immédiatement opéré le pansement et aujourd'hui M. Ythier va
aussi bien que possible. Quant à la pauvre folle, elle a été emmenée
à Etivey, où habitent ses parents.
« Ainsi que nous l'avons annoncé, la gendarmerie de Saint-
Florentin a procédé à une enquête au sujet de cette affaire. Comme
ce n'est pas la première fois que Mme Ythier est victime de dange- .
reuses crises cérébrales, il est probable que l'on se trouvera dans
la nécessité de la faire interner dans un asile d'aliénés. D
Les faits de ce genre sont si nombreux qu'ils nous parais-
sent motiver de la part de M. Léon Bourgeois une circulaire
à ses préfets pour les inviter, contrairement à la pratique
actuelle, à faciliter le placement des aliénés, à le provoquer
dés le début de la maladie, afin de donner aux malades plus de
chances de guérison, à la société plus de sécurité.
CONCOURS D'.\D311S1111LITl. aux emplois de médecin adjoint DES asiles
PUBLICS d'aliénés, INSTITUÉS par l'arrêté MINISTÉRIEL
DU 18 JUILLET 1888.
Par explication des arrêtés ministériels des 18 juillet 1888 et
176 FAITS DIVERS.
14 avril 18994, un concours pour l'admissibilité aux emplois de
médecin adjoint des asiles publics d'aliénés aura lieu à Paris, Lille,
Nancy, Lyon, Bordeaux, Montpellier et Toulouse, dans les derniers
jours du mois d'avril ou dans le courant du mois de mai prochain.
- Un avis ultérieur publié au journal officiel et dans le recueil des
actes administratifs de la préfecture du chef-lieu de chaque région
fera connaître la date exacte d'ouverture de chacun des concours
ainsi que celle à laquelle devront être parvenues au Ministère de
l'intérieur les demandes des candidats qui solliciteront l'autorisa-
tion de concourir. Les demandes peuvent être adressées, dès main-
tenant, au Ministère de l'intérieur, sous le timbre de la direction
de l'assistance et de l'hygiène publiques, premier bureau.
FAITS DIVERS.
Distinctions honorifiques. Nous sommes heureux d'annoncer
à nos lecteurs que nos amis et collaborateurs VI. le Dr BRIAND,
médecin en chef de l'asile de Villejuif, et M. le Dr A. Marie, mé-
decin en chef de la colonie de Dun-sur-Auron, viennent d'être
'nommés, le premier, chevalier de la Légion d'honneur, le second
officier d'Académie. Nous leur adressons à tous deux nos plus
vives félicitations. B.
Nécrologie. Le Dr GAUSTER, directeur de l'asile provincial de la
Basse-Autriche vient de mourir à Vienne, à l'âge de soixante-huit
ans (mars 1895). II était médecin en chef de l'asile de Vienne
depuis 1871 et directeur du même asile depuis 1885. Parmi ses
monographies : les Dégénérescences psychiques, dans l'Encyclopédie
de médecine légale de Maschka (1882); la Folie morale (1879), la
Paralysie générale progressive (Iahrb. f. Psychiatr., 1879); le Trai-
tement de l'épilepsie par les bromures (Wiener medicinische Presse,
1889); l'Epidémie d'influenza à l'asile de Vienne; son influence sur les
psychopathies (Wien. med. Presse, 1891). L'asile provincial de Kier-
ling-Gugging a été construit d'après ses plans. G.\l1STER a été pen-
dant de longues années vice-président de laSociété psychiatrique de
Vienne. (Jahrb. f. Psych., t. XIV, f. 1 et 2, 1895.) P. Sérieux.
Le rédacteur-gérant : l3oursarvn.e.
Evreux, Ch. HÉFTISSEY. imp. - 296.
Vol. I. Mars 1896. N° 3.
ARCHIVES DE NE Ir T " f% 'r 1% il 'F '"
ANATOMIE PATHO ? u ?
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CHANGEMENTS
-DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL DANS LA POLYNÉVRITE;
Par le D' SERGE SOUKIIANOFF,
Médecin de la Clinique psychiatrique de Moscou.
Peu de temps après que la polynévrite fut regardée comme
une entité morbide, liée avec la lésion des nerfs périphériques,
on commença à remarquer que dans cette maladie peuvent
aussi survenir différents changements du système nerveux cen-
tral. Ces anomalies apparaissaient le plus souvent et le plus
distinctement dans la moelle épinière et elles atteignaient
également la substance grise et la substance blanche. C'était
Vierordt', qui le premier avait décrit un cas pareil. Il avait
constaté dans son observation la lésion 'des faisceaux de Goll,
dans la moelle épinière ainsi que dans le bulbe. Il est à
remarquer cependant que dans le cas de Vierordt le tableau cli-
nique de la polynévrite alcoolique n'était pas constaté par les
recherches microscopiques.
Kahler et Pick 2 trouvèrent dans la polynévrite une vacuo-
lisation très distincte des cellules des cornes antérieures de la
substance grise. '
C'est M. le professeur Iiorsalcow3 qui démontra dans sa mo-
' Degeneration der Goll'scletz S/range bei einem l'olalor (Arch. f.
Psychiatrie, XVII, 36,i).
1 Voyez Korsakow. De la paralysie alcoolique, thèse de Moscou, 1887,
p. 300, 301. '
, Idem, p. 307. '
Archives, 2e série, t. I. ' 12
178 s ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
nographie bien connue, intitulée De la paralysie alcoolique,
plus nettement et plus définitivement les changements du
système nerveux central 'dans certains cas de la polynévrite.
D'après l'opinion de ce dernier auteur, ces changements con-
sistent dans l'atrophie et la vacuolisation des cellules, dans les
changements des vaisseaux, dans de petites hémorragies du
système nerveux, dans la multiplication du tissu conjonctif
(surtout dans les cordons postérieurs et latéraux de la moelle
épinière).
En examinant les cas que nous trouvons chez d'autres au-
teurs concernant les changements du système nerveux central
dans la polynévrite nous nous assurons, que ces altérations
avaient eu lieu pour la plupart du temps dans la moelle épi-
nière et dans le bulbe, mais elles ne furent pas partout égales.
C'est ainsi que Eichhorst1, dans son observation de la polyné-
vrite alcoolique, remarqua dans la région dorsale de la moelle
épinière une assez grande quantité de très petites hémorragies.
M71llç.in constata dans son cas une lésion de faisceaux pos-
térieurs, surtout auprès de la périphérie de la moelle épi-
nière, une dégénérescence des racines postérieures, une multi-
plication du tissu conjonctif des cordons latéraux et la
leptoméningite spinale.
Sharkey observa la prolifération des noyaux des cellules
dans la substance grise en général et la disparition des pro-
longements cellulaires dans les cornes antérieures en partie.
Schaffer aussi rencontra dans la polynévrite alcoolique
une atrophie des cellules des cornes antérieures et des cordons
de Clarke et une altération de la substance blanche, surtout
dans les cordons postérieurs, en forme des corps amylacés.
Payne démontre une altération aiguë de la moelle en forme de
la myélite. Dans le cas de M. Korsakow et de M. Serbskyb
1 Eichhorst. Neurilis fascians. Ein Beilra7 mzr Lehl'e von der Alco-
holnelll'itis H-c/t. Az·clz., B. 112, 1888, p. 237-259).
2 Willin.Alcoholie paralysies with central lésion (illed. 11'ews. July 13).
Voyez Jcclzresberichl ilber die Leisluiifleit und Forlschrilte in du ge-
sammten Medicin, 1890. Berlin, Jahrgang XXIV, B. II, I Abth. (Berichl
fui- das Jahî ? 1889, p. 116).
3 Schaffer. Ein Fait von Alcoholpccralyse mil centraient l3efuzcle.
Veurologisches Ceizlnalb., 1889, v. 6, p. 156. .
à Korsakow et Serbsky. Vu cas de psychose polynévriliqùe avec au-
lopsie. Sbornik posviaszonny prof. Kojéwnikow, 1890, p. 319-372.
DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL DANS LA POLYNÉVRITE. 179
fut constaté le développement très fort du tissu conjonctif dans
le faisceau de Goll.
Dans l'ouvrage de M. le professeur Kojéwnikow 1 sont
cités cinq cas de paralysie alcoolique avec autopsie, où l'on
trouva dans la moelle épinière des altérations qui ne furent
pas égales dans différentes observations ; mais, en somme,
elles consistaient dans l'élargissement des cylindraxes,
(observ. I), dans l'apparition de globules granuleux (observ.
II, III et IV), dans la vacuolisation des cellules (observ. III) et
dans la lésion des cordons postérieurs (observ. II et IV), laté-
raux (observ. II et IV) et antérieurs (observ. IV).
En comparant les cas de la polynévrite décrits dans la mo-
nographie de Pal2, se jette aux yeux l'altération fréquente des
cordons postérieurs et de la zone marginale de Lissauer et des
racines postérieures.
L'altération de ces dernières fut constatée de même par Bie-
deharlien 3. C'est lui qui remarqua dans son cas sur la coupe
transversale de la moelle épinière la disparition d'une grande
partie de fibres nerveuses.
Nous devons maintenant mentionner encore un ouvrage
concernant la question des altérations centrales dans la poly-
névrite alcoolique. C'est Campbell-, l'auteur de cet ouvrage
qui employa dans ces investigations la nouvelle méthode de la
coloration de Marchi.
Campbell cite quatre cas de la polynévrite alcoolique. Dans
le premier cas, dans la région du bulbe et de la protubérance,
« aucun centre ganglionnaire n'avait de changements patholo-
giques, mais tout le long de la voie pyramidale, on a trouvé
la dégénérescence disséminée des fibres nerveuses ».
Dans le même cas les fibres nerveuses dégénérées ont été dis-
séminées dans la moelle épinière. On observa la dégénérescence
partielle aussi dans les racines, et elle a été plus visible dans
les racines postérieures que dans les inférieures.
' Prof. Kojéwnikow. De la paralysie alcoolique. Westnik psycliiatrü,
1891, f. Il, p. 180-ZO9.
pal. Weber multiple Neurilis. M'ieii, 1891.
3 Carlllietlekarken. Ueber multiple insbesondere Alcoliol-Neurilis mil
Beschl'eieulI[1 eines Fatles von solchel'. 1892. Frelbnrg.
. Campbell. Ein l3eilrag zur pathologischen Anatomie der sogenann-
le,, l'olynettrilis alcoholica. (Zeitsclzrift /'ltr e<7/ti<; ! (/e, 1893, B. XIV,
H. 1, p. 11-f0.)
180 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
Dans sa seconde observation, Campbell remarqua la même
chose dans la région du bulbe et de la protubérance ; quant à
la.'moelle épinière, les fibres dégénérées disséminées tout le
long de cette dernière s'étendent en plus grande quantité dans
la zone marginale de Lissauer et dans les cordons et les racines
postérieures. Dans le troisième cas les cordons de Goll, la zone
marginale de Lissauer, la voie cérébelleuse et le faisceau de
Gowers contenaient le plus grand nombre des fibres dégénérées.
Quant au quatrième cas, la lésion était plus remarquable
dans le faisceau de Burdach, dans celui de Goll et dans la zone
marginale de Lissauer. En outre, Campbell rencontra des va-
cuoles et la pigmentation des cellules des cornes antérieures
et postérieures et des cordons de Clarke et souvent l'oblitéra-
tion du canal central.
En raison de ces faits, l'auteur en question a fait la conclu-
sion suivante : « D'après mon opinion, la dégénérescence mul-
tiple des nerfs périphériques doit s'accompagner d'un change-
ment sensible dans la moelle épinière (etj'envisage cela comme
règle), c'est-à-dire de la dégénérescence disséminée des fibres
nerveuses de la moelle avec la lésion spéciale de la zone
radiculaire de Lissauer et des cordons postérieurs. Et dans tous
ces cas, dans les racines postérieures était remarquée la dégé-
nérescence partielle. »
Ainsi après l'examen des travaux que nous venons de citer
concernant l'objet qui nous intéresse, nous voyons que la
lésion du système nerveux central, surtout de la moelle épi-
nière, dans la polynévrite, se rencontre très souvent.
Les nouvelles recherches nous permettent d'être d'accord
avec Campbell que les altérations de la moelle et de ses ra-
cines sont inévitables pour la névrite multiple. Sans doute le
degré et même la qualité de ces anomalies peuvent être diffé-
rents dans divers cas.
Le cas de la polynévrite alcoolique que nous allons décrire
nous sert d'exemple très visible des lésions aiguës et très pro-
noncées de la moelle épinière et en partie du bulbe.
Le malade âgé de vingt-un ans, entre à la clinique psychia-
trique de Moscou, le 26 mars de l'année 1895. Concernant l'héré-
dité nous avons appris les faits suivants : le père du malade était
un homme énergique et actif ; la mère était une personne ner-
veuse, irritable, déséquilibrée et elle souffrait de la migraine ; une
tante du côté paternel était une personne extravagante ; l'oncle et
DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL DANS LA POLYNEVRITE. 181
le grand-père du côté maternel abusaient des boissons, ses grands
parents étaient atteints d'hémiplégie; l'une des soeurs du malade a
eté sujette à une maladie mentale, la seconde mourut de phtisie, la
troisième décéda pendant des convulsions, quant à la quatrième,
c'est une personne déséquilibrée et qui s'entraîne à tout ; notre
malade est le cadet de la famille. Il est né à ternie, mais les
couches étaient longues et pénibles. Un jour, étant enfant encore,
notre malade en jouant aux chevaux, tomba et pendant une heure
il resta inconscient, .
Les personnes qui l'entouraient commencèrent à remarquer
dans sa tendre enfance encore, qu'il était nerveux et emporté.
Ayant un caractère doux, mais faible, il était très impressionnable.
Parfois le malade semblait énergique, s'emportait et s'animait sous
l'influence étrangère ; mais son énergie n'était jamais de longue
durée et n'apparaissait que par intervalles.
En somme, il était très insoucieux, étourdi, très mal équilibré,
doué d'une volonté faible et d'une humeur changeante et incons-
tante. Ayant commencé ses études très tôt, le malade était dans
deux écoles sans y avoir fini son cours ; plus tard il essaya d'entrer
dans une des universités à l'étranger ; outre cela il s'occupait à la
maison sous la direction de personnes instruites; mais il n'aboutit
à rien.
Notre malade commença à boire de très bonne heure, mais nous
ne pûmes savoir au juste quand. A treize ans, c'était déjà remar-
qué par son entourage. Et depuis lors il s'adonna aux boissons de
plus en plus. Avant, il avait des intervalles lucides, mais depuis
deux ans, il ne les a plus.
Son désir de boire n'avait pas de caractère d'impulsion irrésis-
tible, mais il était tout de même plus fort que la faible volonté du
malade. Ce dernier, pour se distinguer, inventait toutes sortes de
raisons : tantôt il se disait amoureux sans réciprocité, tantôt il se
plaignait d'un désenchantement général.
Au printemps de l'année 1892, le malade fut atteint de delirium
tremens, et ses parents furent obligés de le placer dans un des éta-
blissements spéciaux pour les alcooliques, à l'étranger, où il resta
trois mois et fut traité par l'hypnotisme ; mais notre malade
appartenait à la catégorie des personnes qui ne sont jamais
sujettes au sommeil suggéré. Bientôt après sa sortie de l'asile,
notre malade dans peu de temps recommença à boire avec excès.
En automne de l'année 1891, pendant un nouvel accès de deli-
rium tremens, notre malade se précipita par la fenêtre du second
étage, se donna des coups très accusés et resta quelques heures
inconscient. Au mois de décembre de cette même année, il a eu
plusieurs attaques épileptiques.
Nous ne pûmes savoir au juste le commencement de la maladie
présente ; nous savons seulement que deux mois avant l'entrée du
182 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
malade à la clinique psychiatrique, les personnes qui l'entouraient
remarquèrent qu'il avait une démarche mal assurée et se plaignait
de la faiblesse des pieds.
Presque en même temps son appétit qui n'était plus déjà bon,
devint encore pire et le malade eut des vomissements opiniâtres.
A la moitié du mois de février de l'année 1895, le malade se sentit
un jour plus mal, et que ses pieds se paralysaient de plus en plus.
En réalité, le degré de la paralysie devint si fort que le malade
fut obligé de garderie lit. Un mois et demi avant son entrée à la
clinique psychiatrique il cessa de boire.
Etat présent. Le malade est d'une assez bonne constitution, et
d'un embonpoint satisfaisant. Les oreilles et surtout les dents sont
celles d'un dégénéré. Le malade est faible et il ne peut ni marcher,
ni se tenir sur les pieds. Le côté droit de son visage se trouve en
état de légère parésie comparativement au côté gauche; dans tous
les mouvements mimiques la moitié gauche tire de son côté. La
langue tremble et est un peu déviée à droite. Il a un nystagmus
très accusé. Les membres supérieurs sont en général faibles, mais
le bras droit est visiblement plus faible que le gauche ; les mains
sont plus affectées comparativement que les muscles de l'avant-bras
et du bras.
Les mouvements actifs de la main droite sont faibles, mal coor-
donnés et maladroits et l'extension de la main gauche est presque
impossible.
La sensibilité générale des membres supérieurs est conservée,
quant à]la main droite elle est un peu émoussée. Les muscles du
tronc, à l'exception de la faiblesse des muscles abdominaux, ne pré-
sentent aucune anomalie. Les membres inférieurs se trouvent dans
la situation suivante : les mouvements actifs des cuisses sont pos-
sibles quoique faibles ; ceux des jambes sont encore plus faibles
ceux des pieds sont presque tout à fait impossibles, et dans les
doigts les mouvements actifs manquent totalement. Les réflexes
patellaires n'existent pas. Les muscles de la jambe et de la cuisse
sont douloureux à la pression des deux côtés. La sensibilité tactile,
est amoindrie sur les pieds plus que dans la région de la jambe et
de la cuisse. Certain mouvement des pieds, leur toucher et le
déplacement du malade sont très douloureux, et cette douleur
l'oblige à rester tranquille. Les pieds sont oedémateux. La peau est
boursouflée. Quant aux organes digestifs, il est à noter la dispo-
sition à vomir et des vomissements, la diarrhée et l'abdomen gon-
flé. Le pouls est accéléré (à peu près 120-130 dans une minute).
Le malade tousse assez fort. L'urine est concentrée ; sa quantité
est très diminuée ; elle ne contient ni albumine, ni sucre. L'état
mental du malade présente quelqups singularités.
Le nouvel entourage ne l'intéresse pas ; il est à tout indifférent
et seulement en voyant le médecin, il commence, comme un
DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL DANS LA POLYNÉVRITE. 183
enfant capricieux et impatient, à prier de fumer. Sa propre situa-
tion l'inquiète peu et il ne semble pas remarquer qu'il est sérieu-
sement malade. Quoiqu'il n'y avait pas de grandes affections de
la mémoire, mais cependant, en examinant l'état mental du ma-
lade scrupuleusement, on voit qu'il ne peut pas tout à fait bien
s'orienter dans les faits des jours derniers.
Lorsqu'on lui demande quel est le quantième aujourd'hui, il
ne répond pas toujours également. Les jours suivants de son
séjour à la clinique psychiatrique, les phénomènes paralytiques
s'aggravèrent progressivement. La toux augmentait et s'accompa-
gnait d'une expectoration abondante de pituite fétide. Dans
divers endroits de l'un et de l'autre poumon nous trouvâmes toutes
sortes de râles humides et secs, et il y avait des endroits où on
percevait à la percussion des sons émoussés. Mais la faiblesse du
malade ne nous permit pas de faire une plus exacte auscultation
et une percussion. '
Après quelques jours de l'entrée du malade à la clinique, on
trouva dans sa pituite les bacilles de Koch.
La quantité d'urine n'augmentait pas et restait très diminuée.
Le pouls était faible durant tout ce temps et accéléré (120-140 bat-
tements). La température oscillait irrégulièrement entre 37 et 40°.
Les vomissements et la diarrhée ne cessaient pas. L'abdomen
était gonflé. La faiblesse des muscles abdominaux s'accroissait.
L'observation de l'état mental du malade indiquait qu'il avait des
singularités. La mémoire devenait encore plus faible et encore
moins nette. 11 ne faisait guère attention à son état dangereux et
sa principale pensée était de demander à fumer; quelquefois il
demandait à aller à la maison « pour quelque temps en visite », disait-
il. Toutes ses prières d'aller à la maison et de fumer étaient très
monotones et stéréotypées, et il s'adressait avec la même prière à
certaines personnes. L'état physique du malade s'empirait pro-
gressivement et le 14 avril le malade succomba.
l'autopsie, qui a eu lieu le lendemain, donna les résultats sui-
vants : Cavité crazziezrze : Leptoméningite chronique très nette.
La substance du cerveau est oedémateuse. Les ventricules du cer-
veau sont dilatés. Sclérose des artères de la base du cerveau. -
Cavité du thorax et celle de l'abdomen. Dans la cavité de la
plèvre droite, on a trouvé une assez grande quantité de liquidité
ichoreuse, purulente et très fétide . Le poumon droit est comprimé
et il est accessible à l'air seulement dans sa portion supérieure.
Dans la partie supérieure de la portion inférieure du poumon
droit il y a une assez grande caverne avec perforation dans la
cavité de la plèvre. Par tout le poumon droit sont disséminés des
noeuds de diverses grandeurs et solidités. La plèvre du poumon
droit est couverte des membranes gris vert.
Le poumon gauche est adhérent légèrement en plusieurs endroits
184 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
à la plèvre correspondante. Sur le poumon gauche sont aussi dissé-
minées des adhérences, mais moins grandes ; dans quelques endroits
on voit des cavernes. Le coeur est d'une couleur de chair cuite. La
face interne de l'aorte est couverte de plaques athéromateuses.
La rate est un peu augmentée et flétrie. Le foie est ausssi augmenté
et d'une dégénération adipeuse. Les capsules des reins ne s'ôtent
pas facilement. Outre cela, les viscères ne présentent rien d'anor-
mal. ,
Les recherches microscopiques des nerfs périphériques, colorés
à l'aide de l'acide osmique, confirmèrent l'existence de la névrite
parencbymateuse. Pour cet examen nous primes les nervi dorsalis
pedis, peroneus, radialis (à la région du bras), ulnaris vagus et
phrenicus et nous vîmes que le procès morbide envahit surtout les
nervi dorsalis pedis et perorzeus, moins le zzervus radiales et très
peu le reste des nerfs en question.
Dans les nerfs gravement altérés, nous pouvions observer sur la
même préparation microscopique toutes sortes de degrés de des-
truction de la myéline'jusqu'à sa totale, disparition. Nous avons
aussi remarqué sur plusieurs préparations des endroits, où il y a
un semblant de la névrite segmentaire.
Examen microscopique de la moelle 1. Région lombaire. Sur les
coupes transversales, sur les préparations microscopiques, traitées
par la méthode de Marchi, la lésion des cordons postérieurs est
évidente, elle est distribuée dans ces derniers très inégalement.
La portion postéro-externe des cordons postérieurs a souffert le
plus. Il faut dire que même dans la région, où le procès morbide
est exprimé plus intensivement, on ne trouve pas une lésion
entière des voies conductrices, mais les fibres dégénérées se mêlent
avec les fibres saines. Ce qui concerne la portion antéro-interne
des cordons postérieurs, nous y trouvons beaucoup moins de fibres
dégénérées qu'à la région de l'altération la plus intensive.
Les fibres dégénérées sont aussi disséminées çà etlàdans les cor-
dons antérieurs et latéraux. Les racines postérieures ont assez
souifertes et en tout cas plus que les antérieures. Sur les couper
transversales de la moelle épinière on voit nettement que les fais-
ceaux des fibres dégénérées se dirigent des racines antérieures
ainsi que des racines postérieures vers la substance grise des
cornes correspondantes et traversent visiblement cette dernière
dans diverses directions ; surtout on le remarque dans les cornes
postérieures. Cela dépend de ce que la lésion des racines posté-
rieures est plus grave. Nous voyons encore comme les petits fais-
ceaux des fibres dégénérées se tendent vers les cellules de la corne
antérieure correspondante. Nous rencontrons aussi des fibres
dégénérées et dans la commissure antérieure.
1 Voyez la figure 15.
DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL DANS LA POLYNÉVRITE. '185
La région dorsale présente les mêmes altérations que nous venons
de décrire, avec la seule différence que la lésion des cordons posté-
rieurs est ici distribuée plus également, et c'est difficile de dire
quelle portion de ces cordons contient plus de fibres dégénérées. Ce
qui concerne les autres cordons de la moelle, c'est-à-dire les cor-
dons antérieurs et latéraux, il faut remarquer que la région dor-
sale contient plus de fibres dégénérées, que la région lombaire ;
surtout on voit la multiplication des fibres altérées dans les cordons
latéraux en général, bien que la lésion de ces derniers est moins
grave que celle des antérieurs. Nous trouvons aussi des fibres dégé-
nérées dans la commissure antérieure. Les racines postérieures
et antérieures tout aussi bien que la substance grise présentent les
mêmes anomalies, qui sont analogues à celles que nous venons de
décrire.
Renflement cervical '. Sur les préparations microscopiques de
cette région, traitées par la méthode de Marchi et de Weigert,
ainsi que sur les préparations colorées par le carmin, on voit
1 Voyez la figure 16.
1'iy. la.
Région lombaire.
Préparation, traitée par la méthode de Marchi.
186 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
déjà à l'oeil nu la lésion de la portion interne des cordons posté-
rieurs qui se nomme le faisceau de Goll. Un regardant sous divers
grossissements des préparations microscopiques de Marchi on voit
que la lésion des cordons de Goll est très grave et la quantité des
fibres dégénérées domine la quantité des fibres saines. La netteté
des esquisses des cordons de Goll dépend encore de ce que les
faisceaux de Burdach sont lésés dans le renflement cervical très
peu comparativement à la région lombaire.
Dans le faisceau de Burdach, la région qui est adjacente aux
racines postérieures, dont le procès morbide est aussi plus grave
que dans les racines antérieures, a soull'erte le plus. Dans les cor,
dons antérieurs et latéraux les fibres dégénérées ne sont pas très
nombreuses. Sur les préparations microscopiques traitées par la
méthode de Weigert la lésion des faisceaux de Goll se remarque
aussi, bien qu'elle ne soit pas visible, comme sur les préparations
colorées par la méthode de Marchi. La méthode de ce dernier nous
donne dans notre cas la plus nette présentation de la quantité des
fibres qui participent dans le procès morbide. Sur les préparations
microscopiques colorées par le carmin, de la région du renflement
cervical, les faisceaux de Goll ont nue autre coloration que
le reste de la substance blanche. Outre cela, nous voyons dans la
région altérée une multiplication des vaisseaux et une congestion.
Nous observons ce tableau seulement dans les faisceaux de Goll,
Fit. 16.
Région cervicale.
Préparation, traitée par la méthode de Marchi.
DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL DANS LA POLYNEVRITE. 187
mais dans ceux de Burdach il n'existe pas. Sur les préparations
microscopiques colorées par la méthode de Marchi et prises de
la région au-dessus du renflement cervical, les faisceaux de Goll
ont souffert tout autant que ceux du renflement cervical. Dans
les faisceaux de Burdach, la quantité des fibres dégénérées est
plus grande que dans les faisceaux antérieurs et latéraux. A la
périphérie de la moelle épinière, plus près du bord extérieur du
faisceau dégénéré de Goll que de l'entrée de la racine postérieure,
est située une agglomération de fibres dégénérées.
Outre tout ce que nous avons dit des changements de la moelle
épinière, il est remarquer que nous ne trouvâmes pas de lésion
des cellules de la substance grise, ni sur les préparations colorées
par le carmin, ni sur celles de Nissl.
Bulbe et protubérance (préparations traitées par la méthode de
Marchi). Voyez la figure 17. En examinant les coupes transver-
sales au niveau du croisement du lemniscus, nous remarquons très
Fifl. 17.
Bulbe (au niveau du croisement du lemlliscus).
Préparation, traitée par la méthode de Mardi).
188 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
nettement la lésion du {uniculus g1'acilis. Cette dernière est. la
continuation de la lésion du faisceau de Goll. Les fibres dégénérées
pénètrent à toutes directions le noyau du {uniculus cyzracilis.
- Au même niveau les fibres dégénérées se rencontrent dans le
fzczziculzcs cuneatus et dans son noyau et bien moins dans d'autres
systèmes conducteurs. Sur les coupes transversales du bulbe et de
la protubérance, où on voit les nervi hypoglossus, facialis, tibtîzt-
cens et oculomotorius, nous remarquons que tous ces nerfs cranieus
dont nous venons de parler, contiennent avec les fibres saines une
petite quantité des fibres dégénérées.
L'examen microscopique de l'écorce cérébrale par la méthode
de Marchi ne nous a pas donné des résultats définis.
Dans notre cas dela polynévrite dont nous venons de parler,
l'altération du système nerveux central nous présente un in-
térêt particulier, concernant le caractère de ce procès morbide,
nous pouvons dire que nous avons affaire à une maladie aiguë
de la moelle épinière et du bulbe. On peut s'en assurer facile-
ment en examinant les préparations microscopiques faites par
la méthode de Marchi, grâce à laquelle nous avons la possibi-
lité de constater un procès dégénératif frais dans la destruction
des fibres à myéline. Ce procès est tout à fait semblable à celui
que nous observons dans les nerfs périphériques pendant la
névrite parenchymateuse.
Noms voyons sur les préparations traitées par la méthode de
Marchi, outre des fibres dégénérées, disséminées çà et là parmi
les saines, que la dégénérescence envahit principalement les
cordons postérieurs et les racines antérieures et postérieures.
Dans la région lombaire le procès morbide a plus attaqué la
portion postéro-externe des cordons postérieurs que la portion
antéro-interne ; dans la région dorsale les faisceaux posté-
rieurs sont altérés plus également et dans l'intumescence cer-
vicale et plus haut ont souffert le plus les faisceaux de Goll et
leur continuation immédiate dans le bulbe, c'est-à-dire le funi-
culus graciés. Puisque la dégénérescence des racines posté-
rieures est très marquée sur toutes les préparations microsco-
piques traitées parla méthode de Marchi, il faut supposer que
la lésion des cordons postérieurs est une continuation du procès
morbide des racines correspondantes ; la distribution inégale
de la lésion des cordons postérieurs sur les différentes hauteurs
de la moelle épinière s'explique de la manière suivante : une
partie des racines postérieures continue sans interruption dans
les cordons postérieurs; les fibres radiculaires, après leur en-
DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL DANS LA POLYNEVRITE. '189
trée dans la moelle, s'approchent vers la ligne médiane et elles
se placent dans la portion externe des cordons postérieurs ; et
puis, en se rendant de plus en plus vers la ligne médiane elles
atteignent les cordons de Goll et font partie de ces derniers.
Le degré de la dégénérescence de la portion externe des cor-
dons postérieurs, c'est-à-dire des faisceaux de Burdach, n'est
pas égal sur les différentes hauteurs de la moelle; ce fait s'ex-
plique par cela que les racines postérieures sont plus atta-
quées dans les étages inférieurs que dans les supérieurs.
Quel rapport existe entre la lésion de la moelle et du bulbe
et la névrite multiple ? L'altération de l'appareil nerveux péri-
phérique, avec le changement très marqué de la moelle et du
bulbe et aussi des parties situées plus haut, les symptômes
cliniques du côté du cerveau (les vomissements et l'état men-
tal très caractéristique), tout cela indique que dans la maladie
nommée la névrite multiple, souffrent non seulement les nerfs
périphériques, mais le système nerveux entier. Nous connais-
sons plus les anomalies de la moelle qui sont observées dans
la polynévrite et qui consistent dans l'altération des éléments
cellulaires, de même que le changement des voies conduc-
trices. Ces changements ne se ressemblent pas dans chaque
cas. Quelquefois ils sont exprimés très nettement, d'autres
fois, au contraire, plus faiblement. La méthode de Marchi, qui
consiste dans la coloration des préparations à l'aide des chro-
mates et de l'acide osmique, est, selon nous, un réactif plus
sensible que la méthode de Weigert, concernant le système
nerveux central et surtout la moelle épinière dans la polyné-
vrite.
Dans notre revue historique nous avons déjà parlé des obser-
vations de Campbell qui a trouvé dans tous ces quatre cas dé-
crits par lui, une lésion des voies conductrices de la moelle
épinière, en se servant outre la méthode de Weigert de celle
de Marchi. Ce même auteur a fait une examen du bulbe et
de la protubérance et il réussit à constater ici les anomalies
semblables à celles de la moelle épinière. En ce qui regarde les
recherches microscopiques du cerveau, il faut remarquer que
jusqu'à présent on n'a pas trouvé de changements caractéris-
tiques même dans les cas où les symptômes du côté du cerveau
en forme de la psychose particulière avec amnésie étaient ex-
primés très nettement. Ce manque des changements microsco-
piques propres à la psychose polynévritique ne nous empêche
190 THÉRAPEUTIQUE.
pas d'envisager la névrite multiple comme une maladie de tout
le système nerveux et nous voyons que dans un cas existe
la lésion très profonde de la moelle épinière, dans un autre la
-moelle souffre comparativement peu, mais.la névrite multiple
est accompagnée des symptômes cliniques caractéristiques
pour la lésion du cerveau.
Pour l'explication des différents phénomènes observés dans
la polynévrite, il existeune théorie que l'on nommetoxémique.
Ses partisans supposent que la névrite multiple est provo-
quée par une auto-intoxication du sang et par un dérangement
particulier de la nutrition, ce qui se réfléchit, entre autre, sur
la qualité et sur la quantité de l'urine.
THÉRAPEUTIQUE.
PHARMACOLOGIE DU CORPS THYROÏDE; ,
Par M. YVON,
(Travail du laboratoire de thérapeutique de la Clinique des maladies nerveuses.)
L'action et l'efficacité thérapeutique du 'corp thyroïde contre
le myxoedème sont aujourd'hui démontrées d'une manière in-
contestable. Ce mode de traitement est entré définitivement
dans la pratique médicale. Divers modes d'administration ont
été préconisés, on emploie tantôt le corps thyroïde en nature,
tantôt après lui avoir fait revêtir diverses formes pharmaceu-
tiques. Nous passerons successivement en revue les points
suivants : 1° greffe directe du corps thyroïde provenant d'un
animal vvant; 2° injections sous-cutanées de suc ou d'extrait
thyroïdien; 3° administration du corps thyroïde en nature;
4° administration de poudre desséchée, de pulpe, d'extrait
fluide ou mou. ·
1° Greffe. - C'est à la physiologie et à la pathologie expéri-
mentales que sont dues les notions exactes de la pathogénie
du myxoedème et par suite les principes qui ont servi de base
PHARMACOLOGIE DU CORPS THYROÏDE. 191
a son traitement rationnel. En 1882, MM. Reverdin, d'un côté, et
Rocher, de l'autre, ont démontré, par une série d'observations,
qu'un certain nombre d'individus ayant subi l'extirpation du
corps thyroïde présentaient un ensemble de symptômes morbides
analogues à ceux que l'on constatait chez les myxoedémateux.
Reverdin désigna cet état pathologique sous le nomdeA/yoe-
dème opératoire et Rocher sous celui de Cachexie sl1'umip1'ive.
Reverdin attribua, sans hésiter, ces troubles à la sup-
pression des fonctions du corps thyroïde -par suite de son abla-
tion, et l'expérimentation physiologique faite postérieurement
par divers savants confirma cette manière de voir. La thyroï-
dectomie expérimentale fut pratiquée par Schiff, sur des
chiens, en 1884; par Horsley, sur le singe, en 188, par Gley,
sur les chiens, z1891-1892, par Moussu, sur le porc et plus ré-
cemment z3) par Christian ! sur les reptiles. Les expé-
riences de ces divers expérimentateurs ont fourni des résulats
concordants. Elles ont confirmé la théorie émise par Reverdin
et démontré d'une façon péremptoire que le myxoedème, l'idio-
tie myxoedémateuse et la cachexie strumiprive constituaient
trois variétés d'une même affection due à la suppression de
la glande thyroïde et à l'abolition de ses fonctions dans l'or-
ganisme'. Quelle est la nature de ces fonctions ? Elles vien-
nent d'être discutées par le D' Epelbaum dans sa thèse inau-
gurale, à laquelle nous faisons quelques emprunts. Schiff a
démontré que si l'on n'enlève pas entièrement la glande thy-
roïde chez un animal et que si on en laisse subsister un mor-
ceau, ce morceau s'hypertrophie rapidement et la cachexie ne
survient pas ; si d'autre part on introduit dans le péritoine
d'un chien thyroïdectomisé une glande thyroïde provenant
d'un autre chien, les accidents postopératoires n'apparaissent
pas aussi longtemps que la glande transplantée n'a pas été
résorbée.
En 1887 M. Bouchard a répété cette expérience : il enleva le
corps thyroïde à 12 chiens et les inclut dans le péritoine d'un
autre chien. Lorsqu'il supposa que la greffe avait eu le temps .
de se produire il enleva le corps thyroïde de ce chien et l'ani-
mal eut une survie de dix jours, alors que les ·1 ? autres chiens
étaient morts dans un délai de quatre à cinq jours. Des expé-
1 Voir : Bourneville. Archives de Neurologie, 1896, n° 1, p. 1 ;
Progrès méd., 1896, p. 66, travaux où sont rappelées un certain nombre
d'indications bibliographiques.
'1 92 THÉRAPEUTIQUE.
riences faites sur la toxicité des tissus, du sang et de l'urine,
par Gley, Lamori, Masoîn, Ragowitz prouvent que la glande
thyroïde semble agir en détruisant ou neutralisant les diverses
substances toxiques, et que les phénomènes qui suivent la
thyroïdectomie, sont dus à une auto-intoxication.
Ce sont ces faits qui ont inspiré à Horsley l'idée que si chez
un homme auquel on avait dû pratiquer l'ablation du corps
thyroïde, on greffait un fragment du corps thyroïde d'un ani-
mal, on empêcherait 'peut-être le développement de la cachexie
strumiprive : c'est là le point de départ du traitement chi-
rurgical du myxoedème. En 1887, une greffe fut pratiquée par
Rocher, mais sans succès. En '1889, Bircher put constater une
amélioration considérable chez un myxoedémateux auquel il
fit l'opération. En 1890, lllerklen présenta à la Société médi-
cale des hôpitaux une malade à laquelle Walther avait pratiqué
la greffe thyroïdienne sous-cutanée dans la région sous-mam-
maire avec un des lobes pris sur le mouton vivant; au moment
même de l'opération. La réunion de la plaie se fit par pre-
mière intention et les résultats furent très nettement favo-
rables. La même année, Bettancourt et Serrano opéraient une
femme qui ne paraissait pas avoir de glande thyroïde : ils in-
troduisirent dans le tissu sous-cutané de la région mammaire,
de chaque côté, la moitié d'une glande du corps thyroïde du
mouton. Les suites de l'opération furent très simples et les
résultats immédiats, ce qui autorise à penser qu'ils étaient
dus à une simple absorption des sucs des corps thyroïdes et
non à la réussite définitive de la greffe'.
Depuis cette époque, l'implantation directe du corps thy-
roïde fut pratiquée plusieurs fois ; mais cette opération ne
constitue pas un mode de traitement d'une application géné-
rale. On a été amené à le remplacer par les injections sous-
cutanées de suc thyroïdien comme cela était logique d'après
l'interprétation donnée du cas de Bettancourt et Serrano. On
pouvait de cette manière espérer un succès plus définitif et
plus durable.
Examinons d'abord de quel animal on doit faire choix pour
recueillir les glandes thyroïdes qui serviront aux diverses pré-
parations pharmaceutiques. On s'est adressé successivement
au boeuf, au veau, au mouton, au cheval, au porc.
1 Voir aussi : Lannelongue. Sur la transplantation de la glande
thyroïde, etc. Soc. de biologie, 8 mars 1890.
PHARMACOLOGIE DU CORPS THYROÏDE. 193
D'après les expériences de Gley, l'extrait des glandes thy-
roïdes du mouton serait moins actif que celui des glandes du
boeuf, mais tous les extraits sont actifs quelle que soit leur pro-
venance, pourvu qu'ils soient bien préparés.
On donne aujourd'hui la préférence aux glandes thyroïdes
du mouton bien qu'elles soient plus petites que celles du boeuf.
M. Permilleux, vétérinaire-inspecteur de l'abattoir de Gre-
nelle, donne, pour justifier cette préférence, les raisons sui-
vantes : chez le mouton la tuberculose est excessivement
rare, pour ne pas dire douteuse, tandis que chez le boeuf il
peut se trouver des tubercules ganglionnaires qui échappent
aux recherches les plus minutieuses. De plus, suivant les pra-
tiques en usage dans la boucherie, on sectionne la tête du
mouton par une incision faite au niveau de la partie moyenne
du larynx, puis on enlève un morceau de la trachée d'une
longueur de 5 à 6 centimètres ; c'est précisément dans cette
partie que se trouve le corps thyroïde, on peut donc se le pro-
curer sans déparer les morceaux de boucherie.
2° Injections sous-cutanées de suc thyroïdien. -Ce fut B. Mur-
ray qui fit les premières tentatives en 1891 ; voici comment il
préparait le liquide injectable. Un lobe du corps thyroïde
d'un mouton qu'on vient de tuer est débarrassé de tout tissu
graisseux et conjonctif puis coupé en petits morceaux que l'on
place dans un tube à essais : on y ajoute ensuite 1 centimètre
cube de glycérine et 1 centimètre cube d'eau phéniquée à
0 gr. où p. 100. On buuche le tube avec un tampon de coton
aseptique et on laisse en rapos pendant vingt-quatre heures
dans un endroit frais. Au bout de ce temps on exprime forte-
ment dans un petit linge préalablement stérilisé par immer-
sion dans l'eau bouillante et l'on obtient par expression et
filtration environ 3 centimètres cubes de suc. Cette quantité,
qui correspond à un lobe de corps thyroïde, sert pour deux
injections. Cette méthode s'est depuis cette époque généralisée
et a été perfectionnée par Gley, Bouchard, Chorrin et Bour-
neville en 1893 et depuis par d'autres expérimentateurs.
Gley a fait connaître le procédé suivant : la glande thy-
roïde est d'abord divisée avec des ciseaux, puis triturée dans
un mortier avec une petite quantité de sable et d'eau salée;
on exprime, puis on filtre le liquide ainsi obtenu. Pour cette
dernière opération on peut se servir d'une bougie de porce-
laine en suivant le procédé de d'Arsonval.
Archives, 2° série, t. I. 13
194 THÉRAPEUTIQUE.
M. Gley a encore pratiqué la filtration avec une bougie de
porcelaine; mais sous faible pression et même a tout simple-
ment filtré sur du papier ou du coton de verre convenablement
- tassé. Le liquide obtenu dans ces derniers cas est beaucoup
plus riche en matières albuminoïdes et cliniquement beaucoup
plus actif que celui obtenu par filtration à travers une bougie
de porcelaine sous forte pression. Toutes ces opérations doi-
vent être faites d'une manière rigoureusement aseptique.
Aujourd'hui on prépare le plus souvent les extraits liquides
en suivant la méthode de d'Arsonval qui utilise l'acide carbonique
liquide comme moyen de stérilisation et de filtration sous pres-
sion ; on opère sur un mélange à parties égales de glande,
glycérine et eau salée. Les liquides ainsi préparés sont parfaite-
ment aseptiques ; mais leur activité thérapeutique est, ainsi
que l'a remarqué Gley et depuis d'autres expérimentateurs
variable et inférieure à celle des extraits préparés par les
autres méthodes de filtration aseptique. Le procédé qui donne
les meilleurs résultats est le suivant qui m'a été communiqué
par M. le Dur Roux.
' Les corps thyroïdes doivent être enlevés sur l'animal le plus
rapidement possible après qu'il a été sacrifié. Le prélèvement
doit être fait d'une manière rigoureusement aseptique. Les
lobes débarrassés de la graisse et du tissu conjonctif sont saisis
avec une pince stérilisée et jetés dans une boîte en verre cons-
tituée par deux cristallisoirs dont le plus grand sert de cou-
vercle et peut recouvrir entièrement l'autre : ces cristallisoirs
ont été préalablement stérilisés à l'autoclave et tarés à la
balance. Lorsqu'on a recueilli une quantité suffisante de corps
thyroïdes, on les porte au laboratoire et on les pèse ; ce qui est
facile puisque l'on a préalablement déterminé la tare des cris-
tallisoirs. On divise alors avec des ciseaux stérilisés les corps
thyroïdes sans les sortir du vase qui les contient puis on les
arrose avec deux fois leur poids d'un mélange de 2 parties de
glycérine pour 1 partie d'eau préalablement stérilisée et on
laisse en contact pendant vingt-quatre heures dans un endroit
frais. Au bout de ce temps on verse le mélange dans une petite
allonge fermée par un tampon de coton et stérilisée; on reçoit
le liquide dans de petits tubes. L'extrait ainsi détenu est
moins limpide que celui qui a été préparé d'après le procédé
de d'Arsonval, mais il est infiniment plus actif et se conserve
bien.
PHARMACOLOGIE DU CORPS THYROÏDE. 195
Le titre des extraits liquides obtenus par les divers procédés
est variable ; et par suite la dose que l'on doit injecter ne peut
être fixée d'une manière uniforme. En se conformant aux
indications de M. le D'' Bra qui adopte comme moyenne des
divers titres celui de un cinquième, on peut injecter 4 centi-
mètres cubes par semaine; mais cette dose peut être dépassée.
Le praticien que nous citons dit que l'on doit diviser le traite-
ment en deux périodes : dans la première, qui comporte le
traitement actif, et dans laquelle on constate une amélioration
progressive des symptômes, il convient de faire une injection
de solution au cinquième tous les deux ou trois jours ; dans la
seconde, que l'on peut appeler période de l'amélioration sta-
tionnaÏ1'e, il suffit pour prévenir les récidives de faire une
injection tous les huit ou quinze jours.
3° Administration du corps thyroïde en nature. Les pre-
mières applications du traitement du myxoedème par le corps
thyroïde ont été faites au moyen de la méthode hypodermique.
Ce mode de traitement donne de bons résultats, mais il n'est
pas sans présenter des inconvénients; il nécessite l'interven-
tion continue du médecin ; peut provoquer des abcès si les
liquides injectés ne sont pas parfaitement stérilisés ; en outre
l'activité de ces liquides est variable suivant le mode de prépa-
ration et de stérilisation. Pour ces raisons on donne aujour-
d'hui généralement la préférence à l'administration par voie
stomacale. De nombreuses observations publiées en Angle-
terre, Allemagne, Norvège, Danemark et en France montrent
que ce mode d'administration donne des résultats aussi mar-
qués que les injections hypodermiques et les malades l'acceptent
plus facilement. On peut employer soit les corps thyroïdes en
nature, soit diverses préparations pharmaceutiques.
Lorsqu'on veut employer le corps thyroïde en nature il est
tout d'abord nécessaire de bien fixer l'unité thérapeutique.
La glande thyroïde est une glande bilobée : l'unité thérapeu-
thique sera un lobe, c'est-à-dire une demi-glande. Ce point est
important à bien établir pour éviter des confusions qui se sont
déjà produites. Le poids d'un lobe varie de 1 gr. 05 à 1 gr. 20
ce qui fait pour la glande entière 2 gr. 10 à 2 gr. 40.
MU. Howitz et Ehlers conseillent de hacher les glandes après
les avoir décortiquées et fait légèrement cuire; on les fait
ensuite ingérer soit directement soit avec l'eau qui a servi à
les faire cuire. ,
196 THÉRAPEUTIQUE.
MM. Fox et Mackensie font macérer dans une petite quantité
d'eau pendant une demi-heure la glande thyroïde coupée en
petits morceaux : on exprime et l'on mélange avec du thé de
- boeuf le liquide ainsi obtenu. Au lieu de faire cuire dans l'eau
le corps thyroïde, Fox conseille de le faire griller légèrement,
pensant avec raison que cette cuisson superficielle altère moins
les propriétés thérapeutiques que la coction.
On administre également le corps thyroïde finement haché
absolument comme de la viande crue. C'est à ce mode d'admi-
nistration que le D'' Marie donne la préférence, il présente
d'après lui les avantages de la simplicité. 11 évite les risques
d'introduction dans le tissu sous-cutané des matières septiques
qui peuvent toujours être contenues dans un extrait de glande
quelque soigneusement préparé qu'il soit. Un autre avantage
très appréciable, consiste dans le contrôle toujours facile soit
de la fraîcheur, soit de la nature même de la glande (il est
parfois arrivé de voir présenter comme corps thyroïde soit du
thymus de mouton, soit même des ganglions lymphatiques.)
Enfin, pour les mêmes motifs que M. Permilleux, M. Marie
donne la préférence au corps thyroïde du mouton.
4" Préparations pharmaceutiques du corps thyroïde. A côté
des nombreux avantages que nous venons d'énumérer, l'adminis-
tration du corps thyroïde frais et en nature présente quelques
inconvénients. Il n'est pas toujours facile de se procurer en
tout temps et en tous lieux des glandes fraîches, et de plus ce
mode d'administration n'est pas toujours accepté facilement
par le patient. C'est pour ces raisons qu'un certain nombre de
préparations officinales ayant pour base le corps thyroïde ont
été préparées tant en France qu'à l'étranger : nous allons les
passer successivement en revue.
Poudre desséchée et pilules.- On peut après avoir recueilli les
glandes thyroïdes , les avoir bien débarrassées de tous les
tissus étrangers, les couper en petits fragments et les dessé-
cher à une basse température de manière à éviter la cuisson.
Mais la graisse assez abondante dans la glande communique à
cette poudre une odeur assez désagréable. MM. Nielsen et
IIaslund, de Copenhague, administrent cette poudre sous
forme de pilules qui en renferment chacune 5 centigrammes
associés à de la poudre de cacao destinée à masquer l'odeur ;
on en administre jusqu'à 8 par jour, ce qui correspondrait,
d'après les auteurs, à environ un lobe de corps thyroïde. Cette
PHARMACOLOGIE DU CORPS THYROÏDE. 197
poudre desséchée peut également être introduite dans des ta-
blettes ou incluse dans des capsules gélatineuses.
Extraits, glycérine ou aqueux. Murray recommande de
diviser le corps thyroïde en petits morceaux et de le faire
macérer dans un poids égal de glycérine : on exprime, puis
on filtre et l'extrait ainsi obtenu est administré par gouttes;
la dose doit être quatre fois plus élevée que celle qu'on donne
en injections hypodermiques.
M. Catillon conseille d'employer un extrait aqueux préparé
avec l'eau distillée qui est ensuite évaporée à une basse tempé-
rature et en prenant toutes les précautions voulues ; cet extrait
se présente avec la belle couleur rubis du sang frais, ce qui
écarte toute idée d'altération.
Cette couleur ne subsiste pas dans la poudre qui est grise ;
de plus la matière grasse est éliminée. D'après M. Catillon, la
glande fraîche fournit 20 p. 100 d'extrait, et 27 a 28 p. 100 de
poudre sèche. Cet extrait peut être mis sous forme pilu-
laire ou introduit dans une tablette à la dose de S centi-
grammes. Ces deux formes pharmaceutiques représentent
alors 25 centigrammes de glande fraîche. Il faudrait employer
7 centigrammes de poudre pour représenter cette même quan-
tité de glande fraîche.
Davies a conseillé l'emploi d'un extrait sec que l'on peut
réduire en poudre et qui représente 8 fois son propre poids de
glande fraîche.
Les diverses préparations que nous venons d'indiquer néces-
sitent toujours que l'on soumette la glande thyroïde à cer-
taines manipulations nécessitant l'emploi soit de la chaleur,
soit de dissolvants. La forme capsulaire peut, jusqu'à un cer-
tain point, mettre à l'abri de toute cause d'altération et assure
en outre la conservation très longue du produit. M. Ferdinand
Vigier opère de la manière suivante : après avoir recueilli des
corps thyroïdes il les débarrasse des corps étrangers qu'ils
peuvent renfermer, tels que graisse, petits kystes, etc., dont
la proportion atteint parfois 40 p. 100 du poids de la glande.
Cette opération terminée, on pulpe le corps thyroïde et on
le mélange avec du bi-borate de soude et de la poudre de
charbon de manière à obtenir une masse sèche que l'on divise
en capsules renfermant une quantité de 10 centigrammes de
tissu thyroïde frais. D'après l'auteur, cette préparation n'ayant
'198 THÉRAPEUTIQUE.
pas subi l'action de la chaleur ne s'altère pas et conserve
longtemps ses propriétés thérapeutiques.
Nous avons eu, M. Berlioz et moi, occasion de rechercher
un mode de préparation pharmaceutique du corps thyroïde et
voici celui auquel nous nous sommes arrêtés. Les glandes
recueillies aussitôt que possible après la mort du mouton sont
débarrassées de tous tissus étrangers puis immédiatement sau-
poudrées de poudre d'acide borique de façon à permettre de les
transporter au laboratoire sans avoir à redouter d'altération.
On les triture alors dans un mortier avec du sucre en morceaux
et une nouvelle dose d'acide borique ; le sucre absorbe une
grande partie du suc de la glande et l'on obtient un mélange à
peu près exempt de liquide ; on le dessèche dans le vide aune
température qui ne dépasse pas 30° puis on la divise en petites
masses que l'on enrobe ensuite dans une couche de gélatine.
Chacune des capsules ainsi obtenues correspond à '10 centi-
grammes de glande fraîche. Un kilogramme de glandes thy-
roïdes telles qu'on les reçoit de l'abattoir fournit en moyenne
300 grammes de pulpe débarrassée de tous tissus étrangers et
ce poids se trouve réduit à 80 gr. 50 par dessiccation.
Chaque lobe de glande thyroïde pesant en moyenne
1 gr. z3 et fournissant environ 0 gr. 302 de poudre (soit
26,8 p. 100), il faut 3 de ces capsules pour représenter un lobe
soit une unité thérapeutique.
Thyroéidine et tlayroprotéine. M. Wermerhen a désigné
sous le nom de tliyroïdine une substance amorphe qu'il croit
être le principe actif de la glande thyroïde et qu'il extrait de
la manière suivante : la pulpe thyroïdienne est laissée en
contact pendant vingt-quatre heures avec le double de son
poids de glycérine, on exprime et l'on filtre ensuite sur du
coton hydrophile, on ajoute de l'alcool absolu en liquide filtré
et l'on précipite la thyroéidine.
Notkine a retiré du corps thyroïde une substance à laquelle
il a donné le nom de thyroprotéide ; cette substance serait,
d'après l'auteur, la cause déterminante du myxoedème, en
s'accumulant dans le sang. Le véritable produit de la glande
serait un ferment soluble qui neutralise la thyroprotéide et la
transforme en thyroïdine, produit de sécrétion utile ; cette
neutralisation s'effectue dans la circulation générale.
RECUEIL DE FAITS.
INSTABILITE MENTALE, ALCOOLISME, CRISES
HYSTÉRIFORMES, GUÉRISON;
Par MM. BOURNEVILLE et J. BOYER.
SOMMAIRE.Rt : )Me : 9 : e ! Kett<S insuffisants sur la famille patemelle.-
Mère migraineuse. - Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de
cinq ans. - Émotion vive au septième mois de la grossesse avec
perle de connaissance. - Parole complète, seulement à trois ans.-
A dix ans, influenza, otite suppurée, trépanation. - A douze ans,
modification du caractère, violents accès de colère. Céphalalgies,
vanité exagérée. Excès de boisson. Crises hystériformes fré-
quentes. - Description du malade à treize ans. - Traitement mé-
dico-pédctgogique. - Disparition des crises et de l'irritabilité ne ?
veuse. - Amélioration progressive de l'état moral. - Guérison.
Camille C..., né à Paris en 1880, est entré à l'Institut médico-
pédagogique le 9 avril 1893.
Antécédents {Renseignements fournis par le père et la mère, en
mai 1893). - Père, quarante ans, bien portant, grand et fort,
marchand de vins en gros. Aucun renseignement précis sur la
famille du père. Il n'y aurait dans sa famille, ni aliénés, ni ner-
veux, ni apoplectiques, ni paralytiques, ni difformes.
dlère.-1·rente-cinq ans, bien portante, grande, forte, lympha-
tique, grosse, pas de convulsions de l'enfance, nerveuse, facile à
conlrarier. Migraines accompagnées de vomissements avant ou
après les règles. Etourdissements, troubles de la vue, « je vois
double, comme du brouillard, quelquefois des flammes, un jour
ou deux avant mes époques ». Pas d'attaques de nerfs. Pertes de
connaissance de treize à quatorze ans. Réglée à douze ans et demi.
- [Famille de la mère. - Père, bien portant, cultivateur, sobre.
Mère, douleurs dans les jambes, pas de migraines. Aucun cas de
démence ou de paralysie.] Pas de consanguinité; inégalité d'âge
de cinq ans.
Deux enfants : 1° notre malade; 2° garçon de quatre ans, bien
venant, pas de convulsions, intelligent.
Notre malade. - Conception au dix-huitième mois du mariage;
200 0 RECUEIL DE FAITS.
entente complète, pas de chagrins. Grossesse, assez bonne, ni
chute, ni coups; émotion au septième mois : la mère a eu une dis-
cussion avec une femme qui. l'avait insultée; syncope consécutive
;de quinze minutes, puis, douleurs abdominales qui ont fait croire
que l'accouchement allait avoir lieu. - Accouchement à terme,
naturel, sans chloroforme, assez long, les grandes douleurs ont
duré douze heures. A la naissance, pas d'asphyxie, bel enfant;
à un mois, il pesait 9 kilogrammes. Elevé au sein par sa mère,
sevré à quatorze mois, marche à treize mois, parole de bonne
heure, mais n'a bien marché qu'à trois ans, propre à six mois,
première dent à quatre mois, dentition complète à dix-huit mois.
Rougeole à trois ans; scarlatine peu après. Pas de variole; pas
d'angine, cependant très « susceptible » de la gorge ; le D' Heyniel'
aurait conseillé la section des amygdales. Pas de dartres, ni de toux.
L'enfant a été placé dès l'Age de sept ans dans une école pu-
blique de la Creuse. A neuf ans il a été à une école primaire de
Paris. On en était très content. A eu son certificat d'études à
douze ans (1892).
En janvier 1890, influenza. Fn septembre, refroidissement, otite
suppurée à gauche ; trépané deux fois par M. Menière en novem-
bre 1890 et en décembre 1892.
Début de la maladie actuelle en décembre 1892. L'enfant
avait toujours eu un caractrèe diffice, hautain et désobéissant. A
cette époque, il devient violent et emporté, n'en fait qu'à sa tête,
se moque de sa mère, la menace. Depuis le mois de janvier 1893,
accès de colère à la moindre contrariété : frappe du pied, renverse
les chaises. Il veut une bicyclette, son père refuse, il se sauve et va
en louer une.
En février, première crise nerveuse : l'enfant était en train
de déjeuner, il s'est trouvé mal, sans motif, sans contrariété, il
est tombé de sa chaise, son corps était « mou », il a repris connais-
sance au bout de dix minutes, il a pleuré abondamment en reve-
nant à lui. Trois jours après, deuxième crise, même aspect,'on
venait de lui reprocher sa mauvaise tenue à table. Depuis, crises
fréquentes, sans perte de connaissance, ce sont plutôt des accès de
colère : il se roule par terre, se cogne la tête, se tire les cheveux;
cela lui arrive tous les jours; c'est toujours après une contrariété.
Depuis le mois de février, céphalalgies ; pas de vertiges, parfois,
face un peu congestionnée.
Idées de grandeur, ne veut pas travailler : « Je ne suis pas né
pour cela, » ne cesse-t-il de répéter. 11 ne veut même pas débar-
rasser la table, après les repas. Onanisme depuis l'âge de cinq ou
six ans.
Les parents ne savent à quoi attribuer la maladie, ils s'accusent
l'un et l'autre de l'avoir trop gâté. Ils pensent qu'il a du boire en
INSTABILITÉ MENTALE. 201
cachette dans le débit de vins qu'ils tiennent. Du reste l'enfant
nous l'a avoué lui-même plus tard. « Le matin surtout, et quel-
quefois dans la journée, nous a-t-il dit, quand j'avais soif, je pre-
nais au comptoir de ma mère un bon verre de vin blanc, et
comme il me fallait entamer une bouteille, je la vidais pour que
mes parents ne s'en aperçoivent pas. » Une fois, en dînant chez
des amis, il s'est grisé avec du cidre, il se roulait par terre et ne
voulait pas se coucher. Aucun enfant de la famille ne lui res-
semble.
État du malade à son entrée le 9 avril 1893 à l'Institut médico-
pédagogique. - a) État physique. - Physionomie intelligente et
malicieuse; les yeux sont vifs, mais jamais complètement ouverts,
paupières en accent circonflexe; lorsque l'enfant rit aux éclats, ce
qui lui arrive souvent, les yeux sont presque entièrement fermés.
L'oeil gauche est plus fermé que le droit. L'enfant a subi une opé-
ration dans l'oeil gauche parce qu'il louchait. L'iris est marron
foncé. Les cils sont noirs et courts, les sourcils clairsemés et blonds
avec une forte solution de continuité; les cheveux châtain clair,
abondants, assez fins. Peau satinée, teint mat; visage rond, joues
pleines, légèrement rosées. Léger affaissement dans l'habitude
générale du corps. La tête est un peu rejetée en arrière, le tronc
arqué, les bras pendants, les jambes molles. Légèie palmature
entre les deuxième et troisième orteils des deux pieds. Pieds creux.
A la main gauche, cicatrice consécutive probablement à un abcès
scrofuleux. Poitrine et tronc bien conformés. Cicatrice en dehors
de l'olécrâne gauche, cicatrice de vésicatoire sur la partie moyenne
du bras gauche. Derrière l'oreille gauche, cicatrice se terminant en
infundibulum. La peau est Une, sensible aux contusions. Les
oreilles sont bien faites, la gauche coule toujours.
Puberté : visage glabre ainsi que les aisselles, le tronc et les
membres. Rien au pénil ni aux bourses qui sont pendantes, plus à
gauche qu'à droite. Testicules égaux de la grosseur d'une noix
moyenne. Tendance au varicocèle à gauche. Prépuce un peu long.
Méat normal un peu dirigé en bas, légère adhérence à la base du
gland en haut.
b) État physiologique. - Un peu apathique, se fatigue vite, aime
à changer d'occupation, est capable de montrer de l'activité, mais
pour un moment seulement. Quand il marche, il fléchit sur ses
.ïambes, et prend le bras de la personne qui l'accompagne. -
Très irritable, un rien l'agace et l'énervé. - Parle haut et fort,
bavarde sans cesse. Très sensible au froid. Pas de mouve-
ments spasmodiques. Les mouvements volontaires s'accomplis-
sent normalement. - Les organes des sens ne présentent rien de
particulier, sinon la vue qui est faible ; myopie accentuée. - Fonc-
tions respiratoires, circulatoires et digestives, rien de particulier.
Tendance à la constipation. - Sommeil bon; pas de cauchemars.
202 RECUEIL DE FAITS.
c) Etat psychologique. L'intelligence parait être normalement
développée. L'attention et la réflexion sont possibles. L'enfant
arrive à résoudre des problèmes assez compliqués. Dans sa con-
versation, on sent qu'il raisonne assez bien pour son vue, ne dit
jamais de naïvetés et fait preuve souvent de beaucoup de logique
dans ses déductions. A l'entendre causer on constate qu'il a lu
beaucoup de romans-feuilletons, a fréquenté le théâtre, aimait les
drames, nous dit-il. - Se fait une idée juste de ce qui l'environne,
a du reste une instruction élémentaire convenable. Pêche plus par
étourderie que par ignorance. - Imagination peu vive. Préfère
le calcul à toute autre occupation scolaire. - En résumé, au point
de vue du développement intellectuel, l'enfant a les apparences
d'un enfant normal.
d) Etat instinctif et moral. - Camille a l'instinct de la conser-
vation personnelle très développé. Peureux, n'irait pas seul dans
un appartement, même dans la journée, et cependant si l'on n'y
veillait, se livrerait à toutes sortes d'exercices dangereux. Peu
d'ordre dans ses affaires, il faut lui dire à chaque instant de ranger
ce dont il vient de se servir. - Aime à dire que telle ou telle chose
lui appartient, n'est, pas égoïste. - Foncièrement indépendant
et indiscipliné. Ne fera telle ou telle chose que parce qu'elle lui a
été défendue. Si on lui résiste, se met à crier, à frapper du pied
et à se rouler par terre, affecte de ne pas faire comme les autres,
mauvaise tenue en classe, à table où il se couche à moitié près de
son assiette. Siffle continuellement. Très vaniteux, dans les dis-
cussions tranche en maître. Sait et connait tout. Très fat. - N'a
de respect pour qui que ce soit. Il faut prendre beaucoup de
ménagements pour lui parler. - Aime qu'on s'occupe de lui. Sen-
timents affectifs exagérés; souvent importun par ses câlineries
qu'il prodigue à la personne dont il veut obtenir quelque chose.
Très osé, se rend vite familier. - Paraît avoir la notion du bien et
du mal, il lui arrive de morigéner ses camarades. - Volonté
active et énergique; quand on veut la contrecarrer, crises de
colère. - Aime la société. - Tendance à l'onanisme. Yeux cernés
au réveil. Instinct génésique précocement développé.
Traitement. - Bain d'un quart d'heure tous les huit jours,
douche complète en jet en éventail (30") tous les jours, gymnastique
et travaux manuels, travail intellectuel à heure fixe, traitement
moral. - Injections auriculaires à l'eau boriquée tiède.
1893. Avril. - Le jour de son entrée à l'Institut médico-péda-
gogique, Camille C... a eu une violente crise de colère accompagnée
de mouvements convulsifs. Ses parents durent le quitter à l'impro-
viste. Dès qu'il s'en aperçoit, Camille se met à pousser de véritables
hurlements : il se jette à terre en donnant des coups de pied et
des coups de poing. On ne peut l'approcher. Par moments son
INSTABILITÉ MENTALE. 203
corps se raidit et parait agile de mouvements convulsifs. Il ne
s'arrête pas de crier. Grossièretés obscènes à l'adresse des personnes
qui sont près de lui.
Nous faisons semblant de ne pas nous occuper de lui, nous le
plaçons sur une pelouse et nous nous éloignons en le surveillant.
Pendant une heure et quart, Camille C... n'a cessé de crier, de
pleurer et de se rouler en projetant les pieds et les poings de tous
côtés. La face est congestionnée, les oreilles sont pourpres. Il ne
s'arrêta que lorsque ses forces furent à bout. Il resta un quart
d'heure immobile, il paraissait essoufflé. Nous nous approchâmes
de lui en l'invitant à se lever, il nous écouta, se leva et nous sui-
vit. Il resta une heure sans paraître faire attention à ce que nous
lui disions. Il se mit à lable, mangea modérément. La nuit fut
bonne, le lendemain il était habitué à son nouveau genre de vie.
Il fut aussitôt, soumis à un travail régulier.
liai. Même traitement. Nous constatons déjà une sérieuse
amélioration. Camille travaille à heure fixe, il s'occupe au jardi-
nage et à des travaux de terrassement. Il a fallu insister beaucoup
pour l'entraîner. S'y est mis au bout de deux semaines. Se rend
utile. Fait lire de petits camarades plus jeunes que lui. A eu cepen-
dant une petite crise de colère le 17, parce qu'on ne voulait pas lui
prêter un outil dangereux. Camille a frappé du pied, crié et pleuré,
mais comme on ne fit pas attention à lui, il s'est calmé lui-même,
et est venu faire des excuses. Durée vingt minutes. Le 21 mai,
l'enfant va passer chez lui les fêtes de la Pentecôte. Il rentre sans
difficulté le 24. Ses parents sont très heureux de l'amélioration
obtenue. - Durant' ce mois, l'écoulement de l'oreille gauche a
persisté, mais les' douleurs que l'enfant éprouvait paraissent avoir
disparu.
Juin. Même traitement : les injections auriculaires à l'eau
boriquée, sont remplacées par des injections d'une solution de
sublimé. - Le mois de juin a été bon. Une crise de colère le 15,
qui n'a pas duré cinq minutes. - L'amélioration s'est accentuée.
L'enfant est docile aux ordres qu'on lui donne. Sa tenue est moins
négligée. A table ne s'accoude plus. Ne fait rien sans demander la
permission. Fait preuve de persévérance dans son travail. Ne laisse
plus un travail inachevé. Beaucoup plus sociable, joue sans dis-
puter avec des camarades plus jeunes que lui. L'enfant ne paraît
plus avoir de migraine. L'écoulement de l'oreille gauche est
beaucoup moins abondant.
Juillet. - Même traitement. L'enfant est de plus en plus tran-
quille. - Au 14 juillet, ses parents le font sortir une seconde fois.
Ils en sont tellement contents qu'ils décident, un peu prématuré-
ment peut-être, de le reprendre à la fin du mois.
Nous avons eu l'occasion de revoir Camille C... à trois reprises
204 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
différentes depuis son départ de l'Institut médico-pédagogique.
Toutes les fois les parents nous en ont fait des éloges. En nous
quittant il a été passer deux mois à la campagne et, en octobre 1893,
.- il est entré comme interne au collège de Sens, où il est encore en
ce moment. Il est en quatrième moderne, et dans une classe de
vingt-quatre élèves il occupe le huitième rang. Nous avons pu lire
ses bulletins trimestriels, ils fournissent tous sur le travail de
Camille de bonnes notes, et ne se plaignent en rien de sa
conduite (janvier 1896).
Les accidents observés chez cet enfant consistaient beaucoup
plus en troubles moraux, qu'en troubles intellectuels. L'irrita-
bilité croissante du caractère, les accès de colère et les crises
nerveuses nous paraissent devoir être rattachés à l'alcoolisme.
Grâce à l'isolement qui a supprimé les excès de boissons, il
l'hydrothérapie et au traitement moral, nous avons obtenu une
assez prompte guérison. Deux ans et demi se sont écoulés
depuis, et il n'y a pas eu de rechute.
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE
PATHOLOGIQUES.
I. SUR LES lésions microscopiques caractéristiques QUI S'OBSERVENT
DANS LE CERVEAU DES ALIÉNÉS; DÉMONSTRATION PRATIQUE; par
T.-S. CLOUSTUN, James Middlemass et W.-F. Robertson. (The
Journal of mental science, octobre 1894.)
Il s'agit ici d'une démonstration pratique, faite à l'Association
médico-psychologique au moyen de préparations microscopiques ;
ces préparations ont trait : 1° anatomiquement : à la dure-mère, à
la pie-mère et à l'arachnoïde, aux vaisseaux sanguins, à la névro-
glie, aux cellules nerveuses, aux fibres nerveuses; 2° clinique-
ment, à la paralysie générale, à la folie alcoolique, à l'idiotie
épileptique, à la folie sénile, à la manie aiguë (puerpérale), à la
manie chronique, à la folie avec hallucination de fouie, à la
démence secondaire, à la mélancolie viscérale.
Les préparations histologiques présentées étaient au nombre de
soixante-trois. R. M. C.
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 205
IL Un cas DE PORENCÉl'HALIE j par CONOLLY NoRUAN et Alec. FRAISER
(Tlae Journal of mental science, octobre 1894.)
Nous regrettons vivement de ne pouvoir rendre compte comme
il conviendrait de cette remarquable observation. La partie cli-
nique est un peu courte et un peu insuffisante, ce qui tient sur-
tout à ce que le diagnostic exact n'a pas été fait pendant la vie.
En revanche la partie anatomique est traitée avec beaucoup de soin
et de détail par M. Fraser. Malheureusement pour nous, qui ne
pouvons reproduire ici les planches, le travail de M. Fraser renvoie
presque à chaque paragraphe à des planches qui ne comprennent
pas moins de vingt-cinq figures; ces planches éclairassent admi-
rablement la lecture du texte; mais leur absence l'obscurcirait à
peu près complètement; nous préférons renvoyer le lecteur que ce
sujet intéresse au texte même du recueil anglais et aux belles
planches qui l'accompagnent : il ne regrettera ni son temps ni sa
peine. R. M. C.
III. SUR LES éléments constitutifs normaux D'UNE circonvolution
ET SUR LES EFFETS DE LA STIMULATION ET DE LA FATIGUE SUR LA CI : L-
LULE NERVEUSE DÉMONSTRATION PRATIQUE ; par J. B.ITTY-TuKE. (The
Journal of mental science, octobre 1894.)
Il s'agit ici d'une démonstration pratique, faite devant l'Associa-
tion médico-psychologique, à l'aide de préparations histologiques
et de projections lumineuses, etayant surtout pour objet de démon-
trer la très grande valeur de la méthode de Golgi dans l'élucida-
tion des importantes relations anatomiques qui existent dans le
cerveau de cellule à cellule et de région à région. R. M. C.
IV. Dualité DE l'action cérébrale; par Samuel-B. Lyon.
(The Neiv-York Médical Journal, 27 juillet 1895.)
Le cerveau est-il un organe physiologiquement dysymétrique,
dont une moitié ne prend aucune part à la formation des idées,
des émotions et des actions intentionnelles, ou bien ses deux moi-
tiés agissent-elles à l'unisson, en vue d'un but unique, c'est là une
question qui n'est pas encore résolue, et sur laquelle les auteurs
les plus compétents ne sont pas d'accord. On rencontre, chez les
aliénés, des cas où s'observent deux caractères différents et même
si diamétralement opposés que l'on a peine à croire qu'on est en
présence d'un seul et même individu. Dans le Brain, le Dr Lewis-
C. Bruce a publié un cas intéressant de dualité de l'action céré-
brale. - Son malade présentait un cas de double conscience, et
dans sa condition seconde il n'avait aucun souvenir de sa condition
première : dans l'une de ces conditions, il était droitier, dans
206 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
l'autre il était gaucher; dans l'une il parlait anglais, dans l'autre il
se servait imparfaitement de la langue du pays de Galles. Dans le
premier état, qui était le plus normal, son pouls était fort et plein;
. dans le second, il était faible, avec tension artérielle basse. Le
Dr Bruce tire de ce fait des conclusions favorables à la dualité de
l'action cérébrale.
La possibilité d'une action indépendanle des deux hémisphères
n'est d'ailleurs pas une idée nouvelle : elle a été soutenue d'une
manière intéressante par Luys dans une série d'articles de l'Encé-
phale en 1888.
Déjà, en 1864, Follet, à l'asile de Quimper, était arrivé à la con-
clusion que, chez les épileptiques tout au moins, il y avait inéga-
lité de poids entre les deux hémisphères cérébraux ; Jaffa a fait
aussi des recherches dans cette direction, et il a publié la très inté-
ressante observation d'un malade qui se croyait double et chez
lequel on trouva, à l'autopsie, une inégalité marquée des deux
hémisphères. '
Si l'on recherche sur quelles preuves cette théorie du dédouble-
ment de l'activitécérébrale peut être établie, on trouve tout d'abord
ce fait remarquable que l'écart normal de poids entre les deux
lobes cérébraux, dont le maximum habituel est de 5 ou 6 grammes,
de 7 au plus, au bénéfice du lobe gauche, est absolument inverse
dans les cerveaux d'aliénés; ce simple fait révèle une rupture de
l'équilibre entre les activités dynamiques que chacun des deux
lobes est capable d'exercer. Ajoutons que la différence de poids
chez les aliénés peut aller de 18 à 40 grammes.
« Ces conclusions inattendues, dit l'auteur, si d'autres recherches
viennent les confirmer, nous conduiront à penser que dans le
processus morbide de l'aliénation mentale, les actes nutritifs sont
dirigés en sens inverse de leur direction chez l'homme sain, et
cela au profit de l'hémisphère droit; celui-ci... en se'dévelop-
pant isolément devient l'instrument de la folie. »
Nous résumons ici l'observation publiée par l'auteur :
1\J ! lc X..., vingt-trois an ? entre à l'asile pour son troisième accès
de folie ; le premier remonte à quatre ans et a duré trois mois;
le second, de même durée, remonte à deux ans et l'accès actuel
dure depuis quatre mois. Depuis six mois l'aménorrhée est com-
plète. La crise actuelle a débuté par des actes bizarres, de l'inco-
hérence du langage et de l'excitation bruyante. La malade a des
aliénés dans sa famille. Normalement, ses allures sont modestes,
son intelligence au moins moyenne, son éducation au-dessus de la
moyenne. L'excitation a augmenté allant jusqu'à la violence dans
les acles : elle tient des propos orduriers; elle insulte ceux qui
l'entourent; elle chante, elle frappe et elle mord, le tout en parais-
sant conserver une excellente humeur. Au moment même où elle
accomplit des actes bruyants ou violents, elle reconuait'qu'elle est
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 207
très méchante, mais se glorifie de l'être, et déclare que ce qu'elle
a fait de mieux depuis son entrée a été de mordre une autre
malade. Il faut cinq infirmières pour l'habiller ou la déshabiller,
et elle ne perd pas une occasion de frapper ou de mordre. A cer-
tains moments elle parle raisonnablement : ses parents étant venus
la voir, elle se montre aimable avec eux, puis au moment de leur
départ, elle crache sur eux. Elle dit qu'elle regrette d'être mé-
chante, mais qu'elle ne peut pas faire autrement; elle promet
cependant d'essayer de se contraindre; ce qui ne l'empêche d'ail-
leurs ni de mordre, ni de pincer son infirmière jusqu'au sang, ni
de lui donner des coups de pied. Elle sait tout ce que l'on dit d'elle,
observe très bien, et possède une excellente mémoire. Elle dit à
son père qu'elle sait bien qu'elle est une malade très difficile; elle
se loue des infirmières et prie son père de leur apporter des ca-
deaux. Au moment même où elle tient ce langage à son père, il
ne faut pas, pour la maintenir, moins de deux infirmières, qu'elle
s'efforce à tout instant de mordre ou de frapper à coups de pied.
Elle parait honteuse des actes qu'elle commet, mais elle persiste
dans ses efforts pour nuire, et est incapable - elle le proclame
d'ailleurs - de résisler à ses impulsions méchantes. Sa conversa-
tion est raisonnable, et même intéressante.
Ainsi voilà une jeune fille naturellement aimable, douce, d'édu-
cation raffinée, de tendances presque religieuses, qui durant une
attaque d'aliénation mentale a une tendance irrésistible à com-
mettre des actes qui contrastent énergiquement avec sa nature; et
au moment même où elle accomplit ces actes, où elle s'y aban-
donne sans réserve, elle en est profondément honteuse, elle les
déplore et s'en excuse avec une sincérité qui paraît complète. Le
cas est doublement intéressant, d'abord au point de vue de la
dualité de l'action cérébrale; ensuite parce que, à la suite d'une
ovariotomie, pratiquée cinq ans plus tard, elle est demeurée
indemne de tout désordre mental : cette immunité dure déjà
depuis deux ans, alors que durant les neuf années précédentes,
elle n'a pas eu moins de cinq attaques d'aliénation mentale, ces
attaques devenant chaque fois plus prolongées tandis que les inter-
valles lucides devenaient au contraire plus courts.
En dehors de la théorie qui admet la dualité de l'action céré-
brale, il faut reconnaître que les discordances mentales dont cette
jeune fille est un intéressant exemple, sont bien difficiles à expli-
quer. R. DE lUSGRAVE-CLAY.
V. Deux ABCÈS DU cerveau, causés par UNE EMBOLIE septique CON-
S1CU'fIVE A une plaie par arme A FEU du poumon, datant DE trente-
deux ANS ; par J.-T. F.SELLIDGE et CLAYTON 1ABEnLLL. (The 11'eIU-
York Médical Journal, 10 août 1895.)
Le malade dont il s'agit, avait cinquante-deux ans ; il y a trente
208 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
ans, pendant la guerre de la Sécession, il fut blessé par une balle
de carabine Minié : le projectile fractura la septième côte gauche
et se logea dans le lobe inférieur du poumon droit : il ne put être
extrait, et bientôt le malade présenta des symptômes pulmonaires
dont les plus importants furent des hémoptysies répétées et fré-
quentes. Cependant sa santé lui permettait d'occuper des fonc-
tions importantes dans l'administration d'une affaire industrielle.
Le 16 février 1893, vers le soir, sans cause appréciable, les muscles
du côté gauche de la face et du pharynx présentèrent des contrac-
tions cloniques répétées et d'une durée de deux à trois minutes.
La portion frontale du muscle occipito-frontal se contractait des
deux côtés, mais surtout à gauche. Le clignement de l'oeil gauche
était constant, et tous les muscles du côté gauche de la face étaient
assez énergiquement contractés ; il y avait en même temps une
contraction des muscles du pharynx donnant lieu à du gargouille-
ment pharyngé ; les muscles du larynx participaient plus légère-
ment à cet état convulsif. Le côté droit de la face demeurait
presque complètement indemne. La déglutition, pendant les pa-
roxysmes, était très difficile. Le malade demeurait absolument
conscient. Interrogé pour savoir s'il souffrait, il indiquait la région
antérieure droite de la tête et répondait : « Oui. » Après la crise,
les muscles du côté gauche de la face demeuraient légèrement con-
tractés, et la face elle-même était un peu tirée vers la gauche. Les
rémissions duraient de dix à quinze minutes. Le clignement inces-
sant empêchait d'examiner le fond de l'oeil ; tous les réflexes parais-
saient normaux, et aucun autre muscle que ceux du côté gauche
de la face, ceux du pharynx, et - beaucoup plus légèrement
ceux du larynx, n'était atteint.
L'auteur pensa que le diagnostic ne pouvait hésiter qu'entre
une embolie et une thrombose, l'âge du malade et l'absence de
tout souffle cardiaque devant toutefois faire pencher la balance eu
faveur de la thrombose ; s'il avait connu alors la nature de la
lésion pulmonaire, il aurait au contraire adopté le diagnostic
d'embolie infectieuse. Le lendemain, les crises convulsives avaient'
disparu, mais les muscles qui en avaient été le siège étaient en
état de parésie, et la langue était légèrement déviée à gauche. La
déglutition était difficile, provoquait la toux, et était suivie de
régurgitation par les voies nasales.
Il n'y avait pas d'aphasie, mais les troubles musculaires ren-
daient l'articulation de la parole un peu indistincte. Pendant trois
ou quatre jours le malade fut assez bien, mais continua à se
plaindre de céphalalgie.
Le 21 février, on note une paralysie presque complète des muscles
du côté gauche de la face, une déviation nette de la langue à
gauche, un léger ptosisà gauche et une grande difficulté de la
déglutition. L'intelligence est lucide, mais déprimée : le malade
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 209
répond correctement aux questions, mais avec une lenteur intellec-
tuelle qui est loin de lui être habituelle. - Rectifiant alors son
diagnostic, l'auteur, mieux informé, est d'avis qu'une embolie
infectieuse partie d'une des veines pulmonaires a pénétré dans
l'une des branches de la cérébrale moyenne droite, et qu'il y a
lieu de craindre un abcès du cerveau.
Le 27, la paralysie du côté gauche de la face est complète, la
prostration est très grande, la constipation est rebelle. - L'acti-
vité intellectuelle est ralentie et très émoussée. - Du 5 au 7 mars
tous les symptômes s'aggravent et la paralysie s'étend au bras
gauche où elle devient vite complète. Du 8 au 11, la paralysie se
généralise, et une opération est décidée, mais ne peut être prati-
quée que le 13 ; à cette date, le malade entre dans le coma, et
l'avis unanime des médecins réunis est que, à moins d'une prompte
intervention, le malade ne peut pas vivre au delà de vingt-quatre
heures.
L'opération est pratiquée par le Dr Parkhill, le Dr Eskridge
ayant préalablement délimité sur le crâne le point où devra être
appliquée la couronne de trépan, point qu'il a fixé à peu près à
égale distance de l'extrémité inférieure du sillon de Rolando et de
la branche horizontale de la scissure de Sylvius. A un pouce et
demi de profondeur dans la substance cérébrale, un trocart explo-
rateur rencontra une résistance considérable ; on était évidemment
sur la paroi de l'abcès, et, en effet, cette résistance vaincue, on vit
immédiatement sortir une once ou une once et demie de pus. La
plaie fut fermée selon la méthode ordinaire.
L'auteur entre ensuite dans le détail des symptômes constatés
après l'opération. 11 y eut d'abord une amélioration ; mais bientôt
le malade retomba dans la prostration, et alla s'affaiblissant ; il
fallut recourir il l'alimentation artificielle, et le 17 mars le malade
succomba. Nous résumons ici le résultat de l'autopsie, seulement
en ce qui touche le cerveau : dans le lobe frontal de l'hémisphère
droit, on trouve un abcès enveloppé d'une capsule résistante ayant
détruit et remplaçant presque toute la substance blanche des deux
tiers antérieurs et inférieurs de ce lobe. Cet abcès s'étendait en
arrière jusqu'à environ 1/8 de pouce du bord antérieur du ventri-
cule latéral de la cavité duquel il était séparé à la fois par sa mem-
brane d'enveloppe et par l'effacement dû à des adhérences du
tiers antérieur de la cavité ventriculaire. Cet abcès n'intéressait
pas directement la région motrice ; le pus était de couleur brun
verdâtre sale, épais, et très fétide ; il y en avait environ trois
onces. Un second abcès, plus petit que le premier, également en-
kysté, fut trouvé dans la substance blanche, immédiatement au-
dessous de la portion inférieure des circonvolutions frontales et
pariétales ascendantes et des parties qui avoisinent l'extrémité
inférieure du sillon de Rolando (troisième frontale). Son enveloppe
AnCaIVES, 2e série, t. I. 14
zizi REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
que le trocart du chirurgien avait percée pendant l'opération était
moins résistante que celle du grand abcès. Les deux abcès ne com-
muniquaient pas : autour d'eux le tissu cérébral était un peu
ramolli.
L'auteur termine par quelques considérations sur l'origine, le
diagnostic, la localisation des abcès du cerveau : il pense que dans
quelques cas, il ne serait pas impossible, avec du soin et de l'atten-
tion, de diagnostiquer un double abcès du cerveau, tel que celui
qui fait l'objet de cette observation. R. DE )IUSGRAVE-CLAY.
VI. LES altérations morbides DU système cérébro-spinal chez LES
aliénés âgés; par Alfred-W. C.11PDELL. (The Journal of mental
science, octobre 1894.)
Durant ces dernières années, les altérations subies parle système
nerveux des vieillards ont été l'objet de travaux assez nombreux,
mais elles n'ont guère été étudiées au point de vue spécial de
l'aliénation mentale : c'est le point particulier que l'auteur se pro-
pose d'étudier.
Altérations macroscopiques de l'encéphale. - Les adhérences de
la dure-mère et de la voûte crânienne sont fréquentes. Les héma-
tomes situés au-dessous de la dure-mère, que l'on désigne aujour-
d'hui sous le nom de pachyméningite hémorragique interne, qui
sont si fréquents dans la paralysie générale, ne sont pas rares
dans la folie sénile. La quantité du liquide que l'on rencontre sous
la dure-mère est invariablement augmentée. L'arachnoïde est géné-
ralement opaque et les corpuscules de Pacchioni sont hypertro-
phiés. La pie-mère est ordinairement épaissie; elle est ordinaire-
ment facile à détacher, 'mais quelquefois elle entraine avec elle du
tissu cérébral, comme cela arrive dans la paralysie générale.
Tous les cerveaux séniles d'aliénés que l'auteur a examinés pré-
sentaient une atrophie plus ou moins marquée et une diminution
de poids plus ou moins considérable. La surface cérébrale est géné-
ralement ferme : sur une section, l'écorce est de nuance foncée, et
sa strialion manque de netteté. La substance blanche participe à
l'atrophie superficielle; elle est de consistance ferme. On y re-
marque quelquefois de petits îlots brunâtres de sclérose, restes de
la résolution d'hémorragies périvasculaires. L'état criblé décrit
par Durand-Fardel est commun chez les athéromateux. Les
espaces périvasculaires, en plusieurs points, sont ordinairement
dilatés, et sont fréquemment le siège d'hémorragies miliaires
dues à l'altération des vaisseaux : les points où ces hémorragies
se rencontrent le plus souvent sont, par ordre de fréquence : le
segment extérieur du noyau lenticulaire, les deux autres segments
de ce même noyau, puis le noyau caudé, et enfin la couche op-
tique. Les ventricules sont toujours considérablement dilatés et
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 211 I
' contiennent un excès de liquide. L'épendyme ventriculaire est ordi-
nairement épaissi mais non granuleux. Les plexus choroïdes sont
communément vésiculeux, et la glande pinéale a un aspect sable.
Le corps piluitaire est souvent atrophié surtout dans sa moitié
supérieure. Enfin, l'état athéromateux du cerveau des vieillards
détermine fréquemment des thromboses et des embolies, avec
ramollissement consécutif.
Altérations microscopiques de l'encéphale. Une section de
l'écorce cérébrale révèle un épaississement de la pie-mère et de
l'arachnoïde ; à la surface corticale, on rencontre souvent des
corpuscules dits amyloides. La profondeur de la première couche
cellulaire corticale est ordinairement diminuée, et la présence dans
cette couche de nombreuses cellules étoilées, est, comme l'a
montré Bevan Lewis, presque caractéristique de la folie sénile. Des
cellules étoilées plus petites se rencontrent souvent dans la subs-
tance blanche. Tous les degrés de dégénérescence de la cellule
nerveuse peuvent se rencontrer dansles cerveaux des vieux aliénés ;
il est commun aussi de trouver une augmentation des noyaux péri-
cellulaires et des noyaux de la névroglie; mais l'altération la plus
frappante et la plus constante dans ces cerveaux séniles, celle qui
atteint toutes les cellules, quelle que soit leur taille, c'est la dégé-
nérescence pigmentaire. - Les éléments constitutifs des vaisseaux
cérébraux de l'écorce ne se dégagent pas nettement, et leurs espaces
périvasculaires sont ordinairement dilatés, ce qui donne naissance
à l'état criblé déjà indiqué.
Altérations de ta moelle épinière. Presque invariablement on
constate un amoindrissement du diamètre de la moelle et une
diminution de son poids. Les membranes sont épaissies et se déta-
chent plus facilement qu'à l'âge adulte. La quantité du liquide
cérébro-spinal est accrue. Histologiquement, sur une coupe
transversale traitée par la méthode de Marchi, on remarque, dissé-
minées dans la substance blanche, des fibres nerveuses en état de
dégénérescence, que l'acide osmique colore en noir. Ces fibres
dégénérées sont visibles, en plus petit nombre, dans les racines,
soit antérieures, soit postérieures : on trouve même dans ces
racines des îlots absolument dépourvus de fibres nerveuses nor-
males. La pigmentation exagérée des cellules ganglionnaires,
situées dans les cornes antérieures et postérieures, et dans les
colonnes vésiculaires de Clarke, est un caractère constant. La dégé-
nérescence de ces cellules est loin d'être aussi fréquente qu'on
serait tenté de le supposer. On constate ordinairement une hyper-
plasie du tissu cotineclif, aboutissant à la destruction par compres-
sion, d'un grand nombre de fibres longitudinales. Les vaisseaux
sanguins présentent également des particularités intéressantes.
Dans toute la substance blanche, mais surtout dans les régions qui
sont le siège d'une sclérose par compression, leurs parois sont
212 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
épaissies : dans la substance grise, il en est de même, et on note
en outre la dilatation des espaces périvasculaires. Il faut signaler
encore l'abondance des corpuscules amyloïdes surtout au niveau
du sillon antérieur, ainsi que l'hypertrophie de l'épendyme du
canal central.
Altérations des nerfs périphériques. Quel que soit celui des
nerfs périphériques d'un aliéné âgé que l'on soumet à l'examen,
on est certain d'y constater des modifications importantes. Sur une
coupe transversale colorée par la méthode de Marchai, on constate
que quelques-unes des fibres subissent une dégénérescence paren-
chymateuse aiguë; mais ce qui frappe le plus vivement l'observa-
teur, c'est la diminution considérable du nombre des grands
cylindres nerveux sains. Cette diminution est, en général, à peu
près égale dans les divers faisceaux constitutifs du nerf, mais il
arrive quelquefois qu'elle est notablement plus accusée dans quel-
ques-uns d'entre eux. Les espaces laissés vides par la disparition
de ces fibres sont remplis de substance et de débris III)ro-cel lu 1 aires,
et en ou ! re - c'est là un fait intéressant que l'auteur a maintes
fois constaté - de fibres nerveuses très menues, qui, tout en pos-
sédant un cylindraxe très net, n'ont qu'une gaine de Schwann
très mince et très délicate. D'autre part, les altérations intersti-
tielles ne sont pas rares : le périnèvre et l'épinèvre peuvent être
considérablement épaissis, et quelquefois ils sont infiltrés de cellules
graisseuses. Les modifications présentées par les vaisseaux sanguins
du tronc nerveux sont intéressantes ; on peut presque dire que leur
épaississement est la règle générale ; cet épaississement s'observe
surtout dans la tunique adventice, mais il peut se manifester sur
la tunique interne au point d'effacer presque complètement la
lumière du vaisseau. Les petits vaisseaux qui courent le long des
fibres nerveuses, sous le périnèvre, sont souvent le siège d'altéra-
tions très accusées; ils subissent un épaississement énorme et
empiètent sur les tubes nerveux adjacents, jusqu'à provoquer, par
compression, la destruction d'un certain nombre de ces tubes ;
ils s'obliLèrent souvent et se transforment alors en une masse
solide, cylindrique, fibro-celluleuse ou homogène. Les altéra-
tions qu'on vient de signaler se rencontrent à un égal degré et
sont de même nature dans les nerfs sensitifs et dans les nerfs
moteurs. \
Il semble seulement qu'ils soient d'autant plus altérés qu'ils sont
plus voisins de la périphérie Plusieurs auteurs ont remarqué la
prédisposition des nerfs vagues à subir des altérations dans d'autres
formes de névrite, par exemple dans la polynévrite alcoolique, dans
la diphtérie, dans la paralysie générale des aliénés ; le fait parait
demeurer exact en ce qui concerne la névrite sénile, car, dans
plusieurs cas, l'auteur a rencontré des altérations étendues du nerf
vague.
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 213
Ce mémoire se termine par quelques considérations intéressantes
sur la pathogénie des lésions qui viennent d'être signalées. R. M. C.
VU. Atrophie ET sclérose du CERVELET; par C. HUBERT-Bo\D.
(The Journal of mental Science, juillet 1895.)
La physiologie du cervelet demeure encore obscure et contro-
versée ; il en est de même de ses relations fonctionnelles avec le
reste du système nerveux central. L'auteur rappelle et résume au
début de ce travail les diverses théories physiologiques qui ont été
proposées, et publie ensuite l'observation très détaillée d'un cas
de lésion étendue du cervelet; nous en indiquons ici les points les
plus saillants. La malade dont il s'agit avait quarante-trois ans
en 1877 ; les renseignements cliniques que l'on a pu obtenir sont
assez maigres; ils nous indiquent pourtant que la maladie a duré
trente-six ans, ce qui en fait remonter le début à l'âge de sept ans.
La cause de la maladie demeure obscure : on ne signale pas d'ac-
cidents méningitiques dans l'enfance, et s'il s'agissait d'une de ces
hémorragies que l'on a signalées et qui peuvent accompagner un
accouchement laborieux, les lésions de dégénérescence ne seraient
pas réparties aussi uniformément qu'elles l'étaient. Un autre point
intéressant, c'est l'état mental de la malade; c'était une imbécile,
présentant les exacerbations périodiques que l'on rencontre quel-
quefois chez les malades de ce genre. Gowers a signalé des trou-
bles intellectuels chez des sujets dont le cervelet seul était atteint;
or, ici le cervelet était presque anéanti fonctionnellement, et le
cerveau en revanche ne présentait pas les caractères que l'on y
rencontre chez les imbéciles; il ne serait donc pas téméraire de
rattacher les troubles intellectuels à la lésion cérébelleuse.
Beaucoup des signes qui aident à établir le diagnostic d'une affec-
tion du cervelet manquaient chez cette malade ; il n'y avait ni
vomissements, ni vertiges, ni spasmes des muscles de la nuque ;
pas de nystagmus, pas de tendance à tomber d'un côté. Eu re-
vanche la démarche était nettement cérébelleuse, et la malade
présentait les tremblements généraux de l'incoordination des
membres qui accompagnent souvent ces lésions, que Luciani dési-
gne dans leur ensemble sous le nom d' « astasie » et que Ferrier
rattache à l'atrophie du cervelet.
Ce cas nous montre aussi que l'existence d'une lésion cérébel-
leuse étendue est compatible avec une durée considérable de la
vie, - au moins cinquante-trois ans chez la malade dont il s'agit,
qui d'ailleurs est morte phtisique. R. M. C.
VIII. Remarques sur la pathologie DE l'hématome DE l'oreille;
par Edwin GOOD.1LL. (The Journal of mental Science, octobre 1894.)
L'auteur, après des expériences qui lui ont donné des résultats
? 11· REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
insuffisamment concluants, pense qu'il reste à l'heure actuelle à
déterminer si des microorganismes se rencontrent régulièrement
dans le liquide séro-sanguinolent que l'on trouve dans les tissus de
l'oreille dans le cas d'hématome; si la réponse était affirmative, il
conviendrait de préciser leur signification étiologique, ou plutôt
de rechercher s'ils en possèdent une. Cette supposition serait, sui-
vant M. Goodall, parfaitement rationnelle, et ne serait nullement
en désaccord avec l'idée d'un traumatisme, lorsque la réalité de
celui-ci peut être établie.
Enfin l'auteur estime qu'il serait intéressant d'examiner au point
de vue bactériologique le sang extravasé que l'on rencontre dans
les cas récents d'hématome de la dure-mère. R. M. C.
IX. Observation d'un cas 1)'IIÉMIATROPHIE cérébrale; par John
J. CowAN. (The Journal of Mental Science, juillet 1895.)
Le malade était un imbécile épileptique qui avait tué un ouvrier
à coups de hache : il était halluciné ; la médication bromurée avait
rendu plus rares les crises épileptiques : mais le malade était
demeuré irritable, puis était devenu dément ; il présenta des signes
de phtisie et mourut de tuberculose péritonéale.
' A l'autopsie : crâne asymétrique, plus volumineux à droite.
Dure-mère épaissie; au niveau du vertex, fausse membrane mince,
couleur de rouille, parsemée de points brunâtres. Le cerveau est
beaucoup plus volumineux du côté droit que du côte gauche. Les
circonvolutions de l'hémisphère gauche, dans les régions frontale
et occipitale, sont très petites, flétries et comme comprimées;
celles des régions motrices, bien qu'atrophiées, ont un volume et
un aspect qui se rapprochent davantage de l'état normal. Les
circonvolutions de l'hémisphère droit sont plus volumineuses au
niveau des régions motrices, mais légèrement atrophiées au niveau
du lobe frontal. Les grosses artères sont saines : la communiquante
antérieure est double. Le lobe pariétal gauche est ratatiné et flétri.
La moitié droite du cervelet est plus petite que la* gauche; mais'
on n'y constate aucune lésion. La moelle paraît saine du moins à
l'oeil nu. Une planche accompagne ce travail et montre troi.
aspects de ce cerveau. H. M. C.
X. Remarques SUR L'EMPLOI DE la formaline dans la fixation DES
fibres NERVEUSES : par EDWIN-11. Kl'fCIlELL. (The New-York Médical
Journal, 20 juillet 1895.)
A l'exception de l'acide osmique, les agents de fixation de la
fibre nerveuse usités jusqu'à présent ont pour effet fâcheux de
ratatiner le cylindraxe. Entie les mains de l'auteur, la formaline a
donné d'excellents résultats en ce qui touche la conservation du
REVUE d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques. 215
cylindraxe et a fourni en même temps l'occasion de quelques
remarques intéressantes relatives à son action sur la myéline.
L'expérimentation a porté sur des sciatiques de chien et de
lapin pris avec toute leur épaisseur. Le liquide employé était titré
à 1, à 2, à 10, à 25, à 50, et enfin à 100 p. 100 de la solution com-
merciale, laquelle est elle-même une solution aqueuse de formal-
déhyde il 40 p. 100.
Avec la solution de formaline à 1 ou 2 p. 100, il y a ratatinement
du cylindraxe et de la myéline, à peu près comme avec l'alcool.
La solution à 10 p. 100 donne des résultats meilleurs, mais encore
peu satisfaisants. A 25, 50 et 100 p. 100, le cylindraxe demeure
entièrement ou presque entièrement normal dans le plus grand
nombre des fibres. La formaline pure donne des résultats encore
un peu meilleurs.
Les agents ordinaires de coloration, fuchsine, éosine et autres
couleurs d'aniline, aussi bien que l'hématoxyline de Gave, ne colo-
rent que faiblement le cylindraxe fixé par la formaline ; ils agis-
sent au contraire énergiquement sur le tissu connectif.
Au contraire les cylindraxes ratatinés sont énergiquement
colorés par les agents ci-dessus mentionnés.
Les coupes transversales de fibies nerveuses fixées par une solu-
tion de formaline comprise entre 25 et 100 p. 100 présentent de
nombreuses petites lignes qui traversent la myéline sous forme
d'irradiations irrégulières, et qui prennent lorsque l'on observe la
fibre dans le sens de sa longueur, l'aspect d'un réseau très fin ; ce
réseau est beaucoup plus net et plus régulier que celui que l'on
observe dans la myéline fixée par le liquide de lluller.
Quand la fibre nerveuse a été durcie à l'aide de la formaline,
l'acide osmique la colore en brun pâle; on peut, d'autre part, la
dissocier, la colorer, la monter dans la glycérine sans alcool, ou
la tremper dans l'alcool et l'éther, sans modifier son aspect.
Lorsque l'on veut colorer la fibre nerveuse, - ou le tissu des
centres nerveux - par la méthode de Weigert après fixalion par
la formaline, il convient de dédoubler la liqueur réductrice, sans
quoi la décoloration sera trop rapide et peu uniforme.
L'auteur pense que ces résultats autorisent à ajouter utilement
la formaline à la liste actuelle des agents fixateurs de la libre ner-
veuse. H. ;\1. C.
XI. Observation DE déformation DU crâne due A la syphilis llÉItl3-
DITAIRE ; par Charles-E. NAMMACK. (The New- YOdi JI edicLLl Journal,
8 juin 1895.)
Il s'agit d'un enfant nègre âgé de trois ans et demi, chez lequel
sa mère remarqua quatre jours après sa naissance un gonflement
au niveau de la fontanelle antérieure; ce gonflement a persisté et
216 REVUE d'anatomie ET DE physiologie pathologiques.
est devenu plus dur, sans que l'enfant présentât le moindre symp-
tôme digne d'être noté; il se présente actuellement sous la forme
d'une exostose de l'os frontal, ayant son maximum d'épaisseur à
l'angle supérieur de jonction de cet os avec les pariétaux, et s'éten-
dant de haut en bas, en diminuant d'épaisseur sur la surface
externe de la portion verticale du frontal. La pression sur cette
zone saillante ne provoque aucun symptôme. Les yeux de l'enfant
sont grands et les globes oculaires saillants. Le diagnostic se pose
entre un céphalhémalorne ossifié et une hypertrophie osseuse due
à la syphilis héréditaire. L'auteur expose les raisons qui lui font
adopter ce dernier diagnostic, ainsi que celles qui lui ont fait
écarter l'hypothèse du rachitisme. R. M. C.
XII. LE réflexe du genou au point DE VUE du diagnostic; par
William-111. LESZYNS61. (The Neiv-York Médical Journal, 29 juin
1895.)
Le réflexe du genou, quand il est bien observé, fournit au dia-
gnostic des éléments importants : il dépend de l'intégrité de l'arc
réflexe ayant pour siège le troisième ou quatrième segment lom-
baire. La méthode ordinairement employée pour le rechercher
(les jambes étant croisées) est suffisante quand le réflexe est suffi-
samment actif, car alors la position des membres est indifférente ;
mais, dans les cas douteux, il est nécessaire de faire asseoir le malade
sur un siège élevé ou sur le bord d'une table, de manière que ses
pieds ne touchent pas le sol. La recherche du réflexe doit toujours
être bilatérale : il faut en outre distraire le malade soit par des
questions, soit par des mouvements imposés des membres supé-
rieurs pour se mettre en garde contre les effets de l'attention expec-
tante. Il convient aussi de réitérer les épreuves.
L'absence ou l'exagération du réflexe du genou ne doit jamais
être considérée comme pathognomonique. L'absence du réflexe est
d'ailleurs beaucoup plus significative que l'exagération.
Une lésion qui intéresse les racines postérieures des colonnes
postérieures au niveau du second, du troisième ou du quatrième
segment lombaire (par exemple tabes ou myélite transverse) pro-
voque une interruption dans le trajet sensoriel, et le réflexe est
aboli ; ces lésions sont les seules lésions sensorielles qui donnent
lieu à cette disparition du réflexe. Une lésion intéressant la portion
motrice de l'arc réflexe (poliomyélite antérieure aiguë ou chro-
nique, - névrite périphérique multiple ou isolée affectant les nerfs
cruraux antérieurs) déterminera l'abolition du réflexe.
L'abolition du réflexe du genou, accompagnée de douleurs
intenses, aiguës, circonscrites et paroxystiques dans les extrémités
inférieures, - d'incontinence d'urine ou de paresse dans l'évacua-
tion de la vessie, avec conservation de la résistance musculaire,
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 217
avec ou sans incoordination, avec ou sans phénomènes sensoriels
objectifs, - indique des altérations organiques des segments lom-
baires de la moelle, telles que celles qui accompagnent la dégéné-
rescence tabétique ou une lésion des racines postérieures.
L'abolition du réflexe du genou accompagnée d'une diminution
de la résistance musculaire ou de parésie ou de paralysie évidente
des extrémités inférieures, de phénomènes douloureux sur le trajet
des troncs nerveux avec sensibilité à la pression, d'un certain
degré d'atrophie avec diminution de l'irritabilité faradique, avec
ou sans troubles sensoriels objectifs, et en l'absence de tout symp-
tôme vésical - correspond à la névrite multiple.
L'abolition du réflexe du genou, avec paralysie flasque, atrophie,
et perte de la sensibilité faradiqne du muscle, en l'absence de tout
symptôme sensoriel indique une poliomyélite de la portion lom-
baire de la moelle du même côté.
Après avoir énoncé ces propositions, l'auteur insiste sur ce point
que le réflexe du genou n'est pas nécessairement aboli dans tous
les cas de tabes. Il étudie ensuite l'état du réflexe du genou dans
un certain nombre de maladies, particulièrement dans la diphtérie,
dans la méningite, dans l'asphyxie par l'oxyde'de carbone, dans
l'épilepsie, dans le diabète. "
Il examine ensuite la signification de l'exagération du réflexe,
et signale la fréquence de cette exagération chez les malades à qui
l'on a dû prescrire, comme on le fait chez les épileptiques, l'usage
des bromures poussé jusqu'à la production des effets physiolo-
giques. Ce fait serait dû, suivant l'auteur à la sédation exercée par
le bromure sur l'écorce motrice et à la diminution consécutive de
l'action cérébrale de contrôle sur les centres réflexes inférieurs.
La dégénérescence primitive ou secondaire des cordons latéraux
s'accompagne ordinairement d'une exagération du réflexe du côté
de la lésion; il en est de même dans certains cas d'hémiplégie
consécutive à une hémorrhagie de la capsule interne. Cette exagé-
ration s'observe encore à la période de début de la démence para-
lytique, sauf dans les cas où les cordons postérieurs ont été les pre-
miers intéressés; alors le réflexe manque.
Comme le réflexe est souvent très accusé ou exagéré dans la
neurasthénie, l'hystérie, l'alcoolisme, le surmenage mental, on est
conduit à admettre que, dans bien des cas, l'interprétation de l'exa-
gération est plus difficile que celle de l'abolition, - et cela est
surtout vrai quand l'exagération est bilatérale et d'intensité uni-
forme.
L'exagération unilatérale du réflexe du genou a souvent une
signification pathologique de premier ordre; elle est ordinaire-
ment accompagnée d'autres symptômes de nature objective, tels
que la diminution de la résistance musculaire, la parésie ou la
rigidité des muscles. > li. de 'I\IUSGRAVE-CLAY.
' 1ô REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
XIII. HÉMIPLÉGIE gauche : PERTE DES réflexes superficiels ET PRO-
FONDS ; ATROPHIE musculaire considérable; anesthésie marquée de
-certaines PORTIONS DES membres ; PERTE DE l'irritabilité faradique,
ET réaction DE dégénérescence DES muscles DU côté paralysé; par
J.-T. EsI : RIDCE, avec remarques par Frederick PETERSON. (The
lVeiv-Yoz·lc Médical Journal, 2 mars 1895.)
Le titre même de l'observation en résume utilement les points
principaux : le sujet était une femme de quarante-deux ans, chez
laquelle on ne constatait ni antécédents névropathiques, ni syphi-
lis, ni alcoolisme. Les troubles trophiques que présentait cette ma-
lade différaient suffisamment de ceux que l'on rencontre dans les
vieilles hémiplégies d'origine cérébrale pour que l'auteur a cru devoir
rapporter cette observation intéressante, avec des détails qui échap-
pent à l'analyse. Les observations de M. Peterson qui terminent ce
travail ont surtout trait à l'historique du sujet et aux diverses théo-
ries qui ont été proposées pour expliquer la pathogénie de l'amyo-
trophie dans les lésions d'origine cérébrale; sa conclusion est que,
à l'heure actuelle, il n'existe pas de données sur lesquelles on
puisse légitimement baser une théorie de l'origine de l'atrophie
musculaire dans l'hémiplégie. R. M. C.
XIV. LE diagnostic différentiel DES lésions traumatiques intra-
CRANiENNES; par Charles Phelps. (The New-York Médical Journal,
10 novembre 1894; 12 janvier 1895.)
Dans un travail antérieur, publié il y a deux ans, M. Phelps
avait déjà indiqué la facilité relative que présente le diagnostic
différentiel des traumatismes cérébraux avec les états morbides
intra-craniens, en même temps qu'il signalait la difficulté qu'offre
le diagnostic différentiel des diverses lésions encéphaliques entre
elles. De nouveaux faits sont venus aider à éclaircir le diagnostic.
Dans son premier mémoire il publiait 124 cas, il apporte aujour-
d'hui 176 cas nouveaux, soit un total de 300 cas. Les cas nouveaux
se décomposent ainsi : I. Fractures intéressant la base du crâne :
A. Guérisons, 36; B. Morts, 59; C. Autopsies, 52. - IL Fractures
limitées à la voûte : A. Guérisons, 31; B. Morts, 12; C, Autopsies, 7.
- 111. Lésions intra-craniennes sans fracture : A. Guérisons, 21;
B. Morts, 17; C. Autopsies, 13. - En réunissant les deux séries,
les 300 cas qui servent de base à cette étude se décomposent ainsi :
I. Fractures intéressant la base du crâne : A. Guérisons, 57;
B.Morts, 108; C. Autopsies, 87. - Il. Fractures limitées à la voûte :
A. Guérisons, 52; B. Morts, 22; C. Autopsies, 17. - III. Lésions
intra-craniennes sans fracture : A. Guérisons, 28; B. Morts, 33;
C. Autopsies, 10. Total des guérisons, 137; total des morts, 163;
nombre des autopsies, 130. .
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 2 1 i>
Nous résumons ici les plus importantes des remarques que l'au-
teur a déduites de cette série considérable d'observations.
Hémorrhagie. - Les symptômes qui peuvent résulter directement
d'une hémorrhagie intra-cranienne d'origine traumatique sont :
les anomalies de température, la perte totale ou partielle de cons-
cience, les modifications de fréquence ou de caractère du pouls et
de la respiration, le trouble ou l'abolition de la fonction muscu-
laire, et l'irrégularité des pupilles. Une température qui se main-
tient au-dessous de la normale indique une hémorrhagie abondante
et relativement dénuée de complications, et les hémorrhagies de
ce genre siégeant le plus communément au-dessus de la dure-
mère, cette indication donne sur le siège de la lésion un rensei-
gnement au moins probable, qui sera confirmé par l'absence des
signes caractéristiques d'une lésion parenchymateuse. Des symp-
tômes concomitants de contusion générale feront penser à une hé-
morrhagie de la pie-mère et des symptômes de lacération à une
hémorrhagie corticale. Dans ces deux dernières formes la tempé-
rature est plus élevée que dans la variété précédente, et son éléva-
tion est proportionnelle à l'étendue et à l'importance de la com-
plication qui la provoque. La perte primitive de conscience,
fréquente dans les hémorrhagies indique qu'il y a complication de
contusion générale. La perte consécutive de conscience due soit à,
la perte de sang soit à la compression exercée par le sang épanché,
est suivie ou non d'un retour passager de la connaissance, suivant
que la lésion diffuse du parenchyme est plus ou moins grave et que
l'hémorrhagie est plus ou moins rapide : le retour à la conscience
est partiel ou complet selon l'importance de l'épanchement. Le
caractère et la fréquence du pouls sont sans relation précise avec
la forme, le siège ou l'étendue de l'hémorrllanie. L'apparition d'un
changement dans la fréquence ou le caractère de la respiration est
presque invariable lorsque l'hémorrhagie constitue une lésion à peu
près isolée. Si l'épanchement sanguin siège à la surface convexe
du cerveau, la respiration est ordinairement fréquente et souvent
stertoreuse : si c'est à la base, en arrière, elle peut être fréquente
et accompagnée de cyanose, à moins qu'il n'y ait compression de
la moelle, auquel cas elle se ralentit progressivement jusqu'à ces-
sation complète. Dans les cas favorables, la respiration ne subit
d'ordinaire aucun changement. Les paralysies générales ou
locales, les troubles de l'action musculaire peuvent être des symp-
tômes directs d'une hémorrhagie qui comprime ou irrite les
centres qui président au contrôle musculaire : les contractions
tétaniques sont assez communes, mais les cloniques sont rares,
sauf le cas de lésion complicante. L'état des pupilles est ordinaire-
ment modifié, mais aucun des changements qu'il présente n'est
caractéristique; d'ailleurs un état pupillaire normal est compatible
avec toutes les variétés d'hémorrhagies, simples ou compliquées,
220 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
quelque soit leur siège. Les troubles sensoriels tels que le délire ou
l'irritabilité, ne sont pas des symptômes d'hémorrhagie, et leur pré-
sence indique une lésion concomitante du parenchyme.
- Transsudation séreuse sous-arachnoïdienne. - Aucun symptôme
ne se rattache assez directement à cette lésion pour la révéler.
A1'lIehnitis. Elle est aiguë ou subaiguë, et généralement cau-
sée par une contusion diffuse des méninges, bien qu'elle puisse,
exceptionnellement procéder, par propagation, d'une lésion locale.
Elle peut être insidieuse dans son début et dans sa marche, mais
plus communément son apparition est tardive, et nettement indi-
quée par une élévation manifeste et brusque de température et
par une modification évidente de l'état général. Les températures
ultérieures sont irrégulières et les symptômes caractéristiques sont
ceux de l'irritation corticale. Peu de modifications du pouls et de
la température.
Contusion générale. - Elle complique constamment les autres
formes de traumatismes intra-craniens, mais elle existe rarement
à l'état de lésion mortelle isolée : ses symptômes sont irréguliers
dans leur apparition, leur marche et leur terminaison, et leurs
rapports entre eux manquent de précision. Le moins irrégulier de
ces symptômes est la perte de conscience, se manifestant à une £ -
époque et à un degré variables. La température reste ordinaire-
ment au-dessus de la normale. Comme la perte primitive de cons-'
cience, le délire primitif ou précoce doit être attribué uniquement
à l'influence de cette lésion aussi bien dans les cas simples que
dans les cas compliqués. Pour le reste des symptômes, leur analyse
physiologique pourra seule préciser la part qui revient à cette
lésion.
Contusion limitée. Elle est relativement rare, généralement
disséminée et difficile à distinguer de la contusion générale.
Lacération. Elle se complique presque toujours, sinon toujours,
de contusion générale concomitante et d'hémorrhagie consécutive.
La perte primitive de connaissance, et le délire variable qui pré-
cède ou qui suit le retour de la conscience relèvent de la contusidn
générale concomitante. Dans les cas ordinaires, il peut n'exister
aucun symptôme secondaire révélant la lacération. La perte pri-
mitive de conscience peut être remplacée par un état de léthargie
ou d'affaiblissement des perceptions qui, en passant par la somno-
lence aboutit au coma et à la mort. La période primitive est très
souvent suivie d'un trouble ou d'un atlaiblissement mental qui
peut se terminer par la guérison, la démence chronique ou la
mort. Exceptionnellement, la conscience peut demeurer intacte
malgré l'existence d'un déchirement étendu et fatalement mortel.
Il n'y a aucun rapport obligatoire entre les symptômes psychiques
primitifs et le plus ou moins de sévérité du pronostic. La tempéra-
ture est plus élevée dans cette variété de lésions que dans toutes les
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 221
autres, et son élévation rapidement progressive indique une termi-
naison promplement fatale. Il est commun de rencontrer dans
cette forme de traumatisme une sensibilité anormale aux impres-
sions extérieures, qui survit parfois à l'apparition de l'inconscience
terminale, et qui fait défaut dans l'hémorrhagie et dans la contu-
sion. Les convulsions, particulièrement lorsque la lésion intéresse
le lobe frontal ou temporo-sphénoïdal, sont si fréquentes dans les
cas mortels, et si rares dans les autres variétés de traumatismes
intra-craniens, qu'on peut les considérer comme caractéristiques.
Le relâchement des sphincters se rencontre dans toutes les lacéra-
tions étendues, indépendamment de l'abolition de la conscience et
de la perte de la puissance musculaire. Il est rare dans les autres
variétés de lésions traumatiques intra-craniennes, et devient ainsi
presque pathognomonique. Les paralysies beaucoup plus communes
dans les autres lésions, ne peuvent ici aider qu'au diagnostic 'du
siège, après que le diagnostic de la nature du mal a été établi à
l'aide d'autres données. Les pupilles demeurent le plus souvent
normales, et leurs modifications, quand elles existent, sont sans
valeur séméiologique. Sauf complication, ni le pouls, ni la respi-
ration ne changent de caractère, si bien que la persistance de
leur état normal au milieu des désordres concomitants prend
une véritable valeur diagnostique. Les troubles psychiques n'exis-
tent que si les lobes frontaux sont intéressés, mais ils le sont
d'une manière si fréquente que, pratiquement, on peut considérer
ces troubles comme des signes de l'existence d'une lacération. En
somme le diagnostic de lacération cérébrale repose surtout sur la
présence de certaines particularités de température, de troubles
psychiques, du relâchement involontaire des sphincters et de con-
vulsions cloniques. '
Inflammation pyo[Jénique pU1'enc ! ty¡¡¡atellse. Elle est rare, et
sauf le cas de pénétration d'un corps étranger, elle demeure limi-
tée. Les cas observés sont trop nombreux pour qu'on en puisse
déduire les éléments du diagnostic.
En résumé, dans les lésions intra-craniennes d'origine trauma-
tique, les symptômes sont si divers, leurs combinaisons sont si va-
riées, leur durée, quelquefois si courte, qu'il faut une observation
très attentive pour poser le diagnostic avec quelque précision.
Mais si, dans ces lésions, on ne rencontre que peu de symptômes
qui possèdent, intrinsèquement, une valeur pathognomonique, on
en trouve en revanche un assez grand nombre qui, par les rela-
tions réciproques des circonstances dans lesquels ils se manifes-
tent et des moments où ils apparaissent, parviennent à acquérir
cette valeur. R. DE Musgrave-Clay.
XV. SUR LES lésions DE dégénérescence DU SYSTÈME artériel CHEZ
LES ALIÉNÉS, AVEC QUELQUES REMARQUES SUR LA NATURE DE L'Él'EN-
222 REVUE. D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
DYME granuleux; par Cecil-F. Belles. (The Journal of mental
science, janvier 1895.)
L'auteur se propose d'attirer l'attention sur les signes dissé-
minés de dégénérescence artérielle que l'on rencontre à l'autopsie
des aliénés.
Quand on observe les [fous, on est vite frappé de ce fait qu'ils
paraissent généralement beaucoup plus âgés qu'ils ne le sont en
réalité. Ce vieillissement, qui n'est qu'un degré plus ou moins
avancé de déchéance sénile, relève de l'état de nutrition des
tissus, ou, en d'autres termes, des caractères du sang et de l'état
des vaisseaux qui le distribuent. Chez beaucoup d'aliénés, la dégé-
nérescence artérielle est démontrée par la saillie et la dureté des
artères; il n'est pas rare non plus de rencontrer chez eux de
l'hypertrophie ou de la dilatation cardiaque, avec ou sans lésion
valvulaire, ou encore de la simple asthénie cardiaque ou de la sur-
charge graisseuse. La fréquence dans les asiles du mal de Bright,
un état particulier de refroidissement et de cyanose des extré-
mités que l'on trouve souvent chez les déments jeunes et qui se
rattache à la maladie de Raynaud; l'hématome de l'oreille, la
production facile et la guérison lente des ecchymoses, la friabilité
des os et les altérations dentaires sont autant d'indices de troubles
de la nutrition dus à la dégénérescence des artères. Les altéra-
tions viscérales indiquent ordinairement, par leur nature, l'exis-
tence d'une sclérose artério-capillaire généralisée. L'étude des
reins, presque toujours altérés (néphrite chronique interstitielle,
avec rein plus ou moins contracté) est à cet égard particulière-
ment démonstrative.
Le coeur, si l'on prend la peine de l'examiner attentivement,
n'est 'presque jamais sain chez les aliénés; les lésions valvulaires
et artérielles sont communes et le myocarde est souvent flasque
et pâle. La fréquence du coeur gras suffit probablement à expli-
quer les syncopes si communs chez les fous. La rupture du coeur
n'est pas très rare chez eux, et un effort et un exercice violents ne
sont nullement indispensables pour qu'elle se produise.
Les artères de la base du crâne offrent presque toujours des
signes de dégénérescence; leurs parois sont épaissies, opaques et
rendues rigides par des dépôts crayeux, et cela chez des sujets dont
l'âge ne justifie pas ces modifications. D'après Saint-John Bullen,
l'athérome artériel de la base serait cinq fois plus fréquent dans la
démence que dans la paralysie générale, où il le considère d'ail-
leurs comme relativement rare.
Les petites ramifications des artères du cerveau, examinées sur
une coupe micrographique, ne sont presque jamais exemptes de
lésions. La tunique interne est le siège d'une prolifération d'inten-
sité variable, qui peut obstruer simplement ou effacer totalement
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 23
le calibre de l'artériole. La syphilis est la grande cause de ces alté-
rations de la tunique interne. Le plus souvent c'est la tunique
moyenne qui est la plus profondément modifiée. La paroi peut
être épaissie par une prolifération du tissu musculaire et fibreux, ou
bien encore s'infiltrer de graisse, comme dans les artères plus
grosses. Les tissus qui constituent le vaisseau se fondent, prennent
un aspect homogène et les noyaux cellulaires disparaissent; le
cordon vasculaire prend l'aspect d'un chapelet. Des vaisseaux de
moyenne taille, présentant ces anomalies à un degré très accusé,
se rencontrent souvent sous l'épendyme des ventricules, dont ils
soulèvent le revêtement épaissi, donnant ainsi l'illusion d'un état
granuleux.
Les états signalés dans les artères de moyenne taille se ren-
contrent chez les aliénés-jusque dans les plus petites arlérioles ;
mais dans ce dernier cas on observe dans les espaces périvascu-
laires et dans leur voisinage immédiat les amas ordinaires de
petites cellules arrondies; on rencontre souvent aussi, autour
d'elles, de petits épanchements sanguins, ou des amas de pigment
altéré et de petits foyers de ramollissement.
La sclérose des artérioles est toujours suivie d'une hyperplasie du
tissu connectif qui les entoure, paraissant prendre naissance sur la
tunique externe du vaisseau et ayant pour effet de durcir et de
ratatiner l'organe.
Bien que cette remarque s'écarte un peu du sujet, l'auteur tient
à signaler en passant un état pigmenté de la pie-mère qui revêt la
moelle allongée et la région cervicale de la moelle, qui est assez
commun chez les aliénés, et qui, à sa connaissance, n'a pas été
décrit. Cette pigmentation ne parait spécialement liée à aucune
forme d'aliénation, bien qu'elle soit incontestablement plus fré-
quente dans la paralysie générale : elle peut d'ailleurs se rencon-
trer ailleurs que dans les affections mentales.
Quelle est l'explication des phénomènes de dégénérescence arté-
rielle qui viennent d'être indiqués ? Sont-ils primitifs ou secon-
daires ? faut-il voir en eux un des facteurs de la folie ? L'auteur est
d'avis que, dans un certain cas et dans une certaine mesure, les
altérations des artères peuvent être secondaires, mais qu'il y a des
raisons suffisantes pour admettre que souvent elles sont primitives
et précèdent de longtemps l'apparition des troubles mentaux. Il
pense donc que l'état vacuolé et la dégénérescence des cellules
nerveuses peuvent souvent être le résultat d'une insuffisance de la
nutrilion cellulaire due à l'interruption de la distribution sanguine
mal accomplie par des artères obstruées ou malades. A cette lé-
sion, à cette obstruction des artères, on peut trouver bien des
causes, mais la plus importante parait être la toxicité du sang ZD
(alcool, syphilis, ptomaïnes ou autres agents similaires). Ces agents
d'intoxication peuvent assurément exercer une action primitive sur
224 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
la cellule nerveuse, mais ils ne sauraient demeurer sans effet sur l'
les tissus des vaisseaux qui les charrient.
En étudiant les dégénérescences artérielles chez les aliénés, l'au-
teur a eu l'occasion de signaler l'aspect granuleux de l'épendyme
ventriculaire; il se propose en terminant d'indiquer sommaire-
ment la nature histologique des petits corps que l'on trouve ré.
pandus comme des grains de sable fin sur la surface de l'épen-
dyme ventriculaire.
Us ont depuis longtemps été reconnus comme caractérisant un
état de dégénérescence, et ont été l'objet des recherches de
Lockhart-Clarke, Hally Tuke, Clouston, Mielde, Angel Monay, etc.,
qui m'ont donné des descriptions brèves et peu concordantes. Ou
ne les rencontre jamais dans le cerveau normal, mais ils accom-
pagnent des lésions très diverses de cet organe; ils manquent
rarement dans la paralysie générale, mais n'ont pas la valeur d'un
signe caractéristique.
L'auteur pense que ces petits nodules participent de la nature
des petites tumeurs ayant pour cause une lésion irritative, telle
qu'un agent chimique contenu dans les ventricules ou dans le
sang. L'irritation constante de l'épithélium détermine par places
une dégénérescence, et par places une prolifération ; celle-ci peut
se produire de haut en bas et envahir les tissas sous-jacents. La
continuité de la surface se trouve ainsi affaiblie, et le tissu con-
nectif voisin, dérivé de la névroglie et de la tunique externe des
vaisseaux entre en hyperplasie active et pousse vers la surface des
projections verruqueuses. Sous l'influence de ce travail il est naturel
que des cellules épithéliales se trouvent isolées et enchâssées dans
le stroma fibreux. En outre, par suite de la diminution et de l'ap-
pauvrissement de l'apport sanguin le tissu connectif de nouvelle
formation peut dégénérer de bonne heure en un tissu amorphe
plus ou moins granuleux. R. DE MUSGRAVE-CLAY.
XVI. REVUE DE L'INFLUENCE DES facteurs réflexes ET toxiques SUR
LA PRODUCTION DE LA FOLIE Er DE l'ÉPILEPSIE; par SALUT-JOLIS
BULLEN. (The Journal of mental science, avril 1895.)
L'objet de ce travail est de présenter quelques-unes des vues les
plus nouvelles relatives à l'influence des stimulations réflexes et
des agents toxiques sur la folie et l'épilepsie. L'auteur étudie
d'abord les rapports étroits qui existent entre les fonctions du
système nerveux et celles des autres organes ; il insiste ensuite sur
la distinction qu'il convient d'établir entre le délire et l'aliénation
mentale, distinction qui ne peut être solidement basée que sur
l'étude de leurs conditions étiologiques respectives. Au point de
vue clinique, il est impossible de méconnaître que certaines aber-
rations mentales, aiguës ou chroniques, peuvent être provoquées
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 225
par des agents toxiques, engendrés par l'individu lui-même, ou
introduits dans l'organisme, et que, si un agent toxique peut pro-
voquer le délire d'une manière aiguë, son action réitérée peut
donner lieu à des désordres mentaux systématisés. Le surmenage
mental, le surmenage physique peuvent donner lieu à des auto-
intoxications génératrices de la folie. Les recherches dirigées dans
ce sens ont été fréquentes, et sont déjà nombreuses, et l'auteur
résume celles qui ont porté sur la sécrétion ett'excrction urinaires,
sur les auto-intoxications originaires de l'appareil gastro-intestinal
et du foie. Les lésions pulmonaires paraissent moins actives dans
la production des troubles mentaux. Parmi les causes les plus
puissantes au contraire, il faudrait ranger les affections des or-
ganes pelviens chez la femme, ainsi que les états morbides qui se
rattachent à la gestation.
Les causes d'ordre réflexe sont celles qui exercent surtout leur
influence sur la production des épilepsies, car on peut encore se
demander si la circulation des agents toxiques dans le sang est
capable de produire l'épilepsie vraie, comme elle l'est assurément
de produire l'éclampsie; d'autre part, il faut se souvenir que beau-
coup de réflexes pathologiques ont une origine toxémique, bien
que beaucoup d'auteurs estiment qu'il n'en est ainsi que chez les
sujets mentalement prédisposés. L'auteur énumère ensuite les
divers points d'où peuvent partir les stimulations réflexes généra-
trices de l'épilepsie vraie; les sources les plus ordinaires de ces
réflexes épileptogènes sont les troubles de l'appareil de la vision,
les affections de l'oreille, du nez, des dents, enfin et surtout les
lésions des organes génitaux chez l'homme. R. M. C.
XVII. Li VALEUR DE LA MÉTHODE DE FREXKEL DANS LE TRAITEMENT DU
tabès dorsal ; par DE 13EcaTEREW. (Neurolog. Ce>atralbl., XIII,
1894.)
Cette méthode produit dans presque tous les cas une améliora-
tion plus ou moins notable des mouvements ; quelquefois, au bout
d'un mois et demi, il y a un brillant résultat. On pratique des
séances quotidiennes de trente minutes, excepté les premières,
afin d'éviter de fatiguer le malade; les pieds sont massés après
chaque séance, pour faciliter la circulation des déchets qui pro-
viennent de la fatigue et relever la nutrition du muscle.
En somme : 1° amélioration remarquable de l'ataxie ; 3" les
exercices musculaires prudents augmentent et relèvent la force
musculaire des extrémités malades; 3° les exercices sous le con-
trôle de la volonté des patients améliorent la coordination motrice;
4° les malades reprennent de la confiance en eux; Sa le sens mus-
culaire se rétablit; le signe de Romberg s'atténue, mais les signes
d'Argyll Robertson et de Westphal subsistent tels quels. P. K.
ABCIIIVE9. 2" série, t. I. 15 5
226 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
XVIII. Application DES étincelles DES bobines D'INDUCTION OUVERTES
A DES USAGES DIAGNOSTIQUES ET THÉRAPEUTIQUES; par M. STERNBERG.
(uelcrolog. Centralbl., XIV, 1895.)
Si l'on met en communication avec la terre l'extrémité du second
circuit d'un appareil d'induction, l'autre extrémité projette de
fortes étincelles émanant du courant de l'ouverture du circuit, ces
étincelles ont tout à fait les mêmes propriétés que celles d'une
machine statique ou d'une bouteille de Leyde. En se servant d'ar-
matures appropriées on dirige sur un point déterminé de la peau
des étincelles longues de 1 à 2 millimètres; on limite ainsi la zone
d'analgésie que l'on peut rencontrer sans avoir les inconvénients
des piqûres d'épingles. Si au contraire l'opérateur saisit de la main
gauche une électrode plate humide en contact avec l'extrémité
conductrice du second circuit, et qu'il place sa main droite sèche,
dont la paume est dirigée vers le malade, à un demi-millimètre
ou un millimètre de distance de l'endroit à électriser, le malade
reçoit une myriade de petites étincelles, en uu mot une douche
électrique excellente dans les céphalalgies des neurasthéniques, des
chlorotiques, des tumeurs cérébrales. P. K.
XIX. DE l'influence DE l'écorce DU cerveau SUR l'acte DE la
DÉGLUTITION ET LA RESPIRATION; par W. DE BeCHTEREW et P. DE
OST.aNBON. (Veurolog. Cent1'albl., XIII, 1894.)
Expériences sur le chien. - Le centre de la déglutition occupe le
segment antérieur de la deuxième circonvolution, en dehors de la
circonvolution sigmoïde, à l'extrémité antéro-externe du deuxième
sillon. L'excitation de l'extrémité antéro-externe de la deuxième
circonvolution (Landois), immédiatement au-dessus du centre des
mouvements de la déglutition, accélère la respiration en prolon-
geant la phase expiratoire. Assez souvent cette dyspnée expiratoire
est suivie d'un mouvement de déglutition, ce qui prouve l'extrême
vicinité des deux centres. P. K. -
XX. CONTRIBUTION A la question DE L'INFLUENCE DE l'écorce CÉRÉ-
BRALE ET DES COUCHES OPTIQUES SUR LES mouvements DE la DÉGLU-
TITION ; par W. DE Bechterew. (Neurolg. Centralbl., XIII, in4.)
Réthi a trouvé chez le lapin un seul centre cortical situé en
avant et en dehors du centre cortical des extrémités, dont l'exci-
tation produit des mouvements de mastication, suivis de l'acte de
la déglutition. Si voisin que soit, chez le .chien, dans l'écorce, le
centre de la déglutition de celui des mouvements des maxillaires
et de la langue, de celui de l'angle buccal, de celui de l'ouverture
de la gueule, il n'est pas encore possible de les réunir en un seul
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 227
centre. Le centre de coordination des mouvements nécessaires à
l'opération de manger serait la couche optique (Réthi). M. de
Bechterew trouve dans les couches optiques un centre pour les
mouvements de l'estomac et de l'intestin ; elles sont bien le lieu
où prennent naissance l'ensemble des mouvements nécessaires à
la nutrition de l'organisme, depuis ceux de la mastication et de la
déglutition, jusques et y compris ceux de l'intestin. P. K.
XXI. DE la craniotonoscopie ET DE sa valeur clinique ; par
W. lIIULIANJ131f. (Neurolog. Ceatnal6l., XIII, 1894.)
Appareil et méthode de Gabritschewsky, appareil de Bechterew.
On prendra soin de couper courts les cheveux du malade; quand
on placera le pavillon du stéthoscope dans la bouche dn malade, il
devra respirer le plus doucement possible ; on veillera à bien placer
le diapason sur des points symétriques du crâne en donnant à ses
vibrations la même intensité chaque fois. On comparera bien exac-
tement l'auscultation de points précisément symétriques; on écou-
tera deux fois à chaque mise en branle du diapason, et l'on appré-
ciera les différences minimes de son perçues. Dans ces conditions,
voici ce que l'on peut dire :
1° Les points symétriques du crâne rendent des tons toujours
égaux, quels que soient l'âge, l'épaisseur des os, la forme du crâne,
sauf erreur pour les crânes très obliques non encore examinés ;
2° au sur et à mesure que l'on déplace le diapason, du front à
l'occiput, le son des vibrations transmis par les os du crâne et
ausculté par la bouche s'affaiblit, mais non uniformément; il y a
des transitions brusques à la limite du frontal et du pariétal, entre
le pariétal et l'occipital; au niveau des sutures le son est un peu
plus étouffé. Il y a affaiblissement des tonalités en certaines zones
du crâne; voici par exemple un ton éclatant au niveau du frontal ;
nous le trouvons plus obscur dans la moitié antérieure du pa-
riétal, à la base de l'apophyse mastoïde, tout le long des os de la
face, dans la région du sinus frontal ; un second degré d'obscu-
rité se constate au niveau de la moitié postérieure des pariétaux,
de l'occipital, des prolongements des apophyses mastoïdes ; un
troisième degré d'obscurité se manifeste sur les vertèbres cra-
niennes, les tempes et le reste du temporal à l'exception de l'apo-
physe mastoide.
Le son peut-il être masqué ou affaibli par des lésions intra-
craniennes, ou par des lésions des os du crâne. Des expériences
établies par l'auteur et rapprochées d'études cliniques ont indiqué
à M. Murawjetf que la craniotonoscopie ne permet pas de dia-
gnostiquer les lésions intra-craniennes. Mais elle permet de dia-
guostiquer les altérations des os du crâne; moins l'os est compact
(suppuration et carie, maladie de Menière, tumeurs des os), moins
: 28 REVUE d'anatomie ET DE physiologie PATHOLOGIQUES.
bien le son est conduit; mais il faut faire la part de l'état des
parties molles qui recouvrent les os, leur atrophie étant en rapport
avec une perception plus nette du son du diapason du côté atro-
phié, leur augmentation de volume au contraire obnubilant le
son dans cette région. P. Keraval.
XXII. DE l'atrophie musculaire dégénérative dans la paralysie
PROGRESSIVE; par A. HocHE. (Aelii-010g. Cent·albl., XIII, 1894.)
Il s'agit de deux observations, dont l'une avec autopsie, qui témoi-
gnent de l'existence d'atrophies musculaires, malgré l'intégrité
des cornes antérieures et des nerfs périphériques. Ces atrophies, de
par leur siège et leur répartition, se distinguent de l'atrophie ordi-
naire de la paralysie générale, et, par la netteté des altérations
qualitatives de l'excitabilité galvanique, de l'atrophie lente tabé-
tique. M. Hoche discute à ce sujet l'opinion de Nageotte pour qui
la paralysie générale n'est qu'une forme de tabès, ou le tabes une
forme fruste de paralysie générale. P. K.
XXIII. UNE gomme dans la RÉGION DES tubercules quadrijumeaux;
par G. ILllERG. (Archio. f. Psychillt., XXVI, 2.)
Observation avec autopsie. Céphalée, vertiges, insomnie, démar-
che ataxique, dysarthrie, accidents spasmodiques. Lésions multi-
ples : leptoméniugite cérébro-spinale, hémorragies dans la subs-
tance grise, dégénérescences dans la substance blanche, névrite de
plusieurs nerfs rachidiens et de presque tous les nerfs crâniens ;
vaisseaux athéromateux , stigmates syphilitiques de plusieurs
organes; hydrocéphalie interne; gomme dans les tubercules qua-
drijumeaux. P. K.
XXIV. LES faisceaux sensitifs DE la moelle d'après LES recherches
DE M. F. IIOLZINGER ; par W. DE Bechterew. (Nelcrolog. Centralbl.,
XIII, 1894.) .
Expériences sur des chiens; section de la moelle dorsale (au
niveau des troisième et quatrième vertèbres) ; contrôle micros-
copique.
L'hémisection produit une diminution bilatérale de la sensibilité
des régions sous-jacentes; mais cette perturbation disparaît au bout
de quelques jours. La section des cordons postérieurs et de la
substance grise avec les cordons antérieurs ne donne pas d'anal-
gésie, pas plus que la section de la partie antérieure de la moelle,
c'est-à-dire de l'ensemble des cordons antérieurs, de la partie anté-
rieure des cordons latéraux et d'une partie des cornes antérieures.
La section isolée, à l'aide du couteau de de Groefe, de la couche
REVUE d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques. 229
limitante de substance grise d'un côté ou de l'autre, reste sans
résultats. Pour qu'il se produise de l'analgésie, il faut sectionner
les deux cordons latéraux ou la moitié postérieure de la moelle, et,
encore, dans ce dernier cas, faut-il que la limite antérieure de la
coupe se trouve un peu en avant des faisceaux pyramidaux; si la
destruction de la partie postérieure de la moelle ou des cordons
latéraux est peu profonde, il n'y a pas de perte complète de la sen-
sibilité à la douleur. L'anesthésie tactile et la perte du sens mus-
culaire surviennent quand il y a codestruction des cordons posté-
rieurs. La section des cordons postérieurs, au niveau indiqué, pro-
duit de l'ataxie dans les extrémités postérieures. P. K.
XXV. DE CE QUE L'ON appelle LES granulations DES CELLULES
nerveuses; par F. NtssL. (Neurolog. Centl'albl., XIII, 189r.)
Etude microchimique des plus importantes des cellules, avec
magnifiques dessins; dissection chimique des éléments composants
des cellules; discussion avec Rosin.
Conclusions. - Si nous caractérisons l'une des parties fondamen-
tales du corps de la cellule, en disant qu'elle a une forme (appa-
rente), c'est-à-dire qu'elle est colorable, et si nous établissons qu'il
existe une seconde partie constitutive du même corps cellulaire
qui, elle, n'a pas de forme (apparente), c'est-à-dire n'est pas colo-
rable, nous arrivons alors à dénommer chacun des éléments mor-
phologiques. Les composants de la partie constitutive colorable
seront, suivant les figures qu'iis affectent : des granulations, des
filaments de granulations, des séries et des groupes de granula-
tions, des fils de telle ou telle composition. Les grosses portions
de substance seront des corpuscules à désignation typique et
s'appelleront : fuseaux, coiffes, cônes, selon les dessins qu'elles
figurent. · '
Ce sera la meilleure terminologie pour les éléments morpho-
logiques du corps cellulaire. P. K.
XXVI. DE la circulation DES régions DE la protubérance et DU
pédoncule cérébral, ET EN particulier DU noyau DE L'OCULO-110-
TEUR commun ; par S. SHIMAMURA. (Neurolog. Centralbl., XIII,
1894.)
Etudes analogues à celles de Duret et Ileubiier pour le cerveau.
L'auteur étudie successivement les grosses artères des régions pé-
donculaires et protubérantielles, les petites branches artérielles de
la région pédonculaire occupant le côté externe, et pénètre ensuite
dans la profondeur.
«Comme partout ailleurs, dit-il, les régions qui possèdent de
la substance grise, sont bien plus riches en vaisseaux que celles
230 REVUE d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques.
qui, presque exclusivement, sont occupées par de la substance
blanche. Les parties qui sont sur la ligne médiane sont alimentées
par les branches qui proviennent des artères à direction antéro-
postérieure, longeant la ligne médiane. Les parties latérales, y
compris les tubercules quadrijumeaux, sont alimentées par les
rameaux qui proviennent des vaisseaux contournant d'avant en
arrière la protubérance et les pédoncules cérébraux. Toutefois il
existe des districts vasculaires bien séparés. »
C'est ce que montrent les coupes transverses et perpendiculaires
à travers les pédoncules cérébraux et les tubercules quadrijumeaux
antérieurs. A la base du cerveau, du point où les artères céré-
brales postérieures s'abouchent dans la basilaire, partent nombre
de petits vaisseaux, dans l'angle même où les pédoncules cérébraux
touchent à la face antérieure de la protubérance ; de même les
branches intercrurales, provenant des communicantes postérieures,
convergent vers la ligne médiane du trigone. Toutes ces branches
dans le sillon intercrural forment un cône qui pénètre la substance
nerveuse où sur une étendue plus ou moins longue elles dessinent
un éventail qui divergent d'avant en arrière. Deux d'entre elles,
plus fortes, se dirigent le long de la ligne médiane jusqu'à l'aque-
duc de Sylvius, où, de chaque côté, elles dessinent un arc qui
gagne le bord externe et se résolvent en rameaux terminaux. Dans
la protubérance, de ces deux branches médianes partent, à cer-
taines distances, des rameaux affectant la direction perpendicu-
laire. De ces rameaux-là, dans la région pédonculaire se détachent
des branches médianes sous des angles aigus ou droits. De sorte
qu'il n'y a pas de distribution vasculaire étagée.
Les rameaux qui se détachent sous un angle aigu se rendent :
1° à la partie médiane de la substance noire de Soemmering ; 2° aux
pédoncules cérébelleux supérieurs, et, transversalement, aux noyaux
rouges de la calotte ; 3° à la région du faisceau longitudinal posté-
rieur ; 4° au noyau de l'oculomoteur commun.
Chaque hémisphère, droit ou gauche, est alimenté par les vais-
seaux du même côté. Il n'y a pas d'anastomoses entre les dislricls
vasculaires qui existent des deux côtés de la ligne médiane, et
ceux qui occupent les parties latérales el postérieures c'est-à-dire
les tubercules quadrijumeaux. Il n'y a pas de vaisseaux unissant
les vaisseaux des parties latérales et médianes de la région des
pédoncules cérébraux. La partie médiane du côté où l'on a fait
l'injection est très bien injectée ; la partie médiane de l'autre côté
est peu injectée ; l'injection ne pénètre pas ailleurs, ni dans la
partie postérieure (tubercules quadrijumeaux). La sphère vascu-
laire médiane, injectée, a la forme d'un triangle à base vers le
pied du pédoncule cérébral,' à angle dirigé vers l'aqueduc de Sylvius
c'est-à-dire qu'en avant elle est élargie et qu'elle se rétrécit vers
l'aqueduc. Il est impossible d'établir sans aucun doute qu'il y ait
REVUE d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques. 231
des anastomoses d'un côté à l'autre. Il est probable qu'entre les
vaisseaux de la région médiane d'un côté et de la région médiane
de l'autre côté il y a des vaisseaux très fins qui établissent une '
communication entre le vaisseau médian d'un côté et le vaissean
médian de l'autre; mais, dans le pédoncule cérébral même, il n'y
a pas d'anastomoses entre les deux districts vasculaires. Il n'y a pas
non plus d'union vasculaire entre la partie médiane et la partie
latérale d'une part, ni entre la partie médiane et la partie posté-
rieure d'autre part ; le territoire vasculaire situé à côté de la ligne
médiane est donc un territoire autonome et isolé.
On remarque que la région del'oczclo-n : otezar commun est celle qui
est le plus fréquemment visitée par un processus pathologique
direct ou indirect. Or, cette région occupe à peu près la place du
cerveau où les ondes sanguines de la carotide et de la vertébrale
viennent se choquer ; de plus, tous les vaisseaux qui finalement se
résolvent dans ce noyau en rameaux terminaux, montent presque
perpendiculairement de la base en arrière et ces vaisseaux sont
des artères terminales ; le noyau de l'oculo-moteur commun ne
reçoit donc son sang que de ces vaisseaux. Voilà trois conditions
défavorables expliquant pourquoi le noyau de l'oculo-moteur
commun est si fréquemment le siège de lésions et pourquoi beau-
coup d'affections du système nerveux central se traduisent à leur
début par des symptômes en rapport avec l'altération du territoire
des parties animées par i'oculo-moteur commun. P. KERAVAL.
XXVII. DES fibres MYOSIGLVES ; par W. DE BECHTEREIv
(lveurolog. Centralbl, XIII, 1894.)
L'expérimentation a révélé chez les oiseaux l'existence dans le
chiasma de fibres optiques et de fibres pupillaires entre-croisées ;
celles-ci parcourent un certain trajet avec la bandelette optique
dans l'hémisphère cérébral opposé, mais elles s'en séparent avant
d'entrer dans la région du tubercule bijumeau et se dirigent en
dedans pour gagner directement la région du noyau de l'oculo-
moteur commun. Chez les chiens, il y a très probablement entre-
croisement incomplet des fibres pupillaires dans le chiasma; elles
se séparent des fibres optiques non immédiatement en arrière du
chiasma, mais dans le trajet ultérieur de la bandelette optique.
Il existe des fibres pupillaires dans la commissure postérieure.
Nombre de faits pathologiques confirment que des fibres pupillaires
marchent séparées des fibres optiques sur une certaine étendue du
segment centripète de l'arc réflexe ; telle la cécité totale avec con-
servation de la réaction à la lumière, après la destruction des
tubercules quadrijumeaux. Les cas dans lesquels il y a immobilité
réflexe des pupilles avec conservation de la réaction à l'accommo-
dation (tabes et paralysie générale), et ceux de la perte unilatérale
232 REVUE d'anatomie ET DE physiologie pathologiques.
de la réaction lumineuse directe, peuvent s'expliquer par des lésions
qui atteignent le segment centripète les fibres pupillaires, dans le
'trajet où elles sont justement séparées des fibres optiques. Travaux
-sur ce segment de Gudden, Darkschewitsch, Flechsig, Bogrow.
P. K.
XXVIII. SUR UNE NOUVELLE MÉTHODE DE recherches dans LES CENTRES
nerveux, EN particulier pour localiser LES CELLULES nerveuses ;
par F. NISSL (Cent1'¡¡liJ ! . f. Newenheilk., N. F. V., 1894.)
Il s'agit 1° de supprimer les relations directes (musculaires ou
sensorielles) des cellules nerveuses avec leur organe terminal, chez
un animal adulte ou demi-adulte; il en résultera une altération
régressive de ces éléments; 2° d'enlever un centre nerveux des
organes centraux ou de couper les faisceaux qui sortent de ce
centre; dans les cellules nerveuses du centre le plus voisin de celui
qui dépend le plus directement du premier, il s'effectuera une
altération régressive qui, dans les premières semaines, ne dépas-
sera pas le centre le plus voisin ; 3° la régression variera suivant
la forme de la cellule; d'une manière générale, il s'agira d'abord
d'une tuméfaction du corps cellulaire et de modifications toutes
particulières des portions du protoplasma colorables ; puis, pour
quelques formes de cellules, de phénomènes spécifiques dans le
noyau de la cellule ; c'est ce qu'on constate quand on emploie une
méthode convenable, dans les huit à quinze jours qui suivent
l'intervention opératoire; 4° enfin la loi est que dès que les cellules
nerveuses des centres sont directement atteintes par un agent
nocif, elles régressent, tandis que les cellules de la névroglie du
pourtour subissent une altération progressive quel que soit l'agent
nocif. Voici comment réagit la cellule de la névroglie ; son proto-
plasme ou corps cellulaire se déplisse et sécrète, alors que jusque-
là il résistait aux agents colorants, il devient visible et la cellule
prolifère par voie de karyokinèse (Weigert). Pour qu'on observe
celte compensation entre la régression de la cellule nerveuse et'la
progression de la cellule névroglique, il faut que l'agent nocif ait
uniquement lésé les éléments spécifiques des centres nerveux,
c'est-à-dire la cellule et les fibres nerveuses. Combinaison de la
méthode de Marchi et de Gudden aux éludes micro-chimiques de
Nissl. P. K.
XXIX. CONTRIBUTION A l'anatomie pathologique DE la commotion
CÉRÉBRO-SPINALE ; par G. BiKELES. (Celtlralbl. fi. Nrvenheilk.,
Ir. V. 1891.)
Avec un marteau de Skoda, on frappe sur la tête des cochons
d'Inde jusqu'à produire de petites convulsions épileptiformes, soit
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 233
un seul coup, soit plusieurs coups à plusieurs reprises. Puis on
obtient chez eux soit une extrême maladresse dans les mouve-
ments, soit des parésies avec convulsions tono-cloniques persis-
tantes. Quelques semaines plus tard, on les tue et on examine le
système nerveux central. Dans ces conditions on constate qu'un
traumatisme localisé peut déterminer des altérations étendues à
travers tout le système nerveux central, mais celles-ci échappent à
la plupart des méthodes d'examen ; or ce sont elles qui constituent
le substratum de bien des névroses traumatiques, dites fonction-
nelles.
I. Le traumatisme détermine, non seulement une tuméfaction
des cylindraxes, mais une tuméfaction très marquée des gaines
myéliniques (névrites dégônératives traumatiques), et cela en des
endroits qui ne peuvent avoir été atteints qu'indirectement et non
par l'action du contre-coup; il est prohable qu'il y a eu aussi lésion
des cellules, mais on ne possède point de réaction sensible et facile
pour déceler ces fines altérations de structure ; la méthode de Nissl
même est impuissante. La commotion cérébrale provoque donc des
lésions étendues des fibres nerveuses à myéline de tout le système
nerveux central. IL La commotion de la moelle se traduit par des
foyers de ramollissement survenant après le traumatisme et qui
sont la conséquence directe de la déchéance de la substance ner-
veuse (sans hémorragies préalables), parle choc; il y a dégénéres-
cence traumatique, puis régénérescence, les symptômes disparais-
sent après un temps plus ou moins long. La névrose traumatique à
symptômes spécialement graves prend son origine dans l'atteinte
plus vive de certains systèmes de fibres que d'autres. L'hystérie
post-traumatiqueaprès commotion violente de la moelleabel etbien
pour substratum réel et non occasionnel ces lésions des fibres
nerveuses à myéline qui se propagent si loin, bien qu'on évite de
parler d'une déchéance des éléments nerveux et qu'on se rallie à
l'idée d'une diminution des fonctions, d'une réduction de l'énergie
du travail fonctionnel. P. KERAVAL.
XXX. Contribution A la question DU POLYMORPHISME DES réactions DE
divers nerfs ou DE leurs terminaisons A L'éc \Rd d'une même
excitation; pal' 111.LEVy-DoR¡'¡. (Centralbl. f. Ne1'venheilk, XVII, NF.
V. 189'r. )
Etude de l'excitabilité thermique. On prend pour sujet d'expé-
rience le chat, qui sue, comme on sait fort bien, au niveau des
coussinets des pattes. Ou sectionne un sciatique, on fait passer le
bout périphérique de ce nerf par un tuyau mince de cuivre laminé
long de 3 centimètres. Si l'on fait an i ver dans ce tuyau de l'eau
chaude à 49°, on ne tarde pas à voir perler des gouttes de sueur v
la paume des pattes du chat; ce premier résultat obtenu, on obtien-
33k REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
dra les mêmes résultats en employant des températures moindres
(47° par exemple) ; il ne faudra pas monter à plus de 52° sous
peine d'altérer le nerf. On constate tout près de la paume de la
patte une élévation thermique de la peau, c'est-à-dire une dilata-
tion vasculaire. Il est donc très probable que la dilatation s'étend
également aux vaisseaux des glandes sudoripares tant que la sécré-
tion s'opère, si l'on en juge d'après les glandes salivaires dont la
circulation est directement accessible à l'oeil. L'intervention de
l'action réflexe est écartée, car, après la section du sciatique, on a
beau agir violemment sur les centres sudoripares, même par la
dyspnée, sur les nerfs sensitifs par la faradisation, on n'arrive pas
à faire suer la paume de la patte. On n'obtient pas non plus la
sudation quand on met le tuyau calorigène à côté du nerf au lieu
d'introduire celui-ci dans celui-là. La chaleur peut donc exciter de
vrais nerfs centrifuges et produire ainsi la mise en.'activité des cel-
lules glandulaires. P. K.
XXXI. I)E LA CIRCULATION DU SANG DANS LE CERVEAU PENDANT LES
accès D'ÉPILEPSIE expérimentale; par W. DE Bechterew. (1\'eu ? ,ol.
Centmbl., XIII, 1894.)
Etudes expérimentales de Todorshi; après avoir relevé la pres-
sion artérielle dans les mêmes conditions (t1'eurolog. Centralbl, 1891;
Archives de Neurologie), il s'est adressé à la pression veineuse et à
celle du liquide céphalo-rachidien, pendant qu'on excite l'écorce
de la région motrice du chien au courant induit ou à l'essence
d'absinthe. Ces études ont été faites au moyen du manomètre à
eau, des ballons et du tambour de Marey ou du manomètre de
Welischaïnow. Il en résulte que pendant les accès d'épilepsie, le
sang artériel afflue en quantité prodigieuse au cerveau.
- P. K.
XXXII. SUR LES oscillations périodiques DES FONCTIONS DE l'écorce
cérébrale; par H. Stern. (Arch. sur Psychiatrie und Neroenkrank-
*,heiten-, t. XXVII, 1, 3, 1895.)
L'âil,téüï' étudié ' trois malades chez lesquels les opératious intel-
·le,e,tuelles, la sensibilité dans tous les modes, la mobilité ne s'exer-
Ç âlién 1-1-às', .domine à l'état normal, d'une façon continue, mais
présentaient à-dcg'inlervalles courts, plus ou moins réguliers, des
défaillances. Pendant ces périodes de défaillance, on constatait une
diminution de la sensibilité dans tous les modes, une parésie avec
ataxie des muscles de la vie de relation et une diminution de
facultés intellectuelles.
Chez tous les malades, ces oscillations se sont montrées à la
suite d'une lésion traumatique de la tête. Le premier présentait
REVUE d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques. 235
au début de signes non douteux d'une lésion cérébrale localisée.
Chez les deux autres, on n'observait que des symptômes généraux
consécutifs au choc traumatique.
La durée des défaillances variait entre trois et vingt-quatre se-
condes suivant l'époque de l'examen, la fonction examinée, etc.
Les périodes de fonctionnement normal ou temps intermédiaires
étaient de deux à quarante-quatre secondes.
Un examen du malade pendant un temps intermédiaire ne révé-
lait rien d'anormal; mais si on prolongeait l'examen au delà de
la durée de ce temps intermédiaire, une défaillance survenait et
on était tout étonné du changement brusque dans les résultats
obtenus. Cette défaillance de quelques secondes passée, tout rede-
venait normal et ainsi de suite..
Il faut remarquer avec l'auteur que ces défaillances n'avaient
rien de commun avec ce qu'on désigne sous le nom de phénomènes
de fatigue. Pendant les défaillances, la sensibilité tactile, la sensi-
bilité à la douleur, à la chaleur et au froid, le sentiment d'effort,
la notion de position étant diminuée ou abolie. Le malade ne sen-
tait pas, par exemple, le contact de la glace.
L'acuité visuelle était très faible et par moments la vue était
complètement brouillée « un rétrécissement du champ visuel avec
des particularités qui, d'après Charcot, sont caractéristiques de
l'hystérie », a été observé et étudié à plusieurs reprises pendant
les défaillances.
L'ouïe, le goût etl'odorat étaient très affaiblis; la force dynamo-
métrique, inférieure à la normale; la démarche ataxique. La res-
piration irrégulière rappelait, par son rythme, celle de Cheyne-
Stockes. Les réactions psychiques étaient retardées, les plus simples
opérations intellectuelles rendues difficiles, la mémoire défectueuse,
la parole embarrassée, l'écriture incertaine et maladroite.
Pas de troubles psychiques, conscience intacte. Pour expliquer
les défaillance, l'auteur admet l'hypothèse d'un trouble périodique
des fonctions de l'écorce, de nature probablement vasculaire.
Aucun cas de ce genre n'a été publié jusq ? i,c ? t : r ? 11>.;......"
-' .xi ' r'r ? t ?
/ ? * Lwoff. - £ ,0
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\'Y\-f)T r - \ ? ....,r\t.t J H 1 ? iICJ
XXXIII. Examen par la méthode DE GOLGIr16;. NERFS I : <iTRA-TllV RQ,L ? ,
DIENS DANS UN CAS DE GOITRE EJOPIiTALM f Cl r .... ?
DIENS DANS UN CAS DE GOITRE EXOPHTALMIQ 'Ii.¡ '¡.i\fl'<Cbofl ? \ ?
On s'accorde à considérer les lésious du corps thyroïde comme
étant la règle dans la maladie de Basedow : l'état des vésicules et
de leur contenu, des travées conjonctives qui les séparent, des vais-
seaux lymphatiques, a été étudié par un grand nombre d'auteurs :
les nerfs, au contraire, n'ont point encore attiré l'attention, quoi-
qu'on ait plusieurs fois attribué à l'affection une origine nerveuse.
L'auteur, en examinant une glande thyroïde exophtalmique par la
236 REVUE DE thérapeutique.
méthode de Golgi, a vu que les nerfs n'y manquent ni plus ni
moins que dans une thyroïde saine. Sur certains points, les termi-
naisons nerveuses sur la paroi d'une inouïe vésicule thyroïdienne
étaient plus nombreuses que ne le signale Anderson sur les thyroï-
~des normales. Autant que permet de le dire la méthode employée,
les nerfs paraissaient sains. (Revue de Neurologie, septembre 1893.)
E. BLIN.
REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.
I. Contribution A l'étude DE la question DE la castration ; par le
Dr IRAE3LER. (Allg. Zeitschr. f. Psychiatrie, t. LU, f. 1, 1895,
p. 1-74.) ,
Dans ce long mémoire, l'auteur étudie la question, si contro-
versée depuis une vingtaine d'années, de la valeur de la castra-
lion dans le traitement des maladies du système nerveux. Rare-
ment on a vu des opinions'aussi contradictoires : les uns considé-
rant la castration comme indiquée dans nombre d'affections
nerveuses et psychiques; les autres déclarant, avec Spencer Wells
que l'ovariotomie, pratiquée chez les femmes atteintes d'irrita-
bilité nerveuse, de nymphomanie et d'aliénation mentale, était
un * crime contre la société et un déshonneur pour le corps mé-
dical ». L'auteur a recueilli dans la littérature plus de trois cents
cas d'opérations portant sur les ovaires et sur les annexes entre-
prises dans le but de guérir des névroses ou des psychoses. De ces
trois cents cas, deux cents ont été suivis d'un résultat favorable;
cent n'ont donné aucune amélioration, ou seulement une amélio-
ration douteuse, ou même ont eu des conséquences fâcheuses. Il y
aurait donc à la suite de l'opération de la castration 70 p. 100 de
cas de guérison ou d'amélioration et seulement 30 p. 100 d'échecs,
c'est-à-dire que l'intervention chirurgicale réussirait dans les deux
tiers des cas. Sans insister sur ces résultats fournis par la statis-
tique, l'auteur fait remarquer qu'il faut tenir compte de la gravité
des cas dans lesquels on a eu recours à la castration : il s'agit, le
plus souvent, de femmes dont l'état physique et psychique était très
compromis et pour lesquelles on avait porté un pronostic défavo-
rable. Les cas de guérison ou d'amélioration - et il en est d'au-
thentiques sont donc encourageants. En outre, dans un certain
nombre de cas désespérés, on sera toujours en droit, en dépit des
/ REVUE DE thérapeutique. ? 31 Î
insuccès, de faire bénéficier la malade des chances favorables
d'une intervention chirurgicale, puisque l'on sait que des troubles
nerveux ou psychiques graves ont été guéris ou se sont amendés
grâce à un traitement gynécologique. Enfin il ne faut pas fonder
sur les résultats de l'intervention des espérances trop vastes; il
faut ne pas être trop exigeant. Nombre d'interventions chirurgi-
cales ne déterminent que des améliorations, ou laissent après elles
des troubles fonctionnels plus ou moins pénibles, et cependant on
ne s'appuie pas sur ces faits pour interdire au chirurgien d'inter-
venir. Seule l'ovariotomie ne devrait pas être suivie de troubles de
ce genre. On oublie que cette opération détermine une méno-
pause artificielle, qui peut être l'occasion de l'apparition de mani-
festations nerveuses. On a reproché encore à l'ovariotomie d'avoir
transformé des femmes, jusque-là normales, en névropathes, en
hystériques, en aliénées, et l'on en conclut que cette opération,
qui peut provoquer des psychoses, n'est pas de nature à guérir ces
mêmes troubles. Mais on sait que toute opération chirurgicale, et
non pas seulement l'ovariotomie, peut déterminer l'apparition de
névroses et de.psychoses. Il en est de même du shok, de l'action
du chloroforme, des émotions dues à l'opération. On a été enfin
jusqu'à incriminer l'ovariotomie quand celle-ci avait été suivie,
après plusieurs années, d'une psychose. On a prétendu que la cas-
tration pouvait, à ce point de vue, avoir de funestes résultats chez
les prédisposées. Il est démontré au contraire, par de nombreux
exemples, que des femmes prédisposées ont été améliorées ou gué-
ries par l'opération. C'est précisément chez ces prédisposées que la
castration peut être utile, en empêchant la conception et les accou-
chements ultérieurs qui sont souvent chez ces femmes la cause de
troubles du système nerveux.
Certains auteurs ont attribué les cas de castration suivis d'échecs
à ce fait que l'on avait extirpé les ovaires seulement et non les
trompes qui sont, elles aussi, souvent lésées. Cette explication
serait confirmée par les cas dansjesquels l'ovariotomie ayant été
suivie d'une extirpation des annexes, cette seconde opération a
ramené la guérison. Il faut donc en général enlever les an-
nexes.
Il faut tenir compte encore, pour apprécier à leur valeur les
échecs que l'on impute à la castration, des cas dans lesquels celle-ci
a été pratiquée par suite d'indications erronées.
Les Américains et certains Allemands (Schramm, Schroeder)
enlèvent les ovaires même si ces organes ne présentent pas de
signes d'altérations : il leur suffit que les troubles génitaux aient
joué un rôle dans le développement de la maladie. Les symptômes
à eux seuls constituent une indication suffisante. On peut d'ailleurs
admettre que des ovaires, sains d'apparence, présentent néanmoins
des altérations maladives, à un degré plus ou moins accentué. On
238 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.
sait aussi que, dans nombre de cas, des organes ne paraissant
point altérés ont pu provoquer des troubles nerveux accusés,
tandis que des lésions considérables (tumeurs, etc.), sont restées
silencieuses. -
~ Certains auteurs ont soutenu que les troubles de l'appareil
génital n'étaient que la conséquence d'une psychose, d'un état de
souffrance du système nerveux central, qui déterminait des modi-
fications de structure dans les organes génitaux; ils ont cru devoir
par suite condamner non seulement l'ovariotomie chez les aliénées,
mais encore tout examen gynécologique.
On n'admet sans doute plus aujourd'hui que l'hystérie ait son
siège dans les ovaires, pas plus que l'épilepsie réflexe ou les né-
vroses réflexes n'ont leur siège dans les organes qui provoquent
l'accès. Mais il n'en est pas moins vrai que des processus mor-
bides de l'appareil génital et en particulier de l'ovaire, peuvent
retentir sur le système nerveux central, et que cette influence péri-
phérique fâcheuse peut être supprimée par l'ablation de l'organe
d'où part l'excitation.
Ce n'est que dans des cas exceptionnels qu'il est possible d'invo-
quer, pour l'expliquer l'apparition d'une psychose, une cause
unique. Habituellement les facteurs sont complexes. La prédispo-
sition psychopathique du sujet est sans doute la cause principale,
tandis que la maladie de l'appareil sexuel n'est qu'une cause occa-
sionnelle ; mais la thérapeutique doit agir sur ces causes occasion-
nelles.
On a prétendu que la castration ne déterminait par elle-même
ni guérison, ni amélioration : elle agirait par voie psychique.
Israël prétend avoir guéri une malade à qui il pratiqua une simple
incision abdominale tout en lui disant qu'il avait extirpé les ovaires.
Mais Hagar a démontré qu'il n'y avait pas eu guérison.
A quel moment doit-on pratiquer la castration ? La plupart des
auteurs recommandent de n'y avoir recours qu'après avoir expéri-
menté toutes les médications autres, et surtout le massage. Mais
dans les cas graves d'hystéro-épilepsie, d'excitation maniaque avec
idées de suicide, il faut intervenir rapidement : le massage et les
autres procédés thérapeutiques demandent trop de temps pour
amener un résultat. Par contre les affections nerveuses deviennent
avec le temps de plus en plus rebelles.
L'auteur rapporte cinq observations personnelles. Dans deux
cas, il s'agit de jeunes filles hystéro-épileptiques, sans antécédents
héréditaires ; chez l'une d'elles les attaques se montrèrent en
même temps que la menstruation. Douleur au niveau de l'ovaire
chez les deux malades. Chez l'une la pression ovarienne provoque
et suspend les attaques. Celles-ci augmentent de fréquence aux
périodes menstruelles. Les malades en question étaient sujettes à
des attaques syncopales, à des palpitations, des hallucinations,
REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 239
des idées de persécution et des états passagers d'excitation. Chez
l'une on constatait de l'hémianesthésie. La thérapeutique ordi-
naire ne fut suivie d'aucune amélioration. La castration n'a pas,
dans un cas, donné immédiatement des résultats favorables; les
attaques augmentèrent même de fréquence, ce qu'il faut attribuer
à l'excitation réflexe déterminée par les suites de l'opération. Mais
depuis octobre 1891, les attaques ont complètement disparu, le
caractère s'est amélioré; la guérison se maintient depuis trois ans.
Dans le second cas, les attaques convulsives ont disparu ; les atta-
ques syncopales persistent; la douleur ovarienne a presque com-
plètement disparu ainsi que l'hémianesthésie.
La troisième observation est celle d'une femme de vingt-deux
ans, non hystérique, sujette à des accès d'excitation maniaque que
la menstruation activait. La guérison d'un ulcère du col déter-
mine une amélioration de l'état psychique : la malade est mise en
liberté guérie. Huit mois après, la menstruation redevient très
douloureuse et provoque un accès d'excitation. Internée de nouveau
à l'asile, on lui fait l'ablation des ovaires qui étaient atteints de
dégénérescence kystique. La malade sort guérie quatorze mois
après l'opération. La guérison se maintient depuis cinq ans.
Le quatrième cas concerne une fille publique syphilitique, habi-
tuellement dans la stupeur, et qui au moment des périodes mens-
truelles s'excite, a des hallucinations et devient agressive. Castra-
tion : (ovaires atrophiés et salpingite). Amélioration notable de
l'état mental, disparition des accès maniaques. Dans la cinquième
observation le resultat a été également favorable.
L'auteur termine par des considérations sur les résultats théra-
peutiques à attendre de la castration chez l'homme, dans des cas
analogues. P. Sérieux.
Il. Traitement DE l'épilepsie; par \VULFrr. (Communication faite
au Congrès des médecins aliénistes de Basse-Saxe et de West-
phalie, 1 ? mai 1895, Allg. Zeitschr. f. Psychiatrie, t. 52, fasc. 3.)
L'intervention chirurgicale a été conseillée et mise en pratique
non seulement dans l'épilepsie corticale et l'épilepsie symptoma-
tique, mais encore dans l'épilepsie essentielle. On a employé la
ligature d'une ou des deux artères vertébrales, l'excision du gan-
glion cervical supérieur, la trépanation, avec ou sans incision des
méninges ou du cerveau, etc. Ces modes de traitement, qui ne
sont pas sans dangers, n'ont pas en général donné de résultats.
Il n'en est pas de même des opérations partant sur les organes
périphériques dans les cas d'épilepsie réflexe, à condition que l'ap-
parition des accès ne soit pas de date trop ancienne. L'auteur
communique deux cas de guérison (résection d'une cicatrice au
crâne, - et extirpation d'un fibrome comprimant les nerfs de
240 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.
l'avant-bras), et deux cas d'amélioration réelle (extirpation d'un
polype nasal et opération du phimosis). Mais il convient de faire
des réserves au point de vue du pronostic : car, d'une part, on voit
^parfois les accidents épileptiques disparaître pendant un temps, à
la suite d'une opération qui n'a pu intervenir directement sur la
cause supposée du mal, d'autre part les faits rapportés ne sont pas
tous concluants, faute d'une période d'observation suffisamment
longue (plusieurs années).
Pour ce qui est du traitement médicamenteux, l'auteur n'a pas
obtenu de résultat par l'emploi de la nitroglycérine, de l'antifé-
brine, de l'antipyrine, du borax, de l'acide osmique et de ses sels,
des injections de substance nerveuse normale, du curare (dange-
reux par son action sur la respiration). L'hydrate d'amylène n'a
pas d'influence sur la marche ordinaire de l'épilepsie, mais il est
ulile dans l'état de mal, ainsi que le chloral. Les bromures sont
encore les agents les plus actifs; la meilleure façon de les admi-
nistrer consiste à employer le mélange des trois bromures (de
sodium, de potassium et d'ammonium) suivant la formule d'Erlen-
mayer ou celle de Sander (solution gazeuse). Dans l'emploi des
bromures le point capital consiste à administrer une dose suffi-
sante (6 à 12 gr. par jour), et à en prolonger l'usage pendant des
années (en diminuant de temps à autre les doses). Le chiffre des
guérisons est peu élevé (2 p. 100), mais il est rare que le bromure
n'ait pas une action favorable. Le bromure d'éthylène serait un
médicament efficace et bien toléré; mais sa saveur et son odeur
sont désagréables.
En cas d'insuccès par les bromures, on conseille de leur asso-
cier la belladone, la fève de Calabar. D'après l'auteur, ce dernier
médicament serait sans action, et le premier serait aussi efficace,
dans les cas en question, lorsqu'il est employé seul. L'atropine, ou
mieux les pilules de Trousseau, sont bien supportées et peuvent
être longtemps continuées; c'est un médicament recommandable.
Nothnagel leur associe l'oxyde de zinc (de 0,03 à 0,30, trois fois
par jour, en augmentant). Récemment Moeli a recommandé d'al-
terner le bromure de potassium et l'atropine; l'auteur n'a pas
d'expérience personnelle sur ce traitement, mais il le croirait
volontiers utile. La cure d'opium et de bromure conseillée par
Flechsig a donné à l'auteur d'excellents résultats. Sur 19 malades
longtemps maintenus en observation, les accès ont cessé dans 5 cas
(depuis dix-huit mois dans l'un). Dans certains cas rares, l'opium
a été mal supporté; pour les autres malades, l'amélioration a été
réelle. (Présentation de courbes concluantes.) Mais ce mode de
traitement exige une surveillance constante de la part du médecin.
L'auteur conseille en outre un régime diététique spécial (prédomi-
nance des végétaux) et le repos absolu au lit. Cette dernière mesure
suffit souvent, à elle seule, pour empêcher les accès convulsifs.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 241
Discussion : M. BERaIIaN. La période de cessation des accès
consécutive au traitement de Flechsig parait trop brève pour qu'on
puisse parler de guérison. Dans les observations communiquées,
cette période va de quelques mois jusqu'à vingt mois. Or on voit
nombre d'épileptiques rester sans accès à la suite de divers traite-
ments et même sans traitement. Il ne faut prononcer le mot de
guérison que quand le malade est resté au moins cinq ans sans
accès.
Au point de vue du régime il faut rappeler que, d'après Cheyne,
un médecin épileptique a pu rester quatorze ans sans avoir d'accès,
en prenant pour toute nourriture quatre litres de lait et quatre
petits pains par jour. La guérison a été définitive.
Pour ce qui est de l'acné bromique, il faut savoir que le bro-
mure de potassium est souvent impur (chlorure de potassium), et
n'employer que du bromure purifié. P. Sérieux.
III. Observation d'empoisonnement par le TRIO,4.IL; par E. HECKER
(Centralbl. f. Nervenhek; N.F.V., 1894.)
L'intoxication eut lieu à la suite de l'absorption quotidienne de
1 gr. 50 du médicament, pendant trente-six jours; donc total
54 grammes. Elle se traduisit par des apparences intellectuelles et
physiques extrêmes de la démence paralytique. La suppression du
médicament fit disparaître les accidents. P. K.
SOCIÉTÉS SAVANTES.
SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE.
Séance du 27 janvier 1896. - Présidence DE MM. Moreau
ET Charpentier.
M. P. Moreau passe en revue les principaux travaux de la So-
ciété, au cours de l'année écoulée et cède ensuite le fauteuil de la
présidence à M. Charpentier qui se félicite d'avoir été appelé à
diriger des discussions toujours' intéressantes et empreintes de cor-
dialité. ,
M. P. GARNIER exprime ses remerciements à ses collègues qui
l'ont choisi pour vice-président.
Archives, 2° série, t. I. 16
242 asiles d'aliénés.
Une page de l'éloge de Gubler à l'Académie.
M. Motet donne lecture d'une page de l'éloge de Gubler prononcé
-par M. Bergeron à l'Académie de médecine. L'éloquent secrétaire
perpétuel y rappelle en termes élevés la tentative d'homicide dont
Gubler avait été victime de la part d'un aliéné persécuté qu'il
accompagnait en Italie.
A ce sujet M. Motet fait remarquer que les félicitations adressées
en cette occasion du haut de la tribune de l'Académie aux méde-
cins aliénistes, sont une légitime compensation aux attaques d'une
certaine presse qui les prend souvent à partie. M. B.
ASILES D'ALIÉNÉS.
L'INTERNAT DES ASILES D'ALIÉNÉS DE LA SEINE.
. NÉCESSITÉ DE SA RÉORGANISATION';
Par le D' PAUL SÉRIEUX,
Ancien interne des Asiles d'aliénés de la Seine,
' médecin-adjoint à l'Asile de Villejuif.
Examinons maintenant de quelles améliorations serait sus-
ceptible l'organisation actuelle de l'internat des asiles d'aliénés
de la Seine.
Le principe de recrutement des internes par le concours ne
nous paraît point devoir être discuté. Comment, autrement,
apprécier la valeur des candidats, comment fermer la porte à
l'arbitraire, aux recommandations, au népotisme 2 ? Ce con-
cours doit-il rester un concours distinct, ou doit-il fusionner
avec celui de l'internat des hôpitaux ? M. Bourneville demande
1 Voir Archives de Neurologie, n° 2.
'2 On a protesté dans ces derniers temps contre l'admission des étran-
gers au concours de l'internat des asiles : nous ne saurions trop nous
élever contre l'esprit de protectionnisme à outrance qui a dicté ces pro-
testations.
l'internat DES asiles d'aliénés DE la SEINE. 243
depuis longtemps que les internes des asiles soient fournis par
l'Assistance publique et appartiennent au corps de l'internat
des hôpitaux. Nous connaissons les desiderata nombreux aux-
quels doit donner satisfaction l'organisation dans les établisse-
ments d'aliénés d'un corps d'assistants compétents et stables.
Nous avons parlé des qualités professionnelles et du noviciat
prolongé nécessaires. Les considérations dans lesquelles nous
sommes entrés nous empêchent, sans parler des critiques for-
mulées par Girard de Cailleux, de nous rallier à la modification
réclamée par M. Bourneville. Celle-ci nous paraît de nature à
donner des résultats encore plus défectueux que le maintien
du statu quo. Elle augmenterait cette instabilité des internes
dont on se plaint tant aujourd'hui. Les asiles de la Seine, sur-
tout ceux situés dans le département de Seine-et-Oise, devien-
draient le refuge des derniers de chaque promotion, ou des
internes provisoires. Ceux-ci n'auraient qu'un désir : sortir
d'exil, rentrer à Paris où la préparation du concours des hôpi-
taux leur serait plus facile. Il en résulterait de continuelles
mutations fort préjudiciables.
Le concours de l'internat des asiles doit donc rester un con-
cours spécial. Mais certaines modifications sont indispensables.
La première concerne le nombre des inscriptions exigées des
candidats. Au début de l'institution du concours, ces derniers
devaient être pourvus de seize inscriptions; plus tard, on n'en
a plus exigé que douze. Actuellement, on admet les candidats
ne possédant que huit inscriptions. L'article, 54 du Règlement
ministériel du 20 mars 1857 a cependant spécifié que les élèves
internes doivent avoir au moins dix inscriptions, et être âgés
de vingt-un ans au moins. Les inspecteurs généraux du ser-
vice des aliénés considèrent avec raison ces conditions comme
insuffisantes : ils demandent que les candidats aient pris douze
inscriptions de doctorat et soient âgés d'au'moins vingt-deux
ans 2. C'était d'ailleurs le chiffre réclamé par Esquirol, en z,
pour les internes de Charenton, 3. Admettre aux épreuves du
1 Ilapp01't général à M. le Ministre de l'Intérieur sur le service des
aliénés en 1874, par les inspecteurs généraux du service, MM. les D" Cons-
tans, Lunier et Dumesnil. Paris. Imprimerie nationale, 1878.
' A Charenton, et dans nombre d'asiles de province (Armentières,
Dury, etc.), on exige douze inscriptions des candidats aux places d'in-
terne.
'Esquirol. Traité des maladies mentales. Paris, 1838.
244 - asiles d'aliénés. '
encours de l'internat des étudiants à huit inscriptions, c'est,
nous pensons l'avoir démontré, aller au-devant d'un grand
nombre d'inconvénients. Afin de les éviter, il serait nécessaire,
= notre avis, d'exiger des candidats seize inscriptions, c'est-à-
dire quatre années d'études, et d'autoriser les docteurs en
médecine à prendre part au concours'.
Les épreuves du concours consistent actuellement en une
épreuve écrite de trois heures sur un sujet d'anatomie et de
physiologie du système nerveux, et en une épreuve orale de
quinze minutes sur un sujet de pathologie interne et de patho-
logie externe. Il serait à désirer que l'épreuve écrite portât, non
seulement sur un sujet d'anatomie et de physiologie du système
nerveux, mais en outre sur une question de pathologie mentale.
Nous arrivons à des réformes plus importantes, qui répon-
dent à la nécessité sur laquelle nous avons insisté, de relever
la situation faite aux internes, d'étendre leurs attributions,
bref de transformer dans la mesure du possible les a élèves
internes » (c'est le nom que leur donne le Règlement), en
assistants docteurs en médecine. Dans ce but, on peut, non pas
imiter servilement ce qui se fait à l'étranger, mais s'inspirer
de l'organisation libérale dont nous avons montré les résultats
favorables.
' Il y a tout avantage, disent les inspecteurs généraux du service des
aliénés, à ce que les internes soient pourvus du diplôme de docteur : ils
n'ont plus à s'occuper d'examens, et ils peuvent consacrer tout leur
temps au service qui leur est confié. »
M. le Dr Sorel (du Ilavre) a récemment proposé dans le Progrès médi-
cal, d'exiger de tout candidat à l'internat des hôpitaux le titre de doc-
teur en médecine. Les considérations dans lesquelles entre l'auteur sont
tout à fait applicables à l'internat des asiles de la Seine. Grâce à cette
mesure, dit M. Soiel, on sera sûr, par les nombreuses épreuves subies
dans les Facultés, que l'instruction des internes est suffisante, qu'ils ont
cinq à six ans de médecine. u Le concours ne sera pas encombré de
jeunes gens de deuxième ou troisième année, et on ne verra pas des
internes nommés au concours, grâce au hasard de la question, arriver
dans un service... pour la première fois de leur existence avec le titre
d'interne. Ceux qui auront ce titre seront donc à même d'en remplir la
fonction. Les candidats étant moins nombreux, le concours sera moins
long, et les candidats, ayant satisfait à la loi militaire, auront tout le
temps nécessaire pour le bien préparer.Enfin, il est une dernière con-
sidération qui a une très grosse importance : les élèves des écoles de
province pourront y prendre part, sans avoir interrompu le cours de
leurs études en province. Les mesures de décentralisation, si urgentes
pour la Faculté de Paris, ne seront pas contrecarrées par l'organisation
du concours de l'internat. »
l'internat DES asiles -d'aliénés DE la SEINE. 245
Une première mesure s'impose. Il faut revenir purement et
simplement à l'application de l'article 89 du Règlement minis-
tériel de il 857, qui spécifie » que les internes restent en exercice
« pendant trois ans, mais qu'une prolongation de la durée de
l'internat pour une ou plusieurs années, peut être accordée
« par le préfet, sur la demande du directeur et du médecin en
« chef ». Cette disposition très sage a été laissée de côté par
la commission chargée d'organiser le mode de recrutement
des internes des asiles : nous le regrettons. Il semble qu'on
ait voulu calquer aussi exactement que possible le concours de
l'internat des hôpitaux. Mais ces deux internats ne sont nulle-
ment comparables, et cette imitation trop fidèle n'a point été
heureuse et ne pouvait pas l'êlre, pour les raisons exposées
plus haut.
En autorisant à proroger de quelques années la durée des
fonctions des internes, on permettra à ceux de ces jeunes
médecins qui s'intéressent à l'étude des maladies nerveuses et
mentales, de prolonger leur séjour dans les riches services de
nos asiles. Ils pourront ainsi y poursuivre des recherches de
longue haleine et s'y initier aux difficultés que présentent le
diagnostic, le pronostic, le traitement de la folie.
Une mesure utile serait de fixer à deux années la durée des
fonctions des internes, en spécifiant qu'à l'expiration de cette
période, ceux-ci seraient susceptibles d'être investis de nouveau.
pour deux années, sur la demande des médecins dans le service
desquels ils seraient désireux d'entrer ou de rester1. Après la
quatrième année, ils pourraient être encore autorisés à faire
une cinquième et une sixième année d'internat. Cette prolon-
gation facultative de la durée de leurs fonctions aurait l'avan-
tage précieux de stimuler leur zèle en faisant dépendre des
chefs de service qui auraient été à même de les apprécier une
nouvelle investiture pour deux années.
L'article 89 du Règlement ministériel et le Règlement de
l'internat des asiles de la Seine spécifient : que « les internes
peuvent se faire recevoir docteurs pendant leur internat sans
être forcés de renoncer à leurs fonctions ». Seuls devraient
être appelés à bénéficier d'une prolongation, les internes qui
auraient passé leur thèse. Une fois docteurs, et nommés pour
une nouvelle période, leurs attributions pourraient être éten-
1 Le cas échéant, un concours sur titres pourrait être organisé.
246 asiles d'aliénés. - '
dues, leur traitement augmenté. Ils échangeraient leur titre
d'interne contre celui d'assistant. De plus, à la fin de' la qua-
trième année, l'assistant'devrait pouvoir être chargé plus spé-
cialement d'une section du service. M. le Docteur A. Marie a
exprimé des voeux analogues :
« Pourquoi, dit-il, les internes les plus anciens, docteurs en
« médecine, ayant passé un concours spécial d'internat, et fait une
« thèse dans la spécialité, ne seraient-ils pas, après examen de
« leurs titres et de leurs états de services, appelés à des fonctions
« plus actives (signature de certificats, etc.), que la loi les auto-
« rise à exercer comme docteurs en médecine ? Ces assistants,
« internes transformés, seraient simplement prorogés pour quatre
« années de services nouveaux, auprès de chefs qui auraient pu
« les apprécier; après quoi, ayant parfait leurs études, ils pour-
'' raient passer médecins adjoints, au lieu qu'actuellement, l'in-
« terne qui concourt directement pour l'adjuvat n'a aucun béné-
« fice à être reçu de bonne heure, ni dans un bon rang. Il est, en
« effet, exposé à être expédié prématurément loin de tout centre
« d'études, privé de toutmoyen de travail scientifique (bibliothèque,
« laboratoire, etc.); il court'grand risque de voir son activité
« s'éteindre comme la flamme dans le vide'. »
Nous avons montré plus haut qne la solution du problème
de l'organisation du service de l'internat était tout entière
dans la création d'un corps d'assistants s'intéressant aux études
de psychiatrie. La réforme que nous défendons nous parait
appelée à fournir, à ce point de vue, les résultats les plus heu-
reux. Mais d'autres mesures encore seraient utiles. Il convien-
drait de supprimer l'interdiction, actuellement en vigueur, de
rester plus de deux ans dans le même service, et de tenir
compte aux assistants de leur ancienneté en leur allouant un
traitement de plus en plus élevé suivant le nombre de leurs
années de service2. Le logement des internes, souvent défec-
1 Marie, loc cil., p. 20.
2 A la Maison nationale de Charenton, le traitement des internes, nom-
més pour trois ans, est de 1,00 francs la première année, 1,600 francs la
seconde, et 1,700 francs la troisième. En dehors de l'interne de galde qui
est nourri et logé, les internes ont droit au déjeuner.
Actuellement, le traitement des internes des asiles est de 1,100 francs
dans les asiles extra-muros, de 800 francs à l'asile clinique (Sainte-Anne)
où la plupart n'arrivent que la dernière année. Les internes des
hôpitaux reçoivent une indemnité variant suivant leur ancienneté :
600 francs en première année, 1000 francs en quatrième année.
l'internat DES asiles d'aliénés DE la SEINE. 247
tueux, devrait être amélioré'. Le concours pour la bourse de
voyage devrait avoir lieu tous les deux ans régulièrement, entre
les assistants ayant au moins trois ans de service dans les asiles.
Ajoutons qu'il à aurait de grands avantages à étendre aux
internes des quartiers d'aliénés de Bicétre et de la Selpêtrière,
ainsi qu'à ceux de la maison nationale de Charenton, le mode
de recrutement et la prorogation de la durée des fonctions que
nous réclamons pour les internes des asiles de la Seine et
de l'infirmerie spéciale des aliénés de la préfecture de po-
lice s.
Un même concours pourrait servir à recruter les internes
de tous les asiles d'aliénés de l'agglomération parisienne, que
ces établissements relèvent du département, du ministère de
l'intérieur, de la préfecture de police ou de l'Assistance
publique de la Ville de Paris. On obtiendrait ainsi un corps
d'assistants ayant parfait leur instruction médicale, et possé-
dant une grande compétence. Les malades seraient suivis de
plus près, partant mieux traités ; les familles seraient mieux
renseignées, les chefs de service mieux secondés par des col-
laborateurs présentant des garanties spéciales. Ce corps d'as-
sistants deviendrait, en outre, une pépinière d'aliénistes
instruits ; et, qui sait, peut-être nous serait-il donné de
voir renaître en France le goût des études de psychiatrie 3 ?
' On s'est demandé, à diverses reprises, s'il ne conviendrait pas de
loger les internes en dehors de l'asile. Nous ne croyons pas utile de
discuter cette proposition : il suffit de connaître les exigences médicales
d'un service d'aliénés, de savoir quelles sont, et surtout quelles devraient
être les attributions des internes, pour ne point s'arrêter à pareil projet.
Dans divers asiles étrangers, les assistants sont logés dans les pavillons
des malades tranquilles. 1l. le professeur Rieger demande (loc. cit.) que
ces médecins aient leur logement dans les pavillons de traitement, près
de la salle de surveillance continue » et qu'ils soient obligés, par la
disposition même des locaux, de traverser cette salle pour pénétrer dans
leur logement. Cette arrivée fréquente et inattendue du médecin vaut
mieux que toutes les « visites « et « contre-visites » du règlement.
' M. Bourneville défend depuis longtemps une idée analogue : il estime
qu'il serait plus pratique et plus économique de condenser en un seul,
les concours distincts des asiles de la Seine, de la Maison de Charenton,
et des asiles nationaux de Vincennes et du Vésinet.
3 D'éminents aliénistes émettent sur l'état actuel de notre science spé-
ciale dans notre pays des réflexions fort pessimistes.
« La France, déclare M. Chambaud, aurait aujourd'hui bien besoin
d'aliénistes pour relever aux yeux de l'étranger la science et l'enseigne-
ment de la psychiatrie auxquels elle a servi de berceau ». (Essai critique
248 , asiles d'aliénés.
Résumons en quelques propositions les modifications que
nous venons d'exposer :
1° Nomination au concours des internes de tous les établis-
- sements d'aliénés du départemcut de la Seine (asiles départe-
mentaux et autres). Ce concours sera spécial, et unique pour
tous les établissements ;
2° Pourront prendre part au concours, les étudiants en
médecine pourvus de seize inscriptions prises dans une Faculté
française et les docteurs en médecine, âgés de moins de
trente ans;
3° L'épreuve écrite de trois heures devra porter, non seule-
ment sur un sujet d'anatomie et de physiologie du système
nerveux, mais encore sur un sujet de pathologie mentale ;
4° Limitation de la durée des fonctions d'interne à deux
années.
A l'expiration de leurs fonctions, les internes qui auront
passé leur thèse pourront, sur la demande de leurs chefs de
service (et en cas de' besoin, à la suite d'un concours sur titres).
être nommés assistants pour une période de deux années.
Cette période accomplie, ceux-ci pourront être autorisés à
accomplir une cinquième et une sixième années;
5° Suppression de l'interdiction de rester plus de deux ans
dans le même service;
6° Augmentation progressive du traitement des assistants et
extension de leurs attributions suivant leur ancienneté.
Ces modifications dans l'organisation actuelle de l'internat
des asiles, nous les estimons urgentes et indispensables. Elles
* donneront satisfaction aux exigences du traitement des
alliénés. Elles assureront à l'administration des internes : ^adaptés à*leurs fonctions spéciales et parmi lesquelles pour-
ront être recrutés des médecins compétents. Elles fourniront
aux ohefs de service des collaborateurs expérimentés, à la
sur l'organisation médico-adninislrolive du service des aliénés. Annales
méd. ps c/¡olog" janvier, 1890, p. 71.)
« La psychiatrie française se meurt, tel est le cri, dit M. Marandon
de Montyel, qui, d'année en année, retentit avec plus de force. De quoi
donc est-elle atteinte ? Comment, lorsqu'elle a eu dans nos pères et nos
grand'pères des travailleurs si opiniâtres, des producteurs si féconds,
sommes-nous arrivés à ce degré d'initié et de stérilité ? Nous y sommes
arrivés par le recrutement et l'organisation du personnel médico-admi-
nistratif. » (Du personnel médico-administmtif des asiles et de son l'e.
crutement. Annal, méd. psycholog., novembre, 1890, p. 403.)
bibliographie. 249
hauteur de leur tâche. Ajoutons que les plus importantes de ces
mesures peuvent être réalisées sans grever le budget. Ces
considérations sont-elles suffisantes pour obtenir une réforme ?
Est-ce avoir trop de confiance dans l'esprit d'initiative et le
désir de' progrès de notre époque que d'espérer voir accueillir
favorablement les critiques que nous nous sommes permis
d'émettre ?
Le travail très intéressant de M. P. Sérieux mérite d'attirer
l'attention de tous ceux qui s'occupent de l'organisation des
asiles d'aliénés et en particulier de l'Administration qui pour-
rait s'en servir de base pour une communication à la Commis-
sion de surveillance des asiles de la Seine. Personnellement,
nous sommes d'accord avec M. Sérieux sur la plupart des
points. Par exemple, la faculté laissée aux internes de passer
leur thèse tout en continuant leurs fonctions et sur la prolon-
gation des années d'internat dans de certaines conditions à
déterminer, etc. Toutefois, nous ne partageons pas son avis
sur l'adjonction d'une question de pathologie mentale à
l'épreuve écrite. C'est déjà trop d'avoir limité l'épreuve d'ana-
tomie au système nerveux. Ce que le concours doit nous
apprendre, c'est si les candidats parmi lesquels on va choisir
les internes ont des connaissances sérieuses en médecine et
non pas s'ils sont déjà des spécialistes en aliénation mentale.
" 'R* ? ^
BIBLIOGRAPHIE.
II. 34° Rapport sur l'asile du district de StÍ1'ling, à Larbert;
par le D1' MACPHERSON. (Striling district-lunacy BOa1'd, mai 1894.)
Rapport suggestif en ce sens que, dans un asile de 504 malades,
le superintendant a réalisé un desideratum que nous poursuivons
en France depuis Esquirol sans y arriver. Dans l'asile que nous
avions visité en 1890, on a construit un véritable hôpital de trai-
tement pour les aliénés aigus curables, servant en même temps
de quartier d'admission et d'observation. Le service médical et la
surveillance y sont particulièrement complets et l'action thérapeu-
250 VARIA.
tique s'y concentre sur les cas diagnostiqués curables. Le reste de
l'asile, sections de chroniques et de classement, asile-ferme, place-
ments familiaires, annexe, assure avec les sorties par guérison le
désencombrement de l'hôpital ainsi réalisé; c'est le dédoublement
dans le même asile des services aigus et chroniques, dédouble-
ment réclamé par Esquirol en 1817 et par le projet de loi Roussel,
en 1878. D1' A. Marie.
VARIA.
Asiles d'idiots EN ALLEMAGNE.
I. Rapport sur les établissements d'idiots en Allemagne. - L'au-
teur M. Krayatsch a été chargé, par l'assemblée provinciale de la
Basse-Autriche de visiter les établissements d'Allemagne afin de
recueillir les documents nécessaires à la création d'un établisse-
ment d'arriérés comme annexe de l'asile provincial de Kierling-
Gugging. M. Krayatsch s'est préoccupé, dans son voyage, de la
constitution matérielle des asiles, de l'aménagement des locaux,
des résultats fournis par l'expérience de leurs directeurs, plus que
de l'étude du côté pédagogique de la question. Il a rédigé un
questionnaire très complet d'après les travaux de G. Brandes :
Idiotie et asiles d'idiots; d'A. Erlenmeyer : Les asiles d'aliénés et
d'idiots de Suisse; de Knapp : Bapport sur les asiles d'idiots; Rapport
sur les établissements d'idiots et de sourds-muets ; de L. Pilez-der
L'idiotie et les asiles d'idiots.
L'auteur a visité 14 établissements dont 9 consacrés aux, idiots,
2 aux crétins el 3 aux épileptiques. Les débuts de l'assistance des
arriérés et faibles d'esprit en Allemagne ont été modestes. Ces
sujets étaient recueillis et élevés dans des établissements dus à l'ini-
tiative privée, surtout à celle des clergés catholique et protestant.
Il y a environ trente-trois ans, par exemple, un instituteur autri-
chien recueillait 2 idiots : aujourd'hui l'établissement fondé par lui
compte 250 pensionnaires répartis suivant le sexe, l'âge, l'état
mental, l'éducabilité, et une colonie de 50 sujets.
L'expérience acquise dans les établissements privés, et la loi prus-
sienne du 11 juillet 1891 qui rend obligatoire l'assistance des idiots
et des épileptiques comme celle des sourds-muets et des aveugles,
firent sentir la nécessité de créer des asiles pour l'hospitalisation et
l'éducation des idiots de tout âge. Dans le royaume de Saxe, pour
remplacer le quartier d'idiots fondé à Hubertusburg en 1844, on a
VARIA. 251
ouvert en 1889 les asiles de Gross-Hennersdorf pour les garçons et
de Nossen pour les filles. La ville de Berlin possède une école
d'idiots annexée à l'asile de Daldorf, et une école d'épileptiques
annexée à la colonie d'épileptiques de Bisdorf.
Il est indispensable d'avoir une bonne statistique des idiots
celle-ci n'existe pas en Prusse. Il faut donc se contenter des chiffres
obtenus en Danemark, dans le Wurtemberg et dans le canton de
Zurich, qui donnent la proportion d'un arriéré pour 500 habitants ;
la sixième partie de ces arriérés doit être hospitalisée. On peut,
dans les provinces peu populeuses, réunir ensemble idiots et épilep-
tiques ; mais dans les grands centres, il est préférable de séparer ces
deux catégories de sujets, dans la mesure du possible. L'éducation
des faibles d'esprit est une oeuvre essentiellement médicale ; les
asiles spéciaux d'idiots doivent donc être dirigés par un médecin.
Certains auteurs ne considèrent pas comme indispensable la
création ^'établissements autonomes et proposent d'annexer les
colonies d'idiots à un asile d'aliénés, comme on l'a fait à Berlin et
à Paris. D'autres réclament la réunion de tous les idiots et épilepti-
ques dans de grands établissements, où une section d'éducation
médico-pédagogique serait réservée aux enfants idiots et épilepti-
ques. Avant tout, il faut s'occuper des idiots éducables et pour cela
attacher plus de prix à l'éducation qu'à l'instruction.
Il faut aussi bien définir l'idiotie et considérer comme « idiots »
tous les sujets atteints de maladies mentales caractérisées par un
état de faiblesse intellectuelle congénitale ou acquise dans le jeune
âge. On distinguera : a) l'idiotie avec hydrocéphalie; h) l'idiotie
avec microcéphalie ; c) l'idiotie par arrêt de développement ; d) l'i-
diotie avec sclérose cérébrale ; e) l'idiotie consécutive à la ménin-
gite ; f) l'idiotie avec myxoedème 1.
Asile de Dossen (royaume de Saxe). - Cet établissement, fondé
en 1889, est destiné aux arriérées du sexe féminin, non épileptiques,
âgés de cinq à quinze ans. Population : 160 malades, dont 80 sont
éducables, 40 susceptibles d'être occupées et 40 inéducables. Les
enfants non éducables sont au nombre de 12 à 14 par section, sous
la surveillance de deux infirmières ; la chambre de réunion qui est
réservée à chaque section sert aussi de réfectoire. Les dortoirs sont
aménagés d'une façon très simple; ils possèdent jusqu'à 20 lits. Des
salles-lavabos leur sont annexées ; chaque malade a sa cuvette, sa
serviette, etc. Les enfants éducables et ceux qui travaillent pren-
nent chaque semaine un bain de propreté; ceux qui sont inéduca-
bles prennent deux fois par semaine un bain salé en outre du bain
de propreté. On réclame des cabinets d'aisance plus nombreux que
ceux qui existent, car les enfants doivent y être conduits en groupe
1 Ce sont là des distinctions que nous avons ètablies depuis long-
temps. (B.)
252. VARIA.
plusieurs fois parjour. Dans les sections d'hospitalisation, il y a des
chaises percées avec de la tourbe. De vastes et larges corridors ser-
vent de promenoir et de sallede récréation en cas de mauvais temps.
- Les enfants éducables sont au nombre de 20 par section (2 infir-
mières). Comme régime alimentaire, on donne aux enfants un
demi-litre de lait, de la viande de boeuf, des fruits, du beurre, du
lard. Les salles d'école sont tout à fait analogues à celles des écoles
primaires : les murs sont décorés de caries, de gravures, etc.
Les enfants sont répartis en 8 classes. Le personnel enseignant
se compose d'un instituteur en chef, d'un instituteur, de 5 surveil-
lantes diplômées et de 24 infirmières, ayant passé par l'école d'in-
firmières de Huberlurhurg. Le traitement des infirmières est de
34 à 44 francs par mois ; elles couchent dans le dortoir des enfants
et prennent leur repas avec ces derniers. Les travaux de couture,
de jardinage de cuisine, font partie de l'éducation. L'auteur repro-
duit l'emploi du temps d'après le règlement de la maison. (Krayatsch,
ialti,bîtehe7- f. Psychiatrie, t. XIV, f. 1 et 2, 1895.) P. Sérieux.
II. Asile de Gl'oss-llennel'sdol'f (royaume de Saxe). -Cet établis-
sement a été créé par l'Etat pour recevoir les enfants arriérés du
sexe masculin, âgés de cinq à quinze ans, à l'exclusion des épilep-
tiques. La population était en 1894 de 243 garçons. A l'asile, ins-
tallé dans un ancien établissement de correction, à 3 étages, est
annexé un domaine cultural de 21 hectares, exploité par les enfants.
Les sujets éducables sont répartis dans trois dortoirs de 60 lits, un
de 40 et un de 30 ; leur réfectoire comprend 160 places, avec des
tables de 12 à 16 places ayant chacune 2 infirmiers. Pour les enfants
gâteux, 2 salles de 20 lits, une salle pour 10 enfants alités et une
salle de bain. En outre des ateliers et des écoles il existe des cham-
bres de réunion. Murs peints à l'huile. fenêtres fermant à clef. Lits
en bois, de trois grandeurs, avec balustrades latérales mobiles. On
se plaint des dimensions exagérées des dortoirs et l'on réclame des
chambres à coucher pour 14 à 16 enfants avec 2 infirmiers. Chaque
enfant a sa cuvette, ce qui a nécessité de vastes salles-lavabos. Dis-
tribution d'eau chaude et d'eau froide. Baignoires nombreuses. Les
gâteux prennent un bain chaque jour. On oblige les enfants à
prendre soin de leurs dents. -
Les cabinets sont simples, sans chute d'eau. On insiste sur la
nécessité d'avoir des cabinets nombreux (1 pour 10) ; les enfants
doivent y être conduits après l'école, après le travail et après
chaque repas 1. Dans les dortoirs et dans les sections il y a des cabi-
nets avec tourbe. Même régime alimentaire qu'à l'asile de Dossen.
Les infirmiers dorment, mangent, jouent et travaillent avec les
enfants. Lavage des mains et de la figure avant chaque repas. On
1 Même pratique à Bicêtre, où cabinets et lavabos sont très multipliés.
VARIA. 253
emploie de préférence les enfants aux travaux des champs. En 1894,
on a compté, en moyenne, par jour, 50 enfants hospitalisés, 80 sui-
vant les cours de l'école et 113 travailleurs.
Dans le courant de l'année, il y a eu 5 décès sur une population
de 230. A l'âge de quinze ans, et parfois de dix-huit an*, les pen-
sionnaires sont mis en liberté ou envoyés dans un asile en cas d'in-
curabilité. On cherche à leur trouver du travail, autant que possible
dans les environs de l'asile. On a fait l'essai d'envoyer les enfants
par groupe de 14, comme journaliers dans une fabrique sous la sur-
veillance d'un infirmier. - Le règlement de l'asile est annexé au
travail. (Krayatsch. Visite des asiles d'idiots d'Allemagne, Jahrhucher
f. Psychiatrie, t. XIV, f. 1 et 2.) P. Sérieux.
III. Etablissement municipal d'idiols annexé à l'asile berlirzois de
Dalldorff. - Population (24 juin 1894) : 133 garçons, 76 filles. Les
bâtiments, au nombre de deux (un pour chaque sexe), ont été cons-
truits spécialement en vue de leur destination. Ils sont reliés par
des galeries couvertes. Les salles des deux divisions des garçons et
des filles sont disposées sur le même plan ; elles donnent toutes sur
un large corridor (système du corridor). Les dortoirs ont 5 mètres
de large, 12 de long et 4 de haut : ils contiennent chacun 14 lits.
Un infirmier et un instituteur couchent dans chacun d'eux. Lits en
fer, avec parois latérales mobiles, en bois et tablette mobile pour les
vêlements; matelas de crin, couverture de laine. Le parquet et les
murs sont peints il l'huile. La salle de bains, contiguë aux dortoirs,
contient, pour chaque sexe, 6 baignoires et un appareil pour bains
de vapeur. Les enfants prennent également des bains d'eau cou-
rante. Le réfectoire (largeur : 10 mètres, hauteur 4 mètres, lon-
gueur 15 mètres) est éclairé par 5 grandes fenêtres. Chaque section
d'enfants a sa table, le repas a lieu sous la surveillance d'un infir-
mier par table. Prières avant et après le repas. Les enfants para-.
lysés, infirmes, 'prennent leur repas dans la salle de réunion de leur
section. Chaque section comprend, outre le dortoir précédemment
décrit pour 14 enfants, une salle de réunion et une salle bien éclai-
rée renfermant les cabinets d'aisance, une baignoire. L'infirmerie
est complètement isolée, au second étage : salles de 10 lits, où les
deux sexes sont réunis, où couchent les infirmières. Dans un large
corridor s'ouvrent une salle de bains avec closet, l'office et deux
chambres d'isolement. Population (juin 1894) : 11 garçons, 6 filles.
Les sujets atteints de maladies contagieuses sont isolés et quand
le diagnostic est confirmé, sont envoyés à l'hôpital municipal.
Les salles d'école sont grandes et bien éclairées. Chaque enfant
a un pupitre adapté à sa taille. Les murs des salles sont décorés de
tableaux. 11 y a 6 classes.
Les enfants sont en outre employés dans des ateliers de reliure,
de menuiserie, de cordonnerie, de vannerie ; ils s'occupent égale-
254 VARIA.
ment aux travaux agricoles et aux soins du ménage. Les ateliers,
sont dans le sous-sol. Le revenu du jardin est d'environ 700 marks
par an. Une fois leur éducation terminée, les enfants sont placés
comme journaliers ou manoeuvres : la ville paye 20 marks par mois
pour leur entretien et leur éducation. Ils sont visités au moins 2 fois
par au par un inspecteur. Les sujets infirmes ou excitables sont
transférés à l'asile d'aliénés; les indigents sont confiés à l'assistance
publique. Le personnel se compose de 1 inspecteur, 4 instituteurs,
3 institutrices (dont une pour l'enseignement professionnel). Pour
les filles et les jeunes garçons ou emploie des infirmières, pour les
garçons plus âgés des infirmiers. Il y a 1 infirmier pour 9 enfants.
Régime alimentaire : le matin, café au lait avec pain ; à midi, un
plat de viande avec légumes ; au goûter, café au lait avec pain ; le
soir, soupe et collation. Le personnel a le même régime alimen-
taire, mais reçoit en plus de la bière. L'auteur reproduit le règle-
ment très détaillé de l'asile d'idiots de Dalldorf. (Krayatsch. Reise-
btricht t<6e ? ' die Besuche einiger dcutscher Idioten nlastaltez. Jahrb. f.
Psychiatrie, t. XIV, f. 1, 2'.) P. Sérieux.
Congrès DE médecine mentale ET NERVEUSE.
Le septième Congrès annuel des médecins aliénistes et neuro-
logistes de France et des pays de langue française s'ouvrira le
samedi 1CI' août, à Nancy, sous la présidence de M. le De Pitres,
doyen de la Faculté de Médecine de Bordeaux.
Le programme comprendra : I. Questions à discuter : 1° Patholo-
gie mentale. Pathogénie et physiologie pathogénique de l'hallucina-
tion de l'ouïe; rapporteur, M. J. Séglas. - 2° Pathologie nerveuse.
De la séméiologie des tremblements; rapporteur, M. Souques. -
3° Législation. De l'internement des aliénés dans les établissements
spéciaux. Thérapeutique et législation; rapporteur, M. Paul Garnier.
IL Lectures, présentations, travaux divers. III. Excursions, visite
de l'Institut anatomique, de l'Asile de lllaréville et de ses nouveaux
pensionnats, banquet. - IV. Impression et distribution du volume
du Congrès. - Prix de la cotisation : 20 francs.
Adresser dès maintenant les inscriptions et toutes communica-
tions à M. le Dr Vernet, médecin en chef à l'asile de Marévilie,
secrétaire général du Congrès.
DANIEL HACK TUKE.
La mort du Dr Daniel Hack Tuke a laissé un vide considérable
1 Nos lecteurs trouveront des renseignements détaillés sur les asiles
consacrés à cette question dans notre volume intitulé : Assistance, trai-
lement et éducation des enfants idiots et dégénérés, t. IV de la Biblio-
thèque d'éducation spéciale. (B.)
varia. 255
et des regrets profonds dans les rangs des aliénistes anglais.
M. Ireland s'est fait, dans le journal dont le médecin qui vient de
disparaître était le rédacteur en chef, l'interprète de ces regrets.
Il a retracé avec éloquence la carrière de Hack Tuke, et en termes
élevés il a montré la grandeur et la noblesse de cette vie labo-
rieuse. (The Journal of mental Science, juillet 1895.) R. M. C.
CONCOURS d'admissibilité aux emplois DE médecins-adjoints DES asiles
PUBLICS d'aliénés, INSTITUÉ par l'arrêté ministériel DU 18 JUIL-
LET 1888.
Ainsi que l'annonçaient des avis insérés aux numéros du Journal
Officiel des 23, 30 janvier, 6 et 11 février 1896 et dans les recueils
des actes administratifs des préfectures du chef-lieu de chacune des
régions déterminées par l'arrêté ministériel du 14 avril 1894, un
concours d'admissibilité aux emplois de médecins-adjoints des
asiles publics d'aliénés aura lieu à Lille, à Lyon et à Montpellier le
5 mai prochain; à Toulouse, le 8 mai; à Paris, à Bordeaux et à
Nancy, le 11 du même mois.
Le nombre de ceux des candidats ayant subi l'examen avec suc-
cès, qui pourront être déclarés admissibles est fixé à six pour la
région de Paris, à cinq pour celle de Lille et à trois pour chacune
des régions de Lyon, Bordeaux, Nancy, Montpellier et Toulouse.
Les docteurs en médecine satisfaisant aux conditions énumérées
dans les avis publiés aux dates ci-dessus rappelées et qui désirent
subir les épreuves du concours devant le jury qui fonctionnera dans
l'une ou l'autre de ces régions, devront adresser leur demande,
sur papier timbré, au ministère de l'Intérieur, direction de l'Assis-
tance et de l'Hygiène publiques, premier bureau, de manière à ce
qu'elle y soit parvenue dans la journée du 10 avril prochain, avant
cinq heures, dernier délai de rigueur.
Cette demande, qui devra indiquer la région dans laquelle le
candidat veut subir le concours, devra être accompagnée des pièces
ci-après : 1° acte de naissance; 2° certificat constatant que le can-
didat a accompli le stage d'une année au moins, soit comme in-
terne dans un asile public ou privé consacré au traitement de
l'aliénation mentale, soit comme interne nommé au concours dans
un hôpital; 3° diplômes, élats de services, distinctions obtenues.
Les candidats qui seront autorisés par le ministre de l'Intérieur
à prendre part au prochain concours en seront prévenus officielle-
ment et recevront également les indications nécessaires au sujet
du lieu où siégera le jury d'examen et de l'heure à laquelle ils
devront se présenter.
FAITS DIVERS.
~ Asiles d'aliénés. - Promotions et nominations : M. le D" Bresson,
directeur-médecin de l'asile Saint-Pierre, est élevé il la classe
exceptionnelle (15 décembre 1895); M. le Dr Charron, médecin-
adjoint à l'asile de Bailleul, est élevé à la classe exceptionnelle
(19 décembre 1895); M le 1)1' JOUAND, directeur-médecin de l'asile
de Bron, est promu à la 1re classe (19 décembre); M. le D1' Finai-
GRON est nommé médecin-adjoint de l'asile de Lesvallec (30 dé-
cembre) ; M. le Dr Thivkt, médecin-adjoint à l'asile de Blois, est
nommé médecin-adjoint à l'asile de Quatre-Mares (8 janvier) ; M. le
Dr Marie, médecin-adjoint à Dun-sur-Auron, est nommé médecin
en chef chargé des fonctions de médecin-directeur (3 janvier) ;
M. 'le Dr PACTE, médecin-adjoint à l'asile de Saint-Yon, est nommé
médecin-adjoint à l'asile de Villejuif en remplacement de M. Rouil-
lard, décédé; M. le Dr HAMKL, médecin-adjoint à Saint-Ylie, est
nommé médecin-adjoint à Saint-Yon.
Nécrologie. - The American Journal of Insanity du mois de jan-
vier confient un article intéressant sur le or Evanste Duquel, l'un
des aliénistes les plus distingués du Canada, décédé en décembre 1894.
Il était né le 3 avril 1855 a Sainte-Philomène d'une famille de fer-
miers. Après la mort de ses parents, survenue alors qu'il n'avait que
seize ans, il quitta la vie de fermier pour laquelle il n'avait aucun
goût et se rendit à Montréal. Il fut reçu docteur en 1879. Il s'établit
d'abord à Longue-Pointe et en 1885 fut nommé médecin-assistant
à l'asile de Saint-Jean-de-Dieu dont il devint le médecin-directeur
en 1887. Parmi ses travaux nous signalerons une communication
au Congrès médical de Philadelphie en 1887 sur une classification
des maladies mentales, et une communication sur la législation
concernant les aliénés, et sur les asiles de la province de Québec au
Congrès international de 4889.
DONATH (J.). - Ueber hysleriche multiple Sidérose. - Brochure in-8°
de 11 pages. - Wien, 1895. Librairie ISraiimuller. :
Haskovec - Ein fall von sporadischen Crelirzismas, behandelt mil
einem SchilddrÜsenp,'iipaml, lirochure in-8° de 16 pages, avec 2 fi-
,-ures. Wien, 1895. Wiener J11edi ? inischen lVochensc1u'i{t.
Olivier (P.) et Halipré (A.). Claudication intermittente chez un
homme hystérique atteint de pouls lent permanenl. - Brochure in-8° de
11 pages. Rouen, 1890. - Imprimerie G. Ueshayes et Ciao.
Santé DE SANCTIS. - Ricerche azzalo>zziclce sul nucleus funicazli leielis.
Brochure in-8° de 35 pages, avec 2 planches hors texte. - Reggio
Emila, 1896. - Tipografia S. Calderini e Figlio.
Le rédacteur-gérant : Bourneville.
Èvreut, Ch, IHRI8SEY, imp. - 396.
Vol. I. Avril 1896. N° 4.
ARCHIVES DE NEUROLOGIE
CLINIQUE MENT
DÉMENCE VÉSANIQDE, RAMOLLISSEMENT
DU CERVELET (lobe droit), RUPTURE DU COEUR (oreillette droite) ;
Par le D'REXË CIIARON,
Médecin-adjoint des Asiles publics d'aliénés.
Depuis les intéressants travaux d'Elleaume (Essai sur les
causes de mort subite, aï) ; d'Ollivier (Dictionnaire en 30 vol.);
de Le Piez (Essai sur les ruptures du coeU1', 1873), il est
reconnu que la rupture du coeur, signalée par Morgagni, est
une cause de mort assez fréquente chez les vieillards. Elle a
été rencontré chez des aliénés (Pichenot, John Bruce, IIash),
et, si nous nous rapportons à notre expérience personnelle,
elle ne doit pas être plus fréquente dans les asiles que dans les
hôpitaux, puisque sur environ 250 autopsies, c'est la première
fois que nous la trouvons.
Le lieu d'élection de la rupture du coeur, dite spontanée et
dont la cause efficiente est la dégénérescence du muscle, est le
ventricule. Sur un total de 89 observations ressemblées dans
les monographies d'Ollivier et de Le Piez, ces auteurs ne citent
que h cas de rupture des oreillettes, dont 3 cas de rupture de
l'o2,eillette droite. La lésion, ainsi localisée doit donc être
regardée comme extrêmement rare.
On peut en dire autant du ramollissement cérébelleux. La
fréquence de l'hémorrhagie cérébelleuse serait par rapport à
celle du cerveau comme 1 est à 15 (Andral), 1 à 30 ou 35
(Hillairet) ; Brissaud déclare que le ramollissement cérébel-
ARCHIVES, 2° série, t. I. 17
258 CLINIQUE mentale.
Jeux est encore plus rare, et il ajoute : « Le plus souvent le foyer
de ramollissement occupe soit le centre, soit la couche cor-
ticale d'un hémisphère ; rarement, dans ce cas, il s'étend à la
"surface de tout un lobe. » (Traité de niée.)
Dans l'observation suivante le ramollissement intéressait
l'hémisphère droit tout entier. Le vermis et l'hémisphère
gauche étaient intacts. Il n'existait aucune altération de voisi-
nage de nature à masquer les symptômes de la lésion.
Observation. Bom... Cath..., soixante-quinze ans, pension-
naire d'hospice a été internée en 1882 pour « mégalomanie ». Il n'a
été possible de recueillir aucun renseignement sur ses antécédents
personnels et héréditaires.
Au moment de son admission elle était très excitée et incohé-
rente et manifestait des idées de richesse absurdes sans présenter
aucun symptôme paralytique. Elle était atteinte d'un eczéma qu'elle
attribuait bientôt à une maladie vénérienne qu'on lui aurait com-
muniquée à l'asile. Elle ne présentait d'ailleurs aucune trace de
syphilis. ,
A cette excitation maniaque qui persiste pendant environ une
année, viennent s'ajouter des troubles sensoriels. Les idées de ri-
chesse et de persécution se manifestent sans modification. B... reste
absolument inactive, elle accuse constamment les médecins et les
religieuses de lui avoir dérobé sa fortune. Agitation nocturne. Hal-
lucinations de l'ouïe : se lève nue pour aller répondre aux personnes
qui l'appellent. Etat physique peu satisfaisant.
1883. Dépression mélancolique. Vit à l'écart, affaissée, sans au-
cune réaction physique ou mentale. Quelques périodes d'excita-
liou.
1884. Même état. Hallucinations de la vue, de la sensibilité gé-
nérale.
1885. Quelques manifestations mégalomaniaques. L'eczéma a
envahi toute la face et le cuir chevelu. L'état de la nutrition est
mauvais : amaigrissement. Reste constamment repliée sur elle-
même, indifférente à tout.
1886-87-88. Même état de cristallisation. Embonpoint progressif.
1889. Erysipèle de la face sans modification de l'état mental.
Adipose généralisée.
1890-91-92-93-9 ! 4. Inertie physique et mentale complète. Ne ma-
nifeste plus aucune idée délirante. Ne répond à aucune question.
Les lésions eczémateuses ont produit une calvitie complète. Pas de
troubles de la motricité, ni de la sensibilité cutanée.
Un matin, B... parait éprouver des sensations vertigineuses avec
vomissements, refroidissement. On croit à un embarras gastrique,
justifié par les habitudes voraces. La face est pâle, mais n'accuse
DÉMENCE VESANIQUE, RAMOLLISSEMENT DU CERVELET, ETC. 259
aucune soutlrance. Les bruits du coeur sont faibles, sourds, voilés
par' un souffle faible. La malade est alitée, réchauffée. Elle
n'éprouve plus de vertiges, s'alimente, mais reste plus affaissée
que jamais. Mêmes signes que précédemment à l'auscultation du
coeur. La situation est sans changement depuis dix jours, quand
subitement pendant la toilette à la suite d'un effort pour s'asseoir
dans son lit, la malade étend les bras, jette un cri et tombe fou-
droyée.
Autopsie. - Le système pileux est presque complètement détruit
par un eczéma ancien. Le péricrâne est couvert de croûtes épaisses.
Adipose très prononcée. Pas d'anomalies ni d'atrophies partielles
apparentes.
Après ouverture des cavités thoracique et abdominale, la poche
péricardique fait en avant une saillie considérable, incisée, elle
donne issue à environ 400 à 500 grammes de sang cailleboté. Le
lavage de la cavité laisse voir le COEW' recouvert d'un caillot sanguin
adhérent, épais d'environ 1 centimètre et qui semble de formation
antérieure à celle des caillots entraînés par le lavage.
Sur la partie moyenne du bord externe de l'oreillette droite se
présente une déchirure, irrégulièrement circulaire, de la dimen-
sion d'une pièce de 50 centimes et dont les bords déchiquetés sont
rabattus sur la surface externe de l'oreillette au-dessus du caillot
adhérent dont nous avons parlé. La partie de la surface interne du
péricarde correspondant au siège de cette rupture présente un
épaississement très notable et une teinte ocreuse. L'oreillette rem-
plie de caillots sanguins est du côté externe déformée en bissac et
agrandie.
La paroi'auriculaire est friable et très amincie particulièrement
au pourtour de la rupture dont les bords ne dépassent pas 1 mil-
limètre d'épaisseur. - Les veines caves ne présentent rien d'a-
normal.
Le cas : ; ? ' débarrassé des caillots adhérents apparaît couvert d'une
couche épaisse de tissu adipeux. Les ventricules sont de dimensions
normales, leur paroi est très friable, couleur feuille morte. Quel-
ques caillots adhèrent à la surface interne; les piliers sont petits,
peu résistants. Les valvules auriculo-ventriculaires sont saines; la
valvule aortique dure, envahie par des plaques athéromateuses
épaisses est rétrécie et insuffisante. Les artères aorte et pulmo-
naire sont dilatées, gorgées de sang liquide, parsemées de plaques
atl1éromaleuses.- Les poumons se présentent comme deux énormes
caillots sansuins. Ils surnagent et ne renferment aucun noyau
d'induration.
Etat de congestion intense du foie, des reins, de la rate sans lésions
apparentes. Rien d'anormal dans toute l'étendue du tube digestif.
Encéphale. - Le crâne est de consistance normale sans adhérences
de la dure-mère. Celle-ci incisée donne issue à environ 00 grammes
260 CLINIQUE MENTALE.
de sang rouge provenant des artères carotides et vertébrales béantes
et dures. Les sinus sont remplis de sang : le système veineux'péri-
phérique est vide. - La topographie, le volume, le poids des-hé-
misphères cérébraux ne s'écartent point de la moyenne. Les artères
sont indurées et béantes. Les coupes ne laissent voir ni lésion, ni
analomie. -
La protubérance et les pédoncules présentent de l'hémiatrophie il
droite; le bulbe et la moelle cervicale de l'hémiatrophie à gauche. Le
corps olivaire gauche est atrophié et déformé.
Le lobe droit du cervelet est un peu moins volumineux que le
gauche. Il est de consistance très molle, mais sa forme extérieure
est assez bien soutenue par le lacis pié-mérien. On voit seulement
une dépression à sa partie postéro-interne. A la coupe les subs-
tances grise et blanche sont ramollies dans toute leur étendue
avec maximum de diffluence à la partie interne. L'hémisphère
droit tout entier n'est qu'une véritable bouillie blanche, légèrement
ocreuse par endroits. Il ne reste plus du système vasculaire que des
filets ténus qui semblent ne plus être perméables depuis longtemps.
Les lobes moyen et gauche sont normaux.
L'examen microscopique du coeur et de plusieurs muscles locomo-
teurs a révélé une dégénérescence graisseuse parvenue à un degré
extrême. Au coeur la fibre musculaire est envahie par les granules
graisseux dans toutes les paities de l'organe et l'oreillette droite.
siège de la rupture, n'est plus à proprement parler qu'une poche
très mince du tissu conjonctif et graisseux.
Le système artériel n'est plus dans toute son étendue qu'un lacis
de tubes rigides, friables, parsemés de plaques athéromateuses très
rapprochées et dans lesquels il ne reste presque plus rien des tuni-
ques élastiques et musculaires. Les altérations sont surtout accen-
tuées à la base du crâne, en particulier aux artères hasilaire et
vertébrale du côté droit. Les artères cérébelleuses oblitérées dès leur
origine n'apparaissent plus que sous la forme de filets ténus et
imperméables. La multiplicité des vaisseaux atteints permet
d'exclure l'embolie comme cause de cette oblitération, il s'agit
donc sans doute, d'une thrombose oblitérante ancienne. Quant aux
circonstances qui ont pu influer sur la localisation de cette lésion,
elles n'apparaissent à aucun signe.
Quoi qu'il en soit, les deux lésions, rupture du coeur et ramollis-
sement cérébelleux sont ici sous la dépendance d'une même cause
l'artérite généralisée, laquelle pourrait être de nature syphilitique.
Bien que l'examen n'ait révélé aucune trace de vérole, les mani-
festations délirantes de B... autorisent cette supposition.
La localisation et le mécanisme de la rupture permettent
quelques remarques intéressantes. Comme on l'a vu plus haut
la surface interne du péricarde présentait un épaississement
DÉMENCE YÉSANIQUE, RAMOLLISSEMENT DU CERVELET, ETC. 261
rugueux produit par un frottement ancien de l'oreillette droite.
C'est au siège même de ce frottement que la paroi auriculaire,
très amincie, s'est rompue, et ce frottement semble bien être
le résultat de l'attitude vicieuse de la malade qui, depuis plus
de dix ans, se tenait constamment nuit et jour repliée sur
elle-même dans la station accroupie, les poings ramenés sur les
genoux et la base du thorax appuyée et comprimée sur les
poings.
Les signes cliniques et anatomo-pathologiques indiquent que
dans notre cas la rupture auriculaire s'est produite en deux
temps espacés ; d'abord une déchirure probablement très
petite avec écoulement sanguin peu abondant qui se traduit
par les troubles décrits plus haut (syncope, vomissement,
refroidissement), puis dix jours plus tard, à la suite d'un
effort pendant la systole ventriculaire, déchirure en étoile de la
première fissure avec irruption sanguine considérable entraî-
nant la mort instantanée.
En raison de l'obscurité qui entoure encore la physiologie
du cervelet, les lésions pathologiques de cet organe et l'obser-
vation de leurs symptômes sont toujours intéressantes. Malgré
les contradictions des expérimentateurs qui font du cervelet
tantôt un organe de la coordination des mouvements et de
l'équilibre (Flourens, Ferrier), tantôt un organe homogène pro-
duisant une action bilatérale et directe sur l'appareil locomoteur
(Luciani), tantôt un organe modérateur pour la moelle et
excitateur pour le cerveau (I.ussell) avec indépendance fonc-
tionnelle des deux moitiés ; il est acquis que le cervelet exerce
une action sur le système musculaire. Mais cette action est-elle,
pour chaque hémisphère, bilatérale ou unilatérale ? est-elle
coordinatrice et régulatrice ou simplement tonique et tro-
phique ?
Dans notre observation il s'agit de la suppression complète
d'un hémisphère cérébelleux et cette lésion ne s'est traduite
pendant la vie par aucun symptôme unilatéral. B... n'a jamais
présenté ni incoordination des mouvements, ni vertiges, ni
troubles de la sensibilité générale. Mais, après avoir présenté
de l'excitation maniaque, elle est tombée peu à peu dans
l'espace de quelques mois dans un état d'inertie physique et
psychique profond, qui a duré jusqu'à sa mort après avoir
entrainé la démence.
Cette évolution dans l'état mental de B... avait paru singu-
362 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
Hère en son temps sans qu'il fitt possible de l'attribuer à une
lésion intercurrente ; il est légitime de penser qu'elle était en
réalité sous la dépendance du ramollissement cérébelleux
constaté àl'autopsie. En admettant cette interprétation, on con-
firmerait l'opinion de Luciani pour qui le cervelet est (dans la
sphère physique) un organe de renforcement du cerveau, homo-
gène, dont les actions sté1l1'que, tonique eltrophique s'exercent
sur les deux moitiés du corps et dont les lésions, si étendues
qu'elles soient, ne se traduisent que par des phénomènes de
déficit; on pourrait admettre également que le cervelet exerce
de plus une action de renforcement dans la sphère psychique et
que ses lésions produisent de ce côté les mêmes phénomènes
de déficit que dans la sphère physique. Cette hypothèse s'accor-
derait d'ailleurs avec les observations'de Bourneville qui, dans
ses remarquables Eludes cliniques et thermométriques sur les
maladies du système nerveux a déjà constaté chez les indi-,
vidus porteurs de lésions cérébelleuses anciennes des troubles
du caractère, et des idées mélancoliques avec dépression
physique.
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE,
XXXVH. LA tétanie, avec observation d'un cas TYPE; par George
J. PRESTON. (The New-York Médical Journal, 8 juin 1895.)
On a singulièrement étudié, dans ces dernières années, le domaine
de la tétanie, telle que l'ont décrite Trousseau, Dance, Corvisart,
Steinheim et d'autres auteurs. L'observation que rapporte M. Pres-
ton est conforme au type anciennement établi, et l'auteur souhai-
terait que le nom de tétanie fût réservé à ces cas bien définis. On
peut se demander si la tétanie est une affection suffisamment dis-
tincte pour qu'on la sépare des autres formes de spasmes muscu-
laires (et l'auteur penche pour l'affirmative) et aussi quelles sont
ses causes ; sur ce dernier point, la réponse dans l'état actuel de la
science, doit demeurer incertaine : les symptômes toutefois len-
draient à faire admettre que le siège de la lésion est dans la moelle
plutôt que dans le cerveau. L'auteur termine son travail par quel-
ques considérations sur le traitement de l'affection dont il s'agit.
R. M. C.
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 263
aTlVlli. Sur r..1 compression cérébrale; par John MACPHERSOK.
(The Journal of Mental Science, oelo]¡re 1894.)
L'auteur formule en ces termes les conclusions générales de son
travail : 1° tout ce que nous savons sur la pathogénie de l'état
décrit sous le nom de compression cérébrale - aussi bien d'ail-
leurs que les faits généraux d'expérience - semble indiquer que
l'on peut remédier à cet état par l'intervention chirurgicale; 2° dan,
l'état actuel de nos connaissances, il est désirable que nous possé-
dions une expérience plus complète et plus étendue des résultats
fournis par les opérations chirurgicales pratiquées en vue de remé-
dier à la compression cérébrale ; 3° les opérations de ce genre sont
légitimes et justifiées par la raison qu'elles sont éminemment sûres
etque soigneusement pratiquées, elles sont pratiquement indemnes
de tout risque de mortalité. ' R. 11. C.
1
XXXIX. Abcès du cerveau; parN.-B. CARSON. (The New-York Médical
Journal, 27 avril 189 : i.)
Nous résumons les points principaux de ce travail. Les abcès du
cerveau ne sont pas aussi rares qu'on le pense communément, et
l'auteur a pu en observer un assez grand nombre de cas.
Le premier est celui d'un enfant qui était tombé d'un troisième
étage et portait au crâne une fracture comminutive, avec pénétra-
tion des fragments osseux dans le cerveau; pendant l'exploration
faite par l'auteur quelques mois après l'accident, une poche fluc-
tuante fut accidentellement crevée, donnant issue à une quantité
considéiable de pus. L'enfant a bien guéri.
Dans le second cas, un jeune homme reçoit au crâne, dans une
rixe un coup de fourchette; les dents de la fourchette se brisent
et à travers le crâne fracturé, trois d'entre elles pénètrent dans le
tissu cérébral. Le siège du traumatisme était la tempe gauche.
Deux des branches de la fourchette avaient donné lieu à la forma-
tion d'un abcès du cerveau, ainsi qu'on put le constater à l'au-
topsie.
Dans un autre cas, chez un enfant de quatre ans, un catarrhe
masal d'origine traumatique transporta, par la lame criblée de
l'ethmoïde, des éléments infectieux jusque dans le cerveau où un
abcès se produisit et causa la mort.
Un cinquième fait est celui d'un abcès cérébral consécutif aune
suppuration de l'oreille moyenne : l'auteur donne des détails cir-
constanciés sur ce cas, qui motiva une intervention chirurgicale et
se termina par la mort.
Le sixième malade était un enfant de huit ans qui fut mordu au
côté droit de la tête par un insecte très commun dans le pays. Le
.cuir chevelu s'enilamma et un abcès se forma, occupant l'espace
264 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
compris entre le sourcil et l'éminence pariétale. L'abcès fut ouvert
vidé et guéri. Quelque temps après l'enfant fut pris de mouvements
spasmodiques, intéressant d'abord les muscles de l'angle externe
de l'oeil gauche, puis ceux de l'angle de la bouche, puis ceux du
- bras et enfin ceux de la jambe du même côté. Cet état convulsif
dura cinq heures pendant lesquelles le malade fut privé de l'usage
de la parole; pendant une partie au moins du même temps il
était inconscient. L'enfant guérit, mais il conserva un certain degré
de parésie du côté gauche, surtout au voisinage de l'angle de la
bouche. R. M. C.
XL. Sur la névrite; par F.-1L STEPHENsoN. (The u'etu-7'orh; Médical
Journal, 8 juin 1895.)
L'auteur se propose d'étudier surtout la névrite accidentelle ou
isolée, et il publie quatre observations. Dans la première il s'agit
probablement d'un cas de névrite d'origine diphtéritique. Le
deuxième fait est un cas de névrite a frigore. Le troisième cas était
dû à une contusion du nerf sciatique. Le quatrième malade offre
un exemple de douleurs se réfléchissant du côté opposé du corps
alors qu'il n'y a de ce côté, secondairement envahi par la douleur,
aucun signe de névrite.
A l'occasion de chacun de ces faits, l'auteur entre dans quelques
considérations sur la symptomatologie des névrites, sur le dia-
gnostic différentiel, et sur le traitement. R. M. C.
XLI. Paraplégie TOXIQUE; par E.-R. AxTELL. (The New-York Médical
Journal, 27 juillet 1895.)
Le malade dont l'auteur rapporte l'observation n'a été vu par
lui qu'après la disparition des accidents paraplégiques; il a pensé
que, néanmoins, le cas était assez intéressant pour mériter d'être
publié. `
Il s'agit d'un homme de vingt-trois ans, célibataire, et exerçant
la profession de peintre, qui demandait à être soigné pour une
plaie siégeant à la partie interne de la jambe droite. Pendant son
enfance, le malade avait une bonne santé. A l'âge de huit ans, il
commença (son père tenait un débit de spiritueux) à faire usage de
boissons alcooliques : on ne le surveillait pas et on le laissait boire à
volonté des liqueurs fortes, pour lesquelles il paraît avoir eu un
goût marqué et précoce puisque, à l'âge de douze ans, il s'était déjà
mis plusieurs fois en état d'ivresse. Dès qu'il commença à gagner
de l'argent, il le dépensa en liqueurs fortes, buvant souvent à jeun,
préférantle whiskey, mais se contentant, quand il manquait d'ar-
gent, d'alcool pur mélangé d'une moitié d'eau. Il y a eu des mois
entiers pendant lesquels il n'a jamais cessé d'être sous l'influence
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. ' 265
de l'alcool. A neuf ans il commença à fumer, et jusqu'au moment
de sa paralysie il fumait de dix à quarante cigarettes par jour. Il
nie absolument avoir eu la syphilis. Il y a trois ans et demi, il
commença à exercer l'état de peintre, et l'exerça dix-mois : c'est
alors que parut la paralysie, précédée de douleurs vives et aiguës
dans le dos, et d'engourdissements et de fourmillements dans les
jambes et les bras, qui devinrent douloureux au toucher. Il assure
qu'il pouvait mouvoir la tête, la face et la langue; mais ne pouvait
ni uriner, ni aller à la selle. Durant deux semaines, il demeura
paralysé, sans pouvoir faire agir un seul muscle des extrémités.
Le mouvement revint d'abord à la main droite, puis au bras
gauche. Enfin, graduellement, il guérit, et put marcher avec des
béquilles, après quatre mois de séjour au lit.
Pendant l'état paralytique, il remarqua que ses deux jambes
étaient enflées et que leurs veines, ainsi que celles de l'abdomen,
étaient saillantes ; c'est après avoir gratté l'une de ces jambes
enflées qu'il vit apparaitre la plaie pour laquelle il consulta l'au-
teur, plaie rebelle et dont la guérison a été lente.
Actuellement son état général est satisfaisant, il dort bien, il a
bon appétit, l'intestin fonctionne régulièrement, il ne tousse pas,
la miction est normale. Il a repris l'habitude des boissons alcooli-
ques et des cigarettes; mais il n'use que très modérément des unes
et des autres. Les veines des deux jambes sont variqueuses, et sur
l'abdomen l'épigastrique superficielle est volumineuse et saillante;
les diverses sensibilités sont normales. Pas de liseré gingival.
Il paraît évident à l'auteur qu'il s'agissait là d'une paralysie
toxique liée à une triple intoxication (alcool, tabac, plomb). Il entre
à propos de celte observation dans quelques détails sur la nature
et les symptômes de diverses formes de paraplégie.
R. de MUSGRAVE CLAY.
XLII. Un cas DE paralysie bulbaire UNILATÉRALE SUIi41GUE, AVFC
autopsie; par Alfred Wiener. (The New-York Médical Journal,
14 juillet 1894.)
Les paralysies bulbaires unilatérales sont peu communes et l'au-
teur a pensé qu'il ne serait pas sans intérêt de rapporter le cas
qu'il a observé. Il s'agit d'un jeune homme de dix-sept ans, sans
antécédents névropathiques, mais ayant présenté des symptômes
de pharyngite, et plus tard, de chaque côté, dans la région sterno-
mastoïdienne, des engorgements ganglionnaires qui nécessitent
l'énucléation des glandes malades des deux côtés : les ganglions
extirpés furent reconnus tuberculeux. Le premier signe qui attira
l'attention du côté d'une paralysie bulbaire fut une déviation de la
langue à droite : bientôt survinrent quelques troubles de la déglu-
tition, de l'enrouement et de la toux ; tous ces symptômes se mani-
266 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
festaient dans un délai d'une dizaine de jours. La langue était
atrophiée et spongieuse au loucher sur le milieu de sa moitié droite
elle répondait mal il l'excitation faradique. Le raphé de la partie
-molle de la voûte palatine était dévié à gauche, aussi bien que la
luette qui était allongée et légèrement épaissie. La sensibilité géné-
rale et le goût étaient conservés. La déglutition était difficile,
moins difficile cependant que dans les cas de paralysie bilatérale.
Les aliments solides étaient mieux avalés que les liquides. L'exa-
men laryngoscopique montra que la dysphonie était due à une
lésion du récurrent laryngé droit, ayant déterminé une paralysie
unilatérale complète à droite. Les fonctions qui relèvent des autres
nerfs crâniens étaient normales, ainsi que les réflexes tant profonds
que superficiels. La mort survint au bout de deux mois après deux
crises d'affaiblissement de la respiration. Tel est le résumé clinique
de ce cas qui a commencé par une paralysie unilatérale de la
langue, des parties molles du palais, et du larynx du côté droit
pour aboutir, peut de temps avant la mort, à une paralysie bila-
térale incomplète. -
L'auteur indique ensuite les hypothèses qu'il a faites, - succes-
sivement admises ou repoussées pour arriver à établir d'après
les symptômes, le diagnostic anatomique de la lésion. L'autopsie
lui montra que l'hypothèse à laquelle il avait donné la préférence
était inexacte. En l'absence de lésions macroscopiques de quelque
valeur, l'examen histologique seul devait présenter de l'intérêt ;
en voici les résultats : l'air motrice corticale, la capsule interne, la
capsule externe, les pédoncules, la protubérance sont normaux. Le
noyau de la douzième paire est très altéré à droite; il l'est très
peu à gauche. Le noyau de la dixième paire (nerf vague accessoire)
est très peu atteint, un peu plus toutefois à droite qu'à gauche.
Le noyau de la neuvième paire, à droite, n'est que très légère-
ment atteint. Le faisceau respiratoire est complètement dégénère
à droite, tandis que, à gauche, dans la région du noyau de l'hypo-
glosse, il n'est malade que dans ses portions inférieure et exté-
rieure. Les racines lntra-médullaires de la neuvième paire et du
nerf vague, vague accessoire et hypoglosse sont moins saillantes
a droite qu'à gauche.
Rapprochons maintenant les faits cliniques des faits anato-
miques. Cliniquernent : développement en dix jours d'une paralysie
unilatérale complète du côté droit de la langue, des parties molles
du palais, du pharynx et du récurrent laryngé, le tout sans rien
qui puisse attirer l'attention sur la possibilité d'une lésion d'autres
nerfs crâniens ou rachidiens que ceux des quatre dernières paires.
- Historiquement : dégénérescence très accusée du noyau de
l'hypoglosse adroite, dégénérescence légère des noyaux adjacents,
' dégénérescence complète du faisceau respiratoire.
L'interprétation des faits est ici d'autant plus difficile que les
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 267
auteurs sont loin d'être d'accord sur la physiologie des noyaux
dont il s'agit. L'auteur après une intéressante discussion des faits,
des opinions et des interprétations possibles, est amené à formuler
les conclusions suivantes :
10 La région du noyau de l'hypoglosse donne naissance aux
fibres nerveuses qui alimentent la langue, le palais, le pharynx et
le larynx de chaque côté du corps;
2° La colonne de fibres nerveuses connue sous le nom de fais-
ceau respiratoire est composée de fibres provenant des nerfs glosso-
pharyngien, vague et vague accessoire, et il est probable que les
fibres provenant du nerf vague et du nerf vague accessoire occu-
pent la partie inférieure et externe de cette colonne.
3° Dans le pharynx et les parties molles du palais, le réflexe de
la nausée paraît être placé sous la dépendance du glosso-pharyn-
gien, qui envoie aussi des filets moteurs aux muscles du pharynx.
Ces derniers filets naissent du noyau de l'hypoglosse, et montent
le long du faisceau respiratoire jusqu'au noyau propre, d'où ils
émergent avec le losso-pharynrien;
4° Les muscles des parties molles du palais ne sont pas innervés
par des fibres émanant de la septième paire.
R. DE MUSGHAVE CLAY.
XLIII. Chorée DE Huntington ; par Arthur CONKLIN BItUSH. (The
New-York Médical Journal, 9 mars l8cJ.)
Il s'agit d'une affection peu commune et l'auteur en a observé
deux cas dont l'observation peut se résumer ainsi :
Observation I. Négresse de cinquante-deux ans : sa soeur est
atteinte de la même maladie. Pas d'hérédité. Trois ans avant son
entrée à l'hôpital, elle commencé à avoir des contractions involon-
taires des muscles de la face : puis les bras, le corps et finalement
les membres inférieurs ontélé successivementenvahis. Les spasmes
cessent pendant le sommeil, et s'interrompent quelquefois dans la
journée pendant un laps de temps qui peut n'être que de quelques
minutes ou dépasser une heure. Ils augmentent sous l'influence de
l'excitation mentale ou de l'attention. Les contractions muscu-
laires sont cloniques et intéressent les groupes musculaires qui ont
coutume de s'associer pour exécuter un mouvement intentionnel :
elles peuvent être passagèrement maîtrisées par un effort volon-
taire et cessent pendant les mouvements intentionnels. Au point de
vue mental on note la perte de la mémoire et l'affaiblissement
intellectuel. Pendant un an, l'état de la malade resle stationnaire,
puis elle est prise de plusieurs crises épileptiformes, et meurt dans
le coma qui succède à l'une d'elles.
Observation IL - Femme de quarante-six ans, dont le père a
268 .REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
présenté des symptômes identiques. Trois ans avant son entrée à
l'hôpital, elle a vu apparaître des contractions involontaires des
muscles de la face, qui se sont aggravées et ensuite propagées aux
- bras, au tronc et aux jambes. Ces spasmes sont partiellement maî-
trisés par les efforts volontaires. De légers mouvements persistent
pendant le sommeil. Les mouvements convulsifs sont d'ordre clo-
nique et intéressent des groupes musculaires physiologiquement
associés. On note également des contractions fibrillaires, et des
spasmes partiels et isolés de plusieurs muscles individuellement,
ainsi qu'une certaine incoordination dans les jambes et les bras
des deux côtés.
On disait que la chorée de Huntington se distingue des autres
variété ? de chorée par les caractères suivants : elle est chronique
et progressive, sans tendance à la guérison, mais elle n'abrège
ordinairement pas la vie ; - elle apparaît assez tard dans la vie,
car elle débute communément entre trente et quarante ans ;
elle est plus fréquente chez les femmes que chez les hommes ;
elle est ordinairement accompagnée d'affaiblissement mental ou de
mélancolie, avec ou sans délire ; - si une génération échappe à
l'hérédité, la maladie ne reparaît pas dans cette branche de la
famille ; - elle ne reconnaît aucune cause appréciable ; - elle
commence par la face et se propage de haut en bas, en s'aggra-
vant.
Les auteurs ditièrent d'opinion sur la nature des contractions
musculaires ; mais il s'agit là d'une différence sans importance,
puisque les deux variétés décrites se rattachent à une lésion unique,
la différence n'étant due qu'au degré des altérations subies par les
cellules motrices corticales.
L'auteur rappelle ensuite quelques données de physiologie céré-
brale qui peuvent aider à l'interprétation du mécanisme de produc-
tion de la chorée de Huntington, et il déduit de ces données les
commentaires que nous résumons ici : des modifications anato-
miques telles que celles que l'on rencontre dans cette affection,
portant principalement sur les couches corticales superficielles,
auront pour effet, suivant le degré de la lésion cellulaire, soit
d'affaiblir, soit de détruire le pouvoir d'inhibition de la couche
sensorielle. laissant les cellules motrices libres d'accomplir leur fonc-
tion de décharge dès qu'elles ont acquis une force suffisante.
Si la lésion est modérément accusée, il peut subsister un nombre
suffisant de cellules saines pour maîtriser temporairement ces
décharges motrices, ainsi que cela arrive quand l'attention est
fixée sur ce point, ou encore dans les mouvements intentionnels.
- Si la lésion des couches motrices n'est pas assez profonde pour
rompre le groupement des cellules, les contractions musculaires
comprendront des groupes de muscles associés, et surtout, parmi
ces groupes, ceux qui sont le plus habituellement sous la dépell-
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 269
dance de l'esprit, comme ceux de la face et de la main. - Si les
lésions de dégénérescence s'étendent aux cellules motrices, cette
action associée est détruite, et l'on observe alors des contractions
irrégulières et des tremblements fibrillaires, provenant de ce que
les centres spinaux sont alors libérés de tout contrôle : de là aussi
l'exagération des réflexes et l'incoordination. L'absence ou la dimi-
nution des contractions pendant le sommeil a pour cause l'aboli-
tion de toute action corticale chez l'homme endormi ; les muuve-
ments qui peuvent'alors subsister sont d'origine spinale. - Quant
aux troubles mentaux qui accompagnent, tôt ou tard, mais inva-
riablement, la chorée de Huntington, ils sont la conséquence de
modifications analogues survenues dans les centres de la volition,
et dans le mécanisme qui les met en rapport avec les autres
centres. R. de Musgrave CLAY.
XLIV. UN cas anormal DE SCLÉROSE EN plaques ; par Théodore
DILLER. (The New-York Médical Journal, 25 mai 1895.)
'Il s'agit d'un cas où le diagnostic est rendu très difficile par la
possibilité où l'on se trouve d'attribuer le tremblement à une cause
toxique.
Le malade a vingt-et-un ans. Hérédité nulle. Aucune maladie
dans l'enfance sauf la coqueluche. A treize ans, il est employé au
vernissage dans une fabrique de chaises : impossible de préciser la
composition des vernis, mais le malade sait bien que l'on employait
du plomb dans la fabrique. Il y reste jusqu'à seize ans, c'est-à-dire
un an après l'apparition des premiers tremblements. De seize à
dix-huit ans, sans être lui-même occupé à ce travail, il est employé
dans une maison de nickelage et d'argenture. De dix-huit ans
jusqu'à l'époque actuelle, sans manier lui-même le mercure, il est
employé au polissage des cadres dans une maison d'étamage de
glaces.
A quinze ans, apparition d'un tremblement aux mains s'accen-
tuant surtout dans les petits mouvements (écriture) : à dix-neuf
ans, tremblement des pieds. Depuis six mois, projection de la tête
en avant et à droite durant la marche. Affaiblissement et amai-
grissement.
A l'examen actuel, maigreur générale : démarche saccadée, la
tête jetée en avant et à droite. Le malade étant tranquillement
assis, on note un tremblement des mains et des pieds, plus ample
que dans la paralysie agitante. En cas d'émotion, un peu de trem-
blement du visage et de la langue. Les petits mouvements de pré-
cision n'augmentent pas le tremblement des mains. Des deux
côtés, exagération légère du réflexe du genou. Pupilles dilatées,
globes oculaires un peu saillants, léger strabisme interne. Pas de
nystagmus. Légère hésitation du langage. Lenteur et affaiblisse-
270 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
ment intellectuels. Diminution considérable des forces. Pas d'atro-
phie musculaire. Le malade affirme que lorsqu'il est seul et calme,
le tremblement peut disparaître entièrement pendant plusieurs
heures. L'examen ophtalmoscopique donne pour le champ visuel
gauche 20/30 papille normale - et pour le champ visuel droit
20/100, avec légère rétraction des artères et papille de coloration
normale, mais il bords nettement tranchés.
S'il s'agit d'un cas de sclérose en plaques, dit l'auteur, ce cas est
anormal en ce qui touche le tremblement puisque les auteurs sont
d'accord pour admettre que le tremblement dans cette maladie
accompagne les mouvements, et pour mettre en doute la possibi-
lité de sa persistance durant le repos : aussi est-ce sur les autres
symptômes énumérés plus haut que l'auteur s'est appuyé pour éta-
blir son diagnostic.
Si maintenant on étudie ce tremblement même, l'âge, l'aspect
du malade font immédiatement écarter la démence paralytique
aussi bien que la paralysie agitante. Il ne paraît guère plus légi-
time d'admettre la maladie de Friedreich ou celle de Graves. Seule
l'hypothèse d'un tremblement toxique demeurerait admissible sur-
tout en tenant compte des emplois qu'a successivement occupes le
malade ; mais si l'on admet cette hypothèse, ce sont les autres
symptômes présentés par le malade qui ne s'expliquent plus et qui
deviennent anormaux, tandis qu'ils s'accordent avec l'existence
d'une sclérose disséminée. Il ne serait pas impossible toutefois
qu'une intoxication métallique vient ici compliquer la symptoma-
tologie de la lésion médullaire. R. DE Musgraye CLAY.
XLV. UN cas DE SCLÉROSE spinale postérieure, avec prodromes OCU-
LAIRr : S anormaux ; par C. Il. Cnunu. (The New-York Médical jour-
nal, 15 juin 1895.)
Ce cas est intéressant à cause de la rareté des symptômes ocu-
laires, qui, chez le malade, ont précédé d'un an l'apparition des
autres smyptômes caractéristiques de la maladie, et de bien plus
longtemps, l'abolition du réflexe du genou et des autres réflexes;
il montre l'importance des troubles oculaires dans la sclérose posté-
rieure, et l'utilité d'un examen ophtalmoscopique précoce, dût-il
ne donner comme dans le cas actuel que des résultats négatifs.
Il s'agissait d'un homme de soixante ans, sans habitudes alcoo-
liques et sans antécédents syphilitiques, présentant des douleurs
fulgurantes paroxystiques, avec sensation de froid et de pression
aux extrémités inférieures; le réflexe du genou n'était que très
légèrement diminué, si tant est qu'il l'ait été : à l'examen de la vue,
on constate un scotome central de deux pouces de diamètre à la
distance d'un pied, sans que l'examen ophtalmoscopique révèle
de lésion capable de l'expliquer; il existe une légère érosion sur
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 27'J Il
le bord externe de la papille, et à gauche, une pulsation assez vive
de la veine centrale de la rétine. En deux mois, sans traitement,
on note la disparition du scotome qui ne reparaît pas. On ne note,
comme autres symptômes oculaires, mais qui ne se sont manifesté
que bien plus tardivement qu'une diplopie passagère et de l'irido-
plégie.
L'observation des premiers symptômes du côté des yeux remonte
à 1880, et pendant quinze ans, le malade a été régulièrement suivi
et observé, et tout est venu confirmer le diagnostic primitivement
porté de sclérose postérieure. L'autopsie n'a pu être pratiquée.
R. M. C.
XLVI. UN cas DE cécité absolue (amblyopie) par anopsie. guérison ,.
par A. SClIIR1 ! ANN. (The New-York Médical Journal. 10 août
1895.) -
Cette observation d'un cas rare est intéressante à divers points
de vue ; il s'agit d'un homme de cinquante-un ans, qui à l'âge de
deux ans avait eu une variole ayant atreclé les deux yeux. L'oeil
gauche était irrémédiablement perdu, le globe oculaire ayant été
absolument détruit. A droite la sensibilité à la lumière solaire
avait persisté, mais à un degré infiniment faible. Le malade ne
voyait pas la main du médecin. On distinguait sur cet oeil une opa-
cité blanchâtre enchâssée au niveau de la jonction de l'iris et de
la cornée (leucome adhérent). Un peu au-dessous du centre existait
une large tache de la cornée au bord central de laquelle l'iris
adhérait étroitement. Une intervention chirurgicale ne pouvant
rien compromettre, l'iridectomie fut tentée, plutôt dans un but
esthétique qu'avec l'idée de restaurer la vue. Le cristallin et sa
capsule parurent transparents, fait que l'examen ophtalmosco-
pique ne tarde pas à vérifier; le même examen montra que la
rétine et le nerf optique n'avaient pas perdu leur fonction, bien
que le malade eût absolument perdu la vue depuis près de cin-
quante ans. Le lendemain de l'opération, il distinguait la main à
cinquante centimètres, et le troisième jour, il la voyait à quatre
mètres de distance. Aidée par des verres appropriés, sa vision con-
tinua à s'améliorer, et bientôt il put mesurer une distance, re;on-
naître une personne et distinguer les objets environnants. Pendant
les années de cécité le développement mental avait été presque
nul, et les actions du malade avaient un caractère puéril. En même
temps que la vue, l'intelligence se développe très lentement à la
vérité, mais dans une mesure bien appréciable.
L'auteur rappelle en terminant que deux cas analogues ont été
publiés, l'un par Mackenzie dans le lancer de 1888, l'autre par
PIluger, qui l'avait observé en 1885 à Berlin. R. M. C.
272 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
XL VIL Symptomatologie DES affections cérébelleuses : ANALYSE CLI-
NIQUE DE CENT CAS, SUIVIE DE QUATRE OBSERVATIONS PERSONNELLES ;
par William C. KR : 1USS. (The New-York Médical Journal, lé" juin
1895.)
L'auteur débute par un historique, très succinct, mais suffisam-
ment complet de la question, et il résume ainsi les données qui, à
l'heure actuelle, paraissent acquises à la science : 1° les lésions uni-
latérales du cervelet déterminent des symptômes dans le côté du
corps qui leur correspond ; 2° l'ablation partielle du cervelet déter-
mine un affaiblissement musculaire qui disparait presque complè-
tement au bout de quelques mois ; 3° après l'ablation complète
du cervelet, chez l'animal, les mouvements des extrémités infé-
rieures sont entravés et les membres inférieurs refusent d'obéir
aux impulsions qui essayent de diriger leur action ; 4° le cervelet
exerce une certaine action sur la régulation des mouvements mus-
culaires, soit de coordination, soit de compensation : l'opinion des
auteurs paraît pencher en faveur de ce dernier groupe de mouve-
ments ; 5° les lésions du lobe moyen paraissent affecter les deux
côtés du corps, tandis que les lésions des lobes latéraux ou des
pédoncules n'affectent que le côté correspondant.
En résumé, suivant la majorité des observateurs, le cervelet,
considéré comme centre nerveux, préside à la coordination des
mouvements musculaires, laquelle a pour résultat de maintenir
l'équilibre du corps, de guider la démarche et d'assurer, la station.
Passant de la physiologie expérimentale à la clinique, l'auteur
recherche dans quelle mesure les faits cliniques s'accordent avec
les faits expérimentaux, et pour cela il s'appuie sur 97 cas dans
lesquels le diagnostic a été vérifié à l'autopsie ; ces cas se répar-
tissent ainsi au point de vue de la nature des lésions : sarcome
22 cas; tuberculose, 22 cas; gliôme, 18 cas; abcès 10 cas ; tumeur
de nature non spécifiée, 13 cas ; kyste, 7 cas ; ramollissement, en-
dothéliome, tumeur sarco-kystique, cancer, gomme, fibrome et
hémorragie, de chaque un cas.
Au point'de vue du siège, les lésions occupaient le lobe gauche
dans 32 cas, le lobe droit dans 32 cas, le lobe moyen dans 17, les
deux lobes latéraux ensemble dans 6, le lobe droit et le lobe moyen
dans 3, le lobe gauche et le lobe moyen dans cas.
Au point de vue des manifestations cliniques, les quatre grands
symptômes que l'on a coutume de considérer comme caractéris-
tiques des lésions intra-crâniennes ont présenté la répartition sui-
vante : 1° la céphalalgie existait dans 83 cas, elle faisait totalement
défaut dans G cas ; dans 12 cas, elle n'est pas mentionnée ; 2° les
vomissements existaient dans 09 cas, manquaient dans 9, et ne
sont l'objet d'aucune mention dans 23 ; 3° la névrite optique a été
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 273
rencontrée 66 fois, elle a manqué 12 fois, 23 fois elle n'est l'objet
d'aucune mention ; 4° le vertige existait dans 48 cas, manquait
dans 9, et n'est pas mentionné dans 43.
Si l'on passe aux symptômes qui ne sont plus des symptômes
cardiuaux, on rencontre 45 fois la douleur ou la sensibilité de la
région occipitale : ce signe est douteux dans 30 cas; dans 8 il
n'est pas indiqué. L'ataxie est notée dans 58 cas ; elle fait défaut
dans 9, et n'est l'objet d'aucune indication dans 33.
L'asthénie musculaire, souvent qualifiée à tort de paralysie ou
de parésie, a été observée 48 fois ; elle a manqué dans 14 cas, et
dans 38 elle n'est pas mentionnée. Les convulsions partielles ou
générales ont été notées dans 30 cas, elles ont manqué dans 14,
et 56 observations sont muettes à cet égard.
On a souvent cru trouver dans l'inclinaison de la démarche à
droite et à gauche un signe propre à préciser le côté de la lésion :
les observations recueillies dans 35 cas montrent qu'il n'y a pas là
de règle absolue, mais que cependant les mouvements du sujet se
dirigent généralement du côte sain vers le côté malade.
Les réflexes tendineux étaient normaux dans 10 cas, exagérés
dans 12, diminués ou absents dans 12.
Les troubles de la sensibilité générale n'ont été que trop rare-
ment notés pour qu'on puisse arriver à une conclusion tant soit
peu précise.
Il y a d'autres symptômes importants : ce sont ceux qui sont dus
à la compression par une tumeur, du plancher du quatrième ven-
tricule ; cette compression peut donner lieu à une paralysie des
cinquième, sixième, septième, huitième, neuvième et dixième
paires crâniennes; elle peut aussi obstruer la veine de Galien, et
parla déterminer la dilatation des ventricules latéraux et du troi-
sième ventricule. Ces symptômes sont des symptômes secondaires,
mais leur coïncidence avec les symptômes primitifs peut servir à
faciliter la localisation de la lésion dans le cervelet. Il se peut que
la morl subite, si souvent observée dans les lésions cérébelleuses,
soit due à la compression du nerf vague.
En résumé, les principaux symptômes des lésions cérébelleuses,
rangés suivant leur ordre de fréquence dans le groupe des cas étu-
dié par l'auteur, sont : la céphalalgie, les vomissements, la névrite
optique, les vertiges, l'ataxie, l'asthénie musculaire, la douleur et
la sensibilité de la région occipitale, la tendance de la démarche à
incliner du côté de la lésion, les convulsion*, - et, parmi les
symptômes secondaires, les paralysies nucléaires, la polyurie, la
glycosurie, les tremblements et la mort subite. Les symptômes
négatifs comprendraient les modifications des désirs sexuels, les
troubles de l'intelligence et des sensations, et la variabilité des
réflexes tendineux.
L'auteur termine son travail par le résumé de quatre observations
Archives, 2° série, t. l. 18
274 . REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
personnelles. Dans le premier cas, il s'agissait d'une tuberculose
du cervelet vérifiée à l'autopsie. Dans le second cas, on avait dia-
gnostiqué pendant la vie un néoplasme du lobe cérébelleux droit :
l'autopsie vérifia le diagnostic tout en précisant la nature de la
tumeur qui était kystique. Chez le troisième malade, il s'agissait
d'un abcès du lobe cérébelleux' gauche, diagnostiqué pendant la vie
et constaté à l'autopsie. Le quatrième fait est relatif à une malade
qui vit encore, et chez laquelle le diagnostic demeure hésitant
entre une tuberculose ou un abcès du cervelet.
R. DE MUSGRAVE CLAY.
XLVIII. La syphilis cérébrale : étude clinique; par Léo STIEGLITZ.
(The New-York Médical Journal, 13 juillet 1895.)
L'auteur s'est proposé de rapporter quelques cas intéressants ou
difficiles au point de vue du diagnostic, et de tirer des faits obser-
vés quelques conclusions.
Dans le premier cas, il s'agissait d'une méningo-encéphatite
syphilitique de la région fronto-pariétale gauche. Le traitement
dans ce cas confirma le diagnostic. Les symptômes étaient ceux
de la paralysie générale; leur disparition sous l'influence du trai-
tement spécifique montre qu'ils étaient probablement dus à une
méningite d'origine syphilitique siégeant au niveau du lobe frontal.
Il est toutefois à craindre ici que le malade ne finisse par succom-
ber à une paralysie générale de nature spécifique.
Dans le second cas, les symptômes prédominants sont : un hoquet
persistant, le caractère chancelant de la démarche surtout vers le
côté gauche et l'engourdissement du bras gauche. Le diagnostic
porté fut celui de syphilis cérébrale. Le chancellement vers la
gauche indiquait un foyer dans la région des pédoncules cérébel-
leux gauches ou dans le voisinage du lobe cérébelleux moyen.
L'origine du hoquet n'a pu être précisée.
Dans le troisième cas, on avait affaire à une céphalalgie qui
n'avait pas moins de quinze années d'existence : la guérison fut
obtenue par le traitement ioduré. Ce cas se rattache à la première
catégorie de syphilis cérébrale de Fournier, c'est-à-dire à la syphilis
à forme céphalalgique : il est remarquable par la longue durée du
' symptôme céphalalgie sans apparition ultérieure de phénomènes
plus graves et par la rapidité de la guérison sous l'influence d'un
traitement approprié. On sait d'ailleurs que la céphalalgie est le
symptôme précurseur par excellence dans la syphilis cérébrale en
même temps qu'elle est le phénomène le plus rapidement modi-
liable par le traitement ioduré.
Le quatrième cas était caractérisé par de la céphalalgie, des
ésions de décharge de nature sensorielle, de l'amnésie verbale
temporaire et de l'alexie passagère : ici encore la guérison fut
REVUE DE PATHOLOGIE 'NERVEUSE. aï5
rapide et durable sous l'influence du traitement ioduré. Il y avait
aussi chez celte malade de l'engourdissement du bras droit et du
côté droit de la face. On diagnostique une endartérile syphilitique
des ramifications de la sylvienne gauche, avec troubles passagers
de la circulation au niveau du bras, de la face et de= centres du
langage. Ce cas était intéressant, car on pouvait hésiter entre des
troubles fonctionnels de nature hystérique et des lésions \ asculaires,
du moins à ne considérer que les symptômes : mais tous les stig-
mates hystériques manquaient : le diagnostic de syphilis fut donc
adopté, et vérifié par le résultat du traitement.
La cinquième observation est celle d'une gomme de la protubé-
rance, avec paralysie croisée : la guérison fut obtenue, sauf en ce
qui touche'l'amblyopie qui persiste encore : ce cas est surtout inté-
ressant en ce qu'il démontre la valeur du traitement mercuriel
dans la syphilis cérébrale; la malade, en effet, avait pris des doses
énormes d'iodure de potassium sans résultat; la guérison ne com-
mença à se manifester que lorsque le mercure fut associé à
l'iodure.
Dans le sixième cas, on note les phénomènes suivants : hémor-
ragie de la protubérance en juin 189 i- ; persistance d'une hémi-
parésie croisée et de phénomènes ataxiques : en juin 1895, cépha-
lalgie, aphasie transitoire et neuro-rétinite syphilitique. Dans ce
cas la concomitance d'une lésion de la base et d'une lésion de la
convexité devait naturellement faire penser à la syphilis dont on
ne trouvait cependant aucun autre symptôme, et qui était forme)--
lement niée par le malade. Aussi l'examen ophtalmoscopique
a-t-il été ici fort ulile en révélant%la nature incontestablement
syphilitique des lésions de la rétine.
Dans le septième cas, on observa des phénomènes épileptiques,
de l'aphasie temporaire et de la céphalalgie : une première guéri-
son fut suivie au bout de six mois d'une rechute caractérisée par
de la céphalalgie, de la polyurie et de la polydipsie. Ces deux der-
niers symptômes ont survécu à la disparition des autres phéno-
mènes pathologiques.
L'auteur conclut que, en raison des allures protéiformes que
revêt la syphilis cérébrale, elle donne lieu, à son début, à de fré-
quentes erreurs de diagnostic, et qu'elle risque surtout d'être con-
fondue avec les névroses à troubles fonctionnels, telles que la neu-
rasthénie, l'hystérie et l'épilepsie. Il croit donc utile de signaler les
symptômes qui doivent plus spécialement diriger l'attention du
médecin vers la syphilis; ces symptômes d'après lui sont les sui-
vants : 1° Céphalalgie persistante, s'aggravant généralement le soir
ou la nuit, et s'accompagnant souvent d'insomnie et d'irritabilité
générale ; 2° modification de la pupille (myosis, mydriase, pupille
d'Argyll-Hobertson, perte de la sensibilité réflexe à la lumière et il
l'accommodation); 3° paralysie des muscles oculaires; 4° paralysie
276 6 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
irrégulière bilatérale des nerfs crâniens; 5° hémianopsie, névrite
optique, surtout l'hémianopsie double passagère (Oppenheim);
6° crises épilepliformes, motrices ou sensorielles, en l'absence de
toute étiologie traumatique ; 7° épilepsie apparaissant après l'âge
de vingt-cinq ans (sauf les cas de traumatisme, alcoolisme, satur-
nisme et urémie); 8° monoplégies temporaires; 9° aphasie tempo-
raire, quelle qu'en soit la forme; 10° apoplexie avant l'âge de cin-
quante ans (sauf le cas de saturnisme et de lésions cardiaques ou
rénales); 11° polydipsie et polyurie; 12° d'une façon générale, ten-
dance des symptômes ci-dessus énumérés à s'améliorer spontané-
ment pour récidiver ensuite. Enfin, l'auteur fait remarquer que ces
symptômes seront d'autant plus suspects qu'ils se continueront en
des associations plus irrégulières.
Au point de vue du traitement, l'auteur conclut des faits qu'il à
observés : 1° que sauf le cas de contre-indication spéciale et absolue
il faut dans la thérapeutique de la syphilis cérébrale associer le
mercure à l'iodure de potassium ; 2° que dans le traitement ioduré,
il faut se défier des doses trop faibles, et ne pas craindre d'aborder
les doses massives, seules efficaces. R. DE Musgrave Clay.
XLIX. Epilepsie sensorielle [et psychique; par Théodore Diller.
(The New-York Médical Journal, 31 mars 1894.)
Après quelques considérations préliminaires, l'auteur fait remar-
quer que si l'on divisait l'épilepsie essentielle en épilepsie motrice,
épilepsie sensorielle et épilepsie psycliique, cette classification
parfaitement légitime dans l'état actuel de la science, faciliterait
considérablement l'étude de cette intéressante affection. Beaucoup
de cas de petit mal rentreraient alors dans l'épilepsie sensorielle, pL
l'épilepsie larvée, aussi bien que les états décrits sous le nom
d'équivalents psychiques de l'épilepsie seraient rattachés à l'épi-
lepsie psychique. L'épilepsie psychique pure, l'épilepsie procursive
décrite par Mairet, Bourneville, Ladame et d'autres auteurs est
probablement rare.
M. Diller rapporte l'observation d'un cas que ceux qui ont spécia-
lement étudié l'épilepsie psychique rangeraient vraisemblablement
dans cette catégorie; mais comme chez le malade dont il s'agit il y
a constamment une aura sensorielle (aura du goût) il doit logi-
quement, pour se conformer à sa propre classification, rattacher
le cas à l'épilepsie sensorielle. L'intérêt de l'observation qu'il publie
réside surtout dans l'absence de convulsions motrices, et dans la
présence de convulsions psychiques très manifestes, précédées
d'une aura du goût. Voici le résumé de celte observation :
Homme de vingt-deux ans, israélite, bonne santé antérieure; pas
d'excès de tabac, ni d'alcool, pas de syphilis au dire du malade. Il
y a cinq mois, cet homme leçoit sur la tôle, il la région frontale,
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. : 21ï -1
un coup très violent qui lui est porté par un camarade avec une
pince en fer, et qui a laissé une cicatrice à la jonction de la pean
du front et du cuir chevelu. A partir de ce moment céphalalgie
reparaissant à peu près tous les quinze jours, et devenue quoli-
dtennc depuis son mariage. Sommeil mauvais, troublé par des
rêves. - Il y a deux mois, c'est-à-dire trois mois après le trauma-
tisme, il commence à éprouver d'abord une ou deux fois par
semaine, puis jusqu'à quatre ou cinq fois par jour, des crises
bizarres, précédées d'une aura (qui se manifeste sous la forme
d'un goûL amer dans la bouche) et qui commencent par de l'agi-
tation et de l'inquiétude, et s'accompagnent de perte de connais-
sance. Il marche rapidement dans la chambre, en vociférant des
paroles déraisonnables. Il n'y a jamais ni chute, ni morsure de ]"
langue, ni incoordination des mouvements musculaires. Sou
visage s'altère durant l'accès et devient, au dire de sa femme.
« étrange et jaune ». La crise ne dure jamais plus d'une minute,
souvent moins. Les vociférations changent à chaque attaque, mais
l'idée qui y domine est l'idée de peur. Quelquefois, mais rarement,
le malade répond raisonnablement à une question posée pendant
l'attaque. La crise est suivie d'une légère confusion dans les idées;
le malade n'a aucun souvenir de ce qu'il a dit ou fait.
DE MUSGRAVE CLAY.
L. DE l'ataxie considérée comme symptôme DES lésions du système
CÉRÉDItO-Sf'INL; par D.-B. MAC C.OETlE. (The New-York Médical
Journal, 9 mars 1895.)
L'auteur rappelle que l'ataxie figure dans la symptomatologie
d'un grand nombre de maladies de l'axe cérébro-spinal; le plus
communément c'est dans l'ataxie locomotrice progressive qu'on
l'observe; mais elle existe encore à un degré très accusé dans la
paraplégie ataxique et dans la maladie de Friedreich; elle se ren-
contre aussi dans la sclérose disséminée, où elle se manifeste à
l'occasion des mouvements volontaires des muscles des membres
et de ceux des yeux, du larynx et de la langue. On la constate
dans la paralysie générale des aliénés, où elle modifie à la fois la
démarche et les mouvements de la langue, et aussi dans la névrite :
elle est parfois consécutive aussi aux lésions du cerveau et de la
moelle. Elle compte parmi les symptômes les plus saillants des
maladies du cervelet, et accompagne parfois les tumeurs de
l'appareil cérébro-spinal. On l'a vu survenir consécutivement à la
diphtérie, à l'alcoolisme et à l'intoxication arsenicale. Elle appa-
raît quelquefois chez les hystériques, et peut aussi constituer un
pur trouble fonctionnel du système nerveux. L'auteur s'est attaché
à discuter les diverses interprétations physiologiques qui peuvent
éclairer la pathogénie dn symptôme ataxie. IL M. C.
278 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
LI. SUR QUELQUES manifestations nerveuses extraordinaires chez un
jeune sujet, par lveretl-1. CULVER. (The New-York Médical
Journal, 3 novembre 1894.)
Nous résumons ici cette curieuse observation que l'auteur publie
sans commentaires : Au moment où M. Culver le vit pour la
première fois, le malade était âgé d'environ dix-huit ans : il était
petit mais très musclé, sans antécédents héréditaires d'aucune
sorte. Pas de syphilis, pas de blennorragie, pas de masturbation.
aucun excès de tabac ni d'alcool. Il était très déprimé moralement
par un état pathologique qui datait d'environ deux ans, et qui se
manifestait sous la forme d'une constipation telle qu'il ne pouvait
aller à la selle qu'à l'aide de purgatifs, d'efforts violents, de com-
pression de l'abdomen avec les mains, et que cette défécation
douloureuse s'accompagnait de l'écoulement par l'urètre d'un
liquide blanchâtre et visqueux. Il n'était pas difficile de voir qu'il
s'agissait là d'une expulsion de liqueur prostatique, mais le
malade se croyait atteint de spermatorrhée, et, ce qui est plus
étrange, c'est qu'un médecin consulté par lui partagea son erreur,
lui incisa le méat et pratiqua des cathétérismes répétés. L'auteur
examina le rectum, qui était d'une exploration difficile : en effet,
quand le doigt arrivait à environ deux pouces et demi au-dessus
du sphincter, il était arrêté par un spasme très énergique des fibres
musculaires circulaires du rectum : la compression exercée sur le
doigt explorateur était assez forte pour être douloureuse. Faite
pendant 1 anesthésie par l'éther, l'exploration était aisée et le doigt
ne rencontrait aucun obstacle. Un jet de lumière envoyé dans le
rectum montra que la paroi rectale ne présentait rien d'anormal.
On profita de l'anesthésie pour faire la dilatation du sphincter,
qui donna d'excellents résultats, malheureusement l'amélioration
ainsi obtenue ne persista pas au delà de quelques semaines.
Après divers essais thérapeutiques l'auteur s'aperçut que chaque
fois qu'il conseillait au malade l'emploi d'un médicament ou d'un
procédé nouveau, il en résultait une sédation morale qui suppri-
mait complètement le spasme rectal pendant quelque temps ; il
s'ingénia alors à multiplier et à varier les prescriptions dont cha-
cune eut un succès momentané, et quand il fut à bout de ressources
thérapeutiques, il conseilla un voyage en mer, pendant toute la
durée duquel la défécation redevint normale : mais dès que le ma-
lade eut mis le pied à terre, tout fut à recommencer. Au bout de
deux ans et demi de tentatives pharmaceutiques et psychiques, le
malade était tellement abattu et désespéré qu'il réclamait une opé-
ration, préférant même un anus contre nature à son état actuel.
Une opération fut en effet pratiquée par l'auteur, non pas la
colotomie réclamée, mais l'incision d'une bande de tunique
muqueuse du rectum, large d'un doigt et longue de 3 pouces,
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. '279
prise sur la paroi postérieure : la tunique musculaire fut ensuite
divisée jusqu'au tissu connectif. Le résultat de cette opération,
bien que M. Culver reconnaisse qu'il a été surtout.psychique, a été
très favorable et s'est maintenu plus de deux ans. Retombé dans
son état pathologique antérieur, le malade reçut le conseil de
voyager, et à Heidelberg, il consulta le professeur Kussmaul qui
lui conseilla des lavements d'huile d'olive, mais en lui renom-
mandant de l'es prendre avec un appareil tellement hérissé de
thermomètres, de robinets et de soupapes qu'il est manifeste qu'il
avait reconnu le véritable état névropathique du malade et qu'il
avait surtout cherché à agir sur son imagination : ici encore le
résultat fut une amélioration qui dura environ une année. Comme
son père était dans le commerce du houblon, on le chargea d'aller
faire des acquisitions de cette plante dans l'Orégon. Il y passa
deux années pendant lesquelles il demeura libéré de toute misère
intestinale. Mais le spasme rectal fut remplacé par un trouble
d'ordre absolument différent, que l'auteur décrit, mais ne se charge
pas de définir : dans le trouble nouveau, pour lequel le malade a
consulté nombre de médecins de la région où il se trouvait, l'élé-
ment psychique joue encore un état important, puisque la simple
idée qu'il allait trouver des médecins qui le guérissaient a déter-
miné une amélioration qui progressait à mesure que le malade
approchait de New-York. Ce trouble a été caractérisé au début par
l'apparition brusque, sans prodromes, d'une sensation de chaleur
et de brûlure au périnée, avec élevures de la peau se propageant
aux fesses et aux cuisses : l'épaisissement de la peau était énorme :
les bords en étaient d'un rouge vif : la sensation de brûlure et le
prurit étaient intenses. - Ces manifestations cutanées se sont
reproduites plusieurs fois. Au bout de quelques heures la saillie
cutanée devient moins dure, mais la peau reste considérablement
épaissie, rouge, gonflée, tendue au point d'être luisante, et ce
gonflement dure environ un jour pour disparaître ensuite complè-
tement (sauf la rougeur qui persiste un ou deux jours de plus)
sans laisser de trace, et sans passer par la desquamation. L'inter-
valle qui sépare ces poussées cutanées varie de quelques jours à
plusieurs semaines. Le point de départ, la zone de propagation de
ces singulières lésions sont très variables et ne respectent pas la
face. Les médecins de l'Orégon ont fait le diagnostic d'érysipèle et
ont vainement épuisé chez lui tous les remèdes ordinaires de cette
maladie ; le seul médicament qui le soulage est une lotion conte-
nant du chloroforme et de l'acide cyanhydrique. L'auteur s'est
demandé, vu le genre d'occupation du malade dans l'Orégon (achats
de houblon) si l'action du lupulin ne pouvait pas être incriminée.
Toutefois il demeure convaincu qu'il s'agit là de troubles trophiques
de la peau ayant la même origine névropathique que l'ancien
spasme rectal. R. de Musgrave CLAY.
280 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
LII. Hémianopsie transitoire ET rétrécissement concentrique du
champ visuel D\1\, un cas DE paralysie 1NP1NTILE d'origine CËR)'-
Ber \LE; par W* Koening. (Archiv. far Psychiatrie uncllYcnenkl'tI1Û¡-
- hciten, t. XXVII, 1. 3, 1893.)
Il s'agit d'une fillette de douze ans avec hémiplégie droite dont-
il ne reslait au moment de l'examen qu'une parésie du facial
inférieur. Plus tard accès d'épilepsie avec paresie droite passagère
consécutive aux accès. 1
L'auteur a observé chez cette malade une hémianopsie homo-
nyme droite accompagnée d'un rétrécissement concentrique du
champ visuel.
L'hémianopsie disparaît progressivement; en même temps le
champ visuel s'élargit et au bout de deux mois tout rentre dans
l'ordre. Lwoff.
LUI. SUR la forme grave DE la sclérose artérielle DU système
NERVEUX central; par L. JACOBSODN. (Archiu. sur Psychiatrie und
Nel'Venli1'ankheiten, t. XXVII, 1. 3.)
L'auteur fait remarquer qu'on désigne souvent sous les noms de
paralysie bulbaire chronique ou aiguë et pseudoparalysie bulbaire,
des étals les plus divers et dans lesquels les lésions du bulbe ne
louent qu'un rôle effacé ou ne sont pas seules en jeu. Les formes
graves de l'arlério-sclérose se localisent en elfet rarement dans le
bulbe. Presque toujours les ramollissements, les hémorragies, les
tbrombus, sont disséminés dans tout le système nerveux central.
Dans l'observation personnelle, dont il donne une description
anatomo-clinique détaillée, les phénomènes bulbaires étaient pré-
dominants ; les autres symptômes se rattachaient, comme l'a
démontré l'autopsie, à des foyers de ramollissement et d'hémorra-
gie disséminés dans la protubérance, le pédoncule et les hémis-
phères.
Le seul nom qui convient aux nombreux cas de ce genre, dit
l'auteur, est celui de « ramollissements multiples ». Lwoff.
L1V. Sur la PACIIY3fÉNI\GITE cervicale hypertrophique; par Koeppen.
(Arch. sur Psychiatrie und Nervezzl,rczzz7clieiten, t. XXVII, I. 3,
1895.)
Deux cas de pachyméningite cervicale hypertrophique avec
examen microscopique.
L'origine syphilitique est nettement démontrée pour le premier
cas. elle doit être considérée comme très probable pour le second.
L'auleur insiste sur les différences cliniques et anatomo-patho-
logiques, par lesquelles ses cas s'écartent du type classique Charcot-
Joffroy.
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 281
Il ne s'agit pas dans la pachyméningite cervicale hypertrophique
d'une lésion des méninges localisée à la hauteur de la moelle cer-
vicale. La moelle tout entière, le bulbe et même le cerveau peuvent
participer aux lésions comme le démontre l'étude clinique et.
microscopique des deux cas en question. Adamkievicz et Wieting
ont publié des cas analogues. z
Pour l'auteur, l'épaississement de la dure-mère n'est pas la
lésion primitive. -
Il a trouvé les méninges des régions dorsale et lombaire atteintes
par le processus pathologique, et la dure-mère à ce niveau était
intacte; si dans la région cervicale, là dure-mère participe aux
lésions, ce n'est que par suite des rapports plus intimes avec la
moelle. Les lésions int.ra-l11édullaires doivent être considérées
aussi comme primitives, elles ne sont qu'influencées par les lésions
des méninges.
Tout en admettant que dans certaines maladies des vertèbres,
les lésions de la dure-mère peuvent êlre considérées comme cause
de la pachyméningite, on ne peut s'empêcher de remarquer que
ce n'est pao là la règle. '
Dans les cas d'Adamkievicz, de Wieting et de l'auteur, le pro-
cessus pathologique est analogue à celui de la syphilis médullaire,
et avec il il croit qu'il serait plus juste de les désigner sous
le nom de méningomyélite chronique. Lrvor.r..
LV. UN CS DE paralysie isolée traumatique par LÉSION A la base
DU NERF OCULOMOTEUR EXTERNE par A. EULE ? 13URG. (11'curolo ?
Centralb., XIII, 189 i.)
La cause de cette altération fut un coup de couteau reçu au
niveau du segment postéro-inférieurdela région temporale droite,
au point d'entre-croisement de deux droites formées : l'une par
l'allongement du bord supérieur de la cavité orbitaire; l'autre par
le prolongement de la branche montante du maxillaire inférieur.
L'oculomoteur externe fut complètement sectionné au point où il
est isolément accessible, c'est-à-dire en l'end3oit où, se dirigeant
contre le plan incliné posléro-latéral à la selle turcique (elivus basi-
laire), il va pénétrer dans le sinus caverneux, où il se place au
côté externe de la carotide interne. Paralysie complète, mais ten-
dance à la régénérescence. P. K.
LVI. Contribution au diagnostic différentiel ENTRE LES TUMEURS
DES TUBERCULES QUADRIJUMEAUX ET CELLES DU CERVELET ; par
L. Bruns. (Al'chiv f. Pschiat., XXVI, 2.)
Etude de deux observations. L'auteur établit que l'association de
l'ophlalmoplégie et de l'ataxie n'implique point le diagnostic de
: J8 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
tumeurs dans les tubercules quadrijumeaux, mais que c'est l'ordre
de succession de ces deux syndromes qui importe. Un néoplasme
siégeant dans ces orsanes se manifesterait d'abord par une para-
- lysie des muscles de l'oeil, tandis qu'un néoplasme cérébelleux
débuterait par de l'ataxie de la marche. P. Iil : nnvaL.
LVII. Des troubles DE la sensibilité ET DE LEURS localisations dans
LE tabès DOnSALIS ; par M. L1EIIR. (1·CIC2U. fiir Psychiatrie
und iYo'venk1'al1kheiten, t. XXVII, 1. 3, 1893.)
' Parmi les troubles de la sensibilité, l'hypesthésie du tronc appa-
raît de bonne heure et paraît être constante. Pendant longtemps
elle se manifeste au tronc par une diminution de la sensibilité aux
frôlements, tandis qu'aux membres supérieurs c'est la sensibilité
à la douleur et la notion de position qui diminuent tout d'abord.
Au tronc, les troubles apparaissent d'abord dans la zone d'inner-
vation des nerfs dorsaux moyens. Ils s'étendent ensuite réguliè-
rement et le plus souvent d'une façon symétrique en haut, atteignant
le bras, et en bas jusqu'aux régions sacrée et lombaire. Ces régions
présentent souvent des plaques isolées à sensibilité normale.
Cette anesthésie tactile ne suit pas le trajet des nerfs périphé-
riques, mais correspond exactement aux zones d'innervation des
racines postérieures.
On trouve sur les limites de l'hypesthésie et entre ses différents
territoires de l'hypéralgie, surtout pour les sensations de froid.
LWOFF.
LVIII. Pollutions nocturnes ET épilepsie; par le Dr LUC.1RRELL1.
(l3acll. de la Soe. de blés. ment, de Belgique, Mars 1895.)
L'auteur dit avoir vu deux malades qui, sous l'influence des
variations atmosphériques, font pendant leur sommeil des rêves
effrayants, dans lesquels ils sont tantôt entrailles à se livrer à des
agressions et à des actes de : violence peu en harmonie avec leur
manière d'être à l'état de veille et tantôt poussés à se livrer à des
actes charnels répugnants.
Dans ce dernier cas, le rêve s'accompagne de pollutions invo-
lontaires qui se répètent à de courts intervalles. Ces pollutions
involontaires représenteraient, d'après l'auteur, autant de petites
décharges épileptiques, qui s'effectueraient non par l'intermédiaire
des muscles de la respiration et de la vie de relation, mais pour
la musculature des organes de sécrétion et d'excrétion du sperme.
Ce seraient des accès d'épilepsie partielle qui se produiraient à la
suite d'une excitation cérébrale limitée et circonscrite. M. Zucarelli
leur donne le nom de crises d'épilepsie de nature érotique et carorc-
térlsées par des pollutions. 6. U.
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 283
LIX. Diabète insipide avec rétention d'urine SP.15110D1QUE simul-
TANÉE chez UNE jeune fille hystérique; par A. Linke. (Ct'7719'Cflb.
f. Nerveinheilk., N F V, 1891.)
De ces deux symptômes est résultée une énorme distension de la
vessie nécessitant le cathétérisme. On évacua successivement 1,200,
10,000, 4,500, 8,000, 7,000, 6,000, 5,000. 3,000 centimètres cubes
d'une urine faiblement acide, jaune clair, limpide, ayant des
densités de 1.008, 1,001, 1,004, 1,002, 1,003, 1,006, ne contenant
ni albumine ni sucre. La contracture du sphincter vésical fut à un
certain moment telle qu'il fallut employer des cathéters solides ou
demi solides; les .bougies urétrales côcaïniques à 0,05 demeu-
raient d'ailleurs impuissantes. Cette attaque de polyurie spasmo-
dico-urinaire ne dura pas moins de onze jours. Peut-être faut-il
attribuer le spasme à la suggestion produite sur la malade par les
plaintes d'une voisine atteinte d'une rétention d'urine; en tout
cas, elle eut pour cause physique le spasme des muscles de l'urètre
et de la vessie. Quant à la polyurie, c'est une compagne fréquente
de l'hystérie, surtout avec grandes attaques comme ici. Elude com-
parative des travaux de Mathieu (polyurie hystérique in Revue
Neurologique, 1893, n° 19), et de F. Esmarch (spasme vésical.
Arch. f. lili7z. Chirurgie, X1V. 1,), )Jnôesser (Berlia. Klin. Wochen-
schcrift, 188 : i, 13, 14), Arndt (tiyperkinésie vésicale. TÆhl'Ú, (ici-
Psychiat.) P. K.
LX. Contribution A la pathogénie DE l'acromégalie ; par A. Tam-
burini. (Central6l, f. lVerve7zlveilG., XVI), N F V, 1894.)
La malade en question était une belle personne jusqu'à l'âge de
vingt ans; à celte époque, les règles se suspendirent et l'acromé-
galie s'établit graduellement, d'abord dans les membres inférieurs,
puis à la tête, finalement dans les bras (épaississement extrême
des mains et des pieds). Quelques années plus tard elle était prise
de délire de persécution, avec phases d'agitation et démence. Elle est
morte dans le marasme d'entérite chronique. - Autopsie avecétude
microscopique. Conclusion : les processus dégénératifs de la glande
pituitaire, en en abolissant les fonctions, produisent l'acromégalie,
de même que le myxoedème est le résultat de l'atrophie de la
glande thyroïde. La lésion dépénérative aurait, de même que
l'acromégalie, deux phases. Une première phase est caractérisée
par la suractivité, l'hypertrophie de la glande pituitaire, cette
suractivité se traduit par l'exagération de substances anormales
dans l'organisme, qui aboutit à l'accroissement du volume des os.
La seconde phase se traduit par une altération secondaire dégéné-
rative quelconque (kystique, adénoïde) de l'organe ; à ce moment,
l'accroissement des os cesse, et il survient une cachexie mortelle.
284 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
Cette constatation est en rapport avec l'histoire du gigantisme
ordinaire ; dans les cas de ce genre, on a nolé une hypertrophie
de la glande pituitaire avec agrandissement [de la selle turcique.
^L'excès de fonction de cette glande entraîne donc bien de l'hyper-
nutrition, surtout de l'hyperproduction des substances qui, molé-
cule'à molécule, forment de l'hyperplasie des os et des autres tis-
sus. Gries, en administrant de l'arsenic et du phosphore aux jeunes
animaux, a produit du gigantisme artificiel.
Nous publierons plus tard le résultat d'expériences relatives à la
longue, administration de grandes quantités de suc de la glande
pituitaire sur l'organisme. P. Keraval.
Lll, AYYOTAXI8 cérébrale ; différentes SORTES DE convulsions
d'origine cérébrale; fonds dégénératif; par G. ROSSOLI)10. (lVBt1-
rolo. CeltGmal6l., XIII, 1804).
Observation I. Il s'agit d'un homme arrivé à l'âge moyen de
la vie présentant des symptômes physiques et intellectuels de dégé-
nérescence. Il s'est mis dès l'enfance à bégayer pour des raisons
psychiques; plus tard, après avoir fatigué la main droite (c'est un
écrivain de profession), il a éprouvé des sensations désagréables
dans ce membre envahissant bientôt les autres extrémités et le
tronc et s'accompagnant de contractions musculaires involontaires
finissant par contracturer le bras droit. Le repos absolu n'arrive
que la nuit. Il n'obtient de répit dans le jour que s'il concentre
toute son attention sur un mouvement réel ou voulu exécuté dans
l'espace avec la main droite, parexemple en faisant le geste d'écrire
dans le vide. Pendant toute la durée de la maladie, convulsions
fibrillaires et fasciculaires. M. Rossolimo établit qu'il ne s'agit pas'
de complications du bégaiement, non plus de la crampe des écrivains,
ni de l'athétose. ni de la tétanie, ni des tics. 11 relève les signes
dégénératifs tels que la complexion féminine, l'ogive palatine, la
brièveté du frein lingual, le phymosis, l'anomalie coccygienne de
Féré, l'exagération du système pileux sur le dos de la main droite
et la face correspondante de l'avant-bras. Il y a une perpétuelle
mobilité musculaire qui rappelle la neurasthénie et les tiqueurs,
se complique d'une tendance aux obsessions et impulsions; elle a
provoqué l'hypertrophie des muscles et des attaches osseuses, et
elle se double des crises choréiformes, athétoides, réflexes, avec
troubles de la sensibilité, qui sont de l'amyotaxie, de l'hyperkinésie
réflexe.
Observation II. - Il s'agit en ce cas d'une sorte d'alhélose avec
les accidents convulsifs des bégayeurs et de la crampe des écrivains,
plus comparables à la maladie des tics et aux hyperkinésies
toniques.
Genèse uniforme. Ilyperexcitabililô de l'appareil moteur, depuis
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. : Q81>
les centres corticaux et les noyaux de la substance grise, jusqu'aux
faisceaux isolés des muscles. Exagération dans la transmission
des impulsions centripètes de la peau, du sens musculaire, et des
centres psychiques sur l'appareil moteur. Tells--estJ'amt/o<aa'M
cérébrale due à un vice de construclion ? é £ 'Wiéi' £ rrurlîveau,
exactement comme dans les obsessions^ ? P. IiElch ? "
' ;, l' H.Pt : I'Jui'l) ? r 110 ? z
1 XIT Sun LA. RËC ! D)VË ET H. DPLËS1E ? (S,,LA PARALYSIE' rA(f[.\.LE
1,Xl". SUR LA RECIDIVE ET LA DIPL¡';G1E '\ ! '\19.S,L,\ p.lnALYSll' : P Ctl,l ? E
rhumatismale; par P. HIIUSCHM.11.1'. (1l'.211'GI0lf ? lLllA ? I ? )
Statistique. - Sur 6806 cas de maladies nerveuses en 14 ans
(1890-94) il n'y avait que 135 cas de paralysie faciale périphérique,
soit 2 p. 100. Le tableau des causes révèle quatre-vingt-dix-neuf fois
le rhumatisme, soit 73 p. 100, et 12 fois l'otite moyenne ou toute
autre affection auriculaire, soit 12 p. 100. Sur les quatre-vingt-dix-
neuf cas de rhumatisme, 5r concernaient l'homme, et 45 la femme.
Age de 20 à 50 ans. Le refroidissement et les intempéries auxquels
sont exposées les travailleurs jouent leur rôle, quoique la maladie
soit de toute saison, et qu'il n'y ait que peu de formes graves à la
saison froide. Rareté des douleurs initiales qui, en tous cas, n'ont
rien à voir avec le pronostic. On ne note que G récidives sur les
quatre-vingt-dix-neuf cas en question, soit G,1 p. 100. En voici
néanmoins 5 observations résumées. L'autopsie faite par Minkowski
d'un suicidé en pleine évolution d'une paralysie faciale rhuma-
tismale grave, vient, de concert avec les faits de Voigt, Strûbing,
Eulenburg, Reniai;, Hoffmann, prouver qu'il s'agit d'une affection
simultanée des rameaux nerveux sensitifs qui conduisent les nerfs
tropbulaes et qui s'anastomosent avec les rameaux terminaux du
iacial. La clinique montre du reste qu'en l'espèce, le facial n'est pas
seul atteint. Donc, comme l'a dit Moebius, et comme le confirme
l'autopsie de Minkowski, la paralysie faciale rhumatismale est
probablementune espèce de maladie infectieuse, qui, généralement,
n'atteint l'homme qu'une fois. Et, quand il y a récidive, c'est que
la première atteinte n'a pas confére l'immunité, ainsi que cela se
voit pour la scarlatine et la rougeole. Lé refroidissement joue ici
le rôle d'adjuvant, comme dans la pneumonie fibrineuse. Le facial
réagit par la paralysie parce qu'il est le seul moteur; il est aussi
probable que 1 l'agent nocif lèse plus gravement les fibres motrices
que les fibres sensitives, celles-ci réagissant par une excitation
douloureuse plus ou moins vive. Il n'est pas rare de voir la lésion
passer d'un facial à l'autre (obs. \ 1) grâce aux anastomoses. Ainsi
s'établit la bilatéralité de la paralysie faciale ou diplégie. En voici
un beau type. D'abord une légère paralysie faciale à droite tradui-
sant l'atteinte du nerf jusqu'au point d'émergence de'la corde du
tympan (troubles du goût); six mois après, récidive du même côté
(paralysie de moyenne gravité;. Alors le processus morbide passe
286 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
de l'autre côté, atteint d'abord le facial supérieur, puis, quand
cette branche a récupéré sa motilité, la paralysie reparaît et sévit
sur le facial inférieur. Les deux facials sont donc atteints jusqu'au-
dessus du point de départ de la corde du tympan. A ce moment la
paralysie disparaît du côté gauche, le dernier pris; il ne reste
qu'une légère parésie à droite qui disparaît à son tour en 4 semaines
environ. La diplégie s'était effectuée en 3 semaines. La diplégie
est très rare; en un demi-siècle on en a à peine recueilli 18 cas.
Mais cette observation prouve bien la progression de la névrite
ascendante qui affecte, justement, la marche propre aux maladies
infectieuses. Ajoutons avec Neumann que toute maladie, y compris
la tare névropathique, propre à, affaiblir la résistance de l'orga-
nisme, prédispose l'homme à une paralysie faciale, pourvu qu'il
s'expose à l'agent nocif qui, probablement, produit la lésion.
P. IvEnAV.aL.
LXIII. Syndrome APPELANT la sclérose latérale amyotropiiique,
chez un syphilitique ; par les DIS Olivier et Halipré.
Un syphilitique, dix ans après l'infection, est atteint de paraplé-
gie à tendance spasmodique avec thermo-analgésie et troubles des
sphincters. Pendant plusieurs années l'affection reste stationnaire,
puis la paralysie spasmodique s'établit définitivement, les contrac-
tures gagnent les membres supérieurs où l'atrophie est très mar-
quée, tandis qu'elle est légère seulement aux membres inférieurs.
Les sphincters ont recouvré leur intégrité. Les troubles sensitifs ont
disparu. Puis paralysie transitoire de la troisième paire et quelques
phénomènes bulbaires stationnaires pendant plusieurs années.
Huit ans après le début des accidents paraplégiques, le sujet
succombe au cours d'un érysipèle :
L'examen anatomo-pathologique permet de constater : a). Sclé-
rose bilatérale du faisceau pyramidal direct et croisé ; b.) Sclérose
bilatérale du faisceau cérébelleux direct ;c). Sclérose du faisceau
de Lissauer ; d). Légère sclérose du cordon de Goll dans la région
cervicale; e). Disparition de la colonne de Clarhe ; f). Lésions
légères du groupe antéro-interne des cellules de la corne anté-
rieure ; g). Atrophie du noyau de la douzième paire.
Après une discussion intéressante, les auteurs rattachent ce cas
complexe à une forme anormale de tabès combiné chez un syphi-
litique, à une combinaison de lésions relevant à la fois des artères
radiculaires postérieures et de la spinale antérieure. (Revue Neuro-
logique, août, 180¡j,) E. B.
LXIV. UN CAS D'ARTHROPATHIE DU GEKOU, DlLATÉnALE ET SYMETRIQUE;
' par les D''s Glorieux et VAN GP : IIUCiITE\.
Bel exemple d'arthropathie du genou survenue chez un tabétique
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 287
appartenant au type sensitif pur de Brissaud : douleurs lancinantes,
crises gastriques, troubles génito-urinaires, troubles de l'ouïe, in-
sensibilité à la pression du nerf cubital, sensation de coton à la
plante du pied, troubles de sensibilité douloureuse et thermique,
signe de Romberg. Absence d'ataxie, de diplopie, de ptosis, etc.
En même temps que l'arthropathie tabétique aux deux genoux, ce
malade présente un mal perforant au pied droit : de plus, il est
rachitique et les auteurs se demandent, sans trancher la question,
si le rachitisme n'a pas été une cause prédisposante aux troubles
articulaires du tabes. (Revue Neurologique, septembre 1895.) E. B.
LXV. UN cas DE sclérose EN PLIQUES A FORME d'hémiplégie alterne ;
par le D' Adam WlZr.L. ,
Il s'agit d'un malade présentant d'une part le syndrome de Mil-
lard-Gublér, c'est-à-dire une paralysie du facial et du moteur ocu-
laire externe d'un côté, coïncidant avec une parésie des membres
du côté opposé, et d'autre part des symptômes incontestables de
sclérose en plaques : exagération des réflexes, tremblement inten-
tionnel, nystagmus, décoloration des papilles, troubles de la parole,
troubles vésicaux, etc.
L'auteur estime qu'il y a lieu de rapporter les deux syndromes
à la même source, de reconnaître dans le tableau clinique com-
plexe et polymorphe une seule maladie, une forme fruste de la
sclérose en plaques. Il y aurait localisation d'une plaque scléreuse
au niveau de la protubérance, en ce lieu où l'on voit passer, en
étroit voisinage, le faisceau pyramidal et les fibres des nerfs facial
et moteur oculaire externe.
A côté des trois variétés des formes frustes de la sclérose en
plaques par intervention des phénomènes insolites, déjà distinguées
par Charcot, (variété hémiplégique, variété tabetique, et variété
latérale amyotrophique) il y aurait donc lieu d'ajouter une qua-
trième variété, la variété hémiplégique alterne. (Revue Neurolo-
flique, juin 1895.) E. Blin.
LXVI. Un cas DE TUMEUR cérébrale avec hémianestiiésie ; par
J. Macfay. (Brain, été et automne 1895.)
Un homme de- quarante-cinq ans a présenté un léger affaiblisse-
ment moteur de tout le côté gauche avec ophtalmoplégie droite,
et surtout anesthésie complète pour toutes les sensibilités à gauche.
L'autopsie montre à droite une tumeur lenticulaire de 4 centimètres
de diamètre sur 2 centimètres d'épaisseur oblitérant les circonvo-
lutions tcmporo-sphénoidales en leur milieu et sur la moitié de
leur largeur. Ramollissement de la partie sous-jacente à la tumeur
ainsi que du lobule lingual et du tronc de la troisième paire à
288 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
droite. L'intégrité de la substance blanche correspondant à ces
régions dans la capsule interne et le pédoncule laisse supposer que
les portions intéressées de l'écorce étaient bien le siège exact des
troubles sensitifs observés. " F. B.
LXVII. UN cas D'OPHTALMOPLÉGIE unilatérale COMPLÈTE ; par
F. 1-RESILLIAN. (Bmin, été et automne, 1895.)
Homme de quarante-trois ans. syphilitique depuis huit ans, pré-
sente deux* gommes cutanées et d'un côté ptosis, immobilité du
globe oculaire, myosis, amblyopie et anesthésie de la paupière.
Amélioration notable par le traitement spécifique. Gomme pro-
bable du sommet de l'orbite vers la fente sphénoïdale. F. B.
LXVIII. DE L'ÉLÉMENT physiologique DE l'émotion ; par E. WfifGHT.
(Brnin, été et automne, 1895.)
Les facteurs de la réaction émotive sont : 1° un violent stimulus
sensoriel ; 2° une extrême tension dans les centres réflexes ; 3° un
débordement d'influx nerveux d'abord dans les conduits efférents
allant aux muscles involontaires, puis dans ceux des muscles semi-
volontaires, enfin dans ceux des muscles volontaires. C'est cette
haute tension dans les centres réflexes qui constitue l'essence physio-
logique de l'émotion. Les réflexes viscéraux .sont secondaires, ils
sont une manifestation consécutive du phénomène psychique qui
seul coïncide avec cette tension centrale préreflexe.
Un même stimulus souvent répété arrive à perdre son pouvoir
émotionnel par le fait du remplacement du réflexe somatico-vis-
céral par un réflexe somatique spécialisé. Le bond d'un lapin pro-
voque chez le chasseur novice un réflexe général, sursaut, palpita-
tion, tremblement, etc. ; plus tard il ne produira chez ce même
chasseur qu'un réflexe adapté au tir. L'influx se trouve donc cana-
lisé-et détourné des conduits viscéraux vers des conducteurs soma-
tiques déterminés. Il faut pour cela qu'il existe un système de
contrôle des réflexes, sans lequel du reste la vie ne serait qu'un
chaos de mouvements musculaires entraînant une déperdition
constante d'énergie, qui ne laisserait aucune réserve pour les
besoins futurs. La constitution de cette provison nerveuse est carac-
téristique de la vie humaine. Pour les muscles volontaires le con-
trôle est entièrement dévolu à l'inhibition : venue d'en haut elle
exerce une action continue sur le centre réflexe médullaire avec
la faculté de se relâcher éventuellement ; de cette manière, tout
stimulus pour provoquer le réflexe doit avoir préalablement sou-
levé tout un poids mort d'inhibitions. Ce réflexe des muscles volon-
taires représente donc une décharge de faible tension. Le centre
viscéral au contraire subit infiniment moins l'influence des inhibi-
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 289
lions supérieures, son contrôle lui est surtout intrinsèque, et le
réflexe dû seulement à une extrême accumulation de force ner-
veuse en ce centre, représente une décharge haute tension. Or,
c'est cette haute tension qui s'accompagne d'un sentiment plus on
moins grand d'angoisse, d'où la lutte par l'habitude contre l'émo-
tion consiste non dans la substitution d'un réflexe à un autre, mais
bien d'un état de faible tension à une condition de haute tension.
Ceci revient à rendre plus libre l'échappement dans les conduc-
teurs somatiques par une plus prompte suspension des inhibitions.
Guskell compare un segment médullaire à une citerne recevant
l'eau par deux bouches dont l'une représente les nerfs centripètes
viscéraux, et l'autre les nerfs centripètes somatiques. La citerne
possède par contre deux tuyaux d'échappement, l'un en haut, nerfs
centrifuges viscéraux, et l'autre en bas, nerfs centrifuges soma-
tiques, celui-ci est muni d'une soupape obturatrice mobile qui
représente les inhibitions. Si cette soupape est fermée ou insuffi-
samment ouverte l'accumulation de l'eau atteint l'échappement
supérieur et s'écoule surtout par cette voie. Si la force de l'eau qui
arrive actionne un appareil destiné il soulever la soupape, l'écou-
lement se fait régulièrement par en bas. Enfin en supposant
diverses modifications de l'apport d'eau et diverses conditions des
deux échappements on peut reconstituer l'image de tous les états
émotifs ou réflexes imaginables. F. BOISSIER.
LIX. Sur l'épilepsie sénile ET LE symptôme DE GRIESI1\GER DU A la
thrombose B%SIL.IIIE ; par M. NAUXYN (de Strasbourg) (Journal de
neurologie et ? p ! M/o : 6, n° 1 et 2.)
La compression des carotides ayant déterminé chez trois sujets,
devenus épileptiques après soixante ans, des accès analogues à
ceux qui se produiraient spontanément, AI. Naunyn conseille de
s'abstenir de ce procédé. Il suffit en effet que la circulation arté-
rielle du cerveau soit troublée par une cause quelconque ou qu'il
existe une artério-sclérose légère pour que la compression des
carotides puisse déterminer des attaques épileptiformes. G. D.
LX. Deux cas de tumeur du canal rachidien comprimant la moelle ;
par MM. RaYMoaD et Nageoite. (Journal de neurologie et d'ltypno-
logie, nez' 1 et 2.)
Le premiercas concerne un homme de vingt-six ans chez lequel
l'affection débuta par des sensations douloureuses dans les mem-
bres inférieurs et par une faiblesse croissante. En môme temps
survinrent des douleurs en ceinture et une névralgie du sep-
tième espace intercostal gauche.'A l'hôpital on constate une para-
plégie spasmodique qui, au bout de quelque temps, devint
Archives, 2e série, t. I. 19
290 REVUE DE MÉDECINE LÉGALE. ,
flasque en même temps que disparaissaient tous les phénomènes
douloureux. Anesthésie remontante jusqu'à la huitième vertèbre
dorsale, troubles sphinctériens. Mort quatre mois après le début
- des accidents par tuberculose pulmonaire.
A l'autopsie on trouva une tumeur violacée paraissant s'être
développée primitivement dans le sixième trou de conjugaison
dorsal droit : un des prolongements de la tumeur s'étendait sous
la plèvre, l'autre sous les muscles des gouttières vertébrales, le
troisième dans le canal rachidien où il comprimait la moelle..
Dans le second cas, il s'agit d'un homme de quarante-neuf
ans qui se plaignit d'abord de fourmillements dans la plante des
pieds et d'une faiblesse des jambes qui augmenta peu à peu.
Bientôt cet homme fut atteint d'une paralysie spasmodique, de
contractions douloureuses et de troubles sensitifs variés dans les
membres inférieurs, consistant principalement en une déforma-
tion syringomyélique plus ou moins complète. Paralysie des
sphincters, crises pseudo-angineuses, léger nystagmus. Mort par
broncho-pneumonie dix mois après le débutdes accidents.
A l'autopsie on trouva un sarcome logé dans le huitième trou de
conjugaison dorsal droit comprimant la moelle par un prolonge-
ment intra-rachidien. Dans les deux cas la lésion médullaire était
de même nature : il s'agissait d'une myélite diffuse transverse qui
altérait les cylindraxes sans les sectionner complètement, il leur
eut été dès lors possible de remplir leurs fonctions si la cause de
leur altération, c'est-à-dire la compression de la moelle, avait été
supprimée. Les constatations histologiques dans ces- deux cas
étaient donc en faveur d'une intervention chirurgicale. G. D.
REVUE DE MEDECINE LÉGALE.
I. Parjure, hystérie, amnésie ET irresponsabilité, expertise MLDICO-
légale ; par KRArrT-Ei3tNG. (Jaltr, f. Psych. und Ncurol., 1895;
XIII, 2, 3.)
Il s'agit d'une malade condamnée à deux mois de prison pour
parjure. Son défenseur obtient une expertise médico-légale qui
fit constater chez elle l'existence de l'hystérie, mais sans l'amnésie.
La névrose delà malade s'aggravant nécessite son internement et
provoque une nouvelle expertise. Krait't-Kbing reconnaît une tare
ueuropatilique mais ne pense pas que l'amnésie puisse être invo-
REVUE DE MÉDECINE LÉGALE. 291
quée pour excuser le parjure. L'hystérique, le neurasthénique, le
vieillard, le débile ont généralement la conscience de leur peu de
mémoire ; lorsqu'il s'agit d'un événement quelconque, ils déclarent
généralement qu'ils ne se rappellent pas telle ou telle circons-
tance, mais n'ont pas l'habitude comme dans le cas en question de
déclarer catégoriquement une chose. L'amnésie dans ce cas manque
d'une base médico-psychologique et n'est pas admissible scientifi-
quement. P. SERIEUX.
ÉTUDE légale DE l'impuissance dans l'Illinois ;
par le Dr Baum.
Les questions d"impuissance ou d'incapacité d'un des conjoints
de satisfaire aux fins du mariage, qui sont la procréation de l'espèce,
soulèvent assez fréquemment des questions dont la solution est le
plus souvent difficile.
L'auteur rapporte un intéressant procès qui s'est déroulé récem-
ment dans l'Illinois : une femme demandait le divorce en alléguant
que depuis son mariage, qui remontait à deux mois, son mari,
adonné à la masturbation, n'avait pas accompli une seule fois ses
devoirs conjugaux. Les juges déboutèrent cette femme de sa
demande : rien ne prouve, disait le jugement, que l'impuissance du
mari soit définitive et il y a lieu d'espérer que, s'il renonce à ses
pratiques dégradantes, il pourra remplir ses devoirs d'époux. (The
alienist and zze2crologist., avril 1895.) E. B.
III. Rapport SUR l'état mental DU SIEUR A..., inculpé d'outrage
aux MOEURS. Perversions sexuelles. Exhibitionnisme ; par le
Dr RAINEAU.
Il s'agit d'un cantonnier âgéde soixante-dix ans, accusé d'exhiber
- ses organes génitaux et de se masturber devant des enfants qui
allaient à l'école.
L'histoire de cet homme est intéressante au point de vue de
l'aberration du sens génital. Depuis l'âge de douzeans, A... éprouve
à la vue d'un mouchoir une excitation génitale particulière suivie
d'érection. Dès qu'il pratiqua le coït, il chercha surtout à dérober
les mouchoirs des femmes qu'il fréquentait pour se masturber
ensuite avec.
Malgré d'assez violents désirs, il ne pouvait d'ordinaire arriver à
pratiquer le coït qu'après s'être recouvert la verge d'un mouchoir ;
ce revêtement bizarre déterminait aussitôt l'érection. Avec l'âge,
l'excitation produite par le mouchoir n'a plus suffi à réveiller ses
sens endormis et c'est en s'exhibant aux enfants et en se découvrant
qu'il parvenait à trouver sa vigueur perdue : à la perversion sexuelle
est venue se joindre l'exhibitionnisme. (Annales médico-psycholo-
giques, mai 1895). E. B.
292 , REVUE DE MÉDECINE LÉGALE.
' IV. Les MESURES législatives CONTRE LES DITS délinquants
« irresponsables »; par le Du GILUEIiT Ballet.
D'un intéressant rapport fait au cinquième congrès pénitentiaire
international, l'auteur tire les conclusions suivantes : -
1° La législation actuelle est insuffisante à protéger la société
contre les délinquants criminels déclarés irresponsables pour cause
de maladie mentale. Il y a lieu de la modifier;
2° Les délinquants ou criminels pathologiques se divisent en
plusieurs groupes : l'internement doit être pour les uns définitif,
pour les autres temporaire ou intermittent ;
3° Il est il désirer que la magistrature ait à intervenir d'office
pour ordonner la séquestration des aliénés criminels reconnus, après
enquête médicale, irresponsables et dangereux. C'est à elle aussi
que doit incomber la mission d'autoriser la sortie définitive ou
provisoire de l'asile, quand l'enquête médicale l'aura reconnue
opportune ; ,
r° Il n'y a pas lieu de créer des asiles spéciaux pour les aliénés
dits criminels ; : i° Mais il serait nécessaire d'avoir un ou des établissements inter-
médiaires à la prison et à l'asile, pour y interner par jugement les
fous moraux et certains autres délinquants ou criminels (certains
épileptiques et alcooliques), dont la responsabilité en justice est
considérée comme atténuée.(Annales médieo-psychologiques, octobre
1895.) E. Il.
V. Contribution A la psychologie du vagabondage.
UN vagabond qui se nNGE; par le Dl' CLILLERII]E.
Histoire des plus curieuses d'un malheureux déséquilibré, âgé de
trente ans, abandonné à lui-même dès son jeune âge, qui, après
une existence vagabonde et neuf condamnations pour vol, vaga-
bondage et meudicité, est venu se fixer dans un petit village des
plus reculés du Bocage vendéen. Poussé dès son enfance à une
sorte de mysticisme morbide, il s'est nourri avidement depuis dix
ans, malgré son manque de culture intellectuelle, de lectures abs-
truses bien au-dessus de sa portée, puis, à la suite d'hallucinations
et de phénomènes extatiques, il s'est cru initié aux grands mys-
tères, s'est affilié aux sociétés occultes et en est arrivé à se croire
doué de facultés surnaturelles et divinatoires et à verser dans le
délire des grandeurs. Aussi, avec la plus grande ingénuité s'est-il
livré à la divination ainsi qu'à la médecine, faisant de nombreuses
dupes dans ce coin perdu du Bocage vendéen, fournissant ainsi
au milieu de notre existence moyenne un épisode qui semble nous
reporler en plein moyen âge. (Annales médico-psychocogiques,
oct. 189 : i.) E. 13.
REVUE DE MÉDECINE LÉGALE. 293
VI. DE l'évidence DE l'état S11V de l'esprit dans LES affaires
criminelles; par le Dr ICIR : vAN. -
Par la citation de nombreux exemples, l'auteur montre que ni la
préméditation, ni l'adresse dans l'exécution, ni le motif, ni la dis-
simulation, ni la complicité, ni la crainte d'être découvert, ne sont
des témoignages certains de l'état sain de l'esprit dans un cas
donné. ,
Souvent, en effet, les actes criminels accomplis par un aliéné
sont tirés d'un motif logique ou bien accomplis sous l'influence
d'une idée délirante, peuvent se rapporter il des motifs logiques.
De même un aliéné qui commet un homicide sous l'influence d'idées
délirantes, peut parfaitement prendre toutes les précautions aptes
à préserver sa vie. Aussi les principes de la justice supérieure de la
loi commune et de la science demandent que, dans chaque affaire
criminelle, l'état sain de l'esprit de l'accusé soit établi sans qu'il il
puisse exister aucun doute. Aucun prétendu devoir envers la société,
aucune exigence publique ne peut justifier l'écart de ces principes
scientifiques. L'énorme quantité d'aliénés, placés dans les prisons,
montre que l'excuse de la folie, au lieu de constituer un abus, est
trop rarement mise en lumière. (T'he alienist and neurologist, avril
f 89). E. B.
VII. LES aliénés ET LE droit civil; par le D'' L. DERODE. (Bzlll. de
la Soc. de Médecine Ment, de Belgique, décembre 1894.)
On sait que, d'après la loi française, la procédure d'une de-
mande en interdiction ne comporte pas nécessairement une exper-
tise médicale. C'est contre cette lacune de la loi que s'élève
M. Derode. Dans son travail, il s'efforce de prouver que l'interven-
tion de la science est aussi nécessaire dans les affaires de la jus-
tice civile où la folie joue un rôle, que dans celles qui relèvent de
lajustice criminelle. Quant à l'expert, il ne doit formuler que des
conclusions rigoureusement scientifiques et ne pas se hasarder à
émettre des appréciations arbitraires basées sur des impressions
où la science n'a rien à voir. Plutôt que d'apporter à la justice des
affirmations téméraires, il doit s'abstenir de conclure et se borner
à exposer les raisons qui lui paraissent de nature à entretenir
l'incertitude et le doute. G. Di.Ny. ,
VIII. Uranisme ET pédérastie ; par le Dl' STEFA1\OWSJ(I.
L'auteur établit la distinction qu'on rencontre entre la pédéras-
tie et l'uranisme.
La pédérastie est bien plus souvent acquise qu'innée ; elle appa-
rait tard. Le pédéraste reste d'aspect masculin ; ses penchants sont
294 REVUE DE MÉDECINE LÉGALE
matériels et grossiers. La pédérastie est plus souvent un vice qu'une
maladie; elle peut être modifiée par la volonté ou par un traite-
ment moral et soit comme vice, soit comme profession, doit être
punie par la loi. -
- Au contraire l'uranisme est inné et se manifeste des l'enfance en
même temps que les habitudes; l'aspect extérieur, les vêtements
même sont féminins. Les malheureux qui y sont sujets adorent le
membre viril, mais d'un amour idéal, souvent désintéressé; le coït
anal est rare, la masturbation et l'onanisme buccal sont plus
fréquents.
L'uranisme est toujours une maladie, un symptôme de dégéné-
rescence, placé en dehors de la volonté, et comme difforinitéinorale
innée ne doit pas être puni par la loi. (The alienist and neurolo-
gist., octobre 1894.) E. B.
IX. L'enfant CUI11lNEL- : \Éj par G. DIETTItICH.
(Ceutralblalt f. Nereenheilk, XVII, N. F. V., 1894.)
Type d'instincts pervers précoces dès l'âge de dix-huit mois.
P. K.
X. PARAGRAPHE 51 ET FOLIE partielle; par RIEGER.
(Centralblatt f. 11'ervelzlzeill ? N. F. V., 1894.)
Il s'agit d'une veuve de quarante-quatre ans qui a fait avorter
plusieurs femmes et filles, fait pour lequel elles ont été condam-
nées. Cinq rapports de spécialistes ont été faits sur son compte.
Est-ce une folie partielle ? Ses actes sont-ils la conséquence de ses
idées délirantes ? Etude analytique complète. Elle formule des
accusations terribles contre le bourgmestre, or, si ces accusations
sont fausses, il appert qu'elles sont le produit non d'un mensonge
conscient, mais d'une folie systématique maladive. Or s'il est
reconnu qu'elle est paranoïaque, on ne peut lui appliquer de pro-
cédure pénale, en vertu du 203 du Code pénal qui dit : « Qu'il y
a lieu d'interrompre définitivement une action judiciaire sus-
pendue, dès qu'on oppose à la procédure ce fait que le délinquant
est devenu aliéné consécutivemeut après l'acte délictueux. » Si
donc le tribunal décide qu'elle n'est plus maintenant justiciable
des débats juridiques et qu'elle ne peut les suivre, il doit lui appli-
quer le § 80 du Code, et la faire séquestrer dans un asile comme
aliénée dangereuse. P. KERAVAL.
SOCIÉTÉS SAVANTES.
SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE.
Séance du 24 février 1896. PRÉSIDENCE DE M. Charpentier.
Fausse mémoire.
M. ARNAUD communique une observation d'illusions de 'N vu
ou fausse mémoire. Il s'agit d'un officier de trente-quatre ans qui,
aussitôt après une fièvre paludéenne très grave, devint neuras-
thénique, présenta une amnésie continue ou antérograde, de la
faiblesse de l'attention, des idées de persécution assez développées
(aucune espèce d'hallucinations). Mais le symptôme le plus impor-
tant de cet état morbide est l'illusion de déjà vu, qui dure depuis
plus de trois ans et qui s'étend à la plupart des faits de la vie
mentale. Le malade reconnaît tout ce qu'il voit, tout ce qu'il
entend, tout ce qu'il fait, tout ce qu'il pense, pour l'avoir déjà vu,
entendu, fait et pensé l'année dernière, dans des circonstances et
dans un milieu identiques. Cette illusion très intense, complique
et trouble toute l'existence du malade ; elle entraine secondaire-
ment toutes sortes d'idées et d'appréciations fausses.
Il est important de préciser le moment où se produit la fausse
reconnaissance. En présence d'un fait nouveau, le malade l'ap-
précie comme tel; mais, environ une minute après, il affirme
qu'il le reconnaît très exactement pour l'avoir déjà connu l'année
dernière, etc.
Chez ce malade, l'intervalle entre la perception réelle et le sou-
venir illusoire est, dans tous les cas, sensiblement le même.
L'illusion ne présente pas les caractères du souvenir, elle n'est
localisée dans le temps que par des procédés indirects (journaux,
saisons, etc.), par le raisonnement qui joue un très grand rôle
chez le malade ; elle a la même étendue, les mêmes limites que
la perception; enfin elle n'est pas continue, son extension
apparente est due à une habitude, à un faux pli de l'esprit. L'expli-
cation psychologique de l'illusion de déjà vu doit être cherchée
dans le mécanisme de la perception et dans l'état de la mémoire.
Elle pourrait être trouvée dans l'influence combinée de la situa-
296 ,~ ' ` . SOCIÉTÉS SAVANTES.
tion et dé la forme particulière d'amnésie (amnésie continue,
antérograde)' qui existent chez ce malade.
Cette observation est encore intéressante au point de vue élio-
, logique; car. on ne trouve,dans les auteurs qu'un très petit nombre
d'exemples de troublés de la mémoire liés au paludisme. '
M. JANNET critique le terme de fausse mémoire. Pour lui, il
s'agit plutôt d'un trouble de perception, que d'un trouble de la
mémoire. Il a observé des phénomènes analogues chez un hysté-
rique neurasthénique. Ses yeux se fixaient-ils, par exemple, sur le
nez de sou interlocuteur, qu'il croyait voir un nez pour la pre-
mière fois.
Un autre malade pensait que les événements auxquels il assi,-
tait, duraient depuis longtemps. -
M. GARNtER estime aussi que la dénomination de fausse mé-
moire n'est pas très bien fondée ; il pense néanmoins que le
terme doit être conservé, parce que ce syndrome ne s'observe que
chez les amoindris de la mémoire.
M. JaN\ET. - Un auteur anglais, Mayer, qui a publié un travail
sur la mémoire, désigne le phénomène du nom de promnésie. Il
serait intéressant de rechercher quelles formes d'amnésie coexis-
tent avec la fausse mémoire.
M. Charpentier demande à M. Arnaud quelle serait l'altitude de
son malade si on le mettait en présence d'un événement auquel il
a été réellement associé, pendant que s'accomplissait celui qu'il
croyait faussement avoir déjà constaté.
M. ARNAUD. - Cette expérience s'est produite au moment de
- l'enterrement de Pasteur. Mon malade a accepté momentanément
la rectification en attribuant à des maléfices de ses persécuteurs,
on illusion de déjà vu.
' M. BRIAND.- Quand vous lui demandez quelle va être la suite de
l'événement qu'il prétend s'être déjà accompli antérieurement et
que vous le priez de vous en indiquer quelle en a été la consé-
quence ultérieure, que répond-il ? Pour la campagne de Madagas-
car, par exemple, à laquelle il croit assister pour la seconde fois,
quelle terminaison lui donne-t-il ' ?
M. ARNAUD. - Il me répond invariablement que la mémoire lui
fait défaut et qu'il ne se souvient plus de ce qui s'est produit par
la suite. NI. B
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SOCIÉTÉ D'1\'l'li ? kÿ ? LOGIL;" «.* \<ï £
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LE CERVEAU DU MOUFLON; par le professeur Benedikt (de Vienne).
B6\EDIhT (de Vienne) fait une communication sur le cerveau du
mouflon (Ovies Musimon), qui réunit les qualités des onguiculés
avec celles des primates, comme il possède une scissure cen-
trale et précentrale et des scissures sagittales très développées. La
seconde scissure de Leuret du mouflon conflue avec la scissure
centrale et la partie moyenne et inférieure de cette scissure repré-
sente alors l'arc descendant antérieur de la seconde scissure de
Leuret, ce que Benedikt avait conclu depuis longtemps et ce qui
est prouvé par le spécimen étudié.
Benedikt donne quelques renseignements généraux sur les résul-
tats de ses études sur l'anatomie comparée des scissures. Il a suivi
deux principes. Le premier était de chercher dans la série des
animaux les scissures complètes. Il a reconnu alors que ces scis-
sures complètes consistent en une série d'éléments indépendants
l'un de l'autre, qui peuvent exister ou manquer dans les différents
types.
Comme il a reconnu que ces éléments indépendants peuvent
entrer eu combinaison libre, avec des éléments des autres scissures
il fallait suivre le second principe, de dénommer les éléments et de
les ranger convenablement.
Le plus instructif était l'étude de la scissure calleuse marginale
(scissure limbique interne) et de la scissure rhinale (scissure lim-
bique exlerne). La première est complète chez le cheval et se
trouve plus rarement complète chez l'homme principalement sur
des cerveaux de dégénérés. On voit alors que le style de la scis-
sure paréto-occipitale interne, n'est autre chose que la scissure
retrospténique de l'arc rélrosplénique de la scissure calleuse mar-
ginale des animaux.
La scissure rliiuale est très bien représentée chez l'homme. La
scissure olfactive représente sa partie frontale. La partie tempo-
rale de celle-là est représentée chez l'homme par la scissure, qui
sépare la circonvolution d'hippocampe du lobe temporal et cette
scissure est moins bien développée sur un des deux hémisphères
de l'homme. Cette scissure temporo-hippoeampique se continue
chez l'homme dans la scissure collatérale, qui existe comme partie
occipitale de la scissure rliiuale chez les animaux.
La première scissure de Leuret, comme on la trouve par exemple
chez les carnivores, peut devenir complète avec de minimes imiter-
298 SOCIÉTÉS SAVANTES. -
ruptions du pôle frontal jusqu'au pôle occipital par exemple chez le
rosuarus et le taureau comme nous savons des publications de T1l1'-
ner. Chez l'homme les scissures secondaires sagittales de la pre-
- migre circonvolution frontale représentent la partie frontale de
cette première scissure de Leuret; chez beaucoup d'animaux elle
existe comme scissure coronaire (supérieure).
Chez l'homme, M. Benedikt a retrouvé la partie pariétale dans
certains cerveaux par exemple dans le cerveau de Francesconi. En
arrière c'est l'étape supérieur de la scissure inter-pariétale qui
appartient chez l'homme, à cette première scissure de Leuret et
sa continuation occipitale qui se trouve chez les animaux comme
scissure médio-latérale (première scissure occipitale).
La seconde scissure de Leuret se trouve complète par exemple,
chez les brebis. Chez l'homme, la scissure dite première scissure
frontale représente la partie frontale de cette scissure, qui est
interrompue en arrière par les circonvolutions ascendantes et les
scissures transversales centrales.
Dans la région sus-sylvienne et pariéto-temporale, la seconde
scissure de Leuret est représentée par l'étage moyen de la scissure
inter-pariétale (ou scissure de Turner, selon M. Benedikt). Dans la
région occipitale la seconde scissure de Leuret n'est pas toujours
représenlée en général très distinctement. Sur certains cerveaux
comme chez un Américain décrit par Benedikt cette partie est
au contraire très accentuée (c'est alors la seconde scissure occi-
pitale). 1
La troisième scissure de Leuret est complète chez le narval décrit
par Turner, pour la partie temporo-pariétale et centrale et assez
complète pour le lobe frontal. Elle y manque pour le lobe occipital.
Chez l'homme la partie frontale de cette troisième scissure de
Leuret est bien développée; c'est la scissure dite scissure seconde
frontale. Elle manque dans la partie centrale et en général dans
la région sus-sylvienne où elle est représentée par exception dans
un nombre restreint des cerveaux, comme par exemple chez un
Feilah, décrit par Benedikt. C'est alors un arc horizontal sus-syl-
vien, qui correspond à l'arc horizontal de la troisième scissure de
Leuret, par exemple chez le chien. \
Dans la région temporo-occipitale, la troisième scissure de Leuret
est au contraire toujours représentée chez l'homme par une scis-
sure constante, nommée par Benedikt la scissure temporo-occi-
pitale. Elle nait dans la région temporale et aboutit au pôle occi-
pital (comme troisième scissure occipitale) où elle sépare la partie
externe de la circonvolution fusiforme de la troisième circonvolu-
tion occipitale. La scissure temporo-occipitale apparaît chez beau-
coup d'animaux et y est désignée souvent comme scissure ecto-
latérale par les auteurs.
Benedikt ajoute encore pour compléter les scissures sagittales,
SOCIETES SAVANTES. 299'
que la scissure dite scissure présylvienne correspond à la scissure
frontale externe de l'homme, qui sépare le lobe frontal externe de
la circonvolution orbitaire.
Jusque-là il s'agissait des scissures sagittales. Non moins impor-
tante est la discussion des scissures transversales et leur forme
variée dans les différentes classes des gyrencéphales. A la face
interne du cerveau il y a différentes branches transversales de
la scissure marginale calleuse ou plutôt des arcs verticaux sur la,
scissure nommée.
Chez l'homme il y a un arc qui sépare la circonvolution quadri-
latère de la circonvolution paracentrale; c'est une scissure rétro-
centrale interne.
Chez beaucoup d'animaux il y a au contraire un arc trans-
versal - la scissure croisée --qui représente une scissure précen-
trale interne. Cet arc ne manque pas toujours chez l'homme, mais
il est en général rudimentaire.
Un autre arc transversal est celui qui sépare la circonvolution
quadrilatère du lobe occipital et que Benedikt désigne comme-
scissure précunéenne.
Elle est constante chez les primates, et à peu d'exceptions con-
fluentechez l'homme avec l'arc rétro-splénique de la scissure mar-
ginale calleuse et n'est pas sous cette confluence rare chez les ani-
maux, mais était méconnue ou négligée par les auteurs.
Un autre arc vertical sur la scissure marginale-calleuse, c'est la.
scissure calcarine des primates qui, chez l'homme, conflue à peu
d'exceptions avec la scissure rétro-splénique et avec la précunéenne
et qui existe souvent-quoique rudimentaire -chez les animaux.
Les scissures transversales de la région centrale ne sont pas, selon
Benedikt un privilège des primates.
Depuis longtemps M. Benedikt a insisté sur ce point, qu'il faut
chercher la scissure centrale par exemple chez les carnivores, en
arrière et au milieu de la région dite « psycho-motrice », dont un
bord antérieur est la scissure croisée et Benedikt a prétendu,
qu'une petite scissure transversale au bout antérieur de la première
scissure de Leuret chez un nombre de carnivores doit être reconnue
comme représentante au moins de la partie supérieure de la scis-
sure centrale des primates :
Plus tard il a insisté sur ce que l'arc descendant antérieur de la
seconde scissure de Leuret, par exemple des carnivores représente
la partie moyenne et inférieure de la scissure centrale et il dé-
montre aujourd'hui sur le cerveau du moufllon, que sa présomp-
tion est justifiée.
L'arc antérieur de la troisième scissure de Leuret, des carnivores
correspond à la partie inférieure de la scissure rétro-centrale de
l'homme et souvent à l'étage inférieur de la scissure inter-parié-
tale ou de Turner. L'arc descendant postérieur de la troisième
300 0 .1,-ILES D'ALIÉNÉS.
scissure de Leuret des carnivores correspond à la première scis-
sure temporale de l'homme, et l'arc descendant de la seconde scis-
sure de Leuret des carnivores correspond dans sa partie supérieure
-à la scissure pariéto-occipitale externe de l'homme et dans sa
partie inférieure à la seconde scissure temporale de l'homme.
M. Benenikt ajoute que les gyrencéphales ont des scissures à
fentes, à vallons et à raies ou à stries. Lesdits gyrencéphales ont
seulement des scissures à raies ou à stries. -
ASILES D'ALIÉNÉS.
I. SUR LE RECRUTEMENT futur ET sur la situation du personnel
D'INFIRMIERS dans LES asiles; par W. F. Menzies. (F/tC Journal
of mental Science, juillet 1894.)
La difficulté toujours croissante que tous les directeurs d'asiles
trouvent à recruter convenablement leur personnel de service
suffit à démontrer la nécessité de certaines réformes. Suivant l'au-
teur, ces réformes devraient porter principalement : 1° sur l'âge
minimum des candidats qui doit être élevé; 2° sur la durée des
heures de service qui doit être abrégée, et sur la durée des heures
quotidiennes de loisir et des vacances annuelles.qui doit êire aug-
mentée ; 3° sur le régime alimentaire qui demande à être amé-
lioré ; 4° sur la nécessité de fournir au personnel un « chez soi »
séparé des salles de malades, et d'encourager les jeux de plein
air; 5° sur l'utilité de compléter l'enseignement pratique au point
de vue des soins à donner aux malades, et en particulier aux
aliénés.
Ce sont là les desiderata les plus importants : mais après une
étude attentive de la question, l'auteur est amené à formuler les
conclusions suivantes : il est difficile dans l'état actuel des choses
de relever le niveau du personnel appelé il donner des soins aux
aliénés. Les heures de service, le régime alimentaire peuvent être
.l'objet d'améliorations graduelles, mais pour le moment peu mar-
quées ; les améliorations peuvent être telles cependant que lorsque
l'enseignement technique sera prêt à fonctionner, et que les con-
ditions matérielles de la vie auront été favorablement modifiées,
on puisse compter sur le recrutement d'un personnel d'infirmiers
'd'un niveau social supérieur au niveau actuel. R. 11f. C.
ASILES D'ALIÉNÉS. 301 l
II. Epreuves, misères et griefs d'un directeur d'asile privé;
par Lionel A. WEATiIERLY. (The Journal of Mental Science, juillet
1894.)
L'auteur énumère, sous une forme parfois humoristique, les
ennuis et les déboires que rencontre dans l'administration de sa
maison de santé, un directeur d'agile privé. Il reconnait d'ailleurs
de bonne grâce que les médecins-directeurs d'asiles publics sont
peut-être encore plus à plaindre. R. M. C.
III. Revue DES VINGT dernières années A l'asile DES aliénés DE
LA VILLE ET DU COMTÉ DE WORCESTER ; par E, MARRJOTT COOK. (Thc
Journal of Mental Science, juillet 1895.)
Compte rendu intéressant et détaillé du fonctionnement de cet
asile, des progrès de tout genre qui y ont été réalisés et des amé-
liorations qui restent à y introduire. R. M. C.
IV, Les aliénés au « WOIlKHOUSE »; par M. J. VoLAN. (The Journal
of Mental Science, octobre 1894.)
Le « '\Vll1'l¡ho¡ise », institution de charité paroissiale à plusieurs
fins, a pour but, en Angleterre, de pourvoir à des misères sociales
très diverses : il recueille des malades et des vagabonds, des aliénés
et des indigents, etc. Il occupe une place importante dans tous les
travaux des auteurs qui se préoccupent du placement, de l'inter-
nement et de l'hospitalisation de ces diverses catégories sociales.
Ni le mot, ni la chose n'existant en France, il devient très difficile
de rendre utilement compte des travaux de ce genre ; nous nous
bornerons donc à reproduire les très sommaires conclusions de
l'auteur, qui sont les suivantes :
« Il est désirable : 1° de pourvoir au sort des idiots et des épilep-
tiques idiots dans un ou plusieurs établissements mieux adaptés à
cette fin que le Voi-h-hùuse ; 2° de transférer les « simples alié-
nés » et les « aliénés épileptiques » dans des asiles régionaux, où
ils recevront de l'Etat les soins et l'assistance dont ils ont été
jusqu'ici injustement privés. » , H. DE Musgrave CLAY.
V. DISCOURS présidentiel prononcé au COLLÈGE royal DES médecins
DE DUBLIN, LE 12 juin 1894, A L'OUVERTURE DE la cinquante-
troisième réunion annuelle DE l'association médico-psycuiatrique ;
par CO-40LLY Norman. (The Journal of Mental Science, octobre
1894.)
Comme la plupart des harangues officielles, ce discours touche à
des sujets très divers, et par là il est très intéressant; mais par là
302 asiles d'aliénés.
aussi il échappe à toute analyse, étant lui-même une analyse des
progrès accomplis et des desiderata à combler en matière de
psychiatrie. R. M. C.
VI. Rapport sur l'organisation matérielle D'UN asile d'aliénés
moderne; par KRAYATSCH. (./tt/t)'6MC/t6)' sur Psychiatrie, t. XIII,
f. 2, 3, 1895.).
L'auteur est directeur-médecin en chef de l'asile d'aliénés de
Kierling-Gugging (Basse-Autriche) dont la construction, décidée en
1885, se poursuit encore actuellement. 11 a mis à profit de nom-
breuses visites dans les asiles autrichiens et allemands et l'expé-
rience qu'il a pu acquérir dans le nouvel établissement qu'il dirige,
pour fixer les conditions de l'organisation matérielle d'un asile
d'aliénés moderne. Son mémoire, très documenté, mérite d'être
consulté.
Il faut renoncer entièrement aux asiles fermés : en effet, ils ne
valent ceux construits suivant le système des pavillons isolés, ni
au point de vue hygiénique, ni au point de vue du groupement
des malades d'après leur état mental. En outre la possibilité d'ac-
cidents tels que incendie, épidémie, va contre la construction
d'établissements de ce genre. Le système des pavillons isolés est au-
jourd'hui presque unanimement reconnu comme le meilleur et n'a
contre lui que les médecins qui en ignorent les avantages, ou ceux
qui font passer avant tout la commodité du service.
L'éloignement des pavillons de malades du bâtiment de la direc-
tion, des villas des médecins, de la chapelle, de la cuisine, n'a pas
d'importance. 11 importe seulement que le bâtiment d'adminis-
tration, situé sur le front de l'établissement, soit d'un abord
commode. Les pavillons peuvent être disposés parallèlement à un
grand axe constitué par le bâtiment d'administration, la cuisin'e,
la chapelle, la salle des fêles, ou se rangent en sens inverse, à
droite et à gauche des bâtiments précédents.
Il faut assurer autant que possible la séparation des divisions
réservées à chaque sexe. Le plus simple semble, à première vue,
de construire des établissements séparés pour chaque sexe, comme
on l'a fait en France, en Saxe, en Belgique. Mais on ne peut ce-
pendant recommander cette façon de trancher la difficulté en
raison : 1° de l'entrave qu'on apporterait à l'instruction du corps
médical, les modes d'évolution des psychoses différant suivant le
sexe; 2° de ce fait que l'asile unisexué perdrait le caractère fami-
lial des établissements mixtes (distractions plus rares, perte pour
les femmes des préoccupations ayant trait à la toilette) ; 3° des
inconvénients provenant de l'absence de la main-d'oeuvre des
hommes dans un asile de femmes et vice versa (lingerie, cuisine,
travaux divers; 4° de l'impossibilité où l'on serait de réunir dans
asiles d'aliénés. 303
un même asile le mari et la femme tous deux frappés de folie.
Le choix de l'emplacement est très difficile si l'on veut tenir
compte des exigences hygiéniques, administratives et financières.
L'asile doit être construit, autant que possible, au milieu d'une
province, dans le voisinage d'une ville possédant un tribunal et
des autorités administratives, à environ 2 kilomètres d'une station
de chemin de fer. De cette façon les approvisionnements ne seront
pas trop coûteux, et l'asile bénéficiera du voisinage d'un centre ur-
bain au point de vue du service des eaux, de l'éclairage, des cana-
lisations, des écoles (pour les enfants du personnel).
Sit1lation.- L'asile doit être mis à l'abri des vents régnants par
sa situtation sur un terrain en pente; le terrain de culture doit
complètement isoler l'établissement pour lui éviter le voisinage
ultérieur d'usines qui a bien des inconvénients.
La superficie du terrain d'assiette (pavillons de malades et leurs
préaux) doit être calculée d'après le chiffre minimum de 40 mètres
carrés par tête; il faut ajouter la superficie des routes etdes chemins,
des parcs, du bâtiment administratif, delà chapelle, de la cuisine,
de la buanderie, etc. En Angleterre, on compte 10 ares par tête de
malade pour évaluer la superficie réclamée par un établissement.
Pour apprécier l'étendue du terrain nécessaire pour le bétail, l'au-
teur se base sur les chiffres suivants : un asile de 500 malades
possède, avec le personnel (1 p. 8), une population de 600 per-
sonnes. Le lait nécessaire est d'environ 360 litres par jour
(60 centilitres par tête). Une vache fournissant environ 10 litres de
lait, l'étable devra en contenir 36, soit 46 avec les jeunes. Pour ce
troupeau il faut environ 35 hectares de prairie; pour 4 chevaux,
3 hectares; pour la culture des pommes de terre, 5 hectares; pour
le jardin potager, 3 hectares; soit en tout 46 hectares, auxquels
il faut ajouter les 8 ou 9 hectares du terrain d'assiette, en tout
56 hectares.
Nombre des pavillons de malades. - Au point de vue économique
de grands bâtiments, à plusieurs étages et comprenant chacun un
nombre élevé de malades; sont avantageux. Mais les inconvénients
multiples de ce système doivent le faire rejeter. La surveillance est
difficile ou impossible dans des pavillons de 50 à 60 malades;
l'agitation y devient contagieuse. Avec des groupements plus
restreints il est possible de faire un classement meilleur des alié-
nés en tenant compte de leur état mental et de leur situation
sociale. L'auteur conseille la construction de pavillons à un seul
étage, pour 50 malades; ces pavillons devront être aménagés de
façon à pouvoir être séparés en deux sections de 25. Au pre-
mier étage, les dortoirs. Chacun d'eux ne doit pas avoir plus de
10 lits. Au rez-de-chaussée, deux salles de réunion, chacune pour
25 malades, deux chambres pour les sujets alités, trois cellules pour
chaque section de 25 aliénés, une salle de bain commune, un esca-
304 ` asiles d'aliénés.
lier commun et les waler-closets. Les deux sections sont réunies
au rez-de-chaussée, et au premier étage, par une porte de communi-
cation qui peut être fermée. Avec 20 quartiers (10 pour chaque
- sexe) construits sur ce modèle on pourra se passer d'un quartier
cellulaire spécial. Dans plusieurs quartiers les cellules prévues
pourront être transformées en simples chambres d'isolement.
Les ateliers devront autant que possible être situés en dehors des
quartiers. Exceptionnellement on pourra utiliser le sous-sol ou les
combles de ces derniers.
Les pavillons destinés aux sujets atteints de psychoses aiguës diffé-
reront au point de vue de leur disposition et de leur aménagemanl
des pavillons réservés aux autres sujets. Dans les anciens asiles ou
distinguait des quartiers pour les tranquilles - pour les demi-
agités - pour les agités - pour les malpropres. Un établissement
moderne doit posséder un pavillon d'admission pour les sujets
nouvellement admis, un pavillon pour les malades tranquilles tra-
vailleurs, un autre pour les sujets dont on est moins sûr et qui ne
travaillent pas régulièrement, un pavillon pour les épileptiques,
un pour les paralytiques à la période terminale, avec dortoirs au
rez-de-chaussée (pas de parquet en bois, mais carreaux). Enfin cpr-
tains malades peuvent être logés dans le bâtiment des services
généraux. Un pavillon spécial doit être réservé aux sujets atteints
de maladies contagieuses.
Chambres de réunion, 1'é{ectoÏ1'es,- Ces derniers doivent être con-
tigus aux salles de réunion : ih peuvent être utilisés en outre
comme salles de musique ou de lecture. La plupart des meubles
doivent être faits en bois de chêne. De petites tables et des bancs
n'ayant que deux places da chaque côté sont recommandables. Les
chambres doivent être ornées de tables couvertes de fleurs, de
tableaux. Les murs seront peints à l'huile jusqu'à la hauteur de
2 mètres.
Chambres d'infirmerie. - Elles ne doivent pas avoir plus de 10 lits
et contenir autant de tables de nuit, de lavabos, d'armoires à mé-
dicaments et de grandes tables servant aux repas des malades. En
général le nombre des maladies organiques incidentes varie entre
5 à 10 p. 100 par rapport à la population; il faut y ajouter, pour
avoir le total des sujets alités, les malades soumis au traitement
par le repos au lit. Il est donc nécessaire d'avoir une chambre de
malades par pavillon. Le pavillon d'admission doit posséder une
salle bien éclairée, à deux fenêtres, qui servira de chambre d'exa-
men et d'opérations.
Chambres d'isolement, cellules. - Leur nombre sera de 10 pour
100 aliénés. Leur superficie de 12 il 15 mètres carrés et leur cubage
de 50 à. î0 mètres cubes. Nécessité d'une ventilation artificielle. Le
chauffage central est préférable. Les fenêtres seront grandes; le
quart ou le tiers en devra être mobile. Éclairage nocturne par l'ex-
asiles d'aliénés. 305
térieur de la cellule. Portes solides, s'ouvrant en dehors, rapide-
ment, et munies de plusieurs appareils de fermeture. Doubles portes
pour certaines cellules. La plupart des cellules ne devront pas
avoir de judas. Les murs doivent être résistants, faciles à nettoyer
et à désinfecter. Parquets en bois solide. Pas de mobilier fixé au
parquet.
Fenêtres. - Elles doivent être solidement construites dans les
pavillons fermés. Dans les chambres d'isolement les fenêtres seront
formées de petits carreaux de 20 millimètres d'épaisseur, main-
tenus dans une armature en fer. Pas de grilles. Le tiers supérieur
servira à la ventilation. '
Dortoirs. - 25 mètres cubes par lit. Ventilation artificielle. Ri-
deaux. Chaises devant les lits. Chaises percées. Murs peints à
l'huile. Les vêtements des malades seront déposés dans le vestibule
du dortoir.
Lits. - Ils devront être en fer. Pour les gâteux, une paillasse;
pour les autres malades, matelas de crin. Pas de lits de plumes.
L'auteur étudie dans tous les détails l'aménagement des salles-
lavabos, des bains, des cabinets d'aisance, des offices, des cabinets
de débarras, les questions du service des eaux (100 litres par ma-
lade et par jour), du chauffage (le meilleur est le chauffage par la
vapeur d'eau à basse pression).
Les jardins doivent avoir une superficie basée sur le rapport mi-
nimum suivant : 40 mètres carrés par malade. Ils doivent être
plantés d'arbres atteignant une taille élevée et fournissant de
.t'ombre (tilleuls, platanes, etc.). Les jardins seront entourés d'une
roture de 2m,50 de hauteur (pavillon des sujets tranquilles), d'un
mur de 3 mètres pour les pavillons de surveillance.
La disposition du bâtiment d'administration, des logements du
personnel, de la chapelle, de la salle des fêtes, de l'étable, de la
cuisine, de la buanderie, du pavillon pour les maladies conta-
gieuses, des ateliers, l'organisation des services d'incendie, de vi-
dange, toutes ces questions sont l'objet d'un examen très complet.
P. Sérieux.
VII. L'administration DES aliénés A BERLIN ET EN Ecosse, considérée
spécialement au point DE VUE DU placement DES aliénés dans LES
habitations particulières ; par John SIBBALD. (The Journal of
Mental Science, janvier et avril 1895.)
11 y a beaucoup de documents précieux et de renseignements
intéressants dans ce mémoire d'une trentaine de pages : il y en a
,même trop pour qu'une analyse. fût-elle étendue, puisse en donner
une idée suffisante : nous ne pouvons qu'indiquer, avec l'auteur,
que la majeure partie du problème qui consiste à pourvoir à l'assis-
tance des aliénés pauvres dans les habitations particulières, de-
Archives, 2" série, t. I. 20
306 asiles d'aliénés.
meure aujourd'hui sans solution. Mais il n'est pas sans intérêt de
noter que des efforts utiles ont été faits dans ce sens à Berlin, et
que des médecins aussi compétents et aussi autorisés que les
- 7-I)rs Saiider, Bothe et Otto restent convaincus qu'il est un grand
nombre d'aliénés auxquels l'internement dans un asile n'est nulle-
ment nécessaire et qu'ils recevraient tout aussi bien dans des habi-
tations particulières l'assistance dont ils ont besoin. R. M. C.
VIII. Impressions D'UNE rapide VISITE A UN asile hollandais ; par
M.-D. MAcLEOD. (The Journal of Mental Science, avril 1895.)
Relation intéressante, mais un peu sommaire et superficielle
(l'auteur lui-même le reconnaît de bonne grâce) d'une visite faite
à l'asile de Meer-en-Berg, en Hollande, qui contient 1330 aliénés,
et qui paraît être fort habilement dirigé par le Dl' Van Deventer.
R. M. C.
IX\ DE l'assistance DES ÉPILEPTIQUES ; par le Dr 1\IASOIN. (Bulletin
de la Société de médecine mentale de Belgique, décembre 1894.)
L'auteur établit dans cette conférence qu'il existe environ
5,000 épileptiques en Belgique, soit 1 pour 1000 habitants. Sur ces
5,000 épileptiques, 850 seulement sont séquestrés dans les asiles,
les autres sont recueillis dans les hôpitaux ou hospices quand
ceux-ci veulent bien les recevoir; le plus grand nombre est laissé
en liberté, et le reste à la charge des familles. hf. Masoin démontre
ensuite qu'aucune de ces catégories de malades ne reçoit en réa-
lité les soins que leur état réclame. La séquestration ne convient
en effet qu'aux épileptiques aliénés, et encore dans leurs intervalles
lucides devraient-ils être placés ailleurs. A l'hôpital, on ne trouve
aucune des conditions requises pour le traitement du morbus-
sacer. Dans la famille, à moins qu'il ne soit favorisé de la fortune,
l'épileptique constitue un danger permanent pour lui-même et
pour les siens. ,
En présence de l'insuffisance de ces trois modes d'assistance les
seuls pratiqués en Belgique, l'auteur propose à l'exemple de ce qui
a été fait dans plusieurs pays étrangers, de créer pour les épilepti-
ques des asiles spéciaux, ou plutôt des colonies analogues à celles
de Bielefeld, en Allemagne, de la Teppe en France, etc. G. DENY.
X. La NOUVELLE hospitalisation DES aliénés par la méthode DE
LIBERTÉ ET SON APPLICATION A VILLE-EvR.\RD ; par le D'' l\JARAND0N
DE MONTYEL.
Au moment où le Conseil Général de la Seine s'occupe des plans
du nouvel asile dont il a décidé la création sur le domaine de Ville-
Evrard, c'est une question d'actualité pressante de savoir si l'établis-
asiles d'aliénés. 307
sèment projeté devra reproduire le type jusqu'ici suivi ou en différer
radicalement, par adoption des idées nouvelles sur la matière.
La nouvelle méthode d'hospitalisation diffère du tout au tout de
l'ancienne : à l'hygiène de l'isolement, elle substitue l'hygiène de
la liberté. Plus de murs, ni intérieurs, ni extérieurs, mais des villas
dispersées dans un parc, ou groupées sous forme de village : villas
aux portes, aux fenêtres ouvertes pour 60 p. 100 des aliénés hospi-
talisés, fermées par une simple serrure et une grille tout à la fois
solide et élégante pour les 40 p. 100 restant. Partout un milieu qui
rappelle la vie ordinaire. .
L'expérience de l'étranger ne saurait laisser de doute ni sur la
possibilité de cette méthode, ni sur. son efficacité. Mais une objec- '
tion était à prévoir, c'est que ce qui peut se faire dans une nation
peut très bien être impraticable chez sa voisine.
L'auteur, dans un mémoire des plus documentés, répond à cette
objection et fournit la preuve expérimentale qu'elle, n'a, dans ce
cas, aucune valeur. En effet, il expérimente depuis huit ans, avec
un plein succès, dans son service de Ville-Evrard; partant en France
et sur des Parisiens, le traitement des aliénés par toute la liberté
que comporte leur état : absence de mur extérieur et intérieur,
développement considérable du travail, portes et fenêtres ouvertes,
visites à volonté des familles, collations et villégiatures, possibilité
d'écrire â toute heure, congés et sorties provisoires, etc. Tant au
point de vue hygiénique qu'au point de vue thérapeutique, la nou-
velle hospitalisation est beaucoup plus efficace que l'ancienne;
mais les résultats fussent-ils les mêmes, qu'il faudrait encore
l'adopter, car, sans conteste, elle est mille fois plus humanitaire et
plus agréable pour le malade et sa famille.
La réussite de la tentative entreprise par M. Marandon de Mon-
tyel a d'autant plus de valeur qu'il l'a conduite dans des conditions
défectueuses de personnel, car il s'est contenté du nombre habituel
des serviteurs dans les asiles fermés, bien que la nouvelle méthode
exige un personnel beaucoup plus nombreux. (Annales médico-
psychologiques, janvier 1896.) E. B.
XI. Asile d'idiots DE L.1NGI;EIIAGEN (Hanovre).
Cet établissement, d'abord propriété privée, a été considérable-
ment agrandi, consécutivement à la loi du 11 juillet 1891 sur l'as-
sistance des idiots et épileptiques, et sera incessamment transformé
en asile provincial. Il est consacré à l'éducation et à l'hospitalisa-
tion des arriérés. Le nombre des malades est de 500. Le domaine,
cultural est de 60 hectares. L'âge de la plupart des malades varie
de cinq à quinze ans; mais on garde certains sujets ayant dépassé ce
dernier âge ; on les utilise pour les travaux agricoles et dans les nom-
breux ateliers (de tailleurs, de reliure, de vannerie, de cordonne-
308 asiles d'aliénés.
rie, de brosserie, etc.). Les filles sont employées aux travaux du
ménage, à la buanderie. Deux cents enfants suivent les cours ;
ils sont répartis en dix classes : la classe supérieure ne compte que
r10 élèves. Le personnel enseignant se compose de 2 instituteurs et
5 institutrices. Le personnel de surveillance est dans la proportion
de 1 pour 10, pour les enfants éducables, et de 1 pour 6, pour les
enfants non éducables. Les infirmiers couchent dans les dortoirs
des malades. -
Un pavillon spécial est réservé aux agités et aux sujets atteints
de maladies incidentes. Il existe des chambres d'isolement pour
les affections contagieuses (tuberculose, etc.). Chaque quartier pos-
sède une chambre d'isolement. Le Dr Wulff conseille d'adopter,
pour les établissements futurs, une disposition permettant d'asso-
cier deux sections d'hospitalisation (12 à 14 malades), afin de faci-
liter la surveillance. (Krayatsch. Jah1'lmch, f. Psychiatrie, t. XIV,
f. 1 et 2, 1895.) " P. Sérieux.
v XII. Asiles d'idiots.
Etablissement pédagogique provincial de Potsdam. - Cet établis-
sement, fondé en 1865, grâce 11 l'initiative privée, se composait
primitivement d'un corps de bâtiment et de 4 hectares de jardins,
de prairies et de terrain de culture. Agrandi en 1858 et 1864, l'éta-
blissement possède aujourd'hui 150 enfants des deux sexes. Depuis
1894, il est devenu asile provincial et dirigé par un comité composé
du médecin, de l'instituteur et de l'aumônier, sous le contrôle de
l'autorité administrative. Les dortoirs ont de 12 à 15 lits. Il n'y a
pas d'infirmerie. Les enfants atteints de maladies contagieuses sont
envoyés à l'hôpital de Potsdam. Il n'y a pas de chambres d'isole-
ment ; les sujets agités sont transférés dans les asiles d'aliénés. Il y
un grand réfectoire pour 120 personnes. L'inspecteur et sa famille
prennent leurs repas en commun avec les enfants. Le régime ali-
mentaire est bon.
Les enfants sont répartis en deux sections : 1° section des filles ;
2° section des garçons, divisée en trois quartiers : a) les enfants en
bas âge, sous la surveillance d'infirmières; b) les enfants plus âgés
surveillés par des infirmiers; c) les adultes.
Le personnel se compose d'un inspecteur, d'un instituteur, trois
instituteurs-adjoints, huit infirmières, cinq filles de service. Les
salles de réunion servent de salles d'école. On cherche il apprendre
aux enfants un métier. On les utilise aux services généraux. Sur
les 114 enfants, il n'y en a que 40 qui suivent l'école avec profit- t.
(Jahi-biieh. f. Psychiatrie, t. XIV, f. 1 et 2.) P. Sérieux.
XIII. Asile d'épileptiques DE POSTDASf.
Cet établissement, dirigé par un pasteur, possède 120 malades
bibliographie. 309
(épileptiques ou aliénés), répartis par groupes de dix dans ditl'é-
rents pavillons. Chaque groupe a un dortoir, une chambre de réu-
nion (avec un lit pour attaques), une salle-lavabo (avec une bai-
gnoire) et des cabinets d'aisance. L'infirmier couche dans le dor-
toir des malades, mais il dispose cependant d'une chambre particu-
lière. Dans le pavillon où loge le Directeur, se trouvent les salles
d'école ; chaque groupe de dix malades suit un cours spécial. Les
murs des salles sont peints à l'huile et portent des maximes tirées
de la Bible. Il existe un quartier cellulaire composé d'une grande
salle de réunion d'où partent, à droite et à gauche, deux corridors
éclairés par en haut, sur chacun desquels donnent six cellules et
deux chambres d'isolement. Cet établissement sera prochainement t
transformé en asile provincial et dirigé par un médecin. (Krayatsch.
Ja' ! 1 ? f. Psychiatrie, f. 1 et 2, 1895.) P. Sérieux.
1 1. 1
BIBLIOGRAPHE '\ ? \i ¡t ! "1 dt) Li..
* : . :
III. Les névroses traumatiques. Etude pathologique et clinique ; par le
Dr CROCQ fils. (In-8°, 1896, Société des Editions scientifiques.)
« L'étude des névroses traumatiques offre actuellement un in-
térêt énorme à deux points de vue bien différents : la clinique et
la médecine légale.
« Les troubles nerveux consécutifs aux traumatismes ne pré-
sentent, en effet, pas seulement l'importance médicale pure des
autres affections nerveuses; ils sont encore le sujet de procès très
fréquents et souvent le point de départ de vives polémiques entre
les experts nommés par les tribunaux. »
Ces lignes, par lesquelles M. Crocq commence la très intéres-
sante étude dont nous allons présenter une rapide analyse suffisent
pour faire ressortir l'utilité pour le médecin de connaître exacte-
ment ces troubles nerveux, si complexes, parfois si bizarres, suscep-
tibles de se produire a la suite d'un traumatisme.
Signalés pour la première fois par Brodie, décrits ensuite par
Duchesne et par Robert, ces troubles nerveux ne furent sérieuse-
ment étudiés qu'en 1866 par Erichsen. Depuis cette époque, ils ont
fait l'objet de nombreuses publications aussi bien en France qu'à à
l'étranger.
Quatre théories se sont formées pour les expliquer. L'auteur
examine successivement chacune d'elles, et par une critique judi-
cieuse, élimine la théorie d'Oppenheim et celle de Grasset, la pre-
310 O bibliographie.
mière considérant la névrose traumatique comme une entité mor-
bide à part, la seconde ne voyant dans les névroses traumatiques
que des formes d'hystérie, mais d'une hystérie spéciale, ayant
ses caractères propres. De ces quatre théories, deux seulement lui
paraissent acceptables : celle d'Erichsen, qui attribue à la commo-
tion physique et aux lésions organiques le rôle principal dans le
développement de ces névroses, et celle de Charcot, qui ne voit dans
les troubles nerveux consécutifs aux traumatismes que des formes
hystériques ou neurasthéniques. Chacune de ces deux théories ex-
plique certains cas; elles ont le tort chacune d'être trop exclusives.
Au point de vue étiologique, trois éléments doivent entrer en
considération : le traumatisme, l'émotion, la prédisposition. Là,
les opinions sont divisées : Vibert considère la nature du trauma
comme très importante dans la production des accidents nerveux;
pour Charcot et son école, c'est l'émotion morale qui est le prin-
cipal agent provocateur de ces accidents, la nature du trauma-
tisme restant secondaire. Il importe cependant de faire une dis-
tinction : dans la catégorie des troubles nerveux graves, où Jes
symptômes fonctionnels semblent se mêler à des troubles orga-
niques, il faut noter cette circonstance, démontrée par l'observa-
tion, c'est que presque toujours ces troubles graves sont consécutifs
à une secousse considérable, à une commotion violente. Dans la
catégorie des névroses traumatiques pures, au contraire, le rôle
du trauma est moins important et il semble bien que c'est l'émo-
tion morale seule qui a provoqué l'apparition des phénomènes
nerveux. Quant à la prédisposition, son rôle est tout à fait acces-
soire dans les : névroses traumatiques graves; elle doit par contre
entrer en ligne de compte s'il s'agit de névroses traumatiques pure-
ment fonctionnelles, dépendant d'une émotion morale ou d'une
affection réflexe.
La symptomatologie des névroses traumatiques est très complexe;
elle comporte une foule de troubles nerveux, tantôt simples et
locaux, tantôt compliqués et généraux et pour la description des-
quels l'auteur maintient la division qu'il a précédemment établie
entre les névroses traumatiques graves, avec commotion et lésions
organiques probables et les névroses traumatiques pures, fonc-
tionnelles.
Dans les névroses de la première catégoriê, les .phénomènes
caractéristiques sont des troubles intellectuels, sensitifs, moteurs
et généraux, avec prédominance des premiers. Ces phénomènes
ont une grande analogie avec ceux de la neurasthénie trauma-
tique pure; cependant en dehors d'eux, on rencontre fréquemment
des caractères : névrite optique, atrophie papillaire, troubles de la
vessie, inexcitabilité de la pupille à la lumière, début de cachexie,
etc., qui permettent de soupçonner et de reconnaître l'existence
d'une lésion organique. .
bibliographie. 311
Dans les névroses de la deuxième catégorie, d'où est exclue la
possibilité d'une semblable lésion, où le traumatisme n'a en lui-
même'qu'une faible importance et est quelquefois insignifiant, où
le plus souvent les troubles nerveux ont été précédés chez les ma-
lades d'une grande frayeur, avant, pendant ou tout de suite après
l'accident, on peut rencontrer tous les symptômes caractérisent des
affections en dehors du traumatisme, symptômes d'hystérie locale
ou générale, à la fois locale et générale, de neurasthénie, chorée,
épilespie, avec ou sans hystérie, etc.; seulement ici, c'est le trau-
matisme qui a déterminé réclusion des accidents.
Toutes ces différentes manifestations sont successivement exa-
miuées par l'auteur avec une grande méthode, avec un soin scru-
puleux, de manière à permettre d'établir un diagnostic aussi précis
possible, diagnostic souvent très difficile et qui ne peut reposer, de
même que le pronostic, que sur une étude approfondie de l'évolu-
tion de la maladie et sur la nature du traumatisme initial. Cette
question du diagnostic et du pronostic a du reste un intérêt spé-
cial et tout particulier; elle n'est pas importante seulement au
point de vue du traitement, elle l'est encore au point de vue mé-
dico-légal, car le médecin peut être appelé comme expert à se
prononcer devant les tribunaux et à déterminer si un malade
atteint de névrose traumalique est capable ou non de reprendre
ses occupations et quelle sera la durée probable de sa maladie.
Les névroses traumatiques de M. Crocq constituent une mono-
graphie complète du sujet. C'est une oeuvre sérieuse, appuyée sur
des faits nombreux, quelques-uns inédits, tous judicieusement
interprétés. Au point de vue didactique, aussi bien qu'au point de
vue pratique, elle présente un intérêt incontestable et nous semble
ne rien laisser à désirer. Sa lectuie s'impose à tous les médecins
soucieux de connaître et d'apprécier la nature, la forme, la
marche et la gravité des troubles si complexes et si variés, dont le
traumatisme peut devenir la conséquence. Dr F. VILLARD.
IV. Etude de la physionomie chez les aliénés; par Luigi Mongeri.
(Internat, medi : .inisch-photog1'. JlIonatssch1'ifl,)
L'étude de la physionomie peut être d'un utile secours dans le
diagnostic des maladies .mentales, c'est ce que démontre M. Mon-
geri, en s'appuyant sur de belles photographies représentant divers
types d'aliénés. L'imbécile, l'idiot, le crétin, le dément ont le
regard insignifiant; leur visage est sans expression et quand leurs
muscles se contractent, c'est brusquement et violemment.
Le maniaque a la physionomie animée et changeante, les yeux
luisants, etc. Le mélancolique a la physionomie triste, le regard
effrayé et hagard. Les rides transversales du front existent surtout
chez les exaltés ; les verticales chez les impulsifs ; les horizontales
312 bibliographie.
et verticales concomittantes chez les lypémaniaques qui ont peur
et souffrent. L'oeil aussi exprime facilement l'exaltation et la
dépression, selon qu'il est lucide ou terne, à regard mobile ou fixe.
- La bouche est mobile chez les agités et immobile chez les mé-
lancoliques. Le maintien des divers types d'aliénés est aussi diffé-
rent : le maniaque est en mouvement perpétuel; le mélancolique
accroupi, les yeux baissés, les mains inactives ; les dégénérés, les
idiots et les déments ont les vêtements en désordre et semblent insou-
ciants. Au contraire, les convalescents ont le regard éveillé, les vête-
ments soignés et se préoccupent de tout ce qui les environne. J. N.
V. Nègres criminels au Brésil; par Nina RODRIGUES. (Archiv. di
Psichialrica, Scienze Penali ed Antropologia criminale, vol. XVI,
fasc. IV et V.)
L'auteur interprétant la conduite d'un brigand fameux dans la
province de Bahia, le nègre Lucas, en lire un argument en faveur
des doctrines de l'école de Lombroso. Le crâne de Lucas ne pré-
sente pas d'anomalies accentuées, c'est celui d'un nègre supérieur,
mais aussi il était chef de brigands, d'esclaves révoltés, et ses
crimes affectaient des caractères particuliers : il ne tuait que les
gens qui le trahissaient et ne faisait jamais mal à ses anciens
maîtres, ni aux habitants du village où il était né. En un mot, il
agissait plus comme un chef de tribu sauvage que comme un véri-
table brigand. J. Noir.
VI. Epilepsie traumatique et trépanation. - Epilepsie et folie épi-
leptique dues à un traumatisme crânien et remontant à vingt-
cinq ans' et guéries par trépanation ; par BOUBILÀ et J Pantalon),
de Marseille. (Institut internat, de bibliogr. méd., Paris, 1895.)
Il s'agit d'une femme de vingt-trois ans, atteinte de folie inter-
mittente avec tentatives de suicide et impulsions. Cette femme
était en outre sujette à des crises convulsives épileptiformes et
avait subi un arrêt de développement des facultés intellectuelles,,
à la suite d'une blessure au front, consécutive à une chute de
balançoire. La trépanation paraissant indiquée fut opérée avec
succès. La guérison de la maladie mentale s'effectua lentement,
mais progressivement en six mois environ. J. Noir.
VU. Du réveil des affections anciennes des centres nel veux (Para-
lysie infantile et hémiplégie Cé1'éb1l1le infantile) ; par Il. PAULY,
ce Lyon. (J.-B. Baillière, édit., 1895.)
L'auteur démontre qu'il existe des affections des centres nerveux
qui peuvent, à des années de distance, se réveiller et donner lieu -IL
une symptomatologie nouvelle; les cas s'observent surtout chez.
VARIA. * 313
les personnes atteintes dans l'enfance de paralysie infantile qui,
quinze; vingt, quarante ans après, sous une influence banale, ont
un réveil de la première lésion des centres nerveux. La maladie
affecte alors le plus souvent le type de la paralysie spinale aiguë
ou de l'atrophie musculaire progressive. Ce travail se termine par
l'observation d'un malade atteint d'hémiplégie cérébrale infantile
qui, cinquante ans plus tard, fut frappe d'un ictus qui augmenta
ses contractures. J- Nom.
VIII. Congrès des médecins aliénistes et neurologistes de France et des
pays de langue française. (Sixième session tenue à Bordeaux du
1er au 7 août 1895.) Volumes I et II publiés par le Dr E. Régis,
secrétaire-général. - Comptes rendus : - Paris, 1896, Masson,
éditeur.
Nous venons de recevoir le compte rendu du Congrès de Bor-
deaux. Le premier volume est consacré aux rapports, le second
aux discussions et aux communications individuelles. Nous devons
féliciter vivement notre collaborateur M. Régis, secrétaire général
du Congrès, d'avoir su, par son activité et son dévouement, mener
promptement à bien cette publication. Si nous ne nous trompons
son compte rendu est le premier qui soit paru des différents con-
grès qui ont eu lieu à Bordeaux. Comme nous avons publié très
en détail dans les numéros de septembre et d'octobre des Archives,
l'analyse de toutes les communications, nous devons nous borner
aujourd'hui à signaler à nos lecteurs l'apparition des deux volumes
qui constituent le compte rendu officiel du Congrès.
VARIA.
Assistance ET éducation DES enfants arriérés.
Rapport présenté à là délégation cantonale du V° arrondissement;
par BOURNEVILLE (séance de décembre 189).
Messieurs, ,
Le département de la Seine aasisLe, traite et instruit à l'heure
actuelle dans ses asiles ou quartiers d'hospices plus de mille enfants
idiots épileptiques ainsi répartis :
314 VARIA. ,
Quelque élevé que puisse paraître ce nombre, il ne comprend
pas toute la population enfantine appartenant à cette catégorie
d'enfants anormaux. On peut, en effet, évaluer à une centaine
ceux qui sont inscrits pour être admis lorsqu'il y aura des lits
vacants; d'autres demeurent dans leurs familles qui ignorent l'exis-
tence des établissements où on les reçoit et qui, mal renseignées,
ne croient pas à la possibilité d'améliorer la situation physique et
mentale de leurs malheureux enfants. D'autres enfin, après avoir
été renvoyés de diverses écoles, parce qu'ils sont insuffisants, tur-
bulents, instables ou pervers, placés même en correction, sont
abandonnés à eux-même-, vagabondent et servent d'instruments à
des misérables plus intelligents et plus vicieux.
En général, dans le public, on englobe sous le nom d'idiots tous
les enfants qui sont, sous le rapport intellectuel, au-dessous de la
moyenne. Les médecins tout en se servant du mot générique
idiots, distinguent plusieurs espèces, suivant les degrés d'idiotie :
1° les idiots proprement dits - les plus malades ; - les imbéciles :
- les arriérés. Les médecins reconnaissent aussi des variétés dans
chacune de ces espèces.
A côté de l'idiotie, de l'imbécillité et de l'arriération intellectuelles,
il y a encore l'imbécillité morale dans laquelle les facultés affectives
et morales sont perverties, tandis que les facultés intellectuelles
sont conservées ou peuvent même être développées.
Tous les enfants atteints d'idiotie, à tous les degrés, les enfants
atteints d'imbécillité à ses degrés les plus avancés, les enfants
frappés d'imbécillité morale doivent être hospitalisés, car leur
séjour à la maison est dangereux et ils immobilisent en quelque
sorte et presque complètement un des membres de la famille, alors
que dans les asiles, une personne suffit pour soigner et surveiller
6 ou 8 enfants ou même davantage.
Ceux que vise la proposition que nous vous avons faite il y a
quelques années, et, dont nous avons à nous occuper ici, ce sont
les imbéciles les moins malades, inoffensifs sans altération des sen-
timents moraux et les arriérés ou les simples d'esprit.
Des premiers, un certain nombre sont hospitalisés. Or, comme
ils ne sont pas dangereux et ne peuvent le devenir que s'ils sont
sans surveillance de la part de leurs familles, il y aurait un grand
avantage à les soigner et à les éduquer en dehors des asiles, en
les laisant dans leurs familles et en les envoyant dans des classes
spéciales. En agissant ainsi, on désencombrerait les asiles, laissant
les places qu'ils détiennent à de plus malades qu'eux. On ferait de
la véritable assistance républicaine 'puisqu'on leur viendrait en
aide, en les maintenant dans leurs familles, tout en procédant à
leur développement physique et intellectuel.
Les seconds, les arriérés, les débiles, les insuffisants sont soit
dans les écoles, soit dans leurs familles. Ceux des écoles sont une
VARIA. 315 S
gêne pour les instituteurs et les institutrices. Ils troublent les
classes, sans profiter des leçons. Ils sont l'objet de la risée, des
moqueries de leurs camarades qui leur donnent des surnoms bles-
sants; ils sont les souffre-douleurs des autres enfants.
Leur caractère s'irrite, ils deviennent violents, leur état mental
s'aggrave.
Quant au dernier groupe composédes arriérés, souvent instables,
qui sont censés rester dans leurs familles, ils sont généralement
abandonnés à eux-mêmes, errent dans les rues, fréquentent les
vagabonds ou les pires vauriens, et leurs servent d'instruments
pour commettre des délits de toutes sortes et même des crimes. On
les arrête, on les place dans des maisons de correction où ils
finissent de se perdre et plus tard la société dépense pour eux, en
pure perte, dans les prisons un argent qui aurait été mieux
employé à les instruire, à les relever, à les perfectionner.
Pour ces différentes catégories d'enfants, les moins malades, qui
n'offrent qu'une diminution des facultés intellectuelles, sans perver-
sion notable des instincts, sans accidents convulsifs, les asiles-écoles
ne sont pas indispensables. On pourrait les assister, les traiter et
les instruire dans des classes spéciales où seraient employés pour
eux les méihodes et les procédés d'éducation des asiles-écoles.
Nous ajouterons même que la société a le devoir de s'intéresser
à eux. La loi sur l'obligation de l'instruction l'exige : il ne faut pas
qu'ils soient plus longtemps hors de l'école. Aujourd'hui on les
rejette de tous côtés, on essaie de l'école laïque, puis de l'école
congréganiste. Finalement ils sont exclus. Que deviennent-ils ? de
mauvais sujets d'abord, ensuite des criminels, en général sinon
toujours irresponsables.
Bien des fois, nous avons appelé l'attention sur ces classes spé-
ciales, entre autres ici même, en 1891. Nous appuyions notre pro-
position sur l'existence, dans certaines villes des Pays Scandinaves,
d'Allemagne, de la Suisse et d'Angleterre de ces classes spéciales.
Ce sont le Danemark et la Norwège qui, les premiers, paraissent
avoir institué ces classes spéciales' qui leur ont rendu et leur
rendent chaque jour d'incontestables services.
En 1889, le gouvernement bâlois a créé à titre d'essai, dans la
ville de Bâle, des classes à l'usage des élèves de faible intelligence.
« On n'y admet, ni les enfants atteints de maladies corporelles ou
mentales, ni les enfants corrompus. Le nombre des élèves d'une
classe spéciale ne doit pas dépasser 25.
Au mois de janvier- 1892, le School Board for London nous a adressé
une de ses institutrices les plus distinguées, Mistress Burgwin,
1 Voir : Bourneville.- Assistance, traitement et éducation des enfants
idiots, rapport fait au Congrès national d'Assistance publique de Lyon
en 1891, p. 112, 113, etc. ·
316 VARIA.
chargée de se rendre compte de ce que nous faisions dans notre
service de Bicêtre. Sa mission consistait aussi à étudier, s'il y avait
lieu, l'organisation de ces classes spéciales dont nous venons de
-parler. A la .suite de la mission de Mistress Burgwin, le School
Board de Londres a décidé en juillet 1892 l'organisation de classes
spéciales. Il y avait en 1892 à Londres 9 classes spéciales avec
. 12 instituteurs ou institutrices titulaires et 7 adjoints qui ont acquis
les qualités requises pour la direction des 7 nouvelles classes spé-
ciales qui vont être créées'. En presence des résultats obtenus,
d'autres villes se préparent maintenant à suivre l'exemple donné
par le School Board de Londres. Les classes ont été visitées par les
inspecteurs royaux. « Après cette inspection, dit Mistress Burgwin,
quelques écoliers sont retournés dans leurs anciennes écoles, où, je
l'espère, ils seront capables, jusqu'à un certain point, de suivre
leurs camarades. S'il en était autrement, l'élève qui se serait
montré trop inférieur serait réadmis à l'école spéciale.
L'an dernier nous avons entretenu de nouveau la délégation
cantonale de cette question et sur notre demande M. Foubert a
invité les instituteurs : ;et les institutrices des V° et VIe arrondisse-
ments, à lui adresser une liste des enfants arriérés et indisciplinés
qu'ils avaient dans leurs écoles. Nous avons résumé le résultat de
cette enquête dans le tableau ci-contre (p. 317). '
Eu ce qui concerne les écoles maternelles, sur douze écoles, une
seule, celle de la rue du Sommerard, signale quatre arriérés. Il
est évident que cette enquête, faite à la hâte, par des personnes
qui n'ont pas de connaissances médicales, aurait . besoin d'être
reprise en leur donnant des indications détaillées sur le but que
l'on poursuit. Certains maîtres et certaines maîtresses, par exemple,
ont craint d'être accusés de négligence s'ils mentionnaient l'exis-
tence dans leurs classes d'enfants indisciplinés ou arriérés. Cepen-
dant, telle qu'elle est, cette enquête sommaire montre qu'il y a
83 enfants arriérés et 49 indisciplinés des deux sexes dans les
écoles des Ve et VI0 arrondissements sur une population scolaire
de 3,575 garçons et de 3,207 filles. Elle met en relief l'utilité delà
création des classes spéciales dont nous venons de parler.
Les indications sommaires que nous avons données sur ce qui
se fait à l'étranger, la statistique approximative des enfants arrié-
rés des écoles du V° et du Vie arrondissement, les essais qui ont
été faits dans quelques écoles pour deux autres catégories d'en-
fants anormaux, les aveugles et les sourds-mue.ts, nous paraissent
fournir des arguments sérieux en faveur de*la proposition que
nous avons eu l'honneur de faire la délégation cantonale du
Ve arrondissement.
' On voit qu'à Londres on n'hésite pas à préparer d'avance le personnel
enseignant secondaire. ,
VARIA. - 317
318 FAITS divers'.
Bruxelles 1892), l'étude scientifique de la criminalité chez l'homme
dans ses rapports avec la biologie et avec la sociologie. Les gou-
vernements étrangers seront invités à s'y faire représenter.
- ART. 2. Le droit d'admission au congres est fixé à 20 francs.
Les demandes d'admission devront être adressées, avec le montant
de la cotisation, au secrétariat général. Les souscripteurs devien-
dront membres. adhérents et recevront gratuitement le volume des
comptes rendus de la session, ainsi que les rapports imprimés qui
seront distribués avant l'ouverture du congrès.
ART. 3. - Les rapports, rédigés en français, ddivent'être envoyés
au Comité d'organisation avant le 4 avril 1896 '. Ils ne. pourront
excéder dix pages d'impression. On n'acceptera pas de planches à
moins que les auteurs ne s'engagent à en supporter les frais. Au
cun travail, déjà imprimé ailleurs, ne pourrait être communiqué
au congrès.
ART. 4. - Les séances du congrès sont publiques. Les membres
du congrès ont seuls le droit de voter ou de prendre part aux dis-
cussions. Des places seront réservées aux représentants de la presse.
ART. 5. - Le but du congrès étant exclusivement scientifique,
toute discussion politique ou religieuse est absolument interdite.
Les opinions exprimées sont personnelles à leurs auteurs et n'en-
gagent en aucune façon le bureau.
ART. 6. - Les membres du congrès qui désireraient faire insérer
le titre de leurs mémoires ou communications au programme im-
primé devront en faire la demande écrite'avant le 15 mai 1896,
au Comité d'organisation, qui est chargé d'élaborer le programme
et qui décidera de l'opportunité des communications et de l'ordre
dans lequel elles seront faites.
FAITS DIVERS.
Asile d'aliénés. - Nominations et promotions : lI. le Dl' Chardon,
médecin-adjoint à l'asile de Saint-Venant, est élève à la classe excep-
tionnelle à partir du 1 ? février 1896 (19 février) ; M. le D'' PICHENOT,
médecin en chef de l'asile de Montdevergues, est élevé à la deuxième
classe du cadre (19 février); M. le D'' Bonnet, médecin-adjoint de
l'asile public d'aliénés de Saint-Robert, est élevé à la classe excep-
tionnelle du cadre (13 mars); M. le D1' Fenayron, médecin-adjoint
à l'asile de Levallec, est nommé à la même qualité à l'asile public
de Blois. '
1 MM. les rapporteurs qui pourront envoyer leur manuscrit avant la
date indiquée rendront service au Comité d'organisation.
, faits DIVERS. 319
L'Assistance DES IDIOTS ET l'auteur DE Gulliver. - « On dit que
SwuT ne reçut jamais rien pour ses écrits, excepté pour Gullioer,
dont le manuscrit était resté une nuit 'il la porte du libraire, et
pour lequel Pope obtint enfin 500 livres sterlings. Il est vrai que
SWIFT était riche, et laissa une fortune de 11,000 livres sterling,
qui, suivant ses dernières instructions, servirent à fonder un hôpi-
tal pour les idiots. n - Ceci est extrait du livre de Lalarm (L.),
intitulé : Bibliothèque de poche (Curiosités bibliographiques), p. 334.
UN FOU royal. - Contrairement aux usages, la fête du malheu-
reux roi Olhon II de Bavière a été célébrée avec moins de solennité
que les années précédentes. On prévoit sa mort prochaine. On dit,
à Fuerstenried, que la maladie du roi Othon est arrivée à sa der-
nière période. Les accès de folie furieuse ont fait place à l'écrase-
ment d'une idiotie absolue. Le malheureux a perdu toute notion
de propreté, il ne parle même plus. (Le Journal, 3 octobre 1895.)
Criminel ou malade. Sous ce titre : Voleur précoce, le Journal
du 26 novembre publie le récit suivant : « Les allures singu-
lières d'un gamin de treize ans, qui frôlait de très près les clientes
d'un magasin de nouveautés du quartier de l'Opéra, attiraient l'at-
tention des employés de la maison qui ne tardaient pas à l'aper-
cevoir, plongeant sa main dans les poches de celles qu'il approchait.
Le gamin fut arrêté et conduit au commissariat de la rue de Pro-
vence, où il refusa de donner son nom, déclarant avec aplomb
qu'il ne le donnerait qu'au juge d'instruction.
« Il a été envoyé au Dépôt, où un agent de la Sûreté l'a reconnu.
C'est un nommé Charles Pourcelot, condamné il y a quelque mois
à être interné, jusqu'à l'âge de vingt ans, dans une maison de cor-
rection de Bologne (Haute-Marne). 11 s'était évadé, il y a quelques
mois, et, depuis ce temps, vivait à Paris du produit de ses vols. »
- Dans tous les cas de ce genre, il serait juste de s'enquérir des
antécédents pathologiques héréditaires et personnels et aussi de se
rendre compte du milieu dans lequel ont vécu les malheureux de
ce genre. Les asiles-écoles pour les arriérés, intellectuels et mo-
. raux, les asiles de réforme pour les autres, vaudraient mieux que
les prétendues maisons de correction.
Possédés DU diable. - Une dépêche de Béziers en date du
8 décembre, annonce qu'une femme de nationalité espagnole se
croyant possédée du diable a enduit ses vêtements de pétrole et y
a mis le feu. Son mari, également atteint de folie, au lieu d'éteindre
les flammes, voulut se brûler avec sa femme. La femme, qui a de
graves brûlures, a été transportée à l'hôpital; elle est à toute
extrémité. (Eclair, 10 novembre 1895.)
UNE folle. - Mme Leccrf, marchande de pommes de terre frites,
320 0 BULLETIN bibliographique.
établie sous le n°3t de la rue des Blancs-Manteaux, élait depuis
quelque temps, sujette à des absences. Au grand amusement des
gamins du quartier, elle prisait des cendres et jetait sa tabatière ? dans le feu, ou servait ses clients tout de travers.
Hier matin, comme d'habitude, elle vint s'installer à sa place.
Peu d'instants après, des cris perçants et une forte odeur de roussi
.- attiraient les passants. Us trouvèrent la pauvre femme, les robes ! relevées, .assise dans, son poêlon, sous lequel brillait un feu très vif.
C'est avec peine QU'OI/Pl1t la dégager; les apents la conduisirent
"' 'dansune....pharmacie'et, de là, chez M. Duranton, commissaire de
1 ">I-+ ? t.,¡J1 ....-
pôlice·, à qm elle expliqua que, n'ayant pas de graisse pour prépa-
rer ses pommes de terre et se trouvant un peu grosse, elle avait
résolu de se faire fondre. Sur ces explications, le magistrat l'a
dirigée sur l'infirmerie du dépôt. (Le Petit Troyen, 13 déc.)
l3ouaevn.ne. Crânes el cerveaux d'idiots : Craniolomie. Bro-
chure in-8° de 47 pages, avec 18 figures. Prix : 1 fr. 50. - Pour nos
abonnés : 1 franc. - Au bureau du Progrès Médical.
DEBIERRE et DOUMER, L'Album des Centres nerveux se compose de
48 figures schématiques, avec légendes explicatives; il rendra les plus
grands services aux étudiants en médecine pour étudier ou repasser
rapidement les différentes vues d'ensemble et les coupes classiques du
cerveau. Le prix très modique de cet album permettra de le prendre
comme complément de tous les cours d'anatomie et particulièrement de
l'Album stéréoscopique des Centres nerveux des mêmes auteurs, chacune
de ses figures correspondant à une des préparations représentées dans
les photographies stéréoscopiques. - Félix Alcan, éditeur, 1 vol. in-t2
broché, 1 fr. 50. ,
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lin. - Volume in-8° de 119 pages. - Valparaiso, 1895. - Imprenta y
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la prétendue possession des Ursulines d'Auxonne (1658-1663). - Etude
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nale et des Archives de l'ancienne province de Bourgogne, l'réface de
M. BOURNEVILLE. - Volume in-8" carré de XVII-96 pages. - Papier vélin :
3 fr.; pour nos abonnés, 2 fr. ; - papier de Hollande : 5 fr. ; pour nos
abonnés, 3 fr. 75 ; papier Japon : 7 fr. ; pour nos abonnés, 5 fr. - Ce
volume fait partie de la Bibliothèque diabolique.
Permuta DEL AOSPITrII. San flqustin. Replica de la comision duel consejo
départemental de Ilijene de t'alparaiso, al volo especial de sinor Inten-
dente don Osvaldo Renji{o, Brochure in-8° de 24 pages. - Valparaiso,
1894. - Imprenta y litografia central. '
R.1Y3(OND. - Clinique des maladies du système nerveux. - Hospice de
la Salpêtrière (année 1891-1895), 1° série. - Volume in-8° de 653 pages,
avec 103 figures et 2 planches hors texte. Prix : 16 francs.
' Le rédacteur-gérant : Bourneville.
Evreux, Cli. Hébissey, imp. - 496.
Vol. I. Mai 1896. N° 5.
ARCHIVES DE 1lETTnnr nr·rr,
ANATOMIE PATHOLUU1UUE.
ÉTUDE AN1TO110-P1'fIOLOGIQUL : DE L'OEDÈME BLEU;
Par le D A. ALELEKOFF, de Moscou.
Travail fait au laboratoire DE M. LE PROFESSEUR RAYMOND.
L'historique de la question sur l'oedème bleu ne remonte pas
au delà de 1889, quand Charcot a pour la première fois décrit
ce complexus symptomatique et lui a donné son nom. A par-
tir de ce moment ont commencé à apparaître, daus la littéra-
ture française surtout, des observations plus ou moins détail-
lées d'oedème bleu. L'épithète « hystérique » que lui a ajoutée
Charcot et qui a été conservée dans toutes les observations
ultérieures semble préjuger de sa pathogénie, du mécanisme
de sa production et de ses lésions anatomo-pathologiques; on
trouve cependant dans la littérature des indications démon-
trant que l'oedème bleu peut se rencontrer dans des lésions du
système nerveux qui sont loin d'être purement fonctionnelles;
telles sont par exemple les observations de Remak (Berlin
ICI. Woch., 1889, N. 3) et de Roth (Archives de Neurologie,
1888) ont observé l'oedème bleu dans la syringomyélie.
En parcourant la littérature de la question on peut facile-
ment se convaincre que l'anatomie pathologique de l'oedème
bleu n'est même pas ébauchée. Aucun cas, en effet, ne s'est
terminé par la mort et les observations à ce sujet sont en
général si peu nombreuses qu'il ne serait pas inutile je crois
Archives, 2e série, t. I. 21
322 ) ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
de décrire un cas que j'ai eu l'occasion d'observer, d'autant t
plus que dans ce cas le malade a succombé et que son autopsie
a pu être faite. -
Le malade Ch. Goul..., vingt-un ans, est entré le 3 mai 1894
dans la section des maladies du système nerveux de l'hôpital de
Moscou qui se trouve sous ma direction. D'après le malade, le
début de l'affection remonte à trois ans environ, et s'est montré,
après un fort refroidissement. Chez les membres de la famille du
palient, on n'a observé aucune maladie nerveuse. En novembre 1893,
le malade fut reçu au service militaire; il prétend que sa main
était déjà à ce moment dans le même état qu'à son entrée à l'hô-
pital, c'est-à-dire bleue, froide et paralysée. Le patient se plaint de
douleurs et de faiblesse dans le membre supérieur gauche. Les
douleurs sont parfois si intenses qu'elles empêchent le sommeil.
Le degré de faiblesse du membre est tel que tout mouvement
est impossible. Parfois des convulsions se montrent au membre
atteint.
A l'examen du malade on constata : un amaigrissement général
notable; pouls et température normaux. Pupilles normalement
dilatées, réagissent bien à la lumière et à l'accommodation. Percep-
tion des couleurs normale. Rétrécissement concentrique du champ
visuel des deux yeux. Mouvement des globes oculaires conservé,
acuité de la vue normale. Aucune modification du côté de l'ouïe,
sens du goût et de l'odorat notablement diminués. Légères con-
tractions fibriilaires de la langue. La luetle occupe une position
parfaitement normale. Réflexe pharyngien paresseux. Anesthésie
de la muqueuse de la bouche et de la gorge. Déglutition libre. La
parole ne présente aucune modification, elle est seulement un peu
lente et traînante.
Les mouvements du membre supérieur droit sont normaux; le
membre supérieur gauche pend inerte le tons du tronc. Le malade
peut le lever légèrement quand on le lui ordonne, faire des mou-
vements d'abduction, de flexion du coude, de pronation et de
supination, remuer les doigts; mais tous ces mouvements soutirés
limités. Les mouvements passifs sont libres, on ne sent aucune
résistance et le malade n'éprouve aucune douleur pendant la pro-
duction de ces mouvements. Aux membres inférieurs on ne note
aucune modification, sauf un refroidissement des pieds. Abolition
des réflexes tendineux et périostiques aux membres supérieurs,
diminution notable aux membres inférieurs. Force musculaire de
90 kilogrammes à la main droite, de 8 kilogrammes à la main
gauche. La musculature est flasque en général, surtout au bras et
à l'avant-bras gauches. Toute la partie supérieure du membre
semble plus amaigrie que la partie correspondante du membre du
côté opposé.
ÉTUDE ANATOMO-PATHOLOG1QUE DE L'OEDÈME BLEU. 323 3
L'excitabilité électrique est diminuée pour les muscles et les
nerfs du membre supérieur gauche dans les limites de 1 à 2 mil-
liampères pour le courant galvanique et de 7 à 9 distances de
bobines pour le courant faradique. Pas de réaction de dégénéres-
cence. Affaiblissement de l'excitabilité mécanique des muscles du
membre supérieur gauche. Diminution de la sensibilité cutanée
douloureuse et thermique sur toute la moitié gauche du corps; la
sensibilité au contact est conservée par places. Au membre supé-
rieur gauche, il y a abolition presque complète de la sensibilité
douloureuse et thermique et affaiblissement de la sensibilité tac-
tile depuis les insertions du deltoïde jusqu'au pli du coude. A
partir du pli du coude et jusqu'à l'extrémité des doigt=, perte
complète des trois modes de sensibilité. OEdème cutané prononcé
et changement de coloration des téguments à partir du tiers infé-
rieur de l'avant-bras gauche jusqu'à l'extrémité des doigts. La a
peau est d'un rou ? e vineux, bleu noirâtre sur les parties saillantes.
Le passage à la peau normalement colorée se fait presque brus-
quement, sans nuances intermédiaires. Par pression avec le doigt
on obtient une tache blanche et un godet qui s'ell'acent bientôt,
mais la coloration bleue revient encore plus vite. Sa main gauche
est notablement plus froide que Ja droite et la mensuration de la
température répétée plusieurs fois a montré une différence de
4 à 5°. Les troncs nerveux sont indolores à la pression. Pour se
rendre compte de l'irrigation du membre supérieur gauche on a
retiré une gouttelette de sang à l'aide d'une piqûre sur la face
dorsale des deux mains. L'examen a démontré que le sans du
membre droit, sain, contient 85 p. 100 d'hémoglobine. Le nombre
d'hématies par millimètre cube était de 5,262,000, celui de leu-
cocytes de 2,400, de sorte que les rapports des globules blancs
aux rouges était de 1 : 2 200. Le sang du membre gauche, malade
contenait 95 p. 100 d'hémoglobine, 4,587,000 globules rouges par
millimètre cube, 6,885 globules blancs, de sorte que les rapports
de ces derniers anx hématies étaient de 1 : 660. Parmi les dilfé-
rentes variétés de globules blancs on observe une augmentation
du nombre de leucocytes mononucléaires en comparaison avec les
leucocytes polynucléaires.
Au cours ultérieur de l'affection on n'a noté aucune modifica-
tion importante produite par le traitement. La suspension de l'ex-
trémité, le massage, les courants galvanique et faradique n'ont eu
aucune influence sur la couleur et l'oedème de la main. Seuls les
bains chauds semblaient diminuer quelque peu l'intensité de la
coloration des téguments.
A la fin du mois de juin, le malade a commencé à avoir de la
fièvre; il toussotait; un point de côté s'est montré. On a constaté
à cette époque une malilé aux deux sommets. Au mois d'août on
a pu trouver à l'examen des crachats, des bacilles de la tubercu-
324 i ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
lose. La fièvre est devenue plus intense, la température montait
le soir à 39° et plus. Deux fois on a fait la mensuration de la tem-
pérature locale, pendant quinze jours consécutivement chaque
fois, afin de pouvoir noter les rapports des modifications de la
température locale avec les modifications de la température géné-
rale du corps et de la température de l'air ambiant. On a observé
que lorsque la température ambiante baissait de 3°, la température
du membre supérieur droit baissait de 0°,6, celle du membre
gauche de 2°,6. L'appareil régularisaleur était par conséquent
complètement détruit et les conditions de la perte en calorique
du membre atteint étaient les mêmes que pour un corps mort. Un
fait restait cependant inexplicable : l'élévation physiologique ves-
pérale de la température générale du corps provoquait une éléva-
tion de la température locale de la main droite. A la main gauche,
malade, il y avait au contraire un abaissement de la température.
En septembre, quand les malades ont été transférés dans les
salles d'hiver où la température de l'air ambiant restait station-
naire, quand le malade en question avait déjà la fièvre régulière-
ment tous les soirs, on a noté que l'élévation de la température
générale du corps amenait une élévation de la température au
même degré à peu près de la main droite; à la main gauche la
température restait sans modification ou bien il y avait même un
abaissement comparativement avec la température du matin.
Sans vouloir préjuger de l'interprétation de ce fait, on peut cepen-
dant admettre ici l'influence des deux facteurs : une diminution
de l'intensité des échanges nutritifs locaux d'une part et en même
temps une augmentation dans la perte en calorique par suite de
dilatation des capillaires d'autre part.
Bientôt se montra un épuisement progressif de l'organisme, un
oedème des membres inférieurs, une augmentation de l'oedème
et de l'intensité de la coloration bleue de la main gauche. Le
processus des deux sommets devint rapide, la diarrhée s'établit et
le malade succomba à la fin d'octobre.
Le procès-verbal de l'autopsie a fourni les renseignements sui-
vants : la coloration bleu noirâtre de la main gauche a disparu,
mais le gonflement oedémateux est resté tel quel. Après avoir
enlevé la peau des deux membres supérieurs, ce qui frappe surtout
c'est la différence du calibre des vaisseaux des membres gauche et
droit; les artères du membre gauche sont notablement plus étroites
que celles du membre droit; les veines, au contraire, sont légè-
rement dilatées. En examinant les artères du membre atteint
depuis la main jusqu'à la sous-cldvière, je n'y ai pu trouver, de
même que dans les veines, aucun obstacle au cours du sang. Le
panicule adipeux sous-cutané a presque complètement disparu.
Accumulation d'une quantité notable de sérosité dans le tissu cel-
lulaire de la face dorsale de la main gauche. Processus tubercu-
ÉTUDE ANATOMO-PATHOLOGIQUE DE L'OED'L·'S'LE BLEU. 325
leux très prononcé dans les poumons et le larynx. Adhérences
pleurales des deux côtés. Dans la cavité crânienne, la pie-mère est
légèrement trouble avec léger oedème des espaces sous-arachnoï-
diens. Rien de pathologique du côté du coeur; l'organe semble
un peu plus petit qu'à l'état normal ; l'aorte semble plus étroite.
Hypérémie passive du foie. Rien d'anormal dans les autres organes.
Pour l'étude microscopique, on a pris le cerveau et la moelle,
les ganglions intervertébraux, les parties cervicale et thoracique du
grand sympathique, les vaisseaux et les nerfs des extrémités supé-
rieures, la peau des différents points du membre atteint au-dessus
et au-dessous des parties oedématiées et quelques muscles de la
main. Les ganglions du grand sympathique ont été congelés et
examinés immédiatement après l'autopsie. Toutes les autres pré-
parations ont été fixées dans le liquide de Millier et examinées
d'après les méthodes appropriées après inclusion dans la celloïdine.
Les résultats de l'examen microscopique sont les suivants :
Dans le cerveau, le cervelet, le pont de Varole et le bulbe on ne
trouve aucune modification pathologique. Dans le bulbe on est
frappé par le riche développement des cellules de noyaux arci-
formes des deux côtés. Dans la moelle épinière, à la hauteur de
la deuxième à la quatrième paire dorsale, on trouve dans la
colonne de Clarlce, du côté gauche, un nombre beaucoup moins
considérable de cellules nerveuses que dans la colonne correspon-
dante droite. Les noyaux cellulaires sont difficiles à distinguer; les
prolongements sont sans modifications. Au-dessous de l'émer-
gence de la quatrième paire dorsale la différence dans le nombre
des cellules nerveuses des colonnes citées disparaît et la moelle
présente partout un tableau parfaitement normal. Aucune modi-
fication dans les ganglions intervertébraux et sympathiques. Il en
est de même pour les gros troncs nerveux du membre malade,
sauf pour le nerf cubital ; sur des coupes transversales de ce nerf,
différenciées d'après le procédé de Koultchitzky, on trouve çà et là
des fibrilles dégénérées en petit nombre. Ces fibrilles dégénérées
deviennent plus nombreuses dans les petits nerfs cutanés, quoi-
qu'on ne trouve pas un seul tronc nerveux où toutes les fibrilles
soient dégénérées. Les vasa-nervorum sont dilatés sur un grand
nombre des coupes. Le périnèvre est infiltré par place, quoique à
un léger degré.
Les grosses artères : humérale, radiale, cubitale, ont un calibre
beaucoup moindre qu'à l'état normal. Ainsi, par exemple, l'hu-
mérale présente à peine le calibre de l'artère radiale normale. A
l'examen microscopique on n'y trouve aucune modification, mais
à mesure que le calibre des vaisseaux décroit, on aperçoit des
lésions de leurs parois d'autant plus nettes que le vaisseau est plus
petit.
L'endothélium vasculaire est gonflé, décollé par place de la
326 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
couche sous-jacente; la tunique moyenne devient homogène, mais
nulle part on ne trouve cependant d'infiltration. Les parois des
veines cutanées superficielles sont épaissies surtout aux dépens de
-la tunique moyenne. Les petites veinules sont thrombosées par
places et quelques-unes même complètement oblitérées, sans
lumière et les cellules des parois sont atrophiées. On peut encore
noler dans les veines un épaississement notable des valvules. Ces
valvules sont parfois très développées, épaissies, présentant des
plis festonnés qui oblitèrent toute la lumière du vaisseau. On
trouve parfois des petites hémorragies dans le tissu cellulaire péri-
vasculaire sur quelques préparations les vasavasorum sont très
nets. Les alléialions de leur lunique interne sont plus prononcées,
celle tunique est épaissie, décollée par places; son endothélium
est très gonflé; quelques cellules ont perdu leur noyau. Dans la
tunique moyenne et dans l'adventice on trouve de petite» hémor-
ragies et des thrombus pariétaux' avec un commencement d'organi-
sation.
Les vaisseaux lymphatiques sont partout notablement dilatés.
Dans la peau au-dessus des parlies oedématiées, on trouve des
fibres nerveuses dégénérées avec cylindraxes difficilement percep-
tibles. Les vaisseaux sont légèrement sclérosés avec un emlollié-
lium gonfle. Plus on s'approche des parties oedématiées, plus les
vaisseaux et les fentes lymphatiques sont dilatés, plus aussi la dila-
tation des capillaires est grande. On trouve ici aussi par places des
vaisseaux complètement oblitérés, avec disparition complète de la
lumière et atrophie des parois. Sur quelques préparations de la
peau on trouve des hémorragies interstitielles. Les cellules épi-
théliales de la couche de 111alpiâhi au niveau de l'oedème sont très
pigmentées. La recherche des bacilles de la tuberculose dans les
nerfs, les vaisseaux et la peau a donné des résultats négatifs. Dans
les muscles on n'a trouvé aucune modification.
Comme nous l'avons déjà dit, la littérature de l'oedème bleu
est loin d'être riche. Il n'y a presque pas de doute que ce
complexes symptomatique a été observé avant le professeur
Charcot, ainsi que le démontraient par exemple les observations
du professeur Rosenthal ( Wiener Illedic. Presse, 1879) où il y
avait une coloration bleuâtre des extrémités avec abaissement
de la température locale; le cas de Rosenbach (Cent1'GltJl, f.
Nerven., 1888, ne8) qui décrit un oedème d'une moitié du corps
et la cyanose de, la face après une émotion morale violente ;
le cas de Widowilz (Jalarb. f. Kinvelc ? l vol. XXV) qui a observé
un oedème bleu des doigts d'origine névropathique chez un
enfant de sept ans atteint d'entérite et de coqueluche. Dans
tous ces cas tous les auteurs ont insisté sur la brusquerie du
ÉTUDE ANATOMO-PATHOLOGIQUE DE L'OEDlhlE BLEU. 327 Î
début de l'affection, succédant parfois à un traumatisme phy-
sique ou psychique ; dans tous ces cas aussi l'oedème a fait
suite à une paralysie, une parésie ou une contracture des
membres atteints. Les mêmes symptômes cardinaux ont été
observés chez mon malade. En plus dans tous les cas d'oedème
bleu, sauf dans celui de Damaschino où il y avait une éléva-
tion de la température, et le cas de Gajkiewicz où la tempéra-
ture du membre atteint oscillait tantôt au-dessus, tantôt au-
dessous de celle du membre sain; dans tous les cas, disons-nous,
l'oedème est accompagné et même est précédé d'un abaisse-
ment notable de la température locale. Ainsi dans un cas du
professeur Charcot la différence dans la température des deux
membres atteignait 4ouzo ; dans les cas de Bosit cette différence
allait même jusqu'à 6 ? O. Dans la majorité des cas, de même
que dans le mien, l'oedème n'occupe qu'un seul membre et
siège toujours à son extrémité.
La durée de l'affection est variable. Tantôt l'oedème est per-
sistant et dure plusieurs années (dans un cas de Charcot la
durée était de cinq ans, dans mon cas l'oedème persistait pen-
dant trois ans), tantôt il revient périodiquement, disparait
pour réapparaître de nouveau, parfois pour quelques heures
seulement. On peut quelquefois par l'hypnotisme le faire
apparaître et disparaître à volonté.
Quant au mécanisme et à la patlaogézzie de l'oedème bleu, les
auteurs qui ont exprimé leur opinion à ce sujet sont peu
nombreux ce qui ne les empêche pas d'être en désaccord.
Charcot voit la cause essentielle de ce complexus symptoma-
tique dans un spasme des vaso-moteurs. Pour Pitres au con-
traire il s'agit de leur paralysie ; Trintignan dans sa descrip-
tion de la pathogénie de l'oedème bleu l'attribue à un spasme
de tous les vaisseaux ; Gajkiewicz cherche sa cause dans une
lésion de l'endothélium ; Bauchouïeff l'explique par un
spasme des vaisseaux et par un ralentissement de la circula-
tion capillaire, d'où anémie locale et troubles inévitables de
nutrition des parois vasculaires qui deviennent plus perméa-
bles et permettent ainsi une transsudation consécutive plus
intense de la lymphe dans les fentes interstitielles. Ces quelques
lignes résument toutes les théories pathogéniques émises sur
l'oedème bleu. Il est certain qu'il est à peu près impossible de
combattre l'hypothèse de la majorité des auteurs d'un spasme
vasculaire. Mais il faut aussi prendre en considération le fait
328 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
suivant : comme il vient d'être dit, dans tous les cas l'oedème
était précédé, en dehors du traumatisme, de paralysie, de
parésie ou de contracture du membre atteint. Ces phénomènes
- seuls créent déjà des conditions favorables au développement t
de l'oedème, car la circulation du sang dans les veines est due
non seulement à l'action aspiratrice du coeur et de la cage
thoracique, mais aussi à la contraction des muscles qui chas-
sent le sang des veines pourvues de valvules dans une seule
et même direction, c'est-à-dire vers le coeur. Les conditions de
stase ou d'oedème sont donc favorisées dans un membre
immobilisé par la paralysie ou la contracture. En même temps
les vaisseaux lymphatiques sont soumis aux mêmes conditions.
En plus, une fois le spasme des vaisseaux produit, il survient
non seulement une gêne de la circulation par suite du rétré-
cissement de la lumière aussi bien des artères que des veines,
mais aussi une diminution de la vis a lergo des artères qui
chassent le sang dans les veines. La stase primitive retentit
directement sur les parois vasculaires : ils auraient une trans-
sudation exagérée, un oedème d'abord léger et à la première
période de « l'oedème bleu », nous devons plutôt mettre le
gonflement des extrémités sur le compte de la stase sanguine;
la transsudation rie survient qu'en second lieu. En effet la
piqûre de la peau n'amène pas d'écoulement de la moindre
gouttelette de sérosité. Quant à la coloration rouge vineux ou
bleu noirâtre des téguments, elle s'explique par la même stase
de sang veineux dont les capillaires sont gorgés, par l'apport
moindre de sang artériel. Là aussi réside la cause principale de
l'abaissement de la température locale. L'analyse du sang
capillaire chez mon malade a démontré qu'il possédait des
propriétés du sang veineux. Dans les cas passagers d'oedème
bleu la disparition de l'oedème suit la disparition de la paraly-
sie ou de la contracture ; les troubles que cette paralysie ou
cette contracture a provoqués se contre-balancent. Dans les
cas durables le tableau clinique et l'anatomie pathologique de
l'oedème présentent déjà quelques caractères constants : les
veines se dilatent de plus en plus ; les artères, qui ne se trou-
vaient que dans un spasme temporaire, présentent maintenant
une contracture permanente. Dans cet état, les conditions qui
favorisent le reflux du sang veineux, telles que le massage, la
position élevée du membre, ne peuvent plus rétablir l'équi-
libre rompu étala dilatation des veines fait suite une dilatation
ÉTUDE ANATOMO-PATHOLOGIQUE DE L'OEDÈME BLEU. 329
de leurs valvules, l'épaississement de ces dernières correspond
à cette surcharge de travail qu'elles sont obligées de suppor-
ter. La lésion des parois vasculaires est une conséquence fatale
d'une telle stase, et nous voyons en effet le gonflement de
l'endothélium, son décollement, des hémorragies dans l'é-
paisseur des parois des vaisseaux et dans la lésion cellulaire
périvasculaire.
Les nerfs sont soumis aux mêmes conditions des troubles
de la nutrition, de là ces lésions de névrite au début que j'ai
constatées, plus prononcées dans les nerfs de la peau que dans
le gros tronc nerveux. Ainsi donc les lésions anatomo-patho-
logiques que j'ai trouvées chez mon malade ne sont que des
phénomènes secondaires consécutifs. Une névrite à peine pro-
noncée ne peut dans aucun cas expliquer les troubles paraly-
tiques de tout le membre ; d'autre part il n'y a aucune donnée
pour l'origine centrale de cette paralysie.
On ne peut de même considérer comme primitifs les lésions
vasculaires; il n'y avait pas de trace d'un processus primitif
quelconque, sous forme d'une inflammation, d'une dégénéres-
cence, etc. La sclérose des parois trouvée à l'examen était si
prononcée qu'elle ne devait être considérée que comme la phase
tout à fait initiale de ce processus provoqué par les troubles
trophiques des parois, troubles consécutifs à la stase. Etant
donnée l'absence des faits qui parleraient en faveur d'une
lésion organique quelconque et la présence des stigmates carac-
téristiques de l'hystérie, je devrais décrire mon cas aussi
sous le nom d'oedème bleu d'origine hystérique.
Pour ne pas répéter ce qui était exposé avec détails par
d'autres auteurs je m'abstiens d'énumérer ici les signes diag-
nostiques différentiels de l'oedème bleu d'avec les symptômes
analogues qui peuvent s'observer dans d'autres affections.
Etant donné tout ce qui précède et si l'on exclut les cas
d'oedème passager, ne laissant après lui aucune trace, le pro-
nostic dans les cas prolongés ne peut être considéré comme
favorable. Ainsidans mon cas, quoiqu'il n'y ait pas de troubles
trophiques nets, les hémorragies dans le tissu cellulaire, dans
l'épaisseur des tuniques vasculaires, la névrite et la sclérose
au début, tout cela montre la possibilité d'un développement
de lésions graves et profondes si l'on avait laissé l'oedème sans
traitement.
Le traitement doit surtout s'adresser à l'hystérie. La médi-
330 RECUEIL DE FAITS.
cation locale ne consiste qu'en massage, en gymnastique
active ou passive, en enveloppement du membre malade afin
de diminuer la perte de calorique ou bien en bains locaux
chauds. L'application d'appareils de toute espèce, inamovibles
ou compressifs, est contre-indiquée pour des raisons sur les-
quelles nous croyons inutile d'insister.
En terminant je tiens à exprimer ma profonde reconnais-
sance à mon éminent et très honoré maître, M. le professeur
Raymond, pour l'intérêt qu'il a montré pour mon travail et
pour l'hospitalité qu'il m'a donnée dans son laboratoire, et à
M. le D'' Nageotte pour l'aide qu'il m'a porté et pour ses excel-
lents conseils.
Paris, le 23 février 1896.
EXPLICATION DE LA PLANCHE II.
1'ig, 1. - Coupe de l'artère cubitale avec les deux veines qui l'accom-
pagnent. On peut y voir le décollement de la tunique interne de l'artère,
des hémorragies dans l'épaisseur de la tunique moyenne (ci) ; illi
thrombus pariétal avec commencement d'or;auisaOun (b); du côte de la
veine on voit une valvule très développée (c); et la prolifération de la
tunique interne du vaisseau (tl).
fin. 2. - Petite veine du tiers inférieur de l'avant-bras. Thrombose
des vasa-vasorum (a); vaisseau oblitéré, sclérose (b); décollement de
l'endothélium (c).
Fig. 3. Coupe verticale de la peau de la région oedématiée. Fentes
lymphatiques dilatées (a) ; vaisseau sanguin oblitéré (b) ; hémorragies (c).
Fig. 4. Nerf de la peau dégénéré, pris à la région oedématlée. '
l'ill. 1, 2 et 3. - Grossissement de 75.
Fi. 4. -- Grossissement de 350.
RECUEIL DE FAITS.
GUÉRISON APPARENTE DES TROUBLES PSYCHIQUES
CHEZ DEUX MANIAQUES ATTEINTES, L'UNE DE FIÈVRE
TYPHOÏDE, L'AUTRE DE SUPPURATION ABONDANTE;
Par le Dr René CHARON,
Médecin-adjoint des agiles publics d'aliénés (Bailleul).
L'influence salutaire des maladies graves intercurrentes sur
l'état mental des aliénés est depuis longtemps reconnue et, si
GUÉRISON APPARENTE DES TROUBLES PSYCHIQUES. 331
les aliénistes d'aujourd'hui n'affirment plus, comme au temps
d'Esquirol, qu'une affection mentale ne peut réellement gué-
rir qu'à la suite d'une crise, il leur arrive assez souvent devoir
une amélioration plus ou moins considérable des troubles
psychiques se produire, sans autre cause appréciable, au cours
de manifestations inflammatoires d'origine microbienne.
Les notes que nous avons réunies depuis quatre ans sur les
maladies incidentes pour une population moyenne d'environ
z50 aliénées indiquent des modifications favorables de l'état
mental au cours des maladies suivantes : érysipèle de la face,
pneumonie, tuberculose pulmonaire, anthrax, phlegmon,
fièvre typhoïde, variole, adénite (avec suppuration consécu-
tive). Sur 153 malades frappées deces affections, 98 étaient des
maniaques aiguës, chroniques ou démentes, dont 61 ont été
améliorées mentalement; les améliorations qui se sont, comme
on voit, produites dans la proportion considérable de 62 p. 100
pour les maniaques, n'ont d'ailleurs dans la plupart des cas été
que légères et d'une très courte durée. Deux malades seule-
ment atteintes simultanément l'une de fièvre thyphoïde grave,
l'autre d'adénite avec suppuration abondante, ont bénéficié,
du fait de la maladie intercurrente d'une véritable suppression
des troubles psychiques qui s'est maintenue pendant environ
un mois : l'une, avec toutes les apparences d'une démence
maniaque, était en réalité, comme nous le verrons, une
maniaque chronique; l'autre était atteinte d'un accès de manie
aiguë datant de quelques semaines. L'observation résumée de
ces deux cas, par la netteté des phénomènes qu'ils ont permis
de constater et par les quelques réflexions qu'ils suscitent,
nous a paru digne d'être rapportée.
Observation I. -D... Julienne vinft-six ans, entrée le 6 mars 1891
avec le diagnostic : « dépression mélancolique avec mutisme, refus
d'aliments et tendance au suicide. » Hérédité névropathique et
vésanique. Au bout de peu de temps, il se manifeste de l'excita-
tion intermittente, puis peu à peu l'état d'excitation devient per-
manent avec des paroxysmes fréquents nécessitant une contention
presque continue. Au refus d'aliments a succédé une véritable hou-
limie, accompagnée d'une émaciation squelettique, sans lésions
d'aucun organe de la nutrition. Incohérences continuelles des actes
et des paroles. Cet état dure depuis plus de trois ans. Les facultés
intellectuelles semblent comme l'état physique profondément atfai-
blies et il parait qu'un dénoûment fatal soit proche, quand se
manifestent des symptômes d'adénite, engorgement considérable
332 RECUEIL DE FAITS.
des régions parotidiennes, fièvre intense; une vaste collection puru-
lente se forme au côté gauche avec induration de toute la région
du cou; après intervention chirurgicale, il s'écoule en abondance
, un pus infect, laissant voir au microscope des colonies de staphy-
lococcus et micrococcus : lymphangite consécutive, suppuration pen-
dant un mois.
Un matin, pendant le pansement, la malade absolument indocile
et incohérente jusqu'alors, nous fait tout à coup une réponse rai-
sonnable et nous explique qu'elle va être sage et se laisser soigner.
Les moyens de contention sont aussitôt supprimés. L'excitation a
disparu, le syllogisme et la mémoire sont intacts. D... nous remercie
de nos soins, se promène, commence à s'occuper et prend soin de
sa personne. Cet état dure pendant trois semaines. Le foyer de
suppuration est tari. L'alimentation est normale, les forces phy-
siques reviennent. Puis subitement une réponse incohérente, l'exci-
tation reparaît et dans l'espace de quelques jours notre malade est
retombée dans un état absolument analogue à celui que nous avons
noté avant la maladie intercurrente. Elle présente de nouveau
toutes les apparences de la démence maniaque.
En résumé : manie chronique avec réactions très violentes
(présentant l'apparence d'une démence maniaque). Grave
lésion inflammatoire intéressant les régions cervico-faciales.
Suppuration abondante et de longue durée. Au cours de cette
affection, disparition subite des troubles psychiques. Guérison
apparente pendant trois semaines. Retour presque subit à l'état
maniaque antérieur.
Observation II. - F... Florine, vingt ans. Entrée le 29 avril 1895.,
Accès de manie aiguë avec désordre extrême des actes et des idées.
Mouvement incoercible. Violences (sujet très vigoureux). Nécessité
de contention et d'isolement absolu. Insomnie. Mélange chaotique
d'idées délirantes et de troubles sensoriels. Pas d'hyperthermie.
Hérédité névropalhique et vésanique très chargée.
Cet état ne présente aucune modification jusqu'au 20 mai, jour
où l'on s'aperçoit que la malade est fébrile avec la langue saburrale
et qu'elle a eu plusieurs épistaxis pendant les derniers jours.Trans-
fert à l'infirmerie. T. 38°,8. L'excitation reste très violente. Refus
absolu de toute espèce de médicament. Les moyens de contention
sont indispensables; 22 mai, 39°,9. Injection sous-cutanée de chlor-
hydrate de quinine. Langue rôtie. Epistaxis. Selles fréquentes,
fétides, sueurs profuses. Le 24 au matin 39°,4, Le visage de notre
malade a complètement changé d'expression. Elle répond raison-
nablement à toutes nos questions, regrette ses extravagances, et
promet de se laisser soigner docilement. Elle est débarrassée de
toute contrainte, prend ses médicaments spontanément, s'entretient
! GUÉRISON APPARENTE DES TROUBLES PSYCHIQUES. 333
convenablement avec nous : syllogisme et mémoire intacts. La
fièvre typhoïde évolue avec des symptômes graves adynamiques et
l' ' tous les signes cliniques classiques. La température reste au-dessus
de 40° pendant près d'une semaine. Délire tranquille, carpliologie.
, Traitement : quinine, antisepsie intestinale; médication tonique
stimulante; allusions froides et vinaigrées. A partir du 30 mai, la
¡ température diminue progressivement et le 7 juin le malade entre
r en convalescence. Elle se lève, s'occupe, écrit à ses parents, aide
aux soins des malades. Son état physique se restaure et elle peut
être considérée comme guérie de son accès de manie jusqu'aux
premiers jours de juillet, c'est-à-dire pendant un mois. A ce mo-
ment la menstruation se produit pour la première fois depuis
l'admission et avec elle coïncide la réapparition brusque de l'exci-
talion. Le 15 juillet F... est dans le même état qu'au moment de
son entrée : agitation maniaque extrêmement violente. Elle reste
sans modification jusqu'au mois d'octobre. Depuis cette époque,
elle s'améliore progressivement.
En résumé : manie aiguë très violente datant d'un mois.
Fièvre typhoïde à forme adynamique grave. Pendant la période
d'état, disparition brusque et complète des symptômes mania-
Fig. 18.
334' RECUEIL DE FAITS.
ques durant un mois. Retour presque subit à l'état maniaque
antérieur puis amélioration progressive.
Entrer dans le détail des nombreuses observations que nous
avons recueillies au cours des quatre dernières années serait
abuser de l'hospitalité qui nous est accordée ici, mais il nous
semble intéressant de résumer les conclusions qui semblent
en découler. L'influence des maladies microbiennes chez les
aliénés se traduirait dans la majorité des cas, lorsqu'il s'agit
de sujetsjeunes et non affaiblis, par une amélioration plus ou
moins considérable de l'état mental.
Près des deux tien de nos malades étaient des maniaques.
Cette remarque rapprochée de celle qui a été faite par le
Dr Camuset au cours d'une épidémie de choléra semblerait
indiquer que, toutes choses égales d'ailleurs, la manie serait
un véritable terrain de prédilection pour les microbes patho-
gènes. Les améliorations se montrent plus fréquentes et plus
solides (62 p. 100) chez les maniaques que'dans toute autre
forme vésanique.
Cette amélioration peut aller dans certains cas (obs. 1 et II)
jusqu'à la disparition complète de l'état maniaque, qu'il
s'agisse de manie chronique ou de manie aiguë. Cette dispa-
rition se produit brusquement en même temps que se manifes-
tent les signes detnxhémie intercurrents, et, dans les deux seuls
cas où nous l'avons vu se produire, l'état mental normal ne
s'est maintenu que pendant trois semaines et un mois. Ce
retour subit à l'état normal suivi d'une rechute presque aussi
subite ne saurait donc être considéré comme une véritable
guérison, mais comme une guérison apparente, une éclipse de
l'état psychopathique antérieur.
Cette éclipse serait-elle due au choc intercurrent jouant le
rôle de dérivatif mécanique ? Ce n'est pas probable. Mais alors,
sans entrer dans le domaine des hypothèses, ne serait-il pas
légitime de mettre en regard des deux observations que nous
venons de rapporter les faits déjà nombreux signalés en
pathologie ordinaire, de guérisons par antagonisme microbien,
dont l'observation tout récemment publiée par le Dr Lalande
(Hôpital Saint-Louis) est un exemple remarquable (guérison
de lupus par un érysipèle) ? L'analogie est d'autant plus frap-
pante que dans ces cas comme dans les nôtres, il ne s'agit en
réalité que de guérisons apparentes puisque la récidive se
manifeste au bout de quelque temps.
REVUE DE MÉDECINE LÉGALE.
Xi. L'ANALYSE D'UN crime; pai- Joseph L. Bauer. M. D., St-Louis.
(The St-Louis Médical and Sur·gical Journal, octobre 1895,
p. 201.)
A propos d'un crime, l'auteur essaye de délimiter l'esprit sain
de l'esprit malade. Voici le fait. Un jeune homme âgé de vingt-
cinq ans, de condition aisée, rentre un jour ivre chez lui. Sans dis-
cussion et sans raison, il tue sa femme et son enfant. Après cela,
il va à un poste de police faire l'aveu de son acte sans en indiquer
les motifs. Peu après il déclara que c'était un accident, puis il finit
par demander si son crime était un de ceux pour lesquels on pou-
vait verser une caution.
Après quelques mois d'incarcération, son avocat déclara que son
client,était devenu fou depuis l'acte d'accusation et qu'il ne pou-
vait pas apprécier les circonstances ni la nature de sa tentative cri-
minelle. Un jury fut chargé de l'examen, et l'avocat dit qu'il s'agis-
sait de paranoïa. Quelques semaines après, le jury renvoya son
verdict à plusieurs mois. Sur ces entrefaites, un des défenseurs du
criminel le présenta dans un journal comme un halluciné avec des
idées de persécutton et de grandeur. Le D'' Bauer examina le pri-
sonnier, mais il ne trouva pas de symptômes de folie. Enfin, après
une seconde expertise, il fut rendu un verdict de santé.
L'auteur discute successivement les quatre hypothèses faites pour
justifier l'irresponsabilité du meurtrier : l'hérédité, l'épilepsie, la
folie alcoolique et la paranoïa. Il montre qu'on ne trouve, ni
dans les antécédents, ni dans les habitudes, ni dans les actes du
sujet, ni dans le crime, rien qui puisse prouver manifestement
qu'une de ces quatre conditions morbides était en cause. Le
Dr Bauer déclare le meurtrier responsable et montre que la mau-
vaise éducation, des habitudes vicieuses et un caractère égoïste et
brutal avaient naturellement poussé le sujet à tuer sa femme et son
enfant qui étaient un obstacle à sa vie de libertin. E. TOULOUSE.
XII. DE QUELQUES CAS PSYCHOPATHOLOGIQUES DEVANT LES TRIBUNAUX
serbes; par le D1' VAs : iTCH.
Dans un premier cas, il s'agit d'un malheureux persécuté avec
hallucinations multiples de l'ouïe et des idées de grandeurs qui,
sous l'influence de ses idées délirantes, commit un meurtre.
336 REVUE DE MÉDECINE LEGALE.
Condamné d'abord à mort par le tribunal de première instance,
ce malade, après un rapport médical, fut transféré dans un asile.
Le second cas a trait à une femme débauchée qui, voulant se dé-
barrasser de son mari, le fit tomber dans un guet-apens et assas-
siner par des hommes qu'elle avait soudoyés. Elle fut condamnée à
vingt ans de travaux forcés, et ses complices condamnés à mort.
Or, pendant l'instruction, cette femme fut atteinte d'aliénation
mentale et, après observation, reconnue réellement folle.
Il s'agissait de savoir quel était l'état mental de cette femme
pendant les années qui ont précédé le crime, et surtout au moment
du crime, car c'est sur ses déclarations que les exécuteurs du crime
avaient été condamnés à mort. Le rapport fait à ce sujet a conclu
que, avant l'exécution du crime aussi bien qu'à l'époque où le crime
fut commis. cette femme n'était point aliénée.
Le troisième cas cité a trait à un homme atteint de manie
intermittente, et qui tua sa femme sous l'influence d'une impul-
sion homicide au cours d'un accès maniaque.
Ce malade fut envoyé, bien entendu, dans un asile.
L'auteur constate avec plaisir que, depuis quelques années, les
tribunaux serbes se sont mis à considérer non seulement le crime,
mais aussi le criminel. (Annales médico-psèicologiqzces, janvier 1896.)
E. B.
XIII. L'hypnotisme ET la LOI; par M. CLARK BELL.
L'attention des juges et des médecins légistes a été spécialement
attirée au cours de ces dernières années sur les rapports de l'hyp-
notisme et de la loi dans différentes affaires criminelles où s'est
posée la question de savoir jusqu'à quel point l'accomplissement
du crime devait être imputé à la suggestion hypnotique, notam-
ment dans l'affaire Bompard, à Paris ; dans laffaire-Czyiiski, à
Munich ; dans l'affaire Macdonald, en Amérique.
A ce propos, l'auteur a adressé à différents médecins légistes et
psychologues une sorte de questionnaire où il leur demande :
1° Si le sujet hypnotisé est un agent inconscient et innocent,
capable de commettre un crime;
2° S'il est possible, par la suggestion, d'enlever de l'esprit de
l'hypnotisé toute mémoire des circonstances ou actes accomplis
pendant l'état hypnotique ;
3° Si le pouvoir de l'hypnotiseur sur l'hypnotisé est assez fort
pour que l'hypnotisé, devant une tierce personne, signe un testa-
ment, un chèque, en requérant cette tierce personne de témoi-
gner qu'il agissait en pleine volonté et que, malgré cela, l'hypno-
tisé n'ait, dans la suite, aucune conscience de l'acte qu'il a commis.
Le plus grand nombre des réponses ont été affirmatives et ont
confirmé les idées de Bernheim et de Liébault.
REVUE DE MÉDECINE LEGALE. 337
Quelques médecins légistes cependant se sont refusés à admettre
qu'un individu ordinaire dans l'état hypnotique puisse commettre
un crime et que, d'autre part, la volonté et la personnalité de l'hyp-
notisé soient à ce point annihilées qu'elles ne puissent mettre cer-
tains obstacles à l'exécution d'une suggestion qui leur répugne
aussi violemment qu'un crime.
La conclusion de l'auteur est que la question est toujours pen-
dante. (The alienist and zzeurologist, octobre 1895.) E. B.
XIV. La responsabilité criminelle CHEZ les aliénés; par Oscar
WooDS. (The Journal of Mental Science, octobre 1894.)
La jurisprudence en matière de responsabilité criminelle a été
fixée en 1843, à la suite d'un procès retentissant à l'aide des réponses
faites à un questionnaire par les principaux magistrats du pays : le
résumé de ces réponses nous est fourni par l'auteur : 1° alors
même que l'accusé a agi sous l'influence d'une délusion délirante,
qu'il a cru obéir à un grief ou venger une injure qui n'existent pas,
ou même être utile à la société, il est punissable; 2° pour que la
défense puisse invoquer l'aliénation mentale, il est indispensable
de prouver clairement que, au moment où il a commis l'acte cri-
minel, l'accusé ne possédait, par suite d'une maladie mentale, qu'un
degré de raison insuffisant pour connaître la nature de l'acte qu'il
accomplissait, ou, s'il la connaissait, pour savoir que l'action qu'il
commettait était mauvaise, en d'autres termes pour distinguer entre
le bien et le mal : 3° l'existence d'illusions ou d'hallucinations
n'exclut pas la cuipabilité, sauf le cas où elles auraient sur le crime
dont il s'agit une influence directe, par exemple dans le cas où un
homme commettrait un crime en se croyant en état de légitime
défense : dans ce cas seulement il doit être reconnu non coupable.
Ou voit assez que cette jurisprudence ne tient aucun compte du
cas où l'homme commet un crime, en sachant que c'est un crime,
mais sans pouvoir résister à l'impulsion délirante qui l'oblige à le
commettre. Par des citations, par des exemples, l'auteur montre
l'absurdité de celte jurisprudence, et se demande s'il ne vaudrait
pas mieux la modilier que de forcer (il cite un cas démonstratif) un
jury et un magistrat à prononcer une sentence de mort que chacun
à l'audience sentait et savait ne pas devoir, ne pas pouvoir être
exécutée. R. de Musgrave-Clay.
XV. Sur la nécessité d'une législation relativement au SUICIDE;
par S.-A.-K. Strahan. (The Journal of mental science, octobre 1894.)
Après avoir résumé l'historique des peines plus ou moins bar-
bares autrefois édictées contre le suicide, l'auteur constate qu'elles
se réduisent aujourd'hui, au moins dans la pratique, aux pénalités
d'ordre spirituel relatives à l'inhumation des suicidés. Ces pénalités
Archives, 2e série, t. I. 22
338 REVUE DE MÉDECINE LÉGALE.
même sont ordinairement évitées, puisque, en Angleterre, le ma-
gistrat chargé de l'enquête les épargne à la famille en rendant un
verdict de suicide dans un accès temporaire d'aliénation mentale,
. verdict qui n'est presque jamais basé sur la moindre preuve et
constitue un véritable faux témoignage.
A l'heure actuelle, en Angleterre, le suicide est assimilé par la
loi criminelle à l'assassinat. Si deux personnes prennent la réso-
lution de se suicider ensemble, et si une seule réussit effectivement
à se tuer, l'autre est considérée comme coupable d'assassinat. Qui-
conque aide ou facilite un suicide suivi d'effet, est également tenu
pour coupable du même crime. On a même soutenu que si une
personne perd la vie en essayant d'empêcher un suicide, la per-
sonne qui a voulu attenter à ses jours est coupable de meurtre.
Telle est la lettre de la loi. Mais dans la pratique, cette loi est à
chaque instant violée par les magistrats, par le jury et par l'opi-
nion publique. Il n'y a pas longtemps, un homme de lettres bien
connu et universellement respecté, qu'une maladie incurable avait
conduit au seuil de la mort, a mis fin à ses souffrances en se tuant
à l'aide d'une arme à feu. Comme on demandait à sa femme, qui
lui était fort dévouée et qui était présente au moment du suicide, si
elle aurait pu l'empêcher, elle répondit qu'elle l'aurait certainement
pu, mais qu'elle aurait considéré son intervention dans ce cas
comme une lâcheté; elle ajouta même que, à la demande de son
mari, elle lui avait enlevé ses fausses dents avant qu'il se tirât un
coup de pistolet dans la bouche. Aux termes de la loi, cette femme
aurait dû être poursuivie pour meurtre; il est à peine besoin de
dire qu'aucune poursuite n'eut lieu. Il est absurde de prétendre,
comme le prétend la loi, que le meurtre et le suicide sont des
crimes égaux au point de vue de la société; et d'ailleurs la loi se
contredit elle-même, car la tentative de meurtre est punie de la
servitude pénale à perpétuité, tandis que le maximum en cas de
suicide ne dépasse pas deux ans; le crime n'est donc pas semblable
puisque la peine est différente.
La tentative de meurtre est invariablement poursuivie; la tenta-
tive de suicide ne l'est presque jamais, et quand elle l'est, la con-
damnation est si légère que l'on comprend qu'elle n'est prononcée
que par déférence pour la loi : ce genre de pénalité discrédite la
loi plus que ne ferait l'impunité. En fait, les magistrats sentent par-
faitement que la loi est non seulement inutile, mais injuste, et
savent qu'ils auront pour eux l'opinion publique en la laissant
tomber rapidement dans une désuétude qui en prépare l'abolition.
Si l'on veut réformer cette législation, il n'y a que deux voies
logiques à suivre : 1° supprimer toute législation sur la matière en
ce qui touche l'attentat commis exclusivement sur l'individu lui-
même, c'est-à-dire cesser de considérer le suicide comme un crime,
et ne pas s'en occuper; 2° déclarer que toute tentative de suicide,
REVUE DE MÉDECINE LÉGALE. 339
suivie ou non de succès, constitue par elle-même la preuve suffi-
sante d'un état dangereux d'aliénation mentale et un motif non
moins suffisant d'internement dans un asile d'aliénés.
Le premier procédé est incontestablement le plus équitable et le
plus sensé; c'est très vraisemblablement celui qui sera adopté; il
vaut mieux ne pas faire du suicide un crime que d'en faire un crime
qui reste impuni quatre-vingt-dix neuf l'ois surcent. Il est même pro-
bable que cette impunité désormais légale, n'augmenterait pas le
nombre des morts volontaires. Mais son inconvénient capital est de
ne rien faire pour le diminuer.
Aussi la deuxième manière de procéder serait-elle certainement
beaucoup plus profitable à la société. Ses avantages seraient nom-
breux : elle épargnerait au clergé des situations difficiles, et assu-
rerait aux familles la consolation des dernières prières; elle met-
trait les magistrats chai gésde l'enquête à l'abri du faux témoignage
qu'ils sont couramment amenés à pratiquer dans leurs rapports;
enfin et surtout, la crainte, en cas de tentative avortée, d'être
immédiatement enfermés dans un asile d'aliénés serait parfai-
tement capable d'arrêter bon nombre de gens tentés de se débar-
rasser de la vie; eu tout cas cet internement serait plus rationnel
et plus humain que de les enfermer dans une cellule de prison, où,
trop souvent, ils réussissent à exécuter l'acte même pour lequel ils
ont été emprisonnés. Enfin la perspective de l'internement dans
un asile aurait, sur le suicide, absolument les mêmes effets que la
loi actuelle, c'est-à-dire qu'elle n'en détournerait personne, et
qu'elle assurerait une proportion importante de succès dans les
tentatives de suicide. Pour ces raisons, et pour d'autres de moindre
gravité, l'auteur préférerait, au point de vue social, la seconde des
réformes proposées. R. DE MUSGRAVE-CLAY.
XVI. Les aliénés ET LE DROIT civil; par le Dr L. DERODE. ("J} : <M. de
la soc. de méd. ment, de Belgique, décembre 1894.)
On sait que, d'après la loi française, la procédure d'une demande
en interdiction ne comporte pas nécessairement une expertise
médicale. C'est contre cette lacune de la loi que s'élève M. Derode
dans son travail; il s'efforce de prouver que l'intervention de la
science est aussi nécessaire dans les affaires de la justice civile où
la folie joue un rôle que dans celles qui relèvent de la justice cri-
minelle. Quant à l'expert il ne doit formuler que des conclusions
rigoureusement scientifiques et ne pas se hasarder à émettre des
appréciations arbitrdires, basées sur des appréciations où la science
n'a rien à voir. Plutôt que d'apporter à la justice des affirmations
téméraires, il doit s'abstenir de conclure et se borner à exposer
les raisons qui lui paraissent de nature à entretenir l'incertitude et
le doute. G. DENY.
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
XXVII. La forme spasmodique ET L1 FORME tabétique dans la para-
LYSIE générale ; par R.-S. STEWARD. (The Journal of Mental Science,
avril 1895.) ,
La forme de paralysie générale qui s'associe à la force locomo-
trice est bien définie et bien admise; mais l'auteur estime que,
dans les cas qui ne se rattachent pas à ce type tabétique, les symp-
tômes qui prédominent au cours de la maladie indiquent une
étroite relation, à la fois clinique et pathologique, avec la forme
d'affection médullaire que l'on désigne sous le nom de paraplégie
spasmodique primitive. Dans un petit nombre de cas, la maladie
participe des deux formes, mais cette combinaison de symptômes
est rare, et le rattachement primitif à l'une des deux formes est
toujours possible.
Les recherches de l'auteur ont porté sur 317 cas de paralysie
générale, parmi lesquels 85 p. 100 appartenaient à la forme spas-
modique et 15 p. 100 à la forme tabétique ; cette proportion est la
même pour les deux sexes. La forme spasmodique débute d'ordi-
naire entre trente et quarante ans, et la forme tabétique entre
quarante et cinquante ans; et en cela, chacune des formes parait
se modeler sur le type d'affection purement médullaire auquel elle
correspond. Dans la forme spasmodique, la durée moyenne de la
maladie est de un à deux ans, et dans la forme tabétique de, deux
à trois ans. Les crises congestives (attaques épileptiformes géné-
rales ou partielles, attaques apoplectiformes, paralysies passagères)
sont plus fréquentes dans la forme spasmodique; elles sont aussi
plus rapprochées et plus longues. L'excitation maniaque prédomine,
dans la forme spasmodique, et la mélancolie dans la forme tabé-
tique. - Le poids du cerveau est notablement moindre dans les
cas spasmodiques que dans les cas tabétiques. - L'atrophie de la
moelle est la règle dans la paralysie générale ; mais il est à noter
que dans la forme spasmodique, elle se présente sous la forme d'un
ratatinemenl latéral, tandis que dans la forme tabétique, elle prend
l'aspect d'un aplatissement antéro-postérieur.
L'auteur conclut en disant qu'il s'est efforcé de montrer, en signa-
lant les faits les plus saillants, qu'il existe deux types ou deux
variélés de paralysie générale, l'une qui se présente associée à la
sclérose postérieure, l'autre qui est associée, secondairement dans
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 341
l'ordre chronologique, à des symptômes indiquant une sclérose des
cordons latéraux. Il estime en outre que les altérations révélées par
l'examen microscopique de la moelle justifient pleinement cette
manière de voir. R. M.-C.
XXVIII. LES rapports DE la paralysie générale DES aliénés ET DES
affections chroniques DES reins ; par Hubert C. BRISTOWE. (The
Journal of Mental Science, avril. 1895.)
Les points principaux sur lesquels l'auteur a voulu insister dans
ce très intéressant mémoire sont les suivants :
1° La présence du rein granuleux contracté dans la paralysie
générale est très fréquente;
2° La similitude des altérations subies par les vaisseaux sanguins
dans les deux maladies est tellement grande qu'une différenciation
est impossible à établir ;
3° Les deux maladies ont entre elles des rapports de dépendance
si singulièrement étroits que, selon toute probabilité, elles ont une
commune origine. R. M.-C.
XXIX. La folie DE la PERSÉCUTION ; par René SEMELAIGNE. (Tlee
Journal of Mental Science, octobre 1894.)
Après avoir résumé, au début de son intéressant travail, l'his-
torique de la question, et rappelé les travaux de Lasègue, Jules
Falret, Magnan, Morel, Ballet, Séglas, Jules Voisin, Christian, Pot-
tier, l'auteur conclut qu'il n'y a pas une folie de la persécution,
mais qu'il y en a plusieurs, et que ce n'est pas toujours chose facile
de les différencier et de les classer. On peut cependant, dès le pre-
mier abord, ' diviser les persécutés en deux grands groupes : les
orgueilleux et les humbles. C'est le premier groupe qui a été le
mieux étudié ; il comprend cinq variétés : 1° délire de persécution
systématique à évolution progressive; 2° délire de persécution des
persécuteurs raisonnants; 3° délire de persécution des alcooliques;
4° délire de persécution de la ménopause; 5° délire de persécution
des vieillards. Le second groupe comprend les malades atteints du
délire de persécution avec idée de crime commis. Ces malades n'ont
généralement pas d'hallucinations de l'ouïe, mais seulement des
interprétations délirantes; ils ont souvent des idées de suicide et du
dédoublement de la personnalité. Etudions successivement ces dif-
férents types.
Chez les délirants persécutés systématiques à évolution progres-
sive, on trouve une période d'incubation, une période d'invasion et
une période d'état. La première période peut être précoce et très
longue ; elle est constituée par l'état d'anxiété (Magnan) et les
interprétations délirantes (faire). Dans la seconde, apparaissent
342 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
les hallucinations de l'ouïe auxquelles peuvent s'ajouter celles de
la sensibilité générale. A la période d'état le délire se systématise
et il comporte trois échelons successifs : les idées de persécution
- (on électrise le malade, on mêle des substances nuisibles à ses ali-
ments, etc.); les idées de persécution collective (les jésuites, les
francs-maçons, la police); enfin les idées de persécution personni-
fiées ; c'est alors surtout que le malade, ayant fait élection d'un
bouc émissaire, devient dangereux. Enfin, aux idées de persécu-
tion, à la période d'état du délire, peuvent s'ajouter des idées de
grandeur, qui peuvent être soudaines, ou consécutives à des hallu-
cinations de l'ouïe, mais qui plus souvent peut-être, s'expliquent
de la manière indiquée par Foville; en effet, la persistance des
persécutions auxquelles le malade se croit soumis le conduit natu-
rellement à croire qu'on ne les accumulerait pas ainsi sur un indi-
vidu ordinaire et qu'il doit évidemment être un personnage impor-
tant. Il faut ajouter que, pour Mairet, les idées de grandeur existent
dès le début, et sont même antérieures à l'apparition des premiers
troubles mentaux. ,
Le délire des persécuteurs raisonnants, ou persécutés persécu-
teurs, a été très bien décrit par Lasègue ; ces aliénés commettent
souvent des actes de violence; souvent ils interprètent, faussement
un fait exact en soi, et raisonnent juste sur ce point de départ faux,
ils passent pour jouir de toutes leurs facultés. Ils sont d'autant plus
dangereux qu'on ne les distingue pas des gens sensés, à moins de
les étudier à fond ; ils présentent généralement les signes phy-
siques et mentaux de la folie morale, et des stigmates physiques
et psychiques d'hérédité morbide. Souvent on constate chez eux des
anomalies génitales. Ils parlent facilement, sont très intelligents,
exposent, soutiennent à merveille leurs prétendus griefs, écrivent
des lettres, font des visites, entament des procès, et finissent, n'ob-
tenant pas l'imaginaire justice qu'ils réclament, par se faire justice
eux-mêmes au moyen d'actes de violence; arrêtés, ils sont diffi-
ciles à diagnostiquer aliénés, parce qu'ils sont très réservés et très
habiles à cacher leur délire ; presque toujours à force de démarches
t d'apparent bon sens, ils finissent par obtenir leursorlie, et s'em-
pressent de recommencer. Ils n'ont généralement aucune halluci-
nation, mais seulement des interprétations délirantes; ils sont
ambitieux, mais n'ont jamais d'idées absurdes de grandeur. Ils
n'aboutissent jamais au délire chronique. Suivant leurs tendances,
on pourrait les diviser en trois groupes : a) les criminels ; b) les
processifs ; c) les amoureux.
Les persécutés alcooliques forment un groupe nombreux ; à la
vérité, tous les alcooliques sont plus ou moins des persécutés, mais
quelques-uns présentent une forme particulière de délire; ils ont
des ennemis, qui conspirent contre eux, qu'ils désignent, comme
les autres persécutés; mais ce qui, cliniquement, caractérise sur-
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 343
tout cette forme du délire de persécution, c'est sa curabilité (Bail).
Il est à noter que les persécutés alcooliques ont souvent de la ten-
dance au suicide.
Le délire de persécution de la ménopause a une évolution
rapide ; les hallucinations de l'ouie y sont précoces et presque
constantes ; le dédoublement de la personnalité est commun ; dans
la plupart des cas la maladie est incurable. Savage a remarqué
qu'une surdité double apparaissait souvent en même temps que les
hallucinations de l'ouïe. Les obsessions et possessions sont fré-
quentes dans cette forme, et ont été bien étudiées par Séglas. (Nous
ne pouvons qu'indiquer une très longue et très intéressante obser-
vation intercalée ici par l'auteur.)
Le délire de persécution des vieillards débute d'ordinaire par des
étourdissements et de la congestion. Ces malades se croient volés,
ruinés, menacés d'assassinat; ils ont des hallucinations terrifiantes
de la vue. Ces hallucinations et ces soupçons peuvent persister
longtemps sans que le délire se modifie ; mais souvent on voit
rapidement apparaître la démence. La tendance au suicide est
commune.
Si l'on passe maintenant aux persécutés humbles, à ceux qui
s'accusent de crimes imaginaires, on voit que ce sont le plus sou-
vent des sujets à tendances morbides héréditaires, présentant, sur-
tout du côté des organes génitaux, des stigmates de dégénéres-
cence. En général ils n'ont pas d'hallucinations de l'ouïe, mais
seulement des interprétations délirantes. Ils peuvent quelquefois,
dans un moment d'exaspération contre leurs persécuteurs, se
livrer à des actes de violence; mais, en général, ils sont plutôt
déprimés qu'agressifs. Si les hallucinalionsdes sens sont rares chez
ces malades, celles de la sensibilité générale le sont moins, et
assez souvent, à une période variable de l'évolution du délire, on
constate des hallucinations psyclio-iiiottices ; Ballet et Séglas ont
publié à cet égard plusieurs faits intéressants.
Chez les persécutés qui s'accusent de crimes en général, les idées
de persécution sont en général tenaces et persistantes, mais peuvent
parfois présenter des rémissions momentanées.
Il faut ajouter en terminant que, entre le groupe des persécutés
orgueilleux et celui des persécutés humbles, on peut observer des
variétés intermédiaires, et aussi que chez un même malade, ces
deux formcs peuvent se succéder, ou se remplacer. R. \L-C.
XXX. Courtes études sur la tuberculose chez LES aliénés ; par
E.-D. Bondurant. (ThetVew-I'orknedicnl joulnzul ? 3 février 1895.)
Il résulte des recherches faites par l'auteur à l'Asile des aliénés
de l'Alabama, que sur 179 décès survenus chez des malades de
race blanche, 51, c'est-à-dire 28 p. 100 étaient dus à la tubercu-
344 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
lose, et que sur 116 décès survenus chez les malades de race noire,
49, c'est-à-dire 42 p. 100 étaient dus à la même maladie. Sur ces
295 cas, 163 autopsies ont été faites (91 blancs, 72 nègres). Des
'signes de tuberculose guérie, stationnaire ou progressive ont été
rencontrés 91 fois (50 blancs, 41 nègres).
Le résultat des recherches de M. Bondurant a surtout porté sur
deux points : 1° la fréquence de la guérison de la tuberculose ;
2° la susceptibilité comparée de la race blanche et des races de
couleur à l'égard de la tuberculose.
Le premier de ces deux points est depuis longtemps démontré
par des investigations similaires (dont les premières, croyons-nous,
remontent à Boudet et ont été faites il y a une soixantaine d'an-
nées à la Salpêtrière) et les recherches de l'auteur n'ont ici que la
valeur d'une confirmation. Sur le second point, le travail de
M. Bondurant vient à l'appni de l'opinion généralement répandue
dans les Etats-Unis du Sud et qui veut que les nègres soient plus
accessibles à la tuberculose que les blancs. La proportion des décès
tuberculeux chez les blancs est de 25 à 30 p. 100; chez les nègres
elle atteint 40 à 45 p. 100. D'autre part le registre clinique de
l'asile montre que la tuberculose revêt, chez les hommes de cou-
leur, une forme beaucoup plus active et une marche notablement
plus rapide. Les formes très chroniques sont rares chez le noir, et
la forme miliaire est au contraire très commune. C'est le contraire
dans la race blanche. On peut, en somme, sur ce deuxième point,
déduire des données fournies par l'auteur les conclusions sui-
vantes : la mortalité par tuberculose est plus considérable dans la
race nègre que dans la race blanche. - La marche de la maladie
est plus rapide chez le nègre. - Les cas de guérison ou d'arrêt
dans le processus morbide sont comparativement rares chez le
nègre. La généralisation tuberculeuse est fréquente dans la race
noire, puisqu'on l'a constatée dans plus d'un tiers des cas où l'au-
topsie a été faite. R. M.-C.
XXXI. Recherches expérimentales SUR l'état mental dans LE VERTIGE,
ET SUR LE VERTIGE CONSIDÉRÉ COMME AUXILIAIRE DE L'HYPNOTISME ET
DE la narcose; par J. Léonard CoRNING. (The New-Y01'k Médical
Journal, 7 septembre 1895.) .,
Travail-intéressant.à. plusieurs points de vue et dont nous regret-
tons de ne pbuvoir donner Ici'que les conclusions, telles d'ailleurs
que 1*4uteunles a- lui-même -sommairement résumées : 1° dans le
vertige, si 1¡ ? rl. ! u laconscience est loujours altérée;
vertige, vsi léger'qu'il il soit, la/ conscience est toujours altérée;
cette altération-.s'accroitën'.raison directe de l'intensité du ver-
tige; 3° Jneh' quc.les : .çause's cliniques du vertige soient de nature
très diverse, elles ont au moins un point commun qui est le sui-
vant : elles sont toutes, sans exception, capables d'eutraver, soit
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 34b 5
directement, soit indirectement (par voie réflexe) les fonctions cor-
ticales, et, par suite, d'altérer les phénomènes de conscience. On
est d'accord avec les données expérimentales et on fournit une
explication clinique satisfaisante quand on considère le vertige
comme relevant essentiellement d'une modification corticale ;
4" l'état d'instabilité et de paresse psychiques qu'engendre le ver-
tige favorise les manifestations de l'hypnose; 5° un sujet en état
de vertige devient anormalement accessible à l'influence du pro-
toxyde d'azote, de l'éther et des autres agents de même ordre ;
mais si ces agents anesthésiques sont préalablement employés à
dose modérée (sans aller jusqu'à l'abolition de la conscience) et si
l'on essaye alors de provoquer le vertige, on verra que celui-ci est
notablement affaibli ou même totalement empêché. Au point de
vue neuro-physiologique, ce dernier fait a une importance qui
n'échappera à personne.. R. \1.-C.
XXXII. SUR les relations cliniques ET pathologiques DE la paralysie
générale des aliénés ; par REGINALD FARRAR. (The Journal of
Mental science, juillet 1895.)
Ce long et intéressant mémoire se résume dans les conclusions
suivantes que nous fournit l'auteur lui-même :
« Mon but dans ce travail a été de démontrer que la paralysie
générale n'est à aucun point de vue une maladie spécifique, mais
bien une variété clinique d'encéphalite chronique diffuse intersti-
tielle corticale. J'admets que l'on puisse utilement conserver la
dénomination de paralysie générale comme désignant suffisam-
ment un type clinique bien accusé ; mais en comparant cette
maladie avec des états cérébraux connexes, j'ai essayé de montrer
que son identité essentielle avec quelques-uns de ces états a été
obscurcie par la manie de diagnostic différentiel dont sont possé-
dés quelques écrivains tels que le Dr Clouston et M. Voisin. Le
terme d'encéphalite corticale comprend non seulement toutes les
variétés de la paralysie générale, mais beaucoup d'autres états
que l'on a à tort, essayé jusqu'à présent de différencier de la
paralysie générale, car toutes les variétés de l'encéphalite corti-
cale sont pathologiquement homogènes, et si, cliniquement elles
peuvent fournir plusieurs types ditférents, c'est une grave erreur
de considérer ces types comme des esp1 £ i ? Ù ? 111nctes.» ? t ! R 1\1" C : .
(' ,I ? , ? ';
t 6,1 \ S ! rU'Ht ? t
XXXHI. Recherches collectives EN H. T;E,DE maladies mentais;; par
Charles AIERCIEII. COLLECTIVES EN I. e DI,; MALADIES MÊ ! 4 ? par
Charles Mercier. (The Journal of i érÎttl eltc bt`,i95.)
. ? ? 'f ?
L'auteur est le premier à reconnaître queTTo'e'e n'est pas nou-
velle et qu'elle a déjà été appliquée à d'autres branches des sciences
346 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
médicales ; mais il pense qu'elle pourrait être ici particulièrement
féconde et il le prouve en signalant un grand nombre de points
de pathologie mentale qui ne peuvent guère être éclairés que par
un travail collectif. R. M.-C.
XXXIV. SUR l'augmentation DE la FOLIE en IRLANDE ; par D. [JACK TUEE.
(The journal of mental science, octobre 189 L)
Nous résumons ici les conclurions de l'auteur : ·
Le résultat le plus saillant de l'étude des documents étudiés est
l'accroissement énorme du nombre des malades (aliénés et idiots)
admis pour la première fois dans les asiles, malgré une décrois-
sance extraordinaire du chiffre général de la population ; cet
accroissement a pour effet - sans parler des effets inévitables de
l'accumulation - d'encombrer les asiles.
On trouve à cet accroissement du nombre des aliénés une cause
très évidente et très déplorable dans l'influence exercée sur la
partie la plus faible de la population par l'augmentation de la
peine et de la responsabilité qui lui incombe par suite de l'éloigne-
ment de la partie la plus saine et la plus vigoureuse.
Bien que le fait ne puisse guère être prouvé, il semble que ce soit
là l'une de= causes importantes de l'augmentation du nombre des
aliénés, surtout si l'on se souvient de la cause qui a motivé l'émi-
gration, à savoir : l'insurmontable pauvreté du peuple dans cer-
tains districts.
Enfin les conditions fâcheuses au milieu desquelles se débat une
population privée dans une large mesure de ceux qui étaient les
gagne-pain de leurs familles ont été encore aggravées par les
mariages qu'ont contractés entre eux les membres les plus faibles
de la population et par la procréation de sujets à esprit-faible qui
en a été la conséquence héréditaire, et a donné lieu à la dégénéres-
cence de la race. R. M.-C.
XXXV. QUELQUES indications relatives ALLA prophylaxie DES TROUBLES
mentaux; par Curven. (The jou1'1ll[l of mental science, octobre i 87/k.)
C'est par les modifications de l'hérédité et de l'éducation, et
finalement par la religion, que l'auteur voudrait surtout travailler
à la prophylaxie des désordres mentaux. R. M.-C.
XXXVI. UN cas d'ecchymoses accompagnant DE l'excitation délirante;
par W. R. DAWSON, (The journul of mental science, octobre 189 : >.)
L'histoire des hémorragies cutanées ou sous-cutanées sans
origine traumatique est encore fort obscure. Après des considéra-
lions assez étendues sur le siège, l'anatomie pathologique et la
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 347
pathogénie de ces ecchymoses, l'auleur rapporte une observation
intéressante ; c'est celle d'une femme d'environ cinquante ans,
entrée à l'asile pour de la mélancolie avec hallucinations et ayant
présenté à diverses reprises des crises d'excitation, dont les der-
nières (depuis avril 1894) ont été invariablement accompagnées ou
suivies d'une éruption de plaques ecchymotiques, lesquelles ne
sont jamais apparues en dehors de ces crises. Ces plaques étaient
de nombre, de dimensions et de sièges variables ; elles se mon-
traient de préférence aux extrémités, jamais au visage; deux fois
seulement elles ont envahi les muqueuses; elles étaient tantôt
symétriques, tantôt asymétriques. Les plaques les plus grandes
avaient absolument l'aspect de meurtrissures. La température,
l'urine étaient normales, ce qui permet déjà d'exclure une origine
microbienne que rend d'ailleurs également inadmissible la coïnci-
dence invariable avec les crises d'excitation. Il ne reste donc à
invoquer comme causes probables que la congestion, ou une alté-
ration des vaisseaux, ou, peut-être, une modification du sang. Il
est vraisemblable que ces trois facteurs ont agi simultanément, et
l'auteur développe, d'après les faits cliniques observés, les raisons
qui le conduisent à admettre cette triple intervention dans le
mécanisme des lésions. R. M.-C.
XXXVI. Folie ou NON-FOLIE : REVUE sommaire DES opinions médicale
ET LÉGALE SUR LA FOLIE ET DE QUELQUES DIFFICULTÉS PRATIQUES. (The
Journal of Mental Science, juillet 1895.)
Les conclusions de l'auteur sont les suivantes; elles résument son
travail :
La loi demande à savoir à quel moment une personne cesse
d'être un membre utile de la société, et elle hésite à entraver la
liberté d'un individu tant que cet individu n'a pas démontré par
son mépris pour les libertés des autres qu'il est un personnage
nuisible dont l'internement dans une prison ou un asile est une
mesure nécessaire. Il est possible toutefois de penser que la loi
servirait mieux les intérêts supérieurs de la société, aussi bien que
ceux de l'individu, si elle attachait plus d'importance au traitement
médical précoce des personnes dont l'esprit est malade en prenant
en considération l'aspect pathologique et physique de lafolie aussi
bien que le mal social qui en est la conséquence.
La médecine, d'un autre côté, dans un but à la fois pophylac-
tique et curatif, s'efforce de découvrir les premiers symptômes de
trouble dans les fonctions les plus obscures et les plus compliquées
du système nerveux. Elle est entravée par son ignorance de ces
fonctions, et par la difficulté, sinon l'impossibilité de constater les
signes physiques directs de la maladie ; elle est par conséquent
obligée de conclure des symptômes à la maladie, sans posséder la
48 ô REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
notion certaine et précise des lésions pathologiques, mais elle
s'achemine lentement vers des connaissances physiques plus
exactes.
- Dans la pratique, un compromis intervient ordinairement entre
ces deux points de vue. La loi se meut lentement, mais elle se
rapproche, à un pas régulier, des idées médicales sous la pression
de l'opinion publique renseignée par la diffusion plus grande et
l'acquisition plus facile des connaissances physiologiques. La solu-
tion de la question de folie ou non-folie se trouve donc actuelle-
ment entre les mains du public, et si ceux qui sont en contact
immédiat et quotidien avec un homme le considèrent commeatteint
d'une maladie mentale, cet homme peut être considéré comme
légalement aliéné. R. M.-C.
XXXVIII. SUR LES affections intestinales DE nature TROPHIQUE CHEZ
LES aliénés; par Thomas-Philip CowEi\. (The Journal of Mental
Science, avril 1895.)
On voit de temps en temps apparaître dans les asiles des diar-
rhées qui ne paraissent relever d'aucune cause précise. La diarrhée
simple se rencontre dans beaucoup de psychoses, particulièrement
dans la paralysie générale, où sa durée est ordinairement longue
et sa terminaison souvent funeste. A l'autopsie, on trouve soit de
la colite, soit de l'entérite, soit encore de l'entéro-colite, souvent à
forme ulcéreuse. On ne trouve habituellement à ces diarrhées
aucune des causes ordinaires. On observe deux variétés de cette
diarrhée, mais la seconde qui est aussi la plus grave, n'est proba-
blement qu'un état plus avancé de la première. Dans la première
variété les évacuations alvines sont aqueuses, fréquentes et ne
contiennent ni sang, ni excès de mucus; ordinairement il n'y a ni
fièvre, ni symptômes généraux graves. La guérison est fréquente,
bien que la terminaison puisse être funeste. On trouve rarement
des lésions intestinales manifestes.
Dans la seconde variété les selles sont fréquentes, s'accompa-
gnent de vomissements, de douleurs,souvent de ténesme, toujours
de symptômes généraux graves : elles contiennent souvent du
sang, du mucus, des lambeaux de muqueuse : la terminaison ordi-
naire est la mort : on trouve à l'autopsie des lésions inflammations
de l'iléon et du côlon, et souvent des ulcérations de la muqueuse.
Cette seconde variété est la plus fréquente : on l'observe surtout
chez les hommes et plus spécialement dans la paralysie générale.
Le début est soudain ou progressif : la durée varie de trois
semaines à trois mois. La perforation avec péritonite consécutive
est rare : la fièvre manque souvent; quand elle existe, elle est mo-
dérée et irrégulière. L'auteur décrit ici avec soin les altérations
anatomiques observées à l'autopsie : nous ne pouvons le suivre ici
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 349
dans cette description minutieuse et nous passons avec lui à l'inter-
prétation des faits signalés.
Tous les auteurs sont d'accord pour admettre que, en dehors de
certaines maladies (fièvre typhoïde, tuberculose), les altérations
anatomiquesdel'intestin grêle sont excessivement rares. Elles sont
assurément rares chez les aliénés, et l'auteur estime qu'elles relè-
vent chez ces malades du processus général de dégénérescence
qu'ils subissent, et ont pour origine une perversion nerveuse; aussi
propose-t-il, malgré ce que cette dénomination peut avoir de
vague, de les qualifier de trophiques ou de dystrophiques. Il base
cette opinion sur les raisons suivantes : il rareté des lésions ana-
logues chez l'homme non aliéné; 2° fréquence relative de ces
lésions chez les aliénés dégénérés; 3° absence de toute étiologie
appréciable; 4° concomitance avec d'autres lésions trophiques;
5° concomitance avec les affections du système nerveux central.
On sait qu'il n'est pas rare chez les aliénés dégénérés et en par-
ticulier chez les paralytiques généraux de rencontrer des lésions
trophiques, telles que l'atrophie de la peau, des muscles et des os,
des destructions de tissus (eschares au sacrum, abcès dits «abcès
des aliénés »), des éruptions herpétiques et huileuses, des formes
insidieuses de pneumonie probablement d'origine nerveuse, des
cystites aiguës d'origine trophique. Une ou plusieurs de ces
trophonévroses se rencontrent habituellement chez les malades
atteints des affections intestinales que l'on étudie ici :
On peut expliquer de la manière suivante la production des deux
variétés de diarrhée : A. Pour la diarrhée aqueuse, celle que l'on
rencontre si souvent dans la paralysie générale, elle parait due à
une irritation centrale du nerf vague. Buzzard, parlant de cette
forme de diarrhée chez les tabétiques, la rattache à une irritation
du noyau du nerf vague dans la moelle, et Bevan Lewis attribue
l'excès de liquide à la paralysie des nerfs splanchniques (nerfs
vaso-moteurs de l'intestin) et à la transsudation consécutive qui
s'effectue des vaisseaux sanguins vers l'intestin, et qui est encore
aidée par l'augmentation des mouvements péristaltiques. Cette
paralysie vaso-motrice est probablement la cause de la présence
d'Ilots plus ou moins congestionnés et explique aussi les hémor-
ragies. -l3.les ulcérations que l'on constate ont souvent cet aspect
arrondi et à l'emporte-pièce que l'on attribue d'habitude aux
influences trophiques, et dont le type est l'ulcère simple de l'esto-
mac. L'autre variété d'ulcération, celle qui se montre le plus
nettement dans la colite ulcéreuse, est probablement due à la
même influence : elle est produite par une propagation de l'irri-
tation des noyaux médullaires, donnant lieu à une inflammation
et à une ulcération trophique de l'intestin. Il est probable que
l'ulcération ainsi provoquée s'agrandit sous l'influence des microbes
de l'intestin, dont l'influence est très active sur des tissus de
380 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
résistance et de vitalité fort amoindries. L'action nocive du bacillus
coli est très énergique à ce point de vue. R. DE MUSGRAVE-CLAY.
XXXIX. SUR la MESURE DE L'EFFORT nécessaire POUR fracturer LES
CÔTES CHEZ LES aliénés ; par.Alfred-W. CAMP13ELL. (The Journal
of Mental Science, avril 183r.) ,
Tous les aliénisles connaissent la fréquence et l'importance
médico-légale des fractures des côtes chez les aliénés : M. Mercier
a imaginé un appareil fort ingénieux pour mesurer, en poids,
l'effort nécessaire pour déterminer sur le cadavre la force néces-
saire pour fracturer les côtes. L'auteur s'est servi de cet appareil
dans 158 cas, qui se répartissent ainsi au point de vue des formes
d'aliénation mentale : paralysie générale, 18 cas ; démence sénile,
12 cas; mélancolie, 9 cas ; démence consécutive, soit à la manie,
soit à la mélancolie, 8 cas; épilepsie, 4 cas; démence organique,
folie avec hallucinations et manie chronique, de chaque, 2 cas ;
manie aigué, 1 cas. Il est arrivé aux conclusions suivantes :
1° La résistance des côtes à la fracture, dans la paralysie géné-
rale est d'ordinaire considérablement inférieure à la résistance
normale. En prenant pour moyenne de l'effort nécessaire pour
fracturer la huitième côte chez l'homme adulte, le chiffre de
62 livres pour la face convexe et de 65 livres pour la face concave
(la livre dont il s'agit ici est la livre anglaise de 433 grammes),
on trouve que chez 13 paralytiques généraux du sexe masculin,
cet effort a été de 44,8 livres pour la convexité, et de 44,4 livres
pour la concavité.
2° Dans la folie sénile, la résistance des côtes à la fracture est
également très diminuée, et le fait est surtout manifeste chez les
femmes, car en prenant pour moyenne de l'effort nécessaire pour
fracturer la huitième côte chez la femme adulte le chiffre de
29 livres pour la convexité, et de 30 livres pour la concavité, on
trouve, dans six cas de démence sénile chez la femme, les chiffres
extrêmement faibles de 11,8 livres pour la convexité, et 11,3 livres
pour la concavité.
3° Dans presque toutes les formes d'aliénation mentale, la résis-
tance est diminuée : dans les 58 cas examinés, la moyenne de
l'effort nécessaire pour fracturer les côtes a été : pour les hommes
(35 cas), de 41,04 livres du côté de la convexité, et de 42,14 livres
du côté de la concavité; pour les femmes (23 cas), de 20,68 livres
du côté de la convexité, et de 28,90 livres du côté de la conca-
vité.
4° Le sexe joue un rôle important dans la diminution de la
résistance aux fractures ; chez les femmes, en effet, les côtes
paraissent être, aussi exactement que possible, de moitié moins
résistantes que chez les hommes.
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 351
5° La résistance aux fractures varie proportionnellement à l'âge :
elle augmente d'une façon régulière depuis la jeunesse jusque
vers l'âge de trente-cinq ans, où elle atteint son maximum, puis
elle décroit progressivement.
6° Dans toutes ces expériences, la différence d'intensité entre la
force fracturante appliquée à la convexité de la côte et la force
fracturante appliquée à sa concavité a été moindre que celle que
l'auteur s'attendait à rencontrer. Dans la majorité des cas, la
résistance a paru un peu plus grande du côté de la concavité;
mais, en somme, l'écart est peu considérable.
L'auteur a eu l'excellenle idée de compléter ses recherches par
l'étude histologique des côtes soumises à ces efforts fracturants, et
il indique avec d'intéressants détails le résultat des investigations
micrographiques auxquelles il s'est livré ici ; ce qui en résulte d'une
manière très évidente, c'est que, dans tous les cas où la résistance
de l'os à la fracture est abaissée, l'examen histologique révèle une
altération des tissus qui concourent à constituer la force architectu-
rale de la côte. - R. de iIIUSGBAVE-CL : 1Y.
XL. Nouvelle contribution A l'étude DES rapports qui existent
ENTRE LES maladies chroniques DU rein ET la paralysie générale
DES aliénés; par Hubert-C. Bristowe. (The Journal of Mental
Scéezzce, julllet 9895.)
Ce travail est le complément de celui que l'auteur a publié dans
le Mental Science, et dont nous avons donné les conclusions; -,
M. Bristowe les maintient, et en se basant sur un nombre de faits
actuellement plus considérable, il continue à penser que les affec-
tions rénales, d'une forme ou d'une autre, sont extrêmement com-
munes dans la paralysie générale. Mais il est obligé de reconnaître
en même temps que, d'après les statistiques, il n'est pas aussi évi-
dent qu'il l'avait pensé que cette forme d'affection rénale soit tou-
jours la néphrite interstitielle. Il est certain que c'est celle-ci que
l'on rencontre dans la majorité des cas; dans d'autres cas, une
néphrite interstitielle qui existerait pourrait être masquée par
d'autres grosses lésions du rein. Il a observé au moins un cas dans
Jequella lésion, micruscopiquemenl douteuse, fut constatée à l'exa-
men microscopique. A ne considérer d'ailleurs que l'épaississe-
ment des artères de la pie-mère et l'accroissement de la tension
artérielle dans les gros vaisseaux, il serait bien surprenant de ne
pas trouver une altération rénale.
Plus l'auteur approfondit cette question, plus il incline à croire
que l'opinion de Gull et de Sutton est la vraie - ou tout au moins
est vraie, - lorsqu'ils soutiennent qu'il existe une maladie spé-
ciale qui est la sclérose artério-capillaire, et que, dans cette mala-
die, les reins sont communément atteints. Il ajouterait volontiers
352 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
que, dans certains cas, cette maladie peut aussi donner naissance
à une maladie du cerveau, et que cette maladie est la paralysie
générale des aliénés. R. M.-C.
XLI. La FOLIE CHEZ LES INDIGÈNES DE L'AFRIQUE DU SUD; par E. DUNCAN
f,REENLEES. (The Journal of Mental Science, janvier 1895.)
L'Afrique du Sud est peut-être l'un des pays où l'influence de la
race blanche est la plus accusée et où les effets nuisibles de la
civilisation sont le plus marqués sur la race indigène; celle-ci,
d'ailleurs, est trop mélangée actuellement avec les races voisines
pour que l'on puisse tenter de lui attribuer des caractères ethnolo-
giques propres.
Au point de vue des formes de la folie, on constate une prédo-
minance remarquable de la manie (321 cas de manie sur un total
de 473 aliénés). La paralysie générale est extrêmement rare : sur
le même chiffre d'aliéné*, l'auteur n'en a trouvé que 2 cas. Les
causes générales sont difficiles à préciser, car on ne connaît guère
l'histoire ou les antécédents des malades ; cependant il en est deux
qui ne peuvent guère être contestées : ce sont les excès alcooliques et
l'habitude de fumer le « dagga », plante très analogue au chanvre
indien.
L'auteur fait remarquer en terminant les avantages que présente
l'élude de la folie chez les peuples primitifs ; le cerveau indigène
est très analogue au cerveau d'un enfant européen ; à bien des
égards, les attributs mentaux de ces peuplades ressemblent à ceux
d'un enfant; de là des aspects nouveaux bien faits pour intéresser
l'observateur. R. M.-C.
XLII. TROIS cas DE GUÉRISON DE H mélancolie après UNE très
longue durée DE lv maladie ; par James NEIL. (Tlte Journal of
Mental Science, janvier 1895.)
Chez ces trois malades, la mélancolie avait duré respectivement
onze ans, neuf ans et demi et sept ans. Le premier de ces cas est
le cas le plus prolongé de mélancolie aboutissant à la guérison
que l'auteur connaisse, exception faite pour un cas rapporté par
le Dl' Blandford, et qui avait duré treize ans. Les trois malades
avaient présenté des symptômes qui sont généralement considérés
comme ayant une signification pronostique défavorable. La gué-
rison a été complète dans les trois cas. R. M.-C.
LIIt. Fréquence DES affections rénales constatées A l'autopsie dans
LES ASILES, LEURS RAPPORTS AVEC L'ALCOOLISME ET LA FOLIE; par
Hubert Bond.
L'auteur a fait 15r autopsies; or, 74 fois, soit dans 48 p. 100 des
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 3S3
cas, il a trouvé des altérations du rein. Cette proportion ne corres-
pond en aucune façon à celle des antécédents alcooliques chez ces
malades. Les affections rénales ne semblent donc pas une consé-
quence d'une intoxication préalable mais plutôt la cause d'une
auto-intoxication qui entraînerait les troubles mentaux secondaires.
(British médical journal, 2 mars 1895.) A. M.
XLIV. Deux cas d'hystérectomie SUIVIE d'accès d'aliénation mentale;
par Macpherson LAWRIE. (British medical journal, 19 janvier
1893.)
L'une des malades était âgée de quarante-trois ans, l'autre de
soixante-six ans, sans tare héréditaire connue. La première ma-
lade mourut en pleine manie aigué, l'autre guérit après un accès
anxieux.
A signaler dans le même numéro deux cas de tétanos traités par
l'antitoxine. Le traitement réussit chez l'adulte, chez l'autre il
n'empêcha pas la mort. C'était un enfant nouveau-né d'ailleurs.
(Drs Marriot et L.LCy-Firth,) A. M.
XLV. Extraits D'UN rapport DU comité DES maladies mentales ET
nerveuses; par VHIT<<'ELL. (Occidental médical Time, mai 189 )
Le comité émane de la Société médicale de Californie. Ce rap-
port est d'autant plus intéressant que l'État de Californie a adopté
le principe que l'on propose d'adopter en France, de la comparu-
tion de l'aliéné devant les magistrats. Chaque fois qu'un individu
est signalé comme aliéné, il doit être cité à comparaître devant
le juge. Il en résulte des situations particulièrement regrettables et
même scandaleuses, comme la comparution d'un typhoïde avec
délire ou d'une mélancolique puerpérale.
Le comité réclame le retrait de ces examens aux juges pour
qu'ils soient confiés uniquement aux médecins seuls compétents.
C'est la mesure que requiert d'urgence la sollicitude vraiment
éclairée à l'égard des aliénés. A. M.
XLVI. La folie chez les Malais; par Gilmore Elles de SINGAPOORE.
Amok et sakit-hati, tels sont les deux noms donnés aux deux
grandes formes d'aliénation mentale qu'on observe chez les
Malais. L'amok est un raptus homicide, manie impulsive rappe-
lant l'épilepsie par l'automatisme brusque de l'impulsion ambula-
toire. Le malade se précipite dans une foule frappant tous ceux
qu'il rencontre devant lui. Le sakit-hati est au contraire une sorte
d'hébétude avec dépression et confusion mentale. Les deux formes
peuvent alterner comme dans la folie circulaire. A. M.
Archives, 2e série, t. I. 23
z354 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
.XLVII. Observation DE paralysie générale associée A une atrophie
musculaire progressive; par P. SCHUSTEIt. (Neurolog. Centralbl.
XIV, 1895.)
- Démence avec idées de grandeur, immobilité pupillaire réflexe,
hypoalgésie dans les jambes (moindre à la parlie supérieure du
corps); atrophie musculaire extrême. Il s'agit évidemment de deux
maladies, car l'un des complexus morbides (l'atrophie) précédait
l'autre (la démence paralytique) de huit années.
L'auteur établit le diagnostic d'avec la névrite atrophique par
exemple du tabes dorsal, d'avec la névrite mulliloculaire avec
atrophie, d'avec la syringomyélie. Conviendrait-il d'admettre deux
groupes de cas : celui du type actuel et un autre dans lequel
- la paralysie générale précéderait l'atrophie ? On ne sait. Y aurait-il
lieu de tenir pour accidentelle la coexistence de la paralysie géné-
rale et de l'atrophie, ou de considérer cette coexistence comme
due à la même cause ? La même cause ou la communauté d'ori-
gine est supposable lorsqu'en peu de temps se succèdent les deux
maladies. Et alors, comme dans notre cas, la syphilis peut être
rendue responsable des deux maladies. Mais le long intervalle de
temps écoulé entre les deux maladies est un argument contre la
poliomyélite antérieure syphilitique. Il n'en faut pas moins, pour
juger de la question, examiner avec précision les cornes anté-
rieures des nombreuses moelles de paralytiques généraux. P. K.
XLVIII. Des paralysies psychiques ; par C. S. Freund.
(Neurolog. Cent1'anl., XIV, z.)
Les paralysies hystériques sont des paralysies psychiques, mais
toute paralysie psychique n'est pas hystérique. La paralysie psy-
chique est une paralysie centrale qui porte sur des formes déter-
minées du mouvement mais non sur quelques muscles isolés. Dans
ces paralysies, les mouvements sont suspendus exactement dans
l'ordre où l'exercice les avait fait acquérir, de sorte qu'il peut y
avoir perte fonctionnelle de tout un membre aussi bien que d'un
mouvement isolé. En d'autres termes, les mouvements volontaires
sont l'expression extérieure de certaines conceptions qui, elles,
sont le résultat de notre expérience.
Comment donc acquérons-nous nos conceptions, c'est-à-dire
l'expérience. De quelle manière et en quel lieu s'effectue le travail
mental correspondant aux mouvements acquis par l'expérience ?
D'après la théorie des unités psychiques corticales, de l'onde
moléculaire constituant la perception élémentaire, et des centres
sous-corticaux chargés d'élaborer les excitations centrifuges
(H. Sachs), l'image commémorative des impressions n'est autre
chose que la synergie des cellules reliées entre elles par des
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. "355
faisceaux d'association bien exercés et se transmettant les ondes
moléculaires qui s'y forment. Le substratum physiologique préé-
tabli, c'est la constante de l'énergie psychique. Loi, d'après laquelle
la somme des tensions de toutes les ondes moléculaires existantes
est presque constante chez certains individus dans les limites de
certains facteurs de temps. Avec l'âge, avec la nutrition, consécu-
tivement aux perturbations physiologiques dues à la fatigue, cette
quantité d'énergie psychique peut varier. De cette loi résulte que,
pour que de nouvelles conceptions deviennent conscientes, il faut
et il suffît que celles qui ont été antérieurement emmagasinées dimi-
nuent, et qu'en outre, l'intensité, c'est-à-dire la hauteur absolue
d'un groupe donné de conceptions soit toujours en rapport inverse
avec leur expansion puisque cette hauteur absolue est la résultante
'des ondes élémentaires constitutives du groupe conceptuel.
Les conceptions du mouvement forment, ainsi, les anneaux de
ces innombrables chaînes d'associations par lesquelles il nous faut
nous représenter reliées entre elles les diverses parties de notre
écorce cérébrale. C'est le jeu des ondes qui projette au-dessus du
seuil de la conscience ces conceptions, ou au contraire qui les
attire au-dessous du seuil.
Tel est le canevas de cette étude.
La finale, c'est que les fibres d'association peuvent être arrêtées
dans leur fonctionnement à raison d'un défaut de répartition de
la provision limitée d'énergie psychique nécessaire aux mouve-
ments. En ce cas, il y a arrêt de mouvements, paralysie psychique
pour l'ensemble du territoire des fibres d'association. Et cela, sans
qu'il y ait de perturbations anatomiques localisées, puisque, par
toute l'écorce du cerveau, il y a dissémination des unités corticales
et de leurs fibres d'association, qui ne sont enchaînées que par
l'exercice résultant de l'expérience.
La classification des paralysies psychiques se résume en : paralysie
psychique généralisée par abdication de l'ensemble de la vie concep-
tuelle ou stupeur, et paralysie psychique d'une partie du corps par
le détournement dans d'autres groupes conceptuels de la provision
d'énergie psychique, ou par l'absence ou l'insuffisance de la quan-
tité absolue d'énergie psychique (exemple l'hystérie). Il y a une
modification des rouages attractifs des fibres d'association excito-
motrices, chargées de tensions moléculaires.
L'organe de l'intelligence est en effet non point l'écorce du cerveau
en général, mais le système des fibres d'association. P. K.
XLIX. RECHERCHES SUR la genèse DES accès D'ÉPILEPSIE;
par W. DE Bechterew. (1\'eurolog. Cent¡'aU,l., XIV, 1893.)
Expériences sur les chiens et les chats.
Conclusions. - L'excitation des centres corticaux du cerveau
jeu REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
peut, chez l'animal adulte, provoquer des accès d'épilepsie. Les
régions de la base, si tant est qu'elles participent à cette genèse,
contribuent surtout à en engendrer l'élément tonique. Ces dernières
régions (protubérance et bulbe) pourront provoquer l'épilepsie,
dans les cas d'excitation mécanique de la protubérance, de com-
motion cérébrale, d'intoxication, mais il faut que l'écorce inter-
vienne, car c'est son excitation qui imprime aux convulsions le
caractère épileptiforme. P. KERA\'AL,
L. Observation DE métastase carcinomateuse D1`1S la CIRCONVO-
LUI'ION DU corps calleux; part. MURATOW. (IVeu ? ,olog. C27tG>'CILL.,
XIV, 1895.)
Une femme qui se plaint de douleurs abdominales est hémipa-
rétique du côté droit, cette hémiparésie est survenue brusquement.
Elle éprouve des vertiges. La parole est demeurée indemne. Il
existe un cancer ovarien qui a envahi le mésentère. Toute la cir-
convolution du corps calleux gauche est envahie par un néoplasme
qui est limité, en arrière, par le lobule paracentral. Il n'y a plus
à proprement parler de circonvolution du corps calleux au niveau
des ascendantes; la partie interne de la capsule interne est altérée.
P. K.
LI. Contribution A la symptomatologie DE L1 paralysie générale
ET DE l'épilepsie; par H1LLENBERG. (Neurolog. Cent1'ulbl" XIV,
1893.)
Etude très complète dont nous extrairons le principal.
Dans la paralysie générale (48 h., 12 f.) comparée à un nombre
égal de déments, l'auteur a examiné l'analgésie cubitale, la sensi-
bilité cutanée, celle des pupilles. Sur le premier chef, il enregistre
les mêmes résultats que Cramer; il y a analgésie cubitale chez
90 p. 100 des paralytiques généraux; chez 79 p. 100 les déments
ordinaires présentent la réaction normale. En ce qui concerne la
sensibilité culanée, ses résultats concordent avec ceux de Korufeld
et Bikeles; l'anesthésie n'est qu'un phénomène rare du complexus
symptomatique de la paralysie générale. Les pupilles sont, chez
les paralytiques, généralement égales et de moyenne largeur;
l'immobilité pupillaire s'y combine surtout à la disparition du
phénomène du genou ; après cela, comme degré de fréquence,
on constate la conservation de la réaction pupillaire associée à l'exa-
gération du phénomène du genou.
Dans l'épilepsie (26 h. 27, f.), l'analgésie cubitale est un signe de
la maladie, quand on n'a pas affaire à de la paralysie générale ;
notamment s'il s'agit d'épilepsie dite psychique, sans attaques
convulsives nettes. P. K.
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 357
LII. Une observation DE PSYCHOSE menstruelle avec GOITRE ET
EIOPUTAL : \11E périodique; par E. Thomas. (Allg. Zeitsch. f. Psy-
chiat" LI, 3.)
Il s'agit d'une fillette intelligente, de famille tarée. A l'âge de
dix-huit ans, elle reste en stupeur pendant un an. L'accès récidive
à l'âge de vingt-six ans; cette fois on constate une tumeur de goitre
avec exophtalmie; à l'époque des règles, que celles-ci apparaissent
ou non, courts accès d'agitation, souvent extrêmement vive, pen-
dant lesquels, le goitre et l'exophtalmie diminuent. Au moment
du déclin de l'agitation, l'administration de digitale pendant
dix jours empêche la stupeur de revenir. L'auteur en conclut que
la stupeur avait pour facteur une stase veineuse intra-cérébrale
qui augmentait la tension intra-orbitaire et thyroïdienne.
P. KERAVAL.
LUI. Contribution A L'ÉTUDE DES altérations DE l'urine dans LES
MALADIES MENTALES, ET, EN PARTICULIER, DANS LA PARALYSIE PRO-
GRESSIVE des aliénés; par P.-R. SIEGMUND. (Allg. Zeitsch, f. Psy-
chiat. LI, 3.)
La glycosurie (réactif de Nylander) existait chez les paralytiques
généraux (52,30 p. 100), les épileptiques (7,4 p. 100), les déments
(3î7 p. 100). Elle faisait défaut chez tout autre aliéné.
P. K.
LIV. Paralysie hystérique avec contracture ET troubles mentaux ;
par le Dr II. Bonnet.
Il s'agit d'une jeune fille de dix-huit an, atteinte d'hémiplégie
du coté gauche avec contracture des mains, hémianesthésie et
amaurose de l'oeil droit ; il existait en même temps un état mélan-
colique avec cauchemars, hallucinations. La malade présentait
aussi des lésions de tuberculose au début aux deux sommets.
Le traitement institué a été le suivant :
Electricité à courants continus, huile de foie de morue, bains de
mer chauds, phosphure de zinc, peptonate de fer. Quelque temps
après le début de la médication, on fit tous les deux jours et pen-
dant quinze jours deux injections de un centimètre cube et demi
chacune de sérum.
Au bout de trois mois, les troubles de la motilité et de la sensibi-
lité avaient disparu; la vision avait reparu ; la poitrine n'offrait
plus rien d'anormal et les conditions psychiques étaient redeve-
nues naturelles. (Annales médico-psychologiques, janv. 1890.)
E. B.
358 REVUE DE PATHOLOGIE. MENTALE.
DIIUX cas DE folie hystérique d'origine infectieuse;
par le Dr Taty.
Déjà connus depuis quelques années comme agents provocateurs
= de l'hystérie, les agents infectieux tendent à prendre la valeur
d'un facteur étiologique capable de créer la maladie de toutes
pièces. A l'appui de cette idée l'auteur présente deux observations :
Dans le premier cas, il s'agit d'une malade de vingt-trois ans,
sans antécédents héréditaires, chez laquelle sont survenus, consé-
cutivement à une infection puerpérale, des troubles hystériques
caractérisés par des phases diverses d'agitation, de confusion men-
tale, de demi-stupeur, de pseudo-catalepsie avec conservation de la
conscience. '
Chez la deuxième malade, au lieu de voir la folie hystérique
succéder cliniquement à une infection primitive, c'est l'hystérie
qui ouvre la marche par des accidents convulsifs et de la stupeur.
L'infection originelle ne s'est révélée que tardivement, mais avec
des allures si sournoises et cependant des lésions si graves que
l'auteur estime que l'agent infectieux, qui devait plus tard donner
naissance à une tuberculose pulmonaire et enlever rapidement la
malade, couvait depuis longtemps dans l'organisme et préparait son
terrain, manifestant seulement son sourd travail par les troubles
cérébraux et nerveux. (Annales médi';o-psyclwlogi'1ues, déc. 1895.)
E. B.
LVI. La folie chez LES nègres; par le D'' BABCOCK.
Sous le nom de nègres, l'auteur comprend les individus de race
africaine, qu'ils soient nègres pur sang ou demi-sang.
D'après divers témoignages, les maladies mentales sont incon-
nues chez les tribus sauvages africaines. De même la folie était rare
chez les esclaves des Etats américains du Sud.
Depuis l'émancipation, la folie est devenue de plus en plus com-
mune chez le nègre ; alors qu'en 1860 la folie était cinq fois moins
fréquente chez le nègre que chez le blanc, elle ne l'était plus que
trois fois en 1870 et deux fois en 1880.
D'après la dernière statistique de 1890, il y avait un aliéné
sur 1,364 nègres dans les Etats du Sud, un sur 542 dans les Etats
du Nord et un sur nô dans les districts et territoires. Et même
dans l'Etat de Virginie, l'accroissement des cas de folie dans la race
noire a été, depuis vingt-cinq ans, de 100 p. 100 tous les dix ans.
Les nouvelles conditions d'existence intellectuelle, matérielle et
sociale créées par l'émancipation, succédant brusquement à l'inac-
tion cérébrale la plus complète, suffisent à expliquer cet accrois-
sement énorme des cas de folie.
Un fait intéressant dans l'étude de la folie chez la race nègre,
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 3J·
c'est la rareté de la mélancolie et la fréquence, relativement bien
plus grande que chez le blanc, de la manie. Depuis quelques années
on a rencontré chez le nègre certaines formes de maladies men-
tales qu'on n'avait jusque-là rencontrées que chez le blanc : la
paralysie générale, la dipsomanie, l'intoxication par l'opium. Les
idées de suicide sont relativement rares chez le nègre. (The alienist
and nell1'olo[]ist, oct. 1895.) E. B.
LVII. La RACE dégénère-t-elle ? par le D''T.1LDOT.
Prenant pour définition de la dégénérescence celle qu'a donnée-
Morel, l'auteur montre que les signes de dégénérescence sont fré-
quents, puisqu'on en constate dans riz cas pour 100 chez les alié-
nés, dans 74 p. 100 chez les ivrognes, dans 39 cas pour 100 adultes
pris au hasard. De là à proclamer la dégénérescence de la race, ce
serait peut-être tirer une conclusion trop absolue, mais la société
doit profiter du premier pas fait dans l'étude de la dé" énérescence.
par la découverte des stigmates de dégénérescence, car la race
porte en elle les germes de sa propre destruction. (The alienist and'
neurologist, oct. 189.) A. B.
LVIII. La race DÉGËNËKE-T-ELLE ? par le D1' B.1\NIS-rElt.
L'auteur s'élève contre la théorie de Nordau, d'après laquelle la
race dégénère. Non, la race et en particulier la race américaine ne
dégénère pas; si certains de ses membres ont dégénéré, on peut,
dire que la race type s'est élevée à un degré plus élevé tant au
point de vue physique qu'au point de vue intellectuel.
Près de la moitié des cas de folie sont constatés chez des immi-
grants que leur nouveau genre d'existence a placés dans des con-
ditions spéciales. Sans médire de nos ancêtres, dit l'auteur, il y a
tout lieu de croire qu'ils avaient, en proportion, autant de vices
que leurs descendants et sous le rapport de la moralité, aussi bien
que de l'organisation sociale et politique, nous avons suivi depuis
un siècle une large voie de progrès. (The alienist and neurologist,.
oct. 1895.) E. B.
HX. La race DÉGÉ`IÈtiE-T-ELLE par le Dr KIERNaN.
Il est une loi psychologique observée par Maeautey, c'est que la,
société, tout en suivant un mouvement progressif en avant, a une
tendance générale à regarder le temps passé avec un sentiment de-
regret. De cette disposition générale de l'esprit humain a résulté
de tout temps une sorte de pessimisme populaire que des données
scientifiques sont venues, au cours de ce siècle, renforcer de leur
autorité en proclamant la notion de la dégénérescence de la race.
L'auteur réfute successivement les divers témoignages apportés-
iJ60 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
par les auteurs l'idée d'une dégénérescence delà race : tendances
littéraires actuelles; instabilité sociale; accroissement du nombre
des criminels; fréquence plus grande de la folie; diminution du
chiffre de la natalité et augmentation du nombre des enfants du
sexe féminin; enfin, le goût montré par les femmes pour les occu-
pations masculines, en même temps que l'émancipation de la
femme.
L'auteur montre combien cette dernière notion est fausse en
s'appliquant à une idée de dégénérescence, car elle représente bien
plutôt une marche en avant sur le chemin de la perfection, car,
comme le dit Shelley, « comment l'homme peut-il être libre, si la
femme est uue esclave ? » Les partisans de la dégénérescence
semblent ignorer la bienfaisante loi biologique par laquelle l'es-
pèce, en cas de dégénérescence, tend à la restauration du type.
En résumé, la race n'a pas dégénéré, mais elle a commencé, au
contraire, « à se mouvoir en avant, perfectionnant la bêle et lais-
sant s'éteindre en elle le singe et le tigre ». (The alienist and neu-
olorist, oct. 1893.) E. B.
,- ? \.y J ?
'ICVI ? DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
c.. '\... ?
LXI. DEUX cas DE TUMEUR DU canal rachidien comprimant la moelle ;
par MM. RAYMOND et NAGEOTTE. (Journal de neurologie et d'hypno-
logie, n01 1 et 2.)
Une erreur de mise en pages ayant fait paraître l'analyse de la
Note très intéressante de notre ami, le professeur Raymond, sans
les figures', nous avons cru devoir l'insérer de nouveau telle qu'elle
devait être. B.
Le premier cas concerne un homme de vingt-six ans chez lequel
l'affection débuta par des sensations douloureuses dans les mem-
bres inférieurs et par une faiblesse croissante. En même temps
survinrent des douleurs en ceinture et une névralgie du sep-
tième espace intercostal gauche. A l'hôpital on constate une para-
plégie spasmodique qui , au bout de quelque temps, devint
flasque en même temps que disparaissaient tous les phénomènes
douloureux. Anesthésie remontante jusqu'à la huitième vertèbre
' Ces figures ont été mises à notre disposition par le D' I. Crock,
rédacteur en chef du Journal de Neurologie.
Observation I. La tumeur vue obliquement par derrière ajjrès " *
ablation des arcs et d'une partie des corps vertébraux. Prolonge-, \ )
ment dans le canal rachidien et dans la gouttière vertébrale ? " v ?
'Ouscav·.mov I. - Prolongement sous-pleural de la tumeur.
N, nerf intercostal visible sous la plèvre réclinée, à la partie
inférieure de la tumeur.
1% i. 21.
Observation 1. Coupe de la moelle un peu au-dessus du point le plus
lésé, (coloration de Pul). Elargissement des travées vasculaires qui cir-
conscrivent des îlots où la myéline désintégrée est restée sur place.
Fig, 22.
Observation Il. - Prolongement intra-rachidien de la tumeur qui vient
comprimer la moelle et semble situé sous l'arachnoïde, alors qu'en
réalité il est coiffé de la dure-mère adhérente et amincie.
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 363
dorsale, troubles sphinctériens. Mort quatre mois après le début
des accidents par tuberculose pulmonaire.
A l'autopsie on trouva une tumeur violacée paraissant s'être
développée primitivement dans le sixième trou de conjugaison
dorsal droit : un des prolongements de la tumeur s'étendait sous
la plèvre, l'autre sous les muscles des gouttières vertébrales, le
troisième dans le canal rachidien où il comprimait la moelle.
Dans le second cas, il s'agit d'un homme de qnarante-neuf
ans qui se plaignit d'abord de fourmillements dans la plante des
pieds et d'une faiblesse des jambes qui augmenta peu à peu.
Bientôt cet homme fut atteint d'une paralysie spasmodique, de
contractions douloureuses et de troubles sensitifs variés dans les
membres inférieurs, consistant principalement en une déforma-
tion syringomyélique plus ou moins complète. Paralysie des
Fi ! J,23.
UI3sEW'A'l'10\ II. - Prolongement de la tumeur dans le canal de conju-
gaison, vu par en dessous après désarticulation de la vertèbre infé-
rieure.
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Fig.'21,
Observation II. Coupe de la moelle et de la tumeur; D M, dure-mère; S, smface de section séparant la
partie intra-rachidienno de la tumeur; lt A, racine antérieure tuméfiée.
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 365
sphincters, crises pseudo-angineuses, léger nystagmus. Mort par
broncho-pneumonie dix mois après le débutdes accidents.
A l'autopsie on trouva un sarcome logé dans le huitième trou de
conjugaison dorsal droit comprimant la moelle par un prolonge-
ment intra-rachidien. Dans les deux cas la lésion médullaire était
de même nature : il s'agissait d'une myélite diffuse transverse qui
altérait les cylindraxes sans les sectionner complètement, il leur
eût été dès lors possible de remplir leurs fonctions si la cause de
leur altération, c'est-à-dire la compression de la moelle, avait été
supprimée. Les constatations histologiques dans ces deux cas
étaient donc en faveur d'une intervention chirurgicale.
G. DENY.
LXII. SURDITÉ ET aphasie hystériques chez UN homme;
par le D'' EmoRy SANPIIEAR.
Il s'agit d'un homme de quarante-deux ans, teneur de livres,
qui, après quelques excès alcooliques et génitaux se réveilla un beau
matin avec une surdité et une aphasie motrice complètes avec des
fourmillements dans tout le côté droit. L'examen du malade montra
une hémianesthésie complète du côté droit, de l'abolition des
réflexes. La surdité et l'aphasie ont rapidement cédé à un trai-
tement hydrothérapique.(2'/ie afezisi andneurologisl, octobre 1895.)
E. B.
LXIII. UN cas d'acromégalie dans LE gigantisme ; par \YODS IIUT-
jcHmsorr. (The Amer. Jour, of the médical science, août 1893.)
Il s'agit d'une géante française, lady Aama, qu'on exhibait en
public et qui mourut le 27 février 1893 à Jowa. Elle mesurait
6 pieds pouces 3/4 (2m,02) et paraissait avoir dix-sept ans. Elle était
morte d'une attaque de grippe survenue au cours d'une cachexie
déjà vieille. C'était le quinzième enfant d'un pauvre laboureur et ses
frères et soeurs étaient de taille moyenne. Son intelligence était
faible. La mort l'a surprise comme sa taille croissait encore. Son
corps était très émacié; ce qui frappait, c'était le petit développe-
ment de la poitrine et du tronc relativement à celui des membres.
La longueur du membre inférieur mesurait 47 pouces (li, 193), soit
presque 60 p. 100 de la hauteur totaledu corps. Or, suivant le canon
de Blanc (Anatomie a1'tistique de Duval), qui était, paraît-il, suivi par
les anciens artistes égyptiens, la longueur du membre inférieur
représenterait normalement les 10/19 de la hauteur totale (soit
environ 52 p. 100). De même le membre supérieur mesurait
37 pouces (os, (30) et, d'après le même canon, il n'aurait dû avoir
que 33 pouces 1/3 (0 ? 8r0).
D'autre part, le sternum mesurait 8 pouces 1/4 (0m,209) ou seu-
366 .REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
lement 1/4 de pouce (os,006 environ) de plus que celui d'un
homme adulte moyen (Duval), et la clavicule 7 pouces (os,177) ou
seulement 1 pouce (0m,0234) de plus que le même étalon. La main
qui, dans le canon artistique, représente le 1/10 de la hauteur
totale était égale chez cette femme au 1/7; les doigts étaient longs,
de grosseur uniforme et aux extrémités carrées; le pied était aussi
très gros; de même la mâchoire et les os du nez. Au contraire, le
crâne avait une circonférence à peine au-dessus de celle d'une
femme moyenne, 21 pouces 1/8 (0 ? 53G) au lieu de 20 pouces
(dom, 508).
Les glandes mammaires étaient complètement absentes ; et la
circonférence de la poitrine avait seulement 2 pouces (os,05) de
moins que celle des hanches. Le coeur était d'une grosseur légère-
ment au-dessus de la moyenne, tandis que les poumons semblaient
plutôt petits. La rate, très grosse, pesait 2 livres. La glande
thyroïde paraissait normale de poids et d'aspect.
Le cerveau était pâle et, à cause de la tardiveté de l'autopsie,
dans un état de semi-dégénérescence telle qu'il était difficile de
l'enlever entier. Pour la même cause, le corps pituitaire, qui était
grandement hypertrophié, fut arraché en l'enlevant du cerveau ;
ses dimensions ont pu être déterminées par celles de la fosse pitui-
taire, dont les diamètres antéro-postérieuret transverse mesuraient
respectivement 1 pouce 1/4 (0m,031) et 1, pouce 1/2 (os,038), Le
poids du cerveau, après durcissement dans l'alcool, était de
36 onces (737 gr. 10), soit 8 onces (226 grammes) au-dessous de la
moyenne pour la femme. Les méninges étaient saines.
Les organes génitaux étaient anormaux, et les grandes lèvres
peu développées; le clitoris au contraire, extrêmement proéminent,
1 pouce 1/2 (dom, 038), ressemblait à un petit pénis. La malade
passait d'ailleurs pour hermaphrodite. Le vagin était petit et
étroit, à peine capable d'admettre l'index. Les organes génitaux
internes étaient plus ou moins atrophiés.
Les os étaient spongieux, dans un état d'ostéoporose. On pouvait
facilement enlever les dents de leurs alvéoles et on aurait pu briser
les côtes avec un léger effort. Les os, quoique plus grands, étaient
à peine plus lourds que la normale. Les sinus osseux crâniens
étaient très élargis et leurs parois très minces.
L'auteur donne différentes mensurations portant sur le tronc, le
bassin et les membres. Dans ses considérations générales, il parait
admettre que l'hypertrophie du corps pituitaire est la principale
lésion de l'acromégalie; puis il recherche les rapports qui peuvent
exister entre l'acromégalie et le gigantisme. Il pense que, dans
beaucoup de cas, les géants sont des malades ayant peu de vitalité
et mourant jeunes, et aussi que le processus acromégalique, sur-
venant dans l'enfance ou dans la période embryogénique, allon-
gerait les os comme il les épaissit dans l'âge adulte. Quel est le
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 367
rôle du corps pituitaire ? Bien que mystérieux et indéfinissable
encore, il semble devoir être principal dans la pathogénie de l'acro-
mégatie.
L'auteur en finissant fait remarquer que le corps pituitaire qui
est hypertrophié dans l'acromégalie, si souvent liée au gigantisme,
serait au contraire atrophié chez les crétins et les nains. Enfin,
d'autre part, ajoute-t-il, iessingesanthropoïdesqui, par la mâchoire,
les sinus frontaux, les mains, les pieds et la cyphose dorsale rap-
pellent les acromégaliques, présenteraient dans certains cas une
fosse pituitaire très excavée. E. T.
LXIV. Alopécie localisée dans un cas D'HYSTliRO-\EUrt-15THÉN1E
TRAUMATIQUE; par le Dr P. LADamE.
Observation d'un malade qui, tombé d'un échafaudage placé
entre le deuxième et le troisième étage d'une maison en construc-
tion, et n'ayant présenté d'autre blessure immédiate qu'une plaie
des parties molles au niveau de la bosse pariétale gauche, resta
atteint d'hystéro-neurasthénie traumatique de forme classique.
Le point intéressant de l'observation réside dans une calvitie
précoce nettement localisée au voisinage de la cicatrice de 4 cen-
timètres, située au niveau de la bosse pariétale gauche. Depuis
l'accident, en effet, le malade a perdu abondamment ses cheveux
dans toute cette région qui, du reste, est hyperesthésiée, et il n'en
reste que quelques rares mèches clairsemées qui témoignent des
limites primitives de sa chevelure. La peau ne présente, à cet
endroit, aucune altération : elle est parfaitement lisse et polie.
(Revue neurologique, janvier 1896.) E. B.
LXV. Du bégaiement hystérique; par B. S. GLIEIDENBERG. (. ! YeM)'0.
Centmlbl" XIV, 1895.)
Trois observations. Symptômes plus ou moins marqués de l'hys-
térie Le bégaiement survient toujours brusquement ; dans la
première observation, après un très fort accès d'hystérie dans
la deuxième, après une secousse morale-dsns la troisième, après
du surmenage physique. Dans les deux premières observations,
rapport étroit du bégaiement avec la mutilé ; dans la troisième le
bégaiement reste seul.
Signes différentiels du bégaiement hystérique : 1° il ne date pas de
l'enfance - 2° il survient et cesse brusquement - 3° il n'a pas
la marche intermittente 4° il persiste pendant que cessent le
trouble respiratoire et les convulsions des muscles de la face -
5° il s'accompagne d'autres signes de l'hystérie (Higier, Remak).
Pathogénie. Tous les troubles de la parole hystériques, surve-
nant à la suite d'une forte et soudaine secousse nerveuse, résultent
368 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
d'une brusque détente des éléments nerveux du centre de la
parole placé dans l'écorce du cerveau. Tant que dure cet épuisement
du cerveau, tant que les éléments nerveux, ou quelques-unsd'entre
les éléments nerveux du cerveau sont privés de leur énergie spéci-
fique et ne peuvent fonctionner, persiste la perte correspondant de
la parole (mutilé, aphasie). Quand cet état s'est dissipé, la parole
revient. Généralement cette restitution est soudaine, mais parfois
elle a lieu lentement, graduellement, parfois aussi, avec une
période intermittente de bégaiement. A cet égard les troubles de
la parole hystériques ressemblent aux troubles moteurs poslhémi-
plégiques. Ceux-ci tiennent à une interruption entre la zone mo-
trice et les organes terminaux périphériques. Même chose se passe
pour le bégaiement hystérique; si l'interruption est totale, il y a
perte totale delà parole (aphasie); est-elle incomplète, il y a une
espèce d'athétose qui est le bégaiement. La seule différence c'est que
dans ce dernier cas (de l'hystérie) l'interruption est fonctionnelle
et non organique. Un épuisement incomplet des éléments corticaux
donne une parole choréiforll1e (observation 111), le même phéno-
mène a lieu quand la restitution du courant nerveux a lieu. C'est
une sorte de trouble comparable aux troubles moteurs posthémi-
plégiques c'est-à-dire une alternance entre, la période de paralysie
complète et les troubles moteurs variés, alternance produite par
exemple par un substratum anatomique oscillant, tels les hémorrha-
gies capillaires, l'excès de pression due aux tumeurs cérébrales. P. K.
LXVI. L'algésiomètre DE iIOTSCIlUT60R'SRY ET L'ALGÉSI31ÈTRE DE IIESS;
par HEss. (Neurolog. Centralbl., XIV, 1895.)
Etude critique des deux instruments, de leur graduation, de leur
utilisation : c'est affaire d'application. P. K.
LXVII. Contribution A la QUESTION DES équivalents de la migraine;
par A. 13,Rr. (Neurolog. Cent1'albl" 1V, 1895.)
C'est l'observation d'une dame de cinquante et un ans atteinte de mi-
graine héréditaire dès sa plus tendre jeunesse ; il arrive que la migraine
disparait pour une période de deux à trois mois pendant laquelle arri-
vent des accès de gastralgie ou plutôt ces accès de gastralgie, coexis-
tant jadis avec la migraine, se montrent d'une violence exception-
nelle quand la migraine disparaît. Commeil nesaurait être question
d'affection organique de l'estomac, de neurasthénie, d'hystérie, la
gastralgie remplace la migraine. P. K.
LXVIII. UN cas d'intoxication saturnine A symptômes extrêmement
rares; par JANOWSKI. (I1 ezcrolo7. Centr«lhl., XIV, 1895.)
Ouvrier de vingt-sept ans, travaillant à la soudure de conduites
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 369
d'eau et maniant du minium.Il y a trois ans, paralysie de l'extrémité
supérieure gauche qui disparait quatre mois plus tard. Le second
accès d'intoxication se traduit par une excessive irrégularité du
pouls; celui-ci devient très petit, il y a embryocardie, paralysie
partielle du facial droit ou plutôt des deux rameaux inférieurs de
ce dernier, myosis avec diminution de la réaction à la lumière de
la pupille droite. P. KERAY AL,
LXIX. Sur une forme très rare DE scoliose alternante
dans la sciatique; par H. HiGIER. (Neu1'01o ! J. Centralbl., XIV, 1895.)
Il y a trois espèces de scolioses dans la sciatique. La scoliose
croisée (Gussenbauer et Albert, Ballet et Babinski), la scoliose
homologue de Brissaud, enfin, la plus rare, la scoliose alternante,
caractérisée par un changement de la direction de l'incurvation
dans le cours même de la sciatique.
De la scoliose alternante il y a trois types : le lype Remak, le type
Phulpin, le type Higier. Les types Phulpin et Higier ont les carac-
tères communs suivants : il s'agit d'une sciatique assez opiniâtre,
siégeant à la fois sur les rameaux sacrés et sur les rameaux
lombaires, constituée plutôt par une névrite que par une névralgie
ordinaire; la scoliose, d'abord croisée, sous l'influence d'un pa-
roxysme douloureux, prend une incurvation à direction opposée
plus ou moins persistante; mais, si on vientà comprimer plusieurs
points douloureux dans la région du plexus lombaire, on exagère
nettement cette scoliose homologue en train de disparaître à son
tour. Quoi qu'il en soit, la transformation est involontaire et dépend
de l'intensité des douleurs; elle est graduelle et subsiste une fois
effectuée dans le type Phulpin, elle est subite et passagère dans
le type Higier. ' P. IiERA\·.1L.
LXX. Contribution A la casuistique DES maladies' cérébrales aiguës
DE l'enfance; par W. 1\IURATOW. (Neurolog. Centt'albl., XIV, 189J.)
Observation 1. Abcès cérébral à la base, ayant, chez une
fillette de dix ans, comprimé l'oculomoteur commun gauche et le
nerf optique, et détiuit les lobes frontaux. OEdème de la capsule
interne et de sa branche antérieure. L'abcès communique avec les
ventricules latéraux. Ependymite aiguë gagnant le noyau caudé.
Myocardite parenchymateuse. OEdème pulmonaire. Il en est
résulté cliniquement, d'abord des phénomènes cérébraux diffus
correspondant à l'abcès des lobes frontaux, puis des symptômes,
en rapport avec la méningite purulente de la base, finalement des
attaques épileptoïdes (épend3·mite). Observation II. Jeune
garçon de sèpt ans. Coxalgie tuberculeuse, à marche trainante,
avec fistule incurable. Puis hyperthermie, ostéite multiple, otite
Archives, 2e série, t. I. 24
370 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
tuberculeuse. Convulsions cloniques de la face et des extrémités,
hémiplégie droite. L'autopsie révèle l'existence d'un tuhercule soli-
taire sous l'extrémité inférieure des ascendantes, au-dessus de la
- scissure deSylvius; zone d'encéphalite réactionnelle. L'épilepsie
jacksonienne a permis de localiser exactement le corps du délit,
les convulsions commençant par le facial, mais il était impossible
de savoir s'il s'agissait d'un abcès ou d'un tubercule, à raison de
l'otite moyenne et de la tuberculose osseuse généralisée. - Oi3srR-A-
TION III. Exemple de la prédominance des symptômes généraux
dans une affection en foyer très localisée; chez un garçon de huit
ans. Trabécule solitaire du chiasma, avec un état de confusion
mentale aiguë fébrile, sans hémianopsie temporale. P. KERAVAL,
LXXI. SUR LES P1REST11SIES localisées dans le domaine DU NERF
fémoro-cutané EXTERNE; par le professeur BERNHARDT. (Revue
neurologique, novembre 1895.)
a propos du travail d'Escat, paru dans le n° 20 de la Revue nou-
1"ologique (1895) et intitulé : « Un cas de méralgie paresthésique de
Roth (paresthésie du fémoro-cutané externe) », l'auteur rappelle
qu'il a publié dans le numéro du 15 mars 1895 du Neurologisches ?
Cezztrctl6lall, un mémoire ainsi libellé : « sur les paresthésies qui
surviennent isolément dans le domaine du nerf fémoro-cutané
externe. » Or, la communication de Roth n'a été présentée à la
Société physico-médicale de Moscou que le leur avril 1895, par con-
séquent après l'apparition du travail de l'auleur.
Bien que l'affection soit locale, non progressive et sans inconvé-
nient sérieux pour la vie, il y a lieu, cependant, d'examiner avec
le plus grand soin le malade se plaignant de paresthésie dans le
domaine du nerf fémoro-cutané externe, de rechercher les symp-
tômes d'autres maladies (tabes, diabète) et de faire des réserves
pour le pronostic. E. B.
LXX11. UN cas DE méralgie paresthésique DE IIOTII (paresthésie du
fémoro-cutané externe) ; par le Dr ESCAT. (Revue neurologique
octobre 1895.)
L'observation a été prise par l'auteur sur lui-même, fait d'autant
plus intéressant que les symptômes de l'affection sont uniquement
subjectifs.
Il est, du reste, à noter que plusieurs des observations de mé-
ralgie paresthésique sont dues à des médecins ayant rapporté leur
propre observation.
Il y a treize ans que l'auteur a éprouvé les premières atteintes de
l'affection ; peu après le début de la marche et surtout pendant la
station debout, il éprouvait dans le tiers inférieur de la face
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 371
externe de la cuisse droite, sur une surface grande comme la
paume de la main, une sorte d'engourdissement en surface qui
gagnait la peau de la région ; bientôt survenait une sensation de
brûlure, puis la plaque s'étendait excentriquement. Au bout de
quelques minutes, les symptômes allaient en s'atténuant en sur-
face et en intensité, le rayon de la plaque se réduisait progressi-
vement puis tout disparaissait.
En dehors des crises, dans le centre de la surface où se manifes-
taient les troubles sensitifs, étaient ressentis parfois de véritables
coups d'aiguille superficiels, extrêmement vifs et rapides.
A l'état ordinaire la sensibilité à la douleur est exagérée sur
toute la plaque, mais la sensibilité tactile est émoussée : quand on
frôle la plaque avec le doigt, il semble au malade que la sensation
tactile se fait à travers une lame de carton.
Depuis treize ans l'affection a présenté des variations d'intensité
et de fréquence, mais les symptômes ne se sont guère modifiés. A
une certaine période les crises se répétaient au nombre de cinq ou
six dans une journée en même temps que la plaque brûlante
s'étendait à la face externe de la cuisse et que la douleur forçait le
malade à s'arrêter. La station assise était suivie d'un soulagement
presque immédiat.
Du reste, le malade n'a jamais présenté de crises étant assis ou
couché; pas plus, du reste, que pendant la marche accélérée et
pendant la course. E. B.
LXXIII. UN cas DE méningite TUBERCULEUSE spinale ; par ROTHGANGER
(de Marc Island). (Occidental médical Times, avril 1895.)
C'est l'observation d'un matelot opéré pour ganglion tubercu-
leux du cou par un curettage avec la curette de Volkmaun.
Un mois après l'opération, lourdeur dans l'épaule et douleurs
irradiées faisant croire à une lésion persistante du plexus cervical;
deuxième opération exploratrice sans résultat, mort après six
mois. A l'autopsie, tuberculose méningée de la moelle sur la face
latérale. A. M.
LXXIV. Mélancolie aiguë consécutive UN traumatisme DU crâne; par
HoISHoLT (de Stockton). (Occidental medical Times, mars 1895.)
C'est l'observation d'un ouvrier blessé par la chute d'une poutre
avec enfoncement de la boîte cranienne au niveau de la région
frontale supérieure gauche. L'accès délirant survint quelques mois
après et motiva l'internement. Il paraît être greffé sur une incapa-
cité initiale de travailler et partant de vivre (crainte de mort, tout
le monde va le tuer, bien qu'il n'ait fait de mal à personne, tout
le consterne, etc.). Le trépan découvre un épaississement ostéo-
372 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
fibreux de la paroi crânienne et des méninges. La paroi osseuse
altérée fut seule enlevée à l'aide de douze couronnes de trépan.
Mort. - A. M.
LXXV. Deux cas d'abcès cérébraux ; par \I11. BARIiAU etIliRSCHFELDER
. '(de San Francisco). (Occidental médical Times, juin 1895.)
Ces deux cas furent suivis de mort malgré le trépan pratiqué,
dans l'un pour une otite suppurée avec propagation au sinus mas-
toide, dans l'autre pour un abcès sous-méningé avec pachymé-
ningite interne au niveau de la protubérance occipitale (deux
couronnes de trépan avec excision au ciseau du pont intermé-
diaire). A l'autopsie, on trouva des abcès profonds par propagation.
Durant la vie du second malade les symptômes marquants furent
les vertiges avec vomissements des troubles visuels et vaso-sécré-
toires, puis le coma final. A. M.
LXXVI. Quatre cas d'acromégalie ; par R.1NSCAi, LYI-TI30u.1S
et BENSON.(Bl'itish medic,joll1'" 1 CI', 8juin et 19 octobre 1895.)
Les deux premiers cas offraient, comme caractéristique, l'arrêt
précoce de la menstruation, les symptômes nets d'hypertrophie du
corps pituitaire et l'absence d'effets thérapeutiques des tablettes
d'extrait pituitaire. Le troisième présentait d'une façon particu-
lièrement nette le signe de Wernicke; l'oeil droit était amblyope
et l'oeil gauche atteint d'hémianopsie temporale. L'oeil amblyope
comme la moitié gauche de la rétine gauche ne donnaient à
l'éclairage aucune réaction pupillaire ; la partie droite de la
rétine gauche, éclairée par un faisceau lumineux réfléchi, provo-
quait une contraction symétrique des pupilles. La lésion siégeait
donc en avant des tubercules quadrijumeaux sur le corps pitui-
taire probablement (anosmie concomitante).
Dans la quatrième observation présentée à la British médical
Association, par M. Benson, le malade, un homme de trente-huit
ans, fumeur, eut une hémianopsie bitemporale qui céda à l'emploi
des tablettes d'extrait thyroïdien et à l'abstention du tabac.
A. M.
LXXVII. SUR l'étiologie DU goitre ; par MORRIS. (British médical
journal, 6 juillet 1893.)
L'auteur relate que sur une clientèle de 2,000 habitants à Ham-
bleden, il a relevé 55 cas de goitre. Rapprochant ces faits d'un
goitre développé chez une domestique à son arrivée, disparu après
son retour à Londres et du développement du thyroïde chez trois
jeunes enfants d'une même famille nouvelle venue, il estime que
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 373
l'étiologie ne saurait être autre dans le cas particulier, que l'ab-
sorption d'une eau chargee en carbonate de chaux et de ma-
gnésie. A. M.
LXXVIII. Affection BULBURE AIGUÎ3 ; par A. VAL4ENBEILG. (Archiv
sur psychiatrie und Nervenkruzzkheiten, t. XXVII, liv. II.)
Observation d'un malade qui, deux mois après le début de l'af-
fection, présentait les symptômes subjectifs et objectifs suivants;
vertige, engourdissement de la moitié gauche de la face et de la
moitié droite du corps (la face excepté), difficulté peu marquée de
la déglutition, douleurs dans la région de la nuque et parfois dans
ici ! gauche, tendance à tomber à gauche pendant la marche,
ataxie dans les mouvements des membres du côté gauche, parésie
de la moitié gauche du voile du palais, paralysie et plus tard paré-
sie de la corde vocale gauche, volume plus grand de la moitié
gauche de la langue, troubles de sensibilité dans le domaine delà
première et de la deuxième branche du trijumeau gauche.
Les troubles du sens thermique et la sensibilité à la douleur
étaient très marqués ; la sensibilité électrique, le sens de la loca-
lisation et de la pression l'étaient moins.
Absence des réflexes cornéen et conjonctival gauches, troubles
de la sensibilité à la douleur et du sens thermique dans la moitié
droite du tronc et des membres, intéressant les différentes renions
à des degrés divers, et légère altération des autres modes de sensi-
bilité ; signes d'ataxie dans le membre inférieur gauche, absence
des réflexes abdominaux, souffle systolique à l'auscultation de la
région de l'apophyse mastoïde droite. -
Après une longue discussion très documentée de son cas et d'au-
tres analogues, et après avoir étudié en détail, d'après Duret, la
circulation du bulbe, l'auteur se croit autorisé à conclure qu'il
s'agissait chez son malade d'une embolie de l'artère cérébelleuse
postérieure et inférieure gauche.
LXXIX. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE l'ophtalmoplégie aiguë ; par
A. SCHULE. (Archiv sur Psychiatrie und Nervenf,ralzkleeitezz, r
t. XXVII, 1. I, 1895.)
Deux cas d'ophtatmoplégie :
1° Une paralysie plus ou moins complète des muscles des yeux
(l'élévateur de la paupière supérieure à gauche, excepté) survient
brusquement, chez un alcoolique. Vertige, délire. La paralysie
persiste adroite; à gauche, parésie. Mort au bout de trente-cinq jours.
A l'autopsie, on trouve : des lésions vasculaires, plusieurs foyers de
ramollissement dans l'écorce; foyer étendu dans la région de l'ocu-
lomoteur droit qui a détruit les cellules et les fibres du noyau de
374 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
ce nerf et qui intéresse le pédoncule cérébral droit (ce qui explique
la parésie gauche).
2° Malade âgé de vingt-sept ans. Terrain syphilitique. Symp-
tômes de tabès au début. Paralysie complète des muscles de l'oeil
des deux côtés; l'élévateur palpébral gauche n'est que parésie. Gué-
rison presque complète au bout de tiois mois. Pas d'autopsie.
L'auteur après avoir discuté ce cas croit que cette paralysie peut
être expliquée par un exsudat méningétique de la base; une lésion
nucléaire lui parait inadmissible. LwoFF.
LXXX. UN cas DE paramyoclonus multiplex; par BREYMAN, (Archiv
sur Psychiatrie und Ne1'venlï1'an/¡heiten, t. XXVII, liv. I.)
Soixante cas de paramyoclonus multiplex ont été publiés jus-
qu'ici dans la littérature médicale. L'auteur en rapporte un cas
nouveau qui a présenté tous les symptômes caractéristiques de
cette maladie.
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE
PATHOLOGIQUES.
XXXIII. DE QUELQUES phénomènes réflexes peu connus dans LES
maladies nerveuses, ET DE la PILEUR diagnostique DU phénomène
DU PIED, ainsi QUE DES modifications DES réflexes tendineux ET
cutanés; par W. DE BECIITEIIEW. (Neu1'olo[j. Centrait., XIV, 1895.)
A. - L'auteur signale la tension brusque du tendon du biceps que
l'on voit se produire dans le membre paralysé des vieux hémiplé-
giques, lorsque fléchissant Pavant-bras dans l'articulation du coude,
on le laisse retomber passivement; cette tension arrête momenta-
nément la chute de l'avant-bras. On observe le même phénomène
quand on saisit le bras entier dans ses deux mains et qu'on exerce
l'extension brusque de l'avant-bras fléchi. Rien de semblable ne se
produit quand l'extension n'a lieu que lentement. C'est, dil M. de
Bechterew, un phénomène réflexe par élongation du tendon du
biceps qui, transmise à la moelle, fait contracter le muscle élongé.
B. Dans la névrite 7 ? îullilociilciii,e le réflexe du genou est très
ralenti. La percussion produit d'abord un ralentissement, puis une
disparition du réflexe. Après quelque temps de répit, une nouvelle
expérience produit les mêmes résultais. Intégrité en pareil cas des
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 375
réflexes cutanés et de la sensibilité (observation). Cet épuisement
du réflexe tendineux patellai1'e s'observerait aussi dans la tétanie.
C. - Chez les paraplégiques complets (sensibilité et motricité)
par affection de la moelle, une légère et égale percussion de la face
antérieure du tibia répétée périodiquement à intervalles déterminés,
toutes les six à sept minutes, par exemple, détermine la contrac-
tion réflexe des muscles de la jambe pouvant aller à la flexion de
l'articulation du genou. La percussion périarticulaire des tendons
ou des muscles de la jambe peut produire le même résultat, la
jambe étant étendue. C'est, pour l'auteur, de la. sommation des excita-
lions sensibles. Ceci s'observe encore, parfois, dans le membre para-
lysé des hémiplégiques, ainsi que dans les cas où il y a exagéra-
tion des réflexes tendineux.
D. Le phénomène podnlzqzte est-il dû à la dégénérescence
secondaire des faisceaux pyramidaux ? Pas plus que le phénomène
du genou, il n'est un signe certain de lésions organiques du sys-
tème nerveux central (Bechterew). L'asymétrie des réflexes tendi-
neux, malgré sa grande valeur diagnostique, ne peut non plus
servir de preuve absolument certaine d'une affection organique du
système nerveux. Il faut aussi se préoccuper de l'asymétrie des
réflexes cutanés que l'on rencontre dans l'hémianesthésie hysté-
rique, dans l'hyperesthésie fonctionnelle. Il faut donc faire la part
de tous les éléments d'appréciation symptomalique.
Si, par exemple, les réflexes tendineux sont exagérés et qu'il y
ait en même temps diminution des réflexes cutanés dans la moitié du
corps paralysée, on a affaire à une affection organique. D'autre
part, l'asymétrie des réflexes cutanés n'élimine pas absolument la
possibilité d'une névrose (névrose traumatique). En revanche, l'a-
symétrie des réflexes cutanés dans l'hémianesthésie et l'hyperes-
thésie sensorielle permet de déjouer la simulation (hystérie,
névrose traumatique), surtout si l'on examine avec soin les signes
objectifs tels que la réaction pupillaire, les vaso-moteurs de la
peau de la face et de la tête, l'état de la respiration, du coeur, du
pouls, etc. P. Keraval.
XXXIV. NOUVELLES communications SUR LES centres SENSORIELS ET LES
centres d'association DE l'encéphale humain; par P. FLECHSIG.
(Ne1l1'olog. Cent1'albl" XtV, 1893.) , .
- Sont, d'après l'auteur, des centres sensoriels, les parties du cer-
veau qui sont pourvues d'une couronne rayonnante, c'est-à-dire
qui reçoivent des fibres établissant une communication enlre
l'écorce et les contres sous-corticaux. En réalité, ce sont des centres
recevant et groupant les origines de toutes les parties du système
de projection, considérées, quel qu'en soit le fonctionnement,
376 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
comme des conducteurs principaux, tenus eux-mêmes pour les pro-
longements directs des cylindraxes. Ces conducteurs principaux du
système de projection ont une direction radiaire par rapport à la
surface de l'écorce. Chez- un embryon humain, âgé de quelques
semaines, cette disposition est des plus nettes. Vers la fin du pre-
mier mois, à ces conducteurs principaux, ou fibres fondamentales,
s'adjoignent des trousseaux myéliniques formant, avec les pre-
mières, un angle droit, ou fibres collatérales.
Il est probable que les fibres fondamentales de la couronne rayon-
nante sont des expansions terminales à fonction centripète, (zone
centrale du centre sensor iel) et. que les fibres collatérales qui partent
de ces dernières constituent la zone terminale ou périphérique, cen-
trifuge de ce même centre. Chaque centre sensoriel aurait donc deux
territoires corticaux : un territoire cortical central pour les fibres
fondamentales de la couronne rayonnante et un territoire cor-
tical périphérique recevant les fibres collatérales. Les fibres fonda-
mentales paraissent n'envoyer de fibres collatérales que dans le
voisinage de leur zone respective, autrement dit, le territoire colla-
téral de chaque conducteur sensoriel est lui aussi circonscrit ; toutes
les arborescences collatérales de chaque groupe de fibres fonda-
mentales ou centre sensoriel semblent en effet pourvues de leur
myéline vers le troisième mois de la vie : à ce moment il semble
que le système de projection avec ses collatérales (conducteur;
sensoriels et leurs collatérales) soit terminé. Ce qui est certain,
c'est que les fibres fondamentales du système de projection n'en-
trent guère en relation qu'avec un tiers de l'écorce du cerveau. Ce
tiers est formé de quatre territoires absolument séparés l'un de
l'autre par des centres d'association : 1° le plus grand, de beau-
coup, qui se confond en grande partie avec la zone motrice des
auteurs, sert assurément au tact. Cette sphère tactile est plutôt un
congrégat de centres sensoriels à fonction étroitement liée, dont
le tact est la plus élevée. Elle s'étend de la scissure de Sylvius au
corps calleux et est formée par les ascendantes, le pied des fron-
tales, le lobule paraceutral et la partie de la circonvolution du
corps calleux qui limite le pied des frontales (à peu près le tiers
moyen de la circonvolution du corps calleux). La paroi du sillon de
Rolando est le lieu de convergence principal des conducteurs fon-
damentaux du système de projection; déjà, sur le versant posté-
rieur de la pariétale ascendante il y a peu de fibres de projection,
tandis qu'on trouve des collatérales et des fibres d'association, etc.;
2° La sphère visuelle est le lieu qui reçoit les faisceaux de la cou-
ronne rayonnante émanés du corps genouillé externe, de la couche
optique, du tubercule quadrijumeau antérieur. C'e,t : le pourtour
de la fissure calcarine, le coin, le lobule lingual, les segments pos-
térieurs des occipitales. La région située en arrière du pli courbe
ne parait en relation avec les irradiations optiques que par des
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 377
collatérales. Le pli courbe lui-même appartient au centre d'as-
sociation pariétal.
3° La sphère auditive, formée par la continuation des faisceaux
de la couronne rayonnante émanés du corps genouillé interne, du
faisceau cortical auditif direct, du ruban de Reil latéral, occupe
surtout les circonvolutions transversales du lobe temporal. Elle est
donc en grande pat Lie cachée dans la paroi de la scissure de Syl-
vius et porte, dans la première temporale, sur la surface corres-
pondante des OV1'i transverse (tiers moyen). Le tiers antérieur et le
tiers postérieur de celle-ci constituent des sphères collatérales.
4° La sphère olfactive se compose des irradiations terminales de
la racine de la bandelette olfactive, et occupe la circonvolution en
crochet dans le point où elle touche l'insula, etc.
La couche optique a des connexions directes, mais exclusivement
par les fibres fondamentales ou tronculaires, avec toutes ces
sphères ou tous ces centres sensoriels; le centre sensoriel avec
lequel elle a le moins de relations, c'est la sphère auditive; elle en
a avec celle-ci beaucoup moins qu'avec la sphère olfactive qui est
bien plus petite.
Trois centres d'association :
1° Pariétal : ce sont les deux circonvolutions pariétales, une par-
tie de la circonvolution du corps calleux placée au-dessous du lobule
paracentral ; 2° temporal; toutes les circonvolutions du lobe tem-
poral entre la première temporale et la circonvolution de l'hippo-
campe, c'est-à-dire les deuxième et troisième temporales et le
lobule fusiforme, avec le pôle du lobe temporal. En réalité, le
centre temporal et le centre pariétal passent l'un dans l'autre par
le pli courbe et la partie postérieure du trigone. Il serait donc juste
de dire : centre tempo ro-pariétal ; c'est un lobe du double plus
grand que le centre d'association frontal ;
3° Le centre d'association frontal comprend tout le lobe frontal
moins le pied des frontales (partie des frontales située en arrière
d'une droite tirée de la portion antérieure de la scissure de Syl-
vius et montant à la crête de l'hémisphère), etc.
Le reste est à étudier en détail dans le mémoire, y compris l'étude
embryogénique minutieuse du bouquet des fibres de la couronne
rayonnante qui, du rameau antérieur de la capsule, viennent dans
le lobe frontal, et les faisceaux que le noyau lenticulaire jette dans
la calotte du pédoncule cérébral. P. Keraval
XXXV. DE l'importance DES détails de structure révélés dans les
CELLULES NERVEUSES PAR LES COULEURS D'ANILINE BASIQUES; par
C. BENDA. (Neurolog. Cerztralbl., XIV, z.)
Technique particulière de Benda. On laisse pendant deux jours,
378 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
en renouvelant une fois la liqueur, de petits morceaux de tissus
dans l'alcool à 95° ; on les met ensuite dans une solution de for-
maline à 1 p. 100 pendant un quart d'heure au moin=, vingt-
quatre heures au plus. On pratique au microtome congélateur des
coupes de 20 p. L'étude des granulations se fait au moyen de
l'hématoxyline alunée, ou avec le bleu de méthylène de Loeffler
(action de la chaleur ou immersion pendant vingt-quatre heures).
On lave à l'alcool, on ajoute sur le porte-objet quelques gouttes de
créosote. L'excès de matières colorantes à l'état nuageux est
enlevé à l'aide du papier buvard, on ajoute du xylol, on inclut
dans le baume ou dans la colophane.
Conclusion : 1° Les détails de structure révélés par les couleurs
basiques d'aniline dans le protoplasma du corps de la cellule ne sont
ni des granulations d'Ehrlich, ni une substance cellulaire à struc-
ture particulière. Ils sont constitués par du protoplasma cellulaire
non différencié ou neuroplasme plus ou moins rempli de granu-
lations basophiles; 2° ce neuroplasme se distingue nettement de la
substance fibrillairc différenciée de la cellule, substance développée,
perfectionnée dans le prolongement cylindraxile, dans le corps
cellulaire (plus ou moins), dans les arborescences; 3° les divers
dessins de structure du neuroplasme reconnaissables par la colora-
tion basique sont contrôlés par les dégénérescences correspondantes
également différenciées de la substance fibrillaire difficile à repré-
senter, et permettent de conclure à la disposition réelle de cette
substance dans le corps de la cellule ; 4° le cylindraxe doit être
tenu pour le degré le plus haut de différenciation fibrillaire d'un
prolongement de cellule nerveuse; 5° les cellules des cornes anté-
rieures de la moelle et toutes les cellules à organisation sériaire ou
filiforme du neuroplasme sont parsemées de tractus de substance
fibrillaire intercalée entre les dessins structuraux du neuroplasme.
P. K.
XXXVI. Contribution A L'ÉTUDE DES 1 ? ILtESTIIliSIES ISOLÉES dans LE
domaine du fémoro-cutané externe ; par l'. NOECKE. (Neurolog.
Centralbl., XIV, 1895.)
Auto-observation de l'auteur : 1° à la suite d'une foulure du
pied droit, en descendant un escalier, il éprouve une violente dou-
leur dans la profondeur du bassin pendant deux à trois heures.
Quatre à cinq jours plus tard, dans certaines situations, il ressent
un élancement dans la cuisse du même côté; après une longue
marche, une station debout prolongée, les muscles paraissent rac-
courcis, les aponévroses anormalement tendues; 2° le soir, inter-
viennent les paresthésies (de Bernhardt) dans la zone du fémoro-
cutané. C'est tout. Quelques frictions alcooliques et le massage en
viennent à bout en trois mois. P. K.
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 379
XXXVII. Recherches SUR LES dégénérescences consécutives aux
SECTIONS TRANSVERSES DOUBLES DE LA MOELLE; par J. FAJEMTAJK.
(Nezerolog. Cent1"albl" XIV, 180 : ),)
Etude spéciale des fibres issues de la substance grise même de la
moelle, auxquelles il serait peut-être opportun de réserver le nom
de fibres myélogènes, Examen des dégénérescences secondaires
(méthode de coloration de Marchi) consécutives aux sections spi-
nales opérées sur des chiens jeunes et adultes.
Conclusions : (0 La plupart des fibres myélogènes se rassemblent
dans le cordon antérieur et dans le cordon latéral de la moelle dor-
sale, en une couche ininterrompue qui entoure la substance grise
(zone interne), plus large dans la partie antérieure et latérale, allant
en se rétrécissant en arrière; 2° il est plus que probable qu'il faut
chercher l'origine du faisceau latéro-céréhelleux dans les cellules de
Clarke-Stilling; 3° la zone périphérique contient dans toute son
étendue, avec des fibres de ce faisceau, un très grand nombre de
tuyaux nerveux myélogènes d'un calibre assez notable ou moyen ;
4° la plupart des fibres myélogènes longues sont atteintes de dégé-
nérescence dans le segment de la moelle, isolé par la section
double ; ces longues fibres (faisceau de Gowers, faisceau intermé-
diaire du cordon latéral de Loewenthal, faisceau sulcomarginal
ascendant de Marie) s'épanouissent dans la zone périphérique, tan-
dis que les fibres myélogènes courtes occupent de préférence la
zone interne; 5° le champ antérieur des cordons postérieurs se
compose, dans la moelle lombaire, pour la plus grande partie, de
fibres myélogènes dont les cellules originelles occupent lasubstance
grise lombaire; 6° la commissure antérieure se compose surtout de
fibres myélogènes; les déchets finement grenus, épars en cette
région, doivent tout naturellement être considérés comme pro-
duits par les fibres commissurales myélogènes dont les cellules
originelles occupent les régions en dehors des surfaces section-
nées, et aussi par les fibres croisées extra-spinales. Il est certain n
qu'il faut éliminer la participation des racines postérieures à l'édi-
fication de la commissure antérieure, car dans le voisinage immé-
diat de la lésion inférieure o.ù toutes les fibres ascendantes doivent
être dégénérées, la commissure antérieure se compose presque
absolument de libres saines; 7° outre des collatérales sensitives, il va a
probablement aussi dans la commissure postérieure des libres myé-
Jogènes. En faveur de cette opinion milite le nombre considérable
de fibres commissurales saines, même dans le voisinage de la
lésion inférieure; 8° toutes les libres des conducteurs extra-spinaux
sont intimement confondues avec des fibres d'origine rnyélogène ;
il n'y a donc, quand le développement de la moelle est terminé, pas
de systèmes purs, c'est-à-dire contenant exclusivement une seule
espèce de fibres. P. K. <
380 REVUE d'aNATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
XXXVIII. Contribution A la pathologie DES dégénérescences encépha-
LIQUES DANS LES AFFECTIONS EN l'01 ? R DE L 1 ZONE MOTRICE D E L'ÉCORCE;
WL. llul;a'row. (New'ol, JJent1'Ulul, L. XIV, 1895.)
Deux observations avec analyses analomocliniques, propres à
servir de complément aux expériences antérieurement publiées
(Archiv. f. Anut. und Physiologie, 1893; Neurolog. Cent1'albl" t. XIII,
1894'), qui tendent à établir qu'unelesion unilatérale d'un hémis-
phère peut déterminer une dégénérescence descendante bilatérale.
De la pyramide du bulbe partent des fibres qui se rendent il trois
systèmes de la moelle. La crosse masse gagne l'entre-croisement;
elle fournit : a) au cordon latéral du côté opposé ; b) pour une petite
partie au cordon latéral du même côté ; c) quelques fibres, restant
du même côté, descendent dans la moelle pour constituer le fais-
ceau pyramidal direct detiirelz. Il est aujourd'hui anatomiquement
démontré (méthode de Weigert et carmin) qu'une seule et même
pyramide envoie des fibres dans les deux cordons latéraux (Pitres).
L'expérimentation montre le même fait chez le chien. P. K.
XXXIX. DES SYSTÈMES défibres QUI OCCUPENT LES segments moyen ET
POST1 : R0-1\PI : IiIEUR DU corps calleux ; par U. VOG'C. (JYeU ! '0<Og'.
Centralbl., t. XIV, 1895.)
Après avoir indiqué que sous le nom de fibres du corps calleux,
il enlend parler exclusivement des fibres commissurales, c'est-à-dire
de celles qui joignent deux points homologues du cerveau, l'auteur
procède à des études d'anatomie comparée qui nous paraissent
tendre aux résultats généraux suivants.
Voici d'abord le tapetum ou couche de fibres occupant la paroi
latérale des cornes inférieure et postérieure, entre l'épendyme et
les fibres de projection. 11 contiendrait autant de fibres dn faisceau
subcalleux que de fibres du corps calleux lui-même, et se compo-
serait d'une couche interne de fibres fines d'un jaune clair, et
d'une couche externe, bien plus large, surtout en arrière, de
grosses fibres sombres. Les fibres minces appartiennentau système
du faisceau subcalleux; les fibres épaisses sont commissurales.
Plusieurs des premières gagnent la couche externe, mais elles sont
complètement recouvertes, chez l'adulte, par des fibres commissu-
rales : ainsi s'explique l'apparente intégrité du tapetum dans les
cas d'absence du corps calleux. Les deux couches passent dans le
lobe occipital (Sachs); à la partie moyenne de celui-ci, la couche
interne a une direction antéro-poslérieure, la couche externe une
direction verticale. Cela vient de ce que les fibres du corps calleux se
rassemblent en la région dorsale de cet organe; puis, de là, gagnent
' Voy. Archives de Neurologie, Revues analytiques.
REVUE d'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 381
transversalement la couche externe du tapetum. Aussi la diffé-
rence d'orientation entre les deux couches est-elle bien moins frap-
pante dans le lobe temporal; ici, en effet, les deux systèmes de
fibres suivent l'arc d'inflexion du noyau caudé. La couche interne
s'étend dans la corne postérieure, depuis son toit jusqu'à l'extré-
mité antérieure de sa paroi médiane, ses fibres parvenant aux
extrémités convexes et basales du lobe occipital ; dans le lobe tem-
poral, elles arrivent, du reste comme les fibres de la couche
externe, aux parties homologues du segment inférieur. La région
placée directement au-dessous de l'arc de cercle du noyau caudé est
le point de concours de toutes les fibres du faisceau subcalleuxqui
proviennent des lobes temporal et occipital ; de là elles se dirigent
en commun en arrière du noyau caudé. Le plus fort trousseau
commun se trouve au-dessus de la région latéro-dorsale du ventri-
cule latéral, point où les fibres dorsales s'entrelacent avec celles du
corps calleux. Sur les côtes, la couche des fibres s'étale en s'amm-
cissant jusqu'au noyau caudé; il en est de même, au milieu, jus-
qu'au voisinage des fibres longitudinales de la saillie de la corne
d'Ammon dans la ventricule (Alveus). On constate aussi, le long de
la face dorsale et médiane du noyau caudé, l'existence d'une mince
bordure de fibres qui fournissent continuellement dans le noyau
même des éléments, plus épais et plus sombres que ceux du faisceau
subcalleux, constituant un système d'association unissant entre
elles les diverses régions du noyau caudé. Le faisceau subcalleux
entoure la tête du noyau caudé à la base duquel il se termine gra-
duellement ; une couche interne correspondante visite la .paroi
médiane de la corne cérébrale antérieure jusqu'à l'écorce, ainsi
que l'insula par l'intermédiaire de la capsule externe.
Puis vient le splenium ou bourrelet. Si l'on fait passer une coupe
transverse et perpendiculaire au-dessous du point d'union de la lis-
sure calcarine et de la fissure panéto-occipitale, on voit que, sui-
vant ce plan, la paroi médiane du lobe occipital présente, du côté
du ventricule, une couche ininterrompue de fibres du corps calleux ;
en arrière ou en haut, les parties médianes du fragment moyen de
Beevor (splenium), au milieu, un ourlet étroit revêtant la fissure
calcarine (voile interne sagittal de Sachs) en avant ou en bas,
le forceps postérieur (ou minor de Sachs). (Suivent des discussions
de rapports et d'entre-croisements de ces régions.)
L'auteur admet que le splenium fournit des fibres au trigoue;
mais celui-ci reçoit aussi des fibres latérales du corps calleux pro-
prement dit et des fibres médianes qui quittent le corps calleux à
angle droit. Les fibres latérales sont des fibres de la circonvolution
du corps calleux; les fibres perpendiculaires viennent du trousseau
antérieur fortement développé dans le tractus de Lancisi. Plus pré-
cisément, chez l'homme, les fibres antérieures du trigone (fomiæ
longues) vont par le pédicule de la cloison transparente à la subs-
38 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
tance blanche du gynts subcallosus ; là s'y joint un faisceau qui, en
haut, seconfond avec le segment antérieur du genou du corps cal-
leux, ou bien est un prolongement de la raie médiane de Lancisi.
La substance blanche du gyius subcallosus envoie alors une racine
olfactive médiane au tuber tracti 01{act01'ii, Les autres fibres se
dirigent antéro-iatératement pour former en cet endroit l'ancienne
quatrième couche de Meynert dans la substance innominée. Et l'on
en peut suivre des fibres de conjonction à la pointe du lobe tem-
poral, au noyau amygdalien, au pédoncule antérieur de la glande
pinéale.
Partie constituante de l'extrémité inférieure ou caudale du corps
calleux de l'homme. A l'arc d'inflexion formé par la branche
latérale delacorne d'Ammon qui, dans sa partie médiane, contient
les fibres antéro-inférieures du segment médian de Beevor, ne
prennent point part les fibres tangentielles médianes. Ce trajet
n'est suivi que par les fibres plus latérales. Celles-ci suivent le dos
du corps calleux et se prolongent eu ce point dans les raies de
Lancisi. Plus loin, ies fibres médianes se trouvent en dedans du
corps godronné auquel elles se rendent. Certaines parties de la lyre
sont très étroitement unies au corps calleux, à l'étal de fibres
commissurales. Mais les fibres de la lyre et celles du corps calleux
sont partout histologiquement distinctes. La formation de la lyre
précède celle du corps calleux : cela change les manières de vuirde
Meynert, Sachs, Edinger sur les relations entre chacun des seg-
ments de l'extrémité inférieure du corps calleux et l'écorce céré-
brale. P. KÉRAVAL.
XL. LES tractus nerveux sensitifs ET sensoriels ET les CENTRES ; par
G. JELGERSMA. (Neurolog. Ce)zti-albl., XIV, 1895.)
Y a-t-il, comme le prétend Ramon y Cajal, des fibres des racines
postérieures qui ne se terminant point, à la manière habituelle,
par des collatérales à arborescences terminales au sein de la subs-
tance grise (cellules nerveuses), passent directement des racines
postérieures dans les cornes antérieures de la moelle où, en rayon-
nant, elles gagnent les grosses cellules motrices ? En d'autres
termes y a-t-il des fibres radiculaires postérieures centrifuges ?
L'auteur s'est proposé de contrôler ce point par l'étude des dégéné-
rescences consécutives à l'ablation des yeux chez les jeunes pigeons
à l'aide de la méthode de Nissl. Distinguant entre les dégénéres-
cences fonctionnelles dans lesquelles il y a conservation indivi-
duelle de la cellule simplement modifiée dans son volume et sa
structure, et les dégénérescences organiques caractérisées par une
disparition complète de la cellule absorbée par un tissu étranger,
il montre que la degénérescence organique exige l'atteinte de
toute la coupe transverse du neurone qui, seule, empêche qu'il
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 383
puisse s'exercer de fonction minima. Ceci dit, l'étude de l'atrophie
du lobe optique des oiseaux prouve, d'après M. Jelgersma, que les
nerfs sensitifs et les nerfs sensoriels renferment des fibres de deux
espèces; les unes émanent des cellules des centres, les autres vont
aux cellules des centres. Tantôt ces fibres se mélangent confu-
sément, tantôt elles forment des trousseaux à fonctions centrifuges
et centripètes séparées.
Quel rôle maintenant jouent les prolongements cylindraxilesdes
cellules motrices à l'égard de la fonction sensitive et de la fonction
sensorielle ? Il appert que les phénomènes moteurs sont, en ce qui
concerne l'oeil, liés à la sensation même. Ne connaît-on pas les
noyaux spéciaux qui commandent à l'accommodation et aux mou-
vements du globe ? Reste la question de déplacements, de circula-
tion de pigments en rapport avec l'action de la lumière (Van Gen-
deren, Stort et Engelmaun); la fonction précise des fibres nerveuses
et de leurs centres qui y présideraient se conçoit avant de s'expli-
quer positivement. D'autre part les racines postérieures contiennent
des éléments centrifuges (Cajal, Van Gehuchten), parce qu'à leurs
fonctions sensitives concourent quelques phénomènes nerveux cen-
trifuges, et que, d'une manière générale, il y a réunion anato-
mique de groupes fonctionnels simultanés. Excitez en effet l'écorce
occipitale, vous pourrez produire des mouvements des globes ocu-
laires ; excitez le centre cérébral de l'ouie, vous engendrerez des
mouvements du pavillon de l'oreille. De même les noyaux mo-
teurs de la moelle sont disposés non suivant les nerfs périphé-
riques, mais suivant l'ensemble des muscles qui agissent. Il en
est ainsi pour les racines postérieures de la moelle et les nerfs
sensoriels.
L'embryogénie et la technique microscopique de ces dernières
années nous apprennent que les cellules nerveuses de la rétine et
du ganglion spinal cochléaire sont des constructions homologues à
celles des ganglions spinaux; ces cellules envoient tous les cylin-
draxes aux centres. Les fibres des nerfs optiques et acoustiques
correspondent donc aux racines postérieures de la moelle ainsi
qu'aux prolongements de celles-ci dans les cordons postérieurs de
la moelle jusqu'au noyau grêle. Les noyaux nerveux du nerf
optique sont comparables au noyau grêle, ou encore aux cellules
de la moelle autour desquelles se trouvent les fibres nadiculaires
postérieures, cellules principalement placées il la périphérie anté-
rieure de la corne postérieure. L'atrophie de la rétine et du nerf
optique des tabétiques n'est donc pas périphérique, le tabès dorsal
étant une maladie qui débute par les ganglions spinaux et leurspro-
longements cylindraxiles dans la moelle; la rétine et le nerf optique
sont donc bien les homologues de ceux-ci. La structure des cellules
des ganglions spinaux, unipolaire, n'est qu'une apparence, comme
en témoignent les travaux de Cajal, Lenhossek, van Gehuchten ;
384 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
ce qui est spécial en l'espèce, c'est que la cellule est entourée d'une
sorte de capsule revêtue de cellules endothéliales.
En résumé, il y a analogie entre les nerfs sensitifs et les nerfs
sensoriels. Tout le système nerveux sensitif périphérique est l'bomo-
logue des prolongements protoplasmiques de cellules rétiniennes et
du ganglion spinal cochléaire. Les ganglions spinaux correspon-
dent au ganglion rétinien et au ganglion spinal cochléaire. Les
racines postéiieures et leurs prolongements dans les cordons pos-
télieursde la moelle sont l'homologue des nerfs optique et acuus-
tique. Le noyau grêle et les cellules nerveuses de la base de la
corne postérieure, suivant toute la hauteur de la moelle, corres-
pondent aux centres optiques et auditifs primaires. La cellule
nerveuse de la corne antérieure, de laquelle partent les cytin-
draxes qui vont aux racines postérieures de la moelle, se retrouve
dans le lobe optique des oiseaux, dans le ganglion dorsal optique
(ganglion dorsal du nerf optique ? et il est permis de supposer la
même disposition pour le nerf auditif. Ce qui n'est pas établi, c'est
l'existence d'un centre du nerf optique qui (de même que les
fibres nerveuses des racines postérieures se terminent en partie
dans les cellules des colonnes de Clarke, lesquelles envoient leurs
cylindraxes au cervelet), projette ses cylindraxes au cervelet. Cette
connexion est cependant supposable. Les centres de l'acoustique
ont des connexions cérébelleuses. P. 111;R.1VAL.
XLI. DE L'INFLUENCE exercée SUR l'organisme humain par LES SECOUSSES
DUES aux vibrations du diapason; par `V. 13GC11TEREN, (N2211'OIUg.
Centralbl., XLV, 1895.)
Le prince d'Oldembourg a inventé une table vibratoire actionnée
par des diapasons mus par l'électricité. On obtient des ell'ets géné-
raux et des effets gradués d'après les régions plus particulièrement L
soumises à l'action vibratoire en question, et suivant des modalités
vibratoires réglées par des accumulateurs électriques. Les effets
généraux sont principalement obtenus dans la station couchée.
Voici d'ailleurs les premiers résultats de M. Tschigajew.
1° D'ordinaire les pupilles se dilatent. - 2° Pouls plus rare
ou plus fréquent (selon les personnes), souvent le ralentissement
est suivi d'accélération, et, inversement, l'accélération d'un ralen-
tissement. 3° La pression du sang augmente. 4° La respira-
tion, quelquefois d'abord ralentie puis plus rapide, peut être d'em-
blée plus fréquente; il y a finalement du ralentissement expiratoire
par rapport à l'inspiration. - 5° Presque toujours, hypothermie
axillaire, auriculaire et cutanée, tandis qu'il existe un peu d'hyper-
thermie rectale. - G° Diminution de la radiation du calorique par
la peau. 7° Légère diminution de la sensibilité tactile et doulou-
reuse ; quand il y a, avant l'expérience, asymétrie de la sensibilité
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 385
des deux moitiés du corps, on obtient un transfert mais incomplet.
- 8° La force des muscles des mains demeure, la plupart du
iemps, intacte. 9° Vers la fin de la séance ou peu après, la som-
nolence s'établit chez beaucoup d'individus. Le mémoire est
accompagné de tracés du pouls et de la respiration. P. IÜ;1\AVAL.
XLII. DES déplacements DU champ VISUEL dans LE scotome SCIN-
tillant; par E. Berger. (Neztrolog. Centralbl., XIV, 1895.)
L'auteur a étudié sur lui-même des accès de migraine ophtal-
mique commençant dans la moitié inférieure gauche du champ
visuel par des lacunes, des nuages bientôt associés à des zigzags
brillant avec fantasmes colorés aussi mobiles que les scolomes.
Les manifestations en question gagnent la partie supérieure et
droite de champ visuel qu'elles occupent bientôt tout entier. A
aucun moment le malade ne cesse de percevoir des fragments des
objets ambiants. Cet état dure dix à quinze minutes, la perception
parfaite revient à mesure que disparaissent les sensations en
question, du centre à la périphérie, comme si les nuages se frag-
mentaient ; l'accès a complètement cessé au bout d'une demi-
heure, laissant après lui, une céphalalgie très légère, une sensation
de pesanteur aux tempes, surtout à droite, qui subsiste pendant une
heure ou deux. Jamais, ni avant ni après, de paresthésies ou
auties symptômes de migraine. M. Berger insiste sur le début du
scotome par le bord inférieur gauche du champ visuel, il uoteavec
soin qu'il n'est pas paracentral mais bien exactement localisé au
point du regard. Le courant galvanique, quel qu'en soit le mode
d'application sur l'oeil, n'exerce aucune influence sur les scintille-
ments, il les additionne de phosphènes électriques, il n'a pas non
plus d'action sur les accidents subjectifs ni sur la marche de
l'accès : par suite, c'est une migraine ophtalmique d'origine cen-
trale, hémisphérique, comme le prouvent encore l'hémianopsie du
début, le scotome surtout central, la légère céphalalgie consé-
cutive.
Pendant le dernier accès la vision fragmentaire a présenté une
autre particularité. M. Berger a vu à gauche et en haut les
fragments d'objets (maisons, arbres) qu'il devait voir à droite, c'est
il dire qu'il y a eu déplacement dans le champ visuel externe
gauche et supérieur des fragments de choses perçues à la droite
du patient. L'accès passe, tout est rentré dans l'ordre.
Le trouble fonctionnel trophique ou circulatoire des centres
visuels cortico-occipitaux qui d'ordinaire, en pareil cas, trouble la
perception centrale des stimulus rétiniens (lacunes du champ
visuel) en même temps qu'il se produit des excitations anormales
(phénomènes lumineux subjectifs, scotome scintillant), peut aussi
dissocier les sollicitations physiologiques de la rétine de sorte que
Archives, 2e série, t. I. 25
386 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
les objets ambiants ne soient plus perçus à leur vraie place; il y a
donc alors perceptions frustes et peu actives. P. KERAVAL.
GLUI. Encore une RRM.41SQUE au PROFESSEUR FLECBSIG. relativement
A son travail sur UN nouveau principe DE division 01<, la SUR-
face du cerveau; par ADAMKJEW)CZ. Réponse DU professeur
F'LECIISIG. (Nell1'olog, Ce)'c[/6 ? XIV, 1895.)
L'écorce du cerveau contient des régions psychiques équivalentes
entre elles de chacun des systèmes organiques concrets. Tel doit
être le bréviaire de celui qui cherche à résoudre le problème de
la division la plus naturelle de l'écorce, en y faisant coopérer
l'anatomie, la physiologie, la pathologie (A.). Voilà un apho-
risme contre lequel je protesterais si j'en avais le temps (F.).
P. KERAVAL.
XLIV. Observation DE GLIOME dans la partie POSTÉRIEURE DE la
protubérance ET DU BULBE ; par F. JOLLY. (Archiv f. Psychiat.,
XXVI, 3.)
Parésie faciale gauche; vertiges ; vomissements ; troubles de la
déglutition, paralysie du mouvement du plan du regard à gau-
che ; parésie avec hypoesthésie du trijumeau gauche ; affaiblisse-
ment et diminution de la sensibilité dans les membres du côté
droit, c'est-à-dire paralysie croisée du facial, de l'oculomoteur
externe, du trijumeau indiquant l'existence d'une tumeur dans la
région protubérantielle qui donne naissance au noyau du facial et
de l'oculomoteur externe. Autopsie : Gliome du plancher du qua-
trième ventricule ayant gagné par l'ouverture postérieure de l'a-
queduc de Sylvius le calames sCI'ipto1'ius et totalement détruit les
noyaux du pneumogastrique et du ¡ : ! Iosso-pharyngiell, du facial, de
l'oculomoteur externe, à la branche motrice et sensitive du triju-
meau, du côté gauche, ayant partiellement détruit les mêmes
organes à droite, et s'étant infiltré dans des noyaux gauches de
l'hypoglosse et de l'acoustique ainsi que dans le ruban de Reil du
côté gauche. , P. ICERAV ? .L.
XLV. Contribution A l'étude DES affections syphilitiques DE la
moelle; par A. BoETrIGER. (Archiv f. Psychiat., XXVI, 3.)
L'anatomie pathologique doit être souvent éclairée par la cli-
nique. Telle méningite spinale syphilitique qui donne sous le
microscope l'impression d'un sarcome s'en distingue par l'exten-
sion du processus à la substance nerveuse. - Telle myelo-ménin-
gite spinale tuberculeuse, indemne de bacilles, ressemble à une
affection syphilitique; il faut compléter la nécropsie et s'attacher
à l'évolution ; la première procède rapidement, comme les mala-
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 387
dies infectieuses et avec un appareil fébrile, la seconde par pous-
sées à marche traînante. Aucun des éléments anatomiques ne peut
être invoqué en faveur d'une lésion- histologique due à la syphilis.
Les altérations vasculaires ne sont caractéristiques de celle-ci que
lorsqu'elles apparaissent en plaques isolées et qu'on ne constate
aucune relation entre elles et d'autres processus pathologiques
occupant le voisinage des vaisseaux. Sans doute aussi une gomme
au sein du système nerveux central, une vraie gomme, et non un
infiltrat gommeux est une signature de la syphilis, mais c'est un fait
extrêmement rare dans la moelle. - On pourrait, d'après l'auteur
faire le diagnostic différentiel de vivo, entre la myélite syphilitique,
la méningo-my en te syphilitique, les gommes de la moelle, en tenant
compte du début de la maladie a la suite de l'infection, des symp-
tômes de début, du mode de la marche ultérieure. C'est bien
affaire d'espèce clinique et non de nosographie. P. K.
XLVI. Partie supérieure DU ruban DE REIL ET écorce cérébrale;
par M. BOELScHowsKY. (Neurolog. Centralbl., XIV, 1895.)
Expériences sur deux chiens. Ou plutôt ce sont les chiens rendus
idiots par Goltz à la suite de l'ablation des hémisphères cérébraux
(voir les pièces de l'Institut de Senckenberg) ; il ne se produit pas de
dégénérescence du ruban de Reil quand on a épargné les couches
optiques. Le ruban de Reil ne va donc pas directement à l'écorce,
il passe dans la couche optique (théorie de Mahaim). P. K.
XLVII. DES paresthésies QUI SE montrent ISOLÉMENT dans LE terri-
TOIRE du PÉU0R0-CUTANE j par M. UERN11 : 1RDT. (Neu1'olog. Cent1'( ! lbl.,
xiv, 1895.)
Ce sont des névrites comparables aux névrites du cubital du
même auteur(A ? ,(,hiv f. lilinioch. 111edicin, XXII, p. 372), caracté-
risées par : une sensation d'engourdissement qui se montre à la
face externe et antérieure de la cuisse, de la douleur à la pression
ou à la suite d'efforts prolongés; intégrité de la mofilité. Causes :
fièvre typhoïde, syphilis, refroidissement. Amélioration, mais non
guérison, par frictions, massage, pinceau électrique, bains tièdes
salins P. K.
XLV111. Ondulations musculaires dans UN cas DE sciatique DILATÉ-
RALE chronique; par J. HOFFMANN. (Neurolog. Centralbl., XIV,
1895.)
Cantonnier de vingt-six ans, atteint, en 1872, de douleurs scia-
tiques à droite. En 1876, atteinte du sciatique gauche. Exaspéra-
tion pendant plusieurs semaines en 1880, 1882, 1886, 1888. A la
388 REVUE d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques.
période douloureuse, du moins au début, on constate des palpita-
tions et des ondulations des muscles de la région, des adducteurs
-.des cuisses, et véritable tumulte dans les mollets. ,P. K.
XLIX. Contribution A l'étude DU trajet DU ruban DE REIL (ruban
de Reil supérieur c01'lico-tha[¡tmique); par Chr. JAKOB. (Neurolog.
Centralbl., XIV, 1895.)
L'auteur tire de deux observations que l'interruption complète
du ruban de Reil dans la région sublhalamique entraine une dégé-
nérescence totale du ruban de Reil. S'il y a complète interruption
au-dessus de cette région (écorce, centre ovale), il n'y aura qu'atro-
phie simple de ce dernier. Il est donc probable que les cellules
d'où partent les fibres du ruban de Reil occupent lesenvirons de la
région sublhalamique, et peut-être les zones basales de la couche
optique notamment le globule pallidus du noyau lenticulaire.
P. K.
L. La SUCCESSION DES échelons SÉAIAIAES DE la dégénérescence
SECONDAIRE DANS CHACUN DES CORDONS DE LA MOELLE; pal' K. SCIIAF-
FER. 1,Nezirolog. Cent2'albl.; XIV, 1895.)
Une fillette reçoit un projectile au niveau de la onzième vertèbre
dorsale; elle succombe au bout de cinq mois au marasme et à la
gangrène trophique du décubitus lentement progressifs. La lésion
transverse de la moelle a déterminé : tout d'abord, une dégéné-'
rescence secondaire des cordons de Goll, puis des faisceaux pyra-
midaux, finalement une dégénérescence descendante des cordons
postérieurs et ascendante des faisceaux cérébelleux et du trousseau
de Gowers. Des expériences réalisant les mêmes conditions trauma-
tiques chez le chat démontrent que, quatre jours après l'opération,
commence une dégénérescence ascendante des cordons de Goll et
descendante des faisceaux marginaux etintermédiaires du cordon
latéral (Loewenthall, qu'il se produit en outre le sixième jour, une
dégénérescence du faisceau latéro-cérébelleux, que le quatorzième
jour, il y a dégénérescence très nette des pyramides (cordons laté-
raux). L'auteur insiste sur le parallélisme qu'il y a entre les éche-
lons de la série du développement des manchons, de myéline et
ceux de la série des dégénérescences secondaires des systèmes
de la moelle. P. K.
LI. LA SECTION TRANSVERSE DE DEUX PYRAMIDES CHEZ LE CHIEN;
par J. STARLINGER, (Neurolog. Centrafbl., XIV, 1895.)
» De ses expériences l'auteur conclut :
1 Les faisceaux pyramidaux du chien ne jouent dans la locomo-
.tion qu'un rôle subordonné; 2° le chien doit avoir une autre voie
REVUE d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques. 389
de communication chargée de transmettre les ordres de l'écorce
cérébrale aux muscles ; cette voie ne passe pas par les pyramides;
3° actuellement nos connaissances anatomiques ou physiologiques
ne permettent pas de préciser cette voie. Meynert a indiqué la zone
médiane de la calotte comme tractus moteur. Ce sera à examiner.
P. K.
LII. D'un TROUBLE VASO-MOTEUR HÊMILATËRAL d'origine cérébrale;
par Kaiser. (Neurolog. Centmlbl" XIV, 1895.)
Démente sénile, de soixante-neuf ans. Au début de l'année cou-
rante, hémi-oedème, hémi-rougeur, hémi-hyperthermie, hémi-sug-
gillatious à la moindre pression, du côté droit. En mars, cet état .
subsistant, légère fièvre, marasme, mort. On constate à l'autopsie :
de l'artério-sclérose; une atrophie générale du cerveau ; un foyer
de ramollissement, du volume d'une pièce de 1 franc, dans le
lobule pariétal intérieur (supramarginal) ; un kyste dans le noyau
lenticulaire ; enfin un foyer de ramollissement, en strie de uucen-
timèlre de Ions au milieu du noyau caudé. 11. Kaiser attribue à
cette dernière lésion le trouble vaso-moteur, et, au noyau caudé la
fonction vaso-motrice croisée. P. K.
LUI. LE TROUBLE DE la sensibilité de BERNHARDT au niveau DE la
cuisse; par S. LREeD. (Nezl1'olog, Centralbl., XLV, 1895.)
L'auteur joint son observation personnelle au mémoire de Bern-
hardt sur les paresthésies et sensations douloureuses dans la région
du fémoro-culané. D'après sa clientèle, l'affection serait plus fré-
quente à droite. Enfin Hosenherg en a vu un cas chez une dame
tandis que jusqu'ici on ne l'avait observé que chez l'homme.
P. K.
LIV. SUR un complexus symptomatique caractérisé par des troubles
DE la COORDINATION, CONGENITAUX ou acquis; par Nonne. (Archiv.
fier Psychiatrie M) : (/Verce) ! /ttWt ? te<<6) ! , t. XXVII, 1. 2.)
Depuis Friedreich on a décrit un grand nombre de maladies
dont le symptôme fondamental a toujours été l'ataxie des mouve-
ments. M. Nonne a relaté eu 1892, l'histoire pathologique de trois
frères qui tous présentaient les mêmes symptômes rattachés par
l'auteur à une gracilité congénitale et héréditaire du cervelet et de
la moelle épinière. Cette fois, M. Nonne, se basant sur sept obser-
vations personnelles, cherche à démontrer qu'il existe des formes
intermédiaires, entre la maladie de Friedreich, l'atrophie du cer-
velet, l'ataxie cérébelleuse héréditaire de P. Marie, le tableau cli-
nique présenté par lui et les cas mixtes des différents auteurs.
390 revue d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques.
Ces formes intermédiaires sont caractérisées par des troubles de
coordination dans les mouvements des muscles des membres, de
la tête, du tronc, des muscles de la phonation et du langage arti-
- culé. -
- On trouve aussi des mouvements anormaux du globe oculaire,
mais la fonction de la pupille reste intacte; le nerf optique n'est
jamais dégénéré, l'intelligence peut être diminuée, les réflexes
tendineux sont normaux ou exagérés; il peut survenir de la rigidité
musculaire; pas de troubles de la sensibilité ni de troubles sphinc-
tériens.
Ce complexus symptomatique apparaît spontanément chez les
enfants en bas âge ou se développe à la suite d'une maladie infec-
tieuse ou d'une maladie cérébrale aiguë, chez les adultes, par
exemple. L'hérédité et le cachet familial manquent. La marche de
la maladie. est éminemment lente; les paralysies et les contractures
n'ont pu être observées jusqu'ici.
Quant à l'anatomie pathologique, l'auteur, se basant sur les
autopsies faites dans des cas analogues aux siens, conclut : « Il
s'agit dans tous ces cas soit d'une anomalie, soit d'un arrêt de
développement ou d'un processus dégénératif de ce vaste système
de libres qui, par les cordons grêles de la moelle, les olives, les
corps resliformes croisés, pénètrent dans le cervelet et de là par
les pédoncules cérébelleux supérieurs dans le cerveau ». On n'est
.pas encore à même de savoir si ce dernier participe aux lésions.
Lworr'.
LV. SUR LES altérations secondaires DE la moelle épinière, CONSÉ-
CUTIVES aux désarticulations DE l'épaule; par \VILLE. (Archiv. sur
Psychiatrie und Nervenkmnliheiten, t. XXVH, 1. Il.)
Etude microscopique de trois moelles épinières dont les deux
premières appartenaient à des individus ayant subi une désarticu-
lation de l'épaule gauche, le premier dix ans et le second quarante
ans avant la mort; la dernière à un homme, mort quatre ans
.après une amputation du bras droit. Les coupes ont été faites
surtout dans le segment compris entre la deuxième paire dorsale
.et le plan bulbaire passant par les racines de l'hypoglosse.
Les lésions avaient leur maximum au niveau des septième et
.huitième paires cervicales et diminuaient progressivement en bas
et en haut. Au niveau des septième et huitième paires, la moitié
.atteinte de la moelle est plus petite, ce qui tient à une diminution
.de volume du cordon de Burdach et de la substance grise dans sa
totalité. Le rapport du cordon cunéiforme du côté sain à celui du
aûté malade est comme 3 : 2. Le cordon de Goll est intact. Les
autres cordons ne paraissent pas diminués. Dans le cordon de
Burdach : zone de dégéuération de forme triangulaire à sommet
REVUE d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques. 391
antérieur; elle n'est séparée de la commissure postérieure que par
une mince bandelette de substance normale. La corne postérieure
est plus étroite ; la corne antérieure est déformée, son bord
antérieur est concave, par places sa partie moyenne manque et
elle est séparée en deux tronçons. Dans toute la substance grise,
diminution de l'élément fibrillaire; les racines motrices possèdent
moins de fibres. Ces altérations s'atténuent à mesure qu'on s'ap-
proche du bulbe; mais sont encore sensibles au niveau de l'appa-
rition de la bandelette intra-bulbaire de l'hypoglosse.
Il ne s'agit pas, dans ces cas, comme on l'a souvent prétendu,
d'une simple atrophie d'une moitié de la moelle. La lésion pre-
mière, c'est la dégénération bien localisée d'un segment du cordon
de Burdach et l'atrophie ne vient que consécutivement. Les cellules
scnsitives et motrices sont toujours atteintes; quant aux lésions des
cellules des ganglions spinaux on n'en a pas encore de preuves
certaines. Ltvoff.
LVI. SUR la compression totale DE la RÉGION supérieure DE la MOELLE
épinière; par EGGER, (A1'chiv, rÜ1' Psychiatrie und Nervenkran-
kheiten, t. XXVII, 1. 1, 1895.)
Observation d'une malade, qui présentait à la suite d'une frac-
ture des vertèbres cervicales inférieures, datant de onze ans, les
symptômes suivants :
Paraplégie complète des extrémités inférieures; anesthésie de la
face interne des bras et avant-bras, du tronc à partir de la troi-
sième côte et des jambes; absence des réflexes tendineux; paralysie
de la vessie et du rectum; troubles vasomoteurs; troubles psy-
chiques (hallucinations terrifiantes, culpabilité imaginaire).
Autopsie et examen microscopique : Destruction totale des
éléments de la moelle épinière au niveau de la première racine
dorsale. Au-dessus de la lésion, dégénérescence des cordons et
dissociation de la substance grise. A la partie moyenne de la moelle
cervicale, dégénérescence ascendante typique. Immédiatement au-
dessous de la lésion, sclérose de l'ensemble des cordons. Au niveau
de la deuxième racine dorsale, la moelle a sa configuration nor-
male. Sclérose dans la région des cordons postérieurs jusqu'au
niveau de la dixième racine dorsale, dégénérescence typique des
faisceaux pyramidaux croisés jusqu'au-dessous du renflement lom-
baire et des segments antérieurs des cordons latéraux dans la
région dorsale. Diminution du nombre de cellules dans les cornes
antérieures du renflement lombaire. Atrophie musculaire dans la
région de l'éminence thénar droite. Atrophie et disparition totale
des libres dans les extrémités inférieures, surtout à droite.
C'est la un nouveau cas de compression de la moelle avec abo-
lition des réflexes tendineux; fait paradoxal en apparence et qui
392 REVUE d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques.
contredit les données classiques de la physiologie de la moelle.
Cette contradiction a attiré dans ces derniers temps l'attention de
neuropathologistes qui ont essayé d'en donner l'interprétation.
. La théorie la plus connue est celle de Bastian-Jackson d'après
laquelle le cervelet jouerait un rôle considérable dans la production
et la régularisation des réflexes médullaires. M. Egger n'admet
pas cette théorie; pour lui, l'abolition des réflexes est due à une
action traumatique, que subit la substance grise par suite de la
compression; une abolition des fonctions de cette substance en est
la conséquence. Plus tard, les muscles s'atrophient et ne répondent
plus à l'excitation, même quand la fonction est rétablie.
LWOFF.
LVII. TROIS cas DE RUPTURE NON traumatique DE la VESSIE CHEZ DES
malades atteints DE paralysie générale; par Herting. (Archiv f.
Psychiatrie and Nervenkrankheiten, t. XXVII, liv. II.)
De ces trois malades, un seul avait éte sondé à l'aide d'une sonde
en gomme. Aucune violence n'a pu être exercée sur ces malades.
L'examen microscopique a montré que dans les trois cas, les fibres
musculaires de la vessie étaient atteintes à divers degrés de dégé-
nérescence hyaline, colloïde ou graisseuse.
LVIII. NOTE A PROPOS DES lésions vasculaires dans la syphilis DES
centres NERVEUX ; par le D1' Lamy. (Revue neurologique, jan-
vier 1890.)
L'étude de l'artérite syphilitique présente plusieurs difficultés ;
la première résulte de l'ancienneté ordinaire de la lésion ; la
seconde, de la difficulté qu'il y a de déterminer le point précis de
l'artérite nodulaire vraiment spécifique qui est la lésion initiale ; -,
la troisième, que signale l'auteur, est la possibilité d'infections
secondaires, chez les syphilitiques touchés du côté des centres
nerveux. Ces malades peuvent, en effet, présenter des troubles
trophiques graves, portes d'entiée d'infections secondaires; ils
succombent le plus souvent à une infection du sang et rarement
du fait de la syphilis seule. Il faut être servi en quelque sorte par
le hasard pour avoir le droit de dire qu'on se trouve en présence
d'une myélite syphilitique pure.
L'auteur a pu faire une recherche minutieuse de l'état des vais-
seaux de la moelle, dans un cas de paraplégie syphilitique récent
et pur de toute infection secondaire.
Il a constaté que : 1° les veines étaient atteintes à un degré
beaucoup plus profond que le système artériel, qui pouvait être
regardé comme à peu près intact du haut en bas de la moelle ;
2° que la lésion initiale était partout la périvascularite. Nulle part
REVUE D'ANATOI>;IE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 393
d'endophlébite oblitérante, au moins indépendante ; nulle part
d'endarLériLe, mais seulement une périartérite très discrète.
Dans les formes compliquées d'infection septique secondaire, les
vaisseaux de la moelle présentent des altérations bien différentes
de ces dernières et qu'on est fondé à attribuer à l'infection sura-
joutée : elles consistent essentiellement dans la présence de
thromboses intra-veineuses surtout et intra-artérielies, pouvant
évoluer vers l'organisation et entraîner une endovascularite secon-
daire E. B.
Lita. LE fonctionnement cérébral pendant LE SOMMEIL hypnotique ;
par le Dr LANP1S. (Annales médico-psychologiques, décembre 1895.)
L'état de veille est l'état normal de fonctionnement psychogé-
nique des centres cérébraux. L'auteur considère comme nécessaire
à l'état de veille le fonctionnement d'un centre de coordination
intellectuelle supérieure, de fixation et d'élaboration des matériaux
fournis par les autres centres. L'état de cessation du fonction-
nement psychogénique d'un centre constitue le sommeil de ce
centre.
L'etat de cessation du fonctionnement psychogénique du cerveau
entier constitue le sommeil normal complet, à côté duquel se ren-
contrent les sommeils partiels accompagnés de rêves et constitués
par l'état de repos du centre supérieur en même temps que par le
fonctionnement partiel ou total d'autres centres (rêves partiels ou
généralisés). Le sommeil hypnotique est un état de sommeil pro-
fond et durable du centre supérieur; l'état des autres ne différant
de l'état normal que par la cessation de leurs communications
avec le centre supérieur, d'où une plus grande intensité dons leur
fonctionnement Comme tous les autres centres, le centre supérieur
serait sujet à certaines maladies (dans certains genres de dé-
mence ? ) ou inhibé à l'état normal, surtout chez des prédisposés ou
sous l'influence du fonctionnement exagéré d'autres centres :
ainsi le fonctionnement intensif d'une zone visuelle pourrait pro-
duire l'hallucination, au cours de laquelle il y aurait inhibition du
centre supérieur. E. B.
LX. Circonvolutions cérébrales anormales; par le Dr J. ! \IICKLE.
L'auteur constate tout d'abord que les schémas et figures donnés
comme représentant le type normal des circonvolutions cérébrales
sont d'une part insuffisants, d'autre part erronés : en effet cer-
taines scissures sont trop accentuées et d'autres, importantes
cependant, singulièrement diminuées ou même oubliées; de plus
les descriptions sont faites d'après des cerveaux pris au hasard
dans les salles d'autopsie, sur des cadavres dont on ignore l'his-
394 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
toire et les antécédents, si bien que des dessins donnés comme
typiques représentent cependant des cerveaux anormaux.
Les anomalies les plus fréquentes se rencontrent du côté droit.
Elles sont caractérisées par l'irrégularité des plis, que ces derniers
soient parcourus par des scissures ordinaires modifiées dans leur
direction, leur profondeur, leur longueur, ou qu'ils soient divisés
par de nouvelles incisures.
Ces modifications sont plus marquées dans le lobe pariétal que
.partout ailleurs.
Parmi les nombreuses anomalies décrites, une des plus fréquentes
est l'isolement superficiel, sous forme d'îlot, d'une partie du lobule
quadrilatère, ordinairement dans sa portion postéro-supérieure,
par la bifurcation de la scissure perpendiculaire interne. Plus ou
moins en rapport avec les anomalies du lobule quadrilatère, on
observe aussi de fréquentes anomalies des denx bords de la scissure
perpendiculaire interne et des circonvolutions adjacentes. (The
alienist and neurologist, oct. 1895.) E. BLIN.
LXI. Lésions produites par l'action DE l'alcool éthylique SUR LES
CELLULES DE L'ÉCORCE CÉRÉBRALE; par le Dr BEItCELET.
En étudiant par les nouvelles méthodes de coloration les cel-
lules cérébrales de lapins à qui on avait donné pendanl plusieurs
mois des doses quotidiennes d'alcool éthylique pur, l'auteur a
trouvé dans ces cellules des lésions constantes. Le nucléole est
augmenté de volume, a pris un aspect spongieux; son contour est
irrégulier. Le corps cellulaire présente sur ses prolongements pro-
toplasmiques des tuméfactions variables en grosseur et en situa-
tion. Ces altérations des dendrites sont accompagnées ou même
précédées par des modifications particulières dans les bourgeons
latéraux que présentent normalement les dendrites; en effet, ces
bourgeons disparaissent et les dendrites prennent un aspect grêle
caractéristique.
Les cylindraxes paraissaient normaux. En même temps on a
trouvé quelques altérations dans les gaines lymphatiques des vais-
seaux. Un fait ressort nettempnt de cette étude, c'est que l'alcool
qui était réputé le moins toxique de sa série détermine cependant
des lésions accentuées sur les cellules nerveuses. (American journal
of insanity, juillet 1895.) E. B.
LXII. SUR un phénomène plantaire chez les tabétiques; par le
Dr RUBENS HIHSCHBERG.
Quand on promène l'ongle du pouce rapidement le long de la
plante du pied, comme on fait pour provoquer le réflexe plantaire
cutané, au moment même le malade a parfaitement la sensation
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 395
tactile, sans que le réflexe ait lieu; puis cinq ou six secondes plus
tard, le malade secoue et retire violemment la jambe et éprouve
une forte douleur, le long du passage de l'ongle.
L'auteur a rencontré ce curieux phénomène d'hyperesthésie
plantaire chez tous les tabétiques qu'il a eu l'occasion d'examiner;
il le considère donc comme constant à un certain moment de l'évo-
lution eu tabès dorsalis, sans pouvoir encore se prononcer sur la
valeur diagnostique de ce symptôme, tous les malades chez les-
quels il l'a observé étant des tabétiques en plein développement.
(Revue neurologique, oct. 1895.) . E. B.
LXIII. Rapports ENTRE l'appareil A ! Ii1'ULLAIRE DE l'oreille interne
ET les centres OCULO-fOTEURS; par P. BONNIER.
Elude documentée et complétée par un schéma, de ces rapports
au point de vue anatomique, physiologique et clinique. Les troubles
ampullaires sont intéressants à connaître, car ils peuvent plêler
leur symptomatologie à toute espèce de troubles oculo-moteurs,
et qu'en présence de ces derniers, il faut bien se rappeler qu'après
la rptine elle-même, c'est le labyrinthe, et particulièrement l'ap-
pareil ampullalre, qui commande aux appropriations oculo-mo-
trices, comme aux fonctions d'équilibration.
Les troubles oculo-moteurs sont fréquemment symptomatiques
d'affections labyrinthiques, surtout nucléaires. Tous les noyaux
oculomoteurs peuvent ainsi se trouver pris par l'irradiation réflexe
issue de l'appareil ampullaire, et téaliser les tableaux cliniques les
plus complexes. Il faut donc, en présence de ces troubles oculo-
moteurs, songer à l'appareil ampullaire et se rappeler que le nerf
labyrinthique, en sa qualité de racine postérieure la plus active et
la plus grosse de toutes, sera la victime de choix guettée par le
tabes. (Revue neurologique, déc. 1895.) E. B.
LXIV. C00R1·.E CHEZ deux cardiaques. Contribution LA PHYSIO-PATHO-
LOGIE DE LA CHORÉE DES ADULTES; par le Dr R. M.aSS.\LONGO.
Dans les deux observations citées par l'auteur, et ayant trait
l'une à un cardiaque de soixante ans, l'autre à un cardiaque de
soixante-dix ans, il existe un enchaînement étroit entre les mouve-
ments choréiques et les accidents cardiaques. - En elle[, avec les
premiers phénomènes d'asyslolie ont apparu les mouvements
choréiques; avec la disparition de l'asystolie sous l'influence du
traitement approprié, les mouvements ont diminué et disparu; ils
sont revenus avec l'asystolie. Les conclusions de l'auteur sont que
la chorée mineure peut s'observer au cours des cardiopathies com-
munes lorsque celles-ci réunissent les conditions suivantes :
1° L'aulo-intoxication ordinaire des affections cardiaques (irri-
tant chimique); .. Il
396 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
2° Des troubles de la circulation cérébrale liés à des altérations
locales (artérite chronique) ;
3° L'aedènle histologique du cerveau ;
4° La méningite chronique localisée au niveau des zônes motrices
corticales. [Revue neurologique, novembre 189.) E. B.
LXV. Sur QUELQUES modifications DE STUCTURE constantes DES racines
spinales ; par E. DE AIASSARY.
L'auteur a pratiqué des coupes en séries de racines dorsales,
lombaires ou sacrées de cinq sujets morts d'affections quelconques,
mais dont aucun ne présentait de symptômes médullaires. La
comparaison des racines de cinq malades permet de décrire,
outre la disposition d'ensemble correspondant à l'état normal, cer-
taines modifications constantes, dont les degrés seuls varient,
attestant ainsi la sensibilité prévue de cette région et imputables
à des affections antérieures ou actuelles. Ces modifications cons-
tantes résultent de deux particularités de structure de la racine
rachidienne : 1° tractus fibreux étranglant et dissociant les filets
nerveux; po enveloppement direct par une séreuse. L'irritation
p roi itérative que détermine l'infection aboutit à la production du
tissu fibreux.
Dans les cas observés, ces lésions, absolument banales, n'ont en
rien altéré la vitalité des neurones sensitifs et moteurs, dont l'inté-
grité était, d'ailleurs, prouvée par la clinique, et cependant elles
sont identiques avec celles que le Dr Nageotte a décrites comme
étant la cause immédiate du tabès. (Revue neurologique, décembre
1895.) 1 1 : . B.
LXVI. L'emploi DE la méthode DE coloration DE WEIGERI' ET PAL,
pour LE système NERVEUX central durci dans LE formol; par
H. l\1ARCUS. (Neurolog. Centrabl., XIV; 1895.)
Le formol durcit fort bien; il conserve : au système nerveux son
élasticité; le cerveau et la moelle ne sont ni friables ni recoquillés,
les lésions conservent leur aspect; le formol en renforce simplement
les caractères ainsi que la beauté. Ainsi, pour la moelle tabétique;
on voit nettement à l'oeil nu, les parties blanches, et les cordons
postérieurs sont d'un transparent gris brun. Au bout de deux à
quatre semaines on peut obtenir de bonnes coupes à la celloïdine
et le microscope montre des noyaux bien colorés. Voici au sur-
plus la technique.
La moelle sera durcie dans une solution de formol à 1/2 p. 100
pendant deux à quatre semaines. On coupe alors un morceau d'un
demi centimètre d'épaisseur. Immersion dans le liquide de Muller
au bain-marie à 37° pendant huit jours; puis, dans l'alcool à 95°
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 397
(vingt-quatre heures), vingt-quatre heures encore dans l'alcool
absolu. Enfin inclusion dans la celloïdine.
Couper au microtorne. Immersion dans la liqueur de Aiüller au
bain-marie, de quelques jours à une semaine. Lavage rapide à l'al-
cool. Immersion, deux jours au moins, dans le réactif colorant de
Weigert et Pal. Puis décoloration et différenciation, ainsi que l'a
décrit Pal.
Les gaines de myéline sont bleues; tout ce qui est dégénéré est
complètement décoloré. Les cellules nerveuses sont très distinctes,
leurs noyaux sont très nets. P. K.
LXVII. Structure normale ET altérations AN.1TOM0-P.4THOLOG1QUES
des capillaires cérébraux les plus fins; par M. LAPINSEY. (A1'ch,
f. Psychiat., XXVI, 3.) .
Recherches à l'aide de la méthode de Kronthal, qui établissent
qu'il s'agit de petits tuyaux transparents mais élastiques ; ayant une
paroi à double contour qui contient deux espèces de noyaux, ronds
et ovales, et se compose d'une tunique interne et d'une tunique
externe. Les plus fins vaisseaux ont un diamètre de 1 p. 4. A la
tunique interne appartiennent les noyaux elliptiques; à la tunique
externe les noyaux ronds. Sur une distance de 120 de ces capil-
laires on compte un à deux noyaux longs et un noyau rond; si le
capillaire a un diamètre de 4 à 5 ? on compte, pour la même
longueur, quatre noyaux longs, deux noyaux ronds.
Suit une revue des lésions pathologiques des vaisseaux dans la
paralysie générale, la syphilis cérébrale, etc... P. K.
LXVIII. POINTS relatifs A la LOI DE 'VEB8R-l"ETCHNER; par D. WAL-
LER. (min, été et automne 1895.)
La loi de Weber-Fechner établit les rapports de grandeur entre
la sensation et l'excitation : la première est fonction logarithmique
de la seconde. Ce rapport est représenté géométriquement par
une courbe graphique indiquant la progression des stimuli sui-
vant l'axe des abscisses, et celle de la sensation suivant les ordon-
nées.
Cette courbe est concave vers l'abscisse et convexe vers l'axe des
ordonnées. L'auleur étend cette loi, hors du domaine purement
nerveux, à la détermination des rapports de grandeur entre toute
cause et son effet sur la matière vivante en général. Or, d'après la
courbe de Weber-Fetchner : pour produire des augmentations
égales de sensation, il faut des augmentations croissantes d'excita-
tion ; autrement. dit : des augmentations égales de stimulus donnent
des augmentations décroissantes de sensation.
Mais il faut considérer trois actes dans le phénomène : 10 le sti-
398 REVUE d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques.
jnulus externe, cause objective de l'excitation ; 2° l'excitation in-
terne ou modification matérielle produite dans l'appareil nerveux
par le stimulus ; 3° la sensation ou phénomène subjectif accom-
pagnant cette modification. Donc étant donnée une série d'excita-
tions de grandeurs 1, 2, 3, 4, 5, et une série correspondante de
sensations 1, 3, 5. 6, 7 ; cette disproportion a-t-elle une origine
physiologique (du 2° acte), ou psychologique (du 3e acte) ? Pour
répondre à cette question, l'auteur a entrepris une série d'expé-
riences graphiques sur la rétine, le muscle et le nerf.
Pour la rétine (oeil de grenouille isolé , et disposé de manière à
recueillir et utiliser les couranls d'impression), l'auteur a trouvé
que la modification matérielle inlra-uerveuse est fonction téorné-
trique du stimulus externe, et accompagnée de sensation propor-
tionnelle à sa propre valeur. Avec le muscle considère non comme
organe musculaire, mais en tant que matière vivante quelconque
excitable, il n'obtient pas une courbe uniforme à concavité vers
l'abscisse, mais une courbe en forme d'S à courbure inférieure très
courte et convexe vers l'abscisse et à courbure supérieure longue
et concave vers l'abscisse. Pour le nerf, même résultat mathé-
matiquement et graphiquement réductible à la courbe en S. Celle-
ci est donc la représentation typique des réactions de la matière
vivante.
Les résultats antérieurement obtenus : ligne, droite de Héring et
courbe unique de Weber sont incomplets à cause des difficultés
opératoires qui n'ont permis l'inscription que d'un seul des trois
stades de l'expérience ; soit : le second pour Héring ou ligne droite
correspondant à la partie moyenne de l'S ; et pour Weber le troi-
sième ou courbure supérieure de l'S concave vers l'abscisse. Le
procédé technique est en effet excessivement délicat ; pour le tracé
de la courbure inférieure qui est extrêmement minime il faut opé-
rer à une échelle énorme qui laisse fo'rcément hors du champ les
deux autres portions, la moyenne, et surtout la troisième ou cour-
bure supérieure, qui, très grande, exige une très petite échelle
où les deux autres portions ne sont pas sensibles.
La totalité du phénomène s'exprime donc par une courbure
en S allongée et inégale dont la courbure inférieure très courte et
convexe vers l'abscisse représente des augmentations croissantes;
le milieu de longueur moyenne, sensiblement droit détermine des
augmentations égales ; et la partie supérieure de beaucoup la plus
grande concave vers l'abscisse indique des augmentations décrois-
santes. F. BOISSIER.
LXIX. Anatomie pathologique d'un cas DE PARALYSIE infantile;
par F. TItÉVELLAN. {Drain, été et automne 1895.)
Enfant de six ans, morte après neuf mois de maladie. Pièces
revue d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques. 399
immergées dans le liquide de Muller chauffé à l'étuve à 38°. L'in-
térêt de ce cas tient au moment vraiment opportun, ni précoce
ni tardif, de l'évolution moi bide où l'autopsie fut faite. Les lésions
étaient à point. Les conclusions sont entièrement en faveur de
l'origine névrotique périartérielle du plocessus. Les cellules sont
étouffées sans distinction dans la prolifération de la névroglie. La
lésion irritative est due vraisemblablement à la filtration à travers
les vaisseaux des toxines sécrétées par les microbes ; on ne trouve
pas un seul microorganisme dans la moelle. F. B.
LXX. Névrite alcoolique périphérique dans la vieillesse; par
A. IltauDE. (I3rain, été et automne, 1895.)
Un vieillard de soixante-quinze ans ayant fait des excès de bois-
son (bière surtoul) pendant vingt ans, présente de la parésie, dyses-
thésie et incoordination des membres, sans altérations mentales.
F. B.
LXXI. Essai théorique sur la NATURE ET LE mode d'action DE la force -
nerveuse; par W. BROADBENT. (If9'Cll)t, été et automne 1895.)
Comme la chaleur, l'électricité, l'action chimique, etc. ; la force
nerveuse n'est qu'une forme du mouvement. Les stimuli qui l'ex-
citent sont les équivalents du choc qui fait éclater la nitroglycé-
rine et de l'étincelle électrique qui fait détonner le mélange
oxhydrique : chacun de ces faits n'est qu'un enchaînement de
mouvements. L'action nerveuse n'est aussi que de l'éuergie mise
en liberté par une modification moléculaire dite chimique (faute
d'un terme meilleur) opérée dans les éléments hautement diffé-
renciés du système nerveux. Le développement de cette force
comporte en effet une augmentation dans le dégagement de COQ
et. de Il=0 et pourrait être évalué par la mesure de cet excès
d'oxydation ; il cesse en effet quand l'oxygène hemoglobique cesse
d'eue fourni ou se trouve remplacé par un corps anesthéique. La
production d'énergie est donc due à des échanges atomiques plu-
tôt que moléculaires. L'influx nerveux doit être évalué en intensité
et non en quantité (comparaison avec l'électricité faradique).
Des doses infinitésimales de toxiques produisent d'énormes effets
nerveux; or, s'il y a corrélation des forces et s'il y a échange
exact d'atomes entre les molécules toxiques et les molécules ner-
veux (neutralisation de ceux-ci par les atomes morphiques dans la
narcose) il faut supposer dans les centres nerveux l'existence d'une
substance à haute tension chimique, c'est-à-dire d'une structure mo-
léculaire telle que ses atomes, groupés contrairement à leurs affi-
nités naturelles, tendent constamment à reprendre brusquement
leur groupement normal aussitôt libres de leurs mouvements.
400 REVUE d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques.
Cette haute tension, toujours prête à donner un arrangement
constant et déterminé, n'a rien de commun avec l'instabilité, ou
tendance perpétuelle à une désagrégation quelconque.
- Un acte nerveux complet s'accompagne d'oxydation et désinté-
- gration a'.omique, donc une excitation non suivie d'effet réflexe,
mais enregistrant une impression dans l'écorce (mémoire) doit
entraîner une modification inverse : intégration et construction
moléculaire capable de conserver l'image. Mais si l'on évalue, con-
formément aux autres formes du mouvement, la somme d'énergie
dégagée dans un ensemble d'opérations nerveuses diverses, par le
total des échanges chimiques, ce total exclut les opérations men-
tales supérieures. -Les opérations de l'esprit sont en surplus sur la
fisttmmë des échangés matériels qui les accompagnent.
i¡,}> ? Les relations des centres entre eux ou avec la périphérie ne sont
1 ' ^pas^dçs' rapports d'activité à passivité ; le point récepteur n'est nul-
' ..Sèment passif par ? rapport à celui d'où part l'impulsion et qui en ? dé;àit-lseul'gérrerateur : il y a entre eux un rapport de tension et
dé résistance mutuelles. Tout point de départ d'influx nerveux en-
gendre de l'énergie, celle-ci demeure en lui à l'état de potentiel
maintenue par les forces identiques nées et accumulées dans les
centres ou terminaisons en connexion fonctionnelle avec ce point
et elle devient actuelle dès que cesse l'action de ces énergies qui
la contrebalancent. Cet équilibre constitue l'état de repos, et l'ac-
tivité consiste dans la réponse équivalente immédiatement déter-
minée dans les divers appareils centraux ou terminaux par chaque
modification provoquée dans leurs connexes par un stimulus quel-
conque. L'évaluation en intensités explique les disproportions entre
causes et effets et les équilibres entre groupes inégaux (comparai-
son à la résistance efficace d'un seul homme placé au bras long
d'un levier contre une troupe d'hommes appliquée au bras court).
Cette loi s'applique non seulement aux opérations sensori-mo-
trices mais aussi à toutes les actions nerveuses quelle que soit leur
nature (calorifique, inhibitoire, trophique). L'hyperthermie peut
résulter aussi bien d'une suroxydation dans les centres caléfacteurs
que d'une baisse de résistance dans les terminaisons calorifiques ;
l'inhihition est le résultat du contrôle de tension antagoniste entre
les centres ou terminaisons associés. Quant à l'action trophique,
les tissus en relation structurale et fonctionnelle avec les termi-
naisons nerveuses prennent une part active au maintien de la ten-
sion entre celles-ci et leurs centres d'attache ; ces centres en retour
influent sur le processus nutritif des tissus. (Muscles considérés
comme organes terminaux des nerfs moteurs.)
Enfin la transmission de la force nerveuse se fait dans la fibrille
par une modification moléculaire analogue il celle qui en produit
le dégagement dans la cellule, avec une simple variation de degré.
La fibre est une, et sa conductibilité est indifférente quelle que
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 401
soit la nature de l'action nerveuse. Les sensibilités diverses n'ont
pas de conducteurs spéciaux, et ne relèvent que de différences
d'intensités. Leur ordre évolutionnel généralement admis est con-
traire à leur ordre d'effacement ; l'auteur en propose un nouveau
qui met les faits d'accord avec la théorie, dans les formes rudi-
mentaires de la vie, la réponse localisée (nutrition) pour toute im-
pression de la surface est nécessaire et rend le tact suffisant, indis-
pensable et primordial. La douleur n'est qu'une impression tactile
dont la violence est incompatible avec la sécurité du point impres-
sionné ; elle est donc secondaire. Enfin les sensations thermiques
sont encore inutiles à ce degré de l'échelle b\aimt,r1.a. vie est
aquatique ? ÿ)\3\ lll<\ £ .E ? \.,
; '; .. ' u.tJ ?
LXXII. Sur LE rLOCcuLus; par A. BR.6'f : i( ? lM1P'M'kl ? J<' "
automne 1895.) ? 1' M,f-»lfi ,1 t
L'auteur a montré en 1892 que les fibres du Ilaciiit ? rt : : veii '
connexion avec les noyaux interne, externe et accessoire du nerf
auditif et avec celui de la sixième paire du même côté. Par un
système de nouvelles coupes chez le foetus, il confirme ces données;
de plus, quelques fibres arriveraient à la formation réticulaire
grise du même côté et aucune d'elles ne gagnerait le cervelet, le
faisceau de Stcherbak ne serait pas flocculaire, mais viendrait du
noyau du toit. Le flocculus serait donc un important annexe des
noyaux des racines vestibulaires, cochléaires et accessoires du nerf
auditif et probablement de la sixième paire. F. B.
L11111. Destruction expérimentale du tubercule DE 1l0L.\NDO j par
W. 'I'URNER. (train, été et automne 1895.)
Cette lésion trouble la sensibilité dans le domaine du trijumeau
d'un côté et sur tout le corps des deux côtés. L'auteur avec plus de
précautions que ses devanciers détruit le tubercule au thermocau-
tère chez des singes, limitant la lésion aussi exactement que pos-
sible. Résultats : du côté de la destruction, anesthésie complète du
trijumeau ; sur le corps et les membres, abolition de la sensibilité
tactile et de ses localisations, perte de la sensibilité à la tempéra-
ture ; intégrité de la douleur. Du côté opposé, conservation du tact
simplement affaibli, localisation exacte des impressions tactiles,
conservation de la sensibilité thermique ; analgésie complète. Donc
au point de jonction du bulbe et de la moelle, les fibres conduc-
trices du tact et de la douleur sont représentées des deux côtés, les
premières croisées et non croisées, les secondes croisées seulement.
La substance gélatineuse et la partie contiguë de la corne posté-
rieure sont affectées à la transmission des impressions sensitives.
F. BoISSrER.
Archives, 2° série, t. 1. 26
'402 REVUE d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques.
LXXIV. Sécrétion interne DU corps TU1ROÏDE; par J. GODIEZ ÂCONA.
, (Siglo 7nedico, février 1895.)
Neuf chiens ont subi l'ablation du corps thyroïde, l'apparition
des symptômes se fait dans un ordre variable; dans fous les cas
ceux-ci ne se montrent qu'exceptionnellement dans les vingt-
quatre heures, ils paraissent généralement entre quarante-huit et
soixante-deux heures : 1° apalhie, adynamie, perte absolue d'ini-
tiative, répugnance invincible à tout mouvement volontaire;
2° dyspnée, respiration courte, bruyante et rapide, hypothermie;
3° rupture de l'harmonie des fonctions bulbaires, la température,
la respiration et la circulation dissociées semblent agir chacune
pour son compte sans aucune influence mutuelle ; 4° anorexie,
aggravation de tous les accidents, convulsions cloniques précédées
de tremblements et suivies d'inertie, mort. Quatre chiens ont suc-
combé, l'un d'entre eux, particulièrement robuste, a été enlevé
dans les quarante-huit heures. Les autres ont été sauvés par des
injections de suc thyroïdien et notamment de leur propre glande.
Les convulsions sont suivies de parésies musculaires. Deux fois
l'urine contenait de l'albumine, jamais de sucre. Les symptômes
trophiques, chute des poils, etc., sont tardifs et ne se sont montrés
que chez des chiens qu'on a maintenus en vie par des injections
de suc. Un chien ayant conservé un petit fragment de sa glande
n'a éprouvé aucun trouble quoique n'ayant reçu aucune injection.
Ces injections, même à haute dose, n'ont amené aucun trouble chez
des chiens intacts, tandis que leur effet est merveilleux sur les
chiens thyroïdectornisés. L'auteur poursuit de nouvelles expériences
dans le but d'établir l'action du suc thyroïdien comme antitoxine,
contre les produits toxiques de désassimilation, ou comme ferment
contribuant à l'assimilation des substances protéiques et enrayant
l'accumulation de la mucine dans les tissus.
Pour contrôler les expériences ci-dessus, il a pratiqué sur un chien
la section des nerfs laryngés supérieurs et récurrents, et lésé les
troncs du sympathique et des vagues. Cette opération n'a donné
aucun résultat semblable à ceux de la thyroïdectomie.
F. BOISS1ER.
SOCIÉTÉS SAVANTES.
SOCIÉTÉ PSYCHIATRIQUE DE BERLIN.
Séance du 16 mars 1893. Présidence DE M. II. LAEIIR.
1° La discussion sur la communication de M. Këni- De l'état
actuel de l'assistance des aliénés en Anglete7,i,e est ajournée;
2° M. limucc6ra. Sur un cas de paralysie chronique des muscles de
l'oeil (avec présentation de préparations). Il s'agit d'une femme
traitée à l'asile de Dalldorf pour paranoïa hallucinatoire. Admise
en juillet 1891, elle succomba en décembre de la même année.
Treize ans environ avant son entrée elle était devenue plus faible
du côté gauche en même temps que survenaient du ptosi ? du stra-
bisme externe du côté gauche et de la diplopie. Six ans après
survint une amaurose totale de l'oeil gauche. A l'asile, on constate
une paralysie complète de l'oculo-moteur commun du côté gauche
et une atrophie du nerf optique; du côté droit on note la perte du
réflexe lumineux et de la réaction dans les mouvements de conver-
gence. Pas de troubles de la parole. Réflexes rotuliens conservés.
Syphilis probable mais non démontrée. Autopsie : athérome de
l'aorte, endocardite chronique, leptoméningite chronique, dila-
tation des ventricules cérébraux, dégénérescence du nerf optique
et de l'oculomoteur gauches. L'examen clinique ayant fait con-
stater une paralysie complète de l'oculomoteur gauche et une pa-
ralysie de la musculature interne de l'oeil droit, des coupes en
série furent faites et colorées par la méthode de Pal afin de préciser
les limites des troisième et quatrième paires et d'expliquer les sym-
ptômes présentés du côté droit. On constata que les cellules pla-
cées sur le prolongement du noyau de la troisième paire étaient
intactes, tandis que les deux noyaux des nerfs oculomoteurs
étaient dégénérés dans leur totalité.
2° M. MENDEL. Paralysie générale et tabes chez le mari et la femme.
Il s'agit d'une femme de quarante ans atteinte du tabes avec
paralysie générale. Son mari, syphilitique, est mort de paralysie
générale dans un asile d'aliénés. On n'a pu faire la preuve de la
syphilis de la femme. Il n'y a pas eu d'enfants. Le début de la
maladie remonte déjà à un certain temps : la femme a été en effet
soignée il y a deux ans pour une paralysie oculaire.
404 SOCIÉTÉS SAVANTES.
Discussion : M. BENNECICE. A la clinique du professeur Binswanger
(Iéna), il est mort, de paralysie générale, après dix ans de maladie,
-une femme dont le mari avait succombé à la même affection une
quinzaine d'années auparavant.
M. FRAEi'lKEL dit observer un cas de ce genre.
4° M. IL Laeur. La question du personnel de surveillance. C'est là
une question qui n'est pas neuve puisqu'elle date de l'époque où
les asiles d'aliénés se sont transformés en établissements d'assis-
tance. L'auteur a cependant vu, jadis, dans certains asiles associés
à des établissements pénitentiaires, des détenus être employés à
surveiller les aliénés. La question des infirmiers de nos asiles a déjà
été étudiée en 1868 au congrès de Dresde. Après avoir dit quelques
mots du personnel religieux des asiles, des inconvénients qu'on lui
a attribués et des efforts faits en vue d'obtenir un personnel laïque,
M. Laehr aborde la critique des opinions récemment émises sur
l'organisation du personnel de surveillance des asiles d'aliénés.
Pour M. Sommer, la réforme véritable ne consiste ni à recruter les
infirmiers dans un milieu social plus élevé, ni à relever la situation
qui leur est faite. Il recommande avant tout la surveillance perma-
nente de ce personnel par les médecins; aussi dans les nouveaux
asiles faut-il aménager les logements des médecins de façon à per-
mettre cette surveillance. C'est ce qui a été fait à la clinique de
Wurtzbourg. Quant à M. Hoppe, après avoir constaté l'insuffisance
du personnel qui est en général mal préparé à son rôle, il
demande une réforme radicale et pose deux principes fondamen-
taux : augmentation des appointements des infirmiers et création
d'écoles d'infirmiers. M. Konig a donné d'intéressants renseigne-
ments sur le personnel de surveillance des asiles anglais. Il y a
séparation entre le personnel de jour et le personnel de nuit ; ce
dernier est en fonction de 8 heures du soir à 6 heures du matin Les
infirmiers de chaque sexe logent dans un pavillon distinct, où
chacun à sa chambre. Un petit nombre seulement d'entre eux
habitent dans les quartiers. On favorise les mariages et chaque
couple est logé dans un cottage en dehors de l'asile. Les appointe-
ments sont assez élevés. Tout cela ne serait guère praticable en
Allemagne. L'auteur critique aussi les vues de Sommer qui vou-
drait faire remplir par des médecins des fonctions analogues à
celles de surveillant en chef. Les difficultés seraient multiples.
Quant au recrutement du personnel dans un milieu social plus
élevé, il est évident que la culture intellectuelle et morale est faite
pour faciliter la tâche du personnel de surveillance, augmenter son
autorité, lui gagner la confiance des malades. Les travaux mécani-
ques seront confiés a des infirmiers en sous-ordre. Mais des appoin-
tements plus élevés sont nécessaires pour conserver un personnel
de choix. Pour ce qui est des écoles d'infirmiers, il faut attacher
BIBLIOGRAPHIE. 405
plus de prix à l'éducation pratique du personnel qu'aux besoins
théoriques. L'association d'infirmiers créée par le professeur
Zimmer oblige ses membres à passer un an dans un service
d'hôpital avant de. se consacrer aux asiles d'aliénés. Les médecins
de l'asile sont les mieux préparées pour faire des cours au per-
sonuel. (.Illy. Zeitsch f. Psychiatrie, t. II, fasc. 2.) P. Sérieux.
BIBLIOGRAPHIE.
IX. Les fétichistes. Pervertis et invertis sexuels; par le Dr Garnier.
(1 vol., 192 pages. Librairie J.-B. Baillière et fils, 1896.)
Chargé des doubles fonctions de médecin-légiste et de chef de
service à la Préfecture de police, M. Garnier se trouve placé dans
des conditions exceptionnelles pour étudier les aberrations, parfois
les plus étranges, de l'instinct sexuel.
Les faits qu'il vient de rapporter sur l'obsession fétichiste, cet
aspect tout spécial des perversions et inversions du sens génital,
sont d'un haut intérêt et s'imposent aussi bien à l'attention du
magistrat et du philosophe qu'à celle du médecin.
Symptôme de la dégénérescence mentale, le fétichisme peut être
défini : l'anomalie de l'instinct sexuel conférant tantôt à un objet
de la toilette féminine ou des vêtements masculins, tantôt à un
costume déterminé, tantôt, enfin, à une partie du corps de l'un et
de l'autre sexe, le pouvoir exclusif d'éveiller les sensations amou-
reuses et de produire l'orgasme voluptueux.
Timide dans les choses de l'amour normal, le fétichiste, bien
loin d'être un excité sexuel au point de vue des plaisirs vénériens,
est bien plutôt un insuffisant que rien n'attire vers l'union des
sexes, le plus souvent.
Chez cet individu, prédisposé par une altération profonde de la
sensibilité morale et affective, un. fait insignifiant en lui-même,
mais qui se hausse à l'importance d'un fait capital par un rapport
d'idées, accapare, à un moment donné, toute son attention, fait
date dans ses souvenirs d'ordre génital, va s'imposer à toute sa vie
sexuelle, réduisant à néant, ou à peu près, toutes les impressions
sensuelles qui n'en dérivent pas.
Le perverti sexuel, dans son culte fétichiste, reste toujours sous
l'influence physiologique des tendances qui poussent l'homme vers
la femme et l'objet de son culte est d'essence féminine.
406 BIBLIOGRAPHIE.
C'est tantôt un objet de toilette féminine, bottine, chemise, mou-
choir, étoffes, etc., tantôt une partie du corps de la femme, l'un
des attributs spéciaux de son sexe, sans que cet amour morbide, en
.devenant « plus personnel,"plus corporel », suivant l'expression de
M. Garnier, se rapproche pour cela d'un besoin naturel du rappro-
chement sexuel.
A cette dernière catégorie appartiennent les collectionneurs de
mèches de cheveux de femme, les coupeurs de nattes, les « frot-
leurs » ayant le fétichisme des fesses de femmes et qui, dans les
endroits où la foule s'amasse, s'approchent des femmes aux formes
saillantes, se frottent contre leur derrière, et, au paroxysme de la
passion, vont jusqu'à sortir leur verge pour opérer le « frottage »
avec cet organe.
A la limite, pour ainsi dire, des cas de fétichisme hétéro-sexuel,
se rencontrent les faits, plus graves en eux-mêmes et plus étranges
dans lesquels l'impulsion fétichiste, tout en gardant son caractère
de sexualité, se confond avec une impulsion homicide : tel est le
bel exemple rapporté par l'auteur, de ce jeune homme chez qui
l'excitation génitale se développait à l'idée de manger un morceau
de la peau fine et blanche d'une jeune fille et de boire le sang qui
coulerait de la plaie. Ce malheureux suivit de la sorte plusieurs
jeunes filles « les ciseaux ouverts à la main, tout prêt à enfoncer
les lames dans leur chair, à en détacher un morceau et à le
dévorer»; mais, n'ayant pu accomplir son dessein, il tournait
chaque fois, comme il dit, sa rage contre lui-même, et, bien que
n'offrant aucune analgésie cutanée, d'un coup de ciseau détachait
nn morceau de sa peau, au niveau des parties du corps où elle a
le plus de finesse et le plus de rapports, par conséquent, avec
le délicat épiderme de la jeune fille désirée... puis il portait
cette chair sanglante à sa bouche et la mangeait avec volupté, se
donnant de son mieux, à ce moment, l'illusion que c'était de la
peau féminine, et entrant aussitôt en érection à cette représentation
mentale.
L'amour morbide qui pousse l'homme vers l'homme ou la femme
vers la femme, a aussi ses passionnés fétichistes.
Il ne s'agit pas là évidemment du pédéraste vulgaire, mais de
l'inverti-né, qui est toujours un malade dont les tendances doivent
être à peu près irrésistibles, puisqu'il est jeté dans la vie morale-
ment dépouillé du sexe qu'il extériorise seulement, ayant au
dedans de lui-même, par suite d'une mystérieuse transposition
constitutionnelle, le sexe opposé à celui que la nature physique
affiche.
L'objet du culte de l'inverti sexuel doit être d'essence masculine,
que ce soit le mouchoir, les bottes, la blouse ou une partie du
corps, et suivant le or Moll, c'est principalement sur le pied que
porte ce fétichisme homo-sexuel.
BIBLIOGRAPHIE. 407
On voit combien les faits signalés par le D'' Garnier sont impor-
tants à connaître pour le magistrat et pour le médecin qui peu-
vent se trouver amenés, eu présence de certains délits, à se
demander si, sous les apparences d'une perversité obstinée, ne se
cache pas une obsession morbide que des pénalités ne sauraient
amender. E. BLIN.
X. Des étals cataleptiques dans les maladies mentales; par le
D'' P. Lr;uairaE (1. Steinheil, éditeur, Paris, 1895).
L'auteur, dans une étude clinique très documentée, passe en revue
les délires toxiques, la manie et la mélancolie, la confusion mentale,
les folies périodiques et les états de faiblesse intellectuelle congé-
nitaux ou acquis. Il montre que les états cataleptiques s'y peuvent
observer sous une forme généralement atténuée, incomplète et
rémittente (accès partiels composés). Ils coexistent avec une aug-
mentation de la tension musculaire, un affaiblissement de l'activité
psychomotrice volontaire et de la sensation de fatigue musculaire.
Les boudées mystiques des dégénérés en offrent la manifestation la
plus frappante.
On peut aussi les observer dans les psychoses associées à l'épi-
lepsie et à l'hystérie.
Suivant l'auteur, la cacatonie de Kalbaum n'existerait pas en
tant que entité pathologique et ne serait que phénomènes catalep-
tiques chez les dégénérés en état de stupeur. L'auteur termine par
les applications du myographe au diagnostic de la simulation des
états cataleptoïdes. Dr A. Marie.
X1. Hystér ie ; par le Dr Yoronoff (lfaloine, éditeur).
C'est là une longue revue générale de l'hystérie, telle que l'ont
faite les travaux de Charcot et de ses élèves, y compris la psycho-
logie de M. Pierre Janet. L'étiologie est tout d'abord étudiée, et
M. Voronoff, passant en revue les principales causes plus ou moins
occasionnelles de la névrose, accorde le principal rôle à l'hérédité.
Puis les symptômes sont examinés, appareil par appareil; l'astasie-
abasie hystérique est décrite après les paralysies. L'auteur envisage
ensuite les syndromes hystériques simulateurs d'autres maladies, et
aussi les associations morbides avec divers états pathologiques.
Quelques considérations sur l'état mental l'amènent à définir la
nature de cette névrose qu'il considère avec M. Pierre Janet comme
une maladie mentale « caractérisée par la tendance au dédouble-
ment permanent et complet de la personnalité '. Le livre se ter-
mine par un chapitre sur le traitement; tel qu'il est, il représente
un petit manuel théorique et pratique et rendra des services aux
praticiens peu familiarisés avec l'hystérie. , E. T.
ASILES D'ALIÉNÉS.
XIV. DE L'INTERNEMENT DES aliénés ET DE l'organisation DES ASILES.
C'est une virulente philippique conlre l'intervention judiciaire
pour le placement des aliénés. L'auteur nous montre l'aliéné
passant en justice avec les voleurs de chevaux et exposé à la curio-
silé malsaine du public des cours de justice. Il montre des délirants
ainsi traînés en prison préventive avec une fièvre typhoïde ou une
pneumonie non diagnostiquées, bien que la loi préconise en Cali-
fornie la comparution rapide devant le juge. La famille est généra-
lement représentée au prétoire. mais c'est auprès du médecin de
l'asile qu'elle serait bien plus utile, alors que le transfèrement de
la prison à l'asile est trop souvent fait, pour les indigents, par un
schériff seul, même avec les malades femmes. Le scandale est
patent pour les cas de manie aiguë et le préjudice irréparable pour
les mélancoliques. Quant à l'organisation intérieure des asiles de
Californie, elle est compromise par l'immixtion de la politique,
qui donne la superintendance aux électeurs influents. Une fois
directeurs, d'ailleurs, ils n'ont aucune influence administrative
sur le personnel, paralysés qu'ils sont, par leurs comités de surveil-
lance pour lesquels les préoccupations politiques l'emportent
encore. {Occidental médical Tinies, avril 1895.) A. M.
XV. INTERDICTION ET internement DES BUVEURS d'habitude.
La Société allemande contre l'abus des boissons spirituelles a tenu sa
réunion annuelle à Munich le 19 septembre 1895. On s'y est occupé
des mesures législatives à prendre contre l'intempérance. Dans
l'état de choses actuel le buveur d'habitude jouit, au point de vue
légal, de tous les droits, bien qu'il ait perdu en réalité son libre-
arbitre. La loi ne protège contre lui ni ses parents, ni sa femme,
ni ses enfants. La société voudrait obtenir qu'on autorisât l'inter-
nement des buveurs dans un asile de traitement, et cela même
contre leur volonté. Il va sans dire que des mesures spéciales
seraient prises pour empêcher les abus. Il conviendrait également
de faire prononcer l'interdiction des buveurs, ainsi que leur
déchéance des droits de puissance paternelle.
La Société contre l'abus des boissons spirituelles appuie éner-
giquement le projet de loi contre l'intempérance. Elle reconnaît
que le gouvernement impérial a donné un avis favorable à la péti-
asiles d'aliénés. 409
tion qu'elle a adressée à la commission duReichstag, mais elle se
plaint que le gouvernement ne semble pas pénétré de l'urgence de
cette loi. La Société charge son bureau de faire des démarches
auprès du Parlement afin d'obtenir des dispositions législatives
contre l'intempérance, conformément aux résolutions votées par la
Société à Brème (1891), Halle (1892) et Munich (1895). Voici quel-
ques-unes de ces dispositions :
ART. Il. - Quiconque par ses habitudes d'intempérance aura
compromis ses propres intérêts et ceux de sa famille, ou sera un
danger pour la sécurité publique, pourra être interné dans un
établissement de traitement pour buveurs, même contre son gré.
L'internement aura lieu, au cas de danger pour la sécurité
publique, sur la réquisition des autorités ; dans les autres cas, pour-
ront réclamer l'internement tous ceux qui d'après le code civil
ont le droit de demander l'interdiction d'aliénés. L'inlernement ne
pourra avoir lieu qu'après une procédure réglée par la loi et après
l'expertise d'un ou de plusieurs spécialistes. L'internement prendra
fin lorsque les causes spécifiées dans le premier paragraphe auront
disparu, et lorsque la mise en liberté sera réclamée soit par
l'administration, soit par le buveur, soit parles personnes désignées
dans le paragraphe 2 à condition que le maintien dans l'établis-
sement ne soit plus nécessaire.
ART. 11, a. Les buveurs peuvent entrer volontairement dans
un établissement spécial de traitement. Ils y sont soumis pendant*
leur séjour à toutes les dispositions appliquées aux sujets internés
d'office. Les mesures prises pour l'internement contre leur gré des
buveurs d'habitude sont applicables au maintien contre leur gré des
sujets entrés volontairement. Le Directeur de l'établissement sera
consulté. Sur la proposition de ce dernier le maintien du buveur
sera ordonné jusqu'à décision ultérieure.
ART. 11, b. Un buveur peut être interdit dans les conditions
énoncées au paragraphe 1 de l'article 11. L'interdit est considéré
comme un mineur qui a dépassé l'enfance. Il conserve le droit de
tester. Il est privé des droits de puissance paternelle. Il a un
tuteur. Ce dernier peut le placer dans un asile spécial avec l'auto-
risation de l'administration. Cette dernière peut elle-même en cas
de non-intervention du tuteur provoquer le placement. L'inter-
diction peut être levée après disparition des causes qui l'ont fait
prononcer. Toutes les dispositions concernant l'interdiction des
aliénés sont applicables aux buveurs. (Art. 593 à 620 du Code civil.)
(Ko1'l'epondenzbl(/tt des a;r2«eic/te; ! Krcis und BezÏ1"is- Vel'eine in
KoIZireich Sachsen, leur novembre 1895.)
XVI. Assistance DES ÉPILEPTIQUES.
Etablissement municipal d'épileptiques de l31csdol·f, près Berlin.
410 ' asiles d'aliénés.
Cet établissement est exclusivement réservé aux épileptiques. Il a
été créé dans le but louable de séparer complètement les épilep-
tiques des aliénés. Sa population se composait, en juin 1894, de
350 hommes, 220 femmes, et 80 enfants des deux sexes. L'asile est
composé de pavillons isolés, distribués sans symétrie, à droite et a
gauche d'une avenue de 1,200 mètres de longueur. A l'entrée de
l'établissement se trouve le bâtiment destiné à l'éducation des
jeunes épileptiques. A 300 mètres de cette construction est situé le
bâtiment d'administration. En face, la chapelle et l'amphithéâtre.
Près de la chapelle, les villas du Directeur-médecin et des fonction-
naires. A droite et à gauche du bâtiment d'administration, on a
placé les quartiers des épileptiques (hommes et femmes) qui ont
besoin d'être isolés, ou que leur état d'excitation empêche de vivre
dans les pavillons des sujets tranquilles. Ces quartiers de surveil-
lance sont construits d'après le système du corridor et ne pré-
sentent rien de particulier dans leur aménagement. Les cellules
sont vastes, leurs fenêtres ont des vitres incassables maintenues
dans des cadres de fer. Les fenêtres de ces quartiers sont munies
de grilles qui semblent plutôt de véritables ornements, que des
appareils destinés à assurer le maintien des malades. Derrière le
bâtiment d'administration se trouvent le réservoir, la cuisine, la
buanderie. L'auteur loue beaucoup l'installation parfaite de la cui-
sine et de la buanderie et celle de la salle des machines qui servent
au chauffage de tout l'établissement et à la production de la lumière
électrique. Pour donner une idée de la munificence avec laquelle
le Conseil municipal a installé cet asile, l'auteur rapporte que le
bâtiment d'administration a 80 mètres de longueur, 10 mètres de
hauteur, et 20 mètres de largeur : perpendiculairement à son grand
axe part un autre bâtiment de 60 mètres de profondeur. Le pre-
mier étage de ces deux constructions est occupé par une salle des
fêtes, un théâtre, une bibliothèque, une salle de billard, le tout
éclairé à la lumière électrique «
En outre de ces diverses constructions, il existe une colonie com-
posée de deux divisions, une pour chaque sexe. La division des
hommes, située à gauche de l'avenue, comprend 10 pavillons ; celle
des femmes, à droite de l'avenue, 12 pavillons. Ces pavillons sont
des villas qui diffèrent entre elles au point de vue du style et de
l'aménagement; chacune a de 15 à 20 malades. Le service des bains
est installé dans un grand bâtiment très bien aménagé ; on y voit
une vaste piscine et deux baignoires pour bains électriques. Les
ateliers, situés derrière les villas de la division des femmes, sont
vastes, bien éclairés ; le bâtiment qui les renferme a 40 mètres de
longueur et 20 mètres de largeur. On a organisé des ateliers de
.reliure, de menuiserie, de serrurerie, de tailleurs, de cordonnerie,
de tapisserie. Du côté du domaine cultural se trouve un bâtiment
où logent 60 malades occupés aux travaux agricoles. Le domaine
varia. 411
cultural a une superficie de 6,300 mètres carrés; il comprend,
entre autres, un bâtiment d'habitation, des écuries, des étables pour
40 vaches, une porcherie (100 porcs), un poulailler. ,
La superficie de l'établissement tout entier est de 84 hectares.
Derrière la chapelle se trouve l'amphithéâtre avec une salle
d'autopsie et deux laboratoires, l'un pour le Directeur, l'autre
pour les médecins. Ces laboratoires sont admirablement installés.
Dans le bâtiment qui sert d'école, les salles d'étude sont au rez-
de-chaussée ; elles contiennent chacune seize places. A côté des
salles d'étude se trouve la chambre d'attaques, matelassée, qui con- ·
duit aux cabinets d'aisance. Les salles de réunion sont voisines des
salles d'étude.
On semble considérer les résultats pédagogiques comme très
douteux. (Krayatsch, Reisebericht uber die Besuche einiger deutscher
Idiotenanstalten. Jahrbücher f. Psychiatrie, t. XIV, f. 1 et 2, 1895.)
P. S.
VARIA.
La 111 É TA L LOT Il É RA PIE au temps DE Charlemagne E
Dans la petite brochure : Les Quatre fils Aymon, éditée par
Charles Simond, chez H. Gautier, on lit le passage suivant qu'il
nous semble bon de mettre sous les yeux de nos lecteurs :
« Comme le vieux cavalier parlait ainsi, le convui de Pinabel,
qu'on croyait mort et qu'on portait au tombeau, passa : Maugis
s'approcha du vieux soldat et lui demanda quel était ce chevalier,
t C'est, lui dit-il, un favori du roi, un méchant homme que Dieu a
puni de ses crimes, et qu'on a trouvé mort subitement. - 1[ n'est
pas mort, reprit l'ermite, il n'est qu'enchanté comme ces deux
autres qu on porte aussi au tombeau, ils dorment. Voulez-vous que
je les réveille ? - - Je serais assez curieux de voir un désenchante-
ment, reprit le soldat, mais je voudrais que ce fût sur tout autre
que ces méchantes gens.-Comment connaissez-vous qu'ils ne sout
qu'enchantés ? Et comment avez-vous le pouvoir de les désenchan-
ter ? -Le charme est aisé à connaître, reprit Maugis, à la couleur
de leurs traits; quant au pouvoir de les désenchanter, il consiste,
comme vous l'avez très bien observé, dans ces médailles*. Maugis
qui savait le moment où le charme devait finir, donna une médaille
au cavalier. « Vous pouvez, si vous voulez faire l'essai, accom-
pagner le convoi, et, dans deux heures d'ici, quand on sera prêt à
412 VARIA.
les mettre dans le tombeau, dites qu'on suspende la cérémonie :
appliquez seulement un demi-quart d'heure la médaille sur le
front des ensorcelés , et vous les verrez revenir peu à peu. »
Le cavalier remercia l'ermite et ne se vanta pas du présent qu'il
lui avait fait, pour se ménager le plaisir de surprendre ses cama-
rades. »
Croyance aux SORCIERS.
Sous le titre : Une Mégère, la Justice publie le fait suivant : « Une
femme de Catane, du nom de Gaelana Stimoli, attirait en leur pro-
mettant des bonbons, des jouets, les enfants qu'elle rencontrait et
leur faisait boire ensuite du vin mélangé à du phosphore. Les mal-
heureuses victimes mouraient dans d'atroces douleurs. Vingt-trois
enfants auraient été empoisonnés de cette façon. La femme Sti-
moli a été arrêtée; elle a avoué ses crimes, disant qu'elle voulait se
venger, parce que deux de ses enfants qui avaient été ensorcelés
étaient morts. La foule, indignée, voulait mettre la mégère à mort. »
IVe CONGRÈS D'ANTHROPOLOGIE CRIMINELLE
Du 21 au 29 août 1896.
PROGRAMME
I. Biologie criminelle.
1. Faits positifs démontrant le criminel-né. (Rapp. : Dur MORSGLLI
prof. de psychiatrie à Gênes.)
2. Dégénérescence et criminalité. (Rapp. : Dr Dr.LEU.cNE, prof.,
de méd. légale, Bruxelles; second rapporteur : D'' A. BAER, à
Berlin.)
3. Tempérament et criminalité. (Rapp. : Il. FERU], prof. de droit,
député, à Rome.)
4. Anomalie du sens génital au point de vue dela criminalité (Rapp. :
Dr P. Garnier, médecin de la préfecture ,de police à Paris.)
5. L'inversion génitale. (Rapp. : D'' lIAGtTOr, membre de l'Académie
de médecine, à Paris.)
15. Relation entre la prédisposition héréditaire et le milieu domes-
tique pour la provocation du penchant criminel. (Rapp. : Ber-
nardino ADMENA, professeur de droit criminel à l'Université
de Naples.)
II. Sociologie criminelle.
1. L'anarchisme et le combat contre l'anarchisme au point de vue
de l'anthropologie criminelle. (Rapp. : VAN HAMEL, prof. de
droit à Amsterdam.)
2. De l'influence de la légitimité ou de l'illégitimité de la nais-
VARIA. t13
sance sur la criminalité. (Rapp. : Tarde, chef du bureau de
statistique au ministère de la justice à Paris.)
3. La criminalité professionnelle. (Rapp. : Tarde, à Paris.)
4. Combinaison de la statistique criminelle avec celle des profes-
sions. (Rapp. : D IIUItELLA.)
5. Les vols dans les grands magasins. (Rapp. : D1' LACASSAGNE, prof.
à Lyon.)
6. Conséquences sociales de l'alcoolisme des ascendants au point
de vue de la dégénérescence, de la morale et de la crimina-
lité. (Rapp. : Dr Leceam de Ville-Evrard, à Paris.)
7. Relations du droit et de l'anthropologie. (Rapp. : Paul OTLET,
avocat à Bruxelles, et Comité russe.)
8. Quels sont parmi les facteurs de la criminalité ceux que la sta-
tistique devrait sut Lout mettre en relief ? Comment les données
relatives à ces facteurs devraient-elles être recueillies et grou-
pées ? (Rapp. : Chs DELA-4,NOY (docteur en droit), attaché au
ministère de la justice, Bruxelles.)
9. Criminalité féminine. (Rapp. : Comité russe.)
10. Influence de la Presse sur la criminalité. (Dr Paul AUBRY, à
Saint-Brieuc.)
III.- Psychologie et psychopathologie criminelles.
t. La préméditation ohsessive. (Rapp. : D SellaL, à llons, Belgique.)
2. De la folie méconnue. Conséquences pénales; nécessité d'une
intervention médicale plus fréquente. (Rapp. : D' P. Garnier,
à Paris.)
3. Responsabilité pénale (Rapp. : Dr Manouvrier, prof. à Paris.)
3 (bis). Les fondements et le but de la responsabilité pénale.
(Rapp. : Dimilri DRILL, (Saint-Pétersbourg'.)
4. Les suggestions criminelles envisagées au point de vue de la cap-
tation des testaments et des faux témoignages suggérés.
(Rapp. : D'' BLarLr.ov, à Paris.)
5. Le diagnostic de la « Moral Insanity » et son rapport avec la
responsabilité criminelle. (Rapp. : D1' M. Benedikt, prof. à
Vienne.)
0. Les persécuteurs processifs. (Rapp. : D1' Ballet, prof. agrégea à
Paris.)
7. Sur la valeur médico-légale du somnambulisme alcoolique (pro-
posé par M 111EIIZEdEWSIiI, professeur à Saint-Pétersbourg.
(Rapp. : Dr Xavier FnANCuTTE. prof. à Liège.
8. Considérations générales sur la psychiatrie criminelle (Rapp. :
Dr Ni;ci ? Hubertusburg).
9. Les facteurs pathologiques du vagabondage (Rapp. : Dr MENDEL,
prof. à Berlin.
414 Il VARIA.
IV. Applications légales de l'anthropologie criminelle.
1. L'emprisonnement cellulaire doit être interdit relativement à
certains détenus dont il favorise les penchants criminels ; tel
est le cas notamment pour ceux chez qui on observe l'exis-
tence d'obsessions morbides. (Rapp. : Telnr, prof. à Liège et
COMITÉ russe.)
2. Influences anthropologiques en matière de capacité et de respon-
sabilité civiles. (Rapp. : Abbé DE BaETS, à Gand, et DE BAETs,
avocat et prof. à Gand.)
3. Le traitement du criminel d'occasion et du criminel-né, selon
les sexes, les âges, les types, etc. (Rapp. : D'' Lounnoso, prof.
à Turin.)
4. Dans quelles limites et par quelles conditions la récidive peut-
elle servir pour désigner les malfaiteurs de profession et les
malfaiteurs incorrigibles ? (Rapp. : L. Carelli, substitut du
procureur du roi à Rome.)
Quelle classification des criminels pourrait-on adopter, laquelle,
tout en étant fondée sur des caractères physiologiques et
moraux, pourrait être utilisée par la législation pénale ? Rapp. :
Baron GAROFALO, conseiller à la cour d'appel de Naples.)
6. L'influence du droit positif sur les actes punissables. (Rapp. :
(Dr Julius OFNER, avocat à Vienne.)
7. Quelle devrait être la position du médecin-expert devant la loi ?
(Rapp. : Comité russe.)
8. Sur les mesures pénales à prendre au sujet des mineurs délin-
quants. (Rapp. : Dr Th. RoUssEL, sénateur, à Paris.)
9. Sur quelques types de criminels au point de vue de leur traite-
ment pénal. (Rapp. : Comité russe.)
10. Quelles sont les mesures propres à faire connaître la person-
nalité physiologique, psychologique et morale du prévenu
qui permettent aux magistrats et aux avocats d'apprécier
l'opportunité d'une expertise médicale ? (Xe voeu du Congrès
de Bruxelles.) (Rapp. : Mauls, Bruxelles.)
V. Applications administratives de l'anthropologie criminelle.
1. Toute oeuvre de patronage des délinquants, enfants ou adultes,
doit soumettre ses patronnés à un examen anthropologique
destiné à découvrir les causes de la criminalité, ainsi que
les moyens de la détruire. (Rapp. : Tnipy, prof. de droit
criminel à Liège.)
2. Le traitement physique des prisonniers, principalement des
jeunes délinquants et des dégénérés, tant dans le système de
l'emprisonnement en commun que dans le système cellulaire.
(Rapp. : BnocwvaY, directeur du Reformatory à \en--1'orl;.)
VARIA. 415 S
3. Education des fils de criminels. (Rapp. : D'' DE BAETS, à Gand;
abbé DE BaTS, à Gand.)
4. L'enseignement de l'anthropologie criminelle. (Rapporteur :
Dr LACASSAGNK. prof. à Lyon.)
5. Quelles sont les mesures à prendre à l'égard des buveurs d'ha-
bitude délinquants ? Faut-il les maintenir dans les prisons ?
N'y aurait-il pas plus d'avantage pour la morale et la société
à les faire traiter et à essayer de les guérir ? (Rapp. :
Dr Magnan, à Sainte-Anne, Paris.)
fi, Inspection mentale des détenus dans les prisons. (Rapp. :
Dr P. Garnier, à Paris.)
7. Résultats obtenus par l'anthropométrie au point de vue de la
criminalité. Quelles sont les lacunes à combler ? (Rapp. :
A. BftTILLO\, chef du service de l'Identité judiciaire, à Paris.)
7 (bis). Empreintes digitales. (Rapp. : Francis G1LTON, à Londres.)
8. De la nécessité d'organiser sur des données scientifiques sérieuses
l'éducation correctionnelle. (Rapp. : Dr Motet, à Paris.)
9. Les modes de prévenir l'évolution de la criminalité. (Rapp. :
Dr Jean nl.lLIREWS71Y, Saint-Péterabourg.) :
Communications annoncées :
Histologie de l'écorce cérébrale chez les criminels et les épilepti-
ques. (Rapp. : Dr Roncoroni, à Turin.)
Histoire des progrès de l'anthropologie et de la sociologie crimi-
nelles depuis 1890. (Rapp. : Prof. Lombroso, à Turin.)
De la suggestion hypnotique envisagée comme adjuvant il la cor-
rection paternelle. (Rapp. : D1' BGRILLOV. à Paris.)
De la nécessité de pratiquer le détatouage des jeunes détenus
par voie de correction. (Rapp. : 1)" 13ÉRILLON, à Paris.)
Par quels moyens peut-on recueillir des renseignements sur les
détenus dans les prisons pour le but des études sociologiques
et pénitentiaires, et quels doivent être ces renseignements ?
(Rapp. : Comité russe.)
Aperçu statistique sur les prisons de la Suisse. (Rapp. : J. CCÉNOUD,
ancien directeur de la police centrale à Genève.)
Thème réservé. (Rapp. : Scipio SsIEtE, à Rome.)
NÉCROLOGIE.
Le Dr Auguste TEB.1LDI, mort en septembre dernier, était né
en 1833, à Vérone, fut reçu docteur à Padoue, en 1859, fit la
même année la campagne du Piémont comme médecin mili-
taire, visita ensuite les Facultés de Paris et de Berlin, et se fixa à
Padoue comme docent de psychiatrie, puis devint professeur titu-
laire. Son principal ouvrage est intitulé : Fisonomia ed Espressione
studiate nielle loro deviaz;oî21 con un appendice salla espressiorze del
de/M'(0 nell'arte, 1884. Citons encore : Del sogizo; - Alienats ed
alienisti; Napoleone, une page d'histoire psychologique du génie,
paru en 1895.
CIllAIS (F.).- Les eaux d'Evian dans l'arlhrilisme, la neurasthénie, la
goutte. Brochure in-8e de 44 pages. Paris, 1896. Société d'édi-
tions scientifiques.
Grasset (.1.). Leçons de clinique médicale faites t't l'hôpital Sainl-
Éloi de Montpellier (novembre 1890, juillet 1895), 2° série. Volume
in-8°, de 787 pages. Prix : 12 francs. Paris, 1896. G. Masson.
L'Année psychologique, publiée par \I11. Beaunis (H.), Btuer, avec la
collaboration de \111. Kibot ('l'U.), Victor Henri, Azoulay, Biewlict, Bour-
don, Cltaslin, Courtier, Flournoy, Foiel, Gley, Passy, Philippe, Xidiez et
M"° Sczawimka.- Deuxième année, 189.i.- Volume in-8° de 1,010 pages.
Prix : 15 francs. - Paris, 1896. Librairie F. Alcan.
R.\FFALOnclI (11.-e1.). - Uranisme et KMetMtM.Volume in-8° relié
de 363 pages. Prix : 8 francs. Pans, 181>6. Librairie G. Masson.
RosKAM. Lpilepsie et volonté. Brochure in-8° de 8 pages.
Liège, 1895. lmptimerie G. Faust.
AVIS AUX ÉDITEURS. - Tout ouvrage dont deux
exemplaires seront remis aux Archives sera annoncé et ana-
lysé. Ceux dont un seul exemplaire aura été reçu seront sim-
plement annoncés.
Le rédacteur-gérant : BOURNEVILLE.
Evreux, Ch, HÉRI55E\', imp. - 596.
Archives DE Neurologie, ;898, T I
Ftg, 1
Pl{f.2 2
Ftg. 3
Fig. 4
Vol. I. Juin 1896. N° 6.
ARCHIVES DE NEUROLOGIE
ANATOMIE PATHOLOGIE
LES NEURONES'. 1.
LES LOIS FONDAMENTALES DE LEURS DÉGÉNÉRESCENCES
I'ar le D' A1. KLIPPEL,
Chef de laboratoire de la Clinique des maladies mentales.
La pathologie a généralement profit aux notions de struc-
ture et de physiologie des organes. En est-il ainsi en ce qui
concerne la doctrine du neurone ? A l'heure actuelle la ma-
nière de comprendre la structure du système nerveux, pris
dans son ensemble, n'est plus celle qui régnait il y a quelques
années. A cette époque les éléments nerveux formaient à leurs
terminaisons des réseaux centraux; aujourd'hui les éléments
nerveux, au lieu de s'anastomoser, se mettent simplement en
contact les uns avec les autres, et l'ensemble est ainsi formé
de particules élémentaires relativement indépendantes. Toutes
ces particules sont analogues; elles constituent les unités du
tout.
L'unité nerveuse se nomme neurone.
Cette doctrine nouvelle comporte des données physiolo-
giques et pathologiques, nouvelles elles aussi; de plus, elle
contribue, à notre avis, à rendre plus claires les notions de
1 Ce mémoire est l'exposé de leçons que nous avons faites en février 1896,
à la Clinique de notre maître, le professeur Jolfroy. Nous sommes heureux
de lui exprimer en cette occasion toute la reconnaissance que nous lui
devons.
Archives, 2° série, t. I. 27
418 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
pathologie nerveuse que nous devons à des travaux relative-
ment plus anciens.
- S'il existe une unité nerveuse, un neurone, sa morphologie,
sa physiologie, sa pathologie doivent, en quelque sorte, repré-
senter en miniature, la structure, la physiologie, la pathologie
du système nerveux tout entier.
Nous étudierons tout d'abord le neurone d'une façon isolée,
cherchant à dégager les lois principales qui le régissent, envi-
sagé sous sa triple individualité anatomique, physiologique et
pathologique.
En second lieu, nous tenterons la même étude en tenant
compte des relations des neurones entre eux et envisagés sous
le rapport de leurs réactions de l'un à l'autre.
I. Anatomie ET pathologie DU NEURONE
ENVISAGÉ ISOLÉMENT.'
L'un des premiers avantages de la théorie du neurone est
de permettre de faire une étude générale les yeux fixés sur un
élément unique, très simple, en laissant tout d'abord de côté
la complexité du système nerveux pris dans son ensemble.
On peut définir le neurone : une cellule nerveuse avec ses
divers prolongements, ses prolongements protoplasmiques qui
le mettent en rapport avec les neurones voisins, son prolon-
gement cylindraxe qui établit les mêmes connexions ou qui
s'en va jusqu'aux muscles, à la peau, aux organes des sens,
etc., etc.
La cellule nerveuse est connue depuis longtemps et Deiters,
en établissant l'origine cellulaire des cylindraxes, avait sans
doute indiqué le point le plus important de sa structure. On
connaissait d'ailleurs aussi les prolongements protoplasmiques.
De la sorte, ce qui justifie ce terme nouveau de neurone, c'est-
à-dire l'unité nerveuse, c'est que chaque cellule nerveuse,
chaque neurone, est un petit organisme séparé, n'affectant
avec ses voisins que des relations de contiguïté, non de conti-
nuité.
Pour en arriver à cette conception il fallait démontrer que
les nombreux prolongements de la cellule nerveuse ne s'anas-
tomosent pas pour former un réseau; il fallait partout briser
le réseau de Gerlach pour établir l'indépendance de la cellule
nerveuse. Or, en 1874, Golgi, faisant usage d'une nouvelle
LES NEURONES. 419
technique histologique, démontra que les prolongements pro-,
toplasmiques des cellules nerveuses ne s'anastomosaient pas,
qu'ils se déterminaient au contraire librement. Plus tard,
Ramon y Cajal montra que le prolongement nerveux lui aussi
se termine sans s'anastomoser avec les prolongements des élé-
ments voisins. Dès lors le réseau, rompu des deux côtés, fait
apparaître l'élément nerveux comme isolé dans ses rapports de
continuité. Et Waldeyer put dès lors créer, fort à propos, le
terme de neurone pour désigner l'unité nerveuse.
A. Morphologie générale et physiologie du neurone.
Les neurones peuvent être de petites ou de grandes cellules
nerveuses, leurs prolongements peuvent former de très riches
arborisations ou être beaucoup plus réduits, leurs prolonge-
ments nerveux peuvent être si courts qu'ils se ramifient sim-
plement au voisinage du corps cellulaire dont ils émanent ou,
au contraire, aller à travers un nerf périphérique, de la moelle
épinière à un muscle des extrémités, par exemple; les varia-
tions, en un mot, de formes et de dimensions peuvent être
considérables ; mais peu importe, les différences, les analogies
sont toujours telles que le neurone est le même partout. On
peut lui considérer trois portions :
1° Une portion centrale qui est constituée par un proto-
plasma cellulaire (nous reviendrons sur les détails de sa struc-
ture en parlant de ses lésions) et d'un noyau. La forme, l'as-
pect, les différences relatives de ces cellules suivant les régions
de la moelle, du cervelet, de la substance corticale du cerveau,
sont des faits trop connus pour y insister ici.
2° Des prolongements protoplasmiques que dans les travaux
récents on nomme dendrites1. Ces prolongements du neurone
se ramifient dans son voisinage en formant des arborisations
hérissées de petites saillies et se terminent librement par un
panache. Ces prolongements dendritiques se mettent en con-
tact avec des prolongements cylindraxes d'un autre neurone ;
c'est ce que Ramon y Cajal appelle Yarliculalion des neurones.
Ces prolongements, qu'on oppose aux prolongements neu-
raux (neurit ou cylindraxe), sont généralement très courts par
rapport à ces derniers. Cependant on les voit naître par
1 Le mot dendrites est tiré de la minéralogie où il sert à désigner des
figures qui représentent des végétaux par le fait de l'agrégation d'une
multitude de petits cristaux qui se groupent de façon à donner l'aspect
d'une arborisation.
450 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
exemple d'une cellule de la corne antérieure de la moelle et
passer par la commissure pour aller se ramifier dans la corne
-du côté opposé. 11 y a même bien plus : il est permis de consi-
dérer comme- un prolongement dendritique celui qui, par-
tant d'un des pôles d'une cellule du ganglion intervertébral,
s'en va à travers le nerf sensible se terminer dans'la peau. Le
prolongement neural de ces mêmes cellules va à travers la
racine postérieure se ramifier dans la moelle. Bien des argu-
ments sont en faveur de cette façon de considérer le prolon-
gement périphérique du tube en T, de la cellule du ganglion
intervertébral. L'embryologie démontre d'ailleurs que primi-
tivement la cellule en question a deux pôles opposés et que
le tube en T n'est qu'un résultat secondaire.
On pourrait objecter que les prolongements dendritiques
n'ont pas ailleurs de gaine de myéline et que celle-ci caracté-
rise les prolongements du second ordre. Nous ferons remar-
quer qu'une telle loi n'a rien d'absolu, car il y a nombre de
prolongements cylindraxes qui n'ont pas de gaine de myéline.
La gaine de myéline qui entourerait les dendrites du neurone
intervertébral nous apparait comme un résultat de leur long
trajet et de leur importance physiologique. Cette gaine de
myéline n'est-elle pas en effet, un appareil, non pas néces-
saire, mais un appareil de perfectionnement ? Ce serait pour
cette raison qu'on ne la retrouverait plus sur les cylindraxes
très courts et aussi qu'elle n'existerait pas encore sur les
collatérales des neurones cérébraux dans la première semaine
après la naissance (Flechsig), c'est-à-dire avant le dévelop-
pement des fonctions psychiques.
Enfin il faut ajouter que les différences des deux ordres de
prolongements ne sont pas fondamentales; le cylindraxe doit
apparaître comme simplement plus différencié que les den-
drites qui sont eux-mêmes fibrillaires jusqu'à un certain point.
(Rappelons à ce sujet les travaux de Benda.) Dès lors il n'y a
rien d'extraordinaire à trouver cette gaine de myéline sur des
prolongements dont la fonction physiologique est si impor-
tante et si spéciale. Si nous insistons sur ce fait, c'est qu'il a
une grande importance au point de vue pathologique, il en
sera question plus loin.
3° Un prolongement cylindraxe ou neural (neurit des Alle-
mands). C'est, pour citer un exemple le prolongement de
Deiters dans le neurone qui de la corne antérieure de la
LES NEURONES. 42]
moelle va au muscle. Le prolongement cylindraxe ou neural
naît soit du corps de la cellule, soit de l'un de ses dendrites.
Dans son trajet il émet des branches collatérales plus ou moins
nombreuses, nombreuses surtout sur le trajet des libres sen-
sibles, plus rares sur les fibres motrices. Sa terminaison,
quand elle a lieu dans le système nerveux central, se fait par
des extrémités libres se mettant en contact avec les prolonge-
ments dendritiques d'un neurone voisin pour constituer l'arti-
culation des neurones. ,
Habituellement le cylindraxe ou neurit est unique, mais il
existe des neurones polyneuriques où celui-ci est multiple ;
c'est le type décrit par Cajal. i
Si le prolongement nerveux est très long on a le type Dei-
ters du neurone ou le premier type de Golgi, ou si l'on veut
le type de Deiters-Golgi. Si le prolongement est court on a, le
deuxième type de Golgi, Enfin il y a, mais rarement, des neu-
rones qui n'ont que des prolongements dendritiques; d'autres
que des prolongements neuraux. Ces notions d'histologie du
neurone sont encore complétées par l'étude embryologique
qui montre que chacun d'eux dérive d'un neuroblaste et forme
un tout dès l'origine.
Le neurone se présente donc en résumé comme une cellule
ayant des prolongements dendritiques et généralement un
seul prolongement cylindraxe ou neural. Les prolongements
de ces deux variétés se terminent librement sans s'anastomoser
avec ceux des neurones voisins. Telle est la- morphologie du
neurone; nous retrouverons plus loin les détails de sa struc-
ture en étudiant ses dégénérescences. ' :
Ce que nous savons actuellement de la physiologie du neu-
rone peut se résumer en peu de mots : Chaque fois que l'in-
flux nerveux de quelque nature qu'on le suppose, gagne le centre
de la cellule il suit les prolongements dendrites, chaquefois qu'il
s'échappe du corps de la cellule pour s'en éloigner il suit le pro-
longement cylindraxe.
Supposons une impulsion motrice partant de l'écorce du
cerveau pour se rendre à un muscle; le courant nerveux qui
s'éloigne à ce moment du centre d'une cellule de l'écorce suit
son prolongement cylindraxe jusqu'au point où il se termine
librement dans la corne antérieure de la moelle. En ce;point
,le courant est repris par un nouveau neurone dont il gagne le
centre en suivant des prolongements dendritiques; puis il
422 11) ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
,quitte le centre de ce deuxième neurone, pour gagner la péri-
phérie ; à ce moment il est de nouveau repris et conduit à des-
tination (au muscle) par un prolongement cylindraxe.
La même loi se retrouve dans la chaîne plus compliquée des
neurones qui portent les impressions sensibles parties de la
périphérie, à travers les neurones de la moelle, du bulbe, etc.,
dans les couches corticales. Nous nous sommes efforcé d'accu-
muler les arguments qui au point de vue anatomique permet-
taient de considérer les fibres de la sensibilité dans leur trajet
compris entre la cellule du ganglion intervertébral et la péri-
phérie, comme constituées par les prolongements dendrites de
cette cellule. La loi physiologique qui vient d'être indiquée
confirme complètement cette manière de voir.
L'impression sensible au moment où elle part de la peau
pour arriver au ganglion intervertébral marche en effet vers le
centre du neurone qui forme les cellules de ces ganglions;
elle doit donc suivre les prolongements dendritiques.
Ensuite, au moment où arrivée au corps cellulaire, cette im-
pression va gagner la moelle, elle s'éloigne du centre du neu-
rone et doit suivre par conséquent un prolongement cylin-
draxe. 1
Au point de vue physiologique le neurone qui va de la peau à
la moelle a donc ses prolongements dendritiques dirigés vers la
périphérie; son prolongement neural dirigé vers la moelle.
Les mêmes considérations sont applicables aux neurones
commissuraux et d'association des différentes zones psychiques
B. Pathologie du neurone considéré isolément. S'il est
permis de prendre pour type d'une description anatomique
un neurone et de lui assigner des caractères généraux apparte-
nant à tous les neurones, le même procédé peut être appliqué
à la pathologie. Les mêmes lésions, envisagées dans une unité
nerveuse se pourront rencontrer avec le même aspect dans
toutes les autres unités. Le neurone formant un tout il est lo-
gique d'admettre que la lésion d'une de ses parties retentisse
forcément sur l'ensemble à un certain degré.
Supposons un neurone avec son centre cellulaire et ses
prolongements des deux variétés; supposons une section hori-
zontale passant transversalement en un point de son prolon-
gement cylindraxe, les deux portions séparées vont présenter
des lésions, celle qui constitue le centre cellulaire, son noyau
et un tronçon du prolongement neural aussi bien que celle
LES NEURONES. 423
qui se résume dans le bout périphérique de ce dernier. Seule-
ment les deux lésions ne seront pas identiques. Le bout
périphérique va dégénérer suivant la loi de Waller, le bout
central va s'altérer suivant le processus de la dégénérescence
dite rétrograde.
Mais ce qu'il importe de souligner c'est que le neurone tout
entier se trouvera atteint. Lorsque Waller, considérant les
deux extrémités des sections, écrivit : « le bout périphérique
dégénère », il formula une des lois les plus générales et les
plus incontestées de la pathologie nerveuse. Lorsqu'il ajouta :
c le bout central reste intact », il indiqua un fait inexact, car
pour être le siège d'une lésion, d'un aspect différent, cette
lésion n'en existe par moins dans cette dernière portion. Ce
dernier fait peut se résumer de la manière suivante : la loi de
Waller n'est pas exacte dans ce qu'elle a d'exclusif.
Dans un mémoire en collaboration avec M. Durante, nous
avons insisté sur ce fait en faisant concourir à sa démonstra-
tion dans la moelle, l'encéphale et les nerfs périphériques un
nombre considérable de documents. Cette donnée nouvelle de
la double dégénérescence s'explique mieux avec la conception
du neurone qui place dans un isolement relatif le bout central
du neurone en le montrant moins lié au reste du système
nerveux et d'autre part en établissant l'unité de l'élément que
nous supposons altéré.
La portion sectionnée du cylindraxe y compris ses collatérales
séparée du reste du neurone s'altère profondément, sa lésion se
fait avec rapidité, elle aboutit non seulement à la destruction
fonctionnelle, mais à la destruction matérielle, la myéline se
fragmente et résorbe, le cylindraxe se détruit et disparait,
plus ou moins complètement; au dernier terme, souvent réa-
lisé, il ne reste plus rien de la structure primitive. On a l'en-
semble des lésions qui caractérisent habituellement la dégé-
nérescence wallérienne. L'autre portion du neurone, celle qui
conserve le centre cellulaire offre des lésions moins aiguës et
moins destructives : ce sont celles que nous avons regardées
dans le travail précédemment cité, d'après les observations des
auteurs et les nôtres, comme caractérisant la dégénérescence
ou mieux l'atrophie rétrograde dans sa forme typique.
' Revue de Méd., janvier 1895 et numéros suivants. Des dégénéres-
cences rétrogrades dans les centres nerveux et les nerfs périphériques.
Voir aussi la thèse de Durante, Paris, 189J, sur le même sujet.
424 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
Nous devons supposer de même que les prolongements den-
dritiques du neurone dégénèrent dans les cas où pourrait se
trouver réalisée la même séparation que nous venons de sup-
poser, pour le prolongement cylindraxe. Ici nons n'avons pas,
on le comprend, les expériences si souvent réalisées en patho-
logie expérimentale, à moins d'admettre, ainsi que nous l'avons
fait, que les nerfs sensibles sont des dendrites.
Ce que nous savons, c'est que la pathologie montre chaque
jour que dans les lésions, même peu marquées du centre du
neurone, on a déjà une destruction plus ou moins complète
de ses dendrites. Avec la méthode Golgi nous avons pu cons-
tater cette dernière lésion au début de la paralysie générale ' .
Au point de vue pathologique les prolongements dendrites sem-
blent donc suivre les mêmes lois de dégénérescence que les
prolongements neuraux.
Dans d'autres cas plus rares, le neurone sectionné dégénère
dans ses deux fragments d'une manière complète, c'est-à-dire
dans le bout central au même degré de destruction que dans
le bout périphérique. La dégénérescence qui est physiologi-
quement rétrograde dans le bout central n'a plus alors son
caractère particulier : au point de vue anatomique elle se
confond dans sa forme, si non par sa pathogénie, avec la
dégénérescence wallérienne.
D'ailleurs la réciproque peut s'observer parfois dans le bout
périphérique.
Nous rappellerons, en effet que Schiff a retrouvé le cylindraxe
non détruit dans le bout périphérique des nerfs sectionnés.
En répétant ses expériences avec la nigrosine, nous avons pu
arriver à des résultats moins évidents en ce sens que cette
conservation du cylindre d'axe était au moins fort inconstante.
Le bout central peut donc parfois dégénérer par un processus
anatomique semblable et celui du bout ? A(°)'Me, et récipro-
quement. Ces exceptions aux lois fondamentales de la dégénéres-
cence des fragments du neurone ont, à notre avis, cette
importance qu'elles montrent qu'il y a des conditions qui
échappent aux données d'une simple expérience. La résistance
.vitale des portions du neurone sectionné doivent entrer en
ligne de compte; l'expression est vague, mais elle est néces-
saire dans notre ignorance actuelle.
' Travail en collaboration avec le Dr Azoulay. (.1t,eh. de Neurologie,
août 1891.)
LES NEURONES. 425
Ce que nous appelons résistance vitale est sans doute le
résultat d'un grand nombre de conditions, comme des colla-
térales nombreuses reliant encore la portion détachée du
centre du neurone à la fonction des neurones voisins, peut-
être la fonction des neurones voisins suppléant au centre perdu
pour le bout périphérique sectionné, etc. La distance du centre
à laquelle la section est faite paraît en tout cas jouer un cer-
tain rôle. '
Quoi qu'il en soit, les dégénérescences wallérienne ou rétro-
grade des neurones reconnaissent des conditions sans doute
multiples et complexes, ce qui rend compte de leurs modalités
différentes, tandis que les lésions primitives sont identiques. Ces
sections du prolongement cylindraxe des neurones sont, on le
sait, chose commune en pathologie; c'est ce qui a lieu pour
toutes les lésions en foyer circonscrit siégeant dans les nerfs,
dans le cerveau et la moelle. Il en résulte que cette double
dégénérescence du neurone au-dessus et au-dessous de la lésion
est un fait souvent observé en pathologie. C'est ainsi que la
névrite périphérique, la section expérimentale des nerfs, par
exemple, sont toujours accompagnées d'une lésion rétrograde
s'effectuant en sens contraire de la loi de Waller. Et les mêmes
faits s'observent lorsqu'il s'agit de lésion sur le trajet des
neurones centraux'. 1.
Seulement le degré de cette lésion est plus variable et
moins évident que celle du bout périphérique. Elle demande
pour être reconnue, du moins dans beaucoup de cas, l'emploi
des méthodes de Marchi pour l'examen des tubes nerveux et
de Nissl pour l'examen de la portion cellulaire du neurone.
Cette dernière méthode a donné de très beaux résultats en
matière d'expérimentation puisqu'on a pu rencontrer des
lésions évidentes des granulations chromatiques du proto-
plasma cellulaire déjà accusées quarante-huit heures après
l'arrachement d'un nerf moteur comme le facial 2. La patho-
génie de la dégénérescence wallérienne se résume dans la
suppression du centre trophique. Userait surperflu d'y insister
davantage.
Le mode de développement dans le neurone sectionné de
1 Voir pour la bibliographie notre mémoire cité plus haut. {Revue de
Méd., 1895, janvier et numéros suivants.)
2 Voir le même mémoire cité plus haut pour l'indication bibliographique
des auteurs qui ont établi ce fait.
426 1N1T0911li PATHOLOGIQUE.
l'atrophie que nous appelons rétrograde est plus obscur.
Marinesco et Goldscheider admettent un repos fonctionnel du
centre du neurone qui,-s'altérant sous cette influence, com-
manderait la dégénérescence des ramifications restées en
connexions avec ce centre. Nous n'avons pas de critiques à
faire à cette manière de voir, mais nous ferons remarquer que
cette dernière modalité de lésion prise dans sa complexité n'est
pas semblable à celle qui préside à la lésion du bout périphé-
rique du neurone et cela ni par sa pathogénie, ni par son degré
habituel. Quelles que soient les analogies entre ces deux variétés
d'altérations, il y a lieu de les distinguer.
Le prolongement cylindraxe d'un neurone étant sectionné
expérimentalement ou par une lésion en foyer il y a donc lieu
de réserver à la lésion du bout périphérique le nom de dégéné-
rescence Wallérienne ; à celle du bout central le nom de
dégénérescence ou d'atrophie rétrograde , tout en acceptant
d'ailleurs certaines analogies.
Telles sont les deux variétés de lésions les plus importantes
que peut offrir un neurone envisagé comme unité patholo-
gique. Mais les neurones qui composent le système nerveux
sont en rapport les uns avec les autres; les neurones réagis-
sent les uns sur les autres et ce fait, important encore au point
de vue pathologique, va faire l'objet des lignes suivantes.
II. Pathologie DES systèmes DE NEURONES.
Le neurone qui est le même partout forme, en se mettant
au contact avec les neurones voisins, des chaînes de neurones
qui constituent des systèmes physiologiques. L'une de ces
chaînes de neurones constitue le système moteur ; une autre
forme le système sensitif; d'autres chaînes de neurones unis-
sent de distance en distance dans la moelle, dans l'encéphale,
ces deux grandes lignes physiologiques; ce sont des neurones
d'association ou des neurones commissuraux. Mais quel que
soit le genre d'impressions qu'ils transportent où élaborent,
insistons encore une fois sur ce point : ces neurones ont une
morphologie et une structure pareille, la question de détail
(dimension forme, longueur des prolongements, etc.) étant
mise à part.
C'est précisément cette uniformité de structure qui autorise
en pathologie des déductions touchant à la fois les neurones
LES NEURONES. 427
d'association, de mouvement, de sensibilité, etc. D'ailleurs, au
point de vue physiologique, la force, quelle que soit sa nature,
qui traverse le système nerveux en donnant lieu aux phéno-
mènes de la sensibilité, du mouvement, de la pensée, est tou-
jours la même, mais seulement transformée, par exemple, de
sensibilité en mouvement. Les expériences des physiologistes
n'ont-elles pas démontré que le cylindraxe moteur était apte à
conduire vers les centres les impressions de la sensibilité, du
moment où il est mis en rapport avec un organe de sensibi-
lité ?
Un neurone du corps calleux, par exemple, est donc au point
de vue de sa structure analogue à l'archineurone 1 ou au télé-
neurone du système moteur. Comme eux il se compose d'un
centre cellulaire siégeant dans les circonvolutions cérébrales,
de dendrites, d'un prolongement cylindraxe donnant naissance
â des collatérales, qui va se terminer dans les circonvolutions
de l'hémisphère opposé sous forme de ramifications libres. De
même de tous les neurones, à cylindraxes courts comme les
cellules du second type de Golgi ou à longs prolongements,
formant des systèmes d'association dans des départements plus
ou moins éloignés, etc., etc.
Ce que nous nous proposons d'essayer d'établir, c'est qu'au
point de vue pathologique les lois de la dégénérescence des neu-
rones sont dans les voies psychiques, motrices et sensibles, con-
formes à cette unité de structure, c'est-à-dire les mêmes dans
ces trois ordres de systèmes physiologiques.
A. Pathologie des neurones du système moteur. Considé-
rons séparément chacun de ses systèmes. Et d'abord le système
moteur.
Deux neurones suffisent à établir la communication entre
l'écorce cérébrale et les muscles, c'est-à-dire que la chaîne
motrice se compose de deux neurones. Le premier archineu-
rone a sa cellule d'origine dans la zone motrice de l'écorce ;
son prolongement cylindraxe descend dans la capsule interne,
le pédoncule, le bulbe et arrive dans la corne antérieure de la
moelle où il se termine au contact des prolongements den-
drites du second neurone. Ce second neurone (téléneurone) est
' Dans une chaîne de neurones, on nomme archiueurone le neurone
qui est le plus rapproché du centre, et téléneurone, celui qui est le plus
périphérique (Waldeyer, Flatau).
428 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
une cellule de Deiters dont le prolongement cylindraxe s'en va
dans le muscle à travers la racine antérieure et le nerf.
Ce système est relativement très simple. Partie de l'écorce,
l'impression nerveuse suit le cylindraxe en s'éloignant du centre
de l'archineurone ; elle parvient à son extrémité ; elle est
recueillie par les dendrites du téléneurone qui la conduisent
au centre de ce neurone, centre qu'elle abandonne ensuite en
suivant de nouveau un prolongement cylindraxe jusqu'au
muscle. S'il existe deux neurones dans la voie motrice, trois
cas peuvent se rencontrer en pathologie : 1° l'archineurone est
dégénéré seul ; 2° le téléneurone est dégénéré seul ; 3° les deux
neurones sont dégénérés simultanément.
Un type morbide clinique correspond très particulièrement
à chacune de ces éventualités. Chacun de ces types a été décrit
en clinique comme évoluant isolément bien avant qu'on con-
nut la doctrine des neurones. Mais ce qu'il est intéressant de
remarquer c'est qu'en raison de cette doctrine chacune de ces
grandes modalités cliniques correspond justement à la lésion
isolée ou combinée des deux neurones.
1° La dégénérescence isolée de l'archineurone de la chaîne
motrice, celui qui va de l'écorce à la moelle et dont le prolon-
gement neural suit le faisceau pyramidal, entraîne des
symptômes qui correspondent au tabès spasmodique. On a de
la parésie, de l'exagération des réflexes, des phénomènes de
trépidation épileptoïde et de la contracture. Ce grand syn-
drome clinique est le résultat de toutes Jes affections qui
frappent les neurones qui constituent le faisceau pyramidal et
l'on sait combien est fréquente cette dégénérescence du fais-
ceau pyramidal.
2° Les dégénérescences isolées du téléneurone, celui qui va
de la corne antérieure au muscle, donnent lieu, de leur côté, à
un tableau clinique dont les lignes ne sont pas moins connues
et précises et qui est en quelque sorte, l'opposé de ce que l'on
observe dans les maladies du neurone précédent ; ce tableau
est celui de l'atrophie musculaire progressive. Les muscles
s'atrophient ; les paralysies ne se produisent qu'en raison du
degré de cette atrophie qui n'est jamais absolue ; les réflexes
diminuent ou sont abolis ; il n'y a aucun phénomène de con-
tracture ; les membres ne sont déformés que par des rétrac-
tions.
3° En supposant que les deux ' neurones précédents soient
LES NEURONES. 429
.ésés l'un et l'autre, le tableau clinique sera encore différent
et nous fournira le troisième des grands syndromes moteurs
que nous montre chaque jour la clinique, celui de la sclérose
latérale amyotrophique. On aura réunis et combinés les mani-
festations des deux variétés précédentes. 11 y aura l'atrophie
musculaire, ce caractère principal des dégénérescences du télé-
neurone et de plus il y aura des phénomènes de contracture
qui appartiennent aux destructions de l'archineurone.
Dans cette vue d'ensemble des maladies du système moteur,
chaque grand syndrome, dégagé depuis longtemps, apparaît
donc comme le résultat de la destruction de tel ou tel neurone
de la chaîne motrice. Et à ce point de vue la doctrine du neu-
rone, sans rien simplifier d'ailleurs, éclaire du moins les notions
que nous possédons déjà en les faisant apparaître comme plus
logiques et plus précises.
Il est nécessaire, avant d'abandonner la chaîne motrice des
neurones, d'examiner ce qui se passe ultérieuremeut dans les
neurones de cette chaîne lorsque l'un deux venant à dégénérer
le second se trouve placé par le fait dans des conditions
physiologiques nouvelles. On vient devoir que chacun des neu-
rones de la chaîne pouvait être affecté simultanément ou iso-
lément. Dans ce dernier cas, le neurone resté indemne de
lésion peut être épargné pendant très longtemps ; mais le voi-
sinage d'un neurone altéré et dont la fonction est si étroite-
ment liée à la sienne ne peut pas rester indifférent pour lui.
A un degré ou à un autre, tôt ou tard ce neurone s'altère à
son tour. On a alors une maladie de neurone à neurone, une
dégénérescence de transmission qui est du plus haut intérêt
en pathologie. Cette variété diffère, on le comprend sans peine,
du cas où les deux neurones sont frappés simultanément par
un même agent morbide.
Il importe d'étudier cette lésion de transmission suivant que
c'est l'archineurone dont la dégénérescence entraîne à plus ou
moins longue échéance celle du téléneurone, ou réciproque-
ment. Supposons, par exemple, un foyer cérébral sectionnant
l'archineurone au niveau de la capsule interne, d'où la dégé-
nérescence descendante du prolongement neural de ce neurone,
c'est-à-dire la lésion du faisceau pyramidal. Eh bien, dans ce
cas, le téléneurone va s'altérer à son tour et la maladie va
emprunter quelque chose des signes de la sclérose latérale
amyotrophique; l'hémiplégie avec contracture va se compli-
430 0 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
quer d'un peu d'atrophie musculaire impliquant la partici-
pation du neurone périphérique. A un léger degré, la maladie
^est presque, suivant une expression devenue classique, « une
lésion fonctionnelle >. Mais souvent elle dépasse ce stade et
aboutit à une lésion nettement visible à l'autopsie. Ce qu'il
importe de connaître, c'est comment se fait cette lésion et
quelle elle est de par sa pathogénie.
Les recherches que nous avons pu faire sur ce point confir-
ment la manière de voir des auteurs qui ont établi que la
dégénérescence se faisait, dans ce cas, de l'extrémité muscu-
laire du neurone vers son centre spinal. En d'autres termes,
la lésion du neurone supérieur influence le neurone suivant
à son extrémité périphérique. C'est là que là lésion débute, et
c'est aussi là qu'elle peut rester longtemps localisée, sans
remonter jamais tout le trajet du cylindraxe. Dans cette der-
nière condition, le centre du neurone reste, ou mieux paraît
rester intact.
La dégénérescence de l'archineurone moteur détermine donc
dans le neurone périphérique une lésion de propagation qui
débute à l'extrémité musculaire du cylindraxe de ce dernier et
qui peut rester localisée à cette extrémité. En d'autres termes,
la lésion de ce neurone est cellulipète. En second lieu, nous
supposons la dégénérescence effectuée dans le neurone périphé-
rique (téléneurone). Comment va s'altérer le neurone supérieur
(archineurone) ?
Il n'est pas rare d'observer la dégénérescence du faisceau
pyramidal à la suite des atrophies des neurones de la corne
antérieure. C'est le cas qui nous occupe. Les auteurs admettent,
depuis les récentes acquisitions des neurones, qu'il existe dans
la corne antérieure des neurones dont le cylindraxe remonte
dans le faisceau pyramidal. On s'explique facilement de la
sorte les dégénérescences ascendantes de quelques fibres de ce
faisceau pyramidal dans toute poliomyélite. Mais il y a beau-
coup plus; le faisceau pyramidal peut dégénérer presque com-
plètement dans ce cas et la lésion qui déborde ses limites
étroites l'atteint aussi dans ses fibres qui viennent directement
de l'écorce.
Mais, dans ce fait, l'étude de la hauteur à laquelle se propage
la lésion démontre qu'elle ne remonte pas aux régions corti-
cales d'origine, et même qu'elle n'atteint pas le bulbe et le
pédoncule. Il est probable que, dans ce cas, la dégérescence de
LES NEURONES. 431
propagation se fait de la moelle vers le cerveau et, de plus,
qu'elle peut rester et qu'elle reste confinée à l'extrémité du
neurone la plus voisine du neurone primitivement malade.
A ce dernier point de vue seulement, c'est donc le contraire
du cas précédent ; mais l'analogie n'est cependant pas moins
évidente pour le fait fondamental : c'est encore à l'extrémité
cylindraxe du neurone que débute la lésion ; c'est encore là
qu'elle est le plus marquée, c'est encore là que nous la voyons
stationnaire.
La conclusion de ces faits s'impose :
La maladie d'un neurone moteur retentit sur le neurone voisin ;
elle frappe ce dernier au niveau de ses ramifications cylindraxes
que celles-ci soient au voisinage ou dans l'éloignement du neu-
rone primitivement malade ; la lésion la plus apparente débute
en ce point; elle ne remonte que plus ou moins haut; elle peut
rester stationnaire sur ce segment. Nous ne saurions trop
insister sur cette modalité de la dégérescence de neurone à
neurone du système moteur par la raison qu'elle sera pour
nous un guide précieux dans l'étude bien plus compliquée du
système des neurones de la sensibilité.
B. Pathologie des neurones du système de la sensibilité. (Les
tabès.) Les neurones qui s'échelonnent pour former la voie
qui transmet les impressions sensibles de la périphérie au
cerveau forment une chaîne beaucoup plus compliquée, et
cela encore que nous laissons de côté le trajet des impressions
de la douleur dont l'étude est encore plus complexe. S'il ne
faut que deux neurones pour conduire une impression motrice
du cerveau au muscle, il en faut pour le moins trois ou quatre
pour parcourir la chaîne de la sensibilité. Les neurones de la
chaîne sensitive sont aussi beaucoup plus complexes ; ils ont
des connexions plus multiples, des collatérales plus nombreuses,
des relations plus étendues avec les divers centres; mais, à part
ces particularités, nous verrons que ce qui a été dit de la
pathologie de la chaîne motrice est applicable ici.
Les dégénérescences de la voie sensitive des neurones cons-
tituent les tabès. L'un des résultats de la théorie des neurones
est d'établir d'une façon plus solide la multiplicité, la variété
des dégénérescences des cordons postérieurs, la doctrine des
tabès exogène et endogène, dans le sens où M. Marie a pris cette
expression, et aussi la manière dont notre maître, le professeur
Joffroy, mettant en parallèle les lésions anatomiques du tabès
432 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
vulgaire et de la forme tabétique de la paralysie générale des
aliénés, a établi les différences histologiques qui séparent ces
deux variétés, au moins dans la majorité des cas 1. Ces faits
ressortiront de ce qui va être dit sur ce sujet.
La téléneurone de la sensibilité est un neurone géant. Ses
racines se distribuent dans la peau sous forme de dendrites qui
constituent les nerfs sensibles ; son centre est dans le ganglion
intervertébral; son prolongement neural, après avoir constitué
les racines postérieures, va se terminer directement ou par de
nombreuses collatérales au niveau des centres gris de la moelle;
quelquefois il remonte jusqu'au au bulbe au niveau des noyaux
des cordons de Coll et de Burdach. Toutes ces collatérales,
tous ces prolongements cylindraxes se terminent, comme tou-
jours, par les ramifications libres avoisinant les neurones de la
moelle et du bulbe.
Les connexions avec ces derniers sont donc nombreuses; elles
se font dans la moelle par les branches directes ou collaté-
rales des neurones de la corne antérieure, de la colonne de
Clarke, des différentes zones de la corne postérieure, des
noyaux bulbaires. De ces points d'autres neurones conduisent
l'impression sensible dans la couche optique, de la couche
optique par un nouveau neurone dans le cerveau, etc. ,
La chaîne des neurones de la sensibilité présente donc une
série assez longue de neurones. Parmi ceux-ci le téléneurone
que nous avons appelé un neurone géant est le principal.
Sa dégénérescence primitive constitue le tabès vulgaire, par op-
position à la dégénérescence des autres neurones de la chaîne
dont les lésions primitives constituent les autres formes des
maladies tabétiques. Ces dernières maladies sont absolument
distinctes du tabès par dégénérescence du téléneurone au point
de vue du début de la lésion qui se fait dans les neurones voi-
sins de ce dernier. Mais d'autre part le téléneurone étant en
relation de contiguité avec ceux-ci, il s'altère à bon tour, mais
alors seulement dans des points limités, suivant la même loi
de dégénérescence de neurone à neurone que nous avons éta-
blie pour le système moteur. '
' Bulletins de la Soc. méd. des hôp., 1893. Congrès des Aliénistes
et Neurologistes de Cle7nonl-l'erraccl, 189'r. Iconographie de la Sal-
pêtrière, 1895. De plus le professeur JoITroy a fait sur le même sujet
plusieurs leçons cliniques (1891, 1893 et 1896) à l'Asile clinique (Sainte-
Anne).
LES NEURONES.. 433
Sans doute toute la complexité de cette question des tabès
se résume dans cette participation secondaire du téléneurone.
Mais avec la loi indiquée plus haut, il est très facile de se
rendre compte de l'ensemble complexe des lésions qu'on a sous
les yeux.
10 Le tabès par lésion primitive du téléneurone, tabès exo-
gène, se répartit dans ses lésions suivant la topographie de ce
neurone, y compris ses branches collatérales. Où débute la
lésion ? Est-ce au niveau du ganglion ainsi que les premiers
observateurs des lésions histologiques de cette maladie l'avaient l
pensé ? Est-ce à la périphérie du neurone, ou au niveau des
racines postérieures qu'il constitue ? C'est là une question qui
a été souvent posée et résolue de différentes manières. A notre
avis cette question placée en face des notions que nous possé-
dons sur la pathologie du neurone perd presque tout son
intérêt. Le neurone dégénère, en effet, avec facilité quelque soit
le point de son trajet qui soit lésé. Nous avons indiqué plus
haut qu'il dégénérait dans un sens suivant la loi wallérienne,
dans l'autre suivant la loi rétrograde. Il résulte de là que le
tabès du téléneurone, le télélabés survient à la suite de l'alté-
ration de n'importe quel point de son neurone. Tout l'intérêt
étiologique se reporte donc sur les conditions qui font que tel
individu devient tabétique à la suite d'un traumatisme périphé-
rique, d'une maladie générale, etc. C'est une question de l'ésis-
lance vitale, d'hérédité, de faiblesse native, etc., et non de lora-
lisation sur un point tout particulier du neurone. Ce qu'il peut
être intéressant de connaitre au sujet du début de la lésion sur
un point de ce neurone, c'est d'abord la fréquence relative de
ce début. Probablement ce sont les expansions périphériques
du neurone, plus exposées à l'action du froid humide et aux
traumatismes, etc., qui sont souvent lésées d'abord, mais non
dans tous les cas. En second lieu, on peut se demander, la
lésion étant faite sur un point du neurone, dans laquelle de ses
parties la dégénérescence va devenir le plus apparent. Mais
en somme cela n'a qu'un intérêt relatif.
La clinique a déjà cherché à mettre en opposition le tabès
du téléneurone avec les autres dégénérescences tabétiques', 1,
mais on est encore loin d'avoir tout dit sur ce sujet.
1 Travaux de Tuczek, de Marie, de Joffroy, etc. Voir aussi noire
mémoire : Lésions et symptômes spinaux, formes spinales de la paralysie
générale. (.4rele. de méd. expérimentale et d'anal, palh., janvier 1891.)
ARCHIVES,'2'= série, t. I. 28
434 . ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
Nous ne voulons insister ici que sur une seule différence
entre ces variétés pour la raison que la doctrine des neurones
. la rend évidente. -
Nous faisons allusion à la rétinite qui est assez fréquente
dans les tabès du téléneurone et qui manque dans tous les
autres. On se rend compte de cette différence si l'on se pénètre
bien de cette idée que la rétine représente, à la partie supé-
rieure de l'axe cérébro-spinal, un ganglion intervertébral. Le
fait qui, à première vue, peut paraitre un peu surprenant nous
semble démontré à l'aide d'arguments des plus puissants. A ce
sujet nous renvoyons le lecteur au mémoire de Jelgersma '.
La variété de tabès qui nous occupe peut frapper en effet le
téléneurone à des hauteurs différentes de l'axe cérébro-spinal,
quelquefois la rétine est prise, d'autres fois elle ne l'est pas
mais elle ne l'est jamais que dans la variété du télétabès.
Ainsi, par exemple, il n'y a pas d'atrophie de la papille dans
les formes spinales tabétiques de la paralysie générale 2 dont
la lésion primitive est dans d'autres neurones.
2° Le tabès d'origine endogène débute dans d'autres neurones
que celui que nous venons d'étudier; ces neurones sont ceux
dont la cellule est dans la moelle, le bulbe, le cerveau, au lieu
d'être dans le ganglion intervertébral. Disons tout de suite que
les lésions qui sont primitives dans ces derniers cas, ne tardent
pa à retentir sur le neurone périphérique ; de manière que
celui-ci participe souvent à la lésion, mais dans des branches
limitées de ces nombreuses expansions.
On peut voir une dégénérescence limitée à certaines zones
des cordons postérieurs, au faisceau virgule de Schultze, au
centre ovale de Flischig, dont la topographie vient d'être pré-
cisée, par le mémoire de Hoche'. Cette dégénérescence dérive
de l'altération de neurones intraspinaux. La lésion se poursuit
du haut en bas. Cette dernière forme n'a aucun retentissement
sur les branches du neurone périphérique ;.
1 Neurolog. Centralbatl, 1er avril 1895, p. 290.
1 Les malades qui ont le tabes avec atrophie de la papille délirent
souvent, mais ils ne sont pas des paralytiques généraux.
3 Neurolog. Centralbalf, 1896.
* Nota. Il nous est impossible d'admettre l'opinion, non exclusive
d'ailleurs, de M. Marie, qui ferait de cette variété la forme type du tabes
des paralytiques généraux, puisque sur une centaine d'examens histo-
logiques nous ne l'avons pas rencontrée une seule fois.
LES NEURONES. 435
La moelle comprend en outre dans sa substance grise un
très grand nombre de neurones dont les fibres dégénèrent
(suivant la loi de Waller) de bas en haut. Tels sont les neu-
rones de la colonne de Clarke dont les fibres iraient en grand
nombre former le faisceau cérébelleux direct de Flechsig et
dont peut-être quelques-unes se mêleraient aux faisceaux de
Burdach et de Goll ; tels sont les neurones dont les prolonge-
ments forment les faisceaux de Gowers ou faisceaux céré-
belleux ventral de Loewenthal et de Mott. Ce n'est pas tout.
La corne postérieure contient en outre de nombreux neurones
dont les prolongements des deux ordres se terminent dans
cette corne même à peu de distance de leur centre cellulaire.
La dégénérescence de tous ces neurones peut être regardée
comme primitive dans beaucoup de cas où le téléneurone est
intéressé. La dégénérescence de tous ces neurones est cons-
tituée par des maladies qui se localisent primitivement sur
la substance grise de la moelle. Aussi, en pareils cas, la subs-
tance grise est-elle souvent lésée dans des points multiples,
d'où ces dégénérescences combinées des neurones qui com-
mandent les dégénérescences ascendantes des faisceaux pyra-
midaux, des faisceaux cérébelleux, du faisceau de Gowers, ce
sont ces lésions qui constituent pour une bonne part l'anatomie
pathologique de la maladie de Freidereich qui peut être consi-
dérée, elle aussi, comme un tabès endogène.
La dégénérescence primitive peut encore porter sur d'autres
neurones qui continuent en haut la chaîne dont le téléneurone
est l'extrémité périphérique, c'est-à-dire au niveau du bulbe
dans les noyaux grêles, cunéiformes, etc., dans les neurones de
la couche optique dont l'extrémité cylindraxe vient se mettre
au contact des neurones précédents, dans les neurones de
l'écorce qui unissent à celle-ci la couche optique, etc.
Mais si la dégénérescence primitive de tous ces neurones
peut amener et amène souvent des lésions qui empiètent en
quelques points sur les territoires du téléneurone, c'est que
celui-ci se met en rapport étroit avec ces neurones. Dès lors il
faut en revenir pour l'explication des lésions à la dégénéres-
cence de transmission de neurone à neurone. Nous allons
essayer de démontrer que celle-ci se fait suivant la même loi
que dans le système moteur.
Supposons d'abord la lésion primitive d'un neurone du
noyau bulbaire des cordons postérieurs. Ce neurone qui fait
436 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
partie de la chaîne sensitive est représenté par une cellule dont
le prolongement cylindraxe va se terminer dans la couche
optique, et dont les dendrites se mettent en contact avec le
cylindraxe d'un neurone du ganglion intervertébral qui par-
vient jusqu'au bulbe en suivant le cordon postérieur de la
moelle. D'après la loi de dégénérescence de neurone à neu-
rone, c'est ce dernier prolongement qui va s'altérer manifes-
tement et sans que l'altération se propage jusqu'à son extré-
mité. De là une dégénérescence des cordons postérieurs d'une
forme toute spéciale, une dégénérescence descendante de la
partie interne des cordons postérieurs, tandis que ni les racines
postérieures, ni les zones des collatérales, ni le centre même
du téléneurone n'offre d'altération destructive. C'est cette
variété de tabès descendant que nous avons cherché à établir,
M. Durante et moi, dans notre mémoire sur les dégénérescences
rétrogrades en l'opposant au tabès vulgaire 1.
Nous pouvons généraliser ce fait et dire que l'altération de
tous les neurones et ils sont nombreux dans la substance
grise de la moelle dont les dendrites se mettent en rapport
avec les ramifications cylindraxes ou collatérales du téléneu-
rone peuvent déterminer secondairement la dégénérescence
cellulipète de ces ramifications.
De là l'apparente complexité des lésions des tabès endogènes;
de là dans ces tabès la participation limitée à des segments du
téléneurone. De là ce fait que dans les lésions de tous les neu-
rones centraux de la chaîne sensitive on trouve à plus ou moins
bref délai la dégénérescence de branches collatérales ou autres
du téléneurone lui-même.
Dans tous ces cas, il est de règle que la lésion respecte à peu
près la racine postérieure, le ganglion invertébral ainsi que la
zone de Lissauer. Seules les branches cylindraxes directes avec
les collatérales sont nettement dégénérées.
De son côté, dans un mémoire récent, M. Marinesco 2 a montré
le rôle et l'importance des lésions de ces mêmes collatérales
dans le tabès, la maladie de Friedereich, etc., en s'appuyant
1 L'expérimentation sur le cerveau des animaux a démontré la possi-
bilité de ces lésions descendantes dans le cordon postérieur de la moelle.
1 A l'époque où nous avons fait les leçons (février 1896), dont ce mé-
moire est le résumé, la communication de M. Marinesco n'avait pas
encore été faite et nous l'ajoutons ici en raison de l'importance que nous
lui attribuons. Voir Bul. de la Soc. méd. des hôp., séance du 6 mars 1896.
LES NEURONES. 437
sur la topographie des lésions qu'il a observées et d'ailleurs
sans s'inspirer de nos travaux avec M. Durante. On peut donc
dire que les dégénérescences des neurones centraux de la chaîne
sensitive retentissent sur le téléneurone dans certaines de ses
portions et donnent par le fait à leurs lésions quelques resserre-
blances avec celles du tabès vulgaire. Il n'y a même rien d'in-
vraisemblable à admettre qu'à la longue, une lésion primiti-
vement endogène devienne plus tard exogène dans un sens
très étendu. Ces faits doivent être très rares. Ainsi dans la
forme tabétique de la paralysie générale où la lésion occupe
d'abord des neurones centraux l'intégrité relative de la racine
postérieure, ainsi que l'a établi en particulier M. Joffroy (loc.
cit.) reste le caractère le plus nettement opposable au tabès
vulgaire.
Les lésions des neurones centraux de la chaîne sensitive
retentissent donc sur le téléneurone, mais en limitant la lésion
à certaines de ses branches et en suivant en cela les mêmes lois
énoncées au sujet des neurones moteurs.
C. Dégénérescences combinées des neurones des chaînes sensi-
tive et motrice. S'il est habituel de voir la dégénérescence
de neurone à neurone se faire soit dans la chaîne motrice,
soit dans la chaîne sensitive, il est plus rare de voir un neu-
rone moteur entraîner la dégénérescence de propagation à un
neurone sensitif. Cependant il existe des neurones intermé-
diaires qui transmettent les impressions d'une chaîne à l'autre
et le fait de la dégénérescence combinée peut se rencontrer
quelquefois. Seulement il est évident que les rapports de fonc-
tion et de vitalité, et aussi de retentissements pathologiques
sont plus étroits entre des neurones d'un même système. Il
semble que la dégénérescence de propagation éprouve une
sorte de résistance à se faire d'un grand système physiologique
à un autre grand système autrement différencié dans sa fonc-
tion.
Il résulte de là que le plus souvent, quand la pathologie
nous montre à la fois la dégénérescence des cordons pyrami-
daux et postérieurs, que la lésion primaire a touché simulta-
nément et à part les neurones de ces deux systèmes.
Sans cette résistance de neurone à neurone et surtout de
système à système, toute lésion, si localisée qu'elle soit, se
généraliserait rapidement. M. Joffroy a fait remarquer dans
438 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
ses leçons' qua le système moteur s'altérait plus rapidement
que le système sensitif.
- Parfois il y a lieu de rechercher l'origine de la dégénéres-
cence combinée dans les neurones spinaux et non pour la
sensibilité dans les téléneurones ni pour la voie motrice dans
l'archneurone, c'est-à-dire ni dans les circonvolutions motrices
ni dans le ganglion intervertébral, mais au contraire dans les
neurones de la substance grise de la moelle. Une telle manière
de voir n'est cependant pas exclusivement en rapport avec
les faits suivants :
Dans les scléroses combinées, le faisceau pyramidal ne
dégénère pas jusqu'à l'écorce et le faisceau pyramidal croisé
est intact. Les zones de Lissauer et les racines postérieures
sont relativement épargnées. C'est ce qu'on voit habituellement
dans la sclérose combinée de Westphal d'une part et dans la
maladie de Friederich d'autre part. C'est ce que nous avons vu
avec notre maître le professeur Joffroy chez les paralytiques
généraux, sauf une exception où le faisceau de Turck était
lésé. Mais il est des cas où la lésion d'un système physiologique
se transmet à un autre svstème de neurone à neurone. On
pourrait invoquer cette manière de voir pour expliquer l'atro-
phie tardive des muscles dans le tabès vulgaire, etc., etc.
D. Pathologie des neurones corticaux. Les neurones corti-
caux sont très nonbreux. Ils unissent entre eux les différents
départemeuts de l'écorce, d'hémisphère à hémisphère (corps
calleux), de lobe à lobe, de circonvolution à circonvolution et,
dans une même circonvolution, de zone à zone, de neurone
à neurone. La fonction de ces neurones est en rapport avec
les phénomènes de la vie psychique.
Ces neurones ont une morphologie et une structure sem-
blables à celles des autres neurones.
Une cellule calleuse, par exemple, est constituée par un
centre cellulaire d'où émanent des dendrites d'une part et,
d'autre part, un prolongement cylindraxe, qui va se terminer
dans l'écorce du côté opposé, par des ramifications libres se
mettant au contact avec les dendrites d'un autre neurone de
cette région. Il en est de même de tous les neurones des
commissures et de l'association. Ils ont des collatérales qui
Leçons inédites. '
LES NEURONES.. 1 439
se terminent de la même manière qu'ailleurs et dont le rôle
est important comme partout.
De nombreuses, collatérales partent du prolongement des
cellules calleuses, d'autres des fibres de projections pour se
terminer dans l'écorce. De là un système très complexe et en
rapport avec la physiologie psychologique.
Nos connaissances sur ce point en anatomie et en physiologie /
sont encore fort restreintes. M. Flatau ', dans son remarquable
mémoire sur le neurone, pense qu'on ne peut pas encore tirer
de conclusions formelles des travaux sur cette question.
Nous partageons cette manière de voir, mais nous croyons
cependant que la pathologie des neurones de l'écorce recon-
naît les mêmes lois générales que les autres neurones. Cette
opinion est fondée sur l'identité de structure des neurones et
aussi sur ce que nous savons déjà de l'anatomie pathologique
du cerveau. D'ailleurs, en nous proposant de revenir plus tard
sur ce sujet, nous voudrions simplement compléter ce mémoire
en ajoutant sur ce point quelques brèves considérations d'un
ordre général. Les nombreux neurones de l'association cor-
ticale peuvent être atteints par une même cause morbide,
agissant simultanément sur un très grand nombre d'entre eux.
On a alors les lésions et les symptômes bien connus de
l'encéphalite difluse, c'est-à-dire la démence, du moins comme
symptôme principal.
La multiplicité des neurones détruits implique la rupture
des communications entre les multiples territoires de l'écorce.
Dans une autre variété il s'agit de lésion en foyer, détrui-
sant une portion limitée de l'écorce. Dans ce cas, on a non
seulement des dégénérescences qui sont en rapport avec les
neurones détruits et leurs fibres de projection, mais encore les
dégénérescences des neurones d'association, dont les branches
collatérales des cylindraxes de projection font d'ailleurs elles-
mêmes partie. Dans ces cas, on a toutes les lésions qui ont
été décrites dans le neurone de la sensibilité et de la motilité
et en particulier la dégénérescence de propagation de neurone
à neurone. Non seulement ce fait pourrait être admis comme
fort vraisemblable à priori; mais encore il est démontré par
les dégénérescences wallériennes du corps calleux, par les
atrophies du cervelet consécutives à la lésion expérimentale de
1 Zeilsclll'iri far M ? Med., 1893.
/4,40 ANATOMIE PATHOLOGIQUE. ? telle'' portion du cerveau, par la démence de l'adulte consé-
^cultive ,à" des foyers morbides bien circonscrits, par l'arrêt de
^développement qui suit les lésions en foyers qui sont à l'ori-
gineadE l'idiotie, par la constatation des lésions habituelles ? 1 ? g&;1¡[demence, etc., etc.
Dans ces cas, il est infiniment probable qu'un neurone
sectionné dégénère suivant la loi de la dégénérescence rétro-
grade du côté de son extrémité centrale, s'il est certain qu'il
s'altère suivant la loi wallérienne dans son bout périphérique.
De plus, ici comme partout, lorsqu'un neurone est dégénéré,
le neurone voisin d'un même système physiologique a ten-
dance à s'altérer consécutivement. Nous croyons aussi que
cette dernière lésion se produit avec la même localisation
première et prédominante vers l'extrémité libre du cylindraxe,
comme on la voit se faire dans la chaîne motrice ou sensitive,
que, en d'autres termes, elle est cellulipète. Mais, après
quelques travaux publiés sur ce sujet, il en faudra encore
beaucoup d'autres pour arriver à préciser dans leur trajet les
chaînes d'associations des neurones corticaux.
Tout ce qu'on peut affirmer à l'heure actuelle, c'est l'ana-
logie des lésions de ces neurones avec celles qui sont mieux
connues dans d'autres systèmes, c'est la possibilité d'une
démence succédant à l'affection simultanée d'une grande
quantité de neurones et une démence secondaire avec ou
sans arrêt de développement, suivant qu'il s'agit de sujets
jeunes (idiotie consécutive à des foyers morbides), ou des sujets
adultes [démence secondaire et des lésions en foyers).
Notre conclusion finale sera que la pathologie des dégéné-
rescences, rapportée à la doctrine des neurones, peut se conce-
voir d'une façon plus claire, si l'on veut bien admettre que
dans la chaîne motrice, la chaîne sensitive et dans les chaînes
des neurones de la vie psychique, la dégénérescence wallé-
rienne et la dégénérescence rétrograde pour chaque neurone,
la loi de dégénérescence de neurone à neurone pour chaque
système, peuvent invariablement servir de guide pour l'étude
de l'immense variété de cas que nous offre l'observation de
chaquejour.
RECUEIL DE FAITS.
PARÉSO-ANALGÉSIE DES EXTRÉMITÉS SUPÉRIEURES
AVEC PANARIS ANALGÉSIQUES OU MALADIE DE SIORVAN.
HÉMIPLÉGIE DROITE ET PARAPLÉGIE INFÉRIEURE ;
Par BOURNEVILLE.
Sommaire. Père, excès de boisson. - Grand-oncle paternel
suicidé. Grand' tante paternelle morte de congestion cérébrale.
- Autre grand' 'tante paternelle démente. - Mère, convulsions de
l'enfance, fièvre cérébrale a quatorze ans accompagnée de canitie
partielle, très nerveuse. - Grand-père et oncle maternels, excès de
boisson. - Consanguinité. - Inégalité d'âge de huit ans.
Impression maternelle vive pendant lu grossesse. - Convul-
sions répétées vers deux ans. - Affaiblissement paralytique du
côté droit et mains en crochet, constatés à deux ans et demi. -
Traumatisme du genou suivi d'arthrite à quatre ans. - Aggrava-
tion de la paralysie et contracture des membres inférieurs. -
Abcès multiples du genou droit. - Brûlure de la main gauche à
neuf ans et, peu après, premier panaris analgésique. - A qua-
torze ans, second panaris analgésique. - Quelques semaines après,
deux abcès du membre supérieur droit. - Description du malade
en 1889 : différence de coloration des iris; - malformation des
oreilles ; - déformation du thorax; - mal(ol'l1wtions pathologi-
ques de l'index et du médius gauche ; - m'1'ét de développement du
bassin et du train postérieure hémiplégie droite-- paraplégie ;
- dissociation de la sensibilité, etc. - Luxation du 1'adius droit.
- Ankylose du genou droit, doigt à ressort, etc.
1890. Furoncles, abcès. - BrÛlure provoquée au dos de la main
droite sans douleur.
1893. Phlegmon du coude et fracture de l'extrémité inférieure de
l'humérus.
1894-1895. Amélioration progressive de l'état intellectuel et phy-
sique.
1896. Mars-avril. Nouvelle description du malade.
44 : 2 RECUEIL DE FAITS.
Bis... (Charles), né à Paris le 12 novembre 18î, est entré dans
notre service le 24 novembre 1888.
- - Antécédents héréditaires. Père, cinquante-cinq ans, homme de
peine dans un lavoir. Il paraît plus vieux que son âge. Il a la tête-
conique et le sillon naso-labial gauche plus creux que le droit,bien
qu'ilaf(irmen'avoirjamaiseu d'accidents nerveux. Durant l'enfance,
il n'a eu ni manifestations scrofuleuses, ni convulsions, ni fièvres
infectieuses, ni syphilis, ni migraines, ni maladies de peau, ni
panaris. Il avoue faire des excès de boisson quotidiens : il boit deux
à trois litres Je vin par jour et un litre de café mélangé d'eau-de-
vie. Sa physionomie dénote ses habitudes alcooliques. [Père
mort à quarante-huit ans (fusillé au fort d'Ivry) ; il était séparé de
sa femme, aussi ne peut-on donner d'autres renseignements sur
lui. Grand-oncle paternel suicidé par pendaison. - Grand" tante
paternelle morte de congestion cérébrale à soixante-quatorze ans.-
Mère morte à soixante-dix ans en trois jours, on ne sait de quoi.-
Tante, quatre-vingt-quatre ans, démente. Frère mort à cinquante-
neuf ans de la poitrine; six autres frères et soew's morts en bas
âge. Grands parents paternels et maternels, pas de détails. - Point
d'aliénés ni d'épileptiques, etc., dans la famille].
Mère, blanchisseuse, sobre, morte à quarante-six ans en 1883
d'une tumeur blanche du genou ; à quatorze ans, elle avait eu une
fièvre cérébrale grave, durant laquelle une grande partie de ses
cheveux aurait blanchi [canitie partielle). Elle. aurait eu des convul-
sions, mais on ne sait si c'est pendant sa fièvre ou dans l'enfance.
Pas d'attaques de nerfs ni de migraines, mais des accès de colère
suivis de pleurs. [Père mort de bronchite chronique ; nombreux
excès de boisson. Mère, soeur du grand-père paternel de notre
malade, pas de renseignements. Frère mort on ne sait de quoi,
faisait des excès alcooliques. Pas d'aliénés, etc., dans la famille.]
Consanguinité (cousins germains); différence d'âge de huit ans.
Dix enfants, tous des garçons; huit sont morts du croup à diffé-
rentes époques. Ils étaient intelligents et n'avaient jamais eu de
convulsions. Il en est de même du septième qui est soldat dans un
régiment de cuirassiers.
Antécédents personnels du malade. La conception n'aurait pas eu
lieu durant l'ivresse. Grossesse : pas de traumatismes, ni d'envie de
boire, ni de syncopes, ni d'attaques, mais dans les premiers mois,
sa mère urait eu « un regard » : « un mendiant de lavoir ., para-
lysé d'un côté du corps est venu demander l'aumône; elle l'a fixé,
ce que voyant, une de ses camarades l'a interpellée vivement :
cadèle que faites-vous là ? » Elle est revenue aussitôt à elle comme
d'un rêve. « Mon enfant a un bras et une jambe qui ressemblent à
ceux du mendiant et du même côté. » - Accouchement naturel et
sans chloroforme, en quatre heures. A la naissance, pas d'as-
PARÉSO-ANALGÉSIE DES EXTRÉMITÉS SUPÉRIEURES. 443 ri
phyxie. Elevé à la campagne, au biberon, avec du lait de
chèvre, il aurait eu, vers deux ans, à trois reprises des convulsions,
qui, chaque fois, auraient duré deux ou trois heures et sur lesquelles
on ne peut fournir de détails. Depuis lors il n'en a plus eu, affirme
son père.
Quand B... est revenu ehez ses parents, à deux ans et demi, il était
bien portant, mais sa mère remarqua qu'il avait le côté droit moins
gros et plus faible que le gauche, qu'il marchait en tortillant et trai-
nant la jambe, que ses mains étaient en crochet : «les doigts, dit-on,
se refermaient toujours ». Cette rétraction était plus prononcée du
côté droit.
A quatre ans, étant à l'asile, il a reçu un coup de pied d'nn de ses
camarades. Dès le lendemain le genou droit était gonflé. C'est pour
cet accident et pour la rétraction de ses doigts que ses parents
l'ontconduit au bout d'un mois à l'hôpital des Enfants malades où il
n'a fait qu'un court séjour ; le diagnostic posé était : méningo-
myélite. Puis il y est rentré le 17 août 1881, en est sorti le 8 octobre
et le 29 du même mois, il a été envoyé à l'hôpital de Berck. Il en
est revenu le 10 juin 1881.
D'après les notes qu'à bien voulu transmettre M. le Directeur des
Enfants-Malades, le diagnostic était au départ : Coxalgie avec appa-
reil, état général bon; et, au retour, coxalgie améliorée. Les notes
du Directeur de l'hôpital de Berk-sur-Mer, copiées sur le registre
de la maison, ne nous fournissent aucun renseignement utile. On
parle d'une tumeur blanche, d'un redressement du genou qui sera
prochaiuement tenté. Et c'est tout. Le malade, lui, prétend
qu'on lui aurait retiré un petit os du genou droit et qu'on lui aurait
maintenu la jambe dans l'extension pendant quarante jours, à
l'aide de poids.
Lorsque B... est rentré de Berck, son père a remarqué qu'i7 avait
les genoux collés et qu'il lui était impossible d'écarter la jambe droite
sans douleur, symptômes qui n'existaient pas au momentdu départ :
« Avant mon départ, mon père me portait sur ses épaules et j'écar-
tais bien les jamhes, dit l'enfant. » En raison de son infirmité et
aussi à cause de la mort de sa mère, B... fut placé quelques
semaines après son retour à l'asile des incurables des frères Saint-
Jean de Dieu. Durant son séjour dans cet établissemenl( dix-huitmois),
on lui aurait ouvert deux abcès au niveau du genou. Ces abcès,
si l'on en croit l'enfant, renfermaient beaucoup de pus et les inci-
sions auraient produit de vives douleurs. Au dire du père, 8..., n'au-
rait rien appris dans cette maison : « J'ai payé pendant plus d'un
an 15 francs par mois, puis m'étant trouvé sans travaille n'ai pas
pu payer et, au bout de cinq mois, les frères m'ont ramené l'en-
fant. Je l'ai gardé deux ou trois semaines et ensuite j'ai obtenu
son placement à la colonie de Vaucluse (26 février 188 i). » Il y est
z44 RECUEIL DE FAITS.
resté jusqu'au 2 novembre 1888, sans aucune amélioration, pré-
tend-on. C'est là qu'il a eu, à treize ans (janvier 1888), son premier
panaris siégeant à l'index gauche. Voici d'après le malade lui-
même dans quelles circonstances.
Il s'amusait à tisonner un feu de charbon de bois. Un morceau
de charbon incandescent ayant été projeté du foyer, il voulut le
ramasser, tomba et posa le dos de la main gauche sur le charbon,
sans s'en apercevoir : « Pendant ce temps, af(irme-t-iJ, l'infirmière
me parlait, j'avais la tête tournée et je ne m'apercevais de rien. »
Il prit le charbon entre ses doigts et le remit dans le feu, sans avoir,
à aucun moment, éprouvé une sensation douloureuse. Peu après, il
s'aperçut qu'il avait une cloque au niveau de l'articulation méta-
carpo-phalangienne et la phalange de l'index gauche, du côté delà
face dorsale. Il aurait enlevé l'épiderme c pour faire sortir l'eau »,
aurait refusé tout pansement et quand il se produisait des croûtes
il les détachait. Jamais il n'aurait souffert durant les deux mois
que la plaie a mis à se cicatriser.
Environ quinze jours plus tard, sans cause connue, il serait sur-
venu un gonflement très prononcé de l'index gauche. Le gonflement
qui, à l'origine, occupait la phalange, aurait ensuite gagné la pha-
langine et la phalangette. Fièvre vive, céphalalgie, insomnie.
Absence complète de douleurs locales. Pendant deux jours on appli-
qua des cataplasmes et, le troisième jour, on fit une incision qui
n'aurait occasionné aucune souffrance (pansement phéniqué).
Deux jours après l'opération, l'ongle était tombé et l'extrémité du
doigt était nécrosée. On procéda sans chloroforme et sans douleur à
l'ablation des os de la phalangette et de la phalangine.La cicatrisa-
tion aurait été lente et n'aurait pas duré moins d'un mois : c'était
le PREMIER PANARIS ANALGÉSIQUE.
Sauf une tendance à mentir, B... n'a pas de mauvais instincts, il
n'est ni gourmand, ni voleur, ni méchant, ni destructeur, ni ona-
niste, ni coléreux. Il estdoux et affectueux. n'aeu ni vers ni aucune
maladie infectieuse, sauf la coqueluche à trois ans et peu après des
croûtes dans le cuir chevelu. Il n'aurait eu aucune autre manifes-
tation lymphatique.il aurait eu beaucoup d'engelures qui se seraient
ulcérées ( ? ) ; on ne saurait dire si elles étaient plus prononcées d'un
côté que de l'autre.
En novembre 1888, le père de B... a demandé et obtenu son
transfert de la colonie de Vaucluse à Bicêtre, à cause des dépenses
que lui occasionnaient les visites à la colonie.
Notre dévoué collaborateur, le Dr BLIN, médecin de la colonie de
Vaucluse, a eu l'obligeance de nous envoyer les notes ci-après sur
les particularités oirertes par Bi... durant son séjour à Vaucluse :
Certificat du Dr LEGnas (février 1887) : « B..., idiotie, violences
passagères; rétraction du membre droit; malformation de la main
PARÉSO-ANALGÉSIE DES EXTRÉMITÉS SUPÉRIEURES. 445
droite, voûte palatine en ogive, inégalité pupillaire, contusion très
légère à l'oeil gauche. Ce malade est dans un état mental qui exige
son placement dans un asile d'aliénés. »
Certificat du Dr Magnan (20 février 1887) : « Débilité mentale avec
excitation passagère; ankylose du genou droit. »
Certificat du 0" KERAVAL (27 février 1887) : « Débilité mentale
compliquée de manifestations strumeuses d.u côté des os; associa-
tion des idées excessivement lente ; mémoire très rudimentaire. »
Mars 1887. Infirme par accidents scrofuleux ; enfant paraissant
extrêmement doux; perfectible.
Novembre. - Insubordination, « hypocrisie », brutalités, frappe
son entourage avec ses béquilles.
Décembre. Grossièreté, trivialité, indocilité. Aucun progrès
dans l'état mental.
Janvier 1888. Panaris ostéomyélitique de l'index gauche.
Mars. Mauvais instincts, taquineries incessantes. Son esprit
n'est tourné que vers le mal.
Avril. Indiscipline constante; cet enfant ferait le martyre des
gardiennes si son infirmité lui permettait d'être agile.
Mai. Abcès sous-axillaire à droite, produit par le frottement
de la béquille.
Juin. Grossier, malpropre, brutal, frappe ses camarades avec
ses béquilles quand il ne peut les atteindre autrement.
Septembre. Plus doux et plus tranquille.
Octobre. L'amélioration se maintient, parait avoir quelques
sentiments affectifs et s'attache à son entourage.
Voici maintenant ce que nous avons observé durant son séjour
dans notre service de 1889 à 189fui.
1889. Janvier. B... reste quatre jours à l'infirmerie pour une
angine érythémaleuse.
13 murs. Salivation; opalescence des commissures labiales,
exulcération transversale de la face interne de la joue gauche ;
petite plaque rouge près de la dernière molaire. Petites adénites
sous-maxillaires, cervicales, axillaires et inguinales. Rien aux
organes génitaux, à l'anus, au cuir chevelu, à la peau. Dans l'ctis-
selle droite, on trouve une demi-douzaine de croûtes épaisses repo-
sant sur des plaques indurées, rosées à là périphérie, ayant une
direction antéro-postérieure. Ces accidents ont disparu en trois
semaines 1.
Avril. Second panaris analgésique. B... s'aperçoit par
hasard d'un gonflement du médius gauche. Fièvre vive, insomnie;
ni céphalalgie, ni douleur au niveau du doigt malade. Incision
indolore; issue de pus en abondance. L'extrémité du droit se
nécrose. Cicatrisation lente.
446 RECUEIL DE FAITS.
En juin 1889, B... a eu un abcès sans cause connue au niveau de
la partie supérieure de l'avant-bras droit, à 3 ou 4 centimètres du
pli du coude. La fièvre aurait été assez vive; l'incision transversale
qui a donné issue à une grande quantité de pusaurait été douloureuse
et on dut tenir vigoureusement le malade. Guérison rapide; cica-
trice de 3 centimètres. Peu après deuxième abcès au niveau du tiers
moyen de la face antérieure du bras droit; mêmes phénomènes.
Cicatrice longitudinale de 2 centimètres.
3890.Juillet.- En travaillant à la cordonnerie, il s'est fait à la face
postérieure de l'avant-bras droit, un peu au-dessus du poignet, une
plaie en biseau de 3 centimètres de longueur : il dit n'avoir abso-
lument rien senti.
Etat actuel (5 août) (fig. 25, 26, 27). Tête de volume à peu près
moyen, régulière, à peu près symétrique, presque ronde. Le cuir
chevelu présente en arrière trois cicatrices.
Face. Front peu élevé, un peu fuyant avec des bosses frontales
peu saillantes. Arcades sourcilières plutôt déprimées. Les yeux sont
assez petits. L'iris, bleu à droite, a une couleur jaune verddtre ci
gauche. Les pupilles sont égales et réagissent bien à la lumière et
à l'accommodation. L'acuité et le champ visuels sont normaux.
Oreilles longues, écartées en haut, non ourlées, à lobule adhérent.
Ne : ; aquilin, régulier, légèrement dévié à droite. Les plis du front,
les sillons naso-labiaux soit au repos, soit dans les mouvements
provoqués, le rire, etc., sont égaux. Les angles de la mâchoire
inférieure sont fortement accentués. Bouche d'habitude légère-
ment entr'ouverte, lèvres assez épaisses. Langue, amygdales,
, 'palais, rien à noter. Luette courte. Menton un peu carré.
Dentition. Il existe, à chaque mâchoire, 14 dents de forme
normale, d'assez bonne qualité, peu serrées, bien rangées. L'arti-
culation est naturelle. Les gencives sont en bon état.
Cou assez long; circonférence, 28 centimètres. La glande thyroïde
est peu volumineuse'.
Thorax irrégulier, très développé dans ses deux tiers supérieurs,
rétréci dans son tiers inférieur. Les muscles pectoraux sont volumi-
neux ; leur bord inférieur forme un relief prononcé. La région
pectorale droite est plus relevée que la gauche. En avant la moitié
droite est moins large que la gauche. La partie comprise entre le
bord inférieur des régions pectorales et le rebord des fausses côtes,
nettement convexe en avant et à gauche, est aplatie à droite. En
arrière le thorax est notablement déformé. L'épaule gauche est un
peu plus élevée et plus bombée que la droite. Il y a une dépression
assez prononcée entre les deux omoplates. Très large en haut, la
poitrine se rétrécit à partir de la pointe de ces os. Le reste du tronc
' En 1896, la circonférence du cou est de 31 centimètres.
PARÉSO-ANALGÉSIE DES EXTRÉMITÉS SUPÉRIEURES. -447
et le bassin tout entier sont notablement arrêtés dans leur développe-
ment par rapport à la moitié supérieure du tronc.
La colonne vertébrale décrit une légère courbure à convexité
dirigée à droite au niveau de la partie moyenne de la région dor-
sale ; elle est rectiligne dans la partie inférieure de cette région;
enfin les deux dernières vertèbres dorsales et les vertèbres lom-
baires offrent une seconde convexité dirigée à gauche. Les apo-
physes épineuses des cinq dernières vertèbres dorsales et surtout
les trois dernières sont assez saillantes. La peau qui les recouvre
est épaissie par suite du frottement de la ceinture, ce qui contribue
encore à augmenter la saillie.
Membres supérieurs. On n'observe pas de déformation des bras
pirl. 23.
13... en 1888, il (le treize ans et demi.
448 RECUEIL DE FAITS.
mais le gauche est mieux développé que le droit. Les saillies mus-
culaires, malgré cette différence, se dessinent nettement : aucun
indice d'atrophie. L'aisselle droite est le siège de troubles trophiques
cutanés. La peau est brunâtre, épaissie dans son ensemble, avec
des papules larges, mamelonnées. Durant son séjour à la colonie de
Vaucluse, il est arrivé maintes fois que ces lésions ont été plus
accusées, en quelque sorte par poussées. Les papules grossissaient,
étaient le siège d'une sécrétion légère, et se recouvraient de croûtes'.
Les muscles deltoïdes, biceps et triceps brachiaux forment des
' Les lésions ont toujours été beaucoup plus étendues et beaucoup
plus prononcées sur la paroi externe de l'aisselle que sur la paroi
interne.
Pif ! , 6,
B... il treize ans et demi.
PARÉSO-AJSALGÉSIE DES EXTRÉMITÉS SUPÉRIEURES. 44U
saillies très nettes. Ils sont plus volumineux à gauche (voir le
Tableau des mensurations ,le, membres). Les coudes sont déformés
par suite d'une grande hixité des ligaments.
La flexion des coudes est normale, mais l'extension est exagérée.
Les mouvements de rotation de l'avant-bras ne s'opèrent que par
la rotation du bras et de l'épaule. Aucun traumatisme connu du
père et de l'enfant n'explique cette laxité des ligaments aux deux
coudes, qui est un peu plus prononcée à droite.
Il existe une luxation de l'extrémité supérieure du radius dont
on ignore et la date et la cause.
L'état des mains mérite une description détaillée.
a) Main gauche. La peau de toute la main, surtout des doigtf,
Archives. 2e bérie, . 1. 29
l'ifl.2ï.
il... treize ans et demi.
450 RECUEIL DE -FAITS.
est épaissie, rugueuse. On note sur la face dorsale deux cicatrices
blanchâtres, consécutives à des brûlures volontaires qui n'ont occa-
sionné aucune douleur, et qu'il s'était faites à la suite d'un pari,
avec une cuillère chauffée au rouge. L'index, composé seulement
de la phalange, se termine par une masse arrondie sur laquelle
s'implante un petit fragment d'ongle. Les mouvements de flexion
et d'extension sont peu étendus. Le médius se termine par un
fragment d'ongle un peu plus large que celui de l'index. La peau
de ce doigt est le siège d'une induration cornée; la phalangette
persiste. Les autres doigts n'offrent qu'une hypertrophie de la peau.
Il n'y a pas d'atrophie des éminences thénar et hypothénar (fig. 28).
b) Main droite. La peau est épaisse, principalement autour
des articulations des doigts. Il existe un durillon au point de contact
Fi ? 28.
PARÉSO-ANALGÉSIE DES EXTRÉMITÉS SUPÉRIEURES. 451
du pouce avec la paume. L'extension des doigts est incomplète.
Rétraction de la phalangette du pouce; mouvements très limités.
La peau des deux mains est le siège de crevasses assez profondes.
L'écartement des doigts, des deux côtés, est nul. Au dynamomètre,
10 à gauche, 6 à droite (y. 28 et 30).
Membres inférieurs. Dans l'attitude habituelle, la cuisse droite
est fléchie sur le bassin ; elle forme un angle d'environ 45° et ne
peut être étendue davantage. De plus, elle est dans l'adduction et
croisée sur la cuisse gauche (fig. 26 et 27). L'adduction est limitée;
la flexion complète est possible. Le genou ne semble pas déformé,
mais les mouvements sont très circonscrits.
La jambe est iléchie à angle droit, c'est à peine si on peut lui
faire décrire un angle de quelques degrés dans le sens de la flexion
et de l'extension {ankylose incomplète). Le tendon d'Achille est
rétracté et forme une corde saillante sous la peau. Le pied semble
ankylose. Il est dans l'exlension presque complète, avec un léger
degré d'abduction et de rotation en dedans. Il est possible de pro-
voquer quelques mouvements très peu étendus dans tous les sens.
Les mouvements des orteils sont faciles.
A gauche, les mouvements de la cuisse sont un peu limités dans
le sens de l'extension et de l'abduction; l'extension complète de la
jambe sur la cuisse est impossible; les mouvements du pied et des
orteils ont peu d'amplitude.
Les réflexes tendineux paraissent normaux ( ? ).
Organes génitaux. Bourses pendantes; testicules égaux du
volume d'une olive. Verge : longueur et circonférence, 5 cen-
trimètres; prépuce un peu long; gland découvrahle; méat normal.
Une demi-douzaine de poils de chaque côté de la racine de la
verge. Rien à l'anus. Le corps est glabre.
Sensibilité spéciale. La vue, l'ouïe, le goût, l'odorat sont con-
servés et au même degré des deux côtés.
Sensibilité géizéi ale. a) Sensibilité au contact. Les yeux fermés,
le malade reconnaît bien les objets que l'on place entre ses doigts,
sur la face dorsale du carpe, de l'avaut-bras et du bras. Il sent bien
le contact de l'épingle que l'on passe sur le bras et l'avant-bras. Il
ne sent pas le frottement du doigt dans la zone analgésique, ni le
passage des poils d'un pinceau; il ne sent pas non plus le contact de
gros objets appuyés avec pression sur sa main.
b) Sensibilité à la douleur. 1° Côté gauche : anesthésie en gant
remontant jusqu'à deux travers de doigt au-dessus de l'articulation
du poignet. Au niveau de l'avant-bras et du bras, le malade ne
ressent qu'une piqûre lorsque les deux épingles sont à 15 milli-
mètres l'une de l'autre.
2° Côté droit. L'anesthésie occupe, à la main les mêmes régions
sauf que l'éminence thénar a conservé la sensibilité. Sur l'avant-
1152 RECUEIL DE FAITS.
bras et le bras, la sensibilité à la piqûre est normale et le malade
distingue nettement la pointe de deux épingles à 5 millimètres
d'écartement. -
c) Sensibilité thermique. Thermo-anesthésie de la main gauche
dépassant l'analgésie de deux à trois travers de doigt. Thermo-
anesthésie de la main droite ayant la même distribution que l'anal-
gésie, mais occupant toute la face palmaire.
B... a conservé la notion déposition et se rend compte qu'on meut
ses jointures, qu'on les tord mais sans éprouver de douleur.
Au niveau de la face interne du tiers supérieur du bras droit et
de l'aisselle correspondante, analgésie très marquée et thermo-anes-
thésie avec conservation de la sensibilité tactile. Dans les
mêmes régions, ci gauche, les différents modes de la sensibilité sont
conservés '.
La physionomie dénote un certain degré d'intelligence mais offre
en même temps une expression de niaiserie due au regard un peu
vague et à la bouche presque toujours légèrement béante. - La
parole est libre, le langage rarement grossier. IL. est peu appliqué
à l'école où très souvent il s'amuse et se dispute avec ses camarades.
Son caractère est assez doux; il aime à jouer et ne se fâche presque
jamais. Il est toujours dans les groupes où l'on se distrait, car,
quoique ne marchant qu'avec des béquilles, il prend part à tous les
jeux. Il a de la volonté, distingue le bien du mal. Il est toutefois
facile à entraîner à mal faire, ment quelquefois en classe pour évi-
ter des réprimandes ou couvrir ses camarades. Il est attentif, à
condition d'être surveillé. Il aime assez les exercices de lecture,
mais ne sait pas lire couramment, fait les trois premières opérations,
commence à faire la division, mais ne peut réussir le plus simple
problème. Il possède quelques notions d'histoire et de géographie;
toutefois, il s'embrouille facilement et confond les termes et les
dates. Sa tenue est en général bonne. Pas de mauvais instincts.
Il a choisi le métier de cordonnier.
25 septembre. B... travaille à l'atelier de cordonnerie. Il a
laissé tomber un tranchet sur la partie inférieure de sa cuisse droite
et s'est fait une plaie transversale qui a nécessité deux points de
suture. Guérison en quelques jours (cicatrice de 3 centimètres
au-dessous du condyle interne du fémur).
1890. Janvier. - B... est taquin, grossier, paresseux, violent et
frappe ses camarades avec ses béquilles.
Février. Embarras gastrique bilieux. Un nouvel examen de la
sensibilité donne les résultats suivants : anesthésie totale à la cha-
leur, au tact et à la douleur au niveau de la face dorsale des doigts,
' Nous avons rédigé tout cet état actuel d'après les notes recueillies par
notre ancien interne de 1889, le DI Robert SoREL (du Havre).
PARESO-AN.1LGESIE DES EXTRÉMITÉS SUPÉRIEURES. 453
de la main et du poignet jusqu'à une ligne passant à deux travers
de doigt au-dessus du pli articulaire. A la face palmaire de la
main, le malade reconnaît les objets qu'on lui fait saisir, mais il
ne perçoit ni la chaleur, ni le froid, ni la douleur [dissociation de
la sensibilité). Pas de troubles de la sensibilité sur le tronc et les
membres inférieurs.
Avril. -Deux furoncles l'un au côté du mamelon droit, l'autre sur
la cuisse droite. -
Juillet. Puberté. Le corps est toujours entièrement glabre,
sauf quelques poils rares au pénil. Longueur et circonférence de la
verge, 7 centimètres.. Pas d'autres changements.
Août. Abcès tubéreux de l'aisselle droite dû au frottement de
la béquille.
Septembre. Brûlure sur le dos de la main droite qui n'a occa-
sionné aucune douleur.
1891. Rien de particulier durant cette année. B... préfère l'atelier
à l'école. Il commence à faire des chaussures neuves. Son écriture
(de la main gauche) est restée lisible, mais il sait à peine lire. Sa
tenue laisse à désirer. Ses mains surtout sont sales, pleines de cre-
vasses ; il les brûle souvent exprès. « Cela ne me fait aucun mal»,
dit-il. Souvent il s'amuse à marcher « à quatre pattes ». Il est
bruyant en classe, disputeur, grossier, et se moque des répri-
mandes. Les malades plus âgés ou plus vicieux s'en servent pour
faire de mauvais coups, voler du vin, par exemple, le battant s'il
refuse.
1892. Juillet. - Puberté. Le visage, le tronc et les membres sont
glabres. Quelques poils sous l'aisselle gauche. Mêmes lésions
cutanées de l'aisselle droite dépourvue de poils. Poils abondants et
longs à la partie inférieure du pénil. Les testicules ontla dimension
d'un oeuf de moineau. Verge : longueur, 11 centimètres; circon-
férence, 9.
Décembre. - Même indiscipline à l'école. Tenue malpropre.
Caractère irritable. Accès de colère, déchire ses livres, ses cahiers,
casse les carreaux, ne cède jamais, ne veut pas reconnaître ses
torts. Il est très souvent répréhensible.
1893. 14janviei,. Avant-hier et hier matin, il est tombé de son
lit sur le coude droit qui est le siège d'un oedème douloureux consi-
dérable, s'étendant à 10 centimètres au-dessus et au-dessous de
l'interligne articulaire. Tout mouvement de l'articulation déter-
mine une vive souffrance. La bourse séreuse olécranienne est
enflammée. Le débridement au bistouri donne issue à du pus
mélangé de sérosité. Pansement humide au sublimé ; gouttière.
15 janvier. Insomnie, battements et élancements douloureux
dans le coude. Malin : T. R. 38°. Soir : 39°.
16 janvier. - Même état. Pe"sistance du gonflement et de la
4154 RECUEIL DE FAITS.
douleur. T. R. 38°,7 et 39°,5. Bain de bras phéniqué pendant
trois heures; même pansement.
17 janvier. - L'oedème a un peu diminué; il s'écoule peu de pus.
T. R. 38°,5 et 39°.
18 janvier. - Le malade est chloroformé. On constate que les
surfaces articulaires ne sont pas changées; que le sommet de l'olé-
crâne, l'épicondyle et l'épitrochlée sont sur la même ligne; qu'il
y a un décollcment épiphysai7'e de l'extrémité inférieure de l'humérus.
Pendant la réduction par traction il jaillit de la plaie un jet de
sérosité purulente semblant venir de la jointure. Pansement
humide; gouttière antérieure plâtrée sur le coude en demi-flexion
avec une échancrure laissantlibre l'olécrâne. T. R. 39° et 39°,2.
19 janvier. La nuit a été bonne. L'oedème a diminué,
T. R. 38° et 38°,4. '
20 janvier. Le coude est le siège de douleurs vives, lancinantes
qui ont empêché l'enfant de dormir. La plaie mise à nu laisse
voir un tissu lardacé, infiltré. Il est enlevé à la curette ; la plaie
saigne abondamment. On aperçoit dans le fond de la plaie l'olé-
crâne dénudé. Drainage à la gaze iodoformée, pansement
humide, etc.
A partir de là, amélioration progressive, consolidation de la
fracture, cicatrisation de la plaie. L'enfant sort de l'infirmerie
dans les premiers jours d'avril.
Juillet. B... est allé un peu plus fréquemment à l'école ; on le
retient trop volontiers à l'atelier de cordonnerie dont il est l'un
des meilleurs apprentis. Amélioration en classe, mais durant les
récréations, il se montre toujours indiscipliné.
Puberté. Les modifications sont les suivantes : poils follets à
la lèvre supérieure et au menton poils longs, frisés à la racine
des bourses ; poils assez abondants à l'anus. Verge : longueur,
11 centimètres ; circonférence, 10 centimètres. Testicules de la
grosseur d'un petit oeuf de pigeon.
1894. Janvier. - B... aime toujours à se mêler aux jeux les plus
bruyants, les plus actifs, malgré son infirmité. Il devient plus rai-
sonnable, plus docile, et se soumet plus volontiers aux observations
qu'on lui adresse. La tenue est meilleure.
Mars. Phlegmon de ia main droite; incision.
Juillet. Puberté. Pas de changement notable.
La conduite de B... est bonne et nous lui promettons, s'il conti-
nue, de ne pas le faire passer aux aliénés à dix-huit ans comme
c'est la règle, mais à vingt ans, dans la division des incurables de
l'hospice. Afin de l'encourager, nous l'autorisons à aller travailler
pendant une partie de la journée chez un cordonnier du dehors.
1895. Janvier. - Puberté. Poils fins à la lèvre supérieure et au
menton. Quelques poils dans l'aisselle gauche. Fin duvet sur les
PARÉSO-ANALGÉSIE DES EXTRÉMITÉS SUPÉRIEURES. 455
avant-bras, sur la face externe des cuisses et des jambes. Poils
assez abondants sur la partie inférieure du pénil ; quelques poils
sur les bourses. Verge : longueur, Il centimètres; circonférence,
iOcm,5.
B... continue à travailler chez un cordonnier du dehors, qui lui
donne 0 francs par semaine.
1896. Janvier. Mêmes lésions trophiques de l'aisselle droite.
Même état de la puberté, si ce n'est que la moustache se dessine
davantage.
Mars-avril. Bis... s'est notablement amélioré au point de vue
intellectuel. Sa conduite ne laisse rien à désirer. Il continue à tra-
vailler au dehors chez un cordonnier du voisinage. Pour ces rai-
sons, au lieu de le faire passer à dix-huit ans dans l'une des sec-
tions du quartier des aliénés, nous l'avons gardé jusqu'à ce jour
(vingt ans), afin d'obtenir son placement, justifié par ses infirmités
et sa maladie, dans l'une des divisions de l'hospice. L'autorisation
étant arrivée, nous avons procédé à un dernier examen, dont nous
ne relèverons que les points principaux.
La différence entre la partie supérieure du thorax et la partie
inférieure persiste, et il en est de même de l'arrêt de développe-
ment du reste du tronc (fig. 29). Les mesures suivantes en donnent
une idée.
lui56 . - RECUEIL DE FAITS.
sant la phalangette, on produit un bruit sec, et dès qu'on retire son
propre doigt, immédiatement la phalangette reprend avec le même
qruit sa position à angle droit, à l'instar d'un ressot t. L'index et le
médius sont recourbés dans la demi-flexion ; l'annulaire est un peu
moins recourbé ; l'auriculaire est presque droit. Le malade ne peut
pas relever ses doigts jusqu'à la ligne droite; il peut les fléchir
jusque sur la paume de la main, sauf l'auriculaire qui en reste très
écarté, en conservant la demi-flexion, ce qui doit être attribué à
ce qu'il y a plusieurs années il s'est fait au niveau de l'articulation
phalango-phalanginienne (face palmaire) une plaie avec un tran-
chet.
Les doigts sont boudinés ; les ongles sont réguliers. La peau est
épaissie sur le dos du métacarpe et sur la face dorsale des doigts;
elle est en outre légèrement rouge. Il existe une induration pro-
Fi ? 29.
PARÉSO-ANALGÉSIE DES EXTRÉMITÉS SUPÉRIEURES. 457
fessionnelle de la moitié radiale de l'index, et un durillon à la face
palmaire, sur la moitié inférieure du deuxième métacarpien. On
arrive à redresser les doigts, ce que ne peut faire le malade, mais
avec uce certaine résistance.
A gauche, les mouvements de l'épaule et du coude sont libres;
parfois, il y a des craquements.
Main. - Les doigts sont plus qn'à demi fléchis sur la paume de
la main, et dans leur totalité portés vers le bord cubital, tandis que
le métacarpe est incliné vers le bord radial (. us et 30). Tous sont
plus ou moins déformés. La phalange du pouce est presque à angle
droitsurle premiermétacarpien et la phalangette est relevée à angle
droit sur la phalange. On ne peut complètement ni redresser le
pouce, ni fléchir la phalangette; par conséquent, les mouvements
de flexion et d'extension sont limités. L'index a la forme d'un
moignon boudiné terminé par une sorte de cône bas (un centi-
mètre et demi au plus), formé par la peau très épaissie, et terminé
par un tout petit fragment d'ongle. L'os de la phalange seul existe.
Les mouvements provoqués sont très limités, et encore plus les
mouvements spontanés. Le médius est composé d'une phalange et
d'une phalangine bien développées, d'une phalangette raccourcie.
Les mouvements provoqués sont presque complets dans l'articula-
tion métacarpo-phalangienne, limités dans l'articulation phalango-
phalanginienne, nuls dans la dernière articulation. La phalange a
5 centimètres de longueur, la phalangine 4 centimètres, et la pha-
langette à peine un centimètre et demi. Celle-ci est légèrement
Fig. 30.
458 RECUEIL DE FAITS.
fléchie et portée vers le pouce. Elle se termine par un ongle
déformé, épais de 3 à 5 millimètres. Toute la peau de la phalan-
gette, sauf sur la face externe, est épaissie, et le siège de fissures
et même de crevasses. L'annulaire peut être fléchi complètement,
mais non étendu. Les articulations sont assez roides. Tandis que
les doigts précédents n'ont pas de mouvements spontanés de laté-
ralité, ils existent à l'auriculaire, dont l'articulation métacarpienne
est libre ; et les autres articulations un peu roides. Les deuxième,
troisième et quatrième doigts sont plus volumineux au niveau de
la jointure de la phalangine avec la phalangette qu'au niveau de
l'articulation phalango-mélacarpienne (les doigts de la main
droite sont bien moins cylindriques). Les productions épidermiques
prédominent sur le deuxième, et principalement sur le quatrième
doigt. Sur les autres doigts et à la paume de la main, les épais-
sissements paraissent dus à la profession. Très souvent, le pouce,
passant au-dessous du moignon de l'index, vient s'appuyer sur la
phalangine du médius.
Le malade prétend qu'il fatigue davantage de la main droite,
bien qu'il s'en serve moins que de l'autre : « J'écris et je fais tout
de la main gauche,» dit-il. Avant son entrée à Vaucluse, quand il
n'avait pas de béquilles, il marchait sur les mains. Il s'appuyait
principalement sur les articulations phalango-phalanginiennes. De
là, des épaississements anciens de la peau qui s'étendent jusqu'aux
articulations des phalanges avec le métacarpe. A la colonie de
Vaucluse, il lui arrivait assez souvent de marcher sur les mains.
Ici, il ne le fait qu'en jouant ou lorsque ses camarades lui cachent
ses béquilles.
B... rappelle qu'autrefois les doigts des deux mains étaient
placés en crochets. Ils se sont allongés progressivement. Cet allon-
gement a commencé avant l'entrée à Bicêtre et est allé en aug-
mentant.
Les mensurations suivantes donnent une idée des différences qui
existent entre les doigts des deux mains.
PARÉSO-ANALGÉSIE DES EXTRÉMITÉS SUPÉRIEURES. 459
460 RECUEIL DE FAITS.
autres orteils sont à peu près normaux (rétraction du fléchisseur du
deuxième orteil qui est déformé).
Côté gauche. Roideur assez prononcée de la hanche. Flexion
jusqu'à angle droit; extension incomplète : il n'est pas possible de
coller la cuisse sur le lit; abduction presque nulle; adduction
assez étendue. Contracture très prononcée des adducteurs.
Rigidité moyenne du genou; flexion presque totale, extension
imparfaite. Mouvements de latéralité très limités. B... soulève la
jambe, la plie, la porte en dehors et en dedans, mais tout cela
d'une façon imparfaite. Les articulations métatarso-phalangiennes
sont rigides, les autres articulations des orteils sont libres.
Le gros orteil est étendu sur la face dorsale du pied (contrac-
ture). Les mouvements spontanés sont assez étendus. Les ongles
sont réguliers. Le pied est plat.
Dans la station verticale qui, comme la marche, n'est possible
qu'avec des béquilles, la jambe gauche est un peu fléchie, portée
en dedans et le talon est un peu relevé. La cuisse droite croise la
gauche au-dessus de son genou et la jambe droite croise la gauche
au-dessous de sou genou, de telle sorte que le genou gauche est
encadré dans le jarret droit. Le pied droit est vertical et ne repose
sur le sol que par la pointe du gros orteil. Dans la marche, B...
avance ses béquilles simultanément, les membres inférieurs con-
servant leur attitude de la station verticale, le tronc repose sur le
gros orteil droit et sur les deux tiers antérieurs de la plante du
pied gauche. Les béquilles fixées, il porte en masse le train posté-
rieur en avant, le pied gauche frottant sur le sol.
Sensibilité spéciale, normale et égale des deux côtés. L'examen
complet des yeux, pratiqué par notre ami le D1' KOENiG, n'a décelé
aucune lésion. - Il en est de même de la sensibilité des muqueuses.
Sensibilité générale. Elle est conservée sur la face, au cou, sur
le tronc et les membres inférieurs. Toutefois B... prétend que le
froid (projection d'eau) est plus vif à droite qu'à gauche ; que d'ha-
bitude Je membre inférieur gauche est toujours assez chaud tandis
que le droit est toujours froid. Le chatouillement de la plante des
pieds n'est pas perçu. Le réflexe rotulien, conservé à gauche, est
très affaibli à droite. Pas de trépidation spinale. A ce moment de
l'examen on observe un léger tremblotement des muscles de la
jambe. La notion de position est normale.
En ce qui concerne les membres supérieurs, les divers modes de
la sensibilité sont conservés des deux côtés de l'épaule jusqu'au
pli du coude en avant, jusqu'à l'olécrâneen arrière. Au-dessous on
note les particularités suivantes :
Anebthébie du pli du coude à l'extrémité des doigts ; thermo-
anesthésie dans les mêmes régions; analgésie depuis l'extrémité des
doigts jusqu'à cinq centimètres au-dessous du pli du coude et de
PARÉSO-ANALGÉSIE DES EXTRÉMITÉS SUPÉRIEURES. 461
l'olécrâne. Les piqûres d'épingle ont déterminé autant de petites
papules arrondies de trois à quatre millimètres de diamètre (urti-
caire artificielle) réunies par une bande érythémateuse. Ces troubles
vaso-moteurs sont plus accusés à gauche qu'à droite.
La force musculaire est notablement plus faible à droite (côté
paralysé) qu'à gauche ainsi que le montrent les expériences dyna-
mométriques faites durant cinq jours avec le même instrument.
462 RECUEIL DE FAITS.
PARÉSO-ANALGÉSIE DES EXTRÉMITÉS SUPÉRIEURES. 463
II. Bien qu'il faille être réservé sur l'influence des
impressions maternelles, nous devons rappeler que, dans les
premiers mois de la grossesse, la mère a été vivement frappée
par la vue d'un mendiant atteint d'hémiplégie et que Je père
prétend que son fils a un bras et une jambe qui ressemblent
à ceux du mendiant. Les convulsions survenues à trois reprises,
vers deux ans et qui auraient duré chaque fois deux ou trois
heures, nous paraissent expliquer d'ailleurs l'hémiplégie qui
existe du côté droit, ainsi que la paraplégie inférieure. Si,
d'après le père, on n'a pas remarqué de paralysie à la nais-
sance, il n'y a plus de doute sur sa réalité, au retour de l'en-
fant de nourrice, à deux ans et demi; sa mère, en effet, a
remarqué alors, que le côté droit de son enfant était moins
gros et plus faible que le gauche, qu'il marchait en traînant la
jambe droite et que les mains étaient en crochet.
III. Nous croyons donc devoir rattacher aux convulsions,
probablement symptomatiques d'une sclérose cérébrale, le
premier groupe ' d'accidents pathologiques observés chez B...
et qui se sont traduits : a) par une arriération intellectuelle ;
b) par une hémiplégie du côté droit, par une paralysie de la
jambe gauche, et enfin c) par l'attitude des mains en crochet.
IV. L'a1'1'iération intellectuelle qui, au début, confinait à
l'imbécillité est bien mise en relief par les certificats que nous
avons reproduits et par les notes scolaires recueillies tant à la
colonie de Vaucluse qu'à Bicètre. Il s'y joignait une perversion
des instincts assez prononcée, qui a paru s'exagérer par
périodes durant lesquelles, entraîné par ses impulsions mala-
dives ou cédant sans trop de résistance aux mauvais conseils
d'enfants plus âgés, B... commettait de nombreux petits méfaits.
Nous avons pu obtenir cependant, avec le temps, une amélio-
ration assez sérieuse aussi bien sous le rapport intellectuel
que sous le rapport moral. Si, à l'école, les progrès de B...
ont été limités, en revanche, nous avons pu lui faire apprendre
suffisamment pour en tirer profit, malgré son infirmité, le
métier de cordonnier.
V. L'hémiplégie du côté droit qui prédomine au membre
1 L'enfant ayant été envoyé en nourrice trois ou quatre jours après sa
naissance, nous n'avons pu savoir si certains accidents, comme la laxité
cles ligaments des coudes, était ou non congénitale.
\
464 RECUEIL DE FAITS.
inférieur se complique d'une paralysie du membre inférieur
gauche. Il semblerait donc que les régions motrices du cer-
veau, correspondant aux membres inférieurs auraient été plus
atteintes que les régions qui correspondent aux membres
supérieurs. Les mensurations des membres'faites à différentes
reprises et dont nous ne citons que les deux extrêmes (1888 et
1896) mettent bien en relief les différences qui existent entre
les membres des deux côtés du corps et donnent une idée de
leur croissance durant cette période de .huit années.
L'hémiplégie s'accompagne en outre,' comme d'habitude,
d'un arrêt de développement de la moitié correspondante du
tronc, la face et le crâne demeurant à peu près tout à fait
indemnes, à'arthropathies, de rétractions musculaires et
tendineuses peu prononcées aux jointures du membre supé-
rieur mais très accusées au membre inférieur où elles ont été
aggravées par des traumatismes et des lésions de nature scro-
fuleuse( ? ).
Y a-t-il eu autrefois une coxalgie à droite, ainsi que le fait
supposer la note provenant de l'hôpital des Enfants malades,
on ne saurait l'admettre d'une façon absolue. En tout cas,
aujourd'hui, la hanche droite n'offre aucune déformation'; elle
est le siège de rétractions musculaires et tendineuses, qui res-
treignent considérablement les mouvements, et l'ensemble de
ces lésions, qui répond aux arlhropathies des hémiplégiques 2,
est, sauf le degré plus accusé, le même que celui qu'on observe
à la hanche gauche.
Quant à l'attitude de la jambe droite, à l'ankylose du
genou, à la déformation du pied, elles diffèrent de ce qu'on
note d'ordinaire dans l'hémiplégie, mais ces modifications sont
évidemment dues au traumatisme subi par le genou, aux
abcès qui se sont formés, aux opérations qui ont été prati-
quées. Le membre inférieur gauche, dans son attitude générale,
dans ses jointures, présente les symptômes habituels (craque-
ments, rigidité, arrêt de développement, etc.) des membres
frappés de paralysie. Rappelons que l'arrêt de développe-
' Cette opinion a été confirmée par noire collègue, M. le D'' CIIAI'UT,
chirurgien de Bicêtre, qui a bien voulu examiner le malade au point de
vue chirurgical.
' Bourneville. Elude sur les al'lhl'opalhies consécutives il quelques
maladies de la moelle el du cerveau (Revue photogr. des hôpitaux, 1871,
p. 9, 52, 67, etc.).
PARÉSO-ANALGESIE DES EXTRÉMITÉS SUPÉRIEURES. 468
ment, qui atteint les membres inférieurs, le droit plus que le
gauche, a également intéressé le bassin et la partie la plus
inférieure du thorax comme les figures 26, 27 et 29 permettent
de le vérifier.
D'après le malade, qui a été soumis chaque année depuis
son admission z1888) jusqu'à cette année à un traitement
antiscrofuleux pendant l'hiver, à l'hydrothérapie durant l'été,
les membres inférieurs, surtout le gauche, seraient devenus rela-
tivement plus agiles, les membres supérieurs se seraient fortifiés
et,l'attitude en crochet des mains aurait notablement diminué.
VI. Nous nous bornerons, au point de vue chirurgical, à
une simple énumération : pouce à ressort, luxation de l'extré-
mité supérieure du radius, mutilations pathologiques de deux
doigts de la main gauche, ankylose et attitude vicieuse du
genou droit, rétractions musculaires et tendineuses multiples.
VII. Il nous reste maintenant à faire ressortir les points
principaux d'une autre affection dont est atteint notre malade
et qui paraît répondre à la paréso-analgésie, décrite par
M. Morvan et à laquelle on donne généralement son nom.
La maladie de Morvan et la syringomyélie, remises à jour
dans ces dernières années, ont été l'objet, durant cette période,
de nombreux travaux. Elles ont d'abord été étudiées séparé-
ment. Puis, divers auteurs ont soutenu que cette séparation
n'était pas justifiée, que la paréso-analgésie des extrémités
supérieures n'était qu'une variété clinique de la syringomyélie.
MM. A. Joffroy et Achard, entre autres, se sont faits les défen-
seurs de cette théorie unitaire 2.
Au contraire, MM. Morvan, Charcot, Déjerine3 et Bruhl*,
ont soutenu qu'il s'agissait là de deux maladies distinctes.
M. Charcot a formulé son opinion dans une leçon faite en
1890, à la Salpêtrière, et a conclu en ces termes : « Il était
opportun de vous parler de la maladie de Morvan, après nos
1 Morvan. Gaz. lzebd., 1883, p. 580, 590, G27, 722; 1887 (cas de
Prouff), p. 249; 1889 (cas de ProufC et Gombault), p. 308, etc., etc.
' Joffroy et Achard. Soc. nzéd. des hôpitaux, 11 juillet 1890, et
Archives de muez. expél'im., 1890, p. 540.
3 Déjerine. Soc. de biologie, 5 juillet 1890, et Médecine moderne,
10 juillet 1890.
' Bruhl. Contribution il l'élude de la syringomyélie, 1890, p. 72.
Archives, 2° série, t. I. 30
466 RECUEIL DE FAITS.
dernières leçons sur la syringomyélie, car les deux affections
ont certains traits de ressemblance et sont confondues à tort,
selon moi, par quelques auteurs. »
Récemment, M. le professeur Grasset, dans une leçon très
intéressante, a discuté minutieusement cette question et a
conclu qu'il y avait lieu de distinguer la paréso-analgésie à
panaris des extrémités supérieures de la syringomyélie '.
Le cas qui précède nous parait appartenir à la maladie de
Morvan. Tout d'abord, les troubles de la sensibilité sont ana-
logues à ceux qu'a décrits cet auteur. Notre malade a une anes-
thésie, une analgésie, une tlte1'lno-anesthésie des doigts, des
mains, des avant-bras jusqu au voisinage du pli du coude.
Toutefois, la région analgésique est un peu moins étendue, en
ce sens qu'au-dessous du pli du coude et au-dessous de l'olé-
crâne, c'est-à-dire à la partie tout à fait supérieure de l'avant-
bras, et cela des deux côtés, il y a une zone d'environ cinq
centimètres de hauteur au niveau de laquelle la sensibilité à
la douleur persiste, alors que la sensibilité tactile, au froid, à
la chaleur est abolie. Nous devons faire remarquer que les
troubles de la sensibilité semblent quelquefois varier. C'est
ainsi qu'en février 1890 nous avons noté une dissociation par-
tielle de la sensibilité. Ce ne serait pas là une exception.
«Aujourd'hui, dit M. Grasset, il est démontré par des faits
nombreux que dans la maladie de Morvan la dissociation de la
sensibilité peut parfaitement exister. » (Loc. cit., p. 194.)
Les troubles trophiques sont aussi très nets. Le malade a eu
deux panaris graves, absolument indolores; il y a eu une éli-
mination d'une phalangette et d'une phalangine. De plus, il
présente un épaississement de la peau, des crevasses, une
sorte d'hypertrophie des doigts. Signalons aussi l'attitude des
mains en crochet et une atrophie, à droite, des éminences
thénar et hypothénar.
Nous avons eu la bonne fortune de montrer notre malade à
MM. Morvan, Prouff et Déjerine au cours d'une visite qu'ils
faisaient dans notre service et ils ont confirmé notre diagnostic.
1 Grasset, - Leçons de clinique médicale, 11° s6ne, MontpeUier et Paris,
1896. Nous ne pouvons pas, à propos de cette observation, refaire
l'historique de ces deux maladies. Nous renvoyons le lecteur à la thèse
si consciencieuse de M. Bruhl et à la leçon toute récente de M. Grasset.
PARESO-ANALGÉSIE DES EXTRÉMITÉS SUPÉRIEURES. 467 Î
EXAMEN ÉLECTRO-DIAGNOSTIQUE
Du cas précédent par le Dr Régnier.
Pour mesurerla diminution delà sensibilité, comme nous n'avions
pas à notre disposition de pont différentiel de Boudet (de Paris) ni
de machine statique, nous avons adoplé la technique suivante :
une électrode indifférente constituée par une large plaque de zinc
de 8 X 12 centimètres est appliquée sur la colonne vertébrale, à la
répion cervicale pour l'examen des membres supérieurs, à la région
lombaire pour les membres inférieurs, l'électrode active est cons-
tituée par un tampon de charbon recouvert de peau de chamois de
2 centimètres de diamètre. Nous déterminons d'abord dans les
régions saines la limite minima à laquelle le malade a la sensation
du passage du courant. Elle correspond au 0 de l'appareil portatif
à chariot de Chardin. La division de la règle est en centimètres.
Pour l'appréciation des modifications de la contractilité muscu-
laire nous avons suivi la méthode de Erb. '
MEMBRE SUPÉRIEUR GAUCHE
468 RECUEIL DE FAITS.
face dorsale, ainsi qu'à la plante du pied. Dans cette dernière
région la diminution est surtout prononcée au niveau de la tête
des métatarsiens et du talon; diminution moindre = 1/2 division,
au niveau du corps des 2°, 3e et 4° métatarsiens. existe de chaque
côté'du genou une zone de diminution de la sensibilité = 1 divi-
sion 1/2 de la largeur d'une pièce de cinq francs.
Jambe. - Diminution de la sensibilité = 1 division 1/2 dans la
moitié inférieure de la zone d'anesthésie.
C. Contractilité musculaire. Exploration faradique. La con-
tractilité est normale dans les muscles fessiers ainsi que dans ceux
de la cuisse, de la jambe et du pied.
Exploration galvanique. Pas de modifications du caractère de
la contraction N F C > PFC > P 0 C. 1V 0 C n'est pas recherchée à
cause de la douleur provoquée par le passage du courant.
La contraction musculaire est obtenue avec 5 milliampères.
MEMBRE SUPÉRIEUR DROIT
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 469
2e, 3e et 4e métatarsiens, diminuée au niveau des articulations
métatarso-phalangiennes = 1 division. Au niveau du talon la
diminution = 1 division 3/4. La diminution = 1 division sur le
bord externe du pied jusqu'au niveau de la malléole externe.
Sur la face dorsale la diminution = 1 division jusqu'au niveau
du pli articulaire de l'articulation du cou-de-pied. Sur le bord
interne diminution = 1/2 division.
Jambe. Diminution de la sensibilité = 1 division dans toute
la moitié inférieure. Il y a également deux zones de diminution de
la sensibilité = 1 division 1/2 sur la face interne et la face externe
du genou, sur une étendue égale à la largeur d'une pièce de
cinq francs. A la cuisse, la sensibilité est normale.
B. Cont1'actilité. Exploration faradique. La contractilité est
diminuée dans les muscles péroniers latéraux.
Exploration galvanique.- Dans les muscles où l'excitabilité fara-
dique est diminuée, il existe également une modification de la
réaction galvanique N F C = N 0 C. C'est le premier degré de la
réaction de dégénérescence d'Erb.
En résumé, l'examen électrique démontre que tant au point de
vue de la sensibilité que de la contractilité, les signes sont plus pro-
noncés à droite qu'à gauche aux deux membres. Sur le tronc et la
face, la sensibilité et la contractilité n'ont pas subi de modifi-
cations.
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE
1
PATHOLOGIQUES.
LXXV. NOUVEL appareil POUR apprécier LE DEGRÉ DE la SENSIBILITÉ
DOULOUREUSE DE LA PEAU, OU ALGI;SIOMi·,TRE pal' O.-O. MOTSCHUT-
KOWSKY. (Neurolog. Centralbl., XIV, 1895.)
Un cylindre contient une aiguille organisée de telle sorte qu'à
l'aide d'un système annulaire on puisse la faire sortir d'une quan-
tité donnée pour agir sur la surface cutanée. Cette longueur de
pointe qui actionne la peau est numérotée sur le cylindre, en vertu
de conventions divisionnaires faciles à lire. On obtient ainsi une
échelle de sensibilité. Un connaît, en effet, exactement le moment
où la pointe touche la peau et de combien elle l'intéresse; on con-
470 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
trôle avec sa montre à secondes, et l'on obtient de cette façon les
modalités du contact, c'est-à-dire de lasensation douloureuse.Toutes
conditions qui,d'ailleurs, ont été préalablement déterminées, jusques
et y compris l'intervention d'un dynamomètre, quand on a voulu
graduer l'appareil. De sorte que celui-ci représente en réalité une
échelle de normales, à peu près comme un thermomètre.
A l'aide de cet instrument, M. Motschutkowsky a vu que la force
de la sensation douloureuse ne correspond point partout à l'épais-
seur de la peau : à épaisseur égale de la peau en diverses places,
la sensation douloureuse est influencée par le degré de résistance
du tissu sous-jacent; plus le substratum est dur, plus violente est la
douleur.-L'épaisseur de la couche épidermoïde exerce une grande
influence sur la douleur, elles sont inversement proportionnelles
l'une à l'autre.-Les muqueuses sont moins sensibles que la peau.
La sensibilité atteint son acmé à la face dorsale des articulations
phalangiennes des doigts, et à la limite du front et du cuir che-
velu ; son minimum est à la fesse et à la plante des pieds.
En résumé, les avantages présentés par ce petit appareil seraient :
1° notation chiffrée de la sensation douloureuse ; 1° contrôle de
l'appareil sur soi-même; 3° application à toutes les intelligences de
malades; 4° suppression de toute action émotive; 5° suppression
de toute effusion de sang (aiguille très épaisse à cône piquant de
dimension insignifiante); 0° rapidité d'exécution. P. K.
LXXVI. LE TUBERCULE QUADRIdUJfEAU POSTÉRIEUR COMME CENTRE DE L'()Ul E,
DE LA VOIX ET DES REFLEXES; par W. DE BECHTEREW. (IiCtU0l0.
Centralbl., XIV, 1895.)
Voici ce que dit M. de Bechlerew :
J'ai démontré l'union du tubercule quadrijumeau postérieur avec
mon noyau réticulaire de la calotte protubérantielle au moyen de
fibres spéciales qui, sur les côtés de la partie supérieure de cette
calotte et en dedans du ruban de Reil inférieur et latéral descen-
dent en arrière du ruban de Reil proprement dit. Or ce noyau est
en étroite relation, par un trousseau vertical, avec la substance
grise de la protubérance ainsi qu'avec les fibres de la formation
réticulaire qui constituent le prolongement direct et supérieur des
faisceaux fondamentaux des cordons antérieurs et latéraux de la
moelle; il y a par conséquent relations anatomiques du tubercule
quadrijumeau postérieur et de la zone motrice.
D'autre part, on sait que le tubercule quadrijumeau postérieur
est en rapports directs avec l'acoustique notamment avec la branche
cochléaire de celui-ci ; sur des cerveaux d'embryons de 28 à 30 centi-
mètres de long, le tubercule quadrijumeau inférieur se relie à
l'olive supérieure et au corps trapézoïde par le ruban de Reil latéral,
et, par là, au nerf de la huitième paire. De plus, la racine pos-
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 471
térieure de l'auditif est un prolongement immédiat de sa branche
cochléaire, et est en relation avec le corps trapézoïde ; il y a donc,
par cette voie, au moyen du corps trapézoïde et du ruban de Reil
latéral, union entre le tubercule quadrijumeau postérieur et la branche
cochléaire de l'auditif.
La destruction du limaçon par Baginsky et Kirilzew montre que
les fibres de la racine postérieure de l'acoustique se terminent au
noyau acoustique antérieur, au tubercule acoustique, aux olives
supérieures, au tubercule bijumeau postérieur du côté opposé. Les
fibres de la racine postérieure, qui se terminent dans les olives supé-
rieures, passent par le corps trapézoide; celles qui se terminent dans
le tubercule quadrijumeau postérieur passent aussi dans le ruban de
Reil inférieur. Held ajoute que la racine postérieure de l'auditif a
également des relations avec le tubercule quadrijumeau postérieur
du même côté, que le trajet des sensations auditives entre le tuber-
cule quadrijumeau et le rameau cochléaire de l'acoutisque contient
et des fibres centripètes et des fibres centrifuges, et que le trajet
acoustique entretient des relations anatomiques étendues destinées
à la transmission réflexe des impulsions motrices, car les fibres
acoustiques atteignent non seulement le tubercule quadrijumeau
postérieur,mais en partie aussi le tubercule quadrijumeau antérieur,
dans lesquels elles ^touchent les cellules originelles des systèmes
descendants (noyaux des nerfs de l'oeil, cordons antérieurs de la
inoelle). Les libres optiques étant en relation avec ces cellules, il
existe une communication réflexe commune oculo-auditive. En effet des
fibres du corps trapézoïde, qui sert de voie centrale aux sensations
auditives, et des olives supérieures, qui servent de postes interrup-
teurs des fibres du corps trapézoïde, part un gros trousseau de
fibres qui vont au noyau de l'oculomoteur externe du côté opposé.
Monakow a montré qu'il faut attribuer, pour l'ouïe, au tubercule
quadrijumeau postérieur et au corps genouillé interne la même
importance qu'on attribue, pour la vue, au tubercule quadrijumeau
antérieur, et au corps genouillé externe.
Ce n'est pas tout.
La destruction parfaite du tubercule quadrijumeau postérieurchez
le rat blanc, le cochon d'Inde, ou le lapin, en les rendant sourds
des deux oreilles, affaiblit ou fait disparaître leur voix (Bechterew),
selon le degré de la destruction, sans que cela puisse être attribué
à la respiration de ces animaux. D'après Onodi et Bechterew, il
existe à. la base du cerveau, un centre de 8 millimètres sur une
ligne séparant le tubercule quadrijumeau antérieur du tubercule
quadrijumeau postérieur, qui est le centre spécial de la voix. Enfin,
le tubercule quadrijumeau postérieur des mammifères contient un
centre vocal dont le développement se rattache à celui de l'organe
de l'ouïe, lui-même en intime relation avec le tubercule quadriju-
meau postérieur.
472 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
Un^animal dont on a radicalement détruit le tubercule quadri-
jumeau postérieur perd la faculté de se tenir debout et de marcher
quoiqu'il conserve la liberté des mouvements de ses membres. Une
simple, lésion du tubercule quadrijumeau postérieur entraîne de la
propension à tomber de côté, à tituber, à prendre des attitudes ou
à exécuter des mouvements irrésistibles, parfois avec du nys-
tagmus, ou encore, au moins dans les premiers temps, avec l'im-
possibilité de dresser le pavillon de l'oreille du côté opposé et de
le tourner du côté où vient le son. Si on excite à l'aide du courant
électrique une des éminences du tubercule quadrij umeau postérieur,
on obtient une déviation des globes oculaires du côté opposé, avec
redressement du pavillon de l'oreille du côté opposé, et des contrac-
tions convulsives de la moitié opposée du corps. Augmentez la
force du courant et vous obtenez : une rotation de la tête et du
tronc autour de l'axe du corps vers le côté excité, avec convulsions
bilatérales. Excitez les deux éminences du tubercule quadrijumeau
postérieur, vous obtenez toujours des mouvements convulsifs bila-
téraux et assez souvent un cri. Il faut donc attribuer à l'organe en
question ce que jusqu'ici l'on attribuait au pédoncule cérébelleux
antérieur. P. KERAVAL.
LXXVII. DE la I'L1CE occupée dans LE BULBE par LES fibres DES
cordons antérieurs des pyramides ; par L. JACOBSOHN. (,Ne2l)'Ol.
Cealralb., XIV, 1895.)
L'étude comparative des dégénérescences secondaires du cor-
don antérieur des pyramides et du cordon latéral des pyramides
dans un cas de ramollissement ayant lésé les pyramides dans la
protubérance inspire à l'auteur les réflexions suivantes :
Très probablement, des fibres du cordon antérieur des pyra-
mides ne se mélangent point dans le tronc du cerveau, avec celles
du cordon latéral. Si elles sont conglomérées en un seul cordon,
elles marchent à côté les unes des autres. Ce n'est qu'ainsi que
l'on peut comprendre que, bien que toutes atteintes par un
même processus pathologique, celles du cordon latéral étaient plus
atteintes que celles, voisines, du cordon antérieur; par suite, la.
dégénérescence descendante des premières était plus considérable
que celle des secondes. En effet, s'il y avait eu fusion, il serait
extraordinaire que la lésion ait exactement et toujours plus atteint
les fibres du cordon latéral que celles du cordon antérieur.
Ayant procédé à de nouvelles dissections soit sur des pièces
fraîches, soit sur des pièces durcies, empruntées à l'entre-croisement t
des pyramides, M. Jacobsohn conclut que : les fibres des pyramides
qui, ne s'entre-croisant pas à la région de passage entre le cer-
veau et la moelle, descendent du même côté dans le cordon anté-
rieur de la moelle tout contre le sillon longitudinal antérieur,
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 473
occupent dans le bulbe, tout près de l'entre-croisement des pyra-
mides, l'angle latéral du faisceau pyramidal, et, dans cet angle,
continuent à se tenir tout le long du bulbe.
Une minutieuse comparaison de la coupe, transverse pratiquée
au voisinage de l'entre-croisement des pyramides, et de la coupe
transverse exécutée à travers le milieu de l'entre-croisement (v. les
figures) démontre que : ce sont les trousseaux postérieurement
placés qui se portent de l'autre côté, fait également constaté dans
les coupes antéro-poslérieures à travers le tronc du cerveau nor-
mal. A ces fibres postérieures s'adjoignent celles qui occupent le
sillon longitudinal postérieur. Les fibres antérieures se placent
dans l'ordre que voici : plus latéraux sont les plans qu'elles occu-
pent dans le faisceau pyramidal, plus tard elles abordent l'entre-
croisement, et inversement, jusqu'à ce que finalement les plus
latérales ne s'entre-croisant plus, restant au contraire du même
côté, descendent tout droit dans le sillon longitudinal à l'état de
cordon antérieur des pyramides. Ces fibres-là, dans la moelle,
s'entre-croisent, non en trousseaux, mais isolément, allant alors,
par la commissure antérieure, aux cellules motrices de la corne
antérieure de l'autre côté. P. Keraval.
LXXVIII. LE faisceau CÉftÉBftO-CEftÉBELLEUX croisé; par G. itIINGAZZ1NI.
(Neurolog. Centl·albl., XIV, 1895.)
u
Etude critique des travaux récents, de laquelle l'auteur déduit
que : il n'y a pas de faisceau cérébro-cérébelleux croisé direct.
Sans doute, une lésion hémi-cérébrale est parfois suivie d'une
atrophie de l'hémisphère cérébelleux du côté opposé, mais c'est
parce qu'alors il y a lésion concomitante de la couche optique du
même côté qui est la voie de communication cérébro-cérébelleuse.
P. K.
LXXIX. DES altérations DE la MOELLE CONSÉCUTIVES A UNE OBTU-
ration momentanée DE l'aorte abdominale. Contribution A la
pathologie des cellules nerveuses; par A. SARBO, (Neurolog.
Cealralbl., XIV, 1895.)
Si on lie pendant une heure l'aorte abdominale, on obtient une
désagrégation du protoplasma du corps des cellules nerveuses en
fines granulations, suivie d'une atrophie homogène progressive du
noyau. Quelquefois il y a tuméfaction uniforme des cellules avec
sclérose partielle du protoplasma. Quoi qu'il en soit, cette dégéné-
rescence cellulaire constitue du ramollissement aigu de la substance
grise. Neuf jours après la ligature, la désagrégation a été com-
plète, des cellules ont disparu, et les cornes de la moelle sont
remplacées par un tissu formé de névroglie, d'éléments épithé-
474 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
lioïdes, de cellules de prolifération; les fibres nerveuses sont atro-
phiées, surtout dans les cordons antéro-latéraux, et les gaines myé-
liniques se désagrègent au niveau des points les plus atteints. P. K.
LXXX. Conservation DES mouvements DE flexion A l'articulation
BUMERO-CUBITALE DANS UN CAS DE PARALYSIE COMPLÈTE DU PLEXUS DE
);RS; par 11. Weber. (1\'e2c·oloy. Centralbl., XIV, 1895.)
. A la suite d'une séance de chloroformisatiôn nécessaire pour l'abla-
tion d'un corps étranger vésical, un jeune apprenti serrurier de seize
ans présente un affaiblissement général, avec paralysie partielle du
bras droit. C'est la paralysie du plexus brachial de Erb, avec dégé-
nérescence complète des muscles deltoïde, biceps, brachial anté-
rieur, long supinateur, dégénérescence moindre des sus et sous-
épineux et sous-scapulaire, paralysie de la sensibilité dans le terri-
toire des nerfs axillaires, musculo-culané, radial. Le malade ne peut
faire aucun mouvement qui ait pour centre l'articulation de l'épaule,
si ce n'est l'adduction du bras et porter celui-ci dans le dos. L'avant-
bras a conservé ses mouvements d'extension, de supination, de
pronation, mais la flexion en est possible, quoique limitée, excepté
quand le membre est placé en supination. Pendant la flexion de
l'avant-bras, on sent dans la profondeur du condyle externe de
l'humérus une masse musculaire énergiquement contractée. Il en
résulte que cette flexion a pour facteurs le muscle premier radial
externe aidé des épicondyliens, qui n'agissent ainsi que parce
qu'ils sont hypertrophiés. D'où l'indication d'exercer et de masser
ces muscles-là pour ramener la flexion perdue de l'articulation du
coude. L'électricité, dans l'espèce, guérit complètement le jeune
homme en trois mois. P. K.
LXXXI. Du nerf OPTIQUE du PIGEON; par MAYSER. (Allg. ZeiLSschr. f.
Psychiat., LI, 2.)
Il n'y a pas chez lui, d'entre-croisement total des nerfs optiques.
La masse principale de la bandelette optique des oiseaux, qui
recouvre le 'lobe optique, comme un manteau, se divise en deux
parties : 1° une partie antéro-supérieure ; 2° une partie postéro-
inférieure. Chacune de ces parties constitue un gros trousseau radi-
culaire. Ces deux trousseaux ne sont pas nettement séparés l'un de
l'autre ; au niveau de la face latérale du lobe optique qu'ils embras-
sent à la façon d'un globe creux, ils sont en continuité au moyen
d'une large couche optique intermédiaire. Chacun d'eux est aussi
accompagné d'un petit satellite médian également composé de fibres
optiques; les fibres de ce satellite inféro-médian ne sont point des
fibres pédonculaires ; la bandelette optique ne monte pas dans le
cerveau antérieur.
, REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 475
Quand on a, chez l'oiseau, énucléé un oeil, il se produit une
dégénérescence à peu près totale de la bandelette optique du côté
opposé. La bandelette optique correspondante est recouverte d'une
couche de fibres bien conservées assez uniformément disposées sur
toute la surface. Il est impossible que ces fibres soient optiques;
partie d'entre elles proviennent des systèmes commissuraux optiques
(sorte de commissure de Meynert), partie émanent du corps ge-
nouillé thalamique de l3ellonci, d'autres enfin paraissent prendre
naissance dans la substance grise de la paroi latérale du cerveau
intermédiaire (couches optiques) qui, en dedans du corps genouillé
thalamique, borde latéralement l'appendice antérieur ou ventral
du pédoncule cérébral et est antérieure au gros noyau pédonculaire.
L'homologue de la commissure de Meynert serait située en arrière
et, en partie, un peu au centre de la commissure de de Gudden.
La paroi postérieure du tuber cinereum contiendrait un nodus
gris, allongé en avant en forme de coin, sorte de ganglion termi-
nal des fibres optiques, de celles qui occupent la face médiane de
la [racine optique inféro-postérieure. Les fibres, qui suivent la voie
de la racine optique supéro-antérieure,se terminent dans une grosse
nodosité grise située en dehors du noyau du pathétique; cette nodo-
sité reçoit aussi des fibres du noyau du pathétique voisin, ainsi que
du faisceau longitudinal postérieur du bulbe duquel, d'autre part,
beaucoup de fibres vont passer dans les noyaux des nerfs moteurs
de ici ! . Il se pourrait que la dernière nodosité donnât naissance
aux fibres optiques qui se terminent dans la couche granuleuse
interne de la rétine à l'état de ramuscules terminaux.
P. KERAVAL..
LXXXII. Faisceaux cérébelleux descendants; par A. BIEDL
(Neul'ol. Centralbl., XIV, 1895.)
Sectionne-t-on, chez le chat, le corps restiforme gauche à 1 centi-
mètre, ou 1 centimètre et demi de distance du calamus scriptorius,
l'animal se met à tourner autour de l'axe de son corps, de droite à
gauche, puis surviennent des attaques convulsives des quatre pattes,
la fête est alternativement fléchie et étendue, etc. Quant à l'exa-
men histologique des lésions consécutives, il montre une dégéné-
rescence des fibres à direction horizontale, des libres à direction
radiaire, des fibres à direction longitudinale. Le détail de ces alté-
rations permet de conclure, d'après M. Biedl, ce qui suit.
Le corps restiforme donne naissance à des fibres qui vont aux
deux faisceaux longitudinaux postérieurs et, s'infléchissant à leur
niveau pour se diriger en bas, en forment les parties constitutives,
La dénomination de faisceau longitudinal postérieur n'est usitée
que jusque, à peu près, à l'extrémité inférieure des grosses olives.
A la hauteur de l'entre-croisement des rubans de Reil, la région en
476 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
question s'appelle faisceau radiculaire antérieur. Ici, nous trouvons
dans l'espèce, les fibres longitudinales dégénérées; on peut les
suivre jusque dans la moelle cervicale supérieure. Le faisceau lon-
gitudinal postérieur du côté lésé se trouve aussi, par un petit
nombre de fibres radiaires, en rapport avec une aire de dégéné-
rescence que j'ai désignée, dans les coupes transverses successive-
ment étagées du bulbe, sous le nom de vestige du cordon antéro-
latéral. Or, s'il y a là un surcroît de fibres dégénérées, c'est au corps
restiforme que cela est dû, par les fibres arciformes, internes,
moyennes et externes qui, à ce niveau, s'infléchissent en prenant
une direction longitudinale. Ces fibres courent tout le long de la
moelle et forment l'aire de dégénérescence décrite dans le cordon
antéro-latéral. La dégénérescence des fibres radiculaires émer-
gentes d'une série de nerfs craniens, celle aussi d'un très grand
nombre de fibres radiculaires antérieures émergentes de la
moelle, sont la conséquence dés altérations dégénératives, soit
dans les faisceaux longitudinaux postérieurs, soit dans le cordon
antéro-latéral. Ces deux dernières dégénérescences prouvent l'exis-
tence d'un système tirant ses fibres du corps restiforme.
Un second système est formé par le vestige du cordon latéral ;
les fibres arciformes externes y apportent des fibres du corps resti-
forme. Peut-être même celui-ci donne-t-il au noyau du cordon
latéral ? Il est impossible de se prononcer encore sur ce point.
Un troisième groupe de fibres est celui des fibres entre-croisées.
Une importance spéciale doit être, sous ce rapport, attribuée à la
dégénérescence des fibres entre-croisées qui vont du corps restiforme
à la grosse olive du côté opposé. Elle confirme la manière devoir
de Koelliker, d'après laquelle ces fibres cérébello-olivaires sont un
trousseau centrifuge, du moins une petite partie d'entre elles. Les
fibres qui pénètrent dans l'olive du côté opposé, s'y terminent pro-
bablement et ne vont pas, après l'avoir traversée, au cordon latéral
de la moelle, car il n'y a de dégénérescence que du cordon latéral
du côté vivisecté.
Par conséquent, la grosse olive du côté opposé, est une annexe
cérébelleuse et les fibres cérébello-olivaires sont, en partie du
moins, centrifuges. Le corps restiforme joint, dans le bulbe, le ves-
tige du cordon latéral; de là partent des fibres centrifuges qui
vont jusque dans la moelle lombaire. Du cervelet partent aussi des
fibres centrifuges qui, traversant la portion latérale du corps res-
tiforme, se rendent à la région du noyau du cordon latéral. Et la
section du corps restiforme entraine une dégénérescence descen-
dante du cordon latéral qui n'a aucun rapport avec la pyramide,
Le cordon latéral des pyramides n'appartient donc pas exclusive-
ment à la grande communication entre-croisée musculo-motrice;
il contient aussi des fifres qui, sans s'entre-croiser, sont centrifuges et
viennent, non du cerveau, mais du cervelet.
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 477
Le trousseau cérébelleux centrifuge proprement dit quitte le cer-
velet par le corps restiforme, dans lequel il occupe la partie médiane.
En passant dans le bulbe, ce trousseau, jusque-là compact, se par-
tage en un groupe de fibres arciformes internes et en un autre
groupe de fibres arciformes moyennes. Les premières passent tout
à fait en arrière, sous les noyaux gris du ventricule et entrent dans
le faisceau longitudinal postérieur. Les secondes se dirigent oblique-
ment au milieu et en avant, pour se terminer dans la substance
blanche réticulaire qui, sur une coupe transverse, est située entre le
faisceau longitudinal postérieur et l'olive supérieure.
Enfin le corps restiforme fournit des fibres arciformes internes
et externes au vestige du cordon antéro-laléral du bulbe.
Les fibres cérébelleuses centrifuges sont donc représentées dans le
bulbe par deux écheveaux. Celui du faisceau longitudinal postérieur
et le vestige du cordon antéro-latéral. Le premier est exclusive-
ment un raccord centrifuge entre le cervelet et le bulbe; les nerfs
craniens en rapport avec Je faisceau longitudinal postérieur con-
tiennent quelques fibres originaires du cervelet. Par le vestige du
cordon antéro-latéral dans le bulbe, les activités cérébelleuses
passent à la moelle.
Dans la moelle, nous retrouvons, le trousseau cérébelleux cen-
trifuge, qui occupe le cordon antéro-latéral, et, plus bas, dans la
moelle lombaire, le cordon antérieur. Les racines antérieures émer-
gentes de la moelle contiennent aussi des fibres cérébelleuses cen-
trifuges. Entre le faisceau longitudinal postérieur et le cordon
antéro-latéral il y a, par passage dans le second des fibres du pre-
mier, continuité et analogie. Le faisceau longitudinal postérieur
joue vis-à-vis des nerfs crâniens, le rôle que joue le cordon artéro-
latéral pour les nerfs spinaux. P. KERAVAL.
LXXXIII. DE l'importance QU'IL Y A A combiner la MÉTHODE EIiBBYO-
GÉNIQUE ET DÉGENÉRATIVE AVEC CELLE DES VIVISECTIONS POUR LA PHYSIO-
LOGIE EXPÉRIMENTALE DU SYSTÈME NERVEUX ET LE RÔLE DES FAISCEAUX
GRÊLES ET CÉRÉBELLEUX DANS LA FONCTION DE L'ÉQUILIBRE ; par
W. DE BECHTEREW. (ueurolog. Centralbl., XIV, 1895.)
La méthode embryogénique a démontré que le développement
des fonctions cérébrales, chez les nouveau-nés, va de pair avec le
développement successif de chacune des parties du système nerveux,
avec la genèse des manchons myéliques des fibres de ces parties.
La conscience s'exerce chez le nouveau-né, pour cette raison, par
les centres inférieurs, dont le développement est précoce, et monte
graduellement dans les centres supérieurs avec le développement
de ceux-ci.
L'animal nouveau-né parcourt, pendant son développement,
l'échelle de l'animalité, depuis le degré le plus bas, celui dans
478 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
lequel l'acte conscient parait en rapport avec les centres cérébraux
inférieurs, jusqu'au degré le plus élevé, dans lequel la fonction n
conscience s'exerce principalement par l'écorce des hémisphères.
Fibres myéliniques et cellules sont les facteurs des fonctions. On
arrive par l'observation combinée à l'expérimentation chez le
nouveau-né à bien limiter les centres, et à étudier jusqu'à un cer-
tain point, les parties constitutives des nerfs périphériques. Les
résultats acquièrent une précision, extrême quand on examine les
dégénérescences secondaires d'origine expérimentale, et qu'on se
rend compte, par elles, des effets positifs ou négatifs de l'excitation
électrique ou de la destruction des régions qui contiennent des
trousseaux dégénérés. Ainsi le corps strié est inexcitable parce que
chez les animaux auxquels on a préalablement extirpé la zone
motrice (dégénérescence consécutive du faisceau pyramidal), les
courants électriques de force moyenne appliqués sur le noyau
caudé ne produisent plus d'effet moteur, alors que cela a lieu chez
l'animal auquel on n'a pas préalablement enlevé la zone motrice
corticale.
Cette méthode de vivisection avec étude des dégénérescences
rend d'inimitables services, lorsqu'on l'associe à l'étude du déve-
loppement successif des systèmes et trousseaux de l'animal nou-
veau-né. En voici un exemple :
L'enroulement forcé des animaux autour de l'axe du corps et
leur propension à tomber a lieu par suite de la lésion du faisceau
cérébelleux dans les cordons latéraux de la moelle. L'excitation de
ce faisceau dans la région du vermis, et à l'extrémité centrale de la
moelle des animaux nouveau-nés, produit la rotation du tronc et
de la tête autour de l'axe du corps du côté opposé tandis que la
tête regarde l'épaule correspondante. Donc le faisceau cérébelleux
des cordons latéraux est un système de fibres qui joue un rôle
important dans la fonction de l'équilibre. P. K.
LXXXIV. Nouvelles recherches sur LE symptôme ULNAIRE (analgésie
cubitale), chez les aliénés ; par W. Goebel. (Neurolog. Centmlbl"
XIV, 1895.)
L'analgésie du tronc du cubital dans la rainure du condyle
interne de l'humérus (Biernacki) parait être un signe pathogno-
monique, un élément de diagnostic de paralysie générale (chez
l'homme), mais elle existe aussi dans l'épilepsie. Quand on soup-
çonne la paralysie générale, l'existence de cette analgésie parait
constamment en faveur de cette psychopathie organique, son
absence semble militer contre la paralysie générale. Mais, chez la
femme, ni la conservation, ni la suppression de la sensibilité à la
douleur du tronc ulnaire ne peuvent servir d'élément de diagnostic
pour ou contre la paralysie générale.
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 479
- L'analgésie ulnaire a pour cause, dans la paralysie générale, la
déchéance des éléments histologiques de l'écorce ; chez les autres
aliénés elle est un trouble fonctionnel. P. K.
LXXXV. Contribution .1 la QUESTION DE l'excitabilité ÉLECTRIQUE DE
la MOELLE humaine; par A. Hoche. (Neurolog. Gent1'aLbl., XLVy 7
1895.)
. L'auteur a élé assez heureux pour pouvoir examiner le cadavre
d'un guillotiné trois minutes après la mort. La section, très nette,
sans esquilles, au niveau de la quatrième vertèbre cervicale, lais-
sait voir un plan transverse lisse et poli de la moelle en celte région.
Sur cette surface de section, plaçant légèrement les deux pôles
d'un courant faradique suffisant pour, chez le vivant, exciter le
cubital, M. Hoche a observé ce qui suit : le cadavre, couché à plat,
a levé aussitôt les deux bras, fléchissant les coudes, et fermant les
poings, la cage thoracique exécuté des mouvements d'inspiration
à plusieurs reprises, si bien que le tronçon du cou sectionné s'est'
mis à saigner, les deux jambes se sont étendues rigides quel que
fût le point de la coupe transverse excité, le même complexus
moteur symétrique s'est reproduit pendant quelques minutes.
Douze minutes après la mort, on n'obtenait plus que des contrac-
tions dans les muscles du cou. Quelques minutes plus tard, on
n'obtenait plus rien du tout. Les nerfs périphériques recouverts
de la peau sont encore sensibles au courant faradique cinq quarts
d'heure après la mort, ceux au contraire que l'on met à nu per-
dent rapidement cette excitabilité au contact de l'air. L'examen
microscopique révéla plus tard une parfaite intégrité de la moelle.
P. KERAVAL.
LXXXVI. SUR la valeur RESPECTIVE DE la partie chromatique ET
achromatique du CITOPLAS21E des cellules nerveuses ; par E. LUGARO.
(Riv. di pat. IW'V. et ment., n° 1, 1896.)
LXXXVII. SUR L'ANATOMIE microscopique DU PONT DE VAROLE CHEZ
L'HOMME ; par le D1' E. PUSATERI. (Riv. de pat. nerv. et ment.,
. n° 1, 1896.)
LXXXVIII. SUR l'examen bactériologique DU sang .dans LE délire
aigu; par le Dr Clemeute CADITTO. (RiV. di put. nerf. et ment.,
ni 2, 1896.)
Dans quelques cas, correspondant cliniquement à la forme
appelée par Bianchi « délire aigu bacillaire », les examens bacté-
riologiques du sang sont restés négatifs. J. S.
480 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. '
LXXXIX. RECHERCHES expérimentales sur L'INFLUENCE DU cerveau
sur l'échange azoté; par le Dr BELMONDO. (Riv. di pat. nerv. et
ment., n° 2, 1896.) -
XC. SUR l'anatomie MICROSCOPIQUE DES RÉGIONS pédonculaires ET
SUBTIIALAMIQUES chez l'homme; par le D1' Domenico MIRTO. (Riv. di
pat. nerv. et ment., fasc. 2, 1896.)
XCI. SUR LES rapports ANASTOMOTIQURS du nerf accessoire ET DU
vague; par ]esD ? R'IIRTO et PUSATERI. (Ii.i'U. di pat. nerv. et ment.,
fasc. 2, 1896.)
XCII. Observations CLINIQUES ET anatomo-pathologiques relatives
A un cas peu commun DE poliomyélite antérieure aiguë; par le
Dr Ezio LUISAD.1. (I,iv. di pal. 7zerv. et ment., fasc. 3, 1896.)
XCIII. SUR LES effets DE l'extirpation DES glandes PARATHYRO-
DIENNES; par C. Vassale et F. GENERALI. (Riv. di 7at. nerv. et ment.,
fasc. 3, 1896.)
XCIV. Modification DE la méthode au bichlorure DE mercure POUR
L'ÉTUDE des centres nerveux; par le Dr G. MIRO. (Riv. di pat.
nerf. et ment., fasc. 3, 896.)
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
LX. Sur l'évolution du délire paranoïaque ; par del GRGCO.
(Il manicomio, fasc. 3, 4, 1894.)
L'évolution du délire paranoïaque, au. point de vue descriptif,
peut se diviser d'après les étapes suivantes : phases hypocondriaques,
des interprétations délirantes et des hallucinations verbales audi-
tives de persécution, de systématisation, de dissolution délirante
avec idées de grandeur. L'évolution du délire paranoïaque peut
être regardée comme un processus de dégénérescence mentale qui
trouve dans plusieurs formes paranoïaques inévolutives, station-
naires, l'analogue de quelqu'une de ses phases. La caractéristique
réside dans une réaction aperceptive persistante (bien qu'inégale
dans ses. résultats) en face d'un travail de dissociation mentale,
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 481
qui se développe de façon à irriter la fonction aperceptive (synthèse
mentale), loin de l'anihiler et parles conséquences qui en décou-
lent (idées .délirantes), montre surtout la déchéance de l'intelli-
gence. Cette caractéristique aurait quelque importance pour la
distinction des formes paranoïaques proprement dites avec les
formes sensorielles et lypémaniaques. J. SEGLAS.
LXI. SUR QUELQUES problèmes relatifs A la paralysie générale ;
par le Dr Angiolklla. (Il manicomio, fasc. 3, 4, 1894.)
Ces problèmes sont ceux relatifs à l'étiologie, à la nature du
processus anatomique, à son extension, à l'augmentation de la
paralysie, aux variétés cliniques, au traitement.
Il semble que le processus anatomo-palhologique qui est à la
base de la paralysie générale soit le plus souvent l'effet de sub s-
tances toxiques circulant dans le sang, et qui peuvent être des
produits de l'infection syphilitique ou d'autres poisons spéciaux,
alcool, nicotine, etc ? ou peut-être des substances qui se produisent
dans l'organismedébilitéparun travail excessif du système nerveux.
La forme anatomique comme les symptômes cliniques sont, dans tous
les cas, identiques et par suite on ne peut en aucun cas les distin-
guer en l'absence d'un critérium bactériologique ou clinique.- Le
point de départ du processus anatomique paraît être le système vas-
culaire et les altérations interstitielles et parenchymateuses seraient
la conséquence de celles des vaisseaux. Les dégénérescences cellu-
laires peuvent être cependant produites en partie directement par
l'action des substances toxiques contenues dans le sang. Le pro-
cessus s'étend à tout le système nerveux; il semble cependant que
dans des cas particuliers, certaines régions soient atteintes de pré-
férence. L'augmentation des cas de paralysie générale résulte
de toutes les causes dégénératives et morbides que l'extension de
la civilisation entraîne avec elle. Les formes cliniques sont très
variables, mais il est difficile de les distinguer en différentes caté-
gories, reliées à chaque facteur étiologique : il semble plutôt que
leur variété tienne à la différence de localisation du processus ana-
tomique. Pour le traitement, il semble démontré que le traite-
ment antisyphilitique reste impuissant, et que l'affection soit incu-
rable. J. S.
LXII. La suggestion en psychothérapie; par le DR. G.LDI. 1.
(Il manicomio, fasc. 3, 4, 1894.)
La suggestion à l'état de veille, plus que l'hypnotique, est d'une
très grande utilité en psychothérapie : si ses avantages peuvent
être encore mis en doute dans certaines formes de maladies men-
tales, ils sont certainement incontestables dans les psychoses hys-
Archives, 2e série, t. I. 31
482 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
tériques. La thérapeutique des psychopathies étant encore très
défectueuse, il ne faut jamais négliger le traitement suggestif dans
tous les cas où il présente une indication formelle. La suggestion à
l'état de veille ne doit pas être faite avec routine, mais doit se
modeler sur chaque cas clinique. J. S.
LXIII. LE choléra CHEZ LES aliénés; par le Dr D. VENTRA.
(Il manicomio, fasc. 3, 4, 1894.)
Relation d'une épidémie cholérique au manicome de \ocera
en septembre-octobre 1893. La plupart des malades atteints étaient
des déments, des phrénasthéniques et des épileptiques invétérés.
Parmi les maniaques et lypémaniaques, beaucoup étaient épuisés
et dans le marasme. En général, le paroxysme cholérique ne
modifia nullement les conditions psychopathiques,d'a;·itation chez
les maniaques, de dépression chez les mélancoliques, d'apathie
chez les déments, de délire chez les paranoïaques, contrairement
à ce que le Dr Cainuset a observé pour les deu".e premières formes :
la dépression n'apparaissait chez les maniaques et les agités que
durant la période de collapsus et préagonique. La majeure par-
tie des malades, sans en excepter les phrénasthéniques et les
déments présentèrent, avec l'aggravation de la maladie intercur-
rente, comme un retour à la lucidité et quelques-uns se lamen-
taient de leur fin prochaine et se rappelaient leurs parents dont ils
étaient séparés. La phase aiguë de l'attaque n'a pas empêché
presque tous les épileptiques d'avoir leurs accès habituels, jusqu'à
10 en quelques heures. La phase typhoïde consécutive au choléra
n'apporta aucune modification à l'état psychopathique antérieur :
seule une maniaque très agitée présenta, durant cette seconde
période de l'infection, un état transitoire de calme et de lucidité,
qui disparut avec le processus fébrile. Par la suite les aliénés,
échappés aux atteintes du choléra, restèrent sans exception
aucune avec les mêmes phénomènes neuro-psychopathiques qu'ils
présentaient avant l'épidémie. Beaucoup moururent de marasme
et de phtisie. J. S.
LXIV. La sécrétion lactée PROLONGÉE chez certaines aliénées;
par le Dr R. Fronda. (Il manicomio, fasc. 3, 4, 1894.)
Chez certaines aliénées, la sécrétion lactée se prolonge pendant
un temps indéterminé. Elle est probablement en rapport avec un
trouble vaso-moteur dépendant de l'excitation du symphatique. Le
fait se rencontre plutôt dans les états d'exaltation que dans ceux
de dépression, comme cela est l'ordinaire pour les autres sécré-
tions. Cette sécrétion lactée est indépendante des autres fonctions,
y compris la menstruation, contrairement à ce que l'on observe à
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 483
l'état normal. Les stimulus périphériques ne peuvent qu'influer
sur l'augmentation de la quantité du lait, en ajoutant à l'action
due à l'excitation du sympathique celle des fibres musculaires
lisses en rapport avec la sécrétion. Dans ces cas le lait renferme
tous ses éléments constituants : à noter une certaine diminution
des substances grasses et des globules, caractère qui du reste se
retrouve aussi dans le lait des femmes normales, quand il s'est
écoulé plus d'un an depuis le début de la lactation. J. S.
LXV. Les stigmates dégénératifs dans la démence paralytique; par
le Dr A. CRISTIANI. (Il manicomio, fasc. 3, 4, 1894.)
On retrouve chez les paralytiques des stigmates de dégéné-
rescence anthropologique identiques à ceux des dégénérés et avec
une fréquence à peu près égale. On rencontre aussi chez eux des
stigmates psychiques de la dégénérescence dans une proportion de
12,58 p. 100. Cela montre la grande fréquence chez lesparalytiques
de la dégénérescence héréditaire comme cause ^étiologique prédis-
posante de la maladie, dont le développement nécessite un autre
facteur essentiel, spécifique, infectieux comme la syphilis, etc.
J. S.
LXVI. LES caractères cliniques différentiels ENTRE la paralysie
générale syphilitique ET non syphilitique; par le Dr YASQU.1RELLI
nIICUELE. (Il manicomio, fasc. 3, 4, 1894.)
L'auteur, contrairement à l'opinion de Fournier, trouve que
d'après ses observations personnelles, l'état intellectuel, celui de la
motilité, le mode de début, la marche, la durée de la maladie, sa
prétendue curabilité ne nous autorisent pas à faire des paralytiques
syphilitiques une classe à part. On rencontre également chez les
paralytiques syphilitiques ou non, les mêmes symptômes intellec-
tuels et moteurs, le même début, la même évolution, la même
durée : le mercure n'est utile à aucun et souvent nuisible aux uns
comme aux autres. Si l'on ajoute que les autres symptômes
secondaires sont les mêmes, que lorsqu'on note la syphilis elle
n'est jamais le seul antécédent, que l'autopsie reste le plus sou-
vent négative au point de vue des lésions syphilitiques osseuses,
nerveuses, hépatiques, etc., on peut affirmer que la syphilis n'est
qu'une des causes de la paralysie générale, grave si l'on veut, mais
pas autre chose. Entre la syphilis et la paralysie générale il n'y a
pas le terme moyen de pseudo-paralysie. Quand la syphilis céré-
brale prend le moins du monde l'aspect de la paralysie générale,
c'est de celte dernière qu'il s'agit et non de pseudo-paralysie.
J. S.
484 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
LXVII. VIEILLESSE ET FOLIE, par le Dr VERGA. (Il manicomio,
fasc. 1, 1895.)
Aucun Age ne produit par lui-même la folie. Le dépouillement
de nombreux cas dits de folie sénile montre souvent l'interven-
tion d'autres causes. L'hérédité y a une large part, sinon dans tous
les cas; et ce que l'on considère comme l'effet de l'âge n'est que la
conséquence de lésions encéphaliques qui en sont tout à fait indé-
pendantes. Les sénilités précoces ne peuvent être attribuées à l'âge
comme les démences concomitantes, mais les causes de la précipi-
tation des phénomènes sont tout autres. Il s'agit d'individus ordi-
nairement d'esprit faible ou atteints de délires chroniques ; il y a
au contraire des individus très valides d'esprit qui finissent
déments dans la vieillesse. On rencontre dans toutes les classes
sociales des individus très vieux, et toutà fait normaux intellectuelle-
ment. Beaucoup des vieillards qui versent dans la folie peuvent
guérir et beaucoup d'aliénés guérissent aux approches de la
vieillesse ou dans la vieillesse elle-même. On peut rencontrer dans
la vieillesse toutes les formes mentales : il n'y a pas de type constant.
La démence de la vieillesse ne diffère pas de celle des autres âgés
sinon par les apparences extérieures et celles de la sénilité varient t
d'un individu à un autre en raison des causes et des complications .
J. S.
LXVIII. Contribution A la casuistique DES dédoublements DE
la conscience; par le Dr IOVELLO GiusEPPE. (Il manicomi 0,
fasc. 1, 1895.) ·
Observation d'un hystérique atteint de vigilambulisme avec
dédoublement de la conscience et ammésie réciproque. J. S.
LXIX. Deux cas d'hystérie; par le D" Césare pIaNETT.1. (Il manicomio ,
fasc. 1, 1895.)
Ces deux observations sont également des exemples du dédou-
blement de la conscience dans l'hystérie. J. S.
LXX. Sur la toxicité du SUC gastrique chez les épileptiques; par l'
le Dr AGOSTINI. (Riv. di pat. nerf. et ment., fasc. 3, 1896.) ,
Le suc gastrique de l'épileptique à grands accès, injecté chez le
lapin, a une action toxique manifeste et donne lieu à un abaisse-
ment de la température, de l'abattement psychique, de l'impotence
motrice, du ralentissement de la respiration, parésie et mort par
convulsions diffuses toniques et cloniques. La toxicité est plus grande
peu avant l'accès et sitôt après; son degré est en relation avec la
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 485
violence et la durée des convulsions. Il en résulte qu'entre autres
méthodes, les lavages de l'estomac, l'antisepsie soigneuse du tube
digestif pourront être utilisés pour combattre les manifestations
paroxystiques d'un grand nombre d'épileptiques : soit que l'on
attribue la toxicité spéciale du suc gastrique à un trouble primitif
de l'estomac, ou quel'on admette que les désordres de la fonction
gastrique soient secondaires à l'altération du système nerveux, ou
enfin que l'on considère la muqueuse gastrique comme une voie
d'élimination de toxines formées dans le torrent circulatoire.
La toxicité du suc gastrique chez les épileptiques soumis au
traitement bromuré est diminuée. J. S.
LXXI. Contribution A l'explication DE l'inversion du SENS génital;
par R. DE KRAFFT EBING. (Jahrbiich. f. Psychiat., XIII, 1.)
Jusqu'au troisième mois intra-utérin, les organes et appareils
sexuels sont bisexués ; les centres cérébro-spinaux correspondants
doivent donc être bi-fonctionnels. Quand plus tard s'effectue la
spécialisation génitale, l'une des fonctions se développe, l'autre
demeure latente. Mais ne peut-il arriver que malgré la spécialisa-
tion génitale l'évolution psychophysiologique soit entravée et que
ce soit le centre psychique contraire, inverse, de la sexualité oppo-
sée qui se développe. N'y a-t-il pas des hommes ayant les attributs
physiques et mentaux de la femme ? Les eunuques n'ont-ils pas un
caractère féminin ? Les femmes- la ménopause n'ont-elles pas un
caractère masculin ? Par suite l'inverti sexuel, qui congénitale-
ment a des sentiments opposés à ceux de son sexe, a dû subir
psychiquement le développement de la sexualité contraire à celle
des glandes sexuelles qu'il a. D'ailleurs quelques-uns de ces invertis
ont les attributs du sexe opposé. Puis il est certain que l'inversion
sexuelle, acquise ou congénitale, en tant que sentiment ne se
montre que chez des individus tarés, c'est donc un signe de dégé-
nérescence. P. Keraval.
LXXII. Contribution A la connaissance ET A L'INTELLIGENCE des
délires bénins ET A courte évolution ; par M. FRIEDUANN. (NCU1'olog.
CenlralLl., XIV, 1895.)
11 y a des délires qui ne sont que l'exagération d'idées normales
mais déjà exagérées. Telles les manières de voir prévalentes des
émotifs, les obsessions des nerveux et des dégénérés, certaines idées
fixes et délirantes de la folie systématique. Il y a des formes
bénignes de cette dernière que l'on peut considérer comme une
fusée de prétentions minimes sans que le substratum psychique
cesse de conserver son assiette. Mais il faut que l'idée fixe reste
simple et isolée. C'est le cas, dit l'auteur, de la paranoïa bénigne
486 SOCIÉTÉS SAVANTES.
à rechutes qui s'appelle le délite par exagération de l'attention,
délire d'inquisition, de suspect, forme de l'inquiétude par exagéra-
tion morbide de la valeur du moi et de ses rapports avec le monde
extérieur. On y constate un enchaînement d'idées tout à fait
absurde. Ce mécanisme représente un des restes de l'habitude
prise par les sauvages d'objectiver leur personne et de lui rappor-
ter tous les phénomènes extérieurs les plus insignifiants comme e
les plus élevés, P. K.
SOCIÉTÉS SAVANTES.
XXIX- CONGRÈS DE LA SOCIÉTÉ DES MÉDECINS ALIÉNISTES
DE LA BASSE-SAXE ET DE WESTPHALIE.
Hanovre, le, mai 1895. Présidence du D'' GctsTENBCRG.
M. Bruns (de Hanovre) présente un cas typique d'acromégalie. Il
s'agit d'une jeune femme, âgée de vingt-cinq ans, non réglée
depuis treize mois et dont l'utérus est actuellement complètement
atrophié. On constate depuis plusieurs années une augmentation
de volume des mains, des pieds, de la mâchoire inférieure, du
nez, de la langue et des clavicules. Pas de troubles oculaires.
Urine normale. La malade est soumise depuis plusieurs mois au
traitement par les tablettes anglaises de corps thyroïde. Ce traite-
ment parait avoir fait disparaître de pénibles paresthésies et des
douleurs siégeant dans les bras et les jambes, symptômes qui ren-
daient impossible tout.travail délicat. Mais, après quelques mois,
ce procédé thérapeutique dut être suspendu, en raison de la nota-
ble accélération du coeur et de la chlorose qui se manifestèrent :
les symptômes qui avaient rétrocédé se montrèrent de nouveau. La
médication thyroïdienne eut aussi pour résultat un amaigrissement
généralisé.
M. Bruns présente un enfant chez lequel la suture des nerfs a
donné un excellent résultat. A l'âge de deux mois, en 1893, cet
enfant avait été opéré d'un neurosarcome congénital siégeant au
bras droit. La fumeur avait englobé le médian et le cubital : ces
deux nerfs durent être complètement sectionnés et leurs extré-
mités restèrent éloignées de plusieurs centimètres. En 1894, on
constate que la main a l'attitude dite du prédicateur; les muscles
SOCIÉTÉS SAVANTES. 487
innervés par le médian et le cubital sont complètement paralysés
et présentent la réaction de dégénérescence ; il y a de l'analgésie.
Cinq mois après l'opération, on pratique la suture secondaire des
nerfs sectionnés et sept mois après cette suture, on constate que sa
main n'a plus son attitude caractéristique, mais les trois derniers
doigts ont toujours la situation due à la paralysie du cubital, le
pouce et l'index sont en extension. Paralysie persistante des mus-
cles innervés par le médian et le cubital, mais le courant fara-
dique appliqué sur la cicatrice ou au-dessus détermine la flexion
des doigts surtout dans le domaine du cubital. Il y avait donc trans-
mission du courant de l'extrémité centrale à l'extrémité périphé-
rique des nerfs sectionnés et ensuite suturés. En janvier 1895, se
produisent des mouvements actifs de la main ; la position anor-
male des trois derniers mois disparaît. Actuellement (mai 1895) le
petit malade, âgé de vingt mois, a récupéré tous les mouvements
des trois derniers doigts; ceux du pouce et de l'index sont encore
insuffisants, mais l'opposition et l'adduction existent à n'en pas
douter. L'excitabilité faradique du fléchisseur innervé par le cubital
est revenue. Les résultats sont moins nets pour le médian. Le
malade se sert de sa main pour manger, pour jouer ; elle est légè-
rement moins développée que l'autre. A part cela, pas de troubles
trophiques.
M. Bruns présente ensuite un sarcome du quatrième ventricule.
Cette tumeur, de la grosseur d'une pomme, s'est développée entre le
cervelet et le quatrième ventricule. Il s'agissait d'un enfant de cinq
ans, chez lequel les premiers symptômes (maux de tête, vomisse-
ments) s'étaient manifestés il l'âge de deux ans. Les symptômes
cérébelleux ne se sont montrés que dans la dernière année, ainsi
que des paralysies oculaires d'apparence nucléaire, du tremble-
ment intentionnel, des troubles de la parole et des pupilles. La
tête s'était considérablement agrandie et on constatait un bruit
de pot fêlé, surtout au niveau des sutures. En raison de la longue
durée de la maladie on avait pensé, jusque dans les derniers temps,
à la possibilité d'une hydrocéphalie. A l'autopsie on trouve les os
du crâne minces comme une feuille de papier; la tumeur compri-
mait le cervelet, la protubérance et le bulbe.
M. Bruns montre ensuite les préparations microscopiques d'une
gomme volumineuse qui siégeait au niveau de la partie postérieure
de l'hémisphère gauche, englobant les circonvolutions pariétales
supérieures, les urus supramarginalis et angularis et la partie
postérieure des deux premières temporales; le pulvinar et la cap-
sule interne étaient intéressés. Les symptômes consistaient en :
hémianopsie et plus tard amblyopie, atrophie du nerf optique du
côté droit, alexie, agraphie, surdité verbale et paraphasie, aphasie
optique, suivie d'aphasie totale.
488 SOCIÉTÉS SAVANTES.
Le malade pouvait remuer les extrémités du côté droit, mais se
servait plus volontiers des membres gauches ; plus tard survint une
hémiplégie droite complète avec exagération des réflexes. On nota
aussi de violents maux de tête, des vomissements. Le patient
avait eu la syphilis, quarante ans auparavant, mais n'avait jamais
jusqu'alors présenté d'accidents. Deux traitements par l'iodure de
potassium, un autre par les frictions mercurielles amenèrent une
amélioration passagère.
M. Bruns présente à la Société des préparations microscopiques
et des dessins se rapportant à deux cas de tumeur de la moelle. Une
discussion très animée s'engage entre M. Bruns et MM. Alt, Wich-
mann, Weber.
M. Wichmann à propos du traitement par les tablettes de corps
thyroïde, rappelle qu'il a été le premier en Allemagne à employer
cette médication, chez deux myxoedémalp.uses (Deutsch medic.
Wochensclar., 1S93). Les deux malades en question sont toujours
bien portantes et continuent à suivre le traitement par les
tablettes.
M. Weber (d'Ucbtspringe) fait remarquer que les racines anté-
rieures et postérieures, bien qu'elles soient englobées dans la
masse de la tumeur médullaire, ne présentent cependant pas de
dégénération. Il a eu occasion d'observer un cas identique; les symp-
tômes d'une altération des racines manquaient d'ailleurs. Dans les
cas de méningite spinale de longue durée, on Irouve les racines
englobées mais les cylindraxes et la myéline sont intacts. Les
vaisseaux de la pie-mère résistent moins bien à la compression par
les tumeurs et présentent consécutivement des hémorragies, des
thromboses. Quant aux dégénérations de la moelle elles sont dues
non à la compression, mais à la pénétration directe de la tumeur
dans la substance blanche.
M. Nicol présente un malade qui, en juillet 1893, a eu une frac-
ture du crâne, au niveau du pariétal gauche. Ce traumatisme fut
suivi, trois jours après, d'une hémiplégie droite avec aphasie ; on
trépana le malade à deux reprises. On constate actuellement une
cicatrice de 5 centimètres de diamètre, avec perte de substance du
crâne. Quand le patient penche la tête à gauche on sent la masse
cérébrale s'appliquer sur la paroi. Comme troubles qui ont per-
sisté malgré l'opération on note de la surdité de l'oreille gauche et
une anesthésie complète des quatrième et cinquième doigts de la
main droite.
M. Bruns (de Hanovre). L'hystérie chez les enfants. m. Bruns
fait, d'après un grand nombre de cas observés par lui, le tableau
symptomatique de l'hystérie chez les enfants, et insiste sur certains
caractères particuliers de la névrose à cet âge. Chez les enfants, il
SOCIÉTÉS SAVANTES. 489
s'agit le plus souvent, comme l'a montré Charcot, d'hystérie mono-
symptomatique ; le rétrécissement du champ visuel et des anes-
thésies étendues sont rares, mais cependant on les rencontre.
L'astasie-abasie est fréquente, mais chaque cas a son allure clinique
spéciale. On observe surtout des formes paralytiques, spastiques,
trémulantes ; puis vient la dystasie à type cérébelleux, ensuite
ces troubles de la marche qui ne se produisent qu'au début de
chaque mouvement et qui font penser à certains modes de
bégaiement. L'astasie-abasie peut être continue ou survenir
par accès. Les convulsions hystéro-épileptiques généralisées sont
rares; on observe plus souvent des convulsions limitées (cho-
rée rythmique, mouvements de salutation). Bruus a relevé aussi
des cas de grande chorée, des états qui rappellent la période de
clownisme (Charcot), des états de somnambulisme, des cas typi-
ques de possession, etc. Les contractures sont fréquentes, tantôt
généralisées, tantôt localisées ; elles s'accompagnent le plus sou-
vent de névralgies au niveau des articulations ; la contracture de la
main, des doigts s'accompagne parfois d'oedème bleu ou blanc par
stase mécanique. Plus rares sont les contractures de muscles
isolés (tibial antérieur), Bruns a observé plusieurs cas de mutisme
avec aphasie, deux cas d'auto-mutilation, un cas d'obsession de se
faire pratiquer des opérations chirurgicales, un cas de simulation
de mydriase.
Pour ce qui est de la nature de l'hystérie, Bruns considère celle-ci
comme un trouble psychique dans la plus large acception du mot.
Il se rallie à l'opinion de Moebius qui admet qu'on ne rencontre dans
l'hystérie que des troubles fonctionnels qui pourraient être pro-
duits volontairement et par conséquent simulés. Il ne croit donc
pas à l'existence des paralysies hystériques des pupilles, du moteur
oculaire externe, de la fièvre hystérique, de la paralysie d'une
corde vocale, etc. Il n'a obseivé jusqu'ici l'oedème hystérique que
dans des cas de contracture, ce qui fait supposer que ce trouble est
d'origine mécanique. Quant aux troubles trophiques de la peau, il
faut penser aux auto-mutilations : un cas typique de soi-disant
herpès zoster gangreneux hystérique n'avait pas d'autre cause. La
répartition et la forme des paralysies et des anesthésies démon-
trent en outre que celles-ci sont déterminées par des représenta-
tions : ces troubles intéressent en effet des membres entiers ou des
segments de membres, et ne correspondent jamais aux groupe-
ments des nerfs des muscles et de la peau, soit à la périphérie, soit
dans la moelle. Bruns reconnaît cependant qu'il y a certains symp-
tômes qui ne cadrent pas avec la théorie de l\Ioebius.
Le diagnostic de l'hystérie chez les enfants peut souvent être
fait d'un seul coup d'oeil ; dans d'autres cas il exige plus de temps
et dans quelques cas il peut rester douteux malgré un examen pro-
longé, car l'hystérie peut admirablement simuler des maladies
490 SOCIÉTÉS SAVANTES.
organiques. Bruns rapporte un cas de pseudo-méningite etde pseudo-
tumeur hystériques. Des erreurs graves et fréquentes consistent à
prendre certaines affections organiques graves pour des manifes
tations hystériques. L'examen le plus attentif est parfois insuffisant.
Bruns a lui-même pris pour un trouble hystérique un cas de cysti-
cerque du quatrième ventricule chez une jeune fille. Il est évidem-
ment moins grave de prendre une manifestation hystérique pour
un état organique, mais la confusion est néanmoins fâcheuse. Il
faut d'ailleurs remarquer qu'une issue fatale peut s'observer dans
l'hystérie : Bruns a vu un cas d'anorexie hystérique chez un enfant
se terminer par la mort, les parents s'étant refusés à se séparer de
leur malade. Une question importante est celle des combinaisons
de l'hystérie avec des lésions organiques : Bruns a observé un cas de
sclérose multiple avec hémianesthésie hystérique, un cas de para-
lysie infantile d'origine cérébrale avec névralgie hystérique des
articulations, un cas de syringomyélie avec anesthésie hystérique
dont la nature fut démontrée par le transfert.
Le diagnostic de certains s3,inptômeohysLéi-iques avec la simula-
tion est parfois difficile, par exemple dans des cas d'automutilation.
Mais le fait que des enfants peuvent se livrer à des actes de ce
genre prouve que, même dans les cas de simulation, il s'agit de
sujets anormaux. Il est important, au point de vue du pronostic,
de séparer l'hystérie de certains états relevant de la dégénérescence
mentale (tics et surtout tics généralisés, etc.).
L'hystérie se rencontre, chez les enfants, dans les deux sexes, avec
une fréquence presque identique. L'âge de prédilection est de huit t
ans à l'époque de la puberté. Bruns a observé des cas d'hystérie à
quatre et à cinq ans ; il considère le diagnostic d'hystérie chez les
enfants à la mamelle comme bien difficile à faire.
Les formes graves de l'hystérie sont, pour l'enfant comme pour
l'adulte, beaucoup plus fréquentes à la campagne et dans les petites
villes que dans les grandes villes. L'hystérie est à peu près aussi
fréquente chez les enfants des familles riches que chez ceux de la
classe pauvre. Le pronostic est plus favorable chez les enfants qu'à
luge adulte, surtout pour ce qui a trait à la manifestation symp-
tomatique en elle-même qui habituellement rétrocède assez rapi-
dement ; la guérison de la prédisposition hystérique elle-même peut
être constatée. Le pronostic est meilleur pour les enfants de la
campagne que pour ceux de la ville, parce que les premiers, en
venant à la ville pour suivre un traitement changent complètement
de milieu, de médecin, etc.
Comme traitement il faut en première ligne enlever l'enfant de
la maison paternelle et le placer dans un établissement hospitalier.
Souvent cela suffit. Dans les cas plus rebelles le traitement varie
suivant les cas, tout en restant un traitement psychique. Deux
méthodes peuvent être employées. Dans l'une il ne faut pas laisser
SOCIÉTÉS SAVANTES. 491
à l'enfant le temps d'être malade ; il faut attaquer vigoureusement
les troubles fonctionnels ; souvent la simple affirmation suffit, par-
fois (dans l'astasie-abasie) on emploiera l'hypnose. L'hydrothérapie
froide est utile.
En cas d'insuccès de la première méthode on agit différemment :
on néglige systématiquement toutes les manifestations hystériques
et souvent on les voit disparaître.
Discussion : M. WiciiMANN a observé dans une école une épidémie
d'hystérie à forme convulsive. Il a constaté aussi des cas de gué-
rison rapide de convulsions hystériques chez l'enfant et chez
l'adulte.
M. BOULER. Considérations cliniques sur les rapports de la
syphilis et des maladies mentales.
Sera publié in extenso et analysé ultérieurement.
M. 0. SNELL. Siti- l'efficacité des asiles d'aliénés dans la lutte
contre l'alcoolisme.
Parmi les facteurs des maladies mentales, l'alcool vient en pre-
mière ligne après l'hérédité. Les mesures prophylactiques ayant
pour but de diminuer les cas de folie ne sauraient agir d'une façon
plus efficace qu'en restreignant la consommation excessive de
l'alcool. Aussi le médecin aliéniste doit-il s'intéresser au mouve-
ment de tempérance qui se manifeste, surtout grâce à la Société
allemande contre l'abus des boissons alcooliques. Pour ce qui est
des mesures à prendre pour la cure des buveurs, qui est mieux pré-
paré à cette tâche que le médecin aliéniste qui est journellement
en contact avec les cas les plus graves d'alcoolisme ? Quel est le rôle
des asiles d'aliénés dans le traitement de ces malades ? L'auteur a
fait des recherches statistiques à l'asile de Ilildesheim. On admet
en général que le quart des aliénés doivent leur entrée à l'asile à
l'abus de l'alcool. Snell a trouvé que la proportion des sujets entrés
dans ces vingt dernières années à l'asile pour des troubles psychi-
ques provoqués par l'alcool, est de 15 p. 100. Les formes cliniques
observées sont les suivantes : paranoia, démence, affaiblissement
intellectuel, paralysie générale, épilepsie, manie, mélancolie. Au
point de vue des résultats du traitement, l'auteur a étudié 183 ma-
lades ; la proportion des guérisons a été de 12,5 p. 100, celle des
décès de 35 p. 100, celle des malades encore existants à l'asile de
22 p. 100.
Parmi les causes de ces résultats peu favorables, il faut mettre eu
première ligne la longue durée de la maladie avant l'admission.
Cette durée a été en moyenne de deux ans. Il est hors de doute que
le nombre des guérisons aurait été de beaucoup plus considérable
si l'internement avait eu lieu dès le début de l'affection. Il faut
remarquer, en outre, que les sujets adonnés à l'abus de l'alcool
sont, plus que tous les autres, portés à ruiner leur famille. Ces
492 BIBLIOGRAPHIE.
considérations font désirer que les buveurs d'habitude, qui sont
dangereux pour autrui ou qui causent la ruine de leur famille,
puissent être séquestrés d'office dans des asiles de buveurs, même
en l'absence de troubles psychiques. L'organisation de ces établis-
sements et les dispositions relatives aux formalités nécessaires pour
l'internement des buveurs, doivent faire l'objet d'une étude spé-
ciale. Le devoir du médecin aliéniste est de poursuivre la réalisation
de cette mesure, l'internement des buveurs.
Discussion : M. Berckhan (de Brunswick) rapporte des observa-
tions concluantes de guérison de buveurs d'habitude. Il parle de
l'établissement spécial de Soutorf, près Dusseldorf. Un alcoolique,
complètement abruti, est sorti guéri après un an de séjour; lagué-
rison se maintient depuis douze ans; l'ancien buveur a même pu
se créer une situation. Chez deux autres sujets, la guérison se
maintient depuis six ans et deux ans. Ce dernier a même fondé une
ligue anti-alcoolique. Un médecin a réussi à se guérir lui-même,
après un long séjour dans un établissement spécial, en remplaçant
l'alcool par 20 ou 25 tasses de café.
M. Wulff. Communication sur le traitement de l'épilepsie (déjà
analysé). (ami. Zeitschr. f. Psychiatrie, t. LII, fasc. 3.)
P. SÉRIEUX.
BIBLIOGRAPHIE.
XII. Leçons de clinique médicale; par le professeur J. Grasset, de
Montpellier. (Paris, Masson, édit.; Montpellier, C. Coulet, édit.,
1896.)
Le professeur Grasset a eu l'heureuse inspiration de publier les
leçons cliniques qu'il a faites à l'hôpital Saint-Eloi, de novembre
1890 à juillet 1895. La plupart de ces leçons ont trait aux maladies
nerveuses, nous allons faire une rapide analyse de ces dernières :
Hystérie rabiforme chez un homme. - M. Grasset a observé un
malade qui, après avoir subi le traitement pasteurien pour une
morsure de chien enragé, fut atteint de troubles rabiformes d'ori-
gine netlement hystérique : Cette hystérie à localisation bulbo-
mésocéphalique fut facilement améliorée par la suggestion et
l'hydrothérapie. Une question médico-légale s'ajoute à cette obser-
vation. M. Grasset en publie les documents et parmi eux le juge-
ment du tribunal qui accorda au malade des dommages-intérêts
importants.
BIBLIOGRAPHIE. 493
Quelques cas d'hysté1'ie mâle et de neurasthénie,- Au sujet de cinq
intéressantes observations, M. le professeur Grasset expose en une
succession de leçons le tableau clinique de l'hystérie chez l'homme
et de la neurasthénie. Il passe en revue avec détails tous les symp-
tômes et les complications de ces deux grandes névroses.
Un cas de maladie de Morvan. L'observation que relate ici
M. Grasset est un cas type de maladie de Morvan avec un tableau
symptomatique complet. Aux panaris analgésiques s'y ajoute la
dissociation sensitive dont on fit quelque temps a tort l'apanage de
la syringomyélie. Le diagnostic est ici facile avec la névralgie et la
névrite; avec la maladie de Maurice Raynaud qui donne lieu à de
la gangrène et non à des panaris. La sclérodactylie de Bail ne peut
être confondue ne s'accompagnant ni de paralysies, ni d'analgésie.
La sclérodermie a bien été différenciée par Charcot de la maladie
de Morvan. Elle ne détermine pas de névrose, ni d'élimination des
os. Elle ne cause ni anesthésie, ni paresthésie; le malade a un
masque à part. La lèpre est plus facile à confondre, on ne la dis-
tingue que par son endémicité, les taches et les macules qui sur-
viennent chez ceux qui en sont atteints. La syringomyélie donne
lieu au diagnostic le plus délicat. Le syndrome syringomyélique
(dissociation de la sensibilité) existe dans la maladie de Morvan,
mais y est plus fugace. Comme troubles trophiques, l'atrophie mus-
culaire prime dans la syringomyélie les panaris qui sont l'apanage
de la maladie de Morvan.
Des associations hystéro-o1'ganigues. Un cas de sclérose en
plaques et hystérie associées, suivi de l'autopsie du malade fait ici
le sujet d'intéressantes leçons. La névrose vient là singulièrement
compliquer l'appareil symptomatique. Ces sortes d'associations
morbides ne sont pas rares, il est probable que la sclérose a fa-
cilité l'éclosion de l'hystérie ou peut-être les mêmes causes ont
déterminé chez le malade les deux affections concomitantes.
Un cas de pseudo-tabes post-inrectieux. Il s'agit là d'un malade
atteint d'une paralysie périphérique des extenseurs des membres
inférieurs par névrite symétrique post-érysipélateuse du tibial
antérieur et un peu d'une branche du crural. A propos de ce fait,
M. Grasset croit qu'il faut supprimer en pathologie le groupe des
pseudo-tabes, car ils sont soit des tabes vrais et fugaces, soit des
névroses simulatrices et des névrites.
Des mouvements involontaires au repos chez les ataxiques.
L'auteur étudie un phénomène rare dans l'ataxie, un trouble tout
spécial qu'il propose d'appeler ataxie statique ou du tonus. Dans le
tabès à côté des contractions anormales dans les mouvements
volontaires, il existe une autre espèce de mouvements, anormaux
également, mais ayant lieu au repos et par suite rentrant dans la
classe des mouvements choréiformes. La malade observée remue
spontanément et sans secousses les orteils, les pieds, les mettant
494 BIBLIOGRAPHIE.
suit en flexion, soit en extension ; la jambe se déplace aussi, fléchit
légèrement sur la cuisse. Ces mouvements, peu étendus, sont
inconscients et n'ont pas le caractère ataxique chez la malade
qui a pourtant tous les signes du tabes. Ce fait n'avait pas passé
inaperçu. Rosenbach l'avait signalé en 1868 et depuis l'attention
des cliniciens a été fixée sur ce point. Ces mouvements involon-
taires au repos dans le tabès sont soit limités, athétosiques, soit
violents et spasmodiques. Il serait intéressant de connaître le siège
exact de la lésion qui entraîne ces troubles. ,
Du vertige des alaxiques. Sous ce titre M. Grasset réunit d'in-
téressantes leçons sur le signe de Romberg, publiées en 1893 par
son élève Sacaze (Archives de Neurologie, 1893, nos 73 et 74.)
Deux grands types de paralysie infantile. M. Grasset s'attache
à différencier nettement ici la paralysie spinale atrophique de la
paralysie cérébrale spasmodique de l'enfance. z
Mal de Pott et paraplégie flasque anesthésique. C'est une
curieuse observation de mal de Pott avec paraplégie flasque anes-
thésique. Cette paraplégie s'est améliorée et a guéri. Elle n'était
pas due à une compression de la moelle. M. Grasset l'attribue à
une action à distance peut-être simplement fonctionnelle, dyna-
mique, portant sur un autre point de la moelle que celui qui est
en rapport avec la gibbosité.
Paralysie ascendante à rétrocession. A propos de deux obser-
vations, M. Grasset établit un groupe clinique qu'il caractérise
ainsi : maladie infectieuse aiguë du système nerveux à marche
progressivement ascendante suivie de rétrocession pouvant aller
jusqu'à la guérison.
Etiologie infectieuse de l'hystérie. M. Grasset défend dans une
série de leçons une théorie générale qui, dit-il, lui est chère; c'est
le rôle pathogénique des maladies générales dans la production de
ce qu'on appelle les maladies du système nerveux. A son avis, il n'y
a pas de névrose idiopathique, toutes sont véritablement sympto-
matiques même l'hystérie et les maladies infectieuses jouent pour
elle un rôle pathogène important.
Basophobie ou abasie phobique chez un hémiplégique. Il s'agit
d'un cas très curieux d'hémineurasthénie post-hémiplégique.
Chez le malade en question la basophobie se superpose à l'hémi-
plégie et la marche déjà rendue difficile par une lésion organique
devient impossible par la névrose surajoutée.
biéningisme dans le cours d'une fièvre typhoïde. Il s'agit d'une
fièvre typhoïde à marche absolument anormale qui donna lieu à
une erreur de diagnostic. Les accidents méningés firent croire jus-
qu'au dernier moment à une méningite et l'autopsie seule démontra
que l'on avait eu affaire à une fièvre typhoïde anormale.
Délire transitoire dans la pneumonie . - Le professeur insiste sur
le délire qui survient parfois dans la pneumonie à la fin de la
BIBLIOGRAPHIE. %tJ
maladie au moment de la crise. Ce délire est caractérisé par les
hallucinations et la confusion des idées. L'hérédité et les intoxica-
tions antérieures tiennent une grande place dans son étiologie.
Outre les très intéressantes leçons que nous venons de trop
brièvement analyser, signalons dans ce volumes publiées sous forme
d'appendice, de savantes études dues aux élèves de M. Grasset. Par
exemple : une analyse de la thèse du Dr Guibert sur la sclérose
primitive des cordons latéraux de la moelle; une observation d'ataxie
locomotrice avec atrophie musculaire et ataxie du tonus, par le
Dr Sacaze; une analyse de la thèse du D' Cannac sur l'analogie des
différents types de myopathie essentielle; enfin un cas de méningisme
chronique simulant la méningite tuberculeuse chez un adulte, par
Galavielle et Villard. J. Noir.
XIII. Considérations générales sur la pathogénie des troubles psychi-
ques. Examen critique d'une hypothèse (les auto -intoxications dans
les maladies mentales); par M. leur Santenoise, ex-préparateurde
thérapeutique à la Faculté de Naucy; interne à l'asile de Maré-
ville, Nancy. (Imprimerie A. Nicolle, Nancy.)
Le travail inaugural de AI. le Dr Santenoise indique chez son
auteur un esprit méthodique et ferme; il reflète de solides études.
C'est avant tout une oeuvre critique, mais M. Santenoise n'est pas la
critique banale que l'on trouve habituellement dans les mémoires
de ce genre. Il n'a pas repris les sentiers battus de la psychiatrie,
il a tenté une oeuvre originale, très personnelle qui mérite bonne
place dans la littérature médico-psychologique.
Dans son introduction, l'auteur fait une critique, à la vérité
souvent un peu acerbe, des tendances de beaucoup d'écrivains
médicaux à débaptiser des syndromes de folie, à isoler souvent de
simples symptômes pour en faire de nouvelles formes qui, scienti-
fiquement, n'ont pas plus de raison d'être que celle dont on les
extrait pour satisfaire une ambition personnelle. 11 montre îles
paradoxes de l'Ecole italienne de Lombroso », les bases fragiles de
l'Ecole expérimentale de Luys et Pierre Janet, pour arriver à con-
clure qu'il est « absolument nécessaire, pour aborder l'étude des
phénomènes psychiques en général, des phénomènes psychiques
morbides en particulier, d'avoir une méthode rigoureuse et
précise. >
Dans le premier chapitre, il tente d'établir les rapports des phé-
nomènes physiques et des phénomènes psychiques après les avoir
étudiés séparément; il fait ressortir le but de la médecine men-
tale : d'une part faire l'histoire des maladies mentales, d'autre
part en établir la physiologie. 11 examine surtout la valeur des
deux méthodes qui peuvent concourir à l'étude de la physiologie
des phénomènes psychiques, méthode expérimentale, méthode
496 BIBLIOGRAPHIE.
d'observation. Il montre que la méthode expérimentale, « méthode
scientifique par excellence, ne peut avoir qu'une application bien
restreinte en médecine mentale, et que, même employée complè-
tement et systématiquement, elle ne nous fournirait jamais les
beaux résultats qu'elle a donnés dans les sciences physiques ». A la
méthode d'observatio il reproche de n'avoir pas encore déterminé
de lois en médecine mentale, l'aliénation mentale n'ayant été
jusqu'à présent que purement descriptive ou à peu près.
Dans le second chapitre, M. Sautenôise étudie les hypothèses
faites sur la pathogénie de la folie ; il fait reposer cette élude sur
trois ordres de faits : a 1° les conditions du dynamisme cérébral;
2° le dynamisme cérébral lui-même; 3° les phénomènes psychiques
qui accompagnent ce dynanism e. »
Il est amené, au sujet du mécanisme de production des phéno-
mènes psychiques morbides, à faire les hypothèses suivantes : « 1° la
cause organique de ces phénomènes réside dans la structure même
du cerveau, le milieu intérieur étant constant et invariable; 2° la
cause de ces phénomènes réside dans la composition spéciale du
milieu intérieur, les cerveaux étant supposés identiques; 3° la cause
réside à la fois dans une structure spéciale du cerveau et dans une
composition particulière du milieu intérieur. »
La seconde hypothèse, hypothèse chimique, qui « se présente sou s
une étiquette nouvelle, la. théorie des auto-intoxications dans les ma-
ladies mentales » est l'objet des chapitres m, iv, v et vi.
Dans le chapitre m, l'auteur construit l'hypothèse, en déduit les
conséquences et cherche les moyens de vérification. Dans le cha-
pitre iv, il met « cette hypothèse en face des faits que peut nous
fournir la méthode d'observation » ; il passe en revue toutes les
formes de maladies mentales, et cherche si à chacune d'elles cor-
respond un état humoral déterminé. Les recherches expérimen-
tales avecles urines trouvent aussi pla,e dans ce chapitre. L'intitulé
du chapitre v : « Les auto-intoxications dans les maladies mentales .
- Hypothèses connexes. - Conséquences pratiques », indique suffi-
samment le but auquel il tend.
Enfin le chapitre vi est consacré aux conclusions qui découlent
de ces chapitres relatifs à l'hypothèse de l'auto-intoxication dans
les maladies mentales, conclusions d'un travail d'une logique
presque mathématique et qui se résument en quelque sorte dans
cette phrase de l'auteur : « A notre grand regret, nous sommes
obligés de conclure par l'ignoramus du philosophe ; nous n'ose-
rions et nous ne voudrions pas y ajouter son ignorabimus. »
Bien qu'arrivant à une conclusion négative, ce travail a une
réelle valeur, puisqu'il remet au point une question un peu
obscurcie parce qu'elle n'avait pas été méthodiquement et physio-
logiquement posée. A. Paris.
FAITS DIVERS.
Asiles d'aliénés. - Nominations et promotions : M. le Dr FE-
nxnov, médecin adjoint à l'asile public de Lesveilec, est nommé
en la même qualité à l'asile public d'aliénés de Blois; M. le
Dr Maumier, directeur - médecin de l'asile de Pierrefeu, est
nommé directeur-médecin de l'asile d'Aix en remplacement de
M. Dauby, admis à faire valoir ses droits à la retraite; M. le
Dr PACTET, médecin adjoint de l'asile de Villejuif, est promu à la
classe exceptionnelle du cadre àparlir du 1er avril ; - M. le D'DouR-
sons, directeur-médecin de l'asile de Naugeat, est promu à la classe
exceptionnelle du cadre à'partir du 1er avril 1896; - M. le Dr JOUR-
N1AC, médecin adjoint de l'asile de Châlons-sur-Marne, est nommé
directeur-médecin de l'asile de Pierrefeu, en remplacement de
M. Dagonet, non acceptant.
LE SUICIDE EN PRUSSE EN 1893. - On a constaté, en Prusse, pour
l'année 1893, G,409 suicides (5,135 hommes et 1,274 femmes), sur
un total de 746,478 décès (385,061 hommes et 360,817 femmes). Ce
qui donne la proportion de 24,2 décès et de 2,08 suicidés pour
1,000 habitants. Les tendances au suicide augmentent avec l'âge,
sauf entre vingt-cinq et trente ans. Les causes sont restées incon-
nues dans 20,2 cas p. 100. Un quart des suicides environ sont dus
à la folie. La pendaison est le mode de suicide le plus employé,
puis viennent la submersion, le suicide par arme à feu, l'empoi-
sonnement. Le nombre des suicides augmente chaque année. (Allg.
Zsihs. f. Pyschiatrie, t. LU, f. 3.) P. S.
AyroMM (G.). Le f'uylie deflli aliénait criminali dai J[anicoll111,
Brochure in-8°, de si pages. - Fil enze, 1806. - Tipografia Cooperativa.
Dreyfuss (11.). - Die Krankheilen des Gehrins und seiner adnexa il/ !
Gefolfle von Sasepeilcl'unycn, - Volume in-8", de 104 pages. - Prix :
fr. 75. - Iéna, 1896. - ferlag von G. Fischer.
Le rédacleur-gérant : BOR\EVILLE.
Archives, 2e série, t. 1. 32
TABLE DES MATIERES
Abcès intracranien, par Murray, 49.
- cérébraux, par Barkan et Hirs-
chfelder, 372.
Acromégalie et maladie de Gra-
ves, 47. - et ostéo-arthropatliies,
par Murray, 48. Pathogénie de
l' -, par Tamburini, 283. - et
gigantisme, par Hutchinson, 365.
- , par Ranson, Sym Thomas
et Benson, 372. - par Bruns, 486.
ADDISSOV. La maladie d' et son
traitement par l'extrait des glandes
surrénales, par Jones, 66. La mala-
die d' - et les capsules, par
Auld, 46.
Administration des aliénés à Berlin
et en Ecosse, par Sibbald, 305. 1
Alcool. Lésions produites par l' -
sur les cellules du cerveau, par
Berckley, 39t.
Alcooliques. Sur le délire des -,
par Liepmann, 143. Sortie pré-
maturée des -, par Voisin, 153.
Alcoolisme. Lutte contre l' -, 91.
Efficacité des asiles d'aliénés dans
la lutte contre l' -, par Snell, 491.
Alexie dite sous-corticale, par Red-
lich, 52.
Algésiomlthe, par Hess, 368. -, par
Motschutkowsky, 469.
. Aliénation mentale. Traitement sé-
paré de l ? par Wallis, 74. Légis-
lation de l' - en Irlande, par
Eustace, 134. Poids du corps et
- , par Moulton, 145.
Aliénés. Traitement familial des -
en Ecosse, par Kiggs, 60. Condam-
nation d'un -, par Legrain et
Adam, 79. Façon de procéder à
l'égard des - de l'asile de Ba-
rony de Glasgow, par Carlswell,
134. Mortalité des -, par Chap-
man, 138. De la sortie des - des
asiles, 173. en liberté, 175.
Lésions microscopiques caracté-
ristiques du cerveau des -, par
Clouston, Middlemass et Robert-
son, 201. Les - et le droit civil
par Derode, 293, 339. - au work-
house, par Nolan, 301. Nouvelle
hospitalisation des - par la mé-
thode de la liberté, son applica-
tion à Ville-Evrard par Marandon
de montre), 306. Physionomie des
- par nlongerl, 311. Tuberculose
chez les - par Bondurant, 343.
Internement des - 108. Choléra
chez les - par Ventra, 482.
Alopécie dans un cas d'hvstéro-
neurasthénie traumatique par La-
dame, 367.
Amnésie. V antéro -rétrograde dans
la perforation de la base du crâne,
par Abel et Colman, 48.
A)IYOTA.Xir cérébrale, par Rossolimo,
284.
Anthropologie criminelle. IV* Con-
grès d' -, statuts, 317, 412.
Aphasie. Épilepsie avec par Hay,
140. Surdité et - hystériques
chez un homme, par Sanphear,
365.
Apoplexie. Pronostic de 1' par
hémorragie cérébrale, par Barrs,
49.
Archives cliniques, 47.
Arriérés. Enfants par Jiourne-
ville, 170. Assistance et éducation
des enfants -, par Bourneville,
313.
Artériel Dégénérescence du sys-
tème - chez les aliénés, par
Beadles, 222.
Arthropathie du' genou, par Glo-
rieux et Van Gehuchten, 286.
Asiles. Internat des - de la Seine,
par Sérieux, 135, 2'r2. - du dis-
trict de Stirling, à Larbert, par
Macpherson, 249, - d'idiots en
Allemagne, par Sérieux, 250. -
d'aliénés, 256. Recrutement futur
et situation des infirmiers dans
les -, par Menzies, 300. Epreuves,
misères et griefs d'un directeur
table DES matières. 499
d' - privée, par Weatherly, 301.
- de la ville et du comté de
Worcester, par Cool., 301. Orga-
nisation matérielle d'un - mo-
derne, par Iirayatsch,1302. Impres-
sions d'une visite dans un
hollandais, par \Iacleod , 306. -
d'idiots de Languenhagen, 307.
d'idiots de Postdam, par Sérieux,
308. - d'aliénés. 318.
Assistance des idiots et l'auteur de
Gullwer, 319.
Association médico-psychiatrique.
Discours prononcé par Conolly
Norman, 301.
Atavisme dans le suicide, 87.
Ataxie locale et folie simulées, par
P. Garnier et Vallon, 28. L'-
symptôme de diverses maladies,
46. L'- considérée comme symp-
tôme des lésions du système
cérébro-spinal, par Marc Cartie,
277. -
Ataxiques. Mouvements involon-
taires au repos chez les - par
Grasset, 493.
Atrophie primitive des muscles du
tronc et des membres par Barlow,
47. - de Charcot chez un tabé-
tique par Witldo, 48. - spinale
progressive de la première en-
fance par Werding, 55.
IJASOPIIOI11E, par Grasset, 194.
Bégaiement hystérique, par Greiden-
berg,367.
Bibliographie 169, 249, 309,405, 492.
BRC\lnL1\E par Laquet, 60.
Bulbaire. Affection - aigue, par
Wataenberg, 373.
Buveurs. Interdiction et interne-
ment des -, 408.
Capillaires. Structure des - céré-
braux, par Lapinsky, 397.
Castration. Etude sur la question
de la -, par Kraemer, 236.
Catalepsie alternant avec de la
verbigération, par Warneck.
Cataleptiques. États - dans les
maladies mentales par Lemaitre,
407.
CÉCI1É. Un cas de - absolue par
anopsie, guérison ; par Schirman,
271. J.
CELLULES nerveuses. Ce que l'on
appelle les granulations des -,
par \issl, 232. Nouvelle méthode
de coloration pour localiser les
par Nissl, 332. Détails de struc-
ture dans les -, par lienda, 377.
Centres. Réveil des affections des
- liet-votin, par llauly, 312.- sen-
soriels et - d'association dans
l'encéphale humain, par Flechsig,
375.
Cérébelleuses. Diagnostic des affec-
tions -, par Hlsier, 19. Symp-
tômes des affections - par Krauss,
272.
Cérébelleux. Faisceaux - descen-
dants par Bield, 475.
Cérébrale, 'lumeur -; opération
suivie de succès, par Dana et
Conway, 76. Dualité de l'action
- , par Lyon, 205. Hémiatrophie
- , par Cowan, 214. Oscillations
périodiques des fonctions de l'é-
corce -, par Cowan, 214. Oscil-
lations périodiques des fonctions
de l'écorce -, par Stern, 234.
Tumeur avec hémianesthésie,
par illaclcay, 287.
CÉRÉBRO-CÉltEl3E[,LI'UX. Faisceau
croisé, par 111mgazzini, 473.
Cenenno-semo.. Altération du sys-
tème chez les aliénés âgés, par
Campbell, 210.
Cerveau. Kyste traumatique du
, par Eskndge et Mac Naught,
69. Deux abcès du z, par Eskndge
et Parkhill, 207. Abcès du -, par
Carson, 263. Division de la sur-
face du -, par Adamkiewicz ;
réponse de Flechsig, 386. In-
fluence sur l'échange azoté du-
par Belmondo, 480.
Cervelet. Pathologie du -, par
Arndt, 51. Atrophie et sclérose
du -, par Hubert Boud, 213.
Diagnostic différentiel entre les
tumeurs des tubercules quadriju-
meaux et celles du -, par Bruns,
281.
Choléra. Le - chez les aliénés, par
Ventra, 482.
Chorée de Iluntington, par Con-
klm finish, 267. - chez deux
cardiaques, par Massaiongo, 235.
Circonvolution. Éléments normaux
d'une - et effets de la stimula-
tion et de la fatigue sur ces élé-
ments, par Batty-'fuke, 205. -
anormales, par Mickle, 393.
Ctronsnc des cellules nerveuses,
par Lugaro, 479.
Coloration. Méthode de de Wei-
gert et Pal, par Marcus, 396.
500 TABLE DES MATIÈRES.
Commotion cérébro-spinale. Anato-
mie pathologique, pai Bikeles, 232
Compression cérébrale, par Mac-
pherson, 263.
Concours des médecins adjoints des
asiles d'aliénés, 255.
Confusion mentale hallucinatoire
aiguë, par Re%-er, 142.
Congrès pénitentiaire par Motet, 80.
Va - international contre l'abus
des boissons alcooliques, 84. 1 IIe -
international de psychologie à
Munich, 88. - de médecine men-
tale et nerveuse, 254. - des mé-
decins aliénistes de France, par
Régis, 313.
Coordination. Troubles de la -
congénitaux et acquis, par Nonne
389.
Corps calleux. Métastase carcino-
mateuse dans les circonvolutions
du -, par Muratow, 356, 369.
Fibres des segments moyens et
postéro inférieurs du -, par Vogt,
380.
Crâne. Déformation du - due à la
syphilis héréditaire, par Nam-
mack, 215.
Craniotonoscopie. De la - par Mu-
ranjeff, 227.
Crétinisme sporadique traité par
l'extrait thyroïdien, par Talford
Smith, z, parBouineville, 1.
Crime. Rôle futur du médecin dans
le traitement du -, par Austin
Flint, 117. Analyse du -, par
Bauer, 335.
Criminel. Evidence de l'état sain
des esprits dans les affaires, -
par Kiernan, 293. L'enfant - né,
par Diettrich, 294. Nègres au
Brésil, par Rodrigues, 312. - ou
malade, 319.
Dédoublements de conscience par
Giuseppe, 484.
Dégénères. Traitement des -, par
mortel, 66.
Dégénérescence. Sur les variétés de
la - et leur traitement, par Ilal-
lervorden, 66. - de la race, par
Talbot, 359 ; par Banmster, 359 ;
par Kiernan, 359.
DÉGÉNÉRESCENCES spinales . Com-
ment débutent les -, par Klip-
pel, 33.
Déglutition. Influence de l'écorce
du cerveau sur la et la respi-
ration, par de Bechterew et Os-
tankow, 226. La - et les couches
optiques, par de Bechterew, 226.
Délirante. Ecchymoses accompa-
nnées d'excitation-, par Dawson,
346.
Délire. Evolution du paranoïaque
par Greco, 480. - bénins et à
courte évolution, par Friedmann,
485. - transitoire dans la pneu-
monie, par Grasset, 494.
Démence. Ramollissement du cerve-
let, rupture du coeur dans la -
vésanique, par Charon, 257. Stig-
mates dégénératifs dans la - pa-
talvtique, par Cristiani, 483.
Diabète. Tabès ou - sucré, par
Grube, 58. - insipide avec réten-
- tion d'urine chez une hystérique,
par Linke, 283.
Drainage par aspiration du canal
vertébral, par Caille, 77.
Dystrophies cutanées herpétiformes,
par Hutcltinson, 50.
Electricité. Revue il ? médicale,
par Régnier, 113.
Emotion. Elément physiologique de
l ? par Wright, 288.
E\CÉI'11.1L.aS'l'lIÉVIE. Etiologie de Il-,
par Althaus, 58.
Encéphaliques. Dégénérescences
dans les affections du foyer de la
zone motrice, par Muratow, 380.
Enfants. Quartiers d' annexés
aux asiles des départements, 171.
EPILEPSIE traumalique et trépan, par
Butlin, 47. jacksonienne traitée
par la trépanation, par Cunnin-
gham, 71. Trépanation dans un
cas d ? par Greenleess, 74. -
avec aphasie parHay, 140. Patho-
génie et traitement de l ? par
Mannesco et P. Sérieux, 169. In-
fluence des facteurs réflexes sur
la production de la folie et de l ?
par Bullen, 224. Circulation du
sang dans le cerveau pendant un
accès d'- expéiimentale par de
Bechterew, 234. Traitement de
l ? par \\'ulff, 239. - sensorielle
et psychique, par Diller, 276. Pol-
lutions nocturnes et -, par Zucar-
relli, 282. Sur l'- sénile, par
Naunyn, 289. - Traumatique et
trépanation, par Boubtla et Pan-
taloni, 312, Genèse des accès d ? 1
par de Bechterew, 355. Symptômes
delà paralysie générale et de l ?
par Iüllenberg, 350.
TABLE DES MATIÈRES. 501
Epileptiques. Quartier spécial pour
les enfants - et arriérés à l'asile
de Dury, 171. Assistance des -,
409. Toxicité du suc gastrique
chez les -, par Agostini, 484.
Equilibre. Rôle des faisceaux grêles
et cérébelleux dans la fonction de
l ? par de Bechterew, 477.
Etincelles. Application des - des
bobines d'induction ouvertes, par
Sternberg, 226.
Fétichistes. Pervertis et intervertis,
par Garnier, 405.
FLOCCULUS. Sur le -, par Bruce, 401.
Folie. Ataxie locomotrice et -
simulée, par P. Garnier et Vallon,
28. Traitement chirurgical de la
- , par Macpherson, 68. - trau-
matique opérée avec succès par
Calle, 72. Accroissement de la -
en Irlande, par Drapes, 112. La -
morale et ses rapports avec la
criminologie par Benedikt, 126.
ataxique par l3laclcfor,136. Points
de vue nouveaux sur la patholo-
gie de la -, par Andriezen, 137.
Influence des facteurs réflexes et
toxiques sur la production de
l'épilepsie et de la -, par Bullen,
224. Paragraphe 51 et- partielle,
par Rieger, 294. - de la persé-
cution, par Semelaigne, 341. Aug-
mentation de la - en Irlande par
Hack Tuke, 316. - ou non folie,
311. - chez les indigènes de
l'Afrique du Sud, par Greenleeis,
352. - chez les Malais, par Ellis,
353. - chez les nègres par Bab-
cock, 358.
FOLLE. Une -, 319.
Force. Action de la - nerveuse,
par Broadbent, 399.
Fohmaune pour fixation des fibres
nerveuses, par Kitchell, 214.
Fou tué par ses gardiens, 93. Un -
royal, 319.
Fracturer. Effort nécessaire pour
- les côtes chez les aliénés, par
Campbell, 50.
Frif.dreich. Un cas de maladie de
- , par Clarke, 14.
Front. Trauma du - suivi d'apha-
sie, convulsions et monoplégie
brachiale droite, par Russel et
Pinkerton, 19.
Goitre. Etiologie du , par Murris,
372. exophtalmique et son
traitement par les sucs glandu-
laires, par Owen, 60. Folie avec
- traitée par l'extrait thyroïdien,
par Mac Claugher, 60. Examens
des nerfs intra-thyroidiens dans
un cas de - exophtalmique, par
Bonne, 235.
Grossesse tubaire suivie de manie
par Butler Smithe, 134.
Gynécologiques. Désordres - dans
leurs rapports avec la folie, par
Barrus,lt6.
Hallucinations psychomotrices, par
A. Voisin et Charpentier, 80.
unilatérales, par le professeur
Joffroy, leçon recueillie par Tou-
louse, 07.
Hématome. Pathologie de l'- de
l'oreille, par Goodall, 213.
Hémiplégie gauche, perte des ré-
flexes superficiels et profonds,
atrophie musculaire, etc., par Es-
kridge et Peterson, 218.
Hérédité chez les aliénés du canton
de Zurich, par Koller, 144.
Hypnotique. Fonctionnement céré-
bral pendaut le sommeil - par
Lanpts. -
Hypnotisme et la loi, par Bell, 336.
Hystérectomie. Deux cas d'- suivie
d'aliénation, par Lawrie, 353.
HYSTÉRIE. Parjure, -, amnésie et
irresponsabilité, par Krafft Ebing,
290. -, pai Voronoif, 407. Deux
cas d ? par Pianetta, 484. L'-
chez les enfants par Bruns, 488.
- rabiforme, par Grasset, 492.
- mâle et neurasthénie, par
Grasset, 493.
Hystérique. Deux cas de folie -
d'origine infectieuse, par Taty, 358.
HYS1'ÉRO-ORG.1\IQUBS. Des associa-
tions -, par Giasset, 493.
Idiot. Nécessité de l'assistance des
- , 92. Quartiers spéciaux pour
idiotes à l'asile de Bordeaux, 170.
Voir p. 1, 199, 441.
Impuissance. Etude légale de l'-
dans l'Illiriois, par Baum, 291.
Inflammation. Influence de l'- trau-
matulue de l'écorce sur son exci-
tabilité par de Bechterew, 51.
Instabilité mentale, par Bourneville
etJ. 130yel', 199.
Intestinales. Affections trophiques
chez les aliénés, par Cowen, 348.
1 : sTRACR.\lilEli)¡ES. Diagnostic des
502 TABLE DES MATIÈRES.
lésions traumatiques-,par Phleps,
218.
Inversion. Explication ne 1'- du sens
génital, par Krafït l : bina, 485.
IaRESI'0\SABILIIÉ. Parjure, hystérie,
amnésie et -, par Krafft Ebing,
290. -
Irresponsables. Mesures législatives
contre les -. par Gilbert Ballet,
292.
KYSTE traumatique du cerveau, par
Eskridge et Mac Naught, 69.
Lactée. Sécrétion - prolongée chez
certaines aliénées, par Fronda, 482.
Laryngée. Paralysie - dans les aflec-
tions nerveuses chroniques, par
Permewan, 48.
LATAII. Névrose observée dans les
Indes Néerlandaises; le -, par
van Brévo, 52.
Loi de 1838 en face des délinquants
dits irresponsables, par Charpen-
tier, 153.
LOIDE Weber-Fetcuneb, parWaller,
397.
Maladies cérébrales aiguës de l'en-
fance, par Muratow, 369. Effets des
- intercurrentes sur les troubles
mentaux, par Goodall et Bullen,
140. - mentales et nerveuses, par
Witwell, 353.
Maniaque. Excitation due au
salicylate de soude, par Hobinson,
78.
Manie aiguë dans un cas de cellulite
pelvienne, par Simpson, 139.
Médico-psychologiques. Les ques-
tions - en Allemagne, par Meyer
et Urquhart, 137.
Mélancolie. Sur la -, par Stephen-
son, 133. Trois cas de guenson de
la-, parNeill, 352.-ayuéconsé-
cutive à un traumatisme par
Hoisholt, 37J.
Mémoire. Fausse -, par Arnaud,
295.
au cours d'une fièvre
typhoïde, par Grasset, 494.
Méningite. Trépanation dans la -,
parKeay, 69. - tuberculeuse spi-
nale par Rothganger, 371.
Menstruelle. Psychose - avec
¡('oille exophtalmique périodique,
par Thomas, 357.
Mentales. Rapport du comité des
maladies -, par Whitwell, 353.
Recherches collectives en matière
des maladies-, par Mercier, 345.
Méralgie paresthésique de Rotli
par Escat, 370.
IÉTALLOTIIÉR.1PIE, au temps de Char-
lemagne, 411.
Migraine. Soulagement de la et
de quelques autres affections né-
vralgiques de la tête, par Sargent
et Snow, 78. Equivalents de la-,
par Bary, 368.
Moelle. Traumatismes de la -
chez les mineurs, par Gri(fiths, 58.
Tumeur du canal rachidien com-
primant la -, par Raymond et
Nageotte, 289, 360. Dégénéres-
cences consécutives aux sections
transversales doubles de la -
par Fajerstajn, 379. Affections
syphilitiques de la-, par Boetti-
ger, 386. Dégénérescence secon-
d'ure de chacun des cordons de la
. par Schaffer, 388. Altérations
de la - consécutives à la désar-
ticulation de l'épaule, par Wille,
390. Compression totale de la ré-
(;ionsupéneurede)a,parEgger,
391. Altération de la-, par obtu-
ration momentanée de l'aorte par
Sarbon, 479.
MoRvAn. Paréso-analgésie des extré-
mités supérieures avec panaris
ou maladie de - avec imbécillité
et hémiplégie, par lJoul'l1evi11e,HI.
Un cas de maladie de -, par Gras-
set, 493.
Mouflon. Le cerveau du-, par Bene-
dild, 297.
Musicale. Affections de la faculté
dans les maladies cérébrales,
par Ireland, 128.
Musique et faculté musicale dans la
folie, par Legre, 131.
Myélite aigué dans la substance
blanche, par Kustermann, 51.
1115oscEnes. Des fibres -, par de
Bechterew, 231.
1111'\OI,UÉIfATC«SR. Trois cas d'idiotie
- traités par l'ingestion de glande
thyioïde, par Bourneville, 1.
Nécrologie. Le D' Gauster, par
P. Sérieux, 176. Duquet, 256.
D' Tebaldi, 416.
Nerfs. Polymoiphisme des réactions
des divers -, par Lévy Dom, 233.
Suture des -, par Biuns, 486.
Nerveuses. Les maladies - fonc-
tionnelles et la syphilis, par Kowa-
TABLE DES MATIÈRES. 503
lewsky, 51. Manifestations - ex-
traordinaires chez un jeune sujet,
par Culver, 278.
Névrite multiple chez les enfants,
par Mackey, 10. Sur la -, par
Stephenson, 264 - alcoolique, par
Maudre, 399.
Névrose traumatique. par Crocq, 309.
Neurones par Khppel, 417.
Obsédantes. Etude clinique des
idées -, par Thomsen, 143.
Obsession. Tentative de meurtre
sous l'influence d'une -, par
Vallon, 81.
Oculomoteur. Paralysie isolée trau-
matique du nerf' - externe, par
Eulenberg, 281.
OEDÈME. Etude anatomo-pathologi-
que de 1' bleu, par Alekoff, 3' ? 1. 1.
Opiitalmoplégie unilatérale com-
plète, par Trésillon, 288. - aiguë,
parSchule, 373. -
Optique. Du nerf - du pigeon, par
Mayser, 474.
Oreille. Rapports des centres am-
pullaires de l' -interne avec les
centres oculomoteurs, par Bon-
nier, 395.
PACmoéwGITE cervicale hypertro-
phique, par Koeppen 280.
Panaris analgésique, par Bourne-
ville, 441.
Paralysie psychique, par Freund,
354. associée à uneatropUe mus-
culaire progressive, par Schuter,
354. - hystérique avec contrac-
tures et troubles mentaux, par
Bonnet, 35ï ? bulbaireumlatérale
subaigué, par Wiener, 265 -
ascendante à rétrocession par
Grasset, 494.
Paralysie l'ACI1LE. Etiologie de la-
péripliéuque, par Hatschek, 51.
Récidive et diplégie dans la rhu-
matismale, parHubschmann, 28a.
Paralysie générale I'RGGfiESSI\ E. Al-
térations neuro-musculaires dans
la -, par Campbell, 134. - chez
une fillette de neuf ans, parDunn
137. De l'atrophie musculaire dé-
générativedans la -, par Hoche,
288. Symptômes de la- et de l'é-
pilepsie par Hellenberg, 356. Rup-
ture de la vessie dans la -, par
llerting, 392. et tabès chez mari
et femme, par Mendel, 403. Forme
spasmodique et forme tabétique
de la -, par Stewart, 340. Rap-
ports de la - et affections chro-
niques des reins, par Bristowe,
311, 351. Relations cliniques et
pathologiques de la-, pai-Fari-ar.
- associée à une atrophie mus-
culaire, par Schuter, 354. Quelques
problèmes relatifs à la -, par An-
giolella, 481. Caractères diagnos-
tiques différentiels entre la
syphilitique et non syphilitique,
par Pasquarel, 482.
Paralytiques généraux. Sulfates dans
dans l'urine des -, par Turner,
138.
Paralysie infantile. Une épidémie
de -, par Macphail, 45. llémia-
nopsie transitoire dans un cas de
- , par Koening, 280. Anatomie
pathologique de la-, par Trevel-
lan, 398.
PAtA ? ocLOJ's multiples, par Brey-
mail, 394.
Paraplégie tonique, par Axtell. 264.
Paresthésies. Sur les - localisées
dans le domaine du nerf fémoro-
cutané exteine, par Bernhardt,
370, 387; par Noecke, 378.
Pathologie. Revue de - nerveuse,
par Deny, Blm, Kerayal, Lwoff,
etc., 360.
Pédérastie. Uranisme et-, par Ste-
tdnowskj, 293.
Peptonurie chez les aliénés, par
\layer et Meine, 142.
PERSONNEL de surveillance des alié-
nés, par Laelir, 404.
Pleurs. Rires et - inextinguibles
dans les affections cérébrales, par
de Bechterew, 57.
Plexus DE ERB. Paralysie complète
du -, par Weber, 474.
Pneumogastrique . Troubles fonc-
tionnels du dans les affections
mentales, par Kellog, 145.
Pollutions nocturnes et épilepsie,
par Zucarrelh, 281.
POL1\VItITE. Changements du sys-
tème nerveux central dans la -,
par Soukhaiioll, 177.
Pont DE VAROLE. Anatomie micros-
copique du - chez l'homme, par
Pusateri, 479.
PORENCÉPIIALIF. Un cas de -, par
Conolly Norman et Fraser,' 205.
Possédés du diable, 319.
Por ? Mal de - et paraplégie flas-
que anesthésique, par Grasset,
494.
504 TABLE DES MATIÈRES.
Protubérance. De la circulation
des régions de la - et du bulbe,
par Shimamura, 229. Gliome de
la partie postérieure de la -, par
Jolly, 380.
Psychiques. Guérison apparente des
troubles chez deux maniaques,
par Charon, 330. Pathogénie des
troubles -, par Santenoise, 495.
Psychologie morbide comparée; im-
mobilité du cheval, par Férié, 146.
PYCI101'ATIIOLOGN1UES. Quelques cas
- devant les tribunaux serbes,
par Wassitch, 335.
Pyramides. Sections des deux chez
le chien, par Starlinger, 388. Place
des libres des cordons antérieurs
des - dans le bulbe, par Jacob-
sohn, 472.
RÉrLExEs du genou au point de vue
du diagnostic, par Leszinsky, 216.
peu connus dans les maladies
nerveuses, par de Bechterew,374.
Rénales. Affections -, leurs rap-
ports avec l'alcoolisme et la folie,
par Bond, 352.
Respiration. Influence de l'écorce
du cerveau sur la déglutition et la
- , -, par de Bechterew et Otankow,
226.
Responsabilité criminelle chez les
aliénés, par Woods, 357.
Rires et pleurs inextinguibles dans
les affections cérébrales, par de
Bechterew, 57.
Ruban DE Reil et écorce cérébrale,
par Bielscbowsky, 387. Trajet du
, par Jakob, 388.
Sang dans le délire aigu, par Cabitto,
479.
Sarcomes multiples du cerveau et
des méninges spinales, par West-
phal, 50.
Saturnine. Intoxication à symp-
tômes rares, par Janowsky, 368.
Sclérodermie, par Ilemngham, 7.
Sclérose. Un cas anormal de en
plaques, par Diller, 269. Un cas
de - spinale postérieure, par
Chubb, 270. artérielle du sys-
tème nerveux central, par Jacob-
sohn, 180. Syndrome rappelant la
latérale amyotrophique chez
un syphilitique, par Olivier et
Ilalipre, 286. - en plaques à
forme d'hémiplégie alterne, par
Wizel, 287.
Sciatique, par Illâier, 369. Ondu-
lations musculaires dans une -,
par 1101l11lann, 387.
Scoliose alternante dans la sciati-
que, par Illgier, 369.
Scotome. Déplacement du champ
visuel dans le - scintillement,
par Berger, 385.
Sensibilité. Troubles de la de
Bernhardl à la cuisse, pat Freud,
389. .
Sensitifs. Les faisceaux de la
moelle d'après les recherches
d'llolzinser, par de Bechterew. Les
tractus tlerveux - eL sensoriels et
les centres -, par Jelgersma,
382.
Sensoriels. Phénomènes - consé-
eutissii des traumatismes anciens,
par Drapes, 140.
SEXUELLES. Perversions chez les
dégénérés, par Masoin, 148. Per-
versions - et exhibitionnisme,
par Reyneau, 291.
Société médico-psychologique, par
Briand, 79, 152, 2H, 291. - psy-
chiatrique de Berlin, par Sérieux,
103. - des médecins aliénistes
de Basse Saxe et de Westphalie,
par Sérieux, 486.
Som1AL et sulfonal, par Memon et
Scally, 59.
Sorciers. Croyance aux -, 412.
Spinales. Structure des racines ,
par de Massary, 396.
Strychnine dans la névrite périphé-
rique, par Walker, 45.
Stupeur. La entité morbide, par
Whitwell, 144.
Suggestion et psychothérapie, par
Goldi, 481.
Suicide. Nécessité d'une législation
relative au-, par Strahan, 337.
en Prusse, 497.
Surdi-mutité, par Kerr-Low, 44.
Surdité fonctionnelle, par Ransom
et Dalby, 48. - hystérique ou
fonctionnelle, par Ransom et Van
Dyck, 59. - et aphasie hystérique
chez un homme, par Sanphear,
365.
Syphilis cérébrale, par Stiéglitz,274.
Lésions vasculaires dans la des
centres nerveux, par Lamy, 392.
Tabès. Méthode de Froenkel dans
le traitement Sa -, par de Bech-
terew, 225. Un cas de - au dé-
but, par Weil, 56. ou diabète
TABLE DES MATIÈRES. 505
sucré, par Grube, 58. Des troubles
de la sensibilité et de leur locali-
sation dans le -, par Loehr, 282,
Pspudo-postinfecLieux, pal' Grasset,
493.
Tabétiques. Deux cas de luxation
spontanée de la hanche chez des
- , 47. Phénomène plantaire chez
les -, par Hil'schberg, 394.
Témoignage des enfants en justice,
90.
TESTICULE artificiel et guérison d'un
état mental morbide chez un mo-
no-cryptorcliide, par Ilermance,
147.
Tétanie traitée par l'estrait thvroi-
dien, par Byron Bramwell, 65.
Observation d'un cas hpe de ,
par Preston, 262.
Thyroïde. Glande - accessoire avec
procidence buccale, par Ilraith,
45. Pharmacologie du corps -
par Yvon, 190. Sécrétion interne
du corps -, par Acona, 00.
Thyroïdien. Trois cas d'idiotie
myxoedémateuse traitée par l'in-
- estioli -, par Bourneville, 1.
Folie avec goitre traitée par l'ex-
trait -, par Mac Claughery, 60.
Crétinisme sporadique traité par
l'extrait , parTalford Smith, 61.
Expériences thérapeutiques sur
l'alimentation -, par Sieglitz,
62. Traitement -, son histoire et
son emploi en médecine interne,
par Metzler, ri3.
Tics convllsifs. Troubles mentaux
dans la maladie des -, par Ke-
monchamps, 148.
Torticolis mental, par Brissaud et
Meige, 146.
Trépanation dans la méningite, par
Keay, 69.
TRIONAL. Empoisonnement par le- ,
par llecker, 241.
Tubercule de Rolando, par Turner,
401.
Tuberculose et son traitement dans z
les asiles d'Irlande, par Finegan,
79. Prophylaxie de la - dans les
asiles, par Babcock, 1 il.
TUBERCULES quadbijumeaux. Une
gomme dans la région des -, par
llberg, 228. Diagnostic entre les
tumeurs des - et celles du cer-
velet, par Bruns, 281.
Tun (Daniel llaclo, 254.
Tumeur sous-corticale traitée par la
trépanation, par Beevor et Bal-
lance, 59. - cérébrale; opération
suivie de succès, par Dana et Con-
way, 76.
Tipiioïuc. Délire au début de la
fièvre -, par Aschaflenburg, 149.
Ulnaire. Symptôme - chez les
aliénés, par Goebel,478.
Uramsme et pédérastie, par Stefa-
nowsl ? 293.
Urine. Altération de l'- dans les
maladies mentales et la paralysie
générale, par Siegmund, 357.
Urique. Diathèse - et névroses,
par Smidt, 50.
Vagabondage. Psychologie du -,
par Cu lierre, 292. ·
Vagin. Corps étrangers du -, par
Bussel Strapp, 139.
Vaso-moieur. Trouble - unilatéral
d'origine cérébrale, par Kaiser,389.
Ventricule. Sarcome du 1Va -, par
Bruns, 487.
Vertébrale. Carie - et compression
médullaire, lamnectomie, par
Sinitli, 4b.
Vertige. Etat mental dans le -, par
Cornmng, 344.
Vibrations. Influence des - du dia-
pason, par de Bechterew, 384.
Vieillesse et folie, par Verga, 484.
TABLE DES AUTEURS ET DES COLLABORATEURS.
Abel, 48.
Acona, 402.
Adam, 79.
AdamI¡iewicz, 386.
AgosLilll, 184.
Alelekoff, 321.
Althaus, 58.
Andriezen, 137.
Angyobella, 481.
AI-ilat](1, 295.
Aschaffenburg, 149.
Auld, 46.
Axtell, 264.
Babcock, 147, 3a8.
Ballance, 59.
Ballet, 292.
Bannister, 3b9.
Bailian, 372.
Barlow, 47.
Barrs, 49.
BalTus, 146.
Ba ry, 368.
Batty-Tuke, 205.
Bauer, 335. '
Baum, 291.
Beadles, 222.
Bechterew (de), 54, 57,
225,226,228,231,234,
355, 374, 384, 477.
Beevor, 59.
Bell, 336.
Belmondo, 480,
Benda, 377.
lienedll.t, 126, 297.
Benson, 374.
Berckley, 394.
Berger, 385.
Bernhardt, 370, 387.
Beyer. 142.
Biedl, 475.
Bielschowsky, 387.
]31lçeles, 232.
Blackford, 130.
Bbetllgcr, 386.
Bond, 352. i. 3î*3.
Bondul'ant. 33.
Bonne, 235.
Bonnet, 357.
Bonnier, 395.
Boubila, 312.
liourneville, 1, 170,199,
313, 441.
Boyer, 199.
Brévo (van), 52.
Brryman, 374.
Briand, 79, 158.
Bi-issaud, 146.
Brlstowe, 311, 351.
liroabdent, 399.
Bruce, 401.
Bruns, 281, 486, 487,
488.
Bllllell, 140, 224.
Butler Smithe, 134.
ISullin, 47.
Byron Bramwell. 65.
1
Cabitto. 479.
Caille, 77.
Cale, 72.
Campbell, J 3'>,210,350.
Carlswell, 134.
Carson, 263.
Cllapmann, 138.
Cllaron, 257, 330.
Charpentier, 80, 153.
Chubb, 270,
Claïke, 44.
Clouston, 204.
Colman, 48.
Conkhn Brush, 265.
Conollv Norman, 20J,
301.
Cowvav, 76.
Cook, 301.
Corning, 344.
Cowati, 21 le.
Cowen, 348.
Crlstiani, 484.
Crocq, 309.
Cullerre, 292.
Culver, 278.
Cunningham, 71.
Daly, 48.
Dana, 76.
Dawson, 346.
Derocie, 293, 339.
Dick (van), 59.
Diettrich, 291.
Diller, 269, 276.
Drapes, 112, 140,
Dune, 137.
Egger, 391.
Ellis, 353.
Escat, 370.
Eskridge, 69, 207, 2(8.
Eulenl7urg, 281.
Eustace, 134.
Fajerstajn, 379.
Farrar, 345.
Féié, 146.
Fmegan, 79.
Flechsir, 375, 386.
Flint, 117.
Fraser, 205.
Freund, 354.
Fiiedmann, 485.
Fronda, 482.
Garnier, 28, 405.
Causter, 176.
Geliueliten (van), 286.
Guiseppe, 484.
Glorieux, 286.
Grasset, 492, 493, 494.
Grennless, 74, 352.
Greidenberg, 367.
Griffiths, 58.
Grube, 58.
Goebel, f78.
Goldi, 481.
Goodal, 140, 213.
Halipré, 286.
Hallervorùen, 66.
Hastchask, 51.
Hav, 140.
Ilecker, 241.
TABLE DES AUTEURS ET DES COLLABORATEURS. joui
Hermann, 147.
Herringham, 47.
Herting, 392. '
Hess, 368. j
Higier, 369.
Hillenberg, 356.
Hirscliberg, 394.
Hirschfelder, 372.
Hoche, 228, 479. I
lloisholt, 371.
Hoffmann, 387.
lIo)singer, 228.
Hubert Bond, 213.
Hubschmann, 285.
Hutchinson, 50, 365.
lirait», 45.
Ireland, 128.
Jacobsohn, 280, 472.
Ja6ob,388.
Janowski, 368.
Jelgersma, 382.
Joffrov, 97.
Jolly, '380.
Jones, 66.
Kaiser, 389.
lieay, G9.
liello" 115.
I\Iel'l1an, 293, 359.
Kit chell , 2t4.
Iüippel, 33, 117.
Koening, 280.
Koeppen, 280.
Koller, 1 rf.
Kowallewôky, 51.
Kraemer, 236.
Krafft Ebing, 290, 485.
Krauss, 272.
Krayatsch, 302.
Kustermann, 51,
Ladame, 367.
Laehr, 282, 10f.
Lame, 392.
Lanpts, 393,
Lapmsl : y, 39ï.
Laquer, 60.
Lawnie, 353.
Legge, 131.
Legrain, 79
Lemaître, 407.
Leszins ! ,y, 216.
Levy Dorn, 233.
Liepmann, 148.
l.inke, 283.
Love, 44.
Lunaro,479.
Lyon, 205.
Lyon-Thomas, 372.
Mac Cartie, 277.
.Mac Claugliery, 60.
Mackey, 42, 287.
Iacleod, 306.
Mac-Nangnt, 69.
Macphail, 45.
Macpherson, 68, 249,
263.
Marandon de Montyel,
306.
Marens, 396.
Mannesco, 169.
Masoin, 108, 306.
Massalono, 395.
Massai-v (de), 396.
Maudre, 399.
Mayor, 474.
.Nlei,7e, 146.
\leiôe, 142. I
Memon, 59. '
Mendel,403.
lenzies, 300.
Mercier, 395.
Metlzer, 63.
Aleyer, 137, 142.
Iickle, 393.
Middlemass. 20L
)11 ngazzinl, 473.
\longeri, 311.
lorel, G6.
Morris, 372.
Motet, 80.
)101schutkowsky, 169.
Moulton, 145.
Aluratow, 353, 369, 380.
Murray, 48, î9.
Nageotte, 289, 360.
Nammack, 215.
\aunvn, 289.
Neill,"352.
Nissl, 229, 232.
Noecke, 378.
Nol"n, 301.
Nonne, 389.
Olivier, 286.
Ostanskow, 226.
Owen, 60.
Pantaloni, 312.
Parkhil, 207.
Pasquarel, 483.
l'auly, 312.
Permewan, 48.
l'eterson, 218.
Phleps, 218.
Piaiietta, 484.
Pinlcerton, 49.
Preston, 262.
Pusateri, î79.
Ranson, 59, 372.
Rausour, 18.
Raymond, 289, 300.
Rayneau, 291.
Redhch, 52.
Régis, 313. 1 467-
Régnier, 113, 467.
Remonchamps, 148.
Rieger, 291.
Rings, 60.
Risien, 19.
Robertson, 204.
Robinson, 78.
Rodngues, 312.
Rossolimo, 284.
Itotlyaurer, 371.
Russell, 49.
Russe) Snapp, 139.
Sanphear, 365.
Sarbo, 473.
Santenoise, 495.
Sarment. 78.
Scallv, 59.
Schaller, 388.
Scinder, 373.
Schirmann, 271.
Schuster, 35f.
Sémelaigne, 341.
Sérieux, 155, 169, 176.
2f2,250,308,403. 186
Shimamura, 229.
Sibbald, 305.
Sieglitz, 62.
Stenmund, 367.
Simpson, 139.
Smidt, 50
Snell, 491.
Smith, }5.
Snow, 78.
Soukhauoff, 177.
Starlinger, 388.
Stefanowsky, 293.
Stephenson, 133, 26L
Stern, 234.
Sternberg, 226.
Stewart, 340.
Stieglitz, 274.
Strahan, 337.
Talbot, 359.
Talfort Simth, 61.
Tamburini, 283.
ex08 EXPLICATION DES PLANCHES.
Tatv, 358.
Thomas, 357.
Thomsen, 143.
Toulouse, 97.
Tresillan, 288.
Trevellan, 398.
Tuke, 346.
Turner, 138, 401.
Urquhart, 137.
Vallon, 28, 81.
Vassitch, 33 ?
Vogt, 380.
Voisin (H). 80, 153.
Voronofi, 407.
Walaenberg, 373.
Waldo, 48.
""alker, 45.
Waller, 397.
VVallis, 74.
Warneck, 138, 353.
Weatherly, 301.
Weber, 474.
Weil, 56.
Werding, 55.
Westphal, 50.
Whitwell, 144.
Wiener, 265.
Wille, 390.
Wizel, 287.
Woods, 337.
Wright, 288.
Wulff, 239.
Yvon, 190.
Zucarrelli, 283.
EXPLICATION DES PLANCHES.
Planche 1.
La ligne rouge indique la marche de la température.
La ligne bleue indique les modifications du poids.
Les rectangles verls correspondent à un demi-lobe de glande lhyi,o'ide
et les carrés à un lobe.
Planche II.
1'ill. 1. - Coupe de l'artère cubitale avec les deux veines qui l'accom
pagnent. On peut y voir le décollement de la tunique interne de l'artère,
des hémorragies dans l'épaisseur de la tunique moyenne (a) ; un
thrombus pariétal avec commencement d'organisation (b) ; du côté de la
veine on voit une valvule très développée (c); et la prolifération de la
tunique interne du vaisseau (d).
Fig. 2. - Petite veine du tiers inférieur de l'avant-bras. Thrombose
des vasa-vasorum (a); vaisseau oblitéré, sclérosé (b); décollement de
l'endothélium (c).
Firl. 3. Coupe verticale de la peau de la région oedématiée. Fentes
lymphatiques dilatées (a); vaisseau sanguin oblitéré (b); hémorragies (c).
Fig. 4. - Nerf de la peau dégénéré, pris à la région oedématiée.
Fig. 1, 2 et 3. Grossissement de 75.
Fig. i. - Grossissement de 350.
Evreux, Cli. H€ssssx, imp. - 696.