(1904) Recherches cliniques et thérapeutiques sur l'épilepsie, l'hystérie et l'idiotie : Compte-rendu du service des enfants idiots, épileptiques et arriérés de Bicêtre pendant l'année 1903
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(1904) Recherches cliniques et thérapeutiques sur l'épilepsie, l'hystérie et l'idiotie : Compte-rendu du service des enfants idiots, épileptiques et arriérés de Bicêtre pendant l'année 1903

RECHERCHES

SUR

L'ÉPILEPSIE, L'HYSTÉRI

ET L'IDIOTIE

PUBLICATIONS DU PROGRÈS MÉDICAL

RECHERCHES

CLINIQUES ET THÉRAPEUTIQUES

SUR

L'EPILEPSIE, L'HYSTÉRIE

ET L'IDIOTIE

COMPTE-RENDU DU SERVICE

DES ENFANTS IDIOTS, ÉPILEPTIQUES ET ARRIÉRÉS De ,.in

1. BICÊTRE PENDANT L'ANNÉE 1903 /.5-" '1.

0 ,4-

PAR

BOURNEVILLE .i 1- (,

Avec la collaboration de \ ^

J. BOYER, L. IZOU, LEMAIRE, REINE MAUGERET (Mi°j;

JULIEN NOIR, PAUL-BONCOUR.

Volume XXIV

Avec 72 figures dans le texte et 17 planches.

- 1 -I 4 ;; D i !

PARIS

AUX BUREAUX DU I

PROGRÈS MÉDICAL

14, rue des Carmes, 14.

Félix ALCAN

EDITEUR .

108, Boulevard St-Germain, 108.

1904

PREMIÈRE PARTIE

Histoire du service pendant l'année 4903

(Bicêtre et Fondation Vallée)

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1903.

PREMIÈRE PARTIE

Section 1 : Bicêtre.

Histoire du Service pendant l'année 1903.

I.

Situation du service. - Enseignement primaire.

Les enfants de la quatrième section du quartier des

aliénés de l'hospice de Bicêtre. sont répartis en trois

g'roupesprincipaux : 1° Les enfants idiots, gâteux, sept-

leptiques ou non, mais invalides (Bâtiment Séguin);

- 2° les enfants idiots, gâteux ou non, mais valides ;

- 3° les enfants propres, valides, imbéciles, arrié-

rés, instables, pervers, épileptiques et hystériques

ou non. -

1. Enfants idiots, galeux, épileptiques ou non,

mais invalides. - Ce premier groupe est subdivisé

en deux catégories. La première se compose des

enfants idiots complets, ne parlant, ni ne marchant,

considérés généralement, à tort comme tout à fait

IV

Enfants IDIOTS complets.

incurables. La plupart d'entre eux sont, contraire-

ment l'opinion courante, susceptibles d'amélioration,

même à un degré très notable, au point d'arriver il

ne plus être considérés que comme des arriérés. Dans

ce groupe sont compris les diplégiqucs, dont les inlir-

mités rendent l'amélioration plus difficile.

Voici en quoi consiste le traitement : On fortifie

leurs jambes avec la balançoire- tremplin (Fig. 1);

on leur apprend ensuite à se tenir debout à l'aide

Fig. 1. - Balançoire-tremplin.

Education DE la marche. V

des barres parallèles (Fig. 2) ; à marcher, soit en les

tenant sous les bras, soit à l'aide du chariot (h'ig. 3

et 4) ; on fortifie leurs membres en exerçant succes-

sivement chaque jour toutes les articulations (exer-

cices des jointures), en leur faisant des frictions

stimulantes, du massage, etc.

Pour régulariser la marche de ceux qui ont des

mouvements irréguliers, incoordonnés, précipités,

nous les faisons marcher sur une échelle appliquée

sur le sol et dont les montants et les échelons sont

remplacés par des planches de 15 à 20 centimètres de

largeur (Fig. 5). On leur enseigne la montée et la

descente d'un escalier avec un petit escalier double

(Fig. 6).

En 1903, trois enfants ont appris à marcher (1) ;

(1) Mart..., Yi : n..., Duh... - (2) lart..., ct Chat... -(3) Mart..., et

Jeun.... La surveillante du service a été malade durant le der-

nier trimestre.

Fig. ? . - Barres parallèles.

VI Enfants IDIOTS COMPLETS.

deux enfants ont été guéris du gâtisme (2) et deux

ont appris à manger seuls (3). Avec une meilleure

utilisation du personnel, avec plus de zèle et de régu-

larité, il serait certainement possible d'obtenir de

plus nombreuses améliorations. (Voir les notes p. v).

Dès qu'un enfant marche sans aide, il doit être

envoyé à la Petite École, le matin pendant une heure

ou deux, puis toute la journée, aussitôt que ses forces

le permettent. Tous ces enfants sont placés sur les

petits fauteuils spéciaux (Fig. 7 et 8), fauteuils de

Fig. 3. - Chariot.

Traitement DU gâtisme : résultats.

VII

gâteux, que nous avons décrits (1). La fig. 9 repré-

sente un de ces fauteuils dont les bras et le dos sont

revêtus de coussins, avec, sur le devant, une barre

transversale médiane pour empêcher l'enfant de

déplacer le vase avec les pieds. -

La seconde catégorie comprend : 1° les idiots abso-

lument incurables, en beaucoup plus petit nombre

qu'on ne le croit d'habitude, et -qui pourrait être réduit

si on apportait plus de persistance à appliquer tous les

(1) Lors de notre arrivée dans le service les enfants étaient assis

sur des alèzes. Les fauteuils imaginés par nous sont en tubes de

fer recouverts d'un coussin largement percé, au-dessous duquel

est fixé un vase en porcelaine afin d'être facilement lavé. Cette

pratique a réalisé une notable économie de linge pour l'Adminis-

tration, sans compter que les enfants y ont gagné du bien-être.

'x/. i. - Chariot.

VIII Déments ÉPILEPTIQUES.

exercices que nous indiquons, notamment le mas-

sage ; 2° les ipileptiques devenus déments et gâteux

sous l'influence des accès ou des poussées congesti-

ves qui les compliquent ; ils ne peuvent, plus être

que l'objet de soins hygiéniques et doivent former

un groupe spécial. Aussi sont-ils réunis et surveillés

dans un sous-sol aménagé pour eux, durant le jour,

en mauvaise saison, car, lorsque le temps le permet,

ils sont promenés dans les jardins. Ce sous-sol sert

également à d'autres enfants, qui nous arrivent tardi-

vement à 15, 16, et même 17 ans, idiots ou épilepti-

Fig. 5. - Échelle plate.

Traitement fÉDICO-PÉD : 1GOGIQUE : résultats. IX

ques en déchéance, dont l'incurabilité est reconnue

et que nous avions été obligé, jusqu'en 1901, de

maintenir dans les écoles, où ils étaient une occasion

de trouble, qu'ils contribuaient à encombrer, même

à infecter par leur gâtisme, sans aucun bénéfice

pour eux et au grand détriment des enfants éduca-

bles. Ces malades absolument incurables sont au

nombre de douze. Nous les examinons de temps en

temps et lorsqu'il se produit chez l'un d'eux un arrêt

dans la déchéance, une sorte d'amélioration, nous le

faisons remonter dans la quatrième classe de la

grande école.

II. Enfants idiots gâteux ou non gâteux, épilep-

tiques ou non, mais valides (Petite École). - Ces

enfants fréquentent la petite école, confiée exclusive-

ment à des femmes. Dans le courant de l'année,

163 enfants y ont été inscrits. Sur ce nombre, 2 sont

1%i. f. Exercice de l'escalier.

X PETITE ÉCOLE.

décédés, 8 sont sortis définitivement, 3 ont été trans-

férés, 10 sont passés à la grande école.

Sur 140 enfants qui restaient à la petite école au

31 décembre 1903, 10 ne mangent pas seuls, 50 se

servent de la cuiller, 60 de la cuiller et de la fourchette

et 20 se servent de la cuiller, de la fourchette et du

couteau. - Sept enfants de ce groupe sont devenus

propres (1) ; 5 ont appris à manger seuls (2) ; 5 ont

appris à lire couramment (3) et 4 sont en bonne voie (4).

Le traitement du gâtisme, qui consiste à placer, au

lever, au coucher, au milieu delà nuit et après chaque

repas, les enfants gâteux sur les sièges d'aisance et

qui a pour but principal d'amener l'enfant gâteux à

devenir propre, fait également réaliser à l'Adminis-

(1) Rouvi..., Delast..., Serv..., Toutp..., Izamh.... Devesl.... Jout...,

- (2) Kuntzm..., Kirchm..., Ro..., Bert..., André (françois). - (3)

Chass..., Thiéb..., Prov..., Lam..., (Gaston) Rogi ? - (4) Corn...,

Cheyr..., Moal ? Simo...,

Fig. 7 et Fez. Fauteuils de gâteux.

Traitement rfÉDICO-PÉDAGOGIQUE : résultats. xi

tration des économies notables de blanchissage.

Comme les années passées, nous avons fait faire par

l'une des surveillantes du service le relevé des enfants

ayant déféqué au siège après les repas, durant les 5

premiers jours de chaque mois. Voici ce relevé qui a

porté sur une moyenne de 50 enfants gâteux (p. xi.)

Comme on le voit, en 60 jours, nous avons.fait

à l'Administration une économie de blanchissage

de 1'297 chemises, soit pour l'année plus de sept mille

chemises, sans compter les économies réalisées,

au dortoir, la nuit, pour les chemises et les draps,

par la pose des enfants sur les sièges, au coucher,

au milieu de la nuit et au lever, ainsi que nous l'avons

dit plus haut. Il en est ainsi depuis 1880.

Fig. 9. - Fauteuil tapissé.

XII I

PETITE ÉCOLE.

Traitement MÉDICO-PÉDAGOGIQUE : résultats. xiii

cette année dans les différents ateliers : tailleurs,

cordonniers, vanniers, brossiers, serruriers, menui-

siers et jardiniers.

La petite école comprend : 1° le traitement du

gâtisme, exposé précédemment ; 2° les leçons de toi-

lette qui consistent à apprendre aux enfants à se laver

la figure et les mains, à s'habiller, se déshabiller,

brosser, ranger leurs vêtements ; 3° les leçons de

table qui consistent à leur enseigner à manger seuls,

à se laver la bouche, à se gargariser (1), etc. ; 4° les

exercices pour l'éducation de la main, des sens et de

la parole; 5° les exercices élémentaires relatifs à

l'enseignement primaire, pour lesquels nous nous

servons de la Nouvelle méthode de M. J. Boyer, l'un

de nos plus anciens et dévoués collaborateurs, pour

l'enseignement de la lecture, de l'Alphabet du dessin

de Mme Bru ; 6° les leçons de choses, soit à l'école, soit

dans les jardins (avec le tableau roulant), soit au

Musée scolaire, soit aux ateliers, soit enfin dans les

promenades (2).

Voici quelques détails sur plusieurs des enfants

les plus malades (idiots profonds), améliorés la

petite école, par M11"" Blanche AGNus, Amandine

BOHAIN et leurs collaboratrices.

Idiotie profonde. - Hou. (Charles), mentionné l'année der-

nière déjà comme étant devenu propre, avait appris à parler,

à se laver seul et à mieux comprendre tout ce qu'on lui disait,

est à mentionner encore cette année. L'amélioration continue,

tant au point de vue de la parole, que des exercices classiques.

La tenue est meilleure encore, et les exercices de gymnastique

sont exécutés avec beaucoup d'attention. Il se lave mieux et

(1) Toutes les mères devraient apprendre le plus tôt possible à

leurs enfants la manière de se gargariser ce qui rendrait plus

commode le traitement, des angines.

(2) Voir les précédents Comple-rendus. surtout celui de IS99,

pour tous les procédés en usage à la section des enfants arriérés

et épileptiques.

XIV PETITE ÉCOLE.

se tient plus propre.

Idiotie profonde. - RE... (Henri Paul), 9 ans.

L'amélioration continue. Aujourd'hui il mange seul. Il pro-

nonce quelques mots : Maman, pain, non. - Oh lala, quand

on veut le faire travailler, et que cela ne lui plait pas ; - Suis

cotent, cotent, quand il est gai.

Les tics disparaissent de plus en plus. L'attention devient

plus fixable, il peut maintenant exécuter les deux premiers

mouvements à la gymnastique des échelles, sauter à l'esca-

beau, monter et descendre l'escalier, exercices qui, il y a

quelque temps, lui faisaient jeter de grands cris et qui aujour-

d'hui l'amusent. Il laisse guider ses mains pour les exercices

des barres, du nouer, lacer et boutonner. Il est devenu gai,

joueur, aime à entendre chanter, et cherche à fredonner.

Idiotie profonde. - Souclt.. (Lucien), ans, a continué cette

année de s'améliorer, il se tient tout à fait propre, est un peu

moins grossier et moins méchant avec les autres enfants.

Concernant les exercices classiques, il est arrivé à placer

les lettres, les chiffres, les couleurs sur les tableaux, et les

nomme sans se tromper. Il connaît aujourd'hui le nom de

tout ce qui est contenu dans les boites aux leçons de choses.

Idiotie complète. - PRov... (Edmond), 13 ans.

Est arrivé gâteux, ne marchant pas et privé de la parole.

Actuellement, il parle bien, il marche. Sa tenue est propre

et soignée, et il se donne lui-même tous les soins qui lui

sont nécessaires. Très borné, obstiné surtout, il ne voulait

rien apprendre; à présent il lit couramment, écrit lisiblement,

fait les quatre règles de l'arithmétique, dessine et possède

d'assez bonnes notions sur la musique. Est apprenti tailleur,

et son travail, à l'atelier comme à la classe, est satisfaisant.

Idiotie complète - L'A\1.. (Gaston), 14 ans.

A l'entrée, l'enfant était grand gâteux, ne parlait pas,

marchait mal et ne savait rien faire. Aujourd'hui, la parole

est compréhensible, malgré un excès de timidité qui persiste.

Il n'est plus gâteux et sa tenue est très bonne. Au point de

vue des exercices classiques, les progrès sont notables. Il lit

couramment, l'écriture est lisible, et il connaît le nom de

tous les objets qui l'entourent. Quelques progrès sont à

relever concernant le dessin, le solfège et la couture.

Idiotie profonde. Jul.. , 5 ans. A l'entrée, il était gâteux,

PETI'rE école complémentaire. xv

et bien que sa mère prétendît qu'il parlait, il avait été impos-

sible de lui faire articuler aucun son. Il était obstiné, et il

chacun des exercices qu'on lui faisait faire, il se cachait le

visage avec les mains, puis si on le forçait un peu vivement,

il se relevait et frappait l'enfant qui se trouvait à côté de lui.

A présent, l'enfant, exercé aux projections, est devenu plus

causant et répond mieux quand on lui demande quelque

chose. Il n'est plus gâteux, se tient propre et sait comment il

faut s'y prendre pour se laver. Les progrès sont satisfaisants

à la gymnastique ainsi qu'à l'école.

Petite école complémentaire. - Cette école est

confiée à Mma BONNET, qui, depuis 10 années, s'est

mise gracieusement à notre disposition. Elle est aidée

par Mm. Landier, première infirmière. Quarante

enfants composent cette école. Trois infirmières sont

en outre adjointes à ce service pour la surveillance des

enfants (réfectoire, dortoir, promenades). Voici quel-

ques-uns des résultats obtenus au cours de l'année

1903, résumés d'après les notes de M ? Bonnet.

Quatre enfants ont été rendus propres dans le Jour :

Le Bi... (Cyrille), Marsi... (Georges), Bard.. (Emile),

Itziko.... (Félix), ce dernier ne gâte plus ni jour ni nuit. -

Deux autres enfants n'urinent plus au lit : Mil... (Émile),

Cour.... (Georges). - Cinq enfants ont été améliorés pour

la parole : Itziko ... (Félix), Le Bi... (Cyrille), Riq.. (Emile),

Pard.. (Marcel), Cot... (Henri). Deux enfants ont appris à

lire couramment : Gava.. (Emile), Cot... (Henri). Deux autres

sont en bonne voie pour la lecture courante : Dumén..

(André), Bea.. (Charles). - Six élèves ont fait de sensibles

progrès pour tous les exercices scolaires : Baut... (Emile),

Mil... (Emile), Couri... (Georges), Faito.. (Emile), Itziko...

(Félix), Dumé.... (André), Le Bih.. (Cyrille), idiotie

profonde; onanisme, Baut ? imbécillité, signalés dans

les Compte-rendus précédents comme très améliorés ont

continué à suivre une marche ascendante; le travail scolaire

a été bon pendant toute l'année et les résultats notables.

Il en est de même pour Couria.. (Georges), imbécillité, qui,

à son entrée en 1896, était d'une inattention absolue, méchant

avec ses camarades, indiscipliné, grossier, extrêmement

paresseux. En 1900, il commença à prendre goût à la classe,

xvi Traitement médico-pédagogique : résultats.

mais les mauvais instincts persistaient, ce n'est guère que

depuis un an que son caractère s'est modifié favorablement,

il est plus docile, plus poli; son travail s'en ressent; il lit

couramment et comprend ce qu'il lit; fait quelques petites

dictées, verbes, analyses, mais ne parvient pas encore à faire

une rédaction ni un problème.

Imbécillité et instabilité mentale. - FAITO.. (Emile). Cet

enfant indiscipliné, turbulent, tout à fait instable, était pour

nous un véritable trouble-classe ; aussi indifférent aux puni-

tions qu'aux récompenses, nous ne savions quels moyens

employer pour captiver son attention. Dès qu'il échappait il

notre surveillance immédiate, il se livrait à la masturbation

sur lui et sur ses camarades. Peu à peu nous avons pris de

l'autorité sur lui et obtenu un calme relatif; les premiers

exercices scolaires ont paru l'intéresser et il s'est mis à tra-

vailler avec plaisir Assez rapidement, il a appris à connaître

les lettres, les chiffres et à les reproduire ; actuellement, il

syllabe, trace des mots, sait même écrire de mémoire son

nom, son âge, ses vêtements, les jours de la semaine, les

nombres jusqu'à 20, établissant une relation entre le chiffre

et la quantité, il écoute les leçons orales et en profite. Il est

moins indiscipliné, mais a besoin d'être tenu avec beaucoup

de fermeté et très surveillé pour éviter les retours de l'ona-

nisme qui amenait la surexcitation constatée à son entrée.

Idiotie, mutité. - ITZIHOW... (Félix). Air maladif, teint pâle

grands yeux noirs fixes, mornes, sans aucune expression,

bouche toujours entr'ouverte ébauchant un sourire perpétuel,

parole complètement nulle, tel était cet enfant lorsqu'il nous

fut confié.

Aujourd'hui, il est presque transformé, la santé s'est amé-

liorée, l'appétit qui lui faisait défaut est régulier, le teint s'est

légèrement coloré, la bouche se ferme et n'a plus ce rictus

niais qui donnait un air d'hébétude à sa physionomie, son

regard est moins lourd et a une certaine expression. Au con-

tacLde ses camarades, Félix, par esprit d'imitation, a fait effort

pour parler et prononce quelques mots dont il ne comprenait

pas le sens et répétait comme en écho. Les défauts d'articu-

lation étaient nombreux; tous les organes de la parole se

mouvaient avec peine, les consonnes étaient impossibles à

obtenir, les lèvres surtout n'avaient aucune énergie dans leur

jeu ; elles restaient molles, entr'ouvertes, de sorte qu'il ne fai-

sait guère entendre que des sons.

Notre élève s'est prêté volontiers aux exercices de la gym-

Petite école complémentaire.. xvii

nastique de la parole et peu à peu l'articulation s'est modifiée.

L'écholalie, très prononcée au début, a diminué progressive-

ment pour faire place à une certaine spontanéité. Actuellement

Félix assemble quelques mots que l'on comprend facilement,

ces mots ne sont pas dits machinalement; ils sont l'expres-

sion d'un désir ou d'une pensée, ce qui nous prouve un grand

développement dans l'intellect.

Il ne gâte plus, s'habille et se lave presque seul, sait lacer

boutonner, nouer. Il connaît et nomme les couleurs, les sur-

faces, les lettres et les chiffres qu'il arrive à reproduire sur

l'ardoise. Il commence même à former et il assembler quel-

ques lettres au crayon sur le cahier. Les colères assez fré-

quentes au début son devenues plus rares.

Imbécillité. DIJaIES.·I.. (André). Cet enfant avait été

renvoyé de plusieurs écoles et déclaré incapable de rien

apprendre. La bouche toujours entr'oüverte, la figure sans

expression, les bras pendant le long du corps, cet enfant a

Ventrée ne répondait que par oui et non aux questions que

nous lui adressions. Le travail, les jeux le laissaient indif-

férent. Craintif à l'excès, tout l'impressionnait, la vue d'un

chien, d'un cheval, le faisait reculer avec terreur. Lorsqu'on

s'approchait de lui, il levait les bras instinctivement comme

s'il cherchait à se garantir des coups.

Au bout de quelques mois, notre petit malade s'est familia-

risé avec nous, la peur a fait place à la confiance, les senti-

ments affectifs, endormis jusqu'alors, se sont éveillés ; André

a fait beaucoup plus d'accueil à son père lors de ses visites,

la parole est devenue moins rare ; il a commencé à penser

et il trouver les mots pour exprimer ses idées. D'un naturel

endormi et paresseux, il a tardivement pris goût à la classe,

aussi ses progrès ont été extrêmement lents.

Aujourd'hui, il est devenu un élève assez studieux, travail-

lant avec plaisir, heureux et fier des résultats obtenus; lors-

que son père vient le voir il veut lui montrer ses cahiers,

écrire devant lui de mémoire tous les mots qu'il connaît. Il

est en bonne voie pour la lecture courante, l'écriture est

lisible ; il fait les deux premières opérations. Il réfléchit et

fait part de ses réflexions, a la notion du temps, connaît

l'heure, la monnaie. Actuellement notre malade a remonté

d'un échelon l'échelle sociale, il pourrait être classé parmi

les arriérés.

Motte; nanisme. - Gtv.. (Em..). Signalé l'année der-

13OUIINEVILLE, Bicêtre, 1903. u

xviii PETITE école complémentaire.

nière comme très amélioré est arrivé à lire couramment, ses

progrès ont été sensibles pour tous les exercices scolaires.

Idiotie. - Co'rT.. (Henri), dont nous avons aussi parlé

dans le Compte-rendu précédent, est arrivé à la lecture

courante.

. Idiotie profonde ; surdi-mutité. Le BIlL. (Cyrille). -A

son entrée, cet enfant gâtait nuit et jour, ne parlait pas, indif-

férent à ce qui se passait autour de lui, il semblait ne rien

comprendre, ne savait pas se servir de la cuiller ni porter le

gobelet à ses lèvres. Actuellement, il ne souille plus ses vête-

ments dans le jour que par exception et lorsque pareil accident

se produit il se montre très confus, très vexé. Il a beaucoup

gagné pour la parole, il fait effort pour répéter les mots com-

mence même il en assembler quelques-uns. Il appelle par leur

nom les personnes qui l'entourent. Caressant, démonstratif, il

est très heureux qu'on s'occupe de lui et imite volontiers. Il

mange et boit seul sans commettre trop de maladresses. Très

remuant, il est difficile de le tenir longtemps assis, cependant

il ébauche nos premiers exercices, essaie de boutonner, lacer.

Il place les couleurs par comparaison, montre les images,

désigne les animaux et connait les principales parties de son

corps et de ses vêtements.

Tous nos grands élèves continuent à nous donner satis-

faction il tous les points de vue.

Un de nos maîtres de l'Institut Médico-Pédagogique

à Vitry, M. Pastré, ayant eu l'occasion d'aller visiter

il Bruxelles l'école numéro 14, consacrée aux enfanls

arriérés, nous a fait part d'un procédé ingénieux des-

tiné il obtenir en gymnastique un ensemble parfait t

dans les mouvements collectifs, même avec variations

de rythme.

L'appareil employé rappelle tant par sa forme que

par son emploi, une haltère dont les sphères sont

remplacées par deux timbres entre lesquels se meut

librement une boule métallique. Les enfants sont

obligés de marquer chaque temps par une secousse

qui produit un véritable coup de timbre. Comme ces

Petite école complémentaire. xix

mouvements se font avec accompagnement de piano

qui ralentit et accélère alternativement le rythme, la

moindre faute contre la cadence est aussitôt remar-

quée aussi hien par l'enfant que par le maître.

Suivant notre habitude, nous nous sommes empressé

d'utiliser un procédé qui pouvait rendre service à nos

enfants. M. Boyer, notre collaborateur à Vitry, a sim-

plement remplacéles timbres par des grelots (Fig. 10,

il et 12) et nous avons pu nous rendre compte de

l'excellence de ce procédé. Cela nous a même permis

d'obtenir dans les rangs, avant et après chaque exer-

cice, l'immobilité générale, le moindre mouvement de

l'enfant se trahissant par un grelottement. La ymnas-

tique présente ainsi plus d'attraits.

Nous croyons encore utile de rappeler à grands

traits les procédés que nous employons pour les

enfants les plus dégradés, ceux que l'on qualifie

d'incurables; car en démontrant qu'ils sont amélio-

rables, il en ressort que ceux qui sont moins atteints

sont, à plus forte raison, améliorables.

Un enfant est atteint d'idiotie complète, c'est-à-

dire qu'il ne marche pas, ne se sert pas de ses mains :

qu'il faut le faire manger, le laver, l'habiller ; qu'il est

gâteux, ne parle pas, ne sait même pas, par signes,

. F'ig. 10.

XX Traitement MÉDICO-PÉDAGOGIQUE.

exprimer ses besoins. Son attention est absolument

nulle, il a des tics plus ou moins nombreux.

- La première période du traitement médico- péda-

gogique consiste à donner des forces à ses membres

(balançoire-tremplin, massage, saut), à lui enseigner

à se tenir debout (barres parallèles) ; à marcher

(chariot, etc.), à régulariser sa marche (échelles plates),

et à lui apprendre à devenir propre par le placement

sur le siège à des heures fixes (1), en le maintenant

dans l'intervalles des exercices sur les fauteuils de

gâteux (Fig. 7, 8 et 9).

La seconde période du traitement médico-pédago-

gique consiste à éveiller l'attention de l'enfant, à

éduquer les sens, en premier lieu le sens du toucher,

son organe, la main; puis le sens de la vue (2). C'est

alors qu'on essaie, même l'enfant ne parlant pas, à

lui faire désigner, la nomination viendra plus

tard, - les différentes parties du corps, de la vêture,

des objets du réfectoire, du dortoir, de l'école, les

personnes, les animaux, etc.. Bien que l'enfant ne

parle pas ou ne possède que quelques mots, ne con-

naisse pas les lettres, ne syllabe pas, nous l'exerçons à

reconnaître les mots imprimés. '

Exemple : au réfectoire nous plaçons sur la table

des cartons portant en gros caractères les mots table,

banc, assiette, verre, couteau, fourchette, etc.. - Au

lavabo, nous avons les mots : éponge, savon, ser-

viette, etc. A la petite gymnastique, échelles, esca-

beau, escalier, porte, fenêtre, ressort. Au cirage1' où

on leur apprend à brosser leurs vêtements et à cirer

leurs chaussures : brosse, brosser, cirage, cirer, etc.

(1) Voir la fig. des sièges, Compte-rendu de 18J9, p. XVIII, si ! }. 2G.

(2) Voir notamment les Comptes-rendus de 1899, 1900, etc.

. Traitement MRD)f : 0-PËDA&0& ! QUE. xxiii

Nous exerçons l'enfant à désigner les objets et à

mettre sur chacun d'eux le mot imprimé correspon-

dant. Les enfants même ne sachant pas syllaber,

ne connaissant pas toutes leurs lettres, reconnaissent

l'image du mot, comme ils reconnaissent l'image d'un

chien, d'un chat, etc.. Cet exercice facilite ultérieure-

ment celui de la lecture pour les enfants qui ne savent

pas lire et est très utile pour les enfants plus avancés

qui savent lire.

L'enfant marche, est devenu propre ; en même

temps qu'on lui enseigne à reconnaître les objets qui

l'environnent, le nom de ces objets, on lui apprend à

s'habiller, à se laver, à manger seul. Alors il n'a plus

besoin d'aide, il entre en relation avec son milieu, il

est préparé à l'éducation de la parole, apte à profiter

de plus en plus des leçons de choses, qu'on ne sau-

rait trop multiplier, puis à aborder l'instruction

primaire. Enfin lorsque les notions de cette instruc-

tion primaire ont été acquises, l'âge et le développe-

ment physique venant, les enfants passent it la grande

.école (1).

Dans notre Compte-rendu de 1899, nous avons parlé

des services que nous rendaient, au point de vue de

l'éducation du système musculaire et de l'imitation,

les exercices à la barre d'entraînement. Nous avons

omis de citer des exercices similaires, que nous

(1) Nous renvoyons pour tous les autres exercices, les détails

sur la leçon de toilette, la gymnastique des échelles, des ressorts,

etc., il nos rapports antérieurs. Rappelons seulement que nous

envoyons les enfants les plus améliorés à la grande gymnastique,

à la fanfare, à l'orphéon, aux ateliers pendant 15, 30 minutes, etc.,

afin de varier leurs occupations, d'améliorer l'éducation de leur

main, de fixer leur attention. Ce travail n'est pour ces enfants

qu'un moyen d'éducation. Il est, en outre, pour les plus âgés, un

moyen de traitement, de même que pour les aliénés adultes.

xxiv Education DES fonctions respiratoires.

employons depuis la même époque, et qui ont trait à

l'éducation des fonctions respiratoires. Nous les

décrivons de nouveau, les redites, en pareil cas, nous

semblent utiles.

Ils ont lieu soit avec les barres d'entraînement,

soit avec les barres il sphères ou les haltères, soit les

mains libres. Ces exercices sont les suivants : mou-

vements verticaux des bras en deux temps; mouve-

ments latéraux des bras en deux temps. Les enfants

au lieu de compter les temps que le maître seul énonce

font une inspiration prolongée aux temps impairs et

une expiration de la même durée aux temps pairs. A

ces deux exercices, il convient d'en ajouter un troisième

exécuté les mains libres et qui consiste en un hausse-

ment d'épaules pour l'inspiration, et en un abaissement

pour l'expiration.

Avec les idiots moins atteints ou améliorés, les temps

d'inspiration sont accompagnés d'écartement latéral

des bras et de projection alternative des membres infé-

rieurs ; l'expiration se fait en ramenant les jambes et

en abaissant les bras (1). Les mains sont tantôt libres,

tantôt munies d'haltères. En dehors des exercices de

respiration, dans les mouvements où les enfants comp-

tent eux-mêmes les temps, nous obtenons la cadence

voulue en leur faisant chanter des rondes enfantines à

rythme bien marqué, dont les paroles plus ou moins

naïves ont été remplacées par d'autres ayant trait à

une connaissance usuelle. C'est ainsi que nous avons :

Les 7 jours de la semaine, sur l'air du Petit navire ;

l'Histoire du blé, sur l'air du Pied qui remue ; L'enfant

et le nid d'oiseau, sur l'air de A la volette, etc., etc.

Nous nous proposons du reste de les faire imprimer.

(1) Tous ces exercices de respiration nous ont puissamment

aidé pour préparer l'éducation de la parole et corriger le bégaie-

ment.

Notion du '\0)1 BilE. xxv

Pour donner aux idiots la notion de nombre si dilli-

cile à acquérir, nous mettons à profit leur aptitude spé-

ciale pour percevoir tout ce qui est son ou bruit.

Un marteau en bois léger et une cloche sans battant

nous servent dans nos exercices. Nous faisons frapper

à l'enfant un nombre de coups donné, de même que

nous leur faisons compter le nombre de coups que nous

donnons nous-même. Nous leur faisons en même temps

reconnaître au tableau noir ou sur nos feuilles impri-

mées en gros caractères, le signe qui correspond à

ce nombre. Cet exercice, que nous avons employé

d'abord à l'Institut, rr2édi.co-péclagogite, puis à la

Fondation Vallée, enfin à Bicêtre, amuse beaucoup

nos enfants ; et si nous disposons de marteaux de

couleurs différentes, nous leur faisons dire la couleur

du marteau qui frappe, et nous leur faisons prendre,

sur ordre, le marteau rouge ou le marteau bleu, etc.

La vue et l'ouïe se trouvent ainsi exercées et aident

à l'acquisition de l'idée abstraite du nombre.

Aux objets qui nous servent pour l'éducation de la

vue, depuis bien des années, notamment le tableau

des couleurs, le jeu de dominos en couleur (PL. I),

nous avons ajouté le tableau des cartes Ù jouer, dis-

posé en creux comme le tableau des surfaces (Fig. 13).

III. Enfants propres et. valides, imbéciles, arriérés,

instables, pervers, épileptiques et hystériques ou non

(Grande ¡; : coL1' : ).-La population de cette école, confiée

il des instituteurs, était de 156enfanlslelerjanvier 1903.

Tous, sauf 17 qui ne peuvent travailler, ont fréquenté

les ateliers par grande série. Onze possédant le serti-

ficat d'études, forment une division supérieure, ne

vont it l'école qu'une demi-journée par semaine et

restent, les autres jours, le matin et le soir à l'ate-

lier. Les enfants non pourvus du certificat d'éludés

xxvi Grande école.

sont répartis en quatre classes (52, 37, 30 et 37 enfants).

Aux examens du certificat d'études qui ont eu lieu à

Villcjuif, le 23 mars, deux enfants ont suhi les

épreuves avec succès (soi.. et Dimi..) (1). Cette

année encore, nos instituteurs et leurs aides, ainsi

que les sous-employées attachées aux écoles (section

de Bicêtro et Fondation Vallée), afin d'être mieux

en mesure d'améliorer la prononciation des enfants

et de développer leur parole, ont été envoyés suc-

cessivement, par séries, au nomhre d'une vingtaine,-

(1) A ce même examen, 7 infirmiers et 3 infirmières de l'école,

de Bicêtre ont également obtenu le certificat d'études.

1-'ig. 13. - Tableau des cartes.

ENSEIGNEMENT DU CHANT. xxvii

à l'Institution Nationale des sourds-muets. De plus,

comme nous avons un certain nombre d'enfants

aveugles, nos auxiliaires sont également allés

à l'Institution Nationale des jeunes aveugles et à

l'École Braille, dépendant du département. Leur

devoir est de profiter des notions médico-pédago-

giques qu'ils acquièrent dans ces visites pour nous

seconder sérieusement dans le traitement médico-

pédagogique des enfants de notre service. Aux insti-

tuteurs et aux surveillantes institutrices à comprendre

ce que nous faisons pour le développement de leur

instruction pédagogique. A l'Administration, d'en

exiger l'application. Nous ne saurions trop remercier

MM. Péphau, Robin et Baldon de leur précieux

concours.

Notre but, en procédant ainsi, nous le répétons est de

perl'ectionnerl'instruction pédagogique de nos collabo-

rateurs et collaboratrices, de faire dans la mesure de nos

relations ce qui devrait être fait pour tous les pédago-

gues d'enfants anormaux. Nous avons des idiots sourds

et muets, des idiots aveugles, des idiots atteints de

nombreux vices de prononciation, qui doivent profiter

de l'instruction supplémentaire que nous essayons de

procurer à notre personnel enseignant. Les péda-

gogues de chacun des groupes spéciaux d'enfants

anormaux profiteraient, croyons-nous, de leur passage

plus ou moins prolongé, dans les autres établissements

d'anormaux. Un modique crédit sur le pari mutuel ou

sur les fonds du ministère de l'intérieur permettrait la

réalisation de cette modeste réforme. Jusqu'ici nos

indications, à cet égard, ont passé inaperçues. L'un

des obstacles qui s'opposent il la création de sections

spéciales d'enfants, annexées aux asiles ou il la créa-

XXVIII I ? t : cxraFwr ou CHANT.

tion d'asiles-écoles et de classes ou écoles spéciales

pour les arriérés, c'est assurément l'absence d'un

personnel enseignant. Cette difficulté s'est présentée

il y a quelques années pour M. le D'' Girauct, médecin

directeur de l'asile de St-Yon (Seine Inférieure) et

cette année pour l'asile de Clermont (Oise) dont les

médecins.en chefs MM. Boiteux et Thivet et le direc-

teur M. Lesvier ont voulu organiser le traitement

médico-pédagogique pour une centaine d'idiotes qui

existent dans leur établissement (Voir plus loin.)

Enseignement du chant. - Cet enseignement est

fait par M. Eugène Sutter, professeur il l'asile-École

de Bicêtre. De même que les années précédentes, tous

les enfants susceptibles de profiter de cet enseignement t

y ont pris part. Les enfants de la petite école au

nombre de 100 et un nombre égal de la grande école

sont divisés en deux groupes. Nous avons fait compo-

ser en 1890 par l'imprimerie des enfants un Recueil

de chants dont la seconde édition, en cours d'impres-

sion, est précédée d'un Manuel de Théorie musicale,

dû au professeur. Ce livre contient les chants,

nationaux, des chants patriotiques, des chants de gym-

nastique, des rondes, des fables et toute une série

de chants scolaires. En maintes circonstances et les

samedis principalement où nous recevons des visiteurs,

nous réunissons les petites filles de la Fondation Val-

lée avec les garçons de Bicêtre et nous les faisons chan-

ter ensemble dans les choeurs. Les voix en général

sont assez justes et l'ensemble produit un bon effet.

Nous allons reproduire la note qui nous a été remise

par le professeur sur les résultats de l'année 1903.

Solfège et théorie musicale. Les enfants au nom-

bre de 25 ayant suivi cette classe savent presque tous

Fanfare et Orphéon. xxix

lire la musique et connaissent les valeurs des notes.

Ma façon d'enseigner a été la même que l'année pré-

cédente. Voici quelques noms d'enfants sachant lire

la musique.

Rob.... Lecture très bonne, il est le moniteur prin-

cipal pour le solfège et fait partie de la fanfare en

qualité de 2eme baryton. Il fait très bien sa partie. -

Feut... lecture assez bonne ; il connaît la valeur des

notes fait partie de la fanfare comme 4eme basse, sait

les chants de gymnastique. Cet enfant avait beaucoup

de peine au début, mais aujourd'hui il fait convena-

blement sa partie de basse. - Copp... lit assez bien

la musique et connaît la valeur des notes, fait partie

delà Fanfare en qualité d'élève piston. Il commence

à faire la gamme. Dese... lit assez bien la musique

et connaît la valeur des notes. - Prov... lit bien la

musique et fait partie de la fanfare en qualité d'élève

baryton. - Gcory... lit bien la musique et connait la

valeur des notes, fait partie de la fanfare en qualité

de 3eme baryton il sait les chants de gymnastique. -

Deno... lit bien la musique, est élève à la fanfare. -

Poirs... lit bien la musique, connait la valeur des

notes. - Buz... lit assez bien la musique mais éprouve

encore de la peine à reconnaître la valeur des notes.'

- Heimb... lit bien la musique et connait la valeur

des notes, cet enfant est turbulent et n'est pas tou-

jours très attentif. Dolig..., Lesu..., Rog..., Chas...,

Sim..., Duf... commencent seulement a lire un peu les

notes. - Les enfants Melno... Via... Gabo... Pasc...

et Mil... ont passé à la grande école. Mel..., Via..., et

Gabo..., font partie de la fanfare.

Pour apprendre plus facilement le nom des

notes de musique à certains enfants, j'ai utilisé

la similitude que présente le nom des notes avec

celui de choses ou de personnes connues des enfants;

xxx Traitement Médico-Pédagogique.

c'est ainsi que le clos rappelle la note do, que le

nom de Rémi, charretier il Bicêtre, rappelle les deux

notes ré, mi, et que la scie évoque les deux dernières

notes de la gamme et qu'en marchant sur le sol on

pense à la note de même nom. Avec ce- système les

enfants retiennent très facilement le nom des notes et

à force de voir la position de celles-ci sur la portée, ils

finissent par bien lire la musique.

Pour la valeur des notes et des silences, je procède

de la façon suivante. Je compare, par exemple, une

ronde qui vaut 4 temps à une pièce de 4 sous, une

blanche à une pièce de 2 sous et une noire aune pièce

de 1 sou. Chaque mesure de musique est un porte

monnaie dans lequel (dans la mesure de quatre temps

par exemple,) il doit y avoir li sous. Si la mesure ne

contient qu'une seule note, ayant à elle seule la valeur

de 4 temps le porte-monnaie ne devra contenir qu'une

seule pièce de monnaie valant 4 sous. S'il y a deux

notes, il faudra que chacune des notes ait une valeur

de 2 sous et ainsi de suite. Cette façon de comparer la

valeur des notes de musique avec celle de la monnaie

et chaque mesure avec un porte-monnaie aide beau-

coup l'élève à reconnaître la valeur des notes parce

que tous nos enfants connaissent la valeur de la

monnaie. - La classe de solfège et de théorie

musicale fournit les élèves pour la Fanfare.

Fanfare et Orphéon. - 3 enfants font partie de la

Fanfare, 24 exécutants et J 3 élèves, y compris

6 clairons et 3 tambours. La Fanfare prend part aux

visites du samedi, elle accompagne les exercices de

gymnastique et fait défiler il la fin de ces exercices les

enfants aux sons d'une marche avec musique et clai-

rons.

Concerts et bals. Avec la Fanfare et l'Orphéon

Exercices de la voix et des poumons. xxxi

nous organisons, sur les indications de M. Bourneville,

des concerts et des bal.s. Au mardi gras et à la mi-ca-

rême la fanfare précède le défilé des déguisés dans les

sections d'aliénés, les cours de l'établissement et à la

Fondation Vallée.

Pendant l'année 1903, il y a eu trois grands concerts

et deux bals. Dans ces concerts j'ai fait exécuter par

quelques enfants de l'orphéon et quelques fillettes do

la Fondation Vallée des rondes avec jeux et danses,

des chansonnettes, monologues et romances. Une pié-

cette complète le programme. Les parents d'un des

enfants de la section, M. et Mmo Guy, de vrais artistes,

ont bien voulu prêter leur gracieux concours à nos

petites fêtes. Concerts et bals font la joie des enfants

et de leurs parents, qui sont autorisés à y assister.

Ces fêtes sont organisées sans frais pour l'Adminis-

tration, par les enfants qui font eux-mêmes avec les

chefs d'atelier, le surveillant, les maîtres et maîtresses,

les décors et les programmes ; ces derniers sont ven-

dus au bénéfice de la caisse de la fanfare et de la caisse

des déguisements.

La Fanfare des enfants a pris part a deux concours,

à Ivry et à Gentilly. Au concours d'Ivry, la fanfare a

obtenu une palme en vermeil, etunesomme de 17 i fr. 50.

Au concours de Gentilly, elle a obtenu une médaille

artistique en argent et M. Sutter un prix de direction

avec croix et diplôme. Le journal " l'Orphéon, " dans

son compte-rendu sur le concours de Gentilly s'ex-

primait ainsi :

« La Fanfare, « Les Enfants de Bicêtre » dirigée par

M. Sutter, a joué avec beaucoup de brio la fantaisie :

« Aubade Champêtre ». Cette petite phalange d'artistes

est composée d'enfants épileptiques et arriérés, elle est

unique dans les annales. Le jury adresse ses vives

félicitations à leur dévoué directeur. » '

M. G. Mesureur, directeur de l'Administration géné-

XXXII Enseignement DU chant-

raie de l'Assistance publique a adressé à M. le Directeur

de Bicêtre deux lettres de félicitations pour le succès

remporté par la Fanfare des Enfants aux concours

d'Ivry et de Gentilly.

Exercices de la voix et des poumons. Un grand

nombre de nus enfants ont la voix assez juste et

assez étendue pour exécuter des chants scolaires.

Mais il y en a beaucoup qui ont la voix voilée, ce qui

est dû probablement iL l'onanisme auxquels ils se

livrent malgré la surveillance recommandée aux infir-

miers et aux infirmières. En général, la voix est grave

et de peu d'étendue après la mue, mais avec l'exer-

cice des poumons, qui consiste à soutenir une note

assez longtemps, à monter progressivement d'un degré

à un autre, de façon iL arriver aux notes aiguës, à faire

sortir les sons de la gorge en ouvrantbien la bouche,

à en augmenter et à en diminuer la force tout en con-

servant la même intonation. Les notes dans le grave

devront être chantées sur la voyelle A et celles de l'ai-

guë sur la voyelle E. Ces deux voyelles se prêtent

fort bien à ce genre d'exercices. Le résultat obtenu

est d'ordinaire bon et l'enfant gagne des notes dans

l'aigu et dans le grave, ce qui permet d'augmenter l'é-

tendue de l'échelle musicale de l'enfant. Il saura, après

ces exercices, chanter une demi-phrase musicale

sans trop de fatigue, respirer temps voulu et l'émis-

sion du son deviendra franche. Ces exercices ont

aussi l'avantage de former l'oreille musicale de l'en-

fant et de lui apprendre à distinguer les différentes

intonations des notes suivant le degré et la fonction

de celles-ci sur la portée. Cette manière de procéder

pour la voix sert aux instrumentistes de la Fanfare.

Ces leçons forment un ensemble d'exercices de gym-

nastique des poumons ; la pression des lèvres contre

l'embouchure de l'instrument sert aussi à fortifier

ENSEIGNEMENT du chant. XXXIII

celles-ci. Les mêmes effets se produisent sur les

cordes vocales pour les exercices d'intonation cités

plus haut. Ces exercices peuvent contribuer quel-

quefois à la guérison des tics et des défauts de pro-

nonciation.

Moyens de communiquer les vibrations des sons

musicaux aux sourds par les os du crâne. - En

maintes occasions, j'ai fait des essais sur des sourds

à Bicêtre et il l'Institut M((li('o-P¡jd[lrJogi(l11e (Vitry),

en procédant de la façon suivante : Le sujet est mis

il côté d'un piano ou d'un harmonium ; on lui fait

appuyer le front contre les montants de l'instrument;

on frappe une note de musique unique d'abord et,

si le son n'est pas assez puissant, on frappe une oc-

tave, voire même une double octave.

Le sujet finira par entendre les vibrations; en répé-

tant souvent celte noie il arrive à conserver l'intona-

tion de celle-ci. En procédant ainsi par degrés jus-

qu'aux notes aiguës, on arrive à faire connaître à

l'enfant toute une gamme et il cherchera lui-même

à reproduire par la voix les différentes intonations

qu'il aura entendues. Il est assez curieux de voir la

sensation et surtout l'émotion que produisent les

sons ainsi communiqués. De prime abord, l'enfant

quitte brusquement l'instrument, il en a peur, mais

petit à petit il se fait à ce bruit et, à la longue, il finit

par battre la mesure en suivant bien le rythme de la

musique, surtout si elle a un caractère n'ai. Il existe

malheureusement un trop grand nombre d'enfants

atteints de surdité, pour ne pas faire quelques essais

sur eux au point de vue humanitaire. Il n'y a pas très

longtemps, j'ai encore fait quelques expériences sur

des enfants de Bicêtre. Les enfants Seill ? Dcgra...,

Zop..., Tiero..., ont parfaitement distingué non seu-

lement les différentes intonations mais aussi le

rythme.

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1903. ?

XXXIV Enseignement DU chant.

Exercices des doigts. Pour obtenir l'agilité et

l'indépendance des doigts, j'ai imaginé un petit clavier

de cinq touches d'égale longueur, pivotant au centre

et portant respectivement les chiffres I, ` ? . 3, 4, 5.

A l'extrémité de chaque touche est attache un élas-

tique, qui lui-même est retenu à L'une de l'instrument.

Pour faire basculer une touche, l'élastique formant

ressort exige du doigt un effort plus marqué. En pra-

tiquant cet exercice une dizaine de fois de suite et très

lentement les muscles et les articulations deviendront

fermes et souples et, si l'on lait faire cet exercice à tous

les doigts, on obtiendra ainsi l'indépendance de ceux-ci.

Voici la méthode que l'on devra suivre :

Les pouces prendront la touche 1, les index la touche

2 et ainsi de suite jusqu'aux petits doigts, qui s'ap-

pliqueront sur la touche 5.

1 ? Exercice. Après avoir mis l'enfant en présence

du clavier posé sur une table, il devra mettre les cinq

doigts sur les cinq touches, appuyer avec le pouce (ICI)

une dizaine de fois, sans que les autres doigts quittent

les touches qui leur sont destinées; l'on fera faire aux

autres doigts la même gymnastique, aller et retour.

Quand l'enfant n'éprouvera plus de difficultés dans cet

exercice, on passera -Il l'exercice n° 2 qui consiste à

faire manoeuvrer le pouce et puis l'index l'un après

l'autre et ainsi de suite 1''r et 2", puis 2° et 3°, 3° et 4°,

4° et 5".

Exercice n° 3. Les doigts 1, 2 et 3, un doigt après

l'autre, puis 2% 33° et 4°; ci°, ! 1" et 5°, puis 1°r, 3° et 4°;

2°, 4° et 5"; 1er, 2°, 4 ? 2% 3° et 5"; 1 ? 2° et 5e; ler@ 3° et

5e; 7 '1°r 4° et 5°.

Exercice n° 4. 1°' 2", 3° ! il'; 2°, 3e, 4", 7 tJo. lor, 7

3e, 7 /le 50 ; lor 2°, 4e, 5e; 7 lcr 2°, 3° et 5°.

Exercice n° 5. 1er, 2°, 3°, ! 1° et 5° un doigt après

l'autre aller et retour.

Les doigts qui manoeuvrent devront se lever le plus

Enseignement du DESSIN. XXX

possible et très lentement, de façon que toutes les

articulations puissent bien agir. Avec de l'étude l'en-

fant obtiendra l'agilité, la force et l'indépendance des

doigts.

Enseignement du dessin. Grande école. Cet ensei-

gnement est fait par M. Dumont depuis le 17 avril

1901. Conformément il nos instructions il s'est occupé

successivement de tous les enfants en mesure de pro-

fiter de cet enseignement. 120 élèves divisés en 2

séries y ont participé. Le cours donne lieu il deux

enseignements : renseignement du dessin n'éométri-

que et l'enseignement du dessin d'art. Le dessin

géométrique est enseigné aux jeunes garçons qui

suivent les cours de travail manuel, tel que bois, fer,

etc. Le cours de dessin d'art est également suivi

par ces mêmes élèves, ces jeunes garçons dessinent

des plâtres représentant des feuilles de lierre, de vigne,

de laurier, des rinceaux, des vases et des objets usuels

tels que, entonnoir, arrosoir, cuillère il pot, marmite.

Ces modèles sont reproduits par les élèves d'après

nature.

Petite école. En considération de leur jeune âge ces

enfants ont reçu un enseignement différent de celui

des élèves de la grande école et proportionné à leurs

facultés. 25 élèves ont participé il cet enseignement ;

ils sont divisés en deux séries. La première série est

composée des élèves qui ont suivi les cours de dessin

l'année précédente. La deuxième division est compo-

sée de jeunes débutants.

Les premiers exécutent déjà de jolis dessins faits

d'après nature représentant des ornements géométri-

ques, des feuilles de lierre, de laurier ou des objets

usuels très simples, tels que entonnoir, pelle, légu-

mier, etc.

Comme ces jeunes enfants montrent un goût réel

x1S\'I Gymnastique ; escrime ; danse.

et un véritable empressement il suivre les leçons de

dessin, nous ne doutons pas de les voir arriver à

d'excellents résultats.

Gymnastique. Il Il ne s'agit plus ici de la gymnas-

tique avec la balançoire-tremplin, avec les échelles

de cordes, les ressorts, etc., mais de la gymnastique

des mouvements d'ensemble et aux agrès. Les exer-

cices d'ensemble se font soit au tambour, soit avec

la fanfare, soit avec accompagnement de chants,

ou sont conduits avec lliarmonium (I). Les mou-

vements sont aussi variés que possible et chaque

année notre dévoué professeur, M. Gov (2), en intro-

duit de nouveaux. D'autres exercices ont lieu avec les

haltères, les échelles convexes et horizontales, la barre

fixe, les barres parallèles, le vindas, la balançoire

brachiale, etc.

Mais, et nous ne cessons de le redire, nous don-

nons la préférence aux exercices des mouvements

avec ou sans haltères, barres il sphères, etc. Parmi les

agrès, nous préférons les échelles horizontales, oteon-

vexes, les barres parallèles, le mat horizontal, les

anneaux, évitant les exercices violents ou ceux qui

peuvent avoir des inconvénients pour les épileptiques.

Nous avons dressé un infirmier, M. Gélin, afin de

remplacer le professeur en cas d'absence. Nous vou-

drions avoir partout, aux ateliers, au chant, à la

danse, etc., un infirmier en mesure de remplacer le

professeur ou le maître absent. Nos réclamations dans

ce sens sont demeurées jusqu'ici sans effet pratique.

Escrime. Cet exercice s'est fait régulièrement

sous la direction de MM. Fourneau, l'ailpiecl, Lecomte,

(1) Voir (le 1899. p. LIX.

(2) M. Goy a quitte ses fonctions le 31 décembre.

Musée scolaire. XXXVII

prévôts au fort de Bicêtre. Ces militaires se sont

acquittés avec beaucoup de zèle et de dévouement de

leurs fonctions. 80 enfants participent, il des degrés

divers, -'CI cet exercice, que nous considérons comme

secondaire par rapport aux autres exercices physiques

et que nous n'aurions pas introduit dans notre service.

Il existait depuis longtemps, nous l'avons maintenu.

Danse. - Les exercices de danse ont eu lieu ré-

gulièrement de midi à une heure sous la direction

de M. LA;'OEossE, un de nos instituteurs. 142 enfants

de la grande école et 15 de la petite école y

ont pris part. Sur ce nombre, 12G dansent la polka,

45 la polka et la scottish, 33 la polka, la mazurka et

la scottish, 21 la polka, la mazurka, la scottish et la

valse, 17 connaissent toutes les danses de caractères

et le quadrille français; 10 ont commencé le pas do

quatre.

Musée scolaire. - Ce musée continue à servir aux

séances cle projection, aux leçons de choses et de salle

de lecture. Il s'est enrichi cette année tant au point do

vue de la bibliothèque qu'au point de vue des figures

pour projections. - L'administration a acheté en

1903 avec des dons (l), Il,) volumes, ce qui porte à 625

le nombre des volumes de la bibliothèque des enfants

Le 1 ? janvier 1903, le nombre des vues pour projec-

tions était de 1890, il la fin de l'année ce chiffre attei-

gnait 199 ? (148ontutél'aite;lwr\I. Hubert, photographe

de la maison, 37 ont été achetées par l'Administration.)

Les collections qui ont le plus profité de ces vues sont :

Les nids des oiseaux; Pasteur; le service postal

français; les petits métiers. 144 vues ont été cédées

à la Petite École pour l'enseignement de la. parole,

ainsi que 30 bandes amusantes, sur verre.

(1) Commission de surveillance des asiles (50 francs).

xxxviii Enseignement par les projections.

Ces vues servent aux conférences du jeudi faites

aux enfants les moins malades, aux visites du samedi,

jour où nous recevons les étrangers, aux cours d'ana-

tomie et de physiologie des Ecoles d'infirmières de

Bicêtre et de la Salpêtrière. Enfin tous les ans les

internes du service s'en servent pour différentes con-

férences faites aux infirmiers et infirmières de l'hos-

pice.

L'enseignement par les projections est très com-

plexe. Il sert pour les enfants de toutes les catégories :

1° pour les enfants idiots profonds à fixer Y attention

(images blanches ou colorées sur fond noir, images

blanches sur fond noir), il apprendre les lettres (grandes

lettres noires sur fond blanc, puis lettres beaucoup

plus petites); pour l'éducation de la parole (syllabes

simples ou répétées ou combinées); 2" Pour les idiots

déjà un peu améliorés, à reconnaître les objets, les

animaux (images graduées) ; 3° Pour les enfants

imbéciles, arriérés et épileptiques, il faire tous les

jeudis une conférence dont les séries do vues énu-

mérées plus haut donnent une idée suffisante.

Dans les petites écoles et la grande école, on doit

sans cesse s'occuper de la guérison des tics, des

manies, s'opposer aux pratiques solitaires. Pour tous

les enfants, et en particulier pour les imbéciles intel-

lectuels avec impulsions et pour les imbéciles moraux

à tous les degrés, nous avons recours au traitement

moral, ou, pour employer le jargon à la mode, à la

suggestion à l'état de veille. Tous nos efforts tendent

à faire comprendre à nos auxiliaires, pédagogues et

infirmiers, qu'ils ont affaire à des enfants malades,

relevant du traitement médira-pédagogique, envers

lesquels et comme enfants, et comme malades, ils

Grande école : résultats. xxxix

doivent se montrer bienveillants et affectueux, et non

pas à des enfants vicieux, dont la place, serait, disent

certains administrateurs, plus à tort qu'il raison, dans

les prisons ou les maisons de correction qui devraient

être transformées en asiles-écoles sur le type plus

ou moins modifié de l'asile-école de Bicêtre.

Voici quelques notes concernant les enfants de

la grande école :

Grande école : 'ter, classe. - Dimi..., âgé de 14 ans,

signalé comme atteint d'épilepsie, n'a jamais eu d'accès

pendant son séjour à Bicêtre. Présentait à son entrée des

troubles fréquents au point de vue mental. Ne voulait pas aller

en classe et lorsqu'il y était ne travaillait que par moments,

cherchant toujours à s'absenter et il faire des corvées. Pris

seul à plusieurs reprises et moralisé doucement, il a peu à peu

compris qu'il fallait être régulier en classe. S'est mis à tra-

vailler avec plus de suite, et malgré de nombreux découra-

gements passagers, il est arrivé il obtenirlc certificat d'études

primaires. Bon apprenti menuisier. Il est maintenant sorti en

avril après avoir obtenu un congé d'essai. Sa conduite depuis

lors est satisfaisante. Il en est de même de son travail.

2° l3ric ? âgé de 15 ans. - Epilepsie. - Entré en 1900

apprenti serrurier. Présentait des troubles intellectuels fré-

quents se traduisant par des colères nombreuses sans cause,

et une mauvaise humeur persistant des journées entières.

Pendant ce temps le travail en classe était nul ou à peu près.

Malgré de douces remontrances, l'enfant continuait de bouder

et pour la moindre chose frappait ses camarades et disait de -

gros mots à tout le inonde, même au maître. Peu à peu

cependant, il reprit goût au travail, voulait toujours être en

train de travailler, de faire des dictées, des problèmes, s'en

voulait fortement lorsqu'il faisait des fautes grossières en

orthographe et lorsqu'il ne réussissait pas à résoudre un

problème.

Son caractère s'est modifié, ses accès de colère et de mau-

vaise humeur sont devenus de plus en plus espacés, le

travail s'est maintenu et; l'enfant a obtenu le certificat d'étu-

des primaires. Il est maintenant retourné dans sa famille. (2

décembre 1903).

XL Grande école : résultats.

Noë., âgé de 15 ans. Epilepsie. -N'étaient ses accès et

ses vertiges qui provoquent des troubles intellectuels consé-

cutifs, l'enfant serait tout comme un enfant normal. II se tient

propre, il est même un peu coquet. Aime à causer raisonna-

blement, n'a jamais une expression grossière, est toujours

poli et a une bonne conduite. Son travail en classe est régu-

lier et en progrès. Il ai m cl i lecture, les interrogations, l'histoire

la géographie. Il est encore faible en calcul quoique sachant

faire les 4 opérations fondamentales, mais ses progrès sont

constants au point de vue primaire et au point de vue de la

conduite. Il montre partout de la bonne volonté.

Franc... (IL), âge de IS ans. Epilepsie. Signalé comme

amélioré en 1102 surtout au point de vue de la con-

duite, il a continué celle année a bien se tenir ayant cepen-

dant quelques légères rechutes. Son travail a l'atelier est

satisfaisant et son patron est très content de lui. En classe,

il travaille également mieux, s'intéresse plus aux leçons

faites, apporte plus de courage, plus de patience pour faire

ses devoirs. Se tient propre, est toujours poli avec ses maîtres,

aime mieux qu'autrefois la lecture, pose maintenant d'assez

fréquentes questions. Amélioration persistante.

2e classe. Bellhoi..., 18 ans. Epilepsie, alcoolisme.

L'état de cet enfant s'est seulement amélioré cette année, il

a suivi la progression de l'année dernière. Il travaille bien en

classe et au jardinage. Il écoute les leçons qui lui sont faites

et en tire profit. Bon caractère, enfant docile et obéissant,

n'est jamais grossier. N'a pas eu d'accès depuis longtemps.

Pourrait être placé dehors.

Faite..., 17 ans. Imbécillité. S'est sensiblement amé-

lioré cette année. Savait à peine lire l'année dernière. Com-

mence à lire couramment, fait la dictée et rédige lui-même

maintenant les lettres il ses parents d'une layon il peu près

compréhensible. Est vannier, bon ouvrier, un des meilleurs

de l'atelier. Bon caractère, enfant poli.

Melnot ? 11 ans. Etait encore il la petite école l'année

dernière.- Est passé en juillet à la grande école.- De cette

époque à janvier il a appris la division des nombres entiers

et des nombres décimaux et des notions élémentaires sur

les mesures de longueur et de surface et a commencé les

fractions. Il fait peu de fautes dans ses dictées. Vient de

passer en Ire classe. S'il continue, il pourra obtenir le certi-

Grande école : résultats. XLI

licat d'études primaires l'année prochaine. (Imbécillité et épi-

lepsie.)

Poiteo..., 16 ans : Arriération intellectuelle. - A fait des

progrès très sensibles cette année sur toutes les matières du

programme. Fait bien la division, résout de petits problèmes

sur les mesures agraires, fait m uns do fautes dans ses dic-

tées et apprend bien ses leçons d'histoire et de géographie.

Le caractère s'est également amélioré. Il est plus docile en

classe sa conduite est bien meilleure. Apprenti menuisier,

son patron en est assez content.

Pasc..., ]'2 ans. Arriération intellectuelle, epilepsie noc-

turne. Etait à la petite école l'année dernière. N'est entré à

la grande école, 2" classe, qu'au mois d'octobre. Continue à

faire des progrès. Commence il faire la division. Dictées sa-

tisfaisantes. Commence à faire accorder les verbes et les

participes. La mémoire se développe, l'enfant apprend bien

ses leçons. Son caractère s'améliore, il est maintenant assez

docile. Apprenti menuisier, montre d'assez bonnes disposi-

tions.

3°classe. Besancen..., 18 ans. Imbécillité, épilepsie. -

Progrès sensibles en lecture. Cet enfant s'applique dans la

mesure du possible pour ses devoirs écrits et comprend bien

les explications données. I.es connaissances usuelles se déve-

loppent progressivement, il fait bien l'addition, la soustrac-

tion, la multiplication et commence la division. Amélioration

sensible au point de vue moral. Bon caractère, bonne tenue,

attentif en classe; il comprend que le travail est un devoir.

Notions du juste et de l'injuste. Apprenti cordonnier : résul-

tats peu satisfaisants.

SeÚa81..... 17 ans. Imbécillité. Dans le courant de l'année

cet enfant a fait des progrès assez sérieux au point de vuo

des connaissances usuelles ; mais il a peu d'aptitudes pour

les opérations d'arithmétique. )la une préférence marquée

pour les explications portant sur l'histoire et la géographie et

surtout pour les récits patriotiques.

Docile et affectueux; cherche à se rendre utile dans toutes

les occasions. Caractère gai. Apprenti menuisier : progrès

insignifiants; bonne conduite.

/7a'c..., 18 ans. Imbécillité et épilepsie. Les progrès

intellectuels sont lents; mais ils sont cependant appréciables ;

YLII Grande école : résultats,

toutes les matières du programme se développent progressi-

vement ; il comprend bien les explications données et)es met

à profit; ne dérange jamais ses camarades; affectueux, cher-

che à faire plaisir. Ne travaille dans aucun atelier.

Sain t-L ! 1111 Ii..., de 20 ans. Imbécillité. - Déjà cité

l'an dernier. Toujours b n élève. Fait tous ses efforts pour

développer ses connaissances. Ses devoirs écrits sont toujours

bien faits. Il aime le travail en classe et au dehors, Bon

caractère ; obéissant, attentif, scrviablc. Bonne tenue.

Apprenti jardinier, bon ouvrier.

4'' classe.- Par..., (Antoine). ails, Ce

malade s'est beaucoup amélioré au point do vue intellectuel

et moral. A son entrée il. la grande école en avril 1902, la

classe lui répugnait. N'obtenant pas de résultats, il assistait

aux leçons avec une ni )rite indifférence qui ne se changeait

en joie, que lorsque je lui permettais de s'absenter pour ren-

dre service dans le nettoyage de la section. A force de per-

suasion, le malade a fini par comprendre que son intérêt

était de se mettre sérieusement au travail.

Ne sachant lien sous le rapport classique, les progrès tout

en étant réels sont excessivement lents.

Aujolu'(l'hui, Par... commence il lire quelques petites

phrases ne présentant pas trop de difficultés, et sait faire

l'addition et I i soustraction. L'écriture est bonne et le malade

peut faire quelques exercices de copie. Il vient en classe avec

joie et demande rarement il s'absenter pour des corvées.

Apprenti brossier : tl'" \'ai1le bien, est tranquille et poli.

Rioul.... 'Alfred), Ifi ans. - Imbécillité, mélancolie.

Lorsque ce malade est arrivé dans le service son temps était

employé il pleurer; aux pleurs, succédait une période mélan-

colique et à loules les questions qui lui étaient posées il oppo-

sait le mutisme le plus absolu. Chaque jour je lu prenais

auprès de moi, le questionnant, essayant de le distraire, de le

faire rire, mais pas de succès, Peu à peu sa langue se délia;

ce ne fut d'abord qu'un oui, un non bien faibles en réponse

aux questions posées; mais bientôt la conversation devint

enjouée et le malade se mit sérieusement au travail.

ltiout.... lit couramment ; a une bonne écriture, fait bien

les petits exercices de français. Usait faire l'addition, la

soustraction et est en bonne voie pour la multiplication. De

temps à autre reviennent quelques périodes mélancoliques ;

Grande école : résultats. \LIII

ces périodes sont généralement de peu de durée et il est rare

qu'elles ne cèdent pas il quelques bonnes paroles.

Apprenti serrurier médiocre.

( : nbol·..... (Philibert), 1- ! ans li2. - Imbécillité et épiles-

sie. - Cet enfant a le plus grand désir d'apprendre ; aussi ses

efforts sans être couronnés de succès brillants, obtiennent

cependant des résultais appréciables.

En calcul, Gab.... sait faire l'addition, la soustraction, la

multiplication et est en excellente voie pour la division. Plus

en retard pour la lecture, le malade tout en éprouvant de

sérieuses difficultés voit cependant de temps à autre ses

efforts récompensés par de petits succès. En continuant il

bien s'appliquer, il arrivera sûrement il bientôt lire couram-

ment.

L'écriture s'améliore et le malade peut faire quelques petits

exercices de copie. La tenue est bonne et l'amélioration in-

tellectuelle et morale est sensible.

Apprenti tailleur, il fait sa gilet et commence à piquer à la

machine.

l3aanlu....,(L : milel, 15 ans. Imbécillité et surdi-mutilé.

Cet enfant a fait des progrès pour les exercices classiques.

La lecture est presque courante; malheureusement la pro-

nonciation tout en s'améliorant est encore bien défectueuse

par suite de sa demi-surdité. En calcul, Brantù.... a appris

à faire l'addition et la soustraction sans retenues. Cet enfant

qui a beaucoup d'amour-propre, a le plus grand désir d'ap-

prendre ; aussi travaille-t-il avec ardeur en classe. Améliora-

tion sérieuse au point de vue moral. Son caractère devient

moins susceptible et moins irritable. Apprenti menuisier ;

donne espoir d'être plus tard un bon ouvrier.

Les malades : Mêla... (Albert), Sim... (Eugène), Bourg ? ...

(Auguste), signalés l'an dernier comme améliorés, ont conti-

nué il progresser au point de vue intellectuel et travaillent

avec goût.

Nous bornons lu ces renseignements; en donner

sur tous les enfants nous entraînerait trop loin.

XLIV DESIDERATA.

Pour obtenir encore de meilleurs résultats, plus

d'améliorations et de guérisons, il faudrait que les

enfants soient rigoureusement occupes ou distraits

du lever au coucher et qu'ils ne soient jamais désoeu-

vrés, que partout et à toute heure, maîtres, maîtresses,

chef; d'atelier s'occupent d'eux avec une ponctualité

parfaite. Les jours où les mailres sont en congé, pen-

dant les vacances, il y a des querelles, des disputes,

des traumatismes, des pratiques onanistiques, des

accès en plus grand nombre. C'est pour obvier il ces

accidents, sans causer de préjudice au personnel

enseignant que nous avons réclamé, sans l'obtenir,

qu'on place dans le service des garçons de classe

ayant leur brevet de capacité, des infirmiers ayant

exercé la profession de menuisier, serrurier, cordon-

nier, etc. De la sorte, les instituteurs et les chefs

d'atelier pourraient avoir leur congé sans qu'il en

résulte un préjudice pour les enfants. En effet, tandis

que dans les lycées, les écoles primaires, les élèves

sont en congé en même temps que leurs maîtres, à

l'asile-école de Bicêtre, comme dans les services ana-

logues, les enfants, eux, restent.

L'organisation de nos écoles offre des lacunes. La

petite école, l'école complémentaire (voir p. xv) fonc-

tionnent régulièrement et même pendant les vacan-

ces. Le personnel féminin est composé d'infirmières-

institutrices et d'infirmières. C'est la plus ancienne

des surveillantes, 1\1 ci 1" An'nus, qui en a la haute direc-

tion ; tout le personnel est sous ses ordres. La grande

école est confiée a des instituteurs au nombre de qua-

tre qui se considèrent comme absolument indépen-

dants les uns des autres, d'où une foule d'inconvénients

PÉDAGOGIE DES ANORMAUX. XLV

qui nous ont fait réclamer sans succès le rétablissement

du poste de premier instituteur qui a existé pendant

longtemps. La situation de l'Ecole pendant les

vacances est déplorable. Il nous est arrivé de n'avoir

qu'un seul instituteur pendant une ou deux semaines.

Autrefois les instituteurs n'avaient qu'un mois de

vacances. Oubliant que les enfants sont toujours pré-

sents, n'ont pas de vacances, que ce sont des malades,

l'Administration leur accorde un mois et demi. Nous

n'y verrions aucun inconvénient si l'Administration les

remplaçait par des suppléants, mesure qui est tout à

l'ait désirable. Nuis avons souvent signalé l'utilité

qu'il y aurait a faire créer des instituteurs et des ins-

titutrices d'enfants anormaux qui iraient passer un

certain temps, successivement, dans les institutions

d'aveugles, de sourds et muets, d'arriérés, de bègues.

Pourquoi ne profiterait-on pas de l'époque des vacances

pour faire appel aux instituteurs et institutrices de

bonne volonté puisque les ressources. semblent faire

défaut pour créer des bourses spéciales en vue de l'en-

seignement de la pédagogie des enfants anormaux.

L'étranger, a cet égard, comme à tant d'autres en ce

qui concerne l'enseignement et l'assistance nous a

devancés.

Aux exercices pédagogiques proprement dits, avec

.leçons de choses faites dans les classes, dans les pro-

menades, au musée scolaire (projections, etc.), dans

les jardins de la section où les arbres, les arbustes,

les plantes portent des étiquettes nominatives, s'ajou-

tent le travail manuel dans les ateliers, les exercices

physiques : gymnastique variée, danse, escrime, jeux

divers.

XLVI Jardins publics : leçons DE choses.

Cet ensemble de procédés constitue notre méthode

de traitement médico-pédagogique. Nos visiteurs du

samedi nous ont toujours paru l'apprécier d'une

manière favorable : la relation de leurs visites publiée

dans les journaux scientifiques ou autres en est' la

preuve. Ce n'est pas. toutefois qu'il ne se soit produit

des critiques, non point de la part des médecins,

mais de la part de quelques conseillers, sans doute

mal renseignes, qui ont manifesté une certaine

hostilité contre l'organisation que nous avons créée

en faveur des enfants idiots, alors que les enfants

normaux ne disposaient pas d'avantages semblables.

Loin de nous aider à mieux faire, ils auraient volon-

tiers demandé la réduction de nos moyens d'action. A

leurs yeux, nous avons trop fait pour de tels enfants.

Leurs visites à l'asile-(\co ! e do Bicêtre devraient,

au contraire, les inciter il introduire progressivement

dans les écoles primaires les procédés qui composent

notre méthode. Pourquoi les arbres, les arbustes,

les fleurs de nos squares, de nos jardins publics ne

sont-ils pas dénommés comme dans les jardins de

notre service, et comme cela existe clans quelques

pays de l'étranger et même dans quelques villes de

France ? Pourquoi les exercices de gymnastique, de

chant, laissent-ils tant à désirer dans nos établisse-

ments d'enseignement ? Pourquoi les instituteurs et

les institutrices ne multiplient-ils pas les leçons de

choses ? Pourquoi, ainsi que nous l'avons proposé

il y a plus de 25 ans, n'utilise-t-on pas les richesses

du Muséum d'histoire naturelle et du Jardin d'accli-

matation au bénéfice des élèves des lycées et des

écoles primaires ? (1).

(1) Voir le Compte rendu de 1901, p. lxxv.

SALLfilU'i'KETOENA.H. XLV11

En dehors des heures de classe, de gymnastique,

de chant, de dessin, cle.danse, d'escrime, d'atelier, nous

avons toujours essayé de faire participer les enfants

aux corvées de tout genre : salubrité, nettoyage des

bains, des classes, du musée scolaire, des cours,

des ateliers. Il est certain que si tout le personnel

nous secondait il cet égard,- notre service serait d'une

propreté irréprochable dans la mesure que comporte

le défaut d'entretien des bâtiments.

Des enfants accompagnent les infirmiers à la cui-

sine, il la lingerie, il la buanderie, aident à apporter

non seulement leurs aliments, mais aussi ceux des

sous-employés qui peuvent ainsi rester dans le service

au lieu de perdre du temps dans les services généraux.

Si dans ces courses les infirmiers et les infirmières

répondaient iL nos désirs, il y aurait matière à des

leçons de choses. En tout cas, c'est une distraction

pour les enfants qui se sentent plus libres.

Quelques enfants, avec notre autorisation, et de

honne volonté, rendent de petits services aux sous-

employés, montent du charbon, de l'eau - en particu-

lier dans les logements des ateliers puisque, malgré

nos réclamations, il n'y a pas de prise d'eau au second

étage. Ils en sont récompensés par do modiques

allocations. Les en priver les affligerait et les priverait

du plaisir de se rendre utiles aux personnes qui leur

sont dévouées. '

Plus les enfants sont occupés, plus leurs occupations

sont variées, plus leur physique, leur moral et leur

intelligence en profitent, moins il y a de querelles,

de rixes et de pratiques solitaires ou autres plus

graves.

L'importance que nous attachons aux leçons de

choses, acceptée par le personnel féminin de notre

service, n'est pas aussi bien comprise par quelques-uns

de nos maîtres. Nous ne sommes pas seul de notre

XLYIII Leçons de choses.

avis. Voici, il cet égard comment s'exprime dans la

Revue des Revues de 1903, M. 'le D'' Coze :

L'enseignement livresque, tel qu'il est pratiqué partout,

devra donc être nécessairement remplacé par la leçon de

choses qui ne cloue pas les enfants sur des bancs pendant

plusieurs heures de la journée et ne leur impose pas le silence

en paralysant tout leur corps. Peu de livres, au besoin pas de

livres du tout et par contre, enseignement objectif, au lieu de

l'enseignement intuitif. La classe sera, sauf quelques excep-

tions, une promenade avec le professeur et, par suite, un

exercice physique, en même temps qu'un amusement, l'enfant

naturellement curieux, regardant, écoutant, comparant, se

rendant ainsi compte du pourquoi et du comment.

Il a 25 ans que nous défendons et appliquons ces

idées.

Hygiène sexuelle. L'un des obstacles qui s'op-

posent le plus il l'acquisition de résultats encore plus

considérables que ceux que nous enregistrons, c'est

l'onanisme relevé comme fréquent chez les enfants.

Pour y remédier nous intervenons sans cesse auprès

des enfants, nous recommandons aux instituteurs de

veiller à ce que les enfants soient toujours accompa-

gnés des infirmiers de classe quand ils vont aux cabi-

nets d'aisances (J) ; de s'opposer à ce qu'ils s'isolent

dans les coins; et d'empêcher les enfants de mettre

leurs mains dans les poches de leur pantalon, aux

infirmiers et infirmières de veille d'empêcher les

enfants de se coucher sur le ventre. Malheureusement,

soit indifférence, soit incapacité et absence de con-

viction, nous n'obtenons pas de tous le concours

indispensable. Nous faisons veiller le plus possible à

l'hygiène sexuelle.

Pour appuyer la nécessité de se conformer à nos

(1) Pour faciliter la surveillance des enfants aux cabinets d'ai-

sances nous avons fait disposer une sorte de petite fenêtre au milieu

de la porte, et, de plus, il y a un espace en bas et en haut de l'huis.

Hygiène sexuelle. eux

indications, nous citons l'exemple de : ; enfants dont

l'état mental est dû surtout aux habitudes solitaires.

Nous insistons sur les conséquences physiques, intel-

lectuelles et morales : amaigrissement, affaiblis-

sement progressif des forces, troubles de la marche,

tremblements, hébétude de la physionomie (pupilles

dilatées, yeux cernés, teint jaunâtre, pustules d'acné,

etc.), la diminution de la volonté, de la mémoire, de

l'activité intellectuelle, l'inaptitude non seulement au

travail scolaire mais aussi au travail manuel, l'indiffé-

rence aux jeux; la tendance à l'isolement, la diminu-

tion de la sociabilité, des sentiments affectifs envers

parents, maîtres, camarades; la disparition de la

gaieté, l'énervement, l'irritabilité, la désobéissance.

L'onanistc n'a d'énergie que pour se livrer à ses mau-

vaises habitudes. Enfin nous nous appuyons sur les

conséquences quotidiennes de l'onanisme, apathie

pour le travail, et ultérieurement : spermatorrhée,

impuissance, démence, pour inciter tous nos au-

xiliaires 2L exercer une surveillance très rigoureuse

et de tous les instants.

Il va de soi que, faisant en cela notre devoir de

médecin, nous examinons régulièrement les organes

génitaux de nos malades afin de voir s'il n'y a pas des

malformations, des irritations locales qui peuvent être

le point do départ de l'onanisme ou l'entretenir.

Promenades et distractions. Les enfants de la

grande et ceux de la petite écoles, qui sont propres,

ont continué, comme par le passé, à faire des prome-

nades soit à Paris, soit aux environs de l'hospice.

Dans ces promenades, les instituteurs et les insti-

tutrices doivent donner des leçons de choses et exer-

cer les enfants aux différents jeux en plein air (jeu de

BOURNEVILLE., Bicêtre, 1903. ?

L Promenades et distractions.

balles, de ballon, etc.). Nous n'en donnerons pas

l'énumération cette année : on trouvera, à peu de

chose près, dans nos Comptes-rendus antérieurs.

Les distractions ont été aussi* nombreuses en 1003

que les années précédentes. Notons la distribution

des jouets du jour de l'an, donnés par l'Adminis-

tration; les déguisements du Mardi - Gras et de

la Mi-Carême, la distribution des jouets de Noël,

offerts par la société du « Joyeux Noël ». Nous adres-

sons à cette société tous nos remerciements. A citer

aussi le concert organisé par le «Comité dit des frères

Lionnet » auquel, comme les années précédentes,

les artistes des principaux théâtres et concerts de Paris

ont prêté leur concours. Tous les enfants valides de

Bicêtre et de la Fondation Vallée y ont assisté.

Les familles assistent seulement aux fêtes organi-

sées par les enfants.

Les enfants ont encore bénéficié de plusieurs repré-

sentations gratuites dans les divers cirques et théâtres

installés à la fête du Lion de Belfort, il la Place d'Italie,

à la foire au pain et sur l'avcnue de Bicêtre.

Les jardiniers sont allés avec leur maître, M. V, \ILS-

NAHD, il 1'] ? l : positio¡¿ de chrysanthèmes et il l'l; : yosi-

tion d'horticulture.

Notons aussi une séance de prestidigitation donnée

par un de nos anciens malades, ;uy, séance qui a

beaucoup amusé les enfants.

Caisse d'épargne. Elle est confiée au premier

de nos instituteurs, M. Mesnaud. Les recettes ont été,

pour l'année, de 57 fr. 80. Le total général des sommes

recueillies depuis 1892 s'élève à 2.242 fr. 45.

Dans les budgets de tous les asiles de la Seine, il

est inscrit un crédit spécial sous la rubrique : Distrac-

tions aux malades. A Bicêtre, ni nos collègues, ni

nous, n'avons rien de semblable. Si l'on en excepte le

Distractions aux malades. LI

crédit alloué au Concert annuel, dit des frères Lionnet.

Tout est fait par nos collaborateurs et collaboratrices.

La participation de l'Administration se traduit par

une dépense d'une centaine de francs ( ? ).

L'un de nos collègues, à la Commission de surveil-

lance, M. Le Conte, dans un rapport d'ensemble sur

les dépenses comparatives des asiles a examiné d'une

façon spéciale l'emploi du crédit affecté aux disirac-

tions à offrir aux malades.

Ce crédit, jusqu'ici, dit-il, a toujours été dépensé par 1\1 : \1.

les Directeurs de la manière et clans les circonstances déter-

minées par eux. Or, une demande a été adressée à

l'Administration par quelques médecins, tendant à ce qu'à

l'avenir ce crédit soit mis à leur disposition. Assurément,

nous pensons qu'un directeur éclairé sera toujours soucieux

de consulter, sur ce point, les médecins dont l'avis sur la

nature, la fréquence ou l'époque des distractions devra être

pris en considération; mais, néanmoins, la Commission, je le

suppose, estimera que le choix et l'organisation des distrac-

tions doivent appartenir exclusivement au directeur dont

l'autorité serait singulièrement atteinte par des initiatives

émanant des médecins. Administrer est propre à la direction;

or, la préparation et l'organisation d'une fête est un acte

d'administration ; cet acte, qui, forcément, doit apporter un

trouble au règlement quotidien de la maison, ne peut être que

du ressort de celui qui a la responsabilité du bon ordre de

l'établissement.

L'opinion émise par notre collègue il savoir que le

choix et l'organisation des distractions doivent appar-

tenir exclusivement au directeur administratif dans les

asiles de la Seine est contraire, ainsi que nous l'avons

fait remarquer, aux prescriptions du Règlement offi-

ciel du service intérieur les asiles. En effet, l'art. 9

dit que le médecin désigne seul les aliénés pour les

travaux et les exercices auxquels ils peuvent être

occupés. L'art. 16 relatif aux occupations intellec-

tuelles, aux distractions attribue au médecin en chef

la désignation des aliénés qui y prennent part. Dans

lu Visites, CONGÉS.

la très grande majorité des cas, ce sont les médecins

qui ont organisé, partout, les distractions aux ma-

lades. La où il y a un directeur administratif, il est

bon que les médecins s'entendent avec lui tout en

réservant leur droit. Sans eux le directeur ne peut

rien.

Visites. - Les enfants ont reçu 7.945 visites :

les visiteurs ont été au nombre de 1 : ? , in : : >. Voici la

statistique des permissions de sortie et des congés :

Revaccinations; service dentaire. lui

Les visites des familles au parloir ne sont pas suffi-

samment surveillées, répéterons-nous. Trop souvent

les parents ne se gênent pas pour introduire des

aliments, du vin, qu'ils font absorber en quantité

exagérée aux malades. De la des accidents auxquels

il faut remédier et une augmentation des accès

épileptiques. De plus, les parents donnent de

l'argent aux enfants, autre abus qui est une source

d'ennuis pour tout le monde : rixes, vols, trafics, etc..

Nous signalons encore une fois à l'Administration la

nécessité de remédier à tous ces abus regrettables (1).

Vaccination et revaccination. - Nous avons con-

tinué, pratique qui remonte à 1880, la vaccination

et la revaccination de tous les malades entrés durant

l'année et des enfants dont la revaccination remonte

à 6 ou 7 ans. Comme d'habitude, cette opération a été

faite par les élèves de l'École d'infirmiers et

d'infirmières de Bicêtre, sous notre direction et celle

de nos internes, avec le concours de la surveillante,

Milo JAMOULLE. Elles ont été au nombre de 84; 3

infirmiers ou infirmières seulement ont consenti il

se faire revacciner. Parmi les malades 39 ont été

revaccinés avec succès.

Service dentaire. M. le' Dr DuMONT est venu

chaque semaine donner des soins it nos malades au

point de vue de la dentition et de l'hygiène de la

bouché. 11 nous remet sur chacun d'eux une note

spéciale. Rappelons qu'en faisant instituer ce service

p"t ? Mtf)<;t;x'c7-'[f ? tc de 9. 328 francs qui. nous le répétons,

devraient être appliqués à l'entretien des bâtiments qui sont dans

un état de plus en plus déplorable.

(1) Les visites ont lieu le jeudi et le dimanche de midi il 3 heures;

il conviendrait de les réduire de midi il 2 heures, ce qui permet-

trait de faire faire ensuite une promenade aux enfants. .

LIV Bains et hydrothérapie.

dentaire, notre but était de remédier aux nombreuses

défectuosités de la dentition chez nos enfants et aussi

d'avoir, chaque année, une note, prise par un homme

compétent, sur la dentition de tous les enfants (1).

Bains et hydrothérapie. - Les bains et les dou-

ches, joints à la gymnastique, à l'emploi des bromu-

res, surtout de l'élixir polybromuré (formule YvoN),

du bromure de camphre (préparations du Dr Clin),

et des médicaments antiscrofuleux, ont continué

comme parle passé il être, avec les purgatifs, surtout

chez les épileptiques, lahasedutraitement en 1903.

Il a été donné dans le cours de l'année 27.38/1 bains,

ainsi répartis :

Hydrothérapie. LV

vice : 1° en assurant le chauffage des douches; 2° en

fournissant chaque jour le linge nécessaire; 3° en

faisant, it l'occasion, procéder d'urgence aux répara-

tions des baignoires ou il leur remplacement. Dans

notre section la propreté ne peut être assurée et la

guérison du gâtisme obtenue que parmi service régu-

lier des bains généraux, des douches et des bains de

pieds (1).

Nous avons toujours été un partisan convaincu de

l'hydrothérapie. Personnellement, nous avons com-

mencé a faire de l'hydrothérapie en 1865-66 et, depuis,

nous n'avons jamais cessé. Ce n'était pas la mode alors

et nous nous souvenons qu'a l'hôpital Saint-Louis

aucun de nos collègues ne fréquentait la salle des

douches.

Après la guerre, de 18 70-'1871, M. Charcot avait bien

voulu nous confier l'observation et le 'traitement de ses

épileptiques : cela a duré jusqu'en 1879. Nous avons

eu recours souvent, chez elles, il l'hydrothérapie. De

même chez les épileptiques du service de Delasiauve,

pendant les remplacements que nous y avons faits (1877-

1879). Nous avons généralisé cette pratique lorsque

nous avons été chargé de la section des épileptiques

(adultes et enfants) de l'hospice de Bicêtre, ensuite

de la nouvelle section des enfants.

En 1882, dans sa remarquable thèse inaugurale,

l'un de nos élèves, P. Bricon, après avoir tracé un his-

torique aussi complet que possible de la question, a

consigné les résultats de notro pratique pendant les

années 1880 et 1881. L'année suivante dans un tra-

vail commun, nous avons résumé, en plus, les résultats

de 1882. Depuis, tous les ans, dans le Compte-rendu de

(1) Nous avons donné au personnel, en particulier au baigneur,

des instructions spéciales pour la toilette des pieds et des ongles.

L\'I Bains ET hydrothérapie.

notre service, nous avons indiqué le nombre des dou-

ches et des bains administrés dans l'année.

Le grand nombre de douches données dans le ser-

vice nous permet chaque année d'apprendre à tous

nos infirmiers et infirmières, à une partie de ceux

de l'hospice, à les administrer d'une façon convenable.

Sachant combien, les doucheurs et les doucheuses

des hôpitaux, et il en est de même dans beaucoup

d'établissements ordinaires de la ville, sont inexpé-

rimentés, nous avons demande il l'Administration de

nous envoyer les doucheurs et les doucheuses des éta-

blissements-écoles (Lariboisière, la Pitié, la Salpô-

trière). La plupart sont venus et ont pu, à leur tour,

enseigner aux élèves des écoles il donner les douches.

En faisant ces leçons de douches, nous pensons avoir

été très utile aux malades qui pourront retirer de

l'hydrothérapie les bienfaits qu'ils sont en droit

d'en attendre.

Tantôt l'hydrothérapie est donnée seule (1), tan-

tôt, ainsi que nous venons de le dire, nous y joignons

divers médicaments (2), surtout les poly-bromures

et le bromure de camphre (grand mal et vertiges ou

vertiges seuls). Les bains, les douches, ajoutés à la

gymnastique (mouvements, agrès), la danse, à

l'escrime, au travail manuel, soit dans les ateliers,

soit dans les jardins, constituent, it notre avis, les plus

puissants agents thérapeutiques contre les diverses

(1) Douche froide en jet en éventail, seule, sur tout le corps (dos,

côté droit, poitrine, côté gauche, dos) en lenninant par les pieds,

en tout de 25 35 secondes, ou encore : jet en éventail et douche

en pluie pendant 20 it 25 secondes ; douche en jet pendant 10 à 15

secondes.

(2) Nous avons toujours prescrit les I;rirrs et l'hydrothérapie

aux syphilitiques, en plus du traitement spécifique (deux fois par

an) et des purgatifs. Chez aucun de ceux que nous avons pu suivre

et qui se sont conformés à nos conseils, il n'est survenu jusqu'ici

d'accidents cérébraux.

Traitement de l'épilepsie. L\'rI

formes du mal caduc et ses complications. Joints aussi

aux purgatifs, ils assurent le bon fonctionnement

de la peau, l'élimination du bromure. Aussi n'avons-

nous jamais de 1)rO1111SI11C.

Nous avons eu recours aussi, comme les années

précédentes, avec des résultats incontestables, à la

médication thyroïdienne chez un certain nombre de

malades, idiots myxoedémateux, mongoliens, nains

et obèses. Nous avons, en outre, essayé différents

médicaments contre l'épilepsie dont voici les princi-

paux.

Traitement par le /n'omhycll'111e d'hyoscine (en

injections). Dix enfants ont été soumis à ce traite-

ment. La dose de un demi-milligramme au début de

la première semaine, était portée progressivement a

3 milligr. à la 4° semaine. Les essais ont été pour-

suivis pendant 4 mois. Les résultats ayant été nuls

nous avons supprimé le médicament.

Traitement : par la cérébrine : .' 1° simple; 2"

bromo-iodée. Trois enfants ont été soumis au dit

traitement. Chez un seul malade les résultats ont été

avantageux. Le traitement a été continué chez lui.

Malheureusement noire approvisionnement ayant été

insuffisant nous n'avons pu expéri mon terla cérébrine (1)

chez un nombre assez grand de malades pour avoir

une opinion. Nous en reparlerons.

Traitement par le chlorure de calcium (en po-

tions). Ce traitement a été administré à dix malades.

Les résultats ayant été négatifs le traitement a été

supprimé. - "

Traitement par le chlorure de calcium (en injec-

lions). Dix enfants ont été également soumis à ce

(1) Elle nous a été fournie gracieusement par \l. 1'ournicr.

LVIII

Améliorations.

traitement qui semble avoir produit quelques résultats

appréciables. Ce traitement été continué.

Améliorations diverses. MIIIO Ath. Bohain, sur-

veillante de 3° classe il l'infirmerie des enfants a été

7''x/. 13. - Vêtement pour les déchireurs.

VÊTEMENT DES DFCI-IIItEUIi3.

LIX

promue surveillante de 2° classe à la Fondation Vallée.

- M. Gerder, surveillant de 5e classe, a été promu

surveillant de live classe.

Aunombrc des améliorations nous citerons la réfec-

tion de la cour des classes (repiquage et bitume); les

travaux du tout à l'égout, la réfection de tous les cabi-

nets d'aisances du service, la réfection de la peinture

des réfectoires de la grande et de la petite écoles.

Tous ces travaux, bien que très avancés, ne sont pas

encore terminés. Une aulrc est relative au :

Vêtement pour maintenir les mains des déchi-

Fig. 11. - Vêlement vu de dus,

LX

VÊTEMENT DES GRIFFEURS.

reurs, griffeurs et barbouilleurs. Ce vêtement

que nous avons emprunté à l'Asile-Ecole du Strop à

Gand sert il empêcher les enfants de déchirer leurs

vêtements, de se griffer ou de griffer leurs cama-

rades, ou de barbouiller les murs. Il est confection-

né soit en drap, en treillis ou en fort en diable. C'est

une sorte de dolman, assez long, se boutonnant par

derrière. Il est lait de façon que l'enfant doit y être

à son aise. (I'ig. 13, 1 ! i, l.)

De chaque côté se trouve une poche horizontale

Fin. ¡5.

Visites DU SERVICE. LXI

dans laquelle on introduites mains de l'enfant. Une

patte avec boucle est fixée à laface postérieure de la

poche, la face antérieure est percée de deux bouton-

nières horizontales de 2 centimètres et demi environ

parlesquclles doivent sortir les branches do la patte.

Pour maintenir la main de l'enfant dans la poche, on

embrasse le poignet avec la patte dont les extrémi-

tés sortant par les boutonnières sont serrées à volonté

par la boucle ou par des boutons.

L'enfant ne peut plus retirer sa main ainsi fixée. Sa

position n'est pus fatigante, les bras sont en demi-fle-

xion, le poignet n'est pas trop serré, l'enfant peut

remuer sa main dans la poche sans la sortir.

Visites du service. - La section a été visitée,

en 1903, par M. Youssouf Aktchouzin, ancicn officier

de l'Armée Ottomane ; M. le Dr Arnaud Serafino, de

Cuneo (Italie); M. le 1)' AlJmtu de Grame3·na, de Tu-

rin ; M.lc D'' Pcppo Acchioté, de Constantinople, spé-

cialiste pour les maladies nerveuses et sur l'électro-

thérapic ; M. le D'' Broquère, directeur de l'asile

d'aliénés de la Mayenne (Mayenne) ; M. Bechmann,

directeur de l'assainissement ; M. le Dr Bertolotti

(Mario), de TIIrin; M. Paul Béguin, économe à l'Ins-

titut départemental de sourds-muets à Asnières ;

M. le Dr Charpentier, de Paris ; M. Colmet Daage,

ingénieur en chef des ponts et chaussées de Paris ;

M. le Dr Camphell, dIJclimlmrll ; M. Calsac, interne

des hôpitaux de Paris ; M. le Dr René Desplats,

de Paris ; M. le Dr Richard Foerster, de Bonn ; M.

le Dr Jean Goujon, de la Faculté de Paris; M. G'

sell, publiciste, Paris ; M. le D'' Gavazzeni, de Ber-

game (Italie) ; M. le D'' Gross ; M. le Dr Guëmes, de

Buenos-tlyres ; M. le Dr Galazzb de Bonini, Florence ;

M. le Dr Jacobsohn, externe des hôpitaux ; M. Edouard

Josephson, externe des hôpitaux.

LXII Visites du service.

M. le Dr Jacquin, de Bordeaux; M. Litinski, cor-

respondant du Bulletin municipal de la Ville de Mos-

cou ; M. Lcsvicr, directeur de l'asile de Clermont

(Oise); M. le Dr Levkoski, assistant de la clinique des

maladies nerveuses et mentales il l'Université de Khar-

koff (llussie) ; M. le Dr Mancini SLéfano. de Florence;

M. le Dr Braan Miller, de New-York ; M. le Dr Ma-

rie ; M. le Dr Benjamin C. rdarsh; M. Mande !

de l3rito Camacho de Lishoa ; M. de Magalha-

ens, médecin Ù Lisbonne ; M. Mcdca (eux.) ; M. de

Nouvion, rédacteur au (( Journal » ; M. le Dr Karl

Pfandcr, à Stuttgart; M. le D'' Georges Payakoff, de

Loretch (Bulgarie) ; M. le D'' N. Pandy, médecin en

chef de l'asile des aliénés de (lu5la (Hongrie) ;

M. le Dr Rankin, de Glasgow ; MUes Sikorski, filles du

P. Siltorslti, de Kicff; I ? 5ancllery', de Vienne;

M ? Olga Sverdrup ; M. le D'' Georges Vernet, méde-

adjoint de l'Asile public d'aliénés à Moulins; M. le Dr

0. Tourigny, du Canada ; M. le Dr Tictine, cl'Oclessa; i

M. le Dr Taylor, de Clevcland Olico ; M. le Dr Thuil-

licr; M. le Dr G. Vagliasindi dcl Castello, de Rome;

M. Tissot, interne de l'asile de Villejuif ; M. le Dr

Jean Varsar, conseiller de la cour, médecin en chef

de l'Hôpital Gouvernemental des aliénés de Kischi-

neff (Bessarabie) ; M. Zagrelmann, de Vienne.

Enfin, de même que les années précédentes, la

Commission de surveillance des asiles de la Seine

et la Commission d'assistance du Conseil général

ont visité le service dans le courant de l'année.

Nous consacrons d'habitude la matinée du samedi

à recevoir les visiteurs. Presque tous ceux dont nous

venons de citer les noms sont venus ce jour-là. Nous

convoquons, à leur intention, les professeurs de chant,

Visites DU service. LAIII

de gymnastique, de danse et parfois les maîtres d'es-

crime, dont les heures de leçon ne coïncident pas avec

l'heure de notre visite (1). En leur demandant ce

déplacement et en nous imposant la fatigue très

grande de montrer non seulement l'organisation du

service des enfants, mais encore son fonctionnement

médico-péclago ! Jique dans tous ses détails, notre but

est de faire comprendre aux visiteurs l'importance de

l'oeuvre que nous avons pu réaliser naguère, avec

l'appui du Conseil municipal (1882-90), malgré l'oppo-

sition de l'Administration et du Conseil de surveil-

lance de l'époque (2), de fournir à beaucoup d'entre

eux les arguments qui militent en faveur de l'hos-

pitalisation, et de l'éducation de cette catégorie

d'enfants anormauxetles convaincre de la possibilité de

les améliorer et même de les guérir par l'application

régulière, méthodique et prolongée du traitement

ndico-péctaoi.rlzce. Les visites faites dans la jour-

née, en dehors de nous, ne permettent pas d'avoir

une idée exacte de ce qui se fait dans le service.

On a une idée des bâtiments mais non du traitement

médico-pédagogique. D'où, de la part des visiteurs

de l'après-midi une idée incomplète du service et par

conséquent des comptes-rendus insuffisants et parfois

erronés. *

Nous nous efforcerons de maintenir ces visites du

samedi dans le Imtcl'expliquer aux visiteurs, la plupart

médecins étrangers, l'organisation du service afin de

(1) Le professeur de gymnastique vient le matin de 8 à 9 heures,

le professeur de chant de 5 à 5 heures, le professeur de danse de

midi à une heure.

(2) Voir Histoire de la section des Enfants de Bicêtre, par Bour-

ncville, (1879-1802).

LXIV Visites DU service.

leur fournir des arguments, des faits les mettant en

mesure de réclamer la fondation dans leurs pays, s'ils

en sont dépourvus, (l'asiles-écoles semblables. Si,

nous disparu, notre (ouvre périclite ou disparait

en France, comme a disparu tout ce que Lcuret et

Séguin avaient organisé, car nous ne nous faisons

pas d'illusion sur l'absence de conviction administra-

tive, nous avons le ferme espoir qu'elle sera conti-

nuée, développée, perfectionnée dans les autres pays

et peut-être aussi en province. Notre plaidoyer en

faveur de ceux qui ne peuvent plaider pour eux-mê-

mes n'aura donc pas été stérile.

Nombreux ont été les visiteurs qui ont fréquenté

notre service depuis sa création. lien est même, quiy

ont passé plusieurs jours, môme plusieurs semaines, ou

des mois, entre autres M"" la doctoresse Montessori, de

lome,cluiyvsojournédul ? au30,juillet 199; \1"°Laclc,

institutrice dans les écoles d'enfants anormaux à Cené-

ve, qui y passéuncscmainc cnjuin 1901; Molles Sikors-

ky, filles du professeur de laieff, qui sont restées dans

le service du 31 janvier au 4 mai 1903. Enfin 1 infir-

mières gradées de l'asile de Clermont (Oise) ont

séjourné dans notre service du 22 mai au 22 juillet

1903. Toutes avaient pour but d'étudier en détail les

nombreux procédés qui constituent notre méthode de

traitement médico-péda3o ? iclue. Tel fut aussi le cas

de la doctoresse Maliarewski, de Saint-Péters-

bourg ; Mule Burgwin, déléguée du Municipal School

Board, de Londres, en 1892 (1) ; de l\1 ! 10 Anna Jannoes,

- (1) Voir le Complc-rcndu de 1892, p. CXI et Archircs de nC[(j'o-

logie, 1893, n° 73, p. 156,

Musée pathologique. LXV

de Christiana toutes deux pendant une semaine (1) ; de

deux institutrices envoyées par notre ami le Dr Giraud,

médecin directeur de l'asile Saint-Yon, en 1891 (2).

Musée - Ce musée s'est notablement

enrichi en 1903, ainsi que le montre le tableau suivant.

LXVI ENSEIGNEMENT PH.OFESSiONJNEL.

II.

Enseignement professionnel.

C'et enseignement a été dirigé en 1903, de même

que les années précédentes, par MM. Leroy pour la

menuiserie (1882-1903), Allène pour la couture

(1883-1902), DUMOUL1 ? pour la cordonnerie (1888-1903),

Morin pour la vannerie, le paillage et le cana(je des

chaises (1889-1903), Maréchallat pour l'imprimerie

(1889-1903), Gaie pour la serrurerie (1895-1903),

111;SNIItD pour le jardinage (1896-1903), Gnrrrr pour

la brosserie (1901-1903) (1).

. De môme aussi que les autres années, nous n'avons

qu'à les féliciter tous, non seulement pour le zèle et

l'intelligence qu'ils apportent chaque jour à donner

Yinstructionprofessionnelle aux enfants, mais encore

pour la bonne direction morale qu'ils savent leur

(1) Chaque fois que nous avons un nouveau chef d'atelier nous

insistons pour qu'il suive les cours de l'École d'infirmiers. En con-

tact avec des malades sujets à des chutes convulsives, à des

impulsions, etc., il est nécessaire qu'il soit en mesure de leur venir

en aide de suite et comprenne qu'il a affaire il. des malades. M.

Ganif, notre maitre brossior, a reconnu cette nécessité et a suivi

les cours. Il devrait en être de même pour tout le personnel en

rapport avec les malades. Dans un hôpital, un hospice, un asile,

tous devraient être en mesure d'intervenir en cas de nécessité.

Quand on voit les efforts qui sont fails en dehors des hôpitaux

(Union des femmes de France, Association des dames françaises,

secouristes^ pour enseigner les soins à donner en cas d'urgence,

on est en droit d'être surpris que l'Administration de l'Assistance

publique se montre aussi indifférente et n'exige pas de tout le per-

sonnel des hôpitaux-écoles qu'il profite de l'enseignement qui y

est organisé.

EVALUATION DU TRAVAIL DES ENFANTS,

lxvii

imprimer. Le tableau suivant met en évidence les

résultats obtenus par eux en 1903 et qui se chiffrent

par 23.790 fr. 20.

Les travaux de jardinage seuls ne sont pas évalués,

et comme nous l'avons souvent dit et écrit, bien qu'il soit

difficile d'en faire une estimation précise, nous croyons

que l'Administration aurait intérêt à essayer d'en

avoir tout au moins une évaluation approximative .

Les sept maîtres, non compris le jardinier, dont le

travail de ses apprentis et le sien dépassent assurément

le salaire - sont payés à raison de 6 fr. 50 par jour,

soit pour l'année 16.607 fr. 50.

Évaluation DU travail.

Enseignement professionnel. LXIX

if

Produits fabriqués dans les ateliers en 1903.

BROSSERIE.

7.685 brosses en tous genres (dont 5.280 pour le Magasin

Central des hôpitaux), 181 réparations.

Vannerie.

316 mannes neuves fabriquées (dont 155 pour le Magasin

central), 370 mannes réparées, 202 chaises cannées et rem-

paillées. ,

Couture.

629 pantalons, 405 vestons, 39'o gilets, 106 robes, 97 mail-

lots, 2 maillots treillis pour déchireurs, 4 camisoles treillis

pour déchireurs, dix journées pour les déguisements du

Mardi-gras et de la Mi-caréme.

Menuiserie.

4 séries complètes des objets servant à l'enseignement. -

7 tables scolaires. -2 2 dessus de meubles pour les offices. -

si façades d'armoires. - 1 armoire pour les classes. - Balan-

çoire pour le gymnase. 1 armoire pour le musée. Fait

les réparations, bancs, tables, portes, jeux, etc.

Serrurerie.

38 porte-vases pour chaises de gâteux, 158 ferrures et char-

nières, 189 objets en bois faits au tour : pieds de table, pieds

de meubles, poignées, boules, cylindres, chevilles, etc. ; fer-

rage de tous les meubles : échelles, coffres divers, tonneaux,

boîtes, etc., confectionnés par la menuiserie, réparations jour-

nalières du service.

Cordonnerie

281 paires de chaussures neuves, 31 paires sur mesure,

503 ressemelages.

Imprimerie .

Compte-rendu du service de l'année. - Ordres du jour des

Commissions. - Affiches diverses. - Entêtes de lettres. --

- Divers imprimés pour les Ecoles d'infirmières : Palmarès.

Diplômes, etc. - Feuilles d'Alphabet pour les classes.

Travaux divers pour les hôpitaux, pour la Société Amicale

des Directeurs et Économes de l'A. Il. Fait tous les imprimés

pour la Société du Personnel hospitalier de l'A. P., etc., eto..

LXX Évaluation DU travail des enfants.

Le Travail des enfants, évalué par l'économe,

M. MAuPRÉ, et par l'architecte, M. DELAHAYE, couvre

donc : 1° la dépense occasionnée par le salaire de

leurs maîtres; 2° les gratifications hebdomadaires

données aux enfants, le samedi, à titre de récompense

variant de 5 à 50 cent. par semaine et qui s'élèvent à

1.560 francs pour toute l'année. De plus, il y a un

bénéfice de 7.673 fr. qui vient atténuer les dépenses

d'entretien des enfants. Cette somme, comme celle

réalisée sur les permissions de sortie et les congés,

8. 328 fr. (1), soit au total près de 16.000 francs

sans compter les économies de linge dont nous avons

parlé, devrait en bonne justice être employée, nous le

répétons, sinon en totalité au moins en grande partie,

à assurer le bon entretien du service, qui laisse tant

à désirer, et à l'amélioration du matériel d'enseigne-

ment.

Pour permettre à tous d'apprécier les résultats éco-

nomiques de l'enseignement professionnel et du

travail accompli, au point de vue pratique, nous

avons donné à la page lxix l'énumération sommaire

de ce qui a été fait dans les divers ateliers en 1903. *

Nous n'insisterons pas sur les avantages que procu-

rent ces ateliers tant au point de vue de l'intérêt

des malades eux-mêmes qu'à celui de l'Administration.

Nous ajouterons seulement qu'il serait convenable, à

tous les égards, que nos anciens malades qui passent

soit dans les sections d'aliénés adultes, soit dans la

division des incurables de l'hospice, trouvent un

meilleur accueil dans les ateliers de la maison et que

(1) Nous insistons sur ce l'ait, c'est que nous n'intervenons en

quoi que ce soit dans l'évaluation de ce- produit : c'est l'affaire de

M. l'économe et de M. l'architecte. Ce que nous désirons c'est une

évaluation, aussi exacte que possible, de la main Il'oelw)'c,

ENSEIGNEMENT professionnel. LXXI

les chefs de ces ateliers leur témoignent plus de bien-

veillance. Il y va de l'intérêt des malades, supé-

rieur à toute autre considération, et de l'intérêt

financier de l'Administration..

Tel est le résumé de l'enseignement professionnel

en 1903. Il importe de ne pas oublier que nos ateliers

ne sont nullement comparables à ceux de l'orphelinat

Prévost à Cempuis et de l'école d'Alembert à Monté-

vrain, par exemple, où les apprentis sont des enfants

normaux, sains de corps et d'esprit, et même choisis

parmi les plus intelligents des candidats, ni même aux

établissements d'aveugles ou de sourds-muets (1).

Nos apprentis, à Bicêtre, sont non seulement des

enfants anormaux, mais encore des enfants malades :

quand ils ont, les uns des accès épileptiques, con-

vulsifs ou psychiques, les autres des impulsions ou

des périodes d'excitation, ces jours-là et les jours qui

suivent, ils ne peuvent travailler ni à l'école, ni à

l'atelier. Lorsqu'ils ont des accès, le travail est

momentanément suspendu; les autres enfants sont

distraits et le chef d'atelier est obligé, le plus souvent,

de secourir le malade, de le surveiller encore quelque

temps après sa crise jusqu'à ce qu'il ait repris toute

sa connaissance.

Un autre fait t qui contribue à différencier nos

apprentis de ceux que nous avons cités, c'est qu'ils

ont des permissions de sortie et des congés, sur la

demande des familles, à toutes les époques de l'année,

(1) A l'Institut départemental des sourds-muets et sourdes-

muettes, il Asniercs, le prix de pension est de 1.000 fr. par an et le

prix du trousseau de 350 fr. pour toute la durée des études. Le

prix de journée des enfants de l'asiie-école de Bicètre est de 2 fr. 20,

soit par an, 803 fr., soit 200 fr. de moins que pour les sourds-muets.

Ceci dit il titre de renseignement et afin de montrer que les

enfants arriérés ne coûtent pas autant que certains le prétendent.

LRXII Travail DES enfants.

qu'ils ont des visites les jeudis et dimanches souvent

trop prolongées, enfin que deux fois par semaine

ils font des promenades aux environs de l'hospice

ou dans Paris, promenades qui font perdre une

demi-journée de travail.

Administrativement, après avoir douté de la possi-

bilité de faire travailler les enfants idiots, arriérés et

épileptiques, et avoir protesté contre la construction

des ateliers, puis contre leurs dimensions, certains

auraient de la tendance à vouloir considérer nos mala-

des comme des apprentis ordinaires qui, suivant la

pratique abusive des couvents, doivent fournir réguliè-

rement une somme de travail fixe. Et on y tend

administrativement, car on voudrait leur faire faire

tous les travaux d'entretien de la section, oubliant

qu'il s'agit d'ateliers d'enseignement et que si le maî-

tre et un apprenti sont occupés, par exemple, à

réparer une porte, les autres enfants n'ont plus de

guide et ne s'instruisent pas.

Nous le redisons encore, ce qui doit primer dans

notre service, c'est l'influence morale du travail, qui

est l'adjuvant du travail scolaire, des exercices physi-

ques, dutraitementmédical et non le produit lui-même

bien qu'il ne soit pas à dédaigner. Les enfants eux-

mêmes sont heureux de voir que leur travail est pro-

ductif, qu'il se traduit par des résultats pratiques et

que tout ce qu'ils font contribue à leur bien-être, à

leur enseignement et à l'entretien de leur section.

Chaque année un certain nombre de nos apprentis

sortent définitivement. Autant que possible nous leurs

accordons d'abord un congé d'essai et nous engageons

Enseignement professionnel. LXXIII

leurs familles à s'efforcer de les placer dans un ate-

lier correspondant au métier que nous leur avons fait

apprendre. Il en est qui écoutent nos conseils. D'autres

les placent où on leur offre un salaire relativement

plus élevé, inspirés par leur propre intérêt (augmenter

leurs ressources immédiatement), plus que par l'inté-

rêt de leurs enfants. D'autres de nos apprentis insuf-

fisamment améliorés pour vivre au dehors ou atteints

d'épilepsie passsent, à 18 ans, s'ils ont un développe-

ment physique normal, dans les sections des aliénés

adultes ou dans les divisions de l'hospice. Tout le

monde dans la maison devrait avoir à coeur de ne pas

laisser perdre le bénéfice de ce qu'ils ont acquis dans

leur profession. Ils devraient en conséquence être

utilisés dans la mesure de leur savoir dans les ateliers

de la maison. Il est loin d'en être ainsi. Les chefs

d'atelier s'en désintéressent trop souvent, ils les dé-

couragent au lieu de les encourager. Pour les motifs

les plus futiles, ils les renvoient dans leur section où

ils restent désoeuvrés au grand détriment de leur

santé, car le travail est l'un des meilleurs modes de

traitement, et au détriment des finances de l'Admi-

nistration.

Nous avons demandé maintes fois à l'Administration

de nous donner des infirmiers ayant exercé, avant

leur entrée dans les hôpitaux, les professions de me-

nuisier, de tailleur, de cordonnier, etc., afin d'avoir

des agents pouvant remplacer, en cas de vacances ou

de maladie, nos chefs d'atelier, de ne pas interrompre

leur apprentissage et de ne pas perdre le bénéfice du

travail des enfants. Nous renouvelons notre récla-

mation. Jamais il ne devrait y avoir d'interruption

dans les occupations scolaires ou professionnelles des

enfants.

LXXIV Statistique. Mouvement DE la population.

. III,

. Statistique. Mouvement de la Population.

Le premier janvier 1903, il y avait dans le service

438 enfants se décomposant ainsi : 417 enfants

idiots, imbéciles ou épileptiques, dits aliénés et 21

réputés non aliénés. Cette distinction, qui s'applique

aux épileptiques adultes aussi bien qu'aux enfants,

est purement administrative et il est difficile de- la

justifier médicalement. Les épileptiques dits non alié-

nés sont placés par l'Assistance publique et sont à la

charge du budget municipal; les épileptiques aliénés

sont placés suivant les prescriptions de la loi du 30 juin

1838 (placement volontaire ou placement d'office),- et

à la charge du budget départemental.

Sur ce nombre 110 étaient atteints de gâtisme; 32

d'incontinence nocturne' d'urine; 15 de cécité

complète ; 6 de cécité incomplète ; 5 de surdi-muti-

té ; 4 de surdité; 2 étaient bègues; 9 présentaient du

mutisme volontaire; 3 des impulsions violentes

ou des accès de colère (non compris les épileptiques);

57 étaient menteurs il un degré traiment.llatlologi-

que ; 13 étaient atteints de dacnomanie (manie de

mordre); 7 de pyromanie; 8 d'écholalie; 22 de luouo-

manie; 24 de clastoznazzie ; 18 de coprolalie; 31 de

kleptomanie; 5 d'éclzol;.iné.sie; 6 de rumination; 3

étaient dfchi/'eu1's d'ongles; 5 étaient flaireurs, 4 L

étaient baveux ; 2 étaient atteints d'hydromanie, 10

d'hydrophobie, 16 de coprophagie; 62 étaient. onyco-

MOUVEMENT DE LA. POPULATION.

LXXV

pliages, 198 onanistes; 17 présentaient dunystagmus;

64 étaient strabiques ; 2 présentaient de la dépression

mélancolique; 12 avaient dos tics convulsifs (lèvres,

paupières, etc.), 41 avaient le tic du balancement du

corps avec ou sans rotation de la tête; 17 avaient

un tic coordonné des mains ; 14 enfants idiots étaient

tourneurs; 12 étaient sauteurs et 7 étaient grimpeurs.

Un enfant était atteint (l'hémimélie; 1 de poly-

daclylie, 1 de syndactylie; 3 de malformations patho-

logiques de la main, 1 d'encéphalocèle guérie ; 1 de

cyphose, 10 présentaient des piecls-hols; 2 étaient

hém.ip1ll'I. : siques, 7 p1ll'apléoÙ{lWS, 23 liémiplégiques,

7 diplégiques ; 11 étaient atteints de maladie de Lillle ;

enfin 8 étaient athétosiy2ces.

Le tableau suivant résume le mouvement de la

population en 1903.

LXXVI Mouvement DE LA POPULATION.

Les renseignements que nous donnons sur le mou-

vement de la population ne fournissent pas une idée

exacte du nombre des enfants anormaux intellectuels

et moraux. Il serait à souhaiter que l'Administration

essaie de dresser une statistique pour Paris et le

département de la Seine. M. de Selves ferait oeuvre

-utile en tentant cette entreprise.

Décès. - Les décès ont été au nombre de 24 durant

l'année 1903. Le tableau des pages LXXVIII il LXXXIII

fournit les renseignements concernant le diagnostic,

la date et la cause du décès, ainsi que les principales

particularités présentées par les malades.

Sorties. - Des 93 malades sortis de la section,

18 ont été dirigés sur l'une des sections d'adultes,

16 ont été transférés, 3.*) on[ été rendus à leur famille,

guéris ou améliorés ou sur la demande de celle-ci. Le

tableau des pages LXXXIV à indique les motifs

de la sortie, la nature de l'affection pathologique

dont étaient atteints les malades sortis. Comme nous le

disions encore l'an dernier, nous désirerions vivement

suivre nos malades après leur sortie, savoir ce qu'ils

deviennent, si l'amélioration réalisée par nous s'est

maintenue ou même a augmenté. Malheureusement

les moyens nous font défaut.

Nous envoyons le plus possible nos surveillants ou

surveillantes visiter un certain nombre d'entre eux. Il

ne les rencontrent pas toujours. Souvent la famille

a déménagé et on ne peut avoir sa nouvelle adresse.

Parmi les enfants sortis, il en est qui sont enlevés

prématurément par leurs parents. Ceux-ci les voyant

très améliorés, par rapport il leur situation il l'entrée,

les reprennent malgré nos conseils, alors qu'un séjour

plus prolongé nous aurait permis d'obtenir des résul-

tats plus complets.

Evasions ; transferts. LXXVII

Évasions. -Quatre évasions ont eu lieu dans le cou-

rant de l'année, celles des enfants Sim ? Jean ?

Pach ? Cuiz..... Ces différentes évasions n'ont donné

lieu à aucune formalité légale. Les enfants ayant été

repris moins de 15 jours après leur évasion.

Transferts. Ils ont été au nombre de 16. : 12 à

Villejuif, 2 à Clermont (Oise), 1 à Châlons, 1 au

Mans. - Nous avons pour habitude de prendre la

température des malades avant, leur départ, et cela

dans le but d'éviter le transfort de malades sous le

coup d'une affection aiguë, de même que nous pre-

nons la température à l'entrée, durant les cinq

premiers jours (1) pour savoir si l'enfant n'est pas sous

le coup d'une affection aiguë, contagieuse ou non.

(1) A l'entrée de tous les enfants, aussi bien à la Fondation Val-

lée qu'à 131cèlre, nous faisons prendre un bain aux malades et exa-

miner leur corps au point de vue des plaies, des contusions, de la

teigne, etc., et le lendemain au moment du certificat immédiat nous

examinons nous-mème l'enfant de la tète aux pieds s'il y a lieu;

il en est ainsi depuis 1880, ce que l'Administration ignorait quand

elle nous a envoyé la circulaire relative à la visite des malades à

l'entrée.

Monsieur le Directeur, - Mon attention a été appelée, vous

savez à la suite de quelle circonstance (a) sur la nécessité de faire

examiner les aliénés par l'interne de service it leur arrivée dans

votre établissement.

Dans le cas où l'interne constaterait qu'un aliéné, soumis à son

examen, porte des traces de coups ou de blessures, il devra établir

un certificat signé par lui et une copie de cette pièce devra ètre

adressée sans retard à l'Administration centrale. - Je vous prie

en conséquence de veiller dés la réception de la présente à ce

que cette mesure soit mise à exécution. Signé : Mouricr.

(a) Une famille étant venue visiter un parent malade, entré quel-

ques jours auparavant, avait constaté sur son corps des contusions

multiples. Ces contusions avaient-elles été produites à Bicêtre ou

à l'Asile clinique, on ne savait. D'oit la circulaire, ci-dessus.

LXXVIII

.TABLEAU DES DÉCÈS. -

LXXX

LXXXII

TABLEAU DES décès.

xc Consultations : traitement externe.

Consultation du jeudi. - Il n'y avait, autrefois, à

Bicêtre, que deux consultations, une de médecine faite

par le médecin de l'Infirmerie générale, une de chirur-

gie faite par le chirurgien. A notre arrivée à Bicêtre,

nous avons établi une consultation non officielle, pour

les maladies nerveuses et mentales. Nos collègues de

la division des aliénés, en ont aussi créé successive-

ment.

En 1903, 71 1 personnes se sont présentées : 185 pour

renseignements sur le placement d'enfants arriérés ou

épileptiques; - J 07 pour maladies diverses; - 209

pour assistance. II s'agit d'anciens malades des asiles

ou du service. Nous profitons de la venue de ces der-

niers pour nous renseigner sur leur état mental ou

leur situation sociale. Dans ce groupe figurent ceux

qui vont tirer au sort et viennent réclamer un certifi-

cat devant aider il leur exemption du service mili-

taire ; - 28 pour demandes d'emploi ou de placement

dans les hospices : infirmes, vieillards, etc., infirmiers

qui réclament leur rentrée dans l'Assistance; - 92

pour renseignements sur les enfants du service pré-

sents ou en congé.

La partie la plus intéressante de notre consultation

est celle qui concerne les enfants nerveux et arriérés.

Pour ceux d'entre eux que leur famille ne veut pas

placer, il s'agit de véritables consul la lions médico-

pétl,igog i(j 1 l'es. Après avoir formulé le traitement, nous

faisons voir l'application des procédés que la famille

doit employer, dans la mesure de ses possibilités :

exercices de la marche, des jointures, massage, gym-

nastique, de la parole, etc., etc. Nous faisons assister

les parents à une séance d'hydrothérapie afin qu'ils

puissent, en ville, exiger que le doucheur se conforme

a nos indications et souvent nous administrons lapre-

Maladies des yeux. xci

micro douche, que les enfants acceptent en général très

bien après avoir vu que nos enfants la prennent sans

résistance (Imitation). En maintes circonstances les

parents sont venus il diverses reprises pour se rendre

plus aptes à exécuter nos prescriptions.

Nous avons signalé antérieurement (Compte-rendu

de 1902, p. LXX) le précieux concours que nous a prê-

té l'un do nos anciens internes, les D'' Poulard, chef

ce clinique adjoint de la clinique d'ophtalmologie de

la Faculté de médecine pour le traitement des enfants

atteints de maladies cles yeux. Il a continué en 1903.

La note suivante montre les services qu'il a rendus à

nos malades.

Conjonctivite chronique à cli plobaci lle. - Quelques

enfants atteints de cette affection se sont présentés il.

la consultation. En réalité, le nombre des cnfants

atteints est encore considérable. Seulement, cette

maladie chronique, très peu bruyante et peu gênante,

n'attire pas assez l'attention -du personnel. Il suffit

cependant d'examiner de parti pris la conjonctive des

enfants dans leurs pavillons pour constater la fré-

quence encore grande de cette conjonctivite.

Conjonctivite aiguë contagieuse (à bacille de

Weelts). Cette conjonctivite, beaucoup plus aiguë

que la précédente, passe rarement inaperçue. La sta-

tistique est donc facile à établir. A Bicêtre, 83 enfants

ont été atteints du premier janvier au 10 novembre.

L'épidémie s'est étendue inégalement à tous les pavil-

lons. Sa fréquence dans ces divers groupements se

montre en rapport avec l'imperfection mentale des

enfants. Elle atteint son maximum dans les pavillons

do gâteux, et elle diminue -IL mesure que les enfants

du pavillon considéré sont d'un niveau intellectuel

RC11 Maladies des yeux.

plus élevé. Il faut tenir compte, dans la propagation

du mal, de la malpropreté des enfants gâteux qui

disséminent les germes sur leurs mains, sur leurs

habits, sur leurs voisins; mais, il faut aussi considérer

l'insuffisance des précautions prises par lcpcrsonncl,

chargé delà toilette de ces enfants. Les doigts de l'in-

firmière et les serviettes sont certainement un des plus

fréquents moyens de transmission. C'est en tout cas

celui par lequel les trois infirmières, atteintes de cette

conjonctivite, se sont donné le mal. Les infirmières

chargées de faire la toilette des enfants changeaient

très souvent, et on constatait une diminution ou une

recrudescence du nombre des malades suivant la qua-

lité de l'infirmière en service.

M. Bournevillc et nous insistons sans cesse pour

faire comprendre au personnel l'importance de ces

précautions. Et, si nous pouvons constater actuelle-

ment une diminution considérable, peut-être un arrêt

complet de l'épidémie, il faut l'attribuer à ce que ces

conseils ont été enfin compris et suivis.

L'épidémie qui dure depuis plus d'une année avec

des périodes d'atténuation et de recrudescence, semble

maintenant sur le point de s'arrêter. Mais les efforts

que nous avons faits ont mis si longtemps pour aboutir

à ce résultat encore incertain, que nous n'hésiterions

pas, à adopter, à l'occasion, une tactique différente et

plus énergique (1).

Cette conjonctivite est extrêmement contagieuse ; il

est impossible d'empêcher la dissémination dans une

agglomération de jeunes enfants. Le seul moyen effi-

cace serait l'isolement des malades dans une salle

réservée et jusqu'à guérison complète, mais il est dif-

(9J L'amélioration obtenue est attrilnialilo la conférence laite

par M. Ponlard, il notre demande, sur le Rôle de l'infirmière dans

le traitement des maladies des yeux.

Maladies des yeux. xCIII

ficilc à cause des catégories d'enfants qu'il faudrait

réunir : idiots gâteux, idiots propres, épileptiques.

Dans le cas où l'isolement complet est impossible

il faut grouper les enfants malades dans une des extré-

mités de la salle commune, éviter leur contact avec les

enfants sains et confier leur toilette il une infirmière

habile et très soigneuse.

Conjonctivite granuleuse. Trois enfants atteints

de conjonctivite granuleuse ont été amenés à la con-

sultation. C'étaient des affections déjà anciennes. Il

est fort probable qu'il en existe quelques autres évo-

luant d'une manière torpide et qu'on retrouverait en

passant en revue tous les enfanfs. C'est là encore une

maladie contagieuse et souvent fort grave contre

laquelle il y aurait lieu de prendre de sérieuses pré-

cautions. »

Nous attribuons en partie la persistance des affec-

tions oculaires dans notre service au mauvais état des

pavillons de la section dont la plupart n'ont été ni

lessivés ni repeints, depuis leur construction, malgré

,nos fréquentes réclamations et parfois aussi il l'insuf-

fisance d'approvisionnement du linge qui fait que les

infirmières ne peuvent se conformer strictement aux

conseils que M. Poulard et nous leur donnons.

Nous écrivions en 1901 que (d'Administration avait

accordé à nos collègues et à nous, la faculté de faire

prendre des bains et des douches aux consultants qui

habitent la région, dépourvue d'établissements balnéo-

hydrothérapiques, qu'il n'en résultait pas une dépense

sérieuse pour l'Assistance publique; les malades pou-

vaient suivre leur traitement tout encont inuant à exer-

cer leur profession et sans perdre de temps. Cette

tolérance faisaithonneur il l'Administration et rendait

service aux malheureux. Nous ajoutions qu'il devrait

en être ainsi dans tous les établissements hospitaliers

suburbains et départementaux, comme l'asile de Ville-

xciv Population au 31 décembre 1903.

juif, ou municipaux comme Bicêtre, l'hospice des

Ménages à Issy, l'hospice des Incurables d'Ivry qui

devraient être des centres hospitaliers pour leur

région (1). Malheureusement M. Mouricr a donné l'or-

dre de supprimer bains et douches aux malades exter-

nes. Espérons que M. Mesureur reviendra sur cette

mesure qui ne s'explique guère.

*

..

Population ait 31 décembre 1903. Ilyavaità cette

époque dans le service 428 enfants, se décomposant

ainsi : 411 enfants idiots, imbéciles ou épileptiques,

dits aliénés et 17 réputés non aliénés. Sur ces 411 en-

fants 140 sont atteints de gâtisme; 20 d'incontinence

nocturne d'urine ; 12 de cécité complète ; 12 de

cécité incomplète; 5 de 6 G de surdité;

17 sont bègues; 7 présentent du mutisme volontaire;

56 des impulsions violentes ou des accès de colère;

63 sont menteurs à un degré pathologique ; 42 sont

atteints de daenomanie; 5 de pyromanie; 8 d'écho-

lalie; 20 de krouomanie; 39 de clastomanie ; 29 de

coprolalie ; 26 de kleptomanie ; 13 d'écliokiiésie.

8 de rumination; 2 sont déchireurs d'ongles ; 15 sont

flaireurs; 47 sont baveux; 5 sont atteints d'hyd1'O-

manie ; 7 d'hydrophobie ; 21 de coprophagie ; 57

sont onycophages; 177 sont onanistes; 17 présentent

du nystagmus; 49 sont strabiques; 7 ont présenté de

la dépression mélancolique ; 17 ont des tics convulsifs

(1) L'Assistance publique eu banlieue, disions-nous dans une

circulaire électorale (février 1b ! ) ! 1), est une question à laquelle je

me suis attaché depuis 1870, époque où fait un rapport dans

lequel j'ai demandé la création d'hôpitaux cantonaux. Depuis, la

situation s'est améliorée par la création d'hôpitaux intercommu-

naux, l'agrandissement d'hôpitaux déjà existants, la création

de l'hospice Favicr, etc..

« L'hospitalisation des vieillards est il peu près réalisée dans la

moitié des communes, mais n'existe pas dans l'autre moitié. Il

Personnel du service en 1903. xcv

(lèvres, paupières, etc.,) ; 32 ont le tic du balancement

du corps avec ou sans rotation de la tête ; 17ont untic

coordonné des mains; 16 enfants idiots sont tour-

neufs; 14 sont sauteurs; 24 sont grimpeurs. Un enfant

était atteint d'IzérzinZélié; 1 de .polydactylie ; 2 de

synclactylie ; 11 de malformations pathologiques de

la. main; 1 d 'encéph1J locèle; 2 de cyphose; ? de sco-

liose; 16 présentent des pieds-bots; 6 sont 1té7-i-tipa-

rétiques ; 18 sont paraplégiques ; 20 sont hémiplégie-

ques ; 12 sont diplégiques ; .7 sont atteints de mala-

cliede Little; 10 sont athétosiques.

Personnel du service en 1903. - Le personnel

était ainsi composé : . - .

1° Service médical : Un conservateur du Musée,-

M. le Dr J. Noir. Deux internes provisoires MM. Daru

canne et FmEDEL ; un interne en pharmacie, M. BoNlN.

M. Izou, externe des hôpitaux, a remplacé M. Dar-

canne à partir du -

2° Service scolaire : A. Grande École. - 4 insti-

tuteurs : MM. MESNARD, Landosse, Camailhag et

DERUETTE, un professeur de chant, M. SUTTER; un

professeur do gymnastique, M. Goy ; un professeur

de dessin, M. DUlIfONT; un maître de danse, M. LAN-

dosse ; deux maîtres d'escrime. - B. Petite Ecole..

M"° liGNUS, surveillante de 1" classe, M110 Bohain

(Amandine), surveillante de 2" classe, Milo 111ARlU>;T,

surveillante de 5° classe et 13 infirmières de jour

serait possible, facile même do donner satisfaction aux malades

d'une partie de la banlieue, par une entente avec l'Assistance

publique et le département en vue de la création aux hospices

d'Ivry, de Bicêtre et d'Issy, etc., de pavillons pour les. malades et

les blessés des communes environnantes. Ces annexes seraient

administrées à peu de frais et desservies par les services géné-

raux de ces maisons, restreignant ainsi très sensiblement le prix

moyen d'hospitalisation, ce qui permettrait de soigner un plus

grand nombre de malheureux.»

xcv : Personnel du service en 1903.

aidant les maîtresses d'école, après avoir terminé le

nettoyage de leurs dortoirs respectifs et accompli

leurs corvées.

3° Enseignement professionnel. - 8 maîtres dont

nous avons donné les noms à la page plus deux

infirmiers de garde. Ces infirmiers remplacent les

chefs d'ateliers momentanément absents, par exemple

pour faire des réparations dans les salles. Ils inter-

viennent quand les enfants ont des querelles, des

impulsions, des accès, pour les conduire il l'infirmerie,

etc. Ils devraient être choisis, comme nous l'avons

dit plus haut, parmi les inlirmiers ayant exercé les

professions correspondant à celles des chefs d'ateliers,

afin, redirons-nous, de remplacer, avec compétence,

les chefs d'ateliers en congé ou absents pour cause

de maladie.

4° Service hospitalier. Il se compose de M. GEl\DE1\

surveillant de 4° classe remplissant les fonctions de sur-

veillant général ; de M. UUILLOU, surveillant de 5°

classe, de M. Lelikvre, infirmier de classe exception-

nelle, faisant les fonctions de surveillant de 5° classe, de

M. Gélin, infirmier de classe exceptionnelle, plus spé-

cialement attaché au gymnase (1) ; de Milo JAMOUILLE,

faisant les fonctions do surveillante au pavillon de

l'infirmerie ; de ]\11110 Malençon, surveillante de 4°

classe (bâtiment Séguin : gâteux) ; de M,no Grtrsnnn,

surveillante de 5° classe (pavillon d'isolement) ; de

Mmo Petit-Colas, surveillante de nuit; de M. Chérel,

surveillant de 5° classe, attaché au service des bains

et douches ; d'un infirmier portier, d'un perruquier ;

de 35 infirmières, 25 de jour et 10 de nuit; de 34

infirmiers, 25 de jours et 9 de nuit; total du personnel

secondaire : 91.

(1) M. Gélin, sur notrc avis, a été dressé par DI. Goy; il l'aide

chaque jour et le remplace en cas d'absence.

Section II : Fondation Vallée.

Histoire du service pendant l'année 1903.

I.

Situation du service. -- Enseignement primaire.

La Fondation Vallée, par les diverses catégories

d'enfants qu'elle reçoit, ne correspond pas à la colonie

deVaucluse dont, lors de sa création, elle devait être

le pendant, c'est-à-dire ne recevoir ni épileptiques, ni

gâteuses, mais au service des enfants de Bicêtre, où

nous recevons, en outre des épileptiques et des hys-

tériques, toutes les catégories d'enfants idiots, ainsi

que des enfants ou dcs adolescentes atteintes d'im-

bécillité morale, avec toutes les perversions ins-

tinctives. Nous avons, à la Fondation, deux groupes

principaux : 1° les enfants idiotes et gâteuses, valides

ou non; - 2° les enfants propres, - et dans les deux

groupes, des épileptiques.

Enfants idiotes et gâteuses. - Elles étaient au

nombre de 84 au 1 ? janvier 1903 et de 78 à la fin de

l'année. Leurs installations de jour sont dans le sous-

sol du pavillon neuf. Au point de vue du traitement

les moyens et procédés sont les mêmes que ceux

décrits dans nos précédents Rapports.

13OUIINEVILLE, Bicêtre, 1903. ?

XCVHI Traitement \ILDICO-P1 : D : IGOGiQU.

Lcs idiotes gâteuses se divisent en deux catégo-

ries : a) les enfants valides qui sont envoyées à l'école

durant une partie de la journée; - b) les enfants INVA-

LIDES, qui séjournent dans le sous-sol. Ce sous-sol,

en réalité un rez-de-chaussée bien aéré, bien éclairé,

donne de plein pied sur une large terrasse, exposée à

l'ouest et sur laquelle, en été, on dresse une tente

reposant sur un sol cimenté. Chez sept d'entre elles,

nous avons pu supprimer le gâtisme. Pour qu'on se

rende compte de la possibilité d'améliorer ces enfants,

voici quelques renseignements sur celles qui, parties

de très-bas, ont fait de sérieux progrès.

I-IIr311... (Blanche), âgée de Il ans et demi, est entrée à la

Fondation Vallée le 2 mai HJ02, atteinte d'idiotie tnyraedén2a-

(eu.se. Elle ne disait pas un mot, elle poussait seulement un

son rauque. Elle ne marchait pas, se tenait a peine debout;

gâtait nuit et jour; ne mangeait pas seule et ne prenait que

des aliments peu consistants, car la mastication était lente

et ditlicile. Elle ne s'aidait en rien, il fallait procéder il son

habillement et il sa toilette comme à une enfant de quelques

mois. La physionomie était sans expression, le regard était

indifférent, les sentiments affectueux n'étaient pas plus déve-

lohhés cluc son intelligence, l'enfant n'était pas méchante,

mais elle était indifférente avec tout le monde. Le teint était

cireux, les mouvements très embarrassés, très lourds. II : IIitI...

résumait en elle tous les symptômes qui caractérisent l'iclio-

tie m¡jxoedémateuse.

Elle a été mise en traitement par la glande thyroïde dès le

début; de même qu'elle a suivi aussitôt les premiers exerci-

ces de notre enseignement : exercices de la parole, de la

marche, traitement du gâtisme, etc.

Peu à peu la physionomie s'est éveillée, le teint s'est éclair-

ci, les mouvements de l'enfant sont devenus plus vifs. A

mesure qu'elle se développait physiquement, elle devenait

attentive il tout ce qui se passait autour d'elle : cherchait à

répéter quelques mots tels que : maman, papa, tata, attends,

etc. ; essayait également de tenirscule sa cuiller pour manger.

Aujourd'hui, un changement merveilleux s'opère de jour

en jour chez cette enfant : la physionomie devient expressive :

le regard vif et brillant indique un certain degré d'intel-

RÉSULTATS.' XCIX

lig'ence; elle s'intéresse atout, comprend tout ce qu'on lui dit.

Elle est très affectueuse et caressante et sait se faire aimer

des personnes qui l'entourent. Son gracieux sourire, sa bonne

figure réjouie, ses mille gentillesses, attirent l'attention de

tout le monde. Elle mange seule, se sert facilement de la

cuiller, la mastication est beaucoup moins lente qu'au début.

La parole se développe en essayant de répétertout ce qu'elle

entend; construit même de petites phrases, en disant princi-

palement la fin des mots; ainsi, par exemple, le matin

lorsqu'elle aperçoit son infirmière, elle accourt au devant

d'elle et lui dit : « S ou maman, brasse ? » ce disant, elle tend

ses petits bras pour qu'on la prenne et sa joue pour être

embrassée. Elle imite, également ce qu'elle voit faire; aide

il s'habiller et à se déshabiller. L'enfant est devenue tout à

fait propre; le jour elle demande : «papa, pipi, ou popo, caca

selon le besoin qu'elle éprouve.

L'enfant marche maintenant toute seule, elle trottine par-

tout avec aisance; monte et descend les escaliers en se tenant

des deux mains à la rampe et paraît fière de pouvoir faire

cet exercice sans l'aide de personne.

Elle va en classe et s'intéresse aux principaux exercices :

les livres et les cahiers qu'elle feuillette, l'amusent; les gra-

vures attirent son attention : Blanche rit aux éclats et pousse

des exclamations quand elles sont grotesques.

. En un mot, l'enfant est très améliorée sous tous les rapports

et les progrès réalisés jusqu'à ce jour peuvent faire espérer

un bon développement physique et intellectuel lent, mais sur. z

BeL ? (Marguerite), 4 ans 1[2. Idiotie complète. -A l'en-

trée, le 19 septembre 190 ? , parole et marche nulles, gâtisme'

absolu; malgré cela, elle avait la physionomie assez expres-

sive et, de prime abord, paraissait plus intelligente qu'elle

ne l'était réellement (1). Elle était turbulente au possible,

il aurait fallu la tenir constamment dans ses bras pour éviter

une rage. Quand on refusait de la porter, elle pleurait, criait

i, gorge déployée pendant des heures entières, à tel point

qu'on aurait pu croire qu'elle était maltraitée. Elle ne mar-

chait pas et ne disait aucun mot, elle gâtait nuit et jour.

Cette enfant mise en traitement dès le début a déjà fait des

(1) Le défaut de correspondance de la physionomie avec l'état réel n'est

pas rare. - Même défaut de correspondance, souvent, entre la parole et l'é-

tat réel. 1

C Traitement médico-pédagogique.

progrès. Elle est devenue affectueuse et caressante pour les

personnes qui la soignent, elle marche sjuleet court de tous

côtés comme un vrai furet. Elle aime beaucoup entendre le

chant et la musique, fredonne certains airs mais ne dit que

ces deux mots : maman, bobo. Elle boit et mange seule, ce

qu'elle ne faisait pas à son entrée. Elle gâte rarement la nuit,

quand on a soin de la faire lever, il en est de même dans la

journée quand on la met souvent sur le siège. Amélioration.

Idiolie et épilepsie. - COUL.. (Marie), .10 ans. A l'entrée

à la Fondation le t'juin 1901, la physionomie de l'enfant man-

quait d'expression, son air était hébété, le regard vague et

sans but, rien chez cette enfant n'annonçait l'intelligence.

Elle parlait, mais avait un défaut de prononciation pour

la lettre r; ainsi pour dire travaille, elle prononçait tavaille;

elle disait bonjou, pour bonjour; ouvoi, pour ouvroir ; en

somme le langage était tout à fait enfantin. Le caractère

était triste, maussade. Elle ne prenait part il aucun jeu.

Elle n'était pas du tout expansive et restait inerte une partie

de la journée. Toutes les branches de l'enseignement lui

étaient totalement inconnues.

Sous l'influence du traitement, une vraie métamorphose

s'est opérée. Elle n'a eu qu'un seul accès d'épilepsie depuis

son entrée ; aussi l'enfant s'est développée sous tous les rap-

ports-. La physionomie s'est éveillée, le regard est devenu

vif et pétillant, elle a aujourd'hui un air futé et malin qui

dénote une certaine intelligence. Tout défaut de prononcia-

tion a disparu, elle s'exprime avec facilité et soutient une

conversation. Une grande activité a remplacé l'inertie d'au-

trefois ; l'humeur maussade, qui lui était habituelle, a fait

place à la joie et il la gaité. Elle met beaucoup d'entrain

dans tout ce qu'elle fait; elle s'habille et se donne les soins

de toilette nécessaires, elle aide au ménage, aime il se rendre

utile. Eu classe, ses progrès n'ont pas été moins rapides, elle

sait faire une copie, commence à syllaber et connaît l'addi-

tion. Elle a réalisé de réels progrès en coulure, l'enfant tra-

vaille aux tabliers, aux robes ; elle commence à repasser,

autant de choses qui lui étaient inconnues il son entrée. Elle

fait bien la gymnastique, cette occupation rentre dans son

élément parce qu'elle est vive et agile et aime tout ce qui

demande du mouvement. En somme, cette enfant a fait

beaucoup de progrès et est en très bonne voie d'améliora-

tion.

RÉSULTATS. 1 CI

Imbécillité, perversions instinctives, fugues, kleptoma-

Mte.MAHZOHA.... (Georgette), 1'tans. A l'entrée à la Fonda-

tion (mars 1902), la physionomie indiquait une certaine in-

telligence, mais peu de franchise, le regard était sournois,

elle était peu affectueuse et peu expansive. Le caractère était

irritable a l'excès; elle s'emportait il la moindre contrariété,

ne pouvait pas supporter le voisinage de ses compagnes. De

plus, elle était très bizarre : elle s'actionnait des heures en-

tières à s'amuser avec un rien, par exemple à attraper les

mouches, aies enfiler dans une aiguillée de fil et les compter

par centaines; d'autrefois, elle recherchait la société de cer-

taines de ses compagnes plus jeunes et bien inférieures à

elle comme intelligence, les amusait d'ahord, puis finissait

toujours par les taquiner et les faire pleurer et paraissait

satisfaite quand elle arrivait à son but. Elle possédait cer-

taines notions au point de vue scolaire, mais un rien la dis-

trayait et la portait à rire, elle empêchait souvent ses compa-

gnes de travailler. Elle était il surveiller pour le vol, elle

s'appropriait facilement les affaires de ses compagnes.

Aujourd'hui, l'enfant s'est améliorée, elle se rapproche

beaucoup d'une enfant à peu prés normale. Le caractère

laisse encore à désirer, mais elle est cependant moins colé-

reuse et moins répondeuse qu'autrefois. Ses idées et son

langage sont moins bizarres. Elle rechercherait encore la

société des plus petites plutôt pour s'amuser que pour les

taquiner. Nous n'avons aucune fugue. Il y a chez elle de

l'enfantillage dans ses paroles, (1,,iis ses jeux, dans ses habi-

tudes, mais on ne remarque ni vice, ni perversions instinc-

tives, elle n'a pas de mauvaises habitudes. Sa tendance pour

la kleptomanie a disparu. L'enfant a fait de réels progrès en

classe, puisqu'elle a pu obtenir le certificat d'études.

Elle a également fait beaucoup de progrès pour l'ouvroir,

elle est même très adroite et pont devcnir une bonne coutu-

rière. Elle est également habile pour certains travaux ma-

nuels qu'elleconfectionne avec goût. Elle repasse bien, fait

la gymastique avec beaucoup de souplesse et d'agilité et là,

comme ailleurs, ses progrès sont sensibles.

Imbécillité avec mouvements choréiques. - LASCO.. (Ga-

brielle), 13 ans. l'entrée z2 janvier 1903), le visage de

l'enfant était pâle, la physionomie avait une empreinte de

tristesse et de mélancolie, comme si elle s'était rendue compte

de son état. Elle causait peu, la voix était tremblotante, la

parole lente et saccadée. Les sentiments affectifs n'étaient

en Traitement 111·.DIf.O-PI ? D : IGOssIQUG.

nullement développés, elle recherchait plutôt la solitude, son

regard était timide cl; indifférent avec, tout le monde. Les

mouvements brusques des bras et des jambes ne lui permet-

taient pas de se donner les soins de toilette nécessaires; au

réfectoire elle avait do la peine il porter les aliments à sa

bouche et en répandait fort souvent sur la table. Sa démarche

était chancelante et son allure désordonnée. Son intelligence

était tout à fait réfractaire à l'étude et sa mère déclare qu'on

n'avait jamais pu lui rien apprendre en classe, elle faisait le

désespoir de ses maîtresses d'école. Quand elle est arrivée

parmi nous, elle connaissait à peine les lettres, les nommait

avec peu d'assurance, l'écriture était peu près nulle, comme

l'indique du reste ses cahiers pendant sa période choréique;

elle connaissait et savait faire les chiffres. Tout son savoir

consistait en ces quelques notions.

L'enfant a été mise en traitement dès le début (douches,

capsules de bromure de camphre, gymnastique). En quelques

mois une grande amélioration s'est manifestée sous tous les

rapports. La physionomie a pris, peu à peu, une expression

toute réjouie, l'air maussade et mélancolique a fait place petit

petit à une gaîté et un enjouement continuels; elle est

devenue affectueuse et serviable avec le personnel, très com-

plaisante avec ses compagnes, principalement avec les plus

petites, elle s'intéresse à elles, les place sous sa protection

et leur donne gentiment les soins qu'elles réclament.

Au point de vue scolaire, elle a également fait des progrès,

l'écriture est devenue très lisible, la copie est bonne, elle

commence à faire quelques devoirs de grammaire, connaît

l'addition. Elle lit par syllabes et tout donne Ù espérer que

d'ici quelques jours la lecture de l'enfant sera courante.

Elle aime la gymnastique, sait faire tous les mouvements,

y est devenue très agile. Elle se livre avec plaisir aux travaux

de couture, s'y prend bien cl.,n'est. pas maladroite. Inutile

d'ajouter que l'enfant ne pouvait suivre aucun de ces exer-

cices à son entrée. - En somme, elle a fait, en tout, des

progrès sensibles.

Imbécillité prononcée, turbulence nocturne, onanisme.-

\ItL.. ( : \lice), âgée de 1 ans, A l'entrée à la Fondation le 12 jan-

vier 1903, atteinte d'imbécillité prononcée, avec turbulence

nocturne et onanisme fréquent, la physionomie était peu

expressive, le regu'd n'annonçait aucune intelligence, elle

parlait, mais zézayait un peu. ne construisait que des phra-

ses très courtes, répondait il peine quand on l'interrogeait.

RÉSULTATS. CIII

Le caractère était turbulent, quelquefois vif à l'égard de ses

compagnes, timide avec le personnel et par conséquent fort

peuexpansif. Elle s'habillait et se déshabillait très lentement

ne procédait nullement à ses soins de toilette. Le sommeil

était agité; elle se levait souvent dans la nuit, elle se livrait

à l'onanisme, malgré une grande surveillance ; la santé do

l'enfant en était altérée, car elle était pâle, les yeux cernés

et sa maigreur était inquiétante.

De plus, l'enfant n'avait aucune aptitude pour ce qui con-

cerne l'enseignement, ne se rendait nullement compte de

l'utilité de la classe ; les lettres, les chiffres, l'écriture, la

gymnastique, tout était inconnu pour elle. Rien ne faisait

présager de grands progrès, cependant un grand change-

ment s'est opéré dans l'état général de l'enfant. Le visage

a pris une certaine expression, le regard est doux et vif il la

fois, le défaut de prononciation a totalement disparu. Elle

n'est plus aussi turbulente, s'accorde bien avec toutes ses

compagnes, elle est serviable, s'acquitte exactement de l'em-

ploi qu'on lui donne, procède à toute sa toilette avec soin.

Ajoutons aussi que le sommeil de l'enfant est tranquille et que

ses mauvaises habitudes ont disparu. Le tempérament de

l'enfant est meilleur, elle a bonne mine, l'état général est

bon. -

En classe ses progrès ont été, pour ainsi dire rapides, pour

une enfant atteinte d'un tel degré d'imbécillité : elle a appris

à écrire, fait bien une copie, commence à assembler les syl-

labes, compte jusque 100 et sait écrire jusqu'à ce nombre,

fait une petite addition. Elle est agile pour la gymnastique,

elle qui, au début, paraissait avoir une difficulté insurmon-

table. Elle commence il coudre, fait hien un ourlet, l'enfant

savait peine tenir une aiguille à son entrée. Amélioration

notable.

Imbécillité, excitation et impulsions violentes. Lésa..

(Marguerite), 15 ans, entrée il la Fondation en avril 1901.

A son arrivée, la physionomie de l'enfant était dure, le carac-

tère laissait beaucoup : \ désirer sous tous les rapports, elle

était susceptible et irritable à l'excès. Elle se mettait dans

des rages épouvantables pour le motif le plus futile. Elle

criait à gorge déployée, jetait des cris, poussait des rugisse-

ments comme une bête fauve, tapait des pieds, s'arrachait la

chevelure des deux côtés de la tète à un tel point que ses

cheveux étaient tout; à fait clairsemés et très courts.

En outre, sa tenue était déplorable, elle se déshabillait

CIV Traitement TfFlI11 : 0-l'IsDAG001QLTG.

continuellement, ne gardait ni jupon ni pantalon, changeait

ses effets avec ses compagnes ou bien elle les déchirait : elle

agissait en un mot comme une enfant qui n'a pas un brin de

raison. Elle était répondeuse et malhonnête, ne supportait

pas la moindre observation.

Elle avait une certaine mémoire pour les leçons scolaires,

mais n'y mettait aucune bonne volonté. Elle s'amusait à

lire et à bavarder avec ses compagnes. L'enfant avait aussi

de réelles difficultés pour la gymnastique et n'y mettait au-

cune bonne volonté, prétendait qu'elle avait une hernie et

qu'elle ne pouvait se livrer à cet exercice. En somme, l'en-

fant présentait des bizarreries de caractère et était très diffi-

cile à diriger.

Peu à peu son caractère s'est modifié, ses accès de colère

sont devens moins fréquents, ses moments d'excitation ont

fait place à un calme régulier. Elle est devenue plus polie et

plus complaisante à l'égard du personnel, son raisonnement

est devenu meilleur, l'enfant a même aujourd'hui un certain

jugement. Elle est devenue très propre et très soigneuse de

sa personne, minutieuse dans sa toilette, Au point de vue

scolaire ses progrès n'ont pas été moins rapides, elle y a mis

de l'application, de la bonne volonté et a pu obtenir le certifi-

cat d'études. Elle suivait également bien tous les exercices

de la gymnastique. Sous le rapport de la couture, l'enfant

a bien appris à coudre; elle y mettait d'autant plus d'ardeur

qu'elle voulait en faire son métier. Vu cette amélioration

notable, elle a été rendue à sa famille dans le courant de

l'année.

For.. (Louise), idiot ie complète, 8 ans, entréele 1 ? décembre

1899, cécité. Cette enfant était très chétive, sa physionomie

était insignifiante et inspirait la pitié, à cause de son mauvais

état général. Elle ne mangeait, ni ne buvait soûle, ne pouvait

même pas se tenir sur les jambes, la parole était nulle. Elle

gâtait nuit et jour. Rien ne pouvait faire présager la moindre

amélioration chez cette enfant; cependant elle est parvenue

a marcher seule, à s'alimenter elle-même assez proprement.

Elle parle franchement et sans le moindre défaut de pronon-

ciation. Elle est propre le jour, va elle-même sur le

siège ou bien elle se dirige de ce côté, la nuit il suffit de la

faire lever une ou deux fois pour qu'elle soit tout à fait propre.

Amélioration.

LAR.. (Marcelle) idiotie m¡¡xoedhnatcuse, âgée de 8 ans. Lors

de son entrée à la Fondation Vallée, le Ifi mars 1901, laphy-

Traitement llfi : Dll : O-PÎ'sD9G001Qi,'I : . cv

sionomie peu expressive n'annonçait aucune intelligence ; elle

marchait seule, mais sa démarche était lourde; elle se dan-

dinait de droite il gauche; ne courait, ni ne sautait. L'enfant

parlait, mais elle zozotait il chaque mot et il fallait être

habitué à son langage pour saisir ce qu'elle disait, la voix

était nasillarde et voilée. Elle mangeait seule et ne se servait

que de la cuiller; elle ne gâtait pas, mais était incapable de

se donner le moindre soin de propreté, ne savait ni s'habiller,

ni se déshabiller.

Au point de vue intellectuel, l'enfant n'était pas plus avan-

cée, cela va sans dire, elle ne connaissait que les différentes

parties de son corps, de ses vêtements et les principaux

objets usuels. Nulle notion scolaire.

Les premiers jours de son entrée, l'enfant a été mise en

traitement par la glande thyroïde; de même qu'elle a suivi

dès le début tous les exercices classiques, voire même le chant

et la gymnastique. Peu il peu, une vraie métamorphose s'est

opérée en elle. Aujourd'hui, Marceite est en très bonne voie

d'amélioration et ses progrès sont même assez rapides. Le

regard, vif et éveillé, indique l'intelligence ; le sourire, doux et

gracieux rond la physionomie agréable et expressive.

En classe, elle commence à écrire, forme à peu près toutes

les lettres, les distingue les unes des autres, ainsi que les

chiffres; elle apprend par coeur des petites fables. L'enfant

est vive, alerte dans ses mouvements; marche, court, saute

avec agilité; parle facilement, s'exprime avec volubilité,

soutient bien une conversation, fredonne des chansons, ne

zézaie plus, la voix est plus claire. ,

Marcotte s'habille et se déshabille seule, se lace, se

boutonne elle-même, aide même quelques-unes de ses

compagnes qui ne peuvent le faire; se débarbouille elle-même,

prend plaisir à barboter dans l'eau. Elle suit tous les exerci-

ces des grandes va il l'ouvroir, au chant, il la danse; fait

également la gymnastique, il laquelle elle se montre très

agile; elle prend un petit air d'importance quand elle se rend

à ces différents exercices. Actuellement, elle est comme une

enfant normale de (i à 7 ans. Amélioration très notable.

RoniL... (Isabelle), âgée de 9 ans, entrée a la Fondation

Vallée, le 25 novembre 1902, atteinte d'imbécillité, à un

degré très prononcé, avec strabisme très accusé, nystagmus

intermittent et mouvements choréiformes.

D'après ce diagnostic, il est facile de comprendre que

l'état général de l'enfant laissait beaucoup à désirer. La

cvi Traitement 11"DICO-PÉDGOCiOl.l ?

physionomie avait une expression gauche et embarrassée,

son regard n'avait aucune fixité, elle possédait l'usage de la

parole, mais son air timide, l'empêchait de répondre directe-

ment aux questions. Elle parvenait avec beaucoup de dilficul-

tés à s'habiller et à se déshabiller, les mouvements choréiques

se renouvelant très souvent y mettaient un grand obstacle.

Vu cette incapacité, l'enfant était triste, tout était pour elle

un sujet d'ennui, aussi la voyait-on très souvent se mettre

dans un coin et pleurer il chaudes larmes.

Au point de vue scolaire, elle était nulle. A cause de son état

elle n'avait pas fréquenté l'école; sa vue aussi bien que ses

mouvements opposaient de grandes difficultés a son avance-

ment ; rien ne faisait présager une sérieuse modification.

Après (i mois de traitement, un changement assez marqué

s'est opéré dans toute sa personne, sous le rapport physique

comme intellectuel. Les mouvements choréiques et désor-

donnés ont disparu petit il petit, la physionomie n'avait plus

cet air inquiet et peiné, un grand calme et une réelle sérénité

remplaçaient la mélancolie et la tristesse.

Aujourd'hui, elle s'amuse bien en récréation et prend part

à tous les jeux de ses compagnes, sa conversation est inté-

ressante, l'enfant raisonne comme un petit personnage. Ainsi

qu'à son entrée, elle s'habille et Se déshabille seule, mais le

fait avec beaucoup plus d'adresse, se débarbouille elle-même,

en un mot procède entièrement seule aux soins concernant

sa toilette.

En classe, l'enfant montre une application soutenue, mais

la vue est toujours mauvaise, elle a du strabisme convergent

double, l'oeil gauche est fortement dévié en dedans ce qui

l'empêche de distinguer les lettres à première vue. Malgré

tous ces inconvénients, elle a a appris à écrire, les lettres et

les chiffres sont bien formés, elle commence il copier, assemble

les lettres. Tout porte a croire que l'enfant lira couram-

ment dans le courant de l'année. La mémoire n'est pas

mauvaise, l'enfant récite des fables et fredonne des chanson-

nettes. -

Elle s'applique bien il l'ouvroir, aime les travaux à l'aiguille,

on la voit confectionner des effets pour sa poupée. Elle

travaille bien a la gymnastique et y met beaucoup de bonne

volonté. L'attitude de cette enfant s'est améliorée et ses

progrès sont notables.

Rida... (Jeanne), âgée de 16 ans, entrée it la Fondation le 13

octobre 1902, atteinte d' imbécillité avec périodes d'excitation.

Traitement MÉDICO-PÉDAGOGIQUE. cvn

A son entrée, la physionomie de l'enfant n'indiquait aucune

intelligence, le regard était sournois, elle savait parler, mais

était incapable de tenir conversation, l'attitude était embar-

rassée. Le caractère était triste, maussade; les premiers

jours de son arrivée, l'enfant avait eu, sans motif déterminé,

une période de mélancolie plus prononcée que d'habitude. Il

s'en était suivi des idées de suicide : certain soir au préau,

on l'a surprise cherchant à s'étrangler avec le cordon de sa

chemise.

Elle procédait mal à ses soins de toilette, s'habillait et se

déshabillait avec lenteur. Elle n'avait aucun goût pour les

travaux de couture, ni aucune notion de la gymnastique

paraissait môme avoir pour ce dernier exercice des difficultés

insurmontables. Elle était également très en retard au point

de vue scolaire, ne connaissait ni lettres, ni chiffres, ne savait

pas écrire; vu son âge avancé, elle ne donnait pas à espérer

de grands résultats.

Aujourd'hui un changement notable est survenu, malgré

tout. La physionomie est plus franche et plus expressive, elle

est beaucoup plus affectueuse et expansive, tient facilement

conversation avec ses compagnes, ello est serviable avec le

personnel, n'a plus les idées noires qui la portaient à atten-

ter à ses jours; n'a ni période d'excitation, ni de mélancolie.

Le caractère est devenu réellement calme et tranquille. Elle

procède minutieusement, aux soins de propreté, sa tenue est

correcte.

En classe, elle a également fait des progrès, commence à

lire par syllabes, l'écriture est lisible, fait bien une copie,

commence à faire de petites additions. Elle commence à cou-

dre, se rend sans peine il la couture et au repassage. Elle

suit avec facilité les exercices de gymnastique, elle est

beaucoup plus souple et plus agile dans ses mouvements.

En résumé les progrès de cette enfant sont très sérieux.

L'amélioration notable acquise chez ces enfants

atteintes d'idiotie complète, d'idiotie profonde ou d'im-

bécillité trèsprononcée montre nettement qu'on peut

obtenir des résultats au moins analogues ou plus

considérables, à plus forte raison, chez des enfants

moins malades, imbéciles et arriérés. Nous pourrions

relater de nombreux exemples du même genre qui

CVIII IR.WTrIIIG\T'l'\IrDICO-P1 : D9GOGIQUrS.

n'ajouteraient rien aux précédents, tout à fait démons-

tratifs.

2° Enfants idiotes, imbéciles, épi(eZticiues, etc.,

Valides. - Enseignement primaire et enseignement,

professionnel. Les procédés employés sont les mêmes

qu'à la section de Bicêtre. Les améliorations réalisées

dans les écoles des garçons sont introduites immédia-

tement à la Fondation. L'idéal que nous poursuivons

consiste à occuper les enfants du matin jusqu'au soir,

en variant le plus possible les exercices. Les jeux

mêmes doivent contribuer à leur éducation.

Au lever, on apprend aux enfants à faire leur toilette,

leur lit, a nettoyer leur dortoir, it brosser leurs vête-

ments. Aux repas, on surveille les enfants qui savent

manger seules et on corrige leurs mauvaises habitu-

des ; on apprend aux autres à se servir de la cuiller,

de la fourchette, etc. Nous no cessons de répéter

au personnel de surveiller avec le plus grand soin

les aliments, d'enlever les fragments d'os ou de

tendons, susceptibles de produire des accidents, de

couper les aliments en très menus morceaux, de veiller

à la mastication et à la déglutition. Sur 236 enfants

présentes à la fin de l'année, GO savent se servir

do la cuiller, de la fourchette et du couteau ; 80 de la

cuiller et de la fourchette : 52 de la cuiller seulement;

44 ne savent pas manger seules. -

200 enfants ont fréquenté l'école et ont été exercées

à la gymnastique des échelles et des ressorts;

80 enfants participent aux exercices de la grande

gymnastique, sous la direction de M. Goy et de

la surveillante Nui ? Athénaïs 13oI3m. Les leçons de

M. GOY ont lieu une fois par semaine, le jeudi; elles sont

répétées par M"1" Boiiain et ses aides. Mais, en raison

de l'augmentation de la population, il serait nécessaire

Puberté. MX

que le professeur donnât doux leçons par semaine.

L'Administration départementale et la Commission

de surveillance ont reconnu la légitimité de notre

demande, déjà renouvelée plusieurs fois, et l'ont

signalée à l'Administration de l'Assistance publique,

dont nous attendons toujours la réponse.

Les leçons de choses, multipliées le plus possible,

ont lieu à la classe, dans les promenades et surtout

dans les jardins dont les arbres, les arbustes, les plan-

tes, etc., sont étiquetés. - Les détails dans lesquels

nous sommes entré dans nos Rapports de 1890 à 1902

au sujet de l'habillement (mannequin spécial), de

l'éducation de la digestion, de la respiration, de la

circulation et de l'hygiène sexuelle, nous dispensent

d'y revenir cette année.

Notre personnel surveille attentivement l'appari-

tion et le développement de la puberté. Dès l'appa-

rition des poils sous les aisselles et sur le mont de

Vénus, elles préviennent les fillettes qu'il s'agit-là

d'un fait naturel. On évite ainsi certaines inquiétudes

et des actes bizarres. Il en est qui s'ingénient à s'arra-

cher les poils sous prétexte que c'est de la malpro-

preté, ou qui les coupent. Lorsque les seins ont pris un

certain accroissement, que le système pileux devient

de plus en plus abondant, on les avertit de prévenir

si elles éprouvent des douleurs dans les reins ou le

bas-ventre et s'il leur arrive de perdre un peu de

sang. A la première apparition des règles, on complète

les renseignements et on leur donne des conseils sur

les précautions à prendre. Les époques, avec leurs

caractères (douloureuses ou non, abondantes ou non,

durée, etc.) sont notées ; on nous signale les pertes

blanches qui les précèdent ou les suivent ainsi que les

suspensions. Enfin on habitue les fillettes aux soins.

ex Enseignement du dessin.

de propreté. C'est ce que les mères de familles, les

institutrices, les maîtresses de pension devraient faire

toutes.

De même qu'à Bicêtre, nous procédons il l'examen

des organes génitaux et nous suivons l'apparition et

l'évolution de lapuberté. Cet examen a licu à l'entrée,

puis tous les ans ou tous les six mois, suivant l'utilité.

Nous sommes aussi en mesure de constater les lésions

qui peuvent se produire. L'examen, il l'entrée, nous

permet, en cas de rapports sexuels durant les congés,

de comparer avec l'état génital de l'enfant il son

arrivée.

Enseignement du dessin. - Cet enseignement,

est fait par M. Dumont. Il donne aux jeunes filles, au

nombre de 30, divisées en deux séries, une leçon tous

les jeudis de 8 1/2 à 9 heures 1/2 du matin. Voici

quelques notes concernant cet enseignement :

Conformément à nos instructions il s'est occupé

successivement de tous les enfants, en mesure de

profiter de cet enseignement. Voici le résumé qu'il

nous a remis pour 1903 :

30 fillettes divisées en 2 séries ont participé à cet

enseignement. La première série est composée des

élèves qui ont suivi le cours de dessin l'année précé-

dente. La deuxième série est composée de jeunes

débutantes, que nous espérons amener progressive-

ment au niveau de leurs aînées.

Les cours sont faits avec des modèles copiés d'après

nature; nous avons pris cette année les modèles de

dessin parmi les collections officielles de la Ville de

Paris; ce sont des plâtres représentant des feuilles

d'acanthe, de lierre, de vigne, de laurier et des motifs

d'ornement.

Chant, danse. cxi

Dans la série des objets usuels, nous avons pris

comme modèles des entonnoirs, des arrosoirs, des

cuillères à pot, soupière, marmite, des boites au lait,

etc. La plupart de ces modèles ont été reproduits par

les jeunes élèves dans leur proportion respective et

quelques-unes en ont indiqué les ombres avec beau-

coup de goût et d'application. ,

Enseignement dit chant. Cet enseignement

est fait depuis 1895, à titre gracieux, par M. Eugène

Sutter, professeur de chant à l'asile-école de Bicêtre.

De même que les années précédentes, M. Butter s'est

occupé successivement de toutes les enfants, en état

de profiter dans une mesure quelconque de son ensei-

gnement. 100 enfants y ont participé, - La classe spé-

ciale de théorie musicale et de solfège a donné de bons

résultats; 10 enfants ont suivi cette classe. Comme

les années antérieures les enfants les moins atteintes

ont appris des mélodies et des petites romances chan-

tées dans les concerts organisés par les garçons de

l'hospice et aux. réunions du samedi. Toutes y ont

pris un réel intérêt et y ont apporté beaucoup de bonne

volonté.

Danse. Les exercices de danse ont lieu sous la

direction de M. 1,\.NDO.SII, instituteur 131(êtUe,, tous

les mercredis de à à o heures et le dimanche, après la

visite des parents, sous la direction de la surveillante.

- 180 enfants ont pris part à ces exercices; 102 savent

danser la polka. 8 connaissent la polka, la mazurka

et la scottish ; 12 connaissent toutes les danses de

caractère et les différentes ligures du quadrille.

eXIl Enseignement professionnel.

Enseignement professionnel . A mesure que les

enfants se développent, on leur apprend tous les soins

du ménage, mettre et à retirer le couvert, a nettoyer

les réfectoires, laver la vaisselle, etc. (1). Une vingtaine

des moins arriérées aident le personnel it apprendre

à manger' aux enfants incapables de manger seules

et à perfectionner celles qui mangent malproprement.

Les deux ateliers que nous possédons ont continué

à fonctionner régulièrement. Le travail, évalué par

M. Maupré, économe de Bicêtre, d'après le tarif réduit

do l'Administration, s'est élevé à 2.777 fr. 40 pour

l'atelier de coulure, dirigé par 1\I ? Eiiiimann et à

1.019 fr. 70 pour l'atelier de repassage dirigé par M"'Il

Barbet. Total 3.797 fr. 10.

Nous avions essayé de monter il y a quelques années

un atelier de composition typographique, qui n'a pas

réussi faute d'une véritable entente et surtout d'un

crédit pour le maître. Nous aurions voulu avoir aussi

un atelier de brochage dont l'organisation a rencontré

malheureusement aussi des dillicultés imprévues et

surtout une petite buanderie. Pour celle-ci, d'une

utilité incontestable, nous ne disposons malheureuse-

ment pas d'un local approprié. Cette lacune sera

comblée en 1904, car le Conseil général vient d'approu-

ver le projet de construction d'une petite buanderie.

Pour étendre les connaissances pratiques de nos

malades, donner plus de variétés à leurs travaux de

couture et de repassage, nous avons autorisé les

sous-employées à faire repasser ou coudre une partie

(1) Si nous ne faisons pas apprendre la cuisine aux plus ayan-

cées de nos malades, c'est parce qu'il n'y a pas de cuisine à la

Fondation, les aliments venant tout préparés de la cuisine de

Bicêtre.

EVALUATION DU Tlt1VAIL.

cxiii

de leurs objets de toilette, bien entendu en dehors

des heures régulières de travail. Le travail, de ce

fait, ne rentre pas naturellement non plus dans les

évaluations qui sont faites par l'Administration.

En plus des apprenties qui travaillent par séries

régulières, 30 ont travaillé une heure par jour. 8

enfants savent faire complètement les layettes ; 15 du

crochet et de la dentelle; 4 savent faire de la tapisse-

rie ; 2 savent tricoter. Le tableau suivant donne

mois par mois le nombre des apprenties régulières

et l'évaluation du travail. ,

C.XIY

VISITES, CONGÉS.

enfants, a été le même depuis 1890 jusqu'à la fin de

novembre 1902. Pour des raisons qu'on n'a pas cru

devoir nous faire connaître, ce tarif est notablement

abaissé depuis le 1b`' décembre 1902. Voici le tableau

comparatif : .- -

Promenades, distractions. cxv

D'une façon générale, sauf quand il s'agit des con-

gés d'essai, à fin de sortie, nous ne tenons pas foi

accorder des congés de plus de cinq jours, parce que le

séjour des enfants dans leurs familles se prolongeant,

il est moins facile de les faire rentrer et surtout

parce qu'elles reprennent vite, chez elles, leurs

anciennes habitudes; que, à leur retour, elles se plient

moins bien à la discipline et travaillent avec moins

d'ardeur (1). Nous avons demandé maintes fois, sans

résultats il l'Administration de rappeler aux familles

qu'elles ne doivent pas, dans l'intérêt même de leurs

enfants, dépasser la durée des congés accordée.

La Commission de surveillance a visité la Fonda-

tion Vallée le 21 avril. La Commission du Conseil

général n'a pas fait sa visite annuelle.

Promenades. -Elles ont lieu deux fois par semaine,

soit dans les communes voisines, soit il Paris. Le

nombre des enfants qui prennent part à ces prome-

nades, avec leçons cle choses, varie de 60 à 80.

Distractions. Comme les années précédentes,

et sans qu'il soit survenu des inconvénients de la pré-

sence simultanée à ces réunions des enfants des deux

sexes, les petites filles de la Fondation Vallée ont

participé en 1903, il toutes les distractions données

aux garçons de Bicêtre et dont l'énumération figure

dans le Compte-rendu de la section des garçons de

cet établissement. Le manli-UI'as et à la mi-carême

(1) Les permissions de sortie et les congés de 1 à 5 jours ont

donné 740 journées qui sont payées 2 fr. 20 par le département à

l'Assistance publique, soit un bénéfice de 1.Ij'2S fr.. ? i l'on ajoute à

ce chiffre celui du bénéfice du travail professionnel soit 3.i'17 fr.,

on voit que nous réalisons il l'Administration un bénéfice de

5.425 fr. qui devrait amener l'Administration Ù se montrer plus

libérale envers la Fondation et la doter progressivement de tout

ce qui est nécessaire au traitement méVico-1W Uuobiclue.

CXVI Traitement thyroïdien.

53 fillettes ont été déguisées. Elles ont pris part il la

promenade dans les sections d'aliénés, dans les cours

de l'hospice et ont dansé dans l'après-midi.

Améliorations diverses. M"10 Athénaïs Bohain,

surveillante de 3" classe à l'infirmerie des enfants de

Bicêtre a été promue surveillante en chef il la Fonda-

tion Vallée; M"0 Briot, infirmière a été nommée

infirmière de classe exceptionnelle. - Au nombre des

améliorations nous signalerons : réparations du treil-

lage de la cour du gymnase, réfection de la peinture

du réservoir qui alimente les bains et les douches;

ravalement du pavillon de l'Infirmerie ; lessivage

des dortoirs du bâtiment neuf. Enfin, rappelons qu'en

raison des modifications des heures de travail du

personnel de jour et du personnel de nuit, introduites

dans le nouveau règlement, il a été créé deux emplois

nouveaux d'infirmières de jour.

Teigne. Sept enfants ont été soignées pour la

teigne au pavillon d'isolement de la section de Bicêtre.

A la fin de l'année, il ne restait plus que 4 fillettes en

traitement.

Maladies infectieuses. Six fillettes ont été soi-

gnées au même pavillon pour la varicelle; douze pour

la rougeole : l'enfant Bass y est décédée des suites de

b1·oncho-lm2ec11zoni.e. L'enfant lIuy.... y a été égale-

ment soignée pour un érysipèle de la face.

Maladies intercurrentes. 14 enfants ont été soi-

gnées à l'inlirmerie pour bronchite; 2 pour broncho-

pneumonie; 1 pour fracture du bras; 9 pour engelu-

res; 3 pour slon2atite; 2 pour douleurs rhumatismales;

2 pour chorée; G pour tuberculose; 1 pour contusion

du front; 8 pour embarras gastrique ; 40 pour séries

d'accès; 10 pour abcès ; 5 pour conjonctivite ; 2 pour

Tuberculoses. r.xvn

gourme ; 4 pour abcès froids; 2 pour pneumonie ; 1

pour entorse; 1 pour angine; 1 pour zona ; 1 pour

congestion pulmonaire; 3 pour convulsions internes;

1 pour chute du rectum ;4 pour diarrhée ; 10 pour

migraines ; 1 pour une éruption mal caractérisée ;

1 pour jaunisse.

Pour compléter ce qui a Irait aux maladies inter-

C11rentes voici la statistique des tuberculeux existant

dans le service que nous aurions dû plutôt placer

dans la première partie, c'est-à-dire à Bicêtre :

CXVIII Bains et hydrothérapie.

nousrevaccinons avec nos infirmières toutes les entran-

tes et toutes les malades qui sont il la Fondation depuis

5 ou 6 ans.

Bains et hydrothérapie. - Comme les années pré-

cédentes, nous avons eu recours dans une large mesure e

aux bains et aux douches. Chaque année nous assistons

plusieurs fois à l'administration des douches afin de

nous assurer que l'on continue Ù se conformer à nos

leçons. Quant aux autres moyens de traitement, ils ont

été les mêmes que dans notre section de Bicêtre.

Signalons surtout les leçons de choses, soit en classe,

soit dans les jardins et les promenades. Nous recom-

mandons à notre personnel de veiller le plus possible

à l'hygiène sexuelle, principalement pour les petites

gâteuses et pour les filles pubères. Les enfants pren-

nent leurs douches à la Fondation; ce n'est qu'en cas

de réparations qu'elles les prennent à Bicêtre. Les

bains de pieds ont été donnés à la Fondation où

existe, ainsi que nous l'avons dit, une installation

convenable. Voici la statistique des bains et des

douches en 1903.

Service dentaire. r.xix

des dents, car elles peuvent être l'occasion de tics de

la face; de nous montrer les enfants qui bavent,

(massage des lèvres, électrisation), d'apprendre aux

enfants il se gargariser, ce qui facilite nGtro tâche en

cas d'angine. Mêmes recommandations pour l'évolu-

tion de la seconde dentition. C'est parce que nous

connaissions les anomalies de la dentition chez les

idiots (1) que nous avons demandé la nomination d'un

dentiste il Bicêtre et il la Salpêtrière, en 1880 (2), créa-

tion qui a été le point de départ de l'organisation du

service dentaire des hôpitaux et des asiles.

Du lor novembre au 10r mai, en raison de la fré-

quence, chez nos malades, surtout les idiots, les

imbéciles et les arriérées, des ace i il enls lijmphaliques

et, dans une certaine mesure de la tuberculose, nous

avons l'habitude de leur prescrire l'huile de foie de

morue, le sirop d'iodurc de fer, le phosphate et le

glycéro-phosphate de chaux, les bains salés. Du 1 ?

avril au 1er novembre, quelquefois l'hiver quand le

chauffage du service balnéo-hydrothérapique le permet

les douches froides. C'est il ce traitement que nous,

attribuons la guérison des manifestations lymphati-

ques, l'arrêt dos accidents tuberculeux. Nul doute

pour nous que si, chez les enfants et les adolescents

menacés de tuberculose, ou au début on procédait de

même, nonpas une année mais des années jusqu'à 18

ou 20 ans, on ne diminuerait beaucoup le développe-

ment de la tuberculose.

(1) l l3ournevillc. - Mémoire sur la condition de la bouche chez

les idiots, 1K(',3.

('2) Voir le ('nm},le-1'c1J1lu de 1880. p. xxvm.

cxx Mouvement de la population.

II.

STATISTIQUE. - MOUVEMENT DE LA POPULATION.

Le 1 ? janvier 1903, il restait u la Fondation Vallée

2'2'2 enfants se répartissant ainsi :

MOUVEMENT DE LA POPULATION.

cxxi

Sorties. - Les sorties ont été au nombre de 20; le

tableau des pages cxxiv, cxxv, indique les motifs de la

sortie, la nature de l'affection dont étaient atteintes

les malades et leurdeyré d'amélioration à leur sortie.

cxxn . DÉCÈS.

CXXVIII Personnel DU service.

parfait que possible et très économique de la

Fondation Vallée montre les avantages incontestables

des établissements dont la population est limitée et

dont il est possible de confier la direction à une sur-

veillante. La Fondation Vallée peut servir de modèle

aux administrations départementales qui voudraient

construire des asiles-écoles.

Fondation VALLÉE. - Aménagement d'un dortoir.

]\1. BERTHELOT, rapporteur, - Nous vous proposons, au nom

de la 3° commission, d'accorder le crédit demandé pour la

transformation en dortoirs des locaux précédemment affectés

aux classes de la Fondation Vallée, étant bien entendu que les

lits du nouveau dortoir seront intégralement affectés aux

enfants idiots actuellement installés à l'asile de Villejuif.

Il s'agit donc de dégager à Villejuif ces lits qui devront

être donnés aux aliénés, et nullement d'augmenter le nom-

bre, déjà trop considérable, des enfants idiots à la charge

du Département.

C'est sous ces réserves exhresses que nous acceptons cette

dépense Adopté (1897 : 308).

Nous reproduisons cette délibération, qui montre

que le Conseil municipal de 1897, contrairement à ses

prédécesseurs, trouvait que l'assistance des enfants

idiots était déjà trop développée, sans tenir compte

du nombre et des besoins de cette catégorie de mala-

des et d'infirmes. La vérité c'est que les lits qui leur

sont affectées sont insuffisants.

Notes additionnelles.

Traitement méclico-péclt2gogiq2ce. Dans certains

cas de troubles intellectuels, d'excitation, d'hébétude,

survenant chez les enfants idiots et épileptiques. il y a

nécessité de suspendre complètement les exercices sco-

laires, le travail manuel, la gymnastique, etc. D'autres

fois ils peuvent être continués, mais diminués dans

une proportion variable. Par exemple, au lieu de faire

faire aux enfants des exercices de gymnastique prolongés,

comme il leurs camarades, il convient d'en raccourcir la

durée, d'en supprimer même quelques-uns, sans qu'il soit

utile d'en donner la raison aux malades eux-mêmes. C'est

pourquoi il faut que les auxiliaires du médecin, dont le rôle

dans les asiles-écoles doit être prépondérant, puisqu'il

s'agit de malades, soient bien au couiant de l'état mental

des enfants. C'est pourquoi aussi nous avons insisté sur la

nécessité de leur faire suivre les cours des écoles d'infir-

mières et de leur faire accomplir un stage, comme infir-

miers, dans les services d'aliénés. Dans un établissement

hospitalier tout le monde devrait être, aumoins, secouriste

ou mieux infirmier ou infirmière diplômé.

Obligations des instituteurs. - Les surveillantes ins-

titutrices, les instituteurs doivent lire les certificats médi-

caux qui accompagnent les enfants il l'entrée pour en

vérifier les dires. Ils doivent lire la partie de nos observa-

tions concernant les antécédents, surtout les antécédents

personnels, et nous faire part de leurs remarques, quand

ils établissent leurs notes pour le certificat de quinzaine

et les certificats semestriels.

Direction des classes. - A la petite école, \I"° BI.

Agnus a la direction de toutes les classes. C'est elle qui

transmet nos instructions il ses auxiliaires : elle a la sur-

veillance générale.

Pendant longtemps, il en était de mémo il la grande

école. Le plus ancien des instituteurs, M. Doutiller, avait

130URNEVILLE, Bicêtre,' 1903. ?

cxxx Notes additionnelles.

la haute direction des classes. Après son départ, nous

avons demandé que cette direction fut confiée à M. Mcs-

nard, qui était devenu le plus ancien. Par suite de cir-

constances peu utiles à rappeler, notre réclamation à cet

effet est demeurée sans solution. Aussi n'avons-nous pas

à la grande école tous les résultats que nous pourrions

obtenir, au détriment des enfants.

Enseignement de l'histoire et de la yéocjrapliie.

Nous rappellerons la méthode que nous avons adoptée

depuis bien longtemps pour renseignement de ces deux

sciences aux enfants les plus malades, déjà améliorés.

Pour l'histoire, nous avons fait imprimer la chronologie

du dernier siècle en partant de l'époque actuelle : Répu-

blique française, : \1. Loubet, président, ...., v 18 ! J9;

Félix Faure, 1899 il )89.'), etc, et nous remontons jus-

qu'au Consulat.

Aux enfants les plus avancés, nous faisons faire des

dictées : 1° sur la section 2° sur l'hospice ; 3° sur la com-

mune etc. (1), sans compter les dictées concernant les

accidents dus à l'imprudence d'enfants, qui nous servent

il leur donner des conseils pratiques.

Pour la géographie : Plan des classes ; plan de la sec-

tion ; plan de l'hospice ; plan de la commune ; plan du

canton ; plan du département, etc.

Conférences. - Nous avons dit que tous les jeudis l'un

de nos instituteurs faisait aux enfants les moins malades

une conférence avec projections. Ces conférences portent

sur les grands événements du jour, par exemple sur la

Martinique et les volcans à propos de l'éruption du Mont

Pelé, - sur le Japon, la Corée, la Mandchourie, à l'occa-

sion de la guerre russo-japonaise, ou sur des sujets

pratiques variés. - Exemples : le sel, le charbon, le

sucre, les monuments de Paris, la Tunisie, etc.

(p Dans les écoles primaires de Paris, les instituteurs pourraient

procéder de même en faisant des dictées sur les monuments, les

noms des rues du quartier, puis de l'arrondissement.

Section il[. - Assistance et enseignement.

I. ...

Traitement et éducation de la parole chez les enfants

idiots et arriérés ;

- l'AU 11 «Ol H.MCVII.I.Ii et .1. nOYER (l),

La. parole étant une fonction très complexe exigeant

pour répondre à son butte concours de plusieurs organes

préalablement exercés, nous n'étonnerons personne en

disant que, de toutes les fonctions, c'est celle qui présente

chez l'idiot les troubles les plus nombreux comme les plus

profonds. Elle est avant tout un art d'imitation né, pour

ainsi dire, de ce besoin instinctif qui poussa les premiers

hommes à se constituer en société. Sous l'influence de la

civilisation, cet art a suivi le progrès intellectuel, et de

simple et naturelle qu'elle était au début, la parole est

devenue de plus en plus conventionnelle et compliquée.

Comment un idiot, qui, comme son nom l'indique, a hor-

reur de toute société, comment l'idiot pourrait-il être

maître de cet art, lui qui peut à peine, lorsqu'il le peut,

guider un organe dans l'accomplisement de la plus natu-

relle de ses fonctions ? Comment pourrait-il imiter et com-

prendre ses modulations aussi complexes que variées, lui

dont l'intelligence n'est pas suffisante pour diriger les

instincts, et dont l'attention est dflicile ou même impossi-

ble pour ceux qui ne se sont jamais occupés du traitement

de ces enfants et qui sourient dédaigneusement lorsqu'on

émet devant eux la possibilité de les faire parler ?

(1) Ce travail a paru dans les Archives de neurologie, en 1895,

n° 10 ? , p. 108.

CXXXII Traitement 1111mIco-pÉDAG.oGIQUE.

Nous étudierons d'abord les idiots qui ne parlent pas.

nous nous occuperons ensuite de ceux qui parlent mal.

Idiots qui ne parlent pas. - Les idiots qui ne parlent

pas sont très nombreux. S'enferment-ils dans le mutisme

le plus complet, parce que, comme dit Itard, n'ayant

aucune idée, ils n'ont rien il dire; ou bien est-ce, comme

le dit Séguin, parce qu'ils ne savent pas se servir de leurs

organes ? Il y a du vrai dans ces deux raisons, on pourrait

même dire que c'est pour ces deux raisons que nos mala-

des ne parlent pas. En effet, si les idiots sont muets n'est-

ce pas parce qu'ils n'ont pas d'idées, et s'ils n'ont pas

d'idées n'est-ce pas parce que n'étant pas maîtres de leur

organes, ils n'ont pu en acquérir et les emmagasiner dans

leur souvenir faute de mots pour les représenter ? Que si

les muets intelligents ont des idées sans parole, n'est-ce

pas parce qu'ils ont il la place de ces signes oraux, pour

ainsi dire, d'autres signes visibles qui en tiennent lieu ?

Du reste cette question, il reprendre au point de vue clini-

que et physiologique, est toute secondaire, pour le but qui

nous occupe. Les idiots ne parlent pas, comment peut-on

faire pour provoquer en eux l'émission d'un son articulé,

voilà, aujourd'hui, la question importante.

Avant d'aborder la pratique, il est nécessaire d'établir

une distinction. Il va de soi que si les lésions qui ont occa-

sionné l'idiotie ont détruit plus ou moins complètement

les circonvolutions qui président il la fonction du langage

les moyens thérapeutiques et pédagogiques demeurent

stériles, mais, et c'est la grande majorité des cas, chez les

idiots qui ne parlent pas, ces lésions localisées n'existent

pas, sauf chez certains enfants atteints d'hémiplégie droite

et c'est présisement pour cela, qu'il est possible d'arriver

à créer en quelque sorte et il développer la faculté du

langage.

Pour apprendre à parler, il faut d'abord savoir écouter,

d'où nécessité de s'assurcr de l'intégrité de l'organe de

l'ouïe, et d'en faire ensuite l'éducation. L'attention audi-

tive, c'est par là que nous débuterons. Si l'enfant n'est,

Enseignement de la parole. cxxxiii

pas atteint de surdité complète (1) nous essaierons de faire

entrer en exercice l'organe de l'ouïe, de le développer afin

de l'amener insensiblement à la perception de la voix. Un

jeu de timbres ou de sonnettes, comprenant les huit notes

de l'octave, rendra beaucoup de services dans ce cas. Nous

prendrons d'abord le timbre qui nous donne la note la

plus grave et, nous plaçant il une certaine distance de

notre élève, derrière lui de préférence, nous frapperons

sur le timbre au moment où le silence ménagé (2) dans la

classe sera le plus complet.

L'enfant tressaille aussitôt sans se rendre compte de ce

qu'il éprouve. Répétons l'expérience, et l'enfant redresse

la tête, et quelquefois même cherche l'endroit d'où vient

ce bruit qu'il ne s'explique pas. Progressivement, on s'é-

loignera et on arrivera ainsi avec beaucoup de patience à

faire percevoir un son de plus en plus éloigné. Répétant

ce qu'Ttard fait pour le sauvage de l'Aveyron, nous pou-

rons passer des sons graves aux sons aigus, de la cloche

à la flûte en passant par le piano et l'harmonium, de la

flûte il la voix humaine.

Comme on courrait le risque de tomber dans la mono-

tonie, on peut et on doit en même temps s'occuper de pro-

voquer l'attention visuelle. Se plaçant en face de l'enfant,

de façon à avoir le corps bien éclairé, on lâche d'attirer

l'attention de l'idiot en le poursuivant d'un regard tenace

et en le forçant, pour ainsi dire, il avoir toujours le visage

tourné de notre coté. On tâche d'attirer son attention sur

les changements que l'on fait subir il la face, que ce soit

des flexions de la tête, ou même des grimaces.

Tout en s'occupant de l'ouïe et de la vue, on fera faire à

l'élève des exercices d'imitation. C'est encore là un moy-

en de varier le travail et de prévenir la lassitude chez le

sujet. Ces exercices d'imitation porteront d'abord sur les

(1) Les cas de ce genre sont relativement rares, souvent on nous

envoie des idiots réputés sourds et muets et chez lesquels l'audi-

tion est constatée quand on la recherche avec soin.

(2) Dans ces sortes d'exercices le maître doit toujours être seul

avec son élève.

cxxxiv Traitement 71 ! I : : DICO-P¡ : : DAGOGIQUE,

membres supérieurs. On élève et on abaisse simultané-

ment les bras, et afin que le maître n'ait pas à quitter sa

position pour aider il rectifier les mouvements de l'enfant,

il est bon qu'une deuxième personne, placée derrière l'i-

diot, le guide dans l'exécution de ces mouvements. Des

mouvements des bras, on passera aux mouvements de la

tète et on procédera de la même façon. Puis, on fera exé-

cuter les mouvements du visage : ouvrir et fermer la bou-

che, tirer la langue, rapprocher et éloigner les commissu-

res des lèvres. On pourra avec quelque avantage exécuter

et faire exécuter ces divers exercices préliminaires devant

une glace, afin que l'enfant juge par lui-même de la fai-

blesse de son imitation et puisse la rectifier, comme cela

se pratique a l'Institution nationale des sourds-muets de

Paris.

Lorque l'enfant sera arrivé à imiter d'une manière

aussi parfaite que possible, on s'occupera de l'émission

d'un son. Par quoi commencerons-nous ? Sera-ce par les

voyelles comme avec les sourds-muets, sera-ce par les

consonnes comme le recommande Séguin. Nous suivrons

notre maître à tous, Séguin, et avec lui nous dirons que

l'enfant normal, débutant par les syllabes simples compo-

sées d'une consonne et d'une voyelle, il n'y a pas de raison

pour que nous changions avec les enfants anormaux la

marche indiquée par la nature elle-même.

Les labiales (l, p, f,) paraissent tout indiquées pour

commencer la série, leur émission étant, pour ainsi dire,

plus visible et plus extérieure sera par conséquent plus

facilement imitable. Cependant ici, comme ailleurs, les

contrastes peuvent être d'un grand secours, et nous nous

sommes souvent bien trouvé en suivant l'ordre suivant :

Enseignement de la parole. cxxxv

qu'une syllabe isolée, nous apprenons d'abord à l'enfant

des redoublements, tels que papa, toto, caca, etc.

Pour la marche à suivre, nous renvoyons au tableau

d'articulation de M. Goguillot, retouché à beaucoup d'en-

droits pour l'approprier à la catégorie spéciale des enfants

auquels nous nous adressons. Il ne faudrait pas croire

cependant que l'on puisse toujours suivre d'une façon

rigoureuse la marche que nous indiquons.

Un certain nombre d'idiots arrivent d'une façon plus ou

moins parfaite à imiter nos gestes et nos grimaces, mais

resteront muets, ou bien ils prononceront un certain nom-

bre de sons incompréhensibles et n'ayant aucun rapport

avec ceux qu'on a essayé de provoquer. Il faudra alors

faire un inventaire précis de ces sons, tâcher de les clas-

ser et de se servir d'eux comme point de départ pour pro-

voquer ceux qui manquent et qu'on pourra ohtenir par

entraînement. ¡Il serait naïf de suivre à la lettre une mé-

thode quelconque, ce qu'il faut avant tout faire, c'est se

servir des circonstances et des aptitudes partculières que

peuvent présenter les sujets.

Quand les enfants prononcent quelques mots comme

papa, maman, dodo, etc., il faut leur apprendre les com-

hinaisons des consonnes p, 1)1, d, etc , avec les voyelles,

puis passer aux autres consonnes qu'ils ne savent pas pro-

noncer.

Certains s'étonnent que les enfants idiots auxquels on

essaie d'apprendre à parler arrivent avec tant de peine

il prononcer les syllabes simples ou répétées, comme papa,

maman, dodo, etc., prononcent de préférence les mots

grossiers, qu'ils ne comprement pas d'ailleurs. De ce fait,

on peut donner l'explication suivante. Ces mots grossiers,

ils les entendent prononcer avec énergie, avec colère, et

cela déjà les frappe. De plus, comme on les gronde avec

vivacité, quand ils prononcent ces mots, leur attention,

quelque faible qu'elle soit. est encore attirée sur eux. Les

jeunes filles les mieux élevées, les plus réservées, si elles

ont du délire au cours d'une affection aiguë ou d'une psy-

chose, prononcent, elles aussi, des mots grossiers, impu-

diques : dans l'état normal, elles ont la retenue que n'a pas

1 idiot. . '

CXXXVI Traitement DII : DICO-PÎ3D : 1GOGIQUE.

Nous aurions suivi la marche indiquée avec Julie L....

Marguerite A..., nous n'aurions obtenu aucun résultat. Ces

deux idiotes aimaient beaucoup entendre chanter. De plus,

elles retenaient il merveille les airs qu'elles entendaient.

Nous nous servîmes de leurs goûts. Au moyen de rondes

au rythme facile, qu'elles aimaient à danser avec nous,

nous parvînmes à leur faire répéter non pas seulement l'air,

mais encore les paroles, ce qui avait pour nous un autre

intérêt. Nous leur apprîmes ainsi une foule de mots qu'elles

dirent d'abord au hasard, et qui finirent par être placés

fort à propos. Et de ces deux enfants, la première no disait

que papa, maman, sans en comprendre le sens, la seconde

n'avait encore émis aucun son.

Une fois le premier mot obtenu, la voie est ouverte, il

ne faudra plus qu'une patience persévérante, pour aug-.

menter le vocabulaire de l'enfant. Faisant asseoir devant

nous le malade dont nous nous occupons, et chez lequel

nous avons pu obtenir un certain degré d'attention, nous

lui montrons un objet usuel, son chapeau par exemple, et

en considérant l'objet avec intérêt, nous répétons sans

cesse le mot qui sert à le désigner. Si c'est un enfant qui

aime la promenade, ce sera surtout au moment de sortir,

au moment de l'habiller, que nous ferons cet exercice. Le

désir de sortir sera un stimulant déplus pour provoquer la

parole. On se butte souvent une obstination aussi bizarre

qu'insurmontable. L'enfant sait et peut dire un mot puis-

qu'on a réussi à le lui faire dire déjà, et par entêtement

il refuse quelquefois de le répéter. Bien plus, nous avons

souvent aperçu sur les lèvres de l'idiot un véritable sourire

moqueur, qui semblait prouver chez lui le désir de taqui-

ner son maître. C'est alors qu'il ne faut pas céder. «Vous

ne voulez pas dire chapeau, nous ne sortirons pas. » Si la

menace est suivie d'exécution et si le lendemain le môme

fait se reproduisant, on fait preuve de la mène énergie,

l'enfant finira par céder et par répéter le mot. Aussitôt

il est bon de prodiguer des caresses il l'enfant, de lui

manifesterle contentement qu'on éprouve, ma is il faut bien

se garder de dire, comme font cerlaines personnes : «Ah !

il a cédé ; c'est bien fait ! » L'idiot est souvent très suscep-

Enseignement de la parole. ' CLXXVII

tihlc, il comprendra la plupart du temps que l'on se moque

de lui et on risque de le repousser dans l'inactivité, dont

on a eu tant de peine à le tirer.

Il serait inutile de chercher il corriger de suite les dé-

fauts de prononciation ou les fautes d'imitation que peu-

vent présenter les premiers mois de l'idiot. L'essentiel

c'est de s'assurer si tel mot bien ou mal prononcé corres-

pond exactement il l'idée que nous avons voulu provoquer.

Petit il petit, à force d'entendre le mot l'cnfant le corrigera

de lui-même il mesure que se développera en lui la puis-

sance d'imitation.

Nous plaçons dans la même catégorie d'idiots ne par-

lant pas ceux qui ont à leur disposition un certain nombre

de syllabes, dont le sens échappe aux personnes qui n'ont

pas l'habitude de vivre avec eux. Du reste, le nombre de

ces syllabes étant très restrcint, on ne peut pas les consi-

dérer comme constituant un vocahulaire. Ces malades

formeront, si l'on veut, la transition entre ceux qui, ne

parlent pas, et ceux qui parlent mal.

Edmond B... appartient il cette catégorie. Il dit papapa,

manl.ama, igt (gâteau, et en général tout ce qui se man-

ge), apia (papier qu'il aime beaucoup à déchirer), coucou,

(boule d'eau chaude que l'on place dans son berceau). et

puis c'est tout ; soit au total cinq vocables. Nous ne cher-

cherons pas tout d'abord il modifier ces signes vocaux,

plus ou moins altérés ; au contraire nous nousen servi-

rons pour désigner les mêmes objets ou les mêmes person-

nes que lui, nous les répéterons sans cesse, mais tou-

jours il propos, pour montrer à l'enfant que nous les com-

prenons, et pour établir entre lui et nous un moyen de

communication. Respectant les mots qu'il a pour ainsi

dire lui-môme acquis, nous les accepterons tels qu'ils sont

et nous ne chercherons qu'a en provoquer de nouveaux,

en suivant la méthode indiquée plus haut. Par ce procédé

et en quelques mois, Edmond B... a appris a dire à boi à

boire), ara (au revoir), caca (quand il veut aller au siège),

coco (quand il demande un oeuf), et certainement la ne

s'arrêteront pas les progrès de la parole chez cet enfant.

Séguin a fait remargucravecraison nous le redisonsc[ue

CXXXVIII Traitement médico-pédagogique.

l'idiot, comme l'enfant en général, a une plus grande faci-

lité pour prononcer les syllabes redoublées, que les syita-

bes isolées. Quand il reproduit un refrain quelconque,

dont il est incapable de redire les paroles, c'est une suite

de syllabes redoublées qu'il fait entendre, le plus souvent

la la la. Nous basant sur cette observation, il nous est

souvent arrivé de désigner un animal sous la forme d'un

redoublement rappelant le plus possible le cri de l'animal.

L'enfant répétait après nous sans tarder, surtout s'il avait

entendu lui même crier l'animal. Oua-oua voulait dire

chien, 6c bê voulait dire mouton, muni a voulait dire, vache,

cot-col. poule, etc. Du reste n'est-ce pas ta le langage

primitif, et nos ancêtres désignaient-ils autrement les ani-

maux dont ils voulaient parler ? A mesure que les progrès

s'effectueront, que l'enfant s'habituera à répéter les sons

émis devant lui, il ne lui sera pas aussi difficile qu'on le

croirait de substituer au nom provisoire le nom définitif ;

c'est du reste ce que l'expérience nous a plusieurs fois

prouvé. Est-il nécessaire de nous appesantir sur les diffi-

cultés en présence desquelles se trouverait celui qui vou-

drait faire prononcer à l'idiot, sans exercice préalable,

chien, une/le, brebis, ou tout autre mot composé de sylla-

bes les unes plus complexes que. tes autres, et que l'en-

fant norm.nl lui-même a tant de peine h acquérir ? '

Si l'on se reporte au cahier d'articulation qui- nous

avons établi on remarquera qu'après chaque leçon nous

avons placé une sorte d'exercice pratique dans lequel se

trouve des noms uniquement composés des sons qui ont

fait l'objet de la leçon. Si l'on a le soin de montrer it l'en-

fant l'objet, dont on lui fait énoncer le nom, non seulement

notre élève apprend il parler mais encore il s'habitue il

n'employer que des mots dont il connaît te sens (1). Ce sera

(1) Un autre exercice que nous croyons utile de signaler ici.

bien qu'il ne puisse être employé que plus lard, consiste à pré-

senter à l'enfant la représentation imprimée du nom qu'il prononce

à coté de l'objet, exprimé par ce nom. et. il le lui faire reconnaître

et répéter en dehors de l'objet, ('et exercice a l'avantage de fami-

liariser l'enfant avec les signes de l'alphabet et de le préparer il

la lecture proprement dite, (Voir p. sx, vxtv. W ot. wvttt).

Enseignement de la parole. cxxxix

au maître de s'ingénier à amuser l'élève de manière à

maintenir son attention.

Donnons un exemple. Henri 1)... ne parlait pas ; il disait

à peine et rarement à propos papa, marna, mossau ( ? j, bon-

lou ( ? ), messi (merci). En le soumettant à la méthode dont

nous venons de parler, il est arrivé à prononcer le mot

bouton. Nous lui avions souvent montré l'objet en en pro-

nonçant le nom, et nous avions réussi à le lui faire dire.

Pour bien nous assurer qu'il comprenait bien le sens du

mot, nous le faisions jouer avec des boutons, nous lui en

faisions chercher, et dès qu'il nous en apportait un, nous

lui demandions : « Qu'est-ce' que c'est ? Il répondait aus-

sitôt : boulon, en souriant, et dès qu'en promenade il en

rencontrait un à terre, il nous l'apportait en le nommant.

Ce n'est pas là le langage du perroquet.

Nous passerons ainsi en revue tous les personnes, tous

les animaux même qui entourent quotidiennement l'en-

fant. C'est par le nom des diverses parties de son corps

que nous commencerons, c'est-à-dire par ce qui est en

contact le plus immédiat avec notre élève. L'enfant est

d'abord habitué il désigner, sur ordre, telle ou telle partie

de son corps ; on guide d'abord sa main et on ne tarde pas

à s'apercevoir que son bras est de plus en plus docile, et

qu'un jour même il n'a besoin d'aucune direction pour

montrer le nez, les yeux ou la bouche. Après quelques

semaines de cet exercice l'enfant non seulement com-

prend le sens de ces divers noms, mais encore les répète

avec nous.

Après les parties du corps, nous nommerons les vête-

ments, après les vêtements, les objets qui servent, tels

que le couvert, la boisson qu'il préfère, le mets dont il est

friand. Puis ses jouets et parmi ces derniers, les divers

animaux qu'il peut aimera caresser, enfin le nom des per-

sonnes qui l'entourent, surtout de celles pour lesquelles

il parait avoir une préférence marquée. Cet ordre là est-

il rigoureux ? Est-il besoin de dire, que c'est l'idiot lui-

même qui devra nous diriger, et qu'on devra chercher à

CXL Traitement médico-pédagogique.

lui apprendre d'abord le nom de ce qui parait l'intéresser

avant de s'occuper de ce qui lui est indifférent.

Jusqu'ici nous n'avons fait acquérir que des noms, et

même des noms concrets, nous allons maintenant essayer

des adjectifs, (les abstractions. Nous suivrons

la même méthode que nous venons d'indiquer. Louis B...,

aime les chevaux, et le seul mot qu'il ait encore pu pro-

noncer est dada. Il aime tirer à lui un cheval à roulette,

manier un fouet, c'est sur ces objets que nous maintien-

drons son attention. Nous lui ferons voir, toucher, porter,

trainer successivement un grand et un petit dada, et nous

lui enseignerons il présenter ou a montrer le plus grand

et le plus petit. Comme c'est en jouant que se font ces

divers exercices, l'enfant ne tarde pas a faire la différence

en attendant qu'il applique lui-même le mot nouveau.

Avec une petite fille, les poupées sont d'un grand secours.

- Avec tel autre enfant, amateur de bruit, les sonnettes

nous servent d'instruments. Nous avons eu à nous servir

de ballons, de cerceaux, de fleurs, de tambours, de robi-

nets même, etc. C'est toujours l'enfanl qui nous a guidé

dans le choix.

C'est ainsi que nous apprenons le nom des couleurs, des

formes, des odeurs (bon, mauvais), que nous donnons la

notion de poids iléger, lourd), toujours en ayant soin de

procéder par contraste en choisissant les extrêmes, afin

de mieux faire la distinction. Ces exercices que nous signa-

lons se retrouvent dans l'éducation de la vue, du loucher,

etc., mais est-il possible de n'exercer qu'un organe à la

fois, et les diverses fonctions ne sont-elles pas tellement

solidaires qu'on ne peut en exercer une sans en mettre

une autre en mouvement ?

Bien que cela paraisse prétentieux, après l'adjectif, nous

passons au verbe. Il n'est pas ici question de conjugaison,

pas plus que de règles et d'exceptions. Notre ambition se

11o·ne aux verbes qui expriment la manière d'être des ob-

jets que notre élève connaît déjà. Ni temps, ni mode, l'infi-

nitif, cela rous suffit. Cerceau router, poupée tomber,

soupe brûler, Julien manger, voilà les phrases que nous

Enseignement de la parole. CxLI

tâchons de provoquer, phrases qui se compliquent quel-

quefois d'un adjectif comme dada noir partir, etc. Lors-

que l'enfant en est arrivé là, ne peut-il pas se faire com-

prendre, exprimer ses besoins, en un mot communiquer

avec ceux qui l'entourent.

Il existe un certain nombre d'idiots qui semblent ne

pouvoir aller plus loin au point de vue de la parole. Ils

continuent à acquérir de nouveaux mots, et cela par le

seul commerce avec leurs scmbhfbles, mais ils paraissent

ne pouvoir construire une phrase si courte soit-elle;

et la syntaxe qu'ils emploient a beaucoup de rapport avec

celle des sourds-muets parlants. Ils énoncent leurs idées

par ordre d'importance, et dans leur langage, ils font des

inversions qui déroutent, ils ne demanderont pas : Est-ce

que je sortirai samedi ? Mais : sortir André Samedi ? -

Il est évident que dans cet exemple c'est l'idée de sortir

qui est la plus importante, aussi scra-t-elle énoncée la pre-

mière, après vient le nom de la personne, idée pour ainsi

dire secondaire, car l'idiot ne peut que parler delui-mème

et enfin le temps, qui est aussi quelque chose d'accessoire,

puisque ce qu'il importe le plus de savoir pour André,

c'est s'il sortira ou non. On pourrait citer mille exemples

semblables.

Le moyen de corriger cette faconde parler exige encore

des exercices spéciaux. Il faudra faire répéter à l'enfant

à chaque instant du jour les phrases usuelles qu'il a l'oc-

casion de dire à tout moment : faisons même semblant de

ne pas le comprendre s'il persiste il les mal donner, et

nous arriverons, en peu de temps, à de grands change-

ments.

Idiots qui parlent mal. - Les idiots, dont nous allons

maintenant nous occuper, savent parler. Ils peuvent ex-

primer leurs besoins, leurs passions, poser des questions,

y répondre, mais il est certains sons qu'ils n'émettent pas

franchement, certaines consonnes qu'ils prononcent d'une

façon défectueuse. Ces divers défauts de prononciation

CXLH Traitement MÉDICU - pédagogique .

peuvcnt tenir à des causes multiples qu'il est indispensa-

ble de connaitrc avant d'en tenter la suppression. Quel-

quefois ces défauts de prononciation ont une cause physio-

logique, paralysie, atrophie de tel ou tel élément d'organe.

La langue, trop épaisse, emprisonnée dans une mâchoire

trop étroite que surmonte un palais en ogive, se meutdif-

ilicilement et arrête les sons au passage ; l'enfant fait des

efforts pour parler correctement, projette de la salive et

fait entendre presque comtinuellement le son ch pour s,

j, z, tel Henri de la C ? D'autres, comme Georges '1`...,

par suite de la malformation de la mâchoire supérieure et

d'une dentition anormale frappent à tout instant les inci-

sives supérieures trop développées, de la pointe de la lan-

gue et semblent toujours prononcer des dentales, ce qui

donne à leur conversation un ton dur et discordant où

domine le son t ou d. D'autres enfants, comme Henri R...

possèdent une langue toujours en retrait dans la bouche, ne

savent émettre que des sons gutturaux et sont incapables

de donner le le r elles dentales.

Les exercices à faire suivre, en pareil cas, varient avec

la cause même du défaut de prononciation. Si l'on est fa-

milier avec le mécanisme de l'articulation on saisira faci-

lement le point faible à exercer, à développer. Nous re-

viendrons encore ici à l'attention dont il faudra d'abord

s'assurer avant d'entreprendre toute tentative d'améliora-

tion Si l'enfant est attentif, et qu'on ait su provoquer en

lui l'imitation, il suffira de lui faire faire par imitation les

exercices ayant pour but'de mettre en jeux la partie faible

de l'organe. Si les sons gutturaux ne sont pas correcte-

ment donnés, nous ferons venir à notre aide le toucher, et

plaçant la main de l'enfant sur notre gorge, nous appel-

lerons son attention sur les vibrations qui se produisent à

cet endroit lors de l'émission d'un h ou d'un g, puis, lui

faisant placer la main sur sa gorge à lui, nous l'inviterons

à fournir ce son, jusqu'à ce que les vibrations qu'ii sentira

soient identiques à celles qu'il ressentait quand nous par-

lions.

Si la langue est paresseuse, c'est d'elle que nous occu-

perons. Nous la ferons tirer le plus possible, ramener à

droite, il gauche, nous lui apprendrons il toucher le palais

Enseignement DE la parole. EUX LIAI

il se mettre en gouttière, à frapper les dents, à se diriger

vers le nez ou le menton, faire en un mot tous les mou-

vements nécessités par l'émission des sons linguaux.

L'éducation des lèvres est relativement plus facile, car

ici nous nous adressons uniquement il la vue. Disons aus-

si que les labiales sont les plus faciles à prononcer et que

nous n'avons la plupart du temps à remédier qu'a la fai-

blesse de l'émission plutôt qu'è l'incorrection. Il faudra

alors apprendre il l'enfanta faire vibrer les lèvres en pro-

jetant violemment, les dents serrées, de l'air au dehors,

en produisant le bruit que fait un cheval qui renâcle.

Lorsque l'idiot ne donne pas le son ·, il ne faut pas son-

ger lui faire émettre le r lingual, si facile pour les gens

du Midi, si difficile pour un grand nombre de personnes,

nous nous contenterons du )'guttural que nous provoque-

rons comme les autres sons gutturaux au moyen du tou-

cher, et encore en apprenant à l'enfant à se gargariser.

Le son /; est aussi un de ceux qui font le plus souvent

défaut. Si l'on se reporte au mécanisme de l'articulation,

on sait que pour produire ce son « la base de la langue se

relève, entre en conctact avec le voile du palais ; celui-ci

se trouve pressé entre la langue et la paroi pharyngienne

et tout passage de souffle est interrompu ; puis la langue

se détache vivement et une explosion se produit ;1.

La plupart du temps l'enfant ne sait pas relever la lan-

gue, et donne t pour /; ; le maitre, alors avec son doigt,

repoussera la pointe de la langue le plus possible, afin de

lui faire occuper la position normale, et fera prononcer à

l'enfant le seul son possible dans cette position, ha. Puis

on habituera l'enfant à maintenir lui-même la langue avec

son propre doigt, et peu il peu la langue s'habituant il cet

exercice finira par ne blus avoir besoin d'aide pour se rele-

ver.

Passer en revue tous les défauts de prononciation nous

entrainerait trop loin, est nous n'avons pas la prétention

d'écrire ici un traité d'orthophonie, mais pour dessein

(L) Goguillol. Comment on fait parler les sourds-muets.

cxiliv v Traitement JII : nICO-l'1 : DAGOGIQUE.

de fournir les principes généraux qui doivent guider les

auxiliaires des médecins, instituteurs et surveillantes.

Certains idiots ne présentent pas à proprement parler

de défauts de prononciation. Ils émettent à peu près bien

tous les sons ; mais comme ils semblent avoir peur de des-

serrer les les dents, ils déforment légèrement l'émission

des voyelles. A moins de les écouter attentivement, les

sons a, e, i, o, «.semblent confondus et prononcés de la

mêmc façon, de même les sons nasaux an, on, ill. Il est

facile de faire disparaître cette confusion. Il suffit de les

soumettre régulièrement plusieurs fois par jour il la gim-

nastique des lèvres et des mâchoires, qu'ils semblent ne

pouvoir mouvoir qu'avec une extrême lenteur. Ne crai-

gnons pas d'exagérer l'ouverture de la bouche pour le son

a, par exemple ; l'idiot ne voit jamais trop. Cette méthode

a parfaitement réussi avec Maurice J ... qui avait, au

début, un langage incompréhensible pour les person-

nes qui ne vivaient pas avec lui, et quelques semaines ont

suffi.

D'autres idiots paraissent ne pas avoir de souffle. Ils

hachent leur conversation, semblent perdre haleine à

chaque instant, et ne peuvent prononcer dans la même

expiration qu'un mot de deux ou trois syllabes. Pour

ceux-là, on se trouvera bien des exercices suivants : faire

soutenir un son le plus longtemps possible, puis faire

émettre dans la même expiration deux sons opposés com-

me a et i, en donnant le signal du second que lorsqu'on

sent être arrivé à peu près à la moitié de l'expiration. Après

quelques semaines de ces exercices, on fait prononcer un

mot de plusieurs syllabes en habituant l'enfant à ne pas-

ser d'une syllabe à l'autre qu'au commandement afin que

le maitre puisse lui-même guider la durée d'émission de

chaque syllabe. On fait ensuite dire, toujours lentement,

des phrases entières mais courtes, pour arriver progres-

sivement à des phrases plus ou moins longues dans lesquel-

les le maitre lui même désigne le point logique où doit

avoir lieu une nouvelle inspiration. Lorsque l'on aura af-

faire à des idiots de cette catégorie, il sera bon au préala-

r Enseignement de la parole. CXLV

ble, pour lâcher d'augmenter la capacité de leurs pou-

mons et de leur permettre par conséquent de pouvoir émet-

tre un son plus prolongé, de faire les exercices du souffle,

exercices qui amusent l'enfant et qui l'intéressent. Parmi

ces exercices nous pouvons signaler celui qui consiste à

faire souffler une bougie à une distance de plus en plus

éloignée, à souffler dans un sifflet, à faire gonfler un bal-

lon de caoutchouc ou une simple vessie d'animal, a faire

tourner un moulin Ù vent, a gonfler un sans-gêne, à lan-

cer un pois dans uu tube de sureau, à faire avancer une

bille sur une longue planche il rainure, bille que Ion pour-

ra prendre d'abord en moelle de sureau, puis en liège,

enfin en bois. Pour augmenter progressivement la diffi-

culté de ce dernier exercice, on pourra mettre la planche

sur un plan incliné de façon à ce que le souffle de l'enfant

ait non seulement it lutter contre la force d'inertie de la,

bille, mais encore contre l'action de la pesanteur, de

même que pour amuser et intéresser l'enfant, on suspen-

dra au-dessus de la rainure un grelot ou un timbre quel-

conque, que l'on pourra avancer et reculer, et que la

bille fera résonner en passant. On ne doit jamais laisser

échapper l'occasion d'amuser notre idiot, qui suit souvent.

avec tant d'indifférence, un travail qui lui semble inutile,

(Ftg.16)

Comme application des notions du travail précé-

dent, nous avions fait composer par l'imprimerie des

enfants, à l'usage exclusif de notre personnel ensei-

gnant, une petite plaquette, faite également avec M.

J. Boyer. Elle sert de guide quotidiennement dans

les classes d'enfants idiots et aussi pour les séances cle.

projections destinées à leur apprendre à parler ou à

corriger les vices de prononciation. Nous croyons

utile de la publier aujourd'hui avec quelques modifi-

cations.. ; :

Bourneville, Bicêtre, 1903. HH ?

CXLVI Traitement i\LÉU1C0-YÉD : 1G()I,IQI;ls.

Exercices préliminaires

Exercices des mâchoires.

a) Exercice de l'articulation iemporo-m;isillaire ; faire

ouvrir et fermer la bouche d'une façon plus ou moins

- accentuée.

Exercices des lèvres.

a) Rapprocher et écarter les commissures des lèvres.

b) Faire sucer des bâtons de réglisse déplus en plus petits.

c) Faire tenir par le bord libre des lèvres un bâtonnet de

plus en plus petit.

d) Exercer l'enfant à produire avec ses lèvres le hruit d'un

cheval qui renâcle.

e) Faire imiter le bruit du baiser.

y) Faire gonfler les joues et retenir l'air avec les lèvres.

Exercices de la langue.

a) Faire tirer la langue hors de la bouche, la diriger à'

droite, à gauche, en haut et en bas.

b) Faire porter la pointe de la langue en arrière des dents.

c) Repousser la langue au fond de la gorge.

d; Faire toucher de la pointe de la langue le haut de la

voûte palatine.

e) Mettre la langue en gouttière.

Exercices de la gorge.

a) Faire se gargariser l'enfant.

b) Lui apprendre à cracher.

Exercices des poumons.

a) Inspirations et expirations prolongées.

b) Inspirations et expirations rythmiques accompagnées

ou non de haussements des épaules, d'élévation des

bras au-dessus de la tête, de la projection simultanée

latérale des hras et alternative des jambes.

Education DE la parole. CXLVII

Exercices du souffle.

a) Faire éteindre par l'enfant une bougie qu'on éloigne de

plus en plus.

b) L'amuser il faire tourner un petit moulin.

c) Exercice de la planchette à rainure (Fig. 16).

d) Exercice de la vessie en baudruche.

ri Projection d'une balle de sureau avec un tube.

si Exercice du sifflet.

g) Exercice du tube à spirale,

Il) Exercer l'enfant il siffler.

Concurremment avec ces divers exercices, nous employons :

a) L'électrisation des lèvres.

1» Le massage des lèvres : (effleurement, tapotement,

pétrissage.)

- Articulation proprement dite. i

Si l'enfant ne prononce aucun mot, passer immédiate-

ment aux syllabes simples en les redoublant pour en facili-

ter l'émission. Si l'enfant est assez attentif, assez imitateur,

s'il prononce quelques mots, mais mal, l'habituer à soute-

nir un son le plus longtemps possible. On peut avec cette ca-

tégorie d'enfants commencer par les voyelles.

Sons simples.

CX'LViii Traitement médico-pédagogique.

Sons nasaux.' z

Éducation de laparole.

CXLIX

Syllabes simples;

Syllabes simples, premier groupe.

CL

Traitement \IÉDICO-PÉD : 1GOGIQUE.

Education DE la parole. CLI

CLII

Traitement \fÉCIC : O-PI;D1GOGIQLE.

Syllabes simples, 3° groupe.

' IDUCaTI01 DE LA PAROLE;. i-

7CLlII

CLIV

Traitement \IÈDICO-PÉD.1GOGIQtE.

Éducation DE la parole. CLV

Syllabes simples, 5e groupe.

la lala : lalé lara

lé lélé lali léré

li lili ^ léli liri

la lala laleu lara

leu leuleu lalu leureu

lu . lulu leulu luru

la lala lalo : lara

lo lolo lalou loro

lou loulou lolou lourou

la lala lara

lan lanlan lalan lanran

lé lélé léré

lin . linlin lélin linrin

lo lolo loro

Ion loulon lolon lonron

leu leuleu . leureu

lun lunlun ' leulun lunrun

. Exercice : loup, lin, lolo, lait, lit, melon, lapin.

ra rara rare lara

ré réré rari . léré

ri riri réri liri

ra rara rareu lara

reu reureu raru leureu

ru ruru ' reuru luru ..

ra rara : taro lara

1'0 '1'01'0 rarou 10fo'

ro roro rarou loro

rou rourou rorou lourou

ra rara lara

ran. ranran rarall lanran

ré réré - léré

rin rinrin rérin linrin

ro roro loro

ron ronron rorop lonron

reu reureu leureù

run - lunrun reurun lunrun

Exercice : rat, rond, roue, rabot* rouler

-er.vi

TRA7TE{EÑ'1'. I ¡jlèO : : PF.DAGO.GIQUE.

Syllabes s;ï-pTès; .6ë.)t;l<oupe.

? ; Éducation de. la parole, CLVJtj

Le maître dira lcuiom lui-même, et le fera répéter par

.l'élève, en l'habituant à montrer en même temps l'objet

correspondant, ou à faire l'action exprimée par le .verbe. '.

On fera ensuite l'exercice inverse. z

....De cette façon l'enfant apprend à parler et acquiel-t'

.des idées simples et tout-à-fait précises. - --i

Exercices d'application sur les noms composés

de syllabes simples. ?

Corps. i

. Nez, dos, cou, main, dent, cheveu, mollet, genou, etc.- ?

Vêtements..

Gilet, jupon, bouton, bonnet, chapeau, sabot, etc.

- Aliments. - : : Radis, rôti ? dîner, goûter, souper, déjeuner, macaroni1 ?

'jambon, pain, vin, etc. : ' )

. Animaux. . ..

- ? Chat, rat, souris, pigeon, poisson. ? ? ' ? - ;

- Quelques objets usuels. `.

Banc, couteau, tabouret, râteau, balai.

Syllabes muettes. - '> "> ? Nous désignons sous le nom de syllabes muettes les sez

lahes (lui, au point de vue. de la prononciation, sont for-

mées d'une consonne et d'un e iiiu'et. ' '" `

. .jE.vempie ? bè-que (bec). " . ;;

che-va-le (cheval). ? L'e muet ne se prononçant pas a la fin des mots, nous pla-'

.èôns, pour simplifier, dans la même catégorie bec et botte} ?

...N'oublions pjis qu'il s'agit ici deju'ononciation et non .- de' ? 3

-lecture. Ne -faut-il pas-apprendre ^parler avant d'apprem-,

dre à lire : ? ...- .- . ? . -... ?

CLV111

TRAITEMENT IfDICO-PÉDAGOGIQUE,

Syllabes muettes 1er et 29 groupes.

EDUCATJOX DE LA PAROLE.

CLIX

cfixi -> Traitement MÉDICO-PÉDAGOGIQUE.

... I.. Syllabes complexes 1er groupe.

Education DE la parole. CLXI

CLXII Traitement médico-pédagogique.

Comme on peut le voir, nous n'avons pas cru utile de

passer en revue toutes les combinaisons qui peuvent se

produire, nous nous sommes contenté de donner les prin-

cipales. Lorsque l'enfant les émet correctement, il saura

aussi émettre celles qui manquent, on peut du reste se

reporter au tableau des voyelles pour constituer une liste

complète. On pourrait croire qu'il est inutile d'apprendre

des sons qu'on ne rencontre jamais dans les mois français.

Il ne faut pas oublier que les liaisons entre les mots pré-

sentent des rencontres de consonnes dont l'enfant ne pour-

ra jamais venir à bout si on ne le soumet préalablement

à ces exercices d'articulation.

Lorsque l'enfant en sera arrivé la, il pourra prononcer

tous les sons usités, par conséquent les mots les plus indis-

pensables. -

Il sera bon maintenant dans cette espèce de récapitula-

tion, d'apprendre à l'enfant surtout le nom des objets, des

animaux, des personnes, dont il se trouve entouré, noms

qu'il est impossible de déterminer. C'est il ce moment sur-

tout qu'il faudra recourir à de la reconnaissance

des mots imprimés, exercice signalé plus haut.

Il es indispensable d'examiner avec soin l'état des lè-

vres (mollesse, défaut d'occlusion d'où la bave, perlëche)

la dentition, la mastication qui a besoin d'être surveillée,

même apprise ; - la langue (hypertrophie, atrophie, fis-

sures, brièveté du. frein); le palais (déglutition, parole);

- lesamygdales -le pharynx (végétations

adénoïdes.) (Voir Archives de neurologie, 2e série, 1903,

vol. xvi, p. 367).

Exercices d'application au moyen des mots

compris de l'enfant.

Corps humain.

Tète, front, nez, narine, oeil, joue, menton, oreille, bouche,

algue, dent, cou, épaule, bras, coude, poignet, main, doigt,

Education DE la parole. CLRIII

poitrine, dos, côté, ventre, hanche cuisse, jambe, genou, mol-

let, pied, talon, orteil.

Vêtements.

Béret, chapeau, chemise, col, cravate, flanelle, tricot, cor-

set, corsage, gilet, ceinture, veste, manteau, pantalon, culot-

te, caleçon, jupon, robe, bas, chaussette, soulier, bottine,

chausson, sabot, ruban, mouchoir.

Table.

Cuiller, fourchette, couteau, verre, assiette, plat, saladier,

légumier, soupière, bouteille, carafe, lait, eau, vin, les mets

que l'enfant préfère, nappe, serviette, table, chaise.

Chambre à coucher.

Lit, matelas, drap, couverture, édredon, tapis, table de nuit,

rideau, lavabo, cuvette, porte, fenêtre.

Maison.

Cave, calorifère, escalier, office, cuisine, salle à manger,

salon, chambre, mur, grenier, cabinet, toit, balcon, cheminée.

Famille.

Papa, maman, prénoms des frères et soeurs, oncle, tante,

cousin, cousine, noms et prénoms, des camarades, des maîtres

de l'entourage.

Jouets et animaux familiers.

Les jouets dont dispose l'enfant; les animaux domestiques.

Verbes exprimant les actions habituelles de l'enfant.

Manger, dormir, parler, marcher, courir, jouer, promener

etc.

Dans le choix à faire parmi les mots ci-dessus, il y aura

à tenir compte du milieu des circonstances et aussi des

difficultés qu'ils peuvent présenter au point de vue de la

prononciation et du sens.

II.

Introduction du traitement médico-pédagogique

dans la section d'enfants idiots et épileptiques

de l'asile de Clermont (Oise).

Le 19 décembre 1902, nous avons reçu àl31célre la visite

de ,1. le Dr Thivet, médecin en chef de l'asile d'aliénés de

Clermont (Oise). Il venait d'accord avec son directeur

administratif, M. Lesvicr, nous demander de lui fournir les

renseignements nécessaires, pour introduire dans son éta-

blissement, notre méthode de traitement médico-pédago-

gique. Dans l'affirmative, il nous prévenait que nous rece-

vrions une lettre officielle du Directeur. Naturellement

nous nous sommes mis à son entière disposition. Quelques

jours après nous recevions la lettre suivante :

24 décembre 1902.

Monsieur le Médecin en chef,

Permettez-moi de vous remercier de l'extrême bienveillance

avec laquelle vous avez acceuilli M. le Dr Thivet, notre méde-

cin en chef, lors de la visite qu'il vous fit il 131cètrc, samedi

dernier.

Comme vous l'a dit M. le Dr Thivet, nous devons faire un

rapport sur l'enseignement médico-pédagogique qui pourrait

être donné aux enfants arriérés, idiots u épileptiques que

nous avons dans un quartier spécial. Nous vous serions très

reconnaissants de vouloir bien nous aider dans l'étude des

propositions pratiques qui permettraient de réaliser dans la

mesure où nous le pourrions une oeuvre aussi humanitaire.

Dans ce but nous vous serions très obligés de nous fixer sur

les points indiqués ci-contre.

Asile DE Clermont. CLR'V

10 Quel est le nombre d'institutrices ou d'instituteurs con

naissant bien les méthodes d'enseignement médico-pédagogi-

que, en usage à Bicêtre, nécessaire pour une population d'une

centaine d'enfants des deux sexes, arriérés, idiote épilepti-

ques (en ce momment exactement 52 garçons et 49 filles). ?

2° Où pourrait-on recruter ces instituteurs et ces institu-

trices ?

3" Quels sont les traitements à leur allouer ?

/il Des instituteurs et institutrices appartenant à l'ensei-

gnement primaire pourraient-ils recevoir l'instruction spé-

ciale à 131cêtre et à la Salpétrière comme cela s'est fait pour

Saint-l'on, ainsi que le dit M. le Directeur de cet établisse-

ment ?

Go Quelle pourrait être la durée du stage ?

6° Combien ce stage coûterait-il ?

D'ici à quelques temps je me propose, ce que ma santé ne

m'a permis de faire samcdi dernier, d'accompagner M. le

Dr Thivet dans une nouvelle visite qu'il doit vous faire. Je

désire vivement voir les merveilleux résultats que vous obte-

nez par vos méthodes.

Veuillez agréer, Monsieur le médecin on chef, l'expres-

sion de mes sentiments les plus distingués.

Le directeur, Lesvier.

Avant de rédiger le programme qui nous était réclamé, 1

nous souvenant qu'une demande semblable adressée autre-

fois directement il l'Administration par notre ami le

D'' Giraud. médecin-directeur de l'asile Saint-Yon, était

demeurée sans réponse nous avons voulu nous assurer de

l'assentiment de l'Administration actuelle, comptant d'ail-

leurs sur un avis favorable de la part de M. Mesureur.

Notre espoir n'a pas été déçu. Quelques jours après, nous

recevions communication de la lettre ci-après.

Paris le 10 février 1903.

Le Directeur de l'Administration générale de l'Assistance

publique à Paris à M. le Directeur de l'hospice de Bicêtre.

CLXVI Traitement médico-pédagogique.

Monsieur le Directeur,

Sur la demande de M. le D1' Bourneville, je vous autorise

à recevoir dans votre établissement un certain nombre d'in-

firmiers et d'infirmières de l'asile de Clermont (Oise), qui vous

seront envoyés par le Directeur de cette maison pour se met-

tre au courant de la méthode employée à Bicêtre et à la fon-

dation Vallée pour l'enseignement médico-pédagogique des

enfants idiots. Cette autorisation est donnée aux conditions

suivantes :

Les agents ainsi détachés à l'hospice de Bicêtre seront au

nombre de 3 ou h au maximum il la fois; ils seront soumis à

la même discipline et au même travail que notre personnel ;

ils ne recevront aucun traitement et seront nourris moyen-

nant une redevance de O.f.85 par repas et par personne.

Ils seront logés en dortoirs.

Le Directeur de l'Administration générale de l'Assistance

publique.

Signé : Mesureur.

M. le Dr Bourneville à M. Lesvier, directeur de l'Asile

de Clermont.

Paris, le 16 février 1903.

Monsieur le Directeur,

La première partie du programme de votre affaire est réali-

sée. i\I. le Directeur de l'Assistance publique autorise l'entrée

dans mon service du matin au soir de vos agents. Je vous

envoie la copie de sa lettre. La question de nourriture et de

logement est tranchée. Vous verrez s'il ne conviendrait pas

de les laisser loger au dehors. Vous déciderez de l'indemnité

à leur allouer.

Pour bleu préciser le personnel nécessaire, j'aurais besoin

des renseignements indiqués sur le tableau schématique ci-

après :

Asile DE Clermont (OISE). CLXVII

Il conviendrait de choisir des infirmières intelligentes,

n'ayant pas plus de 25 à 30 ans, afin qu'elles puissent vous

rendre des services pendant longtemps, une fois dressées.

Elles devraient avoir leur brevet de capacité... ou tout au

moins le certificat d'études. Il faudrait avoir une surveillan-

te-institutrice, c'est-à-dire que, en quelque sorte, l'infirmière

doit l'emporter sur l'institutrice. A elle seraient confiées les

filles et les petiis garçons valides de 2 à 10 ou 12 ans, selon

le développement physique qui doit guider plus que l'âge.

Elle serait aidée par le nombre d'infirmières nécessaires sui-

vant le nombre d'enfants.

Les petits -garçons et les petites filles, valides ou non, se-

raient confiés, a une sous-surveillante, aidée d'un nombre

d'infirmières à déterminer.

Les garçons de lez à 18 ans (car je suppose que vous faites

passer aux adultes les idiots de plus de 18 ans lorsque leur

développement physique est complet) seraient confiés à un

instituteur ou mieux si cela est possible, à un infirmier ayant

son brevet de capacité.

Cet instituteur-infirmier, en mesure de donner des soins

médicaux à ses élèves (accès, attaques), serait aidé par un

infirmier ayant son certificat d'études.

Vous auriez donc quatre agents il envoyer à Bicêtre.

Durant leur séjour (deux mois au minimum), ils devraient

suivre obligatoirement les cours de l'école d'infirmiers et

infirmières de Bicêtre, les exercices pratiques et faire les

compositions.

Je crois enfin qu'il serait utilo de les faire assister il quatre

leçons aux sourds-muets et autant à l'école Braille ou aux

jeunes aveugles.

En attendant que je complète ces renseignements, veuillez

agréer, M. le Directeur, l'assurance de mes sentiments bien

dévoués. BOURNEVILLE.

P. S.-t1u moment où je finissais ma lettre, je reçois la

vôtre. Je vous recevrai avec plaisir, samedi 21 février, tous

les deux. - D'ici la vous aurez réfléchi à ma lettre.

M. Lesvier à M. Bourneville.

Clermont (Oise). 16 février 1903.

Monsieur le Médecin en chef,

Je vous serais très-obligé de vouloir bien me faire savoir

CLXVIII Traitement lfI3DICO-PrDAGOGIQUE.

par l'un des plus prochains courriers si nous pourrons vous

rencontrer il Bicétre, M. le Dr Thivet et moi, samedi prochain

21 courant, à l'heure de votre visite, 9 heures du matin. Je

vous serais très-reconnaissant de me remettre lors de cette

visite les réponses aux questions que je vous ai adressées.

Je désire vivement pouvoir proposer l'application dans notre

établissement de vos méthodes d'enseignement médico-

pédagogique.

Veullez agréer, etc. LE5vIE13.

M. Bourneville 141. Lesvier.

Bicêtre, le 27 février 1903.

Monsieur le Directeur,

Voici le complément des renseignements que vous m'avez

demandés. Je vous conseille d'employer le plus possible un

personnel féminin :

10 Tous les gâteux, valides ou non, devraient être confiés à

une socc.s-stcrveilla2te-in.slitcclrice, avec une première infir-

mière, une infirmière et un infirmier (Petite école).

2° Les enfants de a il 7 ans et de 8 à 12 ans, valides, pro-

pres seraient confiés un(, attrait

également, non seulement la surveillance mais la direction de

la petite école. Elle aurait les garçons et les filles (de 2 il 12

ans), les filles de 12 iL 18 ans.

Elle serait aidée par une sous-surveillante-institutrice,

deux infirmières (Grande-école des Filles), l'infirmier serait

commun aux deux.

3° Pour les garçons de 13 à 18 ans (non compris les gâteux),

un surveillant-instituteur,' un ou deux infirmiers (suivant le

nombre des malades,).

Tel est, à mon sens, le minimun du personnel qui vous

est nécessaire. Il n'y a aucun inconvénient à mettre les petits

garçons avec les petites filles, c'est la une pratique qui existe

dans les asiles d'idiots en Angleterre.

Il n'y a que des avantages il confier les petits garçons à des

femmes, ainsi que vous l'avez vu dans mon service à Bicêtre ;

(depuis plus d'un demi-siècle l'infirmerie d'adultes est con-

fiée à des femmes). Dans des asiles, iiifiri-noi-les

et les gâteux sont confiés à des femmes. L'une des infir-

mières pourrait être chargée due la couture et du repassage.

Vous pourriez utiliser votre cuisine et votre buanderie en

Asile DE Cleumont (OISE). CLXIX

y envoyant, soit isolément, soit par petites séries, vos enfants

au sur et à mesure de leur développement.

Quant aux garçons, si vous avez de bons chefs d'ateliers,

vous pourriez également les envoyer par petites séries.

Plus les enfants sont jeunes, plus ils sont éducables, c'est

pourquoi il est bon de les admettre dès t'age de 2 ans, plus

on les reçoit tard moins il y a de chance d'une amélioration

sérieuse. '

J'ai indiqué les cadres, mais rien ne vous oblige ànommervos

agents d'emblée surveillantes ou sous-surveillantes..l'ai em-

ployé les mots surveillantes-institutrices pour bien indiquer

quelles doivent être en mesure de donner tous les soins maté-

riels et médicaux aux enfants, si un enfant a, par exemple,

un accès d'épilepsie.

Vous pourriez envoyer trois femmes choisies parmi les plus

instruites de votre maison n'ayant pas, autant que possible.

plus de trente ans, afin qu'elles soient plus faciles il dresser

et qu'elles puissent vous rendre des services pendant plus

longtemps ; un homme me parait suffisant (soit quatre per-

sonnes), qui, une fois dressées feraient l'éducation de leurs

auxiliaires ! * .

Quant au traitement vous ferez bien de vous guider sur la

fondation Vallée et sur la petite école de Bicêtre, quitte à

leur donner une augmentation ou des gratifications au sur et

à mesure des services qu'elles vous rendront.

Je suis à votre disposition pour les autres renseignements

pont vous pourriez avoir besoin.

Veuillez agréer, etc.

Bourneville.

M. Lesvier à M. Bourneville.

Clermont (Oise), le 9 mars 1903,

Monsieur le Médecin en chef,

J'ai reçu votre lettre du trois courant ; je vous suis très

reconnaissant des renseignements si complets qu'elle con-

tient. les médecins en chef se joignent à moi pour vous

adresser nos plus vifs remerciements. Ils vont pouvoir, ap-

puyés de votre autorité, présenter un projet d'enseignement

médico-pédagogique qui, je l'espère, aura la pleine approba-

tion du Conseil Général. 1.

Veuillez agréer, etc.

IESVIER.

CLXX Traitement iÉDICO-PÉD60 GIQUR,.

M. le D'' Bourneville à M. le D'' Thivet, directeur inté-

rimaire de l'asile de Clermont :

Bicêtre, le 9fi mai 1903,

Mon cher Collègue,

Vous pouvez envoyer vos infirmières dès la semaine pro-

clitiiiie. Je ferai tout mon possible pour que tout le monde

les accueille bien et pour qu'elles se mettent vile au courant

de tous les procédés qui constituent ma méthode de traite-

ment médico-pédagogique.

Retiendrais beaucoup, je le répète, à ce qu'elles assistent

aux cours de l'école d'infirmières.

Je vous serais bien obligé, si vous pouviez m'envoyer une

copie des procès- verbaux des séances de la Coin mission de sur-

veillance et du Conseil général où la question qui nous intéresse

a été traitée ainsi qu'une copie du projet de délibération.

Bien à vous, Bourneville.

Voici l'extrait de la séance du 30 mars 1903 de la Com-

mission do surveillance de l'asile de Clermont.

Institution de l'enseignement médico- pédagogique aux

quartiers des enfants à 1'itz-James.

Le Directeur rappelle la Commission que dans sa séance

du G octobre dernier, elle a donné un avis favorable à di-

verses améliorations, proposées par les Médecins en

chef, à apporter aux quartiers des enfants, filles et garçons,

de Fitz-James. M. l'Architecte départemental a été chargé

de dresser les plans et devis de ces améliorations.

Depuis, en vue de l'institution dans ces quartiers de l'en-

seignement médico-pédagogique, le Directeur a correspondu

avec M. le Dr Bourneville, organisateur de cet enseignement

dans la Seine. Avec les Médecins en chef de l'asile, il a

visité le très important service dirigé à Bicêtre (garçons) et

à la fondation Vallée (tilles) par nI. Bourneville qui les a

accueillis avec la plus grande bienveillance. Au cours de

cette visite et dans sa correspondance, M.(3ourneville a don-

né à MM. les Médecins en chef et au directeur, avec une

extrême complaisance, tous renseignements et conseils

utiles pour l'étude de propositions pratiques permettant de

réaliser dans la mesuredupossible, dans notre établissement,

une oeuvre humanitaire que le développement physique,

Asile DE Clermont (OISE). CLXXI

intellectuel et moral de pauvres enfants aliénés, imbéciles

et épileptiques.

M. Bourneville a, en outre, obtenu de M. le Directeur de

l'Administration générale de l'Assistance publique, l'autori-

sation pour l'asile de Clermont d'envoyer à Bicètre et à la

fondation Vallée, afin de se mettre au courant des méthodes

d'enseignement médico-pédagogique, un certain nombre

d'infirmiers et d'infirmières. Ala suite de ces correspondances

et visites, MM. les Médecins en chef ont élaboré le projet d'or-

ganisation suivant de l'enseignement médico-pédagogique

dans nos quartiers d'enfants.

1° Une surveillante, remplissant d'ailleurs les fonctions

d'institutrice pour les deux sections (filles et garçons), serait

chargée de donner aux enfants valides et non gâteux l'ins-

truction qu'ils sont susceptibles, de recevoir. Ces enfants

seraient groupés en deux séries selon que leur développe-

ment intellectuel est tout à fait nul ou simplement rudimen-

taire et chaque série aurait des heures de classe et un pro-

gramme à déterminer. La même surveillante -institutrice

pourrait, deux ou trois fois par semaine, rassembler les

enfants valides et leur faire une leçon de gymnastique élé-

mentaire suivant la formule de Bicêtre ; ces leçons pour-

raient être au moins provisoirement données dans la salle

de classe.

2° Cette surveillante devrait être secondée et au besoin

suppléée par quatre infirmières, qui feraient aussi fonctions

d'institutrices, affectées deux à la section des filles et les

deux autres à celle des garçons.

A la section des garçons : Tous les enfants gâteux (valides

ou non) quelque soit leur âge, seraient confiés à une infir-

mière spéciale; un infirmier serait attaché au service et mis

à la disposition de la surveillante pour les travaux de pro-

preté.

Le matériel scolaire devra être complété et comprendra :

1° Un nombre de tables en rapport avec celui des en-

fants ; - 2° Un meuble il tiroirs surmonté d'une vitrine

dans lequel trouveront leur place tous les objets destinés à

l'enseignement ; 3° Des cartes murales ; 4° Des

appareils pour la gymnastique élémentaire.

Le matériel scolaire et celui de gymnastique pourrait en

grande partie être fourni par les ateliers de l'Asile. Il est

impossible de créer des ateliers spéciaux comme à Bicêtre,

(il y en a huit : menuiserie, serrurerie, vannerie, rempaillage,

couture, cordonnerie, brosserie et imprimerie), pourl'instruc-

CLXXII Traitement MÉDICO-PÉDAGOGIQUE,

tion professionnelle de ces enfants, mais on pourrait, suivant t

leurs aptitudes, en confier quelques-uns au jardinier et aux

chefs des ateliers de charronnage et de maréchallerie de

Fitz-.Tames. .

A la section des filles : Outre les deux infim11ères-insliLll'

trices dont il est parlé plus haut, trois infirmières seraient

nécessaires. En plus de l'instruction primaire et des leçons

de couture, broderie, etc., données par Mmc Champy, actuelle-

ment sous-surveillante, on pourrait, comme cela* se fait à

Bicêtre, apprendre à ces enfants le repassage. Ces leçon : de

repassage pourraient avoir lieu soit ta Clermont où fonctionne

ceservice et où un petit groupe de jeunes filles pourraitulre

conduit chaque semaine en effectuant ainsi une promenade

salutaire ; soit dans le quartier do Bécrel, où un second ser-

vice de repassage pourrait être installé près de la buanderie.

Des leçons de coupe pourraient être aussi données par une

de nos couturières soit à Clermont soit dans le quartier même

des enfants. - Les leçons de chant et de petite gymnastique

des membres seraient données par la surveillante-institutrice.

Quant aux différents appareils et objets nécessaires tant pour

l'école proprement dite, objets servant à l'éducation des sens,

lettres à caractères spéciaux, etc., que pour les soinsde pro-

preté, fauteuils spéciaux des gâteuses, ils pourraient être

fabriqués en grande partie dans les ateliers de l'Asile même,

en copiant les modèles de 51. Bourneville, le surplus serait il

acheté au dehors,

Dans le projet qui vient d'être exposé, on peut remarquer

l'emploi du personnel féminin pour les petits garçons, MM.

' les Médecins en chef ont suivi en cela les conseils etlaprati-

que de M. le Dr Bourneville.

Il n'y a, dit M. Bourneville, que des avantages à confier les

petits garçons à des femmes. A Bicêtre, d'ailleurs, depuis plus

d'un demi-siècle, l'infirmerie dos adultes même, est confiée à

des femmes et dans un certain nombre d'asiles, àl'élranger,

les infirmeries et les gâteux sont généralement confiés à des

femmes. A l'asile de Meerenberg (Hollande) tout le personnel

secondaire est féminin, aussi bien dans la division des hom-

mes que dans celle des femmes.

Il n'y aurait même, dit-il encore, aucun inconvénient à met-

tre les petitsgarçons avec les petites tilles, c'est là une prati-

que qui existe dans les asiles d'idiots en Angleterre (Lettre

de M. Bourneville du 3 mars). Il n'y a pas lieu d'ailleurs d'exa-

miner ici ce dernier point, MM. les médecins n'ayant pas, en

ce moment, l'intention de mélanger les sexes.

Asile de OLEIt\1u1'i' (UISE. CLXXIII

Il est indispensable que la surveillante-institutrice et les

quatre infirmières-institutrices passent deux mois dans le

service de M. Bourneville, à Bicêtre et à la Fondation Vallée,

afin de bien étudier et comprendre les méthodes d'enseigne-

ment de M. Bourneville1. Elles devront, durant leur séjour,

suivre les cours de l'École d'infirmiers et d'infirmières de

Bicêtre, les exercices pratiques et faire les compositions.

La dépense occasionnée par ce séjour consistera unique-

ment dans les frais de voyage, aller et retour, et de nourri-

turc fixée il 1 fr. 70 par jour et par personne, suivant la lettre

de 11 : . le Directeur de l'Administration générale de l'Assistan-

ce publique du 10 février dernier.

Cette dépense pourra être prélevée sur l'article 28 du bud-

get de l'exercice courant (dépenses imprévues). Il est d'ailleurs

bien entendu que ces employées continueront, pendant leur

séjour il à à protiter du traitement dont elles jouissent

au moment de leur départ. Le traitement annuel du personnel

chargé de renseignement médico-pédagogique pourrait, en

se guidant sur la. Fondation Vallée et la petite école de Bicê-

tre, être fixé ainsi qu'il suit :

CLXXIV Traitement \lliD1( : 0-l'L;DAGOG1QOI : .

L'organisation de l'enseignement médico-pédagogique sui-

vant les méthodes de M. le D Bourneville, avec création

d'une petite école ainsi qu'il le préconise pournotre établisse-

ment occasionnerait donc, en ce qui concerne le personnel,

une augmentation de dépense de 1.812 francs; mais, si on

considère que M. le médecin en chef des femmes demande

depuis un certain temps l'augmentation d'une unité dans le

personnel des gardiennes des filles (voir sa lettro du 31 août

insérée au procès-verbal de la séance du si octobre suivant)

cette augmentation serait en réalité de 1.400 à U.500 francs.

Pour assurer l'exécution du projet, il y a lieu de demander

à la Commission départementale l'ouverture d'un crédit de

1812 fr. à rattacher il l'article 6 du budget en cours « solde

des préposés et servants » ou l'autorisation de porter la dite

somme de. 1812 fr. au budget supplémentaire de l'exercice

courant.

1\Ime Champy, surveillante des filles, est tout indiquée

pour remplirle poste de surveillante-institutrice; 1\IllleChampy

entoure nos fillettes de soins véritablement maternels. De sa

propre initiative, divisant ces enfants en deux séries, elle

leur a fait l'école, leur donnant des leçons de lecture, d'écri-

ture, calcul, couture. Il est inutile d'ajouter que MM. les

Médecins en chef choisiront avec le plus grand soin les sujets

auxquels seront confiés les autres postes.

Enfin le Directeur donne communication à la Commission

de deux lettres de M. le D1' Bourneville en date des 1G février

dernier et 3 mars courant et des tableaux de traitement du

personnel de la fondation Vallée et de Bicêtre (petite école).

La commission donne un avis favorable aux propositions

ci-dessus et notamment à l'ouverture du crédit de 1812 fr. de-

mandée. Elle émet le voeu que l'enseignement médico-

pédagogique, faisant l'objet du rapport qui précède, soit mis

en pratique le plus tôt possible.

Le projet adopté par la Commission de surveillance de

l'asile de Clermont a été soumis au Conseil général de

l'Oise. Voici l'extrait du procès-verbal qui a trait à ce

projet.

Séance du 21 avril 1903. M. le Rapporteur. Messieurs, Sur

l'initiative de M. le Préfet de l'Oise et de concert avec MM.

les Médecins en chef, M. le Directeur de l'asile départemental

a été chargé d'élaborer un projet en vue de l'organisation de

l'enseignement médico-pédagogique dans les quartiers des

Asile de Clermont (OISE) CLXXV

enfants de Fil ? James. Ces quartiers sont occupés par 52

garçons et 49 filles.

En vue de cette création MM. les Médecins en chef de

l'établissement se sont mis en rapport avec M. le Dr Bourne-

ville, organisateur de l'enseignement médico-pédagogique

dans la Seine. Ce dernier les a, non seulement accueillis avec

la plus grande bienveillance, mais a obtenu du Directeur de

l'Administration générale de l'assistance publique l'autorisa-

tion pour l'asile de Clermont d'envoyer à Bicêtre et à la fon-

dation Vallée un certain nombre d'employés pour les mettre

au co irant des méthodes d'enseignement médico-pédagogi-

que. A lasuite de correspondances et visites, MM. les Médeins

on chef sont d'avis :

il Persuadés des nombreux avantages qu'il y aurait à

confier les enfants (filles et garçons) : \ des femmes, ils deman-

dent que les différents emplois de cet enseignement soient

accordés à un personnel féminin.

2° Ce personnel comprendrait une surveillante faisant

fonction cl'intitutrice pour les deux sections. Cette surveil-

lante serait secondée par quatre infirmières qui feraient aus-

si fonctions d'institutrices; elles seraient affectées, deux à la

section des filles et deux à la section des garçons.

3° Les enfants seraient groupés en deux séries, selon

leur développement intellectuel, chaque série aurait des heu-

res de classe et un programme à déterminer. Certaines heures

seraient réservées à la gymnastique élémentaire, suivant la

formule adoptée il Bicêtre.

4° Les enfants gâteux (valides ou non) quel que soit leur

âge, seraient confiés à une infirmière spéciale.

5° Le matériel se composerait de tables, d'un meuble

dans lequel seraient classés tous les objets destinés èvl'ensei-

gnement, de cartes murales et d'instruments pour la gym-

nastique élémentaire.

Go Pour les filles, en plus de l'instruction primaire et des

leçons de couture, broderie, etc., on pourrait, comme cela

existe à la Fondation Vallée, leur apprendre le repassage.

Actuellement, le traitement annuel des employés de garde

et de surveillance pour les deux sections de Fitz-James s'é-

lève à 3.072fur.

Avec le supplément du personnel exigé pour l'organisa-

tion de l'enseignement médico-pédagogique, il s'élèverait

à 4.885 fr.

Soit une différence en plus de 1.812 fr.

CLXXVI Traitement médico- pédagogique.

La Commission de surveillance, consultée, a donné un avis

favorable aux propositions ci-dessus, et a, en outre, émis le

voeu que l'enseignement médico-pédagogique soit mis en

pratique le plus tôt possible a Clermont.

Votre première Commission, Messieurs, vous demande d'ac-

corder les moyens de réaliser, dans la mesure du possible, une

oeuvre aussi humanitaire que le développement physique, in-

tellectuel et moral de pauvres enfants aliénés et vous propose,

à titre d'essai, et en priant l'administration de faire connaître

au Conseil général, dés l'année prochaine, les résultats obte-

nus, vous propose l'ouverture d'un crédit supplémentaire de

1.812 fr. à rattacher il l'article 6 du budget, eu cours, «solde

des préposés et servants».

M. Dupuis Ernest. - Nous sommes en avril, le budget de

l'année n'a donc plus douze mois.

M. le Préfet. - Le crédit de 1.812 fr. sera déjà bien court

pour apprécier les résultats de l'cssai.

M. le Rapporteur. - Le Conseil Général pourra voter au mois

d'août un nouveau crédit pour 1901.

(Les conclusions du rapport sont adoptées).

Le 22 mai, nous avons admis dans le service \1""s Chan-

py, Gérard, Frey, Lcfèvre. Nous les avons mises à l'oeuvre

immédiatement. Tout notre personnel enseignant s'est

empressé de leur faire connaître tous les procédés

qui constituent notre méthode de traitement médico-péda-

gogique, aussi bien il Bicêtre qu'à la Fondation Vallée.

Elles ont été perfectionnées dans leurs connaissances

hospitalières en assistant aux cours professionnels, aux

exercices pratiques. Elles ont fait métier il la fois d'infir8

mières et d'institutrices conformément à notre program-

me. En effet, les enfants idiots, imbéciles, arriérés et

épileptiques sont d'abord des malades ; il faut, au moins

actuellement, puisque les administrateurs ne consentent

que des sacrifices restreints, ne pas chercher à avoir un

corps d'institutrices et un corps d'infirmières; il faut que

le personnel soit en mesure de donner et les soins et l'ins-

truction. Lors même, d'ailleurs, que les ressources per-

mettraient d'avoir un double personnel, ilestindispensable

Asile DE Clermont (omise) CLXXVII

que les institutrices sachent, il l'occasion, secourir les

enfants.

Les infirmières de Clermont, un peu déroutées au début

et n'étant pas habituées à la somme de travail qu'accomplit

de bonne volonté, notre personnel, ont vite compris que

tout ce que nous leur faisions faire était dans leur intérêt et

destiné il faciliter la tâche nouvel le que médecins et directeur

de l'Asile de Clermont voulaient leur confier. Elles nous ont

quitté le 22 juillet, satisfaites de leur séjour dans notre ser-

vice et de l'accueil bienveillant qu'elles y ont reçu. Ayons

donc l'espoir qu'elles profiteront de notre enseignement et

de nos conseils, et qu'elles sauront en faire bénéficier les

malheureux enfants de l'Asile de Clermont.

Nous avons rappelé plus haut (p. XXVIII. ce que nous

ri%oiisfait I)OItr li(ICI-(Ies lllé,(Ieuills (lesilistillitrices (les iiiiiriiiièi-es

avons l'ait pour aider des médecins, rlesinstilutrices, des infirmières

à soigner, instruire, éduquer, guérir les enfants arriérés. Nous res-

tons à la disposition des médecins des asiles qui, à l'exemple des

médecins et directeurs de Saint-1'ou et de Clermont, voudraient

créer des asiles-écoles.

Nouvelle Note additionnelle.

La note suivante aurait dû être placée avec les précédentes

(p. cxxix).

Enseignement des notions élémentaires d'anatomie et

de physiologie. - Nous avons émis bien des fois l'idée

que, dans les écoles primaires, on devait donner aux

enfants des classes les plus avancées des notions élémen-

taires d'anatomie, de physiologie et d'hygiène, notions que

tout le monde devrait posséder (1). Durant le dernier trimes-

tre des trois dernières années, quelques-uns de nos malades,

pourvus presque tous (cette année 9 sur 10) du certificat

d'études ont suivi les leçons d'anatomie et de physiologie

de l'Ecole des infirmiers et infirmières de Bicêtre. Nous

aurions voulu procéder de même pour les fillettes de la

Fondation Vallée mais des raisons matérielles nous en

ont empêché. Nous espérons être plus heureux en 1904.

(1) Pour réaliser cette réforme, il serait nécessaire de faire un

enseignement suffisant de ces sciences dans les Écoles normales.

Ce yuc nous demandons pour les enfants des écoles primaires n'est

pas moins utile pour les élèves des lycées de garçons et de filles.

130UItNE'ILLN, Bicêtre, 1903, ?

III.

Hospitalisation ou internement des enfants aliénés

(Idiots, épileptiques, fous moraux, etc.)

Paris, le 30 mars 1902.

Monsieur le Docteur,

J'ai déjà eu l'honneur de vous écrire, il y a un an à

propos d'un jeune déséquilibré, du nom de Mull..., qui

s'était évadé et que vous avez bien voulu reprendre à

Bicêtre.

On m'a mis en relation avec un jeune garçon qui n'est

peut-être pas protestant, mais dont je ne puis me désin-

terresser à cause de cela, Gustave De, 15 ans, orphelin,

resté à la charge d'une grande tante tout il.fait indigente.

On m'avait parlé de le placer à la campagne, mais c'est

un pauvre élre tout à fait déséquilibré. Le 1)'' Legras, de

l'Infirmerie spéciale du Dépôt, a bien voulu l'examiner et

le D'Thé.... lui a donné un certificat. Mais le commissaire

ne le considérant pas comme un danger public ne peut

ordonner son placement par l'autorité publique.

Qu'y a-t-il à faire pour soigner et guérir ce garçon qui

devient méchant et menace la brave vieille femme qui

partage ses dernières croûtes de pain avec lui ? P

Pouvez-vous, soit me donner un conseil, soit recevoir

la visite de Mule Gai..., rue Palikao, 17, soit l'adressser là

où elle pourrait faire entrer son petit neveu. Dès qu'il sera

considéré comme guéri, je pourrai le placer à la campagne.

Veuillez agréer, Monsieur le docteur, l'expression de

mes sentiments très distingués.

Etienne MAT....

Hospitalisation DES enfants aliénés. CLXXIX

Nous désirons appeler l'attention sur plusieurs points

visés par cette lettre et fournir en même temps à nos lec-

teurs quelques renseignements. Les idiots, enfants et

adultes rentrent dans la catégorie des malades qui doivent

être assistés et traités dans les asiles d'aliénés. On est

admis dans ces établissements : 1° par placements volon-

[¿¡ires, c'est-à-dire faits par les familles, directement à

l'asile, - ce que nous avons fait admettre, non sans

peine pour tous les malades, adultes et enfants, - mais

le Conseil général sur la proposition du Dr E. Dubois

a fait supprimer pour les enfants, les placements volon-

taires directs, ce qui a eu pour conséquence regrettahle

de rétablir pour eux, en cas d'urgence, le passage au

dépôt de la préfecture de police si redouté, parfois si

néfaste; - 2° par placements d'office, c'est-à-dire faits par

le préfet de police, après rapport du commissaire de police

et passage par le dépôt de la dite préfecture. Dans le cas

particulier, le commissaire de police n'a pas fait son devoir

puisque l'enfant malade est violent et menace sa grand'

tante. Il aurait fallu, sans doute, pour décider 1\1. le com-

missaire que le malheureux eut blessé ou tué sa grand'

tante. En pareille circonstance, trop souvent, les com-

missaires de police ne comprennent pas exactement leur

véritable rôle. Ils oublient que la loi du 30 juin 1838 sur

les aliénés est à la fois une loi de bienfaisance et une loi

de sécurité publique. Mieux vaut agir préventivement que

réprimer tardivement.

Bourneville.

IV.

De l'hospitalisation des enfants arriérés.

Beaucoup, même parmi les médecins, les administra-

teurs et les commissaires de police, ignorent quelles

sont les conditions à remplir pour l'admission des alié-

nés dans les asiles et, en particulier; des enfants idiots,

imbéciles, arriérés, épileptiques, amoraux, etc., dans

les sections qui leur sont affectées : Bicêtre et la colonie

de Vaucluse pour les garçons, la Salpêtrière et la Fon-

dation Vallée pour les filles.

La lettre suivante que nous reproduisons, non pas seu-

lement parce qu'elle vient à l'appui de ce que nous

venons de dire, mais encore et surtout parce qu'elle

donne des raisons sérieuses en faveur de l'assistance

de ces enfants, met en relief la pénible situation (le leurs

familles, paralysées dans leur action, absorbées par le

malade au détriment des autres enfants sains, et ceux-

ci exposés iL des actes mauvais de la part du malade ;

cette lettre, enfin, nous four 'il l'occasion de renseigner

nos lecteurs.

Paris, le 28 mars 1903.

Monsieur et très lionoré confrère,

Veuillez m'excuser si je prends la liberté de vous recom-

mander la jeune Bousq..., demeurant dans sa famille, 3, rue

Bâche... Cet enfant, complètement arriéré et impulsif,

devient méchant et dangereux dans sa famille, pour sa soeur

qu'il frappe et pince, et aussi pour sa mère.

On ne peut le laisser seul dans la crainte du feu ou d'autres

méfaits, et 111» Bousq... dont le mari est alcoolique, et qui

Hospitalisation DES enfants IDIOTS. CLXXX !

n'a pas de bonne, ne sait comment faire ses courses sans

emmener son fils qui est loin d'être facile il mener. A mesure

qu'il prend de l'à;c et de la force, il devient plus difficile à

conduire et n'accepte aucune autorité.

Le dossier de l'enfant est prêt, parait-il, pour Bicêtre, et ce

serait un immense service que vous rendriez à cette pauvre

femme si vous pouviez hâter l'admission du jeune Paul aux

enfants arriérés. M"10 Bousq..., m'a écrit pour que j'intercède

près de vous, car je suis leur médecin depuis 10 ans et j'ai

vu naitre les enfants et les ai suivis depuis.

Je vous serais reconnaissant pour ma part, si, il. ma prière ,

vous pouviez hâter cette admission et rendre ce grand service

à cette mère si éprouvée.

Veuillez agréer, Monsieur et cher Confrère, l'assurance de

ma considération très distinguée, ainsi que tous mes remer-

ciments. -

D' M...

Adjoint au Maire du... arrondissement.

Voici d'après la loi du 30 juin 1838, les formalités il

remplir pour l'admission des adultes et des enfants alié-

nés, par placement volontaire.

"ART. 4. - Toute demande d'admisson doit être écrite et

signée par la personne qui la présente ; si l'auteur de la

demande ne sait pas écrire, celle-ci est reçue par le maire

ou le commissaire de police. Elle doit contenir les noms, pré-

noms, profession, âge et domicile tant de la personne qui la

forme due de la personne dont la placement est réclamé, et

l'indication du degré de parenté, ou, à défaut, de la nature

des relations qui existent entre elles.

«Art. 5. -- La demande doit être accompagnée : 1° d'un

certificat du médecin constatant l'état mental de la personne

à placer, indiquant les particularités de la maladie, ainsi que

la nécessité de faire traiter la dite personne dans un établis-

sement d'aliénés. Ce certificat qui doit être légalisé, ne peut

être admis s'il a plus de 15 jours avant sa remise au directeur

de l'asile. Le médecin signataire du certificat ne doit pas être,

attaché à l'asile, ni être parent, ou allié, au second degré

inclusivement, du directeur de l'a-ile ou de la personne qui

fait effectuer le placement; 2° d'une pièce constatant l'in-

dividualité de la personne à placer : bulletin de naissance,

de mariage, livret de famille, etc.

CLXXXII Hospitalisation des enfants idiots.

Avec ces pièces les adultes peuvent être conduits direc-

tement dans les asiles par leur famille et admis de suite.

C'est à la suite d'une longue campagne au Conseil général

(1878-1883), que cette faculté a été accordée aux familles

et qu'elles ont la faculté d'éviter le pénible passage par la

Préfecture de police. - Pendant plusieurs années, il en a

été de même pour les enfants. Mais en 1896, un conseiller

général, pour des raisons qu'il n'a pas données, a fait

supprimer le placement direct des enfants dans les sec-

tions qui leur sont affectées et fait rétablir le passage à la

Préfecture de police, de telle sorte que, aujourd'hui, leur

admission est ainsi réglementée :

Dispositions particulières aux enfants de 2 à 18 ans, aliénés

ou idiots.

AnT. 9. - Les placements volontaires d'enfants aliénés ou

idiots, âgés de moins de 18 ans, peuvent avoir lieu directe-

ment dans les établissements où il existe des quartiers

spéciaux affectés au traitement des enfants.

(Toutefois; en vertu d'une délibération du Conseil général

en date du 29 décembre isba6, il n'est plus admis provisoire-

ment d'enfants, dans les quartiers spéciaux qui leur sont

réservés, ! ar voie de placement volontaire direct. Toutes les

demandes doivent être centralisées à l'asile Clinique (Sainte-

Anne), rue Cabanis, n° 1, où un registre est ouvert à cet effet.

Les admissions ont lieu dans l'ordre rigoureux des inscrip-

tions et au sur et il mesure des places disponibles.)

Art. 10. - A défaut de place disponible dans ces établis-

sements et aucun enfant ne devant séjournera l'asile Clinique,

les demandes de placements volontaires auxquelles il ne peut

être donné satisfaction immédiate sont inscrites sur un

Registre spécial, ouvert dans chaque établissement où il

existe un quartier d'enfants. L'admission des enfants a lieu

dans l'ordre rigoureux des inscriptions et au sur et à mesure

des vacances.

D'après la lettre de notre correspondant, la famille a

rempli les formalités nécessaires, l'enfant est inscrit sur

le Registe de l'Asile clinique et, malgré les graves raisons

qui sont invoquées pour son envoi à la section des enfants

de Bicêtre, il doit attendre son tour.

Modes DE placement. CLXXXIII

t

Mais, et c'est là le renseignement intéressant pour notre

correspondant, il y a un second mode de placement, le

placement d'office. Les pièces à fournir sont les mêmes

que pour le placement volontaire. Toutefois, il faut en

outre obtenir du commissaire de police un rapport sur

l'enfant. La famille, par deux témoins, doit lui fournir la

preuve que l'enfant est dangereux.

La famille, munie des pièces exigées par la loi et du

rapport du commissaire de police, conduit l'enfant à l'in-

firmerie spéciale du Dépôt, a la préfecture de police, quai

de l'Horloge. Il y est examiné par M. le D'' P. Garnier ou

par M. le D'' Legras, expédié le jour même (1) à l'Asile

clinique et, en général, le lendemain dirigé sur l'un des

services consacrés aux enfants : c'est donc ce moyen que

nous conseillons, vu l'urgence, à notre honorable corres-

pondant... à la condition que le commissaire de police lui

fournisse le rapport indispensable. En effet, les commis-

saires de police, le plus souvent, et par erreur, ne voient

dans la loi du 30 juin sur les aliénés qu'une loi de sécu-

rité et en ignorent le caractère principal - loi de

bienfaisance, d'assistance et ne veulent faire de rapport

que s'il y a des attentats à la propriété ou aux personnes.

Dans l'intérêt des enfants malades, de leurs familles et de

la société, le préfet de police, M. Lépine, ferait acte d'hu-

manité en donnant des instructions il ses agents pour qu'ils

facilitent, au lieu de l'entraver, l'hospitalisation des

enfants, idiots intellectuels, idiots moraux, épileptiques.

Enfin, et c'est par la que nous terminerons, les. différen-

tes administrations d'assistance publique devraient mettre

libéralement à la disposition des citoyens les avis concer-

nant les conditions à remplir pour être inscrit aux

bureaux de bienfaisance, pour être admis dans les hôpi-

taux, les hospices, les fondations, les asiles de tous genres.

(1) Autrefois les enfants couchaient au dépôt, plusieurs dans la

même ccllulc ou avec des adultes, et y restaient même plusieurs

jours. Avec l'appui de la Commission de surveillance des asiles,

nous avons obtenu qu'ils soient, envoyés le même jour il l'Asile

clinique et le lendemain dans les services spéciaux.

CLXXXIV Hospitalisation DES enfants IDIOTS.

Il faut faciliter aux malheureux l'accession aux secours,

l'assistance, l'hospitalisation. Il faut aussi quç dans toutes

les administrations, on les accueille, non pas d'une façon...

disgracieuse, mais fraternellement, humainement.

Bourneville.

Planche I.

Jeu de dominos en couleur.

Cette planche représente un jeu de dominos en couleur

dont on se sert dans notre service de Bicêtre et de la Fonda-

tion Vallée, ainsi qu'à l'Institut médico-pédagogique, depuis

une dizaine d'années' (voir Compte-rendu pour 1895, p. IX).

Nous avons appelé sur ce procédé d'enseignement des cou-

leurs l'attention des visiteurs du service. Il a figuré à l'Ex-

position internationale de 1900 et il l'Exposition de l'enfance

au Petit Palais en 1HO). Si nous rappelons l'histoire du jeu de

dominos en couleur, c'est qu'un médecin étranger, qui a

visité notre service il y a quelques années, s'est laissé attri-

buer le mérite de cette petite invention qui porte son nom.

Sic vos non vobis. -

DEUXIÈME PARTIE

Clinique, Thérapeutique et Anatomie pathologique

l3uutiNrvn.i.ic. Ilieilrc, 1 ! 0. 1

1 1.

De quelques formes de nanisme et de leur traitement

par la glande thyroïde;

Par ]l11l'UXE\'IUÆ et IÆ1UAIUE.

Nous avons l'habitude, dans notre service, de pren-

dre chaque semestre, le poids, la taille, les mensu-

rations delà tête, l'évolution de la puberté de tous les

enfants, de 2 à 18 ans - et au-delà quand cela est possi-

ble - pratique qui devrait être adoptée pour les enfants

normaux. Nous disposons donc de documents consi-

dérables sur la croissance des enfants et des adoles-

cents (1880-190) (1), sur le développement et les ano-

malies des organes génitaux, sur l'évolution de la

puberté. Notre but, aujourd'hui, n'est pas de les uti-

liser tous, de faire un travail d'ensemble, mais d'en

détacher un chapitre spécial : L'action de la glande

thyroïde sur les enfants en défaut décroissance.

Depuis bien des années, pour la première fois en

1880, nous publions des observations de malades ap-

partenant aux diverses formes cliniques de l'idiotie et

0 (Irant en outre un arrêt de développement physique

ou nanisme (2), plus ou moins prononcé.

(1) On en trouvera un grand nombre dans nos Comptes-Rendus.

(2) Nain, lIan1lS, qui vient de v",vo;, et celui-ci de V"'VlOV, })('-

li/ agneau, ou délicat. (Virey. Dici. (il 60 vol., t. XXXV,

p. 145. - Nanisme, vavoç, nanans, d'où l'on a fait nain, naine,

nanisme (de Rochas, Dict. encyclop.)

4 De quelques formes de nanisme.

Le nanisme n'a l'ait autrefois l'objet d'aucune étude

vraiment scientifique. L'histoire des nains n'a été long-

temps qu'une histoire anecdotique. Ce n'est qu'avec les

anthropologistes(Deniker, Ouélelel, Topinard, etc.1 que

la question se précise. Les anlhropologisles s'occupent

surtout de définir le nanisme, d'en marquer les limites.

Toutefois, ils reconnaissent, en particulier Topinard,

qu'il est difficile de savoir où commence le nain. Ce

même auteur avoue qu'il n'y a pas de démarcation entre

les tailles basses et le nanisme.

La question du nanisme s'est, de nos jours, en quel-

que sorte, déplacée. Les neurologistes l'ont étudiée, il

leur tour, dans de nombreux travaux qui pourraient

faire l'objet d'une thèse ou d'une revue critique inté-

ressante, au point de vue clinique et pathologique.

Définitions. « On donne le nom de lui'ns à tous

les individus dont la taille eslde beaucoup inférieure à

la moyenne de leur espèce (1). » « Le Nanisme est

une anomalie de l'être humain caractérisée par une di-

minution de volume de toutes les parties du corps ci

par l'exiguïté delà taille qui varie entre 0 m. (iOet 1m.

'20(2). » Ces définitions n'ont rien de précis. La limite

d'un mètre 20 est ton ta fait arbitraire. Peut-être pour-

rait-on dire que le nain est un individu dont la laille

est notablement inférieure à celle de son espèce et

dont l'exiguïté de la taille est due il un arrêt de déve-

loppement portant sur les diverses parties du corps

(damier) et reconnaissant des causes diverses.

Nous ne nous occuperons pas des nains dans l'histoire,

on trouvera des renseignements sur eux dans BU/rOll,

damier (3). etc.

Variétés cliniques. Les malades, chez lesquels

nous avons observé le nanisme peuvent se grouper

(1) A, DE HOCIIA, /Jiet. Cl/C ! /el. tlssc. nuit/ica/cs, Art. ¡YlI1lismc.

( : 2) LANCE¡{EAUX, cité dans Viel. ellcllct. Tout le monde sait

que le nanisme s'observe non seulement chez l'homme, mais chez

les autres animaux et aussi chez les végétaux.

(3) Nains et Géants, 7Jt ? i. des Merveilles, Hachette, éditeur.

Nanisme par arrêt de développement simple. 5

ainsi 1° Nanisme par arrêt de développement simple,

ou compliqué, soit d'infantilisme, soit d'obésité, soit

de rachitisme, soit de paralysie ou de diplégie spas-

modique ou non ; - 2° N. l2 Jxaeclon2atezc.x, ; 3" N.

Mongolien. Un autre groupe pourrait être constitué par

le nanisme achondroplasique (P. Marie, Ponce t, etc.),

mais nous le laisserons de côté, n'en ayant pas eu de

spécimen dans notre. service.

Nous avons observé un nombre assez considérable de

malades appartenant à chacun de ces trois groupes :

nous donnerons de chacun d'eux quelques exemples.

Beaucoup ont été traités par la glande thyroïde (1).

C'est surtout l'exposé des résultats de ce traitement que

nous nous proposons de faire aujourd'hui.

1. T.- Nanisme par arrêt de développement simple.

Or.S. I. - lntt;nCIf.LITF; prononcée ; nanisme.

Vailla. (Gabriel), né le 2 mars 1880 à Montlignon.

(8.-et-0.1, entre dans le service le 28 avril 1888.

Fils d'un père alcoolique et d'une mère névropathe et al-

coolique, il présente un retard notable dans l'apparition de

la parole, de la dentition, de la marche et de la propreté.

Sa puberté présente un léger retard. 189.1 : état glabre

de tout le corps. Testicules descendus du volume d'un hari-

cot. Vergede4 cm. de long sur5cm. de circonférence. Taille.

t.7.

189fi. - En raison de son arrêt de développement physi-

que (1 m. 27 au lieu de 1 ni. il est mis au traitement thyroï-

dim le t" janvier jusqu'en novembre. Sa taille s'accroît de

(l) Bourneville. De l'admit dr la glande thyroïde sur la crois-

sance et V obésité chez les idiots myxoedémateux, obèses ou atteints

de nanisme. (Communication au Congrès des aliénislcs et neiiilo-

logistes de Nancy, 1S'J(i, p. 'i'r2, et inBoat.r.r : c : a, De l'action de

III glande thyroïde sur la croissance, Thèse de Paris, 181G ; -

Trois 1''15 d'idiotie 1J ! yxoe(il'maltUSC tl'Ililés liaI' l'ingestion </)) ? 0t-

dienne. (Congrès des aliénistes et neurologistes, session de Bor-

deaux. 159 ? tome II, p. t.')t ; Idiotie profonde avec nanisme

Pl infantilisme : amélioration considérable. (Compte-rendu de

1902, p. 133 et Archives de neurologie, 190-2, vol. XVI, p. 3S),

etc., etc.

6 De quelques FORMES de nanisme.

3 cm. Pendant cette année, l'état, de ses organes génitaux se

modifie peu. Le corps est toujours glabsp. Testicule, oeuf de

pierrot. Verge 4 cm. et 5 m.

1897. - Deuxième traitement thyroïdien du ler février jus-

qu'au 31 décembre, avec une suspension du 30 mai au 20

juin. La taille s'accroît de 3 cm. 5.

1898. Troisième traitement thyroïdien du ter janvier au 13

août. La laille atteint 1,353; elle a crû pendant ce troisième

traitement de 2 cm.

Le tableau ci-après indique les oscillations du poids

pendant les différents traitements et les suspensions,

ainsi que la marche de la croissance.Nous avons les mê-

mes tableaux pour tous nos malades, il serait fastidieux

de les reproduire tous; aussi nous contenterons-nous de

celui de Vail..., comme modèle.

Traitement thyroïdien.

Nanisme par arrêt DE développement simple. 7

8 De quelques formes de nanisme.

Nanisme par arrêt de développement simple. ! 1

cent. sur un cent. /2 à gauche ; de 7 cent. sur trois à droite.

En dedans de chaque mamelon quelques poils, plus nom-

breux à gauche. Sur la partiemoyenne du sternum, bande de

poils rares mais assez longs. Traînée de poils de l'ombilic

à l'appendice xiphoïde. Le dos, les fesses sont glabres. Poils

rares sur la face pustéro-externe des bras et avant-bras.

Poils rares sur la face externe des cuisses. Poils cha-

tains Irisés, peu longs, occupant tout le pénil (14 cent. sur 5)

commençant à envahir les aines et envoyant une traînée de

poils ra ! 'esjusC(u'au nombril. Les bourses sont rétractées et

les testicules sont de la grosseur d'un petit oeuf de poule.

Cire, de la verge, 9 cent. ; long. 9 cent. Gland découvert et

normal. Poils assez abondants au périnée et autour de l'a-

nus.

Tableau du poids et de la taille de 1895 Il 1 no;).

10 De quelques FORMES DE nanisme.

jusqu'à ce jour (1 m. 47 en novembre 1903). Signalons

les anomalies du développement du système pileux et le

développement notable des organes génitaux qui ont les

dimensions normales.

OBS. IL (Résumée). -IMBÉCILLITÉ. Nanisme. Croissance

RETARDÉE.

Delc.. (Léandre-Adolphe), né le 7 octobre 1873, entre dans

le service le 27 mars l88j. On trouve dans ses antécédents :

père nerveux ; rien à signaler du côté des grands-parents

paternels ; mère nerveuse ; mais jamais de crises ni d'atta-

ques ; un oncle paternel, alcoolique; un cousin germain riu

côté paternel s'est suicidé. Rien à relever à la conception ni

pendant la grossesse. Début, de la marche à 2 ans ; début

de la parole à 6 ans. Gâtisme à l'entrée dans le service. Quel-

ques convulsions vers l'âge de 6 ans. La mère ne peut préci-

ser à quel moment on s'est aperçu de l'état de l'enfant. En-

voyé à la campagne et perdu de vue pendant quelque temps

par la mère, celle-ci constata seulement à son retour

qu'il était idiot, onaniste, avec idées et gestes de rapports

sexuels.

De 1893 à la fin de 159, Delc ? n'a grandi que d'un centi -

mètre par année ainsi que l'indique le tableau suivant :

Nanisme par arrêt de développement simple..11

De quelques formes de nanisme.

vomissements pendant tonte la durée de la grossesse, céphalal-

gics, syncopes.

Première dent à 8 mois ; début de la marche à 12 mois ;

propre avant 18 mois, début de la parole avant 18 mois.

Jamais de convulsions, coléreuse dans l'enfance, chorée à

14 ans, d'abord limitée au côté gauche, puis généralisée.

Premières règles en mai 1892. Première attaque d' hystérie en

avril 1892. Soignée à la Salpêtrière de janvier 1892 à septem-

bre de la même année. Attaques fréquentes, accompagnées de

contractures, plus fréquentes au moment des règles. Som-

meil agité. Ne paraît pas avoir de rétrécissement du champ

visuel, mais a une hémianeslhésic de toute la moitié gauche

du corps.

1896. 18 février. Traitement thyroïdien. Sa taille étant de

ln'r3 au lieu de lu56, à son âge, 18 ans, on lui donne de la

glande thyroïde.

Tableau des poids et taille avant, le début du traitement.

Nanisme par arrêt de développement simple.

1 : !

En résumé, l'augmentation de la taille n'a subi qu'une fai-

ble augmentation d'un demi-centimètre en quatre mois de

traitement. Notons que. de janvier 1895 à janvier 18'J6,la crois-

sance avait été nulle. Barb... est âgée de 18 ans.

2e Traitement.

Nanisme par arrêt DE développement SIMPLE. 15

La malade prétend ne pas s'être touchée et ne pas avoir

eu de rapports sexuels ( ? ).

B... est sortie de la Fondation Vallée en janv. 1898.

Elle a exercé pendant quelque temps la profession

d'infirmière, puis s'est mariée. Elle à eu un enfant âgé

maintenant d'environ 4 ans sur lequel nous n'avons pas

de détails. Depuis, elle a fait une fausse couche à la suite

de laquelle elle aurait été très malade. Son père serait

mort il y a 18 mois, on ne sait de quoi. En raison de son

développement génital, il s'agit là d'un cas de Nanisme

sans infantilisme. Résultat négatif du traitement. Mal-

heureusement, il ne nous a pas été possible de retrouver

la malade et de faire prendre la radiographie. Mais

l'absence de croissance, dans un âge encore peu avancé,

autorise à penser qu'elle avait les cartilages épiphy-

saires soudés.

L'observation suivante, qui aurait mérité d'être publiée

complètement, est un bel exemple de nanisme compliqué

d'une double luxation congénitale de la hanche et de

malformations curieuses.

Observation V.IMBÉCILLITÉ. Luxation congénitale DES HAN-

CHES ; arrêt DE développement PHYSIQUE sans infantilisme.

Malformation DE l'ombilic ET DE L'HYMEN. Anomalie DU sis-

T8ME PILEUX génital ; traitement thyroïdien.

Deses... (E.-M.), née le 3 mars 1887, est entrée le 20 mai

1897 à la Fondation Vallée.

1900, 18 déc. - Taille : 1 m. 23 au lieu de 1 m. 40. Poids :

27 kil. 200. Glande thyroïde ; 0 gr. 50 la 1re semaine, 0 gr. 75

lu seconde, 1 gr. ensuite jusqu'à la fin de ce premier traite-

ment (18 mars). A ce moment : taille : 1 m. 24; poids :

25 kil. 500. La radiographie montre que les cartilages épi-

pliysaires sont ossifiés à leur partie moyenne et non dans

leurs parties internes et externes (fémur, tibia et péroné).

A partir de là jusqu'en juillet 1J02, la taille s'est élevée

jusqu'à 1 m. 30. Sous l'influence d'un second traitement du

1 ? juillet au 30 septembre, accroissement d'un centimètre,

mais ce traitement a été irrégulier par suite de manquements

fréquents de glande. Le poids est descendu de 31 kil. 500 à

30 kil,

Troisième traitement du 1°»' janvier au 31 mars 1903. Le

10 De quelques formes de nanisme.

traitement a été régulier ; la dose a été portée à 1 gr. 25. La

taille n'a guère été modifiée (1 m. 31).

Quatrième traitement du 1«' juillet au 30 sept. 1903. Aucune

modification du poids et de la taille : La radiographie, faite

à la fin de juillet, montre que les cartilages sont tout il fait

ossifiés.

La malade a 16 ans. Les règles ont paru pour la première

fois en juillet et, depuis, ont été régulières. Poils rares sous

les aisselles. Seins : .12 cent. de hauteur sur 15 de largeur.

Pénilglabre. La taille (1 m. 31) est de 211 mm. au-dessous

de la taille moyenne à son âge (16 ans).

1904, I¡Juin, - Puberlé et organes génitaux. Les règles, pa-

rues sans accidents en juillet 1903, ont toujours été réguliè-

res : elles durent 4, 5 ou 6 jours.

Sous les aisselles, bande de poils châtain brun, assez

longs, de 6 cent. sur 2. Le tronc, les membres, sont glabres.

Les seins, égaux, sont assez développés (Fig. 17). Leur dia-

mètre transversal est de 12 cent., le vertical de 11 cent. L'a-

réole mesure 3 centimètres, le mamelon, assez saillant, près

d'un cent. Bande de poils recouvrant, dans toute leur hau-

teur, le bord et la face externe des grandes lèvres qui sont

assez volumineuses. Le mont de Vénus n'existe pas, il y a

une dépression assez profonde, sorte de gouttière qui, partant

de la racine du clitoris, remonte jusqu'à l'ombilic. Au lieu

d'un mont, il y a une vallée. Cette dépression sépare l'extré-

mité supérieure des grandes lèvres qui ne se rejoignent pas.

Le clitoris, son capuchon et son gland sont plutôt un peu

gros ainsi que les petites lèvres. L'hynien, circulaire, offre

trois franges, deux latérales épaisses, assez longues, et une

inférieure qui part de l'extrémité inférieure de la frange

droite, mesure un centimètrc et demi, descend au-dessous(le

la fourchette et est large de 5 à millimètres ? </. 1\)). Des

côtés du clitoris, partent deux petites veines verticales ro-

sées qui aboutissent à une veine bleue transversale.

L'ombilic présente une mal forma lion curieuse. Il n'est si-

tué qu'à quatre centimètres et demi du bord du pubis (1). Il

forme une saillie légère, elliptique, presque lisse, à peu près

sans rides. Le tronc, les membres, le périnée et l'anus sont

glabres. Poids : 36 kilogr. au lieu de 4C kilogr. 800. Taille : 1

m. 31 (depuis janvier 1903) au lieu de 1 m. 546.

Il) Chez une fillette de mumc taille, âgée de 1 uns, la distance

de l'ombilic au pubis est de douze centimètres.

Ftc. 17.

Bournevilll, Bicêtre, 1903.

Nanisme par arrêt de développement simple. 19

Au début du premier traitement, les cartilages ppiphy-

saires du fémur,du tibia et du péroné étaient déjà osai-

fiés à la partie muyenne. Maigre cela, nous avons vu la

taille monter de 1 m. z à 1 m. 24, 1 m. 31. Le quatrième

traitement a été inefficace. Une nouvelle radiographie,

en nous montrant les cartilages entièrement ossifiés,

nous en a fourni l'explication. Nous avons eu affaire ici

àun vrai cas de nanisme sans infantilisme. Relevons la

malformation de l'ombilic, du mont de Vénus et de l'hy-

men, et l'existence d'une double luxation congénitale de

la hanche (Fig. 17 et 19).

Fin. 19. - inlairoi mativit de 1'uiiibiit et de 1 hymen.

0 De quelques formes de nanisme.

Obs. VI. Imbécillité avec perversion ni : INSTINCTS, nanisme ;

CRYPTORCHIDIE UNILATÉRALE ; NANISME SIMPLE.

Dur.... (Emile IL), né le 20 octobre 1883. entré le 17 fé-

vrier 1890, transféré à Villejuif le 18 février 1903.

1898. 25 janvier. Poids : 25 kil. 400, au lieu de 41 kil. 200 ;

Taille : 1 m. 30 au lieu de 1 m. 51.

Du 25 janvier au mois de juillet, 1 gr. de glande. En juil-

let, 1 m. 32 et 27 kil. 600. Le gain a été médiocre. Nous au-

rions dû élever davantage la dose, car la radiographie indi-

que l'absence de soudure des cartilages épjphysaires des

genoux. D.. a été transféré à l'asile de Villejuif le 18 février

I ! )03. Avant son départ, on note : moustaches naissantes ;

duvet sur le reste de la face ; aisselles et tronc glabres.

Pénil assez bien garni (8 cent. de large sur 3 de haut) ; un

seul testicule de la grosseur d'un petit oeuf de poule dans les

bourses, on ne sent pas l'autre dans le canal inguinal.

OBS. VII. - Idiotie ; nanisme.

Charm.. (Victor), né le 4 janvier 1S'J0, est entré dans le ser-

vice le 27 juin 1892.

1898. lez avril. - Poids : 20 kil. ; Taille : 1 m. 09, soit 13

cent. en moins (1 m. 22).

Du 1er au 8 avril 1899, 0 gr. 50 de glande ; du 9 avril au 31

octobre 1900, un gramme. A cette dernière date : Poids :

22 kil. ; Taille : 1 m. 17.

190J . Second traitement. - Du 4 janvier au 5 avril, un

gramme ; du 9avril au 22 mai, 1 gr. 25 ; à partir de là, les

doses ont varié entre 0 gr. 75, 1 gr.. 1 gr. 25, suivant l'appro-

visionnement, jusqu'au 30 novembre. A cette époque :

Poids : 24 kil. Taille : 1 m. 20.

1902. Troisième traitement. - 1er juin au 30 août, 0 gr. 25 ;

0 gr. 50 ; 0 gr. 75. A la fin, Poids : 27 kil. 4 ; Taille : 1 m. 28;

soit 1 kil. 600 et 9 cent, et demi seulement en moins au lieu

de 13 au début du traitement.

1904. Janvier. -Poids : 33 kil. 7 ; Taille : 1 m. 38, soit 3 kil.

4 et 89 mm. en moins. Puberté : Fin duvet aux extrémités delà

lèvre supérieure; rien à la lèvre inférieure ni au menton, niaux

joues. Le tronc, en avant et en arrière, les bras, sont glabres.

Aisselles glabres. Couronne de poils noirs assez longs, à la

racine de la verge, formant une bande d'un cent. qui l'enca-

dre. Cir. 6 cent., long. 7 cent. Pas d'onanisme. Gland pointu,

9 Nanisme par arrêt de développement simple, 21

en partie découvert. Méat un peu étroit ; léger rétrécisse-

ment de la verge à la base du. gland. Quelques poils assez

longs au périnée et autour de l'anus.

1904. 1 cr,iuin. - Poids : 3G kil. 800 ; Taille. 1 m. 40, soit en-

core 8 cent. en moins (1 m. 48). .

08S. VIII. - IOIOTIE ; nanisme simple.

Beau.... (Charles), né à Paris le 20 juin 1884 ; entre le 3 dé-

cembre 1887.

189\1. - Poids : 25 kg. 700; Taille 1 m ? >;1. 1 ? Traite-

ment duler avril au 5 août. (I gr. 50, 1 o,r. Poids : 25 kil. 60 ;

Taille 1 m. 24.

30 septembre 1899. - Poids : .25 kil. ()0 : Taille 1 m. 2î. ? fraitement du 10 septembre au 31 janvier lcJOll. 1 gr. ;

Poids : 22 lcil. : Taille : 1 m. 25.

1 ! 100. Poids : ? 2 kit. ; Taille 1 m. ? ï. 3^ traitement du

10 février au 5 octobre, 0,50,0,75, 1 gr. ; Poids : 2) kil, ;

Taille : 1 m. 29. soit en 18 mois un gain de li cent.

1\101. Janvier Poids : 26 kil. ; Taille : 1 m. 295. 4me trai-

tement du 1er janvier au 3U novembre, 1 gr. : Poids : 29 kil. ;

Taille : 1 m. 3fi5.

1904. \"juin. -Poids : 41 kil. ; Taille : m. 52, soit encore,

15 cent. en moins (1 m. 67).

OPS. IX. - Imbécillité : nanisme simple relatif.

Nicol... (J.-B.-R.-P.), né le 12 juillet 1886 : entré le 27 sep-

tembre 1899.

1900. 1 ? février. Ce malade mesure 1 m355 et pèse 34 k. 200,

soit 12 cent. et un kilogramme en moins que la moyenne à

son age.- Traitement thyroïdien : 0 gr. 25 du 1er au 8 février ;

- 0.50 du 9 au 10 février ; 0.75 du 17 au 25 février ; 1 gr. du

26 au 28 février ; 1 gr. 25 du 1" mars au 31 juillet 1901. - A

partir de là,l'approvisionnementen glande faisant défaut, il

a pris tantôt 0.75, tantôt 1 gr., jusqu'au 30 novembre. Poids

37 kg.; taille, lm435. Gain : huit centimètres. Les organes gé-

nitaux et le système pileux sont bien développés.

1904. 1er juin. - Poids : 5G k. 700 ; taille : lm61, d'où une

différence minime en moins de 2 centim. (lm63).

22 , DE QUELQUES formes DE nanisme.

OB$, X. - IDIOTIE ; ÉPILEPSIE ; croissance retardée.

GUÉRISON DE L'ÉPILEPSIE.

Dura ? (Alexandre), né le 10 mai 1887, est entré le 10 avril

1891.

Ce malade a eu, en '1891, 103 accès d'épilepsie etl accès en

1892. Depuis lors jusqu'à la fin de 1903, il n'a pas eu d'accès.

1899. - Poids 33 k. 300 : taille 1 m. 32 (au lieu de 1 m. 38).

Premier traitement du 20 juin au 28 février : 0 gr. 50,

1 gr., - 1 gr. 25. Poids 3G kg.; taille 1 m. 350.

1900. Poids : 36.500 taille 1 m. 352. Deuxième traitement

du 1er mai au 28 février 1902, gr. et 1 gr. 25. Poids 37 le. ;

taille 1 m. 425, soit 85 m/m. en moins (1 m. 511. L'enfant a

continué de grandir régulièrement.

1904. 1 cr juin. - Le poids est de 57 k. 200 ; la taille de 1 m. 58.

c'est-à-dire à peu près normale ( m. 59). -Pas d'infantilisme.^

Cet enfant a eu en 1891 cent trois accès d'épilepsie, un

en 1892 et rien depuis cette époque. On peut donc le con-

sidérer comme guéri de l'épilepsie.

OBS. XI, - Imbécillité ; nanisme simple.

Herv... (Albert), né le 18 juillet 1883, à Paris : entré le 6 oc-

tobre 1898.

1899. - Poids : 32 kg. 100 ; taille : 1 m. 292, soit en moins 2C

cent. - 1 traitement du 20 l'evrier 1899 au 18 octobre 1900 ;

0 gr. 50 du 5 au 26 février ; 0 gr. du 27 février au 28 février

1900; 1 gr. 25 du 1 cr mars au 18 octobre. Alors, poids : 34 ki-

los 600 ; taille : 1 m. 36.

1901. - ler janvier au 30 nov. : 2e traitement. - 1 gr. 25

jusqu'au 14 juillet. A pariir de là, la dose a varié entre 0 75

et 1 gr. jusqu'au 30 novembre. Poids : : 38 kg. Taille : 1 m. 42.

1902. - Troisième traitement du 1er mars au 31 mai : 0 gr. 25

du 1er au 10 mars; 0.50 du l1 au 24 mars, Ogr. 75 J 25 mars au

4 avril ; 1 gr. du 5 avril jusqu'au 31 mai. Poids : 10 kg. j taille :

1 m.47, soit à la fin de ce troisième traitement un gain de

dix-huit centimètres. Développement régulier du système

pileux et des organes génitaux.

1904. - 1 CI' juin. Poids : 48 kg. ; taille : 1 m. 54, d'où une

différence en moins de 13 centim (1 m. 67).

Nanisme par arrêt de développement simple. 23

OBS. XII.-INIBÉCII.1,ITI ; ÉPILEPSIE ; nanisme simple,

Jobel... (Albert), né le 8 mars 1884, entré le 30 juin 1892,

passé aux adultes le 11 juin 1902.

1899. - Taille : 1 m. 51. Poids : 48 k. 500.

Traitement du 27 octobre 18'i9 au 31 mars 1900 : 0 gr. 25 ;

0 'r. 50 ; 1 gr. ; 2 or. ; 2 sur. 25 ; 3 go-. ; 3 gr. 25 ; 3 gr, 50.

Taille : 1 m. 53 ; poids : 52 k. 5"0, soit un gain de 2 centim.

1904, 10 j,lin. - Poids : 52 k. 600 ; taille : 1 m. 59, soit 11 l

centim. au-dessous de la moyenne de son Age (1 m. 67.)

Les organes génitaux et le système pileux sont tout t1

fait. normaux.

ncs, XIII. - Arriération intellectuelle ; nanisme simple,

1)elom... (Louise-Andrée), née le 4 juillet 189 ? , entrée le

8 septembre 1897.

1898. i) juillet. - L'enfant ayant 13 cent, de moins (0 m. 92)

que la taille moyenne il son âge (1 m. 05), nous lui donnons

Ilgr. 50 de glande thyroïde. On la supprime le 30 juillet, il

cause de l'élévation de la température.

1899. 2 janvier. - Heprise de la glande, 0 gr. 50 pendant

une semaine, 0 gr. 75 durant la seconde semaine, puis 1 gr.

Suppression de la glande le 19 janvier, à cause de l'élévation

de la température. Taille : 0 m. 98.

Du 26 déc. 1899 au 15 avril 1900. Traitement par la glande.

Poids : 18*k. Taille : 1 m. 03.

1900. Du 5 septembre au 5 déc.Gfande : 0 gr. 25. 0 gr.50.

un gramme. La taille est il 1 m. 08.

1911.1 ? septembre. La radiographie montrant que les

cartilages ne sont pas ossifiés,on reprend la glande, 0 gr. 50.

0 gr. 75, un gramme, 1 gr. 25. Suspension de la glande le

25 nov. (pneumonie). Taille 1 m. 12.

1902. Du 2 juillet au 27 septembre. Glande de 0 gr. 25 à 1

gr.Taille : 1 m. 17.

1903. Du 2 janvier au 31 mars. Glande, même dose. L'en-

fant a gagné 35 mm. Taille : 1 m. 205. - Du '1 ? juillet au

30 septembre, glande. Taille : 1 m. 235.

1904. Du 10 janvier au 31 mars : Glande. En janvier : Poids :

28 k. ; Taille : 1 m. 24. Fin mars : Taille : 1 m. 28, d'où gain

de quatre centimètres.

24 DE quelques FORMES DE nanisme.

La malade a continué de grandir. L 1 ? juin, on

note : Poids : 30 k. 500. Taille : 1 m. 30. La malade n'a plus

en moins que 5 cent. au lieu de 13 nu début.

Puberté : aisselles glabres, seins naissants, 8 cent, trans-

verbalement 0,07 c, verticalement; aréoles rosées, légèrement

bombées 0.02 cent. ; mamelons, 0,003 mm. Poils peu abon-

dants à la partie inférieure du mont de Vénus, formant une

bande de 0,04 c., transversalement sur 0,02 de hauteur. Les

poils sont disposés comme des rayures transversales. Quel-

ques poils courts et rares sur la face externe des grandes

lèvres. Celles-ci sont peu volumineuses et laissent voir en

haut le capuchon, le clitoris et le gland assez développés.

Les petites lèvres ont 0,01 de long, sur 3 il 4 mil. de large.

Hymen frangé, un peu dilaté, laissant pénétrer facilement

l'extrémité de l'index; quelques poils an périnée et autour de

l'anus,

OP.S. XIV. IDIOTIE complète ; MICROCÉPHALIE très prononcée ;

croissance retardée ; amélioration considérable.

Maz... (Henri), né le 2 juillet 1885, est entré à Bicêtre le 3

clée. 1887.

C'était le type du microcéphale. Nous l'avons montré à pro-

pos d'une communication sur la microcéphalie au Congrès

international des aliénistes de 1889 ; il était alors idiot com-

plet (marche, préhension, attention, parole nulles, gâtisme);

(Fig. 20, 21). Peu à peu, il s'est produit une heureuse modifi-

cation (Fig.22) ; nous l'avons montré ensuite, à la session de

1900 du même Congrès. Il s'était considérablement amélioré

par le traitement médico-pédagogique, grâce à l'habileté et

au dévouement d'une de nos surveillantes qui l'avait pris plus

particulièrement en affection. Ce n'était plus un idiot com-

plet et si, à ce moment, on l'avait vu pour la première fois,

on aurait porté le diagnostic d'imbécillité (Fig. 23 et 24). L'a-

mélioration a continué malgré un retard occasionné par une

ophthalmie grave. Depuis qu'elle est guérie, les progrès ont

repris (1).

Au mois de novembre 1899, Maz..., étant âgé de 14 ans,

nous avons constaté que la croissance physique était en

(1) Notre ami, le Dr II. Thulié, a publié son observation détaillée

dans son beau livre : Le Dressage des jeunes dégénérés ou Untho-

phrenopédie (p. 658-673). Paris, 1900.

Nanisme par arrêt DE développement simple. 25

désaccord avec son âge : 1 m» 259 au lieu de 1 m. 469, par

conséquent 21 cent, en moins. Afin d'améliorer son état phy-

sique, comme nous avions amélioré son état intellectuel, et la

radiographie indiquant la persistance des cartilages épiphy-

saires, nous le soumettons au traitement thyroïdien.

Premier traitement, du nos. 1899 au 8 fév.1900 : 0 g1. 50 ;

- du 9 fév. au 15 juillet, 0 gr. î5;-du 1G juillet au 30nov.*1901,

1 gr.; - du 1« déc. 1901 au 15 déc. 1 gr. 25. ; - du 16 déc. au

31,1 gr. 50. La taille est de 1 m. 50. La taille moyenne à son âge

(16 ans; étant de 1 m. 55, il n'est plus en retard que de 5 cent.

Deuxième traitement. Du 1er au 8 mars 1902, 0 gr. 25 de

glande ; - du 9 au 16, 0 gr. 50 ; - du 10 au 24, or. 75 ; -

FIG. 20. - Maz... eu loa7 (L 1/;2 ans).

26

DE QUELQUES formes DE nanisme.

du 25 mars au 1er août.l gr. La taille est de 1 m. 515. Depuis

lors, la taille a continué de s'accroître et le leur janvier 1904

il mesurait 1-m. 54 au lieu de 1 m. 642 à son âge (17 ans et

demi). Il n'est plus en retard que de 10 centimètres (au lieu

de 21). Pour le rapprocher le plus possible de l'état normal,

nous l'avons soumis à un troisième traitement.

Troisième traitement : du 15 janvier au 30 avril 1904. La

glande thyroïde lui a été administrée de la façon suivante :

1" semaine, 0,75 ; 2° semaine, 1 gr. ; 3° semaine, 1 gr. 25,

jusqu'au 31 mars. Le poids était alors de 39 kil. 100, la taille

FIG, 21. - .Mi.lz ? eu lu¡;¡; ( : >, 1 le ans).

Nanisme par arrêt DE développement simple, 27

de 1 m. 55, soit un gain d'un cent. seulement. 1-gaz. , est en-

core de 10 cent. au-dessous de la moyenne (1 m. 65 à son

âge, 19 ans). (Fig. 25 et 26.)

Puberté (15 l11n). - Lèvre supérieure, moustache nais-

sante, blonde. Lèvre inférieure, très léger duvet. Menton

glabre. Joues, poils blonds, assez longs. Très léger duvet

autour des seins ; à part cela, le thorax est glabre. Quelques

. poils seulement à la région sous-ombilicale et sur la ligne

médiane. Pénil : poils blonds, abondants, pas très longs,

n'envahissant pas les aines, formant une bande longue de

12 cm. sur 5 cm. de hauteur. Verge : long. 9 cm. 1/2, cir-

conférence. 8 cm. 1/2. Gland recouvert par le prépuce, dé-

- f i G. 2C. - MhZ ? en 18aU \5 ans).

28

De quelques formes de nanisme.

couvrable. Bourses parsemées de quelques poils blonds

plus abondants à leur racine. Testicules du volume d'un

oeuf de pigeon. Bras, avant-bras, cuisses, fin duvet.Jambes,

poils courts. Aisselles : poils blonds.fins, assez longs, formant

une bande de G cm. sur 2 cent. 1/2.

Le résultat de ce dernier traitement est inférieur à

ceux des traitements antérieurs. Nous recommencerons

prochainement.

Les fig. 20, 21, 22, 23, 2 i, 25 et 2G permettent de se rendre

un compte exactde l'amélioration extraordinaire et même

inattendue réalisée chez cet idiot complet, microcéphale

Fla, 23. - Maz... en 1899 (14 ans).

Nanisme par arrêt de développement simple.

29

à un degré très prononcé, qu'on pourrait considérer

aujourd'hui comme un simple arriéré. Son observation

montre qu'on peut espérer avoir une transformation

au moins semblable chez les enfants atteints simplement

d'imbécillité ou d'arriération intellectuelle.

UNS. XV. -IDIOTIE complète; affaiblissement paralytique du

COTÉ GAUCHE ; NANISME SIMPLE.

Nig...(Jules), né le 19. fév. 1878. Entré le 5 avril 1883. Passé

àla5'-2cle 2 avril 1902. Transféré à Tours le 30 octobre 1903.

1900. Poid ? : 40,600; taille : lnl 43; au lieu de 1 m67, soit 24 cent,

en moins. Traitement du 20 juin au ;;ï novembre 0,50 ; 1 gr.

FIG. 2. - Iaz... en 1000 (15 ans).

30

DE QUELQUES formes DE nanisme

1 gr. 25. Poids : 42 kil. Taille : 1m46, soit un gain de 3 cent,

durant cet unique traitement,

OBS. XVI. - IDIOTIE ET ÉPILEPSIE; croissance retardée.

Bis... (Camille), né le 2 août 1884 ; entré le 28 janvier 1892,

transféré à l'Agile de Villejuif le 12 octobre 1902 ; réintégré

à l'hospice de Bicêtre (5<-2e) le 27 décembre 1902.

Fig. 25. Maz... en 1904 (19 ans).

Nanisme par arrêt DE développement simple. 31

1897. Poids : 31 k. 200, taille : 1m3 ? ¡, soit 7 c. 5 en moins.

Traitement du 20 janvier au 31 mars. Poids 31 k 300, taille,

lm375, soit un gain de 2 cent. (Tablettes de rUnrrns).

1904. 12 juin. Poids ; 60 k.; taille 1-70, soit 3 cent. au-

dessus de la taille moyenne de son âge, l'"67.

Nous avons profité du retour de ce malade à Bicêtre

pour reprendre son.poids et sa taille. Tandis qu'avant

FIG. 2G, - M"z ? elll\JU4 (lU ailS).

32 De quelques formes de nanisme.

le traitement thyroïdien, la taille ne se développait

pas ; après ce traitement, elle s'est accrue jusqu'au point

de dépasser la moyenne.

Peut-être infantilisme par le peu de développement du

système pileux (moustaches fines, rien sous les aisselles),

mais le pénil est bien garni,la verge et les testicules sont

bien développés.

OBS. XVII. - Imbécillité avec perversions instinctives ;

nanisme.

Desrond... iGeorges) ; né le 3 février 1884, entréle 27 janvier

l'J00, sorti le 18 juin 1902.

1901. Poids : : 37k. Taille : JlI11ü (au lieu de 1' ! l5U).Trailementùu

ICI. décembre 190t au 30 avril 1902. Dose 0,25. 0,50, 0,75. 1 gr.

Poids : 38.700. Taille : 1 m47 au lieu de l"'59.Le malade n'a pu,

étant sorti, être remis en traitement.

OBS. 1111. ·- IDIOTIE ; nanisme simple.

Boissi... (Edouard), né le 18 octobre 1875, entré le 8 sep-

tembre 1879 ; transféré à l'Asile de Villejuif le 5 décembre

1899.

1897. Poids : 32 k. 100. Taille : : 1"'39, au lieu de 1"'67, soit 28 c.

en moins. 1" Traitement du 1<" avril au juillet 1897.1 gr.

1 gr.25, 1 gr.50, 1 gr. 75. Poids : 33 k.SOO.Taille : 1'" 405. - 2c

traitement. (Poids : 34 k. Taille : Im ! ¡05) du 1L ? octobre au 28

février 1898 : 1 gr., 1 gr. 50, 1 gr.75, 2 gr. Poids : 34. Taille :

1.405.

1899. Poids; 38. Taille : Troisième traitement du 18 fé-

vrier au 30 novembre 0.50. 1 gr. Poids : 41 k. Taille : 1.42,soit

à lafin de ce 3e traitement une augmentation de 3 centimètres.

OBS. XIX. - Arriération intellectuelle; I : PILEPSIE; nanisme

simple.

Jaqua... (Alfred-Gaston), né le 3 janvier 1882 ; entré le 31

octobre 1898 ; transféré à l'Asile de Villejuif le 19 mars 1902.

1900. Poids : 36 k.100. Taille : 1.41, au lieu de lm63, soit 22 c.

en moins. 1 ? traitement du le février au 31 octobre : 0 gr.25,

0 gr. 50, 0 gr. 75, 1 gr. 1 gr. 25. Poids : 38 k. Taille : 1.445.

1901. Poids : 39 le Taille : 1,45. Du 8 janvier au 30 novembre

1 gr. 1 gr. 25. Poids ; 39. Taille : 1,52.

Nanisme par arrêt de développement simple. 33

1902. Poids : 38k. Taille : 1"'52. 3° traitement du 1 ? février

au 20 mars, 1 gr. Poids : 39 k. taille : 1.525.

Durant ces trois traitements, la taille s'est accrue de

11 c. 1/2. Il est probable que si nous avions pu continuer

le traitement, nous aurions rapproché la taille de ce ma-

lade jusqu'à la normale.

WÈ 0... XX. Epilepsie ; déchéance ; nanisme simple.

Mart... (Gustave), né le 10 juillet 1880, entré le 8féviier

1895 ; transféré à l'asile de Villejuif, le 12 octobre 1902.

1900. Poids : 38 k. ; taille : 1 m. 40 au lieu de 1 m. 05 ; le..

traitement du le,. février au 31 octobre : 0 gr. 25, 0 gr. 50,

Ogr. 75. 1 gr. Poids : 36 k. : taille : 1 m. 41.

1901. Poids : 39 k. 500 ; taille : 1 m. il. 2° traitement du

le,. janvier au 20 avril : 1 gr., 1 gr.50,t gr.75; poids : 3 k.; taille

1 m. il. - Mai : poids : 37 k. taille : 1 m. 41. 3 traitement

du 10 mai au 31 décembre : 0 gr. 50, 0 gr. 75, 1 gr. ; poids :

38 k. ; taille : 1 m. 49, soit une augmentation de neuf cen-

tim. durant ces trois traitements.

OBS. 11. - Idiotie ; nanisme simple.

Arbo... (Léon), né le 30 septembre 1878. Entré le 15 décem-

bre 18lI1, passé dans une section d'adultes le 8 juin

1900. Transféré le 2 septembre 1901 à Saint-Alban.

1897. Poids : 28 le. 700; taille : 1 m. 33. Traitement du 1"'

avril au 31 juillet 1898.1 gr., 1 gr. 25.1 gr. 50, 1 gr. 75 ; poids :

31 h. ; taille.- 1. 385.

1899. Poids ;J8.GOO : taille : 1.415 , traitement du 18 février

au 31 mai : 0 gr, 50, 1 gr. ; poids : 311 k. ; taille : 1 m. 42 ; soit

une augmentation de 9 centim. durant les deux traitements .

U13S. »ici. - Idiotie congénitale ; nanisme simple.

Barbre.. (Joseph), né le 7 août 1881, entré le G mai 1892 ;

transféré le 21 février 1900 à l'asile de Villejuif.

1899. Poids : 39 k. 500 ; taille : 1 m. 48, au lieu de 1 m. G3 ;

l"'traitement du 18 février au 31 mai, 0 gr. 50, 1 gr. Poids ;

39 k. 500 ; taille 1 m. 485, soit une simple augmentation de

un demi-centimètre.

BOUINFVII,T e, l31cclnr, 1903. 3

34 DE quelques formes DE nanisme.

UCS. XXIII. - Imbécillité ; EPILEPSIE; nanisme.

1"4.iq (Lucie-Céline), née le 7 septembre 1886, entrée le

4 mars 1901. L

It101. Poids : 43 kg. Taille : 1 ni. 41. Premier traitement du ? juin au 31 août, 1 gr. Poids : 41 le 400. Taille : 1 m. 42.

Gain : 1 cent.

1902. Poids : 44 k. Taille : 1 m. 44. Second traitement. Du

1" août au 31 octobre; 0,75 à 1 gr.. 25. Poids : 41 k. Taille :

1 m. 14;. Gain : 5 mm. En 1902 : 109 accès, 74 vertiges ; -

en 1903 : H2 accès, 63 vertiges.

1004. Juin. Poids : 44 k. Taille : 1 ni. 445. au lieu de 1 m. j6,

soit en moins 11 cent. 5. La radiographie ayant montré l'os-

sillealioii des cartilages, nous n'avons pas continué le trai-

tement.

Puberté : Les règles ont paru en avril 1;)O1, sans accident

et ont été régulières ; elles durent 2 ou 3 jours et sont assez

abondantes. Pas d'onanisme. Poils roux sous les aisselles,

formant une bande de 6 cm. sur 2, un peu courts. Seins : 14

cm. de largeur sur (le hauteur. Aréoles : 3 cm. assez

fortement rosées avec une couronne de tubercules à droite

(16; et 3 tubercules à gauche. Mamelons (; mm. de diamètre,

un peu saillants. Poils roux, dorés formant une bande de 'J

um. sur 4 sur le pénil, gagnant presque les aines; ils sont

frises. longs, recouvrent le bord ct tuutc la face externe des

grandes lèvres jusqu'au pourtour de l'anus. Les grandes lè-

vres sont assez volumineuses. Capuchon, clitoris, gland tics

petit, ainsi que les petites lèvres, qui ont environ 2 cm. de

longueur sur 6 cm. de largeur. L'orifice de l'hymen est circu-

laire, légèrement frangé. Rougeur assez prononcée de la

vulve. Leucorrhée.

La malade est une naine bien conformée, bien déve-

loppée au point de vue delà puberté, sans aucune trace

d'infantilisme. La médication thyroïdienne n'a pus eu

d'action sur la marche dr. l'épilepsie

(JB5. XXIV. - -ILCRqDCEF'11.%I.IQUI : nanisme simple.

Imbau... (Louise-Jeanne, née le 13 août ls90, entrée le

9 juillet 1896. Elle pesait alors 12 kil. et mesurait 1 m. au

lieu de 1 m. 03.

1901. Poids : 20 kg. 500. Taille : 1 ni. In, Premier traitement

Nanisme par arrêt DE DÉVELOPPEMENT simple. 35

du ter juin au 30 août, 0 gr. 25 à 0 gr. 75. Poids : ! 8 kg. 800 ;

Taille 1 m. 18 : Gain : 2 cent. En moins 12 cent. (1 m. 30).

19112. Poids 22 kg. 500 ; Taille : 1 m. 21. Second traitement

du 1er août au 31 octobre. 0 gr. 50 à 1 gr. 25. Poids : 20 kg.

200; Taille : 1 m. 225. Gain : 15 mm.

1903. Poids : 24 kg. ; Taille : 1 m. 225. Troisième traite-

ment du 1er janvier au 31 mars, 0 gr. 25 à 1 gr. Poids : 24 kg.

Taille : 1 m. 25 Gain : 25 mm. En moins 15 cent. (1 m. 40).

1904. Juin. Poids : 26 kg. ; Taille : 1 m. 28 au lieu dé 1 m.

4' : en moins 16 cent.

Puberté : Poils courts formant une bande de 3 cm. sur 1

cm. sous les aisselles. Seins nuls. Une dizaine de poils à

l'extrémité supérieure des grandes lèvres, formant de cha-

que côté un petit bouquet, plus long à gauche. Fin duvet à

la partie inférieure du pénil. La grande lèvre gauche est as-

sez saillante, bombée ; la droite est plutôt aplatie. Elles

n'offrent qu'un peu de rJuvet,surtout gauche,etlaissentvoir

entre elles le clitoris, son capuchon bien développé avec un

gland normal. Les petites lèvres ont environ 1 cm. de haut

et de large. Le capuchon et les petites lèvres font saillie en-

tre les grandes lèvres. L'ouverture de l'hymen a la forme

d'un coeur lorsqu'on écarte les petites lèvres. Les bords ne

sont pas frangés. Périnée et anus glabres.

Ce cas offre une particularité intéressante. A 6ans, sa

taille n'était en moins que de trois centimètres, c'est-à-

dire que l'arrêt de développement était presque insigni-

unifiant, Il s'accentue de 6 à 14 ans et se traduit par une

diminution de doute cent. qui continue, malgré un g'ain

il chacun des trois traitements, jusqu'en 1904, où l'enfant

est en retard de 16 cent. Le nanisme n'est ni congénital,

ni de la première enfance, mais de la seconde.

OBS. V. -liRRIliI2ATION intellectuelle ; impulsions OC-

tales ; ONANISME SEULE ET A DEUX.

Rond... (Juliette-Augustine), née le 11 juin 1890. Entrée le

26 juin 1900, rendue à sa famille le 4 avril 1903.

1902. Poids 30 kg. ; Taille 1 m. 24 au lieu de 1 m. 35,

soit 11 cent, en moins. leur traitement du 4 mai au 4 juillet,

0 gr. 5U à 1 gr. 25. Plusieurs suspensions.Poids 27 kg. 500;

Taille : 1 m. 27.

30 DE QUELQUES formes DE nanisme.

. 1903., lanvier. Poids : 30 kg. 50J ; Taille : 1 m. 27. 2 ?

traitement du le. janvier au 31 mars : O : gr. 25 à 1 gr. ])oids :

30 kg. ; Taille : 1 m. 30, au lieu de 1 m. 40, soit en moins

10 cent. Non réglée. -. ,

Or;s. XXVI. Imbécillité avec perversions instinctives ;

nanisme simple.

Beuck... (Sophie), née le 20 octobre 1883. Entrée le 29 avril

1898, transférée le 6 janvier 1902.

1899. Poids : 29kg. 500; Taille : 1 m. 21. 1er traitement

mars 1899 au 9 juin : 0,75 : 1 gr. ; 1 gr. 25. Poids : 27 kg. ;

Taille : 1 m. 24. - 2m" traitement. Poids : 32 kg. Taille : 1 m.

25, 1 gr. tout le temps. Du le,. décembre au 31 mars 1900.

Poids : 31 Iiil., Taille : lm. 27, soit 25 cent. en moins. Bien

conformée. Réglée à 10 ans.

OBS. ZXVII. -IDIOTIE profonde ; nanisme.

Nègr... (Mathilde-Julie), née le 6 juin 1593, entrée le 24

juin 1899.

1902. Poids : 15kg. ; Taille : 1 m. 1"' traitement du Ie1'

mars au 31 mai : 0 gr. 25 à 0 gr. 50. Poids : 15 kg. 5. Taille :

1 m., soit en moins 195 mm.

le. Juillet. Poids : 151cg. ; Taille : m. 2mc traitement du le.

juillet au 30 septembre ; 0 gr. 25 à 0 gr. 50. Poids 16 kg. ;

Taille : 1 m.OI.

Troisième traitement. Du 1u novembre 1902 au 15 septembre

1903 ; 0 gr. 25 à 0 gr. 50. Poids : 17 kg. ; Taille : 1 m. 05.

le. Nov. 1903. Poids : 18 kg. ; Taille : 1 m. 07. Quatrième

traitement du le, novembre au 15 décembre; 0 gr. 25 àO gr.50.

Poids : 17 kg. 500 ; Taille : 1 m. 08.

1t)0·t.Juin. Poids : 17 kg. ; Taille : 1 m. 08, au lieu de

1 m. 30 ; en moins 21 cent.

Sa taille n'a pas bougé depuis le dernier traitement,

c'est-à-dire dépuis six mois, aussi la remettrons-nous à

la glande.

OBS. XXVIII. - Imbécillité ; L3PILEl'SIE ; nanisme.

Band ? (Blanche), née le 14 mai 1886, entrée le 8 juin 1898.

. 1900. Janvier.- Poids : 31 kg. 500 ; Taille ? m. 28. If Irai-

Nanisme par arrêt de développement simple 37

tement du 15 janvier au 15 avril : 0 gr. 50, 0 gr. 75 et 1 gram-

mes. Poids : 31 kg. gon ; Taille : 1 m. 30.

1900. 18 Décembre. Poids : 35 kg. ; Taille : 1 m. 2me

traitement du 18 décembre 1900 au 18 mars 1900 : 0 gr. 75 à à

1 gr. 50. Poids : 33 kg. 500 ; Taille 1 m. 33.

l'10'f..Ilaica. Poids : 47 kg. ; Taille : 1 m. 4 ? , en moins 14 '1

cent.

Puberté : Sous les aisselles, bande de poils de 5 cm. sur 2,

courts, assez fournis : Seins : diamètre transversal : 14 cm,

1/2 à droite, 13 cm. à gauche ; diamètre vertical : 11 en).

des deux côtés. La différence de diamètre semble tenir à ce

que le mamelon droit est beaucoup plus saillant que le gau-

che. L'aréole mesure 4 cm. à droite et 3 à gauche. Mont de

Vénus assez saillant, poils 6 cm. sur G, descendant de cha-

quocûté jusqu'à la fourchette, grandes lèvres plates, laissant

voir les petites lèvres peu prononcées. Clitoris petit. L'/n/-

mot laisse pénétrer très facilement l'index, ses bords sont

frangé=. Anus glabre. La malade n'est pas réglée.

Bien que Baud... soit assez bien développée au point

de vue mammaire et génital, elle est en retard pour la

menstruation. Ici, comme dans quelques autres cas, le

traitement thyroïdien semble avoir déterminé une pous-

sée de la croissance coïncidant, d'ailleurs, avec l'évolu-

tion de la puberté.

Ons. XXIX. Idiotie; hémiplégie droite incomplète,

epilepsie acquise et guérie. Nanisme. ? remill... (Jeanne), née le 16 mars 1884, entrée le 29 avril

1890, transférée à Villejuif le 17 juin 1903.

1902. Poids : 45 k. 500 ; taille : 1 m. 43. 1er traitement du leur

août au 30 octobre : 0,25, 0,50, 0,75. ! gr. Poids : 4 k. Taille.

1 m. 435. '

1903. Deuxième traitement. Poids : 45 k. ; taille : 1 m. 435 ;

traitement du 1,-@ janvier au 31 mars : 0, : in. 0,75, 1 gr., 1 gr.

25. Poids : 45 k. ; taille : 1 m. 435,' soit en moins 135 mm.

La radiographie faitele 4 juillet 1002 avait démontré l'os-

sification des cartilages. Nous avons néanmoins réadmi-

nistré la glande thyroïde dans le but de bien nous rendre

compte de l'importance des cartilages sur la croissance.

L'insuccès du traitement la met en relief.

38 DE quelques formes DE nanisme.

OBS. XXX. - Idiotie complète, nanisme simple.

Boy... (Georges), né le 5 août 1884 à Paris. Entré le 6

avril 1889 ; transféré à l'asile de Villejuif le 12 octobre 1902.

1900. Poids : 36 hil. Taille : 1 m. 455, au lieu de 1 m, 55 ; ;

ICI traitement du 1er février au 31 octobre : 0 gr. 25, Ogr. 50,

Il gol', 1 1 gr., 1 gr. 25. Poids : 38 kit. Taille : 1.4ï;j.

1 £ 101. Poids : 38 kil. : Taille : 1. ! i î.- 2- traitement du l'"

janvier 1901 au 31 janvier 1902, 1 gr,. 25. Poids : 39 kil. ; Taille;

I m. 52 soit une augmentation de 6 cent. 1 ? durant ces drll.f'

traitements.

Durant ce traitement et il différentes reprises, à cause

de l'insuffisance de l'approvisionnement de la glande, on n : 1 (IÙ abaisser la dose a 0 gr. 75 et même 0 gr. 50.

IIPS. XXX1.- Imbécillité prononcée ; nanisme relatif.

Laumail... (G. M.), né le iti septembre 1878, est entré dans

le service le 3 novembre IR85 ; il a été transféré à l'asile de

Villejuif le 19 mars 1902.

1896. Juin. - Sa laille étant de 1 m. 44. c'est-à-dire 19

cent. au-dessous de la normale, il est soumis à la médication

thyroïdienne. Son poids est de 35 ksi1.400, soit en moinsIS kil.

500.

Premier traitement (juin 1896 afin mai 1898) : 0 gr. 25 jus-

qu'au 31 juillet 1896 ; 0 gr. 50 jusqu'à la fin de juin 1897 :

1 gr. 25 du 1<l'au 13 juillet : 1 gr. 50 du 14 juillet au 7 octo-

bre ; 1 gr. 75 du 8 octobre 1897 au 10 juillet 1898. Alors, la

taille est de 1 m. 555 et le poids de 44 kil. soit en deux ans

un accroissement de onze centimètres.

Second traitement (1889, février-juin) : 0 gr. 50, pnis 1 gr.

de glande. Durant la suspension (.6 mois), il n'a gagné que

5 millimètres (1 m. 56). Durant le second traitement, la taille

s'élève à 1 m. Ci, soit encore 6 cent, en moins de la taille

(1 m. 67) à son âge (21 ans),. Son poids est de 47 kil.. soit

12 kil. 500 en moins. Durant ces deux traitements, la taille

s'est accrue de 17 cent.

Système pileux et génital. ? Fin duvet à la face, poils

courts et peu abondants sous les aisselles et au pénil.

Verge : 6 cent. de circonférence sur 12 de longueur. Testi-

cules de la dimension d'un oeuf de moineau.

Nanisme par arrêt DE développement simple. 39

En résumé, léger degré d'infantilisme. Cet examen a

été fait en 1900 au moment du transfert du malade à

l'asile de Villejuif.

OBS. XXXII. - Idiotie ; NANISME SIMPLE.

En ge 1 ... Joseph), né le 15 juin 1884. entré le Il juin 1891 ;

transféré à l'asile de Villejuif le 12 octobre 1902.

1899. Poids : 28 kil. 300 ; {Taille : 1 m. 40. soit 1 cent, en

moins ; le.' traitement du 20 juin au 9 octobre 1900, 0 gr. 50.

I gr. Poids : 25 kii. il)0; Taille : 1 m 445.

1901. Poids : 28 kit.200; Taille : 1 m, 45; 2""= traitement du le,.

janvier au 31 décembre : 1 gr. ; t gr. 15. Poids : 3R kil. : :

Taille : I m. 46 ; soit un gain de six centimètres.

Op.s. XXX)H. Il ér'I : : PIII111NI l' air NAN.\)r.s)p ! j : type.

Marg... X..., est née le 4 décembre 1884. « Elle ne pesait

qu'une livre ", nous ont assuré ses parents. En présence d'un

chiffre aussi extraordinaire, nous avons insisté. Ils ontper-

sisté énergiquement dans leurs dires, ajoutant qu' on ve-

nait la voir par curiosité. Cette jeune fille a été réglée à 13

ans. Ses règles, après avoir été régulières, se sont suspen-

dues sous t'influence d'une attaque de folie qui l'avait fait

amener il l'Institut médico-pédagogique. A son entrée en

oct. 1°0 ? , elle pesait 49 k. 500 et mesurait I m. 409.

En oct. 1903. le poids était de 41 k. ;)00, soit 12 k. 400 au-

dessous du poids moyen (52 k. 1 00 et sa taille était de 1 m.41.

soit 16 cent, au-dessous do la taille moyenne. Nous l'avons

par r, 1'lidioLiet le 15 déc. 1902, afin de

nous rendre compte de l'état de ses cartilages avant de la

soumettre an traitement thyroïdien. La radiographie a mon-

tré que les cartilages étaient soudés et nous avons renoncé à

notre projet. De fait, la taille ne s'est pas modifiée du duc.

I ! I(l ? au mois de juin 1904.

La puberté est bien développée. Sous les aisselles, il 11 aune

bande de poils longs, noirs, bien fournis, de 5 cent. sur et

demi à gauche, et 3 à droite. Les seins mesurent 15 cent,

transversalement sur 2 verticalement. Les aréoles, légère-

ment rosées, ont 8 cent. de diamètre ; les mamelons, sail-

lants, (j à 7 mm. Le pénil est complètement couvert de poils

longs, bouclés, très abondants, surtout au niveau de la com-

missure supérieure des grandes lèvres, allant jusqu'aux aines,

40 De quelques formes de nanisme.

couvrant les deux faces des grandes lèvres, le périnée : abou-

lissant à l'anus et à la partie voisine des fesses. Clitoris et

gland moyens. Petites lèvres de 2 cent. Il- ? de long, sur 4 de

large. Hymen frangé, orifice assez large. Onanisme surtout

à l'approche des règles. Autc-Haireuse génitale.

C'est là un cas type de nanisme simple, sans infantilis-

me, ni obésité, ni rachitisme. Elle a toujours été naine,-

bien proportionnée. En ce qui concerne son poids à la

naissance, malgré l'affirmation réitérée des parents, qui

sont intelligents, nous ne le donnons que sous toute

réserve.

Il. Nanisme avec infantilisme.

Les faits que nous allons rapporter sont relatifs à

des malades atteints de nanisme avec infantilisme, léger

ou prononcé, partiel ou portant sur l'ensembledu corps.

L'infantilisme, on le sait, est caractérisé essentielle-

ment par la persistance,chez un adulte,ou un adolescent,

ues caractères physiques et intellectuels de l'enfant.L'in-

fantile est très généralement plus petit que la moyenne

des individus normaux de son âge.Mais l'infantile peut

présenter tous les caractères de l'enfant, sauf la peti-

tesse de la taille ; on peut être infantile sans être nain.

L'adolescent, au lieu de devenir pubère, reste avec les

caractères de l'enfant : la physionomie n'est pas en rap-

port avec son âge, le tronc, en particulier le bassin,n'est

pas développé, les membres sont grêles ; les systèmes

pileux et adipeux sont nuls ou au-dessous de la moyenne

en général (mais non toujours, ainsi que nous en relate-

rons des exemples). L'infantilisme, au point de vue phy-

sique, porte également sur les seins.la verge et les testi-

cules, qui ne se développent que lentement. Tantôt, la

taille est normale ou môme exagérée (il y a des géants

infantiles), tantôt elle est en retard. Souvent le caractère

reste enfantin, les facultés intellectuelles demeurent en

retard. Nous ne nous occuperons ici que des infantiles

avec nanisme.

Nous allons rapporter l'observation de trois malades,

bien qu'ils n'aient pas été soumis au traitement par la

glande thyroïde, mais parce qu'ils montrent assez bien

les caractères du nanisme avec infantilisme. z

Nanisme avec infantilisme. 'il L

OBS.X\\ ! V. Idiotie ; nanisme et infantilisme prononcés.

Sommaire. Père et sa famille, mère, rien ci signaler.

Grand-père maternel mort probablement tuberculeux.

Conception, grossesse, accouchement, naissance, rien, Con-

vulsions répétées de 3 à 4 mois et demi. - Céphalées. Accès

1'(11)/'ulsi(s en 1894, - Description du malade. - Retard de la

puberté et de la taille. -

Lamb.... (Louis-Fortuné), né à Bourg-Saint-Maurice (Savoie)

en 1887, est entré dans le service en 1895.

Antécédents héréditaires et personnels. (Renseignements

fournis par sa mère). Père : 33 ans. Pas de profession insa-

lubre. Aucune maladie grave. Ni rhumatisme, ni syphilis,

ni alcoolisme. Aucune maladie nerveuse. Pas de tabagisme.

[Famille du père. Hère morte à 77 ans et père à 66 ans, on

ne sait de quoi. Aucun renseignement sur les grands-

parents, sur les oncles et tantes. Deux soeurs mariées, et bien

portantes, mères chacune de deux enfants normaux. Un

frère normal.]

Mère, 30 ans, ni alcoolisme, ni syphilis, aucune in-

toxication, aucune maladie grave, de caractère calme.

[Famille de la mère. - Père mort à 43 ans d'une hématé-

inèse(1),était malade depuis 3 ans ; très nerveux; migraineux.

- Mère morte 3 semaines après la naissance de sa fille.

- Soeur, 38 ans bien portante. - Frère 35 ans, bien portant.

On ne signale dans la famille aucune tare, ni physique, ni

morale, ni intellectuelle.]

Pas de renseignements sur la consanguinité.

Cinq enfants : 1" notre malade ; 2° une fille, morte à huit

jours chez une sage-femme (manque de soins). Les autres

vivent et ne présentent rien de particulier. Aucun n'a eu

de convulsions.

Notre malade : Conception et grossesse, rien à signaler. -

Accouchement à terme, naturel, par le sommet.

A la naissance, pas d'asphyxie ; l'enfant était gros et bien

portant. Nourri au sein par sa mère pendant deux mois et

ensuite au biberon. - Puis, séjour à la campagne de

1 âge de 9 mois jusqu'à l'âge de six ans. -Première dent à.

7 mois. Dentition complète à ( ? ) mois.Parole nulle. Gâtisme.

Antécédents morbides. - Convulsions à trois mois, perte de

connaissance : yeux convulsés en haut, corps raide ; pas de

42 De quelques formes de nanisme.

mouvements cloniques. Pas de paralysie ni de contrac-

tures consécutives, Ces convulsions se renouvellent à plu-

sieurs reprises durant un mois et demi.

Pas de perversion des instincts, pas de krouomanie, pas

de salacité, pas de balancement, ni d'onanisme. Fonctions

digestives régulières. Bave. - Rien à signaler du côté de

l'appareil circulatoire et respiratoire. Caractère gai. Jamais

d'accès de colère ; organes des sens normaux. Ni étourdis-

sements, ni vertiges, ni absences, mais semble avoir des cé-

phalées fréquentes, s'accompagnant de rougeur de la face.

Sommeil à peu près régulier ; pas de cauchemars. Sen-

timents affectifs assez développés. Etat intellee/n el : l'enfant

ne parle pas. mais il comprend la plupart des mots qu'on

lui adresse. La mémoire, assez bonne autrefois, aurait

baissé depuis un an.

Pendant l'hiver de 1894, accès co2vtalsi/a nocturnes. Début'

brusque sans cri initial. Convulsions toniques, cloniques

durant une on deux minutes, les yeux sont déviés en haut.

Phase de stertor et de sopor. Incontinence d'urine et quel-

quefois des matières pendant ces crises. Bave et morsure de

la langue. Il a eu, jusqu'ici, 16 crises se produisant tous les

huit ou quinze jours. Aucune maladie infectieuse ni scrnfn-

leuse. I,a mère ne sait à quoi attribuer l'affection.

Etat actuel (avril 189,'t). Etat général bon. Expression

un peu hébétée.

Tète. - Tourbillon postérieur ; un épia droite. Une plaque

d'alopécie cicatricielle en arrière et à droite. Cheveux

blonds. Crâne volumineux, natiforme, braclwcéphalo. un peu

asymétrique, légère plagiocéphalie. Bosses pariétales très

saillantes, la gauche prédomine sur la droite. Les bosses

frontales sont accentuées, mais la gauche est moins proé-

minente que la droite. Régions temporales saillantes. La

partie gauche de la bosse occipitale est plus proéminente

que la droite. Angle facial obtus. Front haut.

Face : Visage oval, allongé, légère asymétrie. Fentes palpé-

braies largement ouvertes. Cils blonds, longs, implantés régu-

lièrement. Blépharite Ipgèresul'tout marquée : ) la paupière su-

périeure. Yeux mobiles. Pas d'exophtalmie ni de strabisme.

Iris verts, de couleur uniforme. Pupilles normales, réagis-

santbien à la lumière et à l'accommodation. L'enfant semble

avoir une acuité visuelle normale. Son état intellecluel ne

permet pas de pousser l'examen plus loin. - Nez droit,

f Nanisme avec infantilisme. 43

large il la base et à la racine. Un peu dévié à gauche.

Odorat obtus. Pommettes peu saillantes, la gauche un peu

moins que la droite. Cicatrice à droite, au niveau de l'ex-

trémité de la fente palpébrale. Fente buccale : lèvres bien des-

sinées, assez régulières. Cependant la commissure gauche

est un peu plus élevée que la droite. Voûte du palais

ogivale ; amygdales et luette saines. Langue normale.

f;t11ÎI L... ne distingue pas les saveurs. Menton allon-

gé, pointu. Il existe un prognathisme du maxillaire supé-

rieur net. L'arcade dentaire supérieure dépasse l'inférieure

d'un centimètre environ. L'arc du maxillaire inférieur est

très oblique eu bas et en avant. L'angle du maxillaire est

très ouvert. L'ellipse de l'arc de la mâchoire inférieure est

plus fermé que normalement, ce qui rend le menton pointu.

Les dents sont de très mauvaise qualité, l'émail en est noir,

jaunâtre. Elles présentent de nombreuses cannelures ver-

ticales et toutes les cuspides sont atrophiées.

Les oreilles sont petites, légèrement décollées, leur ligne

d'implantation est normale. Asymétrie.

Longueur, n gauche 5, a.di,oile 5';>

Largeur, ') 3, » 3

L'hélix est bien ourlé, mais très irrégulièrement ; l'an-

thélix en est très saillant ; sa bifurcation se fait à angle

aigu et ses branches de bifurcation se dirigent presque

horizontalement en avant. La courbe de l'anthélix à gauche

n'est pas régulière, mais elle se coude deux fois à angle

droit. Les conques sont profondes ; adroite, la conque a la

forme d'une coquille, il gauche, celle d'un cube. Tragus et

antitragus épais. Lobule normal, non soudé. Fossette sca-

phoïdeetde l'anthélix profondes. Cette dernière est étroite.

Cou. Circonférence au niveau du cartilage thyroïde,

26 cm. Glande thyroïde normale.

Membres supérieurs réguliers, un peu maigres. Léger duvet

sur les deux bras. - Membres inférieurs. Rien à signaler

concernant la forme et l'attitude. Léger duvet. Motilité et

réflexes normaux.

Thorax. De forme globuleuse. Pas de déformation. Respi-

ration abdominale. La percussion et l'auscultation du pou

mon et du coeur ne dévoilent rien de particulier.

Abdomen saillant. Cicatrice ombilicale proéminente, petite

44 De quelques formes de nanisme.

hernie. La palpation de l'abdomen ne montre rien de par-

ticulier.

Puberté et organes génitaux. Etat glabre du corps et du

pénil. Verge longue de 4 cm. Sa circonférence mesure

5 cm. Prépuce long. Les testicules ne sont pas descendus.

On ne les perçoit pas à l'anneau inguinal externe.

Sensibilité générale, à la douleur, au contact, à la tempé-

rature, peu développée. ,

Etal intellectuel, La... comprend à peine les questions

posées. Ne parle pas. Intelligence à peu près nulle.

Traitement. Hydrothérapie et exercice de la parole. Sirop

d'iodure de fer.

Température à l'entrée.

(,le 1 : , lèle.

46 De quelques formes de nanisme.

et un peu au-dessous du mamelon au niveau du tiers interno

du 3e espace intercostal.

1/icrosphyynie. - Membres supérieurs sans saillie muscu-

laire ; la peau en est doublée d'un pannicule épais. Mem-

bres inférieurs. Mômes caractères.

Puberté. - Pilosité nulle. Corps complètement glabre.

Pénis mesurant 4 1/2 de long sur 5 cm. de circonférence.

Bourses un peu pendantes. Testicule du volume d'une noi-

sette. Intelligence : Pusillanimité. Naïveté :

1 Nanisme avec infantilisme, 47

du père. Père mort du choléra, à Lyon en 1804, habituelle-

ment bien portant.- Mère morte à 78 ans, après huit jours de

maladie. Aucune affection riévropatlrique, rhumatismale ou .

cutanée. Caractère très doux. Grands-parents, oncles, tantes

aucun renseignement. Six soeurs, mortes de tuberculose

pulmonaire : trois d'entre elles se sont prostituées. - Cinq

frères, morts tous quelques jours après leur naissance. Dans

le reste de la famille, il n'y a aucune autre tare nerveuse,

physique ou morale.]

Méhe, 4U ans, cartonnière. Pas de convulsions dans l'en-

fance, pas de fièvre typhoïde, de rhumatisme, de chorée. Au-

cune affection cutanée. Nerveuse et impressionnable. Ni sy-

philis, ni alcoolisme, ni caféisme. - [Famille de la mère. Père,

Il 1 ans. bien portant, sobre. Mère, 6-'r ans, toujours très ner-

veuse et très violente. Aucun renseignement sur les grands-

parents. Deux tantes, mortes bacillaires, ont eu des enfants

inorts/tttYMM. Trois oncles maternels morts également

poitrinaires, - Un frère bien portant. Deux 4'M;tf) ? l'une

en bonne santé, ainsi que son enfant qui, toutefois, est très

nerveux ; l'autre soeur morte à 26 ans tuberculeuse. - Dans

le reste de la famille, il n'y a pas d'autre tare nerveuse,

morale, physique ou intellectuelle.]

Pas de consanguinité. Inégalité d'âge cle ans ipère plus

âgé).

Six enfants : 1" une fille de Iii ans, u'a jamais pu obtenir

son certificat d'étude, travaille avec sa mère ; 2° fille morte

à 15 jours d'une entérite ; 3° lille morte à 3 ans d'une rou-

gcole. elle devenait bossue ; 4° notre malade : 5" fille morte

a 8 mois d athrepsie ; ilo fille mort-née. Aucun de ces en-

fants n'a eu de convulsions.

XnTiii : mal.miiï. Conception, on ne sait si elle s'est faite

dans l'ivresse. Grossesse : idées noires, ennuis de voir son

mari très souvent ivre. Ni coups, ni chute,ni intoxications, ni

syncope, ni éclampsie. Accouchement à terme, naturel,

sommet, 4 lieures. - d la naissance, enfant normal.Premiers

cris naturels, pas d'asphyxie, pas de circulaire du cordon.

Allaité au sein par la mère jusqu'à 17 mois. - 1 re dent tar-

dive.à j ? ) Dentition complète à 2 ans.Début de la parole vers

18 mois, delà marche, 2 ans. - Pas de convulsions, aucune

perversion des instincts. L'enfant est paresseux, affectueux,

craintif. 11 n'est pas coléreux, est peu impressionnable.

Fonctions ? t'y<'6'< ! Ufx : Mastication normale. Bave légère. Il a

48 De QUELQUES formes DE nanisme.

mangé avec ses mains jusqu'à l'âge de trois ans passés. Pro-

pre depuis un an seulement. Selles régulières. - Aucune

affection de l'appareil respiratoire ni circulatoire.

Sensibilité générale et spéciale normales. Sommeil naturel.

Pas d'accès de cris.

L'enfant aurait quelquefois de la céphalalgie ( ? ). Il n'a ja-

mais présenté de, tremblements, de secousses brusques, de

changement de coloration de la face.de krouomanie. Pas d'ab-

sences, aurait eu des vertiges dans son bas-âge.

Aucun accident scrofuleux. Teigne soignée à Saint-Louis et

guérie. Aucun traumatisme.

L'examen complet da malade n'a été pratiqué qu'en 1903.

Néanmoins l'évolution de sa maladie a été suivie. Sous l'in-

fluence du traitement. qui consistait en hydrothérapie, huile

de foie de morue et sirop d'iodure de fer,qui comprenait éga-

lement les exercices scolaires, la gymnastique, l'éducation,

de la parole, etc., le sujet s'est amélioré.

Evolution des organes génitaux 18VI, Corps glabre. Verge,

long. : 0,04 ; circonf'. : 0,05. Epispadias LÉGER, - Testicules à

l'anneau du volume d'un pois. Région anale normale.

18'J ? , 18n3, 18g, 1895. Aucune modification dans les organes

génitaux.

1896. Verge : long. de 0,5 ; circonf. de 0,6. Testicules à

l'anneau, volume d'un haricot ; anus normal, corps glabre.

Aucune modilicalion dans les années suivantes jusqu'en

1899 : le corps est glabre, sauf le pénil où, de chaque côté

de la racine de la verge,on voit quelques poils rares de 2 cm.

de long; la verge a une longueur de cm.,une circonférence

de 6 cm. Testicules descendus : oeuf de pierrot.

1900. Corps glabre, sauf le pubis : touff ? de poils assez

épaisse. Les testicules ont le volume d'un oeuf de merle.

Aucun accident relevant de l'épilepsie jusqu'en 1896. On

constate pendant le mois de janvier des céphalées avec nau-

sées et vomissements. Le 19 février, on observe, pour la pre-

mière fois depuisl'entrée. un accès : cri initial, convulsions

toniques, puis cloniques. « L'enfant projetait ses bras en

avant comme s'il voulait repousser quelque chose ». Bave-

sanguinolente, miction involontaire. Phase ;le stertor. Le

tout dure 4 à 5 minutes. Sommeil consécutif pendant une

heure. A son réveil, céphalée, nausées et vomissements.

Les céphalées persistent dans le mois de février et dispa-

raissent sous l'action du bromure de camphre.

Nanisme avec infantilisme. 49

Au point de vue intellectuel, l'enfant ne manifeste de pro-

grès que depuis l'année 1899. Ce n'est qu'en 1901 qu'il con-

naît ses lettres sans savoir syllaber. Il sait compter jusqu'à

30, ne connaît aucun chiffre. Il nomme quelques objets,

quelques plantes, reconnaît les couleurs. Paresseux.

1902. Sait syllaber et écrire ses lettres. Compte jusqu'à

50. Ne sait rien faire à l'atelier.

1903. Etat actuel (le malade a 21 ans). Air de santé, adipo-

sité légère. Tète. Cheveux châtain foncé, tourbillon médian,

un épi frontal. Crâne ovalaire d'un volume moyen, symétri-

que. Bosses frontales, pariétales, saillie moyenne et égale.

Bosse occipitale normale. Front haut de 5 cm. La face, car-

rée,asymétrique,un peu gonflée et imberbe,semble être celle

d'un enfant de 14 il 1;j ans.Arcades orbitaires assez saillantes.

Sourcils peu fournis. Yeux : aucune lésion de la motilité ; pas

de nystagmus, ni d'exophtalmie. Iris gris, couleur uniforme,

régulière. Pupille concentrique, réaction à la lumière et à

l'accommodation, normale. Acuité visuelle, vision des cou-

leurs, champ visuel : rien de particulier. Paupières normales;

pas de blépharite ; implantation des cils régulière. Nez as-

sez gros, étroit à sa .racine, va s'élargissant beaucoup vers

l'auvent.Lobule peu marqué. L'axe du nez est un peu obli-

que à gauche. Pornmettes peu saillantes, la gauche un peu

plus que la droite. Joues assez gonflées, épaisses. Bouche :

la fente buccale est un peu oblique en haut et à gauche, asy-

métrique, la partie gauche plus développée que la droite.

Lèvres peu saillantes, irrégulièrement dessinées.Cavité buc-

cale assez spacieuse. Voûte et voile du palais non ogivaux.

Langue normale. Arcade dentaire : léger prognathisme supé-

rieur. L'arc du maxillaire inférieur est très fermé. Les dents

inférieures sont serrées et obliquement dirigées en haut et

en arrière. A l'arcade supérieure, les dents sont ou informes

ou cariées, ou absentes. Menton arrondi, assez volumineux.

Oreilles grandes, surtout longues, un peu écartées et décol-

lées du crâne. Ligne d'implantation presque verticale. Hélix

bien et régulièrement ourlé. Tubercule de Darwin. Anthé-

lix saillant, bifurcation à angle très aigu.Tragus et anti-

tragus très marqués. Lobule épais, arrondi, non soudé.

Cunque gauche non divisée par la racine de l'hélix. Fossette

scaphoïde, assez grande. Fossette de l'anthélix, petite et

étioite. Orifice du conduit auditif externe normal.

Coït : circonférence : 30. Corps thyroïde, palpable. Voix

non mue, à timbre élevé.

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1903. 4

ùo ' De quelques formes de nanisme.

Le tronc est cylindrique. Le thorax et l'abdomen ne sont

pas séparés par l'étranglement de la taille. Thorax globu-

leux, assez volumineux, sans saillies musculaires. Le panni-

cule adipeux est assez marqué. Périmètre thoracique : 8-2 cm.

Coeur : la pointe bat dans le 4u espace intercostal,juste der-

rière le mamelon. Pouls 75. Rien n l'auscultation ni à la per-

cussion des poumons.

Abdomen proéminent. Périmètre au niveau de l'ombilic : 73.

Courbure lombaire à peine dessinée. Foie et rate normaux.

Région anale : rien à signaler.

Organes génitaux et puberté. Etat glabre de tout le corps,

sauf un duvet naissant à la lèvre supérieure. Duvet égale-

ment sur les jambes. Pénil, deux touffes, médiocrement four-

nies, de poils, couvrant peu de surface (6 cm. X 2 cm.). Verge,

9 cm. de long sur 8 cm. Gland découvert. Epispadias. Testi-

cule gros comme une petite noix. Périnée : quelques poils.

Pas d'appétit sexuel.

Membres supérieurs, gros, courts, doublés d'un pannicule

adipeux assez épais, sans saillies musculaires dessinées. Ils

vont s'ellilant régulièrement de la racine vers le poignet.

Epaules basses et tombantes. Forme des mainsetdes doigts

normale. Pas d'onychophagie. Préhension naturelle.

Membres inférieurs, gros. courts, doublés d'un pannicule

adipeux assez épais. Les saillies musculaires sont peu mar-

quées. Attitude normale. Articulations et plantes des pieds

normales.

Examen fonctionnel. Réflexes pateliaire, olécranien, nor-

maux. Mouvements volontaires et provoqués : rien à signa-

ler.

Fonctions ditleslio-es et sensibilité générale, rien de particu-

lier. Intelligence : l'enfant est atteint d'inrbécililé, sait à peine

écrire, sait syllaber. Curiosité d'enfant. Naïveté, crainte et

méfiance.

1901. Juin. - Puberté. Duvet fin ombrant légèrement la

lèvre supérieure. Le reste du visage est glabre.- Poils lins,

peu abondants sous les aisselles, formant une bande de 7

cent, sur un cent. et demi ; ils sont relativement plus abon-

dants sur la paroi brachiale que sur la paroi thoracique.

Tronc glabre, sauf à la région lombaire où il y a des poils fins.

Poils assez abondants sur les cuisses et les jambes. Poils

châtain foncé, longs, frisés, très abondants sur tout le pénil

Mesures de la tête.

52

DE quelques formes DE nanisme.

(14 cm. sur 3) et à la racine des bourses ; il commence à en-

vahir les aines et on voit une traînée jusqu'au voisinage de

l'ombilic. - Verge bien développée. Circonf. 9 cent. 1/2,

long. 8 cent. - Gland découvert. Méat un peu étroit en épispa-

dias léger. Testicules un pen inégaux, le gauche un peu plus

gros que le droit, du volume d'un oeuf de pigeon. - Poils

assez abondants au périnée et au pourtour de l'anus.

Tableau des accès

Nanisme avec infantilisme.

53

verge (1900, à 18ans), qui se sont réunis 1903, 21 ans),

ont envahi les aines et remonté vers l'ombilic (1904, 22

ans). A cette dernière époque, les poils sont encore très

rares sous les aisselles et il peu près absents au visage.

Le développement de la verge a été moins tardif que celui

des testicules, qui sont restés longtemps petits. C'est sur-

tout depuis un an que le système pileux du pénil, la

Poids. Taille, Dynamomètre.

54 DE quelques formes DE nanisme.

OBS. 1XXVL- IDIOTIE ; nanisme ; infantilisme PRONONCÉ.

'SOMMAIRE. - du côté paternel, rien à signaler sauf un oncle

paternel alcoolique mort dun cancer de l'estomac. - Mère,

Tien. - Grand-père maternel mort aliéné; grand-oncle ma-

ternel, faible d'intelligence. Oncle arriéré. Trois oncles, convul.

sions. - Pas de consanguinité - Convulsions chez un frère.

Emotion vive il 8 mois et demi delà grossesse. Accouchement dif-

ficile. Convulsions à partir de cinq mois. - Marche des con-

vulsions. - lielai(1, dans la parole. Onanisme. Turbulence.

Clastomanie. Intelligence nulle. Retard dans l'établissement

de la puberté. Retard dans la croissance. Nanisme et infanti-

lisme.

Masse... (Léon-Victor), né à Paris le 24 septembre 1886.

Entré le 23 juillet 1892.

Antécédents héréditaires. (Renseignements fournis par

la mère de l' enfant). - Père, 3Ô ans,scieur de bois à la méca-

nique. Pas de convulsions dans l'enfance ; pas de fièvre ty-

phoïde, pas de rhumatisme, de chorée, pas de maladies de

peau, pas de syphilis, ni alcoolisme, ni tabagisme. Carac-

tère emporté. Pas de migraines. Pas de traumatismes cépha-

liques. A eu le pouce et l'index sciés huit jours avant la

naissance de l'enfant. [Famille du père. Père mort à 78 ans

« de vieillesse », sobre, emporté, intelligent. J/o'e, 70 ans,

intelligente, caractère calme. Les grands-parents paternels et

maternels n'ont pas été connus par la mère de l'enfant. Elle

sait seulement qu'ils étaient d'intelligence normale,

qu'ils n'ont jamais présenté de troubles mentaux, qu'ils

étaient sobres et qu'ils sont morts très âgés. Une tante pater-

nelle, morte on ne sait de quoi. Elle était bien conformée et

intelligente. Pas d'enfants. - Deux oncles maternels, mili-

taires retraités, sobres et de caractère doux. Deux enfants

bien conformés, intelligents, bien portants. - Une tante

maternelle, en bonne santé, très intelligente ; trois enfants

bien conformés, intelligents, - Trois frères : l'un est mort

il 37 ans d'un cancer de l'estomac ; rlr.ooliyua. ; deux sont

sobres, sans troubles intellectuels. Le premier a laissé un

enfant normal. Des deux autres, un seul a des enfants qui

n'ont rien il signaler. Pas de soeurs. Dans tout le reste

de la famille, il n'y a aucune tare morale, intellectuelle ou

physique.

Nanisme avec infantilisme. 55

Mère, 28 ans, mécanicienne. Pas de convulsions, pas de

fièvre typhoïde. Pas de délire au cours de maladie infec-

tieuse, ni rhumatismes, ni chorée. Ni maladies de peau, ni

syphilis,ni alcoolisme, ni caféisme.Pas de traumatismes cé-

phaliques. Pas de migraines. Caractère un peu emporté. In-

telligence vive, bien portante.- [Famille de la mère. - Père

mort à 55 ans, l'asile de Ville-Evrard en 1885 ; a été interné

une première fois à Bicêtre ; il était devenu aliéné à la suite

de perte d'argent en 1878 ; sorti six mois après. Interné de

nouveau au bout de dix-huit mois environ, transféré à Ville-

Evrard, quelque temps avant sa mort. Il était sobre et n'avait

jamais été malade. Mère morte à 4t1 ans, d'une affection pul-

monaire aiguë. Ordinairement en bonne santé. Non alcooli-

que. Pas de troubles mentaux.- Les grands-parents paternels

et maternels sont morts vieux, étaient sobres et n'ont jamais

présenté de troubles mentaux. - Un oncle paternel, mort à

13 ans on ne sait de quoi, était minus halenas. - Un autre

oncle paternel, intelligent, tué en 1870. - Deux tantes pater-

ne/les, bien portantes, sans troubles mentaux, intelligentes

ainsi que leurs enfants. - Dix frères : deux sont morts jeu-

nes avec des convulsions. Six sont morts en bas-âge. Deux

seulement sont vivants : Tous les deux se portent bien. L'un

d'eux a eu des convulsions, est arriéré; et il a été incapable

d'apprendre un métier. Pas de soeurs. - Dans le reste de la

famille, pas d'autre tare physique, morale ou intellectuelle.] 1

Pas de consanguinité. Différence d'âge entre les parents :

7 ans, en faveur du père.

5 enfants, la mère est en ce moment prête d'accoucher.

1° un garçon, mort à dix mois des suites d'une rougeole, a

eu des convulsions ; 2° fille, 7 ans, bien portante elintelligen-

te ; pas de convulsions ; 3" notre malade ; 4° garçon, 4 ans,

pas de convulsions, enfant normal ; 5n fille morte à 14

mois de bronchite capillaire.

Notre malade. - Conception : rien de particulier. 67ro.s-

sasse : épistaxis fréquentes, plus fréquentes que dans les

autres grossesses. La mère a, en effet, souvent présenté des

épistaxis assez abondantes pendant, ses grossesses. Ni coups,

ni chutes, ni émotions, ni envies, ni syncopes, ni crises ner-

veuses. Pas d'albuminurie, pas d'éclampsie, pas d'intoxica-

tions, pas de tentatives d'avortement, pas d'ennui de se

voir enceinte, pas d'idées noires, ni de somnolence. Mien de

particulier à noter sur les mouvements du foetus,pas de mé-

frorrhagies. Tout était normal jusque huit jours avant la fin

5R De quelques formes de nanisme.

de la grossesse. A cette époque, la mère a éprouvé une

frayeur très intense : une explosion eut lieu dans la maison,

on cria au feu, et au même moment, son mari revint avec

deux doigts sciés. La mère n'eut pas de syncope, mais elle

eut une métrorrhagie peu abondante et elle perdit des glai-

res. L'accouchement survint huit jours après. Il fut long

(17 heures) et difficile ; la tète est restée quatre heures à la

vulve. L'enfant a crié pendant ce temps ( ? ). Pas de forceps,

ni de chloroforme.

.4 la naissance, pas d'asphyxie, ni de circulaire du cordon.

L'enfant, gros, était bien portant. Allaitement par la mère au

biberon avec du lait de vache jusqu'à deux ans et demi. 1--e

dent à 8 mois. Dentition complète à ' ? .- L'enfant dit depuis

l'âge de quatre ans quelques mots : « papa, maman, attends za.

Marche à 13 mois.

Antécédents morbides. - Convulsions à l'âge de cinq mois.

La mère, pendant une absence, confie l'enfant à une cousine.

En rentrant au bout d'une heure, elle le trouve rouge et

pleurant. Au bout de l'heure suivante, l'enfant était cyanosé

et perdait connaissance. Il eut pendant la nuit des con-

vulsions toutes les cinq minutes. Il était alors très bleu,

avait des mouvements convulsifs toniques, puis cloniques.

Il devenait ensuite immobile et pâle pendant dix minutes.

Les convulsions se reproduisirent ensuite en moyenne une

fois par jour. A sa première dent. à 8 mois, crises convul-

sives plus fortes. A chaque éruption dentaire, il y aurait eu

aggravation des convulsions. Quelquefois il vomissait après

la crise convulsive. Les accès ont diminué beaucoup de fré-

quence depuis la première année. Dans la deuxième année,

il en avait encore plusieurs par semaines. Dans la troisième

une par mois. Dans la quatrième 2 ou 3 par an. Dans la cin-

quième une seule crise convulsive. L'enfant n'a pas encore

eu d'accès cette année (1892).

Avant les convulsions, l'enfant se développait bien, prê-

tait attention aux agaceries qui lui étaient faites. Depuis

l'âge de cinq mois convulsions), il est plus endormi,son

esprit ne s'éveille plus. Pas de paralysie après les crises

convulsives, ni athétose, ni contracture, ni chorée. La mère

ajoute que, depuis que ses accès sont devenus rares, il pré-

sente des épistaxis assez fréquentes.

Maladies infectieuses. - Rougeole à quatre ans, de durée

très courte. Scarlatine à quatre ans. Coqueluche de quatre à

cinq ans également. Pas de variole. Vacciné à huit mois

- Nanisme avec infantilisme. 57

avec succès et sans accident. Pas de fièvre typhoïde. Pas

d'oreillons, ni de diphtérie. Pas d'accidents syphilitiques.

Aucune maladie de l'appareil respiratoire. Pas d'accidents

scrofuleux, ni de rachitisme. Engelures aux mains fréquen-

tes. constantes l'hiver. Aucun traumatisme. L'enfant s'est

brûlé les mains à ii mois sur le poêle. Caractère violent,

accès de colère assez fréquents, survenant sans motif appa-

rent. Instincts : L'enfant pratique l'onanisme. Il est turbu-

lent : il n'est ni voleur, ni salace, ni gourmand, ni pyromane.

Clastomanie : L'enfant casse tout, les carreaux, les objets

fragiles, déchire ses vêtements avec ses dents. Les fonctions

digestives sont normales, si ce n'est que l'enfant ne sait pas

manger seul. Il bave constamment. L'occlusion de la bouche,

la mastication, et la succion sont normales. Pas de vers in-

testinaux. Pas de corps étrangers des voies digestives. Pas

de constipation ; diarrhée assez fréquente.

Sensibilité générale au froid, à la chaleur, très diminuée.

(Hypoesthésie). - Organes des sens : La vue et l'audition

sont normales, l'odorat paraît très obtus. Sentiments af-

fectifs à peu près nuls. L'enfant paraissait cependant plus

affectueux chez ses parents que depuis son entrée à Bicètre.

Température à l'entrée.

58 8 De quelques formes nE nanisme.. z

pières sont bien conformées. Fentes palpébrales largement

ouvertes. Sourcils blonds bien implantés. Cils châtains. Pas

de3 ! épharite. Orbites, rien à noter. Yeux. Pas d'exophtal-

mie, ni de strabisme, ni de paralysie, ni de nystagmus. Iris :

de couleur marron uniforme. Pupilles également dilatées,

réagissant bien à la lumière et à l'accommodation. L'examen

fonctionnel de l'oeil est rendu impossible par l'état intellec-

tuel de l'enfant.

Ne ? droit, bien conformé. Lobules un peu volumineux,

arrondis. Narines bien ouvertes, regardant directement en

bas ; odorat nul. L'enfant ne réagit pas à l'odeur de l'ammo-

niaque. Les pommettes ne font aucune saillie. La pommette

droite est un peu plus développée que la gauche. Fente buc-

cale non horizontale,oblique en bas et à gauche ; longueur

4 cent. Les deux lèvres sont mal dessinées, épaisses. -

La lèvre supérieure est un peu plus épaisse que la lèvre

inférieure. - Voûte palatine ogivale ; voile du palais, amyg-

dales,luette et langue normaux. Goût : très peu développé :

l'enfant ne témoigne aucun dégoût au sulfate de quinine.

- Dents : saines, à l'exception des molaires, dont les unes

sont gâtées etles autres absentes. Atrophie cuspidienne,

émail jaunâtre. - Menton rond ; la partie droite semble plus

saillante que la partie gauche. Oreilles : volumineuses,

très' écartées du crâne. Tubercule de Darwin. Hélix moyen-

nement ourlé. Anthélix épais et large. Tragus, et anti-

tragus épais et volumineux. Lobule volumineux, non soudé.

l'ou : Circonférence 0,26. Corps thyroïde à peine sen-

sible.

Membres supérieurs : de forme, d'attitude, de volume nor-

maux. Jointures, mains et doigts, rien ¡'¡ noter. Pas d'ony-

chophagie. Préhension régulière.

Membres inférieurs. -Volumineux. Léger épaississement

des condyles internes des fémurs. Attitude régulière. Arti-

culations, orteils, voûte plantaire, normaux et marche nor-

male.

Thorax : volumineux, large, bombé en avant ; ne pré-

sentent saillie, ni courbure pathologique au niveau de la

colonne dorsale. 1>espiratioii abdominale. Percussion et

auscultation : rien à signaler.

Examen fonctionnel : mouvements volontaires et provo-

qués normaux. Réflexes : L'évaluation du réflexe patellaire

est difficile, l'enfant raidissant ses membres.

Nanisme avec infantilisme. 59

Abdomen : globuleux, pas trop volumineux.

Le tronc (thorax et abdomen) est parfaitement cylindri-

que. On ne sent ni le foie, ni la rate. Cicatrice ombilicale

saillante. Région anale normale.

Puberté et organes génitaux. - Pilosité nulle. Verge : lon-

gueur 0,04 cm., circonférence 0,05 cm. - Bourses très peti-

tes. Testicule gauche en situation normale, du volume d'un

petit oeuf de pierrot. Testicule droit très petit, n'est pas

descendu dans les bourses se trouve dans le canal inguinal.

Fonctions digestives normales. - Sensibilité générale intacte

dans ses trois modes. - Intelligence nulle. La parole fait

complètement défaut.

1892-1893. - Traitement ; sirop d'iodure de fer ; huile de

foie de morue ; hydrothérapie, école.

1894. Traitement; hydrothérapie : douches de 35 secon-

des. etc.

1895. Avril. Puberté. Etat glabre de tout le corps. La

verge a une longueur de 4 cm., une circonférence de 4 cm.5.

Le testicule droit est encore dans le canal inguinal. Le tes-

ticule gauche est dans les bourses, de la grosseur d'un oeuf

de moineau. - Même traitement.

15896. Juillet.-Aucune modification du côté des organes gé-

nitaux. - Même traitement.

1897. - Aucune modification du côté des organes géni-

taux. Pilosité nulle. Môme traitement que les années pré-

cédentes.

1898. même traitement. Aucune progression dans le dé-

veloppement des organes génitaux.

Septembre. Fièvre typhoïde qui évolue sans complications,

ni accidents. La défervescence s'effectue brusquement le 18

octobre. Convalescence normale.

1899. -Le 28 avril, l'enfant entre à l'isolement pour une

rougeole. Sort guéri le 13 mai.

1900. Le 4 avril, l'enfant rentre à l'isolement pour une

scarlatine. - Sorti de l'isolement le 9 mai.

Septembre. - La puberté a peu progressé. Etat glabre de

tout le corps, sauf un léger duvet sur les membres inférieurs.

Verge de 5 cm. de long sur 5 de circonférence. Testicules de

la grosseur d'un oeuf de merle.

1901.- Aucune modification dans l'état de l'enfant.

MU. Ilallopeauet Fournier (Edm.) pratiquent l'examen de

la dentition : Erosions dentaires, atrophie cuspidienne qu'ils

mettent sur le compte de l'hérédo-syphilis ? Les parents

02 DE QUELQUES formes DE nanisme.

interrogés isolément et avec soin nient absolument la syphi-

lis. Il a-t-il eu une interposition ? ' ?

1903. Examen de l'enfant, L'enfantporte tout au plus 8à à 9

ans, alors qu'il en a 16. Il a la stature d'un enfant de

8 ans. Squelette grêle. - Membres arrondis, recouverts

d'un pannicule graisseux assez épais. Aucune saillie mus-

culaire n'est dessinée. Les membres supérieurs s'effilent ré-

gulièrement de leurs racines à leurs extrémités. Tronc cylin-

drique. - Thorax globuleux, arrondi. - Abdomen saillant.

Puberté. La pilosité est à peu près nulle. L'enfant ne pré-

sente qu'un léger duvet sur les membres inférieurs. Les

membres supérieurs, les aisselles, le thorax et l'abdomen sont

glabres. Les parties génitales sont glabres. Les testicules

sont de la grosseur d'un oeuf de merle. La verge mesure

5 cm. de long sur 5 cm. de circonférence.

La taille de l'enfant est de 1 m. 29 au lieu de 1 m. 55, taille

normale à l'âge de 16 ans. - Son poids est de 3l kg. 7, éga-

lement inférieur à celui d'un enfant normal.

L'intelligence de l'enfant est à peu près nulle : c'est un

idiot profond.

1904. Juin. Puberté. Les lèvres, le visage, les aisselles

sont glabres. Quelques poils, formant un petit bouquet, de

chaque côté de la verge, réunis par une bande de poils courts

et rares. La verge est bien développée (longueur, 9 cent. 5,

circonfér. 9 cent.) ainsi que les testicules qui ont la grosseur

d'un oeuf de pigeon. Anus et périnée, glabres. - La physio-

nomie est celle d'un enfant.

Le nanisme est bien évident et se traduit par une dif-

férence en moins de 96 cent. Quant à l'infantilisme, il

n'est pas moins indubitable : absence Ù peu près com-

plète du système pileux, physionomie d'un enfant. Seuls,

la verge et les testicules sont en rapport avec l'âge.

OPS. YYVII. - Idiotie; Pyromanie : Nanisme avec

INFANTILISME.

SonmAlaE. -Pi-ne, «lc,ooliq2te iticténé ; tremblement ; carac-

1ère -violent,. rhumatisant. - Grand-père, paternel alcoolique.

Gmllrl'mÚc paternelle morte lcémiplcrliyrc.-7'antc pater-

nelle très petite. - Plusieurs grands-oncles et tantes paternels

morts de tuberculose. - Mère, caféisme ; caractère très vio-

lent ; colères furieuses. Grand' père maternel, mort de tuber-

Nanisme avec infantilisme. 63

losc pulmonaire. - Grand'mère maternelle, très coléreuse,

morte d'un cancer de l'utérus, - Deux cousins morts de menin-

gite. - Pas de consanguinité . - Inégalité d'âge de 15 ails

(père plus âgé). Frère mort d'une méningite. Concep-

tion dans l'ivresse alcoolique. - Grossesse accidentée par des

coups et des syncopes. Première dent (t 10 mois. Marche

et début de la parole il 6 alls.- Grincement de t<eK ? )'o ! /u-

sistant.- Description du malade. Nanisme et infantilisme.

Traitement thyroïdien (1895-1898). Une oeM ! ' est petite.

Chai).. (Charles), né à Paris le 13 octobre 1883. Entre

dans le service le 7 février 1893.

Antécédents héréditaires (Renseignements fournis par lui

mère, le 3 mai 1893). - PÈRE, 60 ans, journalier ; alcoolique

avéré ; il était presque constamment en état d'ébriété. Il est

atteint maintenant d'un tremblement dû à l'intoxication par

l'alcool. Tabagisme. Syphilis peu probable. Caractère vio-

lent et emporté, vindicatif. Rhumatisant.

Famille du père. Père mort à 72 ans, alcoolique. Mère, très

nerveuse, morte après hémiplégie. Frères et soeurs au nombre

de vingt-quatre. Quatre seulement survivent. Parmi eux

certains sont nerveux. Une de ses soeurs est morte folle à

la Salpêtrière.

Mère, 45 ans, blanchisseuse. Elle s'est intoxiquée par le

café. Elle a un caractère extrêmement emporté, et se met en

colère au moindre motif. Ses colères sont de véritables fu-

reurs qui la rendent malade pendant huit jours. Elle

mesure lm 59.

Famille de la mère. Père mort à 53 ans de tuberculose pulmo-

naire. Mère morte à 40 ans d'un cancer de l'utérus ; coléreuse

comme sa fille.

Pas de consanguinité. Différence d'âge de 15 ans entre les

conjoints. 6 enfants. Les deux premiers sont bien portants

et normaux. Le troisième est mort à un mois d'une affection

mal déterminée. Le cinquième est mort en bas-âge de ménin-

gile. Le sixième est, mort d'une pleurésie. Une soeur, 30 ans,

peu intelligente, n'a que lm 50.

Le père de Chai).. est entré à l'hospice de Bicêtre, comme

atteint de sclérose combinée. Interrogé de nouveau, il a affirmé

qu'il n'y a pas de nains dans sa famille. Il a été réformé par

défaut de taille (1 lU 53).

i ! DE quelques formes DE nanisme.

Le malade. - A l'époque de la conception, éthylisme du

père, mais la conception n'a pas eu lieu dans l'ivresse même,

car alors « il est impuissant ». Durant la grossesse, la mère su-

bit des mauvais traitements de la part du mari. Elle eut des

syncopes fréquentes. Quinze jours avant le terme de l'accou-

chement, elle a eu une violente colère à la suite de laquelle

elle est accouchée subitement.

A la naissance, l'enfant est bien constitué et de poids nor-

mal. Il n'est pas asphyxié. Elevé au biberon. 11C dent à 10

mois. Marche à six ans. Il n'est pas encore propre. Jamais

de convulsions. Durant toute sa première enfance, le sujet

est chétif et mal portant. Son intelligence reste obtuse. Ses

instincts sont la gourmandise, la pyromanie, la krouomanie.

Il s'arrache les ongles et grince souvent des dents. Sommeil

normal. Jamais d'hallucinations.

L'enfant est affectueux pour ses parents. Il n'a jamais eu

que deux maladies infectieuses, la rougeole et la coque-

luche, graves il est vrai. Jamais d'affections scrofuieuses.

Etat actuel pris en avril 1593.-L'enfant a un état générale

satisfaisant. L'expression du visage est rêveuse, inquiète.

Crâne : Capul qtadralrc.m. Front olympien. Qreilles grandes

et décollées ; toutes les saillies en sont très accentuées. Voûte

et voile palatins très ogivaux. Atrésie considérable de

la voûte, d'où prognathisme supérieur et chevauchementdes

dents de l'arcade dentaire inférieure. L'émail des dents est

jaune noirâtre. Les canines et les incisives présentent de

l'atrophie cuspidienne. Le con est très court.

Les membres supérieurs et inférieurs sont bien confor-

més et ont un volume et une attitude normaux. Du côté du

thorax, rien de particulier à signaler. Abdomen saillant.

Organes génitaux et puberté : Etat glabre de tout le corps.

Verge longue de 3 cm. 5, circonf. 4 centim. Testicules gros

comme un oeuf de moineau.

Intelligence obtuse. L'enfant peut à peine répondre à quel-

ques questions. Taille : i mètre. Poids : 15 k.

Les années suivantes, de 1893 à 1899, les organes génitaux

ne se développent pas, restent stationnaires. Aucun carac-

tère sexuel accessoire n'apparaît.

1900. L'enfant est glabre partout, sauf un léger duvet sur

le dos. La verge a une longueur de 4 centimètres 5 et une

circonférence de 4 c. 11-2. Gland découvert. Testicules du

volume d'un oeuf de serin.

66 De quelques formes DE nanisme.

La taille de l'enfant restant au-dessous de la normale,

celui-ci est mis au traitement thyroïdien à partir du 1«',jan-

vier 1900. I'n examen, pratiqué en novembre 1902. nous

montre que cet enfant, qui est âgé de plus de dix-sept ans,

n'a qu'une taille de Î m. 25 c'est-à-dire 34 centimètres et

demi au-dessous de la normale. Son poids n'est que de

31 k. 200 (c'est-à-dire 18 k. 500 gr. au-dessous de la nor-

male). ).

L'enfant présente de nombreux stigmates de dégénérescence :

cayul qoadootnm, front olympien, grandeur démesurée et

décollement des pavillons de l'oreille, voûte et voile du

palais très ogivaux, prognathisme supérieur. Le faciès de

l'enfant est vieillot, il parait bien celui d'un sujet de vingt

ans. Par contre, son corps présente tous les caractères de

l'infantilisme. Le thorax est petit, l'abdomen saillant, le

tronc est cylindrique. Les saillies musculaires du thorax

sont peu marquées. Le pannicule adipeux est notable.

Les membres supérieurs et inférieurs sont grêles, les

saillies musculaires n'y sont pas dessinées. Le coeur offre

une matité petite ; la pointe bat dans le quatrième espace

intercostal en dedans dn mamelon. Microsphygmie. Les

caractères sexuels du sujet sont à peine marqués. La pilo-

sité est nulle, on ne constate qu'un léger duvet au pubis.

Le développement des organes génitaux est en retard. La

verge a '1 centimètres 5 de longueur et de circonférence.

Les testicules, descendus, ont le volume d'une noisette.

1904. Juin. Puberté. Moustaches naissantes formant une

bande d'un centimètre. -- Fin duvet au menton et à la lèvre

inférieure. Duvet abondant aux joues. Thorax, ventre, fesses,

membres glabres. Dans les aisselles, poils noirs (4 cent. sur

un) à droite , moins abondants à gauche. Sur le pénil,

poils courts (8 cent. sur 2) : rien dans les aines. Verge 0 cent.

de longueur sur 'J de circonférence. Gland pointu, avec

trace du sillon sur la ligne médiane de la face supérieure (le la

base du gland au méat. Léger épispadias. Testicules du volume

d'un oeuf de pigeon, le gauche un peu plus petit. Quelques

poils sur les bourses. Périnée, anus, poils peu abondants.

Ce malade a été mis à la glande thyroïde à différentes

reprises de 1900 jusqu'en 1 ! )0. Sa taille qui, en 1J00, à

17 ans, était de 1 m. 25', soit 34 cent. en moins (1 m. 59)

est actuellement, juin 1904, de 1 m. 40, soit 21 cent. en

moins (1 m. 67 à 21 ans). Son poids, 1(il., est inférieur

de 22 kil. au poids moyen à son âge. Bien que resté nain,

Nanisme avec infantilisme. 67

la différence de sa taille moyenne, grâce à la médication

thyroïdienne, a notablement diminué : 21 cent. au lieu

de 34.

013S. XXXVIII. - IIIBICII,LITÉ ; nanisme; infantilisme.

Motte... (Andrée-Céline), née le 18 février 1891. Entrée le

26 août 1899.

1902. Poids : 18 kg. 100; Taille 1 m. 14 (soit en moins 15

cent.) le,' traitement du le,' août au 31 octobre : 0 gr. 25 à 1

gr. Poids : 15 kg. 400 ; Taille : 1 m. 15.

1903. Poids : 16 kg. ; Taille : 1 m. 15. Deuxième traitement

du 1«,janvier au 25 février : 0 gr. 25 à 0 gr. 75. Poids : 15

ka. Taille 1 m. 155 Le traitement est suspendu à cause

d'accidents tuberculeux.

1904. Juin. - Poids : 21 kg. 500 ; Taille : 1 m. 22 au lieu

de 1.40; en moins 18 cent. Seins naissants, gros comme une

petite olive. Une vingtaine de poils au-dessus de la commis-

sure supérieure des grandes lèvres. D'où infantilisme.

OBS. XXXIX. (Résumée.) - Arriération ; arrêt DE LÉ1'ELOr-

PEMENT avec infantilisme partiel.

Cro.... (Georges), né le 19 mars 1873 ; entré dans le service

le 28 août 1888. Passé dans l'une des divisions de l'hospice

le 3 février 1900.

Père mort à 43 ans de méningite tuberculeuse. Tante ma-

ternelle, aliénée. Mère nerveuse. Grand-père maternel mort

d'excès de boisson ; un oncle maternel mortd'une attaque d'a-

poplexie.

La grossesse a été troublée par de nombreux accidents.

(Mauvais traitements du mari, etc.) Première dent à 1 an.

Parole à 2 ans. Marche à 16 mois. Pas de convulsions. Bé-

gaiement à la suite d'une peur violente ? Tics.

1896. Janvier. - Cro..., est soumis à la médication thyroï-

dienne. Les résultats sont consignés dans les tableaux sui-

vants :

Tableau des poids et taille avant le commencement du

traitement.

68 DE quelques formes DE nanisme.

Tableau des modifications survenues. On administre un 1/2 lobe

de glande iliy) oitle de moulon tous les jours :

' Nanisme avec infantilisme. 69

de taille d'un centimètre durant le premier traitement, en

1896, de voir la taille demeurer la même pendant les trois

autres périodes de traitement. La radiographie, faite en fé-

vrier 1899, nous en a fourni l'explication en nous montrant

que les cartilages épiphysaires étaient complètement soudés.

Cr ? très amélioré au point de vue intellectuel, bon ap-

prenti tailleur, est passé, en raison de son arrêt de déve-

loppement qui le rendait difficilement plaçable au dehors,

dans l'une des divisions de l'hospice. Nous l'avons revu le

25 nov. 1903 (30 ans et demi). Son poids est de 50 kilogr. ; sa

taille de 1 m. 47, soit 16 k. et 21 centimètres et demi au-des-

sous de la moyenne à son âge.

Puberté et organes génitaux La moustache est constituée

par deux petites bandes de poils courts, peu fournis, avec

interruption d'un cent.au-dessous delà cloison nasale. Rien

à la lèvre inférieure. Poils assez abondants sur les joues, for-

mant unebande de3à à 4 cm.qui se continue à droite avec les

poils assez abondants qui existent sous le menton et au niveau

de sa partie inférieure. A gauche, il y a uneinterruption d'un

cent. au moins entre les poils du menton et les poils de la joue.

Poils assez abondants sur la moitié inférieure de la face

dorsale des avant-bras. Sous les aisselles, bande de poils

moyennement longs, de 6 cm. sur 2 1/2 cm., un peu plus

fournis à droite qu'à gauche. Sur le sternum,entre les mame-

lons, îlot de poils, de 5 1/2 cm. sur 1/2 cm. Le reste de la

poitrine, le dos, les bras, les reins, les fesses, sont glabres.

Poils abondants, châtains, bouclés, moyennement longs, re-

couvrant tout le pénil, envahissant les aines, et formant un

triangle remontant jusqu'au nombril.

Verge volumineuse ; longueur 8 cm.; circonf. 9. Bourses

petites. Les testicules sont très petits, par rapport au volume

de la verge; le droit est du volume d'un petit oeuf de pie, le

gauche est d'environ 1/5 un peu plus gros.

Poils abondants sur la face antéro-externe des cuisses et

sur toutes les faces des jambes ; plus à droite (comme dans

les aisselles). Poils abondants autour de l'anus et de chaque

côté du périnée.

Le nanisme (relatif) est indubitable. Il se complique

d'un infantilisme partiel : poils rares (plutôt du duvet),

sur la lèvre supérieure, petitesse notable des testicules en

désharmonie avec le volume normal de la verge. Le

malade dit ne pas avoir eu de rapports sexuels, mais tou-

jours, son facies l'indique, il se livre à l'onanisme.

70

DE quelques FORMES DE nanisme.

OBS. XL. (Résumée.) IMBÉCILLITÉ; rumination par imitation ;.

croissance retardée ; infantilisme.

Quêm... (Emile), entre dans le service le 25 mars 1895. Il est

né le 29 février 1878. -

On trouve dans ses antécédents : père alcoolique ; un

grand-père paternel alcoolique ; mère nerveuse probablement

atteinte de tuberculose pulmonaire, grand-père maternel

mort tuberculeux, aïeul maternel mort d'une attaque d'apo-

plexie ; aïeule maternelle morte aussi de sa deuxième atta-

que d'apoplexie ; tante maternelle aliénée.

Conception probable pendant l'ivresse. Emotions, frayeurs,

pendant la grossesse. Rougeole à 4 ans.

Au mois de février 1896, Quêm... est soumis à la médica-

tion thyroïdienne. On donne d'abord une pastille puis deux

pastilles de thyroïdine par jour (en mars).

Tableau des poids et taille avant le traitement :

Nanisme avec infantilisme. 71

1 On voit que la taillea augmenté de deux centimètres et de-

mi en cinq mois de traitement. Le résultat est frappant si

l'on rapproche ce tableau du précédent.. Quêm.. " est âgé. *

de [Sans. 1

Second traitement.

72 DE QUELQUES FORMES de nanisme.

OBS, XLI.IMBÉCILLITÉ : nanisme; infantilisme. 1

Delapl... (René), né le 10 avril 1883, entré le 17 août 1898.

1901.- Poids : 40 k. 500. Taille : 1 m. /il. 1" traitement du ler

mai au 30 novembre, 0,25, 0.50, U.75, or. ; Poids : 40 k. 500,

taille : 1 m. 45.

1902. Poids : 40 k. 200 ; taille : 1 m. 45 ; 2e traitement du

le, février au 30 avril, 1 gr. ; poids : 40 k. 150 ; taille : 1 m. 4fi.

- Septembre. Poids : 40 k. 150 : taille : 1 m. 46 ; 3° traitement

du ICI' septembre au 30 novembre, 1 gr., Poids : 40 k. 100 ;

taille 1 m. 47 ; soit à la fin de ce troisième traitement un

gain de six centimètres.

1904. - Ier juin. - Le malade n'a pas eu de glande thy-

roïde depuis la fin de 1902. Poids : 48 k. 600 ; Taille : 1 m. 545

d'où une différence en moins de 12 cent. 1/2.

l)04. - Juin. - Puberté. -Fin duvet commençant à om-

brer la lèvre supérieure, rien à la lèvre inférieure ni sur les

joues. Aisselles et tronc glabres. Fin duvet entre les deux

épaules, rien sur les fesses ni sur les membres.

Poils châtains, frisés assez longs, sur la partie inférieure

du pénil (8 c. sur 3). Verge : 7 cent. sur 7 de long. Gland dé-

couvrable, pointu; méat normal. - Testicules volumineux, de

la grosseur d'un petit oeuf de poule ; égaux. Poils assez

abondants au périnée et au pourtour de l'anus.

Le malade a 21 ans, sa physionomie est infantile, la pu-

berté, bien développée au point de vue génital, est nulle

pour le système pileux de la face, du tronc et des mem-

bres.

OBS. 1LII.- Idiotie : nanisme avec infantilisme.

Gava.. (Emile), né le 31 janvier 1890, entré le ` ? G mai 1899.

1903. Poids : 38 k. : taille : 1 m. 17 ; le,, traitement du 1 ?

janvier au 30 juin. Poids : 2'.) k. ; taille : 1 m. 20. Après ces-

sation de traitement le 8 juillet, poids : 29.700, - le 15 juil-

let, poids : 30 k. 400, -le 31 juillet, 32 k. 100. Le poids est

donc remonté très rapidement.

1904. - 1 CI' juin. - Poids : 32 k. 800; taille : 1 m. 25, au lieu

de 1 m. 47, soit en moins 22 c.

OBS. XLIIL- Imbécillité avec perversions instinctives ;

nanisme ET infantilisme.

Pich.. (Charles), né le 25 août 1881. Entré le 12 juillet 1893,

sorti le 15 mai 1901.

Nanisme avec infantilisme. 73

-

1896. Poids : 35 kil. 811 ; taille 1 m. 35, soit 15 cent. en

moins. Premier traitementdu 10 juin 1896 au 29 mai 1897,

1 gr. ; poids : 36 k. 7 ; taille : 1 m. 385. Deuxième traitement du

20 juin au 20 septembre ; poids : 39 k. 200 ; taille : 1 m. 42.

Durant ces deux traitements, la taille s'est accrue de 7

centimètres.

Les observations qui précèdent, malgré quelques lacu-

nes, montrent que dans le nanisme avec infantilisme, aussi

bien que dans le nanisme simple, la médication thyroï-

dienne détermine l'accroissement de la taille.

m

OBs.XL1 ? (Résumée.) Imbécillité prononcée; microcéphalie ;

. infantilisme.

Gautr... (Louis), né le 17 septembre 1874, entre dans le

service le 22 octobre 1884. Passé aux adultes (5°, le) le 19

novembre 1896 ; transféré à Montauban le 15 août 1899.

Antécédents : oncle paternel, aliéné. Grand père maternel,

alcoolique ; oncle maternel, paralysé ; soeur, convulsions dans

l'enfance, asphyxie bleue à la naissance, accouchement par

le siège ; circulaires du cordon. Pas de convulsions. Début

de la marche à 6 ans, de la parole à 7 ans ; accès de colère à

10 ans, qui ont nécessité son placement.

De 1892 à 1896, l'augmentation de la taille a été la sui-

vante :

74 De quelques formes de nanisme. ~

Nanisme avec obésité. 75

élever la taille de 2 cm. 5 en 7 mois et de faire abaisser le

poids de 5 kgs. D'où action nette sur l'amaigrissement.

« III. - Nanisme avec obésité.

L'action de la glande thyroïde dans cette variété de

nanisme porte à la fois sur l'accroissement de la taille

et sur le développement exagéré du système adipeux

qu'elle arrête ou diminue. Après avoir relaté une obser-

vation complète très démonstrative, nous en résume-

rons quelques autres qui seront suivies d'autres observa-

tions complètes.

OBS, XInVL- ARRH ! RATON intellectuelle : nanisme ; obésité.

SOMMAIRE. - Père, pas d'accidents nerveux. Renseignements

insuffisants sur sa famille. Mère hys(crirlue' ? - Dans les fa-

milles du père et de la mère, on ne signale aucun obèse, ni au-

wn nain. - Pas de consanguinité. Inégalité d'âge des con-

joints : 23 ans.Deux soeurs mortes tuberculeuses .

Conception, grossesse, accouchement, normaux, Convulsions à

1'(î,le de deux ans. Deux étals de mal convulsifs à 2 ans et et demi.

- lIetanl dans la croissance dès l'âge de trois ans et demi.

Seconde dentition complète seulement ri 14-15 ans. Obésité ma-

nifeste dès l'âg6 de Z4 a-ns. Retard dans le développement de la

puberté. Traitement thyroïdien : augmentation de la taille.

Diminution de l'obésité.

Ra... (Henri-Louis), né le 5 mars 1880, est entré dans le

service le 30 mars 1899. Il est passé dans l'hospice le 2t fé-

vrier 1901.

Antécédents. (Renseignements fournis par la mire du ma-

lade). Père, jardinier, mort à 79 ans de bronchite chronique,

après avoir élé quatorze mois malade. Rhumatisant, non

alcoolique. Pas de tabagisme, non névropathe. Pas de con-

vulsions dans l'enfance. Pas d'indice de syphilis. Caractère

très calme. Il était grand et non obèse.

Famille du père. Ses -père et mère sont morts alors qu'il

n'avait que 14 ans environ : on n'a aucun détail sur" eux, ni

sur les grands-parents, ni sur les oncles et tantes ; trois frères

morts vieux, un à 69 ans,après avoir été paralysé quatre ans;

les deux autres vers 60 ans. - Deux soeurs, l'une est morte

à 78 ans ; l'autre, vivante, a 80 ans. - Dans le reste] de la

famille, on ne trouve aucune tare, aucune maladie nerveuse,

76 DE QUELQUES formes DE nanisme.

pas d'épileptiques, pas d'idiots, pas de sujets difformes,

strabiques, sourds-muets ; on ne signale aucune malforma-

tion congénitale, aucune tare morale ni intellectuelle. *

Mère, 57 ans, ouvrière dans une manufacture de laine. De

six ans à 7 ans et demi, à la suite d'une peur, elle-aurait eu

une dizaine de crises survenant à la suite de contrariétés.Ces

crises semblent être de nature hystérique. Étant enfant, elle

était de taille moyenne. Réglée à 13 ans, mariée à vingt ans.

Vers l'àge de trente ans,elle commença à éprouver, deux ou

trois jours avant ses règles, des douleurs de tête sans vo-

missements. Elles ont disparu vers cinquante ans ; méno-

pause à cinquante-deux ans. Ni maladie de peau, ni syphi-

. FIG, 27. - R..., en 1904.

Nanisme avec obésité.

77

lis. Elle est sobre, calme, non rhumatisante. Elle n'est pas

obèse et présente seulement un embonpoint moyen. Elle est

bien conservée pour son âge.

« Famille de la mère. Père sobre, mort à 65 ans, d'une affec-

tion pulmonaire aiguë. Mère morte à 75 ans d'une maladie

du foie. - Grands-parents paternels, inconnus, morts jeunes,

ainsi que le grand-père maternel. Gnand'mère maternelle morte

vers 70 ans, sobre, pas d'accidents nerveux. Deux oncles pa-

ternels morts très vieux. - Deux frères, dont l'un est mort à

la suite d'une affection pulmonaire chronique à 33 ans.L'au-

tre, 59 ans, se porte bien. Une soeur, 55 ans, bien portante.

- Ni les deux frères, ni la soeur, n'ont eu de convulsions. Ils

Fie. 28. - R..., en 1904.

78 DE QUELQUES FORMES DE nanisme.

ne sont pas névropathes. Il en est de môme pour les neveux

et les nièces. - Dans le reste de la famille, il n'y a rien à

signaler. Pas de tares nerveuses, etc.

Pas de consanguinité. Le père était de Flexbourg (canton

de 11'aselalype), la mère de Stottyheim (canton de Peinfeld).

Il n'y a pas de goitreux dans ces pays. 11 n'y a dans les

deux familles ni nains, ni goitreux, ni obéses.Dansla famille

du père,on était en général grand. Inégalité d'âge des deux

conjoints : vingt-trois ans. (Père plus âgé.)

Sept enfants. Le père de notre malade a eu 4 enfants d'un

premier mariage. Ils sont normaux, sobres, non obèses, de

taille ordinaire.Ilsonttousdes enfants intelligents et n'ayant

r'IC . 29. - R..., en 104..

Nanisme avec obésité. 79

pas eu de convulsions.- D'un second mariage, sont nés trois

enfants, dont notre malade. Les deux premiers, filles, sont

mortes tuberculeuses, l'une à 23 ans, l'autre à 1\1 ans. Elles

ne présentaient aucun retard dans le développement de leur

puberté. Elles avaient un développement intellectuel régu-

lier, n'étaient pas obèses,et elles avaient une taille moyenne.

Leur tuberculose aurait débuté sous forme de grippe.

Notre ma.la.de.L'tf'e/tû) ! , rien de particulier : nimisère,

ni alcoolisme, bonne entente et sympathie réciproques. Gros-

sesse normale, ni coups, ni chutes, pas d'idées noires, pas

d'émotions. Pas d'intoxication, pas de manoeuvres aborti-

ves. Pas d'albuminurie, pas d'éclampsie, pas de syncopes.

Accouchement terme, naturel en six heures. Présentation

du sommet.

A la naissance, pas d'asphyxie ; premiers cris naturels. Il

était « gros comme un enfant ordinaire ·. - Allaitement au

sein maternel jusqu'à l'âge de deux ans et demi. Première

dent à 7 ou 8 mois, dentition complète à une époque nor-

male : la mère affirme seulement que la dentition de lait n'a

fait place à la dentition définitive qu'à l'âge de 14 à 15 ans.

- Début de la parole à l'époque normale. Marche à 16 mois.

La mère ne sait à quelle époque les fontanelles se sont fer-

mées. L'enfant a été propre de bonne heure.

Antécédents morbides. -- Vers l'âge de deux ans et demi,

l'enfant aurait eu des convulsions durant deux ou trois jours.

Tous les membres auraient été le siège de contractions to-

niques et cloniques, ne prédominant pas d'un côté; écume.

La perte de connaissance aurait duré deux heures. Le len-

demain, les convulsions auraient recommencé, mais elles

auraient duré moins longtemps. Après ces convulsions, qui

ne se compliquèrent pas de paralysie, l'intelligence de l'en-

fant ne fut pas modifiée. La croissance, cet Age,semblait, régu-

lière. A l'âge de trois ans et demi, on s'aperçut qu'il gran-

dissait moins et, depuis cette époque, sa taille n'a augmenté

que très lentement.

Caractère très tranquille et très calme. Pas de mauvais

instincts ; pas de tics.

Les fondions digestives ont toujours été normales ; à noter

seulement la constipation fréquente. Aucune maladie de l'ap-

pareil respiratoire, ni de l'appareil circulatoire.

Maladies infectieuses. Rougeole, on ne sait à quel âge.

Vacciné à deux ans, revacciné à l'école. Pas de variole,ni de

80 De QUELQUES formes DE nanisme

scarlatine, ni de coqueluche, ni de typhoïde, ni d'accidents

syphilitiques. Pas de diphtérie, pas d'oreillons ; pas de faux

croup. - Accidents scrofulcux : rien à signaler.

Sommeil absolument naturel. Sentiments affectifs très

peu marqués. - Jamais de traumatisme violent ; notons ce-

pendant une plaie contuse de la région occipitale dont il

reste une cicatrice.

Au point de vue intellectuel, R.... est peu avancé. Si sa

mémoire est assez bonne, si son attention est facile à fixer,

son raisonnement est celui d'un enfant de quatre à cinq ans

plus jeune que lui. lisait lire, écrire, faire quelques calculs.

Jusqu'à l'âge de 14 ans,il n'a pas changé d'école. Ses cama-

rades, qui le connaissaient depuis longtemps, ne le taqui-

naient pas,bien qu'ils le voyaient obèse. A 14 ans, les parents

ayant changé de quartier, l'enfant changea d'école. Ses nou-

veaux camarades l'appelèrent « Gros bouffi, pot à tabac ».

Mis en apprentissage pour être dessinateur, il ne put conti-

nuer ce métier : il était incapable.

Nanisme avec obésité. 81

Face. Le visage est de forme arrondie, symétrique. Les

arcades sourcilières font une saillie moyenne et sont moyen-

nement fournies en sourcils. Paupières normales ; pas de

blépharite. Cils normaux, abondants, châtains. Fentes pal-

pébralesbien ouvertes. Yeux : motilité intacte : pas d'exoph-

talmie, de strabisme, denystagmus. Iris bleu-grisâtre. Pupil-

les égales, régulières et bien concentriques. Elles réagissent

bien à la lumière et à l'accommodation. L'examen fonction-

nel de l'oeil montre que l'acuité visuelle du sujet, la vision

desobjets et des couleurs sont naturelles. Champ visuel nor-

mal.

Nez camus, sans déviation, aplati à sa racine, nez ressem-

blant à celui d'un enfant, pas dévié. Les lobules sont bien

dessinés, non bifides, narines assez grandes. Odorat nor-

mal. Pommettes saillantes, symétriques, joues volumineuses,

très grasses.

Cavité buccale de dimensions moyennes. Voûte palatine

normalement excavée. Voile du palais régulier. Luette et

amygdales normales ; l'amygdale gauche est cependant un

peu plus volumineuse que la droite. Pharynx, pas de tu-

meurs adénoïdes. Goût normal. Langue, rien de particulier.

Fente buccale petite, horizontale, symétrique dans ses deux

moitiés.Les lèvres sont plutôt volumineuses ; elles sont sail-

lantes et un peu en ectropion.

Dents. La principale caractéristique du malade au point de

vue dentaire est l'immense retard apporté dans son évolu-

tion dentaire. Il possède encore une incisive latérale droite

temporaire sur le point d'ailleurs d'être remplacée. Aux deux

mâchoires, les canines temporaires persistent encore, ainsi

qu'une première molaire inférieure droite. Les molaires ca-

duques inférieures gauches n'ont pas encore été remplacées.

Enfin les deuxièmes molaires permanentes n'ont pas encore

évolué. Au point de vue de leur constitution, les dents perma-

nentes sont saines. Quanta leur disposition nous ne retrou-

vons d'anomalies qu'à la région incisive supérieure. Là, en

effet, les deux incisives médianes semblent le produit de fol-

licules gémeliés. leur largeur étant environ double du dia-

mètre normal des incisives. Enfin nous voyons, disposition

sans grande importance et due à l'irrégularité d'évolution,

l'incisive centrale supérieure droite en rétroversion et se

plaçant derrière l'incisive inférieure correspondante. Les

deux maxillaires présentent un grand développement. Leur

courbe est à grand rayon.

Bourneville, Bicêtre, 1903. 6

82 De quelques formes DE nanisme.

Menton, assez saillant, doublé d'un épais pannicule grais-

seux. Oreilles de grandeur moyenne, non décollées et im-

plantées régulièrement. L'hélix, plutôt peu ourlé, l'est régu-

lièrement. Léger tubercule de Darwin. L'anthélix, le tragus

et l'antitragus sont normaux. Lobule triangulaire, de gran-

deur moyenne, non soudé. Conque de dimensions normales,

ainsi que la fossette scaphoïde et lafossette de l'anthélix.La

racine de l'hélix ne divise pas la conque. La racine du con-

duit auditif externe est normale. L'ouïe est bonne.

Co); : Circonférence de 34 cm. Le corps thyroïde paraît de

volume moyen.

Thorax. La palpation, la percussion et l'auscultation ne dé-

notent rien à signaler. Sa forme est globuleuse. Au niveau

des creux anleaxillaires on trouve un épais pannicule grais-

seux ? l6domen proéminent, volumineux, avec dépression de

l'ombilic. Au-dessus des hanches, passe un pli cutané qui

sépare la cage thoracique des os iliaques. Le tronc et l'ab-

domen sont donc bien séparés l'un de l'autre. Le foie et la

rate ont leurs dimensions normales. Fonctions digestives

régulières. Région anale, normale.

Organes génitaux et puberté. Lèvre supérieure, léger duvet.

Lèvre inférieure, joues, menton, glabres, ainsi que la poitrine,

l'abdomen etles membres. Aisselles, léger duvet. Pénil, poils

rares, long de 3 à 5 cm. Verge : longueur cinq centimètres

sur 8 cm. de circonférence.

Membres supérieurs. Leur attitude, leur mobilité, sont nor-

males. Ils sont très courts et très gros, recouverts d'un épais

pannicule adipeux, mais néanmoins les saillies musculaires

sont légèrement esquissées. Les mains, les doigts, les on-

gles, n'offrent rien de particulier. Préhension normale.

Membi-cs inférieurs également composés de segments courts

et gros. Le pannicule adipeux est épais, mais il ne cache pas

complètement les saillies musculaires. L'attitude, les arti-

culations de ces membres, la station et la marche sont nor-

males. Plante du pied et orteils normaux.

Les mouvements ré/lc.>,cs, volontaires et provoqués, sont ab-

solument normaux. Aucune malformation congénitale ni pa-

thologique à citer.

Sensibilité générale normale dans ses modes : contact,

température, douleur. L'intelligence est celle d'un enfant de

10 à 11 ans ; c'est un niais. Parole facile et régulière. Il... -

sait lire et écrire.

Nanisme avec obésité. 83

1" avril. -1 raitemenl tlt yoïc(ien.Uu le,- au 17 avril,il prend

0,50 centigr. de corps thyroïde par jour. Du 17 avril au 6 mai,

0.;>0 centigrammes tous les deux jours. Suspension jusqu'au

17 mai. Du 18 mai au 1 ? juin, 0,50 centigrammes tous les

deux jours. Suspension du le-- juin au 16 juin. Le 16 juin on

reprend le traitement, 0,50 centigrammes tous les deux

jours. Le 30 juin, 0.50 centigrammes tous les jours. Le 11 juil-

'let, 0,75 centigrammes tous les jours. Le traitement continue

ainsi jusqu'au 18 octobre.

18 octobre. - Comme il s'est produit une certaine hausse

thermométrique, on suspend le traitement pendant quelques

jours, on le reprend à la dose de 0.50 centigrammes tous les

deux jours.

A la suite de ce traitement, la 1(tille de l'enfant s'est consi-

dérablement accrue; son poids a diminué; à l'entrée, il pesait

9 ! l,6(I. sa taille était de 1.30. En juin, le poids est de li-,1,60, la

taille est de 1 m. 325. Le 18 octobre, la taille de l'enfant est

de 1.36.

100(1. - Continuation du traitement thyroïdien.

Suspension du traitement du 25 février jusqu'au 15 mars.

A cette date, reprise du traitement à la dose de 0,50 centi-

grammes, puis de 0,75 centigrammes par jour. Du 15 au 21

octobre,on porte la dose à 1 gr. 25. Suspension du traitement

depuis la fin du mois d'octobre jusqu'au mois de janvier

1901.

84

De QUELQUES FORMES DE nanisme.

et un kilogr. 200 en plus. Par suite de l'exiguïté de la taille,

l'obésité est encore très accusée.

Les formes du sujet sont celles d'un adulte. Le thorax est

large, les saillies musculaires des pectoraux sont bien indi-

quées. Les membres sont bien musclés.

Le tronc n'est pas cylindrique, mais l'abdomen est proémi-

nent, recouvert d'un pannicule adipeux épais.

La peau du thorax et des membres est également doublée

d'une épaisse couche graisseuse. Le facies du sujet est jouf-

flu, ce qui rajeunit celui-ci.

Léger duvet à la lèvre supérieure, sur les joues ; quelques

poils follets sous le menton et au niveau de l'angle de la

mâchoire. Aux aisselles, quelques poils rares et courts. Au-

tour du mamelon, quelques poils. Duvet au niveau de l'o-

moplate et dans la région sous-ombilicale.

Au pénil, poils blonds, peu abondants, couvrant une sur-

face triangulaire de 8 cm. de base sur 3 cm. de hauteur. Les

bourses, le périnée, sont recouverts de poils blonds, peu

fournis. Les testicules ont le volume d'un oeuf de poule. La

verge aunelongueur de 7 cm. et une circonférence de 8 cen-

timètres.

Nanisme avec obésité. 85

MEMBRES SUPERIEURS

86 De quelques FORMES DE nanisme. <j

noncées à droite. Poils fins en dedans, au-dessus et au-des-

sous du mamelon droit ; poils fins tout autour du mamelon

gauche. Poils fins s'étendant d'un mamelon à l'autre. Fin

duvet sur toute la face postérieure du thorax. Les bras sont

glabres.

Bande de poils fins de l'épigastre au nombril, rien sur les

côtés du ventre ni sur la région lombaire.

Poils blond châtain, longs et assez abondants recouvrant

tout le pénil (12 cent. sur 4 cent.), rien dans-les aines ; traî-

née de quelques poils vers l'ombilic : mi-distance de celui-

ci et du pénil. Bourses pendantes, glabres, de niveau; verge :

circonférence, 10 cent. Longueur. 7. Gland découvert, un

peu pointu : méat normal, testicules très volumineux, de la

dimension d'un oeuf moyen de poule.

Les fesses, les cuisses ainsi que les jambes sont glabres.

Quelques poils assez longs au pourtour de l'anus.

Le malade travaille aux pièces chez un brossier du Krem-

lin et gagne en moyenne 2 francs par jour (il. w

Ce malade, atteint d'imbécillité il un degré relative-

ment peu prononcé, qu'on pourrait ranger dans le groupe

des niais (Sauvages), s'est notablement amélioré au point

de vue intellectuel et a pu apprendre assez bien le métier

de brossier pour gagner au dehors 2 fr. par jour, tout en

étant hospitalisé.

Son obésité s'estatténuée sous l'influence du traite-

ment thyroïdien, et a reparu, mais proportionnellement

moindre, depuis deux ans où il n'a plus pris de glande.

Sa taille a été plus sérieusement modifiée. En effet, elle

était en 1899, à 19 ans, de lm. 30, c'est-à-dire 35 cent. 5

au-dessous de la moyenne de son âge et elle s'est élevée à

1 m. 47 en 1903, c'est-à-dire seulement 21 cent. en moins.

Les figures 11, 12 et 13, donnent une idée de son degré

d'obésité. La fig. 11 montre qu'il est resté infantile par sa

physionomie et par le peu de développement de la.barbe.

OBS. XLVII. - Idiotie prononcée ; nanisme ET obésité.

More... (Marguerite), née le 8 mars 1887, entrée le 8 mars

1896.

(1) Tous les malades ou infirmes hospitalisés, en état de tra-

vailler dans une certaine mesure, doivent donner ce travail, con-

tre une rémunération déterminée, à la Maison qui les entretient

gratuitement et non faire concurrence aux ouvriers du dehors.

Nanisme avec obésité. 87 7

1901. Poids : 28 kir. ; Taille : 1 m. 18, soit 29 cent. en

moins. le,. traitement du 3 janvier au ',l mars : 0 gr. 50 il

l gr. 25. Poids : 27 kg. 500 ; Taille : 1 m. 19.

1903. Poids : 40 kg. ; Taille : I m. 26. 2me traitement du ICI'

juillet au 30 septembre : 0 gr. 2 : i à 1 l;r. Poids : 37 kg. 500 ;

Taille l m. 28, soit 24 cent. en moins.

1904..1nir2. Poids : 40 kg. ; Taille : 1 m. 30.

Puberté : Physionomie enfantine. Aisselle droite glabre ;

une douzaine de poils sous l'aiselle gauche. Les seins me-

surent 14 cent. 7 de largeur et 12 cent. de hauteur ; aréole

rosée légèrement, 2 cm. za mamelon : 5 mm., à peine sail-

lant. Poils roux sur la partie inférieure du pénil, 6 cm. sur

4 cm., formant une boucle il la partie supérieure des gran-

des lèvres, assez grosses et larges. présentant quelques poils

jusqu'à leur extrémité inférieure. Clitoris moyen, gland pe-

tit. Petites lèvres à peine dessinées, comme flétries. L'orifice

de l'hymen est assez fortement frangé ; leucorrhée légère.

Onanisme très fréquent. Non réglée. .

Obésité : elle pèse : 3\) kil. 800 au lieu de 40 kil.

Sous l'influence de la glande thyroïde, sa taille s'est

accrue et, après le second traitement, au lieu d'être infé-

rieure à la taille moyenne de 20 cent., elle ne l'était plus

que de 24 cent. L'obésité a également diminué, de -)00 gr.

pendant le premier traitement, de kil. 500 pendant le

second. Durant la suspension (sept. DOS à juin 1904), son

poids est revenu il ce qu'il était le lu," juillet DUS, ce qui

indique que l'obésité est restée stationnaire. La 1 aille a

gagné encore deux centimètres.

ORS, X LVII 1.- 1 DIOTIE congénitale aggravée par DES convul-

SIONS ; nanisme ET obésité.

Mor... (Angèle), née le 14 avril 1876, est entrée dans le ser-

vice le 20 octobre 1890, transférée à Villejuif le Li décembre

1898.

1897. 20 octobre. Poids : 44 kg. 500 ; Taille : 1 m. 39. Trai-

tement thyroïdien du 20octobre 1897 au 10 mars 1898,1 gramme

tous les deux jours jusqu'au 28 décembre, puis 1 gramme

tous les jours. A la fin, 42 kg. 300 ; Taille : l m. 39.') soit en

moins 175 mm.

La taille a été peu modifiée (la malade a 21 ans), mais

l'obésité a notablement diminué (2 kil. 200).

88 De quelques formes de nanisme.

OBS. XLIX. IDIOTIE, na-nisme, OBÉSITÉ.

SO\I\I : 11RI's.-f111téCif.Lel7tS héréditaires. Père éthylisme, ago-

raphobie, neurasthénie ; bégaiement. Syphilis douteuse.

Grand-père maternel asthmatique depuis l'enfance, étlly-

lique; oncle bègue.

Antécédents personnels. Conception probable dans l'ivres-

se. Mère de petite taille. Grossesse et accouchements

normaux. Convulsions il. 2 mois. Retard dans la marche

et la parole.

Taille normale à sept ans. Dans la suite croissance ralen-

tie. Développement de la polysarcie.

Progrès intellectuels. Traitement thyroïdien,

Audo... (Rosalie), née à Courbevoie le 31 juillet 1892, entrée

le 30 juillet 1890, passée à l'Asile de Villejuif le 17 juin 1903.

Antécédents héréditaires. (Renseignements fournis par la

mère le 21 Janvier 1891).- Père, marchand ambulant, mort il

42 ans d'une pleurésie; pas- de convulsions dans l'enfance.

Ethylisme avéré; il buvait beaucoup avantson mariage. De-

puis il a continué à faire des excès de boissons. Agoraphobie

durant les dix-huit derniers mois de son existence. Il ne vou-

lait pas alors sortir ni traverser une rue il n'importe quel prix.

Il lui sembait qu'il avait un gouffre sous les pieds ; qu'il y

avait du vent sous ses pieds, qu'il ne posait pas àterre, qu'il

n'était pas d'aplomb. Au lit, il lui semblait que ses pieds étaient

dirigés en haut et sa tête en bas. Crainte continuelle de la

mort et peur de la maladie ; ni céphalalgies ni crises nerveuses.

Caractère vif et emporté, intelligence normale. Bégaiement

peu marqué. Syphilis douteuse ; pas d'affections cutanées.

Pas de rhumatismes. Écrouelles dans le jeune âge.

[Famille du père. - Père de petite taille, mort à 75 ans.

Asthmatique depuis l'adolescence, alcoolique. Mère, morte

à un Age peu avancé d'une tumeur de l'abdomen; sobre. Pas

de renseignements sur les grands-parents paternels et mater-

nels et sur les oncles et tantes. Deux frères, l'un cinquante

ans, bien portant, ainsi que ses deux garçons qui n'ont jamais

eu de convulsions; l'autre 61 ans qui a un bégaiement très

marqué. Il a une fille qui est normale, n'a pas eu de convul-

sions et est en bonne santé.- Dans le reste de la famille du

père, il n'y aucune autre tare -physique, morale ou intellec-

tutelle .1

Nanisme avec obésité. 89

Mère, 51. ans, marchande des 4 saisons, femme de petite

taille ? 45. Faciès congestif, adipose moyenne. Ni convulsions

ni chorée ni crises nerveuses. Pas d'éthylisme, pas de caféisme.

En 1871, rhumatisme articulaire aigu généralisé. Bien que son

mariait eu, au dire de ses camarades, une maladie vénérien-

ne avant son mariage, elle n'aurait jamais eu aucun symptô-

me qui permette de faire penser àla syphilis.

[Famille de la mère. Père alcoolique, mort à 59 ans. Mère

enfant assistée, morte à 3fi ans du choléra en 1849. Grands-

parents inconnus.- Un frère envoyé à la Nouvelle Calédonie.]

Pas de consanguinité, tous deux de Paris; inégalité d'âge

de dix mois.

Quatre e22faztsdont trois vivants; pas de fausses couches :

10 Une fille, 20 ans, bien portante, intelligente ; pas de

convulsions, pas névropathe ; 2" Une fille, 17 ans 1/2, en

bonne santé, intelligente, pas de convulsions. Ces deux filles

sont plus grandes que leur mère -et ont une taille normale ; '

- 3° Un garcon, mort de diphtérie à 10 ans 1/2 ; pas de con-

vulsions.

4° Notre malade. - Conception probablement dans

l'ivresse. Grossesse : bonne, sans aucun accident, ni

vomissements, ni traumatisme, ni intoxications. Les

mouvements du tus furent ressentis par la mère comme

ceux de ses autres enfants, à la même époque et de la même

force. - Accouchement à terme, facile, par le sommet. - A

la naissance, l'enfant était petite, chétive (non pesée) ; pas

d'asphyxie. - Elle a mal pris le sein, a été mise au bibe-

ron (lait de vache), jusqu'à l'âge de huit ou neuf mois;

elle s'est mal développée. - A deux mois, convulsions : .-

L'enfant perdait brusquement connaissance, présentait de la

déviation conjuguée de la tête et des yeux et des mouvements

convulsifs toniques. Ces convulsions ont persisté depuis Page

de deux ans jusqu'à l'admission. Elle a toujours en plusieurs

crises par mois.

De dix-huit mois à sept ans, l'enfant parait avoir eu des

vertiges ; elle lâchait tout ce qu'elle tenait dans les mains,

tombait en avant, saignait de la langue et des lèvres. Elle ne

perdait pas complètement connaissance ( ? ). Mise à l'école à 3

ou 4 ans, elle fut rendue à cause de ses accès convulsifs. A

7 ans, début des grands accès d'épilepsie. Ils commencent

90 De QUELQUES formes de nanisme.

brusquement, sans prodrome. Perte de connaissance avec

chute. Phase de convulsions toniques, raideur de la nuque,

la tête étant en extension, raideur des membres en extension.

Phase de convulsions cloniques généralisées. Cyanose de la

face ; bave et morsure de la langue. Miction involontaire.

Phase de stertor avec respiration accélérée. Phase de sopor

très courte. L'enfant se réveillant prononce parfois ces mots :

« Ça y est, Ça y est. » Après l'accès, hébétude et somnolence.

Ces accès revenaient généralement tous les deux jours par

série de trois. La mère s'est alors décidée à placer l'enfant

à l'asile d'aliénés de Villejuif. Là, elle semble avoir eu un étal

de mal. Pendant plusieurs jours, elle serait restée sans con-

naissance.

A partir de deux ans et demi, l'enfant serait devenue très

peureuse. Elle avait une peur terrible des chiens (cynophobie)

bien qu'elle n'ait jamais été mordue. La mère ajoute que,

lorsque l'enfant voyait le disque rouge du chemin de fer, elle

était prise de peur et son teint devenait verdallre. - Le

sommeil de l'enfant n'a jamais été troublé par des accès de

cris, par des attaques de somnambulisme, ni par des terreurs

nocturnes. Elle n'a jamais eu d'hallucinations, de tremble-

ment, ni de céphalalgie.

Première dent à 9 mois; dentition complète à deux ans.

Elle a marché à vingt-six mois. Elle est encore gâteuse.

Parole limitée à quelques mots. Mémoire et raisonnement

nuls. - Pas de mauvais instincts, ni de manies, ni d'onanisme.

Elle a conscience du danger, évite les voitures et le feu. Elle

est douce, non coléreuse, affectueuse avec sa mère et ses

soeurs.

Pas de maladies infectieuses, ni de fièvres éruptives. Aucune

affection relevant de la scrofule ou du lymphatisme. Cepen-

dant, notons quelques conjonctivites légères et un peu d'im-

pétigo du menton. - Pas d'autres traumatismes que ceux

occasionnés par les vertiges ou les accès. - Fonctions diges-

tives, respiratoires, etc., normales. L'enfant ressemble plutôt

au son père qu'à sa mère, qui attribue la maladie de son enfant

à l'état névropathique du père et son intoxication alcooli-

que.

Etat actuel. - L'enfant, d'une taille moyenne pour son âge,

présente une apparence assez délicate et parait d'une santé

et d'une constitution médiocres. Le visage est pâle, la peau

fine, le tissu cellulaire sous-cutané est peu développé, les

Nanisme avec obésité. 01

plis cutanés à peine marqués. Cheveux assez abondants,

châtain foncé. Implantation régulière. Tourbillon normale-

ment situé. Pas de cicatrices. Pas de ganglions.

Crâne symétrique, brachycéphale, saillie marquée des

bosses pariétales. La potubérance occipitale externe et les

bosses frontales sont peu saillantes. Le front est large et

haut, très légèrement bombé. Les fontanelles sont fer-

mées.

Face. Le visage est un peu allongé, d'un ovale régulier.

L'expression de l'enfant ne manque pas absolument d'intelli-

gence, pourtant son regard qu'elle promène vaguement et

lentement autour d'elle et sa bouche entr'ouverte donnent à

son expression quelque chose d'idiot. Abandonnée à elle-

même l'enfant regarde devant elle sans paraitre fixer son

attention sur rien. Les arcades sourcilières sont très peu

saillantes, les yeux sont peu enfoncés dans l'orbite. Les fentes

palpébrales assez ouvertes, les paupières sont normales et

sans blépharite. Les cils sont courts, bien implantés, de cou-

leur châtain, plus foncés que les cheveux. Les sourcils sont

très peu fournis. Pas de lésions des yeux dont la motilité est

absolument naturelle. L'iris a une coloration brun foncé uni-

forme. La pupille a une circonférence régulière et réagit

bien il la lumière et à l'accommodation. L'acuité visuelle est

normale.

Le ne= est court, camus. Les lobules sont normaux. L'odo-

rat parait assez bien développé mais la notion des bonnes et

mauvaises odeurs est certainement fruste. - Les pommettes

sont assez larges et saillantes. - Les joues, assez renflées,

ont une coloration rose pâle, avec de nombreuses varicosités.

Les sillons naso-labiaux sont peu marqués. La lèvre supé-

ricure, assez épaisse, proémine fortement en avant, le tuber-

cule médian est bien marqué. La lèvre inférieure est bien

conformée. La fente buccale, horizontale, constamment

entr'ouverte, a une longueur de 5 cm. Les dents sont régu-

lièrement implantées dans leurs alvéoles. Quelques molaires

paraissent se carier. La langue est longue, large et étalée.

La voûte et le voile du palais sont régulièrement conformés.

Luette régulière, amygdales un peu grosses. Pharynx nor-

mal, pas de tumeurs adénoïdes. Réflexe pharyngien physio-

logique. Le goût parait assez obtus. Le menton, arrondi, ter-

mine régulièrement l'ovale du visage. - Les oreilles sont

larges et écartées, la conclue est légèrement tournée en

avant. Hélix, bien ourlé, tragus et antitragus normaux. An-

92 DE quelques formes DE nanisme. -

thélix petit, le lobule est bien dessiné, non soudé, mais]

peu développé. 1

Cou assez court, pannicule adipeux assez développé ; cir- !

conférence 2 ! 1,5. Le corps thyroïde est peu volumineux.

Creux sus-sternal peu profond. .

Le thorax est normalement conformé. Il est cependant un

peu étroit à sa partie supérieure. Les côtes présentent une

goutière verticale près de leur attache antérieure. Le ster-

num est un peu proéminent. Pas de chapelet rachitique, ni

de déviation du rachis. Omoplates modérément saillantes,

appliquées sur les côtes. L'auscultation et la percussion du

poumon gauche ne dénotent rien d'anormal. - Au sommet

du poumon droit, on constate une légère diminution de la

sonorité, de l'élasticité et un affaiblissement du murmure

vésiculaire sans qu'il n'y ait de bruit pathologique. L'enfant,

qui tousse habituellement, n'a jamais eu d'hémoptysie. Le

pouls n'a rien de particulier.

Abdomen normal, pannicule adipeux peu épais ; foie, rate,

rien. Fonctions digestives naturelles. Le tronc est cylindri-

que. La taille n'est pas encore dessinée. Lacambrurelombai-

re n'existe pas encore. Les masses sacro-lombaires sont peu

épaisses. Le bassin est peu développé.

Les membres supérieurs sont longs et grêles, les masses

musculaires peu volumineuses, le pannicule adipeux moyen-

nement développé ne dissimule pas les masses musculaires il

la contraction. Les mains, les doigts et les ongles sont bien

conformés. Pas d'onychophagie. Le squelette des mem-

bres supérieurs ne présente pas d'anomalie. La sensibilité

au tact, au froid, au chaud et il la douleur est assez obtuse.

L'enfant manifeste mal ses sensations.

Les me)nh)'GS inférieurs sont comme les supérieurs longs

et grêles. Les articulations en sont normales. La voûte

plantaire est régulière. Les pieds sont un peu cyanosés.

Les mouvements spontanés des membres supérieurs et

inférieurs sont normaux. Il en est de même des mouvements

provoqués et des réflexes.

Organes génitaux et Puberté. Etat glabre de tout le corps.

Mont de Vénus peu saillant. Vulve ouverte de 1 centimètre.

Grandes lèvres légèrement saillantes. En haut, elles laissent

voir le capuchon du clitoris qui est assez développé. Petites

lèvres de cinq à six millimètres de hauteur. Hymen conservé,

un peu gonflé, semi-lunaire. - Seins non développés. Région

anale et périnée normaux.

Nanisme avec obésité. 93

La sensibilité générale au contact, à la chaleur à la douleur

semble être normale. Traitement : hydrothérapie, gymnasti-

que, école et ouvroir.

1891, Mai. - Otite moyenne, aiguë, qui est complètement

guérie le 23 mai. à

1892. - Traitement : hydrothérapie, en été; sirop d'iodure

de fer, huile de foie de morue et bains salés en hiver. Amé-

lioration.

Puberté. Le corps est complètement glabre. Les seins ne

se sont pas développés, mais les aréoles sont cendrées et les

mamelons un peu saillants. Les aréoles ont un diamètre de

10 à 42 ? les mamelons ont 4 ? de diamètre. La vulve ne

s'est pas modifiée.

1893. - Même traitement. Amélioration.

Puberté. - Un duvet assez abondant est apparu au niveau

des grandes lèvres et du pubis. Les aisselles sont encore gla-

bres.

1894. Les seins commencent à se développer; ils ont la

grosseur d'un oeuf de poule. Duvet sur les grandes lèvres et

le pénil.

La fourchette et la fosse naviculaire sont bien marquées.

1895. - Les organes génitaux de l'enfant se développent

bien. Les grandes lèvres sont épaisses et sont recouvertes

de duvet ainsi que le mont de Vénus qui est saillant. Les

petites lèvres sont bien dessinées. Les seins sont bien déve-

loppés ; le sein droit est un peu plus volumineux que le gau-

che ; à droite diamètre transversal 8um.5, diamètre vertical

7cm.5,; iL gauche diamètre transversal ici.5, diamètre ver-

tical 7cm5. Même traitement, amélioration.

1895. - Puberté, Les aisselles sont recouvertes de duvet.

Les seins ont augmenté. Le droit a un diamètre transversal

de 14cm., un diamètre vertical de 12 cm. Le gauche mesure

transversalement 13 cm., verticalement 11 cm. Le pénil et les

grandes lèvres, normales, présentent quelques poils.

1897.- L'enfant suit toujours le même traitement hydro-

thérapique, les exercices scolaires, la gnmnastique, l'amélio-

ration a été considérable.

Pubère. Les règles ont paru pour la première fois du 10

au 15 mai ; elles ont été abondantes et non douloureuses. Elles

94

De quelques formes DE nanisme.

sont venues ensuite régulièrement. Le pénil et les grandes

lèvres sont recouverts de poils abondants. Les aisselles sont

bien fournies de poils courts et frisés. - Les seins ont un

diamètre vertical de 1 : 3 cm.et un diamètre transversal de 1 cm.

La morphologie des organes génitaux ne présente rien de

particulier. c ' c

1898. - Puberlé. Les seins, pendants, ont très augmenté z

de volume : 17 cm, diamètre tr3nsyersalement, tü cm" verticale-

ment. Le ventre est saillanl, proéminent. Même état des ais-

selles. Pénil recouvert de poils courts et frisés sur un triangle

dont la base a 7 cm. et la hauteur 'i cm. Petites lèvres norma-

les, clitoris petit. Hymen en fer à cheval.

1899. - Lien de particulier à noter .sur les organes géni-

taux externes et la puberté ; on signale sculementduelesseins

sont très volumineux : 21 cm. comme diamètre horizontal et

16cm. comme diamètre vartical. Les aréoles sont brunes,

elles ont 2cm. de diamètre; les mamelonssonttrèsdéveloppés.

Les aisselles sont fournies de poils abondants.

1900. - Les seins ont encore augmenté de volume ; dia-

mètre vertical : 22 cm., diamètre transversal : 27 cm ? La

morphologie des organes génitaux n'est pas modifiée.

1901 et 1902. - Aucune modification.

Les règles de l'enfant ont toujours été très régulières.

Tableau du poids et de la taille.

Nanisme avec obésité. 95

96 . DE QUELQUES formes DE NANISME.

Deuxième traitement.

Le traitement est repris le ler juillet.

Nanisme avec OBÉSITÉ. 97

pannicule adipeux très épais sur les membres et l'abdomen.

Elle est polgsarcicpie.

Cette naine polysarcique n'est pas une parfaite infantile.

Ses organes génitaux, ses caractères sexuels accessoires sont

en rapport avec son âge (20 ans).

Le traitement thyroïdien a influencé son poids et cela

d'une façon sensible. Les premiers jours de la médication,

l'obésité a diminué. La taille n'a été influencée que plus tar-

divement. Au second et au troisième traitement, l'enfant ne

grandit plus, sa radiographie a montré qu'elle était soudée.

Nousconstatonsque, dèsque le traitement est interrompu, l'o-

bésité s'accroit, le poids augmente.

OBs. L. - Imbécillité, obésité, nanisme.

SowuAtnE. - Père : 61 ans, ouvrier boulanger, robuste, ni

alcoolique, ni syphilitique, ni névropathe : céphalées et

vertiges. Grand'père paternel mort d'une attaque d'apo-

plexie à 95 ans. - Grand'père maternel hémiplégique

Oncle paternel alcoolique, a un petit-fils idiot. - Un frère

a eu trois fois des jumeaux.

Mère : 'il ans, apparition des règles à 10 ans, cauchemars,

hallucinations, peurs; sommeil toujours très court (une

heure au plus) et très léger. Vers f0 ans, crises de nerfs. -

Grand'père paternel mort tuberculeux ( ? ) à 70 ans.

Grand'mère nerveuse. - Oncle maternel, convulsions de

l'enfance, mort des suites d'une coxalgie. - Tante mater-

nelle, morte tuberculeuse.

Dans les deux familles aucun cas d'obésité ni de nanisme, -

Aucune autre tare physique, morale ou intellectuelle; ni

aliénés, niépilepliques; pas de malformations congénitales.

Pas de consanguinité. Différence d'aîge : vingt ans (Père

plus âgé).

Cinq enfants dont quatre bien portants.

Conception rien iL signaler. - Grossesse : on croyait à cette

époque la mère poitrinaire. - Accouchement facile, à

terme. -A la naissance, pas d'asphyxie, l'enfant était plus-

petite que ses frères et soeurs. Début de l'obésité à un

mois. -L'enfant était devenue bouffie, les joues deviennent

pendantes « on devait les soulever pour la débarbouiller»,

« l'enfant était grasse de partout » - Première dent il cinq

mois. - Marche à 4 ans. - Gâteuse jusqu'à six anus.

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1903. 7

98 De quelques formes de nanisme.

. Coprophagie jusqu'à six ans. - Turbulence. - Pas cle

pas d'onanisme, pas de colères. - Caractère

. indifférent. Sentiments affectifs médiocres. Somno-

lence a peu près con ti1welle. - A 1'J'iération intellectuelle : .'

écolage llul. -Auc2cne maladie infectieuse. - Poussées

successives d'impétigo pendant la première enfance. -

Accès de suffocation nocturne, disparaissant sans laisser

de trace le lendemain (laryngite striduleuse pendant

plusieurs années). - Nanisme, obésité; traitement thyroï-

sien. - Amélioration.

PaTn.. (Marie Augustine), née le 9 janvier 1881, entrée dans

le service le 12 novembre 1894, sortie le 29 octobre 1899.

État actuel (Novembre 1894). - Bon état général ; adipose

marquée. Son visage est bouffi, très large et très arrondi à

sa partie inférieure, et plutôt étroit à la partie supérieure.

L'étroitesse du front contraste singulièrement avec la largeur

anormale de la face. - Le crâne est symétrique et ne présente

rien de particule ! ' si ce n'est dans la région frontale dont les

bosses sont remplacées par des méplats.

Arcades sourcillièrc; saillantes, sourcils peu abondants.

Paupière supérieure épaisse, baume. - Cils noirs, bien

implantés. - Yeux, aucune lésion de la motilité; iris bruns,

pupilles normales. L'enfant parait myope, - Nez large à sa

racine et à sa base. Lobule arrondi, épais. - Lèvres épaisses, '

l'inférieure surtout qui est en léger ectropion. La supérieure

est mal dessinée et présente un léger duvet.

Cou gros, mesurant 30 cm. 5 de circonférence. - Corps

thyroïde perceptible, mais peu volumineux.

Thorax bien développé, les saillies musculaires en sont

dissimulées par un épais pannicule adipeux, - Les membres

supérieurs sont de forme normale, mais recouverts d'un épais

pannicule adipeux et un peu courts. Les plis articulaires y

sont marqués par des encoches. Les membres inférieurs

présentent des caractères analogues. Ils sont gros et courts.

Les seins sont bien développés, pendants. - L'abdomen est

volumineux et la paroi en est épaisse.

Puberté, - Les aisselles sont glabres, le pénil également,

les grandes lèvres peu développées; les petites lèvres trian-

gulaires, saillantes ; le clitoris peu volumineux. Orifice

hyménéal circulaire, admettant l'extrémité du petit doigt.

La sensibilité est intacte dans tous ses modes. Les

mouvements volontaires ou réflexes sont normaux.

NANISME avec obésité. 99

L'enfant est simplement une arriérée. Elle sait lire, écrire,

mais non compter. Sa mémoire est assez bonne, son attention

est peu facile à fixer.

1895. Pllbel'té. - Quelques modifications sont à signaler.

Les seins mesurent à droite : Il centimètres transversa-

lement, 8 centimètres verticalement. A gauche : 10 centi-

mètres transversalement; 7 centimètres verticalement.

Quelques poils sur le pubis.

1895. - Le système pileux est plus développé sur le pénil,

uu léger duvet apparaît aux aisselles. Les petites lèvres sont

très développées ainsi que le clitoris. Onanisme constaté.

1896. - Les seins, bien conformés, ont augmenté de

volume; à droite : diamètre transversal : 16 cent., vertical :

13 cm.; à gauche : -diamètre transversal : 15 cm., vertical :

13 cm. ; aréoles foncées, rouges; mamelons petits, à peine

saillants. Poils plus nombreux au pubis. Poils rares sur les

grandes lèvres et au périnée. - Grandes lèvres : larges,

charnues. Petites lèvres extrêmement longues, triangulai-

res, font saillie entre les grandes. L'hymen laisse maintenant

pénétrer l'index. L'élargissement est attribuable sans doute

à l'onanisme.

1897. - Les organes génitaux se modifient peu, cependant

les poils sont plus abondants au pubis, aux grandes lèvres

et au périnée. Les aisselles sont bien fournies en poils noirs.

- Les seins se sont bien développés ; ils sont pendants et

piriformes; mamelons saillants, aréoles larges. Sein droit :

diamètre vertical : 16 cm., transversal : 20 cm. ; Sein gauche :

diamètre vertical : 16 cm., transversal : 18 cm..

Premières règles en juin, abondantes.

1898. - Les organes génitaux se sont peu modifiés, si ce

n'est que les poils sont encore plus fournis. - Les seins

sont très pendants. - Sein droit : diamètre vertical : 19 cm.,

horizontal : 22 cm. ; Sein gauche : diamètre vertical : 19 cm.,

horizontal : 20 cm..

s

1899. - Les seins ont continué à se développer. - Sein

droit : diamètre vertical : 20 cm., horizontal : 23 cm.; Sein

gauche : diamètre vertical : 20 cm., horizontal : 23 cm.. Les

mamelons sont très saillants, les aréoles très foncées sont

100

DE QUELQUES RORIES DE NANISME.

larges, mesurent 2 cm. 5 de diamètre. - Les aisselles et les

organes génitaux sont recouverts de poils abondants. Les

grandes et petites lèvres sont bien développées. Les règles,

parues en juin 1897, ont manqué en août et novembre ; elles

ont manqué en mai 1898 et depuis lors ont été régulières;

elles durent en général 4 à 5 jours; elles sont assez abon-

dantes.

Tableau des poids et laille.

Nanisme avec OBÉSITÉ.

101

102

DE QUELQUES formes DE nanisme.

Nanisme, avec obésité. 103

restée intellectuellement une arriérée pour son âge. No-

tons une légère inégalité des seins, ce qui n'est pas rare.

Dans cette observation l'effet du traitement thyroïdien

a été évidente. Il a provoqué du mois de janvier 1896 au

mois de mai de la même année une croissance de trois

centimètres. Le poids a subi à cette même époque des

variations assez nombreuses.

Dans le traitement entrepris en avril 1898, on constate

un abaissement rapide et régulier du poids. La taille n'a

pas augmenté. L'enfant était probablement soudée.

Si les effets du traitement n'ont pas eté aussi marqués

que dans les autres observations, cela tient peut-être à ce

qu'il n'a pas .été appliqué d'une façon progressive, c'est-

à-dire que la dose de glande est restée la même et peu

élevée.

OBS. LI (Résumée). Imbécillité, nanisme, POLYSARCIE.

Sommaire. Père, épileptique; rhumatisme chronique,

céphalalgies. Grand-père paternel mort paralysé. Grand'

mère paternelle morte sourde et démente. Mère morte

tuberculeuse. Grand-père maternel mort probablement

tuberculeux. Grand'mère maternelle diabétique, morte de

la «poitrine» ? - Un autre frère mort de convulsions.

Frère, convulsions dans l'enfance.

Pas de consanguinité.

Marche à 5 ans. Propre à 1 an ? Jamais de convulsions ?

Etat actuel de la malade (8 janvier 1891). Enfant de petite

taille paraissant bien portante. Tête volumineuse aussi

développée que celle d'une adulte bien constituée. Crâne

symétrique. Aucune malformation du squelette facial.

- .-Iticit71 stigmate de dégénérescence dans les organes des

sens. - COIT court, mesurant au niveau du cartilage thy-

roïde 30 centimètres de circonférence, on sent mal le

corps thyroïde. Thorax normal, mais recouvert d'une-

couche de graisse abondante qui masque complètement les

saillies ou les dépressions. - Abdomen souple, saillant.

La partie inférieure de la paroi abdominale forme un

repli épais surplombant le pli inguinal. Ombilic très

déprimé. Bassin large. ,

Membres supérieurs : adipose très marquée. Membres

xi ouf

DE QUELQUES formes DE nanisme.

. inférieures : Cuisses très développées et adipeuses.

. Sensibilité intacte. Traitement du nanisme et de l'obé-

sité parla glande thyroïde. Amélioration.

Nous nous bornerons à relever ce qui a trait aux résultats

du traitement et à la puberté.

DRIE,. (Emma, Lucie), née le 15 avril 1884, est entrée dans

le service (Fondation Vallée), le 8 janvier 1891.

Tableau du poids et cle la taille de 1891 à 1895.

Nanisme avec obésité.

105

106

DE QUELQUES formes DE nanisme.

NANISME AVEC OBf,'ITÉ.

107

la snspension de la glande thyroïde le poids s'élève progres-

sivement.

Troisème traitement, du fer mars au 10 juin 1899.

Tableau du poids et de la taille pendant le traitement.

108 De quelques formes de nanisme.

On constate qu'il chaque période de traitement la dimi-

nution de poids est rapide et considérable, deux il quatre

kilogr. en deux mois, alors qu'en l'absence de traitement,

le poids de l'enfant augmente considérablement. L'aug-

mentation de la taille sous l'influence du traitement n'est

pas moins nette que la diminution du poids

L'examen de cette enfant nous montre d'abord que la

taille est encore bien au-dessous de la taille normale (1 ? 3G

au lieu de ) ? 57). Elle a .;21 centimètres en moins. Elle

pèse 53 k. pour l ? 36 alors que la femme pèse 53 k. 900

pour 1 ? 7. La radiographie faite en juin 1903, montre

que les cartilages épiphysaires des fémurs sont presque

tout à fait soudés, que les cartilages épiphysaires des tibias

le sont encore incomplètement. Durant le dernier traite-

ment (10 décembre 1903- 10 mars 19(M), lhie... a maigri

de 5 k. et grandi de 1 cent.

Évolution des QI'fla1H ! S ! Jénili1n,\' et de la puberté

de 1892 à 1903. - Voici le résumé des notes prises

durant cette période de 11 ans.

Organes génitaux et puberté. - 1892 : Pénil peu saillant,

glabre. Grandes lèvres épaisses, accolées en avant, glabres.

Petites lèvres courtes. Clitoris petit. Hymen en croissant.

Orifice liyménéal mesurant trois millimètres de diamètre, il

bords arrondis non déchiquetés.

1893-)8. Apparition d'un léger duvet au pénil et dans les

aisselles. Pas d'onanisme.

1895. - Poils rares sur les grandes lèvres

189G. - Pas de modification; les grandes lèvres sont

toujours petites, recouvrant à peine les petites lèvres.

1897. - Quelques poils au pubis et au niveau des grandes

lèvres,

1898. Les seins ne se sont pas encore développés

mais ils sont très adipeux comme d'ailleurs tout le reste

du corps.

Nanisme avec obésité. 109

11O DE QUELQUES formes DE nanisme. '

OB, LII. Imbécillité congénitale aggravée par une

méningite grave A 3 ANS. - Nanisme. - Obésité.

S0lf\f : IIRE. - Père, monteur en bronze, excès de bl)iSS012otsur-

tout d'absinthe, accès de delirium trsmens, coliques satur-

nines, névralgie sciatique. - Grand père paternel, oncle

et tante, excès de boisson. - Une tante et une de ses filles,

convulsions; strabiques.

Mère, convulsions répétées de 2 ans 1/2 à 4 ans, céphalal-

gies, caféisme, coléreuse. Grand'mère, accidents hystéri-

formes, morte d'un cancer de l'estomac. Plusieurs frères

et sceurs ont eu des convulsions. Soeur morte de méningite

auec convulsions en 17 jours. - Grand'tante maternelle

morte d'un cancer du rectum.

Pas de consanguinité, - Inégalité d'âge de 5 ans.

Conception probable dans l'ivresse. - Grossesse accidentée,

vomissements, étourdissements. - Très petite à La nais-

sance. Première dent it 4 mois. Dentition complète à 3

ans. Marche et propreté à 2 ans. Convulsions de 3 mois

à 3 ans. Méningite à 3 ans. Obésité. Parole à 4-5 ans.

Fièvre typhoïde il 7 ans. - Hallucinations de la vue. Réglée

à 17. Arrêt de développement et obésité : Traitement thy-

roïdie77.

Pelleti.. (Alexandrinc, Alphonsine), née le 25 mai 1883,

est entrée le 21 mars 1902.

Renseignements fournis par le père et la mère le 20 avril

1902.

Antécédents héréditaires. - PÈRE, 49 ans, monteur en bronze,

manie un peu le plomb, et à ce titre a eu quelques coliques

saturnines, jamais de paralysies. Pas de convulsions, ni

rhumatisme articulaire, ni chorée, aucune maladie infectieuse

aucune» maladie nerveuse. Pas de migraine. Pas de syphilis,

ni d'affection de la peau. Il y a six ans, douleur sciatique à

la suite d'un travail dans un lieu humide. Alcoolisme invé-

téré, plusieurs absinthes par jour. A 27 ans, accès de déli-

2'iuna tremens subaigu pendant 8 jours. Ivresse assez fré-

quente. Il a depuis 5 années diminué ses excès à cause de

douleurs gastriques. Caractère violent.

Famille du père : Père mort à 66 ans à la suite d'une

chute faite dans un escalier. Ethylisme léger. -Mère morte

à 60 ans, d'une angine maligne, sobre. - Grands parents

paternels morts presque centenaires. - Grands parents ma-

Nanisme avec obésité. 111

ternels inconnus. - 3 oncles et 1 tante paternels faisaient

des excès de boisson et n'auraient pas eu d'enfants. Oncles

et tantes maternels inconnus. Une soeur a eu des convul-

sions dans l'enfance et louche. De ses deux filles, l'une a eu

des convulsions et est strabique. Dans la famille tous les

sujets ont une taille moyenne, sauf un oncle paternel du

père qui était petit, gros et court. On ne trouve aucune

autre tare morale, intellectuelle ou physique.

Mère, 44 ans, cartonniere, coazLtclsio2s de 2 ans et demi à

4 ans. Ni rhumatisme articulaire, ni chorée. Pas de syphilis.

Céphalalgies fréquentes sans vomissements. Inloxicationcafé-

ique ; très coléreuse. Ménopause il y a cinq mois. Depuiscet-

te époque, elle présenterait des signes d'hystérie, aurait eu

une crise nerveuse avec raideur et perte de connaissance.

Elle est de taille petite mais non obèse.

Famille de la mère, - Père, mort il 44 ans de tuberculose

pulmonaire, sobre. Mère morte d'un cancer de l'esto-

mac ; à partir de l'âge de 17à 1 S ans, la suite d'une insolation,

elle aurait été sujette il de violentes attaques d'hystérie : «Ses

yeux se convulsaient, elle se débattait et gesticulait pendant

une demi-heure. » Les crises hystériformes se seraient produi-

tesjusquà samort (53 a.). Aucun l'enseignement sur les grands

parents paternels et maternels, sur les oncles et tantes

paternels. Pas d'oncles maternels. Une tante maternellle

morte d'un cancer du rectum. Un frère bien portant n'a

pas eu de convulsions, marié deux fois, et sans enfants : sa

première femme se faisait avorter, sa deuxième était trop

vieille,-Pas d'autres hystériques, pas d'autre cancéreux, pas

d'autres tares, pas de nains ni d'obèses.

Pas de consanguinité, inégalité d'âge de cinq ans, en faveur

du mari.

7 enfants et une fausse couche il quatre mois et demi

à la suite de chute : 1° fille, grande, a eu des convul-

sions, 23 ans, mariée, bien portante, a un garçon nor-

mal et une fille qui a eu des accidents convulsifs.; -

2° Notre malade; - 3° Fille morte de méningite avec con-

vulsions en 17 jours, à cinq ans, - 4° Garçon mort à 2 ans

du croup avec convulsions terminales; 5° Garçon 10 ans

1/2, bien portant, pas de convulsions ; 60FIlle 7 anse1/2;

normale sans convulsions ; - 7° Garçon 5 ans et 1/2, chétif

aurait eu deux fois le croup, a eu des accidents convulsifs.

Il'2 DE QUELQUES formes DE nanisme.

Notre malade. - Conception : le mari buvait beaucoup et la

femme s'en chagrinait fort. On ne peut savoir si la conception

s'est faite dans l'ivresse. - Grossesse : vomissements fré-

quents, mais non incoercibles, pas pas de convul-

sions éclamptiques, pas de syncopes. Aucune intoxication,

aucune tentative d'avortement. La mère n'a senti les mouve-

ments de l'enfant qu'aux derniers moment -s ? - .lccouc/iemeni

à terme. Présentation du sommet. Le travail aurait duré 2

jours ? ? Asphyxie de l'enfant. Pas de circulaire du cordon. -

A la naissance, très chétive : « elle n'était pas si grosse qu'une

bouteille, on n'osait pas y toucher. » On la mise dans l'ouate

pendant deux mois. Elle n'a pas pleuré de la naissance jus-

qu'à cet âge. Allaitement au sein jusqu'à 3 ans. Première dent

à 4 mois ; dentition complète vers trois ans. - Marche et pro-

preté à 2 ans. Début de la parole vers 4 ou 5 ans.

Antécédents morbides : Convulsions depuis l'âge de 2 ou

3 mois jusqu'à'l'âge de trois ans. Convulsions épileptiformes

- une quinzaine d'accès tous nocturnes se produisant à onze

heures du soir ou six heures du matin. Les yeux se retour-

naient les membres s'agitaient, on ne sait si les convulsions

cloniques prédominaient d'un côté ; ni relâchement des

sphincters, ni bave, ni morsure de la langue. Jamais de para-

lysie après les convulsions.

A trois ans méningite qualifiée de tuberculeuse qui a duré

quatre semaines. L'enfant est restée 12 heures dans le coma.

Avant sa méningite elle était gentillette, donnait des signes

d'intelligence, néanmoins elle paraissait un peu en retard.

Elle était déjà très grosse. Après sa méningite l'intelligence

a disparu complètement. Contrairement aux craintes du mé-

decin elle n'a été ni sourde, ni aveugle.

Mise à six ans à l'école, elle y dormait, chantait, ennuyait

les autres enfants. Elle n'a pu rien y apprendre. Retirée de

l'école au bout d'un an, sa mère lui faisait faire des carton-

nages. Bien qu'elle quittât souvent la maison paternelle, elle

n'a jamais eu de véritables fugues. Accès de colère fré-

quents, violents, sans cause appréciable. Fréquentes cépha-

lalgies dont l'enfant se plaint encore. Sommeil normal, non

agité.

Depuis un an, hallucinations de la vue, il l'état de veille.

L'enfant prétend voir des rats, des araignées. Elle croyait

qu'on l'assassinait et appelait sa mère. Elle a toujours été

peureuse. - Elle n'est ni voleuse, ni gourmande. Pas d'ona-

nisme. Pas d'appétence sexuelle. - Ni étourdissements, ni

Nanisme avec obésité. 113

vertiges, ni tremblements, pas de miction involontaire, pas

d'absence. Aucune crise épileptiforme depuis l'âge de 3 ans.

Impressionnabilité moyenne. Assez affectueuse surtout avec

sa mère. (Pas de sévices). Fonctions digestives normales. Pré-

hension des aliments régulière. - Helminthiase probable

avant la méningite.

Maladies infectieuses : Fièvre typhoïde à 7 ans avec léger

délire, rougeole à 5 ans -II' ! et il i ans 1/2 (' ? ). Aucune autre

infection, aucune manifestation de scrofule.

Réglée à 17 ans : les règles se sont établies sans accidents.

Jusqu'à cette époque l'enfant avait un embonpoint moyen.

Depuis cette date elle a considérablement engraissé. La crois-

sance de l'enfant a toujours été très lente, si bien qu'elle est

maintenant fort au-dessous de la moyenne. Dans tout le reste

de la famille, on ne cite aucun obèse ni aucun nain.

État actuel. - A premier examen, l'enfant peut être classée

parmi les naines obèses. Sa peau est doublée d'un pannicule

adipeux un peu épais. Il est difficile de la pincer au niveau

des plis articulaires ; on note la présence d'encoches cutanées.

Cheveux donnant à la main une sensation de sécheresse,

lanigineux. Implantation normale, couleur châtain foncé.

Cicatrices de brûlures avec pigmentation brunâtre sur le

thorax.

Tête. Crâne dolychocéphale plutôt que brachycéphale.

Microcéphalie légère, aucune bosse fortement saillante. Front

très élevé et droit. Yeux : arcades orbitaires plutôt effacées; -

motilité oculaire normale. Pas d'exophtalmie. Iris, châtain

foncé. Pupille régulière. Acuité visuelle, vision des couleurs

sans particularité. Réaction il l'accommodation et à la lumière

normale. Champ visuel rien à signaler ; cils normaux. Nez

camard, à dos et à lobule très épais. Pommettes peu

saillantes. Joues rosées et volumineuses. Oreilles petites :

diamètre transversal un peu au-dessus de la moyenne.

Implantation normale. Hélix, anthélix, tragus, antitragus,

rien de particulier. Lobule soudé. Fente buccale symétrique.

Lèvre supérieure mince, en ectropion léger, fait saillie en

haut et en avant, proémine devant l'inférieure que est égale-

ment mince et courte. - Voûte palatine ogivale ainsi que le

voile du palais. - Luette et amygdales normales. - Progna-

thisme supérieur. Le menton est fuyant, en retrait, possède

une fossette. Langue large, à bords déprimés au niveau des

dents. Léger tremblement fibrillaire. Dents : émail de mau-

130CI\NEVILLE, Bicêtre,. 1903. 8

Ili 'L De quelques formes de nanisme. 1

vaise qualité; chevauchement des dents antérieures et infé-

rieures. Persistance des dents de lait en haut.

Cou très volumineux; 35 centimètres de circonférence. Il

présente sur les parties latérales de grosses masses adipeu-

ses. Ganglions cervicaux. Corps thyroïde peu appréciable.

Thorax, rien de particulier. Poumons et coeur rien de spé-

cial a l'uuscuitaiion ni a la percussion ? 1 Monter volumineux,

saillant, la peau en est très épaisse. Matité du foie normale.

Rate à peine perceptible. Pas de hernie ombilicale. Région

anale sans particularité, glabre. ,

Organes génitaux et Puberté- Seins volumineux, un peu

pendants, 16 cent. de diamètre transversal sur 17 cent. dans

le sens longitudinal. Aisselles, quelques poils rares. Thorax,

abdomen, fesses glabres. - Pénil : poils courts, noirs, assez

abondants sur une surface de 10 centimètres sur deux. Gran-

des lèvres, peu développées. Petites lèvres très volumineuses,

brunâtres, dépassant les grandes lèvres. Clitoris normal

Hymen falciforme, frangé, admettant la totalité de l'index.

Périnée glabre ainsi que les membres supérieurs et infé-

rieurs. - Règles d'abondance moyenne.

Aucun trouble de la sensibilité générale.

Les membres supérieurs ne présentent rien de particulier

au point de vue anatomique et physiologique : ils sont simple-

ment assez gros, les segments en sont courts. La pcau qui les

recouvre est doublée d'un épais pannicule adipeux. Los ment-

bres inférieurs ont les mêmes caractères. Motilité volon-

taire et réflexes physiologiques.

Poids de l'cnfant le 21 avril 1902 : 44 k. 200. Taille : 1 ? 3G

au lieu de 1 ln. 57. Radiographie : les épiphyses inférieures du

fémur ne sont pas soudées.

21 ¡¡¡;)'iL. - Traitement thyroïdien du ce jour au 13 mai,

puis du 3 juin au 29 juillet. On cesse alors la glande. L'enfant

a d'abord perdu progressivement de son poids, il est remonté

et est devenu stationnaire. Sa taille a cru de 1 cm. 5 en 3 mois,

Nanisme avec, obésité.

115

116 DE quelques formes de nanisme.

Cette observation met bien en relief les affreuses

conséquences de l'alcoolisme auquel se joint l'action du

saturnisme, chez le père. Signalons le caféisme chez la

mère. L'abus du café, qui tend à se répandre de plus en

plus chez les femmes, n'est pas sans avoir des inconvé-

nients en déterminant de l'excitation, de l'énervement, du

tremblement, en créant un véritable nei-vosisnie.

Dans ce cas, il la naissance, l'enfant était d'une petitesse

extrême; il a fallu la mettre dans de l'ouate pendant deux

mois. L'adipose aurait débuté à 3 ans et elle aurait aug-

menté d'une façon exagérée à l'apparition des règles, à

la puberté.

OUS. LUI. - Idiotie; nanisme; obésité.

Txou.. (Marie Emilie), née le 13 avril 1884, est entrée dans

le service le 13 septembre 1893.

Antécédents héréditaires et personnels. - Père, 44 ans, bien

portant, a eu des coliuul.ion.s jusclu'à de 7 ans. Coléreux,

ni alcoolisme, ni syphilis, ni rhumatisme.

Famille du père : Aucune tare morale, intellectuelle ou

physique à signaler. Aucun cas de nanisme ni d'obésité.

Mère 44 ans. Jamais de convulsions aucun accident arthri-

tique ou névropathique, mais elle est impressionnable et

nerveuse. - Famille de la mère. Rien à noter.

Pas de consanguinité. légalité d'âge.

La mère a été mariée deux fois ; de son premier mari, mort

d'une congestion pulmonaire, elle eut quatre enfants bien

portants. Mariée en secondes noces, elle eut deux enfants :

notre malade, une lille âgée de sept ans, en bonne santé, intel-

ligente sans convulsions, ni obésité.

Notre malade. Rien à relever au moment de la conception, au

cours de la grossesse, pendant l'accouchement qui a eu lieu

à terme, en « 1/2 heure ». Pas de circulaire du cordon. Pas

d'asphyxie mais la tête était très grosse. L'enfant pesait plus

de ! t.500 grammes à la naissance. Elle fut nourrie au bibe-

ron (lait de chèvre).

Première dent il -13 mois. Dentition complète il 2 ans. Début

de la marche il 3 ans. Elle ne parle pas encore et ne sait dire

que quelques mots incompréhensibles La mère ne se

Nanisme avec obésité. l17 -1

serait aperçue de l'état de son enfant que vers l'âge de 13 à

14 mois.

Convulsions vers l'âge de 13 mois avec perte de connais-

sance, cyanose, phase de clonisme et de sopor. On note une

douzaine d'accès par jour avec des rémissions de deux heures

environ. Jusqu'à l'âge de 7 ans, deux crises par mois. A partir

de cet âge, elles s'espacent, changent de caractère. Il n'y a

pas de phase tonique ni clonique. Il n'y a que des convul-

sions oculaires. Bave, et miction involontaire. Pas de para-

lysie consécutive. '

Aucune autre maladie infectieuse que la scarlatine vers

cinq ans. Pas d'accidents scrofulcux. - Pas d'onanisme, pas

gourmande, pas de salacité. Coléreuse : dans ses accès de

colère elle déchire tout ce qui lui tombe sous la main, frappe

la paume des mains l'une contre l'autre. Pas de grincement

de dents. - L'enfant est continuellement agitée de mouve-

ments brusques, saute, se frappe les mains, tire la langue.

Fonctions digestives normales. Mastication régulière, ne

bave pas, ne gâte pas. Selles régulières.

Sentiments affectifs assez peu développés; elle paraît recon-

naître ses parents; elle s'attache aux personnes qui la soi-

gnent.

Parole à peu près nulle. Par intervalle elle parait com-

prendre l'ordre qu'on lui donne et l'exécute, d'autres fois il

semble qu'elle n'a pas entendu.

État actuel. - Aspect de bonne santé. Adipose très nette.

Les cheveux sont abondants, implantés très bas sur le front,

et surtout sur les tempes. Crâne un peu aplati verticalement,

allongé d'avant en arrière, un peu d'asymétrie, il parait plus

développé du côté gauche. Les fontanelles sont fermées. Le

front est bas, les arcades sourcilières très accusées, garnies

de sourcils châtains bien implantés, plus abondants d'un côté

de la tète. Paupières normales, fentes palpébrales largement

ouvertes. Pas de blépharite. Les yeux sont mobiles, iris

bruns; pupilles un peu rétrécies, réagissant normalement à

la lumière et à l'accommodation. Léger strabisme convergent

des deux côtés et surtout à droite. Nez camus, lobule volu-

mineux, narines élevées, égales, sous-cloison oblique, des-

cendant au-dessous du niveau des narines. Pommettes très

saillantes, symétriques. Bouche grande, toujours ouverte.

Lèvres peu épaisses, sans saillie exagérée de l'une ou de

l'autre. Palais étroit et ogival. Amygdales et luette normales

Menton ovale. Oreilles petites, bien ourlées, non écartées du

4 IR De quelques formes de nanisme.

crâne. Lobule soudé. Cou : circonférence 26 centimètres.

Corps thyroïde difficilement appréciable.

Membres supérieurs volumineux, épais pannicule adipeux.

Brièveté des segments du membre supérieur.

Membres inférieurs courts, adiposc exagérée. Six orteils

au pied droit, Le pouce semble bifide, un deuxième orteil est

accolé au pouce, il n'en est séparé par un sillon qu'au niveau

de l'ongle. Ce doigt bifide est séparé du deuxième orteil nor-

mal par une fente inter-digitale qui remonte plus haut surie

dos du pied que du côté sain.

Thorax développé. - La peau est doublée d'un épais pan-

nicule, les mamelles sont un peu saillantes, la graisse sous-

mammaire parait très abondante. Aréole pigmentée, le

mamelon est déprimé. Rien à l'examen du coeur et des pou-

mons. Adipose exagérée au niveau de la paroi abdominale

amenant une véritable dépression de l'ombilic et formation

do deux plis adipeux qui couvrent les sillons inguinaux dans

la position assise. Rien à l'examen des organes abdominaux.

Puberlé et organes génitaux. Les grandes lèvres épaisses

cachent complètement les petites. Les petites lèvres, le capu-

chon et le clitoris sont très petits. Hymen en croissant. Pénil,

aisselles complètement glabres.

Motilite volontaire, provoquée, réflexe normale, - Sensi-

bilité générale intacte en tous ses modes, - L'acuité visuelle

semble normale, mais il est impossible de se rendre compte

si l'enfant distingue les couleurs. Même remarque pour l'unï,

l'odorat, le goût.

Taille : Ini, 17 au lieu de 1111,21,

Poids : 37, 500 au lieu de 25 k.

C'est donc une obèse et une naine. La description clinique

que nous venons de donner justifie ce diagnostic.

1895. Elixir polybron1llré et capsules de bromure de

camphre.

5 juillet. Le traitement thyroïdien est Institué. Un demi

lobe tous les deux jours du 5 juillet au 9 octobre. Un demi

lobe tous les jours jusqu'au 5 novembre. En tout 74 jours

de traitement. Les modifications tlu poids et de la taillé avant

le début du traitement sont indiqués dans le tableau suivant :

Nanisme avec obésité.

120

De quelques formes de nanisme.

La taille a gagné en six mois trois centimètres. Elle éta

restée stationnaire de janvier 1895 jusqu'au début du trait»

Nanisme avec obésité.

121

sujet et même d'une manière plus sensible. Dès que l'on

donne le corps thyroïde à l'enfant le poids diminue d'une

manière régulière, progressive et notable ; dès que le traite-

ment est suspendu, le poids augmente aussi d'une façon

régulière et progressive.

En janvier f896, la taille est de 1m23â et le poids de 31 kil..

L'enfant est remise en traitement : un demi lobe tous les

jours du 4 au 21 janvier. Le traitement est supprimé du 21 et

23 janvier. Du 2 février jusqu'au 25 mai, l'enfant prend un

demi lobe tous les deux jours. Le 22 mai le traitement est

complètement suspendu (Fig. 30 et 31).

1'i. 30. - Tliom... en 1898, ù.14 nns.

1 ? -2 De quelques formes de nanisme.

En résumé la taille augmente de trois centimètres de

janvier it juillet. Le poids s'abaisse de 31 kil. it 29 k. 500.

Il oscille ensuite pendant le reste de la durée du traite-

mcnt entre 29 k. 500 et-31 k. 500. Dès que le traitement

est supprimé le poids remonte en un mois il 31 k. 300. La

taille s'arrête dans sa croissance.

Poids et taiilc se sont donc montrés très sensibles à

l'action du traitement. Le poids est le premier influencé par

l'ingestion du corps thyroïde, mais au bout d'un certain

Fig. 31. -1'Lom... en 1898, à 14 aus.

Nanisme avec obésité, 123

nombre de mois l'amaigrissement est dé moins en moins

net. La taille au contraire continue à s'accroître progres-

sivement. Notre, sujet n'en est pas moins resté un sujet

nain, au dessous de la normale. Il pourrait également être è

encore qualifié d'obèse.

Tubs. LIV. Idiotie ; obésité.

Sommaire. Antécédents personnels et héréditaires. Père :

névropathe. Consanguinité des grands parents paternels :

Mère, migraineuse, conduite très irrégulière. Grand'mère,

migraineuse morte d'un cancer utérin. Pas de cas de

nanisme ni d'obésité dans les deux familles. Aucune tare

morale ni intellectuelle. Une soeur aveugle-née, morte

de convulsions.

Pas de consanguinité ; iazégalile d'âge de 2 ans.

Conception, grossesse, accouchement normaux. A la nais-

sance, enfant très grosse ? Convulsions à six semaines.

- Retard dans la marche. Gâtisme. Manies. Co-

lères. Sommeil troublé, ..

Etat actuel (1894) : IL. est déjà obèse. -Absence congénitale

des globes oculaires. -.

Séjour dans le service. Teigne et scarlatine en 1896. Rougeole è,

en -1897. - Retard dans le développement des organes géni-

taux, et des caractères sexuels. Augmentation de l'obésité

du sujet. Examen et mensurations en 1903.

Hus... (Jeanne), née le 22 mai 1889, est entrée dans le ser-

vice,.le 2 janvier 1833.

Antécédents héréditaires et personnels. (Renseignements four-

nis par la mère de l'enfant le -16 janvier 1893.) PËfu ? 37 ans,

clref d'équipe chez un marchand de fers. Non alcoolique. -

Caractère très violent, mais non brutal. Pas de renseignement

sur la syphilis. [Famille du père : Père sobre, de caractère

doux. Mère violente, sobre. Le père et la mère étaient

cousins germains. Aucun renseignement précis sur les

grands parents. Oncles et tantes paternels bien portants.

Pas d'oncles maternels. =- Tantes maternelles en bonne

santé. Trois frères, normaux. On ne signale aucune tare

dans la famille du père. Ni aliénés, ni épileptiques, ni paralyti-

ques, aucune malformation congénitale-. La taillé et l'ethbô11-

pointdetousles sujets seraient naturels. Aucune taré morale.]

124 DE QUELQUES formes DE nanisme.

Mère, 35 ans, ménagère, ni alcoolisme, ni syphilis, myope,

migraine à chaque menstrue. Sa conduite serait fort suspecte.

- [Famille de la mère. Père sobre, de caractère violent. -

Mère, morte à 43 ans, probablement d'un cancer utérin ? cri-

graines fréquentes. - Aucun renseignement précis sur les

grands-parents tant paternels que maternels. Un oncle

rhumatisant. Cousins bien portants. - Dans la famille on ne

relève aucune tare intellectuelle morale ou physique.]

Pas de consanguinité. Différence d'âge de 2 ans entre les

conjoints.

Six enfants : 1° garçon 13 ans, bien portant; 2° fille morte il

21 mois de rougeole; 3° fille née aveugle, morte à six mois au

cours de convulsions; 4° garçon de 6 ans 1 notre malade;

6° fille de 7 ans 1[2 bien portante.

Notre malade.- Rien de particulier à la conception.- Gros-

ses.se normale. - durée 1/'2 heure, aucune

intervention médicale, l'enfant était très grosse. Elle n'a pas

été pesée. Pas d'asphyxie bleue, ni blanche. Absence congéni-

tale des globes oculaires.

Antécédents morbides. Convulsions il l'âge de six semai-

nes. L'enfant, dit la mère, se raidissait, sa figure se plissait,

pâlissait, ce n'était pas une pâleur ordinaire, elle était très

accentuée, l'enfant poussait quelques cris.- Elevée au sein

jusqu'à 22 mois. Première dent à six mois, dentition complète

à 2 ans. L'enfant ne marche pas encore et n'est pas propre.

La parole, limitée à quelques mots, a débuté vers l'âge de 15 il

16 mois.

Onanisme, réprimé facilement. Ni voleuse ni gourmande.

Pas de salacité, manies de casser, de briser tous les objets à

sa portée; de déchirer avec ses dents, de grincer des dents,

de mordre.

Pas de troubles digestifs, pas de rumination ni de vomisse-

ments. Préhension défectueuse. Pas de vers intestinaux.

Sommeil troublé, quelquefois accès de cris, cauchemars fré-

quents, sursauts, accès de rire, accès de pleurs.

Colères assez fréquentes, avec tremblement généralisé.

Fréquentes secousses brusques. Pas de vertiges, pas de crises

épileptiformes. Sentiments affectifs assez développés : elle

reconnaît ses parents, ses frères et soeurs et même les étran-

gers.

Rougeole à un an. Aucune autre maladie infectieuse. -

Aucune manifestation de scrofule.

Nanisme avec obésité. ' 125

État actuel. (13 Janvier 1893.) Enfant bien développée, en

état d'embonpoint prononcé. La face est absolument sans

expressiou. Cheveux châtain clair, longs et abondants. Crâne

légèrement dolichocéphale. Bosses occipitales peu saillantes,

pariétales et frontales assez saillantes. Le crâne est symétri-

que, les fontanelles sont fermées. Le front est bombé, assez

élevé, plus étroit que la face.

Face ovale, symétrique. Arcades sourcillières, très en

retrait sur les bosses frontales. Les paupières supérieures et

inférieures sont accolées et ne se relèvent pas spontanément.

Mais, de chaque côté, on peut soulever la paupière supé-

rieure et apercevoir une surface muqueuse, rougeâtre, exca-

vée, qui se continue avec la face postérieure des paupières.

Cils et sourcils blonds assez irrégulièrement implantés. Pas

de blépharite. Absence congénitale des globes oculaires. -Ne : :

long, camus, lobule intact, large. Narines assez grandes.

Odorat peu développé. - Pommettes peu saillantes, régu-

lières, symétriques. Bouche très bien conformée. - Lèvres de

volume moyen. Voûte et voile du palais, rien de particu-

lier. Langue de volume normal. Amygdale dr. un peu grosse.

Réflexe pharyngien physiologique. Les dents sont au com-

plet ; à l'arcade dentaire supérieure, elles sont très espacées.

Menton petit. -;Oreilles grandes, bien implantées ,bicn con-

formées, lobule assez développé, non adhérent. Audition bon-

ne. - Cou circonférence, 24 cm.

Les membres supérieurs et inférieurs n'offrent rien d'anor-

mal dans leur conformation, leur motilité, leur sensibilité.

Ils sont très potelés, le pannicule adipeux est épais. Les plis

articulaires sont le siège d'encoches, ils sont profonds. Réflexes

rotuliens, paresseux. Thorax volumineux, bien conformé.

Pas de déviation rachidienne, Respiration abdominale. - Rien

à l'auscultation nie la percussion des poumons, du coeur;

pouls normal. Abdomen assez saillant. La peau est doublée

d'un panicule adipeux assez épais. - Foie normal. Rate non

perceptible. - Région anale rien.

Organes génitaux et puberté. - Tout le corps est glabre,-

Mamelles non développées, les aréoles, d'un gris rosé, sout

légèrement soulevées. Diamètre des aréoles, 10 ? m. Mamelons

légèrement saillants. Pénil saillant, doublé d'une épaisse

couche de graisse. Le pli sus-pubien est très profond, très

marqué. Les grandes lèvres épaisses forment à l'entrée de la

vulve un canal profond de 2 cent.. Capuchon petit recouvrant

un très petit clitoris. Petites lèvres très peu développées.

126 De quelques formes de nanisme.

Teigne : Epilation, lavage au savon noir, au sublimé, tein-

ture d'iode.

JLli7. - rnu',lioration de la teigne. Aucune modification

des organes génitaux. Quelques progrès pour la marche et

la parole.

1895. Aucune modification des organes génitaux exter-

nes. Progrès marqué de la parole et do la marche.

, 116. - 7'tto ? Les mamelles se sont un peu développées.

Etat stationnaire de la teigne.

4 avril ? Eruption de .sc;o't)te.Angine rouge. Tem-

pérature 39°. 8 avril. - Desquamation T. R. 38°. Pas

d'albumine dans les urines. Rien au corur.-17 aui·il ? l'. It.

37°. n.tat général satisfaisant; la desquamation continue.

14 mai. L'enfant, complètement guérie de la scarlatine,

rentre dans la salle des teigneux.

Il juillet. - Amélioration delà teigne. Progrès notables

pour la marche et surtout pour la parole. Lcholalic. L'enfant

sait dire son nom, son âge, appelle les infirmières par leur nom.

1897. Aucune modification du cote de la puberté. L'en-

fant gâte encore la nuit, mais pas le jour.

K janvier. Rougeole. Eruption très discrète, coryza. T. 1{.

38°. Sortie de l'isolement le 31 janvier.

1898. Etat stationnaire de la teigne. Aucune modification

du côté de la puberté,

1899. Etat stationnaire de la feigne.

Puberlé et organes génitaux. Léger duvet dans les aisselles.

Les seins sont bien développés, le gauche plus que le droit.

Les grandes lèvres se garnissent de poils. Elles sont épaisses

et peu saillantes. Petites lèvres, clitoris, capuchon peu déve-

loppés. Premières règles le 19 février. Elles sont et resteront

moyennement abondantes; durée 5 jours.

Cette enfant n'a réalisé que peu de progrès, encore gâteuse

la nuit, elle est toujours turbulente, et a toujours les

mêmes manies de détruire, de déchirer.

1900. Puberté. - Le pubis se garnit de poils. Les poils

des grandes lèvres deviennent plus fournis ainsi que ceux

des aisselles. Les organes génitaux ne se modifient pas dans

leurs formes. Les seins ont encore augmenté de volume. Ils

Nanisme avec obésité.

127

sont piriformes. Même traitement général : bains salés, huile

de foie de morue, sirop d'iodurc de fer, douches. Teigne

stationnaire. .

l9lll. L'embonpoint de l'enfant a manifestement au ?

menté. Son pannicule adipeux est épais sur l'abdomen et les

membres. Aucune modification des organes génitaux.

Amélioration de la teigne. Même traitement.

1904. L'enfant n'aencore réalisé que peu de progrès. Son

embonpoint a considérablement augmente, - La teigne s'est

très améliorée.

1903. 14 février. Les cheveux de la plaque ne paraissent

plus avoir de parasites. .

Tableau du poids et de la taille.

128 De quelques formes DE nanisme.

Les régions temporales présentent une très petite bosse. La

région occipitale est plate. (Voir le tableau des mensurations

détaxe).

Face. - Visage joufflu, ovalaire, il peu près symétrique.

Le teint est rosé. - Les pommettes forment deux saillies

sphériques. Les joues sont très saillantes, séparées des pom-

mettes par une dépression. Les plis naso-géniens sont très

marqués. Dans toutes ces régions la peau est doublée d'une

épaisse couche de graisse très ferme. -Les arcades sourcil-

lières ne font aucune saillie, sont remplacées par un méplat

qui se dirige obliquemement vers le fond de l'orbite. Les

sourcils sont peu abondants. Les paupières sont aplaties,

déprimées, petites. Elles ne sont pas soulevées par les glo-

bes oculaires absents congénitalement. Fentes palpébrales

très petites. Cils mal implantés.

Se : droit, étroit il sa racine, peu élargi à sa base. Lobule

peu épais. Narines larges. L'axe du nez est un peu oblique

en bas et à gauche.

Bouche spacieuse. Voûte palatine non ogivale. - Présence

du trou palatin. Voile du palais aplati, semblant constitué par

deux plans formant un angle dièdre obtus au niveau du raphé

qui est marqué par une saillie rectiligne. Luette bifide. Amyg-

dales, absente à gauche, du volume d'une petite noix à droite.

Langue : épaisse, large, étalée. - Pas de tremblement de la

pointe. - Fente buccale asymétrique, un peu oblique en bas

et à gauche. La partie gauche des lèvres est moins développée

que la partie droite, elle est plus épaisse et moins longue. La

bouche est constamment entr'ouverle. Lèvre supérieure

épaisse, relevée, surmontée de deux plis naso-labiaux saillants,

encadrant une fossette profonde. Lèvre inférieure épaisse, en

léger ectropion. - Dentition complète. Dents de forme nor-

male. Les deux premières molaires supérieures sont hors

rang, saillantes en dehors. Pas de prognathisme supérieur ni

inférieur.

Menton saillant par l'adipose, ayant le volume d'une noix,

arrondi, limité par des plis de peau profonds.

Cou. Gros, arrondi. Circonférence : 3 ? 5. La région sus

hyodienne a l'aspect d'un épais cylindre graisseux, doublant

le menton. Le cou est délimité par des plis de peau profonds

à sa partie supérieure et à sa partie inférieure. Corps thyroïde

perceptible au palper. La voix de l'enfant est aigre et comme

soufflée.

Oreilles ; droite et gauche semblables, allongées, et peu

Nanisme avec obésité. 129

larges, non écartées, ligne d'implantation normale. Hélix

bien ourlé mais irrégulièrement. Anthélix saillant, bifurcation

normale. Tragus et antitragus normaux. Conque : profonde

mais étroite. Fossette scaphoïde et de l'anthélix rien de parti-

culier. Lobule large, haut, non soudé, déjeté un peu en avant t

et e i dehors. Ouïe normale.

Peau. Pas de cicatrice. Quatre noevi pigmentaires sur le

liane gauche ; un autre immédiatement à droite de la colonne

dorsale. Sur tout le corps le pannicule adipeux, qui double

la peau, est d'une épaisseur considérable. La peau de la

région des aisselles, des régions pectorales, de l'abdomen,

des aines est couverte de vergetures. Kératose péripilaire

sur la peau des membres. (Fig. 32, 33, 34).

Membres supérieurs. D'un gros volume, ils vont en s'efii-

lant progressivement en cône. Les plis articulaires du coude,

les fossettes sus-olécrâniennes et latéro-olécràniennes sont

très profondes. L'avant-bras s'effile brusquement au niveau

du poignet. A cet endroit les plis articulaires ont la forme

d'encoches profondes.

Mains. Carpe large. Métacarpe court et large, doigts gros,

courts et boudinés, mais bien proportionnés quant à leur lon-

gueur réciproque. Les articulations des phalanges sont mas-

quées par des sillons très creux. Les fossettes dorsales du

métacarpe sont très marquées. La peau de la face dorsale du

carpe et du métacarpe est doublée d'un épais pannicule adi-

peux. Pas d'onychophagie.

Membres inférieurs. Volume énorme. Les cuisses ont

la forme d'un très gros cône renversé. Aucune saillie muscu-

laire n'est dessinée. La face postérieure des cuisses présente

toute une série de plis horizontaux qui la bossellent irréguliè

rement. Le pli fessier est profond et étroit. Le pli inter-fes-

sier est vertical, profond, fermé. Tous ces plis cutanés sont le

siège d'intertrigo, Fesses quadrilatères, plutôt aplaties mais

très volumineuses. Les jambes'ont également la forme d'un

cylindre à peu près régulier. Les saillies musculaires ne sont

pas dessinées, mais cachées par un épais pannicule adipeux

ferme et résistant. (Fig. 32, 33, 34),

Bourneville. Bicêtre. 1903.

130 DE QUELQUES formes DE nanisme.

Fig. 32. - Hus... en mars l9j3, à l'âge de 14 ans

NANISME AVEC OBÉSITÉ 131

Fig. 33. nu;;... en 1901, )'ag9 de 14 ans;

De QUELQUES formes DE nanisme.

Fig. 34. - Hus... en 1 ! )Oi, à l'Age de 15 ans.

Nanisme avec obésité. 133

Mensurations du corps.

134 De quelques formes de nanisme.

.Abdomen d'un volume énorme, proéminent en avant,

globuleux, arrondi, couvert de vergetures. Ombilic très pro-

fond. Pli sus-pubien très accentué, se prolongeant très loin

du côté des crêtes iliaques. 1'Iis inguinaux trësprofonds. Tous

ces plis sont le siège d'un léger intertrigo.

Colonne dorsale normale, dessinée par une gouttière pro-

fonde et large. Légère ensellure lombaire. Saillie exagérée

de la région sacrée qui a la forme d'un triangle isocèle à

base supérieure. Aux deux extrémités de la base, c'est-à-dire

au niveau des articulations-sacro-iliaqucs, présence de deux

fossettes digitales. Le bassin semble largo et renversé en

avant. Le palper du bassin est impossible vu l'épaisse couche

de graisse.

Organes génitaux et puberlé. Aisselles glabres. Pénil

saillant, poils assez longs, frisés, assez fournis, couvrant un

triangle d'une base de 9 cent., d'une hauteur de 3 cent..

Grandes lèvres peu saillantes, larges, glabres. Petites lèvres

très minces, très courtes, capuchon et clitoris tout petits.

Hymen en fer à cheval. 8l'iils pcndants, ¡¡idfm'mcs, le gauche

plus volumineux que le droit. Mamelon tout petit. Aréoles

pâles ayant un rayon de diamètre horizontal.

1903 : Mars. - Ni sucre, ni albumine dans les urines.

13 gr. si d'urée par litre, phosphate 2 gr. 5, chlorures 7 gr. 1.

On n'a pas pu recueillir exactement les urines de 24 heures.

10 Mars. Poids : f5 kgr. ; Taille : 1 ? 30. Traitement thy-

roïdien : Ire semaine, 0 gr. 55; 2° semaine, 0 gr. 60; 3e semai-

ne, 0 gr. 75 : puis 1 gr ? .

Radiographie : Soudure incomplète du tibia, il peu près

complète du fémur.

2G Juin, - Elle a gagné 2 cent. (1 ? 32 au lieu de lut,30, soit

19 cent. en dessous de la taille normale) et augmenté de 2

kil.. Glande thyroïde : 1 gr, 75; du 20 au 30 Juin, 2 gr..

10 Décembre. - Poids : 72 kil.; taille : lu',32. - Deuxième

traitement : 0 gr. : ;0, 0 gr. 7;\ 1 gr ? 1 gr. 25.

190 ? - Juillet. -L'aspect général est le même. L'obésité

est demeurée stationnaire depuis le 1er janvier (72 kilog.)

ainsi que la taille (1m32 et 18 ? 12), Les fosses et les cuisses

sont comme mamelonnées. La partie inférieure des cuisses

présente en dedans un gros bourrelet au-dessous duquel le

pli du jarret est très accusé. Entre celui-ci et le pli fessier,

il y a 3 plis demi-circulaires. .

Nanisme avec obésité. 135

Puberté et organes génitaux. Aisselles glabres. Les

seins sont très pendants, volumineux, le gauche plus que le

droit ; diamètre' transversal à droite : 23, à gauche : 24 ;

diamètre vertical à droite : 19, à gauche : 20.

La différence de volume est appréciable et à la vue et au

toucher. Les aréoles sont couleur café au lait. La gauche

mesure 4 cent, sur 5, la droite 3 et demi sur 4 ; le mamelon est

un peu plus saillant à gauche qu'à droite. - Le mont de

Vénus est bombé, mais il n'est pas aussi volumineux que

l'obésité pourrait le faire supposer (Fig. 32). Il est garni de poils

bruns moyennement longs sur une largeur de 11 cent, et une

hauteur de 5 cent. Entre eux et le pli de Faine, il y a 2 cent.

de peau glabre. Les poils sont un peu plus fournis, comme

cela se rencontre souvent, immédiatement au-dessus de

la jonction supérieure des grandes lèvres. Quelques poils sur

les grandes lèvres qui sont plutôt plates. Le capuchon, le

clitoris, le gland sont très peu développés. Les petites lèrtes

ont 15mm sur 3 ou La droite est un peu plus longue que

la gauche. Traînée de poils descendant des grandes lèvres le

long du périnée et de chaque côté de l'anus qui, lui, est

glabre. La vulve est profonde. L'ouverture de l'hymen, dé-

chiquetée, est large, et l'index s'y enfonce librement.

Les règles, parues en février 1899, à 12 ans, ont toujours

été régulières. Elles sont assez abondantes, durent 3 ou h

jours.

1904. - 10 Mars. Le traitement a toujours continué. -

Poids 71 kil. ; taille 1 ? ¡35,

1er Juin. Suspension du traitement : poids : 72 kil. ; taille :

9 ? 335.

Durant les deux traitements, le maximum de diminution

du poids n'a été chaque fois que d'un kilo-. Cette diminu-

tion n'a été que transitoire et, en fin de traitement, le

poids avait un peu augmenté. Quant a la taille elle ne

s'est accrue que de 35 ?

Réflexions. A (le 14 ans, le poids de IIus...

devait être de 3G k. 3 a'ors qu'il était de 61 k. Sa taille

devait être de 1 m 44 alors qu'elle était de 1 m 31.

Il... est naine et Est-elle une infantile ?

Son facies est celui d'un sujet de son âge, les caractères.,

sexuels accessoires, les organes génitaux sont également

Nanisme ET rachitisme. 137

à peu près normalement développés. Elle n'est donc pas,

en réalité, une infantile. L'infantilisme n'est pas venu

se superposer au nanisme et à l'obésité.

Les photographies donnent une idée bien plus exacte de

son degré d'obésité que les mensurations qui ont été diffi-

ciles à prendre. Elles semblent montrer que la répartition

du tissu adipeux varierait d'une époque à l'autre dans la

même région.

H... étaitpolysarciqlce dès sa naissance. A 4 ans, à son

entrée dans le service, elle pesait 14 kilogr.; sa polysarcie

n'a fait que s'accroître et en particulier entre les âges de 12

ans à 14 ans. Elle présente des signes multiples do dégéné-

rescence : Absence congénitale des globes oculaires, mal-

formation crânienne, malformation de la voûte et du voile

du palais, Gificlité de la luette, absence d'une amygdale :

tous stigmates de dégénérescence d'ordre anatomique

qui s'allient très bien avec le nanisme et l'obésité du sujet,

stigmates d'ordre physiologique.

L'insuffisance de renseignements sur la famille de

l'enfant, qu'il nous a été impossible de compléter, les père

et mère ayant disparu, ne nous a pas permis de détermi-

ner avec précision la cause de ces (roubles. Nous ne

pouvons relever que quelques tares névropathiques et

arthritiques assez vagues chez les parents de l'enfant.

II... était aveugle de naissance comme une de ses soeurs.

Ce cas est à rapprocher de celui de l'enfant Dreve...

Tous les idiots obèses ne sont pas nains. Nous en avons vu

un certain nombre qui avaient la taille normale. Nous avons

publié l'observation de l'un d'eux (avec figures) dans notre

Compte-rendu de 1890 (p. 223.)

§ IV. Nanisme et rachitisme.

Le nanisme rachitique est plus rare, à en juger par

notre expérience personnelle, que le nanisme par simple

arrêt de développement. D'ailleurs le nombre de nos

malades, filles et garçons, atteints de rachitisme, est

13S Nanisme ET rachitisme.

Fig. 35.

Fig. 36 et 37, t

140 DE QUELQUES formes DE nanisme.

assez limité (1). Bien que les cas que nous allons citer, à

titre de spécimens, soient moins beaux que celui qui a

été publie dans les Archives de neurologie (1903, vol.

XVI, p. 31); par Ml\1. S. Garnier et A. Santenoise, nous*

avons cru devoir les publier. Dans le cas de MM. Garnier

et Santenoise, il s'agissait d'un garçon né en 1891. Sa

taille mesurée aussi bien que possible est de 81 cent. au

lieu de 1 m. 27 ; son poids est de 11 kilogr. 400 au lieu de

26 kil. 130. Les fig. 35, 30 et 37 donnent une idée exacte*

de son rachitisme.

085. LV. - Nanisme ET rachitisme.

SOMMAIRE. - Père, 20 ans plus âge que la mère, caractère Í1Ti-

table, nombreux excès de boissons (absinthe). - Grand-père

paternel, excès d'can.de-vie. - Renseignel1u ! nts insuffisants (2).

Mère sujette il des névralgies. - Grand-père 1/1jIJemel, quelques

excès de boisson. - Grand-oncle maternel, excès de boisson,

suicidé par pendaison. - Autre oncle suicidé (revolver). -

Grand-oncle épileptique. - Plusieurs oncles et tantes morts

de convulsions en bas-âge. - Tante maternelle myope.

Pas de consanguinité. Inégalité d'âge de 20 ans, père plusâgé.

Une soeur a eu des convulsions ; strabique ; n'a marché qu'à 5

ans. - Deuxième soeur strabique. - Frère .strabique, mort de

clmvulsions. - Un autre frère et une autre soew' strabiques.-

Autre soew' morte de convulsions. - Frère strabique à la nais-

sance.

Conception dans l'ivresse. -Grossesse : émotions causées par les

ivresses de son mari, chute avec perte de connaissance, dix

jours avant l'accouchement. - Accouchement rapide avec

beaucoup d'eau. - Enfant chétif à la naissance. - Première

dent à un an. Dentition complète à 4 ans. - Convulsions iz 5

mois, généralisées, tous les quarts d'heure, pendant 9 à 10 heu-

res. - Rougeole il 5 ans. - Coqueluche Ii 8 ans. - Impétigo.

- Anomalies des orteils. - Lésions rachitiques. -Nanisme.

(1) On trouvera plus loin une Note que nous avons communi-

quée au Congrès des aliénistes et neurologistes de Bruxelles de

1903. - Voir aussi la thèse de l'un de nos élèves : Renoult

(P .-L .), Contribution à l'élude des rapports de l'idiotie et du ra-

chimisme. Paris 1902.

. (2) Nous n'avons pu compléter cette observation, les parents

ayant disparu depuis plusieurs années.

Nanisme et rachitisme. 141

Vib... (Jeanne-Louise), née le 16 janvier 1887, entrée le

20 septembre 1899.

Nous nous bornerons à relever les points principaux de

son rachitisme et ce qui concerne sa puberté.

Crâne petit, symétrique. Pas de saillie anormale. Visage

triangulaire, un peu asymétrique, le côté droit étant un peu

moins développé que le gauche. Front très bas (3 cent. 1/2),

recouvert de petits poils dans ses tiers externes. Sourcils

très abondants, sans solution de continuité. Orbite excavé.

Pas de strabisme. La sous-cloison nasale fait relief. Le cou

est très court; la tête enfoncée dans les épaules est inclinée

en avant.

Les membres supérieurs sont longs, amaigris ; l'extré-

mité inférieure du radius et du cubitus est assez grosse.

Thorax aplati entre les clavicules et les seins, puis bombé

d'une façon prononcée, jusqu'aux fausses côtes. En arrière,

saillie marquée des apophyses épineuses des 6e et 7e cervica-

les, des trois premières dorsales, formant une convexité pro-

noncée tournée vers la droite ; elle se continue jusque vers

la Se dorsale. Abdomen saillant.

G octobre. - L'enfant mesure 1,03 au lieu de 1,35 (taille

normale de son âge), soit en moins 32 centimètres.

1899. Système pileux et organes génitaux. -A part quelques

poils fins sur les deux faces du thorax, le corps est glabre.

Grandes lèvres un peu épaisses. Petites lèvres brunes,

triangulaires. Clitoris petit. Orifice de l'hymen, circulaire.

1901. La radiographie faite en juin montrait que ses carti-

lages n'étaient pas ossifiés.

1904. 4 août. - Les seins forment une légère convexité

dans une étendue de 2 ou 3 centimètres. Sous les aisselles

bande de poils de cinq centim. sur 1 cent. à peine à droite ;

à gauche, 4 cent. sur 1 à peine.

Une dizaine de poils de chaque côté du pénil. Les gran-

des lèvres forment une légère convexité et présentent des

poils courts assez nombreux dans toute leur hauteur (3 cen-

tim.). Le capuchon, le clitoris, les petites lèvres forment

saillie en dehors des grandes lèvres. Le capuchon est assez

développé ainsi que le clitoris et son gland. Les petites

lèvres ont un centim. de longueur sur 6 à 7 mill. de largeur.

Hymen intact, orifice circulaire. Poils abondants, longs, de

chaque côté du périnée et autour de l'anus.

DE QUELQUES formes de nanisme.

Le bassin est étroit avec saillie prononcée des crêtes ilia-

ques et du sacrum qui offre une convexité plus prononcée

que normalement. Les membres inférieurs sont longs, grê-

les, sans incurvation, avec une légère saillie des malléoles.

Pieds. Le 4e orteil forme une saillie sur la face dorsale du

pied (des deux côtés) et repose sur le 3'' et j" orteils. Il mesure

deux centim.,tandis que le 5e en mesure 3, et le 3e, 1 ; il y a

une légère palmalure entre le 2° et 3e olleils. Le 4e orteil

gauche est un peu plus gros et un peu plus long que le droit.

Nanisme et rachitisme.

143

du 2 janvier au 31 mars : 0 gl', 7. à 1 m. ;2j. Poids : 25 kg.

500 ; Taille : 1 m. 28.

1er.ittillct. Poids : 26 kg. 500 ; Taille : 1 m. 285. Sixième

traitement du 1" juillet. au 30 septembre : 0 g¡'. 2;) à 1 gr.

Fig. 3 ? . - Vib... en 1901 (17 ans).

144

De QUELQUES formes DE nanisme.

Poids : 26 kg. 500 ; Taille : 1 m. 2'J au lieu de 1 m. 52, soit

en moins 23 cent. -

1904. Juin. Poids : 2-1 ]cg. 500 ; Taille : 1 m. 29. Non soud ·.

Non réglée.

Fig. 30. Vib... à 17 ans.

Nanisme et rachitisme. 'in5

Rachitisme. - Bosses p,u'iélales'légèrement saillantes. Nez

aplati. Palais ogival. 111enlon pointu. Clavicules flcxueuses

- Sternum, angle do Louis très marqué. Chapelet coslal à

peine perceptible.

Bourneville, Bicêtre, 1903. 10

Fig. 40. - Vib... il 17 ans. -

146 DE quelques FORMES DE nanisme.

Colonne vertébrale : scoliose. La portion dorsale de la 1,-

à la 12e dorsale forme une courbure à concavité gauche, dé-

terminant une saillie des côtes droites et de l'omoplate et un

enfoncement de tout le côté gauche du thorax sur lequel

l'angle de l'omoplate fait une saillie. La portion lombaire de

la colonne vertébrale décrit une courbe à concavité droite

mais moins marquée que la courbure dorsale. Toute la partie

supérieure du tronc est inclinée à droite (Fig. f0) et les

fausses côtes de ce côté croisent fortement la crête iliaque

correspondante.

Bassin. - Élargissement du diamètre supérieur.

Membres supérieurs. - Humérus légèrement incurvé ! ; arti-

culations sensiblement augmentées de volume. '

Membres inférieurs. - Fémurs légèrement tordus. En haut

les cuisses ne se touchent pas et sont séparées de trois tra-

vers de doigt. Tibias normaux. Léger degré de genu valgus.

Démarche en canard. - '

Puberté. Poils rares sous les aisselles 3 centimètres sur

un à gauche, 2 cent, sur 1 à droite. Les seins mesurent

transversalement 9 cent. et verticalementS cent ; les aréoles

ont 2 cent. de diamètre ; mamelon lenticulaire. Poils assez

longs (6 cent. sur 4) au niveau du pénil, bruns, assez nom-

breux, ainsi que sur les grandes lèvres. Celles-ci, peu sail-

lantes, écartées dans toute leur longueur d'au moins 1 cent.

laissent voir le capuchon et les petites lèvres débordantes.

Les petites lèvres ont 2 cent. de hauteur sur 3 de largeur ;

elles sont assez épaisses et fortement pigmentées en de-

hors. L'hymen n'est pas frangé, mais son orifice est très

grand, laissant entrer facilement l'index. L'enfant nie se

toucher et avoir eu des rapports. Au-dessous de la four-

chette, normale, il y a quelques poils allant jusqu'au voisi-

nage de l'anus dont le pourtour est glabre.

Puberté en 1904. - Face, thorax, abdomen, membres, tout

à fait glabres.

Seins égaux, 11 cent. de hauteur sur 14 de largeur.

Aisselles. - Poils rares occupant à gauche une bande de 5

cent. 1/2 de long. sur 1 c. 5 de largeur et à droite de 4 cent.

de long. sur 1 c. 5 de large. ,

Pénil. - Poils abondants, 10 cent. de largeur sur 6 cent.

de hauteur. - Grandes lèvres peu saillantes, recouvertes de

poils. Petites lèvres pigmentées, dépassant largement les

Nanisme ET rachitisme. 147

Fig. 41.. Radiographie du pied droit de Vibert.

lin

De quelques formes de nanisme.

grandes lèvres. - Clitoris invisible caché complètement

par le prolongement des petites lèvres. Hymen perforé, lais-

sant passer l'extrémité du doigt. - Vestibule profond.

L'un des malades dont nous avons parlé précédem-

ment (OBS. XL11 et dont l'on trouvera l'histoire complète

dans la thèse de M. Renoult, p. 58), avait sa place mar-

quée plutôt dans ce chapitre que dans celui des nains par

simple arrêt de développement, car il présente des défor-

mations rachitiques encore bien prononcées, ainsi que le

montre le résumé ci-après :

Membres supérieurs un peu gros, n'apparaissant pas de

prime abord déformés. Le squelette ne présente pas d'in-

curvalion. Les épiphyses inférieures des humérus et les

épiphyses inférieures des radius portent quelques nouùres.

L'épiphyse inférieure du cubitus gauche est épaisse....

Membres inférieurs : Ils sont le siège de déformations rachi-

tiques accentuées. Les cuisses sont grosses, courtes ; les

fémurs ont une incurvation antéro-postérieure nette, elles

sont constamment en une flexion assez notable sur le bas-

sin. Les genoux, volumineux, sont en contact l'un avec

l'autre. Les jambes vont s'écartant fortement en dehors ; la

ïambe droite surtoutest fortement déjetée.

Les malléoles libialeset péronières sont épaissies, surtout

ces dernières. La forme de la voûte plantaire, de la face

dorsale du pied, le squelette du pied, sont normaux.

Thorax : assez volumineux, présentant deux méplats au ni-

veau des hypochondres.

Le rebord inférieur des fausses côtes est, au contraire,

rejeté en dehors. Le sternum n'est pas projeté en avant.

La colonne dorsale n'offre pas de malformations. On cons-

tate la présence d'un chapelet rachitique.

Nanisme mongolien. 149

Rappelons que sa taille n'est que de 1 m. 25 au lieu de

1 m. 54 et que le traitement thyroïdien a diminué la diffé-

rence entre sa taille et la taille normale à son âge.

V. Nanisme Mongolien ;

par BOURNEVILLE. et Reine MAUGHRKT.

Le nanisme relatif constitue l'un des caractères

d'une forme d'idiotie décrite par les auteurs anglais,

qui semblent s'en être occupés les premiers, sous le

nom d'idiotie mongolienne ou hal1nouhe. L'un de

nous en a rapporté déjà un certain nombre d'exem-

ples (1) et mis en relief les principaux traits clini-

ques, offerts par ces malades et qui permettent d'en

faire un groupe bien net. L'arrêt de développement

de la taille a paru fournir une indication sérieuse du

traitement thyroïdien. Nous verrons que l'anatomic

pathologique, montrant des lésions de la glande 'thy-

roïde, a justifié ce mode de traitement. Comme nous

avons donné déjà (2) un résumé des résultats fournis par

le traitement thyroïdien, nous nous contenterons, de

rapporter une seule observation de ce groupe de nains.

ORS. LVII. - Idiotie mongolienne ; tuberculose

PULMONAIRE.

SOMMAIRE. - Père rien de particulier; - Mère, rien à

noter, sattf quelques céphalalgies. - Grand-père paternel,

quelques excès de boisson : - Oncle maternel, mort d'hé-

morrhagie cérébrale. - Petite cousine, faible d'esprit.

Gémellarité. - Un frère mort de tuberculose.

(1) Bourneville. - art. dans T1'ailé de médl'rine de Brouardpl et

Gilbert, t. IX, p. 58 ; Idiotie du lypc mongolien, Compte-rendu

de 1901, p. 137-Ili7; - Idiolie du type mongolien, Compte-1'endu

de 1902, p. 3-18; - Bourneville et J. Bayer, Imbécillité fonce ?

nitale, type mongotieJ1,IlJidem, p. 24-35; Bourneville, Congrès

des aliénisles et neurologistes, do Bruxelles 1903, t. 11, p. 282.

(2) Voir Prollrès médical, 1903, no 34, p. 120, et Archives de

neurologie. 1903, 2* série, t. XVI, ]1,2;,2.

150 De quelques FORMES DE nanisme.

Pas de consanguinité, - Inégalité d'âge de 7 ans. - Père

. plus âgé.

Conception rien d'anormal. - Grossesse,' accidentée par

des ennuis, mais ni peurs ni coups. Première dent a

13 mois. - Dentition complète, marche, propreté, tardives.

- Début de la parole à 15 mois, évolution lente, pronon-

ciation défectueuse, voix enrouée, - Premiers signes de

l'idiotie. - Rougeole à 2 ans '/2. Coqueluche vers 3 ans.

l3léplaarile chronique. - Constatation de l'idiotie vers 18

mois. Abcès cervical. - Notions du bien et du mal.

Puérilisme, - Végétations adénoïdes.

1903. - Description de la malade. Traitement thyroï-

(lien* : accroissement de la taille. - Amélioration intellec-

tuelle.- Bronchite, stomalile, péritonite, entérite, tuber-

culose pulmonaire, -Afort. - Autopsie.

Mait... (Mina Germaine), née à Paris le '28 septembre 1891,

est entrée àla Fondation Vallée le 2 mai 1902 et y est décédée

le 4 mars 109u. .

Antécédents (Renseignements fournis par sa mère).

PÈRE, 58 ans, forgeron, très-bien portant, né au Creusot,

venu il Paris vers 45 ans; marié à 27 ans; boit très-peu ;

n'est pas nerveux ; pas de convulsions, pas de fièvre typhoïde ;

pas d'indices de syphilis ; exempté du service militaire pour

défaut de taille.

[Son père, mort il 72 ans de pneumonie, ne buvait pas.

Sa mère est morte à 82 ans, de cause inconnue. - Aucun

renseignement sur les grands-parents paternels ni maternels.

- Du côté paternel, un oncle, mort on ne sait de quoi, sans

enfants. - Du côté maternel, un oncle, mort aussi on ne sait

de quoi, ayant eu plusieurs enfants, sur lesquels on n'a pas

de renseignements. Un frère et 2 soeurs, bien portants;

1 frère, mort à 52 ans de pneumonie ; 1 autre frère, mort

récemment; aucun d'eux, ni leurs enfants, n'ont eu de con-

vulsions. - Rien de particulier à signaler dans le reste de la

famille. Aucun autre exemple de type mongolien.]

Mère, 52 ans, ménagère; d'un bon aspect général; née au

Creusot, venue à Paris à 27 ans comme nourrice; réglée à 1G

ans, d'abord irrégulièrement puis normalement ; elle n'a eu

ni convulsions, ni fièvre typhoïde. Elle n'a pas de migraines,

mais quelquefois des céphalalgies, plutôt rares ; elle n'est pas

de tempérament nerveux ; pas d'alcoolisme; aucun indice

il Nanisme mongolien. 151

de syphilis. - [Son père, mort à 48 ans des suites d'un acci-

dent de voiture, était bien portant; il faisait quelques excès s

de boisson, « mais on ne peut pas dire qu'il tombait dans le

vin u. - Sa morte il 65 ans, de cause inconnue (vieil-

lesse, fatigues). Grand-père et grand'mère paternels, morts

vers 75 ans, on ne sait de quoi. - Grand-père maternel, mort

vers 65 ans, et grand'mère maternelle à 77 ans, pour tous deux

on ne sait de quoi. - Du côté paternel, oncles et tantes, sur

la mort desquels on n'a pas de renseignements. Du côté

maternel, 8 oncles et tantes; l'une de ces tantes serait morte

de folie quelques jours après avoir accouché de deux jumelles,

lesquelles vivent encore, sont bien portantes, mariées, et au-

raient des enfants, mais pas de jumeaux. 3 frères et 3 sceurs :

2 des frères sont vivants, très-bien portants, et n'ont pas d'en-

fants ; l'autre est mort à 47 ans, d'hémorrhagie cérébrale avec

hémiplégie, quelques jours après l'attaque sans avoir repris

connaissance. - 2 des soeurs sont mortes, l'une en couches

à 311 ans, l'autre à 56 ans on ne sait de quoi ; l'autre est vivante,

en bonne santé. L'une d'elles a eu deux jumeaux : un garçon,

actuellement âgé de 13 ans, bien portant, et une fille « qui est

morte en venant au monde. » Tous les enfants de ces frères

et soeurs sont en bonne santé, et n'auraient pas eu de convul-

sions. - Dans le reste de la famille, rien il signaler, sauf une

petite cousine faible d'esprit, mais qui était cependant capable

de gagner sa vie. Aucun autre exemple de type mongolien.]

Pas de consanguinité, bien que le père et la mère soient

tous deux du Creuset. Inégalité d'âge de 7 ans (père plus

âgés Mariés : le père il 27 ans, la mère à. 20.

Neuf enfants, pas de fausses couches. Aucun des enfants

n'a eu de convulsions ni de chorée. 1° une fille, actuelle-

ment âgée de 31 ans, toujours très bien portante depuis sa

naissance, ainsi que ses trois enfants; - `Z un garçon 29 ans,

bien portant, de môme que sa fille ; - 3° un garçon, mort il

2 ans, de bronchite) ? ) ;4°un garçon, mort tuberculeux à20ans

n'avait jamais eu de santé; -- 5° un garçon, actuellement âgé

de 21 ans, soldat, très bien portant; - 6° un garçon, âgé de

18 ans, rien iL noter ; 7° une fille, morte en naissant ;

8° une fille, âgée de 13 ans 1/2, bien portante; - 90 la malade.

La malade.- Rien il signaler en ce qui concerne la con-

cep/io ? ! . Pendant la grossesse, vif ennui de la mère de se

l : i.'3 De quelques formes de nanisme.

voir encore enceinte : « J'étais vieille déjà, j'avais 42 ans et

une fille mariée, aussi j'étais vivement contrariée. J'ai pris

quelques tisanes, un peu de safran, mais rien ne l'a fait passer.

.le me faisais tellement d'ennui, que je me figurais que je

n'aurais pas un enfant comme il faut.» Rien autre à signaler

durant la grossesse. - Premiers mouvements de l'enfant vers

ix mois, semblables aux mouvements des autres enfants.-

Accouchement à terme, normal, par le sommet en 3 heures.-

A la naissance, pas d'asphyxie, pas de circulaire autour du

cou. L'enfant était assez grosse, elle pesait dans les 7 livres.

Elle a crié de suite.- Allaitement au sein, par la mère ; elle

a bien pris le sein.- Pas d'accès de cris. Elle était plus cal-

me que ses frères et soeurs. Sevrée h 18 mois.

Première dent vers 13 mois. La première dentition a été mau-

vaise. « Elle était en retard pour ses dents, par rapport à mes

autres enfants. Elle a été aussi plus tardive pour la marche qui

n'a eu lieu qu'iL 18 mois. Elle n'a été propre qu'à 2 ans 1/2, plus

tard que ses frères et soeurs ».-La parole a débuté à 15 mois,

son évolution a été très lente, il n'y a que 2 ans qu'elle a fait

des propres; elle a toujours mal prononcé, et sa voix est

enrouée.- Sa tête était petite il la naissance, mais les fonta-

nelles se seraient fermées comme chez ses frères et soeurs.

Jamais de convulsions.- C'est vers l'âge de 18 mois que la

mère a constaté que son enfant était en retard, « parce que je

ne voyais pas sa physionomie comme les autres, parce qu'elle

ne faisait pas attention. » Puis vers l'âge de 3 ou 4 ans, les

parents sont devenus inquiets de son état mental : l'enfant

était très propre, mais inintelligente.

Caractère doux, pas d'accès de colère. Pas de mauvais

instincts, elle n'est ni menteuse, ni gourmande, ni voleuse :

elle aurait plutôt peur du feu. Pas d'onanisme. «Elle sait,

bien quand elle fait mal. - Elle s'amuse le plus souvent,

comme un tout petit enfant, quelquefois cependant, comme un

enfant de son mais elle est plutôt bébé 1). - Elle sait

manger et s'habiller seule. - Elle n'a pas eu de vers. - Sen-

timents affectifs très développés : «elle esttrèsaffectueuse, si

on la gronde elle vous embrasse », elle est caressante pour

tout le monde.- Elle pleure facilement.- La mère ne peut

préciser l'époque à laquelle son attention s'est un peu fixée.-

i\Iise à l'école dans une petite pension, vers 8 ans, elle y resta

2 ans mais n'y apprit rien; elle ne retient rien et ne connait

même pas ses lettres. On la mit ensuite à l'école communale

où elle séjourna 6 mois; la maîtresse déclara qu'elle amusait

Nanisme mongolien. 153

plutôt les autres et n'apprenait rien, et c'est elle qui conseilla

de la placer pour l'améliorer.- L'enfant ne ressemble ni à

son père ni à sa mère.- Comme maladies infectieuses, elle

a eu : une bronchite ( ? ), la rougeole vers 2 ans 1/2, la coque-

luche vers 3 ans. Comme accidents scrofuleux, elle a eu un

abcès sur le côté droit du cou et de la hlcpharite : depuis l'âge

de 2 ans 912, elle a eu souvent mal aux yeux, ses yeux sont

presque toujours rouges, et les paupières sont collées, je les

soigne facilement. Mes autres enfants n'ont pas de plaques

rouges sur les joues.- A 6 ans, on lui enleva des végétations

adénoïdes, il y en avait peu, une seule opération suflit : « cela

ne lui a pas fait grand chose ». L'enfant n'a subi' aucun

traumatisme ni sévice.- La mère attribue l'état de son enfant

à ses ennuis durant sa grossesse.

État actuel (mai 1902). L'état général de l'enfant est mé-

diocre. Elle est maigre, et ne paraît pas avoir une bonne

santé. Elle tousse, et sa voix est voilée. - Elle présente au

premieraspectle type anongolieiabiennet(Fil.'t2). Lvphysio-

nomie est peu expressive ; le regard est sans expression ; l'en-

fant parait timide et baisse la tête dès qu'on lui parle. Les

pommettes et le menton sont très rougets. - Les cheveux sont

châtain clair. - Il existe de petite cicatrices sur le côté droit

du dos, à l'angle de l'omoplate.

Tête. Le crâne n'est nullement microcéphale ; ses deux

moitiés sont symétriques. Les fontanelles sont soudées. Le

visage est de forme ovale. Les yeux présentent assez nette-

ment la forme en amande, qui se rencontre dans la race

mongole. Ils sont petits. Il y a un très-léger degré de stra-

bisme. Il y a aussi une légère saillie du globe oculaire, qui

cependant est bien recouvert par la paupière supérieure.

Motilité normale ; pas de nystagmus. Iris bleu. L'enfant ne

connait pas les couleurs. Elle présente de la blépharite chro-

nique, - Le nez est gros et aplati. L'odorat semble ne pas

exister ( ? ). La bouche est petite. Lèvres assez grosses.

Langue grosse, mobile. Pas de malformations de la voûte

palatine. Amygdales peu développées. Goût normal ; l'en-

fant aime les choses sucrées. - Les maxillaires concordent

exactement. Ils présentent un rétrécissement latéral assez

prononcé. Les dents de lait ne sont pas encore complètement

tombées. Les arcades dentaires étant insuffisamment dévelop-

pées, toutes les dents sont très-serrées et chevauchent les

unes sur les autres. - Le menton est rond. - Les oreilles

154

DE QUELQUES FORMES DE nanisme.

ne présentent pas d'écoulement, le cérumen existe normale-

ment. Elles sont très-petites, trés-écartées du crâne ; rabat-

tues, repliées pour ainsi dire sur elles-mêmes. Pas de tubercule

de Darwin. Légère mobilité du pavillon, Oreille droite :

hauteur 4 cent., largeur 2 cent., hélix ourlé dans toute sa

longueur, haut surtout iL sa partie supérieure, entre laquelle

et la partie moyenne il y a même une légère dépression :

cavité de l'hélix très«profonde et se prolongeant jusqu'à l'inoi-

sure de la conque ; anthélix assez saillant, à branche supé-

rieure effacée ; fossette de l'anthélix large et plate ; conque

petite, triangulaire et très-profonde; conduit auditif externe

Fig, 42.

Nanisme mongolien.

155

très-petit ; tragus très-petit ; antitragus légèrement renversé

en dedans ; lobule mince, adhérent, à extrémité relevée.

(Fig. 43). Oreille gauche. Elle ne différe de la droite que par la

largeur, plus forte de 5 mil., et par l'hélix, ourlé largement

et plus régulièrement (Fig. 44). L'audition des bruits, des sons

musicaux et de la parole, est normale ; elle est la même des

deux côtés. L'attention auditive est naturelle. Mémoire audi-

tive iL peu près nulle. Pas d'écholalie. Aucune aptitude musi-

cale, mais l'enfant aime la musique et le chant.

, Membres supérieurs suffisamment développés. Mains assez

petites, rouges, rugueuses et froides. Doigts bien séparés,

Fig. 13. - Oreille mongolienne.

156

DE quelques formés DE nanisme.

un peu courts et boudinés. L'enfant metsouvent les doigts àsa

bouche, mais c'est une manie, il n'y a pas d'onychophagie.

Le sens du toucher existe, l'enfant sait distinguer un objet

poli d'un objet rugueux. (Fig. 45 j.

Membres inférieurs normaux. Pieds très-froids. Les extré-

mités ont un aspect rouge et rugueux. Réflexe rotulien nor-

mal. L'enfant marche bien, mais lentement. Elle ne court pas;

monte et descend seule un escalier, mais en s'appuyant

toujours à la rampe.

Thorax. - 58 cm. de circonférence au niveau du mamelon.

Rien à signaler à la colonne vertébrale. L'enfant tousse et,

Fig. 11. - Orei/l ! 1nollgo.'it ! 1l11e.

Nanisme mongolien.

157

à l'examen de la poitrine, on entend des râles de bronchite gé-

néralisée. la respiration est très-rude au sommet gauche.

Bruits du coeur normaux. -

Abdomen : 55 cm. de circonférence au niveau de l'ombilic.

Pas de hernie. Rien de spécial à signaler.

Organes génitaux et puberté. - Aisselles, thorax, glabres,

pas de seins. Ventre, fesses, pénil, glabres ; grandes lèvres

assez fortes, glabres; petites lèvres, clitoris, hymen, normaux;

périnée, anus, bras et avant-bras, cuisses et jambes, gla-

bres.

Examen fonctionnel. - L'enfant mange seule, se sert de

Fig. d5. - Main idiote.

158 DE QUELQUES FORMES DE nanisme.

la cuiller et de la fourchette ; a peu d'appétit, ne se montre

pas difficile. Mastication lente. Digestions bonnes, ni vomis-

sements, ni rumination ; selles régulières, pas de diarrhée ;

l'enfant est propre le jour, mais gâte toutes les nuits. La

voix est voilée; Mai... pousse souvent de petits cris inarticulés.

- La sensibilité généraleest normale.-Le sommeil est très-

lourd, sans cris ni cauchemars.

Dlaït.. est incapable de se laver seule, mais elle se laisse

laver facilement et ne craint pas l'eau ; elle est de même inca-

pable de s'habiller seule, de se lacer, de se boutonner, mais

elle s'y prête de bonne grâce. Elle ne pleure pas souvent, et

jamais sans motif ; au contraire, elle sourit souvent. Elle ne

crie pas, ne grince pas des dents, n'a pas de tics ; devient

rouge quand on lui fait un reproche, mais n'est pas coléreuse,

Elle est plutôt douce et craintive. Elle comprend toutes les

questions qu'on lui pose et y répond, mais ne peut tenir une

conversation. Elle est très affectueuse, aime beaucoup ses

parents auxquels elle fait bon accueil à leur arrivée. En

classe, elle se tient bien et est assez docile ; son attention est

assez facile à fixer ; elle connait quelques lettres.

L'enfant porte des cicatrices de vaccin, 3 il droite, 2 à gau-

che. - Les urines ne renferment ni sucre, ni albumine.

Poids, 19 kgr. - Taille, lm. 09cent. La température, prise

les 5 premiers jours de l'entrée, oscille entre 36°, 6 et 37,4 .

Traitement : sirop d'iodure de fer, hydrothérapie, gymnas-

tique, école. En outre, l'enfant est soumise au traitement

thyroïdien par la glande fraîche ; début le 20 mai ; 0 gr, 25

de glande tous les jours la 1,, semaine, 0 gr, 50 la 2e., 0 gr, 75

la 3 ; 1 gr. la 4e.

Juin. - Sous l'influence du traitement, l'enfant, dont on

prend le poids et la taille tous les 8 jours, a vu, dès la 1 ?

semaine, son poids diminuer, et dès la 3°, sa taille augmen-

ter. Sa température a trois fois atteint 38° et une fois 38°, 5 ;

elle se plaignait à ce moment d'avoir mal à la tête. Ni diarrhée,

ni vomissements, ni desquamation. Elle est très-altérée et

demande continuellement à boire. - Elle est très-affectueuse,

allant souvent auprès des infirmières pour se faire caresser.

Elle est très-contente de la visite de ses parents, mais elle

ne pleure pas en les quittant. Elle ne supporte pas très-bien

ses petites compagnes, dont elle se plaint souvent. Llle a

appris à s'habiller et se déshabiller presque seule. Mais elle a

la manie de se déshabiller quand elle est dans la cour. Elle

s'assied souvent les jambes croisées à la façon des tailleurs

Nanisme mongolien. ! 1 159

La gymnastique l'intéresse, mais elle n'est pas très-agile dans

ses mouvements. Elle s'est facilement acclimatée dans le ser-

vice, dont elle connait bien toutes les habitudes. Elle recon-

nait sa place partout, et s'y rend directement. En classe, elle

est attentive, connait maintenant très-bien ses lettres, et

commence à faire des bâtons sur l'ardoise. Elle semble nette-

ment susceptible d'amélioration.

20 août. - On cesse le traitement thyroïdien. Il a d'ailleurs

été très irrégulier, faute de glande, depuis le 1er juillet (11

jours seulement répartis dans le courant de juillet, et 7 en

août). A partir de la 2° quinzaine de juillet, le poids a non

seulement cessé de diminuer, mais a même augmenté, au-

jourd'hui le poids est : 18 k. 900 et la taille de lm IL L'enfant

a donc gagné 2 cent. en 3 mois. La température n'a dépassé

qu'une fois 38° ; elle est à peu près toujours au-dessus de 370.

26 août. - Revaccination sans succès.

3 octobre. - Stomatite, avec déchaussement des dents,

gencives saignantes, haleine fétide, salivation exagérée ; pas

de dysphagie, mais mastication presque impossible. - Gar-

garismes avec une solution de sublimé au 1/5000.

8 octobre. - Extraction, au maxillaire inférieur, de la

canine de lait droite et de la petite incisive latérale de lait

gauche.

1903. Juin, - L'enfant a passé tout l'hiver à l'infirmerie.

Elle a beaucoup toussé et craché, sa température était par-

fois élevée; elle mangeait peu et buvait beaucoup, surtout du

lait ; elle était toujours accroupie (Fig. 46) ; elle ne se relevait

que pour s'asseoir près de la cheminée, car elle aime beau-

coup la chaleur. Vu son état maladif, on la maintient à l'infir-

merie, bien qu'elle semble actuellement un peu mieux. D'elle-

même, elle descend quand il fait beau et va chercher les

rayons du soleil. Elle tousse moins, et mange assez bien,

mais reste délicate. En raison de son état maladif, elle n'a

pas été remise au traitement thyroïdien. Elle est toujours

très douce, très affectueuse, mais aussi très indolente, ne

faisant jamais un pas plus vite que l'autre. Elle s'habille et

se déshabille seule. Au point de vue intellectuel, état sta-

tionnaire. Aucun progrès' classique, l'enfant n'ayant pas

fréquenté l'école. - La radiographie, faite le 13 juin, montre

la persistance des cartilages épiphysaires.

Puberté et organes génitaux, aisselles glabres; thorax,

glabre à sa face antérieure, présentant un duvet à sa face

postérieure ; pas de seins. Aisselles, ventre, fesses, pénil

160 De quelques formes de nanisme.

glabres. Grandes lèvres pigmentées, la gauche plus épaisse;

petites lèvres, très peu développées ; clitoris très gros, recou-

vert par un capuchon extrêmement développé, qui fait une

forte saillie hors des grandes lèvres; orifice de l'hymen très

large admettant l'extrémité du petit doigt ; colonne antérieure

du vagin fortement saillante ; périnée et anus glabres, très

pigmentés.

Décembie. Mail ? toujours chétive, n'a pas quitté l'in-

firmerie, mais elle reste levée, et dès qu'il fait un peu de

soleil demande à descendre au jardin, d'où elle remonte

d'elle-même sitôt qu'elle sent le froid. Elle a de temps en

.16. - : lllilu.ir en ? il/CIt1.,

Nanisme mongolien. 161

temps des poussées de fièvre, et souvent de la diarrhée; elle

mange peu. mais digère bien. - Elle est toujours douce, et

cherche à se rendre utile, en habillant les plus petites qu'el-

le, les faisant asseoir à table, etc. Au point de vue intellec-

tuel, état stationnaire. Elle n'a pas fréquenté l'école, elle

pleure quand on veut l'y envoyer. - Huile de foie de morue,

sirop d'iodure de fer ; gymnastique, école dans la mesure du

possible.

1904. 2 mars. - L'enfant se plaint énormément de la tête

et elle a des vomissements très fréquents, d'abord alimen-

taires, puis verdâtres ; elle ne garde absolument rien.Tem-

pérature 3 i°,9 ; le soir, 40°, 2.

3 mars Les vomissements ont été moins fréquents la

nuit ; mais franchement verts. La céphalalgie a disparu.

Mais l'enfant se plaint de souffrir du ventre. Les selles sont

normales, plutôt abondantes comme elles le sont d'habitude.

Les vomissements ont cessé. T. lt. 38°,G. L'examen de l'abdo-

men est négatif : palpation et percussion, peu douloureuses, né

révélant ni empâtement ni matité; pas de douleur à la décom-

pression brusque.

L'enfant tousse un peu ; l'auscultation révèle des râles

humides au sommet gauche. Le pouls est bon. - Cataplas-

mes émollients sur le ventre ; cataplasme sinapisé sur le pou-

mon gauche; glace, si les vomissements reparaissent. - Le

soir, 40°,5.

4 mars. L'enfant a dormi jusqu'à 4 h. du matin. A ce

moment elle se plaint énormément du ventre, et les vomis-

sements recommencent. Ils se répètent fréquemment, mais

sont peu abondants, tantôt verts, tantôt et plus souvent noi-

râtres. Plusieurs selles, matières vertes et noires. T.12. 31l,7 7

La soif est vive. Il y a de la douleur vive du ventre à la pal-

pation. Les selles du matin, mélangées de vert et de noir,

sont peu à peu remplacées par d'autres, très fréquentes aus-

si, mais formées seulement de quelques glaires. Les vomis-

sements cessent, mais la soif reste vive. L'enfant est très

abattue, et sa physionomie exprime la souffrance. Son visage

dont, il l'ordinaire, les pommettes et le menton sont très 1'01(-

ges, est pâle et violacé ; les lèvres sont cyanosées. Mais la

respiration est normale, et l'enfant parle bien. La tempéra-

ture atteignant vers le soir 40°,4, bain à 32°, elle tombe à 39°

5. A 8 h. du soir, l'enfant meurt brusquement, sans cris

ni râles, sans secousses.

Bourneville, Bicêtre, 1903. 11 I

162

De quelques formes de nanisme.

Nanisme mongolien. 163

Autopsie, faite le 6 mars -1904 à 10 heures du matin, soit

38 heures après dècès. (.'ou. - Persistance du thymus ,15 r.).

Rien de particulier au corps thyroïde (7gr..) Thorax. Adhé-

rences très résistantes de la plèvre gauche avec la paroi thora-

cique et le diaphragme. Très peu d'adhérences de la plèvre

droite. Poumon gauche beaucoup plus petit que le droit, sclé-

rosé et présentant dans sa partie supérieure des tubercules

disséminés. - Poumon droit volumineux, fortement conges-

tionné surtout à sa base : pas de tubercules. Dans la cavité

péricardique, un peu de liquide clair. Coeur : pas de persis-

tance du trou de Botal ; pas de lésions des orifices auriculo-

ventriculaires ni de l'orifice pulmonaire ; valves de l'orifice

aortique épaisses, de consistance cartilagineuse, et présen-

tant à leur surface externe de petites végétations miliaires

de couleur feuille-morte. - Gang-lions médiastinaux et péri-

bronchiques volumineux.

Abdomen, - Aucune lésion de l'estomac. Rien dans l'in-

testin grêle ni le gros intestin ; rien non plus du côté de l'ap-

pendice, qui est très-long. - Foie légèrement congestionné,

pas dur. Rien de particulier il la rate, qui est un peu dif11u-

ente, ni au pancréas. Reins congestionnés, se décortiquant

facilement, présentant par places de nombreuses étoiles vas-

culaires à leur surface; en outre, sur le rein droit, des suffu-

sions sanguines et, à la coupe, des traces d'infarctus. Capsules

surrénales volumineuses. Rien du côté des organes génitaux

ni de la vessie. Nombreux ganglions mésentériques. Grand

épiploon épais, volumineux, adhérent aux anses intestinales,

mais ne présentant pas de tubercules Dans le petit bassin,

épanchement purulent (une cuillerée environ).

Tête. - Cuir chevelu, maigre, pâle. - Calotte crânienne

mince, un. peu trigonocéphale ; persistance complète des

sutures y compris la suture metopiljtw, nombreuses plaques

transparentes, os épactal très large. Apophyse crista-galli

toute petite, triangulaire. - Très peu de liquide cépha-

lo-rachidien. Un peu de sang fluide dans les sinus de

la dure-mère. Vasculnrisalion asse : fine de la pie-mère sur

toute la surface des hémisphères, ainsi que sur le cervelet.

Pas de granulations miliaires.

Glande pituitaire à peu près normale, un peu pâle. Nerfs

etartèresdela base de l'encéphale, symétriques. Légère adhé-

rence du tiers postérieur de la face interne des lobes fron-

taux. Plexus choroïdes ricn de particulier, non plus que le

bulbe et la protubérance.

164 DE quelques formes de nanisme.

Hémisphère droit. - Pie-mère peut-être un peu épaissie,

se détachant en général facilement; mais il y a des adhéren-

ces au niveau du pli pariétal inférieur, du pli courbe, de T et,

de T-; quelques petites adhérences sur la circonvolution de'

l'hippocampe et la première frontale; sur la face interne, le

lobe frontal est absolument intact. - Corps calleux, corps

strié, couche optique et corne d'Ammon, n'offrant rien de

particulier. - Les circonvolutions frontales, et les circonvo-

lutions.en arrière de P A sont un peu grêles. La frontale et

la pariétale ascendantes sont assez développées, ainsi que le

lobe temporalen entier. Les sillons sont peu profonds (Fig. 47

et 48.

Hémisphère gauche : conservé pour l'examen histologique.

(Voir plus loin).

Poids des organes.

Bicêtre, 1903. Pi.. LI.

Bicêtre, 1903, PL. III.

Nanisme mongolien. 167

tante. Dans les deux familles, d'ailleurs, aucun autre

exemple de type mongolien.

II. Mais il importe de signaler plusieurs particula-

rités, très fréquemment notées chez les mongoliens.

Tout d'abord, la malade est née de parents déjà un

peu âgés (la mère avait 42 ans, le père 49), et ayant

entre eux une assez grande différence d'âge (7 ans).

Déplus, elle était la dernière d'une famille (9 enfants).

A signaler également un autre fait des plus fréquents,

à savoir la tuberculose familiale : un frère est mort

tuberculeux, c'est également à la tuberculose qu'a

succombé la malade. Notons d'autre part le très-vif

ennui de la mère de se trouver enceinte.

III. L'évolution de l'enfant, aux points de vue phy-

sique et intellectuel, a été lente et retardataire en

tous points (dentition, marche, propreté, parole), et

cela, pourrait-on dire, dès la vie '1*7-tlïa-ut( ? i-ine, les

premiers mouvements f m taux n'ayant été perçus par

la mère que vers 6 mois. La parole surtout a progressé

très lentement, elle a toujours été imparfaite.

La grande douceur du caractère, le calme, le déve-

loppement des sentiments affectifs, le goût pour la

musique (sans aptitude musicale d'ailleurs), tous

caractères signalés par l'un de nous, chez la plupart

des mongoliens, ont été notés dès le plus jeune âge.

Comme eux, elle rentrait dans la classe des imbéciles.

Elle présentait la plupart des caractères physiques

du type mongolien : rougeur des pommettes, du nez

et du menton, yeux petits, en amande, avec très léger

strabisme, blépharite chronique dès la naissance, nez

aplati, grosse langue, rétrécissement transversal des

maxillaires, oreilles très petites et très écartées du

crâne, avec légère mobilité du pavillon, extrémités

froides, habitude de s'accroupir a la façon des tailleurs,

16S DE QUELQUES FORMES DE nanisme.

accidents scrofuleux divers; enfin, comme la plupart

des mongoliens, elle était atteinte de tuberculose

pulmonaire.

IV. Le traitement thyroïdien par la glande fraiche

et le traitement médico-pédagogique, aussitôt insti-

tués, ont amené rapidement un accroissement de la

taille (2 cent. en 3 mois) et une amélioration nette au

point de vue intellectuel. Les accidents pulmonaires

et péritonéaux nous ont empêché de reprendre le trai-

tement thyroïdien.

V. A signaler M'autopsie la persistance du thymus,

si fréquente chez les enfants anormaux, la tuberculose

du poumon et des ganglions trachéo-bronchiques,

la péritonite purulente; du côté du crâne et du cer-

veau : la persistance des sutures, y compris la suture

métopique, la présence de l'os épactal, la vasculari-

sation de la pie-mère sur les hémisphères elle cerve-

let, mais sans granulations tuberculeuses; sur

l'hémisphère droit (le gauche a été réservé pour

l'examen histologique), des adhérences de la pie-mère

surtout au niveau du pli pariétal inférieur, du pli

courbe, de T1 et de T2, et un peu sur la première

frontale; la gracilité des circonvolutions frontales ; le

peu do profondeur des sillons ; en somme, de la ménin-

go-encéphalite, prédominant sur les lobes temporal et

pariétal.

Si l'enfant, par certains caractères, voix enrouée,

froideur des extrémités, lenteur des mouvements,

goût prononcé pour la chaleur, se rapprochait des

myxoedémateuscs, elle s'en distinguait nettement par

sa physionomie, par ses habitudes, par son caractère,

par l'absence de pseudo-lipomes, d'obésité, de défor-

mations rachitiques, de hernies, par l'existence chez

elle de la glande thyroïde, absente chez les myxoedé-

Nanisme MONGOLIEN. 169

mateux, et aussi par son amélioration plus facile par

le traitement médico-pédagogique en dehors d'un

traitement thyroïdien sérieux.

MM. Philippe et Oberthuront bien voulu nous remettre

déjà deux notes sur l'examen histologique du cerveau

et de ses enveloppes dans quatre autres cas d'idiotie

mongolienne. [Compte rendu de 1901, p. 148 et de

1902, p. 19). M. Oberthur a fait l'examen histologique

du cerveau de la malade Mait.. dont nous venons de

rapporter l'histoire. Il y a joint celui de deux autres

malades, Yuan den Cast... et Breg.. De plus, en rai-

son de l'arrêt de la croissance, d'une sorte d'état

semi-cachectique des Mongoliens, nous avons demandé

à M. Oberthur de bien vouloir examiner la glande thy-

roïde des deux derniers malades. C'était une excellente

idée, ainsi qu'on le verra en lisant la très intéressante

note de M. Oberthur. Les lésions histologiques qu'il a

constatées justifient, comme nous l'avons déjà dit, l'ap-

plication du traitement thyroïdien (1).

Examen histologique de trois cerveaux d'idiots du type Mongolien

et du corps thyroïde de deux de ces malades ;

Par le D' 011TItTIIi'It.

(Les cerveaux examinés sont ceux de Maîtr., Van de

Cast... avec leur corps thyroïde et de Brég..). Nous

commençons par le cas de llnrr..

Cerveau.

Les coupes ont été pratiquées sur de nombreux frag-

ments prélevés, dans toutes les régions importantes de

(1) Nous publierons plus tard les observations de Van de

Cast... et de Brég... '

170 De quelques formes de nanisme.

l'écorce du cel'veou. Fixation à l'alcool et au liquide de^

Millier, inclusion à la celloidine, coloration par la mëtho-a

de de Nissl, de Weigert-Pal, le carmin et le Van Giesen,

1 'hématoxiline-éosine.

Sur toutes les coupes, à tous les niveaux, on constate

que les circonvolutions présentent un épaississement nota-

])le, sans infiltration de la couche sous-pic-mérienne, une

diminution du reste de la circonvolution portant aussi

bien sur le centre ovale que sur la substance grise. Bien

que la substance blanche soit riche en vaisseaux, un peu

tassée et renferme de nombreux noyaux névrogliques, on

ne peut cependant pas dire qu'il s'agisse de sclérose

atrophique au sens habituel du mot.

Nous insisterons également sur l'existence d'uneménin-

gite assez particulière. La pie-mère est légèrement épais-

sie et riche en noyaux conjonctifs dans la portion en

rapport avec la surface libre des circonvolutions, mais

elle n'est nullement adhérente. Au contraire, dans l'inté-

rieur des scissures, et, principalement à l'entrée de celles-

ci, on voit la pie mère se souder intimement à la couche

nerveuse sous-jacente, en envoyant des prolongements

conjonctifs fins, qui, sous forme de pinceaux, viennent se

mettre en rapport avec de nombreuses fibrilles névrogli-

ques hypertrophiées. Il n'est pas rare d'observer en ces

points d'intéressantes modifications de la zone sous-pie-

mérienne, lesquelles consistent en la formation d'élevures

ou bien d'ulcérations, de ramollissement, qui sont le

premier stade d'un état très fréquent dans les méningo-

encéphalites plus grossières, et que l'on pourrait appeler

très justement une méningite ulcéreuse ou clissécazte.

La topographie de l'adhérence méningée est doc icin

sensiblement le contraire de ce que l'on a coutume de

décrire dans la paralysie générale, où, l'adhérence ménin-

gée est à son maximum sur la face libre des circonvolu-

tions.

Les modifications cellulaires sont identiques comme

nature il tous les niveaux, avec maximum cependant au

niveau du pli courbe, des circonvolutions frontales et

pariétales supérieures, du lobule paracentral. Elles sont

Nanisme mongolien. 171 1

au contraire un peu moins accentuées vers les circonvo-

lutions frontales inférieures, temporales et occipitales.

Agencement des couches cellulaires. Celles-ci, dans

leur ensemble, sont moins épaisses que normalement. En

certains points il se produit un véritable tassement, qui

à première vue ferait croire il une quantité normale d'é-

léments. En réalité, le nombre de ceux-ci est très diminué

et cette raréfaction est surtout appréciable pour les cellu-

les pyramidales, grandes, moyennes et petites. La dis-

position des colonnes cellulaires est assez régulière.

La caractéristique est avant tout qu'un grand nombre

de cellules nerveuses se rencontrent éparses et à une très

grande distance dans l'intérieur du centre ovale de la

circonvolution.

Altérations histologiques de la cellule nerveuse. -

On ne trouve pour ainsi dire pas une cellule normale.

La plupart des lésions sont d'ordre subaigu et chroni-

que. Quelques éléments sont hypertrophiés et globuleux

et renferment de nombreuses vacuoles. De ci, de là, on

rencontre une cellule à noyau bilobé ou à deux noyaux,

mais de tous les types lésionnels, le plus fréquent est le

suivant : cellulle atrophiée, pouvant aller jusqu'à la sclé-

rose cellulaire complète avec calcification, état chromophi-

le, état poussiéreux, des éléments chromatophiles, homo-

généisation, sur coloration du noyau, plissement de sa

membrane nucléaire, disparition du nucléole. Souvent

aussi on voit le corps cellulaire se désagréger (désintégra-

tion moléculaire), le noyau restant coloré et bien indivi-

dualisé.

L'aspect de la régression neurol>lastique est aussi très

fréquent. Les éléments nerveux sont enveloppés de cel-

lules névrogliques nombreuses et de toute dimension

(neuronophagie). Les grandes cellules pyramidales, étu-

diées surtout au niveau du lobule paracentral et du cuneus

montrent encore plus nettement les types lésionnels dont

nons venons de parler. Certains points de la région en

sont pour ainsi dire lavés, formant ainsi une zone claire

172 DE quelques formes DE nanisme.

appréciable avec un faible grossissement. Ailleurs leur

nombre est presque normal.

Les grandes pyramidales, bien que peu abondantes et

peu riches en prolongements protoplasmiques, sont géné-

ralement de bonne dimension. Leur noyau est clair, bien-

central, leur nucléole limité ; la substance tigroïde est

très visible, non chromatolysée, moins abondante seule-

ment que chez les sujets sains. Nulle part il n'y a d'atro-

phie pigmentaire

Les fibres à myéline sont grêles. Les trousseaux de

fibres radiaires, de même que les divers réseaux d'asso-

ciation sous ou intra-corticaux, sont très visibles mais

assez clairsemés. Le réseau d'Exner lui-même est très

nettement visible bien que peu fourni.

Les vaisseaux, assez nombreux dans la substance blan-

che, montrent une sclérose périvasculaire légère, et la

prolifération des noyaux névrogliques dans leur voisinage

est manifeste.

II. VAN de CAST. - La technique employée a été la

même que pour le cas précédent.

Cerveau.

Les lésions encéphaliques sont exactement superposa-

bles à celles rencontrées chez.Maît... A peine trouve-t-on

quelques différences d'intensité. La méningite est iden-

tique comme localisation et comme lésions ; même pie-

mérite avec symphyses locales et ulcérations sous-jacen-

tes. Ici cependant les lésions sont plus accusées, surtout

au niveau du pli courbe et du lobule paracentral, les

adhérences sont plus intimes et la pénétration plus pro-

fonde.

Les altérations des cellules pyramidales de l'écorce

sont par contre moindres. A côté de nombreuses cellules

en voie d'atrophie ou d'homogénéisation,on renconte quel-

ques cellules à noyau clair, arrondi avec un nucléole cen-

tral et réfringent, et quelques éléments chromatophiles

encore visibles.

Comme dans le cas précédent, il y a raréfaction des

Nanisme MONGOLIEN. 173

éléments et l'on peut voir un grand nombre de cellules

polymorphes en plein centre ovale. Somme toute, les

modifications histologiques des cellules nerveuses sem-

blent calquées sur le cas précédent.

Ce qui a été dit pour les réseaux myéliniques du cas

«Mait.. » peut également s'appliquer point par point à

celui-ci..

Les noyaux névrogliques sont abondants tant autour

des cellules nerveuses que dans le centre ovale, dont

l'atrophie scléreuse est encore plus accusée que précé-

demment.

Ici, nous trouvons le paroi des vaisseaux moins saine,

souvent nettement sclérosée et cette sclérose s'étend en

îlot autour des vaisseaux (1).

Corps thyroïde.

A première vue, la constitution générale de cette glande

semble respectée. Toutefois, si l'on prête un peu d'atten-

tion, on ne tarde pas à s'apercevoir que, si les vésicules

ne sont pas altérées histologiquement, si leur contenu

colloïde et cellulaire est conforme au type normal, le

nombre de vésicules grandes et moyennes est très infé-

rieur à ce que l'on rencontre d'habitude, les lobules sont

beaucoup moins étendus. Mais, il y a d'autres caractéris-

tiques plus importantes : nous les trouvons dans le tissu

interstitiel. Les travées sont hypertrophiées, les vaisseaux

sont sclérosés, épaissis ; de ci, de là, on rencontre quelques

hemorrhagies interstitielles, un peu de pigment, une

certaine infiltration de graisse. La capsule est également

très hypertrophiée.

En somme, il y a des modifications du tissu thyroïdien

qui, bien que légères, sont suffisantes pour affirmer un

état pathologique.

UI.BREG... -(Mêmes techniques que pour les deux

cas précédents.

(II L'accentuation des lésions peut être due à l'âge : Mait..

avait 12 ans et demie, Van don Casti... 20 ans.

174 De quelques FORMES de nanisme.

Cerveau.

Les lésions de ce cas s'éloignent un peu de celles des

deux cas précédemment décrits. Sans doute, il y a de

nombreuses analogies, mais ici les phénomènes sont sur-

tout d'ordre agénésique ou dysgénésique. On ne peut

dire ici qu'il s'agisse de phénomènes de méningo-encé-

phalite au sens habituel du mot.

La réaction méningée est extrêmement légère. Nulle

part on ne peut constater d'adhérences, d'ulcérations de

la couche sous-pie-mèrienne ; à peine peut-on dire qu'il y

a un léger épaississement de la pie-mère.

Du côté des cellules nerveuses de l'écorce, ce qui frap-

pe, à première vue, c'est l'extrême pauvreté des couches.

Leur épaisseur est normale; en aucun point les cellules

n'envahissent la substance blanche, mais elles sont très

éloignées les unes des autres et ceci dans tous les points

de l'écorce.

Leurs dimensions et leurs réactions colorantes sont t

pour la plupart de ces éléments, très voisines de la nor-

male ; pas d hyperchromie, ni d'état chromophile. Très

peu sont atrophiées ou en voie d'homogénéisation ou en

train de subir la transformation scléreusc. Il n'en existe

pas moins un certain degré de neuronopluyic et la

désiatégration moléculaire avec Zellschwnnd est loin

d'être une exception.

Dans aucune de ces cellules, il n'a été possible, de ren-

contrer un noyau clair, ni une apparence normale des

éléments chromatophilcs.

Quelques-unes sont très vacuolaires, évoluent vers la

Zellschwîcnd, mais la plupart répondent au type de l'atro-

phie avec chromatolyse et homogénéisation du noyau. La

plupart d'entre elles ont perdu tous leurs prolongements

protoplasmiques.

PllBr ? S à myéline. Celles-ci, comme nous l'avions déjà

trouvé dans des examens antérieurs, présentent des phé-

nomènes dystrophiques manifestes (1) ; la gaine de myé-

(1) Voir les Comptes-rendus de Bicêtre pour 1901 et 1 ! ;02.

Nanisme mongolien. 175

linc est inégale, partout très mince, fibres excessivement

fines. Mais les phénomènes dysgénétiques ne sont pas

tout, il existe une disparition par places, en aires, au pro-

rata de la disparition cellulaire, des fibres à myéline. Les

fibres radiaires sont, somme toute, assez bien fournies,

mais les réseaux d'association intra-corticaux, les fibres

tangentielles ont infiniment plus souffert, et cette raréfac-

tion est plus sensible pour les couches profondes cle l'é-

corce que pour le réseau d'Exner.

Vaisseaux, névrog-lie. - Pas de lésions typiques des

parois vasculaires ; celles-ci sont plutôt minces, d'aspect

hyalin, sans infiltration ; il y a une prolifération apparen-

te dans le centre ovale des circonvolutions. Cet aspect est

dû surtout au tassement de la substance nerveuse. Les

éléments névrogliques, sauf au voisinage immédiat des

méninges, ne sont nullement hypertrophiés, pas de cellules

névrogliques géantes, comme dans certaines encéphalo-

pathies scléreuses. Il existe simplement une prolifération

moyenne des noyaux névrogliques. '

Corps thyroïde.

Le corps thyroïde est extrêmement altéré dans tous ses

éléments. La substance colloïde dans presque toutes les

vésicules est presque complètement remplacée par des

éléments cellulaires, provenant de l'épithélium glandulai-

re ; la vésicule en est complètement obstruée. Les travées

sont extrêmement épaissies, infiltrées d'éléments conjonc-

tifs jeunes ; quelques points présentent de nombreuses

vésicules adipeuses. La capsule est aussi extrêmement

épaissie. En somme il y a une thyroïdite scléreuse très

intense (1).

il) Aux Indications bibliographiques que nous avons données,

à la fin de nos précédents travaux, nous ajouterons la suivante :

Fennell (C.-11.), Mongolian Imbecility, avec discussion à laquelle

ont pris part I letcler Beach, Andriersen, Morrison. Robert

Jones, Mort. Lloteria. or. mental Science, Jan. 1904, p. 32).

176 De quelques FORMES DE nanisme.

§ VI. - Nanisme myxoedémateux infantile ;

Par

La description que nous avons tracée tant de fois déjà

du myxoedème infantile est trop connue pour que nous la

donnions de nouveau dans ce travail que nous avons

hâte de terminer. Nous ne rappellerons pas non plus

tous les cas de myxoedème infantile traités dans notre

service ou à notre consultation par la glande thyroïde.

Nous nous bornerons à résumer, à titre de spécimen, le

traitement d'une malade dont l'observation complète sera

publiée ultérieurement.

OBS. LVIII. - Idiotie D1YX0 : 1)ÉTfATI : USI. infantile.

Ilarb... (Blanche), née à Paris le 18 octobre 1897, est en-

trée à la Fondation Vallée le 2 mai 190 ? >.

SOMMAIRE. - Père et grand-père maternel, excès de boisson. -

Oncle paternel mort tuberculeux. - G ? aibd'la21te paternelle

aliénée. - Mère morte tuberculeuse. - Grand'mère maternelle

morte d'un cancer utérin. Soeur arriérée ; autre soew' morte

de convulsions. - Pas de consanguinité. - Inégalité d'« ge de

2 ans (Père plus âgé).

Conception dans l'il'J'esse. - Renseignements insuffisants sur la

grossesse. - Croup, rougeole, coqueluche, de 2 ans 1/2 à 5 ans.

- Jamais de convulsions. - Marche, propreté, parole, nulles ci

l'entrée. - Signes classiques du MYXOEDÈME infantile (Fig. 47,

48 et 49).

Traitement thyroïdien (1902-1904) : amélioration considérable.

13... , 4 ans 1/2, mesure 74 cent., soit 20 cent. 4 au-des-

sous dela taille moyenne à son âge. Elle pèse 11 kil. 700,

soit 2 kil. 740 au-dessous du poids moyen à son âge.

1902. Premier traitement du 12 mai au 31 août 1902.

Glande thyroïde fraîche du mouton : 0 gr. 25 tous les 2 jours

jusqu'au 31 mai, puis tous les jours jusqu'au 1 CI' juillet. De

là au 31 août, la glande n'a été donnée que 28 fois, faute d'ap-

provisionnement.

Nanisme MYXOEDÉMATEUX infantile.

177

1903. Second traitement du 2 janvier. au 31 mars.

Glande, 0 gr. 25 du 2 au 10 janvier ; Ogr. 50 du il au 20

Bourneville, Bicêtre. t'-)03.

1

fin. 47, - Harb..., à .1 ans lit (mai 1902.)

178

De quelques formés DE NANISME.

janv., puisO gr. 75, 1 gr. jusqu'au 10févier. Alors élévation

de la T. R. à 40°5 : suspension jusqu'au 19 fév. La glande

Fig.4S ? llarb..., 4. ana 1/2 (mai 19J2)..

Nanisme MYXOEDÉMATEUX infantile.

179

est reprise : 0 gr. 25, 0 gr. 50, 0 gr. 75, un gramme jusqu'au

20 mars, 1 gr. 25 jusqu'au 31 mars.

Fig. 49. 1

1 ! SU De quelques formes de nanisme.

NANISME DIPLIGIQUE.

181

centimètres, c'est-à-dire que sa croissance a été celle

de cet âge (0 m. 05).

. De 5 à 6 ans (1903), elle a gagné huit centimètres. Sa

croissance été plus forte que la croissance normale, qui

est de 5 cent. 7.

De 6 à.7 7 ans et demi, cinq premiers mois de 1904, elle a

gagné trois centimètres,tandis que l'accroissement nor- -

Fig.60. - Idiots diplégiques.

182

De quelques formes de nanisme.

mal pour le même laps de temps n'est que de 23 millimè-

tres.

En résumé,liir. n'est plus au- dessous de la taille moyen-

ne à son âge (6 ans 1/2) que de treize centimètres 9, tan-

dis qu'avant le traitement, comme nous l'avons dit, elle

était de vingt centimètres 4. Quant au poids. il est de 18

kilogr. 500 (fin mai) dépassant d'un kilogr. 250 le poids

moyen à son âge.

VII. Nanisme diplégique.

Il est un groupe de nains que nous ne ferons que men-

tionner, car nous ne les avons pas encore soumis au

traitement thyroïdien.Il s'agit d'enfants atteints d'idiotie

compliquée de diplégie. Les deux frères Lecl., dont nous

avons publié l'observation avec notre interne, M. le Dr

Crouzon,dans le ^Progrès médical (1901, p. 273) et dans le

Compte-rendu de Bicêtre de 1902 (p. 232),sont deux beaux

exemples de cette forme de nanisme.

Lecl...(René),à 14 ans, mesurait un mètre, soit quarante-

sept centimètres en moins de la taille à son âge (d'après

Quetelet). Lecl... (André), à 16 ans, avait cinquante-

deux centimètres au-dessous de la taille moyenne à son

Ùge (Fig. 43.)

Voici un tableau qui ne laisse aucun doute sur la réa-

lité du nanisme chez des idiots diplégiques.

Nains diplégiques.

Traitement thyroïdien, 183

Bien des particularités d'un réel intérêt seraient il re-

lever dans les observations qui précèdent. Nous nous

bornerons à celles qui concernent le traitement.

Traitement thyroïdien.

Indications générales. - La constatation que l'i-

diotie myxcrdémateuse infantile reconnaissait pour

cause l'absence de la glande thyroïde (1) et peu après la

découverte de l'opothérapie ont conduit à employer la

glande thyroïde dans les cas de myxoedème infantile. L'ex-

périmentation a pleinement réussi : la nutrition géné-

rale a été transformée, l'intelligence s'est éveillée, la

croissance, arrêtée, s'est accrue, a repris sa marche

physiologique; l'adipose, exagérée, s'est considérable-

ment atténuée ou a disparu. De là est venue naturelle-

ment l'idée que nous avons largement propagée

de recourir au traitement thyroïdien dans le cas où il y

avait un arrêt de développement ou du nanisme, ou en-

core une adipose considérable ou del'OBr ? SITI : . Le succès

a justifié l'entreprise, ainsi que le prouvent les nom-

breuses observations que nous avons rapportées et aux-

quelles nous aurions pu en ajouter beaucoup d'autres.

Dans les formes de nanisme, le nanisme myxoedéma-

teux mis de côté où l'indication est formelle, dont nous

avons parlé, y a-t-il des lésions de la glande thyroïde ? ' ?

Cela est possible, vraisemblable même. En tout cas,cela

parait vrai pour le nanisme mongolien. Le lymphatisme,

l'aspect demi-cachectique, l'exiguïté de la taille de ces

malades, nous ont inspiré l'idée de faire pratiquer l'exa-

men histologique de leur glande thyroïde. Cet examen

a été tout à fait démonstratif : chez eux, la glande thy-

roïde est le siège de lésions parfaitement caractérisées.

Dès que l'occasion nous en sera fournie, nous ferons

faire les mêmes recherches sur la glande thyroïde de

(1) Voir, dans le t. XIV, p. 125, 1903, desArch. de neurologie,

la Bibliographie de nos publications sur le myxoedème infantile.

Cette bibliographie figure aussi dans le Compte-rendu de Bicêtre

pour 1902, p. 131. Les Comptes-rendus de Bicètre contiennent un

certain nombre d'observations des autres formes de nanisme. Signa-

Ions, entre autres, le cas de Rich ? atteint de nanisme et d'obésité

(1895, p. 126 et 1903), etc.

184 £ De quelques formes de nanisme.

nos malades atteints de nanisme polysarcique, de na-

nisme simple et d'obésité sans défaut de croissance

Modes de préparation et d'administration. - Nous

avons eu recours surtout à la glande thyroïde fraîche

du mouton hachée menu et mêlée soit du bouillon, soit

à un peu de confitures. En été, nous conservons la glan-

de, qui s'altère facilement, dans un ilacon bien bouché,

contenant une couche d'acide borique cristallisé ou de

sel marin.

Les doses ont varié de 0 gr. 25 à 1 gr. 75. Nous aug-

mentons la dose de 25 centigr. par périodes plus ou moins

longues, selon l'âge des malades, les diminuant si l'en-

fant avait au-dessus de 10 ans, les allongeant pour les

plus jeunes. D'autres fois, surtout en ville, nous avons

prescritla glande thyroïde en capsules, en sphérulines,

en tablettes (1).

Nous avons l'habitude de donner la glande pendant

trois mois, de suspendre pendant 2 ou 3 mois et de re-

commencer.

Pour éviter des accidents, nous surveillons le pouls

et nous prenons régulièrement la température rectale

matin et soir, et, dès qu'elle dépasse 38°, nous suppri-

mons le médicament qui est repris quelques jours

après. Mieux vaut avoir des résultats plus lents, moins

brillants, que d'avoir des accidents.

Pour nous assurer des résultats, nous notons le poids

et la taille, et nous faisons photographier de temps en

temps les malades. En cas d'amaigrissement trop rapide,

nous arrêtons le traitement (2). C'est grâce ces pré-

cautions que nous n'avons jamais eu à enregistrer d'ac-

cidents. Nous ne saurions trop engager nos lecteurs à

procéder de même. kil>

(1) Depuis quelque temps l'Administration faisant fabriquer des

capsules de glande thyroïde, nous les prescrivons quand l'appro-

visionnement de glande fraîche manque ou est insuffisant. Nous

ne saurions trop fortement conseiller aux médecins qui prescrivent

la glande thyroïde fraîche de bien s'assurer que les bouchers ne

fournissent pas, à sa place,des ganglions ou des glandes salivaires.

Les capsules des hôpitaux contiennent dix centigr. de glande thy-

roïde fraîche, qui est ensuite desséchée aune température de 40°

à 50°, après mélange intime avec de la poudre de charbon végétal.

(2) Par suite de l'amaigrissement, les parents s'inquiètent quel-

quefois et on est obligé de suspendre.

Traitement thyroïdien. IS : )

Avant la découverte de la radiographie, nous ne nous

expliquions pas pourquoi, chez certains malades, la taille

restait stationnaire. Depuis, nous nous en sommes

rendu compte en constatant que les cartilages épiphy-

saires étaient soudés,même chez des jeunes malades,dont

l'âge n'aurait pu le faire soupçonner. Aussi,maintenant,

avant d'instituer un traitement inutile, faisons-nous

radiographier les genoux des enfants (1). Lorsque,

après des traitements fructueux, nous voyons le dernier

traitement ne plus agir, nous faisons radiographier de

nouveau le sujet, l'ossification des cartilages nous en

fournit l'explication.

Résumé des effets thérapeutiques dans deux des catégories

de nains. - Les myxoedémateux infantiles sont ceux qui

bénéficient le plus et toujours du traitement thyroïdien.

La nutrition - et nous avons été l'un des premiers, si-

non le premier, à relever ce point - est profondément

améliorée, tous les organes, toutes les fonctions en bé-

néficient : l'intelligence s'éveille, le système musculaire,

le système osseux (2) se développent, l'infiltration grais-

seuse disparaît, la peau et la sécrétion cutanéedeviennent

normales ; la respiration, la circulation se régularisent;

la bouffissure de la face, des mains et des pieds s'efface.

Le système pileux s'accuse progressivement,la menstrua-

tion apparaît (3). En un mot, l'organisme tout entier évo-

lue vers un état physiologique qui rapproche l'enfant

myxoedémateux de 1 enfant normal, d'autant plus que le

traitement a été appliqué à un âge moins avancé. Aussi,

(1) Les radiographies sont faites au Laboratoire de la Salpê-

trière par M. INFROIT. dont chacun se plaît à reconnaître l'obli-

geance et l'habileté.

(2) La persistance, presqu'indéfinie, de la fontanelle antérieure

est un symptôme classique du myxcdème infantile. Ce symptôme

disparaît, en d'autres termes, la fontanelle antérieure se ferme chez

les myxoedémateux traités par la glande thyroïde.

(3) Une myxoedémateuse que nous observons depuis 1887, âgée

aujourd'hui de 29 ans, Wath... (Augustine), a été réglée le

22 nov. 1903, et ses règles sont régulières, abondantes, durant 3

à 4 jours. -Une autre, Gangl ...(Clémence), âgée de 23 ans, a été

réglée le 17 août 1903 ; rien en septembre et octobre ; depuis, les

règles ont été régulières, abondantes, indolores, durant 3 jours.-

Leur fontanelle antérieure a fini par se souder. Toutes deux ont

été soumises un grand nombre de fois au traitement thyroïdien.

186 DE QUELQUES formes DE nanisme.

chez nos myxoedémateux traités jeunes, l'amélioration est

telle qu'un médecin, non averti, serait fort embarrassé

pour reconnaître le myxoedème.

Nous avons dit que l'un des symptômes physiques de

l'idiotie mongolienne consistait en un arrêt de la crois-

sance. Sous l'influence du traitement thyroïdien, nous

avons vu que la croissance reprenait son cours. Il s'en-

suit que, lorsque la taille est redevenue normale, il con-

vient de suspendre le traitement, quitte à le reprendre

s'il se produit un nouvel arrêt.

Chez plusieurs malades, la médication thyroïdienne,

après avoir déterminé un accroissement - ralenti ou

presque nul depuis quelques années , semble lui avoir

donné en quelque sorte, un coup de fouet. En d'autres

termes, la taille continue de s'accroître, en dehors de

tout traitement.

En terminant ce travail, nous croyons devoir nous

excuser auprès de nos lecteurs d'avoir été peut-être un

peu long, mais nous espérons qu'ils ne nous en voudront

pas en raison du caractère pratique incontestable qu'il

présente (1).

(1) Par suite du retard de la publication de ce Compte- rendu

pour l'année 1903, nous avons cru devoir y joindre les traitements

des premiers mois de 1904.

il

Idiotie congénitale ; microcéphalie ; synostose partielle;

PAR IiOI'Iil ? II,LI : et Reine IAL'QI'sRT'l'.

Sommaire. - Enfant naturel. Description de la malade il

l'entrée : yiicrocèphalie. - Intelligence nulle. - Krouo-

manie. - Accès de cris. - Mouvements convulsifs. -

Diarrhée. - Dyspnée et cyanose. - Congestion pulmo-

naire, coma. mort.

Autopsie. - Hypertrophie des os de la voûte du crâne.

Synostose partielle. Lésions des méninges. Arrêt de

développement des circonvolutions.

Hélai ... (Thérèse), née à Paris, le 16 août 1898, est entrée à

la Fondation Vallée le 28 mars 1902 et y est décédée le 10

septembre 190'.

C'est une Enfant assistée, sur laquelle on n'a aucun rensei-

gnement. Elle a été admise sur la production de deux certi-

ficats médicaux. Le premier, signé du Dr Ilutinel, déclare

l'enfant « atteinte d'idiotie par agénésie. » Le second, signé

du Dr Dagonot, la déclare atteinte « d'idiotie, avec absence

du langage, parésie des membres inférieurs, gâtisme. »

État de la malade. - L'état général de l'enfant, à son

entrée, est assez mauvais. Elle présente une certaine émacia-

tion et une pâleur générale. Sa température oscille les cinq

premiers jours, entre 37°, 5 et 38°, G. Elle tousse beaucoup.

Sa physionomie est sans expression, mais assez agréable

dans l'ensemble ; le regard est vague. - Elle n'a pas d'atti-

tude bien définie, son corps, très mou, se fléchissant ou adroite

ou à gauche ou en avant ; elle ne se tient pas debout, ses

jambes fléchissant sous elle, non plus qu'assise où il faut

l'attacher pour qu'elle ne glisse pas. Les cheveux sont châtain

foncé, raides ; le tourbillon, mal formé, semble constitué de

188 De quelques formes de nanisme.

3 tourbillons secondaires, situés iL droite. On constate de la

micropolyadénie.

Sa tête est petite, c'est une microcéphale. Le crâne est

irrégulier, plagiocéphale ; la partie antérieure gauche est

déprimée, tandis que la partie postérieure droite est plus

proéminente. Pas de saillies anomales. Le front est droit, les

arcades orbitaires déprimées, les orbites normales. - Les

yeux sont mobiles, sans paralysie ni strabisme constant, sans

nystagmus, mais par moments léger strabisme convergent

de l'oeil gauche. L'iris est châtain foncé Les pupilles, égales.

réagissent à la lumière. La rue parait bonne ; mais il est

Flg.51. - HéJ : ...

Idiotie congénitale; MiCROCEt'HALIE. 189

impossible de pousser plus loin l'examen, en raison de l'idio-

tic complète de l'enfant. Les paupières sont normales, les cils

naturellement implantés. (Fig. 51 et 5 ? ).

Mesures de la tête.

190

De QUELQUES formes de nanisme.

L'abdomen est de volume moyen. Pas de hernie. Foie et

rate, rien à signaler.

Organes génitaux et système pileux. Tout le corps est glabre -,

les grandes lèvres sont normales, les petites lèvres et le clitoris

petits, l'hymen à orifice mesurant 3 mm., le périnée et l'anus

normaux. Pas d'onanisme.

Au point de vue fonctionnel, l'enfant est très en retard

sous tous les rapports. - Le goût parait exister, puisqu'elle

boit plus facilement le lait sucré que non sucré. - Elle ne

mange aucun aliment solide, est encore au biberon, ne pre-

nant que du lait et de la farine lactée ; elle est très lente à

Ftg. 52. - Héli ?

Idiotie CONGÉTITALE ; TfICROCGPHALIÉ.

191

téter, ne mettant pas moins d'une demi-heure pour vider son

biberon. Son appétit est faible, elle ne prend par jour que 4 à

5 biberons. Ni rumination, ni vomissements. Tendance mar-

quée à la constipation. Le gâtisme est complet. - Pas de

bave. - La respiration est embarrassée, la poitrine grasse ;

l'enfant tousse beaucoup à son entrée. - Rien à noter sur

la circulation.

L'attention et l'intelligence sont complètement nulles. De

Fin 53.

192 De quelques formes de nanisme.

même, la parole. L'enfant fait entendre seulement des gro-

gnements continuels. Elle pleurniche aussi continuellement.

Elle ne rit ni ne sourit jamais. Elle ne grince jamais des dents.

Son sommeil est iourd, très irrégulier. - Elle agite souvent

les bras les ramène en avant sur la figure, et se frappe en

même temps. Souvent aussi, elle se frotte les yeux avec le

dos de la main, ou bien encore elle se couvre les yeux de ses

mains pour s'endormir. On l'a vue à plusieurs reprises, quit-

tant tout à coup son biberon, présenter une sorte de contrac-

tion à gauche de la lèvre inférieure, en même temps que les

yeux prenaient une certaine fixité, mais sans aucune convul-

sion de la face ou des membres ; puis, après une demi-minute

environ, elle reprend son biberon. - Les urines ne renfer-

ment ni sucre ni albumine. - Poids ; 10 k. gr. - Taille 011188.

En raison de l'état de l'enfant à son entrée, on la soumet

au traitement suivant : ventouses sèches, teinture d'iode,

sirop de tolu; lavements.

5 avril. - Il n'y a plus rien aux poumons. Toujours un peu

de constipation. L'amélioration, quant à l'état physique, s'ac-

centue de jour en jour. Lait, farine lactée; lavements.

Juin. - L'état de l'enfant est absolument le même qu'à

son entrée, Elle ne prend que le biberon, qu'elle met un très

longtemps à absorber. Sans cesse elle pousse des grogne-

ments et se frappe le visage du revers de la main. Elle ne fait

aucun effort pour marcher, mais au contraire est très fâchée

si on essaie de la mettre sur ses jambes, lesquelles sont molles

et sans aucune force. Elle aime beaucoup à être dans les bras

des infimières et à être bercée. La nuit, son sommeil est très

agité, elle se réveille constamment et se rendort très difficile-

ment. Elle gâte nuit et jour. - Traitement : lait, oeufs, farine

lactée; exercices des jointures et de la marche; bains salés;

sirop de glycéro-phosphate de chaux.

Septembre. - Etat stationnaire au point de vue physique

comme au point de vue intellectuel. Il est toujours impossible

défaire prendre à l'enfant une autre nourriture que le lait.

Son sommeil est mauvais, elle se réveille et cric pendant des

heures sans aucun motif. Les nuits sont en général mauvaises.

6 septembre. L'enfant refuse le biberon, elle crie sans

relâche, et est très-abattue. Une diarrhée abondante se

déclare : les selles sont liquides, verdâtres ou jaunâtres, d'une

légère fétidité. Il y a du météorisme abdominal. - Traité'

ment : bismuth, cataplasmes sur le ventre, Todd, lait.

Idiotie congénitale ; DLICROCÉl'HALIE. 93

7 septembre. Même état que la veille. L'abattement aug-

mente. -

8 septembre. La diarrhée persiste. L'enfant a beaucoup

changé depuis 2 jours : elle a maigri de façon notable, ses

yeux sont ternes, son faciès tiré. Le pouls est petit et rapide,

la température 3gaz,7. Elle rend au sur et à mesure tout ce

qu'on lui fait boire. - Traitement : potion lactique, régime

lacté absolu.

9 septembre. L'enfant s'affaiblit de plus en plus, elle ne

conserve rien des liquides qu'elle avale. - Lait, potion

lactique ; 250 gr. de sérum.

10 septembre. La diarrhée a cessé. Mais il y a de la

dyspnée et de la cyanose, et l'auscultation révèle la présence

de râles ronflants, sibilants et sous-crépitants. Le pouls est

petit et rapide. La température est le matin, de 370,1. Dans

la journée, la respiration devient de plus en plus haletante,

l'enfant tombe pour ainsi dire dans le coma et elle meurt à

li h. du soir.

Température après la mort.

194 .. Idiotie -Congénitale.

Idiotie congénitale ; microcéphalie. 195

196 Idiotie congénitale.

aucune particularité. - Les reins, un peu graisseux, se

décortiquent facilement.

TÈTE. - Cuir chevelu assez épais, sans ecchymose.

Crâne : plagiocéphalie très-prononcée. Il n'y a plus trace de

la suture coronale ; la suture sagittale a disparu, il n'en

reste que quelques traces légères au sommet de la suture

lambdoïde ; cette dernière persiste. - Les os du crâne sont

très-épais et très-lourds. En avant, le crâne mesure huit

mm. d'épaisseur, il la région pariétale gaucho 11 mm., à la

région pariétale droite 8 mm. ; la coupe de l'occipital est

beaucoup moins épaisse, surtout il gauche. Malgré son épais-

seur, le crâne présente des plaques transparentes : au niveau

de la fontanelle antérieure, au point où existaient les veines

émissaires, et dans la région postérieure du pariétal droit. Le

tissu osseux du crâne est formé, sur la coupe, d'une large

couche spongieuse entre deux minces lames compactes.

Les vaisseaux ont laissé leur trace, mais sans que cette

trace soit trop accentuée. - La base n'offre pas d'anomalie

saillante. - Il s'écoule environ 50 gr. de liquide céphalo-ra-

chidien. - Les méninges sont très épaissies. Les sinus

sont de sang et remplis de caillots. Dans la partie su-

périeure de la région fronto-pariétale, les circonvolutions

semblent recouvertes d'un enduit gélatineux. Il n'y a pas de

méningite La selle turcique est étroite. L'hypoltyspe est

grosse et rouge ; elle fait saillie au-dessus de la selle turci-

que sans être trop il l'étroit dans cette cavité.

V hémisphère droit est recouvert d'une pie-mère conges-

tonnée et épaisse ; il se décortique assez diflicilement. Les

vaisseaux de la pie-mère sont gorgés de sang, qui s'est coa-

gulé dans les principales veines, et lui donne l'aspect qu'elle

aurait après une injection. Les circonvolutions sont peu

compliquées. Le cerveau est peu développé surtout au niveau

des lobes frontaux. Rien de particulier à signaler à l'examen

superficiel du cervelet et du bulbe.

Poids des organes.

IDIOTIE CONGÉNITALE ; DiICROCIPHALI1;. 197 Î

III.

Sclérose atrophique hémisphérique. Imbécillité, hémi-

plégie droite; épilepsie; accès et vertiges : Démence;

PAR BOURNEVILLE et Reine MAUGERET.

Le titre indique déjà l'intérêt considérable de l'ob-

servation que nous allons rapporter et dont à la fin

nous relèverons les particularités cliniques et anato-

mo-pathologiques.

SOMMAIRE. - Père, fièvre typhoïde à 16 ans; rien de parti-

culiez. - Cousin germain, bègue. - Mère : céphalalgies.

Pas de consanguinité. Inégalité d'âge de 2 ans (mère

plus âgée).

Conception, grossesse, accouchement, rien à noter. Première

dent à 6 mois, dentition complète à 15 mois. Marche à 9

mois. Propreté à d5 mois. Début de la parole à 4 ans.

Etat de mal convulsif à 6 mois. Convulsions localisées au

côté droit, hémiplégie droite consécutive. - Secondes con-

vulsions à 40 mois. - Retour des convulsions tous les 6

mois jusqu'à 2 ans. - Rémission, de 2 ans à 3 ans et 2

mois. - Accès mensuels, toujours localisés à droite, de 3

ans et 2 mois à 7 ans. - Athétose. - De 7 ans à l'entrée,

2 à 3 accès d'épilepsie par jour.

Rougeole à 5 ans. - Oreillons à 6 ans. - Conjonctivite.

Marche des accès et des vertiges : affaiblissement intel-

lectuel. -Développement rapide de la tuberculose ; mort.

AUTOPSIE. - Tuberculose des poumons et des reins : -

Épaississement du crâne à gauche. Méningite chroni-

que plus prononcée à gauche. - Nodosités crétacées de la

pie-mère cérébrale et cérébelleuse. Sclérose atrophique

Antécédents héréditaires. 199

de tout l'hémisphère cérébral gauche. - Atrophie croisée

du cerveau et du cervelet.. -,

Tard.. (Marie-Louise), née iL Vitry-sur-Seine le 1er avril

1891, est entrée dans le service le 8 août 1899, et y est décédée

le 29 janvier 1904.

Antécédents. - Père, 34 ans, cocher de maison bourgeoise.

Pas de convulsions. Fièvre typhoïde à 16 ans, à la suite de

laquelle il aurait marché 2 mois avec des béquilles, mais il

ne lui serait rien resté au point de vue de la mémoire et de

l'intelligence. Pas de chorée, pas de rhumatisme, pas de dar-

tres ; rien ne permettant de soupçonner la syphilis. Ne boit

pas d'alcool, dit la mère. Fume 0 fr. 50 de tabac par semaine.

Pas de traumatismes. Caractère un peu vif. Pas de migraines.

[Sa famille. - Père, 67 ans, et Mère, 57 ans ; bien portants

et sobres. - Pas de renseignements sur les grand-parents

paternels. - Grand-père maternel, mort à 81 ans, ni para-

lysie, ni démence; ne voyait presque plus; sobre. - Grand'

mère maternelle, morte à 64 ans, de fluxion de poitrine; -

Oncles et tantes paternels : on ne sait pas. - Deux oncles

maternels, mariés, ont des enfants bien portants; n'ont jamais

eu de convulsions, sont sobres. - Deux tantes maternelles,

ont l'une 6, l'autre 5 enfants qui n'ont pas eu de convulsions,

pas de chorée; etc. - Deux frères : l'un a 24 ans, l'autre

a 20 ans, célibataires, sobres, pas de convulsions, bien por-

tants. - Pas de soeurs. Dans le reste de la famille, rien

autre à signaler qu'un cousin germain, de 14 ans, bègue.]

Mère, 3G ans, domestique. Pas de convulsions, ni fièvre

typhoïde, ni chorée, ni rhumatisme, ni dartres. Pas d'alcoo-

lisme. Rien n'autorisant de soupçonner la syphilis. Pas de

traumatismes. Caractère un peu vif. Mariée à 26 ans. Depuis

l'âge de 15 ans, maux de tête, survenant de préférence après

les règles, mais aussi dans leur intervalle, l'obligeant à se

coucher, s'accompagnant de vomissements qui ont cessé

depuis un an; ils apparaissaient toutes les semaines pendant

qu'elle était enceinte de la malade ; puis, après l'accouche-

ment, furent à peu près 2 mois sans se montrer, après quoi ils

reparurent comme auparavant; en somme, il est difficile dé

décider s'il s'agit de vraies migraines.

[Sa famille,. Père, mort à 36 ans, noyé accidentellement ;

200 Sclérose atrophique.

sobre. - Mère, morte usée à 63 ans, on prétendait que c'était

une gastrite; rien de particulier. Grand-père paternel, mort

à 89 ans, non paralysé. - Grand'mère paternelle, et Grands-

parents maternels, pas de renseignements. 7 oncles pater-

nels, tous mariés, en bonne santé ainsi que leurs enfants, qui

n'ont pas eu de convulsions. - Deux tantes paternelles, Il

oncles maternels, une tante maternelle, ont des enfants bien

portants; pas de convulsions. - Trois frères, sobres, deux

soeurs, et leurs enfants sont très-bien portants, n'ont jamais

eu aucun accident nerveux. Dans le reste de la famille,

rien il. noter.]

Pas de consanguinité. Inégalité d'âge de 2 ans (mère

plus âgée). - Un seul enfant.

Température a l'entrée.

Antécédents personnels. 201

A la suite, l'enfant, qui avait commencé à marcher il 9 mois,

ne remarcha plus jusqu'à 14 mois, - De 10 mois à2 ans, les

cf)) ! .t)MtsîO)M se répétèrent tous les 6 mois, toujours localisées

à droite. Après cet état de mal, l'intelligence était moins vive

et l'enfant restait un jour sans pouvoir se tenir ; pas de déli-

re. - De 2 ans à 3 ans et 2 mois, l'enfant n'eutpasde convul-

sions ; elle n'était pas plus intelligente pendant cette période.

A partir de 3 ans et 2 mois, tous les mois accès convulsif

jusqu'à Page de ans. Ces accès, toujours localisés à droite,

duraient presque régulièrement 8 heures, et survenaient

indifféremment le jour ou la nuit. - Depuis l'âge de 7 ans,

les accès surviennent 2 ou 3 fois par jour ; le maximum en

24 heures a été 4, et la rémission la plus longue qui se soit

produite depuis le 1 ? janvier a été de 8 à 10 jours. Ces accès

sont diurnes et nocturnes, en nombre à peu près égal ; on

entend les accès nocturnes, parce qu' « elle claque des dents

comme quelqu'un qui a bien froid». Lors d'un accès, l'enfant

ne se plaint d'aucune douleur particulière, parfois cependant

elle dit que ça la pique dans la main. Mais elle dit toujours :

cc .le suis lasse, » puis elle tombe, fléchit la jambe droite, élève

le bras droit ; la bouche est tirée à droite, ainsi que la joue

et l'oeil, et tout le côté droit de la face saule. En somme, con-

vulsions cloniques localisées à droite ; quant à la rigidité du

coté droit, la mère ne peut préciser. L'accès dure 2 ou 3

minutes. L'enfant ouvre ensuite les yeux, qui sont égarés ;

puis elle s'endort. Si on veut l'en empêcher, elle est « comme

ivre » ; mais elle n'est pas méchante ; elle traîne davantage

la jambe, et ne se sert pas de sa main droite, qui, d'ailleurs,

en temps ordinaire, est peu employée.

D'après la mère, la paralysie, qui a débuté après le pre-

mier état de mal, se serait aggravée après chaques série con-

vulsive, jusqu'à l'âge de 4 ans. Après la première crise,

l'enfant se servait un peu de sa main ; après les autres, elle

s'en servait moins bien. La jambe a toujours été traînante.

Le pied a été renversé dès le début. L'athétose n'aurait été

remarquée qu'à 4 ans : quand on disait à l'enfant d'ouvrir la

main, elle touchait le métacarpe près la racine des doigts; de

même, quand on lui disait de la fermer ; si on lui tenait la

main gauche, elle touchait la même région avec la langue,

l'as de modification de l'intelligence, depuis l'âge de 4 ans.

Le caractère de l'enfant est très doux; elle est très gaie,

202 DESCRIPTION DE la malade, '

chante sans cesse n'a pas d'accès de colère. Pas voleuse, pas

gourmande. Pas de salacité, de pyromanie, de clastomanie,

d'onanisme, de fugues, de turbulence, d'appétence pour le vin.

Elle se sert de sa main gauche. Elle ferme bien la bouche,

ne bave pas ; pas de succion ; déglutition normale ; vomisse-

ments fréquents; selles régulières, pas de gâtisme, ni de

vers intestinaux. Pas de bronchite, pas d'hémoptysie.

Vue et ouïe bonnes. Sensibilité normale. Elle reconnaît

bien 'ses parents et a de l'attachement pour eux. Pas d'é-

tourdissements, pas de céphalées, pas de krouomanie, de

secousses, de tremblements. Quand elle va avoir un accès,

elle devient toute blanche. - Sommeil normal. Mémoire assez

bonne. Elle sait un peu lire et écrire; elle n'a été mise à

l'école qu'à G ans et a eu beaucoup de peine à apprendre ses

lettres. Elle n'a pas d'aptitudes particulières.

Elle ressemble à son père aux points de vue physique et

moral.

Comme maladies infectieuses, elle n'a eu que la rougeole

à 5 ans et les oreillons à 6 ans. Elle a été vaccinée à 1 an

avec succès.- Pas de gourmes, conjonctivite de l'oeil droit,

étant toute jeune.

L'enfant a, depuis ses convulsions, toujours été en retard

au point de vue de l'intelligence. - Depuis 3 semaines les

accès apparaissent la nuit ; ils ne diffèrent pas des accès

diurnes.

État actuel. - L'enfant a l'air bien portante, quoique un peu

pâle, elle a un léger embonpoint. Sa physionomie n'est pas

inintelligente, est plutôt expressive. Ses cheveux sont blonds,

normalement implantés, sans épi. La peau ne présente

ni cicatrices, ni nævi. On ne constate de ganglions en

aucune région.

Sa. tête, de forme normale, est asymétrique, le côté droit,

front et occiput, étant plus volumineux que le côté gauche.

Les fontanelles sont soudées.

La face est de forme normale, régulière, symétrique, et ne

présente pas de cicatrices. Les arcades sourcilières sont nor-

males. Les sourcils sont châtain clair, de même que les cils. Les

paupières sont régulières et saines. Le globe oculaire a une

motilité normale; il n'y a ni exophtalmie, ni strabisme, ni para-

lysie, ni nystagmus. On note seulement du clignement des

paupières qui est fréquent. L'iris est bleu. Les pupilles sont

égales, etréagissent bien à la lumière et à l'accommodation,

DESCRIPTION DE la malade. 203

L'acuité visuelle est normale, l'enfant voit bien de près et de

loin; elle distingue et reconnait les couleurs.

Le nez est droit, symétrique, sans déviation; les narines

sont normales, égales. L'odorat est bon. - Les pommettes

sont peu saillantes, symétriques; les joues peu volumineuses.

La bouche, petite, est de forme et de direction naturelles.

Les lèvres sont peu saillantes, petites en longueur comme

en épaisseur. La langue est de forme et de motilité normales.

La voûte palatine n'est ni anormalement excavée, ni ogivale. Le

voile du palais est régulier.- Les dents ne présentent rien à

noter. La mastication se fait bien. Les amygdales sont grosses

et font saillie dans l'isthme du gosier. Il n'y a pas de réflexe

pharyngien.

Le menton est rond, très régulier, dans une situation nor-

male par rapport au maxillaire supérieur.- Les oreilles sont

petites, symétriques. Leur hauteur est de 5 centimètres ; leur

largeur de os 03. Il n'y a pas d'écoulement; le cérumen existe

naturellement. On ne constate pas de mobilité du pavillon (1).

Celui-ci est épais, son écartement du crâne est normal. L'hé-

lix, largement ourlé dans toute sa longueur, présente sur

son bord antérieur 3 légères saillies, faisant penser au tuber-

cule de Darwin; sa cavité est très profonde. L'anthélix est

saillant, sa fossette est large et assez profonde. La conque

est profonde et triangulaire. Le conduit auditif externe est

normal. Le tragus est saillant et légèrement renversé en

dehors, l'antitragus épais et assez saillant. Le lobule, épais,

bien arrondi, n'est pas adhérent ; il présente une cicatrice

assez étendue, indiquant le port antérieur de boucles d'oreil-

les. L'enfant perçoit normalement les bruits, les sons musi-

caux et la parole. Son attention et sa mémoire auditive sont

proportionnées à son état. Elle a peu d'aptitudes musicales.

11 n'existe pas d'écholalie.

Le cou est normal ; le corps thyroïde perceptible à la pal-

pation.

Le thorax est de forme régulière, de volume moyen. Rien à la

percussion et à l'auscultation, tant du coeur que des poumons.

(1) Nous avons examiné, il ce point de vue, tous les enfants idiots

et n'avons constaté qu'un très petit nombre d'entre eux offrant une

mobilité du pavillon. A 17ns/ il ut médico-pédagogique nous n'avons

eu que deux cas : 1° chez l'enfant Emile Desch... (imbécillité);

2. chez l'enfant Pierre Leh... (imbécillité morale). z

'20'1 Description DE la malade.

L'abdomen est aussi de forme régulière. Rien à signaler en

ce qui concerne le foie et la rate. La région anale est normale.

Les membres supérieurs sont de forme régulière. Leur volu-

me est le même à droite et à gauche; mais la longueur est

un peu moindre a droite. Les jointures présentent une laxité

anormale, notamment au coude et à l'épaule ; cette laxité est

surtout accentuée iL droite. L'enfant ne se sert pas de la main

droite. Le toucher est normal. (Voir p. 210).

Les membres inférieurs sont de forme naturelle. Leur

volume, comme leur longueur, est un peu moindre à droite.

Il est impossible de. constater l'état des réflexes, l'enfant rai-

dissant ses jambes malgré elle. L'attitude debout est légè-

rement penchée à droite, en raison de la paralysie. La marche

s'exécute bien, mais il y a une boiterie de la jambe droite, qui

traine un peu et dont le pied est un peu tourné en dehors.

L'enfant sait monter et descendre un escalier, de même que

sauter.

La sensibilité au contact, à la douleur, à la température,

est intacte.

Le tronc et les membres sont entièrement glabres. Il en est

de même de la région génitale. Il n'y a pas de seins. Les

grandes lèvres sont peu épaisses les petites lèvres triangu-

laires, le clitoris petit, l'hymen est en croissant. Pas d'ona-

nisme.

Le goût est normal, l'enfant distingue bien les saveurs

acides ou sucrées. - Elle mange de la main gauche, propre-

ment en se servant de la cuiller et de la fourchette. La

mastication se fait bien. Les digestions sont bonnes, les selles

régulières, sans diarrhée ni constipation, ni gâtisme.

Le sommeil est bon, sans cris, ni cauchemars, ni hallucina-

tions. - Pas d'autre tic que le clignement très fréquent de

l'oeil gauche. L'enfant pleure rarement. - Il est rare de

la voir changer de couleur, sauf au début des accès, où elle

devient violacée. Elle sait se débarbouiller et se peigner

seule, et aussi s'habiller et se déshabiller, mais elle ne peut

se coiffer. Elle est toujours très-propre. - Son caractère est

très-affectueux, elle n'est pas méchante avec les autres enfants

et elle aime beaucoup ses parents. Elle est peu bruyante et

aime mieux rester assise que de jouer. - Elle parle bien,

mais lentement. - Elle commence à lire et à écrire ; elle écrit

de la main gauche; elle est attentive en classe. Elle aime assez

la couture, et sait faire les ourlets. Elle est nulle en gymnas-

tique.

Marche de la maladie. 205

Le poids de l'enfant à l'entrée est de 27 kg. 500 ; sa taille,

de -Im, 29. - Ses urines ne contiennent ni sucre, ni albumine.

Dès les premiers temps du séjour à la Fondation Vallée, on

constate qu'il ne s'agit pas chez elle de grands accès épi-

leptiques, mais bien d'accès incomplets, avec mouvement

d'élévation du bras et de flexion de la jambe. La marche d'un

vertige est la suivante : l'enfant devient violacée, mais elle ne

crie pas, et elle tombe subitement en arrière, demi-assise, en

se tournant presque toujours du côté droit; pas de bave;

ni d'évacuation involontaire ; rigidité générale et immobilité

complète : les membres, très-rigides, n'éprouvent aucune

secousse ; les yeux sont immobiles, les paupières sont ouvertes

et ne battent pas, la face est d'une pâleur extrême, cet état

dure quelques secondes, une minute au plus, puis l'enfant se

relève, elle parait sortir d'un rêve et reste 2 ou 3 minutes

inconsciente. Ces petites crises sont fréquentes (25 de l'entrée

de l'enfant à la fin du mois d'août). Souvent, ces accidents ne

s'accompagneraient pas de phénomènes convulsifs (rigidité,

mouvements) ce qui les fait compter comme vertiges par le

personnel du service.

Traitement : hydrothérapie, exercices des jointures,

élixir polybromuré, de 1 à 3 cuillerées, - capsules de bromu-

re de camphre, de 2 à G.

Septembre. - L'enfant n'a toujours pas eu de grands accès

depuis son entrée, mais les accès incomplets et les vertiges

sont fréquents (28).

Octobre. - Petits accès plus nombreux (32). L'état de

l'enfant se maintient à peu près le même, .sans amélioration

ni tendance vers la déchéance . Elle est toujours très-douce,

affectueuse, peu expansive, timide, mais pas triste cepen-

dant ; très propre et pleine de bonne volonté, mais réussissant

peu à la gymnastique. Sous le rapport de la santé physique,

elle parait un peu plus forte.

Novembre. - Diminution des vertiges (221.

Décembre. Les vertigesdinunuent encore de nombre (18).

- On suspend l'hydrothérapie.

I\JOO. Janvier. - Les petits accès (vertiges) diminuent de

nombre (10), mais il s'y adjoint de grands accès (3). L'enfant

cependant s'améliore légèrement sous tous les rapports. Elle

est très timide et de caractère un peu sombre. Traitement :

élixir, de 1 à 3 cuillerées; capsules de bromure de camphre,

de 2 à 6; exercices des jointures.

206 EPILEPSIE : accès ET vertiges.

Février.- Les vertiges et les accès continuent. Même

traitement.

Juin. - Le nombre des vertiges, qui avait d'abord dimi-

nué, tend à réaugmenter ; le nombre des accès a diminué.

L'état de l'enfant est à peu près stationnaire. Toujours pro-

pre, douce et tranquille, elle montre peu de facilité pour la

gymnastique, ainsi qu'.en classe, où elle retient difficilement

les leçons même les plus élémentaires; elle est très lente dans

tout ce qu'elle fait. Même traitement; en plus, douches,

1901. Janvier. - Le nombre des vertiges a été en diminuant;

le nombre des accès, au contraire, a augmenté ; ils sont actu-

ellement plus nombreux que les vertiges. - L'enfant a fait

quelques progrès en classe : elle lit et écrit lisiblement (de la

main gauche). Elle est toujours douce, calme, polie, aimant

la lecture. Elle a beaucoup de bonne volonté pour la gym-

nastique, mais y réussit peu, en raison de sa paralysie. - Au

point de vue de la puberté, le corps est toujours entièrement

glabre, il n'y a pas de seins ; l'hymen est circulaire, à orifice

central. - Traitement : on continue l'élixir polybromuré,

le bromure de camphre, l'hydrothérapie ; de plus, sirop d'io-

dure de fer, huile de foie de morue. *

Juin. - Le nombre des accès et des vertiges est peu près

stationnaire. -Au point de vue de la puberté, apparition sur

le pénil de quelques poils follets. Pas d'autre changement.

Traitement : élixir, bromure de camphre, hydrothérapie ;

sirop d'iodure de fer.

Août. - Légère augmentation du nombre des vertiges. -

Blépharite : collyre au sulfate de zinc.

1902. Janvier. - Le nombre des vertiges, après avoir aug-

menté jusqu'en septembre, a diminué ; le nombre des acces

est toujours sensiblement le même. - L'enfant continue à

faire quelques progrès en classe. Elle est toujours tranquille,

propre et rangée. Mais elle serait sournoise et grossière avec

ses compagnes quand on ne l'entend pas. De plus, elle aurait

àdifférentes reprises volé de l'argent à ses compagnes, elle ne

l'avoue que pressée de questions. - La dose d'élixir est portée

de 1 à 4 cuillerées.

Juin. - Le nombre des vertiges et des accès est station-

naire. Les accès ne sont pas très intenses, mais ils laissent

l'enfant très abattue pour une partie de la journée, avec un

grand besoin de dormir. Ses pupilles sont dilatées, égales;

Tendance A la déchéance ; TUBERCULOSE. 207

elle n'a pas de tremblement de la langue ni des mains. Elle

parle toujours très lentement et à voix basse. Au point de

vue de la classe, son état est stationnaire : elle conserve le

peu qu'elle a acquis, mais n'acquiert rien de nouveau. Comme

auparavant, elle n'est ni bruyante ni turbulente, restant le

plus souvent assise aux heures de récréation. Mais elle est

devenue triste, maussade, grognon ; un rien la fâche et la

met de mauvaise humeur. Son regard est habituellement

sournois ; il devient dur et méchant dès qu'on lui fait une ob-

servation. Elle continue à être grossière avec ses compagnes

quand elle ne se croit pas entendue. Elle a une tendance

très marquée pour voler, surtout des sous; et n'avoue que

très difficilement. Elle est toujours très ordonnée, et même

maniaque dans le soin de ce qui lui appartient. Même trai-

tement : èlixir polybromuré, hydrothérapie, sirop d'iodure

de fer.

Septembre. - Le nombre des vertiges et des accès a

augmenté, jusqu'à 19 vertiges et 26 accès en août. - Du 19

au 23, l'enfant voit apparaître ses règles pour la première

fois ; elle souffre de maux de tête pendant leur durée. Pas

de seins. Quelques poils assez longs sur le pénil et les grandes

lèvres. Pas d'autre modification. Pas de règles en octobre

ni en décembre. Règles peu abondantes du 2 au 5 novembre.

1903. Janvier. - Le nombre des accès et des vertiges est

redevenu ce qu'il était auparavant. - Les règles, qui n'ont

apparu qu'en novembre, ont été peu abondantes ; rien ni en

octobre ni en décembre; elles apparaissent pour la 3e fois,

du 5 au 9 ; elles sont peu abondantes.

Puberté : quelques poils sous les aisselles ; thorax, abdo-

men et membres, glabres ; pas de seins ; sur le pénil, quelques

poils assez longs ; de même sur les grandes lèvres, qui sont

peu épaisses ; les petites lèvres sont triangulaires, le clitoris

petit ; l'hymen est en croissant ; le périnée et l'anus sont

glabres. - L'état de l'enfant est stationnaire. Même traite-

ment.

Juillet. - Le nombre des vertiges a encore diminué,

celui des accès a un peu augmenté. - Les règles ont reparu

9 fois, tous les 2 mois seulement. - Puberté : quelques poils

bruns sous les aisselles ; le thorax est glabre à sa face anté-

rieure, mais sur sa face postérieure, il présente un duvet abon-

dant ; l'abdomen et les fesses sont glabres ; les membres sont

recouverts d'un duvet, abondant sur les cuisses et les jambes ;

208 Puberté ; déchéance ; tuberculose.

- Seins, égaux, de 8 cm. de hauteur sur 8 cm. de largeur,

présentant quelques veines sous-cutanées et des aréoles

pigmentées montrant quelques tubercules. Sur le pénil, poils

bruns, assez abondants; sur les grandes lèvres, poils assez

abondants, longs, châtains. Nymphes petites, non pigmen-

tées ; capuchon du- clitoris, pigmenté et fripé, triangulaire,

très-développé, faisant une forte saillie entre les grandes

lèvres : hymen, iL orifice circulaire, irrégulier, admettant

l'index ; fourchette saillante ; quelques poils à l'anus et au

périnée. Règles peu abondantes du 5 au 9 janvier, du G au

10 mars, du Il au 15 mai, toujours peu abondantes : rien les

autres mois .

Au point de vue de la classe, l'état de l'enfant est toujours

stationnaire ; elle ne fait que conserver ce qu'elle a acquis.

Son caractère reste aussi le même, sournois, maussade, irri-

table ; elle frappe facilement une de ses compagnes qui la

heurte involontairement. La tendance au vol persiste, surtout

pour les sous, mais aussi pour divers objets qu'elle fait dis-

paraître en les jetant dans les cabinets. Elle parle toujours à

voix basse, avec lenteur et hésitation. - Même traitement :

élixir polybromuré, de 1 à 4 cuillerées ; capsules de bromure

de camphre, de 2 à 8 ; hydrothérapie ; gymnastique ; école.

Novembre. Pas de vertiges, en octobre ni en novembre;

nombre des accès, stationnaire. - Les règles n'ont reparu

qu'une fois, en octobre. - Les accès laissent l'enfant très

abattue, paraissant très fatiguée et ayant un grand besoin de

dormir. Depuis quelque temps, elle semble aller vers une

déchéance prochaine. Son état phyique laisse aussi à dési-

rer : le teint est pâle, les yeux cernés, elle mange moins, et

maigrit un peu.

13 novembre. - Après deux accès qui l'ont plus abattue

encore que de coutume, et vu son état précaire, l'enfant est

mise à l'infirmerie. Sa température monte le soir à 40°, 3 ; elle

est très altérée, et tousse beaucoup.L'examen de la poitrine

permet de constater, aux deux sommets, des signes très nets

de tuberculose au 2" degré. A l'auscultation du coeur,

frottements à la partie moyenne. Le pouls est rapide, le

visage pâle. Traitement : teinture d'iode aux sommets,

0, ? 0 d'antipyrime, poudre de viande. - Les jours suivants,

et pendant tout le mois de novembre, l'enfant a encore de la

lièvre, mais moins élevée, dès le 18 novembre n'atteignant

plus 39°, 5 ; fièvre très irrégulière. Elle tousse moins, et n'est

pas alitée.

Marche de l'épilepsie. 209

Tableau des accès et des vertiges.

Déchéance ; TUBERCULOSE.

211

Décembre. - Pas de vertiges. Même nombre d'accès. -

Les règles n'ont pas reparu. La température se maintient

d'abord autour de 38 ; dans la seconde quinzaine, elle atteint

plusieurs fois 40°, avec de grandes oscillations, puis elle

redescend aux abords de 38°, mais toujours très irrégulière.

L'enfant tousse de temps à autre, maigrit, mais ne reste pas

alitée. Mêmes signes à l'auscultation.

Tableau du poids et de la taille.

- 212

l'UlIEIt'1'1 ? lWl : li71 : 1\Glv ? l'l : lll : I;( : l : LU513.

20 Janvier. - L'enfanta encore 2 accès dans la journée.

Elle est de plus en plus faible, est très oppressée, refuse de

rien prendre, dort sans cesse et se plaint en dormant.

Température de l'accès.

Tuberculose pulmonaire et rénale. e43

214 SCLÉROSE ATROPHIQUE hémisphérique.

ovoide. Le frontal droit est un peu plus saillant que le gau-

che, il en est de même de l'occipital droit. Les os sont peu

durs. Sur la coupe, le côté gauche est plus de moitié plus

épais que le droit; au palper, les os du côté gauche semblent

partout plus épais qu'à droite. Les sutures persistent. Large

plaque transparente au niveau de la fontanelle antérieure.

Peu de liquide céphalo-rachicliei. -D2vre-nère : pas d'épais-

sissement. - L'apophyse crista-galli est un peu déviée à

gauche. - La voûte orbitaire gauche, la fosse temporale du

même côté sont un peu plus étroites qu'à droite. Pas de diffé-

rence bien appréciable des fosses occipitales. - Les nerfs

olfactifs paraissent égaux. - Le nerf optique et la bandelette

optique gauches sont un peu plus petits qu'à droite. Il en est

de même du tubercule mamillaire gauche. Le pédoncule

cérébral gauche est plus petit et moins bombé que le

droit. - L'artère communicante postérieure gauche est plus

petite que la droite.

Glande pituitaire, plutôt petite. - La glande pinéale est un

peu volumineuse et d'aspect un peu vitreux.

Hémisphère gauche. - La pie-mère est blanchâtre dans

la plus grande partie de son étendue, avec une dilatation

prononcée de tous les vaisseaux, et cela sur toute la surface

convexe et la face interne. A la face interne la vascularisation

est plus prononcée. La pie-mére est épaissie dans toute son

étendue, elle s'enlève cependant très facilement, sans aucune

adhérence. - Tout l'hémisphère est le siège d'une atrophie

très notable des circonvolutions; l'atrophie prédonime au

niveau du lobe frontal et du lobe occipital. - Toutes les

circonvolutions sont un peu indurées. - Le plexus ohoroîde

n'offre rien de particulier. (PL. VI. et VII).

Hémisphère droit. - La pie-mère de la convexité de la

partie moyenne est un peu épaissie. Aux extrémités de la face

externe, la pie-mère est mince. Partout elle s'enlève facile-

ment. - Au niveau de l'union du tiers supérieur de la F. A.

avec son tiers moyen, la pie-mère présente une plaque de 12

millim. environ sur 10 millim. environ, offrant de la dureté et

infiltrée de petites concrétions miliaires comme crétacées. -

Les circonvolutions du lobe frontal sont un peu grêles. Les

circonvolutions de la partie postérieure du lobe temporal et

du pli courbe présentent un grand nombre de petits sillons

superficiels. - Le ventricule latéral, la couche optique, le

Sclérose atrophique ; méningite. 215

corps strié et la conte d'Ammon n'offrent rien de particulier.

D'une façon générale, les sillons sont plutôt peu profonds.

(PL. VIII et IX.)

Le corps strié gauche est aplati et non bombé comme à

droite, sa tête fait à peine une légère saillie sur la paroi du

ventricule. Sa queue est presque tout à fait effacée. La cou-

che optique gauche est moitié moins volumineuse que la droite.

Toutes les circonvolutions gauche, comparées à celles de

droite, sont moitié plus denses. Les circonvolutions ont une

couleur blanchâtre à gauche, d'un gris rosé normal, à droite;

leur volume est d'environ un tiers moindre à gauche qu'à

droite. Par suite de l'atrophie des circonvolutions à gauche,

de la dilation du ventricule latéral gauche (le v. L. droit est

normal), et de ses cornes, la face interne de l'hémisphère

cérébral gauche est affaissée. (PL. III.) La moitié gauche

de la protubérance est un peu moins large. La pyramide

gauche a une coloration grise. Le quatrième ventricule ne

présente rien de particulier, sauf une petite dilatation vascu-

laire. - La pie-mère de la face convexe de l'hémisphère céré-

belleux gauche présente, sur une étendue de 2 cent. sur 1

cent., une petite concrétion qui n'existe pas de l'autre côté.

Sclérose atrophique de l'hémisphère gauche, généralisée.

Méningite chronique du même hémisphère. Epaississement

de la pie-mère droite. Indurations crétacées d'un fragment de

la pie-mère cérébrale et cérébelleuse à droite. Lpaississement

notable du crâne à gauche. Inégalité de poids des hémisphères

cérébraux de 200 gr.. Pas de granulations tuberculeuses.

On a prélevé à droite et à gauche des morceaux du biceps

crural et du nerf sciatique, qui n'offrent pas entre eux de

différence appréciable, bien que l'enfant soit hémiplégique.

Poids des organes

246 -Etat de mal co"n;¡'SIF, 1

'Epilepsie hémiplégique, déchéance. 217 Î

on constate qu'il s'agit, non d'accès mais de vertiges

sans cri, bave, ni évacuation involontaire, mais avec

chute, le corps tourné à droite, et rigidité générale.

Sous l'influence du traitement, ces vertiges diminuent

d'abord. Mais bientôt de véritables accès s'y adjoi-

gnent, et leur nombre augmente ensuite, pour subir

dès lors des fluctuations fréquentes, aussi bien que

celui des accès. Une légère amélioration se manifeste

d'abord au point de vue de l'intelligence, mais bientôt

celle-ci reste stationnaire, et enfin diminue tandis que

d'autre part le caractère se modifie, l'enfant devenant

sournoise, maussade, voleuse. Peu à peu, les accès

laissent après eux un abattement de plus en plus

grand et prolongé, 1 et bien que les vertiges dispa-

raissent tout à fait durant les quatre derniers mois

de la vie, l'enfant marchait de plus en plus vers la

déchéance, lorqu'elle fut emportée par la tuberculose

pulmonaire.

Le caractère, déjà peu expansif l'entrée, est devenu

de plus en plus sournois, ; de douce, calme qu'elle

était, T... est devenue irritable, violente. Les facultés

morales.se sont perverties, la manie du vol s'est

accusée progressivement. Le travail scolaire qui avait

été productif est devenu stationnaire, puis a diminué;

l'écriture, qui s'était améliorée (1899-1900), est deve-

nueassezrapidementdéfectueuse(fév.l901-oct. 1903) ;

après avoir gagné lentement, en 1901-1902, des notions

de calcul (4 opérations), T... a offert des oscillations

s'accentuant vers la perte de ces notions. Ce cas con-

firme ce que nous avons dit à savoir que les épileptiques

qui tombent en déchéance perdent plus vite le calcul et

l'écriture que la lecture (1) qui n'avait pas encore été

sérieusement altérée. (A revoir).

(1) Nos malades apprennent plus facilement à écrire qu'à lire.

xi8 Sclérose ATROPHIQUE ET MÉNINGITE.

IV. La puberté n'a pas eu une évolution régulière.

Les règles ont paru alors que le système pileux était

presque nul et que les soins étaient à peine naissants.

Les premières règles apparues, les seins et le système

pileux génital se sont développés. Les règles ont tou-

jours été irrégulières, ce qu'explique d'ailleurs l'évo-

lution de la tuberculose (1).

V. L'autopsie a décelé une tuberculose généralisée

des deux poumons et aussi des reins. Du côté du

crâne, on constate : une légère plagiocéphalie (la

moitié droite plus saillante en avant, et un peu, aussi,

en arrière), la persistance des sutures, et surtout une

beaucoup plus grande épaisseur des os à gauche.

L'encéphale présente une très-grande inégalité de

poids des hémisphères cérébraux, le gauche pesant

200 gr. de moins que le droit. Cette inégalité de

poids est due à une sclérose atrophique généralisée

de l'hémisphère gauche : les circonvolutions, nette-

ment dessinées, sont blanchâtres, indurées, moitié

plus denses qu'à droite ; leur atrophie, très-notable,

prédomine sur le lobe frontal et le lobe occipital.

Il y a également, à gauche, mais moins marquée,

diminution de volume du nerf optique, de la bande-

lette optique, du tubercule mamillaire, du pédoncule

cérébral, du corps strié, de la couche optique et de

la moitié de la protubérance. D'autre part, l'hémis-

phère gauche présente des lésions de méningite chro-

nique. L'hémisphère droit offre seulement à noter :

un épaississement léger cle la pie-mère sur la partie

moyenne de la convexité, avec une petite plaque dure

(1) On trouvera dans les observations de nos Comptes-rendus

de nombreux détails sur l'évolution de la puberté chez les enfants

idiots de tous les degrés et chez les enfants épileptiques.

1 Imbécillité, hémiplégie, ÉPILEPSIE. 219

et comme crétacée sur la F. A. et une légère gracilité

des circonvolutions frontales. - Le cervelet, comme

le cerveau, présente une inégalité des hémis-

phères, inégalité de 8 gr. en faveur de l'hémisphère

gauche, croisée, par conséquent, par rapport à l'iné-

galité cérébrale.

VI. Il s'agissait, en somme, d'une épilepsie partielle

il forme hémiplégique, due à une sclérose atrophi-

que et il une méningite chronique de l'hémisphère céré-

bral gauche. Cette épilepsie, semble en raison de la

fréquence des vertiges et de la tendance à la déché-

ance, avoir été liée aux lésions de méningite plutôt

qu'à la sclérose cérébrale. - La sclérose atrophique

avait déterminé une inégalité de poids considérable

des hémisphères cérébraux. Et cette inégalité avait

entraîné à son tour, pour combler l'espace laissé libre

de ce fait, un épaississement considérable de la calotte

crânienne du côté de la lésion cérébrale, sans qu'il

y ait eu, d'ailleurs, augmentation de la quantité du li-

quide céphalo-rachidien ( ? ), bien qu'il y eût une notahle

dilatation du ventricule latéral, ainsi que cela arrive

souvent dans les cas analogues et que l'on peut vérifier

en comparant la face iuterne des deux hémisphères

cérébraux. (PL. VII et IX.)

Avec l'inégalité de poids des hémisphères céré-

bi'a2cx, coïncidait une inégalité de poids des

hémisphères cérébelleux ; on sait, parles statistiques

publiées à diverses reprises dans les Comptes-rendus

de la section des enfants, que dans les cas d'inégalité

cérébrale cette coïncidence est un peu plus fréquen-

te que l'égalité cérébelleuse. Enfin, l'inégalité céré-

belleuse était croisée par rapport à l'inégalité céré-

brale ; les mêmes statistiques ont montré qu'il en est

ainsi le plus souvent dans ces cas de double inéga-

lité. (Voir plus loin lé relevé de ces lésions).

220 Caractères de l'épilepsie hémiplégique.

VII. Dans les cas, comme celui-ci, où existe le

syndrome : Imbécillité, hémiplégie, épilepsie, succé-

dant à un état de mal convulsif de la première

enfance, moins souvent de la seconde, et dû à une

encéphalite pour résumer tout d'un mot, l'intelligence

ainsi que nous l'avons encore fait remarquer dans

l'obs. de Ham.... (1), reste ce qu'elle était après la

(1) Voir cette observation à la page 240.

fig. : : >1 : 1. - 'lar... a ans

(1899). i

fig. ¡¡CI. - 'l'au ... à 1 zut ans

(1903).

Epilepsie hémiplégique méningitique. nI

guérison de l'état de mal convulsif ou môme s'amé-

liurer notablement sous l'influence du traitement

médico-pédagogique.

L'épilepsie est constituée surtout par des se

présentant sous forme de séries, quelquefois d'état de

mal, mais si le malade ne succombe pas dans cette

complication si grave, on voit les accès s'éloigner et

cnfin disparaître et si les facultés intellectuelles se

sont développées, en d'autres termes si le malade

est capable de se conduit régulièrement, il peut

passer, comme infirme (hémiplégie) dans l'une des

divisions de l'hospice.

En pareil cas, les accès ne sont pas suivis d'hébé-

tude, de sommeil prolongé, deux symptômes qui,

dans l'épilepsie ordinaire sont, en général, les avant-

coureurs de la démence épileptique. Le malade

revient vite à la connaissance. Les facultés se conser-

vent. Le caractère n'est pas irritable. Les vertiges

sont très rares ou absents. La physionomie est

naturelle et n'offre pas l'aspect de celle de l'épileptique

vulgaire.

Toute autre est la destinée de l'épileptique hémiplé-

gique dont le syndrome : arrêt de développement de

l'intelligence, hémiplégie, épilepsie, est dû il une

méningo-encéplwlitc limitée à l'un des hémisphères

cérébraux ou prédomine à un degré prononcé sur l'un

des hémisphères ou encore, et c'est ici le cas, quand,

à une lésion en foyer ou il une sclérose atrophique,

s'ajoute une méningite chronique. Alors, comme chez

Tard...., les accès s'accompagnent d'hébétude, de ver-

tiges nombreux, la physionomie s'altère, l'attitude se

modifie en mal, le corps s'affaisse, s'incline du côté

paralysé ainsi que le mettent nettement en évidence

les fig. 58, 59. Le caractère devient irritable, sour-

nois, se pervertit (Tard ? est devenue voleuse) ; il

2'22 Epilepsie hémiplégique méningitique.

survient des impulsions dangereuses, l'intelligence

diminue (1), en un mot, l'épileptique hémiplégique

par méningo-encéphalite ou par méningite chroni-

que, exemple Tard..., est en tout semblable à l'épilep-

tique ordinaire qui marche vers la démence.

Les considérations qui précèdent, les comparaisons

que nous venons de faire montrent l'intérêt pratique

des cas de ce genre au point de vue du diagnostic et

du pronostic et leur connaissance est de nature à ren-

dre service, non seulement aux neurologistes, mais

encore à tous les médecins.

IV.

Action de l'alcoolisme sur la production de l'idiotie et

de l'épilepsie ;

Par IlOUUNEVILLE.

Aux 2.846 cas relevés dans notre statistique de l'an

dernier, nous ajouterons les 141 entrées de cette

année (84 garçons et 57 filles), soit un total de 2.987,

Tableau statistique sur l'alcoolisme .

224 i Action DE l'alcoolisme suit l'idiotie.

mères de tous ces enfants sous le rapport des excès

alcooliques et permet d'avoir, d'un coup d'oeil, une

idée exacte du rôle considérable que joue 1'nlcoo-

lisme clans la production de l'icliol ie et de l'épilepsie.

En outre la conception durant l'ivresse du père

ou de la mère a été relevée chez 275 malades et la

conception probable chez 114 malades, soit si nous

comptons ces derniers, 13 0/0 d'enfants conçus dans

l'ivresse, non compris les 490 sur lesquels nous n'avons

aucun renseignement précis sur la conception. Le

pourcentage dans ces diverses catégories nous fournit

les chiffres suivants :

35, 8 <);0 des pères font des excès de boisson.

3 0/0 des mères

1, 5 0/0 des pères et mères.

oit 40, 4 0/0 des parents faisant des excès de bois-

son et 43, 1 0/0 de parents sobres. Ces chiffres par

leur triste éloquence se passent de tous commentai-

res.

! eg V.

Sur les modifications craniennes consécutives aux

atrophies cérébrales unilatérales.

(Hémiplégie infantile).

Pau G. PAUL-BONCOUR

Dans les encéphalopathies infantiles, l'état du crâne ne

doit pas rester inaperçu : il n'est jamais indifférent d'essayer

d'établir les rapports qui existent entre le crâne et le cerveau

et de déterminer l'influence que le contenant peut exercer

sur le contenu ou réciproquement.

Personne ne met en doute que ces rapports ne soient

étroits, mais quelle en est la nature ? Quel en est le degré ?

Quelle est celle des deux parties dont l'action est prépondé-

rante ? Autant de questions, dont on se préoccupe rarement :

peut-être en raison de leur aridité ou de leur complexité,

peut-être aussi parce que leur utilité est ignorée.

Il est un fait que l'étude de la craniologie a mis en évi-

dence : la boîte crânienne à l'état normal permet au cerveau

de prendre le développement dont il a besoin. On doit

même ajouter que le contenu peut prendre un développement

exagéré (par exemple dans l'hydrocéphalie,) sans que

le contenant, c'est-à-dire l'enveloppe osseuse, ne cesse de

s'adapter à cette pression intra-cranienne anormale. D'ail-

leurs, sans avoir recours à des exemples pathologiques,

n'est-il pas prouvé que la persistance de la suture métopique

est en relation avec une augmentation normale du volume

Bourneville, Bicêtre, 1903. 15

226 Anatomie pathologique.

cérébral '. Le crâne par cette anomalie continue à remplir

son rôle protecteur sans apporter aucune entrave à la crois-

sance des centres nerveux. Que devient cette loi dans les

cas pathologiques ?

Si une suture prématurément synostosée s'oppose à la

croissance d'un cerveau sain, ce dernier éprouvera quelque

gêne, mais malgré tout, à moins que toutes les sutures ne

soient synostosées, le cerveau pourra acquérir un développe-

ment normal. Les circonvolutions seront tassées les unes

contre les autres, l'endocrâne en présentera les traces, mais

grâce à une dilatation compensatrice,le développement encé-

phalique se fera dans une direction opposée et le résultat

sera une déformation crânienne ; mais remarquons-le, cette

déformation est la preuve de l'adaptation de la boîte cra-

nienne à la pression interne. Nous jugeons inutile d'entrer

dans de longues explications concernant le mécanisme des

déformations consécutives à la synostose prématurée d'une

ou plusieurs sutures, nous renvoyons à une communication

que nous avons faite récemment à la Société d'Anthropo-

logie « sur la morphologie crânienne dans ses rapports avec

les états pathologiques du cerveau 2 ». Nous avons présenté

des pièces et démontré le soin avec lequel il est nécessaire

et d'étudier et d'interpréter les faits.

Ce qu'il importe de savoir c'est que seul un cas de synos-

tose complète et prématurée du crâne est de nature à s'oppo-

ser au développement d'un cerveau sain. Le cas doit être

rare, car ainsi que nous le faisions remarquer antérieure-

ment dans un mémoire sur Le crâne dans les idioties* », sur

625 crânes recueillis au musée de Bicètre, nous n'avons

relevé qu'un seul cas de synostose complète et encore le cer-

veau qui y était renfermé présentait des lésions qui s'oppo-

saient à son développement tout autant que l'inextensibilité

de la boite osseuse.

Si au contraire les sutures restant libres, il existe un cer-

veau qui ne se développe pas, qu'adviendra-t-il ? Ce n'est

1 Papillault.- Suture métopique (Mémoires de la Société' d'Anth1'opo-

logie, 1896).

- Bulletins et Mémoires de la Société d'Anthropologie de Paris, 1902,

page 35.

3 Bourneville. - Recherches sur l'épilepsie, l'hystérie et l'idiotie,

compte rendu de Bicêtre pour 1901, page 193.

Atrophies cérébrales unilatérales.. 227

pas une hypothèse, et le fait se présente constamment : un

petit cerveau s'accompagne d'un petit crâne ; tous les cas de

microcéphalie en sont la démonstration.

Quelle que soit la cause première de l'arrêt de développe-

ment des centres nerveux, le forme cranienne n'est-elle

même que l'expression de cet arrêt de développement. C'est

la persistance d'un état cranien infantile, dont l'étrangeté

tient souvent au défaut de proportion qui existe entre le

corps et la tête. La microcéphalie l peut s'accompagner d'un

arrêt général de la croissance, constituant alors une va-

riété de nanisme, mais elle peut aussi surmonter un corps

relativement développé et, dans tous les cas, l'étude du crâne

qui en a été faite est démonstrative : la forme, la disposition

des parties osseuses, la valeur des angles pétro-clivien,

inio-clivien, clivo-horizontal, basilaire, indiquant l'inclinai-

son de certaines portions craniennes par rapport à l'horizon-

tale, traduisent mathématiquement un retard de crois-

sance.

On nous objectera peut-être que certains caractères ne sont

pas le fait de la persistance d'un état infantile : l'épaisseur

des parois crâniennes, par exemple, si remarquable chez

certains microcéphales ! ! C'est une preuve, au contraire, et

une preuve éclatante de l'origine centrale de la microcé-

phalie.

Le cerveau atrophié ne se dilate pas et par suite ne dilate

pas la cavité cranienne, mais en même temps il n'exerce

aucune pression sur l'endocrâne ; aussi le tissu osseux

parfaitement sain continue à s'accroître. La croissance

interstitielle des parois craniennes n'est pas limitée par la

pression intra-cranienne, de là son épaisseur parfois inu-

sitée. Ainsi que nous l'avons écrit antérieurement et ainsi

que M. Bourneville en a relaté de nombreux exemples, dans

tous les cas où un hémisphère est atrophié, la paroi corres-

pondante est augmentée d'épaisseur'2. Cette particularité

est en relation avec cette loi que partout où la pression est

' M. Manouvrier a donné des explications anthropologiques au sujet de

la microcéphalie accompagnée ou non de nanisme que nous conseillons

de consulter pour comprendre tous ces rapports. Nanisme in Société.

d'Anthropologie, 16 avril 1896.

* Le crâne dans les idioties. '

228 Anatomie pathologique.

augmentée, l'os tend à s'amincir (et dans l'hydrocéphalie

où elle est à son maximum on a, en effet, des parois

extrêmement minces) et que là où la pression diminue la

paroi s'épaissit.

. La figure 1 et les PL. I et II donnent un exemple frappant

de cette modification delà pression intracranienne au niveau

de la loge frontale. Le cerveau de Vey... avait une atrophie

double de la partie antérieure des lobes frontaux : il en était

donc résulté une diminution de pression dans la loge anté-

rieure et conformément à la loi sus.-énoncée, l'os frontal

s'est épaissi ainsi que l'indique la figure 8, où l'on voit la

coupe de cet os.

Dans la microcéphalie où la pression est extrêmement

faible, puisque la masse entière est frappée d'un arrêt de

croissance, l'épaisseur dès' parois peut être considérable.

L'ossification ayant lieu librement, il en résulte un envahis-

sement des sutures d'autant plus aisé que l'expansion céré-

brale absente ne s'oppose pas à leur occlusion. Dans ces cas

la synostose totale ou très avancée, d'ailleurs extrêmement

rare, n'est donc que secondaire et nullement la cause de l'atro-

phie cérébrale.

Ce qui est vrai pour les cas de microcéphalie l'est égale-

ment pour les cas où le cerveau est atteint d'un retard peu

prononcé de développement.

Si on compare les crânes des idiots à des crânes de sujets

normaux, on constate une diminution des diamètres cra-

niens, mais de plus on remarque, et c'est là un fait encore

plus intéressant car il en donne la raison, un certain nombre

de caractères en rapport avec un stade du développement

cranien nullement approprié à l'âge et à la taille du sujet'. .

On dit que le crâne présente quelques caractères infantiles,

c'est très juste car tout n'est pas enfantin, la croissance géné-

rale ayant continué et atténué certains de ces caractères.

L'épaisseur des parois, par exemple, ou encore l'ossifica-

tion de certaines sutures sont la preuve de la dysharmonie

que nous signalons.

* Nous avons insisté dans notre mémoire Le Crâne dans les Idioties,

sur/le défaut d'expansion cérébrale en vertu duquel les déformations

sont peu accentuées chez les idiots en comparaison de leur nombre. C'est

toujours la même cause qui est en jeu (comme pour la diminution des

diamètres) : le retard de développement.

Atrophies cérébrales unilatérales. 229

Nous pensons que ces explications donnent entière satisfac-

tion, mais en cas qu'il y ait malgré tout des incrédules, nous

allons ajouter les observations suivantes qui sont encore

plus démonstratives car elles reposent sur des cas ayant la

valeur de véritables expériences réalisées par un processus

morbide.

Nos observations portent sur les crânes de sujets porteurs

d'hémisphères de poids et de volumes différents par suite de

la sclérose atrophique de l'un d'eux.

Leur juxtaposition a amené dans la partie du crâne corres-

pondant à chacun d'eux des différences bien accusées : d'une

part un hémicrane normal, de l'autre un hémicrâne moins

développé, autant de variations qui démontrent que le crâne

s'est adapté de part et d'autre à sa fonction. ,

Toutes les parties de la boîte crânienne sont loin d'être

également influencées. La surface extérieure ne présente

souvent rien de remarquable, tandis que l'endocràne subit

des modifications fort appréciables. Mais sur ce dernier

encore, l'influence cérébrale s'exerce inégalement : alors que

la base cranienne subit des transformations accentuées, le

reste de la surface est peu modifié.

Cela s'explique aisément : plongé dans le liquide céphalo-

rachidien le cerveau en raison de son poids exerce une action

directe sur la surface inférieure de l'enveloppe crânienne ;

que ce poids subisse des variations, la base crânienne pré-

sentera des variations parallèles.

Nous sommes informés, grâce à des recherches craniolo-

giques patientes, qu'au cours de la croissance, la tête subit

de nombreuses transformations. Les caractères morpholo-

giques d'un crâne de foetus différent essentiellement de ceux

d'un crâne adulte; ils sont cependant reliés les uns aux au-

tres et leur apparition n'est pas spontanée mais le résultat

d'une multitude de phénomènes mécaniques, chimiques et

même pathologiques. Comme l'a écrit le Dr Papillault, un

caractère morphologique porte l'empreinte de chacun de ces

phénomènes, même des plus fugitifs 1.

Mais il est non moins évident que cette trace sera d'autant

plus profonde que le phénomène aura agi plus longtemps et

' Elude oaorpholoqique de la base du crâne (1898). Société d'Anth1'0-

pologie.

230 Anatomie pathologique.

plus fortement. La portion cranienne répondant à l'hémi-

sphère malade présentera donc un retard si on le compare

à la partie adjacente donnant asile à un hémisphère sain.

L'une comme l'autre n'auront fait que s'adapter au poids et

au volume de la masse encéphalique qu'ils supportent.

Il est facile d'apprécier par une simple inspection le moin-

dre développement de certaines parties osseuses du côté

malade (diminution de la fosse cérébrale moyenne par

exemple), l'asymétrie de la base crânienne, la scoliose de la

partie médiane de la base, mais cela ne donne aucune notion

précise de l'affaissement en masse de la base (effet direct du

poids cérébral) et de ses différences.

Pour les mettre en évidence, nous avons agi avec nos

crânes comme nous l'avions fait avec un crâne de myxoedé-

mateux au sujet duquel nous avons publié récemment quel-

ques réflexions concernant les déformations de la base dans

les Archives de Neurologie 1. Les crânes ont été dessinés au

stéréographe, puis dans le but de connaître la différence des

angles faits par chacune des voûtes orbitaires et chacun des

rochers avec une ligne commune et nullement influencée par

les variations du poids encéphalique. Nous avons :

1° Mesuré l'angle formé par la rencontre de la ligne suivant

la direction de la voûte orbitaire avec le plan horizontal de la

tête établi par Broca, plan passant par le centre des orbites

et le trou optique.

2° Mesuré l'angle existant entre la ligne suivant la crête

de la pyramide pétreuse du rocher et le clivus (plan de la

face supérieure de l'apophyse basilaire).

Voici les valeurs de l'angle orbito-horizontal :

Atrophies cérébrales unilatérales. 23t

peu accentuée d'autre part ceux qui appartenaient à des

sujets peu avancés en âge. Dans le premier cas la base cra-

nienne a été insuffisamment impressionnée et les mensura-

tions ne sauraient traduire un arrêt de développement

minime.

Dans le second cas, les inclinaisons diffèrent trop peu

pour avoir une valeur réelle ; mais alors ce n'est pas l'insi-

gnifiance de l'arrêt de développement qui est en cause, c'est

le stade peu avancé de la croissance de l'hémisphère sain

qui rétablit l'égalité. Si l'enfant eût survécu, les différences

d'inclinaison se fussent accusées au fureta mesure de l'aug-

mentation de poids.

L'inclinaison du rocher est indiquée dans le tableau sui-

vant qui donne l'angle pétroclivien.

232 Anatomie pathologique.

tissu osseux *; c'était un myxoedémateux, chez lequel l'ori-

fice externe du conduit auditif et le basion (bord antérieur

du trou occipital) normalement à un niveau différent se

trouvaient sur un même plan.

Nous allons maintenant signaler quelques variations

morphologiques résultant de l'inégalité de volume des hémi-

sphères. Une première modification qui apparaît, consiste dans

la déviation, la scoliose de la partie médiane de la base cra-

nienne depuis le corps du sphénoïde jusques et y compris

la crête endofrontale. L'apophyse crista-galli est plus ou

moins déviée vers le côté malade. Dans notre mémoire « Le

Crâne dans les Idioties », nous avons déjà attiré l'attention

sur cette anomalie en faisant remarquer d'ailleurs que depuis

de longues années M. Bourneville= l'avait notée dans toutes

les descriptions relatives aux nécropsies s'accompagnant

d'hémiatrophies cérébrales.

Sa genèse est simple : lorsque les deux hémisphères se

développent également et simultanément, la pression sup-

portée par l'apophyse crista-galli sur ses deux faces est iden-

tique. Qu'un des hémisphères s'atrophie et cesse de se déve-

lopper, qu'arrive-t-il ? Le demi-cerveau sain exerce sa

pression d'une part sur la paroi résistante de la voûte cra-

nienne correspondant à sa face externe, d'autre part, sur

la paroi dépressible formée par la faux du cerveau et la lame

mince recouvrant le tissu spongieux de l'apophyse crista-

galli. Mais toute cette paroi interne se laisse déprimer parla

pression normale de l'hémisphère sain, qui n'est pas contre-

balancée par une pression en sens contraire. L'hémisphère

au cours de sa naissance agrandit donc sa loge aux dépens de

la loge de l'hémisphère opposé.

Les déformations de l'apophyse sont les suivantes : elle est

plus ou moins renversée. La face répondant au côté sain est

aplatie et lisse, la face opposée est bombée et renflée; ces

aspects sont à rapprocher de ceux qui se retrouvent sur les

1 Archives de Neurologie, 1903 et Comptas rendus de Bicêtre, 1903 ;

Paul-Boncour : Mécanisme de quelques déformations crâniennes dans le

myxoedème (Société d'Anthropologie, 18 juin 1903).

2 M. Regnault (Compte rendu de l'Association des anatomistes, 1901)

et M. Ledouble (Traité des variations des os du crâne), rattachent égale-

ment la déviation de l'apophyse à l'inégalité de volume des hémisphères.

Atrophies cérébrales unilatérales. 233

crânes normaux à différents âges : sur un crâne d'adulte

l'apophyse crista-galli est généralement mince et aplatie sur

ses deux faces : sur un crâne de foetus, elle est, la plupart

du temps, plus ou moins renflée.

Dans nos cas, un côté rappelle donc l'aspect normal, tan-

dis que sur le côté opposé on constate la persistance de la

forme fcetale. Le renversement parfois complet est l'exagé-

ration d'un mécanisme normal, due à une inégalité de pres-

sion pathologique.

Ajoutons pour aider à la compréhension de ces formes :

1° Que sur un certain nombre de crânes ayant appartenu

à des microcéphales, nous avons constaté l'aspect renflé en

totalité, ce qui n'a rien d'étonnant puisque l'absence de

pression est générale'. ? ° Que les hémiplégiques, décédés en bas âge, ne présen-

tent pas de déviation de l'apophyse, ou ils n'en présentent

qu'une très minime puisque l'hémisphère sain n'a pas eu le

temps ou mieux le besoin d'agrandir sa loge.

Une autre conséquence de la déviation de l'apophyse

crista-galli est la diminution de largeur de la fosse ethmoï-

dale répondant au côté malade. En même temps que l'apo-

physe est repoussée, la partie sous-jacente, la lame perpen-

diculaire de l'ethmoïde, dont elle n'est que le prolongement

la suit dans ce mouvement d'où la déviation de cette por-

tion facile à voir lorsqu'on regarde par l'ouverture antérieure z

des fosses nasales ; d'où aussi le rétrécissement de la fosse

ethmoïdale.

Enfin, à la partie antérieure, la crête endofrontale est

repoussée du côté malade, si bien que la partie médiane de

l'os frontal considéré par la face externe ne répond en rien à

la saillie de cette crête osseuse interne.

La différence de pression a amené également une asymé-

trie du corps du sphénoïde. Les deux versants latéraux qui

se continuent avec la face supérieure des grandes ailes ont des

inclinaisons différentes; le versant contribuant à former la

loge de l'hémisphère sain est beaucoup plus oblique que celui

du côté opposé : il tend à la verticalité. La pression plus forte

a modifié aisément le corps de l'os creusé de sinus et amené

' Nous l'avons aussi constaté sur les crânes ayant donné asile à une

porencéphalie double ?

234 Anatomie pathologique.

un aspect normal, tandis que du côté répondant à une

moindre pression on a un aspectqui serait normal si le sujet

était encore en bas âge. Par suite de cet aplatissement le

niveau de la naissance de la grande aile, est plus inférieur.

Nous connaissons déjà un certain nombre des phéno-

mènes au moyen desquels la partie saine du cerveau a

agrandi sa loge et rendu apparent l'arrêt de développement

de la portion osseuse renfermant l'hémisphère malade.

En voici quelques autres : l'expansion cérébrale s'étant

faite dans tous les sens au niveau de la loge moyenne, la

partie antérieure du lobe temporal qui s'introduit sous la

petite aile du sphénoïde, a légèrement repoussé en avant

la grande aile : aussi l'excavation destinée à recevoir le bec

de cette circonvolution a un développement notablement

supérieur du côté sain ; il est parfaitement appréciable à la

vue.

En arrière la pression cérébrale a produit un véritable

renversement du bord supérieur du rocher en même temps

qu'un léger tassement de cet os (nous parlons toujours par

comparaison avec le côté malade). Sur certains crânes même,

l'orifice interne du conduit auditif n'est pas aussi régulière-

ment arrondi du côté sain. Nous avons d'ailleurs noté le

fait pour certains trous optiques.

Si on calcule l'angle que fait la ligne du rocher avec la

ligue médiane horizontale, on constate qu'il est plus petit

du côté sain, l'os ayant été repoussé vers la partie posté-

rieure par suite de l'expansion du cerveau. Voici les angles

obtenus : '

Atrophies cérébrales unilatérales. 23o

cérébelleux atrophié : les rapports de ce dernier avec la face

postérieure du rocher indiquent donc bien que la résistance

a été minime 1.

Les moyens d'agrandissement de la loge antérieure nous

sont connus : inclinaison de la voûte orbitaire, déviation de

l'apophyse crista-galli et rétrécissement de la fosse ethmoï-

dale, déviation de la crête endofrontale. »

Au niveau dela voûte orbitaire on observe une autre diffé-

rence entre les deux côtés. Tandis que du côté sain il y a

des impressions digitales profondes et des éminences papil-

laires élevées, du côté malade l'aspect est plus lisse. C'est un

effet de cette loi que nous avons signalée plus haut, que

partout où la pression diminue la paroi s'épaissit là où elle

est augmentée l'os s'amincit.

Aux circonvolutions les plus pesantes, correspondent des

cavités plus profondes, mais au niveau des sillons qui les

séparent, la pression est nulle et la prolifération osseuse

se faisant librement vient combler le vide qui en résulte. Du

côté malade le cerveau appuie moins sur la voûte orbitaire, et

de plus en raison de la sclérose qui l'atteint et qui ratatine

les circonvolutions, en raison des épaississements méningés

qui sont fréquents, il n'y a pas des intervalles aussi accen-

tués et les crêtes osseuses n'ont pu s'y insinuer.

Ce n'est donc pas, comme certains cliniciens l'ont dit sans

réflexion, parce que le cerveau exerce une action trophique

directe sur l'os qui le recouvre (ce qui dans le cas d'atrophie

de cet organe , entraînerait une atrophie des crêtes

osseuses observées normalement) que l'on observe les varia-

tions précédentes.

Si on considère la voûte crânienne, on s'aperçoit du reste

1 L'inégalité croisée n'est pas absolue, quelquefois les hémisphères

cérébelleux sont égaux ; d'autres fois, plus rares, l'atrophie cérébelleuse

existe du même côté que l'atrophie cérébrale. Enfin, souvent, tandis que

les hémisphères cérébraux sont inégaux, les hémisphères cérébelleux

sont égaux. C'est, au moins, ce qui ressort du tableau sur l'Inégalité des

hémisphères cérébraux et cérébelleux, comprenant 90 cas que nous

avons publiés dans notre Compte rendu de 1902 (p. 265-273). Voici

d'ailleurs les chiffres : Inégalité croisée, 37; - inégalité du même côté,

7; - égalité (des hémisphères cérébelleux), 45. - Nous profitons de l'oc-

casion pour signaler une erreur typographique : à la page 27, il faut inter-

vertir les lettres G et D. Bourneville.

236

Anatomie pathologique.

que l'épaisseur de la paroi est plus grande du côté malade.

Pourquoi cet aspect ?

Parce que, comme nous l'avons dit, la pression à ce niveau

est moindre. Toutefois, remarquons-le, la différence d'épais-

seur est peu marquée dans certains cas et nullement compa-

rable à celle qui accompagne les scléroses totales de l'encé-

phale (microcéphalie). Il y a une dernière cause qui doit

entrer en ligne de compte : l'inflammation méningée.

Etant donnés les rapports des membranes avec l'endocrâne

Fig. G0. - Coupe de crâne de Vey... (hauteur réelle 14 ; largeur 13).

Atrophies cérébrales unilatérales. 237

cela n'a rien d'étonnant. Mais dans quelle mesure cette

inflammation exerce-t-elle son action sur la croissance de

l'os ? Ce sontlàdes phénomènes complexes sur lesquels nous

ne voulons pas nous prononcer définitivement. En effet, si

nous avons des crânes où l'inflammation ne paraît pas avoir

Fig. 61.

238

Anatomie pathologique.

influencé, ^augmentation d'épaisseur (le processus inflam-

matoire ayant été localisé à la partie postérieure du cerveau

et la région frontale ayant néanmoins un épaississement

notable), nous avons aussi d'autres cas où la réalité de cette

action est hors de doute, par exemple le cas de R.... chez

lequel l'atrophie des lobes frontaux a laissé un large

Fit. 62.

Atrophies cérébrales unilatérales.

239

espace rétro-frontal où des proliférations osseuses en forme

de lamelles constituaient une croissance osseuse anormale et

nettement d'origine inflammatoire.

Sur les fig. (je,61 et 62, on voit l'atrophie de la partie antérieure

du cerveau; sur la fig. 63 où est représentée la coupe du crâne, on

remarquera les saillies placées à la face interne du frontal, qui

sont en forme de lamelles ayant jusqu'à 2 centimètres de hauteur.

Sur la fig. 64, on voit une anomalie assez curieuse, l'agrandisse-

Fig. 63.

240 Anatomie pathologique.

ment des trous pariétaux. Nous la signalons non seulement en

raison de sa rareté, mais aussi parce que nous pensons qu'elle est,

comme les proliférations osseuses endofrontales le résultat de

troubles inflammatoires intracraniens, ayant exagéré la circula

tion et modifié le cours du sang, de telle sorte que la séance des

trous a été rendue nécessaire. On trouvera des explications très

complètes au sujet de ce cas dans les Bulletins de la Société d'An-

thropologie janvier 1902).

Fig. 64.

Atrophies cérébrales unilatérales. 241

Ces faits méritent donc d'attirer l'attention et nous espé-

rons que l'étude d'une série de crânes ayant recouvert des

cerveaux atteints de porencéphalie, pourra apporter quelque

clarté. Là, les faits sont discordants : augmentation d'épais-

seur dans certains cas, aucune modification dans d'autres

ou même amincissement (du côté atteint), mais comme le

mécanisme qui préside à la porencéphalie est loin d'être élu-

cidé puisqu'on- invoque tour à tour des hémorrhagies, des

oblitérations artérielles, de l'hydrocéphalie interne, des

processus inflammatoires, des traumatismes, des arrêts de

Bourneville, Gicêlre, 1903. 16

I-ï. (i5. - Cràne de Pen...

'242 . Anatomie pathologique.

développement limités à une zone cranio-cérébrale, des

malformations osseuses, etc., etc., il semble que la diversité

des causes permettra d'expliquer celle des aspects et de fixer

ce point intéressant de la morphologie crânienne.

- 'En résumé, nous avons trouvé au cours de nos recherches

les preuves d'un retard de développement hémi-cranien, lié

au retard de l'expansion hémi-cérébrale. Dans une moitié du

crâne nous avons constaté des caractères analogues à ceux

que nous avons rencontrés chez les microcéphales et les sujets

ayant un faible volume encéphalique. Il y a des modifica-

tions spéciales engendrées par la juxtaposition de deux

hémisphères inégaux, mais le mécanisme est un mécanisme

normal et nullement un effet direct du processus pathologi-

que.

; Sur la moitié du crâne insuffisamment développé on

; trouve également les troubles d'ossification (épaisseur plus

grande) rencontrés chez les microcéphales, on y trouve : même au niveau de certaines sutures, une synostose plus

avancée en raison de l'arrêt de développement cérébral qui

' ne s'oppose pas à leur envahissement par le tissu osseux. : Sur quelques crânes notamment, il est curieux de voir au

fond de la fosse cérébrale moyenne d'un côté une suture

sphéno-temporale dentelée et témoignant de l'activité de

l'accroissement nécessité par un hémisphère sain, de l'autre,

une suture sans dentelures, à demi synostosée, dont l'obli-

tération traduit l'arrêt de développement de l'hémisphère

correspondant. Comme sur nos crânes d'idiots les caractères

d'infantilisme sont compliqués de caractères d'ossification

. active. ·

. Il nous resterait un long chapitre à écrire sur les modifi-

cations de la surface externe du crâne et de la forme géné-

- raie. Nous la ferons ultérieurement et dans un mémoire

spécial, car les modifications relevées sont surtout d'origine

musculaire et analogues à celles que nous avons exposées à

propos des os des membres'.

La forme générale est peu transformée en raison des fai-

bles variations de la pression interne et de l'épaississement

des parois. On pourrait s'en étonner eu égard à l'intensité

t Comptes rendus de Bicêtre et Bulletin de la Société d'Anthropologie.

1900 et 1901.

Atrophies cérébrales unilatérales. 247

des lésions cérébrales et il. la diversité des troubles patholo-

giques. Mais qu'on se rappelle ce que nous écrivions anté-

rieurement à ce sujet' : « Il est nécessaire de dire, si l'on veut

bien définir la loi qui règle les rapports du contenant et du

contenu, que le crâne est en rapport non pas avec le cer-

veau mais avec la pression .intra-cranienne », et nous en

donnions des exemples.

La figura 65 et les Planches IV et V reproduisent un cas caracté=

ristique. Bien que relativement petit, le crâne de Perre... avait

des dimensions qui faisaient croire à un poids encéphalique beau-

coup plus élevé. Or, il n'atteignait que 163 grammes, mais l'espace

laissé libre entre l'encéphale et les parois craniennes était occupé

par une quantité considérable de liquide dont la présence suffisait

à maintenir la pression intracranienne. Les ventricules cérébraux

(voir les PLANCUES qui les représentent dans le n° 64 des ri rchives de

Neurologie de 1901, où l'observation complète a été publiée, avec ,d

portrait de l'enfant) étaient eux-mêmes distendus par du liquide.

On voit sur les Planches IV et V les hémisphères à l'état naturel

et après leur incision. Le crâne (fig. 65) a une forme régulière.

En général, ceux qui mesurent les anormaux paraissent

oublier cette loi : ils constatent des modifications dans les

diamètres crâniens et immédiatement ils en déduisent que le

cerveau est parallèlement modifié. C'est une faute qui devient

grosse de conséquences aussitôt qu'on applique cette façon

d'interpréter les faits à des anormaux d'un degré supérieur; 1

Avant de terminer, signalons une modification assez fré-

quente, mais non constante : c'est le moindre développement

d'un des côtés du crâne. L'asymétrie est nette et néanmoins

beaucoup de ces crânes avaient été étiquetés plagiocéphales,

ce qui est une erreur, la plagiocéphalie2 ne s'accompagnant

pas d'un arrêt cle développement de l'un des hémisphères.

En tout cas, si l'on conserve à cette forme le nom de plagio-

céphalie, il faut, pour éviter toute confusion, la distinguer

nettement de la plagiocéphalie ordinaire. (Ce mémoire a été

fait avec les crânes recueillis par notre ancien maître,

M. Bourneville, crânes qui sont déposés dans son Musée de

Bicêtre.) .

1 Le crâne dans les idioties, loc. cit.

- On trouvera un excellent mémoire de M. Manouvrier sur celte ques-

tion dans les Bulletins de la Société d'Anthropologie de l'année 1883.

VI.

Imbécillité; hémiplégie gauche; épilepsie; état de

mal; mort; atrophie très considérable de l'hémis-

phère cérébral droit; absence du corps calleux;

. Par BOURNEVILLE et Reine MAUGERET

Sommaire. - Père et sa famille, rien de particulier. - Petite cou-

sine, hémiplégie gauche congénitale. - Mère, rien. Grand-père

paternel, mort de tuberculose ( ? ).-Oncle et tante maternels, excès de

boisson. -Autre tante, crises de nerfs. - Autre tante, intelligence

médiocre, cataracte. - Cousine germaine, épileptique. - Pas de

consanguinité. - Egalité d'âge.

Conception, grossesse, accouchement, naissance, rien de particu-

lier.

Première dent- à huit mois; dentition complète à deux ans et

demi. - Début de la marche, de la parole, de la propreté à dix

mois. - Etat de mal convulsif à onze mois, pendant trois jours :

- prédominance des convulsions à gauche : Hémiplégie gauche con-

. sécutive et arrêt de l'intelligence. - Suppression de la marche

gui ne revient qu'à cinq ans. - Coqueluche à quatre ans. - Début

de l'épilepsie à deux ans et demi ; accès sériels.

' Etat du malade à l'entrée : . Hémiplégie gauche, atrophie et con-

fracture. - Marche des accès. Etat de mal, élévation progressive

de la température ; mort. Température et poids après décès.

Autopsie. - Asymétrie de la base du crâne : rétrécissement des

fosses à droite ; épaississement notable du frontal et du pariétal

droits. - Atrophie considérable de l'hémisphère cérébral droit; -

des nerfs et des artères de la base de l'encéphale; - Dégénéra-

tions secondaires.

Persistance du thymus. - Tubercules cicatrisés. - Hypertrb-

phie du coeur. - Hydatides des testicules.

Ham... (Jean-Marie), né le 18 août 1886 à Milhac de Nontron

(Dordogne), est entré à Bicêtre le 13 mars 1903, et y est décédé le

23 octobre 1903.

Antécédents héréditaires. 249

Antécédents, (Renseignements fournis par son père et par sa tante

maternelle). Père, cinquante-deux ans, terrassier, exempté du ser-

vice militaire par un frère sous les drapeaux; il n'a eu ni convul-

sions, ni chorée, ni fièvre typhoïde, ni rhumatismes, ni derma-

toses, ni syphilis. Il a fait, avant son mariage, quelques excès de

boisson, mais est actuellement très sobre, ne fume pas, est de

caractère doux, n'a pas de migraines. Son père, potier, mort à

soixante-sept ans de pneumonie, était sobre. Sa mère, morte à

soixante-dix-sept ans de vieillesse, ni démente, ni paralytique,

était sobre. Grands-parents paternels sobres, morts, ni déments,

ni paralysés, le grand-père à quatre-vingt-dix-sept ans, la grand

mère à soixante-dix. Grand-parents maternels, morts, le grand

père à soixante-dix ans, la grand'mère à soixante-huit; pas de

détails sur eux. Une tante paternelle, morte on ne sait de quoi,

aurait eu deux enfants bien portants. Deux ondes et une tante ma-

ternels, décédés de maladie inconnue, n'auraient pas eu d'attaques.

Deux frères et une soeur, bien portants, sobres, n'ont pas eu de con-

vulsions ; leurs enfants, six garçons et deux filles, sont en bonne

santé et n'ont pas eu de convulsions. Une cousine au second degré,

du côté maternel, est venue au monde paralysée du côté gauche;

elle a beaucoup de peine à marcher, mais ne serait pas arriérée et

n'aurait pas d'accès. Dans le reste de la famille, rien autre à signa-

ler.

Mère, morte à quarante-cinq ans, il y a un an, de « chlorose »,

elle toussait beaucoup, avait beaucoup maigri, était jaune pâle,

avait eu une perte un mois avant sa mort; elle n'avait eu ni con-

vulsions, ni fièvre typhoïde, ni rhumatismes, ni dermatoses, ni

syphilis; elle était très sobre, d'un caractère très doux, et n'avait

pas de migraines. Son père est mort à quarante-sept ans, de tuber-

culose suivant son gendre, d'un cancer « dans le côté gauche » sui-

vant sa fille; on ne croit pas qu'il fut buveur. Sa mère, âgée de

soixante-treize ans, est bien portante, sauf un affaiblissement de

la vue. Pas de renseignements sur les grands-parents paternels et

maternels. Pas d'oncles et tantes ni paternels ni maternels. Trois

frères, dont l'un fait de nombreux excès de boisson, les deux autres

sont mariés et comme leurs enfants sont bien portants. Quatre

sielt1's : l'une mariée, sans enfants, est morte usée par la bois-

son; les trois autres sont bien portantes, sobres, et deux d'entre

elles ont des enfants également sains; de ces trois soeurs vivantes,

l'une aurait eu des crises de nerfs mal déterminées, dans lesquelles

elle ne perdait pas connaissance; une autre, celle qui donne une

partie de ces renseignements, est calme, d'une intelligence mé-

diocre, parait avoir une cataracte de la première enfance, a eu, de

dix à treize ans des fièvres intermittentes dans son pays (près de

Lannion), qu'elle a. quitté à dix-neuf ans, elle a quatre enfants bien

250 IMBÉCILLITÉ. hémiplégie- gauche, ÉPILEPSIE.

portants. Huit neveux et deux nièces en bonne santé; une nièce de

dix-sept ans, épileptique. Dans le reste de la famille, rien à signa-

ler d'anormal. Pas d'autre épileptique.

Pas de consanguinité. Père et mère, tous deux des Côtes-du--

Nord, mais de communes.différentes. Égalité d'âge.

Quatre enfants : 1° garçon mort du croup à un an, pas de con-

vulsions ; 2° garçon, dix-huit ans, pas de.convulsions, bien portant,,

sert les maçons; 3 le malade; 4° fille, neuf ans, pas de convulsions.

Le malade. - Rien de particulier à la conception. Rien non plus

il signaler pendant la grossesse, ni traumatismes, ni ennuis, ni

troubles morbides d'aucune sorte, ni maladies infectieuses. Pre-

miers mouvements du foetus à quatre mois et demi. Accouchement

à terme naturel, par le sommet; durée du travail, six heures; pas

de chloroforme; quantité des eaux de l'amnios normale. Pas d'as-

phyxie à la naissance, pas de circulaire autour du cou. L'enfant

semblait bien portant et pesait cinq livres et demie; ses premiers

cris ont été naturels. Allaitement au sein par la mère; sevrage à

deux ans. Première dent à huit mois. Dentition complète à deux

ans et demi. Début de la parole, de la marche et de la propreté à

dix mois. Pas de renseignements sur la date de la fermeture des

fontanelles.

A onze mois, l'enfant, qui jusque-là était absolument normal, eut

des convulsions. Il resta trois jours sans connaissance, « il y avait

des moments où il était raide comme un bout de bois »; pas de

détails sur les secousses cloniques, mais les convulsions prédomi-

naient du côté gauche; les yeux n'auraient pas été tournés; il y eut

des évacuations involontaires. Après ces trois jours de convulsions,

l'enfant resta paralysé du côté gauche; c'est quatre à cinq jours

après ( ? ) que l'on constata la raideur du bras et de la jambe; le

pied n'aurait jamais été tourné.

Auparavant, il... était très fort, et le père affirme qu'il marchait

seul depuis une dizaine de jours : à partir de ce moment, il cessa

de marcher pour ne plus remarcher qu'à cinq ans. Avant les convnl-

sions, le père répète que son enfant était intelligent, prononçait

quelques mots tels que papa, maman, riait, s'amusait, était cares-

sant ; après les convulsions, il perdit les quelques mots qu'il pronon-

çait, il^ne jouait plus et paraissait triste. Son sommeil resta bon.

On ne sait à quelle cause attribuer ces convulsions. Il n'y en aurait,

d'ailleurs, jamais eu d'autres.

Vers deux ans et demi, apparurent des accès épileptiques. Ces

accès survenaient par séries, surtout au moment des changements

de température; d'autres fois, trois mois s'écoulaient sans qu'il

s'en produisit. Le maximum des accès parait avoir été de six en

Antécédents personnels. 251

vingt-quatre heures. Mais le père peut mal préciser la marche de

la maladie. Il semble cependant qu'avec l'âge les accès soient deve-

nus moins fréquents. Ils étaient aussi bien nocturnes que diurnes.

Aucun renseignement sur les accès nocturnes. En ce qui concerne

les accès diurnes, pas d'aura, pas de cri; l'enfant ne tombait pas,

mais s'appuyait seulementsurce qui se trouvaità saportée. ou bien

s'asseyait. Le côté droit restait tout à fait indemne. Du côté gauche,

il y avait un tremblement très prononcé du membre inférieur; il

s'agit, d'après ce que montre le père, de trépidation avec frappe-

ment du talon sur ie sol ; le bras ne tremblait pas. A la fin de la

crise qui durait environ deux minutes, il y avait deux ou trois

secousses cloniques, à amplitude assez large, dans le bras gauche.

mais aucune dans la jambe gauche. Aucune modification du côté

droit. Aucune non plus à la face, pas de congestion, pas de dévia-

tion des yeux. Un peu de bave filante. Ni miction, ni défécation

involontaires. A la fin de l'accès, l'enfant parfois « rigolait », sou-

riait, d'autres fois avait quelques larmes ; mais aussitôt la crise

passée, il redevenait tel qu'auparavant.

Le caractère de l'enfant est très doux. Pas d'accès de colère. Pas

de mauvais instinct ? , vol, gourmandise, salacité, pyromanie, clas-

tomanie. Pas d'onanisme. Pas de turbulence. Les fonctions diges-

tives sont normales, mais l'enfant bave en mangeant; pas de cons-

tipation ni de diarrhée, ni rumination, ni gâtisme. Pas de vers

intestinaux. Pas de bronchite ni d'hémoptysie. La sensibilité géné-

rale est normale. Au point de vue sensoriel, l'enfant verrait moins

bien de l'oeil gauche; mais aucune différence en ce qui concerne

l'odorat ni l'ouïe. Jamais d'hallucinations ni de folie. Les senti-

ments affectifs sont développés : l'enfant est obligeant, et aime

bien son père et ses frères et soeurs. Il n'est pas impressionnable.

Pas de renseignements sur des vertiges possibles. 11 ne se plaint

jamais de la tête. Ni grincements de dents, ni grimaces, ni tics.

Le sommeil est bon, sans rêves, ni cauchemars, ni accès de cris;

pas d'attaques de sommeil, pas de somnambulisme. Très peu de

mémoire, pas de raisonnement. L'enfant est allé à l'école de sept à

quatorze ans, il n'apprenait rien, mais on le gardait, parce que ses

crises n'attiraient pas l'attention : il n'y est plus allé et est resté

seul à la chambre depuis la mort de sa mère (il y a un an) « parce

qu'il est trop vieux » ; il ne sait ni lire ni écrire. Aucune aptitude

particulière. Il ressemble à son père physiquement, et à sa mère

psychiquement. Pas de renseignements sur les traitements suivis;

sa mère le conduisait au dispensaire Furtado-Heine et lui donnait

les médicaments délivrés. Aucun traitement depuis trois ans. Une

seule maladie infectieuse, la coqueluche à quatre ans. Pas d'acci-

dents scrofuleux, ni de rachitisme. Aucun traumatisme céphalique

ou autre.

252 Imbécillité, hémiplégie gauche, ÉPILEPSIE.

Température à l'entrée (13-18 mars).

DESCRIPTION DU malade. 283

lantes. Joues régulières, légèrement rosées. Bouche assez grande,

horizontale. Lèvres et langue peu épaisses. Goût normal. Voûte pa-

latine profonde, légèrement ogivale. Luette et pharynx normaux;

amygdales peu volumineuses; pas de végétations adénoïdes. Pro-

gnathisme du maxillaire supérieur avec les dents très serrées et

quelques caries; au maxillaire inférieur, rien de particulier, quel-

ques caries. Mastication normale. Menton rond, sur le même plan

que le maxillaire supérieur. Oreilles normalement implantées, un

peu écartées du crâne ; hélix normal, assez bien ourlé, léger tuber-

cule de Darwin ; anthélix, tragus et antitragus normaux; lobule

non adhérent. Ouïe bonne.

Cou : circonférence, 2R centimètres. Corps thyroïde normal.

Membres supérieurs. - Le membre supérieur gauche est atrophié,

les masses musculaires ont presque disparu. Il est cyanose et froid,

surtout au niveau de l'extrémité. Un léger duvet le recouvre. Le

bras est collé au tronc ; l'avant-bras fléchi sur le bras à angle droit,

et en pronation ; la main légèrement fermée, le pouce en dedans.

Le membre entier présente une contracture presque invincible ; les

mouvements spontanés y sont trop insuffisants pour permettre à

l'enfant de s'en servir utilement. La sensibilité y est diminuée au

tact, à la température, à la douleur. Pas d'hémichorée, ni d'hémi-

athétose. Sur les mains, les mêmes taches que sur le visage. -

Le membre supérieur droit est normal.

Membres inférieurs . - Le membre inférieur gauche est atrophié

comme le supérieur, aussi bien dans sa longueur que dans son

volume. Un léger duvet le recouvre de même. La cuisse est en

extension sur le bassin, la jambe en extension sur la cuisse, le

pied en extension sur la jambe. Le membre entier est paralysé et

en état de contracture. La sensibilité y est diminuée au tact, à la

température, à la douleur. Réflexe rotulien exagéré; trépidation

spinale. Réflexe de Babiushi en extension. La marche se fait pres-

que en équinisme, le talon touchant à peine la terre. L'enfant court

rarement, et le saut lui est difficile (Fig. 66).

Thorax régulier. Respiration costo-abdominale. Rien d'anormal

la percussion et à l'auscultation des poumons; de même qu'à

celles du coeur. Pouls plein et vibrant. Abdomen : rien d'anormal

à la palpation et à la percussion du foie, de la rate, des fosses

iliaques. Les deux côtés du tronc sont à peu près semblables.

Organes génitaux et puberté. - La lèvre supérieure, la lèvre in-

férieure, les joues, le menton, sont glabres ; dans les aisselles,

quelques poils roux : thorax sur les deux faces, ventre et fesses,

glabres ; sur le pénil, quelques poils roux frisés; verge, longueur

9 cm. 5, circonférence 8 cm. 5 ; bourses normales ; testicules, du

volume d'une noix, le gauche est plus petit ; périnée et anus, gla-

bres ; les membres supérieur et inférieur droits, glabres; les mem-

bres supérieur et inférieur gauches, recouverts d'un léger duvet.

254

IMBÉCILLITÉ, .HEMIPLEGIE gauche, ÉPILEPSIE.

Au point de vue fonctionnel, peu de chose à signaler. Le§ fonc-

tions digestives s'accomplissent bien ; l'enfant a bon appétit, il pré-

fère le lait au vin, digère bien, a des selles régulières mais avec

tendance â la constipation; ne gàte jamais. La respiration est

normale. La sensibilité générale est diminuée du côté gauche ( ? )

Intelligence très peu développée. Parole naturelle, mais l'enfant

ne fait que répondre aux questions qui lui sont posées, et cela

toujours à voix basse.

Poids à l'entrée, 38 kilog. 600. -Taille, 1 ? 48. Les urines ne

contiennent ni sucre, ni albumine.

. Traitement : hydrothérapie ; élixir polybromuré, de 1 à 3 cuille-

rées ; école.

Fig. 66. - 1-lam... en mars J 903. '

, Marche des accès. 255 5

Mars. - Ni accès ni vertige. -. Avril : un vertige. - lllai : ni

accès ni vertige.

. Juin. - Un accès, un vertige. 12 juin, l'enfant est revacciné avec

succès. Le caractère de l'enfant est sombre, doux et timide; il se

borne à répondre quand on lui parle, mais jamais n'entame la

conversation de lui-même, et parle toujours à voix basse. Il n'est

pas du tout affectueux, ni avec les autres ni avec les infirmiers ;

il est même indifférent pour tout le monde. Il serait un peu sour-

nois. Il se laisse guider avec docilité et n'est pas grossier. Il s'est

habitué facilement dans le service, et on ne l'a jamais vu pleurer;

mais il ne rit ou sourit que rarement, rien ne paraît le distraire.

Il procède lui-même à tous les soins de sa toilette, bien qu'avec un

peu de maladresse, et de nonchalance. Il n'a ni tics ni manies.

Son sommeil est régulier, sans cauchemars ni hallucinations. Lors

de ses accès, il dit avoir un peu mal à la tète, mais seulement s'il

est interrogé, car il ne se plaint jamais. Lors de son entrée, il a

été placé dans la troisième classe. Eu ce qui concerne la lecture, il

a été mis à la deuxième partie du syllabaire Regimbeau, phrases

de lecture courante, bonne articulation. Ecriture mal assurée, un

peu tremblée. En calcul, il ne fait que l'addition, lit et écrit des

nombres comprenant des centaines. Aucune notion d'histoire ni

de géographie. Connaissances usuelles peu développées : il a quel-

ques notions sur les couleurs, sur les animaux les plus communs,

sur les métiers, sur les légumes et quelques céréales. Depuis son

entrée, il a fait quelques progrès; il est docile et' attentif, fait t

preuve de beaucoup de bonne volonté et s'applique de son mieux.

Sa tenue est bonne, son caractère bon et serviable, il ne taquine

jamais ses camarades.

Juillet. -- Deux accès, deux vertiges. - Août : Un accès, pas

de vertige. - Septembre : Ni accès, ni vertige.

Octobre. - Les accès reparaissent et deviennent, à partir du 18,

plus fréquents qu'ils n'ont jamais été ; ils se produisent surtout la

nuit. On en compte 27 du 14 octobre au 23.

Le 23, l'enfant qui en a eu plusieurs dans son dortoir, est trans-

féré à l'infirmerie, à 7 heures et demie du matin. Sa température

à 8 heures du matin est de 37°,7. A 9 heures, un accès, qui dure

environ deux minutes. De 9 heures à 2 heures de l'après-midi, ni

accès ni vertige ; l'enfant dort, de 10 heures à midi, la tempéra-

ture à ce moment est de 38° ; aucun malaise apparent, mais l'en-

fant, interrogé, accuse un léger mal de tête. A plusieurs reprises,

lotions vinaigrées et sinapismes. Vers 2 heures de l'après-midi,

nouvel accès, qui est le début d'un état de mal : 7 accès se succè-

dent, à intervalle de dix minutes ou un quart d'heure. Lors du

premier, la température est de 37°,6 au moment du ronflement,

de 3do,9, un quart d'heure après, de 37°8 deux heures après.

L'enfant sent venir les crises : « Cela va me reprendre, dit-il, les

256 Imbécillité, hémiplégie, état DE MAL ÉPILEPTIQUE. '

doigts me piquent », et aussitôt, il est pris d'un tremblement géné-

ral, les secousses sont plus fortes du côté gauche, la bouche est légè-

rement convulsée, sans déviation accusée ni à droite ni à gauche,

le nez est pincé, les paupières battent vivement, les yeux sont

demi-ouverts, non injectés, les pupilles sont fortement dilatées,

surtout la droite, la face est congestionnée. Presqu'aussitôt l'ac-

cès terminé, l'enfant pâlit. Pendant les accès, il conserve son

entière connaissance. Interrogé à plusieurs reprises, il répond, bien

qu'avec difficulté à cause des secousses ; on lui demande s'il

souffre, il répond : « Oui, un peu, j'étouffe et j'ai mal à la tête. »

Lors de l'approche d'un accès, il dit encore : « Je voudrais bien

m'empêcher de trembler de la sorte, mais je ne peux pas me rete-

nir ». Les 7 accès successifs sont semblables, et se produisent à

environ dix minutes d'intervalle; ni bave, ni mousse, pas d'évacua-

tion involontaire d'urine ou de matière ni pendant ni après. Tempé-

rature prise lors d'un accès : au moment du ronflement, 37°,6 ;

cinq minutes après l'accès, 38 ? ; un quart d'heure après l'accès,

38°,5. Traitement : lotions vinaigrées, sinapismes, bain sinapisé,

lavements purgatifs, une cuillerée d'élixir polybromuré, inhala-

tions de nitrite d'amyle. Un peu après 5 heures, huitième accès ; -,

subitement, l'enfant se congestionne, le cou et les oreilles sont

d'un rouge pourpre, la figure boursouflée, les yeux légèrement

injectés, les lèvres noirâtres; mêmes secousses des membres et

mêmes battements des paupières]que dans les accès précédents, sans

non plus de morsure de la langue, ni de bave, ni mousse ; mais

cette fois un fort bruit de déglutition, et une évacuation abondante

succédant à un second lavement, le premier n'avait pas agi.

L'accès dure deux minutes environ. Le malade se plaint fortement

à trois ou quatre reprises, mais cette fois il avait perdu connais-

sance. Brusquement, le visage pâlit, les membres s'allongent, et

l'enfant rend le dernier soupir à 5 h. 20 du soir. (ri ? 09).

Tableaux DES accès, DU POIDS. ETC. 25

Tableau des accès et des vertiges.

258 État DE MAL, mort.

ques dizièmes de degré sous l'influence de l'accès (Voir pour com-

paraison le tableau de la T. à l'entrée, p. 252).

Autopsie, faite le 25 octobre 1903 à 10 heures du matin, soit qua-

rante-une heures après le décès.

Cou. - Persistance du thymus (37 grammes). Corps thyroïde,

14 grammes.

Thorax. - Poumons fortement congestionnés; le droit présente

des cicatrices de tubercules, il n'en existe pas à gauche.

Coeur énorme (250 grammes), surchargé de graisse. Pas de per-

sistance du trou de Botal. Pas de lésions valvulaires. Dilatation

assez sensible de l'aorte.

Abdomen. - Rien de particulier à l'estomac, ni à l'intestin, ni à

l'appendice, lequel mesure 12 centimètres de longueur. Rien non

plus au pancréas ni à la rate. Foie volumineux et très congestionné;

la vésicule biliaire ne présente rien de spécial et ne contient pas

de calculs. Reins se décortiquant facilement et n'offrant pas de

lésions. Rien de particulier aux capsules surrénales ni aux organes

urinaires. Le testicule gauche présente, sur l'épididyme, une hyda-

tide pédiculéc, dont le pédicule mesure presque un centimètre, et

à son pôle antérieur, une hydatide sessile. Sur le testicule droit,

même disposition, mais le pédicule est moins long.

Tète. - Cuir chevelu assez épais, un peu congestionné. Crâne :

dur, épais, très épais même dans sa moitié droite, correspondant

au foyer cérébral (le frontal droit mesure 9 millimètres, le pariétal

6 millimètres) ; la moitié gauche est notablement moins épaisse (le

frontal gauche mesure 3 millimètres, le pariétal 3 millimètres). La

moitié droite de l'occipital participe à cette hypertrophie osseuse

(Fig. 67).

Il n'y a pas de plaques transparentes sur la moitié droite, hyper-

trophiée, du crâne, tandis qu'il en existe de nombreuses sur la

moitié gauche. Le frontal, dans toute sa moitié droite et la partie

voisine du frontal gauche (légèrement hypertrophiée) ainsi que le

pariétal et l'occipital droits sont gras et d'un gris violacé, indice

d'une congestion intense. La suture coronale et les deux ou trois

centimètres antérieurs de la suture interpariétale sont peu dente-

lées, le reste de cette suture et la suture pariélo-occipitale sont

très dentelées.

Extérieurement l'occipital fait une saillie notable sur le pariétal

à gauche, très légère à droite.

Une grande quantité de liquide s'écoule lors de l'enlèvement du

cerveau; une certaine quantité s'écoule encore à l'incision de la

dure-mère. La fosse orbitaire est rétrécie par suite de l'épaisseur

considérable du frontal. Apophyse crista-galli mince, triangulaire,

presque collée contre la fosse orbitaire droite. Apophyses clinoïdes

antérieures effacées, les postérieures au contraire très volumi-

HYPERTROPHIE DU crâne A gauche.

259

neuses. Fosse occipitale droite un peu moins longue . que la gauche.

Pie-mère légèrement vascularisée sur les deux hémisphères, et

d'une façon générale. Glande piluitaire, un peu grosse et un peu

dure.

Cerveau. - A l'examen du cerveau, ce qui frappe immédiate-

ment, c'est l'atrophie très considérable de l'hémisphère droit. Nerf

olfactif droit, aplati et gris. - Nerf optique droit, et surtout

la bandelette beaucoup plus petit que le gauche (PL. VI). -

Tubercule, mamillaire droit, gris et aplati, trois fois au moins plus

petit que le gauclie..Artère communicante droite beaucoup plus petite

que la gauche; il en est de même' de la sylvienne, de la cérébrale

Fig. 67. - Crâne de Ham... réduit de 16 cent. 5 à 10 cent. 5 en longueur.

260 Sclérose ATROPHIQUE DE l'hémisphère DROIT.

antérieure, de la cérébrale postérieure. Les faces internes des lobes

frontaux sont accolées l'une à l'autre-.

Le bulbe et la protubérance sont bien moins larges et moins

bombés à droite qu'à gauche; la pyramide antérieure droite est

tout à fait effacée.

La coupe des pédoncules cérébraux montre que le droit est d'au

moins un quart plus petit que le gauche. L'atrophie porte sur la

largeur et davantage sur la hauteur.

Le cervelet et l'isthme pèsent 137 grammes. L'hémisphère céré-

belleux droit (73 gr.) est considérablement plus volumineux que le

gauche atrophié (.i3 gr.) (PL. VI, VII et Fig. 68).

Voici d'ailleurs leurs dimensions :

Sclérose 1TROPHIQUE DE l'hémisphère droit. 261

Hémisphère cérébral gauche. - Il a un volume normal (588 gr.).

Toutes ses circonvolutions sont bien développées, volumineuses

même, surtout la frontale ascendante dans sa moitié inférieure et

la pariétale ascendante dans son entier. Celle-ci. les plis pariétaux

supérieur et inférieur et le pli courbe pourraient être considérés

comme hypertrophiés. La première temporale, elle aussi, est

volumineuse. Mais les plis de passage n'existent pour ainsi dire

pas (Pr.. VI). Les Planches VIII et IX représentent la face interne

de l'hémisphère gauche. Les circonvolutions sont moins développées

que sur la face convexe. La Planche VIII montre en CCC, un pli qui

double la partie postérieure de la circonvolution du corps calleux,

cachée par le septum lucidum et le trigone, pli qui pourrait être

rattaché au lobule paracentral, LP( ? ). C'est parce qu'on ne voyait

pas la circonvolution du corps calleux et qu'on ne pouvait cons-

tater l'absence du corps calleux que nous avons fait faire la

Planche IX. Sur celle-ci, le septum lucidum et le trigone, Ty, sont

rabattus en bas ce qui met à découvert la circonvolution du corps

calleux, CCC, étroite, déformée, et le ventricule latéral, VL, et per-

met de constater l'absence du corps calleux.

Hémisphère cérébral DROIT.- Les PL. VI, VII, IX, X, XI, XIII, font

voir combien il est atrophié. Son poids, 133 grammes, est inférieur

de 425 grammes il celui de l'hémisphère cérébral gauche. Les

dimensions comparatives des deux hémisphères sont les sui-

vantes :

262 ) Absence DU CORPS calleux.

plis pariétaux inférieur P2 et supérieur P1 et le pli courbe, demi-

cercle qui encadre la frontale et la pariétale ascendantes.

Sur la Planche XI, qui représente également la face convexe,

l'hémisphère étant un peu rabattu en avant on voit mieux que sur la

précédente ; les circonvolutions frontale FA, et pariétale ascen-

dantes PA, ainsi que le sillon de Rolando SR.

Face interne. On y retrouve le lobe frontal LF, vermicelle de

même que le lobe orbitaire; lé lobe paracentral, le lobe quadri-

latère et le coin, formant une masse confuse, enfin le lobe occipital

déformé, - La circonvolution du corps calleux, CCC, est très irré-

gulière et au-dessous, on voit le bord droit du corps calleux CC.

Le corps strié et la couche optique, à gauche, ont leur volume et

leur configuration réguliers, tandis qu'à droite ils sont notable-

ment atrophiés et irréguliers . - Le ventricule latéral gauche est de

dimensions normales (PL.VIII et IX), le droit est considérablement

réduit (PL. VIII, X et XI).

La Planche VI montre une longue bande noire répondant

à la scissure interhémisphérique : elle tient à l'ABSENCE du

CORPS calleux.

Poids des organes.

Atrophie CROISÉE : cerveau ET CERVELET. 263

autre sce2tr sujette à des crises nerveuses, une nièce épilep-

tique.

II. Ham... aurait été absolument normal jusqu'à onze

mois. Alors apparaît un état de mal convulsif qui aurait duré

trois jours sans retour de la connaissance, et dans lequel les

convulsions auraient nettement prédominé dans le côté

gauche. A la suite se produisit le syndrome classique sur

lequel l'un de nous a si souvent appelé l'attention 1 : imbé-

cillité, hémiplégie, épilepsie.

a. L'affaiblissement de l'intelligence peut être rattaché ici

à l'imbécillité : physionomie peu expressive, air timide, ne

soutenant pas le regard ; peu de spontanéité ; nonchalance;

caractère doux, affectivité médiocre, indifférence pour tout le

monde. La volonté est faible, l'enfant se laisse guider avec

docilité. Il sait syllaber mais non lire couramment; il écrit

passablement, fait l'addition, s'habille, se lave, mange seul.

Tous ses actes sont lents, partie à cause de son état mental,

partie à cause de sa paralysie. Les notions usuelles sont assez

limitées.

b. L'hémiplégie gauche (fig. 66) est nettement caracté-

risée. Au membre supérieur les mouvements spontanés sont

à peu près nuls ; la contracture très prononcée, dans la

flexion pour le coude et la main, s'oppose presqu'absolu-

ment aux mouvements provoqués. La température y est

diminuée. Il en est de même de la sensibilité dans ses

divers modes. Notons enfin l'atrophie ou mieux l'arrêt de

développement du système musculaire bien mis en évidence

par les mensurations et la lit. 66.

Le membre inférieur gauche offre les mêmes particula-

' Bourneville, Contribution à l'élude des localisalio71s cérébrales ; ob-

servation d'hémiplégie cérébrale infantile (Mém. de la Soc. de Biologie,

1876, p. 163) ; - Hémiplégie infantile suivie d'épilepsie partielle; état de

mal épileptique, mort ; foyer ancien intéressant les circonvolutions

frontale et pariétale ascendantes et le lobe pariétal (Soc. Anatomique,

1876, p. 55S) ; - Notes cliniques sur l'épilepsie partielle (Icozzo,gr. pho-

de la Salpêtrière, 1878, t. Il : mémoire de 90 pages avee 10 plan-

ches et 2 figures) ; - Dans sa thèse intitulée : De l'épilepsie dans l'hé-

miplégie spasmodique infantile, 1882 (avec 2 pl. et 5 fig.), un de nos

internes, M. Wuillamipr, a repris notre description, en l'accompagnant de

116 observations recueillies dans notre service et mises par nous sa dis-

position ; - Epilepsie partielle, (Progrès médical, 1879, p. 299. etc.) ; -

Voir la collection des Comptes rendus de Bicêtre de 1880 à 1903, passim.

264

Epilepsie hémiplégique.

Hémiplégie. Mensurations.

État DE MAL épileptique. température.

26S

côté paralysé,, alors que le côté sain est glabre, particularités

qui se rencontrent fréquemment, mais non toujours, dans

l'hémiplégie cérébrale infantile.

c. L'épilepsie a débuté à deux ans et demi. Les accès

chez les hémiplégiques sont quelquefois isolés, le plus

souvent sériels, rarement il

s'y surajoute des vertiges

(sauf quand l'hémiplégie

est due à une méningo- en-

céphalite limitée à l'un des

hémisphères cérébraux ou

prédominant sur l'un d'eux. )

Les facultés intellectuelles

dans les limites où les a

laissées l'état de mal con-

vulsif initial et telles que le

traitement médico-pédago-

gique les a faites, sont con-

servées, en d'autres termes

les malades ne sont pas

menacés de démence épilep-

tique, sauf encore si l'hémi-

plégie est d'origine ménin-

go - encéphalitiqtte, auquel

cas la démence peut se pro-

duire. Les épileptiques hé-

miplégiques, comme Ham...

sont sujets à des états de

mal épileptique, de même

que les épileptiques ordi-

naires, et peuventysuccom-

ll ? r r.'Ad lA r'ac : Ha 1 ' p n f a n I"

dont nous venons de relater l'histoire. Mais, fréquemment,

quand ils sont parvenus à un certain âge, vingt-cinq, trente

ans s'ils ont survécu aux états de mal, on voit les accès s'éloi-

gner et enfin disparaître : le malade reste avec son idiotie

ou son imbécillité , ou son arriération mentale et son

hémiplégie. Maintes fois, tant à la Salpêtrière, quand nous

remplaçions Delasiauve, qu'à Bicêtre, lorsqu'il s'agissait de

malades de ce genre n'ayant qu'une arriération intellectuelle

ou un faible degré d'imbécillité, nous avons pu les faire

Fig. 69.- Tracé de la température

de l'état de mal de H...

266

Etat DE MAL ÉPILEPTIQUE.

passer des sections d'aliénés dans les divisions de l'hospice

comme infirmes incurables.

L'état de mal épileptique n'a offert, ici, que la première

période ou période convulsive, composée seulement de

8 accès, ces derniers compliqués d'une cyanose très pronon-

cée. Il s'est terminé par la mort en quelques heures. La

température n'a monté que jusquà 39,9 (fig. 69). Souvent elle

État DE MAL épileptique. 267

s'élève à un chiffre supérieur. D'autres fois, après la période

convulsive, après la cessation des accès, la température

s'abaisse jusqu'à la normale (lig. 70), puis elle se relève plus

ou moins vite, monte au delà de 40° et le malade succombe

(période méningitique). Enfin, dans d'autres cas, les acci-

dents méningitiques disparaissent, la température s'abaisse

progressivement une seconde fois et le malade guérit (/ï. 71).

III. L'autopsie est du plus haut intérêt.

a. Le crâne, voûte et base, est asymétrique. Sa moitié

droite est moins longue et notablement plus étroite que la

gauche, l'hémisphère cérébral droit - extrêmement atro-

plaié - ne l'ayant pas provoquée à se développer. Entre cet

hémisphère atrophié et la partie correspondante de la calotte

Fig, 71. - Etat de mal guéri.

268 État DE MAL épileptique.

crânienne, il existait un espace considérable. Cet espace

était comblé, comme il arrive en pareille circonstance et

comme nous en avons rapporté maints exemples : '1° par une

hypertrophie des os dont l'épaisseur était le double des os

correspondants du côté gauche (fig. 67) ; elle prédominait au

niveau du frontal ; 2° par une accumulation considérable du

liquide eép7zalo-·ae7aicl,iea. (Voir p. 236, fig. 60, et l'L. II

et III, un cas analogue : Hypertrophie compensatrice des os

du crâne répondant à une atrophie considérable des lobes

frontaux; - voir aussi p. 2t4 3LS).'

Les détails que nous avons donnés dans la relation de

l'autopsie nous dispensent d'insister longuement sur le cer-

veau lui-même, Nous nous contenterons de dire qu'il s'agit

là d'un bel exemple de scléi-ose alîophiqzteintéressaiitl,resque

tout l'hémisphère cérébral droit, avec atrophie croisée du

cervelet et compliqué, lésion rare, d'une absence complète du

corps calleux.

'II.

Statistique sur la persistance ou l'absence du thymus

chez les enfants anormaux ;

Par 11OUItNEt"ILLE.

En 1899 (1) nous avions établi la comparaison entre

les enfants normaux et les enfants anormaux, au

point de vue de la persistance ou de l'absence du

thymus. M. Katz, un de nos anciens internes, passé

dans un des services de l'hôpital des Enfants-Malades,

avait bien voulu alors, sur notre invitation, procéder

aux mêmes recherches sur le thymus et nous fournir

le résultat de ses recherches. '

La statistique des cas relatifs aux enfants normaux

ne comprenait malheureusement que 61 cas, tandis

que celle des enfants anormaux portait sur 292 cas ;

d'un autre côté la statistique des enfants normaux

avait trait iL des enfants au-dessous, comme âge, du

chiffre le plus bas des anormaux (13 inois). Cette

comparaison était donc toute relative. Sur 61 cas,

M. Katz trouva toujours le thymus (100 p. z) alors

qu'il n'existait chez nos anormaux que 78 fois sur 292,

soit 28 0/0'

Nous complétons cette année notre statistique de

1900 concernant nos enfants ANORMAUX.

(1) Compte rendu de 1899, p. 101.

Thymus chez LES épileptiques.

271

Le tableau ci-dessus donne une idée générale de ces

cas et la différence existant entre l'enfant idiot, Ï1nbé-

cile, etc., épileptique, et l'enfant idiot, imbécile,

etc., non épileptique.

Le tableau suivant donne âge par âge la répartition

de ces cas. (Tableau B).

Tableau n,

272 Thymus chez LES anormaux.

Comme on le voit d'après le tableau A, nous trou-

vons une moyenne de 24. 6 0/0 pour les enfants idiots,

imbéciles, etc., mais épileptiques, et une moyenne,

de 26 0/0 chez les mêmes malades non épileptiques S

ce qui semblerait indiquer que le thymus disparait

relativement plus vite chez l'enfant idiot épileptique.

Au point de vue du poids ces cas se répartissent

ainsi : .

VIII.

Statistique sur la synostose du crâne chez les idiots et

les épileptiques ;

PAR itOL'lt\13\1LLE.

Dans sa thèse inaugurale (1), faite avec les crânes

de notre serviceet sur nos indications, M. le Dr Taquet

donnait les conclusions suivantes :

« I. L'oblitération des sutures du crâne ne se fait

pas plus prématurément chez les idiots que chez les

sujets sains.

II. L'arrêt' de développement du cerveau n'est en

aucun des cas observés parnous, la conséquence d'un

arrêt de développement de la boite osseuse.

III. Le traitement médico-péclagogique, tel qu'il est

appliqué à Bicêtre et à la Fondation Vallée parait,

jusqu'à présent, avoir une supériorité incontestable

sur le traitement chirurgical, d'ailleurs aujourd'hui, à

peu près complètement abandonné.

Dans sa thèse 2), M. le D. Relay, terminait ainsi

ses conclusions : « Jusqu'à ce que la valeur réelle du

traitement opératoire de l'épilepsie soit nettement

connue, cette affection ne doit pas sortir du domaine

de la médecine : elle doit continuera être soumise au

(1) Taquet (E.J De l'oblitération des sutures du crâne chez les

Idiots.

(2) Rellay. Fssai sur le traitement chirurgicale de l'épilepsie.

Thèse faite également avec les piéces de notre musée.

BOURNEV1LLE, Bicêtre, 1903. 18

274

SYNOSTOSE DU crâne.

traitement classique (polybromures, hygiène, douches,

vie au grand air, travail manuel, etc.) qui produit des

résultats supérieurs à toute intervention. »

Nous acons toujours combattu, nos Comptes-ren-

dus en font foi, l'intervention chirurgicale dans le

traitement de l'épilepsie ou de l'idiotie, la synostose

prématurée des sutures du crâne chez ces divers mala-

des, étant plutôt très rare, c'est-à-dire l'exception et

non la règle. comme l'ont prétendu, à tort, certains

chirurgiens.

Dans notre musée, où nous possédons une belle

collection de malades trépanés, nous n'avons jamais

observé la synostose complète des sutures. Enfin sur

Synostose DU crâne. 275

675 crânes (1) que renferme ce musée (enfants ou adul-

tes de 2 à 25 ans), nous ne trouvons que deux cas de

synostose complète et 29 cas de synotose partielle.

Le tableau ci-dessus, donne àge par âge la réparti-

tion de ces cas.

(1) Notre collection se compose de 738 crânes; nous en avons re-

tranché 63 ayant appartenu à des malades âgés de plus de 25 ans.

IX.

Note statistique sur le rôle de la consanguinité dans

l'étiologie de l'épilepsie, de l'hystérie, de 1 idiotie et

de l'imbécillité ;

Par BOURNEVILLE.

Le rôle de la consanguinité dans la genèse des

maladies nerveuses chroniques de l'enfance est à peu

près insignifiant, car elle ne constitue pas, comme

nous l'avons dit souvent, l'unique élément étiologique;

il s'y joint l'hérédité dans beaucoup de cas, facteur

redoutable; dans d'autres l'alcoolisme, facteur plus

redoutable encore et enfin, et l'hérédité et l'alcoo-

lisme !

Si nous ajoutons aux 3.076 observations de l'an der-

nier (1) les 141 entrées nouvelles, nous voyons que

pour un total de 3.217 observations la consanguinité

ne figure que 108 fois, soit 3.3 ? proportion très

faible comme on voit.

Ces cas se décomposent ainsi au point de vue du

degré de parenté des ascendants :

(f) Cette différence de 230 provient des observations recueillies

dans le service de nos maîtres, Delasiauve et Charcot à la Salpê-

trière. -

- CONSANGUINITÉ. 1 2'Ii

278 CONSVNGUINidÈ.

bien des fois, que le mariage entre consanguins BIEN

portants, sobres, non syphilitiques, n'exerce aucune

action dans la production des maladies nerveuses

des enfants. -

X.

Statistique sur la persistance de la suture métopique.

Par BOURNEVILLE.

Cette statistique porte sur 738 crânes se répartis-

sant ainsi :

Épileptiques 359; avec persistance 20. - 5,5 oro

Non épileptiques..... 379; - 50. - 13,1 0/.

Comme on le voit, sur l'ensemble de ces 738 crânes,

il y a 70 cas de persistance de la suture métopique,

soit 9,4 ? Le tableau suivant, donne, âge par âge,

la répartition de ces cas :

280

Persistance DE la SUTURE métopique.

XI.

Influence des professions insalubres sur la produc-

tion des maladies chroniques du système nerveux;

Par BOURNEVILLE.

Les discussions dont le blanc de céruse a été et est

encore l'objet dans la presse médicale et clans la presse

politique, nous ont engagé, il y a trois ans (1) à faire

un relevé aussi exact que possible des cas de maladies

nerveuses de l'enfance ayant souvent pour cause cer-

taines professions réputées, avec raison, insalubres,

exercées par les parents.

Si aux 115 familles, figurant clans nutre statistique

de 1902, et exerçant une profession insalubre, nous

ajoutons les 13 cas nouveaux, relevés sur les 141

entrées de 1903 (57 filles et 84 garçons) nous voyons :

1° Que ces 128 familles ont fourni 609 enfants, soit

près de 5 enfants par famille ; -)

2° Que sur ces 609 enfants, 304 sont décédés, soit

une mortalité de 50 0/0.

Si aux 298 décédés, nous ajoutons les 134 enfants

idiots, épileptiques, etc. nous voyons que 70 0/0 de ces

enfants sont mortellement ou gravement impression-

nés par les différentes professions insalubres exer-

(1) Compte-rendu de 1900, p. 131. - Dans toutes nos observations, nous

notons les professions exercées par les parents.

282 SATURNISME.

cées par les parents. Le tableau suivant complète

notre ancienne statistique.

Au point de vue des « Professions» » ces 128 cas se

répartissent ainsi :

BLANC DE CÉRUSE.

Peintres en bâtiments ...................... 45 5

- décorateurs ....................... 5

- en lettres......................... 1

- en voitures........................ 3

- en wagons ........................ 1

, sur meubles en fer................ 1

- sur émail ..................... , ... 1

- sur porcelaine.................... 1

Tonnelier dans une fabriquede blanc decéruse 1

Imprimeurs sur papiers peints ............ 2

PHOSPHORE.

Allumettes ............................... 2

MERCURE.

Chapeliers, ................................ 8

Mégissiers................................ 2

Fouleurs, appréteurs de peaux............ 4

Miroitiers................................. 4

Teinturiers................................ 2

CUIVRE.

Doreur* ! .................................. 4

Mouleurs en cuivre........................ 12

PLOMB.

Plombiers ................................ 4

POUSSIÈRES.

Tourneurs sur cuivre ...,....,............ si

SATURNISME. 283

Tabacs 3

Plumassiers 4

Matelassières 3

Polisseur sur métaux 1

Tableau des hémiplégiques (Filles et garçons).

XIII.

Inégalité de poids des hémisphères cérébraux et cérébelleux;

Par BOURNEVILLE.

Le tableau qui suit complète notre statistique

de l'an dernier, concernant les cas dans lesquels

nous avons trouvé, à l'autopsie, une inégalité de

poids des hémisphères cérébraux ou cérébelleux

ou des deux, croisée ou non.

XIV.

Epilepsie. ; État de mal ; Température.

Par BOUItNL'ILLI : et L. IZOU.

SOMMAIRE. - Père : quelques excès de boisson. - Grand-

. père paternel, mort à sa seconde attaque de paralysie. -

Grand'mère, éthéromane. - Cousin, sourd et muet.

Renseignements insuffisants sur sa famille.

Mère : rien. - Arrière grand'mère, paralytique. - Une

ScL'1lt· morte de méningite tuberculeuse. - Autre soeur

morte de diarrhée verte avec convulsions. - Pas de con-

sanguinité. Inégalité d'âge de 3 ans (père plus âgé).

Conception, Grossesse, Accouchement, Naissance : rien de

particulier. - ? o11vuls(ons vers 8 -71oix, répétées - Début

des accès à 8 ans. Etat de mal en 100J : marche de la

température. Parotidite double consécutive. - Mort.

Autopsie.

PETITJE... (Louis), 11 ans, est entré, le 28 juin 1899 à Bicêtre,

(service de M. le Dr Bourneville), et y est décédé le 16

décembre 1903. .

Antécédents héréditaires (Renseignements fournis par sa

mère). - Père, 41 ans, homme de peine. \ été mineur pen-

dant 18 ans. Pas de convulsions, ni de maladies infeclieuses.

Pas de chorée. Congestion pulmonaire à : 30 anus. depuis il est

resté faible. Il a assez souvent des bronchites. - Il s'enivre

très rarement. N'a pas eu la syphilis. - Il fume un peu.

Pas de migraine.

[Son père est mort d'une seconde attaque de paralysie, à

84 ans. - Sa mère, Ii : , ans, est sujets il des ciuuipcs desiû-

mac, fait de fréquentes illhaLltious d'élhpr. fis étaient sobres.

- Pas du renseignements sur les grands parents. Il a eu

6 frères, qui sont morts jeunes, on ne sait de quoi. - Il reste

" Antécédents personnels. 301

actuellement li frères bien portants, sans maladies nerveuses,

ni eux, nileurs ellfants. - Un cousin-ge1'lnain est sourd-muet].

MÈRE, 38 ans, ménagère. Pas de convulsions. Pas de

maladies infectieuses. Pas de chorée, ni de rhumatismes,

ni de migraines. Pas d'alcool, ni de syphilis. Caractère un

peu vif. - Ses grands-parents paternels et maternels sont

morts très vieux.

Pas de consanguinité, (père et mère de l'Allier). Inéga-

lité d'âge de 5 ans, (père plus âgé).

Quatre enfants : Une fille morte en nourrice à la campagne

avec de la diarrhée verte, et des convulsions. - 2° Une fille

morte à 11 ans de méningite tnbercuteuse; - 3° Notre

malade; 4° Un garçon de 6 ans, en bonne santé, n'ayant

jamais eu de convulsions. -

Notre malade - Conception, rien de particulier. Le père

et 1. mère s'entendent bien. Ils ne boivent ni l'un, ni l'autre.

Grossesse, normale, sans coups, ni chiite, ni syncopes, ni

attaques de nerfs. - Pas d'album nurie. Pas de vomissements.

Pas de maladies infectieuses.

Accouchement, à terme sans intervention, en deux heures.

Présentation du sommet. - L'enfant est beau, assez gros,

non asphyxié. Il est nourri par la mère, qui est en même

temp- nourrice à Paris, jusqu'à 6 mois. Il prend bien le sein.

Ensuite on l'a envoyé à la campagne chez des parents qui

l'élèvent au biberon. Convulsions vers l'âge de 9 mois Durée

10 minutes. Pas de renseignements sur leur nombre, ni sur

leurs caractères. Marche à 15 mois. Parole à 4 ans. Propre de

bonne heure. Repris par sa famille à 4 ans : on constate

qu'il est arriéré, qu'il parle mal et est peu développé pour

son âge. Il n'a pas d'accès. On le met a l'asile où il ne fait

aucun progrès. - Son sommeil est ])on- et prolongé. - Pas

de colères, l'enfant est très paisible. - Début des accès à 8

ans. - Peut-être a-t-il eu des vertiges depuis son retour de

nourrice. C s accès s'observent également le jour et la nuit.

Pas d'aura, pas de cri. L'enfant se courbe en avant et glisse.

Jamais il ne s'est grièvement blessé. Jamais il ne s'est mordu

la langue. Après sa crise il ronfle, et l'écume s'échappe de

ses lèvres. Il a uriné quelquefois pendant la crise. Après

chacune il dort 20 minutes. - Pas de paralysies. Pas de

fugues. - Maximum des accès en 24 heures, trois. - Il est

resté 15 jours sans en avoir.

302 EPILEPSIE ; déchéance.

Pas de maladies infectieu-pq, ni d'accidents . scrofuleux. -

L'enfant est un peu gourmand, son caractère est paisible. -

Il ressemble à son père. - On ne sait à quoi attribuer son

épilepsie.

Température à l'entrée.

Etat de MAL ; mort. 303

glabres. - La verge mesure 3 Ofn de long, et 3 cent. de circon-

férence. - Les testicules sont descendus dans les bourses et

de la grosseur d'un oeuf de petit oiseau. Les bourse»

sont normales. Pas d'onanisme.

A son entrée à Bicêtre, il est d'abord placé en observation

à l'infirmerie, puis envoyé à la grande école. Traitement :

douches et en décembre, huile de foie de morue.

1900. 5 février. - Adonis vP1'nalis. En classe, il trace d'a-

près modèle les lettres à dessin simple, comme n et m ; lit

couramment, fait quelques petites additions d'unités : il sait

nommer les objets usuels et dire à quoi ils servent; connaît

les couleurs, le nom des différentes parties du corps et de

ses vêtements. La déchéance physique et intellectuelle s'ac-

cuse. - Traitement : douches, sirop de ter, huile de foie de

morue; adonis ve1'l1alis, 6 cuillerées à café par jour. Comme

le gâtisme se manifeste, il est placé dans le service des

gâteux.

1901. 11 janvier. - Dans un accès, chute sur la face,

éraillure de la peau avec ecchymose, siégeant au niveau de

la pommette droite, de 3 à 4 cent, de circonférence; éraillure

siégeant de même sur l'aile droite du nez, tuméfaction assez

considérable de la lèvre supérieure. La déchéance s'affirme

de plus en plus. Le même traitements est continué toute

l'année, augmenté de douches aiio-périiiélles, à cause de

l'incontinence d'urine.

190 ? . Janvier, -Comme le malade parail se remonterun peu

au point de vue physiqlle, et que le gâtisme ne s'est pas produit

une seule fois en décembre 1901, il est remis à la grande école.

L'écriture est stationnaire, mais la lecture est devenue hési-

tante ; Peti... ne sait plus faire la m lindre addition ; ne

reconnaît pas sa place en classe; répond aux questions

par un nre niais, il faut le prendre par la main pour le dépla-

cer. La déchéance continue et s'aggrave dans le courant de

mai. Pas de tremblement de la langue ni des mains, pas

d'inégalité pupillaire, parle lentement, quand il parle, mais

pas de bégaiement. Comme il est redevenu gâteux, il retour-

ne au service des gâteux. Accès nombreux (Voir le tableau)

1903. Janvier. - L'enfant est maintenu dans le service des

gâteux.

304

Etat de MAL;MORT.

15 mars. - A la suite d'un accès, forte contusion du

va à l'infirmerie jusqu'au li mai.

8 décembre. - Il retourne a l'infirmerie parce qu'il ne tient

plus sur ses jambes. Pendant la nuit il a de nombreux accès

très-forts avec élévation de température. - Les secousses

sont plus marquées, a gauche. - Les yeux sont injectés, la

face cyanosée. - La température monte rapidement il 40°.

9 décembre. - Deux accès dans la journée très-forts. -

Dans la nuit l'état de mal se déclare. On note 22 accès se

succéckmt sans reprise de la connaissance. - Le coma dure

toute la journée du 10. - La déglutition devient difficile et

le malade pousse des cris plaintifs continuels. Le Il, l'a-

gitation reparait, l'enfant se contracte surtout à gauche. -

L'auscultation révèle de la congestion pulmonaire.

12 décembre. - Pas d'accès, l'agitation continue.

Mesures de la tète.

Tableau des accès et des vertiges.

306

Etat DE MAL ; MORT.

Incontinence d'urine.

A16TOP91. -

de sang, adhérences légères avec la pie-mère ; liquide

céphalo-raclzidien (120 gr. environ). Pas d'anomalies notables

des nerfs de la base du cerveau. Les fosses de la base du crâne

paraissent symétriques ; apophyse crista-galli triangulaire et

assez développée; légère vascularisation de la pie-mère de

la base et de la convexité, sans ecchymoses; les différentes

parties de la base de l'encéphale, les nerfs et artères sont

symétriques, toutefois l'artère vertébrale droite est sensible-

ment plus petite que la gauche. Protubérance, bulbe et 4e

ventricule, rien de particulier. Glande pituitaire rosée, assez-

volumineuse; rien à la glande pinéale; corps calleux normal

ainsi que les plexus choroïdes.

Hémisphère cérébral droit. La pie-mère, un peu mince,

s'enlève sans entraîner de substance grise. Celle-ci ne pré-

sente aucune tache couleur chair de saumon, lésion fréquente

dans l'état de mal. Le ventricule latéral, la couche optique.,

le corps strié, la corne d'Ammon n'offrent rien de particu-

lier.

Hémisphère cérébral gauche. - Décortication facile.

Circonvolutions du lobe frontal relativement un peu grêles.

Corps calleux, ventricule latéral, couche optique, corps strié

bien développés.

Plusieurs coupes pratiquées sur les deux hémisphères ne

font découvrir aucune lésion. - Les cornes d'Ammon parais-

sent saines.

Cou. - Le larynx n'offre rien de particulier. Pas de trace

de thymus. Le corps thyroïde est gros. - Il n'y a pas de

lésions évidentes de tous ces organes. Une incision faite

dans les glandes parotides, ne donne pas de pus; les glandes,

maxillaires et sublinguales, n'offrent rien d'anormal.

Thorax : rien de particulier dans les cavités pleurales ni

dans la cavité pèricardique ; pas d'adhérence des poumons à

la plèvre.

Poumons : pas de trace de lésion au poumon gauche, le

droit est congestionné à sa base, mais n'offre pas d'autre

lésion, les deux poumons présentent à leur surface externe,

des traces d'emphysème. Coeur, gros, côté droit légèrement

dilaté ; pas de persistance du trou de Botal, le tissu est dur, -

la paroi du ventricule gauche est assez épaisse.

Cavité abdominale. Les organes occupent leur place

normale, aucune lésion du péritoine; rien du côté de l'ap ?

ao8 Epilepsie ; POIDS DES organes.

pendice vermiculaire, qui est absolument libre (long. six

cent. 1/2). L'estomac est légèrement dilaté; le gros intestin

est fortement distendu et complètement rempli de matières

fécales très dures bien que le malade ait été purgé trois fois,

la dernière la veille de la mort (h. de ricin, eau de vie alle-

mande] ; le foie est volumineux et graisseux ; la vésicule

biliaire est remplie d'une bile verdâtre qui s'écoule facile-

ment dans le duodénum; rate, rien de particulier; reins, se

décortiquent facilement; pancréas normal; capsules surré-

nales, rien de particulier ; rien il la vessie, aux testicules,

aux organes génitaux.

Poids des organes.

ÉPILEPSIE : marche DES accès. 309

III. Les accès ont débuté à 6 ans. A partir de

l'entrée, ils sont allés en augmentant ainsi que le

Fig. 72. - Petit]... État de mut, température.

AI10 .-État de MAL : 'TEM1'ÉRATURÈ..

montre le tableau (p. 306) et se sont compliqués de

vertiges par périodes. En 1901, affaiblissement in-

tellectuel prononcé, qui aggrave son arriération

intellectuelle. En même temps il devient gâteux, a

de l'incontinence nocturne d'urine. (Voir le tableau).

Après un relèvement passager, il tombe irrémédiable-

ment en démence et s'affaiblit physiquement.

IV. Les accès ont été relativement peu nombreux

pendant la première année de son séjour (juin 1899-

mai 1900) et n'ont pas été accompagnés de vertiges.

A partir de juin 1900 les accès se multiplient et les

vertiges apparaissent. En 1901, accès nombreux, pas

de vertiges. En 1902, diminution relative des accès,

réapparition des vertiges. En 1903, quantité considé-

rable d'accès et de vertiges. Etat de mal avec

élévation de la T. : 1° période convulsive, élévation

de la T. R. ; - 2° rémission, abaissement de la T.

R. ; 3° période méningitique avec nouvelle éléva-

tion de la T. R. (Fig. 7 ? ) déterminant la mort.

V. Ce malade a été soumis à l'adonalis vem8 lis

pendant plus d'une année, sans aucun résultat.

VI. Signalons l'inégalité des artères vertébrales,

l'épaississement, la pesanteur, la coloration grise

et l'état graisseux du crâne, lésions fréquentes chez

les épileptiques anciens ou ayant eu de nombreux

accès.

XV.

Hydrocéphalie congénitale avec atrophie croisée de

- l'hémisphère cérebral droit et de l'hémisphère céré-

belleux gauche; ..

Par BOURNEVILLE et Julien NOIR.

Sommaire. - Père : alcoolique ( ? ); accès de colère et cépha-

lalgies. - Arrière grand'mère paternelle paralytique. -

Tante paternelle nerveuse. - Autre tan te paternelle épile-

ptique en voie de clémence. - Grand-père maternel tuber-

culeux. - Grand'mère maternelle gastralgique. - Oncle

maternel tuberculeux. - Tante maternelle gastralgique et

migraineuse. . -

Pas de consanguinité. Différence d'âge de 3 ans.

Conception avant le mariage. Débilité à la naissance.- Allai-

tement artificiel irrégulier. Première dent : 16 mois. Mar-

che et parole nulles. - Gâtisme. - Convulsions dès le 6a

mois et depuis paralysie du côté gauche.

État à l'entrée. Plagiocéphalie. Persistance de la fontanelle

antérieure. Blépharite, léger nystagmus, cécité. Hémipa-

résie gauche. Contractures du membre supérieur gauche.

Description des convulsions. Puberté. - Dentition.

Bronchite. Cachexie. Mort. - .

Autopsie : Fracture de L'avant-bras droit et du radius gauche.

Atrophie de l'hémisphère cérébral droit et de l'hémisphère

cérébelleux gauche. Hydrocéphalie. Atrophie, de la partie

inférieure du lobe pariétal droit formant une sorte de fosse.

Ectopie testiculaire. Adhérence de la plèvre droite. Tuber-

culose pulmonaire.

Laig..., (Marcel) né à Paris, le 5 mai 1894, est entré le 27

février 1896, dans le service des Enfants de Bicêtre.

. /

312 . ANTÉCÉDENTS HÉRÉDITAIRES.

Antécédents. - (Renseignements par le père de l'enfant,

le U mars 18'16, sur sa propre famille, pa ? - la mère le 18

mars 1896 pour le reste des antécédents). - Père, 29 ans,

garçon de recettes au Comptoir d'Escompte, prétend s'être

toujours bien porté. Il affirme n'avoir jamais eu de maladies

vénériennes. Il ne fume pas boit modérément, avoue au

maximum cinq ou six absinthes par mois. D'un tempéra-

ment assez nerveux, il se dit sujet à des accès de colère et à

d'assez fréquents maux de tête.

[Famille du père. - Son père, âgé de de 62 ans, est fer-

blantier. Il serait sobre, nerveux comme son fils et toujours

bien portant. Sa mère est morte à la suite d'une laparotomie

nécessitée par un étranglement interne ( ? ) Aucun, renseigne-

ment à noter sur les grands-parents paternels. Le gmnd-pP-1'e

maternel était enfant naturel, c'est tout ce qu'on sait de lui.

Quant à la grand'mère maternelle, elle serait morte à 86 ans,

aveugle, ayant été frappée à diverses reprises d'attaques de

paralysie. Elle n'aurait pu parler durant les deux dernières

années de sa vie. Dans le reste de la famille, le père relève,

un oncle maternel asthmatique ( ? ) mort il y a deux ans, sans

avoir jamais présenté de troubles nerveux manifestes. Le

père a trois soeurs, l'ainée mariée a eu une fille qui dans son

enfance aurait été atteinte « d'une maladie grave dans la

tête » et que le médecin aurait « condamné ». Cette fille a

17 ans et est bien portante. - La seconde soeur de bonne

santé et célibataire, serait sujette aux crises de nerfs sous

l'influence de co ntrariétés. La troisième soeur, 25 ans, est

épileptique. Sa maladie est attribuée à une violente émotion

causée à la mère pendant sa grossesee. Son épilepsie est

bien caractérisée, ses accès sont parfois très fréquents (jus-

qu'à 50 en un jour). Autrefois assez intelligente, elle est

devenue peu à peu démente et doit être continuellement sur-

veillée. A 18 ang, elle a eu une fille, âgée à l'heure actuelle de

7 ans, qui parait bien portante quoique fort nerveuse, et n'a

jamais eu de convulsions. Aucun autre détail intérressant à

relever dans la famille du Père].

MÈRE, 25 ans, sans profession, d'un aspect très doux, n'ac-

cuse aucune maladie antérieure, prétend n'avoir jamais eu

d'accidents nerveux d'aucun'' sorte

[Famille de la mère. Le père est mort, il y a un an, ;\ 56

ans de tuberculose pulmonaire, il aurait eu il une date anté-

rieure une pleurésie aiguë. La mère âgée de 63 ans, est

Antécédents personnels. 313

migraineuse ; elle est souvent atteinte, de douleurs gastral-

giques et' de c,Jï : ¡UJ.3 a. : co : npa. : snJo,; de diarrhée. Aucun

détail sur les grands parente tant paternels que maternels

Un on·.1; : maternel serait mort, le la fièvre jaune ? en Bre-

tagne. Q tatr· frères dont t.-oi; vivants et e bonne santé.

L'ainé est mort tata ·rcu ! m i 21 ans ; 3 -eur> dont une est

sujette aux crises de gait,'alg, ! 1 et à la migraine. Rien de

plus à signaler dans le reste de cette famille au point de vue

pathologique.

Pas de consanguinité - Différence d'âge de 3 ans (père

plus âgé).

Notre malade est. le premier et l'unique enfant à l'heure

actuelle. - Au moment de la conception, les parents

n'étaient pas maries. Ce ne fut qu'après la naissance de

l'enfant qu'ils n'gn]111'i'¿'I""¡11 lmr situation. La gros-

sesse se passa sans autre accident, qu'un ennui très sérieux

de la mère de se voir enceinte à cause de a famille. L'accou-

cément ut naturel, la durée du travail ne dépassa guère

4 heures, la présentation était une présentation du sommet.

A la naissance, l'enfant était petit et chetif. Placé en nour-

rice, il fut allaité au biberon. A 6 mois il aurait reçu une

alimentation plus complexe à laquelle la mère attribue le

gros ventre de l'enfaut. - Première dent à 16 mois. La den-

tition n'est pas complète. L'enfant ne parle pas, ne marche

pas et n'est pas propre.

Antécédents morbides. La première crise de convulsions z

qui a frappé l'enfant a eu lieu à 6 mois, il était en nourrice

et la mère n'a pu obtenir aucun renseignement à ce sujet.

A 18 mois l'enfant fut repris par ses parents et depuis cette

époque il est frappé 7 ou 8 lois par jour cle crises convulsives.

Il commençait par raidir le bras gauche où quelques secous-

ses se manifestaient. 1, yeux seconvulsa ont ensuite et l'en-

fant perdait connaissance. Cet. état durait quelques secondes,

puis le bébé s'enlort La mère n'a jamais constaté d'écume

de la bouche. Depuis l'apparition des convulsions le côté

gauche est paralysé.

État actuel (28 février 1806). L'état général parait satisfai-

sant, le visage est coloré, l'air éveillé. Pas d'amaigrisse-

ment. La peau est blanche, les cheveux longs, blonds et

soyeux. Pas de cicatrices autres que deux cicatrices vacci-

nales sur le bras gauche. Petits ganglions cervicaux très,

perceptibles.

H4 Description DU MALADI.

Tête. Crâne arrondi, asymétrique, plagiocéphalie légère

méplat léger au côte droit de l'occipital et diminution de la

bosse frontale gauche. La fontanelle antérieure est percep-

tible, elle a une forme étoilée et présente environ 35 milli-

mètres de dimension antero-po-térieure et aussi de dimension

transversale. Les autres fontanelles paraissent fermées. Les

bosses pari-Haies sont assez saillantes, surtout à droite. Le

front est assez bombé.

Face. Le visage est allongé et plus large en haut. Les arca-

des sourcillères sont aplaties et déprimées surtout en dehors.

Les sourcils, blonds, sont a-mu fOèlrni3 à leur partie interne

peu, au contraire, à leur région externe. Les paupières et

les cils sont bien conformés, un peu de blepharite à l'angle

interne de l'ceil gauche. Pas de saillie des yeux dans les

orbites. Les mouvements des globes oculaires se font nor-

malement. Léger ngslngmits transversal. Léger strabisme.

L'iris est très bleu, les pupilles égales, ne réagissent pas à

la lumière. La vision parait ne pas exister. L'oeil reste insen-

sible à toute réaction lumineuse.

Le ne : est camus, petit, aplati à sa base, les narines sont

un peu relevées. Les pommelles ne sont pas saillantes. La

boue/le est petite, les lèvres sont un peu épaisses surtout la

supérieure qui porte une ulcération à son milieu. Le palais

est ogival, la langue petite n'a pas de tremblement. Les amyg-

dales un peu rouges sont petites. L'enfant n'a que deux dents,

les deux incisives inférieures. Menton arrondi peu saillant.

Oreilles arrondies, accolées au 'crâne. L'oreille droite assez,

bien conformée, a un lobule épais. L'oreille gauche est mal

ourlée surtout dans sa partie supérieure où elle est aplatie.

Le cou court st le siège d'une rigidilé permanente,

Le corps thyroïde n'est pas appréciable.

Les membres supérieurs et intérieurs sont d'apparence

normale du côté droit et exécutent tous les mouvements. Il

existe une hémiparésie du côté gauche. Le membre supérieur

est contraclteré mais non d'une façon permanente. L'avant

bras est fléchi en pronation. Le pouce fléchi clans le milieu de

la main est caché par les autres doigts. Le membre inférieur

gauche est a peu près flasque. Ongles normaux.

Le thorax arrondi présente une saillie assez prononcée iL

sa partie supérieure. Le rythme respiratoire est régulier. Le

coeur bat normalement, le pouls est régulier.

L'abdomen est élargi transversalement mais souple, sans

augmentation de la matité hépatique. Pas de hernies. Rien §*

.HÉMIPARÉSIE gauche..815

particulier à la région anale. La colonne vertébrale n'est pas

déviée.

Organes génitaux. Verge z2 mm. de longueur et 20 mm.

de circonférence. Gland et in,%itt réguliers. Légères adhé-

rences du pripuce à la base du gland. Testicules dans le

canal inguinal de la grosseur d'un gros pois et égaux.

La sensibilité générale parait exister également sur tout

le corps. L'enfant très jeune, ne voyant pas, ne donne pas

de signe d'éveil intellectuel. Les fonctions digestives parais-

sent normales. - Défécation régulière, pas de vers intesti-

naux.

Hémiparésie gauche déjà signalée. Articulations assez

raides, plus souples aux membres inférieurs. Les mouvements

spontanés se font difficilement à gauche et pour le membre

supérieur, reniant s'aide avec le membre sain. Les mouve-

ments provoqués se font sans douleur mais on doit vaincre

un certain degré de contracture musculaire. Pas de

contractions fibrillaires. l'as d'atrophie, ni d'épilepsie spi-

nale. Réflexes rotuliens égaux des deux côtés. Le cha-

touillement de la plante du pied donne des réflexes plus

lents à gauche qu'à droite.

Le bassin est symétrique.

' Description des crises convulsives (février 1895). L'enfant

a jusqu'à 10 crises par jour. Au début, les yeux roulent dans

leurs orbites, puis le corps se raidit brusquement. Si on ne

le retenait, le malade tomberait en avant. Il n'y a pas

actuellement de grands mouvements cloniques, mais il se

produit des secousses toniques d'une seconde de durée qui

se répètent cinq fois de seconde en seconde. Après la crise

l'enfant s'endort et ne parait pas très abattu.

Traitement : Phosphate de chaux, sirop d'iodure de fer,

bains salés et exercices des mouvements.

1896. 11 mars. On observe chez l'enfant des secousses assez

fréquentes soulevant le membre supérieur gauche. En même

temps, la tête est portée en avant et à droite. Aussitôt après

la secousse qui est instantanée; le malade crie et pleure.

Parfois ces secousses sont limitées à l'épaule gauche. Le

sommeil est bon.

Traitement : Sirop anti-scorbutique. Elixir polybromuré

1 c. à dessert. Bains salés. Exercice de marche, puis exercice

des jointures. - L'enfant a été revacciné sans succès,

Si§ Cachexie PROGRESSIVE.

Température à Ventrée.

Mesures de la tête.

318- ! Hydrocéphalie, pseudo- porencéphalie.

Août. - L'amaigrissement toujours progressif donne à cet

enfant l'aspect cadavérique. L'hypothermie Il) s'est accrue (350).

Les membres inférieurs contractures sont en demi flexion.

Diarrhée persistante. Cachexie tuberculeuse.

Il meurt le 14 août à 2 h. 1[2 du soir.

Température après la mort : (la température moyenne de

la salle étant 20°, lors de la mort). Après, la mort : 34n,5 z 1/4

d'heure après : 33°,s. - 1 heure : 3 ? °. - 2 heures : 30°. - 3

heures : 25°. - 6 heures : 2Uo, 9 heures : 15°. - 12 heu-

res : 10° alors que la. T. de la chambre est de 20°

Autopsie faite le 16 août. 43 heures après la mort.

L'aspect du corps est singulier, l'abdomen distendu se

continue avec la base élargie du thorax donnant l'aspect de

batracien. Les membres inférieurs en demi flexion ne peuvent

être redressés. Les membres tant supérieurs qu'intérieurs

paraissent absolument dépourvus de muscles, si grand est

l'amaigrissement : l'avant-bras droit présente les traces

d'une, fracture à sa partie moyenne, fracture irrégulièrement

solidifiée faisant l'-ire à l'avant-bras un angle rentrant à sa

face antérieure. Il n'existe pas de contracture au membre

droit. Le membre supérieur gauche est le siège d'une demi

contracture et l'extrémité articulaire supérieure du radius

est luxée sur le condyle de l'humérus. Un cal existe à la par-

tie moyenne du radius et fait saillie, mais de ce côté là le

radius seul a été fracturé. La peau est fort mince et le tissu

cellulaire absolument dépourvu de graisse.

TÊTE. - Le cuir chevelu est mince et dépourvu dégraisse.

- La calotte est d'un tissu léger, mince, mais opaque. Quel-

ques plaques transparentes en arrière et à droite sur le

pariétal et à droite au niveau de la fontanelle antérieure. La

suture métopique est nettement marquée. Un vestige de 3

cent. environ existe au milieu du frontal. La suture coronale

(1) Nous avons rapporté un grand nombre de cas d'hypothermie

chez les enfants idiots qui deviennent cachectiques. La T. de Laig ?

a été prise du 10 juillet à sa mort le 14 août. Du 10 au 25 juillet elle

a été généralement de 37° à 37",fez. 8. Du 25 juillet au 9 août, elle a été

le plus souvent au-desour de 37° (une fois à 36°). Elle a été ensuite

presque toujours au-dessous de 37°, le 1 ? ,3G^,2; le 13, 36°4, 36°G; lé

14 elle descend à 35° et aussitôt après la mort elle était de 34°5 (B.)

Hydrocéphalie, PSEUDO-PORENCÉPHALIE. 319

est formée irrégulièrement en dents de souris. La suture

sagittale est légèrement déprimée. Deux petits os wormiens

se trouvent à i cent. en arrière du bregma, puis la suture

se continue par une ligne très sinueuse. Il en est de même, de

la suture lambdoïde à dents très découpées surtout à droite

où l'on compte, environ six petits os wormiens dont un petit

os épactal très irrégulier d'un 1t2 cent, de diamètre.

Hydrocéphalie marquée développée surtout dans l'hémis-

phère droit (300 gr. de liquide). Pas d'adhérences de la

dure-mère. Pas d'anomalie de la base du crâne, ni des

vaisseaux, ni des nerfs.

Encéphale. - Ce qui frappe à l'examen de l'encéphale

c'est la différence de volume et d'aspect des deux hémisphè-

res cérébraux et cérébelleux. Tandis que l'hémisphère céré-

bral droit est très diminué de volume surtout dans ses deux

tiers postérieurs l'hémisphère cérébelleux gauche est très

notablement moins développé que le droit. -

Cerceau. Hémisphère droit. Cet hémisplièreestaplatisur- : \.

tout dans les 2/3 postérieurs. Il parait affaissé le ventricule

latéral de ce côté ayant été vidé du liquide qu'il contenait

Le lobe frontal est absolument déforma, il est composé d'une

sorte de circonvolution épaisse et oo'rtequi forme son. extré-

mité antérieure et qui est s'parée par une incisure fort pro-

fonde du reste de l'hémi-phère. Cette incisure se continue en

haut, d'avant en arrière jusqu'au corps calleux sur la face

interne. En bas, un pli de passage large la termine et fait z

communiquer cette sorte de lobule indépendant avec le reste

de l'hémisphère. Au niv)U de ce pli de passage la substance

cérébrale est très mince, le ventricule étant fort dilaté à sa

corne frontale. La circonvolution qui fait suite et est nette-

ment ascendante, est fort large mais aussi mince et corres-

pond à la dilatation veniriculaire. La partie postérieure du

lobe est formée de petites circonvolutions ascendantes atro-

phiées terminées par un sillon de Rolando très peu marqué.

Une dépression assez profonde due à l'amincicement de la

substance cérébrale à cepointtandis qu'elle reste plus épaisse

sur le pourtour et surtout un arrière, existe au centre du lobe

frontal.

La scissure de SU/du.' est peu profonde. Le lobe de l'insula

n'est pas nettement dessiné. Celle scissure se termine après

un trajet oblique de bas en haut et d'avant en arrière au

niveau de circonvolutions très grêles.

320 Inégalité cérébelleuse.

Le lobe pariétal est à peu près normal dans sa partie supé-

rieure et P A bien que grêle est assez nettement dessinée.

Mais dans sa partie inférieure, elle est totalement atrophiée.

Unesorte de fossedéprimée vaguement triangulaire àsommet

mousse inférieur et à base supérieure le remplace. La base

à 3 centimètres environ et la hauteur de ce triangle 1 centi-

mètres 1 2. Cette fosse est recouverte d'une mince couche

membraneuse qui la sépare du ventricule. On dirait que c'est

un ponts de porencéphalie en voie de formation car les

pourtours de cette fosse sont nettement délimités.

Le lobe temporal est atrophié surtout en avant. Il est ex-

cessivement grêle. Rien de particulier au lobe occipital.

La face interne de l'hémisphère présente une forte dissem-

blance avec la configuration normale. Bien que les circonvo-

lutions qui la forme soient assez nettes, FI et la circonvolution

du corps calleux sont assez marquées mais le lobule paracen-

tral, l'avant -coin et le coin sont assez mal séparés et la

scissure perpendiculaire externe peu nette. Le lobe temporal

sphénoïdal et la circonvolution de l'hippocampe sont assez

bien développés. I.e corps calleux est très mince, les nogaux

gi@isefenti-au ? a,)Iatis. 1,C elit lilat" SU .'LOLlt au iliveau

de la corne frontale et de la partie inférieure du lobe parié-

tal.

Hémisphère gauche. Cet hémisphère bien que le ventricule

qu'il recouvre soit assez fortemeut dilaté a une topographie

normale. La scissure, le Sylvius, le sillon de Rolando, la

scissure perpendiculaire externe occupent leurs places nor-

males toutes les parties constituantes du lobe frontal sont

nettement dessinées. Il en est de même de FA et de PA. Les

lobes pariétal, occipital et temporal ont sensiblement l'aspect

normal. Même remarque pou.'la/ace interne. Cependant la

C. du corps calleux est fort amincie, le coin assez grêle. Le

ventricule latéral est très dilaté surtout en avant, la mem-

brane qui le recouvre fort épaissie. Les noyaux gris centraux

sont plus volumineux que du côté droit.

Rien à noter à l'isthme de l'encéphale. Pas de dilatation du

4° ventricule, nidel'acqucducde Sylvius. Constatonssimple-

ment que l'hémisphère ceréhelhux g;¡ttd¡( ! est d'un quart

rrtoittsr)(Jltl711t1t8 .\ f]1U' le clroif sans aucune lésion apparente.

Les nerfs olfactifs et optiques sont égaux. Cependant la

bandelette optique droite est plu; aplatie que la gauche. Le

tubercule m.imillaire droit est moins saillant que le gauche.

Le pécdonule cérébral gauche est plus large et plus bombé

POIDS DES organes. 321

que le droit qui parait atrophié par rapport au gauche. Au

contraire la moitié gauche de la protubérance est un peu

plus aplatie dans sa partie inférieure. La pyramide antérieu-

re droite, de coloration grisâtre, est moins saillante que la

gauche; les olives paraissent normales.

Abdomen : Rien au péritoine. Quelques ganglions mésen-

tériques légèrement engorgés. L'estomac petit n'est pas dilaté.

L'intestin grêle est très distendu par les gaz de la putréfac-

tion. Aucune lésion apparente. L'appendice a 10 cent. de

longueur et paraît sain. Rien au gros intestin. - Le pancréas

est totalement putréfié. - Le foie (340 gr.) en voie de putréfac-

tion est foncé, n'est pas hypertrophié. La vésicule biliaire très

petite est vide.-La rate (20 gr.) est petite et assez dure. -Rien

aux capsules surrénales. - Rein gauche (45 gr.) assez rouge,

se décortique facilement. Pas de lésions macroscopique nettes.

Cependant le bassinet contient deux petits calculs uratiques

très friables. -Rein droit (45 gr.) même aspect que le gauche

mais ne contient aucun [calcul. Rien aux uretères. - Pas

de calculs dans la vessie qui parait saine. - Testicules :

tous deux dans l'anneau, petits, de volume égal, sans anoma-

lie, ni lésion.

Thorax : Pas d'adhérence de la plèvre gauche. Adhé-

rence complète de la plèvre droite au poumon et au

diaphragme. - Poumon gauche (70 gr.). Rien de particu-

lier. - Poumon droit (130 gr.) fortement congestionné, semé

de petits tubercules mais sans ramolissemcnt, ni cavernes.

Péricarde et coeur (50 gr.). Rien de particulier. Pas de persis-

tance du trou de l3otal. Rien de particulier aux gros vaisseaux.

Pasdetracedu thymus. Corps thyroïde (8 gr.) assez volumi-

neux. Rien de particulier au larynx. Les ganglions médiasti-

naux et cervicaux ne sont pas tuméfiés.

Cause de la mort : cachexie ; tuberculose pulmonaire.

Poids des organes.

322 Réflexions.

Hypothèses SUR LES LÉSIONS cérébrales. 323

IV. L'hémiparésie gauche permettait de faire

pressentir la lésion atrophique de l'hémisphère céré-

bral droit. Mais l'atrophie de l'hémisphère cérébelleux

gauche no correspond à aucun symptôme clinique

relaté dans l'observation.

Il est difficile sans faire l'examen histologique du

cerveau d'attribuer la cécité à une lésion des fibres de

transmission des voix optiques. L'aplatissement d'une

des bandelettes optiques, le degré notable de l'hydro-

céphalie et de la dilatation ventriculaire tant à droite

qu'à gauche permettent d'affirmer même sans examen

histologique que les voies optiques étaient suffisam-

ment lésés pour expliquer la cécité. Du reste les

troubles de la vue et la cécité ne sont pas rares chez

les hydrocéphales et nous les avons déjà signalés.

V. Le point le plus intéressant de cette observation,

riche déjà en lésions anatomiques peu fréquentes, est

l'atrophie décrite à la région inférieure du lobe parié-

tal droit. Cette atrophie détermine laformation d'une

dépression dont le fond consiste en une mince couche

membraneuse qui la sépare du ventricule. La ressem-

blance morphologique de cette lésion avec un porus de

porencéphalie, nous permet d'émettre l'hypothèse que

d'autres observations pourront vérifier et qui pourrait

être étayée par des comparaisons avec de vrais cas de

porencéphalie. Cette hypothèse consisterait à admettre

que nous nous trouvons ici en présence d'un cas de

porencéphalie dont l'évolution n'a pas été complète.

XVI.

Alimentation des myxoedémateux.

Vienne, le le, avril 1903.

Très honoré M. le Professeur,

Je viens de faire des études sur la fonction de la glande

thyroïde et je viens vous demander d'avoir l'amabilité de

me répondre sur une question que je voudrais élucider. Vous

avez observé pendant plusieurs années quelques malades

atteints d'idiotie myxoedémateuse. Je serais bien aise de

savoir si quelques-uns de ces malades qui, sous votre

observation, sont parvenus à un plus grand âge, par exem-

ple les trois malades cités dans le Progrès mécl. de 1880,

1890, n° 33 p. 126; 1893, p. 483, ont eu une nourriture

carnée pendant longtemps, des mois ou des années.

Nous n'avons pas, ici, malheureusement l'occasion d'ob-

server cette maladie que chez des enfants qui ne prennent

que du lait, vous, vous avez des malades plus âgés sous

votre observation; il me serait important de savoir si ces

malades, pendant la nourriture de viande, n'ont eu aucun

signe de tétanie. Je vous demande mille pardons de vous

incommoder, je vous dis mille remerciements.

Agréez, Monsieur, mes sentiments de gratitude, votre

Dr h'nmuaicu PLINCLES, Privât docent, Vienne,

I, Liebiggasse, 4.

Paris, le 10 avril 1903.

Très honoré confrère,

Vous trouverez dans le tableau ci-joint les renseigne-

ments que vous me demandez au sujet de l'alimentation

Alimentation DES myxoedémateux.

325

des myxoedémateux infantiles. Dans aucun cas, je n'ai

observé de tétanie (1).

Salutations confraternelles. BOURNEVILLE.

(1) Nous profitons de l'occasion pour donner la statistique

des cas de myxoedème qui ont été ou sont encore dans le

service.

Travaux scientifiques faits dans le service.

(Thèses et mémoires).

1880.

BOURNEVILLE. - Contribution l'étude de l'idiotie. - Ce

travail comprend deux parties, dont la seconde a été faite en

collaboration avec M. Brissaud. (Archives de neurologie,

1880, t. I, p. 69 et 399). - Contribution à l'étude de la dé-

mence épileptique. (Archives de neurologie, 1880, p. 213).

LEROY (A.). - De l'état de mal épileptique. Thèse de Paris.

SÉGLAS (J.). - De l'influence des maladies intercurrentes

sur la marche de l'épilepsie. Thèse de Paris.

1881.

RIDEL-SAILLARD (G.). - De la cachexie pachydermirlue

(myxoedème des auteurs anglais.) Thèse de Paris.

D'OLIER (il - De la coexistence de l'hystérie et de l'épi-

lepsie avec manifestations distinctes des deux névroses

considérées dans les deux sexes et en particulier chez

l'homme. Mém. qui a obtenu le prix Esquirol. (Annales médi.

co-psycholog., sept. 1881) et tirage à part aux bureaux du

Progrès Médical).

SADRAIN (G.). - Étude sur le traitement des attaques

d'hystérie et des accès d'épilepsie. In-8° de 56 p. Th. de Paris.

HUBLÉ (M.). Recherches cliniques.et thérapeutiques sur

l'épilepsie. Monobromure de camphre, bromure de zinc, de

sodium. Thèse de Paris.

MORLOT (E.). - Sur une forme grave de l'épilepsie. Thèse

de Paris.

Travaux faits dans LE SERVICE. 329

CouLBAUT (G.). Des lésions de la corne d'Ammon dans

l'épilepsie. Thèse de Paris.

1882.

BRICON (P.). - Du traitement de l'épilepsie : Hydrothéra-

pie. - Arsenicaux, - Magnétisme minéral. Aimants. Sels

de pilocarpine, etc. Thèse de Paris.

Roux (G-L.). Traitement de l'épilepsie et de la manie

par le bromure d'éthyle. Thèse de Paris.

WViLLantiER (Th.).-Del'épilepsie dans l'hémiplégie spas-

modique infantile. Thèse de Paris.

88.

FÉLiBtuu. Contributionà l'étude de la folie de l'enfance.

Thèse de Paris.

1886.

BRicoN (P.). - De l'idiotie et en particulier des lésions

anatomiques des centres nerveux. (Prix Belhomme à la

Société Médico-psychologique de Paris).

1887.

M-0 SOLLIER (A.).-De l'état de la dentition chez les enfants

idiots et arriérés. Thèse de Paris.

1888.

THlIJAL. - Contribution àl'étucle de la sclérose tubéreuse

ou Icypel't1'uphiqLCe du cerveau. Thèse de Paris.

PENASSE. - Contribution à l'étude des méningites chro-

niques et spécialement d'une terminaison fréquente chez

les enfants, l'Idiotie. Thèse de Paris.

Pison. -- De l'asymétrie fronto-faciale dans l'épilepsie.

Thèse de Paris.

1889.

CoavET'(P.). Traitement de l'épilepsie.'Bromures d'or et

de camphre, Picrotoxine. Thèse de Paris.

GOTTSCHALK (A.). - Valeur de l'influence de la consan-

330 Travaux faits dans LE SERVICE.

guinité sur la production de l'idiotie et de l'épilepsie. Thèse

de Paris.

SOLLIER (P.). - Du râle de l'hérédité dans l'alcoolisme.

1891.

SOLLIER (P.). - Psychologie de l'idiotie etde l'imbécillité.

Thèse de Paris.

RETROUVEY (A.). - Contribution à l'étude de l'hémiplégie

spasmodique infantile.

1892.

TAQUET. - De l'oblitération des sutures du crâne chez

les idiots. Thèse de Paris.

VIVIER (A.). - Contribution à l'étude clinique de l'épi-

lepsie chez les enfants. Thèse de Paris.

1893.

NOIR (J.). - Étude sur les tics. Thèse de Paris.

1894.

BaYER (Joseph). - Traitement hygiénique et pédagogi-

que de l'idiotie. - (Prix Belhomme à la Société DIédico-psy-

chologique de Paris.)

1895.

LEBLAIS (H.). - De la puberté dans l'hémiplégie spasmo-

dique infantile. Thèse de Paris.

1896.

Boullenger (F.). - De l'action de la glande thyroïde sur la

croissance. Thèse de Paris.

GRIFFAULT (G.). - Contribution à l'étude du traitement de

l'idiotie. Thèse de Paris.

1897.

BOYER (Joseph). - Éducation du sens musculaire chez

Travaux faits dans LE service. 331

l'idiot. (Prix Belhomme à la Société Médico-psycholo-

gique de Paris.)

1898.

BALLARD. (J.). - Comment meurent les épileptiques.

Thèse de Paris.

RBLLA1 (P.). - Essai sur le traitement chirurgical de

l'épilepsie. Thèse de Paris.

1899.

CESTAN (R.). - Le syndrome de Little. Sa valeur nosolo-

gique. Sa pathogénie. Thèse de Paris.

TISSIER (P.). - De l'influence de l'accouchement anormal

sur le développement des troubles cérébraux de l'enfant.

Thèse de Paris.

FwRS (A.). - Du mariage des épileptiques. Thèse de

Paris.

Le Duigou (E.). - Contribution à l'étude du pronostic de

l'épilepsie chez les enfants. Thèse de Paris.

HASLG (L.). - Du bromure de camphre dans le traitement

de l'épilepsie. Thèse de Paris.

1900.

Bourneville. De l'Anatomie pathologique de l'Idiotie

(Rapport fait à la Section de psychiatrie du Congrès interna-

ional de médecine de 1900 (Comptes-rendus de la Section,

p. 167). -

M11" Peser (D.). - Un cas d'affection familiale à symp-

tômes cérébro-spinaux. Thèse de Paris.

LEBRETON. - De la sclérose en plaques chez les enfants.

Thèse de Paris.

DENIS (C.). - Étude sur un cas anormal de perforation

crânienne congénitale. Thèse de Paris.

Prime (J.). - Des accidents toxiques produits par l'éosinate

de sodium. Thèse de Paris.

332 Travaux faits dans LE service.

GILLET (Th.). - Étude du rôle de la consanguinité dans

l'étiologié de l'épilepsie, de l'hystérie, de l'idiotie et de l'im-

bécillité. Thèse de Paris.

. 1901-

Pareur (P). - Purpura dans l'Épilepsie. Thèse de Paris.

Robin (B.). Contribution à l'étude des malformations

dentaires chez les idiots, hystériques et épileptiques.

Thèse de Paris.

1902.

Boyer (Joseph). Le sens de l'ouïe chez l'idiot. (Prix

Belhomme à la Société Médico-psychologique de Paris).

BOYER (Jules). - Contribution à l'étude du traitement' de

l'Idiotie. Thèse de Paris.

Carton (J). -De la Durée delà vie chez les Épileptiques.

Thèse de Paris. -

GABAIL (R.). - Contribution à l'étude de l'étiologie infec-

tieuse de certaines hydrocéphalies congénitales. Thèse de

Paris.

ESIfÉNARD (J). -Contribution à l'étude du Phénomène des

orteils dans l'Épilepsie. Thèse de Paris.

Le Roux (Henri). - De l'emploi des verres dans le traite-

ment du strabisme. Thèse de Paris. \

RENOULT (P. L.). Contribution à l'étude des rapports de

l'Idiotie et du Rachitisme. Thèse de Paris. -

1903.

CALSAC (E). - De l'hypothermie dans les encéphalopa-

thies chroniques de l'enfance. Thèse de Paris.

Liste des Internes de notre service (1880-1905)

Liste des Internes de notre service (1880-1905)

EXPLICATION DES PLANCHES

336 Explication DES planches.

Planche I.

Jeu de dominos en couleurs (dominos chromatiques, etc.,

p. CLXXXIV).

Planche II.

Face convexe de l'hémisphère cérébral de Veyr..., ( p. 228

et 244).

Planche III.

Face interne de l'hémisphère cérébral droit de Veyr...,

(p. 228 et 243).

PLANCHEIV.

Face supérieure de l'encéphale de Perr ? " (p. 245 et 247).

Planche V.

Base de l'encéphale de Perr ? (p. 246 et 271.

Planche VI.

Face convexe de l'hémisphère cérébral gauche de Tard...

(Obs., p. 198 et 2111),

r, F2, F3, circonvolutions frontales.

FA, frontale ascendante.

PA, pariétale ascendante.

SR, sillon de Rolando.

SS, scissure de Sylvius.

1' Tri, première et seconde circonvolutions temporales.

P1, P2, plis pariétaux.

Explication des planches. 33 i,

Planche VII.

Face interne de l'hémisphère cérébral gauche de Tard.

(p. 198 et 214).

I'a, première frontale.

C C C, circonvolutions du corps calleux.

C C, corps calleux.

V L, ventricule latéral.

C C, couche optique.

C A, corne d'Ammon.

C H, circonvolution de l'hippocampe.

. L O, lobe carré.

C, coin.

L O, lobe occipital.

Planche VIII.

Face convexe de l'hémisphère cérébral droit de Tard.

(Même signification des lettres que pour la PL. VI).

Planche IX.

Face interne de l'hémisphère cérébral droit de Tard..

(Même signification des lettres que pour la Pal. VIL)

Planche X.

Base de l'encéphale de (Voir p. 248, 259, etc.). -

Elle montre l'atrophie de l'hémisphère cérébral droit et de

l'hémisphère cérébelleux gauche.

Planche XI.

Face convexe de l'encéphale : Mieux que la précédente,

cette planche montre très nettement le degré d'atrophie de

l'hémisphère cérébral droit.

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1903. 22

338 Explication DES planches.

Planche XII.

Hémisphère cérébral gauche : face interne.

F, frontale interne, avec un pli sinueux, Fa', Fl' faisant une

saillie notable sur le plan de Fi. - LP, lobe paracentral. -

CCC, pli doublant la circonvolution du corps calleux, cachée

par le trigone Tg et le septum lucidum; il aboutit en arrière)

au lobe paracentral. - Tgp, pilier postérieur du trigone ( ? .

- Son, partie du sillon calloso-marginal. - CS, tète du corps

strié, dont l'autre partie est cachée par le trigone Tg. - CO,

couche optique. - NO, nerf optique. - PC, pédoncule céré-

bral. it, incisure temporale très marquée. - CH, circon-

volution de l'hippocampe. - LQ, lobe carré. - C, coin. -

LO, lobe occipital. L, f, lobe fusiforme très volumineux. T3,

troisième temporale. Comparer cette Planche avec les PL.

VII et IX sur lesquelles se voit bien le corps calleux.

. Planche XIII.

Elle représente également la face interne de l'hémisphère

cérébral gauche. La cloison et le trigone Tg, ont été

renversés en bas afin de découvrir le ventricule latéral et

montrer qu'au-dessous de la circonvolution, irrégulière du

corps calleux, CCC, il n'y a pas de corps calleux (p. 261). -

Les lettres ont la même signification que sur la PL. XII.

Planche XIV.

Hémisphère droit : face convexe. LF, lobe frontal, ; tou-

tes ses circonvolutions sont atteintes de sclérose atrophique

à un degré extrêmement prononcé. - FA, PA, frontale et

pariétale ascendantes paraissant confondues (Voir PL. IX).

- SS, Scissure de Sylvius très distincte. En écartant ses

lèvres on voit le lobule de l'insula très atrophié. La digita-

tion antérieure, très atrophiée, existe dans toute sa longueur.

La deuxième digitation est réduite à une courte crête. Les

autres digitations ont disparu, d'où une surface plane,

d'aspect un peu vitreux. - LT, lobe temporal, dont le»

Explication DES planches. 339

circonvolutions sont extrêmement atrophiées. - P', lobule

pariétal supérieur. - P2 lobule pariétal inférieur. - LO, lobe

occipital.

Planche XV.

Hémisphère cérébral droit : face convexe. - L'hémisphère

est renversé en dehors afin de bien mettre en évidence la

frontale et la pariétale ascendantes confondues sur la Plan-

CHE VIII, ainsi que le sillon de Rolando, SR.

Planche XVI.

Hémisphère droit : face interne. - LF, lobe frontal. -

F', portion de la première frontale ou frontale interne. -

LP, lobe paracentral. - CCC, circonvolutions du corps

calleux. - CC, corps calleux très réduit. - CS, corps strié.

- CO, couche optique. - PC, pédoncule cérébral.

Planche XVII.

Hémisphère droit : face inférieure. LO, lobe orbitaire.

- LT, lobe temporal composé de circonvolutions très atro-

phiées. LO, lobe occipital.

ERRATA.

Page 164, ligne 11, l'indication Fig. 47 et 48 se rapporte

au cerveau de Mai.. Elles correspondent aux Planches II et

III des pages 165 et 166.

Page 228, ligne 5 au lieu de Fig. 1 et des Planches I et II,

il faut lire : Fig. 60 et PL. II et III. - Ligne 11, au lieu de

Fig. 8, lire Fig. 60.

Page 215, ligne 15 au lieu de PL. III, lire Pr,. VII.

TABLE DES MATIÈRES

PREMIÈRE PARTIE

Histoire du service pendant l'année' 1902.

Section I : Bicêtre.

I. Situation du service. -Enseignement primaire.. Ili

1° Enfants idiots, gâteux, épileptiques ou

non, mais invalides (Bâtiment Séguin).. il !

2° Enfants idiots, gâteux ou non gâteux,

épileptiques ou non, mais valides (Petite

École) ; ix

3° Traitement médico-pédagogique : Résul-

tats'.................................... ' ' XII

4° Petite école complémentaire xv

5° Enfants propres et valides, imbéciles,

arriérés, instables, pervers, épileptiques

et hystériques ou non (Grande école).... xxv

Certificats d'études obtenus

Tableau des cartes xxvi

Enseignement du chant...... ? .......... xxVIII

Solfège et théorie ....................... XXVIII

Fanfare et Orphéon xxx

Concerts et Bals ........................ xxx

Exercices de la voix et des poumons xxxii

342

Table DES matières.

Enseignement du dessin. , ............... xxxv

Gymnastique............................ xxxvi

. Escrime................................. xxxvi

Danse................................... XXXVII

Musée scolaire.......................... XXXVII

Enseignement par les projections ........ xxxvIII

Notes sur les enfants améliorés ......... xxxix

Hygiène sexuelle........................ ALVIN

Promenades et distractions.............. XLIX

Caisse d'épargne ........................ L

Visites des enfants...................... LII

Vaccination et revaccination. Service den-

taire.................................. LIII

Bains et hydrothérapie .................. LIV

Améliorations diverses................... LVIII

Visites du service ....................... LXI

Musée pathologique..................... LXV

II. Enseignement professionnel................... LXVI

Évaluation du travail des enfants........ LXVII

Énumération des produits fabriqués par

les ateliers............................ LXIX

111. Statistique. Mouvement de la population........ LXXIV

Tableau général, ....................... LXXV

Décès, Sorties, Évasions............... LXXVI

Tableau des décès ...................... LXX'III

Tableau des sorties .................... LXXXIV

Transferts.............................. LXXXII

Maladies infectieuses .................... LXXXII

Teigne.................................. LXXXII

Maladies intercurrentes ................. LXXXII

Maladies des yeux : M. Foulard......... xci

Consultation du jeudi ................... xc

Population au 31 décembre 1903 ......... xciv

Personnel du service en 1903............ xcv

Service scolaire......................... xcv

Enseignement professionnel............. xcvi

Service hospitalier...................... xcvi

Section II : Fondation Vallée.

Situation du service. - Enseignement primaire.. RcVI1

TABLE DES MATIÈRES. 343

le Enfants idiotes et gâteuses............ xcvii

2o Enfants idiotes, imbéciles, épileptiques,

etc., VALIDES. Enseignement primaire et

enseignement professionnel ........... CVIII

Enseignement du dessin................. ex

Enseignement du chant................. cxi

Danse................................... cxi

Enseignement professionnel............ cxii

Visites, permissions de sortie, congés... cxiv

Promenades, Distractions ............... cxv

Améliorations diverses................... cxvi

Teigne ...................... : ........... cxvi

Maladies infectieuses .................... cxvi

Maladies intercurrentes ................. cxvi

Vaccinations et revaccinations........... CXVII

Bains et hydrothérapie .................. cxvii

II. Statistique. - Mouvement de la population..... cru

Tableau général........................, cxx

Décès, Sorties, Évasions, Transferts..... cxxi

Population au 31 décembre 1901.......... cxxi

Tableau des décès....................... cxxn

Personnel............................... CXXVII

Tableau des sorties...................... Cxxiv

Notes additionnelles : Nécessité des diplô-

mes d'infirmier pour les chefs d'atelier;

- Obligations des instituteurs; - Direc-

tion des classes ; - Enseignement de

l'histoire et de la géographie ; conférences. cxxix

SECTION III. - Assistance et enseignement.

1. Traitement et éducation de la parole chez

les enfants idiots et arriérés ; par BOURNE-

VILLE et J. BOYER ? ...................... Cgx7Ci

II. Introduction du traitement médico-pédago-

gique dans la section d'enfants idiots et

épileptiques de l'asile de Clermont (Oise) . CLXIV

Nouvelle note additionnelle : Enseignement

de notions élémentaires d'anat01me et de

physiologie ....................... CLXXVII

344 Table DES matières.

III. Hospitalisation ou internement des enfants

aliénés (idiots, épileptiques, fous moraux,

etc. ) CLBXVIII

IV. De l'hospitalisation des enfants arriérés... CLXXX

DEUXIEME PARTIE

Clinique, thérapeutique, anatomie pathologique.

I. De quelques formes de nanisme et de leur

traitement par la glande thyroïde; par

BOURNEVILLE et LEMAIRE............... 3

§ I. Nanisme par arrêt de développement. 5

§ II. Nanisme avec infantilisme 40

ici. Nanisme avec obésité 75

§ IV. Nanisme et rachitisme ............ 137

§ V. Nanismemongolien, par BOURNEVILLE

et Reine Maugeret 149

§ VI. JVaTnsmeTnt/xoedemateux infantile ;

par Bourneville 176

§ VU. Nanisme diplégique.............. 182

Traitement thyroïdien, par BOURNEVILLE 183

II. Idiotie congénitale; microcéphalie; synos-

tose partielle, par BOURNEVILLE et

R. MAUGERET ......................... 187

III. Sclérose atrophique, hémisphérique.

Imbécillité, hémiplégie droite; épilep-

sie ; accès et vertiges : démence; par

BOURNEVILLE et Reiue MAUGERET ...... 198

IV. Action de l'alcoolis1ne sur la production

de l'idiotie et de l'épilepsie, par Boun-

NEVILLE............................... 223

V. Sur les modifications crâniennes con-

sécutives aux atrophies cérébrales uni-

latérales, hémiplégie infantile; par

'''' ' G. PAUL BorrcouR ..................... 225

Table DES matières. ,345

VI. Imbécillité;' hémiplégie gauche; épilepsie;

état de mal, mort, atrophie considéra-

ble de l'hémisphère cérébral droit;

absence du corps calleux; par BOURNE-

ville et R. MAUGERET................. 284

VII. Statistique sur la persistance ou l'absence

du thymus chez les enfants anormaux;

par Bourneville 269

VIII. Statistique sur la synostose du crâne chez

les idiots et les épileptiques; par BouR-

NEVILLE............................... 273

IX. Note statistique sur le rôle de la consan-

gunite dansl'étiologie de l'épilepsie, de

l'hystérie, de l'idiotie et de l'imbécillité

par Bourneville 276

X. Statistique sur la persistance de la suture

métopique, par Bourneville 279

XI. Influence des professions insalubres sur

, la production des maladies chroniques

du système nerveux ; par BOUR21EVILLE. 281

XII. Statistique des hémiplégiques présents

dans le service le 31 décembre 1903; par

BOURNEVILLE .......................... 294

XIII. Inégalité de poids des hémisphères-

cérébraux et cérébelleux; par BOURNE-

ville 299

XIV. Épilepsie; état de mal; température; par

BOURNEVILLE et IZOU................... 300

XV. Hydrocéphalie congénitale avec atrophie

croisée de l'hémisphère cérébral droit et

l'hémisphère cérébelleux gauche ; par

BouRNEVILLE et'Julien Noir 311

XVI. Alimentation des myxoedémateux....... 324

Statistique des myxoeclémateux hospitali-

sés et traités dans le service 325

346 -Table' des matières.

Travaux scientifiques faits dans le ser-

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1903. PL. VI.

IiOUR\1 : \'I1.LE, B7C('il'C, 1903. PL, VII.

EOURNEYILLE,B ! 'ce<''e,1903.

PL. VIII.

Bourneville, Bicêtre, 1903. Pi. IN

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1903.

PL. X.

Bourneville, Bicêtre-, 1903. PL. XL

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1903. PL. XII.

HOURNEVILLE, Bicêtre., 1903. PL. XIII..

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1903. PL. XIV.

HOURNEVILLE, Bicêtre, 190 ? Pl,. XV.

Bourneville, Bicêtre, 1903. PL. VI.

13011 HE\ïLLE. Bicètre, 1903. PL. XVII.