(1901) Recherches cliniques et thérapeutiques sur l'épilepsie, l'hystérie et l'idiotie : Compte-rendu du service des enfants idiots, épileptiques et arriérés de Bicêtre pendant l'année 1900
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(1901) Recherches cliniques et thérapeutiques sur l'épilepsie, l'hystérie et l'idiotie : Compte-rendu du service des enfants idiots, épileptiques et arriérés de Bicêtre pendant l'année 1900

RECHERCHES

SUR

L'ÉPILEPSIE, L'HYSTÉRIE

. ET L'IDIOTIE

PUBLICATIONS DU PROGRÈS MÉDICAL

RECHERCHES

CLINIQUES ET THÉRAPEUTIQUES

SUR .

L'ÉPILEPSIE, L'HYSTÉRIE

ET L'IDIOTIE

COMPTE-RENDU DU SERVICE

DES ENFANTS IDIOTS, ÉPILEPTIQUES ET ARRIÉRÉS DE

BICÊTRE PENDANT L'ANNÉE 1900 -<î

PAR

BOURNEVILLE

Avec la collaboration de

MM. CROUZON, DIONIS DU SÉJOUR, IZARD, LAUReÏj'9s*'\5^-' e

PAUL-BONCOUR, PHILIPPE ET OBERTHUR. ?

Volume XXI z

Avec 19 figures dans le texte et XI planches.

t 4 : i 5

PARIS

AUX BUREAUX DU

PROGRÈS MÉDICAL

14, rue des Carmes, 14.

. FÉLIX ALCAN z

ÉDITEUR

108, Boulevard St-Germain, 108.

1901

PREMIÈRE PARTIE

Histoire du Service pendant l'année 1900

(Bicêtre et Fondation Vallée).

Bourneville, Bicêtre, 1900.

PREMIÈRE PARTIE

Section I : Bicêtre.

Histoire du Service pendant l'année 1900.

I.

Situation du service. Enseignement primaire

Les enfants de la 4° section du quartier des aliénés

de l'hospice de Bicêtre sont répartis en trois groupes

principaux : 1° Les enfants idiots, gâteux, épilep-

tiques ou non, mais invalides. (Bâtiment Séguin) ; -

2° Les enfants idiots, gâteux ou non, mais valides ;

3° les enfants propres, valides, imbéciles, arriérés,

instables, pervers, épileptiques et hystériques ou

non.

I. Enfants idiots, gâteux, épileptiques ou non,

mais INVALIDES. - Ce premier groupe est subdivisé

en deux catégories. La première se compose des

enfants idiots complets, ne parlant ni ne marchant,

considérés généralement, à tort, comme tout à fait in-

curables. La plupart d'entre eux sont, contrai-

rement à l'opinion courante, susceptibles d'amélio-

IV Idiots couplets.

ration, même à un degré très notable. On fortifie

leurs jambes avec la balançoire-tremplin; on leur

apprend ensuite à se tenir debout à l'aide des barres

parallèles ; à marcher, soit en les tenant sous les bras,

soit à l'aide du chariot (1) ; on fortifie leurs membres

en exerçant successivement chaque jour et à plusieurs

reprises toutes les articulations (exercices des join-

tures), on leur faisant des frictions stimulantes, etc.

En 1900, trois enfants ont appris il- marcher. Cinq

enfants ont été guéris du gâtisme (2) et trois ont

appris à manger seuls (3).

Dès qu'un enfant marche sans aide, il doit être en-

voyé à la petite école, le matin pendant une lieure ou

deux, puis toute la journée, aussitôt que ses forces le

permettent. Tous ces enfants sont placés sur les petits

fauteuils spéciaux que nous avons décrits, à l'u-

sage des gâteux (4).

La seconde catégorie comprend les idiots abso-

lument incurables, en beaucoup plus petit nombre

qu'on ne le croit d'habitude, et les épileptiques de-

venus déments et gâteux sous l'influence des accès ou

des poussées congestives qui les compliquent ; ils ne

peuvent plus cire que l'objet de soins hygiéniques et

doivent former un groupe spécial. Aussi avons-nous

obtenu, pour eux, l'aménagement de l'un des sous.-sols

encore disponibles où ils seront réunis et surveillés

durant le jour (5), en mauvaise saison, car, lorsque le

temps le permet, ils doivent être promenés dans les

jardins. Ce sous-sol nous servira également pour

(1) Voir Compte-rendu 1899 : fig. il il, nr et IV, p, 1\', v, VI et vu.

(2) Lin ? Cart.. , IJell ? , Nielp.. et Grad..

(3) Pat ? I,in.. et Guénin..

(i) Voir Compte-rendu de 18;1J, fig. 5 et G, p. 8.

(5) Une épidémie d'oreillons s'étant déclarée dans le courant de l'année,

épidémie que nous signalons plus loin, nous avons été obligé de faire éva-

cuer par les teigneux le pavillon d'isolement, et de leur faire occuper mo-

mentanément ce sous-sol.

Petite école. v

d'autres enfants, qui nous arrivent tardivement, à 1 i,

15, 16 ans, 17 ans et môme quelques mois ou quel-

ques jours avant la limite fixée (18 ans) dont l'inczc-

rabilité est reconnue et que nous sommes obligé,

jusqu'ici, de maintenir dans les écoles, où ils sont

une occasion de trouhle, qu'ils contribuent il encom-

brer, sans aucun bénéfice pour eux et au grand détri-

ment des enfants éducables.

L'infirmier supplémentaire que nous avions réclamé

à l'occasion de la création de ce service nouvcau nous

a été accordé par l'Administration ; - il a été momen-

tanément remplacé par une infirmière employée au

traitement des maladies contagieuses, qui ont été par-

ticulièrement nombreuses cette année et pour les

raisons que nous avons données plus haut.

II. Enfants idiots gâteux ou non gâteux, épilep-

tiques ou non mais valides (Petite Ecole). - Ces

enfants fréquentent la petite école confiée exclusive-

ment il des femmes. Dans le courant de l'année, 168

y ont été inscrits. Sur ce nombre 6 sont décédés, 7

sont sortis définitivement, 5 sont passés à la grande

école et SI ont été transférés.

Sur 141 enfants qui restaient il la petite école au

31 décembre 1900, 14 ne mangent pas seuls, 54 se

servent de la cuiller, 43 de la cuiller et de la four-

chette, 30 do la cuiller, de la fourchette et du couteau.

Quatre enfants gâteux de ce groupe sont devenus

propres (1) ; 3 ont appris il manger seuls (2) ; 4 ont

appris à lire (3).

Le traitement du gâtisme, qui consiste à placer,

après chaque repas, les enfants gâteux sur les sièges

(1) Politsch..., Carn..., Salai)... et Sucli

(2)I)up...,Lequ...,C.utt...,

(3) Carr..., Gabor..., 'ia... et C;uy...

VI

Traitement du gâtisme.

d'aisance et qui a pour but principal d'amener l'en-

fant gâteux à devenir propre, fait également réaliser

à l'Administration des économies notables de blan-

chissage. Nous avons fait faire par la surveillante du

service le relevé des enfants ayant déféqué au siège

après les repas, durant les 5 premiers jours des mois

d'octobre, novembre et décembre. Voici ce relevé qui

a porté sur 40 enfants gâteux.

Traitement médico-pédagogique : "résultats. vu

brossiers, imprimeurs, serruriers, menuisiers et jar-

diniers.

La petite école comprend : 1° le traitement du

gâtisme dont nous venons de parler, 2° les leçons de

toilette qui consistent à apprendre aux enfants à se

laver la figure et les mains, à s'habiller, il mang'er

seuls, etc. 3° les exercices pour l'éducation de la main,

des sens et de la parole; 5° les exercices élé1 ? 1Cntai-

res relatifs à l'enseignement primaire ; 6° les leçons

de choses, soit à l'école, soit dans les jardins (avec le

tableau roulant), soit enfin dans les promenades (1).

Voici quelques détails sur les enfants améliorés à

la Petite école :

Bign... (Georges) âgé de 13 ans. Cet enfant atteint d'idio-

tie complète il Ventrée, ne marchait pas, la parole était nulle,

le gâtisme complet. flllJOtl1'Cl'It2Ll, il est amélioré, la. parole est

bonne, l'enfant cependant conserve une prononciation défec-

tueuse, mais il répond exactement quand on lui parle, fait des

phrases et comprend bien tout ce qu'on lui dit. Il s'habille,

se déshabille seul et proprement. Se rend utile à tous les

travaux du ménage. Son travail à la classe est bon, il écrit

assez lisiblement, commence à syllaber et sait le nom des

objets usuels, fait sur le cahier des barres et des 0 et travaille

bien à la gymnastique. Apprenti cordonnier, il est chaque

semaine récompensé. Au réfectoire, il a appris à se servir

de la cuiller et de la fourchette, et il mange très-proprement.

Il se rend également utile a table, en aidant les plus petits

à manger, à débarrasser sa table et ranger son petit panier

de cuillers. Il commence il se débarbouiller seul. Il est

devenu prévenant, gai, très-joueur ; n'est pas méchant pour

les petits.

13Ezo... (Jean), 14 ans 1/2. Atteint d'imbécillité prononcée.

A son entrée, il ne connaissait aucune lettre, ne pouvait, sur

le cahier, reproduire que des 0, et n'avait aucune notion sur

(1) Dans notre Compte-rendu de 18 ! J9, nous avons décrit minutieusement

tous les procédés en mape à la section des Enfants arriérés et épileptiques

les flg. 7 : ,1.1 I '

vit Petite école.

les opérations arithmétiques. Actuellement, l'enfant lit cou-

ramment, écrit lisiblement, fait des devoirs et des dictées,

sans trop de fautes, peut écrire lui-même il sa famille et

sans le concours de personne. Il fait les trois premières opé-

rations en arithmétique : a quelques notions élémentaires

de grammaire et de géographie et connaît très-exactement

la division du temps. En résumé, cet enfant est arrivé à

un degré presque normal. Apprenti tailleur, il travaille bien

fait partie de la fanfare. (Il est heureux d'y être et connaît

les notes.) -

Lambe.. (Louis), 14 ans. Atteint d'idiotie complète, grand

gâteux jour et nuit, ne parlant pas, ne se servant pas de la

cuiller, très-craintif : On ne pouvait pas s'approcher de lui

sans qu'il sursautât. Attention difficile à fixer, aucune notion

sous le rapport de l'habillement et de la toilette. Aujourd'hui.

il n'est plus gàteux, s'habille et se déshabille seul, commence

à se nettoyer assez bien, aide même les infirmières à habiller

les enfants, est très-complaisant et doux envers les enfants

plus petits que lui, est très-affectueux. Il aime à se rendre

utile. Mange proprement, se sert de la cuiller et de la four-

chette. A la classe les progrès sont plus lents ; il a peu de

mémoire, cependant il est parvenu il placer les lettres et les

chiffres et il reconnaître les légumes. Pour la parole, il a fait

des progrès, il cause assez convenablement, mais la pronon-

ciation est assez défectueuse. fait assez bien les commis-

sions.

4° LAM ? (Gaston), 14 ans 1/2, atteint d'idiotie profonde avec

gâtisme, avait de l'écholalie, prononçait mal quelques mots :

du panpin pour pain, il barre pour il boire, pour

maman. Aucune notion, ne savait pas s'habiller, se désha-

biller, se nettoyer, ne connaissait pas les parties de son corps,

il montrait son nez pour sa tète, son pied pour sa main, etc.

Actuellement, il est propre, s'habille, se déshabille, se

nettoie seul, mange proprement, se sert de la cuiller et de la

fourchette, débarrasse le couvert au réfectoire et commence

à laver la vaisselle. Répond bien aux questions qui lui sont

posée ? et commence il tenir conversation.

5° Pierre (Louis), il ans. Enfant atteint d'idiotie profonde.

n'ayant aucune notion à son entrée, ne prononçait que les

mots papa et maman, ne savait pas s'habiller, se déshabiller,

se nettoyer, n'avait aucune notion sous le rapport des exer-

cices classiques.

Aujourd'hui, il est complètement propre, s'habille, se

Traitement N1 : DIC0-I'l;DAf.Of : IQL'E : résultats. IX

déshabille et se nettoie seul. Il place les lettres et les recon-

naît. Parle assez à propos et prononce assez bien les

mots.

6u Tnort : ... (Edouard), 5 ans 1/2. Cet enfant atteint d'idiotie

profonde et d'épilepsie, était grand gâteux, ne parlait pas,

ne savait pas manger seul. L'attention était difficile il fixer,

une vraie petite bête. Il est parvenu à manger seul, à se servir

de la cuiller et de la fourchette. Est propre le jour et la nuit,

va seul au siège. Sa parole s'est notablement améliorée,

sa prononciation est assez bonne, à l'exception de quelques

mots défectueux; il chante tous les airs des chansons qu'il

entend, se débarbouille seul, mais le fait encore maladroite-

ment. Suppression des vertiges et des accès épileptiques de-

puis environ deux ans. (Cet enfant avait été trépané et avait

subi la résection du sympathique au cou, sans aucun résul-

lai.)

7° Georg... 8 8 ans. - Atteint d'imbécillité, avec

colères fréquentes, et manie de ronger les vêtements, était

il son entrée, dans l'impossibilité de lire, il ne savait pas non

plus écrire et avait peu de notions sur les choses usuelles. -

Son état s'est bien amélioré, les colères sont moins fréquentes,

et la manie de ronger a disparu. De notables progrès sont il

signaler il la classe et, il il lit couramment en se

rendant bien compte de ce qu'il lit, écrit lisiblement, fait

la dictée avec les grands, et commence a faire des problèmes

sur l'addition et la soustraction. Il reproduit aussi quelques

traits de dessin et y apporte un certain goût. En résumé

l'enfant se rapproche de plus en plus de l'étal : normal.

8° z(Pierre), 1G ans, enfant atteint d'idiotie profon-

de, très-borné, marchait à peine ; la parole était nulle, et il

gâtait la nuit et le jour. Incapable de se vêtir, de manger

seul, il procède aujou)'(/Îlili il ces soins d'une manière con-

venable. Il parle, comprend et tient bien une conversation.

A la classe, il est arrivé à pouvoir écrire assez lisiblement,

a fait quelques progrès concernant les leçons de choses et

la gymnastique.

9 Pnovo.. (Edmond), Il Est entré dans le service

atteint d'idiotie complète avec gâtisme ; marche et parole

nulles. Aujourd'hui, il parle, marche, s'habille et se désha-

bille seul, et se rend utile aux travaux du ménage. Il écrit

assez lisiblement, mais est lent à la lecture.

x Petite école complémentaire.

10° )3num.. (Louis), 12 ans, atteint d'idiotie complète, ne

marchait pas son entrée, et se tenait rarement debout,

toujours dans un coin, l'air attristé, ne se retournant même

pas quand on l'appelait (ce qui l'avait fait surnommer par les

autres la petite misère). Il était grand gâteux, la parole était

nulle, et à table il ne savait pas manger seul (même avec

les mains). - cttcellen2ent, l'enfant prononce mal, il est vrai,

mais il connaît le nom des personnes crtii sont avec lui, les

reconnaît même quand elles quittent le service et qu'elles y

reviennent.

Petite-école complémentaire. Cette école est

confiée à M"10 Bonnet, femme de tout dévouement,

dont l'éloge n'est plus il faire, qui s'est mise gracieu-

sement et généreusement il notre disposition. Elle est

aidée par une suppléante de grand mérite, 111'IIe Con-

donnier, qui a également la surveillance des deux

dortoirs où couchent les enfants de cette école, au

nombre de 40. Deux infirmières sont en outre ad-

jointes; ! ce service pour la surveillance des enfants.

Voici quelques-uns des résultats obtenus durant le

cours de l'année 1900, résumés par Mme Bonnet :

10 Ricqu... (Emile), 7 ans, atteint d'idiotie profonde et d'ho-

miplégie, pris a son arrivée en mai 18119, gâtait jour et nuit.

Parole à peu près nulle, limitée a papa, maman, pa pour pain.

Aujourd'hui, il ne gâte plus; il exprime ses besoins. La

parole a fait de grand ? progrès; il dit tous les jours des mots

nouveaux mais avec une articulation encore très défectueuse.

Il s'habille et se déshabille seul sans pouvoir cependant

lacer, nouer, boutonner.

Cet enfant, atteint il son arrivée de daenomnu (ou manie

de mordre), sans colère, sans cause aucune, pour seul plan

sir de mordre est enlin guéri de ce penchant.

20 ]'AHD.. C\farce]), ') ans 1/2' atteint d'idiotie du second

degré compliquée d'hémiplégie. - A son arrirne (mars 1890),

il serait resté des journées entières sans bouger de place, se

balançant continuellement d'avant en arrière en poussant une

sorte de plainte ininterrompue. 11 ne parlait pas ou du moins

Petite école complémentaire. xi

ne disait que papa et pain avec beaucoup de peine et très

rarement. Il marchait lorsqu'on lui donnait la main mais,

le quittait-on un instant, il restait immobile ne faisant plus

un seul pas; nous faisions mine alors de nous éloigner et

l'appelions; il pleurait, ne bougeait pas davantage et serait

resté ainsi indéfiniment.

.4u;0 ! t)'dntt. Pard.. marche seul et court souvent; monte

et descend les escaliers sans aide. Très en progrès également

pour la parole, il répète et comprend main tenant tout ce qu'on

lui dit, commence il parler un peu de lui-même. La voix est

basse, caverneuse et l'articulation laisse beaucoup il désirer

mais enfin il parle, avec il propos, et nous comprenons ce qu'il

veut dire. - Le caractère devient plus enjoué, plus affectueux

Pard.. commence à jouer avec ses petits camarades.

3° Des.. (carcel). 5 ans, atteint d'idiotie compliquée d'im-

pulsions violentes, que nous avons signalé l'année dernière

comme amélioré pour la parole a continué ses progrès; il dit

tous les jours des mots nouveaux, qu'il prononce mieux, avec

moins de volubilité et une articulation plus franche. Le regard,

toujours vague, et ne reposant sur rien, se fixe davantage. A

table il remarque les plats, tend son assiette et réclame bien

sa part si on tarde à le servir ; lorsque le pain est un peu plus

petit que d'habitude il s'en aperçoit de suite et le jette avec

colère. Del.. est arrivé il manger seul en se servant de la

cuiller; il se déshabille mais ne peut encore s'habiller. ! il' Laure.. (Marcel), 11 ans. Microcéphale atteint d'idiotie

et d'instabilité mentale, d'une turbulence excessive, reste

maintenant volontiers en classe, est heureux que l'on s'occupe

de lui et travaille avec plaisir. L'amour-propre semble s'é-

veiller mais, plus sensible aux louanges qu'aux reproches, il

faut constamment lui prodiguer des encouragements.

Le vocabulaire de Laure.. s'étend chaque jour : il emploie

les pronoms, les verbes à propos et forme des phrases qui

souvent nous étonnent par les expressions nouvelles qui y

sont contenues. Il a réalisé de grands progrès pour l'écriture.

Suivant en cela la méthode préconisée par Séguin nous avons

essayé, avec nos trois microcéphales (dont Laure..) de faire

débuter l'enseignement de l'écriture par quelques notions de

dessin ; c'est ainsi que nous leur avons enseigné à recon-

naître et tracer les lignes verticale, horizontale, oblique,

courbe pour passer il leurs combinaisons, triangle, carré,

cercle, etc., et, enfin, il la formation des lettres. Cette

manière de procéder nous a donné des résultats assez satis-

·II Traitement 11 : : Dlr.O-P) : DAG()G)QUE : résultats.

faisants. Laure... forme maintenant toutes les petites lettres

et quelques grandes dérivées de o felles que d, d, ; il trace

également tous les chiffres dont il a appris la valeur avec

beaucoup de peine. - Grande difficulté toujours pour la lec-

ture au syllabaire et cependant cet enfant, it l'aide des lettres

mobiles, place les consonnes devant une voyelle quelconque

et reconnaît bien les sons obtenus ainsi. Il lit un certain

nombre des mois imprimés, isolément, tels que ceux qui

sont relatifs couleurs, nombres, surfaces, etc.

5° Chai.. (Louis), 10 ans, est entré en janvier 1898. -Micro-

cëp/ta ! e à un degré prononcé, atteint d'idiotie et d'instabilité

mentale. L'instabilité est un peu moins grande qu'a l'arrivée ;

il apporte un peu plus d'attention aux exercices classiques;

il vient maintenant en classe avec plaisir et travaille volon-

tiers si l'on s'occupe exclusivement de lui. mais, dès que l'on

passe à un autre enfant, il cesse de travailler, regarde à droite

et à gauche et, finalement, se dérange de sa place pour aller

taquiner ou frapper ses petits camarades. Et cependant Chai...

n'est pas foncièrement méchant mais il a le goût du coirman-

dement et lui, qui est l'indiscipline en personne, morigène et

corrige continuellement les autres enfants.

Apportant néanmoins une attention un peu plus soutenue,

il a réalisé de notables progrès. Chai... trace régulièrement

les principales lignes, quelques surfaces d'une façon très-

élémentaire mais donnant parfaitement l'idée de la figure

que l'enfant a voulu représenter, enfin il forme presque toutes

les lettres et commence à les assembler.

Cet enfant qui, ayant quelques dispositions pour l'écriture,

reproduit assez fidèlement un modèle donné, est incapable de

suivre un tracé. (Nous avons plusieurs enfants dans ce cas).

La mémoire, des plus fugitives, fait oublier à Chai ? ce

qu'il a appris assez vite la veille, aussi constatons-nous peu

de progrès pour la lecture au syllabairc. Nous obtenons

davantage à l'aide des lettres mobiles. La parole, chez cet

enfant, continue à s'améliorer.

G° STEIILlN ? (Georges), 12 ans, est entré en mai 1891.

Microcéphale atteint d'idiotie et d'instabilité. A son arrimée

cet enfant avait la monomanie des fugues. Dès qu'une porte

était ouverte il disparaissait et nous étions toujours à sa

recherche. Chez lui, le langage faisait absolument défaut par

absences d'idées, croyons-nous, car bien que l'articulation

laissât à désirer, principalement pour le k, prononcé t, et le g

changé en n, elle n'était pas totalement défectueuse, Sterl...

Traitement MÉDICO-PÉDAGOGIQUE : résultats. xiii

s'isolait, ne jouait avec ses camarades, leur parlait encore

moins. A nos questions il répondait par monosyllabes.

Recevait-il un coup, il ne criait pas, ne se plaignait pas et

il était difficile de savoir où et comment il l'avait reçu.

Son caractère sombre, un peu sournois, s'est heureusement

modifié. Il prend part maintenant aux jeux de ses camarades,

sait se plaindre et même se défendre lorsque ceux-ci veulent

le battre ; enfin il vient souvent vers nous et, sans être

interrogé, nous cause avec iL propos ; sa parole nous surprend

souvent par la longueur des phrases qu'il forme et les idées

qu'elles expriment.

Très-mal doué sous le rapport de la mémoire, Stcrlin...

éprouve une grande difficulté pour la lecture ; les progrès

sont plus sensibles pour l'écriture; trace tous les chiffres,

se rend compte des quantités qu'ils représentent, forme bien

les petites lettres, commence iL les assembler.

7° 'l'1ER... (I'ierrc), 16 ans, est entré en mai 1895. - Sourd-

muet renvoyé de l'école d'Asnières comme arriéré et inca-

pable d'apprendre.

Les progrès sont sensibles mais l'articulation continuant à

ne pas nous donner entière satisfaction, nous nous appliquons

surtout à apprendre -Il cet enfant le nom de tout ce qui l'en-

toure ainsi que les quelques counaissances pratiques qui

nous semblent dcvoir lui être utiles telles que : exprimer ses

besoins, la soif, la faim, le chaud, le froid, la souffrance. Il a

appris dans le courant de cette année son nom, son âge, la

date de sa naissance, les jours de la semaine, les mois,

l'heure, les nombres, la valeur des sous et centimes ce qui,

ajouté aux connaissances acquises précédemment, porte à

près de 500 le nombre de mots que nous avons appris à cet

enfant. Ces m.ts, notre élève les comprend, lit et écrit;

il cherche iL les articuler, plus souvent mal que bien, mais

enfin arrive à se faire comprendre, si ce n'est par la parole,

du moins par l'écriture.

Nous devons joindre à cela l'addition( la soustraction et la

multiplication que notre élève fait bien; mais sans en com-

prendre encore l'application. Etant parvenues à lui faire pren-

dre goût au dessin, nous lui faisons reproduire, chaque jour,

quelques objets usuels, au-dessous desquels il doit écrire

les noms correspondants, 'fier..., travaille toujours : l l'ate-

lier des tailleurs, où son patron est satisfait de son travail.

80 MIL... (Emile), 9 ans, est entré le 10 août 1895. A son ar-

rivée était atteint d'idiotie complète, gâtait, ne savait pas

xiv Traitement ! I : : DICO-P¡\[)AGOGIQüE : résultats.

s'habiller, mangeait à pleine main ; d'une nature extrêmement

paresseuse, somnolente et n'ayant aucune notion classique.

En 1S9G, il est rendu propre, mange plus convenablement,

commence il s'habiller. - En 1897 il a appris il lacer, nouer,

boutonner, à se laver les mains seul, t reconnaître les cou-

leurs, les principales parties de son corps, presque tout le con-

tenu de la boîte aux leçons de choses. En 1898, il reconnaît

et nomme les lettres, chiffres, surfaces ; place bien les bâ-

tonnets dans le casier ; exécute bien les mouvements de la

petite gymnastique. Dans le courant de 1899, il commence seu-

lement à prendre goût à la lecture et à l'écriture, lit un cer-

tain nombre de nos mots imprimés et s'intéresse davantage

toits les exercices classiques.

Enfin, cette année les progrès ont été très sensibles pour la

lecture, l'écriture et le calcul. Cet enfant, dont l'amour pro-

pre s'est éveillé, est heureux des progrès réalisés et travaille

avec plaisir. Il lit et écrit un grand nombre de mots imprimés

isolément; syllabe assez facilement ; fait l'addition, la sous-

traction, commence la multiplication. L'écriture, très amé-

liorée, est très lisible. Cet enfant est en bonne voie pour la

lecture courante.

9° lÉr ? (Léon), 13 ans 12, est entré en mai 1890. Il était at

teint d'idiotie prononcée compliquée d'épilepsie et d'hémi-

plégie droite.

A son arrivée, se tenait à peine debout et gâtait jour

et nuit. La parole, très défectueuse , était presqu'incompré-

hnesible. Cet enfant a été rendu propre en 1893 et sa parole,

très améliorée,commence, à cette époque, à être bien distinc-

te, il forme de petites phrases. - En 189't, il s'habille et se

déshabille seul, place les lettres, les surfaces, les couleurs. Il

commence à former quelques lettres et chiffres en 1895.

Toujours en mouvement, Fél.. se balançait d'avant en

arrière dès qu'on l'obligeait à rester assis.

En 1898, notre élève commence à prendre goût a la lecture.

En 1899, sous l'influence du traitement, les accès d'épi-

lepsie se raréfient et nous constatons en même temps une

sensible amélioration dans l'intellect de cet enfant. A partir

de cette époque, la mémoire a paru se développer et les pro-

grès en toutes choses s'en sont ressentis, principalement pour

la lecture qui semblait être pour d'une difficulté insur-

montable, car nous avancions d'une page pour retourner de

deux en arrière le lendemain. Enfin cette année notre élève

a fini par passer il la lecture courante; il comprend ce qu'il

lit, pas toujours ce qu'il écrit. Il commence cependant à fai-

Petite école complémentaire . xv

re de petits devoirs de grammaire qu'il comprend. L'écri-

ture est bonne et très lisible, bien que l'enfant écrive de la

main gauche, le coté droit étant paralysé. Pour le calcul il

fait l'addition avec retenues et commence la soustraction

mais nous éprouvons une difficulté très grande -Il lui faire sai-

sir le plus simple calcul mental.

Tout ce qu'on est parvenu il apprendre à cet enfant n'a été

obtenu qu'avec une grande dépense de peine et de temps car

il est beaucoup plus dépourvu qu'il ne le parait de prime

abord.

10° Lemait.. )Georges), 13 ans 1/2, est entré en avril 1890.

- A son arrivée, cet enfant atteint d'idiotie profonde se trou-

vait presque au dernier degré de l'échelle intellectuelle

ayant tous les tics et manies des idiots ; parole nulle,

poussant des cris sauvages ; mordant ceux qui l'entouraient,

gâtant jour et nuit.

Cet enfant, signalé déjà dans le Compte- rendu de 1899 com-

me très amélioré, est enlin arrivé il lire couramment grâce à

l'emploi simultané du syllabaire et des mots imprimés iso-

lément.

L'écriture, ayant marché de front, il copie chaque jour la

leçon de lecture et écrit de mémoire un certain nombre de

mots tels que ceux concernant les couleurs, nombres, jours

de la semaine, vêtements, famille. Lemait.. éprouve une

grande difficulté pour le calcul; il commence cependant à

faire seul l'addition.

La parole est encore défectueuse. Néanmoins notre élève a

réalisé de sensibles progrès; il a acquis pendant cette année

ch, g, v, r, j, r, ill, gn, bl : mais tous ces sons, bien articulés

au commenement ou dans le corps des mots, sont nuls lors-

qu'ils forment la syllabe finale muette ainsi Lemait ? qui dit :

très bien blanc, bleu, tableau, dira : «tau pour table «por»

porte : de même il dira « pa » pour paille ; « vi » pour

vigne alors qu'il dit facilement bouillon, gagné.

Tous les enfants signalés les années précédentes

comme améliorés continuent à progresser. Quelques-

uns sont arrivés à rédiger d'une façon très élémen-

taire, mais suffisante pour leur permettre d'exprimer

leurs idées, surtout lorsqu'il s'agit d'obtenir la réali-

sation d'un désir.

Pour le calcul, une fois l'addition et la soustraction

xvi Grande école .

acquises très laborieusement, nous obtenons plus

facilement la multiplication et enfin la division que

notre ami le D'' J. Voisin, dit presque impossible à

obtenir, pour cette catégorie d'enfants. (Voir Thulié,

Dressage des jeunes dégénérés, page 505).

Les plus avancés se rendent compte de la valeur de

la monnaie et de l'usage qu'on peut en faire ; ils résol-

vent assez facilement un calcul mental relatif aux

poids et mesures et, lorsque nous les faisons jouer au

marchand, ils remplissent alternativement les rôles

de rondeur et d'acheteur, ne se trompant pas sur la

monnaie qu'ils doivent rendre ou qui doit leur être

rendue.

111. Enfants propres et. valide*, imbéciles, arrié-

rés, instables, pervers, et

ou non (Grande Ecole). - La population de cette

école était de 171 enfants au premier janvier. Tous,

sauf 17 qui ne peuvent travailler, ont fréquenté les

ateliers par grande série. Quinze possédant le certificat

d'études, forment une division supérieure, ne vont à

l'école qu'une demi-journée par semaine et restent,

les autres jours, le matin et le soir à l'atelier. Les

autres enfants sont répartis en quatre classes (58, 40,

39 et 3 : 1 enfants). Aux examens du certificat d'études

qui ont eu [lieu à Villejuif, au mois de mars, sur cinq

enfants présentés, quatre ont subi les épreuves avec

succès (Hors... Itoll..., Robill... et Filla...) (1).

Cette année encore, nos instituteurs et leurs aides,

ainsi que les sous-employées attachées aux écoles,

afin d'être mieux en mesure d'améliorer la prononcia-

(1) A cet examen 4 infirmiers et 3 infirmières de l'École et

d'infirmières de Bicêtre ont également obtenu le certificat d'études.

Enseignement DU chant. XVII

tion des cnfants et de développer leur parole ont été

envoyées successivement, par séries, au nombre d'une

vingtaine, à l'Institution Nationale des sourds-

muets. De plus, comme nous avons un certain nombre

d'enfants aveugles, nos auxiliaires sont également

allés, par séries, il l'Institution des Jeunes aveugles et

à l'Ecole Draille, Nous ne saurions trop remercier

MM. Martin, Debas, Péphau et Baldon de leur précieux

concours.

Enseignement du chant. Cet enseignement est

l'ait par M. Sutter depuis le 1er janvier 1895. Comme

les années précédentes, et conformément à nos ins-

tructions, il s'est occupé successivement de tous les

enfants. Il a divisé ceux de la petite école, de la pe-

tite école complémentaire et ceux de la grande école

en trois sections. - Presque tous les enfants qui

suivent les visites du samedi et qui participent au

chant savent lire leurs notes de musique, ces enfants

sont au nombre de trente-cinq.

En maintes circonstances, les samedis où nous

avons des visiteurs, nous réunissons les petites filles

de la Fondation Vallée avec les garçons de Bicêtre et

nous les faisons chanter ensemble dans les choeurs.

Cette réunion des enfants des deux sexes n'a jamais

eu d'inconvénient. Le nombre clos enfants qui parti-

cipaient à renseignement du chant était de 220 à la fin

de 1899 et de 2 à la fin de 1900.

Crijmnaslique. Il ne s'agit plus ici de la gymnas-

tique avec la balançoire-tremplin, avec les échelles

de cordes, les ressorts, etc., mais de la gymnastique

des mouvements d'ensemble et aux agrès. Les exer-

cices d'ensemble se font soit au tambour, soit avec la

fanfare. D'autres se font avec accompagnement de

l3uLnl : vll,l.c. Bicêtre, 1900. , **

xviii Grande école : gymnastique, danse, etc.

chants ou conduits avec l'harmonium (1). Les mouve-

ments sont aussi variés que possible et chaque année

notre dévoué professeur, M. Cor, en introduit de

nouveaux. D'autres exercices ontlieu avec leshaltères,

les échelles convexes, horizontales, la barre fixe, les

barres parallèles, le vindas, la balançoire brachiale,

etc.

Ainsi que nous ne cessons de le redire, nous don-

nons la préférence aux exercices des mouvements

avec ou sans haltères, barres à sphères, etc. Parmi les

agrès, nous choisissons pour les échelles horizontales,

convexes, les barres parallèles, le mât horizontal.

Nous avons essayé de dresser un infirmier afin de

remplacer le professeur en cas d'absence.

Escrime. Cet exercice s'est fait régulièrement

sous la direction de MM. et Malherbe, pré-

vôts au fort de Bicêtre; ces militaires se sont acquit-

tés avec beaucoup de zèle et de douceur de leurs

fonctions. 99 enfants participent, à des degrés divers,

à cet exercice, que nous considérons comme secon-

daire par rapport aux autres exercices physiques (2).

Danse, - Les exercices de danse ont eu lieu ré-

gulièrement de midi à une heure sous la direction

de M. Landosse, un de nos instituteurs, 125 enfants

y prennent part; sur ce nombre, 85 savent danser la

polka, 45 connaissent la polka, la mazurka, et la

scottich; 35 connaissent le quadrille français et 8

commencent à apprendre le pas de quatre (3).

Société de (Ji/lnJ/;¡s ! Ù1UI', Les enfants faisant

partie de cette société, au nombre de 24 ont l'ait une

(1) Voir Complr,·emltt do IS9'J, p. ? ).

(2) Voir Cumplc-renrlit lr IR ! )9. y. LXIV : v 1.\\I\, y.ges à 5 ! 1.

(3) Voir Compte-rendu de 1599, fis. 00.

Enseignement par les projections. XIX

promenade à Robinson. - Ils ont pris part en outre,

sous la direction de leur maître dévoué, M. Coy, à

un concours de gymnastique organisé par la com-

mune du Kremlin-Bicêtre où ils ont obtenu un prix

en argent de 25 francs.

Fanfare et Orphéon. - La fanfare et l'orphéon

sont placés sous la direction de M. Sutter, pro-

fesseur de chant. La fanfare se compose de 26 exé-

cutants, parmi lesquels deux de nos anciens malades,

Allam... et, Tronche ? passés dansles sections affectées

aux adultes. M. Sutter fait à 30 enfants de la Petite

École un cours spécial de solfège. Ces cours ont lieu

deux fois par semaine et ont pour but de préparer de

nouveaux musiciens à la fanfare qui, vu leur jeune

âge, resteront encore des années il la section.

Musée scolaire. Ce musée continue à servir aux

- séances de projection, aux leçons de choses. Il s'est

notablement enrichi tant au point de vue de la biblio-

thèque qu'au point de vue des figures pour projec-

tions. L'administration a acheté avec des dons (1)

cette année 19 nouveaux volumes ce qui porte à 575

le nombre des volumes delà bibliothèque des enfants

Le l01' janvier 1900, le nombre des vues pour projec-

tions était de 1595, il la fin de l'année ce chiffre était

porté -Il 1639. Les séries ou collections ayant le plus

profité des achats faits par l'administration sont : 1°

série générale sur l'histoire de France ; 2° géographie

générale ; 3° colonies françaises. M. HAUBERT,

photographe de la maison, a fabriqué un grand nom-

bre de ces vues. M. 13ovNIRI : , professeur d'anatomie

et de physiologie à l'Ecole d'infirmiers et d'infir-

(1) Commission de surveillance des asiles (30 fr.) ; ; Mon.. Mousseron et

Deneew, mères de deux de nos malades (3 fr 50).

xx Promenades ET distractions.

mières de Bicêtre en a utilisé un grand nombre pour

son cours.

L 'enseignement par les projections est très com-

plexe. Il sert pour les enfants de toutes les catégories :

1° Pour les enfants idiots complets il fixer 1 'attention

(images hlanches ou colorées sur fond noir), à ap-

prendre les lettres (grandes lettres noires sur fond

blanc), pour l'éducation de la parole (syllabes simples

ou répétées ou combinées); ` ? ° Pour les idiots déjà un

peu améliorés à reconnaître les objets, les animaux

(images graduées) ; 3° Pour les enfants imbéciles,

arriérés et épileptiques, à faire tous les jeudis une

conférence dont les séries de vues énumérées plus

haut donnent une idée suffisante.

Dans les petites écoles et la grande école, on doit

sans cesse s'occuper de la guérison des lies, des ma-

nies, s'opposer aux ]il'afÏrj/Jcs 80lit[til'e ? Pour tous les

enfants, et en particulier pour les imbéciles intel-

lecttels avec impulsions et pour les imbéciles

moraux à tous les degrés, nous avons recours au tl't12-

tement moral, ou, pour employer le jargon à la mode,

à la suggestion iL l'état de veille. Tous nos efforts

tendent à faire comprendre à nos auxiliaires adminis-

tratifs qu'ils ont affaire à des enfants malades, relevant

du traitement : médico-pédagogique, envers lesquels

et comme enfants et comme malades, ils doivent se

montrer bienveillants et affecleux, et non pas il des

enfants vicieux, dont la place, est dit-on, plus tort

qu'à raison, dans les maisons de correction ou les

prisons.

Promenades et distractions. Les enfants de la

grande et ceux de la petite écoles qui sont propres

ont continué à faire des promenades soit à Paris, soit

aux environs de l'hospice. Dans ces promenades les ins-

tituteurs et les institutrices doivent donner des leçons

Visites ET congés. XX1 :

de choses et exercer les enfants aux différents jeux

en plein air (jeu déballes, de ballon, etc.). Voici l'énu-

mération des principaux endroits où ils sont allés.en

promenade cette année : Arcueil-Cachan, Créteil, bois

de Gournay, fête de la place d'Italie, fête du Lion de

Belfort, foire aux pains d'épiées, 1\-i,y, jtrclin

des Plantes, jardin d'Acclimatation (1), jardin du

Luxembourg, musée de Cluny, parc de Montsouris,

llolinacn, Saint Mandé, Villejuif. Vitry, etc.

Les enfants de la petite et de la grande école

ont été conduits par groupe à l'Exposition universelle.

Ils ont aussi assisté il un concert au Trocadéro.

Les distractions ont été aussi nombreuses cette

année que les années précédentes. Notons la distri-

bution des jouets du jour de l'an, donnés par l'admi-

nistration ; les déguisements du Mardi-Gras et de la Mi-

Carême, la distribution des jouets de Noël offerts par la

société du « Joyeux Noël n. Nous adressons il cette société

tous nos remerciements. A citer aussi le concert organisé

par le «Comité des frères Lionnet » auquel les artistes

des principaux théâtres de Paris ont prêté leur concours.

Tous les enfants valides de Bicêtre et de la Fondation

Vallée y ont assisté ? 20 Cinq concerts militaires donnés

dans la grande cour de l'hospice. Les enfants ont encore

bénéficié de plusieurs représentations gratuites dans

les divers cirques et théâtres installés à la Foire aux

pains d'épices, à la fête du Lion de Belfort, sur

l'avenue de Bicêtre et à la place d'Italie. - Les jar-

diniers sont allés à l'Exposition de chrysanthèmes

et Ü l'Exposition d'horticulture. Les imprimeurs,

sous la conduite de leur maître, M. MARÉCHALLAT,

ont visité dans tous ses détails l'école Estienne.

Caisse d'épargne. Elle est confiée au premier

(II Nous profitons de l'occasion pour remercier très vivement le Directeur

du jardin d'Acclimatation, M. A.Porte,qui veut bien, chaque année, sur

XXII Visites ET congés.

de nos instituteurs, M. Mesnard. Les recettes ont été

pour cette année de 183 l'r. 75 qui, ajoutés aux 1.772

fr. 55, recueillis depuis l'année 1892, forment un total

général de 1.956 fr. 30.

Visites. Les enfants ont reçu 14.760 visites; -,

les visiteurs ont été au nombre de 9.338. Voici la

statistique des permissions de sortie et des congés :

HEVACr : ! NATI01\S, 13A1\S ET IlI'DRtlT1·.IlAPII : . XXIII

aux malades. De la des accidents auxquels il faut

remédier et une augmentation des accès épileptiques.

De plus les parents donnent de l'argent aux enfants (1 ? ! ,

àutre abus qui est une source d'ennuis pour tout

le monde : rixes, vols, trafics, etc... Nous signalons

encore une fois Ù l'Administration la nécessité de

remédier il tous ces abus regrettables.

1'nccin;¡tiol1 et revaccination. - Nous avons con-

tinué, comme les années précédentes, la vaccination

et la revaccination de tous les malades entrés durant

l'année el les enfants dont la revaccination remonte

à 6 ou 7 ans. Comme d'habitude, cette opération a été

pratiquée par les élèves de l'École d'infirmiers et

d'infirmières de Bicêtre, sous notre direction et celle

de nos internes. Elles ont été au nombre de 110.

Deux instituteurs, 10 infirmiers et 5 infirmières se

sont fait revacciner.

Service dentaire. - M. le D1' Bouvet a continué

à venir presque chaque semaine donner des soins il

nos malades au point de vue de la dentition et de

l'hygiène de la bouche. Nous rappellerons qu'en faisant

instituer le service dentaire, notre but était de remé-

dier aux nombreuses défectuosités de la dentition chez

nos enfants et aussi d'avoir, chaque année, une note,

prise par un homme compétent, sur la dentition de

tous les enfants.

Bains el hydrothérapie. Les bains et des dou-

ches, joints a la gymnastique, à l'emploi des bromu-

res, surtout de l'élixir polybromuré (formule YvoN),

du bromure de camphre (préparations du Do Clin),

plus actif el plus absorbable que les autres prépara-

( Le surveillant du service a la garde de l'argent des enfants : C'est donc

il lui seul que les familles devraient remettre cet arpent.

xxiv Traitement thyroïdien.

tions similaires qui nous ont été fournies par l'admi-

nistration, et des médicaments antiscrofuleux, ont

continué, comme par le passé à être, avec les purga-

tifs', la base du traitement on 1900. Nous avons, de

plus, essayé .de nouveau les pilules de Méglin.

Il a été donné dans le cours de l'année 16.920 bains

ainsi répartis (1).

Visites du service. xxv

de suppléant. M. Petit, infirmier diplômé, a été

promu au grade de premier infirmier. - Citons aussi

la création d'un emploi d'infirmier, chargé de la sur-

veillance du groupe d'enfants incurables.

Au nomhre des améliorations diverses nous citerons

encore les cours théoriques et pratiques sur le mas-

sage que, sur notre demande, a bien voulu faire M. de

Fpumerie, externe des hôpitaux de Paris, aux infir-

miers et infirmières de Bicêtre, Nous adressons en

notre nom et au nom du personnel de Bicêtre tous nos

remerciements à M. de Fumerie. - Mentionnons

aussi la création, sur la proposition de M. Félix Rous-

srL, conseiller municipal (séance du 20 décembre),

d'un cours de dessin, que nous réclamions depuis

longtemps, il l'Asile-Ecole de Bicêtre et à la Fondation

Vallée. Quant aux améliorations relatives au

«bâtiment» elles sont minimes et se bornent il la

réfection de la peinture des salles de bains et douches

et du pavillon d'isolement : c'est peu, étant donné

l'état déplorable de tous les pavillons, pour un service

aussi considérable, aussi souvent visité par des méde-

cins, des professeurs, des administrateurs et des

architectes de tous les pays !

Visites du Service. La section a été visitée en

1900 par : M. le Professeur G. Anton, directeur de

la Clinique psychiatrique et neurologique de Gratz

(Autriche) ; D1' Antonacopoulo ; Dr Akestoridès,

membre de la Société de médecine, memhre du Co-

mité national de Turquie pour le Congrès inter-

national de médecine et de déontologie; D'' Ar-

man, médecin du Manicomio d'Oviédo (Espagne);

1)'' Avendano, chirurgien de l'armée argentine,

délégué de la République argentine au XIIIe Congrès

international de médecine ; D1' Lucas Ayarragaray (de

ires) MM. Albanel, juge d'instruction ; D1'

xxvi Visites du service.

Boddaert; D'' E. Barré, maire, médecin du Crédit Fon-

cier de France; M, Baguer directeur de l'Institut dé-

partemental de sourds-muets il Asnières ; Du' Bischofs

verdeur ; Dr Buchholz, privât docent il Marburg ; D1'

Bykovsky (de Moscou) ; D'' Louis Borda, conseiller

général à Chérngas, près Alger; 1)`' Becker (de

Berlin); 1)" Besozzi (de Turin) ; M. Bédorez, directeur

de l'enseignement primaire ; Dr Witold Chodzko ;

Cloos, consul de Belgique ; M"° Combel, institutrice à

l'hospice de La Salpètrière ; D1' Castomiris, profes-

seur atrrégé la Faculté de médecine d'Athènes,

correspondant étranger de l'Académie de médecine

de Paris ; D1' Cardenas ; Il Cicrglinski (de Varsovie) ;

D'' Canger (de Turin) ; D1' Danadjieff (de Saint Péters-

bourg) ; D'' Ebed (du Caire) ; Dr Fischmann (d'Odessa) ;

D1' Fletcher Beach (de Londresi ; M"° Ida Faggiani,

directrice de l'Institut médico-pédagogique de Turin ;

Dr de Figueroa, délégué du Gouvernent espagnol au

XIII0 Congrès international de médecine ; 1), Fraga,

délégué du Chili au XIII" Congrès Internationnal de

médecine ; M. de Frumerie, externe des hôpitaux de

Paris ; Dr «le Budapest); M. Guichard, ingé-

nieur à Paris ; M. Gillet, étudiant en médecine, à

Paris ; Prof0 Gonnelli-Cioni ; 1)'' Glorieux, chef du

service des maladies nerveuses à la Policlinique de

Bruxelles, inspecteur-adjoint des asiles d'aliénés du

Royaume ; 1)1' Gouas(dcla Croix Saint-Lieufroy, Eure) ;

D' Graanboom, Privat-docent, it Amsterdam ; i,11"

Gueller, étudiante en médecine il Paris ; 1)'' Guillaume,

(de Paris) ;

IY Ilauser (de Paris) ; M. Ilaxard ; \I ? Hetta Hilzig

(de Halle), Saxe) ; Dur Hjerrstrom, de Stokholm ; M ?

Hummel, inspeclrice des Ecoles it Genève ; Dr Hclls-

trom, chef adjoint de la policlinique des maladies

d'enfance, à Stockholm ; IV Happe (de Cincinnati) ; IF

Visites du service. xxvn

«le Riga, Russie) ; i\1"° Minasoli, institutrice

à l'Institut médico-pédagogique de Turin ; Prof Jolly

(de Berlin); D'' Jahanson (de Stockholm) ; M. Jonsson,

sculpteur à Paris ; M. Jean de l'Atelier, préparateur à

l'Institut Pasteur à Paris ; D'' Mcndel (de Berlin) ; D''

Krumbmiller de Novgorod (Russie) ; M. le Prof et M ?

Kovaleski (de Saint-Pétersbourg) ;

M. Lefort, avoué honoraire à Caen ; Dr Lapinsky

(de Kieff, 1W ssie); M. de la l'Iouthe, sous-clief de

bureau au service des Aliénés ; Dr Liepmann (de

Dalldorf, Allemagne); Dr Luigi (d'Italie); .M"110 Li-

pinska, docteur en médecine ; M. Lelong, interne à

Nanterre ; Dr Macnaugton (de Londres) ; 1>'' Macre,

médecin en chef de la maison de Santé «le Strop » it

Gand ; M. Mesnil, étudiant en médecine à Paris ; M.

Mailloux, directeur de la Revue internationale de

pédagogie comparative (de Nantes); Mule \Icusy direc-

trice des écoles à l'hospice La Salpêtrière ; Dr Mazur-

kiewiez ; Dr marre de Torino (Italie); Dr Manfroni, Dr

Mastny, (de Pra·ne); lI° le Dr Mendelssohn, de Var-

sovie ; Dr Moyano, de 13uenos-Aires ; 1 ? le Dr Mar-

koff, de Saint-Pétersbourg; D'' Modigliano, de Naples;

Dr Morosoff, médecin de l'asile d'aliénés Saint Pante-

leimon à Saint Pétersbourg; D'' \Iédéa, de Milan; ly

Nache, de Leipzig ; Dr Nedjmeddin Arif-Bey, de

Constantinople; D" Nikitine, médecin de l'hôpital des

aliénés de Moscou. D'' Ossipow, de Saint-Pétersbourg ;

M. et M"10 cl'Ostro;radslcy, conseiller d'Etat, directeur

de l'Institut impérial des sourds-muets, de Saint-Pé-

tersbourg ; .

l'l'lie Piccard, publiciste, de Sadova ; Dr Péterseine

de Cracovio (Autriche) ; M. Prime, étudiant en

médecine à Paris; : .\fui 10 Pcrro, institutrice à Milan;

M. Petit, membre du Congrès international d'Assis-

tance ; I'lIe Piovano, de Rome ; 1), Pletneff, de Moscou,

xxviii Visites Du service.

DI' Prihytkoff, privat-docent de Moscou ; D1' de Pineyro,

délégué du Gouvernement espagnol au .\111" Congrès

international de médecine ;

Dr Henri de Rothschild, professeur aux écoles d'in-

firmières de Paris; D'' Roy; : \[111" Rosel, institutrice à

l'hospice de La Salpêtrière; D'' Risquez, professeur

de pathologie générale, directeur d'hygiène à Caracas

(Vénézuclal ; D'' Pius, délégué du gouvernement espa-

gnol au XIlI" Congrès international de médecine ; 1)"

Rey, médecin de l'asile d'Aix ; : \[111" le D' Louise Robi-

novitcli, de New-York : ]),. siwtalski, à Lamberg

(Autriche); 1)" Swolfs, de Bruxelles; I)r Schenk, de

Breslau ; D'' Slruttleworth, de Londres ; Dur Sconfeldt;

I)1' Semidalov, médecin de l'hôpital psychiatrique, à

\foscou ; D' Soukhanoff, privat-docent il Moscou ; D'

Stenescu, de Bucarest : I)1' Sukiouti, de Genève : : \1.

Ch. 5énac, avocat à la cour d'Appel de Paris;

Dr Thooris, de Bruges ; : \111" Taranikoff, étudiante

en médecine, de Paris; : \1111" le D1' Tarnowsky, de

Saint-Pétersbourg ; D'' Thiron, professeur de patho-

logie générale à la Faculté de médecine de Jassy ;

délégué du gouvernement romain au \III° Congrès

internationnal de médecine ; D'' P. Taxil; Dr Trêves,

de Turin ; D'' Thulié, vice-président du Conseil supé-

rieur de l'Assistance publique ; 1)' Vlavianos, de

Paris ; : \[11" Vogel, institutrice Ù Berlin; D1' A. Vallée,

médecin en chef de l'Asile d'aliénés de Québec; D''

Yitchcff, directeur du service sanitaire de la ville de

Sophia ; 1)" Wolsffcn, de Saint Pétersbourg ; D'' Wolf-

son, de Saint-Pétersbourg; 1)" Wcrblunsky, de

Klasma (Russie) : I)'' Xercavins, de Barcelone : I)'

ZohlenhoCel', directeur de l'asile d'aliénés de Colmar;

D' Zumalahe, de Barcelone.

Le 5 août, 18 membres du Congrès international

Musée pathologique. xxix

d'assistance publique sous la conduite de M. 1C

Giraud, médecin de l'asile de St-Yon (Seine-infé-

rieure), délégué du Congrès, appartenant à toutes les

nationalités sont venus visiter le service. Un déjeuner

leur a été servi par les soins de l'Administration de

Bicêtre, Le nom de ces honorables visiteurs n'a mal-

heureusement pas été pris. - Enfin, et de même

que les années précédentes, la Commission de sur-

veillance des Asiles de la Seine a visité le service le

8 mai et celle du Conseil général le 31 octobre.

Nous consacrons d'habitude la matinée du samedi

à recevoir les visiteurs. Presque tous ceux dont nous

venons de citer les noms sont venus ce jour-la. Nous

prévenons il leur intention, le professeur de chant et

celui de gymnastique, dont les heures de leçons ne

coïncident pas avec l'heure de notre visite. En leur

demandant ce déplacement et en nous imposant la

fatigue très grande de montrer non seulement l'orga-

nisation du service des enfants, mais encore son fonc-

tionnement médico-pédagogique dans tous ses

détails, notre but est de faire comprendre aux visi-

teurs l'importance de l'oeuvre que nous avons pu réa-

liser naguère, avec l'appui du Conseil municipal, de

fournir à beaucoup d'entre eux les arguments qui

militent en faveur de l'hospitalisation et de l'éduca-

tion de celle catégorie d'enfants anormaux et les

convaincre de la possibilité de les améliorer et même

de les guérir par l'application régulière, méthodique

et prolongée du traitcmemont médico-pédagogique.

Musée pathologique. Le musée s'est enrichi

notablement en. 1900 comme le montre le tableau de

lapag'oxxxn. Nous avons continué, comme les années

xxx Musée pathologique.

précédentes, à reprendre dans le cimetière de la com-

mune de Gentilly, lors du relèvement des corps de

nos malades décédés cinq ans auparavant, les crânes

et les squelettes entiers, quand il s'agit d'hémiplégi-

(lites ou de malades dont le squelette présente des par-

ticularités. C'est cette pratique qui explique l'enri-

chissement rapide de notre musée depuis l'année

17 (1).

Enseignement professionnel. xxxi

' l1

ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL 1.

Cet enseignement a été dirigé en 1900, de même

que les années précédentes, par 11\Z. Ll;ltor pour la

menuiserie (1882-1900), ALLÈGE pour la couture

(1883-1900), Dumoulin pour la cordonnerie (1888-1900),

Moiun pour la ra111wl'ie, le p¡¡ilfag'e et le canapé des

chaises (1889-1900.), Mercier pour la brosserie (1889-

1900), 1\Irtuc : u : m,L : vr pour l'imprimerie (1889-1900),

Gaie pour la serrurerie (1895-1900), Mesnarij pour

le jardinage (1896-1900).

De même aussi que les autres années, nous n'avons

qu'à les féliciter tous, non seulement pour le zèle et

l'intelligence qu'ils apportent chaque jour il donner

l'instruction professionnelle aux enfants, mais encore

pour la bonne direction morale qu'ils savent leur

imprimer. Le tableau suivant met en évidence les

résultats obtenus par eux en 1900 et qui se chiffrent

par 27.283 fr. 67.

Les travaux de jardinage seuls ne sont pas évalués.

Il est, en effet, assez dillicile de faire une estimation

précise. Pourtant nous croyons que l'Administration

aurait intérêt il essayer d'en avoir tout au moins une

évaluation approximative. Les sept maîtres, non com-

pris le jardinier, dont le travail de ses apprentis et

le sien dépassent assurément le salaire - sont

payés a raison de 6 fr. 50 par jour, soit pour l'année

16.607 fr. 50.

Le travail des enfants, évalué par M. l'économe

et par l'architecte, M. Cottoi-e donc : 1° la

Enseignement professionnel. xxxiii

Produits fabriqués dans les ateliers en 1900.

Brosserie.

8.950 brosses en tous genres (dont 7.000 pour le Magasin

Central).

Vannerie .

246 mannes neuves fabriquées (dont 40 pour le Magasin

Central), 214 mannes réparées, 228 chaises cannées et rem-

paillées.

. Couture.

517 pantalons, 539 vestons, 487 gilets, 122 robes, 143 mail-

lots.

Menuiserie.

2 coffres-banquette, Armoires, Bureau, 4 casses d'impri-

merie ; objets servant à l'Enseignement pour l'Exposition

coffres des salles et classes, fait toutes les réparations aux

jeux, portes, bancs, etc., croisées et parquet du gymnase,

tout le travail neuf fixe du service, cloison, porte vitrée aveu

petits carreaux pour le sous-sol de l'infirmerie, la chambre

noire au Musée pour la photographie, etc., etc.

Serrurerie.

2 fauteuils en fer, 12-2 porte-vases pour chaises de gâteux,

190 ferrures et charnières, 10 réparations de fauteuils en

fer. 220 objets en bois faits au tour : pieds de meubles,

pieds de table, poignées, boules, cylindres, cônes, etc.

Ferrage de tous les meubles, échelles, (,.offres divers, ton-

neaux, boites, etc,, confectionnés par la menuiserie. Fait

toutes les réparations journalières du service.

Cordonnerie.

738 paires de chaussures neuves, 655 ressemelages.

Imprimerie .

Compte-rendu du service de l'année. Ordres du jour des

Commissions. - All'iclies diverses. Entêtes de lettres,

registres et tableaux divers pour la Direction et l'Economat.

Circulaires pour le bureau de la 5'"=. Demandes de tabac,

collectives, relevés de points, présences, etc., pour les Ecoles

municipales d'infirmiers et d'infirmières. Tableaux des lignes

et de leurs applications, des volumes, méthode de lecture

feuilles d'alphabet, etc.. pour les Ecoles de Bicétre et de la

Fondation Vallée. - Travaux divers pour les hôpitaux et

hospices : l3oucicaut, Bicêtre, Maison de santé, Ricord, Saint-

Louis, Salpetrièt'e. Travaux pour la Société des Sous-em-

ployés de l'Assistance publique et la Société amicale des

Employés de l'Assistance publique : affiches, cartes, procès-

verbaux, compte-rendus, feuilles d'admission, carnets de bal,

fiches. Catalogue général de l'Exposition de 1900, etc., etc.

BOURNEVIL.LE, Bicêtre, 1900. ?

xxxiv Enseignement professionnel.

dépense occasionnée parle salaire de leurs maîtres;

'v)0 l'intérêt à 0/0, taux au-dessus du cours actuel,

du capital employé pour la construction des ateliers

(210,000 francs); 3° les gratifications hebdomadaires

données aux enfants, le samedi, litre de récompense

et qui s'élèvent iL 1 ? JGO francs pour toute l'année. De

plus, il y a un bénéfice de 716 francs 17 qui vient

atténuer les dépenses d'entretien des enfants.

Pour permettre il tous d'apprécier les résultats

économiques de l'enseignement professionnel et du

travail accompli, au point de vue pratique, voici

l'énumération sommaire de ce qui a été fait dans les

divers ateliers (page \\1111.

Nous n'insistons pas sur les avantages que procurent

ces ateliers tant au point de vue de l'intérêt des ma-

lades qu'à celui de l'Administration. Nous ajouterons

seulement qu'il serait convenable, à tous les égards,

que nos anciens malades qui passent soit dans les

sections d'aliénés adultes, soit dans la division des

incurables de l'hospice, trouvent un meilleur accueil

dans les ateliers de l'hospice et que les chefs de ces

ateliers leur témoignent plus de bienveillance. Il y va

de l'intérêt des malades, supérieur il toute autre

considération, et de l'intérêt linancier de l'Adminis-

tration.

Tel est le résumé de l'enseignement professionnel

en 1900. Il importe de ne pas oublier que nos ateliers

ne sont nullement comparables il ceux de l'orphelinat

Prévost il Cempuis et de l'école d'Alembert il Monté-

vrain, par exemple, où les apprentis sont des enfants

normaux, sains de corps et d'esprit, et même choisis

parmi les plus intelligents des candidats. Nos

apprentis, il Bicêtre, sont non seulement des enfants

anormaux, mais encore des enfants malades : quand

ils ont, les uns des accès épileptiques, convulsifs ou

psychiques, les autres des impulsions ou des périodes

Mouvement DE la population. xxxv

d'excitation, ces jours-là et les jours qui suivent, ils

ne peuvent travailler ni à l'école ni il l'atelier. Un

autre fait qui contribue il différencier nos apprentis de

ceux que nous avons cités, c'est qu'ils ont des per-

missions de sortie et des congés, sur la demande des

familles, à toutes les époques de l'année, qu'ils ont

des visites les jeudis et dimanches, enfin que deux fois

par semaine ils font des promenades aux environs de

l'hospice ou dans Paris, promenades qui font perdre

une demi-journée de travail.

Administrativement, après avoir douté de la possi-

bilité de faire travailler les enfants idiots, arriérés et

épileptiques, et avoir protesté contre la construction

des ateliers, certains auraient de la tendance à vouloir

considérer nos malades comme des apprentis ordi-

naires qui, suivant la pratique abusive des couvents,

doivent fournir régulièrement une somme de travail

fixée. Nous le répétons, ce qui doit primer dans notre

service, c'est l'influence morale du travail, qui est

l'adjuvant du travail scolaire, du traitement médical

et non le produit lui-même, bien qu'il ne soit pas il

dédaigner; les enfants eux-mêmes sont heureux de

voir que leur travail estproductif, qu'ilse traduitpardes

résultats pratiques et que tout ce qu'ils font contribue

a leur bien-être, à leur enseignement et à l'entretien

de leur section.

XXXVI MOUVEMENT DE LA POPULATION.

III

statistique, mouvement de la population.

Le premier janvier 1900 il y avait dans le service

449 enfants (I) : 406 enfants idiots, imbéciles ou

épileptiques, dits aliénés et 13 réputés non aliénés.

Cette distinction, qui s'applique aux épileptiques

adultes aussi bien qu'aux enfants, est purement

administrative et il est difficile de la justifier médica-

lement. Les ép i lep liq lies non aliénés sont placés par

l'Assistance publique et sont il la charge du budget :

municipal; les épileptiques aliénés sont placés sui-

vant les prescriptions de la loi du 30 juin 1838 et à

la charge du budget départemental.

Sur ces 449 enfants, 14 sont atteints de cécité ; 3 de

s2crcli-i22ctil : 30 étaient ruminants ; 30 o2/cullm-

ges ; 4 déchireurs d'ongles, 48 étaient baveux;

106 galeux ; 5'7 hémiplégiques ; 6 étaient atteints de

maladie de Little et 8 étaient flaireurs.

°Le tableau suivant résume le mouvement de la

population en 1900 :

(1) C'est-à-dire 19 de trop, la section ayant été conçue pour 400 enfants.

MOUVEMENT DE LA POPULATION.

xxxvii

1 r- DÉcÈs, XXXVI ! ' 1

xL Décès. 1

Ë

m '

1 -

1

1

1

2 ,

ai

1

s

H

1. Mouvement DE la population.

Evasions. Cinq évasions ont ou lieu dans le

courant de l'année, celle des enfants Fouill ? Leni ?

Radig ? Calh ? Crcss... Le premier de ces malades,

suffisamment amélioré a été rendu il sa famille. Quant

aux quatre autres, dont l'évasion n'a donné lieu à

aucune mutation, ils nous ont été ramenés par leurs

parents ou par des infirmiers envoyés il leur recherche.

Transferts. Ils ont été au nombre de 35 : 30 à

Villejuif, 1 il Montauban, 2 Cie1111()Ilt, 1 il 13onneval,

1 il Saint-Georges (Yonne). Les transferts, hors des

asilcs de la Seine, constituent une mesure indigne

d'un pays civilisé, surtout quand ils s'appliquent il des

enfants dont les parents habitent Taris.

Les transferts ont souvent pour conséquence de

compromettre les résultats obtenus chez les malades.

Il y a quelques mois l'enfant Chcvr... (Jacques), âgé

de 13 ans, atteint d'hystéro-épilepsic a été transféré

il Saint-Georges (Yonne). Sous l'influence du traite-

ment médico-pédagog'iquc, le nomhrc de ses attaques

était allé en diminuant progressivement ainsi que le

montre le tableau suivant :

. - .Maladies contagieuses.. : . '. LI

la température des malades avant leur départ, et

éela dans le but d'éviter le : transfert de malades sous

le coup d'une maladie aiguë.

Maladies infectieuses. Une épidémie de scarla-

tine s'est déclarée dans le service. Elle avait débuté

en décembre 1899 par l'enfant Van de Cas ? qui en a

été atteint quelques jours après un retour de permis-

sion. L'épidémie a porté sur 38 cas dont un seul suivi

de décès, celui de l'enfant Bler ? fils d'infirmier du

service dont le cas s'est compliqué d'une angine

pseudo-membraneuse. Trois infirmières en ont été

également atteintes : 111 ? SAncen ? Gerd ? et Legr...

L'épidémie a pris fin le 30 novembre.

Une épidémie de rougeole a également éclaté dans

le service le 11 avril, sans cause connue, elle a porté

sur 31. cas'dont 4 suivis. de décès. L'épidémie a pris

fin le 15 août. '.

Une épidémie de varicelle a eu également lieu

dans le service ; elle a débuté en juin et s'est ter-

minée en août ; elle a porté sur 15 cas ; aucun n'a été

suivi de décès. ? Enfin une épidémie d'oreillons, ayant porté sur

40 cas s'est déclarée dans le service en septembre ;

elle a pris fin le 30 décembre sans aucun cas mortel.

Aucune particularité intéressante.-

- Deux enfants ont été soignés au pavillon d'isole-

ment pour la diphtérie, les enfants Bois... et Cub ?

le dernier a succombé. L'enfant Bonn ? Desr.. a été

soigné au même pavillon pour la variole. (1) L'enfant

Mor... (Marguerite) y a été soignée et guérie pour un

érysipèle. Enfin les enfants Ba... et Fixem... y ont

été soignés dans le courant de mai pour la rubéole.

'-Le service du pavillon d'isolement est confié' a

.(1 Cet enfant était il la période d'incubation de la variole quand il âst

entré, (Voir à la fin du volume).- - . - -- - - - - ? -- -.

LII Population au 31 DÉCEMBRE 1900.

M"10 l=Itts.nn. qui depuis 15 ans, s'acquitte de ses

fonctions pénibles et dangereuses avec le plus grand

dévouement. Elle n'est toujours que première infir-

mière. Nous estimons, comme nous le disions l'an

dernier, qu'il y aurait mieux a faire.

Teigne. - Au premier janvier 1900, il restait dans

le service 9 teigneux et 11 1 teigneuses; il la fin de

l'année le chiffre était le même pour les garçons mais

s'était élevé a 15 pour les tilles. Nous ne parvenons,

pas malgré tous nos soins, à nous débarrasser com-

plètement de la teigne : elle se trouve entretenue par

de nouveaux arrivants et par les enfants déjà atteints,

pour la plupart desquels les recommandations sont

de nul effet.

Maladies intercurrentes. 6 enfants ont été

atteints d'état de mal épileptique j 8 atteints de

b ? -o ? îcho-1) ? iett,i)ioiiie ; 2 de pneumonie ; 7 de tuber-

culose pulmonaire; 3 d'angine; 5 d'ophtalmie;

10 d'impétigo ; 35 de plaies diverses dans des accès;

30 pour engelures; 12 pour abcès ; 21 pour diarrhée.

Ajoutons que tous les enfants qui se font des contu-

sions ou des plaies soit en jouant, soit dans des accès

sont conduits il l'infirmerie où des pansements appro-

priés leur sont faits par les deux infirmières, sous la

surveillance de 1\lIUO Atltéuaïsc l3olim, sous-surveil-

lante du service.

Population au 31 décembre 1900. Il y avait à

cette époque dans le service ! i37 enfants, se décom-

posant ainsi : 405 enfants idiots, imbéciles ou épilep-

tiques, dits aliénés et 32 réputés non aliénés. Sur

ce nombre 11 sont atteints de cécité; 2 de surdi-

Population au 31 décembre 1900. lui

mutité; 16 sont ruminants; 6 sont flaireurs; 23 sont

onycophages; 1 déchireur d'ongles; 15 sont baveux j

101 sont gâteux; 45 sont hémiplégiques ou paraplé-

tiques ; 5 sont atteints de maladie de Little.

Personnel du service en 1900. Le personnel

était ainsi composé : Service médical : Un conserva-

teur du Musée, M. le Dr J. Nom. Un interne titulaire,

M. Crouzon, qui a été remplacé par M. Iz1RD, un

interne provisoire, M. Dioxis nu Séjour, un interne

en pharmacie, M. Colon.

2° Service scolaire : A. Grande École. 4 insti-

tuteurs : MM. MESXAUU, Landosse, Cwarr.r3 ? et

DisuETm; un professeur de chant, M. SUTTER; un

professeur de gymnastique, M. Goy ; un maître de

danse, M. LANDOSSE; deux maîtres d'escrime, MM.

Malherbe et Brault, de deux infirmiers. B. Petite

Ecole. - M1105 Agnus et BOIIAIN (Amandine), surveil-

lantes ; 11 ? BEAOEIONT, suppléante ; trois premières

infirmières, Miles Muguet, Marquet et M"10 Chérel

et 10 infirmières de jour aidant les maîtresses d'école.

3° Enseignement professionnel . - 8 maîtres dont

nous avons donné les noms à la page xxxi, plus deux

infirmiers de garde.

4° Service hospitalier. Il se compose de M. Acard

sous-surveillant, remplissant les fonctions de surveil-

lant ; de M. Massing, suppléant, faisant les fonctions

de sous-surveillant, de Mille ATn. Borrnrrr, sous-sur-

veillante (infirmerie), de M"10 MALEXÇON, suppléante

(bâtiment des gâteux); de M"10 Grisard, première

infirmière (pavillon d'isolement), de 11 ? Derière,

sous-surveillante de nuit; de M. Cr31 : r;nr,, suppléant,

attaché au service des bains et douches; de M. Gerder,

suppléant, attaché au musée et chargé du viceser de

- LIV Population au .*Si décembre 1900.

distribution de la pharmacie; d'un infirmier portier,

d'un perruquier; de 35 infirmières, 25 de jour et 10 de

nuit, de 31 infirmiers, 22 de jour et 9 de nuit ; total dû

personnel secondaire : 86. Mutations en 1900 : Il. 78

F. 37.

Section II : Fondation Vallée.

Histoire du service pendant l'année 1900.

1.

Situation DU service. Enseignement primaire.

Quand la Fondation Vallée a été organisée, répète-

rons-nous encore, elle devait être pour les filles

ce qu'est' la colonie de Vaucluse pour les garçons,

c'est-à-dire qu'on ne devait y admettre ni gâteuses,

ni épileptiques. Mais dès l'origine, par suite des

besoins du service des aliénés, il n'a pas été tenu

compte de cette catégorisation. Il s'ensuit que la Fon-

dation Vallée ne correspond pas et n'a jamais corres-

pondu à la colonie de Vaucluse, mais au service des

enfants de Bicêtre, où nous recevons, en outre

des épileptiques et des hystériques, toutes les catégo-

ries d'enfants idiots. Nous avons, dv la Fondation,

deux groupes principaux : 1° les enfants idiotes et

gâteuses, 2° les enfants propres.

Enfants idiotes et gâteuses. Elles étaient au

nombre de 70 au 1 janvier 1900 et de 85 à la fin de

l'année (1). - Elles sont installées dans le sous-sol

il) Ce chiffre de 85, plus considérable à la fin de l'année qu'au commence-

ment, est dû au nombre élevé des entrées. ,

LVI Fondation vallée.

du pavillon neuf dont l'aménagement n'a été fait

encore que partiellement. Au point de vue du traite-

ment les moyens et procédés sont les mêmes que ceux

décrits clans nos précédents Rapports.

Les idiotes gâteuses se divisent en deux catégories :

a) les enfants valides qui sont envoyées à l'école

durant une partie de la journée ; b) les enfants

invalides, qui séjournent dans le local dont il est

question plus haut, c'est-à-dire le sous-sol. Chez six

d'entre elles nous avons pu supprimer le gâtisme :

Pos ? Isel ? Pouz ? Taupin ? Bossu.. et Corn.. Voici

quelques renseignements sur ces enfants qui, parties

de très bas, ont fait de sérieux progrès.

1° 01'i(II... (Angèle) est entrée à la Fondation Vallée, it l'âge

de 3 ans, atteinte d'icliotie à un degré très prononcé. Elle ne

parlait pas, le regard était assez mobile, mais sa physionomie

exprimait la tristesse, la souffrance, on aurait dit une per-

sonne âgée connaissant déjà les ennuis et le malheur. Elle

se servait fort maladroitement de la cuiller. La mastication

était très lente, aussi ne pouvait-on lui donner que des ali-

ments liquides ou peu consistants. Elle ne marchait pas;

c'est-à-peine si elle faisait quelques pas tout en la soutenant

et lui donnant la main. L'enfant a eu, en outre, une coxalgie

qui a nécessité son séjour à l'infirmerie pendant des années

entières. Elle gâtait nuit et jour.

Ce n'est qu'en 1898 que l'enfant a pu suivre régulièrement

l'école. Très timide au début, elle paraissait toujours triste

et préoccupée, répondait à peine quand on lui adressait la

parole. Rien ne nous faisait présager les grands changements

et les résultats étonnants que nous avons obtenus.

Peu à peu, l'enfant s'est habituée au personnel; elle a com-

mencé par dire quelques mois, puis des phrases; aujourd'hui

elle parle bien, sa voix est claire, sans défaut de pronon-

ciation. Elle écrit lisiblement, commence à faire des petits

devoirs de grammaire, connaît les deux premières opérations

de l'arithmétique, elle lit lentement mais sa lecture est

courante. L'enfant est devenue très propre, le gâtisme à

complètement disparu. Elle se donne elle-même les soins de

toilette qui lui sont nécessaires. Elle a fait beaucoup de pro-

' Enseignement pratique et primaire. L\'II

grès en couture, elle travaille aux robes, aux tabliers, etc.

Amélioration notable.

2° Le Méu... (Hélène), 15 ans, est entrée en 1895, l'enfant

était imbécile et hémiplégique (côté droit). Elle ne savait

ni lire, ni compter, ni écrire. L'écriture présentait même de

réelles difficultés, car l'enfant tenait maladroitement le

porte-plume de la main gauche. Rien ne faisait entrevoir de

grands résultats l'enfant disait elle-même qu'elle allait à

l'école chez les soeurs, mais qu'elle ne pouvait rien appren-

dre. Aujourd'hui, elle a réalisé des progrès surprenants, elle

lit couramment, donne une bonne intonation à la lecture,

écrit très méthodiquement, suit une dictée du cours moyen,

fait des devoirs variés de grammaire, géographie, connaît les

trois premières opérations de l'arithmétique,

Le caractère s'est également transformé. D'insouciante et

d'indifférente qu'elle était,' elle est devenue sérieuse, rél1é-

chie, s'intéressant à tout. Elle a un bon raisonnement, son

jugement paraît assez sain pour son âge. Elle apporte beau-

coup de bonne volonté en toutes choses. Malgré sa paralysie,

elle se rend utile dans les soins du ménage, travaille à la

couture et au repassage, et là, comme ailleurs, elle a fait des

progrès.

3° 77u;/a... (Alph.), 10 ans est entrée en juillet 1900. Cette

enfant ne parlait pas, ne disait que ces seuls mots. C'est; c'est

deux, là; là; maman. Elle les employait à propos de tout. Le

caractère était des plus insupportables, elle était méchante au

possible, irritable à l'excès; si on ne cédait à ses caprices, elle

pleurait, criait, se roulait par terre, tapait des pieds et frap-

pait les compagnes qui l'entouraient. Elle les griffait, les

'mordait, on était obligé de lui mettre continuellement le

manchon. Elle faisait ce manège pendant des journées entiè-

res. C'est à l'égard des plus jeunes surtout qu'elle était dan-

gereuse. Elle guettait le moment où on ne pouvait l'aperce-

voir pour leur prendre jouets et friandises : en un mot,

tout ce qui lui faisait plaisir. Tous les moyens lui étaient bons

pour arriver à son but. A son approche, les enfants s'éloi-

gnaient d'elle comme d'une bête furieuse. Elles poussaient

des cris de terreur en la voyant apparaître dans la cour. Rien

donc ne faisait entrevoir une grande amélioration. Insen-

siblement, l'enfant s'est apaisée, un calme régulier a succédé

à cette excitation, son esprit et son intelligence ont paru

s'ouvrir; son regard est devenu moins dur, sa physionomie

a pris une expression plus douce et.plus agréable;. en un

LVIII Traitement médico-pédagogique.

mot, une vraie métamorphose s'est opérée en elle. Elle est

aujourd'hui très calme, très tranquille, s'intéresse il tout,

aime à rendre service, se prend adroitement pour habiller et

déshabiller ses compagnes, elle qui, autrefois, ne pouvait le

faire pour elle-même. Elle a commencé par dire quelques

mots, des phrases ensuite et tient aujourd'hui conversation,

raisonne même bien. La parole est libre, la prononciation

n'est pas défectueuse : amélioration très notable.

4° Bauv... (Cécile), 13 ans. - Cette enfant est entrée à la

Fondation en mai 1893, atteinte d'imbécillité prononcée, avec

perversions instinctives. Elle était insupportable, malgré son

jeune âge, n'avait aucune stabilité, sa mémoire était des plus

fugitives. Elle se dérobait à la surveillance du personnel pour

se livrer à l'onanisme. Elle était gâteuse la nuit. Elle parlait

peu, répondait à peine quand on lui posait quelques questions.

Elle était nulle pour tout ce qui concerne l'école, se tenait fort

mal en classe, dissipait continuellement ses compagnes. Vu

son manque d'attention l'enfant ne laissait espérer que de

médiocres résultats.

Malgré toutes ces difficultés, elle s'est notablement amé-

liorée sous tous les rapports. Elle est devenue calme, tran-

quille, son attention est facile il fixer, elle tient conversation

et raisonne assez bien. Elle s'occupe beaucoup des soins du

ménage, prend soin des plus jeunes, c'est un plaisir pour

elle de les déshabiller et de les habiller.

Ses mauvaises habitudes ont complètement disparu ; il

lui arrive très rarement d'uriner au lit. Elle travaille bien il

la couture, il en de même pour le repassage. Elle fait bien

la gymnastique, elle est très agile dans ses mouvements. Ses

progrès ne sont pas moins sensibles en classe. Elle écrit lisi-

blement, fait quelques devoirs de grammaire, lit par syllabes

.et.connaît les deux premières opérations de l'arithmétique.

5° Delom... (Andrée), 8 ans, est entrée il la Fondation en

septembre 1899, atteinte d'imbécillité prononcée. Elle

causait bien, l'expression de sa physionomie était mobile.

Del... n'avait aucune notion pour tout ce qui concerne

l'enseignement. Elle ne prêtait aucune attention à ce qui lui

était enseigné, le jeu lui tenait lieu de toute autre occupation.

Nous constatons aujourd'hui de réels progrès, sous le

rapport classique. Elle lit presque couramment, son écriture

est très lisible et bien formée; elle connaît les deux premières

opérations de l'arithmétique. Elle s'exprime très facilement,

... IDIOTES GATEUSES, INVALIDES OU NON. FLUX

elle raisonne bien, prend un air futé et malin quand elle

tient conversation.

Le caractère s'améliore également, elle n'est pas méchante,

aime à rendre service, elle est très empressée quand on lui

lui donne un emploi quelconque. Elle a beaucoup de dispo

sitions pour la couture; l'enfant quoique bien petite et bien

jeune coud admirablement bien pour son âge. Elle travaille

aux robes, aux tabliers; elle cherche toujours à dépasser ses

compagnes ; il est à remarquer que cette enfant ne savait

même pas tenir une aiguille à son entrée. Elle suit la y ? -n71.-s-

tique des grandes avec facilité et exécute bien tous les

mouvements. '

6°GaMch... (Germaine), 10 ans, dont nous signalions les

progrès l'année dernière continue à s'améliorer.

Parole, marche, nulles au début; gâtisme complet, cette

enfant avance très rapidement en toutes choses, mais

surtout au point de vue classique. Elle écrit lisiblement, ses

lettres sont bien formées; elle suit une dictée du cours élémen-

taire. Elle connaît les trois premières opérations de l'arith-

métique ; lit couramment et donne à sa lecture une bonne

intonation.

Son caractère a subi la même transformation, cette enfant

raisonne bien, se rend compte de tout et paraît avoir un

certain jugement. On prend plaisir à entendre ses conver-

sations, elle aime bien qu'on l'écoute et qu'on s'occuppe d'elle.

Elle est, du reste, caressante, affectueuse, polie et prévenante

envers le personnel. Elle possède même une certaine

délicatesse de sentiment, ce qui se voit assez rarement chez

nos enfants. '

Elle a fait des progrès en couture, elle tient bien son

aiguille, fait des ourlets. Elle suit la grande gymnastique et

y apporte une attention soutenue. Le sentiment d'émulation

est très développé chez elle.

L'amélioration notable acquise chez ces enfants

montre nettement ce qu'on peut obtenir chez des

enfants même profondément atteints. Des résultats

analogues ou plus considérables peuvent, à plus forte

raison, être réalisés chez des enfants moins malades.

..i .'fî :

20 Enfants idiotes, imbéciles, épileptiques, etc'...,

valides. Rnseignpmennt primaire et enseigne-

LX IDIOTES gâteuses, imbéciles, etc., valides.

ment professionnel. Les procédés employés sont les

mêmes qu'à la section de Bicêtre. Les améliorations

réalisées dans les écoles des garçons sont introduites

immédiatement à la Fondation. L'idéal que nous pour-

suivons consiste à occuper les enfants du matin jus-

qu'au soir, en variant le plus possible les exercices.

Les jeux mêmes doivent contribuer à leur éducation.

Au lever, on apprend aux enfants à faire leur toi-

lette, leur lit, à nettoyer leur dortoir, à brosser leurs

vêtements. Aux repas, on surveille les enfants qui sa-

vent manger seules et on corrige leurs mauvaises ha-

bitudes ; on apprend aux autres à se servir de la cuiller,

de la fourchette, etc. En attendant que l'Administration

donne aux enfants l'alimentation choisie qui leur con-

vient, ce qui arrivera peut-être un jour, nous recom

mandons au personnel de surveiller les aliments, d'en-

lever les fragments d'os ou de tendons, susceptibles

de produire des accidents, de couper les aliments en

petits morceaux, de veiller il la mastication et à la dé-

glutition.

Sur 213 enfants présentes à la fin de l'année, 45 sa-

vent se servir de la cuiller, de la fourchette et du cou-

teau ; 77 de la cuiller et de la fourchette ; 52 de la cuil-

ler seulement ; 39 ne savent pas manger seules.

163 enfants ont fréquenté l'école et ont été exercées

à la gymnastique des échelles et des ressorts; 62 en-

fants participent aux exercices de la grande uymnns-

tique, sous la direction de M. Govetsous la surveillance

de M"0 Langlet, M. UOY vient tous les jeudis à la

Fondation, mais en raison de l'augmentation de la po-

pulation il serait nécesaire qu'il donnât maintenant

deux leçons par semaine. L'Administration départe-

mentale et la Commission de surveillance ont reconnu

la légitimité de notre demande déjà renouvelée plu-

sieurs fois, et l'ont signalée à l'Administration de

1 Leçons de choses, DESSIN, chant, ETC. LXI

l'Assistance publique dont nous attendons toujours la

réponse.

Les leçons de choses multipliées le plus possible,

ont lieu dans les jardins dont les arbres, les arbustes,

les plantes, etc., sont étiquetées. Les details clans les-

quels nous sommes entrés dans nos rapports de 1890

à. 1899 au sujet de l'habillement (mannequin spécial),

de l'éducation, de la cLigestion, de la respiration, de

la circulation et de l'hygiène sexuelle, nous dis-

pensent d'y revenir cette année.

Enseignement du dessin. Cet enseignement est

complètement suspendu depuis 1897, faute de pro-

fesseur. Depuis lors, nous n'avons cessé d'en signaler

la réelle utilité pour la Fondation et pour le service

des enfants de Bicêtre. Sur ce point encore nous avons

eu toujours l'assentiment de l'Administration préfec-

torale et de la Commission de surveillance qui, cha-

que année, visitent la Fondation Vallée avec le plus

grand soin. Nous avons renouvelé notre demande lors

de la visite de la Commission du Conseil général. Peu

après (séance du 20 décembre), M. Félix Roussel,

secrétaire de la Commission, a demandé et obtenu

la création de ce cours de dessin dans les deux établis-

sements. Espérons qu'il ne s'écoulera pas trop de

temps, entre ce vote et son exécution.

Enseignement du chant. Cet enseignement

est fait par M. Eugène Sutter, professeur de

chant à l'Asile-école de Bicêtre. De même que les

années précédentes, conformément à nos instruc-

tions, M. lutter s'est occuppé successivement de

tous les enfants, en état de profiter dans une me-

sure quelconque de son enseignement. 106 fillettes,

divisées en trois séries, y ont participé. Presque toutes

ces enfants, à part quelques unes récemment entrées

L111 Enseignement professionnel. -

à la Fondation, savent lire les notes et en connaissent

la valeur. Le procédé employé est le même qu'v.l31;

(-être : dès que les enfants sont assez avancées pour

bien lire un morceau de chant, on leur fait chanter des

choeurs il deux, puis il trois parties. Les plus jeunes,

parmi ces élèves, ont comme l'a déjà fait remarquer

M. E. Sutter, une étendue de voix généralement limitée,

mais relativement juste ; les grandes, celles surtout

ayant dépassé la seizième année, ont une étendue de

voix remarquable. De même que chez les épileptiques

garçons, M. Sutter a remarqué cette année encore que

chez les jeunes filles atteintes de cette maladie, quand

elles sont dans leur période d'accès, le timbre de la

voix devient non seulement moins clair et moins so-

nore, mais rauque et sans étendue. Quant aux 1na,"O ? -

démateuses, mises au traitement de la glande thy-

roïde, leur timbre de voix s'est accru encore cette an-

née en étendue, principalement chez l'cnfant Kraem..

dont le timbre de voix est absolument normal.

M. Sutter a organisé, avec les jeunes malades les

moins atteintes de la Fondation, une classe spéciale

de chant. On apprend à ces enfants des mélodies et des

petites romances à l'unisson; toutes y prennent un

intérêt et y apportent de la bonne volonté.

Danse. Les exercices de danse ont eu lieu sous

la direction de M. LA : '\DOSSE, instituteur 'à Bicêtre,

tous les mercredis de 4 à 5 heures. 175 enfants ont pris

part à ces exercices, 95 savent danser la polka, 71 1

connaissent la polka,, la mazurka et la scottisch; 48

connaissent toutes les danses de caractère et toutes

les figures du quadrille..

Enseignement professionnel. A mesure que les

enfants se développent, on leur apprend tous les soins

du ménage, à mettre et à retirer le couvert, à nettoyer

les réfectoires, laver la vaisselle, etc. Une vingtaine.

Enseignement professionnel. LXIII

des moins arriérées aident le personnel à apprendre il

manger aux enfants incapables de manger seules et à

perfectionner celles qui mangent malproprement. '

Les deux ateliers que nous possédons ont continué

il fonctionnel' régulièrement. Le travail, évalué par

M. Lequeux, économe de Bicêtre, d'après le tarif réduit

de l'administration, s'est élevé à 4.007 -francs pour

l'atelier de couture dirigé par Mille EHlUIA ! \1\ et à

1.463 francs pour l'atelier de repassage dirigé par

Mille Baruet. Total : 5.470 francs. Nous avons essayé

depuis quelques années un essai de composition

typographique qui n'a pu réussir faute d'une véri-

table entente et surtout d'un crédit pour le maître.

Nous aurions voulu avoir aussi un atelier de bl"O-

chage, dont l'organisation a rencontré également des

difficultés (IL i. " . ;

En plus des apprenties qui travaillent par séries ré-

gulières, 40 ont travaillé une heure parjour. 20 enfants

savent faire complètement les layettes; 12 du crochet; -,

12 savent marquer; 8 savent faire de la tapisserie ; 3

savent tricoter. Le tableau ci-après donne mois par

mois le nombre des apprenties régulières et l'éva-

luation du travail.

(1) Ces ateliers après prélèvement des salaires, de la nourriture, etc. des

deux maîtresses ( : ).v.0 1r,1. donnent donc un bénéfice de 2.270 fr.

LXIV

Visites ET congés.

Promenades, distractions. LXV

LX'I Maladies INFECTIEUSES.

participé en 1900 à toutes les distractions données

aux garçons de Bicêtre et dont l'énumération figure

dans le Compte-rendu de la section des garçons de

cet établissement.

Améliorations diverses. Promotions. Mye

BARUET a été nommée première infirmière et M.

Lagrillère premier infirmier.

Aménagement du sous-sol du pavillon neuf.

Cimenlage d'une partie de la cour des gâteuses, à

l'ouest et au nord du pavillon neuf. - Cimentage de

l'ancienne cour des gâteuses. Installation d'une

bâche dans l'office du pavillon destinée à fournir de

l'eau chaude. - Réfections de peinture diverses.

Teigne. Quinze enfants ont été soignées au

paLillon d'isolement de la section des enfants de

Bicêtre pour la teigne.

Maladies infectieuses. Vingt-quatre enfants ont

été soignées, au même pavillon pour une épidémie do

rougeole. Une fillette atteinte de fièvre typhoïde

a été soignée à la Fondation.

. Maladies intercurrentes. 7 enfants sont entrées

à l'infirmerie atteintes de tuberculose, 3 de broncho-

pneumonie, 10 pour bronchite, 1 de séries d'accès épi-

leptiques, 1 pour brûlure de la face, 1 pour fracture

double des os de l'avant-bras ; 1 pour e.LCitaliotl

maniaque, 1 pour brûlures des cuisses (1), 1 pour

appendicite (2), 8 pour entérite, 12 pour engelures,

(1) Il s'agit de l'enfant Brég... venant de l'hôpital St-Antoine où elle avait

été admise pour ses b ! Î'tlures qui n'étaient pas encore guéries à l'entrée à la

Fondation.

. (2) L'enfant a été opérée auec succès à l'infirmerie générale de Dicôtre par

M. Delbet. t.

Bains ET hydrothérapie. LXVII

18 pour impétigo, 20 pour maux d'yeux. Nous

devons féliciter M"° J. JAMOUILLE, première infirmière,

attachée spécialement à l'infirmerie, de l'attention

dévouée qu'elle apporte dans ses fonctions et du soin

qu'elle met à nous renseigner sur chaque malade

par des notes prises régulièrement et avec intelli-

gence.

Vaccinations et revaccinations. Elles ont été au

nombre de 82 dont 18 avec succès. Nous revacci-

nons toutes les entrantes et toutes les malades qui

sont à la Fondation depuis 5 ou 6 ans.

Bains et hydrothérapie. Nous avons eu, comme

les années précédentes, recours dans une large

mesure aux bains et aux douches. Quant aux autres

moyens de traitement, ils ont été les mêmes que dans

notre section de Bicêtre. Signalons surtout les leçons

de choses, soit en classe, soit dans les jardins et les

promenades. Nous veillons le plus possible à l'hygiène

sexuelle, et pour les petites gâteuses et pour les

petites filles pubères. Les enfants prennent leurs

douches il la Fondation et, en cas de réparation, à Bi-

cêtre. Quant aux bains, nous avons dû comme l'année

dernière, recourir plusieurs fois aux bains de Bicêtre.

Les bains de pieds ont été donnés à la Fondation où

une installation nouvelle existe ; cette installation, à

notre regret, n'a pas été rigoureusement copiée sur celle

de Bicêtre, commc nous l'avions réclamé. Pourquoi,

lorsqu'un service fonctionne bien clans un établisse-

ment ne pas l'installer dans les créations nouvelles

jusqu'à ce qu'on ait découvert mieux ? Que d'ennuis

et de discussions on éviterait et combien d'économies

on réaliserait en acceptant cette règle de conduite !

Voici la statistique des bains el des douches en

1900.

LXVIII MOUVEMENT DE LA POPULATION.

DIïC1'sS, SORTIES, 1 ? AçlON, TRANSFERTS, ETC. 1.\I1

LXX ' DÉCÈS. ? 1

LXXII DÉCÈS. 1 1

1

1

s

1

1

Section ni. Assistance des enfants idiots :

1° Création de classes spéciales, annexées ou non,

aux écoles primaires pour les enfants arriérés;

Nouvelle NOTE à MM. les Membres de la Commission

de surveillance des asiles de la Seine.

I.

MES CHERS Collègues,

A votre visite, à Bicêtre, du 2 juin 1896, nous vous

soumettions à titre de voeu, la proposition suivante :

« La Commission de surveillance des asiles d'a-

liénés du département de la Seine émet le reçu qu'il

soit créé près des écoles de la Ville des Classes SPI : -

CULES pour les enfants arriérés. »

Ce voeu a été voté par vous dans votre séance du 18

juin 1896. Depuis cette époque, chaque année, ici-

même, nous vous avons remis de nouveaux docu-

ments relatifs à l'organisation de ces classes spéciales

dans différents pays; Ils vous ont conduit à renouveler

votre voeu. Comme suite aux renseignements détail-

lés que nous vous avons fournis sur le fonctionne-

ment de ces classes en Angleterre, en Belgique, en

Prusse et en Suisse, nous allons mettre sous vos

yeux un résumé des notes qui nous ont été adressées

sur cette question d'Italie et de Hollande.

I Classes spéciales. LXXIX

Mt

1.

ITALIE.

Note sur le mouvement en faveur des enfants arriérés en Italie :

asiles-écoles et classes spéciales.

« Depuis longtemps déjà, les médecins et les savants de

ce pays s'occupent de la question des imbéciles et des

arriérés. Morselli, le premier, établit à Nervi, un Institut

pour cette catégorie de déshérités. Bonfigli a défendu

leur cause à la Chambre des députés. Tamburini a soumis

la question aux Congrès psychiatriques et fondé le pre-

mier Institut psycho-pathologique appliqué à l'étude des

enfants. Sergi a dirigé ses études anthropologiques sur

les écoles élémentaires. Enfin, Lombroso a eu le mérite

de fonder l'Ecole d'anthropologie criminelle et de popula-

riser la correspondance entre les défauts de l'esprit et la

criminalité. Mais, en réalité, il n'y avait de vraiment pra-

tique que l'Institut des phrénétiques à Vercurago.

C'est seulement dans le mois de septembre 1898 que

cette question fùt portée sur le terrain pédagogique par

111" Montessori au Congrès pédagogique de Turin, où elle

proposa d'instituer des classes spéciales pour les enfants

arriérés dans les écoles élémentaires ordinaires. La

nécessité de cette réforme a été sentie par tous les maîtres

qui connaissent bien les inconvénients et même le danger

de la présence des enfants arriérés dans les classes com-

munes. On s'est préoccupé de cette réforme dans toute

l'Italie, depuis le Piémont jusqu'à la Sicile. La presse

pédagogique et la presse politique en ont fait l'objet de

nombreux articles.

Une Ligue nationale a été constituée pour la protection

des enfants arriérés dont les directeurs sont le professeur

Baccelli, ministre de l'Instruction publique, la princesse

LXXX Traitement et éducation DES IDIOTS..

de Venosa (de Rome) et le professeur Bonfigli. Cette Li-

gue a pour but de créer des institutions pour les enfants

arriérés et des classes spéciales annexées aux écoles

élémentaires dans toutes les provinces de l'Italie. C'est à

la demande de la Ligue, que M11e le Dr Montessori a fait des

conférences de propagande dans les principales villes de

l'Italie. En moins d'un an. on a réussi il fonder 14 comités

provinciaux dont font partie des préfets, des maires, des

présidents de province.

Des Instituts ou des écoles ont été organisés : 1° à San

Giovanni in Persiceto par le Pl Tamburini (1); à Flo-

rence, par le comité Toscan, un Institut dirigé par le Dr

Modigliano sous la présidence du duc Strozzi (2) ; - il Rome.

l'asile-école pour les enfants arriérés, dirigé par le Dr de

Sanctis (3) ; a Gènes, une école ouverte le 20 décembre

de la même année. De plus, à Rome, on organise un grand

Institut dont les frais seront couverts par toute la Province

et un autre sera bientôt fondé à Milan, par l'initiative des

citoyens. En même temps, il s'est créé, un peu partout,

des classes spéciales, par exemple a Parme, à Turin,

à Milan et à Gènes (nov-déc. 1899).

A Rome encore, dans le courant de l'année dernière,

(1) Cet établissement, ouvert le 20 juillet 1899, a été installé avec le concours

des provinces de Bologne, Reggio, Modane, Parme. Piacenza, Ferrare.

Ravenne et Forli. On y reçoit les enfants de il a 15 ans. Il possède des classes,

des ateliers, des terres pour l'agriculture et le jardinage et, de plus, gymnas-

tique, hydrothérapie, masso-thérapie, laboratoire anthropologique et physio-

psychologique. Il y a des divisions spéciales pour les garçons et les filles,

pour les riches et les pauvres. Les enfants envoyés par les provinces paient

40 lires par mois On prend l'observation des enfants et leur photographie,

comme à Ilicétre.

(2.) Il reçoit des garçons de 4 à 12 ans. Il y est annexé des classes externes

pour garçons et filles de G il IG ans. Ou apprend un métier aux garçons, le

ménage aux filles. Les enfants indigents peuvent y être maintenus parles

provinces à raison de 40 fr. par mois. Les enfants riches sont répartis en

trois clas3es avec des prix différents. On cherche à corriger : 1° les défauts

de prononciation ; 2° l'incontinence nocturne d'urine ; 3" les cérébropathies

de l'enfance; 4° l'hystérie ; 5° les tics. -- Pédagogie individuelle.

(3) L'asile, ouvert en mai 189 ! J, contient 20 écoliers/Il est admirable au point

de vue scientifique, plus que pour la pratique. Car, il n'y a ni atelier ni jardin.

On s'occupe presque uniquement de la correction du langage. Les enfants

sont soigneusement examinés sous les rapports anthropologique, psycholo-

gique et neurologique. Les enfants sont classés en imbéciles (a degrés) et en

arriérés (tardivi).

Classes spéciales. LXXXI

on a créé un cours pour préparer les maîtresses à l'ensei-

gnement des enfants arriérés dans les classes spéciales.

A.u ministère de l'instruction publique et dans les muni-

cipalités, on étudie le projet de réforme et on examine le

moyen de donner l'unité d'organisation et de direction

aux classes spéciales des différentes provinces. Cette

année (1900) on procédera à une réforme définitive des

écoles primaires et on étendra l'obligation de l'instruction

primaire aussi aux enfants arriérés. Des instructions,

dans ce but, ont été adressées en février 1899 par le mi-

nistre Baccelli aux préfets et aux autorités scolaires

de l'Italie.

La facilité avec laquelle il est possible de fonder des

classes spéciales pour enfants arriérés est due à une très

intéressante réforme antérieure du ministre Baccelli. Il

a, en effet, introduit dans les écoles primaires, le travail

manuel pour les métiers et le travail de la terre, donnant

ainsi à l'école primaire un but pratique et d'une utilité

incontestable. Six mille petits champs (Campicelli) ont

été offerts par des particuliers aux écoles primaires pour

rendre hommage au Ministre et réaliser son idée. Six

mille écoles ont maintenant chez nous le « champ éduca-

tif » qui est cultivé par les élèves, servant aux leçons

de choses, il l'enseignement de l'horticulture et de l'ar-

pentage. Cette réforme prépare donc l'organisation des

classes pour les enfants arriérés qui, grâce à M. Bac-

celli, dans peu de temps, existeront partout en Italie.

Enfin, la Ligue publiera bientôt, à Rome, un Bulletin

dans lequel sera exposé tout ce qui a été fait en faveur

des pauvres enfants arriérés en Italie et dans les pays

étrangers. »

Nous devons ces renseignements à Mis la doctoresse

lIONTI-1-SS11(l qui, l'an dernier, a suivi assidûment notre

service pendant plusieurs semaines.

Retenons, pour mémoire : 1° l'application de l'obli-

galion de l'instruction primaire pour les enfants

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1900. ?

LXXXII Assistance et éducation DES IDIOTS.

arriéres, de même que pour les enfants normaux ;

2° l'organisation de cour*, spéciaux que nous avons si

souvent réclamés sans succès (1), pour les maîtres et

les maîtresses chargés de l'enseignement de tous les

enfants anormaux.

II.

Hollande.

. École spéciale pour enfants arriérés à Amsterdam.

« Cette école acte ouverte le 1 cr mai 1899 ; elle avait alors

une classe comprenant 17 élèves. A l'inauguration offi-

cielle (2 octobre 1899), il y avait trois classes. Peut-être,

cette année, y ajoutera-t-on une quatrième classe.

A la tête de l'école se trouve un directeur ; puis il y a,

provisoirement, un instituteur et deux institutrices. Les

enfants qu'on y reçoit sortent, pour la plus grande partie,

du petit peuple. En leur faisant suivre les leçons d'une

école primaire ordinaire pendant un ou deux ans, on a dû

constater qu'ils ne profitaient pas de l'enseignement

des enfants normaux. Avant de les accepter, on les examine

au point de vue médical et pédagogique. Cet examen a

pour but de vérifier : 1° si les enfants sont réellement

arriérés ; 2° de fixer le degré d'arriération ; 3° de s'assurer

s'il y a des défauts psychiques et physiques qui rendent

difficile l'admission dans l'école spéciale (surdité, bégaie-

ment, etc.) ; 4° de voir si l'arriération peut être guérie par

une intervention médicale (p. e. respiration difficile par

le nez).

(1) Raplieluns, toutefois, que depuis bien des années, nous envoyons, tous

les ans, notre personnel enseignant à l'Institution des Sourds et muets et il

l'Institution des jeunes aveugles.

Classes spéciales. LXXXIII

Après cet .examen, on ne reçoit pas les enfants trop

arriérés, trop peu arriérés et les enfants qui ne sont pas

du tout arriérés ; ou ne prend que les enfants arriérés par

des absences, des maladies et autres causes.

Si on refuse quelques idiots, c'est parce que les finan-

ces de la société ne sont pas assez brillantes. L'école a été

fondée par une société intitulée : « Société de patronage

des enfants arriérés et bègues. » Elle dispose, outre ses

propres fonds, d'une subvention annuelle de cinq mille

florins de la part du conseil municipal d'Amsterdam.

Cette somme sert aussi à payer les appointements du per-

sonnel enseignant (appointements qui sont au-dessus de

ceux des instituteurs d'une école ordinaire). Cette som-

me n'est pas assez forte pour recevoir beaucoup d'élèves.

L'enseignement est classique, c'est-à-dire que l'on n'a

pas divisé les classes d'après l'âge des enfants, mais

d'après leur développement dans les différentes bran-

ches. Puis, un élève n'appartient pas constamment à

une classe fixe ; à la leçon de lecture, par exemple,

quelques élèves se réunissent à une classe pour recevoir

cette leçon de lecture, mais il est très possible que ces

mêmes élèves ne soient pas de la même classe pour la

leçon de calcul. Du reste, l'enseignement classique est ac-

compagné d'un enseignement individuel.

En plus de l'enseignement ordinaire, pour développer

l'intelligence, nous nous occupons aussi de travaux ma-

nuels (sljode).

Notre but n'est pas d'apprendre un métier aux enfants,

mais de les préparer, par le développement de leur

adresse à apprendre un métier ; pourtant le sljod avec

l'argile nous plait infiniment. Jusqu'ici nous ne nous

occupons pas encore du cartonnage ; nous le ferons plus

tard, après les exercices préparatoires. Provisoirement,

pour le sljod, nous nous occupons du bois et du métal.

Les heures de classe sont de 8 h. 3/4 à 11 h. 1/2 et de

1 h. 1/2 à 4 h.

LXXXIV Traitement ET éducation DES IDIOTS.

Les vacances durent : une semaine (Noël), six jours

(Pâques, Pentecôte), quatre semaines (Août et Juillet).

Dans les heures de l'après-midi on n'enseigne plus les

brandies intellectuelles, mais le chant, la gymnastique.

Dans les heures avant midi on enseigne le calcul, la

lecture, la conversation développante, les « réalio » ( ? ).

Après chaque heure de leçon, il y a cinq minutes de repos.

A 11 heures les enfants ont 1/4 d'heure de récréation et dans

l'après-midi une demi-heure de jeu-gymnastique. Entre

les heures de classes, les enfants restent dans l'école

(iL cause des grandes dislances) ; à heures, ils rentrent

chez eux. Le but de cet enseignement est de créer une

occasion pour les enfants d'apprendre autant que possi-

ble ; chez nous, ils peuvent plus apprendre qu'à l'école

ordinaire où ils en sont empêchés par les autres élèves,

et où on ne fait pas des imbéciles ce qu'on en peut faire.

Chez nous on fait plus attention à chaque enfant, les

classes comptant peu d'enfants, et on y pratique l'ensei-

gnement individuel. Le but de l'école ordinaire de notre

pays est de former le caractère (peu d'utilisme : 1 le but de

notre école est de les préparer pour la vie réelle (donc

beaucoup d'utilisme).

Comme je le disais, l'école appartient il une Société qui

n'a pas beaucoup d'argent de la quant il présent, limi-

tation de notre action. »

Ces renseignements, dus à M. KLIIOTSDLI, Directeur

des classes spéciales pour les enfants arriérés, à Amster-

dam, ont été rédigés pour nous à la demande du Dr A.

Van MELLE qui a visité plusieurs fois notre service en

1899.

III.

Des documents antérieurs et de ceux qui précè-

dent, il résulte d'une façon évidente que dans tous les

pays, on se préoccupe très sérieusement de l'assis-

tance et du traitement médico-pédagogique des enfants

arriérés et que l'on introduit dans la loi l'obligation

pour eux, comme pour les enfants normaux.

Classes spéciales. LXXXV

Si le voeu de la Délégation cantonale du V° arron-

dissement et le voeu de la Commission de surveillance

ont été appuyés, dans ces derniers temps, par quel-

ques journaux consacrés à la pédagogie, ce qui est

déjà un résultat, les corps électifs et le gouvernement

sont demeurés complètement indifférents. Malgré cela,

nous estimons qu'il est de notre devoir de signaler

toujours et sans cesse, jusqu'à réalisation, ce mode

d'assistance médico-pédagogique. Et en conséquence

nous vous demandons de renouveler votre voeu en

faveur des classes spéciales pour les enfants arriérés.

BOURNEYILLE.

[Cette note a été communiquée à la Commission

de surveillance des asiles d'aliénés, lors de sa visite

à Bicêtre le 8 mai 1900. La Commission a renou-

velé son -ccu.1

Bibliographie. Après avoir parlé de cette réforme dans

le Progrès médical et dans les Archives de neurologie, nous

en avons entretenu la Délégation cantonale du V. arrondisse-

ment qui nous a chargé de lui présenter un rapport suivi du

vote d'un voeu conforme. Nous avons soulevé la question au

Congrès d'assistance publique de Lyon en 1894. Depuis cette

époque, chaque année nous avons communiqué de nouveaux

documents il la Commission de surveillance des asiles de la

Seine et à la Commission du Conseil général.

II.

Création de classes spéciales annexées ou non aux

écoles primaires pour les enfants arriérés.

Messieurs et chers collègues,

Depuis une dizaine d'années, nous avons signalé

les avantages considérables, au point de vue de

l'assistance et de l'instruction publiques, de la création

de classes spéciales pour les enfants arriérés des

écoles primaires et les enfants idiots et imbéciles

améliorés des services spéciaux (Bicêtre, Salpêtrière,

Fondation Vallée et colonie de Vaucluse). Après vous

avoir exposé les nombreuses raisons qui militent en

faveur de cette réforme et qui vous ont décidés à en

réclamer la réalisation, chaque année, profitant de

votre visite dans notre service, nous vous avons remis

une Note sur les classes spéciales et les résultats heu-

reux qu'elles donnaient dans divers pays : Angleterre,

Allemagne, Belgique, Hollande, Italie, Suisse, etc.

Aujourd'hui, nous vous soumettons la traduction (1)

de documents, sur les classes spéciales de Berlin, qui

nous ont été adressés obligeamment par 1\IITIC Vogel, à

la suite d'une visite à l'asile-école de Bicêtre. y

(1) Cette traduction a été faite par l'un de nos collaborateurs les plus

dévoués, M. J. Bayer, professeur à l'Instil ? it médico-pédagogique.

Classes spéciales. lxxxvii

Berlin.

12 octobre 1900.

Monsieur,

Après avoir quitté Paris, j'ai passé quelques semaines

en Suisse avant d'arriver à Berlin. C'est pourquoi il m'a

été impossible de vous fournir plus tôt des renseignements,

n'ayant pas eu entre les mains les décrets que je m'em-

presse de vous adresser ci-joints.

En vous remerciant de m'avoir permis de visiter Bicêtre

et la Fondation Vallée, je prends la liberté de vous envoyer,

sur votre désir, quelques renseignements sur les classes

spéciales qu'on a récemment créées et annexées aux écoles

élémentaires publiques it Berlin pour ceux qui ne sont pas

en état de suivre le programme scolaire.

Comme cette institution n'existe que depuis peu de

temps, je ne puis vous fournir que les pièces suivantes :

1° Décret concernant les médecins scolaires.

2° Renseignements complémentaires sur l'instruction et

l'administration des classes spéciales.

3° Circulaire concernant le plan d'études.

4° Des remarques complémentaires que je prends la

liberté d'ajouter moi-même....

Veuillez agréer, Monsieur, l'expression de mcs senti-

ments de respectueuse considération.

lIIAI1.G,\RETHE VOGEL,

Institutrice d'une classe spéciale à Berlin,

Charlottenburg, 13erlin. Uhlandstrasse, 183.

I. - DÉCRET CONCERNANT LES MÉDECINS SCOLAIRES.

Les principes d'organisation ayant irait aux médecins

d'écoles, à Berlin, sont les suivants :

LXXXVIII Traitement ET éducation DES idiots.

Dans chaque cercle scolaire seront institués auprès des

écoles par les soins du Conseil Municipal, des médecins

d'écoles; un seul médecin ne pourra avoir à surveiller plus

de quatre écoles. Le médecin aura comme devoir :

1° D'examiner l'enfant qui demande à entrer pour la

première fois à l'école; les parents auront le droit d'assister

à l'examen.

2° L'examen portera sur les anomalies corporelles et

physiques et surtout sur celles des organes sensoriels

avec l'assistance, s'il y a lieu, d'un médecin spécialiste.

3° Sur l'invitation de la commission scolaire ou du direc-

teur, il aura à examiner les enfants empêchés de fréquenter

l'école sous prétexte de maladie.

4° Il aura h formuler par écrit son opinion à la demande

de l'administration scolaire sur : a des cas présumés ou

observés de maladies contagieuses ou d'infirmités phy-

siques des écoliers; - b) sur tout ce qui aurait été reconnu

ou supposé nuisihle à la bonne santé des maîtres et

des élèves, soit dans la construction, soit dans le mobilier.

5°Le médecin d'école est tenu d'inspecter jusqu'au bâti-

ment de l'école, soit pendant, soit en dehors de la période

scolaire après avoir prévenu en temps opportun le recteur

et de lui faire part des défectuosités observées par lui.

6° Les observations faites officiellement ne pourront

être publiées qu'avec l'autorisation de la délégation sco-

laire.

7° Périodiquement les médecins d'école se réuniront en

assemblée délibérative, dont la présidence appartiendra à

un membre de la délégation scolaire, délégué a cet effet

par le président de la dite délégation.

8° Le médecin d'école habitera dans le voisinage de

l'école (1). Il recevra par école et par an un traitement de

500 marks.

(t) Dernièrement il s'est trouvé au Conseil municipal de Paris, un conseiller

exerçant la profession de médecin, pour demander que contrairement à ce

qui se fait actuellement, d'ailleurs, les médecins des écoles n'appartienne»;

pas à l'arrondissement ! ! !

Classes spéciales. LXXXIX

IL Considérations générales sur l'enseignement

SPÉCIAL ANNEXÉ AUX ÉCOLES COMMUNALES.

1. - 13lt.

Les enfants qui, par suite d'une infirmité psychique ou

physique, ne peuvent suivre avec fruit l'enseignement nor-

mal, reçoivent dans des classes annexées un enseignement

particulier. Cet enseignement tend à développer l'intelli-

gence de ces malheureux et à les préparer à la vie.

.. ? .- Choix.

Les enfants, améliorables par ailleurs, mais ne pouvant

périodiquement ou constamment suivre les cours réguliers

sont signalés à l'inspecteur scolaire par le directeur.

La nécessité de l'admission (aux classes spéciales) est

décidée par l'inspecteur, le directeur et le professeur sur

l'invitation du médecin nommé par le Comité municipal.

L'inspecteur décide, après enquête, si l'enfant a besoin de

l'enseignement spécial.

. ? . - Classes spéciales.

Les enfants reçus dans l'enseignement spécial sont dis-

trihués en groupes de 12 au maximun, confiés chacun à un

seul maître. Le groupement se fait d'après les aptitudes

des enfants et d'après la situation des écoles,

L'enseignement d'une classe annexée trouve sa place

dans une salle d'études communale, iL l'endroit désigné

par la délégation scolaire. - Ce groupe particulier est

assimilé it une classe communale ordinaire ; le directeur a

sur lui les mêmes droits disciplinaires et de surveillance,

et les enfants qui en font partie sont de véritables écoliers

communaux.

Il. Programme de l'enseignement spécial.

L'enseignement spécial prend douze heures par se-

maine, soit en moyenne deux heures par jour. Il porte sur

la religion, la langue allemande, l'écriture et le calcul,

particulièrement sur l'éducation de la main, et surtout sur

le travail manuel pour les petites filles.

xc Traitement ET éducation des idiots.

Le méthode intuitive est surtout employée. Le pro-

gramme est établi par le Directeur et soumis à l'appro-

bation de l'inspecteur scolaire.

Les élèves des classes spéciales prennent en outre part,

au gré du maitre, et d'après les instructions de l'inspec-

teur, à certaines heures, aux travaux de l'école communale,

tels que dessin, gymnastique et chant.

5. - Passage des classes spéciales l'école

communale.

A la fin de chaque semestre, un rapport est adressé par

le maître à l'inspecteur sur les enfants, rapport qui doit

préciser si ces écoliers peuvent retourner il l'enseignement

intégral. L'inspecteur après avoir étudié lui-même les

enfants dans les classes spéciales, décide sur la question

de savoir si tel enfant doit rester aux classes spéciales.

G. - Maîtres.

Le maitre de la classe spéciale est choisi par la déléga-

tion scolaire sur la proposition de l'inspecteur parmi les

maitres titulaires de l'école communale. Le maitre reçoit

un traitement fixe comme instituteur communal, et il est

tenu de faire, en dehors des heures clans la classe spéciale,

d'autres heures dans les autres classes, sans que toutefois

leur nomhre dépasse 24 heures. Il reçoit annuellement un

traitement supplémentaire de 300 marks.

ITT. - Circulaire concernant LE plan d'études.

Berlin, le 1-e octobre 1898.

Pour les classes spéciales il n'est pas jusqu'ici de pro-

gramme fixé; au contraire, on laisse aux recteurs et aux

maîtres le soin d'organiser, comme il convient, et autant

que possible en se servant de la méthode intuitive, l'en-

seignement et les exercices dans les premières semaines

d'après la nature des sujets. A la fin des quatre premières

semaines scolaires, dans une réunion tenue par les maîtres

qui ont participé à cet enseignement, sera établi un pro-

gramme ferme pour chaque branche d'enseignement.

1JW Classes spéciales. XC !

Jusqu'ici sont à observer, dans la mesure du possible,

les règles suivantes : l'enseignement a lieu tous les jours

pendant deux heures le matin; il comporte quatre sortes

d'exercices d'égale durée avec trois suspensions. Il débute

par une prière à haute voix dite par le maître. Viennent

ensuite des instructions religieuses appropriées, et dans

le hut de permettre aux enfants de comprendre la solen-

nité de Noël, on leur fait répéter une courte prière du

malin, quelques maximes ou des cantiques ; - Suivent

des exercices sur la lecture et l'écriture, d'ahord sans

abécédaire ; Ensuite, éléments de calcul ; on les fait

compter ; on emploie les petits bâtonnets Froebe), les

petites constructions, et autres choses semblables.

Enfin ont lieu des entretiens sur les choses usuelles ; leur

nom, leur domicile, le chemin de l'école, leurs parents, leur

famille, les animaux domestiques, les membres, les cou-

leurs, etc. ; le tout complété par l'éducation de leur activité

musculaire, comme cela se pratique dans les jardins

d'enfants.

Dans les quatre premières semaines, les enfants n'ont

à fournir ni livre, ni cahier ; les crayons et le papier leur

sont donnés et repris (11 il la fin de chaque séance.

l3rnTn.wr.

IV. Remarques sur lenseignement annexé aux écoles

communales.

Les écoles primaires publiques et gratuites d'ici, sont

administrées par la ville. A leur tète se trouve un inspec-

teur, et les autorités communales en ont la haute surveil-

lance. Il y a actuellement a Berlin 237 écoles publiques

avec 4.183 classes, dont 2.029 pour les garçons, 2.041 pour

les filles et 113 classes mixtes. Chaque classe comprend

en moyenne 50 enfants. L'enseignement est reparti en

7 classes graduées. Les enfants y sont reçus de 6 à ! Il ans.

(I) C'est ce que nous n'avons jamais cessé de recommander dans notre

service... sans pouvoir l'obtenir. C'est pourtant le moyen d'éviter, au moins

en partie, le barbouillage des murs, etc. (13.1.

CII Traitement ET éducation DES idiots.

L'instruction est obligatoire et gratuite. Les enfants pau-

vres reçoivent en outre livres et cahiers. Les écoles sont

divisées on 10 cercles. A la tête de chaque cercle se

trouve un inspecteur communal qui est à la fois un fonc-

tionnaire royal et un fonctionnaire communal.

Chaque école publique est dirigée par un recteur. Les

hommes sont en majorité parmi les professeurs des

écoles de garçons, les dames sont en majorité dans les

écoles de filles.

Les icliots complets vont dans les grands établissements

spéciaux pour idiots. Les épileptiques.. les aveugles, les

sourds-muets, etc... sont également envoyés dans des

établissements spéciaux. Les enfants, non compris dans s

ces catégories, mais qui cependant sont d'une arriération

telle qu'ils ne peuvent suivre renseignement ordinaire,

sont placés pendant un certain temps dans les classes

annexées désignées plus haut. (1)

Au le, octobre 1898 furent ouvertes ici même les pre-

mières classes annexées pour ces enfants faibles d'esprit

et arriérés.

Classes spéciales. xciii

Il reste aux parents le droit de se prononcer sur l'ad-

mission de leurs enfants dans les classes annexées. L'ex-

périence faite jusqu'à ce jour montre que les parents

considèrent plutôt cette institution comme une heureuse

innovation.

Le nombre des classes annexées varie avec les écoles

publiques; auprès de certaines, il y en a jusqu'à 3 et 4. Il

est certain que dans l'avenir cet enseignement spécial se

développera et qu'on organisera un cours inférieur, un

cours moyen et un cours supérieur.

Bien qu'en général, il ne doive y avoir dans les classes

annexées que 2 heures de travail par jour, dans la pratique

on fait souvent des dérogations au règlement. Dans un

rapport adressé à la délégation scolaire par le maître in-

téressé sont simplement exposés les motifs qui onl donné

lieu à l'augmentation du nombre des heures de classe. Ce

nombre varie par semaine, suivant telle ou telle classe, de

12 à 18.

Au début ces classes annexes ne furent confiées qu'il

des maîtres. En ce moment, parmi les 58 classes,8 il 10

sont dirigées par des femmes.

Jusqu'ici on n'a exigé ni connaissances particulières, ni

préparation préalable pour être nommé aux classes anne-

xes ? inspecteur peut choisir pour cette fonction parmi

les maîtres et les maîtresses de son groupe scolaire la per-

sonne qui lui parait convenir.

Si l'enseignement des classes annexes ne convient pas il

un maitre, l'autorité scolaire lui permet, la fin du semes-

tre, de retourner à renseignement des enfants normaux

dans une école publique. Jusqu'ici ce cas s'est rarement

présenté.

Il n'est pas possible de tracer pour les classes annexes

un plan unique, ce plan variant avec les différentes classes.

Il est, dans chaque cas, déterminé d'après la situation phy-

sique et mentale des écoliers qui font partie de ces clas-

ses. De môme pour les livres scolaires : le maitre a le droit

de choisir parmi les nombreux syllabaires actuels (livres

de lectures pour commençanlslccux qui lui paraissent le

mieux convenir. Dans la plupart des classes se trouve dé-

xciv Traitement ET éducation DES idiots.

jà une collection relativement riche d'objets qui aident il

l'enseignement soit pour le calcul,soit pour la lecture, soit

pour faciliter la méthode intuitive.

Par les soins du conseil scolaire communal est convo-

quée chaque semestre une assemblée de toutes les maitres-

ses et de tous les maîtres des classes spéciales. Cette réu-

nion a pour but de fournir des éclaircissements sur une

méthode d'éducation et d'enseignement aussi unifiée (1) que

possible, de faire connaître les expériences faites afin de

de développer encore les classes annexes. De cette façon

on espère, sur la base d'une expérience réelle,pouvoir arri-

ver prochainement à établir des principes déterminés et

un règlement général.

Outre les catégories d'enfants que nous avons citées,

il en est une autre pour lesquels les classes spéciales,

où la gymnastique, les exercices physiques, l'hydro-

thérapie, les promenades avec leçons de choses,

doivent occuper une large place ; ce sont les enfants

atteints d'irritabilité nerveuse, survenue à la suite

de fièvres graves, d'accidents méningitiques, de

céphalées, de chorée, etc. Les exercices scolaires

habituels entraînent pour eux une fatigue intellectuelle

dangereuse lorsqu'ils sont recommencés trop tôt et,

comme d'autre part, il y a aussi de graves inconvé-

nients, pour leur avenir, à les supprimer entièrement,

l'écolage momentané dans les classes spéciales est tout

indiqué.

(1) Cette pratique est excellente. Il est loin d'en être ainsi pour le traite-

ment médico-péclagogitlue des enfants arriérés dans le département de la

Seine. Tout ce qu'a fait Seguin, ce que nous avons fait nous-même est a peu

près complètement ignoré à la Salpêtrière et à la colonie de Vaucluse oit

n'existent ni le Traité de S., ni la collection de la Bibliothèque d'éducation

spéciale, ni celle de nos Comptes-rendus de Bicêtre. (B.).

Classes spéciales. YCV

En raison du double aspect de cette réforme nous

avons fait successivement appel à la Délégation

cantonale du V" arrondissement et à la Direction de

l'enseignement primaire; puis à vous, membres

de la Commission de surveillance des asiles d'alié-

nés, à la Direction des affaires départementales, et

au Conseil général, a M. le Préfet de la Seine et à M.

le Ministre de l'Intérieur qui, eux, réunissent dans

leurs attributions iL. la fois l'Enseignement, au moins

en partie, et l'Assistance.

Nous appuyant sur ces nouveaux documents, nous

vous prions, Messieurs et chers collègues, de bien

vouloir renouveler encore une fois votre voeu en

faveur de la création de classes spéciales pour les

enfants arriérés, sans affections convulsives, sans

perversions graves des instincts.

1>'OURNLVILLE.

1 mai 1901.

Section IV. Des différents modes d'assistance des

idiots, des épileptiques et des arriérés ;

i.

Le département de la Seine, par son Conseil général et

l'Administration préfectorale, a fait des efforts sérieux

pour organiser l'Assistance de la catégorie la plus nom-

breuse des enfants anormaux c'est-à-dire les enfants

atteints de maladies chroniques du système nerveux,

idiots, arriérés, épileptiques et aliénés. Il dispose, en

effet, il l'heurc actuelle de :

250 lits il la Colonie de Vaucluse (Garçons) ;

453 lits à Bicêtre (G.) ;

200 lits il la Fondation Vallée (Filles);

165 lils il la Salpêtrière (F.), soit, au total, 1.068 lits.

Malheureusement, en raison de l'augmentation de la

population de Paris et des communes suburbaines et aus-

si il cause de la progression de l'alcoolisme, le nombre

des places disponibles pour ces enfants déshérites est

devenu tout à fait insuffisant; les services spéciaux sont

encombrés et de nombreux (infants, inscrits à l'Asile clini-

que, attendent pendant des mois, même plus d'une année,

leur tour d'être placés. Nous sommes en face aujourd'hui

des mêmes besoins qui existaient en '188-'i : demandes nom-

breuses, insuffisance des lits, qui avaient motivé l'arrêté

suivant de M. le préfet Poubelle.

Le Préfet de la Seine, vu la délibération du Conseil

Général de la Seine, en date du 31 décembre 1883, autorisant,

en cas d'encombrement ou d'épidémie dans les Asiles ou

(1) Rapport fait iL la Commission de surveillance des Asiles de la Seine,

dans la séance d'octobre 1899.

Assistance DES enfants idiots ET épileptiques. XCVII

quartiers d'hospice de la Seine, la remise à leurs familles,

après avis du Médecin-Chef de service des enfants idiots ou

arriérés indigents, moyennant l'allocation d'un secours de

I fr. 50 à 2 francs par jour, payable mensuellement par impu-

tation sur le sous-chapitre VII, art. Ier du budget départe-

mental ; Vu également la délibération, en date du même

jour; par laquelle le Conseil général, afin de ne pas obliger

les familles bénéficiaires de la mesure à sortir de Paris, a

inscrit, tant en recette qu'en dépense, pour le paiement de

ces secours : 1° Au budget additionnel de l'Asile Clinique

(Sainte-Anne), pour l'exercice 1883, un crédit de .000 fr. ;

2° Au budget du même établissement pour l'exercice 989-'i,

un crédit de 30.000 francs.

Vu le rapport du sous-directeur des affaires départementa-

les, en date du 18 février 1894 ; - sur la proposition du

Secrétaire général de la préfecture, Arrête :

Article premier. Les secours de 1 fr. 50 à 2 fr. il.

allouer par jour aux familles des enfants idiots ou arriérés

dans les conditions sus-indiquées, seront attribués par déci-

sion préfectorale.

An1', 2. - La remise des enfants aux famiiles sera effectuée

par le directeur de l'asile sur certificat délivré par le méde-

cin chef de service. Il en sera immédiatement donné avis à

l'administration.

AIIT. 3. Cette remise sera essentiellement provisoire.

AIt'r. 4. Les enfants seront amenés, au moins une fois par

mois, à des jours et heures indiqués aux familles par le

directeur de l'Asile Clinique (Saint-Anne), d'accord avec le

Médecin-Répartiteur, au Bureau d'admission de l'Asile clini-

que, où ils seront soumis à la visite de M. le docteur Magnan, , 1

qui délivrera un certificat aux familles. Les secours seront

payés à la sortie de cette visite et sur le vu de ce certificat.

Art. 5. En outre, les enfants seront visités au moins une

fois par mois et à des époques indéterminées, par un méde-

cin inspecteur, auquel les indications nécessaires seront

fournies par le directeur de l'Asile clinique, et qui devra

adresser son rapport à l'administration.

ART. 6. - M. le docteur Respaut, ancien interne des asiles

de la Seine, est chargé de la visite à domicile des enfants

idiots ou arriérés ainsi secourus. Il recevra, à cet effet, une

indemnité de cent francs par mois.

ART. 7. Les secours aux familles et l'indemnité au

médecin-visiteur seront ordonnancés par le directeur de

l'Asile clinique sur l'article : « Secours à domicile » et

BOURPIEVILLE, Bicétre, 1900. ?

xcviii Assistance des enfants idiots ET épileptiques.

remboursés audit établissement .par imputation sur le sous-

chap. vrr, art. 1'" du budget départemental.

Ans, 8, \j.a e : if,i : iti repris par leurs familles, ne pour-

ront figurer d.' nouveau au décompte des frais de séjour que

sur autorisation préfectorale.

Art. ? I. - Lls sec : ur. ;vccordés seront mensuellement

payés sur le vu : Il dj la décision préfectorale qui aura fixé

le quotité du secours ; - 2u du certificat du médecin chargé

du service de la répartition à l'Asile clinique constatant que

l'enfant a été régulièrement amené il sa visite.

Ars. 10. Les sommes mensuellement payées, soit pour

indemnité de déplacement, soit pour secours aux dites famil-

les, seront sur états nominatifs trimestriels, remboursées à

l'Asile clinique par imputation sur le sous-chapitre Vit,

article 1 cr du budget départemental. 1.

Au'1'. 11. Le sous-directeur des affaires départementales

est chargé de l'exécution du présent arrêté, qui sera notifié :

- 10 Au directeur de l'Assistance publique ; 2° Aux directeurs

et aux médecins des asiles d'aliénés de la Seine.

Cet arrêté a été appliqué pendant peu de temps, du 1er

novembre 1883 au 31 décembre 1885.

Pour remédier il une situation analogue, l'encombre-

ment des services d'enfants, et faire face aux demandes

des familles, M. le Préfet de la Seine propose de rcvenir

aujourd'hui il la mesure appliquée en 1883-83, par la lettre

suivante adressée à M. le Président de la Commission de

surveillance :

Monsieur LE Président,

Aux termes de l'article ? de l'arrêté réglementaire du 15

février 1893, toute personne atteinte d'aliénation mentale

peut être admise il titre de placement volontaire dans un

asile de la Seine, si elle est 'en possession du domicile de

secours dans ce département. Ce principe comporte toutefois

une restriction relative aux enfants.

En vertu d'une délibération du Conseil général du 2 ! l

décembre 1896, ceux-ci ne sont plus admis par voie de place-

ment volontaire dans les quartiers spéciaux qui leur sont

réservés. Toutes les demandes doivent être centralisées à

l'asile Clinique, où un registre est ouvert à cet effet. Les

admissions ont lieu ensuite au sur et il mesure des places dis-

ponibles et dans l'ordre rigoureux des inscriptions. Or, il

Assistance des enfants idiots et épileptiques. \CIX

n'existe dans la Seine que quatre quartiers d'enfants, la colo-

nie de Vaucluse et le quartier spécial de Bicêlre pour les gar-

çons, la Fondation Vallée et le quartier spécial de la Salpé-

trière pour les filles.

Les vacances sont rares dans ces services et la plupart

sont immédiatement comblées parles enfants placés d'office

par mesure de sécurité publique en vertu d'arrêtés de \1. le

Préfet de police. Il en résulte qu'un nombre assez, considé-

rable d'enfants inscrits sur le registre tenu it l'asile Clinique,

conformément il la délibération précipitée, attendent depuis

longtemps leur tour d'admission.

Le chiffre de ces expectants est actuellement de 150 envi-

ron, et cette situation ne semble pas devoir se modifier favo-

rablement à bref délai, le nombre de places dont mon admi-

nistration peut disposer on faveur des enfants étanl, d'après

ce qui précède, forcément très limité. -

Pour y remédier, il serait nécessaire, soit d'ouvrir de nou-

veaux quartiers pour les enfants, soit de recourir au système

des secours à domicile qui a déjà été employé pour les enfants

aliénés ou idiots en 1883 et t8S'i. ·

Le système adopté à cette époque consistait à alloucr aux

famille, qui, sur avis conforme du médecin chef de service,

consentaient à reprendre leur enfant, un secours de fur. 50 à

2 fr. par jour.

Les enfants étaient amenés une fois par mois a des jours

et heures indiqués aux familles par le Directeur de l'asile Cli-

nique au bureau d'admission où ils étaient soumis à la visite

de M. le n' Magn.au qui délivrait un certificat aux parents.

Les secours élaient payés à la sortie de cette visite sur le

vu du certificat délivré. Ce mode de procéder pourrait être

de nouveau adopté. Dans ce cas, une indemnité variant

entre I fr. et I fr. 50 serait accordée aux familles des enfants

repris.

Il y a lieu de prévoir que beaucoup de parents ayant un

enfant placé accepteraient volontiers de le reprendre moyen-

nant le paiement de celte indemnité qui semblera bien su(li-

sante si l'on considère que le secours représentatif alloué par

l'assistance publique aux vieillards n'est que de I fr. par jour.

Les vacances qui sa produiraient ainsi seraient comblées par

(les expectants.

Ces mesures permettraient donc de remédier à une situa-

tion fâcheuse, tout en n'exigeant qu'une dépense notablement

inférieure à celle qu'entraînerait l'ouverture de nouveaux

quartiers d'enfants.

c Assistance des enfants idiots ET épileptiques.

Pour ces motifs, j'ai l'intention de saisir le Conseil général

d'une demande de crédit de 50.000 francs ayant pour objet

l'allocation de secours aux familles se trouvant dans les con-

ditions sus-énoncées. Cette somme serait inscrite en recette

et en dépense au budget de l'asile Clinique.

J'ai l'honneur de vous prier, Monsieur le Président, de vou-

loir bien appeler la Commission de surveillance à délibérer

sur cette affaire.

Le Préfet de la Seine,

Signé : DE Selves.

Nous laisserons de côté les remarques qne nous aurions

à faire sur les inscriptions ;t l'asile Clinique, sur la façon

dont les admissions s'effectuent, les reportant au une autre

occasion, s'il y a lieu.

Nous nous bornerons à rappeler les efforts, suivis d'un

médiocre résultat, que nous avons faits pour faciliter les

placements volontaires et réduire les placements d'office

au plus petit chiffre possible.

Ainsi que le dit M. le Préfet, les placements volontaires

d'adultes peuvent être effectués librement : c'est aux

médecins et aux familles à en profiler plus libéralement :

c'est aux chefs de service à les encourager, en les admet-

tant facilement, en prévenant les familles des malades

auxquels ils signent le certificat de sortie que, en cas de

rechute, ils peuvent, les formalités remplies, ramener

leurs parents redevenus malades directement il l'Asile.

En revanche, des dillicultés nouvelles ont été soulevées

pour les placements volontaires des enfants. Notre but,

en réclamant, aussi pour eux pendant des années, la liberté

des placements volontaires, élait de leur éviter le pa-sage

par l'Infirmerie spéciale du dépôt avec ses douloureux

inconvénients. Aujourdhui, le nombre des placements

d'office, avec l'obligation fatale de l'intervention plus ou

moins aimable des commissaires de police et l'obligation de

passer par le dépôt de la Préfecture de police, est devenu

de plus en plus considérable. L'inscription des enfants sur

le registre de l'Asile clinique, l'attente prolongée de l'ad-

mission n'améliorent pas l'état mental des enfants ; les

impulsions auxquelles ils sont sujets s'aggravant et leurs

|p Hospitalisation. ci 1

crises convulsives devenant plus fréquentes, les parents

se voient contraints, malgré leur répugnance, il recourir

aux placements d'office. Le mal que nous voulions

supprimer., et que, avec l'appui de la Commission, nous

étions parvenu a atténuer, tend à reparaître, pour les

enfants, au même degré que par le passé. Ce regret

exprimé, revenons il la lettre de M. le Préfet.

« Pour remédier il l'insuffisance des places, écrit-il, il

serait nécessaire : 1° soit d'ouvrir de nouveaux quartiers

pour les enfants, 2° soit de recourir au système des secours

à domicile »

A ces deux modes d'assistance, il convient d'en ajouter

deux autres : 3° le dégagement rigoureusement régulier

des services d'enfants par le passage aux adultes de ceux

qui ont plus de 18 ans et ont un développement physique

en harmonie avec leur âge ; 4° la création de classes spé-

ciales pour les enfants arriérés.

Nous allons examiner, aussi brièvement que possible,

ces quatre moyens d'améliorer la situation actuelle.

Hospitalisation. - 11 est probable que, dans un avenir

prochain, le Conseil général et l'Administration seront

amenés à examiner la création d'un nouvel asile-école

pour les garçons, l'agrandisscment de la section des

filles de la Salpêtrière ou de la Fondation Vallée. En ce

qui concerne ce dernier établissement, l'aménagement en

cours d'exécution du sous-sol du bâtiment neuf rendra

disponible l'ancien réfectoire où il sera possible d'installer

environ dix ou douze lits. Viendra peut-être ensuite, aune

époque que nous ne saurions préciser, l'utilisation des

bâtiments de l'enclave achetée par le département il y a

quelques semaines.

2° Passage des enfants devenus adultes dans les sections

d'adultes. A la Salpêtrière, le médecin des enfants

idiotes et épileptiques est, en même temps, chargé des

épileptiques adultes. Lorsqu'une des fillettes épileptiques

a atteint 18 ans, il la fait transférer de suite dans les salles

d'épileptiques adultes de son propre service.

Quant aux fillettes idiotes, imbéciles ou arriérées, non

eu Assistance des enfants idiots et épileptiques.

épileptiques, elles passent, sans difficulté, dans l'une des

deux autres sections consacrées aux aliénées adultes. C'est

aussi, croyons-nous, ce qui a lieu ;'1 la colonie de Vaucluse :

les enfants arriérés de la Colonie, dès qu'ils ont 18 ans,

sont envoyés, sans résistance dans la division des hommes

de l'Asile. Il en était de même autrefois il Bicêtre quand

nous avions la section commune aux épileptiques. adultes

et enfants, et aux enfants idiots. Mais lorsque la séparation

des adultes et des enfants a été opérée par la création d'une

section spéciale pour ces derniers, le passage des enfants,

devenus adultes, soit dans la section des épileptiques

(adultes), soit dans les deux sections des aliénés est devenu

de plus en plus difficile il obtenir.

Les médecins de Dicetre se sont plaints de recevoir trop

de malades delà '("section (Enfants). Afin de diminuer cet

inconvénient pour eux, nous avons proposé le transfére-

ment des malades non visités et demandé qu'une autre

partie des enfants devenus adultes, soit envoyée à Villejuif

ou à Vitte-Uvrard, une autre partie passant dans les sec-

tions de Bicêtre. Ces propositions, qui nous paraissaient

équitables parce qu'elles avaient pour conséquence (1,0 ne

pas surcharger outre mesure les services de nos collègues

et permettaient de tenir compte, dans une certaine propor-

tion, des désirs des familles habituées à venir visiter depuis

longtemps leurs enfants il Bicétre, n'ont pas été suivies

d'effet d'une façon régulière. 11 en résulte que, à l'heure

actuelle, nous avons dans notre service d'enfants il Bicêtre

70 malades ayant plus de 18 ans, dont les trois quarts

devraient être placés dans des sections d'adultes. Encore

un an ou deux, et notre service sera presque transformé

en service d'adultes. Il nous parait inutile d'insister sur

les graves inconvénients qui résultent du maintien des

grands garçons, devenus des hommes, au milieu des

enfants. Il suit de ces renseignements qu'en assurant

aussi régulièrement que possible le passage dans les sec-

tions d'adultes, l'Administration pourra disposer progres-

sivement d'un certain nombre de lits.

Nous n'avons rien à dire sur le passage des filles de 18

ans de la Fondation Vallée il l'asile de Villejuif, et quel-

quefois à la Salpêtrière. Ce passage s'effectue avec facilité.

Classes spéciales. cm

3° Classes spéciales. Nous avons parlé un grand

nombre de fois de la création de classes spéciales, annexées

ou non aux classes ordinaires, pour les enfants arriérés

des écoles primaires. Ces classes existent dans beaucoup

de pays, comme nous l'avons dit. Nous avons remis, dans

ces dernières années, il la Commision de surveillance des

asiles des documents sur celles d'Angleterre, de Belgique,

de Prusse, de Suisse, etc. Récemment nous avons appris

qu'il s'en était créé cnJJollandc et qu'il est question d'en

créer en Italie. ™

Il est grand temps que nous ne restions pas en retard

sur les autres pays. Ces classes permettraient non seule-

ment de maintenir dans leurs familles, tout en les sou-

mettant au traitement médico-pédagogique, tel qu'il est

appliqué à Bicêtre, à la Fondation Vallée et à l'Institut

2éclico-péclaortidtcc ('itr3--suI ? cinc ? , des enfants pour

lesquels on réclame aujourd'hui l'hospitalisation, mais

encore, et c'est là un point sur lequel nous insistons, parce

qu'il se rattache directement à la question qui nous est

soumise, un certain nombre d'enfants hospitalisés et qui

sont sullisamment améliorés pour être rendus à leurs

familles, avec ou sans secours. Par la, on aurait encore

la disponibilité d'un certain nombre de lits. Nous avons

fait voir à 131cêtic-, à plusieurs de leurs visites, aux mem-

bres de la Commission de surveillance, de la commission

du Conseil général et aux représentants de l'Administra-

tion des enfants améliorés en mesure de profiter des classes

spéciales. On allégerait ainsi les charges de l'Assistance

en maintenant les enfants dans leurs familles, en resser-

rant les liens entre elles et leurs enfants. En procédant

de la sorte, on ferait de la véritable assistance républi-

caine.

4° Secours à domicile. - Nous avons fait figurer depuis

très longtemps sur l'ordre du jour que l'on distribue lors

des visites des Commissions à Bicètre parmi les modes

d'assistance des enfants arriérés et épileptiques sur les-

quels nous nous permettons d'appeler l'attention, la men-

tion : Secours à domicile. De même que nous avons

montré des enfants améliorés susceptibles d'être envoyés

CIV Assistance des enfants idiots et épileptiques.

dans les classes spéciales, de même nous vous avons luit

voir un groupe de malades de 17, 18 ans et davantage

pouvant être rendus il leurs familles moyennant un secours

mensuel analogue à la pension représentative du séjour

il l'hospice accordé aux vieillards. Nous ne pouvons donc

qu'applaudir il la proposition qui est faite par t'Adminis-

tration.

Les secours à domicile ne s'appliquent pas aux expec-

tanls qui doivent, au préalable, être observés, traités et

instruits pendant un temps plus ou moins long, selon leur

état et leur âge, mais aux enfants ou adolescents déjà

hospitalisés. Il faudra choisir les malades pour lesquels

tout le possible a été lente, non sujets à des impulsions-

dangereuses, pouvant parfois même être relativementuti-

lisés dans leurs familles. Il s'agira toujours d'une question

d'espèce ; il faudra examiner chaque cas en particulier.

Le secours il domicile pourra s'étendre aux épileptiques

qui n'ont qu'un petit nombre d'accès, d'habitude sans

délire, sans excitation, avant ou après les crises, ou encore

aux épileptiques qui n'ont que des accès nocturnes. Seuls,

suivant nous, devront être exclus les malades qui par la

nature et la gravité de leur affection et de leurs infirmités

ont besoin de soins contir uels et exigent la présence en

quelque sorte constante de l'un des membres de la famille,

ce clui constitue une lourde charge pour tous ceux qui

vivent exclusivement de leur travail.

Nous estimons que les malades ainsi secourus devraient

pouvoir, en cas de nécessité, être réadmis par placcment

volontaire direct dans les services où ils étaient aupara-

vant.

D'après M. le Préfet, les enfants seraient « amenés une

fois par mois, il des jours et heures indiqués, au bureau

d'admission où ils seront soumis il la visite de M. le Il

Magnan qui délivrera un certificat aux parents. Les

secours seront payés il la sortie de celte visite et sur le vu

du certificat délivré ». Si l'on n'y trouvait pas des incon-

vénients au point de vue fin ncier, et si la distance de

Paris à la Colonie de Vaucluse n'était pas si considérable

et n'entraînait pas des dépenses sérieuses pour les famil-

les, nous pensons qu'il y aurait plus d'avantage à faire

SECOURS a domicile. CV

venir les enfants à la visite des médecins qui les ont soi-

gnés, qui ont en main toute leur histoire, peuvent, en

quelques instants, comparer le présent au passé et prendre

une décision motivée. Peut-ête pourrait-on essayer cette

manière de faire à Bicêtre, Vallée et la Salpêrière :

au moins pour cette catégorie d'enfants, on ferait oeuvre

de patronage.

Quant à la quotité des secours, il y a lieu d'adopter

celle qui est indiquée par M. le Préfet, c'est-à-dire 1 fr.

ou 1 fr., 50 par jour et qui nous paraît absolument justifiée

et suffisante.

La Commission de surveillance s'est empressée : 1°

d'adopter les propositions de M. le Préfet sur l'organisa-

tion de secours à domicile pour les malades, enfants ou

adolescents, des services spéciaux de Bicêtre, la Salpê-

trière, Vallée et Vaucluse ; 2° de renouveler pour la

quatrième fois son voeu en faveur de la création de clas-

ses spéciales pour les enfants arriérés; 3° d'appeler la

vigilance de l'Administration sur le passage régulier des

enfants ayant pius de 18 ans et offrant un développement

physique suffisant dans les sections d'adultes.

La première tâche qui s'impose il l'Administration,

pour faire face aux besoins urgents des familles, assurer

l'amélioration et le traitement médico-pédagogique des

enfants, idiots, arriérés et épileptiques, sauvegarder sou-

vent la sécurité publique, restreindre - nous n'osons pas

dire supprimer - l'envoi d'enfants malades dans les

maisons dites de correction, c'est d'appliquer les mesures

qui viennenc d'être énumérées. Ensuite, il y aura lieu

d'examiner dans quelle proportion il faut augmenter les

lits des sections existantes ou s'il est utile de créer un

nouveau centre d'hospitalisation.

. IL

Secours à domicile pour les aliénés

tranquilles.

(Pensions représentatives du séjour à l'asile.)

Sur cette question nous croyons bon de reproduire

encore ce que nous avons dit tant de fois :

Un certain nombre de malades chroniques, n'offrant- pas

d'inconvénients sérieux au point de vue delà sécurité publi-

que, pourraient être rendus à leurs familles, mais comme

colles-ci, souvent, n'ont pas de ressources, elles refusent de

reprendre leurs malades. Pour rendre possible cette mesure,

il conviendrait suivant nous, d'inscrire au budget du service

des '[lignés ou au budget de chaque asile un crédit pour

accorder des pensions représentatives analogues à celles de

l'Assistance publique, soit 365 francs par an. Elles seraient

attribuées aux malades tranquilles rendus à leurs familles.

Nous pensons que dans chaque asile on pourrait trouver un

certain nombre de malades en état do bénéficier de ces pen-

sions représentatives, ce qui. diminuerait les charges du

département. -

En 1894, M. Le Roux a émis l'opinion « qu'on pourrait ten-

ter l'épreuve en inscrivant tant en recettes qu'en dépen-

ses un crédit de 10.000 fr. nu budget de l'Asile de Villejuif. J)

Nous espérions trouverl'inscription de ce crédit au budget de

1890. Il n'en est pas ainsi. Cela tient sans doute à ce que M.

le Directeur des Affaires départementales a craint, comme il

le disait en 1894, que cette mesure n'eut pour effet d'accroî-

tre le nombre des placements dans les asiles.

A notre avis, cette crainte n'est pas justifiée (1). Cette me-

(1) Les articles publiés chaque jour par la presse politique contre les asiles,

bastilles modernes, doivent rassurer cet égard l'Administration.

Secours A domicile. cvii

sure, en effet, ne doit s'appliquer qu'à des malades qui sont

déjà hospitalisés depuis plusieurs années, au sujet desquels

une enquête financière il elle être sérieusement faite, et que

les médecins considèrent comme des aliénés incurables et

tranquilles. Ils les maintiennent dans l'asile où ils coûtent

2 fr. G5 par jour, alors qu'au dehors ils ne coûteraient que

l franc. En juillet 1895, la Commission a demandé il M. Le Roux

l'inscription du crédit dons nous venons de parler.

Nous prions la Commission de renouveler son vote de

1891, de 1895, de 189(), de 18Dï et de 1898. L'encombre-

ment énorme de nos asiles fait un devoir il l'Administra-

tion d'examiner avec soin et d'appliquer toutes les mesures

susceptibles d'y remédier. Cette mesure pourrait aussi

s'appliquer il un certain nombre de malades inoffensifs

atteints d'imbécillité, reconnus capables d'un certain tra-

vail sans toutefois arriver il suffire à leur existence.

M. le 1)' Totcloccse, dans son rapport, fournit il l'appui

de noire thèse un argument de chiffres qui a une réelle

valeur et montre que le jour où l'Administration voudra

appliquer ce mode d'assistance, elle diminuera, dans une

proportion, qui n'est pas il dédaigner, l'etzcontb·etea2t

des asiles. « Cent cinquante .malades inoffensives, qui

représentent le nombre des hospitalisées en supplément

dans mon service, pourraient, écrit-il, être assistées il

domicile et placées, en quelques semaines, en dehors de

l'asile, ce qui réaliserait en outre une économie sérieuse

sur leurs dépenses d'entretien. »

Que l'Administration fasse une enquête dans tous les

asiles d'aliénés de la Seine, y compris Bicêtre et la Salpé-

trière, et il est certain que, partout, dans une proportion

variable, on trouvera des malades susceptibles d'être ren-

voyés dans leur famille avec un secours à déterminer

d'après la position des parents de l'aliéné (1) .

(l) Extrait de nolre nnlJ}lo/'¡ stlr Je projet de budget de l'Asile de Ville-

juif pour 1000.

DEUXIÈME PARTIE

Clinique, thérapeutique et anatomie pathologique.

Bourneville, Bicêtre, 1900.

I.

On cas d'affection familiale à symptômes cérébro-

spinaux : diplégie spasmodique infantile et idiotie

chez deux frères ; Atrophie du cervelet ;

Par BOURNEVILLE et CIIOUZON (1).

Des travaux récents ont attiré l'attention sur les

affections familiales du système nerveux. Depuis le

travail de Frend sur les formes héréditaires des diplé-

gies cérébrales publié en 1893, on a vu successivement

paraître en 1896 le travail de Sachs sur l'idiotie

amaurotique familiale ; en 1898 la thèse de Lorrain

sur la paraplégie spasmodique familiale; en janvier

1900 le travail de Trénel relatant un cas de maladie

familiale à symptômes cérébraux et médullaires carac-

térisée par des troubles psychiques périodiques, de la

démence et une parésie spasmodique ; en avril 1900,

la thèse de M"" Pesker contenant les observations de

deux frères, Thir..., malades de notre service, atteints

d'une affection spasmodique rappelant un peu la sclé-

rose en plaques ( ? ) et complétée par l'étude histolo-

gique du système nerveux de l'un des deux, faite

dans le laboratoire de M. P. Marie ; enfin le travail

de Cestan et Juillain paru dans le Revue de médecine

d'octobre 1900, relatant l'histoire pathologique de

. (1) Cette observation, avec les pièces et les photographies, a été présentée

à lA section de psychiatrie rln Congrès intern. de médecine de 1900.

4 Affection familiale.

deux familles, atteintes l'une de paraplégie spas-

modique, l'autre de sclérose en plaques. Les deux

observations qui suivent sont celles de deux frères

atteints de diplégie spasmodique. Nous avons pu faire

l'autopsie de l'un d'eux (1).

SOMMAIRE. Père et mère bien portants, non alcooliques ;

non syphilitiques ; aucune tare nerveuse. Une cousine

germaine maternelle du père a été hémiplégique. Une

cousme éloignée paternelle de la mère, épileptique. Sur

dix grossesses, trois fausses couches, cinq enfants bien

portants et nos deux malades. L'ainé, aurait eu la rou-

geole à 18 mots et il semble que sa maladie ait debuté it ce

moment. Pour le second, la mère fait une chute de

^voilure huit jours avant l'accouchement. Convulsions à

. dix-huit mois ( ? ).

État actuel. Nystagmus chez les deux malades. Strabisme

divergent chez l'un; convergent chez l'autre. Chez les

deux malades, paralysie avec contracture des quatre mem-

bres. Exagération des réflexes. - Chez les deux malades,

idiotie profonde.

Autopsie de l'uiné. - Congestion du poumon gauche. Les

autres viscères sont normaux. - Aspect général de l'encé-

phale arrondi. Atrophie du cervelet et du pont de Varole.

Dans la moelle, diminution des fibres des faisceaux para-

modaux.

Les enfants Lecl... ? Edouard René et André Eugène, nés

à Vitry-sur-Seine, le premier le 6 juillet 1883, le second le

7 octobre 188G, entrent à Bicêtre le 22 juin 1897, âgés l'un de

13 ans, l'autre de 10 ans, sur des certificats de M. Magnan

les déclarant atteints, le premier d'idiotie, gâtisme, para-

plégie avec légère contracture, le second d'idiotie, gâtisme

et paraplégie.

Antécédents héréditaires. (Fournis par le grand-père

maternel et par la mère - Père, 43 ans, fait le com-

merce de volailles, beurre et oeufs, est sobre, ne fume

(1) Voir sur les affections familiales : Bourneville, Une famille d'idiotslAr-

chives des maladies mentales et nerveuses, 1861, p. 2891 : -Bourneville et

Séglas, Familles d'idiots (Compte-rendu de Bic6lre pour 1886, p. 3).

.. Antécédents héréditaires. 5

pas, est bien portant el; bien constitué. Il n'a pas eu de convul-

sions ; marié à 23 ans; pas d'indices de syphilis. - [Père, mort

it 7'1 ans, subitement, d'une maladie de coeur, était sobre,

n'avait pas eu de maladie de peau. Mère, âgée de 71 à 72

ans, bien portante, sans accidents nerveux, sobre, laborieuse.

Pas de renseignements sur les grand'parents paternels. r

Les grand parents maternels sont morts vieux. - Deux oncles'

paternels : l'un, qui buvait un peu, est mort d'une fluxion de

poitrine, l'autre est en bonne santé. Il en serait de même de

ses enfants et de ceux du précédent. Une tante paternelle

morte âgée. On ne sait rien des oncles et tantes mater-

nels. Un frère, mort à 5 ou G ans, on ne sait de quoi.

Deux soeurs mariées avec les deux frères, sans accidents

nerveux : l'une a deux enfants bien portants, l'autre a eu un

enfant mort du croup. Une cousine germaine maternelle,

âgée de plus de 60 ans, a été prise d'une hémiplégie avec

aphasie à la suite d'une vive frayeur. Rien à noter dans

le reste de la famille. ]

Mère, 38 ans, très calme, n'a jamais eu d'accidents nerveux,

sauf quelquefois des douleurs de tête; pas de maladie de

peau, a reçu une certaine éducation, a obtenu son certificat

d'études, s'est mariée il 18 ans. [Père, celui qui nous ren-

seigne, âgé de G7 ans, bien conservé, n'a pas eu de maladies

de peau, ni de maladies vénériennes, sobre, a été soldat,

s'est marié il 29 ans. - Mère, morte en 1893, à 56 ans, d'une

affection du coeur, n'a jamais eu d'accidents nerveux, a

toujours été sobre. Grand-père paternel, cultivateur,

sobre; est mort il 72 ans, usé par le travail. Grand'mère

paternelle, morte à 77 ans de vieillesse, n'avait jamais eu de

maladie nerveuse, sobre. Grand-père paternel, mort à

85 ans de vieillesse, cultivateur, sobre. Grand'mère pater-

nelle est morte jeune, on ne sait de quoi. - « Mon grand-père

paternel s'est marié trois fois, la troisième fois à 27 ans. »

Grand-père maternel, mort jeune. Grand'mère, morte à

86 ans de vieillesse avec toutes ses facultés. Pas de

grands-oncles paternels. Deux grand'lantes (pas de la

même mère), l'une morte à 7S ans, l'autre à 75 ou 76 ans

Un grand-oncle et une grand'tante maternels, rien. Deux

grand-oncles paternels : l'aîné a 75 ans, bien portant, a deux

filles mariées, sans enfants, en bonne santé; l'autre est mort

ily a 3 mois, à 6 ! t ans, sans accidents nerveux, avait trois de

ses quatre enfants bien portants ; pas de convulsions. Le qua-

trième enfant, une fille, est devenue epileptique après une

vive frayeur; elle s'est néanmoins mariée et a eu un enfant t

ci Affection familiale.

mort en venant au monde. Une tante paternelle, usée par le

travail à 69 ans, pas d'accidents nerveux. Elle a eu un fils qui

faisait des excès de boisson et est mort d'une fluxion de poi-

trine ; sesenfants n'ontpasd'accidents nerveux. D. ux soeurs :

l'aînée, âgée de 30 ans et demi, sans accidents nerveux, a eu

deux enfants : une fille morte du croup, pas de convulsions,

l'autre, garçon, âgé de 8 ans, pas de convulsion-, intelligent;

la deuxième soeur, intelligente, pas de convulsions, a un

enfant turbulent, entêté, qui n'a pas eu de convlllsions. -Un

frère, âgé de 21 ans, célibataire, n'a pas eu de convulsions,

sobre. Dans le reste de la famille, pas d'idiots, pas d'épilep-

tiques, d'aliénés. Un sourd-muet cousin à la quatrième

génération, décédé vers 30 ans, ne s'était pas marié.] ]

Pas de consanguité. Différence d'âge de 5 ans entre les deux

époux. (Père plus âgé.) ..

Sept enfants et trois fausses couches : 1° Une fausse

couche à deux mois, sans cause connue; - 2° Hene;

3° fille, 15 ans, en bonne santé, intelligente, pas de convul-

sions ; - 40 André ; - 5° une fille de 12 ans, forte, intelli-

gente, pas de convulsions, un peu nerveuse, apprend

facilement ; - 6° un L'arçon, 4 ans, normal, sans convulsions;

- 7° un garçon, intelligent, pas de convulsions; 8° une

fausse couche; 9° une fausse couche; 10- garçon, se

porte bien, pas de convulsions.

Histoire de nos malades.

René et André.

Conception : Les parents vivaient en bonne intelligence

et étaient en bonne santé,

René

Grossesse : bonne, pas d'en-

nuis, pas d'envies. Deux ou

trois faiblesses. Ni émotions,

ni chutes. Mouvements à 4

mois, normaux.

Accouchement : à terme,

naturel. Douleurs pendant

deux heures. Présentation de

la tête.

André

Mouvements à 4 mois ; rien

de particulier. Chute de voi-

ture huit jours avant l'accou-

chement ; pas d'émotion a-

près l'accident.

A eu lieu peut-être quel-

ques jours avant terme. Dou-

leurs pendant 2 heures, na-

turel ; même présentation.

Antécédents personnels..

René.

Naissance : Pas d'asphyxie,

pas de circulaire du- cordon;

a crié de suite. Non pesé,

mais étail tout petit.

Élevé au sein par sa mère

jusqu'à 9 mois, époque où

elle est devenue enceinte du

suivant. Nourri ensuite au

lait de vache. A bien pris le

sein ; non criard.

Première dent à un an.

Dentition complète à ?

N'a jamais été tout à fait

propre : toutefois vers 18 mois

demandait : caca, est rede-

venu malpropre après une

rougeole très forte à 18 mois :

pendant une nuit il ne recon-

naissait personne.

Commençait à marcher

quand il a eu la rougeole ;

après, il a cessé tout à fait.

Pas de convulsions, ni à la

rougeole, ni avant, ni après.

Parole : répétait quelques

mots jusqu'à sa rougeole :

papa, maman, caca. Avait sa

connaissance, reconnaissait

tout le monde et les recon-

naîtrait encore.

André.

Pas d'axphyxie, a crié de

suite ; pas de circulaire du

cordon. Etait plus gros que

René.

Elevé au sein jusqu'à 5 ou

6 mois, puis au sein et au bi-

beron (lait de vache). Prise

régulière du sein; non criard.

Première dent vers un an.

Dentition complète à ?

N'a jamais été propre même

momentanément.

N'a jamais marché.

Vers 18 mois aurait eu des

convulsions, en l'absence de

sa mère qui ne peut en dire

la durée. Elles ne se seraient

jamais reproduites. De 3 à 5

ou 6 ans, aurait eu des « pâ-

moisons précédées de cris, se

roidissant quand il était con-

trarié, perdait connaissance,

devenait noir. »

Aurait dit papa, maman,

mais avec difficulté. N'au-

rait jamais dit autant de

mots que René. Recon-

naissait sa mère, attendu

qu'il ne voulait manger

qu'avec elle.

Affection familiale.

René.

Ne louchait pas, quand il

était petit : ses yeux se se-

raient tournés vers deux ans.

Parfois il a des secousses

dans les membres et de la

rotation des yeux. Ces se-

cousses revenaient presque

tous les jours et se montraient

surtout quand il voulait

quelque chose et qu'on ne le

comprenait pas. Il n'a jamais

eu de perte de connaissance.

Les jambes seraient deve-

nues raides et comme anky-

losées, après la rougeole,

sans qu'il y ait eu de convul-

sions à ce moment. Il avait t

alors 16 ou 18 mois, s'essayait

à marcher avec les chaises;

il se tenait à peu près bien.

Après la rougeole, il se tenait

très mal. Les bras sont

devenus contracturés vers la

même époque que les jambes,

c'est-à-dire après la rougeole.

Cou sans raideur. Tient sa

tête assez droite.

Prend les objets dans ses

mains; porte le pain et les

gâteaux à sa bouche. Les

mouvements de ses mains

sont assez sûrs. Ne tire la

langue que lors de ses se-

cousses.

Bave, grince des dents,

seulement depuis sa rou-

geole ; se cogne fréquemment

le derrière de la tête.

André.

A les yeux un peu déviés en

bas, on ne sait depuis quand.

Aurait eu aussi des mou-

vements nerveux.

Les jambes seraient deve-

nues raides vers 3 ans. On ne

se rappelle pas vers cluelle

époque il a eu les bras raides.

Cou roide, tête toujours

penchée.

Préhension un peu moins

bonne, fait de grands mou-

vements avant de saisir un

objet, et quand il l'a saisi le

crispe entre ses doigts.

A des mouvements nerveux

des mains, de la face et des

orteils, qui se crispent. Tire

la langue souvent.

Bave, grince des dents. Se

cogne la tête moins souvent

que son frère.

Description DES malades.

René.

Se met souvent en colère,

a souvent des accès de fou

rire, sans motif. Pas de

balancement. -1 eu des gri-

maces de la face, qui tendent

il disparaître. - l'as de cris

Reconnaissait ses parents,

quittant tout le monde pour

caresser sa mère et surtout

son père.

Mâche assez bien. Bon

appétit; mange de tout ; pas

de vomissements, constipa-

tion. Bonne santé physique.

Sommeil tranquille.

Maladies infectieuses :

Rougeole à 18 mois. Pas de

coqueluche. Une ophtalmie

légère vers un an. Une bron-

chite avant la rougeoie.

André.

Se met en colère moins

souvent que son frère. - A

des accès de rire fréquents.

Pas de balancement. Fait des

grimaces qu'il accompagne

d'un petit cri.

Reconnaissait sa mère mê-

me de la voix, sans la voir.

Mâche assez bien. Appétit

bon, mange de tout; pas de

vomissements; selles régu-

lières, quelquefois diarrhé-

iques. Bonne santé physique.

Sommeil tranquille.

Maladies infectieuses :

Rougeole à 18 mois, coque-

luche à 3 ans Il; ? ,

Vaccinés tous les deux avec succès.

l'as de varioloïde, de scarlatine, de fièvre muqueuse, d'an-

gine grave, de vers, d'onanisme, de chutes sur la tête, de

gourme, d'otite, d'adénite, d'abcès ni de fractures.

On ne sait à quoi attribuer la maladie des deux enfants.

Les parents ont vu M. Charcot qui n'a pas donné de diagnostic

précis et a ordonné du bromure, du phosphate de chaux et

des bains. Ils ont vu aussi M. Jules Simon, M. Lannelongue

qui n'a vu aucune indication opératoire.

État des enfants Lecl... le 26 juin 1897.

René.

Etat général satisfaisant,

malgré une maigreur assez

prononcée.

André.

État général assez mé-

diocre : maigreur et pâleur

prononcées.

l0 , 1

Affection familiale.

René.

Crâne de volume moyen,

asymétrique : moitié droite

plus saillante et déjetée en

André.

Crâne asymétrique : la ré-

gion pariétale droite et la ré-

gion occipitale gauche font

Fia ? - Tlcn ? ,t 11{/J'c.

Juillet 1897.

avant de telle sorte que le

grand axe est oblique d'avant

en arrière et de droite à gau-

che. Front étroit et fuyant

sur les côtés (pas de persis-

tance des fontanelles). Toute

saillie, de telle sorte que le

grand axe se dirige d'avant

en arrière et de droite à

gauche. Front étroit et

fuyant : son plan prolonge le

plan du visage qui est incliné

Description lies malades.

11

René.

la moitié droite de la face

parait plus saillante que la

gauche.

Oreilles grandes et très

écartées.

Yeux assez mobiles : stra-

bisme convergent, intermit-

tent, plus marqué à l'oeil droit.

Pas d'exophtalmie, léger nys-

tagmus. Pupilles égales et sy-

métriques, ne paraissent pas

réagir à l'accommodation ;

la réaction à la lumière per-

siste. L'examen du fond de

l'oeil n'a pas été pratiqué.

Thorax mal conformé, sans

qu'il y ait de saillie rachitique,

ni de déviation de la colonne

vertébrale. La moitié gauche

fait une saillie plus marquée

que la droite.

Testicules assez difficiles à

trouver, gros comme ungrain

de blé.

Membres supérieurs mai-

gres : avant-bras en flexion

permanente avec pronation

sur le bras. Les mouvements

spontanés sont peu étendus et

paraissent surtout se passer

dans l'articulation de l'épaule.

L'enfant ne peut ni s'habiller,

ni se donner les soins usuels

de propreté. Il peut tendre

les bras aux personnes qui

s'approchent de lui.

Les mouvements provo-

qués sont limités : dans

''articulation de l'épaule, il y

André.

en arrière. Un épi dans la ré-

gion frontale antérieure.

Oreilles, mêmes caractères.

Yeux présentent un léger

nystagmus. Pas d'autre.trou-

ble de la motilité. Les pupilles

réagissent à la lumière. La

réaction à l'accommodation

ne peut être constatée. Léger

strabisme divergent.

Thorax mal conformé : cy-

phose assez marquée. Défor-

mation ampullaire du sternum

au niveau de l'appendice xi-

phoïde. Déviation légère à

convexité gauche avec saillie

des côtes gauches au niveau

de la ligne axillaire.

Mêmes caractères.

Membres supérieurs grê-

les, les bras écartés du tronc,

l'avant-bras fléchi sur le bras,

les mains en pronation. Les

mouvements spontanés sont

peu étendus; le malade est à

peu près inerte. Il ne peut

pas manger, ni s'habiller seul.

Les mouvements provoqués

révèlent une certaine résis-

tance au niveau des coudes

4.2

DESCRIPTION DES malades.

René.

a, . une certaine résistance,

dans la production des mou-

vements de flexion et d'exten-

André.

et quand on arrive à l'exten-

sion complète, on perçoit à

droite quelques craquements.

Fig. ? . - René. André.

. Juillet 1897 :

sion. Dans le coude qui est

en demi-flexion, la flexion

plus prononcée s'obtient faci-

lement, mais il y a une

Description DES malades.

13

René.

résistance énergique il l'ex-

tension complète, surtout il

gauche. L'articulation du

poignet est normalement

mobile.

Membres inférieurs. L'en-

fant ne peut se tenir debout.

Il reste généralement assis

sur une chaise. La cuisse est

légèrement fléchie sur le bas-

sin, la jambe sur la cuisse;

les genoux se touchent et les

jambes s'écartent très légère-

ment en dehors. Les pieds

sont en valgus très prononcé

des deux côtés, les orteils

sont en crochet.

Les mouvements sponta-

nés n'existent pas ou peu.

Les mouvements provo-

qués sont il peu près tous

possibles, mais avec une

légère résistance dans l'arti-

culation de la a hanche;

l'abduction parait être le

mouvement le plus limité. On

peut obtenir la flexion com-

plète des genoux, mais l'ex-

tension est arrêtée par la

contracture des fléchisseurs

dont on sent la corde sail-

lante. Les mouvements de

l'articulation tibio-tarsienne

sont très limités. -

Les réflexes sont légère-

ment exagérés.

La sensibilité n'a pu être

étudiée avec préeision.

A ? idré.

Les membres inférieurs

sont grêles ; le malade étant

suspendu aux bras de l'infir-

mière, les cuisses sont légère-

ment fléchies sur le bassin,

les jambes sur les cuisses.

Les pieds sont en équin très

accusé; les genoux font sail-

lie en dedans et se touchent.

Les mouvements spontanés

sont nuls : il ne peut se tenir

debout.

Les mow : emenb P1'O ! : oqués

sont limités : on obtient assez

facilement la flexion et l'ex-

tension de la hanche, mais

difficilement l'abduction.

Dans le genou, on obtient

facilement la flexion com-

plète, mais les tendons con-

tractures opposent une éner-

gique résistance à l'exten-

sion. Dans les pieds, les

mouvements sont très limités

et on ne peut redresser le pied

bot.

Les réflexes du poignet et

rotulien sont exagérés. Pas

de clonus du pied.

La sensibilité à la douleur

existe partout.

14 z

Affection familiale.

René.

Le malade gâte jour et nuit.

Il est idiot complet, ne

prononce aucun mot, regarde

à peine quand on l'appelle,

cependant si on lui tend du

pain il le saisit. Ne reconnaît

ni les odeurs ni les substances

sapides. Entend bien et voit

bien. Il a un tic : ouvre la

bouche et la referme aussitôt

sans proférer aucun son. Son

facies est dénué de toute

expression. Son caractère est

triste, mais affectueux.

André.

Le malade est grand gâ-

teux.

Il est idiot complet; son

facies est dénué d'expression,

ses yeux regardent toujours

dans le vague, il ne dit aucun

mot et ne comprend rien.

Température à l'entrée (René).

DESCRIPTION DU MALADE DRCÉDt : .

15

Mesures de la tête.

16

Autopsie.

Membres inférieurs.

Autopsie.

17

différentes fosses et crêtes sont sensiblement symétriques.

L'apophyse crista galli est mince, mousse. Le trou occipital

n'offre rien de particulier. Les apophyses clinoides sont effa-

cées. La glande pinéale est d'aspect normal ; il en est de même

du corps hituilaire. Les nerfs, les tubercules mamillaires,

etc., sont égaux et symétriques. Le liquide crphalo-mchidien

est en petite quantité.

ENCÉPHALE. - La forme générale de l'encéphale est un peu

modifiée. La longueur de l'hémisphère mesurée au niveau du

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1900. 3

Fig. 3. Lee).. (René) en juin 1899.

18 Atrophie DU cervelet.

grand axe fronto-occipital est de 121 mm. (Sur un cerveau

d'enfant de 16 ans normal, cette longueur est d'environ

157 mm.). La largeur de l'encéphale est normale : elle est de

62 mm. sur notre encéphale et de 61 mm. sur le cerveau nor-

mal que nous avons pris comme point de comparaison. Il s'en-

suit que l'encéphale a un aspect arrondi et non allongé.

Au niveau de la face inférieure de l'encéphale, on remarque

encore la gracilité du chiasma, des nerfs et des bandelettes

optiques, sans modification de couleur.

Les deux hémisphères étant séparés, le corps calleux appa-

raît avec ses dimensions habituelles : il mesure dans le plus

grand axe 59 millimètres, alors que sur le cerveau de com-

paraison il mesure 62 millimètres.

Hémisphère droit. - Face externe. Les circonvolutions

sont assez volumineuses; elles ne présentent aucune anomalie

dans aucune des régions.

Face interne. - Rien d'anormal il noter.

Face inférieure . La circonvolution fusitorme et la cir-

convolution de l'hippocampe, particulièrement l'uncus parais-

sent plus volumineux que les autres circonvolutions. En ré-

sumé, rien de spécial sur la^morphologie de l'hémisphère droit.

Il n'y a à signaler en plus que quelques adhérences de la pie-

mère, au niveau des circonvolutions pariétales et frontales.

77ëm tsphére gauche. Sur la face interne et la face externe,

morphologie normale. Quelques adhérences de la pie-mère

analogues à celles de l'hémisphère droit. Au niveau de la

face inférieure, on remarque comme il droite le volume un peu

considérable des circonvolutions temporo-occipitales.

Cervelet. Le cervelet est nettement atrophié dans sa tota-

lité : les hémisphères, le vermis, les lobules pneumogastriques

sont très,proportionnellement diminués de volume. Le grand

axe transversal du cervelet est (le 75 millimètres (sur le cer-

veau de comparaison, il est de 103 millimètres). Le diamètre

maximum de l'hémisphère gaucho mesuré depuis le cap bor-

dant l'incisurc postérieure et passant parle point culminant de

la face inférieure est de 12 millimètres. Sur le cervelet normal.

il est de 04 millimètres. Pour l'hémisphère droit il est de 44

millimètres sur notre cervelet et de 53 sur le cervelet normal.

Le bulbe a gardé un volume normal, les olives sont saillan-

tes, leur longueur est a peu près normale, 14 millimètres au

Atrophie du cervelet. 19

lieu de 16 millimètres. La largeur est de 5 millimètres au lieu

de 8 millimètres. Le pont de Varole est très diminué de hau-

teur, 15 millimètres au lieu de 2'i millimètres. La largeur des

pédoncules immédiatement au-dessus de la protubérance est

aussi au-dessous de la normale, 17 millimètres au lieu de 21

millimètres.

La moelle est d'aspect un peu grêle. - L'evatnew hislolo-

gique en a été pratiqué. Après avoir été chromée, elle a été

colorée suivant la méthode de Weigert, et suivant la méthode

de de Pal avec surcoloration il la cochenille. Au niveau du ren-

flement cervical, on trouve une légère dilatation du canal de

l'épendyme. La substance grise est normale. Il y a une dimi-

nution des fibres sans sclérose dans le cordon antérieur, au

niveau du faisceau pyramidal direct mais surtout dans le cor-

don latéral au niveau du faisceau pyramidal croisé. Il y a

conservation delflbres dans le faisceau.de Gowers, dans le fais-

ceau cérébelleux et dans une zone formant bordure de la subs-

tance blanche à la périphérie de la moelle. Légère diminution

du nombre des libres dans la partie antérieure du cordon

postérieur. Au niveau de la 6e dorsale, même disposition des

lésions. Au niveau du renflement lombaire, les seules modi-

fications sont les suivantes : il n'y a plus d'apparence de con-

servation des fibres dans la zone bordante du cordon latéral

ni dans le faisceau cérébelleux.

Poids des organes.

20 Affection familiale.

sentaient tous deux les symptômes cérébro-spinaux qui

caractérisent la diplégie spasmodique cérébrale in-

fantile. Tous deux étaient atteints d'idiotie complète.

La première question qui se posait était de savoir s'il

s'agissait là d'une affection familiale. Suivant Pauly

et Bonne, pour mériter ce qualificatif une affection

doit : a) atteindre sans changer de formes, plusieurs

enfants d'une même génération ; - b) débuter à pou

près au même âge chez tous les enfants de cette géné-

ration ; c) être cliniquement indépendante de toute

influence extérieure, d'une affection acquise ou d'un

accident de la vie intra-utérine ; d) ces caractères

doivent constituer la règle et non l'exception. Dans le

double cas que nous présentons, il y a, à côté de nos

deux malades, cinq enfants qui n'ont eu aucune affec-

tion semblable. De plus, si nous pouvons à peu près

affirmer l'absence de syphilis et l'absence de trauma-

tisme obstétrical, nous ne pouvons être certains de

l'absence de convulsions ni d'infection méningitique.

Celui de nos enfanls qui est mort a eu la rougeole dont

l'influence sur la maladie nous paraît douteuse. Aussi

croyons-nous pouvoir conclure à la nature familiale de

l'affection.

2° L'intérêt anatomique de l'autopsie de René

Lecl... réside dans l'atrophie cérébelleuse que nous

avons constatée. L'atrophie cérébelleuse est rare :

Tous les cas observés sont rapportés dans la thèse de

Thomas et le nombre des atrophies bilatérales est de

28. Dans ce nombre, certains cas ont été des trouvailles

d'autopsie chez des gens déjà avancés en âne, les au-

tres ont été révélés cliniquement par l'apparition de

symptômes cérébelleux plus ou moins nets, trois cas.

enfin semblent se rapprocher du nôtre et dater de

l'enfance. C'est le cas de Duguet, observé chez un

enfant de 17 ans qui avait présenté uniquement des

troubles de la parole, et dont une soeur était idiote ;

Atrophie du cervelet. 21

c'est le cas de Spiller chez un jeune homme de 19 ans

qui avait présenté des troubles de la parole, du stra-

bisme interne et quelques troubles de la motilité des

membres inférieurs. Enfin c'est le cas de Combettes

qui consiste en une absence complète du cervelet

chez une enfant morte à 11 ans et qui avait présenté

aussi des troubles moteurs des membres inférieurs

et des troubles de la parole.

II. Nous ne croyons pas que l'atrophie cérébelleuse

dans notre cas suffise à expliquer la symptomatologie

de l'affection : dans la moelle, en effet, la dégénéres-

cence occupe les faisceaux pyramidaux. Nous ne

voulons donc pas établir un lien nécessaire entre cette

atrophie cérébelleuse et l'affection familiale. Nous ne

sommes point autorisés à affirmer que nous trouverons

une atrophie cérébelleuse à l'autopsie d'André Lecl...

et dans cette hypothèse quelle sera la caractéristique

anatomique de son affection ? Mais il est permis actuel-

lement de le supposer et il est intéressant de juxtaposer

aujourd'hui l'observation clinique d'André Lecl...

encore vivant à l'observation ana tomo-elinique de son

frère René. (Voir les ],-IL. I, II et III.)

111. Au point de vue de l'hérédité, nous trouvons,

du côté paternel, un oncle buveur, une cousine hénÚ-

plégique, et du côté maternel, une petite cousine

dpileptiq1w, un cousin alcoolique, et un autre, d'un

degré très éloigné, sourd-muet. En somme hérédité

peu chargée.

IV. Mentionnons Y hypothermie très notable (34°, 4)

que l'autopsie n'a pas expliquée. Nous avons observé

le même phénomène chez d'autres idiots, qui étaient

cachectiques. Or, tel n'était pas le cas ici, carie poids

après décès était de 19 kil. 800, c'est-à-dire supérieur

à celui qui avait été constaté six mois plus tôt.

II.

Idiotie myxoedémateuse ; traitement thyroïdien ;

l'An BOURNEVILLE ET LAURENS.

Depuis 1880 jusqu'à ce jour, il a toujours existé

dans le service quelques cas de my.t'oedème infantile.

De là un certain nombre de publications que nous

croyons devoir rappeler en tête de cette nouvelle

observation : 1° Note sur un cas de crctnusmc

auec m ? coedeme ou cachexie pachydennique.

Compte-rendu de 1880, p. 16 (en collaboration avec

d'Ollier); - 2° De l'idiotie compliquée de cachexie

acl2yclemrni.clzce ou idiotie crêlinoïde. Compte-rendu

de 1886, p. 3 (en collaboration avec Paul Bricon);

3° Nouveau cas d'idiotie avec cachexie ptc/tyde7,-

mique; idiotie enéti2oïcle ou idiotie 2wcectén ?

teuse. Compte-rendu de 1888, p. 3 ; - 4° De l'idiotie

auec cachexie pachydel'1nique. Compte-rendu de

1889, p. 51 et Association française pour l'avance-

ment des sciences (août 1889); 5° Nouvelle

observation d'idiotie Lise ou cachexie

pachydennique. Compte-rendu de 1889, p. 172;

6° Nouvelle contribution iL l'étude de l'idiotie

ïiyxmcléniate2se. Compte-rendu de 1890, p. 206.

(Congrès de médecine mentale de Rouen) ; 7° Étal

du squelette d'un malade atteint d'idiotie my.'\ : oedé-

mateuse. Compte-rendu de 1891, p. 34 ; - 8° Idiotie

myxoedémateuse. Compte-rendu de 1894, p. 92;-

IDIOTIE MYXOEDÉMATEUSE. 23

9° Trois cas d'idiotie myxoedémateuse traités par

l'ingestion thyroïdienne. Compte-rendu de 1895,

p. 167 et Congrès des aliénistes et neurologistes de

Bordeaux, t. II p. 178; 10° Nouveau cas d'idiotie

avec cachexie pachydermique. Compte-rendu de

1896, p. 49. Communication faite à la Société

de Biologie, séance du 15 mai 1896; - 11° Cinq

cas d'idiotie myxoedémateuse (Bulletin de la

Société médicale des hôpitaux, 1897, p. 32) ;

12° De l'action de la glande thyroïde; sur la crois-

sance et l'obésité chez les idiots mcede)aeM,

obèses ou atteints de nanisme (Congrès des aliénistes

et neurologistes de Nancy, 1896, t. II, p. 372); - 13°

Myxoedème infantile (Communication faite au

Congrès intern. de médecine de 1900, section de

Neurologie).

Sommaire. Père, peintre pour enseignes, céphalalgies,

bègue, caractère emporté. -Grand-père paternel emporté,

bègue. Grand'mère paternelle très-nerveuse, excès de

boisson. Arrière-grand-père paternel, excès de boisson.

Grand-oncle paternel, peintre en bâtiments, coliques de

plomb, attaque de paralysie, excès de boisson, tentative

de suicide, mort d'une congestion cérébrale. Plusieurs

cousins morts de méningite, une cousine de tuberculose

pulmonaire. - Cousin excès de boisson. Cousine peu

intelligente. Oncle paternel mort de méningite. - Tante

paternelle morte de convulsions. Malformations.

Mère,.très impressionnable, peureuse. Grand-père mater-

nel mort tuberculeux. Arrière-grand'mère maternelle

morte d'une attaque apoplectique avec paralysie. - Plu-

sieurs cousins et cousines morts de méningite. Oncle

maternel mort de tuberculose. Frère, accès d'épilepsie.

Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 3 ans.

Conception rien de particulier. Grossesse, vomissements

fréquents, ennuis, plusieurs syncopes ; mouvements dv.

foetus à 4 mois moins forts qu'aux autres grossesses.

Accouchement laborieux. Prise du sein difficile à cause

du volume de la langue. - Masses lipomateuses. Phy-

sionomie hébétée.

Premières dents à 2 ans ; dentition complète à 9 ans.

21 ' . Idiotie myxoedémateuse.

Convulsions pendant 5 heures, à 7 ans, provoquées par la

dentition. Début de la propreté vers 6 azzs; -de la parole

vers 9 ans. Apathie habituelle ; parfois accès de colère;

- onanisme. Sensibilité au froid. Gonflement et

cyanose des pieds et des mains, otite. Blèpharite et

coryza chroniques. Peau eczémateuse; transpiration

nulle. Déformations du thorax, du rachis et des ment-

bres. Persistance de la fontanelle antérieure. Absence

probable de la glande thyroïde.

Réunion de tous les symptômes du myxoedème infantile.

Traitement thyroïdien : Amélioration notable : diminu-

tion de l'infiltration graisseuse et partant du poids ; -

accroissement de la taille; - évolution de la dentition; -

rétrécissement de la fontanelle antérieure. Marche.

Progrès intellectuels, etc.

Tis... (Félicie), née le 15 septembre 1881 à Paris, est entrée

dans le. service le 31 janvier 1898 et en est sortie le 14 no-

vembre 1900.

Antécédents. PÈRE, conçu à la Martinique, est né à Angers,

sa mère, parisienne,- étant de passage dans cette ville. Il a

40 ans, exerce la profession de peintre sur enseignes, n'a

jamais eu ni coliques de plomb, ni paralysies, ni étourdisse-

ments, mais de fréquents maux de tête. Petit (1 m. 65),

réformé à cause d'une surdité qui date de l'âge de 12 ans, et

qui a succédé à une otorrhée. Il bégayait beaucoup avant son

mariage, ne bégaie presque plus depuis. - Pas de convulsions

de l'enfance, sobre, rangé, caractère violent, emporté, se met

en colère pour un rien, pas de maladies de peau, « Mon mari,

nous dit Madame T... ? s'est marié sage à 24 ans. » Pas de

goitre, intelligent mais gêné par sa snrdité; il a une hernie,

est asthmatique.

[Sa famille : Père, sobre, mort à 52 ans d'une maladie du

foie, comédien, aurait eu le prix de Rome au Conservatoire

de musique. Il a joué surtout à l'Opéra-Comique, à Bruxelles,'

à la Martinique : c'était un enfant de vieillards, bégayait lui

aussi par moments; très violent. Il a eu, a la Martinique, la

fièvre jaune et la dysenterie.

Mère : 66 ans, corsetière, également enfant de vieillards,

migraineuse ; elle a eu des migraines épouvantables tant

qu'elle a été réglée, très nerveuse, ombrageuse, un rien la

contrarie, intelligente, aurait une maladie de coeur. Elle aime

beaucoup le vin, mais ne .s'enivre pas, fait des abus de café,

a eu ! i enfants dont un seul vivant.

Antécédents héréditaires. 25

Grand-père paternel, mort à 84 ans, à la suite d'une fracture

de jambe, « était aussi dans les théâtres. » Grand'mère

paternelle, morte à 72 ans d'une maladie du foie. Grand-

père maternel, faisait des excès de boisson, ancien soldat du

1"" empire, aurait été commandant de la place de Verdun.

Grand'mère maternelle, morte à 60 ans ; a eu 13 ou 14 enfants :

«elle a eu ma belle-mère quand elle avait 50 ans. » Oncle

paternel serait allé au Tonkin et on ne l'aurait plus revu ; il

aurait été sergent puis dégradé. Oncle maternel mort à

68 ans, de congestion au cerveau, peintre en bâtiments, a eu

des coliques de plomb, et une attaque de paralysie avec dévia-

tion de la bouche, buvait beaucoup ; il a essayé de se pendre.

Une de ses filles a eu 13 ou 14 enfants qui sont presque

tous morts de méningite ; une autre fille est morte de tuber-

close pulmonaire à 35 ans. Tante maternelle morte à

76 ans d'une fluxion de poitrine laissant un fils et une fille, le

fils a fait de nombreux abus de boisson, s'en va d'une maladie

de coeur. Sa fille, bien portante, est religieuse à Toulouse ;

« elle n'était pas intelligente, on ne pouvait rien lui faire faire,

c'est pourquoi on l'a mise SoeUl'». Un frère et deux soeurs :

Le frère est mort tout jeune de méningite ; La soeur

ainée est morte étouffée clans le lit, la soeur cadette est morte

de convulsions. - Dans le reste de la famille, pas d'aliénés,

pas d'autres paralytiques, pas de suicidés, pas d'épileptiques,

pas d'autres bègues, pas de sourds-muets, pas de goitreux,

pas de myxoedémateux, pas de criminels, ni de prostituées.]

Mère, 37 ans, couturière, bien portante jusqu'au mariage,

moins bien depuis, fatiguée par sept couches. Elle est assez

grande, cheveux châtains, nez aquilin, intelligente. Pas de

convulsions dans l'enfance. Elle a toujours été très peureuse : .

« Quand j'étais petite et que je rentrais le soir, je courais

comme si le feu était derrière moi, je n'aime pas la nuit quand

il fait sombre, j'ai peur d'aller ouvrir le soir lorsqu'on frappe

à la porte. » C'est l'hiver que les peurs étaient le plus fré-

quentes. - « Quand j'ai ces peurs, cela me donne un coup

au coeur, mes jambes sont comme du coton, comme si elles

étaient cassées ; mes enfants sont peureux comme moi. »

Elle n'a jamais eu ni syncopes, ni migraines, pas de maladie

de peau. Réglée à 11 ans 1/2, régulièrement, jusqu'à ce jour,

ni fièvre typhoïde, ni fièvre intermittente.

[Sa famille. Père : mort à 61 ans, poitrinaire et ayant

« une maladie des muscles », sobre, rangé, avait une hernie,

26 Idiotie myxoedémateuse.

a eu la rougeole à 35 ans. Il a eu durant sa vie beaucoup

de chagrin et beaucoup de peine à élever sa famille.

Mère : 58 ans, sobre, modiste, nerveuse, maladie d'estomac

et de coeur, a eu un kyste au côté gauche ( ? ), un engorgement

du foie, la chorée étant jeune, une cécité passagère, bonne

conduite.

Grand-père paternel : mort il 75 ans, boucher, sobre, avait

des doulours.-(sranrl-2nèt·e paternelle, morte âgée; avait des

rhumatismes qui l'ont tenue longtemps alitée, était très

grosse. Grand-père maternel, mort à 72 ans de congestion

pulmonaire, sobre, avait eu un bras emporté il Sébastopol.

Grand-mère maternelle, morte à 76 ans d'une congestion

cérébrale avec paralysie, est restée plusieurs jours malade.

Elle a eu deux petites filles mortes de méningite et un petit

fils bossu et atteint de coxalgie mort de méningite à 7 ans.

Un oncle et 5 tantes paternels : l'oncle est mort âgé, à

l'Hôtel-Dieu, d'une hernie étranglée; il était sobre et n'avait

jamais eu d'accidents nerveux, mais était rhumatisant. Il a

une fille, bien portante mais de petite taille. Elle a eu 4 enfants :

trois bien portants, une fille est morte de méningite. Les

cinq tantes ont une bonne santé; pas d'enfants. - Une tante

maternelle bien portante, non nerveuse, eczémateuse, a eu

4 enfants : un fils qui est bien portant, un 2me fils bossu,

coxalgique est mort de méningite, deux petites filles sont

mortes de méningite également. Un frère mort de tuber-

culose pulmonaire à 22 ans; il avait un abcès au cou qui a

suppuré longtemps. - Deux sce21rs : l'une a 30 ans, un peu

nerveuse, pas migraineuse, a eu un enfant qui est mort du

croup et qui n'a pas eu de convulsions, l'autre est en bonne

santé, pas nerveuse, a un enfant de deux ans, bien portant et

intelligent. - Dans le reste de la famille, on ne trouve rien

à signaler si ce n'est un grand oncle paternel qui était impo-

tent et énorme; on le [rainait dans une voiture. Il est mort

vieux, on ne sait de quoi.]

Pas de consanguinité (le père est né à Angers d'un père de

Verdun et d'une mère de Paris Sa mère est née à Paris d'un

père de Seine-et-Oise et d'une mère parisienne). Inégalité

d'âge de trois ans (père plus âgé).

7 enfants : 1° notre malade; 2° un garçon « magnifique »

mort du croup à 10 mois z2, sans convulsions; était intel-

ligent mais criait tout le temps; 3 un garçon de Ili ans.

Entre 7 et 12 ans il a eu des crises de nerfs revenant d'abord

tous les 15 jours, puis tous les mois. A 9 ans 1/2, il a été placé

Antécédents PERSONNELS. 27

Vaticluse. Depuis deux ans ces crises ont disparu (1). Il a

une bonne conduite, il apprend bien le métier de son père

mais est turbulent, plutôt désobéissant et entêté; 4° une

fausse couche de six semaines avec pertes abondantes; 5° une

fille de 8 ans qui n'a jamais eu de convulsions ; très bien

portante jusqu'à 7 ans et depuis est anémique, nonchalante,

mais intelligente ; 6° un garçon de 4 ans très intelligent, n'a

jamais eu de convulsions ; 7° une fausse couche de 4 mois 1/2.

Notre malade. A la conception qui a eu lieu trois mois

après le mariage, les, parents étaient bien portants, ils

étaient vierges tous deux.

Grossesse pénible, la mère a vomi très souvent « presque

tout le temps », pas de peur; tendance irrésistible à regarder

les gens infirmes. Souvent elle a eu des discussions avec

sa belle-mère qui était médisante, égoïste, autoritaire et

qui ne trouvait jamais bien ce que sa belle-fille faisait. Ces

discussions avaient irrité le mari qui se mettait fréquemment

en colère, d'où des brouilles fréquentes dans le ménage.

Pas d'attaques de nerfs, ni de signes d'albuminurie; mais

pendant les premiers mois de la grossesse, elle s'est trouvée

mal à plusieurs reprises. Elle croit avoir senti remuer vers

4 mois comme dans ses autres grossesses; toutefois les mou-

vements n'étaient pas aussi forts que dans ces dernières.

Elle a un peu abusé du café dont elle buvait 3 fois par jour.

Accouchement à terme, naturel, sans chloroforme.

Le travail a débuté à Il heures du matin et a cessé le len-

demain à midi. Les douleurs étaient fortes mais comme

la tète restait au passage, on lui a donné « des poudres. »

Les eaux auraient été abondantes, moins toutefois qu'aux

autres grossesses.

A la naissance, l'enfant n'était pas asphyxiée ( ? ), elle

n'avait pas de cordon autour du cou, elle a crié tout de suite ( ? ).

Sa tête était plutôt grosse ; ses cheveux étaient noirs; elle

avait des ongles. Elle était « si grasse et si belle » que les

parents en furent étonnés. Mise en nourrice à la campagne

(Seine-et-Oise) la nourrice lui donna le sein jusqu'à 2 mois

puis la nourrit au biberon avec du lait de vache. On a retiré

(t) M. le D Dlin nous a transmis à son sujet la note suivante : « Il est

entré à lt Colonie le 11 avril 1804 et en est sorti le 2 lévrier 189G. Durant

ce temps, il a eu 0 accès d'épilepsie, sans troubles mentaux consécutifs.

Quand on le rendit à sa famille il y avait dix mois qu'il n'avait pas eu

d'accès. »

28 Idiotie mvxoiodématkcse.

l'enfant de nourrice à 11 mois et on a continué à l'alimenter

au biberon avec du lait de vache. Les 1 ? dents ont percé A

2 ans; la dentition a été très lente et très pénible; l'enfant,

à chaque poussée dentaire, avait des accès de colère. - Elle

n'aurait eu ses vingt dents de la première dentition qu'à

neuf ans. Depuis cette époque quelques dents de la seconde

dentition auraient fait leur apparition, « mais c'était encore

les mêmes crises de dents, les mêmes accès de colère, les

mêmes insomnies que lors des premières dents. » Et même

vers 7 ans, à l'occasion de l'apparition d'une dent, l'enfant

étant couchée, aurait perdu connaissance pendant 5 heures

l//2, le corps est devenu tout raide, il n'y a pas eu de convul-

sions cloniques.

La mère fait remarquer que toute jeune son enfant avait

de la peine à téter parce que sa langue était, trop grosse. -

De plus : elle avait un air triste, elle n'était pas éveillée

comme les autres enfants. A l l mois sa fontanelle était très

large, beaucoup plus qu'aujourd'hui, on voyait les battements

du cerveau. - La langue demeurait énorme et sortait sou-

vent de la bouche. Les joues étaient grosses, pendantes,

le teint mat, plutôt jaune, les cheveux rares, gros et durs,

les mains grosses et épaisses, les pieds auraient toujours été

petits. - Elle avait, dès sa naissance, des niasses lipomateu-

ses que nous décrirons plus loin. L'enfant n'a jamais

marché seule : « elle ne se tenait ni debout, ni assise : c'était

un paquet de chair ». Toutefois une dame « magnétiseuse x,

dont il sera question tout il l'heure, l'avait habituée à se tenir

debout, les bras près du corps et il marcher en se tenant aux

tables et aux murs, « mais au prix de quels pleurs ! » j)

Elle a commencé à être propre le jour, à partir de 6 ans;

la nuit elle gâtait encore il y a un an. « C'est la magnétiseuse

qui l'a rendue propre. Elle la surveillait la nuit et quand

l'enfant se laissait aller, elle lui administrait une fessée avec

une serviette imbibée d'eau froide. » Jusqu'à 7 ans elle con-

serve cet air hébété qui, dès le début, a frappé les parents.

Conduite aux Sourds-muets « on la trouve idiote. » A partir

de 7 ans, l'intelligence s'est éveillée. L'enfant aimait

beaucoup à sortir, montrait la porte et regardait ce qui se

passait dans la rue. La musique lui plaisait fort : « elle

prenait un bâton et faisait semblant de jouer du violon. »

Parole vers 9 ans, elle est entrée il. Trousseau (service de

M. Lannelongue) qui eut l'intention, un moment, de greffer

dans le péritoine un corps thyroïde de mouton, opération

qui n'eut pas lieu.

Antécédents personnels. 'P'J

Le caractère de Félicie est apathique ; toutefois, par moment,

l'enfant est prise d'accès de colère, trépigne, remue violem-

ment la tète et se mord les mains. Elle n'est ni gourmande,

ni voleuse. Elle est très portée à Y onanisme et se masturbe

fréquemment. Pas d'appétence pour les boissons. Jusqu'à

7 ans ou fut obligé de la faire manger et de l'alimenter avec

du lait, des soupes et des oeufs, car elle ne pouvait mâcher,

probablement il cause du retard de la dentition. A partir de

7 ans, elle s'alimente comme une grande personne et mâche

la viande. La bouche est encore fréquemment ouverte et laisse

voir la langue volumineuse, les lèvres sont épaisses, cyano-

sées. La déglutition s'exécute normalement. Pas de rumina-

tion. Souvent diarrhée alternant avec la constipation mais

jamais de chute du rectum. Elle aurait eu, jusqu'à un âge

qu'on ne peut déterminer, « comme unc grosse corde au-

dessus du nombril remontant vers l'épigastre : cela ressortait

comme le doigt ». Un bandagiste dit à la mère que son enfant

avait une éventration et lui lit deux ceintures que la malade

n'a jamais pu garder. .

La respiration a toujours été normale, mais ne s'est jamais

bien effectuée par le nez : « l'enfant a toujours renâclé » sur-

tout l'hiver où les sécrétions nasales sont très abondantes.

Elle a eu une bronchite il 2 ans et toussait un peu chaque

hiver.

Les sens de la vue et de l'ouïe ont toujours paru normaux.

Félicie a toujours été très sensible au froid ; ses pieds et

ses mains sont toujours glacés « comme des verrous ».

Les déformations du thorax, de la région lombaire et des

jambes ont toujours existé ; les pieds et les mains ont été cons-

tamment cyanoses ; l'hiver ils deviennent plus gros, comme

enflés, et la cyanose y est plus prononcée.

Les sentiments affectifs paraissent exister, car lorsque l'en-

fant revoit sa grand'mère elle est plus gaie « et lui fait fête »,

Le sommeil est normal ; elle dort 10 heures en moyenne,

sans cauchemar, sans accès de cris, on ne signale pas d'atta-

que de sommeil. - La mémoire existe, mais à un faible degré.

Le raisonnement est nul. L'attention est fugace, difficile

à fixer.

Comme maladies infectieuses, la malade a eu la rougeole

vers 6 ans durant laquelle elle aurait été énervée mais n'aurait

pas eu de convulsions. Elle n'a eu ni scarlatine, ni oreillons,

ni fièvre typhoïde, ni coqueluche, ni diphtérie, ni faux croup,

ni variole; a été vaccinée.

Elle a eu de la gourme vers 6 mois, une otite étant jeune,

30 IDIOTIE myxoedémateuse.

une blépharite cilière intermittente, mais jamais d'adénite.

Sa peau a toujours été sèche, farineuse, la transpiration n'a

jamais existé. Ses cheveux ont toujours été gros, durs, secs

et le cuir chevelu a toujours présenté les mêmes altérations

que le reste de la surface cutanée. A la suite d'une chute

de sa chaise, l'enfant s'est à deux reprises légèrement contu-

sionné la région frontale et la région pariétale. Elle n'a ja-

mais eu ni fractures ni luxations.

État actuel. L'enfant, très petite pour son Age, est pâle,

grosse, bouffie. Son état général est satisfaisant. Sa physio-

nomie a une expression d'hébétude, d'étonnement. Le regard

est parfois relativement assez vif (F'ig. 4).

Les cheveux sont chatain-rou.v, gros, durs, raides, secs et

cassants. On constate une alopécie partielle occupant toute

la partie moyenne du cuir chevelu sur une largeur de 0,12 il

0,1li centim. et sur une longueur à peu près égale. Le cuir

chevelu est parsemé de petites croûtes eczémateuses, d'un

brun-jaunâtre, très abondantes sur la région fronto-pariétale,

plus rares en arrière. Ces croûtes se reproduisent avec une

très grande facilité, malgré les soins de propreté les plus

minutieux.

La tête est volumineuse, surtout si on la compare au reste

du corps, et présente une saillie assez prononcée des bosses

pariétales, un aplatissement situé en arrière du vertex et

étendu sur une longueur de '1 il centim. L'occipital est sail-

lant. La fontanelle antérieure persiste et revêt la forme d'une

étoile à '1 branches mesurant 0,06 cent. li2 d'avant en arrière

et O,OIi cent. transversalement.

La face est presque carrée, le front est étroit, bas, sa hau-

teur est de 0,0't cent. ; bombé il sa partie moyenne, il se déprime

assez fortement sur les côtés. La bosse frontale droite est un

peu plus saillante que la gauche. Les arcades sourcilières

sont peu proéminentes, les sourcils sont assez fournis et se

réunissent sur la ligne médiane par une petite bande de poils

fins. Les paupières supérieures et inférieures paraissent bouf-

fies, gonflées, mais sans oedème vrai ; elles ont une coloration

bleuâtre ; elles s'ouvrent assez bien à droite, mais incomplète-

ment à gauche; les cils sont assez longs et assez abondants

aux paupières supérieures mais rares aux paupières infé-

rieures. Les paupières sont collées tous les malins.

Les yeux sont parfaitement mobiles, ne présentent ni exoph-

talmie, ni strabisme, ni paralysie, ni nystagmus. L'iris est

brun ; les pupilles, bien conformées, réagissent à la lumière

et il l'accommodation. L'acuité visuelle parait normale.

IDIOTIE MYXOEDEMATEUSE. 31

riy. 4. - Janvier 1898.

32 Idiotie myxoedémateuse.

Le ne : est camus à un degré très prononcé, sa racine est

fortement déprimée, ses ailes sont larges, les narines rele-

vées. L'odorat est normal. - Les joues sont volumineuses.

pseudo-lipomateuses, colorées aleur centre, pâles et bleuâtres

à leur périphérie, principalement au voisinage du nez et de la

lèvre supérieure.

Les lèvres sont épaisses, renversées, très légèrement cya-

nosées. La bouche, largement fendue, reste entr'ouverte, et

laisse apercevoir, même pendant le sommeil, l'extrémité de

la langue qui est épaisse et large. Le goût est normal.

La dentition est dans l'état suivant : à la mâchoire supé-

on compte 2 incisives médianes, centrales, définitives ;

pas d'incisives latérales, 2 canines temporaires, des débris de

molaires temporaires il couronnes brisées et à racines bran-

lantes, prêtes à être expulsées. Les premières molaires per-

manentes sont en train d'évoluer ; leur couronne commence

à faire saillie hors de la gencive. -ralla mâchoire inférieure,

on compte 4 incisives permanentes, 2 canines temporaires.

Les prémolaires commencent leur éruption. Les premières

molaires permanentes apparaissent comme il la mâchoire

supérieure. - En résumé, la dentition de l'enfant est celle

d'une enfant de 9 ans. - La voûte palatine est aplatie, le voile

bien conformé.

Le cou, large, court, épais, mesure 0,31 cent, de circonfé-

rence. Le larynx est mobile et parait normal, le cricoïde

fait une saillie accusée au-dessous de laquelle on perçoit les

anneaux de la trachée sans qu'il soit possible de sentir le

corps thyroïde. Sur les parties latérales du cou, on trouve

une infiltration graisseuse formant une véritable convexité

au niveau des creux sus-claviculaires. - Au milieu de ces

psettdo-lilonxes, on sent de petits noyaux de la grosseur

d'un petit pois. Au-dessous de la nuque, on retrouve la

même infiltration graisseuse formant une saillie convexe.

Cette infiltration se prolonge au-dessous des clavicules jus-

qu'auprès des aisselles. La peau des aisselles est sèche,

comme ridée et complètement glabre. Les régions pecto-

rales sont également infiltrées de graisse et parcourues par un

lacis de veines dilatées. Les glandes mammaires n'existent

pas; le mamelon est petit, rosé.

Le tronc, vu d'arrière, présente une convexité thoracique

très marquée et des déviations de la colonne vertébrale.

Celle-ci offre deux courbures de scoliose l'une supérieure à

convexité regardant à droite, l'autre inférieure à convexité

regardant à gauche. La région lombaire présente une ensel-

Description DE la malade. 33

lure très prononcée. En regardant de face, on voit que le

thorax est déjeté en dehors dans sa partie inférieure gauche,

tandis qu'à droite il est plutôt déprimé. Il est recouvert de

téguments très épais. La peau est sèche. L'abdomen est

gros et très proéminent. Il existe une hernie ombilicale mesu-

rant 0,057 à sa base et 0,035 de hauteur. Le petit bassin est

très étroit. Les fesses sont fermes mais peu volumineuses.

Les membres supérieurs sont courts dans leurs différents

segments et presque cylindriques. Les mains sont épaisses,

bouffies, gonflées, trapues, froides. Les doigts sont courts et

volumineux, les ongles courts : leur croissance parait être

très lente.

Les membres inférieurs, ainsi que le démontrent les men-

surations, sont courts. Ils sont infiltrés de graisse. La

cuisse gauche paraît plus volumineuse que la droite. Les os

de la jambe droite sont légèrement incurvés ; ceux de la jambe

gauche le sont davantage. Les pieds et les orteils sont

courts, épais, légèrement cyanosés. - La peau, quoique peu

épaissie, est dure, résistante. Les mouvements volontaires

s'exécutent en tous sens mais péniblement et lentement. L'en-

fant ne marche pas mais se tient debout en prenant un point

d'appui, contre une table par exemple. Les mouvements

provoqués sont possibles en tous sens. Les réflexes rotuliens

sont conservés. Le chatouillement de la plante des pieds

détermine une flexion lente des orteils.

La sensibilité à la douleur, au contact, et à la température

est conservée. L'enfant craint le froid.

L'examen général de la surface cutanée montre que par-

tout la peau est pâle, luisante, bleuâtre, plutôt jaunâtre sur

le corps. Au niveau des aisselles, des épaules et des bras, on

remarque une desquamation furfuracée.

La région anale est bien conformée et normale; pas d'hé-

morrhoïdes, ni de chute du rectum.

Le pénil est saillant, très infiltré de graisse, ainsi que les

aines. Il est absolument glabre. Les grandes lèvres sont bien

conformées et glabres. Les petites lèvres sont d'un rose pâle,

triangulaires, plissées, un peu proéminentes, leur racine for-

me un capuchon au clitoris qui est petit. L'hymen est an-

nulaire, à orifice central, à bords irréguliers, n'admettant pas

l'extrémité du petit doigt. Pas d'onanisme.

L'enfant parle à peine . Elle ne prononce que quelques syl-

labes, par exemple : «boiboi» pour boire, «voivoi» pour au re-

voir. Elle mange seule mais lentement, sans voracité. Pas

de vomissements ni de rumination. Constipation habituelle.

130URNE ville, Bicêtre, 1900. 3

3 Í Traitement thyroïdien.

Température à l'entrée.

Traitement thyroïdien. 35 .5

coutume. L'évolution des dents paraît suivre maintenant une

marche normale. A la mâchoire inférieure les prémolaires et

les molaires achèvent leur éruption. A la mâchoire supé-

rieure les molaires permanentes sont apparues. La fontanel-

le antérieure mesure 4 cent. 1/2 d'avant en arrière et un

peu plus de 5 cent. transversalement. L'enfant se tient

mieux sur ses jambes.

Juin et Juillet. On continue régulièrement le traitement

th.groïdien. On note un peu de tristesse due, sans doute, à

l'éruption dentaire qui parait douloureuse.

Août. Le 15 août on suspend le traitement qui n'est

repris qu'en octobre.

Octobre-Décembre. - Le traitement, depuis le 11 octobre, a

été continué régulièrement ; pendant ces trois mois on n'ob-

serve aucune modification appréciable si ce n'est un tremble-

ment assez accusé des mains qui gêne la préhension des ob-

jets.

1899. Janvier. Le traitement est suspendu du tn janvier

au le,, mars. -

Mars, - On donne 0,50 de glande thyroïde fraîche par jour.

Le poids est de 20 kilogrammes, la taille est de 93 cent.

Avril. Depuis un mois F... a grandi d'un centimètre et

a sensiblement maigri. Elle est gaie, chante « la polka

des Anglais », mais s'obstine à ne pas vouloir marcher. C'est

à grand'peine et, en la maintenant sous les bras, qu'on la force

se tenir sur les jambes et à faire quelques pas.-On insiste

beaucoup sur cette éducation de la marche.

.liai. L'enfant va en congé dans sa famille. A son retour

un constate que les quelques progrès obtenus avant son départ

n'existent plus. L'enfant est grognon, elle crie lorsqu'on

veut lui faire faire quelques pas. On est surpris de ces chan-

gements brusques.

Juin. L'enfant refuse toujours de marcher mais est plus

gaie.

Juillet. - Depuis 2 mois le traitement a été suivi très irré- ? ulièrcment soit à cause du manque de glandes thyroïdes,

soit parce que ces dernières n'étaient pas fraîches. Mais on

continue, avec persévérance, à obliger Félicie à marcher.

Elle a grandi de 4 centimètres. Elle parait avoir une tendance

à engraisser. Le sommeil est agité. Elle parle mieux, son

répertoire de mots paraît plus vaste. Quant à la marche, on

ne constate aucun progrès.

1900. Le traitement thyroïdien, interrompu plusieurs fois

36 Idiotie MYXOEDÉMATEUSE.

Fig. Octobre 1900.

Idiotie myxoedémateuse.

Fig. G. - Octobre 1900.

38

Traitement thyroïdien.

dans le courant de l'année précédente n'est plus suivi depuis

le 15 décembre. Félicie n'a fait que très peu de progrès pour

la marche. Elle est très paresseuse, pleure dès qu'on la met

debout et qu'on essaie de la faire avancer d'un pas. Elle ne

se plait qu'à rester assise et il jouer avec ses poupées. Elle

semble engraisser. Plusieurs fois par jour on la force à se

tenir sur les jambes.

Mat. - Le traitement est repris. On donne 1,25 de thyroïde

tous les jours. Les sueurs sont assez abondantes.

Juillet. L'enfant est gaie, affectueuse envers les infir-

mières et envers ses parents. Elle est plus éveillée, on la force

fréquemment, plusieurs fois par jour, à marcher et on obtient t

le résultat suivant : l'enfant se tient mieux sur les jambes,

arrive à marcher à peu près à la condition qu'on se tienne à

côté d'elle et qu'on la maintienne légèrement car elle a tou-

jours peur de tomber.

Août. Pendant un mois, Félicie a marché seule. Malheu-

reusement elle passe quelques jours chez elle en congé.

Les parents, ne voulant pas la contrarier, préfèrent la laisser

assise, ne l'obligent plus à marcher, détruisant ainsi les heu-

reux effets d'une éducation constante, poursuivie pendant de

longs mois. De retour à la Fondation, il est impossible de lui

faire faire un pas sans la maintenir soigneusement.

Septembre. -Le traitement thyroïdien, repris, est fréquem-

ment interrompu ainsi que l'éducation spéciale prescrite à

cette enfant, car à chaque instant les parents viennent

réclamer leur fille pour l'avoir quelques jours auprès d'eux.

Octobre. Sur la demande réitérée des parents on signe

la sortie de Félicie.

Tableau du poids et de la taille.

Idiotie MYXOEDËMATEUSE.

39

Mesures de la tête

An

Idiotie myxoedémateuse.

Membres inférieurs.

Traitement thyroïdien. 41

deux cousins et six cousines morts de méningite ;

un frère épileptique. Rappelons aussi que le grand-

père et un oncle ont succombé à la tuberculose, qu-'il

y a eu, dans la famille, des coxalgiques et des bossus.

Un frère de Félicie (17 ans) présente une malfor-

mation du voile du palais : les piliers antérieurs

manquent complètement, les piliers postérieurs sont

peu développés. Une soeur (11 ans) est très arriérée.

Lu autre frère a été circoncis. - Cette série de mal-

formations, exceptionnellement nombreuses, était à

rapprocher de l'absence de la glande thyroïde chez

la malade.

II. La grossesse a été accidentée par des vomisse-

ments, par des ennuis presque constants, une tendance

irrésistible à regarder les infirmes, enfin par plusieurs

syncopes. Ce sont là des circonstances un peu banales

qui ne suffisent pas à expliquer l'absence de la glande

thyroïde.

III. Les premiers phénomènes observés, furent

l'hypertrophie et la protraction de la langue, rendant

la succion difficile, l'état lipomateux : « c'était, nous

a dit la mère, un paquet de chair; » puis l'absence

d'éveil de l'intelligence, le retard de la dentition qui

l'ut accompagnée d'accès de colère ; enfin l'insuccès

des tentatives faites pour apprendre à l'enfant à mar-

cher, à parler, à être propre, etc.

IV. A l'admission, cette malade présentait nette-

ment, et au complet, tous les signes de l'idiotie myxoe-

c(émateuse. Nous n'insisterons pas sur ces différents

symptômes, dontle tableau a été tracé minutieusement

dans les précédents Compte-rendus, nous ferons

remarquer, toutefois, l'absence des règles chez les

myxoedémateuses congénitales, et l'état infantile de

leurs seins et de leurs organes génitaux externes.

42 MYXOEDÈME infantile.

Si nous examinons, à ce sujet, les différentes malades

qui ont passé dans le service ou qui y sont encore

actuellement nous trouvons : Vath... (Augustine), 25

ans, non réglée, impubère : Gang'... (Clémence),

20 ans, non réglée, impubère; Besn... (Marie),

décédée, à 22 ans, non réglée, impubère.

V. Les idiots myxoedémateux sont très rarement

enclins à l'onanisme. Aucun des malades que nous

avons examinés ne se masturbait. Félicie fait cepen-

dant exception. Elle est très portée à l'onanisme,

aime à relever ses jupes, mettre ses poupées toutes

nues, à caresser leurs t'esses. Elle n'a pas le sentiment

de la pudeur.

VI. Chez tous ces malades, les myxoedémateux

infantiles, on observe une constipation opiniâtre à

laquelle on peut rattacher le prolapsus rectal qui

s'observe chez la plupart d'entre eux.

VII. Le traitement a oonsisté, chez Félicie, en l'ad-

ministration de glande thyroïde fraîche, incorporée

dans le potage, à la dose de 0,50 à 1 gr.25 par jour.

Il a été suivi très irrégulièrement, soit parce que

les thyroïdes manquaient, soit parce qu'elles n'étaient

pas fraîches, soit à cause des fréquents congés accordés

à la malade sur les instances des parents. Toutefois,

ce traitement thyroïdien paraît avoir produit une amé-

lioration appréciable. Sous son influence le poids de

l'enfant a diminué (tableau des poids), la taille a aug-

menté, le volume de la langue est allé en décroissant,

la dentition, très en retard, s'est mise à évoluer d'une

façon à peu près normale, la transpiration est apparue.

Une modification s'est également produite dans l'état

mental de la malade qui est devenue plus gaie, plus

éveillée. Nous devons noter, qu'après l'administration

de la glande thyroïde, le sommeil de l'enfant était tou-

Traitement thyroïdien. 43

.jours plus agité. Une tante maternelle rappelle qu'à

l'entrée, sa tête ressemblait à une «noix de coco. »

Elle a maintenant une chevelure abondante.

VIII. Parallèlement au traitement thyroïdien on ins-

tituait une éducation spéciale des mouvements et de

la marche. Chaque fois que cette éducation a été pour-

suivie un certain temps avec persévérance, on a obtenu

une amélioration dans la station debout et même dans

la marche. Malheureusement, à chaque retour de con-

gé, on constatait que l'enfant avait perdu une partie

de l'amélioration précédemment obtenue.

IX. Voici le résumé des traitements institués :

Premier traitement.

Du 11 février au 12 août 1898 avec 48 suspensions, soit 134

jours de traitement.

44 ' Traitement thyroïdien.

Quatrième traitement.

Du leur octobre au 15 décembre avec neuf jours de suspen-

sion, soit 18 jours.

III.

Corps étrangers de l'oesophage ;

Par ItOURNEVILt.E, LAUUENS et DIONIS DU SÉJOUR.

Nous avons eu l'occasion en maintes circonstances

de rapporter des cas de corps étrangers introduits

dans les voies aériennes chez les épileptiques, soit

durant un accès, soit pendant les repas. Ces accidents

sont dus à ce que certains malades mastiquent mal

les aliments et les avalent gloutonnement, ou qu'ils

ont l'habitude de conserver des corps étrangers dans

leur bouche (1). Les deux cas suivants ont trait à des

corps étrangers de l'extrémité supérieure de l'oesopha-

ge. Ils ont été communiqués à la Société anatomique

dans sa séance du 10 décembre.

Observation I. Corps étranger de l'oesophage chez un idiot;

Hématémèses foudroyantes ; Mort.

Sommaire. Père alcoolique. Tante paternelle morte d'un

abcès cérébral. Une autre tante aliénée. Trois frères

morts jeunes de convulsions. Dix neveux morts de

méningite. - Un frère a eu des convulsions, un cousin

a un pied bot.

Mère, morte de tuberculose pulmonaire, alcoolique. - Un

cousin criminel.

Notre malade : Convulsions à trois mois ; à 4 ans mordu

par un chien et, à la suite, premier accès d'épilepsie.

(1) Compte-rendu de Bicétre de 188G, p. 206, et 1893, p. 154.

46 IDIOTIE ET ÉPILEPSIE.

Pendant six mois : un accès par jour, puis deux ou trois

par jour jusqu'à 7 aa.s. Rémission d'une année.

A 8 ans : nouveaux accès, modification du caractère qui

devient irritable. Affaiblissement de l'intelligence.

Onanisme. - Accès de plus en plus fréquents. Démence

et déchéance progressives. Intelligence nulle, parole

difficile, traînante, nasillarde. Mort causée par un

corps étranger de l'extrémité inférieure du pharynx avec

perforation et abcès rétro-pharyngien.

Mars... (Albert-Antoine), né à Asnières, le 7 juillet 1883,

est entré dans le service le leur mars 1899.

Antécédents héréditaires. -. Renseignements fournis par sa

mère. - Père, 45 ans, maçon, n'a jamais eu de convulsions,

pas de chorée, pas de rhumatismes, pas de dartres, pas de sy-

philis. Etant soldat a été atteint d'érysipèle de la face, accom-

pagné de chute des cheveux et de la barbe, qui ont très bien

repoussé. Alcoolique, buveur d'absinthe. En Afrique, où il a

fait son service militaire, il buvait en moyenne, un quart d'ab-

sinthe par jour. Depuis son retour en France, il a toujours

continué à boire deux ou trois verres d'absinthe par jour et

une chopine de vin il chaque repas. Il présente, du reste, tous

les signes de l'alcoolisme chronique : pituites, caucliemars,

crampes, léger tremblement. Il fume pour vingt-cinq centi-

mes de tabac par jour. Son caractère est vif, emporté : « une

fois en colère, dit-il, je ne sais plus ce que je fais ».

Famille du père . Père, mort il 78 ans, jamais malade,

buvait peu, ne fumait pas. Mère, âgée de 77 ans, a toujours

été bien portante. Elle est sourde depuis fort longtemps.

Les grands parents du côté du père et du coté de la mère

sont tous morts vieux. Trois tantes : l'une, âgée de 55 ans,

est en parfaite santé, l'autre est morte d'un abcès cérébral

consécutif à une otite moyenne aiguë ; la troisième, il la suite

de revers de fortune, devint aliénée; elle est morte à 08 ans

Sept soeurs et cinq frères, presque tous morts en bas de

convulsions. Parmi les frères et soeurs encore en vie, on note :

une soeur qui, de temps il autre, a des «idées noires », des

«idées bizarres», des envies de faire du mal; une soeur qui

est sujette aux migraines : celles-ci surviennent en dehors

des périodes menstruelles; une autre soeur a eu dix-neuf en-

fants dont seize sont morts jeunes de méningite ou de coque-

luche. Un frère, âgé actuellement de 43 ans, a eu des convul-

sions de l'enfance et n'a marché qu'à quatre ans. Dans le

Antécédents héréditaires. 47

reste de la famille on ne trouve pas d'aliénés, pas d'idiots,

pas d'épileptiques, pas d'apoplectiques, pas de paralytiques,

pas de bègues, pas de tiqueux, pas de sourds-muets. Un

cousin avait un pied-bot. Il n'y a pas eu de suicides, ni de

prostituées, ni de criminels.

Mère, morte à 38 ans de tuberculose pulmonaire. Elle

avait sept ans de moins que le père. Jamais de convulsions,

ni de chorée; f. typhoïde à 19 ans, sans phénomènes nerveux ;

rhumatisme articulaire aigu à 36 ans. Elle buvait fréquem-

ment de l'absinthe, elle était très nerveuse et d'un caractère

emporté.

Famille de la mère. - Père inconnu. Aucun rensei-

gnements sur la mère qui est morte. - Un cousin a été

pendu en Angleterre, pour crime. Dans le reste de la famille,

on ne trouve rien à signaler.

Pas de consanguinité. Le père avait sept ans de plus que

la mère.

Neuf enfants : 1° fille, 18 ans, scrofuleuse, actuellement en

bonne santé, pas de convulsions; 2° notre malade; 3° fille, 14

ans, jamais de convulsions, bien portante, d'une très mé-

diocre santé; 4° mort-né; 5° garçon, pas de convulsions, peu

intelligent; 6° enfant, ayant mal aux yeux, taie sur l'oeil droit,

pas de convulsions, pisse encore au lit, va à l'école où il n'ap-

prend rien; 70 fille, morte accidentellement à 11 mois en tom-

bant dans un seau plein d'eau ; 80 fille, 5 ans, n'a jamais rien

eu; 9° fausse couche au 3e mois.

Notre malade. - Au moment de la conception, les parents

étaient à leur aise, étaient bien portants, sympathisaient. Pen-

dant la grossesse, rien à noter. L'accouchement a eu lieu

à terme, naturel, le travail a été de courte durée : pas de chlo-

roforme, présentation du sommet. A la naissance, l'enfant

était gros, bien portant, on ne peut dire s'il était ou non en

état d'asphyxie. -'Allaitement par la mère, au sein, sevré à

2 ans, les premières dents ont fait leur apparition de bonne

heure, pas de retard de la marche, ni de la parole, propre

de bonne heure.

Antécédents morbides : Vers l'âge de 3 mois l'enfant a eu

des convulsions, Elles n'intéressaient que la face et ne se

sont produites que 3 jours de suite. Jusqu'à l'âge de 4 ans,

l'enfant n'a présenté aucun accident nerveux. A cet âge il fut

mordu à la fesse par un chien. Une heure après, étant iL table,

il a eu un accès épileptique : chute, perte de connaissance,

48 Antécédents personnels.

convulsions toniques, puis cloniques des quatre membres,

pas de morsure de la langue. A partir de cette époque et

pendant six mois l'enfant a eu chaque jour un accès. Puis les

accès deviennent plus nombreux, on en compte deux ou trois

par jour; ils ont lieu pendant la journée ou durant la nuit. Il

en est ainsi jusqu'à l'âge de 7 ans. Le malade reste alors près

d'une année sans avoir d'accès. Mais vers 8 ans les crises

réapparaissent plus fréquentes. Après chacune d'elles l'enfant

titube comme un homme ivre et marche courbé en deux.

Depuis l'âge de 10 ans, l'intelligence s'est très affaiblie. Le

caractère du malade est irritable, coléreux, méchant, surtout

après les accès. Un jour, après une crise, il manifesta l'envie

d'étrangler sa soeur âgée de 1'1 ans et le père dut intervenir

pour l'en empêcher. L'enfant n'est ni gourmand, ni voleur ;

pas de salacité, de pyromanie, de clastomanie, d'alcoolisme,

mais on constate l'onanisme et un penchant très marqué à

exhiber ses organes génitaux. La cligestion et la respira-

lion sont normales. Les sens sont normaux.

Avant les accès, le malade éprouvait souvent des étourdis-

sements. On ne signale pas de céphalalgie, pas de krouo-

manie, pas de changements de coloration de la face, pas de

secousses brusques, pas de tremblements. Les senlimenls

affectifs sont assez développés. Le sommeil est bon, sans

cauchemars, sans accès de cris ; pas d'attaques de sommeil.

La mémoire est très faible, le raisonnement nul. L'enfant

sait un peu lire et compter. Il ressemble il son père, au

double point de vue physique et moral. Il a été employé par

lui comme maçon, on a dû renoncer il cet apprentissage

les accès devenant trop fréquents.

Vacciné à G mois avec succès, le malade a eu la rougeole

il trois ans, mais pas d'autres maladies infectieuses. Tout

jeune il a eu la gourme, accompagnée d'adénite sous-maxil-

laire, d'adénite de la nuque, et des ganglions du cou, pas

d'otorrhée, ni de maux d'yeux, ni de maladies de peau. Aucun

traumatisme céphalique ou autre. Les parents attribuent la

maladie de leur fils à la morsure d'un chien, le premier accès

s'étant montré une heure après.

Etat actuel. L'enfant paraît en bonne santé, son teint est

rosé, sa physionomie est atone. Les cheveux, châtain foncé,

sont peu épais, bien implanlés, sans épi; quelques cicatrices

de petites dimensions où les cheveux manquent. Les ganglions

sous-maxillaires, sous-mentaux, ainsi que ceux de la nuque

sont engorgés. Au niveau de la partie externe de la bosse

DESCRIPTION DU malade. 49

frontale gauche, on note une cicatrice linéaire, oblique en bas

et en dedans.

Le crâne, de volume normal, estbrachycéphale, symétrique,

sans traces de fontanelles. Le front, moyen, est bombé avec

des bosses frontales appréciables. Le visage est ovale, les

arcades sourcilières légèrement saillantes, les sourcils bruns,

bien implantés, ne se rejoignent pas sur la ligne médiane, les

paupières normales, sans blépharite. Les fentes palpébrales

sont ovales, régulières, les cils bruns, bien implantés. Les

yeux ont une motilité normale, ils ne présentent pas de lésions

appréciables : pas d'exophtalmie, pas de strabisme, pas de

paralysie, pas de nystagmus. L'iris est bleu pâle, les pupilles,

dilatées, réagissent à la lumière et à l'accommodation. L'acuité

visuelle paraît normale, les couleurs sont mal distinguées, on

ne constate pas de diplopie, ni de polyopie, ni de rétrécisse-

ment du champ visuel. - Le nez est droit, le lobule bien

développé et rouge, de volume normal, sansbifidité ni dévia-

tion. L'odorat est naturel. Les pommettes sont peu saillantes,

symétriques ; la joue gauche semble plus flasque, plus pen-

dante que la droite. La bouche est de dimensions moyennes;

les lèvres sont bien conformées, non éversées, la langue est

de dimensions normales, sans tremblement de la pointe ;

le palais, le voile du palais, les amygdales, le pharynx, sont

normaux. Le goût est bien développé. - Les dents sont

saines et bien implantées. Le menton est rond, sans

prognathisme. Les oreilles sont grandes, écartées du

crâne, saillantes en avant et en dehors, l'hélix est peu accusé

à la partie moyenne, le tubercule de Darwin existe à l'oreille

gauche.

Le cou mesure 31 cm. de circonférence, le corps thyroïde

est perceptible, le larynx fonctionne d'une façon normale. Le

thorax et l'abdomen sont bien conformés.

Les membres supérieurs sont bien développés et bien con-

formés, les mouvements volontaires sont lents et maladroits,

les mouvements provoqués sont possibles en tous sens, la

sensibilité est obtuse, les ongles sont normaux.

Les membres inférieurs sont développés régulièrement, la

station debout est possible, mais la marche est ataxique, les

pas sont incertains, le malade talonne, titube. On ne trouve

pas le signe de Romberg. Les mouvements provoqués sont

possibles en tous sens. Les réflexes rotuliens sont exagérés.

La voûte plantaire est normale.

La région anale est bien conformée et glabre. Le pubis

est parsemé de poils. La verge mesure cinq centimètres de

Bourneville, Bicêtre, 1900. 4

50 IDIOTIE ET épilepsie. 1

longueur et cinq de circonférence, le prépuce est long, les

bourses présentent quelques poils, les testicules sont de la

grosseur d'un oeuf de moineau. La sensibilité est obtuse dans

ses trois modes. L'intelligence est à peu près nulle, la parole

est lente, difficile, traînante, nasillarde comme si la langue

était inhabile.

La respiration, la circulation, la digestion sont normales.

Gâtisme.

Traitement : élixir polybromuré de 2 à 8 grammes ; douches ;

petite école, demi temps. >

Température rectale à l'entrée.

Marche DES accès ; température. 51

pupillaire. L'examen des autres organes reste négatif. Le 2,

T. R. 3î,3 natia et soi ? - Le 3, 'l'. R. 31,i et 31,2. -

Le 4, T. R. 37°,2 et 37". Le 5, T. R. 31a,2 et 370,4. Cet

état persiste jusqu'au 5 novembre, jour de la mort.

52 Idiotie et épilepsie.

Aucun accès du ICI' au 5 novembre, c'est-à-dire durant les

accidents occasionnés par le corps étranger.

Température pendant les accès.

iIT : VINGO-1',NCÎsPI3ALITP; corps étranger DE l'oesophage. 53

Autopsie faite 27 heures après le décès. Le corps a une

coloration violacée à peu près générale, mais prédominant

au niveau du cou. Le thorax offre une dépression trans-

versale très accusée au-dessous de la huitième côte, par

suite d'une saillie anormale des Berne, 7< ? et 8emo côtes.

TÈTE. -Le cuir chevelu est assez épais, sans ecchymoses.

Crâne plagiocéphalique : frontal droit saillant, occipital

droit déprimé. Les os sont durs, moyennement épais. Les

sutures sont nettement définies et sont gorgées de sang.

Nombreuses adhérences au crâne de la dure-mère, qui est

un peu épaissie, surtout de chaque côté de la faulx. - Les

sinus sont remplis de caillots noirs. La glande pituitaire

semble normale. L'apophyse crista-galli est mince, triangu-

laire et assez longue. Pas d'asymétrie des fosses de la base

du crâne. Le trou occipital semble avoir ses dimensions

normales. La pie-mère, non vascularisée, a partout un

aspect assez louche ; elle est un peu épaissie aux environs du

chiasma et de la scissure de Sylvius. Les nerfs, les artères,

etc., de la base de l'encéphale sont égaux. Les pédoncules,

la protubérance, le bulbe et le cervelet ne présentent rien à

noter.

Hémisphère droit. Cet hémisphère est conservé pour

examen histologique.

Hémisphère gauche. La pie-mère est un peu épaissie,

comme collée sur les circonvolutions. Il n'y a d'adhérences

qu'au niveau de la face antérieure du lobe frontal. Les cir-

convolutions sont en général grêles. On observe un aspect

assez chagriné des circonvolutions de la face interne, princi-

palement des circonvolutions du corps calleux et du lobe

carré.

Des deux côtés, la corne d'Ammon, les masses centrales,

les ventricules latéraux n'ont rien de particulier.

Thorax. - Quelques adhérences au sommet et à la base du

poumon gauche; congestion. Mêmes lésions, mais un peu

plus prononcées du poumon droit. Les bronchioles, section-

nées, laissent échapper un liquide purulent. Une odeur parti-

culièrement nauséeuse, s'exhale du parenchyme pulmonaire ;

aucun noyau gangreneux. Coeu)' ; péricarde, rien. Gros

caillots dans l'auricule droite ; gros caillots fibrineux dans

les deux ventricules. Trou de Botal oblitéré.

AriDOwN. - Les différents viscères ne présentent aucune

lésion. L'appendice est en position rétro-cæcale ascendante;

il mesure 8 centimètres, son méso est très court.

54 CORPS étranger DE l'oesophage. «

Cou. Le corps thyroïde, mis à nu, présente un lobe droit

volumineux, jaunâtre, laissant sourdre à la moindre pression,

quelques gouttes de pus. Son lobe gauche a l'aspect d'une

poche à parois grisâtres, tomenteuses, friables, à fond rempli

de détritus putrilagineux. De chaque côté du conduit

laryngo-trachéal et particulièrement du côté gauche, le long

du paquet vasculo-nerveux du cou, on aperçoit une traînée

purulente ayant infiltré le tissu cellulaire. Nous sectionnons

l'oesophage et la trachée le plus bas possible. L'oesophage

apparaît rempli de pus. Attiré en avant avec le pharynx,

on découvre une fusée purulente qui a cheminé dans le tissu

cellulaire rétro-oesophagien. Le pus remonte en haut jusqu'à

la base du crâne, descend en bas jusqu'à la première vertèbre

Fin. 7.

Corps étranger de l'oesophage. 55

dorsale. Sur les côtés, il s'étend le long des carotides, se

fusionnant avec les traînées purulentes latérales signalées

plus haut. Nous examinons d'abord avec soin l'état des ver-

tèbres que nous trouvons intactes. Puis, nous enlevons le

pharynx et l'oesophage avec le larynx et le corps thyroïde.

Par une coupe pratiquée suivant la ligne médiane de la face

postérieure du pharynx et de l'oesophage, nous apercevons un

corps étranger volumineux. (Fig. 7). C'est un os de forme

prismatique triangulaire. Il est placé en arrière du chaton

cricoïdicn. Son grand axe est dirigé obliquement de gauche

il droite et de haut en bas et mesure 3 c. 1/2. Son sommet esl

fixé à gauche dans la gouttière pharyngo-laryngée. La base,

rugueuse, mesure 2 centimètres dans son plus grand diamètre

et un centimètre d'épaisseur. Elle a perforé la paroi du con-

duit pharynyo-aesophagien en deux points. Une perforation

siège à droite de la ligne médiane postérieure, à un centimè-

tre environ de cette ligne. L'autre perforation est plus en

dehors ; elle s'est faite sous le corps thyroïde que l'os a

endommagé. La face postérieure de ce corps étranger est

lisse et fait une saillie notable dans le conduit pharyngien.

Son bord supérieur, légèrement concave, à concavité supé-

rieure, se trouve au niveau de la partie moyenne du chaton

cricoïdien. Son bord inférieur, rectiligne, oblique en bas et

à droite est situé au-dessus d'une ligne passant par le bord

inférieur du cricoïde, comme l'indique la tige métallique que

nous avons placée à ce niveau. Le corps étranger est donc

pharyngien, rétro-cricoïdien, car il n'empiète sur l'oesophage

que dans une étendue de quelques millimètres (1).

Poids des organes.

56 CORPS étranger DE l'oesophage.

Corps étranger de l'oesophage. 57

d'épilepsie ; un accès quotidien pendant six mois ;

puis deux ou trois accès par jour pendant six mois ;

- rémission d'un an. A huit ans, réapparition des

accès qui sont fréquents. Ce fait vient à l'appui de

l'opinion des médecins qui soutiennent que tous les

enfants qui ont eu des convulsions sont menacés

d'épilepsie et que ces enfants ont besoin d'une hy-

giène et d'un traitement appropriés, grâce auxquels

il est possible, en modifiant la diathèse, de prévenir

l'épilepsie (1).

La déchéance, déjà très prononcée à l'entrée, n'a

fait que s'accroître. L'enfant, en 1899, a eu en moyen-

ne 145 accès par mois et, en 1900, 112. Dans des

conditions semblables, il n'y a pas à espérer d'amélio-

ration sérieuse. Les lésions méningitiques observées

à l'autopsie rendent compte de la déchéance progres-

sive.

III. En ce qui concerne le corps étranger de l'oeso-

phare, nous notons, en première ligne, l'absence

presque complète de troubles fonctionnels.

Chez notre malade, dément épileptique, la sensibi-

lité générale était très obtuse, il n'y a rien de surpre-

nant qu'il en ait été ainsi. Si, à cette absence de signes

fonctionnels, on ajoute l'impossibilité où se trouvent

les malades, comme les noires, de fournir des rensei-

gnements précis, on conçoit quelle peut être la diffi-

culté du diagnostic en pareil cas. Nous tenons, ensuite,

à faire remarquer que le corps étranger occupait

une situation rétro-cricoïdienne. C'est, en effet, en

arrière du chaton cricoÙlien que s'arrêtent, comme le

disent MM. Poulet et Bousquet et les classiques, les

corps étrangers de l'extrémité supérieure des voies

(1) On ne saurait trop répéter aussi que le médecin doit intervenir énergi-

quement dès les premières manifestations susceptibles d'être rattachées à

l'épilepsie : cauchemars, terreurs nocturnes, secousses, vertiges, etc.

58 CORPS étranger DE l'oesophage.

digestives. Il est très rare, comme l'a rappelé à la

Société anatomique M. P. Delbet, en 1895, que les

corps étrangers se fixent à l'extrémité supérieure de

l'oesophage.

OBS. II. Corps étranger de l'oesophage chez un idiot; Hématé-

mèses foudroyantes ; Mort (1).

SOMMAIRE. Père, fréquentes céphalalgies, éthylique. -

Grand'mère paternelle, violentes migraines. - Cousin et

cousine, débilité mentale. Mère, convulsions, crises de

nerfs, fièvre typhoïde grave. Grand-père maternel, dia-

bète. Grand'mère maternelle très nerveuse, périodes

d'amnésie. - Arrière-grand-père maternel, mort de con-

gestion cérébrale. -Arrière-grand'mère maternelle, morte

à sa 3e attaque de paralysie. Bisaïeule aliénée. Un

cousin et une cousine, convulsions de l'enfance. Deux

frères, un demi-oncle et une demi-tante maternels, con-

vulsions.

Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 6 ans.

Colères fréquentes, chute sur l'abdomen pendant la grosses-

se. Présentation de la face. - Accouchement difficile. -

Asphyxie bleue. Pas de convulsions. Broncho-pneu-

monie à 7 mois. Diarrhée infantile à 13 mois. Impétigo.

Rougeole. Crises de diarrhée à 7 ans. Broncho-

pneumonie à 8 ans. - Idiotie complète. Corps étranger

de l'oesophage. Ilématé112éses. - Mort.

AUTOPSIE. - adhérences de la pie-mère à l'hémisphère

droit. - Pas de dilatation du ventricule latéral.

Décortication de la pie-mère difficile sur l'hémisphère

gauche. Plaques circonscrites de méningo-encéphalite

chronique. - Corps étranger de l'oesophage. Persis-

tance du trou de Botal.

Meu... (Charles), né à Paris le 20 juin 1890, est entré dans

le service le 25 septembre 1896. Enfant, naturel.

Antécédents (Renseignements fournis par la mère). - Père,

37 ans, maroquinier, bien portant, n'aurait jamais eu de convul-

(1) Cette observation a été rédigée avec M. Dionis du Séjour et la pièce

a été présentée également à la Société anatomique (déc. 1900).

Antécédents héréditaires. 59

sions ; il se plaignait souvent de céphalalgies ; fièvre typhoïde

à 35 ans ; pas de syphilis. Ethylique, il buvait plusieurs litres

de vin dans sa journée. - Il a vécu maritalement avec la mère

pendant six ans. Ils se sont séparés parce que le père voyait

d'autres femmes. Son père est mort de pneumonie, aupa-

ravant bien portant. Mère, sobre, en bonne santé, aurait eu

autrefois de violentes migraines. - Grands-parents, aucuns

renseignements. Deux oncles morts vers l'âge de 70 ans

et une tante morte vers 8-4 ans. Une cousine du père est

entrée à la Salpêtrière pour débilité mentale, - Un cousin

« loufoque », dit-on, ayant une certaine aisance a pu se marier

et a eu un enfant arrière. Ni frères ni soeurs. Pas d'autre

tare nerveuse ou de malformation à signaler dans la famille.

Mère, 31 ans, couturière, sobre. Règles abondantes dès le

début, à 11 ans. Ordinairement bien portante. Elle aurait eu

des convulsions dans l'enfance, et, de 15 à 19 ans, des crisesde

nerfs revenant environ tous les deux mois sans causes. Cette

période concordait avec une croissance exagérée : « à 15 ans,

j'étais excessivement petite, j'avais la taille d'un enfant de neuf

ans ; en trois semaines, je suis devenue grande comme je suis

aujourd'hui ». (Elle est de bonne taille). Fièvre typhoïde grave

à 19 ans avec délire et inconscience ; pendant sa fièvre

typhoïde les crises nerveuses auraient cessé. Elle n'en a eu

depuis que rarement, la dernière date de 1897. Pas de mi-

graines. Son père est mort de diabète, sa mère vivante,

très nerveuse, a présenté des périodes d'amnésie. - Grand-

père paternel mort vers 72 ans, sobre. Grand'mère paternelle

morte subitement de congestion cérébrale. - Grand-père

maternel, sobre, a succombé à sa 3- attaque de paralysie.

Grand'mère maternelle morte à 76 ans de pleurésie, pas

d'accidents nerveux; la mère de cette dernière est morte

aliénée. La grand'mère maternelle du malade aurait épousé

en secondes noces un épileptique dont elle aurait eu deux

enfants, un garçon, mort de convulsions à 15 jours, une fille,

bien portante, âgée de 23 ans, qui aurait eu des convulsions.

Pas d'autres épileptiques dans la famille, etc.

Pas de consanguinité. Différence d'âge, 6 ans. (Père plus

âgé).

Quatre enfants : 1er Garçon, mort de convulsions à 5

semaines ; - 2° fausse couche à 6 mois 1/2, survenue un mois

après une scarlatine ; - 3e notre malade ; 4° garçon âgé

60 Idiotie profonde.

aujourd'hui de 4 ans 1/2 ; a eu des convulsions, puis de l'ec-

zéma.

Notre malade. Rien de particulier à la conception (1), si ce

n'est que la mère venait de subir l'opération du curettage

pour métrite. - Grossesse. Colères très fréquentes, aurait fait

une chute sur l'abdomen dans le cours du 8 mois, ni albu-

mine, ni syncopes, ni pertes pendant la gestation. L'enfant a

remué vers le 4° mois, « plus tôt que les autres ». -Accouche-

ment à terme, mais difficile, les douleurs ont duré 3 jours,

présentation de la face, peu de liquide amniotique, le foetus

serait resté 3 heures au détroit supérieur.

A la naissance, pas de circulaire du cordon, mais asphyxie

bleue, bosse séro-sanguine sur le front. L'enfant était très

chétif, ne pesait que 1.800 gr. ; nourri au sein par sa mère, il

a été sevré il 18 mois. Première dent à 8 mois, n'a jamais parlé,

marche a 26 mois, gâtisme. Gourmand et vorace, mastica-

tion bonne. - Pas de convulsions. - Broncho-pneumonie

à 7 mois ; diarrhée infantile à 13 mois. - Pas de fièvres érup-

tives. Impétigo du cuir chevelu. Vertiges dont on ne peut

préciser la nature. - Nombreuses éruptions suspectes et des

furoncles vers l'âge de 3 à 4 mois. Pas d'ophtalmie, ni

d'otite. Mémoire et intelligence nulles.

État actuel. Enfant chétif et malingre. Physionomie sans

expression ; attention difficile à fixer.

Cheveux blonds, implantés irrégulièrement, les poils empié-

tant sur le front et les joues, pas d'épi. Crâne symétrique,

de petit volume allongé d'avant en arrière et allant en s'élar-

gissant dans le même sens ; aspect de microcéphale.

Fontanelles oblitérées; on note un épaississement au niveau

de la suture coronalc. Bosses occipitale et pariétale gau-

ches plus saillantes que les droites. Face ovale, arcades

sourcilières aplaties, ombrées de sourcils très fins. Paupières

normales, yeux mobiles, iris gris, pupilles égales. La vision

semble normale. Nez aplati, à base élargie. Pommettes

normales. - Bouche petite, lèvres moyennes. - Oreilles, rien

de particulier. - Voûte palatine ogivale. Langue petite.

Le corps de l'enfant est bien conformé, les membres supé-

rieurs sont gros, fermes, sans attitudes spéciales, ils jouissent

de tous leurs mouvements. Membres inférieurs de même,

(1) Toutefois, le père était très porté aux rapports quand il avait bu.

Description DU malade. 61

l'enfant marche tantôt assez bien, tantôt il s'arrète tout d'un

coup, chancelle et tombe. Réflexes rotuliens réguliers;

pas d'atrophie ni de contractures.

Thorax normal. Rien à l'auscultation et à la percussion.

Abdomen, rien de particulier.

Puberté. Corps entièrement glabre. Verge de 4 centimètres

1/2 de long sur 4 centimètres de circonférence. Phimosis

assez serré. Bourses à peine dessinées, testicules descendus

mais à l'anneau. Région anale naturelle.

Sensibilité. Sensibilité générale conservée. Organes

des sens normaux. Pas de tics ni de manies. Au point de

vue intellectuel, l'enfant est très peu développé. Caractère

grincheux et coléreux. Instruction nulle, l'enfant ne pro-

nonce que quelques mots. Fonctions digestives normales;

il n'est pas complètement gâteux. Il ne sait pas manger seul,

il préfère la viande qu'il s'insurgite avidement. - Il n'aide

en rien pour s'habiller et se laver. Les sens et le sommeil

sont normaux. Accès de cris. L'enfant est sujet à de

petites secousses qui font tressauter et chanceler le corps,

elles sont suivies d'un très léger tremblement des membres

supérieurs. Elles sont plus fréquentes à certains jours et

alors l'enfant crie sans motif et est plus irritable que d'habi-

tude. .

Température à l'entrée.

62 Idiotie profonde.

30 janvier. Aujourd'hui on constate de la faiblesse, de l'a-

maigrissement, de la bronchite et une diarrhée fétide avec sel-

les noirâtres fréquentes.

Février.- L'enfant guéri repasse dans sa division.- Trai-

tement : huile de foie morue, sirop d'iodure de fer, hydrothéra-

pie.

2 juillet. Nouvelle crise de diarrhée (lait et sous-nitrate

de bismuth). Au point de vue intellectuel, l'enfant semble

s'être amélioré mais on ne note pas de progrès, quant à la

parole. Il est plus gai, crie moins souvent, a plus rarement

des colères, s'intéresse davantage à ce qu'on essaie de lui

apprendre, ébauche un grand nombre de mots.

1898. Rien il signaler jusqu'au 5 mai où l'enfant entre à

l'infirmerie pour une broncha-pneumonie droite avec souffle

localisé à la partie moyenne du poumon sur la ligne axil-

laire. Râles fins, pas de dyspnée, pouls peu rapide.

9 mars. Amélioration dans l'état général.

15 mars, Le souffle et la dyspnée ont disparu ; quelques gros

râles sous-crépitants persistent, mais très clairsemés. - L'en-

fant reste longtemps à l'infirmerie et, faute d'écolage, ne fait

que peu de progrès au point de vue intellectuel.

1899. Rien de particulier pendant cette année. L'enfant

parle beaucoup mieux, est plus enjoué mais gâte toujours.

1900. 5 janvier. Mou..., atteint de pelade, est envoyé il

l'isolement. Traitement à la teinture d'iode et lotions subli-

mées. Traitement tonique général. L'enfant est devenu

plus gai, plus caressant, il exprime mieux ses besoins, il

ébauche toujours un certain nombre de mots sans arriver il

les articuler nettement.

10 avril. L'enfant est amené à l'infirmerie pour des héma-

témèses abondantes. Le 9 avril à 5 heures du soir, il est vu par

l'interne de garde qui prescrit quelques gouttes de laudanum

et de la glace. - Aucun renseignement n'est fourni sur les

phénomènes qui ont précédé les accidents. L'enfant a eu deux

hématémèses hier soir et trois cette nuit. Le sang rendu est

en quantité considérable, en caillots volumineux, ne présente

en outre rien de particulier. Les selles examinées sont noi-

râtres, le méloena abondant. L'enfant est exsangue, décoloré,

l'état général est très mauvais. Pouls perceptible, incomptable

tachycardie, 140 contractions cardiaques à la minute. La per-

cussion et l'aus cultationthoraciques sont négatives. L'enfant

HÉMATÉMÈSES.

63

ne manifeste aucune douleur et ne se plaint pas. L'examen

du pharynx, de la bouche et du nez sont négatifs. Ventre

souple, non ballonné. - Soir : 3'ï°, 5. -

11 avril. T. R. 36° le matin. Le malade est très pâle,

immobile et ne se plaint pas. Il a eu trois nouvelles hématé-

mèses sans qu'on puisse poser un diagnostic causal. Le sang

rendu est rutilant et en caillots volumineux. Le malade suc-

combe à 2 heures de l'après-midi au cours de sa troisième

hématémèse. - .

Mesures de la tête.

Corps étranger DE l'oesophage.

2 heures 30- 114-

3 heures 26- 14.

4 heures 1=^ 140

fin. 8.

l'uids après décès : il k. &00.

Corps étranger de l'oesophage. 65

Autopsie faite le 13 avril, 'i ! i heures après le décès. Rien

de particulier à noter ala surface du corps. L'ouverture de

l'abdomen ne révèle aucune particularité anatomique. Pas de

liquide péritonéal. Il en est de même il l'ouverture du thorax ;

les plèvres sont normales ainsi que le péricarde qui contient

sa quantité de liquide habituelle.

Crâne. Rien de particulier à noter sur la conformation du

crâne qui est ovoïde; pas de synostose. Quelques adhé-

rences des méninges entre elles au niveau des lobes frontaux.

Dure-mère exsangue. Les différentes fosses de la base

sont symétriques, le trou occipital est normal.

Cerveau, - Hémisphère droit. Pie-mère assez adhérente

du lobe frontal et surtout à la face interne du lobe frontal

et au niveau du lobe temporal où elle entraîne, en la décor-

tiquant, un peu de substance grise ainsi qu'au niveau de

l'extrémité postérieure de T2, sur le pli pariétal inférieur et

le pli courbe. - Pas de dilatation du ventricule latéral.

Hémisphère gauche. Décortication difficile sur la face

externe où elle entraîne, par places, des fragments de subs-

tance grise. - En résumé, sur les deux hémisphères plaques

circonscrites de méningo-encéphatite chronique.

Cou. - Corps thyroïde normal, pas de persistance du thy-

mus.

Thorax. Coeu;' : orifices artériels et auriculo-ventricu- ! aires normaux. Persistance très-large du trou de Botal.

Poumons : le droit est légèrement congestionné iL sa. base-

Pas trace de tubercules iL la surface ou à la coupe.

Le gauche offre les mêmes lésions.

CESOPIIAGE, A l'ouverture de ce conduit, on trouve au

niveau des 5 premiers anneaux de la trachée, une esquille

osseuse courbe, fragment de côte de 3 centimètres de long,

dont la convexité est tournée en bas et dont la pointe a per-

foré l'oesophage et fait issue par un orifice à bords nets, sur

la paroi latérale gauche de l'oesophage, à 3 cent. 1/2 au-des-

sus de la bifurcation des bronches. La muqueuse qui répond

aux deux faces est intacte mais la portion qui répond au bord

droit de l'oesophage et à la convexité de l'esquille présente

une vaste ulcération d'un cent. 1/2 de long sur 0,003 de

large. A ce niveau existe une petite parcelle osseuse détachée

de la principale. (Fig. 8).

A un centimètre au-dessous, on note : in l'existence, à droite

Bourneville, Bicêtre, 1900. 5

66 CORPS étranger de l'oesophage.

d'une seconde ulcération semblable, répondant de même à la

partie la plus convexe de l'esquille; 2° à gauche, d'une perfora-

tion plus petite répondant il la naissance de la bronche gau-

che. Les bords en sont nets, sans la moindre trace de suffu-

sion sanguine. Au-dessous de cette perforation siège une

ulcération profonde d'un centimètre carré environ, il bords

irréguliers. Il semble que le corps étranger a d'abord donné

naissance aux ulcérations inférieures et à la perforation et

que, sous l'influence des efforts de vomissements, il soit

remonté iL la place où nous l'avons trouvé.

Abdomen, - Raie sans lésions apparentes. Capsules

surrénales et Reins, normaux. - Coecum, rien. Appendice

vermiculaire long de 10 c. ! /2, libre, pourvu d'un méso trian-

gulaire. Intestin grêle, gros intestin, rectum, pancréas,

foie, voies biliaires normaux. Estomac trls-distcmlu. A

l'ouverture, il apparaît rempli d'énormes caillots sanguins.

Sa muqueuse est saine, sans traces d'ulcérations macrosco-

piques. Le pylore très-étroit laisse difficilement passer le

bout de l'index. - Vessie normale. Ectopie testiculaire

double, les testicules sont dans le canal inguinal.

IÉNINGO-WCI'HALI'rE. G7

nelle migraineuse, cousine atteinte de débilité men-

tale, cousin ce loufoque» ayant eu un enfant arriéré;

mère convulsions de l'enfance, puis crises de

nerfs, suspendues au cours d'une fièvre typhoïde ;

grand'mère maternelle sujette à des périodes

d'amnésie, un arrière grand père et une arrière

grand'mère, accidents cérébraux. Notons aussi un

demi oncle et une demi tante maternels aliénés, dont

le père était épileptique et qui ont eu des concul-

sions de l'enfance. Il en a été de même de deux frères

du malade.

II. L'état chétif de l'enfant est attribuable à une

grossesse assez mauvaise et l'idiotie il l'asphyxie iL la

naissance, duc il un accouchement laborieux et à la

présentation de la face, et qui parait avoir occasionné

des lésions de méningo-encéphalite.

III. Par suite des nombreuses maladies intercur-

rentes, le traitement H1.édico- pédiLgOg illue n'a donné

que des résultats très limités. Ce qu'on a obtenu

montre cependant que, bien que l'enfant fut atteint

d'idiotie complète, il était améliorable.

IV. La mort a été occasionnée par des hémorragies

abondantes, consécutives à une ulcération de l'oeso-

phage produite par un fragment d'os arrêté- dans ce

conduit.

Les deux faits qui précèdent prouvent la nécessité

d'un examen minutieux des aliments donnés aux

enfants idiots et d'une surveillance très attentive pen-

dant le repas. Malgré nos réclamations réitérées nous

n'avons jamais pu obtenir que les enfants idiots, les

plus malades, aient des aliments choisis en raison de

leur état de santé.

IV.

Idiotie profonde; améliorée considérablement par le

. - traitement médico-pédagogique ; -

PAR BOUIINEVILLE ET IZA1U).

Il s'agit, dans l'observation suivante, d'un enfant

atteint d'idiotie complète, entré à l'âge de 4 ans et

sorti très-amélioré à 8 ans.

Sommaire. - Père, rien de particulier. - Arrière grand'

mère paternelle paralysée. Grand-oncle paternel mort

poitrinaire. Autre grand-oncle paternel, alcoolique.

Cousin arriéré pour la parole. Mère et sa famille, rien

de particulier.

Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 5 ans.

Conception : rien de particulier. Grossesse : albuminu-

rie. Accouchement normal. - Première dent à 6 mois.

Marche à 13 mois. - Parole à ? Chute sur la tête à

un an. Onanisme. Pneumonie ai 14 mois. Hernie

inguinale opérée à 2 ans. - Clastomanie. - Krouomanie.

Dacnomanie. Gâtisme. Traitement médico-pédagogi-

que : amélioration notable. Sortie prématurée; envoi

dans une école ordinaire où l'amélioration progresse.

Marti... Gaston, âgé de 4 ans, né à Paris le 9 décembre

1892, entré le 22 février 18896, est sorti le 22 novembre- 1900.

Antécédents. (Renseignements fournis par la mère.

Père : 30 ans, sergent dans l'infanterie de marine, où. il s'est

rengagé après la naissance de l'enfant, et est parti aux colo-

nies. N'a jamais eu aucune maladie, sauf une hydrocèle qui

a été traitée par la ponction. Pas de migraines, pas de

Antécédents héréditaires. 69

convulsions, d'indices de syphilis. En 189 ? il la suite de

chagrins, de revers, le père de l'enfant s'est mis à boire.

Il buvait de l'absinthe et des liqueurs. Il fumait beaucoup.

Son caractère était généralement doux « sans fermeté. a

Il était cependant très sujet il des colères, au cours desquel-

les il criait beaucoup ; mais il restait toujours raisonnable

dans ses actes. Il ne frappait jamais et ne cassait rien.

Il est parti pour les colonies on août 1895.

Son père était parisien; on n'a aucun détail sur lui;

sa mère était de Gand où elle est morte de vieillesse. z

Le grand-père paternel est mort d'une maladie nerveuse,

la grand'mère paternelle est vivante mais paralysée complè-

tement ; elle est dans l'impossibilité de se servir de ses mem-

bres. - Aucun détail sur les grands-parents maternels. --

Quatre frères : un est mort à l'âge de 27 ans, de laryngite

tuberculeuse, dont il avait été opéré ; un deuxième « grand

viveur » faisait de nombreux excès de boissons et est mort

« épuisé M il l'âge de 40 ans. 11 a laissé deux enfants bien

portants. Les deux autres frères sont en bonne santé; ils n'au-

raient jamais eu de convulsions. L'un a eu 8 enfants, dont

trois sont morts, on ne sait de quoi; l'autre en a eu trois,

parmi lesquels un garçon qui n'a parié que vers 5 ou G ans,

et qui maintenant, va au collège, a la parole très libre et

apprend très bien. Il a 11 ans. Il n'y a aucun cas de mal-

formation ni autre particularité à signaler, dans le reste de

la famille paternelle.

Mère, 2G ans, cartonnière. Elle n'a jamais eu de convul-

sions ; a eu la rougeole et une bronchite : a l'<1je de 3 ans.

A l'âge de 3 ans 1/2 elle a été atteinte de phtisie mésentéri-

que ( ? ) ; elle a également eu des maux d'yeux. Elle est sujette

nux céphalalgies ; n'a jamais eu de maladies de peau.

Caractère assez vif : « J'ai le caractère emporté, mais pas de

rancune. » Réglée à 15 ans, a toujours été bien réglée

depuis.

Son père est en bonne santé. Sa mère est atteinte de

métrite. Aucun renseignement sur les grands-parents

paternels et maternels. - Pas d'oncles ni de tantes paternels

ou maternels. Ni frères, ni soeurs. Pas de consangui-

nité. Inégalité d'âge de 5 ans (père, plus âgé, de Paris ,

mère de Châtellerault).

Deuxen/àfifs : Io le malade, 2° une fille de 15 mois (mars 1901)

bien venue, pas de convulsions. - Jamais de fausse couche.

Notre malade. Au moment de la conception, la mère

70 Idiotie profonde.

supportait des privations. Le père avait une bonne place,

mais comme il était très joueur ; il dépensait tout ce qu'il

gagnait. - Le père et la mère, néanmoins, s'entendaient

bien à ce moment. Pendant la grossesse, la mère a vomi

presque tout le temps et très abondamment ; elle n'a eu ni

peur ni chute. Elle n'a bu que du lait. Elle ne peut nous dire

à quelle époque son enfant a commencé à remuer. Elle aurait

eu beaucoup d'albumine, et celte albumine n'aurait été

constatée que quinze jours avant la délivrance. L'accou-

chement s'est fait à terme, naturellement, sans intervention.

Le travail a été long ; l'enfant s'est présenté par le sommet.

La quantité des eaux et le moment de leur écoulement sont

inconnus de la mère. A la naissance l'enfant ne présentait

pas de signes d'asphyxie; il était chétif, et pesait it peine

3 livres ! '2. Il s'est d'ailleurs mis à grossir rapidement, et

pendant le séjour de la mère a St-Louis (2 semaines) il aug-

mentait de 60 grammes par jour. - Klové au sein, par

la mère, il l'a bien pris de suite et n'a pas ou d'accès

de cris. Il a été sevré iL 18 mois. - Première dent h li mois.

Le début de la marche a eu lieu à l'âge de 13 mois ; quant à

la parole, il est impossible de déterminer la date de son début.

D'ailleurs, l'enfant, avant l'entrée, n'a jamais dit que papa et

maman. Sa mère déclare spontanément que « tous les

progrès qu'il a faits, c'est ici. » Il n'a jamais eu de convul-

sions. Son caractère est violent, emporté ; il casse tout,

veut tout arracher ; en dehors de ces accès de colère, qui

sont assez fréquents ; l'enfant est calme. Ces colères ont

débuté à zns 1 ? ; il tapait les portes et les murs à coups

de pied : il devenait cramoisi en ces moments. - L'enfant

n'est pas gourmand ; il n'a pas d'accès de krouomanie ; il

avait des accès de clastomanie, au cours desquels il cassait

les verres, les assiettes. Il mordait sa mère. Il se livre il

l'onanisme depuis l'âge de H mois, cet onanisme est allé en

augmentant. « On le surveillait; il nous regardait et se tou-

chait devant nous, en riant. u - L'enfant mange bien, assez

proprement, quelquefois avec ses doigts. Pas de vomisse-

ments, ni de rumination ; selles quotidiennes : gâtisme. Il

n'aide en rien pour sa toilette ou son habillement.

A 14 mois fluxion de poitrine qui n'a pas eu de suites.

A 2 ans, hernie inguinale gauche, qui a été opérée a l'hôpital

Trousseau. Son caractère emporté a fait qu'on n'a pas pu le

garder longtemps à l'hôpital. - Ni rougeole, ni variole, ni

scarlatine, ni fièvre typhoïde, ni oreillons. Il a été vacciné

avec succès dans les premiers mois de son existence. Il n'a

Description DU malade. 71

eu ni otite ni ophtalmie. La mère ne sait s'il a eu des vers.

Il n'a jamais eu d'accidents scrofuleux. Jamais d'étour-

dissements. Sommeil calme sans cauchemars ni halluci-

nations. Il est beaucoup plus affectueux pour son père,

que pour sa mère, que dans ses mouvements de colère, il

frappe et mord. 1.'a ! (nnlion est peu développée ; il a

cependant un certain degré de mémoire, car il retient bien

certains airs et les répète facilement. Comme il n'est jamais

avec d'autres enfants, on ne sait s'il serait méchant avec eux.

Il comprend quand il fait bien et quand il fait mal. Il semble

écouter quand on lui parle, et manifeste qu'il comprend C3

qu'on lui dit. Il ressemble plutôt à la mère qu'au père.

L'enfant a été mis dans une crèche jusqu'à l'âge de 3 ans.

On trouvait drôle qu'il ne parlât pas. - On l'a ensuite mis

dans un asile, mais là on n'en a pas voulu, car il ne parlait

pas, « faisait sur les bancs et se salissait jusqu'à la ceinture. »

La mère attribue la maladie de son fils, il ce que, vers

l'âge d'un an, alors qu'il disait papa, maman ; en jouant sur

un lit assez élevé, a fait une chute sur la tète. Il n'a pas

perdu connaissance et s'est mis à crier. Conduit chez un

pharmacien, ce dernier aurait déclaré qu'il n'avait rien. Il a

d'ailleurs pris le sein aussitôt après.

Température à l'entrée.

72 Idiotie profonde

lantes. Paupières : bien conformées, limitant une fente

très grande. - Cils noirs très longs, dirigés en avant et en

dehors. - Orbites réguliers. Yeux mobiles, pas de stra-

bisme. Iris : gris bleu. Pupilles très dilatées, égales, réagis-

saut bien. L'état intellectuel de l'enfant ne permet pas

de faire l'examen fonctionnel de ses yeux.

Nez rond, petit, mince, retroussé. Pommettes assez sail-

Jantes; joues bien remplies. - Bouche de forme régulière ;

petite. Lèvres minces, la lèvre inférieure plus épaisse que

la lèvre supérieure. - Palais bien conformé, de forme nor-

male. Langue mince présentant des tremblements de la

pointe. - Menton pointu, en retrait sur le maxillaire supé-

rieur. - Oreilles implantées d'une façon régulière, peu

écartées de la tète. L'ourlet de l'hélix est aplati. L'ouïe est

bonne.

Thorax bien proportionné ; sans saillies rachitiques. La

respiration s'effectue facilement, sans embarras. Percussion,

normale. A l'auscultation, râles humides de bronchite.

Le coeur et le pouls sont réguliers et n'offrent rien ü noter.

L'abc(ornen présente une cicatrice opératoire, au-dessus

du pli de l'aine, à gauche, consécutive à l'opération d'une

hernie. La sonorité est normale.

Organes génitaux. La verge a une forme conique ; elle

présente un bourrelet sa partie moyenne, correspondant à

la base du gland. Un phimosis très étroit ne permet pas

de découvrir le gland. Les bourses sont plissées et vides.

De chaque côté, le doigt introduit dans le canal inguinal sent

le testicule gros comme une olive et bien mobile. - Le tes-

ticule du côté qui porte la cicatrice descend un peu plus bas,

dans le canal.

Membres supérieurs de forme normale, sans altitude

spéciale, exécutant tous les mouvements. - La force mus-

culaire et la sensibilité sont normales. Ongles aplatis,

rongés à leurs extrémités. - Membres inférieurs bien con-

formés, ne présentant rien de particulier ; ni paralysie, ni

contracture. Dans la station debout, l'enfant exécute un

mouvement rythmique de balancier droite et il gauche.

Examen fonctionnel : L'enfant marche bien, fait tous les

mouvements. Les mouvements provoqués s'exécutent bien ;

les réflexes sont normaux.

La sensibilité générale est normale. L'enfant, d'une

intelligence très peu développée, comprend pourtant a peu

près tout ce qui concerne les objets usuels. Sa parole est

à peine ébauchée ;

Traitement médico-pédagogique. 73

9 ? ? iars. Revacciné sans succès. - Traitement : 2 bains

salés par semaine.

Juin : Hydrothérapie sirop de fer - bains salés. -

L'enfant a été mis ;i la petite école ; il ne prononce que les

mots papa et maman. Il ne sait encore se servir que de sa

cuiller pour manger. Il mastique lentement et grignotte ses

aliments. Il ne sait pas s'habiller, ni se laver tout seul;

il a même l'air d'avoir de la répulsion pour l'eau. Il est moins

coléreux qu'a son entrée dans le service, mais ne joue guère

avec ses camarades. Il s'asseoit par terre, se traîne dans la

poussière et se met à crier quand on veut le faire lever.

Il est caressant pour les personnes qui le soignent et parait

beaucoup aimer sa mère.

En classe, l'enfant prête peu d'attention il ce qu'on lui fait

faire ; il commence cependant il lacer et à boutonner. On

n'a encore rien pu lui faire faire en gymnastique, pour

laquelle il semble avoir de la répugnance.

Juillet. Puberté ; Corps entièrement glabre. Testicules

à l'anneau. Anus normal. Verge : longueur : 3 centim. 1/2

circonférence : 4 centim. 1/2.

Novembre. - Arrêt des douches. Sirop de fer, bains salés,

huile de foie de morue ; petite école.

Décembre. L'enfant, malgré sa bonne volonté, ne fait

aucun progrès pour la parole. Il n'est plus gâteux et com-

mence ;'¡ se laver lui-même. - Il ne ronge plus ses.vêtements

et ne se balance plus de gauche à droite, comme il avait

l'habitude de le faire. Il est toujours capricieux et coléreux,

mais il devient plus familier avec ses camarades, et consent

il jouer avec quelques enfants de son âge. Il lace et

boutonne, mais ne sait pas encore nouer. En gymnastique,

il commence à bien faire les deux premiers mouvements

(assis, debout, en avant, en arrière)

1897. Janvier. Même traitement que l'année précé-

dente.

Juin. L'enfant devient plus aimable, il a l'air moins

maussade. Il commence à prononcer quelques mots : (pipi,

popo, dada). Il sait lacer ses souliers et s'habille tout seul.

Il a perdu complètement la manie de ronger ses vêtements,

et de se balancer. Il s'est tout à fait familiarisé avec ses

camarades. Il exécute bien les quatre premiers mouve-

ments de la gymnastique des échelles. Reprise des clou-

('Îles le 1 ? avril.

Décemb ? 'c. Arrêt desdouches. L'enfant commence à pro-

74 Idiotie profonde.

noncer un certain nombremots : merci, cerceau, pain, dada.

Il parle de façon plus intelligible, et se sert maintenant aussi

bien de sa fourchette que de sa cuiller. Il mastique norma-

lement. Il s'habille et se déshabille tout seul. Son caractère

est plus calme, il se fâche moins souvent et joue avec ses

petits camarades, sans les frapper. Il est devenu gai, et

chantonne ; on peut, maintenant, l'emmener en promenade ;

il s'intéresse à ce qu'il voit dehors, et questionne ceux qui

l'accompagnent. Il apporte beaucoup plus d'attention aux

exercices de la classe, où il a fait de réels progrès; il sait

placer les lettres, reconnaît les chiffres, les couleurs, les

surfaces, et sait enfiler des boules de bois et les aiguilles. -

Les mêmes progrès sont à noter en gymnastique.

1898. Les douches sont reprises le 1'" mai.

Juin. - L'enfant devient aimable, son caractère s'est

considérablement amélioré. Il parle maintenant assez bien ;

cependant sa prononciation est encore défectueuse, ainsi,

il supprime les t en parlant. - Il se développe bien au point

de vue intellectuel et paraît content de travailler. Il con-

naît bien les lettres, les chiffres et les couleurs. -

Août, - Puberté : Corps entièrement glabre ; testicules à

l'anneau. Verge : longueur. 4 cm, 5. Circonférence 5 cm.

anus normal.

Novembre. Arrêt des douches.

Décembre. - La parole est devenue fort intelligible ;

l'enfant sait demander ce dont il a besoin ; il raconte ce qui

se fait autour de lui, et remarque ce qu'il voit. Il est d'humeur

égale et n'est plus maussade comme par le passé. La

mémoire se développe, et son attention est facile à fixer.

1899. Anil. - Reprise des douches.

Juin. - L'amélioration continue, surtout au point de vue

de la parole, qui devient de plus en plus intelligible.

L'enfant commence à bien tracer les bâtons sur l'ardoise, et

nomme quelques lettres. Il apporte une grande attention à

ce qu'on lui fait faire et travaille volontiers. Il fait bien sa

toilette, mais se salit vite, car il se roule toujours dans la

poussière, en jouant.

Décembre : Arrêt des douches le 16; sirop de fer, huile de

foie de morue, bains, etc.

1900. Avril. Les douches sont reprises le 10.

Juillet ? L'enfant a fait des progrès satisfaisants pour

la parole, l'écriture, la lecture, et la gymnastique. Son intel-

Traitement \II·.Dlf.o-PI : DAf;OGTQ1 : 1;. 75

"'¡¡cnce s'est bien développée ; son caractère laisse bien

encore un peu à désirer, il se met encore en colère, mais

hien moins souvent qu'auparavant. - En résumé, l'amélio-

ration est très notable.

Septembre. Puberté, - Corps glabre. Testicules :

le testicule droit est descendu ; il est de la grosseur d'un : haricot. Verge : longueur Il cm, 5 ; circonférence 5 cm. z

' Anus normal.

Octobre. - L'enfant est mis en congé d'un mois, à titre

d'essai.

Novembre. - Malgré les conseils, la mère veut reprendre

son enfant. Il sort le 22 novembre 1900.

Réflexions. I. 1.'hérécl ile, à peu près nulle du

côté maternel, est relativement chargée dans la famille

du père, alcoolique, au moins à une époque. Un arrière

grand père est mort d'une maladie nerveuse, une ar-

rière grand'mère paternelle est paralysée, un oncle

paternel était alcoolique, et un cousin a été arriéré

pour la parole.

II. Le développement physique de l'enfant n'a rien

présenté de particulier. Le seul traumatisme qu'il a

subi consiste en une chute sur la tôle à l'âge d'un an.

Nous ne saurions préciser l'origine de l'idiotie.

Est-elle congénitale ou duc à la chute ? '(

III. Au point de vue intellectuel, l'enfant, son en-

trée à l31cî·tre, était atteint d'idiotie profonde avec

gâtisme, impulsions violentes et onanisme; la parole

était nulle. Malgré cela, sa physionomie était assez ou-

verte, il paraissait prêter \1111' certaine attention à ce qui

se faisait autour de lui. Aussi avons-nous porté un pro-

nostic favorable qui s'est confirmé. Mis à la petite école

dès son arrivée, l'enfant avait déjà fait des progrès

notables pour la propreté, au mois de décembre 1896.

11 avait même perdu quelques-unes de ses manies,

mais son caractère était toujours emporté, et les

progrès de la parole étaient nuls. En juin 1897, ilcom-

76 Amélioration considérable.

mencc à prononcer quelques mots, et son caractère

s'adoucit. En décembre de la même année, les progrès

s'accentuent, la parole devient plus intelligible ; la

propreté est complète, l'enfant s'habille et se désha-

bille seul. - L'amélioration persiste et va même en

croissant, dans le courant de l'année 1898. En 1899,

l'enfant parle de façon intelligible ; il trace des hâtons

ssr une ardoise et nomme quelques lettres. - Enfin'

il la fin de l'année 1900, il parle de façon il peu près

correcte, il écrit quelques lettres et commence il

savoir lire, seul son caractère laisse encore à désirer.

Il sort de l'asile de Bicêtre en novembre 1900, malgré

les conseils que nous donnons il la mère de l'y main-

tenir encore quelque temps.

En résumé les résultais obtenus sont excellents, et

tout porte il croire, que l'enfant fera de nouveaux

progrès, et deviendra à peu près tout à l'ail nor-

mal 1). '

(1). Tous les ans, un certain nombre d'enfants sont repris dans les mêmes

conditions. Nous avons revu cet enfant au moment de l'impression de son

observation (avril). Il a fréquenté régulièrement l'école où l'ouest content de

lui. Il a encore de temps en temps des impulsions violentes qui certes auraient

disparu si on avait cuiitintié le traitement (hydrothérapie, gymnastique,

etc.).

V.

Note statistique sur le rôle de la consanguinité dans

l'étiologie de l'épilepsie, de l'hystérie, de l'idiotie

et de l'imbécillité ;

l'AU nOUIli'iE\'ILIÆ,

Dans une note statistique, qui remonte à 1888 (1),

nous trouvions sur 926 observations 38 cas de con-

sanguinité, soit une moyenne de 4,1 0/0 se décom-

posant ainsi :

78 ÉtIOLOGIE : CONSANGUINITÉ.

1900. Ses recherches ont porté sur 1.713 (le nos obser-

vations (garçons et filles) ; 46 cas de consanguinité ont

été relevés, soit une moyenne de 2.68 0/0 se décom-

posant ainsi :

ÉTIOLOGIE : CONSANGUINITÉ.

79

80 Etiologie : consanguinité.

térie, d'idiotie, etc. C'est là une opinion que nous

avons formulée il y a longtemps et que conlirme cette

nouvelle statistique.

VI. - .

Idiotie microcéphalique : cerveau pseudo-kystique ;

Par BOURNEVILLE et OBERTHUR.

Ainsi que nous l'avons souvent fait remarquer, la microcéphalie,

loin de répondre à une lésion anatomique toujours la même, a

pour cause des lésions très diverses : arrêt de développement des

circonvolutions, avec ou sans malformations, sclérose atrophique,

méningo-encéphalite avec destruction de la plupart des circonvo-

lutions, etc. L'observation qu'on va lire appartient à cette caté-

gorie. Les cas analogues sont assez rares. En général, ils ont été

observés chez des enfants qui meurent peu après la naissance. Il

est exceptionnel que la vie se prolonge aussi longtemps que chez

notre malade. On trouvera dans le mémoire intéressant de M. le

Dr Audry (de Lyon) sur les Porencêphalies 1 le résumé d'un certain

nombre de cas empruntés à Andral, Breschet, Cruveilhier, Lalle-

mand, etc., qui se rapprochent du nôtre. En se reportant au texte

même des auteurs il y aurait là le sujet d'une thèse sérieuse.

Sommaire. - Père, très intelligent, rien de particulier. Grand-père

et 1'(Lnd'tante paternels migraineux . - Amère-grand'mère, nom-

breux grands-oncles, grand'tanles et une, tante paternels, morts

de tuberculose. - Tante paternelle, convulsions de l'enfance.

Mère, traumatisme céphalique vers sept ans, avec évanouissement^

hémorragie, cicatrice avec dépression douloureuse au toucher et

spontanément. - Réglée ci treize ans ; ttHO : f ! 'ss6 ! Nen ? Aect'des

hystériques ; suggestionnable. Grand-père maternel', excès de

boisson. - Soezti, morte de méningite.

Pas de consanguinité. Inégalité d'âge de deux ans (père plus

âgé). -

' Revue de médecine, 18S8, p. 462 et 552.

Bourneville, Bicélre. 6

82 Idiotie MICROCÉPHALIQUB.

Grossesse accidentée par une chute de cheval avec grand émoi et

suivie de tremblement, et par des ennuis multiples. - Somnolence

dès la naissance. A quinze jours, premières convulsions, prédomi-

nant à droite. - A partir de là jusqu'au sixième mois, convul-

sions quotidiennes toujours prédominant à droite. - Début de la

contracture générale cinq jours après les premières convulsions.

Exercices des jointures, diminution de la contracture. - Diplé-

gie ; pieds bots. - Trépidation épileploïde par les mouvements pro-

voqués. - Idiotie complète. - Ophtalmie purulente; cécité. - Cou

flasque, tête retombante. - Développement régulier du corps et

même des membres ; arrêt de développement de la tête, du front

surtout. Accidents Mten ! 'n9 : < : 9t;es ; mort rapide.

- Autopsie. Crdne mince avec de nombreuses plaques transpa-

rentes; pas de synostoses. Transformation kystique des deux

hémisphères. Destruction complète des circonvolutions. Ménin-

go-encéphalite et sclérose. Analyse chimique du liquide céphalo-

rachidien.

Perr... (Maurice), né à Nouméa, âgé de deux ans et demi, entré

dans le service le 30 octobre 1899, y est décédé le 3 novembre.

Cet enfant est arrivé avec un certificat ainsi conçu : « Est atteint

de sclérose cérébro-spinale, qu'il présente des troubles marqués et

incurables des facultés cérébrales et qu'il y a lieu de le diriger sur

un asile spécial où il recevra les soins et la surveillance néces-

saires. » (Signé : Dr Netter.)

Antécédents. Renseignements fournis par son père. - Père, vingt-

six ans, planteur, grand, brun, pas de convulsions ni diathèses,

ni syphilis, ni migraine, sobre, caractère doux. Durant six mois,

deux ans avant la naissance du malade, il a fumé ! ;0 centimes de

tabac par jour puis a cessé complètement. Il a fait ses études clas-

siques, a obtenu ses deux baccalauréats, s'est engagé à dix-huit

ans, a fait quatre ans de service, puis s'est marié (vingt-trois ans)

et est parti comme planteur à la Nouvelle-Calédonie d'où il est

revenu il y a trois mois. Il descend, par les femmes, de Denis Papin.

[Son père, soixante-trois ans, aurait eu des migraines pendant sept

ou huit ans; elles l'obligeaient à se coucher, très rhumatisant,

aucun excès, caractère calme. - Sa mère, quarante-huit ans, n'au-

rait jamais eu d'accidents nerveux et jouirait d'une bonne santé.

Ses grands-parents paternels et son grand-père maternel seraient

morts vieux, il ne sait de quoi. Sa grand'mère maternelle aurait

succombé à la tuberculose. Une tante paternelle aurait eu des

migraines très violentes. Ses trois enfants sont bien portants et

n'ont pas eu de convulsions. Quatre oncles maternels, célibataires,

sont morts vers trente-cinq ou trente-six ans de la tuberculose.

Sept tantes maternelles dont cinq, célibataires, sont mortes vers

, Antécédents héréditaires. 83

trente-quatre ou trente-cinq ans de tuberculose. Deux autres sont

bien portantes ainsi que leurs enfants. Deux soeurs, l'une morte à

dix-sept ans de tuberculose, l'autre, dix-neuf ans, jusqu'ici en

bonne santé; pas de convulsions; un frère, vingt-un ans, aurait

eu des convulsions jusqu'à deux ans; il est intelligent.]

Mère, vingt-quatre ans, ouvrière en brosserie avant le mariage;

elle appartient à une famille de paysans bretons très robustes. Pas

de convulsions de l'enfance. Vers six ou sept ans en jouant, elle

s'est cognée le sommet de la tête contre le timon d'une voiture.

Elle s'est évanouie et a perdu un peu de sang. Cet accident a occa-

sionné une cicatrice de 3 centimètres : « Il y a à ce niveau, dit son

mari, une dépression de l'os et, si l'on appuie, on détermine une

vive douleur. Elle est sujette à des céphalalgies qui ont leur point

de départ à la cicatrice et s'accompagnent parfois de spasmes des

muscles du front et des sourcils. A partir de ses règles, survenues

il y a treize ans et qui ont provoqué une très grande anémie, elle

a été sujette à des évanouissements fréquents, jusqu'à deux fois

par jour. Le mari a assisté avant le mariage à un évanouissement

qui aurait duré un quart d'heure. Ils ont disparu presque aussitôt

après la cohabitation. Elle est encore anémique, d'un caractère

difficile, sombre : « elle se forme des idées » ; deux fois, pendant une

demi-heure environ, elle a eu des accès de folie avec divagation et

suivis de sommeil. Elle a eu quatre crises hystériques après des

contrariétés ou des impressions violentes. Elle éprouve d'abord

une douleur au niveau de la tête, puis une sensation de boule avec

strangulation, bruit de cloches, peurs ; elle se raidit ensuite,

revient à elle au bout d'un quart d'heure en poussant des soupirs;

pas de pleurs, urines assez abondantes. Elle dit que quand elle

peut pleurer, la crise avorte. Elle est très suggestionnable. Un

jour, en causant avec elle, son mari insistant pour la convaincre,

il la fixait dans les yeux : elle s'est endormie les yeux ouverts. Son

mari l'a endormie plusieurs autres fois et avec une extrême faci-

lité. - [Son père, soixante ans, sans troubles névropathiques, fai-

sait des excès de boissons relativement modérés quand il a conçu

sa fille. Ses excès ont augmenté quand il est venu de la campagne

à la ville. Sa mère, d'un caractère calme, est en bonne santé.

On ne peut nous donner aucun renseignement sur ses grands-pa-

rents, ses oncles et tantes. Elle a neuf frères et quatre soeurs;

aucun d'eux n'aurait eu de manifestations nerveuses, et, en parti-

culier, de convulsions de l'enfance. Ces frères « très robustes sont

des coureurs à pied très remarquables, le plus âgé a trente-quatre

ans, le plus jeune dix-sept ».] [Dans les deux familles, il n'y aurait

pas eu d'idiots, d'aliénés, d'épileptiques, de difformes, etc.]

Pas de consanguinité. (Vendéen et bretonne.) Inégalité d'âge

84 £ IDIOTIE 1111CROCEPHALIQUE.

de deux ans. Deux enfants : 1° Une fille morte à six mois d'une

méningite.

2° Notre malade. Rien d'anormal à la conception qui a eu lieu

à la Nouvelle-Calédonie. - Grossesse. Chute de cheval sur le dos,

au troisième ou quatrième mois. Pas de syncope, mais, tremble-

ment des membres pendant cinq minutes l'empêchant de rester

debout. Elle a pu ensuite marcher et durant deux ou trois heures

elle est restée sous l'empire d'une grande frayeur : traits tirés,

face pâle. Consécutivement ni cauchemar, ni hémorragie. Elle

n'avait pas encore senti remuer son enfant, elle n'était pas sûre

d'être enceinte car ses règles étaient venues régulièrement. Quel-

ques jours après cet accident, son mari est revenu en France pour

affaires et est rentré à la Nouvelle-Calédonie, dix jours avant l'ac-

couchement. Durant ce temps, elle aurait eu des ennuis occasionnés

par des voisins qui, la sachant seule, lui ont intenté des procès.

Elle a dû quitter la brousse pour aller à Nouméa où elle a été

tourmentée par des embarras d'argent. Ni peur, ni syncope, ni

attaques de nerfs, etc.

Accouchement iL terme en vingt ou vingt-cinq minutes. Présenta-

tion du sommet, beaucoup d'eau. la naissance, pas d'asphyxie,

pas de circulaire, l'enfant paraissait normal, sa tète n'avait pas

attiré l'attention. Allaitement au biberon, avec du lait de vache.

Dès les premiers jours, l'enfant était « somnolent et constipé» (il

en a toujours été ainsi), pas d'accès de cris.

Premières convulsions à quinze jours pendant une heure, les

quatre membres étaient raides durant quelques instants, puis

étaient pris de secousses, prédominant à droite, qui persistaient

plus longtemps. A partir de là, il aurait eu quotidiennement deux

séries de convulsions; leur durée était de quarante-cinq minutes :

Face pâle, yeux convulsés, on ne sait plus dans quel sens, léger

écoulement de salive. Après les crises, il était encore plus endormi

que d'ordinaire. Spontanément, il remuait très peu ses membres,

mais moins mal les bras que les jambes. Il ne pouvait se retourner

dans son lit qu'en se renversant la tête en arrière, comme appui.

Les convulsions ont disparu au bout de six mois. Elles ont tou-

jours prédominé dans le côté droit Au cours de cette période, il

aurait eu une entérite, une pneumonie et une ophtalmie.

Avant les convulsions les mains étaient naturelles et les bras

souples. C'est peu après le début des convulsions, au plus tard au

cinquième jour, qu'on a remarqué que les mains se fermaient et

que les membres se contracturaient. La contracture était la même

des deux cotés. Au point de vue de l'extrême limitation des mou-

vements et de la contracture, on nous assure que la situation était

la même après la première semaine de convulsions, qu'aujourd'hui.

Les convulsions ayant cessé, dans le septième mois, le père a

Antécédents PERSONNELS. 85

essayé d'étendre et de fléchir alternativement les bras, de les

étendre en croix et de les porter au-dessus de la tête. Il aurait

fait les mêmes exercices aux membres inférieurs. Il était parvenu

à diminuer la contracture.

Per... remue la tête, mais seulement dans certaines circons-

tances, par exemple quand on le caresse. Au lit, les jambes res-

tent allongées, les bras collés contre le tronc, les avant-bras fléchis,

les mains fermées reposant sur le devant de la poitrine.

Lorsqu'on habillait l'enfant, pour faire entrer les manches, on

était obligé d'étendre de force les avant-bras qui, aussitôt, étaient

pris de trépidation. Ils reprenaient ensuite leur attitude primitive.

La trépidation épileptoïde des jambes, quand on les allongeait,

est nettement décrite par le père. Il fait remarquer que si elles

étaient fléchies sur le bassin, il n'y avait pas de trépidation. Ce

phénomène ne se produisait pas spontanément. Deux ou trois fois

par semaine, on notait des secousses des reins et de la tête. En

même temps, les bras étaient projetés en avant et les poignets se

relevaient sur les avant-bras. Pas d'accès spontanés de contracture.

Si on essayait de le faire sauter, les jambes étaient prises de trépi-

dation et restaient en demi-flexion. Les pieds ne posaient point par

terre (pieds bols).

La physionomie était sans expression, sauf quand on le caressait :

il avait l'air de sourire, frottait sa tête contre la personne qui le

caressait et poussait une sorte de ronronnement. « C'est la seule

marque de connaissance qu'il ait donnée. Il aimait davantage

qu'on lui frictionnât doucement les paupières. » Per... a une cer-

taine volonté. Quand il a pris assez de lait, il le rejette en soufflant.

L'attention et la parole ont toujours été nulles.

La sensibilité générale semble obtuse. Son père a remarqué que

lorsqu'on le pinçait il y avait un mouvement de flexion de la

jambe. Si on le cognait, il y avait un mouvement réflexe qu'on

attribue plutôt à la commotion qu'à la douleur. Des piqitres d'épin-

gle ne paraissaient déterminer qu'un mouvement réflexe. On ne

peut rien préciser quant au froid et à la chaleur.

La vue était à peu près nulle. Lorsqu'il y avait près de lui une

lampe allumée, il la regardait. Il semblait même la chercher. Si

le soleil était trop vif, il fermait les paupières. Il ne distinguait

pas les personnes. Il a eu de quinze à vingt jours de sa vie, durant

les premiers temps de la période convulsive, une ophtalmie

purulente : les yeux étaient gros et le pus assez abondant.

« L'ouïe existait certainement. Il sursautait au bruit d'une porte

fermée brusquement ou si on frappait dans ses mains, ou quand

on tirait un coup de fusil à une soixantaine de mètres de l'habita-

tion. »

L'odorat, au contraire, était nul. Son père lui a soufflé de la

fumée de tabac dans les narines et il est resté indifférent.

86

Idiotie 1111CROCEPHALIQUE.

Le goût, s'il existait, était bien émoussé. Quand on lui donnait

des médicaments qui lui déplaisaient, il les gardait dans la bouche

et les rejetait quelques instants après. Mais comme il lui arrivait,

dans d'autres moments, de garder le lait dans sa bouche et de le

rejeter, il est difficile de savoir s'il y avait réellement une distinc-

tion ou un simple caprice.

Fig. 9. - Pe... à deux ans.

Descriptions DU malade.

87

Ni tics, ni balancements, ni cognements de tète, ni grincements

de dents, ni troubles vaso-moteurs.

Le palais est creux et étroit. La mastication est nulle. Pas de

bave. II n'a jamais pris que du lait. On a essayé de lui donner du

biscuit, il réunissait les fragments en pelote et les gardait entre

la langue et le palais. Il vomissait quelquefois mais pendant la

traversée de la Nouvelle-Calédonie en France, il a été insensible

au mal de mer. Pas de rumination. Constipation habituelle.

L'enfant semblait supporter sa tête difficilement, comme si elle

était lourde. Les muscles du cou m'ont paru, dit le père, « peu

développés, il avait l'air de rattraper sa tête ». Jamais on aurait

remarqué de raideurs de la région cervicale.

Dans les premiers temps de la vie, on croit qu'il était bien pro-

portionné, face aimante ; puis on a remarqué que l'un des côtés du

front, le gauche, croit-on, était plus déprimé que l'autre. A me-

sure qu'il grandissait, la face se développait, mais le front ne bou-

geait pas. Le crâne serait resté le même depuis un an.

Les membres se sont développés régulièrement, il était fort pour

son âge. Le développement de la taille aurait subi une marche ré-

gulière (fig. 9).

Le père dit que dès les premiers temps de la vie, avant les convul-

sions, son enfant n'était pas naturel, car il était toujours somnolent.

Il affirme enfin que les fontanelles ont été fermées à trois mois.

30. L'enfant nous arrive de l'Asile clinique avec de la fièvre (38°).

Le corps offre un élat d'embonpoint normal. La face, dans son

ensemble, ne présente pas d'asymétrie. Le nez est légèrement ca-

mus et court, sans déviation, les narines sont égales. La bouche

régulière. Le lobule des oreilles est presque adhérent, surtout le

gauche. Sur la cornée, du même côté, existe un nuage, reste de

l'ancienne ophtalmie purulente. -

88

Idiotie 1111CROCGPHALItUG.

ajouter à la description qui précède. La peau est pàle, avec une

teinte brune cuivrée qui s'explique par ce fait que l'enlant est né

à Nouméa. Les testicules, dans les bourses, sont de la grosseur

d'un haricot.

Membres supérieurs.

Autopsie.

89

une contracture modérée des fléchisseurs des membres inférieurs.

Les réflexes sont exagérés. On constate le signe de l3abinslci

(extension du gros orteil par la piqûre de la racine plantaire).

- Soir : T. R. 40°,5.

3. Dans la nuit, mêmes plaintes, mêmes cris, l'enfant meurt

avec une T. R. de 40°,5. La température après la mort a offert la

marche ci-après :

90 Idiotie microcéphalique.

Tête. Le cuir chevelu est très pâle sans ecchymose. La

calotte crânienne est ovoïde avec un léger degré de plagiocéphalie

(aplatissement de l'occipital droit et du frontal gauche). Elle est

très mince, offrant de nombreuses plaques transparentes sur le

frontal droit, les pariétaux, un peu plus sur le gauche que sur le

droit, enfin sur l'occipital gauche. Les fontanelles sont ossifiées ;

les sutures persistent, sont finement dentelées et transparentes,

prêtes en quelque sorte à se séparer. Au moment de l'autopsie, les

sulures étaient gorgées de sang et comme distendues par lui,

lésions que nous avons souvent observées chez des malades atteints

de méningo-encéphalite et succombant à des poussées aiguës (fg.10).

La calotte enlevée, la masse encéphalique s'affaisse complète-

ment en arrière.

On recueille 450 grammes de liquide céphalo-rachidien dont

voici l'analyse faite par M. Srmn, interne en pharmacie du service.

Aspect : le liquide est louche, de couleur rose pâle, couleur

qu'il doit évidemment à un peu d'hémoglobine. Il réduit légère-

ment la liqueur de Fehling.

Cerveau PSEUDO-KYSTIQUE.

91

let. Ces poches kystiques sont distendues par le liquide céphalo-

rachidien ; leur face externe présente de très nombreuses adhé-

rences filamenteuses avec la face interne de la dure-mère; ces

adhérences sont très facilement détachées avec le doigt. (PL. IV et V.)

Les nerfs olfactifs sont réduits à une sorte de membrane, de

coloration grise, dont l'épaisseur parait être à peine de 1 milli-

mètre à droite, et encore plus mince à gauche.

1 Les nerfs optiques sont blancs et assez gros, par rapport au

cerveau : leur coupe a environ un millimètre et demi de diamètre.

Le nerf moteur oculaire est assez bien développé. - Les tuber-

cules mamillaires font défaut.

Fig. 10. - Crâne : atrophie du frontal ; persistance des sutures.

92 Idiotie 11CROCPHILItUE.

Les pédoncules cérébraux sont très rétrécis, blancs et symétriques.

Les pédoncules cérébelleux et le 4C ventricule sont plutôt grêles.

Les artères vertébrales et basilaire sont régulières. - Les

artères cérébrales sont très réduites de volume. ,

Le cervelet a un volume proportionné à l'âge de l'enfant.

La protubérance est petite et en retrait par rapport au bulbe,

Le bulbe est légèrement déformé en ce sens que la pyramide

antérieure droite et l'olive sont un peu plus saillantes que les

parties correspondantes du côté gauche.

La moelle épinière semble avoir son volume et ses proportions

normaux.

Dans l'ablation, la poche kystique se vide et on sent de chaque

côté de la ligne médiane, un peu au-dessus et le long des nerfs

optiques, deux noyaux durs, irréguliers, dont l'ensemble équivaut

à une petite noix. On en sent un autre au niveau du lobe occipital

gauche. A droite, on sent une petite induration de quelques milli-

mètres de diamètre. D'une façon générale, les poches hémisphé-

riques sont transparentes. La partie de la poche correspondant

aux lobes frontaux est d'une minceur extrême, aussi s'est-elle

déchirée malgré toutes les précautions prises pendant l'ablation.

Dans l'eau, ces fragments sont flottants, et dans l'intérieur, il y a

des filaments cellulaires. Cette partie de la poche paraîtrait formée

par la pie-mère, extrêmement amincie, et il ne semble pas y avoir

de substance cérébrale. La partie des poches qui répond aux lobes

pariéto-temporo-sphénoïdaux est plus épaisse et comprend des

parties transparentes, comme des kystes, et des parties jaunâtres,

plus épaisses, non transparentes.- Les lobes occipitaux et tempo-

raux sont bien dessinés.

Le lobe temporo-sphénoïdal droit est transformé en un kyste tout

à fait transparent, ainsi que la plus grande partie du lobe oc ?

vital, Il en est de même du lobe correspondant du côté gauche,

sauf un épaississement à sa pointe, d'environ un centimètre carré.

Le lobe occipital gauche offre, dans sa moitié postérieure, un épais-

sissement constitué par un reste de circonvolution.

Il existe aussi un épaississement répondant à la moitié inférieure

des circonvolutions frontales et pariétales ascendantes, des deux

côtés.

La transformation kystique est plus prononcée à droite qu'à

gauche. (La description se fait, le cerveau placé dans une solution

de formol ; cette solution distend les pseudo-kystes.)

Les parties non transparentes paraissent être formées par la pie-

mère et une couche de tissu cellulaire; elles ont une coloration

légèrement jaunâtre et sont sillonnées çà et là par des vaisseaux.

Lorsqu'on examine le cerveau en dehors de la solution, toutes

les poches s'affaissent et les parties non transparentes se présen-

tent sous l'aspect de circonvolutions réduites à de petites crêtes.

Cerveau PSEUDO-IiISTIQUE. 93

Quand on écarte les deux hémisphères cérébraux, on voit qu'à

gauche, au niveau du lobe frontal, les méninges molles sont

doublées de quelques fragments de circonvolution sans qu'il soit

possible d'en individualiser aucune. A la partie moyenne, il ne

semble pas y avoir de fragments de circonvolution. En arrière,

le lobe occipital persiste avec des circonvolutions qui ont une

forme.

Sur la face interne de l'hémisphère droit, au niveau du lobe

frontal, il y en a moins qu'à gauche, mais les membranes restent

épaissies, comme doublées à leur face interne, de parties dures,

sur lesquelles cheminent deux ou trois vaisseaux d'apparence

capillaire. - A la partie moyenne, même aspect qu'à gauche.

Le lobe occipital n'est plus reconnaissahie, en tant que circon-

volution ; il est représenté par une masse scléreuse, qui, à la

pression, n'est qu'une petite couche de substance corticale.

Les deux hémisphères sont réunis par une sorte de membrane,

un peu dure, laissant voir une traînée blanchâtre répondant au

corps calleux.

Nous pratiquons une incision au-dessus de ce qui serait le corps

calleux; la membrane incisée est assez ferme; en écartant les

lèvres de l'incision, on voit des tractus celluleux formant, comme

des pseudo-kystes.

Une incision transversale effectuée à la partie moyenne de l'hé-

misphère gauche, fait voir le même aspect de cloisonnement cellu-

laire constituant toujours des kystes.

On pratique une incision longitudinale au-dessous de ce qui

reste de la première frontale et on tombe dans le ventricule latéral

gauche. - On pratique les mêmes incisions sur la face interne de

l'hémisphère et on trouve les mêmes lésions. (PL. VI.)

En écartant les lèvres de ces incisions, on découvre un grand

kyste qui représente alors toutes les circonvolutions : lobes parié-

tal, rolandique, frontal, temporal et la plus grande partie du lobe

occipital, le ventricule latéral, le corps opto-strié tout entier, ainsi

que le corps calleux; de ces deux masses, il est impossible de

distinguer à l'oeil nu aucun vestige.

Le ventricule latéral, dont la cavité se confond avec la grande

cavité pathologique (soit dans la portion moyenne, soit dans ses

deux cornes frontales ou sphéno-occipitales) se reconnaît grâce à

la persistance des plexus choroïdes, devenus d'ailleurs fibreux et

adhérant avec l'épendyme ventriculaire et les tissus pathologiques

voisins. En incisant légèrement l'épendyme ventriculaire, épaissi

à sa partie interne, on tombe sur une cavité ou fente antéro-

postérieure, communiquant avec un orifice arrondi, semblant être

le restant de la corne frontale agrandie. Sous l'épendyme ventricu-

laire, qui se laisse aisément décoller (comme si l'inflammation

s'arrêtait là), on trouve une masse blanche, aplatie, présentant 12

94 Idiotie MICROCÉPHALIQi;E.

à 15 millimètres dans le sens antéro-postérieur et 20 millimètres

dans le sens transversal. Cette masse parait complexe, mais elle

contient sûrement le pédoncule cérébelleux supérieur qu'on

découvre un peu en arrière d'elle et la calotte du pédoncule céré-

bral ; le pied parait manquer complètement.

Hémisphère droit. - Sauf quelques points de détail (disparition

plus complète du lobe occipital, épaississement plus ou moins

marqué des membranes du kyste), l'examen du grand

kyste du ventricule latéral, du plexus choroïde et de l'épendyme

ventriculaire ; l'examen du ventricule moyen, communiquant

avec la corne frontale; l'examen de la masse blanche sous-

épendymaire et du pédoncule cérébelleux, etc. : tout cela est

absolument identique à ce que l'on a trouvé sur le côté gauche.

Dans le ventricule moyen, dilaté, la commissure blanche est

conservée.

Examen histologique ; par le Dr Oüca1'aais. '

Les lésions de ce cerveau qui présente, à première vue, l'aspect

d'un ramollissement kystique, donnent, à l'observation microsco-

pique, l'impression qu'il s'agit vraisemblablement d'un processus

inflammatoire, meningo-encéphalitir¡ue avec désintégration de

l'écorce, aussi bien autour des vaisseaux émanés de la pie-mère

qu'au voisinage de ceux des couches inférieures de la substance

grise, mécanisme qu'il nous a été souvent donné d'observer, à un

degré moindre en vérité, dans des cas de méningo-encéphalite de

l'enfance avec ou sans sclérose atrophique des circonvolutions. Là

où le processus de destruction est au maximum, on ne rencontre

plus qu'une sorte de membrane feuilletée, où l'on reconnaît à la

face inférieure la paroi épaissie du ventricule avec son épithélium ;

celle-ci se trouve réunie à la pie-mère par des travées fibro-vas-

culaires, restant de la charpente névroglique des circonvolutions;

ces fibres sont hypertrophiées et les tuniques interne et moyenne des

vaisseaux sont sclérosées. Les interstices sont remplis de cellules

arrondies ou polygonales, les unes vraisemblablement d'origine

névroglique, les autres sont des éléments migrateurs ou des corps

granuleux ; on aperçoit aussi par places quelques globules san-

guins et des débris de cellules et des fibres nerveuses.

Mais si l'on observe les points (portion interne des lobes occi-

pitaux) où la substance nerveuse est encore relativement conservée,

on voit le tableau suivant :

Le tissu nerveux atteint une épaisseur d'un centimètre environ

de la paroi du ventricule latéral à la méninge ; les circonvolutions

très atrophiées sont encore reconnaissables. La paroi du ventri-

cule est formée de bandes de névroglie résistante dans lesquelles

sont inclus des boyaux d'épithélium épendymaires, de là s'irra-

Examen HISTOLOGIQUE. 95

dient des pinceaux de grosses fibres névrogliques vers les circon-

volutions, au milieu desquelles on aperçoit encore quelques fibres

nerveuses grêles contournées en divers sens. Le centre ovale de ces

circonvolutions est occupé à sa partie médiane par des nodules de

sclérose; à sa périphérie par des fibres myéliniques qui atteignent

à peine la substance grise, où l'on voit encore quelques fibres

radiaires, mais aucune trace des fibres tangentielles.

On voit se former de nombreuses cavités par le même méca-

nisme que dans les scléroses atrophiques que nous avons pu étu-

dier (formation de nodules, d'Ilots périvasculaires, fonte névro-

glique autour de ceux-ci).

Les vaisseaux subissent la dégénérescence fibreuse. Les méninges

elles aussi semblent prendre part à la destruction. On remarque

que la zone la plus inférieure de la pie-mère est le siège d'une

prolifération vasculaire importante. Ces capillaires néoformés pé-

nètrent dans la substance grise, et, autour de ces amas de vaisseaux

la substance nerveuse se nécrose. Il s'agit là d'un cas rapidement

destructif; aussi trouve-t-on au voisinage des foyers de désintégra-

lion, dans la lumière des cavités, une quantité considérable d'élé-

ments migrateurs mononucléés, à gros protoplasma granuleux,

remplissant ici la fonction de macrophages.

Il faut mentionner, en outre, dans ce cas l'atrophie extrême des

cellules nerveuses. Elles sont arrondies, sans prolongements proto-

plasmiques, leur noyau est riche en chromatine, ce sont plutôt

des neuroblastes que des cellules nerveuses différenciées; abon-

dantes en certains points, presque absentes ailleurs, leurs couches

sont tassées et disposées très irrégulièrement. En divers points l'on

rencontre des éléments arrondis en grand nombre, colorés en bleu

par l'hématoxyline, blocs amyloïdes ou hyalins; ailleurs ce sont

des dépôts brunâtres de pigment et des masses de débris cellu-

laires, résultats ultimes du processus de désintégration.

Réflexions. I. Du côté du père, qui « descend par les

femmes de Denis Papin », nous n'avons à relever, au point

de vue nerveux, que la migraine chez le grand-père et l'un

des arrière-grands- pères de l'enfant. En revanche, les cas

de tuberculose sont très nombreux. La mère est une névro-

pathe à un degré très prononcé, état qui paraît être la consé-

quence d'un traumatisme céphalique de l'enfance, car ses

père, sauf quelques excès de boisson, mère, frères et soeurs

seraient en excellente santé. Ce qui semble dominer chez elle,

ce sont des accidents hystériques, avec troubles intellectuels.

Rappelons qu'une soeur du malade est morte de méningite à

six mois.

96 Idiotie MICROCRPHALIQUE.

II. La grossesse a été accidentée au troisième ou quatrième

mois par une chute suivie d'une émotion vive et par des

ennuis et des contrariétés. Cet accident, les inquiétudes

morales, jointes à ce fait que, dès les premiers jours de la

naissance, l'enfant était somnolent, nous amènent à penser

qu'il s'agit là d'un cas d'idiotie congénitale. Les convulsions

généralisées, avec prédominance adroite, survenues au quin-

zième jour, se montrant sous forme d'état de mal il partir de

ce jour, jusqu'au sixième mois, ont été la conséquence de

l'état congénital. Mentionnons la diplégie avec contracture

et pieds bols remarqués après huit jours de convulsions, la

trépidation épileptoïde dans les mouvements provoqués,

enfin l'idiotie complète.

III. L'habitude que nous avons dans le service de faire

prendre matin et soir la température rectale des entrants

pendant cinq jours, nous a permis de suivre l'évolution de la

poussée méningifiqlle à laquelle l'enfant a succombé 1.

IV. La température après la mort montre que progres-

sivement, en lu heures, elle s'est mise de niveau avec la tem-

pérature de la chambre (15°) où était déposé le corps. D'où

il suit que, dans notre climat et les climats analogues, le

thermomètre fournit un signe certain de la réalité de la

mort.

V. Au point de vue anatomo-pathologique, nous n'avons

pas à insister sur les lésions. La minutieuse description que

nous en avons donnée, nous paraissant suffire. Une simple

énumération synthétisera : microcéphalie, occlusion pré-

coce des fontanelles, persistance des sulures, nombreuses

plaques transparentes qui indiquent que, dans ce cas encore,

la c1'aniectomie n'aurait pas été justifiée ; pachyménin-

gite très accusée de la dure-mère, atrophie de la faux,

méningo-encéphalite, destruction de la plupart des cir-

convolutions, transformation kystique du cerveau, sclérose

des fragments restant des circonvolutions, hydrocéphalie.

* Quand il doit être procédé au transfert de malades de notre sec-

tion, nous faisons prendre leur température pour être sur qu'ils ne

sont pas sous le coup d'une affection aigiië. auquel cas il est sursis

au transfert. Il y aurait un intérêt d'humanité à agir partout de même.

VII.

Action de l'alcoolisme sur la production de l'idiotie

et de l'épilepsie ; ;

Par BOURNEVILLE.

L'enfant subit les conséquences de l'alcoolisme

sous une série de formes : 10 L'alcoolisme chronique

du père ou de la mère, ou des deux ; 2° L'alcoo-

lisme à l'état d'ivresse au moment de la conception;

3° Durant la vie foetale, par suite de l'alcoolisme de

la mère, des coups reçus ou des émotions éprouvées

par elle durant la grossesse ; 4° Les mêmes excès

alcooliques, les mêmes émotions au cours de l'allaite-

ment et ultérieurement.

2.072garçons et 482 filles, idiots, épileptiques, imbé-

ciles ou hystériques sont entrés, les premiers, à

Bicêtre, depuis octobre 1879; les secondes, à la

Fondation Vallée, depuis mars 1890, jusqu'au 31

décembre 1900, soit un total de 2.554 entrées.

Nous avons résumé, dans le tableau suivant, la situa-

tion des pères et mères de tous ces enfants sous le

rapport de l'alcoolisme. Il permet d'avoir, d'un coup

d'oeil, une idée du rôle de l'alcoolisme sur la produc-

tion de l'idiotie et de l'épilepsie.

Bourneville, Bicêtre, 1900. - ' 7

98 Alcoolisme et idiotie.

Tableau statistique sur l'alcoolisme.

Alcoolisme et NP1LL1'F1L. '.)9

antérieures. Elle met nettement en évidence l'action

néfaste de l'alcuolisme. Ceux qui s'intéressent à cette

question pourront lire un grand nombre d'obser-

vations détaillées, au point de vue social, clinique et

anatomique, dans nos Comptes rendus de Bicêtre

(1880-1900).

Chaque fois que nous voyons les mères de nos

malades, mariées à des alcooliques, nous appuyant

sur l'histoire même de leurs enfants, nous leur recom-

mandons d'éviter tout rapport sexuel avec leurs maris

en état d'ivresse. Il en est qui comprennent l'impor-

tance de nos conseils et agissent en conséquence...,

quand cela est possible. Trop souvontles malheureuses

cèdent sous la menace des coups, ou sous les coups

mêmes.

VIII.

Idiotie symptomatique de pachyméningite et de

méningo-encéphalite chroniques;

Par BOURNEVILLE et CROUZON

Le cas qui suit, à peu près nul au point de vue

clinique, l'enfant auquel il se rapporte étant enfant

naturel et les antécédents héréditaires et personnels

faisant défaut, est, en revanche, d'un haut intérêt au

point de vue anatomo-pathologique.

Sommaire. Enfant assistée : aucun renseignement sur les

antécédents héréditaires, ni sur l'histoire de la malade.

A l'entrée, quelques plaques de teigne. Malformation

congénitale du voile du palais. Impotence fonction-

nelle des membres inférieurs. Pas de contracture. Intel-

ligence nulle : parole presque totalement absente ; ne mange

pas seule; gâtisme ; grincement des dents; indifférence

totale à tout ce qui l'entoure, sauf aux aliments. - Bron-

cho-pneumonie ; mort.

AUTOPSIE. - Os du crâne assez épais et assez durs; persistance

de toutes les sutures; plaques transparentes. Épaissis-

sement notable de la dure-mère sur toute sa surface.

Méningo-encéphalite chronique. Broncho-pneumonie.

Tout... (Augustine), née à Paris le 12 février 1892, est entrée

à Bicétre, le 18 novembre 1899 et est morte le 22 mai 1900.

Enfant assistée, sur laquelle les renseignements font dé-

faut, son admission à Bicétre a été faite sur la production de

certificats des D" Marfan et Dagonet. Le premier déclare

qu'elle « est atteinte d'idiotie liée à la présence d'une tumeur

cérébrale, que cet état s'accompagne d'une excitation men-

Description de la malade. Ht)

tale extrême avec cris et actes menaçants pour les autres

enfants, que non seulement elle trouble le repos de ses voi-

sines, mais qu'elle est un véritable danger et que, dans ces

conditions, il est nécessaire de la faire passer d'urgence dans

un asile spécial. » Le second la déclare « atteinte d'idiotie,

de cris, agitation, grincements de dents, rigidité des membres

inférieurs et gâtisme.»

État de la malade. (20 novembre 1900). L'enfant est rosée,

ni grasse, ni maigre, semble en assez bonne santé physique.

La physionomie est sans expression, le regard peu mobile

et vague. La -peau est blanche, sauf au niveau des extrémités

où elle est rouge, froide. Les cheveux sont de couleur châtain

coupés ras, font défaut en certains points, à la région parié-

tale gauche : il semble que ce soient des cicatrices de teigne.

Une plaque grande comme une pièce de deux francs est située

à la partie moyenne de la région pariétale gauche; à cinq

travers de doigt plus en arrière, une autre plaque grande

comme un franc; une autre plaque plus grande à la région

occipitale (1). Petits ganglions sous-maxillaires et cervicaux.

Pas de cicatrices, pas d'éruptions, pas de naevi.

Le crâne est de forme et de volume normaux. Les bosses

sont symétriques et ne font pas un relief supérieur à la

moyenne. Les fontanelles sont fermées. Le front est moyen,

droit.

Le visage est ovale. Pas de cicatrices. Les arcades sourci-

lières sont peu saillantes, recouvertes de sourcils châtains

assez abondants, ne se rejoignant pas à la racine du nez.

Les paupières sont normales, les cils longs, bien implantés.

Pas de blépharite ciliaire. Orbites peu excavés. Les yeux

sont mobiles et ne présentent pas de lésions appréciables.

L'iris est bleu foncé; les pupilles, grandes, réagissent bien à

la lumière et à l'accommodation. L'examen fonctionnel est

impossible.

Le nez est petit, droit, élargi à son extrémité libre; le lo-

bule est bien dessiné, la cloison et les narines semblent

normales. L'étude de l'odorat est impossible. Les pommettes

sont légèrement saillantes, les joues sont régulières, symé-

triques ; la peau est rosée à ce niveau. La bouche, moyenne,

est assez bien dessinée. Les lèvres sont peu épaisses, rouges.

Sur la partie moyenne de la lèvre supérieure, on note une

(1) Chaque année, il nous arrive du dehors des enfants atteintes de la teigne,

ce qui a pour conséquence de maintenir toujours ù Bicétre un foyer de teigne.

102 Pachyméningite CHRONIQUE.

petite cicatrice croùtellouse, linéaire. Le palais est ogival; le

voile du palais présento une malformation congénitale qui

consiste dans la présence d'un sillon transversal dans toute

la largeur de la cavité buccale, au niveau de son insertion

à la voûte palatine, sans qu'il y ait toutefois communication

avec les fosses nasales.

La langue est étalée, rouge, épaisse, assez mobile. Pas de

tremblement de la pointe. L'enfant semble indifférente au

goût dos substances qu'on lui introduit dans la bouche. La

déglutition est normale. Le menton est moyen, arrondi. Pas

de prognathisme du maxillaire inférieur. Les oreilles sont

Fiff. H.

Pachyméningite CHRONIQUE.

103

grandes, décollées; lo pavillon est reporté en avant, l'hélix

et l'anthélix sont bien dessinés. L'ouïe semble normale.

La circonférence du cou est de 25 centimètres. Rien d'a-

normal à la palpation. . ,

Le thorax est régulier, la respiration du type abdominal.

La percussion, l'auscultation du poumon et du coeur ne

dénotent rien de spécial.

L'abdomen est légèrement augmenté de volume sans que le

palper ni la percussion ne révèlent quoi que ce soit d'anormal

dans les parois ou clans la profondeur.

Fin. 12.

104 Pachyméningite chronique.

Les membres supérieurs sont assez volumineux et assez

mobiles; mains rouges; ongles assez bien développés; pas

d'onychophagie. Pas de différence entre eux. On trouve

quelques cicatrices arrondies au niveau des coudes. L'enfant

se sert de ses bras, tous les mouvements sont possibles.

Les membres inférieurs paraissent assez bien développés,

mais l'enfant ne marche pas. Nulle inégalité de développe-

ment entre les deux membres. La peau des pieds est rouge,

froide et présente des engelures au niveau de la face supé-

rieure des orteils, à droite et à gauche. Les mouvements vo-

Fig. 13.

Idiotie complète. 105

loniairex paraissent assez limités, les mouvements provoqués

sont assez difficiles à obtenir. Sa position naturelle étant

accroupie, les cuisses sont fléchies sur le bassin, et les jambes

sur les cuisses. Avec beaucoup de peine, on peut arriver

à les mettre en extension, mais sans causer de douleur. Le

réflexe de Babinski est en très légère extension. La région

postérieure des cuisses présente un peu d'érythème des gâ-

teux.

La sensibilité à la piqûre est nettement conservée. Il est

impossible de se rendre compte de l'état des autres modes de

la sensibilité.

La parole est presque nulle ; elle se borne à quelques mots

dont la plupart sont grossiers et orduriers : vache, putain.

merde, etc., qu'elle prononce sans embarras. L'enfant ne

peut manger seule : quand on lui présente les aliments, elle

se jette gloutonnement sur eux, sans paraître faire de dis-

tinction. Les fonctions digestives s'accomplissent bien.

L'enfant gâte le jour et la nuit. On est obligé de la faire

manger.

Le sommeil est léger, entrecoupé de cris. Pas d'ona-

nisme. L'enfant est incapable de s'habiller et de faire sa

toilette elle-même et se laisse difficilement faire. Elle reste

indifférente envers ceux qui l'entourent, crie continuellement

et pleure sans motifs. Elle grince souvent des dents. - Son

intelligence est absolument nulle.

Puberté : les aisselles, le thorax, le ventre, les fesses, les

bras, avant-bras, cuisses et jambes, le pénil sont glabres. Les

grandes lèvres, légèrement épaisses, sont glabres; les petites

lèvres, triangulaires, ne dépassent pas les grandes lèvres. Le

clitoris est petit, l'hymen frangé. Le périnée et l'anus sont

normaux.

Les urines ne renferment ni sucre, ni albumine. - Poids :

18 ]iilogl. - Taille : lm 05.

1900. Janvier. L'état de l'enfant est absolument le même

qu'à son entrée. Autant qu'il est possible de s'en rendre

compte, l'enfant ne parait pas souffrir de la tête, qu'elle ne

cogne pas. Le visage est, en général, coloré et, à certains

moments, devient très rouge.

20 février. Elle passe à l'isolement pour la teigne.

19 mai. Elle entre à l'infirmerie. Elle est couchée en

chien de fusil, la nuque en extension, et dans un état d'amai-

grissement considérable. Pas de convulsions, mais mouve-

ment continu d'abaissement des paupières et mouvement en

106 Idiotie complète.

haut et à droite des deux yeux. l'as de grincement des dents

mais mâchonnement ot soubresauts des tendons. Inégalité

pupillaire. Pas de cris. Constipation, mais pas de vomisse-

ments. A l'auscultation, quelques gargouillements ( ? ) aux deux

sommets et dans la fosse sous-épineuse gauche. Stomatite.

T. R. 38°. Pouls petit, faible. Traitement : calomel 20

centigrammes en quatre doses.

20 mai. - T. R. 37°. Pouls imperceptible. Mêmes symp-

tômes auxquels s'adjoint de la carphologie. Eschare.

Traitement : calomel, 0,20 centigrammes en 4 doses; iodure

de potassium : 0,60, etc.

22 mai.- L'enfant meurt à 5 heures du matin, sans qu'on

ait remarqué rien de nouveau dans le tableau de sa maladie,

ok l\11\SINGO-ENCI ? PHALI'l'r ? 107

capsules surrénales sont normales. Le rein gauche est très

congestionné, mais ne présente pas de lésions apparentes.

Le rein droit n'offre ni congestion, ni lésion. L'appen-

dice est perméable dans toute son étendue, il mesure 7 cent.

Rien d'anormal dans le tube digestif. Foie, vésicule et voies

biliaires normaux. Utérus petit, 3 cent, de longeur. Trompes

normales. Ovaires de la dimension d'un haricot moyen, un

peu plus volumineux à gauche qu'à droite. Pas de liquide,

pas de tuberculose.

Tête. - Cuis- chevelu maigre et pâle. Os du crâne assez

épais et assez durs; persistance de toutes les sutures, nom-

breuses plaques transparentes. La dure-mère est très nota-

blement épaissie, elle est rosée à la faoe interne. Nombreuses

adhérences filamenteuses au niveau du lobe temporal. Entre

la dure-mère et le cerveau, il y a comme un vide assez grand.

Cet aspect est dû à des néo-membranes qui occupent toute

la face interne des deux côtés. Mêmes fausses membranes

sur les deux faces de la faux. Nombreuses adhérences très

résistantes de la dure-mère et de la pie-mère au niveau de

la face interne des lobes frontaux, quelques-unes vers le

lobule paracentral et le pli pariétal supérieur. Au-dessous de

la faux du cerveau, les faces internes des lobes frontaux

sont en quelque sorte soudées par des adhérences. La dure-

mère de la fosse temporale est également tapissée par une

fausse membrane roséo. A droite, la fausse membrane qui

revêt la dure-mère est parsemée de points vermillon-noir :

il y a là une pachyméningite partielle hémorragique. A la

base, la dure-mère est aussi très épaissie. Les fosses occipi-

tales paraissent égales et symétriques. La fosse temporale

gauche semble un peu plus grande que la droite.

La hie-mère, sur toute l'étendue des faces internes et con-

vexes des hémisphères, se présente sous un aspect blanchâtre

ça et là de fines vascularisations. A la base des deux

hémisphères, l'aspect blanchâtre est moins prononcé, mais

la vascularisation est plus marquée.- Les tubercules mamil-

laires, les ner/s, etc., sont égaux et symétriques.

Hémisphère droit. La décortication de la pie-mère en-

traîne la couohe de substance grise. A la pie-mère restent

adhérents les moules des circonvolutions (Pr,. vu). Cette

pie-mère présente une épaisseur d'un demi-centimètre envi-

ron. L'hémisphère est réduit il la substance blanche; la

forme générale est conservée et on peut distinguer chacune

108 IDIOTIE complète.

des circonvolutions dont l'aspect est légèrement rosé (PL.

vIII).

Face externe. Les circonvolutions réduites à la subs-

tance blanche ont une disposition normale et apparaissent plus

nettement que sur un autre cerveau. On retrouve normaux

le sillon de Rolando, S R, les circonvolutions frontales, F A,

Fez, F2, F3, les circonvolutions pariétales P A, P1, P2. Le

sillon parallèle, Sep, est bien marqué et Tri et T2 apparais-

sent très nettement.

Face interne. FI et L P sont normaux. C. C C. est un peu

décortiquée; le cunéus est nettement dessiné.

Hémisphère gauche. L'aspect est le même que sur

l'autre hémisphère et la décortication montre les mêmes

lésions. La disposition des circonvolutions dépouillées de

substance grise est normale et apparaît aussi nettement qu'à

droite.

Sur les hémisphères cérébelleux, la pie-mère s'enlève

facilement; elle n'est pas épaissie. - Le liquide céphalo-ra-

chidien est en petite quantité.

A l'examen histologique, M. Crouzon constate des altéra-

tions de la pie-mère qui est épaissie. Il y a prolifération de la

névroglie et diminution du nombre des cellules nerveuses.-

La coloration de Weigert-Pal n'a pas été suffisamment réussie

pour qu'on puisse conclure à une altération des fibres à myé-

line. Les altérations dominantes sont celles des vaisseaux qui

semblent avoir été le siège d'un processus récent. Il existe

des espaces périvasculaires très dilatés et, dans les parois des

vaisseaux, on trouve une augmentation du nombre des

noyaux; il y.a, semble-t-il, une infiltration leucocytaire.

Ces altérations sont donc analogues à celles qu'on rencontre

dans la méningo-encéphalite de l'adulte.

Poids des organes.

1(n ? mGO ? rrc : rHnLrrr. 109

110

Idiotie complète.

Tableau des ca.s de 9 o-et(,éi)iutlite observés dans le

xerrice.

1

Examens histologiques;

Par PHILIPPE et OitEUTHUH

1. Idiotie hydrocéphalique.

Ulvarri.... {Compte rendu de Bicêtre, 1898, p. \,j4,)

Hydrocéphalie considérable, méningite légère.

Les circonvolutions, très aplaties, ont une substance blanche

et une substance grise considérablement diminuées d'épais-

seur.

Examen histologique. - Les libres nerveuses de la substance

blanche sont naturellement refoulées et tassées par l'ectasie

des ventricules qui leur donne des directions variables. Au

milieu de la substance blanche, on voit un certain nombre de

taches scléreuses de petites dimensions (vaisseaux avec parois

très épaissies). Les fibres nerveuses sont un peu grêles, raré-

fiées partout, mais surtout au niveau de l'écorce grise, où.

seules, quelques fibres radiaires apparaissent encore; les

fibres d'association de l'écorce ont presque totalement dis-

paru.

Les diverses couches cellulaires ne sont plus reconnais-

sablés, leur épaisseur totale n'atteint pas le tiers de la nor-

male, des bandes de sclérose névroglique à fibres parallèles

aux bords des circonvolutions apparaissent çà et là ; les cel-

lules nerveuses tassées les unes contre les autres se trouvent

disposées en îlots irrégulicrs. A un fort grossissement, par la

méthode de Nisl, on observe surtout l'atrophie simple de ces

cellules avec perte de leurs prolongements : il n'y a plus de

grandes cellules pyramidales.

Le tissu interstitiel a proliféré. Les parois ventriculaires

112 Examens histologiques.

sont très épaissies, avec des vaisseaux très dilatés. Quelques

bandes de sclérose partent de là vers les circonvolutions.

L'épithélium épendymaire a proliféré, desquammant par pla-

ces ; il envoie dans l'épaisseur de la paroi des ramifications en

doigts de gant ou pseudo-canaliculées, recouvertes de cel-

lules cubiques.

Du côté des vaisseaux, on observe une artérite fibrillaire

qui tend à envahir les tuniques moyennes et internes et à

cloisonner leur lumière.

En certains points de l'écorce, on voit des blocs de subs-

tance nerveuse subir des altérations destructives, qui, quoi-

que légères, ressemblent à celles observées dans les méningo-

encéphalites.

.§ Il. Idiotie symptomatique de méningo-encéphalite.

Deshay... {Compte rendu de Bicétre, 1893, p. 54 et 100.)

Les circonvolutions sont rétractées, les scissures baillent

largement, la sclérose n'est nulle part intense, mais elle atteint

presque identiquement tous les points du cerveau.

Examen histologique. Les fibres à myéline sont très nom-

breuses, non seulemeut dans la substance blanche, mais en-

core dans la substance grise. La strie de Baillarger apparaît

très nettement, même à l'oeil nu, sur les préparations de la

région occipitale colorées au Weigert-Pal. Le réseau d'Exner

et les autres plexus sont assez riches en fibres, mais toutes

ces fibres tangentielles sont intriquées de bizarre façon, ainsi

que les fascicules radiaires, qui forment un feutrage tel qu'il

est difficile de s'orienter : ces fibres sont encore plus intéres-

santes quand on les considère à un fort grossissement, elles

sont extrêmement grêles, avec des renflements nombreux, leur

myéline est très granuleuse. Entre ces fibres et dans la gaine

des vaisseaux, on trouve des quantités de cellules rondes dont

le protoplasma est rempli de granulations myéliniques.

Les vaisseaux sont assez nombreux, mais présentent peu

d'altérations, sauf un léger degré de périartérite.

La névroglie est nettement hyperplasiée, surtout quant à

ses fibrilles assez grosses et disséminées entre les fibres à

myéline dans le centre ovale, sans constituer de vraies

bandes scléreuses. Les noyaux névrogliques sont arrondis,

Examens H ! f;TOLO(IQUEs, 1 H

avec peu de protoplasma. On trouve cependant, ..dans...le

voisinage des vaisseaux, quelques grandes cellules araignées

il. protoplasma granuleux. , ? '" ' u, : Les diverses couches cellulaires ne sont pas reconnaisse- :

blés, les cellules sont souvent disposées en tourbillons, en

spirales autour des vaisseaux, elles sont peu abondantes. Il

y a peu de grandes cellules pyramidales; celles qui restent

.sont arrondies, sans prolongements, il protoplasma très peu

coloré, à noyau riche en chromatine. L'adhérence et

sissement des méninges molles sont très minimes.

sr II. Idiotie et Épilepsie symptomatiques de sclérose atrophique des

. lobes frontaux.

' Compte-rendu de Bicêtre, 1897 p. 96.

Vayrad.... Sclérose lobaire symétrique, intéressant les deux

lobes frontaux. . '

Examen histologique. 1 Examen des lobes frontaux. Les

circonvolutions ont il peine 3 millimètres d'épaisseur ; les

scissures baillent largement. Lorsqu'on examine it un faible

grossissement une coupe colorée par le ptéro-carmin, inté-

ressant toute l'étendue de la portion sclérosée, on remarque

que le tissu correspondant au centre ovale des circonvolutions,

apparaît formé de bandes de tissu fibreux se colorant en rouge

très foncé. Dans toute la substance grise, au niveau de ses

étages inférieurs, apparaissent de grandes cavités remplies

de blocs arrondis et de vaisseaux ddates ; par contre, les

régions les plus externes de l'écorce ne sont pas cavitaires et

se colorent, elles aussi, vivement.

Il est impossible de mettre en évidence aucune libre ner-

veuse par les méthodes habituellement employées. De même,

les cellules migratrices chargées de granulations myéliniques

font défaut : ce qui tendrait à démontrer que la disparition

des tubes nerveux remonte il une date déjà éloignée. On ne

rencontre non plus, en cette région, aucune cellule nerveuse ;

comme les fibres, ces éléments ont entièrement disparu.

Les circonvolutions frontales ne contiennent donc plus que

du tissu névroglique et des \lai -seaux...

Ce tissu névroglique est très riche en cellules de toutes

tailles (divers types d'astroc-tes ; grandes cellules-araignées .

Bourneville, 131cëtre, 1900. ' . 8

11.'s Histologie des idioties.

à protoplasma abondant) ; certaines de ces cellules pourraient,

il première vue, être prises pour des cellules pyramidales

mais attentivement examinées, elles possèdent beaucoup de

fibrilles fines, avec un protoplasma sans granulations chro-

matiques, un noyau allongé ou ovalaire rempli d'un réseau

de chroma tine. Les fibres névrogliques sont denses et serrées,

formant des bandes scléreuses au voisinage de l'épendyme

et dans le centre ovale des circonvolutions. Ailleurs, c'est la

disposition on tourbillons, en spires, qui domine. Il en est

ainsi au voisinage des vaisseaux.

Ceux-ci présentent des lésions typiques ; leurs tuniques sont

hypertrophiées, envahies par un processus de librose qui

finit par cloisonner leur lumière et l'oblitérer complètement.

On trouve, en certains points, des amas de pigment ocreux,

mais nulle part trace d'une rupture vasculaire récente.

La formation des cavités est particulièrement intéressante

à étudier dans ce cas. Celles-ci se rencontrent principalement

dans cette zone assez vasculaire qui forme la limite de la

substance grise et de la substance blanche de l'écorce.

Au début du processus cavitaire, on voit se produire au-

tour des vaisseaux ou même dans un point quelconque du

tissu une densification des fibrilles ; elles prolifèrent vers l'ex-

térieur et forment ainsi des nodules glieux périvasculaires.

A leur périphérie, la névroglie devient plus lâche, moins riche

en noyaux ; clic ne tarde pas il céder en divcrs points et les

nodules se trouvent ainsi libres de toute adhérence avec le

tissu environnant. Le processus cavitaire ne semble pas dans

notre cas avoir tendance à l'envahissement indéfini. Les

cavités se limitent naturellement par une réaction comme

cicatricielle de la névroglie ; leurs bords ne tardent pas à

s'envelopper d'une couche de libres denses qui forme il la

perte de substance une véritable paroi.

Les méninges sont adhérentes et épaissies (travées formées

de grosses fibres conjonctives el, dans leur interstice, très

peu d'éléments migrateurs ; vaisseaux nombreux, avec parois

épaissies, sclérosées et lumière étroite).

Les autres circonvolutions, quoique présentant un aspect

très différent, sont loin d'être normale*.

La plupart sont atrophiées dans une certaine mesure,

(front loi). paracentral, cire, temporales). La substance

blanche est très diminuée de volume, les fibres nerveuses, très

grèles, sont accompagnées de nombreuses fibrilles névrogli-

ques, les cellules nerveuses sont petites, arrondies, diminuées

de nombre.

Idioties. 115

^ IV. Idiotie, épilepsie et hémiplégie consécutives à l'alcoolisme.

Nara... {Compte-rendu de Bicêtre de 1896, p. 207.)

A première vue, les circonvolutions ont une épaisseur nor-

male, le cerveau n'est pas atrophié. La section montre que

les ventricules ne sont pas anormalements dilatés. La décor-

tication est difficile ; la surface libre des circonvolutions est

très adhérente à la pie-mère opaque, notablement épaissie :

dans l'intérieur des scissures, il n'y a pas de symphyse ménin-

gée, car les méninges n'y présentent que des lésions très fai-

bles.

Examen histologique. - Les libres il myéline colorées par la

méthode de Weigert-Pal, par le picrocarmin et le liquide de

Van Giesen, apparaissent nombreuses, disposées bien paral-

lèlement, sans interposition de bandes scléreuses, dans la

couronne rayonnante et le centre ovale de toutes les circon-

volutions. Tout ce qu'on peut constater, c'est que leur diamè-

tre est sensiblement inférieur au diamètre normal ; elles sont

un peu grêles.

Lorsqu'elles pénètrent dans la substance grise, elles subis-

sent une raréfaction considérable ; par places les fibres radiai-

rcs sont assez bien conservées, ailleurs on n'en rencontre

presque plus. La plus grosse lésion s'observe dans les diverses

couches de libres tangentielles ; il n'y a, pour ainsi dire, plus

trace des libres du réseau d'Exner.

Du côté des cellules nerveuses, on observe avant tout une

diminution du nombre des éléments. Il est impossible de diffé-

rencier les diverses couches ; les cellules sont toutes de

dimensions sensiblement égales; arrondies, pauvres en gra-

nulations chromatiques, avec noyau petit, à contours assez

nets. elles tendent souvent au type bipolaire, sans être ni très

pigmentées, ni chromatolysées. Les grandes cellules pyrami-

dales sont rares et déformées. Enfin, l'on rencontre des élé-

ments cellulaires de grande dimension; nous ne voulons pas

pour l'instant en discuter la nature, nerveuse ou névroglique.

La trame névroglique n'offre rien de bien particulier ; il y a

peu de grandes cellules-araignées, le type cellulaire le plus

Fréquent est l'astrocyte à noyau arrondi, petit, avec une mul-

titude de prolongements très grêles, direction nettement

1'IE Histologie.

radiairc. Il y en a beaucoup au voisinage des vaisseaux et

dans la substance corticale. La paroi des ventricules est at-

teinte d'un certain degré de sclérose fibrillaire; ses vaisseaux

sont ectasiés, mais l'épithélium épendymaire n'a pas subi de

prolifération notable. ,

Les vaisseaux présentent des altérations importantes, prin-

cipalement au niveau des régions les plus superficielles de

l'écorce ; dans les autres zones, on ne remarque qu'un cer-

tain épaississement des tuniques moyenne et interne, avec

prolifération des noyaux.

Au niveau de la symphyse méningée existe une uéofornla-

tion de capillaires abondants ; les vaisseaux plus importants

sont atteints d'endartérite. Autour de toutes les artères et

veines de cette région, apparaissent des amas de cellules

rondes peu riches en protoplasma, il noyau très coloré par

l'hématoxyline ; ces amas entourent let vaisseaux comme un

manchon. En certains points, ces amas deviennent très con-

sidérables et peuvent même être indépendants des vaisseaux.

La pie-mère présente, elle aussi. une vascularisation exagé-

rée : mêmes lésions d'endartérite; même envahissement de

cellules rondes disposées en nappes. De plus, elle est très

épaissie, formée de fibres assez robustes, serrées les unes

contre les autres, ne laissant que quelques espaces aréolaires,

dans lesquels se montrent quelques grosses cellules migra-

trices à protoplasma abondant et granuleux; nulle part, on

ne trouve de leucocytes polynucléaires.

S V. -Idiotie symptomatique d'atrophie cérébrale ; pachyméningite;

kyste de la dure-mère.

\la<lu.. {Compte-rendu de Bicêtre, 1886, p. 33.)

Sclérose lobaire alrophique. intéressant surtout les lobes

frontaux et pariétaux, n'épargnant complètement aucun point

du cerveau. Les circonvolutions sont amincies, de consis-

tance cartilagineuse, transparentes par places. Les méninges

sont intimement soudées ia l'écorce; il y a un certain degré

de dilatation des ventricules, causé surtout par l'atrophie

considérable du corps calleux et des noyaux gris centraux.

Examen histologique. Les lésions sunt de même nature

IDIOTIES. 117 %

en tous les points du cerveau : ce n'est qu'une question de

degré. Le corps calleux est tellement atrophié qu'il n'est plus

constitué que par une mince membrane translucide, ne con-

tenant plus aucune fibre myéliniques, mais possédant des

fibres névrotiques, à noyaux allongés, disposées en couches

parallèles.

Si l'on examine à un faible grossissement une coupe per-

pendiculaire à la surface cérébrale, intéressant plusieurs cir-

convolutions et s'étendant de la paroi ventriculaire à la sur-

face libre du cerveau - (méthode de Weigert-Pal et carmin),

on est d'abord frappé par l'épaisseur de la paroi ventriculaire,

très sclérosée, criblée de gros vaisseaux béants, autour des-

quels le tissu se raréfie; on voit ces bandes scléreuses partir

de là sous forme d'irradiations rouges, et envahir en partie

le centre ovale des circonvolutions dont les fibres myéli-

niques restantes, dévies en tous sens, sont très atrophiées.

Au niveau de la substance grise, les fibres à myéline s'ar-

rêtent et la zone inférieure de cette substance apparaît

creusée de lacunes de dimensions variables. Ces cavités

sont bordées d'une zone scléreuse assez dense, dans leur

intérieur flottent-des vaisseaux sclérosés, parfois réunis en

amas comme de véritables angiomes, des blocs déchiquetés

de substance nerveuse. Les couches les plus externes de

l'écorce sont moins altérées, car, en bien des points, on ren-

contre encore une quantité assez grande de fibres tangen-

tielles; par contre, les fibres radiaires sont partout très raré-

fiées.

L'adhérence de l'écorce avec les méninges molles est

assez intime dans l'intérieur des scissures, et c'est là que

s'observent surtout les lésions méningées, les méninges qui

recouvrent la surface libre des circonvolutions étant beaucoup

moins atteintes. Ces lésions méningées consistent surtout

en un épaississement fibreux avec prolifération vasculaire

et sclérose des parois des vaisseaux, principalement au

niveau de la zone externe ; en certains points existent des

amas de capillaires néoformés qui pénètrent dans l'écorce :

tout autour d'eux le tissu nerveux ne tarde pas à se creuser

et h se détruire, bien que dans ces points on observe encore

une conservation relative des fibres myéliniques tangen-

tielles.

Les altérations fines des éléments nerveux consistent sur-

tout en une atrophie des cellules et des fibres nerveuses :

cellules arrondies, petites, très peu nombreuses, disparues

complètement en bien des régions; fibresgréles, intriquées

Hf; S Histologie. si z

de façons diverses. Les phénomènes les plus importants

semblent se passer dans la névroglie et du côté des vaisseaux.

La névroglie épendymaire est très dense, les cellules cubiques

épithéliales sont nombreuses, souvent disposées en plusieurs

couches; on aperçoit au dessus de la paroi et dans son épais-

seur de nombreux canalicules néoformés, tapissés d'épithé-

lium cylindrique ou cubique. Partout se voient des cellules

rondes à fins prolongements, mais peu de grandes cellules-

araignées. Ce qui domine dans toutes les régions, ce sont les

fibres grosses, disposées en bandes ou en tourbillons et

tendant il tout envahir. L'hyperplasie est ici bien plus fibril-

laire que cellulaire.

Les vaisseaux, qu'ils appartiennent aux méninges ou

à la substance cérébrale, ont le même aspect ; leurs parois

sont très épaisses, mais avec peu de cellules rondes ; seulement

en certains points de la substance blanche, on découvre dans

leur gaine adventice quelques grosses cellules à protoplasma

chargé de granulations myéliniques.

L'épaississement des tuniques est, avons-nous dit, plutôt

du type fibreux, sans aller jusqu'à l'oblitération complète. En

outre, on peut observer en bien des points, la raréfaction de

ce tissu fibreux : dès lors, le vaisseau apparait formé de deux

cercles concentriques, la tunique moyenne n'étant plus repré-

sentée que par un fin réticulum fibrillaire.

X.

Résumé histologique des cas étudiés

PAn PHILIPPE ET OBERTHUR.

1. Méningo-encéphalites.

A. Lésions des méninges. La dure-mère est épaissie,

souvent adhérente, mais les grosses lésions prédominennt

au niveau des méninges molles. Ces dernières apparaissent

généralement formées par plusieurs couches d'aspect et

de structure très différentes. La couche la plus externe est

surtout constituée par une fibrose dense, dont les faisceaux

conjonctifs, tassés les uns contre les autres, rappelent la struc-

ture de la dure-mère ; pauvre en cellules et en vaisseaux, elle

renferme de véritables lacs sanguins ou sinus tapissés d'en-

dothélium ; plus on va vers la profondeur, moins le tissu

devient résistant, les travées conjonctives montrant des

fibrilles plus fines qui circonscrivent de grands espaces

libres. Le nombre des vaisseaux calibrés augmente au sur et

à mesure que l'on s'approchede l'écorce, si bien que la couche

la plus interne des méninges contient surtout des groupes

d'artérioles et de veinules, réunis par de fines fibrilles, dans

le réseau desquelles on observe cependant des formes cellu-

laires variées.

A côté des éléments fixes du tissu conjonctif, pareille

méningite renferme des cellules migratrices en quantités

variables, des globules sanguins, quelquefois aussi des dépôts

de pigment.

Au niveau de la symphyse, la prolifération embryonnaire

est au maximum. L'élément dominant dans certains cas, c'est

la cellule ronde à protoplasma peu abondant ou nul, à noyau

fortement coloré par l'hématoxyline. Ces cellules forment des

nappes d'une grande étendue, des manchons périvasculaires,

ou encore des amas arrondis en pleine substance grise.

120 IDIOTIES.

B. Lésions de l'écorce cérébrale. - L'écorce, dans les

points où la méningite est symphysaire, présente de grosses

altérations, sa substance grise est en train de se nécroser,

car les éléments ne se colorent plus, leurs cont urs sont

déchiquetés; souvent même, des débris informes, des glo-

Indes sanguins, des éléments fixes plus ou moins reconnais-

sables sans fibres à myéline ni cellules nerveuses, constituent

tout le tissu des points nécrosé,. - Dans certaines régions

la substance cérébrale résiste mieux, puisqu'elle a des con-

tours nets, avec libres tangentielles conservées. Les

grosses lésions destructives se limitent généralement à la

couche sous-pie-iW riennect aux deux autres couches de

l'écorce. Néanmoins, dans toute la substance cérébrale,

existent de nombreuses altérations : cellules nerveuses atro-

phiées, arrondies ou fusiformes; cellules pyramidales très

rares ou totalement absentes.

. D'une façon générale, la substance grise est très démyé-

linisée (peu ou uoint de fibres tangentielles ; fibres radiaires

raréfiées, contournées, enroulées en spires).

Le centre ovale des circonvolutions peut être normal

comme développement ; mais souvent ses libres sont raré-

fiées et remplacées par des fibrilles névrogliques.

Une autre particularité de ces fibres à myéline, c'est leur

gracilité, souvent, même l'état granuleux, fragmentaire de

la myéline. Une certaine dilatation des ventricules avec

sclérose légère de la paroi épendymaire s'observe dans

beaucoup de cas. - Du côté des vaisseaux de la substance

blanche et de la portion inférieure de la substance grise,

notons l'épaississement de l'adventice et son infiltration par

les corps granuleux, avec un certain de ? ré d'endartérite ;

souvent aussi, les vaisseaux sont envahis de l'extérieur vers

l'intérieur, par une prolifération conjonctive, qui finit par celui-

sonner leur lumière et en amener l'oblitération.

- II. Scléroses cérébrales atrophiques.

Elles s'accompagnent rarement d'une grosse méningite ;

puis, cette méningite peu riche en cellules, est toujours plus

fibreuse, moins vasoformalrice....

- Dans'les cas extrêmes, la. sclérose peut être telle qu'aucun

élément noble n'existe plus . elle forme une masse de névro-

glie surtout fibrillaire, qui représente comme le squelette

considérablement (le la circonvolution. Cette

masse glieuse est parcourue de nombreux vaisseaux à parois

épaissis et abondants surtout dans la région correspondant aux

Histologie. 1. in. 1

couches inférieures de la substance grise. A ce niveau, la

masse névroglique se creuse de cavités dont nous saisirons

les étapes de formation en étudiant les cas en pleine évo-

lution. Il existe dans le voisinage des vaisseaux, une hyper-

pla,ie névroglique considérable, sous forme de nodules

végétants allant jusqu'à oblitérer la lumière du vaisseau.

A là périphérie de ces nodules, la névroglie devient d'une

texture très fine et délicate, pour bientôt se nécroser en divers

points ; pareille nécrose ne semble pas avoir une tendance

illimitée à l'extension, car elle s'arrête bientôt devant la for-

mation d'une, paroi plus dense de fibres névrotiques. On

peut voir, dans certains cas, les régions corticales séparées

de leur centre ovale comme par un fossé rempli de vaisseaux

libres et de nodules glieux, et cela sur, toute l'étendue d'un

lobe. Il est difficile de préciser le point de départ de la sclé-

rose ; elle semble cependant prédominer surtout au voisinage

des vaisseaux. On observe aussi des bandes scléreuses

qui partent en rayonnant de la paroi ventriculaire cn(1 minée.

Dans les cas moyens, il y a encore un certain nombre

d'éléments nerveux très atrophiés, quelques faisceaux de

libres nerveuses dans le centre ovale, alternant avec les ban-

des scléreuses : les fibres radiaires de la substance gl i : se ont

disparu, alors que persistent encore quelques fibres tangen-

tielles, moyennes ou inférieures. Les altérations cellu-

laires sont analogues Ù celles que nous signalions plus

haut : atrophie simple, disparition (l'un grand nombre d'élé-

ments. On trouve aussi dans certains points, des cellules à

protoplasma incolore par le \issu, assez grandes et rami-

fiées.

D'autre part, on rencontre de ci de la, des groupes de

cellules pyramidales ayant subi une hypertrophie notable,

surtout du côté des prolongements protoplasmiques.

Quant 11 la structure intime des éléments névrogliques,

elle ne présente rien de bien particulier : fibrilles assez

rectilignes, gro-ses, disposées en faisceaux et en tourbillons;

cellules le plus souvent petites, à noyau arrondi et pourvues

de fins prolongements. On trouve moins de grandes cellules

araignées que dans la paralysie générale des aliénés et- la

sclérose en plaques......

Dans les cas que nous avons étudiés, même la où la lésion

semblait absolument localisée (sclérose lobaire symétrique),

nous n'avons trouvé aucun point de l'écorce absolument sain :

partout, nous avons noté une certaine atrophie des éléments

nobles, des lésions cellulaires importantes, une dystrophie

122 Idioties.

considérable des libres il. myéline, le tout coïncidant avec

l'hyperplasie névroglique et la sclérose des vaisseaux.

III. Hydrocéphalies.

L'examen des coupes perpendiculaires la la surface des

circonvolutions et atteignant le ventricule, montre tout

d'abord l'épaississement de la paroi du ventricule; les vais-

seaux en sont considérablement dilatés, il y a une hyperpla-

sie considérable des fibres névrotiques disposées parallèle-

ment à l'axe du ventricule, avec cellules-araignées de

dimensions variables, munies de forts prolongements.

1.'épithélium épendymaire est desquammé par places,

en d'autres points très végétant ; on rencontre, creusés

dans la paroi, de nombreux diverticules, tapissés d'épithélium

cubique de nature épendymaire.

Les lésions ne sont pas limitées au pourtour des ventri-

cules, car la sclérose fasciculée peut envahir le centre ovale.

Les fibres à myéline sont nécessairement refoulées par l'ec-

tasie ventriculaire et leur direction est changée, un certain

nombre d'entre elles sont détruites; la présence de corps

granuleux est constante du côté de l'écorce, dont la substance

grise, aplatie, offre une diminution de ses cellules, dans leur

nombre et dans leurs dimensions, avec disparition plus ou

moins totale des grandes cellules pyramidales. La destruction

des fibres des plexus corticaux est en rapport avec l'état des

cellules.

Dans certaines circonvolutions, nous avons pu noter des

pertes de substance avec un processus cavitaire assez ana-

logue à celui des scléroses lobaires; de même nous avons

constaté une réaction méningée souvent très appréciable.

¡

IV. Microcéphalie.

Dans le seul cas de microcéphalie que nous avons

étudié, il existait une méningite chronique, avec destruction

de la couche sous-piemérienne, comme dans les méningo-en-

céphalites ; mais le fait intéressant c'est que l'on notait la

coexistence d'une sclérose assez marquée du centre ovale

des circonvolutions et des noyaux gris centraux.

XI.

Thymus et glande thyroïde chez les enfants anormaux ;

Par BOUIINRVII.LK.

Depuis bien des années, nous avons soin de relever,

à l'autopsie, de nos malades, le poids de tous les orga-

nes et, en particulier du thymus, s'il y a lieu, et de

la glande thyroïde. La statistique de ces cas a été

consignée, chaque année, dans nos Compte-rendus.

Afin cle voir si les enfants anormaux ont, à cet égard,

quelque chose de particulier, nous avons fait appel

aux médecins et aux internes des hôpitaux d'enfants

pour qu'ils fassent des recherches analogues dans les

hôpitaux d'enfants ordinaires.

Seul, un de nos anciens internes, A. KaTZ, a bien

voulu répondre à cet appel. Nous avons reproduit

dans notre Compte-rendu de 1899 (p. 147 à 166) sa

très intéressante Statistique, portant sur le thymus

uniquement et comprenant 61 cas. Souhaitons que

d'autres imitent son exemple et étendent leurs in-

vestigations il la fois sur le thymus et la glande

thyroïde.

Voici maintenant le résumé de nos constatations,

pour 1900, sur la persistance du thymus, son poids et

celui de la glande thyroïde.

XII.

Statistique sur la persistance ou l'absence du thymus

chez les enfants anormaux ;

l'Ail 1t11[I1t : 11;Vll,l,h.

L'an dernier (1) nous avons établi la comparaison entre

les enfants normaux et les enfants anormaux au point

de vue de la persistance ou de l'absence du thymus. Dans

sa statistique (2) sur les enfants normaux M, Katz a

toujours trouvé le thymus (100 p. 100) alors que nous n'a-

vons trouvé sa présence que 78 fois sur 2U2 décès soit 27 Î

pour 100. Cette année tout en complétant cette statis.

tique jusqu'au 31 décembre 1900, nous avons recherché

la différence qui pouvait exister entre les enfants idiots

imbéciles, etc., mais épileptiques et les enfants idiots

imbéciles etc, non épileptiques. Le tableau suivant donne

année par année le résultat de nos recherches. Le même ' ·

tableau nous montre que si on se reporte il la compa-

raison que nous avons faite l'an dernier entre les enfants

normaux et les enfants anormaux sous le rapport de la'

persistance du thymus, la proportion est restée sensible

ment la même en 1900 pour ces derniers. 11 semblerait par

conséquent que le thymus disparait plus tôt chez les

enfants anormaux. Mais cette conclusion est toute rela-

tive, car il est à remarquer que la statistique con-

(1) (le 19U0, . 1.\ij,

(2) Quelques rcclierclies sur ! ' 'l'lynrttts elle : l'ell ? II/ Il ? 11111'. CUlllple-

(le 1000, p. 161.

TA1 ! ).EAU des cas DE persistance du Thymus.

128

Thymus.

bernant les enfants normaux ne portait que sur 61 cas et

qu'elle ne comprenait que des enfants au-dessous, comme

âge, du chiffre le plus bas des enfants anormaux.

Quant à la différence, au point de vue de la persistance

entre' les enfantsidiots, imbéciles, etc., mais épileptiques,

it les idiots, imbéciles, etc., non ÉpiLEPTiQUES nous avons

trouve chez les premiers une moyenne de 26, 7 °/o et chez

les seconds une moyenne de 30 or. Le thymus disparaît

donc plus tôt chez l'enfant idiot I,I>ILEP'l;lnLr,.

.; Le tableau ci-après donne la répartition de ces cas au

point- de vue de l'âge.

'fA'BLUA'H -DE LA PENSISTANCE U THYMUS, D'APRÈS L'AGE, : ; CHEZ LES IDIOTS, imbéciles, ETC., épileptiques, ET les

IDIOTS, imbéciles, ETC. non épileptiques.

thymus, 129

Au point de vue du poicls ces cas se répartissent ainsi :

XIII.

Inégalité de poids des hémisphères cérébraux et

cérébelleux ;

Par ItpUItVI : VI1.LL.

Voici le relevé des cas de 1900 complétant la sta-

tistique générale du Compte-rendu de 1899 (p. 107).

XIV.

De l'influence des professions insalubres sur la produc-

tion des maladies chroniques du système nerveux ;

Par 130UItNI : VILLL.

Ainsi qu'en font foi nos Comptes-rendus de 1880 il

1900, nous prenons toujours grand soin de relever

toutes les causes des maladies nerveuses chroniques

de l'enfance qui produisent les différentes formes

d'idiotie, d'imbécillité, d'arriération intellectuelle et

morale. Nous procédons de même pour les diffé-

rentes formes d'épilepsie, d'hystérie et d'hébphéiénie.

Parmi ces causes figurent certaines professions répu-

tées insalubres, avec raison, exercées par les parents.

Au premier rang se placent celles dans lesquelles on

manie la ceruse, le mercure, le phosphore, le cuivre,

etc. Nombreuses sont les observations dans les-

quelles nous avons relevé cette étiologie.

Les discussions dont le blanc de céruse a été l'objet

dansées derniers tem ps a u ('omilé cl'hiiète pic6liclue

de France (1) et dans la presse politique nous ont

engagé à faire un relevé aussi exact que possible des

cas des maladies nerveuses de l'enfance que nous

venons d'éntnuérer dans lesquelles il est possible

d'invoquer l'action des professions insalubres.

(II Voir l3ouruevillc. Substitution du. blanc de zinc au blanc de ce) use

(Proptvs méclicat, n 10 Vc 11)01, y. 163.)

154 Saturnisme.

Le Tableau suivant montre les diverses affections

auxquelles ont succombé les enfants :

XV.

Idiotie myxoedémtaeuse ; pleurésie ; mort;

Par BOURNEVILLE et LAURENS.

Sommaire. Père, rien de particulier, sauf quelques excès

de boisson. - Grand-père paternel grand buveur. - Tante

paternelle convulsions de l'enfance. Mère, rien à noter.

- Cousin germain, convulsions, - Tante maternelle, con-

vLl1SZ072S ainsi qu'un de ses enfants et un cousin germain.

Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 2 ans et demi.

Conception probable dans l'ivresse. Grossesse, rien de

particulier. Accouchement à 8 mois et demi.- Pas d'as-

phyxie à la naissance. - Première dent à 2 ans. Jamais

de convulsions. Parole et marche nulles. Consti-

pation habituelle. Réunion de tous les signes de l'idiotie

myxoedémateuse : nanisme, persistance de la fontanelle

antérieure, etc.

1899; Pleurésie purulente; mort.

Autopsie. Crâne très mince et d'un blanc légè7·e7nent jau-

nâtre ; persistance de la fontanelle antérieure. Circon-

volutions grêles, luisantes, sillons peu profonds. - Légère

hypertrophie de la glande pituitaire. Absence de la

GLANDE THYROIDE. - Pleurésie purulente. -Examen his-

tologique. '

Molli... (Léontine), née à Paris, le 5 janvier 1896, est entrée

dans le service le 16 août 1898.

Antécédents héréditaires et personnels. (Renseignements four-

nis par la mère, le 27 août 1898).

PÈRE, 41 ans, né à Ugine (Savoie), palefrenier, pas de con-

vulsions, pas de typhoïde, pas de rhumatismes, pas de dartres,

pas d'indices de syphilis, boit bien mais ne s'enivre jamais,

pas fumeur, jamais de traumatismes céphaliques, pas de

migraines, a bon caractère. Il est resté quatre ans aux colo-

156 Antécédents personnels.

nies (Ile de Bourbon), n'a jamais eu les fièvres ; s'est marié

à 30 ans. Il a le nez aquilin et les cheveux noirs.

Famille du père. Père alcoolique, mort à 62 ans d'un

chaud et froid, a toujours été bien portant. Mère, morte

à 52 ans «de son retour d'àge. » Elle s'était progressivement

affaiblie; on ne saurait dire si elle était tuberculeuse.

Grand-père paternel, inconnu. Grand'mère paternelle,

morte à 73 ans, de vieillesse, avait toujours eu une bonne

santé. Grand-père maternel, aucun renseignement.

Grand'mère maternelle, morte à 82 ans, ni démente, ni para-

lysée. Oncles et tantes, morts très-vieux. Deux frères :

un mort à 28 ans d'une chute d'arbre, l'autre est âgé de

30 ans, a deux filles intelligentes, n'ayant jamais eu de

convulsions. Une soeur aurait eu des convulsions de

l'enfance.

Dans le reste de la famille : pas d'idiots, pas d'aliénés, pas

d'épileptiques, pas d'apoplectiques, pas de paralytiques, pas

de difformes, pas de bègues, pas de tiqueux, pas de strabiques,

pas de sourds-muets, pas de pieds bots, pas de malformations,

pas de goitreux, ni de crétins, pas de suicidés, pas de

prostituées, ni de criminels.

Mère, 43 ans, née à Ugine (Savoie), mariée à 32 ans,

ménagère, pas de convulsions, pas de fièvre typhoïde, pas

de rhumatismes, pas de dartres, pas d'indices de syphilis,

pas de chorée, sobre, pas de traumatismes céphaliques, pas

de migraines, bon caractère. Elle a le nez aquilin et les

cheveux châtains. Elle parait très-bien portante et intelli-

gente, elle se plaint de manque d'appétit et de faiblesse.

Elle a eu pendant longtemps des pertes blanches.

Famille de la mère. - Père, mort à fi5 ans d'une maladie

cachectisante, cancer ou tuberculose. Mère, morte à 70

ans, de vieillesse, n'a jamais eu aucune maladie. Aucuns

renseignements sur les grands-parents. - Un oncle et deux

tantes maternelles, un oncle et une tante paternels, morts

âgés. Ils ont eu des enfants qui sont en bonne santé.

Une soeur a eu des convulsions de l'enfance et a un enfant

qui a eu également des conDuIsions, - Deux frères : l'aine.

51 ans, a un enfant de 11 ans, qui a eu plusieurs crises con-

vulsives, avec perte de connaissance : « les médecins ont dit

qu'il était trop intelligent pour son âge. » Le deuxième

frère, âgé de 4 ans, deux filles, intelligentes, n'ayant jamais

eu de convulsions. Reste de la famille, rien il signaler,

en particulier pas de goitreux, pas de crétins.

Antécédents personnels. 157

Pas de Consanguinité, - Inégalité d'âge : la mère a 2 ans

1/2 de plus que le père.

Deux Enfants : 1° garçon ou fille mort à 4 mois de la. cho-

lérine ; 2° notre malade.

Notre malade. Conception : pas de misère, bonne entente,

sympathie. La mère croit que le père, au moment du coït,

avait bu plus que de coutume.

Grossesse : pas de coups, pas de chutes, pas d'envie, pas

de syncopes, pas d'attaques de nerfs, pas d'albuminurie, pas

d'émotions, pas d'alcoolisme, ennuyée de se voir enceinte

mais pas de tentative d'avortement, était faible et anémique,

a vomi un peu les quinze premiers jours, pas d'oedèmc. A

4 mois 1/2 : les mouvements étaient si forts qu'elle croyait

avoir une grossesse double.

Accouchement quinze, jours avant terme, naturel, le travail

a duré 4 ou 5 heures, la tète n'est pas restée longtemps au

passage; pas de chloroforme; présentation du sommet, on ne

peut renseigner sur l'abondance des eaux.

A la naissance, l'enfant n'était pas asphyxiée, n'avait pas

son cordon autour du cou, elle paraissait bien portante.

Abattement : M... a eu beaucoup de peine à prendre le sein : '.

« J'ai été un mois sans qu'elle puisse le prendre, elle tétait

une seconde puis lâchait prise. » La mère était obligée de

tirer le lait elle-même et l'enfant « le prenait ensuite avec son

petit caoutchouc. » Ce n'est que vers deux mois qu'elle a com-

mencé à prendre le sein et à téter seule, mais toujours dif-

ficilement. A 7 mois, elle a bu du lait de vache. Elle a eu

sa deuxième dent à vingt-et-un mois. Elle n'a jamais marché.

Elle ne criait jamais.

Pas de convulsions, pas d'onanisme. Elle a toujours été très

constipée : « elle a toujours rendu des matières très dures :

on aurait dit que c'était des pierres qui tombaient ». La res-

piration est normale. Les sens paraissaient aussi développés

que chez les autres enfants. Le sommeil a toujours été calme.

Elle a toujours eu la peau très blanche. Pas de maladies

infectieuses,

L'enfant n'a pas eu de gourme, pas de dartres, pas d'otor-

rhée ; elle a eu une ophtalmie après sa naissance; pas d'a-

dénite, ni d'abcès. Elle a toujours eu des croûtes dans les

cheveux. Les croûtes ont commencé à paraître vers 4 mois,

elle en avait encore beaucoup il 2 ans 1/2, il était très difficile

de les faire partir.

Etat actuel. L'enfant a le facies typique de l'idiote 111U.\ : (I'-

158 Idiotie myxoedémateuse.

rlémateuse. La peau est blanche, sèche. Le crâne est élargi en

arrière, l'occipital est proéminent, les bosses pariétales sont

accusées; brachycéphalie. La fontanelle antérieure per-

siste. Elle est quadrangulaire : les angles latéraux sonl; aigus,,

l'angle postérieur est arrondi, l'antérieur très aigu, se pro-

longe entre les deux frontaux primitifs sur une étendue de 1

centimètres. - Le front est bas, fuyant; les bosses frontales

sont peu proéminentes. Les cheveux sont secs, cassants,

«roches », blonds, dorés. Au niveau de l'occiput, ils sont très

clairsemés. Dans la région temporale moyenne, on aperçoit

une longue mèche de cheveux, en avant et en arrière de la-

quelle les cheveux sont petits et rares. Le cuir chevelu est

parsemé de croûtes se détachant difficilement, ressemblant

à de l'eczéma séborrhéique. La face est arrondie, les arcades

sourcilières ne sont pas proéminentes, les sourcils sont rares.

Les paupières sont boursouflées, pâles, les fentes palpé-

braies petites, ovalaires, presque linéaires. Les cils sont petits

et espacés. Les yeux sont mobiles et ne présentent aucune

lésion apparente, pas d'exophtalmie, pas de strabisme, pas de

paralysie, pas de nystagmus. L'iris est bleu ; les pupilles

moyennes, régulièrement circulaires, réagissent bien à la lu-

mière. L'acuité visuelle parait normale. Le nez est épaté,

déprimé à sa racine, le lobule arrondi, non bifide, les narines

circulaires regardent en avant et en bas. Les joues sont

pâles, fermes. A la palpation on a la sensation de palper des

masses musculaires et non du tissu adipeux. La lèvre supé-

rieure est plus développée que l'inférieure. L'éruption den-

taire est extrêmement retardée à la mâchoire inférieure. Les

deux incisives médianes sont seules sorties it moitié de leur

hauteur, à la mâchoire supérieure, les deux incisives centrales

sont sorties et les bords libres des deux incisives latérales

apparaissent à la gencive, les dents sorties sont régulières

de forme, de volume et de constitution. La voûte palatine

est très concave, le voile du palais bien conformé. La langue

est mobile, elle n'est pas hypertrophiée, elle est souvent sortie

hors de la bouche. Les amygdales etle pharynx sont normaux.

Les oreilles sont bien conformées, l'ouïe est normale.

Le cou est court, assez volumineux. Une palpation très

attentive ne permet pas de constater la présence du corps

thyroïde. De chaque côté de la ligne médiane, on perçoit une

masse adipeuse se continuant en arrière, presque dans la ré-

gion de la nuque.

1 UIO'l'IE myxoedémateuse.

159

Le thorax est bien conformé, sans aucune déformation.

Au niveau de la paroi antérieure de l'aisselle existe une

masse adipeuse se continuant avec celle signalée au cou. Le

ventre est bombé, l'ombilic est proéminent, on ne trouve au-

cune trace de hernie. Au niveau du pli de l'aine on remarque

l'existence d'une adipose très accentuée, se continuant sur

la face interne des cuisses. La constipation est opiniâtre;

pas de chute du rectum.

Les membres supérieurs sont bien conformés, ils sont flas-

ques, les mouvements volontaires s'y exécutent avec lenteur,

les mouvements provoqués sont possibles en tous sens. Les

ongles sont friables. .

Les membres inférieurs ont une forme normale, mais ils

sont flasques. L'enfant se tient debout à grande peine et à la

condition qu'on la maintienne énergiquement.

Le pubis est très convexe, les grandes lèvres sont bien

conformées, les petites pâles et rudimentaires. Poids :

8 IdlogT. Taille : Om,69.

IfiU . Idiotie myxoedémateuse.

1"1 ? 11. - Moll, : 1 à ans et demi,

Autopsie : crâne ET cerveau. 161

t899. /lonf-Septembre. Mol... a eu une fièvre

typhoïde qui n'a point offert de particularité notable. Nous

nous bornons à reproduire le tableau de la température rec-

tale durant cette fièvre.

162 IDIOTIE myxoedémateuse.

La dure-mère est très adhérente au crâne. Elle présente des

arborisations nombreuses mais pas de fausses membranes.

L'apophyse crista-galli est très mince, lamelliforme, triangu-

laire. La glande pituitaire a son aspect et sa couleur habi-

tuels. Elle est allongée, un peu pâle. Elle parait un peu grosse

pour l'âge de l'enfant. Elle mesure 12 millimètres transver-

salement et 6 mm. d'avant en arrière. Les apophyses clinoïdes

sont tout à fait effacées. - Le sinus latéral gauche renferme

un caillot volumineux qui se prolonge jusque dans la veine

jugulaire ; dans le sinus il mesure 7 centimètres, il est très

consistant et pèse 5 grammes.

Le cerueau a un aspect lisse et luisant. Des deux côtés la

pie-mère est lisse et peu vasculaire. La quantité du liquide

céphalo-rachidiem est en quantité minime. Les différentes

cavités de la base du crâne sont symétriques. Le trou occi-

pital ne présente rien de particulier.

La décortication de l'hémisphère droit se fait facilement

malgré la minceur de la pie-mère. Le ventricule latéral,

la couche optique, le corps strié, la corne d'Ammon n'offrent

rien de particulier. Toutes les circonvolutions sont grêles,

les sillons sont peu profonds. On ne constate pas d'aspect

chagriné sur la face convexe mais un peu sur les circonvo-

lutions internes du lobe temporal. On constate sur l'hemt-

sphère gauche le même état de la pie-mère.

Cou. On ne trouve pas trace du corps thyroïde ni du

thymus.

Thorax. La plèvre gauche contient un liquide séro-pu-

rulent. Il existe une pleurésie interlobaire du côté gauche.

Le poumon droit présente quelques ecchymoses sous-

pleurales et quelques points de congestion aux bases. Les

autres organes sont normaux.

f Examen histologique. 163

164 IDIOTIE myxoedémateuse.

line ne présente pas d'état poussiéreux, ni d'altération élé-

mentaire d'aucune sorte. Les libres radiaires sont nombreu-

ses, disposées en faisceaux réguliers, le centre ovale des

circonvolutions est franchement coloré en noir par l'héma-

toxyline de Weigert, sans aucun tractus scléreux, les vais-

seaux ne sont pas augmentés de nombre.

Les couches des fibres tangentielles superficielles et pro-

fondes existent partout sans grosses lésions. Mais il faut

cependant remarquer que ces fibres sont grèles, bien moins

nombreuses que dans des écorces normales de même âge.

Il existe là une raréfaction ou un arrêt de développement

indiscutables.

La névroglie, tant dans la moelle que dans l'écorce, n'est

nulle part hyperplasiée, les noyaux sont peu abondants et

les fibrilles en sont extrêmement tenues.

Les «aisseaux ne présentent d'autres lésions qu'une cer-

taine exiguité de leur calibre et un état hyaloïde de leurs

parois. Les méninges n'offrent rien de particulier.

Réflexions. - I. L'hérédité est peu chargée :

quelques excès de boisson du père et du grand'père

paternel, des convulsions de l'enfance chez une

tante et deux cousins ; des convulsions chez une

grand'tante, une tante et une cousine du côté mater-

nel. Bien que le père et la mère soient nés en Savoie,

il n'y a ni goitreux, ni crétins dans leur famille.

II. L'enfant a probablement été conçue durant

l'ivresse alcoolique du père. Relevons l'intensité des

mouvements foetaux, la naissance 15 jours avant

terme, la difficulté de la prise du sein, le retard de

la dentition, la constipation à un degré prononcé,

les croûtes du cuir chevelu, la persistance do la fon-

tanelle antérieure, les faciès et l'aspect général du

nyLCeclè7ne infantile. Notons eniin, l'absence de la

glande thyroïde, vérifiée à l'autopsie, les masses

pseudo-lipomateuses, etc.

III. Une fièvre typhoïde en voie d'incubation s'étant

déclarée deux semaines après l'admission, la conva-

Idiotie myxoedémateuse. 165

lescence ayant été longue, nous avions retardé la mise

en traitement par la glande thyroïde. Nous nous dis-

posions à y recourir quand M.. a été enlevée par une

pleurésie purulente.

IV. La température centrale des 1nyxoedémateux

infantiles est toujours inférieure à la normale. Chez

notre malade la température moyenne était de 36°.

Durant l'évolution de la pleurésie purulente, qui

a causé sa mort, la température a atteint un seul jour

39° et n'a jamais dépassé ce point maximum. Pen-

dant une fièvre typhoïde, dont l'enfant a été atteinte,

dès quinze jours après son entrée, la température

est montée à 39°,5 et n'est jamais allée au-delà. (Voir

p. 22, l'ohservation de Félicie Tis..., atteinte égale-

ment d'idiotie myxoedématcuse.)

- XVI.

Contribution à l'étude de la Microcéphalie et en particu-

lier du traitement médico-pédagogique des idiots

microcéphales;

PAR BOURNEVILLE (1).

' Ma communication a surtout un but clinique' et

thérapeutique : la. démonstration de la possibilité

d'améliorer, même à un degré prononcé, les idiots

microcéphales. Toutefois, comme préambule, je crois

utile de placer sous vos yeux un certain nombre de

photographies représentant des crânes et surtout

des cerveaux de microcéphales. Pour plus de com-

modité j'ai disposé toutes ces planches sur de grands

tableaux noirs que le maire de Clermont, M. Lecuyer,

a fait mettre à ma disposition.

I. Les planches I, II, III, IV sont empruntées au

mémoire de Wogt (2) ; les planches V à XIV sont

tirées du remarquable mémoire de. M. Giacomini

paru en 1890 (3) ; les planches XV à XXI du

mémoire de M. Miguel Bombarda qui vient de pa-

raître (4). Wogt ne donne pas le poids des cerveaux

(11 Communication faite au Congres des aliénistes et neurologistes de Cler-

mont-Ferrand, 1894, p. 526. et qui aurait dû-être reproduite dans le Compte-

rendu de 1895. (Avec de nombreuses planches).

(2) Mémoires sur les microcéphales ou hommes singes, par Carl Wogt.

(3) 1 cervelli microcephali del Prof. Giacomini.

(4) Cont1'ibuiçao para o estudo dos microcephalos, peco Prof. Miguel Bom-

barda. Lisboa, 1894.

Microcéphalie.

167

des Microcéphales dont il parle. Les Microcéphales

de M. Giacomini avaient un encéphale dont le poids

variait de 171 à 785 grammes. En voici d'ailleurs le

tableau.

168 Microcéphalie

chefort. Nous ne possédons pas de détails sur le cer-

veau (1).

Voici les mensurations de la tête :

Microcéphalie.

169

La comparaison de ses centres nerveux avec ceux cle

deux hommes il peu près du même iie laisse aucun

doute sur la réalité de la Microcéphalie

170 Microcéphalie.

phies de CHER... (N° xxiv) et celle de son cerveau

(N° xxv) ainsi que celle du cerveau d'Edern. (N" XX-VI),

- Fig. 15.

Mari... Jan ... Arno... Ramba...

Tabonr. (G,) Tabour. (1L Mazi... Laure... Reness...

Pouge... ..

Microcéphalie. 171

Dans notre second Mémoire sur la Microcéphalie,

communiqué au Congrès international de Médecine

Fig. 16.

Jan.... Mario... Ramba... Tabour. (G.)

Mazi... Reness... \' Tabour, (M.) Laure...

172 Microcéphalie.

mentale en 1889 (1), nous avons montré les photogra-

phies du malade Cluto ? celles de son cerveau et le

squelette de sa tête.

OBS. III. IDIOTIE MICI1.0CIPHALIQUE.

f0\Ili : lIRl;. - Antécédents paternels et maternels négatifs.

Impression maternelle vive avant la conception, se pro-

longeant pendant et après la grossesse. Pas de consan-

guinilé. - Premières convulsions à six mois. - Idiotie

complète : bave, balancement, gâtisme, etc. Marche à

3 ans z. Microcéphalie très prononcée; - acrocéphalie.

Prognathisme supérieur. Diphtérie : Mort.

Résultats de l'autopsie : Absence presque complète du lobe

occipital. Arrêt de développement et malformations

considérables du cerveau.

Cluto.. (Léon), né le 17 mai 1876, est entré à Bicétre le 17

avril 1889 et y est décédé le 26 avril suivant.

Poids : 21 kil. ; Taille : lm 30. Encéphale : 490 gr.

Cerveau : 360 gr.

Pour permettre de se rendre compte du degré de

la Microcéphalie chez Cluto... nous avons dressé, pour

comparaison, le tableau ci-après concernant 7 enfants

du même âge :

(1) Bourneville et Cvmescasse. - Nouvelle contribution à l'étude de la

microcéphalie (Compte-rendu de Bicétre pour 1890, p. 11.i).

Microcéphalie.

173

174 '1

Microcéphalie. L.

Üubillo.. (Réné), nÓ le : W jninI8ï1, est décéllé le Il avril

ISBG à l'ale cle 1 ans.

Poids : 21 k. 400. Taille 1 m. 18. 1

Encéphale : 805 gr.. Cerveau : 705 gr. t ? i7. 17. t

Mario... Jan.... Arn.... Ramba... t

Tabour. (G.) Tabour (L) bfazi... Laure... Reness. : t

MiCROCHl'HALIE. 175

Ons. V. - IIOTIE ; MICROCÈPHALIE.

Sommaire. .Absence de renseignements. Mère migrai-

neuse, scotomes. - Oncle maternel, convulsions de l'en-

faT2ce; strabisme double. Pas de consanguinité. Iné-

galité d'âge de 10 ans. Asphyxie prolongée et convulsions

à la naissance. Sommeil artificiel prolongé pendant un

mois. - Premier o't à un mois. - Alimentation extrême-

ment réduite pendant un mois. - Elevé à la cuillère puis

au biberon (4 mois). Impossibilité de prendre le sein. -

Première dent à 9 mois. - Marche, attention, préhension

nulles. - Contracture des quatre membres ; strabisme.

Labord ? (Emile), né à Paris, le 13 octobre 1883, est décédé

le 10 janvier 1889.

Poids : 10 k. 500. Taille : 0ln 765. - Encéphale : 550 gr,

Cerveau : 440 yr.

OI3S. VI. - Idiotie; microcéphalie.

Sommaire. - Enfant assisté. Pas de renseignements. -

Oreillons. Rougeole à 9 ans. - Autopsie : sclérose du

lobe occipital droit.

Loui.. (Joseph), né à Paris le 10 mars 1883, est décédé le 16

février 1893.

Poids : 10 k. 500 gr. - Cerveau : 1.365 gr. z

Le cas de cet enfant est particulier en ce sens que

son encéphale, quoique très petit ainsi que le mon-

trent ses photographies (n," 41 et 42), avait un poids

(1365 gr.) qui dépasse de beaucoup le poids du cerveau

des Microcéphales ordinaires. Ce fait montre que l'é-

lément DENSITÉ doit entrer aussi en ligne de compte ;

la microcéphalie cependant n'est pas douteuse si l'on

compare son crâne à celui d'un garçon normal de 10

ans et d'une fille normale du même âge, que nous pla-

çons sous vos yeux.

176 Microcéphalie.

La comparaison du crâne de Loui.. avec ceux de

Chér.. et de Cluto... fait ressortir un fait intéressant, à

savoir que le frontal n'est pas, chez lui, aussi fuyant

que chez Cher... et Cluto... Le crâne de Loui.. ne rap-

pelle pas le type simien des crânes de Cher... et Cluto.

En dernier lieu nous vous présentons les photogra-

phies de Pouge... (Nos 43 et 44), mort il y a quelques

jours.

OBS. VII. IDIOTIE complète avec microcéphalie.

SOMMAIRE. Absence complète de renseignements sur les

antécédents héréditaires et personnels. Diarrhée, cache-

xie ; mort. Sclérose spéciale des deux hémisphères céré-

braux auec atrophie de ces hémisphères.

Pougeo... (Réné), né le 4 août 1891, est entré le 16 avril

dans le service et y est décédé le 28 juillet de la même année.

Cet enfant est représenté sur le premier plan de la

photographie collective de nos dix microcéphales. Il

est devenu malade alors que déjà on s'occupait de son

traitement d'une façon sérieuse et il a succombé avant

qu'on ait obtenu des résultats.

Poids : 9 kg. 700. Taille : On 72.

Microcéphalie.

177

178 Microcéphalie.

mais peu abondantes. Les coupes ont été faites en différents

points de chaque région et ont donné les mômes résultats.

On constate, en résumé, la prolifération des vaisseaux et,,

des cellules non différenciées ; un retard considérable dans

l'apparition des petites cellules pyramidales; un développe-

ment incomplet des grandes. Le tout sans sclérose ni foyers

inflammatoires.

Pour compléter les renseignements que nous venons

de donner, nous mettons sous vos yeux : 1° le sque-

lette de la tête de Cher.. ; 2° le squelette de la tête

de Cluto.. ; 3° le squelette de la tête de Louis ;

4° la calotte crânienne de Dubillo... ; - 5° celle de

Labor... ; 6° celle de Pougeoi... et en outre comme

terme de comparaison la calotte crânienne d'individus

du même âge. Cette comparaison des calottes crâ-

niennes met en relief les deux points suivants : la

différence de volume et de conformation des crânes

microcéphales et des crânes ordinaires ; l'absence

de synostose chez ces microcéphales, sauf chez Chér ?

âgé de 59 ans : chez lui, la suture inter-pariétale,

la partie moyenne de la suture fronto-pariétale et la

partie inférieure des sutures pariéto-occipitales sont

tout-à-fait soudées. Les crânes de Chér... et de

Cluto... offraient uno grande ressemblance.

La comparaison des cerveaux montre d'une ma-

nière évidente, que la microcéphalie qui n'est pas due,

nous le répétons, à la synostose prématurée des os du

crâne, n'est pas due non plus toujours, à un arrêt de

développement congénital, mais qu'elle reconnaît

aussi pour cause des lésions pathologiques. Il semble

que ce sont ces dernières lésions qui l'emportent. Il

conviendrait donc de rassembler tous les cas de micro-

céphalie occasionnés par un simple arrêt de dévelop-

pement, de les grouper, de faire leur tableau clinique

et de procéder de même pour les microcéphales dont

le cerveau a été arrêté dans son développement à la

suite de lésions pathologiques.

*» Microcéphalie E 179

II. Nous arrivons maintenant au but principal de

cette communication, à savoir l'exposé du traitement

7técLico-pédagogique qui permet d'améliorer les idiots

microcéphales. Nous avons pensé que s'il était possi-

ble de faire cette démonstration, il en résulterait pour

tous, la conviction que les autres enfants idiots, dont

le cerveau est généralement moins atteint sont, eux

aussi, et à un degré plus considérable, susceptibles

d'être améliorés ou même guéris, suivant leur degré

mental. Voici une photographie (Fig. 15) qui représente,

en groupe 10 microcéphales, d'âges différents vus, de

face et deux autres photographies (Fig. 16 et 17) qui

les représentent vus de profil. L'un deux, Pouge..., qui

figure assis au premier plan, ayant succombé on trai-

tement, ne nous retiendra pas ; mais nous croyons

utile de dire quelques mots sur chacun des autres.

Ors. VIII. - IDIOTIE. Microcéphalie.

Sommaire. Père alcoolique. Oncle paternel alcoolique

et pi1;l'ill ! l tiq lIa géné ¡'at. - Deax frères morts de convulsions

Émotion au sixième mois de la grossesse. Marche

à 11 mois. Convulsions ci 1 an. Parole vers 2 ans.

Accès d'épilepsie. -Câtisttte iatermitte22t. - 1111c1·oCépILt-

lie très prononcée. - Prognathisme. - Alternatives de

périodes d'excitation et de périodes cle mélancolie ; iclées

de suicide. Instabilité mentale. Perversion des ins-

tincts, - Écleccabilité relative. - Amélioration notable.

Jan... (Auguste Prosper), né le 1 : 3 avril 1869 est entré dans

le service le 12 mars 1877.

Les planches IX, X, et XI montrent ce malade

depuis l'âge de 11 ans jusqu'à 22 ans, la planche XII

donne une idée de ses exercices scolaires à différentes

époques (1). Bien qu'on ne se soit occupé de lui que

(l) Cette planche figure dans le Cumpte-remtu de 1890, p. t34.

180 ' nIICROCEPHALIE.

tardivement et que pendant plusieurs années il ait eu

des accès d'épilepsie, on est arrivé à le rendre propre

à lui apprendre à se laver, à se déshabiller, à s'ha-

biller et à manger seul.

OBS. IX. IDIOTIE. MICROCÉPHALIE.

SOMMAIRE. - Antécédents paternels négatifs. Mère nerveuse^

Grand-père paternel excès de boisson. Grande tante mater

nelle migraineuse. Soeur de mère morte de convulsions.

Enfant naturel : arrêt de développement et tête très petite

à la naissance (microcéphalie très prononcée et progna-

thisme supérieur). Convulsions répétées à un an. Fugues

solitaires. Imitation des animaux. Kleptomanie. Accès de

colère, grimaces de la face. Défaut de prononciation. Écho-

lalie. Idiotie. Amélioration notable sous l'influence du

traitement.

Arnou.. (Gabriel), né le 20 mai 1876, est entré dans le ser-

vice le 30 mars 1885.

La photographie collective n° 8 permet de consta-

ter les progrès réalisés chez ce malade qui d'ailleurs

figurait sur les planches VI, VII, VIII. Il s'est amé-

lioré sous tous les rapports et notamment au point de

vue de la parole dont les organes sont plus souples et

plus dociles, l'écholalie a presque disparu.

OBS. X. IMBÉCILLITÉ prononcée. Microcéphalie.

Sommaire. Père, accès de mélancolie; suicide, grand-père

paternel mort aliéné. Antécédents maternels nuls. Pas

de consanguinité. Inégalité d'âge de 14 ans. Microcéphalie

et prognathisme supérieur à la naissance. Marche à vingt

et un mois. Jamais de convulsions, Imbécillité. Fugues.

Parole très limitée. Période d'excitation. Réponse par signes

ou par écrit. Éducabilité possible.

Traitement Mi ? DIfO-P1 : D.4GOGIQLiI : . 181 1

Mario... (Charles, Maurice), né le 20 décembre 1883, est en-

tré dans le service le 27 juin 1889.

Cet enfant qui est représenté sur les figures 1,2,et 3

nous est arrivé à un âge déjà avancé et, bien qu'il ait

été assez avantageusement modifié, nous n'avons pas

obtenu chez lui tous les progrès qui auraient été pos-

sibles si l'on s'en était occupé plus tôt.

C)135. XI. -IDIOTIE microcéphalie.

Sommaire. Grand-père paternel, alcoolique, mort d'un

cancer du pylore. - Arrière-grand-père et deux grands-

oncles paternels, alcooliques. - Mère, grand'mère, grand-

tante et tantes maternelles migraineuses, g1'a ? ld'ta7lle

maternelle suicidée. - Tante aliénée. - Pas de consan-

guinité. Inégalité d'âge de 7 a ? is.

Pas de convulsions. - Parole nulle. - Impossibilité de se

tenir debout. - Affaiblissement prédominant à la jambe

gauche. Gâtisme, tournoiement de la tête. - Balance-

ment du tronc, attention nulle. Amélioration considé-

rable.

Mazie... (Henry), né le 2 juillet 1884, est entré dans le ser-

vice, le 3 décembre 1887.

L'enfant est représenté sur les figures 4, 5, 6, 7, 8,

9 et 10, elles mettent ses progrès bien en évidence

sans qu'il soit besoin d'insister longuement. Au début,

il était incapable de se tenir debout, de fixer son

attention, de prendre un objet, il ne prononçait aucun

mot, il était gâteux, on lui a appris à marcher, à être

attentif, à se servir de ses mains, à manger, à se

déshabiller, à manger seul ; il parle nettement, a

appris à chanter ; il est devenu propre et dans sa tenue

il est même coquet : il y a eu chez cet enfant une

transformation complète. (Voir p. 189.)

XVII.

Nouvelle contribution à l'étude de la microcéphalie et,

en particulier, du traitement médico-pédagogique des

idiots microcéphales. Présentation de malades;

PAR IIOUl\ : .\'E\'IUÆ (1).

Dans des publications antérieures (2) nous avons

exposé un certain nombre de points de l'histoire ana-

lama-pathologique des idiots microcéphales.

Au Congrès international de médecine mentale de

1889 (3) et au Congrès des aliénistes et des neul'olo-

gistes de Clermoni-h'errand, en 1894 (voir p. 166) à

l'appui de nos communications, comme pièces démons-

tratives, nous avons fait passer sous les yeux de nos

collègues les portraits de nos malades, les crânes, les

photographies clos cerveaux et les cerveaux eux-

mêmes. De plus, au Congrès de 1889, nous avons

présenté plusieurs malades qui étaient en traitement

depuis quelque temps.

Laissant de côté aujourd'hui tout ce qui a trait il

l'anatomie pathologique, puisque nous en avons

parlé il y a quelques jours devant vous (4) nous

(1) Communication faite à la section de psychiatrie du Congrès interna-

tional de médecine (août 1900)..

(2) Bourneville. Compte-rendu de 1881, p. 27.

(3) Compte-rendu du Congrès, p. 373.

(4) Rapport sur l'anatomie pathologique de l'idiotie à la section de psychi-

atrie du Congres int. de médecine.

Microcéphalie. 183

allons vous montrer huit microcéphales, 7 garçons et

une fille, en commençant par deux des malades de

1889. (Obs. I et II.)

()as. I. - Idiotie profonde.

SOMMAIRE. - Père alcoolique ? Oncle paternel alcoolique

et paralytique général. Deux frères morts de convulsions.

Emotion au 6e mois de la grossesse. Marche à 4 mois.

Convulsions à 1 an. -Parole vers 2 ans.- Accès d'épi-

lepsie. Gâtisme intermittent. Microcéphalie très

prononcée, - Prognathisme. - Alternatives de périodes

d'excitation et de périodes de mélancolie ; idées de suicide.

Instabilité mentale. - Perversion des instincts. -Édu-

cabilité relative. Amélioration notable.

Jean., (Auguste-Prosper), né le 13 avril 1863, est entré dans

le service le 12 mars 1877.

La photographie collective n° 1 le représente année par

année depuis 1880 (14 ans) jusqu'à ce jour (37 ans). Bien qu'on

ne se soit occupé de lui que tardivement et que pendant des

années il ait eu des accès d'épilepsie, on est arrivé à le ren-

dre propre, à lui apprendre à se laver, à se déshabiller, à

s'habiller et à manger seul. (Voir plus haut, p. 178.)

Depuis son passage aux adultes, en 1891, il s'est encore

notablement amélioré. Voici sa dernière note, prise il y a

quelques jours : « Jan., travaille au marais depuis près de

trois mois et s'y conduit bien; il travaille très convenablement

et ses chefs en sont très satisfaits. Il n'est plus taciturne

comme autrefois, ne se livre plus à l'onanisme. La physio-

nomie s'est éveillée. Il a perdu l'habitude de manger des

souris; sa tenue est relativement bonne. On ne lui connaît

qu'une passion, celle de beaucoup chiquer. En un mot, une

grande amélioration s'est opérée chez ce malade (1). »

(1) Voir son obs. complète dans les procès-verbaux du Congrès internatio-

nal de psychiatrie de 1889, p. 386, et dans le Compte-rendu de 1890, p. 143-

184 TRAITEMENT 111DICO-PPDAGOGIQU-

OI3S. II. - Idiotie prononcée.

SOMVAIRE. -A7îtécëde7-tts paternels négatifs. Mère ner-

veuse. Grand-père paternel excès de boisson. Grande-

tante maternelle migraineuse. - Soeur de la mère morte

de convulsions : - Enfant naturel : arrêt de développement

et tête très petite à la naissance (microcéphalie très pro-

noncée et' prognathisme supérieur). Convulsions répétées

à Un an. Fugues solitaires. Imitation des animaux.

Kleptomanie. - Accès de colère; grimaces de la face. -

Défaut de prononciation. Echolalie. - Idiotie. - -

Amélioration notable . sous l'influence du traitement.

ARNOU.. (Gabriel), né le 20 mai 1876, est entré dans le service

le 30 mars 1885. -

La photographie collective n° 2 le représente année par

année depuis avril 1885 jusqu'à ce jour (24 ans).

A l'entrée Arnou.. avait une prononciation des plus défec-

tueuse, l'écolage était nul; l'enfant était écholalique. (Voir

p. 155.) " .

Actuellement, la prononciation, sans être parfaite, est

presque normale. En classe, le malade a réalisé de réels pro-

grès. Il fait très bien une copie, connaît l'addition et la sous-

traction est bon apprenti tailleur (1).

- OBS. III. IDIOTIE MICROCÉPHALIQUE COMPLÈTE.

SOIMAÚOE. - Père, quelques excès de boisson, rhumatisant.

Grand-père paternel tuberculeux, « plutôt bête que

méchant ». Grand'mère paternelle morte à 59 ans d'une

fluxion de poitrine. Grand'mère maternelle, inconduite

au début de son mariage, tombée en enfance. 1 -- , *

Mère Un peu nerveuse. = Grand-pèrè maternel mort d'une

hypertrophie du coeur à 62 ans. Oncle maternel, con-

vulsions de l'enfance. Géaneltarité. Consanguinité :

Père et mère cousins germains. Inégalité d'âge de 8 ans.

(1) Voir son ohs. complète dans : Congrès de 1889, p. 397 et Comple-rendn

de 1890, p. 152.

Fig. 18.

Imba... Cbaiz... SterArn... Maz... Tab..(M) ' Laur..

I;yl7 Traitement MÉDICO-PËDA60&IQUE.

Conception rien de particulier. Grossesse : émotion vive

au 6° mois avec tremblement durant un quart d'heure .

Accouchement à terme. A la naissance tête toute petite.

Première dent à 4 mois. Dentition complète à an ?

Parole et marche nulles. Gâtisme. - Accès de colère.

Tics. Rougeole à 2 ans et demi.

1889 : Coqueluche. 1892 : Teigne. - 1900 : Oreillons.

Amélioration notable.

TABOUR... (Georges), né le 5 septembre 1884,. est entré dans

le service le 13 juillet 1887.

A l'entrée, il ne prononçait aucun mot, ne mangeait pas seul,

gâtait jour et nuit, ne savait ni s'habiller ni se déshabiller.

Il avait la manie de balancer le tronc d'avant en arrière.

Actuellement Tabour... a gagné au point de vue de la parole

un certain nombre de mots usuels. Il mange seul. Ne gâte

ni jour ni nuit. A perdu son tic de se balancer. Il aide même

l'infirmière aux besoins du ménage et ne s'acquitte pas trop

maladroitement des petits travaux qu'on lui donne à faire.

En résumé, on note une amélioration assez considérable chez

ce malade.

La photographie collective n° 3 le représente année par

année depuis juillet 1887 (3 ans) jusqu'à ce jour (16 ans).

OBS. IV. IDIOTIE complète.

Sommaire. Conception, grossesse, accouchement, rien de

particulier. Tête petite à la naissance. - Première dent

à 5 mois. Dentition complète à 22 mois. = Parole et

marche nulles. Gâtisme. Jamais de convulsions. -

A 14 mois crises consistant en mouvements de flexion et

d'extension du tronc avec cris, durée un quart d'heure. -

1891 : Rougeole. 1892 : Teigne. 1895 : Oreillons. -,

1896 : Scarlatine. Amélioration notable.

TABOUR... (Maurice), frère du précédent, né le 17 février 1888,

est entré dans le service le 18 mars 1890.

A son entrée, l'enfant ne prononçait aucun mot, ne mar-

chait pas, ne mangeait pas seul, était gâteux, en un mot

était atteint d'idiotie complète. Aujourd'hui, l'enfant prononce

Fig. 19.

Imb... Chaiz... Stert... Jan... Arn... Maz... Tab..(M) Laur...

188 Traitement médico-pédagogique.

beaucoup de mots usuels, marche seul, se sert de la cuiller

et de la fourchette, s'habille et se déshabille seul, ne gâte plus,

exécute les premiers mouvements de la gymnastique et com-

mence à tracer des bâtons sur l'ardoise. Comme on le voit,

une certaine amélioration s'est opérée chez Tabour... (Mau-

rice), de même que chez son frère.

La photographie collective n° 4 le représente d'année en

année, depuis mars 1890 (2 ans) jusqu'à ce jour (12 ans).

OBS. V. IDIOTIE MICROCI : PH1LIQU1 : .

Sommaire. - Père nombreux excès de boisson. Caractèr

emporté. - Grand-père paternel mort d'hémorragie céré-

brale. Grand oncle maternel nombreux excès de boisson.

Mère, peu intelligente. Grand'mère maternelle morte à

l'asile de Vaucluse de démence sénile. Grand'tante

paternelle morte folle dans un asile d'aliénés en Belgique.

Deux tantes et un oncle maternels morts de convulsions

en bas âge. Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de

12 ans. Une soeur morte à 2 ans de la rougeole. Une

fausse-couche à 6 semaines.

Conception avouée dans l'ivresse. Grossesse accidentée :

1° par un effort au 4e mois; 2° par la peur d'avoir une

fausse-couche ; 3° par les excès de boisson du mari.

Accouchement 15 jours avant terme, naturel. Première dent

à un ans Marche à 14 mois. Début de la parole, limitée

à quelques mots, à deux ans. Jamais de convulsions.

Onanisme. - Gâtisme intermittent. Écholalie. Arnélio-

ration notable.

LAUR.. (Marcel), né le 13 janvier 1890, est entré le 11 août

1893. ,

A son entrée, il ne prononçait que quelques mots, mal

articulés. Il ne savait pas se servir de la fourchette et du

couteau, ne s'habillait pas seul, ne savait pas se donner les

soins de propreté; il était gâteux et écholalique. L'attention

était très difficile à fixer.

Actuellement, Laur... mange en se servant des trois objets;

il s'habille et se déshabille seul. Il sait se donner tous les

soins de propreté. Il n'est plus ni gâteux ni écholalique.

Enfin l'attention, plus soutenue, a permis de lui apprendre

à écrire les chiffres, les lettres. Il a fait des progrès pour la

tt Microcéphalie. 189

lecture, au moyen des lettres en bois. La parole, presque

nulle à l'entrée a beaucoup gagné : Laur... emploie les

pronoms et les verbes à propos et forme des phrases qui

souvent étonnent par les expressions qui y sont contenues

et les idées qu'elles expriment. L'amélioration, très notable,

chez cet enfant, est de toute évidence.

La photographie collective nez 5 représente Laur... d'année

en année depuis 1893 (3 ans) jusqu'à ce jour (10 ans).

OBS. VI. IDIOTIE complète.

SOMMAIRE. - Grand-père paternel alcoolique, mort d'une

affection de l'estomac. Arrière-grand-père et deux oncles

paternels alcooliques. Mère et grand'mère maternelle

migraineuses. Grand' tante et une tante maternelle

migraineuses. Grand'tante maternelle suicidée.

Arrière-grand'tante maternelle aliénée.

Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 7 ans.

Conception, grossesse, accouchement, rien de particulier.

Première dent à 6 mois. Parole nulle. Impossibi-

lité de se tenir debout. Affaiblissement des jambes

prédominant à gauche. - Gâtisme. - Tournoiement de

la tête. - Balancement du tronc - Grincement de dents.

- Jamais de convulsions. - Rougeole et coqueluche à 2

ans. - Amélioration très remarquable.

Mazi.. (Henry), né le 2 juillet 18&4, est entré dans le service

le 3 décembre 1887.

La photographie collective n° 6 représente l'enfant d'an-

née en année depuis 1887 (3 ans 1/2) jusqu'à ce jour 16 ans)

et met ses progrès bien en évidence, sans qu'il soit besoin

d'insister longuement. Au début, il était incapable de se tenir

debout, de fixer son attention, de prendre un objet. Il ne

prononçait aucun mot ; il était gâteux. On lui a appris à mar-

cher, à être propre, à manger seul, à s'habiller à se désha-

biller, à se donner tous les soins de propreté (l'enfant est

même très coquet). Mazi... converse aujourd'hui comme un

enfant ordinaire, a des notions usuelles très multipliées,

chante, etc. Il arrive à faire des copies, connaît l'addition et

la soustraction. A l'atelier des tailleurs où il a été placé,

190 Traitement \1GD1GU-PLDAGOI;IQUC.

son patron en est très satisfait et enregistre des progrès cous-

tauts (1)....

' OuS.VII. IDIOTIE- complète.

Sommaire. Père, chorée,iL 12 ans, mort d'albuminurie. -

Grand-père paternel mort de, ramollissement cérébral.

Grand'mère parternelle morte d'un cancer utérin, sujette à

de violentes colères. Grand-oncle paternel mort d'acci-

dents cérébraux à l'asile de Dry. - Un autre grand-oncle

paternel, excès de boisson. Grand'lante paternelle, très

coléreuse, morte d'accidents cérébraux. Autre grand'

tante paternelle morte d'un cancer de l'estomac. Oncle

paternel mort de la poitrine à 37 ans. Autre oncle

paternel, quelques excès de boisson. Cousin au 'le degré,

strabisme. Autre cousine paternelle morte d'un cancer

utérin. - Mère, un peu nerveuse, parfois douleurs de tête.

Conception, grossesse, accouchement, rien de particulier. -

A la naissance 900 grammes. - Diarrhée verte il un mois

et un mois et demi. Première dent à un an. Den-

tition complète vers 2 ans. Marche à 10 mois. -Gâteux

à l'entrée. - Jamais de convulsions.

Chai.. (Louis), né le 15 juin 1891, est entré le 28 janvier 1898.

A l'entrée, il y a 2 ans, la parole était inintelligible. Au

réfectoire, il se servait de ses doigts pour manger. Le .gâtisme

était presque continuel. Il ne savait ni s'habiller, ni se laver.

Il cassait ses ongles contre les pierres; il n'avait aucune notion

d'écolage.

Actuellement, la parole s'est notablement améliorée.

Il mange proprement en se servant des trois objets. Le

gâtisme a disparu, il s'habille, se débarbouille seul, ne casse

plus ses ongles. Il écrit sur l'ardoise, commence à lire les

lettres.

La photographie collective n" 7 représente l'enfant d'année

en année depuis son entrée (7 ans 1/2) jusqu'à ce jour (9 ans

1/2). L'amélioration, comme on peut s'en convaincre, est très

remarquable.

(1) Voir Congrès inlern. de t819, p. 406 et Tlialié (IL), Le dressage des

jeunes dégénérés ou, Orthophrènopédie, 1890, p. 638. (Obs. compl. uvec de

nombreuses figures correspondant iL la pliotoyi-apitie collective.)

Microcéphalie. 19 1

Oas. VIII. Idiotie complète.

SOMMAIRE. - Père, boucheur à l'émeri, mort d'une tumeur

cérébrale à 55 ans, sobre. Oncle paternel, noceur.

Tante paternelle morte de tuberculose pulmonaire. -

Renseignements insuffisants sur sa famille. - Mère ner-

veuse. Grand'mère maternelle morte à 42 ans d'une

péritonite à la suite de sa 14° couche. Cousine au deu-

xième degré, cauchemars à 14 ans. Sept oncles mater-

nels morts jeunes. Tante maternelle nombreux excès

de boisson. Autre tante maternelle morte d'un cancer

de l'utérus après son onzième enfant. Une cousine

maternelle chorée dans l'enfance. -Pas de consanguinité.

Inégalité d'âge de 3 a ? is.

Conception, rien de particulier. Grossesse : émotion vive

au 3° mois (mort de son mari). -Au 4* mois «sorte de pa-

ialsieu dans les membres inférieurs, sans douleurs, durée

trois semaines. - Accouchement à terme et normal. A

la naissance, tête très petite. 1- dent à 9 mois. Mar-

che presque impossible à l'entrée (5 ans). - Début de la

parole, limitée à « papa, maman », à un an. Jamais

propre. Accès de cris. Jamais de convulsions. -

Attention nulle. Peur de l'obscurité. Mastication

nulle. Coqueluche 4 ans 1/2. Bronchites fréquentes.

Taenia. - Amélioration très remarquable.

Imba... (Laure), née le 13 août 1890, est entrée le 9 juillet

1896.

A l'entrée, l'enfant marchait mal, tenue par la main ; elle

ne savait ni s'habiller ni se déshabiller seule. Elle ne savait

pas se donner les soins de propreté ; gâtait parfois la nuit ;

l'écolage était absolument nul.

Actuellement, la marche est libre. Elle s'habille et se désha-

bille seule. Le gâtisme a totalement disparu. Au point de vue

de la parole l'enfant a fait quelques progrès. En résumé une

amélioration assez notable s'est opérée chez Imba...

La photographie collective ne 8 représente l'enfant d'année

en année depuis 1896 (6 ans) jusqu'à ce jour (10 ans).

11 ressort de cet exposé, d'une façon tout à fuit

192 Traitement médico-pédagogique.

évidente, que, s'il est possible, avec notre méthode

de traitement, d'améliorer, même à un degré très

prononcé, des idiots complets microcéphales, il est

d'autant plus possible d'améliorer des idiots, des

imbéciles ou des arriérés moins profondément atteints.

Après avoir donné des renseignements succincts

sur les procédés employés à l'asile-école de Bicêtre,

et à l'Institut médico-pédagogique, à Vitry-sur-Seine,

M. Bourneville termine en rappelant qu'il faut s'occu-

per de l'enfant idiot dès qu'on a constaté les premiers

signes de l'idiotie; l'occuper depuis le matin jusqu'au

soir; varier ses occupations ; développer les aptitudes

particulières qui serviront de base pour conquérir

d'autres notions; qu'on doit toujours recourir aux

bains, aux douches et à la gymnastique ; que la pre-

mière partie de la tâche consiste, pour les idiots com-

plets, êtres végétatifs, ce bêtes humaines » comme on

l'a dit, à leur apprendre à se tenir debout, à marcher,

à être propres, à se déshabiller, à s'habiller, à se laver

et à manger seuls. Cette conquête réalisée, l'enfant

se suffit à lui-même, est relevé physiquement et

moralement et est tout prêt pour les leçons de choses,

pour l'enseignement de la parole, le perfectionnement

des sens, les notions d'instruction primaire et ulté-

rieurement pour le travail professionnel.

Nous espérons que les faits que nous venons de

résumer, et les photographies tout à l'ait démonstra-

tives que nous vous avons montrées, apporteront dans

vos esprits la conviction qu'il est possible, par le trai-

lement médico-pédagogique, appliqué avec soin et

persévérance, d'améliorer et même de guérir les

enfants idiots, imbéciles et arriérés.

XVIII.

Considérations sommaires sur le crâne dans les idioties;

Par ITOURNEVILLE et Georges PAUL-BOKCOUK

I.

Modifications de l'aspect extérieur. Si l'on met à

part les crânes hydrocéphales et microcéphales, ce n'est

que rarement qu'on peut rattacher d'une façon certaine

une forme crânienne à telle ou telle catégorie d'idiots. On

a parfois essayé dans les traités cle donner une description

synthétique du crâne de l'idiot : on n'a jamais abouti qu'à

décrire un type particulier (généralement le type micro-

céphale) :

Rapports du crâne et du cerveau chez les individus

normaux (1). Il ne peut en être autrement si on réfléchit

aux rapports du crâne et du cerveau. Chez un individu

normal, l'aspect du crâne et les mensurations qu'on peut

y pratiquer donnent des notions assez vagues sur la valeur

physiologique du contenu crânien. Les variations indivi-

duelles sont innombrables, et ce n'est qu'après une analyse

délicate et rigoureuse, qu'on peut arriver à dégager quel-

ques faits d'ordre général sur l'état de suffisance ou d'in-

suffisance encéphalique.

Renseignements fournis par les mensurations. Il

(I) La plupart de ces considérations sur les rapports du crâne et du cerveau

sont puisées dans les différents travaux de M. Alanouvrier.

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1900. 13

194 LE CRANE DANS LES IDIOTIES.

faut mettre en regard et les faits observés, et les mensu-

rations pratiquées, pour pouvoir, se rendre compte des

influences qui ont existé durant le cours du développement

et donné lieu à de nombreuses combinaisons morpholo-

giques. -

Évaluation du volume cérébral. En premier lieu il

faut évaluer la capacité crânienne en calculant le produit

des trois diamètres antéro-postérieur métopique, transver-

sal maximum et vertical en divisant le produit par 2 et en

divisant ce demi produit par 1,05 au-dessous de cinq ans;

1,06 de 5 à 10 ans; 1,07 de 10 à 15 ans; De 16 à

20 ans il faut diviser par 1,08 pour les filles et 1,15 pour

les garçons.

Quand on a évalué ainsi le volume du cerveau, il faut

mettre en regard la masse active du corps qui est en rap-

port avec ce volume au même titre que l'état intellectuel.

Quant à faire la part de l'état du cerveau vis à vis de ses

deux fonctions (motrices et intellectuelles) c'est impossible

car le développement des lobes frontaux ne modifie nulle-

ment la forme générale du crâne. -

On ne peut évaluer la quantité des différents lobes

cérébraux. Le développement du front, en-effet, ne

donne pas d'indications nettes sur l'état des lobes frontaux,

comme on le croit souvent. Il participe comme le reste

de la voûte à l'accroissement général en rapport lui-même

avec le volume et le poids relatif, mais cela ne dit pas si

l'état intellectuel est supérieur ou non.

Dans les crânes d'idiots, les faits sont identiques mais

plus difficiles à interpréter. Les états d'idiotie s'ac-

compagnent d'altérations pathologiques du cerveau et de

ses enveloppes qui augmentent naturellement le nombre

des variations individuelles. Par exemple, un cerveau

peut être atrophié mais par suite de l'augmentation

du liquide céphalo-rachidien, par suite de modifications

osseuses sur lesquelles nous reviendrons, le crâne

n'est pas fatalement déformé. De môme la quantité peut

être normale et l'insuffisance être purement histologique.

Pour être exact et pour définir la loi qui règle les rapports

du contenant et du contenu, il faut dire que le crâne est

LE CRANE DANS LES IDIOTIES. 1P5

en relation non pas avec le cerveau, mais avec la

pression intr a- crânienne. On doit donc dans chaque cas

particulier tenir compte de ces faits et ne pas oublier que

la résistance osseuse est elle-même dépendante de nom-

breuses influences physiologiques ou pathologiques : état

osseux du sujet, en rapport avec sa nutrition ou sa dénu-

trition, épaisseur des parois, état des sutures, etc.

Quelques faits plus particuliers aux idiots. - Chez les

idiots on constate fréquemment un manque de concordance -

entre les différents diamètres crâniens sans qu'il en résulte

une déformation classée. Voici des exemples.

Il peut arriver, ce qui est fréquent, qu'un état d'idiotie

s'accompagne d'un crâne paraissant normal à première

vue, sur lequel un frontal large (ce qu'indique la largeur

frontale minimum supérieur à la moyenne) recouvre cepen-

dant des lobes frontaux très altérés : ne pourra-t-on

découvrir quelques signes qui détruisent cette impression

première, que ce front recouvre un cerveau volumineux ? 2

Des mesures rigoureuses et surtout rigoureusement inter-

pretées peuvent en informer. C'est ainsi qu'on s'apercevra

que la largeur compense le manque de hauteur (la réci-

proque peut exister d'ailleurs), que le front est développé

parce que les parties postérieures le sont peu. De même

la hauteur du crâne peut expliquer la diminution de cer-

tains diamètres transversaux ou antéro-postérieurs.

Mensurations à prendre. Pour évaluer toutes ces

différences il faut pratiquer systématiquement toutes les

mensurations : diamètre frontal transrel'sen1.inimun, dia-

mètre rmtél'0-posté1'iem' donnant la longueur du cerveau :

diamètre antél'o-postél'ieu1' métopique qui donne, comparé é

au précédent, l'inclinaison du front : diamètre transverse

maximum situé très haut chez les enfants, mais qui est

placé très bas chez les idiots à cerveau peu volumineux,

et l'est encore plus chez les microcéphales où il se trouve

souvent au voisinage des apophyses mastoïdes : diamètre

vertical qui donne la hauteur du crâne et qui comparé à

la largeur et à la longueur (déjà vu) donne des indications

assez précises sur le volume relatif du cerveau.

196 LE CRANE DANS LES IDIOTIES.

Interprétation des formes plus spéciales à l'idiotie.

Au contraire, devant certaines formes d'idiotie, on peut

parfois atlirmcr sans peine l'état du cerveau (microcéphalie

et hydrocéphalie : ; mais si l'interprétation de la loi générale

est plus facile clans ces cas, il ne s'ensuit pas qu'elle doive

être passée sous silence ; car inversement devant une ca-

lotte oanicnnc indiquant un faible degré d'hydrocéphalie

ou de microcéphalie, on ne peut toujours déclarer à priori

qu'il y avait un trouble intellectuel certain : on constate

l'existence d'une augmentation de pression, ou d'une dimi-

nution, mais il ne faut pas ignorer que la microcéphalie

est à un certain degré compatible avec une intelligence

normale et pour allirmer que la microcéphalie existait

au sens propre du mot, il est urgent de rechercher sur

le crâne les signes d'une insuffisance encéphalique : ce

qu'indiquent la présence d'une capacité faible relativement

1\ la taille, la comparaison du volume cérébral avec le poids

du corps. On peut se baser de même sur le développement

de la face relativement à celui du crâne ; autant de consi-

dérations qui permettent de trouver entre un crâne normal

et un microcéphale caractérisé (aspect 1)itllecoïde, frontal

étroit, fuyant et court surmontant une face hors de pro-

portion) tous les intermédiaires. Un nain n'est pas forcé-

ment microcéphale; il a un petit crâne normalement

développé. C'est encore l'examen comparé des diamètres

crâniens qui permet de conclure.

Interprétation des déformations crâniennes. A plus

forte raison, devant les déformations qui ne modifient pas

le volume cérébral, on ne peut porter un jugement sur

l'état du cerveau (1). Ceci ne veut pas dire qu'il n'existe

aucun rapport entre les déformations et les étals d'idiotie,

Leur quantité est trop grande sur les crânes de Uicêtre,

pour qu'il en soit autrement. On verra la cause de leur

fréquence, examinons auparavant leur interprétation

chez les idiots.

Les principales sont la plagiocéphalie, l'acrocéphalie,

(1) L'un de nous a précédemment insisté sur ce fait au sujet de l'otycéplia-

lie (Voir Journal de médecine de Paris 21 mais 1901. (P. B.) .

LE CRANE DANS LES IDIOTIES. 197

la scaphocéphalie, la trigonocéphalie. Si l'on omet la pla-

giocéphalie, ces déformations sont rarement très mar-

quées c'est-a-dire qu'on ne relève pas sur les crânes qui

en sont affectés tous les stigmates habituellement rencon-

trés. Ceci est particulier aux crânes d'idiots et voici

pourquoi. Chez les individus normaux ces anomalies se

forment en vertu du mécanisme suivant. En premier lieu,

il se produit une synostose prématurée d'une ou plusieurs

sutures (sagittale pour la scaphocéphalie, coronale et

sagittale pour l'acrocéphalie, médio-frontale antérieure

à la naissance pour It trio,onocépliilici. Mais le cerveau ne

pouvant se développer dans la direction de ces points

synostosés amène une distension compensatrice des

autres parties du crâne et la déformation est ainsi cons-

tituée.

Étudions maintenant ces déformations chez un idiot.

Ces deux ordres de faits sont peu marqués sur les

crânes des idiots renfermés au musée de Bicètre. Vu le

jeune âge des enfants les déformations ont rarement

atteint la forme extrême. De plus la synostose COM-

PLI;TE est extrêmement exceptionnelle un seul cas

sur 625 (1), elle est plus avancée sur les points trouvés

synostosés sur les crânes caractéristiques, mais la fer-

meture n'étant pas complète, le cerveau n'a pas rencontré

de ce fait un obstacle insurmontable.

D'ailleurs, fréquemment le cerveau des idiots sclérosé et

atropliié n'a pas pris un volume considérable ; il n'a donc

pas eu à produire de dilatation compensatrice. On constate

évidemment des déformations très accentuées, mais à

côté de ces cas, il y en a beaucoup d'autres où un examen

attentif est nécessaire pour les reconnaitre, et où des

mensurations seules peuvent affirmer que c'était une

déformation à l'état naissant ou en voie d'évolution.

Là encore il ne faut pas oublier que souvent une cause

pathologique, telle que l'abondance du liquide céphalo-

rachidien, peut seule avoir causé l'augmentation de pres-

(1) Voir Compte-rendu de Bicêtre pour 1901.

198 LE CRANE DANS LES IDIOTIE.

sion. Parmi les crânes hydrocéphales nous en avons

quelques-uns de scaphocéphales.

La plagiocéphalie peut-être au- contraire rattachée fré-

quemment à lOti' diminution de volume d'un hémisphère ;

elle peut naître aussi sous l'influence d'une synostose

unilatérale ; mais sur les crânes de Bicêtre où cette parti-

cularité n'existe pas, on doit invoquer l'inégalité des

hémisphères cérébraux. Qu'on ait à faire à une hémiplégie

spasmodique, où la différence est le plus marquée, où

qu'on se trouve en présence d'une sclérose totale à pré-

dominance unilatérale, la forme plagiocéphale se rencon-

tre à chaque instant.

Preuve démontrée à l'autopsie que la pression seule

doit entrer en ligne de compte. Il ne faut pas généra-

liser, car la déformation peut manquer alors que l'atrophie

est considérable. Le fait se retrouve encore plus marqué

dans certains cas où la forme extérieure n'est nullement

modifiée malgré la disparition totale, d'une partie du cer-

veau : tel est ce crâne absolument normal extérieurement

et qui contenait un cerveau dont les lohes frontaux n'exis-

taient pas.

II.

Modifications intérieures et interstitielles du crâne

(sutures). Il faut dire extérieurement, car en ouvrant ce

crâne on trouve des modifications qui expliquent ces bizar-

reries. Au moment de l'autopsie, on constata : 1° que le vide

existant entre le cerveau et la face interne de la calotte

était rempli de liquide : la pression par le fait était donc

à peu près normale, 2° qu'il y avait en outre une hypertro-

phie notable de l'os frontal. Ceci n'est pas un fait isolé et

dans tous les cas oit un hémisphère est atrophié (hémiplé-

gie spasmodique) la paroi du crâne correspondante est

augmentée d'épaisseur (1). Cette particularité est en

(1) Nous avons remarqué d'autre part que le cerveau agit par pression

LE CRAN ? dans LES idioties. 4qq

relation avec cette loi que partout où la 1 ? e.ssion est 1 :

augmentée l'os tend Ù s'amincir et dans l'hydrocéphalie

où elle est à son maximum on a en effet des parois exl¡'ê-

mement minces. Là où la pression diminue la paroi

s'épaissit. Un caractère tout particulier que nous citons,

sans pouvoir l'expliquer, a été noté sur les crânes des

épileptiques. Ils sont assez épais, graisseux et conservent

une couleur bleuâtre absolument caractéristique : ce sont

là clos lésions qui ont été signalées par l'un clc nous,

M. Bourneville, dans l'exposé de l'autopsie d'un grand

nombre d'épileptiques (1).

Sutures. - L'état des sutures et des fontanelles est

extrêmement intéressant (Voir : 'l'acquêt, Thèse )892).

D'après ce que nous avons observé : L'oblitération des

salures semble plus lente chez les idiots : le cerveau n'est

pas la cause de ce fait, cela est dû il l'état de nutrition

défectueux chez beaucoup de sujets. En effet. nombre de

crânes il sutures non synostosées sont peu pesants : beau-

coup de calottes où l'oblitération esteertainementen retard

ont appartenu il des sujets dont l'observation, la taille, le

poids, les empreintes musculaires montrent un état de

dénutrition manifeste : on constate quelquefois des traces

de rachitisme, lorsque la base du crâne peut-être étudiée ;

de plus les renseignements fournis par les parents font

souvent mention de troubles nutritifs (rachitiques, syphi-

litiques ou autres).

Les considérations qui suivent et qui ont trait à la suture

métopique sont à rapprocher des précédentes. La persis-

tance de la suture métopique peut tenir à deux causes :

1° une pression intra-eraniennc s'est opposée à sa ferme-

ture ; - 2° la synostose ne s'est pas produite en raison de

l'état défectueux de l'ossification.

directe sur la base du crâne aussi dans les cas d'hémiplégie par exemple oit

l'inégalité des hémisphères est très prononcée, l'asymétrie est très nette 1°

l'hémisphère atrophié a moins modifie les parties qui lui correspondent; -2^

l'hémisphère sein a empiété sur les parties voisines produisant ainsi une

sorte de scoliose. (Déviation de l'apophyse crista-galli entre autres).

(1) Pour être convaincu de tous ces faits, il n'y a qu'à lire la série des

Compte-rendus du service de Bicétre.

200 LE CRANE dans LES IDIOTIES.

Dans le premier cas on peut invoquer le volume relati-

vement supérieur du cerveau. On a affirmé que cet état

coïncidait avec une supériorité intellectuelle : il ne faut

pas oublier qu'il peut aussi provenir l'intelligence restant

la même, d'une faille plus petite. On peut encore invoquer

une pression supérieure indépendante du cerveau : l'hy-

drocéphalie par exemple qu'elle soit générale ou partielle.

Nous rappelons qu'il existe des cas d'hydrocéphalie fron-

tale, se manifestant par une persistance de la suture mé-

topique et l'acrocéphalie.

Dans le second cas, c'est l'état général de l'individu qui

est seul en cause. Et, défait, beaucoup des crânes du service

de Bicêtre où persiste la suture métopique présentent des

traces de rachitisme surtout visibles la base. La syphilis

existe aussi exerçant un effet particulier sur l'ossification

crânienne. D'après un relevé que nous avons dressé, on

constate que la persistance est plus fréquente chez l'idiot

non épileptique que chez l'idiot épileptique (5 0/0 et 13 0/0.)

Tout ceci aurait besoin d'être étudié 'longuement mais en

attendant de l'aperçu qui précède, il est possible de tirer

quelques conclusions. 1°) Le relevé indique que c'est en

effet dans les premières années que la persistance est le

plus marquée, c'est à dire il l'époque où le rachitisme est

le plus fréquent; - 2°) D'une façon générale les épilep-

tiques ont incontestablement une nutrition osseuse supé-

rieure à celle des idiots non épileptiques ; aussi le poids

du crâne des premiers ne ressemble en rien à celui des

seconds : épaisseur des parois dans un cas et minceur dans

l'autre.

Pourquoi 11 a-t-il plus de déformations chez les idiots

que sur les enfants normaux ? - On peut répondre que

il n'y a rien d'extraordinaire à ce que l'on trouve chez des

sujets où la dégénérescence est manifeste un grand nombre

de malformations locales qui forment les stigmates téra-

tologiques de cette dégénérescence. Malheureusement à

l'heure actuelle il est souvent impossible de préciser la

GENÈSE d'une déformation. Qu'on ait à faire à un individu

normal ou à un anormal, on se contente de signaler une sy-

nostose pré maturée, ce qui ne resoud pas le problème.

LE CIIANE dans LES idioties. 201

Chez les idiots toutefois, un fait mérite d'être relevé et

pourrait ultérieu renient être étudié plus complètement.

Les recherches de Gudden ont démontré que l'accrois-

sement et la synostose des parties constitutives du crâne

étaient sous la dépendance de troubles circulatoires. Or,

ce qu'ont réalisé des expé- riences peut bien l'être par les

lésions de l'encéphale et de ses enveloppes. Les relations

entre le cerveau, les méninges et les os sont étroites et

no peut émettre l'hypothèse qu'une lésion de l'encéphale

amène des troubles circulatoires ayant une répercussion

sur l'ossification crânienne ; ce qui justifie cette hypo-

thèse, c'est la constatation fréquente au cours des autop-

sies d'une injection vasculaire particulière des sutures

..

Tout démontre dans ces réflexions que la forme du

crâne quelle qu'elle soit ne peut-être la cause de la forme

du cerveau et de son arrêt de développement. La

démonstration en est faite depuis longtemps pour la

microcéphalie. Les déformations crâniennes chez un nor-

mal indiquent que le cerveau n'ayant pu se développer

dans une direction donnée a pris un développement com-

pensateur dans un autre sens. Chez l'idiot les déformations

sont incomplètes car le cerveau arrêté dans son dévelop-

pement par une lésion quelconque n'a pas eu besoin de

modifier la forme crânienne. '

(1) Bourneville, Comptes-rendus du service de Bicêtre, 1880-1900.

XIX.

Statistique sur la persistance de la suture métopique ;

PAR BOURNEVILLE.

I Comparaison entre les enfants normaux et les enfants

anormaiw. - Sur 397 calottes d'enfants anormaux de 3 il 15

ans que nous possédons dans notre musée (1 ), nous avons

trouvé 37 fois la persistance de la suture métopique,

soit ............................................... 9 °/0,

Sur 89 calottes (2) d'enfants normaux du même âge nous

avons trouvé 16 fois la persistance soit ............ 18 0/o,

Le tableau A donne, âge par âge, la répartition de ces cas.

Tableau A.

Persistance DE la SUTURE métopique.

203

II Différence, au point de vue de la persistance de la

suture métopique, entre l'enfant idiot, imbécile, etc., ÉPILEP-

TIQUE et l'enfant idiot, imbécile, etc., non épileptique.

Nos 625 crânes d'enfants et d'adultes, se répartissent ainsi :

2oui Persistance de la SUTURE métopique.

1 Il ressort de ces statistiques : 1° que chez l'enfant normal,

la persistance de la suture métopique est beaucoup plus fré-

quente (18 ? ) que chez l'enfant anormal (9 °/o) ; 2° qu'entre

l'enfant épileptique et l'enfant non épileptique, l'avantage

est en faveur du dernier(13, 5 °/0 pour 5, 2 °/o chez le premier.

(1) Notre musée contient, à la date du t«septembre 1901, 625 crânes d'anor-

maux : enfants et adultes.

(-2) NoÀs possédons 170 crânes c1'enr'lI1ts normaux de la naissance à 15 ans.

Les 82 autres crânes ne figurant pas dans cette statistique sont des cran»»

d'enfants au-dessous de 3 ans.

Liste des Internes de noire service (1880-1900).

Travaux scientifiques faits dans le service.

(Thèses et mémoires).

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Leroy (A,). De l'état de mal épileptique. Thèse de Paris.

SÜLA'3 (J.). De l'influence des maladies intercurrentes

sur la marche de l'épilepsie. Thèse de Paris.

l3owLVU,r,e. - Contribution à l'élude de l'idiotie. - Ce

travail comprend deux parties, dont la seconde a été faite en

collaboration avec M. Brissaud. (Archives de neurologie,

1880, t. I, p. 69 et 399j. Contribution à l'étude de la dé-

mence épileptique. {Archives de neurologie, 1880, p. `13).

1881.

HIlJEL Saillaru ((j.). De la cachexie pachdertni0 ! te

(myxoerlème des auteurs anulais.) Thèse de Paris.

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Progrès Médical).

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Bourneville, Bicêtre, 1900. - il,

EXPLICATION '-DES PLANCHES-

212 Explication DES planches.

Planche I.

Base de l'encéphale.

(Obs. de Lecl... p. 3.)

Cette PL. met bien en relief l'atrophie considérable du

cervelet.

Bournevilliî, Bicêtre, 1900. 1 Pi. I.

2) A Explication des planches.

' Planche II.

Face convexe de l'hémisphère gauche.

(Obs. de Lecl.. p. 18.)

1 ? F2, F3, première, deuxième, troisième circonvolutions

frontales.

F.A., circonvolution frontale ascendante.

I'.A., circonvolution pariétale ascendante.

S.11., sillon de Romande.

Sc.ip., scissure interpariétale.

Sc.S., scissure de Sylvius.

L.o., Lobe orbitaire.

TI, '1'2, 'P, première, deuxième, troisième circonvolutions

frontales.

Il ? pli pariétal supérieur.

P2.. pli pariétal inférieur.

' P3., pli courbe.

Se., t ? , scissure temporale.

L. Oc., Lobe occipital.

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1900. Po. II.

216 Explication des planches.

Planche III.

Face interne de l'hémisphère gauche.

(Obs. de Lecl.. p. 18.)

L.P., lobule paracentral.

L.Q., lobule quadrilatère ou avant-coin.

0., coin.

1, c a., fissure calcarine.

p p a pli pariéto-limbique antérieur,

p p p., pli pariuto-limbique postérieur.

C.C., corps calleux.

C.C.C., circonvolution du corps calleux.

Sc. cm, scissure calloso-marginale.

r, première circonvolution frontale.

Tout, Top, première et deuxième circonvolution temporo-

occipitales.

C.A., Corne d'Ammon.

Sc. to2., Deuxième scissure tempo-occipitale.

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1900. Pu. III.

218 Explication DES planches.

Planche IV.

(Obs. de Per... p. 81-96.)

Cette planche montre la face convexe de l'encéphale : les

hémisphères cérébraux sont transformés en kystes, le cerve-

let est intact.

BOURNEVILLE, Bicêtre, 19ûO. PL. IV.

220 Explication DES planches.

Planche V.

(Obs. de Per... p. 81-96.)

Cette planche montre la base de l'encéphale, les deux hé-

misphères sont en quelque sorte réunis, et ont l'aspect d'un

vaste kyste. La protubérance et le bulbe offrent un arrêt

de développement prononcé.

BOURNEVILLF, Bicêtre, 1900. PL. V.

222 Explication DES planches.

Planche VI.

(Obs. de Per... p. 81-96.)

Elle montre les deux hémisphères ouverts, la substance

cérébrale réduite à une mince couche, les ventricules

latéraux très dilatés et les masses grises centrales atro-

phiées.

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1900. PL. VI.

22/1 EXPLICATION DES PLANCHES.

Planche VII. '

(Obs. de Tout ? p. 107.)

Pie-mère de l'hémisphère droit.

Elle est doublée de la couche de substance grise et montre

le moule de toutes les circonvolutions.

l3uarvewo ? e. 131lre, 1900. 1>1,. VII.

226 Explication DES planches.

Planche VIII.

Face externe ou convexe de l'hémisphère droit,

(Page 108).

S e. S. , scissure de Sylvius.

F1, F2, Fla. , 1,-e, 2e, 3c circonvolutions frontales.

P ? pli pariétal supérieur.

P2., p i pariétal inférieur.

P3., pli courbe.

F. A., circonvolution frontale ascendante.

P. A., circonvolution pariétale ascendante.

S. R., sillon de Romande

L. O., lobule orbitaire.

- 1. O. C., lobe occipital.

Tl, T2, T3., 1 rc, 2e, 3" circonvolutions temporales.

S", f. s.. scissure frontale supérieure.

Se. f i : , scissure frontale inférieure.

Se. i p., scissure interpariétale.

Se. p., scissure parallèle.

Les circonvolutions sont réduites à la substance blanche,

atrophiée. Un grand nombre de circonvolutions ressemblent

à des crêtes.

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1900. PL. VIII.

228 Explication DES planches

Planche IX.

Face interne de l'hémisphère droit.

(Page 108).

L. P. , lobule para-central.

F . , première circonvolution frontale.

C. , coin.

L. Q. , lobule quadrilatère ou avant-coin.

Se c. m. , scissure calloso-marginalc.

C. C. , corps calleux.

C. C. ( ? , circonvolution du corps calleux.

p. p. a. , pli pariéto-limbique antérieur.

p. p. p. , pli pairéto-limbique postérieur.

P. , pédoncule.

0..\. , corne d'Ammon.

p. f. 1. , pli frontal limbique.

G. R. , gyrus rectus.

F. c. a. , fissure calcarinc.

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1900. Pr. IX

230 Explication des planches.

Planche X.

F;¡ce e.\ : tl'J'ne de l'hémi.}Jhé1'e gauche.

Méningo-encéphalite à peu près généralisée. Il ne reste;

plus que quelques fragments de circonvolutions à peu près

saines.

Les lettres ont la même signification'que celles de laPLAN-

CHE VIII.

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1900. PI.. X.

23 ? " ? Explication des planches.

Planche XI.

Face interne de l'hémisphère droit,

IUningo-enc,éplialite à peu près généralisée.

Les lettres ont la même signification que celles de la Plan-

che IX.

Bourneville, Bicêtre, 1900. Pi.. XI.

TABLE DES MATIÈRES

PREMIÈRE PARTIE

Histoire du service pendant l'année 1900.

Section I : Bicètre.

231 Taule des matières.

Taule des matières. 235

231j

Taule des matières