RECHERCHES
SUR
L'ÉPILEPSIE, L'HYSTÉRIE
. ET L'IDIOTIE
PUBLICATIONS DU PROGRÈS MÉDICAL
RECHERCHES
CLINIQUES ET THÉRAPEUTIQUES
SUR .
L'ÉPILEPSIE, L'HYSTÉRIE
ET L'IDIOTIE
COMPTE-RENDU DU SERVICE
DES ENFANTS IDIOTS, ÉPILEPTIQUES ET ARRIÉRÉS DE
BICÊTRE PENDANT L'ANNÉE 1900 -<î
PAR
BOURNEVILLE
Avec la collaboration de
MM. CROUZON, DIONIS DU SÉJOUR, IZARD, LAUReÏj'9s*'\5^-' e
PAUL-BONCOUR, PHILIPPE ET OBERTHUR. ?
Volume XXI z
Avec 19 figures dans le texte et XI planches.
t 4 : i 5
PARIS
AUX BUREAUX DU
PROGRÈS MÉDICAL
14, rue des Carmes, 14.
. FÉLIX ALCAN z
ÉDITEUR
108, Boulevard St-Germain, 108.
1901
PREMIÈRE PARTIE
Histoire du Service pendant l'année 1900
(Bicêtre et Fondation Vallée).
Bourneville, Bicêtre, 1900.
PREMIÈRE PARTIE
Section I : Bicêtre.
Histoire du Service pendant l'année 1900.
I.
Situation du service. Enseignement primaire
Les enfants de la 4° section du quartier des aliénés
de l'hospice de Bicêtre sont répartis en trois groupes
principaux : 1° Les enfants idiots, gâteux, épilep-
tiques ou non, mais invalides. (Bâtiment Séguin) ; -
2° Les enfants idiots, gâteux ou non, mais valides ;
3° les enfants propres, valides, imbéciles, arriérés,
instables, pervers, épileptiques et hystériques ou
non.
I. Enfants idiots, gâteux, épileptiques ou non,
mais INVALIDES. - Ce premier groupe est subdivisé
en deux catégories. La première se compose des
enfants idiots complets, ne parlant ni ne marchant,
considérés généralement, à tort, comme tout à fait in-
curables. La plupart d'entre eux sont, contrai-
rement à l'opinion courante, susceptibles d'amélio-
IV Idiots couplets.
ration, même à un degré très notable. On fortifie
leurs jambes avec la balançoire-tremplin; on leur
apprend ensuite à se tenir debout à l'aide des barres
parallèles ; à marcher, soit en les tenant sous les bras,
soit à l'aide du chariot (1) ; on fortifie leurs membres
en exerçant successivement chaque jour et à plusieurs
reprises toutes les articulations (exercices des join-
tures), on leur faisant des frictions stimulantes, etc.
En 1900, trois enfants ont appris il- marcher. Cinq
enfants ont été guéris du gâtisme (2) et trois ont
appris à manger seuls (3).
Dès qu'un enfant marche sans aide, il doit être en-
voyé à la petite école, le matin pendant une lieure ou
deux, puis toute la journée, aussitôt que ses forces le
permettent. Tous ces enfants sont placés sur les petits
fauteuils spéciaux que nous avons décrits, à l'u-
sage des gâteux (4).
La seconde catégorie comprend les idiots abso-
lument incurables, en beaucoup plus petit nombre
qu'on ne le croit d'habitude, et les épileptiques de-
venus déments et gâteux sous l'influence des accès ou
des poussées congestives qui les compliquent ; ils ne
peuvent plus cire que l'objet de soins hygiéniques et
doivent former un groupe spécial. Aussi avons-nous
obtenu, pour eux, l'aménagement de l'un des sous.-sols
encore disponibles où ils seront réunis et surveillés
durant le jour (5), en mauvaise saison, car, lorsque le
temps le permet, ils doivent être promenés dans les
jardins. Ce sous-sol nous servira également pour
(1) Voir Compte-rendu 1899 : fig. il il, nr et IV, p, 1\', v, VI et vu.
(2) Lin ? Cart.. , IJell ? , Nielp.. et Grad..
(3) Pat ? I,in.. et Guénin..
(i) Voir Compte-rendu de 18;1J, fig. 5 et G, p. 8.
(5) Une épidémie d'oreillons s'étant déclarée dans le courant de l'année,
épidémie que nous signalons plus loin, nous avons été obligé de faire éva-
cuer par les teigneux le pavillon d'isolement, et de leur faire occuper mo-
mentanément ce sous-sol.
Petite école. v
d'autres enfants, qui nous arrivent tardivement, à 1 i,
15, 16 ans, 17 ans et môme quelques mois ou quel-
ques jours avant la limite fixée (18 ans) dont l'inczc-
rabilité est reconnue et que nous sommes obligé,
jusqu'ici, de maintenir dans les écoles, où ils sont
une occasion de trouhle, qu'ils contribuent il encom-
brer, sans aucun bénéfice pour eux et au grand détri-
ment des enfants éducables.
L'infirmier supplémentaire que nous avions réclamé
à l'occasion de la création de ce service nouvcau nous
a été accordé par l'Administration ; - il a été momen-
tanément remplacé par une infirmière employée au
traitement des maladies contagieuses, qui ont été par-
ticulièrement nombreuses cette année et pour les
raisons que nous avons données plus haut.
II. Enfants idiots gâteux ou non gâteux, épilep-
tiques ou non mais valides (Petite Ecole). - Ces
enfants fréquentent la petite école confiée exclusive-
ment il des femmes. Dans le courant de l'année, 168
y ont été inscrits. Sur ce nombre 6 sont décédés, 7
sont sortis définitivement, 5 sont passés à la grande
école et SI ont été transférés.
Sur 141 enfants qui restaient il la petite école au
31 décembre 1900, 14 ne mangent pas seuls, 54 se
servent de la cuiller, 43 de la cuiller et de la four-
chette, 30 do la cuiller, de la fourchette et du couteau.
Quatre enfants gâteux de ce groupe sont devenus
propres (1) ; 3 ont appris il manger seuls (2) ; 4 ont
appris à lire (3).
Le traitement du gâtisme, qui consiste à placer,
après chaque repas, les enfants gâteux sur les sièges
(1) Politsch..., Carn..., Salai)... et Sucli
(2)I)up...,Lequ...,C.utt...,
(3) Carr..., Gabor..., 'ia... et C;uy...
VI
Traitement du gâtisme.
d'aisance et qui a pour but principal d'amener l'en-
fant gâteux à devenir propre, fait également réaliser
à l'Administration des économies notables de blan-
chissage. Nous avons fait faire par la surveillante du
service le relevé des enfants ayant déféqué au siège
après les repas, durant les 5 premiers jours des mois
d'octobre, novembre et décembre. Voici ce relevé qui
a porté sur 40 enfants gâteux.
Traitement médico-pédagogique : "résultats. vu
brossiers, imprimeurs, serruriers, menuisiers et jar-
diniers.
La petite école comprend : 1° le traitement du
gâtisme dont nous venons de parler, 2° les leçons de
toilette qui consistent à apprendre aux enfants à se
laver la figure et les mains, à s'habiller, il mang'er
seuls, etc. 3° les exercices pour l'éducation de la main,
des sens et de la parole; 5° les exercices élé1 ? 1Cntai-
res relatifs à l'enseignement primaire ; 6° les leçons
de choses, soit à l'école, soit dans les jardins (avec le
tableau roulant), soit enfin dans les promenades (1).
Voici quelques détails sur les enfants améliorés à
la Petite école :
Bign... (Georges) âgé de 13 ans. Cet enfant atteint d'idio-
tie complète il Ventrée, ne marchait pas, la parole était nulle,
le gâtisme complet. flllJOtl1'Cl'It2Ll, il est amélioré, la. parole est
bonne, l'enfant cependant conserve une prononciation défec-
tueuse, mais il répond exactement quand on lui parle, fait des
phrases et comprend bien tout ce qu'on lui dit. Il s'habille,
se déshabille seul et proprement. Se rend utile à tous les
travaux du ménage. Son travail à la classe est bon, il écrit
assez lisiblement, commence à syllaber et sait le nom des
objets usuels, fait sur le cahier des barres et des 0 et travaille
bien à la gymnastique. Apprenti cordonnier, il est chaque
semaine récompensé. Au réfectoire, il a appris à se servir
de la cuiller et de la fourchette, et il mange très-proprement.
Il se rend également utile a table, en aidant les plus petits
à manger, à débarrasser sa table et ranger son petit panier
de cuillers. Il commence il se débarbouiller seul. Il est
devenu prévenant, gai, très-joueur ; n'est pas méchant pour
les petits.
13Ezo... (Jean), 14 ans 1/2. Atteint d'imbécillité prononcée.
A son entrée, il ne connaissait aucune lettre, ne pouvait, sur
le cahier, reproduire que des 0, et n'avait aucune notion sur
(1) Dans notre Compte-rendu de 18 ! J9, nous avons décrit minutieusement
tous les procédés en mape à la section des Enfants arriérés et épileptiques
les flg. 7 : ,1.1 I '
vit Petite école.
les opérations arithmétiques. Actuellement, l'enfant lit cou-
ramment, écrit lisiblement, fait des devoirs et des dictées,
sans trop de fautes, peut écrire lui-même il sa famille et
sans le concours de personne. Il fait les trois premières opé-
rations en arithmétique : a quelques notions élémentaires
de grammaire et de géographie et connaît très-exactement
la division du temps. En résumé, cet enfant est arrivé à
un degré presque normal. Apprenti tailleur, il travaille bien
fait partie de la fanfare. (Il est heureux d'y être et connaît
les notes.) -
Lambe.. (Louis), 14 ans. Atteint d'idiotie complète, grand
gâteux jour et nuit, ne parlant pas, ne se servant pas de la
cuiller, très-craintif : On ne pouvait pas s'approcher de lui
sans qu'il sursautât. Attention difficile à fixer, aucune notion
sous le rapport de l'habillement et de la toilette. Aujourd'hui.
il n'est plus gàteux, s'habille et se déshabille seul, commence
à se nettoyer assez bien, aide même les infirmières à habiller
les enfants, est très-complaisant et doux envers les enfants
plus petits que lui, est très-affectueux. Il aime à se rendre
utile. Mange proprement, se sert de la cuiller et de la four-
chette. A la classe les progrès sont plus lents ; il a peu de
mémoire, cependant il est parvenu il placer les lettres et les
chiffres et il reconnaître les légumes. Pour la parole, il a fait
des progrès, il cause assez convenablement, mais la pronon-
ciation est assez défectueuse. fait assez bien les commis-
sions.
4° LAM ? (Gaston), 14 ans 1/2, atteint d'idiotie profonde avec
gâtisme, avait de l'écholalie, prononçait mal quelques mots :
du panpin pour pain, il barre pour il boire, pour
maman. Aucune notion, ne savait pas s'habiller, se désha-
biller, se nettoyer, ne connaissait pas les parties de son corps,
il montrait son nez pour sa tète, son pied pour sa main, etc.
Actuellement, il est propre, s'habille, se déshabille, se
nettoie seul, mange proprement, se sert de la cuiller et de la
fourchette, débarrasse le couvert au réfectoire et commence
à laver la vaisselle. Répond bien aux questions qui lui sont
posée ? et commence il tenir conversation.
5° Pierre (Louis), il ans. Enfant atteint d'idiotie profonde.
n'ayant aucune notion à son entrée, ne prononçait que les
mots papa et maman, ne savait pas s'habiller, se déshabiller,
se nettoyer, n'avait aucune notion sous le rapport des exer-
cices classiques.
Aujourd'hui, il est complètement propre, s'habille, se
Traitement N1 : DIC0-I'l;DAf.Of : IQL'E : résultats. IX
déshabille et se nettoie seul. Il place les lettres et les recon-
naît. Parle assez à propos et prononce assez bien les
mots.
6u Tnort : ... (Edouard), 5 ans 1/2. Cet enfant atteint d'idiotie
profonde et d'épilepsie, était grand gâteux, ne parlait pas,
ne savait pas manger seul. L'attention était difficile il fixer,
une vraie petite bête. Il est parvenu à manger seul, à se servir
de la cuiller et de la fourchette. Est propre le jour et la nuit,
va seul au siège. Sa parole s'est notablement améliorée,
sa prononciation est assez bonne, à l'exception de quelques
mots défectueux; il chante tous les airs des chansons qu'il
entend, se débarbouille seul, mais le fait encore maladroite-
ment. Suppression des vertiges et des accès épileptiques de-
puis environ deux ans. (Cet enfant avait été trépané et avait
subi la résection du sympathique au cou, sans aucun résul-
lai.)
7° Georg... 8 8 ans. - Atteint d'imbécillité, avec
colères fréquentes, et manie de ronger les vêtements, était
il son entrée, dans l'impossibilité de lire, il ne savait pas non
plus écrire et avait peu de notions sur les choses usuelles. -
Son état s'est bien amélioré, les colères sont moins fréquentes,
et la manie de ronger a disparu. De notables progrès sont il
signaler il la classe et, il il lit couramment en se
rendant bien compte de ce qu'il lit, écrit lisiblement, fait
la dictée avec les grands, et commence a faire des problèmes
sur l'addition et la soustraction. Il reproduit aussi quelques
traits de dessin et y apporte un certain goût. En résumé
l'enfant se rapproche de plus en plus de l'étal : normal.
8° z(Pierre), 1G ans, enfant atteint d'idiotie profon-
de, très-borné, marchait à peine ; la parole était nulle, et il
gâtait la nuit et le jour. Incapable de se vêtir, de manger
seul, il procède aujou)'(/Îlili il ces soins d'une manière con-
venable. Il parle, comprend et tient bien une conversation.
A la classe, il est arrivé à pouvoir écrire assez lisiblement,
a fait quelques progrès concernant les leçons de choses et
la gymnastique.
9 Pnovo.. (Edmond), Il Est entré dans le service
atteint d'idiotie complète avec gâtisme ; marche et parole
nulles. Aujourd'hui, il parle, marche, s'habille et se désha-
bille seul, et se rend utile aux travaux du ménage. Il écrit
assez lisiblement, mais est lent à la lecture.
x Petite école complémentaire.
10° )3num.. (Louis), 12 ans, atteint d'idiotie complète, ne
marchait pas son entrée, et se tenait rarement debout,
toujours dans un coin, l'air attristé, ne se retournant même
pas quand on l'appelait (ce qui l'avait fait surnommer par les
autres la petite misère). Il était grand gâteux, la parole était
nulle, et à table il ne savait pas manger seul (même avec
les mains). - cttcellen2ent, l'enfant prononce mal, il est vrai,
mais il connaît le nom des personnes crtii sont avec lui, les
reconnaît même quand elles quittent le service et qu'elles y
reviennent.
Petite-école complémentaire. Cette école est
confiée à M"10 Bonnet, femme de tout dévouement,
dont l'éloge n'est plus il faire, qui s'est mise gracieu-
sement et généreusement il notre disposition. Elle est
aidée par une suppléante de grand mérite, 111'IIe Con-
donnier, qui a également la surveillance des deux
dortoirs où couchent les enfants de cette école, au
nombre de 40. Deux infirmières sont en outre ad-
jointes; ! ce service pour la surveillance des enfants.
Voici quelques-uns des résultats obtenus durant le
cours de l'année 1900, résumés par Mme Bonnet :
10 Ricqu... (Emile), 7 ans, atteint d'idiotie profonde et d'ho-
miplégie, pris a son arrivée en mai 18119, gâtait jour et nuit.
Parole à peu près nulle, limitée a papa, maman, pa pour pain.
Aujourd'hui, il ne gâte plus; il exprime ses besoins. La
parole a fait de grand ? progrès; il dit tous les jours des mots
nouveaux mais avec une articulation encore très défectueuse.
Il s'habille et se déshabille seul sans pouvoir cependant
lacer, nouer, boutonner.
Cet enfant, atteint il son arrivée de daenomnu (ou manie
de mordre), sans colère, sans cause aucune, pour seul plan
sir de mordre est enlin guéri de ce penchant.
20 ]'AHD.. C\farce]), ') ans 1/2' atteint d'idiotie du second
degré compliquée d'hémiplégie. - A son arrirne (mars 1890),
il serait resté des journées entières sans bouger de place, se
balançant continuellement d'avant en arrière en poussant une
sorte de plainte ininterrompue. 11 ne parlait pas ou du moins
Petite école complémentaire. xi
ne disait que papa et pain avec beaucoup de peine et très
rarement. Il marchait lorsqu'on lui donnait la main mais,
le quittait-on un instant, il restait immobile ne faisant plus
un seul pas; nous faisions mine alors de nous éloigner et
l'appelions; il pleurait, ne bougeait pas davantage et serait
resté ainsi indéfiniment.
.4u;0 ! t)'dntt. Pard.. marche seul et court souvent; monte
et descend les escaliers sans aide. Très en progrès également
pour la parole, il répète et comprend main tenant tout ce qu'on
lui dit, commence il parler un peu de lui-même. La voix est
basse, caverneuse et l'articulation laisse beaucoup il désirer
mais enfin il parle, avec il propos, et nous comprenons ce qu'il
veut dire. - Le caractère devient plus enjoué, plus affectueux
Pard.. commence à jouer avec ses petits camarades.
3° Des.. (carcel). 5 ans, atteint d'idiotie compliquée d'im-
pulsions violentes, que nous avons signalé l'année dernière
comme amélioré pour la parole a continué ses progrès; il dit
tous les jours des mots nouveaux, qu'il prononce mieux, avec
moins de volubilité et une articulation plus franche. Le regard,
toujours vague, et ne reposant sur rien, se fixe davantage. A
table il remarque les plats, tend son assiette et réclame bien
sa part si on tarde à le servir ; lorsque le pain est un peu plus
petit que d'habitude il s'en aperçoit de suite et le jette avec
colère. Del.. est arrivé il manger seul en se servant de la
cuiller; il se déshabille mais ne peut encore s'habiller. ! il' Laure.. (Marcel), 11 ans. Microcéphale atteint d'idiotie
et d'instabilité mentale, d'une turbulence excessive, reste
maintenant volontiers en classe, est heureux que l'on s'occupe
de lui et travaille avec plaisir. L'amour-propre semble s'é-
veiller mais, plus sensible aux louanges qu'aux reproches, il
faut constamment lui prodiguer des encouragements.
Le vocabulaire de Laure.. s'étend chaque jour : il emploie
les pronoms, les verbes à propos et forme des phrases qui
souvent nous étonnent par les expressions nouvelles qui y
sont contenues. Il a réalisé de grands progrès pour l'écriture.
Suivant en cela la méthode préconisée par Séguin nous avons
essayé, avec nos trois microcéphales (dont Laure..) de faire
débuter l'enseignement de l'écriture par quelques notions de
dessin ; c'est ainsi que nous leur avons enseigné à recon-
naître et tracer les lignes verticale, horizontale, oblique,
courbe pour passer il leurs combinaisons, triangle, carré,
cercle, etc., et, enfin, il la formation des lettres. Cette
manière de procéder nous a donné des résultats assez satis-
·II Traitement 11 : : Dlr.O-P) : DAG()G)QUE : résultats.
faisants. Laure... forme maintenant toutes les petites lettres
et quelques grandes dérivées de o felles que d, d, ; il trace
également tous les chiffres dont il a appris la valeur avec
beaucoup de peine. - Grande difficulté toujours pour la lec-
ture au syllabaire et cependant cet enfant, it l'aide des lettres
mobiles, place les consonnes devant une voyelle quelconque
et reconnaît bien les sons obtenus ainsi. Il lit un certain
nombre des mois imprimés, isolément, tels que ceux qui
sont relatifs couleurs, nombres, surfaces, etc.
5° Chai.. (Louis), 10 ans, est entré en janvier 1898. -Micro-
cëp/ta ! e à un degré prononcé, atteint d'idiotie et d'instabilité
mentale. L'instabilité est un peu moins grande qu'a l'arrivée ;
il apporte un peu plus d'attention aux exercices classiques;
il vient maintenant en classe avec plaisir et travaille volon-
tiers si l'on s'occupe exclusivement de lui. mais, dès que l'on
passe à un autre enfant, il cesse de travailler, regarde à droite
et à gauche et, finalement, se dérange de sa place pour aller
taquiner ou frapper ses petits camarades. Et cependant Chai...
n'est pas foncièrement méchant mais il a le goût du coirman-
dement et lui, qui est l'indiscipline en personne, morigène et
corrige continuellement les autres enfants.
Apportant néanmoins une attention un peu plus soutenue,
il a réalisé de notables progrès. Chai... trace régulièrement
les principales lignes, quelques surfaces d'une façon très-
élémentaire mais donnant parfaitement l'idée de la figure
que l'enfant a voulu représenter, enfin il forme presque toutes
les lettres et commence à les assembler.
Cet enfant qui, ayant quelques dispositions pour l'écriture,
reproduit assez fidèlement un modèle donné, est incapable de
suivre un tracé. (Nous avons plusieurs enfants dans ce cas).
La mémoire, des plus fugitives, fait oublier à Chai ? ce
qu'il a appris assez vite la veille, aussi constatons-nous peu
de progrès pour la lecture au syllabairc. Nous obtenons
davantage à l'aide des lettres mobiles. La parole, chez cet
enfant, continue à s'améliorer.
G° STEIILlN ? (Georges), 12 ans, est entré en mai 1891.
Microcéphale atteint d'idiotie et d'instabilité. A son arrimée
cet enfant avait la monomanie des fugues. Dès qu'une porte
était ouverte il disparaissait et nous étions toujours à sa
recherche. Chez lui, le langage faisait absolument défaut par
absences d'idées, croyons-nous, car bien que l'articulation
laissât à désirer, principalement pour le k, prononcé t, et le g
changé en n, elle n'était pas totalement défectueuse, Sterl...
Traitement MÉDICO-PÉDAGOGIQUE : résultats. xiii
s'isolait, ne jouait avec ses camarades, leur parlait encore
moins. A nos questions il répondait par monosyllabes.
Recevait-il un coup, il ne criait pas, ne se plaignait pas et
il était difficile de savoir où et comment il l'avait reçu.
Son caractère sombre, un peu sournois, s'est heureusement
modifié. Il prend part maintenant aux jeux de ses camarades,
sait se plaindre et même se défendre lorsque ceux-ci veulent
le battre ; enfin il vient souvent vers nous et, sans être
interrogé, nous cause avec iL propos ; sa parole nous surprend
souvent par la longueur des phrases qu'il forme et les idées
qu'elles expriment.
Très-mal doué sous le rapport de la mémoire, Stcrlin...
éprouve une grande difficulté pour la lecture ; les progrès
sont plus sensibles pour l'écriture; trace tous les chiffres,
se rend compte des quantités qu'ils représentent, forme bien
les petites lettres, commence iL les assembler.
7° 'l'1ER... (I'ierrc), 16 ans, est entré en mai 1895. - Sourd-
muet renvoyé de l'école d'Asnières comme arriéré et inca-
pable d'apprendre.
Les progrès sont sensibles mais l'articulation continuant à
ne pas nous donner entière satisfaction, nous nous appliquons
surtout à apprendre -Il cet enfant le nom de tout ce qui l'en-
toure ainsi que les quelques counaissances pratiques qui
nous semblent dcvoir lui être utiles telles que : exprimer ses
besoins, la soif, la faim, le chaud, le froid, la souffrance. Il a
appris dans le courant de cette année son nom, son âge, la
date de sa naissance, les jours de la semaine, les mois,
l'heure, les nombres, la valeur des sous et centimes ce qui,
ajouté aux connaissances acquises précédemment, porte à
près de 500 le nombre de mots que nous avons appris à cet
enfant. Ces m.ts, notre élève les comprend, lit et écrit;
il cherche iL les articuler, plus souvent mal que bien, mais
enfin arrive à se faire comprendre, si ce n'est par la parole,
du moins par l'écriture.
Nous devons joindre à cela l'addition( la soustraction et la
multiplication que notre élève fait bien; mais sans en com-
prendre encore l'application. Etant parvenues à lui faire pren-
dre goût au dessin, nous lui faisons reproduire, chaque jour,
quelques objets usuels, au-dessous desquels il doit écrire
les noms correspondants, 'fier..., travaille toujours : l l'ate-
lier des tailleurs, où son patron est satisfait de son travail.
80 MIL... (Emile), 9 ans, est entré le 10 août 1895. A son ar-
rivée était atteint d'idiotie complète, gâtait, ne savait pas
xiv Traitement ! I : : DICO-P¡\[)AGOGIQüE : résultats.
s'habiller, mangeait à pleine main ; d'une nature extrêmement
paresseuse, somnolente et n'ayant aucune notion classique.
En 1S9G, il est rendu propre, mange plus convenablement,
commence il s'habiller. - En 1897 il a appris il lacer, nouer,
boutonner, à se laver les mains seul, t reconnaître les cou-
leurs, les principales parties de son corps, presque tout le con-
tenu de la boîte aux leçons de choses. En 1898, il reconnaît
et nomme les lettres, chiffres, surfaces ; place bien les bâ-
tonnets dans le casier ; exécute bien les mouvements de la
petite gymnastique. Dans le courant de 1899, il commence seu-
lement à prendre goût à la lecture et à l'écriture, lit un cer-
tain nombre de nos mots imprimés et s'intéresse davantage
toits les exercices classiques.
Enfin, cette année les progrès ont été très sensibles pour la
lecture, l'écriture et le calcul. Cet enfant, dont l'amour pro-
pre s'est éveillé, est heureux des progrès réalisés et travaille
avec plaisir. Il lit et écrit un grand nombre de mots imprimés
isolément; syllabe assez facilement ; fait l'addition, la sous-
traction, commence la multiplication. L'écriture, très amé-
liorée, est très lisible. Cet enfant est en bonne voie pour la
lecture courante.
9° lÉr ? (Léon), 13 ans 12, est entré en mai 1890. Il était at
teint d'idiotie prononcée compliquée d'épilepsie et d'hémi-
plégie droite.
A son arrivée, se tenait à peine debout et gâtait jour
et nuit. La parole, très défectueuse , était presqu'incompré-
hnesible. Cet enfant a été rendu propre en 1893 et sa parole,
très améliorée,commence, à cette époque, à être bien distinc-
te, il forme de petites phrases. - En 189't, il s'habille et se
déshabille seul, place les lettres, les surfaces, les couleurs. Il
commence à former quelques lettres et chiffres en 1895.
Toujours en mouvement, Fél.. se balançait d'avant en
arrière dès qu'on l'obligeait à rester assis.
En 1898, notre élève commence à prendre goût a la lecture.
En 1899, sous l'influence du traitement, les accès d'épi-
lepsie se raréfient et nous constatons en même temps une
sensible amélioration dans l'intellect de cet enfant. A partir
de cette époque, la mémoire a paru se développer et les pro-
grès en toutes choses s'en sont ressentis, principalement pour
la lecture qui semblait être pour d'une difficulté insur-
montable, car nous avancions d'une page pour retourner de
deux en arrière le lendemain. Enfin cette année notre élève
a fini par passer il la lecture courante; il comprend ce qu'il
lit, pas toujours ce qu'il écrit. Il commence cependant à fai-
Petite école complémentaire . xv
re de petits devoirs de grammaire qu'il comprend. L'écri-
ture est bonne et très lisible, bien que l'enfant écrive de la
main gauche, le coté droit étant paralysé. Pour le calcul il
fait l'addition avec retenues et commence la soustraction
mais nous éprouvons une difficulté très grande -Il lui faire sai-
sir le plus simple calcul mental.
Tout ce qu'on est parvenu il apprendre à cet enfant n'a été
obtenu qu'avec une grande dépense de peine et de temps car
il est beaucoup plus dépourvu qu'il ne le parait de prime
abord.
10° Lemait.. )Georges), 13 ans 1/2, est entré en avril 1890.
- A son arrivée, cet enfant atteint d'idiotie profonde se trou-
vait presque au dernier degré de l'échelle intellectuelle
ayant tous les tics et manies des idiots ; parole nulle,
poussant des cris sauvages ; mordant ceux qui l'entouraient,
gâtant jour et nuit.
Cet enfant, signalé déjà dans le Compte- rendu de 1899 com-
me très amélioré, est enlin arrivé il lire couramment grâce à
l'emploi simultané du syllabaire et des mots imprimés iso-
lément.
L'écriture, ayant marché de front, il copie chaque jour la
leçon de lecture et écrit de mémoire un certain nombre de
mots tels que ceux concernant les couleurs, nombres, jours
de la semaine, vêtements, famille. Lemait.. éprouve une
grande difficulté pour le calcul; il commence cependant à
faire seul l'addition.
La parole est encore défectueuse. Néanmoins notre élève a
réalisé de sensibles progrès; il a acquis pendant cette année
ch, g, v, r, j, r, ill, gn, bl : mais tous ces sons, bien articulés
au commenement ou dans le corps des mots, sont nuls lors-
qu'ils forment la syllabe finale muette ainsi Lemait ? qui dit :
très bien blanc, bleu, tableau, dira : «tau pour table «por»
porte : de même il dira « pa » pour paille ; « vi » pour
vigne alors qu'il dit facilement bouillon, gagné.
Tous les enfants signalés les années précédentes
comme améliorés continuent à progresser. Quelques-
uns sont arrivés à rédiger d'une façon très élémen-
taire, mais suffisante pour leur permettre d'exprimer
leurs idées, surtout lorsqu'il s'agit d'obtenir la réali-
sation d'un désir.
Pour le calcul, une fois l'addition et la soustraction
xvi Grande école .
acquises très laborieusement, nous obtenons plus
facilement la multiplication et enfin la division que
notre ami le D'' J. Voisin, dit presque impossible à
obtenir, pour cette catégorie d'enfants. (Voir Thulié,
Dressage des jeunes dégénérés, page 505).
Les plus avancés se rendent compte de la valeur de
la monnaie et de l'usage qu'on peut en faire ; ils résol-
vent assez facilement un calcul mental relatif aux
poids et mesures et, lorsque nous les faisons jouer au
marchand, ils remplissent alternativement les rôles
de rondeur et d'acheteur, ne se trompant pas sur la
monnaie qu'ils doivent rendre ou qui doit leur être
rendue.
111. Enfants propres et. valide*, imbéciles, arrié-
rés, instables, pervers, et
ou non (Grande Ecole). - La population de cette
école était de 171 enfants au premier janvier. Tous,
sauf 17 qui ne peuvent travailler, ont fréquenté les
ateliers par grande série. Quinze possédant le certificat
d'études, forment une division supérieure, ne vont à
l'école qu'une demi-journée par semaine et restent,
les autres jours, le matin et le soir à l'atelier. Les
autres enfants sont répartis en quatre classes (58, 40,
39 et 3 : 1 enfants). Aux examens du certificat d'études
qui ont eu [lieu à Villejuif, au mois de mars, sur cinq
enfants présentés, quatre ont subi les épreuves avec
succès (Hors... Itoll..., Robill... et Filla...) (1).
Cette année encore, nos instituteurs et leurs aides,
ainsi que les sous-employées attachées aux écoles,
afin d'être mieux en mesure d'améliorer la prononcia-
(1) A cet examen 4 infirmiers et 3 infirmières de l'École et
d'infirmières de Bicêtre ont également obtenu le certificat d'études.
Enseignement DU chant. XVII
tion des cnfants et de développer leur parole ont été
envoyées successivement, par séries, au nombre d'une
vingtaine, à l'Institution Nationale des sourds-
muets. De plus, comme nous avons un certain nombre
d'enfants aveugles, nos auxiliaires sont également
allés, par séries, il l'Institution des Jeunes aveugles et
à l'Ecole Draille, Nous ne saurions trop remercier
MM. Martin, Debas, Péphau et Baldon de leur précieux
concours.
Enseignement du chant. Cet enseignement est
l'ait par M. Sutter depuis le 1er janvier 1895. Comme
les années précédentes, et conformément à nos ins-
tructions, il s'est occupé successivement de tous les
enfants. Il a divisé ceux de la petite école, de la pe-
tite école complémentaire et ceux de la grande école
en trois sections. - Presque tous les enfants qui
suivent les visites du samedi et qui participent au
chant savent lire leurs notes de musique, ces enfants
sont au nombre de trente-cinq.
En maintes circonstances, les samedis où nous
avons des visiteurs, nous réunissons les petites filles
de la Fondation Vallée avec les garçons de Bicêtre et
nous les faisons chanter ensemble dans les choeurs.
Cette réunion des enfants des deux sexes n'a jamais
eu d'inconvénient. Le nombre clos enfants qui parti-
cipaient à renseignement du chant était de 220 à la fin
de 1899 et de 2 à la fin de 1900.
Crijmnaslique. Il ne s'agit plus ici de la gymnas-
tique avec la balançoire-tremplin, avec les échelles
de cordes, les ressorts, etc., mais de la gymnastique
des mouvements d'ensemble et aux agrès. Les exer-
cices d'ensemble se font soit au tambour, soit avec la
fanfare. D'autres se font avec accompagnement de
l3uLnl : vll,l.c. Bicêtre, 1900. , **
xviii Grande école : gymnastique, danse, etc.
chants ou conduits avec l'harmonium (1). Les mouve-
ments sont aussi variés que possible et chaque année
notre dévoué professeur, M. Cor, en introduit de
nouveaux. D'autres exercices ontlieu avec leshaltères,
les échelles convexes, horizontales, la barre fixe, les
barres parallèles, le vindas, la balançoire brachiale,
etc.
Ainsi que nous ne cessons de le redire, nous don-
nons la préférence aux exercices des mouvements
avec ou sans haltères, barres à sphères, etc. Parmi les
agrès, nous choisissons pour les échelles horizontales,
convexes, les barres parallèles, le mât horizontal.
Nous avons essayé de dresser un infirmier afin de
remplacer le professeur en cas d'absence.
Escrime. Cet exercice s'est fait régulièrement
sous la direction de MM. et Malherbe, pré-
vôts au fort de Bicêtre; ces militaires se sont acquit-
tés avec beaucoup de zèle et de douceur de leurs
fonctions. 99 enfants participent, à des degrés divers,
à cet exercice, que nous considérons comme secon-
daire par rapport aux autres exercices physiques (2).
Danse, - Les exercices de danse ont eu lieu ré-
gulièrement de midi à une heure sous la direction
de M. Landosse, un de nos instituteurs, 125 enfants
y prennent part; sur ce nombre, 85 savent danser la
polka, 45 connaissent la polka, la mazurka, et la
scottich; 35 connaissent le quadrille français et 8
commencent à apprendre le pas de quatre (3).
Société de (Ji/lnJ/;¡s ! Ù1UI', Les enfants faisant
partie de cette société, au nombre de 24 ont l'ait une
(1) Voir Complr,·emltt do IS9'J, p. ? ).
(2) Voir Cumplc-renrlit lr IR ! )9. y. LXIV : v 1.\\I\, y.ges à 5 ! 1.
(3) Voir Compte-rendu de 1599, fis. 00.
Enseignement par les projections. XIX
promenade à Robinson. - Ils ont pris part en outre,
sous la direction de leur maître dévoué, M. Coy, à
un concours de gymnastique organisé par la com-
mune du Kremlin-Bicêtre où ils ont obtenu un prix
en argent de 25 francs.
Fanfare et Orphéon. - La fanfare et l'orphéon
sont placés sous la direction de M. Sutter, pro-
fesseur de chant. La fanfare se compose de 26 exé-
cutants, parmi lesquels deux de nos anciens malades,
Allam... et, Tronche ? passés dansles sections affectées
aux adultes. M. Sutter fait à 30 enfants de la Petite
École un cours spécial de solfège. Ces cours ont lieu
deux fois par semaine et ont pour but de préparer de
nouveaux musiciens à la fanfare qui, vu leur jeune
âge, resteront encore des années il la section.
Musée scolaire. Ce musée continue à servir aux
- séances de projection, aux leçons de choses. Il s'est
notablement enrichi tant au point de vue de la biblio-
thèque qu'au point de vue des figures pour projec-
tions. L'administration a acheté avec des dons (1)
cette année 19 nouveaux volumes ce qui porte à 575
le nombre des volumes delà bibliothèque des enfants
Le l01' janvier 1900, le nombre des vues pour projec-
tions était de 1595, il la fin de l'année ce chiffre était
porté -Il 1639. Les séries ou collections ayant le plus
profité des achats faits par l'administration sont : 1°
série générale sur l'histoire de France ; 2° géographie
générale ; 3° colonies françaises. M. HAUBERT,
photographe de la maison, a fabriqué un grand nom-
bre de ces vues. M. 13ovNIRI : , professeur d'anatomie
et de physiologie à l'Ecole d'infirmiers et d'infir-
(1) Commission de surveillance des asiles (30 fr.) ; ; Mon.. Mousseron et
Deneew, mères de deux de nos malades (3 fr 50).
xx Promenades ET distractions.
mières de Bicêtre en a utilisé un grand nombre pour
son cours.
L 'enseignement par les projections est très com-
plexe. Il sert pour les enfants de toutes les catégories :
1° Pour les enfants idiots complets il fixer 1 'attention
(images hlanches ou colorées sur fond noir), à ap-
prendre les lettres (grandes lettres noires sur fond
blanc), pour l'éducation de la parole (syllabes simples
ou répétées ou combinées); ` ? ° Pour les idiots déjà un
peu améliorés à reconnaître les objets, les animaux
(images graduées) ; 3° Pour les enfants imbéciles,
arriérés et épileptiques, à faire tous les jeudis une
conférence dont les séries de vues énumérées plus
haut donnent une idée suffisante.
Dans les petites écoles et la grande école, on doit
sans cesse s'occuper de la guérison des lies, des ma-
nies, s'opposer aux ]il'afÏrj/Jcs 80lit[til'e ? Pour tous les
enfants, et en particulier pour les imbéciles intel-
lecttels avec impulsions et pour les imbéciles
moraux à tous les degrés, nous avons recours au tl't12-
tement moral, ou, pour employer le jargon à la mode,
à la suggestion iL l'état de veille. Tous nos efforts
tendent à faire comprendre à nos auxiliaires adminis-
tratifs qu'ils ont affaire à des enfants malades, relevant
du traitement : médico-pédagogique, envers lesquels
et comme enfants et comme malades, ils doivent se
montrer bienveillants et affecleux, et non pas il des
enfants vicieux, dont la place, est dit-on, plus tort
qu'à raison, dans les maisons de correction ou les
prisons.
Promenades et distractions. Les enfants de la
grande et ceux de la petite écoles qui sont propres
ont continué à faire des promenades soit à Paris, soit
aux environs de l'hospice. Dans ces promenades les ins-
tituteurs et les institutrices doivent donner des leçons
Visites ET congés. XX1 :
de choses et exercer les enfants aux différents jeux
en plein air (jeu déballes, de ballon, etc.). Voici l'énu-
mération des principaux endroits où ils sont allés.en
promenade cette année : Arcueil-Cachan, Créteil, bois
de Gournay, fête de la place d'Italie, fête du Lion de
Belfort, foire aux pains d'épiées, 1\-i,y, jtrclin
des Plantes, jardin d'Acclimatation (1), jardin du
Luxembourg, musée de Cluny, parc de Montsouris,
llolinacn, Saint Mandé, Villejuif. Vitry, etc.
Les enfants de la petite et de la grande école
ont été conduits par groupe à l'Exposition universelle.
Ils ont aussi assisté il un concert au Trocadéro.
Les distractions ont été aussi nombreuses cette
année que les années précédentes. Notons la distri-
bution des jouets du jour de l'an, donnés par l'admi-
nistration ; les déguisements du Mardi-Gras et de la Mi-
Carême, la distribution des jouets de Noël offerts par la
société du « Joyeux Noël n. Nous adressons il cette société
tous nos remerciements. A citer aussi le concert organisé
par le «Comité des frères Lionnet » auquel les artistes
des principaux théâtres de Paris ont prêté leur concours.
Tous les enfants valides de Bicêtre et de la Fondation
Vallée y ont assisté ? 20 Cinq concerts militaires donnés
dans la grande cour de l'hospice. Les enfants ont encore
bénéficié de plusieurs représentations gratuites dans
les divers cirques et théâtres installés à la Foire aux
pains d'épices, à la fête du Lion de Belfort, sur
l'avenue de Bicêtre et à la place d'Italie. - Les jar-
diniers sont allés à l'Exposition de chrysanthèmes
et Ü l'Exposition d'horticulture. Les imprimeurs,
sous la conduite de leur maître, M. MARÉCHALLAT,
ont visité dans tous ses détails l'école Estienne.
Caisse d'épargne. Elle est confiée au premier
(II Nous profitons de l'occasion pour remercier très vivement le Directeur
du jardin d'Acclimatation, M. A.Porte,qui veut bien, chaque année, sur
XXII Visites ET congés.
de nos instituteurs, M. Mesnard. Les recettes ont été
pour cette année de 183 l'r. 75 qui, ajoutés aux 1.772
fr. 55, recueillis depuis l'année 1892, forment un total
général de 1.956 fr. 30.
Visites. Les enfants ont reçu 14.760 visites; -,
les visiteurs ont été au nombre de 9.338. Voici la
statistique des permissions de sortie et des congés :
HEVACr : ! NATI01\S, 13A1\S ET IlI'DRtlT1·.IlAPII : . XXIII
aux malades. De la des accidents auxquels il faut
remédier et une augmentation des accès épileptiques.
De plus les parents donnent de l'argent aux enfants (1 ? ! ,
àutre abus qui est une source d'ennuis pour tout
le monde : rixes, vols, trafics, etc... Nous signalons
encore une fois Ù l'Administration la nécessité de
remédier il tous ces abus regrettables.
1'nccin;¡tiol1 et revaccination. - Nous avons con-
tinué, comme les années précédentes, la vaccination
et la revaccination de tous les malades entrés durant
l'année el les enfants dont la revaccination remonte
à 6 ou 7 ans. Comme d'habitude, cette opération a été
pratiquée par les élèves de l'École d'infirmiers et
d'infirmières de Bicêtre, sous notre direction et celle
de nos internes. Elles ont été au nombre de 110.
Deux instituteurs, 10 infirmiers et 5 infirmières se
sont fait revacciner.
Service dentaire. - M. le D1' Bouvet a continué
à venir presque chaque semaine donner des soins il
nos malades au point de vue de la dentition et de
l'hygiène de la bouche. Nous rappellerons qu'en faisant
instituer le service dentaire, notre but était de remé-
dier aux nombreuses défectuosités de la dentition chez
nos enfants et aussi d'avoir, chaque année, une note,
prise par un homme compétent, sur la dentition de
tous les enfants.
Bains el hydrothérapie. Les bains et des dou-
ches, joints a la gymnastique, à l'emploi des bromu-
res, surtout de l'élixir polybromuré (formule YvoN),
du bromure de camphre (préparations du Do Clin),
plus actif el plus absorbable que les autres prépara-
( Le surveillant du service a la garde de l'argent des enfants : C'est donc
il lui seul que les familles devraient remettre cet arpent.
xxiv Traitement thyroïdien.
tions similaires qui nous ont été fournies par l'admi-
nistration, et des médicaments antiscrofuleux, ont
continué, comme par le passé à être, avec les purga-
tifs', la base du traitement on 1900. Nous avons, de
plus, essayé .de nouveau les pilules de Méglin.
Il a été donné dans le cours de l'année 16.920 bains
ainsi répartis (1).
Visites du service. xxv
de suppléant. M. Petit, infirmier diplômé, a été
promu au grade de premier infirmier. - Citons aussi
la création d'un emploi d'infirmier, chargé de la sur-
veillance du groupe d'enfants incurables.
Au nomhre des améliorations diverses nous citerons
encore les cours théoriques et pratiques sur le mas-
sage que, sur notre demande, a bien voulu faire M. de
Fpumerie, externe des hôpitaux de Paris, aux infir-
miers et infirmières de Bicêtre, Nous adressons en
notre nom et au nom du personnel de Bicêtre tous nos
remerciements à M. de Fumerie. - Mentionnons
aussi la création, sur la proposition de M. Félix Rous-
srL, conseiller municipal (séance du 20 décembre),
d'un cours de dessin, que nous réclamions depuis
longtemps, il l'Asile-Ecole de Bicêtre et à la Fondation
Vallée. Quant aux améliorations relatives au
«bâtiment» elles sont minimes et se bornent il la
réfection de la peinture des salles de bains et douches
et du pavillon d'isolement : c'est peu, étant donné
l'état déplorable de tous les pavillons, pour un service
aussi considérable, aussi souvent visité par des méde-
cins, des professeurs, des administrateurs et des
architectes de tous les pays !
Visites du Service. La section a été visitée en
1900 par : M. le Professeur G. Anton, directeur de
la Clinique psychiatrique et neurologique de Gratz
(Autriche) ; D1' Antonacopoulo ; Dr Akestoridès,
membre de la Société de médecine, memhre du Co-
mité national de Turquie pour le Congrès inter-
national de médecine et de déontologie; D'' Ar-
man, médecin du Manicomio d'Oviédo (Espagne);
1)'' Avendano, chirurgien de l'armée argentine,
délégué de la République argentine au XIIIe Congrès
international de médecine ; D1' Lucas Ayarragaray (de
ires) MM. Albanel, juge d'instruction ; D1'
xxvi Visites du service.
Boddaert; D'' E. Barré, maire, médecin du Crédit Fon-
cier de France; M, Baguer directeur de l'Institut dé-
partemental de sourds-muets il Asnières ; Du' Bischofs
verdeur ; Dr Buchholz, privât docent il Marburg ; D1'
Bykovsky (de Moscou) ; D'' Louis Borda, conseiller
général à Chérngas, près Alger; 1)`' Becker (de
Berlin); 1)" Besozzi (de Turin) ; M. Bédorez, directeur
de l'enseignement primaire ; Dr Witold Chodzko ;
Cloos, consul de Belgique ; M"° Combel, institutrice à
l'hospice de La Salpètrière ; D1' Castomiris, profes-
seur atrrégé la Faculté de médecine d'Athènes,
correspondant étranger de l'Académie de médecine
de Paris ; D1' Cardenas ; Il Cicrglinski (de Varsovie) ;
D'' Canger (de Turin) ; D1' Danadjieff (de Saint Péters-
bourg) ; D'' Ebed (du Caire) ; Dr Fischmann (d'Odessa) ;
D1' Fletcher Beach (de Londresi ; M"° Ida Faggiani,
directrice de l'Institut médico-pédagogique de Turin ;
Dr de Figueroa, délégué du Gouvernent espagnol au
XIII0 Congrès international de médecine ; 1), Fraga,
délégué du Chili au XIII" Congrès Internationnal de
médecine ; M. de Frumerie, externe des hôpitaux de
Paris ; Dr «le Budapest); M. Guichard, ingé-
nieur à Paris ; M. Gillet, étudiant en médecine, à
Paris ; Prof0 Gonnelli-Cioni ; 1)'' Glorieux, chef du
service des maladies nerveuses à la Policlinique de
Bruxelles, inspecteur-adjoint des asiles d'aliénés du
Royaume ; 1)1' Gouas(dcla Croix Saint-Lieufroy, Eure) ;
D' Graanboom, Privat-docent, it Amsterdam ; i,11"
Gueller, étudiante en médecine il Paris ; 1)'' Guillaume,
(de Paris) ;
IY Ilauser (de Paris) ; M. Ilaxard ; \I ? Hetta Hilzig
(de Halle), Saxe) ; Dur Hjerrstrom, de Stokholm ; M ?
Hummel, inspeclrice des Ecoles it Genève ; Dr Hclls-
trom, chef adjoint de la policlinique des maladies
d'enfance, à Stockholm ; IV Happe (de Cincinnati) ; IF
Visites du service. xxvn
«le Riga, Russie) ; i\1"° Minasoli, institutrice
à l'Institut médico-pédagogique de Turin ; Prof Jolly
(de Berlin); D'' Jahanson (de Stockholm) ; M. Jonsson,
sculpteur à Paris ; M. Jean de l'Atelier, préparateur à
l'Institut Pasteur à Paris ; D'' Mcndel (de Berlin) ; D''
Krumbmiller de Novgorod (Russie) ; M. le Prof et M ?
Kovaleski (de Saint-Pétersbourg) ;
M. Lefort, avoué honoraire à Caen ; Dr Lapinsky
(de Kieff, 1W ssie); M. de la l'Iouthe, sous-clief de
bureau au service des Aliénés ; Dr Liepmann (de
Dalldorf, Allemagne); Dr Luigi (d'Italie); .M"110 Li-
pinska, docteur en médecine ; M. Lelong, interne à
Nanterre ; Dr Macnaugton (de Londres) ; 1>'' Macre,
médecin en chef de la maison de Santé «le Strop » it
Gand ; M. Mesnil, étudiant en médecine à Paris ; M.
Mailloux, directeur de la Revue internationale de
pédagogie comparative (de Nantes); Mule \Icusy direc-
trice des écoles à l'hospice La Salpêtrière ; Dr Mazur-
kiewiez ; Dr marre de Torino (Italie); Dr Manfroni, Dr
Mastny, (de Pra·ne); lI° le Dr Mendelssohn, de Var-
sovie ; Dr Moyano, de 13uenos-Aires ; 1 ? le Dr Mar-
koff, de Saint-Pétersbourg; D'' Modigliano, de Naples;
Dr Morosoff, médecin de l'asile d'aliénés Saint Pante-
leimon à Saint Pétersbourg; D'' \Iédéa, de Milan; ly
Nache, de Leipzig ; Dr Nedjmeddin Arif-Bey, de
Constantinople; D" Nikitine, médecin de l'hôpital des
aliénés de Moscou. D'' Ossipow, de Saint-Pétersbourg ;
M. et M"10 cl'Ostro;radslcy, conseiller d'Etat, directeur
de l'Institut impérial des sourds-muets, de Saint-Pé-
tersbourg ; .
l'l'lie Piccard, publiciste, de Sadova ; Dr Péterseine
de Cracovio (Autriche) ; M. Prime, étudiant en
médecine à Paris; : .\fui 10 Pcrro, institutrice à Milan;
M. Petit, membre du Congrès international d'Assis-
tance ; I'lIe Piovano, de Rome ; 1), Pletneff, de Moscou,
xxviii Visites Du service.
DI' Prihytkoff, privat-docent de Moscou ; D1' de Pineyro,
délégué du Gouvernement espagnol au .\111" Congrès
international de médecine ;
Dr Henri de Rothschild, professeur aux écoles d'in-
firmières de Paris; D'' Roy; : \[111" Rosel, institutrice à
l'hospice de La Salpêtrière; D'' Risquez, professeur
de pathologie générale, directeur d'hygiène à Caracas
(Vénézuclal ; D'' Pius, délégué du gouvernement espa-
gnol au XIlI" Congrès international de médecine ; 1)"
Rey, médecin de l'asile d'Aix ; : \[111" le D' Louise Robi-
novitcli, de New-York : ]),. siwtalski, à Lamberg
(Autriche); 1)" Swolfs, de Bruxelles; I)r Schenk, de
Breslau ; D'' Slruttleworth, de Londres ; Dur Sconfeldt;
I)1' Semidalov, médecin de l'hôpital psychiatrique, à
\foscou ; D' Soukhanoff, privat-docent il Moscou ; D'
Stenescu, de Bucarest : I)1' Sukiouti, de Genève : : \1.
Ch. 5énac, avocat à la cour d'Appel de Paris;
Dr Thooris, de Bruges ; : \111" Taranikoff, étudiante
en médecine, de Paris; : \1111" le D1' Tarnowsky, de
Saint-Pétersbourg ; D'' Thiron, professeur de patho-
logie générale à la Faculté de médecine de Jassy ;
délégué du gouvernement romain au \III° Congrès
internationnal de médecine ; D'' P. Taxil; Dr Trêves,
de Turin ; D'' Thulié, vice-président du Conseil supé-
rieur de l'Assistance publique ; 1)' Vlavianos, de
Paris ; : \[11" Vogel, institutrice Ù Berlin; D1' A. Vallée,
médecin en chef de l'Asile d'aliénés de Québec; D''
Yitchcff, directeur du service sanitaire de la ville de
Sophia ; 1)" Wolsffcn, de Saint Pétersbourg ; D'' Wolf-
son, de Saint-Pétersbourg; 1)" Wcrblunsky, de
Klasma (Russie) : I)'' Xercavins, de Barcelone : I)'
ZohlenhoCel', directeur de l'asile d'aliénés de Colmar;
D' Zumalahe, de Barcelone.
Le 5 août, 18 membres du Congrès international
Musée pathologique. xxix
d'assistance publique sous la conduite de M. 1C
Giraud, médecin de l'asile de St-Yon (Seine-infé-
rieure), délégué du Congrès, appartenant à toutes les
nationalités sont venus visiter le service. Un déjeuner
leur a été servi par les soins de l'Administration de
Bicêtre, Le nom de ces honorables visiteurs n'a mal-
heureusement pas été pris. - Enfin, et de même
que les années précédentes, la Commission de sur-
veillance des Asiles de la Seine a visité le service le
8 mai et celle du Conseil général le 31 octobre.
Nous consacrons d'habitude la matinée du samedi
à recevoir les visiteurs. Presque tous ceux dont nous
venons de citer les noms sont venus ce jour-la. Nous
prévenons il leur intention, le professeur de chant et
celui de gymnastique, dont les heures de leçons ne
coïncident pas avec l'heure de notre visite. En leur
demandant ce déplacement et en nous imposant la
fatigue très grande de montrer non seulement l'orga-
nisation du service des enfants, mais encore son fonc-
tionnement médico-pédagogique dans tous ses
détails, notre but est de faire comprendre aux visi-
teurs l'importance de l'oeuvre que nous avons pu réa-
liser naguère, avec l'appui du Conseil municipal, de
fournir à beaucoup d'entre eux les arguments qui
militent en faveur de l'hospitalisation et de l'éduca-
tion de celle catégorie d'enfants anormaux et les
convaincre de la possibilité de les améliorer et même
de les guérir par l'application régulière, méthodique
et prolongée du traitcmemont médico-pédagogique.
Musée pathologique. Le musée s'est enrichi
notablement en. 1900 comme le montre le tableau de
lapag'oxxxn. Nous avons continué, comme les années
xxx Musée pathologique.
précédentes, à reprendre dans le cimetière de la com-
mune de Gentilly, lors du relèvement des corps de
nos malades décédés cinq ans auparavant, les crânes
et les squelettes entiers, quand il s'agit d'hémiplégi-
(lites ou de malades dont le squelette présente des par-
ticularités. C'est cette pratique qui explique l'enri-
chissement rapide de notre musée depuis l'année
17 (1).
Enseignement professionnel. xxxi
' l1
ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL 1.
Cet enseignement a été dirigé en 1900, de même
que les années précédentes, par 11\Z. Ll;ltor pour la
menuiserie (1882-1900), ALLÈGE pour la couture
(1883-1900), Dumoulin pour la cordonnerie (1888-1900),
Moiun pour la ra111wl'ie, le p¡¡ilfag'e et le canapé des
chaises (1889-1900.), Mercier pour la brosserie (1889-
1900), 1\Irtuc : u : m,L : vr pour l'imprimerie (1889-1900),
Gaie pour la serrurerie (1895-1900), Mesnarij pour
le jardinage (1896-1900).
De même aussi que les autres années, nous n'avons
qu'à les féliciter tous, non seulement pour le zèle et
l'intelligence qu'ils apportent chaque jour il donner
l'instruction professionnelle aux enfants, mais encore
pour la bonne direction morale qu'ils savent leur
imprimer. Le tableau suivant met en évidence les
résultats obtenus par eux en 1900 et qui se chiffrent
par 27.283 fr. 67.
Les travaux de jardinage seuls ne sont pas évalués.
Il est, en effet, assez dillicile de faire une estimation
précise. Pourtant nous croyons que l'Administration
aurait intérêt il essayer d'en avoir tout au moins une
évaluation approximative. Les sept maîtres, non com-
pris le jardinier, dont le travail de ses apprentis et
le sien dépassent assurément le salaire - sont
payés a raison de 6 fr. 50 par jour, soit pour l'année
16.607 fr. 50.
Le travail des enfants, évalué par M. l'économe
et par l'architecte, M. Cottoi-e donc : 1° la
Enseignement professionnel. xxxiii
Produits fabriqués dans les ateliers en 1900.
Brosserie.
8.950 brosses en tous genres (dont 7.000 pour le Magasin
Central).
Vannerie .
246 mannes neuves fabriquées (dont 40 pour le Magasin
Central), 214 mannes réparées, 228 chaises cannées et rem-
paillées.
. Couture.
517 pantalons, 539 vestons, 487 gilets, 122 robes, 143 mail-
lots.
Menuiserie.
2 coffres-banquette, Armoires, Bureau, 4 casses d'impri-
merie ; objets servant à l'Enseignement pour l'Exposition
coffres des salles et classes, fait toutes les réparations aux
jeux, portes, bancs, etc., croisées et parquet du gymnase,
tout le travail neuf fixe du service, cloison, porte vitrée aveu
petits carreaux pour le sous-sol de l'infirmerie, la chambre
noire au Musée pour la photographie, etc., etc.
Serrurerie.
2 fauteuils en fer, 12-2 porte-vases pour chaises de gâteux,
190 ferrures et charnières, 10 réparations de fauteuils en
fer. 220 objets en bois faits au tour : pieds de meubles,
pieds de table, poignées, boules, cylindres, cônes, etc.
Ferrage de tous les meubles, échelles, (,.offres divers, ton-
neaux, boites, etc,, confectionnés par la menuiserie. Fait
toutes les réparations journalières du service.
Cordonnerie.
738 paires de chaussures neuves, 655 ressemelages.
Imprimerie .
Compte-rendu du service de l'année. Ordres du jour des
Commissions. - All'iclies diverses. Entêtes de lettres,
registres et tableaux divers pour la Direction et l'Economat.
Circulaires pour le bureau de la 5'"=. Demandes de tabac,
collectives, relevés de points, présences, etc., pour les Ecoles
municipales d'infirmiers et d'infirmières. Tableaux des lignes
et de leurs applications, des volumes, méthode de lecture
feuilles d'alphabet, etc.. pour les Ecoles de Bicétre et de la
Fondation Vallée. - Travaux divers pour les hôpitaux et
hospices : l3oucicaut, Bicêtre, Maison de santé, Ricord, Saint-
Louis, Salpetrièt'e. Travaux pour la Société des Sous-em-
ployés de l'Assistance publique et la Société amicale des
Employés de l'Assistance publique : affiches, cartes, procès-
verbaux, compte-rendus, feuilles d'admission, carnets de bal,
fiches. Catalogue général de l'Exposition de 1900, etc., etc.
BOURNEVIL.LE, Bicêtre, 1900. ?
xxxiv Enseignement professionnel.
dépense occasionnée parle salaire de leurs maîtres;
'v)0 l'intérêt à 0/0, taux au-dessus du cours actuel,
du capital employé pour la construction des ateliers
(210,000 francs); 3° les gratifications hebdomadaires
données aux enfants, le samedi, litre de récompense
et qui s'élèvent iL 1 ? JGO francs pour toute l'année. De
plus, il y a un bénéfice de 716 francs 17 qui vient
atténuer les dépenses d'entretien des enfants.
Pour permettre il tous d'apprécier les résultats
économiques de l'enseignement professionnel et du
travail accompli, au point de vue pratique, voici
l'énumération sommaire de ce qui a été fait dans les
divers ateliers (page \\1111.
Nous n'insistons pas sur les avantages que procurent
ces ateliers tant au point de vue de l'intérêt des ma-
lades qu'à celui de l'Administration. Nous ajouterons
seulement qu'il serait convenable, à tous les égards,
que nos anciens malades qui passent soit dans les
sections d'aliénés adultes, soit dans la division des
incurables de l'hospice, trouvent un meilleur accueil
dans les ateliers de l'hospice et que les chefs de ces
ateliers leur témoignent plus de bienveillance. Il y va
de l'intérêt des malades, supérieur il toute autre
considération, et de l'intérêt linancier de l'Adminis-
tration.
Tel est le résumé de l'enseignement professionnel
en 1900. Il importe de ne pas oublier que nos ateliers
ne sont nullement comparables il ceux de l'orphelinat
Prévost il Cempuis et de l'école d'Alembert il Monté-
vrain, par exemple, où les apprentis sont des enfants
normaux, sains de corps et d'esprit, et même choisis
parmi les plus intelligents des candidats. Nos
apprentis, il Bicêtre, sont non seulement des enfants
anormaux, mais encore des enfants malades : quand
ils ont, les uns des accès épileptiques, convulsifs ou
psychiques, les autres des impulsions ou des périodes
Mouvement DE la population. xxxv
d'excitation, ces jours-là et les jours qui suivent, ils
ne peuvent travailler ni à l'école ni il l'atelier. Un
autre fait qui contribue il différencier nos apprentis de
ceux que nous avons cités, c'est qu'ils ont des per-
missions de sortie et des congés, sur la demande des
familles, à toutes les époques de l'année, qu'ils ont
des visites les jeudis et dimanches, enfin que deux fois
par semaine ils font des promenades aux environs de
l'hospice ou dans Paris, promenades qui font perdre
une demi-journée de travail.
Administrativement, après avoir douté de la possi-
bilité de faire travailler les enfants idiots, arriérés et
épileptiques, et avoir protesté contre la construction
des ateliers, certains auraient de la tendance à vouloir
considérer nos malades comme des apprentis ordi-
naires qui, suivant la pratique abusive des couvents,
doivent fournir régulièrement une somme de travail
fixée. Nous le répétons, ce qui doit primer dans notre
service, c'est l'influence morale du travail, qui est
l'adjuvant du travail scolaire, du traitement médical
et non le produit lui-même, bien qu'il ne soit pas il
dédaigner; les enfants eux-mêmes sont heureux de
voir que leur travail estproductif, qu'ilse traduitpardes
résultats pratiques et que tout ce qu'ils font contribue
a leur bien-être, à leur enseignement et à l'entretien
de leur section.
XXXVI MOUVEMENT DE LA POPULATION.
III
statistique, mouvement de la population.
Le premier janvier 1900 il y avait dans le service
449 enfants (I) : 406 enfants idiots, imbéciles ou
épileptiques, dits aliénés et 13 réputés non aliénés.
Cette distinction, qui s'applique aux épileptiques
adultes aussi bien qu'aux enfants, est purement
administrative et il est difficile de la justifier médica-
lement. Les ép i lep liq lies non aliénés sont placés par
l'Assistance publique et sont il la charge du budget :
municipal; les épileptiques aliénés sont placés sui-
vant les prescriptions de la loi du 30 juin 1838 et à
la charge du budget départemental.
Sur ces 449 enfants, 14 sont atteints de cécité ; 3 de
s2crcli-i22ctil : 30 étaient ruminants ; 30 o2/cullm-
ges ; 4 déchireurs d'ongles, 48 étaient baveux;
106 galeux ; 5'7 hémiplégiques ; 6 étaient atteints de
maladie de Little et 8 étaient flaireurs.
°Le tableau suivant résume le mouvement de la
population en 1900 :
(1) C'est-à-dire 19 de trop, la section ayant été conçue pour 400 enfants.
MOUVEMENT DE LA POPULATION.
xxxvii
1 r- DÉcÈs, XXXVI ! ' 1
xL Décès. 1
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1 -
1
1
1
2 ,
ai
1
s
H
1. Mouvement DE la population.
Evasions. Cinq évasions ont ou lieu dans le
courant de l'année, celle des enfants Fouill ? Leni ?
Radig ? Calh ? Crcss... Le premier de ces malades,
suffisamment amélioré a été rendu il sa famille. Quant
aux quatre autres, dont l'évasion n'a donné lieu à
aucune mutation, ils nous ont été ramenés par leurs
parents ou par des infirmiers envoyés il leur recherche.
Transferts. Ils ont été au nombre de 35 : 30 à
Villejuif, 1 il Montauban, 2 Cie1111()Ilt, 1 il 13onneval,
1 il Saint-Georges (Yonne). Les transferts, hors des
asilcs de la Seine, constituent une mesure indigne
d'un pays civilisé, surtout quand ils s'appliquent il des
enfants dont les parents habitent Taris.
Les transferts ont souvent pour conséquence de
compromettre les résultats obtenus chez les malades.
Il y a quelques mois l'enfant Chcvr... (Jacques), âgé
de 13 ans, atteint d'hystéro-épilepsic a été transféré
il Saint-Georges (Yonne). Sous l'influence du traite-
ment médico-pédagog'iquc, le nomhrc de ses attaques
était allé en diminuant progressivement ainsi que le
montre le tableau suivant :
. - .Maladies contagieuses.. : . '. LI
la température des malades avant leur départ, et
éela dans le but d'éviter le : transfert de malades sous
le coup d'une maladie aiguë.
Maladies infectieuses. Une épidémie de scarla-
tine s'est déclarée dans le service. Elle avait débuté
en décembre 1899 par l'enfant Van de Cas ? qui en a
été atteint quelques jours après un retour de permis-
sion. L'épidémie a porté sur 38 cas dont un seul suivi
de décès, celui de l'enfant Bler ? fils d'infirmier du
service dont le cas s'est compliqué d'une angine
pseudo-membraneuse. Trois infirmières en ont été
également atteintes : 111 ? SAncen ? Gerd ? et Legr...
L'épidémie a pris fin le 30 novembre.
Une épidémie de rougeole a également éclaté dans
le service le 11 avril, sans cause connue, elle a porté
sur 31. cas'dont 4 suivis. de décès. L'épidémie a pris
fin le 15 août. '.
Une épidémie de varicelle a eu également lieu
dans le service ; elle a débuté en juin et s'est ter-
minée en août ; elle a porté sur 15 cas ; aucun n'a été
suivi de décès. ? Enfin une épidémie d'oreillons, ayant porté sur
40 cas s'est déclarée dans le service en septembre ;
elle a pris fin le 30 décembre sans aucun cas mortel.
Aucune particularité intéressante.-
- Deux enfants ont été soignés au pavillon d'isole-
ment pour la diphtérie, les enfants Bois... et Cub ?
le dernier a succombé. L'enfant Bonn ? Desr.. a été
soigné au même pavillon pour la variole. (1) L'enfant
Mor... (Marguerite) y a été soignée et guérie pour un
érysipèle. Enfin les enfants Ba... et Fixem... y ont
été soignés dans le courant de mai pour la rubéole.
'-Le service du pavillon d'isolement est confié' a
.(1 Cet enfant était il la période d'incubation de la variole quand il âst
entré, (Voir à la fin du volume).- - . - -- - - - - ? -- -.
LII Population au 31 DÉCEMBRE 1900.
M"10 l=Itts.nn. qui depuis 15 ans, s'acquitte de ses
fonctions pénibles et dangereuses avec le plus grand
dévouement. Elle n'est toujours que première infir-
mière. Nous estimons, comme nous le disions l'an
dernier, qu'il y aurait mieux a faire.
Teigne. - Au premier janvier 1900, il restait dans
le service 9 teigneux et 11 1 teigneuses; il la fin de
l'année le chiffre était le même pour les garçons mais
s'était élevé a 15 pour les tilles. Nous ne parvenons,
pas malgré tous nos soins, à nous débarrasser com-
plètement de la teigne : elle se trouve entretenue par
de nouveaux arrivants et par les enfants déjà atteints,
pour la plupart desquels les recommandations sont
de nul effet.
Maladies intercurrentes. 6 enfants ont été
atteints d'état de mal épileptique j 8 atteints de
b ? -o ? îcho-1) ? iett,i)ioiiie ; 2 de pneumonie ; 7 de tuber-
culose pulmonaire; 3 d'angine; 5 d'ophtalmie;
10 d'impétigo ; 35 de plaies diverses dans des accès;
30 pour engelures; 12 pour abcès ; 21 pour diarrhée.
Ajoutons que tous les enfants qui se font des contu-
sions ou des plaies soit en jouant, soit dans des accès
sont conduits il l'infirmerie où des pansements appro-
priés leur sont faits par les deux infirmières, sous la
surveillance de 1\lIUO Atltéuaïsc l3olim, sous-surveil-
lante du service.
Population au 31 décembre 1900. Il y avait à
cette époque dans le service ! i37 enfants, se décom-
posant ainsi : 405 enfants idiots, imbéciles ou épilep-
tiques, dits aliénés et 32 réputés non aliénés. Sur
ce nombre 11 sont atteints de cécité; 2 de surdi-
Population au 31 décembre 1900. lui
mutité; 16 sont ruminants; 6 sont flaireurs; 23 sont
onycophages; 1 déchireur d'ongles; 15 sont baveux j
101 sont gâteux; 45 sont hémiplégiques ou paraplé-
tiques ; 5 sont atteints de maladie de Little.
Personnel du service en 1900. Le personnel
était ainsi composé : Service médical : Un conserva-
teur du Musée, M. le Dr J. Nom. Un interne titulaire,
M. Crouzon, qui a été remplacé par M. Iz1RD, un
interne provisoire, M. Dioxis nu Séjour, un interne
en pharmacie, M. Colon.
2° Service scolaire : A. Grande École. 4 insti-
tuteurs : MM. MESXAUU, Landosse, Cwarr.r3 ? et
DisuETm; un professeur de chant, M. SUTTER; un
professeur de gymnastique, M. Goy ; un maître de
danse, M. LANDOSSE; deux maîtres d'escrime, MM.
Malherbe et Brault, de deux infirmiers. B. Petite
Ecole. - M1105 Agnus et BOIIAIN (Amandine), surveil-
lantes ; 11 ? BEAOEIONT, suppléante ; trois premières
infirmières, Miles Muguet, Marquet et M"10 Chérel
et 10 infirmières de jour aidant les maîtresses d'école.
3° Enseignement professionnel . - 8 maîtres dont
nous avons donné les noms à la page xxxi, plus deux
infirmiers de garde.
4° Service hospitalier. Il se compose de M. Acard
sous-surveillant, remplissant les fonctions de surveil-
lant ; de M. Massing, suppléant, faisant les fonctions
de sous-surveillant, de Mille ATn. Borrnrrr, sous-sur-
veillante (infirmerie), de M"10 MALEXÇON, suppléante
(bâtiment des gâteux); de M"10 Grisard, première
infirmière (pavillon d'isolement), de 11 ? Derière,
sous-surveillante de nuit; de M. Cr31 : r;nr,, suppléant,
attaché au service des bains et douches; de M. Gerder,
suppléant, attaché au musée et chargé du viceser de
- LIV Population au .*Si décembre 1900.
distribution de la pharmacie; d'un infirmier portier,
d'un perruquier; de 35 infirmières, 25 de jour et 10 de
nuit, de 31 infirmiers, 22 de jour et 9 de nuit ; total dû
personnel secondaire : 86. Mutations en 1900 : Il. 78
F. 37.
Section II : Fondation Vallée.
Histoire du service pendant l'année 1900.
1.
Situation DU service. Enseignement primaire.
Quand la Fondation Vallée a été organisée, répète-
rons-nous encore, elle devait être pour les filles
ce qu'est' la colonie de Vaucluse pour les garçons,
c'est-à-dire qu'on ne devait y admettre ni gâteuses,
ni épileptiques. Mais dès l'origine, par suite des
besoins du service des aliénés, il n'a pas été tenu
compte de cette catégorisation. Il s'ensuit que la Fon-
dation Vallée ne correspond pas et n'a jamais corres-
pondu à la colonie de Vaucluse, mais au service des
enfants de Bicêtre, où nous recevons, en outre
des épileptiques et des hystériques, toutes les catégo-
ries d'enfants idiots. Nous avons, dv la Fondation,
deux groupes principaux : 1° les enfants idiotes et
gâteuses, 2° les enfants propres.
Enfants idiotes et gâteuses. Elles étaient au
nombre de 70 au 1 janvier 1900 et de 85 à la fin de
l'année (1). - Elles sont installées dans le sous-sol
il) Ce chiffre de 85, plus considérable à la fin de l'année qu'au commence-
ment, est dû au nombre élevé des entrées. ,
LVI Fondation vallée.
du pavillon neuf dont l'aménagement n'a été fait
encore que partiellement. Au point de vue du traite-
ment les moyens et procédés sont les mêmes que ceux
décrits clans nos précédents Rapports.
Les idiotes gâteuses se divisent en deux catégories :
a) les enfants valides qui sont envoyées à l'école
durant une partie de la journée ; b) les enfants
invalides, qui séjournent dans le local dont il est
question plus haut, c'est-à-dire le sous-sol. Chez six
d'entre elles nous avons pu supprimer le gâtisme :
Pos ? Isel ? Pouz ? Taupin ? Bossu.. et Corn.. Voici
quelques renseignements sur ces enfants qui, parties
de très bas, ont fait de sérieux progrès.
1° 01'i(II... (Angèle) est entrée à la Fondation Vallée, it l'âge
de 3 ans, atteinte d'icliotie à un degré très prononcé. Elle ne
parlait pas, le regard était assez mobile, mais sa physionomie
exprimait la tristesse, la souffrance, on aurait dit une per-
sonne âgée connaissant déjà les ennuis et le malheur. Elle
se servait fort maladroitement de la cuiller. La mastication
était très lente, aussi ne pouvait-on lui donner que des ali-
ments liquides ou peu consistants. Elle ne marchait pas;
c'est-à-peine si elle faisait quelques pas tout en la soutenant
et lui donnant la main. L'enfant a eu, en outre, une coxalgie
qui a nécessité son séjour à l'infirmerie pendant des années
entières. Elle gâtait nuit et jour.
Ce n'est qu'en 1898 que l'enfant a pu suivre régulièrement
l'école. Très timide au début, elle paraissait toujours triste
et préoccupée, répondait à peine quand on lui adressait la
parole. Rien ne nous faisait présager les grands changements
et les résultats étonnants que nous avons obtenus.
Peu à peu, l'enfant s'est habituée au personnel; elle a com-
mencé par dire quelques mois, puis des phrases; aujourd'hui
elle parle bien, sa voix est claire, sans défaut de pronon-
ciation. Elle écrit lisiblement, commence à faire des petits
devoirs de grammaire, connaît les deux premières opérations
de l'arithmétique, elle lit lentement mais sa lecture est
courante. L'enfant est devenue très propre, le gâtisme à
complètement disparu. Elle se donne elle-même les soins de
toilette qui lui sont nécessaires. Elle a fait beaucoup de pro-
' Enseignement pratique et primaire. L\'II
grès en couture, elle travaille aux robes, aux tabliers, etc.
Amélioration notable.
2° Le Méu... (Hélène), 15 ans, est entrée en 1895, l'enfant
était imbécile et hémiplégique (côté droit). Elle ne savait
ni lire, ni compter, ni écrire. L'écriture présentait même de
réelles difficultés, car l'enfant tenait maladroitement le
porte-plume de la main gauche. Rien ne faisait entrevoir de
grands résultats l'enfant disait elle-même qu'elle allait à
l'école chez les soeurs, mais qu'elle ne pouvait rien appren-
dre. Aujourd'hui, elle a réalisé des progrès surprenants, elle
lit couramment, donne une bonne intonation à la lecture,
écrit très méthodiquement, suit une dictée du cours moyen,
fait des devoirs variés de grammaire, géographie, connaît les
trois premières opérations de l'arithmétique,
Le caractère s'est également transformé. D'insouciante et
d'indifférente qu'elle était,' elle est devenue sérieuse, rél1é-
chie, s'intéressant à tout. Elle a un bon raisonnement, son
jugement paraît assez sain pour son âge. Elle apporte beau-
coup de bonne volonté en toutes choses. Malgré sa paralysie,
elle se rend utile dans les soins du ménage, travaille à la
couture et au repassage, et là, comme ailleurs, elle a fait des
progrès.
3° 77u;/a... (Alph.), 10 ans est entrée en juillet 1900. Cette
enfant ne parlait pas, ne disait que ces seuls mots. C'est; c'est
deux, là; là; maman. Elle les employait à propos de tout. Le
caractère était des plus insupportables, elle était méchante au
possible, irritable à l'excès; si on ne cédait à ses caprices, elle
pleurait, criait, se roulait par terre, tapait des pieds et frap-
pait les compagnes qui l'entouraient. Elle les griffait, les
'mordait, on était obligé de lui mettre continuellement le
manchon. Elle faisait ce manège pendant des journées entiè-
res. C'est à l'égard des plus jeunes surtout qu'elle était dan-
gereuse. Elle guettait le moment où on ne pouvait l'aperce-
voir pour leur prendre jouets et friandises : en un mot,
tout ce qui lui faisait plaisir. Tous les moyens lui étaient bons
pour arriver à son but. A son approche, les enfants s'éloi-
gnaient d'elle comme d'une bête furieuse. Elles poussaient
des cris de terreur en la voyant apparaître dans la cour. Rien
donc ne faisait entrevoir une grande amélioration. Insen-
siblement, l'enfant s'est apaisée, un calme régulier a succédé
à cette excitation, son esprit et son intelligence ont paru
s'ouvrir; son regard est devenu moins dur, sa physionomie
a pris une expression plus douce et.plus agréable;. en un
LVIII Traitement médico-pédagogique.
mot, une vraie métamorphose s'est opérée en elle. Elle est
aujourd'hui très calme, très tranquille, s'intéresse il tout,
aime à rendre service, se prend adroitement pour habiller et
déshabiller ses compagnes, elle qui, autrefois, ne pouvait le
faire pour elle-même. Elle a commencé par dire quelques
mots, des phrases ensuite et tient aujourd'hui conversation,
raisonne même bien. La parole est libre, la prononciation
n'est pas défectueuse : amélioration très notable.
4° Bauv... (Cécile), 13 ans. - Cette enfant est entrée à la
Fondation en mai 1893, atteinte d'imbécillité prononcée, avec
perversions instinctives. Elle était insupportable, malgré son
jeune âge, n'avait aucune stabilité, sa mémoire était des plus
fugitives. Elle se dérobait à la surveillance du personnel pour
se livrer à l'onanisme. Elle était gâteuse la nuit. Elle parlait
peu, répondait à peine quand on lui posait quelques questions.
Elle était nulle pour tout ce qui concerne l'école, se tenait fort
mal en classe, dissipait continuellement ses compagnes. Vu
son manque d'attention l'enfant ne laissait espérer que de
médiocres résultats.
Malgré toutes ces difficultés, elle s'est notablement amé-
liorée sous tous les rapports. Elle est devenue calme, tran-
quille, son attention est facile il fixer, elle tient conversation
et raisonne assez bien. Elle s'occupe beaucoup des soins du
ménage, prend soin des plus jeunes, c'est un plaisir pour
elle de les déshabiller et de les habiller.
Ses mauvaises habitudes ont complètement disparu ; il
lui arrive très rarement d'uriner au lit. Elle travaille bien il
la couture, il en de même pour le repassage. Elle fait bien
la gymnastique, elle est très agile dans ses mouvements. Ses
progrès ne sont pas moins sensibles en classe. Elle écrit lisi-
blement, fait quelques devoirs de grammaire, lit par syllabes
.et.connaît les deux premières opérations de l'arithmétique.
5° Delom... (Andrée), 8 ans, est entrée il la Fondation en
septembre 1899, atteinte d'imbécillité prononcée. Elle
causait bien, l'expression de sa physionomie était mobile.
Del... n'avait aucune notion pour tout ce qui concerne
l'enseignement. Elle ne prêtait aucune attention à ce qui lui
était enseigné, le jeu lui tenait lieu de toute autre occupation.
Nous constatons aujourd'hui de réels progrès, sous le
rapport classique. Elle lit presque couramment, son écriture
est très lisible et bien formée; elle connaît les deux premières
opérations de l'arithmétique. Elle s'exprime très facilement,
... IDIOTES GATEUSES, INVALIDES OU NON. FLUX
elle raisonne bien, prend un air futé et malin quand elle
tient conversation.
Le caractère s'améliore également, elle n'est pas méchante,
aime à rendre service, elle est très empressée quand on lui
lui donne un emploi quelconque. Elle a beaucoup de dispo
sitions pour la couture; l'enfant quoique bien petite et bien
jeune coud admirablement bien pour son âge. Elle travaille
aux robes, aux tabliers; elle cherche toujours à dépasser ses
compagnes ; il est à remarquer que cette enfant ne savait
même pas tenir une aiguille à son entrée. Elle suit la y ? -n71.-s-
tique des grandes avec facilité et exécute bien tous les
mouvements. '
6°GaMch... (Germaine), 10 ans, dont nous signalions les
progrès l'année dernière continue à s'améliorer.
Parole, marche, nulles au début; gâtisme complet, cette
enfant avance très rapidement en toutes choses, mais
surtout au point de vue classique. Elle écrit lisiblement, ses
lettres sont bien formées; elle suit une dictée du cours élémen-
taire. Elle connaît les trois premières opérations de l'arith-
métique ; lit couramment et donne à sa lecture une bonne
intonation.
Son caractère a subi la même transformation, cette enfant
raisonne bien, se rend compte de tout et paraît avoir un
certain jugement. On prend plaisir à entendre ses conver-
sations, elle aime bien qu'on l'écoute et qu'on s'occuppe d'elle.
Elle est, du reste, caressante, affectueuse, polie et prévenante
envers le personnel. Elle possède même une certaine
délicatesse de sentiment, ce qui se voit assez rarement chez
nos enfants. '
Elle a fait des progrès en couture, elle tient bien son
aiguille, fait des ourlets. Elle suit la grande gymnastique et
y apporte une attention soutenue. Le sentiment d'émulation
est très développé chez elle.
L'amélioration notable acquise chez ces enfants
montre nettement ce qu'on peut obtenir chez des
enfants même profondément atteints. Des résultats
analogues ou plus considérables peuvent, à plus forte
raison, être réalisés chez des enfants moins malades.
..i .'fî :
20 Enfants idiotes, imbéciles, épileptiques, etc'...,
valides. Rnseignpmennt primaire et enseigne-
LX IDIOTES gâteuses, imbéciles, etc., valides.
ment professionnel. Les procédés employés sont les
mêmes qu'à la section de Bicêtre. Les améliorations
réalisées dans les écoles des garçons sont introduites
immédiatement à la Fondation. L'idéal que nous pour-
suivons consiste à occuper les enfants du matin jus-
qu'au soir, en variant le plus possible les exercices.
Les jeux mêmes doivent contribuer à leur éducation.
Au lever, on apprend aux enfants à faire leur toi-
lette, leur lit, à nettoyer leur dortoir, à brosser leurs
vêtements. Aux repas, on surveille les enfants qui sa-
vent manger seules et on corrige leurs mauvaises ha-
bitudes ; on apprend aux autres à se servir de la cuiller,
de la fourchette, etc. En attendant que l'Administration
donne aux enfants l'alimentation choisie qui leur con-
vient, ce qui arrivera peut-être un jour, nous recom
mandons au personnel de surveiller les aliments, d'en-
lever les fragments d'os ou de tendons, susceptibles
de produire des accidents, de couper les aliments en
petits morceaux, de veiller il la mastication et à la dé-
glutition.
Sur 213 enfants présentes à la fin de l'année, 45 sa-
vent se servir de la cuiller, de la fourchette et du cou-
teau ; 77 de la cuiller et de la fourchette ; 52 de la cuil-
ler seulement ; 39 ne savent pas manger seules.
163 enfants ont fréquenté l'école et ont été exercées
à la gymnastique des échelles et des ressorts; 62 en-
fants participent aux exercices de la grande uymnns-
tique, sous la direction de M. Govetsous la surveillance
de M"0 Langlet, M. UOY vient tous les jeudis à la
Fondation, mais en raison de l'augmentation de la po-
pulation il serait nécesaire qu'il donnât maintenant
deux leçons par semaine. L'Administration départe-
mentale et la Commission de surveillance ont reconnu
la légitimité de notre demande déjà renouvelée plu-
sieurs fois, et l'ont signalée à l'Administration de
1 Leçons de choses, DESSIN, chant, ETC. LXI
l'Assistance publique dont nous attendons toujours la
réponse.
Les leçons de choses multipliées le plus possible,
ont lieu dans les jardins dont les arbres, les arbustes,
les plantes, etc., sont étiquetées. Les details clans les-
quels nous sommes entrés dans nos rapports de 1890
à. 1899 au sujet de l'habillement (mannequin spécial),
de l'éducation, de la cLigestion, de la respiration, de
la circulation et de l'hygiène sexuelle, nous dis-
pensent d'y revenir cette année.
Enseignement du dessin. Cet enseignement est
complètement suspendu depuis 1897, faute de pro-
fesseur. Depuis lors, nous n'avons cessé d'en signaler
la réelle utilité pour la Fondation et pour le service
des enfants de Bicêtre. Sur ce point encore nous avons
eu toujours l'assentiment de l'Administration préfec-
torale et de la Commission de surveillance qui, cha-
que année, visitent la Fondation Vallée avec le plus
grand soin. Nous avons renouvelé notre demande lors
de la visite de la Commission du Conseil général. Peu
après (séance du 20 décembre), M. Félix Roussel,
secrétaire de la Commission, a demandé et obtenu
la création de ce cours de dessin dans les deux établis-
sements. Espérons qu'il ne s'écoulera pas trop de
temps, entre ce vote et son exécution.
Enseignement du chant. Cet enseignement
est fait par M. Eugène Sutter, professeur de
chant à l'Asile-école de Bicêtre. De même que les
années précédentes, conformément à nos instruc-
tions, M. lutter s'est occuppé successivement de
tous les enfants, en état de profiter dans une me-
sure quelconque de son enseignement. 106 fillettes,
divisées en trois séries, y ont participé. Presque toutes
ces enfants, à part quelques unes récemment entrées
L111 Enseignement professionnel. -
à la Fondation, savent lire les notes et en connaissent
la valeur. Le procédé employé est le même qu'v.l31;
(-être : dès que les enfants sont assez avancées pour
bien lire un morceau de chant, on leur fait chanter des
choeurs il deux, puis il trois parties. Les plus jeunes,
parmi ces élèves, ont comme l'a déjà fait remarquer
M. E. Sutter, une étendue de voix généralement limitée,
mais relativement juste ; les grandes, celles surtout
ayant dépassé la seizième année, ont une étendue de
voix remarquable. De même que chez les épileptiques
garçons, M. Sutter a remarqué cette année encore que
chez les jeunes filles atteintes de cette maladie, quand
elles sont dans leur période d'accès, le timbre de la
voix devient non seulement moins clair et moins so-
nore, mais rauque et sans étendue. Quant aux 1na,"O ? -
démateuses, mises au traitement de la glande thy-
roïde, leur timbre de voix s'est accru encore cette an-
née en étendue, principalement chez l'cnfant Kraem..
dont le timbre de voix est absolument normal.
M. Sutter a organisé, avec les jeunes malades les
moins atteintes de la Fondation, une classe spéciale
de chant. On apprend à ces enfants des mélodies et des
petites romances à l'unisson; toutes y prennent un
intérêt et y apportent de la bonne volonté.
Danse. Les exercices de danse ont eu lieu sous
la direction de M. LA : '\DOSSE, instituteur 'à Bicêtre,
tous les mercredis de 4 à 5 heures. 175 enfants ont pris
part à ces exercices, 95 savent danser la polka, 71 1
connaissent la polka,, la mazurka et la scottisch; 48
connaissent toutes les danses de caractère et toutes
les figures du quadrille..
Enseignement professionnel. A mesure que les
enfants se développent, on leur apprend tous les soins
du ménage, à mettre et à retirer le couvert, à nettoyer
les réfectoires, laver la vaisselle, etc. Une vingtaine.
Enseignement professionnel. LXIII
des moins arriérées aident le personnel à apprendre il
manger aux enfants incapables de manger seules et à
perfectionner celles qui mangent malproprement. '
Les deux ateliers que nous possédons ont continué
il fonctionnel' régulièrement. Le travail, évalué par
M. Lequeux, économe de Bicêtre, d'après le tarif réduit
de l'administration, s'est élevé à 4.007 -francs pour
l'atelier de couture dirigé par Mille EHlUIA ! \1\ et à
1.463 francs pour l'atelier de repassage dirigé par
Mille Baruet. Total : 5.470 francs. Nous avons essayé
depuis quelques années un essai de composition
typographique qui n'a pu réussir faute d'une véri-
table entente et surtout d'un crédit pour le maître.
Nous aurions voulu avoir aussi un atelier de bl"O-
chage, dont l'organisation a rencontré également des
difficultés (IL i. " . ;
En plus des apprenties qui travaillent par séries ré-
gulières, 40 ont travaillé une heure parjour. 20 enfants
savent faire complètement les layettes; 12 du crochet; -,
12 savent marquer; 8 savent faire de la tapisserie ; 3
savent tricoter. Le tableau ci-après donne mois par
mois le nombre des apprenties régulières et l'éva-
luation du travail.
(1) Ces ateliers après prélèvement des salaires, de la nourriture, etc. des
deux maîtresses ( : ).v.0 1r,1. donnent donc un bénéfice de 2.270 fr.
LXIV
Visites ET congés.
Promenades, distractions. LXV
LX'I Maladies INFECTIEUSES.
participé en 1900 à toutes les distractions données
aux garçons de Bicêtre et dont l'énumération figure
dans le Compte-rendu de la section des garçons de
cet établissement.
Améliorations diverses. Promotions. Mye
BARUET a été nommée première infirmière et M.
Lagrillère premier infirmier.
Aménagement du sous-sol du pavillon neuf.
Cimenlage d'une partie de la cour des gâteuses, à
l'ouest et au nord du pavillon neuf. - Cimentage de
l'ancienne cour des gâteuses. Installation d'une
bâche dans l'office du pavillon destinée à fournir de
l'eau chaude. - Réfections de peinture diverses.
Teigne. Quinze enfants ont été soignées au
paLillon d'isolement de la section des enfants de
Bicêtre pour la teigne.
Maladies infectieuses. Vingt-quatre enfants ont
été soignées, au même pavillon pour une épidémie do
rougeole. Une fillette atteinte de fièvre typhoïde
a été soignée à la Fondation.
. Maladies intercurrentes. 7 enfants sont entrées
à l'infirmerie atteintes de tuberculose, 3 de broncho-
pneumonie, 10 pour bronchite, 1 de séries d'accès épi-
leptiques, 1 pour brûlure de la face, 1 pour fracture
double des os de l'avant-bras ; 1 pour e.LCitaliotl
maniaque, 1 pour brûlures des cuisses (1), 1 pour
appendicite (2), 8 pour entérite, 12 pour engelures,
(1) Il s'agit de l'enfant Brég... venant de l'hôpital St-Antoine où elle avait
été admise pour ses b ! Î'tlures qui n'étaient pas encore guéries à l'entrée à la
Fondation.
. (2) L'enfant a été opérée auec succès à l'infirmerie générale de Dicôtre par
M. Delbet. t.
Bains ET hydrothérapie. LXVII
18 pour impétigo, 20 pour maux d'yeux. Nous
devons féliciter M"° J. JAMOUILLE, première infirmière,
attachée spécialement à l'infirmerie, de l'attention
dévouée qu'elle apporte dans ses fonctions et du soin
qu'elle met à nous renseigner sur chaque malade
par des notes prises régulièrement et avec intelli-
gence.
Vaccinations et revaccinations. Elles ont été au
nombre de 82 dont 18 avec succès. Nous revacci-
nons toutes les entrantes et toutes les malades qui
sont à la Fondation depuis 5 ou 6 ans.
Bains et hydrothérapie. Nous avons eu, comme
les années précédentes, recours dans une large
mesure aux bains et aux douches. Quant aux autres
moyens de traitement, ils ont été les mêmes que dans
notre section de Bicêtre. Signalons surtout les leçons
de choses, soit en classe, soit dans les jardins et les
promenades. Nous veillons le plus possible à l'hygiène
sexuelle, et pour les petites gâteuses et pour les
petites filles pubères. Les enfants prennent leurs
douches il la Fondation et, en cas de réparation, à Bi-
cêtre. Quant aux bains, nous avons dû comme l'année
dernière, recourir plusieurs fois aux bains de Bicêtre.
Les bains de pieds ont été donnés à la Fondation où
une installation nouvelle existe ; cette installation, à
notre regret, n'a pas été rigoureusement copiée sur celle
de Bicêtre, commc nous l'avions réclamé. Pourquoi,
lorsqu'un service fonctionne bien clans un établisse-
ment ne pas l'installer dans les créations nouvelles
jusqu'à ce qu'on ait découvert mieux ? Que d'ennuis
et de discussions on éviterait et combien d'économies
on réaliserait en acceptant cette règle de conduite !
Voici la statistique des bains el des douches en
1900.
LXVIII MOUVEMENT DE LA POPULATION.
DIïC1'sS, SORTIES, 1 ? AçlON, TRANSFERTS, ETC. 1.\I1
LXX ' DÉCÈS. ? 1
LXXII DÉCÈS. 1 1
1
1
s
1
1
Section ni. Assistance des enfants idiots :
1° Création de classes spéciales, annexées ou non,
aux écoles primaires pour les enfants arriérés;
Nouvelle NOTE à MM. les Membres de la Commission
de surveillance des asiles de la Seine.
I.
MES CHERS Collègues,
A votre visite, à Bicêtre, du 2 juin 1896, nous vous
soumettions à titre de voeu, la proposition suivante :
« La Commission de surveillance des asiles d'a-
liénés du département de la Seine émet le reçu qu'il
soit créé près des écoles de la Ville des Classes SPI : -
CULES pour les enfants arriérés. »
Ce voeu a été voté par vous dans votre séance du 18
juin 1896. Depuis cette époque, chaque année, ici-
même, nous vous avons remis de nouveaux docu-
ments relatifs à l'organisation de ces classes spéciales
dans différents pays; Ils vous ont conduit à renouveler
votre voeu. Comme suite aux renseignements détail-
lés que nous vous avons fournis sur le fonctionne-
ment de ces classes en Angleterre, en Belgique, en
Prusse et en Suisse, nous allons mettre sous vos
yeux un résumé des notes qui nous ont été adressées
sur cette question d'Italie et de Hollande.
I Classes spéciales. LXXIX
Mt
1.
ITALIE.
Note sur le mouvement en faveur des enfants arriérés en Italie :
asiles-écoles et classes spéciales.
« Depuis longtemps déjà, les médecins et les savants de
ce pays s'occupent de la question des imbéciles et des
arriérés. Morselli, le premier, établit à Nervi, un Institut
pour cette catégorie de déshérités. Bonfigli a défendu
leur cause à la Chambre des députés. Tamburini a soumis
la question aux Congrès psychiatriques et fondé le pre-
mier Institut psycho-pathologique appliqué à l'étude des
enfants. Sergi a dirigé ses études anthropologiques sur
les écoles élémentaires. Enfin, Lombroso a eu le mérite
de fonder l'Ecole d'anthropologie criminelle et de popula-
riser la correspondance entre les défauts de l'esprit et la
criminalité. Mais, en réalité, il n'y avait de vraiment pra-
tique que l'Institut des phrénétiques à Vercurago.
C'est seulement dans le mois de septembre 1898 que
cette question fùt portée sur le terrain pédagogique par
111" Montessori au Congrès pédagogique de Turin, où elle
proposa d'instituer des classes spéciales pour les enfants
arriérés dans les écoles élémentaires ordinaires. La
nécessité de cette réforme a été sentie par tous les maîtres
qui connaissent bien les inconvénients et même le danger
de la présence des enfants arriérés dans les classes com-
munes. On s'est préoccupé de cette réforme dans toute
l'Italie, depuis le Piémont jusqu'à la Sicile. La presse
pédagogique et la presse politique en ont fait l'objet de
nombreux articles.
Une Ligue nationale a été constituée pour la protection
des enfants arriérés dont les directeurs sont le professeur
Baccelli, ministre de l'Instruction publique, la princesse
LXXX Traitement et éducation DES IDIOTS..
de Venosa (de Rome) et le professeur Bonfigli. Cette Li-
gue a pour but de créer des institutions pour les enfants
arriérés et des classes spéciales annexées aux écoles
élémentaires dans toutes les provinces de l'Italie. C'est à
la demande de la Ligue, que M11e le Dr Montessori a fait des
conférences de propagande dans les principales villes de
l'Italie. En moins d'un an. on a réussi il fonder 14 comités
provinciaux dont font partie des préfets, des maires, des
présidents de province.
Des Instituts ou des écoles ont été organisés : 1° à San
Giovanni in Persiceto par le Pl Tamburini (1); à Flo-
rence, par le comité Toscan, un Institut dirigé par le Dr
Modigliano sous la présidence du duc Strozzi (2) ; - il Rome.
l'asile-école pour les enfants arriérés, dirigé par le Dr de
Sanctis (3) ; a Gènes, une école ouverte le 20 décembre
de la même année. De plus, à Rome, on organise un grand
Institut dont les frais seront couverts par toute la Province
et un autre sera bientôt fondé à Milan, par l'initiative des
citoyens. En même temps, il s'est créé, un peu partout,
des classes spéciales, par exemple a Parme, à Turin,
à Milan et à Gènes (nov-déc. 1899).
A Rome encore, dans le courant de l'année dernière,
(1) Cet établissement, ouvert le 20 juillet 1899, a été installé avec le concours
des provinces de Bologne, Reggio, Modane, Parme. Piacenza, Ferrare.
Ravenne et Forli. On y reçoit les enfants de il a 15 ans. Il possède des classes,
des ateliers, des terres pour l'agriculture et le jardinage et, de plus, gymnas-
tique, hydrothérapie, masso-thérapie, laboratoire anthropologique et physio-
psychologique. Il y a des divisions spéciales pour les garçons et les filles,
pour les riches et les pauvres. Les enfants envoyés par les provinces paient
40 lires par mois On prend l'observation des enfants et leur photographie,
comme à Ilicétre.
(2.) Il reçoit des garçons de 4 à 12 ans. Il y est annexé des classes externes
pour garçons et filles de G il IG ans. Ou apprend un métier aux garçons, le
ménage aux filles. Les enfants indigents peuvent y être maintenus parles
provinces à raison de 40 fr. par mois. Les enfants riches sont répartis en
trois clas3es avec des prix différents. On cherche à corriger : 1° les défauts
de prononciation ; 2° l'incontinence nocturne d'urine ; 3" les cérébropathies
de l'enfance; 4° l'hystérie ; 5° les tics. -- Pédagogie individuelle.
(3) L'asile, ouvert en mai 189 ! J, contient 20 écoliers/Il est admirable au point
de vue scientifique, plus que pour la pratique. Car, il n'y a ni atelier ni jardin.
On s'occupe presque uniquement de la correction du langage. Les enfants
sont soigneusement examinés sous les rapports anthropologique, psycholo-
gique et neurologique. Les enfants sont classés en imbéciles (a degrés) et en
arriérés (tardivi).
Classes spéciales. LXXXI
on a créé un cours pour préparer les maîtresses à l'ensei-
gnement des enfants arriérés dans les classes spéciales.
A.u ministère de l'instruction publique et dans les muni-
cipalités, on étudie le projet de réforme et on examine le
moyen de donner l'unité d'organisation et de direction
aux classes spéciales des différentes provinces. Cette
année (1900) on procédera à une réforme définitive des
écoles primaires et on étendra l'obligation de l'instruction
primaire aussi aux enfants arriérés. Des instructions,
dans ce but, ont été adressées en février 1899 par le mi-
nistre Baccelli aux préfets et aux autorités scolaires
de l'Italie.
La facilité avec laquelle il est possible de fonder des
classes spéciales pour enfants arriérés est due à une très
intéressante réforme antérieure du ministre Baccelli. Il
a, en effet, introduit dans les écoles primaires, le travail
manuel pour les métiers et le travail de la terre, donnant
ainsi à l'école primaire un but pratique et d'une utilité
incontestable. Six mille petits champs (Campicelli) ont
été offerts par des particuliers aux écoles primaires pour
rendre hommage au Ministre et réaliser son idée. Six
mille écoles ont maintenant chez nous le « champ éduca-
tif » qui est cultivé par les élèves, servant aux leçons
de choses, il l'enseignement de l'horticulture et de l'ar-
pentage. Cette réforme prépare donc l'organisation des
classes pour les enfants arriérés qui, grâce à M. Bac-
celli, dans peu de temps, existeront partout en Italie.
Enfin, la Ligue publiera bientôt, à Rome, un Bulletin
dans lequel sera exposé tout ce qui a été fait en faveur
des pauvres enfants arriérés en Italie et dans les pays
étrangers. »
Nous devons ces renseignements à Mis la doctoresse
lIONTI-1-SS11(l qui, l'an dernier, a suivi assidûment notre
service pendant plusieurs semaines.
Retenons, pour mémoire : 1° l'application de l'obli-
galion de l'instruction primaire pour les enfants
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1900. ?
LXXXII Assistance et éducation DES IDIOTS.
arriéres, de même que pour les enfants normaux ;
2° l'organisation de cour*, spéciaux que nous avons si
souvent réclamés sans succès (1), pour les maîtres et
les maîtresses chargés de l'enseignement de tous les
enfants anormaux.
II.
Hollande.
. École spéciale pour enfants arriérés à Amsterdam.
« Cette école acte ouverte le 1 cr mai 1899 ; elle avait alors
une classe comprenant 17 élèves. A l'inauguration offi-
cielle (2 octobre 1899), il y avait trois classes. Peut-être,
cette année, y ajoutera-t-on une quatrième classe.
A la tête de l'école se trouve un directeur ; puis il y a,
provisoirement, un instituteur et deux institutrices. Les
enfants qu'on y reçoit sortent, pour la plus grande partie,
du petit peuple. En leur faisant suivre les leçons d'une
école primaire ordinaire pendant un ou deux ans, on a dû
constater qu'ils ne profitaient pas de l'enseignement
des enfants normaux. Avant de les accepter, on les examine
au point de vue médical et pédagogique. Cet examen a
pour but de vérifier : 1° si les enfants sont réellement
arriérés ; 2° de fixer le degré d'arriération ; 3° de s'assurer
s'il y a des défauts psychiques et physiques qui rendent
difficile l'admission dans l'école spéciale (surdité, bégaie-
ment, etc.) ; 4° de voir si l'arriération peut être guérie par
une intervention médicale (p. e. respiration difficile par
le nez).
(1) Raplieluns, toutefois, que depuis bien des années, nous envoyons, tous
les ans, notre personnel enseignant à l'Institution des Sourds et muets et il
l'Institution des jeunes aveugles.
Classes spéciales. LXXXIII
Après cet .examen, on ne reçoit pas les enfants trop
arriérés, trop peu arriérés et les enfants qui ne sont pas
du tout arriérés ; ou ne prend que les enfants arriérés par
des absences, des maladies et autres causes.
Si on refuse quelques idiots, c'est parce que les finan-
ces de la société ne sont pas assez brillantes. L'école a été
fondée par une société intitulée : « Société de patronage
des enfants arriérés et bègues. » Elle dispose, outre ses
propres fonds, d'une subvention annuelle de cinq mille
florins de la part du conseil municipal d'Amsterdam.
Cette somme sert aussi à payer les appointements du per-
sonnel enseignant (appointements qui sont au-dessus de
ceux des instituteurs d'une école ordinaire). Cette som-
me n'est pas assez forte pour recevoir beaucoup d'élèves.
L'enseignement est classique, c'est-à-dire que l'on n'a
pas divisé les classes d'après l'âge des enfants, mais
d'après leur développement dans les différentes bran-
ches. Puis, un élève n'appartient pas constamment à
une classe fixe ; à la leçon de lecture, par exemple,
quelques élèves se réunissent à une classe pour recevoir
cette leçon de lecture, mais il est très possible que ces
mêmes élèves ne soient pas de la même classe pour la
leçon de calcul. Du reste, l'enseignement classique est ac-
compagné d'un enseignement individuel.
En plus de l'enseignement ordinaire, pour développer
l'intelligence, nous nous occupons aussi de travaux ma-
nuels (sljode).
Notre but n'est pas d'apprendre un métier aux enfants,
mais de les préparer, par le développement de leur
adresse à apprendre un métier ; pourtant le sljod avec
l'argile nous plait infiniment. Jusqu'ici nous ne nous
occupons pas encore du cartonnage ; nous le ferons plus
tard, après les exercices préparatoires. Provisoirement,
pour le sljod, nous nous occupons du bois et du métal.
Les heures de classe sont de 8 h. 3/4 à 11 h. 1/2 et de
1 h. 1/2 à 4 h.
LXXXIV Traitement ET éducation DES IDIOTS.
Les vacances durent : une semaine (Noël), six jours
(Pâques, Pentecôte), quatre semaines (Août et Juillet).
Dans les heures de l'après-midi on n'enseigne plus les
brandies intellectuelles, mais le chant, la gymnastique.
Dans les heures avant midi on enseigne le calcul, la
lecture, la conversation développante, les « réalio » ( ? ).
Après chaque heure de leçon, il y a cinq minutes de repos.
A 11 heures les enfants ont 1/4 d'heure de récréation et dans
l'après-midi une demi-heure de jeu-gymnastique. Entre
les heures de classes, les enfants restent dans l'école
(iL cause des grandes dislances) ; à heures, ils rentrent
chez eux. Le but de cet enseignement est de créer une
occasion pour les enfants d'apprendre autant que possi-
ble ; chez nous, ils peuvent plus apprendre qu'à l'école
ordinaire où ils en sont empêchés par les autres élèves,
et où on ne fait pas des imbéciles ce qu'on en peut faire.
Chez nous on fait plus attention à chaque enfant, les
classes comptant peu d'enfants, et on y pratique l'ensei-
gnement individuel. Le but de l'école ordinaire de notre
pays est de former le caractère (peu d'utilisme : 1 le but de
notre école est de les préparer pour la vie réelle (donc
beaucoup d'utilisme).
Comme je le disais, l'école appartient il une Société qui
n'a pas beaucoup d'argent de la quant il présent, limi-
tation de notre action. »
Ces renseignements, dus à M. KLIIOTSDLI, Directeur
des classes spéciales pour les enfants arriérés, à Amster-
dam, ont été rédigés pour nous à la demande du Dr A.
Van MELLE qui a visité plusieurs fois notre service en
1899.
III.
Des documents antérieurs et de ceux qui précè-
dent, il résulte d'une façon évidente que dans tous les
pays, on se préoccupe très sérieusement de l'assis-
tance et du traitement médico-pédagogique des enfants
arriérés et que l'on introduit dans la loi l'obligation
pour eux, comme pour les enfants normaux.
Classes spéciales. LXXXV
Si le voeu de la Délégation cantonale du V° arron-
dissement et le voeu de la Commission de surveillance
ont été appuyés, dans ces derniers temps, par quel-
ques journaux consacrés à la pédagogie, ce qui est
déjà un résultat, les corps électifs et le gouvernement
sont demeurés complètement indifférents. Malgré cela,
nous estimons qu'il est de notre devoir de signaler
toujours et sans cesse, jusqu'à réalisation, ce mode
d'assistance médico-pédagogique. Et en conséquence
nous vous demandons de renouveler votre voeu en
faveur des classes spéciales pour les enfants arriérés.
BOURNEYILLE.
[Cette note a été communiquée à la Commission
de surveillance des asiles d'aliénés, lors de sa visite
à Bicêtre le 8 mai 1900. La Commission a renou-
velé son -ccu.1
Bibliographie. Après avoir parlé de cette réforme dans
le Progrès médical et dans les Archives de neurologie, nous
en avons entretenu la Délégation cantonale du V. arrondisse-
ment qui nous a chargé de lui présenter un rapport suivi du
vote d'un voeu conforme. Nous avons soulevé la question au
Congrès d'assistance publique de Lyon en 1894. Depuis cette
époque, chaque année nous avons communiqué de nouveaux
documents il la Commission de surveillance des asiles de la
Seine et à la Commission du Conseil général.
II.
Création de classes spéciales annexées ou non aux
écoles primaires pour les enfants arriérés.
Messieurs et chers collègues,
Depuis une dizaine d'années, nous avons signalé
les avantages considérables, au point de vue de
l'assistance et de l'instruction publiques, de la création
de classes spéciales pour les enfants arriérés des
écoles primaires et les enfants idiots et imbéciles
améliorés des services spéciaux (Bicêtre, Salpêtrière,
Fondation Vallée et colonie de Vaucluse). Après vous
avoir exposé les nombreuses raisons qui militent en
faveur de cette réforme et qui vous ont décidés à en
réclamer la réalisation, chaque année, profitant de
votre visite dans notre service, nous vous avons remis
une Note sur les classes spéciales et les résultats heu-
reux qu'elles donnaient dans divers pays : Angleterre,
Allemagne, Belgique, Hollande, Italie, Suisse, etc.
Aujourd'hui, nous vous soumettons la traduction (1)
de documents, sur les classes spéciales de Berlin, qui
nous ont été adressés obligeamment par 1\IITIC Vogel, à
la suite d'une visite à l'asile-école de Bicêtre. y
(1) Cette traduction a été faite par l'un de nos collaborateurs les plus
dévoués, M. J. Bayer, professeur à l'Instil ? it médico-pédagogique.
Classes spéciales. lxxxvii
Berlin.
12 octobre 1900.
Monsieur,
Après avoir quitté Paris, j'ai passé quelques semaines
en Suisse avant d'arriver à Berlin. C'est pourquoi il m'a
été impossible de vous fournir plus tôt des renseignements,
n'ayant pas eu entre les mains les décrets que je m'em-
presse de vous adresser ci-joints.
En vous remerciant de m'avoir permis de visiter Bicêtre
et la Fondation Vallée, je prends la liberté de vous envoyer,
sur votre désir, quelques renseignements sur les classes
spéciales qu'on a récemment créées et annexées aux écoles
élémentaires publiques it Berlin pour ceux qui ne sont pas
en état de suivre le programme scolaire.
Comme cette institution n'existe que depuis peu de
temps, je ne puis vous fournir que les pièces suivantes :
1° Décret concernant les médecins scolaires.
2° Renseignements complémentaires sur l'instruction et
l'administration des classes spéciales.
3° Circulaire concernant le plan d'études.
4° Des remarques complémentaires que je prends la
liberté d'ajouter moi-même....
Veuillez agréer, Monsieur, l'expression de mcs senti-
ments de respectueuse considération.
lIIAI1.G,\RETHE VOGEL,
Institutrice d'une classe spéciale à Berlin,
Charlottenburg, 13erlin. Uhlandstrasse, 183.
I. - DÉCRET CONCERNANT LES MÉDECINS SCOLAIRES.
Les principes d'organisation ayant irait aux médecins
d'écoles, à Berlin, sont les suivants :
LXXXVIII Traitement ET éducation DES idiots.
Dans chaque cercle scolaire seront institués auprès des
écoles par les soins du Conseil Municipal, des médecins
d'écoles; un seul médecin ne pourra avoir à surveiller plus
de quatre écoles. Le médecin aura comme devoir :
1° D'examiner l'enfant qui demande à entrer pour la
première fois à l'école; les parents auront le droit d'assister
à l'examen.
2° L'examen portera sur les anomalies corporelles et
physiques et surtout sur celles des organes sensoriels
avec l'assistance, s'il y a lieu, d'un médecin spécialiste.
3° Sur l'invitation de la commission scolaire ou du direc-
teur, il aura à examiner les enfants empêchés de fréquenter
l'école sous prétexte de maladie.
4° Il aura h formuler par écrit son opinion à la demande
de l'administration scolaire sur : a des cas présumés ou
observés de maladies contagieuses ou d'infirmités phy-
siques des écoliers; - b) sur tout ce qui aurait été reconnu
ou supposé nuisihle à la bonne santé des maîtres et
des élèves, soit dans la construction, soit dans le mobilier.
5°Le médecin d'école est tenu d'inspecter jusqu'au bâti-
ment de l'école, soit pendant, soit en dehors de la période
scolaire après avoir prévenu en temps opportun le recteur
et de lui faire part des défectuosités observées par lui.
6° Les observations faites officiellement ne pourront
être publiées qu'avec l'autorisation de la délégation sco-
laire.
7° Périodiquement les médecins d'école se réuniront en
assemblée délibérative, dont la présidence appartiendra à
un membre de la délégation scolaire, délégué a cet effet
par le président de la dite délégation.
8° Le médecin d'école habitera dans le voisinage de
l'école (1). Il recevra par école et par an un traitement de
500 marks.
(t) Dernièrement il s'est trouvé au Conseil municipal de Paris, un conseiller
exerçant la profession de médecin, pour demander que contrairement à ce
qui se fait actuellement, d'ailleurs, les médecins des écoles n'appartienne»;
pas à l'arrondissement ! ! !
Classes spéciales. LXXXIX
IL Considérations générales sur l'enseignement
SPÉCIAL ANNEXÉ AUX ÉCOLES COMMUNALES.
1. - 13lt.
Les enfants qui, par suite d'une infirmité psychique ou
physique, ne peuvent suivre avec fruit l'enseignement nor-
mal, reçoivent dans des classes annexées un enseignement
particulier. Cet enseignement tend à développer l'intelli-
gence de ces malheureux et à les préparer à la vie.
.. ? .- Choix.
Les enfants, améliorables par ailleurs, mais ne pouvant
périodiquement ou constamment suivre les cours réguliers
sont signalés à l'inspecteur scolaire par le directeur.
La nécessité de l'admission (aux classes spéciales) est
décidée par l'inspecteur, le directeur et le professeur sur
l'invitation du médecin nommé par le Comité municipal.
L'inspecteur décide, après enquête, si l'enfant a besoin de
l'enseignement spécial.
. ? . - Classes spéciales.
Les enfants reçus dans l'enseignement spécial sont dis-
trihués en groupes de 12 au maximun, confiés chacun à un
seul maître. Le groupement se fait d'après les aptitudes
des enfants et d'après la situation des écoles,
L'enseignement d'une classe annexée trouve sa place
dans une salle d'études communale, iL l'endroit désigné
par la délégation scolaire. - Ce groupe particulier est
assimilé it une classe communale ordinaire ; le directeur a
sur lui les mêmes droits disciplinaires et de surveillance,
et les enfants qui en font partie sont de véritables écoliers
communaux.
Il. Programme de l'enseignement spécial.
L'enseignement spécial prend douze heures par se-
maine, soit en moyenne deux heures par jour. Il porte sur
la religion, la langue allemande, l'écriture et le calcul,
particulièrement sur l'éducation de la main, et surtout sur
le travail manuel pour les petites filles.
xc Traitement ET éducation des idiots.
Le méthode intuitive est surtout employée. Le pro-
gramme est établi par le Directeur et soumis à l'appro-
bation de l'inspecteur scolaire.
Les élèves des classes spéciales prennent en outre part,
au gré du maitre, et d'après les instructions de l'inspec-
teur, à certaines heures, aux travaux de l'école communale,
tels que dessin, gymnastique et chant.
5. - Passage des classes spéciales l'école
communale.
A la fin de chaque semestre, un rapport est adressé par
le maître à l'inspecteur sur les enfants, rapport qui doit
préciser si ces écoliers peuvent retourner il l'enseignement
intégral. L'inspecteur après avoir étudié lui-même les
enfants dans les classes spéciales, décide sur la question
de savoir si tel enfant doit rester aux classes spéciales.
G. - Maîtres.
Le maitre de la classe spéciale est choisi par la déléga-
tion scolaire sur la proposition de l'inspecteur parmi les
maitres titulaires de l'école communale. Le maitre reçoit
un traitement fixe comme instituteur communal, et il est
tenu de faire, en dehors des heures clans la classe spéciale,
d'autres heures dans les autres classes, sans que toutefois
leur nomhre dépasse 24 heures. Il reçoit annuellement un
traitement supplémentaire de 300 marks.
ITT. - Circulaire concernant LE plan d'études.
Berlin, le 1-e octobre 1898.
Pour les classes spéciales il n'est pas jusqu'ici de pro-
gramme fixé; au contraire, on laisse aux recteurs et aux
maîtres le soin d'organiser, comme il convient, et autant
que possible en se servant de la méthode intuitive, l'en-
seignement et les exercices dans les premières semaines
d'après la nature des sujets. A la fin des quatre premières
semaines scolaires, dans une réunion tenue par les maîtres
qui ont participé à cet enseignement, sera établi un pro-
gramme ferme pour chaque branche d'enseignement.
1JW Classes spéciales. XC !
Jusqu'ici sont à observer, dans la mesure du possible,
les règles suivantes : l'enseignement a lieu tous les jours
pendant deux heures le matin; il comporte quatre sortes
d'exercices d'égale durée avec trois suspensions. Il débute
par une prière à haute voix dite par le maître. Viennent
ensuite des instructions religieuses appropriées, et dans
le hut de permettre aux enfants de comprendre la solen-
nité de Noël, on leur fait répéter une courte prière du
malin, quelques maximes ou des cantiques ; - Suivent
des exercices sur la lecture et l'écriture, d'ahord sans
abécédaire ; Ensuite, éléments de calcul ; on les fait
compter ; on emploie les petits bâtonnets Froebe), les
petites constructions, et autres choses semblables.
Enfin ont lieu des entretiens sur les choses usuelles ; leur
nom, leur domicile, le chemin de l'école, leurs parents, leur
famille, les animaux domestiques, les membres, les cou-
leurs, etc. ; le tout complété par l'éducation de leur activité
musculaire, comme cela se pratique dans les jardins
d'enfants.
Dans les quatre premières semaines, les enfants n'ont
à fournir ni livre, ni cahier ; les crayons et le papier leur
sont donnés et repris (11 il la fin de chaque séance.
l3rnTn.wr.
IV. Remarques sur lenseignement annexé aux écoles
communales.
Les écoles primaires publiques et gratuites d'ici, sont
administrées par la ville. A leur tète se trouve un inspec-
teur, et les autorités communales en ont la haute surveil-
lance. Il y a actuellement a Berlin 237 écoles publiques
avec 4.183 classes, dont 2.029 pour les garçons, 2.041 pour
les filles et 113 classes mixtes. Chaque classe comprend
en moyenne 50 enfants. L'enseignement est reparti en
7 classes graduées. Les enfants y sont reçus de 6 à ! Il ans.
(I) C'est ce que nous n'avons jamais cessé de recommander dans notre
service... sans pouvoir l'obtenir. C'est pourtant le moyen d'éviter, au moins
en partie, le barbouillage des murs, etc. (13.1.
CII Traitement ET éducation DES idiots.
L'instruction est obligatoire et gratuite. Les enfants pau-
vres reçoivent en outre livres et cahiers. Les écoles sont
divisées on 10 cercles. A la tête de chaque cercle se
trouve un inspecteur communal qui est à la fois un fonc-
tionnaire royal et un fonctionnaire communal.
Chaque école publique est dirigée par un recteur. Les
hommes sont en majorité parmi les professeurs des
écoles de garçons, les dames sont en majorité dans les
écoles de filles.
Les icliots complets vont dans les grands établissements
spéciaux pour idiots. Les épileptiques.. les aveugles, les
sourds-muets, etc... sont également envoyés dans des
établissements spéciaux. Les enfants, non compris dans s
ces catégories, mais qui cependant sont d'une arriération
telle qu'ils ne peuvent suivre renseignement ordinaire,
sont placés pendant un certain temps dans les classes
annexées désignées plus haut. (1)
Au le, octobre 1898 furent ouvertes ici même les pre-
mières classes annexées pour ces enfants faibles d'esprit
et arriérés.
Classes spéciales. xciii
Il reste aux parents le droit de se prononcer sur l'ad-
mission de leurs enfants dans les classes annexées. L'ex-
périence faite jusqu'à ce jour montre que les parents
considèrent plutôt cette institution comme une heureuse
innovation.
Le nombre des classes annexées varie avec les écoles
publiques; auprès de certaines, il y en a jusqu'à 3 et 4. Il
est certain que dans l'avenir cet enseignement spécial se
développera et qu'on organisera un cours inférieur, un
cours moyen et un cours supérieur.
Bien qu'en général, il ne doive y avoir dans les classes
annexées que 2 heures de travail par jour, dans la pratique
on fait souvent des dérogations au règlement. Dans un
rapport adressé à la délégation scolaire par le maître in-
téressé sont simplement exposés les motifs qui onl donné
lieu à l'augmentation du nombre des heures de classe. Ce
nombre varie par semaine, suivant telle ou telle classe, de
12 à 18.
Au début ces classes annexes ne furent confiées qu'il
des maîtres. En ce moment, parmi les 58 classes,8 il 10
sont dirigées par des femmes.
Jusqu'ici on n'a exigé ni connaissances particulières, ni
préparation préalable pour être nommé aux classes anne-
xes ? inspecteur peut choisir pour cette fonction parmi
les maîtres et les maîtresses de son groupe scolaire la per-
sonne qui lui parait convenir.
Si l'enseignement des classes annexes ne convient pas il
un maitre, l'autorité scolaire lui permet, la fin du semes-
tre, de retourner à renseignement des enfants normaux
dans une école publique. Jusqu'ici ce cas s'est rarement
présenté.
Il n'est pas possible de tracer pour les classes annexes
un plan unique, ce plan variant avec les différentes classes.
Il est, dans chaque cas, déterminé d'après la situation phy-
sique et mentale des écoliers qui font partie de ces clas-
ses. De môme pour les livres scolaires : le maitre a le droit
de choisir parmi les nombreux syllabaires actuels (livres
de lectures pour commençanlslccux qui lui paraissent le
mieux convenir. Dans la plupart des classes se trouve dé-
xciv Traitement ET éducation DES idiots.
jà une collection relativement riche d'objets qui aident il
l'enseignement soit pour le calcul,soit pour la lecture, soit
pour faciliter la méthode intuitive.
Par les soins du conseil scolaire communal est convo-
quée chaque semestre une assemblée de toutes les maitres-
ses et de tous les maîtres des classes spéciales. Cette réu-
nion a pour but de fournir des éclaircissements sur une
méthode d'éducation et d'enseignement aussi unifiée (1) que
possible, de faire connaître les expériences faites afin de
de développer encore les classes annexes. De cette façon
on espère, sur la base d'une expérience réelle,pouvoir arri-
ver prochainement à établir des principes déterminés et
un règlement général.
Outre les catégories d'enfants que nous avons citées,
il en est une autre pour lesquels les classes spéciales,
où la gymnastique, les exercices physiques, l'hydro-
thérapie, les promenades avec leçons de choses,
doivent occuper une large place ; ce sont les enfants
atteints d'irritabilité nerveuse, survenue à la suite
de fièvres graves, d'accidents méningitiques, de
céphalées, de chorée, etc. Les exercices scolaires
habituels entraînent pour eux une fatigue intellectuelle
dangereuse lorsqu'ils sont recommencés trop tôt et,
comme d'autre part, il y a aussi de graves inconvé-
nients, pour leur avenir, à les supprimer entièrement,
l'écolage momentané dans les classes spéciales est tout
indiqué.
(1) Cette pratique est excellente. Il est loin d'en être ainsi pour le traite-
ment médico-péclagogitlue des enfants arriérés dans le département de la
Seine. Tout ce qu'a fait Seguin, ce que nous avons fait nous-même est a peu
près complètement ignoré à la Salpêtrière et à la colonie de Vaucluse oit
n'existent ni le Traité de S., ni la collection de la Bibliothèque d'éducation
spéciale, ni celle de nos Comptes-rendus de Bicêtre. (B.).
Classes spéciales. YCV
En raison du double aspect de cette réforme nous
avons fait successivement appel à la Délégation
cantonale du V" arrondissement et à la Direction de
l'enseignement primaire; puis à vous, membres
de la Commission de surveillance des asiles d'alié-
nés, à la Direction des affaires départementales, et
au Conseil général, a M. le Préfet de la Seine et à M.
le Ministre de l'Intérieur qui, eux, réunissent dans
leurs attributions iL. la fois l'Enseignement, au moins
en partie, et l'Assistance.
Nous appuyant sur ces nouveaux documents, nous
vous prions, Messieurs et chers collègues, de bien
vouloir renouveler encore une fois votre voeu en
faveur de la création de classes spéciales pour les
enfants arriérés, sans affections convulsives, sans
perversions graves des instincts.
1>'OURNLVILLE.
1 mai 1901.
Section IV. Des différents modes d'assistance des
idiots, des épileptiques et des arriérés ;
i.
Le département de la Seine, par son Conseil général et
l'Administration préfectorale, a fait des efforts sérieux
pour organiser l'Assistance de la catégorie la plus nom-
breuse des enfants anormaux c'est-à-dire les enfants
atteints de maladies chroniques du système nerveux,
idiots, arriérés, épileptiques et aliénés. Il dispose, en
effet, il l'heurc actuelle de :
250 lits il la Colonie de Vaucluse (Garçons) ;
453 lits à Bicêtre (G.) ;
200 lits il la Fondation Vallée (Filles);
165 lils il la Salpêtrière (F.), soit, au total, 1.068 lits.
Malheureusement, en raison de l'augmentation de la
population de Paris et des communes suburbaines et aus-
si il cause de la progression de l'alcoolisme, le nombre
des places disponibles pour ces enfants déshérites est
devenu tout à fait insuffisant; les services spéciaux sont
encombrés et de nombreux (infants, inscrits à l'Asile clini-
que, attendent pendant des mois, même plus d'une année,
leur tour d'être placés. Nous sommes en face aujourd'hui
des mêmes besoins qui existaient en '188-'i : demandes nom-
breuses, insuffisance des lits, qui avaient motivé l'arrêté
suivant de M. le préfet Poubelle.
Le Préfet de la Seine, vu la délibération du Conseil
Général de la Seine, en date du 31 décembre 1883, autorisant,
en cas d'encombrement ou d'épidémie dans les Asiles ou
(1) Rapport fait iL la Commission de surveillance des Asiles de la Seine,
dans la séance d'octobre 1899.
Assistance DES enfants idiots ET épileptiques. XCVII
quartiers d'hospice de la Seine, la remise à leurs familles,
après avis du Médecin-Chef de service des enfants idiots ou
arriérés indigents, moyennant l'allocation d'un secours de
I fr. 50 à 2 francs par jour, payable mensuellement par impu-
tation sur le sous-chapitre VII, art. Ier du budget départe-
mental ; Vu également la délibération, en date du même
jour; par laquelle le Conseil général, afin de ne pas obliger
les familles bénéficiaires de la mesure à sortir de Paris, a
inscrit, tant en recette qu'en dépense, pour le paiement de
ces secours : 1° Au budget additionnel de l'Asile Clinique
(Sainte-Anne), pour l'exercice 1883, un crédit de .000 fr. ;
2° Au budget du même établissement pour l'exercice 989-'i,
un crédit de 30.000 francs.
Vu le rapport du sous-directeur des affaires départementa-
les, en date du 18 février 1894 ; - sur la proposition du
Secrétaire général de la préfecture, Arrête :
Article premier. Les secours de 1 fr. 50 à 2 fr. il.
allouer par jour aux familles des enfants idiots ou arriérés
dans les conditions sus-indiquées, seront attribués par déci-
sion préfectorale.
An1', 2. - La remise des enfants aux famiiles sera effectuée
par le directeur de l'asile sur certificat délivré par le méde-
cin chef de service. Il en sera immédiatement donné avis à
l'administration.
AIIT. 3. Cette remise sera essentiellement provisoire.
AIt'r. 4. Les enfants seront amenés, au moins une fois par
mois, à des jours et heures indiqués aux familles par le
directeur de l'Asile Clinique (Saint-Anne), d'accord avec le
Médecin-Répartiteur, au Bureau d'admission de l'Asile clini-
que, où ils seront soumis à la visite de M. le docteur Magnan, , 1
qui délivrera un certificat aux familles. Les secours seront
payés à la sortie de cette visite et sur le vu de ce certificat.
Art. 5. En outre, les enfants seront visités au moins une
fois par mois et à des époques indéterminées, par un méde-
cin inspecteur, auquel les indications nécessaires seront
fournies par le directeur de l'Asile clinique, et qui devra
adresser son rapport à l'administration.
ART. 6. - M. le docteur Respaut, ancien interne des asiles
de la Seine, est chargé de la visite à domicile des enfants
idiots ou arriérés ainsi secourus. Il recevra, à cet effet, une
indemnité de cent francs par mois.
ART. 7. Les secours aux familles et l'indemnité au
médecin-visiteur seront ordonnancés par le directeur de
l'Asile clinique sur l'article : « Secours à domicile » et
BOURPIEVILLE, Bicétre, 1900. ?
xcviii Assistance des enfants idiots ET épileptiques.
remboursés audit établissement .par imputation sur le sous-
chap. vrr, art. 1'" du budget départemental.
Ans, 8, \j.a e : if,i : iti repris par leurs familles, ne pour-
ront figurer d.' nouveau au décompte des frais de séjour que
sur autorisation préfectorale.
Art. ? I. - Lls sec : ur. ;vccordés seront mensuellement
payés sur le vu : Il dj la décision préfectorale qui aura fixé
le quotité du secours ; - 2u du certificat du médecin chargé
du service de la répartition à l'Asile clinique constatant que
l'enfant a été régulièrement amené il sa visite.
Ars. 10. Les sommes mensuellement payées, soit pour
indemnité de déplacement, soit pour secours aux dites famil-
les, seront sur états nominatifs trimestriels, remboursées à
l'Asile clinique par imputation sur le sous-chapitre Vit,
article 1 cr du budget départemental. 1.
Au'1'. 11. Le sous-directeur des affaires départementales
est chargé de l'exécution du présent arrêté, qui sera notifié :
- 10 Au directeur de l'Assistance publique ; 2° Aux directeurs
et aux médecins des asiles d'aliénés de la Seine.
Cet arrêté a été appliqué pendant peu de temps, du 1er
novembre 1883 au 31 décembre 1885.
Pour remédier il une situation analogue, l'encombre-
ment des services d'enfants, et faire face aux demandes
des familles, M. le Préfet de la Seine propose de rcvenir
aujourd'hui il la mesure appliquée en 1883-83, par la lettre
suivante adressée à M. le Président de la Commission de
surveillance :
Monsieur LE Président,
Aux termes de l'article ? de l'arrêté réglementaire du 15
février 1893, toute personne atteinte d'aliénation mentale
peut être admise il titre de placement volontaire dans un
asile de la Seine, si elle est 'en possession du domicile de
secours dans ce département. Ce principe comporte toutefois
une restriction relative aux enfants.
En vertu d'une délibération du Conseil général du 2 ! l
décembre 1896, ceux-ci ne sont plus admis par voie de place-
ment volontaire dans les quartiers spéciaux qui leur sont
réservés. Toutes les demandes doivent être centralisées à
l'asile Clinique, où un registre est ouvert à cet effet. Les
admissions ont lieu ensuite au sur et il mesure des places dis-
ponibles et dans l'ordre rigoureux des inscriptions. Or, il
Assistance des enfants idiots et épileptiques. \CIX
n'existe dans la Seine que quatre quartiers d'enfants, la colo-
nie de Vaucluse et le quartier spécial de Bicêlre pour les gar-
çons, la Fondation Vallée et le quartier spécial de la Salpé-
trière pour les filles.
Les vacances sont rares dans ces services et la plupart
sont immédiatement comblées parles enfants placés d'office
par mesure de sécurité publique en vertu d'arrêtés de \1. le
Préfet de police. Il en résulte qu'un nombre assez, considé-
rable d'enfants inscrits sur le registre tenu it l'asile Clinique,
conformément il la délibération précipitée, attendent depuis
longtemps leur tour d'admission.
Le chiffre de ces expectants est actuellement de 150 envi-
ron, et cette situation ne semble pas devoir se modifier favo-
rablement à bref délai, le nombre de places dont mon admi-
nistration peut disposer on faveur des enfants étanl, d'après
ce qui précède, forcément très limité. -
Pour y remédier, il serait nécessaire, soit d'ouvrir de nou-
veaux quartiers pour les enfants, soit de recourir au système
des secours à domicile qui a déjà été employé pour les enfants
aliénés ou idiots en 1883 et t8S'i. ·
Le système adopté à cette époque consistait à alloucr aux
famille, qui, sur avis conforme du médecin chef de service,
consentaient à reprendre leur enfant, un secours de fur. 50 à
2 fr. par jour.
Les enfants étaient amenés une fois par mois a des jours
et heures indiqués aux familles par le Directeur de l'asile Cli-
nique au bureau d'admission où ils étaient soumis à la visite
de M. le n' Magn.au qui délivrait un certificat aux parents.
Les secours élaient payés à la sortie de cette visite sur le
vu du certificat délivré. Ce mode de procéder pourrait être
de nouveau adopté. Dans ce cas, une indemnité variant
entre I fr. et I fr. 50 serait accordée aux familles des enfants
repris.
Il y a lieu de prévoir que beaucoup de parents ayant un
enfant placé accepteraient volontiers de le reprendre moyen-
nant le paiement de celte indemnité qui semblera bien su(li-
sante si l'on considère que le secours représentatif alloué par
l'assistance publique aux vieillards n'est que de I fr. par jour.
Les vacances qui sa produiraient ainsi seraient comblées par
(les expectants.
Ces mesures permettraient donc de remédier à une situa-
tion fâcheuse, tout en n'exigeant qu'une dépense notablement
inférieure à celle qu'entraînerait l'ouverture de nouveaux
quartiers d'enfants.
c Assistance des enfants idiots ET épileptiques.
Pour ces motifs, j'ai l'intention de saisir le Conseil général
d'une demande de crédit de 50.000 francs ayant pour objet
l'allocation de secours aux familles se trouvant dans les con-
ditions sus-énoncées. Cette somme serait inscrite en recette
et en dépense au budget de l'asile Clinique.
J'ai l'honneur de vous prier, Monsieur le Président, de vou-
loir bien appeler la Commission de surveillance à délibérer
sur cette affaire.
Le Préfet de la Seine,
Signé : DE Selves.
Nous laisserons de côté les remarques qne nous aurions
à faire sur les inscriptions ;t l'asile Clinique, sur la façon
dont les admissions s'effectuent, les reportant au une autre
occasion, s'il y a lieu.
Nous nous bornerons à rappeler les efforts, suivis d'un
médiocre résultat, que nous avons faits pour faciliter les
placements volontaires et réduire les placements d'office
au plus petit chiffre possible.
Ainsi que le dit M. le Préfet, les placements volontaires
d'adultes peuvent être effectués librement : c'est aux
médecins et aux familles à en profiler plus libéralement :
c'est aux chefs de service à les encourager, en les admet-
tant facilement, en prévenant les familles des malades
auxquels ils signent le certificat de sortie que, en cas de
rechute, ils peuvent, les formalités remplies, ramener
leurs parents redevenus malades directement il l'Asile.
En revanche, des dillicultés nouvelles ont été soulevées
pour les placements volontaires des enfants. Notre but,
en réclamant, aussi pour eux pendant des années, la liberté
des placements volontaires, élait de leur éviter le pa-sage
par l'Infirmerie spéciale du dépôt avec ses douloureux
inconvénients. Aujourdhui, le nombre des placements
d'office, avec l'obligation fatale de l'intervention plus ou
moins aimable des commissaires de police et l'obligation de
passer par le dépôt de la Préfecture de police, est devenu
de plus en plus considérable. L'inscription des enfants sur
le registre de l'Asile clinique, l'attente prolongée de l'ad-
mission n'améliorent pas l'état mental des enfants ; les
impulsions auxquelles ils sont sujets s'aggravant et leurs
|p Hospitalisation. ci 1
crises convulsives devenant plus fréquentes, les parents
se voient contraints, malgré leur répugnance, il recourir
aux placements d'office. Le mal que nous voulions
supprimer., et que, avec l'appui de la Commission, nous
étions parvenu a atténuer, tend à reparaître, pour les
enfants, au même degré que par le passé. Ce regret
exprimé, revenons il la lettre de M. le Préfet.
« Pour remédier il l'insuffisance des places, écrit-il, il
serait nécessaire : 1° soit d'ouvrir de nouveaux quartiers
pour les enfants, 2° soit de recourir au système des secours
à domicile »
A ces deux modes d'assistance, il convient d'en ajouter
deux autres : 3° le dégagement rigoureusement régulier
des services d'enfants par le passage aux adultes de ceux
qui ont plus de 18 ans et ont un développement physique
en harmonie avec leur âge ; 4° la création de classes spé-
ciales pour les enfants arriérés.
Nous allons examiner, aussi brièvement que possible,
ces quatre moyens d'améliorer la situation actuelle.
Hospitalisation. - 11 est probable que, dans un avenir
prochain, le Conseil général et l'Administration seront
amenés à examiner la création d'un nouvel asile-école
pour les garçons, l'agrandisscment de la section des
filles de la Salpêtrière ou de la Fondation Vallée. En ce
qui concerne ce dernier établissement, l'aménagement en
cours d'exécution du sous-sol du bâtiment neuf rendra
disponible l'ancien réfectoire où il sera possible d'installer
environ dix ou douze lits. Viendra peut-être ensuite, aune
époque que nous ne saurions préciser, l'utilisation des
bâtiments de l'enclave achetée par le département il y a
quelques semaines.
2° Passage des enfants devenus adultes dans les sections
d'adultes. A la Salpêtrière, le médecin des enfants
idiotes et épileptiques est, en même temps, chargé des
épileptiques adultes. Lorsqu'une des fillettes épileptiques
a atteint 18 ans, il la fait transférer de suite dans les salles
d'épileptiques adultes de son propre service.
Quant aux fillettes idiotes, imbéciles ou arriérées, non
eu Assistance des enfants idiots et épileptiques.
épileptiques, elles passent, sans difficulté, dans l'une des
deux autres sections consacrées aux aliénées adultes. C'est
aussi, croyons-nous, ce qui a lieu ;'1 la colonie de Vaucluse :
les enfants arriérés de la Colonie, dès qu'ils ont 18 ans,
sont envoyés, sans résistance dans la division des hommes
de l'Asile. Il en était de même autrefois il Bicêtre quand
nous avions la section commune aux épileptiques. adultes
et enfants, et aux enfants idiots. Mais lorsque la séparation
des adultes et des enfants a été opérée par la création d'une
section spéciale pour ces derniers, le passage des enfants,
devenus adultes, soit dans la section des épileptiques
(adultes), soit dans les deux sections des aliénés est devenu
de plus en plus difficile il obtenir.
Les médecins de Dicetre se sont plaints de recevoir trop
de malades delà '("section (Enfants). Afin de diminuer cet
inconvénient pour eux, nous avons proposé le transfére-
ment des malades non visités et demandé qu'une autre
partie des enfants devenus adultes, soit envoyée à Villejuif
ou à Vitte-Uvrard, une autre partie passant dans les sec-
tions de Bicêtre. Ces propositions, qui nous paraissaient
équitables parce qu'elles avaient pour conséquence (1,0 ne
pas surcharger outre mesure les services de nos collègues
et permettaient de tenir compte, dans une certaine propor-
tion, des désirs des familles habituées à venir visiter depuis
longtemps leurs enfants il Bicétre, n'ont pas été suivies
d'effet d'une façon régulière. 11 en résulte que, à l'heure
actuelle, nous avons dans notre service d'enfants il Bicêtre
70 malades ayant plus de 18 ans, dont les trois quarts
devraient être placés dans des sections d'adultes. Encore
un an ou deux, et notre service sera presque transformé
en service d'adultes. Il nous parait inutile d'insister sur
les graves inconvénients qui résultent du maintien des
grands garçons, devenus des hommes, au milieu des
enfants. Il suit de ces renseignements qu'en assurant
aussi régulièrement que possible le passage dans les sec-
tions d'adultes, l'Administration pourra disposer progres-
sivement d'un certain nombre de lits.
Nous n'avons rien à dire sur le passage des filles de 18
ans de la Fondation Vallée il l'asile de Villejuif, et quel-
quefois à la Salpêtrière. Ce passage s'effectue avec facilité.
Classes spéciales. cm
3° Classes spéciales. Nous avons parlé un grand
nombre de fois de la création de classes spéciales, annexées
ou non aux classes ordinaires, pour les enfants arriérés
des écoles primaires. Ces classes existent dans beaucoup
de pays, comme nous l'avons dit. Nous avons remis, dans
ces dernières années, il la Commision de surveillance des
asiles des documents sur celles d'Angleterre, de Belgique,
de Prusse, de Suisse, etc. Récemment nous avons appris
qu'il s'en était créé cnJJollandc et qu'il est question d'en
créer en Italie. ™
Il est grand temps que nous ne restions pas en retard
sur les autres pays. Ces classes permettraient non seule-
ment de maintenir dans leurs familles, tout en les sou-
mettant au traitement médico-pédagogique, tel qu'il est
appliqué à Bicêtre, à la Fondation Vallée et à l'Institut
2éclico-péclaortidtcc ('itr3--suI ? cinc ? , des enfants pour
lesquels on réclame aujourd'hui l'hospitalisation, mais
encore, et c'est là un point sur lequel nous insistons, parce
qu'il se rattache directement à la question qui nous est
soumise, un certain nombre d'enfants hospitalisés et qui
sont sullisamment améliorés pour être rendus à leurs
familles, avec ou sans secours. Par la, on aurait encore
la disponibilité d'un certain nombre de lits. Nous avons
fait voir à 131cêtic-, à plusieurs de leurs visites, aux mem-
bres de la Commission de surveillance, de la commission
du Conseil général et aux représentants de l'Administra-
tion des enfants améliorés en mesure de profiter des classes
spéciales. On allégerait ainsi les charges de l'Assistance
en maintenant les enfants dans leurs familles, en resser-
rant les liens entre elles et leurs enfants. En procédant
de la sorte, on ferait de la véritable assistance républi-
caine.
4° Secours à domicile. - Nous avons fait figurer depuis
très longtemps sur l'ordre du jour que l'on distribue lors
des visites des Commissions à Bicètre parmi les modes
d'assistance des enfants arriérés et épileptiques sur les-
quels nous nous permettons d'appeler l'attention, la men-
tion : Secours à domicile. De même que nous avons
montré des enfants améliorés susceptibles d'être envoyés
CIV Assistance des enfants idiots et épileptiques.
dans les classes spéciales, de même nous vous avons luit
voir un groupe de malades de 17, 18 ans et davantage
pouvant être rendus il leurs familles moyennant un secours
mensuel analogue à la pension représentative du séjour
il l'hospice accordé aux vieillards. Nous ne pouvons donc
qu'applaudir il la proposition qui est faite par t'Adminis-
tration.
Les secours à domicile ne s'appliquent pas aux expec-
tanls qui doivent, au préalable, être observés, traités et
instruits pendant un temps plus ou moins long, selon leur
état et leur âge, mais aux enfants ou adolescents déjà
hospitalisés. Il faudra choisir les malades pour lesquels
tout le possible a été lente, non sujets à des impulsions-
dangereuses, pouvant parfois même être relativementuti-
lisés dans leurs familles. Il s'agira toujours d'une question
d'espèce ; il faudra examiner chaque cas en particulier.
Le secours il domicile pourra s'étendre aux épileptiques
qui n'ont qu'un petit nombre d'accès, d'habitude sans
délire, sans excitation, avant ou après les crises, ou encore
aux épileptiques qui n'ont que des accès nocturnes. Seuls,
suivant nous, devront être exclus les malades qui par la
nature et la gravité de leur affection et de leurs infirmités
ont besoin de soins contir uels et exigent la présence en
quelque sorte constante de l'un des membres de la famille,
ce clui constitue une lourde charge pour tous ceux qui
vivent exclusivement de leur travail.
Nous estimons que les malades ainsi secourus devraient
pouvoir, en cas de nécessité, être réadmis par placcment
volontaire direct dans les services où ils étaient aupara-
vant.
D'après M. le Préfet, les enfants seraient « amenés une
fois par mois, il des jours et heures indiqués, au bureau
d'admission où ils seront soumis il la visite de M. le Il
Magnan qui délivrera un certificat aux parents. Les
secours seront payés il la sortie de celte visite et sur le vu
du certificat délivré ». Si l'on n'y trouvait pas des incon-
vénients au point de vue fin ncier, et si la distance de
Paris à la Colonie de Vaucluse n'était pas si considérable
et n'entraînait pas des dépenses sérieuses pour les famil-
les, nous pensons qu'il y aurait plus d'avantage à faire
SECOURS a domicile. CV
venir les enfants à la visite des médecins qui les ont soi-
gnés, qui ont en main toute leur histoire, peuvent, en
quelques instants, comparer le présent au passé et prendre
une décision motivée. Peut-ête pourrait-on essayer cette
manière de faire à Bicêtre, Vallée et la Salpêrière :
au moins pour cette catégorie d'enfants, on ferait oeuvre
de patronage.
Quant à la quotité des secours, il y a lieu d'adopter
celle qui est indiquée par M. le Préfet, c'est-à-dire 1 fr.
ou 1 fr., 50 par jour et qui nous paraît absolument justifiée
et suffisante.
La Commission de surveillance s'est empressée : 1°
d'adopter les propositions de M. le Préfet sur l'organisa-
tion de secours à domicile pour les malades, enfants ou
adolescents, des services spéciaux de Bicêtre, la Salpê-
trière, Vallée et Vaucluse ; 2° de renouveler pour la
quatrième fois son voeu en faveur de la création de clas-
ses spéciales pour les enfants arriérés; 3° d'appeler la
vigilance de l'Administration sur le passage régulier des
enfants ayant pius de 18 ans et offrant un développement
physique suffisant dans les sections d'adultes.
La première tâche qui s'impose il l'Administration,
pour faire face aux besoins urgents des familles, assurer
l'amélioration et le traitement médico-pédagogique des
enfants, idiots, arriérés et épileptiques, sauvegarder sou-
vent la sécurité publique, restreindre - nous n'osons pas
dire supprimer - l'envoi d'enfants malades dans les
maisons dites de correction, c'est d'appliquer les mesures
qui viennenc d'être énumérées. Ensuite, il y aura lieu
d'examiner dans quelle proportion il faut augmenter les
lits des sections existantes ou s'il est utile de créer un
nouveau centre d'hospitalisation.
. IL
Secours à domicile pour les aliénés
tranquilles.
(Pensions représentatives du séjour à l'asile.)
Sur cette question nous croyons bon de reproduire
encore ce que nous avons dit tant de fois :
Un certain nombre de malades chroniques, n'offrant- pas
d'inconvénients sérieux au point de vue delà sécurité publi-
que, pourraient être rendus à leurs familles, mais comme
colles-ci, souvent, n'ont pas de ressources, elles refusent de
reprendre leurs malades. Pour rendre possible cette mesure,
il conviendrait suivant nous, d'inscrire au budget du service
des '[lignés ou au budget de chaque asile un crédit pour
accorder des pensions représentatives analogues à celles de
l'Assistance publique, soit 365 francs par an. Elles seraient
attribuées aux malades tranquilles rendus à leurs familles.
Nous pensons que dans chaque asile on pourrait trouver un
certain nombre de malades en état do bénéficier de ces pen-
sions représentatives, ce qui. diminuerait les charges du
département. -
En 1894, M. Le Roux a émis l'opinion « qu'on pourrait ten-
ter l'épreuve en inscrivant tant en recettes qu'en dépen-
ses un crédit de 10.000 fr. nu budget de l'Asile de Villejuif. J)
Nous espérions trouverl'inscription de ce crédit au budget de
1890. Il n'en est pas ainsi. Cela tient sans doute à ce que M.
le Directeur des Affaires départementales a craint, comme il
le disait en 1894, que cette mesure n'eut pour effet d'accroî-
tre le nombre des placements dans les asiles.
A notre avis, cette crainte n'est pas justifiée (1). Cette me-
(1) Les articles publiés chaque jour par la presse politique contre les asiles,
bastilles modernes, doivent rassurer cet égard l'Administration.
Secours A domicile. cvii
sure, en effet, ne doit s'appliquer qu'à des malades qui sont
déjà hospitalisés depuis plusieurs années, au sujet desquels
une enquête financière il elle être sérieusement faite, et que
les médecins considèrent comme des aliénés incurables et
tranquilles. Ils les maintiennent dans l'asile où ils coûtent
2 fr. G5 par jour, alors qu'au dehors ils ne coûteraient que
l franc. En juillet 1895, la Commission a demandé il M. Le Roux
l'inscription du crédit dons nous venons de parler.
Nous prions la Commission de renouveler son vote de
1891, de 1895, de 189(), de 18Dï et de 1898. L'encombre-
ment énorme de nos asiles fait un devoir il l'Administra-
tion d'examiner avec soin et d'appliquer toutes les mesures
susceptibles d'y remédier. Cette mesure pourrait aussi
s'appliquer il un certain nombre de malades inoffensifs
atteints d'imbécillité, reconnus capables d'un certain tra-
vail sans toutefois arriver il suffire à leur existence.
M. le 1)' Totcloccse, dans son rapport, fournit il l'appui
de noire thèse un argument de chiffres qui a une réelle
valeur et montre que le jour où l'Administration voudra
appliquer ce mode d'assistance, elle diminuera, dans une
proportion, qui n'est pas il dédaigner, l'etzcontb·etea2t
des asiles. « Cent cinquante .malades inoffensives, qui
représentent le nombre des hospitalisées en supplément
dans mon service, pourraient, écrit-il, être assistées il
domicile et placées, en quelques semaines, en dehors de
l'asile, ce qui réaliserait en outre une économie sérieuse
sur leurs dépenses d'entretien. »
Que l'Administration fasse une enquête dans tous les
asiles d'aliénés de la Seine, y compris Bicêtre et la Salpé-
trière, et il est certain que, partout, dans une proportion
variable, on trouvera des malades susceptibles d'être ren-
voyés dans leur famille avec un secours à déterminer
d'après la position des parents de l'aliéné (1) .
(l) Extrait de nolre nnlJ}lo/'¡ stlr Je projet de budget de l'Asile de Ville-
juif pour 1000.
DEUXIÈME PARTIE
Clinique, thérapeutique et anatomie pathologique.
Bourneville, Bicêtre, 1900.
I.
On cas d'affection familiale à symptômes cérébro-
spinaux : diplégie spasmodique infantile et idiotie
chez deux frères ; Atrophie du cervelet ;
Par BOURNEVILLE et CIIOUZON (1).
Des travaux récents ont attiré l'attention sur les
affections familiales du système nerveux. Depuis le
travail de Frend sur les formes héréditaires des diplé-
gies cérébrales publié en 1893, on a vu successivement
paraître en 1896 le travail de Sachs sur l'idiotie
amaurotique familiale ; en 1898 la thèse de Lorrain
sur la paraplégie spasmodique familiale; en janvier
1900 le travail de Trénel relatant un cas de maladie
familiale à symptômes cérébraux et médullaires carac-
térisée par des troubles psychiques périodiques, de la
démence et une parésie spasmodique ; en avril 1900,
la thèse de M"" Pesker contenant les observations de
deux frères, Thir..., malades de notre service, atteints
d'une affection spasmodique rappelant un peu la sclé-
rose en plaques ( ? ) et complétée par l'étude histolo-
gique du système nerveux de l'un des deux, faite
dans le laboratoire de M. P. Marie ; enfin le travail
de Cestan et Juillain paru dans le Revue de médecine
d'octobre 1900, relatant l'histoire pathologique de
. (1) Cette observation, avec les pièces et les photographies, a été présentée
à lA section de psychiatrie rln Congrès intern. de médecine de 1900.
4 Affection familiale.
deux familles, atteintes l'une de paraplégie spas-
modique, l'autre de sclérose en plaques. Les deux
observations qui suivent sont celles de deux frères
atteints de diplégie spasmodique. Nous avons pu faire
l'autopsie de l'un d'eux (1).
SOMMAIRE. Père et mère bien portants, non alcooliques ;
non syphilitiques ; aucune tare nerveuse. Une cousine
germaine maternelle du père a été hémiplégique. Une
cousme éloignée paternelle de la mère, épileptique. Sur
dix grossesses, trois fausses couches, cinq enfants bien
portants et nos deux malades. L'ainé, aurait eu la rou-
geole à 18 mots et il semble que sa maladie ait debuté it ce
moment. Pour le second, la mère fait une chute de
^voilure huit jours avant l'accouchement. Convulsions à
. dix-huit mois ( ? ).
État actuel. Nystagmus chez les deux malades. Strabisme
divergent chez l'un; convergent chez l'autre. Chez les
deux malades, paralysie avec contracture des quatre mem-
bres. Exagération des réflexes. - Chez les deux malades,
idiotie profonde.
Autopsie de l'uiné. - Congestion du poumon gauche. Les
autres viscères sont normaux. - Aspect général de l'encé-
phale arrondi. Atrophie du cervelet et du pont de Varole.
Dans la moelle, diminution des fibres des faisceaux para-
modaux.
Les enfants Lecl... ? Edouard René et André Eugène, nés
à Vitry-sur-Seine, le premier le 6 juillet 1883, le second le
7 octobre 188G, entrent à Bicêtre le 22 juin 1897, âgés l'un de
13 ans, l'autre de 10 ans, sur des certificats de M. Magnan
les déclarant atteints, le premier d'idiotie, gâtisme, para-
plégie avec légère contracture, le second d'idiotie, gâtisme
et paraplégie.
Antécédents héréditaires. (Fournis par le grand-père
maternel et par la mère - Père, 43 ans, fait le com-
merce de volailles, beurre et oeufs, est sobre, ne fume
(1) Voir sur les affections familiales : Bourneville, Une famille d'idiotslAr-
chives des maladies mentales et nerveuses, 1861, p. 2891 : -Bourneville et
Séglas, Familles d'idiots (Compte-rendu de Bic6lre pour 1886, p. 3).
.. Antécédents héréditaires. 5
pas, est bien portant el; bien constitué. Il n'a pas eu de convul-
sions ; marié à 23 ans; pas d'indices de syphilis. - [Père, mort
it 7'1 ans, subitement, d'une maladie de coeur, était sobre,
n'avait pas eu de maladie de peau. Mère, âgée de 71 à 72
ans, bien portante, sans accidents nerveux, sobre, laborieuse.
Pas de renseignements sur les grand'parents paternels. r
Les grand parents maternels sont morts vieux. - Deux oncles'
paternels : l'un, qui buvait un peu, est mort d'une fluxion de
poitrine, l'autre est en bonne santé. Il en serait de même de
ses enfants et de ceux du précédent. Une tante paternelle
morte âgée. On ne sait rien des oncles et tantes mater-
nels. Un frère, mort à 5 ou G ans, on ne sait de quoi.
Deux soeurs mariées avec les deux frères, sans accidents
nerveux : l'une a deux enfants bien portants, l'autre a eu un
enfant mort du croup. Une cousine germaine maternelle,
âgée de plus de 60 ans, a été prise d'une hémiplégie avec
aphasie à la suite d'une vive frayeur. Rien à noter dans
le reste de la famille. ]
Mère, 38 ans, très calme, n'a jamais eu d'accidents nerveux,
sauf quelquefois des douleurs de tête; pas de maladie de
peau, a reçu une certaine éducation, a obtenu son certificat
d'études, s'est mariée il 18 ans. [Père, celui qui nous ren-
seigne, âgé de G7 ans, bien conservé, n'a pas eu de maladies
de peau, ni de maladies vénériennes, sobre, a été soldat,
s'est marié il 29 ans. - Mère, morte en 1893, à 56 ans, d'une
affection du coeur, n'a jamais eu d'accidents nerveux, a
toujours été sobre. Grand-père paternel, cultivateur,
sobre; est mort il 72 ans, usé par le travail. Grand'mère
paternelle, morte à 77 ans de vieillesse, n'avait jamais eu de
maladie nerveuse, sobre. Grand-père paternel, mort à
85 ans de vieillesse, cultivateur, sobre. Grand'mère pater-
nelle est morte jeune, on ne sait de quoi. - « Mon grand-père
paternel s'est marié trois fois, la troisième fois à 27 ans. »
Grand-père maternel, mort jeune. Grand'mère, morte à
86 ans de vieillesse avec toutes ses facultés. Pas de
grands-oncles paternels. Deux grand'lantes (pas de la
même mère), l'une morte à 7S ans, l'autre à 75 ou 76 ans
Un grand-oncle et une grand'tante maternels, rien. Deux
grand-oncles paternels : l'aîné a 75 ans, bien portant, a deux
filles mariées, sans enfants, en bonne santé; l'autre est mort
ily a 3 mois, à 6 ! t ans, sans accidents nerveux, avait trois de
ses quatre enfants bien portants ; pas de convulsions. Le qua-
trième enfant, une fille, est devenue epileptique après une
vive frayeur; elle s'est néanmoins mariée et a eu un enfant t
ci Affection familiale.
mort en venant au monde. Une tante paternelle, usée par le
travail à 69 ans, pas d'accidents nerveux. Elle a eu un fils qui
faisait des excès de boisson et est mort d'une fluxion de poi-
trine ; sesenfants n'ontpasd'accidents nerveux. D. ux soeurs :
l'aînée, âgée de 30 ans et demi, sans accidents nerveux, a eu
deux enfants : une fille morte du croup, pas de convulsions,
l'autre, garçon, âgé de 8 ans, pas de convulsion-, intelligent;
la deuxième soeur, intelligente, pas de convulsions, a un
enfant turbulent, entêté, qui n'a pas eu de convlllsions. -Un
frère, âgé de 21 ans, célibataire, n'a pas eu de convulsions,
sobre. Dans le reste de la famille, pas d'idiots, pas d'épilep-
tiques, d'aliénés. Un sourd-muet cousin à la quatrième
génération, décédé vers 30 ans, ne s'était pas marié.] ]
Pas de consanguité. Différence d'âge de 5 ans entre les deux
époux. (Père plus âgé.) ..
Sept enfants et trois fausses couches : 1° Une fausse
couche à deux mois, sans cause connue; - 2° Hene;
3° fille, 15 ans, en bonne santé, intelligente, pas de convul-
sions ; - 40 André ; - 5° une fille de 12 ans, forte, intelli-
gente, pas de convulsions, un peu nerveuse, apprend
facilement ; - 6° un L'arçon, 4 ans, normal, sans convulsions;
- 7° un garçon, intelligent, pas de convulsions; 8° une
fausse couche; 9° une fausse couche; 10- garçon, se
porte bien, pas de convulsions.
Histoire de nos malades.
René et André.
Conception : Les parents vivaient en bonne intelligence
et étaient en bonne santé,
René
Grossesse : bonne, pas d'en-
nuis, pas d'envies. Deux ou
trois faiblesses. Ni émotions,
ni chutes. Mouvements à 4
mois, normaux.
Accouchement : à terme,
naturel. Douleurs pendant
deux heures. Présentation de
la tête.
André
Mouvements à 4 mois ; rien
de particulier. Chute de voi-
ture huit jours avant l'accou-
chement ; pas d'émotion a-
près l'accident.
A eu lieu peut-être quel-
ques jours avant terme. Dou-
leurs pendant 2 heures, na-
turel ; même présentation.
Antécédents personnels..
René.
Naissance : Pas d'asphyxie,
pas de circulaire du- cordon;
a crié de suite. Non pesé,
mais étail tout petit.
Élevé au sein par sa mère
jusqu'à 9 mois, époque où
elle est devenue enceinte du
suivant. Nourri ensuite au
lait de vache. A bien pris le
sein ; non criard.
Première dent à un an.
Dentition complète à ?
N'a jamais été tout à fait
propre : toutefois vers 18 mois
demandait : caca, est rede-
venu malpropre après une
rougeole très forte à 18 mois :
pendant une nuit il ne recon-
naissait personne.
Commençait à marcher
quand il a eu la rougeole ;
après, il a cessé tout à fait.
Pas de convulsions, ni à la
rougeole, ni avant, ni après.
Parole : répétait quelques
mots jusqu'à sa rougeole :
papa, maman, caca. Avait sa
connaissance, reconnaissait
tout le monde et les recon-
naîtrait encore.
André.
Pas d'axphyxie, a crié de
suite ; pas de circulaire du
cordon. Etait plus gros que
René.
Elevé au sein jusqu'à 5 ou
6 mois, puis au sein et au bi-
beron (lait de vache). Prise
régulière du sein; non criard.
Première dent vers un an.
Dentition complète à ?
N'a jamais été propre même
momentanément.
N'a jamais marché.
Vers 18 mois aurait eu des
convulsions, en l'absence de
sa mère qui ne peut en dire
la durée. Elles ne se seraient
jamais reproduites. De 3 à 5
ou 6 ans, aurait eu des « pâ-
moisons précédées de cris, se
roidissant quand il était con-
trarié, perdait connaissance,
devenait noir. »
Aurait dit papa, maman,
mais avec difficulté. N'au-
rait jamais dit autant de
mots que René. Recon-
naissait sa mère, attendu
qu'il ne voulait manger
qu'avec elle.
Affection familiale.
René.
Ne louchait pas, quand il
était petit : ses yeux se se-
raient tournés vers deux ans.
Parfois il a des secousses
dans les membres et de la
rotation des yeux. Ces se-
cousses revenaient presque
tous les jours et se montraient
surtout quand il voulait
quelque chose et qu'on ne le
comprenait pas. Il n'a jamais
eu de perte de connaissance.
Les jambes seraient deve-
nues raides et comme anky-
losées, après la rougeole,
sans qu'il y ait eu de convul-
sions à ce moment. Il avait t
alors 16 ou 18 mois, s'essayait
à marcher avec les chaises;
il se tenait à peu près bien.
Après la rougeole, il se tenait
très mal. Les bras sont
devenus contracturés vers la
même époque que les jambes,
c'est-à-dire après la rougeole.
Cou sans raideur. Tient sa
tête assez droite.
Prend les objets dans ses
mains; porte le pain et les
gâteaux à sa bouche. Les
mouvements de ses mains
sont assez sûrs. Ne tire la
langue que lors de ses se-
cousses.
Bave, grince des dents,
seulement depuis sa rou-
geole ; se cogne fréquemment
le derrière de la tête.
André.
A les yeux un peu déviés en
bas, on ne sait depuis quand.
Aurait eu aussi des mou-
vements nerveux.
Les jambes seraient deve-
nues raides vers 3 ans. On ne
se rappelle pas vers cluelle
époque il a eu les bras raides.
Cou roide, tête toujours
penchée.
Préhension un peu moins
bonne, fait de grands mou-
vements avant de saisir un
objet, et quand il l'a saisi le
crispe entre ses doigts.
A des mouvements nerveux
des mains, de la face et des
orteils, qui se crispent. Tire
la langue souvent.
Bave, grince des dents. Se
cogne la tête moins souvent
que son frère.
Description DES malades.
René.
Se met souvent en colère,
a souvent des accès de fou
rire, sans motif. Pas de
balancement. -1 eu des gri-
maces de la face, qui tendent
il disparaître. - l'as de cris
Reconnaissait ses parents,
quittant tout le monde pour
caresser sa mère et surtout
son père.
Mâche assez bien. Bon
appétit; mange de tout ; pas
de vomissements, constipa-
tion. Bonne santé physique.
Sommeil tranquille.
Maladies infectieuses :
Rougeole à 18 mois. Pas de
coqueluche. Une ophtalmie
légère vers un an. Une bron-
chite avant la rougeoie.
André.
Se met en colère moins
souvent que son frère. - A
des accès de rire fréquents.
Pas de balancement. Fait des
grimaces qu'il accompagne
d'un petit cri.
Reconnaissait sa mère mê-
me de la voix, sans la voir.
Mâche assez bien. Appétit
bon, mange de tout; pas de
vomissements; selles régu-
lières, quelquefois diarrhé-
iques. Bonne santé physique.
Sommeil tranquille.
Maladies infectieuses :
Rougeole à 18 mois, coque-
luche à 3 ans Il; ? ,
Vaccinés tous les deux avec succès.
l'as de varioloïde, de scarlatine, de fièvre muqueuse, d'an-
gine grave, de vers, d'onanisme, de chutes sur la tête, de
gourme, d'otite, d'adénite, d'abcès ni de fractures.
On ne sait à quoi attribuer la maladie des deux enfants.
Les parents ont vu M. Charcot qui n'a pas donné de diagnostic
précis et a ordonné du bromure, du phosphate de chaux et
des bains. Ils ont vu aussi M. Jules Simon, M. Lannelongue
qui n'a vu aucune indication opératoire.
État des enfants Lecl... le 26 juin 1897.
René.
Etat général satisfaisant,
malgré une maigreur assez
prononcée.
André.
État général assez mé-
diocre : maigreur et pâleur
prononcées.
l0 , 1
Affection familiale.
René.
Crâne de volume moyen,
asymétrique : moitié droite
plus saillante et déjetée en
André.
Crâne asymétrique : la ré-
gion pariétale droite et la ré-
gion occipitale gauche font
Fia ? - Tlcn ? ,t 11{/J'c.
Juillet 1897.
avant de telle sorte que le
grand axe est oblique d'avant
en arrière et de droite à gau-
che. Front étroit et fuyant
sur les côtés (pas de persis-
tance des fontanelles). Toute
saillie, de telle sorte que le
grand axe se dirige d'avant
en arrière et de droite à
gauche. Front étroit et
fuyant : son plan prolonge le
plan du visage qui est incliné
Description lies malades.
11
René.
la moitié droite de la face
parait plus saillante que la
gauche.
Oreilles grandes et très
écartées.
Yeux assez mobiles : stra-
bisme convergent, intermit-
tent, plus marqué à l'oeil droit.
Pas d'exophtalmie, léger nys-
tagmus. Pupilles égales et sy-
métriques, ne paraissent pas
réagir à l'accommodation ;
la réaction à la lumière per-
siste. L'examen du fond de
l'oeil n'a pas été pratiqué.
Thorax mal conformé, sans
qu'il y ait de saillie rachitique,
ni de déviation de la colonne
vertébrale. La moitié gauche
fait une saillie plus marquée
que la droite.
Testicules assez difficiles à
trouver, gros comme ungrain
de blé.
Membres supérieurs mai-
gres : avant-bras en flexion
permanente avec pronation
sur le bras. Les mouvements
spontanés sont peu étendus et
paraissent surtout se passer
dans l'articulation de l'épaule.
L'enfant ne peut ni s'habiller,
ni se donner les soins usuels
de propreté. Il peut tendre
les bras aux personnes qui
s'approchent de lui.
Les mouvements provo-
qués sont limités : dans
''articulation de l'épaule, il y
André.
en arrière. Un épi dans la ré-
gion frontale antérieure.
Oreilles, mêmes caractères.
Yeux présentent un léger
nystagmus. Pas d'autre.trou-
ble de la motilité. Les pupilles
réagissent à la lumière. La
réaction à l'accommodation
ne peut être constatée. Léger
strabisme divergent.
Thorax mal conformé : cy-
phose assez marquée. Défor-
mation ampullaire du sternum
au niveau de l'appendice xi-
phoïde. Déviation légère à
convexité gauche avec saillie
des côtes gauches au niveau
de la ligne axillaire.
Mêmes caractères.
Membres supérieurs grê-
les, les bras écartés du tronc,
l'avant-bras fléchi sur le bras,
les mains en pronation. Les
mouvements spontanés sont
peu étendus; le malade est à
peu près inerte. Il ne peut
pas manger, ni s'habiller seul.
Les mouvements provoqués
révèlent une certaine résis-
tance au niveau des coudes
4.2
DESCRIPTION DES malades.
René.
a, . une certaine résistance,
dans la production des mou-
vements de flexion et d'exten-
André.
et quand on arrive à l'exten-
sion complète, on perçoit à
droite quelques craquements.
Fig. ? . - René. André.
. Juillet 1897 :
sion. Dans le coude qui est
en demi-flexion, la flexion
plus prononcée s'obtient faci-
lement, mais il y a une
Description DES malades.
13
René.
résistance énergique il l'ex-
tension complète, surtout il
gauche. L'articulation du
poignet est normalement
mobile.
Membres inférieurs. L'en-
fant ne peut se tenir debout.
Il reste généralement assis
sur une chaise. La cuisse est
légèrement fléchie sur le bas-
sin, la jambe sur la cuisse;
les genoux se touchent et les
jambes s'écartent très légère-
ment en dehors. Les pieds
sont en valgus très prononcé
des deux côtés, les orteils
sont en crochet.
Les mouvements sponta-
nés n'existent pas ou peu.
Les mouvements provo-
qués sont il peu près tous
possibles, mais avec une
légère résistance dans l'arti-
culation de la a hanche;
l'abduction parait être le
mouvement le plus limité. On
peut obtenir la flexion com-
plète des genoux, mais l'ex-
tension est arrêtée par la
contracture des fléchisseurs
dont on sent la corde sail-
lante. Les mouvements de
l'articulation tibio-tarsienne
sont très limités. -
Les réflexes sont légère-
ment exagérés.
La sensibilité n'a pu être
étudiée avec préeision.
A ? idré.
Les membres inférieurs
sont grêles ; le malade étant
suspendu aux bras de l'infir-
mière, les cuisses sont légère-
ment fléchies sur le bassin,
les jambes sur les cuisses.
Les pieds sont en équin très
accusé; les genoux font sail-
lie en dedans et se touchent.
Les mouvements spontanés
sont nuls : il ne peut se tenir
debout.
Les mow : emenb P1'O ! : oqués
sont limités : on obtient assez
facilement la flexion et l'ex-
tension de la hanche, mais
difficilement l'abduction.
Dans le genou, on obtient
facilement la flexion com-
plète, mais les tendons con-
tractures opposent une éner-
gique résistance à l'exten-
sion. Dans les pieds, les
mouvements sont très limités
et on ne peut redresser le pied
bot.
Les réflexes du poignet et
rotulien sont exagérés. Pas
de clonus du pied.
La sensibilité à la douleur
existe partout.
14 z
Affection familiale.
René.
Le malade gâte jour et nuit.
Il est idiot complet, ne
prononce aucun mot, regarde
à peine quand on l'appelle,
cependant si on lui tend du
pain il le saisit. Ne reconnaît
ni les odeurs ni les substances
sapides. Entend bien et voit
bien. Il a un tic : ouvre la
bouche et la referme aussitôt
sans proférer aucun son. Son
facies est dénué de toute
expression. Son caractère est
triste, mais affectueux.
André.
Le malade est grand gâ-
teux.
Il est idiot complet; son
facies est dénué d'expression,
ses yeux regardent toujours
dans le vague, il ne dit aucun
mot et ne comprend rien.
Température à l'entrée (René).
DESCRIPTION DU MALADE DRCÉDt : .
15
Mesures de la tête.
16
Autopsie.
Membres inférieurs.
Autopsie.
17
différentes fosses et crêtes sont sensiblement symétriques.
L'apophyse crista galli est mince, mousse. Le trou occipital
n'offre rien de particulier. Les apophyses clinoides sont effa-
cées. La glande pinéale est d'aspect normal ; il en est de même
du corps hituilaire. Les nerfs, les tubercules mamillaires,
etc., sont égaux et symétriques. Le liquide crphalo-mchidien
est en petite quantité.
ENCÉPHALE. - La forme générale de l'encéphale est un peu
modifiée. La longueur de l'hémisphère mesurée au niveau du
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1900. 3
Fig. 3. Lee).. (René) en juin 1899.
18 Atrophie DU cervelet.
grand axe fronto-occipital est de 121 mm. (Sur un cerveau
d'enfant de 16 ans normal, cette longueur est d'environ
157 mm.). La largeur de l'encéphale est normale : elle est de
62 mm. sur notre encéphale et de 61 mm. sur le cerveau nor-
mal que nous avons pris comme point de comparaison. Il s'en-
suit que l'encéphale a un aspect arrondi et non allongé.
Au niveau de la face inférieure de l'encéphale, on remarque
encore la gracilité du chiasma, des nerfs et des bandelettes
optiques, sans modification de couleur.
Les deux hémisphères étant séparés, le corps calleux appa-
raît avec ses dimensions habituelles : il mesure dans le plus
grand axe 59 millimètres, alors que sur le cerveau de com-
paraison il mesure 62 millimètres.
Hémisphère droit. - Face externe. Les circonvolutions
sont assez volumineuses; elles ne présentent aucune anomalie
dans aucune des régions.
Face interne. - Rien d'anormal il noter.
Face inférieure . La circonvolution fusitorme et la cir-
convolution de l'hippocampe, particulièrement l'uncus parais-
sent plus volumineux que les autres circonvolutions. En ré-
sumé, rien de spécial sur la^morphologie de l'hémisphère droit.
Il n'y a à signaler en plus que quelques adhérences de la pie-
mère, au niveau des circonvolutions pariétales et frontales.
77ëm tsphére gauche. Sur la face interne et la face externe,
morphologie normale. Quelques adhérences de la pie-mère
analogues à celles de l'hémisphère droit. Au niveau de la
face inférieure, on remarque comme il droite le volume un peu
considérable des circonvolutions temporo-occipitales.
Cervelet. Le cervelet est nettement atrophié dans sa tota-
lité : les hémisphères, le vermis, les lobules pneumogastriques
sont très,proportionnellement diminués de volume. Le grand
axe transversal du cervelet est (le 75 millimètres (sur le cer-
veau de comparaison, il est de 103 millimètres). Le diamètre
maximum de l'hémisphère gaucho mesuré depuis le cap bor-
dant l'incisurc postérieure et passant parle point culminant de
la face inférieure est de 12 millimètres. Sur le cervelet normal.
il est de 04 millimètres. Pour l'hémisphère droit il est de 44
millimètres sur notre cervelet et de 53 sur le cervelet normal.
Le bulbe a gardé un volume normal, les olives sont saillan-
tes, leur longueur est a peu près normale, 14 millimètres au
Atrophie du cervelet. 19
lieu de 16 millimètres. La largeur est de 5 millimètres au lieu
de 8 millimètres. Le pont de Varole est très diminué de hau-
teur, 15 millimètres au lieu de 2'i millimètres. La largeur des
pédoncules immédiatement au-dessus de la protubérance est
aussi au-dessous de la normale, 17 millimètres au lieu de 21
millimètres.
La moelle est d'aspect un peu grêle. - L'evatnew hislolo-
gique en a été pratiqué. Après avoir été chromée, elle a été
colorée suivant la méthode de Weigert, et suivant la méthode
de de Pal avec surcoloration il la cochenille. Au niveau du ren-
flement cervical, on trouve une légère dilatation du canal de
l'épendyme. La substance grise est normale. Il y a une dimi-
nution des fibres sans sclérose dans le cordon antérieur, au
niveau du faisceau pyramidal direct mais surtout dans le cor-
don latéral au niveau du faisceau pyramidal croisé. Il y a
conservation delflbres dans le faisceau.de Gowers, dans le fais-
ceau cérébelleux et dans une zone formant bordure de la subs-
tance blanche à la périphérie de la moelle. Légère diminution
du nombre des libres dans la partie antérieure du cordon
postérieur. Au niveau de la 6e dorsale, même disposition des
lésions. Au niveau du renflement lombaire, les seules modi-
fications sont les suivantes : il n'y a plus d'apparence de con-
servation des fibres dans la zone bordante du cordon latéral
ni dans le faisceau cérébelleux.
Poids des organes.
20 Affection familiale.
sentaient tous deux les symptômes cérébro-spinaux qui
caractérisent la diplégie spasmodique cérébrale in-
fantile. Tous deux étaient atteints d'idiotie complète.
La première question qui se posait était de savoir s'il
s'agissait là d'une affection familiale. Suivant Pauly
et Bonne, pour mériter ce qualificatif une affection
doit : a) atteindre sans changer de formes, plusieurs
enfants d'une même génération ; - b) débuter à pou
près au même âge chez tous les enfants de cette géné-
ration ; c) être cliniquement indépendante de toute
influence extérieure, d'une affection acquise ou d'un
accident de la vie intra-utérine ; d) ces caractères
doivent constituer la règle et non l'exception. Dans le
double cas que nous présentons, il y a, à côté de nos
deux malades, cinq enfants qui n'ont eu aucune affec-
tion semblable. De plus, si nous pouvons à peu près
affirmer l'absence de syphilis et l'absence de trauma-
tisme obstétrical, nous ne pouvons être certains de
l'absence de convulsions ni d'infection méningitique.
Celui de nos enfanls qui est mort a eu la rougeole dont
l'influence sur la maladie nous paraît douteuse. Aussi
croyons-nous pouvoir conclure à la nature familiale de
l'affection.
2° L'intérêt anatomique de l'autopsie de René
Lecl... réside dans l'atrophie cérébelleuse que nous
avons constatée. L'atrophie cérébelleuse est rare :
Tous les cas observés sont rapportés dans la thèse de
Thomas et le nombre des atrophies bilatérales est de
28. Dans ce nombre, certains cas ont été des trouvailles
d'autopsie chez des gens déjà avancés en âne, les au-
tres ont été révélés cliniquement par l'apparition de
symptômes cérébelleux plus ou moins nets, trois cas.
enfin semblent se rapprocher du nôtre et dater de
l'enfance. C'est le cas de Duguet, observé chez un
enfant de 17 ans qui avait présenté uniquement des
troubles de la parole, et dont une soeur était idiote ;
Atrophie du cervelet. 21
c'est le cas de Spiller chez un jeune homme de 19 ans
qui avait présenté des troubles de la parole, du stra-
bisme interne et quelques troubles de la motilité des
membres inférieurs. Enfin c'est le cas de Combettes
qui consiste en une absence complète du cervelet
chez une enfant morte à 11 ans et qui avait présenté
aussi des troubles moteurs des membres inférieurs
et des troubles de la parole.
II. Nous ne croyons pas que l'atrophie cérébelleuse
dans notre cas suffise à expliquer la symptomatologie
de l'affection : dans la moelle, en effet, la dégénéres-
cence occupe les faisceaux pyramidaux. Nous ne
voulons donc pas établir un lien nécessaire entre cette
atrophie cérébelleuse et l'affection familiale. Nous ne
sommes point autorisés à affirmer que nous trouverons
une atrophie cérébelleuse à l'autopsie d'André Lecl...
et dans cette hypothèse quelle sera la caractéristique
anatomique de son affection ? Mais il est permis actuel-
lement de le supposer et il est intéressant de juxtaposer
aujourd'hui l'observation clinique d'André Lecl...
encore vivant à l'observation ana tomo-elinique de son
frère René. (Voir les ],-IL. I, II et III.)
111. Au point de vue de l'hérédité, nous trouvons,
du côté paternel, un oncle buveur, une cousine hénÚ-
plégique, et du côté maternel, une petite cousine
dpileptiq1w, un cousin alcoolique, et un autre, d'un
degré très éloigné, sourd-muet. En somme hérédité
peu chargée.
IV. Mentionnons Y hypothermie très notable (34°, 4)
que l'autopsie n'a pas expliquée. Nous avons observé
le même phénomène chez d'autres idiots, qui étaient
cachectiques. Or, tel n'était pas le cas ici, carie poids
après décès était de 19 kil. 800, c'est-à-dire supérieur
à celui qui avait été constaté six mois plus tôt.
II.
Idiotie myxoedémateuse ; traitement thyroïdien ;
l'An BOURNEVILLE ET LAURENS.
Depuis 1880 jusqu'à ce jour, il a toujours existé
dans le service quelques cas de my.t'oedème infantile.
De là un certain nombre de publications que nous
croyons devoir rappeler en tête de cette nouvelle
observation : 1° Note sur un cas de crctnusmc
auec m ? coedeme ou cachexie pachydennique.
Compte-rendu de 1880, p. 16 (en collaboration avec
d'Ollier); - 2° De l'idiotie compliquée de cachexie
acl2yclemrni.clzce ou idiotie crêlinoïde. Compte-rendu
de 1886, p. 3 (en collaboration avec Paul Bricon);
3° Nouveau cas d'idiotie avec cachexie ptc/tyde7,-
mique; idiotie enéti2oïcle ou idiotie 2wcectén ?
teuse. Compte-rendu de 1888, p. 3 ; - 4° De l'idiotie
auec cachexie pachydel'1nique. Compte-rendu de
1889, p. 51 et Association française pour l'avance-
ment des sciences (août 1889); 5° Nouvelle
observation d'idiotie Lise ou cachexie
pachydennique. Compte-rendu de 1889, p. 172;
6° Nouvelle contribution iL l'étude de l'idiotie
ïiyxmcléniate2se. Compte-rendu de 1890, p. 206.
(Congrès de médecine mentale de Rouen) ; 7° Étal
du squelette d'un malade atteint d'idiotie my.'\ : oedé-
mateuse. Compte-rendu de 1891, p. 34 ; - 8° Idiotie
myxoedémateuse. Compte-rendu de 1894, p. 92;-
IDIOTIE MYXOEDÉMATEUSE. 23
9° Trois cas d'idiotie myxoedémateuse traités par
l'ingestion thyroïdienne. Compte-rendu de 1895,
p. 167 et Congrès des aliénistes et neurologistes de
Bordeaux, t. II p. 178; 10° Nouveau cas d'idiotie
avec cachexie pachydermique. Compte-rendu de
1896, p. 49. Communication faite à la Société
de Biologie, séance du 15 mai 1896; - 11° Cinq
cas d'idiotie myxoedémateuse (Bulletin de la
Société médicale des hôpitaux, 1897, p. 32) ;
12° De l'action de la glande thyroïde; sur la crois-
sance et l'obésité chez les idiots mcede)aeM,
obèses ou atteints de nanisme (Congrès des aliénistes
et neurologistes de Nancy, 1896, t. II, p. 372); - 13°
Myxoedème infantile (Communication faite au
Congrès intern. de médecine de 1900, section de
Neurologie).
Sommaire. Père, peintre pour enseignes, céphalalgies,
bègue, caractère emporté. -Grand-père paternel emporté,
bègue. Grand'mère paternelle très-nerveuse, excès de
boisson. Arrière-grand-père paternel, excès de boisson.
Grand-oncle paternel, peintre en bâtiments, coliques de
plomb, attaque de paralysie, excès de boisson, tentative
de suicide, mort d'une congestion cérébrale. Plusieurs
cousins morts de méningite, une cousine de tuberculose
pulmonaire. - Cousin excès de boisson. Cousine peu
intelligente. Oncle paternel mort de méningite. - Tante
paternelle morte de convulsions. Malformations.
Mère,.très impressionnable, peureuse. Grand-père mater-
nel mort tuberculeux. Arrière-grand'mère maternelle
morte d'une attaque apoplectique avec paralysie. - Plu-
sieurs cousins et cousines morts de méningite. Oncle
maternel mort de tuberculose. Frère, accès d'épilepsie.
Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 3 ans.
Conception rien de particulier. Grossesse, vomissements
fréquents, ennuis, plusieurs syncopes ; mouvements dv.
foetus à 4 mois moins forts qu'aux autres grossesses.
Accouchement laborieux. Prise du sein difficile à cause
du volume de la langue. - Masses lipomateuses. Phy-
sionomie hébétée.
Premières dents à 2 ans ; dentition complète à 9 ans.
21 ' . Idiotie myxoedémateuse.
Convulsions pendant 5 heures, à 7 ans, provoquées par la
dentition. Début de la propreté vers 6 azzs; -de la parole
vers 9 ans. Apathie habituelle ; parfois accès de colère;
- onanisme. Sensibilité au froid. Gonflement et
cyanose des pieds et des mains, otite. Blèpharite et
coryza chroniques. Peau eczémateuse; transpiration
nulle. Déformations du thorax, du rachis et des ment-
bres. Persistance de la fontanelle antérieure. Absence
probable de la glande thyroïde.
Réunion de tous les symptômes du myxoedème infantile.
Traitement thyroïdien : Amélioration notable : diminu-
tion de l'infiltration graisseuse et partant du poids ; -
accroissement de la taille; - évolution de la dentition; -
rétrécissement de la fontanelle antérieure. Marche.
Progrès intellectuels, etc.
Tis... (Félicie), née le 15 septembre 1881 à Paris, est entrée
dans le. service le 31 janvier 1898 et en est sortie le 14 no-
vembre 1900.
Antécédents. PÈRE, conçu à la Martinique, est né à Angers,
sa mère, parisienne,- étant de passage dans cette ville. Il a
40 ans, exerce la profession de peintre sur enseignes, n'a
jamais eu ni coliques de plomb, ni paralysies, ni étourdisse-
ments, mais de fréquents maux de tête. Petit (1 m. 65),
réformé à cause d'une surdité qui date de l'âge de 12 ans, et
qui a succédé à une otorrhée. Il bégayait beaucoup avant son
mariage, ne bégaie presque plus depuis. - Pas de convulsions
de l'enfance, sobre, rangé, caractère violent, emporté, se met
en colère pour un rien, pas de maladies de peau, « Mon mari,
nous dit Madame T... ? s'est marié sage à 24 ans. » Pas de
goitre, intelligent mais gêné par sa snrdité; il a une hernie,
est asthmatique.
[Sa famille : Père, sobre, mort à 52 ans d'une maladie du
foie, comédien, aurait eu le prix de Rome au Conservatoire
de musique. Il a joué surtout à l'Opéra-Comique, à Bruxelles,'
à la Martinique : c'était un enfant de vieillards, bégayait lui
aussi par moments; très violent. Il a eu, a la Martinique, la
fièvre jaune et la dysenterie.
Mère : 66 ans, corsetière, également enfant de vieillards,
migraineuse ; elle a eu des migraines épouvantables tant
qu'elle a été réglée, très nerveuse, ombrageuse, un rien la
contrarie, intelligente, aurait une maladie de coeur. Elle aime
beaucoup le vin, mais ne .s'enivre pas, fait des abus de café,
a eu ! i enfants dont un seul vivant.
Antécédents héréditaires. 25
Grand-père paternel, mort à 84 ans, à la suite d'une fracture
de jambe, « était aussi dans les théâtres. » Grand'mère
paternelle, morte à 72 ans d'une maladie du foie. Grand-
père maternel, faisait des excès de boisson, ancien soldat du
1"" empire, aurait été commandant de la place de Verdun.
Grand'mère maternelle, morte à 60 ans ; a eu 13 ou 14 enfants :
«elle a eu ma belle-mère quand elle avait 50 ans. » Oncle
paternel serait allé au Tonkin et on ne l'aurait plus revu ; il
aurait été sergent puis dégradé. Oncle maternel mort à
68 ans, de congestion au cerveau, peintre en bâtiments, a eu
des coliques de plomb, et une attaque de paralysie avec dévia-
tion de la bouche, buvait beaucoup ; il a essayé de se pendre.
Une de ses filles a eu 13 ou 14 enfants qui sont presque
tous morts de méningite ; une autre fille est morte de tuber-
close pulmonaire à 35 ans. Tante maternelle morte à
76 ans d'une fluxion de poitrine laissant un fils et une fille, le
fils a fait de nombreux abus de boisson, s'en va d'une maladie
de coeur. Sa fille, bien portante, est religieuse à Toulouse ;
« elle n'était pas intelligente, on ne pouvait rien lui faire faire,
c'est pourquoi on l'a mise SoeUl'». Un frère et deux soeurs :
Le frère est mort tout jeune de méningite ; La soeur
ainée est morte étouffée clans le lit, la soeur cadette est morte
de convulsions. - Dans le reste de la famille, pas d'aliénés,
pas d'autres paralytiques, pas de suicidés, pas d'épileptiques,
pas d'autres bègues, pas de sourds-muets, pas de goitreux,
pas de myxoedémateux, pas de criminels, ni de prostituées.]
Mère, 37 ans, couturière, bien portante jusqu'au mariage,
moins bien depuis, fatiguée par sept couches. Elle est assez
grande, cheveux châtains, nez aquilin, intelligente. Pas de
convulsions dans l'enfance. Elle a toujours été très peureuse : .
« Quand j'étais petite et que je rentrais le soir, je courais
comme si le feu était derrière moi, je n'aime pas la nuit quand
il fait sombre, j'ai peur d'aller ouvrir le soir lorsqu'on frappe
à la porte. » C'est l'hiver que les peurs étaient le plus fré-
quentes. - « Quand j'ai ces peurs, cela me donne un coup
au coeur, mes jambes sont comme du coton, comme si elles
étaient cassées ; mes enfants sont peureux comme moi. »
Elle n'a jamais eu ni syncopes, ni migraines, pas de maladie
de peau. Réglée à 11 ans 1/2, régulièrement, jusqu'à ce jour,
ni fièvre typhoïde, ni fièvre intermittente.
[Sa famille. Père : mort à 61 ans, poitrinaire et ayant
« une maladie des muscles », sobre, rangé, avait une hernie,
26 Idiotie myxoedémateuse.
a eu la rougeole à 35 ans. Il a eu durant sa vie beaucoup
de chagrin et beaucoup de peine à élever sa famille.
Mère : 58 ans, sobre, modiste, nerveuse, maladie d'estomac
et de coeur, a eu un kyste au côté gauche ( ? ), un engorgement
du foie, la chorée étant jeune, une cécité passagère, bonne
conduite.
Grand-père paternel : mort il 75 ans, boucher, sobre, avait
des doulours.-(sranrl-2nèt·e paternelle, morte âgée; avait des
rhumatismes qui l'ont tenue longtemps alitée, était très
grosse. Grand-père maternel, mort à 72 ans de congestion
pulmonaire, sobre, avait eu un bras emporté il Sébastopol.
Grand-mère maternelle, morte à 76 ans d'une congestion
cérébrale avec paralysie, est restée plusieurs jours malade.
Elle a eu deux petites filles mortes de méningite et un petit
fils bossu et atteint de coxalgie mort de méningite à 7 ans.
Un oncle et 5 tantes paternels : l'oncle est mort âgé, à
l'Hôtel-Dieu, d'une hernie étranglée; il était sobre et n'avait
jamais eu d'accidents nerveux, mais était rhumatisant. Il a
une fille, bien portante mais de petite taille. Elle a eu 4 enfants :
trois bien portants, une fille est morte de méningite. Les
cinq tantes ont une bonne santé; pas d'enfants. - Une tante
maternelle bien portante, non nerveuse, eczémateuse, a eu
4 enfants : un fils qui est bien portant, un 2me fils bossu,
coxalgique est mort de méningite, deux petites filles sont
mortes de méningite également. Un frère mort de tuber-
culose pulmonaire à 22 ans; il avait un abcès au cou qui a
suppuré longtemps. - Deux sce21rs : l'une a 30 ans, un peu
nerveuse, pas migraineuse, a eu un enfant qui est mort du
croup et qui n'a pas eu de convulsions, l'autre est en bonne
santé, pas nerveuse, a un enfant de deux ans, bien portant et
intelligent. - Dans le reste de la famille, on ne trouve rien
à signaler si ce n'est un grand oncle paternel qui était impo-
tent et énorme; on le [rainait dans une voiture. Il est mort
vieux, on ne sait de quoi.]
Pas de consanguinité (le père est né à Angers d'un père de
Verdun et d'une mère de Paris Sa mère est née à Paris d'un
père de Seine-et-Oise et d'une mère parisienne). Inégalité
d'âge de trois ans (père plus âgé).
7 enfants : 1° notre malade; 2° un garçon « magnifique »
mort du croup à 10 mois z2, sans convulsions; était intel-
ligent mais criait tout le temps; 3 un garçon de Ili ans.
Entre 7 et 12 ans il a eu des crises de nerfs revenant d'abord
tous les 15 jours, puis tous les mois. A 9 ans 1/2, il a été placé
Antécédents PERSONNELS. 27
Vaticluse. Depuis deux ans ces crises ont disparu (1). Il a
une bonne conduite, il apprend bien le métier de son père
mais est turbulent, plutôt désobéissant et entêté; 4° une
fausse couche de six semaines avec pertes abondantes; 5° une
fille de 8 ans qui n'a jamais eu de convulsions ; très bien
portante jusqu'à 7 ans et depuis est anémique, nonchalante,
mais intelligente ; 6° un garçon de 4 ans très intelligent, n'a
jamais eu de convulsions ; 7° une fausse couche de 4 mois 1/2.
Notre malade. A la conception qui a eu lieu trois mois
après le mariage, les, parents étaient bien portants, ils
étaient vierges tous deux.
Grossesse pénible, la mère a vomi très souvent « presque
tout le temps », pas de peur; tendance irrésistible à regarder
les gens infirmes. Souvent elle a eu des discussions avec
sa belle-mère qui était médisante, égoïste, autoritaire et
qui ne trouvait jamais bien ce que sa belle-fille faisait. Ces
discussions avaient irrité le mari qui se mettait fréquemment
en colère, d'où des brouilles fréquentes dans le ménage.
Pas d'attaques de nerfs, ni de signes d'albuminurie; mais
pendant les premiers mois de la grossesse, elle s'est trouvée
mal à plusieurs reprises. Elle croit avoir senti remuer vers
4 mois comme dans ses autres grossesses; toutefois les mou-
vements n'étaient pas aussi forts que dans ces dernières.
Elle a un peu abusé du café dont elle buvait 3 fois par jour.
Accouchement à terme, naturel, sans chloroforme.
Le travail a débuté à Il heures du matin et a cessé le len-
demain à midi. Les douleurs étaient fortes mais comme
la tète restait au passage, on lui a donné « des poudres. »
Les eaux auraient été abondantes, moins toutefois qu'aux
autres grossesses.
A la naissance, l'enfant n'était pas asphyxiée ( ? ), elle
n'avait pas de cordon autour du cou, elle a crié tout de suite ( ? ).
Sa tête était plutôt grosse ; ses cheveux étaient noirs; elle
avait des ongles. Elle était « si grasse et si belle » que les
parents en furent étonnés. Mise en nourrice à la campagne
(Seine-et-Oise) la nourrice lui donna le sein jusqu'à 2 mois
puis la nourrit au biberon avec du lait de vache. On a retiré
(t) M. le D Dlin nous a transmis à son sujet la note suivante : « Il est
entré à lt Colonie le 11 avril 1804 et en est sorti le 2 lévrier 189G. Durant
ce temps, il a eu 0 accès d'épilepsie, sans troubles mentaux consécutifs.
Quand on le rendit à sa famille il y avait dix mois qu'il n'avait pas eu
d'accès. »
28 Idiotie mvxoiodématkcse.
l'enfant de nourrice à 11 mois et on a continué à l'alimenter
au biberon avec du lait de vache. Les 1 ? dents ont percé A
2 ans; la dentition a été très lente et très pénible; l'enfant,
à chaque poussée dentaire, avait des accès de colère. - Elle
n'aurait eu ses vingt dents de la première dentition qu'à
neuf ans. Depuis cette époque quelques dents de la seconde
dentition auraient fait leur apparition, « mais c'était encore
les mêmes crises de dents, les mêmes accès de colère, les
mêmes insomnies que lors des premières dents. » Et même
vers 7 ans, à l'occasion de l'apparition d'une dent, l'enfant
étant couchée, aurait perdu connaissance pendant 5 heures
l//2, le corps est devenu tout raide, il n'y a pas eu de convul-
sions cloniques.
La mère fait remarquer que toute jeune son enfant avait
de la peine à téter parce que sa langue était, trop grosse. -
De plus : elle avait un air triste, elle n'était pas éveillée
comme les autres enfants. A l l mois sa fontanelle était très
large, beaucoup plus qu'aujourd'hui, on voyait les battements
du cerveau. - La langue demeurait énorme et sortait sou-
vent de la bouche. Les joues étaient grosses, pendantes,
le teint mat, plutôt jaune, les cheveux rares, gros et durs,
les mains grosses et épaisses, les pieds auraient toujours été
petits. - Elle avait, dès sa naissance, des niasses lipomateu-
ses que nous décrirons plus loin. L'enfant n'a jamais
marché seule : « elle ne se tenait ni debout, ni assise : c'était
un paquet de chair ». Toutefois une dame « magnétiseuse x,
dont il sera question tout il l'heure, l'avait habituée à se tenir
debout, les bras près du corps et il marcher en se tenant aux
tables et aux murs, « mais au prix de quels pleurs ! » j)
Elle a commencé à être propre le jour, à partir de 6 ans;
la nuit elle gâtait encore il y a un an. « C'est la magnétiseuse
qui l'a rendue propre. Elle la surveillait la nuit et quand
l'enfant se laissait aller, elle lui administrait une fessée avec
une serviette imbibée d'eau froide. » Jusqu'à 7 ans elle con-
serve cet air hébété qui, dès le début, a frappé les parents.
Conduite aux Sourds-muets « on la trouve idiote. » A partir
de 7 ans, l'intelligence s'est éveillée. L'enfant aimait
beaucoup à sortir, montrait la porte et regardait ce qui se
passait dans la rue. La musique lui plaisait fort : « elle
prenait un bâton et faisait semblant de jouer du violon. »
Parole vers 9 ans, elle est entrée il. Trousseau (service de
M. Lannelongue) qui eut l'intention, un moment, de greffer
dans le péritoine un corps thyroïde de mouton, opération
qui n'eut pas lieu.
Antécédents personnels. 'P'J
Le caractère de Félicie est apathique ; toutefois, par moment,
l'enfant est prise d'accès de colère, trépigne, remue violem-
ment la tète et se mord les mains. Elle n'est ni gourmande,
ni voleuse. Elle est très portée à Y onanisme et se masturbe
fréquemment. Pas d'appétence pour les boissons. Jusqu'à
7 ans ou fut obligé de la faire manger et de l'alimenter avec
du lait, des soupes et des oeufs, car elle ne pouvait mâcher,
probablement il cause du retard de la dentition. A partir de
7 ans, elle s'alimente comme une grande personne et mâche
la viande. La bouche est encore fréquemment ouverte et laisse
voir la langue volumineuse, les lèvres sont épaisses, cyano-
sées. La déglutition s'exécute normalement. Pas de rumina-
tion. Souvent diarrhée alternant avec la constipation mais
jamais de chute du rectum. Elle aurait eu, jusqu'à un âge
qu'on ne peut déterminer, « comme unc grosse corde au-
dessus du nombril remontant vers l'épigastre : cela ressortait
comme le doigt ». Un bandagiste dit à la mère que son enfant
avait une éventration et lui lit deux ceintures que la malade
n'a jamais pu garder. .
La respiration a toujours été normale, mais ne s'est jamais
bien effectuée par le nez : « l'enfant a toujours renâclé » sur-
tout l'hiver où les sécrétions nasales sont très abondantes.
Elle a eu une bronchite il 2 ans et toussait un peu chaque
hiver.
Les sens de la vue et de l'ouïe ont toujours paru normaux.
Félicie a toujours été très sensible au froid ; ses pieds et
ses mains sont toujours glacés « comme des verrous ».
Les déformations du thorax, de la région lombaire et des
jambes ont toujours existé ; les pieds et les mains ont été cons-
tamment cyanoses ; l'hiver ils deviennent plus gros, comme
enflés, et la cyanose y est plus prononcée.
Les sentiments affectifs paraissent exister, car lorsque l'en-
fant revoit sa grand'mère elle est plus gaie « et lui fait fête »,
Le sommeil est normal ; elle dort 10 heures en moyenne,
sans cauchemar, sans accès de cris, on ne signale pas d'atta-
que de sommeil. - La mémoire existe, mais à un faible degré.
Le raisonnement est nul. L'attention est fugace, difficile
à fixer.
Comme maladies infectieuses, la malade a eu la rougeole
vers 6 ans durant laquelle elle aurait été énervée mais n'aurait
pas eu de convulsions. Elle n'a eu ni scarlatine, ni oreillons,
ni fièvre typhoïde, ni coqueluche, ni diphtérie, ni faux croup,
ni variole; a été vaccinée.
Elle a eu de la gourme vers 6 mois, une otite étant jeune,
30 IDIOTIE myxoedémateuse.
une blépharite cilière intermittente, mais jamais d'adénite.
Sa peau a toujours été sèche, farineuse, la transpiration n'a
jamais existé. Ses cheveux ont toujours été gros, durs, secs
et le cuir chevelu a toujours présenté les mêmes altérations
que le reste de la surface cutanée. A la suite d'une chute
de sa chaise, l'enfant s'est à deux reprises légèrement contu-
sionné la région frontale et la région pariétale. Elle n'a ja-
mais eu ni fractures ni luxations.
État actuel. L'enfant, très petite pour son Age, est pâle,
grosse, bouffie. Son état général est satisfaisant. Sa physio-
nomie a une expression d'hébétude, d'étonnement. Le regard
est parfois relativement assez vif (F'ig. 4).
Les cheveux sont chatain-rou.v, gros, durs, raides, secs et
cassants. On constate une alopécie partielle occupant toute
la partie moyenne du cuir chevelu sur une largeur de 0,12 il
0,1li centim. et sur une longueur à peu près égale. Le cuir
chevelu est parsemé de petites croûtes eczémateuses, d'un
brun-jaunâtre, très abondantes sur la région fronto-pariétale,
plus rares en arrière. Ces croûtes se reproduisent avec une
très grande facilité, malgré les soins de propreté les plus
minutieux.
La tête est volumineuse, surtout si on la compare au reste
du corps, et présente une saillie assez prononcée des bosses
pariétales, un aplatissement situé en arrière du vertex et
étendu sur une longueur de '1 il centim. L'occipital est sail-
lant. La fontanelle antérieure persiste et revêt la forme d'une
étoile à '1 branches mesurant 0,06 cent. li2 d'avant en arrière
et O,OIi cent. transversalement.
La face est presque carrée, le front est étroit, bas, sa hau-
teur est de 0,0't cent. ; bombé il sa partie moyenne, il se déprime
assez fortement sur les côtés. La bosse frontale droite est un
peu plus saillante que la gauche. Les arcades sourcilières
sont peu proéminentes, les sourcils sont assez fournis et se
réunissent sur la ligne médiane par une petite bande de poils
fins. Les paupières supérieures et inférieures paraissent bouf-
fies, gonflées, mais sans oedème vrai ; elles ont une coloration
bleuâtre ; elles s'ouvrent assez bien à droite, mais incomplète-
ment à gauche; les cils sont assez longs et assez abondants
aux paupières supérieures mais rares aux paupières infé-
rieures. Les paupières sont collées tous les malins.
Les yeux sont parfaitement mobiles, ne présentent ni exoph-
talmie, ni strabisme, ni paralysie, ni nystagmus. L'iris est
brun ; les pupilles, bien conformées, réagissent à la lumière
et il l'accommodation. L'acuité visuelle parait normale.
IDIOTIE MYXOEDEMATEUSE. 31
riy. 4. - Janvier 1898.
32 Idiotie myxoedémateuse.
Le ne : est camus à un degré très prononcé, sa racine est
fortement déprimée, ses ailes sont larges, les narines rele-
vées. L'odorat est normal. - Les joues sont volumineuses.
pseudo-lipomateuses, colorées aleur centre, pâles et bleuâtres
à leur périphérie, principalement au voisinage du nez et de la
lèvre supérieure.
Les lèvres sont épaisses, renversées, très légèrement cya-
nosées. La bouche, largement fendue, reste entr'ouverte, et
laisse apercevoir, même pendant le sommeil, l'extrémité de
la langue qui est épaisse et large. Le goût est normal.
La dentition est dans l'état suivant : à la mâchoire supé-
on compte 2 incisives médianes, centrales, définitives ;
pas d'incisives latérales, 2 canines temporaires, des débris de
molaires temporaires il couronnes brisées et à racines bran-
lantes, prêtes à être expulsées. Les premières molaires per-
manentes sont en train d'évoluer ; leur couronne commence
à faire saillie hors de la gencive. -ralla mâchoire inférieure,
on compte 4 incisives permanentes, 2 canines temporaires.
Les prémolaires commencent leur éruption. Les premières
molaires permanentes apparaissent comme il la mâchoire
supérieure. - En résumé, la dentition de l'enfant est celle
d'une enfant de 9 ans. - La voûte palatine est aplatie, le voile
bien conformé.
Le cou, large, court, épais, mesure 0,31 cent, de circonfé-
rence. Le larynx est mobile et parait normal, le cricoïde
fait une saillie accusée au-dessous de laquelle on perçoit les
anneaux de la trachée sans qu'il soit possible de sentir le
corps thyroïde. Sur les parties latérales du cou, on trouve
une infiltration graisseuse formant une véritable convexité
au niveau des creux sus-claviculaires. - Au milieu de ces
psettdo-lilonxes, on sent de petits noyaux de la grosseur
d'un petit pois. Au-dessous de la nuque, on retrouve la
même infiltration graisseuse formant une saillie convexe.
Cette infiltration se prolonge au-dessous des clavicules jus-
qu'auprès des aisselles. La peau des aisselles est sèche,
comme ridée et complètement glabre. Les régions pecto-
rales sont également infiltrées de graisse et parcourues par un
lacis de veines dilatées. Les glandes mammaires n'existent
pas; le mamelon est petit, rosé.
Le tronc, vu d'arrière, présente une convexité thoracique
très marquée et des déviations de la colonne vertébrale.
Celle-ci offre deux courbures de scoliose l'une supérieure à
convexité regardant à droite, l'autre inférieure à convexité
regardant à gauche. La région lombaire présente une ensel-
Description DE la malade. 33
lure très prononcée. En regardant de face, on voit que le
thorax est déjeté en dehors dans sa partie inférieure gauche,
tandis qu'à droite il est plutôt déprimé. Il est recouvert de
téguments très épais. La peau est sèche. L'abdomen est
gros et très proéminent. Il existe une hernie ombilicale mesu-
rant 0,057 à sa base et 0,035 de hauteur. Le petit bassin est
très étroit. Les fesses sont fermes mais peu volumineuses.
Les membres supérieurs sont courts dans leurs différents
segments et presque cylindriques. Les mains sont épaisses,
bouffies, gonflées, trapues, froides. Les doigts sont courts et
volumineux, les ongles courts : leur croissance parait être
très lente.
Les membres inférieurs, ainsi que le démontrent les men-
surations, sont courts. Ils sont infiltrés de graisse. La
cuisse gauche paraît plus volumineuse que la droite. Les os
de la jambe droite sont légèrement incurvés ; ceux de la jambe
gauche le sont davantage. Les pieds et les orteils sont
courts, épais, légèrement cyanosés. - La peau, quoique peu
épaissie, est dure, résistante. Les mouvements volontaires
s'exécutent en tous sens mais péniblement et lentement. L'en-
fant ne marche pas mais se tient debout en prenant un point
d'appui, contre une table par exemple. Les mouvements
provoqués sont possibles en tous sens. Les réflexes rotuliens
sont conservés. Le chatouillement de la plante des pieds
détermine une flexion lente des orteils.
La sensibilité à la douleur, au contact, et à la température
est conservée. L'enfant craint le froid.
L'examen général de la surface cutanée montre que par-
tout la peau est pâle, luisante, bleuâtre, plutôt jaunâtre sur
le corps. Au niveau des aisselles, des épaules et des bras, on
remarque une desquamation furfuracée.
La région anale est bien conformée et normale; pas d'hé-
morrhoïdes, ni de chute du rectum.
Le pénil est saillant, très infiltré de graisse, ainsi que les
aines. Il est absolument glabre. Les grandes lèvres sont bien
conformées et glabres. Les petites lèvres sont d'un rose pâle,
triangulaires, plissées, un peu proéminentes, leur racine for-
me un capuchon au clitoris qui est petit. L'hymen est an-
nulaire, à orifice central, à bords irréguliers, n'admettant pas
l'extrémité du petit doigt. Pas d'onanisme.
L'enfant parle à peine . Elle ne prononce que quelques syl-
labes, par exemple : «boiboi» pour boire, «voivoi» pour au re-
voir. Elle mange seule mais lentement, sans voracité. Pas
de vomissements ni de rumination. Constipation habituelle.
130URNE ville, Bicêtre, 1900. 3
3 Í Traitement thyroïdien.
Température à l'entrée.
Traitement thyroïdien. 35 .5
coutume. L'évolution des dents paraît suivre maintenant une
marche normale. A la mâchoire inférieure les prémolaires et
les molaires achèvent leur éruption. A la mâchoire supé-
rieure les molaires permanentes sont apparues. La fontanel-
le antérieure mesure 4 cent. 1/2 d'avant en arrière et un
peu plus de 5 cent. transversalement. L'enfant se tient
mieux sur ses jambes.
Juin et Juillet. On continue régulièrement le traitement
th.groïdien. On note un peu de tristesse due, sans doute, à
l'éruption dentaire qui parait douloureuse.
Août. Le 15 août on suspend le traitement qui n'est
repris qu'en octobre.
Octobre-Décembre. - Le traitement, depuis le 11 octobre, a
été continué régulièrement ; pendant ces trois mois on n'ob-
serve aucune modification appréciable si ce n'est un tremble-
ment assez accusé des mains qui gêne la préhension des ob-
jets.
1899. Janvier. Le traitement est suspendu du tn janvier
au le,, mars. -
Mars, - On donne 0,50 de glande thyroïde fraîche par jour.
Le poids est de 20 kilogrammes, la taille est de 93 cent.
Avril. Depuis un mois F... a grandi d'un centimètre et
a sensiblement maigri. Elle est gaie, chante « la polka
des Anglais », mais s'obstine à ne pas vouloir marcher. C'est
à grand'peine et, en la maintenant sous les bras, qu'on la force
se tenir sur les jambes et à faire quelques pas.-On insiste
beaucoup sur cette éducation de la marche.
.liai. L'enfant va en congé dans sa famille. A son retour
un constate que les quelques progrès obtenus avant son départ
n'existent plus. L'enfant est grognon, elle crie lorsqu'on
veut lui faire faire quelques pas. On est surpris de ces chan-
gements brusques.
Juin. L'enfant refuse toujours de marcher mais est plus
gaie.
Juillet. - Depuis 2 mois le traitement a été suivi très irré- ? ulièrcment soit à cause du manque de glandes thyroïdes,
soit parce que ces dernières n'étaient pas fraîches. Mais on
continue, avec persévérance, à obliger Félicie à marcher.
Elle a grandi de 4 centimètres. Elle parait avoir une tendance
à engraisser. Le sommeil est agité. Elle parle mieux, son
répertoire de mots paraît plus vaste. Quant à la marche, on
ne constate aucun progrès.
1900. Le traitement thyroïdien, interrompu plusieurs fois
36 Idiotie MYXOEDÉMATEUSE.
Fig. Octobre 1900.
Idiotie myxoedémateuse.
Fig. G. - Octobre 1900.
38
Traitement thyroïdien.
dans le courant de l'année précédente n'est plus suivi depuis
le 15 décembre. Félicie n'a fait que très peu de progrès pour
la marche. Elle est très paresseuse, pleure dès qu'on la met
debout et qu'on essaie de la faire avancer d'un pas. Elle ne
se plait qu'à rester assise et il jouer avec ses poupées. Elle
semble engraisser. Plusieurs fois par jour on la force à se
tenir sur les jambes.
Mat. - Le traitement est repris. On donne 1,25 de thyroïde
tous les jours. Les sueurs sont assez abondantes.
Juillet. L'enfant est gaie, affectueuse envers les infir-
mières et envers ses parents. Elle est plus éveillée, on la force
fréquemment, plusieurs fois par jour, à marcher et on obtient t
le résultat suivant : l'enfant se tient mieux sur les jambes,
arrive à marcher à peu près à la condition qu'on se tienne à
côté d'elle et qu'on la maintienne légèrement car elle a tou-
jours peur de tomber.
Août. Pendant un mois, Félicie a marché seule. Malheu-
reusement elle passe quelques jours chez elle en congé.
Les parents, ne voulant pas la contrarier, préfèrent la laisser
assise, ne l'obligent plus à marcher, détruisant ainsi les heu-
reux effets d'une éducation constante, poursuivie pendant de
longs mois. De retour à la Fondation, il est impossible de lui
faire faire un pas sans la maintenir soigneusement.
Septembre. -Le traitement thyroïdien, repris, est fréquem-
ment interrompu ainsi que l'éducation spéciale prescrite à
cette enfant, car à chaque instant les parents viennent
réclamer leur fille pour l'avoir quelques jours auprès d'eux.
Octobre. Sur la demande réitérée des parents on signe
la sortie de Félicie.
Tableau du poids et de la taille.
Idiotie MYXOEDËMATEUSE.
39
Mesures de la tête
An
Idiotie myxoedémateuse.
Membres inférieurs.
Traitement thyroïdien. 41
deux cousins et six cousines morts de méningite ;
un frère épileptique. Rappelons aussi que le grand-
père et un oncle ont succombé à la tuberculose, qu-'il
y a eu, dans la famille, des coxalgiques et des bossus.
Un frère de Félicie (17 ans) présente une malfor-
mation du voile du palais : les piliers antérieurs
manquent complètement, les piliers postérieurs sont
peu développés. Une soeur (11 ans) est très arriérée.
Lu autre frère a été circoncis. - Cette série de mal-
formations, exceptionnellement nombreuses, était à
rapprocher de l'absence de la glande thyroïde chez
la malade.
II. La grossesse a été accidentée par des vomisse-
ments, par des ennuis presque constants, une tendance
irrésistible à regarder les infirmes, enfin par plusieurs
syncopes. Ce sont là des circonstances un peu banales
qui ne suffisent pas à expliquer l'absence de la glande
thyroïde.
III. Les premiers phénomènes observés, furent
l'hypertrophie et la protraction de la langue, rendant
la succion difficile, l'état lipomateux : « c'était, nous
a dit la mère, un paquet de chair; » puis l'absence
d'éveil de l'intelligence, le retard de la dentition qui
l'ut accompagnée d'accès de colère ; enfin l'insuccès
des tentatives faites pour apprendre à l'enfant à mar-
cher, à parler, à être propre, etc.
IV. A l'admission, cette malade présentait nette-
ment, et au complet, tous les signes de l'idiotie myxoe-
c(émateuse. Nous n'insisterons pas sur ces différents
symptômes, dontle tableau a été tracé minutieusement
dans les précédents Compte-rendus, nous ferons
remarquer, toutefois, l'absence des règles chez les
myxoedémateuses congénitales, et l'état infantile de
leurs seins et de leurs organes génitaux externes.
42 MYXOEDÈME infantile.
Si nous examinons, à ce sujet, les différentes malades
qui ont passé dans le service ou qui y sont encore
actuellement nous trouvons : Vath... (Augustine), 25
ans, non réglée, impubère : Gang'... (Clémence),
20 ans, non réglée, impubère; Besn... (Marie),
décédée, à 22 ans, non réglée, impubère.
V. Les idiots myxoedémateux sont très rarement
enclins à l'onanisme. Aucun des malades que nous
avons examinés ne se masturbait. Félicie fait cepen-
dant exception. Elle est très portée à l'onanisme,
aime à relever ses jupes, mettre ses poupées toutes
nues, à caresser leurs t'esses. Elle n'a pas le sentiment
de la pudeur.
VI. Chez tous ces malades, les myxoedémateux
infantiles, on observe une constipation opiniâtre à
laquelle on peut rattacher le prolapsus rectal qui
s'observe chez la plupart d'entre eux.
VII. Le traitement a oonsisté, chez Félicie, en l'ad-
ministration de glande thyroïde fraîche, incorporée
dans le potage, à la dose de 0,50 à 1 gr.25 par jour.
Il a été suivi très irrégulièrement, soit parce que
les thyroïdes manquaient, soit parce qu'elles n'étaient
pas fraîches, soit à cause des fréquents congés accordés
à la malade sur les instances des parents. Toutefois,
ce traitement thyroïdien paraît avoir produit une amé-
lioration appréciable. Sous son influence le poids de
l'enfant a diminué (tableau des poids), la taille a aug-
menté, le volume de la langue est allé en décroissant,
la dentition, très en retard, s'est mise à évoluer d'une
façon à peu près normale, la transpiration est apparue.
Une modification s'est également produite dans l'état
mental de la malade qui est devenue plus gaie, plus
éveillée. Nous devons noter, qu'après l'administration
de la glande thyroïde, le sommeil de l'enfant était tou-
Traitement thyroïdien. 43
.jours plus agité. Une tante maternelle rappelle qu'à
l'entrée, sa tête ressemblait à une «noix de coco. »
Elle a maintenant une chevelure abondante.
VIII. Parallèlement au traitement thyroïdien on ins-
tituait une éducation spéciale des mouvements et de
la marche. Chaque fois que cette éducation a été pour-
suivie un certain temps avec persévérance, on a obtenu
une amélioration dans la station debout et même dans
la marche. Malheureusement, à chaque retour de con-
gé, on constatait que l'enfant avait perdu une partie
de l'amélioration précédemment obtenue.
IX. Voici le résumé des traitements institués :
Premier traitement.
Du 11 février au 12 août 1898 avec 48 suspensions, soit 134
jours de traitement.
44 ' Traitement thyroïdien.
Quatrième traitement.
Du leur octobre au 15 décembre avec neuf jours de suspen-
sion, soit 18 jours.
III.
Corps étrangers de l'oesophage ;
Par ItOURNEVILt.E, LAUUENS et DIONIS DU SÉJOUR.
Nous avons eu l'occasion en maintes circonstances
de rapporter des cas de corps étrangers introduits
dans les voies aériennes chez les épileptiques, soit
durant un accès, soit pendant les repas. Ces accidents
sont dus à ce que certains malades mastiquent mal
les aliments et les avalent gloutonnement, ou qu'ils
ont l'habitude de conserver des corps étrangers dans
leur bouche (1). Les deux cas suivants ont trait à des
corps étrangers de l'extrémité supérieure de l'oesopha-
ge. Ils ont été communiqués à la Société anatomique
dans sa séance du 10 décembre.
Observation I. Corps étranger de l'oesophage chez un idiot;
Hématémèses foudroyantes ; Mort.
Sommaire. Père alcoolique. Tante paternelle morte d'un
abcès cérébral. Une autre tante aliénée. Trois frères
morts jeunes de convulsions. Dix neveux morts de
méningite. - Un frère a eu des convulsions, un cousin
a un pied bot.
Mère, morte de tuberculose pulmonaire, alcoolique. - Un
cousin criminel.
Notre malade : Convulsions à trois mois ; à 4 ans mordu
par un chien et, à la suite, premier accès d'épilepsie.
(1) Compte-rendu de Bicétre de 188G, p. 206, et 1893, p. 154.
46 IDIOTIE ET ÉPILEPSIE.
Pendant six mois : un accès par jour, puis deux ou trois
par jour jusqu'à 7 aa.s. Rémission d'une année.
A 8 ans : nouveaux accès, modification du caractère qui
devient irritable. Affaiblissement de l'intelligence.
Onanisme. - Accès de plus en plus fréquents. Démence
et déchéance progressives. Intelligence nulle, parole
difficile, traînante, nasillarde. Mort causée par un
corps étranger de l'extrémité inférieure du pharynx avec
perforation et abcès rétro-pharyngien.
Mars... (Albert-Antoine), né à Asnières, le 7 juillet 1883,
est entré dans le service le leur mars 1899.
Antécédents héréditaires. -. Renseignements fournis par sa
mère. - Père, 45 ans, maçon, n'a jamais eu de convulsions,
pas de chorée, pas de rhumatismes, pas de dartres, pas de sy-
philis. Etant soldat a été atteint d'érysipèle de la face, accom-
pagné de chute des cheveux et de la barbe, qui ont très bien
repoussé. Alcoolique, buveur d'absinthe. En Afrique, où il a
fait son service militaire, il buvait en moyenne, un quart d'ab-
sinthe par jour. Depuis son retour en France, il a toujours
continué à boire deux ou trois verres d'absinthe par jour et
une chopine de vin il chaque repas. Il présente, du reste, tous
les signes de l'alcoolisme chronique : pituites, caucliemars,
crampes, léger tremblement. Il fume pour vingt-cinq centi-
mes de tabac par jour. Son caractère est vif, emporté : « une
fois en colère, dit-il, je ne sais plus ce que je fais ».
Famille du père . Père, mort il 78 ans, jamais malade,
buvait peu, ne fumait pas. Mère, âgée de 77 ans, a toujours
été bien portante. Elle est sourde depuis fort longtemps.
Les grands parents du côté du père et du coté de la mère
sont tous morts vieux. Trois tantes : l'une, âgée de 55 ans,
est en parfaite santé, l'autre est morte d'un abcès cérébral
consécutif à une otite moyenne aiguë ; la troisième, il la suite
de revers de fortune, devint aliénée; elle est morte à 08 ans
Sept soeurs et cinq frères, presque tous morts en bas de
convulsions. Parmi les frères et soeurs encore en vie, on note :
une soeur qui, de temps il autre, a des «idées noires », des
«idées bizarres», des envies de faire du mal; une soeur qui
est sujette aux migraines : celles-ci surviennent en dehors
des périodes menstruelles; une autre soeur a eu dix-neuf en-
fants dont seize sont morts jeunes de méningite ou de coque-
luche. Un frère, âgé actuellement de 43 ans, a eu des convul-
sions de l'enfance et n'a marché qu'à quatre ans. Dans le
Antécédents héréditaires. 47
reste de la famille on ne trouve pas d'aliénés, pas d'idiots,
pas d'épileptiques, pas d'apoplectiques, pas de paralytiques,
pas de bègues, pas de tiqueux, pas de sourds-muets. Un
cousin avait un pied-bot. Il n'y a pas eu de suicides, ni de
prostituées, ni de criminels.
Mère, morte à 38 ans de tuberculose pulmonaire. Elle
avait sept ans de moins que le père. Jamais de convulsions,
ni de chorée; f. typhoïde à 19 ans, sans phénomènes nerveux ;
rhumatisme articulaire aigu à 36 ans. Elle buvait fréquem-
ment de l'absinthe, elle était très nerveuse et d'un caractère
emporté.
Famille de la mère. - Père inconnu. Aucun rensei-
gnements sur la mère qui est morte. - Un cousin a été
pendu en Angleterre, pour crime. Dans le reste de la famille,
on ne trouve rien à signaler.
Pas de consanguinité. Le père avait sept ans de plus que
la mère.
Neuf enfants : 1° fille, 18 ans, scrofuleuse, actuellement en
bonne santé, pas de convulsions; 2° notre malade; 3° fille, 14
ans, jamais de convulsions, bien portante, d'une très mé-
diocre santé; 4° mort-né; 5° garçon, pas de convulsions, peu
intelligent; 6° enfant, ayant mal aux yeux, taie sur l'oeil droit,
pas de convulsions, pisse encore au lit, va à l'école où il n'ap-
prend rien; 70 fille, morte accidentellement à 11 mois en tom-
bant dans un seau plein d'eau ; 80 fille, 5 ans, n'a jamais rien
eu; 9° fausse couche au 3e mois.
Notre malade. - Au moment de la conception, les parents
étaient à leur aise, étaient bien portants, sympathisaient. Pen-
dant la grossesse, rien à noter. L'accouchement a eu lieu
à terme, naturel, le travail a été de courte durée : pas de chlo-
roforme, présentation du sommet. A la naissance, l'enfant
était gros, bien portant, on ne peut dire s'il était ou non en
état d'asphyxie. -'Allaitement par la mère, au sein, sevré à
2 ans, les premières dents ont fait leur apparition de bonne
heure, pas de retard de la marche, ni de la parole, propre
de bonne heure.
Antécédents morbides : Vers l'âge de 3 mois l'enfant a eu
des convulsions, Elles n'intéressaient que la face et ne se
sont produites que 3 jours de suite. Jusqu'à l'âge de 4 ans,
l'enfant n'a présenté aucun accident nerveux. A cet âge il fut
mordu à la fesse par un chien. Une heure après, étant iL table,
il a eu un accès épileptique : chute, perte de connaissance,
48 Antécédents personnels.
convulsions toniques, puis cloniques des quatre membres,
pas de morsure de la langue. A partir de cette époque et
pendant six mois l'enfant a eu chaque jour un accès. Puis les
accès deviennent plus nombreux, on en compte deux ou trois
par jour; ils ont lieu pendant la journée ou durant la nuit. Il
en est ainsi jusqu'à l'âge de 7 ans. Le malade reste alors près
d'une année sans avoir d'accès. Mais vers 8 ans les crises
réapparaissent plus fréquentes. Après chacune d'elles l'enfant
titube comme un homme ivre et marche courbé en deux.
Depuis l'âge de 10 ans, l'intelligence s'est très affaiblie. Le
caractère du malade est irritable, coléreux, méchant, surtout
après les accès. Un jour, après une crise, il manifesta l'envie
d'étrangler sa soeur âgée de 1'1 ans et le père dut intervenir
pour l'en empêcher. L'enfant n'est ni gourmand, ni voleur ;
pas de salacité, de pyromanie, de clastomanie, d'alcoolisme,
mais on constate l'onanisme et un penchant très marqué à
exhiber ses organes génitaux. La cligestion et la respira-
lion sont normales. Les sens sont normaux.
Avant les accès, le malade éprouvait souvent des étourdis-
sements. On ne signale pas de céphalalgie, pas de krouo-
manie, pas de changements de coloration de la face, pas de
secousses brusques, pas de tremblements. Les senlimenls
affectifs sont assez développés. Le sommeil est bon, sans
cauchemars, sans accès de cris ; pas d'attaques de sommeil.
La mémoire est très faible, le raisonnement nul. L'enfant
sait un peu lire et compter. Il ressemble il son père, au
double point de vue physique et moral. Il a été employé par
lui comme maçon, on a dû renoncer il cet apprentissage
les accès devenant trop fréquents.
Vacciné à G mois avec succès, le malade a eu la rougeole
il trois ans, mais pas d'autres maladies infectieuses. Tout
jeune il a eu la gourme, accompagnée d'adénite sous-maxil-
laire, d'adénite de la nuque, et des ganglions du cou, pas
d'otorrhée, ni de maux d'yeux, ni de maladies de peau. Aucun
traumatisme céphalique ou autre. Les parents attribuent la
maladie de leur fils à la morsure d'un chien, le premier accès
s'étant montré une heure après.
Etat actuel. L'enfant paraît en bonne santé, son teint est
rosé, sa physionomie est atone. Les cheveux, châtain foncé,
sont peu épais, bien implanlés, sans épi; quelques cicatrices
de petites dimensions où les cheveux manquent. Les ganglions
sous-maxillaires, sous-mentaux, ainsi que ceux de la nuque
sont engorgés. Au niveau de la partie externe de la bosse
DESCRIPTION DU malade. 49
frontale gauche, on note une cicatrice linéaire, oblique en bas
et en dedans.
Le crâne, de volume normal, estbrachycéphale, symétrique,
sans traces de fontanelles. Le front, moyen, est bombé avec
des bosses frontales appréciables. Le visage est ovale, les
arcades sourcilières légèrement saillantes, les sourcils bruns,
bien implantés, ne se rejoignent pas sur la ligne médiane, les
paupières normales, sans blépharite. Les fentes palpébrales
sont ovales, régulières, les cils bruns, bien implantés. Les
yeux ont une motilité normale, ils ne présentent pas de lésions
appréciables : pas d'exophtalmie, pas de strabisme, pas de
paralysie, pas de nystagmus. L'iris est bleu pâle, les pupilles,
dilatées, réagissent à la lumière et à l'accommodation. L'acuité
visuelle paraît normale, les couleurs sont mal distinguées, on
ne constate pas de diplopie, ni de polyopie, ni de rétrécisse-
ment du champ visuel. - Le nez est droit, le lobule bien
développé et rouge, de volume normal, sansbifidité ni dévia-
tion. L'odorat est naturel. Les pommettes sont peu saillantes,
symétriques ; la joue gauche semble plus flasque, plus pen-
dante que la droite. La bouche est de dimensions moyennes;
les lèvres sont bien conformées, non éversées, la langue est
de dimensions normales, sans tremblement de la pointe ;
le palais, le voile du palais, les amygdales, le pharynx, sont
normaux. Le goût est bien développé. - Les dents sont
saines et bien implantées. Le menton est rond, sans
prognathisme. Les oreilles sont grandes, écartées du
crâne, saillantes en avant et en dehors, l'hélix est peu accusé
à la partie moyenne, le tubercule de Darwin existe à l'oreille
gauche.
Le cou mesure 31 cm. de circonférence, le corps thyroïde
est perceptible, le larynx fonctionne d'une façon normale. Le
thorax et l'abdomen sont bien conformés.
Les membres supérieurs sont bien développés et bien con-
formés, les mouvements volontaires sont lents et maladroits,
les mouvements provoqués sont possibles en tous sens, la
sensibilité est obtuse, les ongles sont normaux.
Les membres inférieurs sont développés régulièrement, la
station debout est possible, mais la marche est ataxique, les
pas sont incertains, le malade talonne, titube. On ne trouve
pas le signe de Romberg. Les mouvements provoqués sont
possibles en tous sens. Les réflexes rotuliens sont exagérés.
La voûte plantaire est normale.
La région anale est bien conformée et glabre. Le pubis
est parsemé de poils. La verge mesure cinq centimètres de
Bourneville, Bicêtre, 1900. 4
50 IDIOTIE ET épilepsie. 1
longueur et cinq de circonférence, le prépuce est long, les
bourses présentent quelques poils, les testicules sont de la
grosseur d'un oeuf de moineau. La sensibilité est obtuse dans
ses trois modes. L'intelligence est à peu près nulle, la parole
est lente, difficile, traînante, nasillarde comme si la langue
était inhabile.
La respiration, la circulation, la digestion sont normales.
Gâtisme.
Traitement : élixir polybromuré de 2 à 8 grammes ; douches ;
petite école, demi temps. >
Température rectale à l'entrée.
Marche DES accès ; température. 51
pupillaire. L'examen des autres organes reste négatif. Le 2,
T. R. 3î,3 natia et soi ? - Le 3, 'l'. R. 31,i et 31,2. -
Le 4, T. R. 37°,2 et 37". Le 5, T. R. 31a,2 et 370,4. Cet
état persiste jusqu'au 5 novembre, jour de la mort.
52 Idiotie et épilepsie.
Aucun accès du ICI' au 5 novembre, c'est-à-dire durant les
accidents occasionnés par le corps étranger.
Température pendant les accès.
iIT : VINGO-1',NCÎsPI3ALITP; corps étranger DE l'oesophage. 53
Autopsie faite 27 heures après le décès. Le corps a une
coloration violacée à peu près générale, mais prédominant
au niveau du cou. Le thorax offre une dépression trans-
versale très accusée au-dessous de la huitième côte, par
suite d'une saillie anormale des Berne, 7< ? et 8emo côtes.
TÈTE. -Le cuir chevelu est assez épais, sans ecchymoses.
Crâne plagiocéphalique : frontal droit saillant, occipital
droit déprimé. Les os sont durs, moyennement épais. Les
sutures sont nettement définies et sont gorgées de sang.
Nombreuses adhérences au crâne de la dure-mère, qui est
un peu épaissie, surtout de chaque côté de la faulx. - Les
sinus sont remplis de caillots noirs. La glande pituitaire
semble normale. L'apophyse crista-galli est mince, triangu-
laire et assez longue. Pas d'asymétrie des fosses de la base
du crâne. Le trou occipital semble avoir ses dimensions
normales. La pie-mère, non vascularisée, a partout un
aspect assez louche ; elle est un peu épaissie aux environs du
chiasma et de la scissure de Sylvius. Les nerfs, les artères,
etc., de la base de l'encéphale sont égaux. Les pédoncules,
la protubérance, le bulbe et le cervelet ne présentent rien à
noter.
Hémisphère droit. Cet hémisphère est conservé pour
examen histologique.
Hémisphère gauche. La pie-mère est un peu épaissie,
comme collée sur les circonvolutions. Il n'y a d'adhérences
qu'au niveau de la face antérieure du lobe frontal. Les cir-
convolutions sont en général grêles. On observe un aspect
assez chagriné des circonvolutions de la face interne, princi-
palement des circonvolutions du corps calleux et du lobe
carré.
Des deux côtés, la corne d'Ammon, les masses centrales,
les ventricules latéraux n'ont rien de particulier.
Thorax. - Quelques adhérences au sommet et à la base du
poumon gauche; congestion. Mêmes lésions, mais un peu
plus prononcées du poumon droit. Les bronchioles, section-
nées, laissent échapper un liquide purulent. Une odeur parti-
culièrement nauséeuse, s'exhale du parenchyme pulmonaire ;
aucun noyau gangreneux. Coeu)' ; péricarde, rien. Gros
caillots dans l'auricule droite ; gros caillots fibrineux dans
les deux ventricules. Trou de Botal oblitéré.
AriDOwN. - Les différents viscères ne présentent aucune
lésion. L'appendice est en position rétro-cæcale ascendante;
il mesure 8 centimètres, son méso est très court.
54 CORPS étranger DE l'oesophage. «
Cou. Le corps thyroïde, mis à nu, présente un lobe droit
volumineux, jaunâtre, laissant sourdre à la moindre pression,
quelques gouttes de pus. Son lobe gauche a l'aspect d'une
poche à parois grisâtres, tomenteuses, friables, à fond rempli
de détritus putrilagineux. De chaque côté du conduit
laryngo-trachéal et particulièrement du côté gauche, le long
du paquet vasculo-nerveux du cou, on aperçoit une traînée
purulente ayant infiltré le tissu cellulaire. Nous sectionnons
l'oesophage et la trachée le plus bas possible. L'oesophage
apparaît rempli de pus. Attiré en avant avec le pharynx,
on découvre une fusée purulente qui a cheminé dans le tissu
cellulaire rétro-oesophagien. Le pus remonte en haut jusqu'à
la base du crâne, descend en bas jusqu'à la première vertèbre
Fin. 7.
Corps étranger de l'oesophage. 55
dorsale. Sur les côtés, il s'étend le long des carotides, se
fusionnant avec les traînées purulentes latérales signalées
plus haut. Nous examinons d'abord avec soin l'état des ver-
tèbres que nous trouvons intactes. Puis, nous enlevons le
pharynx et l'oesophage avec le larynx et le corps thyroïde.
Par une coupe pratiquée suivant la ligne médiane de la face
postérieure du pharynx et de l'oesophage, nous apercevons un
corps étranger volumineux. (Fig. 7). C'est un os de forme
prismatique triangulaire. Il est placé en arrière du chaton
cricoïdicn. Son grand axe est dirigé obliquement de gauche
il droite et de haut en bas et mesure 3 c. 1/2. Son sommet esl
fixé à gauche dans la gouttière pharyngo-laryngée. La base,
rugueuse, mesure 2 centimètres dans son plus grand diamètre
et un centimètre d'épaisseur. Elle a perforé la paroi du con-
duit pharynyo-aesophagien en deux points. Une perforation
siège à droite de la ligne médiane postérieure, à un centimè-
tre environ de cette ligne. L'autre perforation est plus en
dehors ; elle s'est faite sous le corps thyroïde que l'os a
endommagé. La face postérieure de ce corps étranger est
lisse et fait une saillie notable dans le conduit pharyngien.
Son bord supérieur, légèrement concave, à concavité supé-
rieure, se trouve au niveau de la partie moyenne du chaton
cricoïdien. Son bord inférieur, rectiligne, oblique en bas et
à droite est situé au-dessus d'une ligne passant par le bord
inférieur du cricoïde, comme l'indique la tige métallique que
nous avons placée à ce niveau. Le corps étranger est donc
pharyngien, rétro-cricoïdien, car il n'empiète sur l'oesophage
que dans une étendue de quelques millimètres (1).
Poids des organes.
56 CORPS étranger DE l'oesophage.
Corps étranger de l'oesophage. 57
d'épilepsie ; un accès quotidien pendant six mois ;
puis deux ou trois accès par jour pendant six mois ;
- rémission d'un an. A huit ans, réapparition des
accès qui sont fréquents. Ce fait vient à l'appui de
l'opinion des médecins qui soutiennent que tous les
enfants qui ont eu des convulsions sont menacés
d'épilepsie et que ces enfants ont besoin d'une hy-
giène et d'un traitement appropriés, grâce auxquels
il est possible, en modifiant la diathèse, de prévenir
l'épilepsie (1).
La déchéance, déjà très prononcée à l'entrée, n'a
fait que s'accroître. L'enfant, en 1899, a eu en moyen-
ne 145 accès par mois et, en 1900, 112. Dans des
conditions semblables, il n'y a pas à espérer d'amélio-
ration sérieuse. Les lésions méningitiques observées
à l'autopsie rendent compte de la déchéance progres-
sive.
III. En ce qui concerne le corps étranger de l'oeso-
phare, nous notons, en première ligne, l'absence
presque complète de troubles fonctionnels.
Chez notre malade, dément épileptique, la sensibi-
lité générale était très obtuse, il n'y a rien de surpre-
nant qu'il en ait été ainsi. Si, à cette absence de signes
fonctionnels, on ajoute l'impossibilité où se trouvent
les malades, comme les noires, de fournir des rensei-
gnements précis, on conçoit quelle peut être la diffi-
culté du diagnostic en pareil cas. Nous tenons, ensuite,
à faire remarquer que le corps étranger occupait
une situation rétro-cricoïdienne. C'est, en effet, en
arrière du chaton cricoÙlien que s'arrêtent, comme le
disent MM. Poulet et Bousquet et les classiques, les
corps étrangers de l'extrémité supérieure des voies
(1) On ne saurait trop répéter aussi que le médecin doit intervenir énergi-
quement dès les premières manifestations susceptibles d'être rattachées à
l'épilepsie : cauchemars, terreurs nocturnes, secousses, vertiges, etc.
58 CORPS étranger DE l'oesophage.
digestives. Il est très rare, comme l'a rappelé à la
Société anatomique M. P. Delbet, en 1895, que les
corps étrangers se fixent à l'extrémité supérieure de
l'oesophage.
OBS. II. Corps étranger de l'oesophage chez un idiot; Hématé-
mèses foudroyantes ; Mort (1).
SOMMAIRE. Père, fréquentes céphalalgies, éthylique. -
Grand'mère paternelle, violentes migraines. - Cousin et
cousine, débilité mentale. Mère, convulsions, crises de
nerfs, fièvre typhoïde grave. Grand-père maternel, dia-
bète. Grand'mère maternelle très nerveuse, périodes
d'amnésie. - Arrière-grand-père maternel, mort de con-
gestion cérébrale. -Arrière-grand'mère maternelle, morte
à sa 3e attaque de paralysie. Bisaïeule aliénée. Un
cousin et une cousine, convulsions de l'enfance. Deux
frères, un demi-oncle et une demi-tante maternels, con-
vulsions.
Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 6 ans.
Colères fréquentes, chute sur l'abdomen pendant la grosses-
se. Présentation de la face. - Accouchement difficile. -
Asphyxie bleue. Pas de convulsions. Broncho-pneu-
monie à 7 mois. Diarrhée infantile à 13 mois. Impétigo.
Rougeole. Crises de diarrhée à 7 ans. Broncho-
pneumonie à 8 ans. - Idiotie complète. Corps étranger
de l'oesophage. Ilématé112éses. - Mort.
AUTOPSIE. - adhérences de la pie-mère à l'hémisphère
droit. - Pas de dilatation du ventricule latéral.
Décortication de la pie-mère difficile sur l'hémisphère
gauche. Plaques circonscrites de méningo-encéphalite
chronique. - Corps étranger de l'oesophage. Persis-
tance du trou de Botal.
Meu... (Charles), né à Paris le 20 juin 1890, est entré dans
le service le 25 septembre 1896. Enfant, naturel.
Antécédents (Renseignements fournis par la mère). - Père,
37 ans, maroquinier, bien portant, n'aurait jamais eu de convul-
(1) Cette observation a été rédigée avec M. Dionis du Séjour et la pièce
a été présentée également à la Société anatomique (déc. 1900).
Antécédents héréditaires. 59
sions ; il se plaignait souvent de céphalalgies ; fièvre typhoïde
à 35 ans ; pas de syphilis. Ethylique, il buvait plusieurs litres
de vin dans sa journée. - Il a vécu maritalement avec la mère
pendant six ans. Ils se sont séparés parce que le père voyait
d'autres femmes. Son père est mort de pneumonie, aupa-
ravant bien portant. Mère, sobre, en bonne santé, aurait eu
autrefois de violentes migraines. - Grands-parents, aucuns
renseignements. Deux oncles morts vers l'âge de 70 ans
et une tante morte vers 8-4 ans. Une cousine du père est
entrée à la Salpêtrière pour débilité mentale, - Un cousin
« loufoque », dit-on, ayant une certaine aisance a pu se marier
et a eu un enfant arrière. Ni frères ni soeurs. Pas d'autre
tare nerveuse ou de malformation à signaler dans la famille.
Mère, 31 ans, couturière, sobre. Règles abondantes dès le
début, à 11 ans. Ordinairement bien portante. Elle aurait eu
des convulsions dans l'enfance, et, de 15 à 19 ans, des crisesde
nerfs revenant environ tous les deux mois sans causes. Cette
période concordait avec une croissance exagérée : « à 15 ans,
j'étais excessivement petite, j'avais la taille d'un enfant de neuf
ans ; en trois semaines, je suis devenue grande comme je suis
aujourd'hui ». (Elle est de bonne taille). Fièvre typhoïde grave
à 19 ans avec délire et inconscience ; pendant sa fièvre
typhoïde les crises nerveuses auraient cessé. Elle n'en a eu
depuis que rarement, la dernière date de 1897. Pas de mi-
graines. Son père est mort de diabète, sa mère vivante,
très nerveuse, a présenté des périodes d'amnésie. - Grand-
père paternel mort vers 72 ans, sobre. Grand'mère paternelle
morte subitement de congestion cérébrale. - Grand-père
maternel, sobre, a succombé à sa 3- attaque de paralysie.
Grand'mère maternelle morte à 76 ans de pleurésie, pas
d'accidents nerveux; la mère de cette dernière est morte
aliénée. La grand'mère maternelle du malade aurait épousé
en secondes noces un épileptique dont elle aurait eu deux
enfants, un garçon, mort de convulsions à 15 jours, une fille,
bien portante, âgée de 23 ans, qui aurait eu des convulsions.
Pas d'autres épileptiques dans la famille, etc.
Pas de consanguinité. Différence d'âge, 6 ans. (Père plus
âgé).
Quatre enfants : 1er Garçon, mort de convulsions à 5
semaines ; - 2° fausse couche à 6 mois 1/2, survenue un mois
après une scarlatine ; - 3e notre malade ; 4° garçon âgé
60 Idiotie profonde.
aujourd'hui de 4 ans 1/2 ; a eu des convulsions, puis de l'ec-
zéma.
Notre malade. Rien de particulier à la conception (1), si ce
n'est que la mère venait de subir l'opération du curettage
pour métrite. - Grossesse. Colères très fréquentes, aurait fait
une chute sur l'abdomen dans le cours du 8 mois, ni albu-
mine, ni syncopes, ni pertes pendant la gestation. L'enfant a
remué vers le 4° mois, « plus tôt que les autres ». -Accouche-
ment à terme, mais difficile, les douleurs ont duré 3 jours,
présentation de la face, peu de liquide amniotique, le foetus
serait resté 3 heures au détroit supérieur.
A la naissance, pas de circulaire du cordon, mais asphyxie
bleue, bosse séro-sanguine sur le front. L'enfant était très
chétif, ne pesait que 1.800 gr. ; nourri au sein par sa mère, il
a été sevré il 18 mois. Première dent à 8 mois, n'a jamais parlé,
marche a 26 mois, gâtisme. Gourmand et vorace, mastica-
tion bonne. - Pas de convulsions. - Broncho-pneumonie
à 7 mois ; diarrhée infantile à 13 mois. - Pas de fièvres érup-
tives. Impétigo du cuir chevelu. Vertiges dont on ne peut
préciser la nature. - Nombreuses éruptions suspectes et des
furoncles vers l'âge de 3 à 4 mois. Pas d'ophtalmie, ni
d'otite. Mémoire et intelligence nulles.
État actuel. Enfant chétif et malingre. Physionomie sans
expression ; attention difficile à fixer.
Cheveux blonds, implantés irrégulièrement, les poils empié-
tant sur le front et les joues, pas d'épi. Crâne symétrique,
de petit volume allongé d'avant en arrière et allant en s'élar-
gissant dans le même sens ; aspect de microcéphale.
Fontanelles oblitérées; on note un épaississement au niveau
de la suture coronalc. Bosses occipitale et pariétale gau-
ches plus saillantes que les droites. Face ovale, arcades
sourcilières aplaties, ombrées de sourcils très fins. Paupières
normales, yeux mobiles, iris gris, pupilles égales. La vision
semble normale. Nez aplati, à base élargie. Pommettes
normales. - Bouche petite, lèvres moyennes. - Oreilles, rien
de particulier. - Voûte palatine ogivale. Langue petite.
Le corps de l'enfant est bien conformé, les membres supé-
rieurs sont gros, fermes, sans attitudes spéciales, ils jouissent
de tous leurs mouvements. Membres inférieurs de même,
(1) Toutefois, le père était très porté aux rapports quand il avait bu.
Description DU malade. 61
l'enfant marche tantôt assez bien, tantôt il s'arrète tout d'un
coup, chancelle et tombe. Réflexes rotuliens réguliers;
pas d'atrophie ni de contractures.
Thorax normal. Rien à l'auscultation et à la percussion.
Abdomen, rien de particulier.
Puberté. Corps entièrement glabre. Verge de 4 centimètres
1/2 de long sur 4 centimètres de circonférence. Phimosis
assez serré. Bourses à peine dessinées, testicules descendus
mais à l'anneau. Région anale naturelle.
Sensibilité. Sensibilité générale conservée. Organes
des sens normaux. Pas de tics ni de manies. Au point de
vue intellectuel, l'enfant est très peu développé. Caractère
grincheux et coléreux. Instruction nulle, l'enfant ne pro-
nonce que quelques mots. Fonctions digestives normales;
il n'est pas complètement gâteux. Il ne sait pas manger seul,
il préfère la viande qu'il s'insurgite avidement. - Il n'aide
en rien pour s'habiller et se laver. Les sens et le sommeil
sont normaux. Accès de cris. L'enfant est sujet à de
petites secousses qui font tressauter et chanceler le corps,
elles sont suivies d'un très léger tremblement des membres
supérieurs. Elles sont plus fréquentes à certains jours et
alors l'enfant crie sans motif et est plus irritable que d'habi-
tude. .
Température à l'entrée.
62 Idiotie profonde.
30 janvier. Aujourd'hui on constate de la faiblesse, de l'a-
maigrissement, de la bronchite et une diarrhée fétide avec sel-
les noirâtres fréquentes.
Février.- L'enfant guéri repasse dans sa division.- Trai-
tement : huile de foie morue, sirop d'iodure de fer, hydrothéra-
pie.
2 juillet. Nouvelle crise de diarrhée (lait et sous-nitrate
de bismuth). Au point de vue intellectuel, l'enfant semble
s'être amélioré mais on ne note pas de progrès, quant à la
parole. Il est plus gai, crie moins souvent, a plus rarement
des colères, s'intéresse davantage à ce qu'on essaie de lui
apprendre, ébauche un grand nombre de mots.
1898. Rien il signaler jusqu'au 5 mai où l'enfant entre à
l'infirmerie pour une broncha-pneumonie droite avec souffle
localisé à la partie moyenne du poumon sur la ligne axil-
laire. Râles fins, pas de dyspnée, pouls peu rapide.
9 mars. Amélioration dans l'état général.
15 mars, Le souffle et la dyspnée ont disparu ; quelques gros
râles sous-crépitants persistent, mais très clairsemés. - L'en-
fant reste longtemps à l'infirmerie et, faute d'écolage, ne fait
que peu de progrès au point de vue intellectuel.
1899. Rien de particulier pendant cette année. L'enfant
parle beaucoup mieux, est plus enjoué mais gâte toujours.
1900. 5 janvier. Mou..., atteint de pelade, est envoyé il
l'isolement. Traitement à la teinture d'iode et lotions subli-
mées. Traitement tonique général. L'enfant est devenu
plus gai, plus caressant, il exprime mieux ses besoins, il
ébauche toujours un certain nombre de mots sans arriver il
les articuler nettement.
10 avril. L'enfant est amené à l'infirmerie pour des héma-
témèses abondantes. Le 9 avril à 5 heures du soir, il est vu par
l'interne de garde qui prescrit quelques gouttes de laudanum
et de la glace. - Aucun renseignement n'est fourni sur les
phénomènes qui ont précédé les accidents. L'enfant a eu deux
hématémèses hier soir et trois cette nuit. Le sang rendu est
en quantité considérable, en caillots volumineux, ne présente
en outre rien de particulier. Les selles examinées sont noi-
râtres, le méloena abondant. L'enfant est exsangue, décoloré,
l'état général est très mauvais. Pouls perceptible, incomptable
tachycardie, 140 contractions cardiaques à la minute. La per-
cussion et l'aus cultationthoraciques sont négatives. L'enfant
HÉMATÉMÈSES.
63
ne manifeste aucune douleur et ne se plaint pas. L'examen
du pharynx, de la bouche et du nez sont négatifs. Ventre
souple, non ballonné. - Soir : 3'ï°, 5. -
11 avril. T. R. 36° le matin. Le malade est très pâle,
immobile et ne se plaint pas. Il a eu trois nouvelles hématé-
mèses sans qu'on puisse poser un diagnostic causal. Le sang
rendu est rutilant et en caillots volumineux. Le malade suc-
combe à 2 heures de l'après-midi au cours de sa troisième
hématémèse. - .
Mesures de la tête.
Corps étranger DE l'oesophage.
2 heures 30- 114-
3 heures 26- 14.
4 heures 1=^ 140
fin. 8.
l'uids après décès : il k. &00.
Corps étranger de l'oesophage. 65
Autopsie faite le 13 avril, 'i ! i heures après le décès. Rien
de particulier à noter ala surface du corps. L'ouverture de
l'abdomen ne révèle aucune particularité anatomique. Pas de
liquide péritonéal. Il en est de même il l'ouverture du thorax ;
les plèvres sont normales ainsi que le péricarde qui contient
sa quantité de liquide habituelle.
Crâne. Rien de particulier à noter sur la conformation du
crâne qui est ovoïde; pas de synostose. Quelques adhé-
rences des méninges entre elles au niveau des lobes frontaux.
Dure-mère exsangue. Les différentes fosses de la base
sont symétriques, le trou occipital est normal.
Cerveau, - Hémisphère droit. Pie-mère assez adhérente
du lobe frontal et surtout à la face interne du lobe frontal
et au niveau du lobe temporal où elle entraîne, en la décor-
tiquant, un peu de substance grise ainsi qu'au niveau de
l'extrémité postérieure de T2, sur le pli pariétal inférieur et
le pli courbe. - Pas de dilatation du ventricule latéral.
Hémisphère gauche. Décortication difficile sur la face
externe où elle entraîne, par places, des fragments de subs-
tance grise. - En résumé, sur les deux hémisphères plaques
circonscrites de méningo-encéphatite chronique.
Cou. - Corps thyroïde normal, pas de persistance du thy-
mus.
Thorax. Coeu;' : orifices artériels et auriculo-ventricu- ! aires normaux. Persistance très-large du trou de Botal.
Poumons : le droit est légèrement congestionné iL sa. base-
Pas trace de tubercules iL la surface ou à la coupe.
Le gauche offre les mêmes lésions.
CESOPIIAGE, A l'ouverture de ce conduit, on trouve au
niveau des 5 premiers anneaux de la trachée, une esquille
osseuse courbe, fragment de côte de 3 centimètres de long,
dont la convexité est tournée en bas et dont la pointe a per-
foré l'oesophage et fait issue par un orifice à bords nets, sur
la paroi latérale gauche de l'oesophage, à 3 cent. 1/2 au-des-
sus de la bifurcation des bronches. La muqueuse qui répond
aux deux faces est intacte mais la portion qui répond au bord
droit de l'oesophage et à la convexité de l'esquille présente
une vaste ulcération d'un cent. 1/2 de long sur 0,003 de
large. A ce niveau existe une petite parcelle osseuse détachée
de la principale. (Fig. 8).
A un centimètre au-dessous, on note : in l'existence, à droite
Bourneville, Bicêtre, 1900. 5
66 CORPS étranger de l'oesophage.
d'une seconde ulcération semblable, répondant de même à la
partie la plus convexe de l'esquille; 2° à gauche, d'une perfora-
tion plus petite répondant il la naissance de la bronche gau-
che. Les bords en sont nets, sans la moindre trace de suffu-
sion sanguine. Au-dessous de cette perforation siège une
ulcération profonde d'un centimètre carré environ, il bords
irréguliers. Il semble que le corps étranger a d'abord donné
naissance aux ulcérations inférieures et à la perforation et
que, sous l'influence des efforts de vomissements, il soit
remonté iL la place où nous l'avons trouvé.
Abdomen, - Raie sans lésions apparentes. Capsules
surrénales et Reins, normaux. - Coecum, rien. Appendice
vermiculaire long de 10 c. ! /2, libre, pourvu d'un méso trian-
gulaire. Intestin grêle, gros intestin, rectum, pancréas,
foie, voies biliaires normaux. Estomac trls-distcmlu. A
l'ouverture, il apparaît rempli d'énormes caillots sanguins.
Sa muqueuse est saine, sans traces d'ulcérations macrosco-
piques. Le pylore très-étroit laisse difficilement passer le
bout de l'index. - Vessie normale. Ectopie testiculaire
double, les testicules sont dans le canal inguinal.
IÉNINGO-WCI'HALI'rE. G7
nelle migraineuse, cousine atteinte de débilité men-
tale, cousin ce loufoque» ayant eu un enfant arriéré;
mère convulsions de l'enfance, puis crises de
nerfs, suspendues au cours d'une fièvre typhoïde ;
grand'mère maternelle sujette à des périodes
d'amnésie, un arrière grand père et une arrière
grand'mère, accidents cérébraux. Notons aussi un
demi oncle et une demi tante maternels aliénés, dont
le père était épileptique et qui ont eu des concul-
sions de l'enfance. Il en a été de même de deux frères
du malade.
II. L'état chétif de l'enfant est attribuable à une
grossesse assez mauvaise et l'idiotie il l'asphyxie iL la
naissance, duc il un accouchement laborieux et à la
présentation de la face, et qui parait avoir occasionné
des lésions de méningo-encéphalite.
III. Par suite des nombreuses maladies intercur-
rentes, le traitement H1.édico- pédiLgOg illue n'a donné
que des résultats très limités. Ce qu'on a obtenu
montre cependant que, bien que l'enfant fut atteint
d'idiotie complète, il était améliorable.
IV. La mort a été occasionnée par des hémorragies
abondantes, consécutives à une ulcération de l'oeso-
phage produite par un fragment d'os arrêté- dans ce
conduit.
Les deux faits qui précèdent prouvent la nécessité
d'un examen minutieux des aliments donnés aux
enfants idiots et d'une surveillance très attentive pen-
dant le repas. Malgré nos réclamations réitérées nous
n'avons jamais pu obtenir que les enfants idiots, les
plus malades, aient des aliments choisis en raison de
leur état de santé.
IV.
Idiotie profonde; améliorée considérablement par le
. - traitement médico-pédagogique ; -
PAR BOUIINEVILLE ET IZA1U).
Il s'agit, dans l'observation suivante, d'un enfant
atteint d'idiotie complète, entré à l'âge de 4 ans et
sorti très-amélioré à 8 ans.
Sommaire. - Père, rien de particulier. - Arrière grand'
mère paternelle paralysée. Grand-oncle paternel mort
poitrinaire. Autre grand-oncle paternel, alcoolique.
Cousin arriéré pour la parole. Mère et sa famille, rien
de particulier.
Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 5 ans.
Conception : rien de particulier. Grossesse : albuminu-
rie. Accouchement normal. - Première dent à 6 mois.
Marche à 13 mois. - Parole à ? Chute sur la tête à
un an. Onanisme. Pneumonie ai 14 mois. Hernie
inguinale opérée à 2 ans. - Clastomanie. - Krouomanie.
Dacnomanie. Gâtisme. Traitement médico-pédagogi-
que : amélioration notable. Sortie prématurée; envoi
dans une école ordinaire où l'amélioration progresse.
Marti... Gaston, âgé de 4 ans, né à Paris le 9 décembre
1892, entré le 22 février 18896, est sorti le 22 novembre- 1900.
Antécédents. (Renseignements fournis par la mère.
Père : 30 ans, sergent dans l'infanterie de marine, où. il s'est
rengagé après la naissance de l'enfant, et est parti aux colo-
nies. N'a jamais eu aucune maladie, sauf une hydrocèle qui
a été traitée par la ponction. Pas de migraines, pas de
Antécédents héréditaires. 69
convulsions, d'indices de syphilis. En 189 ? il la suite de
chagrins, de revers, le père de l'enfant s'est mis à boire.
Il buvait de l'absinthe et des liqueurs. Il fumait beaucoup.
Son caractère était généralement doux « sans fermeté. a
Il était cependant très sujet il des colères, au cours desquel-
les il criait beaucoup ; mais il restait toujours raisonnable
dans ses actes. Il ne frappait jamais et ne cassait rien.
Il est parti pour les colonies on août 1895.
Son père était parisien; on n'a aucun détail sur lui;
sa mère était de Gand où elle est morte de vieillesse. z
Le grand-père paternel est mort d'une maladie nerveuse,
la grand'mère paternelle est vivante mais paralysée complè-
tement ; elle est dans l'impossibilité de se servir de ses mem-
bres. - Aucun détail sur les grands-parents maternels. --
Quatre frères : un est mort à l'âge de 27 ans, de laryngite
tuberculeuse, dont il avait été opéré ; un deuxième « grand
viveur » faisait de nombreux excès de boissons et est mort
« épuisé M il l'âge de 40 ans. 11 a laissé deux enfants bien
portants. Les deux autres frères sont en bonne santé; ils n'au-
raient jamais eu de convulsions. L'un a eu 8 enfants, dont
trois sont morts, on ne sait de quoi; l'autre en a eu trois,
parmi lesquels un garçon qui n'a parié que vers 5 ou G ans,
et qui maintenant, va au collège, a la parole très libre et
apprend très bien. Il a 11 ans. Il n'y a aucun cas de mal-
formation ni autre particularité à signaler, dans le reste de
la famille paternelle.
Mère, 2G ans, cartonnière. Elle n'a jamais eu de convul-
sions ; a eu la rougeole et une bronchite : a l'<1je de 3 ans.
A l'âge de 3 ans 1/2 elle a été atteinte de phtisie mésentéri-
que ( ? ) ; elle a également eu des maux d'yeux. Elle est sujette
nux céphalalgies ; n'a jamais eu de maladies de peau.
Caractère assez vif : « J'ai le caractère emporté, mais pas de
rancune. » Réglée à 15 ans, a toujours été bien réglée
depuis.
Son père est en bonne santé. Sa mère est atteinte de
métrite. Aucun renseignement sur les grands-parents
paternels et maternels. - Pas d'oncles ni de tantes paternels
ou maternels. Ni frères, ni soeurs. Pas de consangui-
nité. Inégalité d'âge de 5 ans (père, plus âgé, de Paris ,
mère de Châtellerault).
Deuxen/àfifs : Io le malade, 2° une fille de 15 mois (mars 1901)
bien venue, pas de convulsions. - Jamais de fausse couche.
Notre malade. Au moment de la conception, la mère
70 Idiotie profonde.
supportait des privations. Le père avait une bonne place,
mais comme il était très joueur ; il dépensait tout ce qu'il
gagnait. - Le père et la mère, néanmoins, s'entendaient
bien à ce moment. Pendant la grossesse, la mère a vomi
presque tout le temps et très abondamment ; elle n'a eu ni
peur ni chute. Elle n'a bu que du lait. Elle ne peut nous dire
à quelle époque son enfant a commencé à remuer. Elle aurait
eu beaucoup d'albumine, et celte albumine n'aurait été
constatée que quinze jours avant la délivrance. L'accou-
chement s'est fait à terme, naturellement, sans intervention.
Le travail a été long ; l'enfant s'est présenté par le sommet.
La quantité des eaux et le moment de leur écoulement sont
inconnus de la mère. A la naissance l'enfant ne présentait
pas de signes d'asphyxie; il était chétif, et pesait it peine
3 livres ! '2. Il s'est d'ailleurs mis à grossir rapidement, et
pendant le séjour de la mère a St-Louis (2 semaines) il aug-
mentait de 60 grammes par jour. - Klové au sein, par
la mère, il l'a bien pris de suite et n'a pas ou d'accès
de cris. Il a été sevré iL 18 mois. - Première dent h li mois.
Le début de la marche a eu lieu à l'âge de 13 mois ; quant à
la parole, il est impossible de déterminer la date de son début.
D'ailleurs, l'enfant, avant l'entrée, n'a jamais dit que papa et
maman. Sa mère déclare spontanément que « tous les
progrès qu'il a faits, c'est ici. » Il n'a jamais eu de convul-
sions. Son caractère est violent, emporté ; il casse tout,
veut tout arracher ; en dehors de ces accès de colère, qui
sont assez fréquents ; l'enfant est calme. Ces colères ont
débuté à zns 1 ? ; il tapait les portes et les murs à coups
de pied : il devenait cramoisi en ces moments. - L'enfant
n'est pas gourmand ; il n'a pas d'accès de krouomanie ; il
avait des accès de clastomanie, au cours desquels il cassait
les verres, les assiettes. Il mordait sa mère. Il se livre il
l'onanisme depuis l'âge de H mois, cet onanisme est allé en
augmentant. « On le surveillait; il nous regardait et se tou-
chait devant nous, en riant. u - L'enfant mange bien, assez
proprement, quelquefois avec ses doigts. Pas de vomisse-
ments, ni de rumination ; selles quotidiennes : gâtisme. Il
n'aide en rien pour sa toilette ou son habillement.
A 14 mois fluxion de poitrine qui n'a pas eu de suites.
A 2 ans, hernie inguinale gauche, qui a été opérée a l'hôpital
Trousseau. Son caractère emporté a fait qu'on n'a pas pu le
garder longtemps à l'hôpital. - Ni rougeole, ni variole, ni
scarlatine, ni fièvre typhoïde, ni oreillons. Il a été vacciné
avec succès dans les premiers mois de son existence. Il n'a
Description DU malade. 71
eu ni otite ni ophtalmie. La mère ne sait s'il a eu des vers.
Il n'a jamais eu d'accidents scrofuleux. Jamais d'étour-
dissements. Sommeil calme sans cauchemars ni halluci-
nations. Il est beaucoup plus affectueux pour son père,
que pour sa mère, que dans ses mouvements de colère, il
frappe et mord. 1.'a ! (nnlion est peu développée ; il a
cependant un certain degré de mémoire, car il retient bien
certains airs et les répète facilement. Comme il n'est jamais
avec d'autres enfants, on ne sait s'il serait méchant avec eux.
Il comprend quand il fait bien et quand il fait mal. Il semble
écouter quand on lui parle, et manifeste qu'il comprend C3
qu'on lui dit. Il ressemble plutôt à la mère qu'au père.
L'enfant a été mis dans une crèche jusqu'à l'âge de 3 ans.
On trouvait drôle qu'il ne parlât pas. - On l'a ensuite mis
dans un asile, mais là on n'en a pas voulu, car il ne parlait
pas, « faisait sur les bancs et se salissait jusqu'à la ceinture. »
La mère attribue la maladie de son fils, il ce que, vers
l'âge d'un an, alors qu'il disait papa, maman ; en jouant sur
un lit assez élevé, a fait une chute sur la tète. Il n'a pas
perdu connaissance et s'est mis à crier. Conduit chez un
pharmacien, ce dernier aurait déclaré qu'il n'avait rien. Il a
d'ailleurs pris le sein aussitôt après.
Température à l'entrée.
72 Idiotie profonde
lantes. Paupières : bien conformées, limitant une fente
très grande. - Cils noirs très longs, dirigés en avant et en
dehors. - Orbites réguliers. Yeux mobiles, pas de stra-
bisme. Iris : gris bleu. Pupilles très dilatées, égales, réagis-
saut bien. L'état intellectuel de l'enfant ne permet pas
de faire l'examen fonctionnel de ses yeux.
Nez rond, petit, mince, retroussé. Pommettes assez sail-
Jantes; joues bien remplies. - Bouche de forme régulière ;
petite. Lèvres minces, la lèvre inférieure plus épaisse que
la lèvre supérieure. - Palais bien conformé, de forme nor-
male. Langue mince présentant des tremblements de la
pointe. - Menton pointu, en retrait sur le maxillaire supé-
rieur. - Oreilles implantées d'une façon régulière, peu
écartées de la tète. L'ourlet de l'hélix est aplati. L'ouïe est
bonne.
Thorax bien proportionné ; sans saillies rachitiques. La
respiration s'effectue facilement, sans embarras. Percussion,
normale. A l'auscultation, râles humides de bronchite.
Le coeur et le pouls sont réguliers et n'offrent rien ü noter.
L'abc(ornen présente une cicatrice opératoire, au-dessus
du pli de l'aine, à gauche, consécutive à l'opération d'une
hernie. La sonorité est normale.
Organes génitaux. La verge a une forme conique ; elle
présente un bourrelet sa partie moyenne, correspondant à
la base du gland. Un phimosis très étroit ne permet pas
de découvrir le gland. Les bourses sont plissées et vides.
De chaque côté, le doigt introduit dans le canal inguinal sent
le testicule gros comme une olive et bien mobile. - Le tes-
ticule du côté qui porte la cicatrice descend un peu plus bas,
dans le canal.
Membres supérieurs de forme normale, sans altitude
spéciale, exécutant tous les mouvements. - La force mus-
culaire et la sensibilité sont normales. Ongles aplatis,
rongés à leurs extrémités. - Membres inférieurs bien con-
formés, ne présentant rien de particulier ; ni paralysie, ni
contracture. Dans la station debout, l'enfant exécute un
mouvement rythmique de balancier droite et il gauche.
Examen fonctionnel : L'enfant marche bien, fait tous les
mouvements. Les mouvements provoqués s'exécutent bien ;
les réflexes sont normaux.
La sensibilité générale est normale. L'enfant, d'une
intelligence très peu développée, comprend pourtant a peu
près tout ce qui concerne les objets usuels. Sa parole est
à peine ébauchée ;
Traitement médico-pédagogique. 73
9 ? ? iars. Revacciné sans succès. - Traitement : 2 bains
salés par semaine.
Juin : Hydrothérapie sirop de fer - bains salés. -
L'enfant a été mis ;i la petite école ; il ne prononce que les
mots papa et maman. Il ne sait encore se servir que de sa
cuiller pour manger. Il mastique lentement et grignotte ses
aliments. Il ne sait pas s'habiller, ni se laver tout seul;
il a même l'air d'avoir de la répulsion pour l'eau. Il est moins
coléreux qu'a son entrée dans le service, mais ne joue guère
avec ses camarades. Il s'asseoit par terre, se traîne dans la
poussière et se met à crier quand on veut le faire lever.
Il est caressant pour les personnes qui le soignent et parait
beaucoup aimer sa mère.
En classe, l'enfant prête peu d'attention il ce qu'on lui fait
faire ; il commence cependant il lacer et à boutonner. On
n'a encore rien pu lui faire faire en gymnastique, pour
laquelle il semble avoir de la répugnance.
Juillet. Puberté ; Corps entièrement glabre. Testicules
à l'anneau. Anus normal. Verge : longueur : 3 centim. 1/2
circonférence : 4 centim. 1/2.
Novembre. - Arrêt des douches. Sirop de fer, bains salés,
huile de foie de morue ; petite école.
Décembre. L'enfant, malgré sa bonne volonté, ne fait
aucun progrès pour la parole. Il n'est plus gâteux et com-
mence ;'¡ se laver lui-même. - Il ne ronge plus ses.vêtements
et ne se balance plus de gauche à droite, comme il avait
l'habitude de le faire. Il est toujours capricieux et coléreux,
mais il devient plus familier avec ses camarades, et consent
il jouer avec quelques enfants de son âge. Il lace et
boutonne, mais ne sait pas encore nouer. En gymnastique,
il commence à bien faire les deux premiers mouvements
(assis, debout, en avant, en arrière)
1897. Janvier. Même traitement que l'année précé-
dente.
Juin. L'enfant devient plus aimable, il a l'air moins
maussade. Il commence à prononcer quelques mots : (pipi,
popo, dada). Il sait lacer ses souliers et s'habille tout seul.
Il a perdu complètement la manie de ronger ses vêtements,
et de se balancer. Il s'est tout à fait familiarisé avec ses
camarades. Il exécute bien les quatre premiers mouve-
ments de la gymnastique des échelles. Reprise des clou-
('Îles le 1 ? avril.
Décemb ? 'c. Arrêt desdouches. L'enfant commence à pro-
74 Idiotie profonde.
noncer un certain nombremots : merci, cerceau, pain, dada.
Il parle de façon plus intelligible, et se sert maintenant aussi
bien de sa fourchette que de sa cuiller. Il mastique norma-
lement. Il s'habille et se déshabille tout seul. Son caractère
est plus calme, il se fâche moins souvent et joue avec ses
petits camarades, sans les frapper. Il est devenu gai, et
chantonne ; on peut, maintenant, l'emmener en promenade ;
il s'intéresse à ce qu'il voit dehors, et questionne ceux qui
l'accompagnent. Il apporte beaucoup plus d'attention aux
exercices de la classe, où il a fait de réels progrès; il sait
placer les lettres, reconnaît les chiffres, les couleurs, les
surfaces, et sait enfiler des boules de bois et les aiguilles. -
Les mêmes progrès sont à noter en gymnastique.
1898. Les douches sont reprises le 1'" mai.
Juin. - L'enfant devient aimable, son caractère s'est
considérablement amélioré. Il parle maintenant assez bien ;
cependant sa prononciation est encore défectueuse, ainsi,
il supprime les t en parlant. - Il se développe bien au point
de vue intellectuel et paraît content de travailler. Il con-
naît bien les lettres, les chiffres et les couleurs. -
Août, - Puberté : Corps entièrement glabre ; testicules à
l'anneau. Verge : longueur. 4 cm, 5. Circonférence 5 cm.
anus normal.
Novembre. Arrêt des douches.
Décembre. - La parole est devenue fort intelligible ;
l'enfant sait demander ce dont il a besoin ; il raconte ce qui
se fait autour de lui, et remarque ce qu'il voit. Il est d'humeur
égale et n'est plus maussade comme par le passé. La
mémoire se développe, et son attention est facile à fixer.
1899. Anil. - Reprise des douches.
Juin. - L'amélioration continue, surtout au point de vue
de la parole, qui devient de plus en plus intelligible.
L'enfant commence à bien tracer les bâtons sur l'ardoise, et
nomme quelques lettres. Il apporte une grande attention à
ce qu'on lui fait faire et travaille volontiers. Il fait bien sa
toilette, mais se salit vite, car il se roule toujours dans la
poussière, en jouant.
Décembre : Arrêt des douches le 16; sirop de fer, huile de
foie de morue, bains, etc.
1900. Avril. Les douches sont reprises le 10.
Juillet ? L'enfant a fait des progrès satisfaisants pour
la parole, l'écriture, la lecture, et la gymnastique. Son intel-
Traitement \II·.Dlf.o-PI : DAf;OGTQ1 : 1;. 75
"'¡¡cnce s'est bien développée ; son caractère laisse bien
encore un peu à désirer, il se met encore en colère, mais
hien moins souvent qu'auparavant. - En résumé, l'amélio-
ration est très notable.
Septembre. Puberté, - Corps glabre. Testicules :
le testicule droit est descendu ; il est de la grosseur d'un : haricot. Verge : longueur Il cm, 5 ; circonférence 5 cm. z
' Anus normal.
Octobre. - L'enfant est mis en congé d'un mois, à titre
d'essai.
Novembre. - Malgré les conseils, la mère veut reprendre
son enfant. Il sort le 22 novembre 1900.
Réflexions. I. 1.'hérécl ile, à peu près nulle du
côté maternel, est relativement chargée dans la famille
du père, alcoolique, au moins à une époque. Un arrière
grand père est mort d'une maladie nerveuse, une ar-
rière grand'mère paternelle est paralysée, un oncle
paternel était alcoolique, et un cousin a été arriéré
pour la parole.
II. Le développement physique de l'enfant n'a rien
présenté de particulier. Le seul traumatisme qu'il a
subi consiste en une chute sur la tôle à l'âge d'un an.
Nous ne saurions préciser l'origine de l'idiotie.
Est-elle congénitale ou duc à la chute ? '(
III. Au point de vue intellectuel, l'enfant, son en-
trée à l31cî·tre, était atteint d'idiotie profonde avec
gâtisme, impulsions violentes et onanisme; la parole
était nulle. Malgré cela, sa physionomie était assez ou-
verte, il paraissait prêter \1111' certaine attention à ce qui
se faisait autour de lui. Aussi avons-nous porté un pro-
nostic favorable qui s'est confirmé. Mis à la petite école
dès son arrivée, l'enfant avait déjà fait des progrès
notables pour la propreté, au mois de décembre 1896.
11 avait même perdu quelques-unes de ses manies,
mais son caractère était toujours emporté, et les
progrès de la parole étaient nuls. En juin 1897, ilcom-
76 Amélioration considérable.
mencc à prononcer quelques mots, et son caractère
s'adoucit. En décembre de la même année, les progrès
s'accentuent, la parole devient plus intelligible ; la
propreté est complète, l'enfant s'habille et se désha-
bille seul. - L'amélioration persiste et va même en
croissant, dans le courant de l'année 1898. En 1899,
l'enfant parle de façon intelligible ; il trace des hâtons
ssr une ardoise et nomme quelques lettres. - Enfin'
il la fin de l'année 1900, il parle de façon il peu près
correcte, il écrit quelques lettres et commence il
savoir lire, seul son caractère laisse encore à désirer.
Il sort de l'asile de Bicêtre en novembre 1900, malgré
les conseils que nous donnons il la mère de l'y main-
tenir encore quelque temps.
En résumé les résultais obtenus sont excellents, et
tout porte il croire, que l'enfant fera de nouveaux
progrès, et deviendra à peu près tout à l'ail nor-
mal 1). '
(1). Tous les ans, un certain nombre d'enfants sont repris dans les mêmes
conditions. Nous avons revu cet enfant au moment de l'impression de son
observation (avril). Il a fréquenté régulièrement l'école où l'ouest content de
lui. Il a encore de temps en temps des impulsions violentes qui certes auraient
disparu si on avait cuiitintié le traitement (hydrothérapie, gymnastique,
etc.).
V.
Note statistique sur le rôle de la consanguinité dans
l'étiologie de l'épilepsie, de l'hystérie, de l'idiotie
et de l'imbécillité ;
l'AU nOUIli'iE\'ILIÆ,
Dans une note statistique, qui remonte à 1888 (1),
nous trouvions sur 926 observations 38 cas de con-
sanguinité, soit une moyenne de 4,1 0/0 se décom-
posant ainsi :
78 ÉtIOLOGIE : CONSANGUINITÉ.
1900. Ses recherches ont porté sur 1.713 (le nos obser-
vations (garçons et filles) ; 46 cas de consanguinité ont
été relevés, soit une moyenne de 2.68 0/0 se décom-
posant ainsi :
ÉTIOLOGIE : CONSANGUINITÉ.
79
80 Etiologie : consanguinité.
térie, d'idiotie, etc. C'est là une opinion que nous
avons formulée il y a longtemps et que conlirme cette
nouvelle statistique.
VI. - .
Idiotie microcéphalique : cerveau pseudo-kystique ;
Par BOURNEVILLE et OBERTHUR.
Ainsi que nous l'avons souvent fait remarquer, la microcéphalie,
loin de répondre à une lésion anatomique toujours la même, a
pour cause des lésions très diverses : arrêt de développement des
circonvolutions, avec ou sans malformations, sclérose atrophique,
méningo-encéphalite avec destruction de la plupart des circonvo-
lutions, etc. L'observation qu'on va lire appartient à cette caté-
gorie. Les cas analogues sont assez rares. En général, ils ont été
observés chez des enfants qui meurent peu après la naissance. Il
est exceptionnel que la vie se prolonge aussi longtemps que chez
notre malade. On trouvera dans le mémoire intéressant de M. le
Dr Audry (de Lyon) sur les Porencêphalies 1 le résumé d'un certain
nombre de cas empruntés à Andral, Breschet, Cruveilhier, Lalle-
mand, etc., qui se rapprochent du nôtre. En se reportant au texte
même des auteurs il y aurait là le sujet d'une thèse sérieuse.
Sommaire. - Père, très intelligent, rien de particulier. Grand-père
et 1'(Lnd'tante paternels migraineux . - Amère-grand'mère, nom-
breux grands-oncles, grand'tanles et une, tante paternels, morts
de tuberculose. - Tante paternelle, convulsions de l'enfance.
Mère, traumatisme céphalique vers sept ans, avec évanouissement^
hémorragie, cicatrice avec dépression douloureuse au toucher et
spontanément. - Réglée ci treize ans ; ttHO : f ! 'ss6 ! Nen ? Aect'des
hystériques ; suggestionnable. Grand-père maternel', excès de
boisson. - Soezti, morte de méningite.
Pas de consanguinité. Inégalité d'âge de deux ans (père plus
âgé). -
' Revue de médecine, 18S8, p. 462 et 552.
Bourneville, Bicélre. 6
82 Idiotie MICROCÉPHALIQUB.
Grossesse accidentée par une chute de cheval avec grand émoi et
suivie de tremblement, et par des ennuis multiples. - Somnolence
dès la naissance. A quinze jours, premières convulsions, prédomi-
nant à droite. - A partir de là jusqu'au sixième mois, convul-
sions quotidiennes toujours prédominant à droite. - Début de la
contracture générale cinq jours après les premières convulsions.
Exercices des jointures, diminution de la contracture. - Diplé-
gie ; pieds bots. - Trépidation épileploïde par les mouvements pro-
voqués. - Idiotie complète. - Ophtalmie purulente; cécité. - Cou
flasque, tête retombante. - Développement régulier du corps et
même des membres ; arrêt de développement de la tête, du front
surtout. Accidents Mten ! 'n9 : < : 9t;es ; mort rapide.
- Autopsie. Crdne mince avec de nombreuses plaques transpa-
rentes; pas de synostoses. Transformation kystique des deux
hémisphères. Destruction complète des circonvolutions. Ménin-
go-encéphalite et sclérose. Analyse chimique du liquide céphalo-
rachidien.
Perr... (Maurice), né à Nouméa, âgé de deux ans et demi, entré
dans le service le 30 octobre 1899, y est décédé le 3 novembre.
Cet enfant est arrivé avec un certificat ainsi conçu : « Est atteint
de sclérose cérébro-spinale, qu'il présente des troubles marqués et
incurables des facultés cérébrales et qu'il y a lieu de le diriger sur
un asile spécial où il recevra les soins et la surveillance néces-
saires. » (Signé : Dr Netter.)
Antécédents. Renseignements fournis par son père. - Père, vingt-
six ans, planteur, grand, brun, pas de convulsions ni diathèses,
ni syphilis, ni migraine, sobre, caractère doux. Durant six mois,
deux ans avant la naissance du malade, il a fumé ! ;0 centimes de
tabac par jour puis a cessé complètement. Il a fait ses études clas-
siques, a obtenu ses deux baccalauréats, s'est engagé à dix-huit
ans, a fait quatre ans de service, puis s'est marié (vingt-trois ans)
et est parti comme planteur à la Nouvelle-Calédonie d'où il est
revenu il y a trois mois. Il descend, par les femmes, de Denis Papin.
[Son père, soixante-trois ans, aurait eu des migraines pendant sept
ou huit ans; elles l'obligeaient à se coucher, très rhumatisant,
aucun excès, caractère calme. - Sa mère, quarante-huit ans, n'au-
rait jamais eu d'accidents nerveux et jouirait d'une bonne santé.
Ses grands-parents paternels et son grand-père maternel seraient
morts vieux, il ne sait de quoi. Sa grand'mère maternelle aurait
succombé à la tuberculose. Une tante paternelle aurait eu des
migraines très violentes. Ses trois enfants sont bien portants et
n'ont pas eu de convulsions. Quatre oncles maternels, célibataires,
sont morts vers trente-cinq ou trente-six ans de la tuberculose.
Sept tantes maternelles dont cinq, célibataires, sont mortes vers
, Antécédents héréditaires. 83
trente-quatre ou trente-cinq ans de tuberculose. Deux autres sont
bien portantes ainsi que leurs enfants. Deux soeurs, l'une morte à
dix-sept ans de tuberculose, l'autre, dix-neuf ans, jusqu'ici en
bonne santé; pas de convulsions; un frère, vingt-un ans, aurait
eu des convulsions jusqu'à deux ans; il est intelligent.]
Mère, vingt-quatre ans, ouvrière en brosserie avant le mariage;
elle appartient à une famille de paysans bretons très robustes. Pas
de convulsions de l'enfance. Vers six ou sept ans en jouant, elle
s'est cognée le sommet de la tête contre le timon d'une voiture.
Elle s'est évanouie et a perdu un peu de sang. Cet accident a occa-
sionné une cicatrice de 3 centimètres : « Il y a à ce niveau, dit son
mari, une dépression de l'os et, si l'on appuie, on détermine une
vive douleur. Elle est sujette à des céphalalgies qui ont leur point
de départ à la cicatrice et s'accompagnent parfois de spasmes des
muscles du front et des sourcils. A partir de ses règles, survenues
il y a treize ans et qui ont provoqué une très grande anémie, elle
a été sujette à des évanouissements fréquents, jusqu'à deux fois
par jour. Le mari a assisté avant le mariage à un évanouissement
qui aurait duré un quart d'heure. Ils ont disparu presque aussitôt
après la cohabitation. Elle est encore anémique, d'un caractère
difficile, sombre : « elle se forme des idées » ; deux fois, pendant une
demi-heure environ, elle a eu des accès de folie avec divagation et
suivis de sommeil. Elle a eu quatre crises hystériques après des
contrariétés ou des impressions violentes. Elle éprouve d'abord
une douleur au niveau de la tête, puis une sensation de boule avec
strangulation, bruit de cloches, peurs ; elle se raidit ensuite,
revient à elle au bout d'un quart d'heure en poussant des soupirs;
pas de pleurs, urines assez abondantes. Elle dit que quand elle
peut pleurer, la crise avorte. Elle est très suggestionnable. Un
jour, en causant avec elle, son mari insistant pour la convaincre,
il la fixait dans les yeux : elle s'est endormie les yeux ouverts. Son
mari l'a endormie plusieurs autres fois et avec une extrême faci-
lité. - [Son père, soixante ans, sans troubles névropathiques, fai-
sait des excès de boissons relativement modérés quand il a conçu
sa fille. Ses excès ont augmenté quand il est venu de la campagne
à la ville. Sa mère, d'un caractère calme, est en bonne santé.
On ne peut nous donner aucun renseignement sur ses grands-pa-
rents, ses oncles et tantes. Elle a neuf frères et quatre soeurs;
aucun d'eux n'aurait eu de manifestations nerveuses, et, en parti-
culier, de convulsions de l'enfance. Ces frères « très robustes sont
des coureurs à pied très remarquables, le plus âgé a trente-quatre
ans, le plus jeune dix-sept ».] [Dans les deux familles, il n'y aurait
pas eu d'idiots, d'aliénés, d'épileptiques, de difformes, etc.]
Pas de consanguinité. (Vendéen et bretonne.) Inégalité d'âge
84 £ IDIOTIE 1111CROCEPHALIQUE.
de deux ans. Deux enfants : 1° Une fille morte à six mois d'une
méningite.
2° Notre malade. Rien d'anormal à la conception qui a eu lieu
à la Nouvelle-Calédonie. - Grossesse. Chute de cheval sur le dos,
au troisième ou quatrième mois. Pas de syncope, mais, tremble-
ment des membres pendant cinq minutes l'empêchant de rester
debout. Elle a pu ensuite marcher et durant deux ou trois heures
elle est restée sous l'empire d'une grande frayeur : traits tirés,
face pâle. Consécutivement ni cauchemar, ni hémorragie. Elle
n'avait pas encore senti remuer son enfant, elle n'était pas sûre
d'être enceinte car ses règles étaient venues régulièrement. Quel-
ques jours après cet accident, son mari est revenu en France pour
affaires et est rentré à la Nouvelle-Calédonie, dix jours avant l'ac-
couchement. Durant ce temps, elle aurait eu des ennuis occasionnés
par des voisins qui, la sachant seule, lui ont intenté des procès.
Elle a dû quitter la brousse pour aller à Nouméa où elle a été
tourmentée par des embarras d'argent. Ni peur, ni syncope, ni
attaques de nerfs, etc.
Accouchement iL terme en vingt ou vingt-cinq minutes. Présenta-
tion du sommet, beaucoup d'eau. la naissance, pas d'asphyxie,
pas de circulaire, l'enfant paraissait normal, sa tète n'avait pas
attiré l'attention. Allaitement au biberon, avec du lait de vache.
Dès les premiers jours, l'enfant était « somnolent et constipé» (il
en a toujours été ainsi), pas d'accès de cris.
Premières convulsions à quinze jours pendant une heure, les
quatre membres étaient raides durant quelques instants, puis
étaient pris de secousses, prédominant à droite, qui persistaient
plus longtemps. A partir de là, il aurait eu quotidiennement deux
séries de convulsions; leur durée était de quarante-cinq minutes :
Face pâle, yeux convulsés, on ne sait plus dans quel sens, léger
écoulement de salive. Après les crises, il était encore plus endormi
que d'ordinaire. Spontanément, il remuait très peu ses membres,
mais moins mal les bras que les jambes. Il ne pouvait se retourner
dans son lit qu'en se renversant la tête en arrière, comme appui.
Les convulsions ont disparu au bout de six mois. Elles ont tou-
jours prédominé dans le côté droit Au cours de cette période, il
aurait eu une entérite, une pneumonie et une ophtalmie.
Avant les convulsions les mains étaient naturelles et les bras
souples. C'est peu après le début des convulsions, au plus tard au
cinquième jour, qu'on a remarqué que les mains se fermaient et
que les membres se contracturaient. La contracture était la même
des deux cotés. Au point de vue de l'extrême limitation des mou-
vements et de la contracture, on nous assure que la situation était
la même après la première semaine de convulsions, qu'aujourd'hui.
Les convulsions ayant cessé, dans le septième mois, le père a
Antécédents PERSONNELS. 85
essayé d'étendre et de fléchir alternativement les bras, de les
étendre en croix et de les porter au-dessus de la tête. Il aurait
fait les mêmes exercices aux membres inférieurs. Il était parvenu
à diminuer la contracture.
Per... remue la tête, mais seulement dans certaines circons-
tances, par exemple quand on le caresse. Au lit, les jambes res-
tent allongées, les bras collés contre le tronc, les avant-bras fléchis,
les mains fermées reposant sur le devant de la poitrine.
Lorsqu'on habillait l'enfant, pour faire entrer les manches, on
était obligé d'étendre de force les avant-bras qui, aussitôt, étaient
pris de trépidation. Ils reprenaient ensuite leur attitude primitive.
La trépidation épileptoïde des jambes, quand on les allongeait,
est nettement décrite par le père. Il fait remarquer que si elles
étaient fléchies sur le bassin, il n'y avait pas de trépidation. Ce
phénomène ne se produisait pas spontanément. Deux ou trois fois
par semaine, on notait des secousses des reins et de la tête. En
même temps, les bras étaient projetés en avant et les poignets se
relevaient sur les avant-bras. Pas d'accès spontanés de contracture.
Si on essayait de le faire sauter, les jambes étaient prises de trépi-
dation et restaient en demi-flexion. Les pieds ne posaient point par
terre (pieds bols).
La physionomie était sans expression, sauf quand on le caressait :
il avait l'air de sourire, frottait sa tête contre la personne qui le
caressait et poussait une sorte de ronronnement. « C'est la seule
marque de connaissance qu'il ait donnée. Il aimait davantage
qu'on lui frictionnât doucement les paupières. » Per... a une cer-
taine volonté. Quand il a pris assez de lait, il le rejette en soufflant.
L'attention et la parole ont toujours été nulles.
La sensibilité générale semble obtuse. Son père a remarqué que
lorsqu'on le pinçait il y avait un mouvement de flexion de la
jambe. Si on le cognait, il y avait un mouvement réflexe qu'on
attribue plutôt à la commotion qu'à la douleur. Des piqitres d'épin-
gle ne paraissaient déterminer qu'un mouvement réflexe. On ne
peut rien préciser quant au froid et à la chaleur.
La vue était à peu près nulle. Lorsqu'il y avait près de lui une
lampe allumée, il la regardait. Il semblait même la chercher. Si
le soleil était trop vif, il fermait les paupières. Il ne distinguait
pas les personnes. Il a eu de quinze à vingt jours de sa vie, durant
les premiers temps de la période convulsive, une ophtalmie
purulente : les yeux étaient gros et le pus assez abondant.
« L'ouïe existait certainement. Il sursautait au bruit d'une porte
fermée brusquement ou si on frappait dans ses mains, ou quand
on tirait un coup de fusil à une soixantaine de mètres de l'habita-
tion. »
L'odorat, au contraire, était nul. Son père lui a soufflé de la
fumée de tabac dans les narines et il est resté indifférent.
86
Idiotie 1111CROCEPHALIQUE.
Le goût, s'il existait, était bien émoussé. Quand on lui donnait
des médicaments qui lui déplaisaient, il les gardait dans la bouche
et les rejetait quelques instants après. Mais comme il lui arrivait,
dans d'autres moments, de garder le lait dans sa bouche et de le
rejeter, il est difficile de savoir s'il y avait réellement une distinc-
tion ou un simple caprice.
Fig. 9. - Pe... à deux ans.
Descriptions DU malade.
87
Ni tics, ni balancements, ni cognements de tète, ni grincements
de dents, ni troubles vaso-moteurs.
Le palais est creux et étroit. La mastication est nulle. Pas de
bave. II n'a jamais pris que du lait. On a essayé de lui donner du
biscuit, il réunissait les fragments en pelote et les gardait entre
la langue et le palais. Il vomissait quelquefois mais pendant la
traversée de la Nouvelle-Calédonie en France, il a été insensible
au mal de mer. Pas de rumination. Constipation habituelle.
L'enfant semblait supporter sa tête difficilement, comme si elle
était lourde. Les muscles du cou m'ont paru, dit le père, « peu
développés, il avait l'air de rattraper sa tête ». Jamais on aurait
remarqué de raideurs de la région cervicale.
Dans les premiers temps de la vie, on croit qu'il était bien pro-
portionné, face aimante ; puis on a remarqué que l'un des côtés du
front, le gauche, croit-on, était plus déprimé que l'autre. A me-
sure qu'il grandissait, la face se développait, mais le front ne bou-
geait pas. Le crâne serait resté le même depuis un an.
Les membres se sont développés régulièrement, il était fort pour
son âge. Le développement de la taille aurait subi une marche ré-
gulière (fig. 9).
Le père dit que dès les premiers temps de la vie, avant les convul-
sions, son enfant n'était pas naturel, car il était toujours somnolent.
Il affirme enfin que les fontanelles ont été fermées à trois mois.
30. L'enfant nous arrive de l'Asile clinique avec de la fièvre (38°).
Le corps offre un élat d'embonpoint normal. La face, dans son
ensemble, ne présente pas d'asymétrie. Le nez est légèrement ca-
mus et court, sans déviation, les narines sont égales. La bouche
régulière. Le lobule des oreilles est presque adhérent, surtout le
gauche. Sur la cornée, du même côté, existe un nuage, reste de
l'ancienne ophtalmie purulente. -
88
Idiotie 1111CROCGPHALItUG.
ajouter à la description qui précède. La peau est pàle, avec une
teinte brune cuivrée qui s'explique par ce fait que l'enlant est né
à Nouméa. Les testicules, dans les bourses, sont de la grosseur
d'un haricot.
Membres supérieurs.
Autopsie.
89
une contracture modérée des fléchisseurs des membres inférieurs.
Les réflexes sont exagérés. On constate le signe de l3abinslci
(extension du gros orteil par la piqûre de la racine plantaire).
- Soir : T. R. 40°,5.
3. Dans la nuit, mêmes plaintes, mêmes cris, l'enfant meurt
avec une T. R. de 40°,5. La température après la mort a offert la
marche ci-après :
90 Idiotie microcéphalique.
Tête. Le cuir chevelu est très pâle sans ecchymose. La
calotte crânienne est ovoïde avec un léger degré de plagiocéphalie
(aplatissement de l'occipital droit et du frontal gauche). Elle est
très mince, offrant de nombreuses plaques transparentes sur le
frontal droit, les pariétaux, un peu plus sur le gauche que sur le
droit, enfin sur l'occipital gauche. Les fontanelles sont ossifiées ;
les sutures persistent, sont finement dentelées et transparentes,
prêtes en quelque sorte à se séparer. Au moment de l'autopsie, les
sulures étaient gorgées de sang et comme distendues par lui,
lésions que nous avons souvent observées chez des malades atteints
de méningo-encéphalite et succombant à des poussées aiguës (fg.10).
La calotte enlevée, la masse encéphalique s'affaisse complète-
ment en arrière.
On recueille 450 grammes de liquide céphalo-rachidien dont
voici l'analyse faite par M. Srmn, interne en pharmacie du service.
Aspect : le liquide est louche, de couleur rose pâle, couleur
qu'il doit évidemment à un peu d'hémoglobine. Il réduit légère-
ment la liqueur de Fehling.
Cerveau PSEUDO-KYSTIQUE.
91
let. Ces poches kystiques sont distendues par le liquide céphalo-
rachidien ; leur face externe présente de très nombreuses adhé-
rences filamenteuses avec la face interne de la dure-mère; ces
adhérences sont très facilement détachées avec le doigt. (PL. IV et V.)
Les nerfs olfactifs sont réduits à une sorte de membrane, de
coloration grise, dont l'épaisseur parait être à peine de 1 milli-
mètre à droite, et encore plus mince à gauche.
1 Les nerfs optiques sont blancs et assez gros, par rapport au
cerveau : leur coupe a environ un millimètre et demi de diamètre.
Le nerf moteur oculaire est assez bien développé. - Les tuber-
cules mamillaires font défaut.
Fig. 10. - Crâne : atrophie du frontal ; persistance des sutures.
92 Idiotie 11CROCPHILItUE.
Les pédoncules cérébraux sont très rétrécis, blancs et symétriques.
Les pédoncules cérébelleux et le 4C ventricule sont plutôt grêles.
Les artères vertébrales et basilaire sont régulières. - Les
artères cérébrales sont très réduites de volume. ,
Le cervelet a un volume proportionné à l'âge de l'enfant.
La protubérance est petite et en retrait par rapport au bulbe,
Le bulbe est légèrement déformé en ce sens que la pyramide
antérieure droite et l'olive sont un peu plus saillantes que les
parties correspondantes du côté gauche.
La moelle épinière semble avoir son volume et ses proportions
normaux.
Dans l'ablation, la poche kystique se vide et on sent de chaque
côté de la ligne médiane, un peu au-dessus et le long des nerfs
optiques, deux noyaux durs, irréguliers, dont l'ensemble équivaut
à une petite noix. On en sent un autre au niveau du lobe occipital
gauche. A droite, on sent une petite induration de quelques milli-
mètres de diamètre. D'une façon générale, les poches hémisphé-
riques sont transparentes. La partie de la poche correspondant
aux lobes frontaux est d'une minceur extrême, aussi s'est-elle
déchirée malgré toutes les précautions prises pendant l'ablation.
Dans l'eau, ces fragments sont flottants, et dans l'intérieur, il y a
des filaments cellulaires. Cette partie de la poche paraîtrait formée
par la pie-mère, extrêmement amincie, et il ne semble pas y avoir
de substance cérébrale. La partie des poches qui répond aux lobes
pariéto-temporo-sphénoïdaux est plus épaisse et comprend des
parties transparentes, comme des kystes, et des parties jaunâtres,
plus épaisses, non transparentes.- Les lobes occipitaux et tempo-
raux sont bien dessinés.
Le lobe temporo-sphénoïdal droit est transformé en un kyste tout
à fait transparent, ainsi que la plus grande partie du lobe oc ?
vital, Il en est de même du lobe correspondant du côté gauche,
sauf un épaississement à sa pointe, d'environ un centimètre carré.
Le lobe occipital gauche offre, dans sa moitié postérieure, un épais-
sissement constitué par un reste de circonvolution.
Il existe aussi un épaississement répondant à la moitié inférieure
des circonvolutions frontales et pariétales ascendantes, des deux
côtés.
La transformation kystique est plus prononcée à droite qu'à
gauche. (La description se fait, le cerveau placé dans une solution
de formol ; cette solution distend les pseudo-kystes.)
Les parties non transparentes paraissent être formées par la pie-
mère et une couche de tissu cellulaire; elles ont une coloration
légèrement jaunâtre et sont sillonnées çà et là par des vaisseaux.
Lorsqu'on examine le cerveau en dehors de la solution, toutes
les poches s'affaissent et les parties non transparentes se présen-
tent sous l'aspect de circonvolutions réduites à de petites crêtes.
Cerveau PSEUDO-IiISTIQUE. 93
Quand on écarte les deux hémisphères cérébraux, on voit qu'à
gauche, au niveau du lobe frontal, les méninges molles sont
doublées de quelques fragments de circonvolution sans qu'il soit
possible d'en individualiser aucune. A la partie moyenne, il ne
semble pas y avoir de fragments de circonvolution. En arrière,
le lobe occipital persiste avec des circonvolutions qui ont une
forme.
Sur la face interne de l'hémisphère droit, au niveau du lobe
frontal, il y en a moins qu'à gauche, mais les membranes restent
épaissies, comme doublées à leur face interne, de parties dures,
sur lesquelles cheminent deux ou trois vaisseaux d'apparence
capillaire. - A la partie moyenne, même aspect qu'à gauche.
Le lobe occipital n'est plus reconnaissahie, en tant que circon-
volution ; il est représenté par une masse scléreuse, qui, à la
pression, n'est qu'une petite couche de substance corticale.
Les deux hémisphères sont réunis par une sorte de membrane,
un peu dure, laissant voir une traînée blanchâtre répondant au
corps calleux.
Nous pratiquons une incision au-dessus de ce qui serait le corps
calleux; la membrane incisée est assez ferme; en écartant les
lèvres de l'incision, on voit des tractus celluleux formant, comme
des pseudo-kystes.
Une incision transversale effectuée à la partie moyenne de l'hé-
misphère gauche, fait voir le même aspect de cloisonnement cellu-
laire constituant toujours des kystes.
On pratique une incision longitudinale au-dessous de ce qui
reste de la première frontale et on tombe dans le ventricule latéral
gauche. - On pratique les mêmes incisions sur la face interne de
l'hémisphère et on trouve les mêmes lésions. (PL. VI.)
En écartant les lèvres de ces incisions, on découvre un grand
kyste qui représente alors toutes les circonvolutions : lobes parié-
tal, rolandique, frontal, temporal et la plus grande partie du lobe
occipital, le ventricule latéral, le corps opto-strié tout entier, ainsi
que le corps calleux; de ces deux masses, il est impossible de
distinguer à l'oeil nu aucun vestige.
Le ventricule latéral, dont la cavité se confond avec la grande
cavité pathologique (soit dans la portion moyenne, soit dans ses
deux cornes frontales ou sphéno-occipitales) se reconnaît grâce à
la persistance des plexus choroïdes, devenus d'ailleurs fibreux et
adhérant avec l'épendyme ventriculaire et les tissus pathologiques
voisins. En incisant légèrement l'épendyme ventriculaire, épaissi
à sa partie interne, on tombe sur une cavité ou fente antéro-
postérieure, communiquant avec un orifice arrondi, semblant être
le restant de la corne frontale agrandie. Sous l'épendyme ventricu-
laire, qui se laisse aisément décoller (comme si l'inflammation
s'arrêtait là), on trouve une masse blanche, aplatie, présentant 12
94 Idiotie MICROCÉPHALIQi;E.
à 15 millimètres dans le sens antéro-postérieur et 20 millimètres
dans le sens transversal. Cette masse parait complexe, mais elle
contient sûrement le pédoncule cérébelleux supérieur qu'on
découvre un peu en arrière d'elle et la calotte du pédoncule céré-
bral ; le pied parait manquer complètement.
Hémisphère droit. - Sauf quelques points de détail (disparition
plus complète du lobe occipital, épaississement plus ou moins
marqué des membranes du kyste), l'examen du grand
kyste du ventricule latéral, du plexus choroïde et de l'épendyme
ventriculaire ; l'examen du ventricule moyen, communiquant
avec la corne frontale; l'examen de la masse blanche sous-
épendymaire et du pédoncule cérébelleux, etc. : tout cela est
absolument identique à ce que l'on a trouvé sur le côté gauche.
Dans le ventricule moyen, dilaté, la commissure blanche est
conservée.
Examen histologique ; par le Dr Oüca1'aais. '
Les lésions de ce cerveau qui présente, à première vue, l'aspect
d'un ramollissement kystique, donnent, à l'observation microsco-
pique, l'impression qu'il s'agit vraisemblablement d'un processus
inflammatoire, meningo-encéphalitir¡ue avec désintégration de
l'écorce, aussi bien autour des vaisseaux émanés de la pie-mère
qu'au voisinage de ceux des couches inférieures de la substance
grise, mécanisme qu'il nous a été souvent donné d'observer, à un
degré moindre en vérité, dans des cas de méningo-encéphalite de
l'enfance avec ou sans sclérose atrophique des circonvolutions. Là
où le processus de destruction est au maximum, on ne rencontre
plus qu'une sorte de membrane feuilletée, où l'on reconnaît à la
face inférieure la paroi épaissie du ventricule avec son épithélium ;
celle-ci se trouve réunie à la pie-mère par des travées fibro-vas-
culaires, restant de la charpente névroglique des circonvolutions;
ces fibres sont hypertrophiées et les tuniques interne et moyenne des
vaisseaux sont sclérosées. Les interstices sont remplis de cellules
arrondies ou polygonales, les unes vraisemblablement d'origine
névroglique, les autres sont des éléments migrateurs ou des corps
granuleux ; on aperçoit aussi par places quelques globules san-
guins et des débris de cellules et des fibres nerveuses.
Mais si l'on observe les points (portion interne des lobes occi-
pitaux) où la substance nerveuse est encore relativement conservée,
on voit le tableau suivant :
Le tissu nerveux atteint une épaisseur d'un centimètre environ
de la paroi du ventricule latéral à la méninge ; les circonvolutions
très atrophiées sont encore reconnaissables. La paroi du ventri-
cule est formée de bandes de névroglie résistante dans lesquelles
sont inclus des boyaux d'épithélium épendymaires, de là s'irra-
Examen HISTOLOGIQUE. 95
dient des pinceaux de grosses fibres névrogliques vers les circon-
volutions, au milieu desquelles on aperçoit encore quelques fibres
nerveuses grêles contournées en divers sens. Le centre ovale de ces
circonvolutions est occupé à sa partie médiane par des nodules de
sclérose; à sa périphérie par des fibres myéliniques qui atteignent
à peine la substance grise, où l'on voit encore quelques fibres
radiaires, mais aucune trace des fibres tangentielles.
On voit se former de nombreuses cavités par le même méca-
nisme que dans les scléroses atrophiques que nous avons pu étu-
dier (formation de nodules, d'Ilots périvasculaires, fonte névro-
glique autour de ceux-ci).
Les vaisseaux subissent la dégénérescence fibreuse. Les méninges
elles aussi semblent prendre part à la destruction. On remarque
que la zone la plus inférieure de la pie-mère est le siège d'une
prolifération vasculaire importante. Ces capillaires néoformés pé-
nètrent dans la substance grise, et, autour de ces amas de vaisseaux
la substance nerveuse se nécrose. Il s'agit là d'un cas rapidement
destructif; aussi trouve-t-on au voisinage des foyers de désintégra-
lion, dans la lumière des cavités, une quantité considérable d'élé-
ments migrateurs mononucléés, à gros protoplasma granuleux,
remplissant ici la fonction de macrophages.
Il faut mentionner, en outre, dans ce cas l'atrophie extrême des
cellules nerveuses. Elles sont arrondies, sans prolongements proto-
plasmiques, leur noyau est riche en chromatine, ce sont plutôt
des neuroblastes que des cellules nerveuses différenciées; abon-
dantes en certains points, presque absentes ailleurs, leurs couches
sont tassées et disposées très irrégulièrement. En divers points l'on
rencontre des éléments arrondis en grand nombre, colorés en bleu
par l'hématoxyline, blocs amyloïdes ou hyalins; ailleurs ce sont
des dépôts brunâtres de pigment et des masses de débris cellu-
laires, résultats ultimes du processus de désintégration.
Réflexions. I. Du côté du père, qui « descend par les
femmes de Denis Papin », nous n'avons à relever, au point
de vue nerveux, que la migraine chez le grand-père et l'un
des arrière-grands- pères de l'enfant. En revanche, les cas
de tuberculose sont très nombreux. La mère est une névro-
pathe à un degré très prononcé, état qui paraît être la consé-
quence d'un traumatisme céphalique de l'enfance, car ses
père, sauf quelques excès de boisson, mère, frères et soeurs
seraient en excellente santé. Ce qui semble dominer chez elle,
ce sont des accidents hystériques, avec troubles intellectuels.
Rappelons qu'une soeur du malade est morte de méningite à
six mois.
96 Idiotie MICROCRPHALIQUE.
II. La grossesse a été accidentée au troisième ou quatrième
mois par une chute suivie d'une émotion vive et par des
ennuis et des contrariétés. Cet accident, les inquiétudes
morales, jointes à ce fait que, dès les premiers jours de la
naissance, l'enfant était somnolent, nous amènent à penser
qu'il s'agit là d'un cas d'idiotie congénitale. Les convulsions
généralisées, avec prédominance adroite, survenues au quin-
zième jour, se montrant sous forme d'état de mal il partir de
ce jour, jusqu'au sixième mois, ont été la conséquence de
l'état congénital. Mentionnons la diplégie avec contracture
et pieds bols remarqués après huit jours de convulsions, la
trépidation épileptoïde dans les mouvements provoqués,
enfin l'idiotie complète.
III. L'habitude que nous avons dans le service de faire
prendre matin et soir la température rectale des entrants
pendant cinq jours, nous a permis de suivre l'évolution de la
poussée méningifiqlle à laquelle l'enfant a succombé 1.
IV. La température après la mort montre que progres-
sivement, en lu heures, elle s'est mise de niveau avec la tem-
pérature de la chambre (15°) où était déposé le corps. D'où
il suit que, dans notre climat et les climats analogues, le
thermomètre fournit un signe certain de la réalité de la
mort.
V. Au point de vue anatomo-pathologique, nous n'avons
pas à insister sur les lésions. La minutieuse description que
nous en avons donnée, nous paraissant suffire. Une simple
énumération synthétisera : microcéphalie, occlusion pré-
coce des fontanelles, persistance des sulures, nombreuses
plaques transparentes qui indiquent que, dans ce cas encore,
la c1'aniectomie n'aurait pas été justifiée ; pachyménin-
gite très accusée de la dure-mère, atrophie de la faux,
méningo-encéphalite, destruction de la plupart des cir-
convolutions, transformation kystique du cerveau, sclérose
des fragments restant des circonvolutions, hydrocéphalie.
* Quand il doit être procédé au transfert de malades de notre sec-
tion, nous faisons prendre leur température pour être sur qu'ils ne
sont pas sous le coup d'une affection aigiië. auquel cas il est sursis
au transfert. Il y aurait un intérêt d'humanité à agir partout de même.
VII.
Action de l'alcoolisme sur la production de l'idiotie
et de l'épilepsie ; ;
Par BOURNEVILLE.
L'enfant subit les conséquences de l'alcoolisme
sous une série de formes : 10 L'alcoolisme chronique
du père ou de la mère, ou des deux ; 2° L'alcoo-
lisme à l'état d'ivresse au moment de la conception;
3° Durant la vie foetale, par suite de l'alcoolisme de
la mère, des coups reçus ou des émotions éprouvées
par elle durant la grossesse ; 4° Les mêmes excès
alcooliques, les mêmes émotions au cours de l'allaite-
ment et ultérieurement.
2.072garçons et 482 filles, idiots, épileptiques, imbé-
ciles ou hystériques sont entrés, les premiers, à
Bicêtre, depuis octobre 1879; les secondes, à la
Fondation Vallée, depuis mars 1890, jusqu'au 31
décembre 1900, soit un total de 2.554 entrées.
Nous avons résumé, dans le tableau suivant, la situa-
tion des pères et mères de tous ces enfants sous le
rapport de l'alcoolisme. Il permet d'avoir, d'un coup
d'oeil, une idée du rôle de l'alcoolisme sur la produc-
tion de l'idiotie et de l'épilepsie.
Bourneville, Bicêtre, 1900. - ' 7
98 Alcoolisme et idiotie.
Tableau statistique sur l'alcoolisme.
Alcoolisme et NP1LL1'F1L. '.)9
antérieures. Elle met nettement en évidence l'action
néfaste de l'alcuolisme. Ceux qui s'intéressent à cette
question pourront lire un grand nombre d'obser-
vations détaillées, au point de vue social, clinique et
anatomique, dans nos Comptes rendus de Bicêtre
(1880-1900).
Chaque fois que nous voyons les mères de nos
malades, mariées à des alcooliques, nous appuyant
sur l'histoire même de leurs enfants, nous leur recom-
mandons d'éviter tout rapport sexuel avec leurs maris
en état d'ivresse. Il en est qui comprennent l'impor-
tance de nos conseils et agissent en conséquence...,
quand cela est possible. Trop souvontles malheureuses
cèdent sous la menace des coups, ou sous les coups
mêmes.
VIII.
Idiotie symptomatique de pachyméningite et de
méningo-encéphalite chroniques;
Par BOURNEVILLE et CROUZON
Le cas qui suit, à peu près nul au point de vue
clinique, l'enfant auquel il se rapporte étant enfant
naturel et les antécédents héréditaires et personnels
faisant défaut, est, en revanche, d'un haut intérêt au
point de vue anatomo-pathologique.
Sommaire. Enfant assistée : aucun renseignement sur les
antécédents héréditaires, ni sur l'histoire de la malade.
A l'entrée, quelques plaques de teigne. Malformation
congénitale du voile du palais. Impotence fonction-
nelle des membres inférieurs. Pas de contracture. Intel-
ligence nulle : parole presque totalement absente ; ne mange
pas seule; gâtisme ; grincement des dents; indifférence
totale à tout ce qui l'entoure, sauf aux aliments. - Bron-
cho-pneumonie ; mort.
AUTOPSIE. - Os du crâne assez épais et assez durs; persistance
de toutes les sutures; plaques transparentes. Épaissis-
sement notable de la dure-mère sur toute sa surface.
Méningo-encéphalite chronique. Broncho-pneumonie.
Tout... (Augustine), née à Paris le 12 février 1892, est entrée
à Bicétre, le 18 novembre 1899 et est morte le 22 mai 1900.
Enfant assistée, sur laquelle les renseignements font dé-
faut, son admission à Bicétre a été faite sur la production de
certificats des D" Marfan et Dagonet. Le premier déclare
qu'elle « est atteinte d'idiotie liée à la présence d'une tumeur
cérébrale, que cet état s'accompagne d'une excitation men-
Description de la malade. Ht)
tale extrême avec cris et actes menaçants pour les autres
enfants, que non seulement elle trouble le repos de ses voi-
sines, mais qu'elle est un véritable danger et que, dans ces
conditions, il est nécessaire de la faire passer d'urgence dans
un asile spécial. » Le second la déclare « atteinte d'idiotie,
de cris, agitation, grincements de dents, rigidité des membres
inférieurs et gâtisme.»
État de la malade. (20 novembre 1900). L'enfant est rosée,
ni grasse, ni maigre, semble en assez bonne santé physique.
La physionomie est sans expression, le regard peu mobile
et vague. La -peau est blanche, sauf au niveau des extrémités
où elle est rouge, froide. Les cheveux sont de couleur châtain
coupés ras, font défaut en certains points, à la région parié-
tale gauche : il semble que ce soient des cicatrices de teigne.
Une plaque grande comme une pièce de deux francs est située
à la partie moyenne de la région pariétale gauche; à cinq
travers de doigt plus en arrière, une autre plaque grande
comme un franc; une autre plaque plus grande à la région
occipitale (1). Petits ganglions sous-maxillaires et cervicaux.
Pas de cicatrices, pas d'éruptions, pas de naevi.
Le crâne est de forme et de volume normaux. Les bosses
sont symétriques et ne font pas un relief supérieur à la
moyenne. Les fontanelles sont fermées. Le front est moyen,
droit.
Le visage est ovale. Pas de cicatrices. Les arcades sourci-
lières sont peu saillantes, recouvertes de sourcils châtains
assez abondants, ne se rejoignant pas à la racine du nez.
Les paupières sont normales, les cils longs, bien implantés.
Pas de blépharite ciliaire. Orbites peu excavés. Les yeux
sont mobiles et ne présentent pas de lésions appréciables.
L'iris est bleu foncé; les pupilles, grandes, réagissent bien à
la lumière et à l'accommodation. L'examen fonctionnel est
impossible.
Le nez est petit, droit, élargi à son extrémité libre; le lo-
bule est bien dessiné, la cloison et les narines semblent
normales. L'étude de l'odorat est impossible. Les pommettes
sont légèrement saillantes, les joues sont régulières, symé-
triques ; la peau est rosée à ce niveau. La bouche, moyenne,
est assez bien dessinée. Les lèvres sont peu épaisses, rouges.
Sur la partie moyenne de la lèvre supérieure, on note une
(1) Chaque année, il nous arrive du dehors des enfants atteintes de la teigne,
ce qui a pour conséquence de maintenir toujours ù Bicétre un foyer de teigne.
102 Pachyméningite CHRONIQUE.
petite cicatrice croùtellouse, linéaire. Le palais est ogival; le
voile du palais présento une malformation congénitale qui
consiste dans la présence d'un sillon transversal dans toute
la largeur de la cavité buccale, au niveau de son insertion
à la voûte palatine, sans qu'il y ait toutefois communication
avec les fosses nasales.
La langue est étalée, rouge, épaisse, assez mobile. Pas de
tremblement de la pointe. L'enfant semble indifférente au
goût dos substances qu'on lui introduit dans la bouche. La
déglutition est normale. Le menton est moyen, arrondi. Pas
de prognathisme du maxillaire inférieur. Les oreilles sont
Fiff. H.
Pachyméningite CHRONIQUE.
103
grandes, décollées; lo pavillon est reporté en avant, l'hélix
et l'anthélix sont bien dessinés. L'ouïe semble normale.
La circonférence du cou est de 25 centimètres. Rien d'a-
normal à la palpation. . ,
Le thorax est régulier, la respiration du type abdominal.
La percussion, l'auscultation du poumon et du coeur ne
dénotent rien de spécial.
L'abdomen est légèrement augmenté de volume sans que le
palper ni la percussion ne révèlent quoi que ce soit d'anormal
dans les parois ou clans la profondeur.
Fin. 12.
104 Pachyméningite chronique.
Les membres supérieurs sont assez volumineux et assez
mobiles; mains rouges; ongles assez bien développés; pas
d'onychophagie. Pas de différence entre eux. On trouve
quelques cicatrices arrondies au niveau des coudes. L'enfant
se sert de ses bras, tous les mouvements sont possibles.
Les membres inférieurs paraissent assez bien développés,
mais l'enfant ne marche pas. Nulle inégalité de développe-
ment entre les deux membres. La peau des pieds est rouge,
froide et présente des engelures au niveau de la face supé-
rieure des orteils, à droite et à gauche. Les mouvements vo-
Fig. 13.
Idiotie complète. 105
loniairex paraissent assez limités, les mouvements provoqués
sont assez difficiles à obtenir. Sa position naturelle étant
accroupie, les cuisses sont fléchies sur le bassin, et les jambes
sur les cuisses. Avec beaucoup de peine, on peut arriver
à les mettre en extension, mais sans causer de douleur. Le
réflexe de Babinski est en très légère extension. La région
postérieure des cuisses présente un peu d'érythème des gâ-
teux.
La sensibilité à la piqûre est nettement conservée. Il est
impossible de se rendre compte de l'état des autres modes de
la sensibilité.
La parole est presque nulle ; elle se borne à quelques mots
dont la plupart sont grossiers et orduriers : vache, putain.
merde, etc., qu'elle prononce sans embarras. L'enfant ne
peut manger seule : quand on lui présente les aliments, elle
se jette gloutonnement sur eux, sans paraître faire de dis-
tinction. Les fonctions digestives s'accomplissent bien.
L'enfant gâte le jour et la nuit. On est obligé de la faire
manger.
Le sommeil est léger, entrecoupé de cris. Pas d'ona-
nisme. L'enfant est incapable de s'habiller et de faire sa
toilette elle-même et se laisse difficilement faire. Elle reste
indifférente envers ceux qui l'entourent, crie continuellement
et pleure sans motifs. Elle grince souvent des dents. - Son
intelligence est absolument nulle.
Puberté : les aisselles, le thorax, le ventre, les fesses, les
bras, avant-bras, cuisses et jambes, le pénil sont glabres. Les
grandes lèvres, légèrement épaisses, sont glabres; les petites
lèvres, triangulaires, ne dépassent pas les grandes lèvres. Le
clitoris est petit, l'hymen frangé. Le périnée et l'anus sont
normaux.
Les urines ne renferment ni sucre, ni albumine. - Poids :
18 ]iilogl. - Taille : lm 05.
1900. Janvier. L'état de l'enfant est absolument le même
qu'à son entrée. Autant qu'il est possible de s'en rendre
compte, l'enfant ne parait pas souffrir de la tête, qu'elle ne
cogne pas. Le visage est, en général, coloré et, à certains
moments, devient très rouge.
20 février. Elle passe à l'isolement pour la teigne.
19 mai. Elle entre à l'infirmerie. Elle est couchée en
chien de fusil, la nuque en extension, et dans un état d'amai-
grissement considérable. Pas de convulsions, mais mouve-
ment continu d'abaissement des paupières et mouvement en
106 Idiotie complète.
haut et à droite des deux yeux. l'as de grincement des dents
mais mâchonnement ot soubresauts des tendons. Inégalité
pupillaire. Pas de cris. Constipation, mais pas de vomisse-
ments. A l'auscultation, quelques gargouillements ( ? ) aux deux
sommets et dans la fosse sous-épineuse gauche. Stomatite.
T. R. 38°. Pouls petit, faible. Traitement : calomel 20
centigrammes en quatre doses.
20 mai. - T. R. 37°. Pouls imperceptible. Mêmes symp-
tômes auxquels s'adjoint de la carphologie. Eschare.
Traitement : calomel, 0,20 centigrammes en 4 doses; iodure
de potassium : 0,60, etc.
22 mai.- L'enfant meurt à 5 heures du matin, sans qu'on
ait remarqué rien de nouveau dans le tableau de sa maladie,
ok l\11\SINGO-ENCI ? PHALI'l'r ? 107
capsules surrénales sont normales. Le rein gauche est très
congestionné, mais ne présente pas de lésions apparentes.
Le rein droit n'offre ni congestion, ni lésion. L'appen-
dice est perméable dans toute son étendue, il mesure 7 cent.
Rien d'anormal dans le tube digestif. Foie, vésicule et voies
biliaires normaux. Utérus petit, 3 cent, de longeur. Trompes
normales. Ovaires de la dimension d'un haricot moyen, un
peu plus volumineux à gauche qu'à droite. Pas de liquide,
pas de tuberculose.
Tête. - Cuis- chevelu maigre et pâle. Os du crâne assez
épais et assez durs; persistance de toutes les sutures, nom-
breuses plaques transparentes. La dure-mère est très nota-
blement épaissie, elle est rosée à la faoe interne. Nombreuses
adhérences filamenteuses au niveau du lobe temporal. Entre
la dure-mère et le cerveau, il y a comme un vide assez grand.
Cet aspect est dû à des néo-membranes qui occupent toute
la face interne des deux côtés. Mêmes fausses membranes
sur les deux faces de la faux. Nombreuses adhérences très
résistantes de la dure-mère et de la pie-mère au niveau de
la face interne des lobes frontaux, quelques-unes vers le
lobule paracentral et le pli pariétal supérieur. Au-dessous de
la faux du cerveau, les faces internes des lobes frontaux
sont en quelque sorte soudées par des adhérences. La dure-
mère de la fosse temporale est également tapissée par une
fausse membrane roséo. A droite, la fausse membrane qui
revêt la dure-mère est parsemée de points vermillon-noir :
il y a là une pachyméningite partielle hémorragique. A la
base, la dure-mère est aussi très épaissie. Les fosses occipi-
tales paraissent égales et symétriques. La fosse temporale
gauche semble un peu plus grande que la droite.
La hie-mère, sur toute l'étendue des faces internes et con-
vexes des hémisphères, se présente sous un aspect blanchâtre
ça et là de fines vascularisations. A la base des deux
hémisphères, l'aspect blanchâtre est moins prononcé, mais
la vascularisation est plus marquée.- Les tubercules mamil-
laires, les ner/s, etc., sont égaux et symétriques.
Hémisphère droit. La décortication de la pie-mère en-
traîne la couohe de substance grise. A la pie-mère restent
adhérents les moules des circonvolutions (Pr,. vu). Cette
pie-mère présente une épaisseur d'un demi-centimètre envi-
ron. L'hémisphère est réduit il la substance blanche; la
forme générale est conservée et on peut distinguer chacune
108 IDIOTIE complète.
des circonvolutions dont l'aspect est légèrement rosé (PL.
vIII).
Face externe. Les circonvolutions réduites à la subs-
tance blanche ont une disposition normale et apparaissent plus
nettement que sur un autre cerveau. On retrouve normaux
le sillon de Rolando, S R, les circonvolutions frontales, F A,
Fez, F2, F3, les circonvolutions pariétales P A, P1, P2. Le
sillon parallèle, Sep, est bien marqué et Tri et T2 apparais-
sent très nettement.
Face interne. FI et L P sont normaux. C. C C. est un peu
décortiquée; le cunéus est nettement dessiné.
Hémisphère gauche. L'aspect est le même que sur
l'autre hémisphère et la décortication montre les mêmes
lésions. La disposition des circonvolutions dépouillées de
substance grise est normale et apparaît aussi nettement qu'à
droite.
Sur les hémisphères cérébelleux, la pie-mère s'enlève
facilement; elle n'est pas épaissie. - Le liquide céphalo-ra-
chidien est en petite quantité.
A l'examen histologique, M. Crouzon constate des altéra-
tions de la pie-mère qui est épaissie. Il y a prolifération de la
névroglie et diminution du nombre des cellules nerveuses.-
La coloration de Weigert-Pal n'a pas été suffisamment réussie
pour qu'on puisse conclure à une altération des fibres à myé-
line. Les altérations dominantes sont celles des vaisseaux qui
semblent avoir été le siège d'un processus récent. Il existe
des espaces périvasculaires très dilatés et, dans les parois des
vaisseaux, on trouve une augmentation du nombre des
noyaux; il y.a, semble-t-il, une infiltration leucocytaire.
Ces altérations sont donc analogues à celles qu'on rencontre
dans la méningo-encéphalite de l'adulte.
Poids des organes.
1(n ? mGO ? rrc : rHnLrrr. 109
110
Idiotie complète.
Tableau des ca.s de 9 o-et(,éi)iutlite observés dans le
xerrice.
1
Examens histologiques;
Par PHILIPPE et OitEUTHUH
1. Idiotie hydrocéphalique.
Ulvarri.... {Compte rendu de Bicêtre, 1898, p. \,j4,)
Hydrocéphalie considérable, méningite légère.
Les circonvolutions, très aplaties, ont une substance blanche
et une substance grise considérablement diminuées d'épais-
seur.
Examen histologique. - Les libres nerveuses de la substance
blanche sont naturellement refoulées et tassées par l'ectasie
des ventricules qui leur donne des directions variables. Au
milieu de la substance blanche, on voit un certain nombre de
taches scléreuses de petites dimensions (vaisseaux avec parois
très épaissies). Les fibres nerveuses sont un peu grêles, raré-
fiées partout, mais surtout au niveau de l'écorce grise, où.
seules, quelques fibres radiaires apparaissent encore; les
fibres d'association de l'écorce ont presque totalement dis-
paru.
Les diverses couches cellulaires ne sont plus reconnais-
sablés, leur épaisseur totale n'atteint pas le tiers de la nor-
male, des bandes de sclérose névroglique à fibres parallèles
aux bords des circonvolutions apparaissent çà et là ; les cel-
lules nerveuses tassées les unes contre les autres se trouvent
disposées en îlots irrégulicrs. A un fort grossissement, par la
méthode de Nisl, on observe surtout l'atrophie simple de ces
cellules avec perte de leurs prolongements : il n'y a plus de
grandes cellules pyramidales.
Le tissu interstitiel a proliféré. Les parois ventriculaires
112 Examens histologiques.
sont très épaissies, avec des vaisseaux très dilatés. Quelques
bandes de sclérose partent de là vers les circonvolutions.
L'épithélium épendymaire a proliféré, desquammant par pla-
ces ; il envoie dans l'épaisseur de la paroi des ramifications en
doigts de gant ou pseudo-canaliculées, recouvertes de cel-
lules cubiques.
Du côté des vaisseaux, on observe une artérite fibrillaire
qui tend à envahir les tuniques moyennes et internes et à
cloisonner leur lumière.
En certains points de l'écorce, on voit des blocs de subs-
tance nerveuse subir des altérations destructives, qui, quoi-
que légères, ressemblent à celles observées dans les méningo-
encéphalites.
.§ Il. Idiotie symptomatique de méningo-encéphalite.
Deshay... {Compte rendu de Bicétre, 1893, p. 54 et 100.)
Les circonvolutions sont rétractées, les scissures baillent
largement, la sclérose n'est nulle part intense, mais elle atteint
presque identiquement tous les points du cerveau.
Examen histologique. Les fibres à myéline sont très nom-
breuses, non seulemeut dans la substance blanche, mais en-
core dans la substance grise. La strie de Baillarger apparaît
très nettement, même à l'oeil nu, sur les préparations de la
région occipitale colorées au Weigert-Pal. Le réseau d'Exner
et les autres plexus sont assez riches en fibres, mais toutes
ces fibres tangentielles sont intriquées de bizarre façon, ainsi
que les fascicules radiaires, qui forment un feutrage tel qu'il
est difficile de s'orienter : ces fibres sont encore plus intéres-
santes quand on les considère à un fort grossissement, elles
sont extrêmement grêles, avec des renflements nombreux, leur
myéline est très granuleuse. Entre ces fibres et dans la gaine
des vaisseaux, on trouve des quantités de cellules rondes dont
le protoplasma est rempli de granulations myéliniques.
Les vaisseaux sont assez nombreux, mais présentent peu
d'altérations, sauf un léger degré de périartérite.
La névroglie est nettement hyperplasiée, surtout quant à
ses fibrilles assez grosses et disséminées entre les fibres à
myéline dans le centre ovale, sans constituer de vraies
bandes scléreuses. Les noyaux névrogliques sont arrondis,
Examens H ! f;TOLO(IQUEs, 1 H
avec peu de protoplasma. On trouve cependant, ..dans...le
voisinage des vaisseaux, quelques grandes cellules araignées
il. protoplasma granuleux. , ? '" ' u, : Les diverses couches cellulaires ne sont pas reconnaisse- :
blés, les cellules sont souvent disposées en tourbillons, en
spirales autour des vaisseaux, elles sont peu abondantes. Il
y a peu de grandes cellules pyramidales; celles qui restent
.sont arrondies, sans prolongements, il protoplasma très peu
coloré, à noyau riche en chromatine. L'adhérence et
sissement des méninges molles sont très minimes.
sr II. Idiotie et Épilepsie symptomatiques de sclérose atrophique des
. lobes frontaux.
' Compte-rendu de Bicêtre, 1897 p. 96.
Vayrad.... Sclérose lobaire symétrique, intéressant les deux
lobes frontaux. . '
Examen histologique. 1 Examen des lobes frontaux. Les
circonvolutions ont il peine 3 millimètres d'épaisseur ; les
scissures baillent largement. Lorsqu'on examine it un faible
grossissement une coupe colorée par le ptéro-carmin, inté-
ressant toute l'étendue de la portion sclérosée, on remarque
que le tissu correspondant au centre ovale des circonvolutions,
apparaît formé de bandes de tissu fibreux se colorant en rouge
très foncé. Dans toute la substance grise, au niveau de ses
étages inférieurs, apparaissent de grandes cavités remplies
de blocs arrondis et de vaisseaux ddates ; par contre, les
régions les plus externes de l'écorce ne sont pas cavitaires et
se colorent, elles aussi, vivement.
Il est impossible de mettre en évidence aucune libre ner-
veuse par les méthodes habituellement employées. De même,
les cellules migratrices chargées de granulations myéliniques
font défaut : ce qui tendrait à démontrer que la disparition
des tubes nerveux remonte il une date déjà éloignée. On ne
rencontre non plus, en cette région, aucune cellule nerveuse ;
comme les fibres, ces éléments ont entièrement disparu.
Les circonvolutions frontales ne contiennent donc plus que
du tissu névroglique et des \lai -seaux...
Ce tissu névroglique est très riche en cellules de toutes
tailles (divers types d'astroc-tes ; grandes cellules-araignées .
Bourneville, 131cëtre, 1900. ' . 8
11.'s Histologie des idioties.
à protoplasma abondant) ; certaines de ces cellules pourraient,
il première vue, être prises pour des cellules pyramidales
mais attentivement examinées, elles possèdent beaucoup de
fibrilles fines, avec un protoplasma sans granulations chro-
matiques, un noyau allongé ou ovalaire rempli d'un réseau
de chroma tine. Les fibres névrogliques sont denses et serrées,
formant des bandes scléreuses au voisinage de l'épendyme
et dans le centre ovale des circonvolutions. Ailleurs, c'est la
disposition on tourbillons, en spires, qui domine. Il en est
ainsi au voisinage des vaisseaux.
Ceux-ci présentent des lésions typiques ; leurs tuniques sont
hypertrophiées, envahies par un processus de librose qui
finit par cloisonner leur lumière et l'oblitérer complètement.
On trouve, en certains points, des amas de pigment ocreux,
mais nulle part trace d'une rupture vasculaire récente.
La formation des cavités est particulièrement intéressante
à étudier dans ce cas. Celles-ci se rencontrent principalement
dans cette zone assez vasculaire qui forme la limite de la
substance grise et de la substance blanche de l'écorce.
Au début du processus cavitaire, on voit se produire au-
tour des vaisseaux ou même dans un point quelconque du
tissu une densification des fibrilles ; elles prolifèrent vers l'ex-
térieur et forment ainsi des nodules glieux périvasculaires.
A leur périphérie, la névroglie devient plus lâche, moins riche
en noyaux ; clic ne tarde pas il céder en divcrs points et les
nodules se trouvent ainsi libres de toute adhérence avec le
tissu environnant. Le processus cavitaire ne semble pas dans
notre cas avoir tendance à l'envahissement indéfini. Les
cavités se limitent naturellement par une réaction comme
cicatricielle de la névroglie ; leurs bords ne tardent pas à
s'envelopper d'une couche de libres denses qui forme il la
perte de substance une véritable paroi.
Les méninges sont adhérentes et épaissies (travées formées
de grosses fibres conjonctives el, dans leur interstice, très
peu d'éléments migrateurs ; vaisseaux nombreux, avec parois
épaissies, sclérosées et lumière étroite).
Les autres circonvolutions, quoique présentant un aspect
très différent, sont loin d'être normale*.
La plupart sont atrophiées dans une certaine mesure,
(front loi). paracentral, cire, temporales). La substance
blanche est très diminuée de volume, les fibres nerveuses, très
grèles, sont accompagnées de nombreuses fibrilles névrogli-
ques, les cellules nerveuses sont petites, arrondies, diminuées
de nombre.
Idioties. 115
^ IV. Idiotie, épilepsie et hémiplégie consécutives à l'alcoolisme.
Nara... {Compte-rendu de Bicêtre de 1896, p. 207.)
A première vue, les circonvolutions ont une épaisseur nor-
male, le cerveau n'est pas atrophié. La section montre que
les ventricules ne sont pas anormalements dilatés. La décor-
tication est difficile ; la surface libre des circonvolutions est
très adhérente à la pie-mère opaque, notablement épaissie :
dans l'intérieur des scissures, il n'y a pas de symphyse ménin-
gée, car les méninges n'y présentent que des lésions très fai-
bles.
Examen histologique. - Les libres il myéline colorées par la
méthode de Weigert-Pal, par le picrocarmin et le liquide de
Van Giesen, apparaissent nombreuses, disposées bien paral-
lèlement, sans interposition de bandes scléreuses, dans la
couronne rayonnante et le centre ovale de toutes les circon-
volutions. Tout ce qu'on peut constater, c'est que leur diamè-
tre est sensiblement inférieur au diamètre normal ; elles sont
un peu grêles.
Lorsqu'elles pénètrent dans la substance grise, elles subis-
sent une raréfaction considérable ; par places les fibres radiai-
rcs sont assez bien conservées, ailleurs on n'en rencontre
presque plus. La plus grosse lésion s'observe dans les diverses
couches de libres tangentielles ; il n'y a, pour ainsi dire, plus
trace des libres du réseau d'Exner.
Du côté des cellules nerveuses, on observe avant tout une
diminution du nombre des éléments. Il est impossible de diffé-
rencier les diverses couches ; les cellules sont toutes de
dimensions sensiblement égales; arrondies, pauvres en gra-
nulations chromatiques, avec noyau petit, à contours assez
nets. elles tendent souvent au type bipolaire, sans être ni très
pigmentées, ni chromatolysées. Les grandes cellules pyrami-
dales sont rares et déformées. Enfin, l'on rencontre des élé-
ments cellulaires de grande dimension; nous ne voulons pas
pour l'instant en discuter la nature, nerveuse ou névroglique.
La trame névroglique n'offre rien de bien particulier ; il y a
peu de grandes cellules-araignées, le type cellulaire le plus
Fréquent est l'astrocyte à noyau arrondi, petit, avec une mul-
titude de prolongements très grêles, direction nettement
1'IE Histologie.
radiairc. Il y en a beaucoup au voisinage des vaisseaux et
dans la substance corticale. La paroi des ventricules est at-
teinte d'un certain degré de sclérose fibrillaire; ses vaisseaux
sont ectasiés, mais l'épithélium épendymaire n'a pas subi de
prolifération notable. ,
Les vaisseaux présentent des altérations importantes, prin-
cipalement au niveau des régions les plus superficielles de
l'écorce ; dans les autres zones, on ne remarque qu'un cer-
tain épaississement des tuniques moyenne et interne, avec
prolifération des noyaux.
Au niveau de la symphyse méningée existe une uéofornla-
tion de capillaires abondants ; les vaisseaux plus importants
sont atteints d'endartérite. Autour de toutes les artères et
veines de cette région, apparaissent des amas de cellules
rondes peu riches en protoplasma, il noyau très coloré par
l'hématoxyline ; ces amas entourent let vaisseaux comme un
manchon. En certains points, ces amas deviennent très con-
sidérables et peuvent même être indépendants des vaisseaux.
La pie-mère présente, elle aussi. une vascularisation exagé-
rée : mêmes lésions d'endartérite; même envahissement de
cellules rondes disposées en nappes. De plus, elle est très
épaissie, formée de fibres assez robustes, serrées les unes
contre les autres, ne laissant que quelques espaces aréolaires,
dans lesquels se montrent quelques grosses cellules migra-
trices à protoplasma abondant et granuleux; nulle part, on
ne trouve de leucocytes polynucléaires.
S V. -Idiotie symptomatique d'atrophie cérébrale ; pachyméningite;
kyste de la dure-mère.
\la<lu.. {Compte-rendu de Bicêtre, 1886, p. 33.)
Sclérose lobaire alrophique. intéressant surtout les lobes
frontaux et pariétaux, n'épargnant complètement aucun point
du cerveau. Les circonvolutions sont amincies, de consis-
tance cartilagineuse, transparentes par places. Les méninges
sont intimement soudées ia l'écorce; il y a un certain degré
de dilatation des ventricules, causé surtout par l'atrophie
considérable du corps calleux et des noyaux gris centraux.
Examen histologique. Les lésions sunt de même nature
IDIOTIES. 117 %
en tous les points du cerveau : ce n'est qu'une question de
degré. Le corps calleux est tellement atrophié qu'il n'est plus
constitué que par une mince membrane translucide, ne con-
tenant plus aucune fibre myéliniques, mais possédant des
fibres névrotiques, à noyaux allongés, disposées en couches
parallèles.
Si l'on examine à un faible grossissement une coupe per-
pendiculaire à la surface cérébrale, intéressant plusieurs cir-
convolutions et s'étendant de la paroi ventriculaire à la sur-
face libre du cerveau - (méthode de Weigert-Pal et carmin),
on est d'abord frappé par l'épaisseur de la paroi ventriculaire,
très sclérosée, criblée de gros vaisseaux béants, autour des-
quels le tissu se raréfie; on voit ces bandes scléreuses partir
de là sous forme d'irradiations rouges, et envahir en partie
le centre ovale des circonvolutions dont les fibres myéli-
niques restantes, dévies en tous sens, sont très atrophiées.
Au niveau de la substance grise, les fibres à myéline s'ar-
rêtent et la zone inférieure de cette substance apparaît
creusée de lacunes de dimensions variables. Ces cavités
sont bordées d'une zone scléreuse assez dense, dans leur
intérieur flottent-des vaisseaux sclérosés, parfois réunis en
amas comme de véritables angiomes, des blocs déchiquetés
de substance nerveuse. Les couches les plus externes de
l'écorce sont moins altérées, car, en bien des points, on ren-
contre encore une quantité assez grande de fibres tangen-
tielles; par contre, les fibres radiaires sont partout très raré-
fiées.
L'adhérence de l'écorce avec les méninges molles est
assez intime dans l'intérieur des scissures, et c'est là que
s'observent surtout les lésions méningées, les méninges qui
recouvrent la surface libre des circonvolutions étant beaucoup
moins atteintes. Ces lésions méningées consistent surtout
en un épaississement fibreux avec prolifération vasculaire
et sclérose des parois des vaisseaux, principalement au
niveau de la zone externe ; en certains points existent des
amas de capillaires néoformés qui pénètrent dans l'écorce :
tout autour d'eux le tissu nerveux ne tarde pas à se creuser
et h se détruire, bien que dans ces points on observe encore
une conservation relative des fibres myéliniques tangen-
tielles.
Les altérations fines des éléments nerveux consistent sur-
tout en une atrophie des cellules et des fibres nerveuses :
cellules arrondies, petites, très peu nombreuses, disparues
complètement en bien des régions; fibresgréles, intriquées
Hf; S Histologie. si z
de façons diverses. Les phénomènes les plus importants
semblent se passer dans la névroglie et du côté des vaisseaux.
La névroglie épendymaire est très dense, les cellules cubiques
épithéliales sont nombreuses, souvent disposées en plusieurs
couches; on aperçoit au dessus de la paroi et dans son épais-
seur de nombreux canalicules néoformés, tapissés d'épithé-
lium cylindrique ou cubique. Partout se voient des cellules
rondes à fins prolongements, mais peu de grandes cellules-
araignées. Ce qui domine dans toutes les régions, ce sont les
fibres grosses, disposées en bandes ou en tourbillons et
tendant il tout envahir. L'hyperplasie est ici bien plus fibril-
laire que cellulaire.
Les vaisseaux, qu'ils appartiennent aux méninges ou
à la substance cérébrale, ont le même aspect ; leurs parois
sont très épaisses, mais avec peu de cellules rondes ; seulement
en certains points de la substance blanche, on découvre dans
leur gaine adventice quelques grosses cellules à protoplasma
chargé de granulations myéliniques.
L'épaississement des tuniques est, avons-nous dit, plutôt
du type fibreux, sans aller jusqu'à l'oblitération complète. En
outre, on peut observer en bien des points, la raréfaction de
ce tissu fibreux : dès lors, le vaisseau apparait formé de deux
cercles concentriques, la tunique moyenne n'étant plus repré-
sentée que par un fin réticulum fibrillaire.
X.
Résumé histologique des cas étudiés
PAn PHILIPPE ET OBERTHUR.
1. Méningo-encéphalites.
A. Lésions des méninges. La dure-mère est épaissie,
souvent adhérente, mais les grosses lésions prédominennt
au niveau des méninges molles. Ces dernières apparaissent
généralement formées par plusieurs couches d'aspect et
de structure très différentes. La couche la plus externe est
surtout constituée par une fibrose dense, dont les faisceaux
conjonctifs, tassés les uns contre les autres, rappelent la struc-
ture de la dure-mère ; pauvre en cellules et en vaisseaux, elle
renferme de véritables lacs sanguins ou sinus tapissés d'en-
dothélium ; plus on va vers la profondeur, moins le tissu
devient résistant, les travées conjonctives montrant des
fibrilles plus fines qui circonscrivent de grands espaces
libres. Le nombre des vaisseaux calibrés augmente au sur et
à mesure que l'on s'approchede l'écorce, si bien que la couche
la plus interne des méninges contient surtout des groupes
d'artérioles et de veinules, réunis par de fines fibrilles, dans
le réseau desquelles on observe cependant des formes cellu-
laires variées.
A côté des éléments fixes du tissu conjonctif, pareille
méningite renferme des cellules migratrices en quantités
variables, des globules sanguins, quelquefois aussi des dépôts
de pigment.
Au niveau de la symphyse, la prolifération embryonnaire
est au maximum. L'élément dominant dans certains cas, c'est
la cellule ronde à protoplasma peu abondant ou nul, à noyau
fortement coloré par l'hématoxyline. Ces cellules forment des
nappes d'une grande étendue, des manchons périvasculaires,
ou encore des amas arrondis en pleine substance grise.
120 IDIOTIES.
B. Lésions de l'écorce cérébrale. - L'écorce, dans les
points où la méningite est symphysaire, présente de grosses
altérations, sa substance grise est en train de se nécroser,
car les éléments ne se colorent plus, leurs cont urs sont
déchiquetés; souvent même, des débris informes, des glo-
Indes sanguins, des éléments fixes plus ou moins reconnais-
sables sans fibres à myéline ni cellules nerveuses, constituent
tout le tissu des points nécrosé,. - Dans certaines régions
la substance cérébrale résiste mieux, puisqu'elle a des con-
tours nets, avec libres tangentielles conservées. Les
grosses lésions destructives se limitent généralement à la
couche sous-pie-iW riennect aux deux autres couches de
l'écorce. Néanmoins, dans toute la substance cérébrale,
existent de nombreuses altérations : cellules nerveuses atro-
phiées, arrondies ou fusiformes; cellules pyramidales très
rares ou totalement absentes.
. D'une façon générale, la substance grise est très démyé-
linisée (peu ou uoint de fibres tangentielles ; fibres radiaires
raréfiées, contournées, enroulées en spires).
Le centre ovale des circonvolutions peut être normal
comme développement ; mais souvent ses libres sont raré-
fiées et remplacées par des fibrilles névrogliques.
Une autre particularité de ces fibres à myéline, c'est leur
gracilité, souvent, même l'état granuleux, fragmentaire de
la myéline. Une certaine dilatation des ventricules avec
sclérose légère de la paroi épendymaire s'observe dans
beaucoup de cas. - Du côté des vaisseaux de la substance
blanche et de la portion inférieure de la substance grise,
notons l'épaississement de l'adventice et son infiltration par
les corps granuleux, avec un certain de ? ré d'endartérite ;
souvent aussi, les vaisseaux sont envahis de l'extérieur vers
l'intérieur, par une prolifération conjonctive, qui finit par celui-
sonner leur lumière et en amener l'oblitération.
- II. Scléroses cérébrales atrophiques.
Elles s'accompagnent rarement d'une grosse méningite ;
puis, cette méningite peu riche en cellules, est toujours plus
fibreuse, moins vasoformalrice....
- Dans'les cas extrêmes, la. sclérose peut être telle qu'aucun
élément noble n'existe plus . elle forme une masse de névro-
glie surtout fibrillaire, qui représente comme le squelette
considérablement (le la circonvolution. Cette
masse glieuse est parcourue de nombreux vaisseaux à parois
épaissis et abondants surtout dans la région correspondant aux
Histologie. 1. in. 1
couches inférieures de la substance grise. A ce niveau, la
masse névroglique se creuse de cavités dont nous saisirons
les étapes de formation en étudiant les cas en pleine évo-
lution. Il existe dans le voisinage des vaisseaux, une hyper-
pla,ie névroglique considérable, sous forme de nodules
végétants allant jusqu'à oblitérer la lumière du vaisseau.
A là périphérie de ces nodules, la névroglie devient d'une
texture très fine et délicate, pour bientôt se nécroser en divers
points ; pareille nécrose ne semble pas avoir une tendance
illimitée à l'extension, car elle s'arrête bientôt devant la for-
mation d'une, paroi plus dense de fibres névrotiques. On
peut voir, dans certains cas, les régions corticales séparées
de leur centre ovale comme par un fossé rempli de vaisseaux
libres et de nodules glieux, et cela sur, toute l'étendue d'un
lobe. Il est difficile de préciser le point de départ de la sclé-
rose ; elle semble cependant prédominer surtout au voisinage
des vaisseaux. On observe aussi des bandes scléreuses
qui partent en rayonnant de la paroi ventriculaire cn(1 minée.
Dans les cas moyens, il y a encore un certain nombre
d'éléments nerveux très atrophiés, quelques faisceaux de
libres nerveuses dans le centre ovale, alternant avec les ban-
des scléreuses : les fibres radiaires de la substance gl i : se ont
disparu, alors que persistent encore quelques fibres tangen-
tielles, moyennes ou inférieures. Les altérations cellu-
laires sont analogues Ù celles que nous signalions plus
haut : atrophie simple, disparition (l'un grand nombre d'élé-
ments. On trouve aussi dans certains points, des cellules à
protoplasma incolore par le \issu, assez grandes et rami-
fiées.
D'autre part, on rencontre de ci de la, des groupes de
cellules pyramidales ayant subi une hypertrophie notable,
surtout du côté des prolongements protoplasmiques.
Quant 11 la structure intime des éléments névrogliques,
elle ne présente rien de bien particulier : fibrilles assez
rectilignes, gro-ses, disposées en faisceaux et en tourbillons;
cellules le plus souvent petites, à noyau arrondi et pourvues
de fins prolongements. On trouve moins de grandes cellules
araignées que dans la paralysie générale des aliénés et- la
sclérose en plaques......
Dans les cas que nous avons étudiés, même la où la lésion
semblait absolument localisée (sclérose lobaire symétrique),
nous n'avons trouvé aucun point de l'écorce absolument sain :
partout, nous avons noté une certaine atrophie des éléments
nobles, des lésions cellulaires importantes, une dystrophie
122 Idioties.
considérable des libres il. myéline, le tout coïncidant avec
l'hyperplasie névroglique et la sclérose des vaisseaux.
III. Hydrocéphalies.
L'examen des coupes perpendiculaires la la surface des
circonvolutions et atteignant le ventricule, montre tout
d'abord l'épaississement de la paroi du ventricule; les vais-
seaux en sont considérablement dilatés, il y a une hyperpla-
sie considérable des fibres névrotiques disposées parallèle-
ment à l'axe du ventricule, avec cellules-araignées de
dimensions variables, munies de forts prolongements.
1.'épithélium épendymaire est desquammé par places,
en d'autres points très végétant ; on rencontre, creusés
dans la paroi, de nombreux diverticules, tapissés d'épithélium
cubique de nature épendymaire.
Les lésions ne sont pas limitées au pourtour des ventri-
cules, car la sclérose fasciculée peut envahir le centre ovale.
Les fibres à myéline sont nécessairement refoulées par l'ec-
tasie ventriculaire et leur direction est changée, un certain
nombre d'entre elles sont détruites; la présence de corps
granuleux est constante du côté de l'écorce, dont la substance
grise, aplatie, offre une diminution de ses cellules, dans leur
nombre et dans leurs dimensions, avec disparition plus ou
moins totale des grandes cellules pyramidales. La destruction
des fibres des plexus corticaux est en rapport avec l'état des
cellules.
Dans certaines circonvolutions, nous avons pu noter des
pertes de substance avec un processus cavitaire assez ana-
logue à celui des scléroses lobaires; de même nous avons
constaté une réaction méningée souvent très appréciable.
¡
IV. Microcéphalie.
Dans le seul cas de microcéphalie que nous avons
étudié, il existait une méningite chronique, avec destruction
de la couche sous-piemérienne, comme dans les méningo-en-
céphalites ; mais le fait intéressant c'est que l'on notait la
coexistence d'une sclérose assez marquée du centre ovale
des circonvolutions et des noyaux gris centraux.
XI.
Thymus et glande thyroïde chez les enfants anormaux ;
Par BOUIINRVII.LK.
Depuis bien des années, nous avons soin de relever,
à l'autopsie, de nos malades, le poids de tous les orga-
nes et, en particulier du thymus, s'il y a lieu, et de
la glande thyroïde. La statistique de ces cas a été
consignée, chaque année, dans nos Compte-rendus.
Afin cle voir si les enfants anormaux ont, à cet égard,
quelque chose de particulier, nous avons fait appel
aux médecins et aux internes des hôpitaux d'enfants
pour qu'ils fassent des recherches analogues dans les
hôpitaux d'enfants ordinaires.
Seul, un de nos anciens internes, A. KaTZ, a bien
voulu répondre à cet appel. Nous avons reproduit
dans notre Compte-rendu de 1899 (p. 147 à 166) sa
très intéressante Statistique, portant sur le thymus
uniquement et comprenant 61 cas. Souhaitons que
d'autres imitent son exemple et étendent leurs in-
vestigations il la fois sur le thymus et la glande
thyroïde.
Voici maintenant le résumé de nos constatations,
pour 1900, sur la persistance du thymus, son poids et
celui de la glande thyroïde.
XII.
Statistique sur la persistance ou l'absence du thymus
chez les enfants anormaux ;
l'Ail 1t11[I1t : 11;Vll,l,h.
L'an dernier (1) nous avons établi la comparaison entre
les enfants normaux et les enfants anormaux au point
de vue de la persistance ou de l'absence du thymus. Dans
sa statistique (2) sur les enfants normaux M, Katz a
toujours trouvé le thymus (100 p. 100) alors que nous n'a-
vons trouvé sa présence que 78 fois sur 2U2 décès soit 27 Î
pour 100. Cette année tout en complétant cette statis.
tique jusqu'au 31 décembre 1900, nous avons recherché
la différence qui pouvait exister entre les enfants idiots
imbéciles, etc., mais épileptiques et les enfants idiots
imbéciles etc, non épileptiques. Le tableau suivant donne
année par année le résultat de nos recherches. Le même ' ·
tableau nous montre que si on se reporte il la compa-
raison que nous avons faite l'an dernier entre les enfants
normaux et les enfants anormaux sous le rapport de la'
persistance du thymus, la proportion est restée sensible
ment la même en 1900 pour ces derniers. 11 semblerait par
conséquent que le thymus disparait plus tôt chez les
enfants anormaux. Mais cette conclusion est toute rela-
tive, car il est à remarquer que la statistique con-
(1) (le 19U0, . 1.\ij,
(2) Quelques rcclierclies sur ! ' 'l'lynrttts elle : l'ell ? II/ Il ? 11111'. CUlllple-
(le 1000, p. 161.
TA1 ! ).EAU des cas DE persistance du Thymus.
128
Thymus.
bernant les enfants normaux ne portait que sur 61 cas et
qu'elle ne comprenait que des enfants au-dessous, comme
âge, du chiffre le plus bas des enfants anormaux.
Quant à la différence, au point de vue de la persistance
entre' les enfantsidiots, imbéciles, etc., mais épileptiques,
it les idiots, imbéciles, etc., non ÉpiLEPTiQUES nous avons
trouve chez les premiers une moyenne de 26, 7 °/o et chez
les seconds une moyenne de 30 or. Le thymus disparaît
donc plus tôt chez l'enfant idiot I,I>ILEP'l;lnLr,.
.; Le tableau ci-après donne la répartition de ces cas au
point- de vue de l'âge.
'fA'BLUA'H -DE LA PENSISTANCE U THYMUS, D'APRÈS L'AGE, : ; CHEZ LES IDIOTS, imbéciles, ETC., épileptiques, ET les
IDIOTS, imbéciles, ETC. non épileptiques.
thymus, 129
Au point de vue du poicls ces cas se répartissent ainsi :
XIII.
Inégalité de poids des hémisphères cérébraux et
cérébelleux ;
Par ItpUItVI : VI1.LL.
Voici le relevé des cas de 1900 complétant la sta-
tistique générale du Compte-rendu de 1899 (p. 107).
XIV.
De l'influence des professions insalubres sur la produc-
tion des maladies chroniques du système nerveux ;
Par 130UItNI : VILLL.
Ainsi qu'en font foi nos Comptes-rendus de 1880 il
1900, nous prenons toujours grand soin de relever
toutes les causes des maladies nerveuses chroniques
de l'enfance qui produisent les différentes formes
d'idiotie, d'imbécillité, d'arriération intellectuelle et
morale. Nous procédons de même pour les diffé-
rentes formes d'épilepsie, d'hystérie et d'hébphéiénie.
Parmi ces causes figurent certaines professions répu-
tées insalubres, avec raison, exercées par les parents.
Au premier rang se placent celles dans lesquelles on
manie la ceruse, le mercure, le phosphore, le cuivre,
etc. Nombreuses sont les observations dans les-
quelles nous avons relevé cette étiologie.
Les discussions dont le blanc de céruse a été l'objet
dansées derniers tem ps a u ('omilé cl'hiiète pic6liclue
de France (1) et dans la presse politique nous ont
engagé à faire un relevé aussi exact que possible des
cas des maladies nerveuses de l'enfance que nous
venons d'éntnuérer dans lesquelles il est possible
d'invoquer l'action des professions insalubres.
(II Voir l3ouruevillc. Substitution du. blanc de zinc au blanc de ce) use
(Proptvs méclicat, n 10 Vc 11)01, y. 163.)
154 Saturnisme.
Le Tableau suivant montre les diverses affections
auxquelles ont succombé les enfants :
XV.
Idiotie myxoedémtaeuse ; pleurésie ; mort;
Par BOURNEVILLE et LAURENS.
Sommaire. Père, rien de particulier, sauf quelques excès
de boisson. - Grand-père paternel grand buveur. - Tante
paternelle convulsions de l'enfance. Mère, rien à noter.
- Cousin germain, convulsions, - Tante maternelle, con-
vLl1SZ072S ainsi qu'un de ses enfants et un cousin germain.
Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 2 ans et demi.
Conception probable dans l'ivresse. Grossesse, rien de
particulier. Accouchement à 8 mois et demi.- Pas d'as-
phyxie à la naissance. - Première dent à 2 ans. Jamais
de convulsions. Parole et marche nulles. Consti-
pation habituelle. Réunion de tous les signes de l'idiotie
myxoedémateuse : nanisme, persistance de la fontanelle
antérieure, etc.
1899; Pleurésie purulente; mort.
Autopsie. Crâne très mince et d'un blanc légè7·e7nent jau-
nâtre ; persistance de la fontanelle antérieure. Circon-
volutions grêles, luisantes, sillons peu profonds. - Légère
hypertrophie de la glande pituitaire. Absence de la
GLANDE THYROIDE. - Pleurésie purulente. -Examen his-
tologique. '
Molli... (Léontine), née à Paris, le 5 janvier 1896, est entrée
dans le service le 16 août 1898.
Antécédents héréditaires et personnels. (Renseignements four-
nis par la mère, le 27 août 1898).
PÈRE, 41 ans, né à Ugine (Savoie), palefrenier, pas de con-
vulsions, pas de typhoïde, pas de rhumatismes, pas de dartres,
pas d'indices de syphilis, boit bien mais ne s'enivre jamais,
pas fumeur, jamais de traumatismes céphaliques, pas de
migraines, a bon caractère. Il est resté quatre ans aux colo-
156 Antécédents personnels.
nies (Ile de Bourbon), n'a jamais eu les fièvres ; s'est marié
à 30 ans. Il a le nez aquilin et les cheveux noirs.
Famille du père. Père alcoolique, mort à 62 ans d'un
chaud et froid, a toujours été bien portant. Mère, morte
à 52 ans «de son retour d'àge. » Elle s'était progressivement
affaiblie; on ne saurait dire si elle était tuberculeuse.
Grand-père paternel, inconnu. Grand'mère paternelle,
morte à 73 ans, de vieillesse, avait toujours eu une bonne
santé. Grand-père maternel, aucun renseignement.
Grand'mère maternelle, morte à 82 ans, ni démente, ni para-
lysée. Oncles et tantes, morts très-vieux. Deux frères :
un mort à 28 ans d'une chute d'arbre, l'autre est âgé de
30 ans, a deux filles intelligentes, n'ayant jamais eu de
convulsions. Une soeur aurait eu des convulsions de
l'enfance.
Dans le reste de la famille : pas d'idiots, pas d'aliénés, pas
d'épileptiques, pas d'apoplectiques, pas de paralytiques, pas
de difformes, pas de bègues, pas de tiqueux, pas de strabiques,
pas de sourds-muets, pas de pieds bots, pas de malformations,
pas de goitreux, ni de crétins, pas de suicidés, pas de
prostituées, ni de criminels.
Mère, 43 ans, née à Ugine (Savoie), mariée à 32 ans,
ménagère, pas de convulsions, pas de fièvre typhoïde, pas
de rhumatismes, pas de dartres, pas d'indices de syphilis,
pas de chorée, sobre, pas de traumatismes céphaliques, pas
de migraines, bon caractère. Elle a le nez aquilin et les
cheveux châtains. Elle parait très-bien portante et intelli-
gente, elle se plaint de manque d'appétit et de faiblesse.
Elle a eu pendant longtemps des pertes blanches.
Famille de la mère. - Père, mort à fi5 ans d'une maladie
cachectisante, cancer ou tuberculose. Mère, morte à 70
ans, de vieillesse, n'a jamais eu aucune maladie. Aucuns
renseignements sur les grands-parents. - Un oncle et deux
tantes maternelles, un oncle et une tante paternels, morts
âgés. Ils ont eu des enfants qui sont en bonne santé.
Une soeur a eu des convulsions de l'enfance et a un enfant
qui a eu également des conDuIsions, - Deux frères : l'aine.
51 ans, a un enfant de 11 ans, qui a eu plusieurs crises con-
vulsives, avec perte de connaissance : « les médecins ont dit
qu'il était trop intelligent pour son âge. » Le deuxième
frère, âgé de 4 ans, deux filles, intelligentes, n'ayant jamais
eu de convulsions. Reste de la famille, rien il signaler,
en particulier pas de goitreux, pas de crétins.
Antécédents personnels. 157
Pas de Consanguinité, - Inégalité d'âge : la mère a 2 ans
1/2 de plus que le père.
Deux Enfants : 1° garçon ou fille mort à 4 mois de la. cho-
lérine ; 2° notre malade.
Notre malade. Conception : pas de misère, bonne entente,
sympathie. La mère croit que le père, au moment du coït,
avait bu plus que de coutume.
Grossesse : pas de coups, pas de chutes, pas d'envie, pas
de syncopes, pas d'attaques de nerfs, pas d'albuminurie, pas
d'émotions, pas d'alcoolisme, ennuyée de se voir enceinte
mais pas de tentative d'avortement, était faible et anémique,
a vomi un peu les quinze premiers jours, pas d'oedèmc. A
4 mois 1/2 : les mouvements étaient si forts qu'elle croyait
avoir une grossesse double.
Accouchement quinze, jours avant terme, naturel, le travail
a duré 4 ou 5 heures, la tète n'est pas restée longtemps au
passage; pas de chloroforme; présentation du sommet, on ne
peut renseigner sur l'abondance des eaux.
A la naissance, l'enfant n'était pas asphyxiée, n'avait pas
son cordon autour du cou, elle paraissait bien portante.
Abattement : M... a eu beaucoup de peine à prendre le sein : '.
« J'ai été un mois sans qu'elle puisse le prendre, elle tétait
une seconde puis lâchait prise. » La mère était obligée de
tirer le lait elle-même et l'enfant « le prenait ensuite avec son
petit caoutchouc. » Ce n'est que vers deux mois qu'elle a com-
mencé à prendre le sein et à téter seule, mais toujours dif-
ficilement. A 7 mois, elle a bu du lait de vache. Elle a eu
sa deuxième dent à vingt-et-un mois. Elle n'a jamais marché.
Elle ne criait jamais.
Pas de convulsions, pas d'onanisme. Elle a toujours été très
constipée : « elle a toujours rendu des matières très dures :
on aurait dit que c'était des pierres qui tombaient ». La res-
piration est normale. Les sens paraissaient aussi développés
que chez les autres enfants. Le sommeil a toujours été calme.
Elle a toujours eu la peau très blanche. Pas de maladies
infectieuses,
L'enfant n'a pas eu de gourme, pas de dartres, pas d'otor-
rhée ; elle a eu une ophtalmie après sa naissance; pas d'a-
dénite, ni d'abcès. Elle a toujours eu des croûtes dans les
cheveux. Les croûtes ont commencé à paraître vers 4 mois,
elle en avait encore beaucoup il 2 ans 1/2, il était très difficile
de les faire partir.
Etat actuel. L'enfant a le facies typique de l'idiote 111U.\ : (I'-
158 Idiotie myxoedémateuse.
rlémateuse. La peau est blanche, sèche. Le crâne est élargi en
arrière, l'occipital est proéminent, les bosses pariétales sont
accusées; brachycéphalie. La fontanelle antérieure per-
siste. Elle est quadrangulaire : les angles latéraux sonl; aigus,,
l'angle postérieur est arrondi, l'antérieur très aigu, se pro-
longe entre les deux frontaux primitifs sur une étendue de 1
centimètres. - Le front est bas, fuyant; les bosses frontales
sont peu proéminentes. Les cheveux sont secs, cassants,
«roches », blonds, dorés. Au niveau de l'occiput, ils sont très
clairsemés. Dans la région temporale moyenne, on aperçoit
une longue mèche de cheveux, en avant et en arrière de la-
quelle les cheveux sont petits et rares. Le cuir chevelu est
parsemé de croûtes se détachant difficilement, ressemblant
à de l'eczéma séborrhéique. La face est arrondie, les arcades
sourcilières ne sont pas proéminentes, les sourcils sont rares.
Les paupières sont boursouflées, pâles, les fentes palpé-
braies petites, ovalaires, presque linéaires. Les cils sont petits
et espacés. Les yeux sont mobiles et ne présentent aucune
lésion apparente, pas d'exophtalmie, pas de strabisme, pas de
paralysie, pas de nystagmus. L'iris est bleu ; les pupilles
moyennes, régulièrement circulaires, réagissent bien à la lu-
mière. L'acuité visuelle parait normale. Le nez est épaté,
déprimé à sa racine, le lobule arrondi, non bifide, les narines
circulaires regardent en avant et en bas. Les joues sont
pâles, fermes. A la palpation on a la sensation de palper des
masses musculaires et non du tissu adipeux. La lèvre supé-
rieure est plus développée que l'inférieure. L'éruption den-
taire est extrêmement retardée à la mâchoire inférieure. Les
deux incisives médianes sont seules sorties it moitié de leur
hauteur, à la mâchoire supérieure, les deux incisives centrales
sont sorties et les bords libres des deux incisives latérales
apparaissent à la gencive, les dents sorties sont régulières
de forme, de volume et de constitution. La voûte palatine
est très concave, le voile du palais bien conformé. La langue
est mobile, elle n'est pas hypertrophiée, elle est souvent sortie
hors de la bouche. Les amygdales etle pharynx sont normaux.
Les oreilles sont bien conformées, l'ouïe est normale.
Le cou est court, assez volumineux. Une palpation très
attentive ne permet pas de constater la présence du corps
thyroïde. De chaque côté de la ligne médiane, on perçoit une
masse adipeuse se continuant en arrière, presque dans la ré-
gion de la nuque.
1 UIO'l'IE myxoedémateuse.
159
Le thorax est bien conformé, sans aucune déformation.
Au niveau de la paroi antérieure de l'aisselle existe une
masse adipeuse se continuant avec celle signalée au cou. Le
ventre est bombé, l'ombilic est proéminent, on ne trouve au-
cune trace de hernie. Au niveau du pli de l'aine on remarque
l'existence d'une adipose très accentuée, se continuant sur
la face interne des cuisses. La constipation est opiniâtre;
pas de chute du rectum.
Les membres supérieurs sont bien conformés, ils sont flas-
ques, les mouvements volontaires s'y exécutent avec lenteur,
les mouvements provoqués sont possibles en tous sens. Les
ongles sont friables. .
Les membres inférieurs ont une forme normale, mais ils
sont flasques. L'enfant se tient debout à grande peine et à la
condition qu'on la maintienne énergiquement.
Le pubis est très convexe, les grandes lèvres sont bien
conformées, les petites pâles et rudimentaires. Poids :
8 IdlogT. Taille : Om,69.
IfiU . Idiotie myxoedémateuse.
1"1 ? 11. - Moll, : 1 à ans et demi,
Autopsie : crâne ET cerveau. 161
t899. /lonf-Septembre. Mol... a eu une fièvre
typhoïde qui n'a point offert de particularité notable. Nous
nous bornons à reproduire le tableau de la température rec-
tale durant cette fièvre.
162 IDIOTIE myxoedémateuse.
La dure-mère est très adhérente au crâne. Elle présente des
arborisations nombreuses mais pas de fausses membranes.
L'apophyse crista-galli est très mince, lamelliforme, triangu-
laire. La glande pituitaire a son aspect et sa couleur habi-
tuels. Elle est allongée, un peu pâle. Elle parait un peu grosse
pour l'âge de l'enfant. Elle mesure 12 millimètres transver-
salement et 6 mm. d'avant en arrière. Les apophyses clinoïdes
sont tout à fait effacées. - Le sinus latéral gauche renferme
un caillot volumineux qui se prolonge jusque dans la veine
jugulaire ; dans le sinus il mesure 7 centimètres, il est très
consistant et pèse 5 grammes.
Le cerueau a un aspect lisse et luisant. Des deux côtés la
pie-mère est lisse et peu vasculaire. La quantité du liquide
céphalo-rachidiem est en quantité minime. Les différentes
cavités de la base du crâne sont symétriques. Le trou occi-
pital ne présente rien de particulier.
La décortication de l'hémisphère droit se fait facilement
malgré la minceur de la pie-mère. Le ventricule latéral,
la couche optique, le corps strié, la corne d'Ammon n'offrent
rien de particulier. Toutes les circonvolutions sont grêles,
les sillons sont peu profonds. On ne constate pas d'aspect
chagriné sur la face convexe mais un peu sur les circonvo-
lutions internes du lobe temporal. On constate sur l'hemt-
sphère gauche le même état de la pie-mère.
Cou. On ne trouve pas trace du corps thyroïde ni du
thymus.
Thorax. La plèvre gauche contient un liquide séro-pu-
rulent. Il existe une pleurésie interlobaire du côté gauche.
Le poumon droit présente quelques ecchymoses sous-
pleurales et quelques points de congestion aux bases. Les
autres organes sont normaux.
f Examen histologique. 163
164 IDIOTIE myxoedémateuse.
line ne présente pas d'état poussiéreux, ni d'altération élé-
mentaire d'aucune sorte. Les libres radiaires sont nombreu-
ses, disposées en faisceaux réguliers, le centre ovale des
circonvolutions est franchement coloré en noir par l'héma-
toxyline de Weigert, sans aucun tractus scléreux, les vais-
seaux ne sont pas augmentés de nombre.
Les couches des fibres tangentielles superficielles et pro-
fondes existent partout sans grosses lésions. Mais il faut
cependant remarquer que ces fibres sont grèles, bien moins
nombreuses que dans des écorces normales de même âge.
Il existe là une raréfaction ou un arrêt de développement
indiscutables.
La névroglie, tant dans la moelle que dans l'écorce, n'est
nulle part hyperplasiée, les noyaux sont peu abondants et
les fibrilles en sont extrêmement tenues.
Les «aisseaux ne présentent d'autres lésions qu'une cer-
taine exiguité de leur calibre et un état hyaloïde de leurs
parois. Les méninges n'offrent rien de particulier.
Réflexions. - I. L'hérédité est peu chargée :
quelques excès de boisson du père et du grand'père
paternel, des convulsions de l'enfance chez une
tante et deux cousins ; des convulsions chez une
grand'tante, une tante et une cousine du côté mater-
nel. Bien que le père et la mère soient nés en Savoie,
il n'y a ni goitreux, ni crétins dans leur famille.
II. L'enfant a probablement été conçue durant
l'ivresse alcoolique du père. Relevons l'intensité des
mouvements foetaux, la naissance 15 jours avant
terme, la difficulté de la prise du sein, le retard de
la dentition, la constipation à un degré prononcé,
les croûtes du cuir chevelu, la persistance do la fon-
tanelle antérieure, les faciès et l'aspect général du
nyLCeclè7ne infantile. Notons eniin, l'absence de la
glande thyroïde, vérifiée à l'autopsie, les masses
pseudo-lipomateuses, etc.
III. Une fièvre typhoïde en voie d'incubation s'étant
déclarée deux semaines après l'admission, la conva-
Idiotie myxoedémateuse. 165
lescence ayant été longue, nous avions retardé la mise
en traitement par la glande thyroïde. Nous nous dis-
posions à y recourir quand M.. a été enlevée par une
pleurésie purulente.
IV. La température centrale des 1nyxoedémateux
infantiles est toujours inférieure à la normale. Chez
notre malade la température moyenne était de 36°.
Durant l'évolution de la pleurésie purulente, qui
a causé sa mort, la température a atteint un seul jour
39° et n'a jamais dépassé ce point maximum. Pen-
dant une fièvre typhoïde, dont l'enfant a été atteinte,
dès quinze jours après son entrée, la température
est montée à 39°,5 et n'est jamais allée au-delà. (Voir
p. 22, l'ohservation de Félicie Tis..., atteinte égale-
ment d'idiotie myxoedématcuse.)
- XVI.
Contribution à l'étude de la Microcéphalie et en particu-
lier du traitement médico-pédagogique des idiots
microcéphales;
PAR BOURNEVILLE (1).
' Ma communication a surtout un but clinique' et
thérapeutique : la. démonstration de la possibilité
d'améliorer, même à un degré prononcé, les idiots
microcéphales. Toutefois, comme préambule, je crois
utile de placer sous vos yeux un certain nombre de
photographies représentant des crânes et surtout
des cerveaux de microcéphales. Pour plus de com-
modité j'ai disposé toutes ces planches sur de grands
tableaux noirs que le maire de Clermont, M. Lecuyer,
a fait mettre à ma disposition.
I. Les planches I, II, III, IV sont empruntées au
mémoire de Wogt (2) ; les planches V à XIV sont
tirées du remarquable mémoire de. M. Giacomini
paru en 1890 (3) ; les planches XV à XXI du
mémoire de M. Miguel Bombarda qui vient de pa-
raître (4). Wogt ne donne pas le poids des cerveaux
(11 Communication faite au Congres des aliénistes et neurologistes de Cler-
mont-Ferrand, 1894, p. 526. et qui aurait dû-être reproduite dans le Compte-
rendu de 1895. (Avec de nombreuses planches).
(2) Mémoires sur les microcéphales ou hommes singes, par Carl Wogt.
(3) 1 cervelli microcephali del Prof. Giacomini.
(4) Cont1'ibuiçao para o estudo dos microcephalos, peco Prof. Miguel Bom-
barda. Lisboa, 1894.
Microcéphalie.
167
des Microcéphales dont il parle. Les Microcéphales
de M. Giacomini avaient un encéphale dont le poids
variait de 171 à 785 grammes. En voici d'ailleurs le
tableau.
168 Microcéphalie
chefort. Nous ne possédons pas de détails sur le cer-
veau (1).
Voici les mensurations de la tête :
Microcéphalie.
169
La comparaison de ses centres nerveux avec ceux cle
deux hommes il peu près du même iie laisse aucun
doute sur la réalité de la Microcéphalie
170 Microcéphalie.
phies de CHER... (N° xxiv) et celle de son cerveau
(N° xxv) ainsi que celle du cerveau d'Edern. (N" XX-VI),
- Fig. 15.
Mari... Jan ... Arno... Ramba...
Tabonr. (G,) Tabour. (1L Mazi... Laure... Reness...
Pouge... ..
Microcéphalie. 171
Dans notre second Mémoire sur la Microcéphalie,
communiqué au Congrès international de Médecine
Fig. 16.
Jan.... Mario... Ramba... Tabour. (G.)
Mazi... Reness... \' Tabour, (M.) Laure...
172 Microcéphalie.
mentale en 1889 (1), nous avons montré les photogra-
phies du malade Cluto ? celles de son cerveau et le
squelette de sa tête.
OBS. III. IDIOTIE MICI1.0CIPHALIQUE.
f0\Ili : lIRl;. - Antécédents paternels et maternels négatifs.
Impression maternelle vive avant la conception, se pro-
longeant pendant et après la grossesse. Pas de consan-
guinilé. - Premières convulsions à six mois. - Idiotie
complète : bave, balancement, gâtisme, etc. Marche à
3 ans z. Microcéphalie très prononcée; - acrocéphalie.
Prognathisme supérieur. Diphtérie : Mort.
Résultats de l'autopsie : Absence presque complète du lobe
occipital. Arrêt de développement et malformations
considérables du cerveau.
Cluto.. (Léon), né le 17 mai 1876, est entré à Bicétre le 17
avril 1889 et y est décédé le 26 avril suivant.
Poids : 21 kil. ; Taille : lm 30. Encéphale : 490 gr.
Cerveau : 360 gr.
Pour permettre de se rendre compte du degré de
la Microcéphalie chez Cluto... nous avons dressé, pour
comparaison, le tableau ci-après concernant 7 enfants
du même âge :
(1) Bourneville et Cvmescasse. - Nouvelle contribution à l'étude de la
microcéphalie (Compte-rendu de Bicétre pour 1890, p. 11.i).
Microcéphalie.
173
174 '1
Microcéphalie. L.
Üubillo.. (Réné), nÓ le : W jninI8ï1, est décéllé le Il avril
ISBG à l'ale cle 1 ans.
Poids : 21 k. 400. Taille 1 m. 18. 1
Encéphale : 805 gr.. Cerveau : 705 gr. t ? i7. 17. t
Mario... Jan.... Arn.... Ramba... t
Tabour. (G.) Tabour (L) bfazi... Laure... Reness. : t
MiCROCHl'HALIE. 175
Ons. V. - IIOTIE ; MICROCÈPHALIE.
Sommaire. .Absence de renseignements. Mère migrai-
neuse, scotomes. - Oncle maternel, convulsions de l'en-
faT2ce; strabisme double. Pas de consanguinité. Iné-
galité d'âge de 10 ans. Asphyxie prolongée et convulsions
à la naissance. Sommeil artificiel prolongé pendant un
mois. - Premier o't à un mois. - Alimentation extrême-
ment réduite pendant un mois. - Elevé à la cuillère puis
au biberon (4 mois). Impossibilité de prendre le sein. -
Première dent à 9 mois. - Marche, attention, préhension
nulles. - Contracture des quatre membres ; strabisme.
Labord ? (Emile), né à Paris, le 13 octobre 1883, est décédé
le 10 janvier 1889.
Poids : 10 k. 500. Taille : 0ln 765. - Encéphale : 550 gr,
Cerveau : 440 yr.
OI3S. VI. - Idiotie; microcéphalie.
Sommaire. - Enfant assisté. Pas de renseignements. -
Oreillons. Rougeole à 9 ans. - Autopsie : sclérose du
lobe occipital droit.
Loui.. (Joseph), né à Paris le 10 mars 1883, est décédé le 16
février 1893.
Poids : 10 k. 500 gr. - Cerveau : 1.365 gr. z
Le cas de cet enfant est particulier en ce sens que
son encéphale, quoique très petit ainsi que le mon-
trent ses photographies (n," 41 et 42), avait un poids
(1365 gr.) qui dépasse de beaucoup le poids du cerveau
des Microcéphales ordinaires. Ce fait montre que l'é-
lément DENSITÉ doit entrer aussi en ligne de compte ;
la microcéphalie cependant n'est pas douteuse si l'on
compare son crâne à celui d'un garçon normal de 10
ans et d'une fille normale du même âge, que nous pla-
çons sous vos yeux.
176 Microcéphalie.
La comparaison du crâne de Loui.. avec ceux de
Chér.. et de Cluto... fait ressortir un fait intéressant, à
savoir que le frontal n'est pas, chez lui, aussi fuyant
que chez Cher... et Cluto... Le crâne de Loui.. ne rap-
pelle pas le type simien des crânes de Cher... et Cluto.
En dernier lieu nous vous présentons les photogra-
phies de Pouge... (Nos 43 et 44), mort il y a quelques
jours.
OBS. VII. IDIOTIE complète avec microcéphalie.
SOMMAIRE. Absence complète de renseignements sur les
antécédents héréditaires et personnels. Diarrhée, cache-
xie ; mort. Sclérose spéciale des deux hémisphères céré-
braux auec atrophie de ces hémisphères.
Pougeo... (Réné), né le 4 août 1891, est entré le 16 avril
dans le service et y est décédé le 28 juillet de la même année.
Cet enfant est représenté sur le premier plan de la
photographie collective de nos dix microcéphales. Il
est devenu malade alors que déjà on s'occupait de son
traitement d'une façon sérieuse et il a succombé avant
qu'on ait obtenu des résultats.
Poids : 9 kg. 700. Taille : On 72.
Microcéphalie.
177
178 Microcéphalie.
mais peu abondantes. Les coupes ont été faites en différents
points de chaque région et ont donné les mômes résultats.
On constate, en résumé, la prolifération des vaisseaux et,,
des cellules non différenciées ; un retard considérable dans
l'apparition des petites cellules pyramidales; un développe-
ment incomplet des grandes. Le tout sans sclérose ni foyers
inflammatoires.
Pour compléter les renseignements que nous venons
de donner, nous mettons sous vos yeux : 1° le sque-
lette de la tête de Cher.. ; 2° le squelette de la tête
de Cluto.. ; 3° le squelette de la tête de Louis ;
4° la calotte crânienne de Dubillo... ; - 5° celle de
Labor... ; 6° celle de Pougeoi... et en outre comme
terme de comparaison la calotte crânienne d'individus
du même âge. Cette comparaison des calottes crâ-
niennes met en relief les deux points suivants : la
différence de volume et de conformation des crânes
microcéphales et des crânes ordinaires ; l'absence
de synostose chez ces microcéphales, sauf chez Chér ?
âgé de 59 ans : chez lui, la suture inter-pariétale,
la partie moyenne de la suture fronto-pariétale et la
partie inférieure des sutures pariéto-occipitales sont
tout-à-fait soudées. Les crânes de Chér... et de
Cluto... offraient uno grande ressemblance.
La comparaison des cerveaux montre d'une ma-
nière évidente, que la microcéphalie qui n'est pas due,
nous le répétons, à la synostose prématurée des os du
crâne, n'est pas due non plus toujours, à un arrêt de
développement congénital, mais qu'elle reconnaît
aussi pour cause des lésions pathologiques. Il semble
que ce sont ces dernières lésions qui l'emportent. Il
conviendrait donc de rassembler tous les cas de micro-
céphalie occasionnés par un simple arrêt de dévelop-
pement, de les grouper, de faire leur tableau clinique
et de procéder de même pour les microcéphales dont
le cerveau a été arrêté dans son développement à la
suite de lésions pathologiques.
*» Microcéphalie E 179
II. Nous arrivons maintenant au but principal de
cette communication, à savoir l'exposé du traitement
7técLico-pédagogique qui permet d'améliorer les idiots
microcéphales. Nous avons pensé que s'il était possi-
ble de faire cette démonstration, il en résulterait pour
tous, la conviction que les autres enfants idiots, dont
le cerveau est généralement moins atteint sont, eux
aussi, et à un degré plus considérable, susceptibles
d'être améliorés ou même guéris, suivant leur degré
mental. Voici une photographie (Fig. 15) qui représente,
en groupe 10 microcéphales, d'âges différents vus, de
face et deux autres photographies (Fig. 16 et 17) qui
les représentent vus de profil. L'un deux, Pouge..., qui
figure assis au premier plan, ayant succombé on trai-
tement, ne nous retiendra pas ; mais nous croyons
utile de dire quelques mots sur chacun des autres.
Ors. VIII. - IDIOTIE. Microcéphalie.
Sommaire. Père alcoolique. Oncle paternel alcoolique
et pi1;l'ill ! l tiq lIa géné ¡'at. - Deax frères morts de convulsions
Émotion au sixième mois de la grossesse. Marche
à 11 mois. Convulsions ci 1 an. Parole vers 2 ans.
Accès d'épilepsie. -Câtisttte iatermitte22t. - 1111c1·oCépILt-
lie très prononcée. - Prognathisme. - Alternatives de
périodes d'excitation et de périodes cle mélancolie ; iclées
de suicide. Instabilité mentale. Perversion des ins-
tincts, - Écleccabilité relative. - Amélioration notable.
Jan... (Auguste Prosper), né le 1 : 3 avril 1869 est entré dans
le service le 12 mars 1877.
Les planches IX, X, et XI montrent ce malade
depuis l'âge de 11 ans jusqu'à 22 ans, la planche XII
donne une idée de ses exercices scolaires à différentes
époques (1). Bien qu'on ne se soit occupé de lui que
(l) Cette planche figure dans le Cumpte-remtu de 1890, p. t34.
180 ' nIICROCEPHALIE.
tardivement et que pendant plusieurs années il ait eu
des accès d'épilepsie, on est arrivé à le rendre propre
à lui apprendre à se laver, à se déshabiller, à s'ha-
biller et à manger seul.
OBS. IX. IDIOTIE. MICROCÉPHALIE.
SOMMAIRE. - Antécédents paternels négatifs. Mère nerveuse^
Grand-père paternel excès de boisson. Grande tante mater
nelle migraineuse. Soeur de mère morte de convulsions.
Enfant naturel : arrêt de développement et tête très petite
à la naissance (microcéphalie très prononcée et progna-
thisme supérieur). Convulsions répétées à un an. Fugues
solitaires. Imitation des animaux. Kleptomanie. Accès de
colère, grimaces de la face. Défaut de prononciation. Écho-
lalie. Idiotie. Amélioration notable sous l'influence du
traitement.
Arnou.. (Gabriel), né le 20 mai 1876, est entré dans le ser-
vice le 30 mars 1885.
La photographie collective n° 8 permet de consta-
ter les progrès réalisés chez ce malade qui d'ailleurs
figurait sur les planches VI, VII, VIII. Il s'est amé-
lioré sous tous les rapports et notamment au point de
vue de la parole dont les organes sont plus souples et
plus dociles, l'écholalie a presque disparu.
OBS. X. IMBÉCILLITÉ prononcée. Microcéphalie.
Sommaire. Père, accès de mélancolie; suicide, grand-père
paternel mort aliéné. Antécédents maternels nuls. Pas
de consanguinité. Inégalité d'âge de 14 ans. Microcéphalie
et prognathisme supérieur à la naissance. Marche à vingt
et un mois. Jamais de convulsions, Imbécillité. Fugues.
Parole très limitée. Période d'excitation. Réponse par signes
ou par écrit. Éducabilité possible.
Traitement Mi ? DIfO-P1 : D.4GOGIQLiI : . 181 1
Mario... (Charles, Maurice), né le 20 décembre 1883, est en-
tré dans le service le 27 juin 1889.
Cet enfant qui est représenté sur les figures 1,2,et 3
nous est arrivé à un âge déjà avancé et, bien qu'il ait
été assez avantageusement modifié, nous n'avons pas
obtenu chez lui tous les progrès qui auraient été pos-
sibles si l'on s'en était occupé plus tôt.
C)135. XI. -IDIOTIE microcéphalie.
Sommaire. Grand-père paternel, alcoolique, mort d'un
cancer du pylore. - Arrière-grand-père et deux grands-
oncles paternels, alcooliques. - Mère, grand'mère, grand-
tante et tantes maternelles migraineuses, g1'a ? ld'ta7lle
maternelle suicidée. - Tante aliénée. - Pas de consan-
guinité. Inégalité d'âge de 7 a ? is.
Pas de convulsions. - Parole nulle. - Impossibilité de se
tenir debout. - Affaiblissement prédominant à la jambe
gauche. Gâtisme, tournoiement de la tête. - Balance-
ment du tronc, attention nulle. Amélioration considé-
rable.
Mazie... (Henry), né le 2 juillet 1884, est entré dans le ser-
vice, le 3 décembre 1887.
L'enfant est représenté sur les figures 4, 5, 6, 7, 8,
9 et 10, elles mettent ses progrès bien en évidence
sans qu'il soit besoin d'insister longuement. Au début,
il était incapable de se tenir debout, de fixer son
attention, de prendre un objet, il ne prononçait aucun
mot, il était gâteux, on lui a appris à marcher, à être
attentif, à se servir de ses mains, à manger, à se
déshabiller, à manger seul ; il parle nettement, a
appris à chanter ; il est devenu propre et dans sa tenue
il est même coquet : il y a eu chez cet enfant une
transformation complète. (Voir p. 189.)
XVII.
Nouvelle contribution à l'étude de la microcéphalie et,
en particulier, du traitement médico-pédagogique des
idiots microcéphales. Présentation de malades;
PAR IIOUl\ : .\'E\'IUÆ (1).
Dans des publications antérieures (2) nous avons
exposé un certain nombre de points de l'histoire ana-
lama-pathologique des idiots microcéphales.
Au Congrès international de médecine mentale de
1889 (3) et au Congrès des aliénistes et des neul'olo-
gistes de Clermoni-h'errand, en 1894 (voir p. 166) à
l'appui de nos communications, comme pièces démons-
tratives, nous avons fait passer sous les yeux de nos
collègues les portraits de nos malades, les crânes, les
photographies clos cerveaux et les cerveaux eux-
mêmes. De plus, au Congrès de 1889, nous avons
présenté plusieurs malades qui étaient en traitement
depuis quelque temps.
Laissant de côté aujourd'hui tout ce qui a trait il
l'anatomie pathologique, puisque nous en avons
parlé il y a quelques jours devant vous (4) nous
(1) Communication faite à la section de psychiatrie du Congrès interna-
tional de médecine (août 1900)..
(2) Bourneville. Compte-rendu de 1881, p. 27.
(3) Compte-rendu du Congrès, p. 373.
(4) Rapport sur l'anatomie pathologique de l'idiotie à la section de psychi-
atrie du Congres int. de médecine.
Microcéphalie. 183
allons vous montrer huit microcéphales, 7 garçons et
une fille, en commençant par deux des malades de
1889. (Obs. I et II.)
()as. I. - Idiotie profonde.
SOMMAIRE. - Père alcoolique ? Oncle paternel alcoolique
et paralytique général. Deux frères morts de convulsions.
Emotion au 6e mois de la grossesse. Marche à 4 mois.
Convulsions à 1 an. -Parole vers 2 ans.- Accès d'épi-
lepsie. Gâtisme intermittent. Microcéphalie très
prononcée, - Prognathisme. - Alternatives de périodes
d'excitation et de périodes de mélancolie ; idées de suicide.
Instabilité mentale. - Perversion des instincts. -Édu-
cabilité relative. Amélioration notable.
Jean., (Auguste-Prosper), né le 13 avril 1863, est entré dans
le service le 12 mars 1877.
La photographie collective n° 1 le représente année par
année depuis 1880 (14 ans) jusqu'à ce jour (37 ans). Bien qu'on
ne se soit occupé de lui que tardivement et que pendant des
années il ait eu des accès d'épilepsie, on est arrivé à le ren-
dre propre, à lui apprendre à se laver, à se déshabiller, à
s'habiller et à manger seul. (Voir plus haut, p. 178.)
Depuis son passage aux adultes, en 1891, il s'est encore
notablement amélioré. Voici sa dernière note, prise il y a
quelques jours : « Jan., travaille au marais depuis près de
trois mois et s'y conduit bien; il travaille très convenablement
et ses chefs en sont très satisfaits. Il n'est plus taciturne
comme autrefois, ne se livre plus à l'onanisme. La physio-
nomie s'est éveillée. Il a perdu l'habitude de manger des
souris; sa tenue est relativement bonne. On ne lui connaît
qu'une passion, celle de beaucoup chiquer. En un mot, une
grande amélioration s'est opérée chez ce malade (1). »
(1) Voir son obs. complète dans les procès-verbaux du Congrès internatio-
nal de psychiatrie de 1889, p. 386, et dans le Compte-rendu de 1890, p. 143-
184 TRAITEMENT 111DICO-PPDAGOGIQU-
OI3S. II. - Idiotie prononcée.
SOMVAIRE. -A7îtécëde7-tts paternels négatifs. Mère ner-
veuse. Grand-père paternel excès de boisson. Grande-
tante maternelle migraineuse. - Soeur de la mère morte
de convulsions : - Enfant naturel : arrêt de développement
et tête très petite à la naissance (microcéphalie très pro-
noncée et' prognathisme supérieur). Convulsions répétées
à Un an. Fugues solitaires. Imitation des animaux.
Kleptomanie. - Accès de colère; grimaces de la face. -
Défaut de prononciation. Echolalie. - Idiotie. - -
Amélioration notable . sous l'influence du traitement.
ARNOU.. (Gabriel), né le 20 mai 1876, est entré dans le service
le 30 mars 1885. -
La photographie collective n° 2 le représente année par
année depuis avril 1885 jusqu'à ce jour (24 ans).
A l'entrée Arnou.. avait une prononciation des plus défec-
tueuse, l'écolage était nul; l'enfant était écholalique. (Voir
p. 155.) " .
Actuellement, la prononciation, sans être parfaite, est
presque normale. En classe, le malade a réalisé de réels pro-
grès. Il fait très bien une copie, connaît l'addition et la sous-
traction est bon apprenti tailleur (1).
- OBS. III. IDIOTIE MICROCÉPHALIQUE COMPLÈTE.
SOIMAÚOE. - Père, quelques excès de boisson, rhumatisant.
Grand-père paternel tuberculeux, « plutôt bête que
méchant ». Grand'mère paternelle morte à 59 ans d'une
fluxion de poitrine. Grand'mère maternelle, inconduite
au début de son mariage, tombée en enfance. 1 -- , *
Mère Un peu nerveuse. = Grand-pèrè maternel mort d'une
hypertrophie du coeur à 62 ans. Oncle maternel, con-
vulsions de l'enfance. Géaneltarité. Consanguinité :
Père et mère cousins germains. Inégalité d'âge de 8 ans.
(1) Voir son ohs. complète dans : Congrès de 1889, p. 397 et Comple-rendn
de 1890, p. 152.
Fig. 18.
Imba... Cbaiz... SterArn... Maz... Tab..(M) ' Laur..
I;yl7 Traitement MÉDICO-PËDA60&IQUE.
Conception rien de particulier. Grossesse : émotion vive
au 6° mois avec tremblement durant un quart d'heure .
Accouchement à terme. A la naissance tête toute petite.
Première dent à 4 mois. Dentition complète à an ?
Parole et marche nulles. Gâtisme. - Accès de colère.
Tics. Rougeole à 2 ans et demi.
1889 : Coqueluche. 1892 : Teigne. - 1900 : Oreillons.
Amélioration notable.
TABOUR... (Georges), né le 5 septembre 1884,. est entré dans
le service le 13 juillet 1887.
A l'entrée, il ne prononçait aucun mot, ne mangeait pas seul,
gâtait jour et nuit, ne savait ni s'habiller ni se déshabiller.
Il avait la manie de balancer le tronc d'avant en arrière.
Actuellement Tabour... a gagné au point de vue de la parole
un certain nombre de mots usuels. Il mange seul. Ne gâte
ni jour ni nuit. A perdu son tic de se balancer. Il aide même
l'infirmière aux besoins du ménage et ne s'acquitte pas trop
maladroitement des petits travaux qu'on lui donne à faire.
En résumé, on note une amélioration assez considérable chez
ce malade.
La photographie collective n° 3 le représente année par
année depuis juillet 1887 (3 ans) jusqu'à ce jour (16 ans).
OBS. IV. IDIOTIE complète.
Sommaire. Conception, grossesse, accouchement, rien de
particulier. Tête petite à la naissance. - Première dent
à 5 mois. Dentition complète à 22 mois. = Parole et
marche nulles. Gâtisme. Jamais de convulsions. -
A 14 mois crises consistant en mouvements de flexion et
d'extension du tronc avec cris, durée un quart d'heure. -
1891 : Rougeole. 1892 : Teigne. 1895 : Oreillons. -,
1896 : Scarlatine. Amélioration notable.
TABOUR... (Maurice), frère du précédent, né le 17 février 1888,
est entré dans le service le 18 mars 1890.
A son entrée, l'enfant ne prononçait aucun mot, ne mar-
chait pas, ne mangeait pas seul, était gâteux, en un mot
était atteint d'idiotie complète. Aujourd'hui, l'enfant prononce
Fig. 19.
Imb... Chaiz... Stert... Jan... Arn... Maz... Tab..(M) Laur...
188 Traitement médico-pédagogique.
beaucoup de mots usuels, marche seul, se sert de la cuiller
et de la fourchette, s'habille et se déshabille seul, ne gâte plus,
exécute les premiers mouvements de la gymnastique et com-
mence à tracer des bâtons sur l'ardoise. Comme on le voit,
une certaine amélioration s'est opérée chez Tabour... (Mau-
rice), de même que chez son frère.
La photographie collective n° 4 le représente d'année en
année, depuis mars 1890 (2 ans) jusqu'à ce jour (12 ans).
OBS. V. IDIOTIE MICROCI : PH1LIQU1 : .
Sommaire. - Père nombreux excès de boisson. Caractèr
emporté. - Grand-père paternel mort d'hémorragie céré-
brale. Grand oncle maternel nombreux excès de boisson.
Mère, peu intelligente. Grand'mère maternelle morte à
l'asile de Vaucluse de démence sénile. Grand'tante
paternelle morte folle dans un asile d'aliénés en Belgique.
Deux tantes et un oncle maternels morts de convulsions
en bas âge. Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de
12 ans. Une soeur morte à 2 ans de la rougeole. Une
fausse-couche à 6 semaines.
Conception avouée dans l'ivresse. Grossesse accidentée :
1° par un effort au 4e mois; 2° par la peur d'avoir une
fausse-couche ; 3° par les excès de boisson du mari.
Accouchement 15 jours avant terme, naturel. Première dent
à un ans Marche à 14 mois. Début de la parole, limitée
à quelques mots, à deux ans. Jamais de convulsions.
Onanisme. - Gâtisme intermittent. Écholalie. Arnélio-
ration notable.
LAUR.. (Marcel), né le 13 janvier 1890, est entré le 11 août
1893. ,
A son entrée, il ne prononçait que quelques mots, mal
articulés. Il ne savait pas se servir de la fourchette et du
couteau, ne s'habillait pas seul, ne savait pas se donner les
soins de propreté; il était gâteux et écholalique. L'attention
était très difficile à fixer.
Actuellement, Laur... mange en se servant des trois objets;
il s'habille et se déshabille seul. Il sait se donner tous les
soins de propreté. Il n'est plus ni gâteux ni écholalique.
Enfin l'attention, plus soutenue, a permis de lui apprendre
à écrire les chiffres, les lettres. Il a fait des progrès pour la
tt Microcéphalie. 189
lecture, au moyen des lettres en bois. La parole, presque
nulle à l'entrée a beaucoup gagné : Laur... emploie les
pronoms et les verbes à propos et forme des phrases qui
souvent étonnent par les expressions qui y sont contenues
et les idées qu'elles expriment. L'amélioration, très notable,
chez cet enfant, est de toute évidence.
La photographie collective nez 5 représente Laur... d'année
en année depuis 1893 (3 ans) jusqu'à ce jour (10 ans).
OBS. VI. IDIOTIE complète.
SOMMAIRE. - Grand-père paternel alcoolique, mort d'une
affection de l'estomac. Arrière-grand-père et deux oncles
paternels alcooliques. Mère et grand'mère maternelle
migraineuses. Grand' tante et une tante maternelle
migraineuses. Grand'tante maternelle suicidée.
Arrière-grand'tante maternelle aliénée.
Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 7 ans.
Conception, grossesse, accouchement, rien de particulier.
Première dent à 6 mois. Parole nulle. Impossibi-
lité de se tenir debout. Affaiblissement des jambes
prédominant à gauche. - Gâtisme. - Tournoiement de
la tête. - Balancement du tronc - Grincement de dents.
- Jamais de convulsions. - Rougeole et coqueluche à 2
ans. - Amélioration très remarquable.
Mazi.. (Henry), né le 2 juillet 18&4, est entré dans le service
le 3 décembre 1887.
La photographie collective n° 6 représente l'enfant d'an-
née en année depuis 1887 (3 ans 1/2) jusqu'à ce jour 16 ans)
et met ses progrès bien en évidence, sans qu'il soit besoin
d'insister longuement. Au début, il était incapable de se tenir
debout, de fixer son attention, de prendre un objet. Il ne
prononçait aucun mot ; il était gâteux. On lui a appris à mar-
cher, à être propre, à manger seul, à s'habiller à se désha-
biller, à se donner tous les soins de propreté (l'enfant est
même très coquet). Mazi... converse aujourd'hui comme un
enfant ordinaire, a des notions usuelles très multipliées,
chante, etc. Il arrive à faire des copies, connaît l'addition et
la soustraction. A l'atelier des tailleurs où il a été placé,
190 Traitement \1GD1GU-PLDAGOI;IQUC.
son patron en est très satisfait et enregistre des progrès cous-
tauts (1)....
' OuS.VII. IDIOTIE- complète.
Sommaire. Père, chorée,iL 12 ans, mort d'albuminurie. -
Grand-père paternel mort de, ramollissement cérébral.
Grand'mère parternelle morte d'un cancer utérin, sujette à
de violentes colères. Grand-oncle paternel mort d'acci-
dents cérébraux à l'asile de Dry. - Un autre grand-oncle
paternel, excès de boisson. Grand'lante paternelle, très
coléreuse, morte d'accidents cérébraux. Autre grand'
tante paternelle morte d'un cancer de l'estomac. Oncle
paternel mort de la poitrine à 37 ans. Autre oncle
paternel, quelques excès de boisson. Cousin au 'le degré,
strabisme. Autre cousine paternelle morte d'un cancer
utérin. - Mère, un peu nerveuse, parfois douleurs de tête.
Conception, grossesse, accouchement, rien de particulier. -
A la naissance 900 grammes. - Diarrhée verte il un mois
et un mois et demi. Première dent à un an. Den-
tition complète vers 2 ans. Marche à 10 mois. -Gâteux
à l'entrée. - Jamais de convulsions.
Chai.. (Louis), né le 15 juin 1891, est entré le 28 janvier 1898.
A l'entrée, il y a 2 ans, la parole était inintelligible. Au
réfectoire, il se servait de ses doigts pour manger. Le .gâtisme
était presque continuel. Il ne savait ni s'habiller, ni se laver.
Il cassait ses ongles contre les pierres; il n'avait aucune notion
d'écolage.
Actuellement, la parole s'est notablement améliorée.
Il mange proprement en se servant des trois objets. Le
gâtisme a disparu, il s'habille, se débarbouille seul, ne casse
plus ses ongles. Il écrit sur l'ardoise, commence à lire les
lettres.
La photographie collective n" 7 représente l'enfant d'année
en année depuis son entrée (7 ans 1/2) jusqu'à ce jour (9 ans
1/2). L'amélioration, comme on peut s'en convaincre, est très
remarquable.
(1) Voir Congrès inlern. de t819, p. 406 et Tlialié (IL), Le dressage des
jeunes dégénérés ou, Orthophrènopédie, 1890, p. 638. (Obs. compl. uvec de
nombreuses figures correspondant iL la pliotoyi-apitie collective.)
Microcéphalie. 19 1
Oas. VIII. Idiotie complète.
SOMMAIRE. - Père, boucheur à l'émeri, mort d'une tumeur
cérébrale à 55 ans, sobre. Oncle paternel, noceur.
Tante paternelle morte de tuberculose pulmonaire. -
Renseignements insuffisants sur sa famille. - Mère ner-
veuse. Grand'mère maternelle morte à 42 ans d'une
péritonite à la suite de sa 14° couche. Cousine au deu-
xième degré, cauchemars à 14 ans. Sept oncles mater-
nels morts jeunes. Tante maternelle nombreux excès
de boisson. Autre tante maternelle morte d'un cancer
de l'utérus après son onzième enfant. Une cousine
maternelle chorée dans l'enfance. -Pas de consanguinité.
Inégalité d'âge de 3 a ? is.
Conception, rien de particulier. Grossesse : émotion vive
au 3° mois (mort de son mari). -Au 4* mois «sorte de pa-
ialsieu dans les membres inférieurs, sans douleurs, durée
trois semaines. - Accouchement à terme et normal. A
la naissance, tête très petite. 1- dent à 9 mois. Mar-
che presque impossible à l'entrée (5 ans). - Début de la
parole, limitée à « papa, maman », à un an. Jamais
propre. Accès de cris. Jamais de convulsions. -
Attention nulle. Peur de l'obscurité. Mastication
nulle. Coqueluche 4 ans 1/2. Bronchites fréquentes.
Taenia. - Amélioration très remarquable.
Imba... (Laure), née le 13 août 1890, est entrée le 9 juillet
1896.
A l'entrée, l'enfant marchait mal, tenue par la main ; elle
ne savait ni s'habiller ni se déshabiller seule. Elle ne savait
pas se donner les soins de propreté ; gâtait parfois la nuit ;
l'écolage était absolument nul.
Actuellement, la marche est libre. Elle s'habille et se désha-
bille seule. Le gâtisme a totalement disparu. Au point de vue
de la parole l'enfant a fait quelques progrès. En résumé une
amélioration assez notable s'est opérée chez Imba...
La photographie collective ne 8 représente l'enfant d'année
en année depuis 1896 (6 ans) jusqu'à ce jour (10 ans).
11 ressort de cet exposé, d'une façon tout à fuit
192 Traitement médico-pédagogique.
évidente, que, s'il est possible, avec notre méthode
de traitement, d'améliorer, même à un degré très
prononcé, des idiots complets microcéphales, il est
d'autant plus possible d'améliorer des idiots, des
imbéciles ou des arriérés moins profondément atteints.
Après avoir donné des renseignements succincts
sur les procédés employés à l'asile-école de Bicêtre,
et à l'Institut médico-pédagogique, à Vitry-sur-Seine,
M. Bourneville termine en rappelant qu'il faut s'occu-
per de l'enfant idiot dès qu'on a constaté les premiers
signes de l'idiotie; l'occuper depuis le matin jusqu'au
soir; varier ses occupations ; développer les aptitudes
particulières qui serviront de base pour conquérir
d'autres notions; qu'on doit toujours recourir aux
bains, aux douches et à la gymnastique ; que la pre-
mière partie de la tâche consiste, pour les idiots com-
plets, êtres végétatifs, ce bêtes humaines » comme on
l'a dit, à leur apprendre à se tenir debout, à marcher,
à être propres, à se déshabiller, à s'habiller, à se laver
et à manger seuls. Cette conquête réalisée, l'enfant
se suffit à lui-même, est relevé physiquement et
moralement et est tout prêt pour les leçons de choses,
pour l'enseignement de la parole, le perfectionnement
des sens, les notions d'instruction primaire et ulté-
rieurement pour le travail professionnel.
Nous espérons que les faits que nous venons de
résumer, et les photographies tout à l'ait démonstra-
tives que nous vous avons montrées, apporteront dans
vos esprits la conviction qu'il est possible, par le trai-
lement médico-pédagogique, appliqué avec soin et
persévérance, d'améliorer et même de guérir les
enfants idiots, imbéciles et arriérés.
XVIII.
Considérations sommaires sur le crâne dans les idioties;
Par ITOURNEVILLE et Georges PAUL-BOKCOUK
I.
Modifications de l'aspect extérieur. Si l'on met à
part les crânes hydrocéphales et microcéphales, ce n'est
que rarement qu'on peut rattacher d'une façon certaine
une forme crânienne à telle ou telle catégorie d'idiots. On
a parfois essayé dans les traités cle donner une description
synthétique du crâne de l'idiot : on n'a jamais abouti qu'à
décrire un type particulier (généralement le type micro-
céphale) :
Rapports du crâne et du cerveau chez les individus
normaux (1). Il ne peut en être autrement si on réfléchit
aux rapports du crâne et du cerveau. Chez un individu
normal, l'aspect du crâne et les mensurations qu'on peut
y pratiquer donnent des notions assez vagues sur la valeur
physiologique du contenu crânien. Les variations indivi-
duelles sont innombrables, et ce n'est qu'après une analyse
délicate et rigoureuse, qu'on peut arriver à dégager quel-
ques faits d'ordre général sur l'état de suffisance ou d'in-
suffisance encéphalique.
Renseignements fournis par les mensurations. Il
(I) La plupart de ces considérations sur les rapports du crâne et du cerveau
sont puisées dans les différents travaux de M. Alanouvrier.
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1900. 13
194 LE CRANE DANS LES IDIOTIES.
faut mettre en regard et les faits observés, et les mensu-
rations pratiquées, pour pouvoir, se rendre compte des
influences qui ont existé durant le cours du développement
et donné lieu à de nombreuses combinaisons morpholo-
giques. -
Évaluation du volume cérébral. En premier lieu il
faut évaluer la capacité crânienne en calculant le produit
des trois diamètres antéro-postérieur métopique, transver-
sal maximum et vertical en divisant le produit par 2 et en
divisant ce demi produit par 1,05 au-dessous de cinq ans;
1,06 de 5 à 10 ans; 1,07 de 10 à 15 ans; De 16 à
20 ans il faut diviser par 1,08 pour les filles et 1,15 pour
les garçons.
Quand on a évalué ainsi le volume du cerveau, il faut
mettre en regard la masse active du corps qui est en rap-
port avec ce volume au même titre que l'état intellectuel.
Quant à faire la part de l'état du cerveau vis à vis de ses
deux fonctions (motrices et intellectuelles) c'est impossible
car le développement des lobes frontaux ne modifie nulle-
ment la forme générale du crâne. -
On ne peut évaluer la quantité des différents lobes
cérébraux. Le développement du front, en-effet, ne
donne pas d'indications nettes sur l'état des lobes frontaux,
comme on le croit souvent. Il participe comme le reste
de la voûte à l'accroissement général en rapport lui-même
avec le volume et le poids relatif, mais cela ne dit pas si
l'état intellectuel est supérieur ou non.
Dans les crânes d'idiots, les faits sont identiques mais
plus difficiles à interpréter. Les états d'idiotie s'ac-
compagnent d'altérations pathologiques du cerveau et de
ses enveloppes qui augmentent naturellement le nombre
des variations individuelles. Par exemple, un cerveau
peut être atrophié mais par suite de l'augmentation
du liquide céphalo-rachidien, par suite de modifications
osseuses sur lesquelles nous reviendrons, le crâne
n'est pas fatalement déformé. De môme la quantité peut
être normale et l'insuffisance être purement histologique.
Pour être exact et pour définir la loi qui règle les rapports
du contenant et du contenu, il faut dire que le crâne est
LE CRANE DANS LES IDIOTIES. 1P5
en relation non pas avec le cerveau, mais avec la
pression intr a- crânienne. On doit donc dans chaque cas
particulier tenir compte de ces faits et ne pas oublier que
la résistance osseuse est elle-même dépendante de nom-
breuses influences physiologiques ou pathologiques : état
osseux du sujet, en rapport avec sa nutrition ou sa dénu-
trition, épaisseur des parois, état des sutures, etc.
Quelques faits plus particuliers aux idiots. - Chez les
idiots on constate fréquemment un manque de concordance -
entre les différents diamètres crâniens sans qu'il en résulte
une déformation classée. Voici des exemples.
Il peut arriver, ce qui est fréquent, qu'un état d'idiotie
s'accompagne d'un crâne paraissant normal à première
vue, sur lequel un frontal large (ce qu'indique la largeur
frontale minimum supérieur à la moyenne) recouvre cepen-
dant des lobes frontaux très altérés : ne pourra-t-on
découvrir quelques signes qui détruisent cette impression
première, que ce front recouvre un cerveau volumineux ? 2
Des mesures rigoureuses et surtout rigoureusement inter-
pretées peuvent en informer. C'est ainsi qu'on s'apercevra
que la largeur compense le manque de hauteur (la réci-
proque peut exister d'ailleurs), que le front est développé
parce que les parties postérieures le sont peu. De même
la hauteur du crâne peut expliquer la diminution de cer-
tains diamètres transversaux ou antéro-postérieurs.
Mensurations à prendre. Pour évaluer toutes ces
différences il faut pratiquer systématiquement toutes les
mensurations : diamètre frontal transrel'sen1.inimun, dia-
mètre rmtél'0-posté1'iem' donnant la longueur du cerveau :
diamètre antél'o-postél'ieu1' métopique qui donne, comparé é
au précédent, l'inclinaison du front : diamètre transverse
maximum situé très haut chez les enfants, mais qui est
placé très bas chez les idiots à cerveau peu volumineux,
et l'est encore plus chez les microcéphales où il se trouve
souvent au voisinage des apophyses mastoïdes : diamètre
vertical qui donne la hauteur du crâne et qui comparé à
la largeur et à la longueur (déjà vu) donne des indications
assez précises sur le volume relatif du cerveau.
196 LE CRANE DANS LES IDIOTIES.
Interprétation des formes plus spéciales à l'idiotie.
Au contraire, devant certaines formes d'idiotie, on peut
parfois atlirmcr sans peine l'état du cerveau (microcéphalie
et hydrocéphalie : ; mais si l'interprétation de la loi générale
est plus facile clans ces cas, il ne s'ensuit pas qu'elle doive
être passée sous silence ; car inversement devant une ca-
lotte oanicnnc indiquant un faible degré d'hydrocéphalie
ou de microcéphalie, on ne peut toujours déclarer à priori
qu'il y avait un trouble intellectuel certain : on constate
l'existence d'une augmentation de pression, ou d'une dimi-
nution, mais il ne faut pas ignorer que la microcéphalie
est à un certain degré compatible avec une intelligence
normale et pour allirmer que la microcéphalie existait
au sens propre du mot, il est urgent de rechercher sur
le crâne les signes d'une insuffisance encéphalique : ce
qu'indiquent la présence d'une capacité faible relativement
1\ la taille, la comparaison du volume cérébral avec le poids
du corps. On peut se baser de même sur le développement
de la face relativement à celui du crâne ; autant de consi-
dérations qui permettent de trouver entre un crâne normal
et un microcéphale caractérisé (aspect 1)itllecoïde, frontal
étroit, fuyant et court surmontant une face hors de pro-
portion) tous les intermédiaires. Un nain n'est pas forcé-
ment microcéphale; il a un petit crâne normalement
développé. C'est encore l'examen comparé des diamètres
crâniens qui permet de conclure.
Interprétation des déformations crâniennes. A plus
forte raison, devant les déformations qui ne modifient pas
le volume cérébral, on ne peut porter un jugement sur
l'état du cerveau (1). Ceci ne veut pas dire qu'il n'existe
aucun rapport entre les déformations et les étals d'idiotie,
Leur quantité est trop grande sur les crânes de Uicêtre,
pour qu'il en soit autrement. On verra la cause de leur
fréquence, examinons auparavant leur interprétation
chez les idiots.
Les principales sont la plagiocéphalie, l'acrocéphalie,
(1) L'un de nous a précédemment insisté sur ce fait au sujet de l'otycéplia-
lie (Voir Journal de médecine de Paris 21 mais 1901. (P. B.) .
LE CRANE DANS LES IDIOTIES. 197
la scaphocéphalie, la trigonocéphalie. Si l'on omet la pla-
giocéphalie, ces déformations sont rarement très mar-
quées c'est-a-dire qu'on ne relève pas sur les crânes qui
en sont affectés tous les stigmates habituellement rencon-
trés. Ceci est particulier aux crânes d'idiots et voici
pourquoi. Chez les individus normaux ces anomalies se
forment en vertu du mécanisme suivant. En premier lieu,
il se produit une synostose prématurée d'une ou plusieurs
sutures (sagittale pour la scaphocéphalie, coronale et
sagittale pour l'acrocéphalie, médio-frontale antérieure
à la naissance pour It trio,onocépliilici. Mais le cerveau ne
pouvant se développer dans la direction de ces points
synostosés amène une distension compensatrice des
autres parties du crâne et la déformation est ainsi cons-
tituée.
Étudions maintenant ces déformations chez un idiot.
Ces deux ordres de faits sont peu marqués sur les
crânes des idiots renfermés au musée de Bicètre. Vu le
jeune âge des enfants les déformations ont rarement
atteint la forme extrême. De plus la synostose COM-
PLI;TE est extrêmement exceptionnelle un seul cas
sur 625 (1), elle est plus avancée sur les points trouvés
synostosés sur les crânes caractéristiques, mais la fer-
meture n'étant pas complète, le cerveau n'a pas rencontré
de ce fait un obstacle insurmontable.
D'ailleurs, fréquemment le cerveau des idiots sclérosé et
atropliié n'a pas pris un volume considérable ; il n'a donc
pas eu à produire de dilatation compensatrice. On constate
évidemment des déformations très accentuées, mais à
côté de ces cas, il y en a beaucoup d'autres où un examen
attentif est nécessaire pour les reconnaitre, et où des
mensurations seules peuvent affirmer que c'était une
déformation à l'état naissant ou en voie d'évolution.
Là encore il ne faut pas oublier que souvent une cause
pathologique, telle que l'abondance du liquide céphalo-
rachidien, peut seule avoir causé l'augmentation de pres-
(1) Voir Compte-rendu de Bicêtre pour 1901.
198 LE CRANE DANS LES IDIOTIE.
sion. Parmi les crânes hydrocéphales nous en avons
quelques-uns de scaphocéphales.
La plagiocéphalie peut-être au- contraire rattachée fré-
quemment à lOti' diminution de volume d'un hémisphère ;
elle peut naître aussi sous l'influence d'une synostose
unilatérale ; mais sur les crânes de Bicêtre où cette parti-
cularité n'existe pas, on doit invoquer l'inégalité des
hémisphères cérébraux. Qu'on ait à faire à une hémiplégie
spasmodique, où la différence est le plus marquée, où
qu'on se trouve en présence d'une sclérose totale à pré-
dominance unilatérale, la forme plagiocéphale se rencon-
tre à chaque instant.
Preuve démontrée à l'autopsie que la pression seule
doit entrer en ligne de compte. Il ne faut pas généra-
liser, car la déformation peut manquer alors que l'atrophie
est considérable. Le fait se retrouve encore plus marqué
dans certains cas où la forme extérieure n'est nullement
modifiée malgré la disparition totale, d'une partie du cer-
veau : tel est ce crâne absolument normal extérieurement
et qui contenait un cerveau dont les lohes frontaux n'exis-
taient pas.
II.
Modifications intérieures et interstitielles du crâne
(sutures). Il faut dire extérieurement, car en ouvrant ce
crâne on trouve des modifications qui expliquent ces bizar-
reries. Au moment de l'autopsie, on constata : 1° que le vide
existant entre le cerveau et la face interne de la calotte
était rempli de liquide : la pression par le fait était donc
à peu près normale, 2° qu'il y avait en outre une hypertro-
phie notable de l'os frontal. Ceci n'est pas un fait isolé et
dans tous les cas oit un hémisphère est atrophié (hémiplé-
gie spasmodique) la paroi du crâne correspondante est
augmentée d'épaisseur (1). Cette particularité est en
(1) Nous avons remarqué d'autre part que le cerveau agit par pression
LE CRAN ? dans LES idioties. 4qq
relation avec cette loi que partout où la 1 ? e.ssion est 1 :
augmentée l'os tend Ù s'amincir et dans l'hydrocéphalie
où elle est à son maximum on a en effet des parois exl¡'ê-
mement minces. Là où la pression diminue la paroi
s'épaissit. Un caractère tout particulier que nous citons,
sans pouvoir l'expliquer, a été noté sur les crânes des
épileptiques. Ils sont assez épais, graisseux et conservent
une couleur bleuâtre absolument caractéristique : ce sont
là clos lésions qui ont été signalées par l'un clc nous,
M. Bourneville, dans l'exposé de l'autopsie d'un grand
nombre d'épileptiques (1).
Sutures. - L'état des sutures et des fontanelles est
extrêmement intéressant (Voir : 'l'acquêt, Thèse )892).
D'après ce que nous avons observé : L'oblitération des
salures semble plus lente chez les idiots : le cerveau n'est
pas la cause de ce fait, cela est dû il l'état de nutrition
défectueux chez beaucoup de sujets. En effet. nombre de
crânes il sutures non synostosées sont peu pesants : beau-
coup de calottes où l'oblitération esteertainementen retard
ont appartenu il des sujets dont l'observation, la taille, le
poids, les empreintes musculaires montrent un état de
dénutrition manifeste : on constate quelquefois des traces
de rachitisme, lorsque la base du crâne peut-être étudiée ;
de plus les renseignements fournis par les parents font
souvent mention de troubles nutritifs (rachitiques, syphi-
litiques ou autres).
Les considérations qui suivent et qui ont trait à la suture
métopique sont à rapprocher des précédentes. La persis-
tance de la suture métopique peut tenir à deux causes :
1° une pression intra-eraniennc s'est opposée à sa ferme-
ture ; - 2° la synostose ne s'est pas produite en raison de
l'état défectueux de l'ossification.
directe sur la base du crâne aussi dans les cas d'hémiplégie par exemple oit
l'inégalité des hémisphères est très prononcée, l'asymétrie est très nette 1°
l'hémisphère atrophié a moins modifie les parties qui lui correspondent; -2^
l'hémisphère sein a empiété sur les parties voisines produisant ainsi une
sorte de scoliose. (Déviation de l'apophyse crista-galli entre autres).
(1) Pour être convaincu de tous ces faits, il n'y a qu'à lire la série des
Compte-rendus du service de Bicétre.
200 LE CRANE dans LES IDIOTIES.
Dans le premier cas on peut invoquer le volume relati-
vement supérieur du cerveau. On a affirmé que cet état
coïncidait avec une supériorité intellectuelle : il ne faut
pas oublier qu'il peut aussi provenir l'intelligence restant
la même, d'une faille plus petite. On peut encore invoquer
une pression supérieure indépendante du cerveau : l'hy-
drocéphalie par exemple qu'elle soit générale ou partielle.
Nous rappelons qu'il existe des cas d'hydrocéphalie fron-
tale, se manifestant par une persistance de la suture mé-
topique et l'acrocéphalie.
Dans le second cas, c'est l'état général de l'individu qui
est seul en cause. Et, défait, beaucoup des crânes du service
de Bicêtre où persiste la suture métopique présentent des
traces de rachitisme surtout visibles la base. La syphilis
existe aussi exerçant un effet particulier sur l'ossification
crânienne. D'après un relevé que nous avons dressé, on
constate que la persistance est plus fréquente chez l'idiot
non épileptique que chez l'idiot épileptique (5 0/0 et 13 0/0.)
Tout ceci aurait besoin d'être étudié 'longuement mais en
attendant de l'aperçu qui précède, il est possible de tirer
quelques conclusions. 1°) Le relevé indique que c'est en
effet dans les premières années que la persistance est le
plus marquée, c'est à dire il l'époque où le rachitisme est
le plus fréquent; - 2°) D'une façon générale les épilep-
tiques ont incontestablement une nutrition osseuse supé-
rieure à celle des idiots non épileptiques ; aussi le poids
du crâne des premiers ne ressemble en rien à celui des
seconds : épaisseur des parois dans un cas et minceur dans
l'autre.
Pourquoi 11 a-t-il plus de déformations chez les idiots
que sur les enfants normaux ? - On peut répondre que
il n'y a rien d'extraordinaire à ce que l'on trouve chez des
sujets où la dégénérescence est manifeste un grand nombre
de malformations locales qui forment les stigmates téra-
tologiques de cette dégénérescence. Malheureusement à
l'heure actuelle il est souvent impossible de préciser la
GENÈSE d'une déformation. Qu'on ait à faire à un individu
normal ou à un anormal, on se contente de signaler une sy-
nostose pré maturée, ce qui ne resoud pas le problème.
LE CIIANE dans LES idioties. 201
Chez les idiots toutefois, un fait mérite d'être relevé et
pourrait ultérieu renient être étudié plus complètement.
Les recherches de Gudden ont démontré que l'accrois-
sement et la synostose des parties constitutives du crâne
étaient sous la dépendance de troubles circulatoires. Or,
ce qu'ont réalisé des expé- riences peut bien l'être par les
lésions de l'encéphale et de ses enveloppes. Les relations
entre le cerveau, les méninges et les os sont étroites et
no peut émettre l'hypothèse qu'une lésion de l'encéphale
amène des troubles circulatoires ayant une répercussion
sur l'ossification crânienne ; ce qui justifie cette hypo-
thèse, c'est la constatation fréquente au cours des autop-
sies d'une injection vasculaire particulière des sutures
..
Tout démontre dans ces réflexions que la forme du
crâne quelle qu'elle soit ne peut-être la cause de la forme
du cerveau et de son arrêt de développement. La
démonstration en est faite depuis longtemps pour la
microcéphalie. Les déformations crâniennes chez un nor-
mal indiquent que le cerveau n'ayant pu se développer
dans une direction donnée a pris un développement com-
pensateur dans un autre sens. Chez l'idiot les déformations
sont incomplètes car le cerveau arrêté dans son dévelop-
pement par une lésion quelconque n'a pas eu besoin de
modifier la forme crânienne. '
(1) Bourneville, Comptes-rendus du service de Bicêtre, 1880-1900.
XIX.
Statistique sur la persistance de la suture métopique ;
PAR BOURNEVILLE.
I Comparaison entre les enfants normaux et les enfants
anormaiw. - Sur 397 calottes d'enfants anormaux de 3 il 15
ans que nous possédons dans notre musée (1 ), nous avons
trouvé 37 fois la persistance de la suture métopique,
soit ............................................... 9 °/0,
Sur 89 calottes (2) d'enfants normaux du même âge nous
avons trouvé 16 fois la persistance soit ............ 18 0/o,
Le tableau A donne, âge par âge, la répartition de ces cas.
Tableau A.
Persistance DE la SUTURE métopique.
203
II Différence, au point de vue de la persistance de la
suture métopique, entre l'enfant idiot, imbécile, etc., ÉPILEP-
TIQUE et l'enfant idiot, imbécile, etc., non épileptique.
Nos 625 crânes d'enfants et d'adultes, se répartissent ainsi :
2oui Persistance de la SUTURE métopique.
1 Il ressort de ces statistiques : 1° que chez l'enfant normal,
la persistance de la suture métopique est beaucoup plus fré-
quente (18 ? ) que chez l'enfant anormal (9 °/o) ; 2° qu'entre
l'enfant épileptique et l'enfant non épileptique, l'avantage
est en faveur du dernier(13, 5 °/0 pour 5, 2 °/o chez le premier.
(1) Notre musée contient, à la date du t«septembre 1901, 625 crânes d'anor-
maux : enfants et adultes.
(-2) NoÀs possédons 170 crânes c1'enr'lI1ts normaux de la naissance à 15 ans.
Les 82 autres crânes ne figurant pas dans cette statistique sont des cran»»
d'enfants au-dessous de 3 ans.
Liste des Internes de noire service (1880-1900).
Travaux scientifiques faits dans le service.
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l3owLVU,r,e. - Contribution à l'élude de l'idiotie. - Ce
travail comprend deux parties, dont la seconde a été faite en
collaboration avec M. Brissaud. (Archives de neurologie,
1880, t. I, p. 69 et 399j. Contribution à l'étude de la dé-
mence épileptique. {Archives de neurologie, 1880, p. `13).
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co-psycholoy., sept. 1881) et tirage il part aux bureaux du
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Bourneville, Bicêtre, 1900. - il,
EXPLICATION '-DES PLANCHES-
212 Explication DES planches.
Planche I.
Base de l'encéphale.
(Obs. de Lecl... p. 3.)
Cette PL. met bien en relief l'atrophie considérable du
cervelet.
Bournevilliî, Bicêtre, 1900. 1 Pi. I.
2) A Explication des planches.
' Planche II.
Face convexe de l'hémisphère gauche.
(Obs. de Lecl.. p. 18.)
1 ? F2, F3, première, deuxième, troisième circonvolutions
frontales.
F.A., circonvolution frontale ascendante.
I'.A., circonvolution pariétale ascendante.
S.11., sillon de Romande.
Sc.ip., scissure interpariétale.
Sc.S., scissure de Sylvius.
L.o., Lobe orbitaire.
TI, '1'2, 'P, première, deuxième, troisième circonvolutions
frontales.
Il ? pli pariétal supérieur.
P2.. pli pariétal inférieur.
' P3., pli courbe.
Se., t ? , scissure temporale.
L. Oc., Lobe occipital.
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1900. Po. II.
216 Explication des planches.
Planche III.
Face interne de l'hémisphère gauche.
(Obs. de Lecl.. p. 18.)
L.P., lobule paracentral.
L.Q., lobule quadrilatère ou avant-coin.
0., coin.
1, c a., fissure calcarine.
p p a pli pariéto-limbique antérieur,
p p p., pli pariuto-limbique postérieur.
C.C., corps calleux.
C.C.C., circonvolution du corps calleux.
Sc. cm, scissure calloso-marginale.
r, première circonvolution frontale.
Tout, Top, première et deuxième circonvolution temporo-
occipitales.
C.A., Corne d'Ammon.
Sc. to2., Deuxième scissure tempo-occipitale.
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1900. Pu. III.
218 Explication DES planches.
Planche IV.
(Obs. de Per... p. 81-96.)
Cette planche montre la face convexe de l'encéphale : les
hémisphères cérébraux sont transformés en kystes, le cerve-
let est intact.
BOURNEVILLE, Bicêtre, 19ûO. PL. IV.
220 Explication DES planches.
Planche V.
(Obs. de Per... p. 81-96.)
Cette planche montre la base de l'encéphale, les deux hé-
misphères sont en quelque sorte réunis, et ont l'aspect d'un
vaste kyste. La protubérance et le bulbe offrent un arrêt
de développement prononcé.
BOURNEVILLF, Bicêtre, 1900. PL. V.
222 Explication DES planches.
Planche VI.
(Obs. de Per... p. 81-96.)
Elle montre les deux hémisphères ouverts, la substance
cérébrale réduite à une mince couche, les ventricules
latéraux très dilatés et les masses grises centrales atro-
phiées.
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1900. PL. VI.
22/1 EXPLICATION DES PLANCHES.
Planche VII. '
(Obs. de Tout ? p. 107.)
Pie-mère de l'hémisphère droit.
Elle est doublée de la couche de substance grise et montre
le moule de toutes les circonvolutions.
l3uarvewo ? e. 131lre, 1900. 1>1,. VII.
226 Explication DES planches.
Planche VIII.
Face externe ou convexe de l'hémisphère droit,
(Page 108).
S e. S. , scissure de Sylvius.
F1, F2, Fla. , 1,-e, 2e, 3c circonvolutions frontales.
P ? pli pariétal supérieur.
P2., p i pariétal inférieur.
P3., pli courbe.
F. A., circonvolution frontale ascendante.
P. A., circonvolution pariétale ascendante.
S. R., sillon de Romande
L. O., lobule orbitaire.
- 1. O. C., lobe occipital.
Tl, T2, T3., 1 rc, 2e, 3" circonvolutions temporales.
S", f. s.. scissure frontale supérieure.
Se. f i : , scissure frontale inférieure.
Se. i p., scissure interpariétale.
Se. p., scissure parallèle.
Les circonvolutions sont réduites à la substance blanche,
atrophiée. Un grand nombre de circonvolutions ressemblent
à des crêtes.
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1900. PL. VIII.
228 Explication DES planches
Planche IX.
Face interne de l'hémisphère droit.
(Page 108).
L. P. , lobule para-central.
F . , première circonvolution frontale.
C. , coin.
L. Q. , lobule quadrilatère ou avant-coin.
Se c. m. , scissure calloso-marginalc.
C. C. , corps calleux.
C. C. ( ? , circonvolution du corps calleux.
p. p. a. , pli pariéto-limbique antérieur.
p. p. p. , pli pairéto-limbique postérieur.
P. , pédoncule.
0..\. , corne d'Ammon.
p. f. 1. , pli frontal limbique.
G. R. , gyrus rectus.
F. c. a. , fissure calcarinc.
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1900. Pr. IX
230 Explication des planches.
Planche X.
F;¡ce e.\ : tl'J'ne de l'hémi.}Jhé1'e gauche.
Méningo-encéphalite à peu près généralisée. Il ne reste;
plus que quelques fragments de circonvolutions à peu près
saines.
Les lettres ont la même signification'que celles de laPLAN-
CHE VIII.
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1900. PI.. X.
23 ? " ? Explication des planches.
Planche XI.
Face interne de l'hémisphère droit,
IUningo-enc,éplialite à peu près généralisée.
Les lettres ont la même signification que celles de la Plan-
che IX.
Bourneville, Bicêtre, 1900. Pi.. XI.
TABLE DES MATIÈRES
PREMIÈRE PARTIE
Histoire du service pendant l'année 1900.
Section I : Bicètre.
231 Taule des matières.
Taule des matières. 235
231j
Taule des matières