(1900) Recherches cliniques et thérapeutiques sur l'épilepsie, l'hystérie et l'idiotie : Compte-rendu du service des enfants idiots, épileptiques et arriérés de Bicêtre pendant l'année 1899
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(1900) Recherches cliniques et thérapeutiques sur l'épilepsie, l'hystérie et l'idiotie : Compte-rendu du service des enfants idiots, épileptiques et arriérés de Bicêtre pendant l'année 1899

RECHERCHES

SUR

L'ÉPILEPSIE, L'HYTÉRE

ET L'IDIOTIE

PUBLICATIONS DU PROGRES MÉDICAL

RECHERCHES

CLINIQUES ET THÉRAPEUTIQUES

SUR

L'ÉPILEPSIE, L'HYSTÉRIE -

ET L'IDIOTIE

COMPTE-RENDU DU SERVICE

DES ENFANTS IDIOTS, ÉPILEPTIQUES ET ARRIÉRÉS DE- 1

BICÈTRE PENDANT L'ANNÉE 1899 /j.

PAR i.-

BOURNEVILLE le

w

Avec la collaboration de 6

MM. BELLIN, BOYER, CHAPOTIN, DARDEL, KÀTZ,

NOIR (J.), PAUL-BONCOUR ET FOULARD.

" Volume XX

Avec 76 figures dans le texte et XIII planches. -

y i 4 -s o

- 'AR2 S

AUX DUREAUX DU

PROGRÈS MÉDICAL

14, rue des Carmes, 1h.

Félix ALCANE -

. EDITEUR -.

LOS, Boulevard St-Germain, 108.

1900

PREMIÈRE PARTIE

Histoire du service pendant l'année 1899.

(Bicêtre et Fondation Vallée.)

OURNEV1LLE, Bicêtre, 1899.

PREMIÈRE PARTIE

Section I : Bicêtre.

Histoire du Service pendant l'année 1899.

I. '

Situation DU service. - Enseignement primaire.

Selon notre habitude, nous allons rappeler tout

d'abord, la répartition des enfants de la 4° Section

du quartier des aliénés de l'hospice de Bicêtre. Ils

forment trois groupes principaux : 1° Les enfants

idiots, gâteux, épileptiques ou non, mais invalides

(Bâtiment Séguin) ; - 2e les enfants idiots, gâteux

ou non, mais valides; - 3° les enfants propres,

valides, imbéciles, arriérés, instables, pervers, épi-

leptiques et hystériques ou non.

I. Enfants idiots, gâteux, épileptiques ou non,

mais invalides. Ce premier groupe est subdivisé

en deux catégories. La première se compose des

IV IDIOTS COMPLETS : EXERCICES PRELIMINAIRES.

enfants icliots complets, ne parlant, ni ne marchant,

considérés généralement, mais à tort, comme tout

à fait incurables. La plupart d'entre eux sont, au

contraire, susceptibles' d'amélioration, môme à un

degré très notable. On fortifie leurs jambes avec la

balançoire-tremplin (Fiy. 1); on leur apprend ensuite

Fig. 1. - Balançoire-tremplin.

IDIOTS COMPLETS : EXERCICES PRÉLIMINAIRES. V

à se tenir debout à l'aide des barres parallèles (Fig. 2) ;

à marcher, soit en les tenant sous les bras, soit à l'aide

du chariot (Fig. 3 et 4); on fortifie leurs membres en

exerçant successivement chaque jour et à plusieurs

reprises toutes les articulations (exercices des join-

12c·es), en leur faisant des frictions stimulantes, etc.

En 1899, 3 enfants ont appris à marcher.

1° Leboe ? né le 29 octobre 1894, admis le 31 mars 1899.

Idiotie complète; marche, préhension, parole, etc., nulles.

Gâtisme. Sait maintenant marcher et manger seul.

2° Popl..., né le ll avril 1W5, admis le 25 novembre 1897.

Idiotie complète. Marche, préhension, attention, etc., nulles.

Gâtisme. Marche aujourd'hui seul, commence iL porter le pain

à la bouche. L'attention est devenue facile il fixer.

3° né le 7 juin 1895, admis le 30 mars 1899. Idiotie

complète : marche, préhension, nulles; gâtisme. Il va et vient,

à la condition d'être tenu par le bout du doigt, De plus, il

s'habille et se déshabille.

Fig. 2. Barres parallèles.

VI IDIOTS COMPLETS : exercices préliminaires.

Quatre enfants ont été guéris du gâtisme (1), cinq

ont appris à manger seuls (2).

Dès qu'un enfant marche sans aide, il est envoyé à

la petite école, le matin pendant une heure ou deux,

puis toute la journée, aussitôt que ses forces le per-

il) Himb ? Lou ? Baud ? Pat..

(2) Leboe ? IIiin]) ? Lou ? lncqu ? Doi..

Fig. 3. - Chariot..

IDIOTS incurables; ÉPILEPTIQUES déments. Vil

mettent. Tous ces enfants sont placés sur les petits

fauteuils spéciaux, que nous avons décrits, à l'usage

des gâteux (Fig. et 6).

La seconde catégorie comprend les idiots absolu-

ment incurables, en beaucoup plus petit nombre

qu'on ne le croit d'habitude, et les épileptiques deve-

nus déments et gâteux sous l'influence des accès ou

des poussées congestives qui les compliquent ; ils ne

peuvent plus être que l'objet de soins hygiéniques et

doivent former un groupe spécial. Aussi avons-nous

réclamé l'aménagement, pour eux, de l'un des sous-

sols encore disponibles où ils seront réunis et surveil-

lés durant le jour. Cette installation modeste, qui a

pris près de cinq ans, est achevée depuis 10 mois;

il ne manque plus pour la faire fonctionner que le

personnel nécessaire, c'est-à-dire un infirmier.

Fig. li. - Chariot.

vin IDIOTS incurables; épileptiques déments.

Nous l'avons réclamé à différentes reprises sans avoir

jusqu'ici de solution administrative. Après avoir re-

connu utiles les travaux d'aménagement et les avoir

fait exécuter, on hésite maintenant, nous ne savons

pour quelle raison - tout en la soupçonnant - à

assurer le fonctionnement de ce petit service. Quand

l'Administration voudra-t-elle examiner sérieusement

ces améliorations qui, cependant, lui feraient hon-

neur ?

Ce sous-sol nous servira également pour d'autres

enfants, qui nous arrivent tardivement, Ù '15 et

1fi ans, dont l'incurabilité est reconnue et que nous

sommes obligé, jusqu'ici, de maintenir dans les écoles,

où ils sont une occasion de trouble, qu'ils contribuent

à encombrer sans aucun bénéfice pour eux et au grand

détriment des enfants éducables.

Fig. 5.

Fil),6.

Petite école. lx

II. Enfants 'idiots gâteux ou non gâteux, épilep-

tiques ou non, mais valides (Petite Ecole). - Ces

enfants fréquentent la petite école confiée exclusive-

ment à des femmes. Dans le courant de l'année, 197 i

y ont été inscrits. Sur ce nombre 10 sont décèdes;

15 sont sortis définitivement; 2 sont passés il la

grande école ; G ont été transférés.

Sur 164 enfants qui restaient à la petite école au

31 décembre 1899, 3 ne mangeaient pas seuls, 55 se

servaient de la cuiller, 86 de la cuiller et de la four-

chette ; 20 de la cuiller, de la fourchette et du couteau.

Cinq enfants gâteux de ce groupe sont devenus pro-

pres (1) ; 4 enfants ont appris à manger seuls (2); 4 en-

fants ont appris à lire (3).

(1) 13oÍ ? lia ? Troc ? lien ? Dup...

(" ? ) T.eeuurt ? Sclmeill .. 110111 ? Troc

(3) (3enr ? Dup ? Gili ? Via..

Fiv. 1.

Fig. 8.

X Petite ÉCOLE.

Voici un résumé très sommaire des améliorations

obtenues à la Petite École par MIles Blanche AGNUS,

Amandine 13oi-mv et leurs aides :

10 Baud... (Louis), né le 10 novembre 1888 à Paris, actuel-

lement âgé de 11 ans et demi. A .son entrée (2 : ! juillet 1592),

l'enfant ne marchait pas, la parole était nulle, le gâtisme

complet. L'attention était si dillicile à fixer que rien de ce

qui se passait autour de lui ne l'intéressait. ne souriait

jamais, il restait immobile dans un coin (ce qui lui a fait

donner par les autres malades le nom de « petite misère »).

Actuellement, le petit malade mange seul, marche et court

librement, il exécute bien les trois premiers mouvements de

la gymnastique des échelles (1'ir. 7, 8, 9, etc.). La parole

s'est sensiblement développée, mais en conservant une pro-

nonciation défectueuse. Il est tout à fait propre, s'habille seul,

lave lui-même ses mains et son visage. Son caractère est gai.

IL ? est prévenant, actif et il s'occupe continuellement. Il

connaît un grand nombre d'objets qui l'entourent ; il com-

mence sur le cahier à tracer des o et des barres.

Fig. ! ).

Fig. 10.

Petite école. xi

Geor... (Fernand), 9 ans -et demi, l'enfant est propre, la

marche est normale.

L'enfant a une physionomie réfléchie, froide et dure. Bien

qu'il sache parler, il faut le contraindre de répondre quand

on lui parle (ce qui parfois suscite une colère, l'enfant y étant

sujet). Il n'affectionne personne, et il se passerait volontiers

de la visite de ses parents qu'il dit ne pas aimer, surtout sa

mère. Il lui arrive aussi fréquemment d'uriner au lit par

taquinerie ou paresse ( ? ). - Cette habitude lui est passée

(l'enfant a dit être mis en robe de gâteux pour cette raison,

il n'a plus recommencé). Il ne possédait aucune notion des

exercices classiques. "

Aujourd'hui, il lit couramment, l'écriture est lisible, et il

peut écrire sous la dictée quelques mots usuels, faire des

problèmes simples sur l'addition et la soustraction. Une amé-

lioration notable est survenue, concernant le caractère. Il

est plus affectueux et il se réjouit à présent de voir sa famille,

et de passer quelques jours avec elle.

Fig. Il,

Fig. 12.

XII PETITE école.

Mart... (Gaston), né le 9 décembre ! t ! ! J2 (7 <lnsl/2)'

A son entrée (22 février 189(5), l'enfant ne parlait pas et

n'était pas encore tout à fait propre. Sa physionomie était

très dure. L'enfant mordait ses camarades dont il paraissait

jaloux, et qu'il ne supportait pas auprès de lui. Il était très-

coléreux, avait la manie de ronger le bord des manches et

le bas de sa robe, de sorte que ceux-ci étaient dentelés.

Il sait manger avec la cuiller, mais le plus souvent il se

sert de ses mains. Il est incapable de faire sa toilette et il

parait aimer avoir ses lias mal tirés et ses vêtements non

boutonnés.

Actuellement, l'enfant parle assez distinctement; sauf les

r et g qu'il ne peut prononcer, tous les mots sont exacts. Il

dit même des phrases. - Le gâtisme est aujourd'hui nul. Il

mange plus proprement et a perdu la manie de ronger, com-

mence à s'habiller convenablement ainsi qu'à se laver. Une

grande amélioration s'est produite dans le caractère qui est

Fia. 1 : 1.

Fig. 14.

Fig. 1 :

Petite ÉCOLE. Jçiii

aujourd'hui gai et plus affectueux. - Sans aucune notion il

l'entrée, l'enfant commence à syllaber et à former convena-

blement les mots sur le cahier.

Troc... (Edouard), né le 12 juillet 1895 (6 ans).

A l'entrée (26 juillet 1898), l'enfant était gâteux, idiot, épi-

leptique. La parole était complètement nulle. L'enfant était

peu affectueux, ne savait pas manger seul, était glouton et

voleur à table.

Il ne souriait jamais et pleurait continuellement.

tl2cjouiol'hui, l'enfant parle, il fait des phrases. Il ne gâte

plus, mange proprement, et arrive à se laver seul les mains.

- Il est gai, joueur, taquin même. A la classe, son attention

est devenue plus fixe, quelques progrès ont été obtenus en

gymnastique.

Fig. 16.

Fig. 17.

xiv Traitement médico-pédagogique.

Lam... (Gaston), né le 12 mai 1892 (10 ans).

A Ventrée (12 mai 1896), l'enfant avait une physionomie

ahurie, souffreteuse, l'attitude mauvaise et la marche lente.

La parole était presque nulle, le gâtisme complet. Aucune

notion des soins de toilette ni des exercices classiques.

Actuellement, la parole est plus coin-

préhensible. - Le gâtisme a disparu.

- La marche est plus vive et l'attitude

de l'enfant est bonne. - Sa physiono-

mie est aujourd'hui souriante et plus

expressive. L'enfant s'occupe bien à la

classe, il commence à bien former les

barres et les o sur le cahier et il connaît

presque toutes les lettres de l'alphabet.

Quelques progrès sont également obte-

nus à la gymnastique.

Prov... (Edmond), né le 2 mars 1891,

(9 ans).

A l'entrée (6 juin 1894), la parole était

nulle. L'enfant était gâteux et ne mar-

chait pas. Le caractère était sombre et

restait accroupi dans un coin.

Actuellement, il marche, court, joue

et tient bien conversation. Il a appris il

se vêtir et à se laver lui-même. Notons

un peu de paresse en ce qui concerne

la lecture et l'écriture. Sa tenue est

bonne et le caractère est plus régulier.

Lesu... (Aimé), né le 15 septembre 1892, à Neuilly (7 ans et

demi).

A l'entrée 12' septembre 18 ! 17), l'enfant parlait à peine,

était gâteux par périodes. Il savait à peine tenir une cuiller

et avalait gloutonnement, sans les mâcher, tous les aliments.

L'enfant était coléreux, jaloux des autres enfants, leur déro-

bait les jouets qu'ils avaient.

Aujourd'hui, Lesu... est propre; mange proprement,

mâche bien et n'est plus glouton. 11 n'est plus jaloux, ni

voleur.

Sans notions à son entrée l'enfant sait aujourd'hui les let-

tres de l'alphabet, commence à tracer les a, o et u sur lo

Fig. 18.

PETITE ÉCOLE. XV

cahier, et il exécute bien et vivement tous les exercices de

la gymnastique.

Prov... (Edmond), né le 2 mars 1891 (9 ans).

A l'entrée (6 juin 1894), la parole était nulle, l'enfant était

gâteux, ne marchait pas. Le caractère était sombre, Pr...

restait accroupi dans un coin.

Actuellement, il marche, court, joue et tient bien conver-

sation. Il a appris à se vêtir et à se laver lui-même. Notons

un peu de paresse en ce qui concerne la lecture et l'écri-

ture. La tenue est bonne et le caractère plus régulier.

Au nombre des enfants notablement améliorés nous

signalerons encore l'enfant Kriég ? âgé aujourd'hui

de 6 ans 1/2. - A son entrée, à 3 ans 1/2, cet enfant

était gâteux, ne prononçait pas un mot, ne mangeait

pas seul, ne savait ni s'habiller ni se déshabiller seul ;

il était aussi très turbulent, très indocile et d'une

attention presque impossible à fixer. Aujourd'hui,

grâce aux soins intelligents de Mme Athénaïs BOHAIl'i,

sous-surveillante à l'infirmerie des enfants, le jeune K.

est devenu tout à fait propre; l'attention, sans être

encore de longue durée, est assez soutenue. Ilaappris

à s'habiller et à se déshabiller ; il mange seul et pro-

prement ; sait nouer, boutonner et lacer. La parole

qui, au début, était nulle s'est aussi beaucoup amé-

liorée : il connaît et dit le nom de presque tous les

objets usuels et commence faire de petites phrases.

Mentionnons enfin les enfants Gra.. Tab.. etLehm ?

en traitement au pavillon d'isolement pour la teigne.

Le premier, l'enfant Gra ? est un petit sourd-muet

qui, à son entrée, était gâteux, ne savait pas se débar-

houiller, que l'on faisait manger et qui ne pouvait

prononcer un seul mot. Actuellement, Grav... sait se

donner tous les soins de toilette ; en outre, au point de

vue de la parole il a fait beaucoup de progrès. Les

deux autres enfants, Tab ? microcéphale, et Lehm...,

XVî . Traitement médico-pédagogique.

hydrocéphale, ont été également très amendés sous

le rapport du gâtisme, de la marche et de la parole.

Tous les enfants sont exercés à la gymnastique des

échelles de corde (Fig. 7 à 15), des ressorts (Fig. 16 à

18), du saut, à la montée et à la descente des escaliers

à l'aide de l'escaheau (Fig. 19 et 20), sauf ceux qui,

venus du premier groupe, c'est-à-dire des idiots inva-

lides étant encore trop infirmes, n'ont pu y prendre

part. Vingt enfants de la petite école et de la petite

école complémentaire, dont nous allons parler dans

un instant, ont fait régulièrement les exercices de la

grande gymnastique.

27 enfants ont travaillé cette année dans les divers

Fig. 19. - Escabeau : montée. ·

Petite école... XVII

ateliers : 1 imprimeur, 1 tailleur, 2 cordonniers, 2 van-

niers, 4 menuisiers, 3 serruriers, 1 brossier et 3 jardi-

niers.

La petite école comprend : 1° le traitement du

gâtisme, qui consiste à placer, après chaque repas,

les enfants gâteux sur les sièges d'aisance que nous

avons décrits dans plusieurs de nos précédents COi\IP-

TES rendus (Fig. 21); - 2° les leçons de toilette (Fig.

22) qui consistent à apprendre aux enfants à se laver la

figure et les mains, à s'habiller, etc ; - 3° les leçons

de table où l'on enseigne aux enfants à se servir de la

cuiller, delà fourchette, etc ; - 4° les exercices pour

l'éducation de la main, des sens et de la parole ;

5° les leçons de petite gymnastique ; - 6° les exer-

cices élémentaires relatifs à Y enseignement primaire,

dont nous avons si souvent parlé dans nos Comptes

rendus de 1880 à 1898 et que nous complétons d'an-

BoURNE91LLE, Bicêtre, 1899. **

Fig. 20. - Escabeau : descente.

1-3 ?

3

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5

Fig. '21. - Traitement du gâtisme.

PETITE-ÉCOLE. XIX

née en année ; - '7° les leçons de choses, soit à-l'école,

soit dans les jardins aveo le tableau roulant (Fig. 43),

soit enfin dans les promenades. ' ..

, Quelques-unes des parties de cet enseignement

Fig. 22. - Leçon de toilette.

xx Traitement MEDlCO-PÉt)AGOG1QU.

doivent nous. arrêter et tout d'abord les exercices des-

tinés à l'éducation de la main et du sens du toucher.

La main des.idiots et aussi d'un grand nombre d'im-

béciles est, en général, très défectueuse et très sou-

vent inhabile. Les Fig. 23,24 et 25 en donnent une

Fig. 23. - Main idiote.

Main idiote. xxi.

idée (1). Les exercices de gymnastique aux échelles

nous servent, en particulier, en faisant saisir les éche-

Ions par la main des idiots, à leur apprendre à opposer

le pouce aux autres doigts, ce que beaucoup ne savent

(1) Nous avons préparé avec M. J. Boyer un mémoire sur la main idiote

que nous publierons dès que nous l'aurons revu et mis au point.

Fig. 24. - Main idiote.

xxii TRAITEMENT ? MÉDICO-PÉDAGOGIQUE.

pas faire. Des planchettes, des cylindres, des boules en

bois de différentes dimensions (Fig. 26 et 37) nous ser-

vent à exercer successivement tous les muscles de la

main. On place les mains des enfants dans de l'eau

chaude ou froide ; on leur fait toucher des surfaces

rugueuses ou lisses à divers degrés, etc. (Fig. 27).

Fig. 25. -Main idiote.

b

M

H

H

1 : > : 1

M-

n

0

S

1 : > : 1

. M

se

Fiv.'26.

xxiv Traitement MÉDICO-PÉDAGOGIQUE,

Lorsque les enfants savent exécuter ces différents

exercices nous recourons aux suivants qui perfection-

nent la main, le sens du toucher et contribuent à

l'éducation, du sens de la vue et par suite de l'atten-

tion en général.

1° Boîte à trous (Fig. 28). Ce petit appareil a pour

hut d'apprendre à l'idiot à reconnaître deux grandeurs

semblables, mais d'aspect différent, dans l'espèce,

des boules et des trous de même diamètre. Le cou-

vercle de la boîte, fait de trois planchettes indépen-

dantes, permet de présenter à l'attention de l'enfant,

soit des trous de même grandeur, soit des trous de

grandeurs extrêmes, soit des trous de trois grandeurs

différentes. Notre élève est exercé à faire passer par

ces trous, des boules du diamètre correspondant.

Fig. 27.

Éducation de la main, DE la vue, etc. XLV

Ainsi se trouvent éduqués, en même temps, le sens

de la vue, la main et l'attention (1). - ~

(1) Voir le Compte rendu de 1895, p. XII. - ( ! ) Ibidem., p. XII.

ce

p

7

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ci

0 : ,

L

XXVI Traitement MÉDICO-PÉDAGOGIQUE.

. 2° Cône à chevilles (Fig. 29). - L'enfant place dans

des trous, obliquement percés sur un cône, de petites

chevilles qu'il est obligé de tenir du bout des doigts

et de diriger vers un endroit donné.

3° clievilles (Fig. 30). - Le prisme eL che-

villes fait, pour ainsi dire, suite au cône à chevilles.

Fig. 29.

· PETITE ÉCOLE. XXVII

L'exercice du prisme habitue l'enfant à tenir un corps

allongé en forme de bâtonnet et par conséquent à tenir

un crayon ou un porte-plume, ainsi qu'à le diriger vers

un endroit donné. Pour que l'éducation de la vue tire

profit de cet exercice, les trois bâtonnets de gauche

portent un bouton rouge et les trois de droite un bou-

ton jaune. Les trous où ils devront être respective-

ment placés sont entourés d'un anneau de couleur

correspondante.

Pour préparer l'enfant à savoir se déshabiller et

s'habiller, on lui apprend à boutonner, à l'aide de

deux pièces de drap l'une percée de boutonnières,

l'autre munie de boutons de moins en moins fendues

et gros (Fig. 31, 32); à lacer à l'aide d'un soulier à lar-

ges oeillets, entourés alternativement de rouge et de

bleu, dans lesquels l'enfant fait passer des rubans

Fig. 30. Prisme à chevilles.

"XXVIII Boutonnage ET laçage.

Fig. 31.

Fig. 32.

Fig. 33.

.. Agrafage, enfilage, etc. xxix

également rouges et bleus (Fig. 33), à agrafer (Fig.

34), à enfiler (Fig. 35) des boules percées d'un trou

dans un bâton muni d'un manche, une corde de sto-

res, une ficelle, dans des aiguilles en bois de moins

en moins grosses, et dans des aiguilles en acier

depuis le passe-lacet jusqu'à l'aiguille ordinaire (1).

Nous complétons ces exercices par d'autres inspi-

rés par les circonstances et nous exerçons les enfants

à acquérir la notion du poids à l'aide de boules de

même diamètre, mais de poids très différents, en

commençant par le poids le plus lourd (sphère en cui-

vre) et le plus léger (balle de son), en ne nous servant

. (i) Voir Compte rendu de 1893, p. XLI, XLII, XLIII, XLIV, XLV, etc.

Xxxv, Traitement ntÉDICO-PÉDAGOGIQUE.

des boules intermédiaires que quand la notion de la

différence de poids des deux boules extrêmes est bien

acquise.

Tous ces exercices préparent l'enfant à habiller

d'abord un mannequin, puis à se déshabiller et à

s'habiller lui-même. Simultanément, au réfectoire,

M

4

E

i v 1

Notions des longueurs ET des surfaces. xxxi

on apprend au malade à se servir de la cuiller, de la

fourchette et du couteau.

Lorsqu'on a pris un IDIOT complet, c'est-à-dire gâ-

teux, ne marchant pas, incapable de se servir de ses

mains, et qu'on est parvenu, par l'emploi méthodique

des moyens qui précèdent, à le rendre propre, à le

faire marcher, à se déshabiller et s'habiller, à se laver

la ligure et les mains, nous lui avons rendu de réels

services et aussi à l'Administration puisqu'il n'exige

plus autant de soins, partant de dépenses, et on l'a

préparé à recevoir utilement des notions d'instruction

élémentaire. Nous allons les passer rapidement en

revue.

1° Notion des longueurs. - Nous nous servons de

règles d'un mètre, de 90, 80..., 5 centimètres.

Nous prenons d'abord la plus longue et la moins lon-

gue, puis nous intercalons successivement les autres.

2° Surfaces. Nous employons des tableaux

dans lesquels les figures en bois sont disposées dans

des creux de même forme. La face interne des figures

est peinte de différentes couleurs ainsi que les creux

correspondants; exemple la face interne du carré et son

Fit. 31 i.

XXXII Traitement médico-pédagogique.

creux en bleu : la couleur n'est là que pour guider

Le premier tableau (Fig. 37) ne comprend que deux

te

1 1 z t

E

1

1

1

1

1

1

1

1

Solides ET couleurs. xxxiii

figures seulement, carré et cercle; le second, quatre :

carré, rectangle - cercle, ellipse (Fig. 38) ; le troi-

sième, six figures, triangle, carré, etc. (Fig. 39), le der-

nier, dix (Fig. 40). Nous ne passons au second tableau

que quand l'enfant sait bien reconnaître les figures du

premier. Nous avons recours aussi à des figures en

bois que l'enfant place sur des images correspon-

dantes.

3° Solides. - Nous avons fait fabriquer par l'ate-

lier de menuiserie des solides en bois de grandes

dimensions (Fig. 41) que nous faisons mettre en regard

de figures imprimées.

4° Couleurs. - Même procédé : un tableau avec

deux planchettes rectangulaires coloriées l'une en

rouge, l'autre en jaune, puis tableaux de couleurs de

Bourneville, Bicêtre, 1899. ?

Fig. 38.

XXXIV Traitement MÉDIGO-PÉDAGOGIQUE.

plus en plus nombreuses et, plus tard, par un jeu de

dominos en couleurs. Ces exercices sont complétés

Fig. 39.

Education de la parole. xxxv

par d'autres dans lesquels la couleur n'est là qu'à titre

secondaire (prisme à chevilles, boulier, cahier des

étoffes, tableaux des surfaces, jeu de dominos, etc).

Tout le matériel qui sert dans les écoles, y compris

les tables scolaires, et tout le mobilier de la section

ont été fabriqués dans les ateliers des enfants.

Éducation de la parole. Nous distinguons parmi

les exercices ayant pour objet l'Éducation de la pa-

role : 1° les exercices préliminaires intéressant d'une

façon générale tous les organes concourant à l'émis-

sion d'un son articulé (planche à rainure pour le souf-

fle (Fig. 42), gymnastique des lèvres et de la langue,

etc.) ; 2° les exercices d'articulation (nous renvoyons

pour cela notre Cahier spécial d'articulation ; (voir

également, Archives de neurologie, n° 102) ; 3° les

exercices pratiques. Ces derniers habituent l'enfant

à nommer sur indication les diverses parties du

corps, des vêtements, les objets qu'il peut avoir l'oc-

casion de manier ou de voir au réfectoire, à la chambre

à coucher, en classe, les animaux qui lui sont familiers,

Fig. 40.

xxxvi 1 LEÇONS DE CHOSES.

les personnes qui vivent auprès de lui. Nous arrivons

ainsi aux leçons de choses en général, soit dans les

classes, soit dans les jardins. Pour celles-ci nous avons

recours au tableau roulant (Fig. 43 et 44) qui nous

. Fig 41.

TABLEAU roulant. xxxvii

permet, si l'enfant a une attention et un développe-

ment intellectuel suffisants, d'enseigner en même

temps que le nom d'une chose quelconque, l'ensemble

des signes qui nous servent à la désigner par écrit.

Nous arrivons ainsi insensiblement à l'enseignement

scolaire proprement dit.

Lecture. Pour la lecture, comme du reste pour

Fig, "2,

Fig. 43.

Lecture. xxxix

tout, nous avons à suivre d'abord des exercices pré-

paratoires : tels que la superposition de lettres ou

chiffres en bois, sur leur reproduction imprimée, pour

familiariser l'idiot avec les formes de ces signes, sans

cependant lui faire nommer ces signes. Les tableaux

qui servent à ces sortes d'exercices sont les suivants :

a) lettres majuscules de 0,12 en noir; b) alphabet

complet avec voyelles en rouge et consonnes en noir ;

c) lettres minuscules de 0,08 en noir ; d) alphabet

complet de lettres minuscules avec voyelles en rouges

et consonnes en noir ; e) le zéro et les neuf premiers

chiffres en noir ; f) le même tableau avec nombres

impairs en noir et nombres pairs en rouge. Nous pas-

sons ensuite à la reconnaissance nominative des

voyelles, en un mot à la lecture proprement dite.

Sur nos conseils, l'un de nos collaborateurs les plus

dévoués, à l'initiative duquel nous sommes heureux

de rendre hommage, M. Boyer (J.), a rédigé une

Méthode spéciale de Lecture à l'usage des enfants

arriérés, dont le but peut ainsi se résumer :

S'il nous est venu à l'idée de faire une nouvelle méthode de

lecture, c'est que dans la pratique nous n'avons jamais pu

utiliser qu'en partie celles dont on se sert dans les écoles

ordinaires. Ces méthodes, en effet, que nous n'avons nulle-

ment l'intention de critiquer d'autant plus que nous nous en

sommes longtemps servi avec succès, ont été imaginées en

vue d'enfants normaux, non atteints dans leurs facultés intel-

lectuelles, et avec lesquels on n'a pas les mêmes ménage-

ments à garder qu'avec les idiots et les arriérés. Les enfants

dont nous nous occupons ne parlent pas ou parlent mal ; dès

que par une méthode particulière nous avons réussi à pro-

voquer chez eux un commencement d'attention et d'imitation,

nous devons, afin de ne pas gaspiller un temps précieux,

essayer de leur apprendre en même temps à émettre correc-

tement un son, à articuler convenablement une syllabe et à

en reconnaître la représentation écrite ; la mémoire visuelle

se trouve ainsi exercée parallèlement à la mémoire auditive.

Les sons simples nous ont occupé tout d'abord, puis les

XL Lecture.

articulations faciles à imiter, les syllabes simples au dessin

peu compliqué.

L'ordre que nous avons suivi, nous a été dicté par l'expé-

rience. Nous débutons par les consonnes fortes, et ce n'est

que lorsque nous les avons passées toutes en revue, que

nous nous occupons des consonnes faibles qui leur correspon-

dent. C'est en ne suivant pas cette classification que l'on fait

naître dans l'esprit de l'enfant une confusion longue iL dis-

paraître entre les lettres qui se ressemblent par leur forme

comme m et 11 ou par leur valeur comme p et b, t et cl, f et

1", etc. La méthode des contrastes qu'a tant recommandée

Séguin est ici, comme dans toute notre méthode spéciale,

scrupuleusement observée.

Dans les articulations simples nous comprenons le ch, la

plus facile a obtenir des sifflantes ; quant iL l'x, simple d-iris

son dessin, mais complexe dans sa valeur nous la renvoyons

aux articulations formées de deux consonnes consécutives

comme es, g : .

L'y est également reporté plus loin, étant donné qu'il est

le plus souvent l'équivalent de deux i, qu'il doit en consé-

quence venir après les diphtongues. '

Après les syllabes simples viennent les syllabes complexes.

les diphtongues, les sons nasaux et leurs dérivés, leurs équi-

valents, les altérations diverses, les syllabes présentant des

lettres ne se prononçant pas et enfin les exceptions de tout

ordre. Nous terminons par les lettres majuscules d'importance

tonte relative et d'acquisition rapide. (Voir du reste ci-après

notre classification).

Peut-être trouvera-t-on que dans bipartie de notre méthode

qui a trait aux altérations et aux anomalies, nous n'avons point

passé en revue toutes les combinaisons possibles et toutes

les altérations. Nous n'avons dessein donné qu'un exemple

de chacune d'elles, estimant que lorsque l'enfant on est arrivé

à ce point de la méthode, on peut et on doit le faire passer

le plus tôt possible a la lecture courante dans un des nom-

breux livres consacrés aux notions élémentaires du premier

âge, et où l'on apprendra à l'enfant par la pratique, non seu-

lement les exceptions mais encore les liaisons des mots

entre eux.

Pour peu que l'on se soit occupé de l'enseignement de la

lecture, on sait bien que l'on ne va jamais jusqu'au bout de

la méthode adoptée, on éprouve une véritable haie il quitter

la théorie plus ou moins aride pour passer il la pratique plus

intéressante. Ht en cela on n'a pas tort, car il est matérielle-

Lecture. XLII

ment impossible, même en s'en tenant à une énumération en

dehors de toute méthode de faire connaitre toutes les excep-

tions que comporte une langue vivante.

Comme dans le Syllabaire Regimbeau, nous n'employons

pas l'épcllation, du reste abandonnée aujourd'hui, au moins

des professionnels. Une consonne est considérée comme un

signe, qui a besoin pour avoir une valeur quelconque de s'ap-

puyer sur un son, d'être suivi ou précédé d'une voyelle.

Nous avons choisi, avec beaucoup de soin, les exemples,

usant de préférence, au moins dans les débuts, de noms con-

crets, ne recourant à des adjectifs ou participes passés que

lorsqu'ils sont d'un usage courant et qu'ils correspondent à

une idée que notre enfant peut saisir sans effort.

A propos des lettres qui ne se prononcent pas, nous avons

mis à part l'é du féminin, l's et l'.v du pluriel, le t et les ? il t

des verbes, pour fournir au maître l'occasion de faire la pre-

mière leçon de grammaire.

Cette méthode tire toute sa valeur de ce qu'elle a été faite

pour ainsi dire leçon par leçon, et que nous n'avons pris pour

guide que notre pratique journalière.

Classification adoptée.

I. - Sons simples : : 1. e, i, 0, il, é, è, ê.

II. - Articulations simples : 1° Syllabes formées d'une

consonne et d'une voyelle (ma, pi, etc.); - 2° Syllabes for-

mées d'une voyelle et d'une consonne (al. or, is, etc.) ; 3°

Syllabes présentant des consonnes redoublées (ssu, n721, etc.)

III. Articulations complexes : 1° Rencontre de deux

consonnes dont la seconde est une liquide (/1'0, pla. etc.) ; -

2° Rencontre de deux consonnes dont la seconde est une sif-

flante (psi, tsa, etc.) ; ? 3° Rencontre de deux consonnes dont

la première est une sifflante (sta, 8pi, etc.) ; - /1° Rencontre

de deux consonnes dont la première est une liquide (rma.

Ipe, etc.) ; - 5° Rencontre de deux ou plusieurs consonnes

quelconques (pli, gme, ¡'b1'e, stl'i, bstl'u. etc.).

IV. - Diphtongues : oi, ou, au. eu, ai, etc.

V. - Sons nasaux : an, in, on, un.

VI. - Syllabes renfermant des sons complexes : gn, il,

euil, ail, etc.

VU. - Equivalents : sons simples : il = ii ; sons nasaux :

am. ean, ym, etc.

VIII. - Altérations de sons simples : Cl, eC, etc.

XLII DESSIN ET ÉCRITURE.

IX. - Equivalents complexes : lion, liai, sci, etc.

X. -LETTRES ne se prononçant pas : rue, lits, vingt, etc

XI. - Exceptions : faisan, monsieur, etc.

XII. - Majuscules.

Dessin et écriture. Les exercices préliminaires

ayant trait à l'enseignement du dessin se fait au

moyen du jeu des boutons 11 tige. (Fig. 45). - Ce jeu

c

E

Dessin et écriture. XLIII

consiste en une planche épaisse percée de trous symé-

triquement espacés. Nous apprenons à l'enfant à placer

dans ces trous des espèces de boutons à tige, suivant

un ordre donné : en ligne horizontale, en ligne verti-

cale, en ligne oblique, en croix, en carré, en étoile,

etc. Comme ces boutons sont de couleurs variées, on

peut avec eux constituer toutes sortes de figures, telles

Fig. 40.

Fig. 47.

XLIV DESSIN ET écriture.

qu'un losange rouge inscrit dans un carré bleu, une

fleur à pétales blancs et centre jaune, etc., que l'on

fait reproduire par l'enfant, soit d'après modèle, soit

de mémoire. Ces jeux divers exercent à la fois la main

et les yeux du malade, qui arrive de lui-même à ima-

giner de nouveaux dessins.

Il s'agit maintenant de faire dessiner l'enfant. Il

sait tenir un crayon (prisme à chevilles), il faut lui

apprendre à le diriger. Les Fig. 46 et 47 représentent

la double règle à charnières qui nous permet de faire

tracer une verticale, une horizontale et une oblique.

Ouverte, elle guide l'enfant à droite et à gauche, fer-

mée, elle ne le guide plus que d'un seul côté. Elle est

ensuite remplacée par quatre, trois, deux points de

repère, lesquels sont à leur tour supprimés.

Les exercices sont faits dans l'ordre suivant : 1°

verticale, 2° horizontale, : 3° verticale et horizontale

réunies en angle, 4° verticale, horizontale et oblique

réunies en triangle, 5° carré et rectangle, 6° verticale

soustendant un arc placé à droite, 7" verticale sous-

tendant un arc à gauche, 8° horizontale soustendant

un arc en bas, 9° horizontale soustendant un arc en

haut, 10° carré dont les côtés soustendent respective-

ment un arc extérieur, 11° circonférence, 12° schéma

d'un objet usuel. L'Alphabet du dessin, que 111 ? Bru

a composé sur notre invitation, nous permet d'aller

plus loin dans le dessin proprement dit.

C'est lorsque l'enfant en est arrivé à tracer une

circonférence que nous commençons l'écriture véri-

table. Disons en passant que l'écriture droite nous

paraît à tous les points de vue plus pratique que l'é-

criture penchée, dite anglaise.

L'écriture et la lecture sont menées de front,

PROCÉDÉS DIVERS. XLV

car nous ne faisons jamais tracer à notre enfant

le moindre signe, le moindre dessin, sans qu'il ne

puisse en donner lui-même le sens.

- 1 Z

K

S

H

S2

O

w

r3

;LI

I

.e

O

L

XLVI PROCÉDÉS divers.

Procédés divers. - En même temps que nous

apprenons à l'enfant à tracer des lignes et des figu-

res, nous 1 exerçons à les recon-

naître dans leurs applications. Une

série de tableaux ont été dressés à

cet effet. En face d'une verticale,

est dessinée une pendule à poids,

en face d'une horizontale, des fils

télégraphiques, en face d'un cercle,

une roue de voiture, le même pro-

cédé est utilisé pour la reconnais-

sance des solides, c'est ainsi qu'à

côté d'un cône par exemple on a

représenté le toit d'un pigeonnier.

Enfin sur une grande image repré-

sentant une maison presque sché-

matique, nous habituons l'enfant à

chercher ce qui a la forme d'un

angle droit, d'un carré, d'un poly-

gone, etc. (Fig. 48 et PL. XI et XII.)

Nous croyons bon de citer à cette

place, un autre tableau ayant trait

aux couleurs, et où en face d'un

carré rouge par exemple a été peint

un coquelicot, etc. (PL. XIII.)

Ces exercices préparent l'enfant

à la lecture proprement dite; nous

les employons aussi pour les Leçons

de choses, l'enseignement des cou-

leurs, etc.

Numération. Pour arriver à

donner à l'idiot l'idée de nombre,

nous avons recours a plusieurs sortes u appareils.

A citer d'abord les casiers à bâtonnets (fia. 49), au

moyen desquels l'enfant est habitué il placer dans

ci

ci,

E

Numération. XLVII

de petits casiers autant de bâtonnets qu'il y a d'uni-

tés dans le nombre inscrit sur chaque casier. Pour

les commençants nous plaçons au-dessus des casiers

un tableau représentant en gros les chiffres, afin de

mieux frapper leur attention visuelle (Fig. 50).

Vient ensuite le boulier à tringles verticales (Fig.

51)......... - z

Ce nouveau boulier que nous avons fait faire

dans les ateliers du service, comme du reste tous

les objets qui servent à l'enseignement spécial, diffère

des bouliers ordinaires, en ce que les tringles, au

lieu d'être disposées horizontalement, sont verticales

et en U.

Cet arrangement nous permet de ne montrer à l'en-

fant que le nombre de boules que nous voulons, et de

Fig. 50.

XLVIII Casier A bâtonnets ET boulier.

dissimuler les autres derrière la planche médiane; sur

la planchette antérieure, qui est placée au-dessous

des tringles, nous écrivons à la craie, au-dessous de

chaque tringle, le chiffre qui correspond au nombre

de boules visibles. L'enfant voit ainsi, côte à côte, le

nombre concret et sa représentation écrite. Pour

donner à l'enfant la première notion de l'addition,

nous lui montrons, par exemple, sur la première trin-

gle 2 boules et nous écrivons au-dessous le chiffre 2;

puis sur la deuxième 3 boules, en écrivant également

au-dessous le chiffre 3. Sur une des suivantes nous

présentons à l'enfant la somme des boules des deux

premières tringles, soit 5, et nous écrivons au-dessous

ce total. Nous agissons de même pour la soustrac-

tion. Ce boulier sert encore à lire et écrire les nom-

bres de plusieurs chiffres, à procéder en un mot à

tous les exercices de l'arithmétique élémentaire.

Ces deux appareils, casiers et boulier, ne se font

Fig. 51.

Petite école complémentaire. XLII

pas suite : ils sont employés, pour ainsi dire, parallè-

lement au moins au début. Nous nous contentons

ensuite de celui qui paraît plaire et profiter le plus

à l'enfant.

Petite école complémentaire. - Elle est confiée

à une femme dont le dévouement ne s'est jamais

démenti, M"10 Bonnet, et qui s'est mise généreuse-

ment à notre disposition. Elle est aidée par une

suppléante, 11 ? Cordonnier, qui a également la sur-

veillance des deux dortoirs où couchent les enfants de

cette école au nombre de quarante. M ? Bonnet a,

en outre, pour surveiller les enfants, deux infirmières

et une jeune malade, arriérée de la Fondation Vallée,

Rich.. (Berthe), dont elle améliore d'ailleurs l'instruc-

tion.

Del... (Marcel), 4 ans, atteint d'idiotie compliquée d'impul-

sions violentes. - Cet enfant, dont la parole était absolu-

ment nulle à son arrivée en novembre 1898, a réalisé de réels

progrès. Lors de son entrée, il fuyait tout le monde et, s'iso-

lant dans le coin le plus obscur de la classe, il faisait enten-

dre parfois une sorte de gazouillis d'oiseau absolument

inintelligible. S'approchait-on de lui, il se roulait à terre avec

rage, mordait et égratignait quiconque voulait le prendre.

Ces scènes avaient lieu indifféremment avec ses parents,

qu'il ne reconnaissait pas, et avec nous-mêmes.

L'intelligence s'est améliorée d'une façon notable et la

parole a suivi cette progression. Del ? qui vient maintenant

vers nous avec plaisir, prononce un grand nombre de mots

et fait même de petites phrases qu'il dit avec à propos, telles

que : « A la soupa. » - « Veux pas la douche. » - « 1' veut

du lé (lait), » etc. Mais cet enfant parle avec une telle volubi-

lité, qu'il est souvent difficile, pour des personnes non habi-

tuées à lui, de saisir ce qu'il dit.

Meun... (Charles), G ans 1/2, dont nous signalions l'année

dernière les progrès sous le nom de Le Roy, continue à

s'améliorer. - Parole nulle au début. - Cet enfant a com-

Bourneville, 13 icêl l'l', 1S ! lti. HU

L Traitement médico-pédagogique.

mencé par ébaucher un grand nombre de sons, sans en arti-

culer nettement un seul. Nous sommes arrivés à corriger

graduellement les sons les plus défectueux et aujourd'hui a,

o, ou, i, e, u, b, d, m, n, 1, v, f, sont acquis. - Ces sons lui

servent à se faire comprendre par tous dans un grand nom-

bre de cas.

Lcmai... (Georges), 12 ans, atteint d'idiotie et d'instabilité

mentale, a fait des progrès surprenants, si nous nous repor-

tons à l'époque où nous l'avons pris en 1894.

Gâteux jour et nuit, flairant et ruminant les aliments, ayant

de nombreux tics (balancements, grimaces, etc.), cet enfant

présentait tous les symptômes de l'idiotie profonde ou de

second degré. La parole était absolument nulle, il ne pous-

sait que des cris perçants et inarticulés, sans aucun motif.

Actuellement notre élève dit tous les mots plus ou moins cor-

rectement, mais cependant intelligiblement et avec à-propos.

De plus, Lemaî ? dont l'intelligence s'éveille de jour en

jour, a pris goût à la lecture et à l'écriture. Doué d'une

bonne mémoire, il lit un grand nombre de papiers, qu'il com-

mence à copier sur son cahier, dit le nom des chiffres dont il

connaît la valeur jusqu'à 10, celui des aliments, vêtements,

jours de la semaine, couleurs, surfaces, etc.

Laur... (Marcel), 10 ans, microcéphale, atteint à son arrivée

d'idiotie et d'instabilité mentale, continue à s'améliorer pour

la parole. Il fait de petites phrases, trouve les mots pour

exprimer ses idées. Cependant l'articulation a souvent besoin

d'être rectifiée.

L'intelligence est moins fermée, on obtient plus d'attention

en classe ; il aime à écrire et commence à former quelques let-

tres sur le cahier. - Mémoire des plus fugitives et grande

difficulté pour la lecture.

Cam... (Fernand), 12 ans, atteint d'idiotie profonde, était

gâteux au début et la parole à peu près nulle. Il est enfin

parvenu à exprimer ses besoins mais la progression a été,

chez cet enfant, excessivement lente.

Il a commencé par dire la dernière syllabe des mots qu'il

voulait prononcer puis, avec beaucoup de difficulté, est arrivé

à en assembler deux, enfin aujourd'hui il dit presque tous

les mots mais éprouve encore une grande difficulté pour

former de petites phrases.

Ler... iIFélix), 8 ans, atteint de paralysie incomplète, ébau-

Traitement MÉDICO-PÉDAGOGIQtiE. LI

chait avec peine quelques mots à son arrivée tels que « jou »

pour bonjour, « a pou » pour à la soupe, « ni » pour oui. -

Actuellement cet enfant dit tout, forme des phrases en

employant les verbes. L'articulation est très nette, seulement

la langue semble se mouvoir toujours avec peine, la parole

est très lente, un peu embarrassée et présente une certaine

analogie avec celle d'un vieillard.

Ler... a beaucoup d'amour-propre, il travaille avec ardeur

en classe, heureux que l'on s'occupe de lui, et si une teigne

persistante ne l'avait retenu longtemps à l'isolement, cet

enfant serait certainement plus avancé.

Trois enfants ont appris à lire couramment :

10 Mugn ? (René), 10 ans, atteint d'imbécillité intellectuelle.

Cet enfant, pris à son arrivée en novembre 1896 avait une

articulation des plus défectueuses ; nous avons signalé

l'année dernière ses progrès pour la parole. Chaque leçon

de lecture était pour lui une leçon d'articulation ; la parole

ayant ainsi marché de pair avec la lecture, notre élève lit

couramment aujourd'hui, et prononce convenablement tous

les sons.

Il arrive encore souvent que, par la force de l'habitude,

Mugn... prononce mal, mais il suffit, dans ce cas, d'une sim-

ple observation pour que, de lui-môme, il rectifie son articu-

lation. - Ayant pris goût à la classe, cet enfant fait

maintenant de petits exercices de grammaire, l'addition et

la soustraction.

2° Couri... (Georges), 10 ans, atteint d'imbécillité. Pris à son

arrivée en novembre 1891). Cet enfant, d'une inattention abso-

lue, nous faisait souvent douter de sa lucidité par ses extra-

vagances. D'une paresse excessive, il pleurait à sanglots

lorsqu'il fallait travailler et dès que l'on ne s'occupait plus

de lui il se couchait sur son cahier ou son livre et dormait.

En juin 1897, nous commençons seulement à constater un peu

plus d'attention et de bonne volonté. A partir de cette époque,

l'amélioration a continué, très lentement il est vrai, mais

sûrement ; le caractère est devenu plus gai, plus communi-

catif et notre élève a commencé à prendre goût à la lecture.

Enfin, connaissant maintenant tous les sons, il passe à la

lecture courante, mais il sera long, croyons-nous, à lire tout

il fait couramment. Il ne s'habitue pas à lire du regard un

mot entier pour le prononcer ensuite à haute voix. Il déta-

LII . Barres d'entraînement. '

che chaque syllabe, qu'il lit lentement, en laissant un trop

long temps d'arrêt avant de lire la suivante.

Couri... ne lit bien couramment que les papiers impri-

més, qui sont pour lui un véritable amusement et sur lesquels

nous comptons beaucoup pour graver dans sa mémoire la

forme graphique d'un grand nombre de mots. (Voir p. Lv.)

L'écriture, moins empâtée, a beaucoup gagné pendant ces

derniers mois ; toutefois, cet enfant commence seulement à

pouvoir copier la leçon de lecture. A l'inverse de la majorité

de nos élèves, l'écriture, chez celui-ci, est toujours restée

très au-dessous de la lecture. Il a toujours une grande diiliculté

pour le calcul et n'arrive pas encore il faire complètement

seul l'addition.

3°lluri.. (Eugène), 1\) ans, est atteint d'imbécillité 1)1'UII011-

cée avec éclwlalie. Ainsi que nous le faisions prévoir à la fin

de l'année 1898, cet enfant passe enfin à la lecture courante.

Tous les autres enfants, cités les années précéden-

tes, continuent à s'améliorer et nous devons constater

que plus ils avancent et plus ils travaillent avec plai-

sir, ressentant une joie d'autant plus vive que la peine

a été plus grande. - Nous sommes étonné de trou-

ver chez des enfants, souvent très dépourvus, une

certaine dose d'amour-propre et c'est surtout en les

flattant un peu, en leur donnant confiance en eux-

mêmes que nous arrivons à secouer leur apathie, il

obtenir quelques efforts et finalement des résultats.

A la Petite école complémentaire, MM ? Bonnet

et Cordonnier emploient tous les procédés que nous

avons énumérés. Les leçons de choses y sont même

un peu plus multipliées et plus variées. De plus, deux

procédés non usités dans la petite école y ont été

introduits et nous rendent des services incontestables.

L'un concerne la gymnastique, l'autre la lecture.

10 Barres d'entraînement : préparation aux exerci-

Barres d'entraînement. lui

ces des échelles. - Dans les mouvements d'ensemble,

dans tous les exercices qui exigent l'intervention de

la volonté de l'idiot, il est difficile d'arriver à ce que

les mouvements soient convenablement imités, éten-

dus et cadencés. Notre collaborateur, M. Boyer (J.),

a imaginé de se servir d'une sorte de barre d'entraî-

nement, tenue à chacune de ses extrémités par de

petits moniteurs, entre lesquels on place l'enfant à édu-

quer. On lui fait saisir la barre et, bon gré, malgré, il

s

c

h

LIV Barrer d'entraînement.

est obligé de suivre les moniteurs dans tous leurs mou-

vements de bras. Les Fig. 52 et 53 donnent une idée

de ce genre de gymnastique. Nous ne citerons, comme

exercices, que les plus simples, ceux par lesquels

nous débutons : mouvement de flexion de l'avant-

bras, en deux temps ; mouvement vertical des bras

avec flexion en quatre temps ; mouvement horizon-

tal et vertical des bras sans flexion en quatre temps,

etc. Dans les débuts les moniteurs doivent exécuter

M ?

w

Exercices des mots imprimés. LV

ces mouvements lentement et sans secousse, et ne les

accélérer qu'insensiblement.

La Fig. 53 représente un autre genre d'exercice où

l'on se sert simultanément de deux barres d'entraîne-

ment. On arrive, dans un temps relativement court,

à faire exécuter par l'idiot le mouvement latéral cles

bras sans flexion, en deux temps, etc. Il va de soi

qu'on peut, selon les cas, imaginer d'autres mouve-

ments de plus en plus compliqués. Nous n'avons pas

la prétention de les citer tous.

Une fois que l'idiot arrive, sans résistance, a suivre

ces mouvements qui sont d'abord passifs, pour deve-

nir insensiblement actifs, nous passons aux barres à

sphères, avec lesquelles nous répétons les mêmes

exercices ; l'enfant n'est là guidé que par l'imitation.

Viennent ensuite les exercices aux haltères et aux

massues, et enfin les exercices à mains libres, les plus

difficiles à exécuter pour l'idiot.

Cette gymnastique spéciale, employée par nous à

l'Institut médico-pédagogique, est utilisée avec suc-

cès dans la petite classe complémentaire : c'est une

bonne préparation aux exercices des échelles.

2° Emploi de mots imprimés isolément pour l'en-

seignement de la lecture. A l'inverse de Séguin

qui préconisait ce système de mots imprimés lorsque

les enfants commençaient à syllaber, mais à l'exemple

d'Itard, nous employons cette méthode tout à fait au

début de la lecture et alors que l'enfant sait seulement

reconnaître les lettres soit imprimées, soit en bois, les

placer et les nommer. A ce moment bien entendu,

notre élève connaît déjà les couleurs, les surfaces et

les chiffres.

Certain alors que l'oeil et l'attention sont suffi-

samment exercés, nous montrons à l'enfant un mot

écrit désignant une couleur ; nous plaçons ce mot sur

Lui Emploi des mots imprimés.

la couleur correspondante, puis un autre mot sur une

autre couleur.

Après avoir appelé l'attention de notre élève sur

ces deux mots différents, nous les reprenons et lui

demandons de les placer à son tour. Lorsque ces deux

cartons sont reconnus par l'enfant, nous en ajoutons

un troisième, puis un quatrième et ainsi de suite pour

tous les mots de la série.

Après les couleurs viennent les surfaces et les chif-

fres. Pour ces derniers, nous ajoutons au-dessus du

mot écrit autant de bâtons que ce nombre en comporte

afin de donner à l'enfant les premières notions de

quantité et établir ainsi dans son esprit une relation

entre le chiffre, le mot écrit et la quantité. Au tableau

de chiffres imprimés succède le casier avec bâtonnets.

Après les couleurs, surfaces et chiffres viennent

quelques mots tels que bonbon, chocolat, gâteau, pain,

soupe, viande, etc. ; nous employons toujours la même

méthode, c'est-à-dire : placer le mot sur la chose, le

faire lire il l'enfant, le lui faire poser lui-même et enfin,

mélangeant les cartons que l'enfant a eus sous les

yeux, lui faire chercher, 'parmi eux, le carton désignant

l'objet qu'on lui présente.

Nous commençons donc à faire comprendre à

l'enfant le rapport du mot écrit avec un grand nombre

d'objets l'environnant avant de l'initier à la lecture

mécanique si aride au début.

Cette manière de procéder constitue un véritable

amusement pour nos petits élèves et c'est plaisir de

voir quelle ardeur et quelle émulation ils apportent à

ces exercices. On est souvent étonné de voir des

enfants très dépourvus apprendre avec une facilité

relative un grand nombre de mots.

D'une façon générale, ne voulant au début, rien

d'abstrait pour nos petits malades nous employons

uniquement le nom. Nous avons essayé d'y joindre

Exercices DES mots imprimés. lvii

un adjectif ou un verbe, mais le résultat a toujours

été beaucoup moins satisfaisant.

Enfin, dès que les enfants connaissent un certain

nombre de mots isolés, nous commençons la lecture

mécanique dans le Syllabaire Péir2leau (1), ce qui ne

nous fait pas abandonner nos cartons imprimés à l'aide

desquels nous faisons encore connaître à l'enfant le

couvert, les vêtements, les principales parties du

corps, le dortoir, le lavabo, la classe et faisons en un

mot les leçons de choses. Puis nous parlons à nos

élèves de leur famille et leur présentons successive-

ment les mots : père, mère, frère. Enfin viennent

les animaux domestiques mâles, femelles et petits.

Nous nous servons aussi de ces papiers pour don-

ner aux enfants les premières notions de genre et de

nombre à l'aide de l'article isolé qu'ils doivent mettre

devant le nom.

Dès que nos élèves commencent à syllaber, nous

leur faisons décomposer les mots imprimés qu'ils con-

naissent déjà ; ils commencent donc d'abord par lire

couramment un mot sans connaître les parties dont

il est formé; la forme graphique seule s'est fixée dans

leur mémoire. C'est un signe, désignant une chose,

qu'ils ont appris a reconnaître avec beaucoup plus de

facilité et de rapidité, qu'ils ne l'eussent fait s'il se fût

agi d'en apprendre séparément chaque lettre, chaque

syllabe.

Que de temps ne nous cîit-il pas fallu pour

apprendre : fromage à la crème, pomme de terre, etc.,

et cependant au bout de quelques jours, ces mots pris

isolément sont parfaitement sus et reconnus au milieu

de beaucoup d'autres.

Ces mots appris de cette façon sont certainement

(1) Et depuis le mois de décembre dans la Me/horle sJ1"ciale de leclll1'e

à l'usage des enfants arriérés, par ;Il. ,1. Noyer.

LVIII Grande école.

bien fixés dans la mémoire des enfants puisqu'ils les

reconnaissent à première vue et les lisent couramment

lorsqu'ils les rencontrent dans le Syllabaire ou tout

autre livre de lecture.

Lorsqu'ils sont assez avancés en écriture, nous leur

faisons copier les mots appris ainsi isolément afin qu'ils

puissent lire indifféremment les mots imprimés ou

reproduits sur le cahier.

III. Enfants propres et valides, imbéciles, arriérés,

instables, pervers, épileptiques et hystériques ou

non (grande école). - La population de cette école

était de 175 enfants au premier janvier. Tous, sauf 14

qui ne peuvent travailler, ont fréquenté les ateliers

par grande série. 21, ayant le certificat d'études, for-

ment une division supérieure, ne vont à l'école qu'une

demi-journée par semaine et restent, les autres jours,

le matin et le soir à l'atelier. Les autres enfants sont

répartis en quatre classes (67, 39, 34 et 35 enfants).

Comme les années précédentes, nos instituteurs et

leurs aides ainsi que les sous-employées attachées

aux écoles, afin d'être mieux en mesure d'améliorer

la prononciation des enfants et de développer leur

parole, ont été envoyés successivement, par séries,

au nombre d'une vingtaine à l'Institution nationale

des sourds-muets. De plus, comme nous avons un

certain nomhre d'enfants aveugles, nos auxiliaires

sont également allés à diverses reprises à l'Institution

des jeunes aveugles. Il s'agit là, d'ailleurs, d'une pra-

tique ancienne, pour laquelle MM. les directeurs de

ces établissements veulent bien, chaque année, nous

prêter leur concours. Nous ne saurions trop remercier

MM. Giraud et Robin, directeurs de ces deux Instituts,

Grande école. LIX

du bienveillant accueil qu'ils font à notre personnel

enseignant (1).

Notre but, en agissant ainsi, est de réaliser en

petit ce que nous voudrions voir accomplir en grand

par l'Administration supérieure. Nous cherchons à

mettre nos instituteurs et nos institutrices des enfants

idiots au courant des procédés employés pour les

autres catégories d'enfants anormaux, aveugles et

sourds-muets, non seulement parce que nous avons

des enfants aveugles ou sourds-muets, mais aussi

parce que divers procédés employés pour ceux-ci

pourraient être utilisés, dans une certaine mesure,

pour les enfants idiots, imbéciles et arriérés.

En vue de la création, moins prochaine que nous le

souhaitons, d'asiles-écoles départementaux pour les

idiots, le ministère de l'Intérieur devrait créer avec

les fonds du pari mutuel un certain nombre de bourses

pour les instituteurs et les institutrices qui fréquente-

raient un temps tt déterminer les asiles-écoles pour les

idiots, les aveugles, les sourds-muets et même, si cela

était possible, pour les bègues.

A cette école, comme à la petite école, les institu-

teurs emploient, suivant les. cas, surtout pour les

enfants idiots qui nous arrivent de 14 il 18 ans, les

procédés de la petite école; ils s'efforcent de corriger

les défauts de prononciation et mettent il contribution

dans la mesure du possible les procédés ordinaires

des écoles primaires. Tous les ans, quelques enfants

sont présentés aux examens du certificat d'études

au chef-lieu de canton (Villejuif). Voici la statistique

de ces certificats, depuis 1883 jusqu'à la fin de 1899.

Il) Nous avons demandé aussi à envoyer notre personnel enseignant à

l'Ecole Braille, établissement départemental pour les enfants aveugles.

lx Grande école F

Certificats d'études OBTENUS.

0

a

d

M

f

l ig. a4.

L111 Grande ÉCOLE.

ses multiples et ses sous-multiples, tableau qui

devrait être placé dans toutes les classes de nos

écoles publiques (Fig. 54).

Enseignement du chant. Cet enseignement est

fait par M. Suttek depuis le le'janvier 1893. Confor-

mément à nos instructions, il s'est occupé successive-

ment de tous les enfants. Il a divisé ceux de la petite

école et de la petite école complémentaire en deux

sections et ceux de la grande école en trois sections.

Aucun de ces enfants, sauf une quinzaine appartenant

à la fanfare, ne savait lire la musique et ne possédait

de notions sur la théorie musicale. Aujourd'hui, pres-

que tous les enfants savent lire les notes, en connais-

sent la valeur, en un mot possèdent les notions

élémentaires de la théorie de la musique. Quand les

enfants sont suffisamment avancés pour bien lire un

morceau de chant et l'apprendre avec fruit, on leur

fait chanter des choeurs, à deux, puis à trois parties.

En maintes circonstances, les samedis où nous avons

des visiteurs, nous réunissons les petites filles de la

Fondation Vallée avec les garçons de Bicêtre et nous

les faisons chanter ensemble dans les choeurs.

Depuis 1895, date de l'entrée en fonctions de M.

Sutter, nous faisons relever, tous les six mois, l'éten-

due et le timbre de la voix des enfants. Ce travail nous

fournira, croyons-nous, des renseignements intéres-

sants sur la mue de la voix au moment de la puberté.

Ces recherches nous avaient déjà permis de constater

en 1895, 1896, 1897 et 1898 que chez les épileptiques,

qui sont dans leurs périodes d'accès, le timbre de la

voix devient moins clair et moins sonore et que son

étendue diminue parfois notablement. La pratique

de 1899 est venue confirmer ces constatations et fait

Traitement nIÉDICO-PÉDAGOGIQL fi. LXIII

voir aussi que, à la suite des pratiques solitaires (1),

la voix est également modifiée.

Le nombre des enfants qui participaient à l'ensei-

gnement du chant était de 365 à la fin de 1898 et de

320 à la fin de l'année 1899.

Gymnastique. - Il ne s'agit plus là de la gymnas-

tique de la balançoire-tremplin, des échelles de cor-

des, des ressorts, etc., mais de la gymnastique, des

mouvements et aux agrès. Les mouvements sont aussi

variés que possible et chaque année notre dévoué

professeur, M. Uor, en introduit de nouveaux. Nous

ne pouvons les représenter tous ; nous nous bornons

aux Fig. 55 à 58, qui montrent des exercices au

tambour et avec la fanfare. D'autres sont conduits

avecl'ha1'1nonium; d'au très s'accompagnent de chants.

Tous ces exercices s'exécute dans les conditions que

nous venons d'indiquer, depuis bien des années, et si

nous les rappelons c'est par ce que, récemment, cer-

tains ont cru innover. Les nombreux médecins de

tous les pays qui ont visité le service avec nous, le

samedi, savent parfaitement à quoi s'en tenir.-

Escrime. Cet exercice s'est fait régulièrement

sous la direction de M. Toquin, prévôt au fort de

Bicêtre; ce militaire s'est acquitté avec beaucoup de

zèle et de douceur de ses fonctions jusqu'au 2 octobre,

date à laquelle, libéré du service militaire, il a été

renvoyé dans ses foyers. Le régiment caserné au fort

de Bicêtre ayant en outre changé de garnison, le

remplaçant de M. Toquin, M. Clément, ne fut nommé

titulaire de l'emploi que le 12 décembre. Les leçons

d'escrime furent ainsi suspendues pendant plus de

deux mois... Cette remarque milite, à notre modeste

(t) Ces pratiques disparaîtront le jour ou l'Administration voudra bien nous

seconder.

Fig. 55.

Danse, jeux. LXV

avis, en faveur de cette thèse si souvent soutenue par

nous devant l'Administration, qu'aux professeurs de

gymnastique, d'escrime, de chant, de danse, devrait

être adjoint un infirmier, choisi parmi les meilleurs et,

qui, dressé il ces divers modes d'enseignement, pour-

rait suppléer ces maitres en cas d'absence. En

honne logique, il devrait en être ainsi pour toutes les

branches de renseignement et dans tous les servi-

ces ! Fig 59.)

Danse. - Les exercices de danse ont eu lieu régu-

lièrement sous la direction de M. LA1\DUSSE, un de

nos instituteurs. 85 enfants y prennent part ; sur ce

nombre 55 savent danser la polka, '28 connaissent la

polka, la mazurka et la scottich ; 25 connaissent toutes

les danses de caractère ; 20 connaissent le quadrille

français et si commencent à apprendre le pas de

quatre. (Fia, 60.) .

Société des jeux. - Cette société avait été réor-

ganisée le 1 ? mai sous la direction de M. Camailhac,

un de nos instituteurs, mais comme presque tous les

enfants, 35, composant cette société, faisaient déjà

partie de la Société de gymnastique, cet instituteur n'a

pas cru devoir continuer il remplir cette tâche supplé-

mentaire et nous avons été amené, à regret, à fusion-

ner les deux sociétés.

Société de gymnastique. - Les enfants qui

forment cette société, au nombre de 25, ont fait,

comme les années précédentes, une promenade à

Robinson et il Créteil. Ils ont pris part, en outre, sous

la direction de leur maître dévoué, M. Goy, il deux

concours de gymnastique : le premier organisé au

gymnase Voltaire par les élèves des lycées et collèges

de Paris, le deuxième par la municipalité du Kremlin-

Bicêtre. Ils ont obtenu dans ces concours des médailles

Bourneville, Bicêtre, 1899. ?

Fig. 5(;

Fig. : 7,

Fig. 58.

1 iy. 59.

7'') ? no.

Fanfare, orphéon. LXXI

en bronze dont deux pour les exercices de course et

deux pour les mouvements d'cnsemble. Ils ont, aussi,

s'aH'né un prix en argent de '2.') francs.

Fanfare et orphéon. - La fanfare et l'orphéon sont

placés sous la direction de M. Sutter, professeur de

chant. La fanfare se compose de 14 exécutants. Elle a

prêté son concours il la distribution des prix des écoles

d'infirmiers et d'infirmières de Bicêtre et de la Salpê-

trière. Elle a également participé à un concours de

musique organisé par la ville de Gentilly et y a obtenu

le premier prix d'exécution, consistant en une palme

en vermeil et un diplôme d'honneur. - M. Sutter a

reçu comme prix spécial de direction une médaille

en vermeil.

Les enfants de la fanfare ont encore pris part à un

festival organisé à Alfortville et y ont remporté deux

prix : une couronne et une palme en bronze doré. -

Enfin M. Sutter fait à 30 enfants de la petite école un

cours spécial de solfège. Ces cours ont lieu deux fois

par semaine et ont pour but de préparer de futurs

musiciens à la fanfare.

Les répétitions de la fanfare ont été interrompues

du 10 octobre 1898 au 1 rI' mars 1899, par suite de

l'usure complète des instruments. M. le D'' Napias,

directeur de l'Administration générale de l'Assistance

publique, a bien voulu faire droit, en partie, à nos récla-

mations réitérées. Nous profitons de l'occasion pour

l'en remercier. Dix instruments neufs ont été achetés et

les moins mauvais ont été réparés. Malgré cela, nous

manquons d'instruments de musique, d'autant plus

que certains enfants refusent les instruments qui ser-

vent aux épileptiques (1). -

(1) A la colonie de Vaucluse la fanfare dispose de 24 instruments pour une

population de 243 enfants. Ces chiffres montrent la nécessité de l'achat de

nouveaux instruments, la population de la section étant de 450 enfants.

1.1\ ! I Distractions.

Les enfants faisant partie de la Société de gymnas-

tique et de la Fanfare ont organisé quatre concerts

dans le courant de l'année. Un de ces concerts a été

suivi de bal ; un autre a été suivi d'une tombola pour

laquelle beaucoup de commerçants et de grands

magasins de Paris avaient envoyé des objets divers.

- Tous les enfants valides de la section, les petites

filles de la Fondation Vallée et leurs parents assistent

à ces fêtes. C'est une occasion de leur faire com-

prendre dans la mesure de leur concept, les efforts

faits pour améliorer et constater que les Asiles de

la Seine, et en particulier la section des enfants, ne

sont pas des Bastilles.

Musée scolaire. Ce musée continue à servir aux

séances de projection, aux leçons de choses, aux

lectures récréatives. Il s'est notablement enrichi au

point de vue des figures pour projections mais peu au

point de vue de la bibliothèque ; en effet 20 nouveaux

volumes seulement ont été achetés cette année par

l'Administration avec des dons (l). La bibliothèque

des enfant* compte à l'heure actuelle 556 volumes.

Le 1 CI' janvier 11S1, le nombre des vues pour pro-

jections était de 12.')'), à la fin de l'année, ce chiffre

était porté à 1595, soit une augmentation de 336 vues

sur l'année précédente. Elles ont été faites par M.

HUBERT, chargé de la photographie. Diverses de ces

vues ont été utilisées par M. Bonnairc, professeur à

l'Ecole municipale d'infirmiers et d'infirmières pour

son cours d'anatomie et de physiologie. M. Chapotin,

ancien interne de notre service, s'est également servi

(I) Commission de surveillance des asiles (30 francs), M" Pasquet (3 francs)

;11110 Striffing, infirmière, 20 fr. Si la subvention spéciale du Conseil général,

votée tous les ans depuis 1878, n'avait pas reçu une destination autre, nous

aurions dans le service des enfants, un matériel scolaire et distractif com-

plet. Il en serait de même à 1 "école des enfants de la Satpetriere.

Enseignement par les projections. LXXIII

d'un certain nombre de vues pour faire aux infirmiers

et infirmières de Bicêtre une conférence très intéres-

sante sur les vers intestinaux.

Les séries nouvelles sont : Algérie, 70 vues; Séné-

gal, 15; Madagascar, 17; Guyane, 26 ; Tonkin, 9 ;

Egypte, 30 ; Organes des sens, 15 ; Modes de sépulture,

78; histoire de France, 79. Ces vues augmentent ou

complètent les séries déjà existantes.

L'enseignement par les projections est très com-

plexe. Il sert pour les enfants de toutes les catégories :

1° Pour les enfants idiots complets, à fixer l'attention

(images blanches sur fond noir ! , il apprendre les lettres

(grandes lettres noires sur fond blanc), pour l'éducation

de la parole syllabes simples ou répétées ou combi-

nées) ; 2" Pour les idiots déjà un peu améliorés as

reconnaître les objets des animaux (Images graduées,

Fig. 61); 3" Pour les enfants imbéciles, arriérés et

épileptiques, il l'aire tous les jeudis une conférence

dont les séries de rues énumérées plus haut donnent

une idée suffisante.

Dans les petites écoles et la grande école, on doit

sans cesse s'occuper de la guérison des lies, des

manies, s'opposer aux pratiques solitaires. Pour tous

les enfants et en particulier pour les imbéciles intel-

lectuels avec impulsions et pour les imbéciles moraux

Ü tous les degrés, nous avons recours au traitement t

moral, ou, pour employer le jargon a la mode, tt la

suggestion. Tous nos efforts tendent aussi a faire

comprendre it nos auxiliaires administratifs qu'ils ont

affaire il des enfants malades, relevant du traite-

ment 7néclieo-hécla.coqlee, envers lesquels et comme

enfants et comme malades, ils doivent se montrer

bienveillants et affectueux, et non pas il des êtres

vicieux, comme on dit, dont la place est dans les

maisons de correction ou les prisons. Tâche difficile

LXXIV Enseignement par les projections.

Fig. 61. - On projette le mot coq qui est lu il haute voix par les enfants, puis

Promenades et distractions. xxxv

pour lequel le concours de tous, dans la Maison, serait

nécessaire. Malheureusement il y a loin de la coupe

aux lèvres.

Promenades et distractions. - Les enfants de la

grande et ceux de la petite école qui sont propres ont

continué à faire des promenades soit à Paris, soit aux

environs. Dans ces promenades les instituteurs et les

institutrices doivent donner des leçons de choses et

exercer les enfants aux jeux de balle et de ballon.

Voici l'énumération des principaux endroits où ils

sont allés en promenade cette année : Arcueil-Cachan,

Créteil, Charenton, hois de Gournay, fête de la place

d'Italie, fête du lion de Belfort, foire aux pains d'épi-

ces, Gentilly, Ivry, jardin des Plantes, jardin d'Accli-

matation (1), jardin du Luxembourg, manufacture des

Gobelins, musée de Cluny, parc de Montsouris, place

de l'Hôtel de Ville, place de la Salpêtrière, Robinson,

Saint-Mandé, La Varenne-Saint-Hilaire, Villejuif,

Vitry, etc.

Les distractions ont été nombreuses cette année.

Notons la distribution des jouets du jour de l'an, don-

nés par l'Administration ; les déguisements du Mardi-

Gras et de la Mi-Carême ; la distribution des jouets

de Noël offerts par la Société du « Joyeux Noël ».

Nous adressons à cette Société tous nos remercie-

ments. A citer aussi le concert organisé par le « Comité

des frères Lionnet » auquel les artistes des principaux

l'image du coq; - ensuite le mot poule et l'image de la poule; - en troi-

sième lieu les mots coq et poule et l'image des deux animaux réunis; en

quatrième lieu le mot oeuf, l'oeuf enliel' et l'au/' sectionné; enfin les mots

coq, poule et poussins et les animaux réunis z

(1) Nous profitons de l'occasion pour remercier très vivement le Directeur

du jardin d'Acclimatation, M. A. Porte, qui veut bien chaque année, sur

notre demande, autoriser nos enfants et les petites filles de la Salpêtrière

à visiter ce bel établissement.

LXXY ! Visites, congés. i^H

théâtres et concerts de Paris ont prêté leur concours.

Tous les enfants valides de Bicêtre et de la Fondation

Vallée y ont assisté. 5 concerts militaires donnés dans

la grande cour de l'hospice. Deux séances de presti-

digitation. Une quinzaine d'enfants ont assisté à un

concert donné dans la salle des fêtes du Trocadéro.

Une autre série a visité le musée de Versailles.

Quatre-vingts enfants (garçons et filles) ont assisté à

une séance de cinématographie dans les locaux de la

maison Dufayel. Les enfants ont encore bénéficié de

plusieurs représentations gratuites dans les divers cir-

ques et théâtres installés à la Foire aux pains d'épices,

à la fête du Lion de Belfort, sur l'avenue de Bicêtre

et il la place d'Italie.

Les jardiniers sont allés à l'Exposition de ch1'Y-

san tl7.ène· et à l'F,.v°psi.tioi. d'horticulture. Les

meurs, sous la conduite de leur maître, ont visité dans

tous ses détails l'école Estienne. Les menuisiers et

les serruriers, également sous la conduite de leurs

maîtres, ont visité le Conservatoire des arts et

métiers.

- l'isites. - Les enfants ont reçu 9.526 visites; les

visiteurs ont été au nombre de 1),181¡. Voici la sta-

tistique des peignissions de sortie et des congés.

Visites, congés. LXX\'l1

des visites des familles, des permissions de sortie

pour la journée et des congés. Nous nous bornerons à

répéter ce que nous avons dit bien des fois : « Ajoutés

aux promenades et aux distractions, ces sorties, ces

congés, qui n'offrent aucun inconvénient et qui font

réaliser des économies notables (1), nous fournissent

un excellent moyen de maintenir la discipline et

d'encourager les enfants. Ils rendent le séjour à l'asile-

école plus supportable et contribuent à maintenir les

liens entre les familles et leurs enfants. Nous avons

insisté auprès de l'Administration pour qu'elle exige

des familles qu'elles fassent rentrer exactement les

enfants à l'issue de leur congé.

Les visites des familles au parloir ne sont pas sulli-

samment surveillées; trop souvent les parents ne se

gênent pas pour introduire des aliments, du vin et des

liqueurs qu'ils font absorber en quantité exagérée

aux malades. De la des accidents auxquels il faut

remédier et une augmentation des accès épileptiques.

Nous signalons encore une fois à l'Administration la

nécessité de remédier a un abus aussi regrettable.

l'acc'uialions et revaccinations. Nous avons con-

tinué, comme les années précédentes, la vaccination

et la revaccination de tous les malades entrés durant

l'année et des enfants dont la revaccination remonte à

7 ans. - Comme d'habitude, cette opération a été

pratiquée par les élèves de l'Ecole municipale d'infir-

miers et d'infirmières de Bicêtre, sous notre direc-

tion et celle de nos internes, avec le concours de

M ? tTIW TAI3 Bohain, sous surveillante de l'infirmerie.

(1) Il n'y a pas eu moins de 4 ? 13 jours d'absence d'enfants : le prix de

journée étant de · ? fr.· : 0, il s'en suit une économie pour l'Assistance publique

de 9.928 fr, ti0 en 18 ! 1 ! ). Ce bénéfice pourrait être légitimement appliqué à

entretenir convenablement les bâtiments de la section qui laissent de plus en

plus d désirer ou aux constructions réclamées.

LXXVIII Bains et hydrothérapie.

Elles ont été au nombre de 70. Trois infirmières et

deux infirmiers seulement se sont fait revacciner.

Service dentaire. M. le D'' Bouvet a continué il

venir presque chaque semaine donner des soins à nos

malades au point de vue de la dentition et de l'hygiène

de la bouche. Nous rappellerons qu'en faisant insti-

tuer le service dentaire, notre but était de remédier

aux nombreuses défectuosités de la dentition chez

nos enfants et aussi d'avoir, chaque année, une note,

prise par un homme compétent, sur la dentition de

tous les enfant^.

Bains el Icycl.ootlcémcpio. Les bains et les douches,

joints à la gymnastique, à l'emploi des bromures, sur-

tout de l'élixir polybromuré (formule Yvov), du bro-

mure de camphre (préparations du D'' Clin'1, plus actif

et plus absorbable que les autres préparations similai-

res qui nous ont été fournies par l'Administration, et

des médicaments antiscrofuleux, ont continué, comme

par le passé, à être avec les purgatifs la base du

traitement en 1899. Nous avons essayé aussi le

sedun acre et l'éosinate de sodium ; on en trouvera

les résultats dans la seconde partie de ce volume (p. 1

à 62).

Il a été donné dans le cours de l'année 1 7.820 bains

ainsi répartis (1) :

Améliorations diverses. 1 X.XIX

LXXX Visites DU service.

L'indemnité de logement des instituteurs a été por-

tée à 400 francs. Une gratification de 75 francs a été

accordée à chacun d'eux. M. Acard, suppléant faisant

fonctions de sous-surveillant, a été nommé sous-sur-

veillant, faisant fonctions de surveillant. M. Chérel,

premier infirmier aux bains, a été nommé suppléant;

l'lllles Chapperon et Chérel, infirmières, ont été nom-

mées 1 ro; infirmières.

Parmi les améliorations réalisées dans le service

citons le crédit de 30 francs, au lieu de 27 fr. 50 alloué

par l'Administration aux ateliers des enfants, pour

gratifications hebdomadaires aux enfants, l'achat

déjà indiqué, par l'Administration de 11 instruments

neufs pour les enfants de la fanfare et d'une sphère

pour les classes.

Mentionnons aussi que l'Administration, sur notre

proposition, a accordé des blouses au personnel de

l'infirmerie des enfants. C'est là un premier pas vers

une réforme plus complète et parfaitement justifiée.

Parmi les améliorations relatives au « bâtiment »

nous signalerons la réfection complète du service des

bains et des douches et l'aménagement, comme tables

et bancs (confectionnés par les enfants), du sous-sol

du 3e pavillon, destiné, comme nous l'avons dit dans

notre Compte rendu de 1898 et aussi plus haut

(p. V11), à une certaine catégorie d'enfants : adoles-

cents incurables, épileptiques et idiots incurables.

La aussi nous avons supprimé les moulures et tous

les angles (mobilier hygiénique).

l'isiles du service. - La Section a été visitée en

1899 par une Commission allemande composée de

M. le Prince de Wiiitziiigerode, Commandant de la

province de Saxe; de M. Thévès, Conseiller d'État;

de M. le D1' Paetz, Directeur de l'Asile de Ast-Scher-

bitz; de M. le Dr Fries, Directeur de l'Asile-hôpital de

Visites du service. LXXXI

Nietlcben (près Halle); de M. le L Konrad Alt,

Directeur de l'Asile public d'Uchtspringe (Province de

Saxe). Ces Commissaires étaient accompagés de M. le

Dr Marie, directeur de la Colonie familiale de Dum-

sur-Auron (Cher) et de M. de la Mouthe, délégué de la

Préfecture de Police de la Seine. - La Section a, en

outre, été visitée par M. Agapoff, médecin de l'Asile

d'aliénés de Nijni-Nowgorod ; du Prof. Bonfigli,

député au parlement italien ; D" Benoit (de Privas) ;

Prof. 13etchtcreff (de St Pétersbourg); D"Brudzinshi,

(de Varsovie) ; de M. et M"'0 Bruyant, instituteurs à la

Fcrté-Milon; M. Baguer, directeur de l'Institut dépar-

temental des sourds-muets d'Asnières (Seine); Mlle la

doctoresse Czyzowska (de Varsovie) ; M. Costa, étu-

diant en médecine, à Paris; M. Combe, professeur à

l'Université de Lausanne ; M. Carrier, interne des

Asiles de la Seine ; Dr Duchâteau, médecin en chef

de la maison de Santé de Gand; 1\l'lIe Defrancc, femme

de lettres ; Du David Frank (de Moscou) ; D1' Goerké,

médecin assistant il l'Asile-hôpital de Breslau; Mlle

Gouliaëff, étudiante en médecine, à Paris; D'' Galisson

(de Paris); D'' Gaustad (de Christiana); Mille Gaveu,

femme de lettres; D" Hoennicke, médecin assistant à

l'Asile d'aliénés de Sonnenstein (Saxe); D'TIudovernig,

(de Budapest); D`' Haenel, médecin assistant à Halle

(Saxe); Dr I-Iunaz (de Bruxelles); Dr Heisert (de Kris-

tiania) ; D" Jouconsky (de Varsovie); D1' Jones, méde-

cin de la Faculté de Buenos-Aires ; D1' Koenig (de Paris) i

1\1'110 Kauffmann, secrétaire du groupe de la Solidarité

des femmes (de Paris); M. Koht, professeur à l'Uni-

versité de Kristian; Mme Koht, professeur à l'école

primaire de Kristiania; M. Lacroix, directeur de

l'école d'enseignement spécial de la ville de Bruxelles ;

D'' Looft (de Norvège); M. Le Duigou, interne des

hôpitaux (du Havre); D`' Ledermiu, avocat à Paris;

Dr Mascaro (de Lisbonne); Mlle Majewska, Dr en

LiOURNEVILLE, Bicêtre, 1899. ?

txxxÍI Visites du service.

médecine; D'' Mavrojannis; DI' Mazurkicwiez (de Var-

sovie) ; M. Meillc, vice-Consul des Pays-Bas à Turin;

M. Mével, interne à l'asile des aliénés de Quimper;

M. Monzon, étudiant en médecine, à Paris; D'' Man-

heimer; DI' Marchand (de Paris); M. Montheuil,

Directeur de la « Revue Municipale » ; M. Mildé,

adjoint au Maire du 1'7" arrondissement; M. Motz,

Juriste à Kristiania; M. Meynet, homme de lettres, à

Alfortville (Seine); M. Naudy, Inspecteur de l'ensei-

gnement primaire, à Paris; D'' Ossipow (de St Péter-

bourg); D''0stanxot't'(dc St Pétcrsbourg) ; D1' Obel'leur

(de Paris); D'. Oltuszewski, ancien chef de clinique

thérapeutique à l'université de Varsovie; I)r Ponte,

médecin de l'asile d'aliénés de Buenos-Aires ; D'' Pa che-

co (de Buenos-Aires); M. Paon, externe des hôpitaux

de Paris; D'' I'etit ? enclol; Dr Philippe, chef de

laboratoire à l'hospice de la Salpêtrière; 1)" Péters,

médecin à l'hôpital des Enfants (de St I'éterslour);

Dur Qucrton (de Bruxelles) ; M. Soury, [directeur d'étu-

des à l'Ecole pratique des Hautes-études; D'' Sérullax.

de Vaun'ncray lltûne); M. Stojanovitch, étudiant en

médecine à Paris; M. Sabatier, homme de lettres;

D1' Toulouse, médecin de l'Asile de Villejuif; D1' Thulié;

Dr Torchut (de Royan); M. Turin, ingénieur à Paris;

Dr Vorotynsky, professeur agrégé à la faculté de

médecine de Kazan ; 1)1' Viviani (de Milan); Dr Vento

(de Cuba) ; 1)" Vogt, ancien interne de l'Asile d'aliénés

chargé de mission de l'Université de Kristiania;

Dr Van Melle (d'Amsterdam) ; Dr Van llysselberg-he (de

Bruxelles) ; M. Watrin, avocat à la Cour d'appel;

M. Wonnacott, architecte (de Londres); 1\I",o'Volfring,

professeur à l'école primaire de Kristiania; Zunz,

ancien interne des hôpitaux de Bruxelles; D1' Zou-

cowsky (de St Pétcrsbourg) ; M. le D'' Ferrier

médecin-Major et les Élèves du Val de Grâce ont

également visité notre service. Enfin, et de même

Musée pathologique. Lgl\III

que les années précédentes, la Commission de Sur-

veillance des Asiles de la Seine a visité le service le

16 mai; celle du Conseil Général l'a visité le 12 juillet.

Nous consacrons d'habitude la matinée du samedi

à recevoir les visiteurs. Presque tous ceux dont nous

venons de citer les noms sont venus ce jour-là. Nous

prévenons, à leur intention, le professeur de chant et

celui de gymnastique, dont les heures de leçons ne

coïncident pas avec l'heure de notre visite. En leur

demandant ce placement et en nous imposant la fati-

gue très grande de montrer, non seulement l'organisa-

tion du service des enfants, mais encore son fonction-

nement dans tous ses détails, notre but est de faire

comprendre aux visiteurs l'importance de l'oeuvre que

nous avons pu réaliser avec l'appui du Conseil

municipal, de fournir à beaucoup d'entre eux les

arguments qui militent en faveur de l'hospitalisation

et de l'éducation de cette catégorie d'enfants anor-

maux et les convaincre de la possibilité de les amélio-

rer et même de les guérir par l'application régulière,

méthodique et prolongée du traitement médico-

pédagogique.

Musée pathologique. - Le musée s'est enrichi

notablement en 1899, ainsi que le montre le tableau

de la page LXXXIV.

Nous avons continué, comme les années précéden-

tes, à reprendre dans le cimetière de la commune de

Gentilly, lors du relèvement des corps de nos malades

décèdes cinq ans auparavant, les crânes et les sque-

lettes entiers, quand il s'agit d'hémiplégiques ou de

malades dont le squelette présente des particularités.

Enseignement professionnel. LXXXV

C'est cette pratique qui explique l'enrichissement

rapide de notre musée depuis l'année 1887 (1).

Le musée reçoit en outre toutes les photographies

des malades décédés, leurs observations reliées cha-

que année, qui forment actuellement 27 volumes, les

photographies des cerveaux qui composent 10 volu-

mineux albums, les cahiers scolaires que nous avons

institués dès 1880, c'est-à-dire 7 ans avant leur intro-

duction officielle clans les écoles publiques.

Les visiteurs peuvent, au moyen du Catalogue que

nous avons refait nous-même et que M. le Dr Julien

Noir, ancien interne de notre service, conservateur

du musée, complète chaque année,' avoir tous les

renseignements désirables sur les pièces anatomo-

pathologiques du musée.

II.

Enseignement professionnel

Cet enseignement a été dirigé en 1899, de même

que les années précédentes, par MM. Lrrtor pour la

menuiserie (1882-1899), Allène pour la coulure

(1883-1899), Dumoulin pour la cordonnerie (1888-

1899), Moiun pour la vannerie, le paillage, et le

canage des chaises (1889-18991, Mercier, pour la

brosserie (1889-1899), 1\LuUh : U,\LLAT pour l'imprt-

merie (1889-18991, Gaie pour la serrurerie (1895-

1899), MESNAHD pour le jardinage (1896-1899).

(I) Autorisation de M. Gragnon, préfet de police, en date du 7 février 1887

LXXXV ! Enseignement professionnel.

De même aussi que les autres années, nous n'avons

qu'à les féliciter tous, non seulement pour le zèle et

l'intelligence qu'ils apportent chaque jour à donner

l'instruction professionnelle aux enfants, mais

encore pour la bonne direction morale qu'ils savent

leur imprimer. Le tableau suivant met en évidence

les résultats obtenuspar eux en 1899 et qui se chif-

frent par 29.114 francs.

Les travaux, du jardinage, seuls, ne sont pas

évalués. Il est, en effet, assez difficile de faire une

estimation précise. Pourtant nous croyons que l'Ad-

ministration aurait intérêt à essayer d'en avoir tout

au moins une évaluation approximative. Peut-être un

jour s'y décidera-t-elle. A notre ami, M. le D'' Napias,

d'intervenir dans ce sens.

Les sept maîtres, non compris le jardinier dont le

travail de ses apprentis et le sien dépassent assuré-

ment le salaire - sont payés à raison de 6 fr. 50

par jour, soit pour l'année 16.607 fr. 50.

Le Travail des Enfants, évalué par M. l'économe et

par l'architecte couvre donc : 1° la dépense occasion-

née par le salaire de leurs maîtres; - 2° l'intérêt

à 4 0/o, taux au-dessus du cours actuel, du capital

employé pour la construction des ateliers (210.000 fr.) ;

3° les gratifications hebdomaires données aux enfants

le samedi, à titre de récompense et qui s'élèvent il

1.560 fr. pour toute l'année. De plus il y a un bénéfice

de 2.567 fr., qui vient atténuer les dépenses d'entre-

tien des enfants.

Pour permettre il tous d'apprécier les résultats

économiques de l'enseignement professionnel et du

travail accompli, au point de vue pratique, voici

l'énumération sommaire de ce qui a été fabriqué fait

dans les divers ateliers (page LXXX7111).

LXXXVIII Enseignement professionnel.

Produits fabriqués dans les ateliers en 1899.

Brosse me.

12. 125 brosses en tous genres (dont 10.000 pour le Magasin

Central).

Vannerie.

208 mannes neuves fabriquées (dont 105 pour le Magasin

Central), 2'r0 mannes réparées, 272 chaises cannées et rem-

paillées.

Couture.

682 pantalons, 674 vestons, 539 gilets, 112 robes, 145 mail-

lots, 8 maillots de force pour les enfants cléchireurs.

Menuiserie.

4 échelles simples, a échelles doubles, 15 coffres divers, 2

casses d'imprimerie, 2 armoires, 1 meuble il un corps pour

les leçons de choses, 8 bancs, 3 tables, 2 tableaux pour les

classes, 3 tables scolaires, divers objets pour l'enseignement;

continuation de l'installation du nouveau sous-sol, 10 caisses

à fleurs. Tout le travail fixe neuf du service et toutes les

réparations diverses notamment le parquet du gymnase et

des salles.

Serrurerie.

2 fauteuils en fer, 122 porte-vases pour chaises de gâteuses,

190 ferrures et charnières, 10 réparations de fauteuils en

fer. po objets en bois faits au tour : pieds de meubles,

pieds de table, poignées, boules, cylindres, cônes, etc. -

Ferrage de tous les meubles, échelles, coffres divers, ton-

neaux, boites, etc,, confectionnés par la menuiserie. - Fait

toutes les réparations journalières du service.

Cordonnerie.

723 paires de chaussures neuves, 660 ressemelages.

Imprimerie.

Compte-rendu du service de l'année. - Ordres du jour des

Commissions. - Affiches diverses. - Entêtes de lettres,

registres et tableaux divers pour la Direction et l'fjconomat.

Circulaires pour le bureau de la 5 ? Bons de tabac.

Palmarès, relevés de points, présences, etc., pour les Ecoles

municipales d'infirmiers et d'infirmières. Tableaux des lignes

et de leurs applications, des volumes, méthode de lecture,

feuilles d'alphabet, etc., pour les Ecoles de Bicêtre et de la

Fondation Vallée. - Travaux divers pour les hôpitaux et

hospices : Boucicaut, Bicêtre, Maison de santé, Hicord, Saint-

Louis, Salpêtrière. - Travaux pour la Société des Sous-em-

ployés de l'Assistance publique et la Société amicale des

Employés de l'Assistance publique : affiches, caries, procès-

verbaux, compte-rendu, feuilles d'admissions, carnets de bal

fiches, etc., etc.

Enseignement professionnel. LXXXIX

Nous n'insisterons pas sur les avantages que pro-

curent ces ateliers tant au point de vue de l'intérêt

des malades qu'à celui de l'Administration. Nous

ajouterons seulement qu'il serait convenable, à tous

les égards, que nos anciens malades qui passent soit

dans les sections d'aliénés adultes, soit dans la

division des incurables de l'hospice, trouvent un

meilleur accueil dans les ateliers de l'hospice et que

les chefs de ces ateliers leur témoignent plus de

bienveillance. Il y va de l'intérêt des malades, supé-

rieur à toute autre considération, et de l'intérêt

financier de l'Administration.

Tel est le résumé de l'enseignement professionnel

en 1899. Il importe de ne pas oublier que nos ateliers

ne sont nullement comparables à ceux de l'orphelinat

Prévost à Ccmpuis et de l'école d'Alembert à Monté-

vrain, par exemple, où les apprentis sont des enfants

normaux, sains de corps et d'esprit, et même choisis

parmi les plus intelligents des candidats. Nos appren-

tis, à Bicêtre, sont non seulement des enfants Axon-

maux, mais encore des enfants malades : quand ils

ont, les uns des accès épileptiques, convulsifs ou

psychiques, les autres des impulsions ou des périodes

d'excitation, ces jours-là et les jours qui suivent,

ils ne peuvent travailler ni à l'école ni à l'atelier.

Administrativement, après avoir douté de la possi-

bilité de faire travailler les enfants idiots, arriérés et

épileptiques, et avoir protesté contre la construction

des ateliers, certains auraient de la tendance à vouloir

considérer nos malades comme des apprentis ordi-

naines qui, suivant la pratique abusive des couvents,

doivent fournir régulièrement une somme de travail

fixée. Nous le répétons, ce qui doit primer dans notre

service, c'est l'influence morale du travail, qui est

l'adjuvant du travail scolaire, du traitement médical,

xc Statistique. Mouvement de la population.

et non le produit lui-môme, bien qu'il ne soit pas à

dédaigner : les enfants eux-mêmes sont heureux de

voir que leur travail est productif, qu'il se traduit par

des résultats pratiques (1) et que tout ce qu'ils font

contribue il leur bien-être, il leur enseignement et au

bon entretien de leur section.

III.

Statistique. Mouvement de la Population.

Le premier janvier 1899, il restait dans le service

4662 enfants (2) : ! il 7 enfants idiots, imbéciles ou épi-

leptiques, dits aliénés et 45 épileptiques, dits non

aliénés. Cette distinction, qui s'applique aux épilep-

tiques adultes aussi bien qu'aux enfants, est purement

administrative et il est difficile de la justifier médica-

lement.

Dans ces dernières années, il s'est créé une espèce

de légende au sujet de notre service que l'on repré-

sente comme très dispendieux pour l'Assistance

publique. La vérité est qu'au point de vue des cons-

tructions il a été fait plus simplement et avec plus

d'économie que tous les établissements créés par

l'Assistance publique depuis 20 ans. La vérité c'est

que le département paye à l'Assistance 2 fr. 20 par

jour pour chaque malade comme dans les trois autres

sections. La vérité c'est que l'Administration bénéficie

(0 Une autre cause qui contribue à différencier nos apprentis de ceux que

nous avons cités, c'est qu'ils ont des permissions de sorlie et des congés, sur

la demande des familles, à toutes les époques de l'année et qu'ils ont des

visites les jeudis et dimanches.

(2) C'est-à-dire 62 de trop, puisque la Section a été conçue pour 400 enfants.

Mouvement DE la population.

xci

de plus de 9.000 fr. sur les journées d'absence des

enfants, par permissions de sortie ou congés. La vérité

enfin c'est que les chefs d'atelier ne coûtent pas un sou

que d'après les évaluations même de l'Administration

les ateliers lui donnent chaque année un bénéfice et

et que cette année même (J 899), nous le répétons, le

produit des ateliers à couvert le salaire des chefs

d'atelier, l'intérêt de la somme engagée pour la cons-

truction des ateliers et donné un bénéfice de 2.567 fr.

Mouvement de la population.

xci : Mouvement de la population.

à la charge du budget départemental. Sur ce nombre,

5 étaient atteints de cécité; 2 de stercli-nzclité; 20

étaient ruminants; 50 hémiplégiques; 7 étaient

atteints de maladie de Little; <)0 et tient baveux; 30

onycopharles; 6 déchireurs d'ongles et i f7alrC'III'8, .

Thymus et glande Thyroïde. Nos études sur

l'ie/iolie mY,\'IPdémnlcu8c nous ont conduit à reprend-

dre, il y a 9 ans, des recherches anciennes (15G8) sur

la glande thyroïde et incidemment sur le thymus.

Le tableau ci-après (p. xcfv-xcv) donne quelques ren-

seignements sur ces deux organes chez nos malades

décédés en 1899 (page 000). "

cl Nous essaierons un jour, écrivions-nous dans nos

Comptes-rendus antérieurs, de voir s'il y a lieu de

tirer quelque conclusion des pesées du thymus et de

la glande thyroïde que nous publions tous les ans.

Mais elle, n'auront qu'une valeur relative jusqu'à ce

({tic nous puissions les mettre en regard de pesées

analogues faites chez des enfants réputés normaux

et décédés soit à l'hôpital des Enfants-malades, soit

à l'hôpital Trousseau. » L'un de nos internes de l'an-

née dernière, M. Katz, qui a passé un an aux Enfants-

malades, s'est occupé de ces recherches et l'on trouvera

dans la seconde partie de ce volume (p. 147) le résultat

de ses investigations en ce qui concerne le thymus.

Décès. Les décès ont été particulièrement nom-

breux cette année et s'élèvent au chiffre jamais atteint

de 28. Le tableau des pages xcvm il cm fournit les

renseignements concernant le diagnostic, la date et

la cause du décès, ainsi que les principales particu-

larités présentées par les malades.

Sorties. - Des 79 malades sortis de la section, 2G

ont été dirigés sur l'une des sections d'adultes, 28

ont été rendus à leur famille, guéris ou améliorés ou

Thymus et glande thyroïde. XCllI

sur la demande de celle-ci; ` ? 2 ont été défalqués à la

suite d'évasion. Le tableau de la page Civet sui-

vantes indique les motifs de la sortie et la nature

de l'affection pathologique dont étaient atteints ces

malades sortis. Nour aurions vivement désiré suivre

nos malades après leur sortie, savoir ce qu'ils devien-

nent, si l'amélioration réalisée par nous s'est main-

tenue ou s'est même augmentée. Malheureusement

les moyens nous font défaut.

Evasions. Huit évasions ont eu lieu dans le

courant de l'année, celles des enfants Tir..., Vatrl ?

Dutail..., Bousqu..., IIouh..., Mull..., Desch..., et

Calh... Les doux avant-derniers de ces malades,

recueillis par la Préfecture de police, nous ont été

rendus quelques jours après leur évasion. Le dernier,

l'enfant Calb..., a été envoyé par le parquet dans une

maison de correction. Et c'est un aliéné épileptique,

évadé qui aurait dû cire réintégré de suite ! Quant aux

cinq autres, dont l'évasion n'a donné lieu à aucune

mutation, ils nous ont été ramenés par leurs parents.

Transferts. Ils ont été au nombre de 22 : 15 à

l'Asile de Villojuif, f a l'Asile de Ville-Evrard et un à

l'Asile de Clermont. Les transferts, hors des Asiles de

la Seine, constituent, nous le répétons, une mesure

indigne d'un pays civilisé.

Maladies infectieuses. Un seul cas de fièvre

typhoïde chez l'enfant Bell... Un cas de scarlatine

chez l'enfant Van den Cast... Le premier de ces deux

enfants, aujourd'hui complètement guéri, a réintégré

son service; le deuxième est en convalescence. Nous

avons à noter cette année une épidémie de rougeole,

qui a porté sur 15 enfants; une infirmière, en outree

en a été atteinte, \I'1° Bourh... L'épidémie a débuté

en mars et semble avoir été apportée par l'enfant

xcvi Décès. 11

XLVIII DÉCÈS. 1

c Décès'. i'.

Cil DÉCÈS.

mL

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1

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1 z

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Il

Î

EXIL Maladies contagieuses et intercurrentes.

Pard... qui, trois jours après son entrée en était

atteint. L'épidémie a pris fin en mai, un seul décès à

signaler, celui de l'enfant Missi... Le service du pavil-

Ion d'isolement est confié à Mme Grisard qui, depuis

14 ans, s'acquitte de ses fonctions pénibles et dange-

reuses avec le plus grand dévouement. Tout ce que

nous avons pu obtenir pour elle, c'est qu'elle soit nom-

mée première infirmière. Nous estimons qu'il y aurait

mieux à faire.

Teigne. - Au premier janvier 1899, il restait dans

le service 17 teigneux, 10 teigneuses; à la fin de

l'année ces chiffres étaient descendus à 9 pour les

garçons et avaient été portés à 11 pour les filles.

Malgré tous les soins que nous apportons à surveiller

le cuir chevelu des enfants, nous ne parvenons pas à

nous débarrasser complètement de la teigne : elle se

trouve entretenue par de nouveaux arrivants et par

les enfants déjà atteints, pour la plupart desquels les

recommandations sont de nul effet.

Maladies intercurrentes. - 4 enfants ont été

atteints d'état de mal 6,I)ilel)ti(lue; G atteints de bron-

cho-pneuzonie; un de pneumonie; un de pleurésie;

6 de tuberculose pulmonaire; 4 d'angine; 4d'ophtal-

mie; 3 d'impétigo; 28 de plaies diverses, clans des

accès; 20 pour engelures; 2 pour abcès; 25 pour

diarrhée; un pour deux ongles incarnés. Ajoutons

que tous les enfants qui se font, soit dans des accès,

soit en jouant, des contusions ou des plaies vont à l'in-

firmerie où des pansements appropriés leur sont faits

par les deux infirmières, sous la surveillance de

M'ue Athénaïsc Bohain, sous-surveillante du service.

Population au 31 décembre 1899. - Il y avait à

Personnel du service. cxiii

cette époque, dans le service, 449 enfants, se décom-

posant ainsi : 406 enfants idiots, imbéciles, ou

épileptiques, dits aliénés et 43 réputés non aliénés.

Sur ce nombre 14 sont atteints de cécité; 3 de surdi-

mutilé; 20 sont ruminants; 30 sont onycophages; 4

déchireurs d'ongles; /18 sont baveux; 106 sont gâteux;

57 sont hémiplégiques ; 6 sont atteints de maladie de

Little, et 8 sont flaireurs.

Personnel du service en 1899. - Le personnel

était ainsi composé : 1° Service médical : Un conser-

vateur du Musée, M. le Dr J. Noir. Un interne titu-

laire, M. PouLaRD et un interne provisoire, M. AUBER-

TiN; un interne en pharmacie, M. SÉVI;\".

2° Service scolaire : Grande Ecole. 4 instituteurs :

MM. MESNAHD, LA-s-DOSSE, CA11 : 11LHA( : et DERUETTE ;

- un professeur de chant, M. Sutter; un professeur

de Gymnastique, M. Goy ; un maître de danse, M. LA\-

dosse; un maître d'escrime M. CLW II.vT; de deux

infirmiers; dont un ayant son brevet élémentaire.

2° Petite École. - Milo ÂGNUS (Blanche) et Bohain

(Amandine), surveillantes ; 11m° BEAUMOXT, sup-

pléante ; trois premières infirmières : Milo HuGUET,

M"10 Gerder et Mlle MARQUET et 10 infirmières de jour

aidant les maîtresses d'école.

3° Enseignement professionnel. - 8 maîtres dont

nous avons donné les noms à la page plus deux

infirmiers de garde.

1° Service hospitalier : Il se compose de M. AcAr3D,

sous-surveillant, remplissant les fonctions de surveil-

lant, de M. BARSALOU, suppléant faisant les fonctions

de sous-surveillant; de M. Massixg, 1er infirmier, fai-

sant les fonctions de suppléant (service du gymnase);

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1899. ?

cxiv Population DU service.

de M"10 Ath. 13oH : mrr, sous-surveillante (infirmerie)'; de

1\'I ? MALENÇON, suppléante (bâtiment des gâteux) ; de

. Mille Grisard, 1 ? infirmière (pavillon d'isolement) de

I'110 Deuière, sous-surveillante de nuit qui a rempla-

cé en juin 1\11110 GLADEL changée de service pour

raison de santé; - d'un 1 er infirmier attaché au

Musée et chargé du service de distribution de la

pharmacie, M. GEIlDE1\; d'un infirmier portier; d'un

perruquier, de 25 infirmières de jour ou de nuit; 29

infirmiers de jour ou de nuit; total du personnel secon-

daire : 85. '

' Nous n'avons eu aucune mutation parmi les sous-

employés des deux sexes, ni parmi les 1°" infirmiers

et les 1 ro. infirmières. Malheureusement il n'cn a pas

été de même pour les infirmiers et les infirmières.

Le service compte 38 infirmiers et 46 infirmières.

En 1899, il y a eu 191 mutations pour les premiers et

60 pour les secondes. Nous avons signalé, sans suc-

cès, les inconvénients qu'il y avait à mettre dans ! e.

service des enfants des jeunes gens de 18 il 20 ans

et au pavillon d'isolement des jeunes tilles plus expo-

sées que des femmes d'un certain âge il contracter

des maladies contagieuses : nous n'avons pas eu de

succès. Rappelons que dans les hôpitaux et hospices ! es médecins ne sont pas consultés, comme dans les

asiles d'aliénés, sur le choix de leurs auxiliaires et

qu'il ne leur est demandé aucun renseignement quand

il s'agit de leur avancement.

En terminant, nous croyons devoir remercier

MM. UE1\DE1\ et IIUt31 : R1· du concours actif qu'il nous

ont prêté pour l'illustration de cette première partie

de notre Compte-rendu de Bicêtre. . ?

Section II : Fondation Vallée.

Histoire du service pendant l'année 1899.

I.

Situation DU service. - Enseignement primaire.

Quand la Fondation Vallée a été organisée, elle

devait être pour les filles ce qu'est la colonie de Vau-

cluse pour les garçons, c'est-à-dire qu'on ne devait

y admettre ni gâteuses ni épileptiques. Mais dès l'ori-

gine, par suite des besoins du service des aliénés, il

n'a pas été tenu compte de cette catégorisation. Il

s'ensuit que la Fondation Vallée ne correspond plus

à la Colonie de Vaucluse, mais au service des enfants

de Bicêtre, où nous recevons, en outre des épilepti-

ques et des hystériques, toutes les catégories d'en-

fants idiots. De là deux groupes principaux : 1° les

enfants idiotes et gâteuses, 2° les enfants propres.

Enfants idiotes et gâteuses. Elles étaient au

nombre de 70 au 1er janvier 1899 et de 63 à la fin de

l'année. - Elles sont installées dans le bâtiment situé

à droite dans la cour d'entrée, dont elles occupent le

CX Vf Fondation vallée.

rez-de-chaussée et le premier étage. Cette installa-

tien est, comme nous le disions clans nos Comptes-

rendus antérieurs, insalubre et dangereuse, car le

gâtisme exigeant un lavage quotidien du parquet mal

jointoyé, non hourdé, du premier étage, il en résulte

des infiltrations d'eau tout le long des murs. Nous

n'en avons pas moins obtenu cette année encore,

grâce à la bonne direction du service, quelques résul-

tats avantageux au point de vue du traitement. Les

moyens et procédés sont les mêmes que ceux décrits

dans nos précédents rapports.

Les idiotes galeuses se divisent en deux catégories :

a) les enfants valides qui sont envoyées a l'école

durant une partie de la journée. Bien qu'une classe ait

été affectée spécialement dans l'ancien réfectoire, aux

plus malades, il n'en résulte pas moins, de l'envoi à

l'école des enfants gâteuses valides, des inconvénients

pour les enfants des classes voisines, affectées aux

enfants propres. IJ) Les enfants invalides, qui

séjournent dans les locaux dont nous venons de parler

et dans la cour située entre leur pavillon et le pavillon

de l'Infirmerie. Chez sept d'entre elles on a pu sup-

primer le gâtisme : Pel'11 ? Cara.. , Blan ? Iloz.. ,

Binvign ? nadig ? Deva... - Sept également ont

appris à manger seules : Cous ? Guyom ? Uora ?

Laver.. , Ponz.. , Vit.. , Brab... - Deux ont appris à

marcher sans aides : Pouz ? et Mora... Six ont été

notablement améliorées pour la parole : Kracl11 ?

Poz ? Dev ? Le Br ? Caza ? Gudef...

Voici qnelques renseignements sur six enfants qui,

partis de très bas, ont fait de sérieux progrès.

Po... (Camille), 16 ans. Enfant arriérée, parlant peu, à son

arrivée, avait une très mauvaise prononciation : pour

dire oui, elle disait bi; maman, aman ; bonjour, o IIjo 1} ,

En somme, elle causait comme un bébé qui commence il dire

quelques mots. Elle n'avait pas de mémoire, son attention

Enseignement pratique ET primaire. CIVIL

était très difficile à fixer, l'enfant ne se rendait pas compte

de ce qui se passait autour d'elle, elle n'avait aucune notion

classique.

L'enfant a fait néanmoins des progrès surprenants. Elle

lit couramment, suit des dictées élémentaires, fait les trois

premières opérations de l'arithmétique.

Sa parole s'est notablement améliorée, sa prononciation

est peu défectueuse ; elle tient bien conversation, son rai-

sonnement est assez juste. Elle aime à se rendre utile pour

tout ce qui concerne le nettoyage et l'entretien des dortoirs.

- Elle a fait beaucoup de progrès pour les travaux à l'ai-

guille. Elle coud bien, fait elle-même une robe et un tablier.

Mari.... ](3 ans. Enfant très arriérée et très

bornée, ne connaissait, ni les lettres, ni les chiffres, ne savait

tenir un porte-plume. Au dire de sa mère, elle ne pouvait

l'envoyer il l'école, parce que les autres enfants se moquaient

d'elle. Elle bégayait beaucoup et ne pouvait s'exprimer

facilement. Rien ne nous laissait espérer que nous parvien-

drions à obtenir le moindre résultat, au point de vue classique

surtout. Malgré toutes ces difficultés, l'enfant a fait de réels

progrès, elle lit couramment, écrit lisiblement, mais ne fait

que l'addition.

Trouil... (Georgette), 1 ? ans. Cette enfant, atteinte d'imbé-

cillité et d'hémiplégie droite, n'avait à son entrée aucune

notion, sur tout ce qui concerne les exercices classiques.

Elle parle bien, répond directement aux questions qui lui

sont posées, mais ne sait tenir une conversation. L'attention

est facile à fixer, l'enfant se tient bien à la classe et a pris

goût aux exercices de ses compagnes. Elle lit par syllabes,

fait les deux premières opérations de l'arithmétique, écrit

lisiblement, quoiqu'écrivant de la main gauche.

A son entrée, l'enfant ne pouvait ni s'habiller, ni se désha-

biller, ni lacer, ni boutonner. Après avoir fait ces derniers

exercices sur le mannequin à l'école, elle est parvenue

à s'habiller entièrement elle-même.

Ganeh.... (Germaine), 9 ans, est entrée en décembre 1892,

atteinte d'idiotie. A son arrivée, elle ne marchait pas, ne par-

lait pas, gâtait nuit et jour. Aujourd'hui, l'enfant parle et sait

soutenir une conversation comme les enfants de son âge.

Elle a appris à marcher seule, la marche est bonne, elle court.

sautera la corde, monte et descend facilement les escaliers ;

cxviu Traitement médico-pédagogique.

elle exécute même très bien tous les mouvements de la

gymnastique des échelles et des ressorts. En classe, elle lit

presque couramment, fait de petites copies assez lisibles,

reconnaît les différentes parties de son corps et de ses vête-

ments et sait les désigner par leur nom, elle reconnaît tout

ce qui est contenu dans les boites aux leçons de choses,

distingue très-bien les couleurs, elle compte assez bien et

. commence il faire de petites additions orales. Sa tenue est

bonne, l'enfant s'habille et se déshabille seule.

Kram... (Aline), 8 ans, atteinte d'idiotie myxoedémateuse.

A son entrée cette enfant était gâteuse, la parole et la marche

étaient nulles, elle ne savait ni s'habiller ni se déshabiller.

Aujourd'hui elle a appris à parler, elle sait soutenir une

petite conversation, la parole est encore un peu défectueuse,

principalement pour les syllabes on et en qu'elle prononce

fortement du nez.

La marche est bonne ; Kr... sait courir, monter et descendre

les escaliers. Le gâtisme a disparu. Elle s'habille et se

déshabille seule, se lace et se boutonne. Pour le ménage,

elle ne le fait encore qu'imparfaitement.

En classe, elle reconnait les couleurs, sait nommer à peu

près tout ce qui est contenu dans les boîtes aux leçons de

choses, nomme les différentes parties de son corps et de ses

vêtements, désigne par leur nom les doigts de la main, elle

compte seule jusqu'à vingt. Au point de vue de la lecture,

l'enfant ne reconnaît pas encore ses lettres, elle les nomme

mais au hasard. Pour l'écriture, elle sait tenir son crayon et

commence à faire quelques bâtons sur l'ardoise.

Deve... (Rose), 8 ans, atteinte d'idiotie avec gâtisme, parole,

marche, mastication nulles, l'enfant était alimentée au bibe-

ron. Peu à peu, on l'a habituée à boire au gobelet, à manger

de la panade, des aliments consistants ; enfin elle est arrivée

à manger de la viande et des légumes comme les autres

enfants. La mastication est bonne quoique un peu lente.

D... marche bien, son pas est assuré ; elle monte et descend

facilement les escaliers, suit les autres enfants dans la cour,

aux classes et même dans les promenades des environs.

Elle prononce tous les mots, sa prononciation est peu défec-

tueuse, mais sa voix est nasillarde. Elle s'habille et se

déshabille presque seule, sait lacer et boutonner, mais noue

encore imparfaitement.

Les leçons de choses l'intéressent beaucoup, elle prend

Idiotes gâteuses, invalides ou NON. Cxn,

plaisir a regarder les couleurs, connaît les principales;

il en est de même pour les principaux légumes. Elle distingue

- les différentes parties de son corps et de ses vêtements et

sait les nommer. '

Elle commence à compter jusqu'à 10 , nomme les.lettres,

mais ne sait encore les reconnaître. Tout l'intéresse et avec

l'attention qu'elle apporte dans les différents exercices, il est

il espérer qu'on obtiendra de bons résultats. Le gâtisme a

complètement disparu, l'enfant est propre nuit et jour.

L'amélioration notable obtenue chez ces enfants

montre a fortiori ce qu'on peut obtenir chez des

enfants moins profondément atteints.

Nous avions proposé en 1896 l'appropriation du

sous-sol du bâtiment neuf, suffisamment élevé et aéré,

en un service spécialement destiné aux enfants idio-

tes gâteuses, valides et même à une partie des gâteu-

ses invalides. Ce projet, ainsi que nous l'avons dit

dans nos Comptes-rendus de 1896 (p. LX1V), de 1897

(p. XLVII) et de 1898 (p. XLVI) a été soumis par

l'Administration à la Commission de surveillance qui,

après l'avoir examiné surplace, l'a adopté sur le rap-

port de notre très regretté ami le D1' Du Mesnil. Il a

été ensuite soumis au Conseil général qui s'est pro-

noncé pour l'ajournement.

Cette décision que rien ne justifiait, contraire aux

avis réitérés de la Commission de surveillance, a

été provoquée par le rapporteur, M. Berthelot,

sans avoir jamais visité le sert ice et ne nous avoir

jamais demandé de renseignements. Nous avons

persisté dans nos réclamations et insisté auprès des

Commissions officielles pour que les travaux projetés,

d'après notre programme, et approuvés par la

Commission de surveillance, fussent exécutés. L'ad-

cxx Service DES idiotes gâteuses.

ministration, qui en reconnaissait l'utilité, a réintro-

duit l'affaire au Conseil général. M. Thomas, conseil-

ler général, chargé du nouveau rapport, a décidé le

conseil a revenir sur sa décision.

Voici son rapport et la délibération conforme :

M. Thomas, rapporteur. - Messieurs, dans sa visite du

16 mai 1899 à la fondation Vallée, la Commission de surveil-

lance des asiles d'aliénés, après avoir constaté l'état d'encom-

brement des divers locaux de cet établissement où les peti-

tes filles idiotes sont en quelque sorte parquées, a émis le voeu

qu'il fut donné suite, sans retard, au projet d'aménagement

des sous-sols du nouveau pavillon de cent enfants, projet

qu'elle avait déjà adopté dans sa séance du 17 novembre

1896. En effet, Messieurs, non seulement cet établissement

est encombré, mais encore une cinquantaine environ de

petites filles sont inscrites sur le registre des expectantes.

L'aménagement de ces sous-sols, restées sans affectation

après l'achèvement du nouveau pavillon, permettrait de

transformer en dortoirs les divers locaux qui, par ce fait,

deviendraient vacants. On pourrait alors remédier il l'encom-

brement que je viens de vous signaler et admettre une partie

des petites filles qui attendent leur placement à la Fondation.

L'Administration nous demande d'approuver ce projet dont

le devis s'élève à 17,0'cli fr., savoir :

Travaux, 15,297 fr. 20 c. Imprévus, 591 fr. 80 c. -

Honoraires, 1,157 francs. - Total égal, 17,046 francs. -

Les travaux, tels que le plan l'indique, consisteraient en

l'aménagement, dans les sous-sols du nouveau pavillon, d'un

réfectoire, d'une salle d'exercices de gymnastique, de deux

salles d'école, d'une salle spéciale pour les enfants gâteux,

d'une pièce pour le cirage des souliers, d'un magasin de chaus-

sures, de quatre cabinets de dÓbrrams et d'une grande salle

de bains de pieds, Cet aménagement nécessiterait, en outre.

différents travaux de maçonnerie et de canalisation, ainsi

qu'une installation de chauffage spéciale.

En ce qui concerne la dépense, il ne serait pas nécessaire,

pour y faire face, d'ouvrir de nouveaux crédits; une somme

de 17,046 francs, économisée sur le montant des travaux

régulièrement autorisés pour la construction du nouveau

pavillon, permettrait de gager la nouvelle opération.

Votre Commission, après examen des propositions adminis-

Enseignement pratique ET primaire. cxxi

tratives, soumet à votre approbation le projet de délibération

conforme que voici :

Le Conseil général, Délibère :

« Article premier. - Est approuvé, dans la limite d'une

dépense de 17, 0'i6 francs, le projet relatif à l'aménagement

des sous-sols du nouveau pavillon de la fondation Vallée.

« Art. 2. - La dépense de 17,046 francs sera payée par im-

putation sur le crédit inscrit au budget de report de 1898,

chap. 19, 3lcr, art. 128.

« Art. 3. - Les travaux seront confiés aux entrepreneurs

ordinaires de l'entretien, sauf ceux de chauffage et de ventila-

tion, qui seront exécutés, par voie de marché de gré il gré, par

la Société des établissements Ilerscher. « Adopté 1899 ; 128).

A l'heure actuelle les travaux sont très avancés et

tout permet d'espérer qu'ils seront complètement

terminés pour les premiers jours d'avril et que, dans

leur exécution, le service d'architecture se sera inspiré

sur tous les points, des installations analogues de

Bicêtre qui lui ont été signalés comme modèles.

Enfants idiotes, imbéciles, épileptiques, etc ?

valides. - Enseignement. primaire et enseignement

professionnel. Les procédés employés sont les mêmes

qu'à la section de Bicêtre. Les améliorations réali-

sées dans les écoles des garçons sont introduites

immédiatement à la Fondation. L'idéal que nous

poursuivons consiste à occuper les enfants du matin

juSqZ'a2 soir, en variant le plus possible les exercices.

Les jeux même doivent contribuer à leur éducation.

Au lever, on apprend aux enfants à faire leur toilette,

leur lit, à nettoyer leur dortoir. Aux repas, on sur-

veille les enfants qui savent manger seules et on

corrige leurs mauvaises habitudes; on apprend aux

autres à se servir de la cuiller, de la fourchette, etc.

Sur 199 enfants présentes à la fin de l'année, 35

savent se servir de la cuiller, de la fourchette et du

couteau; 80 de la cuiller et de la fourchette; 47 de la

cuiller seulement; 37 ne savent pas manger seules.

CXXH Dessin, chant,

150 enfants ont fréquenté l'école et sont exereées à

la gymnastique des échelles et des ressorts. 55 enfants

participent aux exercices delà grande gymnastique,

sous la direction de M. Goy et sous la surveillance de e

Il11"3 L,\NGLE'r. M. Goy vient tous les jeudis à la

Fondation, mais en raison de l'augmentation de la

population il serait nécessaire qu'il donnât mainte-

nant deux leçons par semaine. L'Administration dé-

partementale et la Commission de surveillance ont

reconnu la légitimité de notre et l'ont signa-

lée it l'Administration de {'Assistance publique.

Les leçons de choses sont multipliées le plus pos-

sible et ont lieu dans les jardins dont les arbres, les

arbustes, les plantes, etc., sont étiquetés. Les détails

dans lesquels nous sommes entrés dans nos rapports

de 1890 à 1898 au sujet de l'habillement (mannequin

spécial), de l'éducation de la digestion, de la respi-

ration, de la circulai ion et de l'hygiène sexuelle',

nous dispensent d'y revenir cette année.

Enseignement du dessin. - Cet enseignement

est complètement suspendu depuis 1897, faute de

professeur. Il y aurait pourtant, comme nous le disions

l'an dernier, une réelle utilité a avoir un professeur

de dessin pour la Fondation et pour le service des

enfants de Bicêtre. Sur ce point encore nous avons

eu l'assentiment cle l'Administration préfectorale et

de la Commission de surveillance qui, chaque année,

visitent la Fondation Vallée avec, le plus grand soin :

Enseignement du chant. - Cet enseignement est

fait par M. S1JTTElI, professeur de chanta l'Asile-école

de Bicêtre. Ainsi que les années précédentes, confor-

mément à nos instructions, ce professeur s'est occupé,

successivement de tous les enfants, en mesure de ?

profiter dans une mesure quelconque, de son ensei-,

Danse, enseignement professionnel. cxxiii

gnement. 98 fillettes divisées en trois séries, y ont

participé. Presque toutes ces enfants, à part quelques-

unes récemment entrées à la Fondation, savent lire

les notes et en connaissent la valeur. Le procédé

employé est le même qu'à Bicêtre : dès que les enfants

sont assez avancées pour bien lire un morceau de

chant, on leur fait chanter des choeurs à deux, puis à

trois parties. Les plus jeunes, parmi ces élèves, ont,

comme l'a déjà fait remarquer M. Sutter, une étendue

de voix généralement limitée, mais assez juste; les

grandes, surtout celles ayant dépassé la seizième

année, ont une étendue cle voix parfois remarquable.

De même que chez les épileptiques garçons, M. Sutter

a remarqué que chez les jeunes filles atteintes de cette

maladie, quand elles sont dans leurs périodes d'accès,

le timbre de la voix devient non seulement moins clair

et moins sonore, mais rauque et sans étendue. Quant

aux 1rl-y,\.'oedématl'uses, mises au traitement par la

glande thyroïde, leur timbre de voix s'est, accru

encore cette année en étendue, principalement chez

l'enfant Kram... dont le timbre de voix est le même

que chez une enfant normale.

M. Sutter a organisé, avec les jeunes malades les

moins atteintes de la Fondation, une classe spéciale

de chant. On apprend à ces enfants des mélodies et des

petites romances à l'unisson; toutes y prennent un

intérêt et y apportent de la bonne volonté.

Danse. - Les exercices de danse ont eu lieu sous

la direction de M. Landosse, instituteur à Bicêtre,

tous les mercredis de 4 à 5 heures. 160 enfants ont pris

part à ces exercices, 70 savent danser la polka, 50

connaissent la polka, la mazurka et la scottisch; 40

connaissent toutes les danses de caractère et toutes

les figures du quadrille.

Enseignement professionnel . A mesure que les

cxxiv Enseignement professionnel.

enfants se développent, on leur apprend tous les soins

du ménage ; à mettre et il retirer le couvert, à nettoyer

les réfectoires, laver la vaisselle, etc. Quinze des

moins arriérées aident le personnel à apprendre à

manger aux enfants incapables cle manger seules et iL

perfectionner celles qui mangent malproprement.

Deux enfants cle la Fondation, Briss... et Rich... ont

continué a être employées comme demi-infirmières.

L'Administration leur alloue une indemnité mensuelle

de 5 francs. La première de ces deux malades a été

nommée infirmière le 2' octobre.

Les deux ateliers que nous possédons ont continué

à fonctionner régulièrement. Le travail, évalué par

M. LEQUEL'x, économe de Bicêtre, d'après le tarif

réduit de l'Administration, s'est élevé à 3.719 francs

pour l'atelier cle couture dirigé par l"' Eiirmann et

à 1.489 francs pour l'atelier cle repassage dirigé par

Mme BARUET. Total z.209 francs (1).

En plus des apprenties qui travaillent par séries

régulières, 30 ont travaillé une heure par jour. 30

enfants savent faire complètement les layettes; 25 du

crochet; 2Q savent marquer; 15 savent faire la tapis-

serie ; 4 savent tricoter et 8 commencent à savoir

accomplir ce travail. Le tableau ci-après donne mois

par mois le nombre des apprenties régulières et

l'évaluation du travail.

(1) Ces ateliers, après prélèvement des salaires des deux maîtresses, les

permissions de sortie et les congés donnent un bénéfice notable iL l'Adminis-

tration de l'Assistance publique, sur le prix de journée payé par le Départe-

ment.

Visites, congés. CXXV;

C\SVI' VISITES, congés, li>;VACCI\ : 1T10N.

Bains et hydrothérapie. cxxvii

douches la Fondation. Quant aux bains, l'installa-

tion n'ayant pu fonctionner une partie de l'année,

nous avons dû nous servir des bains de Bicêtre. Les

bains de pieds ont été donnés également à Bicêtre où

il existe, nous tenons à le rappeler, une installation

rendant facile le lavage simultané des pieds d'un

grand nombre de malades; aussi avons-nous réclamé

une installation tout, iL fait semblable à la Fondation

Vallée dans le bâtiment neuf. Voici la statistique des

bains et des douches en 18\ : JU..

( : 1\VIII Maladies infectieuses.

poser à l'évasion des enfants (1) sur le mur de clôture

cle la dite cour. Surélévation du réservoir, devant

faciliter la distribution d'eau. Transformation des

cabinets de la cour des gâteuses avec application du

tout à l'égout. - Transformation des cabinets des

anciens dortoirs, système Croppi et le tout à l'égout.

Signalons aussi que, sur notre demande, des blouses

de toile ont été enfin données au personnel de l'inlir-

merie des enfants. - Notons enfin les travaux

entrepris pour le sous-sol du nouveau bâtiment.

Teigne. - Douze enfants ont été soignées au pavil-

Ion d'isolement de l'hospice de Bicêtre pour la tei-

gne.

Maladies infectieuses. Une épidémie de fièvre

typhoïde a sévi sur la Fondation Vallée et a porté

sur 10 enfants et une infirmière Milo Dur... Trois cas

ont été suivis de décès (voir p. 18). - Une épidémie

d'oreillons a également sévi et a porté sur 29 cas

dont deux infirmières. (Voir, 2"10 partie, p. 00.)

Le 17 octobre, un inspecteur cle la Préfecture est

venu demander à Milo Langlet, surveillante à la Fon-

dation, le nom du chef de service et de son interne,

prétextant n'avoir pas été avisé cle l'épidémie de liè-

vre typhoïde. Or, les cas ont été signalés au sur et à

mesure à la Direction de l'hospice de Bicêtre et le 3

octobre nous adressions à M. Napias, directeur de

l'Administration générale de l'Assistance publique,

la lettre suivante :

Monsieur le Directeur,

Il existe à la Fondation Vallée une épidémie de fièvre

(1) Il s'agit-là d'une nouvelle application du système de grillage, suppri-

mant les murs, que nous avons fait appliquer pour la première fois au pavil-

lon des cellules des enfants de Uicètre, puis Yitry, à l'Institut médico-péda-

gogique et (Lui à été choisi pour le 5^ Asile de la Seine.

Statistique . CLXIX

typhoïde ; le premier cas aurait été constaté le 18 septembre,

nous sommes au 7'' cas ; il y a eu deux décès.

Suivant mes indications en pareil cas, on a fait un prélève-

ment d'eau qui a été envoyé au laboratoire municipal. Je

crois qu'il serait bon d'en faire prélever de nouveaux échan-

tillons et de les envoyer au laboratoire du Comité d'hygiène,

nous pourrions comparer utilement les analyses. - Je vous

serai bien obligé aussi d'envoyer quelques instructions rela-

tives au prélèvement des eaux destinées à l'analyse et peut-

être de charger M. Berthoud, pharmacien delà maison, de ce

prélèvement.

Veuillez agréer, etc. l3oottVr.wtLL.

Une enfant a été également soignée au pavillon des

contagieux pour un érésypèle de la face.

Maladies intercurrentes. enfants sont entrées

il l'infirmerie atteintes de tuberculose : 1 de syphilis;

3 de congestion pulmonaire ; 4 de cachexie ; 6 pour

maux d'yeux, 14 pour gourmes, 23 pour diarrhée,

10 pour bronchite, 4 pour état de mal épileptique;

Notons enfin 3 enfants que nous avons été obligé

d'isoler et de soigner à l'infirmerie pour excitation

maniaque.

II.

Statistique. Mouvement de la population.

Le 1"'janvier 1899 il restait à la Fondation Vallée

189 enfants se répartissant ainsi :

eXxx Mouvement de la population.

uodi.-mcctité; 6 de cécité ; 2 étaient ruminantes : 3

(;Cltol;lli(1-ti es; 30 0 il 1 polydacl yle ; J fiai-

reuse ; li hémiplégiques ; '2 nlhélosiques; : 2 choréi-

lll,e8 - 12 paraplégiques et 7 diplégiques.

Voici le tableau du mouvement de la population

en 1899.

Personnel du service. cxxxi

¡);Vi1SiO/l ? - Comme les années précédentes, nous

n'avons pas eu d'évasion en 1899.

Transferts. - Ils ont été au nombre de 14 : 10 ont

été transférées à Villejuif, 1 à Clermont, une à la Sal-

pêtrière, une à Ville-Evrard et une il l'Asile de Tour-

nay.

Population au 31 décembre 1899. - Il restait à la

Fondation, le 31 décembre, 199 enfants, se décompo-

sant ainsi :

cxxxn décès,

CXXXIY 111;CT : S. --

cXxxn Décès.

FI.

1

i

12

Section ni. - Assistance des enfants idiots :

4° Création de classes spéciales, annexées ou non,

aux écoles primaires pour les enfants arriérés ; -

2° Secours à domicile.

1.

..1 Monsieur Chaules Dcl'UY, président du Conseil,

Ministre de l'intérieur.

Monsieur le Président,

L'Administration de l'Assistance publique de Paris

nous a transmis par l'intermédiaire de M. le Directeur

de Bicêtre une copie de la lettre que vous avez adres-

sée à cette Administration. Cette lettre est ainsi

connue :

Le Président du Conseil à .U. le Directeur de .

l'Assistance publique.

M. Torraca, directeur général de renseignement pri-

maire en Italie, a exprimé le désir d'avoir communication

des règlements adoptés en France pour les classes d'en-

fants arriérés, annexées aux écoles réglementaires.

Nos lois et nos règlements sur l'enseignement primaire

n'ont pas, vous le savez, prévu déclasses de cette nature .;

mais je vous serai oblige de me transmettre des rensei-

gnements détaillés a l'égard de l'instruction dans les

quartiers spéciaux de Bicètre et de la Salpêtrière. Ces

Assistance des enfants idiots. ' CXLII(

renseignements donneront satisfaction, dans la mesure

du possible, au voeu exprimé par M. 7'omaca.

Veuillez agréer, etc.

Le président du conseil,

Chaules Dupuy.

Tous les renseignements relatifs au fonctionnement

et à l'organisation de la section des enfants idiots,

arriérés et nerveux de l'hospice de Bicêtre sont consi-

gnés dans les Comptes-rendus que nous publions

chaque année depuis 1880.

En ce qui concerne les Classes spéciales qui

devraient être instituées soit séparément, soit comme

annexes des écoles ordinaires, elles sont encore, mal-

gré nos efforts incessants, à l'état de projet.

Après nous être borné à signaler au jour le jour dans

le Progrès médical et dans les Archives de neurologie

les tentatives faites à l'étranger, nous avons porté la

question devant la Délégation cantonale du Ve arron-

dissement : c'était en 1891. L'année suivante, nous

devions adresser à M. Léon Bourgeois, alors ministre

de l'instruction publique, une lettre ouverte sur l'or-

ganisation de classes spéciales pour les enfants atteints

d'arriération intellectuelle. Les événements nous ont

empêché de donner suite à cette idée.

Nous avons repris la question à la Délégation can-

tonale du V° arrondissement qui, sur notre avis, a de-

mandé à M. Foubert, inspecteur primaire, de faire

établir une statistique des enfants arriérés et indis-

ciplinés -des- écoles des Va. et V-11- arrondissements.

Cette enquête sommaire a montré qu'il y avait 83

enfants arriérés, 249 indisciplinés des deux sexes

C : XLIV Classes spéciales.

clans les écoles de ces deux arrondissements. Notre

proposition était donc justifiée. ..

Peu après, en juin 1.89u, nous avons signalé cette ré-

.forme au Congrès national d'assistance publique de

Lyon, en nous appuyant sur ce qui avait été réalisé

et sur les chiffres que nous venons de citer.

En décembre 1895, la Délégation cantonale du VU

arrondissement a discuté le Rapport qu'elle nous

avait chargé de rédiger et, après discussion, elle a

adopté notre conclusion ainsi formulée :

« La Délégation cantonale du VO arrondissement

émet le voeu qu'il soit créé dans quelques-uns des

arrondissements de Paris des classes spéciales pour

les enfants arriérés n'offrant ni perversion des

instincts, ni accidents convulsifs. »

Ce voeu a été transmis par le Président de la Délé-

gation, M. Albert Meurgé, à M. le Préfet de la Seine,

afin d'être soumis à la discussion des autres délégations

et à l'examen de la direction de l'enseignement (1).

Suivant nous, il s'agit là d'une réforme qui doit

intéresser, non seulement la direction de l'enseigne-

ment primaire mais aussi la direction des affaires

départementales d'où ressort le service des aliénés

et par conséquent les services d'enfants de Bicêtre,

de la Fondation Vallée, de la Salpêtrière et de la

colonie de. Vaucluse. C'est pourquoi nous l'avons

soumise à la Commission de surveillance des asiles,

à l'occasion de sa visite à Bicêtre le 2 juin 1896. Dans

(1) Ce rapport a été inséré dans notre Compte-rendu de Bicètre pour l'année

1895 (p. LVII-LVIII). ..

Classes spéciales. CULA

cette Vote nous réclamions la nomination d'une com-

mission spéciale et nous terminions par la proposition

suivante :

u La Commission de surveillance des asiles cl'alic>-

nés du département de la Seine émet le rn2a qu'il

soit créé près des écoles de la Ville des CLASSES

spéciales pour les enfants arriérés. »

Ce voeu a été voté par la Commission de surveil-

lance dans sa séance du 18 juin 1896.

Le voeu de la Délégation cantonale du V" arrondis-

sement avait été envoyé pour examen par le Préfet de

la Seine à M. Carriot, directeur de l'enseignement.

Le 11 avril 1896, deux mois avant la visite à Bicêtre

de la Commission de surveillance, M. Carriot, accom-

pagné de son chef de bureau, M. May, était venu voir

notre service. Il en était parti convaincu de l'utilité

des classes spéciales avec application du traitement

médico-pédagogique qu'il avait étudié avec soin. Et,

pour arriver à une solution pratique, le 12 septembre

il nous adressait une lettre dans laquelle il nous

annonçait sa volonté de « faire procéder au récolement

des enfants arriérés ou indisciplinés qui fréquentent

les écoles de la ville de Paris. » Il ajoutait :

« Pour que la nouvelle enquête à laquelle je me

propose, d'ailleurs, d'associer les médecins-inspec-

teurs, offre toutes les garanties possibles, je désirerais

que, dans la circulaire qui sera adressée aux maires

avec les procès-verbaux cle la Commission de surveil-

lance des asiles d'aliénés, se trouvât une définition

de ces mots arriérés et indisciplinés, avec indication

des caractères distinctifs et scientifiques de l'un et

de l'autre. »

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1899. ?

CYL1'I Assistance et éducation des idiots.

En terminant M. Carriot nous priait (I de vouloir

bien lui faire connaître en quels termes doivent être

rédigées ces définitions, afin d'enlever au personnel

enseignant toute incertitude. o C'est ce que nous avons

fait dans une lettre en date {'U 5 novembre 1896.

M. Carriot, peu après, fut mis à la retraite. Nous

avons envoyé à son successeur, M. Bedorez, les Notes

et Rapports dont nous venons de parler. Nous n'avons

pas appris que, jusqu'ici, il ait donné suite à l'idée

qu'avait acceptée avec empressement son prédéces-

seur.

Le 10 décembre de la même année, profitant de la

visite des membres de la H"10 Commission (Assis-

tance publique) du Conseil général, nous avons remis

à ses membres une Lettre (1) renfermant : 1° la Note

iL la Commission de surveillance ; 2° la Lettre de

M. Carriot et notre réponse. Cette seconde Lettre se

terminait ainsi : « Nous espérons, Messieurs, que vous

vous joindrez à tous ceux qui, déjà, ont reconnu l'uti-

lité de la réforme que nous examinons et que vous y

associerez le Conseil général en lui faisant désigner

quelques-uns d'entre vous pour la Commission qui i

ne manquera pas d'être nommée prochainement. »

Notre appel est resté sans écho. Avec une naïveté

digne d'un autre âge, nous sommes revenu a la charge

en remettant. le 7juin 1898, à la Commission de sur-

veillance des asiles et aux membres présents de l'Ad-

ministration départementale une nouvelle j'etlJ-C clans

laquelle nous décrivions avec détail l'organisation des

classes spéciales pour les enfants arriérés en Suisse,

en Angleterre et en Belgique.

(1) Lettre aux membres de la t- Commission fil( Conseil général de la Seine

ur la création de classes spéciales pour les enfants arriérés, 181/U.

Classes spéciales. CLV11

« Vous retrouverez, disions-nous en finissant, dans

les documents que nous faisons passer sous vos

yeux, toutes les raisons que nous avons invoquées

dans nos rapports, communications et lettres anté-

rieurs, pour justifier la création de classes spéciales

pour les enfants arriérés. Vous y trouverez aussi, ce

qui est d'une importance capitale, les preuves irrécu-

sables de l'utilité de ces créations et un résumé des

services considérables qu'elles rendent : aussi n'hési-

tons-nous pas à vous demander de renouveler votre

voeu en faveur de la création de ces classes sre-

ciales. »

La Commission cle surveillance a renouvelé son

voeu, le jour même.

La copie de votre lettre, M. le président du Con-

seil, m'est parvenue alors que je préparais une nou-

velle Note pour la visite à Bicêtre de la Commission

de surveillance des asiles d'aliénés, qui doit avoir lieu,

mardi prochain 16 niai. Elle contient des renseigne-

ments sur les ('lasses spéciales de la Prusse, d'après

les documents qui nous ont été communiques par

M. Bossée, ministre de l'instruction publique, des cul-

tes et clés affaires médicales et le dernier rapport sur

l'Ecole d'enseignement spécial de Bruxelles (1). Je

vous adresse;, en épreuves, ce nouveau travail, en y

joignait ! les précédents. Ces divers documents vous

permettront cle renseigner M. le Directeur de l'ins-

truction primaire en Italie, qui croyait peut-être

à des réalisations pratiques, sur les tentatives théorie-

ques faites dans notre pays.

En ce qui nous concerne, nous sommes heureux que

la demande de ce haut fonctionnaire étranger, qui

nous paraît plus curieux que ceux de chez nous, nous

(t) UaplJol'1 présenté au Conseil communal (de Bruxelles), en séance du 3

octobre 1898, par le collège des bourgmestre et échevins, p. 17.

CXLYIII Assistance et éducation des idiots.

ait fourni l'occasion cle vous édifier, sur une réforme

qui relève il la fois de votre ministère et du ministère

de l'Instruction publique.

En cette affaire, comme en bien d'autres, nous

aurions pu être les initiateurs et nous ne sommes

que les suivants.

Veuillez agréer, M. le Président du Conseil, l'assu-

rance de ma considération la plus distinguée.

Bicêtre, lui mai 1899.

li.)Ull\1 ? 'ILL1 : . 1 ?

Création de Classes spéciales pour les

enfants arriérés.

Nouvelle NOTE à MM. les Membres de la Commission

de surveillance des asiles de la Seine.

Mus ciiehs Collègues,

A votre dernière visite à Bicêtre, nous vous avons

remis une Seconde Note sur la création de classes

spéciales pour les enfants arriérés, annexées ou non

aux écoles primaires. Elle renfermait des renseigne-

ments détaillés sur le fonctionnement cle ces classes

en Suisse, en Angleterre et en Belgique. Comme

vous avez pris en sérieuse considération notre propo-

sition et que vous l'avez faite vôtre, nous avons cru

ne pas trop vous importuner en vous faisant part,

aujourd'hui, pour la première fois, des documents

qui nous sont parvenus sur l'organisation de ces

classes en Pn18se et de renseignements complémen-

taires sur leur fonctionnement, en Belgique.

L'an dernier nous avons reçu dans notre service

M. VoN 13LtTSCH, directeur du Département médical au

Ministère des Cultes, et M. le professeur Dr D.wTZ,

délégués du ministre des Cultes et des Affaires Médi-

cales de Prusse, M. Bossée.

Peu après leur retour chez eux, ce haut fonction-

CL Assistance et éducation DES IDIOTS.

naire nous a adressé une lettre (le remerciements,

pour les explications que nous avions fournies il ses

délégués sur l'organisation et le fonctionnement de

la section des enfants.

Nous souvenant de ces circonstances, nous avons

demandé à M. Bossée, de hien vouloir nous faire con-

naitre ce qui existait en Prusse, au sujet des classes

spéciales pour les enfants arriérés. Ce sont les rensei-

gnements qu'il nous a fait transmettre qui constituent

la première partie de cette nouvelle Note (1).

S f. Prusse.

1.

Berlin, le 27 octobre 1892.

il ux ! 7°nvernew's et conseillers royaux d'Instruction

publique des provinces.

Je n'ai rien il ajouter au rapport du gouvernement royal

en date du 17 juin courant, si ce n'est en ce qui concerne

les classes spéciales où sont enfermés les enfants en retard

sur leurs condisciples. Beaucoup d'élèves, ce n'est pas

douteux, soit par suite de maladie, soit par manque de

surveillance de la part des parents, soit pour tout autre

motif, ne peuvent arriver aux divisions supérieures de leur

école. Ce nombre est d'autant plus élevé, que plus nom-

breuses sont les divisions. Cependant la progression cons-

tante des écoles, pousse à la création de divisions de plus

en plus nombreuses, bien que les règlements n'autorisent

que six classes par école. Il est nécessaire de tenir compte

de l'obligation que nous avons d'éduquer ceux des enfants

qui restent en arrière de leurs camarades. Les classes où

on les enferme, telles qu'elles existent en divers endroits,

(1) Nous en devons la traduction il M..1. IIoyeb. professeur il l'Institut

médico-pédagogique, à Vitry-snr-Seine.

Classes spéciales eu

ne constituent pas le moyen rationnel de remplir cette obli-

gation.

Au contraire, ces classes-geôles, ainsi organisées pré-

sentent un double danger pour l'école. D'abord le travail

de l'élève, comme celui du maître, se trouve entravé. Les

enfants qui y sont relégués reçoivent un enseignement

incomplet, plein de lacunes, et leurs travaux dégénèrent

rapidement en travaux de mémoire purement mécaniques ;

d'un autre côté les maîtres ont fatalement la tendance il ne

leur réserver qu'un enseignement d'un niveau inférieur,

ce qui les vend plus paresseux, alors qu'il faudrait les

exciter. Ces inconvénients s'aggravent tous les jours.

Et pourtant ils sont rares les enfants que l'inapplication

seule fait ainsi reléguer. Le plus grand nombre ne le sont

que par suite do maladie, ou par suite de la situation de

fortune de leurs parents, et par conséquent sans qu'il y ait

de leur faute. On en trouve parmi eux, qui, pour le courage

avec lequel ils tâchent d'aider leurs parents dans le travail

qui est le gagne-pain de la famille, 'pourraient être donnés

comme modèles aux autres enfants. Leur réiegation dans

les classes-geôles, hors de la société de leurs condisciples,

les amoindrit aux yeux de ces derniers, aussi Unissent-ils

par se considérer eux-mêmes comme des écoliers de

deuxième ordre. Celte constatation les décourage, souvent

d'une façon amère ; il en résulte qu'ils se relâchent dans

leur façon d'agir, et que, l'expérience nous le montre, leur

conduite dans ces classes séparées prêtent de plus en plus

à la critique.

Une fois sortis de l'école, ces malheureux parias se

trouvent il chaque instant entravés; pourquoi ? parce que

leurs maîtres ne leur ont pas fait les mêmes avantages

qu'aux autres enfants. De sorte que la façon de se servir

de ces classes de velégation constitue un véritable danger

social.

Pour poursuivre le but dont il s'agit, il faut une organi-

sation spéciale et non une organisation qui se rapproche

en partie de celle des écoles ordinaires. Les observations

générales concernant la façon de procéder et la méthode

des écoles publiques, (circulaire du 15 octobre 1872), ne

pcrme ! tentpasfwul(l11enL niais exigent que dans les écoles .

CLII Assistance ET éducation DES IDIOTS.

pourvues de plus d'une division de cours supérieur, le pro-

gramme scolaire soit solidement posé, et que chaque classe

n'ait qu'à aggrandir et il approfondir les matières acquises

élémentairement dans la classe précédente. On ne doit t

jamais réserver pour la classe suivante du cours supérieur

la connaissance d'unc matière importante du programme,

dont elle est le complément. Un coup d'oeil jeté sur le pro-

gramme de l'enseignement moyen suffit pour reconnaître

que l'enfant doit déjà, dès cet enseignement, acquérir les

connaissances les plus indispensables et l'adresse dont il

aura besoin dans la vie. Ce n'est pas obéir à ce principe

que de ne pas faire acquérir à l'enfant une science propor-

tionnée dans chacune des classes successives de l'm1spi-

gnement moyen.

Je sais bien que cette conception est posée en principe

dans la plupart des endroits du gouvernement cantonal

de cette région. J'en vois aussi la réalisation plus lointaine

Je vous demande des renseignements précis sur ce qui

se fait dans votre province, en même temps que vos

réflexions.

Signé : Au Conseil royal de Dusseldorf.

Le Conseil royal et le Conseil scolaire de la région

doivent en conserver copie pour en prendre connaissance

et en tirer profit.

Bossée.

II.

Berlin, le il novembre 9892.

Aux conseils supérieurs royaux et au conseil scolaire

royal de la région, en ville.

Il existe dans cette région en différents endroits, il. côté

des écoles publiques, et en dehors des écoles pour enfants

moins bien doués que les autres, mais normaux par ail-

leurs, écoles dont j'ai parlé dans ma circulaire du 27 mars,

il existe encore, dis-jc, des établissements d'enseigne-

Classes spéciales. CLIII

ment pour les enfants faibles d'esprit, qui n'étant pas

assez atteints pour être internés, paraissent incapables

de participer à la vie et aux travaux des écoles publiques.

Ces classes particulières, qu'il ne faut pas confondre avec

les classes d'idiots, ne présentent pas les mêmes incon-

vénients, signalés dans la circulaire susnommée à propos

des classes dites de relégation, étant donné que chez elles

on procède suivant une méthode spéciale, un plan parti-

culier, et que l'admission des enfants dans ces classes

n'est prononcée que sur le vu d'un certificat authentique

délivré sous la responsabilité d'un médecin.

Pour pouvoir, d'une part, embrasser d'un coup d'oeil

d'ensemble la propagation et l'activité de ces établisse-

ments, et pour être d'autre part en mesure de prévenir

des organisations scolaires non appropriées, et d'y appor-

ter les modifications nécessaires, je désire recevoir du-

conseil royal un renseignement sur ce point, et savoir

quelles sont les écoles, publiques ou privées, qui reçoi-

vent dans votre district les enfants anormaux soumis par

leur âge à l'obligation scolaire. Il faudra me dire à propos

de chaque école, le nombre de maîtres titulaires et leur

situation, le nombre de classes, d'élèves dans chaque

classe (nombre réel et maximum^, m'indiquer comment

se fait l'admission et le renvoi, de quelle façon sépare-t-on

les sexes, sur quels points la discipline et le programme

d'enseignement se distinguent de ceux des écoles publi-

ques ; et surtout préciser les méthodes scolaires, jusqu'où

va le programme particulier de chaque classe, quels sont

les moyens employés, les livres, etc.

A laisser de côté les classes dites de relégation, dont je

ne me suis pas occupé dans ma circulaire du 27 mars,

ainsi que les maisons où sont internés les idiots. Au reste

pour me fournir les renseignements que je réclame du

conseil royal, de façon à me satisfaire, on devra se repor-

ter aux communications que j'ai précédemment faites sur

les écoles dont il s'agit. Je veux parler du rapport fait en

mars dernier.

Signé : Au Conseil royal de Dusseldorf.

Le Conseil royal et le Conseil scolaire de la région

! 'L1V Assistance ET éducation des idiots.

doivent en conserver une copie pour en prendre connais-

sance et en tirer profit.

P01.¿¡' amplialiml, '

` Kug-lem.

111.

Berlin, le 16 juin 1891.

Au Conseil royal de ...

D'après les rapports qui ont été adressés par les Conseils

royaux conformément à ma circulaire du 1 i novembre 1892

sur les établissements organisés pour recevoir dans un but

d'instruction les enfants faiblement doués soumis par leur

âge il l'obligation scolaire, il existe déjà en ce moment de

ces établissements dans 18 villes, ainsi que le montre en

détail le tableau synoptique annexé ci-après. Tandis que

l'an dernier, clans mainte classe, les enfants moralement

abandonnés étaient encore mêlés aux faibles d'esprit, il

se trouve actuellement, après le retrait des premiers, dans

les classes dont nous nous occupons, des enfants qui,

pendant un an ou deux qu'ils ont fréquenté l'école publi-

que, ont montré que, s'ils étaient susceptibles de recevoir

un enseignement quelconque, ils n'étaient pas assez bien

doués pour tirer bénéfice d'un travail en commun avec les

normaux. Les constatations faites jusqu'à cejour ont établi

que, au point où en sont les choses, il existe partout des

enfants relevant d'une organisation scolaire toute spéciale,

et que d'une façon générale, ces enfants se sont améliorés

d'une manière surprenante dans ces écoles appropriées.

L'intervention du médecin est d'une importance capitale

quand il s'agit de catégoriser un de ces enfants, chez

lequel une malformation physique, ou une maladie chro-

nique en relation intime avec l'arrêt du développement

intellectuel est à traiter. Cette intervention est particu-

lièrement importante pour suivre avec une rigoureuse

Classes spéciales. clv

sollicitude toutes les étapes du développement chez cha-

que enfant. D'un autre côté l'intervention du médecin

est une garantie pour que ces admissions parmi les

enfants qui ne sont pas assez développés intellectuelle-

ment pour recevoir l'instruction normale, ne soient pas

limitées.

L'accueil fait kt ces classes a été presque unanimement

favorable, et dans la plupart des grandes villes, les auto-

rites scolaires et municipales ont commencé il y participer

avec un véritable empressement. Dans ce but les établis-

sement ont été en maints endroits agrandis de nouvelles

classes, la population scolaire a été fixée il un maximum

de 2 : 1 élèves par classe, et de plus, pour attirer dans ces

classes d'assistance des maitres et des maîtresses d'une

instruction solide, on a alloué des rémunérations raison-

nables qui viennent s'ajouter au modeste traitement de

l'Etat. La dernière dénomination de « Classes d'assistance

pour enfants faiblement doués » convient bien pour indi-

quer aux parents intéressés ce à quoi elles sont destinées.

Dans beaucoup de ces classes l'enseignement est moyen.

Là où il existe un système scolaire il plusieurs degrés, il

va de soi que le programme pour chaque degré est bien

inférieur a celui des écoles publiques correspondantes, de

même qu'en aucun endroit dans les divisions les plus éle-

vées le programme ne dépasse pas le niveau moyen des

écoles normales populaires. La plupart des programmes,

consciencieusement élabores, montre bien qu'on a tenu

compte du but particulier de ces établissements tant dans

la limitation précise que dans le choix des matières d'en-

seignement proposées. Tout ce qui exige plus particuliè-

rement un effort intellectuel est laissé il juste titre de

côté, pour céder la place h tout ce qui peut développer

l'adresse corporelle et l'habileté pratique.

Abstraction faite de la ville de Berlin, les classes pour

enfants faiblement doués, sont dans toutes les villes nom-

més au tableau ci-joint, des organisations publiques et

communales.

Particulier au Conseil royal d'Erfurt. D'après

le rapport fait par le Conseil royal de votre région

CLVI Assistance ET éducation des IDIOTS.

le 18 février de cette année, les organisations scolaires

pour les enfants faiblement doués dans les villes d'Er(lurt

et de Nordhausen fonctionnent d'une façon satisfaisante.

Dans cette assistance qui écheoit à ces établissements

sous la surveillance des autorités municipales, le mérite

des résultats obtenus doit revenir aux maîtres parfaite-

ment préparés it ce travail. D'un autre côté, on ne peut

nier que des classes séparées pour les enfants anormaux

aussi habilement organisées atteignent complètement

leur but et deviennent de véritables établissements de

bienfaisance pour ces malheureux enfants.

Puisque je recommande les établissements à une plus

large sollicitude de la part des Conseils royaux et que je

me réserve de demander plus tard un rapport plus détaillé

sur leur développement, je confie aux Conseils royaux le

soin d'exprimer en mon nom aux maîtres de ces établis-

sements mes félicitations.

Particulier aux Conseils raya nx de Hanovre et de

11% ie.slaclez. - D'après le rapport fourni par le Conseil

royal de Hanovre le 21 lévrier, et de Wiesbaden le 2(i

février courant, les organisations scolaires pour enfants

faibles d'esprit de Hanovre et de Francfort sont compo-

sées de G divisions. Je suppose que ces subdivisions plus

nombreuses que d'habitude, qui en général exigent pour

l'enfant un changement de classe annuel, n'ont pas la

même organisation que dans les écoles publiques, où,

dans la grande majorité des cas l'enfant doit les suivre

une par une. Je pense au contraire que les diverses divi-

sions doivent être proportionnées au degré de perfec-

tibilité de chaque enfant, de sorte que seuls arrivent aux

classes supérieures ceux d'entre eux qui se sont montrés

perfectibles, tandis que les autres, étant donné la médio-

crité de leurs aptitudes, restent en arrière dans les classes

précédentes. L'établissement doit être conforme aux

degrés de perfectibilité très différents dans la réalité que

présentent les enfants anormaux, présenter des divisions

en rapport avec ces degrés, et ne pas perdre de vue qu'il

y aura dans chaque classe des enfants qui y resteront

jusqu'à la fin de leur scolarité. De là, la nécessité d'établir

Classes spéciales. clvii

partout le programme scolaire de telle sorte qu'une

limite précise puisse, être fixée dans chaque division

pour chaque branche d'enseignement. Bien que l'on

tienne certainement compte dans les écoles susdites des

remarques que je viens de faire il tous les points de vue,

je recommande ces quelques conseils il cause de leur

importance, à l'attention particulière du Conseil royal :

on évitera ainsi de surmener des enfants déjà faibles,

de retarder leur développement, et enfin, s'ils sont suffi-

samment améliorés, de les retenir inutilement loin des

écoles publiques ordinaires.

Pour ampliation,

111(;Llilt.

IV.

Lierlin, le 13 janvier 1896.

Pour faire suite iL ma circulaire du 16 juin 1894, je

recommande aux conseils royaux de me faire un rapport

rigoureux sur les organisations scolaires pour enfants fai-

blement doués, autrement dit sur les classes d'Assistance,

et de me fournir tous les renseignements qui me permet-

lront de faire un tableau comparatif tel que celui qui a

déjà été fait. Toutes les classes spéciales, tous les systè-

mes scolaires sont à citer, pourvu qu'ils nient été organi-

sés en vue d'enfants faiblement doués, qu'ils soient ou

non annexes aux écoles publiques, qu'ils présentent un

caractère public ou privé. Il faudra aussi me dire par qui

ont été fondés les établissements en question, et quelle est

l'administration qui les dirige.

11 s'agit des enfants qui ne peuvent avec fruit participer

aux travaux des écoles publiques, mais qui sont cepen-

dant en état de fréquenter une école : les maisons d'in-

ternement, ainsi que les établissements pour idiots, sont

à laisser de côté, pour le moment.

1

> ! !

1

9 ^

p

1

5

q ? dM ? M ? M ? b ? à

l'obligation scolaire. (Circulaire du 14 Novembre 189°,J - ' -

CLX Assistance ET éducation des idiots.

Dans les plus anciennes classes d'Assistance les maîtres,

ont ouvert sur chaque enfant et sur les diverses phases

de son développement d'un semestre à l'autre un livre

soigneusement tenu. Les conseils royaux devront me dire

dans quels établissements de leur district un travail aussi

méritoire se fait. Une opinion de principe n'est pas néces;

saire à la communication, mais ce que je désire c'est que

l'on me fasse part de ce qui s'est fait jusqu'à présent. Les

renseignements que je demande; sont les suivants : y-a-t-il

eu des enfants qui ont dû quitter l'école publique pour

aller à une classe inférieure; en cas d'affirmative, com-

bien y en a-t-il eu, quel était leur âge, il quel degré d'en-

seignement appartenaient-ils ? de plus, y a-t-il eu des

enfants, qui paraissaient au début susceptibles d'amélio-

ration et qui ont dû ensuite être placés dans les asiles

d'idiots; enfin y a-t-il eu des enfants qui par suite de l'ap-

parition de l'épilepsie, ont dû être retirés des classes d'As-

sistance.

Pour ampliation, .

V. l31tI : W ;s.

V.

It- ' ! 8 août IN9N.

.l'adresse aux Conseils royaux, comme suite il ma cir-

culairc du 16 juin 18 ! )i, un tableau d'ensemble sur l'état

actuel de renseignement des enfants faiblement cloués

dans des écoles spéciales. Ainsi que le montre le dévelop-

pement de ces classes d'Assistance, cet enseignement a

pris la plus haute importance. Le nomhre total des enfants

reçus dans ces écoles s'élève il 2.017, tandis qu'il n'était

environ que de 700 en 1894. A côté des excellents résul-

tats qu'on ne peut plus nier aujourd'hui, nous devons par-

ticulièrement nous féliciter de voir fléchir tous les jours

cette antipathie que les parents professaient autrefois à

l'égard de la séparation de leurs enfants faiblement cloués

en dehors de l'école publique.

Classes spéciales. CLXI

Tout en comptant sur la sollicitude toute particulière

des conseils royaux pour aider il la prospérité de cette

oeuvre, et sur les impositions généreusement volontaires

de beaucoup de villes en rapport avec leurs ressources,

je me réserve d'établir plus tard un réglement sur cette

affaire.

Pour ampliation.

V. Brennus.

Ces circulaires sont très instructives. Elles montrent :

1" que, en Prusse, l'obligation de l'instruction primaire

pour fous les enfants, n'est pas un mot de « programme

politique », mais une réalité; 2° que dans les classes

que nous réclamons on fait une place importante,

« à tout ce qui peut développer l'adresse corporelle et

l'habilité pratique )) c'est-à-dire, aux exercices phy-

siques et à l'éducation de la main ; - 30 que ces classes

« habilement organisées, atteignent complètement leur

but et deviennent de véritables établissements de bien-

faisance » ; 4° que « l'antipathie manifestée autrefois

par les parents à l'égard de la séparation de leurs

enfants arriérés des enfants normaux et leur placement

dans les classes spéciales » diminue de jour en jour ».

Signalons entin le « livre soigneusement tenu » ouvert

sur chaque enfant et les instructions relatives à la

possibilité de l'apparition chez les arriérés de l'épi-

lepsie, la « bête noire des idiots » de toute catégorie.

§ Il. BELGIQl'E.

Durant les vacances de Pâques, M. Emile LAcitoix,

Directeur de l'Ecole cL'enseignerrten t spécial de la Ville

de Bruxelles, est venu voir notre service. Sachant les

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1899.

CLX(I Assistance et éducation des idiots.

efforts que nous faisons pour obtenir la création des clas-

ses spéciales pour les enfants arriérés, dans notre pays,

il s'est mis à notre disposition pour nous tenir au courant t

du fonctionnement de ces classes à Bruxelles. Il a tenu

sa promesse en nous envoyant le rapport du bourg-

mestre et des ecbcvins sur le budget cle l'Instruction

publique. Nous en extrayons le passage relatif au sujet

qui nous occupe.

Ecole d'enseignement spécial N° 3 A.

Les premiers mois de l'existence de l'école des enfants

arriérés ont été consacrés il l'organisation de l'institution.

Le personnel enseignant et médical de celte école se trou-

vait, en effet, devant une population dont les besoins ne

lui étaient connus que dans les grandes lignes. Il s'est

donc d'abord attaché il observer et à étudier les élèves ;

c'est après seulement, que le directeur et les médecins

ont pu, de commun accord, prendre les mesures comman-

dées par les nécessites spéciales de celte population.

Actuellement on peut considérer l'organisation de l'école

d'enseignement spécial comme étant définitivement arrê-

tée. En premier licu, il a fallu s'occuper d'adopter le pro-

gramme de l'enseignement et l'emploi du temps aux apti-

tudes physiques et intellectuelles des (''levés. La somme

des notions scientifiques il leur inculquer a été notable-

ment réduite, tandis qu'un temps beaucoup plus long-

que dans les écoles primaires ordinaires a élé réservé

aux exercices physiques. De sorte que sur vingt-neuf

heures un quart de présence hebdomadaire il l'école :

Onze heures et demie sont consacrées il l'éducation

physique (travaux manuels, gymnastique, excursions,

récréations).

Six heures il l'éducation scientifique (calcul, système

métrique, formes géométriques ! .

Trois heures il l'éducation esthétique (chant, dessin,.

Sept heures et demie il l'éducation littéraire, civique

ctmorale (lecture;, intuition cl langage, deuxième langue).

Il n'a pu être question évidemment de déterminer un

- Classes spéciales. ' CLXIII

programme minimum. Les élèves étant tous anormaux,

il est impossible de prévoir quelle est la somme de connais-

sances qui pourra leur être inculquée. Le directeur et l'ins-

tituteur de chaque classe arrête de commun accord les

grandes lignes de l'enseignement; il appartient alors à

l'instituteur d'en régler les détails d'après les éléments

qui forment sa classe.

De l'étude à laquelle ont été soumis tous les élèves est

résultée la nécessité de les classer en deux groupes prin-

cipaux : 1° celui des élèves passifs, 2° celui des inclisci-

planés.

Chacun de ces groupes devait évidemmment être sou-

mis il un régime spécial. Il a donc été formé deux séries

de classes parallèles, les unes à régime doux, les autres

il régime sévère. Ce n'est que dans la 4me et 5me années

d'études que la scission n'a pas été continuée et que les

deux groupes sont réunis sous un même maitre.

Mais la nécessité de la grande individualisation de l'en-

seignement a encore amené un deuxième classement plus

spécial, dans lequel il a été tenu compte des particularités

psychiques ct morales des élèves. Pour cette raison, plu-

sieurs classes ont été dédoublées de manière à ne réunir

sous un môme instituteur que les enfants présentant

entre eux le plus d'analogies.

Tous les élèves placés dans les classes dont il a été

question ci-dessus sont des enfants chez qui, comme c'est

le plus généralement le cas, les anomalies n'apparaissent

qu'à l'âge de 8, 9 ou 10 ans. Mais il existe un certain nom-

bre d'enfants chez lesquels l'atrophie ou plutôt la paresse

cérébrale se manifeste dès l'âge de 5 ou 6 ans. Au moment

où ils devraient fréquenter l'école primaire, ils présen-

tent tous les caractères d'enfants beaucoup plus jeunes.

Seul le régime frocbelien leur convient, mais leur âge

ne leur permet plus de fréquenter les jardins d'enfants

ordinaires. C'est pourquoi une classe à régime doux, éta-

blissant la transition entre l'école gardienne et l'école pri-

maire, a été créée et confiée di une institutrice. L'ensei-

CLX¡1' Assistance ET éducation DES idiots.

gnemént y est complètement individualisé. Actuellement

l'organisation de l'école peut être représentée par le

schéma suivant : ?

A la fin mai de cette année, ces classes étaient occupées

par un chiffre total de 246 élèves/ dont :

Classes spéciales. CLY4'

16 élèves ont été acceptés pour causes disciplinaires

(élèves qui doivent être soumis à un régime spécial

et qui sont des éléments de trouble dans les classes

normales ! .

4 élèves ont été acceptés pour faiblesse d'esprit (arrié-

res médicaux ! .

1 : 3G élèves sont des arriérés pédagogiques purs.

50 élèves sont des arriérés pour des causes qu'il n'a pas

été possihle de déterminer avec une exactitude suffi-

sante.

246 élèves.

De l'examen des dossiers des arriérés pédagogiques

purs, il résulte que :

23 sont arriérés pour fréquentation irrégulière due à la

maladie.

40 sont arriérés 'pour fréquentation irrégulière due à la

négligence des parents.

si sont arriérés pour fréquentation irrégulière due à

des causes diverses.

69 arriérés pour fréquentation irrégulière.

6 sont arriérés pour manque de fréquentation dû à la

maladie.

9 sont arriérés pour manque de fréquentation dû à la

négligence.

15 sont arriérés pour manque de fréquentation.

52 sont arriérés pour cause de retard dans la marche

des études.

136 arriérés pédagogiques purs.

Sous le rapport de Y âge des élèves la situation était la

suivante il la fin du mois de mars dernier :

CLIVI Assistance ET éducation DES IDIOTs.

Classes spéciales. CLXVH

déterminé - suivant ainsi l'exemple donné par les écoles

d'arriérés de Londres (1) - il faire accompagner sur le

piano les exercices de gymnastique enseignés aux élèves

de l'école 3 A. L'essai fait a produit les meilleurs résul-

tats.

Parmi les enfants admis à l'école n° 3 A un grand

nombre nous avons dû le constater avec peine ne

reçoivent pas chez eux les soins de propreté les plus

élémentaires. C'est pourquoi, dès le début, nous avons

attaché à l'école un coiffeur chargé de l'entretien de la

chevelure des élèves. Ce service est organisé de telle sorte

([ue le lourde chaque élève revient tous les quinze jours.

Le résultat de cette mesure a été la disparition complète

des maladies du cuir chevelu, d'abord très-répandues

parmi la population de l'école. Nous avons aussi reconnu

bientôt la nécessité d'un service de bains-douches, quatre

cabines ont pu être installées, à très peu de frais dans des

locaux restés jusqu'alors inutilisables. Grâce à la bonne

organisation du service, chaque enfant prend deux

hains par semaine-

Grâce -IL ces mesures, les élèves de l'école n° 3 A ont

pris des habitudes de propreté qu'il leur sera bientôt

dillicile d'abandonner, nous en sommes convaincus. Leur

santé s'est améliorée et enfin l'aspect des classes qui, au

début était même repoussant parfois, s'est complètement

transformé (2).

Aujourd'hui que l'école d'enseignement spécial fonc-

tionne depuis plus d'un an, nous pouvons constater qu'elle

a déjà produit d'excellents résultats.

Nous venons de rendre compte de la complète transfor-

mation qui s'est opérée parmi les élèves sous le rapport

de l'hygiène. Au point de vue moral, l'amélioration n'a

(1) C'est ce qui se fait depuis bien des années à Ilicetre : exercices au tam-

bour, avec la fanfare ou accompagnes de chants.

( ? ) Dam notre service de Bicêtre, en 1898, il a été donné M. 181 bains, 10;1;)0

bains de pieds et 08.528 douches.

CLXVIII Assistance et éducation DES IDIOTS.

pas été moindre. Soumis à un régime sévère, inflexible,

mais empreint néanmoins de bienveillance et d'esprit de

justice, les indisciplinés s'habituent à l'obéissance, au

respect de l'autorité ; les accès de colère diminuent, les

icas de révolte disparaissent, le caractère s'adoucit.

' D'autre part, les absences, particulièrement nombreuses

' parmi cette population et qui au début étaient d'une

' .fréquence telle que certaines classes en étaient parfois

désorganisées, diminuent notablement, grâce à l'énergie

avec laquelle le directeur lutte contre l'insouciance et

souvent la complicité des parents.

Enfin, sous le rapport intellectuel, les résultats sont

également des plus satisfaisants. Grâce il la patience, à

la persévérance, à l'esprit de méthode qu'il met dans

l'accomplissement de son ingrate mission, grâce aux

conseils de MM. les docteurs de Moor et Daniel, le per-

sonnel enseignant est parvenu à stimuler l'activité céré-

brale chez les uns, à la réveiller chez les autres.

Dès à présent, nous pouvons augurer que la grande

majorité des élèves qui auront parcouru les classes de

l'école N° 3 A, arriveront, s'ils persévèrent dans les bonnes

habitudes prises, à se frayer honorahlement leur chemin

dans la vie, au lieu de tomber à la charge de la bienfai-

sance publique ou d'échouer au dépôt de mendicité,

alternative qui paraissait d'abord inévitable (1).

Voilà des faits. Les résultats sont indiscutables.

Il nous semble donc que le moment est venu enfin,

pour le Conseil municipal et l'Administration départe-

mentale, de procéder à l'organisation de classes

spéciales pour les enfants arriérés, en nommant une

commission chargée d'examiner le programme. Cette

commission pourrait être composée de Conseillers

municipaux, de membres de la Commission de sur-

veillance, de délégués de la Direction de l'enseigne-

ment et de la Direction des affaires départementales.

(1) Voir pour renseignements plus complets la brochure contenant le

rapport médical de les docteurs De Moor et Danien.

Classes spéciales. CLXIX

Pour hâter la solution, nous vous prions, mes chers

collègues, cle bien vouloir renouveler pour la seconde

fois, le voeu que vous avez émis précédemment.

BOUIINE-11,LU.

Bicêtre, 16 mai 1899.

La Commission de surveillance a émis un vote conforme

dans sa séance du 30 mars.

Organisation de secours a domicile pour les enfants

idiots et arriérés. Rapport A la Commission de SUR-

. YEILLANCE DES ASILES; D'ALIÉNÉS DE LA SEINE.

Par TOURNE VILLE

L'ordre du jour appelle la lecture du rapport de

M. le Dr Bourneville sur l'organisation des secours il

cl.onicile lotcr les enfants idiots ou arriérés. (11

Messieurs,

Le département de la Seine, par son Conseil géné-

ral et l'Administration préfectorale, a fait des efforts

sérieux pour organiser l'assistance de la catégorie la

plus nombreuse, des enfants anormaux ou atteints de

maladies chroniques du système nerveux : idiots,

arriérés, épileptiques et aliénés. Il dispose, en effet,

à l'heure actuelle do :

250 lits à la colonie de Vaucluse ;

453 lits à Bicêtre ;

200 lits iL la Fondation Vallée ;

162 lits à la Salpêtrière, soit, au total. 1.065 lits.

Malheureusement, par suite de l'accroissement de

la population de Paris et des communes suburbaines

et enfin à cause de la progression de l'alcoolisme, le

nombre des places disponibles pour ces enfants dés-

hérités est devenu tout iL fait insuffisant : les servi-

(1) Procès-verbal de la séance du do.

SECOURS A domicile. CLXXI

ces spéciaux sont encombrés et de nombreux enfants,

inscrits il l'asile Clinique, attendent pendant des mois,

même plus d'une année, leur tour d'être placés. Nous

sommes en face aujourd'hui des mêmes besoins qui

existaient en 1884 : demandes nombreuses, insuffi-

sance des lits, et qui ont motivé alors un arrêté de

M. le préfet Poubelle. Cet arrêté était ainsi conçu :

.'

LE Préfet de la Seine,

Vu la délibération du Conseil général de la Seine, en date

du 31 décembre 1883, autorisant, en cas d'encombrement ou

d'épidémie dans les asiles ou quartiers d'hospice de la Seine,

la remise à leurs familles, après avis du médecin chef de

service, des enfants idiots ou arriérés indigents, moyennant

l'allocation d'un secours de 1 fr. 50 à .2 francs par jour payable

mensuellement par imputation sur le sous-chapitre VII, art

1er, du budget départemental ; - vu également la délibération

en date du même jour, par laquelle le Conseil général, afin

de ne pas obliger les familles bénéficiaires de la mesure a

sortir de Paris, a inscrit, tant en recette qu'en dépense, pour

le payement de ces secours : in au budget additionnel de

l'asile Clinique (Sainte-Anne), pour l'exercice 1883, un crédit

de 2.000 francs ; 2° au budget du môme établissement, pour

l'exercice 1884, un crédit de 30.000 francs ;

Vu le rapport du sous-directeur des Affaires départemen-

tales, en date du 18 février 1884 : - sur la proposition du

Secrétaire général de la Préfecture ;

Arrête :

Article premier. Des secours de t fr. 50 à 2 francs à

allouer par jour aux familles des enfants idiots ou arriérés,

dans les conditions susindiquées. seront attribués par déci-

sion préfectorale.

A 11'1'. 2. - La remise des enfants aux familles sera effectuée

par le directeur de l'asile sur certificat délivré par le médecin-

chef de service. Il en sera immédiatement donné avis il

l'Administration. i.

AnT. 3. - Cette remise sera essentiellement provisoire.

Anar. 4. Les enfants seront amenés, au moins une fois

par mois, à des jours et heures indiqués aux familles par le

directeur de l'asile Clinique (Sainte-Anne), d'accord avec le

fLSXII Assistance des enfants arriérés.

médecin répartiteur, au bureau d'admission de l'asile, ou ils

seront soumis à la visite do M. le docteur Magnan, qui déli-

vrera un certificat aux familles. - Les secours seront payés

la sortie de celle visite et sur le vu de ce certificat.

Art. 5. En outre, les enfants seront visités au moins une

fois par mois et à des époques déterminées, par un médecin-

inspecteur, auquel les indications nécessaires seront four-

nies par le directeur de l'asile Clinique, et qui devra adres-

ser son rapport à l'Administration.

Art. 6. - \(. le docteur Respaut. ancien interne des asiles

de la Seine, est chargé de la visite domicile des enfants

idiots ou arriérés ainsi secourus. Il recevra, à cet effet, une

indemnité de 100 francs par mois.

Art. 7. - Les secours aux familles et l'indemnité au méde-

cin visiteur seront ordonnancés par le directeur de l'asile

Clinique sur l'article Secours domicile, et remboursés audit

établissement par imputation sur le sous-chapitre VII, art.

1 ? du budget départemental.

ART. 8. - Les enfants repris par leurs familles ne pourront

figurer de nouveau au décompte des frais de séjour que sur

l'autorisation préfectorale.

ART. ! I. - Les secours accordés seront mensuellement

payés sur le vu : 1° de la décision préfectorale qui aura fixé

la quotité des secours ; 2° du certificat du médecin chargé du

service de la répartition à l'asile Sainte-Anne, constatant que

l'enfant a été régulièrement amené iL sa visite.

ART. 10. - Les sommes mensuellement payés, soit pour

indemnités de déplacement, soit pour secours auxdites famil-

les, seront sur états nominatifs trimestriels remboursés à

l'asile Sainte-Anne, par imputation sur le sous-chapitre VII,

art. 1er, du budget départemental.

ART. -1 t. - Le sous-directeur des affaires départementales

est chargé de l'exécution du présent arrêté qui sera notifié :

1° au Directeur de l'Assistance publique ; 2" aux directeurs et

aux médecins des asiles d'aliénés de Is Seine.

Cet arrêté aurait été appliqué pendant quelque

temps (1883 et 1884).

Pour remédier à une situation analogue, l'encom-

brement de quelques-uns des services d'enfants, et

faire face aux demandes des familles, M. le (le

la Seine, clans la lettre suivante, adressée il 1. le

Secours A domicile. CLXXIII

Président de la Commission cle surveillance, nous

propose de revenir il la mesure que nous venons de

rappeler :

Monsieur le Président,

Aux termes de l'article 2 de l'arrêté réglementaire du 15

février 1893, toute personne atteinte d'aliénation mentale

peut être admise a titre de placement volontaire dans un

asile de la Seine si elle est en possession du domicile de

secours dans ce département. Ce principe comporte toutefois

une restriction relative aux enfants.

En vertu d'une délibération du Conseil général du 2\1

décembre 18%, ceux-ci ne sont plus admis par voie de place-

ment volontaire direct dans les quartiers spéciaux qui leur

sont réservés. Toutes les demandes doivent être centralisés à

l'asile Clinique où un registre est ouvert a cet effet. Les

admissions ont lieu ensuite au sur et h mesure des places dis-

ponibles et dans l'ordre rigoureux' des inscriptions. Or, il

n'existe dans la Seine que quatre quartiers d'enfamts, la colo-

nie de Vaucluse et le quartier spécial de Bicêtre pour les

garçons, la Fondation Vallée et le quartier spécial de la Sal-

pêtrière pour les filles.

Les vacances sont rares dans ces services et la plupart sont

immédiatement comblées par les enfants placés d'office par

mesure de sécurité publique en vertu d'arrêtés de M. le Pré-

fet de police.

Il en résulte qu'un nombre ! assez considérable d'enfants ins-

crits sur le registre tenu a l'asile Clinique, conformément a

la délibération précitée, attendent depuis longtemps leur tour

d'admission.

Le chiffre de ces expectants est actuellement de 150 environ,

et cette situation ne semble pas devoir se modifier favorable-

ment à bief délai, le nombre de places dont mon administra-

tion peut disposer en faveur des enfants étant, d'après ce qui

précède, forcément très limité.

Pour y remédier, il serait nécessaite, soit d'ouvrir de nou-

veaux quartiers pour les enfants, soit de recourir au système

des secours à domicile qui a déjà été employé pour les enfants

aliénés ou idiots en 1883 et 18't.

Le système adopté à celte époque consistait à allouer aux

familles, qui. sur avis conforme du médecin chef de ser-

vice, consentaient il reprendre leur enfant, un secours de

1 fr. 50 il 2 francs par jour.

t',f.S\1V Assistance des enfants arriérés.

lies enfants étaient amenés une fois par mois à des jours et

heures indiqués aux familles par le Directeur de l'asile Cli-

nique au bureau d'admission où ils étaient soumis à la visite

de M. le Dr Maynau qui délivrait un certificat aux parents.

Les secours étaient payés à la sortie de cette visite et sur

le vu du certificat délivré. Ce mode de procéder pourrait être

de nouveau adopté. Dans ce cas, une indemnité variant entre

I franc et I fr. 50 serait accordée aux familles des enfants

repris.

Il y a lieu de prévoir que beaucoup de parents ayant un

enfant placé accepteraient volontiers de le reprendre moyen-

nant le payement de cette indemnité qui semblera bien suf-

fisante si l'on considère que le secours représentatif alloué

par l'Assistance publique aux vieillards n'est que de 1 franc

par jour.

Les vacances qui se produiraient ainsi seraient comblées

par des e.vpn,cl ants.

Ces mesures permettraient donc de remédier il une situa-

tion fâcheuse, tout en n'exigeant qu'une dépense notablement

inférieure à celle qu'entraînerait l'ouverture de nouveaux

quartiers d'enfants.

Pour ces motifs, j'ai l'intention de saisir le Conseil général

d'une demande de crédit de 50.000 francs, ayant pour objet

l'allocation de secours aux familles se trouvant dans les con-

ditions susénoncées. Cette somme serait inscrite en recette

et en dépense au budget de l'asile Clinique.

.T'ai l'honneur de vous prier, Monsieur le Président, de vou-

loir bien appeler la Commission de surveillance à délibérer

sur cette affaire.

Nous laisserons de côté les remarques que nous

aurions il faire sur les inscriptions a l'asile Clinique,

sur la façon dont les admissions s'effectuent, les re-

portant il une autre occassion s'il y a lieu. Nous nous

bornerons il rappeler les efforts, suivis d'un médiocre

résultat, que nous avons faits pour faciliter les pla-

('em011ts volontaires et réduire les placements d'office.

Ainsi que le dit M. le Préfet, les placements volon-

taires d'adultes peuvent être effectués directement ;

c'est aux médecins et aux familles il en profiter plus

libéralement ; c'est à nos chefs de service à les encou-

rager, en les admettant facilement, en prévenant les

Secours a domicile. clxxv

familles des malades auxquels ils signent le certificat

de sortie que, en cas de récidive, ils peuvent, les

formalités remplies, les ramener directement l'asile.

En revanche, des difficultés nouvelles ont été sou-

levées pour les placements volontaires des enfants.

Noire but, en réclamant, pendant des années, la liberté

des placements volontaires, était d'éviter aux malades

et aux familles le passage par l'infirmerie du dépôt

avec ses douloureux inconvénients. Aujourd'hui, le

nombre des placements d'ollice, avec l'obligation fatale

de l'intervention plus ou moins aimable des commis-

saires de police et l'obligation de passer au dépôt de

la Préfecture de police, est devenu de plus en plus

considérable. L'inscription des enfants sur le registre

de l'asile Clinique, l'attente prolongée de l'admission

n'améliorent pas l'état mental des enfants. Les im-

pulsions auxquelles ils sont sujets s'aggravant et leurs

crises convulsives devenant plus fréquentes, les pa-

rents se voient obligés, malgré leur répugnance, de

recourir aux placements d'office. Le mal que nous

voulions supprimer, et que; avec l'appui de la Com-

mission, nous étions parvenu il atténuer, tend il re-

venir au même degré .que par le passé. Et il s'agit

d'enfants ! Ceci dit, revenons il la lettre de M. lo Pré-

fel.

Pour remédier il l'insuffisance des places,- écrit-il. il

serait nécessaire : 1° soit d'ouvrir de nouveaux quar-

tiers pour les enfants, 2° soit de recourir au système

des secours il domicile...» »

A ces deux modes d'assistance il convient d'en

ajouter deux autres : 8° le dégagement rigoureusement

régulier des services d'enfants par le passage aux

adultes de ceux qui ont plus de 18 ans et qui ont un

développement physique en harmonie avec leur âge;

4" la création de classes spéciales pour les enfants

arriérés. Nous allons examiner aussi brièvement que

CLXXVI Assistance des enfants arriérés.

possible ces quatre moyens d'améliorer la situation

actuelle.

1° Hospitalisation. - Il est probable que, dans un

avenir prochain, le Conseil général et l'Administra-

tion seront amenés a examiner la création d'un nou-

vel asile-école pour les garçons, l'agrandissement cle

la section des filles de la Salpêtrière ou de la Fon-

dation Vallée. En ce qui concerne ce dernier établis-

sement, l'aménagement en cours d'exécution du sous-

sol du bâtiment neuf rendra disponible l'ancien ré-

fectoire où il sera possible d'installer environ douze

lits. Viendra peut-être ensuite, à une époque que

nous ne saurions préciser, l'utilisation des bâtiments

de l'enclave achetée par le département il y a quel-

ques semaines.

2° Passage des enfants devenus adultes dans les

section d'adultes. -A la Salpêtrière, le médecin des

enfants idiotes et épileptiques est en même temps

chargé des épileptiques adultes. Lorsqu'une des fil-

lettes épileptiques a dépassé 18 ans, il la fait trans-

férer de suite clans les salles d'épileptiques adultes.

Quant aux fillettes idiotes, imbéciles ou arriérées,

non épileptiques, elles passent, sans difficulté, clans

l'une des deux autres sections consacrées aux alié-

nées adultes. C'est aussi, croyons-nous, ce qui a lieu

il la colonie de Vaucluse. Il en était de; môme autre-

fois à Bicêtre quand nous avions la section commune

aux épileptiques adultes et enfants et aux enfants

idiots. Mais lorsque la séparation des adultes et des

enfants a été opérée par la création d'une section

spéciale à ces derniers, le passage des enfants deve-

nus adultes, soit dans la section des épileptiques,

soit dans les deux sections d'aliénés, est devenu de

plus en plus difficile à obtenir,

Les médecins de Bicêtre se sont plaints de recevoir

Secours A domicile. CLXXV¡¡

trop de malades de la 4° section. Afin de diminuer

cet inconvénient pour eux, nous avons proposé le

transfèrcment des malades non visités et demandé

qu'une autre partie des enfants, devenus adultes,

soient envoyés à Villejuif ou à Ville-Evrard, une autre

partie passant dans les sections de Bicêtre. Ces propo-

sitions, qui nous paraissaient équitables parce qu'elles

avaient pour conséquence de ne pas surcharger outre

mesure les services de nos collègues et permettaient

de tenir compte, dans une certaine mesure, des désirs

des familles habituées il venir visiter depuis longtemps

leurs enfants il Bicètre, n'ont pas été suivies d'effet

d'unc façon régulière. 11 en résulte que, à l'heure

actuelle, nous avons dans notre service d'enfants à

Bicêtre 77 malades ayant plus de 18 au : ; dont les

trois quarts devraient être placés dans des sections

d'adultes. Encore un an ou deux, et notre service

sera presque transformé en service d'adultes. Il nous

paraît inutile d'insister sur les graves inconvénients

qui résultent du maintien de ces grands garçons,

devenus des hommes, au milieu des enfants. 11 suit

de ces renseignements qu'en assumait aussi régu-

lièrement que possible le passage dans les sections

d'adultes, l'Administration pourra disposer progres-

sivement d'un certain nombre de lits pour les enfants

inscrits à l'asile Clinique.

Nous n'avons rien il dire sur le passage des filles

de 18 ans de la Fondation Vallée a l'asile de Villejuif

et quelquefois il la Salpêtrière. Ce passage s'effectue

avec facilité.

3° Classes spéciales. Nous vous avons entrete-

nu maintes fois de la création de classes spéciales,

annexées ou non aux classes ordinaires, pour les

enfants arriérés des écoles primaires. Ces classes exis-

tent dans beaucoup de pays, comme nous l'avons dit.

Nous vous avons renseigné dans ces dernières

BoumOEvILLE, Bicêtre, 1899. ` ?

CLXXV ! l1 Assistance des enfants arriérés.

années sur celles (l'.111 ? lelcrre, de Belgique, de ]'fusse,

cle Suisse, etc. Récemment, nous avons appris qu'il

s'en était créé en Hollande, et qu'il est question d'en

créer en Italie.

Il est grand temps que nous ne restions pas en

retard sur les autres pays. Ces classes permettraient

non seulement de maintenir dans leurs familles, tout

en les soumettant au traitement médico-pédagogique,

des enfants pour lesquels on réclame aujourd'hui

l'hospitalisation, mais encore et, c'est la un point sur

lequel nous insistons parce qu'il se rattache directe-

ment il la question qui nous est soumise, un certain

nombre d'entants hospitalisés et qui sont suffisam-

ment améliorés pour être rendus il leurs familles,

avec ou sans secours. Par la, on aurait encore la dis-

ponibilité d'un certain nombre de lits. Vous vous sou-

venez, sans doute, que nous vous avons rait voir il

Bicêtre, il plusieurs de vos visites, des enfants amé-

liores en mesure de profiler clés classes spéciales. On

allégerait ainsi les charges de l'assistance en mainte-

nant l'enfant clans sa famille, en resserrant les liens

entre la famille et les enfants. En procédant de la

sorte, on ferait de la véritable assistance républicaine.

/1" Secours a domicile. Vous avez vu figurer

depuis très longtemps sur l'ordre du jour que nous

vous faisons distribuer il chacune de vos visites il

Bicêtre, parmi les modes d'assistance des enfants

arriérés et épileptiques sur lesquels nous nous per-

mettons d'appeler votre attention, la mention :

Secours à domicile. De même que nous vous avons

montré des enfants améliorés susceptibles d'être

envoyés clans les classes spéciales, de même nous

vous avons fait voir un groupe de malades de 17, 18

ans et davantage pouvant être rendus à leur famille

moyennant un. secours mensuel analogue à la pension

Secours A domicile. CLXXIX

représentative du séjour il l'hospice accordée aux

vieillards. Nous ne pouvons donc qu'applaudir il la

proposition qui nous est faite par l'Administration et

vous demander d'émettre un avis favorable.

Les secours 1 domicile ne s'appliquent pas aux

exportants qui doivent au préalable être observés,

traites et instruits pendant un temps plus ou moins

long selon leur étal et leur Age, mais aux enfants et

adolescents hospitalisés. JI faudra choisir les malades

pour lesquels tout le possible a été tenté, non sujets

it des impulsions dangereuses, pouvant parfois même

être relativement utiles dans leurs familles. Il s'agira

toujours d'une question d'espèce; il faudra examiner

chaque cas en particulier. Le secours il domicile

pourra s'étendre' aux épilopliques qui n'ont qu'un

petit nombre d'accès, d'habitude sans délire, sans

excitai ion avant ou après les crises, ou encore aux

épileptiques qui n'ont que des accès nocturnes. Seuls,

suivant nous, devront être exclus les malades qui,

par la nature et la gravité de leur affection et de leurs

infirmités, ont besoin de soins continuels et exigent

la présence, en quelque sorte constante, de l'un des

membres de la famille.

Nous estimons que les malades ainsi secourus

devraient pouvoir, en cas de nécessité, être réadmis

par placement volontaire direct : dans les services où

ils étaient auparavant.

D'après M. le Préfet, les enfants seraient ce amenés

une fois par mois, il des jours et heures indiqués, au

bureau d'admission où ils seront soumis il la visite

de M. le 1)" Magnan qui délivrera un certificat aux

parents. Les secours seront payés il la sortie de cette

visite et sur le vu du certificat délivré. » Si l'on n'y

trouvait pas des inconvénients au point de vue finan-

cier, et si la distance de l'aris il la colonie de Vau-

clxxx Assistance des enfants arriérés.

cluse n'était pas si considérable ct n'entraînait pas

des dépenses sérieuses pour les familles, nous pen-

sons qu'il y aurait plus d'avantage à faire venir les

enfants il la visite des médecins qui les ont soignés,

qui ont en main Imite- leur histoire et peuvent, en

quelques instants, comparer le présent au passé et,

prendre une décision. Peut-être pourrait-on essayer

cette manière de l'aire il Bicêtre, Vallée et la Salpé-

t.iièro : au moins, pour celte catégorie d'enfants, on

ferait oeuvre de patronage.

Quant 1 la cttotün des secours, il y a lieu d'adop-

ter celle qui est indiquée par M. le Préfet, c'est-à-

dire 1 franc ou 1 fr. 10 par jour ; elle nous parait

absolument justifiée.

En terminant, Messieurs, nous vous proposons : 1°

d'adopter les propositions de M. le Préfet sur l'orga-

nisation de secours à domicile pour les malades,

enfants ou adolescents des services spéciaux de Bicê-

tre, la Salpêtrière, Vallée et Vauclusc ; 2° de renou-

veler votre voeu en faveur de la création de classes

spéciales pour les enfants arriérés; 3° d'appeler la

vigilance de l'Administration sur le passade régulier

des enfants Agés de plus de 18 ans, et ayant un

développement physique suffisant, dans les sections

d'adultes.

M. Pelletier. Nous sommes d'accord avec M.

Bourueville sur l'organisation cle secours il domicile

pour les enfants arriérés, ainsi que pour la création

de classes spéciales annexés aux écoles primaires.

Les conclusions de il. le IY Bourneville sur ces der-

niers points seront transmises il M. le Directeur de

renseignement iL qui il appartient de leur donner la

suite qu'elles comportent.

Quant à la question de la répartition des enfants

Secours A domicile. CLXXXI

de la 4° section devenus adultes dans les services

d'adultes de Bicêtre, de Villejuif et de Ville-Evrard.

je suis étonné du nombre d'enfants que M. Rounw-

pille nous signale comme n'ayant pas été transférés,

Je ne connais pas un seul cas où une proposition de

transfert, faite par 11. le nI' no/(¡'ne1'ille et qui me

soit parvenue, n'ait pas reçu de suite.

Je demanderai il M. le Président de vouloir bien

ordonner l'insertion au procès-verbal de la lettre

envoyée à l'Assistance publique à ce sujet et qui trace-

la lisriie de conduite à suivre dans le cas qui nous

occupe. Je serais légalement obligé il M. le Rapporteur

de me rappeler quelques-unes des espèces auxquelles

il a fait allusion, de manière il me permettre de

rechercher la cause pour laquelle ses propositions ont

pu rester dans certains cas sans effet.

M. le Dr 13ouartEV m,L : dit que, lorsqu'un enfant

devient susceptible de passer clans un service d'adul-

tes, il rédige immédiatement un certificat de situation :

ce certificat est transmis à M. le Directeur de l'hos-

pice de Bicêtre. En sa qualité de chef de service il n'a

plus à intervenir.

Il appuie en ce qui le concerne la proposition faite

par M. Pelletier d'insérer au procès-verbal la lettre

envoyée par l'administration préfectorale il l'Assis-

tance publique au sujet de ces transferts. (Assen-

timent).

Voici le texte de cette communication :

Le Préfet de la Seine à M. le Directeur de l'Administra

lion générale de l'Assistance publique.

C1.CT\TI Assistance des enfants arriérés.

Paris, le ? 2 février 1897.

Monsieur le Directeur,

Yous m'avez transmis une lettre et un rapport de M. le D1'

Chorpentier, médecin de;la 1 ? section des aliénés de Bicêtre,

relatifs it l'encombrement pouvant résulter, pour son service,

du passage dans sa section des idiots au-dessus de 1S ans,

provenant du service des enfants arriérés de M. le Dr 7 ? ou)'-

nedlle,

Pour remédier aux inconvénients signalés, nous préconise-

rez la solution consistant à diviser par tiers les enfants par-

venus à l'âge ou ils doivent être transférés dans les services

d'adultes et il affecter chaque tiers a chacun des établisse-

ments suivants : Vaucltlsl', Yill ? I : ;\Tal'l1 et Bicêtre.

.le dois tout d'abord vous faire remarquer, Monsieur le

Directeur, qu'au cours de l'année ! 89li, et par dérogation il la

pratique antérieurement suivie, il a été tronsfere un plus

grand nombre d'enfants parvenus à l'âge adulte sur les asiles

de la Seine que dans les sections d'adultes de Bicêtre. Ces

sections n'ont reçu que 15 enfants tandis qu'il en a été envoyé

1'i à Ville-Evrard et 19 à Villejuif.

Il suit de lit que les sections de Bicêtre ont été, au con-

traire, mieux traitées que les asiles de la Seine.

En ce qui touche les mesures a prendre pour l'avenir, on

ne peut songer à diriger sur Vaucluse des cnfants de 131cêtre,

alors que cet asile reçoit déjà des enfants provenant de la

colonie ; d'autre part, Ville-Iv·rvrd est particulièrement

affecté au traitement des épileptiques et îles alcooliques.

Dans ces conditions, la combinaison qui paraît seule pou-

voir être adoptée consiste dans l'attribution par moitié, entre

les sections de Bicêtre et l'asile de Villejuif qui est dans le

voisinage, des enfants de la 5e section parvenus il l'âge où

ils doivent être transférés da'ns les services d'adultes. Les

enfants à diriger sur Villejuif devront être de préférence choi-

sis parmi ceux les moins visités, de façon à tenir compte des

habitudes des familles.

Je vous prie de donner des instructions dans ce sens au

directeur de l'hospice de Bicêtre.

Lu Préfet de la Seine.

.1. DE SELVES.

Secours A domicile. clxxxiii

il. Emile Caron demande si le crédit de 50.000

francs auquel il. le D1' Bourneville a fait allusion

doit être entièrement employé il allouer dos indemni-

tés aux parents d'enfants arriérés que l'on ferait .s01'-

tir de l'asile pour qu'ils soient gardés clans leurs

familles, uu bien s'il doit également servir il distri-

buer des secours aux parents d'enfants ëxpectants.

il. le Dr Bourneville répond qu'il ne peut s'agir

que du premier cas et c'est l'opinion de iL le Préfet ;

le second (c'est-à-dire le secours aux expectants) irait

il l'encontre du but que l'on se propose, c'est-à-dire

l'amélioration des enfants. C'est après l'application

plus ou moins prolongée du traitement médico-

pédagogique que la situation doit être examinée pour

l'admission aux secours il domicile.

il. le Président met aux voix les conclusions du

rapport de il. le D' Bourneville.

A l'unanimité, elles sont adoptées.

DEUXIÈME PARTIE

Clinique, thérapeutique, anatomie pathologique.

Bourneville, Bicêtre, 1899. 1

De l'éosinate de sodium dans le traitement de l'épilepsie

et des accidents qu'il produit ;

Par BOURNEVILLE et CHA POTIN.

Dans le courant de l'année 1898, nous avons essayé

sur un certain nombre d'enfants épileptiques de la 4°

section l'emploi cle l'éosinate de sodium, dans le trai-

tement de l'épilepsie. Prise il doses progressives, cette

substance a déterminé des accidents assez graves

pour obliger à suspendre complètement le cours de

ces recherches. C'est la description de ces accidents

que nous nous proposons de relater ici. Ils nous ont

paru intéressants par leur nature môme et par ce fait

que nulle part nous n'avons pu rencontrer d'indica-

tions sur les manifestations cutanées et les troubles

de la nutrition occasionnées par l'éosinate de sodium.

L'éosinate de sodium dérive de la fluorescéine. La

fluorescéine (C20 H12 CP) est une phtaléine qui forme

trois dérivés bromes, les mono, di et tétrabromo-fluo-

rescéine. Pour obtenir l'éosinc qui est la tétrabromo-

fluorescéine (C20 Hs 13r 0'), on traite la fluorescéine

par 4 Br2 en présence de l'acide acétique ou de l'alcool,

l'éosine se dépose au bout de quelque temps.

L'éosine est un acide assez puissant, l'acide acéti-

que ne le déplace qu'incomplètement de ses sels, et,

en présence du potassium, du sodium, de l'ammo-

nium, elle donne des composés plus ou moins stables.

4 Epilepsie.

Nous n'avons pu trouver la formule exacte de l'éosi-

nate de sodium ; mais il y a tout lieu de la croire abso-

lument analogue iv celle de l'éosinate de potassium

qui renferme cinq molécules d'eau cle cristallisation.

Dans ces conditions la molécule d'éosinate de sodium,

C20 111 13u' 0 : i Na2 + 5 H2 0 renferme 320 de brome,

c'est-à-dire qu'un gr, d'éosinate contient environ

Ogr.40 de brome. C'est cette richesse en brome qui a

conduit MM. Le Cloffet Sainton (voir Progrès médical,

janvier 1898, t. VII, p. 51) à essayer l'emploi de l'éosine

dans le traitement de l'épilepsie. Ces auteurs rappor-

tent les résultats cle quatre expériences, deux sur des

grenouilles, deux sur des chiens, dans lesquelles ils

virent la paraplégie des membres postérieurs survenir

à la suite de l'administration soit par voie digestive,

soit par voie sous-cutanée de doses assez fortes d'éo-

sine. Ils citent également deux cas où des malades

épileptiques auraient pris 2 gr. d'éosinate sans autre

accident que la fluorescence des urines.

Les essais thérapeutiques que nous avons entre-

pris, en nous appuyant sur la composition de l'éosi-

nate et sur l'hypothèse de Le Goff et Sainton,

pouvaient faire espérer un résultat avantageux pour

les malades. On verra en parcourant nos observations

que les résultats pratiques ont été tout différents de

ce que la théorie paraissait faire espérer.

Ving-trois malades, répartis en trois séries, ont été

soumis au traitement par l'éosinate de sodium. Sui-

vant la pratique habituelle dans le service, quand il

s'agit de médicaments nouveaux, ils ont été choisis

parmi les malades les plus gravement atteints. Le

tableau suivant est destiné montrer les dates de

début et de cessation du traitement, les closes maxima

pour chaque malade, l'indication des principaux acci-

dents observés (voir Tableau 1).

.. Tableau TABLEAU 1\0.1. 1. ?

EOSINATE DE SODIUM. 5

Le mode d'administration du médicament a été

réglé dans tous les cas ainsi qu'il suit :

6 Epilepsie.

tiges ou mieux les absences : Pas d'aura ; un brouillard

devant los yeux, battements des paupières : « Ça passe

comme un éclair» dit le malade. Durée 2 ou 3 secondes.

S'il tient un objet il ne le lâche pas. Il y a quelques

jours (novembre), en faisant la barre fixe, il a eu une

absence et n'a pas lâché la barre. Il se rend compte

qu'il a été malade en ce qu'il revient à lui « comme

s'il avait eu un évanouissement ». Pas de changement

de coloration de la face, pas de prostration, pas de

sensation de tournoiement. Jamais d'évacuations

involontaires.

Tableau des accès et des vertiges.

EOSINATE DE SODIUM. 7

OBS. II. - Épilepsie symptomatique.

So)t[AtnE. Père, quelques excès de boisson, caractère

emporté. Grand-père maternel mort paralysé. Tante

maternelle hystérique. -Premières convulsions à 22 mois

pendant 2 heures. - Secondes convulsions 8 jours plus

tard suivies de méningite. - Troisièmes convulsions à 4

ans : épilepsie consécutive . - Prédominance des convul-

sions dans le côté gauche. - Rougeole à 3 ans; coque-

luche il C ans.

Dav.... (Louis), 23 ans, est entré le 8 août 1889 dans le ser-

vice. Un traitement du 1<"' mars au 31 août 1898.

23 mai. - Légère rougeur de la face et gonflement bilatéral

et symétrique, localisé à la partie la plus reculée des joues et

à la région parotidienne. Pas de gonflement ni de rougeur

des mains ni des pieds. - Le lendemain le gonflement est

plus accentué et a envahi la lèvre inférieure. La muqueuse

buccale ne présente ni rougeur ni gonflement. Le malade se

plaint un peu de céphalée.

25 mai. - Les téguments prennent une teinte plus foncée.

Cette coloration, que nous retrouverons comme l'un des acci-

dents initiaux. diffère complètement de la rougeur érythéma-

teuse ou congestive; elle est moins violacée, tirant plus sur

le jaune, rappelant la teinte obtenue en dissolvant dans l'eau

l'éosinate de sodium. Les selles sont fortement colorées en

rouge.

27 mai. - La rougeur et le gonflement ont disparu.

Du 24 mai au 2 juin on a interrompu le traitement; le 2 juin,

on le reprend à 3 gr. 50.

18 juin. - Pas de coloration ni de gonflement de la face

ni des mains, mais aux deux pouces on note un décollement

partiel des ongles.

9 juillet. - Les ongles des pouces entièrement soulevés

par un liquide séreux, ne tiennent plus que par la matrice.

La pression, absolument indolore d'ailleurs, fait sourdre quel-

ques gouttes de liquide. Les autres doigts et les orteils sont

absolument indemnes. Légères ulcérations sur le cou et

l'oreille du côté gauche.

6 août. - Les ongles des pouces sont tombés et les jours

suivants commencent à repousser d'une manière irrégulière.

8 Epilepsie.

Sur le dos de la main et le long du bord interne du pouce

droit, on note quelques ulcérations en voie de guérison ;

celles du cou ont guéri sans laisser de cicatrices. 1

1899. ton. - Il no reste sur le visage aucune des

lésions produites par l'éosinate. - Les ongles sont tout-à-fait

réguliers. - Voici le tableau de ses accès depuis l'admis-

sion.

Tableau des accès.

ÉOSINATE DE SODIUM. 9

Au point de vue thérapeutique aucun résultat. En

effet, durant la période correspondante de 1897, D.. a

eu 17 accès et 1 vertige et pendant la période de trai-

tement, 23 accès et 2 vertiges.

OBS. III. -Épilepsie idiopathique.

Sommaire. - Père rhumatisant, coxalgie de l'enfance. -

Grand-père paternel alcoolique. -7 .Mère, convulsions,

bègue et migraineuse. - Grand-père et oncle maternels,

alcooliques. -sur, morte de méningite. -Au11'e soeur un

peu arriérée. - Onanisme et début des accès à 11 ans, des

vertiges à 13 ans.

Fauve .. (Jules), 17 ans, est entré le 23 janvier 1897 dans le

service. Il a été soumis au traitement du premier mars au 31.

août 1898.

25 avril. - Rougeur modérée des joues, des oreilles, du

nez et du front, semblant même envahir le cuir chevelu..

Gonflement peu marqué des régions parotidiennes. Légère

rougeur de la voûte palatine et du fond du pharynx; teinte

érythémateuse, légèrement violacée de la face dorsale des

mains, moins marquée à là face palmaire. Rien aux pieds.

Appétit conservé, selles fortement colorées enroule; urines,

en quantité normale, présentant une coloration rosée, la

lumière transmise, vei,dît-e à la lumière réfléchie ; pas de

sucre ni d'albumine.

Pas d'angine, pas de salivation, de surdité, de sécrétion

des larmes ; pas d'engorgement ganglionnaire. Respiration

normale; pouls régulier : 73 pulsations par minute Le malade

dit avoir eu des démangeaisons, d'ailleurs peu vives, avant

l'apparition de la rougeur, et des douleurs de tête assez

intenses pour l'avoir empêché de dormir la nuit précédente.

Les jours suivants, la rougeur et le gonflement diminuent;

le 30 avril le,s selles ont presque complètement perdu leur

coloration, et toute trace d'accident disparait, sans qu'on ait

jamais noté de modifications de l'état général. Le traitement,

interrompu, dès l'apparition des premières manifestations

cutanées, est repris le 2 mai, à la dose de 3 grammes.

10 juin. - Phlyctène sur la partie supérieure de : l'ourlet

n

I : PIL1 ? l'SII ? .

de l'oreille droite. Excoriation sur la moitié gaucho de la

lèvre supérieure ; légère rougeur des joues, rien aux mains

ni aux ongles. On continue lo traitement il la dose de 3 gr. 50.

19 juin. - Rougeur diffuse de la face; gonflement limité

au-dessous des paupières inférieures; quelques petites ulcé-

rations sur la face et la lèvre inférieure ; pas de rougeur du

pharynx ; rien aux mains ni aux pieds.

Tableau des accès et des vertiges.

EOSINATE DE SODIUM. /Il

le clos des mains, surtout à gauche, mêmes ulcérations croet-

teuses; les ongles des deux pouces sont décollés, mais sans

infiltration séreuse sous-jacente; rien aux orteils.

23 juillet. - Durant un accès le malade est tombé sur la

face et s'est fait des écorchures étendues, sur tout le côté

gauche du nez et de la lèvre supérieure, sur la paupière

supérieure et la pommette gauche. Ces écorchures, vieilles de

quatre jours, sont actuellement recouvertes de croûtes suin-

tantes et exubérantes. Sur le menton, le lobule et le long

de l'ourlet des deux oreilles, sur la joue droite, ulcérations

croûteuses, arrondies, disséminées ; deux ou trois ulcérations

plus étendues sur le cou. - Ongles des deux pouces noin1-

tres, en partie décollés, sans infiltration de liquide.

5 août. - De nouvelles ulcérations sont apparues sur la

face, le cou et les mains à côté des anciennes, cicatrisées.

Elles présentent l'aspect caractéristique décrit ci-dessus. Les

ongles sont soulevés par un liquide séreux, mais non puru-

lent, la pression à leur niveau n'occasionne aucune douleur.

Le traitement est définitivement suspendu le 31 août.

1899. Nov. Aucune cicatrice ou macule de la face.

De mars à fin août, 55 accès en 1897, 48 en 1898

(éosinate) et 36 en 1899.

OBS. IV. - Arriération intellectuelle; épilepsie symptomatique.

Sommaire, Grand-père, arrière-grand-père et grand'tante

maternels alcooliques. Grand'tante maternelle hystérique.

- Inégalité d'âge de quatorze ans. Deux soeurs ont eu

des convulsions. Un frère, convulsions, rachitisme, pied

bot. - Convulsions à quatorze mois pendant onze heures.

- Parésie à gauche. - Premiers accès cinq ans. Mort

de broncho-pneumonie.

Font... (Léon), 15 ans, est entré dans le service le 14 mai

1897. Traitement par l'éosinate du 'ICI' mars au 30 mai.

25 avril. - Le malade se présente avec une rougeur

intense, diffuse, de toute la face, s'accompagnant d'une sen-

sation de chaleur et de picotement et d'une céphalalgie

surtout marquée la nuit précédente. Gonflement intense,

12 Epilepsie.

principalement du côté gauche de la face. Pas de rougeur ni

de gonflement de la muqueuse buccale, pas de salivation, la

conjonctive est injectée, également des deux côtés ; mais

pas de sécrétion exagérée des larmes ; pas de surdité ni de

bourdonnements d'oreilles. Sur la face dorsale des deux

mains et des doigts, rougeur et gonflement sans oedème.

Rien sur le tronc ni sur les membres inférieurs. Pas de trou-

bles des fonctions digestives. selles fortement colorées en

rouge. Urines peu abondantes, fluorescentes, sans sucre ni

albumine, - Auscultation des poumons et du- coeur normale,

Pouls il 100. Pas d'élévation de la température. On inter-

rompt l'eosinate; le malade est mis au régime lacté et purgé.

57 avril. La rougeur de la face a diminué ; le gonfle-

ment est toujours très marqué, il prédomine maintenant à

droite; plus rien aux mains. Sensations subjectives entière-

ment disparues. Pouls régulier, bien frappé, à 86.

58 avril. Toute coloration anormale a disparu au visage,

mais le gonflement persiste. Urines (quantité : 1 litre et

quart) ont presque entièrement perdu leur couleur fluores-

ccnte. P. ù 90.

29 avril. Même état. Urines (1 1. 1ju) revenues à leur

couleur normale. Constipation. P. à 65.

30 avril. La rougeur et le gonflement de la face ont

complètement cessé.

2 mnt. Reprise du traitement à la dose de 3 gr.

10 mai. - Rougeur et gonflement de la face plus pronon-

cés à droite, Rien sur la muqueuse buccale ni sur les mains.

La rougeur disparait au bout de quelques jours ; le gonfle-

ment devenu symétrique persiste plus longtemps ; le traite-

ment est définitivement arrêté le a0 mai.

10 juin. Le malade présente, disséminées sur la face et

la nuque, des croûtes peu étendues et peu épaisses, jaunâ-

tres, suintantes, rappelant les croûtes impétigineuses et

siégeant il la nuque, sur le lobule de l'oreille droite, en

avant et en bas des lobules des deux oreilles, sur le dos du

nez et sur la narine droite, enfin sur la moitié droite de la

lèvre supérieure.

L'ongle du pouce gauche est tombé : inflammation peu

intense au pourtour de la plaie. Le malade ne peut fournir

aucun renseignement sur la façon dont s'est produit cet

accident.

18. juin. Lésions cutanées de la face et du cou guéries ;

rougeur et gonflement disparues. Plaie consécutive il la

chute de l'ongle du pouce gauche en bonne voie de guérison.

Éosinate de sodium. 13

Les ongles du pouce, index et annulaire droits, commen-

cent à se décoller, mais sans infiltration séreuse sous-

jacente. Rien aux orteils (1).

Tableau des accès et des vertiges.

14 Epilepsie.

oncles maternels mort-nés, deux autres morts de convul-

sions. - Un cousin- suicidé. Un frère très- nerveux.

Convulsions, vertiges ayant précédé les accès (13 ans '/2) ,

Caractère emporté .

Hél... (Georges), 21 ans, entré dans le service le 25 sep-

tembre si891, a été soumis au traitement du premier mars au

24 mai.

27 avril. - Gonflement de la face très marqué, surtout du

côté gauche, au niveau de la région parotidienne et de la

paupière inférieure. En ce dernier point, le gonflement oedé-

mateux forme godet à la pression. Rougeur très intense -de

toute la face s'étendant môme à la partie antérieure du

thorax. Rien aux pieds ni aux mains; rougeur de la muqueuse

buccale, mais sans gonflement ni angine. Pas de salivation

exagérée. Pas de surdité ni de bourdonnements -d'oreilles ;

conjonctive un peu injectée. Pas de céphalée, mais le malade

accuse une cuisson assez intense du côté gauche de la face.

Pas de modifications de la respiration ni de la circulation ;

. pouls à 68. Appétit conservé, pas de diarrhée, selles très

colorées en rouge. - Urines, (quantité : 1.500 grammes) pré-

sentant une coloration verte à la lumière réfléchie, rose à la

lumière transmise ; pas de sucre ni d'albumine. On continue

le traitement.

29 avril. - Le gonflement a un peu diminué à la face,

la rougeur persiste; léger oedème des mains; constipation.

3 mai. - Toute trace de gonflement et de rougeur ont

disparu.

e3 mai - Les accidents ont complètement cessé, malgré

la continuation du traitement, jusqu'à ce jour. Actuellement

le malade présente au-dessous de la paupière intérieure un

gonflement dont l'apparition aurait été précédée d'une sen-

sation de chaleur et de picotement.

Le lendemain le gonflement a beaucoup augmenté, est

devenu oedémateux, a envahi la région parotidienne, la lèvre

supérieure, et s'arrête sur le front à la ligne de striction

formée parle bord du béret. Pas de rougeur de la muqueuse

buccale. On interrompt le traitement.

2 jlin. - Le gonflement et la rougeur n'existent plus.

10 juin. - Ulcérations arrondies, croùteuses, siégeant : à

gauche sur la narine et la lèvre supérieure, au niveau du

grand angle de l'oeil, sur le lobule de l'oreille et le côté du

cou, sur la nuque; à droite, sur la lèvre supérieure.

EOSINATE DE SODIUM. 15

18 juin. - Les ulcérations de la face et du cou, en voie de

guérison, forment des cicatrices brunes, déprimées, irrégu-

liéres, - Sur le bord cubital de la main gauche, ulcérations

lentes â guérir; les ongles des deux pouces commencent à

se décoller par leur extrémité; pas d'infiltration séreuse,

aucune douleur. Rien aux orteils.

30 juin. - Tous les accidents ont cessé; le décollement

des ongles s'est arrêté. Le traitement n'a pas été repris.

1899. Nou. Aucune cicatrice. Ongles réguliers.

Tableau des accès et des vertiges.

16 Epilepsie.

Ons. Vf. Epilepsie symptomatique.

Sommaire. - Père rhumatisant. Oncle paternel alcoolique.

- Grand'mère maternelle hémiplégique. - Soeur morte

de convulsions .

Accouchement long el difficile. - Brûlures étendues à la

suite d'un bain. - Convulsions à 2 et demi pendant 12

heures. -Helminthiase, Dëbuf des accès v 10 ans et des

vertiges vers il ans. - Voleur et gourmand.

lil... (l : mile), 18 ans, prend de l'éosinate de sodium du 1er

mars au 31 août.

2 juin. Croûtes impéligineuses sur la nuque et le men-

ton .

10 juin. - Petite excoriation non recouverte de croûtes

sur la narine droite ; sur la joue gauche, petites plaques

érythémateuses disséminées, la plus grande n'atteignant pas

15 mu, de diamètre. Sur la nuque, grandes plaques rouges

de 7 cm. de long sur 5 de haut. A ce niveau, l'épiderme est

froncé, plissé et présente quelques petites croûtes. Sur le

côté du cou, le long du bord externe du trapèze, la peau est

rouge et indurée, comme si un furoncle allait se former en

ce point. A la main gauche, l'ongle du pouce, soulevé dans

ses quatre cinquièmes antérieurs par une sérosité purulente,

n'est plus adhérent que par une étroite bande de 2 millim. et

demi de large, complètement incolore ; ulcération croûteuse

au niveau de l'articulation môtacarpo-phalangienne du

médius. Rien iL la main droite ni aux orteils.

18 juin. - L'ongle du pouce gauche est tombé ; ceux des

deux index commencent à se décoller par leur extrémité.

Les ulcérations de la face sont guéries, les cicatrices pré-

sentent l'aspect particulier que nous avons déjà décrit.

9 juillet. - Rougeur intense et gonflement de la face,

surtout à la partie inférieure de la joue gauche. Rougeur

sans gonflement de la muqueuse buccale, de même sur le

dos des mains. Le rlécollemenl des ongles des index s'est

arrêté, mais l'ongle du pouce droit n'est plus adhérent que

par la matrice; celui du côté gauche n'a pas encore com-

mencé il repousser.

23 juillet. -Lésions cronteuses disséminées sur les deux

mains ; à la main droite l'ongle du pouce semble se recoller.

EOSINATE DE SODIUM. f7 -1

5 août. Ulcérations des mains guéries.

31 août. - : '\ombreuses ulcérations croûleuses disséminées

sur la joue gauche au voisinage de la commissure labiale et

sur les parties latérales du cou, et ^'accompagnant de rou-

geur de la face et de gonflement des régions parotidiennes.

Le décollement des ongles s'est complètement arrêté. On

suspend définitivement le traitement.

1899. Nov. - Ni taches, ni cicatrices. Ongles réguliers.

Tableau des accès et dos vertiges.

18 ÉPILEPSIE.

Ous. VII. - Imbécillité et Épilepsie symptomatiques.

Sommaire. - Père, strabisme. - Grand'mère paternelle très

^nerveuse. - Grand-oncle, paternel alcoolique. - Grand :

père maternel alcoolique, emporté. - Arrière-grand' mère

maternelle sujette r1 des étourdissements. - Arrière-

grand-père maternel mort interné il l'hospice de Bicêtre.

- Grandes tantes maternelles 'sujettes à des tremblements.

Soew' morte de convulsions.

Grossesse gémellaire. - Accouchement à huit mois. -

Asphyxie à la naissance. - Coqueluche, rougeole, pyro-

manie, kleptomanie. - Convulsions pendant 8 heures à

5 ans. - Début de l'épilepsie à 7 ans. - Accès de plus

en plus rapprochés.

Leu (Auguste), 20 ans. - Traitement par l'éosinate à

partir du 1 cr mars jusqu'au 31 août.

18 juin Légère rougeur de la face sans autre accident.

9 juillet. - Rougeur généralisée de la face et gonflement

peu marqué des paupières inférieures. Ulcérations impétigi-

neuses sur le nez et le lobule de l'oreille droite. - Rien au

pharynx, ni aux mains, ni aux pieds.

23 juillet. - llcme état; quelques ulcérations croûteuses

sur la main droite. .

G août. - Tout accident a complètement disparu.

31 août. - Trois ou quatre petites croules brunâtres, du

volume d'une lentille, disséminées sur la face. Sur le dos de

la main droite, ulcération de la grandeur d'une pièce de cinq

centimes. Légère rougeur de la face, mais sans gonflement ;

le traitement est suspendu.

,1899. Nou. - Face sans aucuns cicatrice; ongles réguliers.

Tableau des accès et des vertiges.

Eosinate de SODIUM. 19

20 Epilepsie..

9 juillet . Le malade présente à la face deux sortes de !

lésions : les unes consécutives une chute sur la face au

cours d'un accès, consistant en des écorchures occupant le

dos du nez et la lèvre supérieure et commençant à se recou-

vrir de croûtes jaunâtres ; les autres semblent relever direc-

tement de l'intoxication par l'éosinate de sodium. Ce sont de

petites ulcérations de l'étendue d'une grosse tète d'épingle,

recouvertes d'une croûte jaunâtre et suintante qui en tom-

bant laisse une cicatrice pigmentée et déprimée. Ailleurs

on n'observe ni gonflement, ni rougeur de la face ni des

mains. L'ongle du pouce droit se décolle de plus en plus ;

la sécrétion sous-jacente est tarie.

Tableau des accès et des vertiges.

EOSINATE DE SODIUM, 2t

gauche, ainsi que sur le menton. Ganglions sous-mentaux

engorgés et douloureux. Sur la main droite, ulcération

en partie cicatrisée au niveau de l'articulation métacarpo-

phalangienne de l'index.

31 aoiet. - Le traitement est interrompu. Les ulcérations

de la face et des oreilles sont en voie de cicatrisation ; quel-

ques croûtes sont disséminées sur l'index droit et le dos de

la main gauche. L'ongle du pouce droit présente une colo-

ration noirâtre dans sa moitié distale surélevée; il est

intimement adhérent dans sa moitié proximale.

1899. Nou. - Aucune trace des lésions dues à l'éosinate

(face, ongles, etc.).

Ons. IX. - Idiotie, épilepsie et hémiplégie droite symptomatiques.

SoMMA]HE. Père mort tuberculeux. Grand-père paternel

alcoolique. - Mère morte tuberculeuse, caractère violent.

- Grand-père maternel paralysé. - Deux oncles tuber-

culeux. - Frères et soeurs morts de convulsions.

Traumatisme abdominal durant la grossesse. - Asphyxie à

la naissance. - Parole et marche tardives. Convulsions

il un an. - Hémiplégie droite du côté droit. - Rougeole,

coqueluche. - Caractère emporté; clastomanie.

Rom.... (Georges), 20 ans. Eosinate du 1 mars au 31 août.

23 avril. Rougeur intense occupant toute la face et la

partie supérieure du cou et s'accompagnant d'une sensation

de chaleur et de picotement. En même temps, gonflement

peu marqué occupant les joues, les paupières supérieures et

inférieures, la face dorsale des mains et des doigts. On cons-

tate de plus une coloration vermillon intense sur les fesses

et au pourtour de l'anus.

26 avril. - Rougeur de la face persistante. OEdème prédo-

minant iL gauche, localisé surtout aux régions parotidiennes,

aux paupières, sans empêcher toutefois le malade d'ouvrir

les yeux ; il s'arrête en haut à la naissance des cheveux. Rou-

geur intense et tuméfaction de la muqueuse buccale. Pas de

salivation ni de sécrétion exagérée des larmes, pas de dimi-

nution de l'ouïe, pas d'engorgement ganglionnaire. Rougeur

et gonflement du dos de la main gauche, Membres inférieurs

55 . Epilepsie.

intacts. Pas de modifications du côté des appareils respira-

toires ou digestifs; selles fortement colorées en rouge. Pouls

à 78. Pas d'élévation de température.

27 avril. Rougeur diminuée d'intensité ; gonflement

symétrique de la face; il a disparu aux mains. Pouls à 88.

Urines (quantité 1 litre et quart) fluorescentes, ayant une

coloration verte à la lumière réfléchie, rose à la lumière

transmise.

29 avril. - Coloration et gonflement de la face presque

entièrement disparus. De même le gonflement de la muqueuse

buccale n'est plus apparent qu'a« voisinage du bord alvéo-

laire des dernières grosses molaires. Urines en quantité nor-

male, conservant leur coloration.

9 mai. - Toute trace de gonflement et de rougeur a disparu

sans desquamation. Malgré les accidents, on a continué le

traitement à la dose quotidienne de 3 grammes.

Du 24 au 27 mai le malade présente un peu de rougeur et

de gonflement du côté gauche de la face. Le traitement est

suspendu jusqu'au 31 mai. Il est repris le 1er juin à la dose

de 3 gr. 50.

10 juin. - Quelques ulcérations, parfois recouvertes de

croûtelles jaunâtres, disséminées sur les joues et sur les ailes

du nez. L'ongle du pouce gauche est en partie soulevé par un

liquide séro-pnrulent.

18 juin. - La face est presque entièrement couverte, sur-

tout du côté gauche, de croûtes jaunâtres, épaisses, suintantes

ne laissant entre elles presque pas de peau saine. Pas de rou-

geur de la face, du pharynx, ni des mains. Au pouce gauche,

l'ongle est presque complètement détache, et la pression,

indolore du reste, fait sourdre un liquide purulent abondant;

au pouce droit, l'ongle commence à se décoller. Rien aux

orteils.

18 juillet. - Pas de gonflement ni de rougeur de la face,

ni des mains, ni de la muqueuse buccale. Cicatrices brunes,

déprimées, à contours irréguliers, occupant toute la partie

moyenne des joues, le pourtour de la bouche et du nez. Aux

points où existent ces cicatrices, les productions papillota-

teuses (ncevi verruqueux) qui couvraient antérieurement

une partie de la face du malade, ont complètement disparu.

Cicatrices rosées sur la nuque. L'o11f¡le du pouce gauche ne

tient plus que par son bord postérieur; il est arraché pour

éviter l'accumulation de pus à sa face inférieure. Du côté

droit, l'ongle s'est recollé. Rien aux orteils.

29 juillet. - Même état ; la cicatrice du pouce gauche est

en bonne voie de guérison.

EOSIN : 1T1 : DE SODIUM. 93

G août. - ln'01llJle de l'index gauche commence à se déta-

cher. l'as d'infiltration de liquide sous-jacent; mais ulcéra-

tion phlycténulaire sur le bord externe. -

31 août. - Pas de modification des cicatrices de la face ;

sur le dos des doux index, croûtes brunâtres, fendillées. On

cesse définitivent le traitement.

Tableau des accès et des vertiges.

24 Epilepsie.

OBS. X. - Imbécillité, hémiplégie droite et épilepsie symptomati-

ques.

SOMMAIRE. Père : rhumatismes, migraines, névralgies.

Grand'mère maternelle morte tuberculeuse, mère migrai-

neuse, nerveuse, morte de fièvre typhoïde. - Soeur,

convulsions.

Chute durant la grossesse. - Convulsions à 10 mois pendant t

24 heures : hémiplégie droite consécutive. - Rougeole,

coqueluche, otorrhée, - Fréquents accès de colère, klep-

tomanie, pyromanie, onanisme.

Seg... (René), 17 ans. - Eosinate de sodium du 1er mars

au 31 mai.

25 avril. - Rougeur généralisée de la face, s'accompa-

gnant de chaleur perceptible à la main et d'un gonflement

occupant les joues, les paupières surtout les inférieures et les

lèvres. Ce gonflement est plus prononcé du côté gauche où

l'oeil parait moins grand. Sur la face dorsale des doigts et

des mains, rougeur intense et gonflement remontant à qua-

tre ou cinq centimètres au-dessus des poignets; la main

gauche est plus enflée. Rien sur le reste du corps.

26 avril. - L'oedème de la face a augmenté, marqué sur-

tout aux régions parotidiennes et aux lèvres ; le malade ne

peut ouvrir l'oeil gauche. Muqueuse buccale rouge mais sans

gonflement; pas de gêne de la déglutition, pas de salivation,

pas de surdité, la conjonctive n'est pas injectée. OEdème des

mains persistant, plus accusé à gauche (côté non paralysé).

Rien aux membres inférieurs. Pas de douleurs, pas d'engor-

gement ganglionnaire. Respiration naturelle; pouls à 63 :

température normale.

27 avril. - Gonflement un peu diminué mais prédominant

encore à gauche. Pouls régulier, bien frappé, à 84.

28 avril. - Etat normal des voies digestives, pas de cons-

tipation ni de diarrhée, selles /brtement colorées en rouge.

Urines (1 litre 1/2) vertes à la lumière réfléchie, roses à la

lumière transmise, ne contenant ni albumine ni sucre. P. il 70.

30 avril. - Le gonflenent et la rougeur diminuent de plus

en plus. Pouls à 69.

2 mat - Tous les accidents ont disparu. - Le traitement,

suspendu au début, est repris à la dose de 3 gr.

Eosinate DE sodium.

9 mai. - Rougeur et gonflement réapparus sur la face,

des deux côtés, et sur le dos de la main droite.

14 mai. - Rougeur et gonflement disparus.

23 mai. - Depuis la veille au soir, gonflement et rougeur

de la face accompagnés de démangeaisons et de cuisson.

Gonflement très marqué aux joues et aux paupières inférieu-

res, ayant même envahi le pharynx qui est très fortement

coloré. La face dorsale des mains et des doigts est notable-

ment tuméfiée et présente même de petites ¡.hlyctène8 assez

volumineuses principalement iL droite. Le traitement est

suspendu.

24 mai. - Gonflement très intense, les yeux sont presque

complètement formés. Les phlyctènes de la main droite en

se réunissant les unes aux autres ont formé une énorme

poche renfermant un liquide un peu trouble, sans coloration

spéciale, dont l'examen chimique n'a malheureusement pu

être pratiqué.

25 mai. - Légère diminution des accidents. Le malade

prend 2 gr. d'éosinate.

Tableau des accès et des vertiges.

26 Epilepsie.

26 mai. - Suspension du traitement.

27 mai. Rougeur disparue sur la face mais persistant

encore sur les piliers antérieurs et le voile du palais et sur

le dos des mains. Gonflement en voie de résolution. 1 gr.

d'éosinate de sodium.

Du 28 au 31 mai, 3 gr. 50 d'éosinate do sodium par jour ;

le 31 mai le traitement est définitivement arrêté.

10 juin. - Petites excoriations arrondies de deux à cinq

millimètres de diamètre, recouvertes de croïvlelles jaunâtres,

humides, épaisses occupant le front, les joues, les sourcils,

les lèvres, la partie supérieure et gauche de la nuque. Pas

de rougeur des téguments, pas d'engorgement ganglion-

naire. La main gauche présente sur sa face dorsale une large

exulcération consécutive à l'ouverture de la phlyctène, lente à

guérir et pansée actuellement avec l'acide picrique. L'ongle

du pouce s'est entièrement détaché, sans douleurs et sans

manifestations inflammatoires.

Sur le dos de la main droite, large plaque violacée consé-

cutive à une phlyctène. Pas de décollement ni de chute des

ongles. Orteils absolument indemnes.

25 orei)t)'c. L'enfant présente encore des taches rosées

à la nuque, derrière l'oreille gauche. Sur les mains, qui sont

d'habitude cyanosées, il reste encore des plaques violacées.

En résumé, nous notons durant la période corres-

pondant au traitement (t ? mars au 31 mai), 37 accès

et 1 vertige en 1897, 28 accès et 1 vertige en 1898

(éosinate) et 90 accès et 3 vertiges en 1899 ; il y

aurait donc eu moins d'accès pendant l'administration

de l'éosinate qu'en 1897 et 1899.

Ons, XI. Épilepsie symptomatique.

Sommaire. Père migraineux, caractère emporté.

Grand'mère paternelle mig1'i ! ineuse. - Tante paternelle

migraineuse. - Grand-oncle et grand'tante paternels

migraineux. Grand-père maternel alcoolique.

Convulsions il deux ans pendant 7 heures. Violents accès

de colère. Vertiges vers 3 ans. Premier accès à 7 ans

et demi. - Incontinence d'urine.

EOSIXATE DE SODIUM. 27

Br... (Pierre), 20 ans. Eosinate de sodium du premier juin

au 3 1 août.

Ce malade n'a présenté aucun accident, sauf peut-être un

léger gonflement avec rougeur au-dessous de la paupière

gauche. La dose maxima du médicament a été de 3 grammes.

Tableau des accès el des vertiges.

28 . Épilepsie.

OBs. XII. - Épilepsie idiopathique.

SoMMAjRE. Père très nerveux, sujet aux migraines et aux

névralgies. Grand-père .paternel très nerveux, mort de

tuberculose. - Tante paternelle très nerveuse. - Mère,

convulsions, évanouissements', perte intermittente de la

mémoire, migraines, - Grand-père et grand'mère mater-

nels morts tuberculeux. - Oncle maternel mort à deux

mois. - Tante maternelle très nerveuse. Frère, deux

crises nerveuses attribuées à des vers. - Pas de convul-

sions. - Premier accès d'épilepsie à 13 ans. - Excitation

maniaque. - Rougeole.

v Tableau des accès, des vertiges et des attaques.

EOSINATE de SODIUM. 29

Cards croûteux du côté droit du menton, sur le dos du nez et

autour de la commissure labiale gauche, lesquels laissent en

tombant les cicatrices brunes et déprimées caractéristiques.

1890. Nou. - Aucune cicatrice; ongles normaux.

En juin, juillet, août 1897, 3 accès, un vertige, 3

attaques ; en 1898, 13 accès, 12 vertiges et pas d'atta-

quels ; en 1899, 11 accès, ni vertiges ni attaques.

Oss. XIII. - Épilepsie héréditaire. -

SOMMAIRE. - Père, rien de particulier. - Grand'mère pater-

nelle hémiplégique. - Deux oncles paternels alcooliques.

- Tante paternelle migraineuse. - Cousine du père épi-

leptique. - Mère- épileptique. Grand'mère maternelle

très nerveuse. - Neuf frères et soeurs morts en bas-âge

de convulsions .

Ecrasement par un rouleau de ferme à 4 ans. - Accès cl'é-

pilepsie partir de cet accident.

Duch..... (euglène), '13 ans. Entre le 4 octobre 1894. - Éosi-

nate de sodium du premier juin au 31 août.

9 juillet. - Coloration rouge vif de la face; léger gonfle-

ment du front et des paupières inférieures. Légère rougeur

du pharynx, mais sans gonflement de la muqueuse. Ulcéra-

tions croùteuses sur le nez et au voisinage de la commissure,

labiale gauche, sur la face antérieure du pavillon des oreilles.

Mains violacées mais sans gonflement ; pas de décollement

des ongles; rien aux orteils.

23 juillet. - Coloration extrêmement intense de la face;

les croûtes recouvrant les ulcérations sont tombées. Rougeur

vive des mains. Au pied droit, légères ulcérations des

deuxième et cinquième orteils.

31 août. - Pas de nouveaux accidents; les ulcérations des

orteils sont complètement guéries.

Tableau des accès et des vertiges.

M . Epilepsie. z

Eosinate de sodium. 31 1

29 juillet. - Léger gonflement et rougeur de la face et du

dos des mains.

10 août. - Toute trace d'accidents a disparu et ils ne

reparaissent plus jusqu'à la fin du traitement.

Tableau des accès et des vertiges.

32 Épilepsie.

Ors. XV. - Épilepsie symptomatique.

5oamma ? IPieiz de particulier dans les antécédents : dif-

férence d'âge du père et de la mère treize ans. - Convul-

sions Ù quatorze mois pendant 12 heures ( ? ). - Heprodllc-

lion d'accidents nerveux mal caractérisés une dizaine de

fois. - Début probable des accès à 4 ans.

Ne (Emile), 15 ans, a été soumis au traitement par

l'éosinate du 10r juin au 31 août sans avoir éprouvé d'autres

accidents qu'une rougeur diffuse et peu intense de la face.

Tableau des accès et des vertiges.

ÉOSINATE DE SODIUM. 33

Du 1 ? juin au 31 août, en 1897, 36 accès et deux

vertiges ; - en 1898 (éosinatel' 39 accès ; - en 1899,

accès et vertiges. Résultat négatif.;

OBs. XVL Epilepsie idiopathique.

Sommaire. - Père, convulsions. Grand-père paternel mort

paralysé 8. l'hospice de Bicêtre. - Arrière-grand-père

paternel mort d'apoplexie. - Oncle paternel épileptique.

- Mère, perles de connaissance. - Grand-père maternel

alcoolique. Cratid'met'e maternelle morte d'apoplexie.

A uriné au lit jusqu'à l'âge de sept ans. Masturbation

précoce. - Rapports sexuels auec sa soeur. Caractère

méchant, kleptomanie, Rougeole, otite. Premier

accès à neuf ans.

Ressa... (Eugène), 19 ans. L;osizzate du 1er juin au 31 août.

13 juin. - Léger gonflement au-dessous des paupières

inférieures; rougeur diffuse de la face. Rien à la gorge, ni

aux mains, ni aux pieds.

9 juillet. - Rougeur intense, surtout au voisinage du nez ;

gonflement prédominant aux régions parotidiehnes des deux

côtés. Rougeur des mains, mais sans gonflement; rien aux

pieds.

23 juillet. - Rougeur persistante de la face, s'accompa-

gnant de chaleur perceptible iL la main. Le malade semble

inquiet, agité, se plaint que ses accès sont plus fréquents

depuis la cessation dos douches, ordonnée quand il a été

mis à l'éosinate. '

12 août. - L'état local reste stalionnn.ire jusqu'à la fin du

mois où l'on cesse le traitement. -

. Tableau des accès et des vertiges.

34 Épilepsie.

Eosinate de sodium. 1*3 5

de rougeur de la face et quelques ulcérations croïctetcses sur

le dos du pouce et de l'index gauches et au niveau de l'arti-

culation motacarpo-phalangienne de l'index droit.

1899. Xov. II n'y a plus aucune lésion cutanée, etc.

Tableau des accès el des vertiges.

36 Épilepsie....

"0115. Epilepsie symptomatique.

Sommaire. Père, quelques excès de boisson. Grands

pères paternel et maternel, alcooliques. - Un arrière

grand-père maternel mort aveugle et paralysé des jambes;

l'autre arrière-grand-père maternel, alcoolique, mort en

enfance. Arrière grand'mère maternelle, tremblements,

étourdissements ? Cousin, caractère bizarre.

Parole a deux ans et demi, propreté à deux ans. - Rou-

geole. - Premières convulsions de huit mois; prcn,ic1'

accès à 10 ans..

Itou-... (Georges), 1G ans. Eosinate du 1 ? juin au 31 août.

9,juille.t. -Rourteur dc l f.vce et du pharynx, amygdales

Volumineuses ; léger gonflement des paupières inférieures. ! Tableau des accès et des vertiges.

Eosinate DE sodium. 37

Pas de gonflement, mais légère rougeur du dos des mains;

rien aux pieds. - -

3"1 août. Sur le dos du nez et au pourtour de la bouche,

ulcérations arrondies, assez étendues, non recouvertes de

croûtes. Sur la nuque, le dos de la main gauche et les pouoes,

ulcérations en voie de cicatrisation. Pas de décollement des

ongles, léger gonflement de la face, rougeur disparue.

1899. Nou. - Nulle trace des anciens accidents.

Du 1 ? juin au 31 août, en 1897, 26 accès et 6 verti-

ges ; - en 1898 (éosinal.e); 25 accès et pas de verti-

ges ; - en 1899, 22 accès et pas de vertiges. Très

légère amélioration.

Ous. XIX. - Imbécillité, hémiplégie gauche et épilepsie symptoma-

tiques.

Sommaire. Père, savoyard, goitreux. - Grand-père paternel

goitreux. - Cousin paternel hémiplégique. - Mère, con-

vulsions dans l'enfance, alienee, - Grand-oncle maternel

aliéné. - Tante maternelle nerveuse. - Premières con-

vulsions à trois ans suivies d'hémiplégie et de contracture

de la jambe gauche. Début de l'épilepsie à 3 ans et demi.

Irritabilité, turbulence, kleptomanie. -

Bl..., (Joseph), 20 ans. - Eosinate du 7 juillet au 31

août.

16 juillet. - Légère teinte rouge des pommettes.

z août, - Rougeur diffuse de la face et gonflement au

niveau des paupières inférieures. Ulcération croûteuse à la

queue du sourcil gauche ; rien aux mains.

31 août. - Petites croûtes noirâtres, de la largeur d'une

lentille, disséminées sur la lèvre supérieure, la narine, la joue,

le lobule de l'oreille du côté gauche, une ou deux seulement

au devant de l'oreille droite,

1899. Nu. - Rien il la face et aux ongles.

a8 Epilepsie.

Tableau des accès et dos vertiges.

Eosinate de sodium. : 3fJ

maternels motts de la poitrine. Rougeole, scarlatine ;

onanisme précoce, cauchemars. Premier accès à 5 axis.

Dor... (Auguste), 17 ans. Eosinate du 7 juillet au 31 août.

16 juillet. - Rougeur de la face; léger gonflement des

paupières inférieures et des régions parotidiennes. Rien au

pharynx ni aux mains.

22 aoftt. - Hougeur et gonflement delà joue du côté gauche;

du côté droit, croûtes saillantes, de couleur orangée, dissé-

minées sur le dos du nez, la lèvre supérieure, la joue, le

menton et la face antérieure du pavillon de l'oreille.

31 août. - Croûtes jaunâtres, confiuentes, humides, entou-

rant toute la bouche et débordant sur les joues et le menton.

Ces croûtes en tombant n'ont pas laissé les cicatrices dépri-

mées et pigmentées observées sur les malades de la première

série. - Quelques ulcérations peu étendues sur le dos de

l'orteil gauche.

1889. Noya. - Aucune cicatrice.

Tableau des accès et des vertiges.

40 Epilepsie.

Du 1 ? juillet au 31 août, en 1897, 11 accès et un

vertige ; - en 1898 féosio iate), 13 accès et un vertige;

- en 1899, 50' accès. Aggravation.

- Orins. XXI. Épilepsie probablement idiopathique.

Sommaire. - Enfant assisté; aucun renseignement. Mort

en état de mal le 43 août 1898.

Fer.... (Henri), 19 ans. - Eosinate du 7 juillet au 31 août.

Rien qu'une légère rougeur des pommettes et des joues.

Tableau des accès et des vertiges.

Eosinate de; sodium.. Id

Or3s XXII. - Imbécillité, hémiplégie gauche et épilepsie sympto-

matiques.

Sommaire. Père, caractère emporté, - Grand-père mater-

nel, très colère, alcoolique, hoTup ? te aauche. - Grand-

mère maternelle nerveuse. - ,

Etat asphyxique à la naissance. - Hémiplégie gauche.

Premières convulsions il. dix-huit mois, - Cinq ou six

autres crises jusqu'à 5 ans. - Début de l'épilepsie vers

6 ans. ..

Rani... (Gaston), 18 ans. - Éo-qi7-Late du 7 juillet au 31 août.

Tableau des accès el des' vertiges.

Epilepsie.

22 août. Rougeur diffuse de la face et gonflement des

joues et des paupières inférieures. Ulcérai ions en partie

recouvertes de croûtes jaunâtres, siégeant sur le dos du nez

et la partie médiane du front. - Le traitement est supprimé

le 31 août.

Du 1 ? juillet au 31 août, en 9897, 3 accès et 9 ver-

tiges ; - en 1898 'eosmaff, 19 accès et (; vertiges :

résultat négatif (1`.

Ons. XXII r. - Épilepsie probablement symptomatique ; déchéance.

SoMMAtnr : . Père bègue jusqu'à 16 ans. Oncle paternel

1t ! /pocltondJ'iar¡ue et alcoolique. - Grand oncle maternel

Tableau des accès el des vertiges

Eosinate de sodium. Il; !

r lu ! miple- Cousine ! ]ernwine (;pileplir¡ue. - AutJ'e

hémiplégique. Cousine germaine cepileptirlue. Autre

cousine idiote et èpilepl ique. Frère épileptique.

Autre frère instable, arriéré, ? 1/pt0'CILtcte. Absence

de renseignements sur le développement de l'enfant, le

début et les causes de l'épilepsie. S¡¡nclact¡¡lie des 2'=

et 3" orteils prédominant à gauche, - Scaphoceplwlie.

Tho... (Léon), 18 ans. Eosinate du 7 juillet au 31 août;

aucun accident d'intoxication.

Du 1 ? juillet au 31 août, en 1897, 3 accès et un

vertige ; en 1898 (eos ? 'nate\ 11 1 accès et 6 vertiges ;

on 1899, 10 accès et pas de vertige.

Considérations générales

De l'examen de ces observations, il est possible de

déduire un tableau d'ensemble de l'intoxication éosi-

ni(lite. Et tout d'ahord remarquons que ces accidents,

du moins avec les doses employées, ont été purement

locaux : nous n'avons observé aucun retentissement

sur l'état général, pas de troubles digestifs, pas de

modifications du rythme cardiaque, pas de modifica-

tions thermiques appréciables, pas de troubles sensi-

tifs ni psychiques. Les accidents se sont presque

exclusivement localisés aux téguments externes, la

muqueuse buccale n'a été atteinte que dans un petit

nombre de cas.

Les doses nécessaires pour déterminer les accidents

semblent varier de 2 gr.50 à : 3 go ? au-dessous de deux

grammes nous n'avons jamais rien observé. Quant à

la date d'apparition do ces accidents, elle varie de six

semaines à deux mois après le début du traitement;

mais il serait intéressant de rechercher à combien se

réduit ce temps de tolérance, lorsqu'on administre dès

le commencement des doses massives. - ,

14 Eosinate.

Les lésions dues à l'éosinate de sodium consistent

essentiellement en une rougeur suivie de gonflement

de la facc et des mains. Plus tard, à l'occasion de

traumatismes minimes, peuvent survenir des troubles

trophiques assez graves..

La rougeur envahit d'emblée toute la face : nous

avons suffisamment insisté, dans le cours des observa-

tions, sur les caractères de cette coloration pour qu'il

nous semble inutile d'y revenir. Rappelons seulement

que ce n'est point la un érythème inflammatoire, bien

qu'il soit accompagné d'un peu de chaleur de la peau,

et que son apparition est précédée d'une sensation de

démangeaisons, parfois de céphalées assez intenses.

Cette rougeur peut occuper toute la face, le cou, la

partie supérieure du thorax, la face dorsale des mains

et des doigts, parfois envahir le pharynx ; c'est-à-dire,

en somme, toutes les parties et rien que les parties

habituellement exposées il l'air.

Presque en même temps que cette coloration, appa-

rait le gonflement. Lorsqu'il est peu intense, il se

montre, tout d'abord, en certains points limités de la

face : au-dessous des paupières inférieures, au niveau

des régions parotidiennes. Lorsqu'il est très intense,

il envahit d'emblée toute la face, mais reste cependant

plus accusé aux régions précitées. Il occupe de même

le dos de la main et des premières phalanges. C'est

un gonflement mou, non oedémateux, indolore, et on

peut se demander si sa localisation en certains points

de la face et sur le dos clés mains ne tient pas à

l'abondance du tissu cellulaire en ces parties, et sur-

tout à l'absence de compression exercée par les vête-

ments : nous avons vu, en effet, le gonflement limité

nettement par la ligne de striction formée par le bord

d'un béret. Une fois seulement le gonflement occu-

pait les piliers du voile du palais

Kosinate de sodium. 15

Quant aux ulcérations qui apparaissent il une épo-

que un peu plus tardive, elles nous semblent être

dans la dépendance de traumatismes minimes, écor-

chures, lésions de grattage provoquées par les déman-

geaisons qui accompagnent l'érythème. En tous cas,

les soins de propreté de la peau ont toujours été suf-

fisants pour faire cesser ces complications. Ces ulcé-

rations, toutes superficielles, tendent à s'étaler, il se

rejoindre, de manière à former des plaques étendues

à contours irréguliers. Au bout de deux à trois jours,

elles se recouvrent d'une croîltcllc jaunâtre, irrégu-

lière, exubérante et suintante. Celle-ci, à son tour,

dure de cinq il six jours si elle n'est pas arrachée et

tombe en laissant une cicatrice plus ou moins pig-

mentée en brun, légèrement déprimée et reprodui-

sant la forme de l'ulcération primitive. Ces cicatrices

sont assez tenaces et des malades que nous avons

revus six ou sept mois après la cessation du traite-

ment, nous ont présenté ces cicatrices presque sans

atténuation de la coloration. Ce n'est que maintenant

(novembre 1S99 : qu'elles ont entièrement disparu

exepté chez un malade qui a quelques macules.

. En même temps se manifestent des accidents du

côté des ongles : c'est d'abord un décollement com-

mençant par l'extrémité distalc de l'ongle qui devient t

noir il ce niveau ; ce décollement progresse vers la

matrice, s'accompagnant parfois d'une in/ill na1 iolt

séro-purulenle ; le plus souvent on n'observe aucune

sécrétion de liquide. Fait remarquable, le malade

n'accuse aucune douleur spontanée ou à la pression.

Lorsque l'ongle est complètement décollé, il tombe

et ne repousse qu'avec une extrême difficulté et d'une

manière irrégulière. Toutefois, les ongles finissent

par reprendre leur conformation normale.

' Nous n'avons pu déterminer la cause de ces acci-

46 Epilepsie.

dents ni surtout de leur localisation aux pouces, alors

que les autres doigts n'ont été atteints que plus rare-

ment et d'une manière moins intense, et que les orteils

ne l'ont jamais été'. Il nous semble qu'ici encore

on doive faire une large part au traumatisme occa-

sionnel.

Nous avons recherché s'il existait quelques points

communs entre les signes d'intoxication éosinÙjue

et les manifestations cutanées du bromisme.

Notons d'abord que dans 21 cas sur 23, suit clans

une proportion de 9t pour 100, l'éosine a déterminé

des accidents, et encore un des deux cas indemnes

(Uns. I) doit-il être tenu pour suspect; ces accidents

apparaissaient avec une close moyenne de 2 gr. 50 à

3 grammes. Au contraire, les accidents cutanés du

bromisme ne surviennent que dans 75 p. 100 des cas,

en général lorsque le malade atteint ou dépasse la

dose cle 4 gr. cle bromure de potassium (I).

Les manifestations cutanées du bromisme attei-

gnent très fréquemment les membres inférieurs. On

peut dire, au contraire, que dans l'C'OS11sinisme ces der-

niers ne sont atteints que d'une manière tout à fait

exceptionnelle.

Quant il la forme de l'éruption elle diffère absolu-

ment de l'éruption bromurco : « Les manifestations

cutanées du bromisme se présentent sous les deux for-

mes suivantes : 1" L'acné disséminée qui ne présente,

guérie, de particulier, que la coloration rouge sombre,

la confluence à la face, clans le clos, aux bras ct aux

il) Voisin. De l'emploi du bruinm'c (le potassium dans les maladies ner-

veuses, 187,j.

Eosinate de sodium. 47 Î

cuisses, principalement sur la face dorsale où il laisse

des cicatrices, longtemps violacées....; 2° L'éruption

bromique conglomérée qui est caractérisée par des

indurations en forme de tubercules ovalaires ou de

plaques allongées qui se développent dans l'épaisseur

du derme, restent d'abord sans altérer la coloration

de la peau ; mais peu à peu celle-ci prend une teinte

d'un violet ardoisé lorsque les indurations deviennent

confluentes et forment des plaques conglomérées; ou

lorsque tout en restant isolées elles ont pris un grand

développement et ont formé des saillies hémisphéri-

ques à la surface de la peau : elles s'ulcèrent et suppu-

rent, mais l'induration persistes (1). »

On voit donc qu'il n'est nullement question de ces

ulcérations superficielles se recouvrant rapidement de

croûtes jaunâtres, exubérantes et suintantes, non

plus que du gonflement localisé à certaines régions de

la face et aux mains.

Les érythèmes ont été signalés par Vcïel (1 ïe/'tel-

jOLr. sur dermal li/HL syph. 18Î'I) cité par Chau-

mont (in Thèse, de Paris, 1894). Cet auteur aurait

observé un certain nombre de fois « un érythème

diffus, très douloureux, accompagné de fièvre, et

toujours limité aux extrémités inférieures. Dans

d'autres cas, l'érythèmc se présente sous forme de

plaques isolées, moins localisées ; les phénomènes

généraux sont nuls ou peu marqués ; tantôt elles ne

font aucune saillie au-dessus de la peau, tantôt, au

contraire, elles sont légèrement surélevées, et dans

ces cas il existe ordinairement au-dessous d'elles un

noyau d'induration. Leur coloration varie du rose au

rouge vif foncé, parfois scarlatiniforme. Elles dispa-

Fère, - l : pilr»ic et cpil<'],li'lIlCS.

18 1';I'II.E[>SII ?

raissent par effacement ou en donnant lieu aune

desquamation parfois assez considérable ; d'autres

fois, sur les plaques érythémateuses rosées, il se

forme des vésicules qui aboutissent ultérieurement

Ù des ulcérations. C'est chez les enfants que ce fait

a été observé. » (Ghaumont. loc. cit.)

Cet érytlième diffère entièrement de celui observé

clans tous les cas d'éosinisme. Notons cependant que

dans un seul cas (Ons. X.) nous avons vu l'él' ! Jlhème

éosinique des mains suivi de phlyetèmes volumi-

neuses.

La pigmentation est citée comme accident cutané

possible du bromisme. « Echeverria (l'hilatlelphia

mecl. Times, 1873) a vu le front et, le cou se pigmenter

en brun d'une façon très prononcée M. Voisin a

observé, deux faits du même genre : un malade pré-

sentait une coloration jaune sale foncée de la peau de

la face ; chez un autre, la face se recouvrit de plaques

bronzées n'ayant aucun rapport pal1lOg'énitiquc avec

les pustules d'acné. » (Clwul11ont loc. nit.) Il est

impossible de ne pas faire un rapprochement entre

cette pigmentation et celle que laissait en tombant

les placards croûteux de la face de nos malades; mais

ici les cicatrices brunes avaient un aspect déprimé

que ne relatent point les observations ci-dessus.

. Nous voyons clone qu'on ne saurait assimiler les

manifestations cutanées du bromisme et celles de

l'éosinate. Trop de points de dissemblance, fréquence,

siège, forme de l'éruption, viennent, en dépit de quel-

([lies analogies, montrer que l'on ne peut faire du

brome la cause unique de tous ces accidents : l'éosi-

nate semble avoir une action bien déterminée.

Remarquons toutefois en terminant que l'état santé-

EOSINATE de sodium. 49

rieur de la peau, les soins de propreté dont M. Féré

a signalé l'importance à propos des accidents du bro-

misme, et auxquels, dans le service des enfants, on

apporte la plus grande vigilance (bains généraux,

bains de pieds, douches), nous ont semblé aussi jouer

dans l'éosinisme un rôle considérable. C'est, en effet,

chez les sujets les plus intelligents, les plus soigneux

de leur personne que nous avons noté le minimum

d'accidents, et si les lavages de la figure et des mains,

l'attention du malade a éviter les écorchures et les

traumatismes de ces parties ne pouvaient préserver du

gonflement ct de la rougeur de la face, ils sullisaient

à leur éviter les placards croûteux et les cicatrices de

la face ainsi que le décollement et la chute des ongles,

c'est-à-dire les troubles truphiques les plus sérieux.

Nous n'avons pas il insister sur l'action thcrapcuti-

([uedeleosinatedc sodium contre l'épilepsie. Les

tableaux des accès, les )['('')1<"<vous qui les .suivent mon-

trent que cette action est nulle.

Cetra\aila(''tercdig'eala<indel8 ? Sinousno

l'avons pas publié plus tôt c'est parce que nous tenions

à nous rendre compte de l'action que pouvait avoir

l'éosinate sur la marche ultérieure de la maladie et en

particulier durant les mois de 189'J correspondant à

la période de traitement en 1898.]

Voici, il titre de document, quatre analyses d'urine

pratiquées par l'interne en pharmacie du service, M. Au-

briot. '

Urine du 25 au 26 avril 1898.

I. Itoma..., 17 ans. En traitement depuis le 1er mars. 3 gr.

d'éosinate de sodium par ;*4 heures.

l3uoitaLVILL1 : , Bicêtre, 1899.

50. Eosinate de sodium.

Urine limpide très colorée et très fluorescente.- Elle donne

par agitation une mousse rouge.

Analyse des U1UNES. ' 51

Urine très trouble, colorée et fluorescente.

II.

De la joubarbe ou sedum acre ;

l'.w ltoLltW.Wl.t.l ?

Contre une maladie aussi terrible et aussi épou-

vantable que l'épilepsie, le devoir strict des médecins

qui sont chargés cle traiter les épileptiques est d'es-

sayer tous les médicaments nouveaux qui paraissent

indiqués, et, à l'occasion, de vérifier l'action des

agents médicamenteux, employés autrefois et dont la

physiologie fait mieux connaître l'action. C'est dans

cet esprit que nous avons accepté avec empressement

l'offre qui nous était faite par M. l3c : rtllclt,l, le distingué

pharmacien en chef de l'hospice de Bicêtre, qui ayant

eu connaissance d'un travail de 1\[..Jung : st, relatif à cles

Ilecherches expérimentales sur l'action du sedum

acre, nous a offert de nous préparer un extrait de cette

plante pour en vérifier l'action thérapeutique dans l'é-

pilepsie.

La plupart des ouvrages récents ne parlent pas du

sedum acre ou se bornent à le citer. Il faut remonter

au Traité de l'épilepsie de Delasiauvc, ouvrage qu'on

ne saurait trop consulter, pour avoir des renseigne-

ments un peu détaillés sur l'emploi de cette plante

contre le mal caduc. Voici le passage qui nous inté-

resse (p. ! 105) :

« Anciennement, dit-il, la joubarbe occupait clans la thé-

rapeutique une place assez importante. On attribuait au

Sedum aciie. 53

suc du .smlr'ruiunn2 tecto°Ln2 des propriétés siccatives

et calmantes. En injections dans le vagin et le rectum, il

apaisait les vives douleurs de ces organes. On l'appliquait,

à l'extérieur, à la cicatrisation des plaies, et, à l'intérieur,

comme dépuratif.

«Une variété moins connue, la petite jouharde ou sedum

acre, semble n'être pas inefficace. Roques, dans sa l'hyto-

g rapide médicale, et Lobender, dans une note, ont rappelé,

(-et égard, les succès réalisés en Allemagne.

« A son tour, le ])' Petcrs a relaté cinq cas dans lesquels

le sedum acre eut unc influence; plus ou moins heureuse.

Il lit prendre', matin et soir, à l'un de ses malades, en

proie à une grave épilepsie, déterminée par la frayeur,

vingt grains de petite joubardè en poudre. Deux onces,

ainsi administrées, amenèrent la disparition des accidents.

Même résultat chez un second, dont l'affection remontait

à une trentaine d'années, et se'réllétait deux fois par mois.

Le troisième, une jeune fille de seize ans, que les chutes

surprenaient régulièrement au moment des règles, s'en

trouvait délivrée depuis cinq mois, après avoir usé d'une

once et demie du remède. Les deux autres, sans être

guéris, virent leurs convulsions s'éloigner.

« Le sedum acre entrait comme élément principal dans

la médication du ])1' Fauverge, qui, à l'appui de son utilité,

mentionne trois observations. Dans l'une; d'elles, toutefois,

le traitement appliqué de 'nouveau pour une récidive,

demeura absolument stérile. Le ])1' Godier suivit la même

méthode à l'égard de' deux épileptiques, dont les accès

affectaient des retours mensuels. L'un n'eut qu'une crise

en huit mois, et l'autre trois seulement dans l'année.

« Roques et Alihert attribuent petite joubarbe des

vertus purgatives, sur lesquelles n'ont point insisté les

auteurs à qui sont dus les faits qui précèdent. Serait-ce

que son action n'est point constante, ou qu'elle ne s'exerce

qn'à des doses supérieures ? Les changements favorables

devraient être, alors, considérés comme le résultat d'une

modification générale de l'économie.

54 ); : 1'11.10 : 1 ?

« On peul prescrire le suc ou la décoction du sedum

acre, mais la poudre est d'un emploi plus ordinaire. Le Dr

I'etcrs a fait sécher la plante' au four avant de la pulvéri-

ser. Les quantités ont -varié, pour ce dernier médecin, do

un à deux grammes ; pour MM. Fauvergc et Godicr. de

quatre il huit. Des essais réitérés pourraient seuls, sous

ce rapport, fournir clos données certaines. »

M. Berthoud nous a rcmis la note ci-après rela-

tive aux principales propriétés du sedum acre et à la

préparation pharmaceutique qu'il a mise à notre

disposition.

Le sedum acre est une petite plante charnue, de la

famille des Crassulacées, qui croit communément

dans nos contrées : elle fournit un suc cloué d'une

acreté qui lui a valu le nom populaire de poivre de

muraille.

Jiingst 1 en a expérimenté' les propriétés physiolo-

giques et recherché le principe actif. Il a pu en reti-

rer un alcaloïde, déjà isolé par Mylius, qui existe en

très petite quantité, et se montre facilement altérable ;

il offre l'acreté du suc ainsi que les autres effets de la

plante sur l'organisme. A ce dernier point de vue, voici

en substance les conclusions de l'auteur :

« C'est un poison du cerveau. Après un premier

stade (le nausées et de vomissements, apparaissent un

assoupissement et une anesthésie croissantes, les

mouvements volontaires sont progressivement abolis,

la respiration, d'abord galopante et superficielle, se

ralentit avec dyspnée et mouvements spasmodiques

des extrémités relevant de l'asphyxie : il y a finale-

ment arrêt de la respiration alors que le coeur bat

encore. »

(1) .1rchiv sur exeprimentalle l'atliologie un<l Pharmacologie, XXIV. 1888.

Sedum aciie. 55

Le sedum acre est au nombre des végétaux aux-

quels on a attribué une vertu anti-épileptique. Il a

paru bon de soumettre sa réputation à un essai théra-

peutique sérieux. .

La plante a été récoltée dans la région de Paris

au cours de l'été de 1897. Elle a été immédiatement

traitée, à l'état frais, de la façon suivante. Elle a été

contusée au mortier avec son poids d'eau, et portée à

la presse. Le marc a été de nouveau contusé et

exprimé avec une quantité d'eau telle que le suc

total fourni par ces deux expressions s'élevait à

1.333 centimètres cubes pour un kilogramme de

plante fraîche, après filtration. On complète ce

volume à deux litres par addition de glycérine,

celle-ci, devant assurer la conservation du produit.

On obtient ainsi un suc glycérine dont deux centi-

mètres cubes correspondent à un gramme de plante

fraîche. C'est ce suc qui a été administré dans

une préparation qui en contenait un demi-centimètre

cube par cuillerée à café de 5 grammes, ce qui équi-

vaut Ù 25 centigrammes de plante fraîche.

OftSEHVA'nox I. Imbécillité et épilepsie symptomatiques;

démence ; état de mal ; mort ; méningo-encéphalite.

Boni- : ..., (Victor). nu lo 20 juin 1884.

Extrait Huidf de sedum acre d'une il. qualrc cuillerées il

café du 1 ? août au 31 décembre 1897. Le médicament a été

administré pour tous de la façon suivante :

56 Épilepsie.

SEDUM acre. : 7 7

Ons. II. Épilepsie symptomatique.

Ne... (lmile), né le Il octobre 1883.

Extrait de sedum acre du 1"" aoÙl au 31 décembre 1807.

Tableau des accès et des vertiges. j

5S Il Epilepsie.

Oos. III. Épilepsie.

Knsn... (Delhe), ne, le 1 ? décembre 188l.

Extrait de dit 1"" août au 31 c]c"('Plllbl'oJ ISOi.

Tableau des accès et des vertiges.

W : uLn .w.r,r. ? 9

OBS. IV. Épilepsie probablement symptomatique..

I-Ienr... (Paul), né le 28 mars 1878.

Extrait fluide de sedum acre du 1er août jusqu'au 31 décem-

bre 1897, à la dose d'une à six cuillerées à café, soit 106 par. 75.

Tableau des accès et des vertiges.

no Epilepsie.

le malade a pris 92 grammes 75 de suc do sedum acre.

Tableau des accès et des vertiges.

SEDUI ACHE, 61

Résultat négatif.

62 Epilepsie.

111.

Zona thoraco-brachial;

PAU 1t(tUlt\1 ? II,1,1 : ET Patil BONCOLK.

Nous avons eu l'occasion de voir à la consultation

de Bicêtre un cas de zona 1 hOl'ilco-ln'ul'hial très

étendu, avec de très larges plaques de vésicules et

qui nous parait assez intéressant pour justifier sa

publication.

S..., 25 ans, comptable, né dans la 1)rômc, habite Paris.

Le premier janvier 1899, le malade' ressentit dans la région

de l'épaule droite une douleur vive qui s'exagérait par les

mouvements du bras et offrait simultanément des accès, avec

élancements paroxystiques. Les élancements ressemblaient,

au dire du malade, à des piqûres d'épingles.

Le lendemain (2 janvier) les douleurs persistaient mais il y

avait en plus des points douloureux dans l'aisselle et sur la

partie antérieure delà poitrine', au niveau de la région mame-

lonnaire. Les mouvements du bras étaient particulièrement

pénibles : les mouvements d'adduction, notamment, provo-

quaient des douleurs au niveau du creux de l'aisselle.

Durant ces deux jours, le malade a eu de la fièvre caracté-

risée par de l'inappétence, delà céphalalgie et des frissons.

Pour combattre la douleur, on fit des frictions avec un lini-

ment calmant sur les régions douloureuses où, assure-t-on,

il n'y avait alors, aucune éruption

Le 3 janvier, à son réveil, le malade constata qu'il avait à

la partie antérieure; de la poitrine, dans l'aisselle et il la par-

tie postérieure de l'épaule des plaques rouges avec quelques

vésicules claires. Il crut que c'était le résultat des subs-

tances employées pour soulager la névralgie.. Le soir

64 XOXA TIIUIt : ICU-liltAC111 : 1L.

toutes les parties rouges étaient recouvertes de vésicules ou

de phlyctènes dues ¡¡la réunion de vésicules agglomérées.

Le 5 janvier le malade ressentit quelques douleurs dans

le bras droit; il se produisit dans le courant de la journée,

sur la face interne de ce membre, une poussée de larges

plaques de vésicules. L'éruption s'est faite complètement en

moins de deux jours.

Le 7 janvier le malade présentait une belle éruption de

zona qui avait l'aspect suivant :

1° A la partie antérieure du thorax (1,'ig. 1), au niveau du

troisième espace intercostal, il y a une traînée de plaques

rouges de dimensions variables, de forme ovalairc à grand

axe parallèle à l'espace intercostal, séparées les unes des

autres par des intervalles" de peau saine. Sur les surfaces

1- il. 1. 1.

Zona thoraco-brachial. 65

rouges, il y a, répandues sans ordre, une série de vésicules

fines et claires. Cette plaque commence exactement sur la

partie médiane, suit la direction de l'espace intercostal.

Arrivée au niveau de la ligne mamelonnaire, elle va se con-

fondre avec une énorme plaque rouge présentant trois

grandes phlyctènes jaunâtres et se perdant en dehors dans

l'aisselle et en bas avec une autre plaque descendant jusqu'à

une ligne horizontale passant par le mamelon.

2 En faisant lever le bras du malade (fig. 2), on constate

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1899. 5

Fis. 2.

66 . Zona THORACO-BRAQHIAL,

que la plaque axillaire se décompose en 3 plaques ovalaires

à grand axe oblique, recouvertes chacune par des phlyctènes.

Dans l'aisselle et sur la partie interne du tiers supérieur du

bras, il y a une vaste surface rouge sur laquelle sont dissé-

minées des vésicules de dimensions très différentes, et sans

ordre.

Il y a une traînée qui descend sur la partie interne du bras

et bien visible lorsque, regardant le malade par ^derrière, on

lui fait mettre la main dans le dos (fig. 3). Les groupes de

vésicules y sont en très grand nombre, de dimensions varia--

bles. Elles cessent au voisinage du coude.

Dans la région do l'omoplate, il y a une série de surfaces

Fig. 3.

Zona thoraco-brachial. 67

rouges avec des vésicules rassemblées autour de l'épine.

Elles commencent en dehors, exactement à la partie médiane

et deviennent de moins en moins nombreuses en allant sur

la partie externe.

Les douleurs spontanées au niveau des plaques situées

sur la poitrine et sur le dos manquent. Seul le frottement

des vêtements est désagréable, mais nullement douloureux.

Au niveau de l'aisselle, la douleur est au contraire très vive.

Il y a des élancements continuels et un sentiment de tension.

Après examen, cette douleur semble en rapport avec le déve-

loppement d'une adénopathie axillaire très prononcée. La

pression, iL ce niveau, est excessivement pénible et les mou-

vements qui tendent à rapprocher le bras du tronc sont

impossibles. Au contraire le malade porte sans difficulté et

sans douleur la main sur la tête. La pression ne donne aucun

point douloureux, soit sur le trajet des grandes plaques, soit

sur les points d'émergence des nerfs intercostaux de cette

région. -

La sensibilité il la piqûre est très atténuée sur les zones

saines qui avoisinent les plaques de zona. ..

La diminution de la sensibilité à la piqûre existe aussi sur

le bras, non seulement au niveau de la partie occupée par

l'éruption, mais aussi sur toute la surface. L'avant-bras ne

présente pas ce phénomène. '

Tout le membre droit (bras et avant-bras) est plus froid

que le gauche. Le malade prétend que depuis la sortie de

l'éruption, il a une sensation de froid continuelle dans le bras

et la main. - L'état général est excellent.

9 janvier. - Il n'y a pas de nouvelle poussée. Les vésicules

transformées en larges phlyctènes peu saillantes ont un

contenu puriforme. Nulle douleur.

14 janvier. - Dessication des vésicules isolées ; croûtes

superficielles sur les phlyctènes. La peau correspondant aux

plaques éruptives a une coloration d'un rouge brunâtre.

25 janvier. - Les lésions cutanées ont disparu. Pas de

névralgie. Etat général bon.

, Juin. - Les douleurs névralgiques n'ont jamais reparu ; il

ne s'est produit aucune éruption secondaire et il ne reste

plus que des macules brunâtres.

L'observation qui précède nous a semblé intéres-

sante en raison des considérations suivantes : : 1" Elle ne permet aucunement de trancher la dis-

GS Zona thoraco-brachial.

cussion qui est en suspens au sujet du siège de la

lésion anatomique du zona. Contre la théorie spinale

soutenue avec tant de maîtrise par M. Brissaud, on

peut invoquer la concordance parfaite entre la topo-

graphie du zona et l'innervation cutanée. Il suffit de

regarder les figures pour se rendre compte immédia-

tement de la disposition de l'éruption exactement

superposée à celle du troisième nerf intercostal qui

donne un rameau se répandant dans le creux de l'ais-

selle, qui abandonne en outre un petit filet à la peau

de la région mammaire et vient ensuite se distribuer

à la peau de la face interne du bras en s'anastomosant

avec l'accessoire du brachial cutané interne. On aurait

voulu dessiner sur la peau la zone d'activité de ce nerf

qu'on aurait circonscrit la surface de l'éruption. En

outre, il n'y a pas eu de douleurs rachidiennes.

Mais en faveur de la théorie de M. Brissaud, il faut

signaler les troubles sensitifs (anesthésie) et les troubles

vaso-moteurs nullement en rapport avec la distribution

du nerf. De plus la pression au niveau des points d'é-

mergence est indolore.

2° En dehors des phénomènes généraux, au début,

qui militent en faveur de l'origine infectieuse de l'af-

fection, nous insistons sur la présence d'une adénopa-

thie dans l'aisselle. C'est la présence de ces ganglions

engorgés qui était la cause unique de la douleur au

moment de l'examen du 7 janvier. Les observations

de cas analogues, comme siège anatomique, n'en font

pas mention dans la majorité des cas. Nous pensons

que cette adénopathie a dû influer souvent sur l'élé-

ment douleur, d'autant plus que nous avons vu signaler

la difficulté des mouvements d'adduction du bras.

3° Ce fait doit-il-être ajouté à ceux qu'a mentionnés

M. Rendu, relatifs à la coexistence du zona et de la

tuberculose ? Nous ne saurions nous prononcer. Notre

Zona thoraco-brachial; tuberculose. 69

malade présente bien une coxalgie du côté gauche, con-

sécutive à un traumatisme survenu vers 7 ou 8 ans, et

nous rappelant les cas qui tendent à faire supposer,

en pareille occurrence, une tuberculose commençante,

nous avons ausculté le malade plusieurs fois sans

découvrir aucun phénomène digne d'être signalé dans

l'état soit du poumon, soit de la plèvre. Il n'a jamais

toussé, ni eu d'hémoptysie, de maladies de peau, de

névralgies ; il a un tempérament nerveux et est sujet

à des accès de colère. Il n'y a aucun exemple de tuber-

culose dans la famille. Ses trois soeurs, âgées de 28, 20

et 18 ans, « jolies filles » nous dit-on, ont une excel-

lente santé.

Nous venons d'apprendre (décembre 1899) que ce

jeune homme, qui était retourné dans son pays, la

Drôme, y a succombé le 1 cr septembre à une ménin-

flirte tuberculeuse. Ce fait montre qu'on ne saurait trop

suivre ses malades.

' IV.

Idiotie ; Hémiplégie spasmodique d'origine cérébrale ;

PAR DOUttNEVttjLE ET 1)tItURL.

Sommaire. Père, fréquents maux de tête. - Grand-père

paternel, mort de tuberculose pulmonaire. Cousin,

mort de méningite ( ? ). - Mère, nerveuse. - Grand-père

maternel, excès alcooliques. - Gra71cl'711ère, nerveuse. -

Un grand oncle et deux grand'tantes maternels morts

de tuberculose pulmonaire : - Deux oncles maternels morts

de tuberculose, un autre de méningite, ainsi qu'un cousin

germain. - Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de

5 ans.

Contrariétés pendant la grossesse. - Accouchement préma-

turé. - Pas d'asphyxie. Pas de convulsions. - Cons-

tatation de l'hémiplégie peu de temps après la naissance.

Idiotie. - Hémiplégie spasmodique droite. - Stra-

bisme convergent de l'oeil droit. - Marche lente et dty/t-

cite.- Pleurésie purulente. - Mort.

AUTOPSIE. - Atrophie du tiers supérieur de la frontale

ascendante, de la pariétale ascendante, de la partie anté-

rieure du lobe paracentral et du lobe pariétal supérieur de

l'hémisphère cérébral gauche. Atrophie limitée de la

partie supérieure de la frontale ascendante de l'hémis-

phère cérébral droit. - Pleurésie purulente; - tubercu-

lose pulmonaire.

Gréz... (Jeanne), née à Paris le 20 août 1884, est entrée

dans le service (Fondation Vallée) le 29 novembre 1897.

Antécédents. (Renseignements fournis par sa mère.) - PÈRE,

43 ans, tailleur d'habits, bien portant, grand et vigoureux ;

très sobre, comme du reste toute sa famille. Pas de convul-

sions dans l'enfance, pas de fièvre typhoïde, pas de rhuma-

.. Antécédents héréditaires. 71

tismes, mais de fréquents maux de tête, depuis son mariage,

qui date de li ans, et survenant à la suite de contrariétés.

Pas de traumatisme céphalique ; pas de dartres ni de mala-

dies de peau ; pas de syphilis. Caractère calme, mais cause

peu. - [Père, mort à 75 ans d'une bronchite de nature sus-

pecte, après avoir gardé le lit pendant 15 mois. Boitait, à

la suite d'un traumatisme. Ni alcoolisme, ni syphilis.

Mère, 78 ans, bien portante, pas nerveuse, mais caractère

boudeur. Elle a eu sept enfants. Aucun n'a eu de convulsions

ni de maladie nerveuse, - Grands-parents paternels morts

âgés ainsi que les grands-parents maternels. - Un oncle parti

pour l'Amérique, il y a 30 ans, et dont on n'a pas de nou-

velles. - Deux oncles maternels, l'un est mort de vieillesse :

a C'était un vieil avare » ; l'autre, cultivateur, s'est marié

avec une jeune femme dont il a eu un enfant bien portant. -

Pas de tantes, ni du côté du père ni du côté de la mère.

Deux frères, sobres et en bonne santé, ont chacun 5 ou 6

enfants. L'un de ces enfants serait mort, vers 4 ans, de mé-

911nfJiLC. - Rien à signaler dans le reste de la famille.]

Mère, 38 ans, très nerveuse, parle avec volubilité, s'agite,

a des tremblements dans les mains lorsqu'elle parle, ne peut

rester en place, pousse de continuels soupirs. Elle avoue du

reste être très nerveuse et que des douches lui feraient

du bien. Très émotive, a souvent peur, emportée, palpitations

fréquentes; pas de convulsions en bas-âge. Rougeole et

coqueluche vers 4 ans. Pas de fièvre typhoïde. Réglée à 10

ans et demi, puis resta deux ans sans rien voir et eut de

nouveau ses règles à 15 ans, mais irrégulièrement : elle

serait même restée trois ans sans menstrues, de 20 it 23 ans;

elle n'était pas encore mariée. Cependant, pas d'anémie, pas

de maux de tête, pas de rhumatisme, pas de maladie de

peau. Fréquentes crampes d'estomac depuis dix ans. Mariée

à 24 ans. - [Père, mort à 46 ans, d'un « chaud et froid »

après plusieurs mois de maladie. Etait cuisinier, il buvait

un peu (du cidre), le jeudi surtout, jour du marché ; il était

«gris», à peu près tous lesjeudis. Fumait beaucoup, caractère

violent. - Mère, morte à 53 ans, après un an de maladie ( ? ).

- Très nerveuse, elle avait des crises de nerfs et des moments

d'abattement profond. - Grands-parents paternels et mater-

nels morts âgés. - Quatre oncles paternels : l'un mort à 30

ans de tuberculose pulmonaire, l'autre était marin et est

mort en mer. Les deux qui restent sont bien portantes, leur

famille aussi. - Trois tantes paternelles ont eu des enfants

7 ? Idiotie ET épilepsie spasmodique.

bien constitués. - Deux tantes maternelles, mortes de la

poitrine. - Un oncle maternel, très nerveux, « très exalté »,

s'occupait beaucoup de politique. Il a trois fils, tous aussi

« très exaltés pour la politique ». - Sept frères et soeurs. La

mère de notre enfant est l'aînée ; - 2° garçon mort à 24 ans, à

la suite d'un refroidissement; -3° garçon, mort à 24 ans, d'une

laryngite tuberculeuse ; 4° garçon, mort à 21 mois, de mé-

7zizzgite ; - 5° fille, bien portante, 31 ans, pas de convulsions;

deux de ses enfants sont morts, l'un à 2 ans et demi, d'en-

térite, l'autre à 9 mois de znéz.izgite. : - 6° garçon de 33 ans,

bien portant ainsi que son enfant de 10 ans, très nerveux ; -

7° garçon mort à 26 ans, d'un « chaud et' froid » ; il avait eu

plusieurs abcès au cou; - 8° fille, de 24 ans, soignée pour de

la chlorose.

Pas de consanguinité. (Père de la Charente, mère de la

Bretagne). - Différence d'âge de 5 ans.

Trois enfants et une fausse couche à 3 mois : 1° un

enfant avant son mariage (d'un autre père), mort à 21 jours et

qui n'aurait pas eu de convulsions ; - 2° notre malade, qui

naquit 17 mois après le mariage ; puis elle fit, 18 mois après,

une fausse couche de trois mois, sans cause, ne se savait pas

enceinte ; 3° huit ans après elle eut un garçon, âgé aujour-

d'hui de 4 ans, lequel n'a pas eu de convulsions, mais a eu

des abcès au cou et a un écoulement d'oreille.

Notre malade. - Au moment de la conception, le ménage

vivait en bonne intelligence et ne souffrait pas de difficultés

matérielles. - Grossesse : pas de traumatismes, pas d'en-

nui de se voir enceinte. Vers 7 mois, elle eut une violente

dispute avec une voisine, et les discussions se renouvelèrent t

les jours suivants. « C'était une sale femme », qui voulait lui

enlever son mari. - Accouchement prématuré, à 8 mois et

demi, très facile, on n'eut pas le temps de chercher la sage-

femme ; couches sèches. - L'enfant cria tout de suite. -

Élevée en nourrice, au lait de vache, chez sa grand'mère. Pas

de convulsions, mais peu de temps après la naissance, la

mère s'aperçut, que le bras droit était paralysé. Gourme à 9

mois. Première dent vers 9 mois ; dentition complète à deux

ans passés, sans accidents nerveux. N'a jamais su marcher

seule, ni parler. Vers 4 ans, commence à dire quelques mots :

« Papa, maman. » Ce n'est qu'à cet âge qu'elle devint propre

et sut demander le vase. - Léger écoulement menstruel ( ? )

il y a quelques mois. Caractère affectueux, doux, calme et

timide. N'a jamais eu de violentes colères.

Description de la maladie. 73

État actuel. - Physionomie hébétée. - Crâne petit, symétri-

que. Front étroit et bas, avec bosses frontales à peine sail-

lantes. Bosses pariétales à peine proéminentes, symétri-

ques. Occiput aplati. Cheveux châtains, peu abondants. Pas

d'épi; tourbillon médian. - Plusieurs cicatrices de petites

dimensions, disséminées sur le cuir chevelu. Pas de ganglions

ni de cicatrices sur le reste du corps.

Visage allongé, teint uniformément terreux. Arcades sour-

cilière peu saillantes. Sourcils droits, peu fournis. Fentes

palpébrales peu ouvertes et asymétriques, la gauche est plus

ouverte. Paupières bordées de cils longs et réguliers. Pas de

blépharite ni de conjonctivite. Strabisme convergent de

l'oeil droit, très apparent. Quelques secousses nystagmifor-

mes dans les positions extrêmes. Les pupilles sont égales et

réagissent bien à la lumière et à la distance. Au niveau du

bord inférieur de l'iris gauche, légère exulcération de la cor-

née. La vision cependant n'en paraît pas incommodée. Iris

bruns foncés. - Gr.. confond toutes les couleurs, comme le

violet et le rouge, le jaune et le rouge, prend du noir pour

du jaune. - Nez droit, mais non rectiligne, en raison de la

saillie des os du nez et de la proéminence de l'extrémité, qui

est arrondie. Racine peu épaisse, mais les narines sont larges,

épaisses et dilatées. Légère déviation de la cloison à gauche,

avec narine gauche plus ouverte. Odorat peu développé : Gr..

trouve que l'assa foetida sent bon. - Bouche moyenne, asy-

métrique. Lèvre supérieure assez bien formée, mais la moitié

droite est un peu plus épaisse que la gauche. L'inférieure est

charnue, à contours mal dessinés et proéminents, surtout à

gauche, et cette asymétrie est encore plus nette lorsque l'en-

fant contracte ses muscles pour sourire. En même temps, le

sillon naso-génien droit devient plus saillant et la joue gau-

che s'allonge, tandis que la droite devient saillante, et que la

commissure droite se relève. - Voûte palatine excavée,

mais non rétrécie. Voile du palais régulier. Amygdales moyen-

nes. - Langue normale, non déviée. L'enfant la sort faci-

lement de la bouche. Pas de tremblement ni d'atrophie. ^-

Dentition assez régulière. Les dents ne sont pas cariées. -

Menton arrondi et petit, avec sillon mento-labial accusé, en

raison de la proéminence de la lèvre inférieure. - Oreilles

moyennes, peu écartées de la tête, assez bien ourlées, mais

le lobule est adhérent et n'est pas bien dessiné. Hauteur :

5 cent. de chaque côté.

Le cou est court et peu large. Circonférence : 28 cent.

74 Idiotie et épilepsie spasmodique.

Larynx légèrement saillant. Corps thyroïde difficile à sentir

entre les sterno-mastoïdiennes, qui sont très apparents; : ,.

Thorax bien développé. - Abdomen arrondi et souple.

Colonne vertébrale droite, mais les mouvements sont peu

souples. L'enfant se tient mal, le dos voûté, l'épaule gauche

plus basse que la droite. Lorsqu'elle marche, elle s'appuie

davantage sur le côté gauche, qu'elle fléchit légèrement, tan-

dis que le membre droit reste étendu, le bassin fortement

relevé de ce côté, en sorte que le pied appuie sur le sol par

la pointe. Elle marche difficilement seule, avance lentement,

en s'appuyant contre les murs et ne peut ni monter ni des-

cendre les escaliers ; il faut la soutenir sous les bras.

Puberté. - Corps glabre. Quelques poils sous les aisselles.

Seins arrondis, assez bien développés et égaux : diamètre

vertical : 12 centimètres ; transversal : 15. L'aréole est bien

marquée, large et pigmentée, mais les mamelons ne sont pas

saillants. Pénil couvert de poils foncés et longs se continuan t

le long des grandes lèvres qui sont épaisses. Petites lèvres

triangulaires, dissimulées complètement sous les grandes

lèvres, formant un capuchon recouvrant entièrement le cli-

toris. Orifice hyménéal circulaire. La membrane est intacte.

Région anale normale. Pas d'onanisme. Nous avons dit

que Gr.. avait été réglée ( ? ) quelques mois avant son admis-

sion. Depuis son entrée et jusqu'à sa mort, les régies n'ont

pas reparu.

. Tout le côté droit du corps est atrophié.

Membres supérieurs. - Le gauche est normalement déve-

loppé, a conservé sa force et le libre jeu des articulations,

bien qu'il y ait un certain degré de défense musculaire pour

les mouvements de l'avant-bras et que le réflexe du poignet

soit fort. Le droit est atrophié, les mouvements actifs sont

lents, sans incoordination, les mouvements passifs sont aisés

pour le bras, mais plus difficiles pour l'avant-bras où il faut

vaincre une certaine résistance. L'avant-bras est un peu

fléchi. Le poignet est fléchi, les doigts sont étendus et écar-

tés, les deux dernières phalanges relevées; le pouce est en

subluxation, mais cette attitude se corrige facilement. Les

réflexes sont très prononcés. Le membre est en imminence

de contracture.

Membres inférieurs. - L'asymétrie est également très

apparente, mais les lésions sont moins accusés. ? ? : ,

Membre gauche. - *Pas d'atrophie des masses musculaires,

pas de pied bot. Réflexe rotulien très fort et un peu de trépi-

- - Description des membres.1 : - 75

dation spinale à certains moments. Il est difficile de- se rendre

compte de l'état de la sensibilité à cause delà faible intelligence

de la malade ; en tous cas elle est obtuse. : ' ' Mensuration des membres.

76 Idiotie et hémiplégie spasmodique.

la cuisse et de la cuisse sur le bassin, doivent-ils vaincre une

certaine résistance ; mais ils se font complètement. Réflexe

rotulien exagéré. La percussion, souvent répétée, amène une

véritable tétanisation de la jambe. Il existe également de

la trépidation épileptoïde, difficile à trouver à cause de

l'état de contracture du membre. On la trouve cependant

dans certaines positions du pied. Contractions idio-muscu-

laires. Pas de tremblement ni d'incoordination lorsque la

malade soulève sa jambe au-dessus du plan du lit. Peau des

extrémités froide et cyanosée, sans présenter de troubles

trophiques.

Grez... ne comprend que les questions simples et ne recon-

naît que les objets d'un usage très courant. Très indifférente

à tout ce qui se passe autour d'elle, elle paraît heureuse

quand ses parents viennent la voir et sourit lorsqu'on lui

fait des caresses. Elle ne peut s'habiller seule et aime qu'on

s'occupe d'elle. Elle mange assez proprement. Il lui arrive

très souvent de faire sous elle, aussi bien le jour que la nuit.

- La température rectale prise matin et soir durant les cinq

premiers jours a oscillé entre 37° et 31°.4.

Traitement. - Huile de foie de morue, sirop d'iodure de

fer ; école et gymnastique.

1898. 4 janvier. Revaccinée sans résultat.

24 janvier. Après avoir passé une nuit agitée, elle refuse

de manger. Paraît très fatiguée et abattue. Pas de fièvre.

Entre à l'infirmerie et prend 15 gr. d'eau-de-vie allemande.

1er février. - Refuse toujours de manger. On est obligé de

lui faire boire du lait au verre. Elle est toujours abattue.

T. R. 38°. Rien à l'auscultation. L'enfant, du reste, respire

très mal et il est difficile de l'ausculter. - Régime lacté,

Tood et quinquina.

8 février. - Etat général peu satisfaisant. Mange peu, est

amaigrie et pâlie. Pas de vomissements ni de diarhée, mais

tousse fréquemment, sans expectoration. Urines normales.

- Pas de dyspnée. Pas de signes nets à l'auscultation. Mêm2

traitement et badigeonnage de teinture d'iode.

10 février. - La température est montée brusquement à

40° le soir. Le matin, elle était de 38°, 5 ; pouls rapide et

faible, avec quelques irrégularités (120). Etat général très

précaire, très affaibli, mais sans stupeur, l'intelligence n'est

pas atteinte. Pas de convulsions ni contractures, pas d'iné-

galité pupillaire. Toux fréquente, quinteuse, sans expectora-

.... Tuberculose pulmonaire. 77

J

tion. Dyspnée accusée. A la percussion, pas de foyers de

matité sous les clavicules ni dans les fosses sus-épineuses,

mais matité à la base du poumon gauche. Nombreux râles

sibilants et muqueux dans toute la hauteur des poumons. Pas

de foyer d'auscultation. Pas de souffle. Pas de diarrhée, mais

G... vomit tout ce qu'elle prend. Très altérée, demande conti-

nuellement à boire. Langue saburrale, rouge sur les bords

qui sont fendillés et desséchés. Urines rares et foncées. Pas

d'albumine. - A 10 heures du soir : même état, avec affai-

blissement plus grand. Pas de convulsions ni de contracture

de la nuque. Dyspnée plus grande. Vomit tout ce qu'elle

prend. Pouls : 130, irrégulier.

11 février. - A 5 heures du matin, l'état empira considé-

rablement et l'enfant mourut à 9 heures.

Température après décès.

78 : Idiotie ET hémiplégie spasmodique.

en détergeant la membrane avec soin, on trouve les orifices

plus ou moins nombreux qui conduisent dans les bronches

dilatées. Il s'agit très vraisemblablement de broncho-pneu-

monie avec dilatation bronchique, ayant évolué vers la for-

mation de foyers purulents. Dans le reste de poumon, on

trouve de petits noyaux ramollis. - Les ganglions du hile sont

hypertrophiés ; quelques-uns atteignent le volume d'une noi-

sette. - Coett1', Les vaisseaux de la base ne présentent rien

de particulier. Les oreillettes sont dilatées. Les parois de

l'oreillette gauche sont épaisses. Les ventricules sont rétrac-

tés, comme si la mort du coeur s'était produite en systole.

Rien de particulier aux valvules sigmoïdes, aortiques et pul-

monaires. L'orifice tricuspidien parait large. L'orifice mitral

est transformé en un infundibulum formé par les deux valves,

légèrement soudées : ) leurs commissures. Les valves sont un

peu épaissies. L'orifice n'admet que l'extrémité du petit doigt.

Il y a un certain degré de rétrécissement mitral du type pur.

Abdomen. - Pas d'épanchement péritonéal. Foie conges-

tionné présentant par places des traces de dégénérescence

graisseuse. Les deux reins sont hyperémiés. La capsule se

détache facilement. Raie, de consistance assez ferme, quoi-

que augmentée de volume. L'intestin ne contient ni vers ni

corps étrangers et ne présente aucune lésion. Appendice

cæcal 9 cent, en position ascendante. - Utérus très petit,

ovaires de la grosseur d'une petite amande.

Les muscles disséqués sur le membre inférieur droit

sont partout rouges, d'aspect normal. L'articulation du

genou correspondant, a des cartilages normaux. -

Tête. - Cuir chevelu amaigri. Le crâne, ovoïde, à

grosse extrémité occipitale, est mince, avec des plaques

transparentes au niveau de la fontanelle antérieure et tout

le long de la suture métopique, qui, d'ailleurs, est soudée.

La suture fronto-pariétale est relativement peu dentelée. Il

n'en est pas de même des sutures inter-pariétale et pariéto-

occipitales qui, elles, sont très-sinueuses. - La bosse occipi-

tale droite paraît un peu plus volumineuse que la gauche. Les

différentes fosses de la base du crâne sont symétriques.

La. 'dure- mère ne présente d'épaississement en aucun point.

Les méninges ont leur coloration et leur épaisseur naturelles.

Cerveau. HÉMISPHÈRE GAUCHE. - Face externe. Les cir-

convolutions, les plis de passage sont assez nombreux. F' et

Cerveau ; examen histologique, 79

r, sont assez régulières, F' se dédouble dans son tiers pos-

té rIeur, r,'37-est assez sinueuse. Rien de particulier à noter sur

les deux tiers inférieurs de FA. Son tiers supérieur est le

siège d'une atrophie manifeste qui s'étend en arrière du

sillon de Rolando, sur le tiers supérieur de PA et sur la par-

tie antérieure du lobule paracentral. - La scissure de Sylvius

est d'apparence normale. Il en est de même du sillon de

Rolando. - Le lobe pariétal supérieur est atrophié dans sa

partie antéro-supérieure sur une surface d'environ 3 centi-

mètres carrés. Les lobes occipitaux et temporaux n'offrent

wmevcroscopicluement rien à signaler. Il en est de même de

l'insula.

Face interne. - Elle n'est pas morphologiquement nor-

male. Une scissure longitudinale dédouble Fi. Le lobe

paracentral est atrophié assez nettement et il forme une

concavité inférieure où vient se loger une anse émanant de la

circonvolution du corps calleux. Les circonvolutions sont

plus grêles que du côté opposé.

Hémisphère cérébral droit. Les circonvolutions de

cet hémisphère sont notablement plus. volumineuses que

celles de l'hémisphère gauche. Le lobe frontal p'a aucune

disposition anormale, si ce n'est une petite circonvolution

supplémentaire située entre F2 et F3 qui fait une sorte de

dédoublement de F2. FA est atrophiée à sa partie toute supé-

rieure et interne. - Rien au niveau de PA ni des lobes

pariétaux, occipitaux et temporaux, ni au niveau de l'insula.

La base de l'encéphale n'offre rien à relever.

Sur les coupes, on ne voit rien de particulier. Les ventri-

cules ne sont pas dilatés. Des deux côtés, les noyaux gris

centraux sont normaux et dans leur proportion réciproque. La

substance nerveuse n'est pas. indurée ct la substance grise

corticale a une épaisseur normale. - Protubérance, bulbe,

pyramides, cervelet, rien.

La pie-mère s'est partout enlevée facilement. Elle; était

légèrement épaissie sur les trois circonvolutions frontales,

sans qu'il y eut des adhérences.

Examen microscopique, par M. CESTE. On ne constate rien

d'anormal dans la moelle et le bulbe par la méthode de Wei- >-

gert-Pal et les faisceaux pyramidaux ne sont pas diminués

de volume. Le picro-carmin révèle une légère hyperplasie

névroglique du faisceau pyramidal droit, mais sans dispa-

rition des tubes nerveux, sans épaississement des parois.

80 IDIOTIE et hémiplégie spasmodique. ' :

vasculaires, sans diminution du nombre des fibres nerveuses.

La méthode de Nissl prouve que les cellules des cornes anté-

rieures sont normales. Pas de lésions par la méthode de Mar-

chi.

Poids des organes.

HÉMIPLÉGIE SPASMODIQUE. 81

après la naissance, on a remarqué que le bras droit

était paralysé. La dentition a été un peu retardée ;

l'enfant n'a jamais marché seule, ni parlé et a toujours

été gâteuse quoiqu'un peu moins à l'entrée, de sorte

que tout semble indiquer que l'idiotie est congénitale.

n'ous ne saurions affirmer qu'il en est de même

de l'hémiplégie. Cela serait toutefois probable,

si, comme on nous l'a dit, l'enfant n'a pas eu de con-

vulsions, ce qu'on ne peut affirmer en raison de son

séjour en dehors de la maison maternelle.

III. Nous n'insisterons pas sur l'idiotie, qui

se présentait sous une forme prononcée : absence

d'intelligence, indifférence à tout ce qui se passe

autour d'elle, incapacité de s'habiller seule, gâtisme,

parole presque nulle, etc.

IV. Au point de vue de l'hémiplégie spasmodique,

les symptômes sont également très nets : Tout le

côté droit est atrophié. Le membre supérieur droit

présente, en outre, un état spasmodique qui remplace

tous les segments don il se compose dans la demi-

flexion : avant-bras un peu fléchi, poignet fléchi, les

deux premières phalanges relevées, le pouce en

sub-luxation. Les réflexes sont très prononcés. Le

membre est en imminence cle contracture.

Le membre inférieur corespondant offre, mais à un

moindre degré, les mêmes caractères. Les mouvements

provoqués de la cuisse sur le bassin, de la jambe sur la

cuisse, du pied sur la jambe, doivent vaincre une

certaine résistance;. Le pied est en varus équin.

Réflexes exagérés, trépidation épileptoïde, état de

contracture du membre. La marche est difficile.

Grez.... avance lentement, en s'appuyant contre les

murs, et ne peut ni monter ni descendre les

escaliers. Il faut la soutenir sous les hras.

Bourneville, Bicêtre, 1899. 6

82 Atrophie CLItI : I31t : ILG.

V. A l'autopsie nous avons trouvé une atrophie mani-

feste du tiers supérieur de FA., atrophie qui s'étend en

arrière du sillion de Rolando, sur le tiers supérieur cle

PA et sur la partie antérieure du lobule paracentral.

Cette atrophie de la partie supérieure de la frontale

ascendante, mais bien moins prononcée, se retrouve

sur l'hémisphère gauche.

VI. En comparant les symptômes observés pen-

dant la vie aux lésions constatées à l'autopsie, nous

pouvons rattacher l'hémiplégie à cette atrophie céré-

brale, l'idiotie au peu de développement des lobes

frontaux.

V.

, De l'hystérie mâle de l'enfance; -

Par BOURNEVILLE et J. BOYER.

Les deux cas d'hystérie mâle.de l'enfance que'nous

allons rapporter, observés à l'INSTITUT médico-péda-

GOGIQUE, s'ajoutent à ceux que l'un de nous a déjà

publiés. Ils se sont terminés par la guérison, en un

temps irelativement court, comme les autres, et

méritent, à plusieurs égards d'attirer l'attention de'

nos lecteurs. ,

Observation I. - Hystérie avec affaiblissement momentané de

l'intelligence.

SOMMAIRE, - Père, excès de boissons, mort à trente-huit ans

d'une maladie de poitrine attribuée à l'alcoolisme, - Pas

de renseignements sur la famille paternelle. - Mère, ner-

veuse, morte à trente-deux ans d'une affection cardiaque.

- Grand'mère maternelle, crises nerveuses, congestion

cérébrale. -Pas d'autres renseignements sur la famille

maternelle. - Frère arriéré. - Autre frère très nerveux.

- Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de six ans.

Conception et grossesse : désaccord dans le ménage.

Naissance, rien de particulier. Aucun détail'sur b'évolu- :

Monp/n/stque. Pas de convulsions. - Intelligence nor-

malle. - Début des attaques en octobre lob97. - Affaiblis-

sement simultané de la mémoire, déchéance intellectuelle,

embarras de la parole, peurs exagérées et sans motif.

Description du malade à treize ans. - Traitement médico-

pédagogique. - Disparition des attaques. - Amélioration z

progressive de l'état .intellectueletmoral. - Guérison-.

81 Hystérie mâle de l'enfance.

F... (Gabriel), né il Villcrs-Cotterets, le août 1885, est

entré à l'Institut médico-pédagogique le 9 février 1898.

Antécédents {Renseignements fournis par la grand'mère

paternelle et par le médecin de la famille). - Père négociant

en vins, excellent sujet, mais à la suite de contrariétés, s'est

mis à boire. Il n'a jamais pu s'accorder avec sa femme. Mort

à trente-huit ans d'une; maladie de poitrine causée, dit-on,

par l'alcoolisme. Dans les derniers temps il était très exalté.

- Grand'père paternel aucun rcnseignement. -Gra7cl'mène

paternelle, soixante ans, bien portante, intelligente, nerveuse.

- l'as d'autres renseignements sur la famille paternelle.

Mère, « névropathe des plus accentuées», sans cependant

avoir des attaques de nerfs. Caractère peu commode. Morte

onze jours après son mari d'une affection cardiaque iL trente-

deux ans. - Grand'père maternel aucun renseignement.

Grand'mère maternelle encore vivante, a des crises conuul-

sives qui durent quelquefois deux heures ; elle a toujours été

malade, a eu récemment une congestion cérébrale. - Un

frère bien portant, sobre. Pas d'aliénés, etc., dans la famille.

Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de six ans, père

plus âge.

Quatre enfants : 1° Garçon de dix-sept ans et demi : « le

pauvre enfant est bien de corps, mais il est arriéré, c'est un

véritable enfant ; ce n'est pas un déséquilibre, mais c'est un

sujet à cases vides ; » - -;0 Garçon, mort d'une bronchite, pas

de convulsions ; 3° Notre matade ; li,, Garçon, huit ans,

intelligent, a très souvent des cauchemars, « c'est aussi un

candidat aux troubles nerveux ».

Notre malade. - Au moment de la conception, et durant

la grossesse, désaccord dans le ménage. Pas d'autres détails.

- Accollchement à terme, naturel, par la têic ( ? ). - A la

naissance, rien de particulier. - Jamais de convulsions. -

Aucun détail sur l'évolution physique et intellectuelle de l'en-

fant. Il n'aurait rien présenté d'insolitejusqu'cn octobre 1897,

il était même très intelligent. A cette époque (rentrée des

classes) Gabriel se figure qu'il ne peut suivre la classe où on

l'a placé au collège de Soissons. La vue de son professeur

qui avait, nous dit-on, la voix brève et les yeux méchants

l'effraie au point de déterminer chez lui une violente

crise nerveuse qui dura de huit heures du matin a dix heu-

res. On nous a affirmé qu'il n'y a eu aucune violence exercée

vis-à-vis de l'enfant. A partir de ce moment, Gabriel à la

Antécédents. 85

moindre contrariété, au moindre ennui (leçon non suc, devoir

non fait) a des attaques de durée variable. Il en a eu jusqu'à

neuf par jour. La grand'mère paternelle, qui l'a gardé à sa

charge, a dû le retirer du collège. En même temps l'enfant

devient de plus en plus énervé, on constate un affaiblisse-

ment de la mémoire et de l'intelligence. - Le Dr Mouflier

conclut il l'hystérie. Ce diagnostic est sanctionné par M. le Dr

Gilbert Ballet qui voit le malade et conseille son placement

dans un établissement spécial. La crainte de quitter sa

famille provoqua chez l'enfant une rémission ; mais pendant

le temps qu'elle dura, Gabriel se mit à bégayer et le bé-

gaiement ne disparut qu'il la réapparition des attaques.

Dans l'impossibilité de garder plus longtemps l'enfant avec

elle, la grand'mère le conduit à l'Institut médico-pédago-

gique. ,

Etat A l'entrée. - a) État physique. - La physionomie

parait intelligente, très éclairée. Les cheveux sont blonds,

assez épais, plutôt raides, bien plantés, sans épis, n'empié-

tant pas sur le front, limités régulièrement.

Le crâne est ovoïde, peut-être un peu plus fort à droite

qu'à gauche. Le front est assez large, haut, un peu bombé,

les bosses frontales sont saillantes et rapprochées, légère

dépression au-dessus des arcades sourcilières, qui forment

une saillie assez prononcée ; les sourcils sont très blonds,

peu épais, il peine visibles surtout aux extrémités externes,

solution de continuité ; les paupières sont boursouflées, sur-

tout la paupière supérieure et présentent un fort ourlet qui

s'étend jusqu'aux commissures externes; les cils sont châtains,

longs, fournis aux paupières supérieures, plus blonds, courts

et clairsemés aux paupières inférieures ; les yeux sont gros,

saillants, l'iris gris marron, la pupille dilatée en face la

lumière. La racine du nez est large, le 2e court, légèrement

relevé, les narines visibles de face, elliptiques, celle de droite

un peu plus ouverte, les ailes peu dessinées. Les pommettes

sont saillantes et colorées ; la lèvre supérieure est large et

saillante ; la lèvre inférieure déborde sur la supérieure ; la

bouche est un peu large (55 millimètres) le palais est un peu

ogival ; les dents sont assez régulièrement plantées, les inci-

sives médianes supérieures larges, en fer de bêche; l'incisive

latérale droite s'imbrique sur l'incisive voisine, la canine

supérieure droite; ne fait que; pointer, la mâchoire inférieure

ne présente rien de particulier. Le menton est rond. Les oreilles

sont égales et symétriques (longueur 6 centimètres), décol-

86 Hystérie mâle de l'enfance.

lées, l'ourlet est très accentué, le lobule non adhérent. L'en-

semble de la face présenle une légère asymétrie, le côte droit

est un peu plus fort et lorsque l'enfant rit la commissure

labiale gauche se relève un peu; le visage est rond ; la peau

est fine.

Le cou est moyen, circonférence médiane, 32 c. 5.

Le corps tout entier est bien proportionné, un peu bouffi ;

la musculature est ferme. Le thorax est un peu aplati, la

région pectorale peu développée, le dos un peu rond, la

colonne vertébrale rémunère. le ventre assez gros. Les

membres ne présentent rien de particulier.

Puberté : pénil glabre, ainsi que les aisselles et le corps

tout entier. Bourses pendantes, de niveau. Testicules égaux

de la dimension d'un oeuf de merle ; verge normalement déve-

loppée,ciroonfi,rence, 4 centimètres, longueur, 4 centimètres :

prépuce un peu long, gland découvrable, méat normal ; anus

glabre.

b) Etat physiologique. - L'enfant est très actifet bruyant ;

tous les mouvements articulaires s'exécutent normalement.

Dans la station debout, l'attitude assise, la marche, tendance

à se voûter. Lorque Gabriel a eu plusieurs attaques consécu-

tives, il marche les cuisses serrées l'une contre l'autre, les

genoux se touchant , à ces moments les articulations du

genou et de la hanche ne peuvent, même passivement, exécu-

ter que des mouvements très limités. - Organe des sens : .'

vue, myopie assez prononcée, à la distance d'un mètre ne

peut lire des lettres de 3 centimètres de long ; l'oeil gauche;

est plus faible que J'ccil droit ; l'ouïe, normale il droite, est

faible à gauche ; rien à signaler sur le toucher, le goût et

l'odorat. - La parole est libre ; rire très facile.

Les fonctions digestives s'accomplissent normalement. Rien

à l'auscultation des poumons et du coeur; le foie déborde

légèrement les fausses côtes.

Clou hystérique très prononcé; 1' : lchia/a ie très accusée de la

septième cervicale il la dernière lombaire; point hystérique

au niveau de la septième dorsale ; zone hystérique au niveau

des flancs et au-dessus des aines.

La sensibilité à la chaleur, au frôlement, au pincement, est

conservée et égale des deux côtés. Sensibilité au chatouille-

ment un peu exagérée.

c) État psychologique. - L'intelligence par.ut d'abord de

force moyenne ; en observant l'enfant, dans l'exercice de ses

facultés intellectuelles, on sont qu'il y a chez lui, sinon

Description du malade. 87

déchéance, au moins un peu d'obnubilation dans les idées.

La nature de ses fautes d'orthographe, de ses erreurs de cal-

cul, fait supposer que l'enfant a oublié beaucoup de ce qu'il

savait. C'est ainsi qu'il a la notion des règles d'accord, mais

qu'il les applique il tort et à travers ; de; même en arithmétique,

il commence une multiplication, mais est incapable de la

mener jusqu'au bout. Ne connait absolument rien en histoire

et en géographie ; la nous nous trouvons encore en présence

d'une perte de mémoire, puisque, d'après sa grand'mère,

en juillet U89ï, Gabriel aurait pu subir avec succès les épreu-

ves du certificat d'études primaires. - L'attention est de

peu de durée, la rél1exion impossible, la mémoire comme

engourdie, l'imagination paresseuse. Un peu d'incohérence,

beaucoup de naïveté dans le jugement et le raisonnement.

d) Etal instinctif et moral. - Gabriel est plutôt gai, aime

la société de ses maîtres et de ses camarades avec lesquels

il joue peut-être un peu trop bruyamment. Instinct de la

conservation exagéré, a peur de l'obscurité, du moindre bruit

insolite. - Taquin, mais sans méchanceté. - Bavarde sans

cesse, tendance il semer la discorde entre ses camarades.

Très expansif. A la notion du bien et du mal ; rien d'exa-

géré dans ses pratiques religieuses. Onanisme supposé. -

Il est assez ordonné, a soin de ses affaires, respecte celles

des autres. - Volonté plutôt active mais facile il entraîner.

Description d'une attaque. - Gabriel est debout adossé

au chambranle d'une porte, tout à coup, sans cri initial, sans

aura, le corps se raidit dans l'extension la plus prononcée,

les bras se collent contre le tronc, la face se congestionne,

les traits se crispent, les yeux sortent de l'orbite, restent

grands ouverts, la pupille se dilate au point que l'iris ne

forme plus qu'une zone presque imperceptible. Comme le

corp se penchant vers la gauche menace de tomber, on étend

le malade de tout son long à terre. Mouvements tétaniformes

limités aux membres supérieurs, se produisant toutes les

douzes ou duinzes secondes. Les mains sont fermées, le

pouce eu dedans. Une bave mousseuse très abondante,

formant comme une petite noix, s'échappe par intermittence

de la commissure labiale gaucho. On l'essuie et elle se repro-

duit à intervalles rapprochés. La tête et le regard sont

légèrement tournés à gauche. Le corps est raide, on le

soulève en entier, en prenant les deux pieds. Tendance à

l'incurvation des reins, on peut passer la main entre le sol

88 Hystérie .mâle de l'enfance.

et les fesses de l'enfant. A mesure que l'attaque se continue,

la face tout en restant congestionnée se couvre de sueurs,

les yeux se remplissent cle larmes. Les paupières restent

immobiles même si on fait passer un objet devant les yeux.

L'attaque proprement dite a duré dix-huit minutes. Puis

Gabriel, après avoir eu une demi-minute, une expiration

sifflante s'est mis à respirer bruyamment et la rigidité a cessé

aussitôt. L'enfant reprend en partie connaissance, il peut

nous dire qu'il souffre un peu de la tête. Le corps est affaissé

comme brisé de fatigue. Il ne fait aucun mouvement. Cinq

minutes après, sans que l'enfant perde connaissance à nou-

veau et que son corps se raidisse, les membres supérieurs se

projettent en avant dans une secousse tétaniforme en même

temps que la face reprend la physionomie do l'attaque. Les

bras restent quelques secondes raides mais la main est

ouverte, les doigts écartés ; si on les fait se rapprocher ils

s'écartent de nouveau dès qu'on ne les maintient plus. On a

pu compter jusqu'à treize de ces secousses se reproduisant à

peu près à cinq minutes d'intervalles. Quelquefois elles sont

accompagnées d'un coup de tête en avant; assis l'enfant ne

tombe pas, mais debout, il fait plusieurs pas en avant, le tronc

très incliné, on doit le soutenir pour éviter une chute proba-

ble.

Traitemrnt. - Bain toutes les semaines, douche froide sur

le dos jusqu'au 15, et douche complète à partir du 16, tous

les jours; gymnastique, travaux scolaires et manuels, traite-

ment moral.

Février. - Le 10, trois attaques. - Le 43, une (décrite

ci-dessus). - Le I trois. - Le 15, deux. - Le 17, deux.

Le 18, doux. - Toutes ces attaques ont présenté les mêmes

caractères que celle du 13. Les dernières ont montré quelque

différence dans la période de résolution. Au lieu des secous-

ses tétaniformes qui marquaient la .seconde phase de l'atta-

que, nous constatons après plusieurs cris de joie alternant

avec des pleurs et des gémissements plaintifs, de véritables

mouvements coordonnés. Gabriel prend son mouchoir des

mains de l'infirmier, le plie en triangle, place sur la table

et appuie son front dessus ; dans un mouvement involontaire,

il le fait tomber à terre, le ramasse aussitôt et le remet en

place : on l'appelle;, il ne répond pas, les paupières se ferment

si on fait passer un objet devant les yeux. - Le; 19, l'enfant

se plaint toute; la matinée de ressentir, au niveau de l'épigas-

tre, la montée d'une boule qui lui donne l'angoisse de

l'étouffcmcnt. Quelques heures après, attaque.

Description des attaques. 89

Le 27, deux attaques; elles se sont succédé à une demi-

heure d'intervalle. La première a duré cinquante minutes :

le début a été semblable à celui des autres ; au bout de cinq

minutes inhalations d'ëther. La raideur persiste, la face

reste convulsée, mais les mouvements des bras se produisent

à intervalles très éloignés. On cesse l'inhalation au bout de

dix minutes, la raideur du corps ayant disparu. Gabriel se

replia sur lui-même, puis brusquement projette les jambes

et les bras de tous côtés et renverse la tête en arrière ;

à diverses reprises l'incurvation de corps est très nette.

Le malade essaie de mordre tout ce qui est à sa portée, ses

propres mains, ses bras, la jambe de l'infirmier, une serviette,

etc. Il fait les mouvements d'une personne qui se défend et

qui attaque, les poings sont fermés, l'avant-bras replié sur

le bras, la physionomie exprime tanlôt la frayeur, tantôt la

colère ; il ne bave plus. La deuxième attaque a présenté les

mêmes caractères en raccourci ; durée, dix minutes. - Le 28,

une attaque; dans la période de résolution, Gabriel tout en

poussant des cris de joie essaie; de rapprocher ses deux mains

dont il tient les doigts écartés comme [s'il voulait les frotter

l'un contre l'autre ; mais on dirait qu'un obstacle s'oppose à

leur contact. - Toutes les fois qu'il y a eu attaque dans la

journée, la nuit l'enfant est très agité, il paraît avoir des

cauchemars, cause à haute voix, mais on ne comprend pas

ce qu'il dit. - Dès le mois de février on le fait travailler on

classe aussi régulièrement que le; permet son état.

Mars, - Même traitement. - Onze attaques en tout.

Durée moyenne quatre minutes. La rigidité est beaucoup

moins accentuée. A la fin du mois de mars le malade est

capable de faire correctement la suspension à l'échelle con-

vexe et horizontale, et tous les mouvements d'ensemble. -

En classe il acquiert de nouveau ce qu'il avait oublié :

l'orthographe est meilleure, les devoirs de style possibles,

il a réappris la multiplication et la division. Moins taquin

avec ses camarades.

Aci'il. - Le 4«, sorte de vertige caractérisé par la fixité

du regard, durée dix secondes. - Le 5, attaque complète,

durée vingt minutes. - Le 21, sommeil agité, l'enfant s'est

levé en dormant, a traversé sa chambre, a été dans la pièce

voisine, a essayé de monter dans le lit d'un camarade, puis

est retourné à son lit. Il a dormi ensuite paisiblement. -

La déchéance; intellectuelle paraît enrayée ; Gabriel travaille

de mieux en mieux en classe; il fait de petits problèmes et.

possède des notions élémentaires de géographie.

90

IITST)JRIE MALE DE L'ENFANCE,

mais Le 19, hoquet au moment de se coucher, pendant

une heure. - Le 21, petit accès de tristesse qui a duré deux

heures; l'enfant s'était taquiné avec un de ses camarades.

- La mémoire revient, l'enfant peut apprendre de petits

morceaux de récitation. - La marche est maintenant nor-

male. On constate la disparition du clou et des zones hysté-

riques ainsi que de la rachialgie.

Juin. - Aucun accident nerveux. Les progrès en classe

et en gymnastique continuent. Dans se conversations

l'enfant fait preuve d'esprit de suite et de jugement. N'a

plus peur de l'obscurité. L'impressionnabilité s'est fortement

atténuée.

Juillet. - Aucun accident nerveux. Persistance de

l'amélioration intellectuelle. Gabriel a acquis quelques

notions d'histoire et de sciences naturelles.

Le 8 août, l'enfant quitte l'Institut médico-pédagogique.

Hystérie mâle de l'enfance. 91

qui se sont occupés de lui. Une tante maternelle, que nous

avons vue le 6 octobre 18 ! 1 ! l, confirme ce qui précède et dit

que Gabriel a toujours pris des douches. Même attestation

dans une lettre de sa grand'mèrc du 7 octobre.

Réflexions. I. L'hérédité de l'enfant est chargée :

le père est un alcoolique, la mère une névropathe, la

grand'mère maternelle a des crises convulsives. Cette

hérédité'1 a également touché les deux frères du malade,

dont l'un est arriéré et l'autre très nerveux. --

Les antécédents personnels se bornent à l'état de ner-

vosité dans laquelle se trouvaient le père et la mère,

au moment cle la conception et cle cette dernière

durant la grossesse.

II. Les stigmates de dégénérescence physique sont

peu importants : une légère asymétrie de la face et

du crâne. A retenir cependant la faiblesse de l'oeil et

de l'oreille gauches.

III. Nous nous trouvons bien en présence d'un cas

d'hystérie mâle, très caractérisée : clou hystérique,

rachialgie, zones hystérogenes, attaques bien définies.

IV. La maladie débute à douze ans, et provoque un

affaiblissement de la mémoire et de l'intelligence, ce

qui est rare dans l'hystérie, en même temps qu'un état

de nervosité qui rend l'enfant insupportable. Une

période de rémission incomplète nous montre le

bégaiement venant, pour ainsi dire, remplacer les

attaques, et leur céder la place dès qu'elles se repro-

duisent.

V. Sous l'influence du traitement méclico-péclago-

gique, l'activité se règle, les attaques diminuent et

disparaissent, la mémoire se raffermit, l'intelligence

réapparaît et le malade réapprend ce qu'il avait perdu.

92 Hystérie mâle DE l'enfance.

Il devient capable d'un travail intellectuel et physique

assidu, il retourne au collège, et, tout nous permet de

croire qu'il y a eu guérison, car les attaques n'ont

pas reparu depuis mai 1898. '

OBS.- II. - Hystérie mâle de l'enfance. - Somnambulisme.

Arriération intellectuelle.

Sommaire. - Père, rien de particulier, renseignements

insuffisants sur sa famille. - Mère, rien noter. Grand-

père maternel excentrique, très alcoolique, mort de ses

excès. Grand'mère maternelle morte d'un cancer du

sein. - Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 10

ans. Conception, grossesse, accouchement, rien d'anor-

mal. Élevé au biberon avec du lait et du vin. - Habi-

tudes alcooliques. - Premier accident nerveux à 12 ans

1 J2 à la suite d'une émotion et après un festin chez son

oncle. - A toujours été en retard au point de vue intellec-

tuel, écolage difficile. - Vingt crises nerveuses en 1895-

1896. - Rémission de deux mois. - Février 1897, nou-

veaux accidents coïncidant avec une forte émotion. Des-

cription du malade à douze ans et demi. - Légers signes

de dégénérescence [asymétrie crânienne, etc.) Traitement

nédico-pédagogir2ce. - Disparition des attaques. - Som-

zxambulisnze. - Amélioration progressive de l'état intel-

lectuel et moral. - Guérison.

S... (R...), né le 7 novembre 1882, est entré à l'Institut

médico-pédagogique le 10r mai 1897.

Antécédents. - Père, soixante-deux ans, en bonne santé,

grand et fort, intelligent, cultivateur. Aucun renseignement

sur la famille du père. - Mère, cinquante-deux ans, bien

portante, pas de migraines, non nerveuse. - Grand'père

maternel, alcoolique et excentrique ; « en était arrivé à boire

de l'eau de vie à plein verre ; » mort de ses excès de boisson..

- Grand'mère maternelle, morte à cinquante ans d'un can-

cer du sein.

Pas de consanguinité ; inégalité d'âge de dix ans ; le père

et la mère sont du même pays.

Deux enfants : 1° une fille âgée de dix sept ans, intelligente,

bien-portante, pas de convulsions ; 2° notre malade.

Antécédents personnels. 93

Notre malade. - Conception, grossesse, accouchement et

naissance, rien de particulier. Elevé au biberon avec du

lait et du vii : « c'est du reste l'habitude de notre pays(1) où

l'on fait boire aux nourrissons du café, du cidre et même un

peu d'eau de vie. » L'enfant a eu un développement physique

normal ; pour la marche et la parole, on a cependant constaté

un léger retard ; il a été propre (le très bonne heure ; la den-

tition s'est effectuée régulièrement et sans accident. Pa8 de

convulsions ; pas de fièvre infectieuse, sauf une varicelle à

sept ans. - R... a été mis en classe au village ; « n'a jamais

eu de facilité a a toujours été en retard pour son âge.

Début de la maladie actuelle à douze ans et demi (mai 1895).

- Auparavant on avait constaté que l'enfant avait souvent

des cauchemars ; une fois même en 1892 il serait tombé du

lit. En mai 1895, l'enfant, en allant chez son oncle en voi-

ture a failli verser : le soir même, après un repas d'une abon-

dance exagérée, lt... a eu un cauchemar ; il a crié au feu, au

voleur, s'est débattu sur son lit, et comme on ne parvenait

pas à le réveiller un médecin fut appelé. On a dit le lende-

main au père que R... avait eu une forte crise nerveuse, et

qu'il ne fallait plus lui donner d'excitants. L'enfant était

abattu ; on avait dû le ramener chez lui en voiture ; il s'est

montré toute la journée très énervé. Comme il paraissait en

même temps fatigué, on le coucha de bonne heure et il dor-

mit toute; la nuit. - Mis en pension, il ne put y rester il cause

de ses accidents nerveux qui se produisirent environ une

vingtaine; de fois dans le courant de l'année scolaire 1895-

1896. - En décembre 189G et en janvier 1897, on constate une

rémission. En mars 1897, 12... eut peur d'un chien qui aurait

essayé de le mordre. D'après les parents, consécutivement à

cetto frayeur, les accidents nerveux auraient recommencé

et plus fréquemment : quatre ou cinq crises de mars au pre-

mier mai 1897, date de son entrée à l'Institut médico-péda-

gogique.

R... n'avertit pas : il tombe brusquement à terre comme

foudroyé en poussant un cri de terreur. La tête se rejette en

arrière, les yeux se portent en haut, les membres se; raidis-

sent, la respiration devient difficile ; pas de stertor, pas de

bave ni de salivation, pas de morsures, quelquefois miction

involontaire. Durée de la crise de trois à cinq minutes.

Assoupissement consécutif, puis l'enfant se réveille brus-

(1) Département de la Manche.

94 Hystérie mâle de l'enfance.

quement et demande qu'est-ce qui vient de se passer. Il se

rendort pendant cinq minutes et se redresse lui-même comme

s'il n'avait rien eu. Pas de dépression consécutive ; l'enfant

parait cependant plus énervé. Les parents ont remarqué que

lorsqu'il est sur le point d'être malade R... agace tout le

monde, et que le tic qui consiste; en un clignotement des pau-

pières est plus accentué dans ces moments là. La famille ne

peut dire si ce tic date du début de la maladie. lt... prétend

qu'il l'a depuis quatre ans, par conséquent qu'il en était

atteint avant d'être malade. 11 ajoute même que ses camara-

des le faisaient enrager à cause cle ses grimaces. Après les

crises il est plus docile, « plus gentil. »

Depuis l'apparition des accidents, l'enfant ne va plus en

classe , sa soeur a essayé de; le faire travailler mais sans

réussir car elle n'avait aucune autorité sur lui.

Un médecin, parent de la famille, qui n'avait jamais assisté

il une crise, nous l'avait signalé, il tort, comme épileptique,

ainsi qu'on le verra par la suite.

Le père attribue la maladie de l'enfant il la peur signalée

plus haut et à l'appétence naturelle que R... a ioujours mani-

festée pour les boissons alcooliques. « Il faut le surveiller,

dit-il, pour l'empêcher de boire du cidre', il on boit trois fois

plus que moi ; il lui en faut un litre par repas. »

Etat du malade ri sou entrée ;i l'Institut lIIérlico-pélla[/ooi-

que le ler mai 1897. - a) Etal physique. - La physionomie

parait plutôt intelligente. Les cheveux sont blonds, assez

épais, un peu raides, n'empiétant pas sur le front ; leur déli-

mitation est régulière. Le front est assez découvert, de forme

normale, la bosse frontale droite est un peu plus saillante que

la gauche, au contraire la bosse pariétale droite est légère-

ment déprimée par rapport à la gauche; l'occiput est peu

saillant, pas d'asymétrie sensible il son niveau. Les arcades

sourcilières sont un peu proéminentes, sans dépression voi-

sine, celle de gauche plus déprimée. L'ensemble de la face

présente une déviation vers la gauche, le sourcil droit est plus

arqué que le gauche, la joue droite est un peu plus dévelop-

pée que la gauche, la ligne de la bouche se; relève un peu a

gauche, la ligne médiane du nez accuse également une légère

déviation du même côté. Les sourcils, châtain blond, assez

fournis, offrent une solution de continuité. Les yeux sont

assez ouverts, iris bleu. Les paupières supérieures présen-

tent un pli régulier au niveau des cils qui sont longs et plus

foncés que les sourcils ; les cils des paupières inférieures

Description DU. MALADE. 95

sont moins longs et plus blonds ; la paupière de gauche est

un peu plus incurvée; que celle de droite. Presque pas de

dépression iL la racine du nez. Le nez est moyen, légèrement

relevé, les ailes sont assez bien dessinées, les narines visibles

de face sont symétriques et en croissant. La lèvre supérieure

est épaisse et en saillie ; un léger duvet très blond la recou-

vre ; la lèvre inférieure est un peu en retrait ; les muqueuses

sont iL peine colorées. La bouche est moyenne, la langue un

peu épaisse et assez mobile ; la voûte palatine est ogivale,

les amygdales dépassent un peu les piliers, les dents sont

irrégulièrement plantées, surtout celles de la mâchoire supé-

rieure ; la plupart sont en dehors de l'axe, et profondément

cariées. - Le menton est rond, le sillon mentonnier bien

arqué. - Les joues sont assez pleines. - Les oreilles un peu

fortes, sont de même longueur (7 cm.), fortement décollées;

le lobule est moyen et non adhérent.

Le cou est normal, circonférence médiane 30,5. - La poi-

trine est un peu plate au-dessous des clavicules, très bombée

il la partie moyenne; du sternum ; dépression latérale au-

dessous des seins des deux côtés ; circonférence au niveau

des aisselles, î'i cm. ; au niveau des mamelons, 80,5 ;

au niveau du nombril, 83.

Les membres supérieurs sont longs et grêles, mais symé-

triques. Les mains sont d'apparence normale, les doigts sont

longs, cyanoses, l'annulaire des deux mains est court; les on-

gles sont normaux : ;onychophagie. Les membres inférieurs

sont assez bien conformés, le deuxième orteil du pied gauche

présente une nodosité très accentuée au niveau de l'articula-

tion phalangino-phalangienne ; la même anomalie se présente

au pied droit, moins accentuée cependant, probablement

à cause d'une sorte de contracture du tendon correspondant.

La peau est fine, un peu halée ; quelques taches de rousseur

au niveau des joues et sur le front ; quelques t : rl;i igmett-

taures sur la joue gauche ; verrue sur l'épaule gauche, nævus

brun à la partie supérieure de la fesse gauche.

Puberté : fin duvet de' la nuque à la région lombaire, sur

la face postérieure des bras et des avant-bras, sur les cuisses

et les mollets; poils fins et courts sous les aisselles; poils

bruns, longs, abondants formant deux bouquets de chaque

côté de la racine de la verge, réunis par une bande de poils

de deux centimètres de large; les poils non frisés ont une

tendance à se diriger en haut ; poils longs peu abondants

à direction inférieure, sur les bourses. Verge un peu tordue

vers la gauche, prépuce normal, gland découvrable, smegma

96 II)TL111E MALE DE L'ENFANCE.

abondant droite de la base du gland; adhérences (1) du

gland à gauche. Bourses rétractées, testicules égaux de la

dimension d'un (eut de pie. Poils abondants au périnée et à

l'anus ; pas d'hémorrhoïdes.

Etal physiologique. - L'enfant est actif, reste rarement

en place. Se tient bien debout, la tète toujours inclinée à

gauche. Les articulations sont souples, sans craquements ;

les mouvements volontaires paraissent s'accomplir normale-

ment. lt... marche, court et saute facilement. Les fonctions

digestives paraissent s'accomplir naturellement : ; quelquefois

cependant l'enfant se plaint de douleurs d'entrailles ; tendance

à la constipation. Le sommeil est en général bon ; l'enfant

rêve pourtant quelquefois à haute voix. L'auscultation ne

dénote rien dans les poumons ; au coeur, léger souille au

premier temps à la base. Le foie; déborde un peu les fausses

côtes en avant; la rate parait grosse (1). La circulation est

défectueuse en ce sens que, après la douche, les mains restent

une demi-heure blanches et anesthésiées, la sensibilité y

étant abolie. La parole est libre. Les organes des sens ne

présentent rien de particulier. 7'ic des paupières : at certains

moments clignotement de : 10 en a0 secondes environ ; ce tic

serait plus fréquent à l'approche d'une crise. La sensibilité

générale est normale.

Etat psychologique. - L'enfant a une intelligence lourde,

comme somnolente au moins quand il s'agit des travaux

scolaires ; dans la vie pratique, tant dans sa façon d'agir que

dans sa conversation, R... parait être un enfant normal.

L'attention est chez lui de courte; durée, la moindre distrac-

tion l'interrompt; la réflexion est impossible; R... est un

instable. L'imagination est bornée, l'enfant est tout de suite

à court d'idées. Il y a plutôt chez lui association de mots

qu'association d'idées. La mémoire, surtout visuelle, est très

faible. Il n'est pas du niveau intellectuel de son âge. La lecture

est lente et monotone, l'écriture régulière mais machinale ;

les connaissances grammaticales n'ont été acquises que par

routine. R.. ne connaît que l'addition et la soustraction et du

(1) D'où la nécessité de surveiller la propreté des organes génitaux chez

les enfants, ce qui est le meilleur moyen d'éviter des démangeaisons pouvant

devenir le point de départ de l'onanisme.

(2) Cette augmentation du foie et de la rate sont peut-être le résultat des

excès de boisson de l'enfant.

Description DU malade ; traitement. 97

système, métrique n'a retenu que les mots : mètre et kilo-

gramme. Les connaissances usuelles sont limitées; R... ne

peut pas dire d'oit viennent les boissons, les tissus, etc. En

histoire de France et en géographie, il n'a en sa possession que

quelques noms sur lesquels il ne peut fournir aucun détail.

Etat instinctif el moral. - R... parait avoir un bon carac-

tère, docile aux ordres que nous lui donnons, il est poli avec

tout le monde et ne. se sert jamais d'expressions grossières.

Il se plaît aux jeux bruyants, taquine volontiers ses camarades

sans aller jusqu'à leur faire du mal; n'aime pas rester seul

autant parce qu'il a peur que parce qu'il recherche la société.

A part l'onanisme avoué, on ne constate chez lui aucune

perversion d'instinct. La volonté est faible, R... se laisse

facilement entraîner. Affectueux et non égoïste, il a la

notion du bien et du mal; ne présente aucune exagération

dans ses pratiques religieuses. En sommc bonne nature.

Traitement. Bain d'un quart d'heure tous les huit jours,

une douche complète en jet en évantail de 30 secondes tous

les jours, gymnastique, travaux manuels, travail intellec-

tuel à heure fixe, traitement moral. - On ajoute l'élixir

polybromuré d'une à deux cuillerées tous les jours, l'enfant

ayant été signalé comme épileptique, jusqu'à vérification de

la nature des crises.

Mai, - Le soir même de son entrée a l'Institut-Médioo-

pédagogique, R... a une attaque. A 9 heures du soir, il venait

de quitter la salle de jeux pour gagner le dortoir, lorsque

sans prévenir, il se renverse en arrière en poussant un cri de

frayeur prolongé. Le corps tout entier est raide, les bras sont

collés le long du corps, les avant-bras portés en avant et

croisés sur la poitrine, les poings fermés, le pouce en dehors.

La physionomie exprime la frayeur, les yeux fixes regardent

en haut, il y de l'extase dans leur expression. La rigidité

dure deux minutes, puis les paupières se referment et quel-

ques larmes coulent des commissures internes. L'enfant

reste environ trois minutes sans connaissance. On l'aide à se

relever, mais au bruit d'une allumette bougie qu'on fait

craquer à côté de lui, R... pousse un nouveau cri de frayeur,

qui n'est pas suivi de chute. Il faut cependant le monter au-

dortoir, et l'étendre sur son lit : il y reste cinq minutes, puis

se déshabille les larmes aux yeux et se couche sans autre

incident. - Dans le courant du mois, deux nouvelles atta-

ques en tout semblables celle que nous venons de décrire.

Bourneville, Bicêtre. 1899. 7

98 Hystérie vat,L de l'enfance.

Juin. - Môme traitement, et en plus deux douches par

jour. - Pas grand changement en classe. R... fait prouve

d'une véritable paresse intellectuelle, on doit revoir avec lui

les leçons élémentaire de la grammaire; il arrive à compren-

dre le mécanisme de la multiplication et de la division; iL la

lin du mois, il fait de petits problèmes sur les trois premières

opérations; il acquiert quelques notions élémentaires de

géographie et d'histoire de France. Dans le moi.s de Juin,

attaques semblables iL celles de Mai.

Juillet. - Le 7 juillet R... se plaint de lassitude générale,

de malaise; il parait toute la journée plus impressionnable

qu'à l'ordinaire : sur une observation sans importance, il se

met iL pleurer. A quatre heures et demie, étant en classe,

l'enfant se lève de son banc en poussant un cri strident,

comme s'il venait de recevoir un douloureux choc. On l'étend

à terre et aussitôt commencent dans les membres des con-

vulsions cloniques très étendues. L'enfant fait subitement et

très rapidement un ou deux tours sur lui-même en poussant

des cris aigus. Les mains saisissent dans une crispation

violente tout ce qui se trouve à leur portée. Au bout d'une

minute commence une période de rémission relative. Les

bras se croisent devant la face, comme si R... ne voulait pas

voir. Les doigts sont contractures dans la flexion complète,

les mâchoires se resserrent, les masséters saillent. La face

est congestionnée, les yeux convulsés en strabisme conver-

gent. La figure; n'est pas grimaçante; la respiration est

pénible. Au bout de deux minutes les membre se relâchent,

la respiration se fait plus aisément, l'attaque; parait terminée.

Doux minutes et demie environ après, nouveau cri strident

eu; nouvelle attaque en tout semblable iL la première, moins

prolongée cependant. En une demi-heure, nous comptons

onze cris stridents suivis d'attaque, séparées par de courtes

rémissions. A la fin de la dernière IL, se met iL pleurer. Il

ne se souvient de rien, ne sait si c'est l'heure du goûter ou

du dîner. Quand il paraît être revenu complètement il, lui,

nous l'interrogeons et voici les renseignements qu'il nous

fournit : il aurait une; aura très incomplète : il éprouverait

une sensation de strangulation et d'obnubilation de la vue

immédiatement avant chaque attaque. Il dit cependant avoir

le temps de s'écarter d'un lieu dangereux. Il perçoit vague-

ment le cri qu'il pousse et à certains instants de l'attaque il

se rend confusément compte qu'on l'entoure et qu'on parle

a côté de lui. Il verrait dans ses attaques des animaux

fantastiques, terrifiants, tels que des dragons, puis ce sont

Description des attaques. 99

des rats, clos souris qui courent autour de lui. - Toute la

soirée IL, se plainl de malaise, de lassitude dans les jambes,

et cette; fatigue, il la rossent encore le lendemain, malgré le

profond sommeil de la nuit. Diagnostic : iiystérie-épilepsie.

Le 10 juillet à ! 1 heures et demie; du soir, 1.... était couché

et endormi. Tout-à-coup il se met à crier : « Non ! ... non ! ...

je ne veux pas ! » et presque aussitôt il pousse un cri rauque

et porte vivement les avant-bras en avant et les croise

violemment sur sa figure. Il fait en même temps plusieurs 8

tours sur lui-même, puis le corps reste en spirale, la tête

tournée il droite, les jambes portées il gauche. Une rigidité

générale envahi ! le corps entier, elle est cependant plus

accentuée et plus persistante dans le cou et les bras. La

physionomie exprime toujours l'effroi, les yeux sont convul-

sés en un slabisme convergent, la bouche est ouverte, les

lèvres rétractées recouvrent les dents. De temps en temps

IL, pousse un cri semblable au cri initial et il chaque cri il

se tourne; brusquement sur le ventre, cherche se mordre

les poings, les draps ; il réussit à saisir cle ses dents la

manche de' sa chemise, il est impossible de la lui arracher.

En lui maintenant les jambe ? on sent comme un fourmille-

ment sous la peau ; si on exerce une pression, on sont sous

les doigts de 'véritables ondulations de serpent. Cette

attaque prolongée a durée une heure et demie, avec quelques

petites périodes de rémission incomplète. IL., a poussé

quinze cris, dont trois plus effrayants et plus prolongés. La

rigidité générale du corps parait se produire, comme inten-

sité et comme durée, en raison directe de la force du cri.

Tout le temps que dure l'attaque, le pouls est irrégulier,

tantôt lent, tantôt précipité et saccadé. A chaque cri. la

respiration devient haletante, pour se régulariser peu il peu.

Les mains sont plutôt fraîches, le front n'est pas chaud.

Durant l'attaque l'abdomen s'aplatit. A chaque rémission de

rigidité, les yeux sont humides, une larme perle il la

commissure interne des paupières. Xi avant, ni pendant, ni

après l'attaque nous ne constatons de miction, de défécation,

(le bave, d'érection. La liu de cette véritable; série d'accidents

hystériques a été marquée par une forte inspiration, suivie

d'une expiration bruyante : IL.. étire ses membres, se frotte

les yeux et le front, et se met il pleurer. Deux minutes après,

l'enfant paraissait endormi, lorsqu'on l'entend crier d'une

voix forte : "Laissez-moi, voleurs, assassins ! » On s'approche

de lui, on lui cause, il ue répond pas ; enfin au bout de cinq

100 111'S'l'l;Itlt : I,i,ILI : Dls L'l· : NI'e1N( : li.

minutes de repos complet, sur une demande que nous lui

faisons, il répond qu'il veut dormir et nous dit bonsoir en

nous appelant par notre; nom. La nuit a été tranquille, le

sommeil très profond.

Le; ? Il. attaque isolée, élans le genre de celle du 1er mai.

Le 28, vers 10 heures du soir, dans le lit, IL.. sans ouvrir

les yeux se met à parler à haute voix sur un ton de discus-

sion ; il s'agissait dans son rêve d'une partie; de croquet :

« A vous, Monsieur ! ... il m'a croqué ! ... tout iL recommencer

.... c'est il moi... laisse-moi jouer. » En disant ces derniers

mots l'enfant se lève brusquement, en rejetant loin de lui

ses couvertures. Il marche en raidissant le corps, se dirige

vers le lit voisin, y donne un fort coup de poing; les paupiè-

res sont baissées. Il se retourne d'un bloc, se dirige vers la

porte qui 1 essaie d'ouvrir, la frappe de coups de points à

l'ébranler, puis, comme elle; ne cède pas, il revient sur ses

pas, en évitant tous les obstacles, monte sur un lit et d'un

bond saute sur le faite d'une armoire placée il côté. Il s'y

étend et cherche à dormir, il reste étendu trois minutes

environ, puis descend, moule sur la cheminée où il s'étend

également et se redresse presque aussitôt pour aller se

coucher sur le bord d'une table à toilette sans déplacer ni

cuvette, ni pot à eau; il n'y reste épie quelques secondes,

en descend pour aller vers son lit, prend ses vêtements et

s'habille; il retourne iL la porte qu'il essaie d'ouvrir de nou-

veau ; n'y réussissant pas il retourne il son lit, se déshabille

et se couche. La durée de cet accès somnambulique a été

exactement de deux heures et demie.

Le 31 juillet Il ... a une attaque d'une durée de 15 minutes,

présentant les mêmes caractères que celles du 1 ? mai.

Août. - Dans le traitement, l'élixir polybromuré a été

remplacé par des capsules au bromure de camphre, d'une à

trois par jour; le malade continue à prendre quotidienne-

ment deux douches et à suivre : les autres prescriptions

énoncées plus haut. - L'amélioration intellectuelle et morale

s'accuse tous les jours ; le travail en classe est régulier et

plus prolongé, l'orthographe est meilleure, les lettres qu'il

.écrit de lui-même à sa famille manifestent un raisonnement

moins naïf et sont d'une facture plus correcte ; il fait de

petits problèmes ; l'attention est plus soutenue, la réflexion

est maintenant possible, et Il.. apprend des morceaux de

récitation d'une dizaine de vers. Les connaissances usuelles

s'augmentent, il s'intéresse aux leçons de choses, et retient

assez facilement les petits cours d'histoire et de géographie

Somnambulisme. 101

qu'il aime écouter. La volonté, durant ce mois, s'affermit,

elle devient capable d'un effort personnel. - lt... n'a eu

qu'une seule attaque de la durée de dix minutes environ. En

revanche, il s'est produit trois attaques de somnambulisme

dans la nuit du 7, du 17 et du 24. Dans la lu ... a

saisi une canne qu'il a fait tournoyer au-dessus de sa tète, et

a frappé du poing les personnes qu'il rencontrait dans ses

allées et venues. était, pour ainsi dire, agressif, et nous

devions éviter sa rencontre. Dans la crise somnambulique du

1 i, nous avons eu recours am inhalations d'éther ; après plu-

sieurs inspirations, fait une grimace de répulsion, flé-

chit sur ses jambes et se laisse aller comme une masse. Il est

recouché et s'endort aussitôt. Dans la nuit de 2 ont été éga-

lement faites les inhalations ci-dessus indiquées, avec le

même résultat.

Septembre. Même traitement. Pendant ce mois il ne

s'est produit aucune attaque'. Dans la nuit du 12. crise de som-

nambulisme : après une; longue promenade dans le dortoir,

de la durée d'une heure environ, R... s'est assis sur son lit,

a ouvert le tiroir de sa talMc de nuif, cl a r : m ? é tous les ohjets

qu'elle renfermait ; il paraissait chercher quelque chose qu'il

ne trouvait pas ; au bout de dix minutes, il se baisse et ramasse

un bout d'allumette et un chiffon de papier, il cherche à

tracer des bâtons, sans réussir. Nous déposons sur sa table

un crayon et une fouille de papier, il s'en empare aussitôt et

s'amuse à dessiner une devinette qu'un de ses professeurs

lui avait expliquée dans la journée. Il s'agissait de tracer six

rangées de; six bâtons, et d'en effacer six de façon que la

somme des bâtons laissés constitue tant dans le sens horizon-

tal cjuc dans le sens vertical, un nombre pair. Deux fois il

essaie de résoudre ce petit problème, et deux fois mécontent

de lui, il couvre de hachures ce qu'il vient de tracer ; il réus-

sit dans une troisième' tentative. Aussitôt après, il paraît

fatigué de l'effort qu'il vient de faire, se couche convenable-

ment dans son lit et s'endort. Durant le sommeil somnambu-

lique, IL, a toujours gardé les paupières baissées.

Septembre. Octobre et Novembre. Même traitement.

Pendant ces Irois mois il ne survient aucun accident con-

vulsif ou somnambulique. Lu ... continue il s'améliorer il tous

les points de vue. L'onanisme qui avait été, constaté et avoué

à son arrivée; il l'Institut médico-pédagogique ne se produit

plus. Sous l'influence du traitement moral, l'entant de plus

en plus accessible au raisonnemeni, tient compte; de la moin-

dre observation qui lui est faite et se garde de tout ce cju

10 Hystérie mâle de l'enfance.

pourrait retarder sa guérison : il ne cherche ni à boire ni il

revenir ses mauvaises habitudes. A la gymnastique, il va

bien aux échelles convexe et horizontale, aux anneaux ainsi

qu'aux exercices d'ensemble. En classe, il est arrivé il peu

près au niveau du certificat d'études primaires. Les parents

satisfaits des résultats du traitement nous demandent à le

reprendre à titre d'essai à la fin de Novembre.

Hystérie mâle de l'enfance. 103

s'améliorer.... il commence à prendre goût au travail des

champs, cela me donne un peu d'espoir pour lui et pour

moi. « Nous ne nous avançons donc pas imprudemment, en

disant qu'il y a eu guérison.

Réflexions. I. L'hérédité directe de l'enfant est

nulle ; nous ne trouvons de tare que chez le grand-

père maternel d'un caractère excentrique et qui est

mort de ses excès de boissons. Les antécédents

personnels sont plus graves : nous relevons, en effet,

l'alcoolisme passif cle la première enfance et l'appé-

tence irrésistible que IL.. a toujours manifestée pour

le cidre en particulier, dont il faisait des abus jour-

naliers.

II. Les stigmates de dégénérescence physique se

bornent à une légère asymétrie de la face et du crâne,

ainsi qu'a une insignifiante difformité de la verge.

III. L'arriération intellectuelle de l'enfant est

antérieure à la première attaque ; l'apparition de

l'hystérie n'a exercé d'influence que sur le caractère

qui devient irritable et indépendant.

IV. Malgré le diagnostic porté par le médecin,

parent de l'enfant, qui, du reste, nous avait déclaré

n'avoir assisté à aucune crise, nous n'avons pas hésité

dès les premières attaques Ù reconnaître l'hystérie

m;1/e.

V. La maladie débute à douze ans et demi. Elle

nous parait avoir pour cause réelle l'alcoolisme

héréditaire et personnel du sujet, et pour causes

occasionnelles une forte émotion produite par une

peur et probablement un excès alcoolique dans un

repas de famille. C'est encore une peur qui, après

une rémission de deux mois, coïncide avec une

réapparition des attaques.

104 Hystérie mâle de l'enfance ; guérison.

VI. Dès que R ? a été isolé des siens, et que par

conséquent on a pu couper court à ses anciennes

habitudes, nous constatons chez lui une amélioration

morale. Son caractère change presque aussitôt, et

d'irritable et insoumis devient sociable et docile. Peu

à peu, sous l'influence du traitement médico-pédago-

gique, l'arriération intellectuelle s'atténue, les atta-

ques disparaissent, pour céder un moment la place

à des crises cle somnambulisme et enfin dès le sixième

mois de traitement nous ne relevons plus le moindre

accident. A noter encore la suppression de l'onanisme

et de l'appétence alcoolique, qui ne se sont plus

manifestés, même après le départ de R.... Comme

cette notable amélioration n'a fait que s'accentuer

depuis deux ans passés et que l'enfant en est arrivé

à « se mettre au niveau de ses camarades », nous

n'hésitons pas à croire que nous avons obtenu une

guérison.

Voici quelques indications concernant les cas d'hys-

térie chez les garçons, observés par nous et auxquels

nous avons fait allusion au début de cette Note. Si

nous les rappelons c'est alin d'aider les auteurs de

bonne foi qui auront l'occasion de traiter cette ques-

tion, toujours intéressante, de pathologie et de clinique

infantiles.

1880. - Noie sur un cas cl.'1 ? stéo-épilesie chez un

garçon de 13 ans. (En collaboration avec dOlier. Compte-

rendu de Bicêtre pour 1880, p. 30). - Lam ...

1881. - Nouvelle observation d'hystéro-épilepsie chez

un jeune garçon ; hydrothérapie ; guérison. (En collah.

avec Bonnaire. Compte-rendu de 1881, ]>. 55.) - Ron..

1882. - Nouveau cas d'hystérie chez un jeune garçon.

(En coll. avcc Dauge. Cte-aencltc de 1882, p. 122).-Frei...

Bibliographie. 105

1883. - Nouvelle observation d'hystéro-épilepsie chez

un jeune garçon ; guérison par l'hydrothérapie , par

Bourneville et Bonnaire. (Compte-rendu de 1883, p. 87).

Buch...

1884. - Hystéro-épilepsie; instabilité mentale avec

perversion des instincts ; impulsions ; arrestations, con-

damnation, mort en prison de tuberculose pulmonaire ;

par Bourneville et Leflaive. (Compte-rendu de 1884, p.

164). - Brig...

1889. - Une famille d'hystériques, jeunes garçons et

jeunes filles. (En collaboration avec P. Sollier. Compte-

rendu de 1889, p. 148). Famille Lav...

1890. - Cas d'hystérie chez l'homme. (En collaboration

avec Séglas. Compte-rendu de 1890, p. 89). - Houez...

Hetting ? From... '

1891. -Deux nouvelles observations d'hystérie mâle.

(En collaboration avec P. Sollier. Compte-rendu de 1891,

p. 3). - Cah..., Hir...

1896. - Alcoolisme ; instabilité mentale ; crises hysté-

1'ifoT)ne3 guérison. (En collaboration avec J. Boyer.

Compte-rendu de 1896, p. 218). - Camille C...

A ces cas s'ajoutent les deux précédents. Nous de-

vons aussi renvoyer le lecteur au mémoire de d'Olier :

De la coexistence de l'hystérie et de l'épilepsie auec

manifestations distinctes des deux névroses, consi-

dérée dans lès deux sexes et en particulier chez

l'homme. Paris, 1881 ; et à celui de Clopatt, Etude

sur l'hystérie infantile (1888), mémoires dans les-

quels sont reproduites plusieurs observations du ser-

vice (1). Tous ces travaux, pas plus que notre mémoire

(avec Voulet, n'ont point paru dignes d'une mention à

l'auteur de l'article Hystérie du Traité de médecine.

Il) En ce qui concerne l'hystérie et 1'lystéro-épilepsie chez la femme, voir

Bourneville, Recherche sur l'épilepsie et l'hystérie, Paris 1876 ; Bourneville et

P. Regnnrd, IC0l10pllOtogr. de la Salpêtrière, 1876-1880, etc.

Vif.

Action de l'Alcoolisme sur la production de

l'idiotie et de l'épilepsie ;

l'Aie 1t(IL'It\1 ? 1(,l,ls.

1989 enfants idiots, épileptiques. imbéciles ou

hystériques sont entrés dans notre service de Bicêtre

depuis le 1er janvier 1879 jusqu à la date du 1 el" janvier

l S)00.

VIII.

Inégalité de poids des hémisphères cérébraux et

cérébelleux ;

l'An noLevrwo,r,r.

Dans notre précédent Compte-rendu (1898, p. 5, 7),

nous avons rappelé nos recherches antérieures sur

l'Inégalité de poids des hémisphères cérébraux e/

cérébelleux et donné un tableau de six cas, dans les-

quels nous avons trouvé une différence de poids

considérable. Il nous a paru intéressant de repro-

duire, non pas seulement les cas un peu exception-

nels, mais tous ceux dans lesquels nous avons relevé

une différence de poids d'au moins 30 grammes.

Les tableaux ci-après comprennent les pesées com-

paratives des hémisphères cérébraux et des hémi-

sphères cérébelleux cle 'i9 malades. Nous les ferons

suivre de quelques réflexions sommaires, portant

principalement sur l'atrophie croisée des hémisphères

cérébraux et cérébelleux.

9 VS INÉGALITÉ DE POIDS DES HÉMISPHÈRES CÉRÉBRAUX.

I IO Inégalité DE poids des hémisphères cérébraux. 1

112 Inégalité DE poids des hémisphères cérébraux.

IX.

Sclérose en plaques ayant débuté dans l'enfance;

Imbécillité;

PAR BOURJNEVILLE.

Nous n'avons observé à Bicêtrc, chez les enfants du

service, de 1879 à 1899, que quatre cas de sclérose en

plaques. Nous publions aujourd'hui l'un d'eux, nous

réservant de donner les autres dans le Compte-rendu

de'1900.

Sommaire. - Père, quelques excès alcooliques. - Oncle

paternel aliéné. - Grandes-tantes et cousines paternelles

mortes de tuberculose. Mère, douleurs névralgiques, stig-

mates de dégénérescence ; crises nerveuses passagères. -

Grand-pèré maternel, alcoolique, mort aliéné. Frère,

convulsions de l'enfance. Autre frère déséquilibré, ins-

table. - Petite cousine maternelle, nerveuse, chorée de

l'enfance, crise de nerfs après une peur.

Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge d'un an (mère plus

âgée). -

Conception, grossesse, accouchement, naissance, rien de

particulier. - Premières dents à 6 mois; dentition coin-

plète-à 15 mois. - Parole et propreté à 2 ans.

A 3 ans, peur, suivie la jours après d'un état de mal con-

vulsir qui dura 13 heures. Consécutivement, torpeur

prononcée, affaiblissement parétique des quatre membres,

prédominant à droite ; tremblement des mains, marche

impossible, déviation de l'oeil droit. - Disparition pro-

gressive de ces accidents en six mois. Céphalalgies-

Accidents congestifs avec convulsions internes il ans. -1

10 ans, absences (Janvier 1â92), fugues, arrestations. Zoo-

phobie, nouvelle frayeur avant la dernière fugue qui aboutit

Antécédents héréditaires. 115

à soiplacp»te2-tt. - Diminution de l'intelligence - Pre-

mier accès d'épilepsie à 10 anse Disparition des accès

d'août 1886 à 1889. - Maladie/; intercurrentes et évolution

de la puberté : poids, taille, système pileux, organes géni-

taux de 1882 à 18J9. - Caractères du tremblement : spéci-

mens de l'écriture. - Amélioration de l'état intellectuel. -

Congé en 1890 : excès de boisson et de tabac. - Rentré

dans la section nu bout de trois mois. - Passage aux incu-

rables de l'hospice en mars 1893. - Pris comme soldat en

1893, malgré sa maladie, incorporé dans un régiment,

réformé en décembre. - Réadmission à l'hospice, fugue

iL Roue ? , mendicité, retour Ci. Bicêtre. Nouvelle sortie

de Bicêtre. - Nouvelle admission à Bicêtre (juin 1895). -

État actuel (1900).

Béna... (Eugène, Etienne), né à Paris, le 7 juin 1872, est

entré dans le service le 9 septembre 1882. Il. était accompagné

des certificats ci-après :

il juin 1882 : Attaques d'épilepsie, accidents paralytiques

passagers avec aphasie temporaire. Fugues inconscientes. -

Absences. Niveau mental faible. Prévention de vaga-

bondage. Signé : Legrand du Saulle.

18 juin 1882 : Est atteint de débilité mentale avec épilepsie ;

attaques suivies de trouble mental. - Signé : Magnan.

Antécédents. - {Renseignements fournis par sa mère en

septembre 1882 et février 1883). Son père, âge de 35 ans en

1882, est fondeur en cuivre et jouit d'une bonne santé habi-

tuelle. On signale chez lui quelques excès alcooliques (vin) :

« Il ferait la noce un ou deux jours, tous les mois. » Il fume un

peu. Il est d'un caractère vif, emporté, mais il n'a jamais

souffert de névralgies ou de migraines. Il n'y a pas trace

chez lui d'accidents syphilitiques. [Son père, âgé de 67 ans,

est sobre. Il souffre de varices des membres inférieurs. Sa

mère, âgée de 66 ans, blanchisseuse, sobre, n'a jamais eu

d'accidents névropathiqu.,s. Elle est aveugle par cataracte.

- Son grand-père maternel est mort aliéné à l'Asile clinique

en 1879 (1). - Quatre tantes paternelles seraient mortes cc de

(1) Notre ami le Dr Magnan nous a transmis sur lui la note suivante :

n J. M... est entré à l'asile le il mai 181D, à l'âge de 87 ans. Il présentait un

affaiblissement notable des ('acuités et, en particulier, de la mémoire, une

excitation turbulente très grande avec un délire incohérent : il a beaucoup

d'argent; il a remplace le Père éternel. » L'état général était très défectueux.

Le malade mangeait peu. Il s'est éteint le 3 juin 1879. »

116 Sclérose en plaques disséminées.

la poitrine » avec hémoptysie et leurs enfants auraient égale-

ment succombé à la tuberculose. - Il a trois frères, tous

bien portants ainsi que leurs enfants qui n'ont jamais eu de

convulsions. Il n'y aurait aucune tare nerveuse dans le reste

de la famille (1).

Mère, 36 ans (en 1882), couturière, sobre, a été réglée à 14

ans. Elle n'a jamais eu de graves accidents nerveux. Elle

est assez bien portante et sujette seulement quelques

douleurs névralgiques. Pas do migraines, ni de dartres. Il

semble que l'oeil droit soit un peu plus couvert que le gauche.

(Elle dit qu'il en est de même chez son mari) (2). La moitié

droite de la face n'est pas pourtant plus petite que la

gauche. Elle a des oreilles démesurément grandes (9 cent.). Pas

d'alcoolisme. En décembre 1883, elle est allée au lavoir ayant

ses règles. Celles-ci se sont arrêtées et elle a eu plusieurs

crises nerveuses. - [Son père, alcoolique, devenu aliéné

en 1850 (3), a été interné à Bicêtre, puis transféré en 1860 à

(1) Nous avons revu la mère de notre malade en 1897. Elle nous a dit qu'un

frère de sou marï était mort aliéné il l'asile de Quatre-Mares près Roues,

il y a cinq ans. Il était sobre. Ses enfants seraient indemnes d'accidents

nerveux. La grand'mère paternelle est morte en 1892, a la Maison texan-

terre, de sénilité (j6 ans).

(2) Les yeux, dit-elle, sont égaux, mais la paupière supérieure cache

davantage l'oeil droit.

(3) Mul..., père de M ? Iléii..., a été admis la première fois, -il bicêtre, le 8

décembre 18.il, avec un certificat ainsi conçu : « Délire datant de deux ans.

État de mélancolie après l'insurrection de juin. Au retour de son pays, pré-

tendue persécution. Il éprouve les maladies de tout le monde. Son coeur lui

tient des conversations la nuit. Insomnie. Agitation légère. - Signé : Lasè-

gue. » - Il est sorti de Biettre le 28 déc. de la même année avec ce certificat : i

« Mélancolie ; légère faiblesse mentale ; une amélioration assez grande s'est

manifestée dans les sentiments du malade ; il a seulement un peu d'inconsis-

tance morale qui laisse craindre une confirmation de sa démence; on peut

le confier à sa femme qui le réclame avec instance. - Signé : Delasiauve. "

Il est rentré le 4 mars 1852 avec le certificat suivant : « Déjà traité -il Ilicé-

tre pour délire mélancolique. - Renvoyé amélioré ; conduit dans son pays.

- Incohérence complète ; rires sans raison ; récits sans suite, prétendus

trésors cachés par sa femme. Menace sa femme et la frappe. - Signé : Lasè-

gue. " -- Sorti le 11 oct. 1852. « Sa santé morale est à peu près complètement

rétablie. Il n'y a pas d'inconvénient à le rendre sa femme qui le réclame.

Signé : Moreau. » .-

Entré à Bicêtre pour la troisième fois avec le certificat suivant :

rt Déjà traité à Bicêtre à deux reprises. Intelligence faible Accès de manie.

Violences contre sa femme. -- Signé : Laségue. » Transféré à Armentières

avec le certificat suivant : « Démence, non dangereux, peut être transféré.

- - Signé : Moreau. » Il est décédé dans cet asile le 2 février 1867 par

suite d'hématémèse. ? (Ce dernier renseignement nous a été fourni par

nôtre ami le D' Keravul.)

Antécédents personnels ? . 117 7

l'asile d'Armentières, où il est mort en 1867. - Sa mère est

morte à 71 ans, d'une affection cardiaque. « Une cousine,

du côté de ma mère, a eu la chorée et a été soignée pendant

six mois à l'hôpital Trousseau. A 9 ans, après une peur, elle a

eu une crise de nerfs. Elle s'est mariée, n'a pas eu d'enfants,

est morte en quelques jours d'un chaud et froid. » - Aucune

tare nerveuse dans le reste de la famille'.

Pas de consanguinité. Inégalité d'âge de 13 mois (mère

plus âgée).

Cinq enfants : le premier est notre malade : les trois autres

sont bien portants, n'ont jamais ou de convulsions ; le dernier,

mort il 5 mois de broncho-pneumonie, aurait ou des convul-

sions pendant son agonie (1).

Notre malade. -Ilicn au moment de la conception (2). -Gros-

sesse, aucun traumatisme, aucune émotion, la mère a tra-

vaillé jusqu'à la fin. - Accouchement à terme, sans aucune

intervention. Présentation du sommet. Eau en quantité

moyenne. - Pas d'asphyxie bleue ou blanche à la nais-

sance, pas de circulaire du cordon. L'enfant était bien

conformé. Nourri au sein par sa mère, sevré à 11 mois. Les

deux premières dents ont paru à G mois. Dentition com-

plète à 15 mois; l'enfant parlait bien il 2 ans et était tout-à-fait

propre vers le même âge. Aucune maladie jusqu'à l'âge de 3

ans.

Vers cette époque, apparut tout à coup, un matin, un état

de mal convulsif. Quinze jours auparavant, B.. avait eu une

grande frayeur. Le chien de son concierge lui avait sauté au

visage sans le mordre; l'enfant demeura saisi, immobile,

mais ne perdit pas connaissance. Durant les jours suivants,

il resta très-impressionnable. Il ne voulait plus qu'un chien

s'approchât de lui. Il n'y eut pas non plus, à la suite, ni

céphalalgie, ni changement de caractère, ni cauchemars

pendant le sommeil, très calme d'ailleurs. La crise débuta,

sans prodromes, par des vomissements aussitôt après son

(I) Depuis qu'elle nous a renseigné, la mère de Ben.. a eu quatre autres

enfants : (Jo un garçon, Lucien, figé de lli ans, caractère méchant, se fait

renvoyer de partout où il travaille » ; - Î" Louise, 13 ans, pas de convul-

sions, laborieuse, intelligente; - 8" fille née il 7 mois, morte il. 3 jours sans

convulsions 90 fille, 8 ans, pas de convulsions (ju'¡letI89Î J,

(2) Le père faisait déjà des excès de boisson et, alors, il était très enclin

aux rapports sexuels. Elle est convaincue pourtant que notre malade n'a

pas été conçu le père ayant bu, tandis qu'il en aurait été ainsi pour Lucien

(voir la note ci-dessus) ? J;

11' Sclérose en plaques disséminées. 1

petit déjeuner. Il poussa un cri, perdit connaissance, puis

les convulsions apparurent, portant sur les quatre membres

et la face; rigidité générale ; pas de secousses. Les yeux

étaient convulsés en dedans, « tout retournés clans le coin

du nez. » Les accidents convulsifs ont persisté pendant toute

la journée de 8 heures du matin il 9 heures du soir, sans

prédominance notable d'un côté ou de l'autre. Le malade

resta ensuite couché pendant 12 jours, dans un état de tor-

peur complète, ne reconnaissant personne : il avait un peu

de fièvre. Le médecin aurait parle de méningite. Pas de

grincements de dents, ni de délire, pas d'autres vomisse-

ments que ceux du début. On dut le faire manger pendant

quatre semaines.

Après les convulsions, la parole était perdue. Le premier

mot qu'il prononça, le douzième jour, fut « maman Elle

se rétablit progressivement en quatre mois, mais elle était

« bégayante » et elle a toujours conservé ce même carac-

tère.

Lorsque Bé.. commença il se lever, sa mère remarqua qu'il

ne pouvait plus marcher, ni se sel vil' de ses mains. « Il avait

un tremblement, des mains qui l'empêchait de s'en servir. »

Il était plus faible du côté droit que de l'autre. On dut lui

réapprendre à marcher. Il ne commença à pouvoir user de

ses jambes et de ses bras qu'au bout de deux mois. C'est il ce

moment que l'on nota le tremblement de la tête. L'oeil droit,

resté dévié après les convulsions, reprit sa position normale

à mesure que disparaissait l'état parétique des bras et des

jambes, au bout de six mois. A cette date, on remarqua que

ses yeux sautaient quand il voulait fixer un objet.

A partir de cette époque les parents signalent chez lui des

maux de tête, dont il se plaignait « il chaque changement de

saison. » Ces maux do tête duraient deux ou trois jours.

A l'âge de 4 ans, menaces de congestion cérébrale (face

rouge, céphalalgie, convulsions internes : ses yeux se retour-

naient). Cet état ne dura qu'un jour. - Ensuite il fut atteint

d'une pleurodynie du côté droit qui disparut en trois jours,

après l'application d'un vésicatoire. A 6 ans, pneumonie,

avec beaucoup de fièvre; elle n'a pas modifié la maladie ner-

veuse. Envoyé il l'école, jusqu'au li juin 1882, il rentrait il

peu près régulièrement à 4 heures chez lui ; il aidait sa

mère aux soins du ménage, mangeait proprement, sans

voracité. Il n'avait pas de miction involontaire et l'on ne

trouvait pas de sang sur son oreiller.

. Antécédents personnels. 119

s ¡ La mère nous a souvent répété que Bé... était tout-à-fait

normal avant les convulsions et que, après, l'intelligence

avait diminué, surtout la mémoire.

En janvier 1882, on nota chez lui quelques absences : « Il

nous regardait, dit la mère, les yeux fixes, hébété, comme s'il

ne voyait ni n'entendait. » En revenant à lui, s'apercevant

qu'on le regardait, il disait : « Que veux-tu, maman ? » Il

pleurait et chantait sans motif. En mars 1882, à huit ou dix

reprises, il partit sans prévenir ses parents. Il est revenu la

première fois quelques hcures après ; deux autres fois, à

deux jours d'intervalle. Il fut arrêté deux fois et réclamé

par ses parents. Sa troisième arrestation fut suivie de son

placement à l'Asile clinique. Il ne savait pourquoi il se sau-

ci on ne pouvait apprendre où il était allé; il n'en gar-

dait, assurait-il, aucun souvenir.

On n'a jamais remarqué qu'il fut menteur, méchant, jaloux.

Il avait beaucoup d'affection pour ses parents. Pas de pyro-

manie ; mais depuis sa première frayeur il avait conservé

une grande peur des animaux. Pas de vision colorée, ni

de fantômes. est il noter que, 7 à 8 jours avant sa dernière

arrestation, il fut pris d'une grande frayeur en apercevant le

chien de garde de sa propre maison s'avancer vers lui, tou-

tefois sans chercher le mordre. A partir de là, tous les jours

il cherchait à s'enfuir sans y réussir. Il n'eut jamais cliez lui

de nouvelles crises convulsives. Sa mère dit que, après sa

dernière arrestation, il resta deux jours au dépôt de la Pré-

fecture de police, puis fut transféré à l'Asile Clinique où il

séjourna trois mois. C'est là qu'il aurait commencé à avoir

des accès d'épilepsie. .

A part la scarlatine dont il fut atteint à l'âge de 4 ans, et

peu après une rougeole légère, on ne relève pas dans ses

antécédents morbides de maladies infectieuses graves (ni

fièvre typhoïde, ni croup, ni oreillons). - Aucun accident

scrofuleux. - Pas d'onanisme. Il a eu plusieurs fois des

oxyures.

Le tremblement aurait toujours été modéré à gauche. Il a

toujours été très prononcé à droite et s'exagère quand l'en-

fant s'applique à quelque chose. Il y a même des moments où

il ne peut rien faire ; d'autres fois il diminuait. Il peut, en

général, se servir de la cuillère, mais pas de la fourchette.

Il boit d'ordinaire de la main gauche. La marche a tou-

jours été défectucuse ; il tombe fréquemment.

120 SCLÉROSE EN plaques disséminées.

A l'école, il se montrait toujours très obéissant, n'osait pas

se défendre. Ses maîtresses à l'asile, puis à l'école ses maîtres

étaient contents de son caractère ot de sa conduite ; mais

depuis un an son intelligence avait notablement diminué. Il

n'avait plus d'attention et presque pas de mémoire. Seul, son

caractère n'avait pas changé.

A son entrée dans le service (septembre 1882), on note

qu'il commence à lire convenablement mais qu'il a beaucoup

de peine à écrire correctement il cause de son tremblement.

Il connait il peine la numération. La mémoire est presque

nulle, son jugement peu développé. Il ne possède que les

notions les plus élémentaires. Il est doux, tranquille. Les

accès sont très fréquents. (105 accès pendant le mois de sep-

tembre). - Hydrothérapie.

L'examen de la dentition, fait, le 28 octobre, montre 12 dents

dont 6 dents de lait aux deux mâchoires. Elles sont bien ran-

gées ; les gencives ne présentent rien de particulier.

1883. - Janvier. - Conjonctivite oculo-palpébrale.

Mars. - Bronchite et conjonctivite palpébrale simple. -Le

tremblement est très fort et, dans la station verticale, B.. agite

la tète presque continuellement, ainsi que les membre supé-

rieurs et le tronc. Dans l'acte de boire, ce tremblement

offre tous les caractères de celui de la sclérose en plaques.

- Revacciné sans résultat.

- ler avril-3\ août. Traitement par les injections sous-

cutanées de curare. Les accès, qui déjà diminuaient, ont

disparu jusqu'au mois de février 1881 (voir le Tableau) et sont

devenus ensuite de plus en plus rares (1).

Organes génitaux. Testicules descendus dans les bourses,

petits. Gland non découvrablc complètement ; aisselles et

pubis glabres.

Ecolage. - Au point de vue intellectuel, B... fait quelques

progrès. Il lit couramment, sait faire exactement les trois

premières opérations de l'arithmétique ; l'écriture reste défec-

tueuse à cause du tremblement. La mémoire est assez bonne.

B..... apprend quelques petites fables. Il apporte de la bonne

volonté au travail, est docile.

1884. - B..... a fait de nouveaux progrès. Il lit bien,

réussit à résoudre quelques petits problèmes portant sur les

(1) Voir dans le Compte-rendu de 1884 : Bourneville et Uricon, Du curare

dans l'épilepsie, page 70.

Marche DE la maladie. 121

quatre opérations. Son caractère est doux, tranquille, mais

il est très mauvais ouvrier il l'atelier de cordonnerie où on l'a

envoyé il y a quelques semaines.

Juillet. - Pénil et corps glabres; prépuce long, sans phi-

mosis ; testicules dans les bourses, de la grosseur d'une petite

noisette, le gaucho plus bas que le droit ; léger varicocèle il

gauche. On note une disposition foetale de la base des organes

génitaux externes; cette base forme une grosse et large

saillie, séparée de l'abdomen par un pli transversal. - llydro-

thérapie, gymnastique, etc.

1885. - Pas de progrès. Il est noté comme paresseux, inat-

tentif et peu docile. Ses vêtements sont souvent en désordre.

Il mange proprement. -Aucune modification sous le rapport

de la puberté. - Le traitement hydrolhèrapique est continué

du ler avril ait le,* novembre.

1886. - On constate un léger strabisme convergent. Il n'y

a pas de tremblement de la langue ni des lèvres.

Juillet. - Puberté. Augmentation d'un centimètre dans la

longueur et la circonférence de la verge. - Les bourses sont

pendantes; varicocèle. Testicules de la dimension d'une grosse

noisette. Très léger duvet il la lèvre supérieure et au pénil ;

aisselles glabres. Le sillon transversal qui sépare la racine

des bourses du pénil existe toujours. Gland, un peu adhérent,

au prépuce, difficile il découvrir; le méat est un peu dirigé

en arrière. l'as d'onanisme.

En avril, il a été atteint d'une angine érythémateuse. En

mai, un torticolis cède rapidement à des onctions de baume

de Fioravanti. - En octobre, bronchite légère, en décembre

nouvelle amygdalite.

On constate, d'une façon générale, une grande amélioration

dans l'état du malade, en particulier, une diminution consi-

dérable du nombrc des accès. Le tremblement des mains est

toujours constaté, surtout à droite. Il est très fin : l'écriture

le met bien en relief. Les progrès intellectuels sont peu près

nuls. A l'atelier, on se plaint de sa paresse et cle sa maladresse.

Il est quelquefois indocile. - Le traitement hydrothérapique

a été appliqué sans interruption du 1er avril au 31 octobre.

188ï. B... est atteint à plusieurs reprises d'angines éry-

thémateuses (janvier, mars, mai et octobre) ; de bronchites

légères en février, avril, novembre et décembre ; d'un panaris

du pouce en novembre.

122 DESCRIPTION physique.

Pendant le premier semestre, les instituteurs paraissent

peu satisfaits de son travail et se plaignent de sa tenue négli-

gée et de sa paresse. Un peu d'amélioration durant le second

semestre, mais il est toujours mauvais ouvrier. Il parait

prendre plus de goût iL la gymnastique et aux exercices de

chant. Il est quelquefois emporté et grossier. Hydrothé-

rapie et bains d'amidon à cause d'une légère éruption

eczémateuse au scrotum.

Juillet. 13... fait quelques dictées de mots usuels et de

petits problèmes sur les quatre opérations; ses connaissances

en histoire et en géographie sont très limitées. La mémoire

est assez bonne; son caractère est taquin, son langage par-

fois grossier; sa tenue devient négligée. Il est paresseux

aussi bien à l'école qu'il l'atelier do cordonnerie.

1888. Janvier. Amélioration très remarquable au point

de vue de l'épilepsie : pas d'accès depuis t8S(i.

Puberté. - Fin duvet, commençant à dessiner la mous-

tache. Le "este du visage est glabre. Une vingtaine de poils

courts sous les aisselles. Poils noirs, longs, bouclés, abon-

dants sur la partie inférieure du pénil, et à la racine des

bourses qui sont pendantes, plus à gauche qu'à droite; testi-

cules égaux, de la dimension d'un oeuf de pie. Varicocèle

assez prononcé à gauche : gland découvrable, mais un peu

étranglé par le prépuce. Le gland est un peu petit par rap-

port à la verge qui est grosse : circonférence. 80 millimètres;

longueur, 75 millimètres. Onanisme signalé et nié. Poils

rares au périnée et à l'anus.

Juillet. Amélioration remarquable dans l'état général

du malade. Il n'a plus d'accès, mais conserve toujours son

tremblement symptomatique.

Examen physique. - Le front est bas, sans proéminence

des bosses frontales, le crâne, est symétrique. Les yeux sont

mobiles, les pupilles égales; H... dintingue bien les couleurs

et sa vue paraît normale. Le nez est largo à la racine, les

narines dirigées horizontalement; la bouche est petite, relevée

aux commissures ; pas de saillie de la lèvre supérieure ; pas

de forme ogivale de la voûte palatine ; B... perçoit les saveurs

et les odeurs. Les oreilles sont tl'l" longues (8 cent.), un

peu écartées du crâne ; l'hélix est bien ourlé, le lobule adhé-

rent. Le malade entend bien.

Le thorax est bien conformé. Les membres supérieurs et

inférieurs sont normaux; mais le rél1exe rotulien est presque

Accès épileptiformes. 123

absent ( ? ) : on note la même absence de réflexe pharyngien ( ? )

Rien de particulier du côté de la sensibilité qui est normale

au contact, à la température, à la douleur. Les fonctions

digestives s'accomplissent régulièrement. Rien au coeur

ni aux poumons. Traitement hydrothérapique, etc.

1889. - Pour combattre le tremblement, on institue le trai-

tement par le bromure de camphre, pris à la dose de 2 capsu-

les pendant la première moitié du mois, puis de 3 et 'i cap-

sules par jour pendant la seconde moitié. Le nombre des

capsules est augmente jusqu'à'S par jour. Le traitement, suivi

jusqu'à la fin du mois de mars, ne donne aucun résultat et

n'exerce aucune influence sur le tremblement.

En mai, embarras gastrique qui dure trois jours ; la tempé-

rature ne dépasse pas 38°. En juin, eczéma, probablement

professionnel, des espaces intercli ? itaw. -fl7gite et grippe

sans gravité au mois de novembre et décembre.

Pendant le premier semestre, les instituteurs ne constatent

que des progrès très peu sensibles. l3én .. lit couramment,

possède quelques notions d'histoire, de géographie et d'a-

arithmétique. mais son écriture est toujours tremblée et

très imparfaite. Sa conduite est un peu meilleure, bien qu'il

soit toujours grossier dans son langage, paresseux et quel-

quefois batailleur. Le chef d'atelier de la brosserie déclare

qu'il est incapable de travailler à cause de son tremblement

des mains.

Au mois d'août, les parents demandent sa sortie. On lui

accorde un congé renouvelable, pendant lequel il essaie de

travailler avec son père dans une fonderie de cuivre ; mais il

est ramené par sa mère qui affirme qu'il aurait eu des accès (1)

et que, d'autre part, on ne peut l'employer nulle part à cause

de son tremblement. -.

D'après la mère, l'accès arrive tout d'un coup, sans cri, et

aurait les caractères suivants : chute sur le côté droit ( ? ),

rigidité générale. Il n'y aurait pas de secousses cloniques ni

de rondement ni de bave ou écume, ni d'évacuations invo-

lontaires. Il se relève au bout de 5 minutes avec une exagé-

ration du tremblement des bras sans exagération du tremble-

ment do la tète. Souvent il a, il quctqucs minutes d'intervalle,

deux au trois crises.

Une amélioration notable est remarquée pendant le second

(Il Son congé a été de 3 mois; il aurait eu une douzaine d'accès.

124 Sclérose en plaques disséminées.

semestre d, l'aînée. B... est attentif aux leçons orales, sa

tenue est plus correcte. Il prend goût surtout à la gymnas-

tique, à la danse et au chant. L'écriture est toujours très

tremblée.

Puberté : Poils courts et abondants il la région pubienne

commençant à envahir la ligne blanche et la face antérieure

des cuisses. Poils longs et frisés aux aisselles. Quelques poils

à la région lombaire. Gland dillicile it découvrir; longueur

de la verge : 86 ? circonférence : \18 ? Le varicocèle est

toujours aussi volumineux à gauche. Les testicules sont du

volume d'un gros oeuf de pigeon. Le périnée et l'anus sont

garnis de poils abondants.

1890. Janvier et février. Légère angine (;l' ! }themateU8e

en janvier et en février. Au mois de mars, il prend une part

active à une sorte de rébellion de quoique malades du ser-

vice. Il brise des vitres et des chaises ; on le met en cellule

où il reste cinq jours.

On constate, durant celte année, de notables progrès

au point de vue intellectuel mais son caractère lui attire

l'inimitié de ses camarades dont il r. cherche cependant la

fréquentation. Sa tenue est souvent encore très négligée, sale.

Il se sert d'expressions dont la grossièreté ne le cède en

rien à colle de ses allures. - Le tremblement, toujours très-

accu-é, l'empêche de rendre des services à l'atelier de ser-

rurerie où il est entré. Il n'aime que le chant, la danse et

la gymnastique. Très-fumeur; il se serait livré à des excès

de boisson pendant son congé. II est impressionnable et

parait prendre plaisir iL la lecture des drames ou des poésies.

Puberté : Fines moustaches brunes; collier de poils noirs

encadrant, le menton et remontant sur les côtés jusqu'à la

racine des cheveux. Poils assez abondants iL la région ster-

nalc ; poils très longs et frisés aux aisselles. Les poils de la

région pubienne envahissent la tigneblanehe sous-ombilicale

et les aines. Verge : longueur 80 ? ; circonférence 100 ?

Le prépuce étrangle un peu la base du gland ; le méat est nor-

mal ; les testicules sont du volume d'un gros oeuf de pigeon.

Bien que B... le nie, on croit qu'il se livre h to.nxsmp.

Revacciné sans succès le 25 décembre.

1891. On note quelques progrès intellectuels et une amé-

lioration générale. Son caractère n'a guère changé ; il fait

preuve souvent d'une gnuido forfanterie et se vante de com-

mettre des actes qu'il ne met jamais à exécution. Sa tenue est

mauvaise, ses vêtements en désordre. Il n'a de goût que pour

Description du tremblement. 125

la gymnastique et la danse ; on le nomme moniteur de gym-

nastique. L'escrime lui est presque impossible à continuer à

cause du tremblement. Meilleur ouvrier ; toujours maladroit

cependant. t,

Puberté : Peu de changements. On note toujours l'étroitesse

du prépuce qui étrangle le gland. Les dimensions de la verge

sont les mêmes que celles de l'année précédente.

18n. - Durant toute cette année, aucun progrès scolaire.

- 1.clrentblententduntI3... est atteint l'empêche de suivre tous

les exercices de la classe. Il n'est pas méchant, mais toujours

grossier dans ses expressions ; sa tenue est débraillée. Il a peu

de soin de sa personne. Toujours très habile aux exercices de

gymnastique et de danse. Quelques progrès à l'atelier de ser-

rurerie.

Puberté : Verge, longueur : 90""™ ; circonférence' : 100 ? Le

testicule gauche est un peu plus petit que le droit. La poitrine

est abondamment garnie de' poils ainsi que la région pubienne,

les aines et la face antérieure des cuisses. Au visage, le collier

de barbe s'est étendu sur la face médiane et antérieure du cou

et descend jusqu'à la fourchette sternale. l'oils longs et abon-

dants à la région lombaire, au périnée, autour de l'anus. Duvet

très fourni à la face, postérieure des cuisses et sur la partie

antéro-interne des jambes.

Description du tremblement : Très léger tremblement de la

langue ; la parole est assez libre (' ? ), le malade parle un peu entre

ses dents. Dans la station assise, il y u parfois un léger trem-

blement de la tète. Il saisit assez franchement les objets et les

porte sans tremblement à sa bouche. Une règle étant placée

entre les doigts du malade assis, ou compte 28 oscillations en

15 secondes. Dans les grands mouvements ce tremblement

des mains est à peine appréciable. Il le devient par l'inter-

position entre les doigts d'une règle ou d'un crayon ainsi que

par l'écriture. Dans l'action de porter un verre à sa bouche, il

n'y a presque pas de tremblement à gauche. Il est plus pro-

noncé à droite et augmente à mesure que le verre approche

de la bouche. Il ne peut se tenir debout sur une seule jambe

que les yeux soient fermés ou non. La résistance du sol est

nettement perçue. En marchant, il appuie davantage sur ses

talons et l'on remarque que ses souliers sont usés au niveau

du talon et en dehors. La sensibilité est intacte dans tous ses

modes; mais il y a une diminution très notable des réflexes

rotuliens. - Le traitement h ! pfl'olhérapique n'a jamais été

interrompu. , .

1 : 26 Tremblement, NYSTAUMUS, épilepsie.

1893. L'examen de la puberté, fait au mois de février, n'in-

dique aucun changement. Le gland est cependant plus dêcou-

vrable et les poils plus longs et plus abondants dans toutes

les régions qui en étaient garnies. En mars, il passe,

comme atteint d'une maladie incurable dans la division des

vieillards.

En juin, B... étant en congé va à la visite médicale devant

le conseil de révision. On le reconnaît propre au service armé,

car s'imagii ant que le service militaire lui sera hénéliciable,

il n'a pas fait remarquer au médecin, charge de l'examen des

conscrits, qu'il était atteint d'une affection incurable, ayant

nécessité son placement à Bicêtre. Envoyé a Lunéville le 19

novembre, il a participé à tous les exercices militaires pen-

dant six semaines (2mc bataillon de chasseurs). Réformé n° '2

le 20 décembre et libéré le 23 décembre.

189 - L'examen de la puberté, au mois de janvier, fait

constater l'existence de poils nombreux à la région pubienne

et sternale, aux mamelons et d'une touffe de poils à la four-

chette sternale. Aucun changement dans les dimensions de

la verge et le volume des testicules. La barbe est rasée.

18')5. -Après sa libération, B... est rentré comme administré

à Bicêtre où il est resté jusqu'au mois du septembre. Il tra-

vaillait comme plombier à la Salpêtrière. Il suivit alors les

conseils de deux de ses camarades qui le décidèrent a partir

avec eux au Havre pour s'embarquer; mais, abandonné par

eux à Rouen, il revint à Mantes en vivant d, mendicité. Arrêté

et enfermé à la prison de cette ville, il fut relâché après ren-

seignements, Paris. Il a cherche se placer comme

serrurier. Il y réussit au moi- de mai IK0;j. A la suite d'une

blessure au pied, il fit un séjour de 10 jours à l'hôpital Tenon.

A sa sortie, n'ayant pas de travail, il partit de chez ses parents

et vécut de mendicité. Il entre alors de nouveau à Bicêtre où

il est actuellement.

L'examen de la puberté est fait en mai 1895. Les poils de la

région thoraoique sont abondants et longs. Très nombreux

à la région pubienne, ils s'étendent un peu sur l'abdomen et

les aines. Périnée garni de poils. La longueur de la verge

est de 9jmm ; la circonférence de Les testicules ont

le même volume (1).

(1) (Jette partie de l'observation a été prise par nous avec la collaboration

de M. Lombard, un de nos internes de 1895.

Tremblement, céphalalgies, accès. 127

1897. 3 juin. - Bén.. dit que sa « paralysie » est toujours

dans le même état. Il n'y a pas, actuellement, de nystagmus,

mais le malade prétend que ses yeux « dansent quand il a

beaucoup travaillé).. « Par moments, je parle assez bien, par

moments, j'ai un zozottement. Lorsque je ne puis pas parler

tout de suite, il m'arrive de me mordre la langue, il cause des

efforts.» On le fait lire, il lit sans difficulté notable : « Il y a des

moments où je lis des yeux sans pouvoir bien articuler. »

Si on lui ordonne de porter l'index droit sur le nez, il arrive

au but, mais aussitôt le doigt et le nez tremblent. Le tremble-

ment est moins prononcé avec l'index gauche. Lorsque le

malade porte un verre d'eau à sa bouche, on note le tremble-

ment caractéristique d.) la scléruse en plaques. Le tremblement

de la tète, léger aujourd'hui, est souvent plus accentué.

Il aurait eu un accès d'épilepsie il y a trois jours. Il assure

qu'il n'en avait pas eu depuis 1889. Travaillant comme aide-

couvreur, il était sur un toit quand il s'est senti étourdi ; il

est descendu et, en arrivant à terre, a perdu connaissance.

Pas d'autres détails.

1898. O,jaiiuier.-I3 . déclare ne pas avoir eu d'accès depuis

sa dernière visite. - Il eu quelquefois des céphalalgies,

mais pas de vertiges : « Mes yeux dansent souvent », dit-il.

Le tremblement aurait notablement diminué au bras gau-

che et augmenté un Peu il droite, surtout dans l'actc de boire.

Aujourd'hui, la parole est assez libre, non scandée : « Par-

fois, elle s'arrête ». Tremblement assez prononcé des lèvres

ct surtout de la langue quand il la laisse allongée durant

quelque temps. Pupilles égales ; pas de ny.stagmus.

B.. raconte qu'il vit maritalement avec une modiste ( ? ) ;

qu'il a exercé le métier de fumiste; que le soir il est machi-

niste au théâtre des Balignollos et gagne 1 fr., 50 par soirée.

Il vient pour avoir un certificat constatant son internement à

Bicêtre parce que, il y a quelques jours, il. la sortie du théâtre,

un meurtre a été commis et que la police a ramassé tous ceux

qui se trouvaient la et lui parmi eux. On l'a conduit au poste,

de la au Dépôt. Ayant déclaré au juge d'instruction qu'il avait

été à Bicêtre, il a obtenu, prétend-il, la permission de venir

chercher son certificat.

3 jttin. - Il dit que sa maîtresse l'a quitté il y a huit jours.

Le côté droit serait devenu beaucoup plus faible ; hier et

avant-hier il serait tombé par terre. Le tremblement de la

tète serait, plus intense. La parole, parfois, est presque

inintelligibie. Il vient nous demander de le faire entrer à

128 Amblyopie, diplopie, nystagmus.

l'Infirmerie générale afin de faciliter sa réadmission dans

l'hospice. (Période d '(,,\'<1cerbal ion),

1900. IG mars. - Ce matin le malade : est dans une véritable

période de rémission. - Debout, pendant assez longtemps,

la tête ne tremble que très peu, contrairement avec l'agitation

qu'elle présentait à la dernière visite. - Il en est de même

des bras, qui demeurent immobiles le long du tronc. - Assis,

le tremblement de la tète est encore plus léger; les bras

appliqués sur le corps et les mains sur les cuisses on ne note.

pas de tremblement. B.. se lève régulièrement de sa chaise.

Lui-même fait remarquer que clans ses périodes de faiblesse,

en se levant de sa chaise, il.retombe. Il monte et descend

les escaliers avec une flexion exagérée des jambes, la pointe

des pieds en dehors. Les pieds sont raides, ne fléchissent pas,

portent a plat. Durant les exercices de danse, qu'il exécute

tous convenablement, le tremblement diminuerait. Après, la

tète tremble davantage. Dans la marche, qui se fait en fau-

chant, il écarte beaucoup les jambes et lève les pieds.

Le côté droit est toujours plus faible. - B... travaille

actuellement à des travaux de terrassement à la Salpêtrière.

Il dit que le soir, sous l'influence de la fatigue, en rentrant

à Bicêtre, il boite de la jambe droite et que, couché, la tète

saute sur l'oreiller jusqu'à ce qu'il s'endorme.

La comparaison de l'écriture de ce ,jour (16 mars 1900) avec

celle du 5 juin 1893 met tout à fait en évidence l'amélioration

actuelle du tremblement.

L'acte de boire montre toujours le tremblement caractéris-

tique avec la main droite. Avec la main gauche, le malade

porte presque sans trembler le verre à sa bouche. Avec la

cuiller même différence. Habituellement, B... mange de la

main gauche.

« Les yeux vont bien, dit-il, mon ceil droit saute moins

maintenant et mon oeil gauche ne saute jamais. » Il ajoute que

la vue, qui est parfois affaiblie, surtout il droite, est bonne

actuellement et qu'il ne voit pas double, ce qui lui arrive par

périodes. En chantant, il toute époque, le tremblement de la

voix est moins accusé. Bien qu'il y ait encore un peu de trem-

blement de la pointe de la langue, il prononce bien les

mots (aujourd'hui), môme les consonnes 1, g, p.

Pas de douleurs fulgurantes. Station et marche non modi-

fiées par l'occlusion des yeux ni l'obscurité. Conservation

de la notion de position. Au dynamomètre, pris pendant cinq

jours, on note : 36 il droite, 40 à gauche. - B..., après les

Croissance : POIDS ET taille. t29

rémissions que nous avons mentionnées, aurait eu une

douzaine d'accès épilepU{ormes en 1899.

Au point de vue sexuel, B... dit avoir assez souvent des

s

a

z

0

a.

- 2

«

Est

130 Croissance : développement DE la tête.

injections de permanganate de potasse. A cet égard, comme

à quelques autres, nous ne devons accepter ses déclarations

que sous réserves car il n'a pas toujours été d'une véracité

indiscutable.

ci

N

5 : 2

S

CJ

Il

s

CS

s

Antécédents héréditaires ET personnels. 131

Tableau des Accès,

132 SCLÉROSE EN plaques disséminées.

elle n'était plus normale comme avant les convulsions

mais bégayante ; - 2° paralysie des quatre membres

prédominant à droite, qui s'améliora peu à peu en

deux mois ; - 3° tremblement des mains et de la tête ;

- lao déviation de l'oeil droit qui persista environ six

mois; 5° nystagmus ; 6° céphalalgies revenant

à intervalles assez éloignés ; - 7° diminution de

l'intelligence.

De 4 ans à 9 ans et demi la situation n'aurait pas

changé. Il n'eut, comme nouvel accident nerveux,

qu'une congestion cérébrale ( ? ) à l'âge de 4 ans.

III. Aux symptômes habituels s'ajoutent en janvier

1882 (9 ans et demi) des vertiges, en mars des fugues,

en juin, quelques jours après une grande frayeur,

des accès épileptiformes.

IV. Y a-t-il eu une véritable méningite ? Le méde-

cin aurait prononcé ce mot. L'affaiblissement intellec-

tuel consécutif à l'état de mal, à ses suites, et ulté-

rieurement la diminution de l'intelligence et surtout

de la mémoire durant l'année qui a précédé l'admis-

sion à Bicêtre, pourraient plaider, peut-être, en

faveur de l'existence de lésions méningitiques com-

pliquant la sclérose en plaques disséminées. En tout

cas, ces lésions sommeilleraient depuis longtemps,

car nous n'avons pas remarqué, de 1882 à ce jour,

les symptômes ordinaires de la méningite chronique

si ce n'est une irritabilité transitoire du caractère.

V. Le malade, à son entrée, nous était signalé

comme atteint d'épilepsie (accès et absences), com-

pliquée d'accidenls paralytiques passagers avec apha-

sie temporaire. Un examen attentif nous a bientôt

montré que l'épilepsie, la paralysie, l'aphasie - et

le reste sur lequel nous reviendrons - n'étaient que

des manifestations pathologiques de la maladie prin-

Symptômes. 133

cipale, qui ne paraît pas avoir été reconnue, la sclé-

rose en plaques disséminées, dans sa forme' la plus

complète, c'est-à-dire la forme cérébro-spinale.

Avant les convulsions, Bé... était tout-à-fait n01'-

mal, suivant les dires réitérés de sa mère. C'est l'état

de mal convulsif, grave et prolongé, avec les nom-

breux accidents consécutifs qui l'ont suivi, qui a été

l'origine de la maladie, cause de son admission dans

le service, et dont nous allons discuter le diagnostic.

VI. a) Le symptôme qui attire tout d'abord l'atten-

tion, c'est le tremblement. Dans la station verticale,

il intéresse tout le corps, tête, tronc, membres, plus

prononcé pourtant dans les membres du côté droit.

Dans l'acte de porter une cuillère à la bouche et sur-

tout dans l'acte de boire, il se manifeste avec les carac-

tères spéciaux au tremblement de la sclérose en

plaques. Les oscillations s'accentuent à mesure que

le malade approche du but, sans s'écarter de la direc-

tion générale du point de départ au point d'arrivée,

sans offrir ni les gesticulations de la chorée, ni, au

moment de la préhension du verre ou de la cuiller,

les mouvements exagérés des doigts et les contor-

sions de la bouche qu'on observe dans l'a,thétose.

Dans la station assise, les bras et les jambes sont

immobiles ; seule, la tête tremble, mais moins que

dans la station verticale. Au lit, ou mieux dans le

décubitus dorsal, peu après le coucher, tout le corps,

y compris la tête, est immobile.

Il serait superflu de comparer ce tremblement, si-

non pathognomonique tout au moins capital de la sclé-

rose en plaques, avec le tremblement de la paralysie

agitante, maladie de l'adulte ou de l'âge avancé et

dont nous n'avons jamais vu d'exemple parmi les très

nombreux enfants que nous avons observés.

b) Un autre symptôme, la paralysie, avec ses carac-

tères particuliers, vient à l'appui de notre diagnostic.

134 SCLÉROSE EN plaques DISSÉMINÉES.

L'état parétique, car il ne s'agit pas là d'une vérita-

ble paralysie, est apparu, ce qui est une exception,

dès le début. Il a toujours été plus prononcé dans le

bras et la jambe du côté droit. Il ne s'est jamais

accompagné d'aucun trouble de la sensibilité, ni

d'aucun des signes de l'ataxie locomotrice, ni, jus-

qu'ici, de paralysie des sphincters. A aucun moment,

non plus, il ne semble y avoir eu d'accès de rigidité

et, partant, d'épilepsie spinale. Les muscles ont con-

servé leur volume et leur énergie puisque le malade

est capable de se livrer à des travaux qui exigent un

déploiement sérieux de force musculaire.

La marche, un peu titubante, s'effectue sans diffi-

culté et le malade, quoiqu'avec un peu de fatigue, fait

quotidiennement le voyage, aller et retour, de Bicêtre

à la Salpêtrière.

L'état parétique n'offre pas toujours la même inten-

sité. Parfois, le malade marche avec assez d'aisance,

d'autres fois lourdement et, alors, il lui arrive de

tomber.

c) Relevons maintenant les symptômes céphaliques.

Ils sont tous présents : amblyopie, diplopie, nyslag-

mus, céphalalgies, embarras de la parole. Les détails

que nous avons donnés au cours de l'observation nous

dispensent d'insister davantage. Toutefois, en ce qui

concerne la parole, nous devons dire que la mère du

malade et lui-même. nous ont déclaré spontanément

qu'il y avait souvent une pause entre chaque syllabe

et que, parfois, la parole devenait presque inintelli-

gible, phénomènes que nous avons d'ailleurs constatés.

d) Il n'est pas enfin jusqu'aux accidents épilepti-

formes qui ne soient de nature à confirmer notre

opinion.

Les absences, pour employer l'expression même

des parents, ou plus exactement les vertiges, car les

accidents s'accompagnaient de phénomènes gyratoires

Marche ; rémissions. 135

(les objets tournaient autour de moi, dit le malade),

se sont montrés le plus souvent, dans le service, par

périodes intermittentes et ont disparu même durant

un long temps, autant qu'on a pu le constater. Mais,

à cet égard, nous n'avons pas de certitude, car nous

n'avons guère pour nous renseigner que le malade,

dont l'intelligence est débile, et les infirmiers qui,

changeant trop fréquemment, n'attachent pas assez

d'importance à ces accidents et ne les notent pas,

malgré nos recommandations incessantes, avec l'exac-

titude scrupuleuse qui conviendrait.

Les accès épileptifonnes ont paru six mois après

les vertiges, provoqués probablement par une émotion

vive. Ils ont été nombreux dès le début et sont restés

tels pendant les six ou sept premiers mois de son sé-

jour à Bicêtre, ont diminué à partir de là jusqu'en

juillet 1886, puis disparu jusqu'en 1889 où il en est

survenu quelques-uns. Nouvelle rémission de 1889 à

1899, année durant laquelle il aurait eu une douzaine

d'accès. D'après la description qui nous en a été

donnée, il s'agirait plutôt d'accès épilepti formes que

de véritables accès d'épilepsie.

VII. Les rémissions notées dans la marche de la

maladie, portant sur le tremblement les spécimens

de l'écriture les mettent bien en relief (fig. 4, 5, 6, 7, 8

ct9) l'état parétique, les symptômes céphaliques et

les accès epep/brmes confirment aussi la réalité, chez

B..., de la sclérose en plaques. A en juger d'après nos

cas personnels la sclérose en plaques, qui débute dans

l'enfance, aurait une marche bien plus lente que la

sclérose en plaques de l'âge adulte et se complique-

rait, parfois, de paraplégie spasmodique.

VIII. Nous remarquons chez B..., au point de vue de

la physionomie l'aspect signalé par M. Charcot dans

ses admirables leçons sur la sclérose en plaques : Le

136 Physionomie.

regard est vague, incertain ; les lèvres sont parfois

tombantes, le plus souvent entr'ouvertes ; les traits

expriment l'hébétude, en rapport, du reste, avec son

état intellectuel (Fig. 4).

Fig.4 . .

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Fig. 5.

138 SCLÉROSE EN plaques disséminées.

IX. La prédomi-

nance du tremble-

ment et de la paraly-

sie à droite, jointe à

l'apparition simulta-

née de ces symptômes

primordiaux, consti-

tuent deux caractères

particuliers et rares

du cas que nous dis-

cutons.

X. Les certificats

d'entrée faisaient

mention, en outre de

l'épilepsie et de para-

lysiespassagères, etc.,

de l'existence, chez le

malade, d'un « niveau

mental faible », de

« débilité mentale »

ainsi que de troubles

moraux (fugues, va-

gabondage), en un

mot d'imbécillité et

d'instabilité mentale,

sans perversion pro-

prement dite des ins-

tincts. Tous les ren-

seignements sur son

écolage et sur sa con-

duite dans le service

ne laissent aucun

doute sur l'exactitude

de cette partie du

diagnostic.

XI. Le traitement

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TROUBLES INTELLECTUELS. 139

médico -pédagogique a produit chez ce malade une

certaine amélioration au point de vue intellectuel et

a enrayé dans une certaine mesure la marche de la

sclérose en plaques. Cette maladie a offert une aggra-

vation depuis la sortie de B... et la suppression de

tout traitement : ni douches, ni gymnastique, etc.

XII. Actuellement, aux asiles de Bicêtre et de la

Salpêtrière, les médecins demandent et obtiennent le

passage du quartier d'aliénés dans les divisions de ces

hospices d'un certain nombre de malades suffisamment

Fig. 7. - Tracé d'une ligne horizontale d'un point à un autre (5 juin 1898).

Fig. 8.

140 Assistance ET surveillance.

améliorés pour ne pas être maintenus dans les sections

d'aliénés, mais auxquels il reste un degré plus ou moins

prononcé de débilité mentale ou atteints de maladies

incurables ou d'infirmités qui les mettent dans l'inca-

pacité de travailler suffisamment pour subvenir à leurs

besoins. A partir de leur passage, ils jouissent, dans

l'hospice, d'une liberté absolue ; aussi n'est-il pas rare

qu'il leur arrive des aventures analogues à celles de

Bén... Les malades de cette catégorie devraient être

soumis à un règlement spécial, ne sortir qu'à

des jours fixes et n'avoir qu'une demi-liberté. On

éviterait ainsi, à eux et à l'Administration, de nom-

breux désagréments. Rien ne serait plus facile d'ail-

leurs que de les réintégrer dans le quartier des aliénés

dans le cas où ils présenteraient de nouveaux troubles

intellectuels, ce qui vaudrait mieux que de les ren-

voyer, sous prétexte de punition, et de les livrer à la

rue, vagabonds ou instruments de vol, souteneurs ou

prostituées.

Fig. 9. - La comparaison du tracé ci-dessus d'un point à un autre avec

le même tracé (/ig. 6) montre le degré de rémission constaté à la date du 16

mars 1900. La comparaison des écritures (fig. 7 et 8) n'est pas moins démons-

trative.

Nouveau cas d'hystérie mâle de l'enfance ;

PAR BOURN);VILLE.

Par la lecture de l'observation qui précède, on voit

avec quel soin nous essayons de rendre aussi exacte

que possible l'histoire familiale de nos malades.

En effet, pour Bén..., nous avons écrit aux médecins

ou aux directeurs des asiles dans lesquels plusieurs

de ses parents avaient été hospitalisés. C'est la règle

que nous nous sommes imposée pour tous les cas.

Comme B... a eu son frère Lucien dans le service

nous croyons utile de résumer ici son observation.

SOMMAIRE. - Antécédents héréditaires (voir p. 115). Anté

cédents personnels : Conception probable dans l'ivresse

- Grossesse, accouchement, naissance, rien. - Dévelop-

pement régulier jusqu'à 3 ans et demi. A 3 ans et demi,

peur vive, suivie de cauchemars pendant 15 jours. -

Rémission de six mois. - Apparition de crises d'agitation

hystériformes. - Marche des crises de juillet à novembre

1888. - Traitement médico-pédagogique à Bicêtre : Des-

cription des attaques. - Torticolis, etc. - Disparition

des attaques, sortie (novembre 1893).

1894-1900. - Maintien de l'amélioration pendant 6 mois,

puis instabilité mentale, vagabondage; menaces et voies

de fait envers ses parents. - Tentative de viol, condam-

nation. - Engagement militaire.

Bén.... (Lucien CI.), né à Paris le 7 mars 1882, est entré

dans le service le 27 novembre 1888, à l'âge de 6 ans, et en

est sorti le 30 novembre 1893.

142 Hystérie mâle DE l'enfance.

Renseignements fournis par sa mère (26 décembre 1888).

- Notre malade est le sixième. - La conception a proba-

blement eu lieu durant l'ivresse du père. - Grossesse, accou-

chement, naissance, rien d'anormal - Élevé au sein par sa

mère jusqu'à 14 mois. - Les deux premières dents ont percé

le même jour à 8 mois. Dentition complète à 2 ans. Marche

;t 13 mois, propreté à un an, parole vers 18-19 mois.

Mis à l'asile à 3 ans et demi il apprenait très bien mais

était « très diable ». Une vieille institutrice, pour calmer sa

turbulence, l'a mis dans un petit cabinet. Comme il faisait

du bruit, cognait la porte, elle lui a crié, du dehors, que s'il

ne se taisait pas, les bêtes allaient venir le manger. Le soir,

à son retour à la maison, il avait de la fièvre, a refusé de

manger, a demandé à se coucher. Vers dix heures, il a appelé :

« Oh ! maman ! maman ! » On l'a trouvé assis sur son lit,

faisant le geste d'écarter : « Maman ! les bêtes me mangent ! » »

Il avait les yeux grands ouverts, cherchait autour de lui,

pleurait. Cette crise a duré pendant une heure sans qu'il se

réveillât complètement. Il a ensuite dormi tranquillement.

Le lendemain, il est retourné à l'asile. La nuit, vers onze

heures et les treize autres nuits suivantes même cauchemar.

Au bout de six mois, comme il était revenu depuis quelque

temps en bonne santé, il a été remis à l'asile où il travaillait

bien. Au commencement de juillet 1888, un jour, la directrice

a envoyé chercher sa mère pour des crises qui se produisaient

depuis une dizaine de jours, le matin à 10 heures : L'enfant

se mettait dans un coin, puis montait et « déroulait les

gradins », grimpait après les fenêtres, les balustrades, sau-

tait sur le calorifère, etc. A la fin de ces crises d'agitation,

qui, dit-on, duraient deux ou trois heures, il battait les

autres enfants, puis devenait calme, s'asseyait et pleu-

rait.

Le lendemain, étant gardé à la maison, il a été pris d'une

crise que sa mère décrit ainsi : tout d'un coup il s'est assis,

disant : « Je vais être malade. » Il a été pris d'un tremble-

ment tétaniforme de tout le corps qui l'empêchait de parler.

Les doigts et les orteils étaient « ratatinés, crispés ». Les

mâchoires étaient un peu contractées. Il n'a pas bougé de

sa chaise. Au bout de dix minutes, le tremblement a cessé

mais les pieds et les mains restaient « crispés ». Puis il a eu,

durant trois heures, une série de crises analogues. Alors, il

a eu un peu de « renâclement dans la gorge, les mains se

sont décrispées », il a pleuré et a demandé à boire. Pas de

Caractères DES attaques. 143

perte de connaissance, pas d'écume ni d'évacuations invo-

lontaires. Abattement et céphalalgie consécutifs. Enfin som-

meil pendant une heure et demie. (6 juillet 1888).

Le 9 juillet, nouvelle crise, une heure. - Fin juillet, 3 crises

en trois jours, durant d'une heure à une heure et demie, se

terminant par le besoin de boire et par des pleurs. (Il est

sujet à pleurer beaucoup pour la moindre chose.) Quatre

crises en août, 3 en septembre, 2 en octobre, 3 en novembre

jusqu'à l'admission, celles-ci plus longues. Il prévenait géné-

ralement. La dernière (4 heures) l'a pris étant il l'école, il a

dit : « Sortez-moi, je vais être malade. »

Il n'a pas eu de folie ni avant ni après, ni d'hallucinations

ou de cauchemars. Pourtant le sommeil était un peu agité :

il sautait souvent dans son lit. Tandis que, avant, il ne souf-

frait pas de la tête, depuis, il s'en plaint souvent.

Il n'aurait jamais eu de convulsions, mais avait de grandes

colères durant lesquelles il tapait sur n'importe qui, princi-

palement sur sa grand'mère. On attribue la maladie à la

peur.

Rougeole à 3 ans ; pas d'autres maladies infectieuses.

Quelques croûtes d'impétigo du cuir chevelu. - Oxyures à

3-4 ans. - Pas de traumatisme ni d'onanisme.

Etat physique (Décembre 1888). - Nous nous bornerons à

signaler l'état ogival de la voûte palatine ; la longueur des

oreilles (6 cent.), leur renversement en dehors et l'adhérence

du lobule ; - un petit nceutcs au niveau de la fosse sus-épi-

neuse droite. - La sensibilité générale et la sensibilité spé-

ciale paraissent normales.

1889. Février. - Broncho-pneumonie, durant laquelle les

attaques ont été suspendues.

6 mars. - Une attaque, à laquelle assiste M. Sorel, interne

du service, aurait offert les caractères suivants : Pas de cri.

Yeux tournés en haut et à droite. Paupières agitées de

mouvements d'élévation et d'abaissement. Rigidité générale

(quelques secondes). Séries de secousses cloniques, tendance

à se mettre en arc de cercle. Déplacement du corps en avant

et de côté. Poings fermés, pouces en dehors. Lucien essaie

de se mordre les mains. Pas d'écume. Durée, cinq minutes.

24 murs. - Un nouvel examen ne décèle aucun trouble de

la sensibilité générale ni des sens.

144 Description ET marche DES attaques.

Juin. - Description d'une nouvelle attaque (1) : chute

accompagnée d'un cri léger ; mouvements cloniques des

paupières et des lèvres; globes oculaires déviées en dedans.

Bras étendus, poings fermés. Membres inférieurs dans l'ex-

tension.

Au bout de deux minutes, mouvements de flexion en masse

des membres inférieurs avec déplacements du corps. -Après

trois a quatre minutes, un peu d'écume, repos.

Après cinq minutes, nouvelle agitation des paupières, l'en-

fant se frapperait le visage si on ne l'en empêchait. Il donne

plusieurs coups du talon sur le sol. Bras étendus, puis fléchis

sur le bassin, jambes fléchies sur les cuisses. Quelques mou-

vements de flexion, repos. - Après neuf minutes, mouve-

ments brusques d'extension et de flexion, écume blanche,

repos.

Après dix minutes, B... porte sa main à la bouche. Mouve-

ments de mastication. Flexion des cuisses et de la colonne

vertébrale. Repos.

Après douze minutes : extension de la colonne vertébrale

et des membres inférieurs. Rigidité des bras étendus en croix.

Le malade prononce quelques mots inintelligibles, reprend

connaissance et se plaint d'avoir soif. - Durée totale de l'at-

taque 15 minutes.

Les caractères de cette attaque ne laissent aucun doute sur

la nature de la maladie ; B... est atteint d'hystérie.

Septembre. - Torticolis antérieur gauche. - Bronchite

légère.

1890. Octobre-novembre. - Scarlatine sans complication.

Organes génitaux. - Les testicules ont eu de la peine à

descendre, phimosis.

1893. Octobre. - Depuis son entrée en novembre 1888 jus-

qu'à maintenant, B... a pris en hiver, des bains, de l'huile de

foie de morue et du sirop d'iodure de fer, et du 1er avril au

30 novembre des douches. De plus, école et gymnastique.

Ses attaques ont eu la marche suivante : Décembre 1888, 8 ;

- 1889, en janvier 59 ; - en février 2 ; en mars 26 ; - en

avril 8 ; - en mai 3 ; - en juillet 2 ; en août 6 ; - en

novembre et en décembre 2. Au total 110. - 1890, 4 attaques

(1) Nous réservons le mot accès, aux accidents épileptiques; - celui d'af-

laques, aux accidents hystériques ; - celui de crises pour les accidents indé-

terminés ou sur la nature desquels on n'est pas fixé.

Marche de la .maladie. 145

en avril, 5 en mai, 1 en août ; au total 10. - Rien de septembre

1890 àj uillet 1891. - 1891, 8 attaques en août, 15 en septembre.

- A partir de là jusqu'à ce jour, c'est-à-dire en deux ans,

((ucune attaque. De l'entrée au mois de septembre 1891 on

aurait noté un certain nombre de vertiges sur lesquels nous

n'avons pu avoir de renseignements précis.

En raison de l'amélioration très notable qui s'est produite,

sa mère vient demander un congé cl'essai d'un mois promet-

tant de l'envoyer -Il l'école.

30 )t0uemb)'e. Sa mère réclame sa sortie, son maître

d'école et elle étant très contents de lui. Exeat.

1899. 8 mai. - Durant les six premiers mois de sa sortie

8.... a été très tranquille et laborieux, puis il est devenu indis . z

ciplitié, se battait avec ses maîtres. Aussi a-t-il été renvoyé

de l'école. Il a été mis en apprentissage dans la fonderie de

cuivre où travaille son père. Au bout de 15 jours, il n'a plus

voulu rien faire. Il allait «galvauder» mais rentrait tous les

jours. - En janvier 1898 il est entré au journal « Paris-

Courses » où il travaillait de 2 heures de l'après-midi à 2 heures

du matin. Il a été renvoyé en juin parce qu'il exigeait une

augmentation de salaire, ne faisait pas un travail régulier et

répondait. Il n'a plus rien fait pendant neuf mois. Le 26 avril,

il est entré dans une fabrique de pétrole où il n'est resté que

trois jours, puis il n'a pas reparu à la maison jusqu'au 4 mai.

Ce jour là dans la matinée, il est revenu, a fait un trou pour

faire sauter le verrou de sûreté, a pénétré dans le logement et

quand sa mère est rentrée, il s'est précipité sur elle, essayant

de la frappcr avec le bout d'un sabre qu'il avait disposé en

poignard. Sa mère s'est échappée. Les agents l'ont arrêté et

conduit au Dépôt où il a séjourné jusqu'au 30 mai. Il a été

relâché, sur le vu de notre certificat constatant qu'il avait été

traité à Bicêtre.

Sa mère raconte que l'été dernier, Lucien lui avait jeté une

assiette au visage, qu'il était de plus en plus violent envers

son père auquel il avait donné des coups de poing. Elle affirme

que depuis sa sortie jusqu'au 4 septembre U898, il n'avait pas

eu une seule attaque. Ce jour là il but une absinthe suivie

d'un vermouth. Le soir il a été pris d'une violente colère, s'est

sauvé de la maison, s'est battu dans la rue, a été violemment

contusionné, est revenu en hurlant. Sa mère l'a fait coucher.

A peine au lit, a éclaté une crise convulsive très forte, avec

écume sanguinolente.

1900. 1G mars. - Pas de nouvelle crise. B... est resté chez

Bourneville, Bicêtre, 1899. 10

ses parents sans travailler, allant « vagabonder avec un tas

dévoyons. » Il rentre le soir; n'a jamais découché, ne commet

pas d'habitude d'excès de boisson. « Ce qui domine chez lui,

c'est la paresse et le mensonge.» Il a été condamné le 21

août 1899 à trois mois de prison pour avoir tenté, avec plu-

sieurs « voyous n. de violenter une femme déjà âgée aux

environs du fort de Iiomainville. - Il s'est engagé le 3 février

dans un régiment d'Afrique et, jusqu'à la fin de mars, il

n'aurait encouru aucune punition.

1l,f : ur,Lmovs. I. Pour les antécédents héréditaires,

nous n'avons qu'à renvoyer le lecteur aux considé-

rations qui suivent l'observation précédente.

II. Malgré l'hérédité notablement chargée, et sauf

un certain degré de turbulence, « il était très diable »

a dit sa mère, Lucien semblait un enfant normal,

jusqu'à ans et demi. A cet Age, sous l'influence

d'une peur, occasionnée stupidement par son enfer-

mement dans un cabinet noir et la menace de bêtes

qui allaient venir le dévorer, surviennent des Ciluche-

mars qui se reproduisent durant J) nuits consécutives,

et, après un répit de quelques mois, des crises 11 ! Jsté-

riques qui motivent son placement clans le service.

III. Le malade a été soumis au traitement médico-

nécl ? ori-ye : école, gymnastique, travaux manuels,

bains, hydrothérapie, dès son entrée et jusqu'à sa

sortie qui a eu lieu alors que depuis 2'i mois, il n'avait

plus eu aucune attaque. Après avoir été docile,

obéissant, laborieux, il est devenu violent, men-

teur, paresseux, instable et sous l'action d'un excès

de boisson occasionnel il a eu une crise nerveuse,

peut-être épilepliforme. Nous n'insisterons pas sur

les autres accidents qui, ainsi que les précédents,

auraient été probablement évités, si le séjour cle l'en-

fant et partant son traitement avaient été prolongés.

XI.

Quelques recherches sur le thymus chez l'enfant

(Statistique de 61 cas) ;

l'AH Albert t KATZ

INTERNE DES HOPITAUX.

Sur le conseil de notre maître, M. Bourneville, nous

avons entrepris à l'hôpital des Enfants-Malades, au cours

de notre année d'internat à cet hôpital (1899), quelques

recherches sur la persistance ou non du thymus chez des

enfants de divers âges.

Nos recherches ont porté sur des cas provenant des dif-

férents services de l'hôpital et concernant des sujets

atteints des maladies les plus diverses. Parmi ces 61 cas,

il en est un certain nombre sur lesquels nous n'avons pas

eu d'autres renseignements que le nom et l'âge. Seuls les

malades provenant des salles Blache, Guersant et de la

crèche dont nous fûmes l'interne et du pavillon Trousseau

affecté aux diphtériques, sont suffisamment désignés par

le nom delà maladie qui a causé la mort et souvent aussi

par leur poids. Nous donnons ci-après un tableau général

des cas examinés.

148 Thymus CHEZ l'enfant normal.

150 Thymus chez l'enfant normal.

152 Thymus chez l'enfant normal. 1

- 1511 Thymus chez l'enfant normal.

156 Thymus chez l'enfant normal.

158 Thymus chez l'enfant normal.

cas d'absence du thymus ; ni Gruveilhier (1), ni Sappey (2),

ni Simon (3), ni Sanné (4), ni Morel et Duval (5) ne font

aucune mention d'un cas où le thymus ait manqué chez

l'enfant.

Chez les enfants anormaux (idiots imbéciles, arriérés,

épileptiques) le thymus manque souvent ; d'après la sta-

tistique de M. Bourneville on peut évaluer à 74.46 0/00 les

cas où cet organe manque.

Couleur. - Dans la grande majorité des cas le thymus

était gris ou rosé. Sept fois nous avons trouvé le thymus

rouge, d'un rouge sombre même. Dans un cas (voir n° 44

du tableau), on voyait tant il la surface que sur les coupes

de petits foyers sanguins de la dimension d'une tête

d'épingle et d'une couleur très foncée, véritables petits

foyers d'apoplexie thymique.

Il est intéressant de remarquer que tous les thymus

rouges, injectés appartenaient à des enfants morts de

diphtérie. Nous reviendrons tout-v-l'hcure sur cette par-

ticularité.

Forme. Presque tous les thymus se ressemblent ;

avec le manche du scalpel nous arrivions toujours facile-

ment à séparer les quelques tractus celluleux qui réu-

nissaient les deux lobes cle la glande. Dans sept cas

(11,16 0/0) les deux lobes étaient plus intimement unis.

De bipartie moyenne (3 fois, nos 23, 29, 33) ou inférieure

(3 fois, nOS 6, 16, 37) de l'un des lobes se détachait un trac-

tus glandulaire plus ou moins épais pour aller se perdre

dans l'autre lobe. De petits vaisseaux accompagnaient ces

tractus.

Dans un cas (n° 52) enfin, la séparation des deux lobes

n'existait pour ainsi dire pas ; dans presque toute l'éten-

due du thymus, les deux lobes étaient réunis par un épais

(1) Cruveilliier, Anal, deSCi'ipt, 3' étl. T. III, p. 547.

(-2) Sappey, Anat. descript. q. éd. T. IV. p. 470.

t3) Simon, in Traité d'Anatomie humaine de Poirier, Tome IV, 1. u'i.

(4) Sauné, Dict. encycl. des Se. méd., art. Thymus.

(5) Morel et Duval, Manne ! de l'rlnatomitte, p. 079.

Thymus chez l'enfant normal. 159

pont glandulaire ; seules, les cornes supérieures indi-

quaient les deux lobes de la glande.

Rapports. Dans deux cas (voir nOS 23 et 61 du tableau)

la corne supérieure droite du thymus remontait très haut

dans le cou et atteignait le bord inférieur de la glande

thyroïde; et pourtant dans les deux cas la thyroïde

n'était point basse, puisque le bord inférieur du lobe

thyroïdien droit était placé au niveau du sixième anneau

trachéal.

Poids spécifique. Nous avons fait subir il tous les

thymus l'épreuve de l'eau : 56 tombèrent au fond du vase ;

dans 7 cas (nos 29, 33, 50, 55, 58, 59, 60) les fragments de

thymus nagèrent il la surface du liquide.

Poids du thymus. Nous arrivons maintenant à l'élude

du poids du thymus. Cette question du poids du thymus

aux divers âges est assurément une dos plus controver-

sées de l'anatomie de cet organe. A l'étranger, les auteurs

donnent pour le poids du thymus des chiffres tout-il-fait

excessifs. l'our 1-Iausted, par exemple, le thymus pose-

rait en moyenne, 10 gr. à la naissance ; pour Koelliker 13

gr. ; pour Mcrkel 18 gr ! « 11 y a, dit Sappey, dans ces

résultats plus qu'une exagération : ils sont erronnés ».

Pour Sappey le poids du thymus du nouveau né serait

de 2 3 g ? el « alors même, que le thymus présenterait

« un développement exceptionnel, son poids le plus habi-

ctuel ne dépasse pas 6 v 8 g'r (1) ».

Si nous jetons maintenant un coup d'oeil sur les chiffres

obtenus par la pesée de nos 61 thymus, on est de suite

frappé de l'extrême variabilité que présente le poids du

thymus; de plus, il n'existe pas entre le poids du thymus

et celui de l'âge des enfants ce rapport simple qu'indiquent

les classiques.

D'après ces derniers, le thymus à partir de son appari-

tion vers le deuxième mois de la vie intra-utérine aug-

(1) 5nypey. Aittt. Descr, 4- éd., T. IV, p, 470.

160 .. . Thymus chez l'enfant normal.

monterait progressivement de volume et de poids jusque

vers la deuxième année ou le thymus présenterait son

maximum de développement ; à partir de ce moment le

thymus entrerait dans la période de régression'.

- priori, on doit donc trouver les thymus les plus lourds

vers la deuxième' année ; à partir de cette époque, le

thymus doit être d'autant plus petit que l'enfant grandit

davantage.

Or, tel n'est pas le cas de nos (il thymus. De un il cinq

mois la moyenne (établie sur 20 cas) est de 4 grammes ;

de 5 mois à 2 ans elle est de (i gr. (25 cas) ; de 2 ans à 13

ans elle est de 8 gr. (18 cas).

On voit donc que le poids du thymus est extrêmement

variable et qu'il est impossible Ù cause de cette variabi-

lité d'assigner un moment précis où le thymus aura

atteint son maximum de développement ; ce maximum

doit varier d'un cas a l'autre.

Nous ne pouvons tirer de notre statistique aucun ren-

seignement relatif au rapport du poids du thymus à celui

du sujet. Sur nos 61 sujets, nous n'avons le poids que de

28 d'entrc eux ; mais nous nous abstenons de toute con-

clusion à cause de la catégorie d'enfants pesés ; tous les 28

cas proviennent de la crèche ; or les enfants de la crèche

sont pour la plupart dos athropsidues n'ayant pas le plus

souvent le poids normal d'un nouveau-né normal. Toute

évaluation serait donc fausse ; il eut fallu pour cela des

sujets sains - ayant le poids normal morts d'une

maladie intercurrente, ce qui n'est pas le cas chez nos 28

enfants de la crèche.

Nous ne pouvons donc tirer de notre statistique aucune

indication valable, sur le rapport qui existe entre le poids

du thymus et l'âge ou le poids du sujet. En revanche ne

peut-on pas être frappé d'une relation constante entre le

poids du thymus et certaines maladies infectieuses '

Nous avons parmi nos 61 cas, 13 cas de diphtérie pro-

venant tous du pavillon Trousseau. Eh bien, chez tous

les 1 : 3 sujets morts de diphtérie, quelque soit leur âge,

le poids du thymus est constamment supérieur il cinq

grammes. Voici un tableau qui résume ces 13 cas :

Thymus chez l'enfant normal. 161

Malades provenant du pavillon Trousseau, morts à la

suite de diphtérie.

162 Thymus CHEZ l'enfant normal.

Thymus chez l'enfant normal. 163

Altérations pathologiques. - Nous avons parlé plus

haut d'un thymus farci de petits foyers d'apoplexie. En

dehors de cette altération nous n'avons à citer qu'un seul

thymus paraissant infiltré de tuberculose.

Il s'agit d'un enfant de 7 ans (n° 56) mort dans le service

de notre maître, M. Variot, d'une tuberculose pulmonaire;

à l'autopsie nous trouvâmes, outre des lésions avancées

dans le poumon, une adénopathie trachéo-bronchique très

marquée. Sur le thymus, il existait une masse tubercu-

leuse qui pénétrait les deux lobes ; mais il nous fut très

facile d'énudéer complètement cette ma-se : c'était, en

somme, un ganglion tuberculeux sur le thymus , ce

dernier organe n'offrait lui-même aucune lésion.

XII.

Comparaison entre les enfants normaux et les enfants

anormaux au point de vue de la persistance ou de

.. l'absence du thymus ; . , ..

]>,\I,IIOUUNE\'IJ.U ?

Depuis 1890 jusqu'à ce jour, nous avons relevé, dans

toutes nos autopsies, la persistance ou non du thy-

son poids et celui de la l,lain-

tes son poids et celui de la glande thyroïde. Main-

tes fois, sans résultat, nous avions signalé l'intérêt

qu'il y avait, étant donné les recherches physiologi-

ques dont ces organes étaient l'objet, il noter leur

poids chez les enfants réputés normaux. Un de nos

anciens internes, M. Katz, passé de notre service

dans un des services cle l'hôpital des Enfants-Malades,

répondant à notre appel, a procédé aux mêmes recher- .

ches sur le thymus qu'il nous avait vu faire il l'hos-

pice de Bicêtre. Il n'a établi (le comparaison qu'entre

ses 61 cas et nos 28 cas de 1898. Nous complétons

cette comparaison, en totalisant tous les cas, au

nombre de 292, où nous avons mentionné la présence

ou l'absence du thymus.

Thymus chez l'enfant anormal. 165

166 Thymus chez l'enfant anormal.

soit 27 pour 100. Il semblerait par conséquent que le

thymus disparaîtrait plutôt chez les enfants anormaux

que chez les enfants normaux.

Ces statistiques sont instructives mais ne peuvent

être considérées que comme les premiers éléments

d'une comparaison définitive (1).

.il) Voir aussi ; Tliaon, Mouvement médical ; 1872.18,

XIII.

Idiotie symptomatique de lésions destructives du lobule

de l'Insula ; sclérose atrophique du lobe temporal ;

Par ttOUR\EV<LLE ET BEIL1N.

Bien qu'incomplète à certains égards au point de vue

clinique, l'observation que nous allons rapporter mérite

d'attirer l'attention et est de nature à contribuer à la con-

naissance de l'anatomie pathologique des maladies ner-

veuses chroniques de l'enfance.

Sommaire. Père, rien d'anormal. Grand-père paternel,,

coléreux, atteint de bronchite, chronique. - Grand' mère

paternelle, migraineuse. - Cousin, strabique à la suite de

convulsions. ? .

Mère, rachitique dans l'enfance, rhumatisante, nerveuse. -

Grand'mère maternelle, céphalalgies. Arrière grand-père

maternel, mort d'apoplexie. - Grand-oncle, excès de buis-

son. -iit'112d'tal2te, gibbosité, troubles mentaux, - Grand-

oncle, aliéné. - Deux cousins atteints de convulsions dans

l'enfance. - Gétnellarité : l'un des Jumeaux est. mort de

convulsions.

Pas de consanguinité. Inégalité d'âge de deux ans.

Conception, grossesse, accouchement, naissance, rien de

particulier. - Premières convulsions à 8 mois pendant 4

heures : consécutivement, diminution de l'intelligence,

diplégie auec prédominance de la paralysie à gauche, acqès

convulsifs. - Vers 15 mois méningite ( ? ) : rémission des

accès pendant trois mois. - Secousses de la tête et du

tronc.

Description de la malade à l'entrée (Novembre 1897). - Asy-

métrite crânienne. - Contracture des membres du côté

168 Antécédents héréditaires.

gauche. - Préhension, marche nulles. ? -Cachexie tuber-

culeuse progressive, diarrhée., mort.

Autopsie : Asymétrie de la voûte et de la base du crâne. -

Pseudo-kyste comblant l'espace demeuré vide par suite

de la lésion qui a détruit en partie le lobe temporal droit,

tout le lobule de l'itsula.correspozda.t, etc. Foyer d'aspect

ocreux. -Atrophie de toutes les circonvolutions de l'hémi-

sphère droit. Inégalité de poids de 135 gr. - Dégénéra-

tions secondaires. - Petit foyer ocreux de la pointe du

lobe temporal gauche.

Wi... (Marguerite Marie), née à Paris le 16 avril 1896, est

entrée à la Fondation Va;lée le 22 novembre 1897.

Antéeidants. (Renseignements fournis par sa mère en nov.

'1897). - PÈRE, 30 ans, ébéniste, grand, vigoureux, sobre,

aucun accident nerveux ni syphilitique, caractère doux,

laborieux, aussi a t-on été surpris quand, un dimanche soir,

il a quitté sa femme, avec laquelle il vivait d'accord, emme-

nant avec lui la soeur de celle-ci, âgée de 16 ans. - [Son père,

68 ans, ne fait nas d'excès de boisson; il est atteint de

bronchite chronique et sujet à ne violentes colères. Sa

mère, 65 ans, est en bonne santé ; elle aurait eu des migraines

fréquentes mais peu intenses et aurait supporté beaucoup

d'ènnuis de la part de s.n mari. - Grands-parents paternels

et maternels n'auraient été ni névropathes, ni alcooliques. -

Oncles et tantes des deux côtés, renseignements insuffisants.

L'enfant de l'un des oncles maternels louche à la suite de

convulsions. - Treize frères ou soeurs dont quatre seraient

morts eh bas-âge de cholérine. Les autres seraient bien

portants ainsi que1 leurs enfants. - Ni aliénés ni épileptiques,

etc., etc., dans le reste de la famille.]

Mère, 28 ans, ménagère, ni convulsions, ni indices de

syphilis; rhumatisante, cardiaque, nerveuse, sans migraines,

intelligence moyenne, aurait eu dans l'enfance des manifes-

tations rachitiques qui ont disparu. - [Son père est sobre et

n'offre aucun accident à signaler. - Il en est de même

de sa mère qui présente seulement des céphalalgies.

Grand-père paternel mort probablement d'une attaque d'apo-

plexie à 46 ans; pas d'excès. -Grand'mère paternelle, 80 ans.

Grands-parents maternels, aucune affection nerveuse,

morts à 79 et 77 ans. - Un oncle paternel, qui faisait la vie

et buvait beaucoup, a succombé à une maladie du foie.

Une tante paternelle, atteinte d'une gibbosité, n'aurait pas

Antécédents personnels. 1C9

toutes ses facultés. - Plusieurs oncles maternels en bonne

santé, sauf un qui, consécutivement à un coup de soleil ( ? I, a

dû être interné dans un asile. - Trois tantes maternelles

n'ayant rien à noter. Deux de leurs enfants ont eu des CJn-

vulsions. - Un frère et une soew' jumeaux morts, le premier

il 28 mois de convulsions, l'autre d'une maladie à la

jambe ( ? ). - Deux autres soeurs sont'bien portantes dont là

plus jeune est partie avew le père de l'enfant, comme nous

l'avons dit plus haut. - Dans le reste de la famille ni aliénés,

ni paralytiques, etc., etc.]

Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 2 ans.

Deux enfants : in une fille, pas de convulsions, intelligente;

2° notre malade.

Antécédents personnels. - Pas de détails sur la conception. -

Grossesse accidentée par des vomissements et des troubles

cardiaques : ni émotions. ni oedème, etc. - Accouchement

à terme, naturel; présentation du sommet; eau en quantité

moyenne. A la naissance, pas d'asphyxie. Elevée au biberon

avec du lait de vache. A un mois l'enfant fut conduite chez

une tante, à la campagne, où elle resta jusqu'à un an. C'est

lit qu'elle a eu, à 8 mois, ses premières convulsions qui

coïncidèrent, dit-on, avec l'apparition des premières dents.

Ces convulsions survinrent la nuit, débutèrent par un cri,

envahirent la face et les membres; elles durèrent quatre

heures. On ignore si elles furent plus fortes d'un côté que de

l'autre. On assure que. consécutivement, l'intelligence aurait

diminué, que l'enfant ne reconnaissait plus ni les personnes,

ni ses jouets, était indifférente -il tout ce qui se passait autour

d'elle. On remarqua encore que le côté gauche du corps était

plus malade que le droit.

A partir de ces convulsions, l'enfant aurait eu presque

quotidiennement des accès convulsifs, se répétant 8 ou 10

fois en 2'< heuivs. Souvent, quand on la prenait sur les bras,

elle rejetait la tête en arrière et avait 8 ou 10 secousses

convulsives. Dans ses accès, l'avant-bras gauche se

fléchissait sur la poitrine et demeurait ainsi raide pendant

l'accès.

Vers le milieu du mois d'août 1897, Marguerite fut prise de

vomissements, de constipation, de cris nocturnes, avec-

élévation de la température, le tout accompagné d'assou-

pissement. Le médecin qui la soigna aurait diagnostiqué une

méningite. Ces accidents durèrent trois ? en'aines. Après

cette maladie, l'enfant resta trois mois sans avoir d'accès.

170 Idiotie symptomatique.

On prétend qu'ils étaient transformés et consistaient en

secousses de la tête et du tronc, revenant deux ou trois fois

par jour. L'état intellectuel n'aurait : : pas été modifié par la

maladie qualifiée de méningite.

Nous manquons de renseignements sur les maladies infec-

tieuses, les manifestations scrofuleuses, etc., etc. (1).

Etat actuel (Nov. 1897). - L'enfant il l'aspect d'une strumeuse.

Le visage est boum, pâle, sans expression, les yeux sont

chassieux. Elle crie ou pleure sans cesse et ne reste pas

tranquille. La tête est bien développée mais asymétrique, la

bosse pariétale droite est très saillante, la gauche peu; les

bosses frontales sont peine accusées, le front est droit, aplati.

Les cheveux sont châtains, abondants, en broussailles, raides,

coupés courts. Les arcades sourcilières sont peu saillantes,

ombrées de sourcils courts et fins. Les paupières fines,

souples, légèrement boullies, sont bordées de cils longs, bien

implantés à la paupière supérieure, irrégulièrement implan-

tés et moins abondants il la paupière inférieure. Les yen-Ame

présentent pas de lésions apparentes, les iris bleu clair, les

pupilles, égales, réagissent bien il la lumière et il l'accommo-

dation. L'examen fonctionnel de la vision est impossible. La

bouche est grande, les lèvres, assez épaisses, sont rosées.

Le menton, petit, est arrondi. Les ;0t.tes sont pleines, bouffies,

pâles. Les oreilles sont symétriques, peu écartées du crâne,

bien ourlées; le lobule est mal dessiné, adhérent. Au niveau

du tragus, on note une petite excroissance charnue. L'ouïe

est bonne. La voûte palatine est excavée, non ogivale, le

voile du palais est normal. Les amygdales sont grosses. La

langue ne présente rien de particulier. Le goût existe, car

l'enfant aime le lait et le préfère sucré. La dentition est

incomplète, irrégulière. Les incisives de la première dentition

présentent des érosions linéiformes. Les autres dents sont

normales. L'enfant a de fréquentes vomiluritions, bave

souvent.

Le cou est court, large, le larynx saillant, le corps thyroïde

difficile il sentir il la palpation. Le thorax est bien conformé.

L'examen des poumons et du coeur est négatif. L'abdomen est

saillant, arrondi, tes parois sont souples, la cicatrice ombi-

licale ne fait pas relief, la palpation et la percussion ne

(1) La mère est partie en Angleterre et nous n'avons 1) -s eu la possibilité

de la revoir pour compléter certains points de l'observation.

Description de la malade. 171 1

dénotent rien d'anormal du côté des organes intra-abdo-

min;tU L '

Les membres supérieurs sont bien développés, gras, mais

le biais gauche présente une attitude vicieuse. L'avant-bras

est on dcmi-Ilcxion SI11' te bras, la main il. demi-fléchie en

pronat on ; par moments l'attitude de l'avant-bras restant la

même, la main se ploie en supination et se fléchit sur la face

dors tlc de l'avant-bras. Les mouvements spontanés existent

à dnite : mais affaiblis, car l'enfant n'aide en rien pour s'ha-

biller, se laver, etc.. A gauche, résistance plus grande aux

mouvements provoqués.

Les membres inférieurs sont assez bien développés, les

mouve nents provoqués sont normaux. L'enfant se tient

debout, mais ne marche pas. Lasaie-t-on de la faire avancer,

eu la soutenant, on remarque que le membre inférieur

gauche présente une certaine raideur, que le genou ne se

plie pas et que le bassin s'incline du côté opposé, que la

colo 111<\ vertébrale s'incurve du côté gauche qui est évidem-

ment plus faible. L'enfant ne change pas ses pieds de place.

On ¡lOt : une petite cicatrice au-dessous de la rotule ! ! aucl1P.

- Les réflexes sont normaux.

Puberté : Pénil saillant, grandes lèvres épaisses. Les petites

lèvres, peu saillantes, forment, on s'unissant à la partie

supérieure, un petit capuchon qui recouvre complètement le

clitoris Orifice de l'hymen, circulaire, hymen intact, fosse

iiavieulaire profonde, fourchette saillante, région anale

normale.

W... prend des panades qu'on lui donne à la cuiller et du

1 tit ni biberon qu'elle tient bien et rejette dès qu'il est vide.

Après 1.3 repas, elle met ses doigts dans sa bouche et rend

sou\en' : les aliments, bave abondante, constipation, gâ-

tisme.

Pa,·oe, attention, sentiments affectifs nuls. Sommeil

s muent interrompu par des cris : W.. se réveille et pleure dès

qu'elle est mouillée. Lorsqu'elle est assise, balancement

a itéro. postérieur du tronc en même temps qu'elle tourne la

n'ain g mche et agite les doigts.

La température rectale, prise matin et soir pendant les

cinq premiers jours de l'admission, a oscillé entre 3î ? et 36n

(six foi; sur douze au dessous de 36°).

Trai ement : Huile de foie de morue, sirop d'iodure de fer,

deu bains salés par semaine. Gymnastique : exercices du

saut, de la marche, des jointures.

lî2 Idiotie symptomatique.

1898. Januier. Comme l'enfant ne présente pas trace

de cicatrices vaccinales on la vaccine ; résultat négatif.

L'état de l'enfant ne s'est pas amélioré ; elle ne prêle aucune

attention il ce qui se passe autour d'elle ; elle ne rit jamais,

n'a aucune affection pour les -personnes qui la soignent, elle

reste insensible aux caresses. Comme alimentation, elle ne

prend que du lait.

1899. Janvier. Même état. La santé physique parait

bonne. Même régime, prend le lait avec avidité; crie

beaucoup quand, aux repas, elle n'est pas servie l'une des

premières : c'est sa seule manifestation intellectuelle.

Mars. - L'enfant maigrit visiblement depuis quelques

jours. On ne constate rien aux poumons, ni aucmur, il n'y a pas

de raideur de la nuque, pas de photophobie, rien du côté de

l'abdomen. L'examen est très ditliciie. Régime lacté absolu,

sirop de glycéro-phosphate de chaux.

Avril. L'enfant conserve son appétit ordinaire; malgré

cela. son état s'aggrave, l'amaigrissement s'accuse, il y a une

diarrhée continuelle. L'examen du poumon reste négatif, la

palpation de l'abdomen ne fait pas découvrir de ganglions

mésentériques volumineux. Diagnostic ; tuberculose. Même

traitement général, plus 1 gr. 50 de salicylate de bismuth

par jour.

Mai. - L'enfant présente toujours le même état général

mauvais, l'amaigrissement progresse, plus marqué au thorax.

Sur les cuisses, on note quelques papules d'un rouge

brunâtre, isolées par des intervalles de peau saine (éruption

papuleuse des gâteux.

Juin. - Même état général. Depuis quelques jours, la

diarrhée a cessé, mais l'enfant a de fréquents vomissements,

elle pleure sans cosse et tousse de temps en temps. La

percussion des poumons dénote de la submatité et une

résistance spéciale au doigt da os les régions sous-claviculai-

res. A l'auscultation, qui est extrêmement difficile il pratiquer,

l'enfant criant et se débattant sans relâche, on trouve quelques

râles humides disséminés dans les poumons, plus nombreux

aux sommets. Les ganglions du cou, des aines, des aisselles

sont augmentés de volume, isolés (polymicro-aclénie) ; éry-

thème des régions fessières et inter-fessières.

La conjonctive droite est injectée : surtout au niveau de

l'angle externe de l'mil où existe un pannus. Congestion

irradiant autour de deux volumineuses phlyetènes isolées.

Même aspect de la conjonctive gauche où ion ne constate

Cachexie tuberculeuse. 173 i

qu'une seule phlyctène. Les lèvres et le menton sont rouges ;

on y note une légère desquamation furfuracée; dans la

conque du pavillon droit, la desquamation se fait en lamelles

plus épaisses. Pendant le jour, l'enfant dort assez bien, mais

la nuit elle crie sans cesse. Même traitement général, vase-

line boriquée sur les régions qui desquament, lavage des

yeux à l'eau boriquée tiède.

174 LÉSIONS DE LINSULA Et DU LOBE TEMPORAL.

Lésions DE L'INSUC : A ET du lobe TEMPORAL. 175

égaux. Le tubercule mamillaire droit semble un peu plus

petit que le gauche. Dans son tiers interne, le pédoncule céré-

bral droit est moins bombé que le gauche ; il en est de même

de la moitié droite de là protubérance. - La moelle nyant

été sectionnée trop haut, on ne peut comparer ni les olives

ni les pyramides. - La glande pinénle est un peu grosse,

d'aspect vitreux. - La, glande pituitaire est petite, foncép.

- Liquide céphalo-rachidien recueilli : qnatre cuillérées à

soupe. Le cervelet n'est le siège d'aucune lésion.

Cerveau. - L'inégalité de poids entre les deux hémis-

phères qui est de 135 gr. donne une idée de l'atrophie de

l'hémisphère droit dont toutes les circonvolutions sont

notablement réduites de volume par rapport aux circonvolu-

tions de l'hémisphère gauche. ·

Hémisphère droit. - Il existe au niveau de tout le lobe

temporal et de l'insula une lésion ancienne constituant un

psendo kyste rempli de liquide céphalo-rachidien. Les vais-

seaux de la pie-mère, correspondant à ce vaste foyer, qui

n'a pas moins de 7 centimètres de longueur sur le lobe tem-

poral, sont tous plus petits que ceux du côté opposé.

Lorsque la pie-mère et les vaisseaux sont enlevés les

régions lésées se présentent avec une coloration jaune-

ocreuse plus foncée par place, principalement au niveau de

la corne d'Ammon et de ce qui reste de la circonvolution de

l'hippocampe. La lésion intéresse tout le lobe temporal

aussi bien la face inférieure que la face convexe. Le lobe a

conservé sa forme générale (PL. I).

A l'extrémité antérieure, ce qui reste des circonvolutions

est flasque, comme s'il s'agissait de deux membranes à demi

accolées, avec çà et là des parties dures qui forment comme

des arêtes. - Le foyer ocreux occupe tout Tri jusqu'au pli.

pariétal inférieur inclusivement et près de deux cent : du

pied de PA. Tout le lobule de. l'insula. est compris dans la

lésion. - A la place des digitations on trouve une plaque

jaune brunâtre, dure avec quelques arêtes en avant ; cette

plaque ocreuse arrive en dedans jusqu'à 4 millimètres de la

bandelette optique. :

Autour de cette lésion principale, - lobe temporal, insula,

les circonvolutions contiguës sont très atrophiées, blan-

ches, dures ; ce sont la partie supérieure de P2., tout P.C.,

toute la moitié antérieure de L.O. ; les circonvolutions qui bor-

dent de chaque côté la partie postérieure de Sc.p. L'atrophie

se continue sur la face interne de l'hémisphère, intéressant

176 Idiotie symptomatique.

tout le coin et les bords de la fissure calcarine. La circon-

volution du nerf olfactif est réduite à deux arêtes blanches

dans toute sa longueur. Le pied de FA et celui de i'3 sont

atrophiés et indurés (coloration blanche, induration très

nette, tranchant sur la coloration grise et la consistance

molle des autres circonvolutions. La plupart des circonvo-

lutions atrophiées ont un aspect vermicelle, sont réduites à

` ? , 3 ou 4 millimètres de largeur et constituent autour de la

lésion principale (lobe temporal, circonvolution d'enceinte

de la scissure de Sjlvius et lobule de l'insula). une zone de

lésions moins accusées. Autour de cette zone les circonvo-

lutions sont petites, arrêtées dans eur développement mais

ont leur forme et leur consistance normales. (PA, P1, moitié

supérieure de L.Q ; extrémité du lobe occipital, pied de FA, F3).

Par suite cle la sclérose atrophique très accusée des cir-

convolutions qui bordent la scissure parallèle, en arrière, et

la fissure calcarine il y a une encoche profonde entre le lobe

occipital en bas, pl et LQ en arrière. (pal. I et II).

Les circonvolutions frontales sont grêles, assez sinueuses

dans leur moitié antérieure, volumineuses, massives, comme

hypertrophiées, dons leur moitié postérieure (I qui est bifur-

cluéc, F2 et à un moindre degré F3). Les circonvolutions de :

la face interne sont grêles avec des sillons très superficiels.

- Le coin est très réduit et composé de petites circonvolu-

tions dures. Le lobe quadrilatère est un peu induré, dur sur

son bord inférieur. - Sur tout cet hémisphère les sillons sont

très peu profonds alors qu'ils sont très accusés sur l'autre

hémisphère. (Pl. II).

Hémisphère gauche. - Les trois circonvolutions (ronta-

les sont très sinueuses avec plusieurs plis de passage - Les

circonvolutions frontale et pariétale ascendantes sont très

développées ainsi que les insertions des trois circonvolutions

frontales surtout de FI et les lobules pariétaux supérieur et

inférieur. Le lobe temporal dans son entier et le lobe occi-

pital sont formés de circonvolutions assez volumineuse* mais

bien moins sinueuses que les circonvolutions du lobe frontal.

(PL. III et IV). Les deux caractères de la face externe sont

donc : la sinnuosité des trois circonvolutions frontales et le

volume prédominant des circonvolutions pariétales.

Sur la face interne les circonvolutions sont bien dévelop-

pées et n'offrent rien à signaler.

Sur la face inférieure nous avons iL noter : 1° La sclérose

atrophique du gurus reclus qui se présente sous l'aspect de

deux crêtes blanches et dures laissant entre elles une fossette

LÉSION DU LOUE TEMPORALE ! ' DE L'INSULA. 177 Î

assez profonde ; toutefois ces crêtes et la fossette inter-

médiaire sont moins prononcées que du côté droit; 2° Un

foyer ocreux occupant la corne d'Ammon, le tiers anté-

rieur de la circonvolution de l'hippocampe, puis la pointe des

trois circonvolutions temporales. Le foyer a la forme d'une

équerre dont le côté le plus grand correspond à la pointe du

lobe temporal et la branche la plus courte à la circonvolution

de l'hippocampe. -Les circonvolutions du foyer ocreux per-

sistent sous forme d'arêtes dures ou de crêtes molles, comme

s'il s'agissait de deux membranes à demi accolées. La par-

tic de T' qui correspond au foyer est blanche, atrophiée, dure.

- Le lobule de l'insula ne présente aucune lésion ; il possède

trois digitations bifurquées.

Des deux côtés, les ventricules latéraux et les masses cen-

traies n'ont rien iL signaler. Voici quelques dimensions com-

paratives :

178 IDIOTIE symptomatique.

voisins ne sont pas tuméfiés. L'estomac ne paraît pas

altéré. - Les intestins ne présentent pas trace d'ulcérations.

Les capsules surrénales n'offrent rien de particulier. Le

pancréas est entouré de ganglions tuberculeux. La vessie est

remplie d'urine ; aucune lésion. - Les organes génitaux sont

excessivement peu développés. Le corps de l'utérus est très

petit, l'utérus a une longueur de 2 cm. 1/2 dont un pour le

- corps; les ovaires 18 millimètres de long sur 5 millimètres

de large.

Poids des organes.

Idiotie complète symptomatique. 179

II. L'enfant n'aurait offert rien de particulier jus-

qu'à l'âge de 8 mois. Alors survint un état de mal

convulsiF qui dura quatre heures, suivi : 1° d'unepara-

lysine des quatre membres, lJ¡'édominant évidemment

à gauche, 2° d'une diminution très notable de l'i2tél-=

ligence et 3° d'accès convulsifs épilepti formes dans

lesquels les convulsions étaient plus accusées au bras

gauche. Sept mois plus tard, accidents méningitiques

pendant trois semaines et rémission des accès con-

vulsifs durant trois mois. Ils réapparurent ensuite,

mais modifiés. L'enfant n'en ayant pas eu dans le

service, de son admission à sa mort, nous en ignorons

les véritables caractères.

III. L'idiotie était absolument complète chez cette

fillette, réduite à la vie végétative : la diplégie qui pré-

dominait à gauche et se compliquait de contracture

avait rendu la marche impossible et la préhension

très limitée. La parole, l'attention, les manifestations

intellectuelles, les sentiments affectifs étaient nuls.

La physionomie était en harmonie avec ces symp-

tômes (Fig. 10). L'alimentation était réduite aux

aliments liquides qu'il fallait lui donner. Notons

encore la bave, le gâtisme, le balancement du tronc,

les tics, les accès de cris, etc.

IV. Sous l'influence de la tuberculose, le poids a

progressivement diminué de 12 k. 500 en janvier

à 8 kilos au moment du décès. Durant le premier

semestre de 1899, la taille s'est élevée de 85 à 88

centimètres. Elle s'était sans doute encore développée

de juillet à la mort (octobre).

La température n'a jamais été très élevée dans le

cours de la tuberculose. Il y a eu, au contraire, une

hypothermie. Du 21 au 31 août, elle a oscillé entre ? 6°,8 et 3ne, 2 ; du le, au 10 septembre entre 37° et

180 Idiotie symptomatique.

37", 8; du 11 au 14 entre 36°,4 4 et 3,4; du 14 au 17

entre 37° et 38°; le 18 la température tombe à 3 ? oi (11) fi,

Fis. 10.

P Lésion du l013P temporal ET de 1/fXSL'LA. 181 1

reste entre 36° et 37° jusqu'au 22 septembre, s'élève

le soir de ce jour à 37°, 4, reste entre 37° et 36°

jusqu'au 26, suint un abaissement à 3" le 2'L Du 27

au 30, elle varie de 36", 4 à 37°, G ; le matin de la mort

elle descend à 36°, 2 pour s'élever à 36°, S au moment

même du décès.

Les notations <7 ! e)'mome/i' ? fM aprèsla mort con-

firment une fois de plus tout ce que nous avons dit si

souvent ailleurs sur l'importance de la thermométrie

pour constater la réalité de la mort. ? La destruction totale du lobule de l'insula et

du lobe temporal et partielle clos circonvolutions

marginales a produit une sorte de cavité à la face

convexe de l'hémisphère. Cette cavité a été comblée

par la pie-mère épaissie et une infiltration cellulaire

enfermant dans ses mailles une assez grande quantité

cle liquide céphalo-rachidien : liscwlo-h ? lstc comme

on disait autrefois, lie pour em-

ployer le langage d'aujourd'hui, car il n'y a pas,

comme dans la lie vraie, de communica-

tion du foyer avec le ventricule latéral : il existe,

au contraire, entre le foyer et le ventricule une couche

de substance nerveuse ayant encore une certaine

épaisseur et s'étendant juqu'a l'avant-mur.

La lésion primitive nous parait être celle qui a

détruit le lobule le l'insula du côté droit et intéressé

profondément le lobe temporal correspondant ainsi

que la circonvolution d'enceinte de la scissure de

Sylvius. Elle nous semble pouvoir être rattachée à

une lésion vasculaire (oblitération) du tronc svlvien

et cle presque toutes ses branches qui, ultérieure-

ment, ne se sont plus développées et ont été trou-

vées, à l'autopsie, moitié plus petites que le tronc et

les branches du côté gauche.

A cette lésion s'est ajoutée une encéphalite qui a

182 IDIOTIE complète symptomatique.

eu pour conséquence la sclérose atrophique de la

plupart des circonvolutions entourant le premier

foyer. -

Cette double lésion a entraîné un arrêt de dévelop-

pement de tout l'hémisphère droit, arrêt de déve-

- -loppement bien mis en relief .-par les mensurations

comparatives dés deux hémisphères cérébraux que

nous avons données et qui' s'est traduit par une dimi-

nution de poids de 135 grammes. D'où l'idiotie com-

plète et la paralysie.

La contracture s'explique par les dégéné1"ltions

secondaires, pédoncule cérébral, protubérance, etc.

Rappelons aussi, pour mémoire, les lésions méningi-

tiques et l'égalité des hémisphères cérébelleux.

Un dernier point à signaler c'est la lésion de l'ex-

trémité antérieure du lobe temporal gauche, ana-

logue, sauf l'étendue, à celle qui a porté sur tout le

logue, sauf l'étendue, à celle qui a porté sur tout le

lobe temporal droit. Les lésions symétriques ne sont

pas rares et, en général, l'un des hémisphères est tou-

jours plus touché que l'autre (1).

(1) Nous espérons donner plus tard les résultats de l'examen histologique.

XIV.

Idiotie et épilepsie symptomatiques de sclérose

tubéreuse ou hypertrophique ; -

PAR BOURNEVILLE.

Dans le Compte rendu de 1898 (p. 198) nous avons

fait suivre la relation d'un cas de Sclérose tubéreuse

du tableau récapitulatif de tous ceux que nous avions

observés à la Salpêtrière et à Bicêtre. Ils sont au nom-

bre de dix. Celui que nous allons donner figure sur

ce tableau.

SOMMAIRE. - Père, eczémateux, alcoolique, affaiblissement

physique et intellectuel, tremblement mi-alcoolique, mi-

saturnin. Grand-père paternel, excès de boisson.

Grand'mère paternelle, eczémateuse. Grand - oncle

paternel mort d'un ramollissement du cerveau. - Tante

et cousin morts de tuberculose. - Oncle eczémateux,

alcoolique, cancéreux. Cousin mort de convulsions. -

Autre cousin idiot.

Mère, enfant naturelle, céphalalgies. - Demi-tante mater-

nelle paraissant aliénée. - Cousin mort de la poitrine. -

Trois autres cousins et deux frères morts de méningite.

Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de six ans.

Emotions durant la grossesse. -Accouchement et naissance,

rien de particulier. - Signes d'idiotie à l'âge de trois

mois. Séries de convulsions à 3 mois : regard plus

obscur; inertie des membres. A 22 mois, attention, pa-

role, préhension, mastication nulles; paralysie des mem-

bres ; grincement des dents; accès de cris. - Épilepsie.

Etat du malade en 1898 : idiotie complète; diplégie et con-

181 Antécédents héréditaires et personnels.

t7'lCttl)'C'. - Cachexie tuberculeuse progressive; mort.

Température pendant la maladie et après le décès.

AUTOPSIE.- Tuberculose pulmonaire. - ! lots de sclérose tubé-

reuse des deu.v hémisphères cérébraux; petites tumeurs

scléreuses du sillon Opto-St1'té. - Petites tumeurs des

reins.

Grosm... (Henri), né le 9 janvier 1885, est entré dans le ser-

vice le 8 août 1898, avec un certificat ainsi conçu : « Idiotie

avec convulsions épileptiformes très fréquentes ; nulle mani-

festation d'intelligence; privation de langage articulé; nom-

breuses malformations; paraplégie avec contracture des

pieds ; gâtisme. » (Dr Garnier)

Antécédents héréditaires. (Renseignements fournis par sa

mère). - Père, 42 ans, peintre en voitures, n'a pas eu de

coliques de plomb mais il y a 8 ans, durant trois mois, un

tremblement de tout le corps et de la langue ; ni convulsions,

ni migraines, ni indices de syphilis; poussées d'eczéma; otite

double. Fume beaucoup. Nombreux excès de boisson. « Il

a malheureusement trop bu pour sa santé. » Il est violent

surtout quand il a pris de l'absinthe. - [Son père, qui

exerçait la même profession, est indemne de manifestations

saturnines. II faisait aussi des excès de boisson. Il est mort il

80 ans. - Sa mère, 79 ans, sobre, sans accidents nerveux,

est eczémateuse. Grands-parois paternels et maternels,

morts âgés après avoir joui d'une bonne santé. - Un oncle

maternel serait mort relativement jeune d'un ramollissement

cérébral. Il avait deux enfants dont l'un a succombé il la tuber-

culose. - Une soeur est morte il 35 ans de la même maladie.

Une autre soeur, bien portante, a eu un enfant enlevé pardes

co11.1;1Llsiol2s. - Un frère, eczémateux, décédé à h0 ans d'un

cancer de la bouche, commettait de nombreux ecc ? alcoo-

liclues. L'un de ses enfants est mort à 19 mois : « Il n'avait

aucun signe d'intelligence ; il était comme mon enfant. » -

Rien à mentionner dans le reste de la famille.]

Mère, 35 ans, blanchisseuse, enfant naturelle, sobre, pas

de convulsions, céphalalgies frontales n'ayant pas le caractère

des migraines ; nul indice de syphilis ; mariée il 21 ans. -

[Père, aucun détail, ni sur sa famille. - Mère, 75 ans, se porte

bien ; aucune maladie nerveuse. - Grand-père maternel mort

vieux, on ne sait de quoi. - Grand'mère maternelle morte de

dysenterie. - Deux frères et deux soeurs n'ont rien de parti-

Antécédents héréditaires ET personnels. li85 z

culier. - Un neveu est mort de la poitrine. - «Ma mère a

eu avant moi et d'un autre amant une fille, ma demi-soeur,

qui est sujette à des idées noires et raconte des choses

imaginaires ; elle a eu trois enfants morts de méningite. » - z

Dans le reste de la famille, ni aliénés, ni épileptiques, etc.]

Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 6 ans (père plus

âgé).

Trois enfants : Deux sont morts à 5 et à 16 mois, de conmd-

sions, le troisième est le sujet de l'observation.

Antécédents personnels. - La conception ne se serait pas

opérée pendant l'ivresse alcoolique bien que son mari eût

d'habitude des rapports avec elle quand il avait bu. - Gros-

sesse : émotion vive occasionnée par la mort de l'un de ses

enfants, survenue alors qu'on le croyait mieux. Huit jours

plus tard, douleurs dans le bas-ventre, disparues par le repos

au lit. Deux semaines après, elle a été effrayée par les cris

d'une femme qui avait une attaque : « Je n'ai pas perdu con-

naissance, mais je me suis senti mal dans le ventre et dans les

reins. J'ai tremblé tout le reste de la journée et, dans la nuit,

je m'imaginais toujours entendre les cris de cette femme. » Le

lendemain, indigestion. Le reste de la grossesse s'est très

bien passé.

Accouchement iL terme, naturel, en deux heures; présenta-

lion du sommet; liquide amniotique en petite quantité, mais

beaucoup de sang, « ce qui effrayait la sage-femme ».

A la naissance, pas d'asphyxie ; l'enfant n'était « pas bien

gros mais paraissait vivace ». - Elevé au sein par sa mère

jusqu'à 3 mois : « Il venait tant bien que mal, parce que je

fatiguais beaucoup et étais mal nourrie. Il ne différait pas des

autres enfants physiquement, mais, déjà, il ne me semblait

pas naturel : son regard ne se fixait pas ; on aurait même

dit qu'il n'entendait pas ; cependant quand un objet tombait

auprès de lui, il tressautait et c'est par là qu'on s'apercevait

qu'il entendait. Sa tête tombait de côté. Il ne souriait point. »

A trois mois l'enfant a été pris de convulsions. Les membres

étaient affectés également des deux côtés. « La face était

blanche, ne se défaisait pas beaucoup; les yeux remuaient et

se portaient en haut. » Pas de ronflement. Durée, environ cinq

minutes. Le même jour il a eu trois crises dans la matinée et

cinq dans la soirée. Pendant quelques jours, il a eu quoti-

diennement plusieurs convulsions semblables. Il a eu ensuite

lSfi . IDIOTIE symptomatique.

une rémission d'une ou deux semaines. On a alors remarqué

que les yeux étaient brouillés comme s'il ne voyait pas clair.

Les membres, qui, auparavant, remuaient naturellement et

également étaient devenus inertes. Pendant deux autres mois

il aurait eu également des convulsions : les membres étaient

raides, le corps tressautait.

Il a été envoyé à la campagne à sept mois ct nourri au

biberon avec du lait de vache. Quand il a été repris par ses

parents, à 22 mois, « il était gros et constipé comme il l'avait

toujours été, les jambes se croisaient et se fléchissaient quand

on voulait le mettre debout. Sa nourrice, qui en avait eu bien

soin, avait essayé de le faire marcher sans y réussir ». Il n'a

jamais pu tenir les objets dans ses mains, il essayait de les

porter à sa bouche sans pouvoir y parvenir. - Jamais on a

pu fixer son regard. Peu de temps avant l'entrée les jambes

commençaient à se fléchir sur les cuisses et les genoux à

devenir raides : « La nuit, dit sa mère, j'étais obligée de me

lever pour lui allonger les jambes. Les pieds ont commencé à

se dévier à 7 ans. » -

Les accès venaient par séries durant plusieurs jours, puis

il y avait des arrêts de deux mois : le corps devenait raide, le

cou était tendu, les yeux se portaient en haut; venaient ensuite

des secousses cloniques, égales, enfin un peu d'écume et un

léger ronflement. Ils duraient deux à 4 minutes, et parfois ils

étaient suivis de sommeil. Dans les derniers temps de son

séjour à la maison, les accès étaient moins forts. Point de

vertiges ni de secousses.

Jamais Gro... n'a donné de signe d'intelligence ni parlé. Il

restait toujours couché, car, assis, il tombait. - Onanisme

constaté peu après son retour de nourrice avec ses mains ; il a

continué jusqu'à l'admission. Sa mère lui attachait les bras.

Préhension et mastication nulles : la langue se mouvait

mal, grincements fréquents des dents, la nuit aussi bien que le

jour. Pas de vomissements, constipation habituelle, gâtisme.

Oxyures vers 12 ans.

Aucune maladie infectieuse, ni accidents scrofuleux, sauf

un peu d'impétigo du cuir chevelu, ni traumatisme.

Le sommeil était court et léger. Parfois l'enfant avait la

nuit, et aussi le jour, « des accès de cris énervants, qui

semblaient le faire souffrir, comme si quelque chose le ron-

geait ( ? ) ». Ces accès duraient d'une à deux heures.

État actuel (avril 1898). - La physionomie n'exprime aucune

intelligence, mais dénote un état maladif.

Tête un peu carrée, assez développée, symétrique; les bosses

Description du malade. 187

sont peu proéminentes. - Visage aplati. Front bas, à peine

bombé. Arcades sourcilières peu saillantes. Aucune lésion

des yeux. Iris bruns, réagissant bien à la lumière. - Ne--

droit. Odorat très obtus. Pommettes assez saillantes, régu-

lières. Bouche petite, lèvre inférieure pendante, menton peu

volumineux. Oreilles assez grandes, ourlet très accentué,

lobule adhérent. L'enfant entend le bruit qui se fait autour

de lui mais ne s'en préoccupe pas. Il tressaille légèrement

lorsqu'on l'appelle ou qu'on hausse la voix.

Le maxillaire supérieur offre une légère atrésie, l'inférieur

est normal. L'évolution de la dentition est très retardée, l'en-

fant n'ayant encore que quatre incisives permanentes à la

mâchoire inférieure et trois il la mâchoire supérieure, l'incisive

centrale droite manquant. Les molaires, encore temporaires,

sont dans un état complet de destruction. Gr... grince souvent

des dents.

Cou gros et court. - Thorax un peu aplati. Rien à l'aus-

cultation des poumons et du coeur. Abdomen normal. -

Corps et pénil glabres. Gland recouvert par le prépuce, non

découvrable (phimosis). Testicules petits, égaux. Longueur

de la verge, .') cent. ; circonférence 4 cent. */2.

Les bras sont paralysés, longs et très maigres. Les avant-

bras sont fléchis sur les bras. Paralysie et contracture prédo-

minant à gauche. La préhension est nulle.

Les membres inférieurs sont incapables de tout mouve-

ment. Les cuisses sont fléchies sur le bassin, les jambes sur

les cuisses, les pieds sur les jambes, le gauche est, de plus,

en adduction forcée. L'enfant ne pouvant se tenir assis ; reste

au lit. z

L'appétit est médiocre ; la mastication ne se fait pas, aussi

l'enfant ne prend-il que des panades ou des aliments liquides

qu'on est obligé de lui donner par petites cuillerées. Pas de

vomissements, ni de rumination. Constipation très prononcée,

il ne va à la selle que par des lavements et des purgatifs.

Gâtisme.

Souvent la face est très congestionnée, d'autres fois très

pâle et alors les yeux sont cernés, enfoncés, et l'enfant

semble souffrir.

La sensibilité générale est très obtuse. Gr... est peu sensible

au froid. - Aucune attention, il ne reconnaît personne, ne

pleure et ne sourit jamais.

Le sommeil est très agité, court, l'enfant ne dort qu'une

188 Sclérose tubéreuse.

petite partie de la nuit. Quand il se réveille, il s'amuse avec

ses doigts qu'il agite, en poussant un léger grognement,

tout près des yeux ; remue sa tête de droite et de gauche.

Onanisme très fréquent : l'enfant porto la main gauche à la

verge qu'il saisit entre le pouce et l'index. Pour s'y opposer,

on place ses bras sur sa couverture et on enveloppe le tronc

dans une alèze. - Les mouvements sont limités à ce que

nous venons de dire.

1899. Janvier. Engelures du pied gauche.

1 cr avril, - État général mauvais. Amaigrissement. Eschares

aux fesses et le long de la colonne vertébrale.

8 avril. Symptômes de bronchite. T. R. 38°.

14 avril. - Bronchite légère qui n'explique pas l'élévation

de la température (39°), due plutôt, probablement, il une in-

fection ayant les eschares pour origine.

20-20 avril. -Aggravation des symptômes généraux. Signes

de tuberculose pulmonaire. Mort le 5 mai.

Du G au 11 avril (matin), la température a oscillé de 37° à

38°; - du il avril (soir) au 21, de ;¡So,2 à39°,2; - elle est

descendue à 3ï°,8 et 38° les 21, 22 avril, puis elle a oscillé

autour de 39° du 23 avril au 2 mai. Alors elle est descendue

progressivement le 3 et le 4 mai à 35°,8. Après le décès (5 mai)

elle était de 38°,5 et a eu enfin la marche suivante :

Sclérose tubéreuse. 189

tale est dépourvue de cheveux, ce qui est du à la manie

qu'avait l'enfant de se frotter sans cesse la tête contre son

oreiller. - Le crâne, peu épais et peu dur, offre plusieurs pla-

ques transparentes. Les sutures pariéto-occipitales sont

dessinées par une traînée rouge. Elles présentent plusieurs os

wormiens de 10 à 1 millim. sur 5 ou 6, à droite et un à gauche

de 3 à 4 centim. en longueur et en largeur. Les autres sutures

sont un peu moins sinueuses que les précédentes.

La dure-mère est légèrement épaissie au voisinage de la

faux. L'apophyse crista-galli est triangulaire, mince. - La

glande piluilaire est petite. - Les différentes cavités de la

base du crâne sont symétriques. Le trou occipital est normal.

La veine méningée moyenne est distendue par un caillot. Le

sinus latéral droit est rempli de sang noir congulé ainsi que

le sinus longitudinal dans les ? de sa longueur.

La pie-mère de la face inférieure de l'encéphale est moyen-

nement vascularisée. Elle est très oedémateuse sur la face

convexe de l'hémisphère cérébral droit, surtout au niveau de

la scissure de Sylvius. La veine qui la longe est distendue par

un caillot noir. Sur la face externe de l'hémisphère gauche,

plaques laiteuses le long de la scissure de Sylvius, vascula-

risation assez prononcée sur les deux tiers antérieurs.

Les artères de la base sont symétriques, sauf les communi-

quantes postérieures, la droite étant environ trois fois plus

volumineuse que la gauche qui est filiforme. - Les nerfs,

les tubercules mamillaires, les pédoncules cérébraux, etc.,

sont égaux. - La glande pinéale a son aspect et son volume

normaux. La protubérance, le bulbe et le cervelet n'ont

rien de particulier.

Cerveau. - Hémisphère droit. - Face convexe (PL. V). -

Les deuxième et troisième circonvolutions frontales sont

remplacées par quatre volumineux Ilots de sclérose tubé-

reuse. La partie moyenne de Fi est également remplacée

par deux grosses masses tubéreuses qui se prolongent,

aussi volumineuses, sur sa face interne. Ce qui reste de

1· 1' et Fi en arrière de ces îlots est très grêle. - La FA

est médiocrement développée. La PA est remplacée dans

ses deux cinquièmes supérieurs par un îlot scléreux. - On

trouve encore un îlot sur la partie inférieure de ]>1, un sur

PC, deux sur LO et un vers la circonvolution postérieure de

T1, caché dans le sillon marginal inférieur, enfin un autre à

la partie postérieure de T3 (PL. V).

Face interne (PL, VI). - Notons un îlot sur l' à deux cen-

190 Sclérose tubéreuse ou 111-PI : ItTH01'IIIyU.

timètres de son origine, puis les deux autres gros îlots pré-

cédemment signalés sur cette face ; ils sont séparés par un

petit pli de passage de la circonvolution du corps calleux qui

est très grêle; un autre îlot sur la partie postérieure de

LQ, un sur le coin, un autre au fond de la scissure fnontalei

interne. - Le lobule paracentral et la circonvolution de

l'hippocampe sont assez réguliers, sans îlots scléreux.

Les autres circonvolutions sont arrêtées dans leur dévelop-

pement.

Le ventricule latéral n'est pas dilaté. Le long du sillon

opto-strié, il existe plusieurs nodosités scléreuses. La cou-

che optique, le corps strié, la corne d'Ammon et le ventri-

cule lui-même n'offrent aucune lésion. - Le lobule de

l'ittsula avec ses trois digitations paraît sain.

Hémisphère gauche. Face convexe (Pu. VII). - Il existe

sur le lobe frontal huit Ilots tubéreux ({ni forment une sorte

déchaîne allant de l'extrémité antérieure de Fi jusqu'à l'ex-

trémité inférieure de FA; leur configuration est très variable;

masses triangulaires ou semi-ovoïdes. Tous ont une dépres-

sion à peu près centrale. On trouve encore un autre îlot sur

la partie postérieure de Ce qui reste des circonvolutions

frontales, à peine le quart, est grêle. Les circonvolutions

frontale (FA) et pariétale ascendantes (PA) sont petites, sur-

tout la dernière qui est très ellilée dans son quart supérieur.

- La photographie n'en donne pas une idée exacte. - Il,

P2, PC et LO sont composés de circonvolutions irrégulières

et offrant des sillons superficiels. - Un îlot sur LO et trois

autres sur Pu. La Planche VII permet de se rendre compte

d'une façon très nette de la répartition des îlots de sclérose,

de la forme des circonvolutions et un peu des sillons super-

ficiels qu'elles présentent. - T1 envoie un pli de passage au

fond du lobule de l'insula qui, lui, a trois digitations dont les

deux premières sont bifurquées.

Face interne. - Aucun îlot scléreux, mais on retrouve la

traînée habituelle cle petites tumeurs blanches et dures, sur

le sillon qui sépare la couche optique du corps strié; elle

envahit la partie antérieure du corps strié. Sur cette face,

comme sur la face convexe, les circonvolutions, sont décou-

pées en forme de pavés irréguliers, surtout FI et LO. (pal. VIII).

Face inférieure. Un îlot sur l'extrémité du gyrus

rectus et doux sur T3. - Des deux côtés le ventricule, la

couche optique, le corps strié, la corne d'Ammon, le corps

calleux n'offrent rien de particulier.

Hérédité. 191

Sur cet hémisphère il n'y a pas de lésions de méninge-

encéphalite, tandis qu'il en existe, iL droite, disséminées çà

et là et principalement sur ce qui reste de 1· t, F2, F3 et sur

la moitié postérieure de T'et T2.

Cou. - Aucune trace du thymus. Corps thyroïde, larynx,.

rien.

TILU1'21'. - Pas d'adhérences des plèvres. - Poumon droit

volumineux; le lobe supérieur est farci de tubercules ; le lobe

moyen présente une vaste caverne, l'inférieur est fortement

congestionné. - Le poumon gauche n'offre aucune lésion

tuberculeuse. - Cour. Le péricarde est sain. L'oreillette

droite est remplie de caillots cruoriques. Le trou de Botal

est oblitéré. Pas de lésion des orifices.

Abdomen. - Estomac, intestins, pancréas, rien. Foie

volumineux, ayant un certain degré de dégénérescence grais-

seuse. Vésicule biliaire, rien. Rate grosse et dure. - Le rein

gauche se décortique facilement; on trouve à sa surface et

sur des coupes de nombreuses petites tumeurs blanches,

ressemblant à des îlots de sclérose ( ? ). - Le rein gauche est

le siège des mêmes lésions. De plus, il y a vers son extrémité

supérieure une tuméfaction de la dimension d'une noisette,

dont le centre est occupé par un kyste à contenu citrin. -

La ressaie est normale. - Les testicules, de la dimension d'une

petite amande, sont situés sur le trajet du canal inguinal. Phi-

mosis ; méat régulier.

Les muscles, examinés dans plusieurs régions sont pâles et

comme lavés.

Tableau du Poids et de la Taille.

192 Sclérose tubéreuse ou hypertrophique.

Mesures de la tête.

, ' ' Hérédité. 193

Un oncle, alcoolique, est mort d'un cancer de la

bouche. Un cousin est mort de convulsions ; un autre

était idiot. Plusieurs membres de la famille -du père,

et lui-même, étaient eczémateux; quelques-uns sont

morts de tuberculose.

La mère étant enfant naturelle, nous n'avons aucun

renseignement sur son père et sa famille. Un cousin

est mort de tuberculose; une demi-tante paraît aliénée

et ses trois enfants seraient morts de méningite i

IL Bien que le père fut alcoolique et eût souvent

des rapports sexuels étant en ivresse, on ne croit

pas que la conception ait eu lieu clans cet état. La

grossesse a été accidentée par deux émotions assez

sérieuses et assez prolongées. Dès les premiers temps

de la vie, l'enfant ne semblait pas naturel ; à trois mois il

eût des convulsions qui se répétèrent quotidiennement

pendant plusieurs jours et lurent suivies de paralysie

des membres, compliquée ultérieurement de contrac-

1 nre. La sclérose tubéreuse existait-elle à la naissance

ou a-t-elle été produite par les convulsions, nous

n'osons nous prononcer, tout en inclinant vers la pre-

mière hypothèse.

III. L'idiotie était complète : Physionomie sans

expression, indifférence au bruit, infixité du regard,

absence d'attention, parole nulle, aucune connaissance

des personnes, ni pleurs ni rires ; - paralysie avec

contracture des quatre membres, partant marche

impossible, mouvements des mains très limités ; -

gâtisme. Jusqu'ici nous n'avons pu distinguer les

symptômes cliniques qui permettent de distinguer

l'idiotie symptomatique de la sclérose tubéreuse.

Certains symptômes : grincements de dents, accès

de cris, congestion et pâleur alternatives de la face,

constipation, etc., étaient sans doute dus à l'existence

Bourneville, Bicêtre, 1899. 13

.191 Sclérose tubéreuse ou hypertrophique.

des lésions rnérângiliques chroniques qui étaient du

reste bien moins prononcées chez Gr... que nous ne

l'avons vu dans d'autres cas.

IV. Les accès épilepti for nies ont été très rares

durant le séjour de l'enfant à Bicêtre et, malheureu-

sement, nous n'avons pu en avoir la description.

V. L'enfant a succombé à la tuberculose ce qu'ex-

plique surabondamment ses antécédents familiaux.

VI. Au point de vue de l'anatomie pathologique, de

la distribution des ilots de sclérose, cle leurs carac-

tères, les renseignements donnés à l'autopsie, les

Planches qui accompagnent l'observation, nous dis-

pensent d'insister davantage. Notons pour mémoire,

les trainées de nodosités scléreuses des ventricules

latéraux et les petits néoplasmes des reins, lésions

qui sont constantes.

XV.

Folie de l'adolescence ;

PAR JlOUIU\'EVILI,E et ItI : LLI\.

La folie de l'enfance et de l'adolescence, malgré

quelques mémoires intéressants et entre autres celui

de M. Paul Moreau (de Tours) mériterait d'être l'ob-

jet d'une étude complète. Nous avons essayé de la faire

accomplir par un de nos élèves qui, malheureusement,

pressé par les circonstances (1) n'a pu écrire qu'une

ébauche imparfaite. Peut-être reprendrons -nous cette

tâche un jour, en nous appuyant principalement sur

des faits inédits et sur les faits nombreux que nous

avons consignés dans les vingt volumes de nos Comp-

les-rendus (1880-1899). Ces derniers, observés avec

soin, n'ont cependant pas eu le mérite d'attirer l'at-

tention des auteurs de publications récentes. Ceci dit,

arrivons à notre nouvelle observation.

Sommaire. - Père alcoolique, emporté. - Grand'père pater-

nel et Grand'mère paternelle, alcooliques. - Tante pater-

nelle prostituée. - Mère, convulsions fréquentes dans

l'enfance, hystérique, internée deux fois à l'asile de Ville-

juif. - Grand'père maternel, saturnin. - Grand'mère

maternelle morte délirante à 48 ans. -Grand'oncle pater-

nel cardiaque, mort subitement. - Grand'tante paternelle,

folle. - Un oncle maternel choréique dans l'adolescence.

- Un second arriéré. - Un troisième interné à l'Asile

clinique. - Un frère mort de méningite.

(1) Filibiliu. - Contribution à l'étude de la folie de l'enfance.

196 Antécédents héréditaires...

Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de trois ans en

faveur du père.

Grossesse : fréquentes querelles de ménage, coups. - Vomis-

sements abondants pendant les trois premiersmoil', -

Première dent à 10 mois; à cette époque, c'Onvulsions. -

De 10 à 12 ans incontinence nocturne d'urine. - Rougeole

à 4 ans. - Scarlatine à 4 ans 1/2. Fièvre muqueuse il. 9

ans : délire, léger affaiblissement de la 7né1xx02x'B. -1're-

miers troubles intellectuels, hallucinations visuelles, folie

mystique qui font renvoyer l'enfant de l'orphelinat reli-

gieux où elle était placée. - Description de la malade à

son entrée. - En mars 1899, délire religieux, durée 10

jours. - jHaucmattons. Fin mars : nouvel accès de

délire, rémission au bout de quelques jours.

En avril 1899, nouvel accès de folie sans délire religieux,

durée quelques jours. - Guérison qui se maintient jitq-

qu'à ce jour (fin mai 1900). - Développement de la puberté.

Gassel... (Albcr-tine), née à Paris le 29 octobre 1884, entre

dans le service le 4 mars 1899 (14 ans et demi).

Antécédents héréditaires. (Renseignements fournis par sa

.mère). - PÈRE, âgé de 40 ans, exerce la profession de cordon-

nier. Il vit avec une autre femme, depuis son divorce, pro-

noncé il y a six ans. M ? Gas... s'est mariée à 21 ans, elle

connaissait son mari depuis trois mois. A cette époque, il était

sobre, mais quelques années plus tard, il se mit à boire avec

excès, surtout de Vabsinlhe. Dès lors, sa femme fut malheu-

reuse avec lui, il l'injuriait, la battait souvent, si bien que

sur les conseils de ses parents, elle demanda le divorce. Elle

ne fournit que peu de renseignements sur les antécédents

pathologiques du père de l'enfant. Il avait habituellement une

bonne santé, se plaignait seulement de douleurs de tête de

temps en temps. Il était d'un caractère naturellement emporté.

Son père, concierge, d'un caractère violent, fait de fré-

quents excès alcooliques (vin blanc et absinthe). - Sa mère

est morte d'une maladie dans le ventre. ( ? ) : elle buvait plus

que son mari. - On n'a connu qu'un oncle paternel, il était

très bien, sobre; Trois frères, l'un souffre d'nne maladie de

coeur, les autres sont très bien portants. - Une soeur, mariée,

a quitté son mari « pour faire la fête. » - Dans le reste de la

famille, on n'a pas connu d'aliénés, mais les alcooliques

abondent.

Mère, 38. ans, fleuriste et plumassière, aurait eu dans

son enfance beaucoup de convulsions à la suite desquelles

Folie DE l'adolescence. 107

elle serait restée sourde jusqu'à l'âge de 15 ans, époque de

l'établissement de ses règles. Cette surdité est intéressante à

noter, nous la verrons réapparaître plus tard à la suite de

crises hystériques. Kilo accuse parfois de la céphalalgie,

mais n'a pas de vraies migraines. Elle serait hystérique de-

puis l'âge de ? ! ) ans a la suite d'une « peur terrible a, causée

par son mari ivre qui la poursuivait « armé d'un tranchet ",

menaçant de la tuer. Au début, les crises hystériques étaient

très fréquentes, trois par jour. Après un traitement par les

douches, elles sont devenues plus rares. A l'âge de il ans,

des troubles mentaux sont venus s'ajouter à ces crises

et ont nécessite son internement a l'asile de Villejuif. Voici, il

ce sujet, les renseignements qui nous ont été fournis par M.

le D1' Marcel 13111ANIJ. Le certificat délivré il. la Préfecture

de police par le 1)'. Legras, le il mai 1888, était ainsi conçu z

« Affaiblissement intellectuel. Dépression mélancolique avec

excitation par intervalles. Hallucinations de l'ouïe, refus

d'aliments, idées de suicide. Troubles de la parole. Incohé-

rence et enfantillage. »

Le lendemain de l'arrivée à l'Asile Clinique, 1. Magnan

.signait le certificat suivant : « Affaiblissement des facultés

avec dépression mélancolique;. Excitation passagère. Pleurs,

propos incohérents. Inégalité pupillaire. Contusion sur le

front. » Son certificat de quinzaine porte : « Débilité

mentale avec idées mélancoliques et idées de persécution.

Hallucinations de l'ouïe, surdité. »

En juillet, M. Uriand, dans le service duquel elle avait été

transférée, formulait ainsi son opinion : « Même état; à la

suite d'une attaque hystérique, surdité. » En octobre, elle

était suf11samt1lent améliorée pour être rendue iL sa famille.

Le certificat de sortie, délivré le 8 octobre; 1898, était ainsi li-

bellé : " Débilité mentale avec accidents .hystériques et idées

mélancoliques aujourd'hui dissipées, peut être rendue il son

père qui la réclame et s'engage à la surveiller. »

Jusqu'à l'âge de 3G ans 1.2, rien de bien particulier à signa-

ler, elle avait des crises de temps en temps et particulière-

ment au moment de ses règles. A cette époque, elle a été

internée de nouveau à Villejuif, sans savoir pourquoi, dit-

elle : « Quand j'ai eu mes idées il moi, j'ai été toute étonnée

de me trouver là. »

En réalité, on avait du la faire interner pour troubles men-

taux. Le 0 mai, on la trouva chez elle, les yeux hagards,

demandant ses enfants, refusant de manger, voulant tout

198 Antécédents héréditaires.

garder pour eux. Dans la nuit du 21 mai, elle s'est levée, a

voulu sortir, on a été dans l'obligation de la placer (mai 1897).

Depuis cotte époque, elle n'a pas quitte'; l'asile de Villejuif.

Le 6 juillet 1899, elle est venue nous donner des renseigne-

ments sur sa famille et celle de son mari, elle; a très bien

répondu à toutes nos questions, mais elle était dans une

bonne période, car depuis un mois elle a été reprise de troubles

intellectuels et d'incohérence dans les idées.

Son père, sobre, atteint de cataracte, presque aveugle,

distribue des prospectus; avant, il exerçait le métier de peintre

en bâtiments. Il aurait eu beaucoup de coliques de plomb,

des paralysies saturnines,m ais pas d'attaques d'éclampsie.

Sa mère est morte de la poitrine à l'âge de 48 ans, elle

était un peu « idiote », état qui serait survenu il la suite d'une

crise de nerfs ( ? ). - Pas de. renseignements sur les grands

parents paternels ni sur le; grand-père maternel. La grand'

mère maternelle serait morte « asthmatique. » - Un onde

paternel, cardiaque, sobre, est mort subitement. - Un autre

oncle paternel est asthmatique, il est marié, a quatre enfants

bien portants ; il a perdu une fille poitrinaire à 20 ans.

Une tante paternelle, sans enfants, est devenue folle à la

suite de pertes d'argent, elle aurait été enfermée à Ville-

Evrard. - Ni oncle ni tante maternels. Trois frères céli-

batai1'es, deux intelligents, dont l'un aurait eu la chorée étant

enfant. L'autre, aliéné, est actuellement interné à l'Asile

Clinique. Voici, à son sujet les renseignements qui nous ont

été fournis par le Dr Paul Dubuisson :

« Barg... a été placé trois fois à l'Asile Clinique : La pre-

mière fois du 19 juin 1892 au 23 avril 1893; la seconde du 27

juin 1893 au 13 mars 1899; la 3c du 16 avril 1889 jusqu'aujour-

d'hui. Il est toujours entré ici dans les mêmes conditions :

Débilité mentale, idées mélancoliques, stupeur, tendances au

suicide. - Quand il est sorti pour la seconde fois le 13 mars

1899, il était certainement très amélioré, il travaillait depuis

longtemps au jardin de l'asile et semblait en état de s'occuper

et de gagner sa vie au dehors. Il est à peine resté un mois en

liberté. Depuis le 1G avril 1899 il n'est plus sorti. Pendant

quelques années, il a présenté des périodes de lucidité durant

lesquelles on a pu le faire travailler. Mais peu il peu ces

rémissions sont devenues de plus en plus rares et de moins

en moins longues et, maintenant, c'est un type de délirant et

d'halluciné chronique. »

Le troisième frère aurait été longtemps affaibli intellec-

Antécédents personnels. 199

tuellement; il va mieux, et travaille comme tailleur. Une

samr, mariée n'a jamais présenté d'accidents nerveux ; elle a

deux filles, l'ainée, âgée de six ans, aurait eu des conuut-

sion... - Dans le reste de la famille, on n'a pas connu d'autres

aliénés, et l'on ne trouve rien méritant d'être noté.

Pas de consanguinité. - Inéualilé d'âge de 3 ans en faveur

du mari.

Quatre enfants : L'ainée, fille, 16 ans 1/'2, n'a jamais eu de

convulsions, mais, elle a eu le carreau et est rachitique.

Actuellement : elle est domestique, et se porte assez bien ; z

'2" Notre malade; - 3° Garçon, mort à anus, rachitique,

beaucoup de convulsions, serait mort de méningite 4"

Garçon morts à mois 1/2. La mère en dehors de son inter-

nement vit avec un ami depuis 10 ans, elle n'a pas eu d'enfants

avec lui.

Antécédents personnels. - A la conception, il n'y avait plus

d'entente entre les parents. Le père était très porté aux rap-

ports, surtout quand il avait bu. La mère ne peut préciser si

l'enfant a été conçue pendant l'ivresse. - Au cours de la

grossesse, elle a reçu, de son mari, de fréquents coups de

pied dans le ventre. Pour se soustraire aux mauvais traite-

ments, elle était obligée de se sauver dans la rue ou de se

réfugier chez ses parents. Elle a perdu connaissance une fois

au cours de sa grossesse, elle ignore la durée de cet évanouis-

sement. Vomissements fréquents pendant les trois premiers

mois ; elle n'a pas eu d'attaques d'hystérie durant sa gros-

sesse. L'accouchement s'est fait à terme, présentation du

sommet, beaucoup d'eau. - A la naissance, l'enfant ne pré-

sentait rien de particulier. - La mère l'a élevée au sein pen-

dant 14 mois. - Première dent it dix mois, ou ignore à quelle

époque la dentition a été complète. - Début de la marche à

9 mois, de la parole à 1 1 mois. Propre à 3 ans seulement, et

de 10 à 12 ans, elle a présenté de l'incontinence nocturne

d'urine. Elle aurait eu des convulsions après sa première

dent, trois dans la même journée, localisées à la face, n'en

aurait jamais eu depuis. Mise à l'école, elle apprenait bien,

plus tard sa mère l'a envoyée en apprentissage comme gile-

tière, elle travaillait convenablement, était docile. - Après

l'internement de sa mère, elle a été placée dans un patro-

nage rue de Vaugirard, d'où elle a été expédiée dans un cou-

vent aux Andelys avec sa soeur. Là, d'après celle-ci, « elle se

serait beaucoup ennuyée de sa mère » et elle présenta

quelques troubles cérébraux, sur lesquels nous reviendrons,

200 DESCRIPTION DE la malade.

ce qui fit qu'on la renvoya, au patronage qui l'a plaça d'office

à la Fondation Vallée.

Chez elle, l'enfant n'était pas dévote. Elle était douce, docile

mais, de temps en temps, depuis l'âge do 12 ans, elle riait et

pleurait sans motif. Au cours de sa 13° année, elle aurait eu

plusieurs lipothymies-

Comme maladies infectieuses, nous avons à relever : Rou-

geole à 4 ans, scarlatine à 'tans 1/2, fièvre, typhoïde à 9

ans, durée trois mois; aurait eu au cours de cette lièvre, du

délire durant trois ou quatre jours ; consécutivement, légère

diminution de la mémoire. Beaucoup de gourme de 10 à 1 t ans,

otorrhée gauche vers la même époque. Adénite cervicale.

Oxyures, rendus par le rectum et par la bouche.

Les premiers troubles intellectuels se sont montrés pen-

dant le séjour de l'enfant aux Andelys ; ils ont débuté fin

février 1899 et ont duré six jours. Elle croyait être.Jeanne

d'Arc : une de ses compagnes du couvent l'appelait « Alber-

tine D'arc », elle avait des visions sacrées : L'une de ses com-

pagnes lui semblait avoir le visage éclairé et ressembler un

ange, elle voyait le coeur sacré de Jésus.

On la renvoya iL Paris, le 2 mars 1899. Le Dr Legras don-

na le certificat suivant : « Atteinte de troubles intellectuels

qui paraissent liés à l'hystérie, loquacité, agitation, propos

déraisonnables. - Hallucinations visuelles, fréquence du

pouls. - Génuflexions fréquentes pour implorer son pardon

du bon Dieu... etc. » Durant son passage iL l'Asile Clinique,

elle aurait offert les mêmes symptômes.

État actuel à son entrée à la Fondation zut mars 1899). - L'en-

fant présente un visage rosé, elle n'est ni grasse ni maigre,

parait en bonne santé physique. La physionomie semble assez

intelligente, elle est mobile, éclairée par deux yeux vifs et

brillants, La peau est blanche, pas de cicatrices) pas de

ganglions. Les cheveux sont bruns, bien implantés.

Le crâne est de volume normal, symétrique, Le visage

est ovale, régulier, le front est moyen, les arcades soureil-

lières peu accusées sont recouvertes de sourcils bruns abon-

dants. Les fentes palpébrales sont normales, symétriques,

ombrées de cils longs et bruns. - Les yeHx ne présentent

pas de lésions ni de troubles de la réfraction. Iris marron,

pupilles non dilatées, réagissant bien il la lumière et à l'ac-

commodation. Le fond de l'oeil ne décèle rien de particu-

lier. L'acuité visuelle semble normale, pas de rétrécissement

du champ visuel,

Description DE la malade. 201 i

Le nez est long, droit, un peu élargi à son extrémité et très

légèrement dévié à gauche. La rhinoscopie antérieure mon-

tre la narine gauche obstruée par un cornet inférieur très

volumineux, la narine droite n'a rien de pathologique. Les

pommettes sont saillantes, roseés, symétriques. La bouche,

de dimension moyenne, présente au niveau de chaque

commissure une petite cicatrice, dont la mère n'a pu

nous dire la cause Ces cicatrices rappellent celles qui

succèdent aux pustules vaccinales, on n'en peut connaître

l'origine. Le palais est très ogival, le voile du palais égale-

ment. Les amygdales sont volumineuses, cryptiques; quelques

végétations adénoïdes latérales ; l'amygdale de Luchka recou-

vre le tiers supérieur du vomer. La langue est épaisse, mobile ;

par de tremblement de la pointe. Le menton est arrondi;

pas de prognathisme du maxillaire inférieur. L'enfant n'a pas

de troubles du goût. - Les oreilles n'ont rien de particulier

dans leur forme ; otite moyenne chronique double, forme

fongueuse ; il n'y a plus de tympan, fond de caisse granuleux ;

audition 0, ? 5 cent. à droite et à gauche.

Le thorax, bien développé, présente dans la région postéro-

inférieure gauche, au niveau de l'extrémité vertébrale des

10", lie et 12e côtes, une cicatrice de brûlure, de la largeur de

la main, produite accidentellement par de l'eau bouillante.

L'enfant était âgée de 3 ans au moment de l'accident. Au-

dessus de la grande cicatrice, il en existe quelques autres,

petites, arrondies, régulières : au-dessous, trois autres cica-

trices, ovalaires, nettement marquées situées respectivement

au niveau de la 1 ? a côte et des apophyses costoïdes des 1°5

et 2 ? lombaires.

La respiration appartient au type dit thoracique. L'auscul-

tation et la percussion des poumons ne dénotent rien de par-

ticulier. Il en est de même de l'examen du coeurs Rien du

côté de la paroi abdominale, ni du côté des organes intra-

abdominaux.

Les bras sont arrondis, normalement musclés, leur attitude

est régulière. Au niveau de la région deltoïdienne droite,

on note une cicatrice de vaccin. Pas de' troubles de la

sensibilité. - Les ongles sont normaux, sauf l'ongle du

pouce droit qui a été altéré par un panaris.

Les membres inférieurs sont bien développés, normaux de

forme, de volume et d'attitude. On constate une cicatrice

arrondie, sans caractères, à la portion moyenne de la région

antéro-externe de la jambe droite : une autre cicatrice, sillon-

gée, est située au niveau du tiers supérieur de la crête tibiale

202 DÉLIRE MÉLANCOLIQUE : IDÉES RELIGIEUSES.

gauche : cicatrice de plaie consécutive à une chute. Les pieds

sont plats. Les réflexes et les mouvements volontaires sont

normaux. L'enfant résiste bien aux mouvements provoqués.

Puberté : aisselles, poils noirs assez courts et rares (5 cm.

sur .c.). A la face postérieure du thorax, on constate un

fin duvet entre les omoplates. Les seins sont plats, ont un

diamètre transversal de Il cm. et un diamètre vertical de

9 cm. à droite et il gauche. L'aréole est rosée, 0ln015niln de

rayon, mamelon, 05 ? Les fesses sont glabres. - Poils

noirs, fins, très abondants sur tout le pénil dans une hauteur

de 7 cm. sur 8 cm. Poils très abondants dans toute la hauteur

des grandes lèvres, moyennement saillantes, laissant voir le

clitoris peu développé et les nymphes ; la droite est moitié

plus longue que la gauche. L'hymen, circulaire, paraît intact.

Poils assez nombreux au pourtour de l'anus.

La sensibilité générale semble normale dans tous ses modes.

L'enfant parait assez intelligente, la parole est libre. Les

fondions digeslives et respiratoires s'accomplissent réguliè-

rement.

Dès son entrée à la Fondation Vallée, Gas... est mise en

observation il l'infirmerie. Elle paraît effarée, irritable, elle

crie dès qu'on l'approche, menace de frapper; elle fuit la

compagnie des autres enfants, recherche la solitude, refuse

de manger, son attitude est spéciale, elle va, se promenant

lentement, il pas comptés, la tète légèrement fléchie sur la

poitrine, elle semble concentrée en une prière qui l'absorbe

toute. Elle marmotte avec componction des oraisons, elle

semble prononcer avec un plaisir exquis les mots : Dieu,

Ste-Vierge, Jésus; elle les répète, les savoure. Tantôt, elle

s'arrête, lève vers les cieux des yeux si brillants qu'ils sem-

blent presque lumineux; le regard reste fixe, extasié, comme

si elle voyait dans le lointain de divines visions. Tantôt, elle

prend le ton de l'exhortation, parle des choses saintes aux

autres enfants, leur recommandant d'être bien sages et de ne

pas pécher, les assurant ainsi de la satisfaction divine. Elle

chante des cantiques, baise dévotement une image sacrée

qu'elle garde en ses mains. Vient-on à lui demander son

nom, elle répond : « Je suis Jeanne d'Are, j'ai mission de sau-

ver la France de ses péchés ». Ses compagnes essayent-

elles de l'en dissuader, elle se fâche, devient méchante,

rageuse.

Le soir, l'enfant est d'une pruderie exagérée, elle refuse de

se déshabiller en présence de l'infirmière, disant que « Dieu,

seul, la doit voir puisqu'il est partout. » Elle ne veut pas

Excitation maniaque. 203

laisser prendre sa température. Elle regrette son couvent

des Andelys, manifeste; le désir d'y retourner, disant : « Il y

a des chrétiens là-bas, tandis qu'ici et au dépôt il n'y en a

pas. » Cet état persiste jusqu'au 7 mars.

Le 7, au matin, G... laisse prendre sa température sans

difficulté ( : ;1 ? 1,). Dans la journée, elle demande à s'occuper

des petits cnfants qui sont à l'infirmerie, elle est douce,

maternelle avec eux. Traitement : bains, hydrothérapie. Ses

idées religieuses l'occupent moins, elle semble mieux.

8 mars. Gas... est raisonnable, elle demande à descendre

travailler à l'ouvroir.

22 mars. Depuis le 1 mars, l'enfant a quitté l'infirmerie.

Elle partage les jeux et les travaux des autres enfants, elle

est raisonnable et n'a rien présenté d'anormal depuis qu'elle

est avec eux.

23 mars. - Dans la nuit d'hier, Gas... a été très agitée,

elle s'est mise à parler haut, crier, chanter : elle s'est levée

de son lit et a couru dans le dortoir : c'est avec beaucoup de

peine qu'on a pu la maintenir au lit. Elle a de la diarrhée et

gale dans son lit sans s'en rendre compte.

Elle est remise à l'infirmerie, elle ne prie plus ni ne parle

plus des choses saintes, elle est surexcitée, prononce des

paroles incohérentes. - La diarrhée persiste, l'enfant gâte

au lit, elle ne peut s'habiller ni se déshabiller seule, on est

obligé de lui faire sa toilette. Température normale. - Trai-

tement : chloral, bromure, douches.

24 mars. Même agitation, Gas... se lève, pour tirer les

cheveux des autres enfants, leur pincer le nez. On est oblige

de la maintenir au lit. Le gâtisme; persiste.

25 mars. L'enfant a passé la nuit il chanter, à rire. Ce

matin, on la trouve assise sur son lit, les yeux brillants, le

regard égaré, d'une extrême mobilité. Lui dit-on bonjour,

elle répète : bonjour, avec l'intonnat.ion qu'ont les mamans,

lorsqu'elles disent ce mot en jouant avec leurs petits bébés,

puis, elle se met à rire aux éclats en disant : « Tiens ! qu'est-

ce que cela veut dire, vous causez drôlement aujourd'hui,

je ne vous comprends pas. » - L'appétit est bon, la soif vive,

la diarrhée a presque complètement disparu. Pas de tempé-

rature.

27 mais. - Même état d'exaltation. Hier, une dame et sa

soeur sont venues la voir, elle les a accueillies avec joie,

mais ne leur a pas tenu la moindrc conversation. Ces dames

lui ayant apporté du chocolat, elle s'en est barbouillé le

visage, l'a broyé entre ses mains et l'a semé de droite

201 Excitation maniaque.

et de gaucho. Elle a voulu s'emparer de vive force d'une

petite médaille que sa soeur portait au cou, on ne l'a retenue

au lit qu'avec difficulté.

L'enfant ne fait plus sa prière, ne parle plus de Dieu ni des

saints, sa pudeur elle-même s'est évanouie, elle enlève sa

chemise, et se promène nue dès qu'on la quitte un instant.

Elle chante, rit, fait mille grimaces, se lève, fait son lit,

se recouche, pour se relever bientôt, bavarde, crie, gesticule.

- Toujours même gâtisme. - Pas de température. Même

traitement, doses plus élevées.

28 mars. - Même état, l'insomnie persiste malgré le chlo-

ral. Bains, hydrothérapie.

29 mars. L'excitation continue. Ce matin, profitant d'un

instant où elle était seule dans le dortoir, elle s'est mise

à défaire tous les lits, à se rouler sur les matelas, monter

sur la table, en chantant à tue tête : « Oh ! ce qu'on est

bête quand on est amoureux ! » Enfin, fatiguée, elle a

demandé at manger, puis s'est couchée et s'est endormie d'un

profond sommeil. ,

30 mars. L'enfant est calme, demande -Il descendre jouer

avec les autres enfants, les reconnaît, parle; et joue genti-

ment avec elles. Elle est redevenue raisonnable, propre, et

fait sa toilette elle-même.

1,@, avril. Le mieux s'accentue de plus en plus, l'enfant

est un peu triste, elle pâlit et rougit sans motif. Elle raisonne

bien et semble partager avec plaisir les occupations et les

jeux de ses compagnes.

10 avril. L'enfant continue bien allcr. Hier, elle a eu la

visite de sa mère et l'a accueillie avec la plus vive joie. Elle

est calme, ne parle plus des choses religieuses, raisonne cor-

rectement, s'applique il toutce qu'elle fait, parfois elle est triste

lorsqu'elle songe à sa mère et il ,outil qui sont loin d'elle.

22 avril. - Hier au soir, l'enfant était triste, songeuse,

son regard était brillant, égaré, elle avait l'air de ne pas

comprendre ce qu'on lui disait. - La nuit, elle a été agitée,

a parlé haut, prononçant des phrases sans suite.

23 avril. - Ce matin elle est incapable de faire seule sa

toilette. On dirait qu'elle n'a pas la notion de ce qui se passe

autour d'elle. Elle parle peu, est calme, triste.

24 avril. - Même état, le regard est cependant moins

effaré, la physionomie plus calme.

25 avril. - La nuit a été bonne. L'cnfant est triste, pleure,

dit s'ennuyer de sa mère, mais elle est redevenue raisonna-

ble et fait seule sa toilette.

.. Guérison. - 205

' ! 8 avril. - Le mieux persiste et s'accentue.

- 1 ? mai. - Ci ? semble guérie, elle n'est plus triste, elle

joue et travaille avec les autres enfants.

20 mai. - L'enfant est très appliquée, très obéissante ;

elle travaille; bien tant en classe qu'au repassage ou à l'ou-

vroir.

1er juillet. Ci ? semble guérie, elle continue à bien tra-

vailler et à être tranquille.

'1'" septemln'e. Depuis trois mois, rien a signaler,

l'enfant raisonne et travaille bien.

Décembre, - Gass... s'améliore sous tous les rapports ; elle

est très obéissante, s'occupe avec dévouement des petites

filles gâteuses et en prend soin comme une véritable infir-

Elle s'est développée physiquement et a une mine

superbe. Toute excitation religieuse a disparu, elle accueille

facilement toutes les observations qu'on peut lui faire et

se prête de bonne grâce à ce qui lui est commandé. Elle est

très propre, fait bien sa toilette, est très décente. Elle recher-

avec plaisir l'occasion d'être utile. Elle travaille bien en classe,

mais ses progrès sont lents car elle a une certaine difficulté

pour tout ce qui concerne l'instruction primaire. Elle a fait

beaucoup de progrès en gymnastique.

1900. Avril. - Gass... fait des progrès sous tous les rap-

ports. On n'a observé aucune trouble intellectuel depuis la

lin du mois. Elle est d'humeur toujours égale, très polie, pro-

pre, laborieuse et obéissante. En un mot, sa conduite est

exemplaire. Sa physionomie est éveillée ; ses joues sont frai-

ches et pleines ; elle a pris de l'embonpoint. Sa seule préoc-

cupation c'est d'affermir sa guérison afin de pouvoir aider sa

mère quand elle sera sortie de l'asile. - On a toujours con-

tinué les douches, les bains, l'école et la gymnastique.

Puberto.- Poils noirs, frisés, abondants, surtout au sommet

et sur la face interne des creux axillaires. Les seins mesu-

rent 13 centimètres horizontalement et 11 centimètres verti-

calement. Les aréoles sont rosées, bien dessinées. Les

tubercules de Morgagni sont apparents. Poils noirs très

abondants, longs de 3 à 4 centimètres, dans une hauteur de

8 centimètres environ sur le pénil. Poils très abondants sur

les grandes lèvres qui sont volumineuses; les petites lèvres

sont très développées et proéminentes à la vulve ; elles sont

triangulaires et forment un capuchon clitoridien assez accusé ;

la droite est un quart plus large que la gauche. Le clitoris

est petit. L'hymen, circulaire, n'est pas déchiré, mais son

206 Folie de l'adolescence.

orifice admet la pulpe du petit doigt. Quelques poils longs

sur le périnée. Poils assez nombreux autour de l'anus.

Si l'on compare cette description à la précédente, on voit

que la puberté qui ne faisait que s'annoncer à l'entrée s'est

depuis rapidement développée. Les règles ont paru, sans

aucun accident physique ou mental pour la première fois du

- au 1,1 mars et se sont reproduites du z, au 6 avril, du 2 au

6 mai, du 23 au 28 mai.

30 avril. La guérison parait définitive et Gass... est ren-

due à sa mère. Elle a continué ses douches, la gymnastique,

les exercices scolaires, de couture, de repassage et de ménage

jusqu'à ce jour.

13 juin. - G.. vient avec sa mère. Sa santé ne laisse rien

à désirer à tous les égards. Elle travaille à la couture et gagne

50 cent, par jour. La mère qui vit depuis 10 ans avec un homme

âgé aujourd'hui de 65 ans, sobre et laborieux, n'a pas ou de

crises depuis sa sortie de Villejuif mais est toujours nerveuse.

Sa mémoire s'affaiblit. Albertinc dit que de temps en temps

sa mère divague.

DÉLIRE MYSTIQUE, EXCITATION MANIAQUE. 207

convulsions limitées Ù la face ; elle a présenté de

l'incontinence nocturne d'urine jusqu'à 12 ans, et à

partir de là, dans sa 1 : 1" année, des lypothymies, des

pleurs et des rires alternatifs, sans raison sérieuse.

L'internement de sa mère nécessite son placement

dans un orphelinat religieux où sous l'influence de

l'ennui d'être séparée de sa mère et des pratiques

religieuses, éclata un délire mystique avec illusions,

hallucinations de la vue, dépression mélancolique, etc.

111. Le délire mystique qui était aussi caractéris-

tique que possible avait débuté il l'orphelinat où elle

avait été placée, et avait motivé son retour il Paris.

Il a persiste'' durant son passage- au Dépôt de la Pré-

lecture de police et il l'Asile clinique et pendant les

quatre- premiers jours qui ont suivi son admission

dans notre service.

Après une rémission du 9 au 23 mars, survient une

période [d'excitation maniaque : cris, chants, inco-

hérence, mouvements désordonnés, actes extrava-

gants, gâlisiiie. insomnie ? Aucune idée mystique.

L'obcénité a remplacé la pudeur. Ce délire maniaque

a duré une semaine. Alors se produit une nouvelle

rémission du 3(1 mill's-<t-tt--21 avril, suivie d'une nou-

velle période de dépression mélancolique mais très

atténuée par rapport il la première, sans aucune

manifestation mystique et sans hallucinations. Elle

disparait complètement au bout de huit jours (28

avril).

A partir de la, (las... n'a plus eu aucun trouble

intellectuel. Sa santé- s'est affermie sous tous les rap-

ports. La croissance et la puberté se sont développés

régulièrement. Les règles ont paru sans accident.

Le poids et la taille ont augmenté. Jamais nous

n'avons observé aucun signe d'hystérie, contrairement

à la mention du certilicat de la préfecture de police.

"88 Guérison.

' IV. La température rectale, du 7 au 15 mars n'a

point dépassé 37% 4 et a été, le plus souvent, au-des-

sous de 37°; du 16 mars au 14 avril, elle a oscillé

entre 37° et 37°, G avec un abaissement, à 36, °9 et un

autre à 36° 8, ensuite elle est devenue normale.

V. Le traitement a consisté surtout en bains et

en douches avec l'administrai ion de chloral et, de

bromure pour combattre l'insomnie et- l'excitation.

La gymnastique, les exercices scolaires, les travaux

manuels, employés durant les rémissions, puis après

la dernière période mélancolique, ont certainement

contribué à affermir la yuérisua.

XVI.

Hydrocéphalie ;

Par KOUKNEVILLE et J. NOIR.

Sommaire. Rien du côté du père. - Mère migraineuse.

- Grand-père maternel mort subitement. - G1'anel'mère

maternelle migraineuse. - Arrière-grand-père maternel

mort d'un coup de sang.

Variole au 7° mois de la grossesse. - Violente émotion

causée il la même époque par la mort d'un enfant qui.

provoque l'accouchement prématuré à 7 mois. - Enfant

du poids d'un kilogramme. - Convulsions à 6 mois suivies

d'une augmentation du volume de la tête. - A partir de

9 ans crises épileptiformes. - Début de la parole à 2 ans.

- Première dent à 8 mois. - Dentition complète à 2 ans.

- Menstruation à 9 ans. - Etat de l'enfant à son entrée.

- Paraplégie spasmodique ? Puberté. - Onanisme.

Crises et vertiges épileptiformes. - Description de la tête.

- Cachexie progressive. - Mort.

Autopsie : Congestion de la pie-mère. - 970 gr. de

liquide hydrocéphalique. Dilatation des ventricules du

cerveau. - Oblitération de l'aqueduc de Sylvius. - Tuber-

culose pleuro-pulmcnaire.

Dum... (Armandine), née à Paris, le 10 mars 1890, est

entrée le 22 août 1898, dans le service, venant de la Salpê-

trière. Elle y est décédée le 23 septembre 1899. -

Antécédents héréditaires. (Renseignements fournis par la

mère). Père, 51 ans, forgeron, robuste, toujours bien portant,

très doux, n'a jamais fait d'excès d'alcool, ni de tabac. Il a été

soldat 7 ans et a été prisonnier de guerre en 1870. - Grand-

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1899. 14

210 Antécédents héréditaires.

père paternel, mort il 72 ans de diarrhée ( ? ), avait toujours été

robuste et sobre. - Grand'mère morte à 68 ans, peu après

son mari ; c'était une femme faible et usée. Aucun autre ren-

seignement. Deux tantes paternelles ont toujours été

bien portantes, elles ont perdu plusieurs enfants en bas-âge

sans qu'il soit possible de préciser la cause de leur mort.

Ceux qui survivent sont en bonne santé. Aucun autre rensei-

gnement sur la famille du père.

Mère, 39 ans, ménagère, très bien portante, réglée à 14 ans,

n'avoue aucun antécédent pathologique, ni aucune tare, si ce

n'est depuis l'âge de 12 ans des migraines qui reviennent

régulièrement chaque mois. Son père, qui aurait été toujours

en bonne santé, serait mort subitement à 67 ans d'un ane-

vrysme de l'aorte ( ? ).-Sa mère a 69 ans, ne présente comme

antécédent morbide que de fréquentes et très pénibles migrai-

nes avec nausées. - Le grand-père paternel serait mort à 68

ans d'un « coup de sang » ; - la grand'mère paternelle, à -77

ans, de vieillesse ; aucun renseignement sur le grand'père

maternel ; la grand'mère maternelle serait aussi morte d'af-

faiblissement sénile à 78 ans. Une grand'tante paternelle a

98 ans, est valide. - Une tante maternelle est morte

le lendemain d'une couche de deux jumeaux. - La mère

de notre malade a quatre frères, tous bien portants, trois sont

mariés, deux ont des enfants qui n'ont jamais eu de convul-

sions. - Elle a encore 3 soeurs mariées, mères de famille,

jouissant d'une excellente santé ainsi que leurs enfants. Au-

cun antécédent pathologiqne à signaler parmi les cousins et

les cousines.

Cinq enfants : 1° Une fille de 16 ans, bien portante,

n'ayant pas eu de convulsions; - 2° Un garçon mort à 4 ans

de la variole ; - 3o Notre malade ; 4° et 5° Deux garçons

jumeaux âgés de 8 ans et bien portants.

Notre malade. Rien à noter lors de la conception. Pendant

la grossesse au 7° mois, la mère est atteinte légèrement de la

variole et son second enfant frappé à son tour meurt. Le cha-

grin de cette perte - et sans doute aussi la varioloïde -

détermine l'accouchement prématuré il 7 mois. Il s'opère

d'ailleurs facilement. L'enfant est très petite et ne pèse guère

plus d'un kilogramme ( ? ). Rien d'anormal n'est relaté à la

naissance. A 6 mois, la fillette est prise de convulsions et sa

tête se met à grossir, jusqu'alors la mère n'avait rien remar-

qué de particulier dans le développement céphalique de

l'enfant.

Description de la maladie. 211 t

De (i à 18 mois, les conindsions se répètent sans nombre,

jour et nuit. A partir de 18 mois jusqu'à 6 ans, les crises s'es-

pacent assez irrégulièrement. Elles deviennent ensuite plus

fréquentes. C'est à partir de la (je année qu'apparaissent des

crises épileptiformes avec cri initial, convulsions toniques et

cloniques sans morsures de la langue, mais avec des émis-

sions d'urine. Ces crises se répétent environ tous les trois

jours sans cependant affecter de périodicité ; parfois elles se

manifestent plusieurs fois dans la journée, souvent elles lais-

sent 8 et 10 jours de répit à la malade.

Cette enfant n'a jamais été propre. Elle dit « papa » et

« maman » depuis l'âge de 2 ans, mais n'a pu en apprendre

davantage. Elle n'a jamais pu se tenir debout ni manger seule.

La première dent est survenue à 8 mois, la dentition a été

complète à 2 ans. Au point de vue intellectuel, aucune mani-

festation. Les sentiments affectifs à l'égard de sa mère

auraient été assez développés. Dum... grince souvent des

dents. Depuis l'âge de 8 ans, elle se livre fréquemment a

l'onanisme et elle n'est calme que durant qu'elle satisfait à ce

mauvais penchant. Elle est réglée et régulièrement depuis

l'âge de 9 ans.

La mère donne les renseignement suivants sur ses pre-

mières crises convulsives : Elles se raidissait, tournait les

yeux et avait ensuite quelques secousses, mais sans cris.

L'accès durait environ dix minutes. Elle s'endormait

après. Jusqu'à 6 ans, elle avait eu des convulsions ana-

logues presque tous les mois, puis elles seraient deve-

nues plus fréquentes, toutes les semaines et même tous les

deux ou trois jours. Ce n'est qu'à partir de 9 ans, que l'accès

débuta par un cri et affecta la forme épileptique telle que

nous l'avons précédemment signalée.

État de l'enfant à l'entrée dans le service. - Très pâle, très ané-

miée, expression béate et hébétée. Cheveux blonds, secs,

ayant une implantation des plus compliquées avec prédomi-

nance de la direction postéro-antéricure. Pas de cicatrices,

ni de séborrhée. Tête offrant le type classique de l'hydrocé-

phalie, mais avec un développement prédominant dans la

région pariéto-occipitalc. Les fontanelles paraissent closes.

Les os du crâne sont réguliers sans saillies anormales, ni

dépressions. - La face, comme toujours chez les hydrocé-

phales, parait fort peu développée. La région orbitaire est

enfoncée entre la saillie du front et celle des maxillaires.

Les arcades sourcillières sont peu proéminentes. Les sourcils

212 IDIOTIE I-IÏDItOCI : PHALIQLl : .

blonds sont régulièrement implantés. Les muscles frontaux

et sourcillicrs sont très développés et les mouvements des*

téguments du front sont par suite très variés. Les paupières

sont mobiles et les fentes palpébrales très élargies. Les yeux

se meuvent clans tous les sens, mais ont plus de tendance à

se porter en abduction (léger strabisme divergent). L'iris est

gris. - Les pupilles sont dilatées, réagissent bien à la

lumière, moins à l'accommodation. L'examen du fond de

l'oeil n'a pu être fait. - Le nez est assez large, déprimé et

concave à sa racine. - Les narines sont dilatées, il n'y a pas

de déviation de la cloison. - Les lèvres sont minces, l'infé-

rieure est plus développée que la supérieure. - Le palais et

la voûte palatine n'affectent pas la forme ogivale. - La déglu-

tition est normale, mais lente (Fig. 11).

Dentition très mauvaise, érosions poussées iL l'extrême,

toutes les dents ont mal évolué et sont mal implantées. Ces

caractères marquent une première phase de la dentition et

concernent les dents de premier remplacement, c'est-à-dire

les incisives permanentes. Ils ne paraissent pas devoir mar-

quer la deuxième phase de la dentition permanente, car les

prémolaires en train d'évoluer paraissent sortir blanches et

sans trace d'érosions. (Note du Dr Bouvet dentiste de Bicêtre

en mars 1899). - La mastication est incomplète et difficile.

Langue large, se mouvant difficilement. Amygdales peu sail-

lantes. Goût ' ? - Menton large et bas. - Oreilles appliquées

contre le crâne, bien ourlées. Pas de tubercule de Darwin.

Ouïe ? '¿

Cou : Circonférence : 29 centimètres. - Larynx paraissant

normal. - Corps thyroïde : rien de particulier.

Membres supérieurs à musculature faible mais à fonctions

normales. Les mains sont maigres, les muscles interosseux

étant peu développés ; la paume de la main est creuse.

Membres inférieurs : position constante en chien de fusil,

cuisse assez développée faisant contraste avec le peu de

développement de la jambe et du pied, très atrophiés. Bxten-

sion de la jambe impossible à cause de la rétraction des

muscles de la région postérieure de la cuisse. Contracture

du psoas-iliaque rendant impossible les mouvements un peu

étendus de la cuisse droite. Sternum enfoncé à son extrémité

inférieure. Légère scoliose à concavité dans la région dorsale.

Eruption maculo-papuleuse, sur le dos dont la couleur chair

et la collerette blanchâtre de Biett paraissent indiquer une

nature spécifique ( ? ) dans quelques éléments. (Les parents

ont nié tout accident syphilitique.)

PUBERTÉ PRÉMATURÉE. 213

Fig. 11.

314 PUmmTÉ PRÉMATURÉE .-

Thorax. Rien de particulier à noter dans l'examen

des viscères.

Puberté : Aisselles glabres. - Seins développés : 0 ? 40 de

largeur sur Ohm,13 de hauteur des deux côtés. Pénil garni de

poils. Grandes lèvres flasques, hypertrophiées,.Petites lèvres

eu développées. Hymen circulaire. - Vulvite légère. Ona-

nisme constaté avec les mains et avec les talons.

La sensibilité cutanée parait exagérée surtout à la douleur.

Cependant la malade se donne de violentes claques sur le

visage sans paraître en être affectée. Elle crie aussitôt si on

la pique.

1897. 18 novembre. - La malade est mise en observation à

l'infirmerie à cause de son mauvais état général. Huile de

foie de morue ; 2 bains salés par semaine.

1898. 4 mars. - Aggravation de l'état général. Gingivite.

Menaces d'escarres au niveau du grand trochanter droit et

du sacrum.

Depuis son entrée il l'infirmerie, la malade a eu des crises

épileplifonmes bien caractérisées avec cri initial, convulsions

toniques et cloniques, coma stertoreux. On a remarqué en

outre des vertiges assez fréquents.

5 mars. Tête énorme, ovoide il grosse extrémité posté-

rieure, aplatie latéralement au niveau des tempes, sensible-

ment symétrique ; front étroit comparativement il la région

occipitale, très élevé (0 ? 07 d'une bosse frontale il l'autre et

0m,08 de la racine des cheveux à la racine du nez). En arrière

au niveau du tourbillon des cheveux qui est médian, méplat

assez largo au-dessous duquel l'occiput fait une légère sail-

lie. Pas de traces des fontanelles. Légère' dépression au point

où fut la fontanelle antérieure. Pas d'indices des sutures.

Veinosités nombreuses à la région temporale légèrement

bombée des deux côtés. L'artère temporale, fait saillie des

deux côtés. - Front déprimé et oblique de haut en bas et

d'avant en arrière. Aspect concave en demi-lune de la face,

dû à la forme du front aux arcades sourcilières peu saillantes,

aux pommettes déprimées, au maxillaire supérieur peu sail-

lant, tandis que le maxillaire inférieur est très proéminent.

Contracture très intense des cuisses et des jambes, la

contracture est vaincue plus facilement il droite qu'à gauche.

Cette contracture existe mais il un moindre degré aux

membres supérieurs, durant l'examen la malade ne cesse de

pousser des cris. Aucun trouble de la sensibilité ne peut

PUI3131tT1 ? PRÉMATURÉE.. 215

être manifestement constaté. La malade voit une allumette

enflammée qu'on lui présente et la suit des yeux. - Les

réflexes irions il la lumière sont très lents. Les réflexes

Fig. 12.

2)G Cachexie tuberculeuse.

patellaires sont exagérés également des deux côtés. Pas de

Jéflexe cutané plantaire.

L'auscultation et la percussion n'indiquent aucune anoma-

lie viscérale, ni aucune lésion organique des organes thora-

ciques ou abdominaux.

Fig. 13.

Puberté prématurée. 217

La physionomie exprime la souffrance. La parole est nulle

et cependant la malade comprend bien ce que l'on dit. - La

station assise est seule possible et encore ne peut guère se

prolonger. L La marche est absolument impossible.

Le goût n'est pas très développé. Elle mange de tout avec

appétit mais de préférence les mets à consistance molle.

Elle ne mâche pas, ne peut se servir d'aucun objet au réfec-

toire et digère bien quand même. - La vue est très mauvaise,

au point qu'on est tenté au premier abord de la croire aveu-

gle. - L'ouïe paraît normale. - L'odorat est suffisamment

sensible pour lui permettre de distinguer les bonnes et les

mauvaises odeurs. - Elle ne peut prendre aucun soin de

toilette et se prête mal à ceux qu'on lui donne. - Gâtisme

complet jour et nuit; selles régulières, ni diarrhée ni consti-

pation.

La malade pousse des cris continus ; une observation un

peu prolongée permet de constater que ces cris ne sont pas

provoqués par la souffrance mais par une sorte d'habitude,

ce sont des tics.

Octobre. L'on constate des crises épileptiformes chez

l'enfant.

Décembre. La santé de la malade devient plus débile.

Aucun progrès.

1899. 27 février. - Cinq accès épileptiformes. Pas de fièvre ;

mais refus d'alimentation.

°8/ëc·ier. - Scl)t accès. - Pur,atif. - Potion de Todd. Lait.

2 mars. Pas d'accès, mais nombreux vertiges, quelques

secousses, grand abattement. Même traitement ; lotions

vinaigrées ? Les jours suivants l'état de la malade va en

s'améliorant, l'appétit revient. Il n'y a pas eu, jusqu'alors, de

température. @

10 mars. État assez satisfaisant.

.Juin. - Même état. L'enfant pousse toujours les mêmes

cris. Elle se donne parfois de violentes claques. Pas d'accès

ni de vertiges. Onanisme continuel. Elle mange avec voracité

sans mâcher; digère néanmoins très bien. Son sommeil est

parfois très agité.

1 cr juillet. - L'état général est médiocre, la malade qui est

toujours couchée, paraît beaucoup s'affaiblir.

Puberté. Aisselles glabres. Seins très développés avec

aréoles et mamelons saillants. Pénil, grandes et petites

lèvres, hymen dans le môme état. = Onanisme persistant.

La malade est réglée prématurément. Cependant dans la

famille, il n'y a jamais eu d'exemple de règles précoces d'après

- M8

CACHEXIE TUBERCULEUSE.

les renseignements complémentaires fournis par la mère à

ce sujet. Les règles n'ont point paru depuis l'admission.

13 juillet. - L'enfant dépérissant de jour en jour, nous

procédons à un nouvel examen. La tète bien que plus volu-

mineuse qu'en mars, offre les mêmes caractères. (Voir le

tableau.) Il en est de même de la physionomie. La contrac-

ture des membres paraît s'être accrue sauf pour le membre

gauche qui a peu de raideur.

16 septembre. L'état général de l'enfant est de plus en

plus marnais. Temp. 40°, 2. La malade, est mise it l'infirmerie,

elle ne mange plus. L'examen clinique ne permet pas de poser

un diagnostic précis.

17 septembre. T.R. Matin : 39°, 5 ; soir : 390,

18 septembre. Râles disséminés clans les deux poumons.

Diarrhée abondante et liquide. T.R. Matin : 38°, 6. ; soir : : ¡So,.1. Pas de nouveaux symptômes mais l'affaiblissement s'au-

croît de plus en plus. Agonie imminente.

19 septembre. T.R. Matin : 37°, 8 ; soir : 38°, ti,

20 septembre. T.R. Matin : 38°, 5 ; soir : 38°, 8.

21 septembre. T.R. Matin : 38°, 8 ; soir : 38°, li.

22 septembre. T.R. Matin : 38°, 2 ; soir : 3S°, ! 1.

23 septembre. T.R. Matin : 38os ? , soir : 38°, 8. - L'enfant

succombe le 23 septembre 18 ! )9.

Température après décès.

Hydrocéphalie ventriculaire. 219

seaux et les nerfs de la base de l'encéphale sont nor-

maux. La pie-mère est notablement congestionnée et

prend à la base un aspect blanchâtre. Il y a des adhérences

nombreuses entre les deux hémisphères du cerveau. Le cer-

veau (1145 gr.) s'affaisse dès l'ouverture du crâne et de la

dure-mère par le fait de l'écoulement de 970 grammes de

liquide hydrocéphalique.

CERVEAU. Hémisphère cérébral DROIT (550 grammes).

Face externe. Elle a l'aspect d'un ballon en caoutchouc

désenfle. La décortication est assez facile. Les scissures, les

sillons ont leur disposition naturelle mais ils sont peu pro-

fonds et les circonvolutions sont larges et étalées surtout à

la partie centrale du lobe frontal, au niveau de FA et de

PA, vers P1 et PC. (PL. 00) La fosse sylvicnne est large

et permet facilement de voir l'insula aussi très distendue.

Face interne. - Rien de bien particulier à noter sur Ft,

LP, LQ, C et le lobe tomporo-sphénoidal. Le corps calleux

CC (PL. 0) et sa circonvolution sont excessivement amincis

surtout au niveau du genou. Le ventricule latéral est très

dilaté. La pie-mère qui le tapisse est épaisse et fortement

vascularisée. - Les noyaux gris centraux, le pédoncule sont

fortement comprimés.

Hémisphère gauche (595 gr.) Il n'offre aucune différence

bien sensible avec l'hémisphère droit sauf un poids un peu

plus élevé. Les Planches IX et X permettent de se rendre

un compte très exact de l'état des circonvolutions et du degré

de dilatation du ventricule latéral.

Cervelet (HO gr.). Aspect normal si ce n'est la vascularisa-

lion et l'épaississement de la pie-mère qui le recouvre.

Le quatrième ventricule est légèrement dilaté, l'aqueduc de

Sylvius est complètement oblitéré. Aucune altération appa-

rente du bulbe et de la protubérance (20 gr.), ni de la moelle

upinière (40 gr.).

Thorax. Déformation rachitique en bréchet. - Cou :

corps thyroïde (15 gr.). Pas de trace de thymus. - Plèvres :

adhérences nombreuses paraissant de date récente et

nombreux tubercules à gauche. Adhérences plus rares et pas

de tubercules à droite. - Ganglions du médiastin engorgés ;

quelques-uns sont caséeux. - Poumon droit (125 gr.) presque

complètement indemne de tubercules sauf au niveau de son

bord inférieur où il existe un foyer caséeux de la grosseur

d'une noix avec trois autres petits foyers gros comme des

220 Hydrocéphalie ventriculaire.

pois. - Poumon gauche (155 gr.) assez congestionné dans

son lobe inférieur, nombreux foyers caséeux dans ce lobe

tandis que le lobe supérieur est indemne de tubercules. -

Rien de particulier au péricarde. - Coeur (110 gr.) sans

lésion organique apparente, pas de persistance du trou de

Botal.

Abdomen. Péritoine, rien d'anormal. L'estomac n'est pas

dilaté. - L' intestin-grêle est congestionné par place, mais

n'offre ni ulcérations, ni follicules clos engorgés, ni plaque

de Peyer tuméfiée. Rien de particulier au cæcum ni à son

appendice, ni au reste du gros intestin. - Foie (870 gr.)

gros, ayant subi une notable dégénérescence graisseuse.

Pas de calculs dans la vésicule biliaire. - Rate (70 gr.)

grosse, diffluente, se déchire très facilement. - Reins droit

et gauche (80 gr. chacun) congestionnés, pas de tubercules;

ils se décortiquent facilement. Les bassinets contiennent une

urine louche et puriforme. - Capsules surrénales, pancréas,

vessie, rien. Organes génitaux : Les ovaires sont de la gros-

seur d'une amande. L'utérus et ses annexes sont normaux.

Les muscles et les nerfs des membres inférieurs contrac-

turés et du membre supérieur droit également contracturés

ne permettent à l'oeil nu aucune constatation intéressante.

Cause de la mort : Cachexie progressive due à la tubercu-

lose pulmonaire. '

Poids des organes.

Hydrocéphalie. ? 21

Tableau des accès et des vertiges.

222 Hydrocéphalie.

Mesures des membres.

Hydrocéphalie. 223

vrysme problématique du grand-père maternel, ni

d'un coup de sang ( ? ) qui, à 68 ans, aurait emporté

l'arrière-grand-père maternel.

II. Trois points importants sont la variole de la

mère au cours de la grossesse, le vif chagrin res-

senti à la même époque par elle à la mort d'un de ses

enfants et enfin l'accouchement prématuré à 7 mois

qui fût indiscutablement la conséquence des incidents

antérieurs que nous venons de rappeler.

Fig. 14-

224 Hydrocéphalie ventriculaire.

III. La faiblesse congénitale de l'enfant qui ne

pesait qu'un kilogramme à la naissance doit être prise

en sérieuse considération. Notons toutefois que, durant

les six premiers mois, la tête de la fillette aurait été

normale. -

IV. A 6 mois convulsions suivies aussitôt d'aug-

mentation de volun2e du crâne. Ces convulsions se

multiplient de 6 à 18 mois, puis elles cessent mais la

tête a, depuis, continué à grossir.

V. Jusqu'à 8 ans pas de convulsions. A cet âge

Fig. 15.

Squelette crânien d'un hydrocéphale. 225

accès épileptiformes indiscutables se répétant depuis

jusqu'au nombre do 7 en 24 heures. L'hydrocéphalie

a pour conséquence une diplégie cérébrale avec

contractures, gâtisme, et idiotie complète.

VI. Un point intéressant encore à noter est la

précocité génésique : : la 11 donne une idée de son

développement. Dès neuf ans, la malade e8t réglée

et a tous les signes cle la puberté. Cependant rien au

point de vue héréditaire ne justifie ce fait.

VII. La caclle,\'ie p/'og/'c881re, la tuberculose lente

et torpide qui ont déterminé la mort de cette enfant,

il nutrition très ralentie, ne saurait nous surpren-

dre.

\-111. Rien cle bien saillant ne distingue son autopsie

de celle des autres hydrocéphales. Notons cependant

l'oblitération de l'aqueduc de Sylvius qui n'est pas

ordinairement constatée.

Nous avons eu t'occassion de voir dans le Musée

anatomo-pathologique de la Faculté de médecine de

Lyon, placé sous la direction de notre ami le prof.

Raymond Tripier, le squelette de la tête d'un hydro-

uép12n1e offrant une forme très rare. Le crâne, en

effet, ressemble a un chapeau de gendarme (Fig.

li et J ;)). M. le JJ" Paviot auquel nous devons les

photographies des ligures a bien voulu nous envoyer

les mensurations de la tête.

226 Hydrocéphalie' : ; forme DU CRANE.'

XVII. -

Vie sexuelle, mariage et descendance d'un épileptique ;

l'Ait 1101 UMOVII.I.E et POUf ? \ ! ).

L'histoire d'un épileptique, que nous allons raconter,

mérite l'attention du médecin, du législateur et de

tous ceux qui s'occupent, avec quelque conviction,

des questions d'assistance publique, c'est-il-dire d'un

côté très important de la question sociale.

Sommaire. - Père, rien de particulier. - Grand-père pater-

nel, excès de boisson. - Cousin germain paternel, excès

de boisson, aliéné à 26 ans. .

Mère, migraineuse, très nerveuse. - Frère, convulsions à

6 mois; intelligence médiocre. - Un cousin aliéné.

Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 9 arts (Père plus

âgé J..

Enfant normal jusqu'à 13 ans. - Céphalée de l'adolescence;

éblouissements. - Premier accès à hais. - Accès men-

suels ou bi-mensuels. Pas de déchéance intellectuelle

marquée pendant de nombreuses années.

Description du malade à l'entrée (janvier 1880). - Etat du

malade jusqu'à sa sortie (décembre 1880).

1881. Janvier. Fièvre typhoïde; suspension des accès du 18

décembre 1880 au 31 janvier.

1881. - Irascibilité : instabilité. - 1'raUlHatismes dans ses

accès. Engagement dans l'infanterie de marine, accès

arec excitation maniaque; réforme.

z ? . - 7>aumatismes divers dans ses crises. Phénomè-

nes proe et posl-épileptiques..

228 HISTOIRE CLINIQUE ET sociale d'un ÉPILEPTIQUE.

z1883. - Blennoi'1'hagie, paraphimosis, orchite. Pas de

manifestations syphilitiques ( ? ).

1885. - Rapports sexuels acec une fleuriste (avril 1884) :

Mariage en octobre. - Aucun accès pendant et aussitôt

Après le coït. - Description complète d'un accès.

1886-1893. - T1'awnatimI.Cs divers dans les accès. - Incon-

science consécutive. - Travail intermittent, renvoi des

aleliers, misère. : secours, insuffisants. Hémorrhagies

diverses. '

1394-1900. Marche de la maladie. Affaissement physi-

que et intellectuel progressif.

Huit enfants : détails sur chacun d'eux.

lllil.nh... (Jean) est né à Paris le 10 juin 1863. Il est entré

dans le service le 16 janvier 1880 (16 ans '/2) et en est sorti le

7 décembre de la même année.

Antécédents héréditaires. (Renseignements fournis par sa

mère le .28 janvier 1880). - Père, 45 ans, fort et bien por-

tant, a eu, étant garçou, une fluxion de poitrine; jamais de

migraines, de névralgies ou de maladie nerveuse, caractère

calme, non impressionnable, pas de syphilis, ni d'affections

cutanées, pas d'excès de boisson (1 [Son père, faisait de

fréquents excès de boisson attribués « aux mauvaises affaires».

- Sa mère, est morte très âgée de maladie inconnue. Deux

frères bien portants, ainsi que leurs dix enfants. - Pas d'a-

liénés, d'épileptiques, de difformes, etc., dans la famille.]

Mère, 36 ans, raccommodeusc, parait intelligente, s'avoue

lI'ès.-1w1'veuse, se met vite en colère, pleure aisément ; n'a pas

de syncopes ou d'attaques de nerfs, mais des migraines fré-

quentes, avant ou après ses règles : douleurs temporales-,

vomit parfois, cela dure un jour et disparaît après le sommeil ;

pas de syphilis, ni aucune autre maladie. Elle a eu le ver

solitaire il y a un an. C'est une femme brune, de bonne con-

formation. - [Son père, tué dans un éboulement, était bien

portant, sobre, mais assez nerveux. - Sa mère, morte à la

suite d'une couche, est restée alitée un an; était auparavant

(1) Il est mort en 1890 d'une bronchite ehrolli'1ue avec anasuriiuc (Note de

1900).

Antécédents. 229

d'une bonne santé. - Un frère, bien portant, a six ou sept

enfants, bien conformés, qui n'ont jamais eu de maladies ner-

veuses. - Dans le reste de la famille, on ne trouve aucune

tare héréditaire, ascendante ou collatérale]

Pas de consanguinité. Inégalité d'âge de neuf ans.

5 Enfants : 10 notre malade ; - '20 garçon de 15 ans, a ou

des convulsions de si il 10 mois; intelligence médiocre ; il a

pu cependant apprendre a lire, à écrire, à compter, et à aider

élans le métier d'ébéniste; - 3" garçon de 13 ans, apprenti

sculpteur sur bois; pas de convulsions, intelligent (1); - 4o

garçon mort à 17 mois, d'une maladie lente; sans convul-

sions; - b° fille, G ans, bien portante, intelligente, n'a jamais

eu de convulsions ('2),

Notre malade. Grossesse bonne, sans chagrins, sans aucun

accident. - 21(-coiii.lie)netit à terme et facile. - Allaité par

sa mère. - Marche a un an, parole vers 16 mois, propreté

vers un an. A l'école il apprenait bien, était médiocrement

nerveux, ne se mettait pas en colère, son caractère était

doux, affectueux. Variole il 6 mois, avant d'être vacciné;

il fùt vacciné à un an et à 2 ans sans succès; rougeole à 5

ans. On ne signale aucune autre affection. Gourmes.

A 13 ans, sans cause connue, il a eu des migraines ( ? ) : dou-

leurs de tète, à siège mal défini, puis vomissements bilieux;

la vue se brouillait, il lui semblait que tout était noir. Ces

accidents duraient en général 15 minutes et revenaient envi-

ron toutes les deux ou trois semaines. Auparavant, à la classe,

il était sujet il des éblouissements très courts qui le faisaient

écrire de travers. Ces accidents ont duré un an (de 13 à 14

ans). .

A 14 ans, étant à faire une commission, il est tombé dans la

rue La seconde crise a ou lieu trois ou quatre moi;; après.

L'enfant sa plaignait de souffrir de la tôle, on le fit coucher

et un peu après survint un accès : Rigidité générale ; mou-

vements de la tête; ronflement, écume à la bouche. Il revint

à lui au bout de deux à trois minutes. - Troisième accès, à

trois mois, et le quatrième à huit mois d'intervalle. Il ignore

absolument la cause de son premier accès.

A partir de 15 ans, les accès ont reparu et se sont rappro-

chés. Dans l'année qui a précédé son admission, il en avait

(1) Marié; un enfant mort de la cholérine en nourrice (Iid.)

(2) Relieuse, bonne santé, pas d'en'anrs, doit se marier prochainement (¡bill.)

230 Antécédents.

tous les huit jours, quelquefois davantage. Les accès sur-

viennent brusquement, sans qu'il prévienne. Pas de cri initial.

Convulsions toniques suivies de convulsions cloniques. Il

écume un peu, se mord légèrement la langue quelquefois. Il

n'urine jamais sous lui. l'as de folie consécutive, pas d'actes

désordonnés, pas de violences.

L'intelligence n'aurait pas changé. A la maison, il travail-

lait avec son père, ébéniste; il s2 montrait assez habile. Son

caractère s'est aigri, il devient irritable, mais pas violent. Il

s'est blessé 3 ou 4 fois il la tète dans ses accès.

Sommeil bon, en général, cependant l'enfant aurait tou-

jours beaucoup rêvé, mais ne serait pas sujet aux cauchemars;

le sommeil serait aujourd'hui ce qu'il était il y a 2 ou 3 ans ;

pas d'insomnies. Il est assez peureux et n'aime pas à faire des

commissions le soir. Il craint toujours qu'il n'y ait des gens

cachés dans les escaliers. Ni vers, ni onanisme, ni tics. -

La mère ne sait à quelle cause la maladie.

État actuel. - La tête est volumineuse, la région occipitale

est peu saillante, si peu saillante que lo plan du cou semble se

continuer directement avec la région occipitale. Le front est

peu élevé, déprimé sur les côtés. La bosse frontale gauche

parait plus saillante que la droite, ce qui tient a l'épaississe-

ment des téguments. Le reste de la face présente une confor-

mation normale et ou ne constate aucune asymétrie. Rien a

signaler aux organes des sens. Les dents sont normales dans

leur développement et dans leur forme. Notons seulement

que la voûte palatine est légèrement ogivale.

La conformation du cou, du thorax, de l'abdomen et des

membres, est bonne et normale. - La peau de la face est

couverte de cicatrices consécutives à la variole.

Puberté. - Quelques poils dans les aisselles. Poils très

abondants au pénil, en assez grande; quantité sur les jambes.

Testicules et verge bien développés.

17 juin. - Traitement : hydrothérapie depuis son arrivée;

école, gymnastique, atelier de menuiserie. Par moments, il

s'ennuyait. Depuis qu'il va aux douches, il est plus calme,

travaille un peu mieux. Il est à l'atelier de menuiserie depuis

le 30 janvier 1880 et a fait des progrès marqués.

2 septembre. - Il s'améliore notablement, il est plus

docile, travaille bien à la menuiserie et à l'école.

22 septembre. Il se tient assez convenablement il l'école

depuis un mois. Écrit correctement l'orthographe usuelle ;

sait bien ses quatre règles, mais ne s'applique guère. .

Histoire ca.mnpn : et sociale d'un épileptique. 231

11 novembre. - On ajoute à son traitement le bromure de

potassium, a la dose progressive de 1 il 6 grammes.

" décembre, - Sa mère, malgré nos conseils, le reprend

afin qu'il puisse aider son père qui est ébéniste. .

Depuis la lin de 1880 jusqu'en 1900, le malade est

revenu nous voir il noire consultation de Bicêtre', et

nous avons pu suivre assez régulièrement son histoire.

1881. '.i0 janvier. Munh... a eu un accèsle 18 décembre.

Il s'est alité le 20 décembre 1880 et ne s'est relevé qu'un

mois plus tard, le 2'c janvier par suite d'une fièvre typhoïde.

nans la période des prodromes, il a eu des peurs semblables

ia celle qu'il avait au commencement de sa maladie. Il

s'imaginait qu'il se; trouvait dans l'escalier noir de son

anciennne habitation, et que, comme autrefois, dans un

renfoncement, il croyait voir quelqu'un caché. Il n'a pas eu

un seul eecès depuis l'alitement jusqu'à ce jour, amaigris-

sement, anémie. Traitement : bromure de potassium, vin

de quinquina, sirop d'iodure de fer, bains.

28 avril. Il travaille assez bien à l'ébénisterie chez son

père. Il se met en colère et aurait été très désagréable

depuis un mois ; il n'écoutait aucune observation, il voulait

travailler dehors; il partit un jour pour chercher de l'ou-

vrage mais, n'en ayant pas trouvé, il est rentré le soir. Les

accès ont reparu : un le .'Il janvier,, un autre le 7 février

et un troisième lo 8 du même mois (voir le Tableau).

2t juillet. Caractère toujours irascible, plus qu'autrefois.

Il ne supporte; pas les observations, môme légères. Parfois,

il menace sa mère; dit qu'il va tout casser; cherche querelle

a ses frères. Dans un accès, le Il juillet, il s'est mordu la

langue, fortement contusionné le menton et les bosses fron-

tales. C'est la première fois depuis sa sortie qu'il s'est blessé.

Le bromure de potassium est remplacé par du bromure de

sodium.

30 août. Il a voulu de nouveau se placer chez un

ébéniste, sous prétexte qu'il serait mieux que chez son père.

A partir du 20 août, il prend de Vélixir polybromuré d'Yvon,

à dose augmentant progressivement d'une à quatre cuillerées

il soupe soit 12 gr. ; douches. Dans un accès le 3 août, il s'est

contusionné les paupières de l'oeil gauche.

18 octobre. Le 22 septembre, il partit pour s'engager à

Brest, dans l'infanterie de marine. Huit jours après son

arrivée, il eut un accès pendant l'exercice, puis un autre

2 : ! 2 Histoire clinique et sociale d'un épileptique.

suivi d'excilntion maniaque. 11 tut mis il l'hôpital où il resta -

deux mois et il fut renvoyé le 20 novembre. .

1882. 29 avril. Santé générale bonne, memoirs toujours '

la même, caractère irascible; pas de divagations. .'

26 juin Pas d'onanisme, constaté ou avoué. Quelques,

rapports sexuels, le dernier il y a (rois mois. :

a0 septembre. - Dans un accès le 29 juillet, il s'est contu-

sionné l'oreille gaucho et la pommette correspondante. la

suite des derniers accès, période d'excitation. Au lieu de

rester hébété, (le s'endormir, puis de se réveiller tranquille,

comme cela arrive d'ordinaire après ses accès, il divaguait

et prononçait des paroles sans suite; il délirait également .

dans ses actes, semblait chercher la fenêtre, sautait sur le

dossier du lit, renversait les meubles, les vases, etc.. Après

un accès le 7 septembre, ces troubles auraient duré deux

heures et demie environ. Consécutivement au dernier accès,

il aurait eu moins d'excitation, mais une heure après il sortit

avec ses frères, et il eut avec les agents de polim, une

altercation, à la suite de laquelle il fut conduit au poste,

comparut devant le commissaire, qui lui dressa procès-

verbal. Il ne parait pas se rendre compte des détails (le

l'événement. Depuis quelque temps, il est plus obéissant,

travaille bien.

13 novembre. - Après les accès, il est tranquille pendant

un quart d'heure, puis il devient violent, veut monter sur

les meubles, s'en aller. Il rit, reste hébété, parle d'une façon

incompréhensible. Dans son accès de ce matin, 13 novembre,

il est tombé dans une devanture de boutique, sans se blesser.

Il a conservé une pâleur très forte, avec altération des traits

et une douleur vive, dans la région frontale.

1883. 29 janvier. - Un accès le 5 janvier a été compliqué

d'accidents particuliers. Après avoir ou un accès avec les

symptômes ordinaires et avoir dormi un quart, d'heure envi-

ron, il s'est levé, a tourné autour de l'établi pendant une

dizaine de minutes, en prononçant des paroles inintelligibles.

Quand on l'a arrêté, il a résisté d'abord, mais bientôt a cédé.

- Depuis quelque temps, les accès sont suivis de fortes

douleurs de tète;, avec nausées et quelquefois vomissement ?

On a remarqué que la veille, et parfois l'avant-veille des accès,

la face est plus pâle et les traits plus tirés. .

5 mars. - Il se présente avec un ncoulement blennorrha-

gique, une orchite, un paraphimosis et des ulcérations.

Celles-ci ne paraissent pas de nature spécifique (ni alopécie,

Rapports sexuels' : accidents vénériens. 233

ni éruption, ni adénites, etc.). Il a eu des rapports vers la

mi-décembre avec une femme dans une maison publique.

.L'écoulement a paru le 10 janvier, le paraphimosis vers le 15

du même mois, l'on.hile le 28 février.

1885. 9 février. - Le malade ne s'est pas présenté depuis le

mois de mars 188 ? Il rapporte aujourd'hui ce qui s'est passé

pendant ce long intervalle. Comme nous le voyons dans le

tableau des accès, ceux-ci n'ont pas augmente; de nombre

dans le reste de l'année 18 : 1 (dix mois). Pendant l'année 1884,

ils auraient diminué de nombre. Aucune manifestation syphi-

litique.

Deux fois il s'est fait des fraumalismes sérieux. Dans un

accès (décembre 188 : ! ), plaie grave à l'angle externe de l'ceil

gauche, qui a produit une bride molle. Dans un accès (le 10

novembre) l'oreille gauche a été presque détachée. Pas de

difformité consécutive.

Organes génitaux, etc. - Moustaches d'un brun roux.

- Poils peu abondants au menton et aux joues. - Poils

frisés, chatain-roux, assez abonhants sur le pénil et les

bourses. - Testicules égaux, de la grosseur d'un oeuf de pi-

geon, le droit pendant plus que le gaucho. Verge développée,

gland déeouvrable, méat légèrement étroit.

Traitement. - Dans cet intervalle, Félixirpolybromuré fut

suspendu, il y a environ un an. Ensuite, il a pris du bromure

de potassium. Depuis le mois d'octobre 188'i, aucun traite-

ment. Depuis janvier 188'i, il ne travaille plus avec son père,

mais au dehors. Depuis deux mois, il est sans ouvrage.

Vie génitale. - Dans les premiers mois de -1883, il fit la

connaissance d'une fleuriste. Il eut avec elle des rapports

sexuels et ils vécurent ensemble maritalement à partir du

mois d'avril 1881. Ils se sont mariés le 4 octobre de la même

année. Il n'a jamais eu d'accès pendant ou après le coït.-

Tant qu'ils ont vécu séparés, ils couchaient ensemble une

fois par semaine. D'avril à octobre 1881, rapports sexuels

quotidiens et, après octobre, ralentissement : un voit tous

les deux ou ;i jours. Sa femme est accouchée, au commence-

ment de janvier, d'une fille. Elle l'a mis au monde au

huitième mois de sa grossesse. Il affirme que sa femme

le savait épileptique,

Puberté. - Fines moustaches, poils peu abondants au

menton et aux joues. - Poils frisés, châtain-roux, assez

231 Il Description d'un accès.

nombreux au pénil et -sur les bourses qui sont demi-pendantes.

Testicules égaux, de la grosseur d'un oeuf de pigeon, le droit

descendant plus bas que le gauche. Verge développée, gland

découvrable, méat légèrement étroit.

23 février. Munh... nous amène sa femme et son enfant.

Celui-ci est athrepsique à un haut degré et ne pèse que 1.630

grammes (1). Au cours de de cette visite il est pris d'un accès.

Description de l'accès. - Le malade était debout. Tout à

coup il tourne la tète vers son épaule droite et pousse un cri

étouffé. Sa femme, qui s'aperçoit de l'imminence de l'accès,

nous prévient. On le couche.

Période tonique. - Face pâle, immobile, yeux convulsés

en haut, le bras droit est en demi-flexion, la main droite est

restée dans la poche du paletot. Le bras gauche est allongé

le long du corps. La rigidité est la même des deux côtés.

Les membres inférieurs sont rigides également et dans

l'extension. Au bout d'une trentaine de secondes, secousses

tétaniformes de plus en plus prononcées de la face et des

membres pendant quarante cinq secondes. Pondant cette

phase tétaniforme, la face devient de plus en plus rouge.

Période clonique. - Secousses cloniques assez étendues

des quatre membres, égales des doux côtés. Elles durent

environ quinze secondes. La rougeur de la face est rempla-

cée par une coloration bleu plombé très marquée.

Période de stertor. - Ronflement, écume, face plombée,

lèvres noires, décomposition des traits. Cette période dure

une vingtaine de minutes. Le corps est en résolution com-

plète. Le malade s'endort pendant dix minutes. Durant la

période clonique, les pupilles, étaient légèrement dilatées.

Elles se sont dilatées davantage et même il un degré très

accusé, durant la période (le stertor. Au bout do dix minu-

tes, le malade se relève; il est pâle, hébété et ne se rend pas

compte de ce qui est arrivé. est courbaturé. Pas de

morsure à la langue. Pas de miction involontaire. Il ne

prévient jamais.

La femme de notre malade connaissait la famille de son

mari depuis trois ans. Elle est orpheline. Elle est brune, de

physionomie assez agréable, intelligente, n'a pas l'air d'une

(1) Elle est morte à l'Age de si semaines.

VIE sexuelle : traumatisme, etc. 235

coureuse. L'iris gaucho (t) offre élans sa moitié inférieure

quatre petites taches pigmentaires brunes. Elle savait que

son mari tombait. Jamais il n'a eu d'accès pendant les rap-

ports sexuels. Il est très affectueux pour elle. Elle ne se

plaint que d'une chose, c'est qu'il a toujours la mante de

faire des chansons sur toutes sortes de sujets. (Ses premiè

res chansons ont été faites il Ifi ans).

10 août. - Mun... est sans travail depuis plusieurs mois;

il est venu s'en plaindre au mois d'avril et de juillet. Dans

son dernier accès, après six semaines de repos, il s'est fait

au menton une plaie qui a saigné beaucoup, mesurant : f

centimètres de longueur. Il s'est mordu la langue qui

présente une plaie sinueuse de 2 centimètres de long. De

plus, il aurait eu un écoulement de sang abondant, par les

deux oreilles. Il dit entendre moins bien à gauche. Il ne

distingue pas le tic-tac d'une montre.

le, octobre. - Sa femme a fait une fausse couche de 2 mois

et demi, le 28 août. Elle nous répète que son mari est très

affectueux pour elle, pour ses parents, pour tout le monde

et que jamais il n'a eu d'accès pendant ou après le coït

auquel il est maintenant moins enclin ; il s'en passe quel-

quefois pendant une semaine. (Dans les premiers temps du

mariage, il avait souvent des rapports avec elle 3 fois par

jour : « il quittait l'atelier, dans la journée, pour venir me

trouver et quand je le pouvais j'allais me cacher pour les

éviter. »)

1886. ter février. - Sa femme a été malade et alitée au

mois de décembre 1885. On craint qu'elle ne soit phtisique

car plusieurs de ses parents l'ont été. Elle est remise mais ne

travaille pas.

25 mars. - Il avait trouvé de l'ouvrage depuis 3 jours. Un

accès survient, on le remercie immédiatement et on ne lui

paye que la moitié de son travail. Il conte que sa femme

aurait eu il la suite de contrariétés, trois syncopes complètes;

l'une a duré près d'une lieure.

29 avril. - Dans le dernier accès, il s'est fait une contusion

violente à l'oeil et il la bosse frontale du côté droit. En allant

livrer son travail à un client, il a eu un accès, et on l'a prié

de ne plus revenir. Il n'a jamais remarqué de rapports entre

ses accès et ses rapprochements avec sa femme.

il ! Les iris sont d'iule couleur marron clair.

23< ! Travail intermittent, misère.

19 août. - Le 30 juillet, il eut un accès devant le cirque.

On l'a conduit au poste de secours voisin. Cet accès, ou

mieux, cette série d'accès, aurait duré plus de 2 heures. En

revenant à lui il ne pouvait parler. Comme il n'avait pas de

papiers sur lui, on l'a envoyé au dépôt. Jamais il n'aurait eu

d'accès analogues et jamais il n'aurait été si longtemps,

avant de revenir à lui. Il se sentait menacé d'un accès; il lui

semblait, qu'il ne savait plus où il était, il continuait son

chemin automatiquement. Quelquefois cette sensation durai !

cinq minutes. Il n'en a pas parlé, dans la crainte d'effrayer

sa mère et sa femme.

Il nous annonce qu'un cousin germain du côté paternel,

est devenu aliéné, à l'âge de 26 ans. Il a été enfermé à l'asile

Clinique, puis transféré à et, de là dans un asile

du Luxembourg. Il faisait îles excès de boisson. se plainl

déjà. gène qui règne dans sa famille.

14 décembre. - Après son dernier accès, il a eu une

période d'excitation qui a duré plus d'une heure. Il voulait

se jeter par la fenêtre. Il aurait prononcé des paroles qu'on

ne lui a pas répétées. Sa femme est encore sur le point

d'accoucher. Il se plaint de la misère qui le menace et

sollicite un secours mensuel; il est sans ouvrage.

1887. 10 février. - Sa femme est accouchée le 24 décembre.

Le malade avait trouvé de l'ouvrage le 7 février. Il est allé

prendre son travail à 7 heures; il 10 heures, il eut un accès

et fut renvoyé, (trace il des recommandations réitérées, il a

obtenu un secours de 2.') francs.

21 février. - L'administration du bureau de bienfaisance

auquel il s'est adressé, lui a répondu que sa maladie ne

l'empêchait pas de travailler, au moins chez lui. Mais pour

cela il faut « un grand logement et des outils ». Sa femme

consacre tout son temps il son enfant. Son père ne travaille

que d'une façon intermittente. Sa mère garde un enfant. Son

frère (22 ans) bien portant, peu intelligent, gagne 2 francs

par jour, qu'il rapporte à la maison.

28 mars. - Dans son dernier accès, il s'est fait une plaie ;'1

la lèvre supérieure et quelques contusions au menton.

25 juillet. - Son enfant est mort d'une rougeole, proba-

hlement compliquée de broncho-pneumonie, sans nouvelles

convulsions. - Lui-même a eau un accès le lendemain de

l'enterrement. - Sa femme, le; jour de l'enterrement, paraît

avoir eu une hallucination : Tout d'un coup elle s'est imaginée

que les croque-morts montaient. « Voilà les croque-morts

TJ\VAIL intermittent, misère. 237

qui montent, ils veulent me prendre le petit. » C'était une

hallucination, car les croque-morts ne sont arrivés qu'un

quart-d'heure après. Elle s'est mise il rire en même temps

aux éclats ; ses yeux sont restés égarés, fixes. Elle a suivi

le convoi et n'a commencé à parler qu'aux fortifications. -

Jusqu'au 22, rien de particulier. - Le 22 juillet elle est entrée

chez sa belle-mère : « Croyez-vous, ils veulent encore me

reprendre mon enfant. » Pas de rire, pas de pleurs, mutisme

pendant : 3 heures, yeux hagards. Rien du 22 au 24,

c'est-à-dire hier au soir. - Eu rentrant de se promener avec

son mari à 9 heures, sans rien dire, elle t'est mise il regarder

fixement sans répondre ; durée : 3 minutes. Nous la voyons

il la visite : physionomie naturelle, un peu anémique. Elle se

plaint de douleurs de tète fronto-pariétales durant quelque-

fois toute la journée avec paroxysmes. Digestions un peu

laborieuses; pas (1(, crampe d'estomac; constipation. Les

règles ne sont pas revenues. l'as de douleurs de ce genre

avant la mort de son enfant. - Sommeil mauvais ; se réveille

au moins bruit. En ce qui concerne ses crises, elle sent,

dit-elle, qu'il lui est arrivé quelque chose, m lis elle ne se

souvient plus.

17 bien conservée. Il ne travaille

plus, depuis quatre semaines; chaque fois qu'il se place, il

est renvoyé a cause de ses accès. Sa femme ne travaille plus.

La famille est toujours, souvent du moins, dans le dénument;

aujourd'hui encore, il écrit au directeur de l'Assistance

publique pour solliciter un secours.

1888. 26 avril. - Sa femme; est de nouveau enceinte. Il a

eu, dans ces derniers six mois, un secours de 20 francs et

rien autre chose. On a refusé de l'inscrire au bureau de

bienfaisance, sous prétexte que sa maladie ne l'empêche pas

de travailler. Les derniers accès ont été plus violents.

;30 mai. - Sa femme; est enceinte de G mois 1/2. Elle no tra·

vaille pas. Son père, malade, est alité depuis trois semaines.

Lui-même ne travaille pas régulièrement à cause de son mal.

Il demande des secours pour subvenir aux besoins de sa

famille.

4 juillet. - Dans sou dernier accès, ce matin à 6 heures,

il s'est fortement contusionné le poignet et la tête. Au

moment où nous le voyons, il se ressent encore de son accès.

Les traits sont décomposés; il a des petits mouvements

convulsifs dans la face et des secousses dans les membres.

Il a reçu un secours de 20 francs, mais il n'a pu se faire

238 Misère, assistance Insuffisante.

inscrire au bureau de bienfaisance parce que le certificat du

médecin, bien que constatant l'existence de l'épilepsie, ne la

disait pas incurable. Il est encore sans occupation. Sa femme,

enceinte de huit mois, ne travaille pas.

9 août. - Dans son dernier accès, il a uriné sous lui, ce

qui ne lui est arrivé antérieurement qu'une seule fois; il

assure n'avoir jamais eu d'évacuation spermatique. Il a été

très long à se remettre, près de deux heures, dit-il. Il ne

pouvait répondre' aux questions. Dans ses accès antérieurs,

tout était fini au bout de cinq minutes. Il assure que sa

mémoire ne diminue pas ( ? ).

Il octobre. - La mère de Mun... affirme que la mémoire

de notre malade ne diminue; pas sensiblement. Il est, dit-elle,

un peu irritable avant les accès, mais, en dehors d'eux, il ne

présente rien d'anormal. Le bureau de bienfaisance lui donne

5 francs par mois.

13 décembre. Les deux derniers accès ont été précédés

cle phénomènes particuliers. Etant aux cabinets, il a eu une

sensation de malaise, il lui semblait être clans un brouillard :

o ça devenait noir il lui semblait que tout tournait, les oreilles

lui bourdonnaient. Ces sensations ont duré cinq minutes ; il

a eu le temps de s'habiller et de remonter deux étages. Ces

phénomènes, qui ressemblent à des vertiges, se présentent

isolément quelquefois, sans être suivis d'accès, environ deux

ou trois fois par mois. Ils ont débuté il y a environ un an. Il

se plaint encore de l'impossibilité dans laquelle il est de sub-

venir aux besoins de sa famille et d'être il bout de ressources.

Il récrimine contre la maladie « qui l'oblige il tendre la

main ». Il n'a, dit-il, cette' année, travaillé que pendant Si

jours. Il a essayé de faire des chansons, mais cela ne l'a pas

enrichi. Ces chansons dont nous possédons de nombreux

spécimens, montrent que notre malade a une intelligence au

moins égale à la moyenne. Il réclame encore un secours.

Sa vie est misérable.

1889. il juin. - Les accès sont devenus plus graves : « il

crie presque tout le temps « que dure l'accès, alors qu'autre-

fois il ne poussait qu'un cri, au début; naguère il avait eu

rarement des convulsions cloniques, il en a maintenant des

deux côtés du corps. A son avant-dernier accès sa ligure était

« comme frappée d'un coup de sang » ; il avait sur les joues

des raies violacées. Cela a duré deux jours. Sa mémoire ne

varie pas plus qu'autrefois. Son irascibilité est grande, sur-

tout avant les crises ; clans ces moments-là il ne faut rien lui

Misère, assistance insuffisante. 239

dire. - Il est très porté aux rapports sexuels, mais sa femme

le met il la ration de deux coïts par semaine. Pas d'accès

pendant ou après le coït. Pas d'onanisme.

12 septembre. - Dans un accès il a failli tomber par la

fenêtre sur laquelle il était penché; sans sa femme qui l'a

retenu, il était tué. a J'aurais, dit-il, été bien débarrassé. » Il a

eu de l'ouvrage pendant 15 jours, avant le 24 août, mais depuis

cette époque, il n'en a plus. La misère est chez lui. Il dépeint

ses malheurs dans une lettre qu'il nous a adressée : « A bout

de ressources, je m'adresse iL vous, pour que vous me fassiez

entrer à Bicêtre'. C'est la seule porte qui me soit ouverte.

C'est la première fois que la misère me frappe si cruellement.

Je suis en ce moment surchargé de dettes de toutes sortes,

que je devrai payer il courte échéance. Ce n'est peut-être pas

la misère seule qui me pousse il cet acte de désespoir, mais

ma femme se fatigue de cette situation, qui cause de fré-

([lLel1les scènes d'intérieur. J'ai eu trois accès coup sur coup,

la semaine dernière. Jamais ils n'avaient été aussi fréquents,

ni aussi forts. » .

Puberté. - Moustaches fournies de poils roux assez durs ;

poils peu abondants au niveau des favoris, plus abondants

au menton et à la région maxillaire. - Poitrine et abdomen

glabres. - Quelques poils seulement, très petits et fins sur

la ligue; blanche, entre l'ombilic et le srcotum. Poils sous

les aisselles. Quelques poils sur la face postérieure- des

avant-bras, assez nombreux aux lombes. Sur le pénil, poils

longs' bouclés, abondants, s'étendant en haut, en forme de

triangle jusqu'à l'ombilic et se terminant dans les aines. -

Poils au périnée et à l'anus, assez abondants. Les cuisses

sont couvertes de poils Les doux, testicules sont égaux, de

la dimension d'un oeuf de pigeon. Sur les bourses, poils longs.

Verge, longueur I cent. 1 circonférence 8 cent. 1.2, Méat

normal. 1.

1890. 17 avril. - Depuis son dernier accès, le l't avril, le

malade se trouve comme en léthargie. » Il se dit engourdi,

il ne voit pas ce qui se passe autour de lui, ne se souvient

de rien.

12 juillet. Après sa demande d'entrée à Bicêtre il a

trouvé du travail. D'avril à,juillet son salaire a été suffisant

pour qu'il n'ait pas eu besoin de faire des demandes de

secours. Le' moral est meilleur pendant cette période.

9 novembre. Les choses ont change : depuis deux mois,

plus de travail. Ces dix derniers jours cependant il travaille

540 Diminution de la mémoire.

et gagne 12 it 15 francs par semaine, ce qui est insuffisant.

Sa femme doit accoucher dans deux ou trois jouis. C'est

encore la misère. Il demande qu'on vienne à son aide.

20 )t0).'e)))b7'e. - Sa situation, dit-il dans une lettre, est

plus triste encore. Sa femme qui n'a pas eu le temps d'aller

à l'hôpital, est accouchée chez elle, seule, sans l'aide d'une

sage-femme. Celle-ci n'arriva qu'une demi-heure après la

venue de l'enfant. Il demande des secours.

1891. 13 avril. - Depuis le 18 mars, il travaille clans la

même maison ; on le sait épileptique, mais on le garde cepen-

dant. On se; contente de le payer moins cher que les autres

ouvriers, 15 francs par semaine.

5 octobre. - A la suite du dernier accès, il aurait eu la vue

troublée; il avait « comme un brouillard devant les yeux. »

De plus, il dit avoir perdu du sang par la bouche et par les

oreilles et en grande quantité. Ces lii;ntorrlta;riei n'auraient

point été dues à la chute, car il ne s'était pas fait de mal en

tombant. Cet accès n'avait pas été plus long que d'habitude.

Il est revenu à lui une demi-heure après être tombé. Il ne

parait plus exister de troubles de la vue, car notre malade'

peut bien lire, et voit l'heure à huit mètres. 11 est sans

ouvrage depuis un mois. Il dit avoir été renvoyé de la maison

où il travaillait à la suite d'une pétition des locataires, qui

se prétendaient gênés par ses cris, au moment des accès.

1892. 18 février. - Le dernier accès aurait été violent.

Quatre heures de coma. Il croit n'avoir eu qu'un seul accès.

( ? ) Pendant une longue rémission, d'octobre à février, il a pu

travailler régulièrement chez le même patron. Il gagnait

22 francs par semaine. A la suite d'un accès, le 7 février,

il fut renvoyé immédiatement. Il retombe dans la misère

quelques jours après et revient supplier qu'on lui donne le

moyen d'obtenir des secours.

18 ! 13. 17 février. Sa femme vient d'accoucher le 16

février, d'une petite fille; ses deux autres enfants sont mala-

des ; lui-même ne travaille pas depuis le 28 janvier. C'est

encore le dénùment, la misère menaçante ; il demande qu'on

lui vienne en aide.

23 mars. - Il ne travaille pas d'une façon régulière, depuis

le mois de janvier. Il dit que sa mémoire diminue de plus en

plus « aussi bien pour son travail que pour autre chose. "

1895. 30 mai. Le malade a perdu la liste de ses accès et

Déchéance physique et intellectuelle. : il

ne peut nous renseigner sur leur nombre, en 1894. Depuis

le 1." janvier, cependant, il a eu un accès par mois, excepté

en mai. Il urine rarement sous lui, pas d'évacuation spernta-

tique, pas de défécation, au moment des accès. Il constate

que sa mémoire diminue. Il est sans travail depuis 15 jours.

Il a travaillé pendant quelque temps chez un ébéniste de

ses amis, qui le gardait malgré ses accès. 11 a actuellement

quatre enfants.

Puberté. Moustaches assez fournies : poils d'un brun-

roux peu abondants sur les joues (cicatrices de variole).

Thorax absolument glabre. Poils fins sur les aisselles.

Le pénil est couvert de poils noirs, frisés, courts, remontant

vers l'ombilic, envahissant la face interne des cuisses,

s'étendant sur la région périnéale jusqu'à l'anus. - Verge :

longueur, 10 centimètres; circonférence, 10 cent, 5. Testi-

cules égaux, de la grosseur d'un oeuf de pigeon.

1896. 25 juin. - Il ne travaille que d'une façon intermit-

tente, il ne fait que « des bricoles. » Dans un accès récent,

l'oreille droite est restée sourde pendant quelques jours. Il a

des névralgies dans la moitié gauche de la tête, surtout au-

tour de l'oreille. La mémoire baisse. Il avoue qu'il ne sait

plus s'il a 7 ou 1(1 francs au bureau de bienfaisance. Sa face

est pâle et plus maigre que d'habitude. Il se plaint de la

misère et demande des secours.

17 décembre. Dans son dernier accès (8 décembre) il

s'est fait une plaie au visage, à la lèvre inférieure et à la

main. Il s'était déjà fortement blessé le menton en janvier.

1897. 25 novembre, - Il revient pour demander un secours.

Sa femme est accouchée en novembre. Il a eu un accès en

allant chercher la sage-femme. Dans son accès il oublia sa

commission, revint chez lui. et sa femme étendue

par terre et l'enfant entre les jambes de la mère.

1898. Il s'occupe il travailler quelques heures chez un

tonnelier qui demeure en face de chez lui. D'autres fois il fait

des commissions au marché, sert de témoins aux mairies, fait

un tas de bricoles qui rapportent dix sous par ci par la.

1899. Mars. - Sa femme vient nous voir. Elle dit que son

mari devient méchant, qu'il essaye de la battre. Il est parfois

excité il la suite de ses crises. Il a maigri, il se voûte et

Bourneville, Bicêtre. 1899. 16

Tableau des accès et des vertiges.

2H il Déchéance physique et intellectuelle.

s'affaisse sur lui-même. Il a chargé sa femme de nous informer

qu'il ne pouvait plus avoir de rapports sexuels avec elle.

1900. Mars. En octobredernier, altantporter une demande

de secours il l'assistance publique, il a été pris d'un accès et a

dégringolé l'escalier, d'où longue plaie de l'oeil gauche, avec

écoulement abondant de sang. On l'a envoyé à 1'IIÚtc ! -Dieu

où on a pratiqué plusieurs points de suture. Il est retourné

à l'Assistance publique, on lui a mis cinq francs dans son

porte-monnaie. A son retour chez lui, il a été tout étonné

cle trouver ces cinq francs. - Il travaille actuellement, mais

il touche 20 fr. <luaud les autres en reçoivent 50. Il continue

à faire des chansons, toutefois il dit qui; sa mémoire baisse

sensiblement. De temps en temps, il se décourage, refuse de

se soigner et ne veut plus marquer ses accès. Physiquement,

il amaigri et se voûte. La face est très pâle et présente

de nombreuses cicatrices dues aux chutes convulsives :

Grande cicatrice de 5 cent, de long siégeant sur la bosse

frontale gaucho ; une autre aussi longue entamant la queue

du sourcil gauche. A droite deux cicatrices plus pe-

tites au niveau du sourcil droit; une de chaque côté àt la

région malaire. - Le lobule du nez est coupe par une cica-

trice. Cicatrice de 2 cent. sur la lèvre supérieure ; une autre

sur l'inférieure. - Le menton porte quelques petites cicatrices

et une de 3 ou 4 cent, occupant tout son bord inférieur. Il

manque au malade les quatre incisives supérieures cassées

dans une chute. Enfin signalons quelques petites cicatrices

aux mains, traces des érallures qu'il se fait en tombant.

1900. 15 mars. Cinq accès depuis le 1« janvier. Le 8 mars,

dans l'atelier où il travaille, il a eu un accès suivi de folie.

Après la crise, comme il voulait jeter ses outils dans le feu,

son patron voulut s'y opposer. Alors il tourna sa fureur con-

tre celui-ci et voulait le jeter également dans le feu. Un agent

de police requis et aidé des ouvriers do l'atelier l'ont conduit

il l'hôpital St Antoine. Durant le trajet, il parla continuelle-

ment d'une façon inintelligible. Cotte période de manie épi-

leplique persista de 10 heures du matin il une heure de

l'après midi.

Sa femme nous assure qu'il est devenu plus sombre depuis

cet accident. D'habitude, après ses accès, il cause d'une

manière incompréhensible mais c'est la première fois qu'il a

un accès de folie aussi grave. Par périodes, il est impuissant

Descendance. 2g

et il en reporte la faute sur sa femme (I) ; dans d'autres, il a

des rapports deux ou trois fois par jour.

Tableau du poids et de la taille (2).

24G Descendance.

miers mois ses yeux tournaient souvent, et plusieurs fois par

jour. Ces accidents ont cessé.

1889. 24 jamier. - L'enfant a des colères accompagnées

de tremblement dans lesquelles il devient tout bleu. Pas de

cauchemars; sommeil bon.

1890. 16 januiei·. - L'enfant est bien portant. Il a douze

dents, commence à parler. La fontanelle antérieure présente

encore un centimètre sur deux centimètres.

1893. 23 mars. L'enfant, en bon état, apprend très-bien

à l'école.

1895. 30 mal. - Intelligent, bonne santé; pas de I roubles

nerveux à signaler.

1896. 17 décembre. Très-intelligent; assez coléreux, peu

obéissant.

1897. 15 mvril. - Aspect intelligent et éveillé. Il va il l'école,

apprend bien et s'intéresse il ses études. Mais il est nerveux

et turbulent, il ne reste jamais immobile. Il se met facilement

en colère. La nuit il se lève tout endormi sur son lit. Sa mère

est obligée de le recoucher. Jamais il ne s'est promené pen-

dant son sommeil, dans l'appartement. Son maitre d'école est

très content de lui, au point de vue des progrès accomplis et

du travail, mais il se plaint de sa turbulence, qui distrait les

autres enfants.

1898. 3 février. Il continue à faire des progrès.

1899. Mars. - Intelligent, mais très-nerveux.

1900. Mat. - Il a eu son certificat d'études rail dernier.

Toujours turbulent et peu obéissant. ? 0 Mun ? (Blanche), née le 3 novembre 1890.

1892. 16 février. - Elle a eu des convulsions à 3 semaines

d'intervalles, la dernière le 9 février; durée d'un quart

d'heure chaque fois.

1893. 23 mars. Elle a eu des convulsions qui ont duré

3 ? d'heure. Tout le corps était raide ; les jambes seules

remuaient. Elle se serait réveillée la nuit en disant que son

lit marchait, s'envolait ; elle a repris connaissance hier à midi,

mais elle a encore des secousses.

13 avril. - De temps en temps, quand on lui parle, ses yeux

deviennent fixes, et elle ne répond pas. Elle reste ainsi deux

ou trois minutes. Elle a l'air étrangère il tout ce qui se passe.

Quand cet état cesse, elle pousse un soupir et tout est fini.

Elle se plaint de la tête quelquefois. Quand on la couche elle

a peur, il faut lui couvrir la figure. Elle n'a pas eu de grands

accès, autres que celui qui nous a été signalé le 23 mars. Deux

Descendance. 247

heures avant ses grandes convulsions, au moment du lever,

elle aurait eu une hallucination de la vue : « elle voyait un

loup sur la table». Depuis, elle ne veut plus rester seule :

« Le loup va venir » dit-elle. Après ces convulsions elle avait

peur de tomber et disait que son lit descendait. Sa figure est

très éveillée, intelligente, la parole facile.

15 juin. - L'enfant est morte à l'hôpital Trousseau le 3 juin,

du croup, après trachéotomie.

Gaz Mun... (Marthe), née le 16 février 1893.

1895. 30 mat. - L'enfant est bien portante et n'a eu aucun

trouble nerveux.

18896. 17 décembre. Elle se porte bien. Elle a un peu de

bronchite. Pas de convulsions. Elle ne paraît pas nerveuse.

1897. 14 avril. Santé excellente. L'enfant n'est pas

nerveuse. Elle se comporte comme une enfant absolument

normale. Quelques colères cependant de temps en temps.

1899. Mars. Elle nous est amenée par sa mère, elle est

âgée de 6 ans, brune, physionomie intelligente. Elle n'a

jamais eu de convulsions. Elle n'est pas nerveuse.

17 août. - La mère amène la fillette parce qu'elle a des

terreurs nocturnes. Elle se plaint un peu de la tête ; joue

moins ; se réveille la nuit, fait des « sauts de carpe » dans son

lit. Elle appelle sa mère et lui dit : « tiens-ntoi, je vais tomber. y

1900. Mat. - Elle n'a pas de cauchemars, est très douce,

caressante mais n'apprend pas très bien « car elle est trop

joueuse », dit sa mère.

7° Renée, morte à un an de cholérine ; pas de convulsions.

8° Mun... (Jeanne), née le 6 octobre 1897.

Cette enfant nous fut amenée à 9 mois, dans un état de

faiblesse extrême avec des symptômes de bronchite. Elle

mourait deux mois plus tard, par athrepsie et aggravation

des lésions pulmonaires. Pas de convulsions.

La femme de Mun... est de nouveau enceinte et va pro-

chainement accoucher.

Réflexions. - I. L'hérédité est relativement peu

chargée. Dans la famille paternelle, nous avons à

mentionner les excès de boissons du grand'père et

d'un cousin qui, à la suite, est devenu aliéné et, clans

248 8 Marche et complications de l'épilepsie.

la famille maternelle, la nervosité et les migraines

de la mère. Un frère du malade est arriéré.

II. lIun.... se serait développé régulièrement, sans

aucun accident nerveux jusqu'à l'âge de 13 ans et

était considéré comme un enfant intelligent et tout-

à-fait normal.

III. Dans sa treizième année, surviennent des

éblouissements, puis la céphalée des adolescents.

Au bout d'un an, éclate dans la rue, sans cause appré-

ciable, le premier accès, suivi d'un second trois mois

plus tard. De 15 à 16 ans les accès se rapprochent et

deviennent hebdomadaires et le caractère, jusque la

doux, devient irritable. Alors on se décide à le placer.

Pendant son séjour dans le service il a 23 accès.

Malgré nos conseils, sa famille le retire. Ainsi que

nous l'avons dit, il est revenu nous voir jusqu'en 1900,

à des époques irrégulières, et nous a fourni des ren-

seignements intéressants sur la marche de son mal.

Le tableau des accès (p. 242 et 243), quoique incom-

plet, pour les raisons que nous avons données, est

très intéressant. Pendant longtemps, les accès ne se

sont pas compliqués de troubles intellectuels graves,

si ce n'est que peu à peu le retour it la connaissance

s'est effectué avec plus de lenteur (1888). Puis, les

accès ont été précédés de phénomènes particuliers,

variables (1888-1900), accompagnés de cris, d'incon-

tinence d'urine, compliqués de traumatismes et d'hé-

morrhagies, suivis d'aphasie transitoire, de secous-

ses, d'altération profonde des traits, de périodes d'ex-

citation maniaque, parfois violente.

IV. Pendant une fièvre typhoïde, les accès ont été

suspendus : c'est la règle. A ce propos, nous devons

rappeler la thèse de M. Séglas faite dans notre ser-

vice en 1880 : De l'influence des maladies interC1l1'-

Marche ET -complications DE l'épilepsie. 2t9

rentes sur la marche de l'épilepsie. Dans des cas

malheureusement trop rares, la rémission occasion-

née par la fièvre typhoïde se continue et le malade

guérit autant que peut guérir un épilcptique.

V. Les accès ont été l'occasion de nombreux /)'au-

matisses, souvent compliqués d'hémorragies.

a) Parmi les traumatismes nous signalerons : des

contusions de l'oreille et de la pommette du côté gau-

che ; - des plaies graves de l'angle externe de l'oeil

et de l'oreille du même côté, ou de l'oreille et du

menton ; - contusions de l'oeil et du front à droite ;

plaies de la lèvre supérieure et du menton ;

morsures profondes de la langue ; contusions du

poignet, de la main et de la tête ; - surdité et névral-

gies temporaires. Nous devons dire que phez Munh...,

de même que chez les épileptiques, en général, ces

traumatismes guérissent vite. (Voir p. 244).

b) Ces traumatismes se sont accompagnés d'hémor-

ragies multiples : ecchymoses des paupières et

des conjonctives oculaires ; - suffusions sanguines

persistantes du visage; hémorrhagies des oreilles,

de la bouche, etc. Dans certains cas, on aurait pu

croire à une fracture de la base du crâne, mais le

retour complet à l'état antérieur doit faire écarter

cette hypothèse. Ces hémorrhagies ne sont pas rares

chez les épileptiques, sans compter des sugillations

limitées il la face, au cou ou étendues à une partie

plus ou moins considérable do la surface cutanée.

Jusqu'ici les vertiges ont été très éloignés. Il est à

craindre qu'ils ne deviennent fréquents et alors la

tendance à la déchéance, que nous avons signalée,

aboutirait sans doute promptement il, la démence

épileptique.

VI. Tout indique qu'il s'agit ici d'un cas type de ce

qu'on désigne d'habitude sous le nom (l'épilepsie

250 VIE sexuelle ET descendance

idiopathique, avec sa marche classique. Si les

accès n'ont pas augmenté notablement de fréquence,

le caractère épileptique du malade s'est de plus en

plus accusé : irascibilité croissante, hypochondrie,

tristesse, découragement, plaintes, récriminations,

désir de la mort, etc. La nutrition générale s'opère

moins bien. La dénutrition se traduit par de l'amai-

grisement et un affaiblissement qui détermine une

inclinaison du corps en avant : M... se voûte, comme

il dit; delà l'abaissement de la taille de 1 ? 13 àrlm,71.

Le faciès est tout il fait caractéristique par l'expression

de la physionomie (hébétude, regard sombre et dur)

et par de nombreuses cicatrices. Notons enfin une

diminution des facultés intellectuelles, entre autres

et surtout de la mémoire, et la diminution de la

puissance génitale.

VII. Si les femmes épileptiques ne sont pas, d'ordi-

naire, très portées aux rapports sexuels, no les

recherchent pas et ! le plus souvent les subissent,

parfois môme sans plaisir, il nc semble pas toujours

en être de même des hommes épileptiques. L'appé-

tence sexuelle semble avoir été très prononcée chez

notre malade. Sa femme et lui-même a confirmé

ses dires - s'efforçait de le rationner ou même se

cachait pour se soustraire à ses désirs. Tous deux

s'accordent pour affirmer qu'il ne s'est pas produit

d'accès pendant ou aussitôt après le coït.

Nous avons raconte que, avant le mariage, il avait

eu des rapports avec une fille publique, suivis d'acci-

dents vénériens; mais il ne parait pas avoir eu la

syphilis. Nous n'en avons jamais observé de manifes-

tations et, d'autre part, sa femme n'a pas eu d'infection

ni de fausses couches répétées.

VIII. La descendance de cet épileptique comprend

huit enfants et une grossesse on cours. Toutes les

' Mariage DES épileptiques. 251

circonstances semblent indiquer qu'il n'y a pas eu

d'interposition et qu'il en est bien le père. Deux sont

morts d'athrepsie et une de cholérinc sans convulsions.

- L'un d'eux (4°) est : très nerveux, sujet à des colères

violentes, a eu quelques accidents rnnvulsifs légers,

limités aux yeux, ct des troubles du sommeil : il est,

d'ailleurs, intelligent. - Un autre (5°) a eu des

convulsions iL trois reprises, des hallucinations, des

sensations vertigineuses et est morte de la dipthérie.

- La sixième, une fille', assez intelligente, iL figure

éveillée, n'a pas eu d'autres manifestations nerveuses

que des terreurs nocturnes. La fausse couche ne

nousparaît pas devoir être rattachée il la syphilis ; la

chutesignalée est suffisante pour l'expliquer.

IX. Ce cas, avec tous les accidents nerveux que

nous venons de relever, d'autres cas, consignés dans sa

thèse par l'un de nos élèves (1) montrent le danger

du mariage des épileptiques : le médecin ne saurait

jamais le conseiller. L'empêcher est-il possible ? 2

Non, car à côté du mariage légal il y a l'union libre

que personne ne peut empêcher : C'est par là qu'ont

débuté Mun... et sa femme. Ici, non plus, il n'y a pas

en erreur sur la personne puisque la femme de Mun..

connaissait sa maladie. Il est certain, toutefois, que

si les malheureux qui joignent leur sort à un ou à

une épileptique savaient ce qu'est cette épouvantable

maladie, quelle est sa marche souvent fatale, quelles

sont ses conséquences, ils éviteraient une semblable

union. C'est au médecin, consulté, de les renseigner

et de ne jamais conseiller le mariage. Enfin nous

estimons que si le mariage a eu lieu sans que

l'époux sain n'ait été prévenu, il doit y avoir divorce.

X. L'histoire de Mun..., qui est celle de la plu-

(1) Fèvre (A.). - Du mariage des épileptiques. Th. de Paris, 189P..

? .')2 VIE sociale des épileptiques.

part des épileptiques vivant de la vie commune quand

ils ne sont pas fortunés, est clos plus instructives au

point de vue social et au point de vue de l'assistance

publique.

Rien que laborieux et ouvrier habile, clés qu'il a

un accès il est renvoyé. Innombrables sont les ateliers

ou il a passé. De la des chômages intermittents, delà

aussi une diminution de salaires, pour le même tra-

vail, les patrons profitant de la difficulté qu'il éprouve

à se procurer de' l'ouvrage moins afin de le payer. Si

les plaintes des ouvriers contribuent it le faire renvoyer

des ateliers, les plaintes clos voisins, effrayés par ses

cris, l'obligent il des déménagements coûteux. Toutes

ces causes réunies, la multiplicité des enfants,

l'impossibilité pour la mère d'un gain quelconque,

aboutissent à la misère, par fois, comme il nous la

dit, à la misère noire.

C'est pour lui venir en aide ; secours, médicaments

et douches; qu'il nous a rendu des visites si fréquentes

et nous a écrit si souvent des lettres, dont le récit

qui précède ne donne qu'un aperçu. Il ne réclamait

que forcé et contraint. Les secours occasionnels que

nous avons pu lui l'aire obtenir n'étaient qu'un palliatif

médiocre. Kn les lui accordant, on semblait nous faire

une faveur alors qu'on aurait dû nous remercier cle

signaler une infortune méritoire. Nous avons vu qu'au

bureau de bienfaisance on ne voulait pas lui donner

un secours permanent. Autrefois, il y avait au budget

de l'Assistance publique, si nos souvenirs ne nous

trompent pas, un article spécial pour secours aux épi-

leptiques, il serait juste de; le rétablir. Il conviendrait

aussi, lorsque ces malades le désirent, voyant leurs

accès augmenter, de les réadmettre directement, sans

autres formalités que le certificat exigé par la loi, dans

les sections et les asiles où ils ont été précédemment

Marche ET complications DE l'épilepsie. 2u3

traités. En procédant ainsi, on ferait la véritable

assistance républicaine, on serait humain.

Vuici un couplet de l'une des chansons de Musli... :

Quand la Heur s'ouvre

Le bois se couvre

Quand l'oiseau chante

C'est le printemps la saison des beaux jours

Sa vois charmante

Semble un appel à vos jeunes amours

Quand la nature

Comme un murmure

Vient apporter sa chanson du matin

La voix fidèle

De votre belle

Pour vous charnier vous lance son refrain

XVII.

Influence de l'alcoolisme sur la production des

dégénérées;

PAn BOUItNI : FlLLl3.

420 enfants idiotes, épileptiques, imbéciles, ou

hystériques (1) sont entrées clans noire service de la

Fondation Vallée depuis 1890 jusqu'au jet janvier

1899.

XVIII.

Épidémie d'oreillons ; 1

Par 111ÏLL1X.

Nous avons eu, pendant les mois de janvier et de

février, une petite épidémie d'oreillons à la Fondation

Vallée. Cette épidémie a été bénigne ; aussi, nous som-

mes nous contenté de faire résumer par notre interne,

M. Bellin, en un tableau, le nombre des cas et leur durée :

- 2 l) (; Epidémie d'oreillons.

Liste des Internes ayant passé dans notre service.

Travaux scientifiques faits dans le service.

(Thèses et mémoires).

1880.

LEROY (A.). - De l'étal de mai épileptique. Thèse de Paris,

SÉGLAS (J.). - De l'influence des maladies intercurrentes

sur la marche de l'épilepsie. Thèse de Paris.

BOURNEVILLE Contribution à l'étude de l'idiotie. - Ce

travail comprend deux parties, dont la seconde a été faite en

collaboration avec M. Brissaud. (Archives de neurologie,

1880, t. I, p. G9 et 399). - Contribution et l'étude de la dé-

mence épileptique. (Archives de neurologie, 1880, p. 213).

1881.

Ridel bAIL1,AIID (G.). De la cachexie pachydermique

(myxoedème des auteurs anglais.) Thèse de Paris.

D'OLIER (H.). - De la coexistence de l'hystérie et de l'épi-

lepsie avec manifestations distinctes des deux névroses

considérées dans les deux sexes et en particulier che :

l'homme. Mém. qui a obtenu le prix Esquirol. (Annales nédi.

co-psycholog., sept. U881) et tirage à part aux bureaux du

Progrès Médical).

SA.DRAIN (G.). Étude sur le traitement cles attaques

d'hystérie et des accès d'épilepsie. In-8° de 56 p. Th. de Paris.

HUBLÉ. (M.). - Recherches cliniques et thérapeutiques sur

l'épilepsie. Thèse de Paris.

MOllLOT (E.). - Sm' une forme grave de l'épilepsie. Thèse

de Paris.

COULBAUT (G.). - Des lésions de la corne d'Ammon dJ8.ns

l'épilepsie. Thèse de Paris. ~

THÈSES faites dans le service . 259

1882.

BRICON (L.). - Du traitement de l'épilepsie : Hydrothéra-

pie. - Arsenicaux. Magnétisme minéral. - Sels de pilo-

carpine. - Curare, etc. Thèse de Paris.

Roux (CT.-L.). - Traitement de l'épilepsie et de la manie

par le bromure d'éthyle. Thèse de Paris.

WuiL-LAmiER (Th.). - Ce l'épilepsie dans l'hémiplégie

spasmodique. infantile. Thèse de P.aris.

1884.

FÉLIBILIU. - Contribution à l'étude de la folie de l'en-

fance. Thèse de. Paris.

1887.

Mme OLLI);R (A.). - De l'état de la dentition chez les enfants

idiots et arriérés. Thèse de Paris.

1888.

THIRAL. - Contribution à l'étude de la sclérose tubéreuse

ou hypertrophique du cerveau. Thèse de Paris.

PENASSE. - Contribution à l'élude des méningites chro-

niques et spécialement d'une terminaison fréquente chez

les enfants, l'Idiotie. Thèse de Paris.

Pison. - De l'asymétrie fronto-faciale dans l'épilepsie.

Thèse de Paris.

1889.

Cornet (P.). - Traitement de l'épilepsie. Thèse de Paris.

C;OTTSCHALK (A.). - Valeur de l'influence de la consan-

yuinité sur la production de l'idiotie et de l'épilepsie. Thèse

de Paris.

Sollier (P.). - Du rôle de l'hérédité dans l'alcoolisme.

1891.

Sollier (P.). - Psychologie de l'idiotie et de l'imbécillité.

Thèse de Paris.

260 Thèses faites dans le service.

Retrouve (A.). - Contribution il l'étude de l'hémiplégie

spasmodique infantile.

1892.

TAQUET, - Lie l'oblitération des sutures du crâne chez

les idiots. Thèse de Paris.

VIVIER (A.). - Contribution à l'élude clinique de l'épi-

lepsie chez les enfants. Thèse de Paris.

1893

Noir (J.). - Étude sur les tics. Thèse cle Paris.

1895.

LEBLAIS (IL). - De la puberté dans l'hémiplégie spasmo-

dique infantile. Thèse de Paris.

189G.

l31lur.LENUrn (F,). - De l'action de la glande thyroïde sur la

croissance. Thèse de Paris.

GnrFFAUL'1' (G.). - Contribution à l'élude du traitement de

l'idiotie. Thèse de Paris.

1898.

UALLAllD. (J .1. - Comment meurent les épileptiques.

Thèse de Paris.

Rellay (P.). - Essai sur le traitement, de

l'épilepsie. Thèse de Paris.

1899.

CESTAN (H.), - Le syndrome de Little. Sa valeur nosolo-

gique. Sa pathogénie. Thèse de Paris.

TIS81ER (11.). - De l'influence cle l'accouchement anormal

sur le développement des troubles cérébraux de l'enfant.

Thèse de Paris.

FÈVRE (A.). Du mariage des épileptiques. Thèse de

Paris.

EXPLICATION DES PLANCHES

2(32 l\PLIC : 1'I'ION DES PLANCHES.

Planche I.

Face externe ou conuexe de l'hémisphère droit.

(Page 176).

S. R., sillon de Rolando.

Fi, F2, l ? 1 ? 2-, 3° circonvolutions frontales.

F. A., circonvolution frontale ascendante.

P. A., circonvolution pariétale ascendante.

Pst., pli pariétal supérieur.

P2., pli pariétal inférieur.

P. C., pli courbe.

Se. f. s., Scissure frontale supérieure.

Se. f. i., Scissure frontale inférieure.

Se. p. f., Scissure parallèle frontale.

Se. ip.. Scissure interpariétale,

L. O., Lobule orbitaire.

L. O. C, Lobule occipital.

Se. S., Scissure de Sylvius.

Op. F., Opercule frontal.

Op. R., Opercule rolandique.

Op. P., Opercule pariétal.

S. P. E., Scissure perpendiculaire externe.

L. L, Lobule de l'insula.

Se. p., Scissure parallèle.

Tl, T2, T3, 1·, 2°, le circonvolutions temporales.

a

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264 Explication DES planches..

Planche IL

Face interne de l'hémisphère droit.

(Page 176).

s.>t., sillon de Rolando.

5c.cm., scissure calloso-marinalc.

F .ca., tissure calcarine.

Sc. toi,. lro scissure tcmporo-occipitalc.

Sc.to2., 2° scissure tumporo-occipitalf. ,

1 ? 1'° circonvolution frontale interne.

C.C.C., circonvolution du corps calleux.

C.C., Corps calleux.

L.P., lobule paracentral.

L.Q., lobule quadrilatère ou avant-coin.

V. ventricule.

C., coin.

To1,To, 1" et 2» circonvolutions temporo-occipitales.

T3., 3a circonvolution temporale.

p.p.a : , pli pariéto-limbique antérieur.

p.f.l., pli fronto-limbique.

p.p.p., pli pariéto-limbique postérieur.

C.H., circonvolution de l'hippocampe.

G.R., gyrus rectus.

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66 EXPLICATION DES PLANCHES.

Planche III.

Face externe au convexe de l'hémisphère gauche.

(Page 176.)

Les lettres ont la même signification que celles de la Plan-

CHE I.

268 Explication DES planches.

PLANCHE IV.

Face interne de fhémisphè/'e gauche.

(Page 176.)

F.O., foyer ocreux.

Les autres lettres ont la même signification quR celles (le

11. PLANCHE II.

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? 70 ' EXPLICATION DES PLANCHES.

Planche V.

Face externe ou convexe de l'hémisphère droit.

(Page 189.)

Les lettres ont la même signification que celles de la

Planche I.

F. O., a été indiqué par erreur comme une lésion. Il s'agis-

sait tout simplement d'une tache artificielle de la pic-mère.

Une fois la pie-mère enlevée la circonvolution est apparue

saine. C'est par erreur que la planche a été faite avec cette

tache.

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272 Explication DES planches.

Planche VI.

Face interne cle l'hémisphère droit.

(Page 189.)

Les lettres ont la même signification que celle de la

Planche II.

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BOURNEVILLE, Bicêtre, 1899. 18

274 Explication des planches.

Planche VII.

Face externe ou convexe de l'hémisphère gauche.

(Page 190.)

F. O-, foyer ocreux.

Les chiffres 1, 2, 3, 4, 5, etc. indiquent les îlots de sclérose

tubéreuse.

Les autres lettres ont la même signification que celles de

la Planche II.

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26 Explication des planches.

Planche VIII.

Face interne de l'hémisphère gauche.

(Page 190.)

Les lettres ont la même signification que celles de la

Planche IL

Les chiffres 2, 3, t, etc.. indiquent les îlots de sclérose

tubéreuse.

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- .'7 . . Explication des planches.

Planche IX.

Face externe ou convexe de l'hémisphère gauche.

(Page 209.) .

Les lettres ont la même signification que ceux de la

Planche I.

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280 Explication des planches.

Planche X.

Face interne de l'hémisphère gauche.

(Page 209.)

Les lettres ont la même signification que ceux de la

Planche V.

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282 1 Explication DES planches.

Planche XI.

LEÇONS DE CHOSES : LES LIGNES ET LEURS APPLICATIONS.

(Page XLVI.)

LIGNES ET LEURS APPLICATIONS "1.1 ? t ? ),I ? IJ ? I\E tir.

2M i Explication DES planches.

Planche XII.

leçons DE choses : LES LIGNES et LEURS combinaisons ;

applications.

LIGNES ET LEURS APPLICATIONS ASïïi,K,fîi,lS1,B

28C Explication des planches.

Planche XIII.

Couleurs et LEURS applications.

(Page XLVI.)

iiix HI3V'I

'6681 'a.t ? 9o ? 'a'I'IIAaN\Hlog l

TABLE DES MATIÈRES

PREMIÈRE PARTIE

Histoire du service pendant l'année 1899.

Section I : iticctre

288 Table des matières.

Table des matières 289

Table des matières. 291

ERRATUM

A la page 219 au lieu de ]'L.\ ! \CIIE 111111, lire Planches IX et X.

1900. - Imp. des Enfants de Bicêtre. - 800 ex.