RECHERCHES
SUR
L'ÉPILEPSIE, L'HYTÉRE
ET L'IDIOTIE
PUBLICATIONS DU PROGRES MÉDICAL
RECHERCHES
CLINIQUES ET THÉRAPEUTIQUES
SUR
L'ÉPILEPSIE, L'HYSTÉRIE -
ET L'IDIOTIE
COMPTE-RENDU DU SERVICE
DES ENFANTS IDIOTS, ÉPILEPTIQUES ET ARRIÉRÉS DE- 1
BICÈTRE PENDANT L'ANNÉE 1899 /j.
PAR i.-
BOURNEVILLE le
w
Avec la collaboration de 6
MM. BELLIN, BOYER, CHAPOTIN, DARDEL, KÀTZ,
NOIR (J.), PAUL-BONCOUR ET FOULARD.
" Volume XX
Avec 76 figures dans le texte et XIII planches. -
y i 4 -s o
- 'AR2 S
AUX DUREAUX DU
PROGRÈS MÉDICAL
14, rue des Carmes, 1h.
Félix ALCANE -
. EDITEUR -.
LOS, Boulevard St-Germain, 108.
1900
PREMIÈRE PARTIE
Histoire du service pendant l'année 1899.
(Bicêtre et Fondation Vallée.)
OURNEV1LLE, Bicêtre, 1899.
PREMIÈRE PARTIE
Section I : Bicêtre.
Histoire du Service pendant l'année 1899.
I. '
Situation DU service. - Enseignement primaire.
Selon notre habitude, nous allons rappeler tout
d'abord, la répartition des enfants de la 4° Section
du quartier des aliénés de l'hospice de Bicêtre. Ils
forment trois groupes principaux : 1° Les enfants
idiots, gâteux, épileptiques ou non, mais invalides
(Bâtiment Séguin) ; - 2e les enfants idiots, gâteux
ou non, mais valides; - 3° les enfants propres,
valides, imbéciles, arriérés, instables, pervers, épi-
leptiques et hystériques ou non.
I. Enfants idiots, gâteux, épileptiques ou non,
mais invalides. Ce premier groupe est subdivisé
en deux catégories. La première se compose des
IV IDIOTS COMPLETS : EXERCICES PRELIMINAIRES.
enfants icliots complets, ne parlant, ni ne marchant,
considérés généralement, mais à tort, comme tout
à fait incurables. La plupart d'entre eux sont, au
contraire, susceptibles' d'amélioration, môme à un
degré très notable. On fortifie leurs jambes avec la
balançoire-tremplin (Fiy. 1); on leur apprend ensuite
Fig. 1. - Balançoire-tremplin.
IDIOTS COMPLETS : EXERCICES PRÉLIMINAIRES. V
à se tenir debout à l'aide des barres parallèles (Fig. 2) ;
à marcher, soit en les tenant sous les bras, soit à l'aide
du chariot (Fig. 3 et 4); on fortifie leurs membres en
exerçant successivement chaque jour et à plusieurs
reprises toutes les articulations (exercices des join-
12c·es), en leur faisant des frictions stimulantes, etc.
En 1899, 3 enfants ont appris à marcher.
1° Leboe ? né le 29 octobre 1894, admis le 31 mars 1899.
Idiotie complète; marche, préhension, parole, etc., nulles.
Gâtisme. Sait maintenant marcher et manger seul.
2° Popl..., né le ll avril 1W5, admis le 25 novembre 1897.
Idiotie complète. Marche, préhension, attention, etc., nulles.
Gâtisme. Marche aujourd'hui seul, commence iL porter le pain
à la bouche. L'attention est devenue facile il fixer.
3° né le 7 juin 1895, admis le 30 mars 1899. Idiotie
complète : marche, préhension, nulles; gâtisme. Il va et vient,
à la condition d'être tenu par le bout du doigt, De plus, il
s'habille et se déshabille.
Fig. 2. Barres parallèles.
VI IDIOTS COMPLETS : exercices préliminaires.
Quatre enfants ont été guéris du gâtisme (1), cinq
ont appris à manger seuls (2).
Dès qu'un enfant marche sans aide, il est envoyé à
la petite école, le matin pendant une heure ou deux,
puis toute la journée, aussitôt que ses forces le per-
il) Himb ? Lou ? Baud ? Pat..
(2) Leboe ? IIiin]) ? Lou ? lncqu ? Doi..
Fig. 3. - Chariot..
IDIOTS incurables; ÉPILEPTIQUES déments. Vil
mettent. Tous ces enfants sont placés sur les petits
fauteuils spéciaux, que nous avons décrits, à l'usage
des gâteux (Fig. et 6).
La seconde catégorie comprend les idiots absolu-
ment incurables, en beaucoup plus petit nombre
qu'on ne le croit d'habitude, et les épileptiques deve-
nus déments et gâteux sous l'influence des accès ou
des poussées congestives qui les compliquent ; ils ne
peuvent plus être que l'objet de soins hygiéniques et
doivent former un groupe spécial. Aussi avons-nous
réclamé l'aménagement, pour eux, de l'un des sous-
sols encore disponibles où ils seront réunis et surveil-
lés durant le jour. Cette installation modeste, qui a
pris près de cinq ans, est achevée depuis 10 mois;
il ne manque plus pour la faire fonctionner que le
personnel nécessaire, c'est-à-dire un infirmier.
Fig. li. - Chariot.
vin IDIOTS incurables; épileptiques déments.
Nous l'avons réclamé à différentes reprises sans avoir
jusqu'ici de solution administrative. Après avoir re-
connu utiles les travaux d'aménagement et les avoir
fait exécuter, on hésite maintenant, nous ne savons
pour quelle raison - tout en la soupçonnant - à
assurer le fonctionnement de ce petit service. Quand
l'Administration voudra-t-elle examiner sérieusement
ces améliorations qui, cependant, lui feraient hon-
neur ?
Ce sous-sol nous servira également pour d'autres
enfants, qui nous arrivent tardivement, Ù '15 et
1fi ans, dont l'incurabilité est reconnue et que nous
sommes obligé, jusqu'ici, de maintenir dans les écoles,
où ils sont une occasion de trouble, qu'ils contribuent
à encombrer sans aucun bénéfice pour eux et au grand
détriment des enfants éducables.
Fig. 5.
Fil),6.
Petite école. lx
II. Enfants 'idiots gâteux ou non gâteux, épilep-
tiques ou non, mais valides (Petite Ecole). - Ces
enfants fréquentent la petite école confiée exclusive-
ment à des femmes. Dans le courant de l'année, 197 i
y ont été inscrits. Sur ce nombre 10 sont décèdes;
15 sont sortis définitivement; 2 sont passés il la
grande école ; G ont été transférés.
Sur 164 enfants qui restaient à la petite école au
31 décembre 1899, 3 ne mangeaient pas seuls, 55 se
servaient de la cuiller, 86 de la cuiller et de la four-
chette ; 20 de la cuiller, de la fourchette et du couteau.
Cinq enfants gâteux de ce groupe sont devenus pro-
pres (1) ; 4 enfants ont appris à manger seuls (2); 4 en-
fants ont appris à lire (3).
(1) 13oÍ ? lia ? Troc ? lien ? Dup...
(" ? ) T.eeuurt ? Sclmeill .. 110111 ? Troc
(3) (3enr ? Dup ? Gili ? Via..
Fiv. 1.
Fig. 8.
X Petite ÉCOLE.
Voici un résumé très sommaire des améliorations
obtenues à la Petite École par MIles Blanche AGNUS,
Amandine 13oi-mv et leurs aides :
10 Baud... (Louis), né le 10 novembre 1888 à Paris, actuel-
lement âgé de 11 ans et demi. A .son entrée (2 : ! juillet 1592),
l'enfant ne marchait pas, la parole était nulle, le gâtisme
complet. L'attention était si dillicile à fixer que rien de ce
qui se passait autour de lui ne l'intéressait. ne souriait
jamais, il restait immobile dans un coin (ce qui lui a fait
donner par les autres malades le nom de « petite misère »).
Actuellement, le petit malade mange seul, marche et court
librement, il exécute bien les trois premiers mouvements de
la gymnastique des échelles (1'ir. 7, 8, 9, etc.). La parole
s'est sensiblement développée, mais en conservant une pro-
nonciation défectueuse. Il est tout à fait propre, s'habille seul,
lave lui-même ses mains et son visage. Son caractère est gai.
IL ? est prévenant, actif et il s'occupe continuellement. Il
connaît un grand nombre d'objets qui l'entourent ; il com-
mence sur le cahier à tracer des o et des barres.
Fig. ! ).
Fig. 10.
Petite école. xi
Geor... (Fernand), 9 ans -et demi, l'enfant est propre, la
marche est normale.
L'enfant a une physionomie réfléchie, froide et dure. Bien
qu'il sache parler, il faut le contraindre de répondre quand
on lui parle (ce qui parfois suscite une colère, l'enfant y étant
sujet). Il n'affectionne personne, et il se passerait volontiers
de la visite de ses parents qu'il dit ne pas aimer, surtout sa
mère. Il lui arrive aussi fréquemment d'uriner au lit par
taquinerie ou paresse ( ? ). - Cette habitude lui est passée
(l'enfant a dit être mis en robe de gâteux pour cette raison,
il n'a plus recommencé). Il ne possédait aucune notion des
exercices classiques. "
Aujourd'hui, il lit couramment, l'écriture est lisible, et il
peut écrire sous la dictée quelques mots usuels, faire des
problèmes simples sur l'addition et la soustraction. Une amé-
lioration notable est survenue, concernant le caractère. Il
est plus affectueux et il se réjouit à présent de voir sa famille,
et de passer quelques jours avec elle.
Fig. Il,
Fig. 12.
XII PETITE école.
Mart... (Gaston), né le 9 décembre ! t ! ! J2 (7 <lnsl/2)'
A son entrée (22 février 189(5), l'enfant ne parlait pas et
n'était pas encore tout à fait propre. Sa physionomie était
très dure. L'enfant mordait ses camarades dont il paraissait
jaloux, et qu'il ne supportait pas auprès de lui. Il était très-
coléreux, avait la manie de ronger le bord des manches et
le bas de sa robe, de sorte que ceux-ci étaient dentelés.
Il sait manger avec la cuiller, mais le plus souvent il se
sert de ses mains. Il est incapable de faire sa toilette et il
parait aimer avoir ses lias mal tirés et ses vêtements non
boutonnés.
Actuellement, l'enfant parle assez distinctement; sauf les
r et g qu'il ne peut prononcer, tous les mots sont exacts. Il
dit même des phrases. - Le gâtisme est aujourd'hui nul. Il
mange plus proprement et a perdu la manie de ronger, com-
mence à s'habiller convenablement ainsi qu'à se laver. Une
grande amélioration s'est produite dans le caractère qui est
Fia. 1 : 1.
Fig. 14.
Fig. 1 :
Petite ÉCOLE. Jçiii
aujourd'hui gai et plus affectueux. - Sans aucune notion il
l'entrée, l'enfant commence à syllaber et à former convena-
blement les mots sur le cahier.
Troc... (Edouard), né le 12 juillet 1895 (6 ans).
A l'entrée (26 juillet 1898), l'enfant était gâteux, idiot, épi-
leptique. La parole était complètement nulle. L'enfant était
peu affectueux, ne savait pas manger seul, était glouton et
voleur à table.
Il ne souriait jamais et pleurait continuellement.
tl2cjouiol'hui, l'enfant parle, il fait des phrases. Il ne gâte
plus, mange proprement, et arrive à se laver seul les mains.
- Il est gai, joueur, taquin même. A la classe, son attention
est devenue plus fixe, quelques progrès ont été obtenus en
gymnastique.
Fig. 16.
Fig. 17.
xiv Traitement médico-pédagogique.
Lam... (Gaston), né le 12 mai 1892 (10 ans).
A Ventrée (12 mai 1896), l'enfant avait une physionomie
ahurie, souffreteuse, l'attitude mauvaise et la marche lente.
La parole était presque nulle, le gâtisme complet. Aucune
notion des soins de toilette ni des exercices classiques.
Actuellement, la parole est plus coin-
préhensible. - Le gâtisme a disparu.
- La marche est plus vive et l'attitude
de l'enfant est bonne. - Sa physiono-
mie est aujourd'hui souriante et plus
expressive. L'enfant s'occupe bien à la
classe, il commence à bien former les
barres et les o sur le cahier et il connaît
presque toutes les lettres de l'alphabet.
Quelques progrès sont également obte-
nus à la gymnastique.
Prov... (Edmond), né le 2 mars 1891,
(9 ans).
A l'entrée (6 juin 1894), la parole était
nulle. L'enfant était gâteux et ne mar-
chait pas. Le caractère était sombre et
restait accroupi dans un coin.
Actuellement, il marche, court, joue
et tient bien conversation. Il a appris il
se vêtir et à se laver lui-même. Notons
un peu de paresse en ce qui concerne
la lecture et l'écriture. Sa tenue est
bonne et le caractère est plus régulier.
Lesu... (Aimé), né le 15 septembre 1892, à Neuilly (7 ans et
demi).
A l'entrée 12' septembre 18 ! 17), l'enfant parlait à peine,
était gâteux par périodes. Il savait à peine tenir une cuiller
et avalait gloutonnement, sans les mâcher, tous les aliments.
L'enfant était coléreux, jaloux des autres enfants, leur déro-
bait les jouets qu'ils avaient.
Aujourd'hui, Lesu... est propre; mange proprement,
mâche bien et n'est plus glouton. 11 n'est plus jaloux, ni
voleur.
Sans notions à son entrée l'enfant sait aujourd'hui les let-
tres de l'alphabet, commence à tracer les a, o et u sur lo
Fig. 18.
PETITE ÉCOLE. XV
cahier, et il exécute bien et vivement tous les exercices de
la gymnastique.
Prov... (Edmond), né le 2 mars 1891 (9 ans).
A l'entrée (6 juin 1894), la parole était nulle, l'enfant était
gâteux, ne marchait pas. Le caractère était sombre, Pr...
restait accroupi dans un coin.
Actuellement, il marche, court, joue et tient bien conver-
sation. Il a appris à se vêtir et à se laver lui-même. Notons
un peu de paresse en ce qui concerne la lecture et l'écri-
ture. La tenue est bonne et le caractère plus régulier.
Au nombre des enfants notablement améliorés nous
signalerons encore l'enfant Kriég ? âgé aujourd'hui
de 6 ans 1/2. - A son entrée, à 3 ans 1/2, cet enfant
était gâteux, ne prononçait pas un mot, ne mangeait
pas seul, ne savait ni s'habiller ni se déshabiller seul ;
il était aussi très turbulent, très indocile et d'une
attention presque impossible à fixer. Aujourd'hui,
grâce aux soins intelligents de Mme Athénaïs BOHAIl'i,
sous-surveillante à l'infirmerie des enfants, le jeune K.
est devenu tout à fait propre; l'attention, sans être
encore de longue durée, est assez soutenue. Ilaappris
à s'habiller et à se déshabiller ; il mange seul et pro-
prement ; sait nouer, boutonner et lacer. La parole
qui, au début, était nulle s'est aussi beaucoup amé-
liorée : il connaît et dit le nom de presque tous les
objets usuels et commence faire de petites phrases.
Mentionnons enfin les enfants Gra.. Tab.. etLehm ?
en traitement au pavillon d'isolement pour la teigne.
Le premier, l'enfant Gra ? est un petit sourd-muet
qui, à son entrée, était gâteux, ne savait pas se débar-
houiller, que l'on faisait manger et qui ne pouvait
prononcer un seul mot. Actuellement, Grav... sait se
donner tous les soins de toilette ; en outre, au point de
vue de la parole il a fait beaucoup de progrès. Les
deux autres enfants, Tab ? microcéphale, et Lehm...,
XVî . Traitement médico-pédagogique.
hydrocéphale, ont été également très amendés sous
le rapport du gâtisme, de la marche et de la parole.
Tous les enfants sont exercés à la gymnastique des
échelles de corde (Fig. 7 à 15), des ressorts (Fig. 16 à
18), du saut, à la montée et à la descente des escaliers
à l'aide de l'escaheau (Fig. 19 et 20), sauf ceux qui,
venus du premier groupe, c'est-à-dire des idiots inva-
lides étant encore trop infirmes, n'ont pu y prendre
part. Vingt enfants de la petite école et de la petite
école complémentaire, dont nous allons parler dans
un instant, ont fait régulièrement les exercices de la
grande gymnastique.
27 enfants ont travaillé cette année dans les divers
Fig. 19. - Escabeau : montée. ·
Petite école... XVII
ateliers : 1 imprimeur, 1 tailleur, 2 cordonniers, 2 van-
niers, 4 menuisiers, 3 serruriers, 1 brossier et 3 jardi-
niers.
La petite école comprend : 1° le traitement du
gâtisme, qui consiste à placer, après chaque repas,
les enfants gâteux sur les sièges d'aisance que nous
avons décrits dans plusieurs de nos précédents COi\IP-
TES rendus (Fig. 21); - 2° les leçons de toilette (Fig.
22) qui consistent à apprendre aux enfants à se laver la
figure et les mains, à s'habiller, etc ; - 3° les leçons
de table où l'on enseigne aux enfants à se servir de la
cuiller, delà fourchette, etc ; - 4° les exercices pour
l'éducation de la main, des sens et de la parole ;
5° les leçons de petite gymnastique ; - 6° les exer-
cices élémentaires relatifs à Y enseignement primaire,
dont nous avons si souvent parlé dans nos Comptes
rendus de 1880 à 1898 et que nous complétons d'an-
BoURNE91LLE, Bicêtre, 1899. **
Fig. 20. - Escabeau : descente.
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Fig. '21. - Traitement du gâtisme.
PETITE-ÉCOLE. XIX
née en année ; - '7° les leçons de choses, soit à-l'école,
soit dans les jardins aveo le tableau roulant (Fig. 43),
soit enfin dans les promenades. ' ..
, Quelques-unes des parties de cet enseignement
Fig. 22. - Leçon de toilette.
xx Traitement MEDlCO-PÉt)AGOG1QU.
doivent nous. arrêter et tout d'abord les exercices des-
tinés à l'éducation de la main et du sens du toucher.
La main des.idiots et aussi d'un grand nombre d'im-
béciles est, en général, très défectueuse et très sou-
vent inhabile. Les Fig. 23,24 et 25 en donnent une
Fig. 23. - Main idiote.
Main idiote. xxi.
idée (1). Les exercices de gymnastique aux échelles
nous servent, en particulier, en faisant saisir les éche-
Ions par la main des idiots, à leur apprendre à opposer
le pouce aux autres doigts, ce que beaucoup ne savent
(1) Nous avons préparé avec M. J. Boyer un mémoire sur la main idiote
que nous publierons dès que nous l'aurons revu et mis au point.
Fig. 24. - Main idiote.
xxii TRAITEMENT ? MÉDICO-PÉDAGOGIQUE.
pas faire. Des planchettes, des cylindres, des boules en
bois de différentes dimensions (Fig. 26 et 37) nous ser-
vent à exercer successivement tous les muscles de la
main. On place les mains des enfants dans de l'eau
chaude ou froide ; on leur fait toucher des surfaces
rugueuses ou lisses à divers degrés, etc. (Fig. 27).
Fig. 25. -Main idiote.
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M
H
H
1 : > : 1
M-
n
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S
1 : > : 1
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se
Fiv.'26.
xxiv Traitement MÉDICO-PÉDAGOGIQUE,
Lorsque les enfants savent exécuter ces différents
exercices nous recourons aux suivants qui perfection-
nent la main, le sens du toucher et contribuent à
l'éducation, du sens de la vue et par suite de l'atten-
tion en général.
1° Boîte à trous (Fig. 28). Ce petit appareil a pour
hut d'apprendre à l'idiot à reconnaître deux grandeurs
semblables, mais d'aspect différent, dans l'espèce,
des boules et des trous de même diamètre. Le cou-
vercle de la boîte, fait de trois planchettes indépen-
dantes, permet de présenter à l'attention de l'enfant,
soit des trous de même grandeur, soit des trous de
grandeurs extrêmes, soit des trous de trois grandeurs
différentes. Notre élève est exercé à faire passer par
ces trous, des boules du diamètre correspondant.
Fig. 27.
Éducation de la main, DE la vue, etc. XLV
Ainsi se trouvent éduqués, en même temps, le sens
de la vue, la main et l'attention (1). - ~
(1) Voir le Compte rendu de 1895, p. XII. - ( ! ) Ibidem., p. XII.
ce
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XXVI Traitement MÉDICO-PÉDAGOGIQUE.
. 2° Cône à chevilles (Fig. 29). - L'enfant place dans
des trous, obliquement percés sur un cône, de petites
chevilles qu'il est obligé de tenir du bout des doigts
et de diriger vers un endroit donné.
3° clievilles (Fig. 30). - Le prisme eL che-
villes fait, pour ainsi dire, suite au cône à chevilles.
Fig. 29.
· PETITE ÉCOLE. XXVII
L'exercice du prisme habitue l'enfant à tenir un corps
allongé en forme de bâtonnet et par conséquent à tenir
un crayon ou un porte-plume, ainsi qu'à le diriger vers
un endroit donné. Pour que l'éducation de la vue tire
profit de cet exercice, les trois bâtonnets de gauche
portent un bouton rouge et les trois de droite un bou-
ton jaune. Les trous où ils devront être respective-
ment placés sont entourés d'un anneau de couleur
correspondante.
Pour préparer l'enfant à savoir se déshabiller et
s'habiller, on lui apprend à boutonner, à l'aide de
deux pièces de drap l'une percée de boutonnières,
l'autre munie de boutons de moins en moins fendues
et gros (Fig. 31, 32); à lacer à l'aide d'un soulier à lar-
ges oeillets, entourés alternativement de rouge et de
bleu, dans lesquels l'enfant fait passer des rubans
Fig. 30. Prisme à chevilles.
"XXVIII Boutonnage ET laçage.
Fig. 31.
Fig. 32.
Fig. 33.
.. Agrafage, enfilage, etc. xxix
également rouges et bleus (Fig. 33), à agrafer (Fig.
34), à enfiler (Fig. 35) des boules percées d'un trou
dans un bâton muni d'un manche, une corde de sto-
res, une ficelle, dans des aiguilles en bois de moins
en moins grosses, et dans des aiguilles en acier
depuis le passe-lacet jusqu'à l'aiguille ordinaire (1).
Nous complétons ces exercices par d'autres inspi-
rés par les circonstances et nous exerçons les enfants
à acquérir la notion du poids à l'aide de boules de
même diamètre, mais de poids très différents, en
commençant par le poids le plus lourd (sphère en cui-
vre) et le plus léger (balle de son), en ne nous servant
. (i) Voir Compte rendu de 1893, p. XLI, XLII, XLIII, XLIV, XLV, etc.
Xxxv, Traitement ntÉDICO-PÉDAGOGIQUE.
des boules intermédiaires que quand la notion de la
différence de poids des deux boules extrêmes est bien
acquise.
Tous ces exercices préparent l'enfant à habiller
d'abord un mannequin, puis à se déshabiller et à
s'habiller lui-même. Simultanément, au réfectoire,
M
4
E
i v 1
Notions des longueurs ET des surfaces. xxxi
on apprend au malade à se servir de la cuiller, de la
fourchette et du couteau.
Lorsqu'on a pris un IDIOT complet, c'est-à-dire gâ-
teux, ne marchant pas, incapable de se servir de ses
mains, et qu'on est parvenu, par l'emploi méthodique
des moyens qui précèdent, à le rendre propre, à le
faire marcher, à se déshabiller et s'habiller, à se laver
la ligure et les mains, nous lui avons rendu de réels
services et aussi à l'Administration puisqu'il n'exige
plus autant de soins, partant de dépenses, et on l'a
préparé à recevoir utilement des notions d'instruction
élémentaire. Nous allons les passer rapidement en
revue.
1° Notion des longueurs. - Nous nous servons de
règles d'un mètre, de 90, 80..., 5 centimètres.
Nous prenons d'abord la plus longue et la moins lon-
gue, puis nous intercalons successivement les autres.
2° Surfaces. Nous employons des tableaux
dans lesquels les figures en bois sont disposées dans
des creux de même forme. La face interne des figures
est peinte de différentes couleurs ainsi que les creux
correspondants; exemple la face interne du carré et son
Fit. 31 i.
XXXII Traitement médico-pédagogique.
creux en bleu : la couleur n'est là que pour guider
Le premier tableau (Fig. 37) ne comprend que deux
te
1 1 z t
E
1
1
1
1
1
1
1
1
Solides ET couleurs. xxxiii
figures seulement, carré et cercle; le second, quatre :
carré, rectangle - cercle, ellipse (Fig. 38) ; le troi-
sième, six figures, triangle, carré, etc. (Fig. 39), le der-
nier, dix (Fig. 40). Nous ne passons au second tableau
que quand l'enfant sait bien reconnaître les figures du
premier. Nous avons recours aussi à des figures en
bois que l'enfant place sur des images correspon-
dantes.
3° Solides. - Nous avons fait fabriquer par l'ate-
lier de menuiserie des solides en bois de grandes
dimensions (Fig. 41) que nous faisons mettre en regard
de figures imprimées.
4° Couleurs. - Même procédé : un tableau avec
deux planchettes rectangulaires coloriées l'une en
rouge, l'autre en jaune, puis tableaux de couleurs de
Bourneville, Bicêtre, 1899. ?
Fig. 38.
XXXIV Traitement MÉDIGO-PÉDAGOGIQUE.
plus en plus nombreuses et, plus tard, par un jeu de
dominos en couleurs. Ces exercices sont complétés
Fig. 39.
Education de la parole. xxxv
par d'autres dans lesquels la couleur n'est là qu'à titre
secondaire (prisme à chevilles, boulier, cahier des
étoffes, tableaux des surfaces, jeu de dominos, etc).
Tout le matériel qui sert dans les écoles, y compris
les tables scolaires, et tout le mobilier de la section
ont été fabriqués dans les ateliers des enfants.
Éducation de la parole. Nous distinguons parmi
les exercices ayant pour objet l'Éducation de la pa-
role : 1° les exercices préliminaires intéressant d'une
façon générale tous les organes concourant à l'émis-
sion d'un son articulé (planche à rainure pour le souf-
fle (Fig. 42), gymnastique des lèvres et de la langue,
etc.) ; 2° les exercices d'articulation (nous renvoyons
pour cela notre Cahier spécial d'articulation ; (voir
également, Archives de neurologie, n° 102) ; 3° les
exercices pratiques. Ces derniers habituent l'enfant
à nommer sur indication les diverses parties du
corps, des vêtements, les objets qu'il peut avoir l'oc-
casion de manier ou de voir au réfectoire, à la chambre
à coucher, en classe, les animaux qui lui sont familiers,
Fig. 40.
xxxvi 1 LEÇONS DE CHOSES.
les personnes qui vivent auprès de lui. Nous arrivons
ainsi aux leçons de choses en général, soit dans les
classes, soit dans les jardins. Pour celles-ci nous avons
recours au tableau roulant (Fig. 43 et 44) qui nous
. Fig 41.
TABLEAU roulant. xxxvii
permet, si l'enfant a une attention et un développe-
ment intellectuel suffisants, d'enseigner en même
temps que le nom d'une chose quelconque, l'ensemble
des signes qui nous servent à la désigner par écrit.
Nous arrivons ainsi insensiblement à l'enseignement
scolaire proprement dit.
Lecture. Pour la lecture, comme du reste pour
Fig, "2,
Fig. 43.
Lecture. xxxix
tout, nous avons à suivre d'abord des exercices pré-
paratoires : tels que la superposition de lettres ou
chiffres en bois, sur leur reproduction imprimée, pour
familiariser l'idiot avec les formes de ces signes, sans
cependant lui faire nommer ces signes. Les tableaux
qui servent à ces sortes d'exercices sont les suivants :
a) lettres majuscules de 0,12 en noir; b) alphabet
complet avec voyelles en rouge et consonnes en noir ;
c) lettres minuscules de 0,08 en noir ; d) alphabet
complet de lettres minuscules avec voyelles en rouges
et consonnes en noir ; e) le zéro et les neuf premiers
chiffres en noir ; f) le même tableau avec nombres
impairs en noir et nombres pairs en rouge. Nous pas-
sons ensuite à la reconnaissance nominative des
voyelles, en un mot à la lecture proprement dite.
Sur nos conseils, l'un de nos collaborateurs les plus
dévoués, à l'initiative duquel nous sommes heureux
de rendre hommage, M. Boyer (J.), a rédigé une
Méthode spéciale de Lecture à l'usage des enfants
arriérés, dont le but peut ainsi se résumer :
S'il nous est venu à l'idée de faire une nouvelle méthode de
lecture, c'est que dans la pratique nous n'avons jamais pu
utiliser qu'en partie celles dont on se sert dans les écoles
ordinaires. Ces méthodes, en effet, que nous n'avons nulle-
ment l'intention de critiquer d'autant plus que nous nous en
sommes longtemps servi avec succès, ont été imaginées en
vue d'enfants normaux, non atteints dans leurs facultés intel-
lectuelles, et avec lesquels on n'a pas les mêmes ménage-
ments à garder qu'avec les idiots et les arriérés. Les enfants
dont nous nous occupons ne parlent pas ou parlent mal ; dès
que par une méthode particulière nous avons réussi à pro-
voquer chez eux un commencement d'attention et d'imitation,
nous devons, afin de ne pas gaspiller un temps précieux,
essayer de leur apprendre en même temps à émettre correc-
tement un son, à articuler convenablement une syllabe et à
en reconnaître la représentation écrite ; la mémoire visuelle
se trouve ainsi exercée parallèlement à la mémoire auditive.
Les sons simples nous ont occupé tout d'abord, puis les
XL Lecture.
articulations faciles à imiter, les syllabes simples au dessin
peu compliqué.
L'ordre que nous avons suivi, nous a été dicté par l'expé-
rience. Nous débutons par les consonnes fortes, et ce n'est
que lorsque nous les avons passées toutes en revue, que
nous nous occupons des consonnes faibles qui leur correspon-
dent. C'est en ne suivant pas cette classification que l'on fait
naître dans l'esprit de l'enfant une confusion longue iL dis-
paraître entre les lettres qui se ressemblent par leur forme
comme m et 11 ou par leur valeur comme p et b, t et cl, f et
1", etc. La méthode des contrastes qu'a tant recommandée
Séguin est ici, comme dans toute notre méthode spéciale,
scrupuleusement observée.
Dans les articulations simples nous comprenons le ch, la
plus facile a obtenir des sifflantes ; quant iL l'x, simple d-iris
son dessin, mais complexe dans sa valeur nous la renvoyons
aux articulations formées de deux consonnes consécutives
comme es, g : .
L'y est également reporté plus loin, étant donné qu'il est
le plus souvent l'équivalent de deux i, qu'il doit en consé-
quence venir après les diphtongues. '
Après les syllabes simples viennent les syllabes complexes.
les diphtongues, les sons nasaux et leurs dérivés, leurs équi-
valents, les altérations diverses, les syllabes présentant des
lettres ne se prononçant pas et enfin les exceptions de tout
ordre. Nous terminons par les lettres majuscules d'importance
tonte relative et d'acquisition rapide. (Voir du reste ci-après
notre classification).
Peut-être trouvera-t-on que dans bipartie de notre méthode
qui a trait aux altérations et aux anomalies, nous n'avons point
passé en revue toutes les combinaisons possibles et toutes
les altérations. Nous n'avons dessein donné qu'un exemple
de chacune d'elles, estimant que lorsque l'enfant on est arrivé
à ce point de la méthode, on peut et on doit le faire passer
le plus tôt possible a la lecture courante dans un des nom-
breux livres consacrés aux notions élémentaires du premier
âge, et où l'on apprendra à l'enfant par la pratique, non seu-
lement les exceptions mais encore les liaisons des mots
entre eux.
Pour peu que l'on se soit occupé de l'enseignement de la
lecture, on sait bien que l'on ne va jamais jusqu'au bout de
la méthode adoptée, on éprouve une véritable haie il quitter
la théorie plus ou moins aride pour passer il la pratique plus
intéressante. Ht en cela on n'a pas tort, car il est matérielle-
Lecture. XLII
ment impossible, même en s'en tenant à une énumération en
dehors de toute méthode de faire connaitre toutes les excep-
tions que comporte une langue vivante.
Comme dans le Syllabaire Regimbeau, nous n'employons
pas l'épcllation, du reste abandonnée aujourd'hui, au moins
des professionnels. Une consonne est considérée comme un
signe, qui a besoin pour avoir une valeur quelconque de s'ap-
puyer sur un son, d'être suivi ou précédé d'une voyelle.
Nous avons choisi, avec beaucoup de soin, les exemples,
usant de préférence, au moins dans les débuts, de noms con-
crets, ne recourant à des adjectifs ou participes passés que
lorsqu'ils sont d'un usage courant et qu'ils correspondent à
une idée que notre enfant peut saisir sans effort.
A propos des lettres qui ne se prononcent pas, nous avons
mis à part l'é du féminin, l's et l'.v du pluriel, le t et les ? il t
des verbes, pour fournir au maître l'occasion de faire la pre-
mière leçon de grammaire.
Cette méthode tire toute sa valeur de ce qu'elle a été faite
pour ainsi dire leçon par leçon, et que nous n'avons pris pour
guide que notre pratique journalière.
Classification adoptée.
I. - Sons simples : : 1. e, i, 0, il, é, è, ê.
II. - Articulations simples : 1° Syllabes formées d'une
consonne et d'une voyelle (ma, pi, etc.); - 2° Syllabes for-
mées d'une voyelle et d'une consonne (al. or, is, etc.) ; 3°
Syllabes présentant des consonnes redoublées (ssu, n721, etc.)
III. Articulations complexes : 1° Rencontre de deux
consonnes dont la seconde est une liquide (/1'0, pla. etc.) ; -
2° Rencontre de deux consonnes dont la seconde est une sif-
flante (psi, tsa, etc.) ; ? 3° Rencontre de deux consonnes dont
la première est une sifflante (sta, 8pi, etc.) ; - /1° Rencontre
de deux consonnes dont la première est une liquide (rma.
Ipe, etc.) ; - 5° Rencontre de deux ou plusieurs consonnes
quelconques (pli, gme, ¡'b1'e, stl'i, bstl'u. etc.).
IV. - Diphtongues : oi, ou, au. eu, ai, etc.
V. - Sons nasaux : an, in, on, un.
VI. - Syllabes renfermant des sons complexes : gn, il,
euil, ail, etc.
VU. - Equivalents : sons simples : il = ii ; sons nasaux :
am. ean, ym, etc.
VIII. - Altérations de sons simples : Cl, eC, etc.
XLII DESSIN ET ÉCRITURE.
IX. - Equivalents complexes : lion, liai, sci, etc.
X. -LETTRES ne se prononçant pas : rue, lits, vingt, etc
XI. - Exceptions : faisan, monsieur, etc.
XII. - Majuscules.
Dessin et écriture. Les exercices préliminaires
ayant trait à l'enseignement du dessin se fait au
moyen du jeu des boutons 11 tige. (Fig. 45). - Ce jeu
c
E
Dessin et écriture. XLIII
consiste en une planche épaisse percée de trous symé-
triquement espacés. Nous apprenons à l'enfant à placer
dans ces trous des espèces de boutons à tige, suivant
un ordre donné : en ligne horizontale, en ligne verti-
cale, en ligne oblique, en croix, en carré, en étoile,
etc. Comme ces boutons sont de couleurs variées, on
peut avec eux constituer toutes sortes de figures, telles
Fig. 40.
Fig. 47.
XLIV DESSIN ET écriture.
qu'un losange rouge inscrit dans un carré bleu, une
fleur à pétales blancs et centre jaune, etc., que l'on
fait reproduire par l'enfant, soit d'après modèle, soit
de mémoire. Ces jeux divers exercent à la fois la main
et les yeux du malade, qui arrive de lui-même à ima-
giner de nouveaux dessins.
Il s'agit maintenant de faire dessiner l'enfant. Il
sait tenir un crayon (prisme à chevilles), il faut lui
apprendre à le diriger. Les Fig. 46 et 47 représentent
la double règle à charnières qui nous permet de faire
tracer une verticale, une horizontale et une oblique.
Ouverte, elle guide l'enfant à droite et à gauche, fer-
mée, elle ne le guide plus que d'un seul côté. Elle est
ensuite remplacée par quatre, trois, deux points de
repère, lesquels sont à leur tour supprimés.
Les exercices sont faits dans l'ordre suivant : 1°
verticale, 2° horizontale, : 3° verticale et horizontale
réunies en angle, 4° verticale, horizontale et oblique
réunies en triangle, 5° carré et rectangle, 6° verticale
soustendant un arc placé à droite, 7" verticale sous-
tendant un arc à gauche, 8° horizontale soustendant
un arc en bas, 9° horizontale soustendant un arc en
haut, 10° carré dont les côtés soustendent respective-
ment un arc extérieur, 11° circonférence, 12° schéma
d'un objet usuel. L'Alphabet du dessin, que 111 ? Bru
a composé sur notre invitation, nous permet d'aller
plus loin dans le dessin proprement dit.
C'est lorsque l'enfant en est arrivé à tracer une
circonférence que nous commençons l'écriture véri-
table. Disons en passant que l'écriture droite nous
paraît à tous les points de vue plus pratique que l'é-
criture penchée, dite anglaise.
L'écriture et la lecture sont menées de front,
PROCÉDÉS DIVERS. XLV
car nous ne faisons jamais tracer à notre enfant
le moindre signe, le moindre dessin, sans qu'il ne
puisse en donner lui-même le sens.
- 1 Z
K
S
H
S2
O
w
r3
;LI
I
.e
O
L
XLVI PROCÉDÉS divers.
Procédés divers. - En même temps que nous
apprenons à l'enfant à tracer des lignes et des figu-
res, nous 1 exerçons à les recon-
naître dans leurs applications. Une
série de tableaux ont été dressés à
cet effet. En face d'une verticale,
est dessinée une pendule à poids,
en face d'une horizontale, des fils
télégraphiques, en face d'un cercle,
une roue de voiture, le même pro-
cédé est utilisé pour la reconnais-
sance des solides, c'est ainsi qu'à
côté d'un cône par exemple on a
représenté le toit d'un pigeonnier.
Enfin sur une grande image repré-
sentant une maison presque sché-
matique, nous habituons l'enfant à
chercher ce qui a la forme d'un
angle droit, d'un carré, d'un poly-
gone, etc. (Fig. 48 et PL. XI et XII.)
Nous croyons bon de citer à cette
place, un autre tableau ayant trait
aux couleurs, et où en face d'un
carré rouge par exemple a été peint
un coquelicot, etc. (PL. XIII.)
Ces exercices préparent l'enfant
à la lecture proprement dite; nous
les employons aussi pour les Leçons
de choses, l'enseignement des cou-
leurs, etc.
Numération. Pour arriver à
donner à l'idiot l'idée de nombre,
nous avons recours a plusieurs sortes u appareils.
A citer d'abord les casiers à bâtonnets (fia. 49), au
moyen desquels l'enfant est habitué il placer dans
ci
ci,
E
Numération. XLVII
de petits casiers autant de bâtonnets qu'il y a d'uni-
tés dans le nombre inscrit sur chaque casier. Pour
les commençants nous plaçons au-dessus des casiers
un tableau représentant en gros les chiffres, afin de
mieux frapper leur attention visuelle (Fig. 50).
Vient ensuite le boulier à tringles verticales (Fig.
51)......... - z
Ce nouveau boulier que nous avons fait faire
dans les ateliers du service, comme du reste tous
les objets qui servent à l'enseignement spécial, diffère
des bouliers ordinaires, en ce que les tringles, au
lieu d'être disposées horizontalement, sont verticales
et en U.
Cet arrangement nous permet de ne montrer à l'en-
fant que le nombre de boules que nous voulons, et de
Fig. 50.
XLVIII Casier A bâtonnets ET boulier.
dissimuler les autres derrière la planche médiane; sur
la planchette antérieure, qui est placée au-dessous
des tringles, nous écrivons à la craie, au-dessous de
chaque tringle, le chiffre qui correspond au nombre
de boules visibles. L'enfant voit ainsi, côte à côte, le
nombre concret et sa représentation écrite. Pour
donner à l'enfant la première notion de l'addition,
nous lui montrons, par exemple, sur la première trin-
gle 2 boules et nous écrivons au-dessous le chiffre 2;
puis sur la deuxième 3 boules, en écrivant également
au-dessous le chiffre 3. Sur une des suivantes nous
présentons à l'enfant la somme des boules des deux
premières tringles, soit 5, et nous écrivons au-dessous
ce total. Nous agissons de même pour la soustrac-
tion. Ce boulier sert encore à lire et écrire les nom-
bres de plusieurs chiffres, à procéder en un mot à
tous les exercices de l'arithmétique élémentaire.
Ces deux appareils, casiers et boulier, ne se font
Fig. 51.
Petite école complémentaire. XLII
pas suite : ils sont employés, pour ainsi dire, parallè-
lement au moins au début. Nous nous contentons
ensuite de celui qui paraît plaire et profiter le plus
à l'enfant.
Petite école complémentaire. - Elle est confiée
à une femme dont le dévouement ne s'est jamais
démenti, M"10 Bonnet, et qui s'est mise généreuse-
ment à notre disposition. Elle est aidée par une
suppléante, 11 ? Cordonnier, qui a également la sur-
veillance des deux dortoirs où couchent les enfants de
cette école au nombre de quarante. M ? Bonnet a,
en outre, pour surveiller les enfants, deux infirmières
et une jeune malade, arriérée de la Fondation Vallée,
Rich.. (Berthe), dont elle améliore d'ailleurs l'instruc-
tion.
Del... (Marcel), 4 ans, atteint d'idiotie compliquée d'impul-
sions violentes. - Cet enfant, dont la parole était absolu-
ment nulle à son arrivée en novembre 1898, a réalisé de réels
progrès. Lors de son entrée, il fuyait tout le monde et, s'iso-
lant dans le coin le plus obscur de la classe, il faisait enten-
dre parfois une sorte de gazouillis d'oiseau absolument
inintelligible. S'approchait-on de lui, il se roulait à terre avec
rage, mordait et égratignait quiconque voulait le prendre.
Ces scènes avaient lieu indifféremment avec ses parents,
qu'il ne reconnaissait pas, et avec nous-mêmes.
L'intelligence s'est améliorée d'une façon notable et la
parole a suivi cette progression. Del ? qui vient maintenant
vers nous avec plaisir, prononce un grand nombre de mots
et fait même de petites phrases qu'il dit avec à propos, telles
que : « A la soupa. » - « Veux pas la douche. » - « 1' veut
du lé (lait), » etc. Mais cet enfant parle avec une telle volubi-
lité, qu'il est souvent difficile, pour des personnes non habi-
tuées à lui, de saisir ce qu'il dit.
Meun... (Charles), G ans 1/2, dont nous signalions l'année
dernière les progrès sous le nom de Le Roy, continue à
s'améliorer. - Parole nulle au début. - Cet enfant a com-
Bourneville, 13 icêl l'l', 1S ! lti. HU
L Traitement médico-pédagogique.
mencé par ébaucher un grand nombre de sons, sans en arti-
culer nettement un seul. Nous sommes arrivés à corriger
graduellement les sons les plus défectueux et aujourd'hui a,
o, ou, i, e, u, b, d, m, n, 1, v, f, sont acquis. - Ces sons lui
servent à se faire comprendre par tous dans un grand nom-
bre de cas.
Lcmai... (Georges), 12 ans, atteint d'idiotie et d'instabilité
mentale, a fait des progrès surprenants, si nous nous repor-
tons à l'époque où nous l'avons pris en 1894.
Gâteux jour et nuit, flairant et ruminant les aliments, ayant
de nombreux tics (balancements, grimaces, etc.), cet enfant
présentait tous les symptômes de l'idiotie profonde ou de
second degré. La parole était absolument nulle, il ne pous-
sait que des cris perçants et inarticulés, sans aucun motif.
Actuellement notre élève dit tous les mots plus ou moins cor-
rectement, mais cependant intelligiblement et avec à-propos.
De plus, Lemaî ? dont l'intelligence s'éveille de jour en
jour, a pris goût à la lecture et à l'écriture. Doué d'une
bonne mémoire, il lit un grand nombre de papiers, qu'il com-
mence à copier sur son cahier, dit le nom des chiffres dont il
connaît la valeur jusqu'à 10, celui des aliments, vêtements,
jours de la semaine, couleurs, surfaces, etc.
Laur... (Marcel), 10 ans, microcéphale, atteint à son arrivée
d'idiotie et d'instabilité mentale, continue à s'améliorer pour
la parole. Il fait de petites phrases, trouve les mots pour
exprimer ses idées. Cependant l'articulation a souvent besoin
d'être rectifiée.
L'intelligence est moins fermée, on obtient plus d'attention
en classe ; il aime à écrire et commence à former quelques let-
tres sur le cahier. - Mémoire des plus fugitives et grande
difficulté pour la lecture.
Cam... (Fernand), 12 ans, atteint d'idiotie profonde, était
gâteux au début et la parole à peu près nulle. Il est enfin
parvenu à exprimer ses besoins mais la progression a été,
chez cet enfant, excessivement lente.
Il a commencé par dire la dernière syllabe des mots qu'il
voulait prononcer puis, avec beaucoup de difficulté, est arrivé
à en assembler deux, enfin aujourd'hui il dit presque tous
les mots mais éprouve encore une grande difficulté pour
former de petites phrases.
Ler... iIFélix), 8 ans, atteint de paralysie incomplète, ébau-
Traitement MÉDICO-PÉDAGOGIQtiE. LI
chait avec peine quelques mots à son arrivée tels que « jou »
pour bonjour, « a pou » pour à la soupe, « ni » pour oui. -
Actuellement cet enfant dit tout, forme des phrases en
employant les verbes. L'articulation est très nette, seulement
la langue semble se mouvoir toujours avec peine, la parole
est très lente, un peu embarrassée et présente une certaine
analogie avec celle d'un vieillard.
Ler... a beaucoup d'amour-propre, il travaille avec ardeur
en classe, heureux que l'on s'occupe de lui, et si une teigne
persistante ne l'avait retenu longtemps à l'isolement, cet
enfant serait certainement plus avancé.
Trois enfants ont appris à lire couramment :
10 Mugn ? (René), 10 ans, atteint d'imbécillité intellectuelle.
Cet enfant, pris à son arrivée en novembre 1896 avait une
articulation des plus défectueuses ; nous avons signalé
l'année dernière ses progrès pour la parole. Chaque leçon
de lecture était pour lui une leçon d'articulation ; la parole
ayant ainsi marché de pair avec la lecture, notre élève lit
couramment aujourd'hui, et prononce convenablement tous
les sons.
Il arrive encore souvent que, par la force de l'habitude,
Mugn... prononce mal, mais il suffit, dans ce cas, d'une sim-
ple observation pour que, de lui-môme, il rectifie son articu-
lation. - Ayant pris goût à la classe, cet enfant fait
maintenant de petits exercices de grammaire, l'addition et
la soustraction.
2° Couri... (Georges), 10 ans, atteint d'imbécillité. Pris à son
arrivée en novembre 1891). Cet enfant, d'une inattention abso-
lue, nous faisait souvent douter de sa lucidité par ses extra-
vagances. D'une paresse excessive, il pleurait à sanglots
lorsqu'il fallait travailler et dès que l'on ne s'occupait plus
de lui il se couchait sur son cahier ou son livre et dormait.
En juin 1897, nous commençons seulement à constater un peu
plus d'attention et de bonne volonté. A partir de cette époque,
l'amélioration a continué, très lentement il est vrai, mais
sûrement ; le caractère est devenu plus gai, plus communi-
catif et notre élève a commencé à prendre goût à la lecture.
Enfin, connaissant maintenant tous les sons, il passe à la
lecture courante, mais il sera long, croyons-nous, à lire tout
il fait couramment. Il ne s'habitue pas à lire du regard un
mot entier pour le prononcer ensuite à haute voix. Il déta-
LII . Barres d'entraînement. '
che chaque syllabe, qu'il lit lentement, en laissant un trop
long temps d'arrêt avant de lire la suivante.
Couri... ne lit bien couramment que les papiers impri-
més, qui sont pour lui un véritable amusement et sur lesquels
nous comptons beaucoup pour graver dans sa mémoire la
forme graphique d'un grand nombre de mots. (Voir p. Lv.)
L'écriture, moins empâtée, a beaucoup gagné pendant ces
derniers mois ; toutefois, cet enfant commence seulement à
pouvoir copier la leçon de lecture. A l'inverse de la majorité
de nos élèves, l'écriture, chez celui-ci, est toujours restée
très au-dessous de la lecture. Il a toujours une grande diiliculté
pour le calcul et n'arrive pas encore il faire complètement
seul l'addition.
3°lluri.. (Eugène), 1\) ans, est atteint d'imbécillité 1)1'UII011-
cée avec éclwlalie. Ainsi que nous le faisions prévoir à la fin
de l'année 1898, cet enfant passe enfin à la lecture courante.
Tous les autres enfants, cités les années précéden-
tes, continuent à s'améliorer et nous devons constater
que plus ils avancent et plus ils travaillent avec plai-
sir, ressentant une joie d'autant plus vive que la peine
a été plus grande. - Nous sommes étonné de trou-
ver chez des enfants, souvent très dépourvus, une
certaine dose d'amour-propre et c'est surtout en les
flattant un peu, en leur donnant confiance en eux-
mêmes que nous arrivons à secouer leur apathie, il
obtenir quelques efforts et finalement des résultats.
A la Petite école complémentaire, MM ? Bonnet
et Cordonnier emploient tous les procédés que nous
avons énumérés. Les leçons de choses y sont même
un peu plus multipliées et plus variées. De plus, deux
procédés non usités dans la petite école y ont été
introduits et nous rendent des services incontestables.
L'un concerne la gymnastique, l'autre la lecture.
10 Barres d'entraînement : préparation aux exerci-
Barres d'entraînement. lui
ces des échelles. - Dans les mouvements d'ensemble,
dans tous les exercices qui exigent l'intervention de
la volonté de l'idiot, il est difficile d'arriver à ce que
les mouvements soient convenablement imités, éten-
dus et cadencés. Notre collaborateur, M. Boyer (J.),
a imaginé de se servir d'une sorte de barre d'entraî-
nement, tenue à chacune de ses extrémités par de
petits moniteurs, entre lesquels on place l'enfant à édu-
quer. On lui fait saisir la barre et, bon gré, malgré, il
s
c
h
LIV Barrer d'entraînement.
est obligé de suivre les moniteurs dans tous leurs mou-
vements de bras. Les Fig. 52 et 53 donnent une idée
de ce genre de gymnastique. Nous ne citerons, comme
exercices, que les plus simples, ceux par lesquels
nous débutons : mouvement de flexion de l'avant-
bras, en deux temps ; mouvement vertical des bras
avec flexion en quatre temps ; mouvement horizon-
tal et vertical des bras sans flexion en quatre temps,
etc. Dans les débuts les moniteurs doivent exécuter
M ?
w
Exercices des mots imprimés. LV
ces mouvements lentement et sans secousse, et ne les
accélérer qu'insensiblement.
La Fig. 53 représente un autre genre d'exercice où
l'on se sert simultanément de deux barres d'entraîne-
ment. On arrive, dans un temps relativement court,
à faire exécuter par l'idiot le mouvement latéral cles
bras sans flexion, en deux temps, etc. Il va de soi
qu'on peut, selon les cas, imaginer d'autres mouve-
ments de plus en plus compliqués. Nous n'avons pas
la prétention de les citer tous.
Une fois que l'idiot arrive, sans résistance, a suivre
ces mouvements qui sont d'abord passifs, pour deve-
nir insensiblement actifs, nous passons aux barres à
sphères, avec lesquelles nous répétons les mêmes
exercices ; l'enfant n'est là guidé que par l'imitation.
Viennent ensuite les exercices aux haltères et aux
massues, et enfin les exercices à mains libres, les plus
difficiles à exécuter pour l'idiot.
Cette gymnastique spéciale, employée par nous à
l'Institut médico-pédagogique, est utilisée avec suc-
cès dans la petite classe complémentaire : c'est une
bonne préparation aux exercices des échelles.
2° Emploi de mots imprimés isolément pour l'en-
seignement de la lecture. A l'inverse de Séguin
qui préconisait ce système de mots imprimés lorsque
les enfants commençaient à syllaber, mais à l'exemple
d'Itard, nous employons cette méthode tout à fait au
début de la lecture et alors que l'enfant sait seulement
reconnaître les lettres soit imprimées, soit en bois, les
placer et les nommer. A ce moment bien entendu,
notre élève connaît déjà les couleurs, les surfaces et
les chiffres.
Certain alors que l'oeil et l'attention sont suffi-
samment exercés, nous montrons à l'enfant un mot
écrit désignant une couleur ; nous plaçons ce mot sur
Lui Emploi des mots imprimés.
la couleur correspondante, puis un autre mot sur une
autre couleur.
Après avoir appelé l'attention de notre élève sur
ces deux mots différents, nous les reprenons et lui
demandons de les placer à son tour. Lorsque ces deux
cartons sont reconnus par l'enfant, nous en ajoutons
un troisième, puis un quatrième et ainsi de suite pour
tous les mots de la série.
Après les couleurs viennent les surfaces et les chif-
fres. Pour ces derniers, nous ajoutons au-dessus du
mot écrit autant de bâtons que ce nombre en comporte
afin de donner à l'enfant les premières notions de
quantité et établir ainsi dans son esprit une relation
entre le chiffre, le mot écrit et la quantité. Au tableau
de chiffres imprimés succède le casier avec bâtonnets.
Après les couleurs, surfaces et chiffres viennent
quelques mots tels que bonbon, chocolat, gâteau, pain,
soupe, viande, etc. ; nous employons toujours la même
méthode, c'est-à-dire : placer le mot sur la chose, le
faire lire il l'enfant, le lui faire poser lui-même et enfin,
mélangeant les cartons que l'enfant a eus sous les
yeux, lui faire chercher, 'parmi eux, le carton désignant
l'objet qu'on lui présente.
Nous commençons donc à faire comprendre à
l'enfant le rapport du mot écrit avec un grand nombre
d'objets l'environnant avant de l'initier à la lecture
mécanique si aride au début.
Cette manière de procéder constitue un véritable
amusement pour nos petits élèves et c'est plaisir de
voir quelle ardeur et quelle émulation ils apportent à
ces exercices. On est souvent étonné de voir des
enfants très dépourvus apprendre avec une facilité
relative un grand nombre de mots.
D'une façon générale, ne voulant au début, rien
d'abstrait pour nos petits malades nous employons
uniquement le nom. Nous avons essayé d'y joindre
Exercices DES mots imprimés. lvii
un adjectif ou un verbe, mais le résultat a toujours
été beaucoup moins satisfaisant.
Enfin, dès que les enfants connaissent un certain
nombre de mots isolés, nous commençons la lecture
mécanique dans le Syllabaire Péir2leau (1), ce qui ne
nous fait pas abandonner nos cartons imprimés à l'aide
desquels nous faisons encore connaître à l'enfant le
couvert, les vêtements, les principales parties du
corps, le dortoir, le lavabo, la classe et faisons en un
mot les leçons de choses. Puis nous parlons à nos
élèves de leur famille et leur présentons successive-
ment les mots : père, mère, frère. Enfin viennent
les animaux domestiques mâles, femelles et petits.
Nous nous servons aussi de ces papiers pour don-
ner aux enfants les premières notions de genre et de
nombre à l'aide de l'article isolé qu'ils doivent mettre
devant le nom.
Dès que nos élèves commencent à syllaber, nous
leur faisons décomposer les mots imprimés qu'ils con-
naissent déjà ; ils commencent donc d'abord par lire
couramment un mot sans connaître les parties dont
il est formé; la forme graphique seule s'est fixée dans
leur mémoire. C'est un signe, désignant une chose,
qu'ils ont appris a reconnaître avec beaucoup plus de
facilité et de rapidité, qu'ils ne l'eussent fait s'il se fût
agi d'en apprendre séparément chaque lettre, chaque
syllabe.
Que de temps ne nous cîit-il pas fallu pour
apprendre : fromage à la crème, pomme de terre, etc.,
et cependant au bout de quelques jours, ces mots pris
isolément sont parfaitement sus et reconnus au milieu
de beaucoup d'autres.
Ces mots appris de cette façon sont certainement
(1) Et depuis le mois de décembre dans la Me/horle sJ1"ciale de leclll1'e
à l'usage des enfants arriérés, par ;Il. ,1. Noyer.
LVIII Grande école.
bien fixés dans la mémoire des enfants puisqu'ils les
reconnaissent à première vue et les lisent couramment
lorsqu'ils les rencontrent dans le Syllabaire ou tout
autre livre de lecture.
Lorsqu'ils sont assez avancés en écriture, nous leur
faisons copier les mots appris ainsi isolément afin qu'ils
puissent lire indifféremment les mots imprimés ou
reproduits sur le cahier.
III. Enfants propres et valides, imbéciles, arriérés,
instables, pervers, épileptiques et hystériques ou
non (grande école). - La population de cette école
était de 175 enfants au premier janvier. Tous, sauf 14
qui ne peuvent travailler, ont fréquenté les ateliers
par grande série. 21, ayant le certificat d'études, for-
ment une division supérieure, ne vont à l'école qu'une
demi-journée par semaine et restent, les autres jours,
le matin et le soir à l'atelier. Les autres enfants sont
répartis en quatre classes (67, 39, 34 et 35 enfants).
Comme les années précédentes, nos instituteurs et
leurs aides ainsi que les sous-employées attachées
aux écoles, afin d'être mieux en mesure d'améliorer
la prononciation des enfants et de développer leur
parole, ont été envoyés successivement, par séries,
au nombre d'une vingtaine à l'Institution nationale
des sourds-muets. De plus, comme nous avons un
certain nomhre d'enfants aveugles, nos auxiliaires
sont également allés à diverses reprises à l'Institution
des jeunes aveugles. Il s'agit là, d'ailleurs, d'une pra-
tique ancienne, pour laquelle MM. les directeurs de
ces établissements veulent bien, chaque année, nous
prêter leur concours. Nous ne saurions trop remercier
MM. Giraud et Robin, directeurs de ces deux Instituts,
Grande école. LIX
du bienveillant accueil qu'ils font à notre personnel
enseignant (1).
Notre but, en agissant ainsi, est de réaliser en
petit ce que nous voudrions voir accomplir en grand
par l'Administration supérieure. Nous cherchons à
mettre nos instituteurs et nos institutrices des enfants
idiots au courant des procédés employés pour les
autres catégories d'enfants anormaux, aveugles et
sourds-muets, non seulement parce que nous avons
des enfants aveugles ou sourds-muets, mais aussi
parce que divers procédés employés pour ceux-ci
pourraient être utilisés, dans une certaine mesure,
pour les enfants idiots, imbéciles et arriérés.
En vue de la création, moins prochaine que nous le
souhaitons, d'asiles-écoles départementaux pour les
idiots, le ministère de l'Intérieur devrait créer avec
les fonds du pari mutuel un certain nombre de bourses
pour les instituteurs et les institutrices qui fréquente-
raient un temps tt déterminer les asiles-écoles pour les
idiots, les aveugles, les sourds-muets et même, si cela
était possible, pour les bègues.
A cette école, comme à la petite école, les institu-
teurs emploient, suivant les. cas, surtout pour les
enfants idiots qui nous arrivent de 14 il 18 ans, les
procédés de la petite école; ils s'efforcent de corriger
les défauts de prononciation et mettent il contribution
dans la mesure du possible les procédés ordinaires
des écoles primaires. Tous les ans, quelques enfants
sont présentés aux examens du certificat d'études
au chef-lieu de canton (Villejuif). Voici la statistique
de ces certificats, depuis 1883 jusqu'à la fin de 1899.
Il) Nous avons demandé aussi à envoyer notre personnel enseignant à
l'Ecole Braille, établissement départemental pour les enfants aveugles.
lx Grande école F
Certificats d'études OBTENUS.
0
a
d
M
f
l ig. a4.
L111 Grande ÉCOLE.
ses multiples et ses sous-multiples, tableau qui
devrait être placé dans toutes les classes de nos
écoles publiques (Fig. 54).
Enseignement du chant. Cet enseignement est
fait par M. Suttek depuis le le'janvier 1893. Confor-
mément à nos instructions, il s'est occupé successive-
ment de tous les enfants. Il a divisé ceux de la petite
école et de la petite école complémentaire en deux
sections et ceux de la grande école en trois sections.
Aucun de ces enfants, sauf une quinzaine appartenant
à la fanfare, ne savait lire la musique et ne possédait
de notions sur la théorie musicale. Aujourd'hui, pres-
que tous les enfants savent lire les notes, en connais-
sent la valeur, en un mot possèdent les notions
élémentaires de la théorie de la musique. Quand les
enfants sont suffisamment avancés pour bien lire un
morceau de chant et l'apprendre avec fruit, on leur
fait chanter des choeurs, à deux, puis à trois parties.
En maintes circonstances, les samedis où nous avons
des visiteurs, nous réunissons les petites filles de la
Fondation Vallée avec les garçons de Bicêtre et nous
les faisons chanter ensemble dans les choeurs.
Depuis 1895, date de l'entrée en fonctions de M.
Sutter, nous faisons relever, tous les six mois, l'éten-
due et le timbre de la voix des enfants. Ce travail nous
fournira, croyons-nous, des renseignements intéres-
sants sur la mue de la voix au moment de la puberté.
Ces recherches nous avaient déjà permis de constater
en 1895, 1896, 1897 et 1898 que chez les épileptiques,
qui sont dans leurs périodes d'accès, le timbre de la
voix devient moins clair et moins sonore et que son
étendue diminue parfois notablement. La pratique
de 1899 est venue confirmer ces constatations et fait
Traitement nIÉDICO-PÉDAGOGIQL fi. LXIII
voir aussi que, à la suite des pratiques solitaires (1),
la voix est également modifiée.
Le nombre des enfants qui participaient à l'ensei-
gnement du chant était de 365 à la fin de 1898 et de
320 à la fin de l'année 1899.
Gymnastique. - Il ne s'agit plus là de la gymnas-
tique de la balançoire-tremplin, des échelles de cor-
des, des ressorts, etc., mais de la gymnastique, des
mouvements et aux agrès. Les mouvements sont aussi
variés que possible et chaque année notre dévoué
professeur, M. Uor, en introduit de nouveaux. Nous
ne pouvons les représenter tous ; nous nous bornons
aux Fig. 55 à 58, qui montrent des exercices au
tambour et avec la fanfare. D'autres sont conduits
avecl'ha1'1nonium; d'au très s'accompagnent de chants.
Tous ces exercices s'exécute dans les conditions que
nous venons d'indiquer, depuis bien des années, et si
nous les rappelons c'est par ce que, récemment, cer-
tains ont cru innover. Les nombreux médecins de
tous les pays qui ont visité le service avec nous, le
samedi, savent parfaitement à quoi s'en tenir.-
Escrime. Cet exercice s'est fait régulièrement
sous la direction de M. Toquin, prévôt au fort de
Bicêtre; ce militaire s'est acquitté avec beaucoup de
zèle et de douceur de ses fonctions jusqu'au 2 octobre,
date à laquelle, libéré du service militaire, il a été
renvoyé dans ses foyers. Le régiment caserné au fort
de Bicêtre ayant en outre changé de garnison, le
remplaçant de M. Toquin, M. Clément, ne fut nommé
titulaire de l'emploi que le 12 décembre. Les leçons
d'escrime furent ainsi suspendues pendant plus de
deux mois... Cette remarque milite, à notre modeste
(t) Ces pratiques disparaîtront le jour ou l'Administration voudra bien nous
seconder.
Fig. 55.
Danse, jeux. LXV
avis, en faveur de cette thèse si souvent soutenue par
nous devant l'Administration, qu'aux professeurs de
gymnastique, d'escrime, de chant, de danse, devrait
être adjoint un infirmier, choisi parmi les meilleurs et,
qui, dressé il ces divers modes d'enseignement, pour-
rait suppléer ces maitres en cas d'absence. En
honne logique, il devrait en être ainsi pour toutes les
branches de renseignement et dans tous les servi-
ces ! Fig 59.)
Danse. - Les exercices de danse ont eu lieu régu-
lièrement sous la direction de M. LA1\DUSSE, un de
nos instituteurs. 85 enfants y prennent part ; sur ce
nombre 55 savent danser la polka, '28 connaissent la
polka, la mazurka et la scottich ; 25 connaissent toutes
les danses de caractère ; 20 connaissent le quadrille
français et si commencent à apprendre le pas de
quatre. (Fia, 60.) .
Société des jeux. - Cette société avait été réor-
ganisée le 1 ? mai sous la direction de M. Camailhac,
un de nos instituteurs, mais comme presque tous les
enfants, 35, composant cette société, faisaient déjà
partie de la Société de gymnastique, cet instituteur n'a
pas cru devoir continuer il remplir cette tâche supplé-
mentaire et nous avons été amené, à regret, à fusion-
ner les deux sociétés.
Société de gymnastique. - Les enfants qui
forment cette société, au nombre de 25, ont fait,
comme les années précédentes, une promenade à
Robinson et il Créteil. Ils ont pris part, en outre, sous
la direction de leur maître dévoué, M. Goy, il deux
concours de gymnastique : le premier organisé au
gymnase Voltaire par les élèves des lycées et collèges
de Paris, le deuxième par la municipalité du Kremlin-
Bicêtre. Ils ont obtenu dans ces concours des médailles
Bourneville, Bicêtre, 1899. ?
Fig. 5(;
Fig. : 7,
Fig. 58.
1 iy. 59.
7'') ? no.
Fanfare, orphéon. LXXI
en bronze dont deux pour les exercices de course et
deux pour les mouvements d'cnsemble. Ils ont, aussi,
s'aH'né un prix en argent de '2.') francs.
Fanfare et orphéon. - La fanfare et l'orphéon sont
placés sous la direction de M. Sutter, professeur de
chant. La fanfare se compose de 14 exécutants. Elle a
prêté son concours il la distribution des prix des écoles
d'infirmiers et d'infirmières de Bicêtre et de la Salpê-
trière. Elle a également participé à un concours de
musique organisé par la ville de Gentilly et y a obtenu
le premier prix d'exécution, consistant en une palme
en vermeil et un diplôme d'honneur. - M. Sutter a
reçu comme prix spécial de direction une médaille
en vermeil.
Les enfants de la fanfare ont encore pris part à un
festival organisé à Alfortville et y ont remporté deux
prix : une couronne et une palme en bronze doré. -
Enfin M. Sutter fait à 30 enfants de la petite école un
cours spécial de solfège. Ces cours ont lieu deux fois
par semaine et ont pour but de préparer de futurs
musiciens à la fanfare.
Les répétitions de la fanfare ont été interrompues
du 10 octobre 1898 au 1 rI' mars 1899, par suite de
l'usure complète des instruments. M. le D'' Napias,
directeur de l'Administration générale de l'Assistance
publique, a bien voulu faire droit, en partie, à nos récla-
mations réitérées. Nous profitons de l'occasion pour
l'en remercier. Dix instruments neufs ont été achetés et
les moins mauvais ont été réparés. Malgré cela, nous
manquons d'instruments de musique, d'autant plus
que certains enfants refusent les instruments qui ser-
vent aux épileptiques (1). -
(1) A la colonie de Vaucluse la fanfare dispose de 24 instruments pour une
population de 243 enfants. Ces chiffres montrent la nécessité de l'achat de
nouveaux instruments, la population de la section étant de 450 enfants.
1.1\ ! I Distractions.
Les enfants faisant partie de la Société de gymnas-
tique et de la Fanfare ont organisé quatre concerts
dans le courant de l'année. Un de ces concerts a été
suivi de bal ; un autre a été suivi d'une tombola pour
laquelle beaucoup de commerçants et de grands
magasins de Paris avaient envoyé des objets divers.
- Tous les enfants valides de la section, les petites
filles de la Fondation Vallée et leurs parents assistent
à ces fêtes. C'est une occasion de leur faire com-
prendre dans la mesure de leur concept, les efforts
faits pour améliorer et constater que les Asiles de
la Seine, et en particulier la section des enfants, ne
sont pas des Bastilles.
Musée scolaire. Ce musée continue à servir aux
séances de projection, aux leçons de choses, aux
lectures récréatives. Il s'est notablement enrichi au
point de vue des figures pour projections mais peu au
point de vue de la bibliothèque ; en effet 20 nouveaux
volumes seulement ont été achetés cette année par
l'Administration avec des dons (l). La bibliothèque
des enfant* compte à l'heure actuelle 556 volumes.
Le 1 CI' janvier 11S1, le nombre des vues pour pro-
jections était de 12.')'), à la fin de l'année, ce chiffre
était porté à 1595, soit une augmentation de 336 vues
sur l'année précédente. Elles ont été faites par M.
HUBERT, chargé de la photographie. Diverses de ces
vues ont été utilisées par M. Bonnairc, professeur à
l'Ecole municipale d'infirmiers et d'infirmières pour
son cours d'anatomie et de physiologie. M. Chapotin,
ancien interne de notre service, s'est également servi
(I) Commission de surveillance des asiles (30 francs), M" Pasquet (3 francs)
;11110 Striffing, infirmière, 20 fr. Si la subvention spéciale du Conseil général,
votée tous les ans depuis 1878, n'avait pas reçu une destination autre, nous
aurions dans le service des enfants, un matériel scolaire et distractif com-
plet. Il en serait de même à 1 "école des enfants de la Satpetriere.
Enseignement par les projections. LXXIII
d'un certain nombre de vues pour faire aux infirmiers
et infirmières de Bicêtre une conférence très intéres-
sante sur les vers intestinaux.
Les séries nouvelles sont : Algérie, 70 vues; Séné-
gal, 15; Madagascar, 17; Guyane, 26 ; Tonkin, 9 ;
Egypte, 30 ; Organes des sens, 15 ; Modes de sépulture,
78; histoire de France, 79. Ces vues augmentent ou
complètent les séries déjà existantes.
L'enseignement par les projections est très com-
plexe. Il sert pour les enfants de toutes les catégories :
1° Pour les enfants idiots complets, à fixer l'attention
(images blanches sur fond noir ! , il apprendre les lettres
(grandes lettres noires sur fond blanc), pour l'éducation
de la parole syllabes simples ou répétées ou combi-
nées) ; 2" Pour les idiots déjà un peu améliorés as
reconnaître les objets des animaux (Images graduées,
Fig. 61); 3" Pour les enfants imbéciles, arriérés et
épileptiques, il l'aire tous les jeudis une conférence
dont les séries de rues énumérées plus haut donnent
une idée suffisante.
Dans les petites écoles et la grande école, on doit
sans cesse s'occuper de la guérison des lies, des
manies, s'opposer aux pratiques solitaires. Pour tous
les enfants et en particulier pour les imbéciles intel-
lectuels avec impulsions et pour les imbéciles moraux
Ü tous les degrés, nous avons recours au traitement t
moral, ou, pour employer le jargon a la mode, tt la
suggestion. Tous nos efforts tendent aussi a faire
comprendre it nos auxiliaires administratifs qu'ils ont
affaire il des enfants malades, relevant du traite-
ment 7néclieo-hécla.coqlee, envers lesquels et comme
enfants et comme malades, ils doivent se montrer
bienveillants et affectueux, et non pas il des êtres
vicieux, comme on dit, dont la place est dans les
maisons de correction ou les prisons. Tâche difficile
LXXIV Enseignement par les projections.
Fig. 61. - On projette le mot coq qui est lu il haute voix par les enfants, puis
Promenades et distractions. xxxv
pour lequel le concours de tous, dans la Maison, serait
nécessaire. Malheureusement il y a loin de la coupe
aux lèvres.
Promenades et distractions. - Les enfants de la
grande et ceux de la petite école qui sont propres ont
continué à faire des promenades soit à Paris, soit aux
environs. Dans ces promenades les instituteurs et les
institutrices doivent donner des leçons de choses et
exercer les enfants aux jeux de balle et de ballon.
Voici l'énumération des principaux endroits où ils
sont allés en promenade cette année : Arcueil-Cachan,
Créteil, Charenton, hois de Gournay, fête de la place
d'Italie, fête du lion de Belfort, foire aux pains d'épi-
ces, Gentilly, Ivry, jardin des Plantes, jardin d'Accli-
matation (1), jardin du Luxembourg, manufacture des
Gobelins, musée de Cluny, parc de Montsouris, place
de l'Hôtel de Ville, place de la Salpêtrière, Robinson,
Saint-Mandé, La Varenne-Saint-Hilaire, Villejuif,
Vitry, etc.
Les distractions ont été nombreuses cette année.
Notons la distribution des jouets du jour de l'an, don-
nés par l'Administration ; les déguisements du Mardi-
Gras et de la Mi-Carême ; la distribution des jouets
de Noël offerts par la Société du « Joyeux Noël ».
Nous adressons à cette Société tous nos remercie-
ments. A citer aussi le concert organisé par le « Comité
des frères Lionnet » auquel les artistes des principaux
l'image du coq; - ensuite le mot poule et l'image de la poule; - en troi-
sième lieu les mots coq et poule et l'image des deux animaux réunis; en
quatrième lieu le mot oeuf, l'oeuf enliel' et l'au/' sectionné; enfin les mots
coq, poule et poussins et les animaux réunis z
(1) Nous profitons de l'occasion pour remercier très vivement le Directeur
du jardin d'Acclimatation, M. A. Porte, qui veut bien chaque année, sur
notre demande, autoriser nos enfants et les petites filles de la Salpêtrière
à visiter ce bel établissement.
LXXY ! Visites, congés. i^H
théâtres et concerts de Paris ont prêté leur concours.
Tous les enfants valides de Bicêtre et de la Fondation
Vallée y ont assisté. 5 concerts militaires donnés dans
la grande cour de l'hospice. Deux séances de presti-
digitation. Une quinzaine d'enfants ont assisté à un
concert donné dans la salle des fêtes du Trocadéro.
Une autre série a visité le musée de Versailles.
Quatre-vingts enfants (garçons et filles) ont assisté à
une séance de cinématographie dans les locaux de la
maison Dufayel. Les enfants ont encore bénéficié de
plusieurs représentations gratuites dans les divers cir-
ques et théâtres installés à la Foire aux pains d'épices,
à la fête du Lion de Belfort, sur l'avenue de Bicêtre
et il la place d'Italie.
Les jardiniers sont allés à l'Exposition de ch1'Y-
san tl7.ène· et à l'F,.v°psi.tioi. d'horticulture. Les
meurs, sous la conduite de leur maître, ont visité dans
tous ses détails l'école Estienne. Les menuisiers et
les serruriers, également sous la conduite de leurs
maîtres, ont visité le Conservatoire des arts et
métiers.
- l'isites. - Les enfants ont reçu 9.526 visites; les
visiteurs ont été au nombre de 1),181¡. Voici la sta-
tistique des peignissions de sortie et des congés.
Visites, congés. LXX\'l1
des visites des familles, des permissions de sortie
pour la journée et des congés. Nous nous bornerons à
répéter ce que nous avons dit bien des fois : « Ajoutés
aux promenades et aux distractions, ces sorties, ces
congés, qui n'offrent aucun inconvénient et qui font
réaliser des économies notables (1), nous fournissent
un excellent moyen de maintenir la discipline et
d'encourager les enfants. Ils rendent le séjour à l'asile-
école plus supportable et contribuent à maintenir les
liens entre les familles et leurs enfants. Nous avons
insisté auprès de l'Administration pour qu'elle exige
des familles qu'elles fassent rentrer exactement les
enfants à l'issue de leur congé.
Les visites des familles au parloir ne sont pas sulli-
samment surveillées; trop souvent les parents ne se
gênent pas pour introduire des aliments, du vin et des
liqueurs qu'ils font absorber en quantité exagérée
aux malades. De la des accidents auxquels il faut
remédier et une augmentation des accès épileptiques.
Nous signalons encore une fois à l'Administration la
nécessité de remédier a un abus aussi regrettable.
l'acc'uialions et revaccinations. Nous avons con-
tinué, comme les années précédentes, la vaccination
et la revaccination de tous les malades entrés durant
l'année et des enfants dont la revaccination remonte à
7 ans. - Comme d'habitude, cette opération a été
pratiquée par les élèves de l'Ecole municipale d'infir-
miers et d'infirmières de Bicêtre, sous notre direc-
tion et celle de nos internes, avec le concours de
M ? tTIW TAI3 Bohain, sous surveillante de l'infirmerie.
(1) Il n'y a pas eu moins de 4 ? 13 jours d'absence d'enfants : le prix de
journée étant de · ? fr.· : 0, il s'en suit une économie pour l'Assistance publique
de 9.928 fr, ti0 en 18 ! 1 ! ). Ce bénéfice pourrait être légitimement appliqué à
entretenir convenablement les bâtiments de la section qui laissent de plus en
plus d désirer ou aux constructions réclamées.
LXXVIII Bains et hydrothérapie.
Elles ont été au nombre de 70. Trois infirmières et
deux infirmiers seulement se sont fait revacciner.
Service dentaire. M. le D'' Bouvet a continué il
venir presque chaque semaine donner des soins à nos
malades au point de vue de la dentition et de l'hygiène
de la bouche. Nous rappellerons qu'en faisant insti-
tuer le service dentaire, notre but était de remédier
aux nombreuses défectuosités de la dentition chez
nos enfants et aussi d'avoir, chaque année, une note,
prise par un homme compétent, sur la dentition de
tous les enfant^.
Bains el Icycl.ootlcémcpio. Les bains et les douches,
joints à la gymnastique, à l'emploi des bromures, sur-
tout de l'élixir polybromuré (formule Yvov), du bro-
mure de camphre (préparations du D'' Clin'1, plus actif
et plus absorbable que les autres préparations similai-
res qui nous ont été fournies par l'Administration, et
des médicaments antiscrofuleux, ont continué, comme
par le passé, à être avec les purgatifs la base du
traitement en 1899. Nous avons essayé aussi le
sedun acre et l'éosinate de sodium ; on en trouvera
les résultats dans la seconde partie de ce volume (p. 1
à 62).
Il a été donné dans le cours de l'année 1 7.820 bains
ainsi répartis (1) :
Améliorations diverses. 1 X.XIX
LXXX Visites DU service.
L'indemnité de logement des instituteurs a été por-
tée à 400 francs. Une gratification de 75 francs a été
accordée à chacun d'eux. M. Acard, suppléant faisant
fonctions de sous-surveillant, a été nommé sous-sur-
veillant, faisant fonctions de surveillant. M. Chérel,
premier infirmier aux bains, a été nommé suppléant;
l'lllles Chapperon et Chérel, infirmières, ont été nom-
mées 1 ro; infirmières.
Parmi les améliorations réalisées dans le service
citons le crédit de 30 francs, au lieu de 27 fr. 50 alloué
par l'Administration aux ateliers des enfants, pour
gratifications hebdomadaires aux enfants, l'achat
déjà indiqué, par l'Administration de 11 instruments
neufs pour les enfants de la fanfare et d'une sphère
pour les classes.
Mentionnons aussi que l'Administration, sur notre
proposition, a accordé des blouses au personnel de
l'infirmerie des enfants. C'est là un premier pas vers
une réforme plus complète et parfaitement justifiée.
Parmi les améliorations relatives au « bâtiment »
nous signalerons la réfection complète du service des
bains et des douches et l'aménagement, comme tables
et bancs (confectionnés par les enfants), du sous-sol
du 3e pavillon, destiné, comme nous l'avons dit dans
notre Compte rendu de 1898 et aussi plus haut
(p. V11), à une certaine catégorie d'enfants : adoles-
cents incurables, épileptiques et idiots incurables.
La aussi nous avons supprimé les moulures et tous
les angles (mobilier hygiénique).
l'isiles du service. - La Section a été visitée en
1899 par une Commission allemande composée de
M. le Prince de Wiiitziiigerode, Commandant de la
province de Saxe; de M. Thévès, Conseiller d'État;
de M. le D1' Paetz, Directeur de l'Asile de Ast-Scher-
bitz; de M. le Dr Fries, Directeur de l'Asile-hôpital de
Visites du service. LXXXI
Nietlcben (près Halle); de M. le L Konrad Alt,
Directeur de l'Asile public d'Uchtspringe (Province de
Saxe). Ces Commissaires étaient accompagés de M. le
Dr Marie, directeur de la Colonie familiale de Dum-
sur-Auron (Cher) et de M. de la Mouthe, délégué de la
Préfecture de Police de la Seine. - La Section a, en
outre, été visitée par M. Agapoff, médecin de l'Asile
d'aliénés de Nijni-Nowgorod ; du Prof. Bonfigli,
député au parlement italien ; D" Benoit (de Privas) ;
Prof. 13etchtcreff (de St Pétersbourg); D"Brudzinshi,
(de Varsovie) ; de M. et M"'0 Bruyant, instituteurs à la
Fcrté-Milon; M. Baguer, directeur de l'Institut dépar-
temental des sourds-muets d'Asnières (Seine); Mlle la
doctoresse Czyzowska (de Varsovie) ; M. Costa, étu-
diant en médecine, à Paris; M. Combe, professeur à
l'Université de Lausanne ; M. Carrier, interne des
Asiles de la Seine ; Dr Duchâteau, médecin en chef
de la maison de Santé de Gand; 1\l'lIe Defrancc, femme
de lettres ; Du David Frank (de Moscou) ; D1' Goerké,
médecin assistant il l'Asile-hôpital de Breslau; Mlle
Gouliaëff, étudiante en médecine, à Paris; D'' Galisson
(de Paris); D'' Gaustad (de Christiana); Mille Gaveu,
femme de lettres; D" Hoennicke, médecin assistant à
l'Asile d'aliénés de Sonnenstein (Saxe); D'TIudovernig,
(de Budapest); D`' Haenel, médecin assistant à Halle
(Saxe); Dr I-Iunaz (de Bruxelles); Dr Heisert (de Kris-
tiania) ; D" Jouconsky (de Varsovie); D1' Jones, méde-
cin de la Faculté de Buenos-Aires ; D1' Koenig (de Paris) i
1\1'110 Kauffmann, secrétaire du groupe de la Solidarité
des femmes (de Paris); M. Koht, professeur à l'Uni-
versité de Kristian; Mme Koht, professeur à l'école
primaire de Kristiania; M. Lacroix, directeur de
l'école d'enseignement spécial de la ville de Bruxelles ;
D'' Looft (de Norvège); M. Le Duigou, interne des
hôpitaux (du Havre); D`' Ledermiu, avocat à Paris;
Dr Mascaro (de Lisbonne); Mlle Majewska, Dr en
LiOURNEVILLE, Bicêtre, 1899. ?
txxxÍI Visites du service.
médecine; D'' Mavrojannis; DI' Mazurkicwiez (de Var-
sovie) ; M. Meillc, vice-Consul des Pays-Bas à Turin;
M. Mével, interne à l'asile des aliénés de Quimper;
M. Monzon, étudiant en médecine, à Paris; D'' Man-
heimer; DI' Marchand (de Paris); M. Montheuil,
Directeur de la « Revue Municipale » ; M. Mildé,
adjoint au Maire du 1'7" arrondissement; M. Motz,
Juriste à Kristiania; M. Meynet, homme de lettres, à
Alfortville (Seine); M. Naudy, Inspecteur de l'ensei-
gnement primaire, à Paris; D'' Ossipow (de St Péter-
bourg); D''0stanxot't'(dc St Pétcrsbourg) ; D1' Obel'leur
(de Paris); D'. Oltuszewski, ancien chef de clinique
thérapeutique à l'université de Varsovie; I)r Ponte,
médecin de l'asile d'aliénés de Buenos-Aires ; D'' Pa che-
co (de Buenos-Aires); M. Paon, externe des hôpitaux
de Paris; D'' I'etit ? enclol; Dr Philippe, chef de
laboratoire à l'hospice de la Salpêtrière; 1)" Péters,
médecin à l'hôpital des Enfants (de St I'éterslour);
Dur Qucrton (de Bruxelles) ; M. Soury, [directeur d'étu-
des à l'Ecole pratique des Hautes-études; D'' Sérullax.
de Vaun'ncray lltûne); M. Stojanovitch, étudiant en
médecine à Paris; M. Sabatier, homme de lettres;
D1' Toulouse, médecin de l'Asile de Villejuif; D1' Thulié;
Dr Torchut (de Royan); M. Turin, ingénieur à Paris;
Dr Vorotynsky, professeur agrégé à la faculté de
médecine de Kazan ; 1)1' Viviani (de Milan); Dr Vento
(de Cuba) ; 1)" Vogt, ancien interne de l'Asile d'aliénés
chargé de mission de l'Université de Kristiania;
Dr Van Melle (d'Amsterdam) ; Dr Van llysselberg-he (de
Bruxelles) ; M. Watrin, avocat à la Cour d'appel;
M. Wonnacott, architecte (de Londres); 1\I",o'Volfring,
professeur à l'école primaire de Kristiania; Zunz,
ancien interne des hôpitaux de Bruxelles; D1' Zou-
cowsky (de St Pétcrsbourg) ; M. le D'' Ferrier
médecin-Major et les Élèves du Val de Grâce ont
également visité notre service. Enfin, et de même
Musée pathologique. Lgl\III
que les années précédentes, la Commission de Sur-
veillance des Asiles de la Seine a visité le service le
16 mai; celle du Conseil Général l'a visité le 12 juillet.
Nous consacrons d'habitude la matinée du samedi
à recevoir les visiteurs. Presque tous ceux dont nous
venons de citer les noms sont venus ce jour-là. Nous
prévenons, à leur intention, le professeur de chant et
celui de gymnastique, dont les heures de leçons ne
coïncident pas avec l'heure de notre visite. En leur
demandant ce placement et en nous imposant la fati-
gue très grande de montrer, non seulement l'organisa-
tion du service des enfants, mais encore son fonction-
nement dans tous ses détails, notre but est de faire
comprendre aux visiteurs l'importance de l'oeuvre que
nous avons pu réaliser avec l'appui du Conseil
municipal, de fournir à beaucoup d'entre eux les
arguments qui militent en faveur de l'hospitalisation
et de l'éducation de cette catégorie d'enfants anor-
maux et les convaincre de la possibilité de les amélio-
rer et même de les guérir par l'application régulière,
méthodique et prolongée du traitement médico-
pédagogique.
Musée pathologique. - Le musée s'est enrichi
notablement en 1899, ainsi que le montre le tableau
de la page LXXXIV.
Nous avons continué, comme les années précéden-
tes, à reprendre dans le cimetière de la commune de
Gentilly, lors du relèvement des corps de nos malades
décèdes cinq ans auparavant, les crânes et les sque-
lettes entiers, quand il s'agit d'hémiplégiques ou de
malades dont le squelette présente des particularités.
Enseignement professionnel. LXXXV
C'est cette pratique qui explique l'enrichissement
rapide de notre musée depuis l'année 1887 (1).
Le musée reçoit en outre toutes les photographies
des malades décédés, leurs observations reliées cha-
que année, qui forment actuellement 27 volumes, les
photographies des cerveaux qui composent 10 volu-
mineux albums, les cahiers scolaires que nous avons
institués dès 1880, c'est-à-dire 7 ans avant leur intro-
duction officielle clans les écoles publiques.
Les visiteurs peuvent, au moyen du Catalogue que
nous avons refait nous-même et que M. le Dr Julien
Noir, ancien interne de notre service, conservateur
du musée, complète chaque année,' avoir tous les
renseignements désirables sur les pièces anatomo-
pathologiques du musée.
II.
Enseignement professionnel
Cet enseignement a été dirigé en 1899, de même
que les années précédentes, par MM. Lrrtor pour la
menuiserie (1882-1899), Allène pour la coulure
(1883-1899), Dumoulin pour la cordonnerie (1888-
1899), Moiun pour la vannerie, le paillage, et le
canage des chaises (1889-18991, Mercier, pour la
brosserie (1889-1899), 1\LuUh : U,\LLAT pour l'imprt-
merie (1889-18991, Gaie pour la serrurerie (1895-
1899), MESNAHD pour le jardinage (1896-1899).
(I) Autorisation de M. Gragnon, préfet de police, en date du 7 février 1887
LXXXV ! Enseignement professionnel.
De même aussi que les autres années, nous n'avons
qu'à les féliciter tous, non seulement pour le zèle et
l'intelligence qu'ils apportent chaque jour à donner
l'instruction professionnelle aux enfants, mais
encore pour la bonne direction morale qu'ils savent
leur imprimer. Le tableau suivant met en évidence
les résultats obtenuspar eux en 1899 et qui se chif-
frent par 29.114 francs.
Les travaux, du jardinage, seuls, ne sont pas
évalués. Il est, en effet, assez difficile de faire une
estimation précise. Pourtant nous croyons que l'Ad-
ministration aurait intérêt à essayer d'en avoir tout
au moins une évaluation approximative. Peut-être un
jour s'y décidera-t-elle. A notre ami, M. le D'' Napias,
d'intervenir dans ce sens.
Les sept maîtres, non compris le jardinier dont le
travail de ses apprentis et le sien dépassent assuré-
ment le salaire - sont payés à raison de 6 fr. 50
par jour, soit pour l'année 16.607 fr. 50.
Le Travail des Enfants, évalué par M. l'économe et
par l'architecte couvre donc : 1° la dépense occasion-
née par le salaire de leurs maîtres; - 2° l'intérêt
à 4 0/o, taux au-dessus du cours actuel, du capital
employé pour la construction des ateliers (210.000 fr.) ;
3° les gratifications hebdomaires données aux enfants
le samedi, à titre de récompense et qui s'élèvent il
1.560 fr. pour toute l'année. De plus il y a un bénéfice
de 2.567 fr., qui vient atténuer les dépenses d'entre-
tien des enfants.
Pour permettre il tous d'apprécier les résultats
économiques de l'enseignement professionnel et du
travail accompli, au point de vue pratique, voici
l'énumération sommaire de ce qui a été fabriqué fait
dans les divers ateliers (page LXXX7111).
LXXXVIII Enseignement professionnel.
Produits fabriqués dans les ateliers en 1899.
Brosse me.
12. 125 brosses en tous genres (dont 10.000 pour le Magasin
Central).
Vannerie.
208 mannes neuves fabriquées (dont 105 pour le Magasin
Central), 2'r0 mannes réparées, 272 chaises cannées et rem-
paillées.
Couture.
682 pantalons, 674 vestons, 539 gilets, 112 robes, 145 mail-
lots, 8 maillots de force pour les enfants cléchireurs.
Menuiserie.
4 échelles simples, a échelles doubles, 15 coffres divers, 2
casses d'imprimerie, 2 armoires, 1 meuble il un corps pour
les leçons de choses, 8 bancs, 3 tables, 2 tableaux pour les
classes, 3 tables scolaires, divers objets pour l'enseignement;
continuation de l'installation du nouveau sous-sol, 10 caisses
à fleurs. Tout le travail fixe neuf du service et toutes les
réparations diverses notamment le parquet du gymnase et
des salles.
Serrurerie.
2 fauteuils en fer, 122 porte-vases pour chaises de gâteuses,
190 ferrures et charnières, 10 réparations de fauteuils en
fer. po objets en bois faits au tour : pieds de meubles,
pieds de table, poignées, boules, cylindres, cônes, etc. -
Ferrage de tous les meubles, échelles, coffres divers, ton-
neaux, boites, etc,, confectionnés par la menuiserie. - Fait
toutes les réparations journalières du service.
Cordonnerie.
723 paires de chaussures neuves, 660 ressemelages.
Imprimerie.
Compte-rendu du service de l'année. - Ordres du jour des
Commissions. - Affiches diverses. - Entêtes de lettres,
registres et tableaux divers pour la Direction et l'fjconomat.
Circulaires pour le bureau de la 5 ? Bons de tabac.
Palmarès, relevés de points, présences, etc., pour les Ecoles
municipales d'infirmiers et d'infirmières. Tableaux des lignes
et de leurs applications, des volumes, méthode de lecture,
feuilles d'alphabet, etc., pour les Ecoles de Bicêtre et de la
Fondation Vallée. - Travaux divers pour les hôpitaux et
hospices : Boucicaut, Bicêtre, Maison de santé, Hicord, Saint-
Louis, Salpêtrière. - Travaux pour la Société des Sous-em-
ployés de l'Assistance publique et la Société amicale des
Employés de l'Assistance publique : affiches, caries, procès-
verbaux, compte-rendu, feuilles d'admissions, carnets de bal
fiches, etc., etc.
Enseignement professionnel. LXXXIX
Nous n'insisterons pas sur les avantages que pro-
curent ces ateliers tant au point de vue de l'intérêt
des malades qu'à celui de l'Administration. Nous
ajouterons seulement qu'il serait convenable, à tous
les égards, que nos anciens malades qui passent soit
dans les sections d'aliénés adultes, soit dans la
division des incurables de l'hospice, trouvent un
meilleur accueil dans les ateliers de l'hospice et que
les chefs de ces ateliers leur témoignent plus de
bienveillance. Il y va de l'intérêt des malades, supé-
rieur à toute autre considération, et de l'intérêt
financier de l'Administration.
Tel est le résumé de l'enseignement professionnel
en 1899. Il importe de ne pas oublier que nos ateliers
ne sont nullement comparables à ceux de l'orphelinat
Prévost à Ccmpuis et de l'école d'Alembert à Monté-
vrain, par exemple, où les apprentis sont des enfants
normaux, sains de corps et d'esprit, et même choisis
parmi les plus intelligents des candidats. Nos appren-
tis, à Bicêtre, sont non seulement des enfants Axon-
maux, mais encore des enfants malades : quand ils
ont, les uns des accès épileptiques, convulsifs ou
psychiques, les autres des impulsions ou des périodes
d'excitation, ces jours-là et les jours qui suivent,
ils ne peuvent travailler ni à l'école ni à l'atelier.
Administrativement, après avoir douté de la possi-
bilité de faire travailler les enfants idiots, arriérés et
épileptiques, et avoir protesté contre la construction
des ateliers, certains auraient de la tendance à vouloir
considérer nos malades comme des apprentis ordi-
naines qui, suivant la pratique abusive des couvents,
doivent fournir régulièrement une somme de travail
fixée. Nous le répétons, ce qui doit primer dans notre
service, c'est l'influence morale du travail, qui est
l'adjuvant du travail scolaire, du traitement médical,
xc Statistique. Mouvement de la population.
et non le produit lui-môme, bien qu'il ne soit pas à
dédaigner : les enfants eux-mêmes sont heureux de
voir que leur travail est productif, qu'il se traduit par
des résultats pratiques (1) et que tout ce qu'ils font
contribue il leur bien-être, il leur enseignement et au
bon entretien de leur section.
III.
Statistique. Mouvement de la Population.
Le premier janvier 1899, il restait dans le service
4662 enfants (2) : ! il 7 enfants idiots, imbéciles ou épi-
leptiques, dits aliénés et 45 épileptiques, dits non
aliénés. Cette distinction, qui s'applique aux épilep-
tiques adultes aussi bien qu'aux enfants, est purement
administrative et il est difficile de la justifier médica-
lement.
Dans ces dernières années, il s'est créé une espèce
de légende au sujet de notre service que l'on repré-
sente comme très dispendieux pour l'Assistance
publique. La vérité est qu'au point de vue des cons-
tructions il a été fait plus simplement et avec plus
d'économie que tous les établissements créés par
l'Assistance publique depuis 20 ans. La vérité c'est
que le département paye à l'Assistance 2 fr. 20 par
jour pour chaque malade comme dans les trois autres
sections. La vérité c'est que l'Administration bénéficie
(0 Une autre cause qui contribue à différencier nos apprentis de ceux que
nous avons cités, c'est qu'ils ont des permissions de sorlie et des congés, sur
la demande des familles, à toutes les époques de l'année et qu'ils ont des
visites les jeudis et dimanches.
(2) C'est-à-dire 62 de trop, puisque la Section a été conçue pour 400 enfants.
Mouvement DE la population.
xci
de plus de 9.000 fr. sur les journées d'absence des
enfants, par permissions de sortie ou congés. La vérité
enfin c'est que les chefs d'atelier ne coûtent pas un sou
que d'après les évaluations même de l'Administration
les ateliers lui donnent chaque année un bénéfice et
et que cette année même (J 899), nous le répétons, le
produit des ateliers à couvert le salaire des chefs
d'atelier, l'intérêt de la somme engagée pour la cons-
truction des ateliers et donné un bénéfice de 2.567 fr.
Mouvement de la population.
xci : Mouvement de la population.
à la charge du budget départemental. Sur ce nombre,
5 étaient atteints de cécité; 2 de stercli-nzclité; 20
étaient ruminants; 50 hémiplégiques; 7 étaient
atteints de maladie de Little; <)0 et tient baveux; 30
onycopharles; 6 déchireurs d'ongles et i f7alrC'III'8, .
Thymus et glande Thyroïde. Nos études sur
l'ie/iolie mY,\'IPdémnlcu8c nous ont conduit à reprend-
dre, il y a 9 ans, des recherches anciennes (15G8) sur
la glande thyroïde et incidemment sur le thymus.
Le tableau ci-après (p. xcfv-xcv) donne quelques ren-
seignements sur ces deux organes chez nos malades
décédés en 1899 (page 000). "
cl Nous essaierons un jour, écrivions-nous dans nos
Comptes-rendus antérieurs, de voir s'il y a lieu de
tirer quelque conclusion des pesées du thymus et de
la glande thyroïde que nous publions tous les ans.
Mais elle, n'auront qu'une valeur relative jusqu'à ce
({tic nous puissions les mettre en regard de pesées
analogues faites chez des enfants réputés normaux
et décédés soit à l'hôpital des Enfants-malades, soit
à l'hôpital Trousseau. » L'un de nos internes de l'an-
née dernière, M. Katz, qui a passé un an aux Enfants-
malades, s'est occupé de ces recherches et l'on trouvera
dans la seconde partie de ce volume (p. 147) le résultat
de ses investigations en ce qui concerne le thymus.
Décès. Les décès ont été particulièrement nom-
breux cette année et s'élèvent au chiffre jamais atteint
de 28. Le tableau des pages xcvm il cm fournit les
renseignements concernant le diagnostic, la date et
la cause du décès, ainsi que les principales particu-
larités présentées par les malades.
Sorties. - Des 79 malades sortis de la section, 2G
ont été dirigés sur l'une des sections d'adultes, 28
ont été rendus à leur famille, guéris ou améliorés ou
Thymus et glande thyroïde. XCllI
sur la demande de celle-ci; ` ? 2 ont été défalqués à la
suite d'évasion. Le tableau de la page Civet sui-
vantes indique les motifs de la sortie et la nature
de l'affection pathologique dont étaient atteints ces
malades sortis. Nour aurions vivement désiré suivre
nos malades après leur sortie, savoir ce qu'ils devien-
nent, si l'amélioration réalisée par nous s'est main-
tenue ou s'est même augmentée. Malheureusement
les moyens nous font défaut.
Evasions. Huit évasions ont eu lieu dans le
courant de l'année, celles des enfants Tir..., Vatrl ?
Dutail..., Bousqu..., IIouh..., Mull..., Desch..., et
Calh... Les doux avant-derniers de ces malades,
recueillis par la Préfecture de police, nous ont été
rendus quelques jours après leur évasion. Le dernier,
l'enfant Calb..., a été envoyé par le parquet dans une
maison de correction. Et c'est un aliéné épileptique,
évadé qui aurait dû cire réintégré de suite ! Quant aux
cinq autres, dont l'évasion n'a donné lieu à aucune
mutation, ils nous ont été ramenés par leurs parents.
Transferts. Ils ont été au nombre de 22 : 15 à
l'Asile de Villojuif, f a l'Asile de Ville-Evrard et un à
l'Asile de Clermont. Les transferts, hors des Asiles de
la Seine, constituent, nous le répétons, une mesure
indigne d'un pays civilisé.
Maladies infectieuses. Un seul cas de fièvre
typhoïde chez l'enfant Bell... Un cas de scarlatine
chez l'enfant Van den Cast... Le premier de ces deux
enfants, aujourd'hui complètement guéri, a réintégré
son service; le deuxième est en convalescence. Nous
avons à noter cette année une épidémie de rougeole,
qui a porté sur 15 enfants; une infirmière, en outree
en a été atteinte, \I'1° Bourh... L'épidémie a débuté
en mars et semble avoir été apportée par l'enfant
xcvi Décès. 11
XLVIII DÉCÈS. 1
c Décès'. i'.
Cil DÉCÈS.
mL
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s
1 z
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1
Il
Î
EXIL Maladies contagieuses et intercurrentes.
Pard... qui, trois jours après son entrée en était
atteint. L'épidémie a pris fin en mai, un seul décès à
signaler, celui de l'enfant Missi... Le service du pavil-
Ion d'isolement est confié à Mme Grisard qui, depuis
14 ans, s'acquitte de ses fonctions pénibles et dange-
reuses avec le plus grand dévouement. Tout ce que
nous avons pu obtenir pour elle, c'est qu'elle soit nom-
mée première infirmière. Nous estimons qu'il y aurait
mieux à faire.
Teigne. - Au premier janvier 1899, il restait dans
le service 17 teigneux, 10 teigneuses; à la fin de
l'année ces chiffres étaient descendus à 9 pour les
garçons et avaient été portés à 11 pour les filles.
Malgré tous les soins que nous apportons à surveiller
le cuir chevelu des enfants, nous ne parvenons pas à
nous débarrasser complètement de la teigne : elle se
trouve entretenue par de nouveaux arrivants et par
les enfants déjà atteints, pour la plupart desquels les
recommandations sont de nul effet.
Maladies intercurrentes. - 4 enfants ont été
atteints d'état de mal 6,I)ilel)ti(lue; G atteints de bron-
cho-pneuzonie; un de pneumonie; un de pleurésie;
6 de tuberculose pulmonaire; 4 d'angine; 4d'ophtal-
mie; 3 d'impétigo; 28 de plaies diverses, clans des
accès; 20 pour engelures; 2 pour abcès; 25 pour
diarrhée; un pour deux ongles incarnés. Ajoutons
que tous les enfants qui se font, soit dans des accès,
soit en jouant, des contusions ou des plaies vont à l'in-
firmerie où des pansements appropriés leur sont faits
par les deux infirmières, sous la surveillance de
M'ue Athénaïsc Bohain, sous-surveillante du service.
Population au 31 décembre 1899. - Il y avait à
Personnel du service. cxiii
cette époque, dans le service, 449 enfants, se décom-
posant ainsi : 406 enfants idiots, imbéciles, ou
épileptiques, dits aliénés et 43 réputés non aliénés.
Sur ce nombre 14 sont atteints de cécité; 3 de surdi-
mutilé; 20 sont ruminants; 30 sont onycophages; 4
déchireurs d'ongles; /18 sont baveux; 106 sont gâteux;
57 sont hémiplégiques ; 6 sont atteints de maladie de
Little, et 8 sont flaireurs.
Personnel du service en 1899. - Le personnel
était ainsi composé : 1° Service médical : Un conser-
vateur du Musée, M. le Dr J. Noir. Un interne titu-
laire, M. PouLaRD et un interne provisoire, M. AUBER-
TiN; un interne en pharmacie, M. SÉVI;\".
2° Service scolaire : Grande Ecole. 4 instituteurs :
MM. MESNAHD, LA-s-DOSSE, CA11 : 11LHA( : et DERUETTE ;
- un professeur de chant, M. Sutter; un professeur
de Gymnastique, M. Goy ; un maître de danse, M. LA\-
dosse; un maître d'escrime M. CLW II.vT; de deux
infirmiers; dont un ayant son brevet élémentaire.
2° Petite École. - Milo ÂGNUS (Blanche) et Bohain
(Amandine), surveillantes ; 11m° BEAUMOXT, sup-
pléante ; trois premières infirmières : Milo HuGUET,
M"10 Gerder et Mlle MARQUET et 10 infirmières de jour
aidant les maîtresses d'école.
3° Enseignement professionnel. - 8 maîtres dont
nous avons donné les noms à la page plus deux
infirmiers de garde.
1° Service hospitalier : Il se compose de M. AcAr3D,
sous-surveillant, remplissant les fonctions de surveil-
lant, de M. BARSALOU, suppléant faisant les fonctions
de sous-surveillant; de M. Massixg, 1er infirmier, fai-
sant les fonctions de suppléant (service du gymnase);
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1899. ?
cxiv Population DU service.
de M"10 Ath. 13oH : mrr, sous-surveillante (infirmerie)'; de
1\'I ? MALENÇON, suppléante (bâtiment des gâteux) ; de
. Mille Grisard, 1 ? infirmière (pavillon d'isolement) de
I'110 Deuière, sous-surveillante de nuit qui a rempla-
cé en juin 1\11110 GLADEL changée de service pour
raison de santé; - d'un 1 er infirmier attaché au
Musée et chargé du service de distribution de la
pharmacie, M. GEIlDE1\; d'un infirmier portier; d'un
perruquier, de 25 infirmières de jour ou de nuit; 29
infirmiers de jour ou de nuit; total du personnel secon-
daire : 85. '
' Nous n'avons eu aucune mutation parmi les sous-
employés des deux sexes, ni parmi les 1°" infirmiers
et les 1 ro. infirmières. Malheureusement il n'cn a pas
été de même pour les infirmiers et les infirmières.
Le service compte 38 infirmiers et 46 infirmières.
En 1899, il y a eu 191 mutations pour les premiers et
60 pour les secondes. Nous avons signalé, sans suc-
cès, les inconvénients qu'il y avait à mettre dans ! e.
service des enfants des jeunes gens de 18 il 20 ans
et au pavillon d'isolement des jeunes tilles plus expo-
sées que des femmes d'un certain âge il contracter
des maladies contagieuses : nous n'avons pas eu de
succès. Rappelons que dans les hôpitaux et hospices ! es médecins ne sont pas consultés, comme dans les
asiles d'aliénés, sur le choix de leurs auxiliaires et
qu'il ne leur est demandé aucun renseignement quand
il s'agit de leur avancement.
En terminant, nous croyons devoir remercier
MM. UE1\DE1\ et IIUt31 : R1· du concours actif qu'il nous
ont prêté pour l'illustration de cette première partie
de notre Compte-rendu de Bicêtre. . ?
Section II : Fondation Vallée.
Histoire du service pendant l'année 1899.
I.
Situation DU service. - Enseignement primaire.
Quand la Fondation Vallée a été organisée, elle
devait être pour les filles ce qu'est la colonie de Vau-
cluse pour les garçons, c'est-à-dire qu'on ne devait
y admettre ni gâteuses ni épileptiques. Mais dès l'ori-
gine, par suite des besoins du service des aliénés, il
n'a pas été tenu compte de cette catégorisation. Il
s'ensuit que la Fondation Vallée ne correspond plus
à la Colonie de Vaucluse, mais au service des enfants
de Bicêtre, où nous recevons, en outre des épilepti-
ques et des hystériques, toutes les catégories d'en-
fants idiots. De là deux groupes principaux : 1° les
enfants idiotes et gâteuses, 2° les enfants propres.
Enfants idiotes et gâteuses. Elles étaient au
nombre de 70 au 1er janvier 1899 et de 63 à la fin de
l'année. - Elles sont installées dans le bâtiment situé
à droite dans la cour d'entrée, dont elles occupent le
CX Vf Fondation vallée.
rez-de-chaussée et le premier étage. Cette installa-
tien est, comme nous le disions clans nos Comptes-
rendus antérieurs, insalubre et dangereuse, car le
gâtisme exigeant un lavage quotidien du parquet mal
jointoyé, non hourdé, du premier étage, il en résulte
des infiltrations d'eau tout le long des murs. Nous
n'en avons pas moins obtenu cette année encore,
grâce à la bonne direction du service, quelques résul-
tats avantageux au point de vue du traitement. Les
moyens et procédés sont les mêmes que ceux décrits
dans nos précédents rapports.
Les idiotes galeuses se divisent en deux catégories :
a) les enfants valides qui sont envoyées a l'école
durant une partie de la journée. Bien qu'une classe ait
été affectée spécialement dans l'ancien réfectoire, aux
plus malades, il n'en résulte pas moins, de l'envoi à
l'école des enfants gâteuses valides, des inconvénients
pour les enfants des classes voisines, affectées aux
enfants propres. IJ) Les enfants invalides, qui
séjournent dans les locaux dont nous venons de parler
et dans la cour située entre leur pavillon et le pavillon
de l'Infirmerie. Chez sept d'entre elles on a pu sup-
primer le gâtisme : Pel'11 ? Cara.. , Blan ? Iloz.. ,
Binvign ? nadig ? Deva... - Sept également ont
appris à manger seules : Cous ? Guyom ? Uora ?
Laver.. , Ponz.. , Vit.. , Brab... - Deux ont appris à
marcher sans aides : Pouz ? et Mora... Six ont été
notablement améliorées pour la parole : Kracl11 ?
Poz ? Dev ? Le Br ? Caza ? Gudef...
Voici qnelques renseignements sur six enfants qui,
partis de très bas, ont fait de sérieux progrès.
Po... (Camille), 16 ans. Enfant arriérée, parlant peu, à son
arrivée, avait une très mauvaise prononciation : pour
dire oui, elle disait bi; maman, aman ; bonjour, o IIjo 1} ,
En somme, elle causait comme un bébé qui commence il dire
quelques mots. Elle n'avait pas de mémoire, son attention
Enseignement pratique ET primaire. CIVIL
était très difficile à fixer, l'enfant ne se rendait pas compte
de ce qui se passait autour d'elle, elle n'avait aucune notion
classique.
L'enfant a fait néanmoins des progrès surprenants. Elle
lit couramment, suit des dictées élémentaires, fait les trois
premières opérations de l'arithmétique.
Sa parole s'est notablement améliorée, sa prononciation
est peu défectueuse ; elle tient bien conversation, son rai-
sonnement est assez juste. Elle aime à se rendre utile pour
tout ce qui concerne le nettoyage et l'entretien des dortoirs.
- Elle a fait beaucoup de progrès pour les travaux à l'ai-
guille. Elle coud bien, fait elle-même une robe et un tablier.
Mari.... ](3 ans. Enfant très arriérée et très
bornée, ne connaissait, ni les lettres, ni les chiffres, ne savait
tenir un porte-plume. Au dire de sa mère, elle ne pouvait
l'envoyer il l'école, parce que les autres enfants se moquaient
d'elle. Elle bégayait beaucoup et ne pouvait s'exprimer
facilement. Rien ne nous laissait espérer que nous parvien-
drions à obtenir le moindre résultat, au point de vue classique
surtout. Malgré toutes ces difficultés, l'enfant a fait de réels
progrès, elle lit couramment, écrit lisiblement, mais ne fait
que l'addition.
Trouil... (Georgette), 1 ? ans. Cette enfant, atteinte d'imbé-
cillité et d'hémiplégie droite, n'avait à son entrée aucune
notion, sur tout ce qui concerne les exercices classiques.
Elle parle bien, répond directement aux questions qui lui
sont posées, mais ne sait tenir une conversation. L'attention
est facile à fixer, l'enfant se tient bien à la classe et a pris
goût aux exercices de ses compagnes. Elle lit par syllabes,
fait les deux premières opérations de l'arithmétique, écrit
lisiblement, quoiqu'écrivant de la main gauche.
A son entrée, l'enfant ne pouvait ni s'habiller, ni se désha-
biller, ni lacer, ni boutonner. Après avoir fait ces derniers
exercices sur le mannequin à l'école, elle est parvenue
à s'habiller entièrement elle-même.
Ganeh.... (Germaine), 9 ans, est entrée en décembre 1892,
atteinte d'idiotie. A son arrivée, elle ne marchait pas, ne par-
lait pas, gâtait nuit et jour. Aujourd'hui, l'enfant parle et sait
soutenir une conversation comme les enfants de son âge.
Elle a appris à marcher seule, la marche est bonne, elle court.
sautera la corde, monte et descend facilement les escaliers ;
cxviu Traitement médico-pédagogique.
elle exécute même très bien tous les mouvements de la
gymnastique des échelles et des ressorts. En classe, elle lit
presque couramment, fait de petites copies assez lisibles,
reconnaît les différentes parties de son corps et de ses vête-
ments et sait les désigner par leur nom, elle reconnaît tout
ce qui est contenu dans les boites aux leçons de choses,
distingue très-bien les couleurs, elle compte assez bien et
. commence il faire de petites additions orales. Sa tenue est
bonne, l'enfant s'habille et se déshabille seule.
Kram... (Aline), 8 ans, atteinte d'idiotie myxoedémateuse.
A son entrée cette enfant était gâteuse, la parole et la marche
étaient nulles, elle ne savait ni s'habiller ni se déshabiller.
Aujourd'hui elle a appris à parler, elle sait soutenir une
petite conversation, la parole est encore un peu défectueuse,
principalement pour les syllabes on et en qu'elle prononce
fortement du nez.
La marche est bonne ; Kr... sait courir, monter et descendre
les escaliers. Le gâtisme a disparu. Elle s'habille et se
déshabille seule, se lace et se boutonne. Pour le ménage,
elle ne le fait encore qu'imparfaitement.
En classe, elle reconnait les couleurs, sait nommer à peu
près tout ce qui est contenu dans les boîtes aux leçons de
choses, nomme les différentes parties de son corps et de ses
vêtements, désigne par leur nom les doigts de la main, elle
compte seule jusqu'à vingt. Au point de vue de la lecture,
l'enfant ne reconnaît pas encore ses lettres, elle les nomme
mais au hasard. Pour l'écriture, elle sait tenir son crayon et
commence à faire quelques bâtons sur l'ardoise.
Deve... (Rose), 8 ans, atteinte d'idiotie avec gâtisme, parole,
marche, mastication nulles, l'enfant était alimentée au bibe-
ron. Peu à peu, on l'a habituée à boire au gobelet, à manger
de la panade, des aliments consistants ; enfin elle est arrivée
à manger de la viande et des légumes comme les autres
enfants. La mastication est bonne quoique un peu lente.
D... marche bien, son pas est assuré ; elle monte et descend
facilement les escaliers, suit les autres enfants dans la cour,
aux classes et même dans les promenades des environs.
Elle prononce tous les mots, sa prononciation est peu défec-
tueuse, mais sa voix est nasillarde. Elle s'habille et se
déshabille presque seule, sait lacer et boutonner, mais noue
encore imparfaitement.
Les leçons de choses l'intéressent beaucoup, elle prend
Idiotes gâteuses, invalides ou NON. Cxn,
plaisir a regarder les couleurs, connaît les principales;
il en est de même pour les principaux légumes. Elle distingue
- les différentes parties de son corps et de ses vêtements et
sait les nommer. '
Elle commence à compter jusqu'à 10 , nomme les.lettres,
mais ne sait encore les reconnaître. Tout l'intéresse et avec
l'attention qu'elle apporte dans les différents exercices, il est
il espérer qu'on obtiendra de bons résultats. Le gâtisme a
complètement disparu, l'enfant est propre nuit et jour.
L'amélioration notable obtenue chez ces enfants
montre a fortiori ce qu'on peut obtenir chez des
enfants moins profondément atteints.
Nous avions proposé en 1896 l'appropriation du
sous-sol du bâtiment neuf, suffisamment élevé et aéré,
en un service spécialement destiné aux enfants idio-
tes gâteuses, valides et même à une partie des gâteu-
ses invalides. Ce projet, ainsi que nous l'avons dit
dans nos Comptes-rendus de 1896 (p. LX1V), de 1897
(p. XLVII) et de 1898 (p. XLVI) a été soumis par
l'Administration à la Commission de surveillance qui,
après l'avoir examiné surplace, l'a adopté sur le rap-
port de notre très regretté ami le D1' Du Mesnil. Il a
été ensuite soumis au Conseil général qui s'est pro-
noncé pour l'ajournement.
Cette décision que rien ne justifiait, contraire aux
avis réitérés de la Commission de surveillance, a
été provoquée par le rapporteur, M. Berthelot,
sans avoir jamais visité le sert ice et ne nous avoir
jamais demandé de renseignements. Nous avons
persisté dans nos réclamations et insisté auprès des
Commissions officielles pour que les travaux projetés,
d'après notre programme, et approuvés par la
Commission de surveillance, fussent exécutés. L'ad-
cxx Service DES idiotes gâteuses.
ministration, qui en reconnaissait l'utilité, a réintro-
duit l'affaire au Conseil général. M. Thomas, conseil-
ler général, chargé du nouveau rapport, a décidé le
conseil a revenir sur sa décision.
Voici son rapport et la délibération conforme :
M. Thomas, rapporteur. - Messieurs, dans sa visite du
16 mai 1899 à la fondation Vallée, la Commission de surveil-
lance des asiles d'aliénés, après avoir constaté l'état d'encom-
brement des divers locaux de cet établissement où les peti-
tes filles idiotes sont en quelque sorte parquées, a émis le voeu
qu'il fut donné suite, sans retard, au projet d'aménagement
des sous-sols du nouveau pavillon de cent enfants, projet
qu'elle avait déjà adopté dans sa séance du 17 novembre
1896. En effet, Messieurs, non seulement cet établissement
est encombré, mais encore une cinquantaine environ de
petites filles sont inscrites sur le registre des expectantes.
L'aménagement de ces sous-sols, restées sans affectation
après l'achèvement du nouveau pavillon, permettrait de
transformer en dortoirs les divers locaux qui, par ce fait,
deviendraient vacants. On pourrait alors remédier il l'encom-
brement que je viens de vous signaler et admettre une partie
des petites filles qui attendent leur placement à la Fondation.
L'Administration nous demande d'approuver ce projet dont
le devis s'élève à 17,0'cli fr., savoir :
Travaux, 15,297 fr. 20 c. Imprévus, 591 fr. 80 c. -
Honoraires, 1,157 francs. - Total égal, 17,046 francs. -
Les travaux, tels que le plan l'indique, consisteraient en
l'aménagement, dans les sous-sols du nouveau pavillon, d'un
réfectoire, d'une salle d'exercices de gymnastique, de deux
salles d'école, d'une salle spéciale pour les enfants gâteux,
d'une pièce pour le cirage des souliers, d'un magasin de chaus-
sures, de quatre cabinets de dÓbrrams et d'une grande salle
de bains de pieds, Cet aménagement nécessiterait, en outre.
différents travaux de maçonnerie et de canalisation, ainsi
qu'une installation de chauffage spéciale.
En ce qui concerne la dépense, il ne serait pas nécessaire,
pour y faire face, d'ouvrir de nouveaux crédits; une somme
de 17,046 francs, économisée sur le montant des travaux
régulièrement autorisés pour la construction du nouveau
pavillon, permettrait de gager la nouvelle opération.
Votre Commission, après examen des propositions adminis-
Enseignement pratique ET primaire. cxxi
tratives, soumet à votre approbation le projet de délibération
conforme que voici :
Le Conseil général, Délibère :
« Article premier. - Est approuvé, dans la limite d'une
dépense de 17, 0'i6 francs, le projet relatif à l'aménagement
des sous-sols du nouveau pavillon de la fondation Vallée.
« Art. 2. - La dépense de 17,046 francs sera payée par im-
putation sur le crédit inscrit au budget de report de 1898,
chap. 19, 3lcr, art. 128.
« Art. 3. - Les travaux seront confiés aux entrepreneurs
ordinaires de l'entretien, sauf ceux de chauffage et de ventila-
tion, qui seront exécutés, par voie de marché de gré il gré, par
la Société des établissements Ilerscher. « Adopté 1899 ; 128).
A l'heure actuelle les travaux sont très avancés et
tout permet d'espérer qu'ils seront complètement
terminés pour les premiers jours d'avril et que, dans
leur exécution, le service d'architecture se sera inspiré
sur tous les points, des installations analogues de
Bicêtre qui lui ont été signalés comme modèles.
Enfants idiotes, imbéciles, épileptiques, etc ?
valides. - Enseignement. primaire et enseignement
professionnel. Les procédés employés sont les mêmes
qu'à la section de Bicêtre. Les améliorations réali-
sées dans les écoles des garçons sont introduites
immédiatement à la Fondation. L'idéal que nous
poursuivons consiste à occuper les enfants du matin
juSqZ'a2 soir, en variant le plus possible les exercices.
Les jeux même doivent contribuer à leur éducation.
Au lever, on apprend aux enfants à faire leur toilette,
leur lit, à nettoyer leur dortoir. Aux repas, on sur-
veille les enfants qui savent manger seules et on
corrige leurs mauvaises habitudes; on apprend aux
autres à se servir de la cuiller, de la fourchette, etc.
Sur 199 enfants présentes à la fin de l'année, 35
savent se servir de la cuiller, de la fourchette et du
couteau; 80 de la cuiller et de la fourchette; 47 de la
cuiller seulement; 37 ne savent pas manger seules.
CXXH Dessin, chant,
150 enfants ont fréquenté l'école et sont exereées à
la gymnastique des échelles et des ressorts. 55 enfants
participent aux exercices delà grande gymnastique,
sous la direction de M. Goy et sous la surveillance de e
Il11"3 L,\NGLE'r. M. Goy vient tous les jeudis à la
Fondation, mais en raison de l'augmentation de la
population il serait nécessaire qu'il donnât mainte-
nant deux leçons par semaine. L'Administration dé-
partementale et la Commission de surveillance ont
reconnu la légitimité de notre et l'ont signa-
lée it l'Administration de {'Assistance publique.
Les leçons de choses sont multipliées le plus pos-
sible et ont lieu dans les jardins dont les arbres, les
arbustes, les plantes, etc., sont étiquetés. Les détails
dans lesquels nous sommes entrés dans nos rapports
de 1890 à 1898 au sujet de l'habillement (mannequin
spécial), de l'éducation de la digestion, de la respi-
ration, de la circulai ion et de l'hygiène sexuelle',
nous dispensent d'y revenir cette année.
Enseignement du dessin. - Cet enseignement
est complètement suspendu depuis 1897, faute de
professeur. Il y aurait pourtant, comme nous le disions
l'an dernier, une réelle utilité a avoir un professeur
de dessin pour la Fondation et pour le service des
enfants de Bicêtre. Sur ce point encore nous avons
eu l'assentiment cle l'Administration préfectorale et
de la Commission de surveillance qui, chaque année,
visitent la Fondation Vallée avec, le plus grand soin :
Enseignement du chant. - Cet enseignement est
fait par M. S1JTTElI, professeur de chanta l'Asile-école
de Bicêtre. Ainsi que les années précédentes, confor-
mément à nos instructions, ce professeur s'est occupé,
successivement de tous les enfants, en mesure de ?
profiter dans une mesure quelconque, de son ensei-,
Danse, enseignement professionnel. cxxiii
gnement. 98 fillettes divisées en trois séries, y ont
participé. Presque toutes ces enfants, à part quelques-
unes récemment entrées à la Fondation, savent lire
les notes et en connaissent la valeur. Le procédé
employé est le même qu'à Bicêtre : dès que les enfants
sont assez avancées pour bien lire un morceau de
chant, on leur fait chanter des choeurs à deux, puis à
trois parties. Les plus jeunes, parmi ces élèves, ont,
comme l'a déjà fait remarquer M. Sutter, une étendue
de voix généralement limitée, mais assez juste; les
grandes, surtout celles ayant dépassé la seizième
année, ont une étendue cle voix parfois remarquable.
De même que chez les épileptiques garçons, M. Sutter
a remarqué que chez les jeunes filles atteintes de cette
maladie, quand elles sont dans leurs périodes d'accès,
le timbre de la voix devient non seulement moins clair
et moins sonore, mais rauque et sans étendue. Quant
aux 1rl-y,\.'oedématl'uses, mises au traitement par la
glande thyroïde, leur timbre de voix s'est, accru
encore cette année en étendue, principalement chez
l'enfant Kram... dont le timbre de voix est le même
que chez une enfant normale.
M. Sutter a organisé, avec les jeunes malades les
moins atteintes de la Fondation, une classe spéciale
de chant. On apprend à ces enfants des mélodies et des
petites romances à l'unisson; toutes y prennent un
intérêt et y apportent de la bonne volonté.
Danse. - Les exercices de danse ont eu lieu sous
la direction de M. Landosse, instituteur à Bicêtre,
tous les mercredis de 4 à 5 heures. 160 enfants ont pris
part à ces exercices, 70 savent danser la polka, 50
connaissent la polka, la mazurka et la scottisch; 40
connaissent toutes les danses de caractère et toutes
les figures du quadrille.
Enseignement professionnel . A mesure que les
cxxiv Enseignement professionnel.
enfants se développent, on leur apprend tous les soins
du ménage ; à mettre et il retirer le couvert, à nettoyer
les réfectoires, laver la vaisselle, etc. Quinze des
moins arriérées aident le personnel à apprendre à
manger aux enfants incapables cle manger seules et iL
perfectionner celles qui mangent malproprement.
Deux enfants cle la Fondation, Briss... et Rich... ont
continué a être employées comme demi-infirmières.
L'Administration leur alloue une indemnité mensuelle
de 5 francs. La première de ces deux malades a été
nommée infirmière le 2' octobre.
Les deux ateliers que nous possédons ont continué
à fonctionner régulièrement. Le travail, évalué par
M. LEQUEL'x, économe de Bicêtre, d'après le tarif
réduit de l'Administration, s'est élevé à 3.719 francs
pour l'atelier cle couture dirigé par l"' Eiirmann et
à 1.489 francs pour l'atelier cle repassage dirigé par
Mme BARUET. Total z.209 francs (1).
En plus des apprenties qui travaillent par séries
régulières, 30 ont travaillé une heure par jour. 30
enfants savent faire complètement les layettes; 25 du
crochet; 2Q savent marquer; 15 savent faire la tapis-
serie ; 4 savent tricoter et 8 commencent à savoir
accomplir ce travail. Le tableau ci-après donne mois
par mois le nombre des apprenties régulières et
l'évaluation du travail.
(1) Ces ateliers, après prélèvement des salaires des deux maîtresses, les
permissions de sortie et les congés donnent un bénéfice notable iL l'Adminis-
tration de l'Assistance publique, sur le prix de journée payé par le Départe-
ment.
Visites, congés. CXXV;
C\SVI' VISITES, congés, li>;VACCI\ : 1T10N.
Bains et hydrothérapie. cxxvii
douches la Fondation. Quant aux bains, l'installa-
tion n'ayant pu fonctionner une partie de l'année,
nous avons dû nous servir des bains de Bicêtre. Les
bains de pieds ont été donnés également à Bicêtre où
il existe, nous tenons à le rappeler, une installation
rendant facile le lavage simultané des pieds d'un
grand nombre de malades; aussi avons-nous réclamé
une installation tout, iL fait semblable à la Fondation
Vallée dans le bâtiment neuf. Voici la statistique des
bains et des douches en 18\ : JU..
( : 1\VIII Maladies infectieuses.
poser à l'évasion des enfants (1) sur le mur de clôture
cle la dite cour. Surélévation du réservoir, devant
faciliter la distribution d'eau. Transformation des
cabinets de la cour des gâteuses avec application du
tout à l'égout. - Transformation des cabinets des
anciens dortoirs, système Croppi et le tout à l'égout.
Signalons aussi que, sur notre demande, des blouses
de toile ont été enfin données au personnel de l'inlir-
merie des enfants. - Notons enfin les travaux
entrepris pour le sous-sol du nouveau bâtiment.
Teigne. - Douze enfants ont été soignées au pavil-
Ion d'isolement de l'hospice de Bicêtre pour la tei-
gne.
Maladies infectieuses. Une épidémie de fièvre
typhoïde a sévi sur la Fondation Vallée et a porté
sur 10 enfants et une infirmière Milo Dur... Trois cas
ont été suivis de décès (voir p. 18). - Une épidémie
d'oreillons a également sévi et a porté sur 29 cas
dont deux infirmières. (Voir, 2"10 partie, p. 00.)
Le 17 octobre, un inspecteur cle la Préfecture est
venu demander à Milo Langlet, surveillante à la Fon-
dation, le nom du chef de service et de son interne,
prétextant n'avoir pas été avisé cle l'épidémie de liè-
vre typhoïde. Or, les cas ont été signalés au sur et à
mesure à la Direction de l'hospice de Bicêtre et le 3
octobre nous adressions à M. Napias, directeur de
l'Administration générale de l'Assistance publique,
la lettre suivante :
Monsieur le Directeur,
Il existe à la Fondation Vallée une épidémie de fièvre
(1) Il s'agit-là d'une nouvelle application du système de grillage, suppri-
mant les murs, que nous avons fait appliquer pour la première fois au pavil-
lon des cellules des enfants de Uicètre, puis Yitry, à l'Institut médico-péda-
gogique et (Lui à été choisi pour le 5^ Asile de la Seine.
Statistique . CLXIX
typhoïde ; le premier cas aurait été constaté le 18 septembre,
nous sommes au 7'' cas ; il y a eu deux décès.
Suivant mes indications en pareil cas, on a fait un prélève-
ment d'eau qui a été envoyé au laboratoire municipal. Je
crois qu'il serait bon d'en faire prélever de nouveaux échan-
tillons et de les envoyer au laboratoire du Comité d'hygiène,
nous pourrions comparer utilement les analyses. - Je vous
serai bien obligé aussi d'envoyer quelques instructions rela-
tives au prélèvement des eaux destinées à l'analyse et peut-
être de charger M. Berthoud, pharmacien delà maison, de ce
prélèvement.
Veuillez agréer, etc. l3oottVr.wtLL.
Une enfant a été également soignée au pavillon des
contagieux pour un érésypèle de la face.
Maladies intercurrentes. enfants sont entrées
il l'infirmerie atteintes de tuberculose : 1 de syphilis;
3 de congestion pulmonaire ; 4 de cachexie ; 6 pour
maux d'yeux, 14 pour gourmes, 23 pour diarrhée,
10 pour bronchite, 4 pour état de mal épileptique;
Notons enfin 3 enfants que nous avons été obligé
d'isoler et de soigner à l'infirmerie pour excitation
maniaque.
II.
Statistique. Mouvement de la population.
Le 1"'janvier 1899 il restait à la Fondation Vallée
189 enfants se répartissant ainsi :
eXxx Mouvement de la population.
uodi.-mcctité; 6 de cécité ; 2 étaient ruminantes : 3
(;Cltol;lli(1-ti es; 30 0 il 1 polydacl yle ; J fiai-
reuse ; li hémiplégiques ; '2 nlhélosiques; : 2 choréi-
lll,e8 - 12 paraplégiques et 7 diplégiques.
Voici le tableau du mouvement de la population
en 1899.
Personnel du service. cxxxi
¡);Vi1SiO/l ? - Comme les années précédentes, nous
n'avons pas eu d'évasion en 1899.
Transferts. - Ils ont été au nombre de 14 : 10 ont
été transférées à Villejuif, 1 à Clermont, une à la Sal-
pêtrière, une à Ville-Evrard et une il l'Asile de Tour-
nay.
Population au 31 décembre 1899. - Il restait à la
Fondation, le 31 décembre, 199 enfants, se décompo-
sant ainsi :
cxxxn décès,
CXXXIY 111;CT : S. --
cXxxn Décès.
FI.
1
i
12
Section ni. - Assistance des enfants idiots :
4° Création de classes spéciales, annexées ou non,
aux écoles primaires pour les enfants arriérés ; -
2° Secours à domicile.
1.
..1 Monsieur Chaules Dcl'UY, président du Conseil,
Ministre de l'intérieur.
Monsieur le Président,
L'Administration de l'Assistance publique de Paris
nous a transmis par l'intermédiaire de M. le Directeur
de Bicêtre une copie de la lettre que vous avez adres-
sée à cette Administration. Cette lettre est ainsi
connue :
Le Président du Conseil à .U. le Directeur de .
l'Assistance publique.
M. Torraca, directeur général de renseignement pri-
maire en Italie, a exprimé le désir d'avoir communication
des règlements adoptés en France pour les classes d'en-
fants arriérés, annexées aux écoles réglementaires.
Nos lois et nos règlements sur l'enseignement primaire
n'ont pas, vous le savez, prévu déclasses de cette nature .;
mais je vous serai oblige de me transmettre des rensei-
gnements détaillés a l'égard de l'instruction dans les
quartiers spéciaux de Bicètre et de la Salpêtrière. Ces
Assistance des enfants idiots. ' CXLII(
renseignements donneront satisfaction, dans la mesure
du possible, au voeu exprimé par M. 7'omaca.
Veuillez agréer, etc.
Le président du conseil,
Chaules Dupuy.
Tous les renseignements relatifs au fonctionnement
et à l'organisation de la section des enfants idiots,
arriérés et nerveux de l'hospice de Bicêtre sont consi-
gnés dans les Comptes-rendus que nous publions
chaque année depuis 1880.
En ce qui concerne les Classes spéciales qui
devraient être instituées soit séparément, soit comme
annexes des écoles ordinaires, elles sont encore, mal-
gré nos efforts incessants, à l'état de projet.
Après nous être borné à signaler au jour le jour dans
le Progrès médical et dans les Archives de neurologie
les tentatives faites à l'étranger, nous avons porté la
question devant la Délégation cantonale du Ve arron-
dissement : c'était en 1891. L'année suivante, nous
devions adresser à M. Léon Bourgeois, alors ministre
de l'instruction publique, une lettre ouverte sur l'or-
ganisation de classes spéciales pour les enfants atteints
d'arriération intellectuelle. Les événements nous ont
empêché de donner suite à cette idée.
Nous avons repris la question à la Délégation can-
tonale du V° arrondissement qui, sur notre avis, a de-
mandé à M. Foubert, inspecteur primaire, de faire
établir une statistique des enfants arriérés et indis-
ciplinés -des- écoles des Va. et V-11- arrondissements.
Cette enquête sommaire a montré qu'il y avait 83
enfants arriérés, 249 indisciplinés des deux sexes
C : XLIV Classes spéciales.
clans les écoles de ces deux arrondissements. Notre
proposition était donc justifiée. ..
Peu après, en juin 1.89u, nous avons signalé cette ré-
.forme au Congrès national d'assistance publique de
Lyon, en nous appuyant sur ce qui avait été réalisé
et sur les chiffres que nous venons de citer.
En décembre 1895, la Délégation cantonale du VU
arrondissement a discuté le Rapport qu'elle nous
avait chargé de rédiger et, après discussion, elle a
adopté notre conclusion ainsi formulée :
« La Délégation cantonale du VO arrondissement
émet le voeu qu'il soit créé dans quelques-uns des
arrondissements de Paris des classes spéciales pour
les enfants arriérés n'offrant ni perversion des
instincts, ni accidents convulsifs. »
Ce voeu a été transmis par le Président de la Délé-
gation, M. Albert Meurgé, à M. le Préfet de la Seine,
afin d'être soumis à la discussion des autres délégations
et à l'examen de la direction de l'enseignement (1).
Suivant nous, il s'agit là d'une réforme qui doit
intéresser, non seulement la direction de l'enseigne-
ment primaire mais aussi la direction des affaires
départementales d'où ressort le service des aliénés
et par conséquent les services d'enfants de Bicêtre,
de la Fondation Vallée, de la Salpêtrière et de la
colonie de. Vaucluse. C'est pourquoi nous l'avons
soumise à la Commission de surveillance des asiles,
à l'occasion de sa visite à Bicêtre le 2 juin 1896. Dans
(1) Ce rapport a été inséré dans notre Compte-rendu de Bicètre pour l'année
1895 (p. LVII-LVIII). ..
Classes spéciales. CULA
cette Vote nous réclamions la nomination d'une com-
mission spéciale et nous terminions par la proposition
suivante :
u La Commission de surveillance des asiles cl'alic>-
nés du département de la Seine émet le rn2a qu'il
soit créé près des écoles de la Ville des CLASSES
spéciales pour les enfants arriérés. »
Ce voeu a été voté par la Commission de surveil-
lance dans sa séance du 18 juin 1896.
Le voeu de la Délégation cantonale du V" arrondis-
sement avait été envoyé pour examen par le Préfet de
la Seine à M. Carriot, directeur de l'enseignement.
Le 11 avril 1896, deux mois avant la visite à Bicêtre
de la Commission de surveillance, M. Carriot, accom-
pagné de son chef de bureau, M. May, était venu voir
notre service. Il en était parti convaincu de l'utilité
des classes spéciales avec application du traitement
médico-pédagogique qu'il avait étudié avec soin. Et,
pour arriver à une solution pratique, le 12 septembre
il nous adressait une lettre dans laquelle il nous
annonçait sa volonté de « faire procéder au récolement
des enfants arriérés ou indisciplinés qui fréquentent
les écoles de la ville de Paris. » Il ajoutait :
« Pour que la nouvelle enquête à laquelle je me
propose, d'ailleurs, d'associer les médecins-inspec-
teurs, offre toutes les garanties possibles, je désirerais
que, dans la circulaire qui sera adressée aux maires
avec les procès-verbaux cle la Commission de surveil-
lance des asiles d'aliénés, se trouvât une définition
de ces mots arriérés et indisciplinés, avec indication
des caractères distinctifs et scientifiques de l'un et
de l'autre. »
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1899. ?
CYL1'I Assistance et éducation des idiots.
En terminant M. Carriot nous priait (I de vouloir
bien lui faire connaître en quels termes doivent être
rédigées ces définitions, afin d'enlever au personnel
enseignant toute incertitude. o C'est ce que nous avons
fait dans une lettre en date {'U 5 novembre 1896.
M. Carriot, peu après, fut mis à la retraite. Nous
avons envoyé à son successeur, M. Bedorez, les Notes
et Rapports dont nous venons de parler. Nous n'avons
pas appris que, jusqu'ici, il ait donné suite à l'idée
qu'avait acceptée avec empressement son prédéces-
seur.
Le 10 décembre de la même année, profitant de la
visite des membres de la H"10 Commission (Assis-
tance publique) du Conseil général, nous avons remis
à ses membres une Lettre (1) renfermant : 1° la Note
iL la Commission de surveillance ; 2° la Lettre de
M. Carriot et notre réponse. Cette seconde Lettre se
terminait ainsi : « Nous espérons, Messieurs, que vous
vous joindrez à tous ceux qui, déjà, ont reconnu l'uti-
lité de la réforme que nous examinons et que vous y
associerez le Conseil général en lui faisant désigner
quelques-uns d'entre vous pour la Commission qui i
ne manquera pas d'être nommée prochainement. »
Notre appel est resté sans écho. Avec une naïveté
digne d'un autre âge, nous sommes revenu a la charge
en remettant. le 7juin 1898, à la Commission de sur-
veillance des asiles et aux membres présents de l'Ad-
ministration départementale une nouvelle j'etlJ-C clans
laquelle nous décrivions avec détail l'organisation des
classes spéciales pour les enfants arriérés en Suisse,
en Angleterre et en Belgique.
(1) Lettre aux membres de la t- Commission fil( Conseil général de la Seine
ur la création de classes spéciales pour les enfants arriérés, 181/U.
Classes spéciales. CLV11
« Vous retrouverez, disions-nous en finissant, dans
les documents que nous faisons passer sous vos
yeux, toutes les raisons que nous avons invoquées
dans nos rapports, communications et lettres anté-
rieurs, pour justifier la création de classes spéciales
pour les enfants arriérés. Vous y trouverez aussi, ce
qui est d'une importance capitale, les preuves irrécu-
sables de l'utilité de ces créations et un résumé des
services considérables qu'elles rendent : aussi n'hési-
tons-nous pas à vous demander de renouveler votre
voeu en faveur de la création de ces classes sre-
ciales. »
La Commission cle surveillance a renouvelé son
voeu, le jour même.
La copie de votre lettre, M. le président du Con-
seil, m'est parvenue alors que je préparais une nou-
velle Note pour la visite à Bicêtre de la Commission
de surveillance des asiles d'aliénés, qui doit avoir lieu,
mardi prochain 16 niai. Elle contient des renseigne-
ments sur les ('lasses spéciales de la Prusse, d'après
les documents qui nous ont été communiques par
M. Bossée, ministre de l'instruction publique, des cul-
tes et clés affaires médicales et le dernier rapport sur
l'Ecole d'enseignement spécial de Bruxelles (1). Je
vous adresse;, en épreuves, ce nouveau travail, en y
joignait ! les précédents. Ces divers documents vous
permettront cle renseigner M. le Directeur de l'ins-
truction primaire en Italie, qui croyait peut-être
à des réalisations pratiques, sur les tentatives théorie-
ques faites dans notre pays.
En ce qui nous concerne, nous sommes heureux que
la demande de ce haut fonctionnaire étranger, qui
nous paraît plus curieux que ceux de chez nous, nous
(t) UaplJol'1 présenté au Conseil communal (de Bruxelles), en séance du 3
octobre 1898, par le collège des bourgmestre et échevins, p. 17.
CXLYIII Assistance et éducation des idiots.
ait fourni l'occasion cle vous édifier, sur une réforme
qui relève il la fois de votre ministère et du ministère
de l'Instruction publique.
En cette affaire, comme en bien d'autres, nous
aurions pu être les initiateurs et nous ne sommes
que les suivants.
Veuillez agréer, M. le Président du Conseil, l'assu-
rance de ma considération la plus distinguée.
Bicêtre, lui mai 1899.
li.)Ull\1 ? 'ILL1 : . 1 ?
Création de Classes spéciales pour les
enfants arriérés.
Nouvelle NOTE à MM. les Membres de la Commission
de surveillance des asiles de la Seine.
Mus ciiehs Collègues,
A votre dernière visite à Bicêtre, nous vous avons
remis une Seconde Note sur la création de classes
spéciales pour les enfants arriérés, annexées ou non
aux écoles primaires. Elle renfermait des renseigne-
ments détaillés sur le fonctionnement cle ces classes
en Suisse, en Angleterre et en Belgique. Comme
vous avez pris en sérieuse considération notre propo-
sition et que vous l'avez faite vôtre, nous avons cru
ne pas trop vous importuner en vous faisant part,
aujourd'hui, pour la première fois, des documents
qui nous sont parvenus sur l'organisation de ces
classes en Pn18se et de renseignements complémen-
taires sur leur fonctionnement, en Belgique.
L'an dernier nous avons reçu dans notre service
M. VoN 13LtTSCH, directeur du Département médical au
Ministère des Cultes, et M. le professeur Dr D.wTZ,
délégués du ministre des Cultes et des Affaires Médi-
cales de Prusse, M. Bossée.
Peu après leur retour chez eux, ce haut fonction-
CL Assistance et éducation DES IDIOTS.
naire nous a adressé une lettre (le remerciements,
pour les explications que nous avions fournies il ses
délégués sur l'organisation et le fonctionnement de
la section des enfants.
Nous souvenant de ces circonstances, nous avons
demandé à M. Bossée, de hien vouloir nous faire con-
naitre ce qui existait en Prusse, au sujet des classes
spéciales pour les enfants arriérés. Ce sont les rensei-
gnements qu'il nous a fait transmettre qui constituent
la première partie de cette nouvelle Note (1).
S f. Prusse.
1.
Berlin, le 27 octobre 1892.
il ux ! 7°nvernew's et conseillers royaux d'Instruction
publique des provinces.
Je n'ai rien il ajouter au rapport du gouvernement royal
en date du 17 juin courant, si ce n'est en ce qui concerne
les classes spéciales où sont enfermés les enfants en retard
sur leurs condisciples. Beaucoup d'élèves, ce n'est pas
douteux, soit par suite de maladie, soit par manque de
surveillance de la part des parents, soit pour tout autre
motif, ne peuvent arriver aux divisions supérieures de leur
école. Ce nombre est d'autant plus élevé, que plus nom-
breuses sont les divisions. Cependant la progression cons-
tante des écoles, pousse à la création de divisions de plus
en plus nombreuses, bien que les règlements n'autorisent
que six classes par école. Il est nécessaire de tenir compte
de l'obligation que nous avons d'éduquer ceux des enfants
qui restent en arrière de leurs camarades. Les classes où
on les enferme, telles qu'elles existent en divers endroits,
(1) Nous en devons la traduction il M..1. IIoyeb. professeur il l'Institut
médico-pédagogique, à Vitry-snr-Seine.
Classes spéciales eu
ne constituent pas le moyen rationnel de remplir cette obli-
gation.
Au contraire, ces classes-geôles, ainsi organisées pré-
sentent un double danger pour l'école. D'abord le travail
de l'élève, comme celui du maître, se trouve entravé. Les
enfants qui y sont relégués reçoivent un enseignement
incomplet, plein de lacunes, et leurs travaux dégénèrent
rapidement en travaux de mémoire purement mécaniques ;
d'un autre côté les maîtres ont fatalement la tendance il ne
leur réserver qu'un enseignement d'un niveau inférieur,
ce qui les vend plus paresseux, alors qu'il faudrait les
exciter. Ces inconvénients s'aggravent tous les jours.
Et pourtant ils sont rares les enfants que l'inapplication
seule fait ainsi reléguer. Le plus grand nombre ne le sont
que par suite do maladie, ou par suite de la situation de
fortune de leurs parents, et par conséquent sans qu'il y ait
de leur faute. On en trouve parmi eux, qui, pour le courage
avec lequel ils tâchent d'aider leurs parents dans le travail
qui est le gagne-pain de la famille, 'pourraient être donnés
comme modèles aux autres enfants. Leur réiegation dans
les classes-geôles, hors de la société de leurs condisciples,
les amoindrit aux yeux de ces derniers, aussi Unissent-ils
par se considérer eux-mêmes comme des écoliers de
deuxième ordre. Celte constatation les décourage, souvent
d'une façon amère ; il en résulte qu'ils se relâchent dans
leur façon d'agir, et que, l'expérience nous le montre, leur
conduite dans ces classes séparées prêtent de plus en plus
à la critique.
Une fois sortis de l'école, ces malheureux parias se
trouvent il chaque instant entravés; pourquoi ? parce que
leurs maîtres ne leur ont pas fait les mêmes avantages
qu'aux autres enfants. De sorte que la façon de se servir
de ces classes de velégation constitue un véritable danger
social.
Pour poursuivre le but dont il s'agit, il faut une organi-
sation spéciale et non une organisation qui se rapproche
en partie de celle des écoles ordinaires. Les observations
générales concernant la façon de procéder et la méthode
des écoles publiques, (circulaire du 15 octobre 1872), ne
pcrme ! tentpasfwul(l11enL niais exigent que dans les écoles .
CLII Assistance ET éducation DES IDIOTS.
pourvues de plus d'une division de cours supérieur, le pro-
gramme scolaire soit solidement posé, et que chaque classe
n'ait qu'à aggrandir et il approfondir les matières acquises
élémentairement dans la classe précédente. On ne doit t
jamais réserver pour la classe suivante du cours supérieur
la connaissance d'unc matière importante du programme,
dont elle est le complément. Un coup d'oeil jeté sur le pro-
gramme de l'enseignement moyen suffit pour reconnaître
que l'enfant doit déjà, dès cet enseignement, acquérir les
connaissances les plus indispensables et l'adresse dont il
aura besoin dans la vie. Ce n'est pas obéir à ce principe
que de ne pas faire acquérir à l'enfant une science propor-
tionnée dans chacune des classes successives de l'm1spi-
gnement moyen.
Je sais bien que cette conception est posée en principe
dans la plupart des endroits du gouvernement cantonal
de cette région. J'en vois aussi la réalisation plus lointaine
Je vous demande des renseignements précis sur ce qui
se fait dans votre province, en même temps que vos
réflexions.
Signé : Au Conseil royal de Dusseldorf.
Le Conseil royal et le Conseil scolaire de la région
doivent en conserver copie pour en prendre connaissance
et en tirer profit.
Bossée.
II.
Berlin, le il novembre 9892.
Aux conseils supérieurs royaux et au conseil scolaire
royal de la région, en ville.
Il existe dans cette région en différents endroits, il. côté
des écoles publiques, et en dehors des écoles pour enfants
moins bien doués que les autres, mais normaux par ail-
leurs, écoles dont j'ai parlé dans ma circulaire du 27 mars,
il existe encore, dis-jc, des établissements d'enseigne-
Classes spéciales. CLIII
ment pour les enfants faibles d'esprit, qui n'étant pas
assez atteints pour être internés, paraissent incapables
de participer à la vie et aux travaux des écoles publiques.
Ces classes particulières, qu'il ne faut pas confondre avec
les classes d'idiots, ne présentent pas les mêmes incon-
vénients, signalés dans la circulaire susnommée à propos
des classes dites de relégation, étant donné que chez elles
on procède suivant une méthode spéciale, un plan parti-
culier, et que l'admission des enfants dans ces classes
n'est prononcée que sur le vu d'un certificat authentique
délivré sous la responsabilité d'un médecin.
Pour pouvoir, d'une part, embrasser d'un coup d'oeil
d'ensemble la propagation et l'activité de ces établisse-
ments, et pour être d'autre part en mesure de prévenir
des organisations scolaires non appropriées, et d'y appor-
ter les modifications nécessaires, je désire recevoir du-
conseil royal un renseignement sur ce point, et savoir
quelles sont les écoles, publiques ou privées, qui reçoi-
vent dans votre district les enfants anormaux soumis par
leur âge à l'obligation scolaire. Il faudra me dire à propos
de chaque école, le nombre de maîtres titulaires et leur
situation, le nombre de classes, d'élèves dans chaque
classe (nombre réel et maximum^, m'indiquer comment
se fait l'admission et le renvoi, de quelle façon sépare-t-on
les sexes, sur quels points la discipline et le programme
d'enseignement se distinguent de ceux des écoles publi-
ques ; et surtout préciser les méthodes scolaires, jusqu'où
va le programme particulier de chaque classe, quels sont
les moyens employés, les livres, etc.
A laisser de côté les classes dites de relégation, dont je
ne me suis pas occupé dans ma circulaire du 27 mars,
ainsi que les maisons où sont internés les idiots. Au reste
pour me fournir les renseignements que je réclame du
conseil royal, de façon à me satisfaire, on devra se repor-
ter aux communications que j'ai précédemment faites sur
les écoles dont il s'agit. Je veux parler du rapport fait en
mars dernier.
Signé : Au Conseil royal de Dusseldorf.
Le Conseil royal et le Conseil scolaire de la région
! 'L1V Assistance ET éducation des idiots.
doivent en conserver une copie pour en prendre connais-
sance et en tirer profit.
P01.¿¡' amplialiml, '
` Kug-lem.
111.
Berlin, le 16 juin 1891.
Au Conseil royal de ...
D'après les rapports qui ont été adressés par les Conseils
royaux conformément à ma circulaire du 1 i novembre 1892
sur les établissements organisés pour recevoir dans un but
d'instruction les enfants faiblement doués soumis par leur
âge il l'obligation scolaire, il existe déjà en ce moment de
ces établissements dans 18 villes, ainsi que le montre en
détail le tableau synoptique annexé ci-après. Tandis que
l'an dernier, clans mainte classe, les enfants moralement
abandonnés étaient encore mêlés aux faibles d'esprit, il
se trouve actuellement, après le retrait des premiers, dans
les classes dont nous nous occupons, des enfants qui,
pendant un an ou deux qu'ils ont fréquenté l'école publi-
que, ont montré que, s'ils étaient susceptibles de recevoir
un enseignement quelconque, ils n'étaient pas assez bien
doués pour tirer bénéfice d'un travail en commun avec les
normaux. Les constatations faites jusqu'à cejour ont établi
que, au point où en sont les choses, il existe partout des
enfants relevant d'une organisation scolaire toute spéciale,
et que d'une façon générale, ces enfants se sont améliorés
d'une manière surprenante dans ces écoles appropriées.
L'intervention du médecin est d'une importance capitale
quand il s'agit de catégoriser un de ces enfants, chez
lequel une malformation physique, ou une maladie chro-
nique en relation intime avec l'arrêt du développement
intellectuel est à traiter. Cette intervention est particu-
lièrement importante pour suivre avec une rigoureuse
Classes spéciales. clv
sollicitude toutes les étapes du développement chez cha-
que enfant. D'un autre côté l'intervention du médecin
est une garantie pour que ces admissions parmi les
enfants qui ne sont pas assez développés intellectuelle-
ment pour recevoir l'instruction normale, ne soient pas
limitées.
L'accueil fait kt ces classes a été presque unanimement
favorable, et dans la plupart des grandes villes, les auto-
rites scolaires et municipales ont commencé il y participer
avec un véritable empressement. Dans ce but les établis-
sement ont été en maints endroits agrandis de nouvelles
classes, la population scolaire a été fixée il un maximum
de 2 : 1 élèves par classe, et de plus, pour attirer dans ces
classes d'assistance des maitres et des maîtresses d'une
instruction solide, on a alloué des rémunérations raison-
nables qui viennent s'ajouter au modeste traitement de
l'Etat. La dernière dénomination de « Classes d'assistance
pour enfants faiblement doués » convient bien pour indi-
quer aux parents intéressés ce à quoi elles sont destinées.
Dans beaucoup de ces classes l'enseignement est moyen.
Là où il existe un système scolaire il plusieurs degrés, il
va de soi que le programme pour chaque degré est bien
inférieur a celui des écoles publiques correspondantes, de
même qu'en aucun endroit dans les divisions les plus éle-
vées le programme ne dépasse pas le niveau moyen des
écoles normales populaires. La plupart des programmes,
consciencieusement élabores, montre bien qu'on a tenu
compte du but particulier de ces établissements tant dans
la limitation précise que dans le choix des matières d'en-
seignement proposées. Tout ce qui exige plus particuliè-
rement un effort intellectuel est laissé il juste titre de
côté, pour céder la place h tout ce qui peut développer
l'adresse corporelle et l'habileté pratique.
Abstraction faite de la ville de Berlin, les classes pour
enfants faiblement doués, sont dans toutes les villes nom-
més au tableau ci-joint, des organisations publiques et
communales.
Particulier au Conseil royal d'Erfurt. D'après
le rapport fait par le Conseil royal de votre région
CLVI Assistance ET éducation des IDIOTS.
le 18 février de cette année, les organisations scolaires
pour les enfants faiblement doués dans les villes d'Er(lurt
et de Nordhausen fonctionnent d'une façon satisfaisante.
Dans cette assistance qui écheoit à ces établissements
sous la surveillance des autorités municipales, le mérite
des résultats obtenus doit revenir aux maîtres parfaite-
ment préparés it ce travail. D'un autre côté, on ne peut
nier que des classes séparées pour les enfants anormaux
aussi habilement organisées atteignent complètement
leur but et deviennent de véritables établissements de
bienfaisance pour ces malheureux enfants.
Puisque je recommande les établissements à une plus
large sollicitude de la part des Conseils royaux et que je
me réserve de demander plus tard un rapport plus détaillé
sur leur développement, je confie aux Conseils royaux le
soin d'exprimer en mon nom aux maîtres de ces établis-
sements mes félicitations.
Particulier aux Conseils raya nx de Hanovre et de
11% ie.slaclez. - D'après le rapport fourni par le Conseil
royal de Hanovre le 21 lévrier, et de Wiesbaden le 2(i
février courant, les organisations scolaires pour enfants
faibles d'esprit de Hanovre et de Francfort sont compo-
sées de G divisions. Je suppose que ces subdivisions plus
nombreuses que d'habitude, qui en général exigent pour
l'enfant un changement de classe annuel, n'ont pas la
même organisation que dans les écoles publiques, où,
dans la grande majorité des cas l'enfant doit les suivre
une par une. Je pense au contraire que les diverses divi-
sions doivent être proportionnées au degré de perfec-
tibilité de chaque enfant, de sorte que seuls arrivent aux
classes supérieures ceux d'entre eux qui se sont montrés
perfectibles, tandis que les autres, étant donné la médio-
crité de leurs aptitudes, restent en arrière dans les classes
précédentes. L'établissement doit être conforme aux
degrés de perfectibilité très différents dans la réalité que
présentent les enfants anormaux, présenter des divisions
en rapport avec ces degrés, et ne pas perdre de vue qu'il
y aura dans chaque classe des enfants qui y resteront
jusqu'à la fin de leur scolarité. De là, la nécessité d'établir
Classes spéciales. clvii
partout le programme scolaire de telle sorte qu'une
limite précise puisse, être fixée dans chaque division
pour chaque branche d'enseignement. Bien que l'on
tienne certainement compte dans les écoles susdites des
remarques que je viens de faire il tous les points de vue,
je recommande ces quelques conseils il cause de leur
importance, à l'attention particulière du Conseil royal :
on évitera ainsi de surmener des enfants déjà faibles,
de retarder leur développement, et enfin, s'ils sont suffi-
samment améliorés, de les retenir inutilement loin des
écoles publiques ordinaires.
Pour ampliation,
111(;Llilt.
IV.
Lierlin, le 13 janvier 1896.
Pour faire suite iL ma circulaire du 16 juin 1894, je
recommande aux conseils royaux de me faire un rapport
rigoureux sur les organisations scolaires pour enfants fai-
blement doués, autrement dit sur les classes d'Assistance,
et de me fournir tous les renseignements qui me permet-
lront de faire un tableau comparatif tel que celui qui a
déjà été fait. Toutes les classes spéciales, tous les systè-
mes scolaires sont à citer, pourvu qu'ils nient été organi-
sés en vue d'enfants faiblement doués, qu'ils soient ou
non annexes aux écoles publiques, qu'ils présentent un
caractère public ou privé. Il faudra aussi me dire par qui
ont été fondés les établissements en question, et quelle est
l'administration qui les dirige.
11 s'agit des enfants qui ne peuvent avec fruit participer
aux travaux des écoles publiques, mais qui sont cepen-
dant en état de fréquenter une école : les maisons d'in-
ternement, ainsi que les établissements pour idiots, sont
à laisser de côté, pour le moment.
1
> ! !
1
9 ^
p
1
5
q ? dM ? M ? M ? b ? à
l'obligation scolaire. (Circulaire du 14 Novembre 189°,J - ' -
CLX Assistance ET éducation des idiots.
Dans les plus anciennes classes d'Assistance les maîtres,
ont ouvert sur chaque enfant et sur les diverses phases
de son développement d'un semestre à l'autre un livre
soigneusement tenu. Les conseils royaux devront me dire
dans quels établissements de leur district un travail aussi
méritoire se fait. Une opinion de principe n'est pas néces;
saire à la communication, mais ce que je désire c'est que
l'on me fasse part de ce qui s'est fait jusqu'à présent. Les
renseignements que je demande; sont les suivants : y-a-t-il
eu des enfants qui ont dû quitter l'école publique pour
aller à une classe inférieure; en cas d'affirmative, com-
bien y en a-t-il eu, quel était leur âge, il quel degré d'en-
seignement appartenaient-ils ? de plus, y a-t-il eu des
enfants, qui paraissaient au début susceptibles d'amélio-
ration et qui ont dû ensuite être placés dans les asiles
d'idiots; enfin y a-t-il eu des enfants qui par suite de l'ap-
parition de l'épilepsie, ont dû être retirés des classes d'As-
sistance.
Pour ampliation, .
V. l31tI : W ;s.
V.
It- ' ! 8 août IN9N.
.l'adresse aux Conseils royaux, comme suite il ma cir-
culairc du 16 juin 18 ! )i, un tableau d'ensemble sur l'état
actuel de renseignement des enfants faiblement cloués
dans des écoles spéciales. Ainsi que le montre le dévelop-
pement de ces classes d'Assistance, cet enseignement a
pris la plus haute importance. Le nomhre total des enfants
reçus dans ces écoles s'élève il 2.017, tandis qu'il n'était
environ que de 700 en 1894. A côté des excellents résul-
tats qu'on ne peut plus nier aujourd'hui, nous devons par-
ticulièrement nous féliciter de voir fléchir tous les jours
cette antipathie que les parents professaient autrefois à
l'égard de la séparation de leurs enfants faiblement cloués
en dehors de l'école publique.
Classes spéciales. CLXI
Tout en comptant sur la sollicitude toute particulière
des conseils royaux pour aider il la prospérité de cette
oeuvre, et sur les impositions généreusement volontaires
de beaucoup de villes en rapport avec leurs ressources,
je me réserve d'établir plus tard un réglement sur cette
affaire.
Pour ampliation.
V. Brennus.
Ces circulaires sont très instructives. Elles montrent :
1" que, en Prusse, l'obligation de l'instruction primaire
pour fous les enfants, n'est pas un mot de « programme
politique », mais une réalité; 2° que dans les classes
que nous réclamons on fait une place importante,
« à tout ce qui peut développer l'adresse corporelle et
l'habilité pratique )) c'est-à-dire, aux exercices phy-
siques et à l'éducation de la main ; - 30 que ces classes
« habilement organisées, atteignent complètement leur
but et deviennent de véritables établissements de bien-
faisance » ; 4° que « l'antipathie manifestée autrefois
par les parents à l'égard de la séparation de leurs
enfants arriérés des enfants normaux et leur placement
dans les classes spéciales » diminue de jour en jour ».
Signalons entin le « livre soigneusement tenu » ouvert
sur chaque enfant et les instructions relatives à la
possibilité de l'apparition chez les arriérés de l'épi-
lepsie, la « bête noire des idiots » de toute catégorie.
§ Il. BELGIQl'E.
Durant les vacances de Pâques, M. Emile LAcitoix,
Directeur de l'Ecole cL'enseignerrten t spécial de la Ville
de Bruxelles, est venu voir notre service. Sachant les
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1899.
CLX(I Assistance et éducation des idiots.
efforts que nous faisons pour obtenir la création des clas-
ses spéciales pour les enfants arriérés, dans notre pays,
il s'est mis à notre disposition pour nous tenir au courant t
du fonctionnement de ces classes à Bruxelles. Il a tenu
sa promesse en nous envoyant le rapport du bourg-
mestre et des ecbcvins sur le budget cle l'Instruction
publique. Nous en extrayons le passage relatif au sujet
qui nous occupe.
Ecole d'enseignement spécial N° 3 A.
Les premiers mois de l'existence de l'école des enfants
arriérés ont été consacrés il l'organisation de l'institution.
Le personnel enseignant et médical de celte école se trou-
vait, en effet, devant une population dont les besoins ne
lui étaient connus que dans les grandes lignes. Il s'est
donc d'abord attaché il observer et à étudier les élèves ;
c'est après seulement, que le directeur et les médecins
ont pu, de commun accord, prendre les mesures comman-
dées par les nécessites spéciales de celte population.
Actuellement on peut considérer l'organisation de l'école
d'enseignement spécial comme étant définitivement arrê-
tée. En premier licu, il a fallu s'occuper d'adopter le pro-
gramme de l'enseignement et l'emploi du temps aux apti-
tudes physiques et intellectuelles des (''levés. La somme
des notions scientifiques il leur inculquer a été notable-
ment réduite, tandis qu'un temps beaucoup plus long-
que dans les écoles primaires ordinaires a élé réservé
aux exercices physiques. De sorte que sur vingt-neuf
heures un quart de présence hebdomadaire il l'école :
Onze heures et demie sont consacrées il l'éducation
physique (travaux manuels, gymnastique, excursions,
récréations).
Six heures il l'éducation scientifique (calcul, système
métrique, formes géométriques ! .
Trois heures il l'éducation esthétique (chant, dessin,.
Sept heures et demie il l'éducation littéraire, civique
ctmorale (lecture;, intuition cl langage, deuxième langue).
Il n'a pu être question évidemment de déterminer un
- Classes spéciales. ' CLXIII
programme minimum. Les élèves étant tous anormaux,
il est impossible de prévoir quelle est la somme de connais-
sances qui pourra leur être inculquée. Le directeur et l'ins-
tituteur de chaque classe arrête de commun accord les
grandes lignes de l'enseignement; il appartient alors à
l'instituteur d'en régler les détails d'après les éléments
qui forment sa classe.
De l'étude à laquelle ont été soumis tous les élèves est
résultée la nécessité de les classer en deux groupes prin-
cipaux : 1° celui des élèves passifs, 2° celui des inclisci-
planés.
Chacun de ces groupes devait évidemmment être sou-
mis il un régime spécial. Il a donc été formé deux séries
de classes parallèles, les unes à régime doux, les autres
il régime sévère. Ce n'est que dans la 4me et 5me années
d'études que la scission n'a pas été continuée et que les
deux groupes sont réunis sous un même maitre.
Mais la nécessité de la grande individualisation de l'en-
seignement a encore amené un deuxième classement plus
spécial, dans lequel il a été tenu compte des particularités
psychiques ct morales des élèves. Pour cette raison, plu-
sieurs classes ont été dédoublées de manière à ne réunir
sous un môme instituteur que les enfants présentant
entre eux le plus d'analogies.
Tous les élèves placés dans les classes dont il a été
question ci-dessus sont des enfants chez qui, comme c'est
le plus généralement le cas, les anomalies n'apparaissent
qu'à l'âge de 8, 9 ou 10 ans. Mais il existe un certain nom-
bre d'enfants chez lesquels l'atrophie ou plutôt la paresse
cérébrale se manifeste dès l'âge de 5 ou 6 ans. Au moment
où ils devraient fréquenter l'école primaire, ils présen-
tent tous les caractères d'enfants beaucoup plus jeunes.
Seul le régime frocbelien leur convient, mais leur âge
ne leur permet plus de fréquenter les jardins d'enfants
ordinaires. C'est pourquoi une classe à régime doux, éta-
blissant la transition entre l'école gardienne et l'école pri-
maire, a été créée et confiée di une institutrice. L'ensei-
CLX¡1' Assistance ET éducation DES idiots.
gnemént y est complètement individualisé. Actuellement
l'organisation de l'école peut être représentée par le
schéma suivant : ?
A la fin mai de cette année, ces classes étaient occupées
par un chiffre total de 246 élèves/ dont :
Classes spéciales. CLY4'
16 élèves ont été acceptés pour causes disciplinaires
(élèves qui doivent être soumis à un régime spécial
et qui sont des éléments de trouble dans les classes
normales ! .
4 élèves ont été acceptés pour faiblesse d'esprit (arrié-
res médicaux ! .
1 : 3G élèves sont des arriérés pédagogiques purs.
50 élèves sont des arriérés pour des causes qu'il n'a pas
été possihle de déterminer avec une exactitude suffi-
sante.
246 élèves.
De l'examen des dossiers des arriérés pédagogiques
purs, il résulte que :
23 sont arriérés pour fréquentation irrégulière due à la
maladie.
40 sont arriérés 'pour fréquentation irrégulière due à la
négligence des parents.
si sont arriérés pour fréquentation irrégulière due à
des causes diverses.
69 arriérés pour fréquentation irrégulière.
6 sont arriérés pour manque de fréquentation dû à la
maladie.
9 sont arriérés pour manque de fréquentation dû à la
négligence.
15 sont arriérés pour manque de fréquentation.
52 sont arriérés pour cause de retard dans la marche
des études.
136 arriérés pédagogiques purs.
Sous le rapport de Y âge des élèves la situation était la
suivante il la fin du mois de mars dernier :
CLIVI Assistance ET éducation DES IDIOTs.
Classes spéciales. CLXVH
déterminé - suivant ainsi l'exemple donné par les écoles
d'arriérés de Londres (1) - il faire accompagner sur le
piano les exercices de gymnastique enseignés aux élèves
de l'école 3 A. L'essai fait a produit les meilleurs résul-
tats.
Parmi les enfants admis à l'école n° 3 A un grand
nombre nous avons dû le constater avec peine ne
reçoivent pas chez eux les soins de propreté les plus
élémentaires. C'est pourquoi, dès le début, nous avons
attaché à l'école un coiffeur chargé de l'entretien de la
chevelure des élèves. Ce service est organisé de telle sorte
([ue le lourde chaque élève revient tous les quinze jours.
Le résultat de cette mesure a été la disparition complète
des maladies du cuir chevelu, d'abord très-répandues
parmi la population de l'école. Nous avons aussi reconnu
bientôt la nécessité d'un service de bains-douches, quatre
cabines ont pu être installées, à très peu de frais dans des
locaux restés jusqu'alors inutilisables. Grâce à la bonne
organisation du service, chaque enfant prend deux
hains par semaine-
Grâce -IL ces mesures, les élèves de l'école n° 3 A ont
pris des habitudes de propreté qu'il leur sera bientôt
dillicile d'abandonner, nous en sommes convaincus. Leur
santé s'est améliorée et enfin l'aspect des classes qui, au
début était même repoussant parfois, s'est complètement
transformé (2).
Aujourd'hui que l'école d'enseignement spécial fonc-
tionne depuis plus d'un an, nous pouvons constater qu'elle
a déjà produit d'excellents résultats.
Nous venons de rendre compte de la complète transfor-
mation qui s'est opérée parmi les élèves sous le rapport
de l'hygiène. Au point de vue moral, l'amélioration n'a
(1) C'est ce qui se fait depuis bien des années à Ilicetre : exercices au tam-
bour, avec la fanfare ou accompagnes de chants.
( ? ) Dam notre service de Bicêtre, en 1898, il a été donné M. 181 bains, 10;1;)0
bains de pieds et 08.528 douches.
CLXVIII Assistance et éducation DES IDIOTS.
pas été moindre. Soumis à un régime sévère, inflexible,
mais empreint néanmoins de bienveillance et d'esprit de
justice, les indisciplinés s'habituent à l'obéissance, au
respect de l'autorité ; les accès de colère diminuent, les
icas de révolte disparaissent, le caractère s'adoucit.
' D'autre part, les absences, particulièrement nombreuses
' parmi cette population et qui au début étaient d'une
' .fréquence telle que certaines classes en étaient parfois
désorganisées, diminuent notablement, grâce à l'énergie
avec laquelle le directeur lutte contre l'insouciance et
souvent la complicité des parents.
Enfin, sous le rapport intellectuel, les résultats sont
également des plus satisfaisants. Grâce il la patience, à
la persévérance, à l'esprit de méthode qu'il met dans
l'accomplissement de son ingrate mission, grâce aux
conseils de MM. les docteurs de Moor et Daniel, le per-
sonnel enseignant est parvenu à stimuler l'activité céré-
brale chez les uns, à la réveiller chez les autres.
Dès à présent, nous pouvons augurer que la grande
majorité des élèves qui auront parcouru les classes de
l'école N° 3 A, arriveront, s'ils persévèrent dans les bonnes
habitudes prises, à se frayer honorahlement leur chemin
dans la vie, au lieu de tomber à la charge de la bienfai-
sance publique ou d'échouer au dépôt de mendicité,
alternative qui paraissait d'abord inévitable (1).
Voilà des faits. Les résultats sont indiscutables.
Il nous semble donc que le moment est venu enfin,
pour le Conseil municipal et l'Administration départe-
mentale, de procéder à l'organisation de classes
spéciales pour les enfants arriérés, en nommant une
commission chargée d'examiner le programme. Cette
commission pourrait être composée de Conseillers
municipaux, de membres de la Commission de sur-
veillance, de délégués de la Direction de l'enseigne-
ment et de la Direction des affaires départementales.
(1) Voir pour renseignements plus complets la brochure contenant le
rapport médical de les docteurs De Moor et Danien.
Classes spéciales. CLXIX
Pour hâter la solution, nous vous prions, mes chers
collègues, cle bien vouloir renouveler pour la seconde
fois, le voeu que vous avez émis précédemment.
BOUIINE-11,LU.
Bicêtre, 16 mai 1899.
La Commission de surveillance a émis un vote conforme
dans sa séance du 30 mars.
Organisation de secours a domicile pour les enfants
idiots et arriérés. Rapport A la Commission de SUR-
. YEILLANCE DES ASILES; D'ALIÉNÉS DE LA SEINE.
Par TOURNE VILLE
L'ordre du jour appelle la lecture du rapport de
M. le Dr Bourneville sur l'organisation des secours il
cl.onicile lotcr les enfants idiots ou arriérés. (11
Messieurs,
Le département de la Seine, par son Conseil géné-
ral et l'Administration préfectorale, a fait des efforts
sérieux pour organiser l'assistance de la catégorie la
plus nombreuse, des enfants anormaux ou atteints de
maladies chroniques du système nerveux : idiots,
arriérés, épileptiques et aliénés. Il dispose, en effet,
à l'heure actuelle do :
250 lits à la colonie de Vaucluse ;
453 lits à Bicêtre ;
200 lits iL la Fondation Vallée ;
162 lits à la Salpêtrière, soit, au total. 1.065 lits.
Malheureusement, par suite de l'accroissement de
la population de Paris et des communes suburbaines
et enfin à cause de la progression de l'alcoolisme, le
nombre des places disponibles pour ces enfants dés-
hérités est devenu tout iL fait insuffisant : les servi-
(1) Procès-verbal de la séance du do.
SECOURS A domicile. CLXXI
ces spéciaux sont encombrés et de nombreux enfants,
inscrits il l'asile Clinique, attendent pendant des mois,
même plus d'une année, leur tour d'être placés. Nous
sommes en face aujourd'hui des mêmes besoins qui
existaient en 1884 : demandes nombreuses, insuffi-
sance des lits, et qui ont motivé alors un arrêté de
M. le préfet Poubelle. Cet arrêté était ainsi conçu :
.'
LE Préfet de la Seine,
Vu la délibération du Conseil général de la Seine, en date
du 31 décembre 1883, autorisant, en cas d'encombrement ou
d'épidémie dans les asiles ou quartiers d'hospice de la Seine,
la remise à leurs familles, après avis du médecin chef de
service, des enfants idiots ou arriérés indigents, moyennant
l'allocation d'un secours de 1 fr. 50 à .2 francs par jour payable
mensuellement par imputation sur le sous-chapitre VII, art
1er, du budget départemental ; - vu également la délibération
en date du même jour, par laquelle le Conseil général, afin
de ne pas obliger les familles bénéficiaires de la mesure a
sortir de Paris, a inscrit, tant en recette qu'en dépense, pour
le payement de ces secours : in au budget additionnel de
l'asile Clinique (Sainte-Anne), pour l'exercice 1883, un crédit
de 2.000 francs ; 2° au budget du môme établissement, pour
l'exercice 1884, un crédit de 30.000 francs ;
Vu le rapport du sous-directeur des Affaires départemen-
tales, en date du 18 février 1884 : - sur la proposition du
Secrétaire général de la Préfecture ;
Arrête :
Article premier. Des secours de t fr. 50 à 2 francs à
allouer par jour aux familles des enfants idiots ou arriérés,
dans les conditions susindiquées. seront attribués par déci-
sion préfectorale.
A 11'1'. 2. - La remise des enfants aux familles sera effectuée
par le directeur de l'asile sur certificat délivré par le médecin-
chef de service. Il en sera immédiatement donné avis il
l'Administration. i.
AnT. 3. - Cette remise sera essentiellement provisoire.
Anar. 4. Les enfants seront amenés, au moins une fois
par mois, à des jours et heures indiqués aux familles par le
directeur de l'asile Clinique (Sainte-Anne), d'accord avec le
fLSXII Assistance des enfants arriérés.
médecin répartiteur, au bureau d'admission de l'asile, ou ils
seront soumis à la visite do M. le docteur Magnan, qui déli-
vrera un certificat aux familles. - Les secours seront payés
la sortie de celle visite et sur le vu de ce certificat.
Art. 5. En outre, les enfants seront visités au moins une
fois par mois et à des époques déterminées, par un médecin-
inspecteur, auquel les indications nécessaires seront four-
nies par le directeur de l'asile Clinique, et qui devra adres-
ser son rapport à l'Administration.
Art. 6. - \(. le docteur Respaut. ancien interne des asiles
de la Seine, est chargé de la visite domicile des enfants
idiots ou arriérés ainsi secourus. Il recevra, à cet effet, une
indemnité de 100 francs par mois.
Art. 7. - Les secours aux familles et l'indemnité au méde-
cin visiteur seront ordonnancés par le directeur de l'asile
Clinique sur l'article Secours domicile, et remboursés audit
établissement par imputation sur le sous-chapitre VII, art.
1 ? du budget départemental.
ART. 8. - Les enfants repris par leurs familles ne pourront
figurer de nouveau au décompte des frais de séjour que sur
l'autorisation préfectorale.
ART. ! I. - Les secours accordés seront mensuellement
payés sur le vu : 1° de la décision préfectorale qui aura fixé
la quotité des secours ; 2° du certificat du médecin chargé du
service de la répartition à l'asile Sainte-Anne, constatant que
l'enfant a été régulièrement amené iL sa visite.
ART. 10. - Les sommes mensuellement payés, soit pour
indemnités de déplacement, soit pour secours auxdites famil-
les, seront sur états nominatifs trimestriels remboursés à
l'asile Sainte-Anne, par imputation sur le sous-chapitre VII,
art. 1er, du budget départemental.
ART. -1 t. - Le sous-directeur des affaires départementales
est chargé de l'exécution du présent arrêté qui sera notifié :
1° au Directeur de l'Assistance publique ; 2" aux directeurs et
aux médecins des asiles d'aliénés de Is Seine.
Cet arrêté aurait été appliqué pendant quelque
temps (1883 et 1884).
Pour remédier à une situation analogue, l'encom-
brement de quelques-uns des services d'enfants, et
faire face aux demandes des familles, M. le (le
la Seine, clans la lettre suivante, adressée il 1. le
Secours A domicile. CLXXIII
Président de la Commission cle surveillance, nous
propose de revenir il la mesure que nous venons de
rappeler :
Monsieur le Président,
Aux termes de l'article 2 de l'arrêté réglementaire du 15
février 1893, toute personne atteinte d'aliénation mentale
peut être admise a titre de placement volontaire dans un
asile de la Seine si elle est en possession du domicile de
secours dans ce département. Ce principe comporte toutefois
une restriction relative aux enfants.
En vertu d'une délibération du Conseil général du 2\1
décembre 18%, ceux-ci ne sont plus admis par voie de place-
ment volontaire direct dans les quartiers spéciaux qui leur
sont réservés. Toutes les demandes doivent être centralisés à
l'asile Clinique où un registre est ouvert a cet effet. Les
admissions ont lieu ensuite au sur et h mesure des places dis-
ponibles et dans l'ordre rigoureux' des inscriptions. Or, il
n'existe dans la Seine que quatre quartiers d'enfamts, la colo-
nie de Vaucluse et le quartier spécial de Bicêtre pour les
garçons, la Fondation Vallée et le quartier spécial de la Sal-
pêtrière pour les filles.
Les vacances sont rares dans ces services et la plupart sont
immédiatement comblées par les enfants placés d'office par
mesure de sécurité publique en vertu d'arrêtés de M. le Pré-
fet de police.
Il en résulte qu'un nombre ! assez considérable d'enfants ins-
crits sur le registre tenu a l'asile Clinique, conformément a
la délibération précitée, attendent depuis longtemps leur tour
d'admission.
Le chiffre de ces expectants est actuellement de 150 environ,
et cette situation ne semble pas devoir se modifier favorable-
ment à bief délai, le nombre de places dont mon administra-
tion peut disposer en faveur des enfants étant, d'après ce qui
précède, forcément très limité.
Pour y remédier, il serait nécessaite, soit d'ouvrir de nou-
veaux quartiers pour les enfants, soit de recourir au système
des secours à domicile qui a déjà été employé pour les enfants
aliénés ou idiots en 1883 et 18't.
Le système adopté à celte époque consistait à allouer aux
familles, qui. sur avis conforme du médecin chef de ser-
vice, consentaient il reprendre leur enfant, un secours de
1 fr. 50 il 2 francs par jour.
t',f.S\1V Assistance des enfants arriérés.
lies enfants étaient amenés une fois par mois à des jours et
heures indiqués aux familles par le Directeur de l'asile Cli-
nique au bureau d'admission où ils étaient soumis à la visite
de M. le Dr Maynau qui délivrait un certificat aux parents.
Les secours étaient payés à la sortie de cette visite et sur
le vu du certificat délivré. Ce mode de procéder pourrait être
de nouveau adopté. Dans ce cas, une indemnité variant entre
I franc et I fr. 50 serait accordée aux familles des enfants
repris.
Il y a lieu de prévoir que beaucoup de parents ayant un
enfant placé accepteraient volontiers de le reprendre moyen-
nant le payement de cette indemnité qui semblera bien suf-
fisante si l'on considère que le secours représentatif alloué
par l'Assistance publique aux vieillards n'est que de 1 franc
par jour.
Les vacances qui se produiraient ainsi seraient comblées
par des e.vpn,cl ants.
Ces mesures permettraient donc de remédier il une situa-
tion fâcheuse, tout en n'exigeant qu'une dépense notablement
inférieure à celle qu'entraînerait l'ouverture de nouveaux
quartiers d'enfants.
Pour ces motifs, j'ai l'intention de saisir le Conseil général
d'une demande de crédit de 50.000 francs, ayant pour objet
l'allocation de secours aux familles se trouvant dans les con-
ditions susénoncées. Cette somme serait inscrite en recette
et en dépense au budget de l'asile Clinique.
.T'ai l'honneur de vous prier, Monsieur le Président, de vou-
loir bien appeler la Commission de surveillance à délibérer
sur cette affaire.
Nous laisserons de côté les remarques que nous
aurions il faire sur les inscriptions a l'asile Clinique,
sur la façon dont les admissions s'effectuent, les re-
portant il une autre occassion s'il y a lieu. Nous nous
bornerons il rappeler les efforts, suivis d'un médiocre
résultat, que nous avons faits pour faciliter les pla-
('em011ts volontaires et réduire les placements d'office.
Ainsi que le dit M. le Préfet, les placements volon-
taires d'adultes peuvent être effectués directement ;
c'est aux médecins et aux familles il en profiter plus
libéralement ; c'est à nos chefs de service à les encou-
rager, en les admettant facilement, en prévenant les
Secours a domicile. clxxv
familles des malades auxquels ils signent le certificat
de sortie que, en cas de récidive, ils peuvent, les
formalités remplies, les ramener directement l'asile.
En revanche, des difficultés nouvelles ont été sou-
levées pour les placements volontaires des enfants.
Noire but, en réclamant, pendant des années, la liberté
des placements volontaires, était d'éviter aux malades
et aux familles le passage par l'infirmerie du dépôt
avec ses douloureux inconvénients. Aujourd'hui, le
nombre des placements d'ollice, avec l'obligation fatale
de l'intervention plus ou moins aimable des commis-
saires de police et l'obligation de passer au dépôt de
la Préfecture de police, est devenu de plus en plus
considérable. L'inscription des enfants sur le registre
de l'asile Clinique, l'attente prolongée de l'admission
n'améliorent pas l'état mental des enfants. Les im-
pulsions auxquelles ils sont sujets s'aggravant et leurs
crises convulsives devenant plus fréquentes, les pa-
rents se voient obligés, malgré leur répugnance, de
recourir aux placements d'office. Le mal que nous
voulions supprimer, et que; avec l'appui de la Com-
mission, nous étions parvenu il atténuer, tend il re-
venir au même degré .que par le passé. Et il s'agit
d'enfants ! Ceci dit, revenons il la lettre de M. lo Pré-
fel.
Pour remédier il l'insuffisance des places,- écrit-il. il
serait nécessaire : 1° soit d'ouvrir de nouveaux quar-
tiers pour les enfants, 2° soit de recourir au système
des secours il domicile...» »
A ces deux modes d'assistance il convient d'en
ajouter deux autres : 8° le dégagement rigoureusement
régulier des services d'enfants par le passage aux
adultes de ceux qui ont plus de 18 ans et qui ont un
développement physique en harmonie avec leur âge;
4" la création de classes spéciales pour les enfants
arriérés. Nous allons examiner aussi brièvement que
CLXXVI Assistance des enfants arriérés.
possible ces quatre moyens d'améliorer la situation
actuelle.
1° Hospitalisation. - Il est probable que, dans un
avenir prochain, le Conseil général et l'Administra-
tion seront amenés a examiner la création d'un nou-
vel asile-école pour les garçons, l'agrandissement cle
la section des filles de la Salpêtrière ou de la Fon-
dation Vallée. En ce qui concerne ce dernier établis-
sement, l'aménagement en cours d'exécution du sous-
sol du bâtiment neuf rendra disponible l'ancien ré-
fectoire où il sera possible d'installer environ douze
lits. Viendra peut-être ensuite, à une époque que
nous ne saurions préciser, l'utilisation des bâtiments
de l'enclave achetée par le département il y a quel-
ques semaines.
2° Passage des enfants devenus adultes dans les
section d'adultes. -A la Salpêtrière, le médecin des
enfants idiotes et épileptiques est en même temps
chargé des épileptiques adultes. Lorsqu'une des fil-
lettes épileptiques a dépassé 18 ans, il la fait trans-
férer de suite clans les salles d'épileptiques adultes.
Quant aux fillettes idiotes, imbéciles ou arriérées,
non épileptiques, elles passent, sans difficulté, clans
l'une des deux autres sections consacrées aux alié-
nées adultes. C'est aussi, croyons-nous, ce qui a lieu
il la colonie de Vaucluse. Il en était de; môme autre-
fois à Bicêtre quand nous avions la section commune
aux épileptiques adultes et enfants et aux enfants
idiots. Mais lorsque la séparation des adultes et des
enfants a été opérée par la création d'une section
spéciale à ces derniers, le passage des enfants deve-
nus adultes, soit dans la section des épileptiques,
soit dans les deux sections d'aliénés, est devenu de
plus en plus difficile à obtenir,
Les médecins de Bicêtre se sont plaints de recevoir
Secours A domicile. CLXXV¡¡
trop de malades de la 4° section. Afin de diminuer
cet inconvénient pour eux, nous avons proposé le
transfèrcment des malades non visités et demandé
qu'une autre partie des enfants, devenus adultes,
soient envoyés à Villejuif ou à Ville-Evrard, une autre
partie passant dans les sections de Bicêtre. Ces propo-
sitions, qui nous paraissaient équitables parce qu'elles
avaient pour conséquence de ne pas surcharger outre
mesure les services de nos collègues et permettaient
de tenir compte, dans une certaine mesure, des désirs
des familles habituées il venir visiter depuis longtemps
leurs enfants il Bicètre, n'ont pas été suivies d'effet
d'unc façon régulière. 11 en résulte que, à l'heure
actuelle, nous avons dans notre service d'enfants à
Bicêtre 77 malades ayant plus de 18 au : ; dont les
trois quarts devraient être placés dans des sections
d'adultes. Encore un an ou deux, et notre service
sera presque transformé en service d'adultes. Il nous
paraît inutile d'insister sur les graves inconvénients
qui résultent du maintien de ces grands garçons,
devenus des hommes, au milieu des enfants. 11 suit
de ces renseignements qu'en assumait aussi régu-
lièrement que possible le passage dans les sections
d'adultes, l'Administration pourra disposer progres-
sivement d'un certain nombre de lits pour les enfants
inscrits à l'asile Clinique.
Nous n'avons rien il dire sur le passage des filles
de 18 ans de la Fondation Vallée a l'asile de Villejuif
et quelquefois il la Salpêtrière. Ce passage s'effectue
avec facilité.
3° Classes spéciales. Nous vous avons entrete-
nu maintes fois de la création de classes spéciales,
annexées ou non aux classes ordinaires, pour les
enfants arriérés des écoles primaires. Ces classes exis-
tent dans beaucoup de pays, comme nous l'avons dit.
Nous vous avons renseigné dans ces dernières
BoumOEvILLE, Bicêtre, 1899. ` ?
CLXXV ! l1 Assistance des enfants arriérés.
années sur celles (l'.111 ? lelcrre, de Belgique, de ]'fusse,
cle Suisse, etc. Récemment, nous avons appris qu'il
s'en était créé en Hollande, et qu'il est question d'en
créer en Italie.
Il est grand temps que nous ne restions pas en
retard sur les autres pays. Ces classes permettraient
non seulement de maintenir dans leurs familles, tout
en les soumettant au traitement médico-pédagogique,
des enfants pour lesquels on réclame aujourd'hui
l'hospitalisation, mais encore et, c'est la un point sur
lequel nous insistons parce qu'il se rattache directe-
ment il la question qui nous est soumise, un certain
nombre d'entants hospitalisés et qui sont suffisam-
ment améliorés pour être rendus il leurs familles,
avec ou sans secours. Par la, on aurait encore la dis-
ponibilité d'un certain nombre de lits. Vous vous sou-
venez, sans doute, que nous vous avons rait voir il
Bicêtre, il plusieurs de vos visites, des enfants amé-
liores en mesure de profiler clés classes spéciales. On
allégerait ainsi les charges de l'assistance en mainte-
nant l'enfant clans sa famille, en resserrant les liens
entre la famille et les enfants. En procédant de la
sorte, on ferait de la véritable assistance républicaine.
/1" Secours a domicile. Vous avez vu figurer
depuis très longtemps sur l'ordre du jour que nous
vous faisons distribuer il chacune de vos visites il
Bicêtre, parmi les modes d'assistance des enfants
arriérés et épileptiques sur lesquels nous nous per-
mettons d'appeler votre attention, la mention :
Secours à domicile. De même que nous vous avons
montré des enfants améliorés susceptibles d'être
envoyés clans les classes spéciales, de même nous
vous avons fait voir un groupe de malades de 17, 18
ans et davantage pouvant être rendus à leur famille
moyennant un. secours mensuel analogue à la pension
Secours A domicile. CLXXIX
représentative du séjour il l'hospice accordée aux
vieillards. Nous ne pouvons donc qu'applaudir il la
proposition qui nous est faite par l'Administration et
vous demander d'émettre un avis favorable.
Les secours 1 domicile ne s'appliquent pas aux
exportants qui doivent au préalable être observés,
traites et instruits pendant un temps plus ou moins
long selon leur étal et leur Age, mais aux enfants et
adolescents hospitalisés. JI faudra choisir les malades
pour lesquels tout le possible a été tenté, non sujets
it des impulsions dangereuses, pouvant parfois même
être relativement utiles dans leurs familles. Il s'agira
toujours d'une question d'espèce; il faudra examiner
chaque cas en particulier. Le secours il domicile
pourra s'étendre' aux épilopliques qui n'ont qu'un
petit nombre d'accès, d'habitude sans délire, sans
excitai ion avant ou après les crises, ou encore aux
épileptiques qui n'ont que des accès nocturnes. Seuls,
suivant nous, devront être exclus les malades qui,
par la nature et la gravité de leur affection et de leurs
infirmités, ont besoin de soins continuels et exigent
la présence, en quelque sorte constante, de l'un des
membres de la famille.
Nous estimons que les malades ainsi secourus
devraient pouvoir, en cas de nécessité, être réadmis
par placement volontaire direct : dans les services où
ils étaient auparavant.
D'après M. le Préfet, les enfants seraient ce amenés
une fois par mois, il des jours et heures indiqués, au
bureau d'admission où ils seront soumis il la visite
de M. le 1)" Magnan qui délivrera un certificat aux
parents. Les secours seront payés il la sortie de cette
visite et sur le vu du certificat délivré. » Si l'on n'y
trouvait pas des inconvénients au point de vue finan-
cier, et si la distance de l'aris il la colonie de Vau-
clxxx Assistance des enfants arriérés.
cluse n'était pas si considérable ct n'entraînait pas
des dépenses sérieuses pour les familles, nous pen-
sons qu'il y aurait plus d'avantage à faire venir les
enfants il la visite des médecins qui les ont soignés,
qui ont en main Imite- leur histoire et peuvent, en
quelques instants, comparer le présent au passé et,
prendre une décision. Peut-être pourrait-on essayer
cette manière de l'aire il Bicêtre, Vallée et la Salpé-
t.iièro : au moins, pour celte catégorie d'enfants, on
ferait oeuvre de patronage.
Quant 1 la cttotün des secours, il y a lieu d'adop-
ter celle qui est indiquée par M. le Préfet, c'est-à-
dire 1 franc ou 1 fr. 10 par jour ; elle nous parait
absolument justifiée.
En terminant, Messieurs, nous vous proposons : 1°
d'adopter les propositions de M. le Préfet sur l'orga-
nisation de secours à domicile pour les malades,
enfants ou adolescents des services spéciaux de Bicê-
tre, la Salpêtrière, Vallée et Vauclusc ; 2° de renou-
veler votre voeu en faveur de la création de classes
spéciales pour les enfants arriérés; 3° d'appeler la
vigilance de l'Administration sur le passade régulier
des enfants Agés de plus de 18 ans, et ayant un
développement physique suffisant, dans les sections
d'adultes.
M. Pelletier. Nous sommes d'accord avec M.
Bourueville sur l'organisation cle secours il domicile
pour les enfants arriérés, ainsi que pour la création
de classes spéciales annexés aux écoles primaires.
Les conclusions de il. le IY Bourneville sur ces der-
niers points seront transmises il M. le Directeur de
renseignement iL qui il appartient de leur donner la
suite qu'elles comportent.
Quant à la question de la répartition des enfants
Secours A domicile. CLXXXI
de la 4° section devenus adultes dans les services
d'adultes de Bicêtre, de Villejuif et de Ville-Evrard.
je suis étonné du nombre d'enfants que M. Rounw-
pille nous signale comme n'ayant pas été transférés,
Je ne connais pas un seul cas où une proposition de
transfert, faite par 11. le nI' no/(¡'ne1'ille et qui me
soit parvenue, n'ait pas reçu de suite.
Je demanderai il M. le Président de vouloir bien
ordonner l'insertion au procès-verbal de la lettre
envoyée à l'Assistance publique à ce sujet et qui trace-
la lisriie de conduite à suivre dans le cas qui nous
occupe. Je serais légalement obligé il M. le Rapporteur
de me rappeler quelques-unes des espèces auxquelles
il a fait allusion, de manière il me permettre de
rechercher la cause pour laquelle ses propositions ont
pu rester dans certains cas sans effet.
M. le Dr 13ouartEV m,L : dit que, lorsqu'un enfant
devient susceptible de passer clans un service d'adul-
tes, il rédige immédiatement un certificat de situation :
ce certificat est transmis à M. le Directeur de l'hos-
pice de Bicêtre. En sa qualité de chef de service il n'a
plus à intervenir.
Il appuie en ce qui le concerne la proposition faite
par M. Pelletier d'insérer au procès-verbal la lettre
envoyée par l'administration préfectorale il l'Assis-
tance publique au sujet de ces transferts. (Assen-
timent).
Voici le texte de cette communication :
Le Préfet de la Seine à M. le Directeur de l'Administra
lion générale de l'Assistance publique.
C1.CT\TI Assistance des enfants arriérés.
Paris, le ? 2 février 1897.
Monsieur le Directeur,
Yous m'avez transmis une lettre et un rapport de M. le D1'
Chorpentier, médecin de;la 1 ? section des aliénés de Bicêtre,
relatifs it l'encombrement pouvant résulter, pour son service,
du passage dans sa section des idiots au-dessus de 1S ans,
provenant du service des enfants arriérés de M. le Dr 7 ? ou)'-
nedlle,
Pour remédier aux inconvénients signalés, nous préconise-
rez la solution consistant à diviser par tiers les enfants par-
venus à l'âge ou ils doivent être transférés dans les services
d'adultes et il affecter chaque tiers a chacun des établisse-
ments suivants : Vaucltlsl', Yill ? I : ;\Tal'l1 et Bicêtre.
.le dois tout d'abord vous faire remarquer, Monsieur le
Directeur, qu'au cours de l'année ! 89li, et par dérogation il la
pratique antérieurement suivie, il a été tronsfere un plus
grand nombre d'enfants parvenus à l'âge adulte sur les asiles
de la Seine que dans les sections d'adultes de Bicêtre. Ces
sections n'ont reçu que 15 enfants tandis qu'il en a été envoyé
1'i à Ville-Evrard et 19 à Villejuif.
Il suit de lit que les sections de Bicêtre ont été, au con-
traire, mieux traitées que les asiles de la Seine.
En ce qui touche les mesures a prendre pour l'avenir, on
ne peut songer à diriger sur Vaucluse des cnfants de 131cêtre,
alors que cet asile reçoit déjà des enfants provenant de la
colonie ; d'autre part, Ville-Iv·rvrd est particulièrement
affecté au traitement des épileptiques et îles alcooliques.
Dans ces conditions, la combinaison qui paraît seule pou-
voir être adoptée consiste dans l'attribution par moitié, entre
les sections de Bicêtre et l'asile de Villejuif qui est dans le
voisinage, des enfants de la 5e section parvenus il l'âge où
ils doivent être transférés da'ns les services d'adultes. Les
enfants à diriger sur Villejuif devront être de préférence choi-
sis parmi ceux les moins visités, de façon à tenir compte des
habitudes des familles.
Je vous prie de donner des instructions dans ce sens au
directeur de l'hospice de Bicêtre.
Lu Préfet de la Seine.
.1. DE SELVES.
Secours A domicile. clxxxiii
il. Emile Caron demande si le crédit de 50.000
francs auquel il. le D1' Bourneville a fait allusion
doit être entièrement employé il allouer dos indemni-
tés aux parents d'enfants arriérés que l'on ferait .s01'-
tir de l'asile pour qu'ils soient gardés clans leurs
familles, uu bien s'il doit également servir il distri-
buer des secours aux parents d'enfants ëxpectants.
il. le Dr Bourneville répond qu'il ne peut s'agir
que du premier cas et c'est l'opinion de iL le Préfet ;
le second (c'est-à-dire le secours aux expectants) irait
il l'encontre du but que l'on se propose, c'est-à-dire
l'amélioration des enfants. C'est après l'application
plus ou moins prolongée du traitement médico-
pédagogique que la situation doit être examinée pour
l'admission aux secours il domicile.
il. le Président met aux voix les conclusions du
rapport de il. le D' Bourneville.
A l'unanimité, elles sont adoptées.
DEUXIÈME PARTIE
Clinique, thérapeutique, anatomie pathologique.
Bourneville, Bicêtre, 1899. 1
De l'éosinate de sodium dans le traitement de l'épilepsie
et des accidents qu'il produit ;
Par BOURNEVILLE et CHA POTIN.
Dans le courant de l'année 1898, nous avons essayé
sur un certain nombre d'enfants épileptiques de la 4°
section l'emploi cle l'éosinate de sodium, dans le trai-
tement de l'épilepsie. Prise il doses progressives, cette
substance a déterminé des accidents assez graves
pour obliger à suspendre complètement le cours de
ces recherches. C'est la description de ces accidents
que nous nous proposons de relater ici. Ils nous ont
paru intéressants par leur nature môme et par ce fait
que nulle part nous n'avons pu rencontrer d'indica-
tions sur les manifestations cutanées et les troubles
de la nutrition occasionnées par l'éosinate de sodium.
L'éosinate de sodium dérive de la fluorescéine. La
fluorescéine (C20 H12 CP) est une phtaléine qui forme
trois dérivés bromes, les mono, di et tétrabromo-fluo-
rescéine. Pour obtenir l'éosinc qui est la tétrabromo-
fluorescéine (C20 Hs 13r 0'), on traite la fluorescéine
par 4 Br2 en présence de l'acide acétique ou de l'alcool,
l'éosine se dépose au bout de quelque temps.
L'éosine est un acide assez puissant, l'acide acéti-
que ne le déplace qu'incomplètement de ses sels, et,
en présence du potassium, du sodium, de l'ammo-
nium, elle donne des composés plus ou moins stables.
4 Epilepsie.
Nous n'avons pu trouver la formule exacte de l'éosi-
nate de sodium ; mais il y a tout lieu de la croire abso-
lument analogue iv celle de l'éosinate de potassium
qui renferme cinq molécules d'eau cle cristallisation.
Dans ces conditions la molécule d'éosinate de sodium,
C20 111 13u' 0 : i Na2 + 5 H2 0 renferme 320 de brome,
c'est-à-dire qu'un gr, d'éosinate contient environ
Ogr.40 de brome. C'est cette richesse en brome qui a
conduit MM. Le Cloffet Sainton (voir Progrès médical,
janvier 1898, t. VII, p. 51) à essayer l'emploi de l'éosine
dans le traitement de l'épilepsie. Ces auteurs rappor-
tent les résultats cle quatre expériences, deux sur des
grenouilles, deux sur des chiens, dans lesquelles ils
virent la paraplégie des membres postérieurs survenir
à la suite de l'administration soit par voie digestive,
soit par voie sous-cutanée de doses assez fortes d'éo-
sine. Ils citent également deux cas où des malades
épileptiques auraient pris 2 gr. d'éosinate sans autre
accident que la fluorescence des urines.
Les essais thérapeutiques que nous avons entre-
pris, en nous appuyant sur la composition de l'éosi-
nate et sur l'hypothèse de Le Goff et Sainton,
pouvaient faire espérer un résultat avantageux pour
les malades. On verra en parcourant nos observations
que les résultats pratiques ont été tout différents de
ce que la théorie paraissait faire espérer.
Ving-trois malades, répartis en trois séries, ont été
soumis au traitement par l'éosinate de sodium. Sui-
vant la pratique habituelle dans le service, quand il
s'agit de médicaments nouveaux, ils ont été choisis
parmi les malades les plus gravement atteints. Le
tableau suivant est destiné montrer les dates de
début et de cessation du traitement, les closes maxima
pour chaque malade, l'indication des principaux acci-
dents observés (voir Tableau 1).
.. Tableau TABLEAU 1\0.1. 1. ?
EOSINATE DE SODIUM. 5
Le mode d'administration du médicament a été
réglé dans tous les cas ainsi qu'il suit :
6 Epilepsie.
tiges ou mieux les absences : Pas d'aura ; un brouillard
devant los yeux, battements des paupières : « Ça passe
comme un éclair» dit le malade. Durée 2 ou 3 secondes.
S'il tient un objet il ne le lâche pas. Il y a quelques
jours (novembre), en faisant la barre fixe, il a eu une
absence et n'a pas lâché la barre. Il se rend compte
qu'il a été malade en ce qu'il revient à lui « comme
s'il avait eu un évanouissement ». Pas de changement
de coloration de la face, pas de prostration, pas de
sensation de tournoiement. Jamais d'évacuations
involontaires.
Tableau des accès et des vertiges.
EOSINATE DE SODIUM. 7
OBS. II. - Épilepsie symptomatique.
So)t[AtnE. Père, quelques excès de boisson, caractère
emporté. Grand-père maternel mort paralysé. Tante
maternelle hystérique. -Premières convulsions à 22 mois
pendant 2 heures. - Secondes convulsions 8 jours plus
tard suivies de méningite. - Troisièmes convulsions à 4
ans : épilepsie consécutive . - Prédominance des convul-
sions dans le côté gauche. - Rougeole à 3 ans; coque-
luche il C ans.
Dav.... (Louis), 23 ans, est entré le 8 août 1889 dans le ser-
vice. Un traitement du 1<"' mars au 31 août 1898.
23 mai. - Légère rougeur de la face et gonflement bilatéral
et symétrique, localisé à la partie la plus reculée des joues et
à la région parotidienne. Pas de gonflement ni de rougeur
des mains ni des pieds. - Le lendemain le gonflement est
plus accentué et a envahi la lèvre inférieure. La muqueuse
buccale ne présente ni rougeur ni gonflement. Le malade se
plaint un peu de céphalée.
25 mai. - Les téguments prennent une teinte plus foncée.
Cette coloration, que nous retrouverons comme l'un des acci-
dents initiaux. diffère complètement de la rougeur érythéma-
teuse ou congestive; elle est moins violacée, tirant plus sur
le jaune, rappelant la teinte obtenue en dissolvant dans l'eau
l'éosinate de sodium. Les selles sont fortement colorées en
rouge.
27 mai. - La rougeur et le gonflement ont disparu.
Du 24 mai au 2 juin on a interrompu le traitement; le 2 juin,
on le reprend à 3 gr. 50.
18 juin. - Pas de coloration ni de gonflement de la face
ni des mains, mais aux deux pouces on note un décollement
partiel des ongles.
9 juillet. - Les ongles des pouces entièrement soulevés
par un liquide séreux, ne tiennent plus que par la matrice.
La pression, absolument indolore d'ailleurs, fait sourdre quel-
ques gouttes de liquide. Les autres doigts et les orteils sont
absolument indemnes. Légères ulcérations sur le cou et
l'oreille du côté gauche.
6 août. - Les ongles des pouces sont tombés et les jours
suivants commencent à repousser d'une manière irrégulière.
8 Epilepsie.
Sur le dos de la main et le long du bord interne du pouce
droit, on note quelques ulcérations en voie de guérison ;
celles du cou ont guéri sans laisser de cicatrices. 1
1899. ton. - Il no reste sur le visage aucune des
lésions produites par l'éosinate. - Les ongles sont tout-à-fait
réguliers. - Voici le tableau de ses accès depuis l'admis-
sion.
Tableau des accès.
ÉOSINATE DE SODIUM. 9
Au point de vue thérapeutique aucun résultat. En
effet, durant la période correspondante de 1897, D.. a
eu 17 accès et 1 vertige et pendant la période de trai-
tement, 23 accès et 2 vertiges.
OBS. III. -Épilepsie idiopathique.
Sommaire. - Père rhumatisant, coxalgie de l'enfance. -
Grand-père paternel alcoolique. -7 .Mère, convulsions,
bègue et migraineuse. - Grand-père et oncle maternels,
alcooliques. -sur, morte de méningite. -Au11'e soeur un
peu arriérée. - Onanisme et début des accès à 11 ans, des
vertiges à 13 ans.
Fauve .. (Jules), 17 ans, est entré le 23 janvier 1897 dans le
service. Il a été soumis au traitement du premier mars au 31.
août 1898.
25 avril. - Rougeur modérée des joues, des oreilles, du
nez et du front, semblant même envahir le cuir chevelu..
Gonflement peu marqué des régions parotidiennes. Légère
rougeur de la voûte palatine et du fond du pharynx; teinte
érythémateuse, légèrement violacée de la face dorsale des
mains, moins marquée à là face palmaire. Rien aux pieds.
Appétit conservé, selles fortement colorées enroule; urines,
en quantité normale, présentant une coloration rosée, la
lumière transmise, vei,dît-e à la lumière réfléchie ; pas de
sucre ni d'albumine.
Pas d'angine, pas de salivation, de surdité, de sécrétion
des larmes ; pas d'engorgement ganglionnaire. Respiration
normale; pouls régulier : 73 pulsations par minute Le malade
dit avoir eu des démangeaisons, d'ailleurs peu vives, avant
l'apparition de la rougeur, et des douleurs de tête assez
intenses pour l'avoir empêché de dormir la nuit précédente.
Les jours suivants, la rougeur et le gonflement diminuent;
le 30 avril le,s selles ont presque complètement perdu leur
coloration, et toute trace d'accident disparait, sans qu'on ait
jamais noté de modifications de l'état général. Le traitement,
interrompu, dès l'apparition des premières manifestations
cutanées, est repris le 2 mai, à la dose de 3 grammes.
10 juin. - Phlyctène sur la partie supérieure de : l'ourlet
n
I : PIL1 ? l'SII ? .
de l'oreille droite. Excoriation sur la moitié gaucho de la
lèvre supérieure ; légère rougeur des joues, rien aux mains
ni aux ongles. On continue lo traitement il la dose de 3 gr. 50.
19 juin. - Rougeur diffuse de la face; gonflement limité
au-dessous des paupières inférieures; quelques petites ulcé-
rations sur la face et la lèvre inférieure ; pas de rougeur du
pharynx ; rien aux mains ni aux pieds.
Tableau des accès et des vertiges.
EOSINATE DE SODIUM. /Il
le clos des mains, surtout à gauche, mêmes ulcérations croet-
teuses; les ongles des deux pouces sont décollés, mais sans
infiltration séreuse sous-jacente; rien aux orteils.
23 juillet. - Durant un accès le malade est tombé sur la
face et s'est fait des écorchures étendues, sur tout le côté
gauche du nez et de la lèvre supérieure, sur la paupière
supérieure et la pommette gauche. Ces écorchures, vieilles de
quatre jours, sont actuellement recouvertes de croûtes suin-
tantes et exubérantes. Sur le menton, le lobule et le long
de l'ourlet des deux oreilles, sur la joue droite, ulcérations
croûteuses, arrondies, disséminées ; deux ou trois ulcérations
plus étendues sur le cou. - Ongles des deux pouces noin1-
tres, en partie décollés, sans infiltration de liquide.
5 août. - De nouvelles ulcérations sont apparues sur la
face, le cou et les mains à côté des anciennes, cicatrisées.
Elles présentent l'aspect caractéristique décrit ci-dessus. Les
ongles sont soulevés par un liquide séreux, mais non puru-
lent, la pression à leur niveau n'occasionne aucune douleur.
Le traitement est définitivement suspendu le 31 août.
1899. Nov. Aucune cicatrice ou macule de la face.
De mars à fin août, 55 accès en 1897, 48 en 1898
(éosinate) et 36 en 1899.
OBS. IV. - Arriération intellectuelle; épilepsie symptomatique.
Sommaire, Grand-père, arrière-grand-père et grand'tante
maternels alcooliques. Grand'tante maternelle hystérique.
- Inégalité d'âge de quatorze ans. Deux soeurs ont eu
des convulsions. Un frère, convulsions, rachitisme, pied
bot. - Convulsions à quatorze mois pendant onze heures.
- Parésie à gauche. - Premiers accès cinq ans. Mort
de broncho-pneumonie.
Font... (Léon), 15 ans, est entré dans le service le 14 mai
1897. Traitement par l'éosinate du 'ICI' mars au 30 mai.
25 avril. - Le malade se présente avec une rougeur
intense, diffuse, de toute la face, s'accompagnant d'une sen-
sation de chaleur et de picotement et d'une céphalalgie
surtout marquée la nuit précédente. Gonflement intense,
12 Epilepsie.
principalement du côté gauche de la face. Pas de rougeur ni
de gonflement de la muqueuse buccale, pas de salivation, la
conjonctive est injectée, également des deux côtés ; mais
pas de sécrétion exagérée des larmes ; pas de surdité ni de
bourdonnements d'oreilles. Sur la face dorsale des deux
mains et des doigts, rougeur et gonflement sans oedème.
Rien sur le tronc ni sur les membres inférieurs. Pas de trou-
bles des fonctions digestives. selles fortement colorées en
rouge. Urines peu abondantes, fluorescentes, sans sucre ni
albumine, - Auscultation des poumons et du- coeur normale,
Pouls il 100. Pas d'élévation de la température. On inter-
rompt l'eosinate; le malade est mis au régime lacté et purgé.
57 avril. La rougeur de la face a diminué ; le gonfle-
ment est toujours très marqué, il prédomine maintenant à
droite; plus rien aux mains. Sensations subjectives entière-
ment disparues. Pouls régulier, bien frappé, à 86.
58 avril. Toute coloration anormale a disparu au visage,
mais le gonflement persiste. Urines (quantité : 1 litre et
quart) ont presque entièrement perdu leur couleur fluores-
ccnte. P. ù 90.
29 avril. Même état. Urines (1 1. 1ju) revenues à leur
couleur normale. Constipation. P. à 65.
30 avril. La rougeur et le gonflement de la face ont
complètement cessé.
2 mnt. Reprise du traitement à la dose de 3 gr.
10 mai. - Rougeur et gonflement de la face plus pronon-
cés à droite, Rien sur la muqueuse buccale ni sur les mains.
La rougeur disparait au bout de quelques jours ; le gonfle-
ment devenu symétrique persiste plus longtemps ; le traite-
ment est définitivement arrêté le a0 mai.
10 juin. Le malade présente, disséminées sur la face et
la nuque, des croûtes peu étendues et peu épaisses, jaunâ-
tres, suintantes, rappelant les croûtes impétigineuses et
siégeant il la nuque, sur le lobule de l'oreille droite, en
avant et en bas des lobules des deux oreilles, sur le dos du
nez et sur la narine droite, enfin sur la moitié droite de la
lèvre supérieure.
L'ongle du pouce gauche est tombé : inflammation peu
intense au pourtour de la plaie. Le malade ne peut fournir
aucun renseignement sur la façon dont s'est produit cet
accident.
18. juin. Lésions cutanées de la face et du cou guéries ;
rougeur et gonflement disparues. Plaie consécutive il la
chute de l'ongle du pouce gauche en bonne voie de guérison.
Éosinate de sodium. 13
Les ongles du pouce, index et annulaire droits, commen-
cent à se décoller, mais sans infiltration séreuse sous-
jacente. Rien aux orteils (1).
Tableau des accès et des vertiges.
14 Epilepsie.
oncles maternels mort-nés, deux autres morts de convul-
sions. - Un cousin- suicidé. Un frère très- nerveux.
Convulsions, vertiges ayant précédé les accès (13 ans '/2) ,
Caractère emporté .
Hél... (Georges), 21 ans, entré dans le service le 25 sep-
tembre si891, a été soumis au traitement du premier mars au
24 mai.
27 avril. - Gonflement de la face très marqué, surtout du
côté gauche, au niveau de la région parotidienne et de la
paupière inférieure. En ce dernier point, le gonflement oedé-
mateux forme godet à la pression. Rougeur très intense -de
toute la face s'étendant môme à la partie antérieure du
thorax. Rien aux pieds ni aux mains; rougeur de la muqueuse
buccale, mais sans gonflement ni angine. Pas de salivation
exagérée. Pas de surdité ni de bourdonnements -d'oreilles ;
conjonctive un peu injectée. Pas de céphalée, mais le malade
accuse une cuisson assez intense du côté gauche de la face.
Pas de modifications de la respiration ni de la circulation ;
. pouls à 68. Appétit conservé, pas de diarrhée, selles très
colorées en rouge. - Urines, (quantité : 1.500 grammes) pré-
sentant une coloration verte à la lumière réfléchie, rose à la
lumière transmise ; pas de sucre ni d'albumine. On continue
le traitement.
29 avril. - Le gonflement a un peu diminué à la face,
la rougeur persiste; léger oedème des mains; constipation.
3 mai. - Toute trace de gonflement et de rougeur ont
disparu.
e3 mai - Les accidents ont complètement cessé, malgré
la continuation du traitement, jusqu'à ce jour. Actuellement
le malade présente au-dessous de la paupière intérieure un
gonflement dont l'apparition aurait été précédée d'une sen-
sation de chaleur et de picotement.
Le lendemain le gonflement a beaucoup augmenté, est
devenu oedémateux, a envahi la région parotidienne, la lèvre
supérieure, et s'arrête sur le front à la ligne de striction
formée parle bord du béret. Pas de rougeur de la muqueuse
buccale. On interrompt le traitement.
2 jlin. - Le gonflement et la rougeur n'existent plus.
10 juin. - Ulcérations arrondies, croùteuses, siégeant : à
gauche sur la narine et la lèvre supérieure, au niveau du
grand angle de l'oeil, sur le lobule de l'oreille et le côté du
cou, sur la nuque; à droite, sur la lèvre supérieure.
EOSINATE DE SODIUM. 15
18 juin. - Les ulcérations de la face et du cou, en voie de
guérison, forment des cicatrices brunes, déprimées, irrégu-
liéres, - Sur le bord cubital de la main gauche, ulcérations
lentes â guérir; les ongles des deux pouces commencent à
se décoller par leur extrémité; pas d'infiltration séreuse,
aucune douleur. Rien aux orteils.
30 juin. - Tous les accidents ont cessé; le décollement
des ongles s'est arrêté. Le traitement n'a pas été repris.
1899. Nou. Aucune cicatrice. Ongles réguliers.
Tableau des accès et des vertiges.
16 Epilepsie.
Ons. Vf. Epilepsie symptomatique.
Sommaire. - Père rhumatisant. Oncle paternel alcoolique.
- Grand'mère maternelle hémiplégique. - Soeur morte
de convulsions .
Accouchement long el difficile. - Brûlures étendues à la
suite d'un bain. - Convulsions à 2 et demi pendant 12
heures. -Helminthiase, Dëbuf des accès v 10 ans et des
vertiges vers il ans. - Voleur et gourmand.
lil... (l : mile), 18 ans, prend de l'éosinate de sodium du 1er
mars au 31 août.
2 juin. Croûtes impéligineuses sur la nuque et le men-
ton .
10 juin. - Petite excoriation non recouverte de croûtes
sur la narine droite ; sur la joue gauche, petites plaques
érythémateuses disséminées, la plus grande n'atteignant pas
15 mu, de diamètre. Sur la nuque, grandes plaques rouges
de 7 cm. de long sur 5 de haut. A ce niveau, l'épiderme est
froncé, plissé et présente quelques petites croûtes. Sur le
côté du cou, le long du bord externe du trapèze, la peau est
rouge et indurée, comme si un furoncle allait se former en
ce point. A la main gauche, l'ongle du pouce, soulevé dans
ses quatre cinquièmes antérieurs par une sérosité purulente,
n'est plus adhérent que par une étroite bande de 2 millim. et
demi de large, complètement incolore ; ulcération croûteuse
au niveau de l'articulation môtacarpo-phalangienne du
médius. Rien iL la main droite ni aux orteils.
18 juin. - L'ongle du pouce gauche est tombé ; ceux des
deux index commencent à se décoller par leur extrémité.
Les ulcérations de la face sont guéries, les cicatrices pré-
sentent l'aspect particulier que nous avons déjà décrit.
9 juillet. - Rougeur intense et gonflement de la face,
surtout à la partie inférieure de la joue gauche. Rougeur
sans gonflement de la muqueuse buccale, de même sur le
dos des mains. Le rlécollemenl des ongles des index s'est
arrêté, mais l'ongle du pouce droit n'est plus adhérent que
par la matrice; celui du côté gauche n'a pas encore com-
mencé il repousser.
23 juillet. -Lésions cronteuses disséminées sur les deux
mains ; à la main droite l'ongle du pouce semble se recoller.
EOSINATE DE SODIUM. f7 -1
5 août. Ulcérations des mains guéries.
31 août. - : '\ombreuses ulcérations croûleuses disséminées
sur la joue gauche au voisinage de la commissure labiale et
sur les parties latérales du cou, et ^'accompagnant de rou-
geur de la face et de gonflement des régions parotidiennes.
Le décollement des ongles s'est complètement arrêté. On
suspend définitivement le traitement.
1899. Nov. - Ni taches, ni cicatrices. Ongles réguliers.
Tableau des accès et dos vertiges.
18 ÉPILEPSIE.
Ous. VII. - Imbécillité et Épilepsie symptomatiques.
Sommaire. - Père, strabisme. - Grand'mère paternelle très
^nerveuse. - Grand-oncle, paternel alcoolique. - Grand :
père maternel alcoolique, emporté. - Arrière-grand' mère
maternelle sujette r1 des étourdissements. - Arrière-
grand-père maternel mort interné il l'hospice de Bicêtre.
- Grandes tantes maternelles 'sujettes à des tremblements.
Soew' morte de convulsions.
Grossesse gémellaire. - Accouchement à huit mois. -
Asphyxie à la naissance. - Coqueluche, rougeole, pyro-
manie, kleptomanie. - Convulsions pendant 8 heures à
5 ans. - Début de l'épilepsie à 7 ans. - Accès de plus
en plus rapprochés.
Leu (Auguste), 20 ans. - Traitement par l'éosinate à
partir du 1 cr mars jusqu'au 31 août.
18 juin Légère rougeur de la face sans autre accident.
9 juillet. - Rougeur généralisée de la face et gonflement
peu marqué des paupières inférieures. Ulcérations impétigi-
neuses sur le nez et le lobule de l'oreille droite. - Rien au
pharynx, ni aux mains, ni aux pieds.
23 juillet. - llcme état; quelques ulcérations croûteuses
sur la main droite. .
G août. - Tout accident a complètement disparu.
31 août. - Trois ou quatre petites croules brunâtres, du
volume d'une lentille, disséminées sur la face. Sur le dos de
la main droite, ulcération de la grandeur d'une pièce de cinq
centimes. Légère rougeur de la face, mais sans gonflement ;
le traitement est suspendu.
,1899. Nou. - Face sans aucuns cicatrice; ongles réguliers.
Tableau des accès et des vertiges.
Eosinate de SODIUM. 19
20 Epilepsie..
9 juillet . Le malade présente à la face deux sortes de !
lésions : les unes consécutives une chute sur la face au
cours d'un accès, consistant en des écorchures occupant le
dos du nez et la lèvre supérieure et commençant à se recou-
vrir de croûtes jaunâtres ; les autres semblent relever direc-
tement de l'intoxication par l'éosinate de sodium. Ce sont de
petites ulcérations de l'étendue d'une grosse tète d'épingle,
recouvertes d'une croûte jaunâtre et suintante qui en tom-
bant laisse une cicatrice pigmentée et déprimée. Ailleurs
on n'observe ni gonflement, ni rougeur de la face ni des
mains. L'ongle du pouce droit se décolle de plus en plus ;
la sécrétion sous-jacente est tarie.
Tableau des accès et des vertiges.
EOSINATE DE SODIUM, 2t
gauche, ainsi que sur le menton. Ganglions sous-mentaux
engorgés et douloureux. Sur la main droite, ulcération
en partie cicatrisée au niveau de l'articulation métacarpo-
phalangienne de l'index.
31 aoiet. - Le traitement est interrompu. Les ulcérations
de la face et des oreilles sont en voie de cicatrisation ; quel-
ques croûtes sont disséminées sur l'index droit et le dos de
la main gauche. L'ongle du pouce droit présente une colo-
ration noirâtre dans sa moitié distale surélevée; il est
intimement adhérent dans sa moitié proximale.
1899. Nou. - Aucune trace des lésions dues à l'éosinate
(face, ongles, etc.).
Ons. IX. - Idiotie, épilepsie et hémiplégie droite symptomatiques.
SoMMA]HE. Père mort tuberculeux. Grand-père paternel
alcoolique. - Mère morte tuberculeuse, caractère violent.
- Grand-père maternel paralysé. - Deux oncles tuber-
culeux. - Frères et soeurs morts de convulsions.
Traumatisme abdominal durant la grossesse. - Asphyxie à
la naissance. - Parole et marche tardives. Convulsions
il un an. - Hémiplégie droite du côté droit. - Rougeole,
coqueluche. - Caractère emporté; clastomanie.
Rom.... (Georges), 20 ans. Eosinate du 1 mars au 31 août.
23 avril. Rougeur intense occupant toute la face et la
partie supérieure du cou et s'accompagnant d'une sensation
de chaleur et de picotement. En même temps, gonflement
peu marqué occupant les joues, les paupières supérieures et
inférieures, la face dorsale des mains et des doigts. On cons-
tate de plus une coloration vermillon intense sur les fesses
et au pourtour de l'anus.
26 avril. - Rougeur de la face persistante. OEdème prédo-
minant iL gauche, localisé surtout aux régions parotidiennes,
aux paupières, sans empêcher toutefois le malade d'ouvrir
les yeux ; il s'arrête en haut à la naissance des cheveux. Rou-
geur intense et tuméfaction de la muqueuse buccale. Pas de
salivation ni de sécrétion exagérée des larmes, pas de dimi-
nution de l'ouïe, pas d'engorgement ganglionnaire. Rougeur
et gonflement du dos de la main gauche, Membres inférieurs
55 . Epilepsie.
intacts. Pas de modifications du côté des appareils respira-
toires ou digestifs; selles fortement colorées en rouge. Pouls
à 78. Pas d'élévation de température.
27 avril. Rougeur diminuée d'intensité ; gonflement
symétrique de la face; il a disparu aux mains. Pouls à 88.
Urines (quantité 1 litre et quart) fluorescentes, ayant une
coloration verte à la lumière réfléchie, rose à la lumière
transmise.
29 avril. - Coloration et gonflement de la face presque
entièrement disparus. De même le gonflement de la muqueuse
buccale n'est plus apparent qu'a« voisinage du bord alvéo-
laire des dernières grosses molaires. Urines en quantité nor-
male, conservant leur coloration.
9 mai. - Toute trace de gonflement et de rougeur a disparu
sans desquamation. Malgré les accidents, on a continué le
traitement à la dose quotidienne de 3 grammes.
Du 24 au 27 mai le malade présente un peu de rougeur et
de gonflement du côté gauche de la face. Le traitement est
suspendu jusqu'au 31 mai. Il est repris le 1er juin à la dose
de 3 gr. 50.
10 juin. - Quelques ulcérations, parfois recouvertes de
croûtelles jaunâtres, disséminées sur les joues et sur les ailes
du nez. L'ongle du pouce gauche est en partie soulevé par un
liquide séro-pnrulent.
18 juin. - La face est presque entièrement couverte, sur-
tout du côté gauche, de croûtes jaunâtres, épaisses, suintantes
ne laissant entre elles presque pas de peau saine. Pas de rou-
geur de la face, du pharynx, ni des mains. Au pouce gauche,
l'ongle est presque complètement détache, et la pression,
indolore du reste, fait sourdre un liquide purulent abondant;
au pouce droit, l'ongle commence à se décoller. Rien aux
orteils.
18 juillet. - Pas de gonflement ni de rougeur de la face,
ni des mains, ni de la muqueuse buccale. Cicatrices brunes,
déprimées, à contours irréguliers, occupant toute la partie
moyenne des joues, le pourtour de la bouche et du nez. Aux
points où existent ces cicatrices, les productions papillota-
teuses (ncevi verruqueux) qui couvraient antérieurement
une partie de la face du malade, ont complètement disparu.
Cicatrices rosées sur la nuque. L'o11f¡le du pouce gauche ne
tient plus que par son bord postérieur; il est arraché pour
éviter l'accumulation de pus à sa face inférieure. Du côté
droit, l'ongle s'est recollé. Rien aux orteils.
29 juillet. - Même état ; la cicatrice du pouce gauche est
en bonne voie de guérison.
EOSIN : 1T1 : DE SODIUM. 93
G août. - ln'01llJle de l'index gauche commence à se déta-
cher. l'as d'infiltration de liquide sous-jacent; mais ulcéra-
tion phlycténulaire sur le bord externe. -
31 août. - Pas de modification des cicatrices de la face ;
sur le dos des doux index, croûtes brunâtres, fendillées. On
cesse définitivent le traitement.
Tableau des accès et des vertiges.
24 Epilepsie.
OBS. X. - Imbécillité, hémiplégie droite et épilepsie symptomati-
ques.
SOMMAIRE. Père : rhumatismes, migraines, névralgies.
Grand'mère maternelle morte tuberculeuse, mère migrai-
neuse, nerveuse, morte de fièvre typhoïde. - Soeur,
convulsions.
Chute durant la grossesse. - Convulsions à 10 mois pendant t
24 heures : hémiplégie droite consécutive. - Rougeole,
coqueluche, otorrhée, - Fréquents accès de colère, klep-
tomanie, pyromanie, onanisme.
Seg... (René), 17 ans. - Eosinate de sodium du 1er mars
au 31 mai.
25 avril. - Rougeur généralisée de la face, s'accompa-
gnant de chaleur perceptible à la main et d'un gonflement
occupant les joues, les paupières surtout les inférieures et les
lèvres. Ce gonflement est plus prononcé du côté gauche où
l'oeil parait moins grand. Sur la face dorsale des doigts et
des mains, rougeur intense et gonflement remontant à qua-
tre ou cinq centimètres au-dessus des poignets; la main
gauche est plus enflée. Rien sur le reste du corps.
26 avril. - L'oedème de la face a augmenté, marqué sur-
tout aux régions parotidiennes et aux lèvres ; le malade ne
peut ouvrir l'oeil gauche. Muqueuse buccale rouge mais sans
gonflement; pas de gêne de la déglutition, pas de salivation,
pas de surdité, la conjonctive n'est pas injectée. OEdème des
mains persistant, plus accusé à gauche (côté non paralysé).
Rien aux membres inférieurs. Pas de douleurs, pas d'engor-
gement ganglionnaire. Respiration naturelle; pouls à 63 :
température normale.
27 avril. - Gonflement un peu diminué mais prédominant
encore à gauche. Pouls régulier, bien frappé, à 84.
28 avril. - Etat normal des voies digestives, pas de cons-
tipation ni de diarrhée, selles /brtement colorées en rouge.
Urines (1 litre 1/2) vertes à la lumière réfléchie, roses à la
lumière transmise, ne contenant ni albumine ni sucre. P. il 70.
30 avril. - Le gonflenent et la rougeur diminuent de plus
en plus. Pouls à 69.
2 mat - Tous les accidents ont disparu. - Le traitement,
suspendu au début, est repris à la dose de 3 gr.
Eosinate DE sodium.
9 mai. - Rougeur et gonflement réapparus sur la face,
des deux côtés, et sur le dos de la main droite.
14 mai. - Rougeur et gonflement disparus.
23 mai. - Depuis la veille au soir, gonflement et rougeur
de la face accompagnés de démangeaisons et de cuisson.
Gonflement très marqué aux joues et aux paupières inférieu-
res, ayant même envahi le pharynx qui est très fortement
coloré. La face dorsale des mains et des doigts est notable-
ment tuméfiée et présente même de petites ¡.hlyctène8 assez
volumineuses principalement iL droite. Le traitement est
suspendu.
24 mai. - Gonflement très intense, les yeux sont presque
complètement formés. Les phlyctènes de la main droite en
se réunissant les unes aux autres ont formé une énorme
poche renfermant un liquide un peu trouble, sans coloration
spéciale, dont l'examen chimique n'a malheureusement pu
être pratiqué.
25 mai. - Légère diminution des accidents. Le malade
prend 2 gr. d'éosinate.
Tableau des accès et des vertiges.
26 Epilepsie.
26 mai. - Suspension du traitement.
27 mai. Rougeur disparue sur la face mais persistant
encore sur les piliers antérieurs et le voile du palais et sur
le dos des mains. Gonflement en voie de résolution. 1 gr.
d'éosinate de sodium.
Du 28 au 31 mai, 3 gr. 50 d'éosinate do sodium par jour ;
le 31 mai le traitement est définitivement arrêté.
10 juin. - Petites excoriations arrondies de deux à cinq
millimètres de diamètre, recouvertes de croïvlelles jaunâtres,
humides, épaisses occupant le front, les joues, les sourcils,
les lèvres, la partie supérieure et gauche de la nuque. Pas
de rougeur des téguments, pas d'engorgement ganglion-
naire. La main gauche présente sur sa face dorsale une large
exulcération consécutive à l'ouverture de la phlyctène, lente à
guérir et pansée actuellement avec l'acide picrique. L'ongle
du pouce s'est entièrement détaché, sans douleurs et sans
manifestations inflammatoires.
Sur le dos de la main droite, large plaque violacée consé-
cutive à une phlyctène. Pas de décollement ni de chute des
ongles. Orteils absolument indemnes.
25 orei)t)'c. L'enfant présente encore des taches rosées
à la nuque, derrière l'oreille gauche. Sur les mains, qui sont
d'habitude cyanosées, il reste encore des plaques violacées.
En résumé, nous notons durant la période corres-
pondant au traitement (t ? mars au 31 mai), 37 accès
et 1 vertige en 1897, 28 accès et 1 vertige en 1898
(éosinate) et 90 accès et 3 vertiges en 1899 ; il y
aurait donc eu moins d'accès pendant l'administration
de l'éosinate qu'en 1897 et 1899.
Ons, XI. Épilepsie symptomatique.
Sommaire. Père migraineux, caractère emporté.
Grand'mère paternelle mig1'i ! ineuse. - Tante paternelle
migraineuse. - Grand-oncle et grand'tante paternels
migraineux. Grand-père maternel alcoolique.
Convulsions il deux ans pendant 7 heures. Violents accès
de colère. Vertiges vers 3 ans. Premier accès à 7 ans
et demi. - Incontinence d'urine.
EOSIXATE DE SODIUM. 27
Br... (Pierre), 20 ans. Eosinate de sodium du premier juin
au 3 1 août.
Ce malade n'a présenté aucun accident, sauf peut-être un
léger gonflement avec rougeur au-dessous de la paupière
gauche. La dose maxima du médicament a été de 3 grammes.
Tableau des accès el des vertiges.
28 . Épilepsie.
OBs. XII. - Épilepsie idiopathique.
SoMMAjRE. Père très nerveux, sujet aux migraines et aux
névralgies. Grand-père .paternel très nerveux, mort de
tuberculose. - Tante paternelle très nerveuse. - Mère,
convulsions, évanouissements', perte intermittente de la
mémoire, migraines, - Grand-père et grand'mère mater-
nels morts tuberculeux. - Oncle maternel mort à deux
mois. - Tante maternelle très nerveuse. Frère, deux
crises nerveuses attribuées à des vers. - Pas de convul-
sions. - Premier accès d'épilepsie à 13 ans. - Excitation
maniaque. - Rougeole.
v Tableau des accès, des vertiges et des attaques.
EOSINATE de SODIUM. 29
Cards croûteux du côté droit du menton, sur le dos du nez et
autour de la commissure labiale gauche, lesquels laissent en
tombant les cicatrices brunes et déprimées caractéristiques.
1890. Nou. - Aucune cicatrice; ongles normaux.
En juin, juillet, août 1897, 3 accès, un vertige, 3
attaques ; en 1898, 13 accès, 12 vertiges et pas d'atta-
quels ; en 1899, 11 accès, ni vertiges ni attaques.
Oss. XIII. - Épilepsie héréditaire. -
SOMMAIRE. - Père, rien de particulier. - Grand'mère pater-
nelle hémiplégique. - Deux oncles paternels alcooliques.
- Tante paternelle migraineuse. - Cousine du père épi-
leptique. - Mère- épileptique. Grand'mère maternelle
très nerveuse. - Neuf frères et soeurs morts en bas-âge
de convulsions .
Ecrasement par un rouleau de ferme à 4 ans. - Accès cl'é-
pilepsie partir de cet accident.
Duch..... (euglène), '13 ans. Entre le 4 octobre 1894. - Éosi-
nate de sodium du premier juin au 31 août.
9 juillet. - Coloration rouge vif de la face; léger gonfle-
ment du front et des paupières inférieures. Légère rougeur
du pharynx, mais sans gonflement de la muqueuse. Ulcéra-
tions croùteuses sur le nez et au voisinage de la commissure,
labiale gauche, sur la face antérieure du pavillon des oreilles.
Mains violacées mais sans gonflement ; pas de décollement
des ongles; rien aux orteils.
23 juillet. - Coloration extrêmement intense de la face;
les croûtes recouvrant les ulcérations sont tombées. Rougeur
vive des mains. Au pied droit, légères ulcérations des
deuxième et cinquième orteils.
31 août. - Pas de nouveaux accidents; les ulcérations des
orteils sont complètement guéries.
Tableau des accès et des vertiges.
M . Epilepsie. z
Eosinate de sodium. 31 1
29 juillet. - Léger gonflement et rougeur de la face et du
dos des mains.
10 août. - Toute trace d'accidents a disparu et ils ne
reparaissent plus jusqu'à la fin du traitement.
Tableau des accès et des vertiges.
32 Épilepsie.
Ors. XV. - Épilepsie symptomatique.
5oamma ? IPieiz de particulier dans les antécédents : dif-
férence d'âge du père et de la mère treize ans. - Convul-
sions Ù quatorze mois pendant 12 heures ( ? ). - Heprodllc-
lion d'accidents nerveux mal caractérisés une dizaine de
fois. - Début probable des accès à 4 ans.
Ne (Emile), 15 ans, a été soumis au traitement par
l'éosinate du 10r juin au 31 août sans avoir éprouvé d'autres
accidents qu'une rougeur diffuse et peu intense de la face.
Tableau des accès et des vertiges.
ÉOSINATE DE SODIUM. 33
Du 1 ? juin au 31 août, en 1897, 36 accès et deux
vertiges ; - en 1898 (éosinatel' 39 accès ; - en 1899,
accès et vertiges. Résultat négatif.;
OBs. XVL Epilepsie idiopathique.
Sommaire. - Père, convulsions. Grand-père paternel mort
paralysé 8. l'hospice de Bicêtre. - Arrière-grand-père
paternel mort d'apoplexie. - Oncle paternel épileptique.
- Mère, perles de connaissance. - Grand-père maternel
alcoolique. Cratid'met'e maternelle morte d'apoplexie.
A uriné au lit jusqu'à l'âge de sept ans. Masturbation
précoce. - Rapports sexuels auec sa soeur. Caractère
méchant, kleptomanie, Rougeole, otite. Premier
accès à neuf ans.
Ressa... (Eugène), 19 ans. L;osizzate du 1er juin au 31 août.
13 juin. - Léger gonflement au-dessous des paupières
inférieures; rougeur diffuse de la face. Rien à la gorge, ni
aux mains, ni aux pieds.
9 juillet. - Rougeur intense, surtout au voisinage du nez ;
gonflement prédominant aux régions parotidiehnes des deux
côtés. Rougeur des mains, mais sans gonflement; rien aux
pieds.
23 juillet. - Rougeur persistante de la face, s'accompa-
gnant de chaleur perceptible iL la main. Le malade semble
inquiet, agité, se plaint que ses accès sont plus fréquents
depuis la cessation dos douches, ordonnée quand il a été
mis à l'éosinate. '
12 août. - L'état local reste stalionnn.ire jusqu'à la fin du
mois où l'on cesse le traitement. -
. Tableau des accès et des vertiges.
34 Épilepsie.
Eosinate de sodium. 1*3 5
de rougeur de la face et quelques ulcérations croïctetcses sur
le dos du pouce et de l'index gauches et au niveau de l'arti-
culation motacarpo-phalangienne de l'index droit.
1899. Xov. II n'y a plus aucune lésion cutanée, etc.
Tableau des accès el des vertiges.
36 Épilepsie....
"0115. Epilepsie symptomatique.
Sommaire. Père, quelques excès de boisson. Grands
pères paternel et maternel, alcooliques. - Un arrière
grand-père maternel mort aveugle et paralysé des jambes;
l'autre arrière-grand-père maternel, alcoolique, mort en
enfance. Arrière grand'mère maternelle, tremblements,
étourdissements ? Cousin, caractère bizarre.
Parole a deux ans et demi, propreté à deux ans. - Rou-
geole. - Premières convulsions de huit mois; prcn,ic1'
accès à 10 ans..
Itou-... (Georges), 1G ans. Eosinate du 1 ? juin au 31 août.
9,juille.t. -Rourteur dc l f.vce et du pharynx, amygdales
Volumineuses ; léger gonflement des paupières inférieures. ! Tableau des accès et des vertiges.
Eosinate DE sodium. 37
Pas de gonflement, mais légère rougeur du dos des mains;
rien aux pieds. - -
3"1 août. Sur le dos du nez et au pourtour de la bouche,
ulcérations arrondies, assez étendues, non recouvertes de
croûtes. Sur la nuque, le dos de la main gauche et les pouoes,
ulcérations en voie de cicatrisation. Pas de décollement des
ongles, léger gonflement de la face, rougeur disparue.
1899. Nou. - Nulle trace des anciens accidents.
Du 1 ? juin au 31 août, en 1897, 26 accès et 6 verti-
ges ; - en 1898 (éosinal.e); 25 accès et pas de verti-
ges ; - en 1899, 22 accès et pas de vertiges. Très
légère amélioration.
Ous. XIX. - Imbécillité, hémiplégie gauche et épilepsie symptoma-
tiques.
Sommaire. Père, savoyard, goitreux. - Grand-père paternel
goitreux. - Cousin paternel hémiplégique. - Mère, con-
vulsions dans l'enfance, alienee, - Grand-oncle maternel
aliéné. - Tante maternelle nerveuse. - Premières con-
vulsions à trois ans suivies d'hémiplégie et de contracture
de la jambe gauche. Début de l'épilepsie à 3 ans et demi.
Irritabilité, turbulence, kleptomanie. -
Bl..., (Joseph), 20 ans. - Eosinate du 7 juillet au 31
août.
16 juillet. - Légère teinte rouge des pommettes.
z août, - Rougeur diffuse de la face et gonflement au
niveau des paupières inférieures. Ulcération croûteuse à la
queue du sourcil gauche ; rien aux mains.
31 août. - Petites croûtes noirâtres, de la largeur d'une
lentille, disséminées sur la lèvre supérieure, la narine, la joue,
le lobule de l'oreille du côté gauche, une ou deux seulement
au devant de l'oreille droite,
1899. Nu. - Rien il la face et aux ongles.
a8 Epilepsie.
Tableau des accès et dos vertiges.
Eosinate de sodium. : 3fJ
maternels motts de la poitrine. Rougeole, scarlatine ;
onanisme précoce, cauchemars. Premier accès à 5 axis.
Dor... (Auguste), 17 ans. Eosinate du 7 juillet au 31 août.
16 juillet. - Rougeur de la face; léger gonflement des
paupières inférieures et des régions parotidiennes. Rien au
pharynx ni aux mains.
22 aoftt. - Hougeur et gonflement delà joue du côté gauche;
du côté droit, croûtes saillantes, de couleur orangée, dissé-
minées sur le dos du nez, la lèvre supérieure, la joue, le
menton et la face antérieure du pavillon de l'oreille.
31 août. - Croûtes jaunâtres, confiuentes, humides, entou-
rant toute la bouche et débordant sur les joues et le menton.
Ces croûtes en tombant n'ont pas laissé les cicatrices dépri-
mées et pigmentées observées sur les malades de la première
série. - Quelques ulcérations peu étendues sur le dos de
l'orteil gauche.
1889. Noya. - Aucune cicatrice.
Tableau des accès et des vertiges.
40 Epilepsie.
Du 1 ? juillet au 31 août, en 1897, 11 accès et un
vertige ; - en 1898 féosio iate), 13 accès et un vertige;
- en 1899, 50' accès. Aggravation.
- Orins. XXI. Épilepsie probablement idiopathique.
Sommaire. - Enfant assisté; aucun renseignement. Mort
en état de mal le 43 août 1898.
Fer.... (Henri), 19 ans. - Eosinate du 7 juillet au 31 août.
Rien qu'une légère rougeur des pommettes et des joues.
Tableau des accès et des vertiges.
Eosinate de; sodium.. Id
Or3s XXII. - Imbécillité, hémiplégie gauche et épilepsie sympto-
matiques.
Sommaire. Père, caractère emporté, - Grand-père mater-
nel, très colère, alcoolique, hoTup ? te aauche. - Grand-
mère maternelle nerveuse. - ,
Etat asphyxique à la naissance. - Hémiplégie gauche.
Premières convulsions il. dix-huit mois, - Cinq ou six
autres crises jusqu'à 5 ans. - Début de l'épilepsie vers
6 ans. ..
Rani... (Gaston), 18 ans. - Éo-qi7-Late du 7 juillet au 31 août.
Tableau des accès el des' vertiges.
Epilepsie.
22 août. Rougeur diffuse de la face et gonflement des
joues et des paupières inférieures. Ulcérai ions en partie
recouvertes de croûtes jaunâtres, siégeant sur le dos du nez
et la partie médiane du front. - Le traitement est supprimé
le 31 août.
Du 1 ? juillet au 31 août, en 9897, 3 accès et 9 ver-
tiges ; - en 1898 'eosmaff, 19 accès et (; vertiges :
résultat négatif (1`.
Ons. XXII r. - Épilepsie probablement symptomatique ; déchéance.
SoMMAtnr : . Père bègue jusqu'à 16 ans. Oncle paternel
1t ! /pocltondJ'iar¡ue et alcoolique. - Grand oncle maternel
Tableau des accès el des vertiges
Eosinate de sodium. Il; !
r lu ! miple- Cousine ! ]ernwine (;pileplir¡ue. - AutJ'e
hémiplégique. Cousine germaine cepileptirlue. Autre
cousine idiote et èpilepl ique. Frère épileptique.
Autre frère instable, arriéré, ? 1/pt0'CILtcte. Absence
de renseignements sur le développement de l'enfant, le
début et les causes de l'épilepsie. S¡¡nclact¡¡lie des 2'=
et 3" orteils prédominant à gauche, - Scaphoceplwlie.
Tho... (Léon), 18 ans. Eosinate du 7 juillet au 31 août;
aucun accident d'intoxication.
Du 1 ? juillet au 31 août, en 1897, 3 accès et un
vertige ; en 1898 (eos ? 'nate\ 11 1 accès et 6 vertiges ;
on 1899, 10 accès et pas de vertige.
Considérations générales
De l'examen de ces observations, il est possible de
déduire un tableau d'ensemble de l'intoxication éosi-
ni(lite. Et tout d'ahord remarquons que ces accidents,
du moins avec les doses employées, ont été purement
locaux : nous n'avons observé aucun retentissement
sur l'état général, pas de troubles digestifs, pas de
modifications du rythme cardiaque, pas de modifica-
tions thermiques appréciables, pas de troubles sensi-
tifs ni psychiques. Les accidents se sont presque
exclusivement localisés aux téguments externes, la
muqueuse buccale n'a été atteinte que dans un petit
nombre de cas.
Les doses nécessaires pour déterminer les accidents
semblent varier de 2 gr.50 à : 3 go ? au-dessous de deux
grammes nous n'avons jamais rien observé. Quant à
la date d'apparition do ces accidents, elle varie de six
semaines à deux mois après le début du traitement;
mais il serait intéressant de rechercher à combien se
réduit ce temps de tolérance, lorsqu'on administre dès
le commencement des doses massives. - ,
14 Eosinate.
Les lésions dues à l'éosinate de sodium consistent
essentiellement en une rougeur suivie de gonflement
de la facc et des mains. Plus tard, à l'occasion de
traumatismes minimes, peuvent survenir des troubles
trophiques assez graves..
La rougeur envahit d'emblée toute la face : nous
avons suffisamment insisté, dans le cours des observa-
tions, sur les caractères de cette coloration pour qu'il
nous semble inutile d'y revenir. Rappelons seulement
que ce n'est point la un érythème inflammatoire, bien
qu'il soit accompagné d'un peu de chaleur de la peau,
et que son apparition est précédée d'une sensation de
démangeaisons, parfois de céphalées assez intenses.
Cette rougeur peut occuper toute la face, le cou, la
partie supérieure du thorax, la face dorsale des mains
et des doigts, parfois envahir le pharynx ; c'est-à-dire,
en somme, toutes les parties et rien que les parties
habituellement exposées il l'air.
Presque en même temps que cette coloration, appa-
rait le gonflement. Lorsqu'il est peu intense, il se
montre, tout d'abord, en certains points limités de la
face : au-dessous des paupières inférieures, au niveau
des régions parotidiennes. Lorsqu'il est très intense,
il envahit d'emblée toute la face, mais reste cependant
plus accusé aux régions précitées. Il occupe de même
le dos de la main et des premières phalanges. C'est
un gonflement mou, non oedémateux, indolore, et on
peut se demander si sa localisation en certains points
de la face et sur le dos clés mains ne tient pas à
l'abondance du tissu cellulaire en ces parties, et sur-
tout à l'absence de compression exercée par les vête-
ments : nous avons vu, en effet, le gonflement limité
nettement par la ligne de striction formée par le bord
d'un béret. Une fois seulement le gonflement occu-
pait les piliers du voile du palais
Kosinate de sodium. 15
Quant aux ulcérations qui apparaissent il une épo-
que un peu plus tardive, elles nous semblent être
dans la dépendance de traumatismes minimes, écor-
chures, lésions de grattage provoquées par les déman-
geaisons qui accompagnent l'érythème. En tous cas,
les soins de propreté de la peau ont toujours été suf-
fisants pour faire cesser ces complications. Ces ulcé-
rations, toutes superficielles, tendent à s'étaler, il se
rejoindre, de manière à former des plaques étendues
à contours irréguliers. Au bout de deux à trois jours,
elles se recouvrent d'une croîltcllc jaunâtre, irrégu-
lière, exubérante et suintante. Celle-ci, à son tour,
dure de cinq il six jours si elle n'est pas arrachée et
tombe en laissant une cicatrice plus ou moins pig-
mentée en brun, légèrement déprimée et reprodui-
sant la forme de l'ulcération primitive. Ces cicatrices
sont assez tenaces et des malades que nous avons
revus six ou sept mois après la cessation du traite-
ment, nous ont présenté ces cicatrices presque sans
atténuation de la coloration. Ce n'est que maintenant
(novembre 1S99 : qu'elles ont entièrement disparu
exepté chez un malade qui a quelques macules.
. En même temps se manifestent des accidents du
côté des ongles : c'est d'abord un décollement com-
mençant par l'extrémité distalc de l'ongle qui devient t
noir il ce niveau ; ce décollement progresse vers la
matrice, s'accompagnant parfois d'une in/ill na1 iolt
séro-purulenle ; le plus souvent on n'observe aucune
sécrétion de liquide. Fait remarquable, le malade
n'accuse aucune douleur spontanée ou à la pression.
Lorsque l'ongle est complètement décollé, il tombe
et ne repousse qu'avec une extrême difficulté et d'une
manière irrégulière. Toutefois, les ongles finissent
par reprendre leur conformation normale.
' Nous n'avons pu déterminer la cause de ces acci-
46 Epilepsie.
dents ni surtout de leur localisation aux pouces, alors
que les autres doigts n'ont été atteints que plus rare-
ment et d'une manière moins intense, et que les orteils
ne l'ont jamais été'. Il nous semble qu'ici encore
on doive faire une large part au traumatisme occa-
sionnel.
Nous avons recherché s'il existait quelques points
communs entre les signes d'intoxication éosinÙjue
et les manifestations cutanées du bromisme.
Notons d'abord que dans 21 cas sur 23, suit clans
une proportion de 9t pour 100, l'éosine a déterminé
des accidents, et encore un des deux cas indemnes
(Uns. I) doit-il être tenu pour suspect; ces accidents
apparaissaient avec une close moyenne de 2 gr. 50 à
3 grammes. Au contraire, les accidents cutanés du
bromisme ne surviennent que dans 75 p. 100 des cas,
en général lorsque le malade atteint ou dépasse la
dose cle 4 gr. cle bromure de potassium (I).
Les manifestations cutanées du bromisme attei-
gnent très fréquemment les membres inférieurs. On
peut dire, au contraire, que dans l'C'OS11sinisme ces der-
niers ne sont atteints que d'une manière tout à fait
exceptionnelle.
Quant il la forme de l'éruption elle diffère absolu-
ment de l'éruption bromurco : « Les manifestations
cutanées du bromisme se présentent sous les deux for-
mes suivantes : 1" L'acné disséminée qui ne présente,
guérie, de particulier, que la coloration rouge sombre,
la confluence à la face, clans le clos, aux bras ct aux
il) Voisin. De l'emploi du bruinm'c (le potassium dans les maladies ner-
veuses, 187,j.
Eosinate de sodium. 47 Î
cuisses, principalement sur la face dorsale où il laisse
des cicatrices, longtemps violacées....; 2° L'éruption
bromique conglomérée qui est caractérisée par des
indurations en forme de tubercules ovalaires ou de
plaques allongées qui se développent dans l'épaisseur
du derme, restent d'abord sans altérer la coloration
de la peau ; mais peu à peu celle-ci prend une teinte
d'un violet ardoisé lorsque les indurations deviennent
confluentes et forment des plaques conglomérées; ou
lorsque tout en restant isolées elles ont pris un grand
développement et ont formé des saillies hémisphéri-
ques à la surface de la peau : elles s'ulcèrent et suppu-
rent, mais l'induration persistes (1). »
On voit donc qu'il n'est nullement question de ces
ulcérations superficielles se recouvrant rapidement de
croûtes jaunâtres, exubérantes et suintantes, non
plus que du gonflement localisé à certaines régions de
la face et aux mains.
Les érythèmes ont été signalés par Vcïel (1 ïe/'tel-
jOLr. sur dermal li/HL syph. 18Î'I) cité par Chau-
mont (in Thèse, de Paris, 1894). Cet auteur aurait
observé un certain nombre de fois « un érythème
diffus, très douloureux, accompagné de fièvre, et
toujours limité aux extrémités inférieures. Dans
d'autres cas, l'érythèmc se présente sous forme de
plaques isolées, moins localisées ; les phénomènes
généraux sont nuls ou peu marqués ; tantôt elles ne
font aucune saillie au-dessus de la peau, tantôt, au
contraire, elles sont légèrement surélevées, et dans
ces cas il existe ordinairement au-dessous d'elles un
noyau d'induration. Leur coloration varie du rose au
rouge vif foncé, parfois scarlatiniforme. Elles dispa-
Fère, - l : pilr»ic et cpil<'],li'lIlCS.
18 1';I'II.E[>SII ?
raissent par effacement ou en donnant lieu aune
desquamation parfois assez considérable ; d'autres
fois, sur les plaques érythémateuses rosées, il se
forme des vésicules qui aboutissent ultérieurement
Ù des ulcérations. C'est chez les enfants que ce fait
a été observé. » (Ghaumont. loc. cit.)
Cet érytlième diffère entièrement de celui observé
clans tous les cas d'éosinisme. Notons cependant que
dans un seul cas (Ons. X.) nous avons vu l'él' ! Jlhème
éosinique des mains suivi de phlyetèmes volumi-
neuses.
La pigmentation est citée comme accident cutané
possible du bromisme. « Echeverria (l'hilatlelphia
mecl. Times, 1873) a vu le front et, le cou se pigmenter
en brun d'une façon très prononcée M. Voisin a
observé, deux faits du même genre : un malade pré-
sentait une coloration jaune sale foncée de la peau de
la face ; chez un autre, la face se recouvrit de plaques
bronzées n'ayant aucun rapport pal1lOg'énitiquc avec
les pustules d'acné. » (Clwul11ont loc. nit.) Il est
impossible de ne pas faire un rapprochement entre
cette pigmentation et celle que laissait en tombant
les placards croûteux de la face de nos malades; mais
ici les cicatrices brunes avaient un aspect déprimé
que ne relatent point les observations ci-dessus.
. Nous voyons clone qu'on ne saurait assimiler les
manifestations cutanées du bromisme et celles de
l'éosinate. Trop de points de dissemblance, fréquence,
siège, forme de l'éruption, viennent, en dépit de quel-
([lies analogies, montrer que l'on ne peut faire du
brome la cause unique de tous ces accidents : l'éosi-
nate semble avoir une action bien déterminée.
Remarquons toutefois en terminant que l'état santé-
EOSINATE de sodium. 49
rieur de la peau, les soins de propreté dont M. Féré
a signalé l'importance à propos des accidents du bro-
misme, et auxquels, dans le service des enfants, on
apporte la plus grande vigilance (bains généraux,
bains de pieds, douches), nous ont semblé aussi jouer
dans l'éosinisme un rôle considérable. C'est, en effet,
chez les sujets les plus intelligents, les plus soigneux
de leur personne que nous avons noté le minimum
d'accidents, et si les lavages de la figure et des mains,
l'attention du malade a éviter les écorchures et les
traumatismes de ces parties ne pouvaient préserver du
gonflement ct de la rougeur de la face, ils sullisaient
à leur éviter les placards croûteux et les cicatrices de
la face ainsi que le décollement et la chute des ongles,
c'est-à-dire les troubles truphiques les plus sérieux.
Nous n'avons pas il insister sur l'action thcrapcuti-
([uedeleosinatedc sodium contre l'épilepsie. Les
tableaux des accès, les )['('')1<"<vous qui les .suivent mon-
trent que cette action est nulle.
Cetra\aila(''tercdig'eala<indel8 ? Sinousno
l'avons pas publié plus tôt c'est parce que nous tenions
à nous rendre compte de l'action que pouvait avoir
l'éosinate sur la marche ultérieure de la maladie et en
particulier durant les mois de 189'J correspondant à
la période de traitement en 1898.]
Voici, il titre de document, quatre analyses d'urine
pratiquées par l'interne en pharmacie du service, M. Au-
briot. '
Urine du 25 au 26 avril 1898.
I. Itoma..., 17 ans. En traitement depuis le 1er mars. 3 gr.
d'éosinate de sodium par ;*4 heures.
l3uoitaLVILL1 : , Bicêtre, 1899.
50. Eosinate de sodium.
Urine limpide très colorée et très fluorescente.- Elle donne
par agitation une mousse rouge.
Analyse des U1UNES. ' 51
Urine très trouble, colorée et fluorescente.
II.
De la joubarbe ou sedum acre ;
l'.w ltoLltW.Wl.t.l ?
Contre une maladie aussi terrible et aussi épou-
vantable que l'épilepsie, le devoir strict des médecins
qui sont chargés cle traiter les épileptiques est d'es-
sayer tous les médicaments nouveaux qui paraissent
indiqués, et, à l'occasion, de vérifier l'action des
agents médicamenteux, employés autrefois et dont la
physiologie fait mieux connaître l'action. C'est dans
cet esprit que nous avons accepté avec empressement
l'offre qui nous était faite par M. l3c : rtllclt,l, le distingué
pharmacien en chef de l'hospice de Bicêtre, qui ayant
eu connaissance d'un travail de 1\[..Jung : st, relatif à cles
Ilecherches expérimentales sur l'action du sedum
acre, nous a offert de nous préparer un extrait de cette
plante pour en vérifier l'action thérapeutique dans l'é-
pilepsie.
La plupart des ouvrages récents ne parlent pas du
sedum acre ou se bornent à le citer. Il faut remonter
au Traité de l'épilepsie de Delasiauvc, ouvrage qu'on
ne saurait trop consulter, pour avoir des renseigne-
ments un peu détaillés sur l'emploi de cette plante
contre le mal caduc. Voici le passage qui nous inté-
resse (p. ! 105) :
« Anciennement, dit-il, la joubarbe occupait clans la thé-
rapeutique une place assez importante. On attribuait au
Sedum aciie. 53
suc du .smlr'ruiunn2 tecto°Ln2 des propriétés siccatives
et calmantes. En injections dans le vagin et le rectum, il
apaisait les vives douleurs de ces organes. On l'appliquait,
à l'extérieur, à la cicatrisation des plaies, et, à l'intérieur,
comme dépuratif.
«Une variété moins connue, la petite jouharde ou sedum
acre, semble n'être pas inefficace. Roques, dans sa l'hyto-
g rapide médicale, et Lobender, dans une note, ont rappelé,
(-et égard, les succès réalisés en Allemagne.
« A son tour, le ])' Petcrs a relaté cinq cas dans lesquels
le sedum acre eut unc influence; plus ou moins heureuse.
Il lit prendre', matin et soir, à l'un de ses malades, en
proie à une grave épilepsie, déterminée par la frayeur,
vingt grains de petite joubardè en poudre. Deux onces,
ainsi administrées, amenèrent la disparition des accidents.
Même résultat chez un second, dont l'affection remontait
à une trentaine d'années, et se'réllétait deux fois par mois.
Le troisième, une jeune fille de seize ans, que les chutes
surprenaient régulièrement au moment des règles, s'en
trouvait délivrée depuis cinq mois, après avoir usé d'une
once et demie du remède. Les deux autres, sans être
guéris, virent leurs convulsions s'éloigner.
« Le sedum acre entrait comme élément principal dans
la médication du ])1' Fauverge, qui, à l'appui de son utilité,
mentionne trois observations. Dans l'une; d'elles, toutefois,
le traitement appliqué de 'nouveau pour une récidive,
demeura absolument stérile. Le ])1' Godier suivit la même
méthode à l'égard de' deux épileptiques, dont les accès
affectaient des retours mensuels. L'un n'eut qu'une crise
en huit mois, et l'autre trois seulement dans l'année.
« Roques et Alihert attribuent petite joubarbe des
vertus purgatives, sur lesquelles n'ont point insisté les
auteurs à qui sont dus les faits qui précèdent. Serait-ce
que son action n'est point constante, ou qu'elle ne s'exerce
qn'à des doses supérieures ? Les changements favorables
devraient être, alors, considérés comme le résultat d'une
modification générale de l'économie.
54 ); : 1'11.10 : 1 ?
« On peul prescrire le suc ou la décoction du sedum
acre, mais la poudre est d'un emploi plus ordinaire. Le Dr
I'etcrs a fait sécher la plante' au four avant de la pulvéri-
ser. Les quantités ont -varié, pour ce dernier médecin, do
un à deux grammes ; pour MM. Fauvergc et Godicr. de
quatre il huit. Des essais réitérés pourraient seuls, sous
ce rapport, fournir clos données certaines. »
M. Berthoud nous a rcmis la note ci-après rela-
tive aux principales propriétés du sedum acre et à la
préparation pharmaceutique qu'il a mise à notre
disposition.
Le sedum acre est une petite plante charnue, de la
famille des Crassulacées, qui croit communément
dans nos contrées : elle fournit un suc cloué d'une
acreté qui lui a valu le nom populaire de poivre de
muraille.
Jiingst 1 en a expérimenté' les propriétés physiolo-
giques et recherché le principe actif. Il a pu en reti-
rer un alcaloïde, déjà isolé par Mylius, qui existe en
très petite quantité, et se montre facilement altérable ;
il offre l'acreté du suc ainsi que les autres effets de la
plante sur l'organisme. A ce dernier point de vue, voici
en substance les conclusions de l'auteur :
« C'est un poison du cerveau. Après un premier
stade (le nausées et de vomissements, apparaissent un
assoupissement et une anesthésie croissantes, les
mouvements volontaires sont progressivement abolis,
la respiration, d'abord galopante et superficielle, se
ralentit avec dyspnée et mouvements spasmodiques
des extrémités relevant de l'asphyxie : il y a finale-
ment arrêt de la respiration alors que le coeur bat
encore. »
(1) .1rchiv sur exeprimentalle l'atliologie un<l Pharmacologie, XXIV. 1888.
Sedum aciie. 55
Le sedum acre est au nombre des végétaux aux-
quels on a attribué une vertu anti-épileptique. Il a
paru bon de soumettre sa réputation à un essai théra-
peutique sérieux. .
La plante a été récoltée dans la région de Paris
au cours de l'été de 1897. Elle a été immédiatement
traitée, à l'état frais, de la façon suivante. Elle a été
contusée au mortier avec son poids d'eau, et portée à
la presse. Le marc a été de nouveau contusé et
exprimé avec une quantité d'eau telle que le suc
total fourni par ces deux expressions s'élevait à
1.333 centimètres cubes pour un kilogramme de
plante fraîche, après filtration. On complète ce
volume à deux litres par addition de glycérine,
celle-ci, devant assurer la conservation du produit.
On obtient ainsi un suc glycérine dont deux centi-
mètres cubes correspondent à un gramme de plante
fraîche. C'est ce suc qui a été administré dans
une préparation qui en contenait un demi-centimètre
cube par cuillerée à café de 5 grammes, ce qui équi-
vaut Ù 25 centigrammes de plante fraîche.
OftSEHVA'nox I. Imbécillité et épilepsie symptomatiques;
démence ; état de mal ; mort ; méningo-encéphalite.
Boni- : ..., (Victor). nu lo 20 juin 1884.
Extrait Huidf de sedum acre d'une il. qualrc cuillerées il
café du 1 ? août au 31 décembre 1897. Le médicament a été
administré pour tous de la façon suivante :
56 Épilepsie.
SEDUM acre. : 7 7
Ons. II. Épilepsie symptomatique.
Ne... (lmile), né le Il octobre 1883.
Extrait de sedum acre du 1"" aoÙl au 31 décembre 1807.
Tableau des accès et des vertiges. j
5S Il Epilepsie.
Oos. III. Épilepsie.
Knsn... (Delhe), ne, le 1 ? décembre 188l.
Extrait de dit 1"" août au 31 c]c"('Plllbl'oJ ISOi.
Tableau des accès et des vertiges.
W : uLn .w.r,r. ? 9
OBS. IV. Épilepsie probablement symptomatique..
I-Ienr... (Paul), né le 28 mars 1878.
Extrait fluide de sedum acre du 1er août jusqu'au 31 décem-
bre 1897, à la dose d'une à six cuillerées à café, soit 106 par. 75.
Tableau des accès et des vertiges.
no Epilepsie.
le malade a pris 92 grammes 75 de suc do sedum acre.
Tableau des accès et des vertiges.
SEDUI ACHE, 61
Résultat négatif.
62 Epilepsie.
111.
Zona thoraco-brachial;
PAU 1t(tUlt\1 ? II,1,1 : ET Patil BONCOLK.
Nous avons eu l'occasion de voir à la consultation
de Bicêtre un cas de zona 1 hOl'ilco-ln'ul'hial très
étendu, avec de très larges plaques de vésicules et
qui nous parait assez intéressant pour justifier sa
publication.
S..., 25 ans, comptable, né dans la 1)rômc, habite Paris.
Le premier janvier 1899, le malade' ressentit dans la région
de l'épaule droite une douleur vive qui s'exagérait par les
mouvements du bras et offrait simultanément des accès, avec
élancements paroxystiques. Les élancements ressemblaient,
au dire du malade, à des piqûres d'épingles.
Le lendemain (2 janvier) les douleurs persistaient mais il y
avait en plus des points douloureux dans l'aisselle et sur la
partie antérieure delà poitrine', au niveau de la région mame-
lonnaire. Les mouvements du bras étaient particulièrement
pénibles : les mouvements d'adduction, notamment, provo-
quaient des douleurs au niveau du creux de l'aisselle.
Durant ces deux jours, le malade a eu de la fièvre caracté-
risée par de l'inappétence, delà céphalalgie et des frissons.
Pour combattre la douleur, on fit des frictions avec un lini-
ment calmant sur les régions douloureuses où, assure-t-on,
il n'y avait alors, aucune éruption
Le 3 janvier, à son réveil, le malade constata qu'il avait à
la partie antérieure; de la poitrine, dans l'aisselle et il la par-
tie postérieure de l'épaule des plaques rouges avec quelques
vésicules claires. Il crut que c'était le résultat des subs-
tances employées pour soulager la névralgie.. Le soir
64 XOXA TIIUIt : ICU-liltAC111 : 1L.
toutes les parties rouges étaient recouvertes de vésicules ou
de phlyctènes dues ¡¡la réunion de vésicules agglomérées.
Le 5 janvier le malade ressentit quelques douleurs dans
le bras droit; il se produisit dans le courant de la journée,
sur la face interne de ce membre, une poussée de larges
plaques de vésicules. L'éruption s'est faite complètement en
moins de deux jours.
Le 7 janvier le malade présentait une belle éruption de
zona qui avait l'aspect suivant :
1° A la partie antérieure du thorax (1,'ig. 1), au niveau du
troisième espace intercostal, il y a une traînée de plaques
rouges de dimensions variables, de forme ovalairc à grand
axe parallèle à l'espace intercostal, séparées les unes des
autres par des intervalles" de peau saine. Sur les surfaces
1- il. 1. 1.
Zona thoraco-brachial. 65
rouges, il y a, répandues sans ordre, une série de vésicules
fines et claires. Cette plaque commence exactement sur la
partie médiane, suit la direction de l'espace intercostal.
Arrivée au niveau de la ligne mamelonnaire, elle va se con-
fondre avec une énorme plaque rouge présentant trois
grandes phlyctènes jaunâtres et se perdant en dehors dans
l'aisselle et en bas avec une autre plaque descendant jusqu'à
une ligne horizontale passant par le mamelon.
2 En faisant lever le bras du malade (fig. 2), on constate
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1899. 5
Fis. 2.
66 . Zona THORACO-BRAQHIAL,
que la plaque axillaire se décompose en 3 plaques ovalaires
à grand axe oblique, recouvertes chacune par des phlyctènes.
Dans l'aisselle et sur la partie interne du tiers supérieur du
bras, il y a une vaste surface rouge sur laquelle sont dissé-
minées des vésicules de dimensions très différentes, et sans
ordre.
Il y a une traînée qui descend sur la partie interne du bras
et bien visible lorsque, regardant le malade par ^derrière, on
lui fait mettre la main dans le dos (fig. 3). Les groupes de
vésicules y sont en très grand nombre, de dimensions varia--
bles. Elles cessent au voisinage du coude.
Dans la région do l'omoplate, il y a une série de surfaces
Fig. 3.
Zona thoraco-brachial. 67
rouges avec des vésicules rassemblées autour de l'épine.
Elles commencent en dehors, exactement à la partie médiane
et deviennent de moins en moins nombreuses en allant sur
la partie externe.
Les douleurs spontanées au niveau des plaques situées
sur la poitrine et sur le dos manquent. Seul le frottement
des vêtements est désagréable, mais nullement douloureux.
Au niveau de l'aisselle, la douleur est au contraire très vive.
Il y a des élancements continuels et un sentiment de tension.
Après examen, cette douleur semble en rapport avec le déve-
loppement d'une adénopathie axillaire très prononcée. La
pression, iL ce niveau, est excessivement pénible et les mou-
vements qui tendent à rapprocher le bras du tronc sont
impossibles. Au contraire le malade porte sans difficulté et
sans douleur la main sur la tête. La pression ne donne aucun
point douloureux, soit sur le trajet des grandes plaques, soit
sur les points d'émergence des nerfs intercostaux de cette
région. -
La sensibilité il la piqûre est très atténuée sur les zones
saines qui avoisinent les plaques de zona. ..
La diminution de la sensibilité à la piqûre existe aussi sur
le bras, non seulement au niveau de la partie occupée par
l'éruption, mais aussi sur toute la surface. L'avant-bras ne
présente pas ce phénomène. '
Tout le membre droit (bras et avant-bras) est plus froid
que le gauche. Le malade prétend que depuis la sortie de
l'éruption, il a une sensation de froid continuelle dans le bras
et la main. - L'état général est excellent.
9 janvier. - Il n'y a pas de nouvelle poussée. Les vésicules
transformées en larges phlyctènes peu saillantes ont un
contenu puriforme. Nulle douleur.
14 janvier. - Dessication des vésicules isolées ; croûtes
superficielles sur les phlyctènes. La peau correspondant aux
plaques éruptives a une coloration d'un rouge brunâtre.
25 janvier. - Les lésions cutanées ont disparu. Pas de
névralgie. Etat général bon.
, Juin. - Les douleurs névralgiques n'ont jamais reparu ; il
ne s'est produit aucune éruption secondaire et il ne reste
plus que des macules brunâtres.
L'observation qui précède nous a semblé intéres-
sante en raison des considérations suivantes : : 1" Elle ne permet aucunement de trancher la dis-
GS Zona thoraco-brachial.
cussion qui est en suspens au sujet du siège de la
lésion anatomique du zona. Contre la théorie spinale
soutenue avec tant de maîtrise par M. Brissaud, on
peut invoquer la concordance parfaite entre la topo-
graphie du zona et l'innervation cutanée. Il suffit de
regarder les figures pour se rendre compte immédia-
tement de la disposition de l'éruption exactement
superposée à celle du troisième nerf intercostal qui
donne un rameau se répandant dans le creux de l'ais-
selle, qui abandonne en outre un petit filet à la peau
de la région mammaire et vient ensuite se distribuer
à la peau de la face interne du bras en s'anastomosant
avec l'accessoire du brachial cutané interne. On aurait
voulu dessiner sur la peau la zone d'activité de ce nerf
qu'on aurait circonscrit la surface de l'éruption. En
outre, il n'y a pas eu de douleurs rachidiennes.
Mais en faveur de la théorie de M. Brissaud, il faut
signaler les troubles sensitifs (anesthésie) et les troubles
vaso-moteurs nullement en rapport avec la distribution
du nerf. De plus la pression au niveau des points d'é-
mergence est indolore.
2° En dehors des phénomènes généraux, au début,
qui militent en faveur de l'origine infectieuse de l'af-
fection, nous insistons sur la présence d'une adénopa-
thie dans l'aisselle. C'est la présence de ces ganglions
engorgés qui était la cause unique de la douleur au
moment de l'examen du 7 janvier. Les observations
de cas analogues, comme siège anatomique, n'en font
pas mention dans la majorité des cas. Nous pensons
que cette adénopathie a dû influer souvent sur l'élé-
ment douleur, d'autant plus que nous avons vu signaler
la difficulté des mouvements d'adduction du bras.
3° Ce fait doit-il-être ajouté à ceux qu'a mentionnés
M. Rendu, relatifs à la coexistence du zona et de la
tuberculose ? Nous ne saurions nous prononcer. Notre
Zona thoraco-brachial; tuberculose. 69
malade présente bien une coxalgie du côté gauche, con-
sécutive à un traumatisme survenu vers 7 ou 8 ans, et
nous rappelant les cas qui tendent à faire supposer,
en pareille occurrence, une tuberculose commençante,
nous avons ausculté le malade plusieurs fois sans
découvrir aucun phénomène digne d'être signalé dans
l'état soit du poumon, soit de la plèvre. Il n'a jamais
toussé, ni eu d'hémoptysie, de maladies de peau, de
névralgies ; il a un tempérament nerveux et est sujet
à des accès de colère. Il n'y a aucun exemple de tuber-
culose dans la famille. Ses trois soeurs, âgées de 28, 20
et 18 ans, « jolies filles » nous dit-on, ont une excel-
lente santé.
Nous venons d'apprendre (décembre 1899) que ce
jeune homme, qui était retourné dans son pays, la
Drôme, y a succombé le 1 cr septembre à une ménin-
flirte tuberculeuse. Ce fait montre qu'on ne saurait trop
suivre ses malades.
' IV.
Idiotie ; Hémiplégie spasmodique d'origine cérébrale ;
PAR DOUttNEVttjLE ET 1)tItURL.
Sommaire. Père, fréquents maux de tête. - Grand-père
paternel, mort de tuberculose pulmonaire. Cousin,
mort de méningite ( ? ). - Mère, nerveuse. - Grand-père
maternel, excès alcooliques. - Gra71cl'711ère, nerveuse. -
Un grand oncle et deux grand'tantes maternels morts
de tuberculose pulmonaire : - Deux oncles maternels morts
de tuberculose, un autre de méningite, ainsi qu'un cousin
germain. - Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de
5 ans.
Contrariétés pendant la grossesse. - Accouchement préma-
turé. - Pas d'asphyxie. Pas de convulsions. - Cons-
tatation de l'hémiplégie peu de temps après la naissance.
Idiotie. - Hémiplégie spasmodique droite. - Stra-
bisme convergent de l'oeil droit. - Marche lente et dty/t-
cite.- Pleurésie purulente. - Mort.
AUTOPSIE. - Atrophie du tiers supérieur de la frontale
ascendante, de la pariétale ascendante, de la partie anté-
rieure du lobe paracentral et du lobe pariétal supérieur de
l'hémisphère cérébral gauche. Atrophie limitée de la
partie supérieure de la frontale ascendante de l'hémis-
phère cérébral droit. - Pleurésie purulente; - tubercu-
lose pulmonaire.
Gréz... (Jeanne), née à Paris le 20 août 1884, est entrée
dans le service (Fondation Vallée) le 29 novembre 1897.
Antécédents. (Renseignements fournis par sa mère.) - PÈRE,
43 ans, tailleur d'habits, bien portant, grand et vigoureux ;
très sobre, comme du reste toute sa famille. Pas de convul-
sions dans l'enfance, pas de fièvre typhoïde, pas de rhuma-
.. Antécédents héréditaires. 71
tismes, mais de fréquents maux de tête, depuis son mariage,
qui date de li ans, et survenant à la suite de contrariétés.
Pas de traumatisme céphalique ; pas de dartres ni de mala-
dies de peau ; pas de syphilis. Caractère calme, mais cause
peu. - [Père, mort à 75 ans d'une bronchite de nature sus-
pecte, après avoir gardé le lit pendant 15 mois. Boitait, à
la suite d'un traumatisme. Ni alcoolisme, ni syphilis.
Mère, 78 ans, bien portante, pas nerveuse, mais caractère
boudeur. Elle a eu sept enfants. Aucun n'a eu de convulsions
ni de maladie nerveuse, - Grands-parents paternels morts
âgés ainsi que les grands-parents maternels. - Un oncle parti
pour l'Amérique, il y a 30 ans, et dont on n'a pas de nou-
velles. - Deux oncles maternels, l'un est mort de vieillesse :
a C'était un vieil avare » ; l'autre, cultivateur, s'est marié
avec une jeune femme dont il a eu un enfant bien portant. -
Pas de tantes, ni du côté du père ni du côté de la mère.
Deux frères, sobres et en bonne santé, ont chacun 5 ou 6
enfants. L'un de ces enfants serait mort, vers 4 ans, de mé-
911nfJiLC. - Rien à signaler dans le reste de la famille.]
Mère, 38 ans, très nerveuse, parle avec volubilité, s'agite,
a des tremblements dans les mains lorsqu'elle parle, ne peut
rester en place, pousse de continuels soupirs. Elle avoue du
reste être très nerveuse et que des douches lui feraient
du bien. Très émotive, a souvent peur, emportée, palpitations
fréquentes; pas de convulsions en bas-âge. Rougeole et
coqueluche vers 4 ans. Pas de fièvre typhoïde. Réglée à 10
ans et demi, puis resta deux ans sans rien voir et eut de
nouveau ses règles à 15 ans, mais irrégulièrement : elle
serait même restée trois ans sans menstrues, de 20 it 23 ans;
elle n'était pas encore mariée. Cependant, pas d'anémie, pas
de maux de tête, pas de rhumatisme, pas de maladie de
peau. Fréquentes crampes d'estomac depuis dix ans. Mariée
à 24 ans. - [Père, mort à 46 ans, d'un « chaud et froid »
après plusieurs mois de maladie. Etait cuisinier, il buvait
un peu (du cidre), le jeudi surtout, jour du marché ; il était
«gris», à peu près tous lesjeudis. Fumait beaucoup, caractère
violent. - Mère, morte à 53 ans, après un an de maladie ( ? ).
- Très nerveuse, elle avait des crises de nerfs et des moments
d'abattement profond. - Grands-parents paternels et mater-
nels morts âgés. - Quatre oncles paternels : l'un mort à 30
ans de tuberculose pulmonaire, l'autre était marin et est
mort en mer. Les deux qui restent sont bien portantes, leur
famille aussi. - Trois tantes paternelles ont eu des enfants
7 ? Idiotie ET épilepsie spasmodique.
bien constitués. - Deux tantes maternelles, mortes de la
poitrine. - Un oncle maternel, très nerveux, « très exalté »,
s'occupait beaucoup de politique. Il a trois fils, tous aussi
« très exaltés pour la politique ». - Sept frères et soeurs. La
mère de notre enfant est l'aînée ; - 2° garçon mort à 24 ans, à
la suite d'un refroidissement; -3° garçon, mort à 24 ans, d'une
laryngite tuberculeuse ; 4° garçon, mort à 21 mois, de mé-
7zizzgite ; - 5° fille, bien portante, 31 ans, pas de convulsions;
deux de ses enfants sont morts, l'un à 2 ans et demi, d'en-
térite, l'autre à 9 mois de znéz.izgite. : - 6° garçon de 33 ans,
bien portant ainsi que son enfant de 10 ans, très nerveux ; -
7° garçon mort à 26 ans, d'un « chaud et' froid » ; il avait eu
plusieurs abcès au cou; - 8° fille, de 24 ans, soignée pour de
la chlorose.
Pas de consanguinité. (Père de la Charente, mère de la
Bretagne). - Différence d'âge de 5 ans.
Trois enfants et une fausse couche à 3 mois : 1° un
enfant avant son mariage (d'un autre père), mort à 21 jours et
qui n'aurait pas eu de convulsions ; - 2° notre malade, qui
naquit 17 mois après le mariage ; puis elle fit, 18 mois après,
une fausse couche de trois mois, sans cause, ne se savait pas
enceinte ; 3° huit ans après elle eut un garçon, âgé aujour-
d'hui de 4 ans, lequel n'a pas eu de convulsions, mais a eu
des abcès au cou et a un écoulement d'oreille.
Notre malade. - Au moment de la conception, le ménage
vivait en bonne intelligence et ne souffrait pas de difficultés
matérielles. - Grossesse : pas de traumatismes, pas d'en-
nui de se voir enceinte. Vers 7 mois, elle eut une violente
dispute avec une voisine, et les discussions se renouvelèrent t
les jours suivants. « C'était une sale femme », qui voulait lui
enlever son mari. - Accouchement prématuré, à 8 mois et
demi, très facile, on n'eut pas le temps de chercher la sage-
femme ; couches sèches. - L'enfant cria tout de suite. -
Élevée en nourrice, au lait de vache, chez sa grand'mère. Pas
de convulsions, mais peu de temps après la naissance, la
mère s'aperçut, que le bras droit était paralysé. Gourme à 9
mois. Première dent vers 9 mois ; dentition complète à deux
ans passés, sans accidents nerveux. N'a jamais su marcher
seule, ni parler. Vers 4 ans, commence à dire quelques mots :
« Papa, maman. » Ce n'est qu'à cet âge qu'elle devint propre
et sut demander le vase. - Léger écoulement menstruel ( ? )
il y a quelques mois. Caractère affectueux, doux, calme et
timide. N'a jamais eu de violentes colères.
Description de la maladie. 73
État actuel. - Physionomie hébétée. - Crâne petit, symétri-
que. Front étroit et bas, avec bosses frontales à peine sail-
lantes. Bosses pariétales à peine proéminentes, symétri-
ques. Occiput aplati. Cheveux châtains, peu abondants. Pas
d'épi; tourbillon médian. - Plusieurs cicatrices de petites
dimensions, disséminées sur le cuir chevelu. Pas de ganglions
ni de cicatrices sur le reste du corps.
Visage allongé, teint uniformément terreux. Arcades sour-
cilière peu saillantes. Sourcils droits, peu fournis. Fentes
palpébrales peu ouvertes et asymétriques, la gauche est plus
ouverte. Paupières bordées de cils longs et réguliers. Pas de
blépharite ni de conjonctivite. Strabisme convergent de
l'oeil droit, très apparent. Quelques secousses nystagmifor-
mes dans les positions extrêmes. Les pupilles sont égales et
réagissent bien à la lumière et à la distance. Au niveau du
bord inférieur de l'iris gauche, légère exulcération de la cor-
née. La vision cependant n'en paraît pas incommodée. Iris
bruns foncés. - Gr.. confond toutes les couleurs, comme le
violet et le rouge, le jaune et le rouge, prend du noir pour
du jaune. - Nez droit, mais non rectiligne, en raison de la
saillie des os du nez et de la proéminence de l'extrémité, qui
est arrondie. Racine peu épaisse, mais les narines sont larges,
épaisses et dilatées. Légère déviation de la cloison à gauche,
avec narine gauche plus ouverte. Odorat peu développé : Gr..
trouve que l'assa foetida sent bon. - Bouche moyenne, asy-
métrique. Lèvre supérieure assez bien formée, mais la moitié
droite est un peu plus épaisse que la gauche. L'inférieure est
charnue, à contours mal dessinés et proéminents, surtout à
gauche, et cette asymétrie est encore plus nette lorsque l'en-
fant contracte ses muscles pour sourire. En même temps, le
sillon naso-génien droit devient plus saillant et la joue gau-
che s'allonge, tandis que la droite devient saillante, et que la
commissure droite se relève. - Voûte palatine excavée,
mais non rétrécie. Voile du palais régulier. Amygdales moyen-
nes. - Langue normale, non déviée. L'enfant la sort faci-
lement de la bouche. Pas de tremblement ni d'atrophie. ^-
Dentition assez régulière. Les dents ne sont pas cariées. -
Menton arrondi et petit, avec sillon mento-labial accusé, en
raison de la proéminence de la lèvre inférieure. - Oreilles
moyennes, peu écartées de la tête, assez bien ourlées, mais
le lobule est adhérent et n'est pas bien dessiné. Hauteur :
5 cent. de chaque côté.
Le cou est court et peu large. Circonférence : 28 cent.
74 Idiotie et épilepsie spasmodique.
Larynx légèrement saillant. Corps thyroïde difficile à sentir
entre les sterno-mastoïdiennes, qui sont très apparents; : ,.
Thorax bien développé. - Abdomen arrondi et souple.
Colonne vertébrale droite, mais les mouvements sont peu
souples. L'enfant se tient mal, le dos voûté, l'épaule gauche
plus basse que la droite. Lorsqu'elle marche, elle s'appuie
davantage sur le côté gauche, qu'elle fléchit légèrement, tan-
dis que le membre droit reste étendu, le bassin fortement
relevé de ce côté, en sorte que le pied appuie sur le sol par
la pointe. Elle marche difficilement seule, avance lentement,
en s'appuyant contre les murs et ne peut ni monter ni des-
cendre les escaliers ; il faut la soutenir sous les bras.
Puberté. - Corps glabre. Quelques poils sous les aisselles.
Seins arrondis, assez bien développés et égaux : diamètre
vertical : 12 centimètres ; transversal : 15. L'aréole est bien
marquée, large et pigmentée, mais les mamelons ne sont pas
saillants. Pénil couvert de poils foncés et longs se continuan t
le long des grandes lèvres qui sont épaisses. Petites lèvres
triangulaires, dissimulées complètement sous les grandes
lèvres, formant un capuchon recouvrant entièrement le cli-
toris. Orifice hyménéal circulaire. La membrane est intacte.
Région anale normale. Pas d'onanisme. Nous avons dit
que Gr.. avait été réglée ( ? ) quelques mois avant son admis-
sion. Depuis son entrée et jusqu'à sa mort, les régies n'ont
pas reparu.
. Tout le côté droit du corps est atrophié.
Membres supérieurs. - Le gauche est normalement déve-
loppé, a conservé sa force et le libre jeu des articulations,
bien qu'il y ait un certain degré de défense musculaire pour
les mouvements de l'avant-bras et que le réflexe du poignet
soit fort. Le droit est atrophié, les mouvements actifs sont
lents, sans incoordination, les mouvements passifs sont aisés
pour le bras, mais plus difficiles pour l'avant-bras où il faut
vaincre une certaine résistance. L'avant-bras est un peu
fléchi. Le poignet est fléchi, les doigts sont étendus et écar-
tés, les deux dernières phalanges relevées; le pouce est en
subluxation, mais cette attitude se corrige facilement. Les
réflexes sont très prononcés. Le membre est en imminence
de contracture.
Membres inférieurs. - L'asymétrie est également très
apparente, mais les lésions sont moins accusés. ? ? : ,
Membre gauche. - *Pas d'atrophie des masses musculaires,
pas de pied bot. Réflexe rotulien très fort et un peu de trépi-
- - Description des membres.1 : - 75
dation spinale à certains moments. Il est difficile de- se rendre
compte de l'état de la sensibilité à cause delà faible intelligence
de la malade ; en tous cas elle est obtuse. : ' ' Mensuration des membres.
76 Idiotie et hémiplégie spasmodique.
la cuisse et de la cuisse sur le bassin, doivent-ils vaincre une
certaine résistance ; mais ils se font complètement. Réflexe
rotulien exagéré. La percussion, souvent répétée, amène une
véritable tétanisation de la jambe. Il existe également de
la trépidation épileptoïde, difficile à trouver à cause de
l'état de contracture du membre. On la trouve cependant
dans certaines positions du pied. Contractions idio-muscu-
laires. Pas de tremblement ni d'incoordination lorsque la
malade soulève sa jambe au-dessus du plan du lit. Peau des
extrémités froide et cyanosée, sans présenter de troubles
trophiques.
Grez... ne comprend que les questions simples et ne recon-
naît que les objets d'un usage très courant. Très indifférente
à tout ce qui se passe autour d'elle, elle paraît heureuse
quand ses parents viennent la voir et sourit lorsqu'on lui
fait des caresses. Elle ne peut s'habiller seule et aime qu'on
s'occupe d'elle. Elle mange assez proprement. Il lui arrive
très souvent de faire sous elle, aussi bien le jour que la nuit.
- La température rectale prise matin et soir durant les cinq
premiers jours a oscillé entre 37° et 31°.4.
Traitement. - Huile de foie de morue, sirop d'iodure de
fer ; école et gymnastique.
1898. 4 janvier. Revaccinée sans résultat.
24 janvier. Après avoir passé une nuit agitée, elle refuse
de manger. Paraît très fatiguée et abattue. Pas de fièvre.
Entre à l'infirmerie et prend 15 gr. d'eau-de-vie allemande.
1er février. - Refuse toujours de manger. On est obligé de
lui faire boire du lait au verre. Elle est toujours abattue.
T. R. 38°. Rien à l'auscultation. L'enfant, du reste, respire
très mal et il est difficile de l'ausculter. - Régime lacté,
Tood et quinquina.
8 février. - Etat général peu satisfaisant. Mange peu, est
amaigrie et pâlie. Pas de vomissements ni de diarhée, mais
tousse fréquemment, sans expectoration. Urines normales.
- Pas de dyspnée. Pas de signes nets à l'auscultation. Mêm2
traitement et badigeonnage de teinture d'iode.
10 février. - La température est montée brusquement à
40° le soir. Le matin, elle était de 38°, 5 ; pouls rapide et
faible, avec quelques irrégularités (120). Etat général très
précaire, très affaibli, mais sans stupeur, l'intelligence n'est
pas atteinte. Pas de convulsions ni contractures, pas d'iné-
galité pupillaire. Toux fréquente, quinteuse, sans expectora-
.... Tuberculose pulmonaire. 77
J
tion. Dyspnée accusée. A la percussion, pas de foyers de
matité sous les clavicules ni dans les fosses sus-épineuses,
mais matité à la base du poumon gauche. Nombreux râles
sibilants et muqueux dans toute la hauteur des poumons. Pas
de foyer d'auscultation. Pas de souffle. Pas de diarrhée, mais
G... vomit tout ce qu'elle prend. Très altérée, demande conti-
nuellement à boire. Langue saburrale, rouge sur les bords
qui sont fendillés et desséchés. Urines rares et foncées. Pas
d'albumine. - A 10 heures du soir : même état, avec affai-
blissement plus grand. Pas de convulsions ni de contracture
de la nuque. Dyspnée plus grande. Vomit tout ce qu'elle
prend. Pouls : 130, irrégulier.
11 février. - A 5 heures du matin, l'état empira considé-
rablement et l'enfant mourut à 9 heures.
Température après décès.
78 : Idiotie ET hémiplégie spasmodique.
en détergeant la membrane avec soin, on trouve les orifices
plus ou moins nombreux qui conduisent dans les bronches
dilatées. Il s'agit très vraisemblablement de broncho-pneu-
monie avec dilatation bronchique, ayant évolué vers la for-
mation de foyers purulents. Dans le reste de poumon, on
trouve de petits noyaux ramollis. - Les ganglions du hile sont
hypertrophiés ; quelques-uns atteignent le volume d'une noi-
sette. - Coett1', Les vaisseaux de la base ne présentent rien
de particulier. Les oreillettes sont dilatées. Les parois de
l'oreillette gauche sont épaisses. Les ventricules sont rétrac-
tés, comme si la mort du coeur s'était produite en systole.
Rien de particulier aux valvules sigmoïdes, aortiques et pul-
monaires. L'orifice tricuspidien parait large. L'orifice mitral
est transformé en un infundibulum formé par les deux valves,
légèrement soudées : ) leurs commissures. Les valves sont un
peu épaissies. L'orifice n'admet que l'extrémité du petit doigt.
Il y a un certain degré de rétrécissement mitral du type pur.
Abdomen. - Pas d'épanchement péritonéal. Foie conges-
tionné présentant par places des traces de dégénérescence
graisseuse. Les deux reins sont hyperémiés. La capsule se
détache facilement. Raie, de consistance assez ferme, quoi-
que augmentée de volume. L'intestin ne contient ni vers ni
corps étrangers et ne présente aucune lésion. Appendice
cæcal 9 cent, en position ascendante. - Utérus très petit,
ovaires de la grosseur d'une petite amande.
Les muscles disséqués sur le membre inférieur droit
sont partout rouges, d'aspect normal. L'articulation du
genou correspondant, a des cartilages normaux. -
Tête. - Cuir chevelu amaigri. Le crâne, ovoïde, à
grosse extrémité occipitale, est mince, avec des plaques
transparentes au niveau de la fontanelle antérieure et tout
le long de la suture métopique, qui, d'ailleurs, est soudée.
La suture fronto-pariétale est relativement peu dentelée. Il
n'en est pas de même des sutures inter-pariétale et pariéto-
occipitales qui, elles, sont très-sinueuses. - La bosse occipi-
tale droite paraît un peu plus volumineuse que la gauche. Les
différentes fosses de la base du crâne sont symétriques.
La. 'dure- mère ne présente d'épaississement en aucun point.
Les méninges ont leur coloration et leur épaisseur naturelles.
Cerveau. HÉMISPHÈRE GAUCHE. - Face externe. Les cir-
convolutions, les plis de passage sont assez nombreux. F' et
Cerveau ; examen histologique, 79
r, sont assez régulières, F' se dédouble dans son tiers pos-
té rIeur, r,'37-est assez sinueuse. Rien de particulier à noter sur
les deux tiers inférieurs de FA. Son tiers supérieur est le
siège d'une atrophie manifeste qui s'étend en arrière du
sillon de Rolando, sur le tiers supérieur de PA et sur la par-
tie antérieure du lobule paracentral. - La scissure de Sylvius
est d'apparence normale. Il en est de même du sillon de
Rolando. - Le lobe pariétal supérieur est atrophié dans sa
partie antéro-supérieure sur une surface d'environ 3 centi-
mètres carrés. Les lobes occipitaux et temporaux n'offrent
wmevcroscopicluement rien à signaler. Il en est de même de
l'insula.
Face interne. - Elle n'est pas morphologiquement nor-
male. Une scissure longitudinale dédouble Fi. Le lobe
paracentral est atrophié assez nettement et il forme une
concavité inférieure où vient se loger une anse émanant de la
circonvolution du corps calleux. Les circonvolutions sont
plus grêles que du côté opposé.
Hémisphère cérébral droit. Les circonvolutions de
cet hémisphère sont notablement plus. volumineuses que
celles de l'hémisphère gauche. Le lobe frontal p'a aucune
disposition anormale, si ce n'est une petite circonvolution
supplémentaire située entre F2 et F3 qui fait une sorte de
dédoublement de F2. FA est atrophiée à sa partie toute supé-
rieure et interne. - Rien au niveau de PA ni des lobes
pariétaux, occipitaux et temporaux, ni au niveau de l'insula.
La base de l'encéphale n'offre rien à relever.
Sur les coupes, on ne voit rien de particulier. Les ventri-
cules ne sont pas dilatés. Des deux côtés, les noyaux gris
centraux sont normaux et dans leur proportion réciproque. La
substance nerveuse n'est pas. indurée ct la substance grise
corticale a une épaisseur normale. - Protubérance, bulbe,
pyramides, cervelet, rien.
La pie-mère s'est partout enlevée facilement. Elle; était
légèrement épaissie sur les trois circonvolutions frontales,
sans qu'il y eut des adhérences.
Examen microscopique, par M. CESTE. On ne constate rien
d'anormal dans la moelle et le bulbe par la méthode de Wei- >-
gert-Pal et les faisceaux pyramidaux ne sont pas diminués
de volume. Le picro-carmin révèle une légère hyperplasie
névroglique du faisceau pyramidal droit, mais sans dispa-
rition des tubes nerveux, sans épaississement des parois.
80 IDIOTIE et hémiplégie spasmodique. ' :
vasculaires, sans diminution du nombre des fibres nerveuses.
La méthode de Nissl prouve que les cellules des cornes anté-
rieures sont normales. Pas de lésions par la méthode de Mar-
chi.
Poids des organes.
HÉMIPLÉGIE SPASMODIQUE. 81
après la naissance, on a remarqué que le bras droit
était paralysé. La dentition a été un peu retardée ;
l'enfant n'a jamais marché seule, ni parlé et a toujours
été gâteuse quoiqu'un peu moins à l'entrée, de sorte
que tout semble indiquer que l'idiotie est congénitale.
n'ous ne saurions affirmer qu'il en est de même
de l'hémiplégie. Cela serait toutefois probable,
si, comme on nous l'a dit, l'enfant n'a pas eu de con-
vulsions, ce qu'on ne peut affirmer en raison de son
séjour en dehors de la maison maternelle.
III. Nous n'insisterons pas sur l'idiotie, qui
se présentait sous une forme prononcée : absence
d'intelligence, indifférence à tout ce qui se passe
autour d'elle, incapacité de s'habiller seule, gâtisme,
parole presque nulle, etc.
IV. Au point de vue de l'hémiplégie spasmodique,
les symptômes sont également très nets : Tout le
côté droit est atrophié. Le membre supérieur droit
présente, en outre, un état spasmodique qui remplace
tous les segments don il se compose dans la demi-
flexion : avant-bras un peu fléchi, poignet fléchi, les
deux premières phalanges relevées, le pouce en
sub-luxation. Les réflexes sont très prononcés. Le
membre est en imminence cle contracture.
Le membre inférieur corespondant offre, mais à un
moindre degré, les mêmes caractères. Les mouvements
provoqués de la cuisse sur le bassin, de la jambe sur la
cuisse, du pied sur la jambe, doivent vaincre une
certaine résistance;. Le pied est en varus équin.
Réflexes exagérés, trépidation épileptoïde, état de
contracture du membre. La marche est difficile.
Grez.... avance lentement, en s'appuyant contre les
murs, et ne peut ni monter ni descendre les
escaliers. Il faut la soutenir sous les hras.
Bourneville, Bicêtre, 1899. 6
82 Atrophie CLItI : I31t : ILG.
V. A l'autopsie nous avons trouvé une atrophie mani-
feste du tiers supérieur de FA., atrophie qui s'étend en
arrière du sillion de Rolando, sur le tiers supérieur cle
PA et sur la partie antérieure du lobule paracentral.
Cette atrophie de la partie supérieure de la frontale
ascendante, mais bien moins prononcée, se retrouve
sur l'hémisphère gauche.
VI. En comparant les symptômes observés pen-
dant la vie aux lésions constatées à l'autopsie, nous
pouvons rattacher l'hémiplégie à cette atrophie céré-
brale, l'idiotie au peu de développement des lobes
frontaux.
V.
, De l'hystérie mâle de l'enfance; -
Par BOURNEVILLE et J. BOYER.
Les deux cas d'hystérie mâle.de l'enfance que'nous
allons rapporter, observés à l'INSTITUT médico-péda-
GOGIQUE, s'ajoutent à ceux que l'un de nous a déjà
publiés. Ils se sont terminés par la guérison, en un
temps irelativement court, comme les autres, et
méritent, à plusieurs égards d'attirer l'attention de'
nos lecteurs. ,
Observation I. - Hystérie avec affaiblissement momentané de
l'intelligence.
SOMMAIRE, - Père, excès de boissons, mort à trente-huit ans
d'une maladie de poitrine attribuée à l'alcoolisme, - Pas
de renseignements sur la famille paternelle. - Mère, ner-
veuse, morte à trente-deux ans d'une affection cardiaque.
- Grand'mère maternelle, crises nerveuses, congestion
cérébrale. -Pas d'autres renseignements sur la famille
maternelle. - Frère arriéré. - Autre frère très nerveux.
- Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de six ans.
Conception et grossesse : désaccord dans le ménage.
Naissance, rien de particulier. Aucun détail'sur b'évolu- :
Monp/n/stque. Pas de convulsions. - Intelligence nor-
malle. - Début des attaques en octobre lob97. - Affaiblis-
sement simultané de la mémoire, déchéance intellectuelle,
embarras de la parole, peurs exagérées et sans motif.
Description du malade à treize ans. - Traitement médico-
pédagogique. - Disparition des attaques. - Amélioration z
progressive de l'état .intellectueletmoral. - Guérison-.
81 Hystérie mâle de l'enfance.
F... (Gabriel), né il Villcrs-Cotterets, le août 1885, est
entré à l'Institut médico-pédagogique le 9 février 1898.
Antécédents {Renseignements fournis par la grand'mère
paternelle et par le médecin de la famille). - Père négociant
en vins, excellent sujet, mais à la suite de contrariétés, s'est
mis à boire. Il n'a jamais pu s'accorder avec sa femme. Mort
à trente-huit ans d'une; maladie de poitrine causée, dit-on,
par l'alcoolisme. Dans les derniers temps il était très exalté.
- Grand'père paternel aucun rcnseignement. -Gra7cl'mène
paternelle, soixante ans, bien portante, intelligente, nerveuse.
- l'as d'autres renseignements sur la famille paternelle.
Mère, « névropathe des plus accentuées», sans cependant
avoir des attaques de nerfs. Caractère peu commode. Morte
onze jours après son mari d'une affection cardiaque iL trente-
deux ans. - Grand'père maternel aucun renseignement.
Grand'mère maternelle encore vivante, a des crises conuul-
sives qui durent quelquefois deux heures ; elle a toujours été
malade, a eu récemment une congestion cérébrale. - Un
frère bien portant, sobre. Pas d'aliénés, etc., dans la famille.
Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de six ans, père
plus âge.
Quatre enfants : 1° Garçon de dix-sept ans et demi : « le
pauvre enfant est bien de corps, mais il est arriéré, c'est un
véritable enfant ; ce n'est pas un déséquilibre, mais c'est un
sujet à cases vides ; » - -;0 Garçon, mort d'une bronchite, pas
de convulsions ; 3° Notre matade ; li,, Garçon, huit ans,
intelligent, a très souvent des cauchemars, « c'est aussi un
candidat aux troubles nerveux ».
Notre malade. - Au moment de la conception, et durant
la grossesse, désaccord dans le ménage. Pas d'autres détails.
- Accollchement à terme, naturel, par la têic ( ? ). - A la
naissance, rien de particulier. - Jamais de convulsions. -
Aucun détail sur l'évolution physique et intellectuelle de l'en-
fant. Il n'aurait rien présenté d'insolitejusqu'cn octobre 1897,
il était même très intelligent. A cette époque (rentrée des
classes) Gabriel se figure qu'il ne peut suivre la classe où on
l'a placé au collège de Soissons. La vue de son professeur
qui avait, nous dit-on, la voix brève et les yeux méchants
l'effraie au point de déterminer chez lui une violente
crise nerveuse qui dura de huit heures du matin a dix heu-
res. On nous a affirmé qu'il n'y a eu aucune violence exercée
vis-à-vis de l'enfant. A partir de ce moment, Gabriel à la
Antécédents. 85
moindre contrariété, au moindre ennui (leçon non suc, devoir
non fait) a des attaques de durée variable. Il en a eu jusqu'à
neuf par jour. La grand'mère paternelle, qui l'a gardé à sa
charge, a dû le retirer du collège. En même temps l'enfant
devient de plus en plus énervé, on constate un affaiblisse-
ment de la mémoire et de l'intelligence. - Le Dr Mouflier
conclut il l'hystérie. Ce diagnostic est sanctionné par M. le Dr
Gilbert Ballet qui voit le malade et conseille son placement
dans un établissement spécial. La crainte de quitter sa
famille provoqua chez l'enfant une rémission ; mais pendant
le temps qu'elle dura, Gabriel se mit à bégayer et le bé-
gaiement ne disparut qu'il la réapparition des attaques.
Dans l'impossibilité de garder plus longtemps l'enfant avec
elle, la grand'mère le conduit à l'Institut médico-pédago-
gique. ,
Etat A l'entrée. - a) État physique. - La physionomie
parait intelligente, très éclairée. Les cheveux sont blonds,
assez épais, plutôt raides, bien plantés, sans épis, n'empié-
tant pas sur le front, limités régulièrement.
Le crâne est ovoïde, peut-être un peu plus fort à droite
qu'à gauche. Le front est assez large, haut, un peu bombé,
les bosses frontales sont saillantes et rapprochées, légère
dépression au-dessus des arcades sourcilières, qui forment
une saillie assez prononcée ; les sourcils sont très blonds,
peu épais, il peine visibles surtout aux extrémités externes,
solution de continuité ; les paupières sont boursouflées, sur-
tout la paupière supérieure et présentent un fort ourlet qui
s'étend jusqu'aux commissures externes; les cils sont châtains,
longs, fournis aux paupières supérieures, plus blonds, courts
et clairsemés aux paupières inférieures ; les yeux sont gros,
saillants, l'iris gris marron, la pupille dilatée en face la
lumière. La racine du nez est large, le 2e court, légèrement
relevé, les narines visibles de face, elliptiques, celle de droite
un peu plus ouverte, les ailes peu dessinées. Les pommettes
sont saillantes et colorées ; la lèvre supérieure est large et
saillante ; la lèvre inférieure déborde sur la supérieure ; la
bouche est un peu large (55 millimètres) le palais est un peu
ogival ; les dents sont assez régulièrement plantées, les inci-
sives médianes supérieures larges, en fer de bêche; l'incisive
latérale droite s'imbrique sur l'incisive voisine, la canine
supérieure droite; ne fait que; pointer, la mâchoire inférieure
ne présente rien de particulier. Le menton est rond. Les oreilles
sont égales et symétriques (longueur 6 centimètres), décol-
86 Hystérie mâle de l'enfance.
lées, l'ourlet est très accentué, le lobule non adhérent. L'en-
semble de la face présenle une légère asymétrie, le côte droit
est un peu plus fort et lorsque l'enfant rit la commissure
labiale gauche se relève un peu; le visage est rond ; la peau
est fine.
Le cou est moyen, circonférence médiane, 32 c. 5.
Le corps tout entier est bien proportionné, un peu bouffi ;
la musculature est ferme. Le thorax est un peu aplati, la
région pectorale peu développée, le dos un peu rond, la
colonne vertébrale rémunère. le ventre assez gros. Les
membres ne présentent rien de particulier.
Puberté : pénil glabre, ainsi que les aisselles et le corps
tout entier. Bourses pendantes, de niveau. Testicules égaux
de la dimension d'un oeuf de merle ; verge normalement déve-
loppée,ciroonfi,rence, 4 centimètres, longueur, 4 centimètres :
prépuce un peu long, gland découvrable, méat normal ; anus
glabre.
b) Etat physiologique. - L'enfant est très actifet bruyant ;
tous les mouvements articulaires s'exécutent normalement.
Dans la station debout, l'attitude assise, la marche, tendance
à se voûter. Lorque Gabriel a eu plusieurs attaques consécu-
tives, il marche les cuisses serrées l'une contre l'autre, les
genoux se touchant , à ces moments les articulations du
genou et de la hanche ne peuvent, même passivement, exécu-
ter que des mouvements très limités. - Organe des sens : .'
vue, myopie assez prononcée, à la distance d'un mètre ne
peut lire des lettres de 3 centimètres de long ; l'oeil gauche;
est plus faible que J'ccil droit ; l'ouïe, normale il droite, est
faible à gauche ; rien à signaler sur le toucher, le goût et
l'odorat. - La parole est libre ; rire très facile.
Les fonctions digestives s'accomplissent normalement. Rien
à l'auscultation des poumons et du coeur; le foie déborde
légèrement les fausses côtes.
Clou hystérique très prononcé; 1' : lchia/a ie très accusée de la
septième cervicale il la dernière lombaire; point hystérique
au niveau de la septième dorsale ; zone hystérique au niveau
des flancs et au-dessus des aines.
La sensibilité à la chaleur, au frôlement, au pincement, est
conservée et égale des deux côtés. Sensibilité au chatouille-
ment un peu exagérée.
c) État psychologique. - L'intelligence par.ut d'abord de
force moyenne ; en observant l'enfant, dans l'exercice de ses
facultés intellectuelles, on sont qu'il y a chez lui, sinon
Description du malade. 87
déchéance, au moins un peu d'obnubilation dans les idées.
La nature de ses fautes d'orthographe, de ses erreurs de cal-
cul, fait supposer que l'enfant a oublié beaucoup de ce qu'il
savait. C'est ainsi qu'il a la notion des règles d'accord, mais
qu'il les applique il tort et à travers ; de; même en arithmétique,
il commence une multiplication, mais est incapable de la
mener jusqu'au bout. Ne connait absolument rien en histoire
et en géographie ; la nous nous trouvons encore en présence
d'une perte de mémoire, puisque, d'après sa grand'mère,
en juillet U89ï, Gabriel aurait pu subir avec succès les épreu-
ves du certificat d'études primaires. - L'attention est de
peu de durée, la rél1exion impossible, la mémoire comme
engourdie, l'imagination paresseuse. Un peu d'incohérence,
beaucoup de naïveté dans le jugement et le raisonnement.
d) Etal instinctif et moral. - Gabriel est plutôt gai, aime
la société de ses maîtres et de ses camarades avec lesquels
il joue peut-être un peu trop bruyamment. Instinct de la
conservation exagéré, a peur de l'obscurité, du moindre bruit
insolite. - Taquin, mais sans méchanceté. - Bavarde sans
cesse, tendance il semer la discorde entre ses camarades.
Très expansif. A la notion du bien et du mal ; rien d'exa-
géré dans ses pratiques religieuses. Onanisme supposé. -
Il est assez ordonné, a soin de ses affaires, respecte celles
des autres. - Volonté plutôt active mais facile il entraîner.
Description d'une attaque. - Gabriel est debout adossé
au chambranle d'une porte, tout à coup, sans cri initial, sans
aura, le corps se raidit dans l'extension la plus prononcée,
les bras se collent contre le tronc, la face se congestionne,
les traits se crispent, les yeux sortent de l'orbite, restent
grands ouverts, la pupille se dilate au point que l'iris ne
forme plus qu'une zone presque imperceptible. Comme le
corp se penchant vers la gauche menace de tomber, on étend
le malade de tout son long à terre. Mouvements tétaniformes
limités aux membres supérieurs, se produisant toutes les
douzes ou duinzes secondes. Les mains sont fermées, le
pouce eu dedans. Une bave mousseuse très abondante,
formant comme une petite noix, s'échappe par intermittence
de la commissure labiale gaucho. On l'essuie et elle se repro-
duit à intervalles rapprochés. La tête et le regard sont
légèrement tournés à gauche. Le corps est raide, on le
soulève en entier, en prenant les deux pieds. Tendance à
l'incurvation des reins, on peut passer la main entre le sol
88 Hystérie .mâle de l'enfance.
et les fesses de l'enfant. A mesure que l'attaque se continue,
la face tout en restant congestionnée se couvre de sueurs,
les yeux se remplissent cle larmes. Les paupières restent
immobiles même si on fait passer un objet devant les yeux.
L'attaque proprement dite a duré dix-huit minutes. Puis
Gabriel, après avoir eu une demi-minute, une expiration
sifflante s'est mis à respirer bruyamment et la rigidité a cessé
aussitôt. L'enfant reprend en partie connaissance, il peut
nous dire qu'il souffre un peu de la tête. Le corps est affaissé
comme brisé de fatigue. Il ne fait aucun mouvement. Cinq
minutes après, sans que l'enfant perde connaissance à nou-
veau et que son corps se raidisse, les membres supérieurs se
projettent en avant dans une secousse tétaniforme en même
temps que la face reprend la physionomie do l'attaque. Les
bras restent quelques secondes raides mais la main est
ouverte, les doigts écartés ; si on les fait se rapprocher ils
s'écartent de nouveau dès qu'on ne les maintient plus. On a
pu compter jusqu'à treize de ces secousses se reproduisant à
peu près à cinq minutes d'intervalles. Quelquefois elles sont
accompagnées d'un coup de tête en avant; assis l'enfant ne
tombe pas, mais debout, il fait plusieurs pas en avant, le tronc
très incliné, on doit le soutenir pour éviter une chute proba-
ble.
Traitemrnt. - Bain toutes les semaines, douche froide sur
le dos jusqu'au 15, et douche complète à partir du 16, tous
les jours; gymnastique, travaux scolaires et manuels, traite-
ment moral.
Février. - Le 10, trois attaques. - Le 43, une (décrite
ci-dessus). - Le I trois. - Le 15, deux. - Le 17, deux.
Le 18, doux. - Toutes ces attaques ont présenté les mêmes
caractères que celle du 13. Les dernières ont montré quelque
différence dans la période de résolution. Au lieu des secous-
ses tétaniformes qui marquaient la .seconde phase de l'atta-
que, nous constatons après plusieurs cris de joie alternant
avec des pleurs et des gémissements plaintifs, de véritables
mouvements coordonnés. Gabriel prend son mouchoir des
mains de l'infirmier, le plie en triangle, place sur la table
et appuie son front dessus ; dans un mouvement involontaire,
il le fait tomber à terre, le ramasse aussitôt et le remet en
place : on l'appelle;, il ne répond pas, les paupières se ferment
si on fait passer un objet devant les yeux. - Le; 19, l'enfant
se plaint toute; la matinée de ressentir, au niveau de l'épigas-
tre, la montée d'une boule qui lui donne l'angoisse de
l'étouffcmcnt. Quelques heures après, attaque.
Description des attaques. 89
Le 27, deux attaques; elles se sont succédé à une demi-
heure d'intervalle. La première a duré cinquante minutes :
le début a été semblable à celui des autres ; au bout de cinq
minutes inhalations d'ëther. La raideur persiste, la face
reste convulsée, mais les mouvements des bras se produisent
à intervalles très éloignés. On cesse l'inhalation au bout de
dix minutes, la raideur du corps ayant disparu. Gabriel se
replia sur lui-même, puis brusquement projette les jambes
et les bras de tous côtés et renverse la tête en arrière ;
à diverses reprises l'incurvation de corps est très nette.
Le malade essaie de mordre tout ce qui est à sa portée, ses
propres mains, ses bras, la jambe de l'infirmier, une serviette,
etc. Il fait les mouvements d'une personne qui se défend et
qui attaque, les poings sont fermés, l'avant-bras replié sur
le bras, la physionomie exprime tanlôt la frayeur, tantôt la
colère ; il ne bave plus. La deuxième attaque a présenté les
mêmes caractères en raccourci ; durée, dix minutes. - Le 28,
une attaque; dans la période de résolution, Gabriel tout en
poussant des cris de joie essaie; de rapprocher ses deux mains
dont il tient les doigts écartés comme [s'il voulait les frotter
l'un contre l'autre ; mais on dirait qu'un obstacle s'oppose à
leur contact. - Toutes les fois qu'il y a eu attaque dans la
journée, la nuit l'enfant est très agité, il paraît avoir des
cauchemars, cause à haute voix, mais on ne comprend pas
ce qu'il dit. - Dès le mois de février on le fait travailler on
classe aussi régulièrement que le; permet son état.
Mars, - Même traitement. - Onze attaques en tout.
Durée moyenne quatre minutes. La rigidité est beaucoup
moins accentuée. A la fin du mois de mars le malade est
capable de faire correctement la suspension à l'échelle con-
vexe et horizontale, et tous les mouvements d'ensemble. -
En classe il acquiert de nouveau ce qu'il avait oublié :
l'orthographe est meilleure, les devoirs de style possibles,
il a réappris la multiplication et la division. Moins taquin
avec ses camarades.
Aci'il. - Le 4«, sorte de vertige caractérisé par la fixité
du regard, durée dix secondes. - Le 5, attaque complète,
durée vingt minutes. - Le 21, sommeil agité, l'enfant s'est
levé en dormant, a traversé sa chambre, a été dans la pièce
voisine, a essayé de monter dans le lit d'un camarade, puis
est retourné à son lit. Il a dormi ensuite paisiblement. -
La déchéance; intellectuelle paraît enrayée ; Gabriel travaille
de mieux en mieux en classe; il fait de petits problèmes et.
possède des notions élémentaires de géographie.
90
IITST)JRIE MALE DE L'ENFANCE,
mais Le 19, hoquet au moment de se coucher, pendant
une heure. - Le 21, petit accès de tristesse qui a duré deux
heures; l'enfant s'était taquiné avec un de ses camarades.
- La mémoire revient, l'enfant peut apprendre de petits
morceaux de récitation. - La marche est maintenant nor-
male. On constate la disparition du clou et des zones hysté-
riques ainsi que de la rachialgie.
Juin. - Aucun accident nerveux. Les progrès en classe
et en gymnastique continuent. Dans se conversations
l'enfant fait preuve d'esprit de suite et de jugement. N'a
plus peur de l'obscurité. L'impressionnabilité s'est fortement
atténuée.
Juillet. - Aucun accident nerveux. Persistance de
l'amélioration intellectuelle. Gabriel a acquis quelques
notions d'histoire et de sciences naturelles.
Le 8 août, l'enfant quitte l'Institut médico-pédagogique.
Hystérie mâle de l'enfance. 91
qui se sont occupés de lui. Une tante maternelle, que nous
avons vue le 6 octobre 18 ! 1 ! l, confirme ce qui précède et dit
que Gabriel a toujours pris des douches. Même attestation
dans une lettre de sa grand'mèrc du 7 octobre.
Réflexions. I. L'hérédité de l'enfant est chargée :
le père est un alcoolique, la mère une névropathe, la
grand'mère maternelle a des crises convulsives. Cette
hérédité'1 a également touché les deux frères du malade,
dont l'un est arriéré et l'autre très nerveux. --
Les antécédents personnels se bornent à l'état de ner-
vosité dans laquelle se trouvaient le père et la mère,
au moment cle la conception et cle cette dernière
durant la grossesse.
II. Les stigmates de dégénérescence physique sont
peu importants : une légère asymétrie de la face et
du crâne. A retenir cependant la faiblesse de l'oeil et
de l'oreille gauches.
III. Nous nous trouvons bien en présence d'un cas
d'hystérie mâle, très caractérisée : clou hystérique,
rachialgie, zones hystérogenes, attaques bien définies.
IV. La maladie débute à douze ans, et provoque un
affaiblissement de la mémoire et de l'intelligence, ce
qui est rare dans l'hystérie, en même temps qu'un état
de nervosité qui rend l'enfant insupportable. Une
période de rémission incomplète nous montre le
bégaiement venant, pour ainsi dire, remplacer les
attaques, et leur céder la place dès qu'elles se repro-
duisent.
V. Sous l'influence du traitement méclico-péclago-
gique, l'activité se règle, les attaques diminuent et
disparaissent, la mémoire se raffermit, l'intelligence
réapparaît et le malade réapprend ce qu'il avait perdu.
92 Hystérie mâle DE l'enfance.
Il devient capable d'un travail intellectuel et physique
assidu, il retourne au collège, et, tout nous permet de
croire qu'il y a eu guérison, car les attaques n'ont
pas reparu depuis mai 1898. '
OBS.- II. - Hystérie mâle de l'enfance. - Somnambulisme.
Arriération intellectuelle.
Sommaire. - Père, rien de particulier, renseignements
insuffisants sur sa famille. - Mère, rien noter. Grand-
père maternel excentrique, très alcoolique, mort de ses
excès. Grand'mère maternelle morte d'un cancer du
sein. - Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 10
ans. Conception, grossesse, accouchement, rien d'anor-
mal. Élevé au biberon avec du lait et du vin. - Habi-
tudes alcooliques. - Premier accident nerveux à 12 ans
1 J2 à la suite d'une émotion et après un festin chez son
oncle. - A toujours été en retard au point de vue intellec-
tuel, écolage difficile. - Vingt crises nerveuses en 1895-
1896. - Rémission de deux mois. - Février 1897, nou-
veaux accidents coïncidant avec une forte émotion. Des-
cription du malade à douze ans et demi. - Légers signes
de dégénérescence [asymétrie crânienne, etc.) Traitement
nédico-pédagogir2ce. - Disparition des attaques. - Som-
zxambulisnze. - Amélioration progressive de l'état intel-
lectuel et moral. - Guérison.
S... (R...), né le 7 novembre 1882, est entré à l'Institut
médico-pédagogique le 10r mai 1897.
Antécédents. - Père, soixante-deux ans, en bonne santé,
grand et fort, intelligent, cultivateur. Aucun renseignement
sur la famille du père. - Mère, cinquante-deux ans, bien
portante, pas de migraines, non nerveuse. - Grand'père
maternel, alcoolique et excentrique ; « en était arrivé à boire
de l'eau de vie à plein verre ; » mort de ses excès de boisson..
- Grand'mère maternelle, morte à cinquante ans d'un can-
cer du sein.
Pas de consanguinité ; inégalité d'âge de dix ans ; le père
et la mère sont du même pays.
Deux enfants : 1° une fille âgée de dix sept ans, intelligente,
bien-portante, pas de convulsions ; 2° notre malade.
Antécédents personnels. 93
Notre malade. - Conception, grossesse, accouchement et
naissance, rien de particulier. Elevé au biberon avec du
lait et du vii : « c'est du reste l'habitude de notre pays(1) où
l'on fait boire aux nourrissons du café, du cidre et même un
peu d'eau de vie. » L'enfant a eu un développement physique
normal ; pour la marche et la parole, on a cependant constaté
un léger retard ; il a été propre (le très bonne heure ; la den-
tition s'est effectuée régulièrement et sans accident. Pa8 de
convulsions ; pas de fièvre infectieuse, sauf une varicelle à
sept ans. - R... a été mis en classe au village ; « n'a jamais
eu de facilité a a toujours été en retard pour son âge.
Début de la maladie actuelle à douze ans et demi (mai 1895).
- Auparavant on avait constaté que l'enfant avait souvent
des cauchemars ; une fois même en 1892 il serait tombé du
lit. En mai 1895, l'enfant, en allant chez son oncle en voi-
ture a failli verser : le soir même, après un repas d'une abon-
dance exagérée, lt... a eu un cauchemar ; il a crié au feu, au
voleur, s'est débattu sur son lit, et comme on ne parvenait
pas à le réveiller un médecin fut appelé. On a dit le lende-
main au père que R... avait eu une forte crise nerveuse, et
qu'il ne fallait plus lui donner d'excitants. L'enfant était
abattu ; on avait dû le ramener chez lui en voiture ; il s'est
montré toute la journée très énervé. Comme il paraissait en
même temps fatigué, on le coucha de bonne heure et il dor-
mit toute; la nuit. - Mis en pension, il ne put y rester il cause
de ses accidents nerveux qui se produisirent environ une
vingtaine; de fois dans le courant de l'année scolaire 1895-
1896. - En décembre 189G et en janvier 1897, on constate une
rémission. En mars 1897, 12... eut peur d'un chien qui aurait
essayé de le mordre. D'après les parents, consécutivement à
cetto frayeur, les accidents nerveux auraient recommencé
et plus fréquemment : quatre ou cinq crises de mars au pre-
mier mai 1897, date de son entrée à l'Institut médico-péda-
gogique.
R... n'avertit pas : il tombe brusquement à terre comme
foudroyé en poussant un cri de terreur. La tête se rejette en
arrière, les yeux se portent en haut, les membres se; raidis-
sent, la respiration devient difficile ; pas de stertor, pas de
bave ni de salivation, pas de morsures, quelquefois miction
involontaire. Durée de la crise de trois à cinq minutes.
Assoupissement consécutif, puis l'enfant se réveille brus-
(1) Département de la Manche.
94 Hystérie mâle de l'enfance.
quement et demande qu'est-ce qui vient de se passer. Il se
rendort pendant cinq minutes et se redresse lui-même comme
s'il n'avait rien eu. Pas de dépression consécutive ; l'enfant
parait cependant plus énervé. Les parents ont remarqué que
lorsqu'il est sur le point d'être malade R... agace tout le
monde, et que le tic qui consiste; en un clignotement des pau-
pières est plus accentué dans ces moments là. La famille ne
peut dire si ce tic date du début de la maladie. lt... prétend
qu'il l'a depuis quatre ans, par conséquent qu'il en était
atteint avant d'être malade. 11 ajoute même que ses camara-
des le faisaient enrager à cause cle ses grimaces. Après les
crises il est plus docile, « plus gentil. »
Depuis l'apparition des accidents, l'enfant ne va plus en
classe , sa soeur a essayé de; le faire travailler mais sans
réussir car elle n'avait aucune autorité sur lui.
Un médecin, parent de la famille, qui n'avait jamais assisté
il une crise, nous l'avait signalé, il tort, comme épileptique,
ainsi qu'on le verra par la suite.
Le père attribue la maladie de l'enfant il la peur signalée
plus haut et à l'appétence naturelle que R... a ioujours mani-
festée pour les boissons alcooliques. « Il faut le surveiller,
dit-il, pour l'empêcher de boire du cidre', il on boit trois fois
plus que moi ; il lui en faut un litre par repas. »
Etat du malade ri sou entrée ;i l'Institut lIIérlico-pélla[/ooi-
que le ler mai 1897. - a) Etal physique. - La physionomie
parait plutôt intelligente. Les cheveux sont blonds, assez
épais, un peu raides, n'empiétant pas sur le front ; leur déli-
mitation est régulière. Le front est assez découvert, de forme
normale, la bosse frontale droite est un peu plus saillante que
la gauche, au contraire la bosse pariétale droite est légère-
ment déprimée par rapport à la gauche; l'occiput est peu
saillant, pas d'asymétrie sensible il son niveau. Les arcades
sourcilières sont un peu proéminentes, sans dépression voi-
sine, celle de gauche plus déprimée. L'ensemble de la face
présente une déviation vers la gauche, le sourcil droit est plus
arqué que le gauche, la joue droite est un peu plus dévelop-
pée que la gauche, la ligne de la bouche se; relève un peu a
gauche, la ligne médiane du nez accuse également une légère
déviation du même côté. Les sourcils, châtain blond, assez
fournis, offrent une solution de continuité. Les yeux sont
assez ouverts, iris bleu. Les paupières supérieures présen-
tent un pli régulier au niveau des cils qui sont longs et plus
foncés que les sourcils ; les cils des paupières inférieures
Description DU. MALADE. 95
sont moins longs et plus blonds ; la paupière de gauche est
un peu plus incurvée; que celle de droite. Presque pas de
dépression iL la racine du nez. Le nez est moyen, légèrement
relevé, les ailes sont assez bien dessinées, les narines visibles
de face sont symétriques et en croissant. La lèvre supérieure
est épaisse et en saillie ; un léger duvet très blond la recou-
vre ; la lèvre inférieure est un peu en retrait ; les muqueuses
sont iL peine colorées. La bouche est moyenne, la langue un
peu épaisse et assez mobile ; la voûte palatine est ogivale,
les amygdales dépassent un peu les piliers, les dents sont
irrégulièrement plantées, surtout celles de la mâchoire supé-
rieure ; la plupart sont en dehors de l'axe, et profondément
cariées. - Le menton est rond, le sillon mentonnier bien
arqué. - Les joues sont assez pleines. - Les oreilles un peu
fortes, sont de même longueur (7 cm.), fortement décollées;
le lobule est moyen et non adhérent.
Le cou est normal, circonférence médiane 30,5. - La poi-
trine est un peu plate au-dessous des clavicules, très bombée
il la partie moyenne; du sternum ; dépression latérale au-
dessous des seins des deux côtés ; circonférence au niveau
des aisselles, î'i cm. ; au niveau des mamelons, 80,5 ;
au niveau du nombril, 83.
Les membres supérieurs sont longs et grêles, mais symé-
triques. Les mains sont d'apparence normale, les doigts sont
longs, cyanoses, l'annulaire des deux mains est court; les on-
gles sont normaux : ;onychophagie. Les membres inférieurs
sont assez bien conformés, le deuxième orteil du pied gauche
présente une nodosité très accentuée au niveau de l'articula-
tion phalangino-phalangienne ; la même anomalie se présente
au pied droit, moins accentuée cependant, probablement
à cause d'une sorte de contracture du tendon correspondant.
La peau est fine, un peu halée ; quelques taches de rousseur
au niveau des joues et sur le front ; quelques t : rl;i igmett-
taures sur la joue gauche ; verrue sur l'épaule gauche, nævus
brun à la partie supérieure de la fesse gauche.
Puberté : fin duvet de' la nuque à la région lombaire, sur
la face postérieure des bras et des avant-bras, sur les cuisses
et les mollets; poils fins et courts sous les aisselles; poils
bruns, longs, abondants formant deux bouquets de chaque
côté de la racine de la verge, réunis par une bande de poils
de deux centimètres de large; les poils non frisés ont une
tendance à se diriger en haut ; poils longs peu abondants
à direction inférieure, sur les bourses. Verge un peu tordue
vers la gauche, prépuce normal, gland découvrable, smegma
96 II)TL111E MALE DE L'ENFANCE.
abondant droite de la base du gland; adhérences (1) du
gland à gauche. Bourses rétractées, testicules égaux de la
dimension d'un (eut de pie. Poils abondants au périnée et à
l'anus ; pas d'hémorrhoïdes.
Etal physiologique. - L'enfant est actif, reste rarement
en place. Se tient bien debout, la tète toujours inclinée à
gauche. Les articulations sont souples, sans craquements ;
les mouvements volontaires paraissent s'accomplir normale-
ment. lt... marche, court et saute facilement. Les fonctions
digestives paraissent s'accomplir naturellement : ; quelquefois
cependant l'enfant se plaint de douleurs d'entrailles ; tendance
à la constipation. Le sommeil est en général bon ; l'enfant
rêve pourtant quelquefois à haute voix. L'auscultation ne
dénote rien dans les poumons ; au coeur, léger souille au
premier temps à la base. Le foie; déborde un peu les fausses
côtes en avant; la rate parait grosse (1). La circulation est
défectueuse en ce sens que, après la douche, les mains restent
une demi-heure blanches et anesthésiées, la sensibilité y
étant abolie. La parole est libre. Les organes des sens ne
présentent rien de particulier. 7'ic des paupières : at certains
moments clignotement de : 10 en a0 secondes environ ; ce tic
serait plus fréquent à l'approche d'une crise. La sensibilité
générale est normale.
Etat psychologique. - L'enfant a une intelligence lourde,
comme somnolente au moins quand il s'agit des travaux
scolaires ; dans la vie pratique, tant dans sa façon d'agir que
dans sa conversation, R... parait être un enfant normal.
L'attention est chez lui de courte; durée, la moindre distrac-
tion l'interrompt; la réflexion est impossible; R... est un
instable. L'imagination est bornée, l'enfant est tout de suite
à court d'idées. Il y a plutôt chez lui association de mots
qu'association d'idées. La mémoire, surtout visuelle, est très
faible. Il n'est pas du niveau intellectuel de son âge. La lecture
est lente et monotone, l'écriture régulière mais machinale ;
les connaissances grammaticales n'ont été acquises que par
routine. R.. ne connaît que l'addition et la soustraction et du
(1) D'où la nécessité de surveiller la propreté des organes génitaux chez
les enfants, ce qui est le meilleur moyen d'éviter des démangeaisons pouvant
devenir le point de départ de l'onanisme.
(2) Cette augmentation du foie et de la rate sont peut-être le résultat des
excès de boisson de l'enfant.
Description DU malade ; traitement. 97
système, métrique n'a retenu que les mots : mètre et kilo-
gramme. Les connaissances usuelles sont limitées; R... ne
peut pas dire d'oit viennent les boissons, les tissus, etc. En
histoire de France et en géographie, il n'a en sa possession que
quelques noms sur lesquels il ne peut fournir aucun détail.
Etat instinctif el moral. - R... parait avoir un bon carac-
tère, docile aux ordres que nous lui donnons, il est poli avec
tout le monde et ne. se sert jamais d'expressions grossières.
Il se plaît aux jeux bruyants, taquine volontiers ses camarades
sans aller jusqu'à leur faire du mal; n'aime pas rester seul
autant parce qu'il a peur que parce qu'il recherche la société.
A part l'onanisme avoué, on ne constate chez lui aucune
perversion d'instinct. La volonté est faible, R... se laisse
facilement entraîner. Affectueux et non égoïste, il a la
notion du bien et du mal; ne présente aucune exagération
dans ses pratiques religieuses. En sommc bonne nature.
Traitement. Bain d'un quart d'heure tous les huit jours,
une douche complète en jet en évantail de 30 secondes tous
les jours, gymnastique, travaux manuels, travail intellec-
tuel à heure fixe, traitement moral. - On ajoute l'élixir
polybromuré d'une à deux cuillerées tous les jours, l'enfant
ayant été signalé comme épileptique, jusqu'à vérification de
la nature des crises.
Mai, - Le soir même de son entrée a l'Institut-Médioo-
pédagogique, R... a une attaque. A 9 heures du soir, il venait
de quitter la salle de jeux pour gagner le dortoir, lorsque
sans prévenir, il se renverse en arrière en poussant un cri de
frayeur prolongé. Le corps tout entier est raide, les bras sont
collés le long du corps, les avant-bras portés en avant et
croisés sur la poitrine, les poings fermés, le pouce en dehors.
La physionomie exprime la frayeur, les yeux fixes regardent
en haut, il y de l'extase dans leur expression. La rigidité
dure deux minutes, puis les paupières se referment et quel-
ques larmes coulent des commissures internes. L'enfant
reste environ trois minutes sans connaissance. On l'aide à se
relever, mais au bruit d'une allumette bougie qu'on fait
craquer à côté de lui, R... pousse un nouveau cri de frayeur,
qui n'est pas suivi de chute. Il faut cependant le monter au-
dortoir, et l'étendre sur son lit : il y reste cinq minutes, puis
se déshabille les larmes aux yeux et se couche sans autre
incident. - Dans le courant du mois, deux nouvelles atta-
ques en tout semblables celle que nous venons de décrire.
Bourneville, Bicêtre. 1899. 7
98 Hystérie vat,L de l'enfance.
Juin. - Môme traitement, et en plus deux douches par
jour. - Pas grand changement en classe. R... fait prouve
d'une véritable paresse intellectuelle, on doit revoir avec lui
les leçons élémentaire de la grammaire; il arrive à compren-
dre le mécanisme de la multiplication et de la division; iL la
lin du mois, il fait de petits problèmes sur les trois premières
opérations; il acquiert quelques notions élémentaires de
géographie et d'histoire de France. Dans le moi.s de Juin,
attaques semblables iL celles de Mai.
Juillet. - Le 7 juillet R... se plaint de lassitude générale,
de malaise; il parait toute la journée plus impressionnable
qu'à l'ordinaire : sur une observation sans importance, il se
met iL pleurer. A quatre heures et demie, étant en classe,
l'enfant se lève de son banc en poussant un cri strident,
comme s'il venait de recevoir un douloureux choc. On l'étend
à terre et aussitôt commencent dans les membres des con-
vulsions cloniques très étendues. L'enfant fait subitement et
très rapidement un ou deux tours sur lui-même en poussant
des cris aigus. Les mains saisissent dans une crispation
violente tout ce qui se trouve à leur portée. Au bout d'une
minute commence une période de rémission relative. Les
bras se croisent devant la face, comme si R... ne voulait pas
voir. Les doigts sont contractures dans la flexion complète,
les mâchoires se resserrent, les masséters saillent. La face
est congestionnée, les yeux convulsés en strabisme conver-
gent. La figure; n'est pas grimaçante; la respiration est
pénible. Au bout de deux minutes les membre se relâchent,
la respiration se fait plus aisément, l'attaque; parait terminée.
Doux minutes et demie environ après, nouveau cri strident
eu; nouvelle attaque en tout semblable iL la première, moins
prolongée cependant. En une demi-heure, nous comptons
onze cris stridents suivis d'attaque, séparées par de courtes
rémissions. A la fin de la dernière IL, se met iL pleurer. Il
ne se souvient de rien, ne sait si c'est l'heure du goûter ou
du dîner. Quand il paraît être revenu complètement il, lui,
nous l'interrogeons et voici les renseignements qu'il nous
fournit : il aurait une; aura très incomplète : il éprouverait
une sensation de strangulation et d'obnubilation de la vue
immédiatement avant chaque attaque. Il dit cependant avoir
le temps de s'écarter d'un lieu dangereux. Il perçoit vague-
ment le cri qu'il pousse et à certains instants de l'attaque il
se rend confusément compte qu'on l'entoure et qu'on parle
a côté de lui. Il verrait dans ses attaques des animaux
fantastiques, terrifiants, tels que des dragons, puis ce sont
Description des attaques. 99
des rats, clos souris qui courent autour de lui. - Toute la
soirée IL, se plainl de malaise, de lassitude dans les jambes,
et cette; fatigue, il la rossent encore le lendemain, malgré le
profond sommeil de la nuit. Diagnostic : iiystérie-épilepsie.
Le 10 juillet à ! 1 heures et demie; du soir, 1.... était couché
et endormi. Tout-à-coup il se met à crier : « Non ! ... non ! ...
je ne veux pas ! » et presque aussitôt il pousse un cri rauque
et porte vivement les avant-bras en avant et les croise
violemment sur sa figure. Il fait en même temps plusieurs 8
tours sur lui-même, puis le corps reste en spirale, la tête
tournée il droite, les jambes portées il gauche. Une rigidité
générale envahi ! le corps entier, elle est cependant plus
accentuée et plus persistante dans le cou et les bras. La
physionomie exprime toujours l'effroi, les yeux sont convul-
sés en un slabisme convergent, la bouche est ouverte, les
lèvres rétractées recouvrent les dents. De temps en temps
IL, pousse un cri semblable au cri initial et il chaque cri il
se tourne; brusquement sur le ventre, cherche se mordre
les poings, les draps ; il réussit à saisir cle ses dents la
manche de' sa chemise, il est impossible de la lui arracher.
En lui maintenant les jambe ? on sent comme un fourmille-
ment sous la peau ; si on exerce une pression, on sont sous
les doigts de 'véritables ondulations de serpent. Cette
attaque prolongée a durée une heure et demie, avec quelques
petites périodes de rémission incomplète. IL., a poussé
quinze cris, dont trois plus effrayants et plus prolongés. La
rigidité générale du corps parait se produire, comme inten-
sité et comme durée, en raison directe de la force du cri.
Tout le temps que dure l'attaque, le pouls est irrégulier,
tantôt lent, tantôt précipité et saccadé. A chaque cri. la
respiration devient haletante, pour se régulariser peu il peu.
Les mains sont plutôt fraîches, le front n'est pas chaud.
Durant l'attaque l'abdomen s'aplatit. A chaque rémission de
rigidité, les yeux sont humides, une larme perle il la
commissure interne des paupières. Xi avant, ni pendant, ni
après l'attaque nous ne constatons de miction, de défécation,
(le bave, d'érection. La liu de cette véritable; série d'accidents
hystériques a été marquée par une forte inspiration, suivie
d'une expiration bruyante : IL.. étire ses membres, se frotte
les yeux et le front, et se met il pleurer. Deux minutes après,
l'enfant paraissait endormi, lorsqu'on l'entend crier d'une
voix forte : "Laissez-moi, voleurs, assassins ! » On s'approche
de lui, on lui cause, il ue répond pas ; enfin au bout de cinq
100 111'S'l'l;Itlt : I,i,ILI : Dls L'l· : NI'e1N( : li.
minutes de repos complet, sur une demande que nous lui
faisons, il répond qu'il veut dormir et nous dit bonsoir en
nous appelant par notre; nom. La nuit a été tranquille, le
sommeil très profond.
Le; ? Il. attaque isolée, élans le genre de celle du 1er mai.
Le 28, vers 10 heures du soir, dans le lit, IL.. sans ouvrir
les yeux se met à parler à haute voix sur un ton de discus-
sion ; il s'agissait dans son rêve d'une partie; de croquet :
« A vous, Monsieur ! ... il m'a croqué ! ... tout iL recommencer
.... c'est il moi... laisse-moi jouer. » En disant ces derniers
mots l'enfant se lève brusquement, en rejetant loin de lui
ses couvertures. Il marche en raidissant le corps, se dirige
vers le lit voisin, y donne un fort coup de poing; les paupiè-
res sont baissées. Il se retourne d'un bloc, se dirige vers la
porte qui 1 essaie d'ouvrir, la frappe de coups de points à
l'ébranler, puis, comme elle; ne cède pas, il revient sur ses
pas, en évitant tous les obstacles, monte sur un lit et d'un
bond saute sur le faite d'une armoire placée il côté. Il s'y
étend et cherche à dormir, il reste étendu trois minutes
environ, puis descend, moule sur la cheminée où il s'étend
également et se redresse presque aussitôt pour aller se
coucher sur le bord d'une table à toilette sans déplacer ni
cuvette, ni pot à eau; il n'y reste épie quelques secondes,
en descend pour aller vers son lit, prend ses vêtements et
s'habille; il retourne iL la porte qu'il essaie d'ouvrir de nou-
veau ; n'y réussissant pas il retourne il son lit, se déshabille
et se couche. La durée de cet accès somnambulique a été
exactement de deux heures et demie.
Le 31 juillet Il ... a une attaque d'une durée de 15 minutes,
présentant les mêmes caractères que celles du 1 ? mai.
Août. - Dans le traitement, l'élixir polybromuré a été
remplacé par des capsules au bromure de camphre, d'une à
trois par jour; le malade continue à prendre quotidienne-
ment deux douches et à suivre : les autres prescriptions
énoncées plus haut. - L'amélioration intellectuelle et morale
s'accuse tous les jours ; le travail en classe est régulier et
plus prolongé, l'orthographe est meilleure, les lettres qu'il
.écrit de lui-même à sa famille manifestent un raisonnement
moins naïf et sont d'une facture plus correcte ; il fait de
petits problèmes ; l'attention est plus soutenue, la réflexion
est maintenant possible, et Il.. apprend des morceaux de
récitation d'une dizaine de vers. Les connaissances usuelles
s'augmentent, il s'intéresse aux leçons de choses, et retient
assez facilement les petits cours d'histoire et de géographie
Somnambulisme. 101
qu'il aime écouter. La volonté, durant ce mois, s'affermit,
elle devient capable d'un effort personnel. - lt... n'a eu
qu'une seule attaque de la durée de dix minutes environ. En
revanche, il s'est produit trois attaques de somnambulisme
dans la nuit du 7, du 17 et du 24. Dans la lu ... a
saisi une canne qu'il a fait tournoyer au-dessus de sa tète, et
a frappé du poing les personnes qu'il rencontrait dans ses
allées et venues. était, pour ainsi dire, agressif, et nous
devions éviter sa rencontre. Dans la crise somnambulique du
1 i, nous avons eu recours am inhalations d'éther ; après plu-
sieurs inspirations, fait une grimace de répulsion, flé-
chit sur ses jambes et se laisse aller comme une masse. Il est
recouché et s'endort aussitôt. Dans la nuit de 2 ont été éga-
lement faites les inhalations ci-dessus indiquées, avec le
même résultat.
Septembre. Même traitement. Pendant ce mois il ne
s'est produit aucune attaque'. Dans la nuit du 12. crise de som-
nambulisme : après une; longue promenade dans le dortoir,
de la durée d'une heure environ, R... s'est assis sur son lit,
a ouvert le tiroir de sa talMc de nuif, cl a r : m ? é tous les ohjets
qu'elle renfermait ; il paraissait chercher quelque chose qu'il
ne trouvait pas ; au bout de dix minutes, il se baisse et ramasse
un bout d'allumette et un chiffon de papier, il cherche à
tracer des bâtons, sans réussir. Nous déposons sur sa table
un crayon et une fouille de papier, il s'en empare aussitôt et
s'amuse à dessiner une devinette qu'un de ses professeurs
lui avait expliquée dans la journée. Il s'agissait de tracer six
rangées de; six bâtons, et d'en effacer six de façon que la
somme des bâtons laissés constitue tant dans le sens horizon-
tal cjuc dans le sens vertical, un nombre pair. Deux fois il
essaie de résoudre ce petit problème, et deux fois mécontent
de lui, il couvre de hachures ce qu'il vient de tracer ; il réus-
sit dans une troisième' tentative. Aussitôt après, il paraît
fatigué de l'effort qu'il vient de faire, se couche convenable-
ment dans son lit et s'endort. Durant le sommeil somnambu-
lique, IL, a toujours gardé les paupières baissées.
Septembre. Octobre et Novembre. Même traitement.
Pendant ces Irois mois il ne survient aucun accident con-
vulsif ou somnambulique. Lu ... continue il s'améliorer il tous
les points de vue. L'onanisme qui avait été, constaté et avoué
à son arrivée; il l'Institut médico-pédagogique ne se produit
plus. Sous l'influence du traitement moral, l'entant de plus
en plus accessible au raisonnemeni, tient compte; de la moin-
dre observation qui lui est faite et se garde de tout ce cju
10 Hystérie mâle de l'enfance.
pourrait retarder sa guérison : il ne cherche ni à boire ni il
revenir ses mauvaises habitudes. A la gymnastique, il va
bien aux échelles convexe et horizontale, aux anneaux ainsi
qu'aux exercices d'ensemble. En classe, il est arrivé il peu
près au niveau du certificat d'études primaires. Les parents
satisfaits des résultats du traitement nous demandent à le
reprendre à titre d'essai à la fin de Novembre.
Hystérie mâle de l'enfance. 103
s'améliorer.... il commence à prendre goût au travail des
champs, cela me donne un peu d'espoir pour lui et pour
moi. « Nous ne nous avançons donc pas imprudemment, en
disant qu'il y a eu guérison.
Réflexions. I. L'hérédité directe de l'enfant est
nulle ; nous ne trouvons de tare que chez le grand-
père maternel d'un caractère excentrique et qui est
mort de ses excès de boissons. Les antécédents
personnels sont plus graves : nous relevons, en effet,
l'alcoolisme passif cle la première enfance et l'appé-
tence irrésistible que IL.. a toujours manifestée pour
le cidre en particulier, dont il faisait des abus jour-
naliers.
II. Les stigmates de dégénérescence physique se
bornent à une légère asymétrie de la face et du crâne,
ainsi qu'a une insignifiante difformité de la verge.
III. L'arriération intellectuelle de l'enfant est
antérieure à la première attaque ; l'apparition de
l'hystérie n'a exercé d'influence que sur le caractère
qui devient irritable et indépendant.
IV. Malgré le diagnostic porté par le médecin,
parent de l'enfant, qui, du reste, nous avait déclaré
n'avoir assisté à aucune crise, nous n'avons pas hésité
dès les premières attaques Ù reconnaître l'hystérie
m;1/e.
V. La maladie débute à douze ans et demi. Elle
nous parait avoir pour cause réelle l'alcoolisme
héréditaire et personnel du sujet, et pour causes
occasionnelles une forte émotion produite par une
peur et probablement un excès alcoolique dans un
repas de famille. C'est encore une peur qui, après
une rémission de deux mois, coïncide avec une
réapparition des attaques.
104 Hystérie mâle de l'enfance ; guérison.
VI. Dès que R ? a été isolé des siens, et que par
conséquent on a pu couper court à ses anciennes
habitudes, nous constatons chez lui une amélioration
morale. Son caractère change presque aussitôt, et
d'irritable et insoumis devient sociable et docile. Peu
à peu, sous l'influence du traitement médico-pédago-
gique, l'arriération intellectuelle s'atténue, les atta-
ques disparaissent, pour céder un moment la place
à des crises cle somnambulisme et enfin dès le sixième
mois de traitement nous ne relevons plus le moindre
accident. A noter encore la suppression de l'onanisme
et de l'appétence alcoolique, qui ne se sont plus
manifestés, même après le départ de R.... Comme
cette notable amélioration n'a fait que s'accentuer
depuis deux ans passés et que l'enfant en est arrivé
à « se mettre au niveau de ses camarades », nous
n'hésitons pas à croire que nous avons obtenu une
guérison.
Voici quelques indications concernant les cas d'hys-
térie chez les garçons, observés par nous et auxquels
nous avons fait allusion au début de cette Note. Si
nous les rappelons c'est alin d'aider les auteurs de
bonne foi qui auront l'occasion de traiter cette ques-
tion, toujours intéressante, de pathologie et de clinique
infantiles.
1880. - Noie sur un cas cl.'1 ? stéo-épilesie chez un
garçon de 13 ans. (En collaboration avec dOlier. Compte-
rendu de Bicêtre pour 1880, p. 30). - Lam ...
1881. - Nouvelle observation d'hystéro-épilepsie chez
un jeune garçon ; hydrothérapie ; guérison. (En collah.
avec Bonnaire. Compte-rendu de 1881, ]>. 55.) - Ron..
1882. - Nouveau cas d'hystérie chez un jeune garçon.
(En coll. avcc Dauge. Cte-aencltc de 1882, p. 122).-Frei...
Bibliographie. 105
1883. - Nouvelle observation d'hystéro-épilepsie chez
un jeune garçon ; guérison par l'hydrothérapie , par
Bourneville et Bonnaire. (Compte-rendu de 1883, p. 87).
Buch...
1884. - Hystéro-épilepsie; instabilité mentale avec
perversion des instincts ; impulsions ; arrestations, con-
damnation, mort en prison de tuberculose pulmonaire ;
par Bourneville et Leflaive. (Compte-rendu de 1884, p.
164). - Brig...
1889. - Une famille d'hystériques, jeunes garçons et
jeunes filles. (En collaboration avec P. Sollier. Compte-
rendu de 1889, p. 148). Famille Lav...
1890. - Cas d'hystérie chez l'homme. (En collaboration
avec Séglas. Compte-rendu de 1890, p. 89). - Houez...
Hetting ? From... '
1891. -Deux nouvelles observations d'hystérie mâle.
(En collaboration avec P. Sollier. Compte-rendu de 1891,
p. 3). - Cah..., Hir...
1896. - Alcoolisme ; instabilité mentale ; crises hysté-
1'ifoT)ne3 guérison. (En collaboration avec J. Boyer.
Compte-rendu de 1896, p. 218). - Camille C...
A ces cas s'ajoutent les deux précédents. Nous de-
vons aussi renvoyer le lecteur au mémoire de d'Olier :
De la coexistence de l'hystérie et de l'épilepsie auec
manifestations distinctes des deux névroses, consi-
dérée dans lès deux sexes et en particulier chez
l'homme. Paris, 1881 ; et à celui de Clopatt, Etude
sur l'hystérie infantile (1888), mémoires dans les-
quels sont reproduites plusieurs observations du ser-
vice (1). Tous ces travaux, pas plus que notre mémoire
(avec Voulet, n'ont point paru dignes d'une mention à
l'auteur de l'article Hystérie du Traité de médecine.
Il) En ce qui concerne l'hystérie et 1'lystéro-épilepsie chez la femme, voir
Bourneville, Recherche sur l'épilepsie et l'hystérie, Paris 1876 ; Bourneville et
P. Regnnrd, IC0l10pllOtogr. de la Salpêtrière, 1876-1880, etc.
Vif.
Action de l'Alcoolisme sur la production de
l'idiotie et de l'épilepsie ;
l'Aie 1t(IL'It\1 ? 1(,l,ls.
1989 enfants idiots, épileptiques. imbéciles ou
hystériques sont entrés dans notre service de Bicêtre
depuis le 1er janvier 1879 jusqu à la date du 1 el" janvier
l S)00.
VIII.
Inégalité de poids des hémisphères cérébraux et
cérébelleux ;
l'An noLevrwo,r,r.
Dans notre précédent Compte-rendu (1898, p. 5, 7),
nous avons rappelé nos recherches antérieures sur
l'Inégalité de poids des hémisphères cérébraux e/
cérébelleux et donné un tableau de six cas, dans les-
quels nous avons trouvé une différence de poids
considérable. Il nous a paru intéressant de repro-
duire, non pas seulement les cas un peu exception-
nels, mais tous ceux dans lesquels nous avons relevé
une différence de poids d'au moins 30 grammes.
Les tableaux ci-après comprennent les pesées com-
paratives des hémisphères cérébraux et des hémi-
sphères cérébelleux cle 'i9 malades. Nous les ferons
suivre de quelques réflexions sommaires, portant
principalement sur l'atrophie croisée des hémisphères
cérébraux et cérébelleux.
9 VS INÉGALITÉ DE POIDS DES HÉMISPHÈRES CÉRÉBRAUX.
I IO Inégalité DE poids des hémisphères cérébraux. 1
112 Inégalité DE poids des hémisphères cérébraux.
IX.
Sclérose en plaques ayant débuté dans l'enfance;
Imbécillité;
PAR BOURJNEVILLE.
Nous n'avons observé à Bicêtrc, chez les enfants du
service, de 1879 à 1899, que quatre cas de sclérose en
plaques. Nous publions aujourd'hui l'un d'eux, nous
réservant de donner les autres dans le Compte-rendu
de'1900.
Sommaire. - Père, quelques excès alcooliques. - Oncle
paternel aliéné. - Grandes-tantes et cousines paternelles
mortes de tuberculose. Mère, douleurs névralgiques, stig-
mates de dégénérescence ; crises nerveuses passagères. -
Grand-pèré maternel, alcoolique, mort aliéné. Frère,
convulsions de l'enfance. Autre frère déséquilibré, ins-
table. - Petite cousine maternelle, nerveuse, chorée de
l'enfance, crise de nerfs après une peur.
Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge d'un an (mère plus
âgée). -
Conception, grossesse, accouchement, naissance, rien de
particulier. - Premières dents à 6 mois; dentition coin-
plète-à 15 mois. - Parole et propreté à 2 ans.
A 3 ans, peur, suivie la jours après d'un état de mal con-
vulsir qui dura 13 heures. Consécutivement, torpeur
prononcée, affaiblissement parétique des quatre membres,
prédominant à droite ; tremblement des mains, marche
impossible, déviation de l'oeil droit. - Disparition pro-
gressive de ces accidents en six mois. Céphalalgies-
Accidents congestifs avec convulsions internes il ans. -1
10 ans, absences (Janvier 1â92), fugues, arrestations. Zoo-
phobie, nouvelle frayeur avant la dernière fugue qui aboutit
Antécédents héréditaires. 115
à soiplacp»te2-tt. - Diminution de l'intelligence - Pre-
mier accès d'épilepsie à 10 anse Disparition des accès
d'août 1886 à 1889. - Maladie/; intercurrentes et évolution
de la puberté : poids, taille, système pileux, organes géni-
taux de 1882 à 18J9. - Caractères du tremblement : spéci-
mens de l'écriture. - Amélioration de l'état intellectuel. -
Congé en 1890 : excès de boisson et de tabac. - Rentré
dans la section nu bout de trois mois. - Passage aux incu-
rables de l'hospice en mars 1893. - Pris comme soldat en
1893, malgré sa maladie, incorporé dans un régiment,
réformé en décembre. - Réadmission à l'hospice, fugue
iL Roue ? , mendicité, retour Ci. Bicêtre. Nouvelle sortie
de Bicêtre. - Nouvelle admission à Bicêtre (juin 1895). -
État actuel (1900).
Béna... (Eugène, Etienne), né à Paris, le 7 juin 1872, est
entré dans le service le 9 septembre 1882. Il. était accompagné
des certificats ci-après :
il juin 1882 : Attaques d'épilepsie, accidents paralytiques
passagers avec aphasie temporaire. Fugues inconscientes. -
Absences. Niveau mental faible. Prévention de vaga-
bondage. Signé : Legrand du Saulle.
18 juin 1882 : Est atteint de débilité mentale avec épilepsie ;
attaques suivies de trouble mental. - Signé : Magnan.
Antécédents. - {Renseignements fournis par sa mère en
septembre 1882 et février 1883). Son père, âge de 35 ans en
1882, est fondeur en cuivre et jouit d'une bonne santé habi-
tuelle. On signale chez lui quelques excès alcooliques (vin) :
« Il ferait la noce un ou deux jours, tous les mois. » Il fume un
peu. Il est d'un caractère vif, emporté, mais il n'a jamais
souffert de névralgies ou de migraines. Il n'y a pas trace
chez lui d'accidents syphilitiques. [Son père, âgé de 67 ans,
est sobre. Il souffre de varices des membres inférieurs. Sa
mère, âgée de 66 ans, blanchisseuse, sobre, n'a jamais eu
d'accidents névropathiqu.,s. Elle est aveugle par cataracte.
- Son grand-père maternel est mort aliéné à l'Asile clinique
en 1879 (1). - Quatre tantes paternelles seraient mortes cc de
(1) Notre ami le Dr Magnan nous a transmis sur lui la note suivante :
n J. M... est entré à l'asile le il mai 181D, à l'âge de 87 ans. Il présentait un
affaiblissement notable des ('acuités et, en particulier, de la mémoire, une
excitation turbulente très grande avec un délire incohérent : il a beaucoup
d'argent; il a remplace le Père éternel. » L'état général était très défectueux.
Le malade mangeait peu. Il s'est éteint le 3 juin 1879. »
116 Sclérose en plaques disséminées.
la poitrine » avec hémoptysie et leurs enfants auraient égale-
ment succombé à la tuberculose. - Il a trois frères, tous
bien portants ainsi que leurs enfants qui n'ont jamais eu de
convulsions. Il n'y aurait aucune tare nerveuse dans le reste
de la famille (1).
Mère, 36 ans (en 1882), couturière, sobre, a été réglée à 14
ans. Elle n'a jamais eu de graves accidents nerveux. Elle
est assez bien portante et sujette seulement quelques
douleurs névralgiques. Pas do migraines, ni de dartres. Il
semble que l'oeil droit soit un peu plus couvert que le gauche.
(Elle dit qu'il en est de même chez son mari) (2). La moitié
droite de la face n'est pas pourtant plus petite que la
gauche. Elle a des oreilles démesurément grandes (9 cent.). Pas
d'alcoolisme. En décembre 1883, elle est allée au lavoir ayant
ses règles. Celles-ci se sont arrêtées et elle a eu plusieurs
crises nerveuses. - [Son père, alcoolique, devenu aliéné
en 1850 (3), a été interné à Bicêtre, puis transféré en 1860 à
(1) Nous avons revu la mère de notre malade en 1897. Elle nous a dit qu'un
frère de sou marï était mort aliéné il l'asile de Quatre-Mares près Roues,
il y a cinq ans. Il était sobre. Ses enfants seraient indemnes d'accidents
nerveux. La grand'mère paternelle est morte en 1892, a la Maison texan-
terre, de sénilité (j6 ans).
(2) Les yeux, dit-elle, sont égaux, mais la paupière supérieure cache
davantage l'oeil droit.
(3) Mul..., père de M ? Iléii..., a été admis la première fois, -il bicêtre, le 8
décembre 18.il, avec un certificat ainsi conçu : « Délire datant de deux ans.
État de mélancolie après l'insurrection de juin. Au retour de son pays, pré-
tendue persécution. Il éprouve les maladies de tout le monde. Son coeur lui
tient des conversations la nuit. Insomnie. Agitation légère. - Signé : Lasè-
gue. » - Il est sorti de Biettre le 28 déc. de la même année avec ce certificat : i
« Mélancolie ; légère faiblesse mentale ; une amélioration assez grande s'est
manifestée dans les sentiments du malade ; il a seulement un peu d'inconsis-
tance morale qui laisse craindre une confirmation de sa démence; on peut
le confier à sa femme qui le réclame avec instance. - Signé : Delasiauve. "
Il est rentré le 4 mars 1852 avec le certificat suivant : « Déjà traité -il Ilicé-
tre pour délire mélancolique. - Renvoyé amélioré ; conduit dans son pays.
- Incohérence complète ; rires sans raison ; récits sans suite, prétendus
trésors cachés par sa femme. Menace sa femme et la frappe. - Signé : Lasè-
gue. " -- Sorti le 11 oct. 1852. « Sa santé morale est à peu près complètement
rétablie. Il n'y a pas d'inconvénient à le rendre sa femme qui le réclame.
Signé : Moreau. » .-
Entré à Bicêtre pour la troisième fois avec le certificat suivant :
rt Déjà traité à Bicêtre à deux reprises. Intelligence faible Accès de manie.
Violences contre sa femme. -- Signé : Laségue. » Transféré à Armentières
avec le certificat suivant : « Démence, non dangereux, peut être transféré.
- - Signé : Moreau. » Il est décédé dans cet asile le 2 février 1867 par
suite d'hématémèse. ? (Ce dernier renseignement nous a été fourni par
nôtre ami le D' Keravul.)
Antécédents personnels ? . 117 7
l'asile d'Armentières, où il est mort en 1867. - Sa mère est
morte à 71 ans, d'une affection cardiaque. « Une cousine,
du côté de ma mère, a eu la chorée et a été soignée pendant
six mois à l'hôpital Trousseau. A 9 ans, après une peur, elle a
eu une crise de nerfs. Elle s'est mariée, n'a pas eu d'enfants,
est morte en quelques jours d'un chaud et froid. » - Aucune
tare nerveuse dans le reste de la famille'.
Pas de consanguinité. Inégalité d'âge de 13 mois (mère
plus âgée).
Cinq enfants : le premier est notre malade : les trois autres
sont bien portants, n'ont jamais ou de convulsions ; le dernier,
mort il 5 mois de broncho-pneumonie, aurait ou des convul-
sions pendant son agonie (1).
Notre malade. -Ilicn au moment de la conception (2). -Gros-
sesse, aucun traumatisme, aucune émotion, la mère a tra-
vaillé jusqu'à la fin. - Accouchement à terme, sans aucune
intervention. Présentation du sommet. Eau en quantité
moyenne. - Pas d'asphyxie bleue ou blanche à la nais-
sance, pas de circulaire du cordon. L'enfant était bien
conformé. Nourri au sein par sa mère, sevré à 11 mois. Les
deux premières dents ont paru à G mois. Dentition com-
plète à 15 mois; l'enfant parlait bien il 2 ans et était tout-à-fait
propre vers le même âge. Aucune maladie jusqu'à l'âge de 3
ans.
Vers cette époque, apparut tout à coup, un matin, un état
de mal convulsif. Quinze jours auparavant, B.. avait eu une
grande frayeur. Le chien de son concierge lui avait sauté au
visage sans le mordre; l'enfant demeura saisi, immobile,
mais ne perdit pas connaissance. Durant les jours suivants,
il resta très-impressionnable. Il ne voulait plus qu'un chien
s'approchât de lui. Il n'y eut pas non plus, à la suite, ni
céphalalgie, ni changement de caractère, ni cauchemars
pendant le sommeil, très calme d'ailleurs. La crise débuta,
sans prodromes, par des vomissements aussitôt après son
(I) Depuis qu'elle nous a renseigné, la mère de Ben.. a eu quatre autres
enfants : (Jo un garçon, Lucien, figé de lli ans, caractère méchant, se fait
renvoyer de partout où il travaille » ; - Î" Louise, 13 ans, pas de convul-
sions, laborieuse, intelligente; - 8" fille née il 7 mois, morte il. 3 jours sans
convulsions 90 fille, 8 ans, pas de convulsions (ju'¡letI89Î J,
(2) Le père faisait déjà des excès de boisson et, alors, il était très enclin
aux rapports sexuels. Elle est convaincue pourtant que notre malade n'a
pas été conçu le père ayant bu, tandis qu'il en aurait été ainsi pour Lucien
(voir la note ci-dessus) ? J;
11' Sclérose en plaques disséminées. 1
petit déjeuner. Il poussa un cri, perdit connaissance, puis
les convulsions apparurent, portant sur les quatre membres
et la face; rigidité générale ; pas de secousses. Les yeux
étaient convulsés en dedans, « tout retournés clans le coin
du nez. » Les accidents convulsifs ont persisté pendant toute
la journée de 8 heures du matin il 9 heures du soir, sans
prédominance notable d'un côté ou de l'autre. Le malade
resta ensuite couché pendant 12 jours, dans un état de tor-
peur complète, ne reconnaissant personne : il avait un peu
de fièvre. Le médecin aurait parle de méningite. Pas de
grincements de dents, ni de délire, pas d'autres vomisse-
ments que ceux du début. On dut le faire manger pendant
quatre semaines.
Après les convulsions, la parole était perdue. Le premier
mot qu'il prononça, le douzième jour, fut « maman Elle
se rétablit progressivement en quatre mois, mais elle était
« bégayante » et elle a toujours conservé ce même carac-
tère.
Lorsque Bé.. commença il se lever, sa mère remarqua qu'il
ne pouvait plus marcher, ni se sel vil' de ses mains. « Il avait
un tremblement, des mains qui l'empêchait de s'en servir. »
Il était plus faible du côté droit que de l'autre. On dut lui
réapprendre à marcher. Il ne commença à pouvoir user de
ses jambes et de ses bras qu'au bout de deux mois. C'est il ce
moment que l'on nota le tremblement de la tête. L'oeil droit,
resté dévié après les convulsions, reprit sa position normale
à mesure que disparaissait l'état parétique des bras et des
jambes, au bout de six mois. A cette date, on remarqua que
ses yeux sautaient quand il voulait fixer un objet.
A partir de cette époque les parents signalent chez lui des
maux de tête, dont il se plaignait « il chaque changement de
saison. » Ces maux do tête duraient deux ou trois jours.
A l'âge de 4 ans, menaces de congestion cérébrale (face
rouge, céphalalgie, convulsions internes : ses yeux se retour-
naient). Cet état ne dura qu'un jour. - Ensuite il fut atteint
d'une pleurodynie du côté droit qui disparut en trois jours,
après l'application d'un vésicatoire. A 6 ans, pneumonie,
avec beaucoup de fièvre; elle n'a pas modifié la maladie ner-
veuse. Envoyé il l'école, jusqu'au li juin 1882, il rentrait il
peu près régulièrement à 4 heures chez lui ; il aidait sa
mère aux soins du ménage, mangeait proprement, sans
voracité. Il n'avait pas de miction involontaire et l'on ne
trouvait pas de sang sur son oreiller.
. Antécédents personnels. 119
s ¡ La mère nous a souvent répété que Bé... était tout-à-fait
normal avant les convulsions et que, après, l'intelligence
avait diminué, surtout la mémoire.
En janvier 1882, on nota chez lui quelques absences : « Il
nous regardait, dit la mère, les yeux fixes, hébété, comme s'il
ne voyait ni n'entendait. » En revenant à lui, s'apercevant
qu'on le regardait, il disait : « Que veux-tu, maman ? » Il
pleurait et chantait sans motif. En mars 1882, à huit ou dix
reprises, il partit sans prévenir ses parents. Il est revenu la
première fois quelques hcures après ; deux autres fois, à
deux jours d'intervalle. Il fut arrêté deux fois et réclamé
par ses parents. Sa troisième arrestation fut suivie de son
placement à l'Asile clinique. Il ne savait pourquoi il se sau-
ci on ne pouvait apprendre où il était allé; il n'en gar-
dait, assurait-il, aucun souvenir.
On n'a jamais remarqué qu'il fut menteur, méchant, jaloux.
Il avait beaucoup d'affection pour ses parents. Pas de pyro-
manie ; mais depuis sa première frayeur il avait conservé
une grande peur des animaux. Pas de vision colorée, ni
de fantômes. est il noter que, 7 à 8 jours avant sa dernière
arrestation, il fut pris d'une grande frayeur en apercevant le
chien de garde de sa propre maison s'avancer vers lui, tou-
tefois sans chercher le mordre. A partir de là, tous les jours
il cherchait à s'enfuir sans y réussir. Il n'eut jamais cliez lui
de nouvelles crises convulsives. Sa mère dit que, après sa
dernière arrestation, il resta deux jours au dépôt de la Pré-
fecture de police, puis fut transféré à l'Asile Clinique où il
séjourna trois mois. C'est là qu'il aurait commencé à avoir
des accès d'épilepsie. .
A part la scarlatine dont il fut atteint à l'âge de 4 ans, et
peu après une rougeole légère, on ne relève pas dans ses
antécédents morbides de maladies infectieuses graves (ni
fièvre typhoïde, ni croup, ni oreillons). - Aucun accident
scrofuleux. - Pas d'onanisme. Il a eu plusieurs fois des
oxyures.
Le tremblement aurait toujours été modéré à gauche. Il a
toujours été très prononcé à droite et s'exagère quand l'en-
fant s'applique à quelque chose. Il y a même des moments où
il ne peut rien faire ; d'autres fois il diminuait. Il peut, en
général, se servir de la cuillère, mais pas de la fourchette.
Il boit d'ordinaire de la main gauche. La marche a tou-
jours été défectucuse ; il tombe fréquemment.
120 SCLÉROSE EN plaques disséminées.
A l'école, il se montrait toujours très obéissant, n'osait pas
se défendre. Ses maîtresses à l'asile, puis à l'école ses maîtres
étaient contents de son caractère ot de sa conduite ; mais
depuis un an son intelligence avait notablement diminué. Il
n'avait plus d'attention et presque pas de mémoire. Seul, son
caractère n'avait pas changé.
A son entrée dans le service (septembre 1882), on note
qu'il commence à lire convenablement mais qu'il a beaucoup
de peine à écrire correctement il cause de son tremblement.
Il connait il peine la numération. La mémoire est presque
nulle, son jugement peu développé. Il ne possède que les
notions les plus élémentaires. Il est doux, tranquille. Les
accès sont très fréquents. (105 accès pendant le mois de sep-
tembre). - Hydrothérapie.
L'examen de la dentition, fait, le 28 octobre, montre 12 dents
dont 6 dents de lait aux deux mâchoires. Elles sont bien ran-
gées ; les gencives ne présentent rien de particulier.
1883. - Janvier. - Conjonctivite oculo-palpébrale.
Mars. - Bronchite et conjonctivite palpébrale simple. -Le
tremblement est très fort et, dans la station verticale, B.. agite
la tète presque continuellement, ainsi que les membre supé-
rieurs et le tronc. Dans l'acte de boire, ce tremblement
offre tous les caractères de celui de la sclérose en plaques.
- Revacciné sans résultat.
- ler avril-3\ août. Traitement par les injections sous-
cutanées de curare. Les accès, qui déjà diminuaient, ont
disparu jusqu'au mois de février 1881 (voir le Tableau) et sont
devenus ensuite de plus en plus rares (1).
Organes génitaux. Testicules descendus dans les bourses,
petits. Gland non découvrablc complètement ; aisselles et
pubis glabres.
Ecolage. - Au point de vue intellectuel, B... fait quelques
progrès. Il lit couramment, sait faire exactement les trois
premières opérations de l'arithmétique ; l'écriture reste défec-
tueuse à cause du tremblement. La mémoire est assez bonne.
B..... apprend quelques petites fables. Il apporte de la bonne
volonté au travail, est docile.
1884. - B..... a fait de nouveaux progrès. Il lit bien,
réussit à résoudre quelques petits problèmes portant sur les
(1) Voir dans le Compte-rendu de 1884 : Bourneville et Uricon, Du curare
dans l'épilepsie, page 70.
Marche DE la maladie. 121
quatre opérations. Son caractère est doux, tranquille, mais
il est très mauvais ouvrier il l'atelier de cordonnerie où on l'a
envoyé il y a quelques semaines.
Juillet. - Pénil et corps glabres; prépuce long, sans phi-
mosis ; testicules dans les bourses, de la grosseur d'une petite
noisette, le gaucho plus bas que le droit ; léger varicocèle il
gauche. On note une disposition foetale de la base des organes
génitaux externes; cette base forme une grosse et large
saillie, séparée de l'abdomen par un pli transversal. - llydro-
thérapie, gymnastique, etc.
1885. - Pas de progrès. Il est noté comme paresseux, inat-
tentif et peu docile. Ses vêtements sont souvent en désordre.
Il mange proprement. -Aucune modification sous le rapport
de la puberté. - Le traitement hydrolhèrapique est continué
du ler avril ait le,* novembre.
1886. - On constate un léger strabisme convergent. Il n'y
a pas de tremblement de la langue ni des lèvres.
Juillet. - Puberté. Augmentation d'un centimètre dans la
longueur et la circonférence de la verge. - Les bourses sont
pendantes; varicocèle. Testicules de la dimension d'une grosse
noisette. Très léger duvet il la lèvre supérieure et au pénil ;
aisselles glabres. Le sillon transversal qui sépare la racine
des bourses du pénil existe toujours. Gland, un peu adhérent,
au prépuce, difficile il découvrir; le méat est un peu dirigé
en arrière. l'as d'onanisme.
En avril, il a été atteint d'une angine érythémateuse. En
mai, un torticolis cède rapidement à des onctions de baume
de Fioravanti. - En octobre, bronchite légère, en décembre
nouvelle amygdalite.
On constate, d'une façon générale, une grande amélioration
dans l'état du malade, en particulier, une diminution consi-
dérable du nombrc des accès. Le tremblement des mains est
toujours constaté, surtout à droite. Il est très fin : l'écriture
le met bien en relief. Les progrès intellectuels sont peu près
nuls. A l'atelier, on se plaint de sa paresse et cle sa maladresse.
Il est quelquefois indocile. - Le traitement hydrothérapique
a été appliqué sans interruption du 1er avril au 31 octobre.
188ï. B... est atteint à plusieurs reprises d'angines éry-
thémateuses (janvier, mars, mai et octobre) ; de bronchites
légères en février, avril, novembre et décembre ; d'un panaris
du pouce en novembre.
122 DESCRIPTION physique.
Pendant le premier semestre, les instituteurs paraissent
peu satisfaits de son travail et se plaignent de sa tenue négli-
gée et de sa paresse. Un peu d'amélioration durant le second
semestre, mais il est toujours mauvais ouvrier. Il parait
prendre plus de goût iL la gymnastique et aux exercices de
chant. Il est quelquefois emporté et grossier. Hydrothé-
rapie et bains d'amidon à cause d'une légère éruption
eczémateuse au scrotum.
Juillet. 13... fait quelques dictées de mots usuels et de
petits problèmes sur les quatre opérations; ses connaissances
en histoire et en géographie sont très limitées. La mémoire
est assez bonne; son caractère est taquin, son langage par-
fois grossier; sa tenue devient négligée. Il est paresseux
aussi bien à l'école qu'il l'atelier do cordonnerie.
1888. Janvier. Amélioration très remarquable au point
de vue de l'épilepsie : pas d'accès depuis t8S(i.
Puberté. - Fin duvet, commençant à dessiner la mous-
tache. Le "este du visage est glabre. Une vingtaine de poils
courts sous les aisselles. Poils noirs, longs, bouclés, abon-
dants sur la partie inférieure du pénil, et à la racine des
bourses qui sont pendantes, plus à gauche qu'à droite; testi-
cules égaux, de la dimension d'un oeuf de pie. Varicocèle
assez prononcé à gauche : gland découvrable, mais un peu
étranglé par le prépuce. Le gland est un peu petit par rap-
port à la verge qui est grosse : circonférence. 80 millimètres;
longueur, 75 millimètres. Onanisme signalé et nié. Poils
rares au périnée et à l'anus.
Juillet. Amélioration remarquable dans l'état général
du malade. Il n'a plus d'accès, mais conserve toujours son
tremblement symptomatique.
Examen physique. - Le front est bas, sans proéminence
des bosses frontales, le crâne, est symétrique. Les yeux sont
mobiles, les pupilles égales; H... dintingue bien les couleurs
et sa vue paraît normale. Le nez est largo à la racine, les
narines dirigées horizontalement; la bouche est petite, relevée
aux commissures ; pas de saillie de la lèvre supérieure ; pas
de forme ogivale de la voûte palatine ; B... perçoit les saveurs
et les odeurs. Les oreilles sont tl'l" longues (8 cent.), un
peu écartées du crâne ; l'hélix est bien ourlé, le lobule adhé-
rent. Le malade entend bien.
Le thorax est bien conformé. Les membres supérieurs et
inférieurs sont normaux; mais le rél1exe rotulien est presque
Accès épileptiformes. 123
absent ( ? ) : on note la même absence de réflexe pharyngien ( ? )
Rien de particulier du côté de la sensibilité qui est normale
au contact, à la température, à la douleur. Les fonctions
digestives s'accomplissent régulièrement. Rien au coeur
ni aux poumons. Traitement hydrothérapique, etc.
1889. - Pour combattre le tremblement, on institue le trai-
tement par le bromure de camphre, pris à la dose de 2 capsu-
les pendant la première moitié du mois, puis de 3 et 'i cap-
sules par jour pendant la seconde moitié. Le nombre des
capsules est augmente jusqu'à'S par jour. Le traitement, suivi
jusqu'à la fin du mois de mars, ne donne aucun résultat et
n'exerce aucune influence sur le tremblement.
En mai, embarras gastrique qui dure trois jours ; la tempé-
rature ne dépasse pas 38°. En juin, eczéma, probablement
professionnel, des espaces intercli ? itaw. -fl7gite et grippe
sans gravité au mois de novembre et décembre.
Pendant le premier semestre, les instituteurs ne constatent
que des progrès très peu sensibles. l3én .. lit couramment,
possède quelques notions d'histoire, de géographie et d'a-
arithmétique. mais son écriture est toujours tremblée et
très imparfaite. Sa conduite est un peu meilleure, bien qu'il
soit toujours grossier dans son langage, paresseux et quel-
quefois batailleur. Le chef d'atelier de la brosserie déclare
qu'il est incapable de travailler à cause de son tremblement
des mains.
Au mois d'août, les parents demandent sa sortie. On lui
accorde un congé renouvelable, pendant lequel il essaie de
travailler avec son père dans une fonderie de cuivre ; mais il
est ramené par sa mère qui affirme qu'il aurait eu des accès (1)
et que, d'autre part, on ne peut l'employer nulle part à cause
de son tremblement. -.
D'après la mère, l'accès arrive tout d'un coup, sans cri, et
aurait les caractères suivants : chute sur le côté droit ( ? ),
rigidité générale. Il n'y aurait pas de secousses cloniques ni
de rondement ni de bave ou écume, ni d'évacuations invo-
lontaires. Il se relève au bout de 5 minutes avec une exagé-
ration du tremblement des bras sans exagération du tremble-
ment do la tète. Souvent il a, il quctqucs minutes d'intervalle,
deux au trois crises.
Une amélioration notable est remarquée pendant le second
(Il Son congé a été de 3 mois; il aurait eu une douzaine d'accès.
124 Sclérose en plaques disséminées.
semestre d, l'aînée. B... est attentif aux leçons orales, sa
tenue est plus correcte. Il prend goût surtout à la gymnas-
tique, à la danse et au chant. L'écriture est toujours très
tremblée.
Puberté : Poils courts et abondants il la région pubienne
commençant à envahir la ligne blanche et la face antérieure
des cuisses. Poils longs et frisés aux aisselles. Quelques poils
à la région lombaire. Gland dillicile it découvrir; longueur
de la verge : 86 ? circonférence : \18 ? Le varicocèle est
toujours aussi volumineux à gauche. Les testicules sont du
volume d'un gros oeuf de pigeon. Le périnée et l'anus sont
garnis de poils abondants.
1890. Janvier et février. Légère angine (;l' ! }themateU8e
en janvier et en février. Au mois de mars, il prend une part
active à une sorte de rébellion de quoique malades du ser-
vice. Il brise des vitres et des chaises ; on le met en cellule
où il reste cinq jours.
On constate, durant celte année, de notables progrès
au point de vue intellectuel mais son caractère lui attire
l'inimitié de ses camarades dont il r. cherche cependant la
fréquentation. Sa tenue est souvent encore très négligée, sale.
Il se sert d'expressions dont la grossièreté ne le cède en
rien à colle de ses allures. - Le tremblement, toujours très-
accu-é, l'empêche de rendre des services à l'atelier de ser-
rurerie où il est entré. Il n'aime que le chant, la danse et
la gymnastique. Très-fumeur; il se serait livré à des excès
de boisson pendant son congé. II est impressionnable et
parait prendre plaisir iL la lecture des drames ou des poésies.
Puberté : Fines moustaches brunes; collier de poils noirs
encadrant, le menton et remontant sur les côtés jusqu'à la
racine des cheveux. Poils assez abondants iL la région ster-
nalc ; poils très longs et frisés aux aisselles. Les poils de la
région pubienne envahissent la tigneblanehe sous-ombilicale
et les aines. Verge : longueur 80 ? ; circonférence 100 ?
Le prépuce étrangle un peu la base du gland ; le méat est nor-
mal ; les testicules sont du volume d'un gros oeuf de pigeon.
Bien que B... le nie, on croit qu'il se livre h to.nxsmp.
Revacciné sans succès le 25 décembre.
1891. On note quelques progrès intellectuels et une amé-
lioration générale. Son caractère n'a guère changé ; il fait
preuve souvent d'une gnuido forfanterie et se vante de com-
mettre des actes qu'il ne met jamais à exécution. Sa tenue est
mauvaise, ses vêtements en désordre. Il n'a de goût que pour
Description du tremblement. 125
la gymnastique et la danse ; on le nomme moniteur de gym-
nastique. L'escrime lui est presque impossible à continuer à
cause du tremblement. Meilleur ouvrier ; toujours maladroit
cependant. t,
Puberté : Peu de changements. On note toujours l'étroitesse
du prépuce qui étrangle le gland. Les dimensions de la verge
sont les mêmes que celles de l'année précédente.
18n. - Durant toute cette année, aucun progrès scolaire.
- 1.clrentblententduntI3... est atteint l'empêche de suivre tous
les exercices de la classe. Il n'est pas méchant, mais toujours
grossier dans ses expressions ; sa tenue est débraillée. Il a peu
de soin de sa personne. Toujours très habile aux exercices de
gymnastique et de danse. Quelques progrès à l'atelier de ser-
rurerie.
Puberté : Verge, longueur : 90""™ ; circonférence' : 100 ? Le
testicule gauche est un peu plus petit que le droit. La poitrine
est abondamment garnie de' poils ainsi que la région pubienne,
les aines et la face antérieure des cuisses. Au visage, le collier
de barbe s'est étendu sur la face médiane et antérieure du cou
et descend jusqu'à la fourchette sternale. l'oils longs et abon-
dants à la région lombaire, au périnée, autour de l'anus. Duvet
très fourni à la face, postérieure des cuisses et sur la partie
antéro-interne des jambes.
Description du tremblement : Très léger tremblement de la
langue ; la parole est assez libre (' ? ), le malade parle un peu entre
ses dents. Dans la station assise, il y u parfois un léger trem-
blement de la tète. Il saisit assez franchement les objets et les
porte sans tremblement à sa bouche. Une règle étant placée
entre les doigts du malade assis, ou compte 28 oscillations en
15 secondes. Dans les grands mouvements ce tremblement
des mains est à peine appréciable. Il le devient par l'inter-
position entre les doigts d'une règle ou d'un crayon ainsi que
par l'écriture. Dans l'action de porter un verre à sa bouche, il
n'y a presque pas de tremblement à gauche. Il est plus pro-
noncé à droite et augmente à mesure que le verre approche
de la bouche. Il ne peut se tenir debout sur une seule jambe
que les yeux soient fermés ou non. La résistance du sol est
nettement perçue. En marchant, il appuie davantage sur ses
talons et l'on remarque que ses souliers sont usés au niveau
du talon et en dehors. La sensibilité est intacte dans tous ses
modes; mais il y a une diminution très notable des réflexes
rotuliens. - Le traitement h ! pfl'olhérapique n'a jamais été
interrompu. , .
1 : 26 Tremblement, NYSTAUMUS, épilepsie.
1893. L'examen de la puberté, fait au mois de février, n'in-
dique aucun changement. Le gland est cependant plus dêcou-
vrable et les poils plus longs et plus abondants dans toutes
les régions qui en étaient garnies. En mars, il passe,
comme atteint d'une maladie incurable dans la division des
vieillards.
En juin, B... étant en congé va à la visite médicale devant
le conseil de révision. On le reconnaît propre au service armé,
car s'imagii ant que le service militaire lui sera hénéliciable,
il n'a pas fait remarquer au médecin, charge de l'examen des
conscrits, qu'il était atteint d'une affection incurable, ayant
nécessité son placement à Bicêtre. Envoyé a Lunéville le 19
novembre, il a participé à tous les exercices militaires pen-
dant six semaines (2mc bataillon de chasseurs). Réformé n° '2
le 20 décembre et libéré le 23 décembre.
189 - L'examen de la puberté, au mois de janvier, fait
constater l'existence de poils nombreux à la région pubienne
et sternale, aux mamelons et d'une touffe de poils à la four-
chette sternale. Aucun changement dans les dimensions de
la verge et le volume des testicules. La barbe est rasée.
18')5. -Après sa libération, B... est rentré comme administré
à Bicêtre où il est resté jusqu'au mois du septembre. Il tra-
vaillait comme plombier à la Salpêtrière. Il suivit alors les
conseils de deux de ses camarades qui le décidèrent a partir
avec eux au Havre pour s'embarquer; mais, abandonné par
eux à Rouen, il revint à Mantes en vivant d, mendicité. Arrêté
et enfermé à la prison de cette ville, il fut relâché après ren-
seignements, Paris. Il a cherche se placer comme
serrurier. Il y réussit au moi- de mai IK0;j. A la suite d'une
blessure au pied, il fit un séjour de 10 jours à l'hôpital Tenon.
A sa sortie, n'ayant pas de travail, il partit de chez ses parents
et vécut de mendicité. Il entre alors de nouveau à Bicêtre où
il est actuellement.
L'examen de la puberté est fait en mai 1895. Les poils de la
région thoraoique sont abondants et longs. Très nombreux
à la région pubienne, ils s'étendent un peu sur l'abdomen et
les aines. Périnée garni de poils. La longueur de la verge
est de 9jmm ; la circonférence de Les testicules ont
le même volume (1).
(1) (Jette partie de l'observation a été prise par nous avec la collaboration
de M. Lombard, un de nos internes de 1895.
Tremblement, céphalalgies, accès. 127
1897. 3 juin. - Bén.. dit que sa « paralysie » est toujours
dans le même état. Il n'y a pas, actuellement, de nystagmus,
mais le malade prétend que ses yeux « dansent quand il a
beaucoup travaillé).. « Par moments, je parle assez bien, par
moments, j'ai un zozottement. Lorsque je ne puis pas parler
tout de suite, il m'arrive de me mordre la langue, il cause des
efforts.» On le fait lire, il lit sans difficulté notable : « Il y a des
moments où je lis des yeux sans pouvoir bien articuler. »
Si on lui ordonne de porter l'index droit sur le nez, il arrive
au but, mais aussitôt le doigt et le nez tremblent. Le tremble-
ment est moins prononcé avec l'index gauche. Lorsque le
malade porte un verre d'eau à sa bouche, on note le tremble-
ment caractéristique d.) la scléruse en plaques. Le tremblement
de la tète, léger aujourd'hui, est souvent plus accentué.
Il aurait eu un accès d'épilepsie il y a trois jours. Il assure
qu'il n'en avait pas eu depuis 1889. Travaillant comme aide-
couvreur, il était sur un toit quand il s'est senti étourdi ; il
est descendu et, en arrivant à terre, a perdu connaissance.
Pas d'autres détails.
1898. O,jaiiuier.-I3 . déclare ne pas avoir eu d'accès depuis
sa dernière visite. - Il eu quelquefois des céphalalgies,
mais pas de vertiges : « Mes yeux dansent souvent », dit-il.
Le tremblement aurait notablement diminué au bras gau-
che et augmenté un Peu il droite, surtout dans l'actc de boire.
Aujourd'hui, la parole est assez libre, non scandée : « Par-
fois, elle s'arrête ». Tremblement assez prononcé des lèvres
ct surtout de la langue quand il la laisse allongée durant
quelque temps. Pupilles égales ; pas de ny.stagmus.
B.. raconte qu'il vit maritalement avec une modiste ( ? ) ;
qu'il a exercé le métier de fumiste; que le soir il est machi-
niste au théâtre des Balignollos et gagne 1 fr., 50 par soirée.
Il vient pour avoir un certificat constatant son internement à
Bicêtre parce que, il y a quelques jours, il. la sortie du théâtre,
un meurtre a été commis et que la police a ramassé tous ceux
qui se trouvaient la et lui parmi eux. On l'a conduit au poste,
de la au Dépôt. Ayant déclaré au juge d'instruction qu'il avait
été à Bicêtre, il a obtenu, prétend-il, la permission de venir
chercher son certificat.
3 jttin. - Il dit que sa maîtresse l'a quitté il y a huit jours.
Le côté droit serait devenu beaucoup plus faible ; hier et
avant-hier il serait tombé par terre. Le tremblement de la
tète serait, plus intense. La parole, parfois, est presque
inintelligibie. Il vient nous demander de le faire entrer à
128 Amblyopie, diplopie, nystagmus.
l'Infirmerie générale afin de faciliter sa réadmission dans
l'hospice. (Période d '(,,\'<1cerbal ion),
1900. IG mars. - Ce matin le malade : est dans une véritable
période de rémission. - Debout, pendant assez longtemps,
la tête ne tremble que très peu, contrairement avec l'agitation
qu'elle présentait à la dernière visite. - Il en est de même
des bras, qui demeurent immobiles le long du tronc. - Assis,
le tremblement de la tète est encore plus léger; les bras
appliqués sur le corps et les mains sur les cuisses on ne note.
pas de tremblement. B.. se lève régulièrement de sa chaise.
Lui-même fait remarquer que clans ses périodes de faiblesse,
en se levant de sa chaise, il.retombe. Il monte et descend
les escaliers avec une flexion exagérée des jambes, la pointe
des pieds en dehors. Les pieds sont raides, ne fléchissent pas,
portent a plat. Durant les exercices de danse, qu'il exécute
tous convenablement, le tremblement diminuerait. Après, la
tète tremble davantage. Dans la marche, qui se fait en fau-
chant, il écarte beaucoup les jambes et lève les pieds.
Le côté droit est toujours plus faible. - B... travaille
actuellement à des travaux de terrassement à la Salpêtrière.
Il dit que le soir, sous l'influence de la fatigue, en rentrant
à Bicêtre, il boite de la jambe droite et que, couché, la tète
saute sur l'oreiller jusqu'à ce qu'il s'endorme.
La comparaison de l'écriture de ce ,jour (16 mars 1900) avec
celle du 5 juin 1893 met tout à fait en évidence l'amélioration
actuelle du tremblement.
L'acte de boire montre toujours le tremblement caractéris-
tique avec la main droite. Avec la main gauche, le malade
porte presque sans trembler le verre à sa bouche. Avec la
cuiller même différence. Habituellement, B... mange de la
main gauche.
« Les yeux vont bien, dit-il, mon ceil droit saute moins
maintenant et mon oeil gauche ne saute jamais. » Il ajoute que
la vue, qui est parfois affaiblie, surtout il droite, est bonne
actuellement et qu'il ne voit pas double, ce qui lui arrive par
périodes. En chantant, il toute époque, le tremblement de la
voix est moins accusé. Bien qu'il y ait encore un peu de trem-
blement de la pointe de la langue, il prononce bien les
mots (aujourd'hui), môme les consonnes 1, g, p.
Pas de douleurs fulgurantes. Station et marche non modi-
fiées par l'occlusion des yeux ni l'obscurité. Conservation
de la notion de position. Au dynamomètre, pris pendant cinq
jours, on note : 36 il droite, 40 à gauche. - B..., après les
Croissance : POIDS ET taille. t29
rémissions que nous avons mentionnées, aurait eu une
douzaine d'accès épilepU{ormes en 1899.
Au point de vue sexuel, B... dit avoir assez souvent des
s
a
z
0
a.
- 2
«
Est
130 Croissance : développement DE la tête.
injections de permanganate de potasse. A cet égard, comme
à quelques autres, nous ne devons accepter ses déclarations
que sous réserves car il n'a pas toujours été d'une véracité
indiscutable.
ci
N
5 : 2
S
CJ
Il
s
CS
s
Antécédents héréditaires ET personnels. 131
Tableau des Accès,
132 SCLÉROSE EN plaques disséminées.
elle n'était plus normale comme avant les convulsions
mais bégayante ; - 2° paralysie des quatre membres
prédominant à droite, qui s'améliora peu à peu en
deux mois ; - 3° tremblement des mains et de la tête ;
- lao déviation de l'oeil droit qui persista environ six
mois; 5° nystagmus ; 6° céphalalgies revenant
à intervalles assez éloignés ; - 7° diminution de
l'intelligence.
De 4 ans à 9 ans et demi la situation n'aurait pas
changé. Il n'eut, comme nouvel accident nerveux,
qu'une congestion cérébrale ( ? ) à l'âge de 4 ans.
III. Aux symptômes habituels s'ajoutent en janvier
1882 (9 ans et demi) des vertiges, en mars des fugues,
en juin, quelques jours après une grande frayeur,
des accès épileptiformes.
IV. Y a-t-il eu une véritable méningite ? Le méde-
cin aurait prononcé ce mot. L'affaiblissement intellec-
tuel consécutif à l'état de mal, à ses suites, et ulté-
rieurement la diminution de l'intelligence et surtout
de la mémoire durant l'année qui a précédé l'admis-
sion à Bicêtre, pourraient plaider, peut-être, en
faveur de l'existence de lésions méningitiques com-
pliquant la sclérose en plaques disséminées. En tout
cas, ces lésions sommeilleraient depuis longtemps,
car nous n'avons pas remarqué, de 1882 à ce jour,
les symptômes ordinaires de la méningite chronique
si ce n'est une irritabilité transitoire du caractère.
V. Le malade, à son entrée, nous était signalé
comme atteint d'épilepsie (accès et absences), com-
pliquée d'accidenls paralytiques passagers avec apha-
sie temporaire. Un examen attentif nous a bientôt
montré que l'épilepsie, la paralysie, l'aphasie - et
le reste sur lequel nous reviendrons - n'étaient que
des manifestations pathologiques de la maladie prin-
Symptômes. 133
cipale, qui ne paraît pas avoir été reconnue, la sclé-
rose en plaques disséminées, dans sa forme' la plus
complète, c'est-à-dire la forme cérébro-spinale.
Avant les convulsions, Bé... était tout-à-fait n01'-
mal, suivant les dires réitérés de sa mère. C'est l'état
de mal convulsif, grave et prolongé, avec les nom-
breux accidents consécutifs qui l'ont suivi, qui a été
l'origine de la maladie, cause de son admission dans
le service, et dont nous allons discuter le diagnostic.
VI. a) Le symptôme qui attire tout d'abord l'atten-
tion, c'est le tremblement. Dans la station verticale,
il intéresse tout le corps, tête, tronc, membres, plus
prononcé pourtant dans les membres du côté droit.
Dans l'acte de porter une cuillère à la bouche et sur-
tout dans l'acte de boire, il se manifeste avec les carac-
tères spéciaux au tremblement de la sclérose en
plaques. Les oscillations s'accentuent à mesure que
le malade approche du but, sans s'écarter de la direc-
tion générale du point de départ au point d'arrivée,
sans offrir ni les gesticulations de la chorée, ni, au
moment de la préhension du verre ou de la cuiller,
les mouvements exagérés des doigts et les contor-
sions de la bouche qu'on observe dans l'a,thétose.
Dans la station assise, les bras et les jambes sont
immobiles ; seule, la tête tremble, mais moins que
dans la station verticale. Au lit, ou mieux dans le
décubitus dorsal, peu après le coucher, tout le corps,
y compris la tête, est immobile.
Il serait superflu de comparer ce tremblement, si-
non pathognomonique tout au moins capital de la sclé-
rose en plaques, avec le tremblement de la paralysie
agitante, maladie de l'adulte ou de l'âge avancé et
dont nous n'avons jamais vu d'exemple parmi les très
nombreux enfants que nous avons observés.
b) Un autre symptôme, la paralysie, avec ses carac-
tères particuliers, vient à l'appui de notre diagnostic.
134 SCLÉROSE EN plaques DISSÉMINÉES.
L'état parétique, car il ne s'agit pas là d'une vérita-
ble paralysie, est apparu, ce qui est une exception,
dès le début. Il a toujours été plus prononcé dans le
bras et la jambe du côté droit. Il ne s'est jamais
accompagné d'aucun trouble de la sensibilité, ni
d'aucun des signes de l'ataxie locomotrice, ni, jus-
qu'ici, de paralysie des sphincters. A aucun moment,
non plus, il ne semble y avoir eu d'accès de rigidité
et, partant, d'épilepsie spinale. Les muscles ont con-
servé leur volume et leur énergie puisque le malade
est capable de se livrer à des travaux qui exigent un
déploiement sérieux de force musculaire.
La marche, un peu titubante, s'effectue sans diffi-
culté et le malade, quoiqu'avec un peu de fatigue, fait
quotidiennement le voyage, aller et retour, de Bicêtre
à la Salpêtrière.
L'état parétique n'offre pas toujours la même inten-
sité. Parfois, le malade marche avec assez d'aisance,
d'autres fois lourdement et, alors, il lui arrive de
tomber.
c) Relevons maintenant les symptômes céphaliques.
Ils sont tous présents : amblyopie, diplopie, nyslag-
mus, céphalalgies, embarras de la parole. Les détails
que nous avons donnés au cours de l'observation nous
dispensent d'insister davantage. Toutefois, en ce qui
concerne la parole, nous devons dire que la mère du
malade et lui-même. nous ont déclaré spontanément
qu'il y avait souvent une pause entre chaque syllabe
et que, parfois, la parole devenait presque inintelli-
gible, phénomènes que nous avons d'ailleurs constatés.
d) Il n'est pas enfin jusqu'aux accidents épilepti-
formes qui ne soient de nature à confirmer notre
opinion.
Les absences, pour employer l'expression même
des parents, ou plus exactement les vertiges, car les
accidents s'accompagnaient de phénomènes gyratoires
Marche ; rémissions. 135
(les objets tournaient autour de moi, dit le malade),
se sont montrés le plus souvent, dans le service, par
périodes intermittentes et ont disparu même durant
un long temps, autant qu'on a pu le constater. Mais,
à cet égard, nous n'avons pas de certitude, car nous
n'avons guère pour nous renseigner que le malade,
dont l'intelligence est débile, et les infirmiers qui,
changeant trop fréquemment, n'attachent pas assez
d'importance à ces accidents et ne les notent pas,
malgré nos recommandations incessantes, avec l'exac-
titude scrupuleuse qui conviendrait.
Les accès épileptifonnes ont paru six mois après
les vertiges, provoqués probablement par une émotion
vive. Ils ont été nombreux dès le début et sont restés
tels pendant les six ou sept premiers mois de son sé-
jour à Bicêtre, ont diminué à partir de là jusqu'en
juillet 1886, puis disparu jusqu'en 1889 où il en est
survenu quelques-uns. Nouvelle rémission de 1889 à
1899, année durant laquelle il aurait eu une douzaine
d'accès. D'après la description qui nous en a été
donnée, il s'agirait plutôt d'accès épilepti formes que
de véritables accès d'épilepsie.
VII. Les rémissions notées dans la marche de la
maladie, portant sur le tremblement les spécimens
de l'écriture les mettent bien en relief (fig. 4, 5, 6, 7, 8
ct9) l'état parétique, les symptômes céphaliques et
les accès epep/brmes confirment aussi la réalité, chez
B..., de la sclérose en plaques. A en juger d'après nos
cas personnels la sclérose en plaques, qui débute dans
l'enfance, aurait une marche bien plus lente que la
sclérose en plaques de l'âge adulte et se complique-
rait, parfois, de paraplégie spasmodique.
VIII. Nous remarquons chez B..., au point de vue de
la physionomie l'aspect signalé par M. Charcot dans
ses admirables leçons sur la sclérose en plaques : Le
136 Physionomie.
regard est vague, incertain ; les lèvres sont parfois
tombantes, le plus souvent entr'ouvertes ; les traits
expriment l'hébétude, en rapport, du reste, avec son
état intellectuel (Fig. 4).
Fig.4 . .
Go
ro
M'
n
S
M
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Fig. 5.
138 SCLÉROSE EN plaques disséminées.
IX. La prédomi-
nance du tremble-
ment et de la paraly-
sie à droite, jointe à
l'apparition simulta-
née de ces symptômes
primordiaux, consti-
tuent deux caractères
particuliers et rares
du cas que nous dis-
cutons.
X. Les certificats
d'entrée faisaient
mention, en outre de
l'épilepsie et de para-
lysiespassagères, etc.,
de l'existence, chez le
malade, d'un « niveau
mental faible », de
« débilité mentale »
ainsi que de troubles
moraux (fugues, va-
gabondage), en un
mot d'imbécillité et
d'instabilité mentale,
sans perversion pro-
prement dite des ins-
tincts. Tous les ren-
seignements sur son
écolage et sur sa con-
duite dans le service
ne laissent aucun
doute sur l'exactitude
de cette partie du
diagnostic.
XI. Le traitement
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TROUBLES INTELLECTUELS. 139
médico -pédagogique a produit chez ce malade une
certaine amélioration au point de vue intellectuel et
a enrayé dans une certaine mesure la marche de la
sclérose en plaques. Cette maladie a offert une aggra-
vation depuis la sortie de B... et la suppression de
tout traitement : ni douches, ni gymnastique, etc.
XII. Actuellement, aux asiles de Bicêtre et de la
Salpêtrière, les médecins demandent et obtiennent le
passage du quartier d'aliénés dans les divisions de ces
hospices d'un certain nombre de malades suffisamment
Fig. 7. - Tracé d'une ligne horizontale d'un point à un autre (5 juin 1898).
Fig. 8.
140 Assistance ET surveillance.
améliorés pour ne pas être maintenus dans les sections
d'aliénés, mais auxquels il reste un degré plus ou moins
prononcé de débilité mentale ou atteints de maladies
incurables ou d'infirmités qui les mettent dans l'inca-
pacité de travailler suffisamment pour subvenir à leurs
besoins. A partir de leur passage, ils jouissent, dans
l'hospice, d'une liberté absolue ; aussi n'est-il pas rare
qu'il leur arrive des aventures analogues à celles de
Bén... Les malades de cette catégorie devraient être
soumis à un règlement spécial, ne sortir qu'à
des jours fixes et n'avoir qu'une demi-liberté. On
éviterait ainsi, à eux et à l'Administration, de nom-
breux désagréments. Rien ne serait plus facile d'ail-
leurs que de les réintégrer dans le quartier des aliénés
dans le cas où ils présenteraient de nouveaux troubles
intellectuels, ce qui vaudrait mieux que de les ren-
voyer, sous prétexte de punition, et de les livrer à la
rue, vagabonds ou instruments de vol, souteneurs ou
prostituées.
Fig. 9. - La comparaison du tracé ci-dessus d'un point à un autre avec
le même tracé (/ig. 6) montre le degré de rémission constaté à la date du 16
mars 1900. La comparaison des écritures (fig. 7 et 8) n'est pas moins démons-
trative.
Nouveau cas d'hystérie mâle de l'enfance ;
PAR BOURN);VILLE.
Par la lecture de l'observation qui précède, on voit
avec quel soin nous essayons de rendre aussi exacte
que possible l'histoire familiale de nos malades.
En effet, pour Bén..., nous avons écrit aux médecins
ou aux directeurs des asiles dans lesquels plusieurs
de ses parents avaient été hospitalisés. C'est la règle
que nous nous sommes imposée pour tous les cas.
Comme B... a eu son frère Lucien dans le service
nous croyons utile de résumer ici son observation.
SOMMAIRE. - Antécédents héréditaires (voir p. 115). Anté
cédents personnels : Conception probable dans l'ivresse
- Grossesse, accouchement, naissance, rien. - Dévelop-
pement régulier jusqu'à 3 ans et demi. A 3 ans et demi,
peur vive, suivie de cauchemars pendant 15 jours. -
Rémission de six mois. - Apparition de crises d'agitation
hystériformes. - Marche des crises de juillet à novembre
1888. - Traitement médico-pédagogique à Bicêtre : Des-
cription des attaques. - Torticolis, etc. - Disparition
des attaques, sortie (novembre 1893).
1894-1900. - Maintien de l'amélioration pendant 6 mois,
puis instabilité mentale, vagabondage; menaces et voies
de fait envers ses parents. - Tentative de viol, condam-
nation. - Engagement militaire.
Bén.... (Lucien CI.), né à Paris le 7 mars 1882, est entré
dans le service le 27 novembre 1888, à l'âge de 6 ans, et en
est sorti le 30 novembre 1893.
142 Hystérie mâle DE l'enfance.
Renseignements fournis par sa mère (26 décembre 1888).
- Notre malade est le sixième. - La conception a proba-
blement eu lieu durant l'ivresse du père. - Grossesse, accou-
chement, naissance, rien d'anormal - Élevé au sein par sa
mère jusqu'à 14 mois. - Les deux premières dents ont percé
le même jour à 8 mois. Dentition complète à 2 ans. Marche
;t 13 mois, propreté à un an, parole vers 18-19 mois.
Mis à l'asile à 3 ans et demi il apprenait très bien mais
était « très diable ». Une vieille institutrice, pour calmer sa
turbulence, l'a mis dans un petit cabinet. Comme il faisait
du bruit, cognait la porte, elle lui a crié, du dehors, que s'il
ne se taisait pas, les bêtes allaient venir le manger. Le soir,
à son retour à la maison, il avait de la fièvre, a refusé de
manger, a demandé à se coucher. Vers dix heures, il a appelé :
« Oh ! maman ! maman ! » On l'a trouvé assis sur son lit,
faisant le geste d'écarter : « Maman ! les bêtes me mangent ! » »
Il avait les yeux grands ouverts, cherchait autour de lui,
pleurait. Cette crise a duré pendant une heure sans qu'il se
réveillât complètement. Il a ensuite dormi tranquillement.
Le lendemain, il est retourné à l'asile. La nuit, vers onze
heures et les treize autres nuits suivantes même cauchemar.
Au bout de six mois, comme il était revenu depuis quelque
temps en bonne santé, il a été remis à l'asile où il travaillait
bien. Au commencement de juillet 1888, un jour, la directrice
a envoyé chercher sa mère pour des crises qui se produisaient
depuis une dizaine de jours, le matin à 10 heures : L'enfant
se mettait dans un coin, puis montait et « déroulait les
gradins », grimpait après les fenêtres, les balustrades, sau-
tait sur le calorifère, etc. A la fin de ces crises d'agitation,
qui, dit-on, duraient deux ou trois heures, il battait les
autres enfants, puis devenait calme, s'asseyait et pleu-
rait.
Le lendemain, étant gardé à la maison, il a été pris d'une
crise que sa mère décrit ainsi : tout d'un coup il s'est assis,
disant : « Je vais être malade. » Il a été pris d'un tremble-
ment tétaniforme de tout le corps qui l'empêchait de parler.
Les doigts et les orteils étaient « ratatinés, crispés ». Les
mâchoires étaient un peu contractées. Il n'a pas bougé de
sa chaise. Au bout de dix minutes, le tremblement a cessé
mais les pieds et les mains restaient « crispés ». Puis il a eu,
durant trois heures, une série de crises analogues. Alors, il
a eu un peu de « renâclement dans la gorge, les mains se
sont décrispées », il a pleuré et a demandé à boire. Pas de
Caractères DES attaques. 143
perte de connaissance, pas d'écume ni d'évacuations invo-
lontaires. Abattement et céphalalgie consécutifs. Enfin som-
meil pendant une heure et demie. (6 juillet 1888).
Le 9 juillet, nouvelle crise, une heure. - Fin juillet, 3 crises
en trois jours, durant d'une heure à une heure et demie, se
terminant par le besoin de boire et par des pleurs. (Il est
sujet à pleurer beaucoup pour la moindre chose.) Quatre
crises en août, 3 en septembre, 2 en octobre, 3 en novembre
jusqu'à l'admission, celles-ci plus longues. Il prévenait géné-
ralement. La dernière (4 heures) l'a pris étant il l'école, il a
dit : « Sortez-moi, je vais être malade. »
Il n'a pas eu de folie ni avant ni après, ni d'hallucinations
ou de cauchemars. Pourtant le sommeil était un peu agité :
il sautait souvent dans son lit. Tandis que, avant, il ne souf-
frait pas de la tête, depuis, il s'en plaint souvent.
Il n'aurait jamais eu de convulsions, mais avait de grandes
colères durant lesquelles il tapait sur n'importe qui, princi-
palement sur sa grand'mère. On attribue la maladie à la
peur.
Rougeole à 3 ans ; pas d'autres maladies infectieuses.
Quelques croûtes d'impétigo du cuir chevelu. - Oxyures à
3-4 ans. - Pas de traumatisme ni d'onanisme.
Etat physique (Décembre 1888). - Nous nous bornerons à
signaler l'état ogival de la voûte palatine ; la longueur des
oreilles (6 cent.), leur renversement en dehors et l'adhérence
du lobule ; - un petit nceutcs au niveau de la fosse sus-épi-
neuse droite. - La sensibilité générale et la sensibilité spé-
ciale paraissent normales.
1889. Février. - Broncho-pneumonie, durant laquelle les
attaques ont été suspendues.
6 mars. - Une attaque, à laquelle assiste M. Sorel, interne
du service, aurait offert les caractères suivants : Pas de cri.
Yeux tournés en haut et à droite. Paupières agitées de
mouvements d'élévation et d'abaissement. Rigidité générale
(quelques secondes). Séries de secousses cloniques, tendance
à se mettre en arc de cercle. Déplacement du corps en avant
et de côté. Poings fermés, pouces en dehors. Lucien essaie
de se mordre les mains. Pas d'écume. Durée, cinq minutes.
24 murs. - Un nouvel examen ne décèle aucun trouble de
la sensibilité générale ni des sens.
144 Description ET marche DES attaques.
Juin. - Description d'une nouvelle attaque (1) : chute
accompagnée d'un cri léger ; mouvements cloniques des
paupières et des lèvres; globes oculaires déviées en dedans.
Bras étendus, poings fermés. Membres inférieurs dans l'ex-
tension.
Au bout de deux minutes, mouvements de flexion en masse
des membres inférieurs avec déplacements du corps. -Après
trois a quatre minutes, un peu d'écume, repos.
Après cinq minutes, nouvelle agitation des paupières, l'en-
fant se frapperait le visage si on ne l'en empêchait. Il donne
plusieurs coups du talon sur le sol. Bras étendus, puis fléchis
sur le bassin, jambes fléchies sur les cuisses. Quelques mou-
vements de flexion, repos. - Après neuf minutes, mouve-
ments brusques d'extension et de flexion, écume blanche,
repos.
Après dix minutes, B... porte sa main à la bouche. Mouve-
ments de mastication. Flexion des cuisses et de la colonne
vertébrale. Repos.
Après douze minutes : extension de la colonne vertébrale
et des membres inférieurs. Rigidité des bras étendus en croix.
Le malade prononce quelques mots inintelligibles, reprend
connaissance et se plaint d'avoir soif. - Durée totale de l'at-
taque 15 minutes.
Les caractères de cette attaque ne laissent aucun doute sur
la nature de la maladie ; B... est atteint d'hystérie.
Septembre. - Torticolis antérieur gauche. - Bronchite
légère.
1890. Octobre-novembre. - Scarlatine sans complication.
Organes génitaux. - Les testicules ont eu de la peine à
descendre, phimosis.
1893. Octobre. - Depuis son entrée en novembre 1888 jus-
qu'à maintenant, B... a pris en hiver, des bains, de l'huile de
foie de morue et du sirop d'iodure de fer, et du 1er avril au
30 novembre des douches. De plus, école et gymnastique.
Ses attaques ont eu la marche suivante : Décembre 1888, 8 ;
- 1889, en janvier 59 ; - en février 2 ; en mars 26 ; - en
avril 8 ; - en mai 3 ; - en juillet 2 ; en août 6 ; - en
novembre et en décembre 2. Au total 110. - 1890, 4 attaques
(1) Nous réservons le mot accès, aux accidents épileptiques; - celui d'af-
laques, aux accidents hystériques ; - celui de crises pour les accidents indé-
terminés ou sur la nature desquels on n'est pas fixé.
Marche de la .maladie. 145
en avril, 5 en mai, 1 en août ; au total 10. - Rien de septembre
1890 àj uillet 1891. - 1891, 8 attaques en août, 15 en septembre.
- A partir de là jusqu'à ce jour, c'est-à-dire en deux ans,
((ucune attaque. De l'entrée au mois de septembre 1891 on
aurait noté un certain nombre de vertiges sur lesquels nous
n'avons pu avoir de renseignements précis.
En raison de l'amélioration très notable qui s'est produite,
sa mère vient demander un congé cl'essai d'un mois promet-
tant de l'envoyer -Il l'école.
30 )t0uemb)'e. Sa mère réclame sa sortie, son maître
d'école et elle étant très contents de lui. Exeat.
1899. 8 mai. - Durant les six premiers mois de sa sortie
8.... a été très tranquille et laborieux, puis il est devenu indis . z
ciplitié, se battait avec ses maîtres. Aussi a-t-il été renvoyé
de l'école. Il a été mis en apprentissage dans la fonderie de
cuivre où travaille son père. Au bout de 15 jours, il n'a plus
voulu rien faire. Il allait «galvauder» mais rentrait tous les
jours. - En janvier 1898 il est entré au journal « Paris-
Courses » où il travaillait de 2 heures de l'après-midi à 2 heures
du matin. Il a été renvoyé en juin parce qu'il exigeait une
augmentation de salaire, ne faisait pas un travail régulier et
répondait. Il n'a plus rien fait pendant neuf mois. Le 26 avril,
il est entré dans une fabrique de pétrole où il n'est resté que
trois jours, puis il n'a pas reparu à la maison jusqu'au 4 mai.
Ce jour là dans la matinée, il est revenu, a fait un trou pour
faire sauter le verrou de sûreté, a pénétré dans le logement et
quand sa mère est rentrée, il s'est précipité sur elle, essayant
de la frappcr avec le bout d'un sabre qu'il avait disposé en
poignard. Sa mère s'est échappée. Les agents l'ont arrêté et
conduit au Dépôt où il a séjourné jusqu'au 30 mai. Il a été
relâché, sur le vu de notre certificat constatant qu'il avait été
traité à Bicêtre.
Sa mère raconte que l'été dernier, Lucien lui avait jeté une
assiette au visage, qu'il était de plus en plus violent envers
son père auquel il avait donné des coups de poing. Elle affirme
que depuis sa sortie jusqu'au 4 septembre U898, il n'avait pas
eu une seule attaque. Ce jour là il but une absinthe suivie
d'un vermouth. Le soir il a été pris d'une violente colère, s'est
sauvé de la maison, s'est battu dans la rue, a été violemment
contusionné, est revenu en hurlant. Sa mère l'a fait coucher.
A peine au lit, a éclaté une crise convulsive très forte, avec
écume sanguinolente.
1900. 1G mars. - Pas de nouvelle crise. B... est resté chez
Bourneville, Bicêtre, 1899. 10
ses parents sans travailler, allant « vagabonder avec un tas
dévoyons. » Il rentre le soir; n'a jamais découché, ne commet
pas d'habitude d'excès de boisson. « Ce qui domine chez lui,
c'est la paresse et le mensonge.» Il a été condamné le 21
août 1899 à trois mois de prison pour avoir tenté, avec plu-
sieurs « voyous n. de violenter une femme déjà âgée aux
environs du fort de Iiomainville. - Il s'est engagé le 3 février
dans un régiment d'Afrique et, jusqu'à la fin de mars, il
n'aurait encouru aucune punition.
1l,f : ur,Lmovs. I. Pour les antécédents héréditaires,
nous n'avons qu'à renvoyer le lecteur aux considé-
rations qui suivent l'observation précédente.
II. Malgré l'hérédité notablement chargée, et sauf
un certain degré de turbulence, « il était très diable »
a dit sa mère, Lucien semblait un enfant normal,
jusqu'à ans et demi. A cet Age, sous l'influence
d'une peur, occasionnée stupidement par son enfer-
mement dans un cabinet noir et la menace de bêtes
qui allaient venir le dévorer, surviennent des Ciluche-
mars qui se reproduisent durant J) nuits consécutives,
et, après un répit de quelques mois, des crises 11 ! Jsté-
riques qui motivent son placement clans le service.
III. Le malade a été soumis au traitement médico-
nécl ? ori-ye : école, gymnastique, travaux manuels,
bains, hydrothérapie, dès son entrée et jusqu'à sa
sortie qui a eu lieu alors que depuis 2'i mois, il n'avait
plus eu aucune attaque. Après avoir été docile,
obéissant, laborieux, il est devenu violent, men-
teur, paresseux, instable et sous l'action d'un excès
de boisson occasionnel il a eu une crise nerveuse,
peut-être épilepliforme. Nous n'insisterons pas sur
les autres accidents qui, ainsi que les précédents,
auraient été probablement évités, si le séjour cle l'en-
fant et partant son traitement avaient été prolongés.
XI.
Quelques recherches sur le thymus chez l'enfant
(Statistique de 61 cas) ;
l'AH Albert t KATZ
INTERNE DES HOPITAUX.
Sur le conseil de notre maître, M. Bourneville, nous
avons entrepris à l'hôpital des Enfants-Malades, au cours
de notre année d'internat à cet hôpital (1899), quelques
recherches sur la persistance ou non du thymus chez des
enfants de divers âges.
Nos recherches ont porté sur des cas provenant des dif-
férents services de l'hôpital et concernant des sujets
atteints des maladies les plus diverses. Parmi ces 61 cas,
il en est un certain nombre sur lesquels nous n'avons pas
eu d'autres renseignements que le nom et l'âge. Seuls les
malades provenant des salles Blache, Guersant et de la
crèche dont nous fûmes l'interne et du pavillon Trousseau
affecté aux diphtériques, sont suffisamment désignés par
le nom delà maladie qui a causé la mort et souvent aussi
par leur poids. Nous donnons ci-après un tableau général
des cas examinés.
148 Thymus CHEZ l'enfant normal.
150 Thymus chez l'enfant normal.
152 Thymus chez l'enfant normal. 1
- 1511 Thymus chez l'enfant normal.
156 Thymus chez l'enfant normal.
158 Thymus chez l'enfant normal.
cas d'absence du thymus ; ni Gruveilhier (1), ni Sappey (2),
ni Simon (3), ni Sanné (4), ni Morel et Duval (5) ne font
aucune mention d'un cas où le thymus ait manqué chez
l'enfant.
Chez les enfants anormaux (idiots imbéciles, arriérés,
épileptiques) le thymus manque souvent ; d'après la sta-
tistique de M. Bourneville on peut évaluer à 74.46 0/00 les
cas où cet organe manque.
Couleur. - Dans la grande majorité des cas le thymus
était gris ou rosé. Sept fois nous avons trouvé le thymus
rouge, d'un rouge sombre même. Dans un cas (voir n° 44
du tableau), on voyait tant il la surface que sur les coupes
de petits foyers sanguins de la dimension d'une tête
d'épingle et d'une couleur très foncée, véritables petits
foyers d'apoplexie thymique.
Il est intéressant de remarquer que tous les thymus
rouges, injectés appartenaient à des enfants morts de
diphtérie. Nous reviendrons tout-v-l'hcure sur cette par-
ticularité.
Forme. Presque tous les thymus se ressemblent ;
avec le manche du scalpel nous arrivions toujours facile-
ment à séparer les quelques tractus celluleux qui réu-
nissaient les deux lobes cle la glande. Dans sept cas
(11,16 0/0) les deux lobes étaient plus intimement unis.
De bipartie moyenne (3 fois, nos 23, 29, 33) ou inférieure
(3 fois, nOS 6, 16, 37) de l'un des lobes se détachait un trac-
tus glandulaire plus ou moins épais pour aller se perdre
dans l'autre lobe. De petits vaisseaux accompagnaient ces
tractus.
Dans un cas (n° 52) enfin, la séparation des deux lobes
n'existait pour ainsi dire pas ; dans presque toute l'éten-
due du thymus, les deux lobes étaient réunis par un épais
(1) Cruveilliier, Anal, deSCi'ipt, 3' étl. T. III, p. 547.
(-2) Sappey, Anat. descript. q. éd. T. IV. p. 470.
t3) Simon, in Traité d'Anatomie humaine de Poirier, Tome IV, 1. u'i.
(4) Sauné, Dict. encycl. des Se. méd., art. Thymus.
(5) Morel et Duval, Manne ! de l'rlnatomitte, p. 079.
Thymus chez l'enfant normal. 159
pont glandulaire ; seules, les cornes supérieures indi-
quaient les deux lobes de la glande.
Rapports. Dans deux cas (voir nOS 23 et 61 du tableau)
la corne supérieure droite du thymus remontait très haut
dans le cou et atteignait le bord inférieur de la glande
thyroïde; et pourtant dans les deux cas la thyroïde
n'était point basse, puisque le bord inférieur du lobe
thyroïdien droit était placé au niveau du sixième anneau
trachéal.
Poids spécifique. Nous avons fait subir il tous les
thymus l'épreuve de l'eau : 56 tombèrent au fond du vase ;
dans 7 cas (nos 29, 33, 50, 55, 58, 59, 60) les fragments de
thymus nagèrent il la surface du liquide.
Poids du thymus. Nous arrivons maintenant à l'élude
du poids du thymus. Cette question du poids du thymus
aux divers âges est assurément une dos plus controver-
sées de l'anatomie de cet organe. A l'étranger, les auteurs
donnent pour le poids du thymus des chiffres tout-il-fait
excessifs. l'our 1-Iausted, par exemple, le thymus pose-
rait en moyenne, 10 gr. à la naissance ; pour Koelliker 13
gr. ; pour Mcrkel 18 gr ! « 11 y a, dit Sappey, dans ces
résultats plus qu'une exagération : ils sont erronnés ».
Pour Sappey le poids du thymus du nouveau né serait
de 2 3 g ? el « alors même, que le thymus présenterait
« un développement exceptionnel, son poids le plus habi-
ctuel ne dépasse pas 6 v 8 g'r (1) ».
Si nous jetons maintenant un coup d'oeil sur les chiffres
obtenus par la pesée de nos 61 thymus, on est de suite
frappé de l'extrême variabilité que présente le poids du
thymus; de plus, il n'existe pas entre le poids du thymus
et celui de l'âge des enfants ce rapport simple qu'indiquent
les classiques.
D'après ces derniers, le thymus à partir de son appari-
tion vers le deuxième mois de la vie intra-utérine aug-
(1) 5nypey. Aittt. Descr, 4- éd., T. IV, p, 470.
160 .. . Thymus chez l'enfant normal.
monterait progressivement de volume et de poids jusque
vers la deuxième année ou le thymus présenterait son
maximum de développement ; à partir de ce moment le
thymus entrerait dans la période de régression'.
- priori, on doit donc trouver les thymus les plus lourds
vers la deuxième' année ; à partir de cette époque, le
thymus doit être d'autant plus petit que l'enfant grandit
davantage.
Or, tel n'est pas le cas de nos (il thymus. De un il cinq
mois la moyenne (établie sur 20 cas) est de 4 grammes ;
de 5 mois à 2 ans elle est de (i gr. (25 cas) ; de 2 ans à 13
ans elle est de 8 gr. (18 cas).
On voit donc que le poids du thymus est extrêmement
variable et qu'il est impossible Ù cause de cette variabi-
lité d'assigner un moment précis où le thymus aura
atteint son maximum de développement ; ce maximum
doit varier d'un cas a l'autre.
Nous ne pouvons tirer de notre statistique aucun ren-
seignement relatif au rapport du poids du thymus à celui
du sujet. Sur nos 61 sujets, nous n'avons le poids que de
28 d'entrc eux ; mais nous nous abstenons de toute con-
clusion à cause de la catégorie d'enfants pesés ; tous les 28
cas proviennent de la crèche ; or les enfants de la crèche
sont pour la plupart dos athropsidues n'ayant pas le plus
souvent le poids normal d'un nouveau-né normal. Toute
évaluation serait donc fausse ; il eut fallu pour cela des
sujets sains - ayant le poids normal morts d'une
maladie intercurrente, ce qui n'est pas le cas chez nos 28
enfants de la crèche.
Nous ne pouvons donc tirer de notre statistique aucune
indication valable, sur le rapport qui existe entre le poids
du thymus et l'âge ou le poids du sujet. En revanche ne
peut-on pas être frappé d'une relation constante entre le
poids du thymus et certaines maladies infectieuses '
Nous avons parmi nos 61 cas, 13 cas de diphtérie pro-
venant tous du pavillon Trousseau. Eh bien, chez tous
les 1 : 3 sujets morts de diphtérie, quelque soit leur âge,
le poids du thymus est constamment supérieur il cinq
grammes. Voici un tableau qui résume ces 13 cas :
Thymus chez l'enfant normal. 161
Malades provenant du pavillon Trousseau, morts à la
suite de diphtérie.
162 Thymus CHEZ l'enfant normal.
Thymus chez l'enfant normal. 163
Altérations pathologiques. - Nous avons parlé plus
haut d'un thymus farci de petits foyers d'apoplexie. En
dehors de cette altération nous n'avons à citer qu'un seul
thymus paraissant infiltré de tuberculose.
Il s'agit d'un enfant de 7 ans (n° 56) mort dans le service
de notre maître, M. Variot, d'une tuberculose pulmonaire;
à l'autopsie nous trouvâmes, outre des lésions avancées
dans le poumon, une adénopathie trachéo-bronchique très
marquée. Sur le thymus, il existait une masse tubercu-
leuse qui pénétrait les deux lobes ; mais il nous fut très
facile d'énudéer complètement cette ma-se : c'était, en
somme, un ganglion tuberculeux sur le thymus , ce
dernier organe n'offrait lui-même aucune lésion.
XII.
Comparaison entre les enfants normaux et les enfants
anormaux au point de vue de la persistance ou de
.. l'absence du thymus ; . , ..
]>,\I,IIOUUNE\'IJ.U ?
Depuis 1890 jusqu'à ce jour, nous avons relevé, dans
toutes nos autopsies, la persistance ou non du thy-
son poids et celui de la l,lain-
tes son poids et celui de la glande thyroïde. Main-
tes fois, sans résultat, nous avions signalé l'intérêt
qu'il y avait, étant donné les recherches physiologi-
ques dont ces organes étaient l'objet, il noter leur
poids chez les enfants réputés normaux. Un de nos
anciens internes, M. Katz, passé de notre service
dans un des services cle l'hôpital des Enfants-Malades,
répondant à notre appel, a procédé aux mêmes recher- .
ches sur le thymus qu'il nous avait vu faire il l'hos-
pice de Bicêtre. Il n'a établi (le comparaison qu'entre
ses 61 cas et nos 28 cas de 1898. Nous complétons
cette comparaison, en totalisant tous les cas, au
nombre de 292, où nous avons mentionné la présence
ou l'absence du thymus.
Thymus chez l'enfant anormal. 165
166 Thymus chez l'enfant anormal.
soit 27 pour 100. Il semblerait par conséquent que le
thymus disparaîtrait plutôt chez les enfants anormaux
que chez les enfants normaux.
Ces statistiques sont instructives mais ne peuvent
être considérées que comme les premiers éléments
d'une comparaison définitive (1).
.il) Voir aussi ; Tliaon, Mouvement médical ; 1872.18,
XIII.
Idiotie symptomatique de lésions destructives du lobule
de l'Insula ; sclérose atrophique du lobe temporal ;
Par ttOUR\EV<LLE ET BEIL1N.
Bien qu'incomplète à certains égards au point de vue
clinique, l'observation que nous allons rapporter mérite
d'attirer l'attention et est de nature à contribuer à la con-
naissance de l'anatomie pathologique des maladies ner-
veuses chroniques de l'enfance.
Sommaire. Père, rien d'anormal. Grand-père paternel,,
coléreux, atteint de bronchite, chronique. - Grand' mère
paternelle, migraineuse. - Cousin, strabique à la suite de
convulsions. ? .
Mère, rachitique dans l'enfance, rhumatisante, nerveuse. -
Grand'mère maternelle, céphalalgies. Arrière grand-père
maternel, mort d'apoplexie. - Grand-oncle, excès de buis-
son. -iit'112d'tal2te, gibbosité, troubles mentaux, - Grand-
oncle, aliéné. - Deux cousins atteints de convulsions dans
l'enfance. - Gétnellarité : l'un des Jumeaux est. mort de
convulsions.
Pas de consanguinité. Inégalité d'âge de deux ans.
Conception, grossesse, accouchement, naissance, rien de
particulier. - Premières convulsions à 8 mois pendant 4
heures : consécutivement, diminution de l'intelligence,
diplégie auec prédominance de la paralysie à gauche, acqès
convulsifs. - Vers 15 mois méningite ( ? ) : rémission des
accès pendant trois mois. - Secousses de la tête et du
tronc.
Description de la malade à l'entrée (Novembre 1897). - Asy-
métrite crânienne. - Contracture des membres du côté
168 Antécédents héréditaires.
gauche. - Préhension, marche nulles. ? -Cachexie tuber-
culeuse progressive, diarrhée., mort.
Autopsie : Asymétrie de la voûte et de la base du crâne. -
Pseudo-kyste comblant l'espace demeuré vide par suite
de la lésion qui a détruit en partie le lobe temporal droit,
tout le lobule de l'itsula.correspozda.t, etc. Foyer d'aspect
ocreux. -Atrophie de toutes les circonvolutions de l'hémi-
sphère droit. Inégalité de poids de 135 gr. - Dégénéra-
tions secondaires. - Petit foyer ocreux de la pointe du
lobe temporal gauche.
Wi... (Marguerite Marie), née à Paris le 16 avril 1896, est
entrée à la Fondation Va;lée le 22 novembre 1897.
Antéeidants. (Renseignements fournis par sa mère en nov.
'1897). - PÈRE, 30 ans, ébéniste, grand, vigoureux, sobre,
aucun accident nerveux ni syphilitique, caractère doux,
laborieux, aussi a t-on été surpris quand, un dimanche soir,
il a quitté sa femme, avec laquelle il vivait d'accord, emme-
nant avec lui la soeur de celle-ci, âgée de 16 ans. - [Son père,
68 ans, ne fait nas d'excès de boisson; il est atteint de
bronchite chronique et sujet à ne violentes colères. Sa
mère, 65 ans, est en bonne santé ; elle aurait eu des migraines
fréquentes mais peu intenses et aurait supporté beaucoup
d'ènnuis de la part de s.n mari. - Grands-parents paternels
et maternels n'auraient été ni névropathes, ni alcooliques. -
Oncles et tantes des deux côtés, renseignements insuffisants.
L'enfant de l'un des oncles maternels louche à la suite de
convulsions. - Treize frères ou soeurs dont quatre seraient
morts eh bas-âge de cholérine. Les autres seraient bien
portants ainsi que1 leurs enfants. - Ni aliénés ni épileptiques,
etc., etc., dans le reste de la famille.]
Mère, 28 ans, ménagère, ni convulsions, ni indices de
syphilis; rhumatisante, cardiaque, nerveuse, sans migraines,
intelligence moyenne, aurait eu dans l'enfance des manifes-
tations rachitiques qui ont disparu. - [Son père est sobre et
n'offre aucun accident à signaler. - Il en est de même
de sa mère qui présente seulement des céphalalgies.
Grand-père paternel mort probablement d'une attaque d'apo-
plexie à 46 ans; pas d'excès. -Grand'mère paternelle, 80 ans.
Grands-parents maternels, aucune affection nerveuse,
morts à 79 et 77 ans. - Un oncle paternel, qui faisait la vie
et buvait beaucoup, a succombé à une maladie du foie.
Une tante paternelle, atteinte d'une gibbosité, n'aurait pas
Antécédents personnels. 1C9
toutes ses facultés. - Plusieurs oncles maternels en bonne
santé, sauf un qui, consécutivement à un coup de soleil ( ? I, a
dû être interné dans un asile. - Trois tantes maternelles
n'ayant rien à noter. Deux de leurs enfants ont eu des CJn-
vulsions. - Un frère et une soew' jumeaux morts, le premier
il 28 mois de convulsions, l'autre d'une maladie à la
jambe ( ? ). - Deux autres soeurs sont'bien portantes dont là
plus jeune est partie avew le père de l'enfant, comme nous
l'avons dit plus haut. - Dans le reste de la famille ni aliénés,
ni paralytiques, etc., etc.]
Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 2 ans.
Deux enfants : in une fille, pas de convulsions, intelligente;
2° notre malade.
Antécédents personnels. - Pas de détails sur la conception. -
Grossesse accidentée par des vomissements et des troubles
cardiaques : ni émotions. ni oedème, etc. - Accouchement
à terme, naturel; présentation du sommet; eau en quantité
moyenne. A la naissance, pas d'asphyxie. Elevée au biberon
avec du lait de vache. A un mois l'enfant fut conduite chez
une tante, à la campagne, où elle resta jusqu'à un an. C'est
lit qu'elle a eu, à 8 mois, ses premières convulsions qui
coïncidèrent, dit-on, avec l'apparition des premières dents.
Ces convulsions survinrent la nuit, débutèrent par un cri,
envahirent la face et les membres; elles durèrent quatre
heures. On ignore si elles furent plus fortes d'un côté que de
l'autre. On assure que. consécutivement, l'intelligence aurait
diminué, que l'enfant ne reconnaissait plus ni les personnes,
ni ses jouets, était indifférente -il tout ce qui se passait autour
d'elle. On remarqua encore que le côté gauche du corps était
plus malade que le droit.
A partir de ces convulsions, l'enfant aurait eu presque
quotidiennement des accès convulsifs, se répétant 8 ou 10
fois en 2'< heuivs. Souvent, quand on la prenait sur les bras,
elle rejetait la tête en arrière et avait 8 ou 10 secousses
convulsives. Dans ses accès, l'avant-bras gauche se
fléchissait sur la poitrine et demeurait ainsi raide pendant
l'accès.
Vers le milieu du mois d'août 1897, Marguerite fut prise de
vomissements, de constipation, de cris nocturnes, avec-
élévation de la température, le tout accompagné d'assou-
pissement. Le médecin qui la soigna aurait diagnostiqué une
méningite. Ces accidents durèrent trois ? en'aines. Après
cette maladie, l'enfant resta trois mois sans avoir d'accès.
170 Idiotie symptomatique.
On prétend qu'ils étaient transformés et consistaient en
secousses de la tête et du tronc, revenant deux ou trois fois
par jour. L'état intellectuel n'aurait : : pas été modifié par la
maladie qualifiée de méningite.
Nous manquons de renseignements sur les maladies infec-
tieuses, les manifestations scrofuleuses, etc., etc. (1).
Etat actuel (Nov. 1897). - L'enfant il l'aspect d'une strumeuse.
Le visage est boum, pâle, sans expression, les yeux sont
chassieux. Elle crie ou pleure sans cesse et ne reste pas
tranquille. La tête est bien développée mais asymétrique, la
bosse pariétale droite est très saillante, la gauche peu; les
bosses frontales sont peine accusées, le front est droit, aplati.
Les cheveux sont châtains, abondants, en broussailles, raides,
coupés courts. Les arcades sourcilières sont peu saillantes,
ombrées de sourcils courts et fins. Les paupières fines,
souples, légèrement boullies, sont bordées de cils longs, bien
implantés à la paupière supérieure, irrégulièrement implan-
tés et moins abondants il la paupière inférieure. Les yen-Ame
présentent pas de lésions apparentes, les iris bleu clair, les
pupilles, égales, réagissent bien il la lumière et il l'accommo-
dation. L'examen fonctionnel de la vision est impossible. La
bouche est grande, les lèvres, assez épaisses, sont rosées.
Le menton, petit, est arrondi. Les ;0t.tes sont pleines, bouffies,
pâles. Les oreilles sont symétriques, peu écartées du crâne,
bien ourlées; le lobule est mal dessiné, adhérent. Au niveau
du tragus, on note une petite excroissance charnue. L'ouïe
est bonne. La voûte palatine est excavée, non ogivale, le
voile du palais est normal. Les amygdales sont grosses. La
langue ne présente rien de particulier. Le goût existe, car
l'enfant aime le lait et le préfère sucré. La dentition est
incomplète, irrégulière. Les incisives de la première dentition
présentent des érosions linéiformes. Les autres dents sont
normales. L'enfant a de fréquentes vomiluritions, bave
souvent.
Le cou est court, large, le larynx saillant, le corps thyroïde
difficile il sentir il la palpation. Le thorax est bien conformé.
L'examen des poumons et du coeur est négatif. L'abdomen est
saillant, arrondi, tes parois sont souples, la cicatrice ombi-
licale ne fait pas relief, la palpation et la percussion ne
(1) La mère est partie en Angleterre et nous n'avons 1) -s eu la possibilité
de la revoir pour compléter certains points de l'observation.
Description de la malade. 171 1
dénotent rien d'anormal du côté des organes intra-abdo-
min;tU L '
Les membres supérieurs sont bien développés, gras, mais
le biais gauche présente une attitude vicieuse. L'avant-bras
est on dcmi-Ilcxion SI11' te bras, la main il. demi-fléchie en
pronat on ; par moments l'attitude de l'avant-bras restant la
même, la main se ploie en supination et se fléchit sur la face
dors tlc de l'avant-bras. Les mouvements spontanés existent
à dnite : mais affaiblis, car l'enfant n'aide en rien pour s'ha-
biller, se laver, etc.. A gauche, résistance plus grande aux
mouvements provoqués.
Les membres inférieurs sont assez bien développés, les
mouve nents provoqués sont normaux. L'enfant se tient
debout, mais ne marche pas. Lasaie-t-on de la faire avancer,
eu la soutenant, on remarque que le membre inférieur
gauche présente une certaine raideur, que le genou ne se
plie pas et que le bassin s'incline du côté opposé, que la
colo 111<\ vertébrale s'incurve du côté gauche qui est évidem-
ment plus faible. L'enfant ne change pas ses pieds de place.
On ¡lOt : une petite cicatrice au-dessous de la rotule ! ! aucl1P.
- Les réflexes sont normaux.
Puberté : Pénil saillant, grandes lèvres épaisses. Les petites
lèvres, peu saillantes, forment, on s'unissant à la partie
supérieure, un petit capuchon qui recouvre complètement le
clitoris Orifice de l'hymen, circulaire, hymen intact, fosse
iiavieulaire profonde, fourchette saillante, région anale
normale.
W... prend des panades qu'on lui donne à la cuiller et du
1 tit ni biberon qu'elle tient bien et rejette dès qu'il est vide.
Après 1.3 repas, elle met ses doigts dans sa bouche et rend
sou\en' : les aliments, bave abondante, constipation, gâ-
tisme.
Pa,·oe, attention, sentiments affectifs nuls. Sommeil
s muent interrompu par des cris : W.. se réveille et pleure dès
qu'elle est mouillée. Lorsqu'elle est assise, balancement
a itéro. postérieur du tronc en même temps qu'elle tourne la
n'ain g mche et agite les doigts.
La température rectale, prise matin et soir pendant les
cinq premiers jours de l'admission, a oscillé entre 3î ? et 36n
(six foi; sur douze au dessous de 36°).
Trai ement : Huile de foie de morue, sirop d'iodure de fer,
deu bains salés par semaine. Gymnastique : exercices du
saut, de la marche, des jointures.
lî2 Idiotie symptomatique.
1898. Januier. Comme l'enfant ne présente pas trace
de cicatrices vaccinales on la vaccine ; résultat négatif.
L'état de l'enfant ne s'est pas amélioré ; elle ne prêle aucune
attention il ce qui se passe autour d'elle ; elle ne rit jamais,
n'a aucune affection pour les -personnes qui la soignent, elle
reste insensible aux caresses. Comme alimentation, elle ne
prend que du lait.
1899. Janvier. Même état. La santé physique parait
bonne. Même régime, prend le lait avec avidité; crie
beaucoup quand, aux repas, elle n'est pas servie l'une des
premières : c'est sa seule manifestation intellectuelle.
Mars. - L'enfant maigrit visiblement depuis quelques
jours. On ne constate rien aux poumons, ni aucmur, il n'y a pas
de raideur de la nuque, pas de photophobie, rien du côté de
l'abdomen. L'examen est très ditliciie. Régime lacté absolu,
sirop de glycéro-phosphate de chaux.
Avril. L'enfant conserve son appétit ordinaire; malgré
cela. son état s'aggrave, l'amaigrissement s'accuse, il y a une
diarrhée continuelle. L'examen du poumon reste négatif, la
palpation de l'abdomen ne fait pas découvrir de ganglions
mésentériques volumineux. Diagnostic ; tuberculose. Même
traitement général, plus 1 gr. 50 de salicylate de bismuth
par jour.
Mai. - L'enfant présente toujours le même état général
mauvais, l'amaigrissement progresse, plus marqué au thorax.
Sur les cuisses, on note quelques papules d'un rouge
brunâtre, isolées par des intervalles de peau saine (éruption
papuleuse des gâteux.
Juin. - Même état général. Depuis quelques jours, la
diarrhée a cessé, mais l'enfant a de fréquents vomissements,
elle pleure sans cosse et tousse de temps en temps. La
percussion des poumons dénote de la submatité et une
résistance spéciale au doigt da os les régions sous-claviculai-
res. A l'auscultation, qui est extrêmement difficile il pratiquer,
l'enfant criant et se débattant sans relâche, on trouve quelques
râles humides disséminés dans les poumons, plus nombreux
aux sommets. Les ganglions du cou, des aines, des aisselles
sont augmentés de volume, isolés (polymicro-aclénie) ; éry-
thème des régions fessières et inter-fessières.
La conjonctive droite est injectée : surtout au niveau de
l'angle externe de l'mil où existe un pannus. Congestion
irradiant autour de deux volumineuses phlyetènes isolées.
Même aspect de la conjonctive gauche où ion ne constate
Cachexie tuberculeuse. 173 i
qu'une seule phlyctène. Les lèvres et le menton sont rouges ;
on y note une légère desquamation furfuracée; dans la
conque du pavillon droit, la desquamation se fait en lamelles
plus épaisses. Pendant le jour, l'enfant dort assez bien, mais
la nuit elle crie sans cesse. Même traitement général, vase-
line boriquée sur les régions qui desquament, lavage des
yeux à l'eau boriquée tiède.
174 LÉSIONS DE LINSULA Et DU LOBE TEMPORAL.
Lésions DE L'INSUC : A ET du lobe TEMPORAL. 175
égaux. Le tubercule mamillaire droit semble un peu plus
petit que le gauche. Dans son tiers interne, le pédoncule céré-
bral droit est moins bombé que le gauche ; il en est de même
de la moitié droite de là protubérance. - La moelle nyant
été sectionnée trop haut, on ne peut comparer ni les olives
ni les pyramides. - La glande pinénle est un peu grosse,
d'aspect vitreux. - La, glande pituitaire est petite, foncép.
- Liquide céphalo-rachidien recueilli : qnatre cuillérées à
soupe. Le cervelet n'est le siège d'aucune lésion.
Cerveau. - L'inégalité de poids entre les deux hémis-
phères qui est de 135 gr. donne une idée de l'atrophie de
l'hémisphère droit dont toutes les circonvolutions sont
notablement réduites de volume par rapport aux circonvolu-
tions de l'hémisphère gauche. ·
Hémisphère droit. - Il existe au niveau de tout le lobe
temporal et de l'insula une lésion ancienne constituant un
psendo kyste rempli de liquide céphalo-rachidien. Les vais-
seaux de la pie-mère, correspondant à ce vaste foyer, qui
n'a pas moins de 7 centimètres de longueur sur le lobe tem-
poral, sont tous plus petits que ceux du côté opposé.
Lorsque la pie-mère et les vaisseaux sont enlevés les
régions lésées se présentent avec une coloration jaune-
ocreuse plus foncée par place, principalement au niveau de
la corne d'Ammon et de ce qui reste de la circonvolution de
l'hippocampe. La lésion intéresse tout le lobe temporal
aussi bien la face inférieure que la face convexe. Le lobe a
conservé sa forme générale (PL. I).
A l'extrémité antérieure, ce qui reste des circonvolutions
est flasque, comme s'il s'agissait de deux membranes à demi
accolées, avec çà et là des parties dures qui forment comme
des arêtes. - Le foyer ocreux occupe tout Tri jusqu'au pli.
pariétal inférieur inclusivement et près de deux cent : du
pied de PA. Tout le lobule de. l'insula. est compris dans la
lésion. - A la place des digitations on trouve une plaque
jaune brunâtre, dure avec quelques arêtes en avant ; cette
plaque ocreuse arrive en dedans jusqu'à 4 millimètres de la
bandelette optique. :
Autour de cette lésion principale, - lobe temporal, insula,
les circonvolutions contiguës sont très atrophiées, blan-
ches, dures ; ce sont la partie supérieure de P2., tout P.C.,
toute la moitié antérieure de L.O. ; les circonvolutions qui bor-
dent de chaque côté la partie postérieure de Sc.p. L'atrophie
se continue sur la face interne de l'hémisphère, intéressant
176 Idiotie symptomatique.
tout le coin et les bords de la fissure calcarine. La circon-
volution du nerf olfactif est réduite à deux arêtes blanches
dans toute sa longueur. Le pied de FA et celui de i'3 sont
atrophiés et indurés (coloration blanche, induration très
nette, tranchant sur la coloration grise et la consistance
molle des autres circonvolutions. La plupart des circonvo-
lutions atrophiées ont un aspect vermicelle, sont réduites à
` ? , 3 ou 4 millimètres de largeur et constituent autour de la
lésion principale (lobe temporal, circonvolution d'enceinte
de la scissure de Sjlvius et lobule de l'insula). une zone de
lésions moins accusées. Autour de cette zone les circonvo-
lutions sont petites, arrêtées dans eur développement mais
ont leur forme et leur consistance normales. (PA, P1, moitié
supérieure de L.Q ; extrémité du lobe occipital, pied de FA, F3).
Par suite cle la sclérose atrophique très accusée des cir-
convolutions qui bordent la scissure parallèle, en arrière, et
la fissure calcarine il y a une encoche profonde entre le lobe
occipital en bas, pl et LQ en arrière. (pal. I et II).
Les circonvolutions frontales sont grêles, assez sinueuses
dans leur moitié antérieure, volumineuses, massives, comme
hypertrophiées, dons leur moitié postérieure (I qui est bifur-
cluéc, F2 et à un moindre degré F3). Les circonvolutions de :
la face interne sont grêles avec des sillons très superficiels.
- Le coin est très réduit et composé de petites circonvolu-
tions dures. Le lobe quadrilatère est un peu induré, dur sur
son bord inférieur. - Sur tout cet hémisphère les sillons sont
très peu profonds alors qu'ils sont très accusés sur l'autre
hémisphère. (Pl. II).
Hémisphère gauche. - Les trois circonvolutions (ronta-
les sont très sinueuses avec plusieurs plis de passage - Les
circonvolutions frontale et pariétale ascendantes sont très
développées ainsi que les insertions des trois circonvolutions
frontales surtout de FI et les lobules pariétaux supérieur et
inférieur. Le lobe temporal dans son entier et le lobe occi-
pital sont formés de circonvolutions assez volumineuse* mais
bien moins sinueuses que les circonvolutions du lobe frontal.
(PL. III et IV). Les deux caractères de la face externe sont
donc : la sinnuosité des trois circonvolutions frontales et le
volume prédominant des circonvolutions pariétales.
Sur la face interne les circonvolutions sont bien dévelop-
pées et n'offrent rien à signaler.
Sur la face inférieure nous avons iL noter : 1° La sclérose
atrophique du gurus reclus qui se présente sous l'aspect de
deux crêtes blanches et dures laissant entre elles une fossette
LÉSION DU LOUE TEMPORALE ! ' DE L'INSULA. 177 Î
assez profonde ; toutefois ces crêtes et la fossette inter-
médiaire sont moins prononcées que du côté droit; 2° Un
foyer ocreux occupant la corne d'Ammon, le tiers anté-
rieur de la circonvolution de l'hippocampe, puis la pointe des
trois circonvolutions temporales. Le foyer a la forme d'une
équerre dont le côté le plus grand correspond à la pointe du
lobe temporal et la branche la plus courte à la circonvolution
de l'hippocampe. -Les circonvolutions du foyer ocreux per-
sistent sous forme d'arêtes dures ou de crêtes molles, comme
s'il s'agissait de deux membranes à demi accolées. La par-
tic de T' qui correspond au foyer est blanche, atrophiée, dure.
- Le lobule de l'insula ne présente aucune lésion ; il possède
trois digitations bifurquées.
Des deux côtés, les ventricules latéraux et les masses cen-
traies n'ont rien iL signaler. Voici quelques dimensions com-
paratives :
178 IDIOTIE symptomatique.
voisins ne sont pas tuméfiés. L'estomac ne paraît pas
altéré. - Les intestins ne présentent pas trace d'ulcérations.
Les capsules surrénales n'offrent rien de particulier. Le
pancréas est entouré de ganglions tuberculeux. La vessie est
remplie d'urine ; aucune lésion. - Les organes génitaux sont
excessivement peu développés. Le corps de l'utérus est très
petit, l'utérus a une longueur de 2 cm. 1/2 dont un pour le
- corps; les ovaires 18 millimètres de long sur 5 millimètres
de large.
Poids des organes.
Idiotie complète symptomatique. 179
II. L'enfant n'aurait offert rien de particulier jus-
qu'à l'âge de 8 mois. Alors survint un état de mal
convulsiF qui dura quatre heures, suivi : 1° d'unepara-
lysine des quatre membres, lJ¡'édominant évidemment
à gauche, 2° d'une diminution très notable de l'i2tél-=
ligence et 3° d'accès convulsifs épilepti formes dans
lesquels les convulsions étaient plus accusées au bras
gauche. Sept mois plus tard, accidents méningitiques
pendant trois semaines et rémission des accès con-
vulsifs durant trois mois. Ils réapparurent ensuite,
mais modifiés. L'enfant n'en ayant pas eu dans le
service, de son admission à sa mort, nous en ignorons
les véritables caractères.
III. L'idiotie était absolument complète chez cette
fillette, réduite à la vie végétative : la diplégie qui pré-
dominait à gauche et se compliquait de contracture
avait rendu la marche impossible et la préhension
très limitée. La parole, l'attention, les manifestations
intellectuelles, les sentiments affectifs étaient nuls.
La physionomie était en harmonie avec ces symp-
tômes (Fig. 10). L'alimentation était réduite aux
aliments liquides qu'il fallait lui donner. Notons
encore la bave, le gâtisme, le balancement du tronc,
les tics, les accès de cris, etc.
IV. Sous l'influence de la tuberculose, le poids a
progressivement diminué de 12 k. 500 en janvier
à 8 kilos au moment du décès. Durant le premier
semestre de 1899, la taille s'est élevée de 85 à 88
centimètres. Elle s'était sans doute encore développée
de juillet à la mort (octobre).
La température n'a jamais été très élevée dans le
cours de la tuberculose. Il y a eu, au contraire, une
hypothermie. Du 21 au 31 août, elle a oscillé entre ? 6°,8 et 3ne, 2 ; du le, au 10 septembre entre 37° et
180 Idiotie symptomatique.
37", 8; du 11 au 14 entre 36°,4 4 et 3,4; du 14 au 17
entre 37° et 38°; le 18 la température tombe à 3 ? oi (11) fi,
Fis. 10.
P Lésion du l013P temporal ET de 1/fXSL'LA. 181 1
reste entre 36° et 37° jusqu'au 22 septembre, s'élève
le soir de ce jour à 37°, 4, reste entre 37° et 36°
jusqu'au 26, suint un abaissement à 3" le 2'L Du 27
au 30, elle varie de 36", 4 à 37°, G ; le matin de la mort
elle descend à 36°, 2 pour s'élever à 36°, S au moment
même du décès.
Les notations <7 ! e)'mome/i' ? fM aprèsla mort con-
firment une fois de plus tout ce que nous avons dit si
souvent ailleurs sur l'importance de la thermométrie
pour constater la réalité de la mort. ? La destruction totale du lobule de l'insula et
du lobe temporal et partielle clos circonvolutions
marginales a produit une sorte de cavité à la face
convexe de l'hémisphère. Cette cavité a été comblée
par la pie-mère épaissie et une infiltration cellulaire
enfermant dans ses mailles une assez grande quantité
cle liquide céphalo-rachidien : liscwlo-h ? lstc comme
on disait autrefois, lie pour em-
ployer le langage d'aujourd'hui, car il n'y a pas,
comme dans la lie vraie, de communica-
tion du foyer avec le ventricule latéral : il existe,
au contraire, entre le foyer et le ventricule une couche
de substance nerveuse ayant encore une certaine
épaisseur et s'étendant juqu'a l'avant-mur.
La lésion primitive nous parait être celle qui a
détruit le lobule le l'insula du côté droit et intéressé
profondément le lobe temporal correspondant ainsi
que la circonvolution d'enceinte de la scissure de
Sylvius. Elle nous semble pouvoir être rattachée à
une lésion vasculaire (oblitération) du tronc svlvien
et cle presque toutes ses branches qui, ultérieure-
ment, ne se sont plus développées et ont été trou-
vées, à l'autopsie, moitié plus petites que le tronc et
les branches du côté gauche.
A cette lésion s'est ajoutée une encéphalite qui a
182 IDIOTIE complète symptomatique.
eu pour conséquence la sclérose atrophique de la
plupart des circonvolutions entourant le premier
foyer. -
Cette double lésion a entraîné un arrêt de dévelop-
pement de tout l'hémisphère droit, arrêt de déve-
- -loppement bien mis en relief .-par les mensurations
comparatives dés deux hémisphères cérébraux que
nous avons données et qui' s'est traduit par une dimi-
nution de poids de 135 grammes. D'où l'idiotie com-
plète et la paralysie.
La contracture s'explique par les dégéné1"ltions
secondaires, pédoncule cérébral, protubérance, etc.
Rappelons aussi, pour mémoire, les lésions méningi-
tiques et l'égalité des hémisphères cérébelleux.
Un dernier point à signaler c'est la lésion de l'ex-
trémité antérieure du lobe temporal gauche, ana-
logue, sauf l'étendue, à celle qui a porté sur tout le
logue, sauf l'étendue, à celle qui a porté sur tout le
lobe temporal droit. Les lésions symétriques ne sont
pas rares et, en général, l'un des hémisphères est tou-
jours plus touché que l'autre (1).
(1) Nous espérons donner plus tard les résultats de l'examen histologique.
XIV.
Idiotie et épilepsie symptomatiques de sclérose
tubéreuse ou hypertrophique ; -
PAR BOURNEVILLE.
Dans le Compte rendu de 1898 (p. 198) nous avons
fait suivre la relation d'un cas de Sclérose tubéreuse
du tableau récapitulatif de tous ceux que nous avions
observés à la Salpêtrière et à Bicêtre. Ils sont au nom-
bre de dix. Celui que nous allons donner figure sur
ce tableau.
SOMMAIRE. - Père, eczémateux, alcoolique, affaiblissement
physique et intellectuel, tremblement mi-alcoolique, mi-
saturnin. Grand-père paternel, excès de boisson.
Grand'mère paternelle, eczémateuse. Grand - oncle
paternel mort d'un ramollissement du cerveau. - Tante
et cousin morts de tuberculose. - Oncle eczémateux,
alcoolique, cancéreux. Cousin mort de convulsions. -
Autre cousin idiot.
Mère, enfant naturelle, céphalalgies. - Demi-tante mater-
nelle paraissant aliénée. - Cousin mort de la poitrine. -
Trois autres cousins et deux frères morts de méningite.
Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de six ans.
Emotions durant la grossesse. -Accouchement et naissance,
rien de particulier. - Signes d'idiotie à l'âge de trois
mois. Séries de convulsions à 3 mois : regard plus
obscur; inertie des membres. A 22 mois, attention, pa-
role, préhension, mastication nulles; paralysie des mem-
bres ; grincement des dents; accès de cris. - Épilepsie.
Etat du malade en 1898 : idiotie complète; diplégie et con-
181 Antécédents héréditaires et personnels.
t7'lCttl)'C'. - Cachexie tuberculeuse progressive; mort.
Température pendant la maladie et après le décès.
AUTOPSIE.- Tuberculose pulmonaire. - ! lots de sclérose tubé-
reuse des deu.v hémisphères cérébraux; petites tumeurs
scléreuses du sillon Opto-St1'té. - Petites tumeurs des
reins.
Grosm... (Henri), né le 9 janvier 1885, est entré dans le ser-
vice le 8 août 1898, avec un certificat ainsi conçu : « Idiotie
avec convulsions épileptiformes très fréquentes ; nulle mani-
festation d'intelligence; privation de langage articulé; nom-
breuses malformations; paraplégie avec contracture des
pieds ; gâtisme. » (Dr Garnier)
Antécédents héréditaires. (Renseignements fournis par sa
mère). - Père, 42 ans, peintre en voitures, n'a pas eu de
coliques de plomb mais il y a 8 ans, durant trois mois, un
tremblement de tout le corps et de la langue ; ni convulsions,
ni migraines, ni indices de syphilis; poussées d'eczéma; otite
double. Fume beaucoup. Nombreux excès de boisson. « Il
a malheureusement trop bu pour sa santé. » Il est violent
surtout quand il a pris de l'absinthe. - [Son père, qui
exerçait la même profession, est indemne de manifestations
saturnines. II faisait aussi des excès de boisson. Il est mort il
80 ans. - Sa mère, 79 ans, sobre, sans accidents nerveux,
est eczémateuse. Grands-parois paternels et maternels,
morts âgés après avoir joui d'une bonne santé. - Un oncle
maternel serait mort relativement jeune d'un ramollissement
cérébral. Il avait deux enfants dont l'un a succombé il la tuber-
culose. - Une soeur est morte il 35 ans de la même maladie.
Une autre soeur, bien portante, a eu un enfant enlevé pardes
co11.1;1Llsiol2s. - Un frère, eczémateux, décédé à h0 ans d'un
cancer de la bouche, commettait de nombreux ecc ? alcoo-
liclues. L'un de ses enfants est mort à 19 mois : « Il n'avait
aucun signe d'intelligence ; il était comme mon enfant. » -
Rien à mentionner dans le reste de la famille.]
Mère, 35 ans, blanchisseuse, enfant naturelle, sobre, pas
de convulsions, céphalalgies frontales n'ayant pas le caractère
des migraines ; nul indice de syphilis ; mariée il 21 ans. -
[Père, aucun détail, ni sur sa famille. - Mère, 75 ans, se porte
bien ; aucune maladie nerveuse. - Grand-père maternel mort
vieux, on ne sait de quoi. - Grand'mère maternelle morte de
dysenterie. - Deux frères et deux soeurs n'ont rien de parti-
Antécédents héréditaires ET personnels. li85 z
culier. - Un neveu est mort de la poitrine. - «Ma mère a
eu avant moi et d'un autre amant une fille, ma demi-soeur,
qui est sujette à des idées noires et raconte des choses
imaginaires ; elle a eu trois enfants morts de méningite. » - z
Dans le reste de la famille, ni aliénés, ni épileptiques, etc.]
Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 6 ans (père plus
âgé).
Trois enfants : Deux sont morts à 5 et à 16 mois, de conmd-
sions, le troisième est le sujet de l'observation.
Antécédents personnels. - La conception ne se serait pas
opérée pendant l'ivresse alcoolique bien que son mari eût
d'habitude des rapports avec elle quand il avait bu. - Gros-
sesse : émotion vive occasionnée par la mort de l'un de ses
enfants, survenue alors qu'on le croyait mieux. Huit jours
plus tard, douleurs dans le bas-ventre, disparues par le repos
au lit. Deux semaines après, elle a été effrayée par les cris
d'une femme qui avait une attaque : « Je n'ai pas perdu con-
naissance, mais je me suis senti mal dans le ventre et dans les
reins. J'ai tremblé tout le reste de la journée et, dans la nuit,
je m'imaginais toujours entendre les cris de cette femme. » Le
lendemain, indigestion. Le reste de la grossesse s'est très
bien passé.
Accouchement iL terme, naturel, en deux heures; présenta-
lion du sommet; liquide amniotique en petite quantité, mais
beaucoup de sang, « ce qui effrayait la sage-femme ».
A la naissance, pas d'asphyxie ; l'enfant n'était « pas bien
gros mais paraissait vivace ». - Elevé au sein par sa mère
jusqu'à 3 mois : « Il venait tant bien que mal, parce que je
fatiguais beaucoup et étais mal nourrie. Il ne différait pas des
autres enfants physiquement, mais, déjà, il ne me semblait
pas naturel : son regard ne se fixait pas ; on aurait même
dit qu'il n'entendait pas ; cependant quand un objet tombait
auprès de lui, il tressautait et c'est par là qu'on s'apercevait
qu'il entendait. Sa tête tombait de côté. Il ne souriait point. »
A trois mois l'enfant a été pris de convulsions. Les membres
étaient affectés également des deux côtés. « La face était
blanche, ne se défaisait pas beaucoup; les yeux remuaient et
se portaient en haut. » Pas de ronflement. Durée, environ cinq
minutes. Le même jour il a eu trois crises dans la matinée et
cinq dans la soirée. Pendant quelques jours, il a eu quoti-
diennement plusieurs convulsions semblables. Il a eu ensuite
lSfi . IDIOTIE symptomatique.
une rémission d'une ou deux semaines. On a alors remarqué
que les yeux étaient brouillés comme s'il ne voyait pas clair.
Les membres, qui, auparavant, remuaient naturellement et
également étaient devenus inertes. Pendant deux autres mois
il aurait eu également des convulsions : les membres étaient
raides, le corps tressautait.
Il a été envoyé à la campagne à sept mois ct nourri au
biberon avec du lait de vache. Quand il a été repris par ses
parents, à 22 mois, « il était gros et constipé comme il l'avait
toujours été, les jambes se croisaient et se fléchissaient quand
on voulait le mettre debout. Sa nourrice, qui en avait eu bien
soin, avait essayé de le faire marcher sans y réussir ». Il n'a
jamais pu tenir les objets dans ses mains, il essayait de les
porter à sa bouche sans pouvoir y parvenir. - Jamais on a
pu fixer son regard. Peu de temps avant l'entrée les jambes
commençaient à se fléchir sur les cuisses et les genoux à
devenir raides : « La nuit, dit sa mère, j'étais obligée de me
lever pour lui allonger les jambes. Les pieds ont commencé à
se dévier à 7 ans. » -
Les accès venaient par séries durant plusieurs jours, puis
il y avait des arrêts de deux mois : le corps devenait raide, le
cou était tendu, les yeux se portaient en haut; venaient ensuite
des secousses cloniques, égales, enfin un peu d'écume et un
léger ronflement. Ils duraient deux à 4 minutes, et parfois ils
étaient suivis de sommeil. Dans les derniers temps de son
séjour à la maison, les accès étaient moins forts. Point de
vertiges ni de secousses.
Jamais Gro... n'a donné de signe d'intelligence ni parlé. Il
restait toujours couché, car, assis, il tombait. - Onanisme
constaté peu après son retour de nourrice avec ses mains ; il a
continué jusqu'à l'admission. Sa mère lui attachait les bras.
Préhension et mastication nulles : la langue se mouvait
mal, grincements fréquents des dents, la nuit aussi bien que le
jour. Pas de vomissements, constipation habituelle, gâtisme.
Oxyures vers 12 ans.
Aucune maladie infectieuse, ni accidents scrofuleux, sauf
un peu d'impétigo du cuir chevelu, ni traumatisme.
Le sommeil était court et léger. Parfois l'enfant avait la
nuit, et aussi le jour, « des accès de cris énervants, qui
semblaient le faire souffrir, comme si quelque chose le ron-
geait ( ? ) ». Ces accès duraient d'une à deux heures.
État actuel (avril 1898). - La physionomie n'exprime aucune
intelligence, mais dénote un état maladif.
Tête un peu carrée, assez développée, symétrique; les bosses
Description du malade. 187
sont peu proéminentes. - Visage aplati. Front bas, à peine
bombé. Arcades sourcilières peu saillantes. Aucune lésion
des yeux. Iris bruns, réagissant bien à la lumière. - Ne--
droit. Odorat très obtus. Pommettes assez saillantes, régu-
lières. Bouche petite, lèvre inférieure pendante, menton peu
volumineux. Oreilles assez grandes, ourlet très accentué,
lobule adhérent. L'enfant entend le bruit qui se fait autour
de lui mais ne s'en préoccupe pas. Il tressaille légèrement
lorsqu'on l'appelle ou qu'on hausse la voix.
Le maxillaire supérieur offre une légère atrésie, l'inférieur
est normal. L'évolution de la dentition est très retardée, l'en-
fant n'ayant encore que quatre incisives permanentes à la
mâchoire inférieure et trois il la mâchoire supérieure, l'incisive
centrale droite manquant. Les molaires, encore temporaires,
sont dans un état complet de destruction. Gr... grince souvent
des dents.
Cou gros et court. - Thorax un peu aplati. Rien à l'aus-
cultation des poumons et du coeur. Abdomen normal. -
Corps et pénil glabres. Gland recouvert par le prépuce, non
découvrable (phimosis). Testicules petits, égaux. Longueur
de la verge, .') cent. ; circonférence 4 cent. */2.
Les bras sont paralysés, longs et très maigres. Les avant-
bras sont fléchis sur les bras. Paralysie et contracture prédo-
minant à gauche. La préhension est nulle.
Les membres inférieurs sont incapables de tout mouve-
ment. Les cuisses sont fléchies sur le bassin, les jambes sur
les cuisses, les pieds sur les jambes, le gauche est, de plus,
en adduction forcée. L'enfant ne pouvant se tenir assis ; reste
au lit. z
L'appétit est médiocre ; la mastication ne se fait pas, aussi
l'enfant ne prend-il que des panades ou des aliments liquides
qu'on est obligé de lui donner par petites cuillerées. Pas de
vomissements, ni de rumination. Constipation très prononcée,
il ne va à la selle que par des lavements et des purgatifs.
Gâtisme.
Souvent la face est très congestionnée, d'autres fois très
pâle et alors les yeux sont cernés, enfoncés, et l'enfant
semble souffrir.
La sensibilité générale est très obtuse. Gr... est peu sensible
au froid. - Aucune attention, il ne reconnaît personne, ne
pleure et ne sourit jamais.
Le sommeil est très agité, court, l'enfant ne dort qu'une
188 Sclérose tubéreuse.
petite partie de la nuit. Quand il se réveille, il s'amuse avec
ses doigts qu'il agite, en poussant un léger grognement,
tout près des yeux ; remue sa tête de droite et de gauche.
Onanisme très fréquent : l'enfant porto la main gauche à la
verge qu'il saisit entre le pouce et l'index. Pour s'y opposer,
on place ses bras sur sa couverture et on enveloppe le tronc
dans une alèze. - Les mouvements sont limités à ce que
nous venons de dire.
1899. Janvier. Engelures du pied gauche.
1 cr avril, - État général mauvais. Amaigrissement. Eschares
aux fesses et le long de la colonne vertébrale.
8 avril. Symptômes de bronchite. T. R. 38°.
14 avril. - Bronchite légère qui n'explique pas l'élévation
de la température (39°), due plutôt, probablement, il une in-
fection ayant les eschares pour origine.
20-20 avril. -Aggravation des symptômes généraux. Signes
de tuberculose pulmonaire. Mort le 5 mai.
Du G au 11 avril (matin), la température a oscillé de 37° à
38°; - du il avril (soir) au 21, de ;¡So,2 à39°,2; - elle est
descendue à 3ï°,8 et 38° les 21, 22 avril, puis elle a oscillé
autour de 39° du 23 avril au 2 mai. Alors elle est descendue
progressivement le 3 et le 4 mai à 35°,8. Après le décès (5 mai)
elle était de 38°,5 et a eu enfin la marche suivante :
Sclérose tubéreuse. 189
tale est dépourvue de cheveux, ce qui est du à la manie
qu'avait l'enfant de se frotter sans cesse la tête contre son
oreiller. - Le crâne, peu épais et peu dur, offre plusieurs pla-
ques transparentes. Les sutures pariéto-occipitales sont
dessinées par une traînée rouge. Elles présentent plusieurs os
wormiens de 10 à 1 millim. sur 5 ou 6, à droite et un à gauche
de 3 à 4 centim. en longueur et en largeur. Les autres sutures
sont un peu moins sinueuses que les précédentes.
La dure-mère est légèrement épaissie au voisinage de la
faux. L'apophyse crista-galli est triangulaire, mince. - La
glande piluilaire est petite. - Les différentes cavités de la
base du crâne sont symétriques. Le trou occipital est normal.
La veine méningée moyenne est distendue par un caillot. Le
sinus latéral droit est rempli de sang noir congulé ainsi que
le sinus longitudinal dans les ? de sa longueur.
La pie-mère de la face inférieure de l'encéphale est moyen-
nement vascularisée. Elle est très oedémateuse sur la face
convexe de l'hémisphère cérébral droit, surtout au niveau de
la scissure de Sylvius. La veine qui la longe est distendue par
un caillot noir. Sur la face externe de l'hémisphère gauche,
plaques laiteuses le long de la scissure de Sylvius, vascula-
risation assez prononcée sur les deux tiers antérieurs.
Les artères de la base sont symétriques, sauf les communi-
quantes postérieures, la droite étant environ trois fois plus
volumineuse que la gauche qui est filiforme. - Les nerfs,
les tubercules mamillaires, les pédoncules cérébraux, etc.,
sont égaux. - La glande pinéale a son aspect et son volume
normaux. La protubérance, le bulbe et le cervelet n'ont
rien de particulier.
Cerveau. - Hémisphère droit. - Face convexe (PL. V). -
Les deuxième et troisième circonvolutions frontales sont
remplacées par quatre volumineux Ilots de sclérose tubé-
reuse. La partie moyenne de Fi est également remplacée
par deux grosses masses tubéreuses qui se prolongent,
aussi volumineuses, sur sa face interne. Ce qui reste de
1· 1' et Fi en arrière de ces îlots est très grêle. - La FA
est médiocrement développée. La PA est remplacée dans
ses deux cinquièmes supérieurs par un îlot scléreux. - On
trouve encore un îlot sur la partie inférieure de ]>1, un sur
PC, deux sur LO et un vers la circonvolution postérieure de
T1, caché dans le sillon marginal inférieur, enfin un autre à
la partie postérieure de T3 (PL. V).
Face interne (PL, VI). - Notons un îlot sur l' à deux cen-
190 Sclérose tubéreuse ou 111-PI : ItTH01'IIIyU.
timètres de son origine, puis les deux autres gros îlots pré-
cédemment signalés sur cette face ; ils sont séparés par un
petit pli de passage de la circonvolution du corps calleux qui
est très grêle; un autre îlot sur la partie postérieure de
LQ, un sur le coin, un autre au fond de la scissure fnontalei
interne. - Le lobule paracentral et la circonvolution de
l'hippocampe sont assez réguliers, sans îlots scléreux.
Les autres circonvolutions sont arrêtées dans leur dévelop-
pement.
Le ventricule latéral n'est pas dilaté. Le long du sillon
opto-strié, il existe plusieurs nodosités scléreuses. La cou-
che optique, le corps strié, la corne d'Ammon et le ventri-
cule lui-même n'offrent aucune lésion. - Le lobule de
l'ittsula avec ses trois digitations paraît sain.
Hémisphère gauche. Face convexe (Pu. VII). - Il existe
sur le lobe frontal huit Ilots tubéreux ({ni forment une sorte
déchaîne allant de l'extrémité antérieure de Fi jusqu'à l'ex-
trémité inférieure de FA; leur configuration est très variable;
masses triangulaires ou semi-ovoïdes. Tous ont une dépres-
sion à peu près centrale. On trouve encore un autre îlot sur
la partie postérieure de Ce qui reste des circonvolutions
frontales, à peine le quart, est grêle. Les circonvolutions
frontale (FA) et pariétale ascendantes (PA) sont petites, sur-
tout la dernière qui est très ellilée dans son quart supérieur.
- La photographie n'en donne pas une idée exacte. - Il,
P2, PC et LO sont composés de circonvolutions irrégulières
et offrant des sillons superficiels. - Un îlot sur LO et trois
autres sur Pu. La Planche VII permet de se rendre compte
d'une façon très nette de la répartition des îlots de sclérose,
de la forme des circonvolutions et un peu des sillons super-
ficiels qu'elles présentent. - T1 envoie un pli de passage au
fond du lobule de l'insula qui, lui, a trois digitations dont les
deux premières sont bifurquées.
Face interne. - Aucun îlot scléreux, mais on retrouve la
traînée habituelle cle petites tumeurs blanches et dures, sur
le sillon qui sépare la couche optique du corps strié; elle
envahit la partie antérieure du corps strié. Sur cette face,
comme sur la face convexe, les circonvolutions, sont décou-
pées en forme de pavés irréguliers, surtout FI et LO. (pal. VIII).
Face inférieure. Un îlot sur l'extrémité du gyrus
rectus et doux sur T3. - Des deux côtés le ventricule, la
couche optique, le corps strié, la corne d'Ammon, le corps
calleux n'offrent rien de particulier.
Hérédité. 191
Sur cet hémisphère il n'y a pas de lésions de méninge-
encéphalite, tandis qu'il en existe, iL droite, disséminées çà
et là et principalement sur ce qui reste de 1· t, F2, F3 et sur
la moitié postérieure de T'et T2.
Cou. - Aucune trace du thymus. Corps thyroïde, larynx,.
rien.
TILU1'21'. - Pas d'adhérences des plèvres. - Poumon droit
volumineux; le lobe supérieur est farci de tubercules ; le lobe
moyen présente une vaste caverne, l'inférieur est fortement
congestionné. - Le poumon gauche n'offre aucune lésion
tuberculeuse. - Cour. Le péricarde est sain. L'oreillette
droite est remplie de caillots cruoriques. Le trou de Botal
est oblitéré. Pas de lésion des orifices.
Abdomen. - Estomac, intestins, pancréas, rien. Foie
volumineux, ayant un certain degré de dégénérescence grais-
seuse. Vésicule biliaire, rien. Rate grosse et dure. - Le rein
gauche se décortique facilement; on trouve à sa surface et
sur des coupes de nombreuses petites tumeurs blanches,
ressemblant à des îlots de sclérose ( ? ). - Le rein gauche est
le siège des mêmes lésions. De plus, il y a vers son extrémité
supérieure une tuméfaction de la dimension d'une noisette,
dont le centre est occupé par un kyste à contenu citrin. -
La ressaie est normale. - Les testicules, de la dimension d'une
petite amande, sont situés sur le trajet du canal inguinal. Phi-
mosis ; méat régulier.
Les muscles, examinés dans plusieurs régions sont pâles et
comme lavés.
Tableau du Poids et de la Taille.
192 Sclérose tubéreuse ou hypertrophique.
Mesures de la tête.
, ' ' Hérédité. 193
Un oncle, alcoolique, est mort d'un cancer de la
bouche. Un cousin est mort de convulsions ; un autre
était idiot. Plusieurs membres de la famille -du père,
et lui-même, étaient eczémateux; quelques-uns sont
morts de tuberculose.
La mère étant enfant naturelle, nous n'avons aucun
renseignement sur son père et sa famille. Un cousin
est mort de tuberculose; une demi-tante paraît aliénée
et ses trois enfants seraient morts de méningite i
IL Bien que le père fut alcoolique et eût souvent
des rapports sexuels étant en ivresse, on ne croit
pas que la conception ait eu lieu clans cet état. La
grossesse a été accidentée par deux émotions assez
sérieuses et assez prolongées. Dès les premiers temps
de la vie, l'enfant ne semblait pas naturel ; à trois mois il
eût des convulsions qui se répétèrent quotidiennement
pendant plusieurs jours et lurent suivies de paralysie
des membres, compliquée ultérieurement de contrac-
1 nre. La sclérose tubéreuse existait-elle à la naissance
ou a-t-elle été produite par les convulsions, nous
n'osons nous prononcer, tout en inclinant vers la pre-
mière hypothèse.
III. L'idiotie était complète : Physionomie sans
expression, indifférence au bruit, infixité du regard,
absence d'attention, parole nulle, aucune connaissance
des personnes, ni pleurs ni rires ; - paralysie avec
contracture des quatre membres, partant marche
impossible, mouvements des mains très limités ; -
gâtisme. Jusqu'ici nous n'avons pu distinguer les
symptômes cliniques qui permettent de distinguer
l'idiotie symptomatique de la sclérose tubéreuse.
Certains symptômes : grincements de dents, accès
de cris, congestion et pâleur alternatives de la face,
constipation, etc., étaient sans doute dus à l'existence
Bourneville, Bicêtre, 1899. 13
.191 Sclérose tubéreuse ou hypertrophique.
des lésions rnérângiliques chroniques qui étaient du
reste bien moins prononcées chez Gr... que nous ne
l'avons vu dans d'autres cas.
IV. Les accès épilepti for nies ont été très rares
durant le séjour de l'enfant à Bicêtre et, malheureu-
sement, nous n'avons pu en avoir la description.
V. L'enfant a succombé à la tuberculose ce qu'ex-
plique surabondamment ses antécédents familiaux.
VI. Au point de vue de l'anatomie pathologique, de
la distribution des ilots de sclérose, cle leurs carac-
tères, les renseignements donnés à l'autopsie, les
Planches qui accompagnent l'observation, nous dis-
pensent d'insister davantage. Notons pour mémoire,
les trainées de nodosités scléreuses des ventricules
latéraux et les petits néoplasmes des reins, lésions
qui sont constantes.
XV.
Folie de l'adolescence ;
PAR JlOUIU\'EVILI,E et ItI : LLI\.
La folie de l'enfance et de l'adolescence, malgré
quelques mémoires intéressants et entre autres celui
de M. Paul Moreau (de Tours) mériterait d'être l'ob-
jet d'une étude complète. Nous avons essayé de la faire
accomplir par un de nos élèves qui, malheureusement,
pressé par les circonstances (1) n'a pu écrire qu'une
ébauche imparfaite. Peut-être reprendrons -nous cette
tâche un jour, en nous appuyant principalement sur
des faits inédits et sur les faits nombreux que nous
avons consignés dans les vingt volumes de nos Comp-
les-rendus (1880-1899). Ces derniers, observés avec
soin, n'ont cependant pas eu le mérite d'attirer l'at-
tention des auteurs de publications récentes. Ceci dit,
arrivons à notre nouvelle observation.
Sommaire. - Père alcoolique, emporté. - Grand'père pater-
nel et Grand'mère paternelle, alcooliques. - Tante pater-
nelle prostituée. - Mère, convulsions fréquentes dans
l'enfance, hystérique, internée deux fois à l'asile de Ville-
juif. - Grand'père maternel, saturnin. - Grand'mère
maternelle morte délirante à 48 ans. -Grand'oncle pater-
nel cardiaque, mort subitement. - Grand'tante paternelle,
folle. - Un oncle maternel choréique dans l'adolescence.
- Un second arriéré. - Un troisième interné à l'Asile
clinique. - Un frère mort de méningite.
(1) Filibiliu. - Contribution à l'étude de la folie de l'enfance.
196 Antécédents héréditaires...
Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de trois ans en
faveur du père.
Grossesse : fréquentes querelles de ménage, coups. - Vomis-
sements abondants pendant les trois premiersmoil', -
Première dent à 10 mois; à cette époque, c'Onvulsions. -
De 10 à 12 ans incontinence nocturne d'urine. - Rougeole
à 4 ans. - Scarlatine à 4 ans 1/2. Fièvre muqueuse il. 9
ans : délire, léger affaiblissement de la 7né1xx02x'B. -1're-
miers troubles intellectuels, hallucinations visuelles, folie
mystique qui font renvoyer l'enfant de l'orphelinat reli-
gieux où elle était placée. - Description de la malade à
son entrée. - En mars 1899, délire religieux, durée 10
jours. - jHaucmattons. Fin mars : nouvel accès de
délire, rémission au bout de quelques jours.
En avril 1899, nouvel accès de folie sans délire religieux,
durée quelques jours. - Guérison qui se maintient jitq-
qu'à ce jour (fin mai 1900). - Développement de la puberté.
Gassel... (Albcr-tine), née à Paris le 29 octobre 1884, entre
dans le service le 4 mars 1899 (14 ans et demi).
Antécédents héréditaires. (Renseignements fournis par sa
.mère). - PÈRE, âgé de 40 ans, exerce la profession de cordon-
nier. Il vit avec une autre femme, depuis son divorce, pro-
noncé il y a six ans. M ? Gas... s'est mariée à 21 ans, elle
connaissait son mari depuis trois mois. A cette époque, il était
sobre, mais quelques années plus tard, il se mit à boire avec
excès, surtout de Vabsinlhe. Dès lors, sa femme fut malheu-
reuse avec lui, il l'injuriait, la battait souvent, si bien que
sur les conseils de ses parents, elle demanda le divorce. Elle
ne fournit que peu de renseignements sur les antécédents
pathologiques du père de l'enfant. Il avait habituellement une
bonne santé, se plaignait seulement de douleurs de tête de
temps en temps. Il était d'un caractère naturellement emporté.
Son père, concierge, d'un caractère violent, fait de fré-
quents excès alcooliques (vin blanc et absinthe). - Sa mère
est morte d'une maladie dans le ventre. ( ? ) : elle buvait plus
que son mari. - On n'a connu qu'un oncle paternel, il était
très bien, sobre; Trois frères, l'un souffre d'nne maladie de
coeur, les autres sont très bien portants. - Une soeur, mariée,
a quitté son mari « pour faire la fête. » - Dans le reste de la
famille, on n'a pas connu d'aliénés, mais les alcooliques
abondent.
Mère, 38. ans, fleuriste et plumassière, aurait eu dans
son enfance beaucoup de convulsions à la suite desquelles
Folie DE l'adolescence. 107
elle serait restée sourde jusqu'à l'âge de 15 ans, époque de
l'établissement de ses règles. Cette surdité est intéressante à
noter, nous la verrons réapparaître plus tard à la suite de
crises hystériques. Kilo accuse parfois de la céphalalgie,
mais n'a pas de vraies migraines. Elle serait hystérique de-
puis l'âge de ? ! ) ans a la suite d'une « peur terrible a, causée
par son mari ivre qui la poursuivait « armé d'un tranchet ",
menaçant de la tuer. Au début, les crises hystériques étaient
très fréquentes, trois par jour. Après un traitement par les
douches, elles sont devenues plus rares. A l'âge de il ans,
des troubles mentaux sont venus s'ajouter à ces crises
et ont nécessite son internement a l'asile de Villejuif. Voici, il
ce sujet, les renseignements qui nous ont été fournis par M.
le D1' Marcel 13111ANIJ. Le certificat délivré il. la Préfecture
de police par le 1)'. Legras, le il mai 1888, était ainsi conçu z
« Affaiblissement intellectuel. Dépression mélancolique avec
excitation par intervalles. Hallucinations de l'ouïe, refus
d'aliments, idées de suicide. Troubles de la parole. Incohé-
rence et enfantillage. »
Le lendemain de l'arrivée à l'Asile Clinique, 1. Magnan
.signait le certificat suivant : « Affaiblissement des facultés
avec dépression mélancolique;. Excitation passagère. Pleurs,
propos incohérents. Inégalité pupillaire. Contusion sur le
front. » Son certificat de quinzaine porte : « Débilité
mentale avec idées mélancoliques et idées de persécution.
Hallucinations de l'ouïe, surdité. »
En juillet, M. Uriand, dans le service duquel elle avait été
transférée, formulait ainsi son opinion : « Même état; à la
suite d'une attaque hystérique, surdité. » En octobre, elle
était suf11samt1lent améliorée pour être rendue iL sa famille.
Le certificat de sortie, délivré le 8 octobre; 1898, était ainsi li-
bellé : " Débilité mentale avec accidents .hystériques et idées
mélancoliques aujourd'hui dissipées, peut être rendue il son
père qui la réclame et s'engage à la surveiller. »
Jusqu'à l'âge de 3G ans 1.2, rien de bien particulier à signa-
ler, elle avait des crises de temps en temps et particulière-
ment au moment de ses règles. A cette époque, elle a été
internée de nouveau à Villejuif, sans savoir pourquoi, dit-
elle : « Quand j'ai eu mes idées il moi, j'ai été toute étonnée
de me trouver là. »
En réalité, on avait du la faire interner pour troubles men-
taux. Le 0 mai, on la trouva chez elle, les yeux hagards,
demandant ses enfants, refusant de manger, voulant tout
198 Antécédents héréditaires.
garder pour eux. Dans la nuit du 21 mai, elle s'est levée, a
voulu sortir, on a été dans l'obligation de la placer (mai 1897).
Depuis cotte époque, elle n'a pas quitte'; l'asile de Villejuif.
Le 6 juillet 1899, elle est venue nous donner des renseigne-
ments sur sa famille et celle de son mari, elle; a très bien
répondu à toutes nos questions, mais elle était dans une
bonne période, car depuis un mois elle a été reprise de troubles
intellectuels et d'incohérence dans les idées.
Son père, sobre, atteint de cataracte, presque aveugle,
distribue des prospectus; avant, il exerçait le métier de peintre
en bâtiments. Il aurait eu beaucoup de coliques de plomb,
des paralysies saturnines,m ais pas d'attaques d'éclampsie.
Sa mère est morte de la poitrine à l'âge de 48 ans, elle
était un peu « idiote », état qui serait survenu il la suite d'une
crise de nerfs ( ? ). - Pas de. renseignements sur les grands
parents paternels ni sur le; grand-père maternel. La grand'
mère maternelle serait morte « asthmatique. » - Un onde
paternel, cardiaque, sobre, est mort subitement. - Un autre
oncle paternel est asthmatique, il est marié, a quatre enfants
bien portants ; il a perdu une fille poitrinaire à 20 ans.
Une tante paternelle, sans enfants, est devenue folle à la
suite de pertes d'argent, elle aurait été enfermée à Ville-
Evrard. - Ni oncle ni tante maternels. Trois frères céli-
batai1'es, deux intelligents, dont l'un aurait eu la chorée étant
enfant. L'autre, aliéné, est actuellement interné à l'Asile
Clinique. Voici, à son sujet les renseignements qui nous ont
été fournis par le Dr Paul Dubuisson :
« Barg... a été placé trois fois à l'Asile Clinique : La pre-
mière fois du 19 juin 1892 au 23 avril 1893; la seconde du 27
juin 1893 au 13 mars 1899; la 3c du 16 avril 1889 jusqu'aujour-
d'hui. Il est toujours entré ici dans les mêmes conditions :
Débilité mentale, idées mélancoliques, stupeur, tendances au
suicide. - Quand il est sorti pour la seconde fois le 13 mars
1899, il était certainement très amélioré, il travaillait depuis
longtemps au jardin de l'asile et semblait en état de s'occuper
et de gagner sa vie au dehors. Il est à peine resté un mois en
liberté. Depuis le 1G avril 1899 il n'est plus sorti. Pendant
quelques années, il a présenté des périodes de lucidité durant
lesquelles on a pu le faire travailler. Mais peu il peu ces
rémissions sont devenues de plus en plus rares et de moins
en moins longues et, maintenant, c'est un type de délirant et
d'halluciné chronique. »
Le troisième frère aurait été longtemps affaibli intellec-
Antécédents personnels. 199
tuellement; il va mieux, et travaille comme tailleur. Une
samr, mariée n'a jamais présenté d'accidents nerveux ; elle a
deux filles, l'ainée, âgée de six ans, aurait eu des conuut-
sion... - Dans le reste de la famille, on n'a pas connu d'autres
aliénés, et l'on ne trouve rien méritant d'être noté.
Pas de consanguinité. - Inéualilé d'âge de 3 ans en faveur
du mari.
Quatre enfants : L'ainée, fille, 16 ans 1/'2, n'a jamais eu de
convulsions, mais, elle a eu le carreau et est rachitique.
Actuellement : elle est domestique, et se porte assez bien ; z
'2" Notre malade; - 3° Garçon, mort à anus, rachitique,
beaucoup de convulsions, serait mort de méningite 4"
Garçon morts à mois 1/2. La mère en dehors de son inter-
nement vit avec un ami depuis 10 ans, elle n'a pas eu d'enfants
avec lui.
Antécédents personnels. - A la conception, il n'y avait plus
d'entente entre les parents. Le père était très porté aux rap-
ports, surtout quand il avait bu. La mère ne peut préciser si
l'enfant a été conçue pendant l'ivresse. - Au cours de la
grossesse, elle a reçu, de son mari, de fréquents coups de
pied dans le ventre. Pour se soustraire aux mauvais traite-
ments, elle était obligée de se sauver dans la rue ou de se
réfugier chez ses parents. Elle a perdu connaissance une fois
au cours de sa grossesse, elle ignore la durée de cet évanouis-
sement. Vomissements fréquents pendant les trois premiers
mois ; elle n'a pas eu d'attaques d'hystérie durant sa gros-
sesse. L'accouchement s'est fait à terme, présentation du
sommet, beaucoup d'eau. - A la naissance, l'enfant ne pré-
sentait rien de particulier. - La mère l'a élevée au sein pen-
dant 14 mois. - Première dent it dix mois, ou ignore à quelle
époque la dentition a été complète. - Début de la marche à
9 mois, de la parole à 1 1 mois. Propre à 3 ans seulement, et
de 10 à 12 ans, elle a présenté de l'incontinence nocturne
d'urine. Elle aurait eu des convulsions après sa première
dent, trois dans la même journée, localisées à la face, n'en
aurait jamais eu depuis. Mise à l'école, elle apprenait bien,
plus tard sa mère l'a envoyée en apprentissage comme gile-
tière, elle travaillait convenablement, était docile. - Après
l'internement de sa mère, elle a été placée dans un patro-
nage rue de Vaugirard, d'où elle a été expédiée dans un cou-
vent aux Andelys avec sa soeur. Là, d'après celle-ci, « elle se
serait beaucoup ennuyée de sa mère » et elle présenta
quelques troubles cérébraux, sur lesquels nous reviendrons,
200 DESCRIPTION DE la malade.
ce qui fit qu'on la renvoya, au patronage qui l'a plaça d'office
à la Fondation Vallée.
Chez elle, l'enfant n'était pas dévote. Elle était douce, docile
mais, de temps en temps, depuis l'âge do 12 ans, elle riait et
pleurait sans motif. Au cours de sa 13° année, elle aurait eu
plusieurs lipothymies-
Comme maladies infectieuses, nous avons à relever : Rou-
geole à 4 ans, scarlatine à 'tans 1/2, fièvre, typhoïde à 9
ans, durée trois mois; aurait eu au cours de cette lièvre, du
délire durant trois ou quatre jours ; consécutivement, légère
diminution de la mémoire. Beaucoup de gourme de 10 à 1 t ans,
otorrhée gauche vers la même époque. Adénite cervicale.
Oxyures, rendus par le rectum et par la bouche.
Les premiers troubles intellectuels se sont montrés pen-
dant le séjour de l'enfant aux Andelys ; ils ont débuté fin
février 1899 et ont duré six jours. Elle croyait être.Jeanne
d'Arc : une de ses compagnes du couvent l'appelait « Alber-
tine D'arc », elle avait des visions sacrées : L'une de ses com-
pagnes lui semblait avoir le visage éclairé et ressembler un
ange, elle voyait le coeur sacré de Jésus.
On la renvoya iL Paris, le 2 mars 1899. Le Dr Legras don-
na le certificat suivant : « Atteinte de troubles intellectuels
qui paraissent liés à l'hystérie, loquacité, agitation, propos
déraisonnables. - Hallucinations visuelles, fréquence du
pouls. - Génuflexions fréquentes pour implorer son pardon
du bon Dieu... etc. » Durant son passage iL l'Asile Clinique,
elle aurait offert les mêmes symptômes.
État actuel à son entrée à la Fondation zut mars 1899). - L'en-
fant présente un visage rosé, elle n'est ni grasse ni maigre,
parait en bonne santé physique. La physionomie semble assez
intelligente, elle est mobile, éclairée par deux yeux vifs et
brillants, La peau est blanche, pas de cicatrices) pas de
ganglions. Les cheveux sont bruns, bien implantés.
Le crâne est de volume normal, symétrique, Le visage
est ovale, régulier, le front est moyen, les arcades soureil-
lières peu accusées sont recouvertes de sourcils bruns abon-
dants. Les fentes palpébrales sont normales, symétriques,
ombrées de cils longs et bruns. - Les yeHx ne présentent
pas de lésions ni de troubles de la réfraction. Iris marron,
pupilles non dilatées, réagissant bien il la lumière et à l'ac-
commodation. Le fond de l'oeil ne décèle rien de particu-
lier. L'acuité visuelle semble normale, pas de rétrécissement
du champ visuel,
Description DE la malade. 201 i
Le nez est long, droit, un peu élargi à son extrémité et très
légèrement dévié à gauche. La rhinoscopie antérieure mon-
tre la narine gauche obstruée par un cornet inférieur très
volumineux, la narine droite n'a rien de pathologique. Les
pommettes sont saillantes, roseés, symétriques. La bouche,
de dimension moyenne, présente au niveau de chaque
commissure une petite cicatrice, dont la mère n'a pu
nous dire la cause Ces cicatrices rappellent celles qui
succèdent aux pustules vaccinales, on n'en peut connaître
l'origine. Le palais est très ogival, le voile du palais égale-
ment. Les amygdales sont volumineuses, cryptiques; quelques
végétations adénoïdes latérales ; l'amygdale de Luchka recou-
vre le tiers supérieur du vomer. La langue est épaisse, mobile ;
par de tremblement de la pointe. Le menton est arrondi;
pas de prognathisme du maxillaire inférieur. L'enfant n'a pas
de troubles du goût. - Les oreilles n'ont rien de particulier
dans leur forme ; otite moyenne chronique double, forme
fongueuse ; il n'y a plus de tympan, fond de caisse granuleux ;
audition 0, ? 5 cent. à droite et à gauche.
Le thorax, bien développé, présente dans la région postéro-
inférieure gauche, au niveau de l'extrémité vertébrale des
10", lie et 12e côtes, une cicatrice de brûlure, de la largeur de
la main, produite accidentellement par de l'eau bouillante.
L'enfant était âgée de 3 ans au moment de l'accident. Au-
dessus de la grande cicatrice, il en existe quelques autres,
petites, arrondies, régulières : au-dessous, trois autres cica-
trices, ovalaires, nettement marquées situées respectivement
au niveau de la 1 ? a côte et des apophyses costoïdes des 1°5
et 2 ? lombaires.
La respiration appartient au type dit thoracique. L'auscul-
tation et la percussion des poumons ne dénotent rien de par-
ticulier. Il en est de même de l'examen du coeurs Rien du
côté de la paroi abdominale, ni du côté des organes intra-
abdominaux.
Les bras sont arrondis, normalement musclés, leur attitude
est régulière. Au niveau de la région deltoïdienne droite,
on note une cicatrice de vaccin. Pas de' troubles de la
sensibilité. - Les ongles sont normaux, sauf l'ongle du
pouce droit qui a été altéré par un panaris.
Les membres inférieurs sont bien développés, normaux de
forme, de volume et d'attitude. On constate une cicatrice
arrondie, sans caractères, à la portion moyenne de la région
antéro-externe de la jambe droite : une autre cicatrice, sillon-
gée, est située au niveau du tiers supérieur de la crête tibiale
202 DÉLIRE MÉLANCOLIQUE : IDÉES RELIGIEUSES.
gauche : cicatrice de plaie consécutive à une chute. Les pieds
sont plats. Les réflexes et les mouvements volontaires sont
normaux. L'enfant résiste bien aux mouvements provoqués.
Puberté : aisselles, poils noirs assez courts et rares (5 cm.
sur .c.). A la face postérieure du thorax, on constate un
fin duvet entre les omoplates. Les seins sont plats, ont un
diamètre transversal de Il cm. et un diamètre vertical de
9 cm. à droite et il gauche. L'aréole est rosée, 0ln015niln de
rayon, mamelon, 05 ? Les fesses sont glabres. - Poils
noirs, fins, très abondants sur tout le pénil dans une hauteur
de 7 cm. sur 8 cm. Poils très abondants dans toute la hauteur
des grandes lèvres, moyennement saillantes, laissant voir le
clitoris peu développé et les nymphes ; la droite est moitié
plus longue que la gauche. L'hymen, circulaire, paraît intact.
Poils assez nombreux au pourtour de l'anus.
La sensibilité générale semble normale dans tous ses modes.
L'enfant parait assez intelligente, la parole est libre. Les
fondions digeslives et respiratoires s'accomplissent réguliè-
rement.
Dès son entrée à la Fondation Vallée, Gas... est mise en
observation il l'infirmerie. Elle paraît effarée, irritable, elle
crie dès qu'on l'approche, menace de frapper; elle fuit la
compagnie des autres enfants, recherche la solitude, refuse
de manger, son attitude est spéciale, elle va, se promenant
lentement, il pas comptés, la tète légèrement fléchie sur la
poitrine, elle semble concentrée en une prière qui l'absorbe
toute. Elle marmotte avec componction des oraisons, elle
semble prononcer avec un plaisir exquis les mots : Dieu,
Ste-Vierge, Jésus; elle les répète, les savoure. Tantôt, elle
s'arrête, lève vers les cieux des yeux si brillants qu'ils sem-
blent presque lumineux; le regard reste fixe, extasié, comme
si elle voyait dans le lointain de divines visions. Tantôt, elle
prend le ton de l'exhortation, parle des choses saintes aux
autres enfants, leur recommandant d'être bien sages et de ne
pas pécher, les assurant ainsi de la satisfaction divine. Elle
chante des cantiques, baise dévotement une image sacrée
qu'elle garde en ses mains. Vient-on à lui demander son
nom, elle répond : « Je suis Jeanne d'Are, j'ai mission de sau-
ver la France de ses péchés ». Ses compagnes essayent-
elles de l'en dissuader, elle se fâche, devient méchante,
rageuse.
Le soir, l'enfant est d'une pruderie exagérée, elle refuse de
se déshabiller en présence de l'infirmière, disant que « Dieu,
seul, la doit voir puisqu'il est partout. » Elle ne veut pas
Excitation maniaque. 203
laisser prendre sa température. Elle regrette son couvent
des Andelys, manifeste; le désir d'y retourner, disant : « Il y
a des chrétiens là-bas, tandis qu'ici et au dépôt il n'y en a
pas. » Cet état persiste jusqu'au 7 mars.
Le 7, au matin, G... laisse prendre sa température sans
difficulté ( : ;1 ? 1,). Dans la journée, elle demande à s'occuper
des petits cnfants qui sont à l'infirmerie, elle est douce,
maternelle avec eux. Traitement : bains, hydrothérapie. Ses
idées religieuses l'occupent moins, elle semble mieux.
8 mars. Gas... est raisonnable, elle demande à descendre
travailler à l'ouvroir.
22 mars. Depuis le 1 mars, l'enfant a quitté l'infirmerie.
Elle partage les jeux et les travaux des autres enfants, elle
est raisonnable et n'a rien présenté d'anormal depuis qu'elle
est avec eux.
23 mars. - Dans la nuit d'hier, Gas... a été très agitée,
elle s'est mise à parler haut, crier, chanter : elle s'est levée
de son lit et a couru dans le dortoir : c'est avec beaucoup de
peine qu'on a pu la maintenir au lit. Elle a de la diarrhée et
gale dans son lit sans s'en rendre compte.
Elle est remise à l'infirmerie, elle ne prie plus ni ne parle
plus des choses saintes, elle est surexcitée, prononce des
paroles incohérentes. - La diarrhée persiste, l'enfant gâte
au lit, elle ne peut s'habiller ni se déshabiller seule, on est
obligé de lui faire sa toilette. Température normale. - Trai-
tement : chloral, bromure, douches.
24 mars. Même agitation, Gas... se lève, pour tirer les
cheveux des autres enfants, leur pincer le nez. On est oblige
de la maintenir au lit. Le gâtisme; persiste.
25 mars. L'enfant a passé la nuit il chanter, à rire. Ce
matin, on la trouve assise sur son lit, les yeux brillants, le
regard égaré, d'une extrême mobilité. Lui dit-on bonjour,
elle répète : bonjour, avec l'intonnat.ion qu'ont les mamans,
lorsqu'elles disent ce mot en jouant avec leurs petits bébés,
puis, elle se met à rire aux éclats en disant : « Tiens ! qu'est-
ce que cela veut dire, vous causez drôlement aujourd'hui,
je ne vous comprends pas. » - L'appétit est bon, la soif vive,
la diarrhée a presque complètement disparu. Pas de tempé-
rature.
27 mais. - Même état d'exaltation. Hier, une dame et sa
soeur sont venues la voir, elle les a accueillies avec joie,
mais ne leur a pas tenu la moindrc conversation. Ces dames
lui ayant apporté du chocolat, elle s'en est barbouillé le
visage, l'a broyé entre ses mains et l'a semé de droite
201 Excitation maniaque.
et de gaucho. Elle a voulu s'emparer de vive force d'une
petite médaille que sa soeur portait au cou, on ne l'a retenue
au lit qu'avec difficulté.
L'enfant ne fait plus sa prière, ne parle plus de Dieu ni des
saints, sa pudeur elle-même s'est évanouie, elle enlève sa
chemise, et se promène nue dès qu'on la quitte un instant.
Elle chante, rit, fait mille grimaces, se lève, fait son lit,
se recouche, pour se relever bientôt, bavarde, crie, gesticule.
- Toujours même gâtisme. - Pas de température. Même
traitement, doses plus élevées.
28 mars. - Même état, l'insomnie persiste malgré le chlo-
ral. Bains, hydrothérapie.
29 mars. L'excitation continue. Ce matin, profitant d'un
instant où elle était seule dans le dortoir, elle s'est mise
à défaire tous les lits, à se rouler sur les matelas, monter
sur la table, en chantant à tue tête : « Oh ! ce qu'on est
bête quand on est amoureux ! » Enfin, fatiguée, elle a
demandé at manger, puis s'est couchée et s'est endormie d'un
profond sommeil. ,
30 mars. L'enfant est calme, demande -Il descendre jouer
avec les autres enfants, les reconnaît, parle; et joue genti-
ment avec elles. Elle est redevenue raisonnable, propre, et
fait sa toilette elle-même.
1,@, avril. Le mieux s'accentue de plus en plus, l'enfant
est un peu triste, elle pâlit et rougit sans motif. Elle raisonne
bien et semble partager avec plaisir les occupations et les
jeux de ses compagnes.
10 avril. L'enfant continue bien allcr. Hier, elle a eu la
visite de sa mère et l'a accueillie avec la plus vive joie. Elle
est calme, ne parle plus des choses religieuses, raisonne cor-
rectement, s'applique il toutce qu'elle fait, parfois elle est triste
lorsqu'elle songe à sa mère et il ,outil qui sont loin d'elle.
22 avril. - Hier au soir, l'enfant était triste, songeuse,
son regard était brillant, égaré, elle avait l'air de ne pas
comprendre ce qu'on lui disait. - La nuit, elle a été agitée,
a parlé haut, prononçant des phrases sans suite.
23 avril. - Ce matin elle est incapable de faire seule sa
toilette. On dirait qu'elle n'a pas la notion de ce qui se passe
autour d'elle. Elle parle peu, est calme, triste.
24 avril. - Même état, le regard est cependant moins
effaré, la physionomie plus calme.
25 avril. - La nuit a été bonne. L'cnfant est triste, pleure,
dit s'ennuyer de sa mère, mais elle est redevenue raisonna-
ble et fait seule sa toilette.
.. Guérison. - 205
' ! 8 avril. - Le mieux persiste et s'accentue.
- 1 ? mai. - Ci ? semble guérie, elle n'est plus triste, elle
joue et travaille avec les autres enfants.
20 mai. - L'enfant est très appliquée, très obéissante ;
elle travaille; bien tant en classe qu'au repassage ou à l'ou-
vroir.
1er juillet. Ci ? semble guérie, elle continue à bien tra-
vailler et à être tranquille.
'1'" septemln'e. Depuis trois mois, rien a signaler,
l'enfant raisonne et travaille bien.
Décembre, - Gass... s'améliore sous tous les rapports ; elle
est très obéissante, s'occupe avec dévouement des petites
filles gâteuses et en prend soin comme une véritable infir-
Elle s'est développée physiquement et a une mine
superbe. Toute excitation religieuse a disparu, elle accueille
facilement toutes les observations qu'on peut lui faire et
se prête de bonne grâce à ce qui lui est commandé. Elle est
très propre, fait bien sa toilette, est très décente. Elle recher-
avec plaisir l'occasion d'être utile. Elle travaille bien en classe,
mais ses progrès sont lents car elle a une certaine difficulté
pour tout ce qui concerne l'instruction primaire. Elle a fait
beaucoup de progrès en gymnastique.
1900. Avril. - Gass... fait des progrès sous tous les rap-
ports. On n'a observé aucune trouble intellectuel depuis la
lin du mois. Elle est d'humeur toujours égale, très polie, pro-
pre, laborieuse et obéissante. En un mot, sa conduite est
exemplaire. Sa physionomie est éveillée ; ses joues sont frai-
ches et pleines ; elle a pris de l'embonpoint. Sa seule préoc-
cupation c'est d'affermir sa guérison afin de pouvoir aider sa
mère quand elle sera sortie de l'asile. - On a toujours con-
tinué les douches, les bains, l'école et la gymnastique.
Puberto.- Poils noirs, frisés, abondants, surtout au sommet
et sur la face interne des creux axillaires. Les seins mesu-
rent 13 centimètres horizontalement et 11 centimètres verti-
calement. Les aréoles sont rosées, bien dessinées. Les
tubercules de Morgagni sont apparents. Poils noirs très
abondants, longs de 3 à 4 centimètres, dans une hauteur de
8 centimètres environ sur le pénil. Poils très abondants sur
les grandes lèvres qui sont volumineuses; les petites lèvres
sont très développées et proéminentes à la vulve ; elles sont
triangulaires et forment un capuchon clitoridien assez accusé ;
la droite est un quart plus large que la gauche. Le clitoris
est petit. L'hymen, circulaire, n'est pas déchiré, mais son
206 Folie de l'adolescence.
orifice admet la pulpe du petit doigt. Quelques poils longs
sur le périnée. Poils assez nombreux autour de l'anus.
Si l'on compare cette description à la précédente, on voit
que la puberté qui ne faisait que s'annoncer à l'entrée s'est
depuis rapidement développée. Les règles ont paru, sans
aucun accident physique ou mental pour la première fois du
- au 1,1 mars et se sont reproduites du z, au 6 avril, du 2 au
6 mai, du 23 au 28 mai.
30 avril. La guérison parait définitive et Gass... est ren-
due à sa mère. Elle a continué ses douches, la gymnastique,
les exercices scolaires, de couture, de repassage et de ménage
jusqu'à ce jour.
13 juin. - G.. vient avec sa mère. Sa santé ne laisse rien
à désirer à tous les égards. Elle travaille à la couture et gagne
50 cent, par jour. La mère qui vit depuis 10 ans avec un homme
âgé aujourd'hui de 65 ans, sobre et laborieux, n'a pas ou de
crises depuis sa sortie de Villejuif mais est toujours nerveuse.
Sa mémoire s'affaiblit. Albertinc dit que de temps en temps
sa mère divague.
DÉLIRE MYSTIQUE, EXCITATION MANIAQUE. 207
convulsions limitées Ù la face ; elle a présenté de
l'incontinence nocturne d'urine jusqu'à 12 ans, et à
partir de là, dans sa 1 : 1" année, des lypothymies, des
pleurs et des rires alternatifs, sans raison sérieuse.
L'internement de sa mère nécessite son placement
dans un orphelinat religieux où sous l'influence de
l'ennui d'être séparée de sa mère et des pratiques
religieuses, éclata un délire mystique avec illusions,
hallucinations de la vue, dépression mélancolique, etc.
111. Le délire mystique qui était aussi caractéris-
tique que possible avait débuté il l'orphelinat où elle
avait été placée, et avait motivé son retour il Paris.
Il a persiste'' durant son passage- au Dépôt de la Pré-
lecture de police et il l'Asile clinique et pendant les
quatre- premiers jours qui ont suivi son admission
dans notre service.
Après une rémission du 9 au 23 mars, survient une
période [d'excitation maniaque : cris, chants, inco-
hérence, mouvements désordonnés, actes extrava-
gants, gâlisiiie. insomnie ? Aucune idée mystique.
L'obcénité a remplacé la pudeur. Ce délire maniaque
a duré une semaine. Alors se produit une nouvelle
rémission du 3(1 mill's-<t-tt--21 avril, suivie d'une nou-
velle période de dépression mélancolique mais très
atténuée par rapport il la première, sans aucune
manifestation mystique et sans hallucinations. Elle
disparait complètement au bout de huit jours (28
avril).
A partir de la, (las... n'a plus eu aucun trouble
intellectuel. Sa santé- s'est affermie sous tous les rap-
ports. La croissance et la puberté se sont développés
régulièrement. Les règles ont paru sans accident.
Le poids et la taille ont augmenté. Jamais nous
n'avons observé aucun signe d'hystérie, contrairement
à la mention du certilicat de la préfecture de police.
"88 Guérison.
' IV. La température rectale, du 7 au 15 mars n'a
point dépassé 37% 4 et a été, le plus souvent, au-des-
sous de 37°; du 16 mars au 14 avril, elle a oscillé
entre 37° et 37°, G avec un abaissement, à 36, °9 et un
autre à 36° 8, ensuite elle est devenue normale.
V. Le traitement a consisté surtout en bains et
en douches avec l'administrai ion de chloral et, de
bromure pour combattre l'insomnie et- l'excitation.
La gymnastique, les exercices scolaires, les travaux
manuels, employés durant les rémissions, puis après
la dernière période mélancolique, ont certainement
contribué à affermir la yuérisua.
XVI.
Hydrocéphalie ;
Par KOUKNEVILLE et J. NOIR.
Sommaire. Rien du côté du père. - Mère migraineuse.
- Grand-père maternel mort subitement. - G1'anel'mère
maternelle migraineuse. - Arrière-grand-père maternel
mort d'un coup de sang.
Variole au 7° mois de la grossesse. - Violente émotion
causée il la même époque par la mort d'un enfant qui.
provoque l'accouchement prématuré à 7 mois. - Enfant
du poids d'un kilogramme. - Convulsions à 6 mois suivies
d'une augmentation du volume de la tête. - A partir de
9 ans crises épileptiformes. - Début de la parole à 2 ans.
- Première dent à 8 mois. - Dentition complète à 2 ans.
- Menstruation à 9 ans. - Etat de l'enfant à son entrée.
- Paraplégie spasmodique ? Puberté. - Onanisme.
Crises et vertiges épileptiformes. - Description de la tête.
- Cachexie progressive. - Mort.
Autopsie : Congestion de la pie-mère. - 970 gr. de
liquide hydrocéphalique. Dilatation des ventricules du
cerveau. - Oblitération de l'aqueduc de Sylvius. - Tuber-
culose pleuro-pulmcnaire.
Dum... (Armandine), née à Paris, le 10 mars 1890, est
entrée le 22 août 1898, dans le service, venant de la Salpê-
trière. Elle y est décédée le 23 septembre 1899. -
Antécédents héréditaires. (Renseignements fournis par la
mère). Père, 51 ans, forgeron, robuste, toujours bien portant,
très doux, n'a jamais fait d'excès d'alcool, ni de tabac. Il a été
soldat 7 ans et a été prisonnier de guerre en 1870. - Grand-
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1899. 14
210 Antécédents héréditaires.
père paternel, mort il 72 ans de diarrhée ( ? ), avait toujours été
robuste et sobre. - Grand'mère morte à 68 ans, peu après
son mari ; c'était une femme faible et usée. Aucun autre ren-
seignement. Deux tantes paternelles ont toujours été
bien portantes, elles ont perdu plusieurs enfants en bas-âge
sans qu'il soit possible de préciser la cause de leur mort.
Ceux qui survivent sont en bonne santé. Aucun autre rensei-
gnement sur la famille du père.
Mère, 39 ans, ménagère, très bien portante, réglée à 14 ans,
n'avoue aucun antécédent pathologique, ni aucune tare, si ce
n'est depuis l'âge de 12 ans des migraines qui reviennent
régulièrement chaque mois. Son père, qui aurait été toujours
en bonne santé, serait mort subitement à 67 ans d'un ane-
vrysme de l'aorte ( ? ).-Sa mère a 69 ans, ne présente comme
antécédent morbide que de fréquentes et très pénibles migrai-
nes avec nausées. - Le grand-père paternel serait mort à 68
ans d'un « coup de sang » ; - la grand'mère paternelle, à -77
ans, de vieillesse ; aucun renseignement sur le grand'père
maternel ; la grand'mère maternelle serait aussi morte d'af-
faiblissement sénile à 78 ans. Une grand'tante paternelle a
98 ans, est valide. - Une tante maternelle est morte
le lendemain d'une couche de deux jumeaux. - La mère
de notre malade a quatre frères, tous bien portants, trois sont
mariés, deux ont des enfants qui n'ont jamais eu de convul-
sions. - Elle a encore 3 soeurs mariées, mères de famille,
jouissant d'une excellente santé ainsi que leurs enfants. Au-
cun antécédent pathologiqne à signaler parmi les cousins et
les cousines.
Cinq enfants : 1° Une fille de 16 ans, bien portante,
n'ayant pas eu de convulsions; - 2° Un garçon mort à 4 ans
de la variole ; - 3o Notre malade ; 4° et 5° Deux garçons
jumeaux âgés de 8 ans et bien portants.
Notre malade. Rien à noter lors de la conception. Pendant
la grossesse au 7° mois, la mère est atteinte légèrement de la
variole et son second enfant frappé à son tour meurt. Le cha-
grin de cette perte - et sans doute aussi la varioloïde -
détermine l'accouchement prématuré il 7 mois. Il s'opère
d'ailleurs facilement. L'enfant est très petite et ne pèse guère
plus d'un kilogramme ( ? ). Rien d'anormal n'est relaté à la
naissance. A 6 mois, la fillette est prise de convulsions et sa
tête se met à grossir, jusqu'alors la mère n'avait rien remar-
qué de particulier dans le développement céphalique de
l'enfant.
Description de la maladie. 211 t
De (i à 18 mois, les conindsions se répètent sans nombre,
jour et nuit. A partir de 18 mois jusqu'à 6 ans, les crises s'es-
pacent assez irrégulièrement. Elles deviennent ensuite plus
fréquentes. C'est à partir de la (je année qu'apparaissent des
crises épileptiformes avec cri initial, convulsions toniques et
cloniques sans morsures de la langue, mais avec des émis-
sions d'urine. Ces crises se répétent environ tous les trois
jours sans cependant affecter de périodicité ; parfois elles se
manifestent plusieurs fois dans la journée, souvent elles lais-
sent 8 et 10 jours de répit à la malade.
Cette enfant n'a jamais été propre. Elle dit « papa » et
« maman » depuis l'âge de 2 ans, mais n'a pu en apprendre
davantage. Elle n'a jamais pu se tenir debout ni manger seule.
La première dent est survenue à 8 mois, la dentition a été
complète à 2 ans. Au point de vue intellectuel, aucune mani-
festation. Les sentiments affectifs à l'égard de sa mère
auraient été assez développés. Dum... grince souvent des
dents. Depuis l'âge de 8 ans, elle se livre fréquemment a
l'onanisme et elle n'est calme que durant qu'elle satisfait à ce
mauvais penchant. Elle est réglée et régulièrement depuis
l'âge de 9 ans.
La mère donne les renseignement suivants sur ses pre-
mières crises convulsives : Elles se raidissait, tournait les
yeux et avait ensuite quelques secousses, mais sans cris.
L'accès durait environ dix minutes. Elle s'endormait
après. Jusqu'à 6 ans, elle avait eu des convulsions ana-
logues presque tous les mois, puis elles seraient deve-
nues plus fréquentes, toutes les semaines et même tous les
deux ou trois jours. Ce n'est qu'à partir de 9 ans, que l'accès
débuta par un cri et affecta la forme épileptique telle que
nous l'avons précédemment signalée.
État de l'enfant à l'entrée dans le service. - Très pâle, très ané-
miée, expression béate et hébétée. Cheveux blonds, secs,
ayant une implantation des plus compliquées avec prédomi-
nance de la direction postéro-antéricure. Pas de cicatrices,
ni de séborrhée. Tête offrant le type classique de l'hydrocé-
phalie, mais avec un développement prédominant dans la
région pariéto-occipitalc. Les fontanelles paraissent closes.
Les os du crâne sont réguliers sans saillies anormales, ni
dépressions. - La face, comme toujours chez les hydrocé-
phales, parait fort peu développée. La région orbitaire est
enfoncée entre la saillie du front et celle des maxillaires.
Les arcades sourcillières sont peu proéminentes. Les sourcils
212 IDIOTIE I-IÏDItOCI : PHALIQLl : .
blonds sont régulièrement implantés. Les muscles frontaux
et sourcillicrs sont très développés et les mouvements des*
téguments du front sont par suite très variés. Les paupières
sont mobiles et les fentes palpébrales très élargies. Les yeux
se meuvent clans tous les sens, mais ont plus de tendance à
se porter en abduction (léger strabisme divergent). L'iris est
gris. - Les pupilles sont dilatées, réagissent bien à la
lumière, moins à l'accommodation. L'examen du fond de
l'oeil n'a pu être fait. - Le nez est assez large, déprimé et
concave à sa racine. - Les narines sont dilatées, il n'y a pas
de déviation de la cloison. - Les lèvres sont minces, l'infé-
rieure est plus développée que la supérieure. - Le palais et
la voûte palatine n'affectent pas la forme ogivale. - La déglu-
tition est normale, mais lente (Fig. 11).
Dentition très mauvaise, érosions poussées iL l'extrême,
toutes les dents ont mal évolué et sont mal implantées. Ces
caractères marquent une première phase de la dentition et
concernent les dents de premier remplacement, c'est-à-dire
les incisives permanentes. Ils ne paraissent pas devoir mar-
quer la deuxième phase de la dentition permanente, car les
prémolaires en train d'évoluer paraissent sortir blanches et
sans trace d'érosions. (Note du Dr Bouvet dentiste de Bicêtre
en mars 1899). - La mastication est incomplète et difficile.
Langue large, se mouvant difficilement. Amygdales peu sail-
lantes. Goût ' ? - Menton large et bas. - Oreilles appliquées
contre le crâne, bien ourlées. Pas de tubercule de Darwin.
Ouïe ? '¿
Cou : Circonférence : 29 centimètres. - Larynx paraissant
normal. - Corps thyroïde : rien de particulier.
Membres supérieurs à musculature faible mais à fonctions
normales. Les mains sont maigres, les muscles interosseux
étant peu développés ; la paume de la main est creuse.
Membres inférieurs : position constante en chien de fusil,
cuisse assez développée faisant contraste avec le peu de
développement de la jambe et du pied, très atrophiés. Bxten-
sion de la jambe impossible à cause de la rétraction des
muscles de la région postérieure de la cuisse. Contracture
du psoas-iliaque rendant impossible les mouvements un peu
étendus de la cuisse droite. Sternum enfoncé à son extrémité
inférieure. Légère scoliose à concavité dans la région dorsale.
Eruption maculo-papuleuse, sur le dos dont la couleur chair
et la collerette blanchâtre de Biett paraissent indiquer une
nature spécifique ( ? ) dans quelques éléments. (Les parents
ont nié tout accident syphilitique.)
PUBERTÉ PRÉMATURÉE. 213
Fig. 11.
314 PUmmTÉ PRÉMATURÉE .-
Thorax. Rien de particulier à noter dans l'examen
des viscères.
Puberté : Aisselles glabres. - Seins développés : 0 ? 40 de
largeur sur Ohm,13 de hauteur des deux côtés. Pénil garni de
poils. Grandes lèvres flasques, hypertrophiées,.Petites lèvres
eu développées. Hymen circulaire. - Vulvite légère. Ona-
nisme constaté avec les mains et avec les talons.
La sensibilité cutanée parait exagérée surtout à la douleur.
Cependant la malade se donne de violentes claques sur le
visage sans paraître en être affectée. Elle crie aussitôt si on
la pique.
1897. 18 novembre. - La malade est mise en observation à
l'infirmerie à cause de son mauvais état général. Huile de
foie de morue ; 2 bains salés par semaine.
1898. 4 mars. - Aggravation de l'état général. Gingivite.
Menaces d'escarres au niveau du grand trochanter droit et
du sacrum.
Depuis son entrée il l'infirmerie, la malade a eu des crises
épileplifonmes bien caractérisées avec cri initial, convulsions
toniques et cloniques, coma stertoreux. On a remarqué en
outre des vertiges assez fréquents.
5 mars. Tête énorme, ovoide il grosse extrémité posté-
rieure, aplatie latéralement au niveau des tempes, sensible-
ment symétrique ; front étroit comparativement il la région
occipitale, très élevé (0 ? 07 d'une bosse frontale il l'autre et
0m,08 de la racine des cheveux à la racine du nez). En arrière
au niveau du tourbillon des cheveux qui est médian, méplat
assez largo au-dessous duquel l'occiput fait une légère sail-
lie. Pas de traces des fontanelles. Légère' dépression au point
où fut la fontanelle antérieure. Pas d'indices des sutures.
Veinosités nombreuses à la région temporale légèrement
bombée des deux côtés. L'artère temporale, fait saillie des
deux côtés. - Front déprimé et oblique de haut en bas et
d'avant en arrière. Aspect concave en demi-lune de la face,
dû à la forme du front aux arcades sourcilières peu saillantes,
aux pommettes déprimées, au maxillaire supérieur peu sail-
lant, tandis que le maxillaire inférieur est très proéminent.
Contracture très intense des cuisses et des jambes, la
contracture est vaincue plus facilement il droite qu'à gauche.
Cette contracture existe mais il un moindre degré aux
membres supérieurs, durant l'examen la malade ne cesse de
pousser des cris. Aucun trouble de la sensibilité ne peut
PUI3131tT1 ? PRÉMATURÉE.. 215
être manifestement constaté. La malade voit une allumette
enflammée qu'on lui présente et la suit des yeux. - Les
réflexes irions il la lumière sont très lents. Les réflexes
Fig. 12.
2)G Cachexie tuberculeuse.
patellaires sont exagérés également des deux côtés. Pas de
Jéflexe cutané plantaire.
L'auscultation et la percussion n'indiquent aucune anoma-
lie viscérale, ni aucune lésion organique des organes thora-
ciques ou abdominaux.
Fig. 13.
Puberté prématurée. 217
La physionomie exprime la souffrance. La parole est nulle
et cependant la malade comprend bien ce que l'on dit. - La
station assise est seule possible et encore ne peut guère se
prolonger. L La marche est absolument impossible.
Le goût n'est pas très développé. Elle mange de tout avec
appétit mais de préférence les mets à consistance molle.
Elle ne mâche pas, ne peut se servir d'aucun objet au réfec-
toire et digère bien quand même. - La vue est très mauvaise,
au point qu'on est tenté au premier abord de la croire aveu-
gle. - L'ouïe paraît normale. - L'odorat est suffisamment
sensible pour lui permettre de distinguer les bonnes et les
mauvaises odeurs. - Elle ne peut prendre aucun soin de
toilette et se prête mal à ceux qu'on lui donne. - Gâtisme
complet jour et nuit; selles régulières, ni diarrhée ni consti-
pation.
La malade pousse des cris continus ; une observation un
peu prolongée permet de constater que ces cris ne sont pas
provoqués par la souffrance mais par une sorte d'habitude,
ce sont des tics.
Octobre. L'on constate des crises épileptiformes chez
l'enfant.
Décembre. La santé de la malade devient plus débile.
Aucun progrès.
1899. 27 février. - Cinq accès épileptiformes. Pas de fièvre ;
mais refus d'alimentation.
°8/ëc·ier. - Scl)t accès. - Pur,atif. - Potion de Todd. Lait.
2 mars. Pas d'accès, mais nombreux vertiges, quelques
secousses, grand abattement. Même traitement ; lotions
vinaigrées ? Les jours suivants l'état de la malade va en
s'améliorant, l'appétit revient. Il n'y a pas eu, jusqu'alors, de
température. @
10 mars. État assez satisfaisant.
.Juin. - Même état. L'enfant pousse toujours les mêmes
cris. Elle se donne parfois de violentes claques. Pas d'accès
ni de vertiges. Onanisme continuel. Elle mange avec voracité
sans mâcher; digère néanmoins très bien. Son sommeil est
parfois très agité.
1 cr juillet. - L'état général est médiocre, la malade qui est
toujours couchée, paraît beaucoup s'affaiblir.
Puberté. Aisselles glabres. Seins très développés avec
aréoles et mamelons saillants. Pénil, grandes et petites
lèvres, hymen dans le môme état. = Onanisme persistant.
La malade est réglée prématurément. Cependant dans la
famille, il n'y a jamais eu d'exemple de règles précoces d'après
- M8
CACHEXIE TUBERCULEUSE.
les renseignements complémentaires fournis par la mère à
ce sujet. Les règles n'ont point paru depuis l'admission.
13 juillet. - L'enfant dépérissant de jour en jour, nous
procédons à un nouvel examen. La tète bien que plus volu-
mineuse qu'en mars, offre les mêmes caractères. (Voir le
tableau.) Il en est de même de la physionomie. La contrac-
ture des membres paraît s'être accrue sauf pour le membre
gauche qui a peu de raideur.
16 septembre. L'état général de l'enfant est de plus en
plus marnais. Temp. 40°, 2. La malade, est mise it l'infirmerie,
elle ne mange plus. L'examen clinique ne permet pas de poser
un diagnostic précis.
17 septembre. T.R. Matin : 39°, 5 ; soir : 390,
18 septembre. Râles disséminés clans les deux poumons.
Diarrhée abondante et liquide. T.R. Matin : 38°, 6. ; soir : : ¡So,.1. Pas de nouveaux symptômes mais l'affaiblissement s'au-
croît de plus en plus. Agonie imminente.
19 septembre. T.R. Matin : 37°, 8 ; soir : 38°, ti,
20 septembre. T.R. Matin : 38°, 5 ; soir : 38°, 8.
21 septembre. T.R. Matin : 38°, 8 ; soir : 38°, li.
22 septembre. T.R. Matin : 38°, 2 ; soir : 3S°, ! 1.
23 septembre. T.R. Matin : 38os ? , soir : 38°, 8. - L'enfant
succombe le 23 septembre 18 ! )9.
Température après décès.
Hydrocéphalie ventriculaire. 219
seaux et les nerfs de la base de l'encéphale sont nor-
maux. La pie-mère est notablement congestionnée et
prend à la base un aspect blanchâtre. Il y a des adhérences
nombreuses entre les deux hémisphères du cerveau. Le cer-
veau (1145 gr.) s'affaisse dès l'ouverture du crâne et de la
dure-mère par le fait de l'écoulement de 970 grammes de
liquide hydrocéphalique.
CERVEAU. Hémisphère cérébral DROIT (550 grammes).
Face externe. Elle a l'aspect d'un ballon en caoutchouc
désenfle. La décortication est assez facile. Les scissures, les
sillons ont leur disposition naturelle mais ils sont peu pro-
fonds et les circonvolutions sont larges et étalées surtout à
la partie centrale du lobe frontal, au niveau de FA et de
PA, vers P1 et PC. (PL. 00) La fosse sylvicnne est large
et permet facilement de voir l'insula aussi très distendue.
Face interne. - Rien de bien particulier à noter sur Ft,
LP, LQ, C et le lobe tomporo-sphénoidal. Le corps calleux
CC (PL. 0) et sa circonvolution sont excessivement amincis
surtout au niveau du genou. Le ventricule latéral est très
dilaté. La pie-mère qui le tapisse est épaisse et fortement
vascularisée. - Les noyaux gris centraux, le pédoncule sont
fortement comprimés.
Hémisphère gauche (595 gr.) Il n'offre aucune différence
bien sensible avec l'hémisphère droit sauf un poids un peu
plus élevé. Les Planches IX et X permettent de se rendre
un compte très exact de l'état des circonvolutions et du degré
de dilatation du ventricule latéral.
Cervelet (HO gr.). Aspect normal si ce n'est la vascularisa-
lion et l'épaississement de la pie-mère qui le recouvre.
Le quatrième ventricule est légèrement dilaté, l'aqueduc de
Sylvius est complètement oblitéré. Aucune altération appa-
rente du bulbe et de la protubérance (20 gr.), ni de la moelle
upinière (40 gr.).
Thorax. Déformation rachitique en bréchet. - Cou :
corps thyroïde (15 gr.). Pas de trace de thymus. - Plèvres :
adhérences nombreuses paraissant de date récente et
nombreux tubercules à gauche. Adhérences plus rares et pas
de tubercules à droite. - Ganglions du médiastin engorgés ;
quelques-uns sont caséeux. - Poumon droit (125 gr.) presque
complètement indemne de tubercules sauf au niveau de son
bord inférieur où il existe un foyer caséeux de la grosseur
d'une noix avec trois autres petits foyers gros comme des
220 Hydrocéphalie ventriculaire.
pois. - Poumon gauche (155 gr.) assez congestionné dans
son lobe inférieur, nombreux foyers caséeux dans ce lobe
tandis que le lobe supérieur est indemne de tubercules. -
Rien de particulier au péricarde. - Coeur (110 gr.) sans
lésion organique apparente, pas de persistance du trou de
Botal.
Abdomen. Péritoine, rien d'anormal. L'estomac n'est pas
dilaté. - L' intestin-grêle est congestionné par place, mais
n'offre ni ulcérations, ni follicules clos engorgés, ni plaque
de Peyer tuméfiée. Rien de particulier au cæcum ni à son
appendice, ni au reste du gros intestin. - Foie (870 gr.)
gros, ayant subi une notable dégénérescence graisseuse.
Pas de calculs dans la vésicule biliaire. - Rate (70 gr.)
grosse, diffluente, se déchire très facilement. - Reins droit
et gauche (80 gr. chacun) congestionnés, pas de tubercules;
ils se décortiquent facilement. Les bassinets contiennent une
urine louche et puriforme. - Capsules surrénales, pancréas,
vessie, rien. Organes génitaux : Les ovaires sont de la gros-
seur d'une amande. L'utérus et ses annexes sont normaux.
Les muscles et les nerfs des membres inférieurs contrac-
turés et du membre supérieur droit également contracturés
ne permettent à l'oeil nu aucune constatation intéressante.
Cause de la mort : Cachexie progressive due à la tubercu-
lose pulmonaire. '
Poids des organes.
Hydrocéphalie. ? 21
Tableau des accès et des vertiges.
222 Hydrocéphalie.
Mesures des membres.
Hydrocéphalie. 223
vrysme problématique du grand-père maternel, ni
d'un coup de sang ( ? ) qui, à 68 ans, aurait emporté
l'arrière-grand-père maternel.
II. Trois points importants sont la variole de la
mère au cours de la grossesse, le vif chagrin res-
senti à la même époque par elle à la mort d'un de ses
enfants et enfin l'accouchement prématuré à 7 mois
qui fût indiscutablement la conséquence des incidents
antérieurs que nous venons de rappeler.
Fig. 14-
224 Hydrocéphalie ventriculaire.
III. La faiblesse congénitale de l'enfant qui ne
pesait qu'un kilogramme à la naissance doit être prise
en sérieuse considération. Notons toutefois que, durant
les six premiers mois, la tête de la fillette aurait été
normale. -
IV. A 6 mois convulsions suivies aussitôt d'aug-
mentation de volun2e du crâne. Ces convulsions se
multiplient de 6 à 18 mois, puis elles cessent mais la
tête a, depuis, continué à grossir.
V. Jusqu'à 8 ans pas de convulsions. A cet âge
Fig. 15.
Squelette crânien d'un hydrocéphale. 225
accès épileptiformes indiscutables se répétant depuis
jusqu'au nombre do 7 en 24 heures. L'hydrocéphalie
a pour conséquence une diplégie cérébrale avec
contractures, gâtisme, et idiotie complète.
VI. Un point intéressant encore à noter est la
précocité génésique : : la 11 donne une idée de son
développement. Dès neuf ans, la malade e8t réglée
et a tous les signes cle la puberté. Cependant rien au
point de vue héréditaire ne justifie ce fait.
VII. La caclle,\'ie p/'og/'c881re, la tuberculose lente
et torpide qui ont déterminé la mort de cette enfant,
il nutrition très ralentie, ne saurait nous surpren-
dre.
\-111. Rien cle bien saillant ne distingue son autopsie
de celle des autres hydrocéphales. Notons cependant
l'oblitération de l'aqueduc de Sylvius qui n'est pas
ordinairement constatée.
Nous avons eu t'occassion de voir dans le Musée
anatomo-pathologique de la Faculté de médecine de
Lyon, placé sous la direction de notre ami le prof.
Raymond Tripier, le squelette de la tête d'un hydro-
uép12n1e offrant une forme très rare. Le crâne, en
effet, ressemble a un chapeau de gendarme (Fig.
li et J ;)). M. le JJ" Paviot auquel nous devons les
photographies des ligures a bien voulu nous envoyer
les mensurations de la tête.
226 Hydrocéphalie' : ; forme DU CRANE.'
XVII. -
Vie sexuelle, mariage et descendance d'un épileptique ;
l'Ait 1101 UMOVII.I.E et POUf ? \ ! ).
L'histoire d'un épileptique, que nous allons raconter,
mérite l'attention du médecin, du législateur et de
tous ceux qui s'occupent, avec quelque conviction,
des questions d'assistance publique, c'est-il-dire d'un
côté très important de la question sociale.
Sommaire. - Père, rien de particulier. - Grand-père pater-
nel, excès de boisson. - Cousin germain paternel, excès
de boisson, aliéné à 26 ans. .
Mère, migraineuse, très nerveuse. - Frère, convulsions à
6 mois; intelligence médiocre. - Un cousin aliéné.
Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 9 arts (Père plus
âgé J..
Enfant normal jusqu'à 13 ans. - Céphalée de l'adolescence;
éblouissements. - Premier accès à hais. - Accès men-
suels ou bi-mensuels. Pas de déchéance intellectuelle
marquée pendant de nombreuses années.
Description du malade à l'entrée (janvier 1880). - Etat du
malade jusqu'à sa sortie (décembre 1880).
1881. Janvier. Fièvre typhoïde; suspension des accès du 18
décembre 1880 au 31 janvier.
1881. - Irascibilité : instabilité. - 1'raUlHatismes dans ses
accès. Engagement dans l'infanterie de marine, accès
arec excitation maniaque; réforme.
z ? . - 7>aumatismes divers dans ses crises. Phénomè-
nes proe et posl-épileptiques..
228 HISTOIRE CLINIQUE ET sociale d'un ÉPILEPTIQUE.
z1883. - Blennoi'1'hagie, paraphimosis, orchite. Pas de
manifestations syphilitiques ( ? ).
1885. - Rapports sexuels acec une fleuriste (avril 1884) :
Mariage en octobre. - Aucun accès pendant et aussitôt
Après le coït. - Description complète d'un accès.
1886-1893. - T1'awnatimI.Cs divers dans les accès. - Incon-
science consécutive. - Travail intermittent, renvoi des
aleliers, misère. : secours, insuffisants. Hémorrhagies
diverses. '
1394-1900. Marche de la maladie. Affaissement physi-
que et intellectuel progressif.
Huit enfants : détails sur chacun d'eux.
lllil.nh... (Jean) est né à Paris le 10 juin 1863. Il est entré
dans le service le 16 janvier 1880 (16 ans '/2) et en est sorti le
7 décembre de la même année.
Antécédents héréditaires. (Renseignements fournis par sa
mère le .28 janvier 1880). - Père, 45 ans, fort et bien por-
tant, a eu, étant garçou, une fluxion de poitrine; jamais de
migraines, de névralgies ou de maladie nerveuse, caractère
calme, non impressionnable, pas de syphilis, ni d'affections
cutanées, pas d'excès de boisson (1 [Son père, faisait de
fréquents excès de boisson attribués « aux mauvaises affaires».
- Sa mère, est morte très âgée de maladie inconnue. Deux
frères bien portants, ainsi que leurs dix enfants. - Pas d'a-
liénés, d'épileptiques, de difformes, etc., dans la famille.]
Mère, 36 ans, raccommodeusc, parait intelligente, s'avoue
lI'ès.-1w1'veuse, se met vite en colère, pleure aisément ; n'a pas
de syncopes ou d'attaques de nerfs, mais des migraines fré-
quentes, avant ou après ses règles : douleurs temporales-,
vomit parfois, cela dure un jour et disparaît après le sommeil ;
pas de syphilis, ni aucune autre maladie. Elle a eu le ver
solitaire il y a un an. C'est une femme brune, de bonne con-
formation. - [Son père, tué dans un éboulement, était bien
portant, sobre, mais assez nerveux. - Sa mère, morte à la
suite d'une couche, est restée alitée un an; était auparavant
(1) Il est mort en 1890 d'une bronchite ehrolli'1ue avec anasuriiuc (Note de
1900).
Antécédents. 229
d'une bonne santé. - Un frère, bien portant, a six ou sept
enfants, bien conformés, qui n'ont jamais eu de maladies ner-
veuses. - Dans le reste de la famille, on ne trouve aucune
tare héréditaire, ascendante ou collatérale]
Pas de consanguinité. Inégalité d'âge de neuf ans.
5 Enfants : 10 notre malade ; - '20 garçon de 15 ans, a ou
des convulsions de si il 10 mois; intelligence médiocre ; il a
pu cependant apprendre a lire, à écrire, à compter, et à aider
élans le métier d'ébéniste; - 3" garçon de 13 ans, apprenti
sculpteur sur bois; pas de convulsions, intelligent (1); - 4o
garçon mort à 17 mois, d'une maladie lente; sans convul-
sions; - b° fille, G ans, bien portante, intelligente, n'a jamais
eu de convulsions ('2),
Notre malade. Grossesse bonne, sans chagrins, sans aucun
accident. - 21(-coiii.lie)netit à terme et facile. - Allaité par
sa mère. - Marche a un an, parole vers 16 mois, propreté
vers un an. A l'école il apprenait bien, était médiocrement
nerveux, ne se mettait pas en colère, son caractère était
doux, affectueux. Variole il 6 mois, avant d'être vacciné;
il fùt vacciné à un an et à 2 ans sans succès; rougeole à 5
ans. On ne signale aucune autre affection. Gourmes.
A 13 ans, sans cause connue, il a eu des migraines ( ? ) : dou-
leurs de tète, à siège mal défini, puis vomissements bilieux;
la vue se brouillait, il lui semblait que tout était noir. Ces
accidents duraient en général 15 minutes et revenaient envi-
ron toutes les deux ou trois semaines. Auparavant, à la classe,
il était sujet il des éblouissements très courts qui le faisaient
écrire de travers. Ces accidents ont duré un an (de 13 à 14
ans). .
A 14 ans, étant à faire une commission, il est tombé dans la
rue La seconde crise a ou lieu trois ou quatre moi;; après.
L'enfant sa plaignait de souffrir de la tôle, on le fit coucher
et un peu après survint un accès : Rigidité générale ; mou-
vements de la tête; ronflement, écume à la bouche. Il revint
à lui au bout de deux à trois minutes. - Troisième accès, à
trois mois, et le quatrième à huit mois d'intervalle. Il ignore
absolument la cause de son premier accès.
A partir de 15 ans, les accès ont reparu et se sont rappro-
chés. Dans l'année qui a précédé son admission, il en avait
(1) Marié; un enfant mort de la cholérine en nourrice (Iid.)
(2) Relieuse, bonne santé, pas d'en'anrs, doit se marier prochainement (¡bill.)
230 Antécédents.
tous les huit jours, quelquefois davantage. Les accès sur-
viennent brusquement, sans qu'il prévienne. Pas de cri initial.
Convulsions toniques suivies de convulsions cloniques. Il
écume un peu, se mord légèrement la langue quelquefois. Il
n'urine jamais sous lui. l'as de folie consécutive, pas d'actes
désordonnés, pas de violences.
L'intelligence n'aurait pas changé. A la maison, il travail-
lait avec son père, ébéniste; il s2 montrait assez habile. Son
caractère s'est aigri, il devient irritable, mais pas violent. Il
s'est blessé 3 ou 4 fois il la tète dans ses accès.
Sommeil bon, en général, cependant l'enfant aurait tou-
jours beaucoup rêvé, mais ne serait pas sujet aux cauchemars;
le sommeil serait aujourd'hui ce qu'il était il y a 2 ou 3 ans ;
pas d'insomnies. Il est assez peureux et n'aime pas à faire des
commissions le soir. Il craint toujours qu'il n'y ait des gens
cachés dans les escaliers. Ni vers, ni onanisme, ni tics. -
La mère ne sait à quelle cause la maladie.
État actuel. - La tête est volumineuse, la région occipitale
est peu saillante, si peu saillante que lo plan du cou semble se
continuer directement avec la région occipitale. Le front est
peu élevé, déprimé sur les côtés. La bosse frontale gauche
parait plus saillante que la droite, ce qui tient a l'épaississe-
ment des téguments. Le reste de la face présente une confor-
mation normale et ou ne constate aucune asymétrie. Rien a
signaler aux organes des sens. Les dents sont normales dans
leur développement et dans leur forme. Notons seulement
que la voûte palatine est légèrement ogivale.
La conformation du cou, du thorax, de l'abdomen et des
membres, est bonne et normale. - La peau de la face est
couverte de cicatrices consécutives à la variole.
Puberté. - Quelques poils dans les aisselles. Poils très
abondants au pénil, en assez grande; quantité sur les jambes.
Testicules et verge bien développés.
17 juin. - Traitement : hydrothérapie depuis son arrivée;
école, gymnastique, atelier de menuiserie. Par moments, il
s'ennuyait. Depuis qu'il va aux douches, il est plus calme,
travaille un peu mieux. Il est à l'atelier de menuiserie depuis
le 30 janvier 1880 et a fait des progrès marqués.
2 septembre. - Il s'améliore notablement, il est plus
docile, travaille bien à la menuiserie et à l'école.
22 septembre. Il se tient assez convenablement il l'école
depuis un mois. Écrit correctement l'orthographe usuelle ;
sait bien ses quatre règles, mais ne s'applique guère. .
Histoire ca.mnpn : et sociale d'un épileptique. 231
11 novembre. - On ajoute à son traitement le bromure de
potassium, a la dose progressive de 1 il 6 grammes.
" décembre, - Sa mère, malgré nos conseils, le reprend
afin qu'il puisse aider son père qui est ébéniste. .
Depuis la lin de 1880 jusqu'en 1900, le malade est
revenu nous voir il noire consultation de Bicêtre', et
nous avons pu suivre assez régulièrement son histoire.
1881. '.i0 janvier. Munh... a eu un accèsle 18 décembre.
Il s'est alité le 20 décembre 1880 et ne s'est relevé qu'un
mois plus tard, le 2'c janvier par suite d'une fièvre typhoïde.
nans la période des prodromes, il a eu des peurs semblables
ia celle qu'il avait au commencement de sa maladie. Il
s'imaginait qu'il se; trouvait dans l'escalier noir de son
anciennne habitation, et que, comme autrefois, dans un
renfoncement, il croyait voir quelqu'un caché. Il n'a pas eu
un seul eecès depuis l'alitement jusqu'à ce jour, amaigris-
sement, anémie. Traitement : bromure de potassium, vin
de quinquina, sirop d'iodure de fer, bains.
28 avril. Il travaille assez bien à l'ébénisterie chez son
père. Il se met en colère et aurait été très désagréable
depuis un mois ; il n'écoutait aucune observation, il voulait
travailler dehors; il partit un jour pour chercher de l'ou-
vrage mais, n'en ayant pas trouvé, il est rentré le soir. Les
accès ont reparu : un le .'Il janvier,, un autre le 7 février
et un troisième lo 8 du même mois (voir le Tableau).
2t juillet. Caractère toujours irascible, plus qu'autrefois.
Il ne supporte; pas les observations, môme légères. Parfois,
il menace sa mère; dit qu'il va tout casser; cherche querelle
a ses frères. Dans un accès, le Il juillet, il s'est mordu la
langue, fortement contusionné le menton et les bosses fron-
tales. C'est la première fois depuis sa sortie qu'il s'est blessé.
Le bromure de potassium est remplacé par du bromure de
sodium.
30 août. Il a voulu de nouveau se placer chez un
ébéniste, sous prétexte qu'il serait mieux que chez son père.
A partir du 20 août, il prend de Vélixir polybromuré d'Yvon,
à dose augmentant progressivement d'une à quatre cuillerées
il soupe soit 12 gr. ; douches. Dans un accès le 3 août, il s'est
contusionné les paupières de l'oeil gauche.
18 octobre. Le 22 septembre, il partit pour s'engager à
Brest, dans l'infanterie de marine. Huit jours après son
arrivée, il eut un accès pendant l'exercice, puis un autre
2 : ! 2 Histoire clinique et sociale d'un épileptique.
suivi d'excilntion maniaque. 11 tut mis il l'hôpital où il resta -
deux mois et il fut renvoyé le 20 novembre. .
1882. 29 avril. Santé générale bonne, memoirs toujours '
la même, caractère irascible; pas de divagations. .'
26 juin Pas d'onanisme, constaté ou avoué. Quelques,
rapports sexuels, le dernier il y a (rois mois. :
a0 septembre. - Dans un accès le 29 juillet, il s'est contu-
sionné l'oreille gaucho et la pommette correspondante. la
suite des derniers accès, période d'excitation. Au lieu de
rester hébété, (le s'endormir, puis de se réveiller tranquille,
comme cela arrive d'ordinaire après ses accès, il divaguait
et prononçait des paroles sans suite; il délirait également .
dans ses actes, semblait chercher la fenêtre, sautait sur le
dossier du lit, renversait les meubles, les vases, etc.. Après
un accès le 7 septembre, ces troubles auraient duré deux
heures et demie environ. Consécutivement au dernier accès,
il aurait eu moins d'excitation, mais une heure après il sortit
avec ses frères, et il eut avec les agents de polim, une
altercation, à la suite de laquelle il fut conduit au poste,
comparut devant le commissaire, qui lui dressa procès-
verbal. Il ne parait pas se rendre compte des détails (le
l'événement. Depuis quelque temps, il est plus obéissant,
travaille bien.
13 novembre. - Après les accès, il est tranquille pendant
un quart d'heure, puis il devient violent, veut monter sur
les meubles, s'en aller. Il rit, reste hébété, parle d'une façon
incompréhensible. Dans son accès de ce matin, 13 novembre,
il est tombé dans une devanture de boutique, sans se blesser.
Il a conservé une pâleur très forte, avec altération des traits
et une douleur vive, dans la région frontale.
1883. 29 janvier. - Un accès le 5 janvier a été compliqué
d'accidents particuliers. Après avoir ou un accès avec les
symptômes ordinaires et avoir dormi un quart, d'heure envi-
ron, il s'est levé, a tourné autour de l'établi pendant une
dizaine de minutes, en prononçant des paroles inintelligibles.
Quand on l'a arrêté, il a résisté d'abord, mais bientôt a cédé.
- Depuis quelque temps, les accès sont suivis de fortes
douleurs de tète;, avec nausées et quelquefois vomissement ?
On a remarqué que la veille, et parfois l'avant-veille des accès,
la face est plus pâle et les traits plus tirés. .
5 mars. - Il se présente avec un ncoulement blennorrha-
gique, une orchite, un paraphimosis et des ulcérations.
Celles-ci ne paraissent pas de nature spécifique (ni alopécie,
Rapports sexuels' : accidents vénériens. 233
ni éruption, ni adénites, etc.). Il a eu des rapports vers la
mi-décembre avec une femme dans une maison publique.
.L'écoulement a paru le 10 janvier, le paraphimosis vers le 15
du même mois, l'on.hile le 28 février.
1885. 9 février. - Le malade ne s'est pas présenté depuis le
mois de mars 188 ? Il rapporte aujourd'hui ce qui s'est passé
pendant ce long intervalle. Comme nous le voyons dans le
tableau des accès, ceux-ci n'ont pas augmente; de nombre
dans le reste de l'année 18 : 1 (dix mois). Pendant l'année 1884,
ils auraient diminué de nombre. Aucune manifestation syphi-
litique.
Deux fois il s'est fait des fraumalismes sérieux. Dans un
accès (décembre 188 : ! ), plaie grave à l'angle externe de l'ceil
gauche, qui a produit une bride molle. Dans un accès (le 10
novembre) l'oreille gauche a été presque détachée. Pas de
difformité consécutive.
Organes génitaux, etc. - Moustaches d'un brun roux.
- Poils peu abondants au menton et aux joues. - Poils
frisés, chatain-roux, assez abonhants sur le pénil et les
bourses. - Testicules égaux, de la grosseur d'un oeuf de pi-
geon, le droit pendant plus que le gaucho. Verge développée,
gland déeouvrable, méat légèrement étroit.
Traitement. - Dans cet intervalle, Félixirpolybromuré fut
suspendu, il y a environ un an. Ensuite, il a pris du bromure
de potassium. Depuis le mois d'octobre 188'i, aucun traite-
ment. Depuis janvier 188'i, il ne travaille plus avec son père,
mais au dehors. Depuis deux mois, il est sans ouvrage.
Vie génitale. - Dans les premiers mois de -1883, il fit la
connaissance d'une fleuriste. Il eut avec elle des rapports
sexuels et ils vécurent ensemble maritalement à partir du
mois d'avril 1881. Ils se sont mariés le 4 octobre de la même
année. Il n'a jamais eu d'accès pendant ou après le coït.-
Tant qu'ils ont vécu séparés, ils couchaient ensemble une
fois par semaine. D'avril à octobre 1881, rapports sexuels
quotidiens et, après octobre, ralentissement : un voit tous
les deux ou ;i jours. Sa femme est accouchée, au commence-
ment de janvier, d'une fille. Elle l'a mis au monde au
huitième mois de sa grossesse. Il affirme que sa femme
le savait épileptique,
Puberté. - Fines moustaches, poils peu abondants au
menton et aux joues. - Poils frisés, châtain-roux, assez
231 Il Description d'un accès.
nombreux au pénil et -sur les bourses qui sont demi-pendantes.
Testicules égaux, de la grosseur d'un oeuf de pigeon, le droit
descendant plus bas que le gauche. Verge développée, gland
découvrable, méat légèrement étroit.
23 février. Munh... nous amène sa femme et son enfant.
Celui-ci est athrepsique à un haut degré et ne pèse que 1.630
grammes (1). Au cours de de cette visite il est pris d'un accès.
Description de l'accès. - Le malade était debout. Tout à
coup il tourne la tète vers son épaule droite et pousse un cri
étouffé. Sa femme, qui s'aperçoit de l'imminence de l'accès,
nous prévient. On le couche.
Période tonique. - Face pâle, immobile, yeux convulsés
en haut, le bras droit est en demi-flexion, la main droite est
restée dans la poche du paletot. Le bras gauche est allongé
le long du corps. La rigidité est la même des deux côtés.
Les membres inférieurs sont rigides également et dans
l'extension. Au bout d'une trentaine de secondes, secousses
tétaniformes de plus en plus prononcées de la face et des
membres pendant quarante cinq secondes. Pondant cette
phase tétaniforme, la face devient de plus en plus rouge.
Période clonique. - Secousses cloniques assez étendues
des quatre membres, égales des doux côtés. Elles durent
environ quinze secondes. La rougeur de la face est rempla-
cée par une coloration bleu plombé très marquée.
Période de stertor. - Ronflement, écume, face plombée,
lèvres noires, décomposition des traits. Cette période dure
une vingtaine de minutes. Le corps est en résolution com-
plète. Le malade s'endort pendant dix minutes. Durant la
période clonique, les pupilles, étaient légèrement dilatées.
Elles se sont dilatées davantage et même il un degré très
accusé, durant la période (le stertor. Au bout do dix minu-
tes, le malade se relève; il est pâle, hébété et ne se rend pas
compte de ce qui est arrivé. est courbaturé. Pas de
morsure à la langue. Pas de miction involontaire. Il ne
prévient jamais.
La femme de notre malade connaissait la famille de son
mari depuis trois ans. Elle est orpheline. Elle est brune, de
physionomie assez agréable, intelligente, n'a pas l'air d'une
(1) Elle est morte à l'Age de si semaines.
VIE sexuelle : traumatisme, etc. 235
coureuse. L'iris gaucho (t) offre élans sa moitié inférieure
quatre petites taches pigmentaires brunes. Elle savait que
son mari tombait. Jamais il n'a eu d'accès pendant les rap-
ports sexuels. Il est très affectueux pour elle. Elle ne se
plaint que d'une chose, c'est qu'il a toujours la mante de
faire des chansons sur toutes sortes de sujets. (Ses premiè
res chansons ont été faites il Ifi ans).
10 août. - Mun... est sans travail depuis plusieurs mois;
il est venu s'en plaindre au mois d'avril et de juillet. Dans
son dernier accès, après six semaines de repos, il s'est fait
au menton une plaie qui a saigné beaucoup, mesurant : f
centimètres de longueur. Il s'est mordu la langue qui
présente une plaie sinueuse de 2 centimètres de long. De
plus, il aurait eu un écoulement de sang abondant, par les
deux oreilles. Il dit entendre moins bien à gauche. Il ne
distingue pas le tic-tac d'une montre.
le, octobre. - Sa femme a fait une fausse couche de 2 mois
et demi, le 28 août. Elle nous répète que son mari est très
affectueux pour elle, pour ses parents, pour tout le monde
et que jamais il n'a eu d'accès pendant ou après le coït
auquel il est maintenant moins enclin ; il s'en passe quel-
quefois pendant une semaine. (Dans les premiers temps du
mariage, il avait souvent des rapports avec elle 3 fois par
jour : « il quittait l'atelier, dans la journée, pour venir me
trouver et quand je le pouvais j'allais me cacher pour les
éviter. »)
1886. ter février. - Sa femme a été malade et alitée au
mois de décembre 1885. On craint qu'elle ne soit phtisique
car plusieurs de ses parents l'ont été. Elle est remise mais ne
travaille pas.
25 mars. - Il avait trouvé de l'ouvrage depuis 3 jours. Un
accès survient, on le remercie immédiatement et on ne lui
paye que la moitié de son travail. Il conte que sa femme
aurait eu il la suite de contrariétés, trois syncopes complètes;
l'une a duré près d'une lieure.
29 avril. - Dans le dernier accès, il s'est fait une contusion
violente à l'oeil et il la bosse frontale du côté droit. En allant
livrer son travail à un client, il a eu un accès, et on l'a prié
de ne plus revenir. Il n'a jamais remarqué de rapports entre
ses accès et ses rapprochements avec sa femme.
il ! Les iris sont d'iule couleur marron clair.
23< ! Travail intermittent, misère.
19 août. - Le 30 juillet, il eut un accès devant le cirque.
On l'a conduit au poste de secours voisin. Cet accès, ou
mieux, cette série d'accès, aurait duré plus de 2 heures. En
revenant à lui il ne pouvait parler. Comme il n'avait pas de
papiers sur lui, on l'a envoyé au dépôt. Jamais il n'aurait eu
d'accès analogues et jamais il n'aurait été si longtemps,
avant de revenir à lui. Il se sentait menacé d'un accès; il lui
semblait, qu'il ne savait plus où il était, il continuait son
chemin automatiquement. Quelquefois cette sensation durai !
cinq minutes. Il n'en a pas parlé, dans la crainte d'effrayer
sa mère et sa femme.
Il nous annonce qu'un cousin germain du côté paternel,
est devenu aliéné, à l'âge de 26 ans. Il a été enfermé à l'asile
Clinique, puis transféré à et, de là dans un asile
du Luxembourg. Il faisait îles excès de boisson. se plainl
déjà. gène qui règne dans sa famille.
14 décembre. - Après son dernier accès, il a eu une
période d'excitation qui a duré plus d'une heure. Il voulait
se jeter par la fenêtre. Il aurait prononcé des paroles qu'on
ne lui a pas répétées. Sa femme est encore sur le point
d'accoucher. Il se plaint de la misère qui le menace et
sollicite un secours mensuel; il est sans ouvrage.
1887. 10 février. - Sa femme est accouchée le 24 décembre.
Le malade avait trouvé de l'ouvrage le 7 février. Il est allé
prendre son travail à 7 heures; il 10 heures, il eut un accès
et fut renvoyé, (trace il des recommandations réitérées, il a
obtenu un secours de 2.') francs.
21 février. - L'administration du bureau de bienfaisance
auquel il s'est adressé, lui a répondu que sa maladie ne
l'empêchait pas de travailler, au moins chez lui. Mais pour
cela il faut « un grand logement et des outils ». Sa femme
consacre tout son temps il son enfant. Son père ne travaille
que d'une façon intermittente. Sa mère garde un enfant. Son
frère (22 ans) bien portant, peu intelligent, gagne 2 francs
par jour, qu'il rapporte à la maison.
28 mars. - Dans son dernier accès, il s'est fait une plaie ;'1
la lèvre supérieure et quelques contusions au menton.
25 juillet. - Son enfant est mort d'une rougeole, proba-
hlement compliquée de broncho-pneumonie, sans nouvelles
convulsions. - Lui-même a eau un accès le lendemain de
l'enterrement. - Sa femme, le; jour de l'enterrement, paraît
avoir eu une hallucination : Tout d'un coup elle s'est imaginée
que les croque-morts montaient. « Voilà les croque-morts
TJ\VAIL intermittent, misère. 237
qui montent, ils veulent me prendre le petit. » C'était une
hallucination, car les croque-morts ne sont arrivés qu'un
quart-d'heure après. Elle s'est mise il rire en même temps
aux éclats ; ses yeux sont restés égarés, fixes. Elle a suivi
le convoi et n'a commencé à parler qu'aux fortifications. -
Jusqu'au 22, rien de particulier. - Le 22 juillet elle est entrée
chez sa belle-mère : « Croyez-vous, ils veulent encore me
reprendre mon enfant. » Pas de rire, pas de pleurs, mutisme
pendant : 3 heures, yeux hagards. Rien du 22 au 24,
c'est-à-dire hier au soir. - Eu rentrant de se promener avec
son mari à 9 heures, sans rien dire, elle t'est mise il regarder
fixement sans répondre ; durée : 3 minutes. Nous la voyons
il la visite : physionomie naturelle, un peu anémique. Elle se
plaint de douleurs de tète fronto-pariétales durant quelque-
fois toute la journée avec paroxysmes. Digestions un peu
laborieuses; pas (1(, crampe d'estomac; constipation. Les
règles ne sont pas revenues. l'as de douleurs de ce genre
avant la mort de son enfant. - Sommeil mauvais ; se réveille
au moins bruit. En ce qui concerne ses crises, elle sent,
dit-elle, qu'il lui est arrivé quelque chose, m lis elle ne se
souvient plus.
17 bien conservée. Il ne travaille
plus, depuis quatre semaines; chaque fois qu'il se place, il
est renvoyé a cause de ses accès. Sa femme ne travaille plus.
La famille est toujours, souvent du moins, dans le dénument;
aujourd'hui encore, il écrit au directeur de l'Assistance
publique pour solliciter un secours.
1888. 26 avril. - Sa femme; est de nouveau enceinte. Il a
eu, dans ces derniers six mois, un secours de 20 francs et
rien autre chose. On a refusé de l'inscrire au bureau de
bienfaisance, sous prétexte que sa maladie ne l'empêche pas
de travailler. Les derniers accès ont été plus violents.
;30 mai. - Sa femme; est enceinte de G mois 1/2. Elle no tra·
vaille pas. Son père, malade, est alité depuis trois semaines.
Lui-même ne travaille pas régulièrement à cause de son mal.
Il demande des secours pour subvenir aux besoins de sa
famille.
4 juillet. - Dans sou dernier accès, ce matin à 6 heures,
il s'est fortement contusionné le poignet et la tête. Au
moment où nous le voyons, il se ressent encore de son accès.
Les traits sont décomposés; il a des petits mouvements
convulsifs dans la face et des secousses dans les membres.
Il a reçu un secours de 20 francs, mais il n'a pu se faire
238 Misère, assistance Insuffisante.
inscrire au bureau de bienfaisance parce que le certificat du
médecin, bien que constatant l'existence de l'épilepsie, ne la
disait pas incurable. Il est encore sans occupation. Sa femme,
enceinte de huit mois, ne travaille pas.
9 août. - Dans son dernier accès, il a uriné sous lui, ce
qui ne lui est arrivé antérieurement qu'une seule fois; il
assure n'avoir jamais eu d'évacuation spermatique. Il a été
très long à se remettre, près de deux heures, dit-il. Il ne
pouvait répondre' aux questions. Dans ses accès antérieurs,
tout était fini au bout de cinq minutes. Il assure que sa
mémoire ne diminue pas ( ? ).
Il octobre. - La mère de Mun... affirme que la mémoire
de notre malade ne diminue; pas sensiblement. Il est, dit-elle,
un peu irritable avant les accès, mais, en dehors d'eux, il ne
présente rien d'anormal. Le bureau de bienfaisance lui donne
5 francs par mois.
13 décembre. Les deux derniers accès ont été précédés
cle phénomènes particuliers. Etant aux cabinets, il a eu une
sensation de malaise, il lui semblait être clans un brouillard :
o ça devenait noir il lui semblait que tout tournait, les oreilles
lui bourdonnaient. Ces sensations ont duré cinq minutes ; il
a eu le temps de s'habiller et de remonter deux étages. Ces
phénomènes, qui ressemblent à des vertiges, se présentent
isolément quelquefois, sans être suivis d'accès, environ deux
ou trois fois par mois. Ils ont débuté il y a environ un an. Il
se plaint encore de l'impossibilité dans laquelle il est de sub-
venir aux besoins de sa famille et d'être il bout de ressources.
Il récrimine contre la maladie « qui l'oblige il tendre la
main ». Il n'a, dit-il, cette' année, travaillé que pendant Si
jours. Il a essayé de faire des chansons, mais cela ne l'a pas
enrichi. Ces chansons dont nous possédons de nombreux
spécimens, montrent que notre malade a une intelligence au
moins égale à la moyenne. Il réclame encore un secours.
Sa vie est misérable.
1889. il juin. - Les accès sont devenus plus graves : « il
crie presque tout le temps « que dure l'accès, alors qu'autre-
fois il ne poussait qu'un cri, au début; naguère il avait eu
rarement des convulsions cloniques, il en a maintenant des
deux côtés du corps. A son avant-dernier accès sa ligure était
« comme frappée d'un coup de sang » ; il avait sur les joues
des raies violacées. Cela a duré deux jours. Sa mémoire ne
varie pas plus qu'autrefois. Son irascibilité est grande, sur-
tout avant les crises ; clans ces moments-là il ne faut rien lui
Misère, assistance insuffisante. 239
dire. - Il est très porté aux rapports sexuels, mais sa femme
le met il la ration de deux coïts par semaine. Pas d'accès
pendant ou après le coït. Pas d'onanisme.
12 septembre. - Dans un accès il a failli tomber par la
fenêtre sur laquelle il était penché; sans sa femme qui l'a
retenu, il était tué. a J'aurais, dit-il, été bien débarrassé. » Il a
eu de l'ouvrage pendant 15 jours, avant le 24 août, mais depuis
cette époque, il n'en a plus. La misère est chez lui. Il dépeint
ses malheurs dans une lettre qu'il nous a adressée : « A bout
de ressources, je m'adresse iL vous, pour que vous me fassiez
entrer à Bicêtre'. C'est la seule porte qui me soit ouverte.
C'est la première fois que la misère me frappe si cruellement.
Je suis en ce moment surchargé de dettes de toutes sortes,
que je devrai payer il courte échéance. Ce n'est peut-être pas
la misère seule qui me pousse il cet acte de désespoir, mais
ma femme se fatigue de cette situation, qui cause de fré-
([lLel1les scènes d'intérieur. J'ai eu trois accès coup sur coup,
la semaine dernière. Jamais ils n'avaient été aussi fréquents,
ni aussi forts. » .
Puberté. - Moustaches fournies de poils roux assez durs ;
poils peu abondants au niveau des favoris, plus abondants
au menton et à la région maxillaire. - Poitrine et abdomen
glabres. - Quelques poils seulement, très petits et fins sur
la ligue; blanche, entre l'ombilic et le srcotum. Poils sous
les aisselles. Quelques poils sur la face postérieure- des
avant-bras, assez nombreux aux lombes. Sur le pénil, poils
longs' bouclés, abondants, s'étendant en haut, en forme de
triangle jusqu'à l'ombilic et se terminant dans les aines. -
Poils au périnée et à l'anus, assez abondants. Les cuisses
sont couvertes de poils Les doux, testicules sont égaux, de
la dimension d'un oeuf de pigeon. Sur les bourses, poils longs.
Verge, longueur I cent. 1 circonférence 8 cent. 1.2, Méat
normal. 1.
1890. 17 avril. - Depuis son dernier accès, le l't avril, le
malade se trouve comme en léthargie. » Il se dit engourdi,
il ne voit pas ce qui se passe autour de lui, ne se souvient
de rien.
12 juillet. Après sa demande d'entrée à Bicêtre il a
trouvé du travail. D'avril à,juillet son salaire a été suffisant
pour qu'il n'ait pas eu besoin de faire des demandes de
secours. Le' moral est meilleur pendant cette période.
9 novembre. Les choses ont change : depuis deux mois,
plus de travail. Ces dix derniers jours cependant il travaille
540 Diminution de la mémoire.
et gagne 12 it 15 francs par semaine, ce qui est insuffisant.
Sa femme doit accoucher dans deux ou trois jouis. C'est
encore la misère. Il demande qu'on vienne à son aide.
20 )t0).'e)))b7'e. - Sa situation, dit-il dans une lettre, est
plus triste encore. Sa femme qui n'a pas eu le temps d'aller
à l'hôpital, est accouchée chez elle, seule, sans l'aide d'une
sage-femme. Celle-ci n'arriva qu'une demi-heure après la
venue de l'enfant. Il demande des secours.
1891. 13 avril. - Depuis le 18 mars, il travaille clans la
même maison ; on le sait épileptique, mais on le garde cepen-
dant. On se; contente de le payer moins cher que les autres
ouvriers, 15 francs par semaine.
5 octobre. - A la suite du dernier accès, il aurait eu la vue
troublée; il avait « comme un brouillard devant les yeux. »
De plus, il dit avoir perdu du sang par la bouche et par les
oreilles et en grande quantité. Ces lii;ntorrlta;riei n'auraient
point été dues à la chute, car il ne s'était pas fait de mal en
tombant. Cet accès n'avait pas été plus long que d'habitude.
Il est revenu à lui une demi-heure après être tombé. Il ne
parait plus exister de troubles de la vue, car notre malade'
peut bien lire, et voit l'heure à huit mètres. 11 est sans
ouvrage depuis un mois. Il dit avoir été renvoyé de la maison
où il travaillait à la suite d'une pétition des locataires, qui
se prétendaient gênés par ses cris, au moment des accès.
1892. 18 février. - Le dernier accès aurait été violent.
Quatre heures de coma. Il croit n'avoir eu qu'un seul accès.
( ? ) Pendant une longue rémission, d'octobre à février, il a pu
travailler régulièrement chez le même patron. Il gagnait
22 francs par semaine. A la suite d'un accès, le 7 février,
il fut renvoyé immédiatement. Il retombe dans la misère
quelques jours après et revient supplier qu'on lui donne le
moyen d'obtenir des secours.
18 ! 13. 17 février. Sa femme vient d'accoucher le 16
février, d'une petite fille; ses deux autres enfants sont mala-
des ; lui-même ne travaille pas depuis le 28 janvier. C'est
encore le dénùment, la misère menaçante ; il demande qu'on
lui vienne en aide.
23 mars. - Il ne travaille pas d'une façon régulière, depuis
le mois de janvier. Il dit que sa mémoire diminue de plus en
plus « aussi bien pour son travail que pour autre chose. "
1895. 30 mai. Le malade a perdu la liste de ses accès et
Déchéance physique et intellectuelle. : il
ne peut nous renseigner sur leur nombre, en 1894. Depuis
le 1." janvier, cependant, il a eu un accès par mois, excepté
en mai. Il urine rarement sous lui, pas d'évacuation spernta-
tique, pas de défécation, au moment des accès. Il constate
que sa mémoire diminue. Il est sans travail depuis 15 jours.
Il a travaillé pendant quelque temps chez un ébéniste de
ses amis, qui le gardait malgré ses accès. 11 a actuellement
quatre enfants.
Puberté. Moustaches assez fournies : poils d'un brun-
roux peu abondants sur les joues (cicatrices de variole).
Thorax absolument glabre. Poils fins sur les aisselles.
Le pénil est couvert de poils noirs, frisés, courts, remontant
vers l'ombilic, envahissant la face interne des cuisses,
s'étendant sur la région périnéale jusqu'à l'anus. - Verge :
longueur, 10 centimètres; circonférence, 10 cent, 5. Testi-
cules égaux, de la grosseur d'un oeuf de pigeon.
1896. 25 juin. - Il ne travaille que d'une façon intermit-
tente, il ne fait que « des bricoles. » Dans un accès récent,
l'oreille droite est restée sourde pendant quelques jours. Il a
des névralgies dans la moitié gauche de la tête, surtout au-
tour de l'oreille. La mémoire baisse. Il avoue qu'il ne sait
plus s'il a 7 ou 1(1 francs au bureau de bienfaisance. Sa face
est pâle et plus maigre que d'habitude. Il se plaint de la
misère et demande des secours.
17 décembre. Dans son dernier accès (8 décembre) il
s'est fait une plaie au visage, à la lèvre inférieure et à la
main. Il s'était déjà fortement blessé le menton en janvier.
1897. 25 novembre, - Il revient pour demander un secours.
Sa femme est accouchée en novembre. Il a eu un accès en
allant chercher la sage-femme. Dans son accès il oublia sa
commission, revint chez lui. et sa femme étendue
par terre et l'enfant entre les jambes de la mère.
1898. Il s'occupe il travailler quelques heures chez un
tonnelier qui demeure en face de chez lui. D'autres fois il fait
des commissions au marché, sert de témoins aux mairies, fait
un tas de bricoles qui rapportent dix sous par ci par la.
1899. Mars. - Sa femme vient nous voir. Elle dit que son
mari devient méchant, qu'il essaye de la battre. Il est parfois
excité il la suite de ses crises. Il a maigri, il se voûte et
Bourneville, Bicêtre. 1899. 16
Tableau des accès et des vertiges.
2H il Déchéance physique et intellectuelle.
s'affaisse sur lui-même. Il a chargé sa femme de nous informer
qu'il ne pouvait plus avoir de rapports sexuels avec elle.
1900. Mars. En octobredernier, altantporter une demande
de secours il l'assistance publique, il a été pris d'un accès et a
dégringolé l'escalier, d'où longue plaie de l'oeil gauche, avec
écoulement abondant de sang. On l'a envoyé à 1'IIÚtc ! -Dieu
où on a pratiqué plusieurs points de suture. Il est retourné
à l'Assistance publique, on lui a mis cinq francs dans son
porte-monnaie. A son retour chez lui, il a été tout étonné
cle trouver ces cinq francs. - Il travaille actuellement, mais
il touche 20 fr. <luaud les autres en reçoivent 50. Il continue
à faire des chansons, toutefois il dit qui; sa mémoire baisse
sensiblement. De temps en temps, il se décourage, refuse de
se soigner et ne veut plus marquer ses accès. Physiquement,
il amaigri et se voûte. La face est très pâle et présente
de nombreuses cicatrices dues aux chutes convulsives :
Grande cicatrice de 5 cent, de long siégeant sur la bosse
frontale gaucho ; une autre aussi longue entamant la queue
du sourcil gauche. A droite deux cicatrices plus pe-
tites au niveau du sourcil droit; une de chaque côté àt la
région malaire. - Le lobule du nez est coupe par une cica-
trice. Cicatrice de 2 cent. sur la lèvre supérieure ; une autre
sur l'inférieure. - Le menton porte quelques petites cicatrices
et une de 3 ou 4 cent, occupant tout son bord inférieur. Il
manque au malade les quatre incisives supérieures cassées
dans une chute. Enfin signalons quelques petites cicatrices
aux mains, traces des érallures qu'il se fait en tombant.
1900. 15 mars. Cinq accès depuis le 1« janvier. Le 8 mars,
dans l'atelier où il travaille, il a eu un accès suivi de folie.
Après la crise, comme il voulait jeter ses outils dans le feu,
son patron voulut s'y opposer. Alors il tourna sa fureur con-
tre celui-ci et voulait le jeter également dans le feu. Un agent
de police requis et aidé des ouvriers do l'atelier l'ont conduit
il l'hôpital St Antoine. Durant le trajet, il parla continuelle-
ment d'une façon inintelligible. Cotte période de manie épi-
leplique persista de 10 heures du matin il une heure de
l'après midi.
Sa femme nous assure qu'il est devenu plus sombre depuis
cet accident. D'habitude, après ses accès, il cause d'une
manière incompréhensible mais c'est la première fois qu'il a
un accès de folie aussi grave. Par périodes, il est impuissant
Descendance. 2g
et il en reporte la faute sur sa femme (I) ; dans d'autres, il a
des rapports deux ou trois fois par jour.
Tableau du poids et de la taille (2).
24G Descendance.
miers mois ses yeux tournaient souvent, et plusieurs fois par
jour. Ces accidents ont cessé.
1889. 24 jamier. - L'enfant a des colères accompagnées
de tremblement dans lesquelles il devient tout bleu. Pas de
cauchemars; sommeil bon.
1890. 16 januiei·. - L'enfant est bien portant. Il a douze
dents, commence à parler. La fontanelle antérieure présente
encore un centimètre sur deux centimètres.
1893. 23 mars. L'enfant, en bon état, apprend très-bien
à l'école.
1895. 30 mal. - Intelligent, bonne santé; pas de I roubles
nerveux à signaler.
1896. 17 décembre. Très-intelligent; assez coléreux, peu
obéissant.
1897. 15 mvril. - Aspect intelligent et éveillé. Il va il l'école,
apprend bien et s'intéresse il ses études. Mais il est nerveux
et turbulent, il ne reste jamais immobile. Il se met facilement
en colère. La nuit il se lève tout endormi sur son lit. Sa mère
est obligée de le recoucher. Jamais il ne s'est promené pen-
dant son sommeil, dans l'appartement. Son maitre d'école est
très content de lui, au point de vue des progrès accomplis et
du travail, mais il se plaint de sa turbulence, qui distrait les
autres enfants.
1898. 3 février. Il continue à faire des progrès.
1899. Mars. - Intelligent, mais très-nerveux.
1900. Mat. - Il a eu son certificat d'études rail dernier.
Toujours turbulent et peu obéissant. ? 0 Mun ? (Blanche), née le 3 novembre 1890.
1892. 16 février. - Elle a eu des convulsions à 3 semaines
d'intervalles, la dernière le 9 février; durée d'un quart
d'heure chaque fois.
1893. 23 mars. Elle a eu des convulsions qui ont duré
3 ? d'heure. Tout le corps était raide ; les jambes seules
remuaient. Elle se serait réveillée la nuit en disant que son
lit marchait, s'envolait ; elle a repris connaissance hier à midi,
mais elle a encore des secousses.
13 avril. - De temps en temps, quand on lui parle, ses yeux
deviennent fixes, et elle ne répond pas. Elle reste ainsi deux
ou trois minutes. Elle a l'air étrangère il tout ce qui se passe.
Quand cet état cesse, elle pousse un soupir et tout est fini.
Elle se plaint de la tête quelquefois. Quand on la couche elle
a peur, il faut lui couvrir la figure. Elle n'a pas eu de grands
accès, autres que celui qui nous a été signalé le 23 mars. Deux
Descendance. 247
heures avant ses grandes convulsions, au moment du lever,
elle aurait eu une hallucination de la vue : « elle voyait un
loup sur la table». Depuis, elle ne veut plus rester seule :
« Le loup va venir » dit-elle. Après ces convulsions elle avait
peur de tomber et disait que son lit descendait. Sa figure est
très éveillée, intelligente, la parole facile.
15 juin. - L'enfant est morte à l'hôpital Trousseau le 3 juin,
du croup, après trachéotomie.
Gaz Mun... (Marthe), née le 16 février 1893.
1895. 30 mat. - L'enfant est bien portante et n'a eu aucun
trouble nerveux.
18896. 17 décembre. Elle se porte bien. Elle a un peu de
bronchite. Pas de convulsions. Elle ne paraît pas nerveuse.
1897. 14 avril. Santé excellente. L'enfant n'est pas
nerveuse. Elle se comporte comme une enfant absolument
normale. Quelques colères cependant de temps en temps.
1899. Mars. Elle nous est amenée par sa mère, elle est
âgée de 6 ans, brune, physionomie intelligente. Elle n'a
jamais eu de convulsions. Elle n'est pas nerveuse.
17 août. - La mère amène la fillette parce qu'elle a des
terreurs nocturnes. Elle se plaint un peu de la tête ; joue
moins ; se réveille la nuit, fait des « sauts de carpe » dans son
lit. Elle appelle sa mère et lui dit : « tiens-ntoi, je vais tomber. y
1900. Mat. - Elle n'a pas de cauchemars, est très douce,
caressante mais n'apprend pas très bien « car elle est trop
joueuse », dit sa mère.
7° Renée, morte à un an de cholérine ; pas de convulsions.
8° Mun... (Jeanne), née le 6 octobre 1897.
Cette enfant nous fut amenée à 9 mois, dans un état de
faiblesse extrême avec des symptômes de bronchite. Elle
mourait deux mois plus tard, par athrepsie et aggravation
des lésions pulmonaires. Pas de convulsions.
La femme de Mun... est de nouveau enceinte et va pro-
chainement accoucher.
Réflexions. - I. L'hérédité est relativement peu
chargée. Dans la famille paternelle, nous avons à
mentionner les excès de boissons du grand'père et
d'un cousin qui, à la suite, est devenu aliéné et, clans
248 8 Marche et complications de l'épilepsie.
la famille maternelle, la nervosité et les migraines
de la mère. Un frère du malade est arriéré.
II. lIun.... se serait développé régulièrement, sans
aucun accident nerveux jusqu'à l'âge de 13 ans et
était considéré comme un enfant intelligent et tout-
à-fait normal.
III. Dans sa treizième année, surviennent des
éblouissements, puis la céphalée des adolescents.
Au bout d'un an, éclate dans la rue, sans cause appré-
ciable, le premier accès, suivi d'un second trois mois
plus tard. De 15 à 16 ans les accès se rapprochent et
deviennent hebdomadaires et le caractère, jusque la
doux, devient irritable. Alors on se décide à le placer.
Pendant son séjour dans le service il a 23 accès.
Malgré nos conseils, sa famille le retire. Ainsi que
nous l'avons dit, il est revenu nous voir jusqu'en 1900,
à des époques irrégulières, et nous a fourni des ren-
seignements intéressants sur la marche de son mal.
Le tableau des accès (p. 242 et 243), quoique incom-
plet, pour les raisons que nous avons données, est
très intéressant. Pendant longtemps, les accès ne se
sont pas compliqués de troubles intellectuels graves,
si ce n'est que peu à peu le retour it la connaissance
s'est effectué avec plus de lenteur (1888). Puis, les
accès ont été précédés de phénomènes particuliers,
variables (1888-1900), accompagnés de cris, d'incon-
tinence d'urine, compliqués de traumatismes et d'hé-
morrhagies, suivis d'aphasie transitoire, de secous-
ses, d'altération profonde des traits, de périodes d'ex-
citation maniaque, parfois violente.
IV. Pendant une fièvre typhoïde, les accès ont été
suspendus : c'est la règle. A ce propos, nous devons
rappeler la thèse de M. Séglas faite dans notre ser-
vice en 1880 : De l'influence des maladies interC1l1'-
Marche ET -complications DE l'épilepsie. 2t9
rentes sur la marche de l'épilepsie. Dans des cas
malheureusement trop rares, la rémission occasion-
née par la fièvre typhoïde se continue et le malade
guérit autant que peut guérir un épilcptique.
V. Les accès ont été l'occasion de nombreux /)'au-
matisses, souvent compliqués d'hémorragies.
a) Parmi les traumatismes nous signalerons : des
contusions de l'oreille et de la pommette du côté gau-
che ; - des plaies graves de l'angle externe de l'oeil
et de l'oreille du même côté, ou de l'oreille et du
menton ; - contusions de l'oeil et du front à droite ;
plaies de la lèvre supérieure et du menton ;
morsures profondes de la langue ; contusions du
poignet, de la main et de la tête ; - surdité et névral-
gies temporaires. Nous devons dire que phez Munh...,
de même que chez les épileptiques, en général, ces
traumatismes guérissent vite. (Voir p. 244).
b) Ces traumatismes se sont accompagnés d'hémor-
ragies multiples : ecchymoses des paupières et
des conjonctives oculaires ; - suffusions sanguines
persistantes du visage; hémorrhagies des oreilles,
de la bouche, etc. Dans certains cas, on aurait pu
croire à une fracture de la base du crâne, mais le
retour complet à l'état antérieur doit faire écarter
cette hypothèse. Ces hémorrhagies ne sont pas rares
chez les épileptiques, sans compter des sugillations
limitées il la face, au cou ou étendues à une partie
plus ou moins considérable do la surface cutanée.
Jusqu'ici les vertiges ont été très éloignés. Il est à
craindre qu'ils ne deviennent fréquents et alors la
tendance à la déchéance, que nous avons signalée,
aboutirait sans doute promptement il, la démence
épileptique.
VI. Tout indique qu'il s'agit ici d'un cas type de ce
qu'on désigne d'habitude sous le nom (l'épilepsie
250 VIE sexuelle ET descendance
idiopathique, avec sa marche classique. Si les
accès n'ont pas augmenté notablement de fréquence,
le caractère épileptique du malade s'est de plus en
plus accusé : irascibilité croissante, hypochondrie,
tristesse, découragement, plaintes, récriminations,
désir de la mort, etc. La nutrition générale s'opère
moins bien. La dénutrition se traduit par de l'amai-
grisement et un affaiblissement qui détermine une
inclinaison du corps en avant : M... se voûte, comme
il dit; delà l'abaissement de la taille de 1 ? 13 àrlm,71.
Le faciès est tout il fait caractéristique par l'expression
de la physionomie (hébétude, regard sombre et dur)
et par de nombreuses cicatrices. Notons enfin une
diminution des facultés intellectuelles, entre autres
et surtout de la mémoire, et la diminution de la
puissance génitale.
VII. Si les femmes épileptiques ne sont pas, d'ordi-
naire, très portées aux rapports sexuels, no les
recherchent pas et ! le plus souvent les subissent,
parfois môme sans plaisir, il nc semble pas toujours
en être de même des hommes épileptiques. L'appé-
tence sexuelle semble avoir été très prononcée chez
notre malade. Sa femme et lui-même a confirmé
ses dires - s'efforçait de le rationner ou même se
cachait pour se soustraire à ses désirs. Tous deux
s'accordent pour affirmer qu'il ne s'est pas produit
d'accès pendant ou aussitôt après le coït.
Nous avons raconte que, avant le mariage, il avait
eu des rapports avec une fille publique, suivis d'acci-
dents vénériens; mais il ne parait pas avoir eu la
syphilis. Nous n'en avons jamais observé de manifes-
tations et, d'autre part, sa femme n'a pas eu d'infection
ni de fausses couches répétées.
VIII. La descendance de cet épileptique comprend
huit enfants et une grossesse on cours. Toutes les
' Mariage DES épileptiques. 251
circonstances semblent indiquer qu'il n'y a pas eu
d'interposition et qu'il en est bien le père. Deux sont
morts d'athrepsie et une de cholérinc sans convulsions.
- L'un d'eux (4°) est : très nerveux, sujet à des colères
violentes, a eu quelques accidents rnnvulsifs légers,
limités aux yeux, ct des troubles du sommeil : il est,
d'ailleurs, intelligent. - Un autre (5°) a eu des
convulsions iL trois reprises, des hallucinations, des
sensations vertigineuses et est morte de la dipthérie.
- La sixième, une fille', assez intelligente, iL figure
éveillée, n'a pas eu d'autres manifestations nerveuses
que des terreurs nocturnes. La fausse couche ne
nousparaît pas devoir être rattachée il la syphilis ; la
chutesignalée est suffisante pour l'expliquer.
IX. Ce cas, avec tous les accidents nerveux que
nous venons de relever, d'autres cas, consignés dans sa
thèse par l'un de nos élèves (1) montrent le danger
du mariage des épileptiques : le médecin ne saurait
jamais le conseiller. L'empêcher est-il possible ? 2
Non, car à côté du mariage légal il y a l'union libre
que personne ne peut empêcher : C'est par là qu'ont
débuté Mun... et sa femme. Ici, non plus, il n'y a pas
en erreur sur la personne puisque la femme de Mun..
connaissait sa maladie. Il est certain, toutefois, que
si les malheureux qui joignent leur sort à un ou à
une épileptique savaient ce qu'est cette épouvantable
maladie, quelle est sa marche souvent fatale, quelles
sont ses conséquences, ils éviteraient une semblable
union. C'est au médecin, consulté, de les renseigner
et de ne jamais conseiller le mariage. Enfin nous
estimons que si le mariage a eu lieu sans que
l'époux sain n'ait été prévenu, il doit y avoir divorce.
X. L'histoire de Mun..., qui est celle de la plu-
(1) Fèvre (A.). - Du mariage des épileptiques. Th. de Paris, 189P..
? .')2 VIE sociale des épileptiques.
part des épileptiques vivant de la vie commune quand
ils ne sont pas fortunés, est clos plus instructives au
point de vue social et au point de vue de l'assistance
publique.
Rien que laborieux et ouvrier habile, clés qu'il a
un accès il est renvoyé. Innombrables sont les ateliers
ou il a passé. De la des chômages intermittents, delà
aussi une diminution de salaires, pour le même tra-
vail, les patrons profitant de la difficulté qu'il éprouve
à se procurer de' l'ouvrage moins afin de le payer. Si
les plaintes des ouvriers contribuent it le faire renvoyer
des ateliers, les plaintes clos voisins, effrayés par ses
cris, l'obligent il des déménagements coûteux. Toutes
ces causes réunies, la multiplicité des enfants,
l'impossibilité pour la mère d'un gain quelconque,
aboutissent à la misère, par fois, comme il nous la
dit, à la misère noire.
C'est pour lui venir en aide ; secours, médicaments
et douches; qu'il nous a rendu des visites si fréquentes
et nous a écrit si souvent des lettres, dont le récit
qui précède ne donne qu'un aperçu. Il ne réclamait
que forcé et contraint. Les secours occasionnels que
nous avons pu lui l'aire obtenir n'étaient qu'un palliatif
médiocre. Kn les lui accordant, on semblait nous faire
une faveur alors qu'on aurait dû nous remercier cle
signaler une infortune méritoire. Nous avons vu qu'au
bureau de bienfaisance on ne voulait pas lui donner
un secours permanent. Autrefois, il y avait au budget
de l'Assistance publique, si nos souvenirs ne nous
trompent pas, un article spécial pour secours aux épi-
leptiques, il serait juste de; le rétablir. Il conviendrait
aussi, lorsque ces malades le désirent, voyant leurs
accès augmenter, de les réadmettre directement, sans
autres formalités que le certificat exigé par la loi, dans
les sections et les asiles où ils ont été précédemment
Marche ET complications DE l'épilepsie. 2u3
traités. En procédant ainsi, on ferait la véritable
assistance républicaine, on serait humain.
Vuici un couplet de l'une des chansons de Musli... :
Quand la Heur s'ouvre
Le bois se couvre
Quand l'oiseau chante
C'est le printemps la saison des beaux jours
Sa vois charmante
Semble un appel à vos jeunes amours
Quand la nature
Comme un murmure
Vient apporter sa chanson du matin
La voix fidèle
De votre belle
Pour vous charnier vous lance son refrain
XVII.
Influence de l'alcoolisme sur la production des
dégénérées;
PAn BOUItNI : FlLLl3.
420 enfants idiotes, épileptiques, imbéciles, ou
hystériques (1) sont entrées clans noire service de la
Fondation Vallée depuis 1890 jusqu'au jet janvier
1899.
XVIII.
Épidémie d'oreillons ; 1
Par 111ÏLL1X.
Nous avons eu, pendant les mois de janvier et de
février, une petite épidémie d'oreillons à la Fondation
Vallée. Cette épidémie a été bénigne ; aussi, nous som-
mes nous contenté de faire résumer par notre interne,
M. Bellin, en un tableau, le nombre des cas et leur durée :
- 2 l) (; Epidémie d'oreillons.
Liste des Internes ayant passé dans notre service.
Travaux scientifiques faits dans le service.
(Thèses et mémoires).
1880.
LEROY (A.). - De l'étal de mai épileptique. Thèse de Paris,
SÉGLAS (J.). - De l'influence des maladies intercurrentes
sur la marche de l'épilepsie. Thèse de Paris.
BOURNEVILLE Contribution à l'étude de l'idiotie. - Ce
travail comprend deux parties, dont la seconde a été faite en
collaboration avec M. Brissaud. (Archives de neurologie,
1880, t. I, p. G9 et 399). - Contribution et l'étude de la dé-
mence épileptique. (Archives de neurologie, 1880, p. 213).
1881.
Ridel bAIL1,AIID (G.). De la cachexie pachydermique
(myxoedème des auteurs anglais.) Thèse de Paris.
D'OLIER (H.). - De la coexistence de l'hystérie et de l'épi-
lepsie avec manifestations distinctes des deux névroses
considérées dans les deux sexes et en particulier che :
l'homme. Mém. qui a obtenu le prix Esquirol. (Annales nédi.
co-psycholog., sept. U881) et tirage à part aux bureaux du
Progrès Médical).
SA.DRAIN (G.). Étude sur le traitement cles attaques
d'hystérie et des accès d'épilepsie. In-8° de 56 p. Th. de Paris.
HUBLÉ. (M.). - Recherches cliniques et thérapeutiques sur
l'épilepsie. Thèse de Paris.
MOllLOT (E.). - Sm' une forme grave de l'épilepsie. Thèse
de Paris.
COULBAUT (G.). - Des lésions de la corne d'Ammon dJ8.ns
l'épilepsie. Thèse de Paris. ~
THÈSES faites dans le service . 259
1882.
BRICON (L.). - Du traitement de l'épilepsie : Hydrothéra-
pie. - Arsenicaux. Magnétisme minéral. - Sels de pilo-
carpine. - Curare, etc. Thèse de Paris.
Roux (CT.-L.). - Traitement de l'épilepsie et de la manie
par le bromure d'éthyle. Thèse de Paris.
WuiL-LAmiER (Th.). - Ce l'épilepsie dans l'hémiplégie
spasmodique. infantile. Thèse de P.aris.
1884.
FÉLIBILIU. - Contribution à l'étude de la folie de l'en-
fance. Thèse de. Paris.
1887.
Mme OLLI);R (A.). - De l'état de la dentition chez les enfants
idiots et arriérés. Thèse de Paris.
1888.
THIRAL. - Contribution à l'étude de la sclérose tubéreuse
ou hypertrophique du cerveau. Thèse de Paris.
PENASSE. - Contribution à l'élude des méningites chro-
niques et spécialement d'une terminaison fréquente chez
les enfants, l'Idiotie. Thèse de Paris.
Pison. - De l'asymétrie fronto-faciale dans l'épilepsie.
Thèse de Paris.
1889.
Cornet (P.). - Traitement de l'épilepsie. Thèse de Paris.
C;OTTSCHALK (A.). - Valeur de l'influence de la consan-
yuinité sur la production de l'idiotie et de l'épilepsie. Thèse
de Paris.
Sollier (P.). - Du rôle de l'hérédité dans l'alcoolisme.
1891.
Sollier (P.). - Psychologie de l'idiotie et de l'imbécillité.
Thèse de Paris.
260 Thèses faites dans le service.
Retrouve (A.). - Contribution il l'étude de l'hémiplégie
spasmodique infantile.
1892.
TAQUET, - Lie l'oblitération des sutures du crâne chez
les idiots. Thèse de Paris.
VIVIER (A.). - Contribution à l'élude clinique de l'épi-
lepsie chez les enfants. Thèse de Paris.
1893
Noir (J.). - Étude sur les tics. Thèse cle Paris.
1895.
LEBLAIS (IL). - De la puberté dans l'hémiplégie spasmo-
dique infantile. Thèse de Paris.
189G.
l31lur.LENUrn (F,). - De l'action de la glande thyroïde sur la
croissance. Thèse de Paris.
GnrFFAUL'1' (G.). - Contribution à l'élude du traitement de
l'idiotie. Thèse de Paris.
1898.
UALLAllD. (J .1. - Comment meurent les épileptiques.
Thèse de Paris.
Rellay (P.). - Essai sur le traitement, de
l'épilepsie. Thèse de Paris.
1899.
CESTAN (H.), - Le syndrome de Little. Sa valeur nosolo-
gique. Sa pathogénie. Thèse de Paris.
TIS81ER (11.). - De l'influence cle l'accouchement anormal
sur le développement des troubles cérébraux de l'enfant.
Thèse de Paris.
FÈVRE (A.). Du mariage des épileptiques. Thèse de
Paris.
EXPLICATION DES PLANCHES
2(32 l\PLIC : 1'I'ION DES PLANCHES.
Planche I.
Face externe ou conuexe de l'hémisphère droit.
(Page 176).
S. R., sillon de Rolando.
Fi, F2, l ? 1 ? 2-, 3° circonvolutions frontales.
F. A., circonvolution frontale ascendante.
P. A., circonvolution pariétale ascendante.
Pst., pli pariétal supérieur.
P2., pli pariétal inférieur.
P. C., pli courbe.
Se. f. s., Scissure frontale supérieure.
Se. f. i., Scissure frontale inférieure.
Se. p. f., Scissure parallèle frontale.
Se. ip.. Scissure interpariétale,
L. O., Lobule orbitaire.
L. O. C, Lobule occipital.
Se. S., Scissure de Sylvius.
Op. F., Opercule frontal.
Op. R., Opercule rolandique.
Op. P., Opercule pariétal.
S. P. E., Scissure perpendiculaire externe.
L. L, Lobule de l'insula.
Se. p., Scissure parallèle.
Tl, T2, T3, 1·, 2°, le circonvolutions temporales.
a
,1
r
f
B
Ci'
c*
00
)
t7-'
264 Explication DES planches..
Planche IL
Face interne de l'hémisphère droit.
(Page 176).
s.>t., sillon de Rolando.
5c.cm., scissure calloso-marinalc.
F .ca., tissure calcarine.
Sc. toi,. lro scissure tcmporo-occipitalc.
Sc.to2., 2° scissure tumporo-occipitalf. ,
1 ? 1'° circonvolution frontale interne.
C.C.C., circonvolution du corps calleux.
C.C., Corps calleux.
L.P., lobule paracentral.
L.Q., lobule quadrilatère ou avant-coin.
V. ventricule.
C., coin.
To1,To, 1" et 2» circonvolutions temporo-occipitales.
T3., 3a circonvolution temporale.
p.p.a : , pli pariéto-limbique antérieur.
p.f.l., pli fronto-limbique.
p.p.p., pli pariéto-limbique postérieur.
C.H., circonvolution de l'hippocampe.
G.R., gyrus rectus.
s
r
f1
te
^r.
Ci
15,
es.
v5*
00
cm
tD
V w
t-1
66 EXPLICATION DES PLANCHES.
Planche III.
Face externe au convexe de l'hémisphère gauche.
(Page 176.)
Les lettres ont la même signification que celles de la Plan-
CHE I.
268 Explication DES planches.
PLANCHE IV.
Face interne de fhémisphè/'e gauche.
(Page 176.)
F.O., foyer ocreux.
Les autres lettres ont la même signification quR celles (le
11. PLANCHE II.
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? 70 ' EXPLICATION DES PLANCHES.
Planche V.
Face externe ou convexe de l'hémisphère droit.
(Page 189.)
Les lettres ont la même signification que celles de la
Planche I.
F. O., a été indiqué par erreur comme une lésion. Il s'agis-
sait tout simplement d'une tache artificielle de la pic-mère.
Une fois la pie-mère enlevée la circonvolution est apparue
saine. C'est par erreur que la planche a été faite avec cette
tache.
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272 Explication DES planches.
Planche VI.
Face interne cle l'hémisphère droit.
(Page 189.)
Les lettres ont la même signification que celle de la
Planche II.
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BOURNEVILLE, Bicêtre, 1899. 18
274 Explication des planches.
Planche VII.
Face externe ou convexe de l'hémisphère gauche.
(Page 190.)
F. O-, foyer ocreux.
Les chiffres 1, 2, 3, 4, 5, etc. indiquent les îlots de sclérose
tubéreuse.
Les autres lettres ont la même signification que celles de
la Planche II.
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26 Explication des planches.
Planche VIII.
Face interne de l'hémisphère gauche.
(Page 190.)
Les lettres ont la même signification que celles de la
Planche IL
Les chiffres 2, 3, t, etc.. indiquent les îlots de sclérose
tubéreuse.
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- .'7 . . Explication des planches.
Planche IX.
Face externe ou convexe de l'hémisphère gauche.
(Page 209.) .
Les lettres ont la même signification que ceux de la
Planche I.
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280 Explication des planches.
Planche X.
Face interne de l'hémisphère gauche.
(Page 209.)
Les lettres ont la même signification que ceux de la
Planche V.
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282 1 Explication DES planches.
Planche XI.
LEÇONS DE CHOSES : LES LIGNES ET LEURS APPLICATIONS.
(Page XLVI.)
LIGNES ET LEURS APPLICATIONS "1.1 ? t ? ),I ? IJ ? I\E tir.
2M i Explication DES planches.
Planche XII.
leçons DE choses : LES LIGNES et LEURS combinaisons ;
applications.
LIGNES ET LEURS APPLICATIONS ASïïi,K,fîi,lS1,B
28C Explication des planches.
Planche XIII.
Couleurs et LEURS applications.
(Page XLVI.)
iiix HI3V'I
'6681 'a.t ? 9o ? 'a'I'IIAaN\Hlog l
TABLE DES MATIÈRES
PREMIÈRE PARTIE
Histoire du service pendant l'année 1899.
Section I : iticctre
288 Table des matières.
Table des matières 289
Table des matières. 291
ERRATUM
A la page 219 au lieu de ]'L.\ ! \CIIE 111111, lire Planches IX et X.
1900. - Imp. des Enfants de Bicêtre. - 800 ex.