(1899) Recherches cliniques et thérapeutiques sur l'épilepsie, l'hystérie et l'idiotie : Compte-rendu du service des enfants idiots, épileptiques et arriérés de Bicêtre pendant l'année 1898
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(1899) Recherches cliniques et thérapeutiques sur l'épilepsie, l'hystérie et l'idiotie : Compte-rendu du service des enfants idiots, épileptiques et arriérés de Bicêtre pendant l'année 1898

RECHERCHES

SUR

L'EPILEPSIE, 1/HYSTERJE-

ET L IDIOTIE

PUBLICATIONS DU PROGRÈS MÉDICAL

RECHERCHES

CLINIQUES ET THERAPEUTIQUES

SUR

L'ÉPILEPSIE, L'HYSTÉRIE

ET L'IDIOTIE

COMPTE-RENDU DU SERVICE

DES ENFANTS IDIOTS, ÉPILEPTIQUES ET ARRIÉRÉS DE

NCETRE PENDANT L'ANNEE 1898

BOURNEVILLE

Avec la collaboration de

MM. CESTAN, CHAPOTIN, KATZ, NOIR (J.), PHILIPPE

SÉBILLEAU ET BOYER (J.)

Volume XIX

Avec 13 figures dans le texte et XIII planches.

14.) 5 z

1 4 .R

PARIS

AUX BUREAUX DU

PROGRÈS MÉDICAL

14, rue des Carmes, 14.

Félin ALCAN

ÉDITEUR

1 108, Boulevard St-Germain, 108.

1899

PREMIÈRE PARTIE

Histoire du service pendant l'année 1898.

(Bicêtre et Fondation Vallée.)

BOUMNEVILLE, Bicêlre, 1898.

PREMIÈRE PARTIE

- Section I : Bicêtre.

Histoire du Service pendant l'année 1898.

I.

Situation DU SERVICE. Enseignement primaire.

Il nous semble utile de rappeler au début de cet

exposé, suivant notre habitude, la répartition des

enfants de la 4° section du quartier des aliénés de

l'hospice de Bicêtre ? Ils forment trois groupes prin-

cipaux : 1° Les enfants idiots, gâteux, épilepliques

ou non, mais invalides ; 2° les enfants idiots gâteux

ou non, mais valides ; 3° les enfants propres,

valides, imbéciles, arriérés, instables, pervers, épi-

leptiques et hystériques ou non.

I. Enfants idiots gâteux, épileptiques ou non,

mais invalides. - Ce premier groupe est subdivisé

mais INVALIDES. Ce premier groupe est subdivisé

en deux catégories. La première se compose des en-

fants idiots complets, ne parlant; ni ne marchant,

considérés généralement, mais à tort, comme tout à

fait incurables. La plupart d'entre eux sont, au con-

IV Enfants IDIOTS invalides.

traire, susceptibles d'amélioration, même à un degré

très notable. On leur apprend d'abord à se tenir debout

à l'aide de barres parallèles (1), il marcher soit en les

tenant sous les bras, soit il l'aide du chariot : ; on forti-

fie leurs membres en exerçant successivement chaque

jour et à plusieurs reprises toutes 13s articulations

(exercices des jointures), en leur faisant des frictions

stimulantes, etc... En 1898, un enfant a appris à mar-

cher (-2) ; 5 ont été rendus propres (.3) ; 3 ont appris à

manger seuls (4). Dès qu'un enfant marche sans aide,

il est envoyé à la petite école, le matin pendant une

heure ou deux, puis toute la journée, aussitôt que ses

forces le permettent. Tous ces enfants sont placés sur

les petits fauteuils spéciaux, que nous avons décrits,

à l'usage des gâteux.

La seconde catégorie comprend les idiots absolu-

ment incurables, en beaucoup plus petit nombre

qu'on ne le croit d'habitude, et les épileptiques deve-

nus déments et galeux sous l'influence des accès ou

des poussées congestives qui les compliquent; ils ne

peuvent plus être que l'objet de soins hygiéniques et

doivent former un groupe spécial. Aussi avons-nous

fait aménager pour eux l'un des sous-sols encore dis-

ponibles où ils seront réunis et surveillés durant le

jour. Cette installation, en train depuis 4 ans, est

enfin achevée et nous servira également pour d'autres

enfants, qui nous arrivent tardivement, à 14, 15, 1G

ans, dont l'incurabilité est reconnue et que nous avons

été obligé jusqu'ici de maintenir dans les écoles, au

détriment des enfants éducables, où ils sont une occa-

sion de trouble et qu'ils contribuent il encombrer sans

aucun bénéfice pour eux. Nous n'avons pas pu faire

(I) Voir Compte-rendu de 1887, flg. 1, p. II.

('1) Pi1l1.. - ( : 3) Pilla." (7uttef ? viel ? BilL., Li«.. - (1) Dema ? Li,

lion ?

Enfants IDIOTS valides : petite école. v

fonctionner ce service, l'Administration ne nous ayant

pas encore accordé le personnel nécessaire.

II. Enfants idiots gâteux ou non gâteux, épilep-

tiques ou non mais valides (Petite Ecole). - Ces

enfants fréquentent la petite école confiée exclusive-

ment a des femmes. Dans le courant de l'année, 16 y

ont été inscrits. Sur ce nombre 9 sont décédés, 2 sont

sortis définitivement, 2 sont passés à la grande école,

2 ont été envoyés dans les sections affectées aux

adultes et 8 ont été transférés.

Sur 133 enfants qui restaient à la petite école au

31 décembre 1898, 5 ne mangent pas seuls, 68 se

servent de la cuiller, h0 de la cuiller et de la fourchette,

20 de la cuiller, de la fourchette et du couteau. Six

enfants gâteux de ce groupe, sont devenus propres (1) ;

3 enfants ont appris à manger seuls (2) ; 8 enfants ont

appris à lire (3). .

Tous les enfants sont exercés à la gymnastique

Pichery, sauf ceux qui, venus du premier groupe,

c'est-à-dire des invalides étant encore trop infirmes,

n'ont pu y prendre part. Vingt enfants de la petite

école et de la petite école complémentaire, dont nous

allons parler dans un instant, ont fait régulièrement

les exercices de la grande gymnastique - 19 enfants

ont travaillé cette année dans les différents ateliers :

tailleurs, cordonniers, vanniers, menuisiers, serru-

riers.

La petite école comprend : 1° le traitement du

gâtisme qui consiste à placer, après chaque repas, les

enfants gâteux sur les sièges d'aisance que nous avons

décrits dans l'un de nos précédents Compte-rendus ;

2° les leçons de toilette qui consistent à apprendre

(1) Quet ? Bamli ? Brégu ? Yvo ? Ilour ? Lamb...

(2) Sehei ? Rich ? Decuet...

(3) Sclm;trtzli ? IIazel..., Bezoml ? Droua ? Largill ? AIant ? Vaill...

nantfen.

VI Petite école complémentaire.

aux enfants à se laver la figure et les mains,' à s'ha-

biller, etc ; 3° les exercices pour l'éducation de la

main, des sens et de la parole ; -4° les leçons de petite

gymnastique ; -5° les exercices élémentaires relatifs

à l'enseignement primaire dont nous avons si souvent

parlé dans nos Compte-rendus de 1880 à 1897 ;

6° les leçons de choses, soit à l'école, soit dans les

jardins (avec le tableau roulant), soit enfin dans les

promenades.

Petite école complémentaire. Elle est confiée à

une femme dévouée, M ? Bonnet, qui s'est mise géné-

reusement à nôtre disposition. Elle est aidée par une

suppléante, Mm0 Cordonnier, qui a également la sur-

veillance des deux dortoirs où couchent les enfants de

cette école au nombre de 50. M ? Bonnet a, en outre,

pour surveiller les enfants deux infirmières et une

jeune malade arriérée de la Fondation Vallée, Briss.,

dont elle améliore d'ailleurs l'instruction. -- Un enfant

a été rendu propre.

Chai.. (Louis), entré le 28 janvier IF98, âgé de 7 ans 1/2.

Microcéphale à un degré prononcé atteint didiolie et d'ins-

tabilité mentale. Pris à son arrivée, l'enfant ne savait pas

exprimer ses besoins et souillait journellement ses vêtements.

Il était aussi très turbulent, très indocile, d'une attention

presqu'impossible à fixer, éprouvant un besoin incessant de

locomotion. On est parvenu à le faire rester assis en classe ;

l'attention, sans être encore de longue durée, est assez sou-

tenue pour permettre de lui donner quelques notions clas-

siques. Il a appris à s'habiller et à se déshabiller seul ; sait

lacer, boutonner; noue encore imparfaitement. Il est parvenu

à tracer des bâtons et des 0 assez régulièrement. Enfin il

manifeste aujourd'hui ses besoins et ne se salit plus jamais.

Trois enfants ont appris à lire couramment :

1° Buz... (Albert), 11 ans, entré en novembre 1896. Pris à

son arrivée, cet enfant n'avait aucune nation classique. D'in-

telligence tout à fait bornée, il ne comprenait pas le sens des

questions qu'on lui posait et y répondait d'une façon absolu-

Petite école complémentaire. vu

ment incohérente. De nature paresseuse, il ne se bougeait

qu'avec peine, ne s'intéressant dt rien. Cet état est resté pres-

que stationnaire pendant 18 mois ; au bout de ce temps, l'in-

telligence a paru s'éveiller ; il a pris goût alors aux exercices

classiques : il commença à syllabe en juin 1896 pour arriver

il lire couramment en juin de cette année. Il fait aussi main-

tenant de petites dictées, quelques exercices de grammaire.

En ce qui concerne le calcul, il connaît l'addition et la sous-

traction avec retenues. Cet enfant qui, jusqu'alors, était d'une

grande paresse pour tout travail manuel, secoue maintenant

son apathie naturelle et commence à rendre de véritables

services au nettoyage et à l'entretien de sa salle.

2° Gill.. (Louis), 8 ans. Atteint d'imbécillité intellectuelle

avec perversion des instincs et fugues. Cet enfant est entré

dans notre service le 27 décembre 1896. Au dire de ses parents,

il se sauvait presque chaque jour de l'Asile où ceux-ci le con-

duisaient, ce qui les décida à le placer. A son entrée, Gill..

n'avait aucune notion classique ; très indicipliné, il a fini

cependant par s'intéresser à la classe et lisait presque cou-

ramment lorsqu'on avril de cette année il fut atteint de teigne

et que nous fûmes obligé de l'envoyer au pavillon d'isolement.

3" IIur.. (I;uèue), 18 ans, atteint d'imbécillité prononcée

et d'écholalie. Cet enfant est dans notre service depuis 12

ans ; il est entré à l'école de M"" Bonnet il y a 6 ans. A cette

époque, il ne possédait aucune notion classique ; la parole,

très défectueuse comme articulation, était compliquée d'écho-

lalie, Voici comment s'exprime M"" Bonnet à son sujet :

« Notre élève a commencé par rendre de nombreux petits

services manuels et cela avec plaisir; puis il a appris il

écrire avec beaucoup de difficulté sans se rendre aucune-

ment compte de ce qu'il écrivait. Nous désespérions d'obte-

nir jamais aucun résultat pour la lecture, lorsque cette année,'

grâce à l'emploi des petits papiers portant un mot imprimé,

(lui l'ont amusé et intéressé, cet enfant a réalisé des progrès

que nous trouvons surprenants. Nous croyons pouvoir aflir-

mer qu'il arrivera il lire dans le courant de 1899, ce qui sera

pour nous un résultat inespéré ».

La parole a été aussi très améliorée, l'écholalie a complète-

ment disparu. - Très borné pour le calcul, Hur.. commence

seulement il comprendre et à faire l'addition seul.

Trois autres enfants sont en bonne voie pour la

lecture courante : Cour... Mung... Eél ?

vm Idiots valides : petite école complémentaire.

Trois enfants ont été améliorés pour la parole :

1° Chai.. (Louis), enfant dont il a été question plus haut,

au point de vue de la propreté, avait peine, à son arrivée, iL

former quelques petites phrases que l'articulation très défec-

tueuse rendait absolument incompréhensibles ; il dit beau-

coup plus de choses aujourd'hui, exprime ses besoins et quel-

ques idées avec des mots nouveaux ; ces mots ne sont plus

coupés, isolés comme au début, mais liés les uns aux autres

pour former des phrases que l'articulation, très améliorée,

rend enfin intelligibles.

2° Le Ho.. (Charles). Pris il son arrivée, le 25 septembre

1896, cet enfant ne prononçait que le seul mot : « maman ·.

Aujourd'hui il dit un grand nombre de mots, non pas correc-

tement, car l'articulation est très anormale, mais enfin il

parle et là était le but à atteindre.

« Nous procédons avec cet enfant, dit J[01c Bonnet, comme

avec un bébé de la première année, cherchant à lui faire

prononcer le plus de mots possibles lui permettant d'expri-

mer ses besoins et d'entrer en relation avec les autres enfants,

remettant à plus tard, lorsque l'intelligence sera plus éveil-

lée, de réformer les nombreux défauts d'articulation. »

;10 \funn... (René), 9 ans. Atteint d'imbécillité intellec-

tuelle compliquée d'une mauvaise audition, possédait a son

admission une articulation des plus mauvaises, ne disant

même pas nettement : « maman », puisque le m se changeait

toujours en n. Le peu de sons que l'enfant prononçait étaient

naseaux , les h, ? s, ch, g, u, ,j, étaient absolument nuls, rem-

placés le plus souvent par n ou d. Aujourd'hui, tous ces sons

sont acquis (bien que laissant encore un peu à désirer dans

l'ensemble). La lecture marchant de pair avec la parole, il est

à espérer que cet enfant lira couramment dans l'année 1899.

Tous les enfants cités les années précédentes pour

la parole continuent à s'améliorer, souvent lentement,

mais sûrement; l'intelligence continue à s'éveiller

sensiblement; c'est ainsi qu'on a pu faire germer chez

quelques-uns d'entre eux des notions de morale. Il y a

actuellement dans la classe de 111 ? Bonnet une ving-

taine d'enfants qui, pris à leur arrivée, ne savaient

absolument rien et qui maintenant font tous les

Grande école : enfants valides. ix

devoirs donnésjournellement dans les écoles d'enfants

normaux. C'est surtout, en mettant en relief les résul-

tats obtenus chez ces enfants et chez ceux de la petite

école, qu'il est possible démontrer aux plus sceptiques

la possibilité de transformer intellectuellement des

enfants réputés idiots.

III. Enfants propres et valides, imbéciles, arriérés,

instables, pervers, épileptiques et hystériques ou

non (Grande 1 ? COL1 : ). - La population de cette école

était de 168 enfants au premier janvier. Tous, sauf 21

qui ne peuvent travailler, ont fréquenté les ateliers

par grande série. 17 ayant le certificat d'études, for-

ment une division supérieure, ne vont à l'école qu'une

demi-journée par semaine et restent, les autres jours,

le matin et le soir, à l'atelier. Les autres enfants sont

répartis en quatre classes (64, 43, 30, 31 enfants). Aux

examens du certificat d'études qui ont eu lieu il

Villejuif, au mois de mars, sur 4 enfants présentés,

3 ont été acceptés (Jum ? Boisd ? Marchand...) (1).

Cette année encore, nos instituteurs et leurs aides,

ainsi que les sous-employées attachées aux écoles,

afin d'être mieux en mesure d'améliorer la prononcia-

tion des enfants et de développer leur parole, ont été

envoyés successivement, par séries, au nombre d'une

vingtaine, à \ 'Institution nationale des Sourds-muets.

De plus, comme nous avons un certain nombre d'en-

fants aveugles, nos auxiliaires sont également allés à

diverses reprises à l'Institution des jeunes aveugles.

Il s'agit là d'ailleurs d'une pratique ancienne pour

laquelle MM. les directeurs de ces établissements,

veulent bien chaque année nous prêter leur concours.

Nous ne saurions trop remercier MM. Martin etDebas,

directeurs de ces deux instituts.

(1) A cet examen ! ) infirmiers -de l'Ecole municipale d'Infirmiers et (1'[nllr-

mitres de Bicêtre ont obtenu le certificat d'études.

x Grande école : chant, escrime.

Enseignement du chant. Cet enseignement est

fait par M. Sutter depuis le 1'" janvier 1895. Confor-

mément à nos instructions, il s'est occupé successive-

ment de tous les enfants. Il a divisé ceux de la petite

école complémentaire en deux sections et ceux de la.

grande école en trois sections. Aucun d'eux ne savait

lire la musique et ne possédait de notions sur la

théorie musicale, sauf une demi-douzaine d'enfants

appartement à la fanfare. Presque tous les enfants

savent, aujourd'hui, lire eux-mêmes les notes, en

connaissent la valeur et possèdent les notions

élémentaires de la théorie de la musique. Quand les

enfants sont su ! 11samÚlCl1t avancés pour hien lire un

morceau de chant et l'apprendre avec fruit, on leur

fait chanter des choeurs à deux, puis iL trois par-

ties.

En maintes circonstances, tous les samedis où nous

avons des visiteurs, nous avons réuni les petites filles

de la Fondation Vallée avec les garçons de Bicêtre et

nous les avons fait chanter ensemble dans les choeurs.,

Tous les six mois nous faisons relever l'étendue et le

timbre de la voix des enfants. Ce travail nous fournira,

croyons-nous, des renseignements intéressants sur la

mue de la voix au moment de la puberté. Ces recher-

ches avaient déjà permis de constater, en 1895, 1896

et 1897 que chez les épileptiques, qui sont dans leurs

périodes d'accès, le timbre de la voix devient moins

clair et moins sonore et que son étendue diminue

parfois très-notablement. La pratique de l'année

1898 a confirmé ces constatations et fait voir aussi

que, à la suite des pratiques solitaires, la voix

est également modifiée. Le nombre des enfants qui

participaient à l'enseignement du chant était de 376

à la fin de 1897 et de 3fi5 à la lin de l'année

1898... ..

Escrime. Cet exercice s'est fait régulièrement

1 ;nA);lJE ÉCOLE : CHANT. DANSE, ETC. XI

sous la direction de M. 'f-OC)UIN, prévôt au fort de

Bicêtre, qui s'en est acquitté consciencieusement.

Danse. Les exercices de danse ont eu lieu régu-

lièrement sous la direction de M. Lanuosse, un de nos

instituteurs. 70 enfants y participent; sur ce nombre

45 savent danser la polka, 32 connaissent la polka, la

mazurka et la scottich et 27 connaissent toutes les

danses de caractères. Les 20 enfants signalés l'année

dernière comme sachant les deux premières figures

du quadrille, en connaissent aujourd'hui toutes les

figures. Une série nouvelle de Il-) enfants sait les

deux premières ligures.

Société de gymnastique. Les enfants faisant

partie de cette société, au nombre de 21 ont fait

comme l'année précédente une promenade à Hobin-

son. Ils ont pris part en outre, sous la direction de.

leur maître dévoué, M. Go ? à un concours de gym-

nastique organisé par la commune du liremlin-l31cêtre

ou ils ont obtenu un prix en argent de 25 francs.

Fanfare et Orphéon. La fanfare et l'orphéon sont

placés sous la direction de M. Suttkr. professeur do

chant. La fanfare se compose de 16 exécutants parmi

lesquels un de nos anciens malades, 131a...., guéri men-

talement et passé comme atteint d'hémiplégie incom-

plète dans l'une des divisions de l'hospice. Elle a prêté

son concours à la distribution des prix de l'Ecole d'in-

firmiers et d'infirmières de Bicêtre et de la Salpêtrière.

Elle a également assisté à un festival it Charenton.

Les répétitions de la fanfare sont malheureusement

interrompues depuis plusieurs mois déjà faute d'ins-

truments ; il est à craindre que les enfants n'oublient

ce qu'ils savent. Plusieurs fois et en vain, nous avons

réclamé àl'Administration, de bien vouloir donner une

suite favorable à la demande que nous avons faite

pour l'achat des instruments nécessaires

w S( : OI,AIRr..

M. Sutter fait à 35 enfants de la Petite Écolo un

cours spécial de solfège. Ces cours ont lieu deux fois

par semaine et ont pour but de préparer de nouveaux

musiciens à la fanfare.

Musée scolaire. Ce musée continue à servir aux

séances de projection, aux leçons de choses, aux lec-

lit)-es récréatives. Il s'est notablement enrichi tant au

point de vue de la bibliothèque qu'au point de vue des

ligures pour projection. - L'Administration a acheté,

arec des dons (1), cette année G7 nouveaux volumes,

ce qui porte à 536 le nombre des volumes de la

731bliotl2ècz(e des enfants.

Le 1 ? janvier 1898, le nombre des vues pour pro-

jections était de 857, à la fin de l'année ce chiffre était

porté à 1559, soit une augmentation de ! (0 ? vues sur

l'année précédente. Diverses cle ces vues ont été uti-

lisées par M. Bonnairc, professeur à l'Ecole munici-

pale d'infirmières, pour son cours d'anatomie et de

physiologie. Les séries nouvelles sont : Les phares,

la digestion, la respiration, la circulation, Marseille,

la pêche, voyages dans la Méditerranée, dans l'A-

mérique du Nord et l'Amérique du Sud. Les

autres vues augmentent ou complètent les séries déjà

existantes.

Société des jeux. La société des jeux a fonctionné

cette année encore sans qu'on ait eu à prélever de

cotisations. Elle a donné cinq concerts organisés par

les enfants. Un de ces concerts a été suivi de bal. Les

bénéfices réalisés à ces matinées ont servi, comme

l'année précédente, à des promenades ; cette fois-ci

elles ont eu lieu à Créteil et a la Varenne-Saint-llilaire.

Tous les enfants valides de la section, les petites filles

(1) Légation du .Iapon : OI fr.), Commission de surveillance des Asiles

(30 fr.), Streiflliiig (20 fr.).

Promenades, distractions, visites. xiii

de la Fondation Vallée et leurs parents assistent à ces

fêtes.

Promenades et distractions. Les enfants de la

grande et ceux de la petite école qui sont propres ont

continué il faire des promenades soit à Paris, soit aux

environs. Dans ces promenades les instituteurs et les

institutrices doivent donner des leçons de choses et

exercer les enfants aux jeux de balle et de ballon.

Voici rémunération des principaux endroits où ils

sont allés en promenade cette année : Arcueil, Créteil,

Cachan, Bois de Gournay, Fête de la place d'Italie,

Fête du Lion de Belfort, Foire aux pains d'épices,

Gentilly, Gare Montparnasse, Jardin des Plantes,

Jardin d'Acclimatation (1), Jardin du Luxembourg,

Manufacture des Gobelins, Musée de Cluny, Parc de

Montsouris, Place de l'Hôtel de Ville, Place de la

Salpêtrière, Robinson, Square Cluny, Saint-Mandé,

Villejuif, Vitry, etc...

Les distractions ont été nombreuses. Notons la

distribution des jouets du jour de l'an, donnés par

l'Administration ; les déguisements du Mardi-Gras et

de la lli-Carêmc ; la distribution des jouets de Noël

offerts par la Société du « Joyeux Noël. » Nous adres-

sons à cette société tous nos remerciements. A citer

aussi le concert organisé par les acteurs et actrices

des principaux théâtres et concerts de Paris ; le con-

cert du 25 mars organisé par la famille Just-Lam-

berty ; une séance de prestidigitation ; une conférence

avec projections, faite par M. le Dr Lepique sur le

pays des pêcheurs d'Islande ; plusieurs représenta-

tions gratuites clans. divers cirques et théâtres installés

à la Foire au pain d'épices, à la Fête du Lion de Bel-

(t) Nous profitons de l'occasion pour remercier trés-vivement le Directeur

du Jardin d'Acclimatation, M. A. Porte, qui veut bien, chaque année, sur

notre demande, autoriser nos enfants et les petites filles de la Salpêtrière à

visiter ce bel établissement.

xiv Visites, vaccination.

fort et sur l'Avenue de Bicêtre, enfin cinq matinées,

dont une suivie de bal, organisées par les enfants.

Les jardiniers sont allés à l'Exposition de ch1'Y-

santhèmes et à l'Exposition d'horticulture. Les

imprimeurs, sous la conduite de. leur maître, ont

visité dans tous ses détails l'École Estienne dont le

directeur M. Fontaine, a bien voulu leur expliquer

le fonctionnement. '

Visites. Les enfants ont reçu 15.098 visites ; les

visiteurs ont été au nombre de 9.486. Voici la statisti-

que des permissions de sortie et des congés : .

Bains et hydrothérapie. xv

Vaccinations et revaccinai ions. Nous avons con-

tique, comme les années précédentes, la vaccination

et la revaccination de tous les malades entrés durant

l'année et les enfants dont la revaccination remonte

à 7 ans. Comme d'habitude, cette opération a été pra-

tiquée par les élèves de l'École municipale d'infirmiers

et d'infirmières de Bicêtre, sous notre direction et

celle de nos internes. Elles ont été au nombre de 60.

M. Pinon, directeur de l'hospice, s'est fait revacciner,

ainsi qu'une sous-surveillante et quatre infirmières.

Serrice dentaire. M. le Dr Bouvet a continué à

venir presque chaque semaine donner des soins à nos

malades au point de vue de la dentition et de l'hy-

giène de la bouche et à relever chaque année les modi-

lications survenues dans la dentition des enfants.

Nous n'avons eu qu'à nous féliciter de son service.

Nous rappellerons qu'en faisant instituer le service

dentaire, notre but était d'avoir, chaque année, une

note, prise par un homme compétent, sur la dentition

de tous les enfants.

nuins et hydrothérapie. Les bains et les dott-

(-lies, joints il la gymnastique, à l'emploi des bro»tu-

res, surtout à l'elixirpolybromurc (Yvon), du bromure

de camphre du Dr Clin, plus actif et plus absorbable

que les autres préparations similaires qui nous ont été

fournies par l'Administration, et dcs médicaments

antiscrofuleux, ont continué, comme pas le passé, il

être la base du traitement en 1898. Nous avons essayé

aussi le sédum acre et l'éosinate de sodium. Nous en

parlerons clans le prochain Compte-rendu .

Il a été donné dans le cours de l'année 19.181 bains

ainsi répartis :

xl Visites du service.

Musée A\ATO\fo-PA'l'HOLOGIQUL. xvii

médicale du professeur Corderelli, assistant à l'hôpital

des incurables à Naples; M. Bloch (Maurice), agrégé

des lettres, directeur de l'Ecole Bischofssheim; Dr Alb.

Bjorkman (de Finlande) ; D`' Chaddock (de Saint-Louis)

Dr Dmitrevsky, médecin suppléant de l'hôpital Notre-

Dame des affligés, l'étersl)ourg; D'' J. Forsmann,

assistant à l'institut pathologique de l'Université de

Lund (Suède) ; D'' Fchistovich, de l'Académie de méde-

cine de Saint-Pétersbourg ; Dr de Gothard (de Buda-

Pcstli) ; Dr Hollarits, de Pétersbourg; 1\I. Hamilton,

docteur en médecine ; Dr Huet (d'Amsterdam) ; D'' J.

IIagelstan, docent à l'Université d'Helsingfors (Fin-

lande) ; M IIissing ; Dr Jonès (de Bueuos-Ayres) ; M.

Jakmvleffde (Pétersbourg) ; Dr P. Minos (de Londres) ;

D'' Mac-Latchie (d'Edimbourg) ; Dr Magnus (cle Chris-

tiania) ; Mlle Rabinouwicth (cle New- ork) ; Dr Som-

mer (de Giessen) ; D'' Et. de Saint-Hilaire, médecin de

l'Institut départemental des sourds-muets; Dr G. de

Voss (de Pétersl)ourg) ; Mlle E. Volovatz externe,

des hôpitaux; D'' A. L. Warner (de Chicago).

De même que les années précédentes, la Commission

de surveillance des Asiles de la Seine a visité le ser-

vice le 7 juin 1898.

Nous consacrons d'habitude la matinée du samedi

à recevoir les visiteurs. Presque tous ceux dont nous

venons de citer les noms sont venus ce jour-là. Nous

prévenons, pour eux, le professeur de chant et celui de

gymnastique, dont les heures de leçons ne coïncident

pas avec l'heure de notre visite. En leur demandant ce

déplacement et en nous imposant la fatigue très grande

de montrer non seulement la disposition du service

des enfants, mais encore son fonctionnement dans

tous ses détails, notre but est de faire comprendre aux

visiteurs l'importance de l'oeuvre que nous avons pu

réaliser avec l'appui du Conseil municipal, et de four-

nir à beaucoup d'entre eux les arguments qui militent

l3oolti·rI : vILLI : , Bicêtre, 1898. **

XYIII Musée : statistique.

en faveur de l'hospitalisation de cette catégorie d'en-

fants anormaux et les convaincre de la possibilité de

les améliorer et même de les guérir par l'application

régulière, méthodique et prolongée du traitement

médico-pédagogique.

Musée pathologique. Le musée s'est enrichi

notablement en 1898, ainsi que le montre le tableau

suivant : ,

Enseignement professionnel XIX

nous avons refait entièrement nous-même, en 1897,

avoir tous les renseignements désirables sur les pièces

anatomo-pathologiques du musée. Notre ancien in-

terne, M. le DI' Julien Noir a été nommé conservateur

du musée par arrêté en date du 9 octobre 1897, en

remplacement de M. Sellier, démissionnaire.

il.

Enseignement professionnel.

Cet enseignement a été dirigé en 1898, de même

que les années passées, par MM. Leroy pour la menui-

serie 0882-1808 ! , Allène pour la couture (1883--1898"

Dumoulin pour la cordonnerie (1888-1898;, pour

la vannerie, le paillage et le canage des chaises (1889-

1898), Mercier pour la brosserie ()889-1898 ! , MA1Ü : -

CI-1,I,LA'P pour l'imprimerie (1889-1898 ! , G. Gaie pour

la serrurerie (1895-1898), Mesnaiid pour le jardinage

(1896-1898).

De même aussi que les autres années, nous n'avons

qu'a les féliciter tous, non seulement pour le zèle et

l'intelligence qu'ils apportent chaque jour à donner

l'instruction professionnelle aux enfants, mais encore

pour la bonne direction morale qu'ils savent leur im-

primer. Le tableau suivant met en évidence les résul-

tats obtenus en 1898 par nos chefs d'ateliers (p. XX).

Les travaux Au jardinage seuls no sont pas évalués,

Il est, en effet, assez dillicile de faire une estimation

précise. Pourtant nous croyons que l'Administration

aurait intérêt à essayer d'en avoir tout au moins une

évaluation approximative. Peut-être un jour s'y déci-

dera-t-ello. A notre ami, M. le D`'Napias, d'intervenir

dans ce sens.

Les sept maîtres, non compris le jardinier dont le

Enseignement professionnel. XXI

travail de ses apprentis et le sien dépassent assuré-

ment le salaire sont payés à raison de 6 fr. 50 par

jour, soit pour l'année 16.607 fr. 50.

Le travail des enfants, 29.310 fr. 40, couvre

donc : 1° la dépense occasionnée par le salaire de

leurs maîtres ; 2° l'intérêt à 4 °/0 taux au-dessus

du cours actuel du capital employé pour la cons-

truction des ateliers (210.000 francs). De plus, il y a

un bénéfice de '1.302 francs qui vient atténuer les

dépenses d'entretien dcs enfants.

Voici l'énumération des produits fabriqués par

les ateliers en 1898 :

Brosserie.

12.615 brosses en tous genres (dont Il,000 pour le Magasin

Central). ' ,

Vannerie .

324 mannes neuves fabriquées (dont 185 pour le Magasin

Central), 250 mannes réparées, 160 chaises cannées et rem-

paillées.

Couture .

769 pantalons, 683 vestons, fil gilets, 132 robes. 182 mail-

lots, 15 maillots de force.

Menuiserie.

1 échelle simple, 5 échelles doubles, 15 coffres divers, 31

casses d'imprimerie, 2 armoires, 1 meuble à 2 corps pour

les photographies, li bancs, 3 tables, 2 tableaux pour les

classes, 1 table scolaire, 1 meuble pour l'imprimerie (Fonda-

tion Vallée), divers objets pour l'enseignement; installation

complète du nouveau sous-sol et croisées. Tout le travail

fixe neuf du service et toutes les réparations diverses.

. Serrurerie.

4 fauteuils en fer, 172 porte-vases pour chaises de gâteuses,

180 fcrrrures et charnières, 20 réparations de fauteuils en

fer. 290 objets en bois faits au tour : pieds de meubles,

pieds de table, poignées, boules, cylindres, cônes, etc. -

Ferrage de tous les meubles, échelles, coffres divers, ton-

neaux, boites, etc, confectionnés par la menuiserie. Fait

toutes les réparations journalières du service.

xxii Enseignement professionnel.

Cordonnerie.

806 paires de chaussures neuves, Gi5 ressemelages.

Imprimerie.

COiJ1ple-1'enriu du service de l'année. Ordres du jour des

Commissions. Affiches diverses. - Entêtes de lettres,

registres et tableaux divers pour Direction et Economat.

Circulaires pour le bureau de la 5 ? Bons de tabac.

Palmarès, relevés de points, présences, etc., pour les Ecoles

municipales d'infirmiers et d'infirmières. - Travaux divers

pour les hôpitaux et hospices : Boucicaut, Bicêtre, Maison de

santé, Ricord, Saint-Louis, Salpèlrière. - Travaux pour la

Société des Sous-employés de l'Assistance publique : affiches,

cartes, procès-verbaux, compte-rendu, feuilles d'admissions,

carnets de bal, fiches, etc., etc.

Nous n'insisterons pas sur les avantages que procu-

rent ces ateliers tant au point de vue de l'intérêt des

malades qu'à celui-de l'Administration. Nous ajoute-

rons seulement qu'il serait convenable, à tous les

égards, que nos anciens malades qui passent soit clans

les sections d'aliénés adultes, soit dans la division des

incurables de l'hospice, trouvent un meilleur accueil

dans les ateliers de l'hospice et que les chefs de ces ate-

liers leur témoignent plus de bienveillance. Il y va et de

l'intérêt clés malades, supérieur à toute autre considé-

ration, et de l'intérêt financier de l'Administration.

Tel est le résumé de l'enseignement professionnel

en 1898. Il importe de ne pas oublier que nos ateliers

ne sont nullement comparables à ceux cle l'orphelinat

Prévost à Cempuis et de l'école d'Alembert à Monté-

vrain, par exemple, où les apprentis sont des enfants

normaux, sains de corps et d'esprit, et même choisis

parmi les plus intelligents des candidats. Nos appren-

tis, à Bicêtre, sont non seulement des enfants anor-

maux, mais encore des enfants malades : quand ils

ont, les uns des accès yileplicl2e.s, convulsifs ou

psychiques, les autres des impulsions ou des périodes

d'excitation, ces jours-la et les jours qui suivent ils

ne peuvent travailler ni : '1 l'école ni Ù l'atelier

Statistique : Mouvement DE la population. XXIII

Administrativement, après avoir douté de la possi-

bilité de faire travailler les enfants idiot», arriérés et

épileptiques, certains auraient de la tendance à vouloir

les considérer comme des apprentis ordinaires qui,

suivant la pratique abusive des couvents, doivent.

fournir régulièrement une somme de travail fixée.

Nous le répétons, ce qui doit primer dans notre ser-

vice, c'est l'influence morale du travail, qui est l'adju ?

vant du travail scolaire, du traitement médical, et

non le produit lui-même, bien qu'il ne soit pas à

dédaigner : les enfants eux-mêmes sont heureux de

voir que leur travail est productif, qu'il se traduit par

des résultats pratiques (1).

III.

Statistique. Mouvement DE la population.

Le premier janvier 1898, il restait dans le service'

459 enfants (2) : 435 enfants idiots, imbéciles ou épi-

leptiques, dits aliénés et 24 réputés non aliénés. Cette

distinction, qui s'applique aux épileptiques adultes

aussi bien qu'aux enfants est purement administrative

et il est difficile de la justifier médicalement. -

Les épileptiques non aliénés sont placés par l'As-

sistance publique et sont à.la charge du budget muni-

cipal ; les épileptiques aliénés sont placés, suivant les

prescriptions de la loi du 30 juin 1838 et à la charge'

du département. ,

(1) Une autre cause qui contribue à différencier nos apprentis de ceux qué

nous avons cités, c'est qu'ils ont des permissions de sortie et des congés,

sur la demande des familles, à toutes les époques de l'année. -

(2) C'est-à-dire 59 de trop, puisque la section a été conçue pour 400 enfants.-

XXIV DÉCÈS, SORTIES, ÉVASIONS.

Sur ce nombre, 11 étaient atteints de cécité; 3 de sur-

di-mutité ; 28 étaient ruminants ; 50 hémiplégiques ; ;-

7 étaient atteints de maladie de Little; 60 étaient

baveux ; 38 onycophages et 4 déchireurs d'ongles.

Thymus et glande thyroïde. xxv

Évasions. Cinq évasions ont eu lieu dans le cou-

rant de l'année ; celles des enfants; Then..., Mull...,

Calb..., Se..., Hain... Le premier de ces malades,

recueilli par la Préfecture de police, nous a été rendu

le lendemain. Quant aux quatre autres dont l'évasion

n'a donné lieu à aucune mutation, ils nous ont été

ramenés par leurs parents.

1

Transferts. - Ils ont été au nombre de 13 : 10 à

Clermont, 1 à I ? 1CL1\, 1 à Vaucluse et 1 à Bonneval (1), ).

Les transferts, hors des asiles de la Seine, constituent t

comme nous l'avons dit maintes fois, une mesure

indigne d'un pays civilisé.

Thymus et glande thyroïde. - Nos études sur

l'idiotie myxoedémateuse nous ont conduit à repren-

dre, il y a 9 ans, des recherches anciennes (1868) sur

la glande thyroïde et incidemment sur le thymus.

Le tableau ci-après donne quelques renseignements

sur ces deux organes chez nos malades décédés en

1898.

Nous essaierons un jour de voir s'il y a lieu de tirer

quelque conclusion des pesées du thymus et de la

glande thyroïde que nous consignons tous les ans

dans nos Compte-rendus. Mais elles n'auront qu'une

valeur relative jusqu'à ce que nous puissions les

mettre en regard cle pesées analogues faites chez des

enfants réputés normaux et décédés soit à l'hôpital

des Enfants-malades, soit à l'hôpital Trousseau (2).

(Il Ce sont les familles dee enfants. \Ier..., \Iul... et Bon ? A la Fonda-

tion Vallée trois familles se sont trouvées dans le même cas Délie... Delcou

et Darthol...,

(2) L'un de nos internes de cette année, M. Katz, actuellement aux Enfants-

Malades s'occupe de ses recherches.

XXVIII T...

11F111 Décès.

XXX .. t

xxx - DECES 1

xxxn

-Décès.

XXXIV DÉCÈS.

\L11 Maladies intercurrentes.-

Maladies intercurrentes. 9 enfants sont entrés à

l'infirmerie atteints d'état de mal épileptique ; 2

atteints do bi,oncho-p71ditn-im-tie ; 3 de pneumonie ; 4

de tuberculose pulmonaire ; 5 d'angine ; 2 d'oph-

talmie ; 9 d'abcès ; 7 de diarrhée ; 3 d'impétigo ; 2 de

rhumatismes. Signalons aussi un cas de choléra spo-

sadique chez l'enfant Dumou...

Population au 31 décembre 1898. - Il y avait à

cette époque, dans le service, 462 enfants, se décom-

posant ainsi : 417 enfants idiots, imbéciles ou épilep-

tiques, dits aliénés et 45 réputés non aliénés. Sur ce

nombre 5 sont atteints de cécité ; 2 de surdi-mutité ;

25 sont ruminants ; 30 sont onycophages; 6 déchi-

reurs d'ongles ; 60 sont baveux ; 75 sont gâteux ; 50

sont hémiplégiques et 7 sont atteints de maladie de

Little.

Personnel du service en 1898. Le personnel était

ainsi composé : 1° Service médical : deux internes

provisoires, M. Chapotin et M. Sébileau.

2° Service scolaire : Grande École r 4 instituteurs :

MM. MESNARD, LANDOSSB, CAMAILHAC et GRANDVIL-

Ce dernier ayant démissionné dans le cou-

Tant de novembre a été, sur notre demande, rem-

placé par M. DERUETTE ; - un professeur de chant, M.

Sutter ; un professeur de gymnastique, M. GoY ;

un maître de danse, M. LANDOSSE ; un maître d'es-

crime M. Taquin et deux infirmiers dont un ayant le

grade de 1 cr infirmier Petite École : Mllos AGNUs

(Blanche) et BoIIAIN (Amandine), surveillantes ; M'ne

BEAUMONT, suppléante ; trois premières infirmières :

Mmes HUGUET, G-ERDER et MARQUET, et 10 infirmières

de. jour aidant les maîtresses d'école.

3° Enseignement professionnel. - 8 maîtres dont

nous avons donné les noms à la page XIX ; plus

deux infirmiers de garde.

PERSONNEL du service. XUII

4° Service hospitalier : Il se compose do M. MALEX-

çoN, sous-surveillant, remplissant les fonctions de sur-

veillant ; de M. Acard, suppléant, faisant fonotions de

sous-surveillant; de M. 13nIls : aLOU, suppléant (service

du gymnase) ; de I ? I;oN711 : I1, sous-surveillante

(infirmerie) ; de M"10 IIIALENÇON, suppléante (bâtiment

des gâteux); de ]\l'lie Grisard, 1"e infirmière (pavillon

d'isolement) ; de M"10 GLADEL, suppléante de nuit ; d'un

1 ? infirmier, M. Chérel (baigneur) ; d'un autre 1 ? infir-

mier attaché plus spécialement au Musée et chargé du

service de distribution de la pharmacie, M. GERDEH j

d'un infirmier-portier, d'un perruquier, de 25 infir-

mières de jour ou de nuit, de 29 infirmières de jour ou

de nuit; total du personnel secondaire : 85.

Section II : Fondation Vallée.

Histoire du service pendant l'année 1898.

I.

Situation du service. Enseignement primaire.

Au (le ce rapport, il nous parait utile de rap-

peler encore que, quand la Fondation Vallée a été

organisée, elle devait être pour les filles ce qu'est

la colonie de Vauclusc pour les garçons c'est-à-

dire qu'on devait en exclure les gâteuses et les

épileptiques. Mais dès l'origine, par suite des besoins

du service des aliénés, il n'a pas été tenu compte de

cette catégorisation. Il s'ensuit que la Fondation

Vallée ne correspond plus à la Colonie de Vaucluse

mais au service des enfants de Bicêtre, où nous

recevons, en outre des épileptiques et des hystériques,

toutes les catégories d'enfants idiots. De là deux

groupes principaux : 1" les enfants idiotes et (1 ?

teuse.s, 2° les enfants propres.

Enfants idiotes et gâteuses. Elles étaient au

nombre de 63 au ICI' janvier 1898 et de 70 à la fin do

l'année. Elles sont installées dans le bâtiment situé à

droite dans la cour d'entrée dont elles occupent le rez

Enfants idiotes gâteuses. XLV

de chaussée et le premier étage. Cette installation

est des plus défectueuses. Nous dirons même que, en

raison des infirmités physiques des enfants, elle est

insalubre, dangereuse. Le gâtisme exigeant un lavage

quotidien du parquet mal jointoyé, non hourdé, du

premier étage ; il en résulte des infiltrations d'eau

tout le long des murs. Ce n'est que grâce au zèle

et au dévouement de l'infirmière qui est chargée

cle ce service, Mile Suzanne Raymond, que nous

avons pu atténuer les inconvénients de cette installa-

tion et obtenir chaque année quelques bons résultats

au point de vue du traitement. Nous continuons et

avoir recours aux moyens et aux procédés que nous

avons décrits dans nos précédents rapports.

Les idiotes gâteuses se divisent en deux catégories :

a) les enfants valides qui sont envoyées et l'école du-

rant une partie de la journée. Bien qu'une classe ait

été affectée spécialement clans l'ancien réfectoire,

aux plus malades, d'autres vont à l'école et il en

résulte des inconvénients pour les enfants des classes

voisines, affectées aux enfants propres. b) Les

enfants invalides, qui séjournent dans les locaux et

la cour situés entre leur pavillon et le pavillon d'Infir-

merie qui leur sont affectés. Chez neuf d'entre elles

on a pu supprimer le gâtisme : Vergn ? Le Maréch ?

Dur ? Noir ? Bea ? Saun ? Guclcf ? Espin ? Glay .

4 ont appris à manger seules : Dcvc ? Vcrn ?

Séa ? Lécarch.. 3 enfants ont appris à marcher

seules : Wei ? Dev.. et Sca..

Nous avons proposé en 1896 l'appropriation du

sous-sol du bâtiment neuf suffisamment élevé et aéré,

en un service spécialement destiné aux enfants idiotes

gâteuses, valides et même à une partie des gâteuses

invalides. Voici en quoi consiste ce projet :

D'après nous, la moitié du .sous-sol la plus rapprochée des

bâtiments existants devrait être affectée aux enfants 1-ziteu-

1L\'I Enfants idiotes gâteuses.

ses invalides et il une partie des enfants gâteuses valides en

raison de la proximité de leur dortoir. Les enfants entre-

raient directement par la porte vitrée correspondante il

l'extrémité du bâtiment. La première travée servirait de

passage au centre, et les parties latérales, de cabinet de

débarras; - la deuxième travée serait affectée à un réfec-

toire ; la troisième une salle de gymnastique où l'on

mettrait les appareils l'ichery, échelles et ressorts, le trem-

plin, un escabeau, etc.

La quatrième travée serait réservée il l'école pour les

enfants gâteuses valides ; la cinquième travée serait

aménagée en école et préau pour les gâteuses invalides;

les deux dernières travées seront réservées au traitement

du gâtisme proprement dit et renfermeront tous les appareils

similaires en usage dans les divers services de Bicêtre (sièges

d'aisance avec cuvette en ciment, soupape, siphon, etc..

baignoires, bidets, bains de siège, chauffe-bains, lavabos,

armoires pour les serviettes et les peignes).

Le sol serait carrelé dans le réfectoire et la salle du

traitement du gâtisme. On mettrait du carreau revêtu de

linoléum dans les autres pièces.

La seconde moitié du sous-sol serait affectée aux services

suivants, en partant de la cage de l'escalier : 1° entrée

centrale, de chaque coté, cabinet de débarras ; '2" magasin

de chaussures, ciragier; - JO bains de pieds. Ces différentes

pièces seraient séparées par des cloisons.

La fenêtre vitrée à l'extrémité sud sera transformée eu

porte. Ces doux services seront complètement séparés de la

partie centrale affectée au service du chauffage.

Ce projet, ainsi que nous l'avons dit dans notre

Compte-rendu de 1896 (p. LXIV) et 1897 (p. XLVII) a

été soumis par l'Administration à la Commission de

surveillance qui, après l'avoir examiné sur place, l'a

adopté sur le rapport de M. le Du' Du Mesnil. Il a été

ensuite au Conseil général qui s'est prononcé pour

l'ajournement. Le jour où l'on voudra bien se

rendre un compte exact des difficultés actuelles du

service et du bien-être que l'installation réclamée

procurerait aux enfants, des avantages qui en résulte-

raient pour l'hygiène, toute hésitation disparaîtra.

Enseignement primaire et professionnel. SLVII

Enfants idiotes, imbéciles, épileptiques, etc.,

valides. Enseignement primaire et enseigne-

ment professionnel. Les procédés employés sont

les mômes qu'à la section de Bicêtre. Les améliora-

tions réalisées dans les écoles des garçons sont

introduites immédiatement à la Fondation. L'idéal

que nous poursuivons consiste à occuper les enfants

du malin jusqu'au soir, en variant le plus possible

les exercices. Les jeux même doivent contribuer à

leur éducation.

Au lever on apprend aux enfants à faire leur toi-

lette, à faire leur lit, à nettoyer leur dortoir. Aux

repas, on surveille les enfants qui savent manger seu-

les et on corrige leurs mauvaises habitudes ; on

apprend aux autres à se servir de la cuiller, de la four-

chette, etc. Sur 189 enfants présentes à la fin de l'an-

née, 45 savent se servir de la cuiller, de la fourchette

et du couteau; 72 savent se servir de la cuiller et de

la fourchette 49 de la cuiller seulement ; 30 ne savent

pas manger seules.

160 enfants ont fréquenté l'école et sont exercées à

la gymnastique Pichery. 60 enfants participent aux

exercices cle la grande gymnastique, sous la direction

de M. Goy et sous la surveillance de Mlle L1\GLE'I'.

M. Goy vient tous les jeudis à la Fondation. En raison

cle l'augmentation de la population, il serait néces-

saire qu'il donnât maintenant deux leçons par semaine.

Les ferons de choses sont multipliées le plus possi-

ble et ont lieu soit dans les jardins dont les arbres, les

arbustes, les plantes, etc., sont étiquetés. Les détails

dans lesquels nous sommes entré dans nos rapports

de 1890 à 1897 au sujet de l'habillement, de l'éduca-

tion, de la digestion, de la respiration, de la circula-

tion et de l'hygiène sexuelle nous dispense^ d'y

revenir cette année.

xilviii Chant.

Enseignement du dessin. Cet enseignement qui

durant plusieurs années et encore en 1896 était fait à

titre gracieux, d'ailleurs, par 1.1l11e Bru femme de l'an-

cien économe de Bicêtre, aujourd'hui directeur de l'hô-

pital Ricord, a été complètement suspendu en 1897 et

en 1898, faute de professeur. C'est là un cas fâcheux

pour les élèves, dont quelques-unes étaient déjà assez

avancées (1). .

Enseignement du chant. Cet enseignement est

fait par M. Sutter, professeur de chant à l'asile-école

de Bicêtre. Conformément à nos instructions, il s'est

occupé successivement de tous les enfanfs, en mesure

de profiter, dans une mesure quelconque, de son en-

seignement. 95 fillettes, divisées en trois séries, y ont

participé. Par suite des nombreuses entrées dans le

courant de l'année 1898 M. Sutter ne peut donner

qu'un compte-rendu très sommaire de son cours quant

aux nouvelles fillettes.

« Les anciennes élèves » dit ce professeur « connaissent

toutes leurs notes et chantent dans les choeurs la première

partie avec les garçons ; toutes ces jeunes filles ont une éten-

due de voix assez remarquable, principalement celles qui ont

passé la quinzième année. J'ai remarqué, d'après mes obser-

vations périodiques, que les plus jeunes n'ont qu'une étendue

de voix très restreinte, que celle-ci est généralement grave

sans être fausse. Quant aux myccdémateuses mises au trai-

tement par la glande thyroïde, on a observé les mêmes modi-

lications que l'an dernier, dans leur timbre de voix dont

l'étendue s'est accrue progressivement ( ? ). Enfin les progrès

d'ensemble sont satisfaisants, les nouvelles se mettent au

travail avec zèle et cherchent il suivre les anciennes dans la

lecture des notes et l'accompagnement des choeurs. »

Danse. - Les exercices de danse ont eu lieu sous

II) Il y aurait une réelle utilité d'avoir un professeur de dessin pour la Fou-

dation et pour le service des enfants de Ilicitre.

(2| Comple-rendu de 18;1G, y. XLIX et LUI

Enseignement professionnel. XLIX

la Direction de M. Landosse, instituteur à Bicêtre, le

mercredi de 4 à 5 heures. 70 enfants ont pris part à

ces exercices ; 55 savent danser la polka ; 45 connais-

la polka, la mazurka et la scottisch ; 30 connaissent

toutes les danses de caractères et toutes les figures du

quadrille.

Enseignement professionnel. A mesure que les

enfants se développent, on leur apprend tous les soins

du ménage ; à mettre et à retirer le couvert, à nettoyer

les réfectoires, laver la vaisselle, etc. Dix des moins

arriérées, aident le personnel à apprendre à manger

aux enfants incapables de manger seules et à perfec-

tionner celles qui mangent malproprement. - Une

enfant de la Fondation Vallée, Bris ? a continué à

L . : . Visites, congés. -

être employée comme demi-infirmière. L'administra-

tion lui alloue une indemnité mensuelle cle 5 francs.

- Les doux ateliers que nous possédons ont continué

à fonctionner régulièrement. Le travail évalué par M.

Lequeux, économe de Bicêtre, d'après le tarif réduit

de l'Administration, s'est élevé à 30TL francs pour

l'atelier de couture dirigé par 1\'I ? Ehrmann et 770

francs pour l'atelier de repassage dirigé par 11 ? Que-

tre. Total : 3.841 francs. -Nous avons installé à la

lin de l'année un petit atelier de typographie.

En plus des apprenties qui travaillent par séries

régulières, 45 enfants ont travaillé une heure par jour.

25 enfants savent faire complètement les layettes ; 40

du crochet; 15 savent marquer; 12 savent faire la

tapisserie ; 10 commencent à tricoter. Le tableau

cle la page XLIX donne mois par mois le nombre des

apprenties régulières et l'évaluation du travail.

Visites, permissions de sortie, congés. Les

enfants ont reçu 3.531 visites. Les visiteurs ont été au

nombre de 6.100. Ces chiffres témoignent de la solli-

citude des familles envers leurs malheureuses enfants.

Il semblerait que, se rendant compte de la responsa-

bilité héréditaire qui leur incombe, elles redoublent

d'affection pour elles.

Bains et hydrothérapie. Li

gés d'essai à lin de sortie nous ne tenons pas à accor-

der des congés de plus de cinq jours, parce que le

séjour des enfants dans leurs familles se prolongeant,

il est moins facile de les faire rentrer et surtout parce-

qu'elles reprennent vite, chez elles, leurs anciennes

habitudes ; que, à leur retour, elles se plient moins

bien à la discipline et travaillent avec moins d'ardeur.

La Commission de surveillance à visité la Fondation

le 7 juin 1898. Jamais à notre connaissance, le Procu-

reur de la République n'a visité la Fondation Vallée.

Et c'est ainsi, comme nous le disions l'année dernière,

que l'on se conforme aux prescriptions de la loi du 30

juin 1838 sur les aliénés ! -

Fie vaccinations. Elles ont été au nombre de 54

dont 2 seulement avec succès.

Bains et hydrothérapie. Nous avons eu recours

dans une large mesure aux bains et aux douches

comme d'habitude. Quant aux autres moyens de trai-

tement, ils ont été les mêmes que dans notre section

de Bicêtre. Signalons surtout les leçons de choses soit

en classe, soit dans les jardins et les promenades.

Nous veillons le plus possible à l'hygiène sexuelle, et

pour les petites gâteuses et pour les petites filles

pubères. Les enfants prennent leurs douches à la

Fondation. Quant aux bains, l'installation n'ayant

pu fonctionner une partie de l'année, nous avons dû

nous servir des bains de Bicêtre. - Les vnins depieds

ont été donnés également à Bicêtre où il existe, nous

tenons à le rappeler, une installation rendant facile le

lavage simultané des pieds d'un grand nombre do

malades ; aussi avons-nous réclamé une installation

semblable il la Fondation Vallée. Le sous-sol du bâti-

ment neuf pourra être en partie utilisé dans ce but,

ainsi que nous l'avons dit plus haut. Voici la statis-

tique des bains et des douches en 1898.

lu Améliorations diverses.

Statistique. lui I I

Transformation des cabinets du gymnase et installa-

tion du tout à l'égout. Installation aussi du tout à

l'égout aux cabinets de l'infirmerie.

Teigne. - Douze enfants ont été soignées au pavil-

lon des contagieux de l'hospice de Bicêtre dans le

courant de l'al1lH'e 1898.

Maladies intercurrentes. Elles ont été relative-

ment nombreuses comparativement à l'effectif;

G tuberculeuses; 5 méningites; - 2 excitations

maniaques ; 2 choréiques ; 1 ophtalmie ; 1

pleurésie ; 4 bronchites ; 7 états de mal épilep-

lique; 20 engelures; 18 gourmes; - 2 diar-

rhées. Comme maladies contagieuses nous n'avons

à citer qu'un cas de fièvre typhoïde suivi de gué-

rison.

il.

Statistique. Mouvement DE la population.

Le 1er janvier 1898 il restait à la Fondation Vallée

186 enfants se répartissant ainsi : ,

LIV

Mouvement de la population.

Personnel du service ils

Fondation, le 31 décembre, 189 enfants se décompo-

sant ainsi : .

Décès.

IX III DÉCÈS.

noms. 1 AGE. 1 ' maladie. - Date du décès.

Gerv .......... 2 ans. Idiotie méningitique Epilepsie. 12 mai.

Cécité. '

Delay........ 3 ans. Idiotie complète. Paraplégie. 27 mai.

IIair.........1 )Gans. i Idiotie complète. Gâtisme. 20 juin. '

Hanta 17 ans. 1 Epilepsie symptomatique. 27 juin. :

,

Tl'odo ? ....17 mois. Idiotie. 15 août ! !

Fuso11 12 ans. Î Idiotie. 30 octobre.

DÉCÈS.

LIT

CAUSE DU DÉCÈS. PARTICULARITÉS.

Pneumonie aiguë. Os du crâne peu durs, assez épais. Persistance

Méningite hémorrha- de la fontanelle antérieure ; persistance par-

tique. tielle de la suture métopique. Adhérences

nombreuses de la dure-mère à la pie-mère .

-i^tfÉ> Sinus distendus par des caillots. Cerveau

'^W*F gélatiniforme. Faces internes et convexes

des deux hémisphères infiltrées de sang.

Coeur rempli de caillots. Dégénérescence

graisseuse du foie. - Pneumonie aiguë.

Broncho-pneumonie. Opposition ¡¡l'autopsie.

- Tuberculose généra- Os du crâne épais et durs ; plaques transpa-

lisée. renies. Rien d'apparent à l'oeil nu dans les

centres nerveux. Tuberculose généralisée.

Etat de mal. Calotte peu épaisse et peu dure ; graisseuse ;

fosse occipitale guuche plus développée que

la droite. - Adhérences de la dure-mère

i à la calotte et de la pie-mère à la région

occipitale des deux côtés. Arrêt de déve-

loppement des circonvolutions. Atrophie

du coin et de la partie postérieure de L. Q.

Congestion très intense du poumon droit.

Congestion du foie. Orifice vulvaire ne

présentant pas d'hymen.

1 Cachexie. Os du crâne très minces ; plaques transpa-

rentes ; plagiocèphalie prononcée ; persis-

tance de la fontanelle antérieure et de la

suture métopique. Adhérences de la dure-

1 mère au crâne. Vascularisation intense du

petit intestin. Cachexie.

Tuberculose généra- Os du crâne minces et peu durs. Persistance

lisée. Poussée de de la suture métopique. Poussée de

méningite. Ménin- méningite. Méningo-encéphalite partielle

go-encéphalite par- prédominant au niveau des nerfs et du chias-

tielle. ma obtiques. Tuberculose méningée, pul-

monaire et ganglionnaire.

Section III. Assistance des enfants idiots : créa- : tion de classes spéciales, annexées aux écoles

; primaires, pour les enfants arriérés.

I.

A MM. les membres de la Commission de surveillance

des asiles d'aliénés de la Seine.

MES chers collègues,

L'organisation de classes spéciales, distinctes des

écoles primaires ordinaires ou annexées à l'une ou plu-

sieurs de ses écoles dans chacun des arrondissements

de la ville de Paris, ou des principales aggloméra-

tions du département- de la Seine, a été réclamée par

nous, depuis nombre d'années. Après avoir signalé, au

sur et à mesure, soit dans les Archives de neul'olo-

gie, soit dans le Progrès médical, les renseignements

qui nous parvenaient, nous avons porté la question

devant la Délégation cantonale du V"10 arrondisse-

ment, le Congrès national d'assistance de Lyon, la

Commission de surveillance des asiles, le Conseil

général de la Seine.

Jusqu'à présent, nos efforts sont demeurés stériles.

L'accueil que vous avez bien voulu faire à nos propo-

sitions, l'attention que vous avez prêtée aux faits à

l'appui de ces créations, que nous avons mis sous vos

yeux, à chacune de vos visites dans la section des

BOUHNEVILLE, Bicêtre. 1898. ?

LXYl Assistance des enfants idiots.

enfants, nous encourage à insister encore cette année

sur les avantages incontestables de la création de ces

classes spéciales, dans l'intérêt des enfants, de leurs

familles et clos linances du département.

A notre avis, ces classes spéciales seraient destinées

il recevoir : 1° les enfants arriérés, indisciplinés, etc.,

qui nuisent au bon fonctionnement des écoles ordi-

naires, au détriment des enfants normaux; 2° les en-

fants idiots, améliorés par le traitement médico-péda-

gogique dans les différents services hospitaliers où ils

ont été admis et qui, en l'absence de ces classes 31)é-

ciales, sont obligés de les conserver.

En ce qui concerne la première catégorie, l'ancien

directeur de l'enseignement primaire dans le départe-

ment de la Seine, M. Carriot, devait, en se servant

de la classification et des définitions qu'il nous avait

demandées, faire dresser la statistique des enfants

arriérés ou indisciplinés existant dans toutes les

écoles primaires de Paris, et ultérieurement de la

Seine. Son départ l'a empêché de donner les instruc-

tions nécessaires et son successeur, M. 13éllol'cz,

ne parait pas avoir été mis au courant de cette affaire.

Relativement à la seconde catégorie, nous allons,

de nouveau, comme nous l'avons fait précédemment,

placer devant vous un certain nombre d'enfants que

nous avons améliorés et qui, par conséquent, pour-

raient être rendus il leurs familles avec ou sans

secours mensuel et être envoyés dans ces classes.

[M. IJOCHNE\ïLLE montre une vingtaine de ces enfants, avec

leurs cahiers scolaires et leurs photographies prises il. diver-

ses époques depuis leur entrée, documents qui mettent bien

en relief les améliorations obtenues chez eux.]

Nous vous avons indiqué, sinon toutes les créations

de ce genre existant à l'étranger, au moins une

Classes spéciales. ' lxvii

grande partie d'entre elles. Nous espérions naïvement

que notre pays -- n'ayant pas eu l'initiative s'ef-

forcerait de réparer le temps perdu et procéderait

rapidement à l'organisation de ces classes. Rien 2'a

été essayé. Aussi, revenant à la charge, avons-nous

pensé devoir profiter de votre visite pour porter à

votre connaissance de nouveaux documents que nous

croyons intéressants et de nature à exciter le zèle de

l'Administration et du Conseil général. Ils ont trait

à trois pays : la Suisse, l'Angleterre et la Belgique..

. I. Suisse.

Notre ami, le D'' Laclame (de Genève), a bien

voulu, sur notre demande, faire une enquête com-

plète sur les classes spéciales qui existent depuis un

temps plus ou moins long dans son pays et nous

a adressé, sous forme de lettre, les résultats très

remarquables de cette enquête.

Genève, le 25 mai 1898.

Mon cher ami,

Le premier établissement pour la « guérison » et l'édu-

cation des enfants crétins et idiots, en Suisse, a été fondé,

comme on sait, en 1840 par le D'' Guggenbuh ! (de Glaris),

sur l'Abendherj près d'Interlalcen. Lorsque nous cher-

châmes, il y a quelques années, à nous renseigner sur la

catastrophe qui mit fin à cette entreprise et donna le coup

de mort il son infortuné fondateur (le D'> G. mourut à Mon-

treux à peine de 47 ans, peu après la fermeture de

l'Abendberg), on nous répondit : « Le mieux c'est de n'en

pas parler». Et cependant nous sommes de ceux qui

croient que la lumière n'est pas faite sur l'histoire de

l'établissement de l'Abendberg. Le malheureux Guggen-

buhl, comme tous les précurseurs, a été victime de sa foi.

Il croyait à la guérison des idiots, et il a succombé sous

l'accusation de charlatanisme, dont il a été gratifié officiel-

lement par la commission des savants médecins nommés

LXVIII Assistance des enfants idiots.

par le gouvernement bernois, à l'instigation du ministre

anglais Gordon, résidant à Berne, pour faire une enquête

sur les prétendues guérisons que G. se vantait d'opérer

dans son asile (1). Ce procès mériterait d'être revisé.

Nous sommes convaincu que les critiques impitoyables

et les attaques passionnées, qui poursuivent encore la

mémoire du médecin de l'Abendberg, feraient place aune

plus juste appréciation de son oeuvre, si on le jugeait

aujourd'hui d'après nos connaissances modernes sur l'i-

diotie. L'erreur qu'il a commise n'est pas un crime. L'ini-

tiative de G. a porté de nombreux fruits : l'établissement

qu'il a fondé est devenu le point de départ de ceux qui ont

été créés dès lors en Europe et en Amérique (2). L'écroule-

ment de l'Abendberg eut des conséquences fatales sur l'é-

ducation des idiots en Suisse. Il en arrêta les progrès

pendant de nombreuses années. Tandis qu'on fondait par-

tout des asiles pour les idiots, à l'exemple de Guggenbuhl,

les cantons suisses qui ont tant fait pour l'assistance des

malheureux sous d'autres rapports, se désintéressaient de

cette question. Jusqu'en 1883, il n'existait dans notre pays

que quatre petits établissements privés pour l'éducation

des enfants faibles d'esprit. La Société d'utilité publique

de Zurich ouvrait au printemps de 1883 le bel asile de

Regensberg qui servit de modèle à beaucoup d'autres. On -

en compte actuellement douze, en Suisse, qui soignent

et élèvent plus de 500 enfants idiots ou faibles d'esprit.

Une nombreuse assemblée fut convoquée à Zurich les

3 et 4 juin 1889 par des hommes d'initiative, entre autres

M. Koelle, le directeur bien connu de l'asile des épilepti-

ques, et le pasteur Ritter, dans le but de discuter la ques-

tion de l'assistance des enfants idiots et faibles d'esprit.

(1) Voir les rapports des D" L'lügel et Demme dans les « Actes de la Société

helvétique des sciences naturelles Il '. ?

(2) Nous devons rappeler que les premiers essais d'éducation des enfants

idiots sont. dus iL Itard (Rapports sur le Sauvage de l'Aveyron, 1802 et 1807) ;

que Belhomme montra en 1824 la possibilité d'éduquer les idiots ; qu'en

1828, Ferrus organisa une sorte d'école à Bicêtre; qu'en 1831, J. P. Falret

entreprit la même biche iL la Salpétriére; - qu'en 1834, F. Voisin fonda pour

les enfants idiots un établissement urt))0plirenique; qu'en 1837, E. Séguin

commença les travaux qui ont rendu son nom illustre, etc. (B.) -

Classes spéciales. LXlix

Un compte-rendu de cette conférence a été publié et ren-

ferme notamment des mémoires du 1) ? ilderiiiutli sur

la pathologie de l'idiotie et du professeur Forci sur

les jeunes aliénés. On trouve aussi clans ce recueil le

premier travail paru en Suisse sur les « Classes spéciales

pour les enfants arriérés » par MM. A. Fisler (de Zurich)

et le Dr Largiarder (de Baie).

En outre plusieurs délégués firent des rapportsàlaconfc-

rencc sur la création d'asiles pour les idiots et sur l'organi-

sation d'un enseigne men t spécial, dans leurs cantons, pour

les enfants faibles d'esprit. Le 1), \Viesmann (d'Ilérisaul,

délégué d'Appenzett (Rhodes-Extérieures), nous apprend

que cette commune a créé depuis 1883 deux classes pour

les enfants arriérés et que les résultats de cet enseigne-

ment spécial ont été très satisfaisants, parfois surpre-

nants. En 1889, on comptait 18 enfants fréquentant ces

classes. Le renseignement de 1897 indique 63 enfants

arriérés, répartis actuellement dans les classes spéciales

formées dans plusieurs communes de ce petit canton.

D'autres communes suivirent bientôt l'exemple d'IIérisau,

car la statistique annonce que 157 enfants du demi-can-

ton d'Appenzell (R. E.) sont désignés pour être placés

dans les classes spéciales.

Dans les Grisons, une petite classe spéciale pour 15 h- : 2 : J

enfants fut fondée il Coire en 1881 par une dame charita-

ble, dont la sieur avait été éduquée avec succès dans l'é-

tablissement des sourds-muets de Zurich. A Saint-Gall

les classes spéciales furent créés en 1888 par un règle-

ment dont voici les principales dispositions : « La classe

spéciale est une partie intégrante de l'école primaire.

L'enfant y est admis après une année d'école primaire

si on a reconnu la nécessité de son admission. Le

nombre des élèves des deux sexes ne dépassera pas

25 pour une classe. Maximum de 30 heures par se-

maine dont 10 au moins seront consacrées à la gymnas-

tique et aux travaux manuels. »

La ville de Hâte avait procédé en janvier 1888, avant

Saint-Gall, il l'organisation de deux classes spéciales pour

LXX Assistance des enfants idiots.

enfants arriérés, sur l'initiative du D'' Largiarder, direc-

teur de l'école secondaire des jeunes filles, qui s'inspira

de ce qu'il avait vu it Cologne et à Elbcrfeld. Pour

Largiarder le chiffre de 25 enfants est l'extrême limite

qui ne doit jamais être dépassée. Les filles et les

garçons reçoivent l'enseignement en commun, bien

que les sexes soient séparés dans les écoles bâloises,

L'expérience a prouvé, en effet, que la réunion des garçons

et des filles avait une bonne influence pour leur éducation

dans les classes spéciales. - L'enseignement est fait par

des institutrices qui sont mieux qualifiées que les hommes

pour cette oeuvre de patience et de dévouement. Le pro-

gramme est le môme que celui des. écoles primaires, mais

on donne aux maîtresses une grande liberté d'action pour

le remplir. L'admission dans ces classes n'a lieu que sur

la décision du chef du département de l'instruction

publique, sur le vu d'un rapport de l'instituteur, de l'ins-

pecteur scolaire et du médecin. On craignait au début

que les parents ne s'opposassent à l'entrée de leurs enfants

dans la classe spéciale. Mais ce fut tout le contraire qui

arriva. Les parents ne sont souvent que trop facilement

disposés 1\ demander l'admission de leurs enfants dans

cette classe. Il n'y a pas ici d'examen de fin d'année

comme cela a lieu pour les autres classes.

Largiarder termine son rapport en disant qu'il était

autrefois l'adversaire décidé des classes spéciales. Il lui

paraissait injuste de marquer l'enfant dès le jeune âge du

stigmate de l'imbécillité en le parquant dans une école

spéciale. Il partageait aussi le préjugé courant qui pro-

clame la bonne influence de la présence dans une même

classe des enfants normaux et des arriérés, ceux-ci étant

stimulés par les progrès de leurs camarades mieux doués.

Mais l'expérience lui a appris que, tout au contraire, les

classes spéciales sont un bienfait pour les enfants arriérés

et un véritable soulagement pour les classes ordinaires.

L'instituteur A. Fisler (de Zurich) avait été chargé du

rapport principal sur cette question il la conférence du

3 juin 1889. F. peint le sort malheureux des enfants arrié-

rés dans l'école commune, dont ils deviennent lc poids

Classes spéciales. LXXI

mort. Il montre la nécessité de les instruire il part, aussi

bien dans leur propre intérêt que dans l'intérêt général

des classes ordinaires. Il réfute les critiques que l'on a

adressées à l'institution des classes spéciales et fait sen-

tir par des exemples frappants la nécessité qu'il y a de

s'occuper individuellement des enfants anormaux, ce qu'il

est imposible de réaliser dans les classes ordinaires. F.

donne des chiffres tirés de l'école de Zurich qui prouvent

que le nomhre des enfants arriérés est beaucoup plus grand

qu'on le suppose. Partout où l'on a fondé des classes spé-

ciales, clic se sont immédiatement peuplées et le nombre

fies enfants admis dans ces écoles a toujours été beaucoup

plus considérable qu'on ne le croyait au premier abord.

Il faut compter, dit-il, environ 3 ou 0/0 d'enfants arriérés

dans la population scolaire.

Nous venons de voir qu'il existait déjà en Suisse depuis

quelques années, avant la conférence de Zurich de 1889,

des classes spéciales pour les enfants arriérés dans les

Grisons, l'Appenzell, à St-Gall et surtout à Baie, mais il

est incontestable que toutes celles qui se sont fondées dès

lors ont pris naissance sous l'influence de cette conférence,

qui eut un grand retentissement.

A l'occasion du centenaire de Pestalozzi, qui fut célébré

dans toutes les écoles suisses le 12 janvier 1896, de nom-

breuses publications et conférences pédagogiques eurent

lieu dans un grand nombre de cantons. Quelques mois

plus tard, le 7 juin 1896, les délégués des sociétés pédago-

giques de la Suisse se réunissaient à Lucerne, où M. Auer,

maitre secondaire dans le canton de Glaris, fit une confé-

rence publique intitulée : « Comment devons-nous assister

les enfants arriérés et faibles d'esprit en Suisse ? De

quelle manière les sociétés pédagogiques suisses peu-

vent-elles préparer et activer la solution de cette question

boîzlar2le (1) ?

L'auteur défend, entre autres, la thèse que les enfants

(«Cette conférence, très documentée et fort bien ordonnée, a été publiée

dès lors sous le titre Sorget sur die Schwachsinnigen Kindrr > (Prenez-

soin des enfants faibles d'esprit). Zurich,- 1800. - -

LXXII Assistance des enfants idiots.

faibles d'esprit ne doivent pas recevoir l'instruction

scolaire avec les enfants normaux, comme on a coutume

de le faire aujourd'hui. On leur cause ainsi un grave

préjudice et ils deviennent pour le reste de leur vie les

victimes innocentes de cette flagrante injustice. Il faut les

sortir de l'école primaire et faire leur éducation à part.

Ceux qui sont atteints d'un degré léger de faiblesse d'es-

prit seront instruits dans des classes spéciales ; les idiots

proprement dits devront être placés dans des établisse-

ments.

A la suite de cette conférence, les délégués réunis à

Lucernc prirent il l'unanimité la résolution de s'occuper

activement des enfants faibles d'esprit. Une pétition des

sociétés pédagogiques fut adressée au Conseil fédéral le

le, novembre 1896. Ce document fait ressortir qu'un grand

nombre d'enfants arriérés sont placés dans les écoles

primaires, où il est impossible de leur donner les soins et

l'attention nécessaires. Ils sont abandonnés à eux-mêmes

et voués il la déchéance mentale, car leur éducation doit

faire l'objet de soins particuliers. Les résultats de la

visite sanitaire des recrues et les enquêtes faites dans les

cantons de Glaris, de Thursovie et de Soleure ont révélé

le grand nombre de ces enfants qui fréquentent l'école.

On compte environ 1 à 2 enfants faibles d'esprit pour cent

écoliers normaux. Il en existe donc des milliers en Suisse.

Le corps enseignant considère comme son devoir de vouer

toute sa sollicitude à l'éducation des enfants anormaux.

Le premier pas pour guérir un mal, c'est de le bien con-

naître. Voilà pourquoi les sociétés pédagogiques deman-

dent au Conseil fédéral de bien vouloir ordonner une

enquête statistique, d'après un plan uniforme et faite en

même temps dans tous les cantons de la Suisse.

Le Conseil fédéral approuva la proposition, après

avoir consulté les gouvernements cantonaux, qui s'y

montrèrent sympathiques.

Le bureau fédéral de statistique, dont le directeur est

M. le Dr Guillaume, fut chargé d'étudier le programme

et l'organisation de ce recensement.

Classes spéciales. LXXIII

Le 2 février 1897, le Conseil fédéral décida que le recen-

cement serait fait dans le courant du mois de mars suivant,

avant la clôture du semestre d'hiver.

Les résultats de ce dénombrement furent publiés par

le bureau fédéral de statistique le 12 novembre 1897; nous

en détachons les chiffres suivants.

Il résulte des renseignements recueillis dans tous

les cantons que 13.155 enfants en âge de fréquenter l'école

primaire rentrent dans le cadre de l'enquête. Sur ce nom-

bre, 7.667 enfants, soit 59 0/0, sont indiqués comme fai-

1>les d'esprit il divers degrés mais susceptibles d'éducation

et d'un certain développement intellectuel.

De ces 7.667 enfants arriérés ou faibles d'esprit, mais

envisagés comme susceptibles de développement psychi-

que, on en compte :

567 qui reçoivent déjà une instruction dans une classe

spéciale; ! il qui sont placés dans un établissement spécial ;

101 qui se trouvent dans des orphelinats ;

5.585 pour lesquels un traitement individuel clans une

classe spéciale et clans un asile spécial est réclamé ;

531 pour lesquels un traitement spécial n'a pas été jugé

nécessaire pour divers motifs ;

466 pour lesquels la question du placement est laissée

indécise.

Comme on le voit, la grande majorité de ceux qui sont

indiqués comme faibles d'esprit devraient recevoir

l'instruction dans une classe spéciale.

Le recensement de mars 1897 a exercé une influence

décisive sur la création de ces classes en Suisse. Chaque

année on en a organisé cie nouvelles et nous ne pour-

rions pas les indiquer toutes ici. Je me bornerai donc il

donner quelques brèves indications sur les principales.

LXXIV Assistance des enfants idiots.

Celles de Baie sont au nombre de huit, parfaitement

organisées aves 25 élèves chacune. Chaque classe com-

prend trois ou quatre divisions. La discipline y est com-

plète ; les enfants y sont dressés a l'obéissance militaire

et peut-être y a-t-il clans ce fait une cause d'infériorité

pour le développement de leur initiative personnelle.

Pourrait-on reprocher aux classes spéciales de Baie

d'être un peu trop des écoles modèles ? Il n'existe, il est

vrai, dans aucun autre canton de la Suisse, une organisa-

tion qui satisfasse complètement aux besoins locaux.

B.ile-Ville, le recensement de 1897 a montré que le

nombre des enfants faibles d'esprit recommandés pour

être placés dans une classe spéciale est réduit à trois, un

garçon et deux fillettes, c'cst-à-dire qu'on y a pris toutes

les mesures nécessaires pour donner il ces enfants l'éduca-

tion dont ils ont besoin.

Le conseil a revisé le règlement de ces classes le 23

avril 1892 pour le mettre en harmonie avec la loi scolaire

qui institue les classes spéciales. Cette loi, promulguée le

21 juin 1880, a été modifiée le 8 juin 1891. Les classes

sont mixtes ; garçons et filles y reçoivent l'instruction en

commun.

Le § du nouveau règlement exclut catégoriquement

des classes spéciales les enfants suivants :

1° Ceux qui, en vertu d'infirmités corporelles ou men-

tales ne sont pas aptes à suivre les écoles publiques ;

2° Ceux qui sont pervertis moralement;

3° Ceux qui ont atteint seconde classe primaire.

Par contre, on admet dans les classes spéciales, les

enfants susceptibles d'instruction qui, par suite de défec-

tuosités corporelles ou mentales, ont besoin d'un traite-

ment individuel et ne peuvent pas, pour cette raison, se

tenir au niveau de leurs camarades dans les classes ordi-

naires.

L'admission a lieu soit sur la demande des parents,

Classes spéciales. LXXV

avec autorisation du Département de l'instruction publi-

que (si l'enfant a passé au moins une année 1\ l'école pri-

maire, en donnant la preuve qu'il ne pouvait y suivre les

leçons), soit directement par une mesure administrative

du Département, avec l'assentiment des parents, après que

l'enfant a tenté sans succès un essai cle deux ans il l'école

primaire.

Une commission, composée de l'inspecteur scolaire, des

médecins et de l'instituteur de la classe spéciale, est con-

sultée pour chaque cas et aucun enfant n'est admis

dans la classe spéciale sans le préavis favorable de cette

commission. Toutefois le Département peut y placer pro-

visoirement des enfants, s'il s'agit de cas urgents, pendant

l'année scolaire.

Lorsque les parents ne consentent pas au placement de

leur enfant dans une classe spéciale, le Département pro-

noncera si l'enfant peut continuer a fréquenter l'école pu-

blique. En tout temps, le Département pourra faire ren-

trer un enfant de la classe spéciale dans une école primaire

sur la proposition de l'instituteur, appuyée par la Com-

mission dont nous venons de parler, c'est-à-dire par le

médecin et l'inspecteur scolaires.

A Zurich, la première classe spéciale pour enfants

arriérés a été ouverte en avril 18ho. En 1896, il y avait G

classes spéciales, avec un total de 175 enfants, 84 garçons

et 91 filles. Le règlement organique de ces classes a été

adopté le 15 février 1894. Il ne diffère que peu de celui

de Baie. On y retrouve la même composition de la

commission spéciale. Le droit de recours des parents

contre les décisions de cette commission est formelle-

ment réservé; la classe spéciale n'est pas obligatoire. La

rentrée d'un enfant dans l'école primaire peut être

faite à l'essai, ce qui nous paraît très avantageux. Comme

il l3 : île, le nombre des élèves ne doit pas dépasser 25 dans

une classe. Le règlement de Zurich insiste sur le traite-

ment individuel de chaque enfant, dont l'éducation doit

s'inspirer avant tout des nécessités de la vie pratique.

L'âme des classes spéciales zuricoises est certainement

LXXVI Assistance des enfants idiots.

l'instituteur Fisler, qui montre il quel point la personna-

lité du maître joue ici le rôle essentiel. Pour le succès

des classes spéciales, tout repose sur l'instituteur. Si ce

dernier ne comprend pas la belle mission qu'il a à rem-

plir et n'est pas à la hauteur de sa tâche, la classe spé-

ciale sera plus mauvaise pour l'enfant que son séjour

ingrat dans l'école primaire. Fisler affirme que l'ensei-

gnement schématique, qui ne tient pas compte des dif-

férences individuelles si grandes chez les enfants anor-

maux, est la mort des classes spéciales. Les résultats ob-

tenus à Zurich sont le triomphe de la méthode intuitive,

qui fait appel à l'initiative personnelle de l'enfant, en

réveillant ses facultés engourdies et arrêtées clans leur

développement. L

A Saint-Gall, il existe deux classes spéciales; la plus

ancienne est destinée surtout aux enfants vraiment anor-

maux, tandis que la plus récente, ouverte en 1897, est

'plutôt réservée aux enfants simplement arriérés. Mule

Anna Bohl, qui est a la tête de la première depuis 1893, a

présenté un mémoire, fort bien étudié, it la conférence

pédagogique du corps enseignant saint-gallois, en 1897.

Cette institutrice distinguée termine son travail par les

thèses suivantes :

1. La société, c'est-il-dire l'Etat, a un intérêt it la bonne

éducation des faibles d'esprit qui peuvent être élevés il la

dignité d'hommes et rendus capables de gagner leur vie.

II. C'est pourquoi des dispositions légales doivent être

prises, qui donnent aux enfants faibles d'esprit le droit de

recevoir pendant 7 ans un enseignement spécial obliga-

toire. Les enfants n'en seraient dispensés que sur décla-

ration médicale compétente, constatant l'arrêt définitif de

leur développement mental, ou s'ils étaient suffisamment

avancés pour rentrer, sans inconvénients, dans l'école

primaire commune.

III. Comme les enfants faibles d'esprit ou anormaux ne

peuvent pas suivre avantageusement les écoles ordinaires,

les autorités scolaires devront les dispenser de suivre ces

Classes spéciales. LSXVII

écoles et les placer, suivant la décision d'une commission

médicale et pédagogique, soit clans une classe spéciale,

soit dans un établissement.

IV. Les communes doivent s'occuper de l'organisation

des classes spéciales dans leur ressort. Elles seront aidées

pour cela par un subside de l'Etat.

Les autres thèses étant relatives aux conditions parti-

culières du canton de Saint-Gall, nous les passons sous

silence.

Lausanne a vu s'ouvrir, le ICI' mai 1896, avec 10 élèves,

la première classe spéciale de la Suisse romande. D'après

les rapports cle la direction des écoles, les résultats obte-

nus dans celte classe ont été des plus encourageants :

« Comme l'année précédente, lisons-nous dans le rapport

pour 1897, ces résultats démontrent clairement que tous

les enfants arriérés, qu'ils soient faibles d'esprit à un degré

léger ou il un degré très prononcé ( ? ) sont susceptibles

d'un développement plus ou moins rapide, les rapprochant

sensiblement de l'état normal, grâce il un enseignement

spécial, individuel et intuitif.... D'heureuses transforma-

tions se sont opérées sur plusieurs sujets qui, autrefois,

étaient indisciplinés et exerçaient une mauvaise influence

sur leurs camarades.

« A mesure que quelques connaissances trouvent accès

dans leur tête, jadis si rebelle, leur coeur s'ouvre ; ils ne

sont plus les derniers de la classe, les bouffons, les souf-

fre-douleurs des autres enfants, ne subissant que blâme

et punitions. Ils commencent à travailler avec intérêt et

joie, et non plus sous le poids de leur infériorité. Les

mauvais instincts qui, sans doute, se réveillent encore

parfois, perdent ainsi peu à peu de leur puissance. La

classe spéciale, n'obticndrait-elle que ce seul résultat,

n'en serait pas moins une institution bienfaisante et utile

à la société. »

1 ine commission de deux médecins et du directeur des

écoles examine les élèves que les parents désirent con-

fier il la classe spéciale. Leur admission a lieu dès qu'on

LSSVIII Assistance des enfants idiots.

a reconnu leur incapacité de suivre l'enseignement com-

mun de l'école primaire, soit pour cause d'infirmités phy-

siques (le plus souvent surdité ou bégaiement), soit pour

cause de débilité intellectuelle ou de troubles nerveux.

M110 Emma Kriegcr, institutrice de la classe spéciale de

Lausanne, a publié dans l'L'dtteate2tr (organe de la Société

pédagogique de la Suisse romande, n° du 1 : ) février 1897),

quelques renseignements intéressants sur la classe spé-

ciale de Lausanne, qui confirment les bons résultats dont

nous avons parlé. « Il règne entre les élèves, dit-elle, une

franche gaieté, une grande affection, beaucoup d'émula-

tion. Rien de plus récréatif, pour le maître, que de voir

les mines réjouies de tous ces pauvres déshérités pour

lesquels l'école est devenue un paradis. »

A Genève, enfin, il y aura bientôt quatre classes spécia-

les. La première a été ouverte le 25 mars la seconde

tout récemment, le 23 mai courant. Deux autres sont en

pleine organisation. Grâce il l'activité persévérante de Ma-

dame Picker, inspectrice des écoles primaires, une école

spéciale comptant 22 petites filles de 7 il 1-1 ans a été créée

par le Département de l'Instruction publique, dont le

président, M. Gavard, a tout de suite compris l'impor-

tance. La direction de cette classe a été confiée a 111"" Lac,

qui s'y était préparée par un voyage dans la Suisse alle-

mande, il liale, à Zurich et a Saint-GaIl. où elle se mit au

courant de l'organisation des classes spéciales de ces

villes, dont elle tira un grand profit.

L'institution est de date trop récente il Genève pour

qu'on puisse porter sur elle un jugement. 11 faut en atten-

dre les résultats. Mais tout fait espérer que ces résultats

ne seront pas moins satisfaisants que ceux des autres vil-

les suisses.

Votre bien dévoué, 1)' Ladame.

Nous manquerions à notre devoir si nous ne

remercions pas publiquement notre ami, si dévoué

à la science et aux questions philanthropiques, do sa

belle et intéressante lettre. L'exposé si complet qu'il

Classes spéciales. LXXIX

nous donne de l'organisation des classes spéciales

dans son pays et des résultats si démonstratifs qu'el-

les ont fourni, nous semblent cle nature à attirer

sérieusement l'attention de tous ceux qui s'occupent

des questions d'assistance et d'enseignement.

§ II. A"r.LETJ<;IOEE.

Le School Board for London ( Conseil des écoles

de Londres) a institué une commission chargée des

écoles pour l'instruction spéciale des enfants angor-

maux ( sourds et muets, aveugles et faibles d'esprit).

Tous les ans les superintendants de chaque groupe

adressent à la commission un rapport sur les classes

dont ils sont charges. Nous empruntons les rensei-

gnements qui suivent au rapport de 1897.

1° En mars 1891, le Conseil des Ecoles de Londres prit

en considération la recommandation suivante de la Com-

mission royale pour l'instruction des aveugles, sourds,

etc. : « Que les enfants arriérés devraient être séparés

des écoliers ordinaires clans les écoles publiques élémen-

taires, afin qu'ils puissent recevoir une instruction spé-

ciale. » Pour donner suite il cette recommandation, le

Conseil adopta les résolutions suivantes :

« Que des écoles spéciales pour les enfants qui, pour

raison de défauts physiques ou intellectuels, ne peuvent

être instruits convenablement dans les classes ordinaires

ou par les méthodes ordinaires, seront établies, et que

ces écoles seront appelées « Ecoles pour instruction spé-

ciale ".

« Qu'un nombre suffisant de salles seront réservées

clans chaque école pour l'instruction spéciale, afin de per-

mettre une classification convenable des enfants, de pour-

voir d'après la somme de leurs capacités individuelles

LSS1 Assistance DES enfants idiots.

à leur développement mental, dans le but de les

rendre capables, éventuellement, de reprendre leur place

dans les classes ordinaires.

« Que l'on ne. donne pas plus de 30 enfants à instruire à

un seul maitre dans les écoles pour instruction spéciale.

« Que les enfants qui seront reçus dans ces écoles

soient désignés par le Directeur des écoles élémentaires.

comme faibles d'esprit, pauvrement pourvus de percep-

tion, de mémoire, de raisonnement, etc. ; et qu'avant

d'admettre ces enfants dans les écoles pour instruction

spéciale, ils seront examinés par un médecin du Conseil

et par le directeur do ces écoles spéciales.

« Qu'un système très étendu de jardins d'enfants sera

adopté dans ces écoles, que la plus large liberté sera

accordée à chaque maître pour réaliser l'objet principal

qui est le développement intellectuel de l'élève.

« Qu'en règle générale, aucun enfant ne soit envoyé

dans une école spéciale située il plus d'un demi-mille,

sans que les parents ou gardiens provisoires ne les accom-

pagnent.

2° M" E. Burgwin (de Clapham) est directrice de l'ins-

truction des enfants défectueux, physiquement et menta-

lement. Ses devoirs consistent il visiter les écoles ordi-

naires, à faire un rapport sur les cas pouvant convenir

pour les classes désignées dans la notice du Conseil et à

diriger l'organisation générale des centres pour l'instruc-

tion spéciale.

3° Les enfants sont inspectés par les Inspecteurs de Sa

Majesté et le prix ordinaire pour les enfants sera payé

comme terme moyen. Il n'y a pas charges d'honoraires

dans ces écoles. -

4° Le montant des salaires des maîtres dans les écoles

spéciales est le même que celui des maîtresses assistantes

dans les écoles ordinaires, avec une somme addition-

1 Classes spéciales. LXXXI

nelle de 10 liv. sterl. (250 fr.) pendant la première année

de service dans les écoles spéciales. Cette somme addi-

tionnelle sera portée à 15 liv. sterl. (375 fr.) par an, après

la première année de service.

5° Les nominations des maîtres seront faites en premier

lieu pour un an, après examen, et seront plus tard sujettes

il revision, au bout de 5 ans, afin que l'on puisse faire

passer les maîtres dans les écoles ordinaires, si l'on juge

à propos de les remplacer par de nouveaux maîtres dans

les écoles pour instruction spéciale.

Suit une liste donnant l'indication des centres

d'instruction spéciale, existant en novembre 1897, la

date de leur création, le nombre des places prévues,

celui des places occupées, enfin les noms des maîtres

chargés de ces classes avec leur traitement.

Les centres d'enseignement sont au nombre de

31. Trois ont été ouverts en 1892 (le premier le 5

juillet) ; 4 en 1893 ; - 4 en 1894 ; - 6 en 1895 ;

9 en 1896 ; 5 en 1897. Le nombre des places

est de 2.126 dont 1.204 étaient occupés le 1 cr novem-

bre 1897.

§ III. BELGIQUE.

Nous allons donner maintenant le résumé des docu-

ments que nous avons recueillis sur la Belgique qui,

aujourd'hui, s'occupe activement et avec fruit de la

création des classes spéciales pour les arriérés.

Depuis un certain nombre d'années déjà, il y avait dans

quelques écoles de Bruxelles des classes d'arriérés où

étaient réunis les enfants les plus divers : arriérés péda-

gogiques, arriérés médicaux et indisciplinés, etc. Aucun

Bourneville, Bicêtre, 1898. ?

LSSxIi Classes spéciales.

esprit de système ou de classification ne guidait le place-

ment des enfants dans ces classes et aucun régime spécial

n'était appliqué à ces élèves. L'hétérogénéité de ces classes

et le fait qu'elles étaient soumises aux systèmes discipli-

naires et éducatifs de l'ensemble des écoles, sont les deux

motifs principaux pour lesquels l'institution de ces classes

d'arriérés resta absolument stérile. Elle ne procura aucun

avantage ni aux pauvres d'esprit, ni aux indisciplinés et elle

ne débarrassa pas les écoles des sujets défectueux, capables

de nuire aux enfants normaux.

A différentes reprises, les directeurs des écoles attirè-

rent l'attention de l'administration communale sur cet

état de choses. Signalons surtout M.le directeur Desvémel

qui s'est beaucoup occupé de la question.

Un mouvement important s'est dessiné d'ailleurs, en

Belgique, depuis quelques années.

La question des enfants martyrs est examinée en ce

moment il tous les points de vue ; l'étude de la question

des écoles de correction et de bienfaisance et celle de

l'éducation des anormaux médicaux sont actuellement

reprises et scientifiquement conduites. En somme, de tous

les côtés, on s'occupe des différents problèmes soulevés par

la question de l'enfance anormale.

L'année dernière, au mois de mai, la ville de Bruxelles

fonda sa première école spéciale. Cet établissement est une

école centrale, les élèves n'y viennent point directement.

Ils y sont envoyés par les directeurs des écoles du bas de

la ville, si, au moment de leur entrée ou si en cours d'é-

tude, ils présentent quelque chose d'anormal.

Amené à l'école spéciale, l'enfant est observé par le

médecin attaché il l'établissement. Il est examiné au point

de vue physique et psychique. Dans cet examen, il est tenu

compte des renseignements obtenus durant l'explo-

ration de l'enfant, des renseignements donnés par les

parents, et des rapports fournis par le directeur et les

instituteurs de l'école où se trouvait antérieurement ! 'élèvc.

Classes spéciales. LB\III

Quels sont les élèves admis à l'école spéciale ? 1° Les

arriérés pédagogiques, enfants sans troubles psychiques,

mais qui, par fréquentation irrégulière, maladie, voyage,

etc., etc., se trouvent très en retard dans leurs études et

sont devenus incapables de suivre l'enseignement de

l'école normale, môme quand ils sont placés dans des

classes inférieures à leur âge.

2° Les arrières médicaux, imbéciles, simples d'esprit,

idiots du premier degré, etc. Notre école n'est pas une

école pour idiots; aussi les cas d'idiotie un peu pronon-

cée ne sont-ils point acceptés.

3° Les indisciplinés.

4° Les enfants présentant des troubles prononcés de la

parole ou ayant quelque autre défaut, rendant impossible

leur séjour momentané à l'école primaire. La population

de l'école est donc variée. Pourtant au point de vue pra-

tique, la diversité n'est pas aussi grande qu'on pourrait le

penser à première vue.

Voici les grandes lignes de l'organisation. II existe

d'abord à l'école, une classe qui n'est établie dans aucun

autre établissement de Bruxelles : c'est une classe de

transition entre les classes (roebeliennes. On y reçoit les

enfants de 6 à 8 et 9 ans qui, a l'école Froebel, ont déjà

évolué anormalement et se montraient déjà, là, des arrié-

rés (ils sont rares). Celte classe, dirigée par Mlle de Bayl,

compte un très petit nombre d'élèves. L'enseignement y

comprend encore l'enseignement fruchclicn et quelques

rudiments de l'enseignement primaire. Les occupations

manuelles ont une grande importance dans cette classe,

de même les exercices d'observation simple, les prome-

nades, le jeu libre, le chant, etc. Le reste de l'établisse-

ment comprend deux sections bien distinctes, la section

des classes pour enfants passifs et celle des classes pour

enfants autoritaires et indisciplinés.

Dans la première section (passifs), le régime est doux,

et la règle éducatrice essentielle est que l'enfant ne peut

LXXXIV Classes spéciales.

pas être puni pour ce que l'on nomme paresse, et qui n'est

le plus souvent que de la passivité psychique. Ces classes

ne comptant qu'un petit nombre d'élèves, l'enseignement

est donc individualisé ; il est naturellement concret, etc.

Dans la deuxième section, les classes sont plus nom-

breuses. Le régime y est sévère et strict.

Le régime est uniforme et les enfants sont dirigés,

sans que leur initiative (ou leur spontanéité), presque

toujours mauvaise, puisse les conduire à l'acte mauvais.

Le régime des punitions est sévère.

Sous le rapport pédagogique, les points suivants sont

il signaler : 1° Le travail manuel (travail de la terre glaise,

le cartonnage), la gymnastique, les cc;,ttrsions, les exer-

cices d'observation pure, le dessin et la musique, sont

des branches particulièrement soignées dans toutes les

classes.

2° La gymnastique est enseignée d'après la méthode an-

glaise (gymnastique au piano) (1). Les résultats obtenus, au

point de vue cle l'attention et de la mémoire sont réellement

considérables. L'allure physique des enfanls est modifiée

sérieusement déjà depuis un an que cette gymnastique

est enseignée.

3" La question de la fréquentation régulière de l'école

fait l'objet d'une surveillance très sérieuse. Les institu-

teurs et le directeur sont sans cesse en rapport avec les

parents et par tous les moyens possibles, ils tâchent

d'obtenir la régularité il ce point de vue. L'école est un

externat; les enfants retournent chez eux il midi. Cette

population d'enfants est la plus mauvaise de toutes celles

des écoles de la ville. La fréquentation est pourtant rela-

tivement bonne. Le travail de surveillance incessante

donne des résultats remarquables.

4» Les enfants présentant des défauts de la parole ou des

(1) A Bicêtre, les exercices de gymnastique se font soit, avec le tambour

soit avec la fanfare, suit accompagnés de chants.

Classes spéciales. LXXXI

allures psychiques particulières sont pris individuelle-

ment ou par petits groupes et reçoivent ainsi l'enseigne-

ment général, et les soins spéciaux exigés par leur état.

5° Le personnel de l'école comprend : Le directeur :

M. Lacroix; une institutrice ; dix instituteurs ; un

instituteur suppléant; - une pianiste ; une institutrice

spéciale, donnant chaque semaine quelques leçons d'ob-

servation aux plus petits de nos élèves.

Tous les instituteurs et institutrices sont des person-

nes diplômées; ils reçoivent tous, outre leur traitement

régulier d'instituteurs et d'institutrices, une somme

annuelle de cent francs comme gratification.

Deux fois par an, les instituteurs fournissent un rapport

sur chacun des enfants. Ce rapport est joint à leur dossier

médico-pédagogique (1 ? L

Quand l'enfant est amené à l'école, le médecin et le

directeur décident s'il y a lieu de l'accepter ou non. Si

l'enfant, après examen complet, n'est point reçu à l'école

spéciale, il est renvoyé à l'école ordinaire de son quartier.

Si un enfant, à l'école spéciale, s'est amélioré ou guéri, il

est, après examen complet, renvoyé à l'école ordinaire.

Les deux médecins attachés à l'école spéciale sont le

docteur De Moor, médecin en chef, et le docteur Daniel,

médecin adjoint. Tous deux, à des époques différentes,

sont venus voir notre service et dans la mesure, restreinte,

que comportent nos visites du samedi, ont été mis à même

d'avoir une idée générale de notre organisation médico-

pédagogique.

Résultats.

Un résultat énorme est celui-ci : les écoles ordinaires

n'ayant plus à s'occuper des anormaux, l'enseignement et

la discipline y sont plus faciles aujourd'hui. De là bénéfice

notable pour les enfants normaux.

(1) C'est ce que nous faisons dans notre service de Bicêtre depuis 1879.

LXXXVI Classes spéciales.

Pour les enfants anormaux, l'école spéciale est d'une

grande utilité. Notre correspondant pense qu'il est inutile

de développer ce fait. Les résultats déja obtenus, ajoute-

t-il, sont des plus encourageants.

Une inspection sévère est faite le matin. L'enfant qui

n'est pas propre est puni et envoyé au lavabo. Des bains-

douches seront installés dans quelques jours et tous les

enfants prendront un bain-douche chaque semaine.'

L'école compte environ deux cent quarante enfants.

L'école actuelle ne reçoit que les enfants du bas de la

ville. Il est probable que des établissements analogues

seront créés pour les écoles du haut de la ville, et pour

les écoles de filles.

Il est question de la création d'une école analogue il

Anvers. Des renseignements que nous envoient nos

correspondants, il ressort qu'on s'occuperait aussi de la

question dans les Pays-Bas.

Nous aurions voulu vous apporter de nouveaux ren-

seignements sur les Pays Scandinaves, sur l'Alle-

magne, complétant ceux que nous vous avons donnés

précédemment : ce sera peut-être pour une autre

occasion.

Vous retrouverez dans les documents que nous

venons de vous indiquer toutes les raisons que nous

avons invoquées dans nos rapports, communications

et lettres antérieurs pour justifier la création de

classes spéciales pour les enfants arriérés.

Vous y trouverez aussi, ce qui est d'une impor-

tance capitale, les preuves irrécusables de l'utilité de

ces créations et un résumé des services considérables

qu'elles rendent. Aussi n'hésitons-nous pas à vous

demander de renouveler votre voeu en faveur de la

création de ces classes spéciales. Adopté.

7 Juin 1898.

130TJRNRV11.1.1 : .

II.

Assistance et traitement médico-pédagogique

des enfants anormaux.

M. Bruce, membre du 1\1et1'O}Jolitan Asylwn Board de

Londres, qui fait partie d'une Commission spécialement

chargée de l'hospitalisation, de l'instruction, de l'éduca-

tion et du traitement des enfants anormaux, soit dans les

asiles, soit dans les classes spéciales, nous a demandé

quel était, suivant nous, 1'<'lge auquel il convenait de

s'occuper de ces enfants et, en particulier, des enfants

arriérés.

Nous lui avons répondu qu'on devait le faire le plus tôt

possible, dès qu'on avait constaté les signes de l'idiotie

ou de l'arriération intellectuelle ; qu'à Bicêtre les enfants

étaient reçus à l'âge de deux ans et que, dans maintes

circonstances, il y aurait intérêt à les recevoir plus tôt.

Plus tôt on commence le traitement médico-pédagogique,

plus il y a, en général, de chances d'amélioration : on ne

dirige bien un arbuste ou un arbre, on ne dresse bien un

cheval que quand ils sont jeunes. Il en est de même pour

les enfants anormaux. Beaucoup de médecins ne se ren-

dent pas compte de l'importance de ce principe : lorsqu'ils

sont consultés pour un enfant anormal, trop souvent ne

sachant que faire, ils disent aux familles : « Attendons, à

sept il surviendra une amélioration, » Les sept ans

arrivent et l'amélioration ne vient pas. Rien d'étonnant

puisqu'on n'a rien fait dans ce but. Aux observations des

familles, le médecin répond : « Soyons patients, il est pro-

bable qu'à douze ans nous aurons des modifications avan-

tageuses. » Naturellement, comme aucun traitement n'a

lxxxviii Conditions D'AGE pour, le traitement.

été institué, il 12 ans l'état est le même. On serait porté : '1

croire que leurs sept ans et leurs douze ans répondent à

l'âge de raison et il la première communion des enfants,

et que leurs réponses sont inspirées des pratiques reli-

gieuses. Ces deux âges, en effet, ne correspondent que

. d'une façon relative il la dentition et à la puberté.

Cen'estpas seulement pour les enfants idiots qu'on doit

intervenir de bonne heure, mais aussi pour tous les enfants

anormaux. En ce qui concerne les aveugles, voici com-

ment s'exprime Dufau : « C'est lorsqu'il est enfant que

l'aveugle doit surtout fixer l'attention de l'observateur.

Que dis-je ? c'est au berceau même qu'il faudrait le pren-

dre pour suivre pas il pas cette pauvre petite créature

humaine, au travers de ses premières sensations, épier

ses premiers jugements sur les objets qu'elle touche sans

les voir, tandis que nous les voyons sans les toucher,

reconnaître enfin comment se forme son intelligence, pri-

vée qu'elle est de cette source d'idées que nous possédons

dans le sens de la vue (li. »

Aussi, nous appuyant sur ces considérations et sur une

pratique déjà ancienne, puisqu'elle date de 20 ans, tant

il Bicêtre qu'a l'Institut médico-pédagogique de Vitry-

sur-Seinc, n'hésitons-nous pas il conseiller le placement

des enfants arriérés aussitôt que possible, convaincu que

le traitement médico-pédagogique sera il la fois plus facile

et plus fructueux.

DoumOEvILLE.

(1) Dufau (P.-A.). -- Des Aveugles, etc. Paris, 1860, p. XVIII.

lit.

Criminalité des enfants et des adolescents

Statistique.

Nous empruntons au Temps du 15 février les rensei-

gnements suivants relatifs aux arrestations d'enfants

et d'adolescents pour délits et crimes. Il s'agit là d'une

question médico-sociale dont l'importance n'échappera

pas à nos lecteurs.

« Abordons maintenant la partie la plus intéressante de

cette statistique : les délits et les crimes commis par les

enfants, ou, si l'on préfère le mot, par les jeunes gens. On sait

que le Code pénal a fixé a seize ans l'âge au-dessus duquel

les peines sont encourues en leur entier. Au-dessous de seize

ans se pose la question de discernement. Si le tribunal décide

que le mineur de seize ans a agi sans discernement, il l'ac-

quitte et le rend, suivant les circonstances, il sa famille ou

l'envoie dans une maison de correction. Si, au contraire, le

tribunal apprécie que le jeune délinquant a agi avec discer-

nement, il le frappe de peines correctionnelles atténuées

(article UT du Code pénal).

« Si nous jetons les yeux sur ces statistiques, nous trou-

vons, en 1898, que 440 enfants, âgés de moins de seize ans,

ont été arrêtés et écroués au Dépôt sous inculpation de vol,

519 sous inculpation de vagabondage, 119 pour mendicité, z

pour meurtre, chiffre énorme, et -1 pour assassinat. En 1897,

les chiffres étaient à peu près les mêmes : ! t2G pour vol, 511

pour vagabondage, 110 pour mendicité. Déjà, 11 l'âge le plus

tendre,' les instincts immoraux ou brutaux se manifestent.

En 1898, 6 enfants de moins de seize ans ont été arrêtés pour

outrages publics à la pudeur et 15 pour coups et blessures

portés à des camarades. En lStJ7, 10 outrages à la pudeur et ? J inculpations de coups et blessures avaient amené leurs

auteurs au Dépôt.

« De seize à vingt le le nombre de ces jeunes clélin-

XC Assistance des enfants DITS criminels.

quants quadruple. En 1898, la statistique nous donne le

chiffre effrayant de 2.661 jeunes gens, de seize à vingt ans,

arrêtés et écroués pour vol, de 2.50ti arrêtés et écroués pour !

vagabondage, de 627 pour mendicité, de 61 pour outrages à la',

pudeur. Enfin, et ceci est véritablement lamentable : 372

jeunes gens dudit âge sont arrêtés pour coups et blessures

et 10 pour assassinats ou tentatives d'assassinat ! Et cette

situation se prolonge depuis plusieurs années,, sans aucune

amélioration, car, en 1807, il y avait eu 12 jeunes gens pour-

suivis pour assassinats ou tentatives, 129 pour coups et bles-

sures, 3't't pour mendicité, 2.i0'J pour vagabondage et 2.201

pourvoi.

« La moralité chez la jeunesse présente donc une situation

tristement stationnaire, et, pour certains délits, elle va se

dépravant de plus en plus. Nous aurions trop à dire si nous

devions rechercher et exposer les motifs de cette déplorable

constatation.

« C'est de seize à vingt ans que le crime et le délit battent

leur plein. Si l'on jette un coup d'oeil d'ensemble sur le ta-

bleau dressé par le service de la Sûreté, on voit que, de

seize à vingt ans, le nombre total des crimes et délits com-

mis a amené l'arrestation et l'envoi au Dépôt de 7.870 jeunes

gens des deux sexes (dont 7. 110 garçons et 730 filles). Seize

à vingt ans ! Des enfants ! »

Cette statique est lamentable et devrait inciter

vivement le Gouvernement et les Administrations

municipales des grandes villes a prendre, coûte que

coûte, les mesures nécessaires pour enrayer le mal.

Une bonne part de ce mal provient des familles, de

l'hérédité d'abord, des habitudes alcooliques ensuite,

et aussi de l'indifférence des familles qui ne surveil-

lent pas leurs enfants, les laissent vagabonder la

sortie de l'école, d'où des fréquentations dangereuses

qui aboutissent à des délits ou il des actes criminels.

Mais, comme beaucoup de parents, ouvriers, retenus

par leur travail, sont absents de leur domicile, il fau-

drait organiser dans toutes les écoles des garderies

jusqu'à une heure à déterminer et ne rendre les enfants

des écoles primaires que comme on rend les enfants

clés crèches. Il serait facile d'intéresser les enfants,

. Enfants DITS criminels. xci

sans grande fatigue pour eux et pour les maitrcs, en

organisant des jeux, en leur faisant faire des exercices

de gymnastique, en leur donnant des leçons de choses,

en les promenant, printemps et été, dans les jardins

qui devraient être organisés tous, en vue des leçons

de choses. Dans ce but, fleurs, arbustes et arbres,

devraient tous avoir une étiquette donnant le nom, la

carte sommaire du pays d'origine, les usages princi-

paux, etc., ainsi que cela existe dans certains jardins

ou squares publics (Nantes, Amiens, etc.). Cette pre-

mière mesure permettrait de diminuer le nombre des

enfants errants, et par conséquent, des enfants dits

criminels.

La mendicité peut être enrayée et même supprimée

par l'action constante, sans brutalité, de la police et

surtout par une organisation vraiment républicaine de

l'Assistance publique. Malheureusement, nous sommes

loin du but. Il n'y a guère de municipalité qui ne soit

aise de se débarrasser de ses pauvres et de ses infirmes

sur ce qu'on appelle la « charité publique ». On n'a

pas encore une idée exacte des devoirs qui, à cet

égard, incombent aux communes. 11 y aurait écono-

mie pourtant à assister les malheureux, au moment

opportun, au lieu de faire plus tard des dépenses

improductives dans les maisons de correction, les

dépôts de mendicité ou les prisons.

« Les jeunes cléli-2clvaots deviennent (le plus en plus

nombreux ». Si on les étudiait avec soin, on verrait que

beaucoup, en raison de leurs antécédents héréditaires

ou personnels, des habitudes d'intempérance des pa-

rents, de l'abus ou de l'usage prématuré que les enfants

eux-mêmes font de l'alcool et du tabac, ainsi que du

milieu familial, sont non pas des criminels mais des

malades. Et pour tous ceux-là, il a un remède : c'est

l'envoi dans des asiles pour les enfants, arriérés dans

leurs facultés intellectuelles ou atteints d'imbécillité

XCII Assistance, éducation DES enfants DITS criminels.

morale, qui devraient exister dans tous les départe-

ments. Il ne s'agit pas de « correction de l'enfance

coupable » comme l'écrit l'auteur de l'article du

Temps, mais d'éducation spéciale, complétée par un

traitement physique, médical et moral. L'école, le

redressement moral et non la correction.

B.

DEUXIÈME PARTIE . 1 .

Clinique, thérapeutique, anatomie pathologique,

ËOURNETILLE, Bicêtre, 1898... 1

I. -

Chorée; bromure.de camphre; guérison rapide;

Par BOURNEVILLE et KATZ.

Le bromure de camphre a été employé avec succès,

par divers auteurs dans, le traitement de la chorée

ordinaire (1). Personnellement, dans- plusieurs cas;

nous n'avons eu qu'à nous louer de son administration,

suivie rapidement d'une guérison complète (2). Le

cas suivant n'est pas moins -démonstratif, que les pré-

cédents. -

SOMMAIRE... ? Père, rien de particulier. Grand-père

paternel mort d'ataxie à Bicêtre. - Arrière grand'mère

morte de paralysie. Cousine germaine, convulsions

dans l'enfance. Mère, rhumatisme articulaire aigu à

18 ans; fièvre typhoïde à 22 ans, .postérieure à la nais-

sance de la malade. - Névralgies hémic1'liniennes par

accès. , .

Consanguinité. Inégalité d'âge de 4 ans.

Conception, grossesse, accouchement, rien de notable.

Pas d'asphyxie à la naissance. - Première dent à 8 mois.

Début de la parole et de la marche à 18 mois. Pro-

pre à 16 mois. - Varicelle à 18 mois.-Rougeole à 2 ans.

Accès de colère persistants après la rougeoie.

Début de la chorée le 19 février 1898. - Envahissement du

(1) Voir entre autres, dans la thèse du D1' L. Patlianlt (Du bromure de

camphre et de ses usages thérapeutiques, 4° édition, Paris 1895), les observa-

tions de Lorain, Desnos, Gallard, des Brimais, Petrovitz et une observation

de l'un de nous dans le Progrès médical de 1874, n° 43. ?

(2) Compte-rendu du service de Bicêtre, 1885, p. 49 (avec '4 fig. d'éoriture).

Voir aussi le Compte-rendu de 1895, p. 218.

4 CHÛHJÈE vulgaire.

côté droit, puis du côté gauche. Traitement par le bromure

de camphre; bains. Amélioration progressive et rapide;

guérison.

lier. (Eugénie), née le 29 janvier 1885, il Paris, est entrée

le 6 mars 1898 il la Fondation Vallée (service de M. Boun-

ne ville).

Antécédents héréditaires (Renseignements fournis par le père

et la mère). Père, 37 ans, polisseur, d'une bonne constitu-

tion et parfaitement bien portant ; coléreux ; coqueluche

étant enfant; puis légères bronchites jusqu'à l'âge de 8 ans;

fièvre de croissance a 13 ans; pas de syphilis, pas d'ethylisme.

- [Père mort il 50 ans, après un séjour Ù l'hospice de Bicêtre :

d'après les renseignements fournis, il s'agit probablement

d'ataxie locomotrice. Mère en bonne santé. Grand-père

paternel mort à 65 ans, on ne sait de quoi. - Grand'mère

paternelle morte a 71 ans, après avoir été clouée au lit, pen-

dant deux ans, de paralysie progressive. Grand-père mater-

nel mort d'ennui d'avoir perdu sa femme. Grand'mère ma-

ternelle, morte il 65 ans, on ne sait de quelle maladie.

8 grand-oncles paternels et 6 grand'tantes paternelles,

pas de renseignements circonstanciés. Une grand'-

tante maternelle morte iL GO ans. Une tante paternelle,

en bonne santé, a un enfant qui a eu des convulsions

en nourrice. Dans le reste de la famille aucun antécédent

névro ou psychopathique, ni choréiques, ni rhumatisants,

etc.].

MÈRE, 33 ans, sobre; rougeole à 2 ans; bronchites fré-

quentes dans l'enfance ; réglée il. '15 ans; menstruation tou-

jours régulière et indolente ; rhumatisme articulaire aigu

il 18 ans, sans retentissement sur le coeur. Mariée à 19 ans.

Fièvre typhoïde, peu grave, à 22 ans, après la naissance de

notre malade. Douleurs névralgiques occupant la moitié

droite de la tèle, ayant débuté un peu avant la dothiénen-

téric, revenant avec une grande régularité,- tous les 15

jours, et persistant pendant les grossesses. Aucune maladie

de la peau; pas de syphilis. [Père, 55 ans, cultivateur, en

bonne sauté, ainsi que sa mère. Grand-père paternel mort

par accident (fracture des jambes avec complication infec-

tieuse). - Grand'mère paternelle morte à 85 ans. Grand-

père maternel mort il 75 ans. Grand'mère maternelle, 80

ans, rien il nott;r. Un frère et deux soeurs n'ont pas eu de

convulsions ni de chorée. Aucun antécédent morbide dans

Antécédents..5

le reste de la famille de la mère et, entre autres, aucun cas

de chorée]. .

Consanguinité (cousins germains). Inégalité d'âge de 4

ans (père plus âgé).

Deux enfants : 10 notre malade; 2° garçon de G ans 1/2,

bien portant.

Notre malade. Rien de particulier iL la conception qui a eu

lieu 15 jours après le mariage. Grossesse normale jusqu'au

troisième mois, époque où son mari la conduisit iL la morgue.

Pendant les 15 jours suivants, elle ne songeait qu'aux cada-

vres, se réveillant souvent en peur : «j'étais alors très

impressionnable», dit-elle. Pas d'autre émotion, ni syncopes,

ni traumatisme, ni alcool, etc. Accouchement à terme,

naturel, rapide. Pas d'asphyxie h la naissance. ; pas de cir-

culaire, ni de torsion du cordon, - élevée au biberon (lait de

vache), jusqu'au quinzième mois. Première ! dent iL 8 mois;

début de la parole et de la marche il, 18 mois. Propre iL 16

mois. Varicelle à 2 ans. Rougeole à 2 ans et demi. Ni

chute, ni vers, ni onanisme.

L'enfant, depuis l'âge de deux ans, a toujours été très ner-

veuse et se mettait en colère pour un rien; elle se roulait

parfois par terre : « c'était aussi vite passé que c'était venu ».

Bon caractère, ni taquine, ni méchante ; affectueuse envers

ses parents. Elle apprenait bien il l'école : sa maîtresse ! esti-

mait qu'elle pouvait avoir son certificat d'études cette année.

Dans les premières semaines de février (1898), l'enfant était

devenue plus coléreuse. Deux ou trois fois depuis le 1 ?

février, elle s'était levée la nuit pour venir coucher avec sa

mère, disant qu'elle avait peur. Elle ne se plaignait pas de

la tète. Le 17 février, l'enfant étant très désagréable, irritable

et irrespectueuse, les parents la privent d'aller avec eux it

une fête; cette punition l'affligea tellement qu'elle tomba

clans une « colère bleue o. Deux jours après apparaissaient

les mouvements choréiques.

Le 19 février, dans la soirée, les parents remarquèrent que

]a main droite de l'enfant était agitée, allant dans tous les sens.

Kilo a mangé seule pourtant, mais peu, n'étant pas en train.

Rien dans la nuit du 19 au 20. Les 20, à l'école, sa mai-

tresse a constaté qu'elle était plus distraite et qu'elle remuait

davantage. Elle la met alors seule dans une classe il part. La

mère va la chercher it la sortie et remarque que tout le côté

droit, sauf la face, est pris d'agitation. L'enfant laisse

tomber son carton plusieurs fois; le soir elle ne pouvait plus

rester assise. Sa mère fut obligée de la faire manger.

6 Chorée vulgaire.

Le 22 février, le côté gauche est envahi il son tour ; de plus,

la parole devient inintelligible, H.... se mord la langue, est

incapable de s'aider en quoi que ce soit et, à partir de cette

DESCRIPTION. 7

époque, l'agitation choréiquc est allée en augmentant jusqu'à

son entrée dans notre service (6 mars).

7 mars. Impossibilité de prendre sa température, telle-

ment II... est agitée ; préhension impossible ; écriture mécon-

naissable (fig. 1 et 2) ; on est forcé de la nourrir et de la main-

tenir au lit car elle est incapable de se tenir debout ou sur

une chaise. Insomnie absolue.

9 mars. L'enfant est toujours aussi agitée. Dans ses mou-

vements désordonnés, elle se cogne de tous côtés et se fait

des contusions bien que son lit soit garni. Elle a les mains

toutes meurtries. On a beaucoup de difficulté à la faire

manger; il faut saisir le moment où elle ouvre la bouche pour

y projeter les aliments.

État actuel (10 mars 1898). Ce qui frappe tout de suite à

la vue de la malade, c'est la succession rapide des mouve-

ments involontaires que nous allons décrire.

A la face, la partie la plus atteinte est la région inférieure et

spécialement l'orbiculaire des lèvres, projeté en avant : la

malade fait la moue. Il est possible même de saisir au fond

de la gorge, les mouvements de projection de son pharynx,

de son voile palatin et de ses amygdales, aussi la déglutition

Fig. 2. - Ecriture du 9 mars.

8 Chorée.

est-elle notoirement troublée. La parole est difficile; la

malade nasonne et articule difncilement les syllabes.

Les muscles frontaux, soureilliers, sont atteints également

de contractions involontaires ; aussi la face, de par les con-

tractions rapides des muscles, change-t-elle, il chaque instant,

d'expression : la tristesse, l'hébétude, la gaieté, etc., s'y dessi-

nent tour à tour. 1/ëtëuafeu)' de la paupière supérieure

est le siège de convulsions qui se suivent it des intervalles

très rapprochés ; impossibilité, pour la malade, de fermer

les yeux pendant plus de 5 it (j secondes, - Les globes ocu-

laires ne prennent aucune part aux contractions et tous leurs

mouvements volontaires sont conservés ; pas de nystagmus

ni de strabisme. La pupille réagit it la lumière, mais ne

réagit que très peu à la convergence.

Membres supérieurs. D'une manière générale, les mem-

bres supérieurs sont beaucoup plus pris que les membres

inférieurs et les mouvements sont plus convulsifs it droite

qu'à gauche. Chaque contraction suit un cycle régulier, en ce

sens que les parties distales se mettent d'abord à s'agiter et

l'ébranlement, parti de là, gagne successivement le poignet,

le coude, l'épaule.

C'est au pouce que prédomine l'intensité des convulsions.

L'abduction, l'adduction, sont les mouvements les plus accu-

sés ; le médius reste presque tranquille, alors que le pouce

et l'auriculaire se précipitent et se crispent contre le médius.

L'avant-bras exécute des mouvements énergiques de supi-

nation et de pronation, - Les mouvements de l'épaule sont

très accentués; la tète humorale hutte à chaque instant

contre la voûte acromio-coracoïdi(l1l1C', La préhension est

très dillicile. .

L'écriture est presque impossible (Fia, 3) et se. fait selon

,un type tout-à-fait particulier. La malade, plume en main,

essaie vainement d'atteindre le papier; la main plane dans

l'air, fait une série de mouvements désordonnés, loin du but

qu'elle veut atteindre, puis elle tombe brusquement

véritable manoeuvre athétosique sur le papier et trace

d'un seul trait quelques lettres pour perdre tout aussitôt lo

contact du papier et recommencer les mouvements désor-

donnés.

Membres inférieurs. De même qu'aux membres infé-

rieurs les convulsions dominent surtout au niveau des extré-

mités, du gros orteil en particulier. Les orteils s'étendent, le

pied se tord en varus équin. Les mouvements sont moins

prononcés au niveau de la cuisse. Néammoins la station est

dillicile, la marche absolument impossible.

" Description DE la malade. 9

Le diaphragme n'est pas épargné et ses contractions sont

cause d'une dyspnée permanente et assez prononcée.

Le bassin exécute continuellement des mouvements de

propulsion (mouvements cyniques). Ces contractions conti-

nues ne donnent à la malade aucun répit; le sommeil est

impossible. Cette insomnie, jointe à la fréquence et à l'inten-

sité des mouvements, expliquent la fatigue extrême et l'amai-

grissement prononcé qu'a subi notre malade depuis le com-

mencement de la maladie. Des contusions nombreuses sont

la conséquence de ses mouvements désordonnés. Parmi ces

contusions, signalons celle qui existe au niveau de la face

dorsale de l'articulation metacarpo-phalangienne du petit

doigt droit, avec plaie et lymphangite tronculaire, et qui est

particulièrement douloureuse .

Rien au coeur : la pointe bat dans le cinquième espace au-

dessous et en dedans du mamelon. Pas de reptation précor-

diale; mafite normale; bruit systolique presque dangereux;

aucun souflle. -

L'examen des autres organes (poumon, foie, rate, tube

digestif) est négatif. Les articulations sont indemnes. Pas

d'albumine. Aucun trouble de la sensibilité cutanée si ce

n'est un peu d'hYIH'l'esth ? sit' au niveau des membres supé-

rieurs ( ? ), - Pas de paralysie ni d'atrophie musculaire. En rai-

son de sa chorée, l'enfant est incapable de s'habiller, de se

laver, de manger, de boire, etc.

Intelligence très bien développée, aucune anomalie cra-

nienne ; pas de stigmates de dégénérescence.

Tête un peu dolichocéphale; bosses frontales symétriques.

Face allongée; yeux naturels, sans aucune lésion. Ne;

droit ; narines larges ; odorat normal. Lèves pâles, anémiées.

Voûte palatine régulière. Hypertrophie des amygdales;

néammoins la respiration est nasale. Dentition bonne; pas

d'anomalie de forme, d'implantation, de volume ; aucune trace

de syphilis héréditaire ou acquise. Oreilles peu détachées du

crâne ; hélix bien ourlé; pas de tubercule de llarwin.

Glande thyroïde appréciable mais non hypertrophiée.

Organes génitaux et puberté. Mamelles symétriques, 8

centimètres de hauteur sur S centimètres de largeur des deux

côtés : aréole, mamelon rosés. Aisselle, pénil glabres.

Grandes et petites lèvres peu développées; pas de vulvite;

hymen faloifurmc ; orifice hyntunéal central. Pas d'onanisme.

Diagnostic : Chorée vulgaire.

Traitement : L'enfant est maintenue au lit pour éviter les,

contusions. Huile de foie de morue, sirop d'iodure de fer;

gymnastique des échelles. Bains alcalins tous les 3 jours;

10 Action DE la chorée SUR L'ÉCRITURE.

Action DE la chorée SUR l'écriture. » il

capsules de bromure de camphre (Dr Clin), à partir du 9

mars, chaque jour, de la façon suivante :

BROMURE DE CAMPHRE.

Bromure de camphre.

13

14 Chorée vulgaire ; guérison.

joue aux osselets, fait des travaux demandant beaucoup d'a-

dresse. Les contractions ne s'observent que ça et la, à l'occa-

sion d'une contrariété ou d'une émotion. Il... est devenue

plus gaie. - On prescrit des douches et la gymnastique

des mouvements.

27 avril. - La chorée a complètement disparu. Il.. prend

part à tous les exercices et à tous les jeux de ses camarades.

Toutefois on a remarqué que, à la suite d'une contrariété,

d'une réprimande, d'une joie, sa physionomie se contracte,

que la parole est saccadée, et qu'elle a des mouvements ner-

veux mais sans trouble clioréiforme. L'état général est de plus

en plus satisfaisant.

30 juin. - La guérison parait complète. II... est très active

il l'école, au ménage et au jeu.

Réflexions. z Il s'agit, ici d'un cas type de cho-

rée vulgaire ou chorée de S/cLenllmn. Dans les anté-

cédents héréditaires, nous avons a relever des acci-

dents nerveux du côté paternel (ataxie locomotrice,

paralysie progressive, convulsions) et du côté mater-

nel des névralgies chez la mère. Au point de vue de

l'arthritisme l'enfant n'a rien présenté, mais sa mère a

eu, à 18 ans, une attaque de rhumatisme articulaire

aigu. En résumé, association du nervosisme et du

rhumatisme, celui-ci plus circonscrit. Pas d'hérédité

similaire; pas d'affection cardiaque. 1

II. La mère, nerveuse, a eu des préoccupations de

nature triste du troisième mois à la fin de la gros-

sesse. L'enfant, surtout à partir de deux ans, a été

sujette à des crises de colère, indices d'un tempéra-

ment nerveux. Sans cause connue, elle est devenue

plus impressionnable dans les deux premières semai-

nes de février. Le 17 de ce mois, contrariété vive et

deux jours après, début des mouvements choréiques

par la main droite. Le 20 tout le côté droit est pris,

et le 22 la chorée envahit le côté gauche.

Nous n'avons pas à insister sur les caractères qu'a

présentées la maladie : ils ont été tout à fait classi-

Bromure de camphre. 15

ques et les gesticulations ont revêtu une intensité

extrêmement prononcée. Notons seulement que l'amé-

lioration a commencé par le côté droit, le premier

envahi.

III. Nous avons essayé de faire traduire le désordre

des mouvements en faisant écrire chaque jour la

malade. Les spécimens de son écriture, que nous

avons reproduits, sont intéressants, d'autant plus que

nous avons pu les comparer à son écriture à l'état nor-

mal, laquelle est très correcte. Cette comparaison met

mieux en relief l'action de la chorée. On voit aussi,

par l'écriture môme, les effets du traitement. Le der-

nier spécimen (Fig. 6) se rapproche beaucoup de l'écri-

ture antérieure à la chorée. (Fig. 1.)

IV. Sous l'influence de la maladie, en peu de temps,

IL. a notablement maigri. Elle a repris de l'embonpoint

assez promptement, à mesure que diminuait l'agita-

tion choréique, qui n'a permis de prendre son poids

et sa taille que le 10 mars, cinq jours après son

entrée. Voici les modifications survenues depuis lors

jusqu'au 30 juin : .

16 Bromure DE CAMPIIJ\E,

il.

Idiotie hydrocéphalique ;

Par BOUItNEVILLE et J. NOIR.

Sommaire, - Antécédents héréditaires. Grand'mère pater-

nelle cancéreuse. Mère migraineuse. Frère scrofuleux.

Autre frère mort-né; accouchement avant terme.

Antécédents personnels : Vomissements, contrariétés durant

lagrossesse.-A la naissance enfant mignonne. Allaitement

au sein puis au biberon. Première dent à 8 mois. - Den-

tition complète à 2 ans ¡ /2' Parole : quelques mots à 2 ans,

très passagèrement. - Convulsions à un mois, troubles di-

gestifs. - Gâtisme. Rougeole. - Coqueluche. - Gourme.

- Vaccine.

Etat actuel. - Contractures des membres inférieurs. - Hy-

drocéphalie. Puberté. Eczéma. - Teigne tondante.

Coqueluche, tuberculose pulmonaire et péritonite tuber-

culeuse. - Mort.

Autopsie. - Description du cerveau.

Le G... (Alice), née le 16 avril 1889, est entrée le 13 juin 1892

à l'hospice de Bicêtre (service de M. 130omW LLç) où elle est

décodée le 30 mars 1897.

Antécédents. - (Renseignements fournis par sa mère le 16

juillet 1892). Père, 32 ans, jadis cultivateur, depuis 15 ans,

homme de peine dans une fabrique de tôle, ne présente pas

d'antécédents héréditaires, semble assez sobre, fume peu. Il

est d'un caractère un peu emporté. - [Famille du père.

Père, 66 ans, cultivateur très sobre, bien portant, d'un carac-

tère analogue à celui de son fils. - Mère, morte vers 60 ans,

peut-être d'un cancer abdominal, pas nerveuse. - Grands-

parents morts Il n'y aurait absolument aucun anté-

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1898. 2

18 Idiotie ,HIDROCÉPHALIQUE.

cèdent psychopathique, ni diathésique bien constaté dans le

reste de la famille du père.]

Mère, 30 ans environ, toujours bien portante, originaire de

Bretagne, d'une intelligence médiocre, s'exprimant mal. Elle

s'est mariée il ,23 ans. - Migraines assez fréquentes.

[Famille de la mère : Aucune tare ne saurait y être signalée.]

Trois enfants (1) : 1° Garçon, mort à 7 ans, cachectique

« avec une glande- suppurée au cou. » Cet enfant n'aurait eu

aucun accident nerveux et pas de convulsions; - 2° garçon

mort né, venu à 8 mois.

3° Notre malade. Rien de particulier lors de la conception.

- Durant la grossesse, la mère fut pendant trois mois sujette

a des vomissements fréquents. Vers le quatrième et cinquième

mois, elle se plaint d'avoir eu de très vives contrariétés dont

il est impossible de lui faire avouer la cause. A part cela,

grossesse normale et sans accidents. - Accouchement normal,

iL terme, après une heure de travail. - A la naissance, enfant

mignonne, sans asphyxie, ni circulaires. - Elle fut nourrie

au' sein durant cinq semaines puis au biberon avec du lait de

vache jusqu'à ans. - Dentition précoce, 4 dents à 8 mois,

toutes les dents à 2 ans et demi. Elle aurait à l'âge de deux

ans appris à dire « papa » « maman », mais ne parle pas

depuis plus d'un an, .

Dès l'âge de quatre mois, l'enfant fut prise de convulsions.

Elle se raidissait, portait les mains en arrière et tenait ses

yeux.- en haut. Les convulsions auraient été assez fréquen-

tes et survenaient aussi bien le jour que la nuit à l'occa-

sion de la moindre contrariété. On s'était déjà aperçu dès

la cinquième semaine que l'enfant ne pouvait mouvoir éga-

lement bien les membres droits et gauche et dans la suite, il

fut impossible non seulement de lui apprendre à marcher

mais de la faire tenir debout. - Les fonctions digestives s'ac-

complissent anormalement jusqu'à ce jour : .L... mâche assez

bien, baverait peu, mais elle rumine, vomit souvent, est cons-

tipée en temps normal et est gâteuse complète. - Son intelli-

gence est des plus rudimentaires, elle ne reconnaît même pas

la voix de sa mère. Comme antécédents morbides, signalons

une rougeole bénigne iL 5 mois, une coqueluche de 4 à 7

mois, un peu de gourme. Elle a été vaccinée à deux ans.

Etat actuel (15 juin 1892). Enfant pâle et chétive. - Phy-

(1) Signalons en outre une demi-soeur, née d'un premier mariage dn père,

intelligente et bien portante.

Description DE la malade. 19

sionomie parfois souriante. -, Cheveux châtain foncé, im-

plantés régulièrement

Crâne volumineux allongé, ayant l'aspect du crâne d'enfants

nouveau-nés après un accouchement par le sommet. Légère

asymétrie. La bosse occipitale ne fait pas saillie, les bosses

frontales sont marquées, la bosse pariétale est un peu plus

saillante à droite qu'à gaucho. Un examen minutieux permet

de constater la persistance de la fontanelle antérieure ayant

un centimètre de longueur antero-posterieure et transversale-

ment, un centimètre et demi.

Face presque carrée ; arcades sourcillières non saillantes.

Paupières mobiles et tombantes. Fentes palpébralcs grandes.

Sourcils abondants, châtain foncé, se réunissant sur la ligne

médiane. Cils longs, noirs et bien implantés. Pas de blépha-

rite ciliaire. Yeux sans exorbitisme. Strabisme interne léger

de luit gauche. Nystagmus peu accentué. Iris châtain foncé.

Les pupilles égales paraissent réagir normalement. Vision : ? ' ?

Nez un peu camus assez bien conformé extérieurement.

Pas de déviation de la cloison. L'enfant respire normale-

ment par le nez. Odorat : ? . Pommettes non saillantes, symé-

triques.

Bouche : 4 centimètres de dimension. Lèvres assez minces.

L'enfant ne bave pas. Voûte palatine aplatie, pas de déviation,

ni d'anomalie du voile du palais. Langue normale et mobile.

Amygdales moyennes. Réflexe pharyngien normal. L'enfant

prononce quelques mots. - Goût assez rudimentaire. -

Dentition de lait complète. Implantation irrégulière en avant.

Prognathisme marqué, les incisives inférieures dépassent les

supérieures, la mâchoire étant normalement formée. Grince-

ments de dents fréquents. -Oreilles petites, minces, légère-

ment écartées du crâne, bien ourlées, lobule petit mais non

adhérent. L'audition parait s'effectuer assez normalement.

Cou court. Circonférence 0m 23. l'as de goitre.

Thorax petit, globuleux, peu musclé, côtes saillantes, ré-

gion dorsale couverte de poils. Mamelons petits et saillants.

A l'auscultation des poumons, râles sibilants et sous cré-

pitants disséminés, mais surtout nombreux à droite. - Rien

de particulier au coeur.

Abdomen volumineux et balloné. Pas d'hypertrophie hépa-

tique, etc. Colonne vertébrale sans déviation. Bassin

assez large. - l'esses rouges, tuméfiées, douloureuses.

Légère escharre sacrée. - Région anale : érythème et petite

héntorrhoïalc,

Pubis glabre, peu saillant. Grandes lèvres courtes, cli-

toris petit, recouvert par le capuchon. Petites lèvres 7 centi-

20 IDIOTIE HYDHOCKPHAUQUE.

mètres de longueur, sur 1 à 2 centimètres (le largeur. Vesti-

bule profond. Fourchette bien marquée et mince. Hymen

sans orifice visible. La sensibilité générale parait normale.

Membres supérieurs égaux et symétriques, bien confor-

mes. La mobilité des bras est absolument normale.

Membres inférieurs paraissant également bien développés :

Leur attitude constante est celle des membres du fretus.

adduction et flexion des divers segments. L'extension ne

peut s'opérer que du côté droit. Du côté gauche, les muscles

fléchisseurs de la cuisse sont contractures et prennent l'aspect

lorsqu'on tire sur la jambe, de la corde tendue. Les tractions

un peu fortes arrachent des cris il l'enfant. Le réflexe rotu-

lien n'existe pas.

Traitement : hydrothérapie; huile de foie de morue et

sirop d'iodure de 1er. Exercices des jointures.

1892. ;.> 1 juin, - L'enfant entre au pavillon d'isolement

atteinte de coqueluche, les quintes varient de 10 il 1'1 par

jour. Elle est guérie le 15 juillet.

25 juillet. Nouveau séjour à l'isolement pour de l'eczéma

séborrhéique du cuir chevelu pris pour de la teigne trico-

phytienne. Elle sort guérie le 4 septembre.

18 octobre. Revaccination suivie de succès.

1893. 8 décembre, - L'enfant atteinte de teigne tondante

est de nouveau isolée.

1891. Janvier. Organes génitaux. Aisselles, pénil, grandes

lèvres glabres, seins non développés. Grandes lèvres à. peine

saillantes. Petites lèvres peu développées. Clitoris petit, à

capuchon rudimentaire. Hymen intact. Rien de particulier

il l'anus.

1895. Janvier. L'état des organes génitaux n'est pas mo-

difie.

15 avril. L'enfant qui est il l'isolement pour la teigne

depuis décembre 1893, contracte la scarlatine. Elle est plus

spécialement isolée jusqu'au 24 mai où elle est renvoyée aux

teigneux. La scarlatine a évolué sans épisode il noter.

12 août. La teigne tondante étant guérie, l'enfant est

renvoyée de l'isolement.

1897. Janvier. L'état des organes génitaux est absolu-

ment stationnaire.

8 mars. Le G... mange peu, est prise d'un mouvement

Marche DE la maladie.

21

fébrile (T. It. 37°, 5). Elle se plaint de la tète ; tousse un peu.

A l'auscultation, respiration rude aux sommets et râles sibi-

lants iL g-auchc, - Teinture d'iode; potion opiacée ; sulfate

de quinine durant quatre jours.

20 mars. Nouveau mouvement fébrile (39°). Vomisse-

ments, toux, changements rapides de coloration de la face.

Mêmes signes stélhoscopiques.

23 mars. Les vomissements ont cessé après la suppres-

sion de la quinine que l'enfant prenait depuis quelques jours.

La température se maintient entre 38° et 39°. Eruption pur-

purique en pointillé.

28 mars. Diarrhée jaunâtre. Affaiblissement général.

Potion au bismuth et au laudanum ; café.

30 mars. L'enfant vomit, sa faiblesse augmente. La tem-

oscille entre 37°, 5 et 4S°, 1. Mort. Poids du corps

après le décès : 11 kilos'. 500.

Tableau du poids et de la taille.

22 IDIOTIE HYDDOCÈPHALIQUE.

Autopsie (34 heures après le décès). Cuir chevelu épais et

pâle. - Os du crâne minces et friables. -Apophyse crista-

galli très saillante, Il existe un aplatissement de la selle tur-

cique, de la fosse frontale gauche et de l'occipitale à droite. -

Rien il noter au trou occipital, ni au niveau des fosses tempo-

rales qui paraissent à peu près symétriques.

Calotte crânienne très mince sur toute sa section; peu de

diploë, ; transparente surtout au niveau des régions latérales

des pariétaux. Emmenées mamillaires faibles à la face interne

- Dépression marquée de la région postérieure donnant une

apparence de coeur à la tête. Plagiocéphalie : bosse frontale

gauche et surtout pariétale droite, très développées. z Suture

fronto-pariètale sinueuse, en dents de souris. Suture sagit-

tale, moins sinueuse, se prolongeant de 5 centimètres sur

le frontal (scissure métopique) et disparaissant ensuite.

Suture lambdoïde peu contournée. Un petit os wormien

il un centimètre droite, du lambda. Pas de traces de fon-

tanelles. - Caractéristique : saillies des bosses pariétales et

dépression de la partie postérieure de la région pariétale et

de l'occiput. - Orifices très nets des veines émissaires de

Santorini à un demi centimètre à droite et à gaucho du tiers

postérieur de la suture sagittale.

Encéphale, - Il s'écoule environ 200 gr. de liquide encé-

phalique. La dure-mère ne parait pas malade. - La pie-

mère du côté droit est plissée comme une poche vide. Elle

est légèrement vascularisée.

Cerveau, - Hémisphère droit. Face externe. -Aspect

général court et globuleux. - Lobe frontal. Circonvolutions

bien contournées séparées par des sillons assez profonds et

d'aspect Saines. Les sillons sont nombreux ainsi que les plis

de passage. Les circonvolutions secondaires forment un groupe

qui part en divergeant irrégulièrement en éventail de l'extré-

mité du sillon de Rolando et qui permet difficilement de les

séparer en trois circonvolutions frontales parallèles. La fron-

tale ascendante est un peu aplatie. - La scissure de Sylvius

profonde d'aspect normal, laisse entrevoir le lobule de l'in-

sula où l'on ne constate pas de lésions macroscopiques.

Le sillon de Rolando est peu profond. Il est limité par le bord

net et d'aspect sain de la FA. et par la lA. atrophiée et

étendue en grande partie. Le fond de ce sillon est mince

et membraniformc. - Le lobe pariétal de ce côté est réduit

à une poche membraneuse lisse, distendue sur laquelle on

constate à sa partie inférieure une très mince couche de

Description DU cerveau. 23

substance cérébrale. Le pli courbe est atrophié. Le lobe

occipital est formé de petites circonvolutions plates, nota-

blement diminuées de volume et atrophiées. - Le lobe tem-

poral droit est d'aspect absolument sain dans ses deux tiers

antérieurs. Le tiers postérieur participe à l'aplatissement et il,

l'atrophie du lobe occipital.

Face interne. - Fi a un aspect normal mais le lobe paracen-

tral la circonvolution du corps calleux et l'avant-coin sont dis-

tendus et forment une mince couche de substance cérébrale

recouvrant la poche membraneuse qui fait saillie vers le lobe

pariétal it la face externe. Cette atrophie laisse indemne le

bord inférieur de l'avant-coin et le coin. Les circonvolutions

temporo-spliénoïdales sont un peu aplaties et atrophiées, mais

la partie postérieure de la circonvolution de l'hippocampe

est réduite à une mince membrane.

Le corps calleux est épaissi, toute la couche optique droite

est atrophiée et remplacée par un tissu scléreux et déprimé.

Le noyau caudé du corps strié semble normal. - Le

ventricule latéral, fortement distendu, est recouvert d'une

membrane épaisse, vascularisée. Toutes les parties de ce

ventricule sont dilatées mais le développement de la poche

hydrocéphalique s'est surtout opéré aux dépens du lobe

pariétal.

Hémisphère gauche Aspect général globuleux, Circon-

volutions compliquées, sillons nombreux.

Lobe frontal. - Les trois circonvolutions sont bien dévelop-

pées et d'aspect normal. Les sillons sont profonds. - Le e

sillon de Rolando est net et régulier. -La scissurede8ylvius,

profonde, laisse entrevoir le lobule de l'insula sain.

Lobe pariétal. Rien de particulier. PA est bien dévelop-

pée et ne présente -aucune lésion macroscopique pas plus

que FA. Les lobules pariétaux supérieur et inférieur sont

formées de nombreuses petites circonvolutions séparées par

de très nombreux sillons qui en rendent difficile la description

morphologique : elles paraissent à l'oeil nu exemptes de toute

lésion. Il en est de même du pli courbe.

Le lobe occipital et le lobe temporal sont aussi d'apparence

normale.

Face interne. - I ? le lobe paracentral, l'avant coin, le

coin sont bien développés et d'aspect normal. - La circon-

volition du corps calleux et le corps calleux ont été disten-

dus et amincis, surtout la circonvolution du corps calleux à

sa partie antérieure. - Le lobe occipital et le lobe tempo-

24 IDIOTIE HYDHOCÉPHALIQUE.

m-sphéno'idal, la circonvolution de l'hippocampe offrent au

aspect normal. - Le ventricule latéral est très dilaté mais nota-

blement moins qu'il droite. La dilatation s'est effectuée sur-

tout aux dépens de la corne temporale. Les corps opto-striés

sont volumineux, surtout la couche optique qui est saillante

et contraste beaucoup avec l'atrophie complète de celle du

côté opposé.

Le cervelet n'a rien de particulier. '

Thorax. Pas de trace de thymus. - Corps thyroïde (4 gr).

sain. - Coeur et péricarde : Rien de particulier. Ganglions

trachéo-bronchiques et péribronchiques infiltrés de tuber-

cules. - Poumon droit. Granulations dans tout le poumon,

masse caséeuse de la grosseur d'une noisette au lobe moyen.

- Poumon gauche. Infiltration tuberculeuse du lobe supé-

rieur. La plèvre diaphraumaliqlte est aussi couverte de gra-

nulations. '

Abdomen, - Granulations tuberculeuses nombreuses, du

péritoine. La cavité péritonéale contient environ 300 gr. d'un

liquide citrin. Le grand épiploon est épaissi et rempli de

granulations. - Foie hypertrophié surtout dans son lobe droit,

mou, a subi la dégénérescence graisseuse. - Rate et reins,

rien de particulier. - Les anses intestinales sont réunies

par de nombreux exsudats et sont couvertes de granulations.

Il en est de même de l'utérus et de ses annexes qui sont fixés

à droite de la ligne médiane. La mort est due a la tuber-

culose généralisée.

Réflexions. I. Cette enfant n'est pas d'une

famille à antécédents pathologiques nombreux. Les

convulsions qui se sont manifestées à l'âge de 4 mois

ne paraissent pas être le point de départ de la maladie,

car déjà vers cinq semaines, les parents avaient remar-

qué une certaine difficulté dans les mouvements des

membres qui ne s'accomplissaient pas exactement

de même des deux côtés.

II. La forme allongée du crâne de l'enfant est un

peu particulière et n'est pas celle qu'affecte ordinai-

rement la tête des hydrocéphales. La paraplégie de

l'enfant doit entrer dans le cadre des diplegios congé-

nitales connues sous le nom de maladie de Littlc.

- IDIOTIE hydrocéphalique. 25

III. L'état mental de l'enfant ne peut donner lieu à

aucune réflexion intéressante elle était idiote com-

plète et gâteuse. Aucune amélioration notable n'a pu

se produire.

IV. L'autopsie a permis de constater une hydrocé-

phalie assez accentuée. L'atrophie causée par le

développement des ventricules porte principalement

sur la région pariétale et est prédominante au niveau

de la zone motrice de l'hémisphère droit et de la

couche optique du même côté.

V. La tuberculose généralisée a été la cause de la

mort comme chez un certain nombre d'enfants gâteux

qui se cachectisent facilement.

III.

Athétose double avec mouvements convulsifs chroniques

. : de la face simulant les tics convulsifs ;

PAR BOUIINEVILLE et CHAPOT ! N

SOMMAIRE. - Père, rien de particulier. - Grand-pére pater-

nel, tremblement sénile. - Ai,iière-graird-pè7,e paternel,

bigare.

Mère, rien de particulier. Grand-père paternel, hémiplé-

gique. Pas de consanguinité, inégalité d'âge de un an.

Premières et uniques convulsions à 4 mois. - 1898. Tuber-

culose pulmonaire. - Mort.

AUTOPSIE. - Adhérences de la dure-mère au cerveau et à la

partie inférieure de la scissure inter-hémisphérique. -

Pas de grosses lésions cérébrales apparentes. - Caverne

au sommet du poumon droit, infiltration caséeuse du reste

du poumon. - Gros ganglions caséeux au niveau. de la

, tête du pancréas.

Pet... (Emile), né à Grand-Rallecourt (Pas-de-Calais), le 18

janvier 1874, est entré, le 20 mars 1886, à Bicêtre (service de

M. BOURNEVILLE).

Antécédents.- (Renseignements fournis par la mère te 16

juillet 1886.) - Père, 42 ans, ancien garçon aux magasins

du Louvre, actuellement concierge, robuste, ne présente

aucun antécédent morbide sérieux, n'a pas eu de convul-

sions ; aucun indice de syphilis, marié' à 22 ans. Depuis la

naissance de l'enfant, il a eu quelques céphalalgies et deux ou

trois épistaxis abondantes, accidents qui ne se sont pas-repro-

duits depuis qu'il est concierge et qu'il attribuait à l'athmos-

phère des magasins. Il est rangé, fait parfois quelques excès

- Athétose double. ' 27

alcooliques, mais ne boit que du vin et n'est jamais ivre.

[Son père, cultivateur, sobre, a toujours été bien portant ; il

est actuellement atteint de tremblement sénile de la tète et

des membres. Sa mère, morte à GG ans, on ne sait de quoi,

était ordinairement bien portante. Emportée et méchante, sa

belle-fille la qualifie de « vraie mauvaise belle-mère ». Rien

de particulier du côté des grands-parents paternels. - Le

grand-père paternel aurait été bigame. La grand'mère mater-

nelle serait morte en démence à 80 ans. - Un frère mort en

naissant. - Une soeur bien portante, non nerveuse, ayant eu

des enfants qui n'ont jamais présenté d'autres accidents mor-

bides que des troubles dus au lymphatisme. Ni aliénés, ni

suicides, etc., etc., dans le reste de la famille.]

Mère, 'il ans, autrefois cuisinière, maintenant concierge,

brune, grande, à physionomie régulière, présentant un léger

prognathisme ; caractère un peu vif; sobre ; n'a jamais eu le

moindre accident nerveux (migraines, crises nerveuses, syn-

copes, etc.). - [Son père, cultivateur, mort à 73 ans, on ne

sait de quoi, avait eu, 5 ans auparavant, une attaque d'apo-

plexie avec hémiplégie gauche. Très sobre; sans autre anté-

cédent nerveux. - Mère, morte jeune, on ne sait de quoi. -

Aucun renseignement sur les grands-parents. - Un frère

mort d'une affection scrofuleuse. - l'as d'idiots, d'aliénés,

d'épileptiques, de paralytiques, de difformes, etc., dans le

reste de la famille.]

Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge d'un an (père plus

âgé).

Quatre enfants : 1° Une fille morte à 3 ans et demi, sans

convulsions. Elle aurait eu des vers intestinaux auxquels ses

parents attribuent sa mort; était très intelligente ; - 2° fille

17 ans, bien portante, vive, intelligente, n'a jamais eu de con-

vulsions, ni d'accidents nerveux ; 3° fille de 15 ans, actuel-

lement en bonne santé, a été longtemps nouée et n'a marché

qu'à 23 mois ; présente actuellement une malformation de

l'épaule. N'a jamais eu de convulsions, est très intelligente '

- /1° notre malade.

Notre malade. - Au moment de la conception probable, rien

à signaler. - Grossesse normale, pas d'ennuis, de frayeur, de

traumatismes, d'albuminurie, ni d'alcoolisme ; pourtant à par-

tir de 6 mois, la mère eut à se plaindre de tracasseries de la

part de sa belle-mère. Accouchement à terme, sans inter-

vention ; le travail dura deux heures. - A la naissance, pas

28 Antécédents personnels.

d'asphyxie; il était robuste et vigoureux Pendant deux mois

allaité par la mère, puis nourri au biberon, toujours avec le

lait de vache,

Première dent à 3 mois; à 4 mois il avait 3 dents : c'est à

cette époque qu'ont appparu les premières convulsions. Elles

furent très fortes, durèrent 4 ou 5 heures : occupant symétri-

quement les deux moitiés du corps, le malade se retournant

de tous les côtés, renversant sa tète en arrière. Pendant deux

heures on l'a cru mort. Depuis lors, il n'a jamais cu d'autres

convulsions.

L'enfant n'a jamais su se tenir debout, n'a jamais marché

mieux qu'il le fait actuellement, c'est-à-dire qu'il ne sait que

se traîner par terre ou marcher en s'appuyant sur une

chaise. Il ne parle pas et les seuls mots qu'il émet sont « oui,

non, il ta li ta ». Mais il fixe assez bien son attention, com-

prend ce qu'on lui dit et lorsqu'on lui demande un objet, part

le chercher en poussant sa chaise devant lui. Il n'a commencé

à être propre que vers l'âge de t ans. Aujourd'hui, il ptte

quelquefois la nuit, mais durant la journée, va seul aux cabi-

nets. Il a bavé jusqu'à 3 ans. - Pet... n'a jamais su se bien ser-

vir de ses mains : s'il saisit un objet, il lui arrive de le laisser

tomber à terre. A partir de l'âge de 8 mois, quatre mois par

conséquent après la première convulsion, des mouvements

c/t0 ? 'et/b)'mes sont apparus, localisés iL l'extrémité des deux

membres supérieurs ; les deux mains s'agitent continuelle-

ment, les doigts s'écartant et se rapprochant ; ces mouvements

sont continuels et n'ont pas présenté de variations notables

depuis l'âge de 4 ans, époque où ils ont atteint leur maximum

d'intensité. - Pas de secousses, pas de grincements de dents,

pas de balancement de la tête, mais seulement un léger tour-

noiement latéral de la tète.

Pet ? prend bien les aliments et mange de bon appétit; il

saisit, pour boire, son verre deux mains : il est gourmand

et mange gloutonnement ; il ne présente pas de mouvements

de succion, pas de régurgitation, pas de rumination. Il n'a

jamais su s'habiller ni se déshabiller seul : Ne sait ni bouton-

ner, ni nouer, ni lacer ses vêtements ; il ne sait pas non plus

se nettoyer seul, mais parait content des soins de propreté

qui lui sont donnés.

D'un caractèce doux, un peu entêté, Pet... n' jamais eu

d'accès de colère ; il est affectueux, aime les animaux : jamais

il n'a ri comme les autres enfants. - Son sommeil est pai-

sible ; on n'a pas observé de tendance il la masturbation,

Traité, il la suite de l'apparition des accidents nerveux, par

les médications antiscrofuleuses et les bains salés, Pet... n'a

. " Imbécillité athétosique. 29

été atteint d'aucune fièvre éruptive, ni de diphtéric, ni dc mala-

die typhoïde. A l'âge de 3 ans, il aurait eu la coqueluche ; vers

la même époque a eu quelques croûtes d'impétigo dans le

cuir chevelu,

Placé a l'âge de 5 ans chez les Frères Saint-Jean-de-Dieu

où il ost rcsté juscju'a. son admission à l'hospice de Bicêtre,

l'et... aurait été atteint, il l'âge de 10 ans, d'une ophtalmie

chronique ayant déterminé une opacité de la cornée du côté

gauche qui fait qu'il voit très mal de cet oeil. Enfin il aurait

eu la teigne ( ? ) dans cet intervalle de temps. - En résumé :

d'après la mère, la situation, loin de s'améliorer, ne fait que

s'aggraver de jour en jour.

Etat actuel (5 avril 1880). La tète, plagiocéphale, est très

nettement asymétrique par suite de l'aplatissement du parié-

tal droit ; la boite crânienne semble déjetée en arrière, les

bosses frontales et les arcades sourcilièrcs sont plus sail-

tantes. La peau est brune et sèche ; les cheveux, noirs

et drus, sont régulièrement implantés, - Le front est bas,

étroit, déprimé latéralement, surtout sur le côté gauche ; pas

de rides; légère cicatrice au niveau de la queue du sourcil-

gauche. Les sourcils, assez fournis, sont châtain-foncé,

les cils sont longs et bruns, les yeux bleus. La cornée du côté

gaucho offre une opacité occupant son- quart inférieur et

interne; les pupilles sont asymétriques et, des deux côtés,

réagissent également à la lumière et à l'accommodation.

Pc... ne reconnaît pas les couleurs. La bouche est remontée

du côté droit, abaissée du côté gauche ; les lèvres sont

épaisses, les commissures assez profondes, le pli nasogénien

est plus marqué du côté gauche lorsque le malade tire la

langue. Celle-ci ainsi que les lèvres, est continuellement

agitée de mouvements choréiformes. Le goût est partielle-

ment conservé. Les gencives sont en assez bon état ; on

compte 12 dents a la mâchoire supérieure, dont 2 prémo-

laires de lait; il la mâchoire inférieure, Il dents; une deu-

xième prémolaire n'est pas encore sortie : toutes ces dents

sont d'ailleurs saines. Le nez est petit, un peu épaté,

droit, sans déformation ni cicatrices.

La partie inférieure de la face présente un léger progna-

thisme ; le menton est arrondi; une plaque d'impétigo assez

étendue siège au niveau de l'angle du maxillaire du côté

droit. Oreilles moyennement développées, tendant à s'écar-

ter du crâne.

Cou court et grêle, très amaigri.

Thorax normalement développé ; auscultation des poumons

30 Description du malade.

et du coeur normale. Abdomen souple, peu saillant; le foie

ne déborde pas le rebord inférieur des fausses côtes.

Les membres supérieurs semblent égaux en volume. Les

mouvements de l'épaule et du bras s'exécutent spontanément,

mais si on cherche à les provoquer, on détermine immédia-

tement une contracture passagère que l'on parvient du reste

à vaincre, et qui, abandonnée a elle-même disparaît au bout

de quelques minutes. Il existe des mouvements athétosiques

des deux mains, prédominant surtout à droite : les mains sont

en extension sur les poignets, les coudes sont dans la demi-

flexion. On ne note pas de déformations ni de cicatrices sur

les mains, seulement un léger aplatissement de l'éminence

thénar, surtout du côté droit.

Les membres inférieurs sont maigres, grêles, et symétri-

ques les genuox et les pieds viennent en contact ; en dessous

soutenu sur la jambe en varus équin, On note de plus de

légers mouvements alhétosiyucs des pieds.

Motilité, - Si donc nous considérons dans leur ensemble les

troubles de la motilité chez notre malade, nous observons des

mouvements alhétosidues de la face, du cou et des membres

supérieurs, prédominant surtout à la main du côté droit. Mis

debout, le malade se raidit et entre tout entier en contrac-

tures ; les muscles des épaules et des bras sont surtout pris;

le membre inférieur du côté gauche est en extension forcée,

et repose sur le sol par l'intermédiaire de son bord externe et

de ses derniers orteils : la contracture des mains est moins

marquée du côté droit. Le malade, soutenu, marche en fau-

chant.

Les réflexes cutanés sont normaux; les réflexes rotuliens

sont un peu exagérés. - La sensibilité générale est conser-

vée et normale.

Puberté. - Corps complètement glabre ; testicules de la

grosseur d'un pois; prépuce très allongé; longueur de la

verge : 5 centimètres, circonférence : h centimètres et demi.

Rien à la région anale.

1888. 25 janvier. - l'et... qui auparavant dcmandait, dans

la journée, à aller aux cabinets, ne demande plus : on est

obligé de le conduire sur le siège.

25 juillet. - l'et... a fait quelques progrès ; il est plus

propre, commence il aider quand on l'habille ; il est gai, moins

sournois, joue avec les autres enfants du pavillon et mange

plus proprement. Envoyé en classe, il est assez attentif, est

parvenu à placer les lettres sur les cartons, mais ne les con-

naît pas encore. Nul eu gymnastique.

Marche de la maladie. 31 1

28 décembre. Pet... sait s'habiller et se déshabiller seul ;

dans la journée, il va seul aux cabinets en se trainant, appuyé

sur sa chaise. En classe, il travaille attentivement et cherche

à comprendre ce qu'on lui explique, et à imiter les exercices

que l'on exécute devant lui ; place bien les lettres, mais ne

sait pas les nommer; reconnaît les couleurs, commence il dis-

tinguer convenablement les longueurs. :

1889. 25 mars. Pet... entre il l'infirmerie pour une ulcé-

ration de la commissure labiale droit, s'accompagnant

d'engorgement ganglionaire du côté correspondant, et de

tuméfaction de la muqueuse de la face interné de la joue.

Rien aux organes génitaux ni à l'anus : le malade est mis en

observation.

12 septembre. Même état : traitement spécifique à

l'iodure de potassium et aux frictions mercurielles.

17 octobre. Les accidents ont disparu ; seule l'adénite

sous-maxillaire persiste.

Puberté. Corps et visage complètement glabres.

Verge : longueur 52 millimètres, circonférence 48 millimètres..

- Prépuce, développé. Testicules dilliciles à trouver, mous,

égaux, du volume d'un haricot.

Décembre. Rentré au pavillon des gâteux, Peut est

atteint d'ulcérations des orteils qui rendent la station debout

très-douloureuse. -

IS ! 10.-Ulc;ératinus des orteils persistantes. Traitement par

les bains salés, huile de foie de morue, sirop de fer. Même

état des organes génitaux.

1891. Même état des ulcérations : continuation du même

traitement, Pet. qui avait perdu sous le rapport de la pro-

preté, fait des progrès il partir du mois de juillet : il ne

gâte plus, s'habille et se déshabille tout seul, mais ne peut

encore boutonner et lacer.

1892. Même état. Puberté. Corps et visage glabres ;

quelques poils noirs au niveau du pénil. Scrotum et verge

fortement pigmentés. Verge, longueur : 5 centimètres ;

circonférence : .Il centimètres et demi. Testicules à la racine

des bourses, de la grosseur d'une olive.

Traitement : Douches et sirop de fer. Pet... n'a plus fait

de progrès sous le rapport de l'écolage.

, 4893.-lli;mc état; continuation du même traitement.

Développement PHYSIQUE. 33

Tableau des mensurations de la tête.

34 Imbécillité athétosique.

et au menton, corps glabre, 'rien aux aisselles ; poils longs et

fournis à la base de. la verge, autour de l'anus qui est nor-

mal. - Testicules de la grosseur d'une amande ; pas,de vari-

cocèle. Verge : longueur 7 -centimètres, circonférence 6

cent. 5.

1896. état stationnaire ; même traitement.

Juillet. '- Puberté. ? Fines moustaches, aisselles presque

glabres, quelques poils au pubis et à la région anale, testi-

cules de la grosseur d'une amande. Verge : longueur 8

centimètres, circonférence 7 cent., Anus normal.

1897. - État stationnaire ; même traitement.

Puberté. - Pas de modifications depuis l'année précédente.

1898. Janvier. Puberté. Quelques poils bruns sur la

lèvre supérieure et le menton ; dans les aisselles, poils bruns

et longs. - Sur les membres supérieurs et inférieurs, poils

blonds d'un centimètre ; - sur le pubis, poils bruns étendus '

transversalement sur mie longueur de 9 centimètres. -

Verge, longueur : 9 centimètres, circonférence : 8 cent., 5.

Gland découvert. - Testicules du volume d'un oeuf de merle.

.1 ? avril. Depuis deux jours Pet... a de la diarrhée et ne

mange plus. -

G avril. - Diarrhée fétide, peu abondante; toux peu

intense. A l'auscultation, on entend des râles humides des

deux côtés de la poitrine et un souffle caverneux au sommet z

gauche, en arrière. T.R. 38°, 5 matin et soir.

7 avril. - Même état. - Soir : T.R. 39°, 8.

8 avril. L'état se maintient dans la matinée ; syncope

dans l'après-midi. T.R. 40°, 5. - Mort à 10 heures 1/2 du soir.

Température après décès. '

CRANE ET cerveau. 35

plagiocéphalie . (saillie du frontal gauche et de l'occipital

droit), peu épais; nombreuses plaques transparentes princi-

palement au niveau des fosses occipitales. La suture fronto-

pariétale droite est sinueuse ; la fronto-pariétale gauche est

complètement synostosée. Les sutures inter-pariétales et

pariéto-occipitales sont très sinueuses et n'offrent aucune

trace de synostose. La calotte enlevée, on observe entre la

dure-mère et la surface du cerveau des adhérences assez

résistantes, développées surtout à la partie inférieure de la

scissure inter-liémispliéridue. - Les vaisseaux de la pie-

mère sont fortement congestionnés, mais il n'y a pas de

lésions apparentes macroscopiquement et le cerveau se dé-

cortique assez facilement.

Cerveau. - Hémisphère gauche. Face externe. Scis-

sure de Sylvius (S,8,), profonde, bien marquée ainsi que ses

rameaux ascendant et horizontal. Le lobule de l'insu la (L.I.)>

comprend trois circonvolutions dont la première et la troi-

sième sont bifurquées. - Sillon de Rolando sinueux,

profond. - Scissure perpendiculaire externe (Sc,p,e,), nor-

male. - Scissure parallèle frontale (5c.lo.f.), profondément

dessinée. - Scissures frontales supérieure et inférieure

(So.f.s. et So.f.i), sinueuses, moins bien indiquées. - scissure

interpariètale (Sc.ip.), très accus.Se, surtout dans sa partie

postérieure, se prolonge jusqu'au contact de la scissure per-

pendiculaire externe. - Scissure laralléle (Sc.p.), très déve-

loppée, rectiligne dans ses deux tiers antérieurs, se termine

au voisinage de la scissure perpendiculaire externe. - Deu-

xième scissure temporale (Sü,t2,), peu développée. Pre-

mière circonvolution frontale (1 ? ) volumineuse, communi-

que par un pli de passage avec la seconde frontale (F2.), la

plus grosse et la plus tortueuse. - Troisième circonvolu-

tion frontale (F3.), cap bien dessiné mais très-maigre ; est

régulière dans le restant de son étendue. - Frontale ascen-

dante (r.A.), verticale dans sa partie .inférieure, moins volu-

mineuse dans sa moitié supérieure qui est déjetéc en arrière.

- Pariétale ascendante (P.A.), très flexueuse, maigre, sur-

tout clans sa partie inférieure : Première pariétale (P1.), très

large, courte, nombreux sillons accessoires. - Deuxième

pariétale (P2.), divisée en quatre segments par dos scissures

accessoires. - Première temporale (T1.),' régulière, se tcr-

mine au contact de la scissure interpariètale. - Deuxième

temporale (T2.), volumineuse et sinueuse. - Pli cotcrhe (P3.),

développé avec de petits sillons superficiels. - Lobe occipi-

tal (L.O C.), circonvolutions grêles. (PL. II.)

36 I\IIü'sGILI,ITli : 1'l'III·.TOSIQUG. -

Face interne. La scissure CallOSO-112aT ! I212a1e (C.C.111.)

est profonde, ne présente riends particulier. Scissureper-

pendiculaire interne (Sc.p.i.), très développée, s'étendant

jusqu'au bourrelet du corps calleux. Fissure calcarine

(F.ca.), également bien développée. Circonvolution du

corps calleux (C.C.C.), présente a sa partie moyenne trois

plis de passage se portant vers le pied de la première {ron-

tale (FI,), vers le lobttle ta7'acelllral (L.1'.) et vers les angles

antérieurs et postérieurs du lobule quadrilatère (L.Q.). z

Corps calleux (0.0.) normal. Lobule paracent7'al (L.I'.),

peu développé. - Lobule quadrilatère (L.Q.), assez volumi-

neux, divisé en deux parties par un sillon médian, - Coin

IC,), première et deuxième circonvolutions temporo-occipi-

tales (T.o'. et T,02,) bien développées, - Troisième circonvo-

Lutiol2 temporale (T3.) dédoublée il sa partie postérieure,

nettement séparée des circonvolutions voisines. Circon-

volulion de l'hippocampe (CIL) et Corne d'Ammon (C'A.),

saines (l'L. lII),

Face inférieure du lobe frontal, ventricule latéral, couche

optique, corps strié, rien de particulier.

Hémisphère droit. Face externe. Scissure de Syl-

vius, courte. Sillon de Rolando et scissure interpariétale

bien développés. - Scissure perpendiculaire externe, mas-

quée par un conlluent de veines superficielles. Scissure

parallèle, semble assez accusée, s'étend jusqu'au lobe occi-

pital. - l'ien21ère circonuolulion /Oontale, communique par

deux plis de passage avec la partie moyenne de la deuxième.

- Deuxième circoact>Itttiolt /1·onlale, irrèc;ulière. - l'noi-

sième circonvolution frontale bien nuuoluèe. - I·'ro7tlale

ascendante, (F. A.) trajet oblique en haut et en arrière, élavr-

gie à sa partie moyenne. Pariétale ascendante, llexueuse,

amincie près de son extrémité supérieure. Pariétale supé-

rieure, courte et larc. - l'ariétale 177/ëriettre, nombreux

sillons accessoires. -l'li courbe, assez volumineux, avec des

sillons plus accentués que sur l'hémisphère gauche. Lobe

occipital, circonvolutions 11'l'égulièl'es, -Première circonvo-

lution temporale, rectiligne, bien développée, semble se

continuer avec le pli courbe. Deuxième circonvolution

temporale, large, nombreux sillons accessoires.

Face interne. Scissure calloso -marginale, ne présente

aucun caractère particulier. Scissure perpendiculaire

interne, longuement développée, atteint la fente de Bichat.

Circonvolution calloso-marginale, présente des plis de

passage vers le pied de I'I. Lobule paracentral, se continue

Autopsie. 37

à sa partie postérieure par un pli de passage avec le lobule

quadrilatère. - Fissure calcarine, normale, - Circonvolution

frontale interne, légèrement renflée iL sa partie supérieure.

Lobule paracenlral, bien développé. - Coin et circonvolu-

tions occipitales, nettement séparés. - Corps calleux et

noyaux gris centraux, rien de particulier. - Corne d'Am-

mon, large mais courte. .

La description des circonvolutions et surtout des sillons

est très difficile, parce que, en vue de l'examen histologique,

on a conservé la pie-mère. Sur les deux hémisphères les cir-

convolutions sont relativement peu développées, par rapport

à l'Age de l'enfant ; elles sont aussi loin d'être symétriques.

Cou. - Le corps thyroïde est volumineux, le lobe droit un

peu plus gros que le gauche ; on ne trouve pas de trace du

thymus.

Thorax. Coeur. - Rien de particulier dans le péricarde ,

l'orifice mitral laisse difficilement passer le petit doigt, pas

de lésions de l'orifice aortique ni de l'orifice pulmonaire ; le

muscle cardiaque est, dans le coeur gauche, légèrement

hypertrophié. - Pas de persistance du trou de Botal. - Pou-

mon gaucho. Léger épanchement pleural ; ce poumon est farci

de nodules tuberculeux et présente des cavernes iL son

sommet. - Poumon droit. Adhérences peu résistantes et

récentes il la plèvre diaphragmatique; points atélectasiés au

sommet; les deux autres lobes sont fortement congestionnés.

- Les ganglions 1 ? -acliéo-brbiiciiiqttes sont volumineux et

caséeux.

Abdomen. - Rien de particulier du côté de l'estomac ni

du péritoine, si ce n'est que l'appendice qui mesure à peine

1 cm., 5 est dur, complèlement oblitéré et appliqué par le

péritoine contre la paroi abdominale postérieure. - Pas de

trace d'ulcérations sur l'intestin. Les ganglions mèsentéri-

ques sont légèrement tuméfiés. - Le foie est assez volumi-

neux, un peu graisseux ; la vésicule biliaire ne renferme pas

.de.calculs. La rate est grosse et mpile ? Le. pancréas est

très-volumineux et, au niveau de sa-tête, siègent de gros

' -g5'riâliôns'-calééüx.' ? Hem'.gaucher rien1' dé 'particulier1,' 'se

. dèc()l-trque fac'rlément; cqpsnie surrénale1 lira [peu grosse ? pas ? de noyau)c tuberculeux ? Rein droit. un peu p,qf)gstiqf1lj1¡é ; ? pet4t>wsté,v son extrémité, supérieure. Capsuieurenaie

rien, - Vessie, organes génitaux, rien à noter. '" ? .'

,1 : 1.q 1 , . '1 ,"1; (ti';>'I ! 11 HHil onu i>

38 Imbécillité ATHËTOSIQUE.

Réflexions. I. Les antécédents héréditaires se

réduisent à peu de chose : quelques excès de boisson

chez le père; une attaque A'apoplexie suivie d'itéini-

plégie chez, le grand-père maternel.

II. La conception, la grossesse, l'accouchement (par

la tête) et l'état de l'enfant à la naissance n'ont offert

rien d'anormal.

III. C'est à un état de mal convulsif, survenu à

quatre mois, ayant duré 4 à 5 heures, qu'il faut attri-

buer l'imbécillité, la diplégie incomplète et l'alhétose

double, observées chez ce malade.

IV. P... est atteint, non pas d'idiotie complète, mais

d'imbécillité à un degré prononcé. En effet, son atten-

tion est facile à fixer, il comprend ce qu'on lui dit,

exécute les ordres qu'on lui donne.

Pe... est entré en mars 1886, âgé de 12 ans,

c'est-à-dire clans des conditions déjà peu favorables,

étant donnés son état intellectuel, ses contractures et

ses mouvements athétosiques. Malgré cela, nous avons

obtenu, sur certains points, une réelle amélioration.

Sa gloutonnerie a fait place à un appétit régulier; il

est devenu propre ; il est arrivé à s'habiller et se désha-

biller, sauf qu'il ne sait boutonner; l'attention s'est

développée ; le caractère s'est transformé : Pe... est

moins violent, moins sournois, plus gai. La parole est

toujours restée nulle.

Le peu qui a été obtenu ici, les résultats constatés

dans des cas analogues, soit à Bicêtre, soit à l'Institut

médico-pédagogique, nous ont montré que les idiots

ou les imbéciles athètosiques (qui paraissent former

un groupe spécial) sont susceptibles d'être améliorés,

à la condition qu'on s'en occupe do bonne heure, dès

l'âge cle 2 ou 3 ans : plus on attend plus les chances

d'une modification sérieuse diminuent. -

- ' - A THÉTOSE DOUBLE. 39

V. L'athélose était nettement caractérisée. Les

mouvements athétosiques auraient été constatés à

l'âge de huit mois, quatre mois après les convulsions.

Ils sont restés les mêmes, assure-t-on, depuis l'âge de

quatre ans. Ils occupaient la face, le cou, les membres

supérieurs et inférieurs.

VI. Les mensurations des membres, prises à diffé-

rentes époques et chaque fois malheureusement par une

personne différente, ne nous fournissent aucune don-

née précise. - La le le s'est accrue progressivement de

volume jusqu'en 1896, puis elle est restée à peu près la

même (1897-98). - Sa taille de 1886 à 1897 s'est élevée

de l'"20 à l""4-'t et son poids de 22 k. à 39k., 5, tom-

bant à 35 k. 5, sous l'influence de la tuberculose.

La s'est effectuée avec une certaine lenteur,

ainsi que cela ressort des notes prises annuellement

depuis l'entrée (1886) jusqu'à la mort (1898).

Erratum. Il faut rétablir ainsi qu'il suit les lignes 14, 15, 16

et 17 de la page 30 :

Les membres inférieurs sont maigres et symétriques. Les

genoux viennent en contact par la face interne des condyles.

Les pieds, étendus sur la jambe en varus équin, viennent en

contact par les gros orteils.

IV.

Idiotie légère symptomatique de méningite chronique ;

paraplégie et pieds bots ;

PAR BOURNEVILLE et sébilleau.

Sommaire. Enfant - père alcoolique. - Ren-

seignements insuffisants sur lui et sur sa famille. - Mère

nerveuse. - Grand-père maternel, excès de boisson. -

Grand-oncle maternel, bègue et aliéné. - Un autre oncle,

arriéré et bossu. - Cousin mort de convulsions, Frère,

convulsions, mort de méningite dite tuberculeuse. Pas

de consanguinité. - Inégalité d'âge de 5 ans ( ? ). ),

Grossesse accidentée par des émotions. - Bien portant

jusqu'à 3 ans. - A 3 ans fièvre typhoïde et méningite ou

fièvre typhoïde avec complications mèningitiques .

Affaiblissement consécutif du côté gauche et idiotie. -

Accès de cris, colères, violences. - Onanisme, - Ten-

, tatives de fugues. Iiicéiisciciice du danger. -Manies et

tics : Balancement antéro-postérieur du tronc. - Brûlures

à 3 mois. - Rougeole à un an. Coqueluche et otite sup-

purée à 2 a ? is. '

1884. - Ulcération des cicatrices de brûlure.

1888. - Stomatites et adénites sous-maxillaires, - Progrès

intellectuels léger ? - Langage grossier ; actes de violence.

1890. - Persistance des mauvais instincts; Kleptomanie.

1891. Progrès scolaires; Amélioration du caractère;-

Amyolrophie de la jambe gauche.

1893-97. Alternatives de bien et de mal au point de vue

du caractère. - Progrès à l'école et à l'atelier.

Antécédents. 41

1898. Tuberculose pulmonaire aiguë; - mort.

AUTOPSIE. - Tuberculose pulmonaire. - Lésions ménin-

gitiques de la face interne des lobes frontaux.

Cur.. (Ulysse), né à Mussy-sur-Seine, le 21 octobre 1879, est

entré dans le service le 22 octobre 1884.

Antécédents. - (Renseignemenls fomnispa1' sa mère le (24 no-

vembre 1884.) Le malade est un enfant naturel. - Père, doit

avoir 37 ans environ, commis voyageur en étoffes, alcoolique

invétéré. La mère de l'enfant l'a connu pendant un an à Cha-

tillon-sur-Seine, elle le voyait de temps en temps. Elle ne peut

donner d'autres détails sur lui ni sur sa famille.

Mère, 32 ans, domestique, brune, grande, physionomie régu-

lière. Tempérament très nerveux ; elle se met facilement en

colère ; n'a jamais eu de convulsions ni de migraines. Par-

fois céphalalgies violentes. Pas de syncope, ni syphilis, ni

excès de boisson. [Père, vigneron, a fait beaucoup d'excès de

boisson, mort asthmatique. - Mère, bien portante. - Grand-

père paternel ; mort asthmatique à 8 ans. Pas de détails sur

sa grand'mère paternelle et sur ses grands-parents mater-

nels. - Frère, mort à 12 ans d'un rhumatisme articulaire. -

Une soeur, en bonne santé, a eu cinq enfants dont un est mort

il 9 mois de convulsions, - Un oncle maternel, bègue, a été

enfermé comme aliéné. - Un autre oncle était un peu

«bêta» et bossu. - La mère dit qu'il n'y a pas eu d'autres

tares dans sa famille ni de tuberculeux.]

Pas de consanguinité (le père. est de Dijon, la mère de

Mussy-sur-Seine, près Bar-sur-Soine). Inégalité d'âge de 5 ans

Six enfants : 1° notre malade né de l'amant ; 2° une fille

âgée de 4 ans, née du mari qui a reconnu notre malade ; pas

de convulsions, intelligente, est actuellement (1898) âgée de

17 ans et se porte bien ; - 3° garçon, 18 mois a été atteint

de convulsions, à l'Age de deux mois. Dans la même journée

il a eu trois crises. Depuis les convulsions ne se sont pas

reproduites. Il est mort à 5 ans de méningite tuberculeuse ;-

lit garçon, mort il 18 d'une congestion pulmonaire ; pas de

convulsions. 5° garçon, en bonne santé, pas de C nvu

sions. Après avoir vécu dix ans avec, son ma,i'i,lai11è'I,'è de

l'enfant s'est mise avec un autre homme dont elle 't euu j ; '6-

un garçon âgé de 2 ans qui a eu 7.on 8 fois de fortes conviil-

sions durant sa première année et qui semblé un peu en

,N'hf'd.. ? ," ? ..., .1' 1

42 -) Antécédents personnels : méningite.

Notre malade. - Lors de la conception, père et mère en

bonne santé. La conception n'aurait pas eu lieu dans l'ivres-

se. - Grossesse, pas de coups, ni de chutes, ni de peurs, ni

d'envies, mais émotions nombreuses : abandonnée par son

amant au sixième mois de sa grossesse, elle se réfugie chez

ses parents qui lui font la vie insupportable. Dès les pre-

miers mois de la grossesse, constriction du ventre mais

pas de tentative d'avortement. Accouchement terme,

naturel ; présentation par la lute ; pas de chloroforme ; eau

en petite quantité.

A la naissance, enfant gros, bien portant, sans asphyxie.

Elevé au sein pendant un mois par sa mère qui. il ce moment,

se marie avec un homme qui avait deux enfants et qu'elle

n'avait vu que deux fois. File s'est mariée par dépit et a été,

dit-elle, tellement révolutionnée de celte union que son lait

s'est tari. Elle a été forcée de donner le biberon il l'enfant

(lait de vache). Sevré 15 mois, C.... a marché un an ;

a commencé à parler à 20 mois, a eu sa première dent

vers un an. Il a élé bien portant, intelligent jusqu'en

juillet li 83. A partir de cette époque, il devient nerveux,

coléreux, pousse des cris sans raison. Cet état dure un mois,

puis il est pris d'une méningite : douleurs de tète qui était

renversée en arrière ; le corps était raidi, fièvre très forte,

vomissements ; il aurait eu aussi « mal au ventre et de la diar-

rhée et aurait été sans connaissance durant une semaine. Le

médecin a dit d'abord qu'il avait une fièvre muqueuse, puis

une méningite. » Quand ces symptômes ont cessé, l'enfant ne

pouvait plus marcher. Le côté gauche était paralysé. Il

trainait la jambe de ce côté et ne se servait que de la main

droite. Il aurait été traité sans, succès par l'électricité à l'ho-

pital de Troycs. ' ! L'intelligence s'était très affaiblie. La

parole était moins facile qu'avant la maladie.

Depuis lors, il n'a pas eu de nouvelles convulsions, mais a

été sujet aux accidents suivants : Accès de colère fréquents,

cris aigus poussés sans motif, cassait les objets qui lui tom-

baient sous la main, battait sa sieur et son frère sans motif,

voulait les tuer. « Les voisins se plaignaient de ses cris et

nous étions obligés de déménager. » Très gourmand, parfois,

vorace ; pas de salacité. Mange seul avec la cuiller et la four-

chette. Mastication régulière. A diverses reprises, on a cons-

taté qu'il se livrait il l'onanisme. Il a essayé de se sauver de

chez lui plusieurs fois. Inconscience complète du danger.

Il avait la mauvaise habitude de cracher au visage des en-

fants et des grandes personnes. Il n'est pas grimpeur ni klep-

tomane, etc. Pas de grincement de dents. Parfois il suçait des

Description du malade. 43

chiffons. - Balancement du tronc d'avant en arrière. - Lan-

gage grossier; méchant avec les autres enfants qu'il frappait

et dont il brisait les jouets.

Brûlure il trois mois sur la jambe gauche, la cicatrisation

a été très lente. - Rougeole il un an ; coqueluche à deux

ans ; il la suite abcès d'une oreille qui a coulé très long-

temps. Pas de dartres ni d'engelures.

A la maison, comme il marchait sur les genoux, sa mère

lui avait fait fabriquer des genouillères. Plus tard son beau-

père lui fait faire des béquilles avec lesquelles il battait sa

soeur.

Voici maintenant ce qui a été observé durant son séjour

dans le service de 1884 il 1898.

1884. 5 décembre. - Les cicatrices de brûlure qu'il porte à

la jambe gauche se sont ulcérées. Repos au lit. Glycérolé d'a-

midon.

21 décembre. - L'examen de ses dents montre que la den-

tition de lait est complète et en bon état.

1885. 24 januier. - ('... est de nouveau conduit à l'infir-

merie pour les utceres qu'il porte à la jambe gauche.

4 avril. - Vacciné sans succès avec du vaccin humain à

droite, du vaccin de génisse à gauche. Exeat le 20 avril.

28 août. - Traitement hydrothérapique jusqu'au 31 octo-

bre.

Décembre. - C.... parle bien, mange proprement; se sert

des trois objets, mâche et digère convenablement. Il sait se

laver, s'habiller, se déshabiller, lacer, boutonner, mais sa

tenue laisse à désirer. Son caractère est variable : tantôt

il est caressant, doux, poli ; tantôt il est taquin, indiscipliné,

coléreux, très grossier, essaie d'égratigner, de mordre, etc.

Il marche en se dandinant, les pieds se renversent en dehors;

il n'est pas solide sur les jambes, tombe très souvent. Il couit t

a il quatre pattes. u ·

1887. Il commence il syllabe, écrit des mots, connaît

les couleurs, les figures géométriques, tous les objets des boî-

tes de leçons de choses. Il exécute la plupart des exercices

de la petite gymnastique, avec difficulté, toutefois, à cause de

la faiblesse de ses jambes.

1888. État actuel (15 février). Tète symétrique, ovale ;

légère saillie des bosses pariétales. Cheveux châtains, bien

fournis. - Face : front bas, hauteur, 4 centimètres, étroit.

44 . Description DU malade.

Bosses frontales un peu saillantes. Arcades sourcilières peu

marquées. Yeux : pas de lésions scrofnlcuses, pas de stra-

bisme. Iris brun, pupilles égales, vue normale. Reconnaît

bien les couleurs. Nez légèrement épaté, narines horizon-

tales, cloison médiane. Odorat normal. - l3ouche assez

grande, lèvres épaisses. Voûte palatine arrondie. Goût con-

servé.-OreiIIes 1>ien ourlées, peu écartées (hauteur centi-

, mètres). Lobule incomplètement adhérent. Ouïe naturelle.

Thorax bien conformé ainsi que les membres supérieurs

qui paraissent égaux. Préhension normale. Membres infé-

rieurs inégaux, le droit beaucoup plus volumineux que le

gaucho. Aux genoux, la rotule elle coudyle interne sont très

saillants. Le malade boite, il traîne la jambe gauche. Le

pied droit se porte bien à plat sur le sol, mais le pied gauche

se porte sur son bord externe qui présente une induration

au niveau de-l'ctrèmité du5emétatarsien. (l'iedbotvartcs.)

La marche est à peu près impossible sans béquilles. Avec

les béquilles, non seulement elle est possible, mais le malade

court, rivalisant même avec les autres enfants, en jetant l'un

après l'autre ses pieds qui décrivent un demi cercle. Il y a

une sorte de déhanchemeut qui l'appelle celui des coxalgiques

de naissance (PL. IV).

Digestion normale ; selles régulières. Respiration et cir-

culation normales. I'. 68, - : 16`IOInen : Foie et rate normaux

il ,la percussion.

Puberté : Visage glabre ainsi que la poitrine et le pénil.

Testitutes égaux, de la dimension d'un petit haricot. Gland

recouvert par le prépuce, circonférence, 45 mill. ; longueur,

35milL. Anus normal.

Sensibilité générale conservée à la piqûre et à la tempéra-

ture.

13 mars. Avril. Stomatite et adénites sous-maxillaires

' légères, d'origine suspecte. Il n'y a pas d'autres lésions sur

la peau, dans les cheveux, ni aux organes génitaux.

21 juillet. .PKt)0'<H. Les testicules ont un peu augmenté

et sont devenus de la grosseur d'une olive. ,

C.... est très II10hile ; a des périodes alternatives 'dE bitm

et de maul ; taquiné ses camarades, les pJ1j'pèC'h'e'de : tl-aVai11t : h';

11 a fait des progrès en écriture et c',i1'lÓcttil'é'èt c'6\mhh'é à

faire de petites additions. Son caractère devf6n't''d'p ! us'en

plus insupportable.. Quand on le réprimande, il répond par ? dc¡s, nipts grossiers '.tels "que : vache, ppui'r;Wf9Jlf.ârcaWf fealo-

iPerie'etc. Il.se bat continuellement.'11 ? ? > ! : \1 ? ? ? ? « ? ,') : . : : M'> . , , ,c ? ntl,\pleJCl,1,( ? : ? I,\ If ei'1 ?

Description DU malade. 45

1889. Janvier. État stationnaire il l'école. 0... comprend

très-bien tout ce- qu'on lui dit, mais il est désobéissant et il

court sans Ce3SO, taquine ses camarades et se querelle avec

eux. Malgré sa paralysie des membres inférieurs, il grimpe

partout. Quand il est mécontent de quelqu'un il défigure son

nom, pensant que cela le contrarie.

23 juillet. - Puberté. l'as de poils sur le visage, sur le

tronc et sous les aiselles ni au pubis. Longueur de la verge

5 cent. Circonférence, 6 cent. Les testicules, égaux, ont la

grosseur d'une petite fève. - Caractère toujours aussi gros-

sier.

17 octobre. - Angine herpétique, - Exeat le 21 octobre.

1890. Janvier. - Amélioration sous tous les rapports en

classe, additionne plusieurs nombres et connait le nom et

l'usage de tout ce qui l'entoure, exécute avec plus de force

les exercices de gymnastique. Le caractère est toujours aussi

violent, le langage aussi grossier ; il recherche les enfants

les plus pervers, tient avec eux des conversations obscènes,

cherche à s'approprier ce qui ne lui appartient pas et fait

prendre par ses amis l'argent, les images, les jouets et les

friandises aux enfants qui reviennent du parloir.

1891. Janvier. - L'enfant fait des progrès sous le rapport

des exercices scolaires, mais il ne travaille que par périodes.

Il essaye de fumer des bouts de cordon, du jonc et du tabac

qu'il se procure on ne sait comment. Comme il devient de

plus en plus violent et qu'il bat les autres enfants qui le

redoutent on le fait passer il la grande école.

Il avril. - On constate une amyotrophie marquée de la

cuisse gauche. Hydrothérapie.

Juin. - On constate une amélioration sensible dans son

caractère; il est plus attentif en classe, moins irascible et

moins grossier. Il est envoyé iL l'atelier de cordonnerie.

11 juillet. - l'as de modifications sensibles de la puberté. `

1892. Janvier. - La lecture est presque courante. En

calcul, C... sait faire l'addition et la soustraction. Son carac-

tère s'est beaucoup modifié : il, est devenu affectueux, tran-

quille, serviable.

4 avril. Envoyé en cellule pour avoir, à l'aide d'une

fausse de, volé du vin dans une des armoires du réfectoire.

Juin. - Lit couramment, s'exprime correctement. Com-

mence il faire la multiplication et de petits problèmes.

Mémoire bonne. Caractère parfois rebelle, mais en somme

46 Description- du malade.

bien amélioré. (;... ne montre aucune aptitude à l'atelier de

cordonnerie où il a été envoyé à son entrée à la grande

école.

Juillet. Puberté : Léger duvet aux joues ; - quelques

poils au pénil. - Verge longueur : 0,06; circonférence : 0,05.

Les testicules sont de la grosseur d'un oeuf de petit oiseau.

le droit descend un peu plus bas que le gauche.

-1893. Janvier. G... fait beaucoup de progrès au point de

vue intellectuel. Au point de vue moral, les progrès sont

nuls. L'enfant redevient turbulent, impoli, taquin.

Juillet. C... passe de l'atelier de cordonnerie dans l'ate-

lier de coulure, il est très courageux. Il sait faire les coutures

et les boutonnières. Il commence à faire le gilet.

Aûul. - Puberté. Aucune modification appréciable.

189'i..lattuier. - A l'école, C... fait des progrès sensibles. Ca-

ractère toujours dinicilc. Déchire ses livres, ses cahiers, -

A l'atelier, il fait beaucoup de progrès.

Juin, - Son caractère se porte de plus en plus vers le mal.

Il devient menteur et accuse ses camarades innocents des

méfaits qu'il commet. Il est voleur, prend, quand il le peut,

ce qui a été donné aux idiots.

29 aoial. Puberté. Verge : longueur. 7 mil. 1/2, circonf.

(18 mil. Testicules de la grosseur d'un oeuf de pigeon.

1895. Janvier, - Etat stationnaire sons le rapport de la con-

duite et du moral. Progrès sensibles àl'ecole. Travaille avec

plaisir à l'atelier de couture et devient assez habile.

Juin, - En orthographe, en histoire et géographie, en arith-

métique, ses progrès sont constants. Aucune modification

dans le caractère. A l'atelier il fait très bien le pantalon et le

gilet et il y est aussi tranquille qu'il est turbulent à l'école.

1890. Janvier, - Aucun changement dans le caractère.

Juin. - Progrès sensibles eu classe : lit et écrit couram-

ment. Commence à faire la division. Caractère toujours

taquin et méchant.

Décembre. Aucune modification dans le caractère.

18 ! )G. ,lattvier. - Puberté. Visage, thorax glabre. Quelques

poils aux aisselles. Nombreux poils au pubis. Verge

longueur : 7 mill., circonférence : 7 mill. Testicules gros

comme un oeuf de pigeon. Région anale normale.

Juillet.-Un peu d'amélioration dans le caractère. Il est

moins méchant, taquine moins souvent ses camarades.

Imbécillité athétosique. ' 47

. Décembre,. - Les progrès sont toujours de plus en plus

sensibles en classe. Grande amélioration dans le caractère. II

est devenu assidu, courageux et très attentif en classe.

Puberté aucun changement.

1898. 18 février. - Entré à l'infirmerie. Tousse et crache-

beaucoup. Amaigrissement prononcé. Pommettes rosées.

Respiration courte. - Soir : T. R. : 40° ; P. ho.

Examen des poumons : Percussion : matité en arrière aux

deux sommets. Sonorité exagérée en avant. Auscultation : à

gauche, en arrière et en avant, respiration rude et craque-

ments humides. A droite : soufflé caverneux en arrière. -Quel-. '

ques bouffées de râle humides en avant. Le coeur est normal.

- Pointes de feu aux deux sommets, huile de foie de morue

créosotée.

19 février. - T. R. Matin : 3S°/t. - Soir : 39°,7.

20 février. - T. Il. : 39°,2, Matin et Soir.

21 février. - T. R. : 37°,9 et 3Sa.7.

22 février : Le malade se plaint.de douleurs du ventre, -

accompagnées d'une diarrhée abondante. Amaigrissement

23 février. T. R. : 3S°,9 et 39°,5.

24 février. -T. R. : 39°,2 et 39°,9.

25 février. - T, R. : 37°,G et 39-,il. Diarrhée et douleurs du

. ventre... -

27 février. - T. R. : 37°,3 et 39° ,1.

28 février. - T. IL : 37°,f et 37°,9.

1 nars. -Amairissemcnt-consiclérable. Excavation des

yeux. Cyanose des lèvres. Ventre douloureux, ballonné. Ex-

pectoration impossible. -Diarrhée disparue. T. Il. : 37°,7 et

37°;S. L'enfant, en pleine connaissance, meurt à minuit. -

Poids après décès : 38 kilogr..

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Demi-circonférence bi-auriculaire.... 34 34 34 35 35 35 35.5 35.5 35.5 35.5 3S.5 36 39 39 36 0 z

; H

Distance de l'articulation occipito-at- ' t-1

loïdienne à la racine du nez 32.5 36 37 38 38 38 38 3S .38 38 38 38 38 38 38 il>

. 1 Diamètreautéro-postérieurmaximum, 17.6 17.6 17.6 18 18 18 18 18 18 18.5 19 19 19 19 19.5 M<

, . bi-auriculaire...... : ........ 11.7 11.8 11.8' 12 12 12.6 12,6 12,6 ti.7 13 13.513.513.513.513.5 .

, bi-pariëta.1.................. 14.2 14.2 14.4 14.4 14.6 14.6 14.6 14.6 14.6 14.6 14.6 15 15 1515.5

- tu-temporal " " » » » '» » u 11.5 11.5 12 12 12 12 12

Hauteur médiane du front 4 4 4 4.5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5, 5 5

- - ,- ...- . : .... » ,. -\ -, , ' . co.

50 Autopsie : CRANE ET cerveau.

Autopsie faite 33 heures après la mort. - Tête. Cuir che-

velu : maigre, pâle, ecchymose.

Crâne ovoïde avec plagiocéphalie (aplatissement du frontal

droit et de l'occipital gauche). La coupe est mince, le tissu

compacte. Plaques transparentes au niveau de l'angle antéro-

supérieur du pariétal gauche. de la partie moyenne des tem-

poraux et des fosses occipitales. Toutes les sutures persistent

sur les deux faces et sont très sinueuses. Os wormien d'un

centimètre sur la suture fronto-pariétale gauche.

Méninges. - Pie-mère congestionnée. Granulations de

Pacchioni volumineuses. Adhérences très résistantes$la

région frontale entre les faces internes des deux hémisphères

et le long de la scissure intcr-hémisphéricluc.

Cerveau. Hémisphère gauche. Face externe. La

scissure de Sylvius (Se. S.) est profonde, normale. - Le

rameau antérieur horizontal ue cette scissure ainsi que le

rameau ascendant sont profonds. - Le sillon de Rolando

(8, R,) est large et sinueux; il n'empiète pas sur le bord

supérieur de l'hémisphère. La scissure perpendiculaire

externe (Se. p. e.) est normale. - La scissure parallèle {ron-

tale (Se. p. f.), assez nettement accusée, est interrompue en

trois endroits par des plis de passage. - La scissure frontale

supérieure (Se. f. s.), très irrégulière, est très nette, profonde

et continue. - La scissure frontale inférieure (Se. f. i.), est

irrégulière et profonde, elle communique par un sillon avec

la scissure frontale supérieure. - La scissure interpariétale

(Se. ip.), assez nettement continue, présente des flexuosités

nombreuses. La scissure parallèle (Sc. p.), très accusée,

régulière, communique par un sillon avec la deuxième tem-

porale, qui, peu nette, est interrompue par de nombreux plis

de passage. L'incisure préoccipitale (In. pr.) est peu accusée.

Le lobule orbitaire (L. O.) est excavé; malgré cette particula-

rité ses scissures et ses circonvolutions sont normales. - La

première circonvolution frontale (1), bien développée, est

nettement séparée de la frontale ascendante par un sillon large

et profond. - La deuxième circonvolution frontale (F2) est

très-développée ; elle s'implante par un pli de passage mince

sur la frontale ascendante ; en son milieu, elle est interrom-

pue par un sillon qui fait communiquer la scissure frontale

inférieure. - La troisième circonvolution frontale (PS), assez

volumineuse, s'implante largement à la base de la frontale as-

cendante. - Le pied de la troisième frontale est large et bose

selé ; il en est de même du cap. - La frontale ascendante

Description du CERVEAU. 51

(I ? 1.) est sinueuse, nettement distincte des autres oirconvo-

lutions frontales par un sillon pré-rolandique, large et pro-

fond : ce sillon n'est interrompu qu'au niveau du pied de la

deuxième frontale; elle est coupée par trois incisures super-

licielles transversales. La pariétale ascendante (II.A.) est

étroite, sinueuse ; aux deux extrémités de la scissure de Ro-

lando ses communications sont très nettes avec la frontale

ascendante. - Le pli pariétal supérieur (Pl.) est nettement

accusé. - Le pli pariétal inférieur (P2.) est entrecoupé par

des sillons peu profonds. - Le pli courbe (P3.) est normal.

- Le lobe occipital (L.O.C.) est trôs-irrégulier parcouru par

des sillons nombreux et sinueux. La première circonvo-

lution temporale (T), peu large, est très-nettement accu-

sée ; elle envoie deux digitations à la partie la plus posté-

rieure du lobule de l'insula. A l'extrémité de la scissure de

Sylvius, pli de passage très-développé qui l'unit au lobe

pariétal. - La deuxième circonvolution temporale (T2.) est

unie à la troième par un large pli de passage. - La troisiè-

me circonvolution temporale (T3) n'offre rien de notable.

Face interne. - La scissure calloso-marginale (Se. c. m.)

est d'une extrême netteté ; elle est profonde et régulière. -

La scissure sous-pariétale (Se. s. p.) est naturelle. - La scis-

sure perpendiculaire interne (Se. p. i.) est très-profonde et

son extrémité antérieure va jusqu'au bourrelet du corps

calleux. - La fissure calcarine (F. ca), large et nette, rejoint

la scissure perpendiculaire interne. La première scissure

temporo-occipilale (Se. to est très nettement et très profon-

dément accusée; son extrémité postérieure va presque rejoin-

dre la scissure perpendiculaire interne. - La deuxième

scissure temporo-oecipilale. (Se. to2) est peu nette et peu

profonde. - La première circonvolution frontale interne (F)

est large, interrompue par de nombreux sillons, les uns pro-

fonds, les autres superficiels. - La circonvolution du corps

calleux (C. C. C.) est très-large à. sa partie postérieure ; son

bord supérieur qui correspond à la scissure calloso-marginale

présente trois proéminences : deux à la partie moyenne, la

troisième à la partie postérieure. Le corps calleux (C. C)

est normal. - Le lobule paracelttral (L. P.), bien déve-

loppé, présente en son milieu un sillon assez profond qui le

sépare presque en deux parties dont chacune d'elles offre

un petit sillon superficiel. - Le lubule quadrilatère (L.Q.),

assez volumineux, offre de nombreux sillons irréguliers.

Le coin (c.) est au contraire très petit, en quelque sorte

dissimulé entre L.Q. et L.O.C. La première circonuotu-

, 52 - . DESCRIPTION DU CERVEAU : .

tion te111poro-occipilale(1'ol,} ainsi que. la deuxième (To2),

sont normales, - Le pli pariéto-liinbique antérieur (p.p.a.)

est net. Le pli parièto-limbique postérieur (p.pjp.jest très

développé. - La corne d'Ammon (C.tl.) est grosse, bien déli-

mitée, sans induration à sa partie antéro-supérieure on y

voit un relief accusé-

Hémisphère droit. Face externe. - La scissure des ! -

vius est profonde et le" lobule de l'insula normal. Le sillon

de Rolando semble peu sinueux. La scissure perpendicu-

laire externe est, à son origine, assez nettement accusée.

La scissure parallèle frontale est peu longue et profonde.

- La scissure frontale supérieure, irrégulière, sinueuse, com-

munique par un Sillon à sa partie moyenne avec la scissure

frontale inférieure qui est bien accentuée et bien sinueuse.

- La scissure interpariétale, interrompue par des coupes

prélevées sur cet hémisphère, semble profonde et accentuée.

- La scissure parallèle est nettement visible ; elle est sinu-

euse et continue. - La deuxième scissure temporale est in-

terrompue par un pli de passage faisant communiquer la deu-

xième et la troisième temporales. Le lobule orbitaire, un peu

excavé ne semble pas présenter autant de sillons que norma-

lement.-La première frontale est assez large, bien dévelop-

pée. La deuxième f1;oritale s'implante par un pli de passage sur

la frontale ascendante ; elle est large. La troisième fron-

tale paraît assez développée, les coupes .histologiques, prèle-,

vées sur l'hémisphère,. l'ont en partie entamée. - La frontale

ascendante est assez étroite ; elle est nettement séparée des

circonvolutions frontales par le sillon prérolandique. La

pariétale ascendante est étroite surtout dans ses parties

moyenne et supérieure ; elle est bien séparée des circonvo-

lutions pariétales par la scissure ii-ete7pti-id tale. - Le pli

courbe, ainsi que les deux plis pariétaux supérieur et infé-

rieur, ne présente rien de particulier. - Le lobe occipital

est normal, entrecoupé de nombreux sillons. - La première

- temporale est étroite, bien délimitée. - La deuxième tem-

porale et la troisième temporale sont très-accentuées; elles

communiquent ensemble par un pli de passage.

Face interne. La scissure calloso'11larginale ne rejoint pas,

tout-à-fait le bec du corps calleux ; elle en est séparée par

un pli de passage faisant communiquer la circonvolution du

corps calleux avec la frontale interne; elle est profonde, con-

tinue. - La scissure perpendiculaire interne est nette, régu-

lière, profonde ; elle n'atteint pas tout-à-fàit le bourrelet du

Tuberculose pulmonaire; appendicite. 53

corps calleux. La fissure calcarine rejoint la scissure per-

pendiculaire interne. La première et la deuxième scissures

temporo-occipitales présentent leurs caractères normaux.

La première circonvolution frontale interne est large, bien

délimitée, parcourue par des sillons nombreux qui, en se

rejoignant, délimitent des petits îlots. La circonvolution

du corps calleux est large à sa partie postérieure. Le corps

calleux est normal. - Le lobule paracentral a été en partie

entamé par les coupes prélevées sur l'hémisphère. Le

lobule quadrilatère est étroit. Le coin, bien délimité, est

de petite dimension. Le lobe occipital présente trois petits

sillons qui s'entrecoupent en forme d'il. Les circonvolu-

tions temporo-occipitales 14 ? 2" et 3") n'offrent aucune parti-

cularité. La corne d'Ammon est large, assez saillante.

Des deux cotés les ventricules latéraux et les masses cen-

trales n'offrent pas de lésions. Plusieurs coupes prati-

quées sur les hémisphères cérébraux n'ont fait découvrir

aucune lésion macroscopique. ·

Moelle. - L'examen, il l'oeil nu, n'offre rien de particulier.

Cou, - Pas de thymus, - Corps thyroïde : le lobe gauche

est plus long que le droit; l'isthme est symétrique. Pas de

pyramide de Lalouette.

Thorax, - Plèvres : adhérences pleurales très résistantes

dans toute la hauteur de la plèvre gauche. -Poumon droit :

infiltration caséeuse de tout le lobe inférieur et d'une partie

du lobe moyen. Masses tuberculeuses disséminées dans le

lobe inférieur. Poumon gauche : cavité au sommet. In-

filtration tuberculeuse dans toute l'épaisseur, - Coeur : val-

vules aortique et mitrale sullisantes. Caillots fibrineux dans

le ventricule gauche. Valvules pulmonaires et tricuspide

intactes.

Abdomen, - Foie : un peu gras. Bile épaisse, noirâtre,

pas de calculs. Intestins : fausses membranes aggluti-

nant les anses intestinales. Liquide purulent dans la

cavité péritonéade. Anses intestinales rouges et congestion-

nés, - L'appendice vermiforme est en situation postérieure.

Il présente trois dilatations qui laissent s'écouler, il l'incision,

un liquide purulent. Ganglions méscntériques engorgés.

Rate : normale. - Reins gauche et droit : aucune lésion.

Poids des Organes.

Kncopliale 1 .370

54 Imbécillité méningitiqtjh.

Paraplégie ; pieds bots. 55

avec affaiblissement de l'intelligence et embarras

de la parole : d'où les lésions cérébrales constatées et

probablement (les lésions spinales.

Les autres accidents survenus ensuite : accès de

colère, elastomanio, cris aigus, violences envers sa

soeur, son frère et les autres enfants, voracité, etc.,

nous ont paru, pondant la vie, devoir être rattachés à

des lésions de opinion que l'autopsie a

confirmée.

IV. La description somatique du malade laisse à

désirer, en ce sens surtout que l'on a omis de relever

avec détails les caractères de sa paralysie. Les mem-

bres supérieurs étaient égaux et assez bien dévelop-

pés. Les explorations dynamométriques ont montré

que la force musculaire était peu différente entre les

deux côtés.

Les membres inférieurs étaient plutôt grèles et le

gauche notablement plus que le droit, qui se termi-

nait par un pied bot varus très prononcé. (PL. IV).

Les renseignements donnés sur la marche (p. 43) ne

laissent aucun doute sur la réalité d'une paraplégie

prédominant à gauche.

V. La tête a augmenté progressivement de volume

dans tous ses diamètres. Dé 1884 à 1Q98, le poids

s'est élevé de 16 kilog. à 44 kilog. 9 et la taille de

1'" 03 à lm 59. D'après les tables de Quételet, chez

les enfants normaux, à l'âge de 19 ans (époque de la

mort de notre malade) la moyenne de la taille serait

do l"1 65. D'où il suit que, à cet égard, C... était resté,

au-dessous de la moyenne. En ce qui concerne le

poids, nous ne pouvons faire aucune comparaison car,

après avoir atteint 48 kit.,300 en juillet 1897, le

malade est tombé à 38 kilogr. au jour du décès (i).

(1) D'après Axel Key, il 1H uns, la moyenne» du poids cite* les normaux

serait de C,'2 kilogr. Selon d'autres, il oc sruil y1e ite a7 kil., tiOtl

5C l\IÉNIXGO-ENr : ÉPHALITE; PAUAPI.KGIE ; PIEDS DOTS.

VI. Les lésions cérébrales consistaient, ainsi que

nous l'avons vu, en une 11U ! ¡¡¡'nao-c11céphnl¡'te circons-

crite à la face interne des lobes frontaux. C'est leur

localisation et leur limitation, avec un retentissement

limité sur le reste du lobe frontal, qui a permis

d'améliorer, dans d'assez grandes proportions, l'état

intellectuel et moral de C... 13ornons-nous à rappeler

qu'il était parvenu à lire couramment, à écrire, à con-

naître les quatre règles et, à l'atelier de tailleur, à

faire très-bien le pantalon et le gilet. On voit donc

que, dans certains cas de méningo-encéphalite, il est

même possible d'obtenir une amélioration sérieuse et

de rendre utiles des malades que, i priori, on consi-

dère souvent comme tout-à-fait incurables.

VII. Nous aurons sans doute l'occasion de revenir

sur la nature des lésion* médullaires qui ont occa-

sionné lalmmpléyie et de donner un examen histolo-

gique détaillé.

. V.

Inégalité de poids des hémisphères cérébraux;

PAR nOURNEVILI.E,

Vieille question pour nous, car elle a été le sujet de

notre premier travail ou mémoire personnel (1). Nous n'en,

ferons pas l'historique. Nous nous bornerons à rappeler

qu'un mémoire comprenant presque toutes sinon '

toutes -les pesées des cerveaux des femmes de l'hospice

et du quartier d'aliénées de la Salpêtrière du 1er janvier

au 31 décembre 1866, déposé chez M. Baillarger pour le

prix Esquirol, a été... égaré et jamais retrouvé. Nos col-

lègues, les internes de 1866 (2), nous avaient laissé la

faculté de procéder à toutes les autopsies qu'ils ne faisaient

pas eux-mêmes et, pour les autres, nous avaient autorisé

à prendre les pesées du cerveau. Le Journal de neurologie

du 30 mars dernier renferme une très intéressante obser-

vation de M. le Dr Bouchaud relative à un cas d'hémiplégie

infantile compliquée d'épilepsie, terminé par la mort à

43 ans, dans lequel nous relevons le passage suivant : -.

« L'atrophie de l'hémisphère gauche du cerveau était des

plus 'considérable, comme l'indique la différence de poids

entre les deux hémisphères. Cette différence s'élevait, com-

me nous l'avons dit, à 335 gr. Une pareille atrophie n'a été

observée que par Jendrassick et Marie, qui ont rapporté un ri

pas où le poids de l'hémisphère gauche était de 464 gr. infé-

rieur à celui de l'hémisphère droit. »

(I) Mémoire sur l'inégalité de poids des hémisphères cérébraux des épilep-

tiques. Paris, 1861 (Ext. du Journal des connaissances médicales, -nD 17, 1S,

1W- () Bouchard, Bonchereau, Garville, Duprnt, Habran, Laburthe, etc.

Inégalité DES hémisphères CKRKnnAUX ? )9 9

Nous avons soin, dans toutes nos autopsies, de faire les

pesées de l'encéphale, des hémisphères cérébraux etcéré-

belleux. Parmi les très nombreux cas d'inégalité des

hémisphères cérébraux que nous avons relevés et qui sont

indiqués sur le Catalogue de notre Musée de Bicêtre, nous

citerons, dans le tableau qui précède, les cas dans les-

quels l'inégalité a été la plus accusée.

Si l'on réfléchit que les cas qui précèdent concernent

des enfants, on voit que les différences notées sont très

considérables et peuvent être comparées avec celle sur

laquelle insiste M. le Dr Bouchaud. Nous reviendrons

ultérieurement sur cette question et nous indiquerons en

même temps les pesées des hémisphères cérébelleux.

VI.

Etat du faisceau pyramidal (bulbe et moelle) dans qua-

tre cas de contracture spasmodique infantile (syn-

drome de Little) ;

PAR CII. PHILIPPE ET ( : T.ST.1\.

Nous avons entrepris quelques recherches pour

déterminer quel est l'état du faisceau dans

la contracture sjJi/smodirjuc des encéphalopathies

infantile*. Ce syndrome a encore été appelé par Li ttle

« rigidité spasmodique ». M. le D' ]3ouriieville a bien

voulu nous permettre (le mettre à profit, clans ce but,

plusieurs autopsies provenant de son service des

enfants arriérés à l'hospice cle Bicêtre. Nous avons

examiné quinze cas, dont quatre seulement seront

ral)portés dans cotte note ; quant aux autres, les phé-

nomènes cliniques et les lésions constatées au micros-

cope, nous ont paru encore trop complexes; pour le

moment, nous ne saurions en donner une interpréta-

tion suffisamment précise. Voici d'abord, le résumé

clinique et les lésions cérébrales constatées à l'mil nu.

01SUItVATION- I. Jeanne Maqu.... née le 24 juillet 1892.

Pas d'antécédents héréditaires, enfant venue en état d'as-

phyxie prolongée. Dès le troisième jour, convulsions qui se

sont renouvelées depuis, plusieurs fois par jour. Elle n'a

jamais ni parlé ni marché ; - cécité dès la naissance. En

juin 1895 : aux membres supérieurs, contractures prédomi-

nant à droite el aux extrémités (doigts fléchis dans la paume

de la main) ; quand on essaie de provoquer quelques mouve-

ments, on produit la rigidité des muscles. Aux membres infé-

' Faisceau pyramidal. 61

rieurs : contractures généralisées des deux côtés, avec ilexion

et adduction de la cuisse, pied bot en valgus équin. Exagé-

ration des réflexes rotuliens des deux cotés ; ils se produi-

sent à la plus légère percussion. Morte le 13 mai 1836 dé

tuberculose pulmonaire, - .1ulopsie : au cerveau, pachymé-

ningite généralisée, du type fibreux, avec atrophie considé-

rable des circonvolutions. (Cette observation a été publiée

in extenso dans le Compte-rendu de 189G, p. 33).

OItscItvAZ·tov Il. -Charles lIan..., né le 2 novembre 1884.

Père alcoolique. Accouchement à terme sans asphyxie, mais

avec trois circulaires du cordon ; grossesse conpliquée d'b3-

dramnios. A 7 mois, convulsions, souvent répétées depuis. En

avril 1895, facies d'hydrocéphale. Contracture spasmodique

dans les membres inférieurs, avec grosse exagération des

réflexes roluliens. Mort le 22 mars 1896 de scarlatine mali-

gne. - Autopsie : au cerveau, pie-mère adhérente au niveau

du lobe temporal. Hydrocéphalie ventriculaire considérable ;

chaque hémisphère est réduit à quelques centimètres de

substance nerveuse.

Observation III. - Claudia Uiol...., née le 24 octobre 1885.

Renseignements insulfisants sur la famille. Accouchement

normal ; pas d'asphyxie. L'enfant aurait eu les bras contour-

liés à la naissance ( ? ). - En juin 1897 : contractures

généralisées aux quatre, membres. Idiotie. Gâtisme. Marche

impossible. Morte le 5 mars 1897 de broncho-pneumonie

- Autopsie : au cerveau, lésions atrophiques de quel-

ques circonvolutions (à droite : pariétale ascendante, partie

moyenne de la première et de la deuxième circonvolution

temporale. A gauche : pariétale ascendante).

Observation IV. - Louis Dalon..., né le 3 novembre 1877.

Père alcoolique. Accouchement facile ; grossesse normale.

A un an, début des convulsions; établissement des crises

épileptiformes, très fréquentes (dix a quinze par jour). Hémi-

plégie gauche à la suite des premières crises. En juin 189't :

contractures spasmodiques du bras gauche, avec mouvements

athétosi[0['mes de la main ; hémiplégie spasmodique gauche.

Mort le 20 avril 1895 cle rougeole maligne. - Autopsie : au

cerveau, légère atrophie de la partie postérieure de la pre-

mière circonvolution temporale droite ; de ce côté, les noyaux

gris centraux paraissent plus petits.

Ainsi, dans ces quatre cas, le syndrome clinique prédo-

62 Contracture spasmodique infantile.

minant a été la contracture spasmodique vraie, comme

l'entendait Little. Les photographies que nous faisnos passer

sous les yeux des membres de la Société sont très sugges-

tives, et le démontreraient il elles seules ; elles ont été em-

pruntées a la belle collection de M. Bourneville.

Nous avons examiné au microscope le bulbe et la moelle

(renllements cervical et lombaire, région dorsale). Les cou-

pes ont été traitées par le procédé de Weigert-Pal (gaines

de myéline), et par le picro-carmin ammoniacal de Ranvier

(tissu conjonctif et névroglique). Les résultats de notre dou-

ble examen ont été identiques dans tous les cas : faisceau

pyramidal normal, sans sclérose ni agénésie, au bvtlbe

comme aux principaux niveaux de la moelle.

Il est inutile de rappeler ici les nombreuses théories, édi-

fiées surtout dans ces dernières années pour établir la phy-

siologie pathologique de la rigidité spasmodique infantile,

ou syndrome de Little. Pour le moment, nous nous contente»

rons de faire observer que plusieurs de ces théories incrimi-

nent une lésion du faisceau pyramidal (sclérose ou agén"sie).

A ces dernières théories, nos cas ne sont pas favorables,

puisqu'ils démontrent que la rigidité spasmodique infantile

peut exister sans la sclérose ou l'agénésie des libres pyrami-

dales. Nos quatre cas viennent s'ajouter aux quatre obser-

valions, publiées d'ailleurs a d'autres points de vue, par

l31nswunner, Haillon et Ganghofner, Nous nous demandons

si la lésion essentielle de la rigidité spasmodique infantile ne

doit pas être cherchée plutôt du côté de la cellule ganglion-

naire des cornes antérieures de la moelle, comme Charcot

l'avait expressément dit en 13î4. De môme, tout récemment,

dans plusieurs leçons cliniques, M. le l" Raymond a insisté

sur l'impossibilité d'expliquer tous les cas de contracture

spasmodique par la lésion des libres pyramidale (1).

(1) Cette note a été communiquée à la Société de biologie dans la séance

du 18 décembre ID7,

VII.

Manie de l'adolescence avec nymphomanie ; guérison ;

Par BOUllNEVILLE et KATZ.

La plupart des médecins qui n'ont jamais visité les

services consacrés aux enfants atteints de maladies

nerveuses et mentales ne se rendent pas du tout

compte de la variété des maladies nerveuses infanti-

les qui y sont traitées. On les bloque tous sous le nom

A' idiots ; on les suppose incurables, bien à tort; on

donne quelques paroles de consolation aux familles :

on leur laisse espérer qu'à 7 ans,- (si l'enfant est

moins âgé) il pourra survenir une amélioration;-du'à

13 ou 14 ans, si l'amélioration prévue à 7 ans ne s'est

pas produite, il y aura progrès. Autant d'espérances

illusoires, autant d'aggavations de la maladie.

Les services spéciaux ne reçoivent pas seulement

des enfants atteints des diverses formes d'idiotie, sym-

ptomatiques de nombreuses maladies nerveuses, mais

encore des enfants affectés de chorée avec troubles psu-

chiques (voir l'Oiis. publiée dans le n° 0, du Progrès

médical 1898, t. 00, p. 000), ou des enfants atteints des

formes les plus variées de l'aliénation mentale. Aux

observations que nous avons relatées depuis 20 ans, et

dont la plupart ont été consignées dans nos Compte-

rendus de 1880 à ce jour, nous ajouterons la suivante,

relative à une jeune fille, une adolescente de 13 ans,

64 Manie DE l'adolescence.

affectée d'une manie tout à fait typique et analogue

à l'une des variétés de la manie des adultes.

Sommaire. Père, rien de particulier, sauf quelrlues.dou-

leurs rhu1Halismales, - Grand-père maternel, mort « brûlé

par l'alcool. » - A rrière grand-père -maternel sujet à des

idées noires, suicidé empoisonnement. - Arrière

grand-oncle paternel sourd-muet. Grand-oncle paternel,

excès alcooliques, cancer probable de l'estomac. - Grand-

oncle paternel convulsions de l'enfance. - Oncle paternel,

- excès de boisson. Mère, obèse, céphalalgies. Grand'

mère maternelle rhumatisante et cardiaque, - Arrière

grand-père maternel, excès de boisson. - Arrière grand'

mère maternelle morte subitement. Grand-oncle mater-

nel suicidé par pendaison. - Pas de consanguinité. -

Inégalité d'âge de 4 ans. - Frère mort de convulsions.

Première dent à 6 mois, - Début de la marche -Il 9 mois,

de la parole à un an. - Rougeole à 18 mois, coqueluche il

20 mois. - Réglée à 1 I ans et demi, naturellement. - Cer-

tificat d'études à 11 ans, puis apprentissage comme cou-

turière. - Fréquentations suspectes : rapports sexuels,

crainte d'être enceinte. - - gn décembre 1897, émotion vive,

à l'église, durant un sermon sur la mort. Persistance

de l'impression, sommeil mauvais, agité, peurs constantes,

tristesse, modification du caractère, instabilité, paresse,

coprolalie, actes de violence; - bave, déclamation. - Pla-

cement à la Salpêtrière puis à l'Asile clinique, enfin à la

fondation Vallée.

Description de la malade (avril). Alternatives d'agitation et

de dépression. - Insomnie, coprolalie, actes obscènes.

Violences. - Gâtisme. Impulsions génitales persistan-

tes. - Amaigrissement progressif considérable. - Crainte

de tuberculose pulmonaire. - Amélioration progressive

au point de vue psychique et physique (Juin-Juillet).

Guérison (Octobre). - Réapparition des règles en nove-

bre après une suspension de Il mois. - La guérison se

maintient. (Décembre).

B..... (Célestine), 13 ans, née v A... (Seine), le ler février

1885, est entrée dans le service le G avril 1898.

Renseignements fournis par sa mère (8 avril 1898).

PtnE,41 ans, cultivateur, sobre, ne fume pas, grand, fort, a

toujours été d'une santé florissante. Pas de convulsions dans

l'enfance; pas de fièvre typhoïde, ni de migraines, ni d'affeç-

Antécédents héréditaires. 65

tions cutanées, ni d'indices de syphilis ; de temps en temps,

douleurs articulaires ne nécessitant jamais l'alitement.

Famille du père. Père, grand buveur de vin et de rhum,

mort à 51 ans « brûlé par l'alcool », aurait dit le médecin

traitant. Mère, obèse, porteuse d'une grosse hernie ombi-

licale, morte il 47 ans à la suite de vomissements tenaces de

toute parcelle alimcntaire qu'elle ingérait. - Grand-père

paternel décédé il 67 ans, il la suite de contrariétés dues à

l'inconduite de son fils. - Grand'mère maternelle morte à

67 ans, « usée par le travail » ; pas de paralysie. Grand-

père maternel, sujet à des idées noires, s'est empoisonné en

absorbant une dose exagérée de pilules, sobre, aurait eu une

maladie du pylore ( ? ). - Grand'mère maternelle morte a 71

ans, sans paralysie. - Un grand-oncle paternel était sourd-

muet, ne s'est pas marié. - Deux oncles paternels : un est

mort d'« excès alcooliques qui auraient déterminé une mala-

die du pylore ; a eu 12 enfants, dont 6 morts en nourrice, on

ignore de quelles maladies. Parmi les survivants un a eu des

convulsions à 3 ans; il s'est marié, a un enfant intelligent,

non nerveux. Il n'est pas ivrogne, mais a peu de volonté;

aussi se laisserait-il entrainer à boire : « il s'oublierait, s'il

n'était retenu. » - L'autre oncle, bien portant, a eu 13

enfants dont 6 sont morts en bas Age, en nourrice. On ne croit

pas qu'ils aient eu des convulsions. - Une tante pater-

nelle, bien portante, sobre, a eu 4 enfants; deux sont morts

en nourrice, on ne sait de quoi; les autres, en bonne santé,

ont des enfants non nerveux. - Une tante maternelle, morte

vers 35 ans de variole, a eu trois enfants qui eux-mêmes ont

des enfants n'offrant aucune particularité. - Un frère (aine),

nerveux, aurait tendance à boire s'il n'était surveillé ; très

violent lorsqu'il a bu; a deux enfants très calmes « qui ne

tiennent nullement du père ». - Quatre soeurs, toutes mortes

en nourrice, on ne sait de quoi. Dans le reste de la

famille du père, pas d'aliénés, ni d'épileptiques, ni bègues,

ni pieds bots, ni d'autres sourds-muets.

Mère, 37 ans, ménagère. Pleurésie à 13 ans; à partir de 14

ans, obésité progressive : « à 15 ans j'étais déjà aussi grosse

que maintenant ». Pas de chorée, pas de convulsions ni fièvre

typhoïde. Réglée sans accidents à Il ans et demi, régulière-

ment ; depuis 3 ans, elle a, au moment des règles, des céphal-

algies fortes qu'elle guérit à l'aide d'une potion contenant de

l'analgésine et de l'aconit. Mariée J 1'J ans, sobre; fluxion de

poitrine, il y a un an, nécessitant un alitement de 18 jours;

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1898. 5

66 Manie DE l'adolescence. -

Famille de la mère. Père, cultivateur, mort à l'àge de 60

ans d'artério-sclérose avec emphysème, ; les dix dernières

années de sa vie il ne pouvait plus travailler il cause de la pro-

duction d'une cataracte de l'oeil gaucho et d'un amaigrissement

progressif; n'a jamais fait d'excès d'alcool. Mère, a eu, à 35

ans, une forte attaque de rhumatisme qui se complique d'une

affection cardiaque et elle meurt iL 41 ans à la suite d'at-

taques subiutrantes d'asystolie. - Grand père paternel, mort

à 71 ans ; excès d'alcool par occasion; a toujours souffert

d'asthme, - Grand'mère paternelle, asthmatique aussi ; morte

à l'âge de 60 ans ; elle aurait eu 12 enfants. - Grand'père ma-

ternel, sobre, mort à la suite d'un accident (chute d'une

échelle avec traumatismes graves). - Grand'mère mater-

nelle morte à 61 ans, subitement, a toujours été bien por-

tante. - Cinq oncles paternels, dont deux morts : l'un d'eux

à la suite d'une chute sous les roues d'une charrette, fut telle-

ment impressionné qu'il devint triste, et 15 jours après il se

pend ; pas de renseignements sur la mort de l'autre oncle.

Les trois oncles vivants sont sobres et n'offrent rien à noter.

Trois tantes paternelles : une est morte de pleurésie à 42 ans,

les autres sont sobres et très bien portantes. - Plusieurs

oncles maternels morts jeunes en nourrice. Une tante mater-

nelle décédée à l'âge de 9 ans, on ne sait de quoi. - Cinq frères,

tous morts en bas âge : les uns de rougeole, les autres de

diarrhée ; pas de convulsions chez aucun d'eux. - Dans le

reste de la famille, rien à signaler, ni idiots, ni aliénés, ni

épileptiques, etc.

Pas de consanguinité. - Différence d'âge des père et

mère : 4 ans.

Trois enfants : Il garçon de 16 ans, né trente mois après le

mariage, sobre, travailleur, n'a jamais eu de convulsions; -

2° garçon ; trois jours après sa naissance, il fut mis en nour-

rice où il est mort, -il l'âge de 15 jours, de convulsions; - 3°

notre malade.

Notre malade. - Rien à noter en ce qui concerne la concep-

tion. La grossesse a été très bonne ; pas de traumatisme;

pas de chagrins ni d'attaques de nerfs; pas d'enflure des

jambes, pas de vomissements; « l'enfant a remué très tôt. »

- Accouchement à termc, normal; présentation du sommet.

- A la naissance, pas d'asphyxie ; elle a crié tout de suite. -

Elevée, par une nourrice, au sein jusqu'à deux ans, n'est

reprise par ses parents qu'à l'âge de trois ans. Première dent

à 6 mois ; dentition complète à 2 ans. Début de la marche à 9

Antécédents personnels. 67

mois, de la parole vers un an et parle « très bien » à 15 mois.

Rougeole il 18 mois ; coqueluche légère à 20 mois ; pas de

scarlatine, ni de fièvre muqueuse, ni de croup ni oreillons;

ni chorée, ni convulsions d'aucune sorte ; pas d'attaque d'hys,

térie ou d'épilepsie.

Pas de traumatisme, - Impétigo du cuir chevelu à 5 ans,

ni otite, ni ophtalmie, etc. - Ascarides lombricoïdes vers 3

ans. A cinq ans elle commence il fréquenter l'école commu-

nale et à 11 ans elle obtient son certificat d'étude. L'enfant a

toujours eu une conduite irréprochable, respectueuse pour

ses parents, diligente, très sociable ; cependans elle n'a

jamais été gaie, ni joueuse et n'aimait point les jeux bruyants;

elle était plutôt grave, soucieuse, réservée. R églée lacilement

à Il ans et demi ; menstruation régulière et indolente

jusqu'il y a quatre mois.

Après son certificat d'étude, elle entra comme apprentie

dans une atelier de couture. Parmi ses camarades une lui

aurait appris toutes sortes de choses « sur la femme » qu'elle

ne connaissait pas auparavant. Pas d'onanisme, dit-on; non

querelleuse, sommeil bon, jamais de cauchemars, etc. :

Le 10 décembre, elle va avec sa mère et sa petite filleule en-

tendre le sermon d'un missionnaire. Le sujet du sermon était

une « dissertation sur la mort». Or, la lumière qui traversait les

vitres de l'église se reflétant sur sa jeune filleule lui donne

une teinte pâle; il un moment donné, notre malade, très

impressionnée par les paroles du missionnaire, se retourne,

voit le visage pâle de sa filleule, la croit morte, s'en effraie

et crie en pleine église : « Ah ! maman, j'ai peur que Jeanne

ne soit morte ! » Rassurée par sa mère, elle continue il écou-

ter le sermon, mais rentrée chez elle, elle est tout entière

sous l'impression de son émotion. Toute la nuit elle est agi-

tée et ne peut 1'(exil « par pour ». Le docteur Michaut

consulté le lendemain, conseille de distraire l'enfant. Les

parents l'envoient à Paris, chez une tante, où elle reste huit

jours ; pendant tout ce temps, elle est triste, sans entrain. Les

règles qui devaient venir quelques jours après le sermon

n'ont point paru, ni depuis.

Rentrée chez ses parents, elle continue à être triste pen-

dant un mois, parlant sans cesse de la mort, s'imaginant voir

mourir les uns ou les autres de sa famille. Puis elle commen-

ce, vers la mi-févricr, à devenir capricieuse, désobéissante,

paresseuse : « elle se mettait à tout, mais ne finissait rien. »

Aux remarques de ses parents, elle répond par des insolences

68 Manie DE l'adolescence.

d'abord, puis par des grossièretés d'une trivialité excessive :

vache, con, putain, etc. ; pas de gestes obscènes. Peu à peu,

elle perd toute retenue et insulte toute personne qui l'appro-

che en la couvrant d'injures. La vie dans la famille devient

intenable et les parents se décident à la placer dans un hospice.

Elle est d'abord conduite à la Salpêtrière (service de M. Dé-

jerine) où elle ne reste que quelques jours. Comme elle trou-

blait le repos des autres malades, on fait un certificat d'alié-

nation mentale. Mais, au lieu de la faire passer dans le quar-

tier contigu des enfants aliénées, on la conduit à l'Asile Cli-

nique d'où, au bout de quatre ou cinq jours durant lesquels

elle a été très excitée, violente, griffant les personnes, don-

nant des coups de poing, bavant sans cesse, déclamant, elle

est enfin transférée dans notre service.

État actuel. (G-7 avril.) - Ce qui frappe tout d'abord c'est la

régulière alternative de crises d'excitation et de dépres-

sion de l'enfant. Au moment do notre examen, elle donne

l'impression d'une compléte hébétude. Les yeux sont hâves,

le regard est éteint, fatigué, la résolution musculaire est

presque absolue; l'enfant est plongée dans une sorte de tor-

peur et toutes nos questions restent sans réponse. Puis, au

bout d'une demie heure, elle passe sans transition de cet état

de prostration il un état d'agitation violente.

Deux séries de troubles, évoluant simultanément, caracté-

risent ces périodes d'excitation : c'est d'une part un trouble

mental évoluant avec tous les caractères de la manie, c'est

d'autre part des manifestations se rattachant à une perver-

sion des instincts sexuels surtout.

L'enfant ne peut concentrer sa pensée sur une idée quel-

conque ; les questions posées ne sont pas saisies, l'enfant,

autrefois très portée à la réflexion et au jugement juste,

est incapable d'une réponse sensée ; son esprit est emporté,

tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, ses idées viennent, s'en

vont, ne s'enchainent point, sont incohérentes; aussi est-il

difficile de comprendre ce qu'elle dit ; ses phrases n'ont

aucune liaison, aucun esprit de suite.

Phénomène curieux, son langage écrit, dans une leltrc

que nous reproduisons, ne rappelle nullement dans ses doux

premiers tiers, les troubles du langage parlé ; elle écrit à

sa mère correctement d'abord, sans faute grave de style ou

d'orthographe et termine par des propos orduriers.

La mémoire est conservée ; les sensibilités spéciales ne

présentent aucun trouble; en revanche, la sensibilité cltla-

née semble affaiblie et ceci des deux côtés du corps.

Manie de l'adolescence. 69

8 avril 1808.

Chère maman, cher papa,

Je voudrais m'en aller tout de suite à la maison 'parce que je m'ennuie

beaucoup de vous et de ma petite chérie de filleule. Vous m'en voudrez pas

si j'écris mal et si je fais des fautes, au moment que je vous écris je suis

entrain d'attendre le médecin pour me donner la permission de m'en aller

chez nous, il y a encore une vache, un con, une tante, une putain, une saleté

une dégoûtante, on m'a attaché les mains.

Quant à la perversion sexuelle, elle se manifeste non seu-

lement par les ruses que C... emploie pour être seule, afin

de s'adonner à l'onanisme, mais aussi dans l'exhibition des

organes génitaux, dans les propositions qu'elle fait au per-

sonnel (infirmières, internes) et dans les propositions, les ten-

tatives de débauche à l'égard de l'infirmière qui la soigne....

L'examen physique révèle les particularités suivantes :

Tête arrondie, symétrique; cheveux chatains, denses ; pas

d'anomalie du tourbillon; pas d'épi, ni de cicatrices ; bosses

frontales saillantes, séparées par un léger sillon frontal assez

appréciable au palper. - Face allongée, un peu bouffie ; une

cicatrice au niveau du sourcil gauche due à une chute ; cils

nombreux, arcades sourcilières proéminentes. Yeux très

fatigués ; pas de blépharite, légère hyperémie des conjonc-

tives ; pas de kératite. Pupilles très dilatées, égales, ne réa-

gissant qu'à peine à la lumière, encore moins à l'accommo-

dation ; acuité visuelle normale. Nez droit, narines béantes ;

pas de coryza, ni d'hypertrophie des cornets; odorat normal.

- Douche grande ; lèvres épaisses surtout l'inférieure. Lan-

gue pâteuse ; voile insensible; déglutition normale. Amygda-

les saillantes ; respiration buccale ; voix nasonnée. Dentition :

aucune anomalie d'implantation ; légères et multiples éro-

sions au niveau du bord libre des incisives supérieures;

Oreille externe normalement écartée de la base du crâne.

hélix bien ourlé ; pas de tubercule de Darwin, ni de bifidité

de la conque ; pas d'écoulement d'oreille. Ouïe normale.

Menton arrondi ; pas de prognathisme de la mâchoire.

Cou : 36 centimètres à la partie moyenne, bien conformé.

Larynx normal. Glande thyroïde accessible à la palpa-

tion.

Thorax : amaigrissement notable des muscles thoraciques ;

aucune déformation ni de la colonne dorsale, ni du squelette

sternocostal. L'examen de l'appareil respiratoire et du coeur

est négatif.

70 Marche de la maladie.

Aucun trouble moteur, ni trophique des membres supé-

rieurs et inférieurs qui sont régulièrement conformés.

Puberté et organes génitaux, - Poils assez abondants sous

les aisselles où existe une sécrétion sudorale abondante mal-

gré les soins de propreté. - Les seins sont symétriques et

mesurent 11 centimètres dans le sens horizontal et 13 dans le

sens vertical; aréoles rosées avec deux rangées circulaires

de glandes sébacées assez proéminentes ; mamelons peu

prononcés. Pénil bien garni de poils noirs. - Grandes Mures

épaisses, un peu accolées par des mucosités filantes, blan-

ches, qui tachent le linge sans l'empeser. - Petites lèvres

flasques, complètement cachées par les grandes lèvres. Clito-

ris très développé. - Fourchette profonde. - Hymen circu-

laire, frangé, laissant très facilement pénétrer l'index : Tout

indique que l'enfant a eu des rapports sexuels bicn que les

parents n'aient aucun renseignement à cet égard et qu'ils

affirment n'avoir jamais remarque d'onanisme.

Traitement : Isolement, bains prolongés, chloral bromure.

8-9 avril. - Sommeil mauvais, agitation, injures gros-

sières à son infirmière : vache, salope, fumier, andouille, etc.

Elle essaye de la mordre, de lui arracher les cheveux, s'ap-

proche d'elle en sourdine et cherche placer ses mains sous

ses jupes. - Les nuits ont été plus mauvaises que les jour-

nées ; toutefois, dans la nuit du ! ), elle est allée seule aux

cabinets et, le matin, elle s'est habillée sans aide.

10 avril. Impulsions génitales ; mêmes tentatives envers

l'infirmière, à plusieurs reprises : « Allez-vous bientôt avoir

un bébé ? « Quand allez-vous accoucher ? » « Quand votre

mari vous a-t-il fait cela ? Je voudrais voir, quand votre

mari se retire, s'il est bien vrai qu'il sort de la mousse blan-

che dé son instrument u - Dans la journée ayant vu passer

un infirmier devant les cellules, elle l'a appelé pour qu'il lui

prête « sa boutique » afin qu'elle la mette dans la sienne ou

que, s'il le préférait, il se servirait de ses deux doigts pour la

chatouiller, que cela lui faisait du bien et autres choses du

même genre. Dans l'après-midi, l'infirmière l'a surprise se

masturbant; puis retirant sa main, elle voulut lui faire sentir

l'odeur de ses doigts, disant que cela sentait mauvais. Elle

lui dit qu'elle connaissait un jeune garçon de 15 à 10 ans,

Riz'... ? qui l'amusait bien fort de cette façon ainsi que de

l'autre ; qu'en son absence elle se chatouillait toute seule-

avec deux doigts, que cela lui faisait du bien.

If Manie compliquée de nymphomanie. 71

11 avril. - Surexcitation très vive dans la journée; mêmes

impulsions; nuit satisfaisante. B mange à peine.

13 avril. - Les deux dernières nuits ont été bonnes ; même

excitation durant le jour, insulte son infirmière, lui donne

des coups de coude dans le ventre, cherche à cracher dans

ses aliments. Quant à elle, elle mange toujours très peu.

(Manchon.)

14-15 avril. - Le sommeil est assez bon, la malade mange

très peu ; en se promenant dans le préau, elle est tombée et

s'est fait une plaie à l'arcade sourcilière gauche; elle prend

toujours une très petite quantité d'aliments. Elle veut que

l'infirmière l'embrasse : « Embrassez-moi de bonne volonté

ou je vous étrangle ». Parfois l'excitation se calme et B... est

abattue, reste assise, la tète entre ses mains et ne répond

pas quand on la questionne. - Toux et expectoration ; râles

disséminés dans la poitrine. - Elle quitte les cellules et

nous essayons de la maintenir à l'infirmerie.

16 avril. - Agitation toute la nuit, toux, grossièretés,

danse, chante.

17 avril. Ayant été réveillée par plusieurs enfants qui

s'étaient réveillées en pleurant, elle se lève précipitamment

sous prétexte de les calmer, se jette sur l'une d'elles, qu'elle

aurait étouffée sans l'intervention de la veilleuse. Peu après,

elle a recommencé, puis s'est endormie d'un sommeil très

agité. A son réveil, elle adresse des injures à l'infirmière qui

l'a gardée aux cellules. Vers 5 heures, elle défait son manchon,

veut jouer aux osselets, descendre au jardin, cueillir des

fleurs, replanter un rosier, que, dit-elle, elle a déraciné. On

n'est parvenu à la faire recoucher qu'en lui promettant de

réparer tout ce qu'elle avait abîmé. - Il faut vouloir tout ce

qu'elle veut et tout de suite ; si une enfant est assise à une

place, elle veut s'y asseoir, jette sa camarade par terre, la

bouscule, cherche à la griffer et à la mordre. A table, elle ne

veut pas endurer d'enfants auprès d'elle. - Chaque fois

qu'elle aperçoit son infirmière des cellules, elle l'injurie. z

Parfois elle semble très calme, mais alors elle médite sur

les niches qu'elle pourrait- bien faire aux autres. -

18 avril. - Sommeil interrompu à différentes reprises. Elle

s'est mise à chanter la Marseillaise. Elle a l'idée que ses

mains et son visage sont enflés, trouve qu'elle a une vilaine

figure, répète sans cesse qu'elle ne veut plus voir les curés;

qu'ils se rappellent tout ce qu'on leur dit en confesse; qu'elle

ne veut plus se confesser à eux, qu'elle n'ira plus à la messe,

malgré le plaisir que cela fait à sa mère ; que c'est fini ,

qu'elle ne veut plus être pieuse. En raison de ses tentatives

72 Marche DE la maladie.

violentes sur les autres enfants, nous la remettons en cel-

lule.

19 avril. La nuit a été plus orageuse que d'habitude. C...

a demandé à aller aux cabinets, n'y a rien fait et est venue

gâter dans sa cellule. Elle s'est affaiblie progressivement et

parfois ses jambes plient sous elle. Ni injures, ni obscénités ;

pendant que. l'infirmière l'habille, elle veut sans cesse l'em-

brasser, promettant d'être sage. Après avoir été habillée, elle

demande à se recoucher : « J'ai encore sommeil, je n'ai pas

dormi cette nuit, car j'avais des puces. » Elle se rendort aussi-

tôt jusqu'au déjeuner est mange avec plus d'appétit que d'ha-

bitude. Dans l'après-midi, elle s'est laissée photographier avec

plaisir. - l'eu après, lorsqu'elle était couchée, ayant aperçu

dans le couloir un infirmier, qui venait pour une corvée, elle

se cache la figure, lève les jambes, les écarte et lui dit de

regarder ce qu'elle appelle n sa boutique ». On la recouvre

mais elle recommence aussitôt, prononçant des paroles obs-

cènes et répétant : « c'est 1 ..... qui m'a dit cela ». L'appétit

est revenu, les selles sont régulières. Elle est taquine, rusée,

durant ses périodes de lucidité. Ainsi, durant la nuit du 19 au

20, elle a demandé il aller aux cabinets, a dit il l'infirmière :

ci Allez donc refaire mon lit » et dès que celle-ci a été dans

la cellule, elle a fermé la porte de la cellule sur elle, croyant

que celle-ci n'avait pas sa clef, car elle avait l'envie de se

sauver, ce qu'elle avait déjà essayé de faire plusieurs fois.

20 auril. - Rémission presque complète, elle est très con-

tente des friandises et des objets de toilette que sa mère lui

a envoyés : « Je ne veux pas manger tout à la fois, il faut que

j'en garde pour en avoir pendant plusieurs jours. Est-elle

gentille ma petite maman de me gâter comme cela ? Aussi je

l'aime bien et quand je serai guérie je lui dirai merci. » Elle

éprouve une grande joie à sentir les pommades et les savons

qu'elle a également reçus.

21 auoil. - Alternatives de calme et d'excitation. Après

s'être habillée toute seule et être demeurée calme pendant

quelques heures, elle s'agite de nouveau, profère des injures,

veut courir, essaye de mordre et de donner des coups de pied.

Persistance de la toux et de l'expectoration.

22-24 avril. - Durant les périodes de calme, la malade est

abattue. Il lui arrive quelquefois la nuit de se dresser tout-à-

coup sur son lit, de proférer des menaces et des injures ou de

chanter. Elle demande qu'on laisse la porte cle sa cellule ou-

verte, espérant toujours pouvoir se sauver. Durant le jour, elle

rit et pleure tout à la fois, parle de son amoureux F.. : CI Il est

gentil, il m'aime bien, il met sa boutique dans la mienne,

Manie et nymphomanie. 73 3

cela fait du bien, on dirait qu'il est là. » Elle ne parait pas

avoir d'hallucinations. Pour l'empêcher de se toucher, on est

obligé de lui maintenir constamment le manchon. Les impul-

sions violentes persistent, elle tente de griffer, de mordre,

de donner des coups de pied. Elle est toujours surexcitée

dès qu'elle aperçoit un homme.

26 avril. - Tandis qu'hier, B... avait été très tranquille, au-

jourd'hui, elle a été agitée, violente, grossière, obscène.

Nous l'avons fait reconduire des cellules à l'infirmerie de la

Fondation. Elle prend plaisir à se découvrir, à faire voir ses

organes génitaux, à appeler les infirmières, les enfants de la

salle voisine pour leur montrer qu'elle a du poil ; elle voudrait

qu'on la gratte ou qu'on lui mette le doigt. Propos obs-

cènes.

28-30. - C ? se lève tard, se laisse habiller avec difficulté,

veut être peignée tantôt d'une façon, tantôt de l'autre, se plaint

qu'on lui tire les cheveux, veut se sauver. - Au réfectoire,

elle mange salement, rejette ses aliments à moitié mâchés,

sur son assiette, sur la table, sur le parquet, prend à ses

voisines ce qu'il lui plait, crache dans leur assiette, les bous-

cule, leur donne des coups de coude ou de pied. On la fait

manger seule il une table : elle se lève à chaque instant pour

satisfaire ses caprices, violenter les enfants si on ne lui cède

pas, ellecrie, pleure, injurie. Quandd'autres enfants viennent

près d'elle, elle leur raconte ce qu'elle faisait avec son amou-

reux, leur explique comment se font les enfants, ce que l'on

ressent pendant l'acte (1). De temps en temps, on lui retire

le manchon, elle en profite pour commettre des actes qu'elle

a combinés d'avance. Elle se sert de tout ce qui lui tombe

sous la main pour le jeter sur les personnes ou les enfants à

proximité, pour relever leurs jupes ou pour se toucher. Elle

semble heureuse et sourit quand elle a commis un acte blâ-

mable. Elle est très autoritaire, fait précéder toutes ses

demandes des mots : « je veux ». La nuit, elle saute de son

lit, cherche il aller se coucher dans un lit voisin, veut se

sauver en chemise, gâte, souille tout son linge avec ses ex-

créments.

1er mai. - Nous profitons du renvoi de l'infirmerie de plu-

sieurs enfants pour la mettre seule dans une pièce et, comme

nous avons pu obtenir une infirmière, nous essayons de la

maintenir au lit d'une façon permanente. L'agitation est tou-

(1) Il est disette à la Fondation d'éviter ces contacts, car il il'y a pas de

cellules ou de chambres d'isolement. '

74 Amélioration progressive.

jours très grande. C... crache au visage des personnes,

débite son chapelet habituel de mots obscènes, retire les

mucosités desséchées de son nez et veut les mettre dans la,

bouche de l'infirmière : « Tiens, mange mes crapauds ».

2-9 mai. Alternatives d'agitation et de calme relatif.

Les nuits sont tantôt très agitées, tantôt assez calmes. C...

cherche moins à se lover, urine parfois dans son lit. peut-être

à dessein. Elle dit à la surveillante que tout ce qu'elle a

raconté sur F... n'est qu'invention de sa part, qu'il n'a jamais

existé que dans son imagination, que tout ce qu'elle débite,

elle l'a appris de ses compagnes de classe et d'apprentissage.

A chaque instant, elle appelle la surveillante ou son infir-

mière ou toute autre personne. Elle crie tant que la personne

appelée ne vient pas. Si, pour faire cesser ses cris, on s'ap-

proche, elle crache au visage, griffe, pince, prend ses excré-

ments avec ses mains et les essuie sur ses draps, sur les

personnes. Elle se découvre sans cesse pour montrer ses

organes génitaux.

17 mai. - C... s'est affaiblie progressivement ; sa démarche

est mal assurée, son poids a diminué de 8 kilog. 300, l'agita-

tion persiste et est toujours très grande. Môme langage

mêmes obscénités. Elle continue 1'1 appeler les infirmières

pour se livrer à des attouchements. L'appétit qui avait été bon

durant les deux dernières semaines, a notablement diminué.

2 mais On a toujours beaucoup de peine à maintenir C...

au lit. Dès que l'infirmière s'éloigne, elle se lève, grimpe sur

les chaises, les lits, tombe, se contusionne. Elle est toujours

aussi grossière dans son langage, aussi malpropre dans sa

tenue et aussi cynique dans ses actes.

31 mat. - Persistance de la toux et de l'expectoration. A la

percussion, submatité en arrière dans la fosse sus-épineuse

droite où existe également une diminution de l'élasticité. En

avant, la sonorité et l'élasticité persistent, peut-être avec une

très-légère diminution sous la clavicule droite. - A l'auscul-

tation, pas de modifications du murmure respiratoire et pas

de râles.

C... est beaucoup plus calme. Elle se lève et fait de petites

promenades dans le jardin, est moins grossière dans son

langage, moins sale sur elle et dans son lit. - Elle mange

assez bien et accepte plus volontiers les aliments qu'on lui

donne.

Traitement : Hydrothérapie, bains, phosphate de chaux,

ventouses sèches tous les 5 jours au niveau des sommets,

viande, crue, lait, etc.

Manie ET nymphomanie. ' 75

10 juin. - L'enfant, qui avait été plus calme ces jours der-

niers, est devenue de nouveau agitée. Elle injurie tout le

monde, griffe et mord it chaque occasion. - Comme de sa

chambre de l'infirmerie, elle aperçoit les parents qui viennent

au parloir visiter leurs enfants, elle leur adresse des grossiè-

retés : « leur fille va crever, ne guérira jamais. » Elle leur

fait des pieds de nez, crache sur les carreaux, relève ses

jupes, montre ses organes génitaux : « Tenez, regardez. » On

avait mis des rideaux aux fenêtres, elle les a déchirés. Elle

mange malproprement. Elle urine et défèque dans sa cham-

bre, se barbouille les mains avec ses excréments.

18 juin. - Mêmes signes douteux aux sommets. - Abcès

profond à la face antérieure de l'avant-bras gauche; incision,

issue abondante de pus.

20 juin. - Calme relatif, persistance des grossièretés

même envers ses parents, - Les nuits sont toujours très agi-

tées. - C... mange peu, l'amaigrissement continue : elle n'a a

pour ainsi dire que la peau sur les os.

20 jttit. - Guérison complète de l'abcès.

30 juin. - C... est plus tranquille. Elle mange propre-

ment et avec un appétit exagéré ; elle craint toujours de n'en

avoir pas assez ; elle réclame avec instance les friandises que

lui apportent ses parents. Nous l'avons envoyée en classe où

elle se tient convenablement et se montre assez docile. Elle

est bavarde, rapporteuse, raconte tout ce que font ses compa-

gnes, répète vingt fois la même chose. - Elle a quitté l'infir-

merie, couche on dortoir et dort, sans potion. - Elle a reçu

la visite de ses parents avec plaisir. Son langage n'est

plus ordurier, elle redevient polie. Elle ne se touche

plus. - La mémoire lui revient. Elle se rappelle avoir

tutoyé le docteur l.. qui est venu la visiter et en est cha-

grinée.

Elle s'est souvenue avoir dit des sottises à la mère d'une

malade et s'en est excusée. Au sur et à mesure quelui revient

le souvenir de ses extravagances, elle craint qu'on ne le sache

au dehors. - Elle a augmenté en poids de 4.950 grammes.

L'examen bactériologique n'a pas démontré dans ses cra-

chats la présence de bacilles,

9 juillet. - C.... est de plus en plus raisonnable, travaille

très bien en classe et à l'ouvroir, mange sans voracité, mas-

tique bien ses aliments et n'avale plus gloutonnement comme

elle le faisait encore ces derniers jours. - Elle n'injurie plus

ni le personnel, ni ses compagnes; son raisonnement est

juste, elle manifeste le regret de ses insanités en paroles et

en actes et s'en indigne. Elle est redevenue pudique : « C'est

76 Manie ; guérison.

la maladie qui me faisait dire toutes ces vilaines choses qu'on

m'avait apprises en apprentissage.

26 juillet. - L'amélioration continue. B.... est allée hier

avec ses camarades au .t;irVin d'\cclimalion et s'est très bien

tenue. La physionomie s'est transformée; elle a bonne mine

et engraisse (près de 5 kilog. en un mois).

/lof'tt. L'amélioration s'accentue de jour en jour. C... est

tranquille, participe à tous les exercices de ses compagnes :

classe, couture, promenade, jeux, etc. Elle veut toujours do-

miner les autres enfants, prétendant en savoir plus qu'elles et

veut toujours avoir raison. Elle mange avec appétit sans vora-

cité et partage volontiers ses friandises avec les autres

enfants, ce qu'elle ne faisait pas auparavant. - L'examen des

urines, pratiqué à différentes, reprises, n'a jamais décelé d'al-

bumine.

Septembre, - Le caractère s'améliore de plus en plus. C...

accepte volontiers les observations qu'on lui fait ; « quand je

pense à toutes les méchancetés que je faisais et que je disais

je vois bien que j'étais réellement très malade». Elle est très

affectueuse et très active. Travaille bien partout, apporte

beaucoup de bonne volonté à la gymnastique. Elle voudrait

toujours être la première.

Octobre. L'amélioration persiste. Quelquefois, pourtant,

C.... a de petits mouvements nerveux, s'impatiente il propos

de faits insignifiants, par exemple si une autre enfant fait

quelque chose de travers. Parfois aussi le regard n'a pas une

expression tout.¡'¡-fait naturelle, il est vague. C.... est comme

absorbée : interrogée, elle prétend qu'elle ne pense il rien.

Elle s'endort vite, le sommeil est prolongé ; elle dit rêver de

toutes sortes de choses, mais ne pas avoir de rêves pénibles.

- Les règles n'ont pas paru depuis son'séjour à la Fondation.

23 octobre. C...., interrogée sur tous ses récits, répond que

tout ce qu'elle disait, elle l'avait appris d'une petite apprentie

avec qui elle travaillait. Elle nie avoir joué avec des garçons.

Sur les instances de la famille, nous signons la sortie, en

leur recommandant de continuel- le traitement et surtout les

douches

Novembre, - Nous avons eu l'occasion de voir des parents

de Cél... Ils la trouvent bien, mais parfois un peu exaltée. Ils

déclarent que. de triste qu'elle était autrefois, elle est devenue

gaie. Ils disent aussi que ses parents lui ont toujours laissé

faire trop ses volontés, surtout au point de vue de la boisson

et du manger. Ils prétendent encore qu'avant son entrée à la

Fondation, l'enfant n'ayant plus ses règles aurait exprimé

la crainte d'être enceinte.

Manie; guérison. 77 7

\

15 nouembre. -- La famille nous ramène Cél.... L'améliora-

tion persiste. Depuis quinze jours, le poids a augmenté de

trois kilogrammes. La figure parait un peu bouffie. Il n'y a

rien dans ses urines et nulle part d'oedème. L'examen des

poumons est négatif. - Les différents organes paraissent sains.

Les fonctions digestives s'accomplissent normalement.

Les règles ne sont pas revenues ; C... a de légères pertes blan-

ches.- Avant sa maladie, elle jouait rarement : « On pourrait

dire jamais, » suivant l'expression de sa mère. Depuis sa sortie

elle est plus disposée it se divertir et à jouer. Avant sa mala-

die, quand ses nombreuses cousines venaient la voir, elle

était indifférente, « triste comme un bonnet de nuit, tandis

que maintenant c'est elle qui provoque les jeux. » Elle s'occupe

toute la journée du ménage, n'est pas irritable, dort bien.

Le regard semble encore un peu voilé, ce qui lui donne par-

fois l'expression un peu « hagarde ». Elle ne cherche pas à

revoir ses anciennes camarades d'atelier, car, se rappelant,

toutes les insanités qu'elle a dites, elle a peur qu'on se moque

d'elle. - Traitement ; injections vaginales boriquées, toni-

ques, douches.

29 novembre, - La physionomie est meilleure ; le regard

n'est plus voilé : « il est, dit la mère, absolument naturel. »

- Les règles sont revenues le 16 novembre, sans douleur,

médiocrement abondantes et ont duré deux jours. Elle tra-

vaille bien. - Poids : 47 kilogrammes ; Taille : la même.

Puberté et organes génitaux, - Le pénil est couvert de

poils noirs abondants sur une largeur de huit centimètres et

une hauteur de six centimètres. Les grandes lèvres sont éga-

lement couvertes de poils abondants sur une largeur de plus

d'un centimètre et demi. Les poils descendent des grandes

lèvres sur le périnée et jusqu'au pourtour de l'anus. Capu-

chon petit, gland moyen. Les différentes parties de la vulve

sont bien proportionnées. Nous* constatons de nouveau,

l'aspect très frangé de l'hymen dont l'ouverture laisse péné-

trer très facilement l'index. Aux aisselles, bandes de poils

noirs de six centimètres sur deux. Le sein droit mesure

transversalement quinze centimètres et demi et verticale-

ment, onze et demi ; le gauche, quatorze centimètres et demi

sur onze. Le sein droit est donc un peu plus gros que le

gauche. Très petits tubercules sur les aréoles. Au précédent

examen de la puberté, nous avons noté qu'ils étaient tressail-

lants, ce que nous pouvons attribuer a ce que la malade se

frottait sans cesse les seins. - Les mamelons ont sept à huit

millimètres de diamètre et font une saillie de deux milli-

mètres.

78 HÉRÉDITÉ.

Nous interrogeons de nouveau, à part, C..., au sujet de scs

relations sexuelles sans pouvoir obtenir d'aveu, mais il est

certain qu'elle ne nous dit pas la vérité.

Réflexions. I. L'hérédité est relativement assez

chargée. Si le père lui-même ne présente rien autre

que des manifestations rhumatismales, d'ailleurs lé-

gères, différents membres de sa famille ont offert

des tares plus ou moins graves : le grand-père mater-

nel, un grand-oncle, seraient morts d 'akoo[ iS/ilc chro-

nique, un oncle et une cousine ont une tendance à

boire ; llll arric''l'c-gl'a1Hl-pè¡'e, sujet il des idées noires,

s'est suicidé. Signalons un grand-oncle sourd-muet,

un cousin ayant eu des l'Imrulsio1/s dans l'enfance et,

peut-être, chez les alcooliques, deux cas cle cancer du

pylore.

Dans la famille maternelle, ce qui domine, c'est le

rhumatisme, l'emphysème. Notons encore les céphal-

algies chez la mère, des excès de boisson occasionnels

chez l'un des arrière-grands-pères et un oncle suicidé.

II. De la naissance au mois de décembre 1897, c'est-

à-dire jusqu'à 1'2 ans, Gel... aurait été tout-à-fait nor-

male et .plutôt d'une intelligence au-dessus de la

moyenne. La seule particularité qu'elle offrait, c'est

qu'elle était réservée, peu gaie, quelque peu mélan-

colique, toutefois sans exagération : c'était ce qu'on

appelle une enfant sérieuse. Au point de vue phy-

sique, aucun signe de dégénérescence.

III. Dans sa douzième année, l'enfant est mise en

apprentissage. L'une de ses camarades- et peut-être

cela avait-il commencé à l'école lui aurait appris

toutes sortes de choses « sur la femme ». Et les évé-

nements ultérieurs, confirmés par l'examen physique,

semblent démontrer qu'elle aurait eu une affection

qui n'aurait pas été seulement platonique.

C'est dans ces conditions que, au commencement de.

w' Manie et nymphomanie.. , 79

décembre, clic assiste à un sermon sur la mort, qui

l'impressionne très vivement, au point qu'elle s'ima-

gine que sa lillcule qui l'accompagne vient de mourir.

L'idée cle la mort l'obsède, elle ne dort plus, a peur.

Elle devient de plus en plus triste, on essaie en vain

de la distraire. Cette période mélancolique dure de la

mi-décembre à la mi-février.

IV. Alors le tableau change ; la dépression mélan-

colique (sans idée de suicide) est remplacée par un

véritable accès de manie : insolences, grossièretés,

excitation, violences, bave, déclamations incohéren-

tes, défaut complet d'association des idées, impulsions

sexuelles, onanisme, exhibition des organes génitaux,

propositions et tentatives obscènes, etc. Ces derniers

symptômes donnent à la munie un cachet n ? Jml)ho-

maniaque très accusé. Non-seulement C... se touche

dès qu'elle se sent moins bien surveillée, mais elle

veut toucher les enfants, les infirmières, parle sans

cesse de rapports sexuels ; examine le ventre de

toutes les femmes qu'elle voit, s'informe si elles sont

enceintes, quand elles vont accoucher, ce qui semble

répondre à la crainte qu'elle avait, et qu'on nous a si-

gnalée, d'être elle-même encense (rapports et suppres-

sion des règles). La vue d'un homme l'excite toujours

et, aussitôt, elle lui fait des propositions et s'exhibe.

La période a a duré depuis le 6 avril jusqu'à

la fin de juin, avec de courtes rémissions pendant

lesquelles elle était notablement déprimée. Elle s'est

accompagnée de troubles physiques graves qui se sont

traduits par des craintes de tuberculose, que la suite

n'a pas justifiée, et par un amaigrissement considé-

rable. De 37 kilog. 800 à l'entrée, son hoicls descend

à 29 kilog. 500 au milieu du mois de mai.

V. A partir du 30 juin, C... devient plus tranquille,

plus raisonnable, mange proprement, n'injurie plus

80

Manie ; TROUBLES physiques.

personne, n'est plus grossière ni obscène dans ses

paroles et ses actes, en un mot, elle est redevenue

pudique. La mémoire est revenue, ainsi que le raison-

nement.

L'amélioration a continué progressivement. En

août et septembre, C... participe aux travaux intel-

lectuels et manuels de ses camarades, à leurs jeux

et ae leurs promenades. Elle est très affectueuse, très

douce, regrette toutes les mauvaises actions que la

maladie lui faisait commettre. En môme temps que

nous ^voyions l'état mental s'améliorer, la manie et

la 11 ! /llIjJ/w¡¡¡;lIIie disparaître, nous assistions à une

amélioration physique remarquable. Toute crainte

de tuberculose disparaissait, l'amaigrissement faisait

place à un embonpoint progressif ainsi que cela res-

sort du tableau ci-après :

Tableau du poids.

Manie; guérison.

81

grissement et du retour de l'embonpoint, séparés par

un plateau correspondant à un état stationnaire du

poids.

VI. A sa dernière visite, le 20 décembre, C... se

présente à nous sous l'aspect d'une jeune et belle

adolescente paraissant tout-à-fait normale. Elle a une

physionomie ouverte, modeste. Elle est très raison-

nable, affirme sa mère, gaie, laborieuse, docile. Ses

règles, qui pendant les quinze premiers mois, à dater

de leur apparition, avaient été régulières, s'étaient

suspendues au début de la maladie (déc. 1897), ont

reparu le 16 novembre, peu abondantes, et sont reve-

nues du 13 au 16 décembre, précédées de quelques

douleurs abdominales ; elles ont duré cinq jours et

ont été assez abondantes pendant les trois premiers

jours. Tout indique donc que C... est réellement

guérie.

VII. Suivant l'habitude nous avons pris la tempéra-

turc rectale durant les cinq premiers jours.

Température à l'entrée.

Manie; température. 83

Du 7 au 27 avril, la température rectale oscille entre

36°,6 et 37°,4, le plus souvent 3GO,8 et 37°,2, restant

plutôt au-dessous de la normale. Du 28 avril au

4 mai, elle est toujours au-dessus de 37°, allant jus-

qu'à 37°, 7.

Du 5 au 10 mai, elle descend entre 37°,4 et 36°,7;

- le 11 mai, 37°,8, puis oscillations de 3G°,G à 37°,3;

du 20 mai au 5 août, elle varie entre 36°, 6 et 37°, 6

(deux fois), restant le plus souvent au-dessous de 37°

ou à 37°,2. Signalons un abaissement à 36°, 2 le 20 mai.

En résumé, dans ce cas de manie bien caractérisée,

la température n'a jamais été fébrile, malgré l'inten-

sité, à certains jours, de l'agitation.

VIII. A l'arrivée de la malade, nous avonseurecours

à l'isolement en cellule, ne pouvant, faute d'organisa-

tion, ordonner d'emblée le traitement par le repos au

lit. Au bout d'une dizaine de jours, nous l'avons

ramenée à l'infirmerie où nous n'avons pu la mainte-

nir à cause du voisinage d'autres enfants et de l'insuf-

fisance du personnel (p. 70). Au bout de quatre semai-

nes les circonstances nous ont permis de la maintenir

au lit (111 mai). Le calme a reparu à la fin du mois

de juin. En même temps nous avons prescrit des

bains prolongés, les purgatifs, le chloral, le bromure

de potassium ; puis les douches froides, la gymnas-

tique et les travaux manuels.

VIII.

Alcoolisme de l'enfance ; instabilité mentale ; ;

imbécillité morale ;

Par j6OURNEVI-LLr, et J. BOYER.

SOMMAIRE. - Père, soixante et un ans, asthmatique, très

nerveux. - Mère, quarante-cinq ans, rien à signaler. -

Tante paternelle, morte d'apoplexie. - Autre tante pater-

nelle, morte des convulsions de l'enfance. Frère mort

à dix-sept ans de coxalgie, méningite terminale. - ..

Conception : graves ennuis du père. - Premières con-

. vulsions à quatre ans. - Diminution de l'intelligence.

Scoliose. - A douze ans, modification du caractère. -

Manies. - .Accès de colère. - Perte des sentiments affec-

tifs. Tentatives de suicide. - Fumait beaucoup en

- cachette. - Crises hystériformes. - Menaces à l'adresse de

ses parents. Excès de boisson. - Hémèralopie.

Description du malade. Marche de la maladie. - Traite-

ment médico-pédagogique. Amélioration progressive ;

guérison.

René 0.... né le 20 juillet 1883, est entré à l'Institut médi-

co-pédagogique, le 16 juillet 1896.

Antécédents (Renseignements fournis par sa mère). - Père,

soixante et un ans, asthmatique, très nerveux, pas de convul-

sions de l'enfance, démangeaisons de la peau vers quarante ans,

pas de rhumatismes, ni de dartres, ni de syphilis, échaufferaient

à vingt et un ans. - Grand-père paternel, mort à soixante-dix-

huit ans, d'une entérite, sobre, jamais malade. - Grand'mère

paternelle, morte à soixante-seize ans, d'une affection chro-

nique de la poitrine et de diabète. - Oncle paternel, mort

d'une cholérine. Tante paternelle, morte asthmatique. -

Alcoolisme DE l'enfance. 85

Autre tante paternelle, morte d'une attaque d'apoplexie en

un jour. - Autre tante paternelle morte des convulsions de

l'enfance. - Pas d'aliénés, ni de nerveux, ni de bègues, ni de

ticqueux dans la famille paternelle.

Mère, quarante-cinq ans, bien portante, n'aurait pas eu de

convulsions. - Pas d'autres renseignements sur la famille

maternelle.

Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de seize ans.

Six enfants : 1° une fille de vingt-deux ans, bien portante,

un peu nerveuse, mariée, a un enfant de treize mois, bien

venant ; 2" un garçon, mort à dix-sept ans de coxalgie, pas

de convulsions, intelligent, aurait eu une méningite termi-

nale ( ? ) ; 3° un garçon, dix-neuf ans, bonne santé, très tra-

vailleur, candidat à l'Ecole centrale ; 4° une fille, dix-huit

ans, bien portante ; 5° notre malade ; 6° un garçon, bien por-

tant, pas de convulsions, apprend convenablement.

Notre malade. - A la conception, le père dit « qu'il avait le

sang en révolution », ce qui était dit il des ennuis ; la mère

était bien portante. - Grossesse bonne, mère très impres-

sionnable. - Accouchement naturel, à terme, présentation

de la tète : « il n'y a que pour l'aînée qu'on a eu besoin de fers ».

A la 71aissance, l'enfant n'était pas « très fort », pas d'asphyxie.

Nourri au sein par la mère. Rien de particulier jusqu'à l'âge

de quatre ans.

. Vers quatre ou cinq ans, premières convulsions, consécu-

tivement diminution de l'intelligence. « Il a toujours été très

dur pour apprendre. » N'aurait pas eu d'autres accidents ner-

veux jusqu'à il y a huit mois. A la suite des convulsions,

bégaiement très prononcé.

A huit ans, l'enfant a été mis dans une petite pension où il

est resté jusqu'en décembre 1895, puis en sixième au lycée de

Versailles. Il apprenait mal, conduite passable, tenue physi-

que défectueuse, avait une épaule qui se nourrissait plus mal

que l'autre. On le soumet à une gymnastique spéciale.

Depuis le 1 ? janvier -1S9G, le caractère s'est modifié; l'en-

fant est devenu entêté, menteur, sombre, avait des accès de

colère à la moindre contrariété; a été traité au bromure (de

1 à 6 grammes par jour) par le docteur Bertrand ; refus de

suivre le traitement.

Fin janvier 1896, à la suite de reproches faits au collège,

violente crise nerveuse : le corps s'est raidi, puis l'enfant

s'est écrié : « Je vais mourir » ; il ouvrait les yeux démesuré-

ment, se penchait en arrière et serait tombé si on ne l'avait

86 Antécédents héréditaires ET personnels.

pas retenu. Durée moins d'une minute. La même crise s'est

reproduite cinq fois, de janvier à juillet 1896. Le caractère a

dès lors continué à empirer, les crises de colère sont deve-

nues plus fréquentes. Une fois, chez sa soeur, qui habite à

Paris, il a dit qu'il voulait s'en retourner seul chez ses

parents à la campagne. Il descend vivement l'escalier, sa soeur

le suit, sur le pont d'Austerlitz, colère violente, crie, a les

yeux hagards, vcut se jeter sous les roues des voitures, puis

dans la Seine, s'accroche au parapet, aux réverbères. La

crise a duré une heure et demie, Reconduit chez sa soeur, il

s'est évanoui cinq minutes. En revenant à lui, il est tout

étonné et demande ce qui vient de se passer. - A diverses

reprises, a eu des idées de suicide, mais sans tentatives

sérieuses. Le langage de l'enfant devient très grossier ; il fait

des menaces de mort à tous les membres de sa famille :

« Demain, vous ne vous réveillerez pas tous, je vous tuerai

cette nuit. » Tantôt, il menace du couteau ou de la canne,

tantôt il veut se frapper lui-même si on ne cède pas à ses

caprices.

Les fonctions digestives paraissent se troubler, indigestions

avec douleurs de tête, se plaint d'avoir mal aux tempes, reste

huit jours sans manger ; a des douleurs dans les coudes, les

genoux, les pieds, avec fièvre. Cependant le sommeil reste

bon, sans cauchemars. Pas d'étourdissements. Se figure que

sa soeur lui en veut. Pleure quelquefois avant la crise, quel-

quefois après. Se plaint d'étouffer : « ça part du ventre et ça

remonte à la gorge ». Pas de paralysie d'un côté du corps.

Pas de période d'incontinence d'urine. Aime beaucoup rester

au lit, on ne constate pas d'onanisme. Devient plus instable

que jamais, après vingt minutes de travail, ça ne va plus.

On ne sait à quoi attribuer ces accidents. Durant l'année

1895, René s'est mis à fumer avec frénésie, jusqu'à dix ciga-

rettes de suite, fumait même la pipe. Comme on essaie de l'en

empêcher, il s'est mis à chiquer avec passion pendant quinze

jours. Voulait toujours se promener seul, sans doute pour

fumer plus à l'aise. Aurait fait des excès de boisson, modé-

rés mais réels, était souvent altéré, descendait seul il la cave

pour y boire, surtout du cidre pur, ne partait jamais il la

pêche, qu'il aimait beaucoup, sans emporter avec lui un litre

de bière ou de cidre. - Il n'a jamais présenté de tendances

pyromaniaques.

Etat à l'entrée. Etat physique. - La physionomie

parait intelligente « futée » ; les cheveux sont châtain foncé,

assez bien plantés, quelques épis autour du front ; le front

Description DU malade. 87

est découvert, symétrique, arrondi, bosses frontales peu sail-

lantes ; le nez est aquilin, bien fait, sans déviation ; les

sourcils sont bruns, peu fournis ; les yeux sont bien

ouverts, très fendus, iris marron ; les paupières présentent

un bourrelet très régulier, teinte bistrée très prononcée

autour des paupières ; la lèvre supérieure est assez forte, le

sillon médian est régulier : la lèvre inférieure est en saillie

sur la supérieure ; le menton est rond, la bouche moyenne,

les pommettes peu saillantes, sans coloration précise, le visa-

est ovale, les oreilles moyennes, symétriques ; le crâne est

ovoïde, régulier ; le teint est mat, légèrement hâlé. Le

thorax est bien proportionné, bombé en avant, région pecto-

rale très développée ; en arrière le thorax est également très

bombé ; cet aspect diminue sensiblement quand les bras sont

élevés au-dessus de la tête, pas de malformation des omo-

plates ; un peu de dépression entre la pointe des omoplates

et le rebord des fausses côtes ; à la partie inférieure de la

région dorsale, légère convexité à droite ; les membres sont

symétriques, assez bien faits, un peu grêles ; les pieds et les

mains n'offrent aucune particularité.

État physiologique, - Très grande activité, René aime les

jeux violents. Debout et assis, l'enfant a une tendance à pen-

cher en avant le haut du corps ; les articulations exécutent

passivement et activement les mouvements les plus étendus.

- Les fonctions respiratoires et circulatoires paraissent nor-

males ; les fonctions digestives ne sont pas régulières ; ten-

dance à la constipation, appétit très capricieux. - L'ouïe,

l'odorat, le goût et le toucher sont normaux, vue faible, légère

myopie, l'enfant ne distingue rien dans la demi-obscurité

(héméralopie) ; parole normale.

État psychologique, - L'intelligence n'est pas celle d'un

enfant de son âge au point de vue scolaire. L'écriture est très

irrégulière, les lettres ne sont pas liées entre elles, les traits

sont durs ; l'orthographe est très faible, les mots les plus

usuels sont incorrectement écrits et de façons différentes dans

le même devoir; connait les quatre règles, mais ne peut faire

le moindre problème ; les connaissances usuelles sont très

limitées, l'enfant ne cherchant même pas à se rendre compte

de ce qui l'entoure ; aptitudes particulières pour le dessin et

la musique. L'attention et la réflexion sont il peu près

impossibles, l'imagination est très bornée; la mémoire, en

général, est faible, sauf la mémoire auditive qui paraît très

88 Alcoolisme DE l'enfance.

développée ; jugement très variable : tantôt naïf, tantôt assez

juste en apparence ; raisonnement peu développé. L'instabilité

incoercible qui se manifeste dans toutes les opérations intel-

lectuelles aussi bien que dans tous les autres modes d'activité,

parait être la véritable cause de l'arriération intellectuelle de

l'enfant.

État instinctif et moral. René est très gai quand il n'est

pas, toutefois, sous l'influence d'un accident nerveux; aime

beaucoup rire, jouer, taquiner ses camarades. Ne reste jamais

seul, à moins qu'il ne soit sous le coup d'une crise de colère.

- Désordonné, indifférence personnelle il l'égard des objets

lui appartenant. D'une sensibilité exagérée à l'endroit des

réprimandes qui déterminent chez lui soit des crises de colère,

soit des accès de mélancolie. - Les sentiments affectifs

paraissent disparus. - Volonté négative énergique. Sens

moral disparu.

16 juillet. - Le jour de son entrée, violente crise de colère

quand il a appris qu'on voulait le laisser : il porte, en pous-

sant des cris rauques, les deux mains à la tête et se préci-

pite sur un banc en essayant de se cogner la tête. On essaye

de le maintenir, il donne des coups de pied de tous les côtés,

visant surtout son père; il se frappe la tète de ses poings,

raidit tout le corps, porte le tronc en avant; la face est con-

gestionnée, les yeux fixes et hagards, les lèvres entr'ouvertes,

la salivation abondante. Au bout de deux minutes René se

débat (on le maintient toujours), il pleure à chaudes larmes

et cric à perdre haleine : « Non, je ne veux pas voir de mé-

decins ! ... ce sont des charlatans... ils vous font du mal... je

ne suis pas malade... qui donc a inventé la médecine ? ...

qui ? ... qui ? ... c'était un imbécile celui-là... mais laisse-moi,

papa... cré nom d'une pipe, je me sauverai bien ! Ah ! vous

voulez me mettre dans une maison de santé ! ... Vous verrez

ce qui vous arrivera... je veux me tuer ! ... ne me fais pas voir

au médecin, car tu sais, tant pis, je frapperai et tu verras...

lâche-moi ! Tu ne veux pas me lâcher, un... deux... trois...

Ah ! tu me laisses dire trois... tu verras... lâche-moi donc ! »

Son père nous quitte et c'est à nous qu'il s'adresse alors :

« Lâchez-moi... vous n'avez pas de droits sur moi... je veux

m'en aller... au secours, on m'assassine. » On dut le porter

jusqu'à la pelouse des jeux. Là, tout en veillant à ce qu'il ne

se fasse pas de mal, on le laisse libre de ses mouvements.

Il reste un moment étendu sur le gazon, les jambes allon-

gées, les bras en croix, les yeux grands ouverts, fixes; au

bout de cinq minutes, il pleure en croisant les bras sur la

Description DU malade. 89

figure, se lève, fatigué, se traînant et va s'asseoir sur un banc.

Durée totale de la crise de colère : une heure trois quarts.

René ne mange rien -Il dîner, il est sombre et ne desserre

pas les dents. Il se couche sans rien dire. La nuit a été bonne.

17. René ne mange rien au premier déjeuner ; à midi et le

soir, il ne prend qu'un peu dépotage. Se plaint dans la journée

que « l'estomac » lui fait mal ; il parait avoir des difficultés

pour respirer, cela a duré deux minutes et s'est produit à

deux reprises.

18. - La nuit a été bonne, bien que l'enfant, en se couchant,

se soit encore plaint de douleurs dans l'épigaslro. Ne mange

pas au premier déjeuner; mange très peu il midi. Première

douche : il faut le déshabiller malgré lui, il se débat, donne

des coups de pied et des coups de poing, injurie grossièrement

tout le monde : on ne code pas. Le soir il n'a pas voulu diner.

Il s'est couché sans difficulté et a bien dormi.

Hi, - Ne mange pas (le la journée, il est resté sombre et ta-

citurne, ne parlant il personne, évitant tout le monde. A la

douche se produit la même scène que la veille. A bien dor-

mi la nuit.

20. - Ne mange pas au premier déjeuner, veut écrire à

son père il qui il adresse une lettre incohérente et pleine de

menaces : « Je te donne ju-qu'à jeudi pour venir me chercher,

même pas... si tu ne viens pas, gare, etc.. » Ces deux

phrases sont soulignées plusieurs fois. Se laisse entraîner à

jouer un peu de violon, parait heureux de l'attention qu'on a

pour lui, demande qu'on lui promette de lui laisser faire de

la musique de temps en temps. A midi, il mange très bien.

A chaque plat qu'on lui offre il prétend ne pas avoir faim,

mais il mange tout de même. A deux heures, il joue du vio-

lon tandis qu'un de ses camarades l'accompagne sur le piano.

A l'heure des douches, refuse de suivre ses camarades et

comme on se dispose à l'entraîner malgré lui, il s'écrie : « La-

chez-moi, j'irai tout seul. » Il entre dans le pavillon des dou-

ches, se déshabille et se laisse doucher comme les autres.

Il cause même gaiement aves ses camarades.

21. - Crise it la suite d'une invitation à écrire une lettre à

ses parents. René se couche par terre, fait semblant de dor-

mir ; au bout de quelques minutes, quelques contorsions,

puis raideur des membres, surtout à droite ; les dents sont

serrées, les lèvres écartées, les yeux fixes et grands ouverts.

Durée deux minutes. Rémission de trois minutes, puis nou-

velles contorsions pendant une minute, sans raideur consé-

cutive. L'enfant reste couché un quart d'heure sur l'herbe,

sans dormir et retourne auprès de ses camarades.

90 INSTABILITÉ mentale.

Le 25, à table, petit accès de mélancolie d'une durée de

cinq minutes environ.

A partir du 26, l'enfant ne présente aucun accident ner-

veux et suit régulièrement le traitement suivant : un bain

par semaine ; une douche par jour ; gymnastique ; travaux du

jardin ; travaux scolaires ; traitement moral.

A partir du mois d'août l'enfant prend deux douches par

jour.

Août. - On a de la peine à obtenir de l'enfant qu'il ne soit

pas bruyant en classe : il quitte il chaque instant sa place,

interpelle son maître ou ses camarades, taquine ses voisins ;

on est obligé à chaque moment d'intervenir pour éviter une

rixe, prend ce qui lui tombe sous la main pour se défendre.

Au jardin, il ne fait rien qui vaille.

Septembre. Toujours taquin avec ses camarades. S'est

mis une fois en colère En classe se tient tranquille quand on

lui fait une observation, unis recommence aussitôt. Au jar-

din, s'acquitte assez bien des petits travaux qu'on lui fait faire

(brouette, ratissage des allées).

Octobre. - L'enfant ne taquine plus que dans les jeux. Gai

et encore bruyant. Travaille bien en classe, à la gymnastique

et au jardin.

Vouembre. - Pour le récompenser, ses parents le font

sortir du 31 octobre au 2 novembre. René s'est très bien

comporté et n'a pas causé le moindre ennui : il est rentré

sans difficulté. Aurait été témoin, nous dit sa mère, d'un ac-

cident de tramway (un petit enfant renversé par les chevaux).

René en a été si impressionné qu'il a tremblé durant vingt

minutes. Il n'y a pas eu d'attiré suite. - Le 20, on constate

un peu d'inflammation du prépuce. Onanisme supposé, sur-

veillance spéciale.

Décembre, - Bon mois, pas de colère. - L'inflammation

du prépuce a complètement disparu.

1897. janvier, - Il sort huit jours avec ses parents à l'occa-

sion du jour de l'an. A sa rentrée, ses parents nous font des

éloges sur sa bonne tenue et sa docilité,

Février, - Un mouvement de colère, le 1 ? veut se préci-

piter sur un de ses camarades qui l'avait contrarié. Regard

méchant. A élé vite calmé.

Mars. L'enfant sort il l'occasion du mardi-gras, il est

resté dix jours dans sa famille; n'a eu ni l'ombre d'une crise,

ni la moindre velléité do désobéissance. Fait docilement

et très bien tous les exercices de gymnastique (échelle con-

vexe, échelle horizontale, anneaux, mouvements d'ensemble).

Au jardin, travaille avec goût ; tout ce qu'il fait est propre-

- ? Guérison. 91 t

ment fait. En classe, travaille régulièrement, a fait quel-

ques progrès en orthographe, en calcul, a acquis quelques

notions élémentaires mais très précises sur la géographie de

la France et sur l'histoire de la Révolution. - Son instabi-

lité et son étourderie ont considérablement diminué. S'est

mis avec goût à l'étude du violon où il fait tous les jours des

progrès. Le caractère s'est bien amélioré, l'enfant n'a eu

aucun mouvement de colère, bien qu'il ait été plusieurs fois

taquiné par un de ses camarades.

Avril. Le 6, les parents le ramènent chez eux. Les men-

surations de la tête à l'entrée et à la sortie n'accusaient

qu'une augmentation d'un millimètre. - Poids : à l'entrée,

39 kg. \Ou : à la sortie, 47 lcg. 200. Taille : à l'entrée, l,».50; à

la sortie, 1 ? 5'E. Dynamomètre : à l'entrée D. 24 ; G. 9 ; à la

sortie, D. 30 , G. 25. - Depuis sa sortie, nous avons eu l'occa-

sion de voir René, en décembre 1897 ses parents, que nous

rencontrons nous disent que l'enfant va très bien, qu'il n'a

plus eu de crise, qu'il est en pension a D... où on est très

content de lui. - La physionomie de l'enfant est fraîche ; en

causant avec lui on s'aperçoit que l'enfant est tout à fait

calme, et l'affection qu'il nous témoigne nous fait supposer

qu'il a conservé un très bon souvenir de son passage à l'Ins-

titut médico-pédagogique. Enfin, en avril 1898, la mère

nous dit qu'elle a été très surprise des heureux changements

survenus chez René.

Réflexions. I. Les renseignements héréditaires

sont insuffisants, surtout dans la lignée maternelle.

Du côté du père, une tante est morte d'une attaque

d'apoplexie. Un frère aurait eu une méningite ( ? ).

II. L'enfant aurait été tout à fait normal jusqu'à

quatre ans. Entre quatre et cinq ans sont apparues

des convulsions suivies d'un affaiblissement de l'in-

telligence et d'un bégaiement très prononcé. De huit

à onze ans, il apprenait mal. A partir de janvier 1896,

le caractère s'est modifié : l'enfant est devenu entêté,

menteur, sombre et sujet à des accès de colère. A la

lin cle janvier 1896, il a eu une première crise nerveuse,

hystériforme. De là, jusqu'à juillet 1896, il a eu cinq au-

tres crises. Puis, le caractère s'empire, les crises cle

colère se multiplient. 0.. menace de se suicider, de tuer

92 Traitement médico-pédagogique.

les de sa famille, sans qu'il y ait une tentative

vraiment sérieuse. Le travail intellectuel devient de

plus en plus dillicile. L'instabilité mentale augmente.

Abus du tabac (cigarettes, pipes et chiques), il s'y joint

des excès de boissons. C'est pour l'ensemble cle ces

faits qu'il est placé à l'Institut médico-pédagogique.

III. Durant les premiers jours de son admission,

René a eu des crises cle colère, a refusé de manger, et

a adressé des injures à tout le monde. Au bout cle plu-

sieurs jours la période d'excitation s'est progressive-

ment atténuée. L'état mélancolique intermittent a

disparu.

IV. Sous l'influence de l'isolement et du traitement

médico-pédagogique, ainsi que de la suppression des

boissons et du tabac, Mené est devenu tout à fait calme

et raisonnable; les accès de colère ont complètement

disparu ; et il est sorti au bout de dix mois, guéri ; nous

disons guéri, car, nous avons eu l'occasion de revoir

sa mère en avril 1898, c'est à-dire un an après sa sortie,

elle nous a assuré qu'il était redevenu tout à fait natu-

rel, laborieux, et s'est montrée très satisfaite des résul-

tats obtenus. Les tendances ;c boire ne se sont pas

manifestées de nouveau.

V. Les cas cle ce genre ne sont pas rares et appar-

tiennent Ù l'histoire de l'acoulisule de l'enfance. Ils

peuvent guérir en général assez facilement, à la con-

dition, qu'on recoure sans hésitation à l'isolement

et qu'on applique avec méthode et avec suite le Irai te-

ment 111é(lico-pé(/;¡fjofjÎljue.

IX.

Idiotie complète symptomatique d'hydrocéphalie ven-

tr iculaire ; -,

PAR BOUItNI31LLL ET NOllt.

Sommaire. Enfant assislé : aucun renseignement sur sa

famille et sur ses antécédents personnels.

Description du malade. Idiotie complète : parole, atten-

tion, préhension, marche, nulles; tics ; gâtisme. Rachi-

trisme. Amaigrissement progressif, mort.

Hydrocéphalie ventriculaire prédominant à droite. Iné-

galité croisée des hémisphères cérébraux et cérébelleux.

Pin ? Raymond, enfant assisté, né à Béarnais, le 4 jan-

vier 188't, est entré le 17 novembre 1887 it Bicêtre où il est

décédé le 6 décembre de la même année.

Antécédents. Ce malade étant un enfant assisté, il est

impossible d'obtenir des renseignements précis sur son

compte. L'Administration l'ayant fait admettre il Bicêtre aus-

sitôt qu'elle s'en est occupée n'a même pas pu lui établir un

livret. Tout ce que l'on sait au sujet des antécédents hérédi-

taires de Pint..., c'est qu'il est enfant naturel de père inconnu,

que sa mère, lingère. était âgée de 25 ans quand elle aban-

donna son enfant, qu'elle est originaire d'un village de l'Oise.

Etat actuel. A son entrée à Bicêtre, Pint... doit être mis

dans la section des gâteux. - L'enfant est gras et a les appa-

rences d'une bonne santé générale.

Crâne rond, présentant un méplat en arrière au niveau de

la région parieto-oceipitale avec des bosses pariétales bom-

bées et saillantes. La face est arrondie, les bosses fron-

tales sont saillantes, séparées par une dépression de la partie

médiane du front. Les régions temporo-frontales sont apla-

94 Idiotie hydrocéphalique.

ties. A ? 'cades sourcilières peu saillantes. Les cils et les'

sourcils sont blonds et assez longs, les cheveux, de même

couleur, descendent assez bas, puisqu'au niveau des tempes

ils ne sont plus distants des sourcils que de deux centimètres.

11 existe une plaque d'eczéma sec il la racine du nez. Les

yeux sont grands et bien conformés, l'iris est bleu-foncé.

Le nez est petit; des croûtes eczémateuses encombrent les

narines. Les pommelles sont assez saillantes. La bouche est

grande, il existe du prognathisme du maxillaire supérieur

qui rend la lèvre pro. idente. La dentition est mauvaise, les

dents, irrégulières, sont mal implantées. - Menton rond.-

Oreilles bien ourlées, s'écartant assez fortement du crâne.

Cou : rien de particulier.

Thorax présentant des signes indiscutables de rachitisme ;

il est légèrement excavé latéralement et à la partie moyenne,

évasé à sa base et offre un léger chapelet rachitique au

niveau des articulations chundro-stcrnales.

Membres supérieurs bien conformés, néanmoins on doit

signaler une saillie notable des extrémités du radius et du

cubitus au niveau du poignet. La peau de la région externe

et postérieure des bras est sèche et légèrement squameuse.

Lesmouvements sont normaux.

Membres inférieurs. - Rien il signaler si ce n'est la tumé-

faction légère mais nette des malléoles.

Organes génitaux normaux. Le prépuce est long mais le

gland se découvre facilement. La verge a 3 centimètres de

longueur et 35 millimètres de circonférence. Les testicules,

de la grosseur d'un haricot, sont situés dans les bourses.

On n'a rien noté de particulier au sujet de la sensibilité

générale, ni du fonctionnement des organes des sens.

Parole. - L'enfant ne sait pas parler, il ne prononce que

la syllabe « iman » plusieurs fois répétée et s'en sert cons-

tamment en criant et en pleurant.

Marche. - Il ne sait pas marcher, ses jambes ne peuvent

le supporter et lorsqu'on veut tenter un exercice de marche

en le soutenant, il s'affaisse. - Préhension nulle ; il ne lait

rien saisir avec les mains, ni avec les doigts.

Alimentation. Pint... a peu d'appétit, est délicat, mange

assez bien le potage, la soupe, le lait, mais rejette aussitôt

la viande quand on veut lui en faire prendre. Il mastique

bien ses aliments.

Digestion. La digestion est assez bonne, pas de vomis-

sements, de rumination, ni de salacité. Les selles sont régu-

lières et il y a parfois quelques crises diarrhéiques. L'enfant

Cachexie progressive. 95

est gâteux complet. - Il ne sait prendre aucun soin de lui-

même et pleure lorsqu'on le nettoie.

Tics. - Pint... se balance de droite il gauche, grince cons-

tamment des dents, tourne les yeux en balançant la tête. Il

ne baue pas, ne se livre pas it l'onanisme.

Son caractère est assez coléreux et impatient; il est insta-

ble, son attention est nulle. - Son sommeil est calme, en-

trecoupé de réveils brusques avec cris, suivis de périodes de

calmes.

28 novembre. L'enfant entre il l'infirmerie, Il ne mange

pas, a la langue et les lèvres sèches et fuligineuses, n'a pas

néanmoins de fièvre. Il a notablement maigri. - Purgatif.

Soir : T. R. 37 ?

29 novembre. - T. R. 37". Dépression très grande, haleine

fétide. Anorexie complète. Potion de Tond. Lait et bouillon.

Son' : T. lt. 37°,2.

30 novembre. T. H, : Jüo,8 et le soir 37°.

lor décembre, - Pint... vomit tout ce qu'il prend. T. R.

37 ? Potion de Rivière, boissons glacées. - Soir : T. R.

37%

2 décembre. T. R. 37°,if 4 et 37os(;.

3 décembre. Augmentation de la dépression. Amaigris-

sement progressit. Constipation opiniâtre. Lavement purga-

tif. T.R. 37°8. - Soir : T. R. 38.

4 décembre. T. R. 38° et 38°, 2.

5 décembre. T. IL 38° et le soir 38",6.

6 décembre. L'enfant meurt it 5 heures du matin.

T. R. un quart d'heure après le décès : hi°5.

96" IDIOTIE hydrocéphalique.

Autopsie. - Le corps porte des traces de rachitisme : cha-

pelet, incurvations des fémurs, des tibias et des radius. Les

membres sont symétriques. .

Thymus : 5 grammes. - Corps thyroïde : 8 grammes.

Langue, bouche, pharynx, larynx, trachée ; rien à noter.

Thorax. Péricarde et Plèvres. - Pas de lésions appa-

rentes et pas d'épanchement, - Poumon droit, 110 gram-

mes. Poumon gauche, 95 grammes. Rien de particulier si

ce n'est de la congestion hypostatique au bord postérieur

des deux poumons. - Coeur : 55 grammes, un peu flasque.

Abdomen. - Péritoine sans épanchement. - L'estomac et

les intestins sont vides et ne paraissent être le siège d'aucu-

ne lésion. - Foie, 330 grammes, pâle et gras : rien à la vési-

cule, biliaire. - Rate, 20 grammes. Rein droit, 32 gram-

mes. Rein gauche, 32 grammes. Pancréas, rien d'anormal.

Les testicules sont situés dans les bourses et sont du vo-

lume d'un haricot.

Tête. - La dure-mère est très adhérente au crâne. La

calotte crânienne est mince, les sutures persistent et les

fontanelles sont ossifiées. La partie postérieure gauche du

crâne est plus développée que la droite. La base du crâne,

les vaisseaux et les nerfs qui la traversent sont symétriques

et de disposition normale. - La pie-mère est très adhérente

à l'encéphale dont la consistance est molle. Il s'écoule envi-

ron 30 gr. de liquide céphalo-rachidien . Poids total de

l'encéphale : 990 gr.

Cerveau. Hémisphère droit. Face externe. - Les

scissures principales offrent un aspect à peu près normal.

- Le lobe frontal est formé de circonvolutions assez con-

tournées coupées de nombreux sillons courts et peu profonds

et offrent d'assez nombreux plis de passage. La scissure proe-

frontale est très profonde. F3 est aplatie et peu développée

dans son tiers postérieur. FA est assez oblique de bas en

haut et d'avant en arrière, Le sillon de Rolando, assez pro-

fond, est très légèrement sinueux. - Le lobe pariétal n'offre

rien de particulier au niveau de PA ni du lobule pariétal

supérieur mais le lobule pariétal inférieur est formé de

petites circonvolutions aplaties et atrophiées qui finissent par

disparaître absolument au niveau du lobe occipital et du

lobe temporal. - Ces deux lobes se composent d'une mince

couche de substance grise recouvrant la membrane ventri-

culaire. Seule la première temporale existe, aplatie mais non

altérée. - Le lobule de l'insulà ne présente rien de particu-

lier. (PL. V.)

Hydrocéphalie ventriculaire. 97

Face interne. - La circonvolution du corps calleux est

fortement aplatie surtout à sa partie postérieure. fui et le

lobule paracenlral n'offrent rien de bien anormal. - L'avant

coin, le coin et le lobe temporo-sphénoïdal sont formés de

circonvolutions très minces dont les sillons ont disparu ou

persistent, mais très peu profonds. Ainsi que le montre la

PL. VI, les circonvolutions de la moitié postérieure de la

face interne, y compris la circonvolution de l'hippocampe

(Cil), sont aplaties au point que la plupart des sillons sont

notablement effacés.

Le pédoncule cérébral et les noyaux gris centraux ont été

fortement déprimés et atrophiés par l'épanchement ventricu-

laire.

Le ventricule latéral est très dilaté, surtout dans sa par-

tie inférieure au niveau des cornes sphénoïdale et occipi-

tale qui sont largement réunies, formant en quelque sorte

une loge distincte de la corne frontale et séparée d'elle par

les noyaux gris. La membrane qui recouvre le ventricule est

épaisse, recouverte des circonvolutions au niveau du lobe

frontal et du lobule P. S. ; elle forme seule, avec une légère

couche de substance nerveuse, la plus grande partie

des lobes temporal, temporo-sphénoïdal, occipital et le

lobule pariétal inférieur, dont les sillons sont très effacés.

(pal. VI.) .

Hémisphère gauche (150 gr.). Face externe. - La face

externe de l'hémisphère gaucho diffère absolument de celle

du droit. Les scissures et les sillons sont profonds et ont leur

direction et leur aspect normaux, - Lobe frontal. Les quatre

circonvolutions frontales sont bien contournées, de nombreux

plis de passage les relient entre elles. Le lobe pariétal,

le lobe temporal, le lobe occipital n'ont rien de notable.

(PL. VII.)

Face interne. La seule particularité de la face interne

consiste dans la dilatation anormale du ventricule qui a dé-

terminé l'aplatissement de la circonvolution du corps calleux.

La corne frontale du ventricule est, relativement à celle du

côté droit, fort peu dilatée. Ce sont les cornes occipitale et

surtout sphénoïdalc qui offrent le plus grand volume. Néan-

moins les parois ne sont pas minces et translucides comme à

droite et les noyaux gris centraux, bien que fort déprimés,

ont conservé leur forme et sont moins déprimés que du côté

droit. (PL. VIII.) La comparaison de la moitié postérieure des

PL, VI et VIII est très instructive et met bien en relief la

prédominance de l'hydrocéphalie dans l'hémisphère droit.

BOUII\EVILLE, Bicêtre, 1898. 7

9S Hydrocéphalie VENTItlGULAUU¡ : ,

Le .bulbe, la protubérance, le quatrième ventricule (un

peu dilaté) n'offrent rien à signaler.

Cervelet. - Rien à noter. L'hémisphère cérébelleux droit

pèse 45 gr. ; le gauche 55 gr. L'hémisphère cérébelleux droit

est donc plus petit, de même que l'hémisphère cérébral du

même côté.

Poids des organes.

Réflexions. I. Cette observation ne comporte

aucune réflexion au point de vue cliniq.ue. Nous ne

l'avons publiée qu'en raison de son intérêt anatomique.

II. Ace point de vue, la clilatation ventriculairè seule

mérite de fixer particulièrement notre attention. Cette

dilatation porte ici principalement, sur les cornes odvi-

pi tales et sphénoïdales des ventricules. Les cornes fron-

tales sont beaucoup moins dilatées, toutefois la corne

frontale droite est notablement plus distendue que celle

du côté gauche. Du reste, à droite, la dilatation

est beaucoup plus accentuée et les circonvolutions

Hydrocéphalie VE",TIIICCLAIIlE : forme globuleuse. 99

pariétales, surtout au niveau du lobe P. S., sont très

minces et translucides. La membrane qui tapisse les

ventricules est assez épaisse, tant à droite qu'à gauche.

Le quatrième ventricule est un peu dilaté (' ? ), mais

l'aqueduc cle Sylvius n'est pas distendu. Ce cas, sous

le rapport de la forme globuleuse du cerveau, est à

rapprocher de celui de Le G.. que nous avons rap-

porté plus haut (p. 17-25).

La forme de la tête de Le Ga.. et de Pint.. (PL. IX)

est tout à fait semblable, arrondie avec une inclinaison

accusée des frontaux, une saillie notable des pariétaux

et une dépression assez prononcée des occipitaux. La

suture métopique persiste dans une longueur de 3

centimètres sur le crâne de Le Ga.. (PL. IX, fig. 1) et

de 6 centimètres sur le crâne de Pint.. (PL. IX, ig. 2).

Les deux crânes sont minces avec de nombreuses

plaques transparentes.

Sur la face interne de l'hémisphère droit de ces

deux malades, les régions aplaties sont surtout le lobe

quadrilatère et la partie postérieure de la circonvolu-

tion du corps calleux. (Chez Pint., il y a en outre un

aplatissement du lobe temporal.) Sur la face con-

vexe de chacun de ces mêmes hémisphères, l'aplatis-

sement prédomine sur le lobe temporo-occipital chez

Pint.. et sur la pariétale ascendante, le lobule pariétal

supérieur chez Le Ga... Dans les deux cas l'hémis-

phère gauche était moins lésé et il n'y avait pas d'apla-

tissement prononcé, lamelliforme, des circonvolutions.

Epidémie de fièvre typhoïde à Bicêtre ;

l ? n 1111L : 1\"'E\'ILLE E'1' (;11.\l'll'l'I\.

Depuis la lin du mois de juillet une épidémie parti-

culièrement grave de lièvre typhoïde a sévi sur la sec-

tion des enfants épileptiques et idiots de l'hospice de

131cetre. Cette épidémie a atteint toute son intensité

clans la dernière semaine du mois d'août et dans les

deux premières semaines de septembre, et les der-

niers cas se sont produits dans le courant du mois do

novembre.

Le nombre de ceux-ci s'élève à 16 sur une popula-

tion cle -iGO enfants, et à ce nombre nous devons joindre

deux observations fournies l'une par l'enfant d'un infir-

mier habitant la section, l'autre par un infirmier du

service. Tout le reste de l'hospice, administrés, per-

sonnel de tout grade, est demeuré indemne, sauf la

3 ? section (épileptiques adultes) où deux cas se sont

produits.

Le tableau suivant donne une idée de la marche de

l'épidémie.

102

Épidémie DE fièvre typhoïde.

Nous avons cherché à rapprocher de ce tableau celui

des cas de fièvre typhoïde qui se seraient produits à

l'hospice de Bicêtre dans ces vingt dernières années.

La déclaration des maladies infectieuses n'étant deve-

nue obligatoire que depuis le 30 novembre 1892, nous

avons dû nous borner à relever les décès par fièvre

typhoïde et nous ne nous illusionnons pas sur tout ce

que peut avoir de défectueux une pareille statistique,

de nombreux cas étant survenus, aussi bien dans le

personnel médical que dans le personnel hospitalier

et, parfois, les malades quittaient l'hospice et allaient

se faire soigner au dehors.

Cas guéris. 103

faible, caractère bizarre, irascible, persécuté, onanisme

même après le mariage. - Grand-oncle maternel, carac-

tère original.

Rougeole, coqueluche pas de fièvre typhoïde antérieure,

I prolapsus du rectum, stomatite lcao-nen2t)raneusé,

* teigne tondante.

Fout..., (Robert), 1u ans, entré à l'infirmerie le 25 août.

Malade depuis la veille. Il aurait eu la diarrhée la nuit précé-

dente ; se plaint de souffrir de la gorge. - Soir : T. Il. 39°, i. 7.

26 aoïvt. - Matin : T. R. 36°, 8. Pas de céphalée, pas de

délire ni de stupeur. - Toux légère, sèche, peu fréquente.

- Langue saburrale, diarrhée assez abondante et fétide ; foie

et rate hypertrophiés ; une tache rosée lenticulaire sur le côté

droit de l'abdomen. Pas d'albuminurie. Soir : T. IL 40°-

Traitement : régime lacté, bains froids toutes les trois

heures, chaque fois que la température dépasse 39°; deux

lavements froids par jour.

L'état reste sensiblement stationnaire jusqu'au septem-

bre ; il ce moment la défervescence commence il s'effectuer,

la diarrhée diminue d'intensité ; malgré cela le malade a

l'air plus affaissé et présente une légère teinte subictérique.

Un peu plus tard (8 septembre), le malade est pris pendant

quatre ou cinq jours d'un délire tranquille, léger et de courte

durée.

Le convalescence s'effectue sans rechutes, la reprise de

l'alimentation se fait le 2 ? septembre et le malade quitte

l'infirmerie le 1'1 octobre. Le total des bains froids s'est

élevé à 52.

Cas. II. - Idiotie légère.

Sommaire. Père : tics nombreux durant la jeunesse, abcès

froids au cou. Grand'mère paternelle emphysémateuse. z

Mère : très nerveuse, migraineuse, convulsions clans l'en-

fance, dix grossesses dont trois fausses couches. Grand-

père maternel asthmatique. Un frère /¡queux.

Syncope durant la grossesse. - Convulsions, paralysie des

membres inférieurs. Marche à quatre ans. Rougeole,

scrofule, gourme; pas de fièvre typhoïde antérieure.

Se) ? 11 ans et demi, entre il l'infirmerie le 2fi août, se

104 Épidémie de fièvre typhoïde.

plaignant de mal de tète et de mal de gorge. Pas de signes

locaux d'angine, pas de diarrhée, pas de troubles respira-

toires. Soir : T. R. 39°, 3. Pendant plusieurs jours le malade

n'offre aucune aggravation de son état général en dehors

de l'élévation constante de la température qui atteint

40°, 1, le- 30 septembre au soir. Langue légèrement

saburrale, constipation, céphalée persistante; pas d'épis-

taxis, pas d'abattement ni de délire.

5 septembre.. Diarrhée légère en même temps que

quelques taches rosées sur la partie inférieure de l'abdomen.

T. IL 10°, 1. Pas d'albuminurie.

11 septembre. La défervescenco commence et s'effectue

régulièrement sans accidents. Le malade quitte l'infirmerie

le 5 octobre.

Traitement : Durant toute la période d'état de la maladie,

le traitement a consisté en diète lactée, potion de Todd,

bains froids toutes les trois heures ; leur nombre total s'élève

à 3G.

OBs. Il[. - Idiotie légère.

Sommaire. - Pas de renseignements sur les antécédents.

\fuâ.. , 8 ans 1/2, est admis it l'infirmerie le 27 août se

plaignant depuis la veille de douleurs de te'e et de ventre.

Pas de vomissements, constipation. Auscultation des pou-

mons négative. - Soir : T. IL 39°,7. - Traitement : Régime

lacté et bains froids.

Etal général stationnaire; ni diarrhée, ni délire, ni stupeur.

Vers le 5 septembre apparition de quelques taches rosées

très discrètes sur l'abdomen , légère diarrhée. - A partir do

ce moment la température baisse, la déferrescence est com-

plète le 10, et le malade commence à s'alimenter.

12 septembre. - La température remonte le soir à .'i8, la

diarrhée réapparaît, cette petite rechute est terminée au

bout de 7 jours.

25 septembre. - Reprise de l'alimentation, le malade sort

guéri le 6 octobre. Le nombre des bains froids dans le cours

de la maladie n'a pas dépassé 12.

uns. IV. - Débilité mentale et épilepsie.

SOMMAIRE, - Père et mère rien de particulier. Grand-

Cas guéris. 105

père maternel très nerveux mort d'un cancer de l'estomac.

Convulsions à trois mois; - Céphalées fréquentes et rou-

geurs de la face. - Pas de maladies infectieuses.

Lamb... (Louis), Il ans, entré à l'infirmerie lé 31 août, se

plaignant de mal de tête. Toux fréquente, et à l'ausculta-

tion râles de bronchite disséminés dans toute la poitrine.

Soir : T. R. 39,5.

Le lendemain diminution de la bronchite. Langue blan-

châtre, ballonnement du ventre, diarrhée peu abondante.

Soir : T. R. 38°,9. Pas de délire ni de stupeur. - Traitement :

Bains froids toutes les trois heures ; leur nonbre n'a pas

dépassé 10.

Les jours suivants, légère amélioration; diarrhée peu

intense ; bronchite persistante surtout au sommet gauche.

9 septembre. - La défervescence est effectuée, la conva-

lescence suit son cours sans accidents et le malade sort

guéri le 14-septembre. -

OBS.V. Rachitisme.Idiotie congénitale.

Sommaire. Père, caractère emporté. Grand'tante pater-

nelle paralysée. - Tante, maternelle morte tuberculeuse.

Mère migraineuse, très nerveuse. - Grand'père mater-

nel alcoolique. Oncle maternel mort tuberculeux

Trois frères et soeurs morts de convulsions.

Convulsions, rougeole, coqueluche, teigne fondante.

Gagn... (Etienne), 13 ans 1/2' entre à l'infirmerie le 3 sep-

. tembre. Il serait malade depuis quelques jours, mais ne pré-

sente ni abattement ni stupeur, semble même plus éveillé

que de coutume. Toux assez fréquente, râles de bronchite

disséminés, prédominant aux bases. Langue normale, pas

de vomissements, pas de sensibilité spéciale de l'abdomen,

examen des urines impossible. - Soir : T. R. 39,5.

4 septembre. Matt'n : T. R. 3S ? E. - Soir : T. R. 40°,3.

6 septembre. Signes stéthoscopiques diminués d'inten-

sité. Quelques taches rosées sur la partie inférieure de l'abdo-

men ; langue légèrement saburrale, selles régulières, pas de

diarrhée. L'état général se maintient assez satisfaisant, pas

d'abattement.

8 septembre. - Vomissements la veille; apparition de nou-

velles taches rosées, légère diarrhée. - Pouls rapide mais

bien frappée . , .

406 Épidémie DE fièvre typhoïde.

90 septembre.- Etat général satisfaisant ; la défervesCence

semble s'effectner régulièrement, pas d'aggravation des symp-

tômes locaux. La convalescence s'opère sans accidents.

Exeat le 20 septembre. ..

Traitement : Diète lactée, bains froids au nombre de 10.

OBs. VI. Syphilis héréditaire ; idiotie congénitale.

SoMMA)HE. Père syphilitique, alcoolique. - Grand-père

paternel, caractère violent. - Grand'mère maternelle

cancéreuse. - Soeur morte de convulsions.

État syphilitique de la mère pendant la grossesse. Con-

vulsions; pyromanie.

Schn.... (Paul), 10 ans, entre à l'infirmerie le 8 septembre.

Malade depuis quelques jours, mais ne pouvant fournir aucun

renseignement sur le siège ou la nature de son mal. Perte de

l'appétit, vomissements rares. Toux fréquente. Soir :

T.R, 39°. -

9 septembre. Nombreux râles de bronchite prédominant

à gauche, où l'on perçoit au sommet de la submatité et des

râles beaucoup plus fins. Langue humide, blanche au centre

et rouge sur les bords ; pas de vomissements, pas de diarrhée,

selles régulières. Pas d'épistaxis. Examen des urines impos-

sible.

Jusqu'au 14 septembre la température baisse régulièrement,

les signes stéthoscopiques diminuent peu à peu. Etat général

stationnaire, l'enfant ne présente aucun abattement, se tient

tout le jour assis sur son lit, balançant comme autrefois son

corps d'avant en arrière.

14 septembre. - La température remonte le 15 au soir et

atteint 38", 9. Cependant on ne note pas d'aggravation de l'état

général, pas de ballonnement du ventre, pas de lâches rosées,

pas de diarrhée. Puis la température recommence à descendre

régulièrement, et le malade quitte l'infirmerie le 22 sep-

tembre.

Traitement : Diète lactée, potion de Todd, révulsifs.locaux

sur le. thorax.

Il semble que ce malade soit entré à la période de

défervescence de la lièvre typhoïde et qu'il ait fait

Cas guéris. 107

ensuite une petite rechute. - Le diagnostic a sur-

tout été posé d'après le milieu épidémique au sein

duquel se sont déroulés- les accidents.

OBs. VII. - Idiotie légère ; surdi-mutité.

SOMMAIRE. - Père eczémateux. - Grand'père paternel mort

d'hémorrhagie cé¡'ebral ? - A ? -rié7,e-gi,aiid'pè ? ,e maternel

suicidé. - Trois frères et soeurs morts de convulsions.

Convulsions ; coqueluche, pas de fièvre typhoïde ; glossite

syphilitique ( ? ) ; blépharite..

Griv... (Edouard), 16 ans, enlre à l'infirmerie le 8 septem-

bre. Malade depuis quelques jours. - Soir : T. R. 38°, 9.

Toux assez fréquente, bronchite légère. Langue blanche, pas

de vomissements, un peu de constipation. Pas d'albuminurie.

Céphalée assez intense, pas de délire.

Traitement : régime lacté et purgatifs ; bains froids toutes

les trois heures : 11 dans le cours de la maladie.

9 sepleinbie. - Soir : T. R. 39°, 9. Les jours suivants la

bronchite devient plus intense en même temps qu'apparais-

sent la diarrhée et des taches rosées sur l'abdomen et les

flancs. Céphalée persistante. La température reste station-

naire aux environs de 39°.

A partir du 16 septembre, amélioration notable; la bron-

chite disparait, la diarrhée est peu abondante.

22 septembre. - Chute de la température. A dater 'de ce

jour l'amélioration s'accentue, la convalescence se fait régu-

lièrement et le malade sort guéri le 12 octobre.

Ons. VIII. -'Idiotie congénitale.

SOMMAIRE. Pé)'es ! /p/utque, alcoolique. Cousin imbécile.

, - Mère nerveuse. Grand'mère materxelle alcoolique.

Grossesse accidentée par des chagrins. Rougeole, pas de

fièvre typhoïde antérieure.

Cort.... (Jean,) 16 ans, entre à l'infirmerie le 12 septembre.

C'est seulement depuis- la veille que l'on s'est aperçu que

108 Épidémie de fièvre typhoïde.

l'enfant semblait malade. Langue sèche et blanchâtre, pas

de vomissements, pas de diarrhée. Pas d'épistaxis. - Soir :

T. R. 40, Z. ,

Le lendemain, râles de bronchite prédominant à gauche.

Langue saburrale mais sans fuliginosités des lèvres ni des

dents. Dans la fosse iliaque droite la pression révèle du gar-

gouillement mais sans aucune douleur; rate hypertrophiée;

diarrhée peu intense. -

Les jours suivants, l'état général reste stationnaire; le 15

septembre apparaissent quelques taches rosées disséminées

sur la moitié droite de l'abdomen. La bronchite a diminué

d'intensité. ..

17 septembre. - Les battements cardiaques semblent tu-

multueux mais cependant restent bien frappés.

19 septembre. - La température qui, la veille au soir, était

à 39".3 tombe brusquement à 36, en même temps que tous

les signes s'atténuent, et à partir de ce jour la convalescence

s'effectue régulièrement, la température se maintenant tou-

jours un peu au-dessous de 37° et le malade sort guéri le 23

septembre. ' . -

Traitement. Diète lactée, potion de Todd, bains froids au

nombre de 18.

OBS, IX. Idiotie congénitale.

S011M61fiE. - Grand-père maternel interné à Bicêtre. Deux

oncles maternels morts de convulsions; six morts en bas

âge; un autre vivant, imbécile, a eu des convulsions. -

Un frère a eu des convulsions. , .

Frayeur très intense dans le cours cle la grossesse. - Accou-

chement long. Convulsions ; rougeole, scarlatine, co-

queluche ; pas de fièvre typhoïde,

Mas... (Léon), 12 ans, conduit à l'infirmerie le 12 septembre.

Depuis quelques jours, on s'est aperçu que l'enfant ne man-

geait plus, était brûlant le soir. T.R. 39°, 5 : '

Le malade ne peut fournir aucun renseignement. Les jours

suivants, on n'observe ni apparition de taches rosées, ni

diarrhée, ni modifications des bruits, respiratoires. La langue

est blanchâtre, non sèche, pas de délire ni de prostration. Le

malade est continuellement assis sur son lit.

19 septembre. - La température, qui jusque-là avait oscillé

, Cas guéris. -109

autour cle 39° présente des rémissions de l-, 5 entre le matin

et le soir. - Pas de modifications dans l'état général de

l'enfant. Constipation nécessitant l'administration de lave-

ments quotidiens; .pas de taches rosées; quelques râles de

congestion aux deux bases.

Du 24 septembre au 1 cr octobre la température se maintient

autour de 3du, presque sans rémissions matinales, atteint

même 40° le 28 au soir. Pas de modifications du côté du tube

digestif. Râles de congestion persistant, peut-être un peu

plus disséminés. Pas de troubles nerveux, pas d'abattement.

A partir du le,' octobre la courbe thermique présente à

nouveau de grandes oscillations qui deviennent régulières

clans les six derniers jours de la maladie.

19 octobre. - La température tombe à 37° et se maintient

à ce niveau, atteignant même 36- 1( 25 octobre au soir. -On

recommence alors l'alimentation du malade qui sort guéri le

29 octobre.

Traitement : A consisté uniquement en régime lacté absolu,

potion de Todd, application méthodique de bains froids

toutes les trois heures et chaque fois que la température

dépassait 39° : leur nombre s'est élevé à 58.

Uns. X. - Épilepsie.

Sommaire. l'ère alcoolique. Grand'mère paternelle

alcoolique. Mère très nerveuse. - Consanguinité. -

Inégalité (le dix ans.

Grossesse, vifs ennuis, deux chtîtes, - Convulsions, - Ona-

nisme à trois ans et demi. - Bronchite; varicelle.

Gaut... (Marius), ans, entre à l'infirmerie le 15 septembre.

Toux fréquente, submatité à la base gauche, râles de bron-

chite généralisés. - Soir : 'f.I2. 39°, 5.

Les jours suivants les signes pulmonaires s'accentuent et

le 19 novembre on observe les signes très nets d'une bron-

cho-pneumonie localisée au poumon gauche. Signes gas-

tro-intestinaux nuls. - Le malade est traité par les bains

froids ; la défervescence s'effectue en lysis et est complète

le 29 novembre.

Après un ou deux jours d'apyrexie pendant lesquels on a

recommencé à alimenter le malade, la température remonte.

Pas d'aggravation des signes pulmonaires ; mais la langue

110 Epidémie de fièvre typhoïde.

devient saburrale, le ventre sensible avec une légère diar-

rhée ; rate hypertrophiée.

19 décembre. Des taches rosées apparaissent disséminées

sur l'abdomen, mais la diarrhée a presque complètement dis-

paru.

` ? 7 décembre, - L'état général est assez satisfaisant ; la dé-

fervescence s'est effectuée d'une façon assez régulière, néan-

moins à la base gauche persistent de la submatité et une

respiration soufflante avec râles nombreux. Ce mode de res-

piration et la toux se sont prolonges jusqu'au 24 janvier, épo-

que à laquelle le malade a quitte l'infirmerie.

Oits. XL Idiotie myxoedémateuse. *

Sommaire. Grand-père maternel alcoolique. Mère, rien

de particulier. - Cousin germain, convulsions, - Tante

maternelle convulsions de l'enfance, ainsi qu'un de ses

enfants. '

Accouchement à 8 mots t 2. -.1'remiène dent à 2 ans.

Prise du sein difficile. Myxwdème.

Mol... (léonine), 3 ans, née il Paris le 5 janvier 1896.

28 août. - Depuis deux ou trois jours a une diarrhée peu

abondante mais fétide. - Traitement par le calomel et lave-

ments laudanisés. - Soir : T. IL 38-,7. - Les jours suivants

la température oscille aulour de 39°; la diarrhée devient plus

abondante mais moins fétide ; pas de taches rosées, pas de

sensibilité de l'abdomen.

3 septembre. Diarrhée diminuée d'abondance. Aux deux

bases et en arrière du thorax, râles fins dissimulés, mais

sans troubles fonctionnels. La température tombe aux envi-

rons de 38°.

L'état général reste assez satisfaisant, jusqu'au 12 septem-

bre où la situation s'aggrave progressivement ; la température

remonte, et atteint 39°, le 13 au soir. Il survient une toux

persistante, une oppression assez marquée, - Pas de trou-

Ides digestifs ni de diarrhée. - Au niveau des deux incisives

médianes inférieures, qui viennent de percer, on note une

légère zone d'inflammation ; salivation abondante.

Vers le 20 septembre tous les accidents inquiétants ont

disparu.

Cas guéris. ni 1

Ous. XII. - Enfant normale. : \Ia ? IBlall<5he), ans, enfant normale, fille d'un infirmier

habitant un des pavillons de ta't ? section, c'est-à-dire en

plein foyer épidémiquc.

6 septembre. Se présente il la consultation ; depuis un

ou deux jours se plaindrait de maux de tète, inappétence,

épistaxis peu abondante.

8 septembre. L'état général s'est aggravé sensiblement :

céphalée persistante avec insomnie; pas de délire ni de

convulsions. Langue jaunâtre au centre, rouge sur les bords,

anorexie, pas de vomissements, ballonnement du ventre, une

ou deux taches rosées, diarrhée. Quelques râles de con-

gestion surtout 11 gaucho et en arrière; bruits du coeur nor-

maux. l'as d'albuminurie. -.Soir : T. R. 3'.t°.

Jusqu'au 18 septembre la température se maintient aux

environs de 40° sans modifications bien appréciables des

symptômes locaux ni généraux. A partir de ce moment, la

température tend a baisser aux environs de : 3 ! J° en même

temps qu'on note une amélioration de l'état général.

2t septembre. - La température monte le soir 111¡00,1 ; le

2. ! à 'i0°,5. Le `3, l'auscultation du coeur permet d'entendre

très nettement un souille systolique siégeant il la pointe

et pouvant faire craindre une lésion organique. Battements

du coeur précipités, mais bien réguliers; pouls bien frappé.

Défervescence assez régulière de la température jusqu'au 26

septembre.

21 .septemht'ë.Chùteijrusquca : jG ? (t. Battements du

coeur affaiblis, pouls petit et misérable, pas d'irrégularités.

- l'as de sensibilité ni de ballonnement de l'abdomen, pas

de vomissements. Injection d'un litre de sérum artificiel en

deux fois; injection d'un gramme de caféine. Le soir la tempé-

r<tlure rentoutc à 39°,4.

Les injections de sérum et d'un gramme de caféine sont

continuées pendant trois jours; la température oscille entre

38° et 39° jusqu'au 4 octobre.

i octobre. 0 gr. 5U de sulfate de quinine. La température

tombe aux environs de Bio et la convalescence s'achève sans

accidents.

Le traitement général a consisté on diète lactée, bains

froids toutes les trois heures; mais l'entant était soignée dans

112 Épidémie de fièvre typhoïde.

sa famille, et le traitement n'a pas toujours été appliqué avec

toute la rigueur désirable.

Uns. XIII. Épilepsie.

Gcn... (Pierre), 31 ans. ? )h))ade depuis le 7 décembre.

Forme atténuée de dothionentéric ; marche régulière de la

maladie. Guérison. -'l'rnilemen6 par les bains froids.

Uns. XIV. Epilepsie.

\fcz... (lunucte), : '7 ans, - Malade depuis le 17 décembre.

Etat typhoïde peu marqué ; l'agitation du malade empêche de

suivre régulièrement la marche de la température. Guérison.

Comme nous l'avons annoncé en commençant,

nous nous sommes bornés dans les observations pré-

cédentes au seul exposé de la marche cle la lièvre

typhoïde. Dans les suivantes, concernant les malades

décèdes, nous ferons cle même dans quatre cas où rien

cle particulier ne nous a semblé à noter. Quant aux

trois autres, par le long temps pendant lequel les

malades ont pu être suivis, antérieurement à leur

lièvre typhoïde, par les complications qui ont entrainé

la mort, par l'intérêt des autopsies, elles nous ont paru

mériter d'être publiées en entier.

Obs. XV. Épilepsie.

Sommaire. Père divorcé, caractère très emporté. Un oncle

paternel mort épileptique. Jlère, pied bot congénital.

Inégalité d'âge de 32 ans.

Le malade : pied bol congénital à gauche, - Convulsions.

Rougeole, scarlatine, pas de fièvre typhoïde antérieure.

Accidents scrofuleux.

. 1'aLnt... (Marcel), IG ans entre il l'infirmerie le 5 septembre.

'- ? Cas< suivis- dë-bécéS ? H 1

Malade' depuis ]a veille, se plaint-dé -mal de tôte et dè'MlP

dues. Sôit· : T : R. h0 ? 5 : - " ? ? ' ;. ? -

- 6 septembre. Se plaint toujours de. mal : de : tête délire^

peu bruyante insomnie.. - Langue large, étalée, sèche; et

recouverte d'un enduit jaunâtre ; annorexie complète ; ventre

météorisé, quelques taches rosées; gargouillement dans la

fosse iliaque droite ; diarrhée abondante. Pas de'toux ; un :

peu de congestion pulmonaire en haut et a droite. Pouls plein'

et rapide.' Urines albumincu'ses. ' Dans l'apl'ès-lilidi ? épi : .

staxis dbonclaïite. : 1 ->

-'1 septembre. 3latin : T. R. 39°, 9. Son' ; Tzar. 41 ?

'- 9 septembt·e. -I'état général s'aggrave de plus en

Délire' assez intense mais peu bruyant. ? Laijg-ûc; seche : >

rôtie, desquamée : pas de vomissements; nouvelles-tachas'

rosées ; diarrhée abondante et continue. Respiration courte

et précipitée ; congestion intense occupant surtout le poumon

droit; pas de toux. Bruits du coeur rapides et faibles;

pouls petit, irregulie'r; extrémités', légèrement cyanosées et

froides. T. R. 40°, 2 et 40°. ,

Traitement. - Injections de 1 gr. 50 de caféine et d'un

litre de..sérum artificiel en vingt-quatre heures. ' .

10 septembre*. Même état. Rythme ombryooardique dû

coeur. T. R. 40°, 9. - Même traitement, injection d'huile cam-

phrée en plus. Dans le cours, de la journée, les bruits

deviennent de plus en plus faibles, les battements du pouls

incomptables. Le malade tombe dans le coma et meurt le, 1l

à 9 heures, du matin. T. R. après la mort : 40°, 5.

. Traitement : diète lactée, potion de Todd, deux lavements

froids par jour, bains froids au nombre de 39. - Opposition iL

l'autopsie (/)). .. '

OBS, XVI. - Myopathie progressive.

Sommaire. Grand-père paternel alcoolique. Mère morte

'tuberculeuse. Grands-parents maternels tuberculeux, T

Quatorze oncles et tantes morls en bas-âge;' un-mort idiot

et présentant la même affection que le'malade... : ... Trois

- frères et-soeurs morts- cle- méningite. Pas de consangui-

nité.......

"(1j-Dana tous les hôpitaux; le règlement devrait autoriser l'autopsie comme

droit absolu des médecins. ......., -

BOU)1NVILI ? Bicêtre, 1898. 8

114 ÉPIDÉMIE DE fièvre typhoïde.

Cyanose à la naissance. - Convulsions à dix mois. -

Rougeole, varicelle, pleurésie droite à l'âge de 8 ans.

1897. Éruption de rubéole. Décollement de l'épiphyse.

inférieure du fémur gauche, d'origine traumatique.

Pep... (Léon), 13 ans et demi, est amené à l'infirmerie le 8

septembre à trois heures et demie de l'après-midi. Serait

malade depuis plusieurs jours. - Au moment de l'entrée,

T. R. 39°, 8. - A six heures du soir, T. R. 40°. - Diarrhée

dans la nuit ; mort le 9 septembre à 7 heures du matin.

L'autopsie faite 5 heures après le décès permet de coiiste-

ter sur la portion terminale de l'intestin grêle la présence de

cinq ou six plaques de Peyer tuméfiées. Pas de perforations

intestinales (1).

OBS. XVII. - Épilepsie.

Sommaire. Père, r intermittentes, e.vcès de boisson, tremble-

ment des mains,- Grand-père paternel alcoolique. Arriè-

re-grand'mère paternelle morte en enfance. - Grand-oncle

paternel mort d'apoplexie. Oncle paternel mort alcoolique.

- Cousins et cousines morts de convulsions, de 1nG''ntn-

gite ; un autre a été interné à Bicêlre à l'âge de 7 ans. (2)-

Mère très nerveuse, convulsions dans l'enfance, migraines

au moment des règles, mouvements involontaires dans les

bras et le pied gauche. - Grand-père, deux arrière-grands-

pères, grand-oncle maternels alcooliques. - Un grand-

oncle mort de convulsions. Une tante a eu des convul-

sions ; sujette à des crises nerveuses. Cousins morts de

méningite : un est arriéré. soeur morte de méningite.

- Pas de consanguinité.

Pas de rapports dans l'ivresse. Frayeur pendant la gros-

sesse. - Convulsions à six mois. - Vertiges à treize mois.

Rougeole il. un an. - Bronchite légère à dix-huit mois.

Pas de fièrve typhoïde antérieure.

(1) Notre remplaçant, M. le D' Nageotte, médecin suppléant de Bicêtre, a

demandé que l'autopsie fut faite avant le délai réglementaire de 24 heures, en

raison de la rapidité de la mort.

12) Idiotie congénitale par arrêt de développement des circonvolutions du

cerveau (Guill.. Fernand).

Cas suivis DE DÉCÈS. 115

Wei... (Georges), 11 ans 1/2, entre à l'infirmerie le 9 sep-

tembre. Pas de renseignements sur la date du début de

la maladie ; l'enfant se présente avec une langue blanchâtre

un peu sèche, une diarrhée légère : pas de vomissements, de

ballonnement du ventre ni de taches rosées ; légère hypertro-

phie de la rate. Pas d'épistaxis, toux légère, sans signes sté-

thoscopiques nets. Examen des urines impossible. - Soir :

'l'.li. 10 ? >.

12 septembre. État saburral de la langue et fuliginosités

des dents ; haleine très fétide ; pas de sensibilité de l'abdomen,

pas de taches rosées ; la diarrhée a cessé depuis la veille. Le

malade ne tousse pas, mais l'examen du thorax révèle de la

submatité aux deux bases en même temps que l'affaiblisse-

ment du murmure respiratoire à ce niveau et quelques râles

disséminés dans toute l'étendue des deux poumons. Pouls fai-

ble et misérable, extrémités refroidies et cyanosées. Profond

état de torpeur. Injections de caféine.

l't septembre. - Etat stationnaire; selles régulières, sans

diarrhée. La température oscille autour de 40°.

17 septembre. Dans la journée convulsions limitées au

côté droit. Le soir la température remonte à 40°,6.

18 septembre. L'état général baisse de plus en plus : respi-

ration embarrassée et très faible; constipation ; pouls à peine

sensible, extrémités cyanosées. - Traitement : injections de

caféine et de sérum artificiel.

22 septembre. - La prostration devient de jour en jour

plus profonde. Convulsions épilepli{ormes prédominant du

côté droit. - Soir : T. It. 'i0°,9. (Fig. 8)

23 septembre. Matin : T. Il. 40°,5. Mort dans le coma.

Traitement. Régime lacté, lavements froids, bains froids

toutes les trois heures au nombre de quatre-vingts. Contrai-

rement à ce que nous avons observé dans les cas de guéri-

son, la température après chaque bain s'abaissait en géné-

ral d'un degré à peine.

1-16 Épidémie de fièvre typhoïde.

Cuir chevelu maigre et pâle. - Crâne allongé, les os sont

peu durs, larges plaques transparentes au niveau des angles

des pariétaux. Entre ces plaques et la suture frontale, il

existe sur la face externe du crâne une dépression assez mar-

quée. Les sutures persistent sur les doux faces et sont très

finement dentelées; de plus, la suture inter-pariétale décrit

plusieurs courbes il rayons assez grands dans sa moitié

antérieure. Les sutures pariéto-occipilales sont très sinueu-

ses. - Nombreuses adhérences de la dure-mère au crâne.

Les diriéreiites fosses de la base du crâne ainsi que les

différentes parties de la base de l'encéphale, artères et nerfs,

paraissent normales et symétriques. Liquide céphalo-

rachidien en quantité normale.

. Hémisphère gauche. Epaisoissement très marqué de la

pie-mère le long de la scissure de Sylvius et du sillon de

Rolando.

Hémisphère droit. I'ie-ntère très injectée et épaissie au

niveau de la scissure de Sylvius ; la décortication est très

difficile et entraîne des fragments du manteau cérébral qui

semble être le siège d'une légère inflammation.

Des deux cotés, surtout il droite, les lobes frontaux sont

formés de circonvolutions assez grêles avec des sillons super-

ficiels, des plis de passage rares. Les circonvolutions fron-

tales et pariétales ascendantes sont bien développées et très

asymétriques. Les plis pariétaux inférieurs et supérieurs sont

tout-à-fait dissemblables sur les deux hémisphères. Il en est

de même des lobes <fnt)<0) ? \' dont les circonvolutions sont

grosses, unies, presque rectilignes à droite. alors qu'elles sont

moins volumineuses, sinueuses et sillonnées il gauche. Les

circonvolutions des lobes occipitaux sont assez grêles mais

plus symétriques. On note la même asymétrie sur la face

interne des deux hémisphères. La circonvolution du corps

calleux et la circonvolution frontale ont un aspect grossière-

ment chagriné a gauche qu'on ne trouve pas à droite.

Thorax, - Adhérences assez récentes des deux feuillets de

la plèvre droite à la base; pas d'épanchement liquide. Pou-

mon droit fortement congestionné à la base. Lobe inférieur du

poumon gauche très congestionné ; la pression fait sourdre

un liquide purulent. - Ganglions trachéo-bronchiques

engorgés.

. ' IDIOTIE `CONGÉNITALE.

Tableau du poids et de la taille.

119

Cas suivis de décès. 121

OBs. XVIII. - Fièvre typhoïde chez un infirmier.

Del..., infirmier, 21 ans. Malade depuis plusieurs jours,

est entré à l'Infirmerie générale le 21 novembre. Jusqu'au G

décembre, température très élevée, se maintenant outre 40°

et 4)°. Signes pulmonaires minimes, par contre signes gastro-

intestinaux très intenses : fuliginositcs des lèvres et des gen-

cives, état saburral de la langue; anorexie très prononcée ;

ventre ballonné et très sensible, taches rosées multiples ,

diarrhée abondante et très fétide. Léger délire. - Les batte-

ments du coeur se maintiennent assez énergiques.

A partir du 17 décembre, la température a commencé

à décroître, en même temps que le malade prend régulière-

ment un gramme de sulfate de quinine. La convalescence

s'effectue très lentement. A partir du 25 décembre, la tempé-

rature oscille entre : J'j0 et 38° jusqu'au 10 janvier. A cette

époque, le malade fait une rechute qui dure 'jusqu'au 21 jan-

vier : la température n'a pas dépassé 39°, puis elle est retom-

bée aux environs de 37°. Mais par la suite 1 état général ne

s'est pas amélioré d'une manière sensible : le malade, dans yn

grand état de maigreur, présente des phénomènes de dénu-

trition très intenses et succombe UJ'usr¡lwment il line s ! J11-

cope le n février. ;

Oins. XIX. Idiotie symptomatique d'un arrêt de développement

des circonvolutions. Fièvre typhoïde, perforation intestinale..

Sommaire. Père arriéré, se livre à l'onanisme jusqu'à un

âge avancé. Grand'père paternel » simple d'esprit z z

ArriéreY1'ancl'père paternel, esprit faible, mort cancéreux.

il/ère rien de particulier. Arrière grand'mère, mater-

nelle très nerveuse. - Arrière grand'père paternel suicidé.

- Un oncle et une tante maternels morls cl'apoplexie ?

Un frère idiot et une sonir imbécile, ... -

Pas de consanpuinité. - Différence d'âge cle 7 an ? -, . '

Accouchement avant terme. - Gémellarité ? Attaques de

faux croup. - Diarrhée fréquente, ascarides. Rougeole

à. Sans, - Scarlatine à 9 ans. Fièvre lyphoïde, ,per/,Q-

-. ration. Mort ? . . .. - ?

12 Epidémie de fièvre typhoïde.

Autopsie. - Perforation il la partie terminale de l'intestin

grêle. Pas de péritonite généralisée. Congestion pul-

monaire. - Quelques adhérences pie-mériennes.

X... (G...), né le 25 novembre 1881, est entré il l'hospice

de Bicêtre le 4 novembre 1889.

Antécédents. (Renseignements fournis par sa mère en

novembre 1889.) l'I : : HE, 40 ans, employé à la Banque, est

« simple d'esprit » dit la mère, et n'a pu entrer dans cette

administration que grâce il de multiples protections. Pas de

suite dans les idées; « son écriture et son raisonnement sont

ceux d'un enfant » : il entre clans de violentes colères sous un

prétexte- futile. Sobre, ne fume pas. Pas de migraines, pas de

névralgies, pas de rhumatismes, pas de maladies de peau.

Sujet à de petites crises nerveuses s'accompagnant d'oppres-

sion, spasmes pleurs, et durant une demi-heure environ.

Réformé du service militaire pour faiblesse de constitution,

s'est marié à 32 ans : masturbateur endurci, il lui arrivait

souvent dans les premiers temps de son mariage de se livrer

à l'onanisme auprès de sa femme, bien que celle-ci ne lui eut

point refusé les rapports. Il cherche aussi il avoir sa fille dans

son lit; sa femme l'a surpris les mains sur les parties géni-

tales de l'enfant.

[Son Père, 75 ans, huissier retraité du ministère des finan-

ces, ne sait pas lire. Bien portant ; caractère faible, sujet à de

violents accès de colère. .1/ère. fi0 ans, très intelligente. -

Grands-parents paternels, pas de renseignements. - Grand-

père maternel simple d'esprit, » mort d'un cancer de l esto-

nac. - Grand'mère maternelle intelligente, morte il 82 ans.

- Ni frères ni saurs, - Une lanle maternelle jumelle morte

en naissant. Pas d'autres renseignements sur le restant de

la famille.]

Mère, 35 ans, s'occupe des soins du ménage. Intelligente

et bien portante, pas nerveuse, aurait eu dans son enfance

des adénites suppurées du cou. Migraines fréquentes surtout

avant et pendant les règles. Pas de maladies de peau, pas de

rhumatismes, pas de névralgies. [Père. 77 ans, très ner-

veux, n'a jamais été malade. Mère, 70 ans, bien portante,

pas nerveuse, aurait eu la gravelle. Grand-père paternel

mort d'une maladie de coeur. - Grand'mère paternelle très

nerveuse, sujette à de fréquentes attaques, est morte du cho-

léra. Grand-père maternel s'est suicidé après des affaire*

de bourse. - Grand'mère maternelle morte à 78 ans d'une

IDIOTIE congénitale. 123

fluxion de poitrine. - Pas d'oncles paternels. - Une seule

tante paternelle morte tuberculeuse. - Neuf oncles ou tantes

maternels : trois tantes vivantes, plus que septuagénaires ;

les autres sont morts de fluxion de poitrine, de la pierre,

deux oncles et une tante sont morts d'apoplexie - Quatre

frères dont un mort-né ; des trois autres, aucun n'a eu de

convulsions : l'un est mort à quelques mois après une chiite

sur la tête ; l'autre est mort à vingt-sept ans des suites d'une

affection syphilitique, présentant de la nécrose d'un fémur;

le troisième est mort d-s fièvres en Cochinchine. - Une

soeur morte de la coqueluche à un âge peu avancé. Dans le

reste de la famille pas d'idiots, d'aliénés, d'épileptiques, de

difformes, etc.] (1).

Pas de consanguinité. - Inégalité d'Age de sept ans.

Trois enfants : 1° garçon, idiot, soigné à la 4° section de

l'asile de Bicêtre,; - 2" notre malade ; - 3° fille imbécile,

jumelle avec le malade.

Notre malade. - A la conception, père bien portant, mais

la mère était convalescente depuis un mois à peine d'une

fièvre typhoïde; celle-ci déclare, d'ailleurs, qu'elle n'éprou-

vait aucune affection pour son mari, mais seulement un sen-

timent de pitié, qu'elle ne restait avec lui qu'à cause de son

fils, qu'elle redoutait d'avoir d'autres enfants malades comme

le premier. Grossesse difficile : vomissements, étouffements,

oedème volumineux des membres inférieurs et des mains;

pas de renseignements concernant l'albuminurie. Pas de

traumatismes. - Accouchement trois semaines avant terme;

grossesse gémellaire ; le malade est venu le premier; accou-

chement facile. - Pas d'asphyxie à la naissance. Élevé au

sein par sa mère jusqu'à deux mois, par une nourrice sur

place jusqu'à un an. - Première dent à dix mois ; dentition

complète à trente mois. - A marché à treize mois, a com-

mencé à être propre à deux ans, a prononcé les premiers

mots vers quatre ans. - iV'a jamais eu de convulsions, -

Sujet il des accès de faux croup revenant deux ou trois fois

chaque hiver et toujours la nuit. - Pas de coqueluche, de

(IJ. Le grand-père paternel de l'entant est mort en 186. à l'àge de 80 ans,

d'un cancer de lu jonc. - Son grand-père, maternel est mort en 1898 à 81

nns d'une congestion pulmonaire ; il avait conservé son intelligence. Une

(11'ancl'l,1111c maternelle est morte il 88 ans, également en 1898, avec toute sa

connaissance. si On vit vieux dans les deux familles. » (Renseignements

donnés en 1890).

124 Epidémie de FIËVDE typhoïde

rougeole, de scarlatine, de fièvre typhoïde. Sujet à la

diarrhée, a eu beaucoup d'ascarides. A six ans, brûlure à la

tète avec une casserole d'eau chaude (pas de cicatrices).

l'as d'accidents de scrofule (gourme, adénite). A l'âge de six

ans et demi, pendant trois mois, le malade a présenté de

l'incontinence d'urine et parfois même des selles.

C'est vers l'âge de deux ans que sa more s'est aperçue que

G .. présentait quelque chose d'anormal : elle ne pouvait lui

faire distinguer ses yeux, son nez. Envoyé à l'école a l'Age

de trois ans, il n'y a rien fait; it cinq ans sa mère lui a

appris les lettres, mais n'a jamais pu le faire syllabor : il est

impossible de fixer un seul instant son attention.

Etat actuel. Physionomie peu intelligente; G .. a l'air

assez bien portant physiquement.

Tête. Le co.îtne offre un volume normal ; les bosses parié-

tales et frontales sont saillantes, symétriques ; les fontanelles

fermées. Cheveux blonds, abondants, bien plantés ; pas d'épi,

tourbillon postérieur médian.

Visage de forme allongée. Arcades sourcilières peu saillan-

tes, sourcils blonds, peu abondants, séparés par un intervalle

de cinq c;entimi.·fres. Les fontes palpébrales sont bien ouver-

tes, égales, les cils longs, bien implantés, sans trace de ble-

phal'ile; les pupilles sont égales, normalement dilatées,

réagissant bien il la lumière ; il est impossible de savoir si

elles réagissent de même à l'accommodation, ni quel est l'état

du champ et de l'acuité visuels : le malade ne reconnaît pas

les couleurs. Pas de strabisme, d'exophtalmie, de nystag-

nus. La bouche e.-t régulière, mesure quarante cinq milli-

mètres de longueur : lèvres assez épaisses ; voûte palatine

arrondie, pas de saillie des amygdales. Seules des dents per-

manentes, les incisives médianes et les premières prémolai-

res supérieures et inférieures sont poussées; les dents de lait

incisives, deuxièmes molaires) persistent encore, plus ou.

moins cariées. Le malade distinguo les saveurs agréables, de

même pour les odeurs. Les oreilles sont un peu déplissées

clans leur partie inférieure, le lobule est aplati et adhérent.

Le cote, assez long, mesure vingt-cinq centimètres de cir-

conférence ; quelques ganglions roulant-sous- le doigt sur les

parties latérales du cou.

Thorax régulièrement conformé : auscultation des pou-

mons et du coeur négative. Quelques ganglions dans les ais-

selles. " '

Les membres sont normaux, symétriques : on n'observe ni

Rougeole. 135

troubles de la motilité, ni de modification du réflexe. Sen-

sibilité, fonctions trophiques. rien de particulier.

Puberté. - Corps complètement glabre. - Verge : gland

découvrable, longueur 5 cm., circonférence 5 cm. Testicules

situés iL la partie supérieure du scrotum, du volume d'un

gros noyau de cerise. Région anale saine.

Le caractère de G.. est un peu craintif, affectueux, assez

gai , il est sujet parfois iL des accès de colère. Il n'est ni

voleur, ni gourmand, n'a pas de tics; jusqu'à présent on n'a

pas observé de tendance à l'onanisme, le sommeil est pro-

fond et tranquille. - G.... parle, mais très mal : il prononce

à peu près toutes les lettres de l'alphabet, sauf j-r-x. Usait

endosser ses vêtements, mais ne sait ni se boutonner ni se

lacer seul ; il ne sait pas non plus se laver. Sa tenue à table est

bonne, il n'a ni salivation, ni régurgitation, ni rumination.

Il se sert de la cuiller et de la fourchette, non du couteau.

Mis à la petite écolo, il ne manifeste aucune application ; il

est très turbulent, incapable d'attention. Il connaît, avons-

nous dit, les lettres, mais ne sait pas les arranger pour en

faire des syllabes ; il n'a aucune notion des chiffres ni des

nombres, non plus que des surfaces ni des solides. Il connaît

les différentes parties de son corps et de son habillement,

ainsi que les principaux objets qui l'entourent.

21 novembre. Entré an pavillon d'isolement. Le malade

accuse du mal de tête. La face est rouge, les conjonctives

injectées. Quelques lâches rouges disséminées sur les lombes

et les jambes ; l'abattement est assez marqué. T. R. : 38°, 4.

Daus la journée, Y éruption /,[lbéolir¡l1c s'accentue. Au

visage, elle envahit seulement le front et le derrière des

oreilles; sur le dos elle est très confluonte, beaucoup moins

sur l'abdomen et la racine des membres. La toux est fré-

quente, rauque. la dyspnée assez intense. A l'auscultation,

respiration rude et râles sibilants au sommet gauche. Angine

érbylhématcuse, amygdales volumineuses; ganglions sous-

maxillaires et latéraux-cervicaux assez volumineux des deux

côtés. - Soir : T. R. 40, 5. - Traitement : lait, bouillon,

potion de kermès, teinture d'iode sur le cou.

22 novembre. L'éruption a complètement envahi le tho.,

rax, l'abdomen, la racine des cuisses. Catarrhe oculaire et

nasal très prononcé. T. R. 40°, G et 39°, 2.' "'

23 novembre, - L'éruption commence déjà à pâlir; la toux

èst rauque et toujours très intense. T. R. 39, 5 et 39°, 4.

24 tiouon'e. L'éruption pâlit de plus en plus; -pas d'al-

buminerie. T. R. 38° 6 et 380. ,

26 novembre, - L'éruption a entièrement disparu; -mais'

126

Épidémie DE fièvre typhoïde.

les signes pulmonaires persistent ; les quintes de toux,

entraînant des efforts nauséeux, surviennent presque sans

discontinuer ; murmure vésiculaire très diminué d'intensité

Fig. 9. - Rougeole. -j- Éruption complète. [-[- Accidents pulmonaires.

Scarlatine. 127

Urines très chargées en urates. - Matin : 39°.

Soir : T. R. 40°,8.

27 novembre. - Urines très rares, très chargées d'urates;

pas d'albumine.

28 novembre. - Oligurie persistante. Submatité à la base

du poumon droit; murmure respiratoire affaibli, quelques

frottements et quelques râles disséminés.

30 novembre. État stationnaire, la température oscille

entre 38 et 39°. (Fig. 9).

2 décembre. La température descend : T. R. 37°, 8 et

37°, 1. Les signes stéthoscopiques diminuent, la toux se fait

de plus en plus rare.

15 décembre. Le malade sort guéri.

1890. 22 juillet. G.. X.. est aujourd'hui très énervé,

excité, saute sur les infirmières pour les embrasser.

Puberté. Corps complètement glabre. - Verge : gland

découvrable, longueur 5 cm. 5, circonférence 5 cm. Testicule

gauche descendu dans les bourses, le droit maintenu au

niveau de l'orifice inguinal. - Région anale normale.

7 octobre. - Vaccination sans succès.

28 octobre. - Entré au pavillon d'isolement, en présentant

les signes d'une fièvre scarlatine au début. - La maladie,

dans son ensemble évolue d'une façon bénigne ; seule, au

début, l'angine est assez intense, l'éruption peu marquée, la

température atteint 41°, ? 2 le 30 au soir et la desquamation

commence le lendemain. A aucun moment le malade n'a pré-

senté d'albuminurie. Il sort guéri le 17 décembre. (La fig. 10

représente la marche de la température.)

18Q 1. 20 janvier, zig... qui, la veille, a rendu plusieurs vers

entre à l'infirmerie. - Traitement par le calomel.

21 mat. Envoyé à l'infirmerie pour des troubles gastuo-

intestinaux (vomissements et diarrhéel,

23 juillet. - Puberté. Corps complètement glabre. 'Verge :

gland découvrable ; longueur 5 cm. 5, circonférence 5 cm.

Testicules descendus, égaux, du volume d'une olive.

Au point de vue de l'écolage. G... ne fait aucun progrès :

il est toujours impossible de fixer son attention.

1892. 2 juillet. - Puberté. Pas de modifications. - État sta-

tionnaire du malade. - Traitement par les douches, les bains

salés, la gymnastique.

Décembre. G... a fait, dans le courant de l'année, quel-

ques progrès en classe : il prononce distinctement les r et les

lw$LPIDI ? \111 : DE l'lli\'ItE 'l'1L'HOIDL.

1>l, ce qu'il ne pouvait faire auparavant ; il commence à sylla-

])ci-, il reconnaître les chiffres, à compter au boulier. Il sait

de même les jours de la semaine, les mois, les saisons et

reconnaît les différentes parties de son corps. - Caractère'

un peu fantasque, mais bon cependant : ' w -" '. ".

1893. = Dléme état, même traitement. --' ;- - ! -'

Fig. 10. - Scarlatine.......

Cas suivis DE décès. 129.

Décembre. G... parvient à faire quelques phrases et à

rectifier certains mots qu'il dénaturait complètement au

début : mais la voix est toujours rude et sans aucune modu-

lation. Il a fait des progrès en lecture et en calcul, distingue

le masculin du féminin, le singulier du pluriel, reconnait les

couleurs, nomme les surfaces. Mais il ne fait aucun progrès

en écriture, ne peut même suivre le tracé des lettres ; il n'y

met du reste aucune bonne volonté, son attention est tou-

jours aussi instable.

1894. 16 juin. Puberté. Pas de modifications.

1895, 1896, 18`J i. - Pas de changements bien appréciables

au point de vue de la santé de l'enfant, non plus que du

développement de son intelligence.

1898. Janvier. - Puberté. - Face glabre. Trois ou quatre

poils noirs, courts, frisés, dans l'aisselle droite. Pubis : poils

bruns, frisés, assez longs. - Verge : pas de phimosis; lon-

gueur : 8 centimètres ; circonférence : 7 centimètres. Testi-

cules en place dans le scrotum, du volume d'un oeuf de

pigeon. - Quelques poils à la région périanale.

20 juillet. - X... entre il l'infirmerie, toussant et se plai-

gnant de douleurs dans la poitrine. Depuis trois ou quatre

jours, on a observé qu'il était malade, mais cependant l'appé-

tit était conservé. La langue est légèrement saburrale ; pas

de vomissements, pas de sensibilité spéciale de l'abdomen,

légère diarrhée. - Soir : T. 12. 'i0°, ! i.

21 juillet. - Toux fréquente, mais sans expectoration, sub-

matité à la base droite ; affaiblissement du murmure respira-

toire à ce niveau, respiration rude et souillante au sommet

correspondant. - Langue blanchâtre et humide, pas d'aug-

mentation du foie ni de la rate; diarrhée disparue. Pas

d'albuminurie.

24 juillet. La température se maintient aux environs de

10°. Le malade dort peu, mais ne présente cependant ni

abattement ni délire, il répond bien aux questions qu'on lui

pose, le regard demeure vif, le teint rosé. - La toux persiste

en même temps que la respiration devient plus rude. -

Langue blanchâtre et sèche au centre ; quelques taches

rosées sur la partie supérieure de l'abdomen.

la juillet. - Même état, léger ballonnement du ventre, pas

de diarrhée.

26 juillet. - La température tombe le matin à 38° et se

relève le soir à 40°, 3. Le malade est très affaibli, et les bains

Bourneville, Bicêtre, 1898. 9

130 Epidémie de fièvre typhoïde.

froids qui les jours précédents déterminaient des abaissements

de température de deux degrés, l'abaissent à peine de deux

ou trois dixièmes de degré. - La langue est un peu sèche

et on note sur l'abdomen une éruption assez considérable

de taches rosées et sur la partie antérieure du thorax une

éruption continente de .sudanuna. Pale légèrement hyper-

trophiée, pas de diarrhée.

27 juillet. - Battements du coeur mous et intermittents,

extrémités froides et cyanosées. Respiration soufflante et

rude aux deux sommets. La température oscille entre 40°, 3 et

391, 7. La réaction après les bains se fait mieux que la

veille.

28 juillet. - Etat stationnaire; intermittence et faiblesse

extrême clos battements cardiaques. - Doux ventouses

scarifiées à la région précordiale. T.R. 39°, 8 et 40°, 5.

29 juillel. - La température tombe le matin il 39°, 8 ut se

relève le soir il 40", 6; le malade est plus abattu que les jours

précédents. Belle effervescence de taches rosées sur le flanc

gauche, pas de diarrhée. Battements cardiaques faibles et

présentant quelques intermittences; extrémités froides.

Moins de rates et de sibilances dans la poitrine. - Traite-

mont : caféine en potion. : : 0 juillet. - Les taches rosées pâlissent sur l'abdomen et

au niveau du liane gauche, mais persistent sur la face anté-

rieure des cuisses ; légère diarrhée très fétide. - Battements

du coeur réguliers et mieux frappés.

31 juillet. - Etat stationnaire. T. lt. 39°, 8 et 40°, 3.

1" août. T. lt. 37°, G et 39°, 4.

2 août. - Les taches rosées disparaissent de plus en plus.

Pas de diarrhée. Abattement assez prononcé du malade.

t août. torpeur moins grande. Soir : T. R. 40', 4.

(i août. - Diarrhée; dans la journée. T. R. 39°, '2 et 40°, 4.

8 août. - Toux plus fréquente; murmure respiratoire

affaibli, mais peu de râles. La diarrhée continue. - Le soir à

cinq heures, après un bain, le malade est pris de syncope

avec pâleur et lypothymie, ayant duré près de deux heures.

Malin : T. IL 38", 4. - .Soir : T. il. 'il». °,

9 août. - Etat de torpeur et de pâleur du malade. Sur

l'abdomen les taches rosées ont réapparu ; pas de ballonne-

ment ni de sensibilité spéciale. - Respiration voilée à la

base gauche ; râles de congestion tissez nombreux à droite

10 août. - Amaigrissement considérable, eschares au

sacrum et le long du rachis. - Langue chargée et blanchâ-

tre, pas de vomissements, léger ballonnement de l'abdomen,

mais satis réaction spéciale à la pression, pas de diarrhée.

Cas suivis de décès. t3l

Dyspnée assez intense, pas de toux, pas d'expectoration,

souille et râles nombreux à droite, moins abondants et plus

disséminés iL gauche, - Pouls rapide, mais régulier et assez

1 ! ,bicn,rrapl)(', Le mil tin la température est tombée ,iL 37°, 4

et remonte le soir à 39°.

' - - 1,ig. 11. -- Fièvre tyloSule. -- lI. mort.

Epidémie DE fièvre typhoïde.

132

. 11 aoîtt. - Même état; dans la journée, agitation violente

traitée par des applications de glace sur la tête et l'injection

d'un centigr. de morphine. La température monte progressi-

vement à 410. (Fig. 11.)

12 août, Mort à 9 heures du matin. La température,

deux heures avantla mort, était de 4t, 3. 3.

Traitement. - Le traitement général institué le 24 juillet a

consisté en diète lactée et potion de Todd; bains froids

toutes les trois heures, chaque fois que la température dé-

passait 39° ; deux lavements froids par jour. Le nombre des

bains s'est élevé à 75.

Température après décès .

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OS

134 Epidémie DE fièvre TYPHOIDE,

Autopsie faite vingt-quatre heures après la mort. -- TÊTE.

- Cuia chevelu maijre. - Crâne un peu épais (5 à 6 mill.

d'épaisseur). Région frontale très étroite. Quatre plaques

transparentes au niveau de la fontanelle antérieure. Toutes

les sutures persistent, aussi bien it la face interne qu'a la face

externe : six os \\'OI'I11Î1'I/S sur la suture parieto-occipitale

gauche et trois sur la droite. -TJCCtc-mre peu épaisse.

Apophyse o'tSta-a ! H lamelliforme.Disposition symétri-

que des différents orifices, des artères et des nerfs de la base

de l'encéphale. - Glandes pinéale et piluitaire ne présen-

tant rien de particulier. - Les deux lobes frontaux sont acco-

lés dans leur quart postérieur.

Cerveau l/hémisphère cérébral gauche parait un peu

J"II" pl'/ i/ 1'/ un peu moins développé il la région frontale

que le droit. Les circonvolutions des deux hémisphères sont

assez complexes et : unies par des plis de passage assez

nombreux.

Hémisphère droit (.'j70 gr.). - La décortication se fait en

général assez facilement; toutefois, ça et là, on enlève des

fragments de substance surtout Ü la face interne du lobe

frontal, sur le gyrus reclus, sur quelques points de F. A., et

principalement sur la moitié antérieure de la circonvolution

du corps calleux. Cet hémisphère, un peu plus volumineux

que le gauche, est d'une description plus simple. Les grands

plis du cerveau (scissure de Sylvius, sillon de Rolando, etc.,

etc.) y sont bien plus nettement accusés.

Lobe, frontal. 1"r, F2, Pv ont. bien que très contournées,

un trajet antero-posterieur paiallèle assez régulier. FI est

subdivisée en doux circonvolutions parallèles par un sillon

interrompu plusieurs fois. Ces trois circonvolutions qui com-

muniquent fréquemment à leur origine, se jettent toutes trois

dans F A, qui, assez volumineuse, n'est coupée que vers son

cinquième supérieur par une incisure au-dessous du pli de

passage qui termine FI, F3 devient grêle et aplatie au niveau

de son tiers postérieur, une incisure très profonde la coupe

un peu avant son union avec le pied de F A.

Lobe pariétal. - l' 1 est parfaitement autonome. Kilo

communique en bas avec F A, formant l'opercule rolandique

peu développé; en haut elle se bifurque pour donner deux

plis de passage au lpbq pariétal supérieur. Cette circonvolu-

tion est très mince'et très aplatie. Les lobules pariétal su-

pét-ieur.ët inférieur offrent exactement la même disposition

que ceux du coté gauche.

. Cas suivis de décès.... 135 : Lobe temporal. - Comme il gauche T1 est nettement auto-

nome tandis que T2 et T3 sont unies.

Le lobe occipital peut être divisé en trois petites circonvo-

lutions séparées par des sillons très peu marqués. Rien de

particulier à noter au niveau de l'insula.

Face interne. Comme pour l'hémisphère gaucho, il n'y a

aucune disposition particulière. FI, L. Il., A. C, C, CC%G, les

circonvolutions de l'hippocampe, et temporo-occipitales, le £

corps calleux, les noyaux gris n'ont rien d'anormal au point

de vue morphologique. :

Hémisphère gauche (565 gr.). Quelques adhérences aux

mêmes points que du côté opposé. - Pas d'anomalie au point

de vue de la configuration générale. La scissure de Sylvius

et ses deux branches, le sillon de Rolando, la scissure per-

pendiculaire externe (,,[ tous les principaux sillons existent

et occupent la situation normale.

Face externe. -Love frontal. Fj peu volumineuse, présente

de nombreux plis de passage avec les circonvolutions voisin

nes : un d'abord avec P'z, vers la corne frontale, puis cinq

avec F2. Au niveau de son quart postérieur est le dernier pli

de passage avec F2 qui semble continuer la circonvolution;

une incisure sépare le quart postérieur qui se jette dans FA.

F2 a la forme d'une S couchée horizontalement, la première

partie est convexe en haut, et communique avec F2 par

les plis de passage déjà signalés, et avec P3 par deux plis de

passage importants, l'un tout à fait antérieur et l'autre

médian. F3 est un peu grêle, surtout au niveau du territoire

de Broca. FA est indépendante dans ses 2/3 inférieurs, qui

se terminent en bas par un pli de passage avec F3, en haut

par un autre avec F. Soutiers supérieur, complètement isolé

en bas par une incisure, forme deux noyaux, un inférieur;

isolé, un supérieur communiquant avec Fi. ,

Lobe pariétal. PA est excessivement grêle ; elle bifurque

en bas et communique en avant avec FA, en arrière avec le

reste du lobe pariétal. Elle se termine en haut d'une façon

analogue. Pas de pli de passage dans son trajet. La scissure

intrapariétale offre sa forme ordinaire en demi cercle et les

deux lobules supérieur et inférieur peuvent être considérés,

comme deux circonvolutions autonomes, un peu contournées,-

surtout le lobule pariétal inférieur.. ; -

Lobe occipital. Rien de bien particulier; les circonvolutions,

de ce lobe paraissent n'être que la continuation et les dépens

dances des lobes voisins.

Lobe temporal. T, a son autonomie. Un peu grêle vers la

136 Épidémie DE FIÉVRE typhoïde.

corne ( ? ), un seul passage l'unit à son quart antérieur

avec Ta. Elle se termine à la partie antérieure du LPI.,

dont elle est néanmoins séparée par une fissure. T2 et T3

sont unies par de nombreux plis de scissures, les sillons qui

sont entre elles sont peu profonds, surtout dans leurs deux

tiers postérieurs, de sorte qu'il est difficile de les décrire

comme deux circonvolutions distinctes. - Rien à noter à

l'insula.

Face interne. - La face interne ne présente aucune grosse

anomalie, Fi est subdivisée par un sillon longitudinal. Le

lobule paracentral, l'avant-coin, le coin, les circonvolutions du

corps calleux, de l'hippocampe, tempo-occipitales, etc., ont

leur disposition normale, ainsi que les plis fronto-limbique

et pariéto-limbique. Il en est de môme du corps calleux,

des ventricules, des noyaux gris et du pédoncule cérébral.

Sur les deux hémisphères la pie-mère est mince et ne pré-

sente pas de vascularisation. Pas de foyers de sclérose ni

d'aspect chagriné des circonvolutions. - Le corps strié, la

couche optique, la corne d'Ammon, ne présentent rien de

particulier.

Le liquide céphalo-rachidien est en quantité normale.

- Le cervelet, la protubérance et le bulbe n'offrent rien

à noter.

Cou et thorax. Corps thyyroi : cle (10 gr.), semble normal.

Pas de persistance du thymus. Poumon droit (130 gr.),

congestion intense, surtout au sommet. - Poumon gauche

(105 gr.), congestion en foyers disséminés. Pas d'épanche-

ment ni d'adhérences pleurales. Pas d'épanchement péricar-

dique. - Coeur (160 gr.), parait normal; trou de Bolal obli-

téré ; pas de lésions valvulaires, pas de coloration feuille-

morte du muscle.

Abdomen distendu par les gaz. Pas d'inflammation géné-

ralisée du péritoine. Tout près de la portion terminale de

l'intestin grêle, perforation unique, du volume d'une lentille

et très légère inflammation du péritoine circonvoisin. A

l'ouverture de l'intestin, plaques de Peyer gonflées, mais non

ulcérées. Foie volumineux; vésicule biliaire distendue par

la bile, mais ne contenant pas de calculs. Rate diffluente

et volumineuse; état de putréfaction avancé. - Reins et

organes génitaux, rien d'anormal.

IDIOTIE congénitale : HÉRÉDITÉ. 137

Poids des organes. ' . ' :

13S ''L'PID\I1E : DE rIVltE TYPHOÏDE.'

II. Notons que la grossesse est survenue dans la

convalescence d'une fièvre .typhoïde,.qu'elle : a été

compliquée 'de vomissements fréquents, et- : que--la

naissance a eu lieu avant terme. L'enfant n'a

jamais eu. de convulsions et son état d'idiotie doit

être rattaché à- un arrêt de développemei2t congéni-

tal des circonvolutions.

III. Les signes de dégénérescence physique sont

peu accusés. En revanche, sous le rapport intellectuel,

l'enfant était idiot à un degré prononcé et, chez lui,

le traitement médico-pédagogique, malgré le dévoue-

ment et l'habileté de sa mère qui s'en est occupée

avec le plus grand dévouement, n'a donné que de

médiocres résultats; u -

IV. Nous avons reproduit le tracé de

durant la rougeole et la scarlatine afin que l'on puisse

comparer la marche de la température dans ces deux

maladies et mieux se rendre compte de la température

clans la fièvre typhoïde.' ' ? : .;

, V..En ce qui concerne cette dernière maladie nous

n'avons qu'à noter la marche de la température avec -e

trois abaissements à clés intervalles presque égaux,-

la perforation intestinale et l'élévation de la tempéra-

ture terminale. ' 1 1

OBS. XX. - Idiotie et épilepsie. - Fièvre typhoïde compliquée

de péritonite généralisée consécutive à une appendicite. .

SOMMAIRE, - Père, famille du père, rien de particulier. .

Mère bien portante. - Famille de la mère tuberculeuse : .

père, mère, frère et deux soeu1'S tuberculeux. ' .

Premières convulsions limitées à la face. - A 8 mois pre-

mière crise épileptifo1'1ne. ? Caractère emporté, mendiant

- Rougeole.. ? -Teigne; - Fièvre typhoïde. Mort'par

péritonite généralisée. - ? ' , : ?

Epidémie de fièvre typhoïde. - 139

Lau.. (Maurice), né à Paris le 12 novembre 188 ? entre à

Bicêtre le 18 septembre 1890.

Antécédents (Renseignements fournis par la mère de l'en-

fant). PÈlIE, 53 ans, homme de peine au chemin de fer du

Nord. Toujours très bien portant, pas de convulsions durant

la première enfance; travailleur, intelligent, pas d'excès de

boissons ; pas d'accidents rhumatismaux, ni d'affections

cutanées. - [Famille du père. - Son père est mort tige, sa

'1lIè1'e est morte à 74 anus ; pas d'autres renseignements non

plus que sur les grands parents que la mère n'a pas connus.

- Deux soeurs dont l'une morte à 42 ans d'un cancer de

l'utérus ; l'autre, âgée de 57 ans, en bonne santé. - Un frère

mort accidentellement, avait des enfants bien portants et

n'ayant jamais cu de convulsions.]

Même, 17 ans, femme de ménage, d'apparence robuste,

toujours bien portante ; pas de convulsions, pas de migraines,

pas de bronchites ni de douleurs rhumatismales, ni d'affec-

tions cutanées, etc. - [Famille de la mère. - Père mort il

h9 ans de tuberculose pulmonaire ; pas d'excès de boissons.

- Mère morte à 42 ans, également tubet·cttleuse. - Grands,

parents morts âgés. Pas de renseignements sur les oncles

et tantes. - Deux et un frère morts de tuberculose

pulmonaire vers l'âge de 20 ans.)

Pas de consanguinité. - Différence d'âge de G ans (père,

plus âgé).

(i enfants dont 5 vivants ; pas de fausses couches : 10 garçon,

22 ans, très bien portant, intelligent ; 2° garçon mort à 13

mois d'une broncho-pneumonie rubeolique; ? )" fille, 18 ans,

intelligente, santé très délicate, probablement tuberculeuse;

- .10 et 5° garçon, Ii ans, intelligent et une tille, 11 ans,

bien portante ; - (i" le malade.

Antécédents personnels. - Au moment de la conception,

les parents étaient en bonne santé. - Grossesse très bonne,

ni traumatisme, ni émotion, etc... - Accouchement" terme;

facile, pas d'accidents ni du côté de la mère, ni du côté de

l'enfant, pas d'asphyxie. Elevé au sein par sa mère jusqu'à

l'âge de 18 mois ; il semblait ne différer en rien des autres

enfants; il n'a présenté aucune affection aiguë jusqu'à Lige

de li mois. A cette époque, pendant son sommeil, sa mère

s'aperçoit qu'il présente du clignotement des paupières et des

convulsions des globes oculaires ; qu'il a perdu connaissance,

mais n'offre ni raideur des membres ni émission d'urines.

- (lette première crise a duré cinq minutes au plus et, à la

140 État de mal convulsif ; ÉPILEPSIE consécutive.

suite, le malade est resté abattu un moment. Trois jours

après, nouvelle crise. A partir de lit, les crises reviennent

une fois ou deux par semaine, avec les mêmes caractères

jusqu'à l'âge de 8 mois.

A cet âge, le malade esl pris, un jour, de violentes convul-

sions débutant parles muscles de l'oeil; le Ironc est en exten-

sion, les membres offrent des convulsions toniques puis

cloniques, prédominant du côté gauche ; morsure de la lan-

gue. La perte de connaissance a duré 4 heures consécutives.

Pendant la première heure les convulsions toniques ont per-

sisté sans discontinuer. A la fin de cet état de mail, la res-

piration est devenue si irrégutiêreet si faible que ses parents

l'ont cru mort. Deux jours après, au dire do la mère, l'enfant

avait encore de la fièvre.

Depuis lors les accès n'ont jamais cessé pendant plus d'un

mois il cinq semaines. Ils reviennent assez régulièrement

pendant le jour, l'après-midi surtout, parfois précédés de

vomissements. Les convulsions prédominent tantôt d'un côté,

tantôt de l'autre.

A mesure que le malade avançait en âge, le caractère de

ces crises se modifiait légèrement : le début s'annonçait par-

une sorte d'aura ; l'enfant criait : « je vais être malade a

ou bien portait ses mains il t'épigastre comme s'il y ressen-

tait une douleur spéciale : jamais de cri initial. Puis le visage

devenait très paie, le malade « tournait la tète comme pour

suivre quelque chose qui s'envolait, » et tombait à terre en

perdant connaissance ; alors survenaient des convulsions

toniques du tronc et des membres, ensuite des convulsions

cloniques d'un seul côté ou dcs deux côtés; enfin morsure de

la langue, écume, miction involontaire. Ces accès durent un

quart d'heure, vingt minutes ; après la crise le malade est

plongé dans la somnolence est présente un peu de fièvre ( ? )

Rarement on a observé plus d'un accès dans la même jour-

née : parfois le malade a eu quelques vertiges.

Marche à 10 mois, parole à 20 mois, propre de très bonne

heure. C'est seulement depuis l'âge de 4 ans que la mère a

observé que l'intelligence de son enfant était en retard, bien

que sa mémoire fut assez bonne : il imitait les cris des mar-

chands ambulants, retenait avec beaucoup de facilité les

chants des chanteurs des cours. Mis à l'école, on n'a pas

voulu le garder, parce qu'il était turbulent, taquin. Pas de

mauvais instincts, sentiments affectifs peu développés; con-

science du danger.

État actuel. - Physionomie assez éveillée. Volume de la

Rougeole. 141

tète normal, pas de saillie exagérée des bosses ; cheveux

châtains foncés ; front assez développé, cicatrice sur la partie

droite; sourcils châtains assez fournis; légère conjonctivite;

iris brun, pupilles égales, réagissant bien à la lumière et à

l'accommodation ; l'enfant a bonne vue mais ne sait pas dis-

tinguer les couleurs. - Nez aquilin, assez volumineux à la

partie inférieure ; pommettes régulières, un peu colorées,

visage ovale. - Bouche, lèvres, voile du palais, langue, rien

d'anormal ; amygdales volumineuses. Menton rond.

Oreilles écartées, de dimensions normales.

Cou, circonférence 25 centimètres ; à la palpation quelques

petits ganglions le long des parties latérales.

Membres supérieurs et inférieurs, rien de particulier.

Sensibilité et réflexes normaux.

Thorax régulier. La percussion et l'auscultation des pou-

mons et du coeur ne décèlent aucun signe pathologique. -

Abdomen normal. - Puberté. - Corps complètement glabre ;

verge : longueur si cent., circonférence 4a millimètres, -

testicules égaux, du volume d'une petite olive; - rien à la

région anale.

1891. 1·'u·iei. - Placé à la petite école, le malade y montre

peu de bonne volonté; il est d'un caractère entier, querelleur,

grossier et boudeur si on le contrarie; cependant il aime

qu'on s'occupe de lui ; il a envie de tout ce qu'il voit et

mendie continuellement de l'argent auprès de toutes les per-

sonnes qu'il rencontre.

1892. 10 février. L'enfant contracte la rougeole et entre

au pavillon d'isolement : T. 39° ; éruption continente sur le

tronc et le visage, plus discrète sur les membres ; toux

.rauque, mais cependant peu de signes à l'auscultation; rhi-

nite et conjonctivite catarrhales assez intenses; pas de gêne

de la déglutition, voix normale. Potion à l'acétate d'ammo-

niaque ; limonade citrique.

11 février. Eruption confluente sur le tronc et les

-membres ; dyspnée légère, le malade respire la bouche

ouverte, râles sons-crépitants et muqueux dans toute l'éten-

due du poumon gauche. Pouls régulier. 'i.R. 38°, 2.

12 février. Dyspnée et toux disparues, la voix reste un-

peu rauque. L'éruption persiste encore au visage; considé-

rablement atténuée sur le reste du corps où elle offre l'aspect

de petites papules livides dont quelques-unes desquament.

r.rt.31°,4, ...... ? .... :

142 - ? Epidémie de fièvre typhoïde.

23 février. - Lau... guéri, est renvoyé iL la petite école.

Traitement : sirop d'iodure de fer, huile de foie de morue.

1893. Aucune modification dans le caractère de l'enfant

qui est toujours irascible et mendiant. Il arrive à placer à peu

près convenablement les lettres, mais est incapable de toute

attention. - Hydrothérapie.

1894. Etal stationnaire ; mendie toujours.

18 ! '5. - Etat de déchéance ; l'intelligence s'affaiblit de

plus en plus, la parole devient embarrassée; les accès sans

être plus fréquents durent plus longtemps.

Puberté. Corps complètement glabre; verge : longueur,

55 millim.. circonférence GO millim. Gland découvert, testi-

cules de la grosseur d'une petite olive ; anus normal.

18 ! 16. - Le nombre des accès a augmenté considérable-

ment, la déchéance s'accentue ; elle porte principalement sur

la parole qui est embarrassée, le malade bave fréquemment,

prononce des m )ts sans suite ou répète le môme mot pendant

toute une journée. Caractère entêté, mendie toujours.

1897. - Atteint de teigne tondante, il entre au pavillon

d'isolement le 9 avril et en sort guéri Ici : ! octobre. - L'état

de déchéance ne fait que s'aggraver; l'enfant ne sait plus

prendre soin cle lui, est continuellement déshabillé, le visage

et les mains sales. Il bave continuellement, crie et pleure des

journées entières. Il erre sans cesse de côté et d'autre sans

savoir où il se dirige et sans chercher à se sauver.

1898. 4 octobre. - Depuis quelques jours, fièvre avec toux,

-anorexie; pas de vomissements, ni de diarrhée. T. It. 3a,, 9.

5 octobre. - Aspect prostré du malade. Toux fatiguante,

nombreux râles cle bronchite disséminés et prédominant

surtout il droite ; application de ventouses en avant et en

arrière du thorax. Pas de diarrhée, ventre légèrement

météorisé. ']',IL 3\1", 9 et hU°, 'i.

Fi octobre. Bronchite diminuée d'intensité. l'as de séche-

resse de la langue ni de fuliginosités des dents; ventre

ballonné, quelques lâches rosées au pourtour de l'ombilic.

Dans l'après-midi, diarrhée légère.T. M. 39°, G matin et soir.

Le traitement est alors institué tel qu'il a été établi pour

tous les malades atteints dans le cours de l'épidémie ; savoir :

régime lacté, potion de Todll, deux lavements boriques froids

par jour, température rectale prise toutes les 3 heures et

Cas suivis de DÉCÈS.

Ha

bains froids toutes les fois que la température dépasse 39°.

7 octobre. - Etat stationnaire. T. R. 39o,7 et 39o,3,

10 octobre. - Les dents sont recouvertes d'un enduit gri-

sâtre très fétide et les lèvres de croûtes facilement sai-

gnantes. Météorisme abdominal et taches rosées en partie

disparus ; la diarrhée a complètement cessé. Le malade est

agité, crie sans cesse ; mouvements continuels durant les-

quels il s'assied sur son lit et se laisse retomber en arrière,

frappant durement sa tête sur l'oreiller.

Tableau du poids et de la taille.

1-46

Épidémie pE.FIÈV.RE typhoïde.

Cas suivis de décès. li7

148 Epidémie DE fièvre typhoïde.

Lobe pariétal. PA est beaucoup moins développée que FA.

Les parties moyenne et inférieure du lobe pariétal sont le

siège de nombreuses adhérences des méninges.

Lobe temporal. T, est régulière et bien développée. tu et

Ta, assez nettement séparées, sont surtout il leur région pos-

térieure le siège de nombreuses adhérences.

Le lobe occipital forme une petite région autonome divisée

par une scissure centrale qui va de bas en haut et d'où

rayonnent de nombreux sillons.

Face interne. FI est très-contournée, - Le lobe paracen-

lral est peu développé en arrière de l'encoche du sillon de

Rolando et est le siège à ce niveau d'adhérences. Nombreu-

ses adhérences sur l'ara1l1-coin et la partie postérieure de

la circonvolution du corps calleux. Aucune remarque à

faire pour le reste.

HotMsp/Kh'e auc/te. Adhérences sur la partie inférieure

de FA., sur les circonvolutions pariétales inférieure et supé-

rieure, sur le pli courbe, sur le lobule quadrilatère, mais

moins qu'a droite. - Il existe de même quelques. adhérences

sur le gyrus rectus, et d'autres plus abondantes sur la moitié

postérieure de la circonvolution de l'hippocampe, de T1 et de

T3. - La scissure de Sylvius, très profonde et très dévelop-

pée, semble partager le cerveau en deux. Les autres sillons

sont aussi nettement marqués.

Face externe. Lobe frontal. 1 ? ].'2 et ].'3 assez contour-

nées, parallèles, réunies entre elles par des plis de passage,

n'ont rien de bien particulier. FA est coupée par une inci-

sure à sa partie moyenne. Un pli de passage termine I·'3 en

l'unissant at la moitié inférieure de FA qui parait n'être que

le prolongement de ].'2, La région postérieure de ] ? 1 est plus

grêle et moins développée que ses deux tiers antérieurs.

Lobe pariétal. PA est régulière et indépendante, son

tiers inférieur est grêle, tandis que les 2/ : l supérieurs sont

larges et très développés. Le lobule pariétal supérieur est

petit, formé de circonvolutions grêles elles méninges, adhé-

rentes, ont déterminé l'arrachement de la substance cor-

ticale en de nombreux points ; pareille lésion peut être

constatée sur le LPl, mais ses circonvolutions sont plus

grosses.

Lobe temporal. - TI est très nette et bien distincte de T2.

'l'2 et T3 sont unies par de nombreux plis de passage. De

multiples adhérences méningitiques existent à la partie

postérieure de Ta.

Le lobe occipital forme trois petites circonvolutions très

Cas suivis DE décès. 149

irrégulières sur lesquelles il n'y a pas à insister. L'illsula

n'offre rien de particulier au point de vue morphologique.

Face interne. Rien à noter pour Fi. - Le lobe paracentral

a sa partie postérieure peu développée. L'avant-coin est

atrophié et est le siège de nombreuses adhérences. La

scissure perpendiculaire est très profonde. Le coin est le

siège d'adhérences mais a une disposition normale. Rien à

dire sur l'aspect de CCC, du C.C. du lobe temporo-occipital,

de l'hippocampe, des ventricules, des noyaux gris, du

pédoncule, etc.

Le cuve let, la protubérance, le bulbe ne présentent aucune

disposition morphologique spéciale.

Le liquide céphalo-rachidien était en petite quantité.

Cou. - Corps thyroïde normal, pas de persistance du

thymus. ?

THORAX. - Poumons congestionnés, surtout le gauche,

mais sans trace d'inflammation ; léger épanchement pleural

du côté gauche. - Coeul', Epanchement jaunâtre dans la

cavité péricardique ; pas de persistance du trou de Botal,

pas de lésions valvulaires ; parois du ventricule gauche

hypertrophiées.

AnDOMEN. Epanchement puriforme dans la cavité péri-

tonéale. - Intestin grêle fortement enflammé dans sa portion

terminale, présente sur sa face péritonéale un piqueté hémor-

rhagique recouvert d'exsudats pseudo-membraneux. Ulcé-

rations nombreuses des plaques de Peyer, localisées au

voisinage du coecum ; pas de perforation. - Coecum noirâtre

à sa partie postérieure; à ce niveau le péritoine pariétal est

rouge et ecchymose. Appendice gros, enflammé; son

extrémité est dure et parait renfermer un corps étranger de

la grosseur d'un petit pois. A l'ouverture de l'appendice on

ne trouve aucune trace de corps étranger; l'appendice est

perméable dans toute son étendue. - Les ganglions mësett-

lériques sont très peu engorgés, au contraire les ganglions

péricoecaux sont volumineux mais mous. - Foie volumineux :

tissu grisâtre et mou. Hâte grosse, flasque, difflucnte. Près

du hile on constate la présence de deux petites rates supplé-

mentaires, l'une de la grosseur d'une noisette, l'autre de la

grosseur d'un gros pois. - Capsules surrénales n'offrent

rien de particulier. - Reins se décortiquent facilement, pas

de lésions appréciables. Pancréas blanc et assez dur. -

'160 : Épidémie, de -fièvre typhoïde.

Rien du côté de la vessie ni des organes génitaux. - 'Asca-

ride de 30 centimètres de'long à l'intérieur de l'intestin : -

Poids des organes.

Cas SUIVIS de décès. ' 1'51

Aprèsêtre resté à peu près stationnaire (1893-1894),

l'état intellectuel se modifie : la déchéance s'accuse

de-plus en plus, la parole s'embarrasse, la tenue de-

vient tout-à-fait mauvaise, les accès semblent durer

plus longtemps.

IV. L'intelligence, qui était déjà très limitée à l'en-

trée, loin de se développer a diminué progressivement

sousl'influence des accès, suivis d'une somnolence et'

d'une hébétude prolongées (1). Les lésions méningo-

encéphalitiques, constatées à l'autopsie, en fournis-

sent l'explication.

V. La fièvre typhoïde, sauf une période passagère

d'agitation, paraissait avoir une marche régulière

quand, brusquement, sans autres accidents préalables,

sont survenus une pâleur de la face, une altération

des traits, de la somnolence, du coma, une élévation

thermique de deux degrés, aboutissant en 24 heures

à la mort. A l'autopsie, épanchement puriforme dans'

la cavité ' péritonéale, péritonite, appendicite. Les

symptômes observés ne pouvaient pas faire prévoir

d'aussi graves lésions, la température, en particulier,

loin d'augmenter, a oscillé entre 38° et 39°, puis s'est

élevée brusquement à 40°,G.

Obs. XXI. - Hydrocéphalie et plagiocéphalie. Fièvre typhoïde ;.

perforations multiples.

Sommaire. - Père alcoolique ; otite entraînant des maux de

tête continuels. - Grand' mère paternelle, caractère di ffi-

cile. Un oncle et une tante paternels morts très jeunes.

- Mère : fièvres intermittentes ( ? ) ; migraines; crises avec

(1) D'après un certain nombre d'observations, nous, serions enclin à penser

que ces symptômes feraient présager une démence assez rapide. Déjà- dit. -

152 Épidémie de fièvre typhoïde.

perte de connaissance, - Grand'mère maternelle alcoo-

lique. Un demi-frère mort de congestion cérébrale. -

Pas de consanguinité ; différence d'âge : treize ans.

Crises nerveuses durant la grossesse. Asphyxie à la nais-

sance ; trois circulaires du cordon autour du cou. Début

de la parole à quatre (le la marche à trente, mois;

propre : 1 trois ans. - Méningite à trois ans. - Convul-

sions. Variole et rougeole légères. Brûlure avec de

l'eau bouillante. Scarlatine. Xt'OMomate. Jt'eufe

typhoïde.

AUTOPSIE. - Plagiocéphalie légère; os du crâne offrant de

nombreuses plaques transparentes. Distension considé-

rable des ventricules latéraux, - Six perforations intes-

finales, - Collection purulente inlra-p( : ¡'ito11éale,

Charr.... (Paul), âgé de cinq ans, né à Paris, entre à Bicêtre

le 8 mai 1894.

Antécédents. (Renseignements fournis par sa mère en 189G.)

- Père, 51 ans, déménageur, bien portant ; pas de convul-

sions dans l'enfance ; il y a une dizaine d'années a souffert

de maux de tête et était devenu sourd ; on l'a traité pour une

otite et il a complètement guéri au bout d'un mois. Caractère

gai, boit beaucoup, s'enivre à peu près régulièrement une

fois ou deux par mois : il est alors bruyant mais pas méchant.

Ne fume pas. Pas de rhumatismes, pas de syphilis probable.

[Sa famille. - Père, cultivateur, mort h 71 ans; peu de

renseignements, sobre. - morte à 70 ans ; longtemps

malade ; caractère acariâtre, était considérée dans tout le

pays comme une «femme méchantes Un frère et une sceur

morts très jeunes. Pas d'autres renseignements sur le reste

de la famille.]

Mère, 'il ans, porteuse de pain. Pas de convulsions ni de

maladies graves durant l'enfance ; il 17 ans, érysipèle ; il 27

ans, fièvres intermittentes ; était sujette à des attaques d'hys-

térie revenant à peu près tous les quinze jours : ces crises

ont duré jusqu'au moment où elle était enceinte de notre

malade. Migraines survenant huit jours avant ou huit jours

après les époques menstruelles ; ont cessé lorsqu'ont apparu

les fièvres intermittentes. Vers la même époque bronchite

avec hémoptysies (probablement d'origine arthritique). Carac-

tère un peu emporté ; visage très coloré, physionomie fran-

che, assez intelligente.

[Sa famille. - Père, inconnu. Mère, morte à 54 ans ;

Hydrocéphalie. 153

blanchisseuse, rhumatisante, buvait un peu sans être jamais

ivre. Caractère calme, pas nerveuse. Orpheline à neuf ans,

elle n'a pu laisser à sa fille aucun renseignement sur sa

famille.]

Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 13 ans (père

plus âgé). A 18 ans la mère avait un amant dont elle eut un

enfant mort à neuf mois de congestion cérébrale. Depuis n'a

pas eu d'autres enfants que notre malade ; pas de fausse

couche.

Notre malade. - État satisfaisant du père et de la mère au

moment de la conception. Celle-ci n'ayant pas eu d'enfants

depuis quatorze années ne croyait pas être enceinte et, sur

les conseils d'un pharmacien, prit six cachets ( ? ) et un bain

alcalisé pour rappeler ses règles. Elle n'a rien fait ni tenté

par ailleurs, a plutôt été heureuse de se voir enceinte. -

Accouchement il terme, normal, durée du travail vingt-sept

heures, présentation du sommet.

A la naissance trois circulaires du cordon autour du cou,

état asphyxique, La tête était volumineuse, ce qui retardait

l'accouchement; le poids de l'enfant était de neuf livres 1/2.

Allaitement maternel jusqu'à onze mois, au biberon, avec du

lait de vache jusqu'à deux ans I ? ? . - Première dent il sept

mois ; dentition complète il dix huit mois. - Début de la

parole il quatre ans, mais ce n'est guère que depuis son

entrée "1 Bicêtre qu'il prononce quelques mots correctement.

Ch... a marche il trente mois et a été propre il trois ans.

A trois mois, méningite caractérisée par de la somnolence

avec congestion de la face, et des conutlsions ; celles-ci

revenaient très souvent et pendant vingt-trois jours l'enfant

est resté sans connaissance. A la suite de cette maladie

(soignée par un homoecpathe'i, l'enfant est resté sourd et

aveugle jusqu'à huit mois et demi. 1-elit à petit, il a recouvré

l'usage de ses sens et n'a présenté par la suite ni paralysie,

ni contracture. - Vacciné à quatre ans. Variole et rougeole

légères. - A quatre ans, il s'est brûlé assez profondément

sur tout le coté droit du corps avec de l'eau bouillante.

Caractère gai mais très irascible ; lorsqu'il est en colère, il

se frappe la tête contre les murs. Il est assez affectueux et

reconnait bien ses parents, aurait de la tendance à briser les

objets qui sont à sa portée. Il mange gloutonnement, aime

le café mais pas le vin. Le sommeil est calme, on n'a pas

observé de tendance à l'onanisme.

Sa famille n'a. jamais cherché à l'instruire ni même à l'édu-

quer, aussi, à son entrée dans le service, Char..... agité,

54' Épidémie dé "fièvre typhoïde.

bruyant, brisant tout, disant à tout propos des mots ô éduriers,

était incapable de toute -application et même de toute obéis-

État actuel (pris 16- 13 juillet 1891). - État général satis-

faisant ; Char.... a l'air -d'être en excellente santé, l'expres-

sion de la physionomie est timide et défiante.- La peau est

fine et assez blanche, le visage et le cou sont hâlés.

Tête. Les cheveux, châtains clairs, descendent bas sur

le front et sur les tempes : pas de cicatrices, pas d'épi, tour-

billon postérieur médian. Le crâne est rond, volumineux,

plagiocéphale, les bosses frontale droite'et pariétale gauche

sont plus développées. On note une légère dépression au'

niveau de la fontanelle antérieure. Au-dessus de la protubé-

rance occipitale externe, dépression en méplat de la face

postérieure du crâne. - Face très développée, mais pas tout

iL 'fait en rapport avec le développement du crâne. Front

olympien, fuyant de haut en bas. Arcades sourcilières effa-

cées ; sourcils blonds et assez rares. - Fentes palpébrales

largement ouvertes, cils longs, légère blépharite. - Pas de

strabisme, d'exophtalmie, ni de nystagmus..17,is vert brun.

= Pupille normalement dilatée, réagit bien à la lumière-;

quant à là réaction à l'accommodation, à l'étendue de l'acuité

et du champ visuels, il est impossible de les déterminer.

Char... ne semble pas non plus reconnaître les couleurs. - z

Nez droit, un peu aplati à la base, lobule assez volumineux,

narines symétriques, ailes minces. Odorat très peu développé.

- T3ouclce assez grande, lèvres minces. Dentition très régu-

lière et très belle ; rien au niveau du plancher de la bou- "

clie non plus qu'à la voûte palatine. Joues grosses. -

Menton moyen, assez fort ; pas de prognathisme. - Oreilles

moyennes, bien ourlées, un peu charnues ; lobule petit et

détaché.

- Cou. - Circonférence : 20 cm. Pas de goitre, ni de gan-

glions. -

Thorax. : côté droit plus développé ;'pas de signes de rachi-

tisme, pas de déviation notable de la colonne vertébrale- ;

légère ensellure lombaire. -, Abdomen proéminent, vaste

cicatrice de brûlure au flanc droit.

Membres supérieurs réguliers ; onychophagie très mar-

quée.

ille7)ib ? ,es inférieurs légèrement cagneux ; cicatrice de brû-

lure sur la cuisse droite. Les réflexes semblent normaux ; pieds

bien conformés. Pas de troubles apparents de la niotilité

sensibilité, normale. '

1 - Cas suivis de décès ? - . 155'

Puberté. =-Corps complètement glabre. Phimosis ; lon-

gueur de la verge 5 cm., circonférence 4,5 cm. Scrotum

très développé-; testicules au niveau des anneaux inguinaux-,

du volume d'un petit haricot. Réflexe crémastérien très net ;

région anale normale. .

Légère écholalie : l'enfant répète constamment : « non, pas

de chance », ce que sa mère parait lui avoir appris ; il ne

répond pas aux questions bien qu'il prononce tous les mots,

souvent, il est vrai, en bredouillant. Il semble se rendre

compte de toutes les choses qui l'entourent et les désigne

par leur nom.

17 octobre. - Char... entre au pavillon d'isolement, por-

tant deux plaques de teigne tondante, l'une à droite, l'autre

à gauche, plus étendue. ..

1895. 11 janvier. - L'écholalie a un peu diminué. Puberté :

pas de modifications. -

l6at ? il. - La teigne est en voie de guérison.

1896. -Du 6 avril au 6 mai, Char... est atteint d'une scar-

latine peu intense. La température, au moment de l'éruption

n'a'pas dépassé 39°, 3. Du 10 au 18 avril, les urines ont pré-

senté une notable quantité d'albumine. '

1897. Janvier. - Puberté. - Corps et visage complète-

ment glabres. Phimosis. Verge : longueur 5 cm., circonfé- ,

rence 5 cm. Testicules maintenus appliqués au niveau des

orifices inguinaux. Région anale normale. ..

Traitement huile de foie de morue, sirop d'iodure de

fer, bains salés ; - traitement local de la teigne par la tein-

ture d'iode, les lotions de sublimé, la pommade au naphtol.

10 août. - Char... est devenu assez docile ; il écoute quand

on lui parle, mais ne peut répondre, à cause, sans doute, de

sa grande timidité. Il n'est plus écholalique, ni, coprotalique;

les tics ont disparu. '

z6 avril. Char ? guéri de sa teigne,' quitte le

pavillon d'isolement. ,

10 novembre. - Après le déjeuner de midi, Char... est pris

de vomissements en même temps que d'une diarrhée qui

dure une partie de la journée. . ?

il novembre. - Le malade entre à l'infirmerie. Interrogé,

il ne sait dire où il souffre, mais il marche plié en deux, les

mains appliquées sur l'abdomen. Le ventre présenté un

ballonnement assez développé ; la pression dans la. fosse

156

Épidémie DE fièvre typhoïde.

iliaque droite détermine une réaction douloureuse très

légère; sonorité normale à la percussion. - La langue est

humide. La respiration ne donne pas de grande indica-

tion ; l'inspiration est plus rude.

Fig. 13. - Flè\'l'e typhoïde.

158

Épidémie DE fièvre typhoïde.

Cas suivis DE décès. 15,9

160 ' Épidémie de fièvre typhoïde.

les pyramides paraissent un peu plates, les olives sont symé-

triques. - La paroi du quatrième ventricule est grenue,

épaisse, rugueuse.

Hémisphère droit. - Dilatation considérable et uniforme

des trois cornes du ventricule latéral. - Le corps strié paraît

avoir son volume normal ; la couche optidne est un peu

plus petite. Poids : 550 gr.

Face externe. - Les caractères généraux sont les mêmes

que pour le gauche. Rien à signaler de particulier dans la

disposition des scissures de Sylvius, de Rolando et perpen-

diculaire externe.

Lobe frontal. FI est assez contournée, coupée d'incisu-

res, communique avec F2 par de nombreux plis de passage.

F2 va se jeter dans r3 après avoir été coupée par une scissure

verticale, sur les bords de laquelle deux plis de passage la

font communiquer avec ra. Fil est très-contournée et se

continue directement avec F. A. F. A., irrégulière, n'offre

aucune particularité.

Lobe pariétal. - P.A. présente à son milieu plusieurs inci-

sures. L.P.S. offre ainsi que L.P.I. les mêmes caractères que

sur l'hémisphère opposé. Il en est de même au lobe occipital

et au lobe temporal, Tl, cependant est coupée par beaucoup

plus d'incisures sur ce côté qu'à gauche.

Face interne. - Mêmes caractères que sur le côté opposé :

aplatissement notable du lobe paracentral, de l'avant-coin,

du coin, de la circonvolution du corps calleux et de ce der-

nier. Les noyaux gris centraux sont aussi déprimés et la

cauité ventriculaire oflrent les mêmes dilatations que du côté

opposé. Le bulbe et la moelle qui ne présentaient aucune

modification morphologique, ainsi que l'hémisphère droit

doivent subir l'examen microscopique -( 1), -

Hémisphère gauche (560 gr.). - Même distension du 1;en-

tricule latéral ; la pie-mère est peu épaisse,. la décortication

se fait difficilement. -,Cervelet, rien.

Face externe. - La scissure de Sylvius est nette et le

sillon de. Rolando descend jusque dans la scissure sylvienne.

La scissure perpendiculaire externe est nettement accusée.

Les circonvolutions sont assez larges, les sillons peu profonds

à cause de la dilatation ventriculaire.

Lobe frontal. - F4 offre trois plis de passage avec F2 sur

(1) Cet hémisphère, le bulbe et la moelle ont été remis a M. le D Philippe

pour examen histologique.

Cas suivis DE DÉCÈS. 161

son trajet; le pli le plus important est le moyen qui, sur une

étendue de Il cm. environ, va d'avant en arrière parallèlement

à 1 Cette circonvolution s'amincit pour aller se jeter dans

F A. F2 a son origine dans le premier pli de passage de F* ;

elle est contournée et coupée par des incisures superficiel-

les. F3 n'offre rien de particulier, sauf qu'elle est atrophiée au

niveau de l'opercnle rolandique. F A, assez sinueuse, large,

offre à son milieu une incisure profonde qui en fait deux cir-

convolutions : une inférieure se continue en avant avec F2 et

un pli de FI et une supérieure qui va rejoindre le pied de F1.

Lobe pariétal. P A a une configuration des plus irréguliè-

res. Son tiers inférieur est séparé par une incisure et les 2/3

supérieurs sont aussi divisés par un sillon profond situé à

4 centimètres environ de la scissure interhémisphérique. Un

pli de passage important coiffe ce sillon et unit PA au lobule

pariétal supérieur. Le sillon intcrpariétal s'étend jusqu'au

voisinage de la scissure perpendiculaire externe. - Ilien de

notable pour le lobule pariétal supérieur. Les circonvo-

lutions du lobule pariétal inférieur sont assez grêles et sont

coupées en tous sens par de petites incisures. - Le lobe

occipital est formé de circonvolutions irrégulières qui

n'offrent rien à signaler. - Le lobe temporal se compose de

Tl, très mince dans son tiers antérieur qui va se termi-

ner dans L.P.L, en prenant les mêmes caractères que ce

lobule c'est-à-dire en étant coupée par de nombreuses inci-

sures. T2 et T3 offrent des caractères analogues à la partie

postérieure de Ti. Ces deux circonvolutions sont confon-

dues par de nombreux plis de passage et de nombreuses

incisures. Les circonvolutions temporo-occipitales ne présen-

rien de particulier; il en est de même de l'insula de Reil.

Face interne. F1 n'offre rien d'anormal, sinon de

nombreuses incisures. Rien à noter au lobule patacentral.

L'avant-coin est très-aplati à sa partie antérieure. Le coin

est aussi aplati d'avant en arrière et ne présente aucune

particularité notable. La circonvolution du corps calleux est

très aplatie et altérée ; il en est de même du corps calleux

qui est fort mince. Le ventricule est excessivement dilaté :

il est recouvert d'une membrane assez épaisse avec d'assez

nombreuses vascularisations. La dilatation des ventricules

offre son maximum au niveau de la région rolandique et du

lobe pariétal. La corne sphénoïdale est aussi dilatée, mais

dans des proportions moindres que les cornes frontale et

occipitale.

Cou et thorax. -- Pas de persistance du thymus. - Corps

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1898. 11

1ô2 Épidémie DE fièvre typhoïde.

thyroïde normal (15 gr.). Poumon droit (230 gr.). Adhé-

rence complète mais peu résistante des deux feuillets pleu-

raux sur toute leur hauteur ; pas de foyers de congestion. -

Poumon gauche (195 gr.). Adhérences seulement la base.

- Coellr, légère hypertrophie de la paroi vcntriculaire gau-

che, pas de persistance du trou de l3otal. Canal llwracique

rempli par un liquide jaunâtre.

Abdomen. - Adhérences peu résistantes de l'épiploon et

du péritoine viscéral à la paroi abdominale antérieure. Ouver-

ture d'une vaste collection de liquide purulent, jaunâtre,

d'odeur fécaloide et siégeant au coté droit. En décollant les

anses intestinales du coté gauche, on détermine l'issue d'un

liquide purulent blanchâtre, très abondant, et en retournant

le cadavre, il s'écoule une quantité de liquide purulent éva-

luée approximativement Ù deux litres. On trouve alors dans

la fosse iliaque droite une énorme cavité clans laquelle on

peut loger les deux, poings, et limitée en haut par la face

inférieure du foie, partout ailleurs par des anses intestinales

agglutinées par des fausses membranes. Le pus a fusé en

bas jusque dans l'excavation pelvienne qu'il remplit complè-

tement : '. le cul de sac recto-vésicat est comblé par des exsu-

dats membraneux.

Au niveau du cwcttm, adhérences nombreuses et résis-

tantes. L'appendice ne présente rien de particulier. Dans les

cinq derniers centimètres de l'intestin grêle, on observe deux

perforations assez larges, et en deux points la muqueuse est

complètement détruite ; la séreuse et la tunique musculaire,

forment seules le fond de ces ulcérations. A trente-cinq cen-

timètres de la valvule iléo-ecccaie siègent, sur l'intestin

grêle, quatre perforations dont deux largement ouvertes sont

de la largeur d'une petite lentille; les deux autres sont obli-

térées par des fausses membranes qui ont déterminé l'accole-

ment des deux lèvres de l'orifice. Ces perforations, ainsi cica-

trisées, ne sont bien visibles que lorsqu'on examine l'intestin

par sa face interne : on note alors une légère saillie des lèvres

de l'orifice.

Foie : fausse membrane épaisse sur la face inférieure de

son lobe droit ; rien ailleurs. - Rate un peu hypertrophiée ;

épaississement de la capsule sur la face interne. - Rein

droit : sur sa face antérieure, atmosphère celluleuse épaissie

et formant laparoi de la poche purulente. Rein gauche nor-

mal, se décortiquant aisément. - Organes génitaux sains.

Réflexions. I. Rien à noter dans la famille

Cas suivis DE décès. 163

paternelle, excepté les excès alcooliques du père.

Quant à la mère, elle est nerveuse, a eu des attaques

d'hystérie et des migraines qui auraient disparu sous

l'influence cle fièvres intermittentes. Dans sa famille,

sur laquelle les renseignements font défaut, nous n'a-

vons à mentionner que les excès de boisson de sa

mère, grand'mère maternelle de l'enfant, et la conges-

/ion cérébrale dont est morte une demi-soew' mater-

nelle. Signalons en passant l'inégalité d'âge de 13

ans de ses père et mère, circonstance que nous relevons

toujours dans nos observations parce que quelques

auteurs l'ont invoquée comme élément étiologique de

l'idiotie.

II. Les antécédents personnels nous offrent à

noter : a) l'asphyxie et le volume exagéré de la tête

à la naissance ; b) une méningite grave à trois

mois, avec convulsions répétées et perte prolongée

de la connaissance, maladie qui s'est compliquée de

cécité et de surdité passagères (1) et a laissé de nom-

breuses traces : adhérence de la dure-mère au crâne,

de la dure-mère à la pic-mère, de celle-ci à la subs-

tance grise, etc. ; - c) l'hydrocéphalie symptoma-

tique de méningo-encéphalite, caractérisée, entre

autres, par une distension considérable des ventricules

latéraux, un aplatissement d'un certain nombre de

circonvolutions, un amincissement de l'espace inter-

pédonculaire et un aplatissement des tubercules

mamillaires.

III. La méningite et l'hydrocéphalie ont eu pour

conséquence l'idiotie méningitique : retard de la

marche, de la parole, de la propreté, cognements de

(I) Notons que la cécité et la surdité ont disparu complètement au bout de

cinq mois ce que nous avons consigné dans un certain nombre de cas pré-

cédemment publiés.

164 Épidémie de fièvre typhoïde.

tête (krouomanie), clastomanio, gloutonnerie, excita-

tion, coprolalie, etc.

IV. La fièvre typhoïde s'est compliquée de quatre

perforations et d'une péritonite avec collection

purulente occupant la fosse iliaque droite. Le malade

est mort dans le coma avec, un abaissement notable

de la température.

Considérations générales.

I. Si nous considérons dans son ensemble cette

série d'observations, nous voyons :

1° Que nous avons eu affaire à une épidémie parti-

culièrement grave : 6 décès sur 21 cas, soit une m,01'-

talité de 28,5 0/fj. De ces six décès deux ont eu pour

cause des perforations intestinales, un une përtto-

nite généralisée d'origine appendiculairc ; un autre

est survenu rapidement à la suite d'une forme parti-

culièrement toxique de dothiénentérie ; dans deux

cas enfin on n'a pu découvrir de cause immédiate de

la mort.

' 2° Que dans la plupart des cas les symptômes

gastrô-intestinaux étaient peu marqués, alors que les

signes pulmonaires se sont montrés d'une manière

constante, quelquefois même avec une intensité capa-

ble de faire errer le diagnostic au début. (Obs. Gau-

th...; Obs. Bon...)

3° Qu'aucun malade n'a été soigné dès le début des

accidents ; tous se sont présentés à la période d'état

de leur affection, les uns offrant déjà des taches rosées,

indice que la maladie était au moins dans le deu-

xième septénaire de son évolution. Chez les autres,

ces taches rosées ont apparu un ou deux jours après

leur entrée à l'infirmerie. Peut-être faut-il voir là la

Véritable cause des nombreux cas de mort que nous

Considérations générales. )H5

avons eu à enregistrer : le fait ne saurait être mis en

doute pour Pep... (Ons. XVI), mort heures après son

arrivée at l'infirmerie, ni peut-être môme pour Char...

(Ons. XXI) qui semble être seulement entré au moment

où s'est effectuée sa première perforation. Ces acci-

dents no peuvent être évités que par une observation

attentive et de parti pris de tous les enfants hospita-

lisés et surtout de ceux chez lesquels les indications

et réactions subjectives font défaut, du fait même de

leur état d'idiotie plus ou moins accusé.

Et, soit dit en passant, ici éclate non seulement

l'intérêt, mais la nécessité qui s'impose d'avoir un

personnel intelligent, habilité à surveiller de tels

malades. Or, le grand critérium qui décidait à nous

amener les enfants à l'infirmerie, c'était lorsque ceux-

ci refusaient de manger : c'est la assurément un signe

d'une grande importance quand il s'agit d'idiots et do

gâteux; mais avant d'en arriver il cette manifestation

capitale, ils avaient dû présenter des modifications de

l'état général, de l'insomnie, de la diarrhée, une fièvre

vespérale qui n'auraient pas dû échapper à un person-

nel observateur et rompu à son service. Malheureu-

sement, si notre personnel de jour offre des garanties

sérieuses, il n'en est pas de même du personnel de

nuit, changeant et inexpérimenté en raison de son mau-

vais mode de recrutement. Le service de nuit, ainsi

que l'un de nous l'a demandé un très grand nombre de

fois, ne devrait pas être confié à des débutants, n'ayant

jamais été en contact avec les malades, mais à des

infirmiers et infirmières ayant déjà une réelle expé-

rience.

4° Le diagnostic était rendu d'autant plus difficile

que, outre l'absence totale do renseignements sur le

siège, la nature, l'intensité du mal, la plupart des

malades présentaient des signes réactionnels tout

16G Épidémie de fièvre typhoïde.

différents de ceux que l'on observe chez les sujets

normaux. En effet, non seulement jamais nous n'avons

noté chez eux l'état de profonde stupeur qui accompa-

gne toujours l'état typhoïde ; mais au contraire, et

surtout chez les idiots, un état d'excitation durant

lequel ils semblaient jouir de facultés plus étendues.

Il serait donc à souhaiter que l'on pût, à l'avenir, en

présence de cas identiques, utiliser tous les moyens

d'établir un diagnostic précoce, et, à ce titre, il nous

parait particulièrement urgent d'avoir une installa-

tion permettant d'effectuer rapidement la réaction de

l'agglutination, ce qui est absolument impossible en

l'état actuel des choses.

II. Des 21 malades atteints par l'épidémie, sept

étaient épileptiques. Chez tous, sauf un, Wei.. (OBs.

XVIII), les accès ont été complètement suspendus. Le

malade qui a fait exception aurait eu un accès au milieu

de l'évolution (le sa fièvre typhoïde, alors que la tempé-

rature était élevée et des convulsions épilepti{o1'mes ( ? )

deux jours avant sa mort, alors qu'il était dans un

état de prostration très prononcé (1). Il est fort pro-

bable qu'il ne s'est pas agi la première fois d'un véri-

table accès d'épilepsie, mais de convulsions ordinaires

comme il s'en produit chez les enfants normaux affec-

tés de maladies infectieuses. Chez les cinq épiles-

tiques survivants les accès n'ont pas encore reparu

chez Lamb... (OBs. IV). lisse sont montrés de nou-

veau chez Gaut ? dans la nuit du G au 7 février 1899,

près de trois mois après le début présumé de la fièvre

typhoïde. Gcncv... (Ons. XIII), dont la maladie a

débuté le 7 décembre 1898 et a été terminée le 28

décembre 1898, n'avait eu que quatre accès en 1898

(1) L'accès présumé est survenu durant la nuit et nous avions alors une

nouvelle infirmière veilleuse peu au courant.

FIÈVRE TYPHOÏDE ET EPILEPSIE. Hî7

(le dernier en mars). Aucun accès dans le cours de

sa maladie. Il a eu une crise le 30 janvier 1899.

Mczc... (On ? XIV). Dans le courant de 1898 jusqu'au

17 décembre, début de la fièvre typhoïde, le malade

a eu 37 accès et 18 vertiges. Durant sa fièvre il aurait

eu : 2 accès le 17 décembre; un le 21 décembre et

un le 23 décembre. Il n'a pas eu d'autres accès jus-

qu'à sa guérison (1). Le 31 janvier, il a eu un accès et

un vertige. Rien depuis jusqu'à la fin de mars.

Ces faits prouvent une fois de plus que les maladies

aiguës, avec élévation de la température plus ou moins

prolongée, comme la fièvre typhoïde, suspendent les

accès chez les épileptiques : c'est une compensation

relative de leur influence étiologique sur la produc-

tion, qu'on leur attribue, des maladies du système

nerveux. Cette action suspensive se prolonge après la

convalescence, sinon clans tous, au moins dans la

plupart des cas. Une fois même, nous avons vu les

accès disparaître complètement et, au bout de plu-

sieurs mois, il nous a été possible de rendre l'enfant

à sa famille (2).

III. Sur les seize malades du service, quatre provien-

nent de pères faisant de nombreux excès de boissons.

Chez un seul il est probable que la conception a eu

lieu durant l'ivresse.

IV. Les tracés de la température, dans les quatre cas

qui se sont terminés par la mort, permettent de se

rendre compte de l'influence des complications sur la

marche de la fièvre. Ils pourront être comparés à un

(1) Le malade, appartient à la section des épileptiques adultes (service de

)IL Chaslin),

(2) Voir la thèse de notre ami, le Dur Séglas, faite dans notre service en

1880, intitulée : De l'influence des maladies intercurrentes sur la marche de

l'épilepsie, .

168 Epidémie DE fièvre typhoïde.

certain nombre de tracés thermométriques de cette

maladie, qui figurent soit dans les Comptes-rendus

du service, soit dans le mémoire de l'un de nous

publié en z(1).

V .Quelle est l'origine de cette épidémie ? Le premier

cas a été observé à la fin de juillet et la plupart des

autres cas se sont succédés du 25 août au 13 septem-

bre, les six derniers cas se sont disséminés du 4 octo-

bre au 17 décembre.

Comme l'enfant qui en a été victime avait, en juillet,

passé quelques jours dans sa famille qui habite le

Kremlin, nous avons pensé qu'il avait pu y contracter

le germe de sa maladie. Or, après information, nous

avons su qu'il n'avait pas bu d'autre eau que celle de

Choisy la même que celle de Bicêtre.

Peu après, de nouveaux cas étant survenus, il y avait

lieu de faire examiner l'eau servant à l'alimentation

des enfants. Nous avons écrit (2) à M. le Directeur de

Bicêtre de bien vouloir y faire procéder. Il a envoyé

un échantillon de l'eau au laboratoire municipal de

bactériologie et a reçu le 29 septembre une lettre de M.

le Dr Miqucl d'où nous extrayons le passage suivant :

« Les eaux qui ont été apportées à mon laboratoire le 14

septembre courant ont montré une composition analogue aux

eaux filtrées de Choisy-le-Roi. Toutefois, elles étaient beaucoup

plus chargées en bactéries vulgaires, notamment le bacillus

subtilis. Ces mêmes eaux n'ont pas offert le bacille du colon

ni celui du typhus. Il faudrait donc attribuer peut-être à une

autre cause qu'aux eaux d'alimentation la petite épidémie de

fièvre typhoïde qui s'est déclarée dans une section de votre

hôpital. »

L'eau alimentant Bicêtre est prise dans la Seine à

Choisy le Roi et déversée dans un bassin où elle est

(1) BounEVtLLE. Notes et observations cliniques et thermomc'triques

sur la fièvre typhoïde.

(2) Nous étions alors en vacances.

Étiologie. 169

filtrée par le procédé Anderson. Elle est ensuite refou-

lée dans les réservoirs des Hautes-Bruyères et de ces

réservoirs l'eau est distribuée par la pente naturelle à

Montrouge puis à Bicêtre.

La cinquième division de l'hospice, affectée aux

aliénés et dont fait partie la section des enfants, est

alimentée par l'eau de la Seine laquelle s'ajoute

l'eau dite de Rungis, composée surtout des infiltra-

tions des pluies qui rencontrent une surface glaiseuse.

Elle arrive à l'établissement après avoir traversé le

fort de Bicêtre, qui depuis au moins cinq ans l'a

détournée à son profit et au détriment ( ? ) do l'hospice.

Celui-ci ne reçoit d'eau de Rungis qu'à la suite des

grandes pluies (1).

Comme l'épidémie n'a sévi que dans le quartier

des aliénés (2 cas dans la 3° section et 19 dans la 4",

enfants), alimentée en eau cle la Seine et en eau de

Rungis et qu'il ne s'est produit aucun cas dans le reste

de l'hospice alimenté exclusivement en eau de la

Seine, nous inclinerions à attribuer l'épidémie à l'eau

de Rungis (2).

Pour enrayer autant que possible l'épidémie, on a con-

damné les fontaines du service, surveillé les enfants aux

lavabos afin de les empêcher d'en boire l'eau comme ils

le font souvent, on leur a donné de l'eau bouillie et

de la tisane de houblon. Chaque jour le linbe était

(1). On croit que, au Fort, on ne se sert pas de l'eau de Rungis comme bois-

son. Voici d'autre part la note que nous devons à l'obligeance de SI. le Dr

Dieu, directeur du service de santé au ministère de la guerre.

Il Il n'y a pas en, en 1898, dit-il, un seul cas de fièvre typhoïde ; u fort de

Bicêtre. L'eau qui alimente ce fort ne provient que de trois origines dis-

tinctes : 1° L'eau de Seine, filtrée par le procédé Anderson et fournie par la

Compagnie générale des eaux ; 2° les eaux pluviales recueillies dans

deux citernes; - 3° un puits creusé dans le fort. - L'eau consommée au

fort de Bicétre est préalablement filtrée par les bougies Cltautberlnnd.

('2) Voici les analyses microbiologiques de l'eau de Choisy telles qu'elle figu-

rent aux Tableaux mensuels de la Statistique municipale de Paris : en juin

27.485 bactéries par centimètre cube et 125 moisissures; en juillet, 21.815

et 310 moisissures; en août, 42. 175 et. pas de moisissure ; - en septembre,

39.340 et 1.875.

d70 Épidémie DE fièvre typhoïde.

retiré des trémies et porté à l'étuve et les trémies

étaient lavées avec du sublime. Après chaque décès

ou après la sortie des enfants, la literie était passée à

l'étuve. En résumé, toutes les précautions exigées par

l'hygiène ont été prises avec le plus grand soin.

VI. Le traitement a consisté surtout en l'administra-

tion de bains froids, de toniques et de médicaments

divers suivantles manifestations symptomatiqucs. Les

bains froids ont été donnés avec le plus grand soin par

la sous-surveillante de l'infirmerie, 1\11110 nonzier, qui

apporte dans sa tâche un réel dévouement et une

grande habileté.

Note complémentaire sur les eaux de Rungis.

Notre collègue du Comilé consultatif d'hygiène

publique de France, M. Michel Lévy, nous a obli-

geamment remis la note ci-après :

« Les sources de Rungis proviennent du drainage naturel

du plateau de Villejuif-Chevillv incliné sur le sud. C'est une

nappe élevée retenue par l'argile verte oligocène. Une partie

de ces eaux avant filtré a travers le sable, de Fontainebleau,

qui forme des iJot2 sur ce plateau, parait être d'excellente

qualité. Mais une autre partie qui a traversé seulement

l'épaisseur du calcaire de Brie doit être considérée comme

douteuse. En effet ce calcaire de liric plus ou moins mculier

et compacte est ordinairement fissuré, et par ces fissures

les eaux de la terre arable engraissée dans colle région par

les gadoues de Paris, peuvent pénétrer jusqu'à l'argile verte

par un écoulement presque direct et sans avoir subi une

épuration sullisanle. De toile sorte que le gisement géolo-

hique des eaux des sources de Rungis ne permet pas de

donner de garantie sur lotir qualité. »

XI.

Instabilité mentale; hérédité très chargée ; traitement

médico-pédagogique ; guérison ;

PAR nounRrNEVIr.E et, BOYER

Sommaire. Père, rien de particulier. - Grand-père pater-

nel devenu alcoolique sur le tard, - Oncle paternel, arriéré,

inconscient, instable, mendiant. - Autre oncle paternel,

excès de boissons, paresseux, camelot. Tante paternelle,

excès de boissons (eau-de-vie de cidre). Deux grands-

oncles paternels pamlysés. - Autre grand-oncle paternel

mort tuberculeux.

Aëreterue).tse,cëpha ! a ! es.Cousm. maternel au deuxième

degré aliéné. Granct-'lante maternelle attaques de nerfs

de 20 à 24 ans. Deux grands-oncles maternels arriérés.

Grand-oncle maternel excès de boissons. Trois oncles

maternels morts tuberculeux. - Cousin germain maternel

idiot (Bicêtre). Deux autres cousins germains tuber-

culeux. Deux tantes maternelles mortes tuberculeuses.

Quatre cousins germains maternels morts de méningite.

- Cousin germain maternel pied-bot. Plusieurs cas de

gémella1'ité dans la famille de la mère.

Soeur, morte de convulsions. - Frère, mort a Bicêtre de

sclérose tubéreuse. Autre soeur migraineuse, a un

côté plus faible que l'autre. Autre frère convulsions de

l'enfance. - Autre frère convulsions répétées de l'enfance.

Autre soeur morte de convulsions.

Pas de consanguinité. Inégalité d'âge de 6 ans.

Conception, grossesse, naissance, rien de particulier. - C1'i.s

constants de nuit et de jour pendant treize mois. Pre-

mière dent à 7 mois, dentition complète à deux ans.

Marche à 15 mois. Parole à 10 mois. Propre incom-

172 Instabilité mentale.

plètement à 18 mois : incontinence d'urine trihebdoma-

daire jusqu'à 4 ans. Intelligence assez développée. -

Certificat d'études primaires v 11 ans J 12' - Mobilité, bavar-

dage. - Conduite et travail réguliers jusqu'en juin 1894

(16 ans j/2)' - Périodes de tristesse et de taciturnité alter-

nant avec des périodes de bavardage et d'excitation ; cépha-

lalgies simultanées. -- Modification du caractère à la

puberté. - Diminution des sentiments affectifs. Vive-

ment impressionné par la cérémonie funèbre de Carnot

(Juin 1894). - Retour des périodes de mélancolie alternant

avec des périodes d'excitation. - Contrariété, achat de

trousseau sans autorisation, idées de s'éloigner de sa

famille. - Se place lui-même à-plusieurs reprises et quitte

ses patrons sans motif sérieux. - Pseudo-grivélerie. -

' Actes extravagants : correction, taciturnité consécutive.

Nouveaux essais de placement. - En décembre 1894,

période de mélancolie et de loquacité. - Emprunts d'ar-

gent, fugue (24 juin 1895). - Instabilité. - Vol paternel.

- Nouveaux emprunts chez des clients de son père : -

Voyages multiples. - Description du malade à 18 ans. -

Traitement mëdtco-pëdaotgMe. Disparition des pé-

riodes alternantes de mélancolie et d'excitation. - Réap-

parition des sentiments affectifs. - Amélioration pro-

gressive de l'état moral. - Guérison.

Edouard B......, né à Paris, le 11 octobre 1877, est entré à

l'Institut médico-pédagogique, le 3 octobre 1895.

Antécédents (Renseignements fournis par le père et la-mère

le 8 octobre 1895). - Père, 50 ans, épicier, actuellement en

repos; bien portant, pas de migraines, pas de convulsions de

l'enfance; caractère un peu vif en paroles ; tempérament tran-

quille, sobre, « aimant un peu de tout sans passion ». Grand-

père paternel, mort à 73 ans, était devenu triste et « ivrogne »

après la mort de sa femme. - Grand'mère paternelle, bossue,

avenante, intelligente, morte d'un asthme en»18-,3. -Arrière-

grand-père paternel, mort de vieillesse. - Renseignements

insuffisants sur les grands-oncles et grand'tantes paternels.

Deux onclesr palànels; l'un n'a jamais rien voulu faire,

47 ans, vit de l'aumône des fermiers du. pays, «fait tout ce

qu'il ne faudrait pas faire, n'a pas l'eslirit du bien et du mal »,

travaille 4 jours et part 15 jours, arrière, inconscient, ins-

table ; l'autre est camelot, paresseux, « on le voit, plus souvent

ivre qu'autrement ». Ni l'un ni l'autre ne sont mariés et n'ont

d'enfants. Deux tantes paternelles : l'une, mariée, a 4 enfants

Antécédents héréditaires. 173

bien portants; l'autre mariée également, a 3 enfants. Cette

dernière s'est mise à boire de l'eau-de-vie de cidre, « c'est

l'habitude des femmes du pays de boire (environs de Nogent

le l2otrou) ; elles s'entrainent réciproquement. » - Grand-

oncle paie ? nel, mort après avoir été deux ans paralysé ; autre

grand-oncle paternel, mort également paralysé; un troisième

mort tuberculeux.

Mère, 44 ans, a toujours eu des maux d'estomac et d'in-

testins depuis son deuxième enfant jusqu'à 20 ans ; mariée à

18 ans ; pas de convulsions de l'enfance « Je suis jumelle

avec une soeur qui a eu beaucoup d'enfants », pas de migrai-

nes, cependant depuis 18 mois douleurs de tête avant les rè-

gles. Caractère assez vif. Jamais de maladies rhumatismales ;

a eu quelques dartres sèches sur les jambes et au cou. -

Grand'père maternel mort à G3 ans d'une inflammation d'in-

testins, très sobre, cultivateur. - Grand'mère maternelle,

très calme, morte subitement d'une congestion au coeur.

Arrière-grand'mère maternelle a eu 15 enfants dont trois

sont morts jeunes et dont les autres n'ont présenté aucun

accident nerveux. Cousin au 1er degré, 25 ans, est aliéné,

actuellement à Charenton (Léon B...) ; il aurait voulu frap-

per sa mère pour voir son sang couler ; un autre cousin, frère

jumeau de ce dernier, est en bonne santé, marié et a un en-

fant bien venant. - Une grand' tante maternelle a eu des at-

taques nerveuses de 20 à 24 ans ; se sauva une nuit en che-

mise, ne s'est pas mariée. - Un grand'oncle -maternel était

entré, au séminaire d'où il a été renvoyé comme insuffisant.

- Parmi les quatre autres g1'ands'oncles maternels, un ar-

riéré est mort il 20 ans ; les trois autres ont été bien portants,

un seul a fait des excès de boissons. - Cinq oncles mater-

nefs : trois sont morts phthisiques, sobres, l'un de ces der-

niers a eu trois enfants, deux bien portants, le troisième

(Louis B...) est à Bicêtre comme idiot. Les deux autres on-

cles maternels vivant encore ; pas d'accidents nerveux ; ils

ont chacun perdu un enfant phthisique. - Deux tantes ma-

ternelles sont mortes de la poitrine : l'une sans enfant, l'au-

tre avec trois enfants dont deux sont en bonne santé et dont

la troisième est morte phthisique à 25 ans. - La tante ma-

ternelle, soeur jumelle de la mère a eu six enfants ; quatre

sont morts de convulsions ou de méningite, le cinquième

est pied-bot, le sixième qui a sept ans n'a pas eu de convul-

sions, intelligent, délicat. -D'après la mère de l'enfant, les

jumeaux viendraient du côté paternel de la mère où il y au-

rait eu plusieurs cas cle uemellal'ilé,

174 Instabilité mentale.

Pas de consanguinité : père du Perche, mère du Soisson-

nais. - Inégalité d'âge de six ans.

Dix enfants : 1° et 2°, deux jumelles : l'une morte à 20 jours,

« s'est éteinte l'autre est morte à 2 mois de convulsions qui

ont duré trois jours ; elles étaient nées à 8 mois ; - 3° fille

morte à. 9 mois en 24 heures de la cholérine ; pas de convul-

sions ; 4° garçon mort à 7 ans dans notre service il. Bicêtre :

idiotie symptomatique de sclérose tubéreuse ou hypertro-

phique des circonvolutions. z 5° garçon mort à 11 mois de la

cholérine en nourrice ; pas de convulsions ; 6° notre malade ;

- 7° fille, 16 ans, pas de convulsions, intelligente, douce ;dou- ! eu)\'. de tête se reproduisant trois ou quatre fois par semaine

et l'obligeant à se coucher ; parfois vomissements ; elle a un

côté pus faible que l'autre ; élevée par sa mère ; 8° garçon,

12 ans, a eu quelques petites convulsions sans que l'on ait

recouru au médecin ; intelligent, « mais ne fait pas ce qu'il

devrait faire » ; - 9° garçon, a eu trois fois des convulsions

assez fortes, est mort à 6 mois de la cholérine : - 10° fille morte

à 6 mois, convulsions chaque semaine ; sa tête était toujours

rejetée en arrière, tombant entre les épaules.

Notre malade. - A la conception les parents étaient bien

portants, sauf la mère qui souffrait de constipation. Gros-

sesse : dans les premiers mois troubles digestifs, constipation,

pas de vomissements ; pas de peur, pas de coups, pas de chu-

tes, pas d'envies, pas de syncopes. - Accouchement à terme,

naturel, en deux heures ; présentation de la tète. - il la nais-

sance, pas de cordon, pas d'asphyxie : « il était très correct,

très beau. »

Élevé au sein jusqu'à 13 mois, n'a jamais cessé de pleurer

nuit el jour. C'était le premier que la mère nourrissait, con-

trariée d'avoir vu les autres mourir en nourrice. Très cons-

tipé, faisant tout vert. a cessé de crier il 13 mois quand il

a été sevré. - Première dent il 7 mois, seize à 16 mois ; les

vingt il 2 ans.

Jamais de convulsions. Marche à 15 mois. - Parole : à

19 mois , il parlait assez bien ; couramment il 2 ans. - Propre

a 18 mois ; mais durant les hivers jusqu'à 4 ans, il lui arrivait

deux ou trois fuis par semaine d'uriner au lit.

Envoyé il l'école maternelle à 3 ans : n'a jamais manqué ;

apprenait bien; on lui reprochait de causer toujours et de

s'occuper de tout. - A 6 ans va il l'école communale, travail-

lait bien, causait et jouait, mais distrayait ses camarades; il

deux ou trois reprises différentes, il s'est plaint de la tète. -

Est resté à l'école communale jusqu'à 15 ans; a eu son cer-

Antécédents personnels. 175

tificat d'études à 11 ans ] ? 2. A 15 ans, est resté 6 mois avec

ses parents qui tenaient un commerce de vins et d'épicerie ;

servait au comptoir, on assure qu'il ne fumait ni ne buvait.

Il est resté deux mois avec le successeur de son père qui était z

très content de lui. - Est allé dans le Moissonnais chez un

oncle où il est resté trois mois ; de la a été passer 15 jours à

Dieppe avec ses parents. - A été employé six mois chez un

marchand de beurre et oeufs en gros, puis est revenu chez

ses parents qui avaient repris un commerce. (Février 189lui.)

Bien qu'il ait continué il travailler régulièrement jusqu'en

juin 18[J'L on avait remarqué, depuis quelques mois des chan-

gements dans son caractère il il restait quelquefois sombre

durant 4, 5 et G jours, ne parlait pas à ses parents, mais

continuait à parler aux clients ; il ces périodes de mutisme

succédaient des période.1' de bavardage exagéré : en même

temps douleurs de tète. « Quand la barbe a poussé, les

changements se sont accentués » ; tandis qu'autrefois il se

tourmentait quand il voyait sa mère ennuyée, il montre

vis-a-vis d'elle une réelle indifférence ; se fâche même sou-

vent après elle sans cependant être grossier ni violent.

Edouard assiste au convoi de Carnot, il en revient très

affecté, consterné, abasourdi : sueurs exagérées. - Trois

jours après, il avait le teint jaune, vu par un médecin qui

prescrit une purgation. - Il est resté absorbé pendant douze

jours puis se met à causer, sans extravagances cependant ;

voulait sorlir à chaque instant, avait des caprices, ses cha-

peaux ne lui plaisaient plus. l'uis est survenu une période

de mélancolie. Il va passer quinze jours chez un oncle à la

campagne ; on le ramène à Paris parce qu'on le trouvait trop

« émancipé » et qu'il se mêlait sans réserve à toutes les con-

versations. - Chez ses parents il se montre moins affectueux,

moins prévenant. En septembre 1894, comme ses parents

ne veulent pas le laisser aller au mariage d'un cousin, il se

montre très mécontent ; se met à faire de la bicyclette, va

commander à la Belle-Jardinière un trousseau avec l'idée de

se placer hors de sa famille. Trouve lui-même une place à

Issy dans une épicerie où il ne reste que 15 jours; prétendait

pouvoir manger du chocolat qui, disait-il, venait de chez son

père. De retour chez lui, il se montre excité et désobéis-

sant. Se fait embaucher à \euilly et son nouveau patron le

remercie le jour même. Il rentre chez sa mère plus excité

que jamais, se sert même d'expressions grossières. Au lieu

d'aller chez un ami de la famille qui devait le moraliser et

chez lequel il devait déjeuner, il s'installe chez un marchand

de vins pour manger et comme il n'a pas assez d'argent pour

-170 Instabilité mentale.

payer, il laisse sa montre. Il revient chez lui et on l'expédie

le lendemain chez son oncle, ta campagne. Il se montre,

chez lui, extravagant, monte sur les voitures, cause sans

cesse : son oncle, pour le faire taire, lui a donné une giffle,

il est resté six semaines sans lui causer ; il continuait cepen-

dant à faire pour son oncle des recouvrements.

Revenu à Paris, fin décembre 1894, Edouard est replacé

chez un de ses anciens patrons, mais le cinquième jour n'y

veut plus retourner. - Il est montré au Dr Lecoq qui prescrit

une purgation. A partir de en, moment l'enfant est 15 jours

sombre, 15 jours excité : la mélancolie et la /o(juacilé sont de

plus en plus accentuées; pas de bonnes périodes.

Le 2'juin (1895), Edouard emprunte 40 francs iL un ami de

la famille et part pour le Havre. De cette ville, il redemande

par dépêche de l'argent à la même personne pour aller, dit-

il, à Londres. Comme l'ami va aux renseignements et qu'il

apprend la fugue de l'enfant, il ne répond pas iL Edouard. Ce

dernier revient en toute hâte il Paris, va trouver le boulan-

ger de la famille auquel il emprunte 30 francs et file à Joinvil-

le-le-Pont canoter, y dîne et prend le train pour Orléans. La,

n'ayant plus d'argent, il télégraphie au boulanger pour lui

demander 10 francs, lui promettant de rentrer a Paris. Son

père va le chercher; il le rencontre dans les rues; Edouard

avait lavé sa chemise lui-même et l'avait remise ; dans le

voyage de retour il a, dans le wagon, une très mauvaise tenue.

En juillet IS9a, Edouard est resté douze jours sans vouloir

quitter sa chambre ; il dérangeait tout, déplaçait les livres,

mangeait en dehors des repas. Le 1G juillet, il retourne tra-

vailler chez son patron et se conduit bien pendant huit jours.

Sans motif aucun n'y veut plus retourner; son patron vient

le reprendre lui-même, essaye de l'cncouraffer et finit par le

faire revenir chez lui, mais le travail est de plus en plus irré-

ulicr. Edouard se met à lire beaucoup, se cache pour satis-

faire sa passion. Après un voyage en famille où il se montre

par intervalles très excité, il retourne chez son patron et le

quatrième jour il fait, chez lui, 1111 paquet d'objets les plus di-

vers, vole vingt francs à son père et va, sous prétexte de faire

une course, chez une de ses parentes, habitant la banlieue ; il

découche, emprunte le lendemain à des amis de son père un

franc par ci, quatre francs par quinze francs ailleurs. Va

déjeuner chez un marchand de vins où il arrive il ne plus

avoir le sou, il n'avait même plus de chemise. Il trouve moyen

de revenir il Paris, emprunte encore 7 francs il un client de

son père et prend le chemin de fer pour aller voir son oncle

dans le Soissonnais. C'est lit que ses parents le retrouvent

Description du malade. 177

enfin. Il y reste quelques jours, prend à son oncle des quit-

tances d'assurances, en touche le montant (200 fr.) et prend

le train pour Paris sans prévenir personne. Arrivé à la gare

de l'Est, apercevant un train qui allait partir pour Belfort, il

prend un billot d'aller et retour pour cette ville et s'embarque.

Ses parents ignoraient où il était passé. Il revient de lui-même

à Paris, au bout de quelques jours, et rentre chez ses parents

qui le conduisent aussitôt à l'I¡¡slilul1J1édico-petlilg()(Jiqu,

Etat a l'entrée. - a) Elut pliysique. La physionomie

parait intelligente, l'expression est plutôt triste. Les cheveux

sont noirs, assez épais, les yeux brillants, marron-foncé,

entr'ouverts, le ne : droit et fort, les joues plates, peu colo-

rées, le teint est mat, la bouche moyenne, la mâchoire infé-

rieure un peu proéminente, les oreilles normales. La lèvre

supérieure est' couverte d'un duvet brunâtre, la barbe est

naissante, assez fournie sur les joues et sur le menton.

Thorax très bien constitué, largo, épais, région pectorale '

proéminente, sans exagération. Af<')))h)'< ? supérieurs régu-

lièrement conformés, articulations phalango-phalaffginiunnes

un peu saillantes, ongles normaux.

Ventre plutôt plat, normal. - Membres inférieurs tout il

fait réguliers; les trois derniers orteils du pied droit un peu

portés obliquement en dehors. Le pied gaucho ne présente

aucune déviation des orteils.

Puberté. - Poils noirs, abondants sous les aisselles, quel-

ques poils autour des aréoles mammaires, petits poils entre

les deux seins, traînée de poils descendant de l'épigaslre et

s'élargissant jusqu'au pénil ; poils noirs abondants et frisés

sur tout le pénil, envahissant les aines, les bourses, et les

parties supérieures des cuisses. Le scrotum est normal. Ver-

ye assez bien développée, prépuce assez court, laissant voir la

pointe du gland. Gland un peu pointu, méat

normal. - Testicule gauche de la dimension d'un oeuf de

pigeon, testicule droit plus gros. Pointe de hernie inguinale

à droite. - Poils fins, assez abondants, sur la région lombaire,

les fesses et les cuisses : poils fins sur la moitié postérieure

des bras.

b) Etat physiologique. - Rien de particulier il signaler sur

son état; rien à l'auscultation. Les articulations sunt souples

et capables de mouvements étendus. Les organes des sens

paraissent fonctionner régulièrement. A signaler dans les

fonctions .digestives, une appétence capricieuse, une cons-

lipation persistante. .

BOUHNEVILLE, Bicêtre, 1898. 12

178 Instabilité mentale.

c) Etal psychologique. - L'intelligence est celle des en-

fants de son âge ; l'attention et la réflexion sont normales, la

mémoire bonne; l'imagination parfois extravagante; l'enfant

parle beaucoup de tout et sur tout en vrai hâbleur, rabâche

longtemps la même idée, coq-a-1'ane fréquents, s'écoute par-

ler, finit par croire que c'est arrivé, se laisse entraîner par

l'idée du moment; dans les rémissions, paraît raisonner à

peu près convenablement. - Il a conservé les connaissances

acquises durant sa période d'écolagc, les a augmentées par

des lectures diverses ; on sent cependant que ce qu'il a appris

lui-même dans les livres est imparfaitement assimilé, quel-

ques confusions constatées. Son écriture se ressent de l'état

du moment : très lisible et très régulière dans les périodes de

rémission, elle est tourmentée et irrégulière dans les périodes

d'excitation, la lettre qu'il a écrite de Belfort à ses parents est

très difficile à lire. Aptitude pour le calcul et la comptabilité

en particulier; préfère les sciences aux lettres, n'aime pas la

musique.

d) Etal instinctif et mural. - Edouard aime la société, il lui

faut du reste quelqu'un à côté de lui pour satisfaire son besoin

de parler. Il ne parait présenter aucune perversion d'instincts.

Il est franc ; s'il ment quelquefois, c'est inconsciemment.

Avoue ses escapades, quand on lui demande pourquoi il a été

à Belfort, par exemple, il répond : « C'est une idée qui m'a

pris, histoire de me promener. » Parait avoir la notion du bien

et du mal. Idées religieuses assez prononcées. N'est pas mé-

chant. Volonté faible. Se ressent bien vite du milieu dans

lequel il vit. Quelques manières communes, surtout à table

où il n'a aucune réserve, langage grossier, termes d'argot ;

s'occupe très peu de sa toilette, tenue négligée.

Traitement : bains, douches, gymnastique, travaux de jar-

din, travaux scolaires, traitement moral.

1895. Octobre. - L'enfant s'est montré très docile à suivre

toutes les parties du traitement. En classe cependant, il a le

verbe haut, interrompt a chaque instant le maître ; à table,

cause tout le temps, se mêle à toutes les conversations,

accepte les observations qu'on lui fait, mais les oublie pres-

que aussitôt. Les idées qu'il exprime ne sont pas à propre-

ment parler incohérentes, mais elles présentent des coq-à-

1'ane qui déroutent ceux qui l'écoutent. - La pointe de

hernie signalée à l'entrée, persistant, l'enfant porte un

bandage spécial.

Novembre. L'enfant ne présente plus de constipation.

Marche de la maladie ; guérison. 179

Porto migraine le 15, purgatif le lendemain. - Léger eczéma

sur la joue droite le 20, qui disparait le 25. Le bavardage

incessant persiste; pas de période de mélancolie.

Décembre. L'enfant est très tranquille en classe ; le ver-

biage a sensiblement diminué ; il table, Edouard mange pro-

prement, ne se mêle plus que discrètement aux conversa-

tions. - Le 25, un de ses camarades s'étant moqué de lui,

Edouard reste près d'une heure sans vouloir causer à qui

que ce soit. Ce petit accès de mélancolie n'a pas eu d'autre

suite.

1890. Janvier. L'enfant est allé quatre jours chez lui,

s'est très bien comporté. - A sa rentrée, le 5, purgatif. -

Le 20, autre purgatif. - L'amélioration continue ; l'enfant

suit les cours de la classe, comme un enfant ordinaire ; prend

plaisir maintenant aux travaux manuels.

Février. - Sort le jour du mardi gras, tout se passe bien.

- Légère migraine le 18.

Mars. - Purgatif le 2. - Sort à la mi-carême, ses parents,

en nous le reconduisant, nous font son éloge. - La hâblerie

a complètement disparu ; ne cause plus maintenant que

pour dire quelque chose de sensé. Est le premier à demander

un devoir ou une leçon, ne reste jamais inoccupé, prend

goûta la musique, morigène ses camarades, s'occupe même

affectueusement des enfants plus jeunes que lui, veille

à leur toilette et à leur tenue. - A table, il s'informe à

chaque instant si tclle ou telle chose doit ou ne doit pas être

faite.

Avril ? L'amélioration continue, Edouard a oublié ses

frasques, s'il on parle, par hasard, c'est pour nous dire : « Les

drôles d'idées que j'avais. » On le laisse sortir et rentrer seul

il deux reprises, aucun incident ne se produit. Le 19 ses

parents le reprennent il titrc d'essai ; il est confié il l'oncle de

province, qui l'avait déjà eu ; y reste jusqu'au 5 octobre. A

sérieusement travaillé avec cet oncle qui est expert-géomètre.

Dans le courant d'octobre, il est placé comme aide comptable

chez un commissionnaire des Halles. Est resté a la même

place jusqu'au moment de son départ pour le service mili-

taire. (Novembre 1898.)

Edouard, soit seul, soit accompagné de ses parents, est

revenu souvent nous rendrc visite. Nous avons pu ainsi cons-

tater que l'amélioration a été une véritable guérison. La

dernière fois que nous avons vu son père, ce dernier nous a

dit : « Je n'aurais jamais cru qu'Edouard serait redevenu

.180 Instabilité mentale ; hérédité < `

l'enfant d'autrefois. » -Il accomplit actuellement son service

dans un régiment d'artillerie (1)...

Réflexions. -I. Dans le cas que nous rapportons,

l'hérédité est extrêmement chargée. Du côté paternel,

nous trouvons des exemples d'alcoolisme, d'arriéra-

tion, de vagabondage, de paralysie, etc. Du côté

maternel, il y a des crises nerveuses, de l'aliénation,

de l'alcoolisme, des méningites, un pied-bot. Tous les

frères et soeurs du malade ont eu des convulsions ; l'un

d'eux est mort dans notre service à Bicêtre de sclérose

,tubéreuse(2). Il suffit de se reporter au sommaire pour

voir, en détail l'hérédité, que nous ne pouvons retracer

clans ces considérations générales.

II. Bien que la conception, la grossesse et la nais-

sance n'aient présenté aucun trouble pathologique,

l'enfant n'aurait cessé de crier nuit et jour jusqu'à l'é-

poque du sevrage, à 13 mois. Exception faite de l'incon-

tinence nocturne d'urine qui se seraitproduitejusqu'à

4 ans, Edouard n'aurait offert rien d'anormal au

point de vue de l'évolution physique et intellectuelle.

A dater de 3 ans, on lui reproche déjà son bavardage .

excessif et une tendance à vouloir s'occuper de tout.

Si nous relevons- ces manifestations qui, après l'asile

maternel, se reproduisent à l'école primaire, c'est

parce qu'elles prendront à l'époque de la puberté une

intensité, morbide, une allure pathologique. De la

sortie de l'école au début de la seizième année, rien

de particulier; mais au moment où Edouard devient

pubère, on remarque des périodes d'excitation et de

(1) [Depuis la rédaction de celte observation, E.. B... est' venu nous

voir. (5 avril 180'J); il nous annonce lui-môme qu'il est proposé pour être bri-

gadier après l'inspection annuelle d'avril. La tenue est bonne, la physiono-

mie ouverte et dénotant une excellente santé.) .

(2) Son obs. a été publiée in-cxlenso dans les Bulletins de la Société annto-

mique, 1881, p. 545 et reproduite dans la thèse de M. Tuibui, intitulée : Con-

tribitlion il l'élude du la sclérose tubéreuse ou hypertrophique du cerveau.

Parts,- 1888.

DÉPRESSION, EXCITATION. Il f

bavardage, alternant avec des périodes de mélancolie

et de taciturnité, le tout accompagné de douleurs de

tête. En môme temps les sentiments affectifs dimi-

nuent, et l'enfant devient irritable même envers sa

mère. En juin 1 89 i, Edouard assiste aux obsèques de

Carnet : il en est affecté au point de vue physique et

moral. Pendant une douzaine de jours, il a des idées

bizarres, éprouve un besoin de mouvement sans but,

puis, survient une période de mélancolie il laquelle

succède une période de loquacité ; et l'alternance de

ces phénomènes pathologiques devient régulière et ne

présente plus d'interruption. En même temps s'ac-

centue la bizarrerie des idées et apparaissent les

premiers signes A' in stabilité (achats non autorisés,

placements spontanés et multiples, vol d'argent à

son père, emprunts à. des amis de la famille, gros-

sièretés, fugues, etc). C'est dans cet état qu'il est

amené à l'Institut médico-pédagogique

III. Les signes do dégénérescence physique sont insi-

gnifiants chez ce malade : nous ne constatons qu'un

peu de prognathisme et do l'inégalité testiculaire

bien que la pointe de hernie siège du côté droit, c'est

le testicule correspondant qui est le plus développé. En

somme, conformation physique bonne ; rien à noter

au point cle vue physiologique. Sous le rapport psy-

chique : loquacité, vantardise, association d'idées

bizarre, instabilité mentale résultant d'aperceptions

insuffisantes, tenue négligée, langage grossier, sans

réserve. A remarquer que ces manifestations psycho-

pathologiques se sont montrées sous leur véritable

jour au moment même de la puberté.

IV. Sous l'influence de l'isolement et de l'applica-

tion méthodique du traitement méclico-péclagoyiclue

pendant une durée do six mois, l'état général de

l'enfant s'améliore progressivement ; la tenue devient

convenable, le verbiage disparaît, Edouard n'est

plus indiscret; on ne constate qu'une période courte

cle mélancolie, et elle reste isolée ; l'association des

idées devient de plus en plus normale, le travail tant

scolaire que manuel indique de l'esprit de suite;

l'affectivité réapparaît ; les idées de fugues s'évanouis-

sent complètement.

V. A sa sortie, Edouard parait guéri. Ses parents,

le patron qui l'occupe viennent nous voir six mois et

un an après ; ils nous font des éloges de l'enfant.

Edouard lui-même nous fait des visites à chaque

occasion et nous pouvons nous rendre compte, par

nous-mêmes, de la persistance de l'amélioration.

Enfin depuis son départ au régiment (novembre 1898)

l'en far*t s'est toujours bien comporté, et sa conduite

n'a donné lieu à aucun incident. Il y a donc bien eu

guérison. (Voir la note 1 de la page 180.)

XII.

Idiotie symptomatique de sclérose tubéreuse ou hyper-

trophique. ' -

PAR BOUIRNEVILLE.

L'idiotie symptomatique de sclérose tubéreuse ou

hypertrophique se rencontre assez rarement. L'ob-

servation que nous donnons est la septième de notre

série personnelle (1). De même que ses ainées, elle

nous semble mériter d'être soumise à nos lecteurs et

de nature à provoquer la publication.de cas analogues

dont la réunion pourra servir, si cela est possible, à

tracer la nosographie de cette forme curieuse d'idiotie.

SOMMAIRE. Père quelques excès de boisson. Arrière

grand'mère morte d'une troisième attaque de congestion

cérébrale. - Arrière grand'mère paternelle morte « un

peu paralysée riz. - Gémellarité.

Mère, enfant du siège, nerveuse, - Tante maternelle migrai-

yeuse. - Renseignements insuffisants.- ·

Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 13 ans.

Conception, grossesse, accouchement, naissance, rien de

. notable. - Enfant normale jusqu'à 6,mois. - De sept ( ? )

z1. dix mois, convulsions. - A dix mois, état anormal : ,

regard fixe, station verticale impossible, convulsions qub-

tidiennes, de plus en plus répétées jusque vers un an.

Vers 11 mois. accès de cris, grincement de dents, surdité

- apparente, balancement aKfëro-postëTteMrdM 0)T.c,pa ! ett)'

- (t) Voirplus loin -le tableau récapitulatif, p..198. -

184 Antécédents-héréditaires.

intermittente de la face. - Sommeil interrompu par des

accès de cris. Préhension presque nulle. - Gâtisme.

Attention noa2 fixable, Aucun signe d'intelligence, mar-

che très limitée. - DeSC7,iptioii, (le la « illtlacle. .

1896. Entérite, puis bronchite avec fièvre : suspension des

vei·tiges. -A>>2lioratioai è cliea.s points-cle vue, - G1'Ïn-

cements de dents. ....

1,897. Diarrhée verte intermittente; - bronchite, dyspnée,

'mort. - ? -

AUTOPSIE : - Nombreux noyaux de sclérose tubéreuse sur

les deux faces des hémisphères cérébraux. Tramëc de

nodosités scléreuses, le long des corps striés. Conges-

tion pulnioizaü·e. -Ilperla·ophie et dégénérescence grais-

seuse du foie. - Congestion et ramollissement, d'une

partie de la muqueuse cle-l'iiites.ti71 gi,êle. ,

. Blaoh.. (Angéle),=née à Paris le 1-4- avril 1894, est entrée dans

le service le 12 février 1896.

Antécédents. (Renseignements fournis par le père et la mère

en 1896 et 'complétés en mars 1897.)

. Père, 38 ans, courtier en vins, aucun accident nerveux, ni

vénérien, eczéma il y a 2 ans, quelques excès de boisson,

parfois pituite, n'a pas l'aspect d'un alcoolique. -[Père¡ mère

en bonne santé, sobres. Grand'pèa·e paternel mort vers 75

ans' on ne sait de d.ûoi. = Graa2tl'wére paternelle morte à sa

troisième attaque de congestion cérébrale. Grand'père

paternel mort à 67 ans, on ignore de quelle maladie.. Grand'

mère maternelle morte un peu paralysée, sans démence ; elle

2; eu deux jumelles (Pas d'autre cas dans la famille). - Un

oncle et deux tantes~paternels, ainsi qne leurs enfants, n'of-

frent i'ien. de particulier. Ni oncle, ni tante maternels. -

Trois frères morts dans l'enfance, on ne saurait dire s'ils ont

eu des convulsions. - Dans le reste de la famille, on ne con-

naît aucune espèce de tare, ni aliénés, ni épileptiques, etc.]

Mère, 25 ans, née en janvier 1871, sans profession, aucun

accident. nerveux, si ce n'est des névralgies dentaires, carac-

tère impérieux, un peu nerveuse. - [Père sujet à Aes cépha-

lalgies, sobre ? Mère en bonne santé. - Grand-père et mère

p-aternels pas de renseignements. Elle n'a connu que quel-

ques-uns de ses oncles qui jouissaient d'une bonne santé.

ANTÉCÉDENTS PERSONNELS. 185

Pas de-frère. Une soeur sujette il. des migraines. lîibn

de particulier dans le reste de la famille.]

Pas dé consanguinité. - Inégalité d'âge de 13 ans :

Doux enfants z la malade, 20 un garçon âgé d'un an (1).

Notre malade. - La conception a eu lieu dans de bonnes

conditions, trois mois après le mariage. Grossesse : pas d'al-

cool, pas de syncope, pas d'oedème, pas de peur. Au second

mois contrariété parce qu'une femme est venue demander à

parler à son mari ; elle a cru que c'était une ancienne mai-

tresse, elle a pleuré, a été triste doux ou trois jours, mais' il

n'y a eu aucun accident sérieux. Quelques nausées non suivies

de vomissements. - Accouchement en six heures, présenta-

tion de la tête ; elle ne peut dire si elle a perdu beaucoup

d'eau. A la naissance, pas d'asphyxie ; elle avait des dimen-

sions ordinaires, et a crié de suite. Elle a été le lendemain

confiée à une nourrice bien portante et sobre. Le père affirme

que sa fille, à six mois', était plus forte, paraissait mieux por-

tante que son fils au même âge, et `du'elle était au moins

aussi éveillée. Elle riait, regardait, « faisait comme un enfant

qui s'amuse bien. » Lorsqu'on l'a revue à dix mois, elle ne

paraissait plus normale, ce qu'on attribue à des convulsions

qui n'auraient pas été soignées et sur lesquelles, malheureux-

sement, on n'a pas de détails. Elle a été sevrée- à cette épo-

que pour permettre à sa nourrice d'allaiter son frère et a.été .

reprise par ses parent ? Elle avait le regard fixe et ne se

tenait pas debout. Dès le. lendemain de son retour, on a

vu des convulsions : L'enfant devenait raide ; les yeux

étaient tournés : « on ne voyait que le blanc » ; la face

était très pâle, puis l'enfant avait un petit tremblement ; on

ne se rappelle pas si elle-bavait ou écumait. On croit qu'il

n'y avait pas de différence entre les deux côtés du corps. Cette

crise a duré deux minutes. Le même jour elle en aurait eu

deux -autres.

Pendant une semaine, on a noté deux ou trois crises par

jour, durant chacune moins de deux minutes. Au bout d'un

mois, elles sont survenues plusieurs jours de sttile. Ultérieu-

rement, elles se sont montrées à des époques irrégulières. Il

n'y en avait pas eu dans les deux mois qui ont précédé son

entrée.

(h En mars 1897, la mère, que nous avons revue, nous apprend qu'il continue

à bien se porter, est intelligent, parle bien ; enOn qu'il lui est né en février

de cette même année un 3-- entant qui parait bien venant. ? .

186 Etat actuel.

L'enfant a commencé à avoir des accès de cris après la

dernière série convulsive dont nous venons de parler

(novembre 1895). « Ces cris, dit la more, n'avaient rien d'hu-

main ; c'était comme des cris d'animaux; ils survenaient à la

moindre contrariété, si on lui faisait sa toilette, si on la lovait.» u

(-'est à la même époque que sont survenus les grincements

de dents : « Elle en grinçait de plus en plus ; c'était agaçant. »

La préhension était limitée à la prise des aliments, biscuits,

pain. Elle jetait les jouets.

Jamais elle n'a donné aucun signe d'intelligence. « Sauf ce

qui concernait les aliments, tout le reste lui était indifférent ;

elle ne reconnaissait personne. » L'attention n'était nullement

11xahle; si on l'interpellait vivement, elle restait indifférente.

Le médecin de la famille a cru un moment qu'elle était sourde.

Le sommeil aurait été bon jusqu'à l'entrée.

On n'a pas noté de krouomanie, mais souvent elle mettait

la tête entre les mains comme quelqu'un qui souffre. On ne

saurait dire si les oreilles devenaient rouges : en revanche

on aurait remarqué que, parfois, la face devenait très pâle.

Balancement antéro-postéricur du tronc, pas de strabisme.

Appétit passable ; vomissements très rares ; ni constipation,

ni vers. Elle marchait tenue à la main et l'on n'a pas constaté

de différence entre les deux cotés du corps. Elle serait tom-

bée deux ou trois fois sans que ces chutes aient présenté

quelque chose de particulier.

L'enfant n'aurait eu aucune maladie infectieuse, ni aucun

accident scrofuleux.

La sensibilité générale parait conservée. Il en est de même

de la sensibilité spéciale. Le regard est fixe. Bl... est à peu

virés insensible à la lumière et au bruit ; si le bruit est

exagéré, on note une légère agitation des paupières. L'allen-

lion est nulle, ainsi que les sentiments affectifs. Elle ressem-

ble davantage à son père qu'a sa mère; elle ne reconnaît pas

ses parents.

Les parents ont relevé des élourdissemenls, environ une

fois par semaine : L'enfant étant sur sa chaise tombait comme

endormie ; étant réveillée elle poussait des cris. Le sommeil

est variable : quelquefois, elle dort pendant 10 ou lu heures

de suite; d'autrefois elle se réveille peu après s'être endormie

el pousse des cris ininterrompus jusqu'au jour.

État actuel (13 février 1890). - Embonpoint moyen ; malgré

cela, l'enfant a un air maladif du surtout à la pàleur cireuse

de son teint. La physionomie est dénuée de toute expres-

sion ; le regard est dur, presque méchant. - Balancement

. Etat actuel. 1S7

latéral do la tête. - Cheveux blonds, abondants au sommet

de la tète et rares sur les tempes. - La peau, paie comme

le visage, n'offre ni taches, ni cicatrices.

Crâne allongé, symétrique ; les bosses pariétales sont peu

marquées et les bosses frontales à peine dessinées. - Les

fontanelles sont fermées. - Le front est haut, bien décou-

vert, rétréci. - Visage ovale, plus étroit en haut qu'en bas.

Les sourcils sont peu fournis ; les arcades sourcilières sont

déprimées. Les mouvements des yeux sont lents. L'iris est

bleu, les pupilles un peu dilatées ne réagissent que médio-

crement à la lumière surtout à gaucho, ("est tout ce qu'on

peut constater. - Le ne : est court, camus ; les ailes du nez

sont égales, la cloison régulière. L'odorat semble obtus, l'en-

fant étant indifférente aux bonnes et aux mauvaises odeurs.

- Les joues sont arrondies, assez larges. - La bouche,

d'habitude largement ouverte, mesure 52 mm. La lèvre supé-

rieure est mince, l'inférieure est lippue et pendante, l'enfant

a constamment son pouce dans la bouche. Les maxillaires

présentent un large développement du diamètre transversal

avec abaissement léger de la voûte palatine. La dentition

est saine et normale, sauf un léger retard d'éruption des

deuxièmes molaires temporaires supérieures qui n'ont point

encore apparu, mais sont sur le point de sortir (l).

Cou : circonférence 25 centimètres. Le corps thyroïde est

petit.

Thorax : large, volumineux, cylindrique, sans traces de

rachitisme.

Abdomen très déprimé, souple, rien de particulier pour le

foie et la rate. - Organes génitaux : les grandes lèvres sont

nettement marquées surtout à lapartie inférieure. I : yt)ièt2e

de la vulve occasionné par le contact de l'urine, l'enfant élant

gâteuse ; pas d'onanisme.

Les membres supérieurs et inférieurs sont assez volumi-

neux et potelés ; les ongles sont réguliers, les tibias sont assez

fortement incurvés en dedans, L'enfant se tient convenable-

ment sur ses jambes et met cle la bonne volonté à se tenir

dans le chariot. - Les réflexes sont normaux, plutôt un peu

diminués. Les mouvements volontaires sont lents et rhyli-

més. Les mouvements provoqués sont naturels. -I1 n'y a pas

de contracture.

L'enfant ne sait pas se servir de la cuillère, prend plaisir à

mettre ses mains dans son assiette, mange avec avidité tout

(1) L'examen des : lents a ·té fait par 1\1. nnnypt en juin 189G quand l'enfant

avuit 20 mois.

188 Marche de la maladie.

ce qu'on lui donne. Elle pleure dès qu'elle aperçoit la soupe,

et ne cesse de crier que lorsqu'on la fait manger. Elle boit peu

et préfère le lait au vin. La mastication se fait assez bien,

la déglutition est régulière, ni bave, ni succion, ni rumination,

selles régulières, involontaires ainsi que la miction.

Respiration, circulai ion rien à noter.

La parole est tout à fait nulle. - L'enfant n'aide en rien il

s'habiller, ne sait rien faire avec ses mains, elle est très colé-

reuse, aime à se trainer par terre, ne s'amuse avec aucun

jouet, pousse des cris perçants dès qu'on la regarde, trépigne

des pieds; ne s'intéresse ài rien de ce qui se passe autour

d'elle ; crie des heures entières sans motifs. Elle tète son

pouce constamment, pousse des cris épouvantables lorsqu'il

s'agit de lui donner des soins de toilette.

Traitement : toniques, exercices de la marche, bains.

le, avril. - Diarrhée verte. 'C. R. 380, : 3 - Augmentation delà diarrhée. T. Il. 4ll",2. Acide

lactique, lavements boriques, etc.

4 auil, - Amélioration ; les selles sont moins fréquentes

et ont meilleur aspect.

7 avril. - La diarrhée a disparu. - Bronchite. T. R. 38°,5.

Il arnil.-La bronchite diminue, l'enfant reprend ses forces,

mais elle a maigri durant ses deux maladies.

Plat. - Depuis le dbut de son entérite (avec fièvre) jus-

qu'à la fin du mois de mai elle n'a pas eu de vertiges.

Juillet. - L'l physionomie est beaucoup plus éveillée. lil..

prononce distinctement le mot : maman; se lient très bien

sur ses jambes et aime l'exercice de la marche. Elle se laisse

débarbouiller plus facilement ; se montre un peu affectueuse

envers les personnes qui la soignent. Elle semble s'intéres-

ser au chant et à la musique. Les colères ont diminué.

Température il l'entrée.

Entérite ; mort.

189

- 22 février. La toux est la même, l'abattement est plus

prononcé, réapparition de la diarrhée. T. R. 37°, 2 et 37°, 5.

23 février. - Même état, diminution de la diarrhée, fièvre

légère. T. R. 38° et 38°, 4.

21 février. - Nuit bonne, abattement très prononcé mal-

gré cela. Toux rare, selles vertes, T. R. 3')°. 4 et 3J°. - Vers

huit heures du soir dyspnée, cyanose de la face et des

lèvres, mort à 9 heures -1;'2.

Tableau du poids et de la taille.

Tableau des accès.

190

SCLEROSE TUBEREUSE.

Sclérose tubéreuse et MÉN1NGO-ENCÉPHALlTE. 191

192 Sclérose tubéreuse et méningo-encéphalite.

pas présenter de lésions accentuées. Rien de particulier il

noter au niveau de l'insula. (11L. ).

Face interne. La face interne de l'hémisphère gauche

offre des lésions analogues il celles de la face externe. F| est

atteinte cle sclérose tubéreuse il son origine vers le pli fronto-

limbique, puis il deux centimètres de la corne frontale où est

un noyau d'un centimètre carré ; quelques millimètres en

arrière se trouve un autre noyau de 2 cm. 5 qui continue le

noyau de la face externe. D'autres loyers de sclérose

occupent le lobule paraccntrat il sa partie postérieure, la

région antérieure du coin, la corne occipitale et la seconde

circonvolution temporo-occipitale. (I'L. XIj.

Hémisphère cÈnmtKAL oauche. Les lésions de cet hémi-

sphère sont semblables il celles du coté oppusé.

Face externe - Cinq noyaux de sclérose hypertrophique

su rie 10befJ'onlalqui transforment son aspect ordinaire : 1° Un

noyau triangulaire dont la base est formée par la scissure

interhémisphérique et mesure 2 centimètres environ et dont le

sommet est situé vers le 14 antérieur de F3; le noyau est di-

visé par des sillons en trois segments et à 3 cm. 1/2 de hau-

teur. 2° Un second noyau existe un peu au-dessous de l'oper-

cule frontal sur 1· mais n'a guère plus d'un centimètre de

dimension. 3° et 4° Deux gros noyaux arrondis existent sur

le trajet de F2 ou plus exactement forment une circonvolution

supplémentaire et volumineuse entre FI et 1 ? nettement

séparée par un sillon. Le premier, antérieur, a 2 cm. 1/2 de

diamètre, le second postérieur 1 cm. f 2. 5° Le tiers moyen

de FA est encore le siège de sclérose tubéreuse sur un tra-

jet de 2 cm. de longueur. Les autres parties des circonvolu-

tions frontales ont été privées de leur substance grise super-

ficielle lorsqu'on a arraché la pie-mère et cela à cause des

nombreuses adhérences de cette membrane. ('L. XII).

Le lobe pariétal n'offre pas de sclérose sur PA, ni sur le

lobule pariétal supérieur, mais tout le lobule pariétal infé-

rieur est le siège de sclérose tubéreuse hypertrophique, le

gros noyau scléreux, qui a 4 cm. 1/2 d'avant en arrière sur 3

cm. )/2 de haut en bas, est divisé en deux par le sillon paral-

lèle.

Le lobe occipital est sclérosé au niveau de l'extrémité de

la corne occipitale et ce foyer, qui semble la continuation du

noyau pariétal, occupe la moitié postérieure du lobe occipital.

Sclérose tubéreuse. 193

Un autre noyau assez petit, d'un centimètre environ, existe

il la jonction de T3 avec le lobe occipital. ·

Le lobe temporal présente vers la corne sphénoïdale un'

gros noyau comprenant l'origine des trois circonvolutions

temporales, et qui a 3 centimètres d'avant en arrière. T,

n'est alors sclérosée que vers son pied au niveau du lobe pa-

riétal. T2 vers sa partie moyenne s'unit iL T3 par un gros pli

de passage sclérosé. T3, dont le 1/3 antérieur forme une

grande partie de la zone scléreuse de la corne sphénoïdale,

subit la même altération dans son tiers postérieur.

Face inlerne. 1 ? à deux centimètres de l'extrémité de la

corne frontale, offre une zone scléreuse de 2 cm., continua-

tion de la zone de la face externe. Rien à noter sur le lobe

paracentral. Le lobule quadrilatère présente à sa partie

moyenne un petit noyau assez nettement limité de 1 cm. sur

5 millimètres. Rien d'anormal dans le coin. La circonvolution

tempono-splvénoïrlale est presqu'entièrement sclérosée tan-

dis que la circonvolution de l'hippocampe parait indemne.

Sur le trajet de la circonvolution du corps calleux on cons-

tate, au niveau de son extrémité antérieure, au-dessus du pli

fronto-limbique, un noyau sclérosé de l cm. environ et un

autre de 2 centimètres en avant du pli pariéto-limbique.

Rien à noter d'apparent au corps calleux, aux noyaux gris,

ni aux tubercules quadrijuineuux et aux pédoncules céré-

braux. (PL. XIII).

Des deux cotés, il existe dans le ventricule latéral, le long

du sillon qui sépare la couche optique du corps strié, une trai-

née de petits noyaux de sclérose, formant une saillie assez

notable. Nous avons trouvé celle lésion dans tous les cas de

sclérose tubéreuse.

Au niveau des îlots de sclérose, la pie-mère n'est nullement

adhérente ; elle est mince et semble passer sur eux comme

un voile. Nous avons également mentionné cette particularité

dans tous les autres cas. (Jette disposition forme un contraste

frappant avec les lésions de méllingo-encéphalile constatées

sur un grand nombre des circonvolutions non sclérosées.

Cou. Le lobe droit du corps thyroïde est un peu plus

gros que le gauche (5 gr.). - Quelques traces du thymus.

Thorax. Congestion légère du lobe inférieur du lJOI(llI01t

l3oummLLL, Bicêtre, 1898. 13

194 Sclérose tubéreuse.

ilroil (110 gr.) ; le poumon gauche (80 gr.) crépite dans toute

son étendue. Coeur (80 gr.) : caillots agoniques dans les

quatre cavités ; trou de Botal oblitéré.

Abdomen, - Foie volumineux offrant un certain degré

de dégénérescence graisseuse (1.025 gr.). RaIe lobulée,

consistante (75 gr.). Rein droit (h0 gr.), lobulé ainsi que le

gauche (45 gr.), tous deux un peu décolorés. Capsules -sur1'é-

males, 2 et 3 gr. Estomac, pancréas, vessie, rien. 1'in-

lcsli/l grêle, à 50 cent. de sa terminaison, a sa muqueuse

congestionnée et ramollie sur une longueur de 30 cent. ; ni i

fausses membranes, ni perforation. ,

Étude histologique ; par 1),, Cli. Philippe.

Technique. ? Après fixation par lu solution de formol

aL 10 0/0, le lobe occipital a été divisé en plusieurs blocs

par des sections vertico-transversales. Chacun de ces

blocs fut mordance par les sels de chrome, inclus dans la

celloïdinc progressivement concentrée, puis débité en

coupes minces avec le microtome à glissière. Les colora-

tions employées lurent : l'hcmatoxytine de Weigert-Pal-

Kulscliitky (traînes myéliniques des tubes nerveux], le

picro-carmin ammoniacal de Ranvier et l'liémaloxyline

alunéc (protoplasma et noyaux cellulaires, névroglie,

tissu conjonctif et vaisseaux).

Ainsi, au niveau du lobe occipital tout entier, nous

avons pu étudier l'écorce, le centre ovale de chaque cir-

convolution, le centre ovale proprement dit. Rappelons

que le lobe occipital, à l'oeil nu, présentait les mêmes

nodosités scléreuses et les mêmes circonvolutions, légè-

rement atrophiées, que les autres lobes ; nous pouvons

donc, avec toute vraisemblance, conclure des lésions du

lobe occipilal aux lésions de l'hémisphère tout entier.

Résultats. Avant d'entrer dans la description his-

loloiduc du processus rencontré chez 131 ? nous voulons

insister sur les faits suivants, mis aisément en lumière

par l'examen comparatif de plusieurs coupes :

1° La lésion évolue par foyers, très irrégulièrement

disséminés ; certains territoires apparaissent absolument

Examen histologique. 195

sains et pour la substance grise de leur écorce et pour la

substance blanche de leur centre ovale ; tout il coté d'eux

se voient d'autres segments, modifiés plus ou moins pro-

fondément.

2° Elle prend également la substance blanche et la subs-

tance grise, ensemble ou séparément.

3° Elle n'a pas partout le même degré d'intensité ; dans

certains foyers, les éléments nerveux ont totalement dis-

paru ; clans d'autres, ils apparaissent en grand nombre,

qu'il s'agisse des cellules ou des tubes myéliniques ; dans

d'autres enfin, ils sont à peine modifiés.

Ce dernier caractère du processus pathologique va ser-

vir, tout naturellement, de guide à notre description ;

ainsi, nous étudirons successivement le foycr maximum,

le foyer moyen, le foyer initial.

Le foyer maximum correspond aux nodosités dures, sail-

lantes et blanchâtres, relevées, dès l'examen macroscopi-

que, sur le cerveau de 131.. Les altérations que nous y avons

rencontrées sont identiques à celles décrites par Bourne-

ville ctBrissaud dans leur Mémoire fondamental de tu,

relatant, pour la première fois avec un examen histologi-

que complet, deux cas de sclérose hypertrophique tubé-

reuse. L'écorce et le centre ovale ne se distinguent plus ;

tout est transformé en une masse névroglique compacte,

colorée en rouge foncé par le picro-carmin après le mor-

dançage par les sels de chrome. Cette masse névrogliques

est constituée principalement par des fibrilles très-denses,

fasciculées ou réticulées ; ces fibrilles, dans le voisinage

des vaisseaux ou sous la pie-mère, prennent assez sou-

vent le dispositif en tourbillons. Les éléments cellulaires,

très-rares par rapport au développement excessif des

fibrilles, sont représentés surtout par des noyaux, arron-

dis ou ovalaires, disséminés il travers les fascicules ou les

réseaux névrogliques. Toutefois, on aperçoit encore, ça

et là, quelques cellules-araignées, très-grêles, a proton-

gements peu nombreux. Que sont devenus les éléments

nerveux ? Sur les coupes colorées par le picro-carmin ou

(t) Archives de neurologie, t. p. 30 ! i.

196 Sclérose turéreuse.

par l'hématoxyline de Weigert-PaI, nous n'avons pu

mettre en évidence des cellules nerveuses ou des tubes

nerveux, au sein de la masse névroglique, si compacte,

qu'elle en arrive il tout masquer ; mais il est fort possible

que certains noyaux soient de nature nerveuse. Les vais-

seaux ne paraissent pas augmenter sensiblement dénom-

bre ; ils ont tous une lumière singulièrement étroite, rétré-

cie concentriquement, sans doute à la suite du dévelop-

pement exagéré, véritable hyperplasie, de la névroglie

ambiante. Cette hypothèse devient encore plus vraisem-

si l'on réfléchit aux rapports intimes qui existent

entre les éléments névrogliques (libres et cellules), et les

tuniques externes des vaisseaux des centres nerveux.

Ainsi, l'existence de ces foyers, constitués de la sorte,

suffit à elle seule pour confirmer, hi.slolo(Jiquement, le

diagnostic de sclérose tubéreuse hypertrophique chez

Blach... mais l'étude des autres foyers nous a paru parti-

culièrement intéressante pour le début du processus et

l'enchaînement des lésions.

Le foyer moyen peut s'étudier convenablement dans le

centre ovale d'une circonvolution donnée. Comme le mon-

tre très nettement le procédé de \VciglTt-Pal, les gaines

myéliniques des tubes nerveux ont beaucoup diminué de

nombre : celles qui persistent sont petites et ne peuvent

être suivies sur une grande étendue de leur trajet. A la

place des tubes nerveux apparait un réticulum névrogli-

que peu dense et constitué par des fibrilles très-fines ;

ces fibrilles s'entrecroisent de façon à former des mailles,

plus ou moins larges, parfois remplies d'une masse gra-

nuleuse. Là, les éléments cellulaires névrogliques sont

très nombreux : noyaux volumineux, le plus souvent arron-

dis, à chromatine abondante, cellules-araignées de dimen-

sions variables, il prolongements ramifiés et très longs.

Les capillaires, qui se suivent aisément, sont bien déve-

loppés et forment un réseau net, sans doute il cause de la

raréfaction des tubes nerveux.

Il nous reste à préciser les caractères histologiques du

foyer initial. Nous avons rencontré la lésion à son début

EXAMEN HIST0L0G1QUE. 197 i

partout, dans la substance grise, dans la substance blan-

che. môme dans la région voisine de la corne occipitale

du ventricule latéral ; toujours, nous l'avons vu se cons-

tituer d'une façon identique, suivant un type très spécial :

nous insistons il dessein sur cette lésion initiale, nous

réservant de revenir, avec te D'' Chaddoolk, sur la portée

qu'elle peut avoir pour le mécanisme et la pathogénie de

la sclérose tubéreuse hypertrophique. Ladite lésion, tout

iL son début, se présente, nous l'avons dit, en des points

très variés, de la substance blanche ou de la substance

grise, mais toujours dans le voisinage d'un vaisscau, arté-

riole ou capillaire ; elle est représentée par un amas de

trois il quatre grosses cellules, qui enserrent plus ou

moins le vaisseau, lui constituant une sorte de virole. Ces

grosses cellules, cle 40 à GO p.. ont un protoplasma très

abondant, fortement coloré en rouge par le picro-carmin,

dépourvu de pigment ou d'éléments granulés quelconques,

au moins sur les coupes ainsi traitées. Le noyau, volumi-

neux, occupe le centre ou la périphérie de la cellule,

même, sans doute à cause des hasards de la coupe, il

apparaît parfois comme hernié, prêt à l'aire saillie en

dehors de la masse protoplasmique ; enfin, des prolonge-

ments, peu nombreux, mais gros, se voient sortant de la

cellule. En un mot, les caractères de ces cellules, leur

morphologie générale, leur situation péri vasculaire, tout

nous porte à croire qu'il s'agit la de cellules-araignées

volumineuses, en voie d'hypergénèse. Plus tard, iL un

stade un peu plus avancé, les amas périvasculaires arri-

vent à se toucher les uns les autres parce que les mêmes

cellules géantes se développent dans les espaces laissés

libres au début de la lésion. Bientôt, à côté de l'hyperge-

nèse des cellules névrogliques, prend place l'hypcrgénèse

des fibrilles névrogliques, et tout le processus pathologi-

que se déroule. Nous espérons, prochainement, revenir

sur ces principaux stades évolutifs de la sclérose tubé-

reuse hypertrophique, en rapprochant de ce cas plu-

sieurs autres empruntés il la belle collection de M. Bour-

neville.

198 - ? .- SCLÉROSE TUBÉREUSE' -' - J

2000 RL1 : : nosE Tum : : TIITSE,

Réflexions.

l. L'héaéclilé est peu chargée, au moins d'après ce

que nous savons sur la famille. Du côté paternel, nous

relevons; quelques excès de boisson du père, une con-

gestion cérébrale chez l'une des arrièrc-grand'mères

paternelles, un peu de paralysie chez l'autre. Du

côté maternel, des névralgies dentaires ( ? ), des céfihal-

algies, des migraines, en somme, peu de chose.

II. Tout semble indiquer que l'enfant a été normale

jusqu'au-delà de six mois. A dix mois, elle ne l'était

plus. Entre ces deux époques sont survenues des con-

vulsions sur les caractères desquelles les renseigne-

ments font absolument défaut et qui ont déterminé

l'idiotie complète : regard lixe, attention, préhension,

parole nulles, convulsions répétées, accès de cris,

grincements de dents, surdité apparente, pâleur

intermittente cle la face, balancement du tronc, etc.

III. Durant son séjour à la Fondation, en dépit des

mauvaises conditions qu'offrait l'enfant, nous avons

obtenu une amélioration relative portant sur l'atten-

tion, le caractère, l'affectivité et la marche.

IV. La sclérose 11 ! /pert1'ophirjue ou tubéreuse, qui

a eu pour conséquence une idiotie profonde, doit être

rattachée aux convulsions que l'enfant a eues de six : r

dix mois.

V. La méninuo-sncéphalite concomitante s'est-elle

produite en même temps que la sclérose tubéreuse

ou ultérieurement, nous ne saurions nous prononcer

sur ce point intéressant, ni expliquer le lien qui peut

unir ces deux lésions. Cette complication ne fait que

rendre plus difficile la description clinique de l'idiotie

symptomatique cle la sclérose tubéreuse. Les accès de

Sclérose tubéreuse. 201

colère et de cris, les changements de coloration de la

face, les grincements de dents, etc., nous paraissent

des symptômes sous la dépendance de la méninge-

encéphalite.

VI. Le tableau qui précède montre que l'idiotie sym-

ptomatique de sclérose tubéreuse se complique sou-

vent, au point de vue clinique, d'épilepsie, neuf fois

sur dix; que l'épilepsie se manifeste sept fois sur neuf

par des accès et des vedtiges, une fois par des accès

une fois par des vertiges. Sous le rapport anatomo-

pathologique nous voyons, dans le même tableau, qu'à

la sclérose tubéreuse s'ajoute, cinq fois sur dix, la

méningo-encéphali te.

XIII.

- Action de l'alcoolisme sur la production de l'idiotie : - et de l'épilepsie.

' l'An IROURNrtVII.1,E.

1773 enfants idiots, épileptiques, imbéciles ou

hystériques sont entrés dans notre service de Bicêtre

depuis le 1er janvier 1879 jusqu'à la date du ICI' janvier

1898.

Les pères de fi(i7 enfants faisaient des excès

de boissons.

Les mères de .')9 enfants faisaient des excès de

boissons.

Les pères et mères de 21 enfants faisaient des excès de

boissons.

Dans 242 cas, nous n'avons pas de ren-

seignements sur l'alcoolisme

des ascendants.

Les pères et mères de 775 enfants étaient sobres.

1.77.'3

En outre, la conception durant l'ivresse du père a

été relevée chez 154 malades et la conception probable

chez 43 malades. Nous n'avons pas de renseignements

précis sur la conception chez 1.143 enfants et aucun

renseignement sur la conception chez 435.

Cette statistique, que nous complétons chaque fois

que l'occasion s'en présente en réinterrogeant les fa-

milles, montre d'une façon indubitable l'influence né-

faste, désastreuse de l'ivrognerie sur la descendance.

Travaux scientifiques faits dans le service.

(Thèses et mémoires).

1880.

Lt.nor (A.). - De l'étal de mal épilepl iclite. Thèse de Paris.

SI"GLAS (J.). - De l'influence des maladies intercurrentes

sur la marche de L'épilepsie. Thèse de Paris. ! 30GRNEVILLE, - Contribution ri l'étude de l'idiotie. Ce

travail comprend deux parties, dont la seconde a été faite en

collaboration avec M. Brissaud. t'Archives de neurologie,

1880, t. I, p. f9 et 39j. Contribution -1 l'étude de la dé-

mené épileptique. (Archives de neurologie, 1880, p. `i8).

1881. ,

KiDEL 8AILLAIID (G.). De la cachexie pachydermicyie

nn/.Y'oedeme des auteurs anglais.) Thèse de Paris.

1)'ULIEIt (H ). De la coexistence de l'hystérie et de l'épi-

lepsie avec manifestations distinctes des deux névroses,

considérées dans les deux sexes et en particulier chez

l'homme. Mem. qui a obtenu le prix Esquirol. (Annales mëdi-

co-psycholog sept. 1881) et tirage à part aux bureaux du

Progrès Médical). '

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d'hystérie et des accès cl'épilep.ic. In-Ro de 5G p. Th. de Paris.

HUBLIi. (M.). -Rcche.rches cliniques et thérapeutiques sur

l'épilepsie. Thèse de Paris. '

MOI\LOT (E.). - Sur une forme grave de. l'(;pilepsie, Thèse

de Paris.

COULI3AUT (G.). Des Lésions de la corne d'Ammon dans

l'èpilepsie. Thèse de Paris. . '" ' ? f, "

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Errata .

Page 82, au lieu de ? 17, lire fig. 7.

Page 170, ligne 13, au lieu de Rungès, lire Hungis.

EXPLICATION DES PLANCHES . '

. ? ? J. ' 1 ? ...

208 EXPLICATION DES PLANCHES.

Planche I.

Imbécillité athétosique.

Les figures 1. 2, 3, fI représentent le malade Pet... it diffé-

rents âges (voir page 26). '

nO¡;Il : "HILU : , RicN ? IStl8, Il[,. 1.

? ! 0 EXPLICATION DES PLANCHES.

Planche II.

Imbécillité athétosique (V. p. 35).

Face externe ou convexe de l'hémisphère gauche.

Se S, scissure de Sylvius.

a', rameau antérieur ascendant de la scissure de Sylvius.

a2, rameau antérieur horizontal de cette scissure.

S 11, sillon de Rolando.

Se. p. f., scissure parallèle frontale.

Se. p. e., scissure perpendiculaire externe.

Se. f. s., scissure frontale supérieure. ,'

Se. f. i., scissure frontale inférieure.

Se. ip, scissure interpariétale.

Se. p, scissure parallèle.

Se. t2., deuxième scissure temporale.

L 0, lobe orbitaire.

1 ? F2, Fez, première, seconde et troisième circonvolutions

frontales.

PA, PA, circonvolutions frontale et pariétale ascendantes

(c'est par erreur que la frontale ascendante a été indiquée

par les lettres PA au lieu de FA.

Pl, pli pariétal supérieur.

P2, pli pariétal inférieur.

P3, pli courbe.

LOC, lobe occipital.

Tl, T ? T-3, première, deuxième et troisième circonvolutions

temporales.

2)2 Explication des planches.

Planche III.

Imbécillité athétosique (V. p. 35).

Face interne de l'hémisphère gauche.

Sc c.m" scissure calloso-marginale,

Se pi, scissure perpendiculaire interne.

F ca, fissure calcarine.

Se toi, première scissure temporo-occipilale.

Se ton. deuxième scissure temporo-occ'ipitttle.

I première circonvolution frontale interne.

C C C, circonvolution du corps calleux.

C C, corps calleux.

LP, lobe paracentral.

LQ, lobe quadrilatère ou avant-coin. ·

C, coin.

T o2., deuxième circonvolution temporo-occipitale.

Ta, troisième circonvolution temporale.

P l' a., pli pariéto-limbique antérieur.

Il Il 1>, pli pariéto-limbique postérieur.

C A, corne d' : \mmon.

BOORNEVILLE;Bicêt ? 'e, 1898. PL, III.

3)4 Explication des planches.

. - Planche IV. - .

Idiotie méningitique .

Les figures, 1, 2, 3, 4 représentent le malade Gur... à diHë-

rents âges. (Voir p. 40). - '

HO¡ : IINF.\"ILI.1 ? llialir, I¡.¡a ? l'L. 1\'.

? IG G Explication des planches.

Planche V.

Idiotie 1 I)f DUO Ci"PI-rALI(.)UE (V. p. 96)..

, Face externe ou convexe, de l'hémisphère droit.

S S, scissure de Sylyius,

S R, sillon de Rolando.

Fj, F2, F3' première, seconde et troisième circonvolutions

frontales. '

F A, frontale ascendante.

P A, pariétale ascendante.

L P S, lobule pariétal supérieur.

L P I, lobule pariétal inférieur.

' P C, pli courbe-.

S P, scissure parallèle.

0., O2 03, première,. seconde et troisième circonvolutions

occipitales.

TI T2 T3, première, seconde et troisième circonvolutions

temporales.

Op P, opercule pariétal.

Op R, opercule rolandique.

Op F, opercule frontal. -

C C'3, cap de la troisième circonvolution frontale. ' r

l3ounnrvn.rr, Bicêtre, 1898. p 1'. \-.

8 1 Explication DES planches.

Planche VI.

Idiotie HYDROCÉPHALIQUE (V. p. 97).

, Face interne de l'hémisphère cérébral droit.

F,, première circonvolution frontale.

S R, sillon de Rolando. '

L P., lobule paracentral.

S P E., scissure perpendiculaire externe.

A C, avant-coin. -

C, coin. '-

C C C, circonvolution du corps calleux.

00, corps calleux.

C 0 S, corps strié . ' .

V, ventricule latéral. -

P, pédoncule. .. '

C B, carrefour olfactif de Broca. -

P F L., pli frontallimbique.

G R;-gyrus rectus. .

0 H, circonvolution de l'hippocampe.

T2; deuxième circonvolution temporale.

T3; troisième circonvolution temporale,

L G, lobule lingual. - '

BOURVEVILLE, Bicêtre, 1898. PL. VI.

? ? 0 ) Explication des planches.

Planche VII.

Idiotie IIrnnOCÉPIHLIQUE (V. p. 97).

Face externe ou convexe, de l'hémisphère gauche.

I ? 1·'=, F3, première, deuxième et troisième circonvolutions

frontales.

S It, sillon de Rolando.

F A, circonvolution frontale ascendante.

PA, circonvolution pariétale ascendante.

C F3' eap de la troisième circonvolution frontale.

Op lt, opercule rolandique.

S S, scissure de Sylvius.

Op P, opercule pariétal.

L P S, lobule pariétale supérieur.

L P I, lobule pariétal inférieur.

S P E, scissure perpendiculaire externe.

P C, pli courbe.

S P, scissure parallèle.

1'r, T2, T3, première, deuxième et troisième circonvolutions

temporales.

01, 0 ? 03, première, deuxième et troisième circonvolutions

occipitales, .

BOÜRNEVILLE, Bicêtre, 1898. - PL. VII.

222 ' Explication DES plane i-

Planche VIII.

Idiotie HYDROGÉPHALIQUE (V. p. 98).

Face interne de l'hémisphère gauche.

1"" première circonvolution frontale externe.

L P, lobule paracentral.

A 0, avant-coin. " .

S P E. scissure perpendiculaire externe. -

C 0.0, circonvolution de corps calleux. . v

C C, corps catletvx.

V, ventricule.

oc 0 S, corps striés.

C B, carrefour olfactif de Broca.

Cal, calotte.

P F L, pli fronto-limbique.

G R, gyrus reotus.

Ta, couche optique.

P, Pédoncule. - .' '

C, coin.

L G, lobule lingual. ..

. Tb T3, T3, première, deuxième et troisième circonvolutions

temporales....

. C H, circonvolution de l'hippocampe. '

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1898, PL. VIII.

22 i Explication des planches.

PLAKU[E IX.

Crânes d'hydrocéphales.

('l'éÎnes de Le G ? et de Pinl ? (\'oir p, 98,)

Ces deux figures montrent l'analogie existant entre ces

deux crânes. Signalons dans tous les deux, non seulement

l'absence de s ! lno81osc préJJwl urée, mais encore la perai..lc ! nee

des sutures métopiques, partielle dans la fg. 1, ut complète,

dans la fig. 2.

BOURNEV1LLE, Bicêtre, 1898. - - " PL. IX,

] : OL'nxE\ ! LH ? c6h'c, ! 8U8. ' V> -)

22(i.- Explication. des planches.

Planche X.

Sclérose tubéreuse (V. p. HI1).

Face externe ou convexe de l'hémisphère droit.

1 ? 1 F2, FI première, deuxième et troisième circonvolutions

frontales. -

S R, sillon de Rolando. ' -

L P S, lobule pariétal supérieur.

L P I, lobule pariétal inférieur.

P A, pariétale ascendante.

F A, frontale ascendante.

S S, scissure de Sylvius.

S Ip, scissure interpariétale.

S P, scissure parallèle.

PC, pli courbe.

S P E, scissure perpendiculaire externe.

L.0 0, Io-be occipital.

Oio I ? opercule, frontal.

L l, lobule de l'insula.

Op R, opercule rolandique. ..

T ? T2, T3, première, deuxième et troisième circonvolutions

temporales ?

Les chiffres 1, 2, 3, 4, G indiquent les ilôts de sclérose

tubéreuse. ' " -

BOURNEV'LLE, Bicêtre. 1898. PL. X.

22S l' : TI'L11 : : \'l'IW \ IIa l'L.\\f : IIIsS.

Planche XI. l, ? t : L ! 1\o"'E '['l'BÍ< : BEliSE (V, ]). l'.l ? ).

Face interne de l'hémisphère- droit.

s lt, sillon rlc Itolaudo.

1 I', lubnlu pnraccntrnl.

L (J, lobule quadrilatère.

C C,circonvolution du corps calleux.

C C, corps calleux.

Se C 111, scissure calloso-marginalo.

p p a, pli pnriélo-linshiquc antérieur.

p p p, pli pariélo-lil11biquc postérieur.

Se p e, scissure perpendiculaire interne

c a, scissure calcarine.

' [',pédoncule.

0, nerf opti([ue.

C A, corne d'Ammon.

1'. coin.

T°I' '1'°2. '1 ? 1' circon\'olilliolls 1('lllpnro-oc,'ipit;dc ?

Se. 1°2. deuxième scissure tel11poro-occipitnlf',

T;j, troisième circonvolution temporale.

Les chiffres : 1. : 3, ? 1, fI, Ii, 7, indiquent les ¡l<ils de sel"

rose tubéreuse.

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1898. PL. XI.

2 : 0 Explication des planches.

Planche XII.

5r.a;nosr : rLm : ncusr : (V. 1. 1 ! )2) ,

Face externe de l'hémisphère gauche.

Les lettres ont la même signification que celles de la

Planche X,

Bourneville, Bicêtre, 1898. PL. XII.

232 . Explication des planches.

Planche XIII.

Sclérose tubéreuse (V. p. 193). -

Face interne de l'hémisphère gauche.

Les lettres ont la même signification que celles cul

Planche XI.

BOÜRNEVILLE, Bicêtre, 1899. PL. XIII.

TABLE DES MATIÈRES

PREMIÈRE PARTIE

Histoire du service pendant tannée 1898.

SECTION 1 : BiCètre.

1. Situation du se ? -vice. - Enseignementp1'i-

maire.................................. nI

9 Enfants idiots, gâteux, épileptiques ou non, -

- '> mais invalides (l3âtitnett SégttitzJ ...... ni

'. 20 Enfants idiots, gâteux ou non gâteux, épi-

leptiques ou -non, mais valides (petite

école) .................................. or

Petite école complémentaire.............. zon

30 Enfants propres et valides, imbéciles, arrié-

rés, instables, pervers, épileptiques et

hystériques ou non (g1'ande école) ? ... m

Enseignement du chant.................. x

Escrime ................................... x

Danse ....... xi

Société de gymnastique ................... xi

Fanfare et orphéon...... : .............. , .. xi

Musée scolaire........................... ut

Société des jeux.......................... xn

Promenades et distractions ............... xiII

Visites, sorties, congés ................... XXIV

. Vaccinations et revaccinations ............ xv

Service dentaire ............... xv

Bains et hydrothérapie ? ................. xv

Améliorations diverses.................... xn

Visites du service ................. xvi

Musée pathologique ...................... : : ¡ : VI11

'34 Table des matières.

II. Enseignement professionnel xix

Evalualion du travail des enfants xx

Enumération des produits fabriqués par

les ateliers XXIV ! Il. Statistique. Mouvement de la population .... XXIII

Tableau général xxiv

Décès XXIN,

Sorties, xxtv

Invasions xxv

Transferts xxv

Thymus et glande thyroïde xxv

Tableau des décès. , , . , , ' , , , , , . , , . , , , , , , , . xxvm

Maladies infectieuses xxxiv

Teigne xxxiv

Tableau des sorties -xxxvi

Maladies intercurrentes XLII

Population au 31 décembre xlii

Personnel du service en 198............. xlii

Service hospitalier suit

Section II : Fondation Vallée.

I. Situation du service. - Enseignement p1'i-

maire xli v

Enfants idiotes gâteuses xnv

Enfants idiotes, imbéciles, etc., valides. -

.. Enseignement primaire et enseignement

professionnel xlvii

Enseignement du dessin XLVl ! I

Enseignement du chant XLVIII : Danse XL7]Il

.. Enseignement p)'o/esst'0 ! me< ............. XLIX

. ..Visites, permissions de sortie, congés.... L

Re vaccinations .......................... Li

Bains et hydrothérapie ................... LI

Promenades m

Distractions lu

Améliorations diverses lu

Teigne,- Maladies intercurrentes lui

..II. Statistique : mouvement de la population. lui

Tableau général Liv

TAULE DES \C : 1'1'IItES...;i3J

Décès...............................'....... ut

Sorties.................. ? ............... LIV

. Évasions; transferts...................... LIV

Population au 31 décembre 1898........... LV

Personnel................................ LV

Tableau des décès......................... LVI

Tableall des sorties .................... .... Lx

SLeTIOa 131. - fissistarice des enfants idiots ; créa-

tion de Classes spéciales, annexées aux écoles

primaires, pour les enfants arriérés,.

I. A MM. les 111embre,s de sa COl11mi,'sion de

des asiles d'aliénés de. la

Semé.................................. L : ,V

I. 'SUISSE .......................... LJCII

Il. iiNULBT1;RRE .................... LXXIX

III 13EL(;IQUE ...................... LXXXI

il. .1ssislance .et 11'aitement médico-pédagogi- .

(Itte des e71fi ? -Lts ano ? naux............... Lxxxvil ! IL eiift7-tls et des adolescents; -

alatislicl.ue............................... LXXXIX

DEUXIEME PARTIE

Clinique et anatomie pathologique.

I. Chorée; bromure de camphre; guérison

rapide ; par Bourneville et Katz 3

II. Idiotie hiclrocéplzaliqve; par Bourneville

et J. Noir 17

III. Alhétoe double acec mouvements convul-

si/'s chroniques de la face simulant les

tics co7 cttlsifs; par BOU11NI- : VILLE et CH.1-

potin 26 G

IV. Idiotie légère symptomatique de ménin-

gite chronique ; paraplégie et pieds bots;

par Bourneville et SÈ131LLEAU ........... 40

V. Inégalité de poids des hémisphères céré-

z braux................................... 57

` ? 3ô- - - - TA73LPDESlIf : TIÈItP;B. - ? ? '""

vu. ? Etat dû jiscca21.pzlyan21cla-l.l`lmcllm et moelle.)

'dans quatre cas de contracture spasmodique

' infantile (syndrome de Lit/lc); par CH, PHi-

- .- lippe et CESTAN..............................

VU- Manie de l'adolescence avec nymphomanie ; par

. Bourneville et 11AT7. : ......... ? ...........

VIII. Alcoolisme de l'enfance : instabilité mentale ;

\ . - - imbécillité -morale; par Bourneville et J.

.. Boxer

ÎT ? Idiotie complète symptomatique d'hydrocépha-

- .- lie Par Bourneville et Noir...

X. Épidémie de fièvre typhoïde il. Bicêtre; par

Bourneville et Chapotin

XI. Instabilité mentale; hérédité très chargée; t7'ai-

- . tement médico-pédagogique : guérison; par

BOURNEVILLE et .h Boma1 .....................

XII. Idiotie symptomatique de sclérose tubéreuse ou

, hypertrophique ; par BOl : R.1`E\'ILLT : ...........

- Examen histologique; par Ch. Philippe .......

, Réflexions, par Bourneville

XIII. fiction de l'alcoolisme sur la production des

maladies nerveuses ; par Bourneville

- . ' TRAVAUX scientifiques faits dans le service

(thèses et mémoires)

EXPLICATION des planches

N" 64, - Imp. des En font de Il'c<'t1'e, - (0. M.)