RECHERCHES
SUR
L'EPILEPSIE, 1/HYSTERJE-
ET L IDIOTIE
PUBLICATIONS DU PROGRÈS MÉDICAL
RECHERCHES
CLINIQUES ET THERAPEUTIQUES
SUR
L'ÉPILEPSIE, L'HYSTÉRIE
ET L'IDIOTIE
COMPTE-RENDU DU SERVICE
DES ENFANTS IDIOTS, ÉPILEPTIQUES ET ARRIÉRÉS DE
NCETRE PENDANT L'ANNEE 1898
BOURNEVILLE
Avec la collaboration de
MM. CESTAN, CHAPOTIN, KATZ, NOIR (J.), PHILIPPE
SÉBILLEAU ET BOYER (J.)
Volume XIX
Avec 13 figures dans le texte et XIII planches.
14.) 5 z
1 4 .R
PARIS
AUX BUREAUX DU
PROGRÈS MÉDICAL
14, rue des Carmes, 14.
Félin ALCAN
ÉDITEUR
1 108, Boulevard St-Germain, 108.
1899
PREMIÈRE PARTIE
Histoire du service pendant l'année 1898.
(Bicêtre et Fondation Vallée.)
BOUMNEVILLE, Bicêlre, 1898.
PREMIÈRE PARTIE
- Section I : Bicêtre.
Histoire du Service pendant l'année 1898.
I.
Situation DU SERVICE. Enseignement primaire.
Il nous semble utile de rappeler au début de cet
exposé, suivant notre habitude, la répartition des
enfants de la 4° section du quartier des aliénés de
l'hospice de Bicêtre ? Ils forment trois groupes prin-
cipaux : 1° Les enfants idiots, gâteux, épilepliques
ou non, mais invalides ; 2° les enfants idiots gâteux
ou non, mais valides ; 3° les enfants propres,
valides, imbéciles, arriérés, instables, pervers, épi-
leptiques et hystériques ou non.
I. Enfants idiots gâteux, épileptiques ou non,
mais invalides. - Ce premier groupe est subdivisé
mais INVALIDES. Ce premier groupe est subdivisé
en deux catégories. La première se compose des en-
fants idiots complets, ne parlant; ni ne marchant,
considérés généralement, mais à tort, comme tout à
fait incurables. La plupart d'entre eux sont, au con-
IV Enfants IDIOTS invalides.
traire, susceptibles d'amélioration, même à un degré
très notable. On leur apprend d'abord à se tenir debout
à l'aide de barres parallèles (1), il marcher soit en les
tenant sous les bras, soit il l'aide du chariot : ; on forti-
fie leurs membres en exerçant successivement chaque
jour et à plusieurs reprises toutes 13s articulations
(exercices des jointures), en leur faisant des frictions
stimulantes, etc... En 1898, un enfant a appris à mar-
cher (-2) ; 5 ont été rendus propres (.3) ; 3 ont appris à
manger seuls (4). Dès qu'un enfant marche sans aide,
il est envoyé à la petite école, le matin pendant une
heure ou deux, puis toute la journée, aussitôt que ses
forces le permettent. Tous ces enfants sont placés sur
les petits fauteuils spéciaux, que nous avons décrits,
à l'usage des gâteux.
La seconde catégorie comprend les idiots absolu-
ment incurables, en beaucoup plus petit nombre
qu'on ne le croit d'habitude, et les épileptiques deve-
nus déments et galeux sous l'influence des accès ou
des poussées congestives qui les compliquent; ils ne
peuvent plus être que l'objet de soins hygiéniques et
doivent former un groupe spécial. Aussi avons-nous
fait aménager pour eux l'un des sous-sols encore dis-
ponibles où ils seront réunis et surveillés durant le
jour. Cette installation, en train depuis 4 ans, est
enfin achevée et nous servira également pour d'autres
enfants, qui nous arrivent tardivement, à 14, 15, 1G
ans, dont l'incurabilité est reconnue et que nous avons
été obligé jusqu'ici de maintenir dans les écoles, au
détriment des enfants éducables, où ils sont une occa-
sion de trouble et qu'ils contribuent il encombrer sans
aucun bénéfice pour eux. Nous n'avons pas pu faire
(I) Voir Compte-rendu de 1887, flg. 1, p. II.
('1) Pi1l1.. - ( : 3) Pilla." (7uttef ? viel ? BilL., Li«.. - (1) Dema ? Li,
lion ?
Enfants IDIOTS valides : petite école. v
fonctionner ce service, l'Administration ne nous ayant
pas encore accordé le personnel nécessaire.
II. Enfants idiots gâteux ou non gâteux, épilep-
tiques ou non mais valides (Petite Ecole). - Ces
enfants fréquentent la petite école confiée exclusive-
ment a des femmes. Dans le courant de l'année, 16 y
ont été inscrits. Sur ce nombre 9 sont décédés, 2 sont
sortis définitivement, 2 sont passés à la grande école,
2 ont été envoyés dans les sections affectées aux
adultes et 8 ont été transférés.
Sur 133 enfants qui restaient à la petite école au
31 décembre 1898, 5 ne mangent pas seuls, 68 se
servent de la cuiller, h0 de la cuiller et de la fourchette,
20 de la cuiller, de la fourchette et du couteau. Six
enfants gâteux de ce groupe, sont devenus propres (1) ;
3 enfants ont appris à manger seuls (2) ; 8 enfants ont
appris à lire (3). .
Tous les enfants sont exercés à la gymnastique
Pichery, sauf ceux qui, venus du premier groupe,
c'est-à-dire des invalides étant encore trop infirmes,
n'ont pu y prendre part. Vingt enfants de la petite
école et de la petite école complémentaire, dont nous
allons parler dans un instant, ont fait régulièrement
les exercices de la grande gymnastique - 19 enfants
ont travaillé cette année dans les différents ateliers :
tailleurs, cordonniers, vanniers, menuisiers, serru-
riers.
La petite école comprend : 1° le traitement du
gâtisme qui consiste à placer, après chaque repas, les
enfants gâteux sur les sièges d'aisance que nous avons
décrits dans l'un de nos précédents Compte-rendus ;
2° les leçons de toilette qui consistent à apprendre
(1) Quet ? Bamli ? Brégu ? Yvo ? Ilour ? Lamb...
(2) Sehei ? Rich ? Decuet...
(3) Sclm;trtzli ? IIazel..., Bezoml ? Droua ? Largill ? AIant ? Vaill...
nantfen.
VI Petite école complémentaire.
aux enfants à se laver la figure et les mains,' à s'ha-
biller, etc ; 3° les exercices pour l'éducation de la
main, des sens et de la parole ; -4° les leçons de petite
gymnastique ; -5° les exercices élémentaires relatifs
à l'enseignement primaire dont nous avons si souvent
parlé dans nos Compte-rendus de 1880 à 1897 ;
6° les leçons de choses, soit à l'école, soit dans les
jardins (avec le tableau roulant), soit enfin dans les
promenades.
Petite école complémentaire. Elle est confiée à
une femme dévouée, M ? Bonnet, qui s'est mise géné-
reusement à nôtre disposition. Elle est aidée par une
suppléante, Mm0 Cordonnier, qui a également la sur-
veillance des deux dortoirs où couchent les enfants de
cette école au nombre de 50. M ? Bonnet a, en outre,
pour surveiller les enfants deux infirmières et une
jeune malade arriérée de la Fondation Vallée, Briss.,
dont elle améliore d'ailleurs l'instruction. -- Un enfant
a été rendu propre.
Chai.. (Louis), entré le 28 janvier IF98, âgé de 7 ans 1/2.
Microcéphale à un degré prononcé atteint didiolie et d'ins-
tabilité mentale. Pris à son arrivée, l'enfant ne savait pas
exprimer ses besoins et souillait journellement ses vêtements.
Il était aussi très turbulent, très indocile, d'une attention
presqu'impossible à fixer, éprouvant un besoin incessant de
locomotion. On est parvenu à le faire rester assis en classe ;
l'attention, sans être encore de longue durée, est assez sou-
tenue pour permettre de lui donner quelques notions clas-
siques. Il a appris à s'habiller et à se déshabiller seul ; sait
lacer, boutonner; noue encore imparfaitement. Il est parvenu
à tracer des bâtons et des 0 assez régulièrement. Enfin il
manifeste aujourd'hui ses besoins et ne se salit plus jamais.
Trois enfants ont appris à lire couramment :
1° Buz... (Albert), 11 ans, entré en novembre 1896. Pris à
son arrivée, cet enfant n'avait aucune nation classique. D'in-
telligence tout à fait bornée, il ne comprenait pas le sens des
questions qu'on lui posait et y répondait d'une façon absolu-
Petite école complémentaire. vu
ment incohérente. De nature paresseuse, il ne se bougeait
qu'avec peine, ne s'intéressant dt rien. Cet état est resté pres-
que stationnaire pendant 18 mois ; au bout de ce temps, l'in-
telligence a paru s'éveiller ; il a pris goût alors aux exercices
classiques : il commença à syllabe en juin 1896 pour arriver
il lire couramment en juin de cette année. Il fait aussi main-
tenant de petites dictées, quelques exercices de grammaire.
En ce qui concerne le calcul, il connaît l'addition et la sous-
traction avec retenues. Cet enfant qui, jusqu'alors, était d'une
grande paresse pour tout travail manuel, secoue maintenant
son apathie naturelle et commence à rendre de véritables
services au nettoyage et à l'entretien de sa salle.
2° Gill.. (Louis), 8 ans. Atteint d'imbécillité intellectuelle
avec perversion des instincs et fugues. Cet enfant est entré
dans notre service le 27 décembre 1896. Au dire de ses parents,
il se sauvait presque chaque jour de l'Asile où ceux-ci le con-
duisaient, ce qui les décida à le placer. A son entrée, Gill..
n'avait aucune notion classique ; très indicipliné, il a fini
cependant par s'intéresser à la classe et lisait presque cou-
ramment lorsqu'on avril de cette année il fut atteint de teigne
et que nous fûmes obligé de l'envoyer au pavillon d'isolement.
3" IIur.. (I;uèue), 18 ans, atteint d'imbécillité prononcée
et d'écholalie. Cet enfant est dans notre service depuis 12
ans ; il est entré à l'école de M"" Bonnet il y a 6 ans. A cette
époque, il ne possédait aucune notion classique ; la parole,
très défectueuse comme articulation, était compliquée d'écho-
lalie, Voici comment s'exprime M"" Bonnet à son sujet :
« Notre élève a commencé par rendre de nombreux petits
services manuels et cela avec plaisir; puis il a appris il
écrire avec beaucoup de difficulté sans se rendre aucune-
ment compte de ce qu'il écrivait. Nous désespérions d'obte-
nir jamais aucun résultat pour la lecture, lorsque cette année,'
grâce à l'emploi des petits papiers portant un mot imprimé,
(lui l'ont amusé et intéressé, cet enfant a réalisé des progrès
que nous trouvons surprenants. Nous croyons pouvoir aflir-
mer qu'il arrivera il lire dans le courant de 1899, ce qui sera
pour nous un résultat inespéré ».
La parole a été aussi très améliorée, l'écholalie a complète-
ment disparu. - Très borné pour le calcul, Hur.. commence
seulement il comprendre et à faire l'addition seul.
Trois autres enfants sont en bonne voie pour la
lecture courante : Cour... Mung... Eél ?
vm Idiots valides : petite école complémentaire.
Trois enfants ont été améliorés pour la parole :
1° Chai.. (Louis), enfant dont il a été question plus haut,
au point de vue de la propreté, avait peine, à son arrivée, iL
former quelques petites phrases que l'articulation très défec-
tueuse rendait absolument incompréhensibles ; il dit beau-
coup plus de choses aujourd'hui, exprime ses besoins et quel-
ques idées avec des mots nouveaux ; ces mots ne sont plus
coupés, isolés comme au début, mais liés les uns aux autres
pour former des phrases que l'articulation, très améliorée,
rend enfin intelligibles.
2° Le Ho.. (Charles). Pris il son arrivée, le 25 septembre
1896, cet enfant ne prononçait que le seul mot : « maman ·.
Aujourd'hui il dit un grand nombre de mots, non pas correc-
tement, car l'articulation est très anormale, mais enfin il
parle et là était le but à atteindre.
« Nous procédons avec cet enfant, dit J[01c Bonnet, comme
avec un bébé de la première année, cherchant à lui faire
prononcer le plus de mots possibles lui permettant d'expri-
mer ses besoins et d'entrer en relation avec les autres enfants,
remettant à plus tard, lorsque l'intelligence sera plus éveil-
lée, de réformer les nombreux défauts d'articulation. »
;10 \funn... (René), 9 ans. Atteint d'imbécillité intellec-
tuelle compliquée d'une mauvaise audition, possédait a son
admission une articulation des plus mauvaises, ne disant
même pas nettement : « maman », puisque le m se changeait
toujours en n. Le peu de sons que l'enfant prononçait étaient
naseaux , les h, ? s, ch, g, u, ,j, étaient absolument nuls, rem-
placés le plus souvent par n ou d. Aujourd'hui, tous ces sons
sont acquis (bien que laissant encore un peu à désirer dans
l'ensemble). La lecture marchant de pair avec la parole, il est
à espérer que cet enfant lira couramment dans l'année 1899.
Tous les enfants cités les années précédentes pour
la parole continuent à s'améliorer, souvent lentement,
mais sûrement; l'intelligence continue à s'éveiller
sensiblement; c'est ainsi qu'on a pu faire germer chez
quelques-uns d'entre eux des notions de morale. Il y a
actuellement dans la classe de 111 ? Bonnet une ving-
taine d'enfants qui, pris à leur arrivée, ne savaient
absolument rien et qui maintenant font tous les
Grande école : enfants valides. ix
devoirs donnésjournellement dans les écoles d'enfants
normaux. C'est surtout, en mettant en relief les résul-
tats obtenus chez ces enfants et chez ceux de la petite
école, qu'il est possible démontrer aux plus sceptiques
la possibilité de transformer intellectuellement des
enfants réputés idiots.
III. Enfants propres et valides, imbéciles, arriérés,
instables, pervers, épileptiques et hystériques ou
non (Grande 1 ? COL1 : ). - La population de cette école
était de 168 enfants au premier janvier. Tous, sauf 21
qui ne peuvent travailler, ont fréquenté les ateliers
par grande série. 17 ayant le certificat d'études, for-
ment une division supérieure, ne vont à l'école qu'une
demi-journée par semaine et restent, les autres jours,
le matin et le soir, à l'atelier. Les autres enfants sont
répartis en quatre classes (64, 43, 30, 31 enfants). Aux
examens du certificat d'études qui ont eu lieu il
Villejuif, au mois de mars, sur 4 enfants présentés,
3 ont été acceptés (Jum ? Boisd ? Marchand...) (1).
Cette année encore, nos instituteurs et leurs aides,
ainsi que les sous-employées attachées aux écoles,
afin d'être mieux en mesure d'améliorer la prononcia-
tion des enfants et de développer leur parole, ont été
envoyés successivement, par séries, au nombre d'une
vingtaine, à \ 'Institution nationale des Sourds-muets.
De plus, comme nous avons un certain nombre d'en-
fants aveugles, nos auxiliaires sont également allés à
diverses reprises à l'Institution des jeunes aveugles.
Il s'agit là d'ailleurs d'une pratique ancienne pour
laquelle MM. les directeurs de ces établissements,
veulent bien chaque année nous prêter leur concours.
Nous ne saurions trop remercier MM. Martin etDebas,
directeurs de ces deux instituts.
(1) A cet examen ! ) infirmiers -de l'Ecole municipale d'Infirmiers et (1'[nllr-
mitres de Bicêtre ont obtenu le certificat d'études.
x Grande école : chant, escrime.
Enseignement du chant. Cet enseignement est
fait par M. Sutter depuis le 1'" janvier 1895. Confor-
mément à nos instructions, il s'est occupé successive-
ment de tous les enfants. Il a divisé ceux de la petite
école complémentaire en deux sections et ceux de la.
grande école en trois sections. Aucun d'eux ne savait
lire la musique et ne possédait de notions sur la
théorie musicale, sauf une demi-douzaine d'enfants
appartement à la fanfare. Presque tous les enfants
savent, aujourd'hui, lire eux-mêmes les notes, en
connaissent la valeur et possèdent les notions
élémentaires de la théorie de la musique. Quand les
enfants sont su ! 11samÚlCl1t avancés pour hien lire un
morceau de chant et l'apprendre avec fruit, on leur
fait chanter des choeurs à deux, puis iL trois par-
ties.
En maintes circonstances, tous les samedis où nous
avons des visiteurs, nous avons réuni les petites filles
de la Fondation Vallée avec les garçons de Bicêtre et
nous les avons fait chanter ensemble dans les choeurs.,
Tous les six mois nous faisons relever l'étendue et le
timbre de la voix des enfants. Ce travail nous fournira,
croyons-nous, des renseignements intéressants sur la
mue de la voix au moment de la puberté. Ces recher-
ches avaient déjà permis de constater, en 1895, 1896
et 1897 que chez les épileptiques, qui sont dans leurs
périodes d'accès, le timbre de la voix devient moins
clair et moins sonore et que son étendue diminue
parfois très-notablement. La pratique de l'année
1898 a confirmé ces constatations et fait voir aussi
que, à la suite des pratiques solitaires, la voix
est également modifiée. Le nombre des enfants qui
participaient à l'enseignement du chant était de 376
à la fin de 1897 et de 3fi5 à la lin de l'année
1898... ..
Escrime. Cet exercice s'est fait régulièrement
1 ;nA);lJE ÉCOLE : CHANT. DANSE, ETC. XI
sous la direction de M. 'f-OC)UIN, prévôt au fort de
Bicêtre, qui s'en est acquitté consciencieusement.
Danse. Les exercices de danse ont eu lieu régu-
lièrement sous la direction de M. Lanuosse, un de nos
instituteurs. 70 enfants y participent; sur ce nombre
45 savent danser la polka, 32 connaissent la polka, la
mazurka et la scottich et 27 connaissent toutes les
danses de caractères. Les 20 enfants signalés l'année
dernière comme sachant les deux premières figures
du quadrille, en connaissent aujourd'hui toutes les
figures. Une série nouvelle de Il-) enfants sait les
deux premières ligures.
Société de gymnastique. Les enfants faisant
partie de cette société, au nombre de 21 ont fait
comme l'année précédente une promenade à Hobin-
son. Ils ont pris part en outre, sous la direction de.
leur maître dévoué, M. Go ? à un concours de gym-
nastique organisé par la commune du liremlin-l31cêtre
ou ils ont obtenu un prix en argent de 25 francs.
Fanfare et Orphéon. La fanfare et l'orphéon sont
placés sous la direction de M. Suttkr. professeur do
chant. La fanfare se compose de 16 exécutants parmi
lesquels un de nos anciens malades, 131a...., guéri men-
talement et passé comme atteint d'hémiplégie incom-
plète dans l'une des divisions de l'hospice. Elle a prêté
son concours à la distribution des prix de l'Ecole d'in-
firmiers et d'infirmières de Bicêtre et de la Salpêtrière.
Elle a également assisté à un festival it Charenton.
Les répétitions de la fanfare sont malheureusement
interrompues depuis plusieurs mois déjà faute d'ins-
truments ; il est à craindre que les enfants n'oublient
ce qu'ils savent. Plusieurs fois et en vain, nous avons
réclamé àl'Administration, de bien vouloir donner une
suite favorable à la demande que nous avons faite
pour l'achat des instruments nécessaires
w S( : OI,AIRr..
M. Sutter fait à 35 enfants de la Petite Écolo un
cours spécial de solfège. Ces cours ont lieu deux fois
par semaine et ont pour but de préparer de nouveaux
musiciens à la fanfare.
Musée scolaire. Ce musée continue à servir aux
séances de projection, aux leçons de choses, aux lec-
lit)-es récréatives. Il s'est notablement enrichi tant au
point de vue de la bibliothèque qu'au point de vue des
ligures pour projection. - L'Administration a acheté,
arec des dons (1), cette année G7 nouveaux volumes,
ce qui porte à 536 le nombre des volumes de la
731bliotl2ècz(e des enfants.
Le 1 ? janvier 1898, le nombre des vues pour pro-
jections était de 857, à la fin de l'année ce chiffre était
porté à 1559, soit une augmentation de ! (0 ? vues sur
l'année précédente. Diverses cle ces vues ont été uti-
lisées par M. Bonnairc, professeur à l'Ecole munici-
pale d'infirmières, pour son cours d'anatomie et de
physiologie. Les séries nouvelles sont : Les phares,
la digestion, la respiration, la circulation, Marseille,
la pêche, voyages dans la Méditerranée, dans l'A-
mérique du Nord et l'Amérique du Sud. Les
autres vues augmentent ou complètent les séries déjà
existantes.
Société des jeux. La société des jeux a fonctionné
cette année encore sans qu'on ait eu à prélever de
cotisations. Elle a donné cinq concerts organisés par
les enfants. Un de ces concerts a été suivi de bal. Les
bénéfices réalisés à ces matinées ont servi, comme
l'année précédente, à des promenades ; cette fois-ci
elles ont eu lieu à Créteil et a la Varenne-Saint-llilaire.
Tous les enfants valides de la section, les petites filles
(1) Légation du .Iapon : OI fr.), Commission de surveillance des Asiles
(30 fr.), Streiflliiig (20 fr.).
Promenades, distractions, visites. xiii
de la Fondation Vallée et leurs parents assistent à ces
fêtes.
Promenades et distractions. Les enfants de la
grande et ceux de la petite école qui sont propres ont
continué il faire des promenades soit à Paris, soit aux
environs. Dans ces promenades les instituteurs et les
institutrices doivent donner des leçons de choses et
exercer les enfants aux jeux de balle et de ballon.
Voici rémunération des principaux endroits où ils
sont allés en promenade cette année : Arcueil, Créteil,
Cachan, Bois de Gournay, Fête de la place d'Italie,
Fête du Lion de Belfort, Foire aux pains d'épices,
Gentilly, Gare Montparnasse, Jardin des Plantes,
Jardin d'Acclimatation (1), Jardin du Luxembourg,
Manufacture des Gobelins, Musée de Cluny, Parc de
Montsouris, Place de l'Hôtel de Ville, Place de la
Salpêtrière, Robinson, Square Cluny, Saint-Mandé,
Villejuif, Vitry, etc...
Les distractions ont été nombreuses. Notons la
distribution des jouets du jour de l'an, donnés par
l'Administration ; les déguisements du Mardi-Gras et
de la lli-Carêmc ; la distribution des jouets de Noël
offerts par la Société du « Joyeux Noël. » Nous adres-
sons à cette société tous nos remerciements. A citer
aussi le concert organisé par les acteurs et actrices
des principaux théâtres et concerts de Paris ; le con-
cert du 25 mars organisé par la famille Just-Lam-
berty ; une séance de prestidigitation ; une conférence
avec projections, faite par M. le Dr Lepique sur le
pays des pêcheurs d'Islande ; plusieurs représenta-
tions gratuites clans. divers cirques et théâtres installés
à la Foire au pain d'épices, à la Fête du Lion de Bel-
(t) Nous profitons de l'occasion pour remercier trés-vivement le Directeur
du Jardin d'Acclimatation, M. A. Porte, qui veut bien, chaque année, sur
notre demande, autoriser nos enfants et les petites filles de la Salpêtrière à
visiter ce bel établissement.
xiv Visites, vaccination.
fort et sur l'Avenue de Bicêtre, enfin cinq matinées,
dont une suivie de bal, organisées par les enfants.
Les jardiniers sont allés à l'Exposition de ch1'Y-
santhèmes et à l'Exposition d'horticulture. Les
imprimeurs, sous la conduite de. leur maître, ont
visité dans tous ses détails l'École Estienne dont le
directeur M. Fontaine, a bien voulu leur expliquer
le fonctionnement. '
Visites. Les enfants ont reçu 15.098 visites ; les
visiteurs ont été au nombre de 9.486. Voici la statisti-
que des permissions de sortie et des congés : .
Bains et hydrothérapie. xv
Vaccinations et revaccinai ions. Nous avons con-
tique, comme les années précédentes, la vaccination
et la revaccination de tous les malades entrés durant
l'année et les enfants dont la revaccination remonte
à 7 ans. Comme d'habitude, cette opération a été pra-
tiquée par les élèves de l'École municipale d'infirmiers
et d'infirmières de Bicêtre, sous notre direction et
celle de nos internes. Elles ont été au nombre de 60.
M. Pinon, directeur de l'hospice, s'est fait revacciner,
ainsi qu'une sous-surveillante et quatre infirmières.
Serrice dentaire. M. le Dr Bouvet a continué à
venir presque chaque semaine donner des soins à nos
malades au point de vue de la dentition et de l'hy-
giène de la bouche et à relever chaque année les modi-
lications survenues dans la dentition des enfants.
Nous n'avons eu qu'à nous féliciter de son service.
Nous rappellerons qu'en faisant instituer le service
dentaire, notre but était d'avoir, chaque année, une
note, prise par un homme compétent, sur la dentition
de tous les enfants.
nuins et hydrothérapie. Les bains et les dott-
(-lies, joints il la gymnastique, à l'emploi des bro»tu-
res, surtout à l'elixirpolybromurc (Yvon), du bromure
de camphre du Dr Clin, plus actif et plus absorbable
que les autres préparations similaires qui nous ont été
fournies par l'Administration, et dcs médicaments
antiscrofuleux, ont continué, comme pas le passé, il
être la base du traitement en 1898. Nous avons essayé
aussi le sédum acre et l'éosinate de sodium. Nous en
parlerons clans le prochain Compte-rendu .
Il a été donné dans le cours de l'année 19.181 bains
ainsi répartis :
xl Visites du service.
Musée A\ATO\fo-PA'l'HOLOGIQUL. xvii
médicale du professeur Corderelli, assistant à l'hôpital
des incurables à Naples; M. Bloch (Maurice), agrégé
des lettres, directeur de l'Ecole Bischofssheim; Dr Alb.
Bjorkman (de Finlande) ; D`' Chaddock (de Saint-Louis)
Dr Dmitrevsky, médecin suppléant de l'hôpital Notre-
Dame des affligés, l'étersl)ourg; D'' J. Forsmann,
assistant à l'institut pathologique de l'Université de
Lund (Suède) ; D'' Fchistovich, de l'Académie de méde-
cine de Saint-Pétersbourg ; Dr de Gothard (de Buda-
Pcstli) ; Dr Hollarits, de Pétersbourg; 1\I. Hamilton,
docteur en médecine ; Dr Huet (d'Amsterdam) ; D'' J.
IIagelstan, docent à l'Université d'Helsingfors (Fin-
lande) ; M IIissing ; Dr Jonès (de Bueuos-Ayres) ; M.
Jakmvleffde (Pétersbourg) ; Dr P. Minos (de Londres) ;
D'' Mac-Latchie (d'Edimbourg) ; Dr Magnus (cle Chris-
tiania) ; Mlle Rabinouwicth (cle New- ork) ; Dr Som-
mer (de Giessen) ; D'' Et. de Saint-Hilaire, médecin de
l'Institut départemental des sourds-muets; Dr G. de
Voss (de Pétersl)ourg) ; Mlle E. Volovatz externe,
des hôpitaux; D'' A. L. Warner (de Chicago).
De même que les années précédentes, la Commission
de surveillance des Asiles de la Seine a visité le ser-
vice le 7 juin 1898.
Nous consacrons d'habitude la matinée du samedi
à recevoir les visiteurs. Presque tous ceux dont nous
venons de citer les noms sont venus ce jour-là. Nous
prévenons, pour eux, le professeur de chant et celui de
gymnastique, dont les heures de leçons ne coïncident
pas avec l'heure de notre visite. En leur demandant ce
déplacement et en nous imposant la fatigue très grande
de montrer non seulement la disposition du service
des enfants, mais encore son fonctionnement dans
tous ses détails, notre but est de faire comprendre aux
visiteurs l'importance de l'oeuvre que nous avons pu
réaliser avec l'appui du Conseil municipal, et de four-
nir à beaucoup d'entre eux les arguments qui militent
l3oolti·rI : vILLI : , Bicêtre, 1898. **
XYIII Musée : statistique.
en faveur de l'hospitalisation de cette catégorie d'en-
fants anormaux et les convaincre de la possibilité de
les améliorer et même de les guérir par l'application
régulière, méthodique et prolongée du traitement
médico-pédagogique.
Musée pathologique. Le musée s'est enrichi
notablement en 1898, ainsi que le montre le tableau
suivant : ,
Enseignement professionnel XIX
nous avons refait entièrement nous-même, en 1897,
avoir tous les renseignements désirables sur les pièces
anatomo-pathologiques du musée. Notre ancien in-
terne, M. le DI' Julien Noir a été nommé conservateur
du musée par arrêté en date du 9 octobre 1897, en
remplacement de M. Sellier, démissionnaire.
il.
Enseignement professionnel.
Cet enseignement a été dirigé en 1898, de même
que les années passées, par MM. Leroy pour la menui-
serie 0882-1808 ! , Allène pour la couture (1883--1898"
Dumoulin pour la cordonnerie (1888-1898;, pour
la vannerie, le paillage et le canage des chaises (1889-
1898), Mercier pour la brosserie ()889-1898 ! , MA1Ü : -
CI-1,I,LA'P pour l'imprimerie (1889-1898 ! , G. Gaie pour
la serrurerie (1895-1898), Mesnaiid pour le jardinage
(1896-1898).
De même aussi que les autres années, nous n'avons
qu'a les féliciter tous, non seulement pour le zèle et
l'intelligence qu'ils apportent chaque jour à donner
l'instruction professionnelle aux enfants, mais encore
pour la bonne direction morale qu'ils savent leur im-
primer. Le tableau suivant met en évidence les résul-
tats obtenus en 1898 par nos chefs d'ateliers (p. XX).
Les travaux Au jardinage seuls no sont pas évalués,
Il est, en effet, assez dillicile de faire une estimation
précise. Pourtant nous croyons que l'Administration
aurait intérêt à essayer d'en avoir tout au moins une
évaluation approximative. Peut-être un jour s'y déci-
dera-t-ello. A notre ami, M. le D`'Napias, d'intervenir
dans ce sens.
Les sept maîtres, non compris le jardinier dont le
Enseignement professionnel. XXI
travail de ses apprentis et le sien dépassent assuré-
ment le salaire sont payés à raison de 6 fr. 50 par
jour, soit pour l'année 16.607 fr. 50.
Le travail des enfants, 29.310 fr. 40, couvre
donc : 1° la dépense occasionnée par le salaire de
leurs maîtres ; 2° l'intérêt à 4 °/0 taux au-dessus
du cours actuel du capital employé pour la cons-
truction des ateliers (210.000 francs). De plus, il y a
un bénéfice de '1.302 francs qui vient atténuer les
dépenses d'entretien dcs enfants.
Voici l'énumération des produits fabriqués par
les ateliers en 1898 :
Brosserie.
12.615 brosses en tous genres (dont Il,000 pour le Magasin
Central). ' ,
Vannerie .
324 mannes neuves fabriquées (dont 185 pour le Magasin
Central), 250 mannes réparées, 160 chaises cannées et rem-
paillées.
Couture .
769 pantalons, 683 vestons, fil gilets, 132 robes. 182 mail-
lots, 15 maillots de force.
Menuiserie.
1 échelle simple, 5 échelles doubles, 15 coffres divers, 31
casses d'imprimerie, 2 armoires, 1 meuble à 2 corps pour
les photographies, li bancs, 3 tables, 2 tableaux pour les
classes, 1 table scolaire, 1 meuble pour l'imprimerie (Fonda-
tion Vallée), divers objets pour l'enseignement; installation
complète du nouveau sous-sol et croisées. Tout le travail
fixe neuf du service et toutes les réparations diverses.
. Serrurerie.
4 fauteuils en fer, 172 porte-vases pour chaises de gâteuses,
180 fcrrrures et charnières, 20 réparations de fauteuils en
fer. 290 objets en bois faits au tour : pieds de meubles,
pieds de table, poignées, boules, cylindres, cônes, etc. -
Ferrage de tous les meubles, échelles, coffres divers, ton-
neaux, boites, etc, confectionnés par la menuiserie. Fait
toutes les réparations journalières du service.
xxii Enseignement professionnel.
Cordonnerie.
806 paires de chaussures neuves, Gi5 ressemelages.
Imprimerie.
COiJ1ple-1'enriu du service de l'année. Ordres du jour des
Commissions. Affiches diverses. - Entêtes de lettres,
registres et tableaux divers pour Direction et Economat.
Circulaires pour le bureau de la 5 ? Bons de tabac.
Palmarès, relevés de points, présences, etc., pour les Ecoles
municipales d'infirmiers et d'infirmières. - Travaux divers
pour les hôpitaux et hospices : Boucicaut, Bicêtre, Maison de
santé, Ricord, Saint-Louis, Salpèlrière. - Travaux pour la
Société des Sous-employés de l'Assistance publique : affiches,
cartes, procès-verbaux, compte-rendu, feuilles d'admissions,
carnets de bal, fiches, etc., etc.
Nous n'insisterons pas sur les avantages que procu-
rent ces ateliers tant au point de vue de l'intérêt des
malades qu'à celui-de l'Administration. Nous ajoute-
rons seulement qu'il serait convenable, à tous les
égards, que nos anciens malades qui passent soit clans
les sections d'aliénés adultes, soit dans la division des
incurables de l'hospice, trouvent un meilleur accueil
dans les ateliers de l'hospice et que les chefs de ces ate-
liers leur témoignent plus de bienveillance. Il y va et de
l'intérêt clés malades, supérieur à toute autre considé-
ration, et de l'intérêt financier de l'Administration.
Tel est le résumé de l'enseignement professionnel
en 1898. Il importe de ne pas oublier que nos ateliers
ne sont nullement comparables à ceux cle l'orphelinat
Prévost à Cempuis et de l'école d'Alembert à Monté-
vrain, par exemple, où les apprentis sont des enfants
normaux, sains de corps et d'esprit, et même choisis
parmi les plus intelligents des candidats. Nos appren-
tis, à Bicêtre, sont non seulement des enfants anor-
maux, mais encore des enfants malades : quand ils
ont, les uns des accès yileplicl2e.s, convulsifs ou
psychiques, les autres des impulsions ou des périodes
d'excitation, ces jours-la et les jours qui suivent ils
ne peuvent travailler ni : '1 l'école ni Ù l'atelier
Statistique : Mouvement DE la population. XXIII
Administrativement, après avoir douté de la possi-
bilité de faire travailler les enfants idiot», arriérés et
épileptiques, certains auraient de la tendance à vouloir
les considérer comme des apprentis ordinaires qui,
suivant la pratique abusive des couvents, doivent.
fournir régulièrement une somme de travail fixée.
Nous le répétons, ce qui doit primer dans notre ser-
vice, c'est l'influence morale du travail, qui est l'adju ?
vant du travail scolaire, du traitement médical, et
non le produit lui-même, bien qu'il ne soit pas à
dédaigner : les enfants eux-mêmes sont heureux de
voir que leur travail est productif, qu'il se traduit par
des résultats pratiques (1).
III.
Statistique. Mouvement DE la population.
Le premier janvier 1898, il restait dans le service'
459 enfants (2) : 435 enfants idiots, imbéciles ou épi-
leptiques, dits aliénés et 24 réputés non aliénés. Cette
distinction, qui s'applique aux épileptiques adultes
aussi bien qu'aux enfants est purement administrative
et il est difficile de la justifier médicalement. -
Les épileptiques non aliénés sont placés par l'As-
sistance publique et sont à.la charge du budget muni-
cipal ; les épileptiques aliénés sont placés, suivant les
prescriptions de la loi du 30 juin 1838 et à la charge'
du département. ,
(1) Une autre cause qui contribue à différencier nos apprentis de ceux qué
nous avons cités, c'est qu'ils ont des permissions de sortie et des congés,
sur la demande des familles, à toutes les époques de l'année. -
(2) C'est-à-dire 59 de trop, puisque la section a été conçue pour 400 enfants.-
XXIV DÉCÈS, SORTIES, ÉVASIONS.
Sur ce nombre, 11 étaient atteints de cécité; 3 de sur-
di-mutité ; 28 étaient ruminants ; 50 hémiplégiques ; ;-
7 étaient atteints de maladie de Little; 60 étaient
baveux ; 38 onycophages et 4 déchireurs d'ongles.
Thymus et glande thyroïde. xxv
Évasions. Cinq évasions ont eu lieu dans le cou-
rant de l'année ; celles des enfants; Then..., Mull...,
Calb..., Se..., Hain... Le premier de ces malades,
recueilli par la Préfecture de police, nous a été rendu
le lendemain. Quant aux quatre autres dont l'évasion
n'a donné lieu à aucune mutation, ils nous ont été
ramenés par leurs parents.
1
Transferts. - Ils ont été au nombre de 13 : 10 à
Clermont, 1 à I ? 1CL1\, 1 à Vaucluse et 1 à Bonneval (1), ).
Les transferts, hors des asiles de la Seine, constituent t
comme nous l'avons dit maintes fois, une mesure
indigne d'un pays civilisé.
Thymus et glande thyroïde. - Nos études sur
l'idiotie myxoedémateuse nous ont conduit à repren-
dre, il y a 9 ans, des recherches anciennes (1868) sur
la glande thyroïde et incidemment sur le thymus.
Le tableau ci-après donne quelques renseignements
sur ces deux organes chez nos malades décédés en
1898.
Nous essaierons un jour de voir s'il y a lieu de tirer
quelque conclusion des pesées du thymus et de la
glande thyroïde que nous consignons tous les ans
dans nos Compte-rendus. Mais elles n'auront qu'une
valeur relative jusqu'à ce que nous puissions les
mettre en regard cle pesées analogues faites chez des
enfants réputés normaux et décédés soit à l'hôpital
des Enfants-malades, soit à l'hôpital Trousseau (2).
(Il Ce sont les familles dee enfants. \Ier..., \Iul... et Bon ? A la Fonda-
tion Vallée trois familles se sont trouvées dans le même cas Délie... Delcou
et Darthol...,
(2) L'un de nos internes de cette année, M. Katz, actuellement aux Enfants-
Malades s'occupe de ses recherches.
XXVIII T...
11F111 Décès.
XXX .. t
xxx - DECES 1
xxxn
-Décès.
XXXIV DÉCÈS.
\L11 Maladies intercurrentes.-
Maladies intercurrentes. 9 enfants sont entrés à
l'infirmerie atteints d'état de mal épileptique ; 2
atteints do bi,oncho-p71ditn-im-tie ; 3 de pneumonie ; 4
de tuberculose pulmonaire ; 5 d'angine ; 2 d'oph-
talmie ; 9 d'abcès ; 7 de diarrhée ; 3 d'impétigo ; 2 de
rhumatismes. Signalons aussi un cas de choléra spo-
sadique chez l'enfant Dumou...
Population au 31 décembre 1898. - Il y avait à
cette époque, dans le service, 462 enfants, se décom-
posant ainsi : 417 enfants idiots, imbéciles ou épilep-
tiques, dits aliénés et 45 réputés non aliénés. Sur ce
nombre 5 sont atteints de cécité ; 2 de surdi-mutité ;
25 sont ruminants ; 30 sont onycophages; 6 déchi-
reurs d'ongles ; 60 sont baveux ; 75 sont gâteux ; 50
sont hémiplégiques et 7 sont atteints de maladie de
Little.
Personnel du service en 1898. Le personnel était
ainsi composé : 1° Service médical : deux internes
provisoires, M. Chapotin et M. Sébileau.
2° Service scolaire : Grande École r 4 instituteurs :
MM. MESNARD, LANDOSSB, CAMAILHAC et GRANDVIL-
Ce dernier ayant démissionné dans le cou-
Tant de novembre a été, sur notre demande, rem-
placé par M. DERUETTE ; - un professeur de chant, M.
Sutter ; un professeur de gymnastique, M. GoY ;
un maître de danse, M. LANDOSSE ; un maître d'es-
crime M. Taquin et deux infirmiers dont un ayant le
grade de 1 cr infirmier Petite École : Mllos AGNUs
(Blanche) et BoIIAIN (Amandine), surveillantes ; M'ne
BEAUMONT, suppléante ; trois premières infirmières :
Mmes HUGUET, G-ERDER et MARQUET, et 10 infirmières
de. jour aidant les maîtresses d'école.
3° Enseignement professionnel. - 8 maîtres dont
nous avons donné les noms à la page XIX ; plus
deux infirmiers de garde.
PERSONNEL du service. XUII
4° Service hospitalier : Il se compose do M. MALEX-
çoN, sous-surveillant, remplissant les fonctions de sur-
veillant ; de M. Acard, suppléant, faisant fonotions de
sous-surveillant; de M. 13nIls : aLOU, suppléant (service
du gymnase) ; de I ? I;oN711 : I1, sous-surveillante
(infirmerie) ; de M"10 IIIALENÇON, suppléante (bâtiment
des gâteux); de ]\l'lie Grisard, 1"e infirmière (pavillon
d'isolement) ; de M"10 GLADEL, suppléante de nuit ; d'un
1 ? infirmier, M. Chérel (baigneur) ; d'un autre 1 ? infir-
mier attaché plus spécialement au Musée et chargé du
service de distribution de la pharmacie, M. GERDEH j
d'un infirmier-portier, d'un perruquier, de 25 infir-
mières de jour ou de nuit, de 29 infirmières de jour ou
de nuit; total du personnel secondaire : 85.
Section II : Fondation Vallée.
Histoire du service pendant l'année 1898.
I.
Situation du service. Enseignement primaire.
Au (le ce rapport, il nous parait utile de rap-
peler encore que, quand la Fondation Vallée a été
organisée, elle devait être pour les filles ce qu'est
la colonie de Vauclusc pour les garçons c'est-à-
dire qu'on devait en exclure les gâteuses et les
épileptiques. Mais dès l'origine, par suite des besoins
du service des aliénés, il n'a pas été tenu compte de
cette catégorisation. Il s'ensuit que la Fondation
Vallée ne correspond plus à la Colonie de Vaucluse
mais au service des enfants de Bicêtre, où nous
recevons, en outre des épileptiques et des hystériques,
toutes les catégories d'enfants idiots. De là deux
groupes principaux : 1" les enfants idiotes et (1 ?
teuse.s, 2° les enfants propres.
Enfants idiotes et gâteuses. Elles étaient au
nombre de 63 au ICI' janvier 1898 et de 70 à la fin do
l'année. Elles sont installées dans le bâtiment situé à
droite dans la cour d'entrée dont elles occupent le rez
Enfants idiotes gâteuses. XLV
de chaussée et le premier étage. Cette installation
est des plus défectueuses. Nous dirons même que, en
raison des infirmités physiques des enfants, elle est
insalubre, dangereuse. Le gâtisme exigeant un lavage
quotidien du parquet mal jointoyé, non hourdé, du
premier étage ; il en résulte des infiltrations d'eau
tout le long des murs. Ce n'est que grâce au zèle
et au dévouement de l'infirmière qui est chargée
cle ce service, Mile Suzanne Raymond, que nous
avons pu atténuer les inconvénients de cette installa-
tion et obtenir chaque année quelques bons résultats
au point de vue du traitement. Nous continuons et
avoir recours aux moyens et aux procédés que nous
avons décrits dans nos précédents rapports.
Les idiotes gâteuses se divisent en deux catégories :
a) les enfants valides qui sont envoyées et l'école du-
rant une partie de la journée. Bien qu'une classe ait
été affectée spécialement clans l'ancien réfectoire,
aux plus malades, d'autres vont à l'école et il en
résulte des inconvénients pour les enfants des classes
voisines, affectées aux enfants propres. b) Les
enfants invalides, qui séjournent dans les locaux et
la cour situés entre leur pavillon et le pavillon d'Infir-
merie qui leur sont affectés. Chez neuf d'entre elles
on a pu supprimer le gâtisme : Vergn ? Le Maréch ?
Dur ? Noir ? Bea ? Saun ? Guclcf ? Espin ? Glay .
4 ont appris à manger seules : Dcvc ? Vcrn ?
Séa ? Lécarch.. 3 enfants ont appris à marcher
seules : Wei ? Dev.. et Sca..
Nous avons proposé en 1896 l'appropriation du
sous-sol du bâtiment neuf suffisamment élevé et aéré,
en un service spécialement destiné aux enfants idiotes
gâteuses, valides et même à une partie des gâteuses
invalides. Voici en quoi consiste ce projet :
D'après nous, la moitié du .sous-sol la plus rapprochée des
bâtiments existants devrait être affectée aux enfants 1-ziteu-
1L\'I Enfants idiotes gâteuses.
ses invalides et il une partie des enfants gâteuses valides en
raison de la proximité de leur dortoir. Les enfants entre-
raient directement par la porte vitrée correspondante il
l'extrémité du bâtiment. La première travée servirait de
passage au centre, et les parties latérales, de cabinet de
débarras; - la deuxième travée serait affectée à un réfec-
toire ; la troisième une salle de gymnastique où l'on
mettrait les appareils l'ichery, échelles et ressorts, le trem-
plin, un escabeau, etc.
La quatrième travée serait réservée il l'école pour les
enfants gâteuses valides ; la cinquième travée serait
aménagée en école et préau pour les gâteuses invalides;
les deux dernières travées seront réservées au traitement
du gâtisme proprement dit et renfermeront tous les appareils
similaires en usage dans les divers services de Bicêtre (sièges
d'aisance avec cuvette en ciment, soupape, siphon, etc..
baignoires, bidets, bains de siège, chauffe-bains, lavabos,
armoires pour les serviettes et les peignes).
Le sol serait carrelé dans le réfectoire et la salle du
traitement du gâtisme. On mettrait du carreau revêtu de
linoléum dans les autres pièces.
La seconde moitié du sous-sol serait affectée aux services
suivants, en partant de la cage de l'escalier : 1° entrée
centrale, de chaque coté, cabinet de débarras ; '2" magasin
de chaussures, ciragier; - JO bains de pieds. Ces différentes
pièces seraient séparées par des cloisons.
La fenêtre vitrée à l'extrémité sud sera transformée eu
porte. Ces doux services seront complètement séparés de la
partie centrale affectée au service du chauffage.
Ce projet, ainsi que nous l'avons dit dans notre
Compte-rendu de 1896 (p. LXIV) et 1897 (p. XLVII) a
été soumis par l'Administration à la Commission de
surveillance qui, après l'avoir examiné sur place, l'a
adopté sur le rapport de M. le Du' Du Mesnil. Il a été
ensuite au Conseil général qui s'est prononcé pour
l'ajournement. Le jour où l'on voudra bien se
rendre un compte exact des difficultés actuelles du
service et du bien-être que l'installation réclamée
procurerait aux enfants, des avantages qui en résulte-
raient pour l'hygiène, toute hésitation disparaîtra.
Enseignement primaire et professionnel. SLVII
Enfants idiotes, imbéciles, épileptiques, etc.,
valides. Enseignement primaire et enseigne-
ment professionnel. Les procédés employés sont
les mômes qu'à la section de Bicêtre. Les améliora-
tions réalisées dans les écoles des garçons sont
introduites immédiatement à la Fondation. L'idéal
que nous poursuivons consiste à occuper les enfants
du malin jusqu'au soir, en variant le plus possible
les exercices. Les jeux même doivent contribuer à
leur éducation.
Au lever on apprend aux enfants à faire leur toi-
lette, à faire leur lit, à nettoyer leur dortoir. Aux
repas, on surveille les enfants qui savent manger seu-
les et on corrige leurs mauvaises habitudes ; on
apprend aux autres à se servir de la cuiller, de la four-
chette, etc. Sur 189 enfants présentes à la fin de l'an-
née, 45 savent se servir de la cuiller, de la fourchette
et du couteau; 72 savent se servir de la cuiller et de
la fourchette 49 de la cuiller seulement ; 30 ne savent
pas manger seules.
160 enfants ont fréquenté l'école et sont exercées à
la gymnastique Pichery. 60 enfants participent aux
exercices cle la grande gymnastique, sous la direction
de M. Goy et sous la surveillance de Mlle L1\GLE'I'.
M. Goy vient tous les jeudis à la Fondation. En raison
cle l'augmentation de la population, il serait néces-
saire qu'il donnât maintenant deux leçons par semaine.
Les ferons de choses sont multipliées le plus possi-
ble et ont lieu soit dans les jardins dont les arbres, les
arbustes, les plantes, etc., sont étiquetés. Les détails
dans lesquels nous sommes entré dans nos rapports
de 1890 à 1897 au sujet de l'habillement, de l'éduca-
tion, de la digestion, de la respiration, de la circula-
tion et de l'hygiène sexuelle nous dispense^ d'y
revenir cette année.
xilviii Chant.
Enseignement du dessin. Cet enseignement qui
durant plusieurs années et encore en 1896 était fait à
titre gracieux, d'ailleurs, par 1.1l11e Bru femme de l'an-
cien économe de Bicêtre, aujourd'hui directeur de l'hô-
pital Ricord, a été complètement suspendu en 1897 et
en 1898, faute de professeur. C'est là un cas fâcheux
pour les élèves, dont quelques-unes étaient déjà assez
avancées (1). .
Enseignement du chant. Cet enseignement est
fait par M. Sutter, professeur de chant à l'asile-école
de Bicêtre. Conformément à nos instructions, il s'est
occupé successivement de tous les enfanfs, en mesure
de profiter, dans une mesure quelconque, de son en-
seignement. 95 fillettes, divisées en trois séries, y ont
participé. Par suite des nombreuses entrées dans le
courant de l'année 1898 M. Sutter ne peut donner
qu'un compte-rendu très sommaire de son cours quant
aux nouvelles fillettes.
« Les anciennes élèves » dit ce professeur « connaissent
toutes leurs notes et chantent dans les choeurs la première
partie avec les garçons ; toutes ces jeunes filles ont une éten-
due de voix assez remarquable, principalement celles qui ont
passé la quinzième année. J'ai remarqué, d'après mes obser-
vations périodiques, que les plus jeunes n'ont qu'une étendue
de voix très restreinte, que celle-ci est généralement grave
sans être fausse. Quant aux myccdémateuses mises au trai-
tement par la glande thyroïde, on a observé les mêmes modi-
lications que l'an dernier, dans leur timbre de voix dont
l'étendue s'est accrue progressivement ( ? ). Enfin les progrès
d'ensemble sont satisfaisants, les nouvelles se mettent au
travail avec zèle et cherchent il suivre les anciennes dans la
lecture des notes et l'accompagnement des choeurs. »
Danse. - Les exercices de danse ont eu lieu sous
II) Il y aurait une réelle utilité d'avoir un professeur de dessin pour la Fou-
dation et pour le service des enfants de Ilicitre.
(2| Comple-rendu de 18;1G, y. XLIX et LUI
Enseignement professionnel. XLIX
la Direction de M. Landosse, instituteur à Bicêtre, le
mercredi de 4 à 5 heures. 70 enfants ont pris part à
ces exercices ; 55 savent danser la polka ; 45 connais-
la polka, la mazurka et la scottisch ; 30 connaissent
toutes les danses de caractères et toutes les figures du
quadrille.
Enseignement professionnel. A mesure que les
enfants se développent, on leur apprend tous les soins
du ménage ; à mettre et à retirer le couvert, à nettoyer
les réfectoires, laver la vaisselle, etc. Dix des moins
arriérées, aident le personnel à apprendre à manger
aux enfants incapables de manger seules et à perfec-
tionner celles qui mangent malproprement. - Une
enfant de la Fondation Vallée, Bris ? a continué à
L . : . Visites, congés. -
être employée comme demi-infirmière. L'administra-
tion lui alloue une indemnité mensuelle cle 5 francs.
- Les doux ateliers que nous possédons ont continué
à fonctionner régulièrement. Le travail évalué par M.
Lequeux, économe de Bicêtre, d'après le tarif réduit
de l'Administration, s'est élevé à 30TL francs pour
l'atelier de couture dirigé par 1\'I ? Ehrmann et 770
francs pour l'atelier de repassage dirigé par 11 ? Que-
tre. Total : 3.841 francs. -Nous avons installé à la
lin de l'année un petit atelier de typographie.
En plus des apprenties qui travaillent par séries
régulières, 45 enfants ont travaillé une heure par jour.
25 enfants savent faire complètement les layettes ; 40
du crochet; 15 savent marquer; 12 savent faire la
tapisserie ; 10 commencent à tricoter. Le tableau
cle la page XLIX donne mois par mois le nombre des
apprenties régulières et l'évaluation du travail.
Visites, permissions de sortie, congés. Les
enfants ont reçu 3.531 visites. Les visiteurs ont été au
nombre de 6.100. Ces chiffres témoignent de la solli-
citude des familles envers leurs malheureuses enfants.
Il semblerait que, se rendant compte de la responsa-
bilité héréditaire qui leur incombe, elles redoublent
d'affection pour elles.
Bains et hydrothérapie. Li
gés d'essai à lin de sortie nous ne tenons pas à accor-
der des congés de plus de cinq jours, parce que le
séjour des enfants dans leurs familles se prolongeant,
il est moins facile de les faire rentrer et surtout parce-
qu'elles reprennent vite, chez elles, leurs anciennes
habitudes ; que, à leur retour, elles se plient moins
bien à la discipline et travaillent avec moins d'ardeur.
La Commission de surveillance à visité la Fondation
le 7 juin 1898. Jamais à notre connaissance, le Procu-
reur de la République n'a visité la Fondation Vallée.
Et c'est ainsi, comme nous le disions l'année dernière,
que l'on se conforme aux prescriptions de la loi du 30
juin 1838 sur les aliénés ! -
Fie vaccinations. Elles ont été au nombre de 54
dont 2 seulement avec succès.
Bains et hydrothérapie. Nous avons eu recours
dans une large mesure aux bains et aux douches
comme d'habitude. Quant aux autres moyens de trai-
tement, ils ont été les mêmes que dans notre section
de Bicêtre. Signalons surtout les leçons de choses soit
en classe, soit dans les jardins et les promenades.
Nous veillons le plus possible à l'hygiène sexuelle, et
pour les petites gâteuses et pour les petites filles
pubères. Les enfants prennent leurs douches à la
Fondation. Quant aux bains, l'installation n'ayant
pu fonctionner une partie de l'année, nous avons dû
nous servir des bains de Bicêtre. - Les vnins depieds
ont été donnés également à Bicêtre où il existe, nous
tenons à le rappeler, une installation rendant facile le
lavage simultané des pieds d'un grand nombre do
malades ; aussi avons-nous réclamé une installation
semblable il la Fondation Vallée. Le sous-sol du bâti-
ment neuf pourra être en partie utilisé dans ce but,
ainsi que nous l'avons dit plus haut. Voici la statis-
tique des bains et des douches en 1898.
lu Améliorations diverses.
Statistique. lui I I
Transformation des cabinets du gymnase et installa-
tion du tout à l'égout. Installation aussi du tout à
l'égout aux cabinets de l'infirmerie.
Teigne. - Douze enfants ont été soignées au pavil-
lon des contagieux de l'hospice de Bicêtre dans le
courant de l'al1lH'e 1898.
Maladies intercurrentes. Elles ont été relative-
ment nombreuses comparativement à l'effectif;
G tuberculeuses; 5 méningites; - 2 excitations
maniaques ; 2 choréiques ; 1 ophtalmie ; 1
pleurésie ; 4 bronchites ; 7 états de mal épilep-
lique; 20 engelures; 18 gourmes; - 2 diar-
rhées. Comme maladies contagieuses nous n'avons
à citer qu'un cas de fièvre typhoïde suivi de gué-
rison.
il.
Statistique. Mouvement DE la population.
Le 1er janvier 1898 il restait à la Fondation Vallée
186 enfants se répartissant ainsi : ,
LIV
Mouvement de la population.
Personnel du service ils
Fondation, le 31 décembre, 189 enfants se décompo-
sant ainsi : .
Décès.
IX III DÉCÈS.
noms. 1 AGE. 1 ' maladie. - Date du décès.
Gerv .......... 2 ans. Idiotie méningitique Epilepsie. 12 mai.
Cécité. '
Delay........ 3 ans. Idiotie complète. Paraplégie. 27 mai.
IIair.........1 )Gans. i Idiotie complète. Gâtisme. 20 juin. '
Hanta 17 ans. 1 Epilepsie symptomatique. 27 juin. :
,
Tl'odo ? ....17 mois. Idiotie. 15 août ! !
Fuso11 12 ans. Î Idiotie. 30 octobre.
DÉCÈS.
LIT
CAUSE DU DÉCÈS. PARTICULARITÉS.
Pneumonie aiguë. Os du crâne peu durs, assez épais. Persistance
Méningite hémorrha- de la fontanelle antérieure ; persistance par-
tique. tielle de la suture métopique. Adhérences
nombreuses de la dure-mère à la pie-mère .
-i^tfÉ> Sinus distendus par des caillots. Cerveau
'^W*F gélatiniforme. Faces internes et convexes
des deux hémisphères infiltrées de sang.
Coeur rempli de caillots. Dégénérescence
graisseuse du foie. - Pneumonie aiguë.
Broncho-pneumonie. Opposition ¡¡l'autopsie.
- Tuberculose généra- Os du crâne épais et durs ; plaques transpa-
lisée. renies. Rien d'apparent à l'oeil nu dans les
centres nerveux. Tuberculose généralisée.
Etat de mal. Calotte peu épaisse et peu dure ; graisseuse ;
fosse occipitale guuche plus développée que
la droite. - Adhérences de la dure-mère
i à la calotte et de la pie-mère à la région
occipitale des deux côtés. Arrêt de déve-
loppement des circonvolutions. Atrophie
du coin et de la partie postérieure de L. Q.
Congestion très intense du poumon droit.
Congestion du foie. Orifice vulvaire ne
présentant pas d'hymen.
1 Cachexie. Os du crâne très minces ; plaques transpa-
rentes ; plagiocèphalie prononcée ; persis-
tance de la fontanelle antérieure et de la
suture métopique. Adhérences de la dure-
1 mère au crâne. Vascularisation intense du
petit intestin. Cachexie.
Tuberculose généra- Os du crâne minces et peu durs. Persistance
lisée. Poussée de de la suture métopique. Poussée de
méningite. Ménin- méningite. Méningo-encéphalite partielle
go-encéphalite par- prédominant au niveau des nerfs et du chias-
tielle. ma obtiques. Tuberculose méningée, pul-
monaire et ganglionnaire.
Section III. Assistance des enfants idiots : créa- : tion de classes spéciales, annexées aux écoles
; primaires, pour les enfants arriérés.
I.
A MM. les membres de la Commission de surveillance
des asiles d'aliénés de la Seine.
MES chers collègues,
L'organisation de classes spéciales, distinctes des
écoles primaires ordinaires ou annexées à l'une ou plu-
sieurs de ses écoles dans chacun des arrondissements
de la ville de Paris, ou des principales aggloméra-
tions du département- de la Seine, a été réclamée par
nous, depuis nombre d'années. Après avoir signalé, au
sur et à mesure, soit dans les Archives de neul'olo-
gie, soit dans le Progrès médical, les renseignements
qui nous parvenaient, nous avons porté la question
devant la Délégation cantonale du V"10 arrondisse-
ment, le Congrès national d'assistance de Lyon, la
Commission de surveillance des asiles, le Conseil
général de la Seine.
Jusqu'à présent, nos efforts sont demeurés stériles.
L'accueil que vous avez bien voulu faire à nos propo-
sitions, l'attention que vous avez prêtée aux faits à
l'appui de ces créations, que nous avons mis sous vos
yeux, à chacune de vos visites dans la section des
BOUHNEVILLE, Bicêtre. 1898. ?
LXYl Assistance des enfants idiots.
enfants, nous encourage à insister encore cette année
sur les avantages incontestables de la création de ces
classes spéciales, dans l'intérêt des enfants, de leurs
familles et clos linances du département.
A notre avis, ces classes spéciales seraient destinées
il recevoir : 1° les enfants arriérés, indisciplinés, etc.,
qui nuisent au bon fonctionnement des écoles ordi-
naires, au détriment des enfants normaux; 2° les en-
fants idiots, améliorés par le traitement médico-péda-
gogique dans les différents services hospitaliers où ils
ont été admis et qui, en l'absence de ces classes 31)é-
ciales, sont obligés de les conserver.
En ce qui concerne la première catégorie, l'ancien
directeur de l'enseignement primaire dans le départe-
ment de la Seine, M. Carriot, devait, en se servant
de la classification et des définitions qu'il nous avait
demandées, faire dresser la statistique des enfants
arriérés ou indisciplinés existant dans toutes les
écoles primaires de Paris, et ultérieurement de la
Seine. Son départ l'a empêché de donner les instruc-
tions nécessaires et son successeur, M. 13éllol'cz,
ne parait pas avoir été mis au courant de cette affaire.
Relativement à la seconde catégorie, nous allons,
de nouveau, comme nous l'avons fait précédemment,
placer devant vous un certain nombre d'enfants que
nous avons améliorés et qui, par conséquent, pour-
raient être rendus il leurs familles avec ou sans
secours mensuel et être envoyés dans ces classes.
[M. IJOCHNE\ïLLE montre une vingtaine de ces enfants, avec
leurs cahiers scolaires et leurs photographies prises il. diver-
ses époques depuis leur entrée, documents qui mettent bien
en relief les améliorations obtenues chez eux.]
Nous vous avons indiqué, sinon toutes les créations
de ce genre existant à l'étranger, au moins une
Classes spéciales. ' lxvii
grande partie d'entre elles. Nous espérions naïvement
que notre pays -- n'ayant pas eu l'initiative s'ef-
forcerait de réparer le temps perdu et procéderait
rapidement à l'organisation de ces classes. Rien 2'a
été essayé. Aussi, revenant à la charge, avons-nous
pensé devoir profiter de votre visite pour porter à
votre connaissance de nouveaux documents que nous
croyons intéressants et de nature à exciter le zèle de
l'Administration et du Conseil général. Ils ont trait
à trois pays : la Suisse, l'Angleterre et la Belgique..
. I. Suisse.
Notre ami, le D'' Laclame (de Genève), a bien
voulu, sur notre demande, faire une enquête com-
plète sur les classes spéciales qui existent depuis un
temps plus ou moins long dans son pays et nous
a adressé, sous forme de lettre, les résultats très
remarquables de cette enquête.
Genève, le 25 mai 1898.
Mon cher ami,
Le premier établissement pour la « guérison » et l'édu-
cation des enfants crétins et idiots, en Suisse, a été fondé,
comme on sait, en 1840 par le D'' Guggenbuh ! (de Glaris),
sur l'Abendherj près d'Interlalcen. Lorsque nous cher-
châmes, il y a quelques années, à nous renseigner sur la
catastrophe qui mit fin à cette entreprise et donna le coup
de mort il son infortuné fondateur (le D'> G. mourut à Mon-
treux à peine de 47 ans, peu après la fermeture de
l'Abendberg), on nous répondit : « Le mieux c'est de n'en
pas parler». Et cependant nous sommes de ceux qui
croient que la lumière n'est pas faite sur l'histoire de
l'établissement de l'Abendberg. Le malheureux Guggen-
buhl, comme tous les précurseurs, a été victime de sa foi.
Il croyait à la guérison des idiots, et il a succombé sous
l'accusation de charlatanisme, dont il a été gratifié officiel-
lement par la commission des savants médecins nommés
LXVIII Assistance des enfants idiots.
par le gouvernement bernois, à l'instigation du ministre
anglais Gordon, résidant à Berne, pour faire une enquête
sur les prétendues guérisons que G. se vantait d'opérer
dans son asile (1). Ce procès mériterait d'être revisé.
Nous sommes convaincu que les critiques impitoyables
et les attaques passionnées, qui poursuivent encore la
mémoire du médecin de l'Abendberg, feraient place aune
plus juste appréciation de son oeuvre, si on le jugeait
aujourd'hui d'après nos connaissances modernes sur l'i-
diotie. L'erreur qu'il a commise n'est pas un crime. L'ini-
tiative de G. a porté de nombreux fruits : l'établissement
qu'il a fondé est devenu le point de départ de ceux qui ont
été créés dès lors en Europe et en Amérique (2). L'écroule-
ment de l'Abendberg eut des conséquences fatales sur l'é-
ducation des idiots en Suisse. Il en arrêta les progrès
pendant de nombreuses années. Tandis qu'on fondait par-
tout des asiles pour les idiots, à l'exemple de Guggenbuhl,
les cantons suisses qui ont tant fait pour l'assistance des
malheureux sous d'autres rapports, se désintéressaient de
cette question. Jusqu'en 1883, il n'existait dans notre pays
que quatre petits établissements privés pour l'éducation
des enfants faibles d'esprit. La Société d'utilité publique
de Zurich ouvrait au printemps de 1883 le bel asile de
Regensberg qui servit de modèle à beaucoup d'autres. On -
en compte actuellement douze, en Suisse, qui soignent
et élèvent plus de 500 enfants idiots ou faibles d'esprit.
Une nombreuse assemblée fut convoquée à Zurich les
3 et 4 juin 1889 par des hommes d'initiative, entre autres
M. Koelle, le directeur bien connu de l'asile des épilepti-
ques, et le pasteur Ritter, dans le but de discuter la ques-
tion de l'assistance des enfants idiots et faibles d'esprit.
(1) Voir les rapports des D" L'lügel et Demme dans les « Actes de la Société
helvétique des sciences naturelles Il '. ?
(2) Nous devons rappeler que les premiers essais d'éducation des enfants
idiots sont. dus iL Itard (Rapports sur le Sauvage de l'Aveyron, 1802 et 1807) ;
que Belhomme montra en 1824 la possibilité d'éduquer les idiots ; qu'en
1828, Ferrus organisa une sorte d'école à Bicêtre; qu'en 1831, J. P. Falret
entreprit la même biche iL la Salpétriére; - qu'en 1834, F. Voisin fonda pour
les enfants idiots un établissement urt))0plirenique; qu'en 1837, E. Séguin
commença les travaux qui ont rendu son nom illustre, etc. (B.) -
Classes spéciales. LXlix
Un compte-rendu de cette conférence a été publié et ren-
ferme notamment des mémoires du 1) ? ilderiiiutli sur
la pathologie de l'idiotie et du professeur Forci sur
les jeunes aliénés. On trouve aussi clans ce recueil le
premier travail paru en Suisse sur les « Classes spéciales
pour les enfants arriérés » par MM. A. Fisler (de Zurich)
et le Dr Largiarder (de Baie).
En outre plusieurs délégués firent des rapportsàlaconfc-
rencc sur la création d'asiles pour les idiots et sur l'organi-
sation d'un enseigne men t spécial, dans leurs cantons, pour
les enfants faibles d'esprit. Le 1), \Viesmann (d'Ilérisaul,
délégué d'Appenzett (Rhodes-Extérieures), nous apprend
que cette commune a créé depuis 1883 deux classes pour
les enfants arriérés et que les résultats de cet enseigne-
ment spécial ont été très satisfaisants, parfois surpre-
nants. En 1889, on comptait 18 enfants fréquentant ces
classes. Le renseignement de 1897 indique 63 enfants
arriérés, répartis actuellement dans les classes spéciales
formées dans plusieurs communes de ce petit canton.
D'autres communes suivirent bientôt l'exemple d'IIérisau,
car la statistique annonce que 157 enfants du demi-can-
ton d'Appenzell (R. E.) sont désignés pour être placés
dans les classes spéciales.
Dans les Grisons, une petite classe spéciale pour 15 h- : 2 : J
enfants fut fondée il Coire en 1881 par une dame charita-
ble, dont la sieur avait été éduquée avec succès dans l'é-
tablissement des sourds-muets de Zurich. A Saint-Gall
les classes spéciales furent créés en 1888 par un règle-
ment dont voici les principales dispositions : « La classe
spéciale est une partie intégrante de l'école primaire.
L'enfant y est admis après une année d'école primaire
si on a reconnu la nécessité de son admission. Le
nombre des élèves des deux sexes ne dépassera pas
25 pour une classe. Maximum de 30 heures par se-
maine dont 10 au moins seront consacrées à la gymnas-
tique et aux travaux manuels. »
La ville de Hâte avait procédé en janvier 1888, avant
Saint-Gall, il l'organisation de deux classes spéciales pour
LXX Assistance des enfants idiots.
enfants arriérés, sur l'initiative du D'' Largiarder, direc-
teur de l'école secondaire des jeunes filles, qui s'inspira
de ce qu'il avait vu it Cologne et à Elbcrfeld. Pour
Largiarder le chiffre de 25 enfants est l'extrême limite
qui ne doit jamais être dépassée. Les filles et les
garçons reçoivent l'enseignement en commun, bien
que les sexes soient séparés dans les écoles bâloises,
L'expérience a prouvé, en effet, que la réunion des garçons
et des filles avait une bonne influence pour leur éducation
dans les classes spéciales. - L'enseignement est fait par
des institutrices qui sont mieux qualifiées que les hommes
pour cette oeuvre de patience et de dévouement. Le pro-
gramme est le môme que celui des. écoles primaires, mais
on donne aux maîtresses une grande liberté d'action pour
le remplir. L'admission dans ces classes n'a lieu que sur
la décision du chef du département de l'instruction
publique, sur le vu d'un rapport de l'instituteur, de l'ins-
pecteur scolaire et du médecin. On craignait au début
que les parents ne s'opposassent à l'entrée de leurs enfants
dans la classe spéciale. Mais ce fut tout le contraire qui
arriva. Les parents ne sont souvent que trop facilement
disposés 1\ demander l'admission de leurs enfants dans
cette classe. Il n'y a pas ici d'examen de fin d'année
comme cela a lieu pour les autres classes.
Largiarder termine son rapport en disant qu'il était
autrefois l'adversaire décidé des classes spéciales. Il lui
paraissait injuste de marquer l'enfant dès le jeune âge du
stigmate de l'imbécillité en le parquant dans une école
spéciale. Il partageait aussi le préjugé courant qui pro-
clame la bonne influence de la présence dans une même
classe des enfants normaux et des arriérés, ceux-ci étant
stimulés par les progrès de leurs camarades mieux doués.
Mais l'expérience lui a appris que, tout au contraire, les
classes spéciales sont un bienfait pour les enfants arriérés
et un véritable soulagement pour les classes ordinaires.
L'instituteur A. Fisler (de Zurich) avait été chargé du
rapport principal sur cette question il la conférence du
3 juin 1889. F. peint le sort malheureux des enfants arrié-
rés dans l'école commune, dont ils deviennent lc poids
Classes spéciales. LXXI
mort. Il montre la nécessité de les instruire il part, aussi
bien dans leur propre intérêt que dans l'intérêt général
des classes ordinaires. Il réfute les critiques que l'on a
adressées à l'institution des classes spéciales et fait sen-
tir par des exemples frappants la nécessité qu'il y a de
s'occuper individuellement des enfants anormaux, ce qu'il
est imposible de réaliser dans les classes ordinaires. F.
donne des chiffres tirés de l'école de Zurich qui prouvent
que le nomhre des enfants arriérés est beaucoup plus grand
qu'on le suppose. Partout où l'on a fondé des classes spé-
ciales, clic se sont immédiatement peuplées et le nombre
fies enfants admis dans ces écoles a toujours été beaucoup
plus considérable qu'on ne le croyait au premier abord.
Il faut compter, dit-il, environ 3 ou 0/0 d'enfants arriérés
dans la population scolaire.
Nous venons de voir qu'il existait déjà en Suisse depuis
quelques années, avant la conférence de Zurich de 1889,
des classes spéciales pour les enfants arriérés dans les
Grisons, l'Appenzell, à St-Gall et surtout à Baie, mais il
est incontestable que toutes celles qui se sont fondées dès
lors ont pris naissance sous l'influence de cette conférence,
qui eut un grand retentissement.
A l'occasion du centenaire de Pestalozzi, qui fut célébré
dans toutes les écoles suisses le 12 janvier 1896, de nom-
breuses publications et conférences pédagogiques eurent
lieu dans un grand nombre de cantons. Quelques mois
plus tard, le 7 juin 1896, les délégués des sociétés pédago-
giques de la Suisse se réunissaient à Lucerne, où M. Auer,
maitre secondaire dans le canton de Glaris, fit une confé-
rence publique intitulée : « Comment devons-nous assister
les enfants arriérés et faibles d'esprit en Suisse ? De
quelle manière les sociétés pédagogiques suisses peu-
vent-elles préparer et activer la solution de cette question
boîzlar2le (1) ?
L'auteur défend, entre autres, la thèse que les enfants
(«Cette conférence, très documentée et fort bien ordonnée, a été publiée
dès lors sous le titre Sorget sur die Schwachsinnigen Kindrr > (Prenez-
soin des enfants faibles d'esprit). Zurich,- 1800. - -
LXXII Assistance des enfants idiots.
faibles d'esprit ne doivent pas recevoir l'instruction
scolaire avec les enfants normaux, comme on a coutume
de le faire aujourd'hui. On leur cause ainsi un grave
préjudice et ils deviennent pour le reste de leur vie les
victimes innocentes de cette flagrante injustice. Il faut les
sortir de l'école primaire et faire leur éducation à part.
Ceux qui sont atteints d'un degré léger de faiblesse d'es-
prit seront instruits dans des classes spéciales ; les idiots
proprement dits devront être placés dans des établisse-
ments.
A la suite de cette conférence, les délégués réunis à
Lucernc prirent il l'unanimité la résolution de s'occuper
activement des enfants faibles d'esprit. Une pétition des
sociétés pédagogiques fut adressée au Conseil fédéral le
le, novembre 1896. Ce document fait ressortir qu'un grand
nombre d'enfants arriérés sont placés dans les écoles
primaires, où il est impossible de leur donner les soins et
l'attention nécessaires. Ils sont abandonnés à eux-mêmes
et voués il la déchéance mentale, car leur éducation doit
faire l'objet de soins particuliers. Les résultats de la
visite sanitaire des recrues et les enquêtes faites dans les
cantons de Glaris, de Thursovie et de Soleure ont révélé
le grand nombre de ces enfants qui fréquentent l'école.
On compte environ 1 à 2 enfants faibles d'esprit pour cent
écoliers normaux. Il en existe donc des milliers en Suisse.
Le corps enseignant considère comme son devoir de vouer
toute sa sollicitude à l'éducation des enfants anormaux.
Le premier pas pour guérir un mal, c'est de le bien con-
naître. Voilà pourquoi les sociétés pédagogiques deman-
dent au Conseil fédéral de bien vouloir ordonner une
enquête statistique, d'après un plan uniforme et faite en
même temps dans tous les cantons de la Suisse.
Le Conseil fédéral approuva la proposition, après
avoir consulté les gouvernements cantonaux, qui s'y
montrèrent sympathiques.
Le bureau fédéral de statistique, dont le directeur est
M. le Dr Guillaume, fut chargé d'étudier le programme
et l'organisation de ce recensement.
Classes spéciales. LXXIII
Le 2 février 1897, le Conseil fédéral décida que le recen-
cement serait fait dans le courant du mois de mars suivant,
avant la clôture du semestre d'hiver.
Les résultats de ce dénombrement furent publiés par
le bureau fédéral de statistique le 12 novembre 1897; nous
en détachons les chiffres suivants.
Il résulte des renseignements recueillis dans tous
les cantons que 13.155 enfants en âge de fréquenter l'école
primaire rentrent dans le cadre de l'enquête. Sur ce nom-
bre, 7.667 enfants, soit 59 0/0, sont indiqués comme fai-
1>les d'esprit il divers degrés mais susceptibles d'éducation
et d'un certain développement intellectuel.
De ces 7.667 enfants arriérés ou faibles d'esprit, mais
envisagés comme susceptibles de développement psychi-
que, on en compte :
567 qui reçoivent déjà une instruction dans une classe
spéciale; ! il qui sont placés dans un établissement spécial ;
101 qui se trouvent dans des orphelinats ;
5.585 pour lesquels un traitement individuel clans une
classe spéciale et clans un asile spécial est réclamé ;
531 pour lesquels un traitement spécial n'a pas été jugé
nécessaire pour divers motifs ;
466 pour lesquels la question du placement est laissée
indécise.
Comme on le voit, la grande majorité de ceux qui sont
indiqués comme faibles d'esprit devraient recevoir
l'instruction dans une classe spéciale.
Le recensement de mars 1897 a exercé une influence
décisive sur la création de ces classes en Suisse. Chaque
année on en a organisé cie nouvelles et nous ne pour-
rions pas les indiquer toutes ici. Je me bornerai donc il
donner quelques brèves indications sur les principales.
LXXIV Assistance des enfants idiots.
Celles de Baie sont au nombre de huit, parfaitement
organisées aves 25 élèves chacune. Chaque classe com-
prend trois ou quatre divisions. La discipline y est com-
plète ; les enfants y sont dressés a l'obéissance militaire
et peut-être y a-t-il clans ce fait une cause d'infériorité
pour le développement de leur initiative personnelle.
Pourrait-on reprocher aux classes spéciales de Baie
d'être un peu trop des écoles modèles ? Il n'existe, il est
vrai, dans aucun autre canton de la Suisse, une organisa-
tion qui satisfasse complètement aux besoins locaux.
B.ile-Ville, le recensement de 1897 a montré que le
nombre des enfants faibles d'esprit recommandés pour
être placés dans une classe spéciale est réduit à trois, un
garçon et deux fillettes, c'cst-à-dire qu'on y a pris toutes
les mesures nécessaires pour donner il ces enfants l'éduca-
tion dont ils ont besoin.
Le conseil a revisé le règlement de ces classes le 23
avril 1892 pour le mettre en harmonie avec la loi scolaire
qui institue les classes spéciales. Cette loi, promulguée le
21 juin 1880, a été modifiée le 8 juin 1891. Les classes
sont mixtes ; garçons et filles y reçoivent l'instruction en
commun.
Le § du nouveau règlement exclut catégoriquement
des classes spéciales les enfants suivants :
1° Ceux qui, en vertu d'infirmités corporelles ou men-
tales ne sont pas aptes à suivre les écoles publiques ;
2° Ceux qui sont pervertis moralement;
3° Ceux qui ont atteint seconde classe primaire.
Par contre, on admet dans les classes spéciales, les
enfants susceptibles d'instruction qui, par suite de défec-
tuosités corporelles ou mentales, ont besoin d'un traite-
ment individuel et ne peuvent pas, pour cette raison, se
tenir au niveau de leurs camarades dans les classes ordi-
naires.
L'admission a lieu soit sur la demande des parents,
Classes spéciales. LXXV
avec autorisation du Département de l'instruction publi-
que (si l'enfant a passé au moins une année 1\ l'école pri-
maire, en donnant la preuve qu'il ne pouvait y suivre les
leçons), soit directement par une mesure administrative
du Département, avec l'assentiment des parents, après que
l'enfant a tenté sans succès un essai cle deux ans il l'école
primaire.
Une commission, composée de l'inspecteur scolaire, des
médecins et de l'instituteur de la classe spéciale, est con-
sultée pour chaque cas et aucun enfant n'est admis
dans la classe spéciale sans le préavis favorable de cette
commission. Toutefois le Département peut y placer pro-
visoirement des enfants, s'il s'agit de cas urgents, pendant
l'année scolaire.
Lorsque les parents ne consentent pas au placement de
leur enfant dans une classe spéciale, le Département pro-
noncera si l'enfant peut continuer a fréquenter l'école pu-
blique. En tout temps, le Département pourra faire ren-
trer un enfant de la classe spéciale dans une école primaire
sur la proposition de l'instituteur, appuyée par la Com-
mission dont nous venons de parler, c'est-à-dire par le
médecin et l'inspecteur scolaires.
A Zurich, la première classe spéciale pour enfants
arriérés a été ouverte en avril 18ho. En 1896, il y avait G
classes spéciales, avec un total de 175 enfants, 84 garçons
et 91 filles. Le règlement organique de ces classes a été
adopté le 15 février 1894. Il ne diffère que peu de celui
de Baie. On y retrouve la même composition de la
commission spéciale. Le droit de recours des parents
contre les décisions de cette commission est formelle-
ment réservé; la classe spéciale n'est pas obligatoire. La
rentrée d'un enfant dans l'école primaire peut être
faite à l'essai, ce qui nous paraît très avantageux. Comme
il l3 : île, le nombre des élèves ne doit pas dépasser 25 dans
une classe. Le règlement de Zurich insiste sur le traite-
ment individuel de chaque enfant, dont l'éducation doit
s'inspirer avant tout des nécessités de la vie pratique.
L'âme des classes spéciales zuricoises est certainement
LXXVI Assistance des enfants idiots.
l'instituteur Fisler, qui montre il quel point la personna-
lité du maître joue ici le rôle essentiel. Pour le succès
des classes spéciales, tout repose sur l'instituteur. Si ce
dernier ne comprend pas la belle mission qu'il a à rem-
plir et n'est pas à la hauteur de sa tâche, la classe spé-
ciale sera plus mauvaise pour l'enfant que son séjour
ingrat dans l'école primaire. Fisler affirme que l'ensei-
gnement schématique, qui ne tient pas compte des dif-
férences individuelles si grandes chez les enfants anor-
maux, est la mort des classes spéciales. Les résultats ob-
tenus à Zurich sont le triomphe de la méthode intuitive,
qui fait appel à l'initiative personnelle de l'enfant, en
réveillant ses facultés engourdies et arrêtées clans leur
développement. L
A Saint-Gall, il existe deux classes spéciales; la plus
ancienne est destinée surtout aux enfants vraiment anor-
maux, tandis que la plus récente, ouverte en 1897, est
'plutôt réservée aux enfants simplement arriérés. Mule
Anna Bohl, qui est a la tête de la première depuis 1893, a
présenté un mémoire, fort bien étudié, it la conférence
pédagogique du corps enseignant saint-gallois, en 1897.
Cette institutrice distinguée termine son travail par les
thèses suivantes :
1. La société, c'est-il-dire l'Etat, a un intérêt it la bonne
éducation des faibles d'esprit qui peuvent être élevés il la
dignité d'hommes et rendus capables de gagner leur vie.
II. C'est pourquoi des dispositions légales doivent être
prises, qui donnent aux enfants faibles d'esprit le droit de
recevoir pendant 7 ans un enseignement spécial obliga-
toire. Les enfants n'en seraient dispensés que sur décla-
ration médicale compétente, constatant l'arrêt définitif de
leur développement mental, ou s'ils étaient suffisamment
avancés pour rentrer, sans inconvénients, dans l'école
primaire commune.
III. Comme les enfants faibles d'esprit ou anormaux ne
peuvent pas suivre avantageusement les écoles ordinaires,
les autorités scolaires devront les dispenser de suivre ces
Classes spéciales. LSXVII
écoles et les placer, suivant la décision d'une commission
médicale et pédagogique, soit clans une classe spéciale,
soit dans un établissement.
IV. Les communes doivent s'occuper de l'organisation
des classes spéciales dans leur ressort. Elles seront aidées
pour cela par un subside de l'Etat.
Les autres thèses étant relatives aux conditions parti-
culières du canton de Saint-Gall, nous les passons sous
silence.
Lausanne a vu s'ouvrir, le ICI' mai 1896, avec 10 élèves,
la première classe spéciale de la Suisse romande. D'après
les rapports cle la direction des écoles, les résultats obte-
nus dans celte classe ont été des plus encourageants :
« Comme l'année précédente, lisons-nous dans le rapport
pour 1897, ces résultats démontrent clairement que tous
les enfants arriérés, qu'ils soient faibles d'esprit à un degré
léger ou il un degré très prononcé ( ? ) sont susceptibles
d'un développement plus ou moins rapide, les rapprochant
sensiblement de l'état normal, grâce il un enseignement
spécial, individuel et intuitif.... D'heureuses transforma-
tions se sont opérées sur plusieurs sujets qui, autrefois,
étaient indisciplinés et exerçaient une mauvaise influence
sur leurs camarades.
« A mesure que quelques connaissances trouvent accès
dans leur tête, jadis si rebelle, leur coeur s'ouvre ; ils ne
sont plus les derniers de la classe, les bouffons, les souf-
fre-douleurs des autres enfants, ne subissant que blâme
et punitions. Ils commencent à travailler avec intérêt et
joie, et non plus sous le poids de leur infériorité. Les
mauvais instincts qui, sans doute, se réveillent encore
parfois, perdent ainsi peu à peu de leur puissance. La
classe spéciale, n'obticndrait-elle que ce seul résultat,
n'en serait pas moins une institution bienfaisante et utile
à la société. »
1 ine commission de deux médecins et du directeur des
écoles examine les élèves que les parents désirent con-
fier il la classe spéciale. Leur admission a lieu dès qu'on
LSSVIII Assistance des enfants idiots.
a reconnu leur incapacité de suivre l'enseignement com-
mun de l'école primaire, soit pour cause d'infirmités phy-
siques (le plus souvent surdité ou bégaiement), soit pour
cause de débilité intellectuelle ou de troubles nerveux.
M110 Emma Kriegcr, institutrice de la classe spéciale de
Lausanne, a publié dans l'L'dtteate2tr (organe de la Société
pédagogique de la Suisse romande, n° du 1 : ) février 1897),
quelques renseignements intéressants sur la classe spé-
ciale de Lausanne, qui confirment les bons résultats dont
nous avons parlé. « Il règne entre les élèves, dit-elle, une
franche gaieté, une grande affection, beaucoup d'émula-
tion. Rien de plus récréatif, pour le maître, que de voir
les mines réjouies de tous ces pauvres déshérités pour
lesquels l'école est devenue un paradis. »
A Genève, enfin, il y aura bientôt quatre classes spécia-
les. La première a été ouverte le 25 mars la seconde
tout récemment, le 23 mai courant. Deux autres sont en
pleine organisation. Grâce il l'activité persévérante de Ma-
dame Picker, inspectrice des écoles primaires, une école
spéciale comptant 22 petites filles de 7 il 1-1 ans a été créée
par le Département de l'Instruction publique, dont le
président, M. Gavard, a tout de suite compris l'impor-
tance. La direction de cette classe a été confiée a 111"" Lac,
qui s'y était préparée par un voyage dans la Suisse alle-
mande, il liale, à Zurich et a Saint-GaIl. où elle se mit au
courant de l'organisation des classes spéciales de ces
villes, dont elle tira un grand profit.
L'institution est de date trop récente il Genève pour
qu'on puisse porter sur elle un jugement. 11 faut en atten-
dre les résultats. Mais tout fait espérer que ces résultats
ne seront pas moins satisfaisants que ceux des autres vil-
les suisses.
Votre bien dévoué, 1)' Ladame.
Nous manquerions à notre devoir si nous ne
remercions pas publiquement notre ami, si dévoué
à la science et aux questions philanthropiques, do sa
belle et intéressante lettre. L'exposé si complet qu'il
Classes spéciales. LXXIX
nous donne de l'organisation des classes spéciales
dans son pays et des résultats si démonstratifs qu'el-
les ont fourni, nous semblent cle nature à attirer
sérieusement l'attention de tous ceux qui s'occupent
des questions d'assistance et d'enseignement.
§ II. A"r.LETJ<;IOEE.
Le School Board for London ( Conseil des écoles
de Londres) a institué une commission chargée des
écoles pour l'instruction spéciale des enfants angor-
maux ( sourds et muets, aveugles et faibles d'esprit).
Tous les ans les superintendants de chaque groupe
adressent à la commission un rapport sur les classes
dont ils sont charges. Nous empruntons les rensei-
gnements qui suivent au rapport de 1897.
1° En mars 1891, le Conseil des Ecoles de Londres prit
en considération la recommandation suivante de la Com-
mission royale pour l'instruction des aveugles, sourds,
etc. : « Que les enfants arriérés devraient être séparés
des écoliers ordinaires clans les écoles publiques élémen-
taires, afin qu'ils puissent recevoir une instruction spé-
ciale. » Pour donner suite il cette recommandation, le
Conseil adopta les résolutions suivantes :
« Que des écoles spéciales pour les enfants qui, pour
raison de défauts physiques ou intellectuels, ne peuvent
être instruits convenablement dans les classes ordinaires
ou par les méthodes ordinaires, seront établies, et que
ces écoles seront appelées « Ecoles pour instruction spé-
ciale ".
« Qu'un nombre suffisant de salles seront réservées
clans chaque école pour l'instruction spéciale, afin de per-
mettre une classification convenable des enfants, de pour-
voir d'après la somme de leurs capacités individuelles
LSS1 Assistance DES enfants idiots.
à leur développement mental, dans le but de les
rendre capables, éventuellement, de reprendre leur place
dans les classes ordinaires.
« Que l'on ne. donne pas plus de 30 enfants à instruire à
un seul maitre dans les écoles pour instruction spéciale.
« Que les enfants qui seront reçus dans ces écoles
soient désignés par le Directeur des écoles élémentaires.
comme faibles d'esprit, pauvrement pourvus de percep-
tion, de mémoire, de raisonnement, etc. ; et qu'avant
d'admettre ces enfants dans les écoles pour instruction
spéciale, ils seront examinés par un médecin du Conseil
et par le directeur do ces écoles spéciales.
« Qu'un système très étendu de jardins d'enfants sera
adopté dans ces écoles, que la plus large liberté sera
accordée à chaque maître pour réaliser l'objet principal
qui est le développement intellectuel de l'élève.
« Qu'en règle générale, aucun enfant ne soit envoyé
dans une école spéciale située il plus d'un demi-mille,
sans que les parents ou gardiens provisoires ne les accom-
pagnent.
2° M" E. Burgwin (de Clapham) est directrice de l'ins-
truction des enfants défectueux, physiquement et menta-
lement. Ses devoirs consistent il visiter les écoles ordi-
naires, à faire un rapport sur les cas pouvant convenir
pour les classes désignées dans la notice du Conseil et à
diriger l'organisation générale des centres pour l'instruc-
tion spéciale.
3° Les enfants sont inspectés par les Inspecteurs de Sa
Majesté et le prix ordinaire pour les enfants sera payé
comme terme moyen. Il n'y a pas charges d'honoraires
dans ces écoles. -
4° Le montant des salaires des maîtres dans les écoles
spéciales est le même que celui des maîtresses assistantes
dans les écoles ordinaires, avec une somme addition-
1 Classes spéciales. LXXXI
nelle de 10 liv. sterl. (250 fr.) pendant la première année
de service dans les écoles spéciales. Cette somme addi-
tionnelle sera portée à 15 liv. sterl. (375 fr.) par an, après
la première année de service.
5° Les nominations des maîtres seront faites en premier
lieu pour un an, après examen, et seront plus tard sujettes
il revision, au bout de 5 ans, afin que l'on puisse faire
passer les maîtres dans les écoles ordinaires, si l'on juge
à propos de les remplacer par de nouveaux maîtres dans
les écoles pour instruction spéciale.
Suit une liste donnant l'indication des centres
d'instruction spéciale, existant en novembre 1897, la
date de leur création, le nombre des places prévues,
celui des places occupées, enfin les noms des maîtres
chargés de ces classes avec leur traitement.
Les centres d'enseignement sont au nombre de
31. Trois ont été ouverts en 1892 (le premier le 5
juillet) ; 4 en 1893 ; - 4 en 1894 ; - 6 en 1895 ;
9 en 1896 ; 5 en 1897. Le nombre des places
est de 2.126 dont 1.204 étaient occupés le 1 cr novem-
bre 1897.
§ III. BELGIQUE.
Nous allons donner maintenant le résumé des docu-
ments que nous avons recueillis sur la Belgique qui,
aujourd'hui, s'occupe activement et avec fruit de la
création des classes spéciales pour les arriérés.
Depuis un certain nombre d'années déjà, il y avait dans
quelques écoles de Bruxelles des classes d'arriérés où
étaient réunis les enfants les plus divers : arriérés péda-
gogiques, arriérés médicaux et indisciplinés, etc. Aucun
Bourneville, Bicêtre, 1898. ?
LSSxIi Classes spéciales.
esprit de système ou de classification ne guidait le place-
ment des enfants dans ces classes et aucun régime spécial
n'était appliqué à ces élèves. L'hétérogénéité de ces classes
et le fait qu'elles étaient soumises aux systèmes discipli-
naires et éducatifs de l'ensemble des écoles, sont les deux
motifs principaux pour lesquels l'institution de ces classes
d'arriérés resta absolument stérile. Elle ne procura aucun
avantage ni aux pauvres d'esprit, ni aux indisciplinés et elle
ne débarrassa pas les écoles des sujets défectueux, capables
de nuire aux enfants normaux.
A différentes reprises, les directeurs des écoles attirè-
rent l'attention de l'administration communale sur cet
état de choses. Signalons surtout M.le directeur Desvémel
qui s'est beaucoup occupé de la question.
Un mouvement important s'est dessiné d'ailleurs, en
Belgique, depuis quelques années.
La question des enfants martyrs est examinée en ce
moment il tous les points de vue ; l'étude de la question
des écoles de correction et de bienfaisance et celle de
l'éducation des anormaux médicaux sont actuellement
reprises et scientifiquement conduites. En somme, de tous
les côtés, on s'occupe des différents problèmes soulevés par
la question de l'enfance anormale.
L'année dernière, au mois de mai, la ville de Bruxelles
fonda sa première école spéciale. Cet établissement est une
école centrale, les élèves n'y viennent point directement.
Ils y sont envoyés par les directeurs des écoles du bas de
la ville, si, au moment de leur entrée ou si en cours d'é-
tude, ils présentent quelque chose d'anormal.
Amené à l'école spéciale, l'enfant est observé par le
médecin attaché il l'établissement. Il est examiné au point
de vue physique et psychique. Dans cet examen, il est tenu
compte des renseignements obtenus durant l'explo-
ration de l'enfant, des renseignements donnés par les
parents, et des rapports fournis par le directeur et les
instituteurs de l'école où se trouvait antérieurement ! 'élèvc.
Classes spéciales. LB\III
Quels sont les élèves admis à l'école spéciale ? 1° Les
arriérés pédagogiques, enfants sans troubles psychiques,
mais qui, par fréquentation irrégulière, maladie, voyage,
etc., etc., se trouvent très en retard dans leurs études et
sont devenus incapables de suivre l'enseignement de
l'école normale, môme quand ils sont placés dans des
classes inférieures à leur âge.
2° Les arrières médicaux, imbéciles, simples d'esprit,
idiots du premier degré, etc. Notre école n'est pas une
école pour idiots; aussi les cas d'idiotie un peu pronon-
cée ne sont-ils point acceptés.
3° Les indisciplinés.
4° Les enfants présentant des troubles prononcés de la
parole ou ayant quelque autre défaut, rendant impossible
leur séjour momentané à l'école primaire. La population
de l'école est donc variée. Pourtant au point de vue pra-
tique, la diversité n'est pas aussi grande qu'on pourrait le
penser à première vue.
Voici les grandes lignes de l'organisation. II existe
d'abord à l'école, une classe qui n'est établie dans aucun
autre établissement de Bruxelles : c'est une classe de
transition entre les classes (roebeliennes. On y reçoit les
enfants de 6 à 8 et 9 ans qui, a l'école Froebel, ont déjà
évolué anormalement et se montraient déjà, là, des arrié-
rés (ils sont rares). Celte classe, dirigée par Mlle de Bayl,
compte un très petit nombre d'élèves. L'enseignement y
comprend encore l'enseignement fruchclicn et quelques
rudiments de l'enseignement primaire. Les occupations
manuelles ont une grande importance dans cette classe,
de même les exercices d'observation simple, les prome-
nades, le jeu libre, le chant, etc. Le reste de l'établisse-
ment comprend deux sections bien distinctes, la section
des classes pour enfants passifs et celle des classes pour
enfants autoritaires et indisciplinés.
Dans la première section (passifs), le régime est doux,
et la règle éducatrice essentielle est que l'enfant ne peut
LXXXIV Classes spéciales.
pas être puni pour ce que l'on nomme paresse, et qui n'est
le plus souvent que de la passivité psychique. Ces classes
ne comptant qu'un petit nombre d'élèves, l'enseignement
est donc individualisé ; il est naturellement concret, etc.
Dans la deuxième section, les classes sont plus nom-
breuses. Le régime y est sévère et strict.
Le régime est uniforme et les enfants sont dirigés,
sans que leur initiative (ou leur spontanéité), presque
toujours mauvaise, puisse les conduire à l'acte mauvais.
Le régime des punitions est sévère.
Sous le rapport pédagogique, les points suivants sont
il signaler : 1° Le travail manuel (travail de la terre glaise,
le cartonnage), la gymnastique, les cc;,ttrsions, les exer-
cices d'observation pure, le dessin et la musique, sont
des branches particulièrement soignées dans toutes les
classes.
2° La gymnastique est enseignée d'après la méthode an-
glaise (gymnastique au piano) (1). Les résultats obtenus, au
point de vue cle l'attention et de la mémoire sont réellement
considérables. L'allure physique des enfanls est modifiée
sérieusement déjà depuis un an que cette gymnastique
est enseignée.
3" La question de la fréquentation régulière de l'école
fait l'objet d'une surveillance très sérieuse. Les institu-
teurs et le directeur sont sans cesse en rapport avec les
parents et par tous les moyens possibles, ils tâchent
d'obtenir la régularité il ce point de vue. L'école est un
externat; les enfants retournent chez eux il midi. Cette
population d'enfants est la plus mauvaise de toutes celles
des écoles de la ville. La fréquentation est pourtant rela-
tivement bonne. Le travail de surveillance incessante
donne des résultats remarquables.
4» Les enfants présentant des défauts de la parole ou des
(1) A Bicêtre, les exercices de gymnastique se font soit, avec le tambour
soit avec la fanfare, suit accompagnés de chants.
Classes spéciales. LXXXI
allures psychiques particulières sont pris individuelle-
ment ou par petits groupes et reçoivent ainsi l'enseigne-
ment général, et les soins spéciaux exigés par leur état.
5° Le personnel de l'école comprend : Le directeur :
M. Lacroix; une institutrice ; dix instituteurs ; un
instituteur suppléant; - une pianiste ; une institutrice
spéciale, donnant chaque semaine quelques leçons d'ob-
servation aux plus petits de nos élèves.
Tous les instituteurs et institutrices sont des person-
nes diplômées; ils reçoivent tous, outre leur traitement
régulier d'instituteurs et d'institutrices, une somme
annuelle de cent francs comme gratification.
Deux fois par an, les instituteurs fournissent un rapport
sur chacun des enfants. Ce rapport est joint à leur dossier
médico-pédagogique (1 ? L
Quand l'enfant est amené à l'école, le médecin et le
directeur décident s'il y a lieu de l'accepter ou non. Si
l'enfant, après examen complet, n'est point reçu à l'école
spéciale, il est renvoyé à l'école ordinaire de son quartier.
Si un enfant, à l'école spéciale, s'est amélioré ou guéri, il
est, après examen complet, renvoyé à l'école ordinaire.
Les deux médecins attachés à l'école spéciale sont le
docteur De Moor, médecin en chef, et le docteur Daniel,
médecin adjoint. Tous deux, à des époques différentes,
sont venus voir notre service et dans la mesure, restreinte,
que comportent nos visites du samedi, ont été mis à même
d'avoir une idée générale de notre organisation médico-
pédagogique.
Résultats.
Un résultat énorme est celui-ci : les écoles ordinaires
n'ayant plus à s'occuper des anormaux, l'enseignement et
la discipline y sont plus faciles aujourd'hui. De là bénéfice
notable pour les enfants normaux.
(1) C'est ce que nous faisons dans notre service de Bicêtre depuis 1879.
LXXXVI Classes spéciales.
Pour les enfants anormaux, l'école spéciale est d'une
grande utilité. Notre correspondant pense qu'il est inutile
de développer ce fait. Les résultats déja obtenus, ajoute-
t-il, sont des plus encourageants.
Une inspection sévère est faite le matin. L'enfant qui
n'est pas propre est puni et envoyé au lavabo. Des bains-
douches seront installés dans quelques jours et tous les
enfants prendront un bain-douche chaque semaine.'
L'école compte environ deux cent quarante enfants.
L'école actuelle ne reçoit que les enfants du bas de la
ville. Il est probable que des établissements analogues
seront créés pour les écoles du haut de la ville, et pour
les écoles de filles.
Il est question de la création d'une école analogue il
Anvers. Des renseignements que nous envoient nos
correspondants, il ressort qu'on s'occuperait aussi de la
question dans les Pays-Bas.
Nous aurions voulu vous apporter de nouveaux ren-
seignements sur les Pays Scandinaves, sur l'Alle-
magne, complétant ceux que nous vous avons donnés
précédemment : ce sera peut-être pour une autre
occasion.
Vous retrouverez dans les documents que nous
venons de vous indiquer toutes les raisons que nous
avons invoquées dans nos rapports, communications
et lettres antérieurs pour justifier la création de
classes spéciales pour les enfants arriérés.
Vous y trouverez aussi, ce qui est d'une impor-
tance capitale, les preuves irrécusables de l'utilité de
ces créations et un résumé des services considérables
qu'elles rendent. Aussi n'hésitons-nous pas à vous
demander de renouveler votre voeu en faveur de la
création de ces classes spéciales. Adopté.
7 Juin 1898.
130TJRNRV11.1.1 : .
II.
Assistance et traitement médico-pédagogique
des enfants anormaux.
M. Bruce, membre du 1\1et1'O}Jolitan Asylwn Board de
Londres, qui fait partie d'une Commission spécialement
chargée de l'hospitalisation, de l'instruction, de l'éduca-
tion et du traitement des enfants anormaux, soit dans les
asiles, soit dans les classes spéciales, nous a demandé
quel était, suivant nous, 1'<'lge auquel il convenait de
s'occuper de ces enfants et, en particulier, des enfants
arriérés.
Nous lui avons répondu qu'on devait le faire le plus tôt
possible, dès qu'on avait constaté les signes de l'idiotie
ou de l'arriération intellectuelle ; qu'à Bicêtre les enfants
étaient reçus à l'âge de deux ans et que, dans maintes
circonstances, il y aurait intérêt à les recevoir plus tôt.
Plus tôt on commence le traitement médico-pédagogique,
plus il y a, en général, de chances d'amélioration : on ne
dirige bien un arbuste ou un arbre, on ne dresse bien un
cheval que quand ils sont jeunes. Il en est de même pour
les enfants anormaux. Beaucoup de médecins ne se ren-
dent pas compte de l'importance de ce principe : lorsqu'ils
sont consultés pour un enfant anormal, trop souvent ne
sachant que faire, ils disent aux familles : « Attendons, à
sept il surviendra une amélioration, » Les sept ans
arrivent et l'amélioration ne vient pas. Rien d'étonnant
puisqu'on n'a rien fait dans ce but. Aux observations des
familles, le médecin répond : « Soyons patients, il est pro-
bable qu'à douze ans nous aurons des modifications avan-
tageuses. » Naturellement, comme aucun traitement n'a
lxxxviii Conditions D'AGE pour, le traitement.
été institué, il 12 ans l'état est le même. On serait porté : '1
croire que leurs sept ans et leurs douze ans répondent à
l'âge de raison et il la première communion des enfants,
et que leurs réponses sont inspirées des pratiques reli-
gieuses. Ces deux âges, en effet, ne correspondent que
. d'une façon relative il la dentition et à la puberté.
Cen'estpas seulement pour les enfants idiots qu'on doit
intervenir de bonne heure, mais aussi pour tous les enfants
anormaux. En ce qui concerne les aveugles, voici com-
ment s'exprime Dufau : « C'est lorsqu'il est enfant que
l'aveugle doit surtout fixer l'attention de l'observateur.
Que dis-je ? c'est au berceau même qu'il faudrait le pren-
dre pour suivre pas il pas cette pauvre petite créature
humaine, au travers de ses premières sensations, épier
ses premiers jugements sur les objets qu'elle touche sans
les voir, tandis que nous les voyons sans les toucher,
reconnaître enfin comment se forme son intelligence, pri-
vée qu'elle est de cette source d'idées que nous possédons
dans le sens de la vue (li. »
Aussi, nous appuyant sur ces considérations et sur une
pratique déjà ancienne, puisqu'elle date de 20 ans, tant
il Bicêtre qu'a l'Institut médico-pédagogique de Vitry-
sur-Seinc, n'hésitons-nous pas il conseiller le placement
des enfants arriérés aussitôt que possible, convaincu que
le traitement médico-pédagogique sera il la fois plus facile
et plus fructueux.
DoumOEvILLE.
(1) Dufau (P.-A.). -- Des Aveugles, etc. Paris, 1860, p. XVIII.
lit.
Criminalité des enfants et des adolescents
Statistique.
Nous empruntons au Temps du 15 février les rensei-
gnements suivants relatifs aux arrestations d'enfants
et d'adolescents pour délits et crimes. Il s'agit là d'une
question médico-sociale dont l'importance n'échappera
pas à nos lecteurs.
« Abordons maintenant la partie la plus intéressante de
cette statistique : les délits et les crimes commis par les
enfants, ou, si l'on préfère le mot, par les jeunes gens. On sait
que le Code pénal a fixé a seize ans l'âge au-dessus duquel
les peines sont encourues en leur entier. Au-dessous de seize
ans se pose la question de discernement. Si le tribunal décide
que le mineur de seize ans a agi sans discernement, il l'ac-
quitte et le rend, suivant les circonstances, il sa famille ou
l'envoie dans une maison de correction. Si, au contraire, le
tribunal apprécie que le jeune délinquant a agi avec discer-
nement, il le frappe de peines correctionnelles atténuées
(article UT du Code pénal).
« Si nous jetons les yeux sur ces statistiques, nous trou-
vons, en 1898, que 440 enfants, âgés de moins de seize ans,
ont été arrêtés et écroués au Dépôt sous inculpation de vol,
519 sous inculpation de vagabondage, 119 pour mendicité, z
pour meurtre, chiffre énorme, et -1 pour assassinat. En 1897,
les chiffres étaient à peu près les mêmes : ! t2G pour vol, 511
pour vagabondage, 110 pour mendicité. Déjà, 11 l'âge le plus
tendre,' les instincts immoraux ou brutaux se manifestent.
En 1898, 6 enfants de moins de seize ans ont été arrêtés pour
outrages publics à la pudeur et 15 pour coups et blessures
portés à des camarades. En lStJ7, 10 outrages à la pudeur et ? J inculpations de coups et blessures avaient amené leurs
auteurs au Dépôt.
« De seize à vingt le le nombre de ces jeunes clélin-
XC Assistance des enfants DITS criminels.
quants quadruple. En 1898, la statistique nous donne le
chiffre effrayant de 2.661 jeunes gens, de seize à vingt ans,
arrêtés et écroués pour vol, de 2.50ti arrêtés et écroués pour !
vagabondage, de 627 pour mendicité, de 61 pour outrages à la',
pudeur. Enfin, et ceci est véritablement lamentable : 372
jeunes gens dudit âge sont arrêtés pour coups et blessures
et 10 pour assassinats ou tentatives d'assassinat ! Et cette
situation se prolonge depuis plusieurs années,, sans aucune
amélioration, car, en 1807, il y avait eu 12 jeunes gens pour-
suivis pour assassinats ou tentatives, 129 pour coups et bles-
sures, 3't't pour mendicité, 2.i0'J pour vagabondage et 2.201
pourvoi.
« La moralité chez la jeunesse présente donc une situation
tristement stationnaire, et, pour certains délits, elle va se
dépravant de plus en plus. Nous aurions trop à dire si nous
devions rechercher et exposer les motifs de cette déplorable
constatation.
« C'est de seize à vingt ans que le crime et le délit battent
leur plein. Si l'on jette un coup d'oeil d'ensemble sur le ta-
bleau dressé par le service de la Sûreté, on voit que, de
seize à vingt ans, le nombre total des crimes et délits com-
mis a amené l'arrestation et l'envoi au Dépôt de 7.870 jeunes
gens des deux sexes (dont 7. 110 garçons et 730 filles). Seize
à vingt ans ! Des enfants ! »
Cette statique est lamentable et devrait inciter
vivement le Gouvernement et les Administrations
municipales des grandes villes a prendre, coûte que
coûte, les mesures nécessaires pour enrayer le mal.
Une bonne part de ce mal provient des familles, de
l'hérédité d'abord, des habitudes alcooliques ensuite,
et aussi de l'indifférence des familles qui ne surveil-
lent pas leurs enfants, les laissent vagabonder la
sortie de l'école, d'où des fréquentations dangereuses
qui aboutissent à des délits ou il des actes criminels.
Mais, comme beaucoup de parents, ouvriers, retenus
par leur travail, sont absents de leur domicile, il fau-
drait organiser dans toutes les écoles des garderies
jusqu'à une heure à déterminer et ne rendre les enfants
des écoles primaires que comme on rend les enfants
clés crèches. Il serait facile d'intéresser les enfants,
. Enfants DITS criminels. xci
sans grande fatigue pour eux et pour les maitrcs, en
organisant des jeux, en leur faisant faire des exercices
de gymnastique, en leur donnant des leçons de choses,
en les promenant, printemps et été, dans les jardins
qui devraient être organisés tous, en vue des leçons
de choses. Dans ce but, fleurs, arbustes et arbres,
devraient tous avoir une étiquette donnant le nom, la
carte sommaire du pays d'origine, les usages princi-
paux, etc., ainsi que cela existe dans certains jardins
ou squares publics (Nantes, Amiens, etc.). Cette pre-
mière mesure permettrait de diminuer le nombre des
enfants errants, et par conséquent, des enfants dits
criminels.
La mendicité peut être enrayée et même supprimée
par l'action constante, sans brutalité, de la police et
surtout par une organisation vraiment républicaine de
l'Assistance publique. Malheureusement, nous sommes
loin du but. Il n'y a guère de municipalité qui ne soit
aise de se débarrasser de ses pauvres et de ses infirmes
sur ce qu'on appelle la « charité publique ». On n'a
pas encore une idée exacte des devoirs qui, à cet
égard, incombent aux communes. 11 y aurait écono-
mie pourtant à assister les malheureux, au moment
opportun, au lieu de faire plus tard des dépenses
improductives dans les maisons de correction, les
dépôts de mendicité ou les prisons.
« Les jeunes cléli-2clvaots deviennent (le plus en plus
nombreux ». Si on les étudiait avec soin, on verrait que
beaucoup, en raison de leurs antécédents héréditaires
ou personnels, des habitudes d'intempérance des pa-
rents, de l'abus ou de l'usage prématuré que les enfants
eux-mêmes font de l'alcool et du tabac, ainsi que du
milieu familial, sont non pas des criminels mais des
malades. Et pour tous ceux-là, il a un remède : c'est
l'envoi dans des asiles pour les enfants, arriérés dans
leurs facultés intellectuelles ou atteints d'imbécillité
XCII Assistance, éducation DES enfants DITS criminels.
morale, qui devraient exister dans tous les départe-
ments. Il ne s'agit pas de « correction de l'enfance
coupable » comme l'écrit l'auteur de l'article du
Temps, mais d'éducation spéciale, complétée par un
traitement physique, médical et moral. L'école, le
redressement moral et non la correction.
B.
DEUXIÈME PARTIE . 1 .
Clinique, thérapeutique, anatomie pathologique,
ËOURNETILLE, Bicêtre, 1898... 1
I. -
Chorée; bromure.de camphre; guérison rapide;
Par BOURNEVILLE et KATZ.
Le bromure de camphre a été employé avec succès,
par divers auteurs dans, le traitement de la chorée
ordinaire (1). Personnellement, dans- plusieurs cas;
nous n'avons eu qu'à nous louer de son administration,
suivie rapidement d'une guérison complète (2). Le
cas suivant n'est pas moins -démonstratif, que les pré-
cédents. -
SOMMAIRE... ? Père, rien de particulier. Grand-père
paternel mort d'ataxie à Bicêtre. - Arrière grand'mère
morte de paralysie. Cousine germaine, convulsions
dans l'enfance. Mère, rhumatisme articulaire aigu à
18 ans; fièvre typhoïde à 22 ans, .postérieure à la nais-
sance de la malade. - Névralgies hémic1'liniennes par
accès. , .
Consanguinité. Inégalité d'âge de 4 ans.
Conception, grossesse, accouchement, rien de notable.
Pas d'asphyxie à la naissance. - Première dent à 8 mois.
Début de la parole et de la marche à 18 mois. Pro-
pre à 16 mois. - Varicelle à 18 mois.-Rougeole à 2 ans.
Accès de colère persistants après la rougeoie.
Début de la chorée le 19 février 1898. - Envahissement du
(1) Voir entre autres, dans la thèse du D1' L. Patlianlt (Du bromure de
camphre et de ses usages thérapeutiques, 4° édition, Paris 1895), les observa-
tions de Lorain, Desnos, Gallard, des Brimais, Petrovitz et une observation
de l'un de nous dans le Progrès médical de 1874, n° 43. ?
(2) Compte-rendu du service de Bicêtre, 1885, p. 49 (avec '4 fig. d'éoriture).
Voir aussi le Compte-rendu de 1895, p. 218.
4 CHÛHJÈE vulgaire.
côté droit, puis du côté gauche. Traitement par le bromure
de camphre; bains. Amélioration progressive et rapide;
guérison.
lier. (Eugénie), née le 29 janvier 1885, il Paris, est entrée
le 6 mars 1898 il la Fondation Vallée (service de M. Boun-
ne ville).
Antécédents héréditaires (Renseignements fournis par le père
et la mère). Père, 37 ans, polisseur, d'une bonne constitu-
tion et parfaitement bien portant ; coléreux ; coqueluche
étant enfant; puis légères bronchites jusqu'à l'âge de 8 ans;
fièvre de croissance a 13 ans; pas de syphilis, pas d'ethylisme.
- [Père mort il 50 ans, après un séjour Ù l'hospice de Bicêtre :
d'après les renseignements fournis, il s'agit probablement
d'ataxie locomotrice. Mère en bonne santé. Grand-père
paternel mort à 65 ans, on ne sait de quoi. - Grand'mère
paternelle morte a 71 ans, après avoir été clouée au lit, pen-
dant deux ans, de paralysie progressive. Grand-père mater-
nel mort d'ennui d'avoir perdu sa femme. Grand'mère ma-
ternelle, morte il 65 ans, on ne sait de quelle maladie.
8 grand-oncles paternels et 6 grand'tantes paternelles,
pas de renseignements circonstanciés. Une grand'-
tante maternelle morte iL GO ans. Une tante paternelle,
en bonne santé, a un enfant qui a eu des convulsions
en nourrice. Dans le reste de la famille aucun antécédent
névro ou psychopathique, ni choréiques, ni rhumatisants,
etc.].
MÈRE, 33 ans, sobre; rougeole à 2 ans; bronchites fré-
quentes dans l'enfance ; réglée il. '15 ans; menstruation tou-
jours régulière et indolente ; rhumatisme articulaire aigu
il 18 ans, sans retentissement sur le coeur. Mariée à 19 ans.
Fièvre typhoïde, peu grave, à 22 ans, après la naissance de
notre malade. Douleurs névralgiques occupant la moitié
droite de la tèle, ayant débuté un peu avant la dothiénen-
téric, revenant avec une grande régularité,- tous les 15
jours, et persistant pendant les grossesses. Aucune maladie
de la peau; pas de syphilis. [Père, 55 ans, cultivateur, en
bonne sauté, ainsi que sa mère. Grand-père paternel mort
par accident (fracture des jambes avec complication infec-
tieuse). - Grand'mère paternelle morte à 85 ans. Grand-
père maternel mort il 75 ans. Grand'mère maternelle, 80
ans, rien il nott;r. Un frère et deux soeurs n'ont pas eu de
convulsions ni de chorée. Aucun antécédent morbide dans
Antécédents..5
le reste de la famille de la mère et, entre autres, aucun cas
de chorée]. .
Consanguinité (cousins germains). Inégalité d'âge de 4
ans (père plus âgé).
Deux enfants : 10 notre malade; 2° garçon de G ans 1/2,
bien portant.
Notre malade. Rien de particulier iL la conception qui a eu
lieu 15 jours après le mariage. Grossesse normale jusqu'au
troisième mois, époque où son mari la conduisit iL la morgue.
Pendant les 15 jours suivants, elle ne songeait qu'aux cada-
vres, se réveillant souvent en peur : «j'étais alors très
impressionnable», dit-elle. Pas d'autre émotion, ni syncopes,
ni traumatisme, ni alcool, etc. Accouchement à terme,
naturel, rapide. Pas d'asphyxie h la naissance. ; pas de cir-
culaire, ni de torsion du cordon, - élevée au biberon (lait de
vache), jusqu'au quinzième mois. Première ! dent iL 8 mois;
début de la parole et de la marche il, 18 mois. Propre iL 16
mois. Varicelle à 2 ans. Rougeole à 2 ans et demi. Ni
chute, ni vers, ni onanisme.
L'enfant, depuis l'âge de deux ans, a toujours été très ner-
veuse et se mettait en colère pour un rien; elle se roulait
parfois par terre : « c'était aussi vite passé que c'était venu ».
Bon caractère, ni taquine, ni méchante ; affectueuse envers
ses parents. Elle apprenait bien il l'école : sa maîtresse ! esti-
mait qu'elle pouvait avoir son certificat d'études cette année.
Dans les premières semaines de février (1898), l'enfant était
devenue plus coléreuse. Deux ou trois fois depuis le 1 ?
février, elle s'était levée la nuit pour venir coucher avec sa
mère, disant qu'elle avait peur. Elle ne se plaignait pas de
la tète. Le 17 février, l'enfant étant très désagréable, irritable
et irrespectueuse, les parents la privent d'aller avec eux it
une fête; cette punition l'affligea tellement qu'elle tomba
clans une « colère bleue o. Deux jours après apparaissaient
les mouvements choréiques.
Le 19 février, dans la soirée, les parents remarquèrent que
]a main droite de l'enfant était agitée, allant dans tous les sens.
Kilo a mangé seule pourtant, mais peu, n'étant pas en train.
Rien dans la nuit du 19 au 20. Les 20, à l'école, sa mai-
tresse a constaté qu'elle était plus distraite et qu'elle remuait
davantage. Elle la met alors seule dans une classe il part. La
mère va la chercher it la sortie et remarque que tout le côté
droit, sauf la face, est pris d'agitation. L'enfant laisse
tomber son carton plusieurs fois; le soir elle ne pouvait plus
rester assise. Sa mère fut obligée de la faire manger.
6 Chorée vulgaire.
Le 22 février, le côté gauche est envahi il son tour ; de plus,
la parole devient inintelligible, H.... se mord la langue, est
incapable de s'aider en quoi que ce soit et, à partir de cette
DESCRIPTION. 7
époque, l'agitation choréiquc est allée en augmentant jusqu'à
son entrée dans notre service (6 mars).
7 mars. Impossibilité de prendre sa température, telle-
ment II... est agitée ; préhension impossible ; écriture mécon-
naissable (fig. 1 et 2) ; on est forcé de la nourrir et de la main-
tenir au lit car elle est incapable de se tenir debout ou sur
une chaise. Insomnie absolue.
9 mars. L'enfant est toujours aussi agitée. Dans ses mou-
vements désordonnés, elle se cogne de tous côtés et se fait
des contusions bien que son lit soit garni. Elle a les mains
toutes meurtries. On a beaucoup de difficulté à la faire
manger; il faut saisir le moment où elle ouvre la bouche pour
y projeter les aliments.
État actuel (10 mars 1898). Ce qui frappe tout de suite à
la vue de la malade, c'est la succession rapide des mouve-
ments involontaires que nous allons décrire.
A la face, la partie la plus atteinte est la région inférieure et
spécialement l'orbiculaire des lèvres, projeté en avant : la
malade fait la moue. Il est possible même de saisir au fond
de la gorge, les mouvements de projection de son pharynx,
de son voile palatin et de ses amygdales, aussi la déglutition
Fig. 2. - Ecriture du 9 mars.
8 Chorée.
est-elle notoirement troublée. La parole est difficile; la
malade nasonne et articule difncilement les syllabes.
Les muscles frontaux, soureilliers, sont atteints également
de contractions involontaires ; aussi la face, de par les con-
tractions rapides des muscles, change-t-elle, il chaque instant,
d'expression : la tristesse, l'hébétude, la gaieté, etc., s'y dessi-
nent tour à tour. 1/ëtëuafeu)' de la paupière supérieure
est le siège de convulsions qui se suivent it des intervalles
très rapprochés ; impossibilité, pour la malade, de fermer
les yeux pendant plus de 5 it (j secondes, - Les globes ocu-
laires ne prennent aucune part aux contractions et tous leurs
mouvements volontaires sont conservés ; pas de nystagmus
ni de strabisme. La pupille réagit it la lumière, mais ne
réagit que très peu à la convergence.
Membres supérieurs. D'une manière générale, les mem-
bres supérieurs sont beaucoup plus pris que les membres
inférieurs et les mouvements sont plus convulsifs it droite
qu'à gauche. Chaque contraction suit un cycle régulier, en ce
sens que les parties distales se mettent d'abord à s'agiter et
l'ébranlement, parti de là, gagne successivement le poignet,
le coude, l'épaule.
C'est au pouce que prédomine l'intensité des convulsions.
L'abduction, l'adduction, sont les mouvements les plus accu-
sés ; le médius reste presque tranquille, alors que le pouce
et l'auriculaire se précipitent et se crispent contre le médius.
L'avant-bras exécute des mouvements énergiques de supi-
nation et de pronation, - Les mouvements de l'épaule sont
très accentués; la tète humorale hutte à chaque instant
contre la voûte acromio-coracoïdi(l1l1C', La préhension est
très dillicile. .
L'écriture est presque impossible (Fia, 3) et se. fait selon
,un type tout-à-fait particulier. La malade, plume en main,
essaie vainement d'atteindre le papier; la main plane dans
l'air, fait une série de mouvements désordonnés, loin du but
qu'elle veut atteindre, puis elle tombe brusquement
véritable manoeuvre athétosique sur le papier et trace
d'un seul trait quelques lettres pour perdre tout aussitôt lo
contact du papier et recommencer les mouvements désor-
donnés.
Membres inférieurs. De même qu'aux membres infé-
rieurs les convulsions dominent surtout au niveau des extré-
mités, du gros orteil en particulier. Les orteils s'étendent, le
pied se tord en varus équin. Les mouvements sont moins
prononcés au niveau de la cuisse. Néammoins la station est
dillicile, la marche absolument impossible.
" Description DE la malade. 9
Le diaphragme n'est pas épargné et ses contractions sont
cause d'une dyspnée permanente et assez prononcée.
Le bassin exécute continuellement des mouvements de
propulsion (mouvements cyniques). Ces contractions conti-
nues ne donnent à la malade aucun répit; le sommeil est
impossible. Cette insomnie, jointe à la fréquence et à l'inten-
sité des mouvements, expliquent la fatigue extrême et l'amai-
grissement prononcé qu'a subi notre malade depuis le com-
mencement de la maladie. Des contusions nombreuses sont
la conséquence de ses mouvements désordonnés. Parmi ces
contusions, signalons celle qui existe au niveau de la face
dorsale de l'articulation metacarpo-phalangienne du petit
doigt droit, avec plaie et lymphangite tronculaire, et qui est
particulièrement douloureuse .
Rien au coeur : la pointe bat dans le cinquième espace au-
dessous et en dedans du mamelon. Pas de reptation précor-
diale; mafite normale; bruit systolique presque dangereux;
aucun souflle. -
L'examen des autres organes (poumon, foie, rate, tube
digestif) est négatif. Les articulations sont indemnes. Pas
d'albumine. Aucun trouble de la sensibilité cutanée si ce
n'est un peu d'hYIH'l'esth ? sit' au niveau des membres supé-
rieurs ( ? ), - Pas de paralysie ni d'atrophie musculaire. En rai-
son de sa chorée, l'enfant est incapable de s'habiller, de se
laver, de manger, de boire, etc.
Intelligence très bien développée, aucune anomalie cra-
nienne ; pas de stigmates de dégénérescence.
Tête un peu dolichocéphale; bosses frontales symétriques.
Face allongée; yeux naturels, sans aucune lésion. Ne;
droit ; narines larges ; odorat normal. Lèves pâles, anémiées.
Voûte palatine régulière. Hypertrophie des amygdales;
néammoins la respiration est nasale. Dentition bonne; pas
d'anomalie de forme, d'implantation, de volume ; aucune trace
de syphilis héréditaire ou acquise. Oreilles peu détachées du
crâne ; hélix bien ourlé; pas de tubercule de llarwin.
Glande thyroïde appréciable mais non hypertrophiée.
Organes génitaux et puberté. Mamelles symétriques, 8
centimètres de hauteur sur S centimètres de largeur des deux
côtés : aréole, mamelon rosés. Aisselle, pénil glabres.
Grandes et petites lèvres peu développées; pas de vulvite;
hymen faloifurmc ; orifice hyntunéal central. Pas d'onanisme.
Diagnostic : Chorée vulgaire.
Traitement : L'enfant est maintenue au lit pour éviter les,
contusions. Huile de foie de morue, sirop d'iodure de fer;
gymnastique des échelles. Bains alcalins tous les 3 jours;
10 Action DE la chorée SUR L'ÉCRITURE.
Action DE la chorée SUR l'écriture. » il
capsules de bromure de camphre (Dr Clin), à partir du 9
mars, chaque jour, de la façon suivante :
BROMURE DE CAMPHRE.
Bromure de camphre.
13
14 Chorée vulgaire ; guérison.
joue aux osselets, fait des travaux demandant beaucoup d'a-
dresse. Les contractions ne s'observent que ça et la, à l'occa-
sion d'une contrariété ou d'une émotion. Il... est devenue
plus gaie. - On prescrit des douches et la gymnastique
des mouvements.
27 avril. - La chorée a complètement disparu. Il.. prend
part à tous les exercices et à tous les jeux de ses camarades.
Toutefois on a remarqué que, à la suite d'une contrariété,
d'une réprimande, d'une joie, sa physionomie se contracte,
que la parole est saccadée, et qu'elle a des mouvements ner-
veux mais sans trouble clioréiforme. L'état général est de plus
en plus satisfaisant.
30 juin. - La guérison parait complète. II... est très active
il l'école, au ménage et au jeu.
Réflexions. z Il s'agit, ici d'un cas type de cho-
rée vulgaire ou chorée de S/cLenllmn. Dans les anté-
cédents héréditaires, nous avons a relever des acci-
dents nerveux du côté paternel (ataxie locomotrice,
paralysie progressive, convulsions) et du côté mater-
nel des névralgies chez la mère. Au point de vue de
l'arthritisme l'enfant n'a rien présenté, mais sa mère a
eu, à 18 ans, une attaque de rhumatisme articulaire
aigu. En résumé, association du nervosisme et du
rhumatisme, celui-ci plus circonscrit. Pas d'hérédité
similaire; pas d'affection cardiaque. 1
II. La mère, nerveuse, a eu des préoccupations de
nature triste du troisième mois à la fin de la gros-
sesse. L'enfant, surtout à partir de deux ans, a été
sujette à des crises de colère, indices d'un tempéra-
ment nerveux. Sans cause connue, elle est devenue
plus impressionnable dans les deux premières semai-
nes de février. Le 17 de ce mois, contrariété vive et
deux jours après, début des mouvements choréiques
par la main droite. Le 20 tout le côté droit est pris,
et le 22 la chorée envahit le côté gauche.
Nous n'avons pas à insister sur les caractères qu'a
présentées la maladie : ils ont été tout à fait classi-
Bromure de camphre. 15
ques et les gesticulations ont revêtu une intensité
extrêmement prononcée. Notons seulement que l'amé-
lioration a commencé par le côté droit, le premier
envahi.
III. Nous avons essayé de faire traduire le désordre
des mouvements en faisant écrire chaque jour la
malade. Les spécimens de son écriture, que nous
avons reproduits, sont intéressants, d'autant plus que
nous avons pu les comparer à son écriture à l'état nor-
mal, laquelle est très correcte. Cette comparaison met
mieux en relief l'action de la chorée. On voit aussi,
par l'écriture môme, les effets du traitement. Le der-
nier spécimen (Fig. 6) se rapproche beaucoup de l'écri-
ture antérieure à la chorée. (Fig. 1.)
IV. Sous l'influence de la maladie, en peu de temps,
IL. a notablement maigri. Elle a repris de l'embonpoint
assez promptement, à mesure que diminuait l'agita-
tion choréique, qui n'a permis de prendre son poids
et sa taille que le 10 mars, cinq jours après son
entrée. Voici les modifications survenues depuis lors
jusqu'au 30 juin : .
16 Bromure DE CAMPIIJ\E,
il.
Idiotie hydrocéphalique ;
Par BOUItNEVILLE et J. NOIR.
Sommaire, - Antécédents héréditaires. Grand'mère pater-
nelle cancéreuse. Mère migraineuse. Frère scrofuleux.
Autre frère mort-né; accouchement avant terme.
Antécédents personnels : Vomissements, contrariétés durant
lagrossesse.-A la naissance enfant mignonne. Allaitement
au sein puis au biberon. Première dent à 8 mois. - Den-
tition complète à 2 ans ¡ /2' Parole : quelques mots à 2 ans,
très passagèrement. - Convulsions à un mois, troubles di-
gestifs. - Gâtisme. Rougeole. - Coqueluche. - Gourme.
- Vaccine.
Etat actuel. - Contractures des membres inférieurs. - Hy-
drocéphalie. Puberté. Eczéma. - Teigne tondante.
Coqueluche, tuberculose pulmonaire et péritonite tuber-
culeuse. - Mort.
Autopsie. - Description du cerveau.
Le G... (Alice), née le 16 avril 1889, est entrée le 13 juin 1892
à l'hospice de Bicêtre (service de M. 130omW LLç) où elle est
décodée le 30 mars 1897.
Antécédents. - (Renseignements fournis par sa mère le 16
juillet 1892). Père, 32 ans, jadis cultivateur, depuis 15 ans,
homme de peine dans une fabrique de tôle, ne présente pas
d'antécédents héréditaires, semble assez sobre, fume peu. Il
est d'un caractère un peu emporté. - [Famille du père.
Père, 66 ans, cultivateur très sobre, bien portant, d'un carac-
tère analogue à celui de son fils. - Mère, morte vers 60 ans,
peut-être d'un cancer abdominal, pas nerveuse. - Grands-
parents morts Il n'y aurait absolument aucun anté-
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1898. 2
18 Idiotie ,HIDROCÉPHALIQUE.
cèdent psychopathique, ni diathésique bien constaté dans le
reste de la famille du père.]
Mère, 30 ans environ, toujours bien portante, originaire de
Bretagne, d'une intelligence médiocre, s'exprimant mal. Elle
s'est mariée il ,23 ans. - Migraines assez fréquentes.
[Famille de la mère : Aucune tare ne saurait y être signalée.]
Trois enfants (1) : 1° Garçon, mort à 7 ans, cachectique
« avec une glande- suppurée au cou. » Cet enfant n'aurait eu
aucun accident nerveux et pas de convulsions; - 2° garçon
mort né, venu à 8 mois.
3° Notre malade. Rien de particulier lors de la conception.
- Durant la grossesse, la mère fut pendant trois mois sujette
a des vomissements fréquents. Vers le quatrième et cinquième
mois, elle se plaint d'avoir eu de très vives contrariétés dont
il est impossible de lui faire avouer la cause. A part cela,
grossesse normale et sans accidents. - Accouchement normal,
iL terme, après une heure de travail. - A la naissance, enfant
mignonne, sans asphyxie, ni circulaires. - Elle fut nourrie
au' sein durant cinq semaines puis au biberon avec du lait de
vache jusqu'à ans. - Dentition précoce, 4 dents à 8 mois,
toutes les dents à 2 ans et demi. Elle aurait à l'âge de deux
ans appris à dire « papa » « maman », mais ne parle pas
depuis plus d'un an, .
Dès l'âge de quatre mois, l'enfant fut prise de convulsions.
Elle se raidissait, portait les mains en arrière et tenait ses
yeux.- en haut. Les convulsions auraient été assez fréquen-
tes et survenaient aussi bien le jour que la nuit à l'occa-
sion de la moindre contrariété. On s'était déjà aperçu dès
la cinquième semaine que l'enfant ne pouvait mouvoir éga-
lement bien les membres droits et gauche et dans la suite, il
fut impossible non seulement de lui apprendre à marcher
mais de la faire tenir debout. - Les fonctions digestives s'ac-
complissent anormalement jusqu'à ce jour : .L... mâche assez
bien, baverait peu, mais elle rumine, vomit souvent, est cons-
tipée en temps normal et est gâteuse complète. - Son intelli-
gence est des plus rudimentaires, elle ne reconnaît même pas
la voix de sa mère. Comme antécédents morbides, signalons
une rougeole bénigne iL 5 mois, une coqueluche de 4 à 7
mois, un peu de gourme. Elle a été vaccinée à deux ans.
Etat actuel (15 juin 1892). Enfant pâle et chétive. - Phy-
(1) Signalons en outre une demi-soeur, née d'un premier mariage dn père,
intelligente et bien portante.
Description DE la malade. 19
sionomie parfois souriante. -, Cheveux châtain foncé, im-
plantés régulièrement
Crâne volumineux allongé, ayant l'aspect du crâne d'enfants
nouveau-nés après un accouchement par le sommet. Légère
asymétrie. La bosse occipitale ne fait pas saillie, les bosses
frontales sont marquées, la bosse pariétale est un peu plus
saillante à droite qu'à gaucho. Un examen minutieux permet
de constater la persistance de la fontanelle antérieure ayant
un centimètre de longueur antero-posterieure et transversale-
ment, un centimètre et demi.
Face presque carrée ; arcades sourcillières non saillantes.
Paupières mobiles et tombantes. Fentes palpébralcs grandes.
Sourcils abondants, châtain foncé, se réunissant sur la ligne
médiane. Cils longs, noirs et bien implantés. Pas de blépha-
rite ciliaire. Yeux sans exorbitisme. Strabisme interne léger
de luit gauche. Nystagmus peu accentué. Iris châtain foncé.
Les pupilles égales paraissent réagir normalement. Vision : ? ' ?
Nez un peu camus assez bien conformé extérieurement.
Pas de déviation de la cloison. L'enfant respire normale-
ment par le nez. Odorat : ? . Pommettes non saillantes, symé-
triques.
Bouche : 4 centimètres de dimension. Lèvres assez minces.
L'enfant ne bave pas. Voûte palatine aplatie, pas de déviation,
ni d'anomalie du voile du palais. Langue normale et mobile.
Amygdales moyennes. Réflexe pharyngien normal. L'enfant
prononce quelques mots. - Goût assez rudimentaire. -
Dentition de lait complète. Implantation irrégulière en avant.
Prognathisme marqué, les incisives inférieures dépassent les
supérieures, la mâchoire étant normalement formée. Grince-
ments de dents fréquents. -Oreilles petites, minces, légère-
ment écartées du crâne, bien ourlées, lobule petit mais non
adhérent. L'audition parait s'effectuer assez normalement.
Cou court. Circonférence 0m 23. l'as de goitre.
Thorax petit, globuleux, peu musclé, côtes saillantes, ré-
gion dorsale couverte de poils. Mamelons petits et saillants.
A l'auscultation des poumons, râles sibilants et sous cré-
pitants disséminés, mais surtout nombreux à droite. - Rien
de particulier au coeur.
Abdomen volumineux et balloné. Pas d'hypertrophie hépa-
tique, etc. Colonne vertébrale sans déviation. Bassin
assez large. - l'esses rouges, tuméfiées, douloureuses.
Légère escharre sacrée. - Région anale : érythème et petite
héntorrhoïalc,
Pubis glabre, peu saillant. Grandes lèvres courtes, cli-
toris petit, recouvert par le capuchon. Petites lèvres 7 centi-
20 IDIOTIE HYDHOCKPHAUQUE.
mètres de longueur, sur 1 à 2 centimètres (le largeur. Vesti-
bule profond. Fourchette bien marquée et mince. Hymen
sans orifice visible. La sensibilité générale parait normale.
Membres supérieurs égaux et symétriques, bien confor-
mes. La mobilité des bras est absolument normale.
Membres inférieurs paraissant également bien développés :
Leur attitude constante est celle des membres du fretus.
adduction et flexion des divers segments. L'extension ne
peut s'opérer que du côté droit. Du côté gauche, les muscles
fléchisseurs de la cuisse sont contractures et prennent l'aspect
lorsqu'on tire sur la jambe, de la corde tendue. Les tractions
un peu fortes arrachent des cris il l'enfant. Le réflexe rotu-
lien n'existe pas.
Traitement : hydrothérapie; huile de foie de morue et
sirop d'iodure de 1er. Exercices des jointures.
1892. ;.> 1 juin, - L'enfant entre au pavillon d'isolement
atteinte de coqueluche, les quintes varient de 10 il 1'1 par
jour. Elle est guérie le 15 juillet.
25 juillet. Nouveau séjour à l'isolement pour de l'eczéma
séborrhéique du cuir chevelu pris pour de la teigne trico-
phytienne. Elle sort guérie le 4 septembre.
18 octobre. Revaccination suivie de succès.
1893. 8 décembre, - L'enfant atteinte de teigne tondante
est de nouveau isolée.
1891. Janvier. Organes génitaux. Aisselles, pénil, grandes
lèvres glabres, seins non développés. Grandes lèvres à. peine
saillantes. Petites lèvres peu développées. Clitoris petit, à
capuchon rudimentaire. Hymen intact. Rien de particulier
il l'anus.
1895. Janvier. L'état des organes génitaux n'est pas mo-
difie.
15 avril. L'enfant qui est il l'isolement pour la teigne
depuis décembre 1893, contracte la scarlatine. Elle est plus
spécialement isolée jusqu'au 24 mai où elle est renvoyée aux
teigneux. La scarlatine a évolué sans épisode il noter.
12 août. La teigne tondante étant guérie, l'enfant est
renvoyée de l'isolement.
1897. Janvier. L'état des organes génitaux est absolu-
ment stationnaire.
8 mars. Le G... mange peu, est prise d'un mouvement
Marche DE la maladie.
21
fébrile (T. It. 37°, 5). Elle se plaint de la tète ; tousse un peu.
A l'auscultation, respiration rude aux sommets et râles sibi-
lants iL g-auchc, - Teinture d'iode; potion opiacée ; sulfate
de quinine durant quatre jours.
20 mars. Nouveau mouvement fébrile (39°). Vomisse-
ments, toux, changements rapides de coloration de la face.
Mêmes signes stélhoscopiques.
23 mars. Les vomissements ont cessé après la suppres-
sion de la quinine que l'enfant prenait depuis quelques jours.
La température se maintient entre 38° et 39°. Eruption pur-
purique en pointillé.
28 mars. Diarrhée jaunâtre. Affaiblissement général.
Potion au bismuth et au laudanum ; café.
30 mars. L'enfant vomit, sa faiblesse augmente. La tem-
oscille entre 37°, 5 et 4S°, 1. Mort. Poids du corps
après le décès : 11 kilos'. 500.
Tableau du poids et de la taille.
22 IDIOTIE HYDDOCÈPHALIQUE.
Autopsie (34 heures après le décès). Cuir chevelu épais et
pâle. - Os du crâne minces et friables. -Apophyse crista-
galli très saillante, Il existe un aplatissement de la selle tur-
cique, de la fosse frontale gauche et de l'occipitale à droite. -
Rien il noter au trou occipital, ni au niveau des fosses tempo-
rales qui paraissent à peu près symétriques.
Calotte crânienne très mince sur toute sa section; peu de
diploë, ; transparente surtout au niveau des régions latérales
des pariétaux. Emmenées mamillaires faibles à la face interne
- Dépression marquée de la région postérieure donnant une
apparence de coeur à la tête. Plagiocéphalie : bosse frontale
gauche et surtout pariétale droite, très développées. z Suture
fronto-pariètale sinueuse, en dents de souris. Suture sagit-
tale, moins sinueuse, se prolongeant de 5 centimètres sur
le frontal (scissure métopique) et disparaissant ensuite.
Suture lambdoïde peu contournée. Un petit os wormien
il un centimètre droite, du lambda. Pas de traces de fon-
tanelles. - Caractéristique : saillies des bosses pariétales et
dépression de la partie postérieure de la région pariétale et
de l'occiput. - Orifices très nets des veines émissaires de
Santorini à un demi centimètre à droite et à gaucho du tiers
postérieur de la suture sagittale.
Encéphale, - Il s'écoule environ 200 gr. de liquide encé-
phalique. La dure-mère ne parait pas malade. - La pie-
mère du côté droit est plissée comme une poche vide. Elle
est légèrement vascularisée.
Cerveau, - Hémisphère droit. Face externe. -Aspect
général court et globuleux. - Lobe frontal. Circonvolutions
bien contournées séparées par des sillons assez profonds et
d'aspect Saines. Les sillons sont nombreux ainsi que les plis
de passage. Les circonvolutions secondaires forment un groupe
qui part en divergeant irrégulièrement en éventail de l'extré-
mité du sillon de Rolando et qui permet difficilement de les
séparer en trois circonvolutions frontales parallèles. La fron-
tale ascendante est un peu aplatie. - La scissure de Sylvius
profonde d'aspect normal, laisse entrevoir le lobule de l'in-
sula où l'on ne constate pas de lésions macroscopiques.
Le sillon de Rolando est peu profond. Il est limité par le bord
net et d'aspect sain de la FA. et par la lA. atrophiée et
étendue en grande partie. Le fond de ce sillon est mince
et membraniformc. - Le lobe pariétal de ce côté est réduit
à une poche membraneuse lisse, distendue sur laquelle on
constate à sa partie inférieure une très mince couche de
Description DU cerveau. 23
substance cérébrale. Le pli courbe est atrophié. Le lobe
occipital est formé de petites circonvolutions plates, nota-
blement diminuées de volume et atrophiées. - Le lobe tem-
poral droit est d'aspect absolument sain dans ses deux tiers
antérieurs. Le tiers postérieur participe à l'aplatissement et il,
l'atrophie du lobe occipital.
Face interne. - Fi a un aspect normal mais le lobe paracen-
tral la circonvolution du corps calleux et l'avant-coin sont dis-
tendus et forment une mince couche de substance cérébrale
recouvrant la poche membraneuse qui fait saillie vers le lobe
pariétal it la face externe. Cette atrophie laisse indemne le
bord inférieur de l'avant-coin et le coin. Les circonvolutions
temporo-spliénoïdales sont un peu aplaties et atrophiées, mais
la partie postérieure de la circonvolution de l'hippocampe
est réduite à une mince membrane.
Le corps calleux est épaissi, toute la couche optique droite
est atrophiée et remplacée par un tissu scléreux et déprimé.
Le noyau caudé du corps strié semble normal. - Le
ventricule latéral, fortement distendu, est recouvert d'une
membrane épaisse, vascularisée. Toutes les parties de ce
ventricule sont dilatées mais le développement de la poche
hydrocéphalique s'est surtout opéré aux dépens du lobe
pariétal.
Hémisphère gauche Aspect général globuleux, Circon-
volutions compliquées, sillons nombreux.
Lobe frontal. - Les trois circonvolutions sont bien dévelop-
pées et d'aspect normal. Les sillons sont profonds. - Le e
sillon de Rolando est net et régulier. -La scissurede8ylvius,
profonde, laisse entrevoir le lobule de l'insula sain.
Lobe pariétal. Rien de particulier. PA est bien dévelop-
pée et ne présente -aucune lésion macroscopique pas plus
que FA. Les lobules pariétaux supérieur et inférieur sont
formées de nombreuses petites circonvolutions séparées par
de très nombreux sillons qui en rendent difficile la description
morphologique : elles paraissent à l'oeil nu exemptes de toute
lésion. Il en est de même du pli courbe.
Le lobe occipital et le lobe temporal sont aussi d'apparence
normale.
Face interne. - I ? le lobe paracentral, l'avant coin, le
coin sont bien développés et d'aspect normal. - La circon-
volition du corps calleux et le corps calleux ont été disten-
dus et amincis, surtout la circonvolution du corps calleux à
sa partie antérieure. - Le lobe occipital et le lobe tempo-
24 IDIOTIE HYDHOCÉPHALIQUE.
m-sphéno'idal, la circonvolution de l'hippocampe offrent au
aspect normal. - Le ventricule latéral est très dilaté mais nota-
blement moins qu'il droite. La dilatation s'est effectuée sur-
tout aux dépens de la corne temporale. Les corps opto-striés
sont volumineux, surtout la couche optique qui est saillante
et contraste beaucoup avec l'atrophie complète de celle du
côté opposé.
Le cervelet n'a rien de particulier. '
Thorax. Pas de trace de thymus. - Corps thyroïde (4 gr).
sain. - Coeur et péricarde : Rien de particulier. Ganglions
trachéo-bronchiques et péribronchiques infiltrés de tuber-
cules. - Poumon droit. Granulations dans tout le poumon,
masse caséeuse de la grosseur d'une noisette au lobe moyen.
- Poumon gauche. Infiltration tuberculeuse du lobe supé-
rieur. La plèvre diaphraumaliqlte est aussi couverte de gra-
nulations. '
Abdomen, - Granulations tuberculeuses nombreuses, du
péritoine. La cavité péritonéale contient environ 300 gr. d'un
liquide citrin. Le grand épiploon est épaissi et rempli de
granulations. - Foie hypertrophié surtout dans son lobe droit,
mou, a subi la dégénérescence graisseuse. - Rate et reins,
rien de particulier. - Les anses intestinales sont réunies
par de nombreux exsudats et sont couvertes de granulations.
Il en est de même de l'utérus et de ses annexes qui sont fixés
à droite de la ligne médiane. La mort est due a la tuber-
culose généralisée.
Réflexions. I. Cette enfant n'est pas d'une
famille à antécédents pathologiques nombreux. Les
convulsions qui se sont manifestées à l'âge de 4 mois
ne paraissent pas être le point de départ de la maladie,
car déjà vers cinq semaines, les parents avaient remar-
qué une certaine difficulté dans les mouvements des
membres qui ne s'accomplissaient pas exactement
de même des deux côtés.
II. La forme allongée du crâne de l'enfant est un
peu particulière et n'est pas celle qu'affecte ordinai-
rement la tête des hydrocéphales. La paraplégie de
l'enfant doit entrer dans le cadre des diplegios congé-
nitales connues sous le nom de maladie de Littlc.
- IDIOTIE hydrocéphalique. 25
III. L'état mental de l'enfant ne peut donner lieu à
aucune réflexion intéressante elle était idiote com-
plète et gâteuse. Aucune amélioration notable n'a pu
se produire.
IV. L'autopsie a permis de constater une hydrocé-
phalie assez accentuée. L'atrophie causée par le
développement des ventricules porte principalement
sur la région pariétale et est prédominante au niveau
de la zone motrice de l'hémisphère droit et de la
couche optique du même côté.
V. La tuberculose généralisée a été la cause de la
mort comme chez un certain nombre d'enfants gâteux
qui se cachectisent facilement.
III.
Athétose double avec mouvements convulsifs chroniques
. : de la face simulant les tics convulsifs ;
PAR BOUIINEVILLE et CHAPOT ! N
SOMMAIRE. - Père, rien de particulier. - Grand-pére pater-
nel, tremblement sénile. - Ai,iière-graird-pè7,e paternel,
bigare.
Mère, rien de particulier. Grand-père paternel, hémiplé-
gique. Pas de consanguinité, inégalité d'âge de un an.
Premières et uniques convulsions à 4 mois. - 1898. Tuber-
culose pulmonaire. - Mort.
AUTOPSIE. - Adhérences de la dure-mère au cerveau et à la
partie inférieure de la scissure inter-hémisphérique. -
Pas de grosses lésions cérébrales apparentes. - Caverne
au sommet du poumon droit, infiltration caséeuse du reste
du poumon. - Gros ganglions caséeux au niveau. de la
, tête du pancréas.
Pet... (Emile), né à Grand-Rallecourt (Pas-de-Calais), le 18
janvier 1874, est entré, le 20 mars 1886, à Bicêtre (service de
M. BOURNEVILLE).
Antécédents.- (Renseignements fournis par la mère te 16
juillet 1886.) - Père, 42 ans, ancien garçon aux magasins
du Louvre, actuellement concierge, robuste, ne présente
aucun antécédent morbide sérieux, n'a pas eu de convul-
sions ; aucun indice de syphilis, marié' à 22 ans. Depuis la
naissance de l'enfant, il a eu quelques céphalalgies et deux ou
trois épistaxis abondantes, accidents qui ne se sont pas-repro-
duits depuis qu'il est concierge et qu'il attribuait à l'athmos-
phère des magasins. Il est rangé, fait parfois quelques excès
- Athétose double. ' 27
alcooliques, mais ne boit que du vin et n'est jamais ivre.
[Son père, cultivateur, sobre, a toujours été bien portant ; il
est actuellement atteint de tremblement sénile de la tète et
des membres. Sa mère, morte à GG ans, on ne sait de quoi,
était ordinairement bien portante. Emportée et méchante, sa
belle-fille la qualifie de « vraie mauvaise belle-mère ». Rien
de particulier du côté des grands-parents paternels. - Le
grand-père paternel aurait été bigame. La grand'mère mater-
nelle serait morte en démence à 80 ans. - Un frère mort en
naissant. - Une soeur bien portante, non nerveuse, ayant eu
des enfants qui n'ont jamais présenté d'autres accidents mor-
bides que des troubles dus au lymphatisme. Ni aliénés, ni
suicides, etc., etc., dans le reste de la famille.]
Mère, 'il ans, autrefois cuisinière, maintenant concierge,
brune, grande, à physionomie régulière, présentant un léger
prognathisme ; caractère un peu vif; sobre ; n'a jamais eu le
moindre accident nerveux (migraines, crises nerveuses, syn-
copes, etc.). - [Son père, cultivateur, mort à 73 ans, on ne
sait de quoi, avait eu, 5 ans auparavant, une attaque d'apo-
plexie avec hémiplégie gauche. Très sobre; sans autre anté-
cédent nerveux. - Mère, morte jeune, on ne sait de quoi. -
Aucun renseignement sur les grands-parents. - Un frère
mort d'une affection scrofuleuse. - l'as d'idiots, d'aliénés,
d'épileptiques, de paralytiques, de difformes, etc., dans le
reste de la famille.]
Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge d'un an (père plus
âgé).
Quatre enfants : 1° Une fille morte à 3 ans et demi, sans
convulsions. Elle aurait eu des vers intestinaux auxquels ses
parents attribuent sa mort; était très intelligente ; - 2° fille
17 ans, bien portante, vive, intelligente, n'a jamais eu de con-
vulsions, ni d'accidents nerveux ; 3° fille de 15 ans, actuel-
lement en bonne santé, a été longtemps nouée et n'a marché
qu'à 23 mois ; présente actuellement une malformation de
l'épaule. N'a jamais eu de convulsions, est très intelligente '
- /1° notre malade.
Notre malade. - Au moment de la conception probable, rien
à signaler. - Grossesse normale, pas d'ennuis, de frayeur, de
traumatismes, d'albuminurie, ni d'alcoolisme ; pourtant à par-
tir de 6 mois, la mère eut à se plaindre de tracasseries de la
part de sa belle-mère. Accouchement à terme, sans inter-
vention ; le travail dura deux heures. - A la naissance, pas
28 Antécédents personnels.
d'asphyxie; il était robuste et vigoureux Pendant deux mois
allaité par la mère, puis nourri au biberon, toujours avec le
lait de vache,
Première dent à 3 mois; à 4 mois il avait 3 dents : c'est à
cette époque qu'ont appparu les premières convulsions. Elles
furent très fortes, durèrent 4 ou 5 heures : occupant symétri-
quement les deux moitiés du corps, le malade se retournant
de tous les côtés, renversant sa tète en arrière. Pendant deux
heures on l'a cru mort. Depuis lors, il n'a jamais cu d'autres
convulsions.
L'enfant n'a jamais su se tenir debout, n'a jamais marché
mieux qu'il le fait actuellement, c'est-à-dire qu'il ne sait que
se traîner par terre ou marcher en s'appuyant sur une
chaise. Il ne parle pas et les seuls mots qu'il émet sont « oui,
non, il ta li ta ». Mais il fixe assez bien son attention, com-
prend ce qu'on lui dit et lorsqu'on lui demande un objet, part
le chercher en poussant sa chaise devant lui. Il n'a commencé
à être propre que vers l'âge de t ans. Aujourd'hui, il ptte
quelquefois la nuit, mais durant la journée, va seul aux cabi-
nets. Il a bavé jusqu'à 3 ans. - Pet... n'a jamais su se bien ser-
vir de ses mains : s'il saisit un objet, il lui arrive de le laisser
tomber à terre. A partir de l'âge de 8 mois, quatre mois par
conséquent après la première convulsion, des mouvements
c/t0 ? 'et/b)'mes sont apparus, localisés iL l'extrémité des deux
membres supérieurs ; les deux mains s'agitent continuelle-
ment, les doigts s'écartant et se rapprochant ; ces mouvements
sont continuels et n'ont pas présenté de variations notables
depuis l'âge de 4 ans, époque où ils ont atteint leur maximum
d'intensité. - Pas de secousses, pas de grincements de dents,
pas de balancement de la tête, mais seulement un léger tour-
noiement latéral de la tète.
Pet ? prend bien les aliments et mange de bon appétit; il
saisit, pour boire, son verre deux mains : il est gourmand
et mange gloutonnement ; il ne présente pas de mouvements
de succion, pas de régurgitation, pas de rumination. Il n'a
jamais su s'habiller ni se déshabiller seul : Ne sait ni bouton-
ner, ni nouer, ni lacer ses vêtements ; il ne sait pas non plus
se nettoyer seul, mais parait content des soins de propreté
qui lui sont donnés.
D'un caractèce doux, un peu entêté, Pet... n' jamais eu
d'accès de colère ; il est affectueux, aime les animaux : jamais
il n'a ri comme les autres enfants. - Son sommeil est pai-
sible ; on n'a pas observé de tendance il la masturbation,
Traité, il la suite de l'apparition des accidents nerveux, par
les médications antiscrofuleuses et les bains salés, Pet... n'a
. " Imbécillité athétosique. 29
été atteint d'aucune fièvre éruptive, ni de diphtéric, ni dc mala-
die typhoïde. A l'âge de 3 ans, il aurait eu la coqueluche ; vers
la même époque a eu quelques croûtes d'impétigo dans le
cuir chevelu,
Placé a l'âge de 5 ans chez les Frères Saint-Jean-de-Dieu
où il ost rcsté juscju'a. son admission à l'hospice de Bicêtre,
l'et... aurait été atteint, il l'âge de 10 ans, d'une ophtalmie
chronique ayant déterminé une opacité de la cornée du côté
gauche qui fait qu'il voit très mal de cet oeil. Enfin il aurait
eu la teigne ( ? ) dans cet intervalle de temps. - En résumé :
d'après la mère, la situation, loin de s'améliorer, ne fait que
s'aggraver de jour en jour.
Etat actuel (5 avril 1880). La tète, plagiocéphale, est très
nettement asymétrique par suite de l'aplatissement du parié-
tal droit ; la boite crânienne semble déjetée en arrière, les
bosses frontales et les arcades sourcilièrcs sont plus sail-
tantes. La peau est brune et sèche ; les cheveux, noirs
et drus, sont régulièrement implantés, - Le front est bas,
étroit, déprimé latéralement, surtout sur le côté gauche ; pas
de rides; légère cicatrice au niveau de la queue du sourcil-
gauche. Les sourcils, assez fournis, sont châtain-foncé,
les cils sont longs et bruns, les yeux bleus. La cornée du côté
gaucho offre une opacité occupant son- quart inférieur et
interne; les pupilles sont asymétriques et, des deux côtés,
réagissent également à la lumière et à l'accommodation.
Pc... ne reconnaît pas les couleurs. La bouche est remontée
du côté droit, abaissée du côté gauche ; les lèvres sont
épaisses, les commissures assez profondes, le pli nasogénien
est plus marqué du côté gauche lorsque le malade tire la
langue. Celle-ci ainsi que les lèvres, est continuellement
agitée de mouvements choréiformes. Le goût est partielle-
ment conservé. Les gencives sont en assez bon état ; on
compte 12 dents a la mâchoire supérieure, dont 2 prémo-
laires de lait; il la mâchoire inférieure, Il dents; une deu-
xième prémolaire n'est pas encore sortie : toutes ces dents
sont d'ailleurs saines. Le nez est petit, un peu épaté,
droit, sans déformation ni cicatrices.
La partie inférieure de la face présente un léger progna-
thisme ; le menton est arrondi; une plaque d'impétigo assez
étendue siège au niveau de l'angle du maxillaire du côté
droit. Oreilles moyennement développées, tendant à s'écar-
ter du crâne.
Cou court et grêle, très amaigri.
Thorax normalement développé ; auscultation des poumons
30 Description du malade.
et du coeur normale. Abdomen souple, peu saillant; le foie
ne déborde pas le rebord inférieur des fausses côtes.
Les membres supérieurs semblent égaux en volume. Les
mouvements de l'épaule et du bras s'exécutent spontanément,
mais si on cherche à les provoquer, on détermine immédia-
tement une contracture passagère que l'on parvient du reste
à vaincre, et qui, abandonnée a elle-même disparaît au bout
de quelques minutes. Il existe des mouvements athétosiques
des deux mains, prédominant surtout à droite : les mains sont
en extension sur les poignets, les coudes sont dans la demi-
flexion. On ne note pas de déformations ni de cicatrices sur
les mains, seulement un léger aplatissement de l'éminence
thénar, surtout du côté droit.
Les membres inférieurs sont maigres, grêles, et symétri-
ques les genuox et les pieds viennent en contact ; en dessous
soutenu sur la jambe en varus équin, On note de plus de
légers mouvements alhétosiyucs des pieds.
Motilité, - Si donc nous considérons dans leur ensemble les
troubles de la motilité chez notre malade, nous observons des
mouvements alhétosidues de la face, du cou et des membres
supérieurs, prédominant surtout à la main du côté droit. Mis
debout, le malade se raidit et entre tout entier en contrac-
tures ; les muscles des épaules et des bras sont surtout pris;
le membre inférieur du côté gauche est en extension forcée,
et repose sur le sol par l'intermédiaire de son bord externe et
de ses derniers orteils : la contracture des mains est moins
marquée du côté droit. Le malade, soutenu, marche en fau-
chant.
Les réflexes cutanés sont normaux; les réflexes rotuliens
sont un peu exagérés. - La sensibilité générale est conser-
vée et normale.
Puberté. - Corps complètement glabre ; testicules de la
grosseur d'un pois; prépuce très allongé; longueur de la
verge : 5 centimètres, circonférence : h centimètres et demi.
Rien à la région anale.
1888. 25 janvier. - l'et... qui auparavant dcmandait, dans
la journée, à aller aux cabinets, ne demande plus : on est
obligé de le conduire sur le siège.
25 juillet. - l'et... a fait quelques progrès ; il est plus
propre, commence il aider quand on l'habille ; il est gai, moins
sournois, joue avec les autres enfants du pavillon et mange
plus proprement. Envoyé en classe, il est assez attentif, est
parvenu à placer les lettres sur les cartons, mais ne les con-
naît pas encore. Nul eu gymnastique.
Marche de la maladie. 31 1
28 décembre. Pet... sait s'habiller et se déshabiller seul ;
dans la journée, il va seul aux cabinets en se trainant, appuyé
sur sa chaise. En classe, il travaille attentivement et cherche
à comprendre ce qu'on lui explique, et à imiter les exercices
que l'on exécute devant lui ; place bien les lettres, mais ne
sait pas les nommer; reconnaît les couleurs, commence il dis-
tinguer convenablement les longueurs. :
1889. 25 mars. Pet... entre il l'infirmerie pour une ulcé-
ration de la commissure labiale droit, s'accompagnant
d'engorgement ganglionaire du côté correspondant, et de
tuméfaction de la muqueuse de la face interné de la joue.
Rien aux organes génitaux ni à l'anus : le malade est mis en
observation.
12 septembre. Même état : traitement spécifique à
l'iodure de potassium et aux frictions mercurielles.
17 octobre. Les accidents ont disparu ; seule l'adénite
sous-maxillaire persiste.
Puberté. Corps et visage complètement glabres.
Verge : longueur 52 millimètres, circonférence 48 millimètres..
- Prépuce, développé. Testicules dilliciles à trouver, mous,
égaux, du volume d'un haricot.
Décembre. Rentré au pavillon des gâteux, Peut est
atteint d'ulcérations des orteils qui rendent la station debout
très-douloureuse. -
IS ! 10.-Ulc;ératinus des orteils persistantes. Traitement par
les bains salés, huile de foie de morue, sirop de fer. Même
état des organes génitaux.
1891. Même état des ulcérations : continuation du même
traitement, Pet. qui avait perdu sous le rapport de la pro-
preté, fait des progrès il partir du mois de juillet : il ne
gâte plus, s'habille et se déshabille tout seul, mais ne peut
encore boutonner et lacer.
1892. Même état. Puberté. Corps et visage glabres ;
quelques poils noirs au niveau du pénil. Scrotum et verge
fortement pigmentés. Verge, longueur : 5 centimètres ;
circonférence : .Il centimètres et demi. Testicules à la racine
des bourses, de la grosseur d'une olive.
Traitement : Douches et sirop de fer. Pet... n'a plus fait
de progrès sous le rapport de l'écolage.
, 4893.-lli;mc état; continuation du même traitement.
Développement PHYSIQUE. 33
Tableau des mensurations de la tête.
34 Imbécillité athétosique.
et au menton, corps glabre, 'rien aux aisselles ; poils longs et
fournis à la base de. la verge, autour de l'anus qui est nor-
mal. - Testicules de la grosseur d'une amande ; pas,de vari-
cocèle. Verge : longueur 7 -centimètres, circonférence 6
cent. 5.
1896. état stationnaire ; même traitement.
Juillet. '- Puberté. ? Fines moustaches, aisselles presque
glabres, quelques poils au pubis et à la région anale, testi-
cules de la grosseur d'une amande. Verge : longueur 8
centimètres, circonférence 7 cent., Anus normal.
1897. - État stationnaire ; même traitement.
Puberté. - Pas de modifications depuis l'année précédente.
1898. Janvier. Puberté. Quelques poils bruns sur la
lèvre supérieure et le menton ; dans les aisselles, poils bruns
et longs. - Sur les membres supérieurs et inférieurs, poils
blonds d'un centimètre ; - sur le pubis, poils bruns étendus '
transversalement sur mie longueur de 9 centimètres. -
Verge, longueur : 9 centimètres, circonférence : 8 cent., 5.
Gland découvert. - Testicules du volume d'un oeuf de merle.
.1 ? avril. Depuis deux jours Pet... a de la diarrhée et ne
mange plus. -
G avril. - Diarrhée fétide, peu abondante; toux peu
intense. A l'auscultation, on entend des râles humides des
deux côtés de la poitrine et un souffle caverneux au sommet z
gauche, en arrière. T.R. 38°, 5 matin et soir.
7 avril. - Même état. - Soir : T.R. 39°, 8.
8 avril. L'état se maintient dans la matinée ; syncope
dans l'après-midi. T.R. 40°, 5. - Mort à 10 heures 1/2 du soir.
Température après décès. '
CRANE ET cerveau. 35
plagiocéphalie . (saillie du frontal gauche et de l'occipital
droit), peu épais; nombreuses plaques transparentes princi-
palement au niveau des fosses occipitales. La suture fronto-
pariétale droite est sinueuse ; la fronto-pariétale gauche est
complètement synostosée. Les sutures inter-pariétales et
pariéto-occipitales sont très sinueuses et n'offrent aucune
trace de synostose. La calotte enlevée, on observe entre la
dure-mère et la surface du cerveau des adhérences assez
résistantes, développées surtout à la partie inférieure de la
scissure inter-liémispliéridue. - Les vaisseaux de la pie-
mère sont fortement congestionnés, mais il n'y a pas de
lésions apparentes macroscopiquement et le cerveau se dé-
cortique assez facilement.
Cerveau. - Hémisphère gauche. Face externe. Scis-
sure de Sylvius (S,8,), profonde, bien marquée ainsi que ses
rameaux ascendant et horizontal. Le lobule de l'insu la (L.I.)>
comprend trois circonvolutions dont la première et la troi-
sième sont bifurquées. - Sillon de Rolando sinueux,
profond. - Scissure perpendiculaire externe (Sc,p,e,), nor-
male. - Scissure parallèle frontale (5c.lo.f.), profondément
dessinée. - Scissures frontales supérieure et inférieure
(So.f.s. et So.f.i), sinueuses, moins bien indiquées. - scissure
interpariètale (Sc.ip.), très accus.Se, surtout dans sa partie
postérieure, se prolonge jusqu'au contact de la scissure per-
pendiculaire externe. - Scissure laralléle (Sc.p.), très déve-
loppée, rectiligne dans ses deux tiers antérieurs, se termine
au voisinage de la scissure perpendiculaire externe. - Deu-
xième scissure temporale (Sü,t2,), peu développée. Pre-
mière circonvolution frontale (1 ? ) volumineuse, communi-
que par un pli de passage avec la seconde frontale (F2.), la
plus grosse et la plus tortueuse. - Troisième circonvolu-
tion frontale (F3.), cap bien dessiné mais très-maigre ; est
régulière dans le restant de son étendue. - Frontale ascen-
dante (r.A.), verticale dans sa partie .inférieure, moins volu-
mineuse dans sa moitié supérieure qui est déjetéc en arrière.
- Pariétale ascendante (P.A.), très flexueuse, maigre, sur-
tout clans sa partie inférieure : Première pariétale (P1.), très
large, courte, nombreux sillons accessoires. - Deuxième
pariétale (P2.), divisée en quatre segments par dos scissures
accessoires. - Première temporale (T1.),' régulière, se tcr-
mine au contact de la scissure interpariètale. - Deuxième
temporale (T2.), volumineuse et sinueuse. - Pli cotcrhe (P3.),
développé avec de petits sillons superficiels. - Lobe occipi-
tal (L.O C.), circonvolutions grêles. (PL. II.)
36 I\IIü'sGILI,ITli : 1'l'III·.TOSIQUG. -
Face interne. La scissure CallOSO-112aT ! I212a1e (C.C.111.)
est profonde, ne présente riends particulier. Scissureper-
pendiculaire interne (Sc.p.i.), très développée, s'étendant
jusqu'au bourrelet du corps calleux. Fissure calcarine
(F.ca.), également bien développée. Circonvolution du
corps calleux (C.C.C.), présente a sa partie moyenne trois
plis de passage se portant vers le pied de la première {ron-
tale (FI,), vers le lobttle ta7'acelllral (L.1'.) et vers les angles
antérieurs et postérieurs du lobule quadrilatère (L.Q.). z
Corps calleux (0.0.) normal. Lobule paracent7'al (L.I'.),
peu développé. - Lobule quadrilatère (L.Q.), assez volumi-
neux, divisé en deux parties par un sillon médian, - Coin
IC,), première et deuxième circonvolutions temporo-occipi-
tales (T.o'. et T,02,) bien développées, - Troisième circonvo-
Lutiol2 temporale (T3.) dédoublée il sa partie postérieure,
nettement séparée des circonvolutions voisines. Circon-
volulion de l'hippocampe (CIL) et Corne d'Ammon (C'A.),
saines (l'L. lII),
Face inférieure du lobe frontal, ventricule latéral, couche
optique, corps strié, rien de particulier.
Hémisphère droit. Face externe. Scissure de Syl-
vius, courte. Sillon de Rolando et scissure interpariétale
bien développés. - Scissure perpendiculaire externe, mas-
quée par un conlluent de veines superficielles. Scissure
parallèle, semble assez accusée, s'étend jusqu'au lobe occi-
pital. - l'ien21ère circonuolulion /Oontale, communique par
deux plis de passage avec la partie moyenne de la deuxième.
- Deuxième circoact>Itttiolt /1·onlale, irrèc;ulière. - l'noi-
sième circonvolution frontale bien nuuoluèe. - I·'ro7tlale
ascendante, (F. A.) trajet oblique en haut et en arrière, élavr-
gie à sa partie moyenne. Pariétale ascendante, llexueuse,
amincie près de son extrémité supérieure. Pariétale supé-
rieure, courte et larc. - l'ariétale 177/ëriettre, nombreux
sillons accessoires. -l'li courbe, assez volumineux, avec des
sillons plus accentués que sur l'hémisphère gauche. Lobe
occipital, circonvolutions 11'l'égulièl'es, -Première circonvo-
lution temporale, rectiligne, bien développée, semble se
continuer avec le pli courbe. Deuxième circonvolution
temporale, large, nombreux sillons accessoires.
Face interne. Scissure calloso -marginale, ne présente
aucun caractère particulier. Scissure perpendiculaire
interne, longuement développée, atteint la fente de Bichat.
Circonvolution calloso-marginale, présente des plis de
passage vers le pied de I'I. Lobule paracentral, se continue
Autopsie. 37
à sa partie postérieure par un pli de passage avec le lobule
quadrilatère. - Fissure calcarine, normale, - Circonvolution
frontale interne, légèrement renflée iL sa partie supérieure.
Lobule paracenlral, bien développé. - Coin et circonvolu-
tions occipitales, nettement séparés. - Corps calleux et
noyaux gris centraux, rien de particulier. - Corne d'Am-
mon, large mais courte. .
La description des circonvolutions et surtout des sillons
est très difficile, parce que, en vue de l'examen histologique,
on a conservé la pie-mère. Sur les deux hémisphères les cir-
convolutions sont relativement peu développées, par rapport
à l'Age de l'enfant ; elles sont aussi loin d'être symétriques.
Cou. - Le corps thyroïde est volumineux, le lobe droit un
peu plus gros que le gauche ; on ne trouve pas de trace du
thymus.
Thorax. Coeur. - Rien de particulier dans le péricarde ,
l'orifice mitral laisse difficilement passer le petit doigt, pas
de lésions de l'orifice aortique ni de l'orifice pulmonaire ; le
muscle cardiaque est, dans le coeur gauche, légèrement
hypertrophié. - Pas de persistance du trou de Botal. - Pou-
mon gaucho. Léger épanchement pleural ; ce poumon est farci
de nodules tuberculeux et présente des cavernes iL son
sommet. - Poumon droit. Adhérences peu résistantes et
récentes il la plèvre diaphragmatique; points atélectasiés au
sommet; les deux autres lobes sont fortement congestionnés.
- Les ganglions 1 ? -acliéo-brbiiciiiqttes sont volumineux et
caséeux.
Abdomen. - Rien de particulier du côté de l'estomac ni
du péritoine, si ce n'est que l'appendice qui mesure à peine
1 cm., 5 est dur, complèlement oblitéré et appliqué par le
péritoine contre la paroi abdominale postérieure. - Pas de
trace d'ulcérations sur l'intestin. Les ganglions mèsentéri-
ques sont légèrement tuméfiés. - Le foie est assez volumi-
neux, un peu graisseux ; la vésicule biliaire ne renferme pas
.de.calculs. La rate est grosse et mpile ? Le. pancréas est
très-volumineux et, au niveau de sa-tête, siègent de gros
' -g5'riâliôns'-calééüx.' ? Hem'.gaucher rien1' dé 'particulier1,' 'se
. dèc()l-trque fac'rlément; cqpsnie surrénale1 lira [peu grosse ? pas ? de noyau)c tuberculeux ? Rein droit. un peu p,qf)gstiqf1lj1¡é ; ? pet4t>wsté,v son extrémité, supérieure. Capsuieurenaie
rien, - Vessie, organes génitaux, rien à noter. '" ? .'
,1 : 1.q 1 , . '1 ,"1; (ti';>'I ! 11 HHil onu i>
38 Imbécillité ATHËTOSIQUE.
Réflexions. I. Les antécédents héréditaires se
réduisent à peu de chose : quelques excès de boisson
chez le père; une attaque A'apoplexie suivie d'itéini-
plégie chez, le grand-père maternel.
II. La conception, la grossesse, l'accouchement (par
la tête) et l'état de l'enfant à la naissance n'ont offert
rien d'anormal.
III. C'est à un état de mal convulsif, survenu à
quatre mois, ayant duré 4 à 5 heures, qu'il faut attri-
buer l'imbécillité, la diplégie incomplète et l'alhétose
double, observées chez ce malade.
IV. P... est atteint, non pas d'idiotie complète, mais
d'imbécillité à un degré prononcé. En effet, son atten-
tion est facile à fixer, il comprend ce qu'on lui dit,
exécute les ordres qu'on lui donne.
Pe... est entré en mars 1886, âgé de 12 ans,
c'est-à-dire clans des conditions déjà peu favorables,
étant donnés son état intellectuel, ses contractures et
ses mouvements athétosiques. Malgré cela, nous avons
obtenu, sur certains points, une réelle amélioration.
Sa gloutonnerie a fait place à un appétit régulier; il
est devenu propre ; il est arrivé à s'habiller et se désha-
biller, sauf qu'il ne sait boutonner; l'attention s'est
développée ; le caractère s'est transformé : Pe... est
moins violent, moins sournois, plus gai. La parole est
toujours restée nulle.
Le peu qui a été obtenu ici, les résultats constatés
dans des cas analogues, soit à Bicêtre, soit à l'Institut
médico-pédagogique, nous ont montré que les idiots
ou les imbéciles athètosiques (qui paraissent former
un groupe spécial) sont susceptibles d'être améliorés,
à la condition qu'on s'en occupe do bonne heure, dès
l'âge cle 2 ou 3 ans : plus on attend plus les chances
d'une modification sérieuse diminuent. -
- ' - A THÉTOSE DOUBLE. 39
V. L'athélose était nettement caractérisée. Les
mouvements athétosiques auraient été constatés à
l'âge de huit mois, quatre mois après les convulsions.
Ils sont restés les mêmes, assure-t-on, depuis l'âge de
quatre ans. Ils occupaient la face, le cou, les membres
supérieurs et inférieurs.
VI. Les mensurations des membres, prises à diffé-
rentes époques et chaque fois malheureusement par une
personne différente, ne nous fournissent aucune don-
née précise. - La le le s'est accrue progressivement de
volume jusqu'en 1896, puis elle est restée à peu près la
même (1897-98). - Sa taille de 1886 à 1897 s'est élevée
de l'"20 à l""4-'t et son poids de 22 k. à 39k., 5, tom-
bant à 35 k. 5, sous l'influence de la tuberculose.
La s'est effectuée avec une certaine lenteur,
ainsi que cela ressort des notes prises annuellement
depuis l'entrée (1886) jusqu'à la mort (1898).
Erratum. Il faut rétablir ainsi qu'il suit les lignes 14, 15, 16
et 17 de la page 30 :
Les membres inférieurs sont maigres et symétriques. Les
genoux viennent en contact par la face interne des condyles.
Les pieds, étendus sur la jambe en varus équin, viennent en
contact par les gros orteils.
IV.
Idiotie légère symptomatique de méningite chronique ;
paraplégie et pieds bots ;
PAR BOURNEVILLE et sébilleau.
Sommaire. Enfant - père alcoolique. - Ren-
seignements insuffisants sur lui et sur sa famille. - Mère
nerveuse. - Grand-père maternel, excès de boisson. -
Grand-oncle maternel, bègue et aliéné. - Un autre oncle,
arriéré et bossu. - Cousin mort de convulsions, Frère,
convulsions, mort de méningite dite tuberculeuse. Pas
de consanguinité. - Inégalité d'âge de 5 ans ( ? ). ),
Grossesse accidentée par des émotions. - Bien portant
jusqu'à 3 ans. - A 3 ans fièvre typhoïde et méningite ou
fièvre typhoïde avec complications mèningitiques .
Affaiblissement consécutif du côté gauche et idiotie. -
Accès de cris, colères, violences. - Onanisme, - Ten-
, tatives de fugues. Iiicéiisciciice du danger. -Manies et
tics : Balancement antéro-postérieur du tronc. - Brûlures
à 3 mois. - Rougeole à un an. Coqueluche et otite sup-
purée à 2 a ? is. '
1884. - Ulcération des cicatrices de brûlure.
1888. - Stomatites et adénites sous-maxillaires, - Progrès
intellectuels léger ? - Langage grossier ; actes de violence.
1890. - Persistance des mauvais instincts; Kleptomanie.
1891. Progrès scolaires; Amélioration du caractère;-
Amyolrophie de la jambe gauche.
1893-97. Alternatives de bien et de mal au point de vue
du caractère. - Progrès à l'école et à l'atelier.
Antécédents. 41
1898. Tuberculose pulmonaire aiguë; - mort.
AUTOPSIE. - Tuberculose pulmonaire. - Lésions ménin-
gitiques de la face interne des lobes frontaux.
Cur.. (Ulysse), né à Mussy-sur-Seine, le 21 octobre 1879, est
entré dans le service le 22 octobre 1884.
Antécédents. - (Renseignemenls fomnispa1' sa mère le (24 no-
vembre 1884.) Le malade est un enfant naturel. - Père, doit
avoir 37 ans environ, commis voyageur en étoffes, alcoolique
invétéré. La mère de l'enfant l'a connu pendant un an à Cha-
tillon-sur-Seine, elle le voyait de temps en temps. Elle ne peut
donner d'autres détails sur lui ni sur sa famille.
Mère, 32 ans, domestique, brune, grande, physionomie régu-
lière. Tempérament très nerveux ; elle se met facilement en
colère ; n'a jamais eu de convulsions ni de migraines. Par-
fois céphalalgies violentes. Pas de syncope, ni syphilis, ni
excès de boisson. [Père, vigneron, a fait beaucoup d'excès de
boisson, mort asthmatique. - Mère, bien portante. - Grand-
père paternel ; mort asthmatique à 8 ans. Pas de détails sur
sa grand'mère paternelle et sur ses grands-parents mater-
nels. - Frère, mort à 12 ans d'un rhumatisme articulaire. -
Une soeur, en bonne santé, a eu cinq enfants dont un est mort
il 9 mois de convulsions, - Un oncle maternel, bègue, a été
enfermé comme aliéné. - Un autre oncle était un peu
«bêta» et bossu. - La mère dit qu'il n'y a pas eu d'autres
tares dans sa famille ni de tuberculeux.]
Pas de consanguinité (le père. est de Dijon, la mère de
Mussy-sur-Seine, près Bar-sur-Soine). Inégalité d'âge de 5 ans
Six enfants : 1° notre malade né de l'amant ; 2° une fille
âgée de 4 ans, née du mari qui a reconnu notre malade ; pas
de convulsions, intelligente, est actuellement (1898) âgée de
17 ans et se porte bien ; - 3° garçon, 18 mois a été atteint
de convulsions, à l'Age de deux mois. Dans la même journée
il a eu trois crises. Depuis les convulsions ne se sont pas
reproduites. Il est mort à 5 ans de méningite tuberculeuse ;-
lit garçon, mort il 18 d'une congestion pulmonaire ; pas de
convulsions. 5° garçon, en bonne santé, pas de C nvu
sions. Après avoir vécu dix ans avec, son ma,i'i,lai11è'I,'è de
l'enfant s'est mise avec un autre homme dont elle 't euu j ; '6-
un garçon âgé de 2 ans qui a eu 7.on 8 fois de fortes conviil-
sions durant sa première année et qui semblé un peu en
,N'hf'd.. ? ," ? ..., .1' 1
42 -) Antécédents personnels : méningite.
Notre malade. - Lors de la conception, père et mère en
bonne santé. La conception n'aurait pas eu lieu dans l'ivres-
se. - Grossesse, pas de coups, ni de chutes, ni de peurs, ni
d'envies, mais émotions nombreuses : abandonnée par son
amant au sixième mois de sa grossesse, elle se réfugie chez
ses parents qui lui font la vie insupportable. Dès les pre-
miers mois de la grossesse, constriction du ventre mais
pas de tentative d'avortement. Accouchement terme,
naturel ; présentation par la lute ; pas de chloroforme ; eau
en petite quantité.
A la naissance, enfant gros, bien portant, sans asphyxie.
Elevé au sein pendant un mois par sa mère qui. il ce moment,
se marie avec un homme qui avait deux enfants et qu'elle
n'avait vu que deux fois. File s'est mariée par dépit et a été,
dit-elle, tellement révolutionnée de celte union que son lait
s'est tari. Elle a été forcée de donner le biberon il l'enfant
(lait de vache). Sevré 15 mois, C.... a marché un an ;
a commencé à parler à 20 mois, a eu sa première dent
vers un an. Il a élé bien portant, intelligent jusqu'en
juillet li 83. A partir de cette époque, il devient nerveux,
coléreux, pousse des cris sans raison. Cet état dure un mois,
puis il est pris d'une méningite : douleurs de tète qui était
renversée en arrière ; le corps était raidi, fièvre très forte,
vomissements ; il aurait eu aussi « mal au ventre et de la diar-
rhée et aurait été sans connaissance durant une semaine. Le
médecin a dit d'abord qu'il avait une fièvre muqueuse, puis
une méningite. » Quand ces symptômes ont cessé, l'enfant ne
pouvait plus marcher. Le côté gauche était paralysé. Il
trainait la jambe de ce côté et ne se servait que de la main
droite. Il aurait été traité sans, succès par l'électricité à l'ho-
pital de Troycs. ' ! L'intelligence s'était très affaiblie. La
parole était moins facile qu'avant la maladie.
Depuis lors, il n'a pas eu de nouvelles convulsions, mais a
été sujet aux accidents suivants : Accès de colère fréquents,
cris aigus poussés sans motif, cassait les objets qui lui tom-
baient sous la main, battait sa sieur et son frère sans motif,
voulait les tuer. « Les voisins se plaignaient de ses cris et
nous étions obligés de déménager. » Très gourmand, parfois,
vorace ; pas de salacité. Mange seul avec la cuiller et la four-
chette. Mastication régulière. A diverses reprises, on a cons-
taté qu'il se livrait il l'onanisme. Il a essayé de se sauver de
chez lui plusieurs fois. Inconscience complète du danger.
Il avait la mauvaise habitude de cracher au visage des en-
fants et des grandes personnes. Il n'est pas grimpeur ni klep-
tomane, etc. Pas de grincement de dents. Parfois il suçait des
Description du malade. 43
chiffons. - Balancement du tronc d'avant en arrière. - Lan-
gage grossier; méchant avec les autres enfants qu'il frappait
et dont il brisait les jouets.
Brûlure il trois mois sur la jambe gauche, la cicatrisation
a été très lente. - Rougeole il un an ; coqueluche à deux
ans ; il la suite abcès d'une oreille qui a coulé très long-
temps. Pas de dartres ni d'engelures.
A la maison, comme il marchait sur les genoux, sa mère
lui avait fait fabriquer des genouillères. Plus tard son beau-
père lui fait faire des béquilles avec lesquelles il battait sa
soeur.
Voici maintenant ce qui a été observé durant son séjour
dans le service de 1884 il 1898.
1884. 5 décembre. - Les cicatrices de brûlure qu'il porte à
la jambe gauche se sont ulcérées. Repos au lit. Glycérolé d'a-
midon.
21 décembre. - L'examen de ses dents montre que la den-
tition de lait est complète et en bon état.
1885. 24 januier. - ('... est de nouveau conduit à l'infir-
merie pour les utceres qu'il porte à la jambe gauche.
4 avril. - Vacciné sans succès avec du vaccin humain à
droite, du vaccin de génisse à gauche. Exeat le 20 avril.
28 août. - Traitement hydrothérapique jusqu'au 31 octo-
bre.
Décembre. - C.... parle bien, mange proprement; se sert
des trois objets, mâche et digère convenablement. Il sait se
laver, s'habiller, se déshabiller, lacer, boutonner, mais sa
tenue laisse à désirer. Son caractère est variable : tantôt
il est caressant, doux, poli ; tantôt il est taquin, indiscipliné,
coléreux, très grossier, essaie d'égratigner, de mordre, etc.
Il marche en se dandinant, les pieds se renversent en dehors;
il n'est pas solide sur les jambes, tombe très souvent. Il couit t
a il quatre pattes. u ·
1887. Il commence il syllabe, écrit des mots, connaît
les couleurs, les figures géométriques, tous les objets des boî-
tes de leçons de choses. Il exécute la plupart des exercices
de la petite gymnastique, avec difficulté, toutefois, à cause de
la faiblesse de ses jambes.
1888. État actuel (15 février). Tète symétrique, ovale ;
légère saillie des bosses pariétales. Cheveux châtains, bien
fournis. - Face : front bas, hauteur, 4 centimètres, étroit.
44 . Description DU malade.
Bosses frontales un peu saillantes. Arcades sourcilières peu
marquées. Yeux : pas de lésions scrofnlcuses, pas de stra-
bisme. Iris brun, pupilles égales, vue normale. Reconnaît
bien les couleurs. Nez légèrement épaté, narines horizon-
tales, cloison médiane. Odorat normal. - l3ouche assez
grande, lèvres épaisses. Voûte palatine arrondie. Goût con-
servé.-OreiIIes 1>ien ourlées, peu écartées (hauteur centi-
, mètres). Lobule incomplètement adhérent. Ouïe naturelle.
Thorax bien conformé ainsi que les membres supérieurs
qui paraissent égaux. Préhension normale. Membres infé-
rieurs inégaux, le droit beaucoup plus volumineux que le
gaucho. Aux genoux, la rotule elle coudyle interne sont très
saillants. Le malade boite, il traîne la jambe gauche. Le
pied droit se porte bien à plat sur le sol, mais le pied gauche
se porte sur son bord externe qui présente une induration
au niveau de-l'ctrèmité du5emétatarsien. (l'iedbotvartcs.)
La marche est à peu près impossible sans béquilles. Avec
les béquilles, non seulement elle est possible, mais le malade
court, rivalisant même avec les autres enfants, en jetant l'un
après l'autre ses pieds qui décrivent un demi cercle. Il y a
une sorte de déhanchemeut qui l'appelle celui des coxalgiques
de naissance (PL. IV).
Digestion normale ; selles régulières. Respiration et cir-
culation normales. I'. 68, - : 16`IOInen : Foie et rate normaux
il ,la percussion.
Puberté : Visage glabre ainsi que la poitrine et le pénil.
Testitutes égaux, de la dimension d'un petit haricot. Gland
recouvert par le prépuce, circonférence, 45 mill. ; longueur,
35milL. Anus normal.
Sensibilité générale conservée à la piqûre et à la tempéra-
ture.
13 mars. Avril. Stomatite et adénites sous-maxillaires
' légères, d'origine suspecte. Il n'y a pas d'autres lésions sur
la peau, dans les cheveux, ni aux organes génitaux.
21 juillet. .PKt)0'<H. Les testicules ont un peu augmenté
et sont devenus de la grosseur d'une olive. ,
C.... est très II10hile ; a des périodes alternatives 'dE bitm
et de maul ; taquiné ses camarades, les pJ1j'pèC'h'e'de : tl-aVai11t : h';
11 a fait des progrès en écriture et c',i1'lÓcttil'é'èt c'6\mhh'é à
faire de petites additions. Son caractère devf6n't''d'p ! us'en
plus insupportable.. Quand on le réprimande, il répond par ? dc¡s, nipts grossiers '.tels "que : vache, ppui'r;Wf9Jlf.ârcaWf fealo-
iPerie'etc. Il.se bat continuellement.'11 ? ? > ! : \1 ? ? ? ? « ? ,') : . : : M'> . , , ,c ? ntl,\pleJCl,1,( ? : ? I,\ If ei'1 ?
Description DU malade. 45
1889. Janvier. État stationnaire il l'école. 0... comprend
très-bien tout ce- qu'on lui dit, mais il est désobéissant et il
court sans Ce3SO, taquine ses camarades et se querelle avec
eux. Malgré sa paralysie des membres inférieurs, il grimpe
partout. Quand il est mécontent de quelqu'un il défigure son
nom, pensant que cela le contrarie.
23 juillet. - Puberté. l'as de poils sur le visage, sur le
tronc et sous les aiselles ni au pubis. Longueur de la verge
5 cent. Circonférence, 6 cent. Les testicules, égaux, ont la
grosseur d'une petite fève. - Caractère toujours aussi gros-
sier.
17 octobre. - Angine herpétique, - Exeat le 21 octobre.
1890. Janvier. - Amélioration sous tous les rapports en
classe, additionne plusieurs nombres et connait le nom et
l'usage de tout ce qui l'entoure, exécute avec plus de force
les exercices de gymnastique. Le caractère est toujours aussi
violent, le langage aussi grossier ; il recherche les enfants
les plus pervers, tient avec eux des conversations obscènes,
cherche à s'approprier ce qui ne lui appartient pas et fait
prendre par ses amis l'argent, les images, les jouets et les
friandises aux enfants qui reviennent du parloir.
1891. Janvier. - L'enfant fait des progrès sous le rapport
des exercices scolaires, mais il ne travaille que par périodes.
Il essaye de fumer des bouts de cordon, du jonc et du tabac
qu'il se procure on ne sait comment. Comme il devient de
plus en plus violent et qu'il bat les autres enfants qui le
redoutent on le fait passer il la grande école.
Il avril. - On constate une amyotrophie marquée de la
cuisse gauche. Hydrothérapie.
Juin. - On constate une amélioration sensible dans son
caractère; il est plus attentif en classe, moins irascible et
moins grossier. Il est envoyé iL l'atelier de cordonnerie.
11 juillet. - l'as de modifications sensibles de la puberté. `
1892. Janvier. - La lecture est presque courante. En
calcul, C... sait faire l'addition et la soustraction. Son carac-
tère s'est beaucoup modifié : il, est devenu affectueux, tran-
quille, serviable.
4 avril. Envoyé en cellule pour avoir, à l'aide d'une
fausse de, volé du vin dans une des armoires du réfectoire.
Juin. - Lit couramment, s'exprime correctement. Com-
mence il faire la multiplication et de petits problèmes.
Mémoire bonne. Caractère parfois rebelle, mais en somme
46 Description- du malade.
bien amélioré. (;... ne montre aucune aptitude à l'atelier de
cordonnerie où il a été envoyé à son entrée à la grande
école.
Juillet. Puberté : Léger duvet aux joues ; - quelques
poils au pénil. - Verge longueur : 0,06; circonférence : 0,05.
Les testicules sont de la grosseur d'un oeuf de petit oiseau.
le droit descend un peu plus bas que le gauche.
-1893. Janvier. G... fait beaucoup de progrès au point de
vue intellectuel. Au point de vue moral, les progrès sont
nuls. L'enfant redevient turbulent, impoli, taquin.
Juillet. C... passe de l'atelier de cordonnerie dans l'ate-
lier de coulure, il est très courageux. Il sait faire les coutures
et les boutonnières. Il commence à faire le gilet.
Aûul. - Puberté. Aucune modification appréciable.
189'i..lattuier. - A l'école, C... fait des progrès sensibles. Ca-
ractère toujours dinicilc. Déchire ses livres, ses cahiers, -
A l'atelier, il fait beaucoup de progrès.
Juin, - Son caractère se porte de plus en plus vers le mal.
Il devient menteur et accuse ses camarades innocents des
méfaits qu'il commet. Il est voleur, prend, quand il le peut,
ce qui a été donné aux idiots.
29 aoial. Puberté. Verge : longueur. 7 mil. 1/2, circonf.
(18 mil. Testicules de la grosseur d'un oeuf de pigeon.
1895. Janvier, - Etat stationnaire sons le rapport de la con-
duite et du moral. Progrès sensibles àl'ecole. Travaille avec
plaisir à l'atelier de couture et devient assez habile.
Juin, - En orthographe, en histoire et géographie, en arith-
métique, ses progrès sont constants. Aucune modification
dans le caractère. A l'atelier il fait très bien le pantalon et le
gilet et il y est aussi tranquille qu'il est turbulent à l'école.
1890. Janvier, - Aucun changement dans le caractère.
Juin. - Progrès sensibles eu classe : lit et écrit couram-
ment. Commence à faire la division. Caractère toujours
taquin et méchant.
Décembre. Aucune modification dans le caractère.
18 ! )G. ,lattvier. - Puberté. Visage, thorax glabre. Quelques
poils aux aisselles. Nombreux poils au pubis. Verge
longueur : 7 mill., circonférence : 7 mill. Testicules gros
comme un oeuf de pigeon. Région anale normale.
Juillet.-Un peu d'amélioration dans le caractère. Il est
moins méchant, taquine moins souvent ses camarades.
Imbécillité athétosique. ' 47
. Décembre,. - Les progrès sont toujours de plus en plus
sensibles en classe. Grande amélioration dans le caractère. II
est devenu assidu, courageux et très attentif en classe.
Puberté aucun changement.
1898. 18 février. - Entré à l'infirmerie. Tousse et crache-
beaucoup. Amaigrissement prononcé. Pommettes rosées.
Respiration courte. - Soir : T. R. : 40° ; P. ho.
Examen des poumons : Percussion : matité en arrière aux
deux sommets. Sonorité exagérée en avant. Auscultation : à
gauche, en arrière et en avant, respiration rude et craque-
ments humides. A droite : soufflé caverneux en arrière. -Quel-. '
ques bouffées de râle humides en avant. Le coeur est normal.
- Pointes de feu aux deux sommets, huile de foie de morue
créosotée.
19 février. - T. R. Matin : 3S°/t. - Soir : 39°,7.
20 février. - T. Il. : 39°,2, Matin et Soir.
21 février. - T. R. : 37°,9 et 3Sa.7.
22 février : Le malade se plaint.de douleurs du ventre, -
accompagnées d'une diarrhée abondante. Amaigrissement
23 février. T. R. : 3S°,9 et 39°,5.
24 février. -T. R. : 39°,2 et 39°,9.
25 février. - T, R. : 37°,G et 39-,il. Diarrhée et douleurs du
. ventre... -
27 février. - T. R. : 37°,3 et 39° ,1.
28 février. - T. IL : 37°,f et 37°,9.
1 nars. -Amairissemcnt-consiclérable. Excavation des
yeux. Cyanose des lèvres. Ventre douloureux, ballonné. Ex-
pectoration impossible. -Diarrhée disparue. T. Il. : 37°,7 et
37°;S. L'enfant, en pleine connaissance, meurt à minuit. -
Poids après décès : 38 kilogr..
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. î°- Circonférence horizontale maxima... 51 ul.5 51.5 51.8 52 52 52 52 52 53 53 54 54 54 55 ë
zn
Demi-circonférence bi-auriculaire.... 34 34 34 35 35 35 35.5 35.5 35.5 35.5 3S.5 36 39 39 36 0 z
; H
Distance de l'articulation occipito-at- ' t-1
loïdienne à la racine du nez 32.5 36 37 38 38 38 38 3S .38 38 38 38 38 38 38 il>
. 1 Diamètreautéro-postérieurmaximum, 17.6 17.6 17.6 18 18 18 18 18 18 18.5 19 19 19 19 19.5 M<
, . bi-auriculaire...... : ........ 11.7 11.8 11.8' 12 12 12.6 12,6 12,6 ti.7 13 13.513.513.513.513.5 .
, bi-pariëta.1.................. 14.2 14.2 14.4 14.4 14.6 14.6 14.6 14.6 14.6 14.6 14.6 15 15 1515.5
- tu-temporal " " » » » '» » u 11.5 11.5 12 12 12 12 12
Hauteur médiane du front 4 4 4 4.5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5, 5 5
- - ,- ...- . : .... » ,. -\ -, , ' . co.
50 Autopsie : CRANE ET cerveau.
Autopsie faite 33 heures après la mort. - Tête. Cuir che-
velu : maigre, pâle, ecchymose.
Crâne ovoïde avec plagiocéphalie (aplatissement du frontal
droit et de l'occipital gauche). La coupe est mince, le tissu
compacte. Plaques transparentes au niveau de l'angle antéro-
supérieur du pariétal gauche. de la partie moyenne des tem-
poraux et des fosses occipitales. Toutes les sutures persistent
sur les deux faces et sont très sinueuses. Os wormien d'un
centimètre sur la suture fronto-pariétale gauche.
Méninges. - Pie-mère congestionnée. Granulations de
Pacchioni volumineuses. Adhérences très résistantes$la
région frontale entre les faces internes des deux hémisphères
et le long de la scissure intcr-hémisphéricluc.
Cerveau. Hémisphère gauche. Face externe. La
scissure de Sylvius (Se. S.) est profonde, normale. - Le
rameau antérieur horizontal ue cette scissure ainsi que le
rameau ascendant sont profonds. - Le sillon de Rolando
(8, R,) est large et sinueux; il n'empiète pas sur le bord
supérieur de l'hémisphère. La scissure perpendiculaire
externe (Se. p. e.) est normale. - La scissure parallèle {ron-
tale (Se. p. f.), assez nettement accusée, est interrompue en
trois endroits par des plis de passage. - La scissure frontale
supérieure (Se. f. s.), très irrégulière, est très nette, profonde
et continue. - La scissure frontale inférieure (Se. f. i.), est
irrégulière et profonde, elle communique par un sillon avec
la scissure frontale supérieure. - La scissure interpariétale
(Se. ip.), assez nettement continue, présente des flexuosités
nombreuses. La scissure parallèle (Sc. p.), très accusée,
régulière, communique par un sillon avec la deuxième tem-
porale, qui, peu nette, est interrompue par de nombreux plis
de passage. L'incisure préoccipitale (In. pr.) est peu accusée.
Le lobule orbitaire (L. O.) est excavé; malgré cette particula-
rité ses scissures et ses circonvolutions sont normales. - La
première circonvolution frontale (1), bien développée, est
nettement séparée de la frontale ascendante par un sillon large
et profond. - La deuxième circonvolution frontale (F2) est
très-développée ; elle s'implante par un pli de passage mince
sur la frontale ascendante ; en son milieu, elle est interrom-
pue par un sillon qui fait communiquer la scissure frontale
inférieure. - La troisième circonvolution frontale (PS), assez
volumineuse, s'implante largement à la base de la frontale as-
cendante. - Le pied de la troisième frontale est large et bose
selé ; il en est de même du cap. - La frontale ascendante
Description du CERVEAU. 51
(I ? 1.) est sinueuse, nettement distincte des autres oirconvo-
lutions frontales par un sillon pré-rolandique, large et pro-
fond : ce sillon n'est interrompu qu'au niveau du pied de la
deuxième frontale; elle est coupée par trois incisures super-
licielles transversales. La pariétale ascendante (II.A.) est
étroite, sinueuse ; aux deux extrémités de la scissure de Ro-
lando ses communications sont très nettes avec la frontale
ascendante. - Le pli pariétal supérieur (Pl.) est nettement
accusé. - Le pli pariétal inférieur (P2.) est entrecoupé par
des sillons peu profonds. - Le pli courbe (P3.) est normal.
- Le lobe occipital (L.O.C.) est trôs-irrégulier parcouru par
des sillons nombreux et sinueux. La première circonvo-
lution temporale (T), peu large, est très-nettement accu-
sée ; elle envoie deux digitations à la partie la plus posté-
rieure du lobule de l'insula. A l'extrémité de la scissure de
Sylvius, pli de passage très-développé qui l'unit au lobe
pariétal. - La deuxième circonvolution temporale (T2.) est
unie à la troième par un large pli de passage. - La troisiè-
me circonvolution temporale (T3) n'offre rien de notable.
Face interne. - La scissure calloso-marginale (Se. c. m.)
est d'une extrême netteté ; elle est profonde et régulière. -
La scissure sous-pariétale (Se. s. p.) est naturelle. - La scis-
sure perpendiculaire interne (Se. p. i.) est très-profonde et
son extrémité antérieure va jusqu'au bourrelet du corps
calleux. - La fissure calcarine (F. ca), large et nette, rejoint
la scissure perpendiculaire interne. La première scissure
temporo-occipilale (Se. to est très nettement et très profon-
dément accusée; son extrémité postérieure va presque rejoin-
dre la scissure perpendiculaire interne. - La deuxième
scissure temporo-oecipilale. (Se. to2) est peu nette et peu
profonde. - La première circonvolution frontale interne (F)
est large, interrompue par de nombreux sillons, les uns pro-
fonds, les autres superficiels. - La circonvolution du corps
calleux (C. C. C.) est très-large à. sa partie postérieure ; son
bord supérieur qui correspond à la scissure calloso-marginale
présente trois proéminences : deux à la partie moyenne, la
troisième à la partie postérieure. Le corps calleux (C. C)
est normal. - Le lobule paracelttral (L. P.), bien déve-
loppé, présente en son milieu un sillon assez profond qui le
sépare presque en deux parties dont chacune d'elles offre
un petit sillon superficiel. - Le lubule quadrilatère (L.Q.),
assez volumineux, offre de nombreux sillons irréguliers.
Le coin (c.) est au contraire très petit, en quelque sorte
dissimulé entre L.Q. et L.O.C. La première circonuotu-
, 52 - . DESCRIPTION DU CERVEAU : .
tion te111poro-occipilale(1'ol,} ainsi que. la deuxième (To2),
sont normales, - Le pli pariéto-liinbique antérieur (p.p.a.)
est net. Le pli parièto-limbique postérieur (p.pjp.jest très
développé. - La corne d'Ammon (C.tl.) est grosse, bien déli-
mitée, sans induration à sa partie antéro-supérieure on y
voit un relief accusé-
Hémisphère droit. Face externe. - La scissure des ! -
vius est profonde et le" lobule de l'insula normal. Le sillon
de Rolando semble peu sinueux. La scissure perpendicu-
laire externe est, à son origine, assez nettement accusée.
La scissure parallèle frontale est peu longue et profonde.
- La scissure frontale supérieure, irrégulière, sinueuse, com-
munique par un Sillon à sa partie moyenne avec la scissure
frontale inférieure qui est bien accentuée et bien sinueuse.
- La scissure interpariétale, interrompue par des coupes
prélevées sur cet hémisphère, semble profonde et accentuée.
- La scissure parallèle est nettement visible ; elle est sinu-
euse et continue. - La deuxième scissure temporale est in-
terrompue par un pli de passage faisant communiquer la deu-
xième et la troisième temporales. Le lobule orbitaire, un peu
excavé ne semble pas présenter autant de sillons que norma-
lement.-La première frontale est assez large, bien dévelop-
pée. La deuxième f1;oritale s'implante par un pli de passage sur
la frontale ascendante ; elle est large. La troisième fron-
tale paraît assez développée, les coupes .histologiques, prèle-,
vées sur l'hémisphère,. l'ont en partie entamée. - La frontale
ascendante est assez étroite ; elle est nettement séparée des
circonvolutions frontales par le sillon prérolandique. La
pariétale ascendante est étroite surtout dans ses parties
moyenne et supérieure ; elle est bien séparée des circonvo-
lutions pariétales par la scissure ii-ete7pti-id tale. - Le pli
courbe, ainsi que les deux plis pariétaux supérieur et infé-
rieur, ne présente rien de particulier. - Le lobe occipital
est normal, entrecoupé de nombreux sillons. - La première
- temporale est étroite, bien délimitée. - La deuxième tem-
porale et la troisième temporale sont très-accentuées; elles
communiquent ensemble par un pli de passage.
Face interne. La scissure calloso'11larginale ne rejoint pas,
tout-à-fait le bec du corps calleux ; elle en est séparée par
un pli de passage faisant communiquer la circonvolution du
corps calleux avec la frontale interne; elle est profonde, con-
tinue. - La scissure perpendiculaire interne est nette, régu-
lière, profonde ; elle n'atteint pas tout-à-fàit le bourrelet du
Tuberculose pulmonaire; appendicite. 53
corps calleux. La fissure calcarine rejoint la scissure per-
pendiculaire interne. La première et la deuxième scissures
temporo-occipitales présentent leurs caractères normaux.
La première circonvolution frontale interne est large, bien
délimitée, parcourue par des sillons nombreux qui, en se
rejoignant, délimitent des petits îlots. La circonvolution
du corps calleux est large à sa partie postérieure. Le corps
calleux est normal. - Le lobule paracentral a été en partie
entamé par les coupes prélevées sur l'hémisphère. Le
lobule quadrilatère est étroit. Le coin, bien délimité, est
de petite dimension. Le lobe occipital présente trois petits
sillons qui s'entrecoupent en forme d'il. Les circonvolu-
tions temporo-occipitales 14 ? 2" et 3") n'offrent aucune parti-
cularité. La corne d'Ammon est large, assez saillante.
Des deux cotés les ventricules latéraux et les masses cen-
trales n'offrent pas de lésions. Plusieurs coupes prati-
quées sur les hémisphères cérébraux n'ont fait découvrir
aucune lésion macroscopique. ·
Moelle. - L'examen, il l'oeil nu, n'offre rien de particulier.
Cou, - Pas de thymus, - Corps thyroïde : le lobe gauche
est plus long que le droit; l'isthme est symétrique. Pas de
pyramide de Lalouette.
Thorax, - Plèvres : adhérences pleurales très résistantes
dans toute la hauteur de la plèvre gauche. -Poumon droit :
infiltration caséeuse de tout le lobe inférieur et d'une partie
du lobe moyen. Masses tuberculeuses disséminées dans le
lobe inférieur. Poumon gauche : cavité au sommet. In-
filtration tuberculeuse dans toute l'épaisseur, - Coeur : val-
vules aortique et mitrale sullisantes. Caillots fibrineux dans
le ventricule gauche. Valvules pulmonaires et tricuspide
intactes.
Abdomen, - Foie : un peu gras. Bile épaisse, noirâtre,
pas de calculs. Intestins : fausses membranes aggluti-
nant les anses intestinales. Liquide purulent dans la
cavité péritonéade. Anses intestinales rouges et congestion-
nés, - L'appendice vermiforme est en situation postérieure.
Il présente trois dilatations qui laissent s'écouler, il l'incision,
un liquide purulent. Ganglions méscntériques engorgés.
Rate : normale. - Reins gauche et droit : aucune lésion.
Poids des Organes.
Kncopliale 1 .370
54 Imbécillité méningitiqtjh.
Paraplégie ; pieds bots. 55
avec affaiblissement de l'intelligence et embarras
de la parole : d'où les lésions cérébrales constatées et
probablement (les lésions spinales.
Les autres accidents survenus ensuite : accès de
colère, elastomanio, cris aigus, violences envers sa
soeur, son frère et les autres enfants, voracité, etc.,
nous ont paru, pondant la vie, devoir être rattachés à
des lésions de opinion que l'autopsie a
confirmée.
IV. La description somatique du malade laisse à
désirer, en ce sens surtout que l'on a omis de relever
avec détails les caractères de sa paralysie. Les mem-
bres supérieurs étaient égaux et assez bien dévelop-
pés. Les explorations dynamométriques ont montré
que la force musculaire était peu différente entre les
deux côtés.
Les membres inférieurs étaient plutôt grèles et le
gauche notablement plus que le droit, qui se termi-
nait par un pied bot varus très prononcé. (PL. IV).
Les renseignements donnés sur la marche (p. 43) ne
laissent aucun doute sur la réalité d'une paraplégie
prédominant à gauche.
V. La tête a augmenté progressivement de volume
dans tous ses diamètres. Dé 1884 à 1Q98, le poids
s'est élevé de 16 kilog. à 44 kilog. 9 et la taille de
1'" 03 à lm 59. D'après les tables de Quételet, chez
les enfants normaux, à l'âge de 19 ans (époque de la
mort de notre malade) la moyenne de la taille serait
do l"1 65. D'où il suit que, à cet égard, C... était resté,
au-dessous de la moyenne. En ce qui concerne le
poids, nous ne pouvons faire aucune comparaison car,
après avoir atteint 48 kit.,300 en juillet 1897, le
malade est tombé à 38 kilogr. au jour du décès (i).
(1) D'après Axel Key, il 1H uns, la moyenne» du poids cite* les normaux
serait de C,'2 kilogr. Selon d'autres, il oc sruil y1e ite a7 kil., tiOtl
5C l\IÉNIXGO-ENr : ÉPHALITE; PAUAPI.KGIE ; PIEDS DOTS.
VI. Les lésions cérébrales consistaient, ainsi que
nous l'avons vu, en une 11U ! ¡¡¡'nao-c11céphnl¡'te circons-
crite à la face interne des lobes frontaux. C'est leur
localisation et leur limitation, avec un retentissement
limité sur le reste du lobe frontal, qui a permis
d'améliorer, dans d'assez grandes proportions, l'état
intellectuel et moral de C... 13ornons-nous à rappeler
qu'il était parvenu à lire couramment, à écrire, à con-
naître les quatre règles et, à l'atelier de tailleur, à
faire très-bien le pantalon et le gilet. On voit donc
que, dans certains cas de méningo-encéphalite, il est
même possible d'obtenir une amélioration sérieuse et
de rendre utiles des malades que, i priori, on consi-
dère souvent comme tout-à-fait incurables.
VII. Nous aurons sans doute l'occasion de revenir
sur la nature des lésion* médullaires qui ont occa-
sionné lalmmpléyie et de donner un examen histolo-
gique détaillé.
. V.
Inégalité de poids des hémisphères cérébraux;
PAR nOURNEVILI.E,
Vieille question pour nous, car elle a été le sujet de
notre premier travail ou mémoire personnel (1). Nous n'en,
ferons pas l'historique. Nous nous bornerons à rappeler
qu'un mémoire comprenant presque toutes sinon '
toutes -les pesées des cerveaux des femmes de l'hospice
et du quartier d'aliénées de la Salpêtrière du 1er janvier
au 31 décembre 1866, déposé chez M. Baillarger pour le
prix Esquirol, a été... égaré et jamais retrouvé. Nos col-
lègues, les internes de 1866 (2), nous avaient laissé la
faculté de procéder à toutes les autopsies qu'ils ne faisaient
pas eux-mêmes et, pour les autres, nous avaient autorisé
à prendre les pesées du cerveau. Le Journal de neurologie
du 30 mars dernier renferme une très intéressante obser-
vation de M. le Dr Bouchaud relative à un cas d'hémiplégie
infantile compliquée d'épilepsie, terminé par la mort à
43 ans, dans lequel nous relevons le passage suivant : -.
« L'atrophie de l'hémisphère gauche du cerveau était des
plus 'considérable, comme l'indique la différence de poids
entre les deux hémisphères. Cette différence s'élevait, com-
me nous l'avons dit, à 335 gr. Une pareille atrophie n'a été
observée que par Jendrassick et Marie, qui ont rapporté un ri
pas où le poids de l'hémisphère gauche était de 464 gr. infé-
rieur à celui de l'hémisphère droit. »
(I) Mémoire sur l'inégalité de poids des hémisphères cérébraux des épilep-
tiques. Paris, 1861 (Ext. du Journal des connaissances médicales, -nD 17, 1S,
1W- () Bouchard, Bonchereau, Garville, Duprnt, Habran, Laburthe, etc.
Inégalité DES hémisphères CKRKnnAUX ? )9 9
Nous avons soin, dans toutes nos autopsies, de faire les
pesées de l'encéphale, des hémisphères cérébraux etcéré-
belleux. Parmi les très nombreux cas d'inégalité des
hémisphères cérébraux que nous avons relevés et qui sont
indiqués sur le Catalogue de notre Musée de Bicêtre, nous
citerons, dans le tableau qui précède, les cas dans les-
quels l'inégalité a été la plus accusée.
Si l'on réfléchit que les cas qui précèdent concernent
des enfants, on voit que les différences notées sont très
considérables et peuvent être comparées avec celle sur
laquelle insiste M. le Dr Bouchaud. Nous reviendrons
ultérieurement sur cette question et nous indiquerons en
même temps les pesées des hémisphères cérébelleux.
VI.
Etat du faisceau pyramidal (bulbe et moelle) dans qua-
tre cas de contracture spasmodique infantile (syn-
drome de Little) ;
PAR CII. PHILIPPE ET ( : T.ST.1\.
Nous avons entrepris quelques recherches pour
déterminer quel est l'état du faisceau dans
la contracture sjJi/smodirjuc des encéphalopathies
infantile*. Ce syndrome a encore été appelé par Li ttle
« rigidité spasmodique ». M. le D' ]3ouriieville a bien
voulu nous permettre (le mettre à profit, clans ce but,
plusieurs autopsies provenant de son service des
enfants arriérés à l'hospice cle Bicêtre. Nous avons
examiné quinze cas, dont quatre seulement seront
ral)portés dans cotte note ; quant aux autres, les phé-
nomènes cliniques et les lésions constatées au micros-
cope, nous ont paru encore trop complexes; pour le
moment, nous ne saurions en donner une interpréta-
tion suffisamment précise. Voici d'abord, le résumé
clinique et les lésions cérébrales constatées à l'mil nu.
01SUItVATION- I. Jeanne Maqu.... née le 24 juillet 1892.
Pas d'antécédents héréditaires, enfant venue en état d'as-
phyxie prolongée. Dès le troisième jour, convulsions qui se
sont renouvelées depuis, plusieurs fois par jour. Elle n'a
jamais ni parlé ni marché ; - cécité dès la naissance. En
juin 1895 : aux membres supérieurs, contractures prédomi-
nant à droite el aux extrémités (doigts fléchis dans la paume
de la main) ; quand on essaie de provoquer quelques mouve-
ments, on produit la rigidité des muscles. Aux membres infé-
' Faisceau pyramidal. 61
rieurs : contractures généralisées des deux côtés, avec ilexion
et adduction de la cuisse, pied bot en valgus équin. Exagé-
ration des réflexes rotuliens des deux cotés ; ils se produi-
sent à la plus légère percussion. Morte le 13 mai 1836 dé
tuberculose pulmonaire, - .1ulopsie : au cerveau, pachymé-
ningite généralisée, du type fibreux, avec atrophie considé-
rable des circonvolutions. (Cette observation a été publiée
in extenso dans le Compte-rendu de 189G, p. 33).
OItscItvAZ·tov Il. -Charles lIan..., né le 2 novembre 1884.
Père alcoolique. Accouchement à terme sans asphyxie, mais
avec trois circulaires du cordon ; grossesse conpliquée d'b3-
dramnios. A 7 mois, convulsions, souvent répétées depuis. En
avril 1895, facies d'hydrocéphale. Contracture spasmodique
dans les membres inférieurs, avec grosse exagération des
réflexes roluliens. Mort le 22 mars 1896 de scarlatine mali-
gne. - Autopsie : au cerveau, pie-mère adhérente au niveau
du lobe temporal. Hydrocéphalie ventriculaire considérable ;
chaque hémisphère est réduit à quelques centimètres de
substance nerveuse.
Observation III. - Claudia Uiol...., née le 24 octobre 1885.
Renseignements insulfisants sur la famille. Accouchement
normal ; pas d'asphyxie. L'enfant aurait eu les bras contour-
liés à la naissance ( ? ). - En juin 1897 : contractures
généralisées aux quatre, membres. Idiotie. Gâtisme. Marche
impossible. Morte le 5 mars 1897 de broncho-pneumonie
- Autopsie : au cerveau, lésions atrophiques de quel-
ques circonvolutions (à droite : pariétale ascendante, partie
moyenne de la première et de la deuxième circonvolution
temporale. A gauche : pariétale ascendante).
Observation IV. - Louis Dalon..., né le 3 novembre 1877.
Père alcoolique. Accouchement facile ; grossesse normale.
A un an, début des convulsions; établissement des crises
épileptiformes, très fréquentes (dix a quinze par jour). Hémi-
plégie gauche à la suite des premières crises. En juin 189't :
contractures spasmodiques du bras gauche, avec mouvements
athétosi[0['mes de la main ; hémiplégie spasmodique gauche.
Mort le 20 avril 1895 cle rougeole maligne. - Autopsie : au
cerveau, légère atrophie de la partie postérieure de la pre-
mière circonvolution temporale droite ; de ce côté, les noyaux
gris centraux paraissent plus petits.
Ainsi, dans ces quatre cas, le syndrome clinique prédo-
62 Contracture spasmodique infantile.
minant a été la contracture spasmodique vraie, comme
l'entendait Little. Les photographies que nous faisnos passer
sous les yeux des membres de la Société sont très sugges-
tives, et le démontreraient il elles seules ; elles ont été em-
pruntées a la belle collection de M. Bourneville.
Nous avons examiné au microscope le bulbe et la moelle
(renllements cervical et lombaire, région dorsale). Les cou-
pes ont été traitées par le procédé de Weigert-Pal (gaines
de myéline), et par le picro-carmin ammoniacal de Ranvier
(tissu conjonctif et névroglique). Les résultats de notre dou-
ble examen ont été identiques dans tous les cas : faisceau
pyramidal normal, sans sclérose ni agénésie, au bvtlbe
comme aux principaux niveaux de la moelle.
Il est inutile de rappeler ici les nombreuses théories, édi-
fiées surtout dans ces dernières années pour établir la phy-
siologie pathologique de la rigidité spasmodique infantile,
ou syndrome de Little. Pour le moment, nous nous contente»
rons de faire observer que plusieurs de ces théories incrimi-
nent une lésion du faisceau pyramidal (sclérose ou agén"sie).
A ces dernières théories, nos cas ne sont pas favorables,
puisqu'ils démontrent que la rigidité spasmodique infantile
peut exister sans la sclérose ou l'agénésie des libres pyrami-
dales. Nos quatre cas viennent s'ajouter aux quatre obser-
valions, publiées d'ailleurs a d'autres points de vue, par
l31nswunner, Haillon et Ganghofner, Nous nous demandons
si la lésion essentielle de la rigidité spasmodique infantile ne
doit pas être cherchée plutôt du côté de la cellule ganglion-
naire des cornes antérieures de la moelle, comme Charcot
l'avait expressément dit en 13î4. De môme, tout récemment,
dans plusieurs leçons cliniques, M. le l" Raymond a insisté
sur l'impossibilité d'expliquer tous les cas de contracture
spasmodique par la lésion des libres pyramidale (1).
(1) Cette note a été communiquée à la Société de biologie dans la séance
du 18 décembre ID7,
VII.
Manie de l'adolescence avec nymphomanie ; guérison ;
Par BOUllNEVILLE et KATZ.
La plupart des médecins qui n'ont jamais visité les
services consacrés aux enfants atteints de maladies
nerveuses et mentales ne se rendent pas du tout
compte de la variété des maladies nerveuses infanti-
les qui y sont traitées. On les bloque tous sous le nom
A' idiots ; on les suppose incurables, bien à tort; on
donne quelques paroles de consolation aux familles :
on leur laisse espérer qu'à 7 ans,- (si l'enfant est
moins âgé) il pourra survenir une amélioration;-du'à
13 ou 14 ans, si l'amélioration prévue à 7 ans ne s'est
pas produite, il y aura progrès. Autant d'espérances
illusoires, autant d'aggavations de la maladie.
Les services spéciaux ne reçoivent pas seulement
des enfants atteints des diverses formes d'idiotie, sym-
ptomatiques de nombreuses maladies nerveuses, mais
encore des enfants affectés de chorée avec troubles psu-
chiques (voir l'Oiis. publiée dans le n° 0, du Progrès
médical 1898, t. 00, p. 000), ou des enfants atteints des
formes les plus variées de l'aliénation mentale. Aux
observations que nous avons relatées depuis 20 ans, et
dont la plupart ont été consignées dans nos Compte-
rendus de 1880 à ce jour, nous ajouterons la suivante,
relative à une jeune fille, une adolescente de 13 ans,
64 Manie DE l'adolescence.
affectée d'une manie tout à fait typique et analogue
à l'une des variétés de la manie des adultes.
Sommaire. Père, rien de particulier, sauf quelrlues.dou-
leurs rhu1Halismales, - Grand-père maternel, mort « brûlé
par l'alcool. » - A rrière grand-père -maternel sujet à des
idées noires, suicidé empoisonnement. - Arrière
grand-oncle paternel sourd-muet. Grand-oncle paternel,
excès alcooliques, cancer probable de l'estomac. - Grand-
oncle paternel convulsions de l'enfance. - Oncle paternel,
- excès de boisson. Mère, obèse, céphalalgies. Grand'
mère maternelle rhumatisante et cardiaque, - Arrière
grand-père maternel, excès de boisson. - Arrière grand'
mère maternelle morte subitement. Grand-oncle mater-
nel suicidé par pendaison. - Pas de consanguinité. -
Inégalité d'âge de 4 ans. - Frère mort de convulsions.
Première dent à 6 mois, - Début de la marche -Il 9 mois,
de la parole à un an. - Rougeole à 18 mois, coqueluche il
20 mois. - Réglée à 1 I ans et demi, naturellement. - Cer-
tificat d'études à 11 ans, puis apprentissage comme cou-
turière. - Fréquentations suspectes : rapports sexuels,
crainte d'être enceinte. - - gn décembre 1897, émotion vive,
à l'église, durant un sermon sur la mort. Persistance
de l'impression, sommeil mauvais, agité, peurs constantes,
tristesse, modification du caractère, instabilité, paresse,
coprolalie, actes de violence; - bave, déclamation. - Pla-
cement à la Salpêtrière puis à l'Asile clinique, enfin à la
fondation Vallée.
Description de la malade (avril). Alternatives d'agitation et
de dépression. - Insomnie, coprolalie, actes obscènes.
Violences. - Gâtisme. Impulsions génitales persistan-
tes. - Amaigrissement progressif considérable. - Crainte
de tuberculose pulmonaire. - Amélioration progressive
au point de vue psychique et physique (Juin-Juillet).
Guérison (Octobre). - Réapparition des règles en nove-
bre après une suspension de Il mois. - La guérison se
maintient. (Décembre).
B..... (Célestine), 13 ans, née v A... (Seine), le ler février
1885, est entrée dans le service le G avril 1898.
Renseignements fournis par sa mère (8 avril 1898).
PtnE,41 ans, cultivateur, sobre, ne fume pas, grand, fort, a
toujours été d'une santé florissante. Pas de convulsions dans
l'enfance; pas de fièvre typhoïde, ni de migraines, ni d'affeç-
Antécédents héréditaires. 65
tions cutanées, ni d'indices de syphilis ; de temps en temps,
douleurs articulaires ne nécessitant jamais l'alitement.
Famille du père. Père, grand buveur de vin et de rhum,
mort à 51 ans « brûlé par l'alcool », aurait dit le médecin
traitant. Mère, obèse, porteuse d'une grosse hernie ombi-
licale, morte il 47 ans à la suite de vomissements tenaces de
toute parcelle alimcntaire qu'elle ingérait. - Grand-père
paternel décédé il 67 ans, il la suite de contrariétés dues à
l'inconduite de son fils. - Grand'mère maternelle morte à
67 ans, « usée par le travail » ; pas de paralysie. Grand-
père maternel, sujet à des idées noires, s'est empoisonné en
absorbant une dose exagérée de pilules, sobre, aurait eu une
maladie du pylore ( ? ). - Grand'mère maternelle morte a 71
ans, sans paralysie. - Un grand-oncle paternel était sourd-
muet, ne s'est pas marié. - Deux oncles paternels : un est
mort d'« excès alcooliques qui auraient déterminé une mala-
die du pylore ; a eu 12 enfants, dont 6 morts en nourrice, on
ignore de quelles maladies. Parmi les survivants un a eu des
convulsions à 3 ans; il s'est marié, a un enfant intelligent,
non nerveux. Il n'est pas ivrogne, mais a peu de volonté;
aussi se laisserait-il entrainer à boire : « il s'oublierait, s'il
n'était retenu. » - L'autre oncle, bien portant, a eu 13
enfants dont 6 sont morts en bas Age, en nourrice. On ne croit
pas qu'ils aient eu des convulsions. - Une tante pater-
nelle, bien portante, sobre, a eu 4 enfants; deux sont morts
en nourrice, on ne sait de quoi; les autres, en bonne santé,
ont des enfants non nerveux. - Une tante maternelle, morte
vers 35 ans de variole, a eu trois enfants qui eux-mêmes ont
des enfants n'offrant aucune particularité. - Un frère (aine),
nerveux, aurait tendance à boire s'il n'était surveillé ; très
violent lorsqu'il a bu; a deux enfants très calmes « qui ne
tiennent nullement du père ». - Quatre soeurs, toutes mortes
en nourrice, on ne sait de quoi. Dans le reste de la
famille du père, pas d'aliénés, ni d'épileptiques, ni bègues,
ni pieds bots, ni d'autres sourds-muets.
Mère, 37 ans, ménagère. Pleurésie à 13 ans; à partir de 14
ans, obésité progressive : « à 15 ans j'étais déjà aussi grosse
que maintenant ». Pas de chorée, pas de convulsions ni fièvre
typhoïde. Réglée sans accidents à Il ans et demi, régulière-
ment ; depuis 3 ans, elle a, au moment des règles, des céphal-
algies fortes qu'elle guérit à l'aide d'une potion contenant de
l'analgésine et de l'aconit. Mariée J 1'J ans, sobre; fluxion de
poitrine, il y a un an, nécessitant un alitement de 18 jours;
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1898. 5
66 Manie DE l'adolescence. -
Famille de la mère. Père, cultivateur, mort à l'àge de 60
ans d'artério-sclérose avec emphysème, ; les dix dernières
années de sa vie il ne pouvait plus travailler il cause de la pro-
duction d'une cataracte de l'oeil gaucho et d'un amaigrissement
progressif; n'a jamais fait d'excès d'alcool. Mère, a eu, à 35
ans, une forte attaque de rhumatisme qui se complique d'une
affection cardiaque et elle meurt iL 41 ans à la suite d'at-
taques subiutrantes d'asystolie. - Grand père paternel, mort
à 71 ans ; excès d'alcool par occasion; a toujours souffert
d'asthme, - Grand'mère paternelle, asthmatique aussi ; morte
à l'âge de 60 ans ; elle aurait eu 12 enfants. - Grand'père ma-
ternel, sobre, mort à la suite d'un accident (chute d'une
échelle avec traumatismes graves). - Grand'mère mater-
nelle morte à 61 ans, subitement, a toujours été bien por-
tante. - Cinq oncles paternels, dont deux morts : l'un d'eux
à la suite d'une chute sous les roues d'une charrette, fut telle-
ment impressionné qu'il devint triste, et 15 jours après il se
pend ; pas de renseignements sur la mort de l'autre oncle.
Les trois oncles vivants sont sobres et n'offrent rien à noter.
Trois tantes paternelles : une est morte de pleurésie à 42 ans,
les autres sont sobres et très bien portantes. - Plusieurs
oncles maternels morts jeunes en nourrice. Une tante mater-
nelle décédée à l'âge de 9 ans, on ne sait de quoi. - Cinq frères,
tous morts en bas âge : les uns de rougeole, les autres de
diarrhée ; pas de convulsions chez aucun d'eux. - Dans le
reste de la famille, rien à signaler, ni idiots, ni aliénés, ni
épileptiques, etc.
Pas de consanguinité. - Différence d'âge des père et
mère : 4 ans.
Trois enfants : Il garçon de 16 ans, né trente mois après le
mariage, sobre, travailleur, n'a jamais eu de convulsions; -
2° garçon ; trois jours après sa naissance, il fut mis en nour-
rice où il est mort, -il l'âge de 15 jours, de convulsions; - 3°
notre malade.
Notre malade. - Rien à noter en ce qui concerne la concep-
tion. La grossesse a été très bonne ; pas de traumatisme;
pas de chagrins ni d'attaques de nerfs; pas d'enflure des
jambes, pas de vomissements; « l'enfant a remué très tôt. »
- Accouchement à termc, normal; présentation du sommet.
- A la naissance, pas d'asphyxie ; elle a crié tout de suite. -
Elevée, par une nourrice, au sein jusqu'à deux ans, n'est
reprise par ses parents qu'à l'âge de trois ans. Première dent
à 6 mois ; dentition complète à 2 ans. Début de la marche à 9
Antécédents personnels. 67
mois, de la parole vers un an et parle « très bien » à 15 mois.
Rougeole il 18 mois ; coqueluche légère à 20 mois ; pas de
scarlatine, ni de fièvre muqueuse, ni de croup ni oreillons;
ni chorée, ni convulsions d'aucune sorte ; pas d'attaque d'hys,
térie ou d'épilepsie.
Pas de traumatisme, - Impétigo du cuir chevelu à 5 ans,
ni otite, ni ophtalmie, etc. - Ascarides lombricoïdes vers 3
ans. A cinq ans elle commence il fréquenter l'école commu-
nale et à 11 ans elle obtient son certificat d'étude. L'enfant a
toujours eu une conduite irréprochable, respectueuse pour
ses parents, diligente, très sociable ; cependans elle n'a
jamais été gaie, ni joueuse et n'aimait point les jeux bruyants;
elle était plutôt grave, soucieuse, réservée. R églée lacilement
à Il ans et demi ; menstruation régulière et indolente
jusqu'il y a quatre mois.
Après son certificat d'étude, elle entra comme apprentie
dans une atelier de couture. Parmi ses camarades une lui
aurait appris toutes sortes de choses « sur la femme » qu'elle
ne connaissait pas auparavant. Pas d'onanisme, dit-on; non
querelleuse, sommeil bon, jamais de cauchemars, etc. :
Le 10 décembre, elle va avec sa mère et sa petite filleule en-
tendre le sermon d'un missionnaire. Le sujet du sermon était
une « dissertation sur la mort». Or, la lumière qui traversait les
vitres de l'église se reflétant sur sa jeune filleule lui donne
une teinte pâle; il un moment donné, notre malade, très
impressionnée par les paroles du missionnaire, se retourne,
voit le visage pâle de sa filleule, la croit morte, s'en effraie
et crie en pleine église : « Ah ! maman, j'ai peur que Jeanne
ne soit morte ! » Rassurée par sa mère, elle continue il écou-
ter le sermon, mais rentrée chez elle, elle est tout entière
sous l'impression de son émotion. Toute la nuit elle est agi-
tée et ne peut 1'(exil « par pour ». Le docteur Michaut
consulté le lendemain, conseille de distraire l'enfant. Les
parents l'envoient à Paris, chez une tante, où elle reste huit
jours ; pendant tout ce temps, elle est triste, sans entrain. Les
règles qui devaient venir quelques jours après le sermon
n'ont point paru, ni depuis.
Rentrée chez ses parents, elle continue à être triste pen-
dant un mois, parlant sans cesse de la mort, s'imaginant voir
mourir les uns ou les autres de sa famille. Puis elle commen-
ce, vers la mi-févricr, à devenir capricieuse, désobéissante,
paresseuse : « elle se mettait à tout, mais ne finissait rien. »
Aux remarques de ses parents, elle répond par des insolences
68 Manie DE l'adolescence.
d'abord, puis par des grossièretés d'une trivialité excessive :
vache, con, putain, etc. ; pas de gestes obscènes. Peu à peu,
elle perd toute retenue et insulte toute personne qui l'appro-
che en la couvrant d'injures. La vie dans la famille devient
intenable et les parents se décident à la placer dans un hospice.
Elle est d'abord conduite à la Salpêtrière (service de M. Dé-
jerine) où elle ne reste que quelques jours. Comme elle trou-
blait le repos des autres malades, on fait un certificat d'alié-
nation mentale. Mais, au lieu de la faire passer dans le quar-
tier contigu des enfants aliénées, on la conduit à l'Asile Cli-
nique d'où, au bout de quatre ou cinq jours durant lesquels
elle a été très excitée, violente, griffant les personnes, don-
nant des coups de poing, bavant sans cesse, déclamant, elle
est enfin transférée dans notre service.
État actuel. (G-7 avril.) - Ce qui frappe tout d'abord c'est la
régulière alternative de crises d'excitation et de dépres-
sion de l'enfant. Au moment do notre examen, elle donne
l'impression d'une compléte hébétude. Les yeux sont hâves,
le regard est éteint, fatigué, la résolution musculaire est
presque absolue; l'enfant est plongée dans une sorte de tor-
peur et toutes nos questions restent sans réponse. Puis, au
bout d'une demie heure, elle passe sans transition de cet état
de prostration il un état d'agitation violente.
Deux séries de troubles, évoluant simultanément, caracté-
risent ces périodes d'excitation : c'est d'une part un trouble
mental évoluant avec tous les caractères de la manie, c'est
d'autre part des manifestations se rattachant à une perver-
sion des instincts sexuels surtout.
L'enfant ne peut concentrer sa pensée sur une idée quel-
conque ; les questions posées ne sont pas saisies, l'enfant,
autrefois très portée à la réflexion et au jugement juste,
est incapable d'une réponse sensée ; son esprit est emporté,
tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, ses idées viennent, s'en
vont, ne s'enchainent point, sont incohérentes; aussi est-il
difficile de comprendre ce qu'elle dit ; ses phrases n'ont
aucune liaison, aucun esprit de suite.
Phénomène curieux, son langage écrit, dans une leltrc
que nous reproduisons, ne rappelle nullement dans ses doux
premiers tiers, les troubles du langage parlé ; elle écrit à
sa mère correctement d'abord, sans faute grave de style ou
d'orthographe et termine par des propos orduriers.
La mémoire est conservée ; les sensibilités spéciales ne
présentent aucun trouble; en revanche, la sensibilité cltla-
née semble affaiblie et ceci des deux côtés du corps.
Manie de l'adolescence. 69
8 avril 1808.
Chère maman, cher papa,
Je voudrais m'en aller tout de suite à la maison 'parce que je m'ennuie
beaucoup de vous et de ma petite chérie de filleule. Vous m'en voudrez pas
si j'écris mal et si je fais des fautes, au moment que je vous écris je suis
entrain d'attendre le médecin pour me donner la permission de m'en aller
chez nous, il y a encore une vache, un con, une tante, une putain, une saleté
une dégoûtante, on m'a attaché les mains.
Quant à la perversion sexuelle, elle se manifeste non seu-
lement par les ruses que C... emploie pour être seule, afin
de s'adonner à l'onanisme, mais aussi dans l'exhibition des
organes génitaux, dans les propositions qu'elle fait au per-
sonnel (infirmières, internes) et dans les propositions, les ten-
tatives de débauche à l'égard de l'infirmière qui la soigne....
L'examen physique révèle les particularités suivantes :
Tête arrondie, symétrique; cheveux chatains, denses ; pas
d'anomalie du tourbillon; pas d'épi, ni de cicatrices ; bosses
frontales saillantes, séparées par un léger sillon frontal assez
appréciable au palper. - Face allongée, un peu bouffie ; une
cicatrice au niveau du sourcil gauche due à une chute ; cils
nombreux, arcades sourcilières proéminentes. Yeux très
fatigués ; pas de blépharite, légère hyperémie des conjonc-
tives ; pas de kératite. Pupilles très dilatées, égales, ne réa-
gissant qu'à peine à la lumière, encore moins à l'accommo-
dation ; acuité visuelle normale. Nez droit, narines béantes ;
pas de coryza, ni d'hypertrophie des cornets; odorat normal.
- Douche grande ; lèvres épaisses surtout l'inférieure. Lan-
gue pâteuse ; voile insensible; déglutition normale. Amygda-
les saillantes ; respiration buccale ; voix nasonnée. Dentition :
aucune anomalie d'implantation ; légères et multiples éro-
sions au niveau du bord libre des incisives supérieures;
Oreille externe normalement écartée de la base du crâne.
hélix bien ourlé ; pas de tubercule de Darwin, ni de bifidité
de la conque ; pas d'écoulement d'oreille. Ouïe normale.
Menton arrondi ; pas de prognathisme de la mâchoire.
Cou : 36 centimètres à la partie moyenne, bien conformé.
Larynx normal. Glande thyroïde accessible à la palpa-
tion.
Thorax : amaigrissement notable des muscles thoraciques ;
aucune déformation ni de la colonne dorsale, ni du squelette
sternocostal. L'examen de l'appareil respiratoire et du coeur
est négatif.
70 Marche de la maladie.
Aucun trouble moteur, ni trophique des membres supé-
rieurs et inférieurs qui sont régulièrement conformés.
Puberté et organes génitaux, - Poils assez abondants sous
les aisselles où existe une sécrétion sudorale abondante mal-
gré les soins de propreté. - Les seins sont symétriques et
mesurent 11 centimètres dans le sens horizontal et 13 dans le
sens vertical; aréoles rosées avec deux rangées circulaires
de glandes sébacées assez proéminentes ; mamelons peu
prononcés. Pénil bien garni de poils noirs. - Grandes Mures
épaisses, un peu accolées par des mucosités filantes, blan-
ches, qui tachent le linge sans l'empeser. - Petites lèvres
flasques, complètement cachées par les grandes lèvres. Clito-
ris très développé. - Fourchette profonde. - Hymen circu-
laire, frangé, laissant très facilement pénétrer l'index : Tout
indique que l'enfant a eu des rapports sexuels bicn que les
parents n'aient aucun renseignement à cet égard et qu'ils
affirment n'avoir jamais remarque d'onanisme.
Traitement : Isolement, bains prolongés, chloral bromure.
8-9 avril. - Sommeil mauvais, agitation, injures gros-
sières à son infirmière : vache, salope, fumier, andouille, etc.
Elle essaye de la mordre, de lui arracher les cheveux, s'ap-
proche d'elle en sourdine et cherche placer ses mains sous
ses jupes. - Les nuits ont été plus mauvaises que les jour-
nées ; toutefois, dans la nuit du ! ), elle est allée seule aux
cabinets et, le matin, elle s'est habillée sans aide.
10 avril. Impulsions génitales ; mêmes tentatives envers
l'infirmière, à plusieurs reprises : « Allez-vous bientôt avoir
un bébé ? « Quand allez-vous accoucher ? » « Quand votre
mari vous a-t-il fait cela ? Je voudrais voir, quand votre
mari se retire, s'il est bien vrai qu'il sort de la mousse blan-
che dé son instrument u - Dans la journée ayant vu passer
un infirmier devant les cellules, elle l'a appelé pour qu'il lui
prête « sa boutique » afin qu'elle la mette dans la sienne ou
que, s'il le préférait, il se servirait de ses deux doigts pour la
chatouiller, que cela lui faisait du bien et autres choses du
même genre. Dans l'après-midi, l'infirmière l'a surprise se
masturbant; puis retirant sa main, elle voulut lui faire sentir
l'odeur de ses doigts, disant que cela sentait mauvais. Elle
lui dit qu'elle connaissait un jeune garçon de 15 à 10 ans,
Riz'... ? qui l'amusait bien fort de cette façon ainsi que de
l'autre ; qu'en son absence elle se chatouillait toute seule-
avec deux doigts, que cela lui faisait du bien.
If Manie compliquée de nymphomanie. 71
11 avril. - Surexcitation très vive dans la journée; mêmes
impulsions; nuit satisfaisante. B mange à peine.
13 avril. - Les deux dernières nuits ont été bonnes ; même
excitation durant le jour, insulte son infirmière, lui donne
des coups de coude dans le ventre, cherche à cracher dans
ses aliments. Quant à elle, elle mange toujours très peu.
(Manchon.)
14-15 avril. - Le sommeil est assez bon, la malade mange
très peu ; en se promenant dans le préau, elle est tombée et
s'est fait une plaie à l'arcade sourcilière gauche; elle prend
toujours une très petite quantité d'aliments. Elle veut que
l'infirmière l'embrasse : « Embrassez-moi de bonne volonté
ou je vous étrangle ». Parfois l'excitation se calme et B... est
abattue, reste assise, la tète entre ses mains et ne répond
pas quand on la questionne. - Toux et expectoration ; râles
disséminés dans la poitrine. - Elle quitte les cellules et
nous essayons de la maintenir à l'infirmerie.
16 avril. - Agitation toute la nuit, toux, grossièretés,
danse, chante.
17 avril. Ayant été réveillée par plusieurs enfants qui
s'étaient réveillées en pleurant, elle se lève précipitamment
sous prétexte de les calmer, se jette sur l'une d'elles, qu'elle
aurait étouffée sans l'intervention de la veilleuse. Peu après,
elle a recommencé, puis s'est endormie d'un sommeil très
agité. A son réveil, elle adresse des injures à l'infirmière qui
l'a gardée aux cellules. Vers 5 heures, elle défait son manchon,
veut jouer aux osselets, descendre au jardin, cueillir des
fleurs, replanter un rosier, que, dit-elle, elle a déraciné. On
n'est parvenu à la faire recoucher qu'en lui promettant de
réparer tout ce qu'elle avait abîmé. - Il faut vouloir tout ce
qu'elle veut et tout de suite ; si une enfant est assise à une
place, elle veut s'y asseoir, jette sa camarade par terre, la
bouscule, cherche à la griffer et à la mordre. A table, elle ne
veut pas endurer d'enfants auprès d'elle. - Chaque fois
qu'elle aperçoit son infirmière des cellules, elle l'injurie. z
Parfois elle semble très calme, mais alors elle médite sur
les niches qu'elle pourrait- bien faire aux autres. -
18 avril. - Sommeil interrompu à différentes reprises. Elle
s'est mise à chanter la Marseillaise. Elle a l'idée que ses
mains et son visage sont enflés, trouve qu'elle a une vilaine
figure, répète sans cesse qu'elle ne veut plus voir les curés;
qu'ils se rappellent tout ce qu'on leur dit en confesse; qu'elle
ne veut plus se confesser à eux, qu'elle n'ira plus à la messe,
malgré le plaisir que cela fait à sa mère ; que c'est fini ,
qu'elle ne veut plus être pieuse. En raison de ses tentatives
72 Marche DE la maladie.
violentes sur les autres enfants, nous la remettons en cel-
lule.
19 avril. La nuit a été plus orageuse que d'habitude. C...
a demandé à aller aux cabinets, n'y a rien fait et est venue
gâter dans sa cellule. Elle s'est affaiblie progressivement et
parfois ses jambes plient sous elle. Ni injures, ni obscénités ;
pendant que. l'infirmière l'habille, elle veut sans cesse l'em-
brasser, promettant d'être sage. Après avoir été habillée, elle
demande à se recoucher : « J'ai encore sommeil, je n'ai pas
dormi cette nuit, car j'avais des puces. » Elle se rendort aussi-
tôt jusqu'au déjeuner est mange avec plus d'appétit que d'ha-
bitude. Dans l'après-midi, elle s'est laissée photographier avec
plaisir. - l'eu après, lorsqu'elle était couchée, ayant aperçu
dans le couloir un infirmier, qui venait pour une corvée, elle
se cache la figure, lève les jambes, les écarte et lui dit de
regarder ce qu'elle appelle n sa boutique ». On la recouvre
mais elle recommence aussitôt, prononçant des paroles obs-
cènes et répétant : « c'est 1 ..... qui m'a dit cela ». L'appétit
est revenu, les selles sont régulières. Elle est taquine, rusée,
durant ses périodes de lucidité. Ainsi, durant la nuit du 19 au
20, elle a demandé il aller aux cabinets, a dit il l'infirmière :
ci Allez donc refaire mon lit » et dès que celle-ci a été dans
la cellule, elle a fermé la porte de la cellule sur elle, croyant
que celle-ci n'avait pas sa clef, car elle avait l'envie de se
sauver, ce qu'elle avait déjà essayé de faire plusieurs fois.
20 auril. - Rémission presque complète, elle est très con-
tente des friandises et des objets de toilette que sa mère lui
a envoyés : « Je ne veux pas manger tout à la fois, il faut que
j'en garde pour en avoir pendant plusieurs jours. Est-elle
gentille ma petite maman de me gâter comme cela ? Aussi je
l'aime bien et quand je serai guérie je lui dirai merci. » Elle
éprouve une grande joie à sentir les pommades et les savons
qu'elle a également reçus.
21 auoil. - Alternatives de calme et d'excitation. Après
s'être habillée toute seule et être demeurée calme pendant
quelques heures, elle s'agite de nouveau, profère des injures,
veut courir, essaye de mordre et de donner des coups de pied.
Persistance de la toux et de l'expectoration.
22-24 avril. - Durant les périodes de calme, la malade est
abattue. Il lui arrive quelquefois la nuit de se dresser tout-à-
coup sur son lit, de proférer des menaces et des injures ou de
chanter. Elle demande qu'on laisse la porte cle sa cellule ou-
verte, espérant toujours pouvoir se sauver. Durant le jour, elle
rit et pleure tout à la fois, parle de son amoureux F.. : CI Il est
gentil, il m'aime bien, il met sa boutique dans la mienne,
Manie et nymphomanie. 73 3
cela fait du bien, on dirait qu'il est là. » Elle ne parait pas
avoir d'hallucinations. Pour l'empêcher de se toucher, on est
obligé de lui maintenir constamment le manchon. Les impul-
sions violentes persistent, elle tente de griffer, de mordre,
de donner des coups de pied. Elle est toujours surexcitée
dès qu'elle aperçoit un homme.
26 avril. - Tandis qu'hier, B... avait été très tranquille, au-
jourd'hui, elle a été agitée, violente, grossière, obscène.
Nous l'avons fait reconduire des cellules à l'infirmerie de la
Fondation. Elle prend plaisir à se découvrir, à faire voir ses
organes génitaux, à appeler les infirmières, les enfants de la
salle voisine pour leur montrer qu'elle a du poil ; elle voudrait
qu'on la gratte ou qu'on lui mette le doigt. Propos obs-
cènes.
28-30. - C ? se lève tard, se laisse habiller avec difficulté,
veut être peignée tantôt d'une façon, tantôt de l'autre, se plaint
qu'on lui tire les cheveux, veut se sauver. - Au réfectoire,
elle mange salement, rejette ses aliments à moitié mâchés,
sur son assiette, sur la table, sur le parquet, prend à ses
voisines ce qu'il lui plait, crache dans leur assiette, les bous-
cule, leur donne des coups de coude ou de pied. On la fait
manger seule il une table : elle se lève à chaque instant pour
satisfaire ses caprices, violenter les enfants si on ne lui cède
pas, ellecrie, pleure, injurie. Quandd'autres enfants viennent
près d'elle, elle leur raconte ce qu'elle faisait avec son amou-
reux, leur explique comment se font les enfants, ce que l'on
ressent pendant l'acte (1). De temps en temps, on lui retire
le manchon, elle en profite pour commettre des actes qu'elle
a combinés d'avance. Elle se sert de tout ce qui lui tombe
sous la main pour le jeter sur les personnes ou les enfants à
proximité, pour relever leurs jupes ou pour se toucher. Elle
semble heureuse et sourit quand elle a commis un acte blâ-
mable. Elle est très autoritaire, fait précéder toutes ses
demandes des mots : « je veux ». La nuit, elle saute de son
lit, cherche il aller se coucher dans un lit voisin, veut se
sauver en chemise, gâte, souille tout son linge avec ses ex-
créments.
1er mai. - Nous profitons du renvoi de l'infirmerie de plu-
sieurs enfants pour la mettre seule dans une pièce et, comme
nous avons pu obtenir une infirmière, nous essayons de la
maintenir au lit d'une façon permanente. L'agitation est tou-
(1) Il est disette à la Fondation d'éviter ces contacts, car il il'y a pas de
cellules ou de chambres d'isolement. '
74 Amélioration progressive.
jours très grande. C... crache au visage des personnes,
débite son chapelet habituel de mots obscènes, retire les
mucosités desséchées de son nez et veut les mettre dans la,
bouche de l'infirmière : « Tiens, mange mes crapauds ».
2-9 mai. Alternatives d'agitation et de calme relatif.
Les nuits sont tantôt très agitées, tantôt assez calmes. C...
cherche moins à se lover, urine parfois dans son lit. peut-être
à dessein. Elle dit à la surveillante que tout ce qu'elle a
raconté sur F... n'est qu'invention de sa part, qu'il n'a jamais
existé que dans son imagination, que tout ce qu'elle débite,
elle l'a appris de ses compagnes de classe et d'apprentissage.
A chaque instant, elle appelle la surveillante ou son infir-
mière ou toute autre personne. Elle crie tant que la personne
appelée ne vient pas. Si, pour faire cesser ses cris, on s'ap-
proche, elle crache au visage, griffe, pince, prend ses excré-
ments avec ses mains et les essuie sur ses draps, sur les
personnes. Elle se découvre sans cesse pour montrer ses
organes génitaux.
17 mai. - C... s'est affaiblie progressivement ; sa démarche
est mal assurée, son poids a diminué de 8 kilog. 300, l'agita-
tion persiste et est toujours très grande. Môme langage
mêmes obscénités. Elle continue 1'1 appeler les infirmières
pour se livrer à des attouchements. L'appétit qui avait été bon
durant les deux dernières semaines, a notablement diminué.
2 mais On a toujours beaucoup de peine à maintenir C...
au lit. Dès que l'infirmière s'éloigne, elle se lève, grimpe sur
les chaises, les lits, tombe, se contusionne. Elle est toujours
aussi grossière dans son langage, aussi malpropre dans sa
tenue et aussi cynique dans ses actes.
31 mat. - Persistance de la toux et de l'expectoration. A la
percussion, submatité en arrière dans la fosse sus-épineuse
droite où existe également une diminution de l'élasticité. En
avant, la sonorité et l'élasticité persistent, peut-être avec une
très-légère diminution sous la clavicule droite. - A l'auscul-
tation, pas de modifications du murmure respiratoire et pas
de râles.
C... est beaucoup plus calme. Elle se lève et fait de petites
promenades dans le jardin, est moins grossière dans son
langage, moins sale sur elle et dans son lit. - Elle mange
assez bien et accepte plus volontiers les aliments qu'on lui
donne.
Traitement : Hydrothérapie, bains, phosphate de chaux,
ventouses sèches tous les 5 jours au niveau des sommets,
viande, crue, lait, etc.
Manie ET nymphomanie. ' 75
10 juin. - L'enfant, qui avait été plus calme ces jours der-
niers, est devenue de nouveau agitée. Elle injurie tout le
monde, griffe et mord it chaque occasion. - Comme de sa
chambre de l'infirmerie, elle aperçoit les parents qui viennent
au parloir visiter leurs enfants, elle leur adresse des grossiè-
retés : « leur fille va crever, ne guérira jamais. » Elle leur
fait des pieds de nez, crache sur les carreaux, relève ses
jupes, montre ses organes génitaux : « Tenez, regardez. » On
avait mis des rideaux aux fenêtres, elle les a déchirés. Elle
mange malproprement. Elle urine et défèque dans sa cham-
bre, se barbouille les mains avec ses excréments.
18 juin. - Mêmes signes douteux aux sommets. - Abcès
profond à la face antérieure de l'avant-bras gauche; incision,
issue abondante de pus.
20 juin. - Calme relatif, persistance des grossièretés
même envers ses parents, - Les nuits sont toujours très agi-
tées. - C... mange peu, l'amaigrissement continue : elle n'a a
pour ainsi dire que la peau sur les os.
20 jttit. - Guérison complète de l'abcès.
30 juin. - C... est plus tranquille. Elle mange propre-
ment et avec un appétit exagéré ; elle craint toujours de n'en
avoir pas assez ; elle réclame avec instance les friandises que
lui apportent ses parents. Nous l'avons envoyée en classe où
elle se tient convenablement et se montre assez docile. Elle
est bavarde, rapporteuse, raconte tout ce que font ses compa-
gnes, répète vingt fois la même chose. - Elle a quitté l'infir-
merie, couche on dortoir et dort, sans potion. - Elle a reçu
la visite de ses parents avec plaisir. Son langage n'est
plus ordurier, elle redevient polie. Elle ne se touche
plus. - La mémoire lui revient. Elle se rappelle avoir
tutoyé le docteur l.. qui est venu la visiter et en est cha-
grinée.
Elle s'est souvenue avoir dit des sottises à la mère d'une
malade et s'en est excusée. Au sur et à mesure quelui revient
le souvenir de ses extravagances, elle craint qu'on ne le sache
au dehors. - Elle a augmenté en poids de 4.950 grammes.
L'examen bactériologique n'a pas démontré dans ses cra-
chats la présence de bacilles,
9 juillet. - C.... est de plus en plus raisonnable, travaille
très bien en classe et à l'ouvroir, mange sans voracité, mas-
tique bien ses aliments et n'avale plus gloutonnement comme
elle le faisait encore ces derniers jours. - Elle n'injurie plus
ni le personnel, ni ses compagnes; son raisonnement est
juste, elle manifeste le regret de ses insanités en paroles et
en actes et s'en indigne. Elle est redevenue pudique : « C'est
76 Manie ; guérison.
la maladie qui me faisait dire toutes ces vilaines choses qu'on
m'avait apprises en apprentissage.
26 juillet. - L'amélioration continue. B.... est allée hier
avec ses camarades au .t;irVin d'\cclimalion et s'est très bien
tenue. La physionomie s'est transformée; elle a bonne mine
et engraisse (près de 5 kilog. en un mois).
/lof'tt. L'amélioration s'accentue de jour en jour. C... est
tranquille, participe à tous les exercices de ses compagnes :
classe, couture, promenade, jeux, etc. Elle veut toujours do-
miner les autres enfants, prétendant en savoir plus qu'elles et
veut toujours avoir raison. Elle mange avec appétit sans vora-
cité et partage volontiers ses friandises avec les autres
enfants, ce qu'elle ne faisait pas auparavant. - L'examen des
urines, pratiqué à différentes, reprises, n'a jamais décelé d'al-
bumine.
Septembre, - Le caractère s'améliore de plus en plus. C...
accepte volontiers les observations qu'on lui fait ; « quand je
pense à toutes les méchancetés que je faisais et que je disais
je vois bien que j'étais réellement très malade». Elle est très
affectueuse et très active. Travaille bien partout, apporte
beaucoup de bonne volonté à la gymnastique. Elle voudrait
toujours être la première.
Octobre. L'amélioration persiste. Quelquefois, pourtant,
C.... a de petits mouvements nerveux, s'impatiente il propos
de faits insignifiants, par exemple si une autre enfant fait
quelque chose de travers. Parfois aussi le regard n'a pas une
expression tout.¡'¡-fait naturelle, il est vague. C.... est comme
absorbée : interrogée, elle prétend qu'elle ne pense il rien.
Elle s'endort vite, le sommeil est prolongé ; elle dit rêver de
toutes sortes de choses, mais ne pas avoir de rêves pénibles.
- Les règles n'ont pas paru depuis son'séjour à la Fondation.
23 octobre. C...., interrogée sur tous ses récits, répond que
tout ce qu'elle disait, elle l'avait appris d'une petite apprentie
avec qui elle travaillait. Elle nie avoir joué avec des garçons.
Sur les instances de la famille, nous signons la sortie, en
leur recommandant de continuel- le traitement et surtout les
douches
Novembre, - Nous avons eu l'occasion de voir des parents
de Cél... Ils la trouvent bien, mais parfois un peu exaltée. Ils
déclarent que. de triste qu'elle était autrefois, elle est devenue
gaie. Ils disent aussi que ses parents lui ont toujours laissé
faire trop ses volontés, surtout au point de vue de la boisson
et du manger. Ils prétendent encore qu'avant son entrée à la
Fondation, l'enfant n'ayant plus ses règles aurait exprimé
la crainte d'être enceinte.
Manie; guérison. 77 7
\
15 nouembre. -- La famille nous ramène Cél.... L'améliora-
tion persiste. Depuis quinze jours, le poids a augmenté de
trois kilogrammes. La figure parait un peu bouffie. Il n'y a
rien dans ses urines et nulle part d'oedème. L'examen des
poumons est négatif. - Les différents organes paraissent sains.
Les fonctions digestives s'accomplissent normalement.
Les règles ne sont pas revenues ; C... a de légères pertes blan-
ches.- Avant sa maladie, elle jouait rarement : « On pourrait
dire jamais, » suivant l'expression de sa mère. Depuis sa sortie
elle est plus disposée it se divertir et à jouer. Avant sa mala-
die, quand ses nombreuses cousines venaient la voir, elle
était indifférente, « triste comme un bonnet de nuit, tandis
que maintenant c'est elle qui provoque les jeux. » Elle s'occupe
toute la journée du ménage, n'est pas irritable, dort bien.
Le regard semble encore un peu voilé, ce qui lui donne par-
fois l'expression un peu « hagarde ». Elle ne cherche pas à
revoir ses anciennes camarades d'atelier, car, se rappelant,
toutes les insanités qu'elle a dites, elle a peur qu'on se moque
d'elle. - Traitement ; injections vaginales boriquées, toni-
ques, douches.
29 novembre, - La physionomie est meilleure ; le regard
n'est plus voilé : « il est, dit la mère, absolument naturel. »
- Les règles sont revenues le 16 novembre, sans douleur,
médiocrement abondantes et ont duré deux jours. Elle tra-
vaille bien. - Poids : 47 kilogrammes ; Taille : la même.
Puberté et organes génitaux, - Le pénil est couvert de
poils noirs abondants sur une largeur de huit centimètres et
une hauteur de six centimètres. Les grandes lèvres sont éga-
lement couvertes de poils abondants sur une largeur de plus
d'un centimètre et demi. Les poils descendent des grandes
lèvres sur le périnée et jusqu'au pourtour de l'anus. Capu-
chon petit, gland moyen. Les différentes parties de la vulve
sont bien proportionnées. Nous* constatons de nouveau,
l'aspect très frangé de l'hymen dont l'ouverture laisse péné-
trer très facilement l'index. Aux aisselles, bandes de poils
noirs de six centimètres sur deux. Le sein droit mesure
transversalement quinze centimètres et demi et verticale-
ment, onze et demi ; le gauche, quatorze centimètres et demi
sur onze. Le sein droit est donc un peu plus gros que le
gauche. Très petits tubercules sur les aréoles. Au précédent
examen de la puberté, nous avons noté qu'ils étaient tressail-
lants, ce que nous pouvons attribuer a ce que la malade se
frottait sans cesse les seins. - Les mamelons ont sept à huit
millimètres de diamètre et font une saillie de deux milli-
mètres.
78 HÉRÉDITÉ.
Nous interrogeons de nouveau, à part, C..., au sujet de scs
relations sexuelles sans pouvoir obtenir d'aveu, mais il est
certain qu'elle ne nous dit pas la vérité.
Réflexions. I. L'hérédité est relativement assez
chargée. Si le père lui-même ne présente rien autre
que des manifestations rhumatismales, d'ailleurs lé-
gères, différents membres de sa famille ont offert
des tares plus ou moins graves : le grand-père mater-
nel, un grand-oncle, seraient morts d 'akoo[ iS/ilc chro-
nique, un oncle et une cousine ont une tendance à
boire ; llll arric''l'c-gl'a1Hl-pè¡'e, sujet il des idées noires,
s'est suicidé. Signalons un grand-oncle sourd-muet,
un cousin ayant eu des l'Imrulsio1/s dans l'enfance et,
peut-être, chez les alcooliques, deux cas cle cancer du
pylore.
Dans la famille maternelle, ce qui domine, c'est le
rhumatisme, l'emphysème. Notons encore les céphal-
algies chez la mère, des excès de boisson occasionnels
chez l'un des arrière-grands-pères et un oncle suicidé.
II. De la naissance au mois de décembre 1897, c'est-
à-dire jusqu'à 1'2 ans, Gel... aurait été tout-à-fait nor-
male et .plutôt d'une intelligence au-dessus de la
moyenne. La seule particularité qu'elle offrait, c'est
qu'elle était réservée, peu gaie, quelque peu mélan-
colique, toutefois sans exagération : c'était ce qu'on
appelle une enfant sérieuse. Au point de vue phy-
sique, aucun signe de dégénérescence.
III. Dans sa douzième année, l'enfant est mise en
apprentissage. L'une de ses camarades- et peut-être
cela avait-il commencé à l'école lui aurait appris
toutes sortes de choses « sur la femme ». Et les évé-
nements ultérieurs, confirmés par l'examen physique,
semblent démontrer qu'elle aurait eu une affection
qui n'aurait pas été seulement platonique.
C'est dans ces conditions que, au commencement de.
w' Manie et nymphomanie.. , 79
décembre, clic assiste à un sermon sur la mort, qui
l'impressionne très vivement, au point qu'elle s'ima-
gine que sa lillcule qui l'accompagne vient de mourir.
L'idée cle la mort l'obsède, elle ne dort plus, a peur.
Elle devient de plus en plus triste, on essaie en vain
de la distraire. Cette période mélancolique dure de la
mi-décembre à la mi-février.
IV. Alors le tableau change ; la dépression mélan-
colique (sans idée de suicide) est remplacée par un
véritable accès de manie : insolences, grossièretés,
excitation, violences, bave, déclamations incohéren-
tes, défaut complet d'association des idées, impulsions
sexuelles, onanisme, exhibition des organes génitaux,
propositions et tentatives obscènes, etc. Ces derniers
symptômes donnent à la munie un cachet n ? Jml)ho-
maniaque très accusé. Non-seulement C... se touche
dès qu'elle se sent moins bien surveillée, mais elle
veut toucher les enfants, les infirmières, parle sans
cesse de rapports sexuels ; examine le ventre de
toutes les femmes qu'elle voit, s'informe si elles sont
enceintes, quand elles vont accoucher, ce qui semble
répondre à la crainte qu'elle avait, et qu'on nous a si-
gnalée, d'être elle-même encense (rapports et suppres-
sion des règles). La vue d'un homme l'excite toujours
et, aussitôt, elle lui fait des propositions et s'exhibe.
La période a a duré depuis le 6 avril jusqu'à
la fin de juin, avec de courtes rémissions pendant
lesquelles elle était notablement déprimée. Elle s'est
accompagnée de troubles physiques graves qui se sont
traduits par des craintes de tuberculose, que la suite
n'a pas justifiée, et par un amaigrissement considé-
rable. De 37 kilog. 800 à l'entrée, son hoicls descend
à 29 kilog. 500 au milieu du mois de mai.
V. A partir du 30 juin, C... devient plus tranquille,
plus raisonnable, mange proprement, n'injurie plus
80
Manie ; TROUBLES physiques.
personne, n'est plus grossière ni obscène dans ses
paroles et ses actes, en un mot, elle est redevenue
pudique. La mémoire est revenue, ainsi que le raison-
nement.
L'amélioration a continué progressivement. En
août et septembre, C... participe aux travaux intel-
lectuels et manuels de ses camarades, à leurs jeux
et ae leurs promenades. Elle est très affectueuse, très
douce, regrette toutes les mauvaises actions que la
maladie lui faisait commettre. En môme temps que
nous ^voyions l'état mental s'améliorer, la manie et
la 11 ! /llIjJ/w¡¡¡;lIIie disparaître, nous assistions à une
amélioration physique remarquable. Toute crainte
de tuberculose disparaissait, l'amaigrissement faisait
place à un embonpoint progressif ainsi que cela res-
sort du tableau ci-après :
Tableau du poids.
Manie; guérison.
81
grissement et du retour de l'embonpoint, séparés par
un plateau correspondant à un état stationnaire du
poids.
VI. A sa dernière visite, le 20 décembre, C... se
présente à nous sous l'aspect d'une jeune et belle
adolescente paraissant tout-à-fait normale. Elle a une
physionomie ouverte, modeste. Elle est très raison-
nable, affirme sa mère, gaie, laborieuse, docile. Ses
règles, qui pendant les quinze premiers mois, à dater
de leur apparition, avaient été régulières, s'étaient
suspendues au début de la maladie (déc. 1897), ont
reparu le 16 novembre, peu abondantes, et sont reve-
nues du 13 au 16 décembre, précédées de quelques
douleurs abdominales ; elles ont duré cinq jours et
ont été assez abondantes pendant les trois premiers
jours. Tout indique donc que C... est réellement
guérie.
VII. Suivant l'habitude nous avons pris la tempéra-
turc rectale durant les cinq premiers jours.
Température à l'entrée.
Manie; température. 83
Du 7 au 27 avril, la température rectale oscille entre
36°,6 et 37°,4, le plus souvent 3GO,8 et 37°,2, restant
plutôt au-dessous de la normale. Du 28 avril au
4 mai, elle est toujours au-dessus de 37°, allant jus-
qu'à 37°, 7.
Du 5 au 10 mai, elle descend entre 37°,4 et 36°,7;
- le 11 mai, 37°,8, puis oscillations de 3G°,G à 37°,3;
du 20 mai au 5 août, elle varie entre 36°, 6 et 37°, 6
(deux fois), restant le plus souvent au-dessous de 37°
ou à 37°,2. Signalons un abaissement à 36°, 2 le 20 mai.
En résumé, dans ce cas de manie bien caractérisée,
la température n'a jamais été fébrile, malgré l'inten-
sité, à certains jours, de l'agitation.
VIII. A l'arrivée de la malade, nous avonseurecours
à l'isolement en cellule, ne pouvant, faute d'organisa-
tion, ordonner d'emblée le traitement par le repos au
lit. Au bout d'une dizaine de jours, nous l'avons
ramenée à l'infirmerie où nous n'avons pu la mainte-
nir à cause du voisinage d'autres enfants et de l'insuf-
fisance du personnel (p. 70). Au bout de quatre semai-
nes les circonstances nous ont permis de la maintenir
au lit (111 mai). Le calme a reparu à la fin du mois
de juin. En même temps nous avons prescrit des
bains prolongés, les purgatifs, le chloral, le bromure
de potassium ; puis les douches froides, la gymnas-
tique et les travaux manuels.
VIII.
Alcoolisme de l'enfance ; instabilité mentale ; ;
imbécillité morale ;
Par j6OURNEVI-LLr, et J. BOYER.
SOMMAIRE. - Père, soixante et un ans, asthmatique, très
nerveux. - Mère, quarante-cinq ans, rien à signaler. -
Tante paternelle, morte d'apoplexie. - Autre tante pater-
nelle, morte des convulsions de l'enfance. Frère mort
à dix-sept ans de coxalgie, méningite terminale. - ..
Conception : graves ennuis du père. - Premières con-
. vulsions à quatre ans. - Diminution de l'intelligence.
Scoliose. - A douze ans, modification du caractère. -
Manies. - .Accès de colère. - Perte des sentiments affec-
tifs. Tentatives de suicide. - Fumait beaucoup en
- cachette. - Crises hystériformes. - Menaces à l'adresse de
ses parents. Excès de boisson. - Hémèralopie.
Description du malade. Marche de la maladie. - Traite-
ment médico-pédagogique. Amélioration progressive ;
guérison.
René 0.... né le 20 juillet 1883, est entré à l'Institut médi-
co-pédagogique, le 16 juillet 1896.
Antécédents (Renseignements fournis par sa mère). - Père,
soixante et un ans, asthmatique, très nerveux, pas de convul-
sions de l'enfance, démangeaisons de la peau vers quarante ans,
pas de rhumatismes, ni de dartres, ni de syphilis, échaufferaient
à vingt et un ans. - Grand-père paternel, mort à soixante-dix-
huit ans, d'une entérite, sobre, jamais malade. - Grand'mère
paternelle, morte à soixante-seize ans, d'une affection chro-
nique de la poitrine et de diabète. - Oncle paternel, mort
d'une cholérine. Tante paternelle, morte asthmatique. -
Alcoolisme DE l'enfance. 85
Autre tante paternelle, morte d'une attaque d'apoplexie en
un jour. - Autre tante paternelle morte des convulsions de
l'enfance. - Pas d'aliénés, ni de nerveux, ni de bègues, ni de
ticqueux dans la famille paternelle.
Mère, quarante-cinq ans, bien portante, n'aurait pas eu de
convulsions. - Pas d'autres renseignements sur la famille
maternelle.
Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de seize ans.
Six enfants : 1° une fille de vingt-deux ans, bien portante,
un peu nerveuse, mariée, a un enfant de treize mois, bien
venant ; 2" un garçon, mort à dix-sept ans de coxalgie, pas
de convulsions, intelligent, aurait eu une méningite termi-
nale ( ? ) ; 3° un garçon, dix-neuf ans, bonne santé, très tra-
vailleur, candidat à l'Ecole centrale ; 4° une fille, dix-huit
ans, bien portante ; 5° notre malade ; 6° un garçon, bien por-
tant, pas de convulsions, apprend convenablement.
Notre malade. - A la conception, le père dit « qu'il avait le
sang en révolution », ce qui était dit il des ennuis ; la mère
était bien portante. - Grossesse bonne, mère très impres-
sionnable. - Accouchement naturel, à terme, présentation
de la tète : « il n'y a que pour l'aînée qu'on a eu besoin de fers ».
A la 71aissance, l'enfant n'était pas « très fort », pas d'asphyxie.
Nourri au sein par la mère. Rien de particulier jusqu'à l'âge
de quatre ans.
. Vers quatre ou cinq ans, premières convulsions, consécu-
tivement diminution de l'intelligence. « Il a toujours été très
dur pour apprendre. » N'aurait pas eu d'autres accidents ner-
veux jusqu'à il y a huit mois. A la suite des convulsions,
bégaiement très prononcé.
A huit ans, l'enfant a été mis dans une petite pension où il
est resté jusqu'en décembre 1895, puis en sixième au lycée de
Versailles. Il apprenait mal, conduite passable, tenue physi-
que défectueuse, avait une épaule qui se nourrissait plus mal
que l'autre. On le soumet à une gymnastique spéciale.
Depuis le 1 ? janvier -1S9G, le caractère s'est modifié; l'en-
fant est devenu entêté, menteur, sombre, avait des accès de
colère à la moindre contrariété; a été traité au bromure (de
1 à 6 grammes par jour) par le docteur Bertrand ; refus de
suivre le traitement.
Fin janvier 1896, à la suite de reproches faits au collège,
violente crise nerveuse : le corps s'est raidi, puis l'enfant
s'est écrié : « Je vais mourir » ; il ouvrait les yeux démesuré-
ment, se penchait en arrière et serait tombé si on ne l'avait
86 Antécédents héréditaires ET personnels.
pas retenu. Durée moins d'une minute. La même crise s'est
reproduite cinq fois, de janvier à juillet 1896. Le caractère a
dès lors continué à empirer, les crises de colère sont deve-
nues plus fréquentes. Une fois, chez sa soeur, qui habite à
Paris, il a dit qu'il voulait s'en retourner seul chez ses
parents à la campagne. Il descend vivement l'escalier, sa soeur
le suit, sur le pont d'Austerlitz, colère violente, crie, a les
yeux hagards, vcut se jeter sous les roues des voitures, puis
dans la Seine, s'accroche au parapet, aux réverbères. La
crise a duré une heure et demie, Reconduit chez sa soeur, il
s'est évanoui cinq minutes. En revenant à lui, il est tout
étonné et demande ce qui vient de se passer. - A diverses
reprises, a eu des idées de suicide, mais sans tentatives
sérieuses. Le langage de l'enfant devient très grossier ; il fait
des menaces de mort à tous les membres de sa famille :
« Demain, vous ne vous réveillerez pas tous, je vous tuerai
cette nuit. » Tantôt, il menace du couteau ou de la canne,
tantôt il veut se frapper lui-même si on ne cède pas à ses
caprices.
Les fonctions digestives paraissent se troubler, indigestions
avec douleurs de tête, se plaint d'avoir mal aux tempes, reste
huit jours sans manger ; a des douleurs dans les coudes, les
genoux, les pieds, avec fièvre. Cependant le sommeil reste
bon, sans cauchemars. Pas d'étourdissements. Se figure que
sa soeur lui en veut. Pleure quelquefois avant la crise, quel-
quefois après. Se plaint d'étouffer : « ça part du ventre et ça
remonte à la gorge ». Pas de paralysie d'un côté du corps.
Pas de période d'incontinence d'urine. Aime beaucoup rester
au lit, on ne constate pas d'onanisme. Devient plus instable
que jamais, après vingt minutes de travail, ça ne va plus.
On ne sait à quoi attribuer ces accidents. Durant l'année
1895, René s'est mis à fumer avec frénésie, jusqu'à dix ciga-
rettes de suite, fumait même la pipe. Comme on essaie de l'en
empêcher, il s'est mis à chiquer avec passion pendant quinze
jours. Voulait toujours se promener seul, sans doute pour
fumer plus à l'aise. Aurait fait des excès de boisson, modé-
rés mais réels, était souvent altéré, descendait seul il la cave
pour y boire, surtout du cidre pur, ne partait jamais il la
pêche, qu'il aimait beaucoup, sans emporter avec lui un litre
de bière ou de cidre. - Il n'a jamais présenté de tendances
pyromaniaques.
Etat à l'entrée. Etat physique. - La physionomie
parait intelligente « futée » ; les cheveux sont châtain foncé,
assez bien plantés, quelques épis autour du front ; le front
Description DU malade. 87
est découvert, symétrique, arrondi, bosses frontales peu sail-
lantes ; le nez est aquilin, bien fait, sans déviation ; les
sourcils sont bruns, peu fournis ; les yeux sont bien
ouverts, très fendus, iris marron ; les paupières présentent
un bourrelet très régulier, teinte bistrée très prononcée
autour des paupières ; la lèvre supérieure est assez forte, le
sillon médian est régulier : la lèvre inférieure est en saillie
sur la supérieure ; le menton est rond, la bouche moyenne,
les pommettes peu saillantes, sans coloration précise, le visa-
est ovale, les oreilles moyennes, symétriques ; le crâne est
ovoïde, régulier ; le teint est mat, légèrement hâlé. Le
thorax est bien proportionné, bombé en avant, région pecto-
rale très développée ; en arrière le thorax est également très
bombé ; cet aspect diminue sensiblement quand les bras sont
élevés au-dessus de la tête, pas de malformation des omo-
plates ; un peu de dépression entre la pointe des omoplates
et le rebord des fausses côtes ; à la partie inférieure de la
région dorsale, légère convexité à droite ; les membres sont
symétriques, assez bien faits, un peu grêles ; les pieds et les
mains n'offrent aucune particularité.
État physiologique, - Très grande activité, René aime les
jeux violents. Debout et assis, l'enfant a une tendance à pen-
cher en avant le haut du corps ; les articulations exécutent
passivement et activement les mouvements les plus étendus.
- Les fonctions respiratoires et circulatoires paraissent nor-
males ; les fonctions digestives ne sont pas régulières ; ten-
dance à la constipation, appétit très capricieux. - L'ouïe,
l'odorat, le goût et le toucher sont normaux, vue faible, légère
myopie, l'enfant ne distingue rien dans la demi-obscurité
(héméralopie) ; parole normale.
État psychologique, - L'intelligence n'est pas celle d'un
enfant de son âge au point de vue scolaire. L'écriture est très
irrégulière, les lettres ne sont pas liées entre elles, les traits
sont durs ; l'orthographe est très faible, les mots les plus
usuels sont incorrectement écrits et de façons différentes dans
le même devoir; connait les quatre règles, mais ne peut faire
le moindre problème ; les connaissances usuelles sont très
limitées, l'enfant ne cherchant même pas à se rendre compte
de ce qui l'entoure ; aptitudes particulières pour le dessin et
la musique. L'attention et la réflexion sont il peu près
impossibles, l'imagination est très bornée; la mémoire, en
général, est faible, sauf la mémoire auditive qui paraît très
88 Alcoolisme DE l'enfance.
développée ; jugement très variable : tantôt naïf, tantôt assez
juste en apparence ; raisonnement peu développé. L'instabilité
incoercible qui se manifeste dans toutes les opérations intel-
lectuelles aussi bien que dans tous les autres modes d'activité,
parait être la véritable cause de l'arriération intellectuelle de
l'enfant.
État instinctif et moral. René est très gai quand il n'est
pas, toutefois, sous l'influence d'un accident nerveux; aime
beaucoup rire, jouer, taquiner ses camarades. Ne reste jamais
seul, à moins qu'il ne soit sous le coup d'une crise de colère.
- Désordonné, indifférence personnelle il l'égard des objets
lui appartenant. D'une sensibilité exagérée à l'endroit des
réprimandes qui déterminent chez lui soit des crises de colère,
soit des accès de mélancolie. - Les sentiments affectifs
paraissent disparus. - Volonté négative énergique. Sens
moral disparu.
16 juillet. - Le jour de son entrée, violente crise de colère
quand il a appris qu'on voulait le laisser : il porte, en pous-
sant des cris rauques, les deux mains à la tête et se préci-
pite sur un banc en essayant de se cogner la tête. On essaye
de le maintenir, il donne des coups de pied de tous les côtés,
visant surtout son père; il se frappe la tète de ses poings,
raidit tout le corps, porte le tronc en avant; la face est con-
gestionnée, les yeux fixes et hagards, les lèvres entr'ouvertes,
la salivation abondante. Au bout de deux minutes René se
débat (on le maintient toujours), il pleure à chaudes larmes
et cric à perdre haleine : « Non, je ne veux pas voir de mé-
decins ! ... ce sont des charlatans... ils vous font du mal... je
ne suis pas malade... qui donc a inventé la médecine ? ...
qui ? ... qui ? ... c'était un imbécile celui-là... mais laisse-moi,
papa... cré nom d'une pipe, je me sauverai bien ! Ah ! vous
voulez me mettre dans une maison de santé ! ... Vous verrez
ce qui vous arrivera... je veux me tuer ! ... ne me fais pas voir
au médecin, car tu sais, tant pis, je frapperai et tu verras...
lâche-moi ! Tu ne veux pas me lâcher, un... deux... trois...
Ah ! tu me laisses dire trois... tu verras... lâche-moi donc ! »
Son père nous quitte et c'est à nous qu'il s'adresse alors :
« Lâchez-moi... vous n'avez pas de droits sur moi... je veux
m'en aller... au secours, on m'assassine. » On dut le porter
jusqu'à la pelouse des jeux. Là, tout en veillant à ce qu'il ne
se fasse pas de mal, on le laisse libre de ses mouvements.
Il reste un moment étendu sur le gazon, les jambes allon-
gées, les bras en croix, les yeux grands ouverts, fixes; au
bout de cinq minutes, il pleure en croisant les bras sur la
Description DU malade. 89
figure, se lève, fatigué, se traînant et va s'asseoir sur un banc.
Durée totale de la crise de colère : une heure trois quarts.
René ne mange rien -Il dîner, il est sombre et ne desserre
pas les dents. Il se couche sans rien dire. La nuit a été bonne.
17. René ne mange rien au premier déjeuner ; à midi et le
soir, il ne prend qu'un peu dépotage. Se plaint dans la journée
que « l'estomac » lui fait mal ; il parait avoir des difficultés
pour respirer, cela a duré deux minutes et s'est produit à
deux reprises.
18. - La nuit a été bonne, bien que l'enfant, en se couchant,
se soit encore plaint de douleurs dans l'épigaslro. Ne mange
pas au premier déjeuner; mange très peu il midi. Première
douche : il faut le déshabiller malgré lui, il se débat, donne
des coups de pied et des coups de poing, injurie grossièrement
tout le monde : on ne code pas. Le soir il n'a pas voulu diner.
Il s'est couché sans difficulté et a bien dormi.
Hi, - Ne mange pas (le la journée, il est resté sombre et ta-
citurne, ne parlant il personne, évitant tout le monde. A la
douche se produit la même scène que la veille. A bien dor-
mi la nuit.
20. - Ne mange pas au premier déjeuner, veut écrire à
son père il qui il adresse une lettre incohérente et pleine de
menaces : « Je te donne ju-qu'à jeudi pour venir me chercher,
même pas... si tu ne viens pas, gare, etc.. » Ces deux
phrases sont soulignées plusieurs fois. Se laisse entraîner à
jouer un peu de violon, parait heureux de l'attention qu'on a
pour lui, demande qu'on lui promette de lui laisser faire de
la musique de temps en temps. A midi, il mange très bien.
A chaque plat qu'on lui offre il prétend ne pas avoir faim,
mais il mange tout de même. A deux heures, il joue du vio-
lon tandis qu'un de ses camarades l'accompagne sur le piano.
A l'heure des douches, refuse de suivre ses camarades et
comme on se dispose à l'entraîner malgré lui, il s'écrie : « La-
chez-moi, j'irai tout seul. » Il entre dans le pavillon des dou-
ches, se déshabille et se laisse doucher comme les autres.
Il cause même gaiement aves ses camarades.
21. - Crise it la suite d'une invitation à écrire une lettre à
ses parents. René se couche par terre, fait semblant de dor-
mir ; au bout de quelques minutes, quelques contorsions,
puis raideur des membres, surtout à droite ; les dents sont
serrées, les lèvres écartées, les yeux fixes et grands ouverts.
Durée deux minutes. Rémission de trois minutes, puis nou-
velles contorsions pendant une minute, sans raideur consé-
cutive. L'enfant reste couché un quart d'heure sur l'herbe,
sans dormir et retourne auprès de ses camarades.
90 INSTABILITÉ mentale.
Le 25, à table, petit accès de mélancolie d'une durée de
cinq minutes environ.
A partir du 26, l'enfant ne présente aucun accident ner-
veux et suit régulièrement le traitement suivant : un bain
par semaine ; une douche par jour ; gymnastique ; travaux du
jardin ; travaux scolaires ; traitement moral.
A partir du mois d'août l'enfant prend deux douches par
jour.
Août. - On a de la peine à obtenir de l'enfant qu'il ne soit
pas bruyant en classe : il quitte il chaque instant sa place,
interpelle son maître ou ses camarades, taquine ses voisins ;
on est obligé à chaque moment d'intervenir pour éviter une
rixe, prend ce qui lui tombe sous la main pour se défendre.
Au jardin, il ne fait rien qui vaille.
Septembre. Toujours taquin avec ses camarades. S'est
mis une fois en colère En classe se tient tranquille quand on
lui fait une observation, unis recommence aussitôt. Au jar-
din, s'acquitte assez bien des petits travaux qu'on lui fait faire
(brouette, ratissage des allées).
Octobre. - L'enfant ne taquine plus que dans les jeux. Gai
et encore bruyant. Travaille bien en classe, à la gymnastique
et au jardin.
Vouembre. - Pour le récompenser, ses parents le font
sortir du 31 octobre au 2 novembre. René s'est très bien
comporté et n'a pas causé le moindre ennui : il est rentré
sans difficulté. Aurait été témoin, nous dit sa mère, d'un ac-
cident de tramway (un petit enfant renversé par les chevaux).
René en a été si impressionné qu'il a tremblé durant vingt
minutes. Il n'y a pas eu d'attiré suite. - Le 20, on constate
un peu d'inflammation du prépuce. Onanisme supposé, sur-
veillance spéciale.
Décembre, - Bon mois, pas de colère. - L'inflammation
du prépuce a complètement disparu.
1897. janvier, - Il sort huit jours avec ses parents à l'occa-
sion du jour de l'an. A sa rentrée, ses parents nous font des
éloges sur sa bonne tenue et sa docilité,
Février, - Un mouvement de colère, le 1 ? veut se préci-
piter sur un de ses camarades qui l'avait contrarié. Regard
méchant. A élé vite calmé.
Mars. L'enfant sort il l'occasion du mardi-gras, il est
resté dix jours dans sa famille; n'a eu ni l'ombre d'une crise,
ni la moindre velléité do désobéissance. Fait docilement
et très bien tous les exercices de gymnastique (échelle con-
vexe, échelle horizontale, anneaux, mouvements d'ensemble).
Au jardin, travaille avec goût ; tout ce qu'il fait est propre-
- ? Guérison. 91 t
ment fait. En classe, travaille régulièrement, a fait quel-
ques progrès en orthographe, en calcul, a acquis quelques
notions élémentaires mais très précises sur la géographie de
la France et sur l'histoire de la Révolution. - Son instabi-
lité et son étourderie ont considérablement diminué. S'est
mis avec goût à l'étude du violon où il fait tous les jours des
progrès. Le caractère s'est bien amélioré, l'enfant n'a eu
aucun mouvement de colère, bien qu'il ait été plusieurs fois
taquiné par un de ses camarades.
Avril. Le 6, les parents le ramènent chez eux. Les men-
surations de la tête à l'entrée et à la sortie n'accusaient
qu'une augmentation d'un millimètre. - Poids : à l'entrée,
39 kg. \Ou : à la sortie, 47 lcg. 200. Taille : à l'entrée, l,».50; à
la sortie, 1 ? 5'E. Dynamomètre : à l'entrée D. 24 ; G. 9 ; à la
sortie, D. 30 , G. 25. - Depuis sa sortie, nous avons eu l'occa-
sion de voir René, en décembre 1897 ses parents, que nous
rencontrons nous disent que l'enfant va très bien, qu'il n'a
plus eu de crise, qu'il est en pension a D... où on est très
content de lui. - La physionomie de l'enfant est fraîche ; en
causant avec lui on s'aperçoit que l'enfant est tout à fait
calme, et l'affection qu'il nous témoigne nous fait supposer
qu'il a conservé un très bon souvenir de son passage à l'Ins-
titut médico-pédagogique. Enfin, en avril 1898, la mère
nous dit qu'elle a été très surprise des heureux changements
survenus chez René.
Réflexions. I. Les renseignements héréditaires
sont insuffisants, surtout dans la lignée maternelle.
Du côté du père, une tante est morte d'une attaque
d'apoplexie. Un frère aurait eu une méningite ( ? ).
II. L'enfant aurait été tout à fait normal jusqu'à
quatre ans. Entre quatre et cinq ans sont apparues
des convulsions suivies d'un affaiblissement de l'in-
telligence et d'un bégaiement très prononcé. De huit
à onze ans, il apprenait mal. A partir de janvier 1896,
le caractère s'est modifié : l'enfant est devenu entêté,
menteur, sombre et sujet à des accès de colère. A la
lin cle janvier 1896, il a eu une première crise nerveuse,
hystériforme. De là, jusqu'à juillet 1896, il a eu cinq au-
tres crises. Puis, le caractère s'empire, les crises cle
colère se multiplient. 0.. menace de se suicider, de tuer
92 Traitement médico-pédagogique.
les de sa famille, sans qu'il y ait une tentative
vraiment sérieuse. Le travail intellectuel devient de
plus en plus dillicile. L'instabilité mentale augmente.
Abus du tabac (cigarettes, pipes et chiques), il s'y joint
des excès de boissons. C'est pour l'ensemble cle ces
faits qu'il est placé à l'Institut médico-pédagogique.
III. Durant les premiers jours de son admission,
René a eu des crises cle colère, a refusé de manger, et
a adressé des injures à tout le monde. Au bout cle plu-
sieurs jours la période d'excitation s'est progressive-
ment atténuée. L'état mélancolique intermittent a
disparu.
IV. Sous l'influence de l'isolement et du traitement
médico-pédagogique, ainsi que de la suppression des
boissons et du tabac, Mené est devenu tout à fait calme
et raisonnable; les accès de colère ont complètement
disparu ; et il est sorti au bout de dix mois, guéri ; nous
disons guéri, car, nous avons eu l'occasion de revoir
sa mère en avril 1898, c'est à-dire un an après sa sortie,
elle nous a assuré qu'il était redevenu tout à fait natu-
rel, laborieux, et s'est montrée très satisfaite des résul-
tats obtenus. Les tendances ;c boire ne se sont pas
manifestées de nouveau.
V. Les cas cle ce genre ne sont pas rares et appar-
tiennent Ù l'histoire de l'acoulisule de l'enfance. Ils
peuvent guérir en général assez facilement, à la con-
dition, qu'on recoure sans hésitation à l'isolement
et qu'on applique avec méthode et avec suite le Irai te-
ment 111é(lico-pé(/;¡fjofjÎljue.
IX.
Idiotie complète symptomatique d'hydrocéphalie ven-
tr iculaire ; -,
PAR BOUItNI31LLL ET NOllt.
Sommaire. Enfant assislé : aucun renseignement sur sa
famille et sur ses antécédents personnels.
Description du malade. Idiotie complète : parole, atten-
tion, préhension, marche, nulles; tics ; gâtisme. Rachi-
trisme. Amaigrissement progressif, mort.
Hydrocéphalie ventriculaire prédominant à droite. Iné-
galité croisée des hémisphères cérébraux et cérébelleux.
Pin ? Raymond, enfant assisté, né à Béarnais, le 4 jan-
vier 188't, est entré le 17 novembre 1887 it Bicêtre où il est
décédé le 6 décembre de la même année.
Antécédents. Ce malade étant un enfant assisté, il est
impossible d'obtenir des renseignements précis sur son
compte. L'Administration l'ayant fait admettre il Bicêtre aus-
sitôt qu'elle s'en est occupée n'a même pas pu lui établir un
livret. Tout ce que l'on sait au sujet des antécédents hérédi-
taires de Pint..., c'est qu'il est enfant naturel de père inconnu,
que sa mère, lingère. était âgée de 25 ans quand elle aban-
donna son enfant, qu'elle est originaire d'un village de l'Oise.
Etat actuel. A son entrée à Bicêtre, Pint... doit être mis
dans la section des gâteux. - L'enfant est gras et a les appa-
rences d'une bonne santé générale.
Crâne rond, présentant un méplat en arrière au niveau de
la région parieto-oceipitale avec des bosses pariétales bom-
bées et saillantes. La face est arrondie, les bosses fron-
tales sont saillantes, séparées par une dépression de la partie
médiane du front. Les régions temporo-frontales sont apla-
94 Idiotie hydrocéphalique.
ties. A ? 'cades sourcilières peu saillantes. Les cils et les'
sourcils sont blonds et assez longs, les cheveux, de même
couleur, descendent assez bas, puisqu'au niveau des tempes
ils ne sont plus distants des sourcils que de deux centimètres.
11 existe une plaque d'eczéma sec il la racine du nez. Les
yeux sont grands et bien conformés, l'iris est bleu-foncé.
Le nez est petit; des croûtes eczémateuses encombrent les
narines. Les pommelles sont assez saillantes. La bouche est
grande, il existe du prognathisme du maxillaire supérieur
qui rend la lèvre pro. idente. La dentition est mauvaise, les
dents, irrégulières, sont mal implantées. - Menton rond.-
Oreilles bien ourlées, s'écartant assez fortement du crâne.
Cou : rien de particulier.
Thorax présentant des signes indiscutables de rachitisme ;
il est légèrement excavé latéralement et à la partie moyenne,
évasé à sa base et offre un léger chapelet rachitique au
niveau des articulations chundro-stcrnales.
Membres supérieurs bien conformés, néanmoins on doit
signaler une saillie notable des extrémités du radius et du
cubitus au niveau du poignet. La peau de la région externe
et postérieure des bras est sèche et légèrement squameuse.
Lesmouvements sont normaux.
Membres inférieurs. - Rien il signaler si ce n'est la tumé-
faction légère mais nette des malléoles.
Organes génitaux normaux. Le prépuce est long mais le
gland se découvre facilement. La verge a 3 centimètres de
longueur et 35 millimètres de circonférence. Les testicules,
de la grosseur d'un haricot, sont situés dans les bourses.
On n'a rien noté de particulier au sujet de la sensibilité
générale, ni du fonctionnement des organes des sens.
Parole. - L'enfant ne sait pas parler, il ne prononce que
la syllabe « iman » plusieurs fois répétée et s'en sert cons-
tamment en criant et en pleurant.
Marche. - Il ne sait pas marcher, ses jambes ne peuvent
le supporter et lorsqu'on veut tenter un exercice de marche
en le soutenant, il s'affaisse. - Préhension nulle ; il ne lait
rien saisir avec les mains, ni avec les doigts.
Alimentation. Pint... a peu d'appétit, est délicat, mange
assez bien le potage, la soupe, le lait, mais rejette aussitôt
la viande quand on veut lui en faire prendre. Il mastique
bien ses aliments.
Digestion. La digestion est assez bonne, pas de vomis-
sements, de rumination, ni de salacité. Les selles sont régu-
lières et il y a parfois quelques crises diarrhéiques. L'enfant
Cachexie progressive. 95
est gâteux complet. - Il ne sait prendre aucun soin de lui-
même et pleure lorsqu'on le nettoie.
Tics. - Pint... se balance de droite il gauche, grince cons-
tamment des dents, tourne les yeux en balançant la tête. Il
ne baue pas, ne se livre pas it l'onanisme.
Son caractère est assez coléreux et impatient; il est insta-
ble, son attention est nulle. - Son sommeil est calme, en-
trecoupé de réveils brusques avec cris, suivis de périodes de
calmes.
28 novembre. L'enfant entre il l'infirmerie, Il ne mange
pas, a la langue et les lèvres sèches et fuligineuses, n'a pas
néanmoins de fièvre. Il a notablement maigri. - Purgatif.
Soir : T. R. 37 ?
29 novembre. - T. R. 37". Dépression très grande, haleine
fétide. Anorexie complète. Potion de Tond. Lait et bouillon.
Son' : T. lt. 37°,2.
30 novembre. T. H, : Jüo,8 et le soir 37°.
lor décembre, - Pint... vomit tout ce qu'il prend. T. R.
37 ? Potion de Rivière, boissons glacées. - Soir : T. R.
37%
2 décembre. T. R. 37°,if 4 et 37os(;.
3 décembre. Augmentation de la dépression. Amaigris-
sement progressit. Constipation opiniâtre. Lavement purga-
tif. T.R. 37°8. - Soir : T. R. 38.
4 décembre. T. R. 38° et 38°, 2.
5 décembre. T. IL 38° et le soir 38",6.
6 décembre. L'enfant meurt it 5 heures du matin.
T. R. un quart d'heure après le décès : hi°5.
96" IDIOTIE hydrocéphalique.
Autopsie. - Le corps porte des traces de rachitisme : cha-
pelet, incurvations des fémurs, des tibias et des radius. Les
membres sont symétriques. .
Thymus : 5 grammes. - Corps thyroïde : 8 grammes.
Langue, bouche, pharynx, larynx, trachée ; rien à noter.
Thorax. Péricarde et Plèvres. - Pas de lésions appa-
rentes et pas d'épanchement, - Poumon droit, 110 gram-
mes. Poumon gauche, 95 grammes. Rien de particulier si
ce n'est de la congestion hypostatique au bord postérieur
des deux poumons. - Coeur : 55 grammes, un peu flasque.
Abdomen. - Péritoine sans épanchement. - L'estomac et
les intestins sont vides et ne paraissent être le siège d'aucu-
ne lésion. - Foie, 330 grammes, pâle et gras : rien à la vési-
cule, biliaire. - Rate, 20 grammes. Rein droit, 32 gram-
mes. Rein gauche, 32 grammes. Pancréas, rien d'anormal.
Les testicules sont situés dans les bourses et sont du vo-
lume d'un haricot.
Tête. - La dure-mère est très adhérente au crâne. La
calotte crânienne est mince, les sutures persistent et les
fontanelles sont ossifiées. La partie postérieure gauche du
crâne est plus développée que la droite. La base du crâne,
les vaisseaux et les nerfs qui la traversent sont symétriques
et de disposition normale. - La pie-mère est très adhérente
à l'encéphale dont la consistance est molle. Il s'écoule envi-
ron 30 gr. de liquide céphalo-rachidien . Poids total de
l'encéphale : 990 gr.
Cerveau. Hémisphère droit. Face externe. - Les
scissures principales offrent un aspect à peu près normal.
- Le lobe frontal est formé de circonvolutions assez con-
tournées coupées de nombreux sillons courts et peu profonds
et offrent d'assez nombreux plis de passage. La scissure proe-
frontale est très profonde. F3 est aplatie et peu développée
dans son tiers postérieur. FA est assez oblique de bas en
haut et d'avant en arrière, Le sillon de Rolando, assez pro-
fond, est très légèrement sinueux. - Le lobe pariétal n'offre
rien de particulier au niveau de PA ni du lobule pariétal
supérieur mais le lobule pariétal inférieur est formé de
petites circonvolutions aplaties et atrophiées qui finissent par
disparaître absolument au niveau du lobe occipital et du
lobe temporal. - Ces deux lobes se composent d'une mince
couche de substance grise recouvrant la membrane ventri-
culaire. Seule la première temporale existe, aplatie mais non
altérée. - Le lobule de l'insulà ne présente rien de particu-
lier. (PL. V.)
Hydrocéphalie ventriculaire. 97
Face interne. - La circonvolution du corps calleux est
fortement aplatie surtout à sa partie postérieure. fui et le
lobule paracenlral n'offrent rien de bien anormal. - L'avant
coin, le coin et le lobe temporo-sphénoïdal sont formés de
circonvolutions très minces dont les sillons ont disparu ou
persistent, mais très peu profonds. Ainsi que le montre la
PL. VI, les circonvolutions de la moitié postérieure de la
face interne, y compris la circonvolution de l'hippocampe
(Cil), sont aplaties au point que la plupart des sillons sont
notablement effacés.
Le pédoncule cérébral et les noyaux gris centraux ont été
fortement déprimés et atrophiés par l'épanchement ventricu-
laire.
Le ventricule latéral est très dilaté, surtout dans sa par-
tie inférieure au niveau des cornes sphénoïdale et occipi-
tale qui sont largement réunies, formant en quelque sorte
une loge distincte de la corne frontale et séparée d'elle par
les noyaux gris. La membrane qui recouvre le ventricule est
épaisse, recouverte des circonvolutions au niveau du lobe
frontal et du lobule P. S. ; elle forme seule, avec une légère
couche de substance nerveuse, la plus grande partie
des lobes temporal, temporo-sphénoïdal, occipital et le
lobule pariétal inférieur, dont les sillons sont très effacés.
(pal. VI.) .
Hémisphère gauche (150 gr.). Face externe. - La face
externe de l'hémisphère gaucho diffère absolument de celle
du droit. Les scissures et les sillons sont profonds et ont leur
direction et leur aspect normaux, - Lobe frontal. Les quatre
circonvolutions frontales sont bien contournées, de nombreux
plis de passage les relient entre elles. Le lobe pariétal,
le lobe temporal, le lobe occipital n'ont rien de notable.
(PL. VII.)
Face interne. La seule particularité de la face interne
consiste dans la dilatation anormale du ventricule qui a dé-
terminé l'aplatissement de la circonvolution du corps calleux.
La corne frontale du ventricule est, relativement à celle du
côté droit, fort peu dilatée. Ce sont les cornes occipitale et
surtout sphénoïdalc qui offrent le plus grand volume. Néan-
moins les parois ne sont pas minces et translucides comme à
droite et les noyaux gris centraux, bien que fort déprimés,
ont conservé leur forme et sont moins déprimés que du côté
droit. (PL. VIII.) La comparaison de la moitié postérieure des
PL, VI et VIII est très instructive et met bien en relief la
prédominance de l'hydrocéphalie dans l'hémisphère droit.
BOUII\EVILLE, Bicêtre, 1898. 7
9S Hydrocéphalie VENTItlGULAUU¡ : ,
Le .bulbe, la protubérance, le quatrième ventricule (un
peu dilaté) n'offrent rien à signaler.
Cervelet. - Rien à noter. L'hémisphère cérébelleux droit
pèse 45 gr. ; le gauche 55 gr. L'hémisphère cérébelleux droit
est donc plus petit, de même que l'hémisphère cérébral du
même côté.
Poids des organes.
Réflexions. I. Cette observation ne comporte
aucune réflexion au point de vue cliniq.ue. Nous ne
l'avons publiée qu'en raison de son intérêt anatomique.
II. Ace point de vue, la clilatation ventriculairè seule
mérite de fixer particulièrement notre attention. Cette
dilatation porte ici principalement, sur les cornes odvi-
pi tales et sphénoïdales des ventricules. Les cornes fron-
tales sont beaucoup moins dilatées, toutefois la corne
frontale droite est notablement plus distendue que celle
du côté gauche. Du reste, à droite, la dilatation
est beaucoup plus accentuée et les circonvolutions
Hydrocéphalie VE",TIIICCLAIIlE : forme globuleuse. 99
pariétales, surtout au niveau du lobe P. S., sont très
minces et translucides. La membrane qui tapisse les
ventricules est assez épaisse, tant à droite qu'à gauche.
Le quatrième ventricule est un peu dilaté (' ? ), mais
l'aqueduc cle Sylvius n'est pas distendu. Ce cas, sous
le rapport de la forme globuleuse du cerveau, est à
rapprocher de celui de Le G.. que nous avons rap-
porté plus haut (p. 17-25).
La forme de la tête de Le Ga.. et de Pint.. (PL. IX)
est tout à fait semblable, arrondie avec une inclinaison
accusée des frontaux, une saillie notable des pariétaux
et une dépression assez prononcée des occipitaux. La
suture métopique persiste dans une longueur de 3
centimètres sur le crâne de Le Ga.. (PL. IX, fig. 1) et
de 6 centimètres sur le crâne de Pint.. (PL. IX, ig. 2).
Les deux crânes sont minces avec de nombreuses
plaques transparentes.
Sur la face interne de l'hémisphère droit de ces
deux malades, les régions aplaties sont surtout le lobe
quadrilatère et la partie postérieure de la circonvolu-
tion du corps calleux. (Chez Pint., il y a en outre un
aplatissement du lobe temporal.) Sur la face con-
vexe de chacun de ces mêmes hémisphères, l'aplatis-
sement prédomine sur le lobe temporo-occipital chez
Pint.. et sur la pariétale ascendante, le lobule pariétal
supérieur chez Le Ga... Dans les deux cas l'hémis-
phère gauche était moins lésé et il n'y avait pas d'apla-
tissement prononcé, lamelliforme, des circonvolutions.
Epidémie de fièvre typhoïde à Bicêtre ;
l ? n 1111L : 1\"'E\'ILLE E'1' (;11.\l'll'l'I\.
Depuis la lin du mois de juillet une épidémie parti-
culièrement grave de lièvre typhoïde a sévi sur la sec-
tion des enfants épileptiques et idiots de l'hospice de
131cetre. Cette épidémie a atteint toute son intensité
clans la dernière semaine du mois d'août et dans les
deux premières semaines de septembre, et les der-
niers cas se sont produits dans le courant du mois do
novembre.
Le nombre de ceux-ci s'élève à 16 sur une popula-
tion cle -iGO enfants, et à ce nombre nous devons joindre
deux observations fournies l'une par l'enfant d'un infir-
mier habitant la section, l'autre par un infirmier du
service. Tout le reste de l'hospice, administrés, per-
sonnel de tout grade, est demeuré indemne, sauf la
3 ? section (épileptiques adultes) où deux cas se sont
produits.
Le tableau suivant donne une idée de la marche de
l'épidémie.
102
Épidémie DE fièvre typhoïde.
Nous avons cherché à rapprocher de ce tableau celui
des cas de fièvre typhoïde qui se seraient produits à
l'hospice de Bicêtre dans ces vingt dernières années.
La déclaration des maladies infectieuses n'étant deve-
nue obligatoire que depuis le 30 novembre 1892, nous
avons dû nous borner à relever les décès par fièvre
typhoïde et nous ne nous illusionnons pas sur tout ce
que peut avoir de défectueux une pareille statistique,
de nombreux cas étant survenus, aussi bien dans le
personnel médical que dans le personnel hospitalier
et, parfois, les malades quittaient l'hospice et allaient
se faire soigner au dehors.
Cas guéris. 103
faible, caractère bizarre, irascible, persécuté, onanisme
même après le mariage. - Grand-oncle maternel, carac-
tère original.
Rougeole, coqueluche pas de fièvre typhoïde antérieure,
I prolapsus du rectum, stomatite lcao-nen2t)raneusé,
* teigne tondante.
Fout..., (Robert), 1u ans, entré à l'infirmerie le 25 août.
Malade depuis la veille. Il aurait eu la diarrhée la nuit précé-
dente ; se plaint de souffrir de la gorge. - Soir : T. Il. 39°, i. 7.
26 aoïvt. - Matin : T. R. 36°, 8. Pas de céphalée, pas de
délire ni de stupeur. - Toux légère, sèche, peu fréquente.
- Langue saburrale, diarrhée assez abondante et fétide ; foie
et rate hypertrophiés ; une tache rosée lenticulaire sur le côté
droit de l'abdomen. Pas d'albuminurie. Soir : T. IL 40°-
Traitement : régime lacté, bains froids toutes les trois
heures, chaque fois que la température dépasse 39°; deux
lavements froids par jour.
L'état reste sensiblement stationnaire jusqu'au septem-
bre ; il ce moment la défervescence commence il s'effectuer,
la diarrhée diminue d'intensité ; malgré cela le malade a
l'air plus affaissé et présente une légère teinte subictérique.
Un peu plus tard (8 septembre), le malade est pris pendant
quatre ou cinq jours d'un délire tranquille, léger et de courte
durée.
Le convalescence s'effectue sans rechutes, la reprise de
l'alimentation se fait le 2 ? septembre et le malade quitte
l'infirmerie le 1'1 octobre. Le total des bains froids s'est
élevé à 52.
Cas. II. - Idiotie légère.
Sommaire. Père : tics nombreux durant la jeunesse, abcès
froids au cou. Grand'mère paternelle emphysémateuse. z
Mère : très nerveuse, migraineuse, convulsions clans l'en-
fance, dix grossesses dont trois fausses couches. Grand-
père maternel asthmatique. Un frère /¡queux.
Syncope durant la grossesse. - Convulsions, paralysie des
membres inférieurs. Marche à quatre ans. Rougeole,
scrofule, gourme; pas de fièvre typhoïde antérieure.
Se) ? 11 ans et demi, entre il l'infirmerie le 2fi août, se
104 Épidémie de fièvre typhoïde.
plaignant de mal de tète et de mal de gorge. Pas de signes
locaux d'angine, pas de diarrhée, pas de troubles respira-
toires. Soir : T. R. 39°, 3. Pendant plusieurs jours le malade
n'offre aucune aggravation de son état général en dehors
de l'élévation constante de la température qui atteint
40°, 1, le- 30 septembre au soir. Langue légèrement
saburrale, constipation, céphalée persistante; pas d'épis-
taxis, pas d'abattement ni de délire.
5 septembre.. Diarrhée légère en même temps que
quelques taches rosées sur la partie inférieure de l'abdomen.
T. IL 10°, 1. Pas d'albuminurie.
11 septembre. La défervescenco commence et s'effectue
régulièrement sans accidents. Le malade quitte l'infirmerie
le 5 octobre.
Traitement : Durant toute la période d'état de la maladie,
le traitement a consisté en diète lactée, potion de Todd,
bains froids toutes les trois heures ; leur nombre total s'élève
à 3G.
OBs. Il[. - Idiotie légère.
Sommaire. - Pas de renseignements sur les antécédents.
\fuâ.. , 8 ans 1/2, est admis it l'infirmerie le 27 août se
plaignant depuis la veille de douleurs de te'e et de ventre.
Pas de vomissements, constipation. Auscultation des pou-
mons négative. - Soir : T. IL 39°,7. - Traitement : Régime
lacté et bains froids.
Etal général stationnaire; ni diarrhée, ni délire, ni stupeur.
Vers le 5 septembre apparition de quelques taches rosées
très discrètes sur l'abdomen , légère diarrhée. - A partir do
ce moment la température baisse, la déferrescence est com-
plète le 10, et le malade commence à s'alimenter.
12 septembre. - La température remonte le soir à .'i8, la
diarrhée réapparaît, cette petite rechute est terminée au
bout de 7 jours.
25 septembre. - Reprise de l'alimentation, le malade sort
guéri le 6 octobre. Le nombre des bains froids dans le cours
de la maladie n'a pas dépassé 12.
uns. IV. - Débilité mentale et épilepsie.
SOMMAIRE, - Père et mère rien de particulier. Grand-
Cas guéris. 105
père maternel très nerveux mort d'un cancer de l'estomac.
Convulsions à trois mois; - Céphalées fréquentes et rou-
geurs de la face. - Pas de maladies infectieuses.
Lamb... (Louis), Il ans, entré à l'infirmerie lé 31 août, se
plaignant de mal de tête. Toux fréquente, et à l'ausculta-
tion râles de bronchite disséminés dans toute la poitrine.
Soir : T. R. 39,5.
Le lendemain diminution de la bronchite. Langue blan-
châtre, ballonnement du ventre, diarrhée peu abondante.
Soir : T. R. 38°,9. Pas de délire ni de stupeur. - Traitement :
Bains froids toutes les trois heures ; leur nonbre n'a pas
dépassé 10.
Les jours suivants, légère amélioration; diarrhée peu
intense ; bronchite persistante surtout au sommet gauche.
9 septembre. - La défervescence est effectuée, la conva-
lescence suit son cours sans accidents et le malade sort
guéri le 14-septembre. -
OBS.V. Rachitisme.Idiotie congénitale.
Sommaire. Père, caractère emporté. Grand'tante pater-
nelle paralysée. - Tante, maternelle morte tuberculeuse.
Mère migraineuse, très nerveuse. - Grand'père mater-
nel alcoolique. Oncle maternel mort tuberculeux
Trois frères et soeurs morts de convulsions.
Convulsions, rougeole, coqueluche, teigne fondante.
Gagn... (Etienne), 13 ans 1/2' entre à l'infirmerie le 3 sep-
. tembre. Il serait malade depuis quelques jours, mais ne pré-
sente ni abattement ni stupeur, semble même plus éveillé
que de coutume. Toux assez fréquente, râles de bronchite
disséminés, prédominant aux bases. Langue normale, pas
de vomissements, pas de sensibilité spéciale de l'abdomen,
examen des urines impossible. - Soir : T. R. 39,5.
4 septembre. Matt'n : T. R. 3S ? E. - Soir : T. R. 40°,3.
6 septembre. Signes stéthoscopiques diminués d'inten-
sité. Quelques taches rosées sur la partie inférieure de l'abdo-
men ; langue légèrement saburrale, selles régulières, pas de
diarrhée. L'état général se maintient assez satisfaisant, pas
d'abattement.
8 septembre. - Vomissements la veille; apparition de nou-
velles taches rosées, légère diarrhée. - Pouls rapide mais
bien frappée . , .
406 Épidémie DE fièvre typhoïde.
90 septembre.- Etat général satisfaisant ; la défervesCence
semble s'effectner régulièrement, pas d'aggravation des symp-
tômes locaux. La convalescence s'opère sans accidents.
Exeat le 20 septembre. ..
Traitement : Diète lactée, bains froids au nombre de 10.
OBs. VI. Syphilis héréditaire ; idiotie congénitale.
SoMMA)HE. Père syphilitique, alcoolique. - Grand-père
paternel, caractère violent. - Grand'mère maternelle
cancéreuse. - Soeur morte de convulsions.
État syphilitique de la mère pendant la grossesse. Con-
vulsions; pyromanie.
Schn.... (Paul), 10 ans, entre à l'infirmerie le 8 septembre.
Malade depuis quelques jours, mais ne pouvant fournir aucun
renseignement sur le siège ou la nature de son mal. Perte de
l'appétit, vomissements rares. Toux fréquente. Soir :
T.R, 39°. -
9 septembre. Nombreux râles de bronchite prédominant
à gauche, où l'on perçoit au sommet de la submatité et des
râles beaucoup plus fins. Langue humide, blanche au centre
et rouge sur les bords ; pas de vomissements, pas de diarrhée,
selles régulières. Pas d'épistaxis. Examen des urines impos-
sible.
Jusqu'au 14 septembre la température baisse régulièrement,
les signes stéthoscopiques diminuent peu à peu. Etat général
stationnaire, l'enfant ne présente aucun abattement, se tient
tout le jour assis sur son lit, balançant comme autrefois son
corps d'avant en arrière.
14 septembre. - La température remonte le 15 au soir et
atteint 38", 9. Cependant on ne note pas d'aggravation de l'état
général, pas de ballonnement du ventre, pas de lâches rosées,
pas de diarrhée. Puis la température recommence à descendre
régulièrement, et le malade quitte l'infirmerie le 22 sep-
tembre.
Traitement : Diète lactée, potion de Todd, révulsifs.locaux
sur le. thorax.
Il semble que ce malade soit entré à la période de
défervescence de la lièvre typhoïde et qu'il ait fait
Cas guéris. 107
ensuite une petite rechute. - Le diagnostic a sur-
tout été posé d'après le milieu épidémique au sein
duquel se sont déroulés- les accidents.
OBs. VII. - Idiotie légère ; surdi-mutité.
SOMMAIRE. - Père eczémateux. - Grand'père paternel mort
d'hémorrhagie cé¡'ebral ? - A ? -rié7,e-gi,aiid'pè ? ,e maternel
suicidé. - Trois frères et soeurs morts de convulsions.
Convulsions ; coqueluche, pas de fièvre typhoïde ; glossite
syphilitique ( ? ) ; blépharite..
Griv... (Edouard), 16 ans, enlre à l'infirmerie le 8 septem-
bre. Malade depuis quelques jours. - Soir : T. R. 38°, 9.
Toux assez fréquente, bronchite légère. Langue blanche, pas
de vomissements, un peu de constipation. Pas d'albuminurie.
Céphalée assez intense, pas de délire.
Traitement : régime lacté et purgatifs ; bains froids toutes
les trois heures : 11 dans le cours de la maladie.
9 sepleinbie. - Soir : T. R. 39°, 9. Les jours suivants la
bronchite devient plus intense en même temps qu'apparais-
sent la diarrhée et des taches rosées sur l'abdomen et les
flancs. Céphalée persistante. La température reste station-
naire aux environs de 39°.
A partir du 16 septembre, amélioration notable; la bron-
chite disparait, la diarrhée est peu abondante.
22 septembre. - Chute de la température. A dater 'de ce
jour l'amélioration s'accentue, la convalescence se fait régu-
lièrement et le malade sort guéri le 12 octobre.
Ons. VIII. -'Idiotie congénitale.
SOMMAIRE. Pé)'es ! /p/utque, alcoolique. Cousin imbécile.
, - Mère nerveuse. Grand'mère materxelle alcoolique.
Grossesse accidentée par des chagrins. Rougeole, pas de
fièvre typhoïde antérieure.
Cort.... (Jean,) 16 ans, entre à l'infirmerie le 12 septembre.
C'est seulement depuis- la veille que l'on s'est aperçu que
108 Épidémie de fièvre typhoïde.
l'enfant semblait malade. Langue sèche et blanchâtre, pas
de vomissements, pas de diarrhée. Pas d'épistaxis. - Soir :
T. R. 40, Z. ,
Le lendemain, râles de bronchite prédominant à gauche.
Langue saburrale mais sans fuliginosités des lèvres ni des
dents. Dans la fosse iliaque droite la pression révèle du gar-
gouillement mais sans aucune douleur; rate hypertrophiée;
diarrhée peu intense. -
Les jours suivants, l'état général reste stationnaire; le 15
septembre apparaissent quelques taches rosées disséminées
sur la moitié droite de l'abdomen. La bronchite a diminué
d'intensité. ..
17 septembre. - Les battements cardiaques semblent tu-
multueux mais cependant restent bien frappés.
19 septembre. - La température qui, la veille au soir, était
à 39".3 tombe brusquement à 36, en même temps que tous
les signes s'atténuent, et à partir de ce jour la convalescence
s'effectue régulièrement, la température se maintenant tou-
jours un peu au-dessous de 37° et le malade sort guéri le 23
septembre. ' . -
Traitement. Diète lactée, potion de Todd, bains froids au
nombre de 18.
OBS, IX. Idiotie congénitale.
S011M61fiE. - Grand-père maternel interné à Bicêtre. Deux
oncles maternels morts de convulsions; six morts en bas
âge; un autre vivant, imbécile, a eu des convulsions. -
Un frère a eu des convulsions. , .
Frayeur très intense dans le cours cle la grossesse. - Accou-
chement long. Convulsions ; rougeole, scarlatine, co-
queluche ; pas de fièvre typhoïde,
Mas... (Léon), 12 ans, conduit à l'infirmerie le 12 septembre.
Depuis quelques jours, on s'est aperçu que l'enfant ne man-
geait plus, était brûlant le soir. T.R. 39°, 5 : '
Le malade ne peut fournir aucun renseignement. Les jours
suivants, on n'observe ni apparition de taches rosées, ni
diarrhée, ni modifications des bruits, respiratoires. La langue
est blanchâtre, non sèche, pas de délire ni de prostration. Le
malade est continuellement assis sur son lit.
19 septembre. - La température, qui jusque-là avait oscillé
, Cas guéris. -109
autour cle 39° présente des rémissions de l-, 5 entre le matin
et le soir. - Pas de modifications dans l'état général de
l'enfant. Constipation nécessitant l'administration de lave-
ments quotidiens; .pas de taches rosées; quelques râles de
congestion aux deux bases.
Du 24 septembre au 1 cr octobre la température se maintient
autour de 3du, presque sans rémissions matinales, atteint
même 40° le 28 au soir. Pas de modifications du côté du tube
digestif. Râles de congestion persistant, peut-être un peu
plus disséminés. Pas de troubles nerveux, pas d'abattement.
A partir du le,' octobre la courbe thermique présente à
nouveau de grandes oscillations qui deviennent régulières
clans les six derniers jours de la maladie.
19 octobre. - La température tombe à 37° et se maintient
à ce niveau, atteignant même 36- 1( 25 octobre au soir. -On
recommence alors l'alimentation du malade qui sort guéri le
29 octobre.
Traitement : A consisté uniquement en régime lacté absolu,
potion de Todd, application méthodique de bains froids
toutes les trois heures et chaque fois que la température
dépassait 39° : leur nombre s'est élevé à 58.
Uns. X. - Épilepsie.
Sommaire. l'ère alcoolique. Grand'mère paternelle
alcoolique. Mère très nerveuse. - Consanguinité. -
Inégalité (le dix ans.
Grossesse, vifs ennuis, deux chtîtes, - Convulsions, - Ona-
nisme à trois ans et demi. - Bronchite; varicelle.
Gaut... (Marius), ans, entre à l'infirmerie le 15 septembre.
Toux fréquente, submatité à la base gauche, râles de bron-
chite généralisés. - Soir : 'f.I2. 39°, 5.
Les jours suivants les signes pulmonaires s'accentuent et
le 19 novembre on observe les signes très nets d'une bron-
cho-pneumonie localisée au poumon gauche. Signes gas-
tro-intestinaux nuls. - Le malade est traité par les bains
froids ; la défervescence s'effectue en lysis et est complète
le 29 novembre.
Après un ou deux jours d'apyrexie pendant lesquels on a
recommencé à alimenter le malade, la température remonte.
Pas d'aggravation des signes pulmonaires ; mais la langue
110 Epidémie de fièvre typhoïde.
devient saburrale, le ventre sensible avec une légère diar-
rhée ; rate hypertrophiée.
19 décembre. Des taches rosées apparaissent disséminées
sur l'abdomen, mais la diarrhée a presque complètement dis-
paru.
` ? 7 décembre, - L'état général est assez satisfaisant ; la dé-
fervescence s'est effectuée d'une façon assez régulière, néan-
moins à la base gauche persistent de la submatité et une
respiration soufflante avec râles nombreux. Ce mode de res-
piration et la toux se sont prolonges jusqu'au 24 janvier, épo-
que à laquelle le malade a quitte l'infirmerie.
Oits. XL Idiotie myxoedémateuse. *
Sommaire. Grand-père maternel alcoolique. Mère, rien
de particulier. - Cousin germain, convulsions, - Tante
maternelle convulsions de l'enfance, ainsi qu'un de ses
enfants. '
Accouchement à 8 mots t 2. -.1'remiène dent à 2 ans.
Prise du sein difficile. Myxwdème.
Mol... (léonine), 3 ans, née il Paris le 5 janvier 1896.
28 août. - Depuis deux ou trois jours a une diarrhée peu
abondante mais fétide. - Traitement par le calomel et lave-
ments laudanisés. - Soir : T. IL 38-,7. - Les jours suivants
la température oscille aulour de 39°; la diarrhée devient plus
abondante mais moins fétide ; pas de taches rosées, pas de
sensibilité de l'abdomen.
3 septembre. Diarrhée diminuée d'abondance. Aux deux
bases et en arrière du thorax, râles fins dissimulés, mais
sans troubles fonctionnels. La température tombe aux envi-
rons de 38°.
L'état général reste assez satisfaisant, jusqu'au 12 septem-
bre où la situation s'aggrave progressivement ; la température
remonte, et atteint 39°, le 13 au soir. Il survient une toux
persistante, une oppression assez marquée, - Pas de trou-
Ides digestifs ni de diarrhée. - Au niveau des deux incisives
médianes inférieures, qui viennent de percer, on note une
légère zone d'inflammation ; salivation abondante.
Vers le 20 septembre tous les accidents inquiétants ont
disparu.
Cas guéris. ni 1
Ous. XII. - Enfant normale. : \Ia ? IBlall<5he), ans, enfant normale, fille d'un infirmier
habitant un des pavillons de ta't ? section, c'est-à-dire en
plein foyer épidémiquc.
6 septembre. Se présente il la consultation ; depuis un
ou deux jours se plaindrait de maux de tète, inappétence,
épistaxis peu abondante.
8 septembre. L'état général s'est aggravé sensiblement :
céphalée persistante avec insomnie; pas de délire ni de
convulsions. Langue jaunâtre au centre, rouge sur les bords,
anorexie, pas de vomissements, ballonnement du ventre, une
ou deux taches rosées, diarrhée. Quelques râles de con-
gestion surtout 11 gaucho et en arrière; bruits du coeur nor-
maux. l'as d'albuminurie. -.Soir : T. R. 3'.t°.
Jusqu'au 18 septembre la température se maintient aux
environs de 40° sans modifications bien appréciables des
symptômes locaux ni généraux. A partir de ce moment, la
température tend a baisser aux environs de : 3 ! J° en même
temps qu'on note une amélioration de l'état général.
2t septembre. - La température monte le soir 111¡00,1 ; le
2. ! à 'i0°,5. Le `3, l'auscultation du coeur permet d'entendre
très nettement un souille systolique siégeant il la pointe
et pouvant faire craindre une lésion organique. Battements
du coeur précipités, mais bien réguliers; pouls bien frappé.
Défervescence assez régulière de la température jusqu'au 26
septembre.
21 .septemht'ë.Chùteijrusquca : jG ? (t. Battements du
coeur affaiblis, pouls petit et misérable, pas d'irrégularités.
- l'as de sensibilité ni de ballonnement de l'abdomen, pas
de vomissements. Injection d'un litre de sérum artificiel en
deux fois; injection d'un gramme de caféine. Le soir la tempé-
r<tlure rentoutc à 39°,4.
Les injections de sérum et d'un gramme de caféine sont
continuées pendant trois jours; la température oscille entre
38° et 39° jusqu'au 4 octobre.
i octobre. 0 gr. 5U de sulfate de quinine. La température
tombe aux environs de Bio et la convalescence s'achève sans
accidents.
Le traitement général a consisté on diète lactée, bains
froids toutes les trois heures; mais l'entant était soignée dans
112 Épidémie de fièvre typhoïde.
sa famille, et le traitement n'a pas toujours été appliqué avec
toute la rigueur désirable.
Uns. XIII. Épilepsie.
Gcn... (Pierre), 31 ans. ? )h))ade depuis le 7 décembre.
Forme atténuée de dothionentéric ; marche régulière de la
maladie. Guérison. -'l'rnilemen6 par les bains froids.
Uns. XIV. Epilepsie.
\fcz... (lunucte), : '7 ans, - Malade depuis le 17 décembre.
Etat typhoïde peu marqué ; l'agitation du malade empêche de
suivre régulièrement la marche de la température. Guérison.
Comme nous l'avons annoncé en commençant,
nous nous sommes bornés dans les observations pré-
cédentes au seul exposé de la marche cle la lièvre
typhoïde. Dans les suivantes, concernant les malades
décèdes, nous ferons cle même dans quatre cas où rien
cle particulier ne nous a semblé à noter. Quant aux
trois autres, par le long temps pendant lequel les
malades ont pu être suivis, antérieurement à leur
lièvre typhoïde, par les complications qui ont entrainé
la mort, par l'intérêt des autopsies, elles nous ont paru
mériter d'être publiées en entier.
Obs. XV. Épilepsie.
Sommaire. Père divorcé, caractère très emporté. Un oncle
paternel mort épileptique. Jlère, pied bot congénital.
Inégalité d'âge de 32 ans.
Le malade : pied bol congénital à gauche, - Convulsions.
Rougeole, scarlatine, pas de fièvre typhoïde antérieure.
Accidents scrofuleux.
. 1'aLnt... (Marcel), IG ans entre il l'infirmerie le 5 septembre.
'- ? Cas< suivis- dë-bécéS ? H 1
Malade' depuis ]a veille, se plaint-dé -mal de tôte et dè'MlP
dues. Sôit· : T : R. h0 ? 5 : - " ? ? ' ;. ? -
- 6 septembre. Se plaint toujours de. mal : de : tête délire^
peu bruyante insomnie.. - Langue large, étalée, sèche; et
recouverte d'un enduit jaunâtre ; annorexie complète ; ventre
météorisé, quelques taches rosées; gargouillement dans la
fosse iliaque droite ; diarrhée abondante. Pas de'toux ; un :
peu de congestion pulmonaire en haut et a droite. Pouls plein'
et rapide.' Urines albumincu'ses. ' Dans l'apl'ès-lilidi ? épi : .
staxis dbonclaïite. : 1 ->
-'1 septembre. 3latin : T. R. 39°, 9. Son' ; Tzar. 41 ?
'- 9 septembt·e. -I'état général s'aggrave de plus en
Délire' assez intense mais peu bruyant. ? Laijg-ûc; seche : >
rôtie, desquamée : pas de vomissements; nouvelles-tachas'
rosées ; diarrhée abondante et continue. Respiration courte
et précipitée ; congestion intense occupant surtout le poumon
droit; pas de toux. Bruits du coeur rapides et faibles;
pouls petit, irregulie'r; extrémités', légèrement cyanosées et
froides. T. R. 40°, 2 et 40°. ,
Traitement. - Injections de 1 gr. 50 de caféine et d'un
litre de..sérum artificiel en vingt-quatre heures. ' .
10 septembre*. Même état. Rythme ombryooardique dû
coeur. T. R. 40°, 9. - Même traitement, injection d'huile cam-
phrée en plus. Dans le cours, de la journée, les bruits
deviennent de plus en plus faibles, les battements du pouls
incomptables. Le malade tombe dans le coma et meurt le, 1l
à 9 heures, du matin. T. R. après la mort : 40°, 5.
. Traitement : diète lactée, potion de Todd, deux lavements
froids par jour, bains froids au nombre de 39. - Opposition iL
l'autopsie (/)). .. '
OBS, XVI. - Myopathie progressive.
Sommaire. Grand-père paternel alcoolique. Mère morte
'tuberculeuse. Grands-parents maternels tuberculeux, T
Quatorze oncles et tantes morls en bas-âge;' un-mort idiot
et présentant la même affection que le'malade... : ... Trois
- frères et-soeurs morts- cle- méningite. Pas de consangui-
nité.......
"(1j-Dana tous les hôpitaux; le règlement devrait autoriser l'autopsie comme
droit absolu des médecins. ......., -
BOU)1NVILI ? Bicêtre, 1898. 8
114 ÉPIDÉMIE DE fièvre typhoïde.
Cyanose à la naissance. - Convulsions à dix mois. -
Rougeole, varicelle, pleurésie droite à l'âge de 8 ans.
1897. Éruption de rubéole. Décollement de l'épiphyse.
inférieure du fémur gauche, d'origine traumatique.
Pep... (Léon), 13 ans et demi, est amené à l'infirmerie le 8
septembre à trois heures et demie de l'après-midi. Serait
malade depuis plusieurs jours. - Au moment de l'entrée,
T. R. 39°, 8. - A six heures du soir, T. R. 40°. - Diarrhée
dans la nuit ; mort le 9 septembre à 7 heures du matin.
L'autopsie faite 5 heures après le décès permet de coiiste-
ter sur la portion terminale de l'intestin grêle la présence de
cinq ou six plaques de Peyer tuméfiées. Pas de perforations
intestinales (1).
OBS. XVII. - Épilepsie.
Sommaire. Père, r intermittentes, e.vcès de boisson, tremble-
ment des mains,- Grand-père paternel alcoolique. Arriè-
re-grand'mère paternelle morte en enfance. - Grand-oncle
paternel mort d'apoplexie. Oncle paternel mort alcoolique.
- Cousins et cousines morts de convulsions, de 1nG''ntn-
gite ; un autre a été interné à Bicêlre à l'âge de 7 ans. (2)-
Mère très nerveuse, convulsions dans l'enfance, migraines
au moment des règles, mouvements involontaires dans les
bras et le pied gauche. - Grand-père, deux arrière-grands-
pères, grand-oncle maternels alcooliques. - Un grand-
oncle mort de convulsions. Une tante a eu des convul-
sions ; sujette à des crises nerveuses. Cousins morts de
méningite : un est arriéré. soeur morte de méningite.
- Pas de consanguinité.
Pas de rapports dans l'ivresse. Frayeur pendant la gros-
sesse. - Convulsions à six mois. - Vertiges à treize mois.
Rougeole il. un an. - Bronchite légère à dix-huit mois.
Pas de fièrve typhoïde antérieure.
(1) Notre remplaçant, M. le D' Nageotte, médecin suppléant de Bicêtre, a
demandé que l'autopsie fut faite avant le délai réglementaire de 24 heures, en
raison de la rapidité de la mort.
12) Idiotie congénitale par arrêt de développement des circonvolutions du
cerveau (Guill.. Fernand).
Cas suivis DE DÉCÈS. 115
Wei... (Georges), 11 ans 1/2, entre à l'infirmerie le 9 sep-
tembre. Pas de renseignements sur la date du début de
la maladie ; l'enfant se présente avec une langue blanchâtre
un peu sèche, une diarrhée légère : pas de vomissements, de
ballonnement du ventre ni de taches rosées ; légère hypertro-
phie de la rate. Pas d'épistaxis, toux légère, sans signes sté-
thoscopiques nets. Examen des urines impossible. - Soir :
'l'.li. 10 ? >.
12 septembre. État saburral de la langue et fuliginosités
des dents ; haleine très fétide ; pas de sensibilité de l'abdomen,
pas de taches rosées ; la diarrhée a cessé depuis la veille. Le
malade ne tousse pas, mais l'examen du thorax révèle de la
submatité aux deux bases en même temps que l'affaiblisse-
ment du murmure respiratoire à ce niveau et quelques râles
disséminés dans toute l'étendue des deux poumons. Pouls fai-
ble et misérable, extrémités refroidies et cyanosées. Profond
état de torpeur. Injections de caféine.
l't septembre. - Etat stationnaire; selles régulières, sans
diarrhée. La température oscille autour de 40°.
17 septembre. Dans la journée convulsions limitées au
côté droit. Le soir la température remonte à 40°,6.
18 septembre. L'état général baisse de plus en plus : respi-
ration embarrassée et très faible; constipation ; pouls à peine
sensible, extrémités cyanosées. - Traitement : injections de
caféine et de sérum artificiel.
22 septembre. - La prostration devient de jour en jour
plus profonde. Convulsions épilepli{ormes prédominant du
côté droit. - Soir : T. It. 'i0°,9. (Fig. 8)
23 septembre. Matin : T. Il. 40°,5. Mort dans le coma.
Traitement. Régime lacté, lavements froids, bains froids
toutes les trois heures au nombre de quatre-vingts. Contrai-
rement à ce que nous avons observé dans les cas de guéri-
son, la température après chaque bain s'abaissait en géné-
ral d'un degré à peine.
1-16 Épidémie de fièvre typhoïde.
Cuir chevelu maigre et pâle. - Crâne allongé, les os sont
peu durs, larges plaques transparentes au niveau des angles
des pariétaux. Entre ces plaques et la suture frontale, il
existe sur la face externe du crâne une dépression assez mar-
quée. Les sutures persistent sur les doux faces et sont très
finement dentelées; de plus, la suture inter-pariétale décrit
plusieurs courbes il rayons assez grands dans sa moitié
antérieure. Les sutures pariéto-occipilales sont très sinueu-
ses. - Nombreuses adhérences de la dure-mère au crâne.
Les diriéreiites fosses de la base du crâne ainsi que les
différentes parties de la base de l'encéphale, artères et nerfs,
paraissent normales et symétriques. Liquide céphalo-
rachidien en quantité normale.
. Hémisphère gauche. Epaisoissement très marqué de la
pie-mère le long de la scissure de Sylvius et du sillon de
Rolando.
Hémisphère droit. I'ie-ntère très injectée et épaissie au
niveau de la scissure de Sylvius ; la décortication est très
difficile et entraîne des fragments du manteau cérébral qui
semble être le siège d'une légère inflammation.
Des deux cotés, surtout il droite, les lobes frontaux sont
formés de circonvolutions assez grêles avec des sillons super-
ficiels, des plis de passage rares. Les circonvolutions fron-
tales et pariétales ascendantes sont bien développées et très
asymétriques. Les plis pariétaux inférieurs et supérieurs sont
tout-à-fait dissemblables sur les deux hémisphères. Il en est
de même des lobes <fnt)<0) ? \' dont les circonvolutions sont
grosses, unies, presque rectilignes à droite. alors qu'elles sont
moins volumineuses, sinueuses et sillonnées il gauche. Les
circonvolutions des lobes occipitaux sont assez grêles mais
plus symétriques. On note la même asymétrie sur la face
interne des deux hémisphères. La circonvolution du corps
calleux et la circonvolution frontale ont un aspect grossière-
ment chagriné a gauche qu'on ne trouve pas à droite.
Thorax, - Adhérences assez récentes des deux feuillets de
la plèvre droite à la base; pas d'épanchement liquide. Pou-
mon droit fortement congestionné à la base. Lobe inférieur du
poumon gauche très congestionné ; la pression fait sourdre
un liquide purulent. - Ganglions trachéo-bronchiques
engorgés.
. ' IDIOTIE `CONGÉNITALE.
Tableau du poids et de la taille.
119
Cas suivis de décès. 121
OBs. XVIII. - Fièvre typhoïde chez un infirmier.
Del..., infirmier, 21 ans. Malade depuis plusieurs jours,
est entré à l'Infirmerie générale le 21 novembre. Jusqu'au G
décembre, température très élevée, se maintenant outre 40°
et 4)°. Signes pulmonaires minimes, par contre signes gastro-
intestinaux très intenses : fuliginositcs des lèvres et des gen-
cives, état saburral de la langue; anorexie très prononcée ;
ventre ballonné et très sensible, taches rosées multiples ,
diarrhée abondante et très fétide. Léger délire. - Les batte-
ments du coeur se maintiennent assez énergiques.
A partir du 17 décembre, la température a commencé
à décroître, en même temps que le malade prend régulière-
ment un gramme de sulfate de quinine. La convalescence
s'effectue très lentement. A partir du 25 décembre, la tempé-
rature oscille entre : J'j0 et 38° jusqu'au 10 janvier. A cette
époque, le malade fait une rechute qui dure 'jusqu'au 21 jan-
vier : la température n'a pas dépassé 39°, puis elle est retom-
bée aux environs de 37°. Mais par la suite 1 état général ne
s'est pas amélioré d'une manière sensible : le malade, dans yn
grand état de maigreur, présente des phénomènes de dénu-
trition très intenses et succombe UJ'usr¡lwment il line s ! J11-
cope le n février. ;
Oins. XIX. Idiotie symptomatique d'un arrêt de développement
des circonvolutions. Fièvre typhoïde, perforation intestinale..
Sommaire. Père arriéré, se livre à l'onanisme jusqu'à un
âge avancé. Grand'père paternel » simple d'esprit z z
ArriéreY1'ancl'père paternel, esprit faible, mort cancéreux.
il/ère rien de particulier. Arrière grand'mère, mater-
nelle très nerveuse. - Arrière grand'père paternel suicidé.
- Un oncle et une tante maternels morls cl'apoplexie ?
Un frère idiot et une sonir imbécile, ... -
Pas de consanpuinité. - Différence d'âge cle 7 an ? -, . '
Accouchement avant terme. - Gémellarité ? Attaques de
faux croup. - Diarrhée fréquente, ascarides. Rougeole
à. Sans, - Scarlatine à 9 ans. Fièvre lyphoïde, ,per/,Q-
-. ration. Mort ? . . .. - ?
12 Epidémie de fièvre typhoïde.
Autopsie. - Perforation il la partie terminale de l'intestin
grêle. Pas de péritonite généralisée. Congestion pul-
monaire. - Quelques adhérences pie-mériennes.
X... (G...), né le 25 novembre 1881, est entré il l'hospice
de Bicêtre le 4 novembre 1889.
Antécédents. (Renseignements fournis par sa mère en
novembre 1889.) l'I : : HE, 40 ans, employé à la Banque, est
« simple d'esprit » dit la mère, et n'a pu entrer dans cette
administration que grâce il de multiples protections. Pas de
suite dans les idées; « son écriture et son raisonnement sont
ceux d'un enfant » : il entre clans de violentes colères sous un
prétexte- futile. Sobre, ne fume pas. Pas de migraines, pas de
névralgies, pas de rhumatismes, pas de maladies de peau.
Sujet à de petites crises nerveuses s'accompagnant d'oppres-
sion, spasmes pleurs, et durant une demi-heure environ.
Réformé du service militaire pour faiblesse de constitution,
s'est marié à 32 ans : masturbateur endurci, il lui arrivait
souvent dans les premiers temps de son mariage de se livrer
à l'onanisme auprès de sa femme, bien que celle-ci ne lui eut
point refusé les rapports. Il cherche aussi il avoir sa fille dans
son lit; sa femme l'a surpris les mains sur les parties géni-
tales de l'enfant.
[Son Père, 75 ans, huissier retraité du ministère des finan-
ces, ne sait pas lire. Bien portant ; caractère faible, sujet à de
violents accès de colère. .1/ère. fi0 ans, très intelligente. -
Grands-parents paternels, pas de renseignements. - Grand-
père maternel simple d'esprit, » mort d'un cancer de l esto-
nac. - Grand'mère maternelle intelligente, morte il 82 ans.
- Ni frères ni saurs, - Une lanle maternelle jumelle morte
en naissant. Pas d'autres renseignements sur le restant de
la famille.]
Mère, 35 ans, s'occupe des soins du ménage. Intelligente
et bien portante, pas nerveuse, aurait eu dans son enfance
des adénites suppurées du cou. Migraines fréquentes surtout
avant et pendant les règles. Pas de maladies de peau, pas de
rhumatismes, pas de névralgies. [Père. 77 ans, très ner-
veux, n'a jamais été malade. Mère, 70 ans, bien portante,
pas nerveuse, aurait eu la gravelle. Grand-père paternel
mort d'une maladie de coeur. - Grand'mère paternelle très
nerveuse, sujette à de fréquentes attaques, est morte du cho-
léra. Grand-père maternel s'est suicidé après des affaire*
de bourse. - Grand'mère maternelle morte à 78 ans d'une
IDIOTIE congénitale. 123
fluxion de poitrine. - Pas d'oncles paternels. - Une seule
tante paternelle morte tuberculeuse. - Neuf oncles ou tantes
maternels : trois tantes vivantes, plus que septuagénaires ;
les autres sont morts de fluxion de poitrine, de la pierre,
deux oncles et une tante sont morts d'apoplexie - Quatre
frères dont un mort-né ; des trois autres, aucun n'a eu de
convulsions : l'un est mort à quelques mois après une chiite
sur la tête ; l'autre est mort à vingt-sept ans des suites d'une
affection syphilitique, présentant de la nécrose d'un fémur;
le troisième est mort d-s fièvres en Cochinchine. - Une
soeur morte de la coqueluche à un âge peu avancé. Dans le
reste de la famille pas d'idiots, d'aliénés, d'épileptiques, de
difformes, etc.] (1).
Pas de consanguinité. - Inégalité d'Age de sept ans.
Trois enfants : 1° garçon, idiot, soigné à la 4° section de
l'asile de Bicêtre,; - 2" notre malade ; - 3° fille imbécile,
jumelle avec le malade.
Notre malade. - A la conception, père bien portant, mais
la mère était convalescente depuis un mois à peine d'une
fièvre typhoïde; celle-ci déclare, d'ailleurs, qu'elle n'éprou-
vait aucune affection pour son mari, mais seulement un sen-
timent de pitié, qu'elle ne restait avec lui qu'à cause de son
fils, qu'elle redoutait d'avoir d'autres enfants malades comme
le premier. Grossesse difficile : vomissements, étouffements,
oedème volumineux des membres inférieurs et des mains;
pas de renseignements concernant l'albuminurie. Pas de
traumatismes. - Accouchement trois semaines avant terme;
grossesse gémellaire ; le malade est venu le premier; accou-
chement facile. - Pas d'asphyxie à la naissance. Élevé au
sein par sa mère jusqu'à deux mois, par une nourrice sur
place jusqu'à un an. - Première dent à dix mois ; dentition
complète à trente mois. - A marché à treize mois, a com-
mencé à être propre à deux ans, a prononcé les premiers
mots vers quatre ans. - iV'a jamais eu de convulsions, -
Sujet il des accès de faux croup revenant deux ou trois fois
chaque hiver et toujours la nuit. - Pas de coqueluche, de
(IJ. Le grand-père paternel de l'entant est mort en 186. à l'àge de 80 ans,
d'un cancer de lu jonc. - Son grand-père, maternel est mort en 1898 à 81
nns d'une congestion pulmonaire ; il avait conservé son intelligence. Une
(11'ancl'l,1111c maternelle est morte il 88 ans, également en 1898, avec toute sa
connaissance. si On vit vieux dans les deux familles. » (Renseignements
donnés en 1890).
124 Epidémie de FIËVDE typhoïde
rougeole, de scarlatine, de fièvre typhoïde. Sujet à la
diarrhée, a eu beaucoup d'ascarides. A six ans, brûlure à la
tète avec une casserole d'eau chaude (pas de cicatrices).
l'as d'accidents de scrofule (gourme, adénite). A l'âge de six
ans et demi, pendant trois mois, le malade a présenté de
l'incontinence d'urine et parfois même des selles.
C'est vers l'âge de deux ans que sa more s'est aperçue que
G .. présentait quelque chose d'anormal : elle ne pouvait lui
faire distinguer ses yeux, son nez. Envoyé à l'école a l'Age
de trois ans, il n'y a rien fait; it cinq ans sa mère lui a
appris les lettres, mais n'a jamais pu le faire syllabor : il est
impossible de fixer un seul instant son attention.
Etat actuel. Physionomie peu intelligente; G .. a l'air
assez bien portant physiquement.
Tête. Le co.îtne offre un volume normal ; les bosses parié-
tales et frontales sont saillantes, symétriques ; les fontanelles
fermées. Cheveux blonds, abondants, bien plantés ; pas d'épi,
tourbillon postérieur médian.
Visage de forme allongée. Arcades sourcilières peu saillan-
tes, sourcils blonds, peu abondants, séparés par un intervalle
de cinq c;entimi.·fres. Les fontes palpébrales sont bien ouver-
tes, égales, les cils longs, bien implantés, sans trace de ble-
phal'ile; les pupilles sont égales, normalement dilatées,
réagissant bien il la lumière ; il est impossible de savoir si
elles réagissent de même à l'accommodation, ni quel est l'état
du champ et de l'acuité visuels : le malade ne reconnaît pas
les couleurs. Pas de strabisme, d'exophtalmie, de nystag-
nus. La bouche e.-t régulière, mesure quarante cinq milli-
mètres de longueur : lèvres assez épaisses ; voûte palatine
arrondie, pas de saillie des amygdales. Seules des dents per-
manentes, les incisives médianes et les premières prémolai-
res supérieures et inférieures sont poussées; les dents de lait
incisives, deuxièmes molaires) persistent encore, plus ou.
moins cariées. Le malade distinguo les saveurs agréables, de
même pour les odeurs. Les oreilles sont un peu déplissées
clans leur partie inférieure, le lobule est aplati et adhérent.
Le cote, assez long, mesure vingt-cinq centimètres de cir-
conférence ; quelques ganglions roulant-sous- le doigt sur les
parties latérales du cou.
Thorax régulièrement conformé : auscultation des pou-
mons et du coeur négative. Quelques ganglions dans les ais-
selles. " '
Les membres sont normaux, symétriques : on n'observe ni
Rougeole. 135
troubles de la motilité, ni de modification du réflexe. Sen-
sibilité, fonctions trophiques. rien de particulier.
Puberté. - Corps complètement glabre. - Verge : gland
découvrable, longueur 5 cm., circonférence 5 cm. Testicules
situés iL la partie supérieure du scrotum, du volume d'un
gros noyau de cerise. Région anale saine.
Le caractère de G.. est un peu craintif, affectueux, assez
gai , il est sujet parfois iL des accès de colère. Il n'est ni
voleur, ni gourmand, n'a pas de tics; jusqu'à présent on n'a
pas observé de tendance à l'onanisme, le sommeil est pro-
fond et tranquille. - G.... parle, mais très mal : il prononce
à peu près toutes les lettres de l'alphabet, sauf j-r-x. Usait
endosser ses vêtements, mais ne sait ni se boutonner ni se
lacer seul ; il ne sait pas non plus se laver. Sa tenue à table est
bonne, il n'a ni salivation, ni régurgitation, ni rumination.
Il se sert de la cuiller et de la fourchette, non du couteau.
Mis à la petite écolo, il ne manifeste aucune application ; il
est très turbulent, incapable d'attention. Il connaît, avons-
nous dit, les lettres, mais ne sait pas les arranger pour en
faire des syllabes ; il n'a aucune notion des chiffres ni des
nombres, non plus que des surfaces ni des solides. Il connaît
les différentes parties de son corps et de son habillement,
ainsi que les principaux objets qui l'entourent.
21 novembre. Entré an pavillon d'isolement. Le malade
accuse du mal de tête. La face est rouge, les conjonctives
injectées. Quelques lâches rouges disséminées sur les lombes
et les jambes ; l'abattement est assez marqué. T. R. : 38°, 4.
Daus la journée, Y éruption /,[lbéolir¡l1c s'accentue. Au
visage, elle envahit seulement le front et le derrière des
oreilles; sur le dos elle est très confluonte, beaucoup moins
sur l'abdomen et la racine des membres. La toux est fré-
quente, rauque. la dyspnée assez intense. A l'auscultation,
respiration rude et râles sibilants au sommet gauche. Angine
érbylhématcuse, amygdales volumineuses; ganglions sous-
maxillaires et latéraux-cervicaux assez volumineux des deux
côtés. - Soir : T. R. 40, 5. - Traitement : lait, bouillon,
potion de kermès, teinture d'iode sur le cou.
22 novembre. L'éruption a complètement envahi le tho.,
rax, l'abdomen, la racine des cuisses. Catarrhe oculaire et
nasal très prononcé. T. R. 40°, G et 39°, 2.' "'
23 novembre, - L'éruption commence déjà à pâlir; la toux
èst rauque et toujours très intense. T. R. 39, 5 et 39°, 4.
24 tiouon'e. L'éruption pâlit de plus en plus; -pas d'al-
buminerie. T. R. 38° 6 et 380. ,
26 novembre, - L'éruption a entièrement disparu; -mais'
126
Épidémie DE fièvre typhoïde.
les signes pulmonaires persistent ; les quintes de toux,
entraînant des efforts nauséeux, surviennent presque sans
discontinuer ; murmure vésiculaire très diminué d'intensité
Fig. 9. - Rougeole. -j- Éruption complète. [-[- Accidents pulmonaires.
Scarlatine. 127
Urines très chargées en urates. - Matin : 39°.
Soir : T. R. 40°,8.
27 novembre. - Urines très rares, très chargées d'urates;
pas d'albumine.
28 novembre. - Oligurie persistante. Submatité à la base
du poumon droit; murmure respiratoire affaibli, quelques
frottements et quelques râles disséminés.
30 novembre. État stationnaire, la température oscille
entre 38 et 39°. (Fig. 9).
2 décembre. La température descend : T. R. 37°, 8 et
37°, 1. Les signes stéthoscopiques diminuent, la toux se fait
de plus en plus rare.
15 décembre. Le malade sort guéri.
1890. 22 juillet. G.. X.. est aujourd'hui très énervé,
excité, saute sur les infirmières pour les embrasser.
Puberté. Corps complètement glabre. - Verge : gland
découvrable, longueur 5 cm. 5, circonférence 5 cm. Testicule
gauche descendu dans les bourses, le droit maintenu au
niveau de l'orifice inguinal. - Région anale normale.
7 octobre. - Vaccination sans succès.
28 octobre. - Entré au pavillon d'isolement, en présentant
les signes d'une fièvre scarlatine au début. - La maladie,
dans son ensemble évolue d'une façon bénigne ; seule, au
début, l'angine est assez intense, l'éruption peu marquée, la
température atteint 41°, ? 2 le 30 au soir et la desquamation
commence le lendemain. A aucun moment le malade n'a pré-
senté d'albuminurie. Il sort guéri le 17 décembre. (La fig. 10
représente la marche de la température.)
18Q 1. 20 janvier, zig... qui, la veille, a rendu plusieurs vers
entre à l'infirmerie. - Traitement par le calomel.
21 mat. Envoyé à l'infirmerie pour des troubles gastuo-
intestinaux (vomissements et diarrhéel,
23 juillet. - Puberté. Corps complètement glabre. 'Verge :
gland découvrable ; longueur 5 cm. 5, circonférence 5 cm.
Testicules descendus, égaux, du volume d'une olive.
Au point de vue de l'écolage. G... ne fait aucun progrès :
il est toujours impossible de fixer son attention.
1892. 2 juillet. - Puberté. Pas de modifications. - État sta-
tionnaire du malade. - Traitement par les douches, les bains
salés, la gymnastique.
Décembre. G... a fait, dans le courant de l'année, quel-
ques progrès en classe : il prononce distinctement les r et les
lw$LPIDI ? \111 : DE l'lli\'ItE 'l'1L'HOIDL.
1>l, ce qu'il ne pouvait faire auparavant ; il commence à sylla-
])ci-, il reconnaître les chiffres, à compter au boulier. Il sait
de même les jours de la semaine, les mois, les saisons et
reconnaît les différentes parties de son corps. - Caractère'
un peu fantasque, mais bon cependant : ' w -" '. ".
1893. = Dléme état, même traitement. --' ;- - ! -'
Fig. 10. - Scarlatine.......
Cas suivis DE décès. 129.
Décembre. G... parvient à faire quelques phrases et à
rectifier certains mots qu'il dénaturait complètement au
début : mais la voix est toujours rude et sans aucune modu-
lation. Il a fait des progrès en lecture et en calcul, distingue
le masculin du féminin, le singulier du pluriel, reconnait les
couleurs, nomme les surfaces. Mais il ne fait aucun progrès
en écriture, ne peut même suivre le tracé des lettres ; il n'y
met du reste aucune bonne volonté, son attention est tou-
jours aussi instable.
1894. 16 juin. Puberté. Pas de modifications.
1895, 1896, 18`J i. - Pas de changements bien appréciables
au point de vue de la santé de l'enfant, non plus que du
développement de son intelligence.
1898. Janvier. - Puberté. - Face glabre. Trois ou quatre
poils noirs, courts, frisés, dans l'aisselle droite. Pubis : poils
bruns, frisés, assez longs. - Verge : pas de phimosis; lon-
gueur : 8 centimètres ; circonférence : 7 centimètres. Testi-
cules en place dans le scrotum, du volume d'un oeuf de
pigeon. - Quelques poils à la région périanale.
20 juillet. - X... entre il l'infirmerie, toussant et se plai-
gnant de douleurs dans la poitrine. Depuis trois ou quatre
jours, on a observé qu'il était malade, mais cependant l'appé-
tit était conservé. La langue est légèrement saburrale ; pas
de vomissements, pas de sensibilité spéciale de l'abdomen,
légère diarrhée. - Soir : T. 12. 'i0°, ! i.
21 juillet. - Toux fréquente, mais sans expectoration, sub-
matité à la base droite ; affaiblissement du murmure respira-
toire à ce niveau, respiration rude et souillante au sommet
correspondant. - Langue blanchâtre et humide, pas d'aug-
mentation du foie ni de la rate; diarrhée disparue. Pas
d'albuminurie.
24 juillet. La température se maintient aux environs de
10°. Le malade dort peu, mais ne présente cependant ni
abattement ni délire, il répond bien aux questions qu'on lui
pose, le regard demeure vif, le teint rosé. - La toux persiste
en même temps que la respiration devient plus rude. -
Langue blanchâtre et sèche au centre ; quelques taches
rosées sur la partie supérieure de l'abdomen.
la juillet. - Même état, léger ballonnement du ventre, pas
de diarrhée.
26 juillet. - La température tombe le matin à 38° et se
relève le soir à 40°, 3. Le malade est très affaibli, et les bains
Bourneville, Bicêtre, 1898. 9
130 Epidémie de fièvre typhoïde.
froids qui les jours précédents déterminaient des abaissements
de température de deux degrés, l'abaissent à peine de deux
ou trois dixièmes de degré. - La langue est un peu sèche
et on note sur l'abdomen une éruption assez considérable
de taches rosées et sur la partie antérieure du thorax une
éruption continente de .sudanuna. Pale légèrement hyper-
trophiée, pas de diarrhée.
27 juillet. - Battements du coeur mous et intermittents,
extrémités froides et cyanosées. Respiration soufflante et
rude aux deux sommets. La température oscille entre 40°, 3 et
391, 7. La réaction après les bains se fait mieux que la
veille.
28 juillet. - Etat stationnaire; intermittence et faiblesse
extrême clos battements cardiaques. - Doux ventouses
scarifiées à la région précordiale. T.R. 39°, 8 et 40°, 5.
29 juillel. - La température tombe le matin il 39°, 8 ut se
relève le soir il 40", 6; le malade est plus abattu que les jours
précédents. Belle effervescence de taches rosées sur le flanc
gauche, pas de diarrhée. Battements cardiaques faibles et
présentant quelques intermittences; extrémités froides.
Moins de rates et de sibilances dans la poitrine. - Traite-
mont : caféine en potion. : : 0 juillet. - Les taches rosées pâlissent sur l'abdomen et
au niveau du liane gauche, mais persistent sur la face anté-
rieure des cuisses ; légère diarrhée très fétide. - Battements
du coeur réguliers et mieux frappés.
31 juillet. - Etat stationnaire. T. lt. 39°, 8 et 40°, 3.
1" août. T. lt. 37°, G et 39°, 4.
2 août. - Les taches rosées disparaissent de plus en plus.
Pas de diarrhée. Abattement assez prononcé du malade.
t août. torpeur moins grande. Soir : T. R. 40', 4.
(i août. - Diarrhée; dans la journée. T. R. 39°, '2 et 40°, 4.
8 août. - Toux plus fréquente; murmure respiratoire
affaibli, mais peu de râles. La diarrhée continue. - Le soir à
cinq heures, après un bain, le malade est pris de syncope
avec pâleur et lypothymie, ayant duré près de deux heures.
Malin : T. IL 38", 4. - .Soir : T. il. 'il». °,
9 août. - Etat de torpeur et de pâleur du malade. Sur
l'abdomen les taches rosées ont réapparu ; pas de ballonne-
ment ni de sensibilité spéciale. - Respiration voilée à la
base gauche ; râles de congestion tissez nombreux à droite
10 août. - Amaigrissement considérable, eschares au
sacrum et le long du rachis. - Langue chargée et blanchâ-
tre, pas de vomissements, léger ballonnement de l'abdomen,
mais satis réaction spéciale à la pression, pas de diarrhée.
Cas suivis de décès. t3l
Dyspnée assez intense, pas de toux, pas d'expectoration,
souille et râles nombreux à droite, moins abondants et plus
disséminés iL gauche, - Pouls rapide, mais régulier et assez
1 ! ,bicn,rrapl)(', Le mil tin la température est tombée ,iL 37°, 4
et remonte le soir à 39°.
' - - 1,ig. 11. -- Fièvre tyloSule. -- lI. mort.
Epidémie DE fièvre typhoïde.
132
. 11 aoîtt. - Même état; dans la journée, agitation violente
traitée par des applications de glace sur la tête et l'injection
d'un centigr. de morphine. La température monte progressi-
vement à 410. (Fig. 11.)
12 août, Mort à 9 heures du matin. La température,
deux heures avantla mort, était de 4t, 3. 3.
Traitement. - Le traitement général institué le 24 juillet a
consisté en diète lactée et potion de Todd; bains froids
toutes les trois heures, chaque fois que la température dé-
passait 39° ; deux lavements froids par jour. Le nombre des
bains s'est élevé à 75.
Température après décès .
s
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134 Epidémie DE fièvre TYPHOIDE,
Autopsie faite vingt-quatre heures après la mort. -- TÊTE.
- Cuia chevelu maijre. - Crâne un peu épais (5 à 6 mill.
d'épaisseur). Région frontale très étroite. Quatre plaques
transparentes au niveau de la fontanelle antérieure. Toutes
les sutures persistent, aussi bien it la face interne qu'a la face
externe : six os \\'OI'I11Î1'I/S sur la suture parieto-occipitale
gauche et trois sur la droite. -TJCCtc-mre peu épaisse.
Apophyse o'tSta-a ! H lamelliforme.Disposition symétri-
que des différents orifices, des artères et des nerfs de la base
de l'encéphale. - Glandes pinéale et piluitaire ne présen-
tant rien de particulier. - Les deux lobes frontaux sont acco-
lés dans leur quart postérieur.
Cerveau l/hémisphère cérébral gauche parait un peu
J"II" pl'/ i/ 1'/ un peu moins développé il la région frontale
que le droit. Les circonvolutions des deux hémisphères sont
assez complexes et : unies par des plis de passage assez
nombreux.
Hémisphère droit (.'j70 gr.). - La décortication se fait en
général assez facilement; toutefois, ça et là, on enlève des
fragments de substance surtout Ü la face interne du lobe
frontal, sur le gyrus reclus, sur quelques points de F. A., et
principalement sur la moitié antérieure de la circonvolution
du corps calleux. Cet hémisphère, un peu plus volumineux
que le gauche, est d'une description plus simple. Les grands
plis du cerveau (scissure de Sylvius, sillon de Rolando, etc.,
etc.) y sont bien plus nettement accusés.
Lobe, frontal. 1"r, F2, Pv ont. bien que très contournées,
un trajet antero-posterieur paiallèle assez régulier. FI est
subdivisée en doux circonvolutions parallèles par un sillon
interrompu plusieurs fois. Ces trois circonvolutions qui com-
muniquent fréquemment à leur origine, se jettent toutes trois
dans F A, qui, assez volumineuse, n'est coupée que vers son
cinquième supérieur par une incisure au-dessous du pli de
passage qui termine FI, F3 devient grêle et aplatie au niveau
de son tiers postérieur, une incisure très profonde la coupe
un peu avant son union avec le pied de F A.
Lobe pariétal. - l' 1 est parfaitement autonome. Kilo
communique en bas avec F A, formant l'opercule rolandique
peu développé; en haut elle se bifurque pour donner deux
plis de passage au lpbq pariétal supérieur. Cette circonvolu-
tion est très mince'et très aplatie. Les lobules pariétal su-
pét-ieur.ët inférieur offrent exactement la même disposition
que ceux du coté gauche.
. Cas suivis de décès.... 135 : Lobe temporal. - Comme il gauche T1 est nettement auto-
nome tandis que T2 et T3 sont unies.
Le lobe occipital peut être divisé en trois petites circonvo-
lutions séparées par des sillons très peu marqués. Rien de
particulier à noter au niveau de l'insula.
Face interne. Comme pour l'hémisphère gaucho, il n'y a
aucune disposition particulière. FI, L. Il., A. C, C, CC%G, les
circonvolutions de l'hippocampe, et temporo-occipitales, le £
corps calleux, les noyaux gris n'ont rien d'anormal au point
de vue morphologique. :
Hémisphère gauche (565 gr.). Quelques adhérences aux
mêmes points que du côté opposé. - Pas d'anomalie au point
de vue de la configuration générale. La scissure de Sylvius
et ses deux branches, le sillon de Rolando, la scissure per-
pendiculaire externe (,,[ tous les principaux sillons existent
et occupent la situation normale.
Face externe. -Love frontal. Fj peu volumineuse, présente
de nombreux plis de passage avec les circonvolutions voisin
nes : un d'abord avec P'z, vers la corne frontale, puis cinq
avec F2. Au niveau de son quart postérieur est le dernier pli
de passage avec F2 qui semble continuer la circonvolution;
une incisure sépare le quart postérieur qui se jette dans FA.
F2 a la forme d'une S couchée horizontalement, la première
partie est convexe en haut, et communique avec F2 par
les plis de passage déjà signalés, et avec P3 par deux plis de
passage importants, l'un tout à fait antérieur et l'autre
médian. F3 est un peu grêle, surtout au niveau du territoire
de Broca. FA est indépendante dans ses 2/3 inférieurs, qui
se terminent en bas par un pli de passage avec F3, en haut
par un autre avec F. Soutiers supérieur, complètement isolé
en bas par une incisure, forme deux noyaux, un inférieur;
isolé, un supérieur communiquant avec Fi. ,
Lobe pariétal. PA est excessivement grêle ; elle bifurque
en bas et communique en avant avec FA, en arrière avec le
reste du lobe pariétal. Elle se termine en haut d'une façon
analogue. Pas de pli de passage dans son trajet. La scissure
intrapariétale offre sa forme ordinaire en demi cercle et les
deux lobules supérieur et inférieur peuvent être considérés,
comme deux circonvolutions autonomes, un peu contournées,-
surtout le lobule pariétal inférieur.. ; -
Lobe occipital. Rien de bien particulier; les circonvolutions,
de ce lobe paraissent n'être que la continuation et les dépens
dances des lobes voisins.
Lobe temporal. T, a son autonomie. Un peu grêle vers la
136 Épidémie DE FIÉVRE typhoïde.
corne ( ? ), un seul passage l'unit à son quart antérieur
avec Ta. Elle se termine à la partie antérieure du LPI.,
dont elle est néanmoins séparée par une fissure. T2 et T3
sont unies par de nombreux plis de scissures, les sillons qui
sont entre elles sont peu profonds, surtout dans leurs deux
tiers postérieurs, de sorte qu'il est difficile de les décrire
comme deux circonvolutions distinctes. - Rien à noter à
l'insula.
Face interne. - La face interne ne présente aucune grosse
anomalie, Fi est subdivisée par un sillon longitudinal. Le
lobule paracentral, l'avant-coin, le coin, les circonvolutions du
corps calleux, de l'hippocampe, tempo-occipitales, etc., ont
leur disposition normale, ainsi que les plis fronto-limbique
et pariéto-limbique. Il en est de môme du corps calleux,
des ventricules, des noyaux gris et du pédoncule cérébral.
Sur les deux hémisphères la pie-mère est mince et ne pré-
sente pas de vascularisation. Pas de foyers de sclérose ni
d'aspect chagriné des circonvolutions. - Le corps strié, la
couche optique, la corne d'Ammon, ne présentent rien de
particulier.
Le liquide céphalo-rachidien est en quantité normale.
- Le cervelet, la protubérance et le bulbe n'offrent rien
à noter.
Cou et thorax. Corps thyyroi : cle (10 gr.), semble normal.
Pas de persistance du thymus. Poumon droit (130 gr.),
congestion intense, surtout au sommet. - Poumon gauche
(105 gr.), congestion en foyers disséminés. Pas d'épanche-
ment ni d'adhérences pleurales. Pas d'épanchement péricar-
dique. - Coeur (160 gr.), parait normal; trou de Bolal obli-
téré ; pas de lésions valvulaires, pas de coloration feuille-
morte du muscle.
Abdomen distendu par les gaz. Pas d'inflammation géné-
ralisée du péritoine. Tout près de la portion terminale de
l'intestin grêle, perforation unique, du volume d'une lentille
et très légère inflammation du péritoine circonvoisin. A
l'ouverture de l'intestin, plaques de Peyer gonflées, mais non
ulcérées. Foie volumineux; vésicule biliaire distendue par
la bile, mais ne contenant pas de calculs. Rate diffluente
et volumineuse; état de putréfaction avancé. - Reins et
organes génitaux, rien d'anormal.
IDIOTIE congénitale : HÉRÉDITÉ. 137
Poids des organes. ' . ' :
13S ''L'PID\I1E : DE rIVltE TYPHOÏDE.'
II. Notons que la grossesse est survenue dans la
convalescence d'une fièvre .typhoïde,.qu'elle : a été
compliquée 'de vomissements fréquents, et- : que--la
naissance a eu lieu avant terme. L'enfant n'a
jamais eu. de convulsions et son état d'idiotie doit
être rattaché à- un arrêt de développemei2t congéni-
tal des circonvolutions.
III. Les signes de dégénérescence physique sont
peu accusés. En revanche, sous le rapport intellectuel,
l'enfant était idiot à un degré prononcé et, chez lui,
le traitement médico-pédagogique, malgré le dévoue-
ment et l'habileté de sa mère qui s'en est occupée
avec le plus grand dévouement, n'a donné que de
médiocres résultats; u -
IV. Nous avons reproduit le tracé de
durant la rougeole et la scarlatine afin que l'on puisse
comparer la marche de la température dans ces deux
maladies et mieux se rendre compte de la température
clans la fièvre typhoïde.' ' ? : .;
, V..En ce qui concerne cette dernière maladie nous
n'avons qu'à noter la marche de la température avec -e
trois abaissements à clés intervalles presque égaux,-
la perforation intestinale et l'élévation de la tempéra-
ture terminale. ' 1 1
OBS. XX. - Idiotie et épilepsie. - Fièvre typhoïde compliquée
de péritonite généralisée consécutive à une appendicite. .
SOMMAIRE, - Père, famille du père, rien de particulier. .
Mère bien portante. - Famille de la mère tuberculeuse : .
père, mère, frère et deux soeu1'S tuberculeux. ' .
Premières convulsions limitées à la face. - A 8 mois pre-
mière crise épileptifo1'1ne. ? Caractère emporté, mendiant
- Rougeole.. ? -Teigne; - Fièvre typhoïde. Mort'par
péritonite généralisée. - ? ' , : ?
Epidémie de fièvre typhoïde. - 139
Lau.. (Maurice), né à Paris le 12 novembre 188 ? entre à
Bicêtre le 18 septembre 1890.
Antécédents (Renseignements fournis par la mère de l'en-
fant). PÈlIE, 53 ans, homme de peine au chemin de fer du
Nord. Toujours très bien portant, pas de convulsions durant
la première enfance; travailleur, intelligent, pas d'excès de
boissons ; pas d'accidents rhumatismaux, ni d'affections
cutanées. - [Famille du père. - Son père est mort tige, sa
'1lIè1'e est morte à 74 anus ; pas d'autres renseignements non
plus que sur les grands parents que la mère n'a pas connus.
- Deux soeurs dont l'une morte à 42 ans d'un cancer de
l'utérus ; l'autre, âgée de 57 ans, en bonne santé. - Un frère
mort accidentellement, avait des enfants bien portants et
n'ayant jamais cu de convulsions.]
Même, 17 ans, femme de ménage, d'apparence robuste,
toujours bien portante ; pas de convulsions, pas de migraines,
pas de bronchites ni de douleurs rhumatismales, ni d'affec-
tions cutanées, etc. - [Famille de la mère. - Père mort il
h9 ans de tuberculose pulmonaire ; pas d'excès de boissons.
- Mère morte à 42 ans, également tubet·cttleuse. - Grands,
parents morts âgés. Pas de renseignements sur les oncles
et tantes. - Deux et un frère morts de tuberculose
pulmonaire vers l'âge de 20 ans.)
Pas de consanguinité. - Différence d'âge de G ans (père,
plus âgé).
(i enfants dont 5 vivants ; pas de fausses couches : 10 garçon,
22 ans, très bien portant, intelligent ; 2° garçon mort à 13
mois d'une broncho-pneumonie rubeolique; ? )" fille, 18 ans,
intelligente, santé très délicate, probablement tuberculeuse;
- .10 et 5° garçon, Ii ans, intelligent et une tille, 11 ans,
bien portante ; - (i" le malade.
Antécédents personnels. - Au moment de la conception,
les parents étaient en bonne santé. - Grossesse très bonne,
ni traumatisme, ni émotion, etc... - Accouchement" terme;
facile, pas d'accidents ni du côté de la mère, ni du côté de
l'enfant, pas d'asphyxie. Elevé au sein par sa mère jusqu'à
l'âge de 18 mois ; il semblait ne différer en rien des autres
enfants; il n'a présenté aucune affection aiguë jusqu'à Lige
de li mois. A cette époque, pendant son sommeil, sa mère
s'aperçoit qu'il présente du clignotement des paupières et des
convulsions des globes oculaires ; qu'il a perdu connaissance,
mais n'offre ni raideur des membres ni émission d'urines.
- (lette première crise a duré cinq minutes au plus et, à la
140 État de mal convulsif ; ÉPILEPSIE consécutive.
suite, le malade est resté abattu un moment. Trois jours
après, nouvelle crise. A partir de lit, les crises reviennent
une fois ou deux par semaine, avec les mêmes caractères
jusqu'à l'âge de 8 mois.
A cet âge, le malade esl pris, un jour, de violentes convul-
sions débutant parles muscles de l'oeil; le Ironc est en exten-
sion, les membres offrent des convulsions toniques puis
cloniques, prédominant du côté gauche ; morsure de la lan-
gue. La perte de connaissance a duré 4 heures consécutives.
Pendant la première heure les convulsions toniques ont per-
sisté sans discontinuer. A la fin de cet état de mail, la res-
piration est devenue si irrégutiêreet si faible que ses parents
l'ont cru mort. Deux jours après, au dire do la mère, l'enfant
avait encore de la fièvre.
Depuis lors les accès n'ont jamais cessé pendant plus d'un
mois il cinq semaines. Ils reviennent assez régulièrement
pendant le jour, l'après-midi surtout, parfois précédés de
vomissements. Les convulsions prédominent tantôt d'un côté,
tantôt de l'autre.
A mesure que le malade avançait en âge, le caractère de
ces crises se modifiait légèrement : le début s'annonçait par-
une sorte d'aura ; l'enfant criait : « je vais être malade a
ou bien portait ses mains il t'épigastre comme s'il y ressen-
tait une douleur spéciale : jamais de cri initial. Puis le visage
devenait très paie, le malade « tournait la tète comme pour
suivre quelque chose qui s'envolait, » et tombait à terre en
perdant connaissance ; alors survenaient des convulsions
toniques du tronc et des membres, ensuite des convulsions
cloniques d'un seul côté ou dcs deux côtés; enfin morsure de
la langue, écume, miction involontaire. Ces accès durent un
quart d'heure, vingt minutes ; après la crise le malade est
plongé dans la somnolence est présente un peu de fièvre ( ? )
Rarement on a observé plus d'un accès dans la même jour-
née : parfois le malade a eu quelques vertiges.
Marche à 10 mois, parole à 20 mois, propre de très bonne
heure. C'est seulement depuis l'âge de 4 ans que la mère a
observé que l'intelligence de son enfant était en retard, bien
que sa mémoire fut assez bonne : il imitait les cris des mar-
chands ambulants, retenait avec beaucoup de facilité les
chants des chanteurs des cours. Mis à l'école, on n'a pas
voulu le garder, parce qu'il était turbulent, taquin. Pas de
mauvais instincts, sentiments affectifs peu développés; con-
science du danger.
État actuel. - Physionomie assez éveillée. Volume de la
Rougeole. 141
tète normal, pas de saillie exagérée des bosses ; cheveux
châtains foncés ; front assez développé, cicatrice sur la partie
droite; sourcils châtains assez fournis; légère conjonctivite;
iris brun, pupilles égales, réagissant bien à la lumière et à
l'accommodation ; l'enfant a bonne vue mais ne sait pas dis-
tinguer les couleurs. - Nez aquilin, assez volumineux à la
partie inférieure ; pommettes régulières, un peu colorées,
visage ovale. - Bouche, lèvres, voile du palais, langue, rien
d'anormal ; amygdales volumineuses. Menton rond.
Oreilles écartées, de dimensions normales.
Cou, circonférence 25 centimètres ; à la palpation quelques
petits ganglions le long des parties latérales.
Membres supérieurs et inférieurs, rien de particulier.
Sensibilité et réflexes normaux.
Thorax régulier. La percussion et l'auscultation des pou-
mons et du coeur ne décèlent aucun signe pathologique. -
Abdomen normal. - Puberté. - Corps complètement glabre ;
verge : longueur si cent., circonférence 4a millimètres, -
testicules égaux, du volume d'une petite olive; - rien à la
région anale.
1891. 1·'u·iei. - Placé à la petite école, le malade y montre
peu de bonne volonté; il est d'un caractère entier, querelleur,
grossier et boudeur si on le contrarie; cependant il aime
qu'on s'occupe de lui ; il a envie de tout ce qu'il voit et
mendie continuellement de l'argent auprès de toutes les per-
sonnes qu'il rencontre.
1892. 10 février. L'enfant contracte la rougeole et entre
au pavillon d'isolement : T. 39° ; éruption continente sur le
tronc et le visage, plus discrète sur les membres ; toux
.rauque, mais cependant peu de signes à l'auscultation; rhi-
nite et conjonctivite catarrhales assez intenses; pas de gêne
de la déglutition, voix normale. Potion à l'acétate d'ammo-
niaque ; limonade citrique.
11 février. Eruption confluente sur le tronc et les
-membres ; dyspnée légère, le malade respire la bouche
ouverte, râles sons-crépitants et muqueux dans toute l'éten-
due du poumon gauche. Pouls régulier. 'i.R. 38°, 2.
12 février. Dyspnée et toux disparues, la voix reste un-
peu rauque. L'éruption persiste encore au visage; considé-
rablement atténuée sur le reste du corps où elle offre l'aspect
de petites papules livides dont quelques-unes desquament.
r.rt.31°,4, ...... ? .... :
142 - ? Epidémie de fièvre typhoïde.
23 février. - Lau... guéri, est renvoyé iL la petite école.
Traitement : sirop d'iodure de fer, huile de foie de morue.
1893. Aucune modification dans le caractère de l'enfant
qui est toujours irascible et mendiant. Il arrive à placer à peu
près convenablement les lettres, mais est incapable de toute
attention. - Hydrothérapie.
1894. Etal stationnaire ; mendie toujours.
18 ! '5. - Etat de déchéance ; l'intelligence s'affaiblit de
plus en plus, la parole devient embarrassée; les accès sans
être plus fréquents durent plus longtemps.
Puberté. Corps complètement glabre; verge : longueur,
55 millim.. circonférence GO millim. Gland découvert, testi-
cules de la grosseur d'une petite olive ; anus normal.
18 ! 16. - Le nombre des accès a augmenté considérable-
ment, la déchéance s'accentue ; elle porte principalement sur
la parole qui est embarrassée, le malade bave fréquemment,
prononce des m )ts sans suite ou répète le môme mot pendant
toute une journée. Caractère entêté, mendie toujours.
1897. - Atteint de teigne tondante, il entre au pavillon
d'isolement le 9 avril et en sort guéri Ici : ! octobre. - L'état
de déchéance ne fait que s'aggraver; l'enfant ne sait plus
prendre soin cle lui, est continuellement déshabillé, le visage
et les mains sales. Il bave continuellement, crie et pleure des
journées entières. Il erre sans cesse de côté et d'autre sans
savoir où il se dirige et sans chercher à se sauver.
1898. 4 octobre. - Depuis quelques jours, fièvre avec toux,
-anorexie; pas de vomissements, ni de diarrhée. T. It. 3a,, 9.
5 octobre. - Aspect prostré du malade. Toux fatiguante,
nombreux râles cle bronchite disséminés et prédominant
surtout il droite ; application de ventouses en avant et en
arrière du thorax. Pas de diarrhée, ventre légèrement
météorisé. ']',IL 3\1", 9 et hU°, 'i.
Fi octobre. Bronchite diminuée d'intensité. l'as de séche-
resse de la langue ni de fuliginosités des dents; ventre
ballonné, quelques lâches rosées au pourtour de l'ombilic.
Dans l'après-midi, diarrhée légère.T. M. 39°, G matin et soir.
Le traitement est alors institué tel qu'il a été établi pour
tous les malades atteints dans le cours de l'épidémie ; savoir :
régime lacté, potion de Todll, deux lavements boriques froids
par jour, température rectale prise toutes les 3 heures et
Cas suivis de DÉCÈS.
Ha
bains froids toutes les fois que la température dépasse 39°.
7 octobre. - Etat stationnaire. T. R. 39o,7 et 39o,3,
10 octobre. - Les dents sont recouvertes d'un enduit gri-
sâtre très fétide et les lèvres de croûtes facilement sai-
gnantes. Météorisme abdominal et taches rosées en partie
disparus ; la diarrhée a complètement cessé. Le malade est
agité, crie sans cesse ; mouvements continuels durant les-
quels il s'assied sur son lit et se laisse retomber en arrière,
frappant durement sa tête sur l'oreiller.
Tableau du poids et de la taille.
1-46
Épidémie pE.FIÈV.RE typhoïde.
Cas suivis de décès. li7
148 Epidémie DE fièvre typhoïde.
Lobe pariétal. PA est beaucoup moins développée que FA.
Les parties moyenne et inférieure du lobe pariétal sont le
siège de nombreuses adhérences des méninges.
Lobe temporal. T, est régulière et bien développée. tu et
Ta, assez nettement séparées, sont surtout il leur région pos-
térieure le siège de nombreuses adhérences.
Le lobe occipital forme une petite région autonome divisée
par une scissure centrale qui va de bas en haut et d'où
rayonnent de nombreux sillons.
Face interne. FI est très-contournée, - Le lobe paracen-
lral est peu développé en arrière de l'encoche du sillon de
Rolando et est le siège à ce niveau d'adhérences. Nombreu-
ses adhérences sur l'ara1l1-coin et la partie postérieure de
la circonvolution du corps calleux. Aucune remarque à
faire pour le reste.
HotMsp/Kh'e auc/te. Adhérences sur la partie inférieure
de FA., sur les circonvolutions pariétales inférieure et supé-
rieure, sur le pli courbe, sur le lobule quadrilatère, mais
moins qu'a droite. - Il existe de même quelques. adhérences
sur le gyrus rectus, et d'autres plus abondantes sur la moitié
postérieure de la circonvolution de l'hippocampe, de T1 et de
T3. - La scissure de Sylvius, très profonde et très dévelop-
pée, semble partager le cerveau en deux. Les autres sillons
sont aussi nettement marqués.
Face externe. Lobe frontal. 1 ? ].'2 et ].'3 assez contour-
nées, parallèles, réunies entre elles par des plis de passage,
n'ont rien de bien particulier. FA est coupée par une inci-
sure à sa partie moyenne. Un pli de passage termine I·'3 en
l'unissant at la moitié inférieure de FA qui parait n'être que
le prolongement de ].'2, La région postérieure de ] ? 1 est plus
grêle et moins développée que ses deux tiers antérieurs.
Lobe pariétal. PA est régulière et indépendante, son
tiers inférieur est grêle, tandis que les 2/ : l supérieurs sont
larges et très développés. Le lobule pariétal supérieur est
petit, formé de circonvolutions grêles elles méninges, adhé-
rentes, ont déterminé l'arrachement de la substance cor-
ticale en de nombreux points ; pareille lésion peut être
constatée sur le LPl, mais ses circonvolutions sont plus
grosses.
Lobe temporal. - TI est très nette et bien distincte de T2.
'l'2 et T3 sont unies par de nombreux plis de passage. De
multiples adhérences méningitiques existent à la partie
postérieure de Ta.
Le lobe occipital forme trois petites circonvolutions très
Cas suivis DE décès. 149
irrégulières sur lesquelles il n'y a pas à insister. L'illsula
n'offre rien de particulier au point de vue morphologique.
Face interne. Rien à noter pour Fi. - Le lobe paracentral
a sa partie postérieure peu développée. L'avant-coin est
atrophié et est le siège de nombreuses adhérences. La
scissure perpendiculaire est très profonde. Le coin est le
siège d'adhérences mais a une disposition normale. Rien à
dire sur l'aspect de CCC, du C.C. du lobe temporo-occipital,
de l'hippocampe, des ventricules, des noyaux gris, du
pédoncule, etc.
Le cuve let, la protubérance, le bulbe ne présentent aucune
disposition morphologique spéciale.
Le liquide céphalo-rachidien était en petite quantité.
Cou. - Corps thyroïde normal, pas de persistance du
thymus. ?
THORAX. - Poumons congestionnés, surtout le gauche,
mais sans trace d'inflammation ; léger épanchement pleural
du côté gauche. - Coeul', Epanchement jaunâtre dans la
cavité péricardique ; pas de persistance du trou de Botal,
pas de lésions valvulaires ; parois du ventricule gauche
hypertrophiées.
AnDOMEN. Epanchement puriforme dans la cavité péri-
tonéale. - Intestin grêle fortement enflammé dans sa portion
terminale, présente sur sa face péritonéale un piqueté hémor-
rhagique recouvert d'exsudats pseudo-membraneux. Ulcé-
rations nombreuses des plaques de Peyer, localisées au
voisinage du coecum ; pas de perforation. - Coecum noirâtre
à sa partie postérieure; à ce niveau le péritoine pariétal est
rouge et ecchymose. Appendice gros, enflammé; son
extrémité est dure et parait renfermer un corps étranger de
la grosseur d'un petit pois. A l'ouverture de l'appendice on
ne trouve aucune trace de corps étranger; l'appendice est
perméable dans toute son étendue. - Les ganglions mësett-
lériques sont très peu engorgés, au contraire les ganglions
péricoecaux sont volumineux mais mous. - Foie volumineux :
tissu grisâtre et mou. Hâte grosse, flasque, difflucnte. Près
du hile on constate la présence de deux petites rates supplé-
mentaires, l'une de la grosseur d'une noisette, l'autre de la
grosseur d'un gros pois. - Capsules surrénales n'offrent
rien de particulier. - Reins se décortiquent facilement, pas
de lésions appréciables. Pancréas blanc et assez dur. -
'160 : Épidémie, de -fièvre typhoïde.
Rien du côté de la vessie ni des organes génitaux. - 'Asca-
ride de 30 centimètres de'long à l'intérieur de l'intestin : -
Poids des organes.
Cas SUIVIS de décès. ' 1'51
Aprèsêtre resté à peu près stationnaire (1893-1894),
l'état intellectuel se modifie : la déchéance s'accuse
de-plus en plus, la parole s'embarrasse, la tenue de-
vient tout-à-fait mauvaise, les accès semblent durer
plus longtemps.
IV. L'intelligence, qui était déjà très limitée à l'en-
trée, loin de se développer a diminué progressivement
sousl'influence des accès, suivis d'une somnolence et'
d'une hébétude prolongées (1). Les lésions méningo-
encéphalitiques, constatées à l'autopsie, en fournis-
sent l'explication.
V. La fièvre typhoïde, sauf une période passagère
d'agitation, paraissait avoir une marche régulière
quand, brusquement, sans autres accidents préalables,
sont survenus une pâleur de la face, une altération
des traits, de la somnolence, du coma, une élévation
thermique de deux degrés, aboutissant en 24 heures
à la mort. A l'autopsie, épanchement puriforme dans'
la cavité ' péritonéale, péritonite, appendicite. Les
symptômes observés ne pouvaient pas faire prévoir
d'aussi graves lésions, la température, en particulier,
loin d'augmenter, a oscillé entre 38° et 39°, puis s'est
élevée brusquement à 40°,G.
Obs. XXI. - Hydrocéphalie et plagiocéphalie. Fièvre typhoïde ;.
perforations multiples.
Sommaire. - Père alcoolique ; otite entraînant des maux de
tête continuels. - Grand' mère paternelle, caractère di ffi-
cile. Un oncle et une tante paternels morts très jeunes.
- Mère : fièvres intermittentes ( ? ) ; migraines; crises avec
(1) D'après un certain nombre d'observations, nous, serions enclin à penser
que ces symptômes feraient présager une démence assez rapide. Déjà- dit. -
152 Épidémie de fièvre typhoïde.
perte de connaissance, - Grand'mère maternelle alcoo-
lique. Un demi-frère mort de congestion cérébrale. -
Pas de consanguinité ; différence d'âge : treize ans.
Crises nerveuses durant la grossesse. Asphyxie à la nais-
sance ; trois circulaires du cordon autour du cou. Début
de la parole à quatre (le la marche à trente, mois;
propre : 1 trois ans. - Méningite à trois ans. - Convul-
sions. Variole et rougeole légères. Brûlure avec de
l'eau bouillante. Scarlatine. Xt'OMomate. Jt'eufe
typhoïde.
AUTOPSIE. - Plagiocéphalie légère; os du crâne offrant de
nombreuses plaques transparentes. Distension considé-
rable des ventricules latéraux, - Six perforations intes-
finales, - Collection purulente inlra-p( : ¡'ito11éale,
Charr.... (Paul), âgé de cinq ans, né à Paris, entre à Bicêtre
le 8 mai 1894.
Antécédents. (Renseignements fournis par sa mère en 189G.)
- Père, 51 ans, déménageur, bien portant ; pas de convul-
sions dans l'enfance ; il y a une dizaine d'années a souffert
de maux de tête et était devenu sourd ; on l'a traité pour une
otite et il a complètement guéri au bout d'un mois. Caractère
gai, boit beaucoup, s'enivre à peu près régulièrement une
fois ou deux par mois : il est alors bruyant mais pas méchant.
Ne fume pas. Pas de rhumatismes, pas de syphilis probable.
[Sa famille. - Père, cultivateur, mort h 71 ans; peu de
renseignements, sobre. - morte à 70 ans ; longtemps
malade ; caractère acariâtre, était considérée dans tout le
pays comme une «femme méchantes Un frère et une sceur
morts très jeunes. Pas d'autres renseignements sur le reste
de la famille.]
Mère, 'il ans, porteuse de pain. Pas de convulsions ni de
maladies graves durant l'enfance ; il 17 ans, érysipèle ; il 27
ans, fièvres intermittentes ; était sujette à des attaques d'hys-
térie revenant à peu près tous les quinze jours : ces crises
ont duré jusqu'au moment où elle était enceinte de notre
malade. Migraines survenant huit jours avant ou huit jours
après les époques menstruelles ; ont cessé lorsqu'ont apparu
les fièvres intermittentes. Vers la même époque bronchite
avec hémoptysies (probablement d'origine arthritique). Carac-
tère un peu emporté ; visage très coloré, physionomie fran-
che, assez intelligente.
[Sa famille. - Père, inconnu. Mère, morte à 54 ans ;
Hydrocéphalie. 153
blanchisseuse, rhumatisante, buvait un peu sans être jamais
ivre. Caractère calme, pas nerveuse. Orpheline à neuf ans,
elle n'a pu laisser à sa fille aucun renseignement sur sa
famille.]
Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 13 ans (père
plus âgé). A 18 ans la mère avait un amant dont elle eut un
enfant mort à neuf mois de congestion cérébrale. Depuis n'a
pas eu d'autres enfants que notre malade ; pas de fausse
couche.
Notre malade. - État satisfaisant du père et de la mère au
moment de la conception. Celle-ci n'ayant pas eu d'enfants
depuis quatorze années ne croyait pas être enceinte et, sur
les conseils d'un pharmacien, prit six cachets ( ? ) et un bain
alcalisé pour rappeler ses règles. Elle n'a rien fait ni tenté
par ailleurs, a plutôt été heureuse de se voir enceinte. -
Accouchement il terme, normal, durée du travail vingt-sept
heures, présentation du sommet.
A la naissance trois circulaires du cordon autour du cou,
état asphyxique, La tête était volumineuse, ce qui retardait
l'accouchement; le poids de l'enfant était de neuf livres 1/2.
Allaitement maternel jusqu'à onze mois, au biberon, avec du
lait de vache jusqu'à deux ans I ? ? . - Première dent il sept
mois ; dentition complète il dix huit mois. - Début de la
parole il quatre ans, mais ce n'est guère que depuis son
entrée "1 Bicêtre qu'il prononce quelques mots correctement.
Ch... a marche il trente mois et a été propre il trois ans.
A trois mois, méningite caractérisée par de la somnolence
avec congestion de la face, et des conutlsions ; celles-ci
revenaient très souvent et pendant vingt-trois jours l'enfant
est resté sans connaissance. A la suite de cette maladie
(soignée par un homoecpathe'i, l'enfant est resté sourd et
aveugle jusqu'à huit mois et demi. 1-elit à petit, il a recouvré
l'usage de ses sens et n'a présenté par la suite ni paralysie,
ni contracture. - Vacciné à quatre ans. Variole et rougeole
légères. - A quatre ans, il s'est brûlé assez profondément
sur tout le coté droit du corps avec de l'eau bouillante.
Caractère gai mais très irascible ; lorsqu'il est en colère, il
se frappe la tête contre les murs. Il est assez affectueux et
reconnait bien ses parents, aurait de la tendance à briser les
objets qui sont à sa portée. Il mange gloutonnement, aime
le café mais pas le vin. Le sommeil est calme, on n'a pas
observé de tendance à l'onanisme.
Sa famille n'a. jamais cherché à l'instruire ni même à l'édu-
quer, aussi, à son entrée dans le service, Char..... agité,
54' Épidémie dé "fièvre typhoïde.
bruyant, brisant tout, disant à tout propos des mots ô éduriers,
était incapable de toute -application et même de toute obéis-
État actuel (pris 16- 13 juillet 1891). - État général satis-
faisant ; Char.... a l'air -d'être en excellente santé, l'expres-
sion de la physionomie est timide et défiante.- La peau est
fine et assez blanche, le visage et le cou sont hâlés.
Tête. Les cheveux, châtains clairs, descendent bas sur
le front et sur les tempes : pas de cicatrices, pas d'épi, tour-
billon postérieur médian. Le crâne est rond, volumineux,
plagiocéphale, les bosses frontale droite'et pariétale gauche
sont plus développées. On note une légère dépression au'
niveau de la fontanelle antérieure. Au-dessus de la protubé-
rance occipitale externe, dépression en méplat de la face
postérieure du crâne. - Face très développée, mais pas tout
iL 'fait en rapport avec le développement du crâne. Front
olympien, fuyant de haut en bas. Arcades sourcilières effa-
cées ; sourcils blonds et assez rares. - Fentes palpébrales
largement ouvertes, cils longs, légère blépharite. - Pas de
strabisme, d'exophtalmie, ni de nystagmus..17,is vert brun.
= Pupille normalement dilatée, réagit bien à la lumière-;
quant à là réaction à l'accommodation, à l'étendue de l'acuité
et du champ visuels, il est impossible de les déterminer.
Char... ne semble pas non plus reconnaître les couleurs. - z
Nez droit, un peu aplati à la base, lobule assez volumineux,
narines symétriques, ailes minces. Odorat très peu développé.
- T3ouclce assez grande, lèvres minces. Dentition très régu-
lière et très belle ; rien au niveau du plancher de la bou- "
clie non plus qu'à la voûte palatine. Joues grosses. -
Menton moyen, assez fort ; pas de prognathisme. - Oreilles
moyennes, bien ourlées, un peu charnues ; lobule petit et
détaché.
- Cou. - Circonférence : 20 cm. Pas de goitre, ni de gan-
glions. -
Thorax. : côté droit plus développé ;'pas de signes de rachi-
tisme, pas de déviation notable de la colonne vertébrale- ;
légère ensellure lombaire. -, Abdomen proéminent, vaste
cicatrice de brûlure au flanc droit.
Membres supérieurs réguliers ; onychophagie très mar-
quée.
ille7)ib ? ,es inférieurs légèrement cagneux ; cicatrice de brû-
lure sur la cuisse droite. Les réflexes semblent normaux ; pieds
bien conformés. Pas de troubles apparents de la niotilité
sensibilité, normale. '
1 - Cas suivis de décès ? - . 155'
Puberté. =-Corps complètement glabre. Phimosis ; lon-
gueur de la verge 5 cm., circonférence 4,5 cm. Scrotum
très développé-; testicules au niveau des anneaux inguinaux-,
du volume d'un petit haricot. Réflexe crémastérien très net ;
région anale normale. .
Légère écholalie : l'enfant répète constamment : « non, pas
de chance », ce que sa mère parait lui avoir appris ; il ne
répond pas aux questions bien qu'il prononce tous les mots,
souvent, il est vrai, en bredouillant. Il semble se rendre
compte de toutes les choses qui l'entourent et les désigne
par leur nom.
17 octobre. - Char... entre au pavillon d'isolement, por-
tant deux plaques de teigne tondante, l'une à droite, l'autre
à gauche, plus étendue. ..
1895. 11 janvier. - L'écholalie a un peu diminué. Puberté :
pas de modifications. -
l6at ? il. - La teigne est en voie de guérison.
1896. -Du 6 avril au 6 mai, Char... est atteint d'une scar-
latine peu intense. La température, au moment de l'éruption
n'a'pas dépassé 39°, 3. Du 10 au 18 avril, les urines ont pré-
senté une notable quantité d'albumine. '
1897. Janvier. - Puberté. - Corps et visage complète-
ment glabres. Phimosis. Verge : longueur 5 cm., circonfé- ,
rence 5 cm. Testicules maintenus appliqués au niveau des
orifices inguinaux. Région anale normale. ..
Traitement huile de foie de morue, sirop d'iodure de
fer, bains salés ; - traitement local de la teigne par la tein-
ture d'iode, les lotions de sublimé, la pommade au naphtol.
10 août. - Char... est devenu assez docile ; il écoute quand
on lui parle, mais ne peut répondre, à cause, sans doute, de
sa grande timidité. Il n'est plus écholalique, ni, coprotalique;
les tics ont disparu. '
z6 avril. Char ? guéri de sa teigne,' quitte le
pavillon d'isolement. ,
10 novembre. - Après le déjeuner de midi, Char... est pris
de vomissements en même temps que d'une diarrhée qui
dure une partie de la journée. . ?
il novembre. - Le malade entre à l'infirmerie. Interrogé,
il ne sait dire où il souffre, mais il marche plié en deux, les
mains appliquées sur l'abdomen. Le ventre présenté un
ballonnement assez développé ; la pression dans la. fosse
156
Épidémie DE fièvre typhoïde.
iliaque droite détermine une réaction douloureuse très
légère; sonorité normale à la percussion. - La langue est
humide. La respiration ne donne pas de grande indica-
tion ; l'inspiration est plus rude.
Fig. 13. - Flè\'l'e typhoïde.
158
Épidémie DE fièvre typhoïde.
Cas suivis DE décès. 15,9
160 ' Épidémie de fièvre typhoïde.
les pyramides paraissent un peu plates, les olives sont symé-
triques. - La paroi du quatrième ventricule est grenue,
épaisse, rugueuse.
Hémisphère droit. - Dilatation considérable et uniforme
des trois cornes du ventricule latéral. - Le corps strié paraît
avoir son volume normal ; la couche optidne est un peu
plus petite. Poids : 550 gr.
Face externe. - Les caractères généraux sont les mêmes
que pour le gauche. Rien à signaler de particulier dans la
disposition des scissures de Sylvius, de Rolando et perpen-
diculaire externe.
Lobe frontal. FI est assez contournée, coupée d'incisu-
res, communique avec F2 par de nombreux plis de passage.
F2 va se jeter dans r3 après avoir été coupée par une scissure
verticale, sur les bords de laquelle deux plis de passage la
font communiquer avec ra. Fil est très-contournée et se
continue directement avec F. A. F. A., irrégulière, n'offre
aucune particularité.
Lobe pariétal. - P.A. présente à son milieu plusieurs inci-
sures. L.P.S. offre ainsi que L.P.I. les mêmes caractères que
sur l'hémisphère opposé. Il en est de même au lobe occipital
et au lobe temporal, Tl, cependant est coupée par beaucoup
plus d'incisures sur ce côté qu'à gauche.
Face interne. - Mêmes caractères que sur le côté opposé :
aplatissement notable du lobe paracentral, de l'avant-coin,
du coin, de la circonvolution du corps calleux et de ce der-
nier. Les noyaux gris centraux sont aussi déprimés et la
cauité ventriculaire oflrent les mêmes dilatations que du côté
opposé. Le bulbe et la moelle qui ne présentaient aucune
modification morphologique, ainsi que l'hémisphère droit
doivent subir l'examen microscopique -( 1), -
Hémisphère gauche (560 gr.). - Même distension du 1;en-
tricule latéral ; la pie-mère est peu épaisse,. la décortication
se fait difficilement. -,Cervelet, rien.
Face externe. - La scissure de Sylvius est nette et le
sillon de. Rolando descend jusque dans la scissure sylvienne.
La scissure perpendiculaire externe est nettement accusée.
Les circonvolutions sont assez larges, les sillons peu profonds
à cause de la dilatation ventriculaire.
Lobe frontal. - F4 offre trois plis de passage avec F2 sur
(1) Cet hémisphère, le bulbe et la moelle ont été remis a M. le D Philippe
pour examen histologique.
Cas suivis DE DÉCÈS. 161
son trajet; le pli le plus important est le moyen qui, sur une
étendue de Il cm. environ, va d'avant en arrière parallèlement
à 1 Cette circonvolution s'amincit pour aller se jeter dans
F A. F2 a son origine dans le premier pli de passage de F* ;
elle est contournée et coupée par des incisures superficiel-
les. F3 n'offre rien de particulier, sauf qu'elle est atrophiée au
niveau de l'opercnle rolandique. F A, assez sinueuse, large,
offre à son milieu une incisure profonde qui en fait deux cir-
convolutions : une inférieure se continue en avant avec F2 et
un pli de FI et une supérieure qui va rejoindre le pied de F1.
Lobe pariétal. P A a une configuration des plus irréguliè-
res. Son tiers inférieur est séparé par une incisure et les 2/3
supérieurs sont aussi divisés par un sillon profond situé à
4 centimètres environ de la scissure interhémisphérique. Un
pli de passage important coiffe ce sillon et unit PA au lobule
pariétal supérieur. Le sillon intcrpariétal s'étend jusqu'au
voisinage de la scissure perpendiculaire externe. - Ilien de
notable pour le lobule pariétal supérieur. Les circonvo-
lutions du lobule pariétal inférieur sont assez grêles et sont
coupées en tous sens par de petites incisures. - Le lobe
occipital est formé de circonvolutions irrégulières qui
n'offrent rien à signaler. - Le lobe temporal se compose de
Tl, très mince dans son tiers antérieur qui va se termi-
ner dans L.P.L, en prenant les mêmes caractères que ce
lobule c'est-à-dire en étant coupée par de nombreuses inci-
sures. T2 et T3 offrent des caractères analogues à la partie
postérieure de Ti. Ces deux circonvolutions sont confon-
dues par de nombreux plis de passage et de nombreuses
incisures. Les circonvolutions temporo-occipitales ne présen-
rien de particulier; il en est de même de l'insula de Reil.
Face interne. F1 n'offre rien d'anormal, sinon de
nombreuses incisures. Rien à noter au lobule patacentral.
L'avant-coin est très-aplati à sa partie antérieure. Le coin
est aussi aplati d'avant en arrière et ne présente aucune
particularité notable. La circonvolution du corps calleux est
très aplatie et altérée ; il en est de même du corps calleux
qui est fort mince. Le ventricule est excessivement dilaté :
il est recouvert d'une membrane assez épaisse avec d'assez
nombreuses vascularisations. La dilatation des ventricules
offre son maximum au niveau de la région rolandique et du
lobe pariétal. La corne sphénoïdale est aussi dilatée, mais
dans des proportions moindres que les cornes frontale et
occipitale.
Cou et thorax. -- Pas de persistance du thymus. - Corps
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1898. 11
1ô2 Épidémie DE fièvre typhoïde.
thyroïde normal (15 gr.). Poumon droit (230 gr.). Adhé-
rence complète mais peu résistante des deux feuillets pleu-
raux sur toute leur hauteur ; pas de foyers de congestion. -
Poumon gauche (195 gr.). Adhérences seulement la base.
- Coellr, légère hypertrophie de la paroi vcntriculaire gau-
che, pas de persistance du trou de l3otal. Canal llwracique
rempli par un liquide jaunâtre.
Abdomen. - Adhérences peu résistantes de l'épiploon et
du péritoine viscéral à la paroi abdominale antérieure. Ouver-
ture d'une vaste collection de liquide purulent, jaunâtre,
d'odeur fécaloide et siégeant au coté droit. En décollant les
anses intestinales du coté gauche, on détermine l'issue d'un
liquide purulent blanchâtre, très abondant, et en retournant
le cadavre, il s'écoule une quantité de liquide purulent éva-
luée approximativement Ù deux litres. On trouve alors dans
la fosse iliaque droite une énorme cavité clans laquelle on
peut loger les deux, poings, et limitée en haut par la face
inférieure du foie, partout ailleurs par des anses intestinales
agglutinées par des fausses membranes. Le pus a fusé en
bas jusque dans l'excavation pelvienne qu'il remplit complè-
tement : '. le cul de sac recto-vésicat est comblé par des exsu-
dats membraneux.
Au niveau du cwcttm, adhérences nombreuses et résis-
tantes. L'appendice ne présente rien de particulier. Dans les
cinq derniers centimètres de l'intestin grêle, on observe deux
perforations assez larges, et en deux points la muqueuse est
complètement détruite ; la séreuse et la tunique musculaire,
forment seules le fond de ces ulcérations. A trente-cinq cen-
timètres de la valvule iléo-ecccaie siègent, sur l'intestin
grêle, quatre perforations dont deux largement ouvertes sont
de la largeur d'une petite lentille; les deux autres sont obli-
térées par des fausses membranes qui ont déterminé l'accole-
ment des deux lèvres de l'orifice. Ces perforations, ainsi cica-
trisées, ne sont bien visibles que lorsqu'on examine l'intestin
par sa face interne : on note alors une légère saillie des lèvres
de l'orifice.
Foie : fausse membrane épaisse sur la face inférieure de
son lobe droit ; rien ailleurs. - Rate un peu hypertrophiée ;
épaississement de la capsule sur la face interne. - Rein
droit : sur sa face antérieure, atmosphère celluleuse épaissie
et formant laparoi de la poche purulente. Rein gauche nor-
mal, se décortiquant aisément. - Organes génitaux sains.
Réflexions. I. Rien à noter dans la famille
Cas suivis DE décès. 163
paternelle, excepté les excès alcooliques du père.
Quant à la mère, elle est nerveuse, a eu des attaques
d'hystérie et des migraines qui auraient disparu sous
l'influence cle fièvres intermittentes. Dans sa famille,
sur laquelle les renseignements font défaut, nous n'a-
vons à mentionner que les excès de boisson de sa
mère, grand'mère maternelle de l'enfant, et la conges-
/ion cérébrale dont est morte une demi-soew' mater-
nelle. Signalons en passant l'inégalité d'âge de 13
ans de ses père et mère, circonstance que nous relevons
toujours dans nos observations parce que quelques
auteurs l'ont invoquée comme élément étiologique de
l'idiotie.
II. Les antécédents personnels nous offrent à
noter : a) l'asphyxie et le volume exagéré de la tête
à la naissance ; b) une méningite grave à trois
mois, avec convulsions répétées et perte prolongée
de la connaissance, maladie qui s'est compliquée de
cécité et de surdité passagères (1) et a laissé de nom-
breuses traces : adhérence de la dure-mère au crâne,
de la dure-mère à la pic-mère, de celle-ci à la subs-
tance grise, etc. ; - c) l'hydrocéphalie symptoma-
tique de méningo-encéphalite, caractérisée, entre
autres, par une distension considérable des ventricules
latéraux, un aplatissement d'un certain nombre de
circonvolutions, un amincissement de l'espace inter-
pédonculaire et un aplatissement des tubercules
mamillaires.
III. La méningite et l'hydrocéphalie ont eu pour
conséquence l'idiotie méningitique : retard de la
marche, de la parole, de la propreté, cognements de
(I) Notons que la cécité et la surdité ont disparu complètement au bout de
cinq mois ce que nous avons consigné dans un certain nombre de cas pré-
cédemment publiés.
164 Épidémie de fièvre typhoïde.
tête (krouomanie), clastomanio, gloutonnerie, excita-
tion, coprolalie, etc.
IV. La fièvre typhoïde s'est compliquée de quatre
perforations et d'une péritonite avec collection
purulente occupant la fosse iliaque droite. Le malade
est mort dans le coma avec, un abaissement notable
de la température.
Considérations générales.
I. Si nous considérons dans son ensemble cette
série d'observations, nous voyons :
1° Que nous avons eu affaire à une épidémie parti-
culièrement grave : 6 décès sur 21 cas, soit une m,01'-
talité de 28,5 0/fj. De ces six décès deux ont eu pour
cause des perforations intestinales, un une përtto-
nite généralisée d'origine appendiculairc ; un autre
est survenu rapidement à la suite d'une forme parti-
culièrement toxique de dothiénentérie ; dans deux
cas enfin on n'a pu découvrir de cause immédiate de
la mort.
' 2° Que dans la plupart des cas les symptômes
gastrô-intestinaux étaient peu marqués, alors que les
signes pulmonaires se sont montrés d'une manière
constante, quelquefois même avec une intensité capa-
ble de faire errer le diagnostic au début. (Obs. Gau-
th...; Obs. Bon...)
3° Qu'aucun malade n'a été soigné dès le début des
accidents ; tous se sont présentés à la période d'état
de leur affection, les uns offrant déjà des taches rosées,
indice que la maladie était au moins dans le deu-
xième septénaire de son évolution. Chez les autres,
ces taches rosées ont apparu un ou deux jours après
leur entrée à l'infirmerie. Peut-être faut-il voir là la
Véritable cause des nombreux cas de mort que nous
Considérations générales. )H5
avons eu à enregistrer : le fait ne saurait être mis en
doute pour Pep... (Ons. XVI), mort heures après son
arrivée at l'infirmerie, ni peut-être môme pour Char...
(Ons. XXI) qui semble être seulement entré au moment
où s'est effectuée sa première perforation. Ces acci-
dents no peuvent être évités que par une observation
attentive et de parti pris de tous les enfants hospita-
lisés et surtout de ceux chez lesquels les indications
et réactions subjectives font défaut, du fait même de
leur état d'idiotie plus ou moins accusé.
Et, soit dit en passant, ici éclate non seulement
l'intérêt, mais la nécessité qui s'impose d'avoir un
personnel intelligent, habilité à surveiller de tels
malades. Or, le grand critérium qui décidait à nous
amener les enfants à l'infirmerie, c'était lorsque ceux-
ci refusaient de manger : c'est la assurément un signe
d'une grande importance quand il s'agit d'idiots et do
gâteux; mais avant d'en arriver il cette manifestation
capitale, ils avaient dû présenter des modifications de
l'état général, de l'insomnie, de la diarrhée, une fièvre
vespérale qui n'auraient pas dû échapper à un person-
nel observateur et rompu à son service. Malheureu-
sement, si notre personnel de jour offre des garanties
sérieuses, il n'en est pas de même du personnel de
nuit, changeant et inexpérimenté en raison de son mau-
vais mode de recrutement. Le service de nuit, ainsi
que l'un de nous l'a demandé un très grand nombre de
fois, ne devrait pas être confié à des débutants, n'ayant
jamais été en contact avec les malades, mais à des
infirmiers et infirmières ayant déjà une réelle expé-
rience.
4° Le diagnostic était rendu d'autant plus difficile
que, outre l'absence totale do renseignements sur le
siège, la nature, l'intensité du mal, la plupart des
malades présentaient des signes réactionnels tout
16G Épidémie de fièvre typhoïde.
différents de ceux que l'on observe chez les sujets
normaux. En effet, non seulement jamais nous n'avons
noté chez eux l'état de profonde stupeur qui accompa-
gne toujours l'état typhoïde ; mais au contraire, et
surtout chez les idiots, un état d'excitation durant
lequel ils semblaient jouir de facultés plus étendues.
Il serait donc à souhaiter que l'on pût, à l'avenir, en
présence de cas identiques, utiliser tous les moyens
d'établir un diagnostic précoce, et, à ce titre, il nous
parait particulièrement urgent d'avoir une installa-
tion permettant d'effectuer rapidement la réaction de
l'agglutination, ce qui est absolument impossible en
l'état actuel des choses.
II. Des 21 malades atteints par l'épidémie, sept
étaient épileptiques. Chez tous, sauf un, Wei.. (OBs.
XVIII), les accès ont été complètement suspendus. Le
malade qui a fait exception aurait eu un accès au milieu
de l'évolution (le sa fièvre typhoïde, alors que la tempé-
rature était élevée et des convulsions épilepti{o1'mes ( ? )
deux jours avant sa mort, alors qu'il était dans un
état de prostration très prononcé (1). Il est fort pro-
bable qu'il ne s'est pas agi la première fois d'un véri-
table accès d'épilepsie, mais de convulsions ordinaires
comme il s'en produit chez les enfants normaux affec-
tés de maladies infectieuses. Chez les cinq épiles-
tiques survivants les accès n'ont pas encore reparu
chez Lamb... (OBs. IV). lisse sont montrés de nou-
veau chez Gaut ? dans la nuit du G au 7 février 1899,
près de trois mois après le début présumé de la fièvre
typhoïde. Gcncv... (Ons. XIII), dont la maladie a
débuté le 7 décembre 1898 et a été terminée le 28
décembre 1898, n'avait eu que quatre accès en 1898
(1) L'accès présumé est survenu durant la nuit et nous avions alors une
nouvelle infirmière veilleuse peu au courant.
FIÈVRE TYPHOÏDE ET EPILEPSIE. Hî7
(le dernier en mars). Aucun accès dans le cours de
sa maladie. Il a eu une crise le 30 janvier 1899.
Mczc... (On ? XIV). Dans le courant de 1898 jusqu'au
17 décembre, début de la fièvre typhoïde, le malade
a eu 37 accès et 18 vertiges. Durant sa fièvre il aurait
eu : 2 accès le 17 décembre; un le 21 décembre et
un le 23 décembre. Il n'a pas eu d'autres accès jus-
qu'à sa guérison (1). Le 31 janvier, il a eu un accès et
un vertige. Rien depuis jusqu'à la fin de mars.
Ces faits prouvent une fois de plus que les maladies
aiguës, avec élévation de la température plus ou moins
prolongée, comme la fièvre typhoïde, suspendent les
accès chez les épileptiques : c'est une compensation
relative de leur influence étiologique sur la produc-
tion, qu'on leur attribue, des maladies du système
nerveux. Cette action suspensive se prolonge après la
convalescence, sinon clans tous, au moins dans la
plupart des cas. Une fois même, nous avons vu les
accès disparaître complètement et, au bout de plu-
sieurs mois, il nous a été possible de rendre l'enfant
à sa famille (2).
III. Sur les seize malades du service, quatre provien-
nent de pères faisant de nombreux excès de boissons.
Chez un seul il est probable que la conception a eu
lieu durant l'ivresse.
IV. Les tracés de la température, dans les quatre cas
qui se sont terminés par la mort, permettent de se
rendre compte de l'influence des complications sur la
marche de la fièvre. Ils pourront être comparés à un
(1) Le malade, appartient à la section des épileptiques adultes (service de
)IL Chaslin),
(2) Voir la thèse de notre ami, le Dur Séglas, faite dans notre service en
1880, intitulée : De l'influence des maladies intercurrentes sur la marche de
l'épilepsie, .
168 Epidémie DE fièvre typhoïde.
certain nombre de tracés thermométriques de cette
maladie, qui figurent soit dans les Comptes-rendus
du service, soit dans le mémoire de l'un de nous
publié en z(1).
V .Quelle est l'origine de cette épidémie ? Le premier
cas a été observé à la fin de juillet et la plupart des
autres cas se sont succédés du 25 août au 13 septem-
bre, les six derniers cas se sont disséminés du 4 octo-
bre au 17 décembre.
Comme l'enfant qui en a été victime avait, en juillet,
passé quelques jours dans sa famille qui habite le
Kremlin, nous avons pensé qu'il avait pu y contracter
le germe de sa maladie. Or, après information, nous
avons su qu'il n'avait pas bu d'autre eau que celle de
Choisy la même que celle de Bicêtre.
Peu après, de nouveaux cas étant survenus, il y avait
lieu de faire examiner l'eau servant à l'alimentation
des enfants. Nous avons écrit (2) à M. le Directeur de
Bicêtre de bien vouloir y faire procéder. Il a envoyé
un échantillon de l'eau au laboratoire municipal de
bactériologie et a reçu le 29 septembre une lettre de M.
le Dr Miqucl d'où nous extrayons le passage suivant :
« Les eaux qui ont été apportées à mon laboratoire le 14
septembre courant ont montré une composition analogue aux
eaux filtrées de Choisy-le-Roi. Toutefois, elles étaient beaucoup
plus chargées en bactéries vulgaires, notamment le bacillus
subtilis. Ces mêmes eaux n'ont pas offert le bacille du colon
ni celui du typhus. Il faudrait donc attribuer peut-être à une
autre cause qu'aux eaux d'alimentation la petite épidémie de
fièvre typhoïde qui s'est déclarée dans une section de votre
hôpital. »
L'eau alimentant Bicêtre est prise dans la Seine à
Choisy le Roi et déversée dans un bassin où elle est
(1) BounEVtLLE. Notes et observations cliniques et thermomc'triques
sur la fièvre typhoïde.
(2) Nous étions alors en vacances.
Étiologie. 169
filtrée par le procédé Anderson. Elle est ensuite refou-
lée dans les réservoirs des Hautes-Bruyères et de ces
réservoirs l'eau est distribuée par la pente naturelle à
Montrouge puis à Bicêtre.
La cinquième division de l'hospice, affectée aux
aliénés et dont fait partie la section des enfants, est
alimentée par l'eau de la Seine laquelle s'ajoute
l'eau dite de Rungis, composée surtout des infiltra-
tions des pluies qui rencontrent une surface glaiseuse.
Elle arrive à l'établissement après avoir traversé le
fort de Bicêtre, qui depuis au moins cinq ans l'a
détournée à son profit et au détriment ( ? ) do l'hospice.
Celui-ci ne reçoit d'eau de Rungis qu'à la suite des
grandes pluies (1).
Comme l'épidémie n'a sévi que dans le quartier
des aliénés (2 cas dans la 3° section et 19 dans la 4",
enfants), alimentée en eau cle la Seine et en eau de
Rungis et qu'il ne s'est produit aucun cas dans le reste
de l'hospice alimenté exclusivement en eau de la
Seine, nous inclinerions à attribuer l'épidémie à l'eau
de Rungis (2).
Pour enrayer autant que possible l'épidémie, on a con-
damné les fontaines du service, surveillé les enfants aux
lavabos afin de les empêcher d'en boire l'eau comme ils
le font souvent, on leur a donné de l'eau bouillie et
de la tisane de houblon. Chaque jour le linbe était
(1). On croit que, au Fort, on ne se sert pas de l'eau de Rungis comme bois-
son. Voici d'autre part la note que nous devons à l'obligeance de SI. le Dr
Dieu, directeur du service de santé au ministère de la guerre.
Il Il n'y a pas en, en 1898, dit-il, un seul cas de fièvre typhoïde ; u fort de
Bicêtre. L'eau qui alimente ce fort ne provient que de trois origines dis-
tinctes : 1° L'eau de Seine, filtrée par le procédé Anderson et fournie par la
Compagnie générale des eaux ; 2° les eaux pluviales recueillies dans
deux citernes; - 3° un puits creusé dans le fort. - L'eau consommée au
fort de Bicétre est préalablement filtrée par les bougies Cltautberlnnd.
('2) Voici les analyses microbiologiques de l'eau de Choisy telles qu'elle figu-
rent aux Tableaux mensuels de la Statistique municipale de Paris : en juin
27.485 bactéries par centimètre cube et 125 moisissures; en juillet, 21.815
et 310 moisissures; en août, 42. 175 et. pas de moisissure ; - en septembre,
39.340 et 1.875.
d70 Épidémie DE fièvre typhoïde.
retiré des trémies et porté à l'étuve et les trémies
étaient lavées avec du sublime. Après chaque décès
ou après la sortie des enfants, la literie était passée à
l'étuve. En résumé, toutes les précautions exigées par
l'hygiène ont été prises avec le plus grand soin.
VI. Le traitement a consisté surtout en l'administra-
tion de bains froids, de toniques et de médicaments
divers suivantles manifestations symptomatiqucs. Les
bains froids ont été donnés avec le plus grand soin par
la sous-surveillante de l'infirmerie, 1\11110 nonzier, qui
apporte dans sa tâche un réel dévouement et une
grande habileté.
Note complémentaire sur les eaux de Rungis.
Notre collègue du Comilé consultatif d'hygiène
publique de France, M. Michel Lévy, nous a obli-
geamment remis la note ci-après :
« Les sources de Rungis proviennent du drainage naturel
du plateau de Villejuif-Chevillv incliné sur le sud. C'est une
nappe élevée retenue par l'argile verte oligocène. Une partie
de ces eaux avant filtré a travers le sable, de Fontainebleau,
qui forme des iJot2 sur ce plateau, parait être d'excellente
qualité. Mais une autre partie qui a traversé seulement
l'épaisseur du calcaire de Brie doit être considérée comme
douteuse. En effet ce calcaire de liric plus ou moins mculier
et compacte est ordinairement fissuré, et par ces fissures
les eaux de la terre arable engraissée dans colle région par
les gadoues de Paris, peuvent pénétrer jusqu'à l'argile verte
par un écoulement presque direct et sans avoir subi une
épuration sullisanle. De toile sorte que le gisement géolo-
hique des eaux des sources de Rungis ne permet pas de
donner de garantie sur lotir qualité. »
XI.
Instabilité mentale; hérédité très chargée ; traitement
médico-pédagogique ; guérison ;
PAR nounRrNEVIr.E et, BOYER
Sommaire. Père, rien de particulier. - Grand-père pater-
nel devenu alcoolique sur le tard, - Oncle paternel, arriéré,
inconscient, instable, mendiant. - Autre oncle paternel,
excès de boissons, paresseux, camelot. Tante paternelle,
excès de boissons (eau-de-vie de cidre). Deux grands-
oncles paternels pamlysés. - Autre grand-oncle paternel
mort tuberculeux.
Aëreterue).tse,cëpha ! a ! es.Cousm. maternel au deuxième
degré aliéné. Granct-'lante maternelle attaques de nerfs
de 20 à 24 ans. Deux grands-oncles maternels arriérés.
Grand-oncle maternel excès de boissons. Trois oncles
maternels morts tuberculeux. - Cousin germain maternel
idiot (Bicêtre). Deux autres cousins germains tuber-
culeux. Deux tantes maternelles mortes tuberculeuses.
Quatre cousins germains maternels morts de méningite.
- Cousin germain maternel pied-bot. Plusieurs cas de
gémella1'ité dans la famille de la mère.
Soeur, morte de convulsions. - Frère, mort a Bicêtre de
sclérose tubéreuse. Autre soeur migraineuse, a un
côté plus faible que l'autre. Autre frère convulsions de
l'enfance. - Autre frère convulsions répétées de l'enfance.
Autre soeur morte de convulsions.
Pas de consanguinité. Inégalité d'âge de 6 ans.
Conception, grossesse, naissance, rien de particulier. - C1'i.s
constants de nuit et de jour pendant treize mois. Pre-
mière dent à 7 mois, dentition complète à deux ans.
Marche à 15 mois. Parole à 10 mois. Propre incom-
172 Instabilité mentale.
plètement à 18 mois : incontinence d'urine trihebdoma-
daire jusqu'à 4 ans. Intelligence assez développée. -
Certificat d'études primaires v 11 ans J 12' - Mobilité, bavar-
dage. - Conduite et travail réguliers jusqu'en juin 1894
(16 ans j/2)' - Périodes de tristesse et de taciturnité alter-
nant avec des périodes de bavardage et d'excitation ; cépha-
lalgies simultanées. -- Modification du caractère à la
puberté. - Diminution des sentiments affectifs. Vive-
ment impressionné par la cérémonie funèbre de Carnot
(Juin 1894). - Retour des périodes de mélancolie alternant
avec des périodes d'excitation. - Contrariété, achat de
trousseau sans autorisation, idées de s'éloigner de sa
famille. - Se place lui-même à-plusieurs reprises et quitte
ses patrons sans motif sérieux. - Pseudo-grivélerie. -
' Actes extravagants : correction, taciturnité consécutive.
Nouveaux essais de placement. - En décembre 1894,
période de mélancolie et de loquacité. - Emprunts d'ar-
gent, fugue (24 juin 1895). - Instabilité. - Vol paternel.
- Nouveaux emprunts chez des clients de son père : -
Voyages multiples. - Description du malade à 18 ans. -
Traitement mëdtco-pëdaotgMe. Disparition des pé-
riodes alternantes de mélancolie et d'excitation. - Réap-
parition des sentiments affectifs. - Amélioration pro-
gressive de l'état moral. - Guérison.
Edouard B......, né à Paris, le 11 octobre 1877, est entré à
l'Institut médico-pédagogique, le 3 octobre 1895.
Antécédents (Renseignements fournis par le père et la-mère
le 8 octobre 1895). - Père, 50 ans, épicier, actuellement en
repos; bien portant, pas de migraines, pas de convulsions de
l'enfance; caractère un peu vif en paroles ; tempérament tran-
quille, sobre, « aimant un peu de tout sans passion ». Grand-
père paternel, mort à 73 ans, était devenu triste et « ivrogne »
après la mort de sa femme. - Grand'mère paternelle, bossue,
avenante, intelligente, morte d'un asthme en»18-,3. -Arrière-
grand-père paternel, mort de vieillesse. - Renseignements
insuffisants sur les grands-oncles et grand'tantes paternels.
Deux onclesr palànels; l'un n'a jamais rien voulu faire,
47 ans, vit de l'aumône des fermiers du. pays, «fait tout ce
qu'il ne faudrait pas faire, n'a pas l'eslirit du bien et du mal »,
travaille 4 jours et part 15 jours, arrière, inconscient, ins-
table ; l'autre est camelot, paresseux, « on le voit, plus souvent
ivre qu'autrement ». Ni l'un ni l'autre ne sont mariés et n'ont
d'enfants. Deux tantes paternelles : l'une, mariée, a 4 enfants
Antécédents héréditaires. 173
bien portants; l'autre mariée également, a 3 enfants. Cette
dernière s'est mise à boire de l'eau-de-vie de cidre, « c'est
l'habitude des femmes du pays de boire (environs de Nogent
le l2otrou) ; elles s'entrainent réciproquement. » - Grand-
oncle paie ? nel, mort après avoir été deux ans paralysé ; autre
grand-oncle paternel, mort également paralysé; un troisième
mort tuberculeux.
Mère, 44 ans, a toujours eu des maux d'estomac et d'in-
testins depuis son deuxième enfant jusqu'à 20 ans ; mariée à
18 ans ; pas de convulsions de l'enfance « Je suis jumelle
avec une soeur qui a eu beaucoup d'enfants », pas de migrai-
nes, cependant depuis 18 mois douleurs de tête avant les rè-
gles. Caractère assez vif. Jamais de maladies rhumatismales ;
a eu quelques dartres sèches sur les jambes et au cou. -
Grand'père maternel mort à G3 ans d'une inflammation d'in-
testins, très sobre, cultivateur. - Grand'mère maternelle,
très calme, morte subitement d'une congestion au coeur.
Arrière-grand'mère maternelle a eu 15 enfants dont trois
sont morts jeunes et dont les autres n'ont présenté aucun
accident nerveux. Cousin au 1er degré, 25 ans, est aliéné,
actuellement à Charenton (Léon B...) ; il aurait voulu frap-
per sa mère pour voir son sang couler ; un autre cousin, frère
jumeau de ce dernier, est en bonne santé, marié et a un en-
fant bien venant. - Une grand' tante maternelle a eu des at-
taques nerveuses de 20 à 24 ans ; se sauva une nuit en che-
mise, ne s'est pas mariée. - Un grand'oncle -maternel était
entré, au séminaire d'où il a été renvoyé comme insuffisant.
- Parmi les quatre autres g1'ands'oncles maternels, un ar-
riéré est mort il 20 ans ; les trois autres ont été bien portants,
un seul a fait des excès de boissons. - Cinq oncles mater-
nefs : trois sont morts phthisiques, sobres, l'un de ces der-
niers a eu trois enfants, deux bien portants, le troisième
(Louis B...) est à Bicêtre comme idiot. Les deux autres on-
cles maternels vivant encore ; pas d'accidents nerveux ; ils
ont chacun perdu un enfant phthisique. - Deux tantes ma-
ternelles sont mortes de la poitrine : l'une sans enfant, l'au-
tre avec trois enfants dont deux sont en bonne santé et dont
la troisième est morte phthisique à 25 ans. - La tante ma-
ternelle, soeur jumelle de la mère a eu six enfants ; quatre
sont morts de convulsions ou de méningite, le cinquième
est pied-bot, le sixième qui a sept ans n'a pas eu de convul-
sions, intelligent, délicat. -D'après la mère de l'enfant, les
jumeaux viendraient du côté paternel de la mère où il y au-
rait eu plusieurs cas cle uemellal'ilé,
174 Instabilité mentale.
Pas de consanguinité : père du Perche, mère du Soisson-
nais. - Inégalité d'âge de six ans.
Dix enfants : 1° et 2°, deux jumelles : l'une morte à 20 jours,
« s'est éteinte l'autre est morte à 2 mois de convulsions qui
ont duré trois jours ; elles étaient nées à 8 mois ; - 3° fille
morte à. 9 mois en 24 heures de la cholérine ; pas de convul-
sions ; 4° garçon mort à 7 ans dans notre service il. Bicêtre :
idiotie symptomatique de sclérose tubéreuse ou hypertro-
phique des circonvolutions. z 5° garçon mort à 11 mois de la
cholérine en nourrice ; pas de convulsions ; 6° notre malade ;
- 7° fille, 16 ans, pas de convulsions, intelligente, douce ;dou- ! eu)\'. de tête se reproduisant trois ou quatre fois par semaine
et l'obligeant à se coucher ; parfois vomissements ; elle a un
côté pus faible que l'autre ; élevée par sa mère ; 8° garçon,
12 ans, a eu quelques petites convulsions sans que l'on ait
recouru au médecin ; intelligent, « mais ne fait pas ce qu'il
devrait faire » ; - 9° garçon, a eu trois fois des convulsions
assez fortes, est mort à 6 mois de la cholérine : - 10° fille morte
à 6 mois, convulsions chaque semaine ; sa tête était toujours
rejetée en arrière, tombant entre les épaules.
Notre malade. - A la conception les parents étaient bien
portants, sauf la mère qui souffrait de constipation. Gros-
sesse : dans les premiers mois troubles digestifs, constipation,
pas de vomissements ; pas de peur, pas de coups, pas de chu-
tes, pas d'envies, pas de syncopes. - Accouchement à terme,
naturel, en deux heures ; présentation de la tète. - il la nais-
sance, pas de cordon, pas d'asphyxie : « il était très correct,
très beau. »
Élevé au sein jusqu'à 13 mois, n'a jamais cessé de pleurer
nuit el jour. C'était le premier que la mère nourrissait, con-
trariée d'avoir vu les autres mourir en nourrice. Très cons-
tipé, faisant tout vert. a cessé de crier il 13 mois quand il
a été sevré. - Première dent il 7 mois, seize à 16 mois ; les
vingt il 2 ans.
Jamais de convulsions. Marche à 15 mois. - Parole : à
19 mois , il parlait assez bien ; couramment il 2 ans. - Propre
a 18 mois ; mais durant les hivers jusqu'à 4 ans, il lui arrivait
deux ou trois fuis par semaine d'uriner au lit.
Envoyé il l'école maternelle à 3 ans : n'a jamais manqué ;
apprenait bien; on lui reprochait de causer toujours et de
s'occuper de tout. - A 6 ans va il l'école communale, travail-
lait bien, causait et jouait, mais distrayait ses camarades; il
deux ou trois reprises différentes, il s'est plaint de la tète. -
Est resté à l'école communale jusqu'à 15 ans; a eu son cer-
Antécédents personnels. 175
tificat d'études à 11 ans ] ? 2. A 15 ans, est resté 6 mois avec
ses parents qui tenaient un commerce de vins et d'épicerie ;
servait au comptoir, on assure qu'il ne fumait ni ne buvait.
Il est resté deux mois avec le successeur de son père qui était z
très content de lui. - Est allé dans le Moissonnais chez un
oncle où il est resté trois mois ; de la a été passer 15 jours à
Dieppe avec ses parents. - A été employé six mois chez un
marchand de beurre et oeufs en gros, puis est revenu chez
ses parents qui avaient repris un commerce. (Février 189lui.)
Bien qu'il ait continué il travailler régulièrement jusqu'en
juin 18[J'L on avait remarqué, depuis quelques mois des chan-
gements dans son caractère il il restait quelquefois sombre
durant 4, 5 et G jours, ne parlait pas à ses parents, mais
continuait à parler aux clients ; il ces périodes de mutisme
succédaient des période.1' de bavardage exagéré : en même
temps douleurs de tète. « Quand la barbe a poussé, les
changements se sont accentués » ; tandis qu'autrefois il se
tourmentait quand il voyait sa mère ennuyée, il montre
vis-a-vis d'elle une réelle indifférence ; se fâche même sou-
vent après elle sans cependant être grossier ni violent.
Edouard assiste au convoi de Carnot, il en revient très
affecté, consterné, abasourdi : sueurs exagérées. - Trois
jours après, il avait le teint jaune, vu par un médecin qui
prescrit une purgation. - Il est resté absorbé pendant douze
jours puis se met à causer, sans extravagances cependant ;
voulait sorlir à chaque instant, avait des caprices, ses cha-
peaux ne lui plaisaient plus. l'uis est survenu une période
de mélancolie. Il va passer quinze jours chez un oncle à la
campagne ; on le ramène à Paris parce qu'on le trouvait trop
« émancipé » et qu'il se mêlait sans réserve à toutes les con-
versations. - Chez ses parents il se montre moins affectueux,
moins prévenant. En septembre 1894, comme ses parents
ne veulent pas le laisser aller au mariage d'un cousin, il se
montre très mécontent ; se met à faire de la bicyclette, va
commander à la Belle-Jardinière un trousseau avec l'idée de
se placer hors de sa famille. Trouve lui-même une place à
Issy dans une épicerie où il ne reste que 15 jours; prétendait
pouvoir manger du chocolat qui, disait-il, venait de chez son
père. De retour chez lui, il se montre excité et désobéis-
sant. Se fait embaucher à \euilly et son nouveau patron le
remercie le jour même. Il rentre chez sa mère plus excité
que jamais, se sert même d'expressions grossières. Au lieu
d'aller chez un ami de la famille qui devait le moraliser et
chez lequel il devait déjeuner, il s'installe chez un marchand
de vins pour manger et comme il n'a pas assez d'argent pour
-170 Instabilité mentale.
payer, il laisse sa montre. Il revient chez lui et on l'expédie
le lendemain chez son oncle, ta campagne. Il se montre,
chez lui, extravagant, monte sur les voitures, cause sans
cesse : son oncle, pour le faire taire, lui a donné une giffle,
il est resté six semaines sans lui causer ; il continuait cepen-
dant à faire pour son oncle des recouvrements.
Revenu à Paris, fin décembre 1894, Edouard est replacé
chez un de ses anciens patrons, mais le cinquième jour n'y
veut plus retourner. - Il est montré au Dr Lecoq qui prescrit
une purgation. A partir de en, moment l'enfant est 15 jours
sombre, 15 jours excité : la mélancolie et la /o(juacilé sont de
plus en plus accentuées; pas de bonnes périodes.
Le 2'juin (1895), Edouard emprunte 40 francs iL un ami de
la famille et part pour le Havre. De cette ville, il redemande
par dépêche de l'argent à la même personne pour aller, dit-
il, à Londres. Comme l'ami va aux renseignements et qu'il
apprend la fugue de l'enfant, il ne répond pas iL Edouard. Ce
dernier revient en toute hâte il Paris, va trouver le boulan-
ger de la famille auquel il emprunte 30 francs et file à Joinvil-
le-le-Pont canoter, y dîne et prend le train pour Orléans. La,
n'ayant plus d'argent, il télégraphie au boulanger pour lui
demander 10 francs, lui promettant de rentrer a Paris. Son
père va le chercher; il le rencontre dans les rues; Edouard
avait lavé sa chemise lui-même et l'avait remise ; dans le
voyage de retour il a, dans le wagon, une très mauvaise tenue.
En juillet IS9a, Edouard est resté douze jours sans vouloir
quitter sa chambre ; il dérangeait tout, déplaçait les livres,
mangeait en dehors des repas. Le 1G juillet, il retourne tra-
vailler chez son patron et se conduit bien pendant huit jours.
Sans motif aucun n'y veut plus retourner; son patron vient
le reprendre lui-même, essaye de l'cncouraffer et finit par le
faire revenir chez lui, mais le travail est de plus en plus irré-
ulicr. Edouard se met à lire beaucoup, se cache pour satis-
faire sa passion. Après un voyage en famille où il se montre
par intervalles très excité, il retourne chez son patron et le
quatrième jour il fait, chez lui, 1111 paquet d'objets les plus di-
vers, vole vingt francs à son père et va, sous prétexte de faire
une course, chez une de ses parentes, habitant la banlieue ; il
découche, emprunte le lendemain à des amis de son père un
franc par ci, quatre francs par quinze francs ailleurs. Va
déjeuner chez un marchand de vins où il arrive il ne plus
avoir le sou, il n'avait même plus de chemise. Il trouve moyen
de revenir il Paris, emprunte encore 7 francs il un client de
son père et prend le chemin de fer pour aller voir son oncle
dans le Soissonnais. C'est lit que ses parents le retrouvent
Description du malade. 177
enfin. Il y reste quelques jours, prend à son oncle des quit-
tances d'assurances, en touche le montant (200 fr.) et prend
le train pour Paris sans prévenir personne. Arrivé à la gare
de l'Est, apercevant un train qui allait partir pour Belfort, il
prend un billot d'aller et retour pour cette ville et s'embarque.
Ses parents ignoraient où il était passé. Il revient de lui-même
à Paris, au bout de quelques jours, et rentre chez ses parents
qui le conduisent aussitôt à l'I¡¡slilul1J1édico-petlilg()(Jiqu,
Etat a l'entrée. - a) Elut pliysique. La physionomie
parait intelligente, l'expression est plutôt triste. Les cheveux
sont noirs, assez épais, les yeux brillants, marron-foncé,
entr'ouverts, le ne : droit et fort, les joues plates, peu colo-
rées, le teint est mat, la bouche moyenne, la mâchoire infé-
rieure un peu proéminente, les oreilles normales. La lèvre
supérieure est' couverte d'un duvet brunâtre, la barbe est
naissante, assez fournie sur les joues et sur le menton.
Thorax très bien constitué, largo, épais, région pectorale '
proéminente, sans exagération. Af<')))h)'< ? supérieurs régu-
lièrement conformés, articulations phalango-phalaffginiunnes
un peu saillantes, ongles normaux.
Ventre plutôt plat, normal. - Membres inférieurs tout il
fait réguliers; les trois derniers orteils du pied droit un peu
portés obliquement en dehors. Le pied gaucho ne présente
aucune déviation des orteils.
Puberté. - Poils noirs, abondants sous les aisselles, quel-
ques poils autour des aréoles mammaires, petits poils entre
les deux seins, traînée de poils descendant de l'épigaslre et
s'élargissant jusqu'au pénil ; poils noirs abondants et frisés
sur tout le pénil, envahissant les aines, les bourses, et les
parties supérieures des cuisses. Le scrotum est normal. Ver-
ye assez bien développée, prépuce assez court, laissant voir la
pointe du gland. Gland un peu pointu, méat
normal. - Testicule gauche de la dimension d'un oeuf de
pigeon, testicule droit plus gros. Pointe de hernie inguinale
à droite. - Poils fins, assez abondants, sur la région lombaire,
les fesses et les cuisses : poils fins sur la moitié postérieure
des bras.
b) Etat physiologique. - Rien de particulier il signaler sur
son état; rien à l'auscultation. Les articulations sunt souples
et capables de mouvements étendus. Les organes des sens
paraissent fonctionner régulièrement. A signaler dans les
fonctions .digestives, une appétence capricieuse, une cons-
lipation persistante. .
BOUHNEVILLE, Bicêtre, 1898. 12
178 Instabilité mentale.
c) Etal psychologique. - L'intelligence est celle des en-
fants de son âge ; l'attention et la réflexion sont normales, la
mémoire bonne; l'imagination parfois extravagante; l'enfant
parle beaucoup de tout et sur tout en vrai hâbleur, rabâche
longtemps la même idée, coq-a-1'ane fréquents, s'écoute par-
ler, finit par croire que c'est arrivé, se laisse entraîner par
l'idée du moment; dans les rémissions, paraît raisonner à
peu près convenablement. - Il a conservé les connaissances
acquises durant sa période d'écolagc, les a augmentées par
des lectures diverses ; on sent cependant que ce qu'il a appris
lui-même dans les livres est imparfaitement assimilé, quel-
ques confusions constatées. Son écriture se ressent de l'état
du moment : très lisible et très régulière dans les périodes de
rémission, elle est tourmentée et irrégulière dans les périodes
d'excitation, la lettre qu'il a écrite de Belfort à ses parents est
très difficile à lire. Aptitude pour le calcul et la comptabilité
en particulier; préfère les sciences aux lettres, n'aime pas la
musique.
d) Etal instinctif et mural. - Edouard aime la société, il lui
faut du reste quelqu'un à côté de lui pour satisfaire son besoin
de parler. Il ne parait présenter aucune perversion d'instincts.
Il est franc ; s'il ment quelquefois, c'est inconsciemment.
Avoue ses escapades, quand on lui demande pourquoi il a été
à Belfort, par exemple, il répond : « C'est une idée qui m'a
pris, histoire de me promener. » Parait avoir la notion du bien
et du mal. Idées religieuses assez prononcées. N'est pas mé-
chant. Volonté faible. Se ressent bien vite du milieu dans
lequel il vit. Quelques manières communes, surtout à table
où il n'a aucune réserve, langage grossier, termes d'argot ;
s'occupe très peu de sa toilette, tenue négligée.
Traitement : bains, douches, gymnastique, travaux de jar-
din, travaux scolaires, traitement moral.
1895. Octobre. - L'enfant s'est montré très docile à suivre
toutes les parties du traitement. En classe cependant, il a le
verbe haut, interrompt a chaque instant le maître ; à table,
cause tout le temps, se mêle à toutes les conversations,
accepte les observations qu'on lui fait, mais les oublie pres-
que aussitôt. Les idées qu'il exprime ne sont pas à propre-
ment parler incohérentes, mais elles présentent des coq-à-
1'ane qui déroutent ceux qui l'écoutent. - La pointe de
hernie signalée à l'entrée, persistant, l'enfant porte un
bandage spécial.
Novembre. L'enfant ne présente plus de constipation.
Marche de la maladie ; guérison. 179
Porto migraine le 15, purgatif le lendemain. - Léger eczéma
sur la joue droite le 20, qui disparait le 25. Le bavardage
incessant persiste; pas de période de mélancolie.
Décembre. L'enfant est très tranquille en classe ; le ver-
biage a sensiblement diminué ; il table, Edouard mange pro-
prement, ne se mêle plus que discrètement aux conversa-
tions. - Le 25, un de ses camarades s'étant moqué de lui,
Edouard reste près d'une heure sans vouloir causer à qui
que ce soit. Ce petit accès de mélancolie n'a pas eu d'autre
suite.
1890. Janvier. L'enfant est allé quatre jours chez lui,
s'est très bien comporté. - A sa rentrée, le 5, purgatif. -
Le 20, autre purgatif. - L'amélioration continue ; l'enfant
suit les cours de la classe, comme un enfant ordinaire ; prend
plaisir maintenant aux travaux manuels.
Février. - Sort le jour du mardi gras, tout se passe bien.
- Légère migraine le 18.
Mars. - Purgatif le 2. - Sort à la mi-carême, ses parents,
en nous le reconduisant, nous font son éloge. - La hâblerie
a complètement disparu ; ne cause plus maintenant que
pour dire quelque chose de sensé. Est le premier à demander
un devoir ou une leçon, ne reste jamais inoccupé, prend
goûta la musique, morigène ses camarades, s'occupe même
affectueusement des enfants plus jeunes que lui, veille
à leur toilette et à leur tenue. - A table, il s'informe à
chaque instant si tclle ou telle chose doit ou ne doit pas être
faite.
Avril ? L'amélioration continue, Edouard a oublié ses
frasques, s'il on parle, par hasard, c'est pour nous dire : « Les
drôles d'idées que j'avais. » On le laisse sortir et rentrer seul
il deux reprises, aucun incident ne se produit. Le 19 ses
parents le reprennent il titrc d'essai ; il est confié il l'oncle de
province, qui l'avait déjà eu ; y reste jusqu'au 5 octobre. A
sérieusement travaillé avec cet oncle qui est expert-géomètre.
Dans le courant d'octobre, il est placé comme aide comptable
chez un commissionnaire des Halles. Est resté a la même
place jusqu'au moment de son départ pour le service mili-
taire. (Novembre 1898.)
Edouard, soit seul, soit accompagné de ses parents, est
revenu souvent nous rendrc visite. Nous avons pu ainsi cons-
tater que l'amélioration a été une véritable guérison. La
dernière fois que nous avons vu son père, ce dernier nous a
dit : « Je n'aurais jamais cru qu'Edouard serait redevenu
.180 Instabilité mentale ; hérédité < `
l'enfant d'autrefois. » -Il accomplit actuellement son service
dans un régiment d'artillerie (1)...
Réflexions. -I. Dans le cas que nous rapportons,
l'hérédité est extrêmement chargée. Du côté paternel,
nous trouvons des exemples d'alcoolisme, d'arriéra-
tion, de vagabondage, de paralysie, etc. Du côté
maternel, il y a des crises nerveuses, de l'aliénation,
de l'alcoolisme, des méningites, un pied-bot. Tous les
frères et soeurs du malade ont eu des convulsions ; l'un
d'eux est mort dans notre service à Bicêtre de sclérose
,tubéreuse(2). Il suffit de se reporter au sommaire pour
voir, en détail l'hérédité, que nous ne pouvons retracer
clans ces considérations générales.
II. Bien que la conception, la grossesse et la nais-
sance n'aient présenté aucun trouble pathologique,
l'enfant n'aurait cessé de crier nuit et jour jusqu'à l'é-
poque du sevrage, à 13 mois. Exception faite de l'incon-
tinence nocturne d'urine qui se seraitproduitejusqu'à
4 ans, Edouard n'aurait offert rien d'anormal au
point de vue de l'évolution physique et intellectuelle.
A dater de 3 ans, on lui reproche déjà son bavardage .
excessif et une tendance à vouloir s'occuper de tout.
Si nous relevons- ces manifestations qui, après l'asile
maternel, se reproduisent à l'école primaire, c'est
parce qu'elles prendront à l'époque de la puberté une
intensité, morbide, une allure pathologique. De la
sortie de l'école au début de la seizième année, rien
de particulier; mais au moment où Edouard devient
pubère, on remarque des périodes d'excitation et de
(1) [Depuis la rédaction de celte observation, E.. B... est' venu nous
voir. (5 avril 180'J); il nous annonce lui-môme qu'il est proposé pour être bri-
gadier après l'inspection annuelle d'avril. La tenue est bonne, la physiono-
mie ouverte et dénotant une excellente santé.) .
(2) Son obs. a été publiée in-cxlenso dans les Bulletins de la Société annto-
mique, 1881, p. 545 et reproduite dans la thèse de M. Tuibui, intitulée : Con-
tribitlion il l'élude du la sclérose tubéreuse ou hypertrophique du cerveau.
Parts,- 1888.
DÉPRESSION, EXCITATION. Il f
bavardage, alternant avec des périodes de mélancolie
et de taciturnité, le tout accompagné de douleurs de
tête. En môme temps les sentiments affectifs dimi-
nuent, et l'enfant devient irritable même envers sa
mère. En juin 1 89 i, Edouard assiste aux obsèques de
Carnet : il en est affecté au point de vue physique et
moral. Pendant une douzaine de jours, il a des idées
bizarres, éprouve un besoin de mouvement sans but,
puis, survient une période de mélancolie il laquelle
succède une période de loquacité ; et l'alternance de
ces phénomènes pathologiques devient régulière et ne
présente plus d'interruption. En même temps s'ac-
centue la bizarrerie des idées et apparaissent les
premiers signes A' in stabilité (achats non autorisés,
placements spontanés et multiples, vol d'argent à
son père, emprunts à. des amis de la famille, gros-
sièretés, fugues, etc). C'est dans cet état qu'il est
amené à l'Institut médico-pédagogique
III. Les signes do dégénérescence physique sont insi-
gnifiants chez ce malade : nous ne constatons qu'un
peu de prognathisme et do l'inégalité testiculaire
bien que la pointe de hernie siège du côté droit, c'est
le testicule correspondant qui est le plus développé. En
somme, conformation physique bonne ; rien à noter
au point cle vue physiologique. Sous le rapport psy-
chique : loquacité, vantardise, association d'idées
bizarre, instabilité mentale résultant d'aperceptions
insuffisantes, tenue négligée, langage grossier, sans
réserve. A remarquer que ces manifestations psycho-
pathologiques se sont montrées sous leur véritable
jour au moment même de la puberté.
IV. Sous l'influence de l'isolement et de l'applica-
tion méthodique du traitement méclico-péclagoyiclue
pendant une durée do six mois, l'état général de
l'enfant s'améliore progressivement ; la tenue devient
convenable, le verbiage disparaît, Edouard n'est
plus indiscret; on ne constate qu'une période courte
cle mélancolie, et elle reste isolée ; l'association des
idées devient de plus en plus normale, le travail tant
scolaire que manuel indique de l'esprit de suite;
l'affectivité réapparaît ; les idées de fugues s'évanouis-
sent complètement.
V. A sa sortie, Edouard parait guéri. Ses parents,
le patron qui l'occupe viennent nous voir six mois et
un an après ; ils nous font des éloges de l'enfant.
Edouard lui-même nous fait des visites à chaque
occasion et nous pouvons nous rendre compte, par
nous-mêmes, de la persistance de l'amélioration.
Enfin depuis son départ au régiment (novembre 1898)
l'en far*t s'est toujours bien comporté, et sa conduite
n'a donné lieu à aucun incident. Il y a donc bien eu
guérison. (Voir la note 1 de la page 180.)
XII.
Idiotie symptomatique de sclérose tubéreuse ou hyper-
trophique. ' -
PAR BOUIRNEVILLE.
L'idiotie symptomatique de sclérose tubéreuse ou
hypertrophique se rencontre assez rarement. L'ob-
servation que nous donnons est la septième de notre
série personnelle (1). De même que ses ainées, elle
nous semble mériter d'être soumise à nos lecteurs et
de nature à provoquer la publication.de cas analogues
dont la réunion pourra servir, si cela est possible, à
tracer la nosographie de cette forme curieuse d'idiotie.
SOMMAIRE. Père quelques excès de boisson. Arrière
grand'mère morte d'une troisième attaque de congestion
cérébrale. - Arrière grand'mère paternelle morte « un
peu paralysée riz. - Gémellarité.
Mère, enfant du siège, nerveuse, - Tante maternelle migrai-
yeuse. - Renseignements insuffisants.- ·
Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 13 ans.
Conception, grossesse, accouchement, naissance, rien de
. notable. - Enfant normale jusqu'à 6,mois. - De sept ( ? )
z1. dix mois, convulsions. - A dix mois, état anormal : ,
regard fixe, station verticale impossible, convulsions qub-
tidiennes, de plus en plus répétées jusque vers un an.
Vers 11 mois. accès de cris, grincement de dents, surdité
- apparente, balancement aKfëro-postëTteMrdM 0)T.c,pa ! ett)'
- (t) Voirplus loin -le tableau récapitulatif, p..198. -
184 Antécédents-héréditaires.
intermittente de la face. - Sommeil interrompu par des
accès de cris. Préhension presque nulle. - Gâtisme.
Attention noa2 fixable, Aucun signe d'intelligence, mar-
che très limitée. - DeSC7,iptioii, (le la « illtlacle. .
1896. Entérite, puis bronchite avec fièvre : suspension des
vei·tiges. -A>>2lioratioai è cliea.s points-cle vue, - G1'Ïn-
cements de dents. ....
1,897. Diarrhée verte intermittente; - bronchite, dyspnée,
'mort. - ? -
AUTOPSIE : - Nombreux noyaux de sclérose tubéreuse sur
les deux faces des hémisphères cérébraux. Tramëc de
nodosités scléreuses, le long des corps striés. Conges-
tion pulnioizaü·e. -Ilperla·ophie et dégénérescence grais-
seuse du foie. - Congestion et ramollissement, d'une
partie de la muqueuse cle-l'iiites.ti71 gi,êle. ,
. Blaoh.. (Angéle),=née à Paris le 1-4- avril 1894, est entrée dans
le service le 12 février 1896.
Antécédents. (Renseignements fournis par le père et la mère
en 1896 et 'complétés en mars 1897.)
. Père, 38 ans, courtier en vins, aucun accident nerveux, ni
vénérien, eczéma il y a 2 ans, quelques excès de boisson,
parfois pituite, n'a pas l'aspect d'un alcoolique. -[Père¡ mère
en bonne santé, sobres. Grand'pèa·e paternel mort vers 75
ans' on ne sait de d.ûoi. = Graa2tl'wére paternelle morte à sa
troisième attaque de congestion cérébrale. Grand'père
paternel mort à 67 ans, on ignore de quelle maladie.. Grand'
mère maternelle morte un peu paralysée, sans démence ; elle
2; eu deux jumelles (Pas d'autre cas dans la famille). - Un
oncle et deux tantes~paternels, ainsi qne leurs enfants, n'of-
frent i'ien. de particulier. Ni oncle, ni tante maternels. -
Trois frères morts dans l'enfance, on ne saurait dire s'ils ont
eu des convulsions. - Dans le reste de la famille, on ne con-
naît aucune espèce de tare, ni aliénés, ni épileptiques, etc.]
Mère, 25 ans, née en janvier 1871, sans profession, aucun
accident. nerveux, si ce n'est des névralgies dentaires, carac-
tère impérieux, un peu nerveuse. - [Père sujet à Aes cépha-
lalgies, sobre ? Mère en bonne santé. - Grand-père et mère
p-aternels pas de renseignements. Elle n'a connu que quel-
ques-uns de ses oncles qui jouissaient d'une bonne santé.
ANTÉCÉDENTS PERSONNELS. 185
Pas de-frère. Une soeur sujette il. des migraines. lîibn
de particulier dans le reste de la famille.]
Pas dé consanguinité. - Inégalité d'âge de 13 ans :
Doux enfants z la malade, 20 un garçon âgé d'un an (1).
Notre malade. - La conception a eu lieu dans de bonnes
conditions, trois mois après le mariage. Grossesse : pas d'al-
cool, pas de syncope, pas d'oedème, pas de peur. Au second
mois contrariété parce qu'une femme est venue demander à
parler à son mari ; elle a cru que c'était une ancienne mai-
tresse, elle a pleuré, a été triste doux ou trois jours, mais' il
n'y a eu aucun accident sérieux. Quelques nausées non suivies
de vomissements. - Accouchement en six heures, présenta-
tion de la tête ; elle ne peut dire si elle a perdu beaucoup
d'eau. A la naissance, pas d'asphyxie ; elle avait des dimen-
sions ordinaires, et a crié de suite. Elle a été le lendemain
confiée à une nourrice bien portante et sobre. Le père affirme
que sa fille, à six mois', était plus forte, paraissait mieux por-
tante que son fils au même âge, et `du'elle était au moins
aussi éveillée. Elle riait, regardait, « faisait comme un enfant
qui s'amuse bien. » Lorsqu'on l'a revue à dix mois, elle ne
paraissait plus normale, ce qu'on attribue à des convulsions
qui n'auraient pas été soignées et sur lesquelles, malheureux-
sement, on n'a pas de détails. Elle a été sevrée- à cette épo-
que pour permettre à sa nourrice d'allaiter son frère et a.été .
reprise par ses parent ? Elle avait le regard fixe et ne se
tenait pas debout. Dès le. lendemain de son retour, on a
vu des convulsions : L'enfant devenait raide ; les yeux
étaient tournés : « on ne voyait que le blanc » ; la face
était très pâle, puis l'enfant avait un petit tremblement ; on
ne se rappelle pas si elle-bavait ou écumait. On croit qu'il
n'y avait pas de différence entre les deux côtés du corps. Cette
crise a duré deux minutes. Le même jour elle en aurait eu
deux -autres.
Pendant une semaine, on a noté deux ou trois crises par
jour, durant chacune moins de deux minutes. Au bout d'un
mois, elles sont survenues plusieurs jours de sttile. Ultérieu-
rement, elles se sont montrées à des époques irrégulières. Il
n'y en avait pas eu dans les deux mois qui ont précédé son
entrée.
(h En mars 1897, la mère, que nous avons revue, nous apprend qu'il continue
à bien se porter, est intelligent, parle bien ; enOn qu'il lui est né en février
de cette même année un 3-- entant qui parait bien venant. ? .
186 Etat actuel.
L'enfant a commencé à avoir des accès de cris après la
dernière série convulsive dont nous venons de parler
(novembre 1895). « Ces cris, dit la more, n'avaient rien d'hu-
main ; c'était comme des cris d'animaux; ils survenaient à la
moindre contrariété, si on lui faisait sa toilette, si on la lovait.» u
(-'est à la même époque que sont survenus les grincements
de dents : « Elle en grinçait de plus en plus ; c'était agaçant. »
La préhension était limitée à la prise des aliments, biscuits,
pain. Elle jetait les jouets.
Jamais elle n'a donné aucun signe d'intelligence. « Sauf ce
qui concernait les aliments, tout le reste lui était indifférent ;
elle ne reconnaissait personne. » L'attention n'était nullement
11xahle; si on l'interpellait vivement, elle restait indifférente.
Le médecin de la famille a cru un moment qu'elle était sourde.
Le sommeil aurait été bon jusqu'à l'entrée.
On n'a pas noté de krouomanie, mais souvent elle mettait
la tête entre les mains comme quelqu'un qui souffre. On ne
saurait dire si les oreilles devenaient rouges : en revanche
on aurait remarqué que, parfois, la face devenait très pâle.
Balancement antéro-postéricur du tronc, pas de strabisme.
Appétit passable ; vomissements très rares ; ni constipation,
ni vers. Elle marchait tenue à la main et l'on n'a pas constaté
de différence entre les deux cotés du corps. Elle serait tom-
bée deux ou trois fois sans que ces chutes aient présenté
quelque chose de particulier.
L'enfant n'aurait eu aucune maladie infectieuse, ni aucun
accident scrofuleux.
La sensibilité générale parait conservée. Il en est de même
de la sensibilité spéciale. Le regard est fixe. Bl... est à peu
virés insensible à la lumière et au bruit ; si le bruit est
exagéré, on note une légère agitation des paupières. L'allen-
lion est nulle, ainsi que les sentiments affectifs. Elle ressem-
ble davantage à son père qu'a sa mère; elle ne reconnaît pas
ses parents.
Les parents ont relevé des élourdissemenls, environ une
fois par semaine : L'enfant étant sur sa chaise tombait comme
endormie ; étant réveillée elle poussait des cris. Le sommeil
est variable : quelquefois, elle dort pendant 10 ou lu heures
de suite; d'autrefois elle se réveille peu après s'être endormie
el pousse des cris ininterrompus jusqu'au jour.
État actuel (13 février 1890). - Embonpoint moyen ; malgré
cela, l'enfant a un air maladif du surtout à la pàleur cireuse
de son teint. La physionomie est dénuée de toute expres-
sion ; le regard est dur, presque méchant. - Balancement
. Etat actuel. 1S7
latéral do la tête. - Cheveux blonds, abondants au sommet
de la tète et rares sur les tempes. - La peau, paie comme
le visage, n'offre ni taches, ni cicatrices.
Crâne allongé, symétrique ; les bosses pariétales sont peu
marquées et les bosses frontales à peine dessinées. - Les
fontanelles sont fermées. - Le front est haut, bien décou-
vert, rétréci. - Visage ovale, plus étroit en haut qu'en bas.
Les sourcils sont peu fournis ; les arcades sourcilières sont
déprimées. Les mouvements des yeux sont lents. L'iris est
bleu, les pupilles un peu dilatées ne réagissent que médio-
crement à la lumière surtout à gaucho, ("est tout ce qu'on
peut constater. - Le ne : est court, camus ; les ailes du nez
sont égales, la cloison régulière. L'odorat semble obtus, l'en-
fant étant indifférente aux bonnes et aux mauvaises odeurs.
- Les joues sont arrondies, assez larges. - La bouche,
d'habitude largement ouverte, mesure 52 mm. La lèvre supé-
rieure est mince, l'inférieure est lippue et pendante, l'enfant
a constamment son pouce dans la bouche. Les maxillaires
présentent un large développement du diamètre transversal
avec abaissement léger de la voûte palatine. La dentition
est saine et normale, sauf un léger retard d'éruption des
deuxièmes molaires temporaires supérieures qui n'ont point
encore apparu, mais sont sur le point de sortir (l).
Cou : circonférence 25 centimètres. Le corps thyroïde est
petit.
Thorax : large, volumineux, cylindrique, sans traces de
rachitisme.
Abdomen très déprimé, souple, rien de particulier pour le
foie et la rate. - Organes génitaux : les grandes lèvres sont
nettement marquées surtout à lapartie inférieure. I : yt)ièt2e
de la vulve occasionné par le contact de l'urine, l'enfant élant
gâteuse ; pas d'onanisme.
Les membres supérieurs et inférieurs sont assez volumi-
neux et potelés ; les ongles sont réguliers, les tibias sont assez
fortement incurvés en dedans, L'enfant se tient convenable-
ment sur ses jambes et met cle la bonne volonté à se tenir
dans le chariot. - Les réflexes sont normaux, plutôt un peu
diminués. Les mouvements volontaires sont lents et rhyli-
més. Les mouvements provoqués sont naturels. -I1 n'y a pas
de contracture.
L'enfant ne sait pas se servir de la cuillère, prend plaisir à
mettre ses mains dans son assiette, mange avec avidité tout
(1) L'examen des : lents a ·té fait par 1\1. nnnypt en juin 189G quand l'enfant
avuit 20 mois.
188 Marche de la maladie.
ce qu'on lui donne. Elle pleure dès qu'elle aperçoit la soupe,
et ne cesse de crier que lorsqu'on la fait manger. Elle boit peu
et préfère le lait au vin. La mastication se fait assez bien,
la déglutition est régulière, ni bave, ni succion, ni rumination,
selles régulières, involontaires ainsi que la miction.
Respiration, circulai ion rien à noter.
La parole est tout à fait nulle. - L'enfant n'aide en rien il
s'habiller, ne sait rien faire avec ses mains, elle est très colé-
reuse, aime à se trainer par terre, ne s'amuse avec aucun
jouet, pousse des cris perçants dès qu'on la regarde, trépigne
des pieds; ne s'intéresse ài rien de ce qui se passe autour
d'elle ; crie des heures entières sans motifs. Elle tète son
pouce constamment, pousse des cris épouvantables lorsqu'il
s'agit de lui donner des soins de toilette.
Traitement : toniques, exercices de la marche, bains.
le, avril. - Diarrhée verte. 'C. R. 380, : 3 - Augmentation delà diarrhée. T. Il. 4ll",2. Acide
lactique, lavements boriques, etc.
4 auil, - Amélioration ; les selles sont moins fréquentes
et ont meilleur aspect.
7 avril. - La diarrhée a disparu. - Bronchite. T. R. 38°,5.
Il arnil.-La bronchite diminue, l'enfant reprend ses forces,
mais elle a maigri durant ses deux maladies.
Plat. - Depuis le dbut de son entérite (avec fièvre) jus-
qu'à la fin du mois de mai elle n'a pas eu de vertiges.
Juillet. - L'l physionomie est beaucoup plus éveillée. lil..
prononce distinctement le mot : maman; se lient très bien
sur ses jambes et aime l'exercice de la marche. Elle se laisse
débarbouiller plus facilement ; se montre un peu affectueuse
envers les personnes qui la soignent. Elle semble s'intéres-
ser au chant et à la musique. Les colères ont diminué.
Température il l'entrée.
Entérite ; mort.
189
- 22 février. La toux est la même, l'abattement est plus
prononcé, réapparition de la diarrhée. T. R. 37°, 2 et 37°, 5.
23 février. - Même état, diminution de la diarrhée, fièvre
légère. T. R. 38° et 38°, 4.
21 février. - Nuit bonne, abattement très prononcé mal-
gré cela. Toux rare, selles vertes, T. R. 3')°. 4 et 3J°. - Vers
huit heures du soir dyspnée, cyanose de la face et des
lèvres, mort à 9 heures -1;'2.
Tableau du poids et de la taille.
Tableau des accès.
190
SCLEROSE TUBEREUSE.
Sclérose tubéreuse et MÉN1NGO-ENCÉPHALlTE. 191
192 Sclérose tubéreuse et méningo-encéphalite.
pas présenter de lésions accentuées. Rien de particulier il
noter au niveau de l'insula. (11L. ).
Face interne. La face interne de l'hémisphère gauche
offre des lésions analogues il celles de la face externe. F| est
atteinte cle sclérose tubéreuse il son origine vers le pli fronto-
limbique, puis il deux centimètres de la corne frontale où est
un noyau d'un centimètre carré ; quelques millimètres en
arrière se trouve un autre noyau de 2 cm. 5 qui continue le
noyau de la face externe. D'autres loyers de sclérose
occupent le lobule paraccntrat il sa partie postérieure, la
région antérieure du coin, la corne occipitale et la seconde
circonvolution temporo-occipitale. (I'L. XIj.
Hémisphère cÈnmtKAL oauche. Les lésions de cet hémi-
sphère sont semblables il celles du coté oppusé.
Face externe - Cinq noyaux de sclérose hypertrophique
su rie 10befJ'onlalqui transforment son aspect ordinaire : 1° Un
noyau triangulaire dont la base est formée par la scissure
interhémisphérique et mesure 2 centimètres environ et dont le
sommet est situé vers le 14 antérieur de F3; le noyau est di-
visé par des sillons en trois segments et à 3 cm. 1/2 de hau-
teur. 2° Un second noyau existe un peu au-dessous de l'oper-
cule frontal sur 1· mais n'a guère plus d'un centimètre de
dimension. 3° et 4° Deux gros noyaux arrondis existent sur
le trajet de F2 ou plus exactement forment une circonvolution
supplémentaire et volumineuse entre FI et 1 ? nettement
séparée par un sillon. Le premier, antérieur, a 2 cm. 1/2 de
diamètre, le second postérieur 1 cm. f 2. 5° Le tiers moyen
de FA est encore le siège de sclérose tubéreuse sur un tra-
jet de 2 cm. de longueur. Les autres parties des circonvolu-
tions frontales ont été privées de leur substance grise super-
ficielle lorsqu'on a arraché la pie-mère et cela à cause des
nombreuses adhérences de cette membrane. ('L. XII).
Le lobe pariétal n'offre pas de sclérose sur PA, ni sur le
lobule pariétal supérieur, mais tout le lobule pariétal infé-
rieur est le siège de sclérose tubéreuse hypertrophique, le
gros noyau scléreux, qui a 4 cm. 1/2 d'avant en arrière sur 3
cm. )/2 de haut en bas, est divisé en deux par le sillon paral-
lèle.
Le lobe occipital est sclérosé au niveau de l'extrémité de
la corne occipitale et ce foyer, qui semble la continuation du
noyau pariétal, occupe la moitié postérieure du lobe occipital.
Sclérose tubéreuse. 193
Un autre noyau assez petit, d'un centimètre environ, existe
il la jonction de T3 avec le lobe occipital. ·
Le lobe temporal présente vers la corne sphénoïdale un'
gros noyau comprenant l'origine des trois circonvolutions
temporales, et qui a 3 centimètres d'avant en arrière. T,
n'est alors sclérosée que vers son pied au niveau du lobe pa-
riétal. T2 vers sa partie moyenne s'unit iL T3 par un gros pli
de passage sclérosé. T3, dont le 1/3 antérieur forme une
grande partie de la zone scléreuse de la corne sphénoïdale,
subit la même altération dans son tiers postérieur.
Face inlerne. 1 ? à deux centimètres de l'extrémité de la
corne frontale, offre une zone scléreuse de 2 cm., continua-
tion de la zone de la face externe. Rien à noter sur le lobe
paracentral. Le lobule quadrilatère présente à sa partie
moyenne un petit noyau assez nettement limité de 1 cm. sur
5 millimètres. Rien d'anormal dans le coin. La circonvolution
tempono-splvénoïrlale est presqu'entièrement sclérosée tan-
dis que la circonvolution de l'hippocampe parait indemne.
Sur le trajet de la circonvolution du corps calleux on cons-
tate, au niveau de son extrémité antérieure, au-dessus du pli
fronto-limbique, un noyau sclérosé de l cm. environ et un
autre de 2 centimètres en avant du pli pariéto-limbique.
Rien à noter d'apparent au corps calleux, aux noyaux gris,
ni aux tubercules quadrijuineuux et aux pédoncules céré-
braux. (PL. XIII).
Des deux cotés, il existe dans le ventricule latéral, le long
du sillon qui sépare la couche optique du corps strié, une trai-
née de petits noyaux de sclérose, formant une saillie assez
notable. Nous avons trouvé celle lésion dans tous les cas de
sclérose tubéreuse.
Au niveau des îlots de sclérose, la pie-mère n'est nullement
adhérente ; elle est mince et semble passer sur eux comme
un voile. Nous avons également mentionné cette particularité
dans tous les autres cas. (Jette disposition forme un contraste
frappant avec les lésions de méllingo-encéphalile constatées
sur un grand nombre des circonvolutions non sclérosées.
Cou. Le lobe droit du corps thyroïde est un peu plus
gros que le gauche (5 gr.). - Quelques traces du thymus.
Thorax. Congestion légère du lobe inférieur du lJOI(llI01t
l3oummLLL, Bicêtre, 1898. 13
194 Sclérose tubéreuse.
ilroil (110 gr.) ; le poumon gauche (80 gr.) crépite dans toute
son étendue. Coeur (80 gr.) : caillots agoniques dans les
quatre cavités ; trou de Botal oblitéré.
Abdomen, - Foie volumineux offrant un certain degré
de dégénérescence graisseuse (1.025 gr.). RaIe lobulée,
consistante (75 gr.). Rein droit (h0 gr.), lobulé ainsi que le
gauche (45 gr.), tous deux un peu décolorés. Capsules -sur1'é-
males, 2 et 3 gr. Estomac, pancréas, vessie, rien. 1'in-
lcsli/l grêle, à 50 cent. de sa terminaison, a sa muqueuse
congestionnée et ramollie sur une longueur de 30 cent. ; ni i
fausses membranes, ni perforation. ,
Étude histologique ; par 1),, Cli. Philippe.
Technique. ? Après fixation par lu solution de formol
aL 10 0/0, le lobe occipital a été divisé en plusieurs blocs
par des sections vertico-transversales. Chacun de ces
blocs fut mordance par les sels de chrome, inclus dans la
celloïdinc progressivement concentrée, puis débité en
coupes minces avec le microtome à glissière. Les colora-
tions employées lurent : l'hcmatoxytine de Weigert-Pal-
Kulscliitky (traînes myéliniques des tubes nerveux], le
picro-carmin ammoniacal de Ranvier et l'liémaloxyline
alunéc (protoplasma et noyaux cellulaires, névroglie,
tissu conjonctif et vaisseaux).
Ainsi, au niveau du lobe occipital tout entier, nous
avons pu étudier l'écorce, le centre ovale de chaque cir-
convolution, le centre ovale proprement dit. Rappelons
que le lobe occipital, à l'oeil nu, présentait les mêmes
nodosités scléreuses et les mêmes circonvolutions, légè-
rement atrophiées, que les autres lobes ; nous pouvons
donc, avec toute vraisemblance, conclure des lésions du
lobe occipilal aux lésions de l'hémisphère tout entier.
Résultats. Avant d'entrer dans la description his-
loloiduc du processus rencontré chez 131 ? nous voulons
insister sur les faits suivants, mis aisément en lumière
par l'examen comparatif de plusieurs coupes :
1° La lésion évolue par foyers, très irrégulièrement
disséminés ; certains territoires apparaissent absolument
Examen histologique. 195
sains et pour la substance grise de leur écorce et pour la
substance blanche de leur centre ovale ; tout il coté d'eux
se voient d'autres segments, modifiés plus ou moins pro-
fondément.
2° Elle prend également la substance blanche et la subs-
tance grise, ensemble ou séparément.
3° Elle n'a pas partout le même degré d'intensité ; dans
certains foyers, les éléments nerveux ont totalement dis-
paru ; clans d'autres, ils apparaissent en grand nombre,
qu'il s'agisse des cellules ou des tubes myéliniques ; dans
d'autres enfin, ils sont à peine modifiés.
Ce dernier caractère du processus pathologique va ser-
vir, tout naturellement, de guide à notre description ;
ainsi, nous étudirons successivement le foycr maximum,
le foyer moyen, le foyer initial.
Le foyer maximum correspond aux nodosités dures, sail-
lantes et blanchâtres, relevées, dès l'examen macroscopi-
que, sur le cerveau de 131.. Les altérations que nous y avons
rencontrées sont identiques à celles décrites par Bourne-
ville ctBrissaud dans leur Mémoire fondamental de tu,
relatant, pour la première fois avec un examen histologi-
que complet, deux cas de sclérose hypertrophique tubé-
reuse. L'écorce et le centre ovale ne se distinguent plus ;
tout est transformé en une masse névroglique compacte,
colorée en rouge foncé par le picro-carmin après le mor-
dançage par les sels de chrome. Cette masse névrogliques
est constituée principalement par des fibrilles très-denses,
fasciculées ou réticulées ; ces fibrilles, dans le voisinage
des vaisseaux ou sous la pie-mère, prennent assez sou-
vent le dispositif en tourbillons. Les éléments cellulaires,
très-rares par rapport au développement excessif des
fibrilles, sont représentés surtout par des noyaux, arron-
dis ou ovalaires, disséminés il travers les fascicules ou les
réseaux névrogliques. Toutefois, on aperçoit encore, ça
et là, quelques cellules-araignées, très-grêles, a proton-
gements peu nombreux. Que sont devenus les éléments
nerveux ? Sur les coupes colorées par le picro-carmin ou
(t) Archives de neurologie, t. p. 30 ! i.
196 Sclérose turéreuse.
par l'hématoxyline de Weigert-PaI, nous n'avons pu
mettre en évidence des cellules nerveuses ou des tubes
nerveux, au sein de la masse névroglique, si compacte,
qu'elle en arrive il tout masquer ; mais il est fort possible
que certains noyaux soient de nature nerveuse. Les vais-
seaux ne paraissent pas augmenter sensiblement dénom-
bre ; ils ont tous une lumière singulièrement étroite, rétré-
cie concentriquement, sans doute à la suite du dévelop-
pement exagéré, véritable hyperplasie, de la névroglie
ambiante. Cette hypothèse devient encore plus vraisem-
si l'on réfléchit aux rapports intimes qui existent
entre les éléments névrogliques (libres et cellules), et les
tuniques externes des vaisseaux des centres nerveux.
Ainsi, l'existence de ces foyers, constitués de la sorte,
suffit à elle seule pour confirmer, hi.slolo(Jiquement, le
diagnostic de sclérose tubéreuse hypertrophique chez
Blach... mais l'étude des autres foyers nous a paru parti-
culièrement intéressante pour le début du processus et
l'enchaînement des lésions.
Le foyer moyen peut s'étudier convenablement dans le
centre ovale d'une circonvolution donnée. Comme le mon-
tre très nettement le procédé de \VciglTt-Pal, les gaines
myéliniques des tubes nerveux ont beaucoup diminué de
nombre : celles qui persistent sont petites et ne peuvent
être suivies sur une grande étendue de leur trajet. A la
place des tubes nerveux apparait un réticulum névrogli-
que peu dense et constitué par des fibrilles très-fines ;
ces fibrilles s'entrecroisent de façon à former des mailles,
plus ou moins larges, parfois remplies d'une masse gra-
nuleuse. Là, les éléments cellulaires névrogliques sont
très nombreux : noyaux volumineux, le plus souvent arron-
dis, à chromatine abondante, cellules-araignées de dimen-
sions variables, il prolongements ramifiés et très longs.
Les capillaires, qui se suivent aisément, sont bien déve-
loppés et forment un réseau net, sans doute il cause de la
raréfaction des tubes nerveux.
Il nous reste à préciser les caractères histologiques du
foyer initial. Nous avons rencontré la lésion à son début
EXAMEN HIST0L0G1QUE. 197 i
partout, dans la substance grise, dans la substance blan-
che. môme dans la région voisine de la corne occipitale
du ventricule latéral ; toujours, nous l'avons vu se cons-
tituer d'une façon identique, suivant un type très spécial :
nous insistons il dessein sur cette lésion initiale, nous
réservant de revenir, avec te D'' Chaddoolk, sur la portée
qu'elle peut avoir pour le mécanisme et la pathogénie de
la sclérose tubéreuse hypertrophique. Ladite lésion, tout
iL son début, se présente, nous l'avons dit, en des points
très variés, de la substance blanche ou de la substance
grise, mais toujours dans le voisinage d'un vaisscau, arté-
riole ou capillaire ; elle est représentée par un amas de
trois il quatre grosses cellules, qui enserrent plus ou
moins le vaisseau, lui constituant une sorte de virole. Ces
grosses cellules, cle 40 à GO p.. ont un protoplasma très
abondant, fortement coloré en rouge par le picro-carmin,
dépourvu de pigment ou d'éléments granulés quelconques,
au moins sur les coupes ainsi traitées. Le noyau, volumi-
neux, occupe le centre ou la périphérie de la cellule,
même, sans doute à cause des hasards de la coupe, il
apparaît parfois comme hernié, prêt à l'aire saillie en
dehors de la masse protoplasmique ; enfin, des prolonge-
ments, peu nombreux, mais gros, se voient sortant de la
cellule. En un mot, les caractères de ces cellules, leur
morphologie générale, leur situation péri vasculaire, tout
nous porte à croire qu'il s'agit la de cellules-araignées
volumineuses, en voie d'hypergénèse. Plus tard, iL un
stade un peu plus avancé, les amas périvasculaires arri-
vent à se toucher les uns les autres parce que les mêmes
cellules géantes se développent dans les espaces laissés
libres au début de la lésion. Bientôt, à côté de l'hyperge-
nèse des cellules névrogliques, prend place l'hypcrgénèse
des fibrilles névrogliques, et tout le processus pathologi-
que se déroule. Nous espérons, prochainement, revenir
sur ces principaux stades évolutifs de la sclérose tubé-
reuse hypertrophique, en rapprochant de ce cas plu-
sieurs autres empruntés il la belle collection de M. Bour-
neville.
198 - ? .- SCLÉROSE TUBÉREUSE' -' - J
2000 RL1 : : nosE Tum : : TIITSE,
Réflexions.
l. L'héaéclilé est peu chargée, au moins d'après ce
que nous savons sur la famille. Du côté paternel, nous
relevons; quelques excès de boisson du père, une con-
gestion cérébrale chez l'une des arrièrc-grand'mères
paternelles, un peu de paralysie chez l'autre. Du
côté maternel, des névralgies dentaires ( ? ), des céfihal-
algies, des migraines, en somme, peu de chose.
II. Tout semble indiquer que l'enfant a été normale
jusqu'au-delà de six mois. A dix mois, elle ne l'était
plus. Entre ces deux époques sont survenues des con-
vulsions sur les caractères desquelles les renseigne-
ments font absolument défaut et qui ont déterminé
l'idiotie complète : regard lixe, attention, préhension,
parole nulles, convulsions répétées, accès de cris,
grincements de dents, surdité apparente, pâleur
intermittente cle la face, balancement du tronc, etc.
III. Durant son séjour à la Fondation, en dépit des
mauvaises conditions qu'offrait l'enfant, nous avons
obtenu une amélioration relative portant sur l'atten-
tion, le caractère, l'affectivité et la marche.
IV. La sclérose 11 ! /pert1'ophirjue ou tubéreuse, qui
a eu pour conséquence une idiotie profonde, doit être
rattachée aux convulsions que l'enfant a eues de six : r
dix mois.
V. La méninuo-sncéphalite concomitante s'est-elle
produite en même temps que la sclérose tubéreuse
ou ultérieurement, nous ne saurions nous prononcer
sur ce point intéressant, ni expliquer le lien qui peut
unir ces deux lésions. Cette complication ne fait que
rendre plus difficile la description clinique de l'idiotie
symptomatique cle la sclérose tubéreuse. Les accès de
Sclérose tubéreuse. 201
colère et de cris, les changements de coloration de la
face, les grincements de dents, etc., nous paraissent
des symptômes sous la dépendance de la méninge-
encéphalite.
VI. Le tableau qui précède montre que l'idiotie sym-
ptomatique de sclérose tubéreuse se complique sou-
vent, au point de vue clinique, d'épilepsie, neuf fois
sur dix; que l'épilepsie se manifeste sept fois sur neuf
par des accès et des vedtiges, une fois par des accès
une fois par des vertiges. Sous le rapport anatomo-
pathologique nous voyons, dans le même tableau, qu'à
la sclérose tubéreuse s'ajoute, cinq fois sur dix, la
méningo-encéphali te.
XIII.
- Action de l'alcoolisme sur la production de l'idiotie : - et de l'épilepsie.
' l'An IROURNrtVII.1,E.
1773 enfants idiots, épileptiques, imbéciles ou
hystériques sont entrés dans notre service de Bicêtre
depuis le 1er janvier 1879 jusqu'à la date du ICI' janvier
1898.
Les pères de fi(i7 enfants faisaient des excès
de boissons.
Les mères de .')9 enfants faisaient des excès de
boissons.
Les pères et mères de 21 enfants faisaient des excès de
boissons.
Dans 242 cas, nous n'avons pas de ren-
seignements sur l'alcoolisme
des ascendants.
Les pères et mères de 775 enfants étaient sobres.
1.77.'3
En outre, la conception durant l'ivresse du père a
été relevée chez 154 malades et la conception probable
chez 43 malades. Nous n'avons pas de renseignements
précis sur la conception chez 1.143 enfants et aucun
renseignement sur la conception chez 435.
Cette statistique, que nous complétons chaque fois
que l'occasion s'en présente en réinterrogeant les fa-
milles, montre d'une façon indubitable l'influence né-
faste, désastreuse de l'ivrognerie sur la descendance.
Travaux scientifiques faits dans le service.
(Thèses et mémoires).
1880.
Lt.nor (A.). - De l'étal de mal épilepl iclite. Thèse de Paris.
SI"GLAS (J.). - De l'influence des maladies intercurrentes
sur la marche de L'épilepsie. Thèse de Paris. ! 30GRNEVILLE, - Contribution ri l'étude de l'idiotie. Ce
travail comprend deux parties, dont la seconde a été faite en
collaboration avec M. Brissaud. t'Archives de neurologie,
1880, t. I, p. f9 et 39j. Contribution -1 l'étude de la dé-
mené épileptique. (Archives de neurologie, 1880, p. `i8).
1881. ,
KiDEL 8AILLAIID (G.). De la cachexie pachydermicyie
nn/.Y'oedeme des auteurs anglais.) Thèse de Paris.
1)'ULIEIt (H ). De la coexistence de l'hystérie et de l'épi-
lepsie avec manifestations distinctes des deux névroses,
considérées dans les deux sexes et en particulier chez
l'homme. Mem. qui a obtenu le prix Esquirol. (Annales mëdi-
co-psycholog sept. 1881) et tirage à part aux bureaux du
Progrès Médical). '
SAD11AIN (G.). - Etude sur le traitement des attaques
d'hystérie et des accès cl'épilep.ic. In-Ro de 5G p. Th. de Paris.
HUBLIi. (M.). -Rcche.rches cliniques et thérapeutiques sur
l'épilepsie. Thèse de Paris. '
MOI\LOT (E.). - Sur une forme grave de. l'(;pilepsie, Thèse
de Paris.
COULI3AUT (G.). Des Lésions de la corne d'Ammon dans
l'èpilepsie. Thèse de Paris. . '" ' ? f, "
90t Il Thèses faites dans LE service.
'1882,
BRICON (L.). - Du traitement de l'épilepsie : Hydrothéra-
pie. - Arsenicaux. - Magnétisme minéral. - Sels de pilo-
rarpine. Curare, etc. Thèse de Paris.
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Errata .
Page 82, au lieu de ? 17, lire fig. 7.
Page 170, ligne 13, au lieu de Rungès, lire Hungis.
EXPLICATION DES PLANCHES . '
. ? ? J. ' 1 ? ...
208 EXPLICATION DES PLANCHES.
Planche I.
Imbécillité athétosique.
Les figures 1. 2, 3, fI représentent le malade Pet... it diffé-
rents âges (voir page 26). '
nO¡;Il : "HILU : , RicN ? IStl8, Il[,. 1.
? ! 0 EXPLICATION DES PLANCHES.
Planche II.
Imbécillité athétosique (V. p. 35).
Face externe ou convexe de l'hémisphère gauche.
Se S, scissure de Sylvius.
a', rameau antérieur ascendant de la scissure de Sylvius.
a2, rameau antérieur horizontal de cette scissure.
S 11, sillon de Rolando.
Se. p. f., scissure parallèle frontale.
Se. p. e., scissure perpendiculaire externe.
Se. f. s., scissure frontale supérieure. ,'
Se. f. i., scissure frontale inférieure.
Se. ip, scissure interpariétale.
Se. p, scissure parallèle.
Se. t2., deuxième scissure temporale.
L 0, lobe orbitaire.
1 ? F2, Fez, première, seconde et troisième circonvolutions
frontales.
PA, PA, circonvolutions frontale et pariétale ascendantes
(c'est par erreur que la frontale ascendante a été indiquée
par les lettres PA au lieu de FA.
Pl, pli pariétal supérieur.
P2, pli pariétal inférieur.
P3, pli courbe.
LOC, lobe occipital.
Tl, T ? T-3, première, deuxième et troisième circonvolutions
temporales.
2)2 Explication des planches.
Planche III.
Imbécillité athétosique (V. p. 35).
Face interne de l'hémisphère gauche.
Sc c.m" scissure calloso-marginale,
Se pi, scissure perpendiculaire interne.
F ca, fissure calcarine.
Se toi, première scissure temporo-occipilale.
Se ton. deuxième scissure temporo-occ'ipitttle.
I première circonvolution frontale interne.
C C C, circonvolution du corps calleux.
C C, corps calleux.
LP, lobe paracentral.
LQ, lobe quadrilatère ou avant-coin. ·
C, coin.
T o2., deuxième circonvolution temporo-occipitale.
Ta, troisième circonvolution temporale.
P l' a., pli pariéto-limbique antérieur.
Il Il 1>, pli pariéto-limbique postérieur.
C A, corne d' : \mmon.
BOORNEVILLE;Bicêt ? 'e, 1898. PL, III.
3)4 Explication des planches.
. - Planche IV. - .
Idiotie méningitique .
Les figures, 1, 2, 3, 4 représentent le malade Gur... à diHë-
rents âges. (Voir p. 40). - '
HO¡ : IINF.\"ILI.1 ? llialir, I¡.¡a ? l'L. 1\'.
? IG G Explication des planches.
Planche V.
Idiotie 1 I)f DUO Ci"PI-rALI(.)UE (V. p. 96)..
, Face externe ou convexe, de l'hémisphère droit.
S S, scissure de Sylyius,
S R, sillon de Rolando.
Fj, F2, F3' première, seconde et troisième circonvolutions
frontales. '
F A, frontale ascendante.
P A, pariétale ascendante.
L P S, lobule pariétal supérieur.
L P I, lobule pariétal inférieur.
' P C, pli courbe-.
S P, scissure parallèle.
0., O2 03, première,. seconde et troisième circonvolutions
occipitales.
TI T2 T3, première, seconde et troisième circonvolutions
temporales.
Op P, opercule pariétal.
Op R, opercule rolandique.
Op F, opercule frontal. -
C C'3, cap de la troisième circonvolution frontale. ' r
l3ounnrvn.rr, Bicêtre, 1898. p 1'. \-.
8 1 Explication DES planches.
Planche VI.
Idiotie HYDROCÉPHALIQUE (V. p. 97).
, Face interne de l'hémisphère cérébral droit.
F,, première circonvolution frontale.
S R, sillon de Rolando. '
L P., lobule paracentral.
S P E., scissure perpendiculaire externe.
A C, avant-coin. -
C, coin. '-
C C C, circonvolution du corps calleux.
00, corps calleux.
C 0 S, corps strié . ' .
V, ventricule latéral. -
P, pédoncule. .. '
C B, carrefour olfactif de Broca. -
P F L., pli frontallimbique.
G R;-gyrus rectus. .
0 H, circonvolution de l'hippocampe.
T2; deuxième circonvolution temporale.
T3; troisième circonvolution temporale,
L G, lobule lingual. - '
BOURVEVILLE, Bicêtre, 1898. PL. VI.
? ? 0 ) Explication des planches.
Planche VII.
Idiotie IIrnnOCÉPIHLIQUE (V. p. 97).
Face externe ou convexe, de l'hémisphère gauche.
I ? 1·'=, F3, première, deuxième et troisième circonvolutions
frontales.
S It, sillon de Rolando.
F A, circonvolution frontale ascendante.
PA, circonvolution pariétale ascendante.
C F3' eap de la troisième circonvolution frontale.
Op lt, opercule rolandique.
S S, scissure de Sylvius.
Op P, opercule pariétal.
L P S, lobule pariétale supérieur.
L P I, lobule pariétal inférieur.
S P E, scissure perpendiculaire externe.
P C, pli courbe.
S P, scissure parallèle.
1'r, T2, T3, première, deuxième et troisième circonvolutions
temporales.
01, 0 ? 03, première, deuxième et troisième circonvolutions
occipitales, .
BOÜRNEVILLE, Bicêtre, 1898. - PL. VII.
222 ' Explication DES plane i-
Planche VIII.
Idiotie HYDROGÉPHALIQUE (V. p. 98).
Face interne de l'hémisphère gauche.
1"" première circonvolution frontale externe.
L P, lobule paracentral.
A 0, avant-coin. " .
S P E. scissure perpendiculaire externe. -
C 0.0, circonvolution de corps calleux. . v
C C, corps catletvx.
V, ventricule.
oc 0 S, corps striés.
C B, carrefour olfactif de Broca.
Cal, calotte.
P F L, pli fronto-limbique.
G R, gyrus reotus.
Ta, couche optique.
P, Pédoncule. - .' '
C, coin.
L G, lobule lingual. ..
. Tb T3, T3, première, deuxième et troisième circonvolutions
temporales....
. C H, circonvolution de l'hippocampe. '
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1898, PL. VIII.
22 i Explication des planches.
PLAKU[E IX.
Crânes d'hydrocéphales.
('l'éÎnes de Le G ? et de Pinl ? (\'oir p, 98,)
Ces deux figures montrent l'analogie existant entre ces
deux crânes. Signalons dans tous les deux, non seulement
l'absence de s ! lno81osc préJJwl urée, mais encore la perai..lc ! nee
des sutures métopiques, partielle dans la fg. 1, ut complète,
dans la fig. 2.
BOURNEV1LLE, Bicêtre, 1898. - - " PL. IX,
] : OL'nxE\ ! LH ? c6h'c, ! 8U8. ' V> -)
22(i.- Explication. des planches.
Planche X.
Sclérose tubéreuse (V. p. HI1).
Face externe ou convexe de l'hémisphère droit.
1 ? 1 F2, FI première, deuxième et troisième circonvolutions
frontales. -
S R, sillon de Rolando. ' -
L P S, lobule pariétal supérieur.
L P I, lobule pariétal inférieur.
P A, pariétale ascendante.
F A, frontale ascendante.
S S, scissure de Sylvius.
S Ip, scissure interpariétale.
S P, scissure parallèle.
PC, pli courbe.
S P E, scissure perpendiculaire externe.
L.0 0, Io-be occipital.
Oio I ? opercule, frontal.
L l, lobule de l'insula.
Op R, opercule rolandique. ..
T ? T2, T3, première, deuxième et troisième circonvolutions
temporales ?
Les chiffres 1, 2, 3, 4, G indiquent les ilôts de sclérose
tubéreuse. ' " -
BOURNEV'LLE, Bicêtre. 1898. PL. X.
22S l' : TI'L11 : : \'l'IW \ IIa l'L.\\f : IIIsS.
Planche XI. l, ? t : L ! 1\o"'E '['l'BÍ< : BEliSE (V, ]). l'.l ? ).
Face interne de l'hémisphère- droit.
s lt, sillon rlc Itolaudo.
1 I', lubnlu pnraccntrnl.
L (J, lobule quadrilatère.
C C,circonvolution du corps calleux.
C C, corps calleux.
Se C 111, scissure calloso-marginalo.
p p a, pli pnriélo-linshiquc antérieur.
p p p, pli pariélo-lil11biquc postérieur.
Se p e, scissure perpendiculaire interne
c a, scissure calcarine.
' [',pédoncule.
0, nerf opti([ue.
C A, corne d'Ammon.
1'. coin.
T°I' '1'°2. '1 ? 1' circon\'olilliolls 1('lllpnro-oc,'ipit;dc ?
Se. 1°2. deuxième scissure tel11poro-occipitnlf',
T;j, troisième circonvolution temporale.
Les chiffres : 1. : 3, ? 1, fI, Ii, 7, indiquent les ¡l<ils de sel"
rose tubéreuse.
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1898. PL. XI.
2 : 0 Explication des planches.
Planche XII.
5r.a;nosr : rLm : ncusr : (V. 1. 1 ! )2) ,
Face externe de l'hémisphère gauche.
Les lettres ont la même signification que celles de la
Planche X,
Bourneville, Bicêtre, 1898. PL. XII.
232 . Explication des planches.
Planche XIII.
Sclérose tubéreuse (V. p. 193). -
Face interne de l'hémisphère gauche.
Les lettres ont la même signification que celles cul
Planche XI.
BOÜRNEVILLE, Bicêtre, 1899. PL. XIII.
TABLE DES MATIÈRES
PREMIÈRE PARTIE
Histoire du service pendant tannée 1898.
SECTION 1 : BiCètre.
1. Situation du se ? -vice. - Enseignementp1'i-
maire.................................. nI
9 Enfants idiots, gâteux, épileptiques ou non, -
- '> mais invalides (l3âtitnett SégttitzJ ...... ni
'. 20 Enfants idiots, gâteux ou non gâteux, épi-
leptiques ou -non, mais valides (petite
école) .................................. or
Petite école complémentaire.............. zon
30 Enfants propres et valides, imbéciles, arrié-
rés, instables, pervers, épileptiques et
hystériques ou non (g1'ande école) ? ... m
Enseignement du chant.................. x
Escrime ................................... x
Danse ....... xi
Société de gymnastique ................... xi
Fanfare et orphéon...... : .............. , .. xi
Musée scolaire........................... ut
Société des jeux.......................... xn
Promenades et distractions ............... xiII
Visites, sorties, congés ................... XXIV
. Vaccinations et revaccinations ............ xv
Service dentaire ............... xv
Bains et hydrothérapie ? ................. xv
Améliorations diverses.................... xn
Visites du service ................. xvi
Musée pathologique ...................... : : ¡ : VI11
'34 Table des matières.
II. Enseignement professionnel xix
Evalualion du travail des enfants xx
Enumération des produits fabriqués par
les ateliers XXIV ! Il. Statistique. Mouvement de la population .... XXIII
Tableau général xxiv
Décès XXIN,
Sorties, xxtv
Invasions xxv
Transferts xxv
Thymus et glande thyroïde xxv
Tableau des décès. , , . , , ' , , , , , . , , . , , , , , , , . xxvm
Maladies infectieuses xxxiv
Teigne xxxiv
Tableau des sorties -xxxvi
Maladies intercurrentes XLII
Population au 31 décembre xlii
Personnel du service en 198............. xlii
Service hospitalier suit
Section II : Fondation Vallée.
I. Situation du service. - Enseignement p1'i-
maire xli v
Enfants idiotes gâteuses xnv
Enfants idiotes, imbéciles, etc., valides. -
.. Enseignement primaire et enseignement
professionnel xlvii
Enseignement du dessin XLVl ! I
Enseignement du chant XLVIII : Danse XL7]Il
.. Enseignement p)'o/esst'0 ! me< ............. XLIX
. ..Visites, permissions de sortie, congés.... L
Re vaccinations .......................... Li
Bains et hydrothérapie ................... LI
Promenades m
Distractions lu
Améliorations diverses lu
Teigne,- Maladies intercurrentes lui
..II. Statistique : mouvement de la population. lui
Tableau général Liv
TAULE DES \C : 1'1'IItES...;i3J
Décès...............................'....... ut
Sorties.................. ? ............... LIV
. Évasions; transferts...................... LIV
Population au 31 décembre 1898........... LV
Personnel................................ LV
Tableau des décès......................... LVI
Tableall des sorties .................... .... Lx
SLeTIOa 131. - fissistarice des enfants idiots ; créa-
tion de Classes spéciales, annexées aux écoles
primaires, pour les enfants arriérés,.
I. A MM. les 111embre,s de sa COl11mi,'sion de
des asiles d'aliénés de. la
Semé.................................. L : ,V
I. 'SUISSE .......................... LJCII
Il. iiNULBT1;RRE .................... LXXIX
III 13EL(;IQUE ...................... LXXXI
il. .1ssislance .et 11'aitement médico-pédagogi- .
(Itte des e71fi ? -Lts ano ? naux............... Lxxxvil ! IL eiift7-tls et des adolescents; -
alatislicl.ue............................... LXXXIX
DEUXIEME PARTIE
Clinique et anatomie pathologique.
I. Chorée; bromure de camphre; guérison
rapide ; par Bourneville et Katz 3
II. Idiotie hiclrocéplzaliqve; par Bourneville
et J. Noir 17
III. Alhétoe double acec mouvements convul-
si/'s chroniques de la face simulant les
tics co7 cttlsifs; par BOU11NI- : VILLE et CH.1-
potin 26 G
IV. Idiotie légère symptomatique de ménin-
gite chronique ; paraplégie et pieds bots;
par Bourneville et SÈ131LLEAU ........... 40
V. Inégalité de poids des hémisphères céré-
z braux................................... 57
` ? 3ô- - - - TA73LPDESlIf : TIÈItP;B. - ? ? '""
vu. ? Etat dû jiscca21.pzlyan21cla-l.l`lmcllm et moelle.)
'dans quatre cas de contracture spasmodique
' infantile (syndrome de Lit/lc); par CH, PHi-
- .- lippe et CESTAN..............................
VU- Manie de l'adolescence avec nymphomanie ; par
. Bourneville et 11AT7. : ......... ? ...........
VIII. Alcoolisme de l'enfance : instabilité mentale ;
\ . - - imbécillité -morale; par Bourneville et J.
.. Boxer
ÎT ? Idiotie complète symptomatique d'hydrocépha-
- .- lie Par Bourneville et Noir...
X. Épidémie de fièvre typhoïde il. Bicêtre; par
Bourneville et Chapotin
XI. Instabilité mentale; hérédité très chargée; t7'ai-
- . tement médico-pédagogique : guérison; par
BOURNEVILLE et .h Boma1 .....................
XII. Idiotie symptomatique de sclérose tubéreuse ou
, hypertrophique ; par BOl : R.1`E\'ILLT : ...........
- Examen histologique; par Ch. Philippe .......
, Réflexions, par Bourneville
XIII. fiction de l'alcoolisme sur la production des
maladies nerveuses ; par Bourneville
- . ' TRAVAUX scientifiques faits dans le service
(thèses et mémoires)
EXPLICATION des planches
N" 64, - Imp. des En font de Il'c<'t1'e, - (0. M.)