RECHERCHES
SUR
L'ÉPILEPSIE, L'HYSTÉRIE
L'IDIOTIE ET L'HYDROCÉPHALIE
N 44. Imprimerie des Enfants de Bicètre.
PUBLICATIONS DU PROGRÈS MÉDICAL
RECHERCHES
CLINIQUES ET THÉRAPEUTIQUES
SUR
L'ÉPILEPSIE, L'HYSTERIE.
L'IDIOTIE ET L'HYDROCÉPHALIE
COMPTE- RENDU DU SERVICE
DES ENFANTS IDIOTS, ÉPILEPTIQUES ET ARRIÉRÉS DE
BICHTRE PENDANT L'ANNÉE 1S ? \
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BOURNEVILL
MÉCECtXDEBICÉTKE ?
Avec la. collaboration de z
MM. BONCOURT, CORNET, LENOIR, JULES NOIR
ET P. SOLLIER.
Volume XIV.
Avec 89 figures dans le texte et un plan.
PARIS
AUX BUREAUX DU .
PROGRÈS MÉDICAL 1
14, rue des Carmes, 14. I
Félix ALCAN
ÉDITEUR
108, Boulevard St-Germain, 108.
1894 .
PREMIÈRE PARTIE
Histoire du service pendant l'année 1893.
(Bicêtre et Fondation Vallée.)
130URN>;VILL, BiCê11'B, 1893. *
PREMIÈRE PARTIE
Section I : Bicêtre.
Histoire du service pendant l'année 1893.
I.
Situation du service. ENSEIGNEMENT primaire.
Le quartier des aliénés de l'hospice de Bicêtre com-
prend 4 sections : la première et la deuxième sec-
tion sont affectées aux aliénés adultes, la troisième
aux épileptiques, la quatrième aux enfants. Dans leur
section, les enfants sont répartis en trois groupes :
1° Les enfants idiots, gâteux, épileptiques ou non,
mais invalides; 2° les enfants idiots gâteux ou
non, mais - 3" les enfants propres, valides,
imbéciles, arriérés, instables, percers, épileptiques,
et hystériques ou non.
I. Enfants idiots, gâteux, épileptiques ou non,
mais invalides. Ce premier groupe est subdivisé
en deux catégories : la première est composée d'idiots
gâteux, nc parlant, ni ne marchant, considérés géné-
ralement et à tort comme tout à fait incurables. Cepen-
dant la plupart d'entre eux sont susceptibles d'amélio
IV Petite école.
ration, même à un degré très notable. On leur apprend
à se tenir debout il l'aide des barres parrallèles (Fig. 7) ;
à marcher soit en les tenant sous les bras, soit à l'aide
du chariot ; on fortifie leurs membres en exerçant suc-
cessivement, chaque jour et il diverses reprises, tou-
tes les articulations, en leur faisant des frictions sti-
mulantes, etc... En 1893, 3 enfants ont appris à mar-
cher, Tabur..., Math..., Charme..., et 5 ont été ren-
dus propres : ,Jacc1ue..., Tabour..., Clouzea... et Im-
beur Dès qu'un enfant seul il est envoyé à la
petite école, d'abord le matin, puis toute la journée
aussitôt que ses forces le permettent. Tous ces enfants
sont placés sur des petits fauteuils spéciaux que nous
avons décrits.
La seconde catégorie comprend les idiots tout à fait
incurables, en beaucoup plus petit nombre qu'on ne le
croit généralement, et les épileptiques devenus dé-
ments et gâteux sous l'influence des accès ou des
poussées congestives qui les compliquent; ils ne
peuvent plus être, la plupart, que l'objet de soins
hygiéniques et devraient former un groupe spé-
cial.
. Il. Enfants idiots, gâteux ou non gâteux, épilep-
tiques ou non, mais valides (petite école). - Ces
mfants fréquentent la petite école, confiée exclusive-
ment à des femmes. Dans le courant de l'année, 220
enfants ont été inscrits à la petite école. Sur ce nom-
bre 8 sont décédés, 10 sont sortis définitivement, 17
sont passés à la grande école, 4 sont passés aux adul-
tes. Sur les 197 enfants qui restaient à la petite école
au 31 décembre 1893, 8 ne mangent pas seuls, 54 se
servent de la cuiller, 71 de la cuiller et de la four-
chette, 64 delà cuiller, delà fourchette et du couteau.
- 7 enfants sont devenus propres (1). 3 autres enfants
(1) Andr..., Bourg..., -, Faire ? Laure..., Primeu..., Pier..., Vassa.
Petite école. ,
sont très améliorés au point de vue du gâtisme (1).
Tousles enfants sont exercés il la gymnastique Pichery,
sauf 7 qui, venus du service des gâteux et infirmes,
n'ont pu y prendre part. 29 enfants ont travaillé
cette année dans les différents ateliers savoir : tail-
leurs, 13 ; vanniers, 3 ; cordonniers, 3.
La petite écolo comprend : 1° Le traitement du
gâtisme qui consiste à placer, après chaque repas, les
enfants gâteux sur les sièges d'aisances appropriés que
nous avons décrits précédemment ; 2" les leçons de
toilette qui consistent à apprendre aux enfants se
laver la ligure et les mains et à s'habiller; 3° les
exercices pour l'éducation delà main, des sens et dela
parole ; 4° les leçons de petite p/rnnatilue; --5°
les leçons de choses ; - 6° les exercices élémentaires
relatifs à l'enseignement primaire, sur lesquels nous
avons déjà insisté un grand nombre de fois.
St
Petite école complémentaire, - JIIIIC Bonnet, mère
de deux de nos pensionnaires, nous a offert en juin 1892
de venir à Bicêtre, s'occuper d'une façon spéciale de
ses enfants et de quelques autres que nous voudrions
bien lui confier. Nous avons accepté avec empresse-
ment cotte offre inspirée par les sentiments les plus
respectables. Pendant quelque temps M ? Bonnet
a exercé ses fonctions dévouées Ù la petite école.
Depuis octobre 1892, nous l'avons installée avec 10
enfants dans l'une des chambres d'un logement vacant
de sous-surveillant à l'extrémité du pavillon Itard;
enfin cette année nous avons transporté sa petite école
dans le sous-sol-rez-de-chaussl'e du bâtiment Séguin,
local beaucoup plus vaste, dont nous avons fait agran-
dir les fenêtres, que nous avons aménagé et pourvu de
tout le matériel scolaire nécessaire, d'images graduées
et de gravures diverses représentant les animaux, etc.
(1) Deshuriér ? Ilocqnigr ? Gergn.
Ti Procédés d'enseignement.
Cette petite école complémentaire est fréquentée par
vingt enfants idiots dont 6 gâteux. M ? Bonnet est aidée
dans son dévouement par une infirmière, M"10 Cordon-
nier, qui en môme temps a la surveillance du dortoir où
couchent ces enfants. MII10 Bonnet a ainsi contribué à
désencombrer la petite école et elle nous a permis d'ob-
tenir encore de meilleurs résultats dans notre service.
Le nombre de ses enfants gâteux est réduit à 4.
Dans nos précédents Compte-rendus nous avons
mentionné, comme l'un des moyens qui nous servent
à développer la force musculaire des membres in-
férieurs, un appareil particulier que nous désignons
sous le nom de balançoire tremplin. Nous en donnons
cette année la figure. Comme on le voit, les jambes
allongées vont frapper sur une planche verticale, for-
mant une sorte de tremplin (Fil). G). Cet exercice
donne de la souplesse, de l'élasticité, de la force aux
membres inférieurs. Au bout de quelques jours l'en-
fant s'y habitue et le plaisir qu'il éprouve à se balancer
compense peu à peu l'ennui du tremplin.
Parmi les procédés d'enseignement que nous avons
introduits récemment pour l'éducation de la main,
nous citerons les suivants : 1" un mannequin articulé
qui sert à apprendre aux enfants à s'habiller et à se
déshabiller; - 2° un petit appareil (Fig. 12) qui a pour
objet de leur apprendre l'apaemezzt ; - 3° pour édu-
quer la main et pour préparer les enfants à entrer à
l'atelier de couture, nous les exerçons avec la série des
objets qui sont représentés sur la 1'i y. 13 et qui com-
prennent : a) un bâton avec poignée sur lequel l'enfant
est dressé à enfiler des boules en bois, colorées ou
non, semblables à celles du boulier classique ; b) une
grosse aiguille de bois avec un large chas permettant
l'introduction de la corde il store; c) une autre aiguille
en bois plus petite, avec un chas plus étroit laissant
passer facilement le fil de fouet; d) une alêne dont la
Procédés d'enseignement. -Viî
pointe été émoussée; e) un passe-lacet; f) dès aiguilles
de plus en plus petites. L'ensemble de ces objets per-
met des exercices très intéressants au point de vue de
l'éducation de ruz ? de la main, et de l'attention.
Nous avons aussi parlé autrefois des procédés em-
ployés pour inculquer aux enfants la notion des chiffres
etcelle de la numération élémentaire. Pour la premiè-
re, nous nous servons de feuilles de chiffres imprimés,
les chiffres pairs en rouge, les chiffres impairs en
noir. Les chiffres imprimés ont (I"'12 de longueur.
Sur les chiffres imprimés, les enfants placent des
chiffres en bois, colorés en rouge ou en noir. Pour
la seconde, nous faisons placer par les enfants des
petits bâtonnets dans une sorte de petit casier divisé
en dix petits compartiments au-dessus desquels se
succèdent les nombres 1, 2, 3, .....10 (1·'ig. 1).
Les surfaces sont enseignées à l'aide de tableaux en
bois dans lesquelles les surfaces sont tracées en creux.
Sur ces creux les enfants appliquent les surfaces simi-
laires découpées en bois. Les Fig. 2, 3, 4 et 5 nous
dispensent d'insister davantage. 11 s'agit là de procédés
que nous employons depuis longtemps et si nous y
revenons aujourd'hui c'est à l'occasion des figures
que nous avons cru devoir placer sous les yeux des
lecteurs. '
III.l;nfa71t.srohre.s et valides, imbéciles, arriérés,
instables, pervers, épileptiques et hystériques ou non
(Grande école). - La population de cette école était
de 209 enfants au 1" janvier 1893 et de 222 au 31
décembre. 154 élèves ont fréquenté les ateliers par
grande série (1/2 journée), 52 par petite série (une heure) ;
1(3 ne travaillent pas. Parmi ces enfants, nous comptons
22 on-chohlta`ecs, ? déchircurs d'ongles, 6 mangeurs
de porte-plumes. - ?
Nous avons continué l'emploi des mêmes procédés
que les années précédentes, cherchant toujours à matés
i'III
Grande école.'
rialjser de plus en plus l'enseignement; nous nous
efforçons de multiplier les leçons de choses, d'utiliser
les séances de projections la lumière oxhydrique.
Nous avons fait faire plusieurs séries d'images graduées
pour l'enseignement sous les formes les plus diverses
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Procédés d'enseignement. ix
par un administré de la maison, M. Berk. Voici, par
exemple, la composition d'une de ces séries : 1° vache ; 2*
Ci ? 1
Grande école.
taureau; 3° vache, taureau, veau ; 4° vache, vachère,
chien ; 5° vachère trayant une vache ; 60 mamelles et
trayons ; 7° vachère battant le beurre ; 8° beurre et ses
dérivés. En outre, nous avons fait faire des clichés de
ces images graduées pour les projections. Le matériel
s'est augmenté de tableaux de lettres majuscules et
minuscules placées les unes au-dessous des autres ;
des signes de ponctuation, etc... sur de grandes dimen-
sions, afin de mieux fixer l'attention des enfants.
Aux examens pour le certificat d'études, qui ont eu
fo
'00
Grande ÉCOLE. Ni
lieu au mois de mars, à Villejuif, onze de nos enfants
ont été reçus (1). En raison du nombre trop consi-
(I) A la même session 11 inlirmiers et ! infirmières ont aussi obtenu leur
certificat d'études.
z
XII
Procédés d'enseignement.
dérable qui occasionnent un encombrement (1) dange-
reux pour les enfants, nous avons demandé la créa-
tion d'un nouvel emploi d'instituteur et d'infirmier,
nous avons obtenu ce dernier au mois d'août.
Nous avons appuyé la réclamation des instituteurs de
notre service pour être assimilés, et c'est raison, aux
instituteurs des écoles municipales de Paris.
Dans le but do mettre les instituteurs, les insti-
tutrices et leurs aides mieux en mesure d'améliorer
la prononciation et de développer la parole des enfants,
nous les avons envoyés successivement et par séries
au nombre de 17, à Y Institution nationale des Sourds-
muets. Déplus, comme nous avons un certain nombre
d'enfants a veugles, nos auxiliaires sont également allés
à diverses reprises à Y Institution des. Jeunes Aveugles.
Il s'agit là d'ailleurs d'une pratique ancienne pour
laquelle MM. Javal et Martin, directeurs de ces établis-
sements, veulent bien chaque année nous prêter leur
concours. Nous ne saurions trop les en remercier.
(1) Cet encombrement a aussi des inconvénients fort désagréables aux réfec-
toirs et dans les dortoirs.
Fi ! ]. ?
Procédés d'enseignement. SIII
Fanfare. - Le nombre des enfants faisant partie
de la fanfare s'élève à 30 (21 instrumentistes et 6
membres honoraires). La cotisation mensuelle est de
0 fr. 50.
Il a été versé par les enfants, en )8')3, la somme de 152 fr.
en cotisations et 3 fr. 70 en amendes. Les dons divers s'élè-
vent à la somme de 30 fr. 55, soit pour l'année 1393, y compris
le report de l'année )8 ! ) ? , nn total de.......... ` : ou fr. 55.
Il a été dépensé pour achat d'instruments, réparations,
morceaux de musique, etc., la somme de...... 198 fr. 25.
Reste en caisse ............................. 8 fr. 30.
La Fanfare a participé au concours du Petit-Ivry
(2 récompenses), au festival du hremlin-Bicctre (2
récompenses), prêté son concours à la distribution des
prix de Bicêtre et de la Salpêtrière, et à toutes les
matinées dramatiques qui ont eu lieu dans le service.
Sur la proposition de M. le Dr liculos, conseiller
général du canton de Villejuif,, où se trouve Bicêtre,
le Conseil général de la Seine voté une subvention
de 300 fr. pour la Fanfare. Lors de la visite de la
commission du Conseil général n Bicêtrc, nous avons
demandé que cette subvention soit partagée entre la
Fanfare et la Bibliothèque.
3/ usée scolaire. Don d'un herbier fait avec beau-
coup de soins par un ancien malade, Colombier, passé
comme adulte à la division des épileptiques;
impressions de feuilles de lettres, chiffres arabes,
chiffres romains (les impairs en noir, les pairs en
rouge), signes de ponctuation, images graduées,
etc. La bibliothèque récréative renferme 3 10 volumes,
qui sont mis à la disposition des enfants les plus tran-
quilles durant les récréations.
Société de jeux. Elle a fonctionné durant le prin-
temps et l'été. Le nombre des sociétaires s'est élevé à
49.
xiv Musée, BIBLIOTHÈQUE, ETC.
Distractions. xv
d'enfants (1). Nous r commandons aux instituteurs et
aux institutrices de profiter de ces promenades pour
donner des leçons de choses et exercer les enfants aux
jeux de balles es de ballon. Des promenades ont
lieu également dans les jardins de la section, organi-
sées en vue de l'enseignement pour les leçons de cho-
ses, et dans les cours de l'hospice.
Au point de vue des distractions, elles ont été à peu
près les mêmes que les années précédentes (2). Nous
relèverons seulement les visites des apprentis jardi-
niers à l'exposition horticole du mois de mai, et à
l'exposition des chrysanthèmes du mois de novembre ;
une représentation gratuite donnée par les artistes de
la Gaîté-Montparnasse ; des exccrcices de gymnasti-
que séparés par les garçons il Bicêtre, par les filles à
Vallée, et des exercices de danse communs aux gar-
çons et aux filles il la Fondation Vallée, à l'occasion
de la visite du Conseil général du le' décembre, du
du mardi-gras et de la mi-carême.
Visites. Les enfants ont reçu 10.211 visites. Les
visiteurs ont été au nombre de 14.139. Voici la statis-
tique des permissions de sortie et des congés :
xvi Bains et 11\ DllOTIIÉIUl'IE.
Nous ne pouvons, à ce propos, que répéter ce que
nous avons déjà dit bien des fois : « Jamais il n'est
résulté d'inconvénients ni des permissions de sortie,
ni des congés. Ils contribuent à maintenir les liens
entre les familles et leurs enfants et, comme ceux-ci y
tiennent beaucoup, la crainte de ne pas en profiter
contribue à maintenir la discipline.... Ajoutés aux
promenades et aux distractions, répéterons-nous, ils
rendent le séjour de l'asile plus supportable aux malades
et rapprochent autant que possible notre section d'un
hôpital ou d'un joensionnat ordinaire (1). »
Vaccinations et revaccinalions. Elles ont été au
nombre de 99 (2). Suivant l'habitude, elles ont été prati-
quées sous notre direction et celles de nos internes par
les élèves de l'Ecole municipale d'infirmiers et d'infir-
micrcs de Bicêtre.
Service dentaire. M. le D" Bouvet vient chaque
semaine donner des soins aux pensionnaires au point
de vue de la dentition et de l'hygiène de la bouche.
Nous n'avons qu'à nous féliciter de son service.
Bains et hydrothérapie. Les bains et les douches,
joints à la gymnastique, à l'emploi des bromures, sur-
tout de l'élixir polybromuré d'Yvon et du bromure do
camphre du D" Clin ( : 31, et des médicaments antiscro-
fuleux, ont continué, comme parle passé, à être la baso
du traitement pendant l'année 1893. Nous avons essayé
en outre les injections de liquide testiculaire dans le
il] Nous avons trouvé que les congés dépassant 4 ajoura avaient l'incon-
vénient de laisser les enfants prendre de mauvaises habitudes, d'être moins
dociles et moins laborieux à leur rentrée. Aussi les limitons-nous le plus
possible à 4 ou 5 jours.
(2) Nous avons profité de l'occasion pour revacciner 25 infirmières et 27
infirmiers.
( ? ) Des essais faits avec d'autres prepa : ation9, moins coûteuses, de bro-
mure de camphre ont complètement échoué.
Bains ET hydrothérapie. xvii
traitement de l'épilepsie (voir p. 109) l'ingestion de
site thyroïdien et les injections sous-cutanées de
liquide thyroïdien dans trois cas d'idiotie avec cache-
xie pachydcrmique : les résultats dans ces deux
maladies n'ont pas été encourageants.
Bien que des réparations diverses aient occasionné
dans le cours de 1893 trois suspensions dont l'une
de 26 jours, il a été donné dans l'année 14.103 bains
ainsi répartis :
: XLVIII Améliorations diverses.
enfants, et pour leurs familles il faire passer le tramway
du Cllàtclet devant l'Hospice. : L'habillemenl des enfants laisse toujours beaucoup
il désirer. Souvent il n'est pas possible de changer les
vêtements quand ils sont déchirés ou souillés. Quel-
ques heureuses modifications ont pourtant été appor-
tées dans le cours de l'année. Un nouveau modèle de
chemise' avec col rabattu et devant plissé a été essayé.
Il est préférable aux anciennes chemises dont le col
était attaché avec des cordons et surtout aux chemises
de femmes que, faute de linge, on donnait quelquefois
aux enfants. Les chausettcs ont été substituées aux
bas pour un nombre trop restreint d'enfants. Cette
modification devrait être généralisée. - Dans la tenue
de promenade, les enfants ont une nouvelle casquette,
drap bleu avec visière, qui remplace avantageusement
celle qu'ils avaient auparavant. Aux anciens vestons
sont substitués au sur et à mesure des vestes plus
amples, descendant plus bas et pourvues de poches
'sur les côtés, ce qui permet de mieux surveiller les : poches des enfants; quand elles étaient intérieures,
-elles leur servaient de magasin pour toutes sortes
'd'objets aussi disparates que malpropres.
. Visites du service. -La section a été visité en 1893
'par MM. le Dr Baudoin, Beausoleil, architecte, le Dr
Bergeron, de l'Académie de médecine, le Dr Chante-
messe, agrégé, le Dr Joh Bechholm, dc l'asile de Nee-
- viligardcn (Norwègc), Decroix, pharmacien, le Dr
' Dol)sa, de Barcelone, le Dr Kroug, de Pétersbourg,
M. Lemoillc, ingénieur des ponts et chaussées, M"10 la
Dr Catherine de Maliesrewky, directrice de l'institut
- médico-pédagogique de Pétersbourg, le Dur B. Pailhas,
de l'asile d'Albi, Rivet, architecte, Roger, architecte du
.département, Saizanmatoyosi, rédacteur de la No2c-
fVellé Revue, le D1' Santé de Sanctis, de Rome, le Dr
Visites DU service. xix
Sarbo, de Buda-Pcsth, le D1' Soulier, de Lyon, le Dr B.
Semiclaloff, de la clinique psychiatrique de Moscou, le
D'' Subotio (Serbie), le D1' Voi5lau (Serbie) et le Dr
Yvonncau, de - De même que les années pré-
cédentes la Commission de surveillance des asiles
d'aliénés, présidée par M. Barbier et la Commission
d'Assistance publique du Conseil général ont visité le
service. *
Musée p7atltolorili.ce. Le musée, placé sous la
surveillance de notre ancien interne, M. le D1' Sollier,
s'est enrichi notablement en 1893, ainsi que le mon-
tre le tableau comparatif suivant :
xx Musée pathologique.
nelles, des sutures et des dimensions avec les calottes
crâniennes des enfants idiots de Bicêtre.
Le musée reçoit en outre toutes les photographies
des malades décédés, leurs observations qui sont
reliées en volume chaque année, les photOf}l'llphies
des cerveaux qui forment aujourd'hui sept volumineux
albums complets (1).
Nous avons fait dresser par M. Sollier et imprimer
par les enfants le Catalogue du musée que chaque
année nous tenons au courant. Aussi les visiteurs,
qui le désirent, peuvent-ils avoir tous les renseigne-
ments précis sur chacune des pièces.
II.
Enseignement professionnel.
Comme les années précédentes, cet enseignement
a été dirigé, en 1893, par MM. Leroy pour la meu21se-
rie, Aliène pour la coulure, Bénard pour la serrure-
rie, Dumoulin pour la cordonnerie, Mercier pour la
brosserie, Morin pour la vannerie, le paillage et le
cannage des chaises, Maréchallat pour l'imprimcrie,
Perthuis pour le jardinage. La création de ce dernier
emploi, que nous réclamions depuis longtemps, date
du 5 octobre 1892.
De même aussi que les années précédentes, nous ne
pouvons que les féliciter tous, non seulement pour le
zèle et l'intelligence qu'ils apportent chaque jour à
donner l'instruction professionnelle aux enfants, mais
encore pour la bonne direction morale qu'ils savent
leur imprimer. Bien des fois, répéterons-nous, nous
avons insisté auprès de l'Administration pour qu'elle
les en récompense, en accordant une suite favo-
(1) Nous profilions de l'occasion pour remercier de nouveau nus collabora
leurs, MM. Hubert et Hure), qui apportent le plus grand soin à l'exécution
des photographies et des moulages.
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XXI ! Fonctionnement des ateliers.
rable à la demande que nous lui avons adressée, afin
de les faire admettre successivement à jouir de la
pension de repos qu'elle accorde aux agents du per-
sonnel secondaire. Nous avons aussi renouvelé cette
proposition lors de la visite de la commission du Con-
seil général. Nous y revenons encore, convaincu que
M. Peyron trouvera le moyen de réaliser, en faveur de
nos maîtres de l'enseignement professionnel, leur
admission à la pension de repos ou de leur accorder
l'équivalence. Le tableau précédent (p. XXI) met
en évidence les résultats obtenus grâce à leurs ef-
forts.
Ce tableau ne renferme pas l'évaluation des tra-
vaux du jardinage. Il s'agit là d'une appréciation un
peu difficile, mais nous pensons qu'il est de l'intérêt
de l'Administration d'en donner une, au moins appro-
ximativement.
Les sept maîtres (non compris le jardinier) sont
payés à raison de 6 fr. 50 par jour, soit pour l'année
16.607 fr. 50. Cette somme étant déduite de celle du
travail des enfants (43.783 fr.), il reste un bénéfice de
27.176 fr. L'évaluation du travail a été faite, non par
nous qui sommes incompétent, mais par l'inspecteur
du service d'architecture M. Delahayc, et par M. IIus-
son, économe. Le travail des enfants couvre : 1° la
dépense occasionnée parle salaire de leurs maîtres;
2° l'intérêt du capital (210.000 fr.). Nous n'insisterons
pas davantage cette année sur l'enseignement profes-
sionnel, nous renvoyons le lecteur au Compte-rendu de
1892 (p. XXI-XXII). Nous ajouterons toutefois qu'il y
aurait un réel intérêt au point de vue des malades et
au point de vue de l'Administration, à ce que nos
anciens malades, passant dans les sections d'adultes, re-
çoivent un meilleur accueil dans les ateliers de l'Hos-
pice,
Mouvement de la population. : x;mc ?
III.
STATISTIQUE. - MOUVEMENT DE LA POPULATION.
Le ICI' janvier 1893 il restait dans le service 4115 en-
fants idiots, imbéciles et épileptiques dits aliénés et
26 réputés non aliénés, soit 471, sur ce chiffre 5 en-
fants sont affectés de surdi-mutité et 11 de cécité.
Signalons les ruminants au nombre de 18. Voici le
mouvement de la population en 1893.
XXIV. DÉCÈS.
XXVI DÉCÈS.
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Personnel du service en 1893. - Le personnel était
ainsi composé : 1° pour le service médical : de 2 inter-
nes titulaires, MM. P. Boncourt et Bcllot, d'un inter-,
ne provisoire, M. Lcnoir et de M. Sollicr, conservateur,
du musée pathologique ; 2° pour le service scolai-
i-e : a) Grande école : d'un instituteur, M. Boutillier, et
de deux instituteurs adjoints, MM. Mcsnard et Lan-
dosse ; de deux moniteurs, administrés de l'hospice,
d'un professeur de chant, M. Pény ; d'un professeur
de gymnastique, M. Goy; d'un maître d'escrime, M.
Gauvain ; d'un suppléant, M. Acard et de trois infirmiers
dont un ayant le grade de premier infirmier. b)
Petite école : de 1\1110 Blanche Agnus, surveillante, de
111"° Amandine Bohain, sous-surveillante, de Mlllo> Giva-
lois et Malahre, suppléantes; d'une 1 re infirmière, 11Z ?
Grizard, chargée du pavillon d'isolement; de 9 infir-
mières de dortoirs qui, quand elles ont fini leur besogne,
viennent aider les maîtresses d'école ; en outre, cinq
infirmières n'ayant pas de dortoirs sont affectées aux
soins et à l'enseignement des enfants de la petite école.
3° pour l'enseignement professionnel de huit
maîtres dont nous avons donné les noms plus haut;
plus un infirmier de garde ; - 4° pour le service hospi-
Iiiliei- : de M. Agnus, surveillant ; de 1'1. Siégel, sous-
surveillant ; de nI ? 131é, sous-surveillante (bâtiment
clos gâteux) - de 1111'° Athénaïs Dohain, sous-surveillante
(infirmerie); de 1\I ? Gladel, suppléante de nuit; de
deux suppléants, M. Givalois (baigneur), et M. Malen-
con, attaché au musée, d'unhrelnierilfirmicr(hortier),
de 27 infirmiers et 25 infirmières de jour ou de nuit,
d'un perruquier ; total du personnel secondaire : 84.
Dénomination des pavillons. Nous avons pro-
posé à M. Peyron, directeur do l'Assistance publique
qui les a acceptées les dénominations suivantes pour
lcsdilïérentspavillonsde notre service : 1 ? Delasiauvc ;
2°, Ferrus; 3°, Belliomme; 4°, F. Voisin; 5°, Séguin;
XXXVI DÉNOMINATION DES PAVILLONS.
6°, J.-P. hnlrct ; 7°, Wilbur ; 8°, Guggembuhl ; 9°, Itard.
Ces noms sont ceux de médecins qui tous se sont
occupés de l'hospitalisation, du traitement et de l'édu-
cation des enfants idiots et arriérés.
Section II : Fondation Vallée.
Histoire du service pendant l'année 1893.
I.
Situation DU service. ENSEIGNEMENT primaire.
Au début de l'histoire de la Fondation Vallée pendant
l'année 1892, nous exprimions déjà le regret que les né-
cessités du service aient obligé l'Administration à au-
gmenter la population de cette Fondation au-delà des
limites extrêmes qui avaient été fixées d'un commun
accord à Cent enfants au maximum. Le mal s'est
empiré durant l'année 1893 dans une proportion vrai-
ment démesurée. En effet, au 31 décembre de cotte
année, la population de la Fondation avait atteint le chif-
fre de 131 enfants. D'où il suit qu'elles n'ont dans leur
dortoir qu'un cube d'air tout-à-fait insuffisant et de
beaucoup inférieur à celui qu'exige non seulement
l'hygiène, mais encore les prescriptions administrati-
ves. La présence à la Fondation Vallée d'un nombre as-
sez considérable de petites filles gâteuses (47), contrai-
rement aussi au Règlement primitif qui, assimilant la
Fondation à la Colonie de Vaucluse, en excluait les
gâteuses et les épileptiques, contribue à aggraver
sérieusement les inconvénients qui résultent de l'in-
suffisance du cube d'air (1).
(1) Voiries Procès-verbaux de la Commission de surveillance de 1893, p. 6,
350, Id l.
XXXVIII
ENSEIGNEMENT.
Ainsi que nous l'avons dit l'an dernier les enfants
idiotes et gâteuses invalides ont été isolées des -autres;
mais les locaux qu'elles occupent laissent beaucoup à
désirer. Nous ne reviendrons pas sur l'organisation de
ce petit service confié à une femme qui s'en occupe
avec un réel dévouement que nous avons été heureux
de signaler à l'administration. Nous nous bornerons
à rappeler qu'a toutes les filles qui ne marchent pas, on
Fij. 6.
Enseignement.
xxxix
fortifie les membres inférieurs à l'aide de la balan-
çoire tremplin (11,i. 6) ; puis qu'on leur apprend à se
tenir debout à l'aide des barres parallèles (Fig. 7);
ensuite à marcher soit à la main, soit avec le chariot;
enfin à sauter au moyen d'un escabeau (Fig. 8) à mar-
Fia. 1.
FIa. 8.
XL Enseignement primaire.
ches rapprochées. Dès qu'elles savent marcher, elles
sont envoyées, quoique gâteuses, à l'école et soumises
aux exercices de la gymnastique Pichery.
Enseignement primaire. Il est confié exclusive-
ment à des femmes, sous l'habile et intelligente direc-
tion de Mlle Langlet, surveillante. Les procédés em-
ployés sont les mêmes qu'a la section de Bicêtre. Tout
le matériel est identique. Les leçons de choses sont
multipliées autant que possible et complétées par des
promenades dans le domaine et les environs. Les
enfants assistent à toutes les opérations du jardinage,
participent à la récolte des légumes et des fruits.
134 enfants ont fréquenté l'école et ont suivi les
exercices de la gymnastique Pichery. 50 ont suivi les
exercices de la grande gymnastique (mouvements,
appareils, etc,). M. Goy, maitre de gymnastique de
Bicêtre, vient régulièrement tous les jeudis donner
une leçon afin de dresser le personnel et de s'assurer de
la régularité des exercices, qui sont faits deux autres
fois par semaine sous la conduite de 1\llle Langlet.
47 enfants savent se servir de la cuiller, de la four-
chette et du couteau; 46 de la cuiller et de la four-
chette ; 1 de la cuiller; 18 enfants ne savent pas man-
ger seules.
Nous avons introduit dans l'enseignement pratique,
plusieurs moyens nouveaux : 1° pour compléter les
petits moyens usités à Bicêtre depuis longtemps et à
à la Fondation depuis son ouverture, servant à appren-
dre aux enfants à boutonner (Fig. 9 et 10), à nouer, à
lacer (fin. 11), nous avons imaginé un petit appareil
qui sert aux filles à s'exercer à agrafer (Fig. 12) et nous
avons obtenu de M. Pinon, directeur, et de M. llus-
son, économe, l'achat d'un mannequin sur lequel les
filles s'exercent à l'habillement.
A tous les procédés destinés à l'éducation de la
Enseignement professionnel.
XLI
main, nous en avons ajouté de nouveaux, représentés
sur la Fig. 13, et qui préparent les enfants à apprendre
à coudre.
Enseignement professionnel. Nos efforts cons-
tants tendent, cet égard, à apprendre aux enfants tout
ce qui est nécessaire pour en faire autant que possible
de bonnes ménagères. Le matin, après leur toilette, on
leur enseigne à faire leur lit, à entretenir proprement
leur dortoir. Elles mettent et retirent le couvert,
lavent la vaisselle. Dix (les moins arriérées aident le
personnel à apprendre à manger aux enfants inca-
pables de manger seules. Les deux ateliers que nous
Fig. 9. Boutonnement.
Fig. 10. - Boutonnement.
XLH Enseignement professionnel.
possédons, couture et repassage, ont bien fonctionné
comme par le passé.
27 enfants ont fréquenté régulièrement, pendant 3
heures, chaque jour, l'atelier de repassage ; 5 enfants
y vont quotidiennement durant un temps variant d'une
à 2 heures, suivant leur état intellectuel. 31 enfants,
en fin d'année, travaillaient à l'atelier de couture régu-
lièrement tous les jours, pendant 4 heures; 19 enfants
y sont venues de 1 heure à 2 heures chaque jour.
Le travail, évalué par M. Bru, économe de Bicêtre,
d'après les tarifs de cet établissement, s'est élevé à 853
francs pour l'atelier de couture, dirigé par M"10 Ehr-
mann, et à 1.429 francs pour l'atelier de repassage,
dirigé par 111 ? Lejeune.
Un certain nombre d'enfants ont appris à faire la
layette (8), le crochet (7), à marquer (5), à faire de la
tapisserie (25).
Fig. 11. t. - Lacement.
VISITES, bains, hydrothérapie.
XLVIII
aLm
Bains, hydrothérapie.
la gymnastique, les médicaments anti-scrofuleux et
les préparations bromurées, spécialement l'élixir poly-
bromuré d'Yvon ont continué à être la base du traite-
ment pendant l'année 1893. Les bains sont donnés à la
Fondation. Des bidets permettent de procurer les soins
de propreté aux enfants gâteuses et aux jeunes filles
pubères. Les enfants valides vont prendre leurs dou-
ches dans la section des enfants de et les
enfants invalides les prennent à la Fondation même.
Les bains de pieds sont également donnés à Bicêtre,
où il existe, comme nous l'avons déjà dit, une instal-
lation rendant facile le lavage simultané des pieds d'un
grand nombre de malades. Voici la statistique des
bains et des douches en 1893 :
Fig. 12. Agrafement.
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N oR-
Fig. tt. a, bâtonnet en bois de 37 centimètres de longueur, servant à enfiler des boules en bois.
b, aiguille en bois de 20 centimètres de longueur servant a enfiler une corde à store. - c, aiguille en
bois de 17 centimètres de longueur servant à enfiler du fil de fouet. a, m, aiguille de matelassière de
1(i centimètres. - p Passe lacet de 8 centimètres. a aiguille à laine de 5 centimètres 1/2.
a o, aiguille ordinaire de 4 centimètres.
XL71 Promenades ET distractions.
Statistique. XLVII
les des gâteuses et transformé le fauteuil de ces
enfants en fixant les coussins, qui, auparavant, étaient
mobiles et avaient l'inconvénient de se déplacer dans
les mouvements des enfants. '
Maladies éhiclénirjzces. L'enfant Duth... est
entrée à la Fondation avec la coqueluche qu'elle avait
contractée durant un congé dans sa famille ; trois
autres enfants ont été prises successivement : Imber.,
Deny ? Gauche....
Teigne. - Les enfants Dcwilde ? Garnie, Légal...
ont été envoyées au pavillon d'isolement pour la teigne
et en sont sorties guéries dans le courant de l'année.
Maladies intercurrentes. Elles ont été rares :
états de mal épileptique suivis de décès, 2 ; ménin-
gite cérébro-spinale, 1 ; affection du coeur, 1 ;
arthropathie du genou, 1 ; méningite, 1 ; bron-
cho-pneumonie, 1 ; oedème de la glotte avec
décès, 1.
Les enfants atteintes de maladies contagieuses ont
été soignées au pavillon d'isolement de la section de
Bicêtre sans qu'il ne soit surgi aucun inconvénient
du mélange des sexes.
II.
Statistique. Mouvement DE la population.
Le 1 ? janvier 1893, il restait à la Fondation 112 en-
fants se répartissant ainsi :
XLVIII
Mouvement DE la population.
Sur ce nombre, 43 sont gâteuses, 2 sont atteintes
de surdi-mutité et 2 de cécité. Voici maintenant le
mouvement de la population en 1893 :
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Personnel DU service. LI
enfants Mexa ? Barthél ? Noire.. et Meyro ? dirigées
sur Villejuif et Jacqu ? sur la Salpêtrière.
Population au 31 Décembre 1893. - -Il restait à la
Fondation 13l enfants se décomposant ainsi :
LII ' FONDATION VALLÉE,
III.
Construction d'un bâtiment DE cent lits LA Fonda-
TION Vallée ; rapport présenté A la Commission DE
surveillance (9 mars 1893) ; parle DI BOURNIVILIE.
Messieurs
Le le, décembre dernier, nous avons eu l'honneur
de vous soumettre le programme général de la créa-
tion, sur le domaine de la fondation Vallée, d'un
asile pour 400 jeunes filles idiotes, arriérées ou épi-
leptiques et un exposé sommaire de la construction
immédiate d'un bâtiment pour cent enfants. Vous
avez adopté les conclusions que nous vous soumet-
tions au nom d'une sous-commission il laquelle le
projet que nous allons discuter aurait peut-être dû
être renvoyé. Le temps nous a fait défaut pour faire
part de cette réflexion à l'Administration, car le dos-
sier de cette affaire ne nous est parvenu que le 4
mars et avis nous était donné d'avoir à faire notre rap-
port à la séance de ce jour, 9 mars.
Le Conseil général, dans sa séance du 26 décembre,
a voté l'inscription au budget départemental de 1893
d'un crédit de 235.000 fr. pour la construction, à la
fondation Vallée, d'un pavillon destiné à recevoir
cent enfants et, ajoute la lettre de M. Le Roux,
directeur des affaires départementales, il a demandé
à l'administration de lui faire des propositions lors
de sa première session.
En conformité de cette délibération, un projet a été
établi par l'architecte des asiles » d'après le programme
de la sous-commission adopté par la Commission de
surveillance. » Nous verrons s'il en a été réellement
ainsi en étudiant les détails du projet.
Conformément aux indications et aux recommanda-
Agrandissement. lui
tions faites par la Commission, l'architecte, écrit M.
Le Roux, s'est livré, à l'étude comparative des
différentes natures de matériaux qui pourraient être
employés, en vue d'obtenir une construction à la fois
simple et économique. M. l'architecte nous pro-
pose de construire le bâtiment de la manière suivante :
« Les murs depuis leurs basses fondations jusqu'à la
retraite, à hauteur du sol du rez-de-chaussée, seraient
construits en meulières et mortier; les parties en
élévation, au-dessus de cette retraite, jusqu'à l'arase
de la plate-forme, recevant la charpente du comble,
en moellons piqués, et, pour rompre la monotonie, les
bandeaux et les arcs des baies seraient en briques
apparentes ; la charpente en chêne et sapin ; les plan-
chers en fer, hourdés en briques creuses ; la couverture
en tuiles mécaniques, etc . »
A la fin de son rapport, l'architecte, M. Roger,
écrit ceci : « Pour répondre au désir de M. le
Dr Bourneville, qui demande une construction en
fer et en briques apparentes, il a été fait un devis
comparatif qui démontre que, si on employait la brique
apparente avec l'ossature en fer, il en résulterait une
augmentation de dépenses de 8, 468 francs. »
Nous n'avons pas qualité pour discuter les détails
du devis comparatif dressé par M. l'architecte. Toute-
fois, nous devons faire remarquer que, pour la cons-
truction du bâtiment dit des musées, dans la sec-
tion des enfants de Bicêtre, bâtiment composé :
d'un rez-de-chaussée pour dortoirs et d'un 1er
étage pour les musées, avec pavillons saillants au
centre et à l'extrémité,
les devis établis s'élevaient à ... 268 850 fr. 26
le rabais moyen obtenu a été de
35 fr. 50 0/0 ........ 95.441 fr. 85
Ce qui a ramené la dépense à... 173.408 fr. 41
LIV Fondation Vallée.
Ce bâtiment construit en fer et briques a, croyons-
nous, un cube plus grand que le pavillon projeté de la
fondation Vallée comme maçonnerie. Nous ajouterons
que les devis n'ont pas été dépassés.
M. Le Roux fait remarquer que la dépense prévue
aux devis pour unc somme de 253. J12 fur.,60- a été
calculée d'après les prix de la série de la ville de Paris
de 1882 et qu'il y a lieu de faire observer que, par
suite de l'application des rabais à obtenir, cette somme
sera ramenée à un chiffre inférieur au crédit de
235.000 francs, inscrit Li titre de prévision au budget
de 1893. Il suit de là que même après rabais, si nos
renseignements sont exacts, la construction, telle que
la propose M. l'architecte, coûterait environ 50.000
francs de plus que la construction similaire du pavillon
de Bicêtre en briques et fer.
Ceci dit, sans commentaires, voici comment M.
Roger expose les détails de son projet.
Au rez-de chaussée, au centre du pavillon, une seule entrée
par un large vestibule donnant accès, en face à l'escalier con-
duisant au 1er étage; a droite, à un grand réfectoire-ouvroir,
d'une surface de 234 mètres superficiels, précédé d'une ollice
et de deux water-closcls, isolés par un dégagement ; à gau-
che, de cinq classes, une grande de 43 m. 35 de surface et
quatre autres de chacune 26 m. (i5, desservies par une gale-
rie aboutissant au vestibule ; pour le service de ces classes,
un lavabo, deux water-closets, un vestiaire pour les maîtres-
ses et un cabinet de débarras.
L'escalier conduit au le'' étage, à un palier-vestibule don-
nant entrée, à droite et à gauche, à deux dortoirs pouvant
contenir chacun 24 lits et ayant une surface de xi'4 m. 50 et
4 m. 50 de hauteur, ce qui donne nn cube d'air de 40 m. c.
par lit.
A l'entrée de chaque dortoir, une chambre de surveillante,
un cabinet de débarras, un grand lavabo et deux water-clo-
sets.
Des sous-sols, dans la partie centale du bâtiment, les calo-
rifères, deux caves et deux fosses fixes, et le reste en terre-
plein.
Agrandissement. LV
Nous avons à présenter une première remarque au
sujet de l'emplacement du pavillon, qui nous parait
défectueux et cela pour deux raisons. La première est
donnée par M. Le Roux : « Le pavillon, dit-il, qui
mesure 76 m. 0 de longueur est placé à environ 13
m. 66 de la limite de la fondation et à 18 11-1. (le dis-
tance du bâtiment du gymnase. Il y aurait lieu d'exa-
miner s'il ne conviendrait pas de le repousser de 6 à
7 mètres du côté de la propriété contiguë, appartenant
à M. Hervé, de manière à dégager un peu les « bâti-
ments actuels, placés du côté de la rue Benserade. »
Le reculement dans le sens longitudinal, que nous
venons d'indiquer, nous parait justifié, moins pourtant
à cause du dégagement des anciens bâtiments que
pour respecter la belle rangée d'arbres qui constitue
l'un des ornements de la Fondation et qui seraient
détruits les uns après les autres, par les constructions
futures, si on acceptait l'emplacement proposé. Peut-
être aussi que ce refoulement, tout en réalisant le but
que nous signalons, pourrait être réduit à 3 mètres.
C'est là un point à examiner sur place.
En second lieu, nous pensons que le bâtiment devrait
être reculé en arrière d'environ deux mètres. D'après
le projet et le renseignement fourni par M. Le Roux
le bâtiment prévu est à 13 m. 66 de l'extrémité du bâti-
ment principal de la fondation Vallée. Nous deman-
dons qu'il en soit éloigné de 15 mètres. En effet, si
on l'édifiait à l'endroit choisi, après avoir détruit t
l'allée descendante, il faudrait détruire une partie des
arbres de l'allée tranversalo.
Or, une des préoccupations de votre sous-commis-
sion et de votre rapporteur dans l'élaboration du pro-
gramme général a été de conserver, dans la plus large
mesure possible, les arbres qui constituent la beauté de
ce domaine et procurent aux-enfants un ombrage agré-
able et bienfaisant. Aussi, vous demandons-nous d'ac-
LVI Fondation Vallée.
cepter notre proposition combinée avec celle de M. Le
Roux.
M. Le Roux. L'Administration accepte les modifications
proposées par M. le rapporteur. Ces modifications sont
également adoptées par la Commission.
En ce qui concerne les fondations, des sondages se
font en se moment pour s'assurer de la nature du sol.
D'après l'examen superficiel qui en avait été fait, on le
supposait renfermer un banc de terre glaise. Les
puits, creusés déjà à une profondeur de près de G
mètres, paraissent faire douter de la réalité de cette
hypothèse ( ? ). Nous emprunterons le complément des
détails de la construction au rapport de M. l'architecte.
La menuiserie des croisées toute en chêne, celle des por-
tes en chêne et sapin, les cloisons du rez-de-chaussée démon-
tables à volonté, en sapin. Les dortoirs et les classes parque-
tées en chêne de O,O'2Î'II,
Les vestibules, les lavabos, les watcrs-closcls, l'office et le
réfectoire carrelés en carreaux de imcnt et la partie basse
des murs dans une hauteur de 1 ni. 50 revêtus soit de car-
reaux céramiques, soit de dalles de ciment mélangé de mar-
bre.
Pour le chauffage, des appareils à eau chaude sous-pres-
sion.
La peinture générale des boiseries, murs et plafonds a.
l'huile, trois couches.
Les appareils des water-closets seraient à effet d'eau sur
fosses fixes, le manque d'eau ne permettant pas pour le
moment un autre mode de vidange.
Voici maintenant les critiques que nous avons à
présenter.
1° Sous le pavillon à construire on ne prévoit de
caves que sous la partie du milieu, le reste sous les
classes et réfectoires doit être en terre-plein. Nous
croyons qu'il devrait être établi un sous-sol sous les
classes et sous les réfectoires, ce que semble permet-
tre la déclivité du sol. Ces sous-sols, dont l'aménage-^ z
Agrandissement. LVII
ment pourrait-être retardé, serviraient soit de salle
de bains de pieds, soit de ciroir, soit de préau, etc.
M. LIÉBAUT. - Il n'y a pas à hésiter. Les classes et les dor-
toirs ne sauraient être établis sur terre-plein. J'appuie en
conséquence la proposition de M. le Dr Bourneville.
2° Le plan du pavillon à construire ne paraît pas
admettre que, dans l'avenir, les pavillons seraient
reliés les uns avec les autres et avec les services géné-
raux par une galerie centrale, ou des galeries latérales.
M. LtÉCAUT. Il me semble que la construction d'une
galerie reliant les divers services est indispensable.
M. le Dr Du MESNIL. L'hiver le service serait impossible
sans galeries couvertes.
M. le Dr BOURNEVILLE. - La construction d'une galerie
me parait également d'une nécessité absolue. Reste à déter-
miner l'emplacement où elle sera construite. Pour cela il
convient de se reporter, en vue de sauve-garder l'avenir, au
plan d'ensemble, adopté par la Commission.
SI. Le Roux. En attendant l'exécution du plan définitif,
on pourrait ne procéder qu'à la construction d'une galerie
provisoire établie sur poteaux en bois.
3° En ce qui concerne les classes, les cloisons vitrées,
intermédiaires ou celles de la galerie placée à tort à
l'intérieur devront être faites de manière à pouvoir
être transportées dans les classes futures.
SI. Liébaut. On a prévu dans les plans au rez-de-chaussée
de ce pavillon une galerie intérieure, mettant en communi-
cation les diverses classes. Il me semble qu'une galerie exté-
rieure serait moins coûteuse.
M. LE Roux. Il faudrait alors que cette galerie extérieure
fut complètement fermée afin d'empêcher les élèves d'attraper
des refroidissements en passant d'une classe dans l'autre.
SI. BouRNEVLLE. Pourquoi une galerie fermée au dehors
pour faire communiquer les classes ? A la section des enfants
de Bicêtre toutes les classes communiquent entre elles
LVIII Fondation Vallée.
directement, sans couloirs intérieurs. Il convient de remar-
quer que ce sont des classes médicales affectées à des enfants
épileptiques et idiots atteints de crises fréquentes et qu'il
importe que les agents de surveillance puissent se prêter
secours, rien qu'en ouvrant une porte. Il y a une galerie-
extérieure, ouverte, qui m'a toujous paru sullisante.
M. Le Roux. L'emplacement affecté aux classes dans le
pavillon projeté, sera plus tard transformé en dortoir. La
galerie intérieure est donc appelée à disparaître. ,
M. le Dr Bourneville. Tous, nous sommes d'accord
pour reconnaître l'utilité d'une galerie. La question est de
savoir si cette galerie sera ouverte ou fermée. Je propose à
la Commission d'en ajourner la solution à la visite que la
Commission doit faire a la Fondation Vallée, le 8 juin
procliain. Adopté.
4° M. l'architecte propose de carreler le local qui
doit servir provisoirement de réfectoire et d'ouvroir.
« En raison de la destination multiple de ce local où les
enfants sont appelés à séjourner, la Commission exa-
minera, dit M. Le Roux, s'il ne serait pas préférable
que cette pièce soit parquetée comme les autres. » Ce
local sera affecté dans l'avenir à l'usage de dortoirs et
par conséquent doit être parqueté; en outre, comme
dès maintenant, il doit servir d'ouvroir pendant plus
de temps qu'il ne servira de réfectoire, il y a là un
nouveau motif de le parqueter, afin d'éviter que les
enfants ne se blessent d.;ns leurs chutes.
La Commission consultée émet le voeu que ce local soit
parqueté et non carrelé.
M. LrraAr7T. D'accord avec M. le Dr Du Mesnil je pro-
pose que les parquets de ce pavillon soient rendus imperméa-
bles. Adopté.
;)0 L'office prévue à côté du réfectoirc-ouvroir nous
parait inutile, l'office actuelle étant placée tout près de
ce réfectoire provisoire qui présente une porte à son
extré.r.ité du côté de la rue Bcnserade.
Agrandissement. Liez
6° L'accès des lavabos, aussi bien au 1er étage qu'au
rez-de-chaussée, est difficile, ainsi que la surveillance.
7° Les cabinets d'aisance des dortoirs ne sont pas
installés suivant les indications que nous avons con-
signées dans le programme, on n'y accède point par le
dortoir, la surveillance en sera très difficile, par suite
de l'interposition d'un cabinet de débarras entre eux
et le dortoir.
8° Les wcttcr-closcts doivent être à effet d'eau auto-
matique, avec chasses abondantes, siphons, etc. Les
enfants ne doivent avoir à manier aucun mécanisme.
Les modifications proposées aux 5°, 6°, 7° et 8° ci-dessus
du rapport de M. le Dr Bourneville sont adoptées par la
Commission. '
9° Il n'est pas question de l'éclairage artificiel. On
ne dit pas si l'on aura recours à l'électricité, ce que
nous préférons, ou au gaz. Dans ce dernier cas les
appareils doivent être à clef.
10° M. l'Architecte fait remarquer dans son rapport
que le manque dégoûts l'oblige à établir des fosses
fixes, et il ajoute que « il serait désirable qu'un égout
fut construit à bref délai, non seulement pour le service
de la vidange, mais encore pour l'écoulement des eaux
pluviales et ménagères qu'il faudra conduire en atten-
dant dans les ruisseaux de la rue Benseracie. »
La question des fosses fixes et celle de l'égout sont
intimement liées ensemble. Il serait profondément
regrettable que dans un établissement nouveau qui,
pour l'honneur du Conseil général du département de
la Seine, doit réaliser un progrès par rapport aux
établissements antérieurs, on se résolut à établir des
fosses fixes, condamnées par tous les hygiénistes
sérieux et, d'autre part à introduire, par la projection
au ruisseau de la rue des eaux ménagères, une nouvelle
LX Fondation Vallée.
cause d'insalubrité dans la commune où est situé
l'asile départemental.
En ce qui concerne Y égout, dans notre précédent
rapport, nous avons insisté sur l'urgence de sa cons-
truction. Dans notre idée, il était destiné à recevoir les
eaux pluviales, les eaux ménagères et les matières de
vidanges en réservant, s'il y avait lieu, au moins une
partie de ces eaux pour l'utilisation horticole. Nous
rappelons que l'égout à construire devrait recevoir,
en outre des eaux résiduaires de la Fondation Vallée,
établissement départemental, celles de la partie infé-
rieure de la section des enfants de Bicêtre, établisse-
ment municipal, et celles des habitations de la com-
mune situées rue Benserade, rue des Noyers et le long
d'une rue qui, de cette derniers, va rejoindre l'avenue
Raspail, jusqu'à l'origine de l'égout municipal le plus
rapproché.
Nous pensons que l'Administration pourrait pour-
suivre parallèlement la construction du premier bâti-
ment de l'asile et la construction de l'égout. Relative-
ment à cette dernière opération, nous estimons qu'une
entente est très facile entre le Département, l'Assis-
tance publique et la commune de Gentilly.
Il s'agit là d'une question d'hygiène qui intéresse
également les trois parties et pour la solution de
laquelle il suffit d'un peu de bonne volonté qui, nous
en avons la conviction, ne fera défaut de la part de
personne. Et bien que, à priori, la Commission de sur-
veilance puisse être considérée comme ayant accepté
notre proposition, au sujet de la construction de l'é-
gout, en adoptant l'ensemble du programme général
de l'agrandissement de la Fondation Vallée, nous
soumettons à son vote le voeu suivant :
« La Commission émet le voeu qu'une entente s'éta-
blisse à bref délai entre le Département, l'Assistance
Agrandissement. LXI
publique, et la commune de Gentilly, à l'effet de cons-
truire un égout partant de la section des enfants de
Bicêtre, desservant la Fondation Vallée et aboutis-
sant à l'égout existant avenue Raspail.
A la suite d'une discussion à laquelle prennent part MM.
liousselle, Llebaut, l3aill et le rapporteur, la commission
adopte le voeu présenté par M. le D1' Bourneville.
SI. LE Roux. L'Administration étudiera la question avec
tout le soin qu'elle comporte et fera ultérieurement connai-.
tre le résultat de cette étude à la Commission.
La remarque que nous avons faite à propos de la
construction d'un égout pour débarasser la Fondation
de ses eaux résiduaires et de ses matières de vidange
s'applique également à la partie de notre rapport con-
cernant l'approvisionnement d'eau de source en abon-
dance du futur asile et pour qu'il n'y ait point de doute
non plus sur ce point nous demandons à la Commission
le vote d'un second voeu ainsi conçu :
« La commission se basant sur le passage à peu de
distance de l'aqueduc de l'eau de la Vanne, émet le
voeu que la Fondation Vallée soit abondamment appro-
visionnée en eaux de source. » Adopté.
Telles sont, Messieurs, les remarques que nous
avons cru devoir vous soumettre au sujet du projet
qui a été renvoyé à notre examen.
SI. le PRÉSIDENT, - La Commission s'est prononcée au sur
et à mesure de la lecture du rapport sur chacune des proposi-
tions de SI. le Rapporteur. Si personne ne demande la parole
je mettrai aux voix l'adoption de l'ensemble des conclusions.
Ces conclusions sont adoptées.
SI. 13otisLLl.c. - Je demande que le plan schématique des
constructions d'ensemble projetées pour la Fondation Vallée,
plan dressé sur les indications de SI. le Dr Bourneville et
admis par la Commission soit inséré au procès-verbal de la
séance de ce jour à la suite du rapport de notre collègue.
Adopté.
LII Fondation Vallée.
, IV.
Agrandissement de la Fondation Vallée.
Construction à la Fondation Vallée d'an pavillon pour Z00
enfants.
Dans sa séance du 23 décembre 1893, le Conseil
général a voté la délibération suivante :
il. Aubois, au nom dc la 3e commission.-Je vous demande,
Messieurs, d'approuver le projet de délibération suivant :
« LE CONSEIL général,
« Vu sa délibération du 27 décembre 1892 par laquelle il
a voté l'inscription au budget départemental de 1893 d'un cré-
dit de 235,000 francs pour la construction, àla fondation Val-
lée, d'un pavillon destiné à recevoir 100 enfants, sous la
réserve qu'un projet lui serait soumis à sa prochaine session;
« Vu le mémoire en date du 21 mars 1893 (1) parleqttelill. le
préfet de la Seine lui soumet un projet pour la construction
dudit pavillon, ledit projet évalué en dépense à la somme de
253.112 fr. 60.
« Vu les devis, plan et rapport;
« Vu l'avis de la Commission de surveillance des asiles d'a-
liénés, en date du 9 mars 1893.
« Vu le décret du 18 novembre 1882; .
« Sur le rapport de sa 3mue commission.
« Délibère :
« Article premier. Est approuvée dans la limite
d'une dépense de 235.000 francs, le projet dressé par SI.
Roger pour la construction, à la fondation Vallée, d'un pavil-
lon destiné à recevoir 100 enfants.
Il) Voir au Recueil de la 1" session de 1893 le le mémoire n° 35, page 25.
Agrandissement. LSIII
« ART. 2. - La dépense sera imputée sur le crédit de pareille
somme inscrit au budget départemental de 1893, chap. 17, § 2,
art. 12 :
« Art. 3. - Les travaux, selon leur nature et leur impor-
tance, feront l'objet d'une adjudication publique, seront con-
fiés aux entrepreneurs ou associations ouvrières adjudicataires
ou concessionnaires des travaux d'entretien, ou bien encore
concédés par voie de marchés amiables au mieux des intérêts
du département. Adopté.
L'encombrement de la Fondation dont nous avons
signalé les graves inconvénients engagera, nous l'es-
pérons, l'Administration, à exécuter promptement,
c'est-à-dire dans le cours de l'année 1894, cette déli-
bération si longtemps attendue.
DEUXIEME PARTIE
Clinique
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1893. 1
1
Du traitement chirurgical et médico-pédagogique
des enfants idiots et arriérés;
Par BOURNEVILLE.
Communication faite à l'Académie de médecine (séance du 20 juin).
I. En 1878, le Dr Fuller (de Montréal) a pratiqué pourla
première fois sans doute la crâniectomie chez un enfant idiot
dans le but de donner de l'expansion au cerveau (1). Douze
années plus tard. dans une communication faite ici même
sur un cas de synostose prématurée, M. Guéniot émettait
l'idée qu'une opération pourrait être utile dans les cas ana-
logues (2). Le 9 mai 1890, M. le professeur Lannelongue
pratiquait sa première opération sur une petite fille de
4 ans et faisait connaitre les premiers résultats obtenus par
lui dans une communication t l'Acadérnie des sciences (3).
Son but en recourant à cette opération était celui qu'a
vait poursuivi le Dr Fuller : il voulait faciliter l'expansion
du cerveau et par suite le développement des facultés intel-
lectuelles. Cette première note été suivie de deux autres
mémoires (4), dans lesquels M. Lannelongue a complété ses
premiers renseignements au point de vue opératoire et
résumé l'ensemble de ses opérations.
« Les résultats opératoires, dit-il, ont été les suivants : 35
opérations, 24 guérisons; la moyenne des guérisons opératoi-
res a été de 10 jours. Une seule mort au bout de 8 heures.....
Le plus jeune de mes opérés a été un garçon de 8 mois et le
plus âgé avait 12 ans et demi..T'ai opéré 13 garçons, 1-2 filles.
(I) Fuller. Presse méct.'6el ! te, 1878, p. 31G et Progrès médical, 1818, p. 929.
(2) Bitll. de l'Académie de médecine, 1889, p. 407.
(il) De la crâniectomie dans la microcéphalic, chez les enfants arriérés et
chez les jeunes sujets présetttant,avec ou sans crises ipilepti formes, des trou-
bles moteurs ou psychiques. (Noltv. Iconogr. de la Salpêtrière, 18 ! 11, p. S9f
(4) Ibid. [Congrès français de chirurgie, 31 mars 1891, p. 73.)
4 IDIOTIE.
« Parlerais-je maintenant, ajoutc-t-il, des résultats définitifs ?
Cela devrait être, car s'il est encourageant de n'avoir à enre-
gistrer pour ainsi dire que des succès opératoires, on ne doit L
pas oublier qu'on vise un tout autre but. Ce but on peut le
déterminer dans cette formule : Faire rentrer dans la vie com-
mune des sujets voués à l'existence la plus misérable, tant au
point de vue intellectuel et moral qu'au point de vue physi-
que. Mais à qui pourrait venir la pensée que ces déshérités de
toutes les manières seront régénérés et transformés subite-
ment ? » »
Et il terminait ainsi :
« Mes opérés sont suivis avec toute la sollicitude que je puis
y mettre et je possède déjà des documents qui me permettent de
dire que le plus grand nombre d'entre eux sont manifestement
améliorés. Mais comme beaucoup de ces opérations sont encore
récentes, je me borne aujourd'hui à en informer mes confrè-
res, en attendant que je puisse livrer intégralement il la publi-
cité les résultats obtenus. »
Plus de trois ans se sont écoulés depuis la première opé-
ration pratiquée par M. Lannelongue, et par conséquent
nous aurons sans doute bientôt des renseignements des
plus intéressants sur les conséquences du traitement
chirurgical de l'idiotie « sous le rapport intellectuel,
moral et physique. »
II. Notre savant compatriote trouva bien vite des imita-
teurs non seulement en France, mais encore dans divers
pays, notamment en Angleterre, aux Etats-Unis, etc. Nous
avons réuni dans le tableau synoptique ci-après les prin-
cipales indications sur tous les cas d'idiotie traités par la
crinieclomie que nous avons pu trouver dans les recueils
périodiques ou qui nous ont été communiqués par les
auteurs.
18 IDIOTIE.
2° Idiotie symptomatique de microcéphale ou idiotie
microcéphalique ; .... : ...i ; ? ' ,-j '
3° Idiotie symptomatique d'un arrêt de développement
des circonvolutions ; 1
4° Idiotie symptomatique d'une malformation congé-
nitale du cerveau (porencéphalie vraie, absence du corps
calleux) ou d'une malformation pathologique (pseudo-
kystes, foyers ocreux, pseudo-porencéphalie, etc.) ;
5° Idiotie symptomatique de'sclérose hyperlrophique
ou tubéreuse ; , "
G°Idiotie snzplomaticuedescléroseatrol)vique : a) sclé-
rose des deux hémisphères ou d'un hémisphère ; b) sclé-
rose d'un lobe du cerveau; c) sclérose de circonvolutions
isolées; cL) sclérose chagrinée du cerveau ( ? ); '.
7° Idiotie symptomatique de méningite ou de neérzingo-
encéphalite chronique ou idiotie zzcérziazyiticicce;
8° Idiotie avec cachexie pachydermique ou idiolie
myxoe démate use, liée à l'absence de la glande thyroïde :
9° Idiotie symptomatique de tumeurs de l'encéphale (1).
Ceci dit, nous allons soumettre à votre examen les
crânes de 21 enfants idiots' ainsi que les photographies
des cerveaux correspondants.
OBS. I. IDIOTIE hydrocéphalique.
Soawntnr;. - Père, caractère emporté; excès de boisson
(absinthe). Grand-père paternel rhumatisant. - il 1'I'ière
urandapère paternel grand buveur. Grand-oncle paternel
alcoolique. Cousin paternel (Iil.'3 du précédent), excès
alcooliques; aliéné. Grand'lante paternelle imbécile.
Mère migraineuse. Arrière grand' mère maternelle, peti-
tes attaques de ramollissement (de 79 à 82 ans). -Tante
maternelle crises nerveuses. Tante maternelle morte
phtisique. Tante maternelle rhumatisante. - Cousin
germain maternel sujet à des crises nerveuses. Pas de
consanguinité. Inégalité d'âge de 3 ans t 12' Frère ménin-
gite de l'enfance.
Impressions maternelles très vives durant le 1 cr et le 2c mois
de la grossesse. Dentition, parole, marche nulles.
Convulsions à 5 mois suivies du développement hydrocé-
phalique. Retour des convulsions. Contracture des
membres. Vagissements. Persistance des fontanelles
antérieure et postérieure ainsi que des sutures. Plagiocé-
phalie. Description des contractures. Signes de
méningite. Cécité. Broncho-pneumonie; mort.
AUTOPSIE. - Description de la calotte crânienne et de l'ezcé-
phale ; état vésiculeux du cerveau. Congestion rénale.
Petits calculs du rein gauche. Broncho-pneumonie.
(1) Peut-être y aurait-il lieu de reconnaître une autre forme, l'idiotie trau-
matique, qui, elle, serait parfois justiciable de la crâniectomie.
traitement chirurgical. 19
Esse.. Louis est né le 18 octobre 1890, à Paris (2 ans).
Crae.II est fortement plagiocéphale, la bosse frontale
gauche et la bosse pariétale droite sont considérablement
plus volumineuses que leurs opposées. Les fontanelles sont
représentées par des membranes. L'antérieure, irrégulièrement
losangique, offre 0,07c/m. de diagonale antéro-postérieure et
0,075m/m. de diagonale latérale. L'angle antérieur est aigu et
se continue par la suture métopique qui est très nette sur un
trajet de 0,03c/m. et ne laisse ensuite que des traces surtout
visibles à la face interne de la calotte; l'angle postérieur de
cette fontanelle est très obtus, si bien que les deux côtés pos-
térieurs du losange sont presque rectilignes. Les bords de
ce losange sont plus colorés et d'un tissu plus spongieux que
le reste du crâne. Dans l'angle latéral droit, un peu en avant
de son sommet, se trouve comprise dans la membrane de la
Fig. 1. Ons. I. Fontanelle antérieure. z
20
IDIOTIE.
fontanelle une petite lamelle osseuse, mince, de 0,008m/m. de
long et de forme lenticulaire. La suture coronale n'est pas plus
accentuée que la suture métopique; elle est nette de chaque
côté sur un trajet de 0,02c/m. ; à partir des angles latéraux de
la fontanelle, elle est synostosée complètement à droite sur un
trajet de 0-,oui5 mm. et à gauche sur un trajet de 0,03c/m. La
suture sagittale, peu contournée, a une longueur de 0,095; ses
bords sont espacés et remplis par une légère membrane; un
tissu spongieux analogue à celui qui borde la fontanelle anté-
rieure et formant une bande de 0,005 mm. à droite et à gau-
che, la côtoie (Fig. 1).
La fontanelle postérieure (Fia. 2) a l'aspect irrégulicr d'un
triangle isocèle dont la base a un cent. 1/2, la hauteur
0,037 mm. et les côtés 0,04 cent. A la partie moyenne
de sa hauteur le triangle a environ 0,008 mm. Les bords
sont dentelés grossièrement et une membrane l'oblitère.
La bande osseuse spongieuse qui la borde est moins
accentuée qu'au niveau de la fontanelle antérieure. La
suture lambdoïde, très irrégulière, est formée à droite ot
à gauche, d'une succession d'os wormiens plus nombreux
à gauche où ils sont au moins une vingtaine. Tout le tra-
jet de cette suture est formé d'un tissu spongieux analogue à
celui que nous avons signalé sur le bord des fontanelles. La
table interne de l'os est très lisse et n'offre que de très fai-
Fig. 2. Ons. I. - Fontanelle postérieure.
TRAITEMENT CHIRURGICAL. 21
blcs sillons pour les vaisseaux méningicns. La paroi du crâne
cstd'une minceur considérable, 0,001 mm. à0,0015. Le côté gau-
' clic est nettement plus épais que le droit, sans cependant dépas-
ser 0,003 mm. d'épaisseur au niveau de l'épine frontale. Vus
par transparence, les os sont translucides sur une grande
partie de la calotte, surtout au niveau des bosses frontales et
pariétales d'où rayonne le tissu avoisinant. Ces points ont
l'aspect de centres d'ossification. Au pourtour sont des zones
opaques qui s'étendent jusqu'au voisinage des sutures où le
tissu osseux prend des caractères spéciaux. En effet, au niveau
de ces sutures, l'os est formé de fibrilles parallèles entre elles,
perpendiculaires v la suture et séparées par des espaces
translucides.
La photographie du cerveau montre qu'il était transformé
en une double poche kystique. Ajoutons qu'en maints endroits
sa minceur était telle que la couche cérébrale n'avait même
pas un millimètre.
OBS. II. IDIOTIE 3(ICItOClil'HALIQUE.
Sommaire. Antécédents paternels et maternels négatifs.
Impression maternelle vive avant la conception, se prolon-
geant pendant et après la grossesse.-Pas de consanguinité .
Premières convulsion* a 6 mois. - Idiotie complète :
Lare, balancement, gâtisme, etc. Marche à 3 ans Va-
Microcéphalie très prononcée. Prognathisme supérieur.
Diphtérie : mort.
AUTOPSIE. - Absence presque complète du lobe occipital. -
Acrocéphalie. Arrêt de développement et malfor-
mations considérables du cerveau. Encéphale : 490 gr.
Cluto... (Léon Eugène) est né à Vauvillé (Seine-et-Marne),
le 17 mai 1876 (13 ans).
Crâne. Il est court, comme rectangulaire, mais assez
régulier sauf au niveau de l'occipital. Les bosses frontales ne
font pas de relief : les bosses pariétales sont légèrement sail-
lantes. L'occipital est très déprimé, sa direction est oblique
comme celle d'un toit et non plus convexe. Au-dessous du
lambda, au niveau de l'os interpactal, il existe même une
dépression assez prononcée qu'explique très bien la lésion du
cerveau, dont les lobes postérieurs faisaient défaut; cette
partie déprimée a près de 0,04 cm. transversalement et 0,03
d'avant en arrière. Au-dessous d'elle l'occipital de chaque côté
devient plus saillant, surtout à gauche, d'où un léger degré
d'asymétrie. La coupe du crâne paraît presque ronde, elle est
en général mince de 2 ou 3 mm. excepté au niveau des tem-
poraux en avant et surtout en arrière, et au voisinage de la
jonction du pariétal avec l'occipital. Au niveau de la crête
occipitale et de toute la partie déprimée dont nous avons
parlé, il y a un épaississement assez prononcé comme si l'os
avait voulu combler l'espace laissé libre par l'absence des
22
IDIOTIE.
'lobes postérieurs du cerveau. La suture coronale est très si-
'nueuse; il en est de même de la suture interpariétale sauf au
niveau des trous pariétaux dans une longueur d'un centimè-
tre. La suture lambdoïde est extrêmement sinueuse (Fig. 3).
Les sutures sont également très apparentes sur la face
interne du crâne, où on note en outre de nombreuses dépres-
sions plus ou moins prononcées et plusieurs plaques transpa-
rentes. Les différents os de la base du crâne chevauchent les
uns sur les autres ce qui indique, même de ce côté, l'absence
complète de synostose.
La Fig. 4 représente l'encéphale vu par sa face convexe : on
voit que la partie postérieure des deux hémisphères cérébraux
fait défaut, ce qui explique l'affaissement de l'occipitil, que
rien ne soutenait.
(A titre de comparaison, M. Bourneville montre le crâne
d'un microcéphale mort à 59 ans, sur lequel il y a une synos-
Fig. 3. - on=. II.
TRAITEMENT CHIRURGICAL.
23
tose presque complète des sutures, et le crâne d'un enfant
sain de 14 ans sur lequel la suture coronale est complètement
ossifiée).
OBS. III. IDIOTIE \IICBOGI;PH9LIQU1;.
Sommaire. Enfant assisté : absence complète de 1'G'l2Sei-
gnements héréditaires et personnels. Gingivite.
Oreillons. Rougeole. Parole, attention, nulles.
Rotation de la tête. Préhension imparfaite. Phimosis.
Pneumonie gauche. Mort.
Autopsie. Atrophie générale des circonvolutions, sclérose
de la pointe du lobe occipital droit. Soulèvement partiel
de l'écorce cérébrale. Corps thyroïde : 10 gr. Traces
de thymus. '
Loui... Joseph est né à Paris le 10 mars 1883 (10 ans).
Crâne. Sa forme est ovoïde avec un léger degré de pla-
giocéphalie (aplatissement du frontal à gauche et de la région
occipito-pariétale à droite). Son épaisseur est assez considé-
rable, 6 à 7 millimètres au niveau du frontal et de la partie
Fig. 4. - OBS. II.
24
IDIOTIE.
moyenne de l'occipital, 4 à 5 au niveau du pariétal. La suture
métopique persiste entièrement, ainsi que les sutures frontale,
sagittale et lambdoïde, et cela sur les deux faces. A un centi-
mètre du bregma, il existe sur la suture sagittale un os wormien
transversal de 10 millimètres sur 5 millimètres. On trouve deux
autres os wormiens à la jonction des sutures sagittale ;et
lambdoïde. Cette dernière présente sur son côté gauche 3 os
wormiens, dont l'un a près de 2 centimètres carrés, et 2 autres
sur le droit (Fig. 5). >
Ons. IV. IDIOTIE symptomatique d'un arrêt DE DEVELOP-
pement DES circonvolutions.
Sommaire. Père, convulsions iL 2 tiis ; quelques excès de
boisson (absinthe); cauchemars; caractère violent.
Fig. 5. - ODS. III.
traitement CHIRURGICAL.
25
Grand-père paternel caractère un peu emporté. Mère
convulsions de l'enfance; très nerveuse, migraineuse,
caractère irritable, morte en couches; paralysée du côté
gauche. Grand-père maternel aliéné. Cousine ger-
mamie morte de méningite. Pas de consanguinité. Inéga-
lité d'âge de 4 ans (mari plus âgé).
Tète penchée. - Convulsions des yeux depuis la naissance
jusqu'à 4 ans. Légère paralysie du côté gauche. Rou-
geolek unau, vacciné à un an et demi avec succès.- Vario-
loïde à 2 ans. Coqueluche à 4 ans. Gourmes, impétigo,
blépharite, otorrhée à 3 ans. Tics de la langue et rotation
de la tête; mastication défectueuse; marche, parole, atten-
tion, nulles. Balancement de la tête. Accès de cris
la nuit; bave. Tuberculose. Cachexie générale, mort.
AUTOPSIE. - adhérences de la dure-mère à la pie-mère. -
Adhérences nombreuses de la face interne des lobes /')'on-
Fig. G. - ODS. IV.
26
IDIOTIE.
taux. Arrêt de développement des ctfcouohttons.
Atrophie du tubercule mamillaire, du pédoncule gau-
ches, de la pyramide antérieure du même côté. -Ab-
sence des olives.
Coppi.. René est né à Fontenay-sous-Bois, le 3 octobre
- 188T(5ans).
Crâne. - Il est très asymétrique ; le frontal gauche est très
déprimé; la région, occipito-pariétale l'est encore davantage.
Plagiocéphalie très-prononcée. Son épaisseur varie de 1 mm. j ?
à 3 mm. La suture métopique est ossifiée, et on trouve à
son niveau une sorte de crête ; les sutures coronale, sagittale
etlan117aoïae persistent sur les deux faces et sont très-sinueu-
ses, même au niveau de l'obélion (1· ig.fi). L'os épactal ( ? t.7)
est circonscrit par dessuturessinueuses et se trouvesitué sur
la moitié gauche de l'occipital (2 cm. 3 cm.). Nombreuses
plaques translucides sur la moitié postérieure des pariétaux,
la partie supérieure de l'occipital, au niveau de bregma et sur
la partie latérale du frontal droit.
ORS. V. Idiotie symptomatique D'UN arrêt DE DÉVELOPPE-
ment DES CIRCONVOLUTIONS.
SOI\I : 11RE. - Père, plagiocéphalie, aucun antécédent dans sa
famille. Mère rhumatisante, névralgies intercostales,
migraineuse. - Grand'mère maternelle migraineuse. -
Grand'oncle maternel mort de la poitrine. - Tante mater- ? ielle migraineuse. -Pas de consanguinité. Inégalité d'âge
de 4 ans (mère plus âgée).
Impressions pénibles de la mère durant sa grossesse causées
- Fia.7.ODS.IV.
TRAITEMENT CHIRURGICAL.
27
par la vue d 'un épilep tique en accès. - A liai tepvmt,q}1-sei,n
puis au lait de chèvre. Première dent à 17. mois. ? Co-
vulsions à G mois. - Parésie du côté droit Marche nulle.
Cris. -Crispations des mains. Gâtisme, - Congestion
pulmonaire. Mort. " ' . ' '
AUTOPSIE. - Pas d'adhérences de la pie-111ère; a1'1'êt de dev ?
loppement des circonvolutions. Aspect légèrement gelati1ri-
forme du cet'ueau.TAt/mus persistant (10 gr). ? Corps
ilyroïde, 4 r. - G'oiagèstioi pulzotai°e. ' ' -'
Gatea.... Emile est né. le 15 avril 1891 (18 mois).
Crâne. -Il a la forme d'un ovoïde très-allongé et régulier ;
il est très-mince, d'un à 2 millimètres d'épaisseur. La suture
Fig. 8. - Uns. V.
28
IDIOTIE.
métopique existe dans toute sa longueur ; les autres sutures
persistent sur les deux faces du crâne ; il existe un os wormien
de 4 à 5 millimètres à l'origine de la branche droite de la
suture lambdoïde. Le crâne est transparent sur presque toute
sa surface. La fontanelle antérieure, qui persiste, mesure 40
millimètres sur 35 (1 i. 8). '
OBS.VI. - IDIOTIE symptomatique D'UN arrêt DE DÉVELOP-
pement DES circonvolutions. ·
SOMMAIRE. Rien du côté paternel ( ? ). Mère migraineuse.
Enfant naturel. Chute de la première dent à 3 mois.
Début des accidents convulsifs à 8 mois. - Succion du
Fig. 9. - On5. VI.
. TRAITEMENT CHIRURGICAL. 29
pouce. Alternatives de diarrhée et de constipation.
. Connaissance, parole, marche, préhension nulles. -Klep-
tomanie; grincement des dents; gâtisme ; onanisme ; bave-
Rougeole. Vertiges très nombreux ; affaiblissement pro-
1'essif; hpother1121e; mort. ' " ,
Autopsie. Adhérences de la dure-mère au crâne.
Aspect gélatiniforme des circonvolutions; sillons peu
profonds.
Martin... (Hermance), est née à Paris le 22 jans. 1890 (3 ans).
Crâne. Il a la forme d'un ovoïde irrégulier en ce sens que
la moitié gauche du frontal est déprimée, tandis que la région
pariéto-occipitale droite est aplatie ; son épaisseur varie de 2 à
4 m/m. (plagiocéphalie). La suture métopique est complète-
ment fermée. Toutes les autres sutures persistent, examinées
par la face externe. Elles sont au contraire fermées du côté de
la face interne. La fontanelle antérieure persiste; elle est diri-
gée obliquement de droite à gauche et d'avant en arrière; elle
mesure plus de 2 centim. transversalement et 7 à 8 m/m. dans
le sens antéro-postéricur. Tout autour d'elle, et à l'extrémité
de la suture fronto-pariétale et des occipitaux, se voient des
plaques transparentes. (Fig. 9).
OBS. VII. IDIOTIE congénitale.
Sommaire. Père, rien de particulier. Oncle paternel
alcoolique. Grand'mère et tante paternelles violentes.
Mère, migraines, diminuées par le mariage. Grand-
père maternel, excès de boisson, paralysé du côté gauche. : 11·rière-rancl'mèae maternelle, morte paralytique.
Pas de consanguinité ; différence d'âge de 5 ans. Une
soew' a eu une rougeole compliquée de méningite. - Une
autre soeur a eu des convulsions.
Emotion vive durant la grossesse. Parole, attention, pré-
tension) marche, mastication nulles. Amélioration
pour la parole et la marche. Invagination intestinale ;
mert.
AUTOPSIE. - Absence de synostose. Circonvolutions parais-
sant régulières. Pas de méningite. Semis de tubercules sur
la plèvre du côté droit. Invagination intestinale.
Guerria... (Jean Aclct) est né à Paris, le 17 novembre 1888.
(4 ans 1/2).
Crâne. Il est assez régulièrement ovoïde. La bosse fron-
talc gauche est un peu aplatie et la bosse pariétale correspon-
dante un peu plus développée qu'à droite. Le crâne est mince
(de 1 à 2 mm.) La suture métopique est fermée. Toutes les au-
tres sutures persistent et sont assez sinueuses. On trouve. un
os wormien de 10 mm. sur 6 mm. à l'origine de la branche
gauche de la suture lambdoïde, et un autre semblable à la par-
tie moyenne de la branche droite de la même suture. Le der-
30 ' IDIOTIE. `
hier de ces os wormiens n'est presque plus apparenta la face
interne, tandis que le premier l'est encore. Nombreuses pla-
ques transparentes au niveau du bregma, des bosses pariétales,
de l'occipital et de la suture coronale. ! Fig. 10).
' 1 ' OBS. VIII. - IDIOTIE congénitale.
SOMMAIRE. Père, fièvres intermittentes, devenu épileptique
à la suite d'émotions durant la Commune; accès rares.
Mère, rien de particulier, sauf qu'elle a uriné au lit jusqu'à
16 ans. - Grand-père maternel, excès de boisson, mort de
. congestion cérébrale. Pas de consanguinité. Inégalité
- d'âge de 10 ans.
Fig. 10. Uns. VII.
TRAITEMENT CHIRURGICAL.
31
Première dent à mois. - Début de la marche et de la parole
à à un an. Bronchite à 1 an; cessation de la marche et de la
parole. Gâtisme. - Incapacité de s'habiller. Accès de
cris. Tics; se mord les mains; accès de colère. -Progrès
de la marche.
AUTOPSIE. - Adhérences de la dure-mère aux os; injection
de la pie-mère, qui se détache facilement. Coloration chair
de saumon des. circonvolutions. Un peu d'cedème des
cordes vocales. Thymus 5 gr., corps thyroïde 5 gr. Cause
probable de la mort : asphyxie par oedème de la glotte.
Musi... (Alice) est née à Malakoff (Seine), le 20 ,mars 1890
(2 ans).
Crâne. Il est ovoïde, avec un degré assez léger de plagiocé-
Fig. 11. - Ons. VIII.
32
IDIOTIE.
phalie. Son épaisseur varie de 1 mm. 1/2 à 3 mm. ; il présente
do très nombreuses plaques transparentes disséminées partout,
.principalement au niveau de la fontanelle antérieure. La suture
métopique est fermée, toutes les autres sutures n'offrent au-
cune trace de synostose, soit à la face externe, soit à la face
interne,- elles sont translucides dans la plus grande partie de
leur longueur. (fit. Il).. z
robs. IX. Idiotie COMPLÈTE symptomatique DE DOUBLE
. 1. POIIENCÉPHALIE vraie.
Sommaire. Po'e et grand père paternel, quelques excès de
boisson. - Mère, convulsions de l'enfance, nerveuse.
Fip.i2.-OBs.IX.
TRAITEMENT CHIRURGICAL 3
Grand-oncle paternel, mort de tuberculose. Soeur, acci-
dents nerveux. - Émotion vive au 5e mois de la grossesse.
Premières convulsions à 3 mois; crises fréquentes
jusqu'à un an. Rougeole et influenza à 5 ans. Sueurs
abondantes de la tète suivies d'un peu d'amélioration.
Marche et parole nulles. ? ll'Lll)1S772e externe; cécité com-
plète. Contractures des 4 membres. - Mastication nulle;
bave, accès de cris. Tics de la face et balancement.
Gâtisme. - Épilepsie, congestion pulmonaire; mort.
Autopsie. -P01'LCSW'ai des deux hémisphères cérébraux.
DIé12112o-elzcé2halite chronique. - Atrophie de la protu-
bérance. - Lésions pulmonaires.
Roc... (Georges E.) est né à la Noue (Marne), le 1G juin 1886.
(G ans) (1).
Crâne. La voûte crânienne est assez élevée, mince, les
os sont peu épais. Il y a de nombreuses plaques transparentes
occupant la moitié de la calotte à gauche et les 2/3 à droite.
La suture sagittale entièrement libre est modérément
sinueuse. Les dentelures sont apparentes aussi bien sur la
table interne que sur la table externe. La suture coronale
est très régulière, sans interposition d'os wormiens. Aucune
trace de synostose n'est appréciable sur l'une ou l'autre face.
La suture coronale est libre dans toute son étendue, saris
trace de synostose : les fontanelles et la suture métopique sont
fermées. (1'ir/. 12). i
Les Fig. 13, lu, 15 et 16 donnent une idée précise de la mal-
formation des deux hémisphères du cerveau. j
OBS. 1.- Idiotie symptomatique d'un* ancien FOYEH (pseudo-
llljsle) DU LOUE TEMPORAL GAUCHE ET DE MÉNINGITE DE L'HÉ-
MtSPHKHE DROIT. !
50\II : OftI ? Père, nerveux, convulsions de l'enfance ; fièvres
intermittentes probables. Grand-père paternel, excès de
boisson. Grand'mère paternelle, 1ze)'ueusc. - Arrière-
grand-père paternel mort d'hémorrhagic cérébrale. Cou-
sin paternel, excès de boisson, aliénés Oncle paternel
mort de convulsions. Mère sujette à des névralgies
faciales. Grand-père maternel, excès de boisson, mort
de congestion cérébrale, avec paralysie du côté 7a1cc1)e. -
( : 1'ancl'lnère maternelle sujette à des névralgies faciales.
Arrière-grand-père maternel, suicidé. f11'1'ière-r<.7zcl'-
mère maternelle, excès de boisson. Deuxième arrière-
grand'mère maternelle morte d'un cancer du sein. - Pas
de consanguinité. Inégalité d'âne de 8 ans.
Emotion vire et chute durant la grossesse. Naissance
un peu avant terme. Accidents convulsifs mal caracté-
risés du 18" au 3U" jour après la naissance. Premières
(1) Voir l'Ons. V du Compte-rendu de 18 ! ), p, S'l.
Bourneville, Bicêtre. t893. 3
3f¡
IDIOTIE.
Fij'. 13. Ons. IX. Hémisphère cérébral gauche; face supérieure.
1,1', lobe frontal.
1.0, lobe occipital.
I ra ? aomm.
1 11, »sortis.
1', porus.
TRAITEMENT CHIRURGICAL. 35
Fin. 1 S. - Ons., IX. Ilénilspliirvc cérébral i'p.l1che rf : ICC «sterne.
p1 Fli, F3. première, seconde et
troisième circonvolutions frontales.
· FA, frontale ascendante.
PA, pariétale ascendante.
1.0, lobule occipital.
P, porus.
sr, sillon de Rolando.
26
IDIOTIE.
Fin. 15 Ons. IX. Hémisphère cérébral droit; face externe.
1 : F2, F3, première, seconde et
troisième circonvolutions frontales,
FA, frontale ascendante.
l'A, pariétale ascendante.
LI'. lobe pariétal.
1,0, lobe occipital.
1', parus,
sr, sillon de Rolando
TRAITEMENT CHIRURGICAL. 37
Fin. 16. - Ol1s. Six. - Hémisphère cérébral droit : face interne.
F, l'remiere circonvolution fron-
tale.
1,11, lol)e
AC, lwant-eoin.
C, coili.
LTS, lobe temporo-sphéiioïdal/
co, couche optique.
V, ventricule.
spe, scissure perpendiculaire ex-
terne.
33
IDIOTIE.
'dents à un an. - -Accès- de cris. - COJne112en1S de tête
.contre les Lic·s. -131e1haile, : - Parole et marche nulles,
-jambes déplus en plus faibles. * ?
1891. Accès de colère et de cris. Balancement latéral
de la tête et antéro-postérieur du tronc; grimaces de la face
et occlusion des paupières. Grincements de dents.
Attention et affectivité nulles. - Onanisme.
Octobre : Toux,' diarrhée, amaigrissement.
1892. Cachexie tuberculeuse. - Mort." "
AUTOPSIE. - Nombreuses adhérences de la pie-mèrc; -
absence du tubercule mamillaire gaucite; 7- pseudo-ltysle
du lobe gauche. - Tuberculisalion pulmonaire, ganglion-
etc.
Fin. Ii. - Ons. X.
TRAITEMENT CHIRURGICAL.
39
fit. 1S. - Ons. X. - Hémisphère cérébral gauche; face interne.
ui, i, première frontale.
. LI', lobule paracentral.
AC, avant-coin.
C, coin.
LTS, lobe temporo-spnénolual.
ce, corps calleux,
co, couche optique,
sr, sillon de Rolamio.
.0
idiotie.
1 ig. lU, - Olls. l. - Hëmisphure cérébral tranche : face externe.
1m, I=, 13, première, seconde et
troisième circonvolutions frontales.
FA, frontale ascendante.
PA, pariétale ascendante.
Pi, 1'2, PC, lobes pariétaux supé-
rieur et inférieur, pli courbe.
1.0, lobe occipital.
i' '1'2, première et seconde tem-
portales- -
sr, sillon de Rolando.
ss,scissure de Sylvius.
hK, pseudo-kyste.
TRAITEMENT CHIRURGICAL. 41
cheff... (Désirée) est née le 12 avril 188S (4 ans).'
Crâne. Les os du crâne sont extrêmement minces et
offrent tous de très nombreuses plaques transparentes. - La
suture saggiltale, vue par transparence, laisse apercevoir des
interstices nombreux permettant l'introduction d'un bec de
plume surtout dans le rayon qui s'étend sur une longueur de
3 centime très en avant des trous pariétaux (le gauche seul exis-
te). La face externe ne porte en aucun point de son trajet trace
d'un début quelconque de synostose. Il en est de même à la
face interne. La suture est d'une grande simplicité et très peu
arborescente. - La suture coronale est libre dans toute son
étendue tant à laface interne qu'à la face externe. -Lasulu1'c
lambdoïde est entièrement libre et un peu plus compliquée
que la sagittale; on rencontre un petit os wormien à un cen-
timètre de l'angle sur la branche droite. - Il n'y a pas trace
de la suture métopique. IFiq. 17).
Les Fi(l..18 et 1 ! 1 représententla face convexe de l'hémisphère
cérébral gauche de Sellcff.... En PK, sur la première, se
voit le pseudo-kyste.
OBS. XL -IDIOTIE \flf.nOCI : PH : 1L1QLE. Hémiplégie SP : 1S\t0-
Disque. Sclérose atrophique. Tuberculose AHDOMI-
\.ALE.
Sommaire. Père, alcoolique, emporté. - C¡'and-père pater-
nel mort d'une attaque de paralysie. G)'a ? td-otc ! epafe ? '-
nel tuberculeux. Cousin enam, aeK<e- ? t< ? Mère,
céphalalgies, intelligence bornée. Grand-père maternel
et arrière-grand'mère maternelle, morts d'une pleurésie.
Oncle maternel, ivrogne. Frère asphyxié à ta nais-
sance. - Accident au 2me mois de la grossesse. Frayeur
légère au lime mois. AccoHchenlCmenl abo)')'eu.\'.
Asphyxie et déformation crânienne à la naissance.
Convulsions dès le premier jour. Secondes convulsions
à -1 mois. - Début de la parole à 18 mois. - Premières
dents à f 111()i ? - Ne marche pas. G'a(t's)ne co))ip/e<.
Paraplégie inférieure et Hémiplégie gauche avec cor2trac=
ture. Il lie. Tuberculose intestinale. Mort.
AmroPSIE.- 5cléroscatrolttiquecle, circonvolutions cérébra-
les. Ulcérations tuberculeuses de l'intestin. Aclino-
palhie mésenlériquc tuberculeuse.
Sal... (Paul) est né à Villejuif, le 8 avril 1888, Il ans (1).
Crâne. La calotte crânienne est un peu épaisse (3 à 4
mm.) mais peu dure, les sutures sont partout transparentes ;
les dentelures sont peu prononcées. La suture inter/'rontale
seule est tout à fait ossifiée. Les sutures pariéto-occipitales
ont des dentelures un peu plus sinueuses, et l'occipital est si
peu soudé aux pariétaux qu'il en est au contraire presque
(1) Voir son obs. dans le Compte-rendu pour 1892, p. 23.
12 -2
IDIOTIE.
détaché. Il y a une plaque transparente de chaque, côté de la
suture métopique et au niveau de l'angle antérieur et supé-
rieur des pariétaux; la droite (95 mm.) est moitié plus grande
que la gauche (Fia. 50). La voûte paraît symétrique.
Les Fia 21. '2'2, "3 et 54 permettent de se rendre compte
de l'état du cencau.
OIIS. XI )1S.-IDIOTIE SI'11PT01L11'IQUU de sclérose cérébrale.
SOMMAIRE. Père, caractère violent. Grand'mère mater-
nelle, morte d'apoplexie. Mère, caractère emporté. - Pas
de consanguinité. Inégalité d'âge de 3 ans 1/2'
Émotion au 2e mots de la grossesse, «révolution intérieure.» v
Fi : ). 20. - Ons. XI.
traitement CHtRUR&ICAL.
43
Fin. 21. - Ons. SI. - Hémisphère cérébral gauchc ; face externe.
F', F2, 11';1, première, seconde,
Ir isrèmeeirellnyollltions frontnles.
FA, circonvolution frontale
as endante.
l'A. circonvolution pariétale
ascendante.
Pl, 1'2, PC lobes pariétaux supé-
rieur et inférieur, pli courbe.
LO, lobe occipital.
1 ? 1 ? T : I, première, seconde et
troisième circonvolutions tempo-
rales.
LI, lobule de l'insula.
ss, scissure de Sylvius.
sr, sillon de Rolando.
44
idiotie.
Fig. 22. - Ons. XI. - Hémisphère cérébral gauche ; face interne.
FI, première frontale.
LP, lobule paracentral.
AC, avant-coin.
C, coin.-
Lo, lobe occipital..
T3, troisième temporale.
00,couche optique.
P, pédoncule.
SL,septum lucidum.
dupe, scissure perpendiculaire.
ce, corps calleux. ,
sr, sillon de Rolando.
traitement chirurgical.
45
Fig. 23. 0118. XI. Hémisphère cérébral droit; face externe.
Fi, F,2, l'3, première, deuxième et
troisième circonvolutions frontales.
FA, frontale ascendante.
PA, pariétale ascendante.
l'l, P=, PC, lobes pariétaux supérieur
et inférieur; pli courbe.
Tl, T2, TO, première, seconde et tro
sième circonvolutions temporales.
1,0, lobe occipital,
ss, scissure de Sylvius.
sr, sillon de Rolando
4G
IDIOTIE.
- Fig. 24. - Ou;. 11. - Hémisphère cérébral droit ; face interne.
.t",première frontale.
LP, lobule paracentral.
AC, avant-coin.
C, coin.
T3, troisième circonvolution tem-
porale.
ce, corps calleux.
cs, corps strie,
eu,couche optique.
P. pédoncule.
SPH, scissure perpendiculaire
externe,
sr, sillun de Itol;mdo.
TRAITEMENT CHIRURGICAL.. 'Í7 7
Pleurésie purulente et empyème à 'la anois.-G'012U1L1S'LOatS
vers 2 ans pendant 17 jours. Gâtisme. Lymphatisme. -
Sentiments affectifs nuls. - Marche, attention et parole
nulles. Tics de la bouche et des yeux. Onanisme. Rougeole,
diarrhée- : Amaigrissement. Pneumonie. Mort.
Autopsie. Absence de synostose, aspect chagriné, plisse-
, ment des circonvolutions, sclérose cérébrale, la substance
grise semble mobile sur la substance blanche. - Légère
. dilatation du ventricule cérébral gauche.
. Houger... (Marcel) est né à Paris, le 15 janvier 1889 (3 ans 1/2).
Fia. 2'ibis. . - 0 IS - XI bis.
48 < ' ' IDIOTIE.
Crâne. - Il est ovoïde avec dépression du frontal à droite et
du pariétal à gauche, et surtout de l'occipital. Son épaisseur
varie de 1 Ynm. 1/2 à 2 mm. 1/2.11 est transparent en plusieurs
endroits surtout au niveau du bregma. La suture métopique
est fermée, mais toutes les autres sutures persistent à l'inté-
.rieur comme àl'extéricur du crâne. Elles sont sinueuses môme
au niveau de l'obélion. (Fig. 24 bis). " " ,
OBS. Xir. Idiotie symptomatique DE SCLÉROSE atrophique
DE.L'HÉMISPHÈRE CÉRÉBRAL GAUCHE ET DE MÉNÜWO-ENCÉ-
PHALITE DE L'HÉMISPHÈRE DROIT. ? 0\IJIAIItI;. - Père, convulsions de l'enfance, nerveux,. sujet
à des céphalalgies. - Grand-père paternel, migraineux.
Grand'mère paternelle, rhumatisante, crises de nerfs.
Arrière-grand-père paternel; m01't d'hèmorrhagie cérébrale.
- A1'1'iè7'G'-Jr21nCl'lnèl'e ? atL'7'12elle, morte d'un cancer uté-
rin. Grand-oncle paternel; mort tuberculeux. - Gra.nd'-
tante et cousins paternels, morts de convulsions. - Mère :
céphalalgies, mélancolie. Arrière-grand-père maternel,
suicidé. - Frère, convulsions et méningite. - Soeur, con-
vulsions avec hémiplégie transitoire. Pas de
nité. -Egalité d'âge., -
Premières dents à 4 mois. Dentition complète a 3 ans I J.
Peur à six mois suivie de convulsions courtes et répétées,
prédominant dans tout le côté droit. Hémiplégie droite
à 11 mois, compliquée de contracture. - Tic particulier
des membres du côté droit à 18 mois. Déviation du
rachis. Rougeole il il mois ( ? ). Bronchite à 15 mois.-
Tic de la face. Succion, bave, cris gutturaux. Hémi-
plégie droite avec contracture, épilepsie spinale. Tic du
pied gauche. - Phimosis. -Rougeole : mort.
AUTOPSIE.Ptatocëphattefrësprononcëe. Dëuetoppemeut
et épaississement plus grand de la moitié droite du crâne.
Absence de synostose. Diminution de calibre des
artères de la moitié gauche du cerveau. Atrophie de la
bandelette optique, du pédoncule cérébral, du tubercule
mamillaire gauches. Sclérose atrophique de l'hémis-
phère cérébral gauche. Mèningo-encèphulitc de l'hémis-
phère cérébral droit.
Hug... (Georges) est né à Paris, le 21 mars 1888 (4 ans).
Crâne, - La calotte du crâne est très mince ;. toute sa moi-
tié droite a une épaisseur moitié moindre que la gauche.
Les zones de transparence y sont nombreuses, surtout au
.niveau de la partie postérieure du pariétal droit et de la par-
.tie supérieure et droite de l'occipital. Transparence, encore
.très, marquée dans la région de la fontanelle, antérieure, le
long des sutures et à la partie médiane du front sur une sur-
face d'environ 2 cm. q. A gauche, les régions pariétales pos-
térieure et occipitale supérieure sont encore transparentes,
traitement CHIRURGICAL.
49
mais moins droite. Le crâne est parsemé, surtout au
niveau de ses parties opaques, de petits traits noirs, de quel-
ques millimètres, produisant absolument l'aspect que donne
une épine enfoncée dans l'épaisseur de la peau. Il est aisé de
se rendre compte que l'origine de cette particularité est la
coagulation du sang dans les canaux du diploé. Les vaisseaux
méningiens ont'marque sur les pariétaux des sillons très peu
accentués. Pas de traces de la suture métopique. Les sutures
fl'onto-1Jm'iétales et sagittale sont finement dentelées et pres-
que rectilignes au niveau de leur union. La suture sagittale
laisse voir son tiers' postérieur une partie rectiligne de 2
centimètres environ, située au fond d'une légère dépression ;
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1893. 4 ? ,Fia. 25. - Ons. XII. ...,
50 0
idiotie.
Fig. 20. Ous.XIÎ. Hémisphère cérébral gauche; face externe.
Fil, F2, F3, première, seconde
et troisième circonvolutions fron-
tales. -
FA, frontale ascendante.
PA, pariétale ascendante.
Pi, P2, PC, lobes pariétaux su-
périeur et inférieur, pli courbe.
riz, T2, T3, première, seconde et
troisième temporales.
LI, lobule de l'insula.
ss, scissure de Sylvius.
traitement chirurgical. 51
Fig. 27. Ons. XII. Hémisphère cérébral gauche ; face interne.
1.'1, première circonvolution fron-
. taie.
LP, lobule paracentral.
AC, avant-coin.
C, coin,
LTS, lobe temporo-sphénoïdal.
00,' couche optique.
v, ventricule.
ce, corps calleux.
1 . II)IO'1*1 ?
F.28.Ons. XII.II ? ni3;i' ! frcccrchr.i](]ro ! t;f;)ce externe.
F', F2, F3, première, seconde et
troisième circonvolutions frontales.
rA, frontale ascendante.
PA, pariétale ascendante.
I ? P2, PC, lobes pariétaux supé-
rieur et inférieur; pli courbe.
Lo, lobe occipital.
1 ? T2, T3, première, seconde et
troisième circonvolutions tempo-
rales;
LI, lobule de l'insula.
sr, sillon deRoIando.
ss, scissure de Sylvius.
TRAITEMENT CHIRURGICAL, 53
elle se continue ? en' foi'mant toujours une légère gouttière,
usqu'à la suture lambdoïde et montre dans sa dernière partie,
des dentelures très accentuées et très contournées. Il en est
dé même dé là suture' lambdoïde. Sur tout le'trajet de ces
sutures on ne note aucune trace de synostose (Fig. 25).
; L'aspect général du crâne est caractérisé par une asymétrie,
considérable. Tout le côté droit, dont nous avons signalé la
plus grande épaisseur, est beaucoup plus développé et plus
saillant que le gauche. La base du crâne est également asymé-
trique ; elle est beaucoup plus développée à droite et parait
tordue autour de-son axe antéro-postérieur, qui au lieu d'être/
rectiligne serait convexe à droite. En résumé, il y a une pla-
giocéphalie des plus accentuées.
Les Fia. 2G et 27 montrent l'hémisphère gauche atrophié
sclérosé, et la Fig. 28 la face convexe de l'hémisphère droit
plus volumineux et siège de lésions méningitiques.
OcS.XIIt.IDIOTIE SYMPTOMATIQUE de IÉN[NGO-EKCÉPHAL1TE
ET DE SCLÉROSE CÉRÉBRALE.
SoMMAinE. Père, caractère très emporté. Grand-père
paternel, coléreux, quelques excès de boisson; 171o1't pltl71-
sique, Grand'mère paternelle, migraineuse. Grand-
oncle paternel mort aliéné; excès de boisson. Tante
paternelle migraineuse. Tante paternelle tuberculeuse.
Mère sujette il. des migraines qui cessent durant les
grossesses. Grand'mère maternelle nerveuse, 17éu7'algi-
que. Arrière grand-père maternel mort paralysé et aptta-
sique. Grand' tante maternelle morte tuberculeuse.
Grand-oncle maternel aliéné. Pas de consanguinité. - 1
Inégalité d'âge d'un an. Frère, convulsions, mort de
méningite. - Deux soeurs ont eu de petites convulsions et
une autre des crises épileptiformes.
Chagrins durant la grossesse. Naissance il. 7 mots
Première dent à 9 mois; dentition complète à 2 ans '/2'
Début de la parole il. 1G mois. Bronchite à 7 mois 1/2' -
Rachitisme. Marche il. 4 ans 1/2' Rougeole à 13 mois ( ? )
et iL 7 ans 1/2'- Convulsions iL 9 mois. Arrêt de l'intelligence.
Scarlatine à 7 ans '/2' -731'îcltcle iL 7 ans, suivie d'un
tremblement. - L'tolcrclisse111e11ts avec chute. - Géphalal-
gie. - i.1721111Gti017. de l'intelligence; aggravation du trem-
blement. Modifications du caractère. - Accès de colère.
- G1'incement ? de dents. - Lcst7aie171e11t. - 7'ol7cho-pnel,t-
monie. Mort.
AUTOPSIE. - Epaississement et adhérences de la
Adhérences des lobes frontaux. - Atrophie simple ou sclé-
reuse d'un grand nombre de circonvolutions. - Sillons
peu profonds ; prédominance des lésions ttflituclie. Hépa-
tisation rouge du poumon auche ? IclIlC1'ellccs pleurales
du même cote.
54
IDIOTIE.
Deshaye... (Eugène) est né à Paris le 20 juillet 1878 (15
ans 1/2)' '
Crâne. Il est régulièrement ovoïde, son épaisseur .varie
de 3 à 4 mm. Il est dur, congestionné. Les sutures coronale,
sagittale et lambdoïde sont très sinueuses et visibles sur. les
deux faces. Il existe un os wormien à gauche et à droite du
bregma, ayant environ un centimètre carré, sur chacun dos
côtés de la suture 1<lnlhdoïdc (le'ir. 29).
Fig. ? UI1S ? Ij.
TRAITEMENT CHIRURGICAL. 55
OI3S. IV. - Idiotie méningitique.
Sommaire. Rien du côté paternel. - Mère d'une intelli-
gence peu développée. Grand'mère maternelle un peu ner-
veuse. - Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 5 ans.
Enfant petit à la naissance. -. .Jamais de convulsions ( ? ). -
Fièvre à 8 mois dite typhoïde ( ? ) suivie d'un état d'hébétu-
de. - Attitude inclinée de la tête. - Parole, attention-
connaissance, affectivité nulles. - Marche à 2 ans. - Gâ-
tisme. - Voracité. -Salacité. Clasto7na721e. - Grimaces
, de la face. - Grincement des dents. - Actes inconscients.
- Tenlative d'incendie. - Granulie. - Mort.
Fig. 30. - Ons. Xl\-.
56, : idiotie. ' -
AUTOPSIE. - Lésions méningitiques généralisées. - Tuber-
culose pulmonaire.
. Lapoussi... est né le 5 mars 1882 (,Il ans).
Crâne. - Il est presque circulaire, mince, 3 à 4 min. d'épais-
seur, transparent en grande partie au niveau de la région
moyenne du frontal, du bregma, sur les parties inférieures
des pariétaux et'la région supérieure de l'occipital : Lasuture
métopique est. fermée. Les sutures coronale, sagittale et lâmh-
doïde sont sinueuses, persistent sur les deux faces et sont en
partie. transparentes. "Il existe deux petits os wormiens sur la
branche gauche de la suture lambdoïde .(fit. 30); "
OBS. XV. - IDIOTIE myxoedémateuse ().
. SmDIA1RE. - Père, mort tuberculeux. - Grand-père pa te1'iw l,
i excès de boisson. - Grand'mè1'e paternelle morte d'un çan-
cer de l'utérus. - 011cle pate1'1wl, excès de boisson. - Tante
, pateriielle,7721 ! a·air2euse.- Deux cousins issus de germain,
i idiots. - klère, sujette des douleurs névralgiques, très
' nerveuse. Grand-père maternel, excès de boisson. Grand
. mère maternelle, hystérique. Arrière-grand-père maternel, '
excès de boisson, mort d'une attaque de paralysie.- "-
Grand-oncle maternel, excès de boisson. Grossesse mau-
vaise : envie insurmontable de dormir.
; Asphyxie à la naissance. Premières convulsions il 14 mois. lie-
; froidissement et cyanose de la moitié inférieure du corps :
Jeïcne. Pertes de connaissance it partir de 3 ans. -Carac-
i tÙres complets de la cachexie pacltyde1'nlique; physionomie ir;
\ typique; cheveux bruns roux; persistance de la. fontanelle
'. antérieure; gonflements liponraletex des joues, des creux
sus et so2ts-clav2culaires, des aisselles; peau cireuse, ecé- : 111ateuse; élat pteliydei-iiiiqtte des pieds et des mains;
, - hernie ombilicale ; rachitisme ; absence de la glande 'rH\'- : 'HOrDE. - Congestion pulmonaire intense ,mort en syncope.
. AUTOPSIE. - Absence de la glande, thyroïde. -
; Persistance de la fontanelle antérieure. Aspect gélali'- : nij'ol'lne' des circonvolutions cérébrales.
Bourg... (rcrn. A.) est né à Paris le 1"1' juillet 1883 (5 ans).
Crâne. - Les os qui le composent sont très minces, trans-
lucides dans la plus grande partie de leur étendue. Toutes les
' sutures persistent, même lasuture métopique. La fontanelle
antérieure est restée ouverte dans une longeur de G centi-
mètres d'avant en arrière, et de Il centimètres transversale-
ment (Fig. 31). En arrière de cette membrane, il existe une
portion osseuse transparente mesurant d'avant en arrière
3 centimètres et se détachant de chaque côté de la partie cor-
Voir l'obs. complète dans le Compte, rendit du service -pour 18R ? p, 74.
TRAITEMENT CHIRURGICAL.
57
respondanto do la suture inter-pariétale sous forme d'aile. A.
chacune des extrémités du diamètre transversal de la fonta-)
nelle existe, sur la suture fronto-pariétale, un os wormien. -.
La suture métopique, très visible à l'extérieur dans toute sa
hauteur, commence à se former à la face interne. Sur la suture
inter-pariétale, en arrière, dans ses quatre derniers centime'
tres, il existe sept os wormiens répondant à la fontanelle
postérieure. Entre ces os wormiens, qui se retrouvent sur la
face interne du crâne, se voient des traînées translucides.
Sur les sutures pariéto-occipitales des deux côtés, il existe
Fig. 31. -ou. XV.
58 IDIOTIE. "
une dizaine d'os- wormiens à droite et une quinzaine à gau-.
che. -.L'occipital semble séparé, au moins dans sa partie,
supérieure correspondante à la calotte, par une sorte de.
suture qui continue la suture inter-pariétale.
, -- OBS. -XVI.- 1DIOTIr, nIIgODÉIAT1·JUSI ?
Sommaire. -Père, grand et fort, l2ez aquilin, canitie complète
en une nuit (1870), caractère un peu emporté, mort proba-
blement d'un cancer de l'intestin. Grand-père paternel,
attaque de paralysie. Oncle paternel, mort à sa 3e attaque
apoplectique (hémiplégie gauche). - Cousine paternelle
au te degré, morte épileptique.
Mère, grande et forte, nez aquilin, convulsions légères pen-
dant l'enfance (2 fois), migraines de 16 à 23 ans ayant dis-
paru par le mariage. - Grand'mère maternelle, paralyti-
que. Un grand-oncle, trois cousines et une petite
cousine maternelle, mortes de la poitrine. Tante ma-
ternelle, hystérique. Frère, convulsions lég1'e ? Pas
de consanguinité. -Inégalité d'âge de 7 ans.
Conception au commencement d'octobre 1870. Deux violentes
émotions auec perte de connaissance prolongée suivie de
tremblement à latin de décembre : disparition des l7-LOUve-
ments de l'enfant ; développement considérable du ventre.
Accouchement à 7 mois. -A la naissance, asphyxie qui
a persisté trots ;'ours.T'ëfe assez volumineuse. - Ven-
tre un peu gros ; absence de sourcils et d'ongles. - Propre
à 8 mois. ttaïtement jusqu'à 1G mois ; aspect naturel.
Première dent à 3 ans ; persistance de la dentition de
lait. - Petite vérole (3 ans), rougeole (4 ans). - Épaissis-
sement des joues, des lèvres et de la langue et dévelop-
pement du ventre vers 5 c'tllS. - Battements du cerveau au
niveau de lafontanelle antérieure. retard de la marche. ^~
Débutde la pa1·ole à 5 alls.- Blépharite ciliaire chronique($
ans). -Début des pseudo-lipomes vers 9 ans.Ecréma àpar-
tir de 10 ais ? ltopëcie partielle à 16 ans. Coryza chro-
nique. Bave. - Voix rauque et stridente. Appétit
médiocre; déglutition gênée, constipation ; chûte;cldu rec-
tum. Sentiment de la pudeur. - Pas d'onanisme.
Déviation du tronc et des membres à partir.de 3 ans. -
Caractères classiques (.le l'idiotie - Taille
exiguë. Persistance de la fontanelle antérieure ; absence
de la glande thyroïde, pseudo-lipomes, arrêt complet de la
-puberté, cyanose habituelle des lèvres, sensibilité au froid,
répugnance au mouvement, voix, stridente, etc., etc..
1891. Revaccination avec succès. "
1893. Coqueluche. - Prolapsus du rectum. Bronchite ;
tympanisme; mort.. .... .. H
AUTOPSIE. - Transparence, minceur . et coloration 'd'un
jaune cireux des os du crâne. Persistance de lt-fo71lt-
nelle antérieure ? - Absence de synostose. .Glande
TRAITEMENT CHIRURGICAL. 59
pituitaire.un peu hypertrophiée.-Simplicité des circon-
volutions cérébrales. Pseudo-lipom.es. : Absence
complète delà glande thyroïde, du thymus, des glandes
1 -Ettt des divers organes, etc. 1 .
Beyn... (Marie) est née à Orléans, le 8 avril 1871 (22 ans).
Crâne. - La calotte est mince (un millimètre '/2 à trois
millimètres), facile à scier; un fragment s'est cassé pen-
dant l'opération. Les os ont une coloration d'un jaune
cireux très prononcé. Entre la calotte et la dure-mère, il y
a une sorte de vide assez considérable.
Fig. 32. - On5. XVI.
60 . IDIOTIE. T
Ainsi qu'on l'avait constaté pendant' la vie, la "font-
nelle antérieure persiste. Elle a la forme d'un losange
irrégulier, mesure 0,027 millimètres d'avant en arrière
et 0,040 millimètres transversalement. La membrane qui
la compose est notablement moins épaisse et moins résis-
tante que celle que nous avons vue chez le Pacha. Le
crâne est presque partout translucide; il l'est parti-
culièrement sur la partie du frontal droit voisine de la
partie correspondante de la fontanelle, et en arrière au niveau
des angles antérieurs et supérieurs des pariétaux, à la suite
des bords postérieurs de la fontanelle. Cette partie transpa-
rente, qui continue en arrière la fontanelle, a 4 centimètres
et demi de longueur. Les sillons des artères méningées sont
très creux, très amincis. La suture métopique est soudée,
les- sutures fro71to-I)i),iétztle ? sont sinueuses, imbibées de
sang, transparentes. La suture iltteo-pariélale est très dente-
lée, sans traces de synostose. Il en est de même de la suture
lambdoïde qui présente au niveau du lambda trois os- at·or-
miens. Il n'y a pas trace de division de l'occipital. Sur la face
interne, les sutures ne sont pas 83'l7oStOSCCS; la suture inter-
pariétale est encore sinueuse sur la plus grande partie de son
étendue. Les sutures fronto-pariétales sont représentées seu-
lement par une ligne légèrement sinueuse mais non dentelée.
Les différentes cavités de la base du crâne sont symétri-
ques. Le trou occipital n'est pas rétréci. (Fig. 32.)
Les trois crânes suivants ont un grand intérêt au
point de vue du mode d'action qu'exerce le cerveau sur le
crâne et en particulier sur la distension des sutures et
consécutivement sur l'écartement des os.
Orls. XVII. Idioiie méningitique (1).
Sommaire. - Père, quelques excès de boisson, caractère
emporté. Grand-père paternel, caractère emporté, mort
de la rupture d'un an.rl : sn2e de l'aorte. Grand'mère
paternelle, cataracte double, excès de boisson ( ? ). Arrière-
grand-père paternel, mort de la pierre. Arrière-grand'mère z
paternelle, morte de la rupture d'un anévrysme aortique.
Grand-oncle paternel, convulsions dans l'enfance avec
déformation des pieds, taille exiguë. Deux grand' tantes
laf crlleLLr.ç, wn o1·les de colt.vzclsiol.s.-Cl.clel2ter11,e1, 101·l cl e
méningite. Autre onCle pale1'1lel, suicide ? Tante pater-
- - neUe, morLe d'aUaques d'ecltl1npsie. -J1ère, soignee comme
hystérique à la Sal.pî;t1·ièrc ? ? oètesse.- Grand-père mater-
nel, mort phthisique. Grand'mère maternelle, très
colère; a eu dès attaques de nerfs : Pas de consanguinité
' - Inégalité d'âge de 6 ans. ' . '.
Syncopes et attitude particulière de la mè1'e -pendant la
'grossesse ! Accouchement à 7 mois. Enfant très-petite
1) L'obs. complète figure dans le Compte-rendu -de 1892, p; 173... : - :
TRAITEMENT CHIRURGICAL.
61
à la naissance. Convulsions probables à 3 jours se répé-
tant cinq ou six fois dans le premier mois. - Première
dent à 2 ans. Parole limitée à quelques mols. - Marche
nulle. Onanisme, attne. P ? temnone et pleurésie ( ? )
à un an. Coqueluche à 2 anus. Connaissance presque
nulle. - 1892. Entérite, ictère, syncopes; mort.
AUTOPSIE. - Sutures gorgées de sang, distendues. Crâne
asymétrique (Plagiocéphalie) ; absence de synostose ;
persistance de la fontanelle antérieure. Adhérences
de la dure-mère au crâne. -111éningo-encéphalite clissé-
minée sur les deux hémisphères du cerveau. Tubercules
du poumon gauche.
Fig. Il. - ont, XVII.
62 , IDIOTIE. .-
Gauch... (Adrienne) est née il Paris, le 1'2 mars 1889 (3 ans
et 9 mois).
Crâne.-On est obligé, pour détacher la calotte, de faire une
section circulaire de la dure-mère, qui adhère fortement
aux os au niveau des sutures inter-frontalcs, fronto-pariétales,
interpariétalc, et dans le voisinage de cette dernière. Les
sutures sont gorgées de sang et la partie osseuse voisine est
considérablement vascularisée. Le lendemain de l'autopsie,
alors que la calotte avait macéré et était complètement net-
toyée, les sutures restaient très nettement accentuées par
des dentelures rouges; les parties osseuses voisines étaient
également très rouges.
La calotte a la forme d'un trigone irrégulier et est très asy-
métrique : le pariétal droit se développe d'une façon prononcée
en dehors et en arrière; il en est de même de l'occipital du
même côté. Les deux pariétaux se présentent sous la forme
de saillies hémisphériques; la bosse frontale gauche est plus
saillante que la droite. L'épaisseur des os est très inégale;
il existe des points translucides : 1" autour de ce qui reste de
la fontanelle antérieure ; 2" en lias et en arrière dans une
étendue de a à 7 centimètres carrés de chaque côté; 3° sur
l'occipital, à droite et à gauche, dans les points correspon-
dants il ceux qui sont indiqués pour les pariétaux. Les sutures
n'offrent pas de traces d'ossification à leur surface externe.
La suture coronale, peu dentelée, ne l'est point du tout au
niveau des points dernièrement ossifiés de la fontanelle anté-
rieure. Les deux sutures, sagittale et lambdoïde, ne sont pas
non plus ossifiées. Au niveau de la dernière existent de
petits îlots osseux (os wormiens).
Des fontanelles, il ne reste que l'antérieure, représentée
par une membrane translucide presque de niveau avec les os
qui l'encadrent et ayant un centimètre de long sur trois milli-
mètres de large. Elle est dirigée obliquement de droite à
gauche et d'arrière en avant (Fig. 33).
D'après les auteurs, la /l'irJonocdp/wlie serait produite
par la synostose prématurée de la suture métopique ou
médio-frontalc. Nous ferons remarquer que, bien que l'en-
fant Gauch..., trigonocéphale, ait près de 4 ans, la suture
métopique persiste dans une étendue d'un centimètre.
OBS. XVIII. Idiotie symptomatique d'une tumeur sarcoma-
TEUSE DU cervelet (Hydrocéphalie) (1).
Sommaire. Tumeur cérébrale, hydrocéphalie symptoma-
tique. Grand-père paternel, alcoolique. - 111 ère, convul-
sions à 2 ans. Premiers symptômes il 10 ans. Cépha-
lalgic, vomissements, gâtisme. - Paraplégie spasmodique.
(1) Son observation a été publiée dans notre Compte rendu du service pour
1890, p. 41.
traitement CHIRURGICAL. 63
. Atrophie double du nerf optique. Mort par fracture
du crâne.
Autopsie. -Sarcome à peliles cellules siégeant dans la cavité
du 4° ventricule et sur la partie latérale du bulbe et du
cervelet. Hydrocéphalie : dilatation des ventricules céré-
braux.
Ber.... (Charles) est né aux Sables d'Olonnes, le 26 mars
1878 (12 ans).
Crâne. - La calotte crânienne présente une épaisseur.très
faible. Elle est transparente dans presque toute son étendue ;
les deux côtés sont symétriques. Au niveau de la fonta-
nelle antérieure, existe encore une surface de quelques
millimètres carrés non ossifiée. Les sutures sagittale, lamb-
doïde et fronto-pariétales ne sont pas soudées, et les différents
os qu'elles séparent présentent une mobilité relative. Le
frontal est soudé.
Lors du premier examen de la tète, on avait noté que les
Fig. 31.- OIl5. XLVIII. - Écartement des sutures.
6'4 - . idiotie.
fontanelles et les sutures semblaient fermées; c'est donc
durant le séjour du malade à Bicètre que s'est opéré cet écar-
tement des os, qui vient fournir^ croyons-nous, un argument
sérieux contre la crâniectomie (Fig. 34). C'est parce que les os
- du crâne ont pu s'écarter aussi largement que les phénomènes
de compression n'ont pas été plus graves, ont offert une
grande lenteur et même des rémissions dans leur marche. La
vie aurait donc-pu se prolonger encore .s'il n'était survenu
un traumatisme qui a eu promptement une issue fatale.
Tous les os étaient- translucides, notablement amincis, car ils
n'avaient qu'un à deux ou 3 millimètres d'épaisseur.
ORS. XIX ? Idiotie symptomatique DE tumeurs DU cervelet
. compliquées d'hydrocéphalie ; distension DES SUTUIiCS('1.
SO\I\L111W. - Père, migraineux dans l'enfance, très colère,
nombreux excès de boisson avant le mariage.. (A. deux, '60
bouteilles de bière en un jour). Malformation des doigts
(trois doigts seulement à la main droite). - Grand'mère
paternelle très nerveuse, sujette à des migraines, mort
subite. Arrière-grand' tante paternelle en enfance.
Mère, nerveuse ; cauchemars. Grand'mère maternelle,
hypochondriaque, aliénée. Arrière-grand' oncle mater-
.7tel, suicidé par pendaison. - Grand-père maternel, 211C00·
lique, violent. - Grand-oncle maternel, mort d'une alta-
que d'apoplexie. Pas de consanguinité Inégalité
d'âge de 3 ans..
Allaitement partiel au lait de chèvre. -.I71telligeice ordi-
natte jusqu'à G ans. Violents maux de tête avec vomisse-
7ne71ls bilieux. Deux mois plus tard, parcste des jambes,
affaiblissement de la vue; puis paralysie et cccttë, com-
plètes; crises c01wt([sil)e. probables ('1). - 1lllaj7 ? z7.cs.;
strabisnÚ3.divel'uent atrophie blanche des flcu : vi1o111ïlles.
Pa7'arzlcsrjiespas7lzoilicl71e.- Trépidation spinale^Accès
migraineux avec a : oinis,e7nc7zls et élévation clé léifcle111péra-
ture.Ticcës de colère. Gâtisme. Co7lestio7v.scle la face.
Augmentation de volume de la tète. - Amélioration pas-
8agJre il la Fondation Vallée : diminution de la paralysie.
- Gangrèneriez extrémités inférieures. Septicémie. Mort.
AUTOPSIE. - ÉcarLe1Íwnt des os du crâne; - élat 11wnlln'a-
''' neùx cles sul;zc7es. = lÎpcl7'ocplnLie venlrictilenireclovcble.
- Dilatation du troisième, ventricule. - ]{ ? J.tes et infiltra-
· tio7z sanguine du cervelet (tubercules transformés)-,
., Bais... (Marie) est née à Vitteau (Côte-d'Or), le 2 novem-
bre 1882(10 ans). ? ,
- 'Crâne... ? La calotte est à.peu près symétrique, plus déve-
loppée cependant à droite quai gauche. Les fontanelles sont
'fermées, mais. les sutures coronale, sagittale et lambdoïde
- -11 Voir l'obs. complète dans- Ç0111plc-1'elldu du service pour 1892, p. 233.
CI .
traitement CHIRURGICAL. 65
sont écartées, et l'intervalle compris entre les dentelures des
sutures correspondantes est comblé par une membrane mince
et transparente. Les dentelures des os se sont très allongées;
leur écartement de celles de l'os voisin atteint jusqu'à 3 ou 4
centimètres. Les parties osseuses voisines du tiers moyen de
la suture coronale sont transparentes. Les deux pariétaux
offrent aussi en bas dés impressions digitales qui les rendent
translucides (Fig. 35).
La base est sensiblement symétrique. Le plancher des orbites
offre des impressions digitales très profondes. La fosse pitui-
taire est un peu élargie, aplatie. Les fosses sphénoidalcs parais-
sent symétriques. La fosse occipitale gauche est un peu plus
Bourneville, Bicêtre, 1893. ' 5
.. ].'1{J.3 ? - 0115. XIX. - lcal"tel\1ent des sutures.
66 idiotie. <; z
développée que la droite, en sorte qu'il existe un léger degré
de plagiocéphalie.
Dans le cas de Gauch... (Obs. XVII), la distension des sutu-
res s'est opérée sous l'influence d'une lésion .aiguë, une
poussée méningitique qui a déterminé une congestion
intense des os et surtout de la membrane intersuturale.
Dans les cas de 13crl... et de Bais.... l'écartement des sutu-
res s'est effectué lentement, d'une façon chronique, par
la poussée du liquide céphalo-rachidien, au''fur et à
mesure qu'augmentait l'hydrocéphalie. Quelque opinion
qu'on se forme sur ces deux procédés pathologiques de la
distension des sutures, ils nous paraissent donner une
idée du procède -physiologique et mériter d'être signalés
spécialement.
Voici maintenant trois crânes appartenant à des enfants
idiots (1 fille et 2 garçons) qui ont été soumis à la crâniec-
t01nie..
OBS. XX.IDIOTIE symptomatique DE III : NIGO-I;NCI : PI-L1LIT1; ;
. CRANIECTOMIE.
1'101Í11AtttE, - Pèl'e, migraineux, rhumatisant, graveleux.
Grand-père paternel, nombreux excès de tout genre; plu-
sieurs attaques apoplectiques; 12é11üpléique. - Demi-
oncle paternel, mort phtisique. il/ère nerueuse. - Grand'-
mère maternelle, asthmatique. -Pas de consanguinité. -
Inégalité d'âge de 8 an·.
Enfant petite à la 11ais"ilnce. I)églittit io ? l pénible; bave;
retard des premières manifestations intellectuelles, pré-
hension difficile; gâtisme. Mémoire des personnes, sen-
timents affectifs col2seovés. - Grimpeuse. Accès de
colère. Crâniectomie en mars 1891 pas de modification
de l'état intellectuel. Pelade à l'enll·ée. - Tuberculisa-
tion pulmonaire et Mort.
Autopsie. Absence de synostose des sutures du crâné.
Description delà brèche osseuse; lésions de 1né1212o :
cncéphalite, etc. (1).
Blai... (Maria) est née à la Ferté-Saint-Samson, le 8 juin
1874 (17 ans).
Crâne. -Il est légèrement asymétrique ; le côté gauche est
plus développé au niveau de la région occipitale que le côté
droit; la protubérance occipitale semble reportée adroite de la
ligne médiane. L'épaisseur des parois crâniennes varie de 2 à 4
millimètres ; aucune trace des fontanelles. Au niveau du parié-
tal gauche se trouve une perte de substance à direction ancéro-
(1) Voir llol)s4 complète dans notre Compte rendu de 18 ! 12, p. 293.
TRAITEMENT CHIRURGICAL.
67
postérieure, parallèle à la suture inter-pariétale et à 22 milli-
mètres de celle-ci; sa longueur est de 65 millimètres, sa lar-
geur moyenne de 12 millimètres; ses bords émoussés offrent
un aspect polycyclique montrant qu'elle résulte de l'applica-
tion d'une série de couronnes de trépan (Fig. 36) ; elle empiète
un. peu en avant, sur la suture fronto-parictale. La dure-
mère ' n'adhère pas avec le crâne, même au niveau de la
perte de substance. La suture métopique est soudée. La
suture coronale est très finement dentelée. Il en est de même
de la suture sagittale jusqu'au voisinage des trous pariétaux,
1 Fig. 31.. - 0115. XX.
6$IDiOTlË»
où, sur une étendue d'un peu plus de 0,02 cent., elle est pres-
que rectilignc. La suture lambdoïde est très arborescente.
Les sutures sont également apparentes sur la face interne.
Pas d'os wormiens.-Nombreuses plaques transparentes, prin-
cipalement sur les pariétaux. La base du crâne n'offre aucune
altération. Sur la dure-mère, au niveau de la perte de subs-
tance, se trouve une sorte de fausse membrane rosée, faisant
une saillie d'un millimètre, de consistance ferme, ayant comme
dimension celui de la perte de substance déjà décrite.
OBS. XXI. Idiotie méningitique ; crâniectomie sans RE-
SULTAT appréciable : mode curieux de HI : OSSIIIC : 11'10\
DE la brèche OSSEUSE.
SOD1AIIIE, - Père, excès de boisson. Grand-père paternel,
alcoolique et nerveux. - Oncle paternel, mort de méningite
traumatique ( ? ), Tante paternelle, morte phthisique.
Mère, vive et coléreuse. Cousin idiot, ne parlant pas.-
Un frère, mort de convulsions. - Un autre frère, mort du
carreau à 3 ans. Une scelcr, 7zzorte de bronchite. - Pas de
consanguinité. Inégalité d'âge de trois ans.
Conception, grossesse, accouchement : rien de particulier.
Première dent à 10 mois. Dentition complète à 2 ans.
Convulsions dites internes à 3 semaines, se reproduisant
quotidiennement jusqu'à la fin du troisième mois; occlu-
sion des paupières ; immobilité. Strabisme constaté à 13
mois. Crâniectomie à l'hôpital Trousseau en juin 1890.
Coqueluche à 2 ans et demi. Rougeole à 3 ans et demi.
Teigne tonsurante. Broncho-pneumonie, mort.
AUTOPSIE. - Description des os du crâne. Mode de répa-
ration de la brèche osseuse produite par la crâniectomie.
Minceur et transparence des os. Absence de synostose.
Adhérences de la dure-mère au niveau des cicatrices osseu-
ses. Méningo-encéphalite prédominant notablement sur
l'hémisphère gauche. Persistance du trou de Bolal.
Lésions pulmonaires.
Sti.. (Emile F.), 6 ans, est né à Paris, le 12 juin 188G (1).
Crâne. La calotte parait légèrement asymétrique, mais
cette asymétrie est plus apparente que réelle ; cette apparence
est le fait de l'incision osseuse faite à gauche. Une mensura-
tion exacte démontre que les deux côtés du crâne sont presque
parfaitement égaux. La forme générale de la calotte est régu-
lièrement ovoïde, à grosse extrémité occipitale. Les bosses
pariétales sont très saillantes. Nous insisterons plus parti-
culièrement sur la grande minceur des os, qui offrent une
épaisseur variant de 1 à 2 millimètres </2- L'occipital est parti-
culièrement mince et présente latéralement des régions trans-
parentes. Des plaques translucides existent encore sur les
pariétaux et sont surtout nombreuses à la région postérieure
(1) Voir son observation complète dans notre Compta rendu de 189, p. 116.
TRAITEMENT CHIRURGICAL.
69
et inférieure. Los traces des vaisseaux méningés sont nom-
breuses et nettement accusées sur les pariétaux. Le frontal,
un peu plus épais que les pariétaux, présente à sa région
moyenne une bande transparente. Les sutures finement den-
telées n'offrent nulle partaucune trace de synostose. La suture
fronto-parielale, très dentelée dans ses 2/3 inférieurs à droite
et à gauche, devient presque rectiligne, surtout à droite, à 3
centimètres environ du bregma. Un petit os wormien existe
de chaque côté dans cette partie rectiligne. A la face interne,
Fig.37. - Ous. XXI.
70 idiotie.
cette scissure est sinueuse, mais n'offre pas de dentelures
accentuées. Il n'y a pas de trace de la suture métopique. La
suture sagittale, finement dentelée dans ses deux centimètres
antérieurs, offre sur un centimètre t(3 quatre dentelures aiguës
et profondes de 5 millimètres environ, puis, changeant de carac-
tère, elle se continue en dentelures arrondies et irrégulières
jusqu'au niveau du lambda. La suture lambdoïde est très
contournée, ses dentelures sont fines et irrégulières. A droite,
iL 4 centimètres '/a du lambda, les dentelures s'exagèrent et
forment 2 petits os wormiens très irréguliers ayant un centi-
mètre environ dans leur grande dimension, qui est perpendi-
culaire à la suture. A la face interne ces sutures sont moins
contournées, les os wormiens, signalés plus haut, apparaissent
nettement, mais moins longs, plus larges, et àt bords moins
déchiquetés. La brèche osseuse due à la crâniectomie (Via. 37,).
située à gauche, est antéro-postérieure et s'étend sur le frontal
et le pariétal. Elle forme avec la suture sagittale un angle aigu,
à sinus postérieur de 25° environ. Cette brèche est en voie de
réparation et les parties non ossifiées y sont recouvertes d'une
membrane dépendant du périoste, s'étendant d'un bord il l'autre
et transformée sur les bords en minces lamelles osseuses. Une
partie ayant 32 millimètres de longueur reste non ossifiée à la
région frontale. Une autre partie, longue de 20 millimètres,
complètement réparée, lui succède. Cette région croise la
suture fronto-pariétale. Son mode de réparation est des plus
intéressants. En effet, la soudure osseuse s'est effectuée sous la
forme de suture à fines dentelures, analogues à celles de la
suture qu'elle croise. Une région de 16 millimètres, non répa-
rée, lui fait suite et a des bords assez réguliers ; cette
région a 3 millimètres it sa partie la plus large, 18 millimè-
tres à peu près soudés complètement viennent ensuite : ici la
soudure, bien qu'un peu irrégulière, n'offre pas de dentelures
comme précédemment, mais elle n'est pas aussi complète-
ment effectuée. Enfin, durant 30 millimètres la brèche reste
sans ossification. Elle offre la une largeur moyenne de 4 mil-
limètres, présente sur ses bords de petits prolongements
osseux minces et se termine par un cul-de-sac arrondi, à
demi comblé par une jetée osseuse interne. A l'état frais cette
partie non-ossifiée était recouverte d'une membrane ostéo-
gène, les prolongements osseux lamellaires des bords de la
brèche en sont une preuve.
ORS. XXII. - Idiotie congénitale; double crâniectomie;
TUBERCULOSE PULMONAIRE.
Sommaire. Père, sujet à des céplialalgies fréquentes. Grand-
père paternel, mort probablement d'une affection de l'es-
tonac. Gra ? td/u)ë)'e, a eu trois attaques de congestion ce-
- t'ebrate sans paralysie; céphalalgies fréquentes ; caractère
très violent. Grand-oncle paternel, alcoolique. - Tante
paternelle, morte de la poitrine. Autre tante paternelle,
TRAITEMENT CHIRURGICAL. 71
morte de méningite etdephlhisie. Autre tante paternelle,
sujette à des céphalalgies. Pas de consanguinité. 7nëga-
lité d'âge de huit mois. Soeur morte de convulsions à
4 mois.
Asphyxie complète à la naissance. - Entérite à 7 mois. Pre-
mière dent à 3 ans. Dentition complète à 10 ans. Parole
nulle. Début de la marche à. 8 ans. Accès de cris
datant probablement de la naissance. Convulsions à
huit mois suivies de paralysie incomplète du côté droit.
Antérieurement, demi-contracture des quatre membres
avec mouvements athétosiques des quatre membres.
AUTOPSIE. - État des trois brèches osseuses de la c1'âniecto-
mie ; lésions de la dure-mère, de la pie-mère et du cerveau ;
absence de synostose. - Aspect chagriné des circonvo--
lutions. Tuberculose pulmonaire.
Ter... (Emile) est né le 17 juillet 1S7S (14 ans).
Tête.- Cuir chevelu assez épais. Lorsque, après avoir fait
une incision transversale allant d'une oreille iL l'autre, on
rabat'la moitié antérieure du cuir chevelu, on aperçoit un
morceau de drain parfaitement conservé de 34 millimètres
de longueur sur 3 ou 4 millimètres de diamètre qui se dégage
de la brèche osseuse gauche sur laquelle il était appliqué et
où il a imprimé une gputtière. Le drain a suivi le cuir chevelu
dans lequel il était enclavé en quelque sorte par son extrémité
interne, sur une longueur de 3 à 4 millimètres, et libre dans le
reste de son étendue. Sur la face interne du cuir chevelu le
drain a laissé une empreinte superficielle mais très nette.
En somme, il pénétrait plus dans l'os que dans la peau." `
En raison des adhérences de la dure-mère au crâne, on est
obligé de la sectionner sur place. On enlève donc tout l'encé-
phale en môme temps que la calotte.
La dure-mère est adhérente au niveau des brèches osseuses
et entre elles, de telle sorte que l'espace quadrilatère com-
pris entre les deux brèches est adhérent par les quatre bords
et que la partie du crâne qui correspond à ce quadrilatère est
blanchâtre, exsangue, tranchant ainsi par sa coloration avec
les autres parties du crâne, qui avaient une coloration rou-
geâtre assez foncée : il y avait anémie de cette partie.
Les os de la calotte crânienne sont assez épais et consis-
tants. Il n'y a pas de plaques transparentes. En revanche, en
examinant successivement la sagittale, la coronale et la tamb-
doïde, aussi bien sur leur face interne que sur leur face
externe, on ne trouve pas traces de synostose. La coronale,
assez compliquée au point de vue des dentelures, est libre
dans toute son étendue. Sur les parties latérales de chaque
côté, on peut insinuer un crin de brosse dans les interstices
laissés libres par les arborescences. Pareille chose peut se
faire sur presque tout, le trajet de la lambdoïde. La sagittale
est un peu plus serrée, mais il n'existe de soudure osseuse en
aucun point de son trajet. Les trous pariétaux sont très nets
des deux côtés. Du côté droit, le pariétal présente une brèche
72
IDIOTIE
osseuse longue de 9 centimètres, large do 2 centimètres 1 ?
(fit.38). Cette brèche part do la suture coronale en avant
chemine d'avant on arrière parallèlement la suture sagittale,
et s'arrête iL 3 centimètres de la lambdoïde. Elle est éloignée
de 3 centimètres du vertex, Les dimensions primitives de
cette brèche sont celles que nous rapportons. Le travail de
réparation osseuse a créé des bords minces, déprimés, fes-
tonnés par des arborescences qui tendent à se rapprocher et : \ combler le vide. Ce vide n'est plus, par le fait, que de
7 centimètres sur un centimètre.
Fig. 38. - OBS. XXII.
TRAITEMENT CHIRURGICAL. 73 3
Sur le pariétal gauche existent deux brèches osseuses paral-
lèles à la suture coronale, perpendiculaires, par conséquent,
à la sagittale. La plus antérieure, longue de 2 centimètres, est
large de 2 centimètres 1 ? Parallèle à la coronale, elle en
est éloignée d'un centimètre. Son extrémité supérieure abou-
tit à 2 centimètres de la sagittale. La brèche postérieure ales
mêmes dimensions que la précédente. Parallèle à la branche
gauche de la lambdoïde, elle en est écartée d'un centimètre.
Elle est distante de 2 centimètres de la sagittale. Cette dernière
brèche est en partie comblée par le travail de réparation
osseuse. La plus antérieure l'est beaucoup moins. (Fig. 38J..
Notre musée de Bicêtre possède 350 crânes provenant
d'épileptiques et surtout d'enfants idiots. Ceux que vous
venez de voir n'ont pas été choisis. Ils appartiennent aux
enfants décédés cette année ou l'an dernier, sauf ceux de
Bourg... Clut... et Ber... Ils nous paraissent démontrer d'une
façon péremptoirc que chez les enfants idiots et arriérés,
il n'y a pas, en général, de synostose prématurée des
sutures. Nous n'en exceptons pas les crânes des trois
enfants cranicctomises. Leurs sutures étaient susceptibles
d'extension. Les crânes de Gauche... et de Bais... nous
fournissent des indications sur le procédé par lequel s'opère
cette distension. Si les crânes de Biais... (17 ans) et de
Ter... (15 ans) avaient une certaine épaisseur, par contre,
celui de Sti... était mince et translucide dans la plus grande
partie de sa superficie. Comme il est impossible de recon-
naître sur le vivant l'état exact des sutures et de l'épaisseur
du crâne, il s'en suit que la crâniectomie est faite au hasard
et sur des crânes qui sont en mesure de donner au cerveau
toute l'extension désirable. L'examen de ces mêmes crânes
fait voir que ces brèches osseuses ne peuvent pas procurer
au cerveau une grande liberté d'expansion. Ces faits justi-
fient celte assertion des anthropologistes que « le cerveau
fait le crâne, le moule sur sa propre forme (1). » Les p/io-
- vous ont fourni une idée des lésions profondes
qui existaient sur le cerveau, dans les cas dont il vient
d'être question, et vous penserez sans doute comme nous
qu'il est di(licvilc d'accorder une valeur curative impor-
tante il la crâniectomie dans la plupart des formes de
l'idiotie.
(1) UovcIaCtlUe et Bordier. - Précis d'anthropologie, page 39.
74 IDIOTIE.
IV. Le service dont nous avons la direction il Bicêtre
comprend : Iodes enfants épileptiques ou hystériques;
1° des enfants idiots IL tous les degrés, depuis la simple
arriération intellectuelle jusqu'à l'idiotie la plus com-
plète, souvent compliquée de paralysie (hémiplégie,
paraplégie, athétosc, mouvements clloréiformes, tremble-
ments, etc.) ; 3° des enfants atteints d'imbécillité morale,
instables, pervers, impulsifs, etc. La plupart des enfants
de cette dernière catégorie possèdent un certain dévelop-
pement et même un développement moyen des facultés
intellectuelles : ce sont les facultés morales qui sont
lésées chez eux.
Voulant établir une comparaison entre le traitement
chirurgical et le traitement médical « des microcéphales,
des enfants arriérés, et des jeunes sujets présentant, avec
ou sans crises épileptiformes, des trouilles moteurs ou
psychiques », suivant les expressions mêmes de M. Lanne-
longue, nous ne prendrons nos exemples ni parmi les
épileptiques offrant, en outre, de la débilité mentale, ni
parmi les enfants affectés d'imbécillité morale. Nous les
choisirons dans la seconde catégorie composée des idiots,
des imbéciles et des arriérés, et pour rendre la démons-
tration que nous poursuivons plus frappante, nous
écarterons les enfants arriérés et nous attirerons votro
attention sur les idiots ou sur les imbéciles se rappro-
chant non pas des arriérés mais des idiots.
Le traitement mis en oeuvre est il la fois médical,
hygiénique et pédagogique. A ce dernier point de vue, il
repose principalement sur la méthode d'Edo Béguin,
appliquée couramment en Angle terre, aux Etats-Unis, etc.,
méthode que nous avons modifiée et perfectionnée en y
introduisant des procédés que nous avons empruntés un
peu partout. Exposer aujourd'hui en détail le traitement
médico-pédagogique nous entraînerait trop loin; nous
nous bornerons à quelques indications sommaires concer-
nant surtout le traitement des idiots les plus complets.
On leur apprend d'abord à se tenir debout, puis il mar-
cher, on exerce leurs jointures, on frictionne leurs mem-
bres. On les rend propres, on leur enseigne se laver la
figure et les mains, il boulonner, lacer, nouer, agrafer, il
s'habiller (1), etc. On s'étudie fixer leur regard et il
les rendre attentifs. On procède à l'éducation des
(II Cet exercice se fait soit il l'aide d'un ¡¡¡aIl/1er/Hill, soit sur l'enfant lui-
même. ,0,0
TRAITEMENT MÉDICO-PÉDAGOGIQUE. 75
sens, en commençant par l'éducation de la main ; puis
viennent les leçons de choses il l'école ou dans les jardins
de la section organisée dans ce but (1).-Des jeux, des ima-
ges graduées sont employés pour l'éducation de la vue et
du toucher. - On s'ingénie à faire reconnaître aux enfants
les odeurs, 11, distinguer les sons, etc. Les plus avancés
apprennent chant, la musique vocale ou instrumentale. De
nombreux procédés sont mis en oeuvre sous le rapport de la
lecture, du calcul, etc. Pour l'éducation de la parole et
pour corriger les vices de prononciation, nous avons recours
à quelques-uns des moyens appliqués dans les établisse-
ments de sourds-muets. Nous matérialisons, en quelque
sorte, le plus possible l'enseignement. L'éducation phy-
sique tient une place importante : gymnastique Pichery,
gymnastique des mouvements, des appareils, escrime,
danse.
Les bains et l'hydrothérapie, administrés dans une large
mesure, concourent de leur côté au développement physi-
que et au traitement des enfants.
Enfin, l'onscignemert professionnel vient compléter le
traitement médico-pédagogique. 11 se donne dans sept ate-
liers ; menuiserie, serrurerie, imprimerie, pour les enfants
les plus avancés ; brosserie, vannerie, cordonnerie, cou-
ture, rempaillage de chaises et jardinage pour les autres
enfants, etc.
C'est à l'ensemble de tous ces moyens que nous don-
nons le nom de Traitement médico-pédagogique.
Ceci dit, nous allons vous donner le résumé de quelques
observations concernant, nous le répétons, les enfants
atteints d'idiotie ou d'imbécillité à un degré prononcé. Nous
ferons passer sous vos yeux les piiotog rapides collectives
des malades, et les cahiers scolaires de quelques-uns
d'entre eux (2). -
(1) Jardin des surfaces, des figures géométriques, jardin des fleurs, jardin
potager, verger, champ des céréales, champ des plantes fourragères, vigno-
ble, bois.
(2) Nous faisons photographier les enfants à leur entrée, puis à des époques
plus ou moins éloignées, un an ou deux, suivant les changements qui se pro-
duisent. S'agit-il d'un enfant atteint d'i<(ioti« complète, ne marchant et ne
parlant, malpropre, etc., on le photographie assis ou tenu sur une infirmière ;
en second lieu, photographie faite dès qu'il marche seul; en troisième lieu,
quand il est devenu propre et mis en pantalon;ultérieurement,on le pho-
tograpinetous les ans ou tous les deux ans. C'est 11 la réunion de ces photo-
graphies successives que nous donnons le nom de photographies collectives.
En outre de ce moyen, pour apprécier encore les progrès réalisés, nous avons
établi des cahiers scolaires. Ce cahier est ouvert pour chaque enfant dès qu'il
commence il tracer des bâtons ; puis tons les trois mois, ensuite tous les deux
mois ; enfin tous les mois nous faisons consigner sur ce cahier les différents
exercices scolaires dont l'enfant est devenu capable.
76 - ; ' IDIOTIE.
OBS. - I. Imbécillité congénitale prononcée; IMPUL.
. SIONS GÉNITALES.
Sommaire. Père, coléreux, renseignements insuffisants sur
sa famille. - Mère, fortes convulsions à 18 mois ; chorée de
7 ans à 14 tits ll'2; nerveuse, idées noires. Grand-père
maternel rhumatisant. Grand'mère maternelle très
nerveuse. Grand-oncle maternel, mort d'une maladie
de la moelle épiniè1'e. - Pas de consanguinité. Inéga-
lité d'âge de 19 ans.
Enfant naturel. Viol suivi de conception. - Chagrins durant
la grossesse. Accouchement à 8 mois 1/2. Asphyxie à la
naissance. - Place la campagne jusqu'à 5 ans 1/2.
Onanisme; phimosis. - Impulsions génitales. - Fugues.
Kleptomanie. - 11npulsions à boire. Accès de colère.
Céphalalgie. Sommeil agité; Cauchemars.
Brous... (Pierre) est né à Paris le 13 mars 1879 (14 ans).
A l'entrée (août 1886). Il connaît ses lettres; trace des lettres
et des chiffres, mais d'une façon très irrégulière; compte
jusqu'à 100 ; connaît les objets usuels.
En 1893 : lecture courante, fait de petites dictées et même
quelques rédactions; écriture lisible mais peu soignée; petits
problèmes sur les 3 opérations; quelques notions d'histoire et
de géographie. A l'atelier des tailleurs il fait bien les coutures
et les rabattements. Il a appris à très bien exécuter tous les
exercices de gymnastique.
La photographie collective le montre en 1886,1889 et 1893.
OBS. IL-IDIOTIE PROBABLEMENT SYMPTOMATIQUE.DE SCLÉROSE
' CÉRÉBRALE.
Sommaire. -Père, nombreux excès deboisson, violent, empri-
sonné plusieurs fois pour rixes ou vols dans les champs.
Grand-père paternel, fréquents excès de boisson, violent.-
Grand'mère paternelle morte des chagrins occasionnés par
les violences et l'ivrognerie de son mari. Mère, morte
d'une affection cardiaque.-Renseignements insuffisants
au point de vue de l'hérédité. Pas de consanguinilé. Iné-
galité d'âge de 2 ans. Soeur migraineuses Frère, incar-
céré plusieurs fois 'pour maraudes et vagabondage. - Un
autre traîne dans les rues et vagabonde; aurait eu des con-
vulsions.
Petit à la naissance. - Aurait marché à 9 mois et commencé
il. parler à un an. Vers 1-1 mois, peur occasionnée par son
père; qui a renversé une glace sur sa mère et sur lui; le
lendemain, convulsions qui auraient duré 3 jours et 3 nuits;
mort apparente, refroidissement, déclaration de mort à la
mairie; au moment de l'ensevelissement, on s'est aperçu
qu'il respirait encore. - Cessation de la marche après ces
accidents. Retour de la marche à 3 ans J2. Sentiments
traitement MÉDICO-PÉDAGOGIQUE. 77
affectifs. Accès de colère. Lecture et calcul nuls.
Parote limitée à quelques mots, prononciation très défec-
tueuse; surdité. -Ne se sert que de la cuillère, gourmand,
désobéissant, méchant envers ses camarades.
Charpent... (Victor-Louis) est né à Colombes (Seine), le
18 mai 1871 (22 ans). Entré en 1879. ,
1882. Amélioration de la parole. Connaît ses lettres,
sait compter jusqu'à 10, aide à nettoyer et à habiller les autres
enfants.
1883. - Mange proprement, se sert de la cuillère, de la
fourchette et du couteau. Reconnaît les chiffres, compte
jusqu'à 25. Connaît les diverses parties du corps, les animaux
et les couleurs, fait des lettres, des chiffres, écrit des mots,
etc. Envoyé à l'atelier de menuiserie le 2 avril.
4884.-Exécute très bien les exercices de la petite gymnas-
tique. Distingue et nomme les figures géométriques. Compte
jusqu'à 100. Commence à syllaber. Accès de colère et de vio-
lence. Ses instincts de vol et de mendicité ont disparu.
1889. - Amélioration très notable de la parole. Sait bien
se faire comprendre. - Fait la multiplcation. - Connaissances
usuelles très étendues. Tenue bonne. Exécute tous les
mouvements de la grande gymnastique. Envoyé à l'essai
dans un atelier de menuiserie de l'avenue de Bicêtre.
1890. Parti en congé d'essai le 18 mars. Placé comme
ouvrier menuisier (4 fr. par jour). Sorti le 28 juillet.
1893. Travaille comme menuisier et gagne sa vie. Conduite
bonne.
Sa photographie collective met en relief les résultats
du traitement depuis 1879 jusqu'à cette année 1893.
OBS. III. Idiotie légère, probablement méningitique ;
paraplégie avec PIEDS BOTS.
Sommaire. Enfant naturel. Père, excès de boisson;
pas d'autres renseignements sur lui et sa famille. Atëre,
nerveuse. Grand'oncle maternel, bègue et aliéné.
Un autre oncle est bossu et arriéré. -11 rèï'es, convulsions.
Bien portant jusqu'à 3 ans; fièvre typhoïde et méningite
à 3 ans. Affaiblissement du côté gauche et idiotie con-
sécutive.
Curi... (Ulysse) est né à 1lussy-sur-Seine, le 21 octobre 1879
(13 ans 1/2).
A l'entrée (octobre 1884) : il ne connaît pas les lettres, ne
sait pas écrire, compte jusqu'à 10, commence à se laver, ne
sait pas s'habiller, caractère irritable, violent, crache à la
figure de ses camarades, est turbulent, grossier, voleur.
.En 1893 : Lit couramment, écrit lisiblement, commence à faire
de petites dictées, connaît l'addition, la soustraction et la mul-
tiplication, sait le nom des principales villes de France et celui
78 IDIOTIE.
des grands fleuves; se lave et s'habille seul assez bien, il est
devenu docile et serviable. Envoyé à l'atelier de cordonnerie
en 1SS9, il est arrivé à faire convenablement les piqûres.
La photographie collective le montre en '1SS ? 1SSS, 1889,
1891 et 1893.
OBS. IV. Imbécillité prononcée, d'origine congénitale.
Sommaire. Pè7'e, syphilis en 1873 marié en 181 (i ; quelques
excès de boisson. - Oncle paternel, mort phtisique. -
Tante paternelle, imbécile. Mère, très coléreuse. -GT'zl7lfl-
père maternel, excès de boisson. Grand-oncle maternel,
suicidé par pendaison. - Pas de consanguinité. - Inéga-
lité d'âge de 5 ans. - Soeur morte de convulsions. - Soeur,
colé1'cuse : -¡lut¡'e sceur, vagabonde, actuellement en correc-
tion.
Asphyxie à la naissance. Marche à 3 ans. Début de la
parole vers 3 ans. - Rachitisme à '( ans : séjour à 13e7'ch.
Viole7l,ces envers les autres enfants. - Masturbation 1'I ! ci-
proque. Kleptomanie. - Actes obscènes.
Dumé.... (Louis) est né à rcrrü : res-la-Grande (Nord), le 21
février 1873.
A l'entrée (35 septembre), Dum.... commence à syllaber et
à écrire, fait les 2 premières opérations ; connaît les couleurs ;
s'habille à peu près seul; se sert de la cuillère et de la four-
chette. Perversion des instincts (V. Sommaire).
En 1893 : Dumé... lit très-bien, il fait des dictées correctes et
de bonnes rédactions; son écriture est très lisible; fait des pro-
blèmes sur les 1 opérations et le système métrique; connaît bien
l'histoire de France et la géographie. Sa mémoire s'est très
développée. Il est appliqué, docile et courageux; l'onanisme a
disparu. Il dessine assez bien un objet usuel, a appris le solfège
et joue d'un instrument (alto) dans la fanfare des enfants. A
des habitudes d'ordre et d'économie et place à la caisse d'é-
pargne scolaire tout l'argent qu'il gagne à l'atelier ou qu'on
lui donne. Envoyé à l'atelier de vannerie en juillet 1887, il fait
bien maintenant tous les travaux qu'on lui confie (réparations
et neuf).
La photographie collective témoigne des changements
survenus de 1883 à 1893.
Tableau des mensurations.
80 IDIOTIE.
OBS. V. Imbécillité ET instabilité mentale.
Sommaire. Père, aliéné, peintre en bâtiments, excès de bois-
sons. Grand-père paternel, excès de boissons. Grand'-
mère paternelle, excès de boisso2zs.-Tazle paternelle, pro-
bablement hystérique. Mère, sujette il des céphalalgies,
nerveuse. Grand'mère maternelle, quelques excès de bois-
sons. Tante maternelle, borgne de naissance. Pas de
consanguinité. Inégalité d'âge de 4 ans. Trois frères
et une soeur ont eu des convulsions. - Conception probable
dans l'ivresse. Asphyxie très prononcée il la naissance.
Marche à 19 mois. - Début de la parole après 2 ans.
Propre à 4 ans. Convulsions internes de 7 mois à 2 ans.
- Strabisme il 2 ans. - Chute du rectum. - Ftt( 1 .1tles répé-
tées. Turbulence. Cauchemars. Luxatioude l'épaule
gauche vers 4 ans. Kleptomanie. Tentatives d'évasion.
Menteur. Accès de violence. , ,
Duvc.... (Lucien) est né à Paris, le 6 septembre 1875 (18 ans).
A l'entrée (1882) : Turbulence extrême, langage grossier,
sentiments affectifs nuls, gourmand, vorace, querelleur, frappe
ses camarades sans motif, vol tout ce qu'il peut prendre, injurie
grossièrement le personnel, casse les carreaux, s'évade, etc.
Il ne connaît aucune lettre, commence à tracer des bâtons
compte jusqu'à 20.
En 1892 : Il est devenu affectueux, assez docile, obéissant
et convenable envers les autres enfants ; il n'est plus grossier
que très rarement. Lecture courante et expressive. Ecriture
lisible. Il connaît les 3 premières opérations et fait de petits
problèmes. Il a les notions élémentaires de l'histoire de
France. Le jugement est plus sur qu'autrefois. Il a été mis en
apprentissage comme tailleur, en 1887 ; il fait presque seul l'ha-
billement et sait conduire la machine à coudre. Il est sorti à
la fin de décembre 1892 (Fig. 39, 40, 41 et 42).
La phothographie collective le représente de mieux en
mieux de 1882 à 1891.
OBS. VI. IDIOTIE complète.
Sommaire. Père, céphalalgies occipitales ctiite-
tère très emporté, ..exalté, instable, manie des inventions ;
onanisme; alternatives d'excitation et de to)-pett ? ? G7-tnd-
mère paternelle, caractère très emporté. - Grand-oncle
paternel instable. Pas de consanguinité. Inégalité d'âge
d'un an.
Conception à l'époque où le père était déjà très exalté. Marche
tardive. Gâtisme. Parole nulle. Rougeole à 3 ans 1/2.
Varioloïde vers 4 ans. Gourme; oplvthal2nie. - Chute du
rectum. Jamais de convulsions ? Accès de colère.
Méchant envers les autres enfants. Prononciation très
défectueuse. Se sert de la cuillère et de la fourchette
Traitement 11LÉDICO-PÉDAGOGIQUE. si
seulement. Tournoiement des yeux. Attention diffi-
cile à soutenir. '
Feutri.... (Robert Henri) est né le 5 avril 1885 (8 ans).
A l'entrée (1889) : Incapacité de s'habiller, de se déshabiller,
de se nettoyer. Gâtisme. - Aucune notion relative à l'ins-
truction primaire. Parole presque tout à fait nulle. Pro-
nonciation très difficile.
18au : Amélioration de la parole, attention plus facile à
fixer. Exécute tous les exercices de la gymnastique Pichery.
1891 : Il est devenu tout à fait propre ; commence à s'habil-
ler ; met ses bas et ses souliers, reconnait les objets usuels.
1893 : F... s'habille et se déshabille seul. Connaît les chiffres
et les couleurs ; commence à syllaber sans épeler, à écrire des
mots, à tracer les chiffres, à faire de petites additions. Il
mange proprement, se sert de la cuillère, de la fourchette et
du couteau, s'habille, se déshabille et se lave seul. Attentif,
obéissant, affectueux. Reconnaît les personnes, les différentes
parties du corps, les nomme ainsi que les objets qui l'entourent.
La photographie collective (1889-1893) met bien en évidenoe
ses progrès.
OI3S. VII. IDIOTIE congénitale.
Sommaire. Père, quelques excès de boisson, sang endormi.
Renseignements insuffisants sur la famille paternelle.
Mère rien de particulier. Arrière-grand-père maternel
mort à 102 ans. -Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge
d'un an (mère plus âgée).
Début de la parole vers un an, limitée à l'entrée à quelques
mots. Marche à 4 ans. - Jamais de convulsions. - Coque-
luche et bronchite à 5 ans. Onanisme. - 1887 : Teigne;
- rougeole;-cozjonctivite.-18SS : Éruption furonculeuse.
- 1859 : Guérison de la teigne. z1892 : Bronchite généralisée.
Huai (Eugène) est né à Paris le 8avrill880 13 (ans).
Al'entrée (mai 1886) : il parle très difficilement, ne se sert que
de la cuillère et de la fourchette; aide à peine à s'habiller et
à se déshabiller. Ne sait pas à se laver seul, tape constam-
ment ses yeux (tic). Caractère sournois, frappe ses camarades
quand on ne le voit pas. Lecture, écriture, numération, notion
des couleurs et des choses usuelles nulles.
13oURNEVILLE, Bicêtre, 1893. 6
82 .' - Idiotie.
Eîi-1893 : Sait syllaber et écrire, copie un modèle, met auplu-
riel les noms au singulier, fait de petites additions, distingue
les couleurs et les surfaces, se sert de la cuillère, de la four-
cherte et du couteau, exécute tous les mouvements de la
petite gymnastique, mais saute encore diiIicilemcnt. La parole
s'est notablement améliorée. Il commence à faire quelques
phrasers, répète volontiers ce que disent ses camarades. Il est
docile, très propre, très soigneux, n'est plus sournois et ne
frappe plus les autres enfants.
Sa, photographie collective le montre de 1889 à 1893.
OBS. VIII. Imbécillité très prononcée.
Sommaire. - Enfant assisté : père mort de bronchite en 1879 ;
mère morte de p)vtlcisie en 1879; - absence complète de
renseignements sur les antécédents héréditaires et person-
.. nels du malade.
Parole nulle ; préhension très défectueuse, ne se sert que de
. la cuillère pour manger ; ne connaît pas ses lettres, ne sait
. pas compter. v '
Perri... (Joseph) est né à Paris, le 27 juillet 1869 (24 ans).
1880 : P. a, appris les exercices de la petite gymnastique;
connait toutes ses lettres, amélioration de la parole, zézaie-
,ment', sait se servir de la cuillère, de la fourchette et du couteau.
.Caractère timide.
, 1881 : Eruption scarlatiniforme. Parole plus développée,
prononciation toujours défectueuse : chapeau capeau ;
chaise -taise, etc. Il s'habille, se déshabille, cire ses souliers,
;fait convenablement sa toilette, compte jusqu'à 80.
. 188'82 : Périodes de tristesse. Ilaidc iL débarrasser le couvert,
à laver la vaisselle. Mémoire lionne, commence à syllaber,
écrit par imitation, compte jusqu'à 100.
, 1884 : Per. connaît tous les objets qui l'entourent ; il distingue
les couleurs, les figures géométriques. La parole est un peu
plus développée, prononciation toujours diilicile, surtout pour
le ch. Ex. : charbon carbon ; chicorée - kicorée ; échalotte
- écalotte; lentillle - lentine. Il commence iL écrire en gros.
1885 : Il syllabe mieux, commence il écrire en fin et iL faire de
petites additions. Apprenti tailleur depuis juin 1884, il coud
très-bien, mais est un peu lent. En décembre, il sait confec-
tionner un pantalon et un gilet. Fait de petites soustrac-
tions.
Traitement nDlCO ? P]DAGOG1QUE. 83,
1886 : Eczéma des deux jambes. Lecture presque courante,
participe aux exercices de la grande gymnastique. Passé à la
grande école. '
1887 : Lecture courante, commence la multiplication.
1888 : Petites dictées, notions de la division du temps et de
la forme des objets; progrès constants à l'atelier de couture;
parole de plus en plus libre, persistance du zézaiement.
Caractère doux et craintif. Tient toujours la tête baissée.
1889 : Petits problèmes sur les 3 premières opérations. Amé-
lioration générale. Timidité qui l'empêche de répondre aussi
bien qu'il le pourrait aux questions.
1892 : Caractère très-doux, conduite bonne, propreté minu-
tieuse du corps et des vêtements ; attitude penchée de la tête.
A l'atelier de couture, il fait l'habillement complet. Durant les
récréations, il aide le perruquier du service et sait très bien
raser. Ce jeune homme pourrait vivre en famille et gagner
sa vie. En raison de sa timidité, de son inexpérience de la vie
ordinaire et de l'absence de toute famille, nous l'avons fait
passer dans les divisions de l'hospice au commencement de
cette année. Sa conduite jusqu'ici, n'a rien laissé à désirer.
Ses photographies permettent de juger les changements
qui sont survenus progressivement chez lui de 1880 à 1893..
OBS IX. Sclérose cérébrale : imbécillité ET hémiplégie
DROITE AVEC ATHÉTOSE.
SOMMAIRE. - Père alcoolique, tuberculeux. Grand'mère
nerveuse. - Arrière-grand'mère suicidée. Tante pater-
neenerueuse.Mère, convulsions de l'enfance. -A1'rièr&-
grand'mère, tremblement de la main attribué à la foudre.
- Frère, convulsions internes. Soeur morte de méningite-
Conception dans l'alcoolisme. -Asphyxie très prononcée à
. la naissance. Premières convulsions à 6 mois : durée 12
- heures; hémiplégie droite consécutive ; athétose remarquée
à 2 ans. - Secondes convulsions à bans. Prédominance à
droite. - Retour partiel des mouvements du bras à 5 ans.
- - Marche à 3 ans. Parole à 4 ans.
Pinç... (Jean Victor), est né le 4 Novembre 1869 (24 ans
en 1893). ,
l l'entrée (1885) : lecture courante ( lecture automatique),
sans expression, il ne se rend pas un compte exact de ce
qu'il lit parole difficile, Écriture de. la main gauche, .lisible^
84 IDIOTIE.
mais droite et faite avec une grande lenteur. Il commence
à connaitre les trois premières opérations. Aucune notion en
histoire et en géographie.
En 1893 : Lecture expressive, comprend très bien ce qu'il
lit, sait l'expliquer et s'y intéresse, fait des lectures à ses ca-
marades aveugles, Ecriture très lisible, penchée et courante,
mots bien séparés. Dessine assez bien un objet usuel, résoud
des problèmes sur les quatres règles. Connaissances très élé-
mentaires en géographie et en histoire. Pinç... sait chanter,
guide quelques-uns de ses camarades. Il a appris le métier
de tailleur ; il fait toutes les parties de l'habillement, bien
qu'il soit hémiplégique. Nous l'avons fait passer comme in-
curable dans une division de l'hospice, et, au tarif réduit de
la maison, il gagne 15 francs par mois. Il est courageux et sa
conduite est excellente. ZD
Sa photographie collective de 1885 à 1893 permet d'appré-
cier les bons résultats du traitement (1).
OBS. X. Imbécillité ET HÉMIPLÉGIE DROITE, symptomatiques
DE SCLÉROSE CÉRÉBRALE.
SOMMAIRE. - Père mort tuberculeux, nombreux excès de
boisson, excès vénériens, céphalalgie, probablement de
nature migraineuse, caractère violent. Grand père pater-
nelle mort d'hémiplégie cérébrale, nombreux excès de tous
genres. Renseignements insuffisants sur la famille
paternelle. - Mère, rien de particulier. - Grand-père et
mère maternels, morts de cancer de l'estomac. 5 oncles ou
tantes maternels morts de convulsions. Une tante mater-
. nette atteinte de sciatique.
Émotions répétées durant la grossesse. Accouchement au : forceps ; compression du côté droit du front. Asphyxie à
la naissance. Convulsions à 2 ans. -Début de la marche
à 14 mois, de la parole vers 2 ans. Propre vers 5 ans. -
Fièvre scarlatine avec délire à 8 ans 1/2; convulsions avec
perte de connaissance durant 3 jours; hémiplégie droite
auec aphasie consécutives ; otite double. -Retour progres-
sif de la parole un mois après la scarlatine. -Diminution
de la paralysie, au bout de 2 mois. '
(1) Nom procédons pour la photographie des hémiplégiques un peu diffé-
remment que pour les autres enfants. Nous nous sommes aperçu qu'en les fai-
sant photographier habillés, la photographie ne donnait qu'une idée iiistillisail-
te de l'hémiplégie, des différences entre le côté sain et le côté paralysé : c'est
pourquoinous avons pris l'habitude de ies faire photographier nus.
Traitement MÉDICO-PÉDAGOGIQUE. 85
Spor... (Alexandre, Louis), né à Paris le 5 août 1873, entré
à 13 ans (20 ans en 1893). ·
A l'entrée (1886) : S.. ne lit pas encore couramment, connaît t
l'addition et la soustraction. Écriture presque droite, irrégu-
lière, mais en général assez lisible. Aucune notion de musique,
ni de travail manuel.
En 1893 : Lecture expressive, comprend bien tout ce qu'il lit.
Faitdes problèmes sur les 4 règles. Son écriture a peu changé,
mais il sait la lire ; fait des dictées et des rédactions. A acquis
quelques notions de géographie et d'histoire. A appris à lire
la musique, fait partie de la fanfare des enfants (Baryton).
Malgré son hémiplégie droite, il a appris très-convenablement
le métier de tailleur, fait un habillement complet et conduit
la machine à coudre.
Ce malade est en mesure de vivre en liberté, mais,
en raison de son hémiplégie, on le fera passer dans
la division des incurables de l'hospice dès qu'il aura
20 ans. Sa photographie collective donne une idée-
exacte de ses progrès, de 1886 à 1893.
OBS. XI. IDIOTIE MICROCÈPHAMQUE complète.
Sommaire. Père, rien de particulier. Grand-père paternel,
alcoolique, mort « du pylore. » Arrière-grand-père pater-
nel, alcoolique. Deux grands oncles paternels, alcooli-
ques. Mère et grand'mère maternelle, migraineuses. -
Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de sept ans.
Pas de convulsions. - Parole nulle. Impossibilité de se
tenir debout. Affaiblissement prédominant à la jambe
gauche. - Gâtisme. - Tournoiement de la tête. Balan-
cement du tronc. Première dent à 6 mois. Grincement
des dents. Rougeole et coqueluche à 3 ans. A méliora-
tion considérable.
Mazi... (Henri) est né à Créteil, en juillet 1884 (9 ans).
Il s'agit là d'un des microcéphales que nous avons montrés
à l'une des séances du Congrès international de médecine men-
tale de 1889. Les premières photographies le représentent
86' Idiotie. -.... n..... .
gâteux, assis ou tenu sur les genoux; puis devenu propre, en
pantalon et marchant. Voici la note qui figure dans les comp-
tes rendus du Congrès :
cc fl son entrée (3 décembre 1887), Mazi... était complète-
a ment gâteux ; il lui était impossible de se tenir debout. La
« jambe gauche paraissait un peu plus faible que la droite. On
Il notait chez lui du tournoiement de la tête, des grincements
» de dents et un balancement antéro-postéricur du tronc.
« La parole est absolument nulle. Il cric et pleure une partie
« de la nuit ; il dort le matin. L'attention ne peut être fixée.
« La préhension se fait assez bien, toutefois M... n'aide en rien
« pour s'habiller et se déshabiller et ne sait pas se servir de la
« cuillère. Il est affectueux et reconnaît ses parents. :
« Traitement : Exercer l'enfant à se tenir debout et à mar-
(1 cher ; le placer sur le vase à des heures régulières ; exerci-
« ces de- la parole; sirop d'iodure de fer, huile de foie de
« morue, bains salés. Bien que, de son entrée au mois d'août
« de cette année, divers accidents aient entravé le traitement,
« déjà nous avons obtenu chez cet enfant une amélioration
« encore peu profonde mais indubitable.
« L'enfant commence à se tenir sur ses jambes, ne gâte plus
« que par moments, demande le vase. Il dit très bien : papa,
Il maman, çà y est, non, voilà. En nous appuyant sur ces résul-
« tats nous pouvons espérer que, dans un temps plus ou moins
« long, l'enfant sera tout à fait propre, marchera et parlera. »
Nos prévisions se sont amplement réalisées. Le corps et la
tête se sont développés ainsi que le démontrent les tableaux
ci-contre :
ta
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tel
S
M
te
►a
S.
o
cl
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4)
M.
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5
s
ci
M
3
- 1
88 IDIOTIE.
Cet enfant a fait des progrès continus. Il apporte du goût à
tout ce qu'il fait. Il marche, court, saute, exécute bien tous
les mouvements de la gymnastique Pichcry. Il aime à jouer
et préfère dans ses jeux le jeu de toupie : après de très longs
efforts, il est parvenu à la faire marcher adroitement. Il affec-
tionne aussi le jeu du cerceau et, dernièrement, il a fait avec
son jouet le tour de la cour des Écoles sans s'arrêter et en
le dirigeant avec habilité, bien qu'il se serve de préférence d'un
grand cerceau qui dépasse sa taille. - Il commence à bien se
vêtir et à se laver seul. Sa tenue générale, sous le rapport de la
propreté et du maintien, est convenable. ^- Au réfectoire, il
se sert de la cuillère, de la fourchette et même du couteau. -
11 connaît toutes ses lettres et commence à syllaber. Il devient
plus attentif. Il fait des i et des o sur le cahier, connaît les
couleurs, les surfaces, le nom de toutes les personnes du
service, se rappelle le jour de leur sortie, sait le nom de tous
les objets contenus dans les boîtes servant aux leçons de
choses, et celui de la plupart des objets qui l'entourent,
distingue les chiffres et compte jusqu'à trente. Son carac-
tère se fait chaque jour, il devient très gai, répète les airs,
possède une voix assez juste, et il lui arrive même parfois de
chanter de petites chansons. Le 10 juin, une sous-surveillante
qui a beaucoup contribué à son amélioration dans les premiers
temps, et qui a pour lui une vive affection, lui a dit : « Henri,
chante-moi une chanson. » Aussitôt, sans se faire prier, il a
chanté le refrain : « Auprès de ma blonde, etc. » Quand il a eu
fini, il lui a dit : « C'est pour toi, çà. » - Pourquoi, pour moi ? 't
« Parce que tu es blonde. » (1)
Sa mémoire se développe; son esprit s'éveille, il est très
réfléchi dans tout ce qu'il fait. Avant d exécuter un ordre, il
y réfléchit et s'il s'aperçoit qu'il s'agit d'une plaisanterie, il
dit : « non, non » et se sauve en riant. Voici encore un petit
fait qui nous montre son développement intellectuel. Tout
récemment, l'enfant jouait dans son dortoir avec un infirmier ;
au bout de quelques instants il lui dit : « Laisse-moi aller cou-
cher. » L'infirmier ayant voulu le retenir, il s'écria : « Laisse-
moi, fais donc tes carreaux, ils sont sales. » La remarque de
l'enfant était juste, les carreaux étaient tachés.
La photographie collective de Henri Mazi..., complète les
renseignements qui précèdent et témoigne de la réalité de
ses progrès.
(1) II s'agit de Muet. Bohain, à laquelle sont dus la plupart des principaux
progrès réalisés par cet enfant, .
Traitement médico-pédagogique. 89
Si nous avons insisté un peu longuement sur l'ob-
servation de cet enfant, c'est qu'il sagit d'un cas
d'idiotie complète, et d'un très beau type de micro-
cépha.lie..
Il nous serait très facile, Messieurs, de multiplier
ces exemples (1). Ceux qui précèdent nous paraissent
de nature à apporter la conviction dans vos esprits et
à justifier nos conclusions.
Conclusions. I. - Le traitement chirurgical de
l'idiotie repose sur une hypothèse que ne confirme pas
l'anatomie pathologique.
II. La synostose prématurée des sutures du
crâne n'existe pas dans les différentes formes de
l'idiotie. Ce n'est que tout à fait exceptionnellement
que l'on rencontre une synostose partielle.
III. Les lésions auxquelles sont dues les idioties
sont d'ordinaire profondes, étendues, variées, et par-
tant peu susceptibles d'être modifiées par la crâniec-
tornie.
IV. Le diagnostic de la synostose des sutures
et de l'épaisseur du crâne échappe jusqu'ici à nos
moyens d'investigation.
V. D'après la plupart des chirurgiens les résul-
tats obtenus par l'intervention opératoire seule sont
légers, douteux ou nuls. Des accidents graves (para-
lysie, convulsions, etc.) et même la mort peuvent s'en
suivre.
(1) Nous devons reporter une bonne partie des résultats que nous avons
obtenus dans notre service de Bicêtre, sur les personnes qui nous secondent
depuis des années, notamment MM. Boutillier, Bayer, Mesnard, instituteurs
chargés de la grande école; sur Mîtes 131. Agnus. Am. Bohain, B. Anglet.
Lapeyre. Hermann et Mme Bonnet, chargées de la petite école et de la fondation
Vallée.
90 - IDIOTIE.
VI. Le traitement médico-pédngogiquc, repo-
sant sur la méthode imaginée par Séguin et perfec-
tionnée par l'introduction de procédés nouveaux,
appliquée judicieusement et prolongée un temps con-
venable, permet d'obtenir à peu près toujours une
amélioration sérieuse et souvent même de mettre les
enfants idiots et arriérés en état de vivre en société.
Bibliographie. - Outre les articles que nous avons cités,
on pourra consulter sur cette question nos Comptes-rendus
du service de Bicêtre, principalement ceux de 1890,,1891 et 1892.
TncQui·r : De l'oblitération des sutures du crâne chez les
idiots, thèse de Paris, 1812. - BOUR ? EVILLE : Communication
au Congrès des médecins aliénistes et neurologistes, session
de Blois, août 1892.
II.
,
Imbécillité ; - Néphrite; - Urémie.
PAR KOURKEVtLLE ET CONCOURT.
Sommaire. Pè7'et7'èse711porZé; excès de boisson postérieurs à
la naissance du malade, - Grand'mère paternelle morte
paralytique. Renseignements insuffisants sur la famille
paternelle. - Mère rhumatisante. - Grand-père maternel,
excès de boisson. Pas de consanguinité. Inégalité
d'âge de 3 ans. Sccur, convulsions de l'enfance.
Renseignements insuffisants sur le malade. - Rougeole.
Coqueluche. Gourme. Peur à trois ans. Pas de con-
vulsions. En avril 1892, albuminurie. - Parole et
propreté très tardives. Onanisme. Surdité consécutive à
une otite. Prononciation embarrassée. - Albuminurie
en 1893. Néphrite, urémie; Broncho-pneumonie; Mort.
AUTOPSIE. - Absence de synostose ; os wormiens. - OEdème
de la pie-mère. -Aspect chagriné des circonvolutions.
Petit foyer d'apoplexie capillaire dans l'hémisphère
cérébelleux gauche. Persistance du thy7nns. - OEdème
pulmonaire; hydropisie de la plèvre droite; broncho-
pneumonie. Persistance du trou de Botal. Néphrite
(gros reins blancs).
Leve... (Émile), né à Paris le 30 octobre 1874, est entré le 9
juillet 1892, à Bicêtre (service de M. BOURNEVILLE).
Renseignements fournis par la tante paternelle de l'enfant,
et par un oncle et une tante par alliance. Ces renseignements,
de seconde main, sont insuffisants. Père, vidangeur, mort
à 55 ans d'une fièvre typhoïde, à Lariboisière (19 mars 1892),
n'aurait jamais eu de convulsions ; pas de chorée, ni de rhu-
matismes, ni de syphilis ( ? ). Avant la naissance de l'enfant
92 Imbécillité.
il ne buvait ( ? ) : pas c'est depuis cette époque qu'il se serait
livré à la boisson. Il était très vif, très emporté, très impres-
sionnable, sans cependant jamais s'abandonner à aucune
violence ; pas de migraines. [Père, mort d'accident ; aucune
maladie. Mère, morte à 78 ans, elle était paralysée depuis
quatre ans. - Grand-père paternel, tué durant la guerre de
1870. Gran'd'mère paternelle morte à 74 ans ; elle avait joui
d'une bonne santé. - Aucun renseignement sur la famille
maternelle du père de l'enfant. Un frère, bien portant,
ainsi que ses cinq enfants qui n'ont pas eu de convulsions.
Dans le reste de la famille on ne trouve aucun membre ayant
présenté des accidents nerveux.]
Mère, domestique, morte il 53 ans d'une maladie du foie ; on
n'a aucun renseignement sur sa jeunesse. Elle était sujette
à des douleurs rhumatismales ; caractère calme, pas de
migraines. - [Père, buveur, brutal, n'est jamais malade.
Mère, nature calme, bien portante. Aucun renseignement
sur les grands-parents , les oncles et les tantes. Deux sûrs
sont en bonne santé ; l'une a deux enfants qui n'offrent rien
de particulier. - Dans le reste de la famille, il n'y a rien à
signaler. - Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de trois
ans.
Trois enfants : 1° fille, 27 ans, a eu des convulsions à
l'âge d'un an : elle est intelligente, n'est jamais malade, s'est
mariée, et a un petit garçon de 19 mois, qui n'a eu aucune
maladie; 2° fille, 23 ans, en bonne santé, est mariée et a
une petite fille bien portante.
Notre malade. Au moment de la conception les parents
s'entendaient bien. Durant la grossesse, il n'y a rien à
signaler; ni coups, ni chutes, ni peurs. L'accouchement
s'est fait à terme, facilement, sans chloroforme. A la nais-
sance, pas d'asphyxie, pas de cordon autour du cou. - Elevé au
sein par sa mère jusqu'à deux ans. On a aucun renseigne-
ment sur la dentition et sur l'âge auquel il a marché. Il a
parlé tard. Il n'aurait jamais eu de convulsions, ni d'attaques
de nerfs, ni de chorée. On n'a constaté ni crises épileptiformes,
ni vertiges, ni secousses. Il a eu la rougeole et la coqueluche,
mais on ne sait à qu'elle époque; ni scarlatine, ni varicelle.
Durant fort longtemps il a eu la gourme. Les oreilles ont coulé,
alors qu'il était jeune, et maintenant elles coulent encore de
temps en temps. Pas de maux d'yeux, pas d'adénites. A la fin
du moins de mars 1892, il est entré à l'hôpital Tenon, se plai-
gnant de faiblesse générale et d'inappétence. Il eut également
Imbécillité. 93
de 1"albunimcrie. - Il a été longtemps gâteux. Il mange
très salement même maintenant. Il bave. Ni rumination, ni
vomissements. On a constaté qu'il se touchait, et que son lit
était souvent taché. Lorsqu'il voyait des jeunes filles, il
était excité, mais on ne croit pas qu'il ait eu des rapports
sexuels. Mis à l'école à l'âge de 4 ans, on a eu beaucoup de
peine il l'instruire. Il était du reste peu turbulent, mais la sur-
dité, consécutive a son écoulement d'oreille, l'empêchait de
profiter des leçons. A l'heure actuelle, il aime à jouer avec les
jouets des petits enfants. C'est en leur société qu'il se plait,
il fuit celle des enfants de son âge. Bien qu'on le laissât sou-
vent seul chez lui, il n'a jamais rien fait de répréhensible. Pas
de pyromanie; il craint même le feu. Il aime les animaux.
Très gourmand, il chipait volontiers des sous pour acheter
des friandises ou aller dans les baraques foraines. - Il aurait
souvent pris de l'argent à sa tante et il prétextait qu'il l'avait
perdu, en faisant les commissions. Il n'a eu ni accidents,
ni maladie de peau. - Sa mère attribuait son état à une peur
qu'il aurait eu trois ans, d'un coup de révolver tiré près de lui
dans une baraque foraine. Il s'enfuit et pleura beaucoup. Les
parents qui donnent les renseignements disent qu'on voyait
auparavant, que l'enfant était arriéré et sans intelligence.
1892. Juillet. Poids : 43 kilogr. 500. Taille : 1 m. 60.
4 octobre. L'enfant est vacciné sans succès; il présente
3 cicatrices anciennes à chaque bras. '
Décembre. - Lev.. a fait quelques progrès en lecture, mais
sa prononciation est embarrassée. Il écrit plus vite que lors-
qu'il est entré, et forme mieux ses lettres. - Il sait faire les
additions. Il n'a aucune mémoire. Il a un bon caractère, est
courageux et docile. A l'atelier de cordonnerie, on est con-
tent de ses efforts, mais il apprend difficilement. Il ne sait
pas danser, ni chanter. En gymnastique, il travaille bien et
commence à faire les mouvements d'ensemble. - -
1893. 28 février. Etat actuel. Le malade est maigre, il
a le teint coloré, les extrémités sont un peu cyanosées. Le
visage, ovale, offre de nombreuses taches pigmentaires.
Cheveux roux, bien plantés, nombreux. Pas de ganglions.
Crâne en forme de tronc de cône. Bosses pariétales un peu
proéminentes ; la partie gauche du crâne semble plus dévelop-
pée. Cicatrice sur la joue droite près du sillon naso-labial ; deux
dépressions linéaires prolongent la commissure des lèvres.
Arcades sourcilières bien marquées; sourcils peu fournis,
94 Imbécillité.
bruns. Iris couleur marron. Vue normale. Le malade diffé-
rencie bien les couleurs. Nez droit, sous-cloison non déviée,
narines horizontales. Perception de toutes les odeurs. La
partie gauche de la face est plus proéminente. Bouche petite ;
lèvres minces ; voûte du palais peu profonde ; amygdales volu-
mineuses. Granulations pharyngées. Goût normal.
Dentition régulière. Le maxillaire supérieur présente de
l'atrésie. Rétroversion des incisives supérieures gauches.
Oreilles grandes, écartées. -L'ouïe est un peu obtuse. Le
malade entend néanmoins le tic-tac d'une montre des deux
côtés.
Cou normal, circonférence : 38 centimètres. On perçoit
facilement toute l'étendue du corps thyroïde. Membres
supérieurs normaux, peu musclés; ongles légèrement can-
nelés transversalement ; doigts petits, un peu arqués en
dedans.
Thorax étroit, peu musclé. - Dos voûté. La colonne
vertébrale présente un angle saillant en arrière dont le point
culminant est au niveau des omoplates. Abdomen peu
saillant. Membres inférieurs et pieds normaux.
Puberté. - Verge : longueur 6 centimètres, circonférence
5 centimètres, prépuce long; gland découvrable. Bourses
volumineuses, flasques. Les testicules ont la grosseur d'un
oeuf de pigeon, le droit descend un peu plus bas. Poils roux,
abondants au pénil, empiétant légèrement sur les régions
inguinales. Poils à l'anus.
Mensurations cle la tête.
NÉPHRITE : URÉMIE. 95
23 mai. - La quantité d'albumine a augmenté et celle de
la sécrétion urinaire a diminué (à peine 800 gr.). Pas de fièvre;
céphalalgie; délire. Les douleurs dans les jambes persistent.
Six ventouses scarifiées sur la région lombaire; eau de vie
allemande (15 gr.) ; régime lacté exclusif.
Dans l'après-midi, on constate à l'auscultation de nombreux
râles sibilants et ronflants dans les deux poumons. Au coeur,
léger retentissement au 2e bruit. Pupilles dilatées, ne réagis-
sant pas. La surdité a augmenté. - T.R. 37", 2. Décubitus
dorsal. Respiration très gênée; râles nombreux. Le malade
fait entendre un bruit de scie en respirant. Cet état vient
d'arriver car une 1/2 heure avant, il avait toute sa connais-
sance, il était resté assis pendant qu'on faisait son lit. Puis il
s'est affaibli et il vient de perdre connaissance. La sensibilité
persiste partout, le malade pincé réagit. Les pupilles sont
dilatées, les yeux dirigés à gauche, pas de déviation des traits,
ni de la tête. Raideur de la nuque. Le coeur fonctionne bien;
les temps sont nets. Pouls régulier, un peu lent. T. R. 36°.
La quantité d'urine est difficile à apprécier car le malade
urine constamment sous lui. Albumine (9 gr.). La peau est
moite ; sueurs abondantes. Visage congestionné mais non cya-
nosé. A 10 heures 1/2 le malade meurt brusquement. T.R.
aussitôt après la mort, 36° ; - 1/4 d'heure après la mort, 35°;
- une heure après, 24°; deux heures après, 24°; - cinq
heures après, 2/¡0; - huit heures après, 23°; 11 heures
après, 19°. La température reste alors à 19°.
AUTOPSIE. - Cuir chevelu, épais, anémié. Os du crâne
peu épais et peu unis. Calotte blanche, mince (2 à 4 millim.),
symétrique; nombreuses plaques transparentes surtout paral-
lement et en arrière de la suture coronale, sur le pariétal
gauche. Près du point de départ de la suture sagittale, on voit
une plaque encore plus transparente, en forme de 8. A droite,
se trouve une autre plaque très transparente, de forme circu-
laire. Les sutures sont finement dentelées ; la sagittale est
sinueuse ainsi que la lambdoïde dans toute son étendue. Les
sutures sont gorgées de sang et ne présentent aucune trace
de synostose, soit à la table interne, soit à l'externe. Os
wormiens dans le tiers postérieur des deux branches de la
suture lambdoïde. Aucune trace de la suture métopique. -
Dure-mère peu épaisse, pâle ; sang fluide dans les sinus
latéraux. Les différentes cavités de la base sont symétriques,
trou occipital normal. Glande pinéale allongée, de la gros-
seur d'un petit pois. Glande pituitaire (10'vu' sur 7) saine et
96 Imbécillité. - Autopsie.
pâle. Toute la base de l'encéphale est symétrique et normale.
Lapte-mére, exsangue à la base et à la convexité, s'enlève
facilement et est un peu cudmatiée en certains points.
Réflexions. 97
aspect rouge, louche. Il s'échappe des bronches du lobe supé-
rieur, à la pression, un liquide purulent. Pas de bronchite des
lobes moyen et inférieur. A gauche, il y a moins de liquide
dans la plèvre ; fausses membranes plus abondantes, broncho-
pneumonie du lobe inférieur, oedème du bord antérieur.
Poids du poumon, 650 gr. - Coeur, 40 gr. Aucune lésion;
persistance du trou de Botal ; caillot volumineux dans le
ventricule gauche. Estomac et pancréas (30 gr.), normaux
ainsi que le foie (1225 gr.) et la vésicule biliaire. -Rate (160gr.)
congestionnée, rien de plus. - Rein droit (265 gr.), blanchâ-
tre, avec de nombreux sillons rouges ; pas de lobulation. A la
coupe, il crie légèrement. Cette coupe a une couleur blanche;
les pyramides sont effacées et sont seulement représentées
par de légères stries. Petit kyste à la partie médiane. - Rein
gauche (170 gr.), il a conservé sa forme et son aspect, ne crie
pas àla coupe. Il est moins blanc que le précédent, envoie des
traînées rougeâtres marquant la base dont la forme se dessine
par des stries blanches ; ni calculs ni kystes. Vessie nor-
male, pas d'inflammation ni de calculs.
Réflexions. I. Les renseignements sur les
familles paternelle et maternelle sont trop insuffisants
pour qu'on puisse se former une idée exacte de
l'hérédité. Rappelons seulement les excès alcooliques
probables chez le père, certains chez le grand père
maternel de l'enfant, des convulsions chez l'une de
ses soeurs.
II. L'enfant était déjà regardé comme arriéré
quand, à trois ans, l'état intellectuel s'est encore
abaissé, consécutivement, dit-on, à une peur.
III. Le séjour de Lev.... dans le service a été
trop court pour que sa situation intellectuelle ait pu
changer notablement. Pourtant on avait obtenu déjà
une légère amélioration sur certains points, malgré
son âge avancé. Et, pour nous, il est certain que si
l'on s'en était occupé sérieusement, et plus tôt, on
aurait eu d'excellents résultats. C'est, en effet, dès
que l'on a constaté qu'un enfant est en retard,
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1893. 7
98 Urémie.
comme on dit, qne l'on doit commencer le traite-
ment spécial.
IV. Le malade a été atteint d'une néphrite paren-
chymatcuso qui s'est compliquée d'élcciclenls urémi-
ques et ceux-ci ont déterminé la mort. Ici, suivant la
règle d'ailleurs, ainsi que nous l'avons démontré,
l'urémie s'est accompagnée d'un abaissement de la
température.
III.
Sclérose atrophique et méningo -encéphalite;
(Paralysie générale enfantile).
PAR BOURNEVILLE et LENOtR.
Sommaire. Père, caractère très emporté. - Grand-père
paternel, coléreux, quelques excès de boisson, mortphlisi-
que. - Grand'mère paternelle, migraineuse. Grand-
oncle paternel, mort aliéné; excès de boisson. Tante
paternelle, migraineuse. Tan te paternelle, tuberculeuse.
Mère sujette à des migraines qui cessent durant les gros-
sesses. Grand'mère maternelle, nerveuse, névralgique.
Arrière-grand-père maternel, mort paralysé et apha-
sique. Grand'lante maternelle, morte tuberculeuse.
Grand-oncle maternel, aliéné. Pas de consanguinité : -
Inégalité d'âge d'un an. Frère, convulsions, mort de
méningite. - Deux soeurs ont eu de petites convulsions,
une autre des crises épilepti formes.
Chagrins durant la grossesse. Naissance à 7 mois 1/2.
Premières dents à 9 mois, dentition complète à 2 ans 1/2.
Parole à 16 mois. Bronchite à 7 mois 1/2. - Rachi-
tisme. Marche à 4 ans et 1/2. Rougeole à 13 mois et à
7 ans 1/2. Convulsions à 9 mois. - Arrêt de l'intelli-
gence jusqu'à 6 ans. Puis développement rapide de
l'intelligence. Scarlatine à 7 ans et 1/2. Brûlure à 7
ans suivie d'un tremblement. Étourdissement auec
chute. Céphalalgie. Diminution de l'intelligence ;
aggravation du tremblement. -Modifications du caractère.
- Accès de colère. - Grincements de dents. - Bégaie-
ment. Déchéance physique. - Broncho-pneulnonie. -
Elévation de la température. Mort.
AUTOPSIE. - Lésions pulmonaires de broncho-pneumonie
surtout à gauche. Cerveau : Dure-mère quelques adhé-
rences à la fosse temporale gauche; pie-mère louche, blan-
100 Antécédents héréditaires.
châtre, oedématiée, vascularisée, quelques adhérences, prin-
cipalement et des deux côtés au niveau du pied de la parié-
tale ascendante, du pli courbe, de l'insula. Prédomi-
nance des lésions à gauche. Toutesles circonvolutions
de la face convexe sont grêles, surtout la moitié antérieure
de FI et du 1/3 antérieur de 1"2. Mêmes lésions à la face
interne de- V hémisphère gauche, sur la moitié inférieure
de Fi et sur le 1/3 inférieur de la circonvolution du corps
calleux. .1. droite, lésions moins accentuées, atrophie
scléreuse de l'insula et de la partie antérieure de FI et F2,
Pas de sclérose sur la face interne de cet hémisphère.
Desh... (Eugène), né à Paris le 20 juillet 1878, est entré à
Bicêtre, le 9 juillet 1892 (service de M. BOURNEVILLE) et
est décédé le 8 janvier 1893.
Antécédents (Renseignements fournis par sa mère le 26
juillet 1892). Père, 37 ans, arbustier, sobre, n'a jamais eu
de convulsions, de fièvre typhoïde, de chorée, de migraines,
de rhumatismes, de dartres ni de syphilis; il a eu de l'acné
rosacea au visage. A 28 ans, à la suite d'une violente colère,
crises cardiaques angineuses (palpitations avec dypsnée,
pâleur, menaces de mort). Fumait un peu autrefois, depuis
ces crises, il ne fume plus. Pas de traumatisme sérieux.
Caractère violent, coléreux. [Famille du père : Père, mort à
36 ans de tuberculose pulmonaire, orfèvre, buvait un peu,
très nerveux, coléreux. Mère, 52 ans, bien portante, mi-
graines fréquentes, surtout au moment des règles, l'obligeant
à se coucher, accompagnées de vomissements et vertiges ;
très nerveuse. - Grand-père et grand'mère paternels, aucun
renseignement; ils seraient morts âgés. Grand-père et
grand'mère maternels, aucun renseignement. Un oncle
paternel est mort aliéné à la suite d'abus d'absinthe ; il parait
avoir été mélancolique. Pas de détails sur les oncles
maternels. Un frère, mort à 17 ans de la fièvre typhoïde,
était intelligent. - Une soeur, 27 ans, délicate, nerveuse,
sujette à des migraines avec vomissements, a un petit
garçon, nerveux, intelligent. Une autre soeur, 19 ans,
tuberculeuse, nerveuse, a une fille bien portante, intelligente.
Dans le reste de la famille, pas d'idiots, d'aliénés, d'épilep-
tiques, de paralytiques, de difformes, pas de suicidés, pas de
prostituées, etc.]
Mère, 37 ans, pas de convulsions, de fièvre typhoïde, de
chorée, de rhumatisme. Nombreux abcès au sein il y a 3 ans,
Antécédents personnels. 101
depuis elle serait irritable. Migraines fréquentes survenant
au moment des règles, durant 3 ou 4 jours, avec céphalalgie
intense « tout tourne autour d'elle ». Pas de vomissements.
[Famille de la mère : Père, 15 ans, briquetier, sobre,
caractère calme. Mère, 58 ans, sujette aux névralgies,
nerveuse, mais sans crises. Grand-père paternel, mort à
47 ans du choléra. Grand'mère paternelle, morte à 99 ans,
paralytique, aphasique, auparavant elle n'était jamais malade.
- Grand-père maternel, aucun renseignement. Grand'mère
maternelle, morte à 59 ans, d'une maladie de coeur. Un
oncle paternel, sobre, mort d'accident à 48 ans. - Une tante
paternelle, 52 ans, bien portante ainsi que ses enfants. Un
oncle, 45 ans, aliéné, interné depuis de 19 ans. Deux
frères, 22 ans et 15 ans, sobres et bien portants. Une soeur,
35 ans, intelligente, mariée, a un fils normal, en bonne santé.
Dans le reste de la famille, pas d'idiots, d'aliénés, etc.]
Pas de consanguinité. Le mari a un an de plus.
7 enfants : 1° Notre malade ; 2° Un garçon, mort de mé-
ningite, à 4 ans, convulsions très légères à la dentition ;
3° Fille morte à 7 ans de méningite; - 4° Fille morte à 17
mois de fièvre typhoïde ; à partir de 9 mois, crises épileptifor-
mes tous les 10 jours (cri initial, chute, écume, convulsions,
coma) ; 5° Fille, 5 ans, bien portante, intelligente, petites
convulsions à la dentition; - 6° Fille, morte à 3 ans 1/2 de
fièvre typhoïde, intelligente ; ;- 7° Fille, 13 mois, paraît intel-
ligente, bien portante, turbulente.
Notre malade. Conception, rien de particulier. - Gros-
sesse, pas de coups, de chûtes, de tentatives d'avortement;
émotions continuelles, la mère alors n'étant pas mariée et
étant mal reçue dans sa famille. Accouchement à 7 mois
1/2 ; durée du travail 48 heures, naturel. - L'enfant, à la.
naissance, était faible, sans asphyxie. Il a été placé durant
deux jours dans une étuve, puis enveloppé d'ouate pen-
dant un mois et demi. Nourri au sein par sa grand'-
mère qui avait un enfant du même âge; sevré à 15 mois.
Premières dents à 9 mois ; dentition complète à 2 ans et demi.
Parole à 16 mois. Marche à 4 ans et demi, seulement il était
« noué », traînait les jambes, marchait difficilement.
Convulsions légères à 9 mois, consistant en balancements
de la tête et en contorsions du bras ; pas de secousses. Ces
convulsions n'auraient pas modifié son intelligence, très rudi-
mentaire, qui ne s'éveilla qu'à 6 ans. Rougeole à 13 mois et à
2 ans et demi ( ? ). -Scarlatine à 7 ans et demi ; oedème consé-
102 Description DU malade.
cutif. Bronchite à 7 ans et demi. Adénite cervicale chroni-
que, engelures, pas d'autres maladies scrofuleuses. Pas de
traumatismes autres qu'une brûlure au visage à 7 ans, pour
laquelle il resta 9 mois à l'hôpital Trousseau. Depuis il lui est
resté un tremblement continuel qui existe encore. Il a eu un
étourdissement arec chute il y a 18 mois. Depuis, céphalal-
gies fréquentes, pas de secousses, pas de cauchemars, pas
de vertiges, peurs fréquentes. De Trousseau envoyé, pour
son tremblement et sa faiblesse, il Forges-les-Bains. il en est
revenu il y a 15 jours : amélioration physique, mais déchéance
intellectuelle. - Mastication lionne. Pas d'incontinence d'u-
rine. Pas de vers intestinaux constatas. L'enfant a toujours été
sombre, peu affectueux, aimant la solitude, coléreux. Pas de
clastomanie ni de pyromanie. Kleptomanie, n'a volé ses
parents que pour acheter des futilités ou des gourmandises.
Depuis l'âge de 6 ans, il faisait des progrès en classe, se con-
duisant bien, travaillant, sachant lire, écrire, compter.
Début apparent des troubles mentaux. Depuis son retour
de Forges, il n'a plus sa tète, il bégaye quand il veut parler,
ce qui ne lui était jamais arrivé, et le tremblement est tel
qu'il ne peut écrire. Pas d'onanisme. La mère attribue son
état à son séjour à Forges : « Avant, dit-elle, il avait l'air un
peu bote, mais on attribuait cela à la croissance, depuis il est
devenu pire.» »
Etat actuel (15 août 18 ! )2). Teint légèrement coloré.
Embonpoint. Aspect vigoureux. Visage peu expressif.
Poids : 33 kilogr. Taille : 1 mètre. Dynamomètre :
M. D. 30 k. 5; M. G. 29 k. 4.
Description DU malade. 103
tent qu'à la partie interne. Cils châtains, longs, implantation
normale. Orbites normales. Yeux, très mobiles. Iris bleu pâle,
Pupille gauche rétrécie. Réaction bonne à la lumière et à
l'accommodation. L'enfant connaît le blanc, le noir, le rouge,
confond le vert et le bleu. Pas de diplopie. -1\Tex large, droit,
les ailes ne font pas de saillie; ni bifldité, ni déviation, orifice
droit plus grand que le gauche ; ils regardent tous deux en bas.
Des... ne connait pas les odeurs, se relire devant l'ammonia-
que. Pommettes non saillantes, régulières, symétriques.
Bouche moyenne, la partie médiane de la lèvre supérieure
est légèrement déviée à droite ; au repos la bouche est à demi
ouverte à droite, la lèvre supérieure fait saillie sur l'inférieure,
lèvres toutes deux minces. Voûte palatine ogivale, luette
normale. Amygdales volumineuses. D..reconnaitles substances
sucrées, salées, amères. Dents complètes ; les incisives
supérieures proéminent, pas de signe de Hutchinson. - Men-
ton pointu. Oreilles grandes, aplaties, lobule épais, saillant.
Cou court, sa circonférence est de 28,5. Corps thyroïde de
volume moyen.
Membres supérieurs bien musclés, longueur égale, articu-
lations souples, cicatrices consécutives il des brûlures au tiers
inférieur des avant-bras. A droite la cicatrice enveloppe pres-
que entièrement le tiers inférieur et à la partie interne pres-
que toute la longueur de l'avant-bras ; à gauche, sur la face
antérieure et le bord interne, presque jusqu'au coude. Sensi-
bilité normale. Ongles à peine colorés, mains violacées, doigts
épais, en boudin.
Membres inférieurs. - Volume, attitude, marche, mouve-
ments provoqués et volontaires, normaux. Il en est de même de
la sensibilité et des réflexes. Voûtes plantaires peu accusées.
Thorax bien constitué, rien aux poumons, rien au coeur.
Ventre : adipose prononcée ; ombilic large et déprimé; pas
d'hypertrophie du foie. Anus normal.
Puberté, corps glabre. La verge présente un phinoisis ; gland
découvrable, testicules en place, gros comme des oeufs de moi-
neau.
L'enfant, à l'époque de cet examen, est dans le même état
qu'à son arrivée. Il connaît ses noms et prénoms, parle avec
lenteur, hésitation, exécute mal ce qu'on lui commande. Il
sait parler, cause dillicilement, parole brève, saccadée en pin-
çant les lèvres et appuyant son menton sur sa poitrine. Voix
basse, peu agréable. Attitude inclinée en avant, marche trem-
blante, traîne les pieds, ne court pas, ne veut pas sauter,
104 11\INGO-\CPHALITE.
monte et descend difficilement, il faut l'aider. Il a toujours l'air
souffrant, ne se plaint jamais. Tenue bonne à table, se sert de
la cuillère, et de la fourchette mais pas du couteau. - L'appétit
est médiocre; D... ne mange que contraint, mâche difficile-
ment, digestion assez bonne, ne bave pas, gâte la nuit et le
jour. Sommeil paisible. Onanisme non constaté. Caractère
sombre, peu affectueux, aime la solitude, ne joue pas. Pré-
sente quelques tics (battements des paupières, les yeux étant
à moitié fermés, froncements du front). Ronge ses ongles. (Ony-
chophagie.)
Des... ne sait s'habiller ni se déshabiller, s'y prête, semble
avoir su le faire ; il ne suit se nettoyer ; n'obéit pas, est très
obstiné, l'attention est difficile à fixer. Il pleure peu.
Aucune aptitude pour le chant. Vue assez bonne. A la sen-
sation du chaud et du froid. Il a dû savoir lire couramment,
car il lit bien des noms difficiles, ne peut suivre la phrase, ne
peut écrire à cause de son tremblement. Connaît bien les cou-
leurs mais ne veut pas les placer, Fait la différence des lon-
gueurs ; ne peut nommer les surfaces et les solides ; reconnaît
à peu près tous les objets des leçons de choses. Fait les pre-
miers mouvements de gymnastique difficilement.
4 octobre. Vaccination sans succès.
15 décembre. Entre à l'infirmerie parce qu'il est en déché-
ance et a des engelures aux mains et aux pieds et des boutons
aux fesses. Dequis quelque temps il ne mange plus. Il a une
mauvaise attitude dans son lit, les genoux sont repliés jusqu'au
ventre.
1893. 4 janvier. L'enfant tousse et à l'air de souffrir.
Rien à l'auscultation. Respiration libre. - Ventre non dou-
leureux. Selles dures et moulées. Ventouses sur la poitrine.
Todd. Sinapismos -Soir : T. R. 3T,9.
5 janvier. - Matin : T. R. 38°. Sot)' : T. 39°,5.
6 janvier. Matin : T. Il. 38°. Soir : T. Il. 39°.
L'enfantest haletant. A l'auscultation, râles disséminés dans
tout le côté gauche de la poitrine, surtout en arrière.-Ces râles
existent, maismoins nombreux à droite; ils sont fins, quelque
peu humides éclatent aux deux temps de la respiration. Pas de
matité, T. Il. 38°. -Soir : T. R. 39°. Langue rouge et sèche. '
Ventre non douloureux, pas de diarrhée. .
7 janvier Même état. Vésicatoire à gauche. T. R. 39°,2.
- Soir : T. R. 39°,3.
8 janvier. L'enfant est mort ce matin avec une tempéra-
Sclérose atrophique et 117 : \IIvTGO-P\CPPI-IALITE. 105
ture de 39°,7. Un quart d'heure après la mort, 38°; une
heure après, 37°,5 ; deux heures après, 35°. Température
de la chambre 10°. Poids après décès : 30 kilogr.
Autopsie faite le 9 janvier, 25 heures après décès.
106 Sclérose atrophique ET MÉN ! NGO-ENCÉPHALITE.
circonvolutions de la fla convexe du lobe frontal sont grêles.
De plus, la moitié antérieure de F1 et le tiers antérieur de si
sont très atrophiées, blanchâtres, dures. (Sclérose atrophique)
Cette atrophie et cette coloration blanche se retrouvent dans
les sillons.
Face interne. - La pie-mère est adhérente au niveau du
lobe quadrilatère, du coin. de la circonvolution de l'hippo-
campe, mais par places. Quelques adhérences sur la moitié
postérieure de 1 Atrophie sclércuse de la moitié inférieure
de Il et du tiers inférieur de la circonvolution du corps
calleux. Ventricule latéral un peu dilaté. Couche optique
et corps, striés normaux. Au niveau des circonvolutions
atrophiées, sillons peu profonds, larges, béants.
77cmt.<phë)'e dt'Otf. Lapi'e-mo'c, partout épaissie, s'enlève
facilement sauf au niveau du pli pariétal inférieur, du pli
courbe et de l'extrémité postérieure de la première et
deuxième F. Les circonvolutions avec adhérences sont très
grêles, les sillons peu profonds; d'ailleurs toutes les circon-
volutions sont petites sauf la FA et la PA. Le lobe frontal de
ce côté est moins atrophié que l'autre. Toutefois FI et F2 sont
le siège de sclérose -IL la partie antérieure, mais moins qu'à
gauche. Lobule de l'insula atrophié ( ? ).
Face interne. - Quelques adhérences sur le. lohe quadrila-
tère, sur la partie postérieure de la circonvolution du corps cal-
leux et enfin sur quelques points de Il mais pas de sclérose.
Ventricule latéral un peu dilaté. - Couche optique, corps
strié, corne d'A9)721110on , rien. - Les lésions scléreuses et de
méningo-encéphalite prédominent à gauche.
Cou et Thorax. - Larynx et trachée : normaux. Corps
thyroïde (12gl'.); pas de thymus. -Poumon droit (250 gr.), pas
d'adhérences. Lobe supérieur atélectasié. - Poumon gauche
(380gr.). - La partie inférieure du lobe supérieur présente
une hépatisation rouge tendant à devenir grise ; il coule dans
l'eau ; emphysème il la partie supérieure ; au lobe inférieur
nombreux nodules de broncha-pneumonie. Adhérence pieu
raie du lobe supérieur. - Coeur (110 gr.), normal.
Abdomen. - Foie (950 gr.), congestionné. - Rein droit (70
gr.), congestionné, se décortique facilement. - Rein gauche
(75 gr.). Pâte (45 gr.), normale. Pancréas (25 gr.), vessie et
organes génitaux, rien à noter.
Paralysie générale de l'enfance. 107
Cause de la mort : Broncho-pneumonie dans le cours d'une
méningo-encéphalne chronique.
Réflexions. I. Il s'agit ici d'un enfant dont l'as-
cendance est particulier ornent riche en antécédents
morbides : père d'un caractère violent; grand-père
paternel, emporté et ayant fait des excès de boisson;
grand'mère et tante paternelles, migraineuses; grand-
oncle paternel, alcoolique et aliéné, etc. Du enté
maternel, mère, migraineuse, grand'mère maternelle,
nerveuse ; grand-oncle maternel, aliéné (1). Les
frères et soeurs du malade apportent, l'appui de cette
hérédité, la méningite, les convulsions, et des crises
épileptiformes.
II. En ce qui concerne les antécédents personnels,
nous avons à relover des chagrins pendant la gros-
sesse, la naissance à 7 mois et des convulsions à
9 mois : c'est à celles-ci qu'il nous semble logique de
rattacher la sclérose atrophique, cause de l'arrêt de
développement intellectuel .
III. A partir de G ans, l'intelligence se développe,
assez rapidement même : l'enfant est 1)on écolier,
apprend à lire, à écrire, il compter. Puis, à la suite
d'une brûlure, on voit apparaître des troubles physi-
ques et mentaux qui vont sans cesse en s'aggravant
jusqu'à la mort : le tremblement léger, qui existait
auparavant, augmente et rend l'écriture impossible;
les forces diminuent, la marche est de plus en plus
pénible et traînante; un étourdissement avec chute
qui n'a peut-être pas été le seul se produit; la
il) Pierre Marie Ch.. est entré le 12 mars 18üü Ù Bic ? re et en est sorti le
19 août de la même année. Le certificat, signe Lasegue, est ainsi conçu :
. A eu depuis une fièvre typ/fjfde des accidents cérébraux se manifestant par
de la faiblesse d'esprit et de la persécution imaginaire tenace : accès montât] lies
rares. Il
108 Paralysie générale DE l'enfance.
parole s'embarrasse, est bégayante ; les facultés intel-
lectuelles déclinent ; les pupilles sont inégales et on a
sous les yeux un ensemble symptomatique rappelant
celui de Iapa)'a ? 5 ! 'e générale progressive, qui a per-
mis de poser le diagnostic de né211go-e72cépltalite
chronique, qu'est venue confirmer l'autopsie. Déjà
nous avons publié un certain nombre de cas sem-
blables dans nos précédents Comptes-rendus. Nous
espérons pouvoir un jour en tirer les éléments d'une
description complète de cette forme de l'idiotie ou
plutôt de cette maladie qui a ses symptômes bien
définis.
IV.
Trente cas d'épilepsie traités par les injections sous-
cutanées de liquide testiculaire ;
PAR BOURNEVILLE et Paul CORNET.
On sait que M. Brown-Séquard, d'abord seul, puis
en collaboration avec M. d'Arsonval, a employé les in-
jections de liquide testiculaire dans un grand nombre
de maladies. On sait aussi que ces savants expérimen-
tateurs attribuent l'effet favorable de l'extrait orchi-
tique à deux influences : l'une dynamique, s'exer-
çant sur le système nerveux qui gagne en force,
et l'autre réparatrice en provoquant la formation de
nouvelles cellules par l'apport dans le sang de maté-
riaux nouveaux (1).
Les guérisons ou les améliorations obtenues par cette
méthode de traitement depuis le début de son applica-
tion, portent, au dire des auteurs (2), sur l'ataxie loco-
motrice, différentes scléroses médullaires, sur la tuber-
culose pulmonaire, le cancer superficiel, la paralysie
agitante, le diabète et sur diverses affections chroni-
ques (3). Pour MM. Brown-Séquard et d'Arsonval, la
neurasthénie seule se serait montrée rebelle au trai-
tement. D'autres médecins ont essayé la macération
(1) Académie des Sciences, 24 avril 1893.
(2) Ibidem. 30 mai 1892.
(3) Ibidem. 24 avril 1893.
110 Injections de liquide testiculaire.
testiculaire dans la lèpre et diverses dermatoses,
dans le cancer de l'estomac, etc.
Lorsque, au mois de février, nous avons commencé
notre expérimentation, personne, à notre connais-
sance, n'avait rien publié sur l'emploi thérapeutique
du suc testiculaire dans l'épilepsie. Depuis, M. le Dr
Ch. Féré a communiqué à la Société de biologie (1)
le résultat de ses recherches personnelles. Les ma-
lades mis en traitement par M. Féré ont été deux
hystériques atteints de paraplégie incomplète et
dix épileptiques. Sur ce nombre trois ont été écartés
pour diverses raisons. Restent neuf malades. Ils ont
reçu chaque jour deux centimètres cube de liquide
dilué par moitié. Les expériences, commencées le 19
octobre 1892, ont été terminées le 8 février 1893. M.
Féré résume ainsi ses recherches :
« En somme, le traitement n'a eu aucun effet heureux sur
le nombre des accès des épileptiques ; c'est un résultat qu'il
ne promettait pas. Mais on aurait pu s'attendre a une modifi-
cation avantageuse de l'état général. Or, sur ces 9 malades,
y compris l'hystérique, 7 ont perdu du poids, un est resté sta-
tionnaire et un a augmenté de 500 Il nie semble donc que
le suc testiculaire n'a pas, dans cette circonstance, fait ses
preuves d'agent tonique et reconstituant. »
Mode opératoire. Nous avons appliqué la nouvelle
méthode, à trois séries de dix enfants, en faisant de
chaque série un champ opératoire distinct. Pour cha-
cune d'elles, le liquide testiculaire injecté a été de pro-
venance différente, comme nous le verrons plus loin.
Pour chacune d'elles également, il y a eu variation
dans la durée du traitement.
Quant au mode d'administration du médicament,
il a été le mémo pour les trente enfants, c'est-à-dire
(1) Société de Biologie, séance du 3 juin 1893 (Compte-rendu liebd. de la
Société de biologie, 1893, p. 578.) .
Traitement DE l'épilepsie. 1U t
en injections hypodermiques. Les injections ont
été pratiquées au niveau des deux fesses avec la
seringue de Pravaz ou celle de M. le prof. Straus.
Nous avons fait autant de piqûres que nous avons
injecté de centimètres cubes de liquide.
L'état intellectuel et moral des enfants a été consi-
gné avec soin avant le traitement. L'attention du
personnel, maitres et infirmiers, a été attirée spécia-
lement sur ces enfants, afin de noter toutes les
modifications, qui pourraient survenir et, tout récem-
ment encore, avant de venir faire ici notre communi-
cation, tous les enfants ont été réexaminés.
Ire série : DIX enfants.
Provenance du liquide. L'extrait testitulaire de
taureau, nous a été complaisamment fourni par un labo-
ratoire particuler (Laboratoire Biologique, du Dr
Pouillet, rue Broca) sous deux états de concentration
différente : une solution dite faible, au 5°, et une solu-
tion dite forte, à 1 pour 2 ?
Durée totale du traitement : 40 jours.
Quantité de liquide injecté : de 1 à 4 injections,
progressivement ; ce qui signifie, comme le liquide a
toujours été dédoublé avec de l'eau stérilisée, d'un
demi à deux centimètres cubes.
Observation I. Épilepsie symptomatique ; DÉBILITÉ MEN-
tale consécutive.
,9oâitAirir. - Père, migraines, névralgies, gastralgie.
Grand'mère paternelle, alcoolique, aliénée. - Deux tantes
paternelles migraineuses et une autre sourde-muette. -
Mère, très nerveuse; putaisie. - Grand'mère maternelle,
coliques de plomb. - Oncle maternelle, bègue; un autre
112 Antécédents héréditaires'.
bizarre. - Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de
8 ans. '
Durant les 6e, 7° et 8° mois de la grossesse, étouffeme21ts avec
perte de connaissance. Convulsions internes à 2 jours.
Secondes convulsions vers le 3° mois ( ? ). Etat de mal
convulsif à 2 ans. De là il 5 ans convulsions 4 à 5 fois
par an. De 5 à G ans, accès toutes les six semaines. -
De 7 à 9 ans., accès mensuels. - l ffaiblissemeent intellec-
tuel. Onanisme à 8 ans. Traitement par l'hydro-
' thérapie seule, puis combinée avec l'élixir polybro2n2.crè;
diminution des accès en ·1591. Traitement par les injec-
..tiens hypodermiques de liquide testiculaire en février 4893.
Mort clans un accès d'épilepsie. Marche des accès de
1887 à 1S93. - Développement de la tête, du poids, de la
. taille et de la puberté durant la même période. '
AUTOPSIE. - Congestion intense des os du crâne, de la dure-
mère de et la pie-o.è1e.-Lésiozs de m.èningo-encéphalite.
Coloration chair de saumon des circonvolutions.
Persistance du thymus. Congestion des poumons et
des reins.
Lallem... (Paul), né à Paris le 20 octobre 1878, est entré à
Bicêtre (service de M. BOURNEVILLE) le 7 février 1887.
Antécédents (Renseignements fournis par son père et par
sa mère le 16 février 1887. Père, 37 ans, sobre, employé à
la Ville, bien portant jusqu'à il y a 3 ans, où débuta une bron-
chite qui devînt chronique avec emphysème; pas de convul-
sions de l'enfance. A partir de l'Age de 10 à 11 ans, migraines
suivies de vomissements et cela plusieurs fois par mois, pour
diminuer dd fréquence à partir du mariage et disparaître com-
plètement il y a 3 ans; douleurs rhumatismales; névralgies
faciales à droite, gastralgie. [Père tué, en 186'2, par un bran-
card de voiture. - Mère, morte du choléra à 49 ans, avait été
atteinte d'aliénation mentale. Au 3"uC mois de l'allaitement
d'une soeur aînée du père du malade, elle s'était mise à boire.
Elle a été internée plusieurs mois à la Salpêtrière (1). C'était
une enfant naturelle et ce qu'on sait de ses parents, c'est que
son père était « un viveur». - Deux soeurs sont rhumatisantes
et migraineuses. Une tante maternelle est sourde-muette.
(li D'après les registres de la Salpêtrière, elle était atteinte de lypémanie,
avec prédominance d'idées de terreur, de .jugements et de condamnations à à
mort. Entrée le 18 août 1859, elle est sortie le 3 octobre de la même année.
Antécédents PERSONNELS. 113
Pas d'autres aliénés, pas d'épileptiques, ni d'autres sourds-
muets dans la famille, etc.].
Mère, 29 ans, modiste. Pas de convulsions de l'enfance;
céphalalgies depuis son premier allaitement ; très-nerveuse,
sans attaques de nerfs ; lymphatique, aurait eu une punaisie.
[Père, mort à 55 ans, de bronchite chronique. - Mère, morte
d'une pleurésie iL 42 ans. Elle était peintre sur porcelaine et
aurait eu des coliques de plomb ( ? ). - Grands-parents pater-
nels, émigrés polonais ; pas de détails. - Grand-père mater-
nel, bègue. Grand'mère maternelle, morte asthmatique à
63 ans. Un frère, bègue ; un autre bizarre, n'aurait pas la tête
« bien a-sise ». Pas d'accidents nerveux dans le reste de la
famille. Pas d'autres bègues].
Pas de consanguinité. Inégalité d'âge de 8 ans.
Quatre enfants : 1° Une fille bien portante; 2° Notre
malade; - 3° et 4° Un garçon et une fille en bonne santé.
Notre malade. Rien à la conception. Grossesse bonne
jusqu'à 5 mois, puis, étouffements fréquents avec perte de
connaissance durant 10 à 15 minutes; la crise entière durait
une heure et se terminait par des pleurs. Les crises sont
revenues tous les jours du cinquième mois à la fin du huitième.
- Accouchement normal, sans chloroforme, en 2 heures. -
A la naissance, pas d'asphyxie. A 2 jours convulsions internes.
Elevé au sein pendant 10 jours, par sa mère qui, prise de
péritonite, a dû cesser l'allaitement. Il a été ensuite nourri
au biberon à la maison pendant 20 jours, puis il a été mis
jusqu'à 4 mois chez une nourrice qui, au lieu de l'allaiter, lui
donnait le biberon. Repris à 4 mois parce qu'il avait une
bronchite, il n'avait pas profité. Il avait des « gourmes infect
tes. » La nourrice aurait dit que l'enfant avait eu, une fois, des
« convulsions internes. » Première dent à 14 mois; toutes
le= autres à 2 ans f 12' Il a marché à 14 mois et com-
mencé à parler à 2 ans. A cet il était à peu de chose près
comme les autres enfants et surtout comme ses frères ou soeurs.
Début delà mn lacl i e. -l12 2 ans, convulsions subites à 8 heures
du soir, sans prodromes dans la journée : secousses cloniques,
convulsions égales des deux côtés ; constriction des mâchoires.
Pas d'écume ni d'évacuations involontaires. Durée totale,
2 heures. - Nouvelles convulsions à 2 ans et à 4 mois ; durée,
une heure ; elles ont été moins violentes que les premières.
Ni fièvre, ni délire à la suite; pas de paralysie ni d'affai-
blissement intellectuel.
BouRNEVILLE, Bicêtre, 1893. 8
114 Antécédents personnels.
De là à 5 ans, convulsions quatre ou cinq fois par an, durant
ordinairement une heure. Sa mère prétend que, Ù 5 ans, il
avait à peu près l'intelligence des enfants de son âge.
De 5 à 6 ans, convulsions toutes les six semaines. A partir
de 6 ans, crises tous les mois; elles duraient de 15 minutes
à 2 heures, quelquefois 3 heures ; alors, il avait plusieurs
accès consécutifs. Dans l'un les convulsions étaient plus for-
tes à gauche, dans l'autre à droite. Une fois, a la fin d'une
crise, il râlait ; ou croyait qu'il allait mourir (8 ans). Dans sa
huitième année (188G), il a eu une douzaine d'accès. D'habi-
tude, pas d'aura : quelquefois il se plaint d'avoir froid à la
partie postérieure du cou, puis par tout le corps. Pas de
folie avant ou après les accès. Depuis 6 mois, il lui arrive
d'avoir une évacuation des urines et des selles à la fin des
crises.-Celles-ci sont diurnes et surtout nocturnes. On n'a
noté ni secousses, ni vertiges.
L'intelligence a baissé depuis deux ans ; la )nèmoire surtout
a diminué. De très doux qu'il était, il est devenu irritable,
coléreux; ile-tbieu dans ses colères, mais quand il estcalme,
il est aussi affectueux qu'autrefois. Il n'a pas de mauvais ins-
tincts. Il s'est livré à l'onanisme à 8 ans, et, depuis aurait cessé.
Rougeole il 2 ans 1/2. Coqueluche à 3 ans. - Pas de scarla-
linenide varioloïde ; ni chorée, ni dipthérie, nivers.Gourmes
de 4 mois à un an ; adénites cervicales; quelquefois engelures.
Comme traitement antérieur, il n'aurs it eu que du bromure
de potassium auquel sa mère attribue l'affaiblissement des
facultés intellectuelles.
État actuel (19 février 1887). Physionomie assez intelli-
gente. Crâne ovoïde, plus étroit en avantqu'en arrière, à base
plus proéminente à droite qu'à gauche. Le front est élevé;
la bosse frontale gauche est plus saillante que la droite. Les
arcades sourcillières sont peu développées, les sourcils blonds,
clair-semés. Yeux bleux, vifs. mobiles, assez intelligents.
Face ovale très allongée, asymétrique, le côté droitétantmoins
développé que le gauche.-Nez aplati, déformé, à convexité
tournée à droite. Lèvres grosses ; commissure droite moins
élevée, plus courbe que la gauche, et plus déviée en bas.
L'enfant garde sans cesse la bouche entr'ouverte. A la
mâchoire supérieure, incisives centrales et premières mo-
laires permanentes, le reste dents de lait ; à la mâchoire
Inférieure, 4 incisives et premières molaires permanentes, le
reste dents de lait. L'articulation, encore mal fixée, semble
régulière. Menton, oreilles, réguliers.
Description DU malade. 115
Membres, thorax, abdomen, bien conformés. Digestion, res-
piration, circulation, normales.
Organes génitaux. - Bourses rétractées, testicules égaux,
de la grosseur d'une petite olive; prépuce très long; gland
découvrable. Verge : longeur 4 centimètres; circonférence 55
millimètres.
Organes des sens. Odorat : ne peut dire si les odeurs sont
bonnes ou mauvaises. Goût : reconnaît les saveurs amè-
res, salées et sucrées. Vue : distingue les couleurs excepté
le vert et le violet.
Intelligence : Loo. parle librement ; il connaît ses lettres,
écrit lisiblement : sait tracer les chiffres, compte jusqu'à 20 ;
distingue assez bien les couleurs; nomme les différentes
parties de son corps, ses vêtements, les principaux objets qui
l'entourent. Au réfectoire, il se sert des trois objets ; se tient
bien à table, mange proprement; il n'est ni gourmand, ni
voleur. Il se lave, s'habille, se déshabille seul et sa tenue est
bonne.
23 février. Traitement : sirop d'iodure de fer; bains salés ;
petite école ; gymnastique.
4 mars. Revaccination sans succès.
27 juillet. Hydrothérapie.
7 août. - Caractère irritable ; abattu un de ses camarades
plus faible que lui.
1888. 2 avril. Puberté : Visage glabre ainsi que les ais-
selles et le pénil. La verge a les mêmes dimensions. Les
testicules, égaux, ont le volume d'une petite olive. Le pré-
puce est long et le phimosis déjà noté ne permet de découvrir
que la pointe du gland. On n'a pas constaté d'onanisme.
Traitement : Hydrothérapie depuis le 1er avril.
1er juin. - Série d'accès.
1er août. - Ictère simple.
18 août. - Série d'accès (2-2).
25 septembre. Série d'accès. La température n'a point
dépassé 38°,4.
1889. Avril. Hydrothérapie.
29 août. Puberté : comme changement ou note : lon-
gueur de la verge 48 millimètres ; circonférence 53. Testi-
cules de la grosseur d'une noisette ; phimosis moins pro-
noncé.
30 décembre. Grippe.
116
Mort dans UN accès.
1890. 30 -Élixir polybromuré d'une à trois cuille-
rées à soupe. /1);) ? Hydrothérapie en plus.
Juillet. Puberté : Le phimosis adisparu; les testicules
ont le même volume; la verge mesure 50 millimètres sur 53.
1891. janvier. L... prend toujours de l'élixir polybro-
muré. En mars, on reprend les douches
Jttillet. Bien que les accès aient un peu diminué, le carac-
tère de l'enfant est plus irritable.
Puberté : fin duvet il la racine de la verge, le reste du corps
est glabre. Pas d'autres modifications.
1892. Juillet. L ? a toujours continué l'élixir et il a repris
ses douches le 1er avril.
Puberté : aucun changement notable.
1893. Janvier, - Elixir polybromuré jusqu'à quatre cuille-
rées. Tendance vers la déchéance.
14 février. Pupilles égales, contractiles. Très léger fré-
missement de la pointe de la langue. Pas d'embarras de la
parole. Affaiblissement de la mémoire : il se trompe sur la date
du jour et ne sait plus la date de sa naissance.
Traitement .-suppression de l'élixir; mjecttonsde liquide
testiculaire du 14 février au 3 mars (17 jours).
Tableau des accès et des vertiges.
TEMPÉRATURE APRÈS LA MORT.
117
ohi, la main en supination. La tête est dans la rotation
gauche.
Autopsie. 119
Autopsie faite le 5 mars, 29 h. après la mort. - Tête. Le
crâne est épaissi, principalement au niveau de-^ frontaux et
du centre des occipitaux et plus à droite qu'à gauche Les
os sont denses, lourds; leur épaisseur varie de deux à cinq
millimètres. Le frontal gauche avance et la bosse occipitale
gauche est plus saillante et plus grosse que la droite. Les
sutures coronale, interpariétale et lambdoïde sont très fine-
ment dentelées ; la suture interpariétale se termine par une
demi-douzaine de tout petits os wormiens. Sur les deux
branches de la suture lambdoïde existent de petits os wor-
miens sur une étendue de 3 à 4 centimètres qui sont éga-
lement très apparents à la face interne. Sur cette face les
sutures sont représentées par des lignes légèrement déprimées.
Il y a des plaques transparentes au niveau du bregma et
des sutures métopiques et inter-pariétales.
Cuir chevelu bleuâtre avec quelques petites plaques
lenticulaires violacées. - Les os du crâne, un peu plus épais
dans la moitié droite que dans la gauche; sont un peu conges-
tionné et, même après être lavés, restent il peu près uiiiforiné-
ment violacés. Les diverses fosses de la base sont symétriques.
Letrou occipital n'est pas rétréci. - Dure-mère couve l'te de
sang, distendue fortement par le cerveau; ses sinus sont
gorgés (le sang rouge. - Pie-mère congestionnée. Sur la base
et la face convexe, larges plaques ecchymotiques. A la face
interne des lobes frontaux la pie-mère est adhérente. Les
bords de la scissure de Sylvius sont accolés.
120 NIÉNITGO-NCI : PH : 1LITLr.
antérieurs du lobe temporal Sur la face supérieure du 4"
ventricule existe une coloration rouge brique occupant
presque toute la paroi ventriculaire. Sur la cjupe faite pour
séparer la protubérance du cerveau, on trouve une zone rouge
de congestion très inten-e, ciruoncrivant toute la partie bul-
baire de la coupe. Cette zone a au moins 3 mm. d'épaisseur.
Hémisphère cérébral droit. Adhérences disséminées sur
toute la face convexe; ou entraine la substance grise par
petits îlots ; le maximum des lésions siège sur le lobe frontal,
le pied de la frontale et de la pariétale ascendantes. Il n'y a
que très peu d'adhérences sur la face interne. Coloration
chair de saumon très prononcée sur les mêmes régions qu'à
gauche.
Corne d'Ammon, ventricule latéral, masses centrales, rien
de particulier.
Cou. Corps thyaaïde (10 gr.) ; les deux lobes sont régu-
liers. Thymus (35 gr.) s'étendant depuis la partie inférieure
des lobes latéraux du corps thyroïde jusqu'à la moitié inférieure
du péricarde.
Thorax. La peau de la paroi antérieure du thorax sur-
tout à gauche a une coloration d'un rouge violacé très pro-
noncé. L'incision médiane ordinaire étant faite, la dissection
des muscles montre qu'ils sont gonflés et le siège, à gauche,
d'une abondante infiltration sanguine. - Les poumons (1150 gr.
le droit, 400 gr. le gauche) sont congestionnés dans toute leur
hauteur. Toute la muqueuse de l'arbre aérien est hyperémiée.
- Coeur (210 gr.), normal ; trou de Botal oblitéré. Pas de taches
ecchymotiques sur la plèvre et le pél'ic;) : de.
Abdomen. - Rien de particulier dans le tube digestif.
Foie (1320 gr.), vésicule biliaire, rate (Ia0 gr.), pancréas (50
gr.), capsules surréndales, sains. - Rein droit (78 ¡2-T ? rein
gauche (80 gr.), congestionnés; vessie, rien.
Cette observation offre un grand intérêt à différents
points de vue ; nous y reviendrons plus loin. Pour le
moment, nous nous bornerons à faire remarquer que
le traitement, si brutalement interrompu, n'a duré que
17 jours.
Injections de LIQUIDE testiculaire.
121
OB9. II. Épilepsie symptomatique. SCLÉROSE ATROPHIQUE.
Accidents procuiisifs.
Mort... (Henri), né àïlangest (Somme) le 1er octobre lasso,
estentréà 131cAtre (service de M. 13oUR : '\EVILLE),le 19 avril t8'JO.
Traitement du 13 février au 26 mars :
Du 13 février au 1C, 1 injection avec la solution dite faible.
Du 16 au 19, 2 injections avec le même liquide.
Du 20 au 27, 1 injection avec la solution dite forte.
Du 27 février au ici mars, 2 injections avec la solution dite
forte.
Du 'ICI' au 25 mars, 8 injections semblables.
Tableau des accès et des vertiges.
122 Epilepsie.
3 novembre. - Description d'un accès. Amb... est sorti le
6 août 18')3. Il vient nous voir aujourd'hui et dit que ses
accès continuent, mais qu'il n'en aurait guère qu'un par
mois ( ? ). A ce moment il est pris d'un accès qui a offert les
caractères suivants :
« Il pousse un cri d'effroi ; le tronc s'incline en avant, les bras
se portent directement en avant et parallèlement; puis tout
en conservant cette attitude, le malade s'incline en arrière.
On le soutient dans sa chute. Il se couche sur le côté gauche,
le bras droit est étendu vers la cuisse correspondante; le
pouce est allongé sur les doigts repliés en dedans. Le bras
gauche a conservé son attitude. Les cuisses sont légèrement
fléchies sur le bassin, et les jambes sur les cuisses. Tout le
corps est rigide, sans différence entre les deux côtés. Puis
surviennent des secousses t{¡ ! nni(o¡'mes dans les quatre
membres, se prolongeant pendant environ une minute.
« On note ensuite des mouvements cloniques des quatre
membres, égaux, durant 10 secondes. La face est cyanosée,
décomposée. Alors, stertor, bave sans écume. Pas de mor-
sure de la langue, ni d'évacuation involontaire. L'accès a
duré au moins cinq minutes. On relève le malade, on l'assied
et il demeure encore inconscient pendant 8 à 10 minutes. »
Au début du traitement, l'enfant tombait moins
souvent ; mais étant allé en permission chez ses parents,
il aurait eu chez eux 40 accès, à la suite desquels on
a dû le ramener à Bicêtre.
OBS. IV. Epilepsie; affaiblissement intellectuel.
Bourg... (Emile), né à Paris le 14 novembre 1878, est entré
à Bicêtre le 12 août 1892. L'enfant a eu 4 accès en février et
2 en mars. Comme il a été admis en août il il n'est pas pos-
sible d'établir une comparaison entre les mois correspon-
dants de 1891.
Même état ; au point de vue des progrès intellec-
tuels.
OBS. V. Épilepsie ; trépanation.
Fring... (Henri), né il Paris le 8 juillet, est entré à Bicêtre
(service de M. Bourneville), le 18 novembre 1890.
Injections DE liquide testiculaire. 123
Tableau cles accès et cles vertiges.
124 : ÉPILEPSIE.
Tableau des accès et des vertiges.
INJECTIONS DE LIQUIDE testiculaire.
125
ges. En janvier, 3 accès, aucun en février, 10 en mars et 28 en
avril.
Tendance assez prononcée vers la déchéance.
OBs. X. Épilepsie idiopathique.
Basn... (Paul), né à Granville (Manche) le 1er juillet 1877,
est entré à Bicêtre (service d M. Bourneville), le 27 avril
1891. Même traitement, même durée.
Tableau des accès et des vertiges.
126 Épilepsie.
et consciencieuse, sur les indications de M. d'Arsonval.
OBS XL Épilepsie ; démence ; 111ÉNIN.GO-ENCPHALITE
Mort.
SOMMAIRE. - Père, rhumatisant, bronchite. Grand'mèrepa-
ternelle, hémiplégique. Oncle paternel, mort d'un cancer
de l'estomac. Mère, nerveuse, accès de colère; fièvres
intermittentes à 18 ans, migraines. - Grand-père maternel
mort d'une hémorrhagie cérébrale. Grand'mère mater-
nelle, morte paralytique. Arrière-grand-père maternel,
mort subitement à 87 ans. - Oncle maternel, convulsions
jusqu'à 11 ans. - Soeur morte de rougeole auec complication
cérébrale. - Pas de consanguinité.
Violent chagrin au 4e mois de la grossesse; - nouvelle
émotion au 6'' mots. Premières-convulsions le lendemain
de la naissance. Retour des convulsions à 2 mois, puis
tous les mois. A 8 mois convulsions pendant 10 heures.
Vers 6 ans, crises convulsives fréquentes. - Prédomi-
nance des convulsions à gauche. Otite en 1887. - Accès
sériels. Angine légère en 1889. -Plaie du front dans un
accès en 1891. Idées mystiques. - Déchéance progressive.
Traitement : Elixir polybromuré. douches, injections
de suc testiculaire- Affaiblissement progressif. Mort.
Autopsie : Lésions disséminées de 111.éningo-encéphalite.
Far.. (Jules, Fernand), né à Paris, le 13 février 1877, est entré
à Bicêtre (service de M. BOURNEVILLE), le 20 mars 1886.
Renseignements fournis par sa mère. Père, 60 ans. bien
portant; pas d'excès alcooliques, pas d'épilepsie ; aucune
maladie nerveuse. - [Père mort à 57 ans, d'une affection pul-
monaire ; pas d'accidents nerveux. Mère morte à 83 ans ;
elle avait eu, à 60 ans, une attaque d'hémiplégie. Grand'
mère maternelle, morte centenaire. Tante paternelle
morte d'un cancer de l'estomac. Il n'y a pas de trace d'ac-
cidents nerveux dans le reste de la famille.
Mère, 45 ans, nerveuse, facile à irriter, colères violen-
tes, cependant ni accès, ni attaques, mais, à 18 ans, elle
a eu des fièvres intermittentes. Migraines intenses et fré-
quentes, à l'occasion d'une émotion vive ou d'une mauvaise
digestion, accompagnées de douleursoculaires et de phosphè-
nes. [Père d'un caractère calme, mort à 53 ans, d'hémorragie
cérébrale. Mère morte à 66 ans, d'une paralysie probable-
INJECTIONS DU LIQUIDE testiculaire. 127
ment due à un ramolissement cérébral. -, Un frère, aujour-
d'hui en bonne santé, a eu des convulsions graves jusqu'à 11
ans. Pas d'accidents nerveux dans le reste de la famille].
Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 15 ans.
Neuf enfants dont quatre bien portants, l'un mort en
naissant, une fille morte de cholérine à 13 mois, une autre
morte de rougeole à 3 ans, avec complications cérébrales ;
une autre morte de bronchite à G semaines. Sauf la rubéoli-
que, les autres n'ont pas eu de convulsions ni d'accidents
nerveux.
Notre malade est le 7""= enfant. Émotion très-vive au 4'
mois de la grossesse causée par la mort de sa petite fille due
à la rougeole. Elle en a ressenti un violent chagrin et pendant
deux mois elle était « comme folle » ne sachant ce qu'elle
faisait. Au 6e mois, nouvelle émotion occasionnée par la vue
d'un voisin qui était à l ? gonie. - Accouchement facile, à
terme. - ! 1 la naissance, circulaire autour du cou, mais pas
de cyanose ni de gêne respiratoire. Le lendemain de la nais-
sance, premières convulsions. A deux mois, nouvelles
convulsions. A partir de là les convulsions ont réapparu
tous les mois. A huit mois, état de mal convulsif' qui a duré
de 8 heures du matin à G heures du soir.
Elevé au sein, sevré à 17 mois, il a marché à 11 mois, a
parlé et été propre de très bonne heure ( ? ). A 7 ans, les
crises jusque là très fréquentes et violentes, sont devenues
plus rares et moins intenses. L'enfant les sentait venir; il
appelait sa mère : pas de cri, perte de connaissance, bouche
tournée, yeux fixes ; écume, convulsions des membres surtout
à gauche; pas de morsure de la langue. Durée de l'accès :
2 à 7 minutes. Il s'endormait ensuite pendant quelques minutes.
Etat actuel (l"r a vriI18K6.) - Tête petite, cnmerond ; région
occipitale un peu aplatie à gauche; bosse occipitale peu
saillante ; bosses pariétales, et frontales peu développées.
Face ovale, symétrique. Front étroit, peu élevé. - Nez court,
gros, narines larges et dilatées. Joues pleines. Oreilles
normales, bien ourlées, lobule adhérent. - Lèvre inférieure
grosse, partagée en deux par une fissure peu profonde sur la
ligne médiane. Voûte palatine profonde.
Menton peu développé. Notons cependant que les mensura-
tions des membres inférieurs indiquent une légère différence
au détriment du membre inférieur gauche.
Membres, thorax, abdomen, bassin, bien conformés.
128 Épilepsie.
Organes génitaux. Testicules égaux, gros comme un hari-
cot. Prépuce long, gland découvrable, méat normal. Verge,
longueur, 60 millimètres ; circonférence, 55 millimètres.
Sensibilité générale. Diminution générale, appréciable
surtout à gauche. Sensibilité spéciale : Myopie légère.
Perception olfactive assez longue; il en est de même pour
le goût. - L'acuité auditive est plus faillie à gauche. Parole
libre, lecture courante sans expression ; mémoire peu déve-
loppée. L'enfant connu nce la multiplication. 11 connaît les
jours, les mois, les couleurs et les objets usuels. Caractère
querelleur.
Traitement. Depuis l'entrée jusqu'en 1892 : Huile de foie de
morue, sirop d'iodurc de fer; Hydrothérapie ; élixir polybro-
muré ; gymnastique.
5 avril. Revacciné sans succès.
Juillet. Pubcnté : tout le corps est glabre. Aucun chan-
gement appréciable. Pas d'onanisme.
Décembre. - Far.. a eu une série d'accès dans laquelle la
T. R. est montée à 39°.
1887. Janvier. - Écoulement jaunâtre par l'oreile gauche,
guéri en quelques jours. En mars et en avril, angine éry-
thémateuse.
Juin. Far... fait de petites divisions, des dictées de mots
usuels, parle correctement, est docile, courageux, mais
remurnt et importun par ses familiarités. Il travaille bien
à la gymnastique. L'écriture est bonne (3° division de l'école).
1888. Janvier. Puberté ; aucune modification sensible.
2", jmwier. - Embarras gastrique.
29 mars. Légère bronchite et angine bénigne.
Juin. Série d'accès portant sur 3 jours. Même état do
la puberté. - Déchéance ; la lecture est plus hésitante, il lit
machinalement sans comprendre ; ne fait plus que des addi-
tions et de petites soustractions, tandis qu'il faisait des divi-
sions. La mémoire diminue. F ? devient lourd, sombre et de
plus en plus inhabile à la gymnastique. Les accès étant tou-
jours fréquents et suivis d'hébétude, il perd chaque jour et
est de moins en moins apte à tout travail.
1889. Février, Mai et Juin. Angine érythémateuse.
Juillet. Puberté : Testicules égaux, de la dimension
d'une petite olive. Verge, longueur, 52 miliimètres ; circonfé
rence, 60 millimètres.
Injections DE LIQUIDE testiculaire. 129
1890. Janvier. Série d'accès, 16 en 2 jours. ,
Puberté : pas de changement notable.
Déccmure. - Voix pleurarde, raisonnement faible, diminu-
tion de la mémoire, F .. a oublié ce qu'il avait appris en his-
toire et en géographie, lenteur de plus en plus grande. On le
fait descendre à la 3 ? c division de l'école.
1891. Murs. - Puberté. On note que le testicule gauche est
plus gros que le droit et que l'enfant se livre à l'onanisme
depuis quelque temps.
Juillet. Est parfois violent et devient indocile et querel-
leur. -La déchéance continue. F., est de plus en plus pares-
seux. L'attention est plus dillicile à fixer. Il n'est plus pro-
pre dans son habillement commu autrefois. A la gymnastique
et a l'atelier, il perd progressivement ce qu'il avait appris.
11892. Juin. - Léger tremblement de la parole qui est traî-
nante. Tenue de plus en plus débraillée, somnolence, dèmar-
che lente; son caractère est de plus en plus enfantin. Il a
désappris ce qu'il savait en leçons de choses. Bien que la
mémoire ait diminué, il connait encore les détails de la'
date du jour; mais il a oublié la date de son entrée Et celle
de sa naissance. Depuis quelque temps il a des idées mysti-
ques : « Le bon Dieu, dit-il, a ouvert mon corps du côté droit;
et il habite mon corps, parce que je dis bien ma prière. u
1893. Janvier. La déchéance continue. F..., mange mal-
proprement, avale les débris qu'il trouve dans les dépôts
d'ordure; il rit niaisement, sans motif, frappe des mains sur
la table, frotte le parquet avec ses pieds. Il est très long à
reprendre connaissance après ses crises. Il prétend toujours
que le bon Dieu habite dans son corps.
98113. fj mars. Traitement par la méthode de Brown-
Séquard : du G au 9, uns injection d'une seringue de Pravaz
contenant 50 centimètres cubes d'eau stérilisée ; du 9 au 14,
2 injections ou 2 seringues semblablement remplies; du 14
mars au 19 avril, 3 injections ; - du 19 avril au 'le mai, 4 injec-
tions ; du 1 ? au 2 niai, 5 injections.
Bourneville, Bicêtre, 1893. 9
130
EPILEPSIE.
Tableau des accès et des vertiges.
132
ÉPILEPSIE; MÉNINGO-ENCÈPHALITE.
Injections DE liquide testiculaire. 133
sur toute son étendue, principalement au niveau des lobes
frontaux et des lobes temporaux. - La pie-mère du bulbe et
de la protubérance est assez fortement congestionnée et
épaissie.
Hémisphère cérébral droit. Face convexe. Quelques
petites adhérences rares sur la moitié antérieure du lobe
frontal, asseznombreusessurl;i moitié postérieure de ce lobe et
sur les frontale et pariétale ascendantes. A partir de là
jusqu'à la pointe du lobe occipital les adhérences sont géné-
ralisées et ont entraîné en maints endroits presque toute la
substance grise des circonvolutions ; quelques-uns des sillons
pourtant, mais en petit nombre, sont indemnes d'adhérences.
Le lobe de l'insula qui a 4 digitations et toute la bordure de
la scissure de Sylvius n'offrent aucune lésion.
Face interne. Nombreuses adhérences sur la moitié
antérieure de la circonvolution frontale et la circonvolution du
corps calleux; assez nombreuses sur le lobe carré, moins
nombreuses sur le lobe oceipital. Ventricule latéral non
dilaté. Couche optique et corps strié sains. D'une façon
générale les circonvolutions sont assez grêles, les sillons sont
moyennement profonds.
Hémisphère céréb1'al gauche. - Face convexe. Nombreuses
adhérences disséminées sur les circonvolutions frontales.
sur les deux plis pariétaux, sur le pli courbe, sur les tem-
porales, principalement dans leur moitié postérieure. Il n'y a
presque rien sur le lobe occipital, quelques petites adhéren-
ces sur la 1re temporale et sur le lobule de l'insula.
Face interne. Nombreuses adhérences sur la circonvolution
de l'hippocampe; quelques-unes sur la circonvolution droite
(gyrus rectus). Comme on le voit les adhérences sont bien
moins prononcées sur l'hémisphère gauche que sur le droit.
dans la proportion d'au moins un tiers pour la face convexe
et deux tiers pour la face interne. Ventricule latéral, cou-
che optique et corps strié rien. Même aspect des circon-
volutions et des sillons que sur l'autre hémisphère.
Cou. Le lobe gauche du corps thyroïde est tout à fait
réduit, 0,007 sur 0,003 (poids 20 gr.). Pas de trace de thy-
mus.
134
Épilepsie.
Tableau des accès et des vertiges.
Injections DE liquide testiculaire. 135
tré à Bicêtre (service do[. Bourneville), le 27 mars 1885.
136
Épilepsie.
Les facultés intellectuelles continuent à, diminuer;
ls malade devient de plus en plus apathique : les
accès ont augmenté et il est survenu des vertiges.
OBS. XV. - Epilepsie.
Lecer.. (Charles), né à Fontainebleau le 24 septembre 1875,
est entré à Bicêtre (service de M. Bourneville), le 19 juillet
1890.
Même traitement du 6 mars au Il mai.
INJECTIONS DE liquide testiculaire.
Tableau des accès et des vertiges.
137
1 38 Epilepsie.
OBS. XVIII. - Epilepsie.
Hél... (Georges), né à Paris, le 17 janvier 1865, est entré à
Bicètre (service de M. Bourneville), le 24 décembre 1891.
Même traitement du .3 mars au 11 mai.
INJECTIONS DE LIQUIDE TESTICULAIRE.
139
L'intelligence s'est affaiblie. L'expression de la phy-
sionomie est moins bonne. Les accès ont été plus nom-
breux. '
OBS. XX. - Épilepsie..
Rous... (Jules), né à Paris le 20 novembre 1878, est entré à
Bicêtre (service de M. Bourneville), le 12 mars 1888.
Même traitement du G mars au 11 mai.
140 Epilepsie.
(2 mai 10" juillet). Les injections ont été pratiquées dans
chaque fesse comme chez les précédents malades.
OBS. \lI.-1 ! : PILEI>sIE ; démence ; mort dans un accès
ASPHYXIÉ PAR UN CORPS ÉTRANGER DE LA TRACHÉE.
Sommaire. Père, syphilis à 19 c12s. Jlè1'e, migraineuse
aliénation mentale en 1888; excès de boissons postérieurs
iL la naissance de l'enfant. Tante maternelle, danse de
Saint-Guy. Consanguinité au lie degré. Inégalité d' : 1ge.
Début des accès épileptiques h 10 ans. Onanisme.
Mort.
Autopsie : Lésions de 112éni12f/0-C11CI1dl21C.
Gassm. (Edouard), né à Paris, le 6 octobre 1876, est entré
à Bicétre (service de M. Bourneville), le 19 février 1892.
Renseignements fournis par le père, le 26 février 1892.
Père, 52 ans, ajusteur; pas de convulsions ; ni lièvre typhoïde,
ni chorée, ni migraines, ni maladies de peau. Syphilis a 19 ans,
sans accidents secondaires après 2 mois de traitement, sobre
et calme. [Père, non nerveux, jamais malade, mort à 5 ans d'u-
ne pneumonie. Mère, pas d'accidents nerveux, morte à
74 ans. Renseignements insuffisants sur le reste de la famille.
Mère, 42 ans, ménagère. On ne sait si elle a eu des convul-
sions dans l'enfance. Ni chorée, ni rhumatisme, ni dartres.
Caractère doux mais entêté. Il y a 4 ans, elle a commencé à
se livrer à la boisson (vin et eau-de-vie) Actuellement, surveil-
lée par son mari, elle ne prend que du café et du thé. Elle a eu
des céphalalgies, .accompagnées de vomissements, avec hallu-
cinations et phosphènes. Caractère doux et calme, mais entêté;
pas de fièvre typhoïde. En 1888, la mort de sa mère jointe aux
excès alcooliques, a provoqué un accès d'aliénation men-
tale. Elle se versait de l'eau sur la tête, mangeait des poi-
gnées de sel, etc. Elle fut internée à Ville-Evrard pendant
6 mois et, actuellement, quoique libre, elle est toujours folle.
[Père, mort d'une fluxion de poitrine à 52 ans. Mère,
morte d'une maladie du foie à 67 ans. Pas d'autres mani-
festations nerveuses dans le reste de la famille.]
Consanguinité au 4° degré. Différence d'âge de 11 ans.
Un seul enfant : notre malade.
INJECTIONS DE liquide testiculaire. j'il
Notre malade. Rien de particulier à la conccption. -
Grossesse normale. - llccouchemeot à. terme, naturel, sans
anesthésie. A la naissance, enfant bien portant; pas de
circulaire autour du cou,pas d'asphyxie. Allaitement au sein
maternel ; biberon à (i mois. Marche à un an. Pas de rensei-
gnements sur la dentition. - Il n'aurait jamais eu de
convulsions. A 2 ans, angines fréquentes, coqueluche à 3 ans.
Rougeole à 7 ans, varioloïde à 8 ans. Aucune manifestation
scrofuleuse.
C'est à 10 ans qu'a débuté l'épilepsie par de petites crises
2 ou 3 fois par jour; ensuite il restait quelquefois tranquille
pendant quinze jours. L'enfant s'affaissait en avant, perdait
connaissance, faisait « quelques gestes » et revenait à lui.
Puis, les accès sont devenus plus forts, avec grimaces,
écume, bave, convulsions cloniques, sans prédominance d'un
côté. Après ses accès, sommeil de 2 heures environ, en
ronflant, sans congestion du visage. Le père prétend qu'après
ces accès, il restait inconscient pendant quelquesjours. Il dit
aussi que l'enfant était averti, qu'il sentait quelque chose lui
monter de l'estomac à la tète. Dans ces derniers temps, il lui
arrivait d'uriner sous lui clans ses crises. Dans l'une d'elles,
il serait « tombé d'un second étage sans se faire de mal. »
Caractère gai, sentiments affectueux. On aurait constaté
l'onanisme, mais on ne peut préciser davantage. Il appre-
nait assez bien tant qu'il a été envoyé à l'école.
État actuel. -Visage pâle. Physionomie légèrement égarée,
inintelligente.
Tête. Crâne ovoïde, légère asymétrie consistant en un
aplatissement de la région pariétale droite. Face ovalaire
très nettement asymétrique pendant le sourire. Arcades
sourcillières peu saillantes. - Cils et sourcils assez épais,
bien implantés. Yeux grands, léger strabisme interne de l'oeil
droit. Pommettes peu proéminentes, symétriques. Nez
régulier. - Bouche grande. Voûte palatine normale.
Lèvre supérieure volumineuse, épaisse, recouverte d'un
léger duvet. Menton large avec fossette médiane.
Oreilles régulières, bien ourlées; lobule assez développé,
non adhérent.
Cou, thorax, bassin, membres, bien développés. Sensi-
bilité générale et spéciale : normales.
z42. Epilepsie.
Lecture courante, mais il coupe les phrases en plusieurs
parties sans tenir compte de la ponctuation. - Gas.. fait
d'assez bonnes dictées; ses rédactions sont médiocres; il y
parle de tout ce qui lui passe par la tète; il sait les quatre
opérations et quelques petits problèmes. La mémoire est
assez bonne ; le jugement un peu faux, le caractère sournois ;
il ne joue jamais, s'isole dans un coin de la cour. Il est violent,
ne souffre rien de ses camarades, les frappe n'importe où à
coups cle pieds ou de poings. Si, en récréation, il a reçu des
coups d'un de ses camarades, en classe il se lève et hypocri-
tement va lui donner des coups si l'on n'arrive assez tôt pour
s'y opposer. Sa tenue est mauvaise, il mange gloutonnement.
Décembre. - Il est en déchéance, ne fait presque plus rien
en classe. Il se fait des plaies à la ligure, aux mains et aime
à les faire saigner. Il parle souvent seul, se met en colère
sans motif et veut alors qu'on le mette aux cellules. On l'a
surpris se touchant. Il vole des cahiers, des crayons, des
plumes et nie, quoique pris sur le fait. ,
1893. janvier. à cause de son excitation on est parfois
obligé de le mettre en cellule.
Puberté. - Léger duvet au visage. Aisselles garnies de poils
disséminés, pénil garni de poils longs abondants. Verge : phi-
mosis, longueur 95 millimètres, circonférence 80. Testicules
égaux de la dimensions d'un oeuf de poule.
30 mars. Gass ? a de fréquentes périodes d'agitation ; ses
idées sont de plus en plus confuses et ses conversations de
plus' en plus diffuses il se figure guéri et veut partir chez lui.
Les yeux sont hagards.
14 juin. Hier soir l'enfant s'est couché ne présentant rien
d'anormal. Il a dormi tranquillement jusqu'à minuit. A ce
moment il a été pris d'un accès dans lequel il a succombé. Le
corps a été porté à l'infirmerie ; la température prise aussi-
tôt était de 38 degrés. Ce matin nous le trouvons dans l'état
suivant : la rigidité est très prononcée et également de chaque
côté; les mâchoires sont contracturées et la langue, al'cbou-
tée sur les dents, est gont1éc et semble remplir la bouche.
Lorsqu'on essaie d'écarter les mâchoires, on voit sourdre des
narines une mousse épaisse, ce qui semble indiquer que l'air
ne pouvait que dillicilement pénétrer par ses voies naturel-
les. '. ,
Injections DE liquide testiculaire.
143
Température après la mort.
144 Épilepsie.
INJECTIONS DE LIQUIDE testiculaire. 145
Dure-mère non sensiblement congestionnée. L'ablation du
cerveau donne lieu à l'écoulement d'une grande quantité de
sang; de même l'incision de la tente du cervelet donne issue
à une assez grande quantité de liquide céphalo-rachidien.
Les différentes parties de la base du crâne paraissent symé-
triques. Le corps pituitaire est petit, d'aspect et de con-
sistance ordinaires. Le trou occipital n'est pas rétréci.
La face convexe des hémisphères présente une vasculari-
sation modérée, uniforme, avec des plaques ecchymotiques,
sur le bord extérieur et la face interne des lobes frontaux, à
l'extrémité inférieure de la frontale et de la pariétale
ascendantes. Quelques plaques ecchymotiques aussi sur les
lobes temporaux à la pointe des lobes occipitaux. Sur la base de
l'encéphale, la pie-mère est moins vascularisée que sur la face
convexe.- Les nerfs, artères, etc., de la base sont symétriques.
La glande piiitile a son aspect habituel. -Les plexus cho-
roïdes sont gorgés de sang. Une coupe pratiquée sur la protu-
bérance montre une coloration violacée. Sur le bulbe, la colo-
ration est presque naturelle.
Hémisphère cérébral gauche,- La pte-mere s'enlève facile-
ment, sans aucune adhérence de la face interne ; sur la face
convexe, petites adhérences disséminées sur l'extrémité posté-
rieure. La pie-mère de la face interne du lobe frontal droit
adhère à celle du lobe frontal gauche. Les circonvolutions
paraissent simples et les sillons sont moyennement profonds.
Cotc. -Corps thyroïde (20 gr.), sain ; pas de thymus.
Thorax. - Poumon droit très adhérent à la plèvre cos-
tale. Les deux poumons sont fortement congestionnés et
présentent l'aspect splénique ; le droit pèse 416 gr., le gauche
520. Coeur (200 gr.) ; pas de persistance du trou de Botal,
pas de lésions valvulaires ni de gros caillots. Dans la trachée,
à la hauteur de la fourchette sternale, se trouvait un caillou
ovalaire, aplati, mesurant 15 millimètres de largeur sur 6 mil-
limètres de hauteur.
Abdomen. Estomac, intestin, sains. Foie (1400 gr.)
très congestionné. Rate (130 gr.), pancréas, rem droit
(160 gr.), rein gauche (155 gr.), vessie, rien. Pas de calculs
rénaux ni biliaires.
Le cadavre présente aux points d'appui, sur les deux fesses et
les omoplates, ainsi qu'à la partie postérieure des bras, une z
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1893. 10
t46
Épilepsie.
coloration blanchâtre qui contraste avec les parties latérales
dont la coloration est rouge intense. Des incisions faites
sur les fesses aux lieux des injections ne révèlent absolument
aucune lésion des tissus superficiels ou profonds.
OBS. XXII. Épilepsie symptomatique.
Hel... (Constant), né à Le Mcsnil (Manche), le 25 avril 1874,
est entré à Bicètre (service de M. Bourneville) le 13 août
1891. Même traitement du 2 mai au ICI' juillet.
Du 2 au 10 mai : 2 injections.
Du 10 au 22 mai : 3 injections.
Du 22 mai au 1er juin : 4 injections.
Du 1er au 10 juin : 5 injections.
Du 10 au 21 juin : 6 injections.
Du 21 juin au ? juillet : 7 injections.
Tableau des accès et des vertiges.
INJECTIONS DE LIQUIDE testiculaire^
147
Diminution des accès. Pas de modification intellec-
tuelle.
OBS. XXIV. ÉPILEPSIE.
Bou... (Charles), né à Paris, le 14 décembre 1877, est
entré à Bicétre (service de M. Bourneville) le 24 février
1892.
Tableau des accès et des vertiges.
148
Épilepsie.
Tableau des accès et des vertiges.
INJECTIONS DE LIQUIDE testiculaire.
149
est entré à Bicétre (service de M. BOURNEVILLE) le 24 novem-
bre 1891.
Bien que cet enfant ne fût pas épileptique, comme il était
en voie de déchéance, par comparaison, il a été soumis
aux injections sous-cutanées de liquide testiculaire du 2
mai au 30 juin. Malgré ce traitement, la déchéance s'est
aggravée et il a succombé à la cachexie progressive due à
sa maladie le 7 juillet.
OBS. XXX. ÉPILEPSIE.
Thir... (Armand), né à Paris, le 14 décembre 1874, est entré
à Bicêtre (service de M. Bourneville) le 28 juillet 1884, en
est sorti le 1er octobre 1884, a été réintégré le 10 novembre
1888, et est passé aux adultes (3C section) le 12 mai 1893.
Durée du traitement : 10 jours (1).
Tableau des accès et des vertiges.
150 CONCLUSIONS.
II. Sur ces 28 malades, 8 ont eu une légère diminu-
tion de leurs accès. Les autres, c'est-à-dire 20, ont
présenté au contraire une augmentation de leurs cri-
ses. Nous avons choisi de préférence les malades chez
lesquels on notait de la déchéance intellectuelle, afin
de nous rendre mieux compte de l'action du liquide
testiculaire sur la rénovation intellectuelle : chez aucun
d'eux l'état intellectuel n'a été amélioré.
III. Ces résultats, qui sont conformes à l'expéri-
mentation de M. Féré, seraient en contradiction avec
ceux qu'a obtenus M. le professeur Pierrot dans son
service de l'asile de Bron, d'après la thèse d'un de ses
élèves (1).
IV. Nous avons fait prendre le poids des malades
avant et après le traitement. Malheureusement les
pesées de la première et de la deuxième séries ont été
égarées. Nous n'avons que celle de la seconde série;
6 malades ont vu leur poids augmenter d'une façon
assez notable ; chez trois autres il y a eu diminution,
et chez le dernier le poids n'a pas changé.
(1) Depuis que cette note a été rédigée, nous avons ln, dans le Lyon médical.
du 12 novembre dernier, l'analyse d'une thèse de M. Alombert-Goget, faite dans
le service de M. le professeur Pierret, ayant pour titre : Contribution à l'élude
thérapeutique des injections de liquide lenticulaire dans certaines (ormes
de l'aliénation mentale. L'auteur est arrivé il des résultats bien différents des
nôtres : « Chez les épileptiques, dit-il, les crises ont été modifiées dans leur fur-
me et leur nombre a été légèrement augmenté... En somme les injections
testiculaires ontproduit une a ugmentatiun de la vitalité sous toutes ses formes. »
V.
Remarques sur les trois précédents cas d'épilepsie suivis
de mort ;
PAR BOURNEVILLE.
Les observations rapportées in extenso dans le
précédent mémoire comportent un certain nombre de
réflexions cliniques et anatomo-pathologiqucs.
Observation I (p. 111).
I. Nous avons à relever, dans les antécédents héré-
ditaires, des migraines, le rhumatisme, l'aliénation
mentale, la surdi-mutité du côté paternel; - le
nervosisme, les coliques de plomb et le bégaiement
du côté maternel (1).
II. La grossesse a été accidentée par des étouffe-
ments avec perle de connaissance prolongée, reve-
nant quotidiennement du cinquième mois à la fin du
huitième, qui paraissent avoir retenti sur l'enfant,
puisque, dès le second jour de la naissance, il a eu
(1) Toujours nous indiquons dans nos observations la pr o/'ession des parents,
afin de pouvoir un jour relever d'une façon précise l'influence des profes-
sions insalubres sur la production de l'idiotie.
152 MORT par asphyxie dans UN accès.
des convulsions. Toutefois, à deux ans, l'enfa,nt ressem-
blait à peu de chose près aux autres enfants.
III. Alors, il a eu un état de mal convulsif qui a
duré deux heures, puis un autre quatre mois plus tard.
Les convulsions sont revenues 4 ou 5 fois par an, à
partir de là jusqu'à 5 ans ; ensuite l'épilepsie semble
s'être définitivement établie. Vers 8 ans, l'intelligence
aurait commencé à décliner.
IV. Le malade est mort asphyxié dans un accès sur-
venu quand il était dans le décubitus abdominal. C'est
là un accident qui survient quelquefois lorsque les épi-
leptiques ont l'habitude de tomber en avant ou si on
les laisse, au lit, couchés sur le ventre. Les épilepti-
ques de cette catégorie qui travaillent au jardinage
sont projetés dans la terre fraîchement bêchée et, si on
ne vient promptement à leur secours, sont vite asphy-
xiés, la face s'enfonçant, se moulant dans la terre. On
ne saurait certes trop recommander aux infirmiers de
nuit de ne jamais tolérer que les épileptiques se cou-
chent sur le ventre et aux jardiniers de toujours avoir
l'oeil sur les épileptiques qui travaillent sous leurs
ordres, et d'accourir auprès d'eux aussitôt qu'ils ont
un accès.
M. Delasiauve (1) a signalé des cas de ce genre.
« Comme beaucoup d'épileptiques, écrit-il, Pout...
dormait habituellement la tête enfouie dans ses cou-
vertures et fortement inclinée sur son oreiller. Un
matin, on le trouva mort, victime d'une crise qui avait
pour ainsi dire, collé son visage au traversin.
Des particularités tout identiques s'observèrent dans
les cas des nommés Barth..., Fort... et D... qui furent
enlevés de la même manière. Al... fut pris d'un accès
(1) Delasiauve. - Traité de l'épilepsie, 1854, p. 169.
MORT par asphyxie dans UN accès. 153
tandis qu'il travaillait au jardin; la chute, en avant,
s'effectua sur le sol, où le malheureux demeura con-
vulsivement attaché. »
MM. Jules Rengade et Louis Reynaud, élèves de M.
Delasiauve, dans la note qu'ils ont publiée sur les Acci-
dents produits par l'accès épileptique (1) ont rapporté
les cas suivants :
« Boull... se couche un soir bien portant. Le len-
demain matin, on le retrouve mort dans son lit, cou-
ché sur le ventre, la face vultueuse, enfoncée dans
l'oreiller, le nez aplati par la pression qu'il a subi.
Cad... travaille aux champs. Ne le voyant pas revenir
au bout d'un certain temps, on va le chercher et on
le trouve mort, couché sur le ventre, la face profondé-
ment enfoncée dans la terre qu'il venait de remuer.
- Gall.. est trouvé mort, couché comme le précédent,
dans le jardin où il travaillait. Rip.. meurt de la
même façon que Boull.. étouffé par ses oreillers dans
un accès nocturne. »
V. Les lésions de méningo-encéphalite constatées
à l'autopsie expliquent la déchéance progressive de
l'enfant.
VI. Notons encore la différence de poids des deux
hémisphères cérébraux, le gauche pesant plus que le
droit, différence en harmonie avec la conformation du
crâne et la prédominance à droite de la force muscu-
laire.
VII. Malgré l'âge de l'enfant, 14 ans et demi, le
thymus persistait et était assez volumineux (35 gr).
(1( Gazette hebdomadaire, 18G5, DO' 2, 3 et 4.
154 MORT par asphyxie dans UN accès.
Observation II (p. 126).
I. Ici, de même que dans le cas précédent nous
avons une hérédité assez chargée : hémiplégie chez la
grand'mère paternelle, hémorrhagie et ramollisse-
ment du cerveau, convulsions du côté maternel. Ajou-
tons que la mère a eu des fièvres intermittentes (1),
qu'elle a été internée comme aliénée et que, quoique
sortie de l'asile, elle est encore folle.
II. Les renseignements sur l'enfant sont un peu
vagues. Nous n'avons pu savoir quelle était la cause
de l'épilepsie qui a débuté à 10 ans. Son caractère est
tout à fait celui de l'épileptique : il est violent, sour-
nois et sujet de temps en temps il des périodes d'excita-
tion ; il s'isole de ses camarades, il est sombre, prétend
que ses camarades veulent le faire mourir, que des ser-
gents de ville ont voulu l'arrêter ; il ne veut pas manger
les mets qu'on lui donne, sa mère lui répétant sans
cesse, qu'il ne doit se nourrir que de graisse. Chaque
fois qu'elle vientle voir, elle lui apporte un pot de graisse
qu'elle lui fait manger au parloir. Dans les nombreuses
lettres qu'elle nous a écrites, elle revient constamment
sur la nécessité de nourrir son enfant avec de la
graisse, et elle réclame la permission de lui donner
des pots de graisse et de lard, qui lui paraissent pré-
férables aux travaux de la classe, de l'atelier et à tous
les traitements du monde.
III. Cet enfant était en déchéance lorsqu'il a été sou-
mis aux injections de liquide testiculaire. Celles-ci
n'ont pas amélioré la situation et G... est mort inopi-
nément dans un accès, à cause d'une circonstance par-
(1) Nous avons toujours soin de consigner à il l'occasion, pour
nous rendre compte de son action, comme cause de l'idiotie.
MORT par asphyxie dans UN accès. 155
ticulière. Il avait, en effet, l'habitude de maintenir dans
sa bouche des petits cailloux arrondis. Ayant été pris
d'une crise, alors qu'il avait un caillou dans la bouche,
celui-ci a pénétré dans les voies aériennes et com-
plété l'asphyxie occasionnée par l'accès. Le caillou a
été retrouvé dans la trachée, à peu près au niveau
de la fourchette sternale.
Parfois l'issue n'est pas fatale. M. Delasiauve en a
publié trois cas, dans la Gazette hebdomadaire.
(1856, p. 239). Le premier concerne un épileptique,
pris d'un accès alors qu'il fumait sa pipe. Le tuyau se
brisa, un morceau de 6 millimètres de longueur péné-
tra dans le larynx. Il se produisit des accidents graves,
des symptômes insolites de bronchite. Après trois
semaines de souffrances, le malade rejeta, au milieu
d'une quinte prolongée de toux, le corps étranger,
cause de tous les accidents.
Le second cas a trait à un épileptique qui mâ-
chonnait un noyau d'abricot pour faire cesser une
sécheresse incommode, quand survint une crise durant
laquelle le noyau pénétra dans les voies aériennes.
Il ne survint d'abord que des symptômes légers, qui
firent douter de la pénétration de corps étranger.
Le malade ne paraissant plus souffrir retourna tra-
vailler aux jardins. Plus de trois mois après, il rentrait
à l'infirmerie, présentant des symptômes graves qui
firent penser à une inflammation tuberculeuse et on
s'attendait à le voir succomber prochainement quand,
dans un accès de toux, il rendit son noyau dépourvu
d'aspérités : il avait séjourné près de quatre mois dans
les bronches. (Loc. cit., 189, p. G48).
Dans le troisième cas, il s'agit d'un épileptique qui
avait un gros et large moule de bouton dans sa bouche
au moment d'un accès. Il présenta bientôt des symp-
tômes analogues au malade précédent. On en ignorait
la cause. Au bout de trois semaines, la mort semblait
45fit ÉPILEPSIE ; DÉMENCE PARALYTIQUE.
inévitable, lorsque, dans un effort de toux, le malade
rejeta son corps étranger.
Un malade de Croly, cité par M. Ch. Féré(l), faillit
succomber par la pénétration, pendant l'accès, de dents
artificielles dans les voies aériennes.
Ces faits, comme le nôtre, montrent la nécessité de
recommander aux épileptiques d'éviter avec le plus
grand soin de conserver dans leur bouche des corps
étrangers, habitude qui se rencontre surtout chez les
enfants. Les agents de surveillance doivent être très
vigilants à cet égard. En cas d'accès durant le repas,
ils doivent, dès que cela est possible, écarter les mâchoi-
res et enlever avec une cuillère les aliments qui peu-
vent être accumulés dans la bouche. M. Delasiauve a
cité l'exemple d'un malade, Poj..., qui fut surpris par
un accès, au milieu du repas, la bouche étant pleine
d'aliments. Mais comme les assistants, préoccupés sur-
tout des convulsions, ne songèrent pas immédiatement
à extraire la nourriture, il périt de suffocation (2).
IV. L'autopsie a fait découvrir des lésions de
méningo-encéphalite en rapport avec les symptômes
observés durant la vie.
Observation XXI (p. 140).
I. Dû côté du père nous devons relever la syphi-
lis survenue à l'âge de 19 ans, bien qu'elle ne semble
pas avoir eu une action bien prononcée sur notre
malade.
(1) Ch. Féré. - Les Épilepsies et les Épileptiques, p. 430.
(2) Leszynski (W. M.). - l : pilepsy considered as a cause of death. (The
Nevi-York med. journal, 1885, p. 324 et 357).
MÉNINGO-EIJCPIiALITE. 157
II. Signalons deux émotions très vives de la mère
durant la grossesse dont les effets consécutifs ont
longtemps persisté.
III. Le malade a eu ses premières convulsions le
lendemain de la naissance, les secc ndes au bout de
deux mois ; ensuite, les convulsions ont été men-
suelles. A huit mois, état de mal.
IV. A l'entrée, l'intelligence était à peu près de
niveau moyen ; à partir de là, la déchéance s'est
progressivement accusée, aussi bien au point intel-
lectuel qu'au point de vue physique : d'actif F....
est devenu de plus en plus paresseux; l'attention,
qui était à peu près normale, est devenue de plus
en plus vague ; le caractère déjà irritable lors de
l'admission, loin de s'améliorer, s'est aggravé ; la
mémoire, les connaissances scolaires et profession-
nelles se sont peu à peu perdues ; il mangeait pro-
prement et seul, dans les derniers temps il man-
geait salement, et on a fini par être obligé de le faire
manger ; la parole s'estembarrassée, la démarche s'est
affaiblie ; il est survenu des idées mystiques.
Le traitement par les injections de liquide testi-
culaire n'a aucunement amélioré son état mental et
physique, qui est allé sans cesse s'empirant. L'enfant
a succombé à une congestion pulmonaire.
V. L'autopsie a fait constater de nombreuses
lésions de méningo-encéphalite, qui sont en rapport
avec la clémence paralytique constatée durant les
dernières années de l'existence. Nous les avions pré-
vues en nous appuyant sur les symptômes de déché-
ance, notamment sur les troubles de l'attention, de
la parole, et sur la lenteur du malade à reprendre
connaissance à la sortie de ses accès.
'158 Epilepsie ; ËPAÏSISSEMENT DU crâne.
Dans les trois cas que nous venons de com-
menter, nous avons trouvé un épaississement, une
densité et une congestion très considérables des os
du crâne, lésions communes et qu'on verra encore
mentionnées chez un malade dont nous rapportons
l'observation plus loin (v. p. 174).
VI.
Un cas d'hémimélie bi-abdominale ;
PAR BOURNEVILLE.
Nous avons eu l'occasion, il y a quelque temps, de
voir à Bicêtre l'oncle maternel d'un de nos enfants qui
présente une malformation intéressant les membres
inférieurs, dont nous allons donner la description
(1'ig. 39 et 40).
Bégass... est né dans le Cher, le 26 juillet 1854. La
tête toute entière, les membres supérieurs et le tronc parais-
sent bien conformés. Sauf un phimosis prononcé, les organes
génitaux sont réguliers. Les deux cuisses sont normales,
quoique moins volumineuses peut-être quelles ne devraient
l'être, par rapport au tronc et aux membres supérieurs. Voici
quelques mesures qui donnent une idée de leurs dimensions :
160
Hémimélie BI-ABDOnIINALE :
du pilon. La peau de l'extrémité des moignons est colorée,
rosée, et, à gauche, il existe sur la ligne médiane une petite
ulcération de 6 à 7 mm. C'est sur ces moignons que B... fixe
ses souliers qui consistent en un cylindre terminé par un talon
et qu'il maintient à l'aide de cordons attachés au-dessus du
pli lormé par la jonction de la jambe et de la cuisse.
Fig. 39.
HÉMIMÉLIE BI-ABDOMINALE.
l.61
Le fémur se termine par une masse arrondie, qui parait
mamelonnée. La surface articulaire est située sur le côté
externe du fémur, et correspond au collet du pilon. La jambe,
après s'être articulée là, remonte obliquement en haut, en
avant et en dedans, de sorte que l'extrémité inférieure de la,
cuisse est, pour ainsi dire, couchée sur la moitié de la, jambe,
Bourneville, Bicêtre, 1893. il
Fig. 40.
161 ' - IMBÉCILLITÉ. ' ' ? ..
qui correspond au fémur; l'autre moitié de la jambe vient se
placer dans l'angle formé parles cuisses, écartées, en dedans
d'elles, à 4 ou 5 cm. au-dessous du scrotum (Fig. 11 et 12) et
les deux pieds adossés l'un à l'autre se trouvent tout près de
l'extrémité de la verge, pendante. Dans la jambe, nous n'avons
pu sentir qu'un os et cet os, légèrement incurvé, à convexité
externe, se termine par une apophyse pyramidale triangulaire,
qui rappelle la malléole externe D'après la situation de l'os
on pourrait être amené à croire qu'il s'agit du péroné, et, ce
qui semblerait manquer, c'est la moitié interne de la jambe.
Nous n'avons pas découvert de rotule.
HÉMIMÉLIE BI-ABDOMINALE. 163
les chevilles ne se touchent pas. Habillé, le malade s'aide en
' marchant d'une petite canne qui a 46 cm. de long. Il marche
en se dandinant à la façon des canards.
VII.
Idiotie et épielpsie symptomatiques d'une anomalie
cérébrale {Tumeur des tubercules mamillaires) ;
Par BOURNEVILLE et I». SOLLIER.
Les maladies chroniques du cerveau qui aboutissent
à produire les diverses formes anatomo-pathologiques
de ce que l'on désigne sous le nom d'idiotie sont très
nombreuses, offrent un très réel intérêt, ainsi qu'on le
constatera dans l'avenir, mais dont on ne paraît pas
encore avoir compris l'importance en dépit de nos
multiples publications. Dans le cas qui va suivre, par
exemple, il s'agit d'une « production nerveuse » qui ,
par ses caractères et son siège, mérite d'être signalée.
Sommaire. Père, rien de particulier. Gra71cZ'71xère, grand
'Oncle et grand'tante paternels morts phtisiques. Mère,
caractère emporté. Grand'mère maternelle nerveuse, émo-
tive, emportée. -Deux grands oncles maternels morts de la
poitrine. Tante maternelle morte diabétique. Pas de
consanguinité. - Inégalité d'âge de trois ans.
Rien de particulier à la conception, pendant la grossesse,
l'accouchement et à la naissance. Convulsions 8 heu-
res après la naissance. Crises fréquentes à partir de ce
moment. Rougeole et coqueluche. Turbulence. -
Physionomie hébétée. Onanisme. - Parole et sens
spéciaux nuls. Etat de mal épileptique; broncho-pneu-
monie. - Mort. -Atypie cérébrale.
' IDIOTIE et 'Epilepsie 165
Mont Léon, né le 30 octobre 1885, décédé le 25 janvier
1893, est entré à Bicétre (service de M. BOURNEVILLE), le 19
juin 1891. '
ANTÉCÉDENTS. - (Renseignements fournis par le père et
la mère de l'enfant, le 26 juin 1891). Père, 3(i ans, journa-
lier au chemin de fer, n'a jamais eu : de convulsions, de cho-
rée, de migraines, de maladie de peau, ni de rhumatisme. Il
fume peu et ne boit pas. Vif de caractère, il n'a cependant
pas de violentes colères. Il a l'air intelligent et répond très
bien aux questions qu'on lui pose. [Père, mort à 44 ans.d'une
fluxion de poitrine. Il n'avait jamais eu de maladie nerveuse,
ni cutanée; pas de rhumatisme, pas d'alcoolisme. Homme
intelligent et de caractère calme. Mère, morte à 43 ans de
tuberculose pulmonaire ; pas d'affection nerveuse, pas de
migraines, etc. Elle avait le caractère «comme tout le mon-
de. » Grand'mère maternelle, morte à 81 ans, de vieilesse,
et ayant conservé «toute sa tête. » Les autres grands-pa-
rents sont inconnus. Un oncle paternel, sain de corps et
d'esprit. Un oncle et une tante paternels sont «morts de la
poitrine. » Trois frères : l'aîné est bien portant, ainsi que ses
quatre enfants ; il en est de même du second et de ses enfants ;
le troisième, soldat, est en bonne santé et intelligent. Deux
soeurs : la première, 29 ans, célibataire, n'a aucune maladie
nerveuse; la deuxième, n'a jamais été malade et a un enfant
bien portant. Dans le reste de la famille, il n'y a ni paralyti-
que, ni épileptique, ni choréique, ni idiot, ni aliéné, ni dif-
forme, ni suicidé. ]
Mère, 33 ans, ménagère, n'a jamais eu aucune maladie quel-
conque. Pas d'alcoolisme; vive de caractère, s'emporte faci-
lement, « battrait son mari si elle était assez forte. » [Père, 56
ans, très bien portant, boit facilement le vin, mais pas d'al-
cool, très doux de caractère, un peu paresseux. Mère, 56
ans, jamais aucune maladie, très nerveuse, s'émotionne pour
la moindre chose et pleure facilement. Grand'mère pater-
nelle morte à 77 ans, intelligente, de caractère calme. -Les
autres grands-parents sont inconnus. Oncle maternel,
intelligent et sans tare nerveuse, de même qu'un oncle pater-
nel. - Deux oncles maternels morts de la poitrine. - Frère,
intelligent, ni migraineux, ni nerveux. - Deux soeurs : non
nerveuses. - Deux autres soeurs mortes, l'une à 4 ans, de
fièvre typhoïde, l'autre à 16 ans, « d'un diabète qui lui a duré
deux ans. » Dansle reste de la famille, ni bègue, ni strabique, ni
épileptique, ni paralytique, ni choréique, ni aliéné, ni suicidé. ]
166 Description DU malade. *
Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 3 ans.
Quatre enfants : 1° et 2° filles de 9 ans 9` ? et de 8 ans, in-
telligentes, bien portantes; 3° notre malade; 4° fille, 4
ans 1/2, bien portante, intelligente ; pas de convulsions.
Notre malade. Rien de particulier à la conception.
Grossesse bonne, sans traumatismes, ni émotions, ni synco-
pes, ni éclampsie. - Accouchement naturel, iL terme, en 3
heures, sans chloroforme. - l la naissance, pas d'asphyxie,
pas de circulaire du cordon. L'enfant a crié tout de suite. Il
était bel enfant et fort. Elevé au sein par sa mère. Huit heu-
res après sa naissance, il fut pris de convulsions. Il devint
pâle, ses yeux se convulsèrent un peu. Quelques mouve-
ments se produisirent dans les bras et les jambes : mais pas
de convulsions proprement dites ni de contracture. A partir
de ce moment il eut tout le reste de sa vie de ces espèces de
vertiges avec pâleur, yeux hagards ou convulsés, et indiffé-
rence complète aux excitations extérieures. Ces vertiges le
prennent jusqu'à 4 et 5 fois par jour. Ils surviennent aussi
bien la nuit que le jour. Il ne rend jamais d'écume et ne crie
pas. Il mange mal, ne mastique pas, ne bave ni ne suce. Il n'est
pas propre et a toujours fait sous lui. Pas de vomissements
ni de rumination. Onanisme constaté, mais peu fréquent. A
eu la rougeole et la coqueluche. Pas de bronchite, pas d'hé-
moptysie. Pas de vers intestinaux. Pas de gourmes ni de
dartres, etc.
Il est d'une turbulence extrême, cric pour rien, chante,
frappe tout ce qui l'entoure. Il est toujours à faire des bêti-
ses. » « Il faut sans cesse le corriger, » Les voisins se plai-
gnent du bruit qu'il fait. Il semble aimer ses parents et ses
soeurs, mais les oublie aussitôt qu'il ne les voit plus.
État actuel ( ! juillet 4591 j. Teinte générale du corps d'un
blanc rosé; visage un peu coloré; légère adipose de tout le
corps. Visage souriant habituellement; expression plutôt
agréable au premier abord, avec un peu d'hébétude toutefois.
Cicatrice ..erticale au niveau de la bosse frontale gauche; une
autre au sommet de la tète, de la grandeur d'une pièce de 50
centimes; deux autres allongées dans le voisinage et un peu
en arrière.
Cheveux abondants, châtain foncé, avec un tourbillon anté-
rieur à gauche. Tourbillon postérieur un peu à gauche de la
ligne médiane. Pas de ganglions lymphatiques perceptibles au
toucher. Crâne plutôt volumineux, avec proéminence très
Description DU malade. 167
marquée du frontal, dont les deux bosses sont très apparen-
tes. Fontanelles ossifiées. Le crâne semble symétrique. Front
élevé. 1
! 68 Etat de mal ÉPILEPTIQUE.
lèvres : pas de déviation de la bouche ; émission d'urine ; pas
de morsure. Sommeil pendant une heure après chaque
accès. Du mois de juin à fin de décembre 1891, l'enfant a
eul30 accès et 306 vertiges.
1892. Rien de notable dans la santé générale de l'enfant :
348 accès et 452 vertiges.
1993. 21 janvier. - L'enfant ayant eu 4 accès est envoyé
à l'infirmerie. Il est en déchéance complète.
22 janvier. L'enfant a eu 10 accès. T. R. 38°,2. Soir :
38°,5.
Dans la nuit du 22 au 23 il a eu 17 accès. Ces accès se tra-
duisent par des convulsions bilatérales. La tête est tournée à
gauche; la commissure labiale gauche est très en dehors ; les
pouces sont fléchis dans la paume de la main. T.. R. 39°.
Soir : 39°, 5.
. 24- janvier. L'enfant a eu 6 accès depuis 5 heures du matin.
La température est de 4 ? °,2. - Traitement : Chloral, 4 gr. ;
sangsues derrière les oreilles ; eau-de-vie allemande, 15 gr. ;
lotions vinaigrées, sinapismes. A 4 h. 1/2 du soir, l'enfant est
dans lé coma, ne fait aucun mouvement. Les pommettes sont
rouges-bleuâtres; les paupières sont fermées; pas de con-
tracture.
Voici le tableau des températures prises dans la journée du
23 janvier, avec le nombre correspondant des accès qui furent
de 32 :
t' .. ' AUTOPSIE . M9
avec '38°,5, Le reste de la nuit, pas d'accès. L'enfant meurt à
2h.314.
170 HÉTÉROTOPIE CÉRÉBRALE.
La dure-mère est adhérente à la calotte sur une grande
partie de sa surface, et empêche l'enlèvement du cerveau par
la méthode ordinaire. La base du crâne est symétrique.
La dure-mère a son épaisseur ordinaire. Les sinus ne pré-
sentent rien de particulier, Le trou occipital est régulier.
La lame osseuse formant la selle turcique présente une
saillie exagérée, limitée en avant par une ligne sinueuse for-
mée de deux demi-croissants dont le droit est plus profond
Fig. 41. - : 0, nerf optique. T, tumeur. P, pédoncule cérébral.
HÉTÉROTOPIE CÉRÉBRALE. 171
et plus postérieur que le gauche. Rien à noter pour la
glande pituitaire.
Cerveau. - La décortication du cerveau et du cervelet se
fait assez facilement. La pie-mère est légèrement épaissie et
présente quelques adhérences au niveau des circonvolutions
motrices et du lobe pariétal. Les circonvolutions n'offrent pas
d'anomalies dans leur topographie. Leur consistance est nor-
male et on ne trouve nulle part de sclérose.- Les vaisseaux
et nerfs de la base sont normaux et symétriques. Les no-
yaux gris n'ont rien de particulier <t l'oeil nu.
Quand on soulève le cerveau pour l'enlever, on aperçoit au-
dessus de la selle turcique et reposant directement sur elle
une tumeur ayant la môme coloration que l'encéphale et
non recouverte par la pie-mère. Le cerveau étant enlevé et se
présentant par la base, on contaste que cette tumeur est située
dans un espace formé en avant par les bandelettes optiques
qu'elle refoule en avant et sur les côtés, et en arrière parles
pédoncules cérébraux. Le pédoncule droit parait un peu plus
petit que le gauche. La pie-mère ne la recouvre pas et s'ar-
rête à sa base. Celle-ci est très large et se continue directe-
ment avec la substance cérébrale. Elle est presque quadrila-
tère et mesure '25 millim. de largeur sur 30 de longueur. Son
épaisseur est d'environ 2 centim. Elle se moule exactement
sur la selle turcique. Sa coloration et sa consistance sont
semblables à celles des circonvolutions voisines. Cette tumeur
parait formée avx dépens des tubercules mamillaires dont on
ne distingue plus les saillies, et du tuber cinereum.
L'examen /)tsfo ! of7trj'ue de la pièce, dû à l'obligeance de M.
KuppELj chef du laboratoire de la clinique des maladies men-
tales, montre qu'elle est entièrement constituée par de la
substance nerveuse analogue à celle du cerveau. Colorée au
picro-carmin, la coupe dans son ensemble offre deux zones
distinctes. Dans l'une, on voit des cellules nerveuses, dans
l'autre des faisceaux de fibres nerveuses anastomosés. Dans
la première on trouve un aspect qui rappelle absolument
celui d'une circonvolution cérébrale, au niveau de la substance
grise, les cellules ayant l'aspect et la forme des cellules qu'on
trouve dans la seconde couche de Meynert. Ces cellules sont
contenues dans des espaces lymphatiques qui semblent arti-
ficiellement élargis. Elles se trouvent disséminées dans un
espace comprenant environ la moitié de la totalité de la coupe.
Elles sont peut-être plus distantes les unes des autres que
dans le cerveau. Elles ont une forme quadrangulaire ou tri-.
172 HÉTÉROTOPIE CÉRÉBRALE.
angulaire. Le protoplasma est finement granuleux, et leurs
noyaux sont bien visibles. Dans leur voisinage, on trouve quel-
quefois des cellules plus petites, rondes, ainsi que cela s'ob-
servedans le cerveau normal.
Dans la seconde portion de la coupe, on trouve des fais-
ceaux nerveux, les uns en coupe longitudinale formant des
amas de fibres s'entrecroisant ; les autres en coupe transver-
sale et remplissant les espaces allongés formés par les fais-
ceaux longitudinaux. Les vaisseaux sont assez nombreux, d'un
volume égal à celui qu'on observe dans les circonvolutions.
Ils n'offrent pas d'altératien.
Réflexions. I. Au point de vue étiologique il est
impossible d'assigner une cause quelconque à l'épilep-
sie -et à l'idiotie dans ce cas. Il s'agit vraisemblable-
ment d'une affection intra-utérine puisque les con-
vulsions ont débuté aussitôt après la naissance. Mais
cette affection intra-utérine elle-même, sous quelle
influence est-elle survenue ? L'hérédité nerveuse est
très légère des deux côtés, paternel et maternel, au
moins d'après les renseignements reçus. D'autre part,
les enfants nés avant notre malade et celui qui est né
après n'ont rien présenté d'anormal jusqu'à présent.
Il paraît donc s'agir d'une maladie accidentelle. Or, la
mère n'a rien ressenti de particulier pendant la gros-
sesse et l'accouchement s'est fait dans de bonnes con-
ditions.
. Nous sommes donc forcés de considérer l'épilepsie
et l'idiotie de notre sujet comme résultant d'un déve-
loppement anormal. Celui-ci se manifeste d'un côté par
la persistance du thymus, de l'autre par l'anomalie de
la selle turcique, enfin et surtout par l'existence (le
cette tumeur nerveuse développée aux dépens des
tubercules mamillaires et de la substance grise du
troisième ventricule qui ne forment plus qu'une masse
uniforme. Cette tumeur a dû se développer de plus
en plus depuis la naissance puisqu'elle a en quelque
sorte perforé la pie-mère qui ne la recouvrait plus.
État DE MAL ÉPILEPTIQUE. Température. 113
Les cas d'hétérotopie de la substance nerveuse
paraissent être assez rares. Récemment M. Mate lien,
a publié un cas (A1'chiv f. Psychiatrie, t. XXV, p. 1)-
qui a été analysé par M. Keraval dans le n° de mars
1894 des Archives de neurologie (p. 208). Il s'agit
d'une idiote épileptique, âgée de 25 ans, dont le
cerveau était petit mais sans lacunes, et dans lequel
on trouva, au milieu du centre ovale, un noyau de
substance grise semblable à l'écorce avec laquelle cette
substance grise était en communication par des fais-
ceaux de substance blanche. Cette substance grise
incluse dans la substance blanche ordinaire a la même
structure que la couche profonde de l'écorce. Confor-
mément aux travaux de Vignal, l'hétérotopie a dû se
produire dans le sixième mois intra-utérin. Par suite
d'un trouble dans le développement des fibres blanches,
les cellules embryonnaires indifférentes se sont trans-
formées en substance grise pour remplir la place que
laissait vide la substance blanche manquante, ou, si
l'on préfère, il y a eu dans l'oeuf adultération histogé-
nétique des cellules embryonnaires destinées à former
des fibres blanches qui sont, par suite, normalement
devenues de la substance grise.
II. Outre cette anomalie cérébrale, on observe
encore des traces d'une affection cérébrale, dans l'a-
dhérence si intime de la dure-mère à la calotte crâ-
nienne, et dans les quelques adhérences de la pie-mère
au cerveau, principalement au niveau des circonvolu-
tions motrices. L'existence de ces dernières semble-
rait indiquer qu'un processus inflammatoire a été
cause de l'épilepsie et, comme les convulsions ont
éclaté dès la naissance, que ce processus avait débuté
déjà pendant la vie intra-utérine. Toutefois, à cet
égard, nous devons être très réservés, car il est fort
probable que ces adhérences diverses se sont déve-
174 État de MAL ÉPILEPTIQUE. Température.
loppées sous l'influence des congestions méningitiques
provoquées par les nombreux accès de l'enfant et par
conséquent ultérieurement à la naissance.
III. L'enfant a succombé à un état de mal épilepti-
que et, suivant la règle posée par l'un de nous, la tem-
pérature centrale s'est élevée progressivement à un
chiffre considérable, 42° aussitôt après la mort.
IV. Le crâne offrait les lésions qu'on rencontre d'ha-
bitude dans l'épilepsie (épaississement, congestion,
augmentation de poids, etc.) (Voir p. 158), mais il n'y
avait aucune trace de synostose prématurée.
VII.
De quelques formes de l'hydrocéphalie (Idiotie
hydrocéphalique et ses variétés).
PAn ITOUIINEVILLE ET NOIR.
Communication faite au Congrès des aliénistes et neurolo-
gistes de langue française (Session de la Rochelle : août
1893).
Notre but n'est pas de faire une monographie de
l'hydrocéphalie. Il est beaucoup plus modeste. Nous
désirons seulement présenter quelques considérations
anatomo-cliniques sur différentes formes de l'idiotie
hydrocéphalique, compliquée ou non d'épilepsie, en
nous appuyant sur une collection de documents que
nous avons rassemblés à Bicêtre. Ces documents com-
prennent, outre les observations, une collection de
dix-sept crânes d'enfants hydrocéphales à des degrés
divers, les photographies des cerveaux correspondants,
ainsi que les photographies des malades morts et
de quelques malades encore présents dans le service.
Un examen attentif de l'ensemble de ces docu-
ments nous a conduit à distinguer trois groupes
principaux : 1° Hydrocéphalie simple, vulgaire ;
2° Scapho-hdnocéphalie; 3° Hydrocéphalie
symptomatique.
176 DE l'hydrocéphalie.
§ I. Hydrocéphalie ordinaire
Dane ce groupe, la physionomie des malades, la
configuration du crâne et de la face ont en quelque
sorte un air de famille, qui ne laisse aucun doute sur
la nature de l'affection. L'hydrocéphalie occupe soit
les ventricules seuls, soit en même temps la cavité
arachnoïdienne et est accompagnée ou non d'hydrocé-
phalie enkystée.
Ce groupe se divise en deux variétés suivant que
l'hydrocéphalie est simple et sans malformation du
cerveau ou compliquée de malformations ou de lésions,
par exemple, l'absence de corps calleux ou des hémis-
phères cérébelleux, etc. '
I. Cas d'hydrocéphalie simple sans malformations.
Nous possédons sept cas de cette variété ; nous
allons rapporter leur l'histoire en la faisant suivre, à
l'occasion, de réflexions qui faciliteront les considé-
rations générales qui termineront notre travail.
Observation I. Hydrocéphalie; épilepsie partielle du.
coté DROIT; état DE MAL épileptique; mort.
Sommaire. Père rhumatisant, attaque d'apoplexie avec
hémiplégie gauche; excès alcooliques. - Grand-père pater-
nel suicidé. Mère nerveuse. - Un frère mort de convul-
sions. -Pas de consanguinité. -Inégalité d'âge de 16 ans.
Emotion durant la grossesse. Accouchement prématuré.
- - Circulaires du cordon, mais pas d'asphyxie. - Acci-
dents nerveux de 5 à 6 mois. - Premières convulsions à huit
mois, limitées à droite. - Parésie consécutive du côté droit.
- Rougeole; ophtalmie. - Otites : surdité à gauche. -
Augmentation des accès à 9 ans. Arrêt de développement
du membre supérieur droit.-Gaucher. - Irritabilité. -
Affaiblissement progressif. de l'intelligence. Sup,presr
sion de l'écoulement auriculaire. Suspension des accès.
Observation : antécédents héréditaires. 177
Démence progressive. État de mal épileptique; mar-
che de la température ; mort.
AUTOPSIE. - Amincissement des os du crâne; absence de
synostose. Hydrocéphalie ventriculaire. Amincisse-
ment des parois ventriculaires. - Description du cerveau.
Lésions partielles de nzé2zi22o-encéphalite. - Persis-
tance du trou de Dotât.
Chev..., Auguste, né à Paris le 1er octobre 1870, est entré le
7 avril 1882, à l'hospice de Bicêtre (service de M. BOU11NEVILLE).
Renseignements fournis par sa mère (24 mai 1882). - Père,
serrurier, soldat pendant sept ans, marié à 32 ans, pas d'excès
de boisson, rhumatisant, mort à 51 ans, en octobre 1874, d'une
hypertrophie du coeur. Il avait eu plusieurs attaques incom-
plètes de paralysie, suivies d'une attaque d'apoplexie avec
hémiplégie gauche. [ Père, ex-agent de police, s'est tué
d'un coup de pistolet, ennuyé de s'entendre toujours repro-
cher son ancien métier par ses camarades. Il faisait quelques
excès de boisson. Mère, morte à 78 ans; elle n'était pas
d'un tempérament nerveux. - Cinq frères, trois sont morts :
un en naissant, un autre phtisique, le troisième on ne sait de
quoi. Des deux survivants, l'un est atteint d'impaludisme, l'au-
tre est bien portant.]
Mère, 43 ans, couturière,.mariée à 16 ans, assez intelligente,
sujette à des douleurs névralgiques du côté droit de la face.
Elle est très impressionnable et pleure pour la moindre chose,
surtout par les temps d'orage, après des contrariétés ou de
mauvaises nouvelles. [Père, mort d'une fluxion de poitrine ;
sobre. Mère, morte à 82 ans, de vieillesse. On n'a pas de
renseignements sur les grands parents paternels et mater-
nels. - Cinq frères, dont deux morts ; les trois autres sont
bien portants, sans accidents nerveux. Ni aliénés, ni épilep-
tiques, etc., dans la famille, soit d'un côté, soit de l'autre.
Pas de consanguinité. Il y a 16 ans de différence entre le
père et la mère du malade.
Sept enfants : 1° Fille, 24 ans, chanteuse dans un concert,
intelligente et bien portante; 2° fille morte à 11 ans d'une
péritonite; elle était assez intelligente; 3° garçon mort à
11 mois de convulsions; - 4° garçon, 17 ans, employé d'impri-
merie, est d'une intelligence médiocre ; 5° fille morte à 7 mois
de diarrhée ; -6° notre malade ; 7° fille, 5 ans, intelligente et
bien portante.
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1893. 12 f
178 Hydrocéphalie simple.
Notre malade. - Le mari était déjà malade depuis long-
temps au moment cle la conception. - Grossesse bonne jus-
qu'à huit mois, époque où lanière a été fortement impression-
née à la suite de la perte de sa fille, âgée de 11 ans, morte au
moment où elle l'embrassait. - L'accollchement s'est fait 20
ou 25 jours avant terme, naturel et rapide (2 heures). A
la naissance, l'enfant n'était pas cyanosé, bien qu'il eut deux
circulaires du cordon autour du cou. Elevé au sein jusqu'à.
quinze mois ; propre à un an, il a commencé à marcher à treize
mois, à parler à 20 mois; toutefois, son élocution est restée
difficile. A partir de 5 ou 6 mois, on remarqua qu'il devenait
parfois tout pâle et semblait comme mort; cet état, qui durait
une ou deux minutes, s'est répété 5 ou (i fois par jour, jusqu'à
huit mois (vertiges ? ). A cet âge apparurent les premières
convulsions localisées à droite. Pendant cinq ou six jours, elles
persistèrent dans le bras droit; la main était continuellement
secouée ; les yeux d'abord normalement dirigés se convulsè-
rent le 3e ou le 4e jour. Ces convulsions des yeux ont duré cinq
jours ( ? ). Le bras et la jambe du côté gauche n'auraient rien
présenté de particulier.
Lorsque C.hev ? a commencé à marcher à 13 mois, on s'est
aperçu qu'il avait une faiblesse marquée du côté droit : il
trainait la jambe de ce côté et laissait tomber les objets sai-
sis avec la main correspondante. A 14 ou 15 mois la faiblesse
du bras et de la jambe augmenta.
La mère de Chev ? décrit ainsi les accès : II tombait sur le
côté, sans cri aigu, devenait pâle; les mains se crispaient, les
yeux se convulsaient en haut; puis apparaissaient quelques
secousses dans le bras et la jambe du côté droit seulement.
Ni ronflement, ni écume, ni morsure de la langue. T,out en
conservant sa connaissance ( ? ), il était impossible à l'enfant de
parler : sa langue était comme paralysée. Les accès se répé-
taient deux ou trois fois par mois, surtout par les temps ora-
geux, et conservèrent jusqu'à neuf ans cette même fréquence.
A partir de cet Age, ils se multiplièrent et on en nota par-
fois huit en vingt-quatre heures. Il y aurait eu des rémis-
sions de deux ou trois semaines.
Rougeole à deux ans; otite gauche à 2 ans 1/2, puis
ophtalmie double qui dura cinq semaines; ensuite survint
une deuxième otite qui persistait à l'entrée dans le service :
l'écoulement sentait très mauvais. Il reste de la surdité de
l'oreille gauche.
JJt . Description DU malade. ; 179
Etat actuel. Tête normalement développée. Crâne ovoïde;
symétrique; les bosses sont peu saillantes et mousses : aplat
tissement de la région occipitale. - Front moyen, assez large,
sans proéminence des bosses frontales, recouvert en haut et
surtout au niveau des tempes par les cheveux. Arcades,
orbitaires saillantes dans le tiers externe. Les oreilles sont
appliquées sur le crâne, leur ourlet est régulier, leur lobule
est arrondi : la gauche semble un peu plus grande que la droite.
[Face pleine et arrondie, asymétrique : quand il sillle, la
bouche est déviée à gauche et la commissure de ce côté forme
un pli plus marqué. Les yeux ont leur saillie normale, les
fentes palpébrales sont un peu obliques en dehors et en bas;
l'iris, est gris; les pupilles sont rétrécics, la gauche un peu
moins que la droite. Dans la vision à une certaine distance, il
semble qu'il y ait un léger strabisme convergent. - Ne : large
à sa racine, lobule arrondi et gros. Lèvres moyennes. -, z
Bouche un peu grande. Plusieurs dents sont cariées.
VoÚte palatine normale. Menton rond. y
Cou un peu gros. Thorax bien conformé, pas de dévia-
tion du rachis. - Organes génitaux normaux, pas d'ona-
nisme.
Membres supérieurs. - A l'inspection, le membre droit
parait un peu moins gros, surtout la main. Il était autrefois
plus faible à droite qu'à gauche, ce qu'on constatait au dyna.
momètrc ; depuis le mois de décembre 1886 cette différence a
disparu. L'enfant était gaucher en temps ordinaire ; depuis le
mois de mai 1883, il s'est mieux servi de sa main droite. '
180 Hydrocéphalie : épilepsie partielle.
sourd; le second s'entend assez bien à la base. Pouls faible.
Peau brune, assez épaisse.
Vue normale. Ouïe : les deux otites qu'il a eues à l'oreille
gauche l'ont rendu sourd de cette oreille. Aujourd'hui, il
entend le tic-tac d'une montre à 0°30. L'enfant est peu affec-
tueux, très taquin, désobéissant, voleur; souvent il frappe les
enfants avec lesquels il joue.
1882. Juillet. Chev... est moins méchant, il joue avec ses
camarades, aide au service ; il est poli, obéissant, devient plus
calme.
Août. - Affaiblissement physique, nonchalance après les
accès.
7 décembre. Il parait qu'à la suite de chaque accès, il est
comme paralysé du côté droit; la paralysie persisterait pen-
dant 15 à 20 minutes. Dans les accès, les convulsions n'exis-
teraient que dans les membres du côté droit, tandis que le côté
gauche reste immobile.
1883. 16 mai. Série d'accès dans la journée, suivie de
prostration.
1885. Mars. L'enfant parait s'alourdir ; il travaille toujours
avec bonne volonté, mais est moins vif qu'autrefois. Il n'a plus
d'accès, mais à mesure qu'il avance en àge, son intelligence
baisse; il faut lui répéter plusieurs fois la même chose, et
encore répond-il de travers.
Juin. L'enfant a passé un bon mois, a été plus éveillé. On
continue, malgré cela, à remarquer que l'intelligence s'affai-
blit.
1886. L'écoulement de l'oreille gauche est arrêté depuis
10 mois, époque à laquelle l'intelligence de l'enfant a baissé.
Les accès deviennent plus fréquents. L'intelligence diminue de
plus en plus. Ch ? est souvent endormi, ou reste ahuri sans
comprendre ce qu'on lui a dit.
Décemb7-e. L'intelligence de l'enfant décline tellement qu'il
ne cherche plus maintenant à se rendre utile. S'il le fait, c'est
maladroitement et sans se rendre compte de ce qu'il fait.
Mensurations de la tête.
Hydrocéphalie : état DE MAL épileptique. 181
182 .' - Hydrocéphalie.
Le malade a la face dirigée à gauche, les yeux déviés du
même côté et un peu en haut; les pupilles contractées. La
conjonctive oculaire gauche est injectée et la paupière de ce
côté, couverte de mucosités. \-y/sta/m2es transversal des
deux yeux. - Les pupilles sont très peu contractiles. - La
face est pâle, cyanosée, le nez pincé, ellilé, les narines pulvé-
rulentes. Les lèvres et la langue sont sèches, couvertes de
mucosités assez abondantes. L'haleine est fétide. - Les oreilles'
sont un peu cyanosées. La peau est chaude, sèche. Les
membres supérieurs sont flasques, et demeurent immobiles,
même quand on les pince fortement. Les membres inférieurs
sont flasques, fléchis, le membre gauche retombe immédiate-
ment tandis que le côté droit se maintient. Mort à 11 h.
1/4. Poids après décès : 4 7 kilog. 600. Aussitôt après la
mort : T. R. 42 ? Deux heures après, T. R. 41",5. -Trois'
heures après, T, R. 40°. Quatre heures après, T. Il. 37".
1UTOPSIr-Tae.-CicircheLClzc peu épais, décoloré en avant
où il y a cependant trois petites taches ecchymotiques, offrant
une injection assez prononcée dans toute la partie postérieure.-
Crâne : os peu épais. A l'inspection de la hase du crâne, on cons-
tate que les saillies osseuses sont très prononcées et que les
différents étages ont leur profondeur normale. Voûte crâ-
nienne symétrique, très légèrement natiforme. Les sutures
sont en général assez sinueuses sans traces d'os wormiens et
parfaitement distinctes sur les deux faces de la calotte crâ-
nienne. A la base, la dure-mère est injectée, les sinus
sont pleins de sang, l'adhérence aux os est normale.
Lorsqu'on enlève le cerveau, il s'écoule une assez grande
quantité de liquide C(inllérl0-1'lClttclrn; on en recueille 150 gr.
Les artères, les nerfs et les différentes parties de la hase de l'en-
céphale sont symétriques. - La pie-mère offre une vascula-
risation générale à la base et à la convexité. L'espace inter-
pédonculaire est bombé, très aminci et se présente sous
l'aspect d'un pseudo-kyste. Quand la lige pituitaire a été
détachée, le liquide céphalo-rachidien est sorti en jet. En
séparant les deux hémisphères, les ventricules latéraux appa-
raissent remplis de liquide céphalo-rachidien, et très dilatés.
La dilatation est à peu près la même des deux côtés et porte
sur les trois cornes. On recueille encore 240 gr. de liquide ;
en tout 390 gr. Le corps calleux est moins épais que d'habi-
tude. Les parois des deux hémisphères sont amincies, mais à
un degré modéré. Voici les dimensions des ventricules laté-
raux, les mêmes d'ailleurs des deux côtés :
Hydrocéphalie : cerveau. 183
54 Hydrocéphalie ET épilepsie.
tion orbitaire, assez largo, est très en retrait vers la branche
interne de la scissure orbitaire. L'incisure en II est assez
bien conformée, profonde, mais sur sa branche externe, au-
dessus de sa branche transversc, on trouve un pli de passage
à niveau, interrompant sa continuité. La '2mc circonvolution
orbitaire est très sillonnée, normale, bien développée.
Face convexe. - Lobe frontal. Les scissures parallèles fron-
tales supérieure et inférieure sont profondes ; la supérieure
est interrompue, au-dessus de la scissure frontale supérieure,
par un pli de passage un peu en retrait et marquée, allant de'
la ire frontale à la frontale ascendante. L'inférieure, qui
atteint en bas la scissure de Sylvius, est interrompue par deux
plis de passage, l'un assez large et profond, allant de la fron-
tale ascendante à la '2mc frontale ; l'autre très grêle allant du
pied de la 3me frontale à la frontale ascendante. La scissure
frontale inférieure est sinueuse, interrompue à la partie anté-
rieure par 3 plis de passage à niveau, allant de la '2me frontale
à la 3me. La scissure frontale supérieure est sinueuse, cou-
pée à sa partie antérieure par plusieurs plis de passage à
niveau, allant de la ire à la 2111e frontale.
La première circonvolution frontale est bien développée.
La deuxième l'est encore plus et dédoublée à sa partie anté-
rieure. Ces ° circonvolutions sont assez sillonnées. La troisième
frontale est moins volumineuse. Son pied est maigre et son
corps est divisé à sa partie moyenne par un sillon profond allant
de la scissure de Sylvius à la scissure frontale inférieure.
Lobe central. La circonvolution frontale ascendante est
assez grosse. La pariétale ascendante est très développée
et contrairement à la règle elle parait plus large à sa partie
supérieure qu'à sa partie inférieure.
Lobe pariétal. Le lobule pariétal supérieur est bien
développé. Il est séparé en avant de la pariétale ascendante
par un sillon profond n'atteignant pas tout à fait en bas la
scissure inter-pariétale. A cet endroit il existe un pli de pas-
sage à niveau allant du lobule pariétal supérieur il la pariétale
ascendante. La scissure inter-pariétale commence en bas et
en avant à un centimètre ! /2 au-dessus de la scissure de Sylvius ;
à 2 centimètres en arrière de sa courbe, on trouve un rameau
ascendant, profond et sinueux, partageant le lobule pariétal
supérieur en deux parties à peu près égales. Un peu plus loin
elle est interrompue par un pli de passage transversal, très
large. Au-delà de ce pli de passage, elle continue sa marche
Hydrocéphalie : cerveau. 4ô5'
jusqu'au sillon occipital transverse. Le lobule pariétal-
inférieur est assez découpé et bien développé. - Le })li courbe,
irrégulier, est circonscrit en avant et en arrière par la scissure
parallèle bifurquée. A sa partie supérieure et antérieure, on
trouve un pli de passage assez maigre et en retrait allant au
lobule pariétal inférieur.
Lobe occipital. Il existe deux plis de passage allant l'une
du lobule pariétal supérieur à la 1 ? circonvolution occipi-
tale, l'autre du pli courbe à la seconde circonvolution occi-
pitale. Les circonvolutions occipitales sont sinueuses et assez
grosses.
Lobe temporal. - La Ire circonvolution temporale, assez
bien développée, paraît normale à sa partie postérieure, mais
à sa partie antérieure, elle est un peu en retrait et comme cha-
grinée. La scissure parallèle est très sinueuse, assez profonde,
irrégulière, bifurquée à son extrémité postérieure. La 2""= cir-
convolution temporale est également bien développée surtout
à sa partie postérieure. Sa moitié antérieure est aussi un peu
en retrait à certains endroits et est chagrinée. La seconde
scissure temporale est interrompue par des plis de passage allant
de la seconde à la 3me temporale. La 3me temporale est rela-
tivement peu volumineuse et un peu en retrait. L'incisure
préoccipitale est très profonde; elle se prolonge jusqu'à
la branche postérieure de la scissure parallèle qui circonscrit
le pli courbe, séparant ainsi nettement le lobe occipital; elle
n'est interrompue que vers son tiers inférieur par un petit pli
de passage assez grêle. existe deux circonvolutions tempo-
rales transverses. Le lobule de l'insula, un peu chagriné,
possède cinq digitations.
Face interne. Lobe occipital. La le circonvolution
occipitale est assez volumineuse.- La 21110 circonvolution oc-
cipitale, un peu en retrait, mais assez bien conformée, est éga-
lement un peu chagrinée. ,
Lobe frontal. La circonvolution frontale interne est bien
développée, dédoublée dans sa plus grande partie, et envoie
plusieurs plis de passage si niveau à la circonvolution du corps
calleux et au lobule paracentral. La scissure calloso-mar-
ginale, profonde, sinueuse, est interrompue à sa partie
médiane par un pli de passage à niveau allant de la circonvo-
lution du corps calleux au lobule paracentral. L'incisure préo-
valaire n'est pas complète et n'atteint pas la scissure calloso-
marginale. Au niveau de la scissure fronto-pariétale, elle est
f8G Hydrocéphalie : cerveau.
interrompue par un pli de passage à niveau, maigre, allant
de la circonvolution du corps calleux au lobule paracentral.
Le lobule paracentral, peu développé, est divisé en deux
parties par un sillon transverse profond.
La circonvolution du corps calleux est atrophiée et dans son
ensemble chagrinée. Le corps calleux est atrophié lui-même
dans toute son étendue. Le lobule quadrilatère est assez
volumineux, très sillonné ; il existe une scissure sous-pariétale
profonde et un pli pal'ilÍto-lill1biqlle postérieur. - La scissure
perpendiculaire interne est très creuse. Le coin est bien
conforme. La scissure calcarine est assez profonde, et peu
sinueuse.
Hémisphère droit. La scissure de. Sylvius ne présente
rien de particulier. - Le lobule de l'insula ne se trouve pas à
découvert. Le sillon de Rolando prend son origine dans la
scissure de Sylvius ; il est sinueux et profond. La scissure
perpendiculaire externe ne forme qu'encoche sur la con-
vexité.
Lobule orbitaire. - Le rn/rus reclus est assez bien déve-
loppé mais sa surface est un peu chagrinée. La scissure
olfactive est profonde. - La première circonvolution orbi-
taire est un peu chagrinée, et a le même aspect que celle du
côté gauche. La scissure en II a également la même dispo-
sition qu'à gauche. La seconde circonvolution orbitaire,
assez grosse, est un peu chagrinée à sa partie postérieure.
La scissure, parallèle frontale supérieure est interrompue
par un pli de passage il niveau allant de la seconde frontale à
la frontale ascendante. L'inférieure communique en haut avec
la ire scissure frontale par l'intermédiaire d'un sillon trans-
verse profond. La scissure frontale inférieure, un peu
sinueuse, est interrompue son tiers antérieur par deux plis de
passage il niveau, assez grêles, allant du cap de la première
frontale à la seconde frontale, elle communique entre le cap
et le pied de la troisième frontale avec la scissure de Sylvius,
par l'intermédiaire du rameau ascendant de cette dernière. La
scissure frontale supérieure, assez profonde est interrompue
dans son tiers antérieur par plusieurs plis de passage allant
de la première à la seconde frontale.
La première circonvolution frontale, assez grosse, s'in-
sère sur la frontale ascendante par deux plis de passage à
niveau. La seconde circonvolution frontale, très volumi-
neuse, très sillonnée, s'insère à la frontale ascendante par deux
plis de passage à niveau très grêles. - La troisième frontale est
Hydrocéphalie : cerveau. 187
bien développée surtout son cap. - Le cap et le pied de la 3e
frontale paraissent atteints légèrement de méningo-encépha-
lite. Les deux autres circonvolutions frontales sont cha-
grinées surtout à leur partie postérieure.
La frontale ascendante est assez grosse ét sinueuse. La
pariétale ascendante est également assez bien développée ; elle
est divisée à son quart supérieur par un sillon profond faisant
communiquer le sillon de Rolando avec la scissure inter-parié-
tale. La partie située au-dessus de ce sillon transverse est un
peu en retrait et chagrinée.
Lobe pariétal. La scissure inter-pariétale, assez pro-
fonde, sinueuse, est interrompue vers le milieu de son trajet
par un pli de passage à niveau, transversal : il se continue au-
delà jusqu'au sillon occipital transverse. Le lobule pariétal
supérieur est bien développé, très découpé ; il en est de même
du lobule pariétal inférieur qui, lui, paraît avoir été atteint
de méningo-encéphalite superficielle. Le pli courbe,
normal, est circoncrit par deux sillons provenant de la scissure
parallèle.
Lobe occipital. Il est bien conformé dans toutes ses par-
ties, scissures et circonvolutions.
Lobe temporal. - La première et la seconde circonvolu-
lions temporales, présentent des traces de méningo-encé-
phalite, sont chagrinées mais assez bien développées. La
seconde scissure temporale est divisée en plusieurs tronçons
par deux plis de passage à niveau allant de la deuxième cir-
convolution temporale à la troisième. Ces deux plis de passage
sont chagrinés de même que la troisième circonvolution tem-
porale. De l'incisure préoccipitale part un sillon profond
et transverse remontant jusqu'à quelques millimètres de la
scissure interpariétale et qui n'est interrompu vers sa partie
médiane que par un petit pli de passage à niveau allant de la
seconde temporale à la deuxième circonvolution occipitale.
Face interne. Lobe tem]J()1'o-occipilat. Les deux circon-
volutions temporo-occipitales sont très développées, sans pli
de passage allant de l'une à l'autre.
Lobe frontal. La première circonvolution est assez bien
conformée. La scissure cal loso- marginale est interrompue
par deux plis de passage à niveau, mais maigres, allant l'un de
l'extrémité de la circonvolution frontale à la circonvolution du
corps calleux, et l'autre du lobule paracentral à la même cir-
convolution. En avant du lobule paracentral, il existe un sil-
lon prèovalaire complet. La circonvolution du corps calleux
est moyennement développée, un peu chagrinée, surtout dans
188 Hydrocéphalie : cerveau.
sapartieantérieure.Le lobuleparacentral est irrégulier, et'
présente en son milieu une incisure en Y dont la queue vient se
perdre dans la scissure calloso-marginale.
Lobule quadrilatère. - Il est bien développé, possède une
scissure sous-pariétale profonde en X. Il existe un pli de
passage pariéto-limbiquo postérieur, et un pli de passage para-
limbique postérieur. - La scissure, perpendiculaire interne
est très creuse. - Le coin est régulier. - La scissure calcarine
ne présente rien de particulier.
Cou et thorax. Corps thyroïde, environ 20 gr. Poumons
un peu hypérémiés, le gauche surtout. Poumon gauche,
230 gr. Poumon droit, 240 gr.Ceou', 230 gr., en systole ;
persistance oblique du trou de Dotal. Les cavités cardiaques
sont remplies de caillots et de sang noir. Les valvules des
orifices auriculo-ventriculaires et artériels sont normales.
Abdomen - Foie hypérémié, 1315 gr. ; pas de calculs.-
Rein gauche, 140 gr. - Rein droit, 121 gr. .
Nous devons signaler l'hérédité du côté paternel
(attaques paralytiques répétées du père, mort hémi-
plégique, excès de boisson et suicide de grand-père
paternel), les névralgies de la mère, la mort par
convulsions d'un frère du malade, l'arriération intel-
lectuelle d'un autre de ses frères. Comme ses frères,
il a subi l'influence héréditaire d'autant plus qu'il
paraît avoir été conçu alors que son père avait eu déjà
des attaques paralytiques. Signalons une impression
vive de sa mère au 8ne mois de la grossesse, et
l'accouchement 20 à 25 jours avant terme (1). Toutes
ces circonstances pathologiques constituaient un terrain
bien préparé pour l'éclosion d'accidents nerveux. Les
renseignements sur l'apparition et l'évolution de
l'hydrocéphalie font malheureusement défaut. Les
accidents concomittants observés chez l'enfant peuvent
se résumer ainsi : de 6 à 8 mois crises syncopales ;
à 8 mois convulsions intermittentes pendant 5 jours,
(1) La poche des eaux aurait percé deux heures après l'émotion éprouvée
par la mère.
Hydrocéphalie ET épilepsie.
189
localisées à droite ; à 13 mois affaiblissement
paralytique remarqué dans le côté droit; accès
épileptiques deux ou trois fois par mois jusqu'à neuf
ans, puis augmentation de la fréquence des accès.
Durant le séjour de l'enfant dans le service, les
accès compliqués de rares vertiges sont allés toujours
en augmentant, ainsi que le montre le tableau ci-après :
Tableau des accès et des vertiges.
190 Hydrocéphalie ; état DE MAL.
tique, même à écrire, mais à la fin de 1887 ses
connaissances avaient sensiblement diminué : la parole
était devenue plus lente; dans les premiers temps il
prenait plaisir à aider dans le service, peu à peu il est
devenu maladroit et ne se rendait plus compte de ce
qu'il faisait. Souvent, après ses crises, on avait remar-
qué qu'il devenait plus irritable, taquin et désobéissant.
Ses sentiments affectifs étaient allés en diminuant.
Au mois de février 1888, il a été pris d'un état de
mal épileptique qui a offert les caractères habituels
et s'est terminé promptement par la mort. La tem-
pérature rectale a suivi comme d'ordinaire une élé-
vationrapide ainsi qu'on le voit par le tableau ci-après.
26 février : Malin, 6 h. T. R. 38', S. - Soir, 6 h. T. R. 39», 2.
27 février : Matin, (1 h. T. R. 3G ? - Midi, T. R. 40-.
Soir, li T. R.40°,2. - Minuit, T. R. 39°,8. ! 28 février : Matin. V 11. T. R. 39°,5. - Midi, T. R. 40-, 2.
; '' Soir li. T. R. 41',8. - Minuit, T. R. 41\ 5.
Alors il s'est produit une chute de la température
à 40°, 8 sous l'influence d'injections d'antypirine (de
minuit à 6 heures du matin le 29 février), puis la
température s'est élevée de nouveau pour atteindre
42°, 7 le jour de sa mort, le 29 février il 11 1 heures. Ainsi,
que nous l'avons vu plus haut, la température du
cadavre est descendue à 37°. Quand aux accès ils
ont présenté la progression suivante durant le mois
de février : .
Hydrocéphalie : antécédents. 191
été diurnes et nocturnes, à peu près dans les mêmes
proportions.
OBS. Il.- Hydrocéphalie simple. Ectopie du rectum.
SOMMAIRE. - Père, rhumatisant, un peu alcoolique. Grand-
père paternel, excès de boisson. Mère, rhumatisante,
nerveuse. - 7'rois tantes maternelles, mortes de convul-
sions. Pas de consanguinité. Inégalité d'âge de 3 a ? is.
Frère aîné, convulsions internes.
Grossesse tourmentée par des accès de colère et de jalousie.
A la naissance, tête ordinaire. - A 6 mois, début du
grossissement de la tête. .1 14 mois, têle volumineuse. -
Faiblesse de la jambe droite. - Début de la parole à.15 mois,
de la marche à 2 ans 1/2; marche seul à 8 ans. Déviation
du pied droit à 7 ans. - Placement à l'Asile Clinique à 8
azs. -lougeole à7 ans 1/2. Première dent à un an.Sou-
dure des fontanelles à 8 ans. Marche de plus en plus
difficile. (Jnuchophae ? ubcote à Il ans. Broncho-
pneumonie. Mort.
AUTOPSIE. - adhérences de la dure-mère. Dilatation
ventriculaire, prédominant dans les cornes frontales, sphé-
noïdales, plus prononcée à droite qu'à gauche. Liquide
cëphato-rachidien, 120 gr. - Ectopie du rectum.
Coeur... (Marcellin Jules), né le 21 janvier 1876, est entré le
5 avril 1886, à Bicêtre (Service de M. Bourneville).
Antécédents (Renseignements fournis par le père et la mère
de l'enfant). - Père, 46 ans, tonnelier, assez grand, fort, marié
à 23 ans. Rhumatisme articulaire à 44 ans, ayant nécessité un
séjour de deux semaines au lit. Aucun autre antécédent mor-
bide, ni syphilis, ni dermatose, ni trouble nerveux quelconque;
rares excès alcooliques : il rentre cinq ou six fois ivre dans
l'année.
[Famille du père : Père, mort on ne sait de quoi à 45 ans, cul-
tivateur, excès alcooliques. - Mère, morte à 52 ans, hydropi-
que ( ? ), ni alcoolique, ni accidents neuro-arthritiques.
Grand-père paternel, sobre, mort très âgé. Aucun rensei-
gnement sur la grand'mère paternelle et les grands-parents
maternels. Un frère et une soeur bien portants.]
Mère, 43 ans, autrefois domestique, grande, forte, brune, phy-
sionomie régulière, mais traits assez grossiers. Rhumatisme
192 HYDROCÉPHALIE : antécédents.
articulaire aigu généralisé à 32 ans. Aucun accident nerveux
sauf deux ou trois syncopes ; assez coléreuse, mariée à23 ans.
[Famille de la mère : Père, mort il )'2 ans des suites d'un
traumatisme grave du genou, garde dans un château, il cul-
tivait la terre, était sobre, et bien portant.- Mère, morte à
65 ans après deux mois d'unc maladie restée inconnue. Bien
portante auparavant. Aucun accident neuro-arthritique. Pas
de renseignements sur les grands-parents. Quatre frères :
deux sont morts en bas âge ? ? .. Un vit, célibataire, sobre;
un autre est asthmatique et a de nombreux enfants bien por-
tants. Trois demi-soetLJ's (de mère) mortes jeunes de
«convulsions». - Dans le reste de la famille aucune tare
pathologique connue.]
Pas de consanguinité. Inégalité d'âge de trois ans.
Trois enfants : 10 Garçon, 21 ans, bien portant, aurait eu
dans son enfance une dizaine de fois des «convulsio¡ls inter-
nes durant de deux à trois minutes». Il est actuellement
colporteur, aurait une bonne conduite et n'aurait jamais été
malade. - Fille, 17 ans, couturière, grande, intelligente,
bonne conduite.
3 Notre malade. Rien de particulier à la conception. Durant
la grossesse, la mère accuse de fréquents accès de colère con-
tre son mari. L'accouchement eut lieu à terme et fut normal.
A la naissance, l'enfant était bien portant et vigoureux, sa
tète n'était pas volumineuse, il la tenait droite et on lui met-
tait facilement les petits bonnets qui avaient servi à son frère.
Mis en nourrice.il fut alimenté au lait de vache. IF n'aurait pas
eu d'accidents jusqu'à six mois. La nourrice prétendit même
qu'il n'avait pas eu de convulsions. A six mois, la tête com-
mence à grossir et l'on constate que l'enfant a les yeux forte-
ment portés en haut, de sorte que l'on n'en voit que le blanc.
Ce strabisme fut attribué à ce qu'une pendule placée au-
dessus du berceau de l'enfant attirait ses regards par les
oscillations de son balancier. A part cela, la santé de l'enfant
était parfaite, son corps était normalement développé et sa
tète, bien que volumineuse, se tenait bien.
Coeur.. fut changé de gardienne, mis à la campagne, et nour-
ri avec du lait de vache. On chercha à le guérir de son stria-
bisme en attirant en bas ses regards au moyen d'un objet bril-
lant, mais on n'y parvint que très incomplètement. Revu à 14
mois par ses parents, sa tête avait encore grossi et la calotte
qui lui servait de coiffure avait 65 centimètres de tour. La nour-
rice aurait constaté vers 10 mois de légères convulsions
Hydrocéphalie : description DU malade. 193
assez fréquentes, sur lesquelles il est impossible actuellement
d'obtenir des détails. C..... ne marchait pas à 14 mois, la
jambe droite semblait plus faible que la gauche, sans qu'il y
eut toutefois de déviation du pied. Il parlait presqu'aussi
bien qu'aujourd'hui. Repris alors par ses parents, sa mère
nous dit qu'elle ne constata jamais de convulsions, qu'il
commença à marcher, tenu par les mains, à un an ? qu'à 3
ans, il se promenait seul dans les rues. A 7 ans, son pied droit
commença à se tourner et comme, il ne pouvait plus marcher,
sa mère, à 9 ans, le conduisit à l'Asile Clinique. L'été dernier,
elle le retira durant trois mois, mais dut le replacer. L'enfant
aurait eu la rougeole et une fièvre ( ? ) durant son séjour à
l'Asile Clinique.
La parole, était alors presque nulle ; il était gâteux pour les
urines seulement, mangeait seul avec la cuillère et la four-
chette. On ne lui donnait pas de couteau, car, à la suite du
récit d'un suicide on crut remarquer qu'il tentait de se couper
le cou ( ? ). L'enfant n'a jusqu'alors fait preuve d'aucune atten-
tion. Vers 7 ans, il avait la manie de tout déchirer avec les
dents, mais actuellement, il ne casse ni ne déchire rien. Ni
glouton, ni gourmand, ni salace, il mâchait mal ses aliments
il cause de sa mauvaise dentition. La première dent parut à un
an, les autres n'ont poussé que très lentement surtout celles
de devant qui n'étaient pas visibles à 2 ans et demi. Il n'avait
jamais été malade chez ses parents, parfois cependant il se
plaignait de silllements dans les oreilles. Doux, tranquille,
obéissant, affectueux pour ses parents, il aimait les animaux
surtout les chevaux, jouait à la poupée et essayait de coudre.
Il ne présentait pas de tics, ni de tremblements en temps
ordinaire, mais, quand il riait, ses bras et ses jambes étaient
secoués par une sorte de tremblement convulsif.
Sa mère ne sait à quoi attribuer sa maladie. Ses fontanelles,
d'après elle, ne se seraient fermées qu'à 8 ans. Son état intel-
lectuel serait actuellement stationnaire ; sa soeur a en vain
cherché à lui apprendre à lire. La déviation du pied droit, qui
s'accroit de plus en plus, a été la cause déterminante de son
placement à Bicêtre.
État actuel (Avril 1886). Tète énorme (Voir p. 196),
paraissant symétrique. Occiput très proéminent, bosses fron-
tales et pariétales très développées. Front très saillant. Pas de
trace de fontanelles. Face masquée par le front; arcades sour-
cilières déprimées; apophyses malaires peu saillantes. Ne :
camard, un peu retroussé. Sourcils noirs et peu fournis. Cils
BOURNEViLLE, Bicêtre, 1893. ' 13
194 - Hydrocéphalie : accès épileptiformes. -
longs et noirs. Rien de particulier à noter du coté des yeux;
Iris brun jaunâtre, pupilles égales, pas de strabisme, ni de
paralysie oculaire; la vue paraît normale ( ? ). Lèvres charnues.
Bouche petite, voûte palatine un peu ogivale, dentition nor-
male et assez régulière. Menton peu développé. A noter une
légère asymétrie faciale causée par l'abaissement léger de la
commissure labiale gauche et l'exagération du pli naso-génien
de ce côté. Oreilles placées très bas, petites, bien ourlées
mais à lobule adhérent.
Cou court et grêle. Thorax bien constitué à tissu cellulo-adi-
peuxtrès développé formant de véritables mamelles à l'enfant.
- Colonne vertébrale rectiligne, avec une très légère inclinai-
son en avant, due à une attitude vicieuse de l'enfant. Ventre
assez volumineux, adipeux, la peau formant des bourre-
lets.
Bras égaux et symétriques ainsi que les mains qui sont pote-
lées ; doigts en fuseaux, ongles rongés (Onychophagic).
Membres inférieurs symétriques, assez bien constitués, pieds
plats surtout àgauche. .VoZiZi'Zédes membres supérieurs nor-
male. Marche défectueuse. L'enfant incline à droite et à
gauche le pied droit dans une légère adduction. La lit. 43
donne une idée très exacte de la physionomie, de l'altitude
générale de l'enfant et en particulier de celle, très curieuse, des
membres inférieurs.
La sensibilité sensitivo-scnsorielle semble normale, il en
est de même des réflexes roluliens. Rien de particulier aux
organes de la respiration, de la circulation et de la (liges-
tion. Peau blanche, 1UCVU ? pigmcntairc peu volumineux
au bras gauche. Cheveux châtains clairs, bien implantés.
Léger duvet clair à la lèvre supérieure, aisselles glabres.
Organes génitaux : Pénil glabre. Verge : long. 35 millimè-
tres ; circonférence, 35 millimètres. Léger phimosis, gland
découvrable, méat normal, testicule gauche de la grosseur
d'un gros pois. Le droit n'est pas encore descendu.
1886. 16 juin. L'enfant est pris à 9 heures du matin d'ac-
cès épileptiformes. Au premier accès, il a vomi son déjeuner
du matin. Ces accès se sont répétés sept fois ; ils ont eu nette-
ment le caractère des accès épileptiformes.
18 juin. L'enfant est complètement remis de ses accès qui
ne se sont pas renouvelés jusqu'à la mort.
28 juillet. Puberté. Aisselles et pénil glabres. Léger duvet
à la lèvre supérieure. Verge : circonférence, 45 millimètres,
longueur, 32 millimètres; phimosis, gland assez difficilement
HYDROCÉPHALIE : MALADIES INTERCURRENTES.
195
découvrable. Le testicule droit n'est pas descendu, le gauche
est du volume d'une grosse olive.
Étal mental de l'enfant (avril 1SSG). Le fonctionnement
des sens parait normal. L'enfant s'exprime assez bien, il n'est
ni vorace, ni salace. Il se balance fréquemment d'avant en
arrière, tourne aussi la tète de droite à gauche et se met
fréquemment, en tournant la tète, les index dans les oreilles.
Il parait posséder toutes les sensations organiques, mais est
fréquemment gâteux surtout au lit.
L'attention spontanée se manifeste assez facilement chez lui ;
toutefois l'attention commandée est faible, c'est ainsi qu'il
parait ennuyé quand on lui parle et qu'on veut le faire causer.
Il ne réfléchit que fort peu avant d'agir et parait assez pares-
seux. Les instillcls sont assez développés, surtout celui de
la conservation. Il repousse les enfants qui le bousculent en
les appelant « cochons ». Il dort bien, son besoin d'activité
musculaire, malgré la diplégie dont il est atteint, se manifeste
par les tics coordonnés que nous avons signalés plus haut. Ses
instincts sextiels se manifestent par l'onanisme nocturne fré-
quent, jamais diurne.
Les sentiments affectifs sont très développés chez lui. Il aime
ceux qui s'occupent de lui et est le plus souvent gai ; il pousse
des cris de joie et répète fréquemment : « Je suis content. » -
Les sentiments sociaux et IIlOl'aux n'existent pas. Les
sentilllcnts esthétiques sont rudimentaires, il aime cependant
à entendre chauler et accompagne de son balancement antéro-
postéricur le rythme des chansons.
Le manque de notions suffisantes sur le monde extérieur fait
que son langage est rudimentaire. Nous avons déjà signalé la
faiblesse de sa volonté. Il n'a pas de personnalité et ne jouit
d'autre part d'aucune responsabilité.
Durant son séjour à Bicêtre, l'enfant, atteint de fréquentes
maladies intercurrentes, ne put recueillir les bénéfices de
l'éducation spéciale donnée aux enfants arriérés. Son état
avait au contraire tendance à s'aggraver, c'est ainsi qu'il devint
gâteux et que sa marche fut de plus en plus défectueuse.
196
Hydrocéphalie : état DU crâne.
1887. -Durant cette année l'enfant a fait de nombreux séjours
à l'infirmerie pour y être soigné de plaies qu'il se faisait à la
tête. On a constaté aussi, durant cette année, que la marche
devenait de plus en plus défectueuse et que le pied droit se
déviait franchement en varus..
1888. Aucune modification notable de l'état de l'enfant
pendant cette année.
1889. Mar ? Eruption rubootiue avec engorgement gan-
glionnaire et angine érythémateuse. La maladie dura une
semaine. La température atteignit h0, 2 le second jour, et
retomba progressivement jusqu'à la normale. La maladie ne
fut pas suivie de desquamation.
Mai. Conjonctivite purulente guérie en quelques jours,
sans lésions consécutives.
12 octobre.Puberté : Visage, aisselles glabres. Quelques
rares poils noirs au scrotum. Verge : longueur, 37 millimètres.
Circonférence, 50 millimètres. Prépuce long. Gland découvra-
ble. Testicules égaux, à la racine des bourses, du volume
d'un oeuf de moineau.
22 novembre. - L'enfant entre à l'infirmerie présentant les
symptômes d'une broncho-pneumonie gauche (matité à la
base, râles nombreux, aux deux temps de la respiration,
souille rude), toux quinteuse. Soir : T.1t. 380.
25 novembre. Toux plus fréquente. Dyspnée. Céphalalgie
et rachialgie. Pas de modifications stéthoscopiques. 'Soir :
T.R. 37°, 6.
27 novembre. - Etat stationnaire. Malin : T.R. 37", 8.
Soir : 38, 5.
30 novembre.- Aggravation notable, le malade ne peut pren-
dre que du bouillon et du lait. Matin : T.R. 39 ? Soir : 39, 2.
2 décembre. Dyspnée très intense. T.R. 40°. L'enfant
meurt à 8 heures /.1'
Mensurations de la tête.
Hydrocéphalie : cerveau. 197
Autopsie faite le 3 décembre 1889, 24 heures après le
décès. Rigidité cadavérique prononcée. Le pied droit est en
varus équin prononcé.
Tête. - A l'ouverture du crâne, une fois la calotte enlevée,
le cerveau s'affaisse comme une poche. L'affaissement des
hémisphères cérébraux existait avant l'ouverture de la dure-
mère, sans que l'on ait donné d'issue au liquide. La dure-
mère, adhérente au crâne, présente aussi de nombreuses ad-
hérences avec la pie-mère. Elle est plus épaisse qu'à l'état
normal. - Le crâne, assez mince, surtout au niveau de la
bosse frontale droite, est presque partout transparent. Dans
son ensemble il est brachycéphale à un degré très accusé;
les deux bosses frontales forment une saillie très nette, plus
accusée à gauche. La région occipitale, au lieu d'être arron-
die, est aplatie. La moitié gauche de cette région est nota-
blement déprimée par rapport à la droite (plagiocéphalie).
Les sutures sont toutes fermées, sauf la partie posté-
rieure de la sagittale dont les dentelures sont détachées.
Il n'y aucune trace de synostose, tant à la face interne qu'à
la face externe. Il existe sur la branche droite de la suture
un os wormien de 36 millimètres sur 10 à 15 millimètres,
perpendiculaire à cette suture; sur le côté gauche, il existe
un os wormien de a0 millimètres sur 7 à 8 millimètres,
disposé dans le sens même de la suture, qui, des deux côtés,
est très sinueuse, il n'y a plus de trace des fontanelles.
La base du crâne, d'aspect normal, est légèrement asy-
métrique, car la fosse occipitale droite est notablement plus
développée que la gauche. Les nerfs et les vaisseaux de la
base du crâne sont normaux. Les ventricules latéraux,
dilatés, forment de véritables poches surtout dans les cornes
frontale et sphénoïdale droites. Les cornes occipitales sont
peu dilatées et, à leur niveau, les circonvolutions sont fermes,
tandis qu'elles sont ramollies sur le reste du cerveau et
offrent des plaques laiteuses au niveau des régions sylviennes.
198 Hydrocéphalie : ectopie rectale.
Hémisphère droit. Face externe. La scissure de
Sylvius parait normale, mais ses lèvres sont écartées et
laissent apparaître l'insula qui fait saillie à cause de la
dilatation ventriculaire. Le lobe frontal offre des sillons
peu profonds, les circonvolutions assez contournées sont apla-
ties. -Des adhérences existent au niveau de la partie posté-
rieure des trois circonvolutions frontales. - F. A. est très
aplatie et très mince, elle se laisse déprimer au toucher com-
me une balle de caoutchouc. Le sillon de Rolando qui la
borne en arrière est fort mince. - Lobe pariétal : la frontale
ascendante très large, a à peu près les mêmes caractères
que F. A., est coupée à sa partie moyenne par un sillon, ce qui
lui donne plus l'aspect d'un lobule que d'une circonvolution.
Les lobulespariétaux on des caractères analogues. Le pli cour-
be ne présente rien de particulier. -Le lobe temporal est sil-
lonné de scissures plus profondes, la dilatation ventriculaire
étant moindre à son niveau. Tri a des traces d'adhérences à son
bord sylvien T3 et T3 ont un aspect normal. -Le lobe lcm.pom-
sphénoïdal est assez aminci et la circonvolution de l'hippo-
campe est réduite à une simple membrane. - Le lobe occipital
parait absolument sain.
Face interne. Elle est très altérée, des adhérences nom-
breuses, l'amincissement considérable du corps calleux et de
sa circonvolution renden la distinction de ses régions impos-
sible, jusqu'au niveau du coin, un peu aminci à son sommet.
À la partie moyenne des ventricules, la couche optique et le
corps strié forment une légère éminence mamelonnée.
Cou. Larynx, normal. Corps thyroïde (5 gr.).
Thorax. - Poumon gauche (270 gl'.), hépatisation rouge à
la base ; bronches remplies de pus. Poumon droit (170 gr.);
quelques adhérences pleurales à In base. - Rudiment de thy-
mus. Coeur (120 gr.), rien de particulier.
Abdomen. - Foie (750 gr.), gras, avec de nombreux foyers
de stéatose .- Pancréas (40 - Rate (70 gr.J;-Rein gau-
che (70 gr.), droit (6.5 ger.), pas de lésions appréciables. Le
rectum au lieu de se trouver à gauche est complètement
situé à droite. Vessie, normale.
Hémisphère gauche. La face externe du cerveau est à
gauche moins altérée qu'à droite. La scissure de Sylvius l'in-
sula ont à peu près l'aspect normal. Fi et F3 sont aplaties
et amincies à leur moitié postérieure. F3 est bien conformée.
Le sillon de Rolando est accusé et net. F A et PA, bien qu'un
Hydrocéphalie : cerveau. 199
peu aplaties n'ont rien de particulier. Les lobules parié-
taux, le pli courbe, le lobe temporal ont leur aspect ordinaire.
face interne offre un amincissement considérable du corps
Fig. 42. Elle représente le crâne de Coeur ? réduit de 178 mm. ici. 88 mm.
dans son diamètre bi-pariétal pris pour terme de comparaison. La circon-
férence est réduite de 595 mm. à 290 mm.
200 Hydrocéphalie ; réflexions.
calleux et de sa circonvolution. La circonvolution de,l'hip=
pocampe est très amincie. La FI porte les traces de quel-
ques adhérences. L'avant-coin, le coin sont bien limités sans
altération notable. Les ganglions centraux offrent un volume
plus considérable que ceux du côté droit. En un mot la dila-
tation ventriculaire étant moins accentuée à gauche qu'à
droite, l'hémisphère gauche est moins altéré dans sa mor-
phologie.
Le cervelet, la protubérance, le bulbe, la moelle n'offrent
macroscopiquement rien de particulier tant à gauche qu'à
droite.
Nous n'avons à relever dans les antécédents héré-
ditaires que l'arthritisme et plusieurs cas de convul-
sions chez des tantes maternelles. Son frère aurait eu
des convulsions répétées.
Normale à la naissance, la tête n'aurait commencé
à grossir qu'à (le six mois, sans convulsions pré-
liminaires ( ? ), mais avec accompagnement de stra-
bisme, attribué d'ailleurs à une cause accidentelle et
que, plus tard, on a essayé de corriger. Quatre mois
après le début de l'accroissement de la tête sont sur-
venues des convulsions légères ( ? ), qui se seraient
répétées. A 14 mois, on note un affaiblissement de la
jambe droite, qui, ultérieurement, à 7 ans, se compli-
qua d'une déviation du pied. A tous les égards, il y
avait un arrêt de développement : marche à trois
ans , parole presque nulle, attention difficile à
fixer, mastication défectueuse, manie de déchirer
avec les dents, dentition et descente de l'un des tes-
ticules tardives ; occlusion .des fontanelles à 8 ans
(Fig. 43).
En 1886, l'enfant eut une série d'accès épileptifor-
mes qui ne se renouvela pas jusqu'à sa mort, en dé-
cembre 1889. La paralysie s'aggrave peu à peu et le
pied droit se déforme davantage (pied bot varus).
Hydrocéphalie; réflexions. 201
Mentionnons la multiplicité des maladies intercurren-
tes et, entre autres, la conjonctivite purulente.
Fig. 43. - Aspect et attitude de Coeur...
et, rappelons que l'autopsie a fait constater, outre
les lésions de l'hydrocéphalie, une ectopie du 7'ec-
tum.
202 Hydrocéphalie : antécédents.
· OBS. III. Hydrocéphalie ventriculaire.
Sommaire. Père, absinthique. Arrière-grand-père pater-
nel, btcveur. - Deux oncles paternels, morts subitement.
Un cousin paternel, alcoolique et aliéné. Une tante
paternelle, imbécile. Mère, migraineuse. Grand'mère
maternelle, gastralgique. trri'ère-rand'mère 7naZeî' ? ieZZe,
sujette il des attaques syncopales. Grande tante mater-
nelle, tuberculeuse. Tante maternelle, tuberculeuse.
Autre tante maternelle, crises de nerfs et paraplégie passa-
gère. - Autre tante maternelle, attaques convulsives auec
aura. - In frère, méningite. - Pas de consanguinité. -
Inégalité d'âge, 3 ans */2.
Grossesse : frayeur un mois, émotiottsù 2 mois. - Ophtalmie
à la naissance, cécité. Convulsions à 5 mois. Début de l'hy-
drocéphalie à la même époque. Contractures des jambes et
des bras. Etat actuel : plagiocéphalie, persistance des.
fontanelles. Cyphose. Cyptorchidie. Mensurations du
crâne. Amaigrissement, broncho-pneumonie, mort.
AUTOPSIE. - Etat du crâne : persistance des fontanelles,
synostose partielle des sutures. Etat vésiculeux du cerveau.
Lésions de broncho-pneumonie. Congestion du foie. Calculs
rénaux.
Ess... (Louis Alexandre), né le est entré le 28 octobre
1892, à Bicêtre (Service de M. BOURNE"ILLE), atteint d'hy-
drocéphalie chronique.
antécédents (Renseignements fournis par la mère, le 5
novembre 1892). - Père, 39 ans, boulanger, puis concierge,
n'ajamais eu d'accidents nerveux, ni arthritiques. Pas de der-
matoses, ni de syphilis probable. Il boit plusieurs absinthes
par jour, mais ne s'enivre jamais. Bien constitué physique-
ment, il est d'ordinaire vif et emporté. [Père, boulanger,
mort à 68 ans, en deux ou trois jours. Sobre, calme, habi-
tant la campagne (Isère,) il avait dû cesser son métier, ne
pouvant à la suite de douleurs se servir d'une jambe. Mère,
morte à 77 ans de pneumonie ; depuis longtemps elle souffrait
de douleurs lombaires, n'avait pas l'air nerveuse. Aucun
renseignement sur les grands-parents paternels. Le
grand-père maternel, mort à 80 ans, aurait été un grand
buveur. Deux oncles paternels seraient morts subite-
ment. Deux oncles maternels sont morts : l'un ivrogne,
laissant un fils, actuellement âgé de 40 ans, devenu aliéné
Hydrocéphalie : antécédents. 203
à la suite d'excès alcooliques et interné dans un asile du
département de la Seine ( ? ). Trois tantes maternelles vivent ;
l'une d'elles, 60 ans, est placé à l'hospice de Bourgoin (lsère)j
devenue imbécile à la suite d'une fièvre typhoïde. Trois
soeurs mariées, en bonne santé ainsi que leurs enfants.
Aucune autre tare neuro-arthritique, psychique, etc., dans
le reste de la famille du père.] f
Mère, 36 ans, cuisinière, puis concierge, est migraineuse,
sujette aux esquinancies et à la blépharite ciliaire, elle fut
prise vers 29 ans d'hémoptysies avec aphonie et amaigrisse-
ment considérable. Cet appareil symptomatique a disparu,
sans qu'un trouble quelconque se soit manifesté durant la
grossesse. Actuellement la mère est forte, vigoureuse, nie
tout accident nerveux et tout excès alcoolique. [ Père, mar-
chand ambulant, mort par accident à 80 ans, était très sobre
et s'était toujours bien porté. - Mère, 78 ans, est gastralgi-
que depuis 7 ans, et était parfois sujette à de fortes coliques ;
aucun accident nerveux. - Pas de renseignements sur les
grands-parents paternels, morts assez jeunes. Grand-père
maternel, mort à 80 ans d'accident. Grand'mère maternelle,
morte à 82 ans, avait eu dans les deux ou trois dernières an-
nées de sa vie de petites attaques syncopales (probablement
symptomatiques de thrombose cérébrale). Trois oncles pa-
ternels, morts assez âgés, on ne sait de quoi. Une tante
maternelle, morte à 38 ans, probablement tuberculeuse, a eu
une fille morte tuberculeuse. - Cinq frères, dont deux morts
d'affections aiguës ; les trois survivants sont sobres, bien-
portants, un de ces derniers a t4 enfants, dont 12 sont vivants
et sans accidents nerveux, les deux autres sont morts jeunes..
Trois soeurs : une est morte tuberculeuse à 30 ans; une autre
qui avait eu, étant jeune, des crises de nerfs, mourut à 25 ans
il la suite de mauvaises couches. Elle resta à leur suite, 18
mois paraplégique. Un médecin aurait parlé de maladie de
coeur. La dernière soeur, qui est vivante, est rhumatisante,
un de ses enfants aurait des attaques convulsives avec aura ;
un médecin témoin de ces crises a prétendu que ce n'était .
pas de l'épilepsie. Aucun autre accident pathologique dans
le reste de la famille de la mère.]
Pas de consanguinité. Inégalité d'âge de 3 ans et demi.
Trois enfants : t fille, morte il 5 ans d'une maladie aiguë,
intelligente, pas de convulsions ; 2" garçon, 6 ans 1/2,
intelligent, bien portant, aurait été atteint de méningite ( ? )
204 Hydrocéphalie.
- à 4 ans. Il n'aurait néanmoins jamais eu de convulsions et sa
maladie n'a' pas laissé de traces.
3° Notre malade. Rien de particulier à la conception.
Au premier mois de la grossesse, frayeur produite par un cul-
de-jatte, la mère se figura que son enfant n'aurait ni bras
ni jambes. Au second mois, émotions violentes et fatigues
causées par la nouvelle de la maladie de son autre enfant et
le long voyage qu'elle fut obligée de faire pour l'aller voir.
Aucun accident au cours des autres mois, mais émotions fré-
quentes dues aux cris poussés par les opérés, la mère étant
cuisinière de la clinique de M. cle 1'ucl : er. Accouchement
normal, à terme, après 2 heures de grandes douleurs sans anes-
thésique, ni ergot, ni intervention obstétricale quelconque.
A la naissance, l'enfant était beau, paraissait régulièrement
conformé, n'avait pas de circulaire du cordon, n'était pas
asphyxié. Allaité au sein maternel jusqu'à trois mois, il est
alors envoyé en nourrice, où il est encore allaité au sein. Il
fut sevré à 15 mois. Il n'a pas de dents, ne marche, ni ne parle.
- A5 mois, convulsions : ni paralysie, ni contractures consécu-
tives. La nourrice ne donne aucun détail sur ces convulsions,
mais prétend que l'hydrocéphalie date de cette époque. La
nourrice écrivit encore trois fois que l'enfant avait eu des
convulsions sans autres détails. La mère n'en a jamais constaté
elle-même. En môme temps la tète grossissait et « le corps,
selon l'expression de la nourrice, ne profitait pas. » Un
médecin diagnostiqua l'hydrocéphalie. Retiré à 20 mois de
nourrice, la mère, outre son hydrocéphalie, remarqua à ce
moment la contracture des jambes et des bras qui, depuis,
aurait diminué.
L'enfant n'a jamais vu. Lors de sa naissance, il fut atteint
d'une ophtalmie, que M. de Wecker soigna sans remarquer
de lésion oculaire. Il n'a pas eu de maladie infectieuse, n'a
jamais été vacciné. La respiration est régulière, la digestion
bonne, bien qu'accompagnée ordinairement de diarrhée. Pas
de vers intestinaux. Aucune observation sur son état intellec-
tuel, la vie de l'enfant étant purement végétative.
État actuel (31 octobre 1892). Visage peu coloré, pâle
ordinairement, mais sujet a des poussées congestives qui le
rendent parfois très coloré et même cyanose. Adiposité assez
considérable. Expression douloureuse, l'enfant gémit du reste
presque continuellement. Cheveux châtains assez rares, bien
implantés.
Hydrocéphalie : description du malade. '205
Crâne très volumineux, sensiblement asymétrique, déprimé
en arrière et formant en avant une saillie dont le centre est
fluctuant (fontanelle antérieure). Bosses pariétales assez
développées, la droite un peu plus volumineuse que la gauche.
Bosses frontales assez saillantes, la gauche un peu plus
volumineuse que la droite (plagiocéphalie). La fontanelle
antérieure, au point le plus saillant de la tête, a 74 millimètres
de longueur sur 77 millimètres de largeur, ses dimensions
obliques sont de 55 millimètres environ. - La fontanelle
postérieure forme un petit triangle ayant une hauteur de 25
millimètres en apparence. Elle n'est pas saillante, mais se
laisse déprimer. Lorsque l'enfant crie, on la sent nettement
vibrer sous les doigts, phénomène qui ne se produit pas au
niveau de la fontanelle antérieure. A la palpation, on sent la
suture métopique et la suture sagittale. Le front, haut de 7
centimètres, offre 10 centimètres d'une bosse frontale à l'autre.
Face. Visage ovoïde ; arcades sourcillières déprimées. Fen-
tes palpébrales petites (22 mm.), paupières supérieures ten-
dues et déprimées, garnies de cils bien implantés et assez longs.
Paupières inférieures un peu saillantes avec cils rares assez
bien implantés; légère exophthalmic. Motilité des yeux en
tous sens et synergique, niais l'enfant regarde généralement
en bas de sorte que la paupière inférieure masque à demi l'iris
Pas de nystagmus. Iris, jaune-grisâtre très foncé. Pupilles éga-
les, moyennement dilatées; pas de réaction pupillaire; l'en-
fant parait complètement aveugle.
Nez camard, déprimé considérablement à sa racine, lobule
relevé en l'air, ailes peu charnues, narines regardant en bas
et en avant; pas de déviation apparente de la cloison. Odorat
et sensibilité nasale nuls. Pommettes assez saillantes, symé-
triques. Bouche petite (4 cm). - Lèvre supérieure mince,
très saillante au-dessus de la lèvre inférieure, plus charnue,
dont le bord libre, la bouche étant fermée, correspond à l'ar-
cade dentaire supérieure. -Palais déprimé, un peu ogival àson
centre; voile du palais très bas. Amygdales non procidentes.
Luette petite et médiane. Absence complète de dents.-Langue
normale. L'enfant semble avoir une légère perception du goût
salé et sucré, mais ne réagit pas aux amers. Menton large à
petite fossette en retrait sur le maxillaire supérieur.Créâtes
grandes : le pavillon droit a 5 cm. de long sur 3 de large, le
gauche 5 cm. 5 sur 3. Ces pavillons, implantés parallèlement
au crâne, ne présentent pas d'hélix, l'anthélix, le tragus, l'an-
titragus, la conque sont assez bien conformés. Le conduit auditif
206 Hydrocéphalie.
se dirige en bas, en dedans et en arrière. Les lobules assez
volumineux sont détachés. L'enfant réagit faiblement au bruit.
Cou : 27 centimètres de circonférence, court, sans goitre
apparent. Larynx développé, l'enfant crie toute lajournée.
leu Thorax assez saillant. Rien de particulier à l'auscultation.
Respiration du type abdominal ; pas de déformation rachiti-
tique. Abdomen rien de particulier. Gâtisme complet
et continu. Intelligence et parole absolument nulles.
2° Cyphose de la colonne vertébrale au niveau des trois ou
quatre dernières vertèbres dorsales.
. Les membres supérieurs sont assez bien développés. L'a-
vant-bras est en demi-flexion sur le bras. Les mains enprona-
tion ne sont pas déviées, les poings fermés, le pouce en dedans,
sont le siège d'une contracture, que l'on a peine à vaincre.
Les ongles des mains sont bien implantés.
Les membresinré1'ÍetU ? recouverts d'un duvet noir peu
abondant sont adipeux, égaux, contracturés dans la position
des tailleurs d'habits. Les pieds légèrement en talus varus
semblent un peu plats. Les ongles et les orteils sont nor-
maux, il n'existe pas de réflexes ( ? ). (fig. 0 et 00)
Hydrocéphalie : crâne. ' 207
ble, prépuce long de 2 centimètres. Bourses lâches. Cryptor-
chidie complète. Région anale normale. La sensibilité à la
figure peu vive se manifeste sur tout le corps ; la sensibilité
au froid est assez marquée.
1893. 2 février. Aggravation de l'état général. Abatte-
ment, cris plaintifs. Augmentation de la contracture des
membres.
15 février. L'enfant a maigri légèrement, néanmoins il
prend bien le biberon et n'a pas de fièvre.
20 mars. Vacciné, 3 piqûres à chaque bras.
27 mars. - Insuccès de la vaccination.
5 avril. L'enfant tousse et pousse des cris plaintifs con-
tinus, ce qui rend toute auscultation impossible. Ces cris sont
analogues aux vagissements. Il dépérit notablement. La toux
a les caractères du jacassement de la pie.
La fontanelle antérieure, très bombée, mesure 70 milli-
mètres de diagonale antéro-postérieure, 75 millimètres de dia-
gonale transversale, et de 70 à 65 millimètres d'un côte à l'autre
du losange qu'elle forme. A la palpation, on sent de légers
battements, sa compression n'amène aucun accident. la
fontanelle postérieure offre à la palpation une dépression de
2 centimètres de hauteur environ, le doigt qui la déprime
ressent de violents battements. L'amaigrissement rend la
plagiocéphalie plus manifeste.
P. à 1-lui8. La température qui se maintenait légèrement au-
dessous de 37°, est montée jusqu'à 39° à 5 heures du soir, pour
retomber ce matin à 37",2. Les veines du cou sont saillantes.
Les articulations sont raides et les extrémités contractun3es.
Le ventre est volumineux et flasque mais nullement doulou-
reux. La peau est sèche et squameuse sans panicule sous-jacent
comme celle des enfants athrepsiqucs, de petits poils de duvet
assez foncés la recouvrent. l'as de modification des sens.
Aucun progrès de l'intelligence ; néanmoins Ess... semble com-
prendre quand on l'appelle et tourbe la tète d'où vient le bruit
Un examen attentif permet de constater les changements
brusque» de la coloration du visage. La raie méningitique
est manifeste. La sensibilité assez obtuse au tronc et, aux
membres, est assez vive à la face. L'enfant réagit à la chaleur.
6 avril. T. R. : 37° 6. Soir : 39° 6. Poids : 8 k. 100.
19 avril. L'enfant s'est maintenu à une température
oscillant entre 38°, 5 et 39°, 5 du 6 au 10 avril. La température
a fait alors une chute en lysis et est descendue le 14 avril à 36.,
Depuis elle se maintient aux alentours de 37°. L'état gêné-
208 Hydrocéphalie : cerveau.
rat néanmoins n'est pas satisfaisant, l'enfant maigrit malgré
le lait, les oeufs battus et le jus de viande qu'on lui fait absor-
ber. Poids : 5 k. 450. ,
21 avril. T. R. 39«.
24 avril, - Chute progressive jusqu'à 37° de la température.
Affaiblissement de plus en plus considérable. ''
Poids après décès : 5 k. 200.
Voici la marche de la température du 6 au 26 avril.
Hydrocéphalie : crâne. '' £ 0 ?
e
L'angle antérieur de la fontanelle est aigu et se continue
par la suture métopique, qui est très nette, sur un trajet de
3 centimètres et ne laisse ensuite que des vestiges surtout
apparents il la face interne de la calotte. L'angle postérieur-
de la même fontanelle est très obtus, si bien que les deux côtés
postérieurs du losange forment presque une ligne droite.
Les bords du losange sont formés d'un tissu osseux plus
coloré et plus spongieux que le reste du crâne. Dans l'angle
latéral droit, un peu en avant de son sommet, se trouve corn-,
prise dans la membrane de la fontanelle une petite lamelle
osseuse lenticulaire de 8 millimètres de longueur. La suture
coronale n'est pas plus accentuée que la suture métopique :
nette de chaque côté de la fontanelle sur un trajet de 2 centi-
mètres, elle est complètement synostosée à droite sur un
trajet de 45 millimètres et à gauche sur un trajet de 30
millimètres. La suture sagittale, peu contournée, a des bords
spongieux analogues à ceux de la fontanelle ; ils sont très
légèrement espacés et l'espace compris entre eux semble,
comblé par une légère membrane. La fontanelle posté-
rieure a la forme irrégulière d'un triangle isocèle dont.
la base a 15 millimètres, la hauteur 37 millimètres, les côtés
environ 40 millimètres. Les bords en sont grossièrement
dentelés et une membrane l'oblitère. Une bandelette de tissu
spongieux, moins accentuée qu'au niveau de la fontanelle
antérieure, borde son pourtour. La suture lambdoïde est
formée à droite et à gauche d'une succession d'os wormiens,
plus nombreux à gauche où ils sont au moins une vingtaine.
Sur tout le trajet de cette suture, on peut constater un tissu
spongieux analogue à celui qui borde les fontanelles. La
table interne du crâne n'offre que de très faibles sillons pour
les vaisseaux méningiens. La paroi crânienne est d'une
minceur considérable (de lui à 1'l,5 d'épaisseur). Le côté
gauche est nettement plus épais que le droit. Les os sont
translucides sur une grande partie de la calotte, surtout au
niveau des bosses pariétales et frontales dont le centre est
formé de tissu compact d'où rayonne le tissu avoisinant. Ces
points offrent nettement l'aspect de centres d'ossification
et sont entourés de zones opaques qui s'étendent jusqu'au
voisinage des sutures, où le tissu osseux prend des caractè-
res spéciaux. En effet, au niveau de ces sutures, l'os est for- ,
mé de fibrilles parallèles entre elles, perpendiculairement à ,
la suture, et séparées par de petits intervalles translucides. -
La dure-mère apparaît comme une poche kystique d'une
pâleur bleuâtre, plus prononcée au niveau de l'occipital et à ,
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1893. 14
2 ? 10' Hydrocéphalie : cerveau.
droite. Des adhérences nombreuses et fines existent au ni-
veau des lobes frontal et pariétal droits. , i;
Le cerneau, que l'on enlève en coupant la calotte circulai-,
re'iÚcl1t à sa base, paraît nager dans le crâne comme dans un :
lac.'Il'offre l'aspect d'une véritable poche lysttqueet s'affaisse;
peu àp'rè's. Il s'est écoulé environ 960 grammes de liquide;
céphalo-rachidien. Le cerveau échappe ainsi à toute descrip : -1
tion immédiate. Pour l'observer, nous avons dû le bourrem
de ouaté hydrophile. Ainsi distendu, c'est une vaste pochel
plus développée à gauche qu'a droite et offrant 18 centimètres,^
de longueur sur 12 centimètres de largeur. Le côté droit a.
15 centimètres de long sur 5 d'épaisseur, tandis que le gauche,
a 18 centimètres de long sur 10 de large. La surface. :
de cette vésicule est représentée par une membrane lisser
mince, surlaquelle on constate des îlots de substance cérébrale.;
La suture 111te1·IIé)111SIV1'tllite est seulement indiquée par-,
une légère dépression linéaire de la vésicule. Le corps calleux-.
est réduit ai une très mince membrane. L'hénli.phère gauchei
ne permet pas de trouver la trace de la scissure de Sylviusa
Un îlot de substance cérébrale de 5 centimètres carrés environ
forme le vestige du lobe occipital. Une surface lisse et mem<r
braneuse lui succède jusqu'au niveau du lobe frontal qui, lui ?
est représenté par une plaque de substance cérébrale offrant : '
l'aspect de circonvolutions mal délimitées et paraissant être-;
les restes de la partie inférieure de I et de la partie antérieure :
du lobe temporo-sphénoîdal. L'hémisphère droit offre encore
moins de substance]cérébrale. Le lobe frontal y est représen-
té par une fort petite partie, de son extrémité antérieure; il
n'y a pas de traces du lobe pariétal, ni du lobe temporo-sphé--
Iroidal. Quelques vestiges sclérosés du lobe occipital forment'
en arrière un petit îlot. La base du cerveau est assez dévelop-
pée dans sa partie antérieure. Les lobes orbitaires existent
bien que singulièrement atrophiés et irrégulièrement tant à
droite qu'à gauche. Quant au reste de la base, il offre un
aspect membraneux, recouvert de minces couches de substance
cérébrale. On peut constater sur la base des dépressions qui
paraissent l'origine de la sci.'jsure de Sylvius. - Les pédoncu-
les, bien que peu développés, existent. Une partie saillante et
mince repousse le chiasma des nerfs optiques, très atrophiés,
et remplit les espaces perforés. Le corps pituitaire, très petit,
est ramolli et ne peut être enlevé. Le cervelet, d'aspect nor-
mal, est un peu plus développé à gauche qu'à droite. La
protubérance et le bulbe n'offrent pas, superficiellement, de
notables anomalies, le côté droit est un peu plus saillant que .
Hydrocéphalie : cerveau.... 211,.
le gauche, La moelle épiniè ? e (il gr.) est d'aspect normal.
'Les vaisseaux et les nerfs de la basé sont étirés,' milices,
atrophiés, mais symétriques et n'ont rien de ' nettement z
anormal.
212
Hydrocéphalie : réflexions.
ques convulsives chez une cousine germaine. Un
frère du malade aurait eu une méningite.
En ce qui concerne l'enfant lui-même, nous trouvons
la frayeur de la mère au premier mois de la grossesse ;
- des émotions multiples durant les autres mois;
à cinq mois, des convulsions suivies de l'apparition de
l'hydrocéphalie. -Les convulsions se répétèrent trois
autres fois. A 20 mois, outre l'hydrocéphalie, on
notait, une contracture des jambes et des bras.
Fig. 44.
Hydrocéphalie : réflexions.
2t
A l'entrée à Bieêtre en 1892 (2 ans) : Persistance des
fontanelles antérieure et postérieure, asymétrie crâ-
nienne très accusée, écartement de la suture métopi-
que et de la suture sagittale, accès de cris, contracture
des quatre membres (Fig. 45), cyphose, cryptorchi-
die. z
Nous n'insisterons pas pour le moment sur les résul-
tats de l'autopsie du crâne et du cerveau qui seront uti
lises tout-à-l'heure dans la description qui termine l'ex-
posé des cas de cette première catégorie.
Fig. 45.
214 . IDIOTIE HYDROCÉPHALIQUE. ' t
. Obs. IV. HYDROCÉPHALIE; - IDIOTIE complétée
Sommaire. -Père, alcoolique, brutal, migraineux. - Grand'
mère paternelle, rhumatisante. - Mère, migraineuse et
nerveuse. Grand'mère maternelle, hydarthrose du
- e71ou. .irrtére-gra ? idmé)'ematernette. cancer du sein;
autre arrière-grand' mère maternelle, tuberculeuse. Cou-
sine, rachitique. Pas de consanguinité. Inégalité d'âge
d'un an. Frère, mort à 6 jours de convulsions internes.
Conception probable durant l'ivresse. Cotivulsions géné-
ralisées à 8 mois. - Idiotie complète. Gâtisme. Etat actuel.
AUTOPSIE. - Craîte <1s7/111('tl·lqLle. - Persistance de la fonta-
nelle antérieure. - l)s wormiens sur la suture lambdoïde.
Liquide céphalo-rachidien abondant. - Cerveau très
dilaté surtout à droite et absolument vésiculeux. Con-
gestion pulmonaire à droite. Adhérences pé1'icn1'Üli-
ques. ? néphrite purulente gauche.
Gard... (Marie Clémentine), née le 30 juin 1888, à Paris,
entre le 25 juillet 1890, à la Fondation Vallée (Service de M.
Bourneville).
Antécédents. ( Renseignements fournis par sa mère le 11
août 9890).-Père, 28 ans, cocher, n'aurait jamais eu do
maladie aiguë grave, boiteux depuis l'âge d'un an, il est très
alcoolique, s'enivre fréquemment avec de l'acool et du vin.
Il serait fort brutal et méchant, n'habiterait plus avec sa
femme. Il a le visage couperosé et est sujet à de fréquentes
migraines.- du père.Père, 55 ans, cultivateur,
sobre, bien pOl'tant.-Mè1'e, 54 ans, rhumatisante. -Grands
parents paternels et maternels : aucun renseignement. Dans
le reste de la famille, aucune autre tare neuro-arthritique ou
psychique.]
Mère, 27 ans, servante chez un marchand de vin, est sujette
à de fréquentes épistaxis et à de nombreuses crises de
migraines, elle est nerveuse, irascible, mais n'a jamais eu d'at-
taques. - [Famille de la mère. - Père, u7 ans, cultivateur,
bien portant et sobre. Grand-père paternel, mort à 96
ans( ? ). -Grand'mère maternelle, morte d'un cancer au sein.
Deux oncles et deux tantes paternels dont trois morts
jeunes, on ne sait de quoi ; un oncle est bien portant
Mère, 56 ans, d'une bonne santé, conserve cepen-
dant depuis ses couches un « gonflement du genou ». -
Grand-père paternel, très Age, en bonne santé. Grand'-
Hydrocéphalie : DESCRIPTION DE la malade. '215
mère maternelle, morte de tuberculose pulmonaire chro-
nique. Six oncles ou tantes maternels n'offrent rien
à citer. Cinq frères et six soeurs, bien portants, ont
des enfants robustes, assez méchants pour la plupart. La
fille d'une des soeurs est rachitique, scoliotique. Rien déplus
à signaler dans la famille de la mère.] . - , t
Pas de consanguinité. Différence d'âge d'un an.
La mère est veuve d'un premier mari dont elle a eu trois
enfants intelligents n'ayant jamais eu de convulsions. Le père
de notre malade a eu d'elle deux enfants : 1 Notre malade; -
12° un garçon mort à six jours de convulsions internes.
. Notre malade. -La conception a peut-être eu lieu durant l'i-
vresse. - La grossesse a été bonne. - L'acouchement eut lieu à
terme, sans anesthésie et sans accident.- L'enfant bien portant
à la naissance, non asphyxie et sans circulaire autour du col,
fut allaitée au biberon avec du lait de vache. Elle n'a jamais par-
lé, ni marché, a toujours été gâteuse et n'a jamais eu une lueur
d'intelligence. Elle pleurait constamment ; elle se dévelop-
pait néanmoins assez bien et n'était pas malade. A 8 mois, lors
de l'éruption des premières dents, l'enfant eut des confut-
sions généralisées qui se répétèrent, en devenant de plus en
plus fréquentes. Conduite à l'hôpital des Enfants-Malades,
elle y séjourna 17 jours et fut envoyée a la Fondation Vallée.
État actuel (10 août 1890).- Visage pâle, teint cireux. l : ma-
ciation du corps plus prononcée que celle de la face. - C7@,iîie,
très développé, avec prédominance des diamètres transver-
saux, asymétrique. Cheveux blonds, régulièrement implantés,
sourcils blonds, cils longs. Paupières minces, rosées, sillon-
nées de veinules, recouvrant exactement les yeux. Blépha-
rite ciliaire. Yeux bleus, pupilles très dilatées, égales, pas de
strabisme, la vision paraît normale; néanmoins l'enfant sem-
ble désagréablement impressionée par la lumière, car elle tient
presque constamment les paupières fermées. Nez arrondi à son
lobule, ailes minces et tremblottantes. L'odorat parait se mani-
fester régulièrement.- 13oteche étroite, lèvres minces, langue
normale. Le goût semble nul. Menton arrondi, peu saillant.
Arcades zygomatiques déprimées. - Oreilles grandes, écar-
tées de leur base d'implantation, bien ourlées, à lobule peu
volumineux et non adhérent. L'ouiô semble ne pas exister ( ? ).
Cou court et arrondi.- Thorax étroit et maigre, omoplates
écartées. Colonne vertébrale sans déviation. Engorgement
216 .- ? : Hydrocéphalie : crâne.' - - -" l)
chronique des ganglions carotidiens et axillaires. Vene
voluminuex et distendu. Coeur à battements lents et sourds.
- Poumons et viscères abdominaux normaux.
Membres supérieurs maigres, émaciés, mais sans malforma-
tions. - Meartbres inférieurs plus forts, plus développés que
les supérieurs, mais n'offrant rien de particulier.
Sensibilité générale obtuse ; elle semble égale sur toutes
les parties du corps. Gâtisme complet. - Intelligence nulle.
Etat de torpeur et de somnolence continuelle. La tempérar
ture rectale moyenne de l'enfant à son entrée est de 38°, 2.
L'enfant séjourne à l'infirmerie à partir du 3 : 'août. Elle
reste dans une somnolence continuelle, tousse un peu, rejette
toute nourriture. La température qui était de 38",2 2 et 38 ? 5
jusqu'au 8 août descend progressivement à 37°; le 13 août,
jour du décès, la température était brusquement remonté*
à 38°, 6. .
Hydrocéphalie : cerveau. 2.1.7
coronale est aussi très serrée et presque sans dentelures. La
suture sagittale est sinueuse plutôt que dentelée dans la moi-
tié de son parcours, puis rectiligne durant 3 centimètres envir
ron ; elle se termine en redevenant sinueuse au lambda, où un
d'un centimètre et demi sur un centimètre, à
bords dentelés, comble l'espace de la fontanelle postérieure.
LaslalLre lambdoïde est assez dentelée et contournée. On note
trois os wormiens à droite, de 5 millimètres environ de diam·
-tre et décroissant à mesure qu'on s'éloigne du lambda;
Un seul os existe à gauche. Les bords des sutures sont
formés d'un tissu tout particulièrement spongieux. Sur
la coupe de la calotte, on est frappé de la minceur de
la région postérieure comparée à l'épaisseur de la région
antérieure ; tous les os sont formés d'un tissu spongoïde. Les
régions médio-frontales et temporales sont les plus épaisses.
La première a environ 5 mm. d'épaisseur, les secondes 8 nim.
A partir de la région temporale, les os vont progressivement 1t
en diminuant d'épaisseur jusqu'à l'occipital, excessivement
mince. Cette diminution progressive s'accuse bien plus vite
à droite qu'à gauche. Le côté droit, du reste, est plus mince
et plus développé que le gauche ; les plaques transparentes*
rares d'ailleurs, sont plus nombreuses à droite qu'à gauche'.
Les saillies de la face interne du crâne sont peu accusées',
les sillons des vaisseaux méningés sont peu profonds et plus
nets à gauche qu'à droite. ' '>
- 218 Hydrocéphalie : cerveau.
région temporale et occipitale, formée d'une paroi de subs-
tancecèrÚ/n'¿¡II' d'un millimètre d'épaisseur. Cette substance
fait défaut au niveau de la scissure de Sylvius et une fine toile
méningée ferme simplement, à ce niveau, la cavité ventricu-
laire sur Il cm. environ.
La région sphéno-lcmporale est plus épaisse et offre vague-
ment l'aspect de circonvolutions. Elle est lisse néanmoins à
son extrémité antérieure, et présente en ce point un espace de
deux centimètres carrés environ, recouvert seulement par
une fine membrane. L'examen de la face interne de cet hémis-
phère nous pcnnet de jugeI' de l'intégrité relative de la région
frontale et de la distension complète des deux tiers pos-
térieurs du cerveau. La poche ventriculaire est absolument
lisse et a un seul prolongement frontal peu dilaté. >
. Hémisphère cérébral gauche. - Il offre L-s mêmes lésions
à un degré moins avancé. Le lobe frontal est formé de circon-
volutions à très nombreux plis cle passage qui lui ôtent son
aspect ordinaire. Le sillon cle Rolando n'existe pas, toutes
les circonvolutions sont antéro-postéricnrcs. La scissure de
Sylvius n'a pas de branche antérieure. Les circonvolutions
de l'insula semblent se continuer directement avec le lobe
frontal. Cette scissure de va obliquement jusqu'à la
scissure inter-hémisphérique et en arrière d'elle le cerveau
est très dilaté. Il n'offre de circonvolutions, irrégulières et
séparées par des sillons peu profonds, que sur une bande de
3 centimètres bordant la scissure inter-hémisphérique et à la
partie antérieure du lobe temporal. Le lobe pariétal est
lisse et distendu. = La face interne se rapproche de la nor-
male dans sa partie frontale, mais les deux tiers postérieurs,
distendus, ne permettent pas d'en décrire la configuration.
La cavité ventriculaire, très dilatée, surtout en arrière, est
unie et offre un prolongement frontal plus net que sur l'hémis-
phère droit. -Lecorps calleux est très mince. Les noyaux
gris centraux sont aplatis et déformés. Les nerfs olfactifs,
optiyues,octtlo-ai2o(euw ont leur configuration normales le
corps pituitaire parait sain.
Le cervelet, les pédoncules, la protubérance, le bulbe
n'ont rien de particulier. -La moelle épinière. macroscopi-
quement, ne parait pas être le siège d'une dégénérescence
quelconque. ' ,
- Thorax. - Persistance du thymus (4 gr.). Corps thy-
noïcle, (i0.gr.) ? Pocemon gauche pi0. gr.), un peu congestionné
Hydrocéphalie : observation. 219
à sa base. Poumon droit (70 gr.). Noyau hémoptoïque au
bord postérieur et à la base. Coeur (50 gr.). Quelques adhé-
rences péricardiques. Le trou de Botal est oblitéré.
, ' Abdomen. - Foie j2fi0 gr.), rien de particulier. Pancréas
(30 gr ? Rein droit (60 gr.). normal. Rein gauche (55 gr : ),
,contient du pus dans le bassinet, et se décortique facilement.
Vessie, saine. Estomac et intestins rétractés sans
lésions macroscopiques.......
Notons l'ivrognerie du père et son caractère vio-
lent ; les migraines de la mère ; - le cancer du-set) !
d'une arrière-grand'mcre maternelle; - les c01wul-
sions internes d'un frère ; - la conception probable
.durant l'ivresse. Nous ferons ressortir ultérieurement
.les particularités anatomo-pathologiques de ce cas.
. OBS. V. Hydrocéphalie simple avec accès épilepti-
formes.
SOMMAIRE. - Enfant assisté. Accès épileptiformes dans
l'enfance. -État actuel somalique et psychique. -Tableau
- des accès épileptiformes. -Description des accès. Mort
' subite. '
Autopsie. 'Adhérences pleurales. - Poumons congestion-
' nées. Léger athérome de l'aorte. Dilatation ventri-
culaire surtout à gauche. - Petite tumeur à la base de la
faux du cerveau. - Adhérences pie-mériermes à droite, au
niveau de la circonvolution de l'hippocampe. ,
' Gren... (Antoine), né le 3 avril 1866, entre le 14 janvier
il881, à Bicêtre (service de M. Bourneville).
, Antécédents. - Gren... étant enfant assisté ne peut nous
'fournir aucun renseignement sur ses parents qui l'ont aban-
donné dès son plus bat-âge. Il a été placé par l'Assistance
publique à Cussy (Saône-et-Loire). Il fut atteint d'accès épi-
leptiformes dès le jeune âge et, à 13 ans, ces crises se
renouvelant fréquemment, la famille de sa nourrice ne
'voulut plus le garder. L'Administration le mit alors dans une
autre famille, mais au bout de deux ans, on dut-lè retirer
220 Hydrocéphalie.
pour le placera Bicêtre. Durant toute son enfance on lui
aurait fait prendre un sirop ( ? ) destiné à combattre sa mala-
die.
État actuel (30 avril 1882). - Tête volumineuse. Crâne asy-
métrique ; saillie prononcée de la région occipitale avec dépl'ell-
sion au-dessus paraissant correspondre au siège de la fonta-
nelle postérieure. Bosse pariétale gauche, beaucoup plus
saillante que la droite. Bosses frontales sensiblement égales ;
front haut et droit. La région temporale droite est plus apla-
tie que la gauche. Face asymétrique. - Pas de dépression
au-dessus des arcades sourcillières qui ne sont pas saillantes
et paraissent symétriques. - Yeux n'offrant aucune lésion,
ni trouble de la motilité. Iris brun jaunâtre, contractile, à
réflexes normaux, pupilles égales, la vue parait naturelle.
Ne; droit, peu long, mais assez large, dépression marquée au
niveau de la racine. Odorat normal. La région malaire
gauche est plus proéminente que la droite. Bouche
moyenne, lèvres grosses. Menton peu volumineux, pointu.
La dentition est bonne, chaque mâchoire a conservé deux
petites molaires de lait. Les gencives sont saines. Leur jux-
taposition est régulière. Langue, voûte palatine, luette : rien
de particulier. Amygdales de volume moyen. Goût normal.
Oreilles moyennes bien ourlées, bien implantées, à lobule non
adhérent. Ouïe normale.
Aucune anomalie n'est révélée par l'auscultation et la per-
cussion dans la disposition et le volume des viscères thora-
.ciques et abdominaux. Battements du coeur assez lents.
Aucune déformation de la cage tlioracique, de la colonne ver-
tébrale ni du bassin.
Organes génitaux bien constitués. Verge assez développée,
pas de phimosis. Testicules normaux.
Membres bien musclés, proportionnés et sans anomalie.
.Le système pileux est assez développé. Les cheveux châ-
tains clairs sont peu fournis mais bien implantés. La lèvre
supérieure est ombragée de poils fins et clairsemés. Les ais-
selles sont garnies de touffes de poils assez abondantes. Le
pénil est couvert de poils longs et nombreux. On constate
un duvet assez .épais dans la région dorsale et sur les mem-
bres inférieurs.
Les fonctions digestives et respiratoires s'exécutent norma-
lement. L'appétit est bon, les digestions faciles, les selles
régulières, sauf durant les accès épileptiformes où le malade
a parfois de l'incontinence fécale et urinaire. :
Hydrocéphalie ET épilepsie.' 2M
La sensibilité cutanée réagit normalement aux divers-
excitants. Les réflexes patellaires ne sont ni diminués, ni'
exagérés. La marche est correcte et ne présente rien de'-
particulier. :
Au point de vue intellectuel et moral, cet enfant peut être-'
considéré comme relativement supérieur; il a des notions,
générales sur tout ce qui l'environne ; il donne des détails;
précis sur ce qu'il faisait avant d'entrer à Bicêtre. Il a le sens :
moral assez développé, affecte de conserver un souvenir
reconnaissant pour les gens qui l'ont soigné. Il est boni
camarade. Il avoue se livrer il l'onanisme, est parfois grossier
et a dû être puni pour les propos orduriers qu'il aurait tenu
devant les infirmières à diverses reprises. '
1882. Mat. - A l'école, on a constaté qu'il sait bien écrire,
qu'il lit couramment, fait les quatre opérations. Sa mémoire
serait assez faible et il retiendrait difficilement l'histoire et.
la géographie. Il serait doué d'un jugement assez droit, Il
s'adonne avec beaucoup de goût aux exercices du corps
(escrime, gymnastique, danse). En un mot, son maître le
considère comme un élève rempli de bonne volonté, docile,
bien que d'une intelligence assez médiocre.
2t22
Hydrocéphalie et épilepsie.
ses maîtres et ses surveillants. Les rares méfaits auxquels il
s'est livré, ont toujours été accomplis à l'instigation d'un
autre. Son instruction s'est accrue, d'où une légère améliora-
tion de ses facultés intellectuelles. Sa santé générale a été
toujours satisfaisante. '
Hydrocéphalie : autopsié. 223'
du matin. Il s'est, levé à 6 heures comme d'habitude, s'est
habillé, a fait son lit sans se plaindre. Il est descendu au
chauffoir et est allé s'étendre sur le lit de camp comme
c'était son habitude à la suite des accès. Il est resté couché
sur le ventre, sans mouvements et, à 10 heures-, quand on a
voulu le faire lever, on a constaté sa mort. Le visage était-
livide, la bouche remplie d'écume. Il avait vomi un liquide,
bilieux et avait eu de l'incontinence fécale. (Mort par asphyxie
dans l'accès). ? >.
- - : . - . '- ;
,AUTOPSIE. - Larynx et bronches fortement congestionnés.;
La langue et la face interne des joues présentent de nom- :
breuses nodosités et indurations qui sont les cicatrices des :
morsures que le malade s'est fait durant ses accès.
Thorax. On constate desacLlérenc;es2leec·ales, complètes
àgauche, et limitées au sommet à droite. De nombreuses brides*
existent encore il la base du poumon droit. Les poumons sont-
tous deux très congestionnés, ils pèsent chacun 500 gr. *
Péricarde : rien. Coeur : 400 gr., en systole, normal ; légères,
plaques d'athérome de l'aorte ascendante.
. /4Moi) ! C)t. Rate, 270 gr., très congestionnée. Rein
droit : 190 gr. ; gauche : 185 gr. ; volumineuxetcoîigestionnës ?
"7'" Foie 11600 gr.) hypérémié ; canal cholédoque perméable.
Pancréas, rien de particulier. Estomac ; muqueuse cou-
verte de nombreuses ecchymoses intra-muqueuscs.
-Tête. Le cuir chevetnest gorgé de sang qui s'écoule abon-
damment durant la section ; il est du reste très épais et sa
face interne est d'un rouge vermillon uniforme. Les os du
crâne sont très épais et très durs. Les vaisseaux pie-mériens
et les sinus de la dure-mère sont gorgés de sang. Les vais- :
seaux et lés nerfs de la base ont leur aspect normal.
M4 Hydrocéphalie : cerveau.
qu'à droite; elle repose sur la face postérieure de laprotubé-'
rance et des pédoncules cérébraux et est en rapport avec le
lobe médian du cervelet. Aux dépens de ces organes la-
fumeur s'est creusée une sorte de dépression qui empiète
beaucoup plus sur l'hémisphère cérébelleux gauche que sur le-
droit. De consistance élastique, ce néoplasme a une appa-
rence fibreuse et présente par places des points indurés.
Hémisphère gauche (7(i5 gr.). Les sillons et les scissures
de cet hémisphère sont nettement accusés. Les circonvolu-
tions du lobe frontal, très contournées et bien développées,
présentent de nombreux plis de passage. Il faut noter des
adhérences pie-mériennes nombreuses aux deux tiers anté-
rieurs du lobe temporal. La face interne présente une altéra-
tion notable du lobe quadrilatère qui correspondait du reste,
au sommet de la tumeur qui le déprimait. Cette altération
est vraisemblablement due à un foyer assez intense de ménin-
go-encéphalite qui a déterminé des adhérences assez fortes'
pour amener l'arrachement de la substance grise de toute la
région; lors de la décortication, aucune lésion apparente de.
la circonvolution de l'hippocampe. - Le ventricule latéral
gauche est très notablement dilaté ; il a environ 2 centimètres à
2 centimètres 5 de hauteur moyenne. La corne frontale a'
environ 3 centimètres de profondeur, la corne occipitale, la
plus dilatée, a environ 5 centimètres, tandis que la corne tem-
porale n'est que moyennement distendue. La paroi du ven-
tricule est recouverte de nombreuses arborisations. Les
corps striés et les couches optiques n'offrent rien d'anor-
mal.
Hémisphère droit (795 gr.) ? Les circonvolutions, les scis-
sures et les sillons de cet hémisphère ne donnent lieu à
aucune remarque; pas d'anomalie ou de lésion profonde
tant à la face interne qu'à la face externe ; cependant nous
devons signaler da légères adhérences pie-mériennes à la
partie toute antérieure du lobe temporal, au niveau de la
circonvolution de l'hippocampe sur presque toute sa surface,
enfin au niveau du gyrusrectus. Le ventricule est encore, de
ce côté, notablement dilaté, mais comme pour le ventricule
gauche, la dilatation porte principalemnet sur la corne occi-
pitale.
L'épaisseur du corps calleux varie de 8 millimètres, en
avant, à 3 ou 4 millimètres et à 5 ou 6 millimètres en arrière,
au nive u de son genou.
Cervelet et isthme (190 gr.). Rien d'irrégulier en dehors des
dépressions causées par la tumeur. ' -
Hydrocéphalie ; tumeur méningée. 225
, Gren... est un enfant assisté, on ne peut donc faire
aucune remarque sur son hérédité. Néanmoins, le fait
de son abandon permet de porter un jugement peu
favorable sur le développement de la moralité de ses
ascendants. Cet enfant a présenté de nombreuses cri-
ses épileptiformes, qui ont déterminé son placement.
Les accès nombreux étaient accompagnés de vertiges
rares et le séjour à l'asile avait diminué notablement
le nombre des crises. (Voir le tableau.) Sa mort paraît
avoir été déterminée par asphyxie durant un accès.
, L'état mental du malade était relativement supé-
rieur. Bien que d'une intelligence médiocre, il avait
acquis une instruction suffisante et les sentiments mo
raux étaient chez lui suffisamment développés. Du
reste l'autopsie a démontré que l'hydrocéphalie chez
Gren... n'était pas très considérable, et qu'il portait à
l'extrémité de la faux du cerveau une petite tumeur
fibreuse paraissant d'origine méningée.
Ol3S. VI. IDIOTIE hydrocéphaliuue.
Sommaire. Père, excès de boisson. Grand-père patenter
alcoolique, libertin. Aïeule paternelle, grand'mère pa-
ternelle, aïei4l palernel, alcooliques. -Grand-oncle pater-
nel, excès de boisson. Oncle palernel, convulsions de.
l'enfance.
Mère, convulsions de l'enfance, migraines, gastralgie, très
nerveuse. Grand-père maternel, alcoolique. G)'and''mè-
re maternelle, migraines, gastralgie. Grand-oncle mater-
nel, mort de convulsions. Cousin maternel, convulsions
et hémiplégie. - Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge
de 5 ans.
Accident au 1er mois de la grossesse. - Perte de sang au 7«
mois. Circulaire autour du cou. - Muguet à un mots..Her-
nie ombilicale à 5 mots. Premières convulsions à 5 mots.
Début de l'augmentation de la tête à 5 mois 112. État
actuel. Rougeole. Mort. ,
Autopsie, Description du cyme. - S2cl2cl·es distendues.^
BouRNEVILLE, Bicêtre, 1893. 15
226 . Hydrocéphalie ; antécédents..
Fontanelles. Os wormiens. Analyse du liquide
hydrocéphalique. Description du cerveau. - Conges-4
tion pulmonaire. - Adénopathie pèribronchiqwe.
Lob... (Adolphe-Louis), né le 15 septembre 1886, est admis
le 28 mars 1887, à Bicètre (service de M. Bourneville,)..
f112t('ClCl8121S (Renseignements fournis par sa mère le 29
avril 1887). Père, 26 ans, journalier, de petite taillé,
réformé comme faible de constitution, n'ajamais eu de mala-
die grave, il ne parait pas avoir eu la syphilis ; il a le visage
couvert d'acné. Jusqu'à l'époque de son mariage (2 ans), il a
fait de l2oW n1·etc.v excès de bois.ol2s (vins et liqueurs), excès
qui étaient suivis d'accidents nerveux violents (roulements
à terre, cris, grincements de dents, accès de violence). Depuis
le mariage, il a rompu avec ses habitudes alcooliques, il est
bon ouvrier et économe. Il cohabitait avec la mère un an
avant le mariage.
[Famine du père. - Père, 51 ans, tailleur de pierre, alcoo-
liqtte au dernier degré, menait une vie des plus irrégulières,
battait sa femme, ne lui venait jamais en aide. Ayant eu uno
succession de 6 à 7.000 francs, il abandonna sa famille et par-
tit avec la belle-soeur de sa femme. On n'a pas eu depuis de
nouvelles de lui. Son état de santé était satisfaisant; ni syphi-
lis, ni rhumatismes, ni dermatoses. Grand-père paternel,
tailleur de pierre, sobre, mort assez âgé. Grand'mère
paternelle, alcoolique, avait la réputation d'une ivrognesse
dans son quartier. blanchisseuse, buvait parfois
plus que de coutume et était souvent « un peu partie ». Elle
aurait été atteinte d'eczéma à la tête, il y a environ deux ans.
Grand-père paternel, marchand de vins, mort à 65 ans,
alcoolique, avait des varices. Oncle maternel, marchand
de vins, fait des excès de boissons. Neuf frères ou soeuJ's,
3 vivants : le Un frère, 23 ans, sobre, bien portant, a eu des
convulsions de l'enfance; 2" Un autre /Vé7-e, 21 ans, gar-
çon' boucher, sobre et bien portant; 3° Autre frère, 17 ans,
apprenti menuisier, sobre et travailleur. Parmi ceux qui n'ont
pas vécu, quatre répondent à des fausses couches et deux
sont morts en nourrice, on ne sait de quoi. Aucun autre ren-
seignement sur le reste de la famille.]
Mère, 21 ans, blanchisseuse, grande, blonde, à physiono-
mie régulière, intelligente. Dans son enfance, elle a eu à
plusieurs reprises des convulsion8, particulièrement sur la
I Hydrocéphalie; antécédents. 227.
face et les yeux survenant par crises et durant de 4 à 5 jours.
Migraines datant de l'apparition des règles, c'est-à-dire de l'âge
de 17 ans, qui ne sont pas influencées maintenant par la mens-
truation. Ces migraines, qui surviennent tous les 15 jours et
sont caractérisées par une céphalalgie frontale intense et des
vomissements, se sont atténuées depuis son mariage et surtout t
pendant la grossesse. Depuis l'âge de 12 ans, troubles gastral-
giques atténués aussi au moment des règles. Elle est très
nerveuse, s'emporte pour un rien, mais ne présente aucun
autre antécédent ou symptôme somatique d'ordre nerveux
méritant d'être noté.
[Famille de la mère. - Père, 59 ans, corroyeur, alcoolique,
buvait surtout du vin, mais a fait des excès jusqu'à l'âge de
50 ans environ. Il était calme dans son ivresse. Mère, 57 i
ans, est bien portante, sauf quelques douleurs gastralgiques
et des migraines assez violentes survenues après son mariage.
Ces migraines, caractérisées par une céphalalgie frontale
intense, des phosphènes rouges et verts, des nausées et des
vomissements qui la soulageaient, ont diminué sans dispa-
raitre lors de la ménopause (44 ans). - Grand-père paternel,
cultivateur, sobre, mort en pleine vigueur des suites d'une
piqûre. Grand'mère paternelle, morte à 79 ans, durant le
siège dont elle n'a pu supporter 1,s privations. Grand-père
maternel, mort il 79 ans ( ? ). Grand'mère maternelle, pas
de renseignements. Grand-oncle paternel mort il 8 ? ans.
- Grand'tante paternelle, morte il 8 ! t ans.-Un oncle mater-
nel est mort à un an de convulsions. Un cousin, a été, à la
suite de convulsions, atteint d'hémiplégie gauche. - Aucun
autre renseignement sur la famille de la mère.]
Pas de consanguinité. Inégalité d'âge : 5 ans.
Un seul enfant : notre malade. La conception eut lieu
avant le mariage, mais non pendant l'ivresse. Il est à noter
l'apparition des règles durant l'acte sexuel considéré comme
point de départ de la conception. - Au cinquième mois de la
grossesse, la mère régularisa sa situation en se mariant. Au
sixième mois, en portant un seau, elle aurait ressenti une vive
douleur de reins, elle aurait eu « comme un abaissement de la
matrice », puis six semaines plus tard, elle perdit environ
durant deux heures une assez grande quantité de sang. Cette
perte fut précédée de deux légères lipothymies, elle cessa
spontanément et fut le seul accident sérieux de la grossesse.
L'accouchement fut normal et eut lieu à terme ; on n'employa
ni ergot, ni anesthésique. Le travail ne fut pas long et la tête
228 Hydrocéphalie; contracture.
passa sans difficulté; elle n'était, du reste, pas plus volumi-
neuse que celle d'un nouveau-né normal. Pas d'asphyxie
à la naissance, l'enfant cria de suite, mais il avait un circu-
laire du cordon autour du cou ; il paraissait bien portant.
Nourri au biberon avec du lait de vache, il eut à un mois le
muguet, en guérit rapidement et, sans être un enfant fort.il
se développa normalement jusqu'à cinq mois, époque à
laquelle il essayait de se tenir sur ses jambes et de marcher,
A cinq mois (février), l'on constata une petite hernie ombi-
licale ; le jour même de cette constatation l'enfant se plaignit
et parut congestionné : le lendemain vers une heure du soir
il fut pris de conuul,sions. Son visage était pâle, les yeux
animés de mouvements convulsifs, la mâchoire sans cesse en
mouvements, mâchonnait continuellement ; les membres
étaient agités de secousses cloniques, également des deux
côtés, parfois le tronc s'incurvait en arrière au point que « la
tête touchait presque les pieds. » Ces convulsions durèrent
une heure ou une heure et demie ; elles se répétèrent durant
6 jours, en augmentant de durée et de violence. A partir de
cette époque, l'enfant ne gazouillait plus, ni ne riait plus ; il né
pouvait se tenir sur ses jambes, son regard errait et ses
parents dès lors le considérèrent comme un aveugle. A ce
moment, les fontanelles rapprochées n'étaient pas complète-
ment fermées, Quinze jours environ après (fin février), la
grand'mère de l'enfant s'étant absentée trois jours remarqua
à son retour, avec surprise, l'augmentation de la tête de Lob...
Les fontanelles s'élargirent, la face ne se modifia pas, mais
le crâne, en 15 ou 20 jours, acquit le volume qu'il présente
actuellement. Peu à peu l'enfant ne put plus maintenir sa
tête droite. A la suite de l'état de mal convulsif l'enfant avait
les deux membres inférieurs et le membre supérieur droit
contractures ; lorsque sa tète eut pris ce volume anormal, le
membre supérieur gauche, libre jusqu'alors, futaussi atteintde
contracture. Enfin notons que l'enfant depuis les convulsions
vomit souvent et a le sommeil moins calme. Il continue
cependant à se nourrir; il a de la tendance à la constipation.
État actuel. (A l'entrée de l'enfant dans le service.) -L'en=
fant est très amaigri et est dans un état voisin de la cachexie.
La tête énorme ne peut être maintenue et tombe sans cesse
en arrière. Le cuir chevelu couvert de cheveux châtains,
clairs semés, régulièrement implantés, présente par place les
sillons bleuâtres des veines dilatées. La face est amaigrie et
peu en rapport avec le volume du crâne. Les fontanelles'
Hydrocéphalie : crâne.
229
persistent : l'antérieure a 9 centimètres de dimension antéro.
postérieure sur 10 centimètres de diagonale transversale.
Pas de strabisme, les yeux ne paraissent point percevoir la
lumière, les pupilles, moyennement dilatées, sont égales.
Thorax peu développé, sans déformation. Abdomen :
il-n'offre à signaler qu'une hernie ombilicale de la grosseur
d'une noisette.
' Membres supérieurs non déformés, en état de demi-con-
tracture. Membres inférieurs, légèrement incurvés en
dedans, contractures comme les membres supérieurs.
Organes génitaux, rien de particulier. Température rectale
variant de 36°,2 à 3G°.8.
1er janvier. - L'enfant est pris de rougeole le lerjuin, qui
se complique de broncho-pneumonie, et il meurt le 6 juin
1887. La température était montée progressivement de 37°
à 42° au moment de la mort. - Après la mort, T. R. 42°, 3;
1 heure après, T. R. 40°.
Poids 5 1 : . 120 gr. Taille : 0,64 centimètres.
. Mensurations cle la tête.
53Û Hydrocéphalie : LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN.
suture sagittale sur un trajet de 4 centimètres ; à ce niveau
la suture sagittale offre 15 millimètres de largeur. La suture
lambdoïde présente à droite deux larges espaces membraneux
au milieu desquels se sont développés deux os wormiens qui
comblent à peu près l'espace. Toutes les sutures ont pour
caractères communs leur laxité extrême, la présence d'une
membrane qui les comble et l'aspect particulier des bords
osseux qui empiètent sur la suture en formant de longues et
fines aiguilles très rapprochées sur la coronale et la sagittale,
plus distinctes sur la lambdoïde.
La face interne de la calotte crânienne est lisse et ne pré-
sente que de très légers sillons pour les vaisseaux méningés.
' Hydrocéphalie : cerveau. 231.
face interne circonscrit une énorme poche à prolongements
frontal, temporal et occipital. - Le corps calleux, sa circon-,
volution et celles de la face interne sont réduits à une simple
lamelle unie de substance cérébrale. - Les gal1 ! llions centraux,
fortement déprimés, sont lisses et n'ont plus leur aspect
habituel; ils apparaissent comme une masse déprimée et la
tête du noyau caudé peut seule être discernée dans la masse.
Une membrane lisse, incolore, assez épaisse, tapisse cette
vaste poche.
' Hémisphère cérébral gauche. La même description
s'applique, en général, à cet hémisphère. Notons cependant
un aplatissement plus considérable de la substance cérébrale
sur une bande allant verticalement de la branche antérieure de
lascissure deSylviusàla scissure inter-hémisphérique. Cette
bande limitée en arrière par la frontale ascendante, fort aplatie,
a environ 3 centimètres de largeur. La corne du lobe temporal
est aussi fortement aplatie et lisse. La poche ventriculaire
et la face interne sont semblables des deux côtés. Les masses
grises centrales sont toutefois plus aplaties et on ne pour-
rait reconnaître de ce côté la tète du noyau caudé.
La base de l'encéphale, le cervelet et l'isthme n'ont pas subi
une très grande modification.
Cou et thorax. Corps thyroïde peu développé. Pou-
mons : droit (70 gr.), gauche (60 gr.), fortement congestionnés,
surtout aux bases. Ganglions péribronchiques engorgés à
gauche. - Plèvres normales. - Coeur (30 gr.), rempli de caillots
d'aspect normal ; trou de Botal obturé.
. Abdomen. -Foie (260 gr.), rien de particulier.-Pancréas :
d'aspect normal. - Rate (10 gr.). -Rein droit (20 gr.), gauche
(20 gr.). - Vessie, testicules, estomac, intestins : rien de parti-
culier à noter.
' L'alcoolisme du côté du père, les migraines et les
convulsions de la mère, les convulsions de deux oncles
maternels, dont un était hémiplégique méritent d'atti-
rer l'attention. Au sixième mois de la grossesse, des
hémorrhagies, suivies de syncopes, se manifestent et,
bien qu'il n'y ait eu aucun accident, ni aucune ano-
malie constatés à la naissance, nous ne pouvons nous
empêcher de croire que ces pertes, jointes à une pré-
23 ? . Hydrocéphalie; température.
disposition héréditaire soient restées sans influence;
sur le développement de l'enfant. La tête de Lob...
ne commença à grossir que vers le cinquième mois,
après une crise convulsive interne. Il est à remarquer
que ce fut à cette époque que l'on s'aperçut d'une petite
hernie ombilicale et que l'on constata l'écartement des
os du crâne au niveau des sutures et des fontanelles.
Notons que ce fut aussi à cette époque que lapis-plégie
et l'hémiparésie droite furent constatées. La tempéra-
turne rectale habituelle de Lob..., comme celle de la plu-
part des hydrocéphales, était inférieure moyenne.
Son autopsie offre quelques particularités intéres-
santes : la persistance des fontanelles, la présence d'os
wormiens à la suture lambdoïde. La quantité consi-
dérable de liquide hydrocéphalique (1.000 gr.) dont
nous avons donné une analyse de M. Yvon. Le cerveau
était très altéré, surtout à gauche, par la compression
du liquide tandis que le cervelet, le bulbe, la protubé- z
rance, la moelle n'offraient pas de traces d'altération.
OBS. VII. IDIOTIE HYDROCEPHALIQUE ET épilepsie SŸIiPTO-
1LATIQUE.
SOI\LAIRE. - è1'e, rien de particulier. - Grand-pè¡'e pate1'-
ne ! , excès de boisson. Grand'mère paternelle, goitre
passager. Deux grands oncles paternels, morts de bron-
chite chronique ( ? ).- Grand'tante paternelle, morte de con-
gestion cérébrale. Oncle paternel, mort de rhumatismes.
Autre oncle paternel, bègue, suicidé. - Un oncle pater-
nel, excès vénériens. illère, migraineuse, morte plitisi-
que. Grand-père maternet, bègue. - A1'1'ière grand-père
- maternel mort paralysé. Aïeule démente sénile. -^
Tante maternelle, 7nortephtisiqtte. -Ptsde consanguinité.
Inégalité d'âge de 8 aiis. - des quatre-
'membres à la suite de convulsions, morte phtisique.
Premières convulsions iL un an. Secondes convulsions il.
quinze mois (Etalde mal d u7'alzl 8 joul's).-Cécitépassagère,
. disparition des rudiments de la parole, contracture du bras-, ¡
Hydrocéphalie ; observation»' 233
/ gauche ( ? .). Développement anormal de la tête de17 mois'
à 14 a ? is. A/arche et parole à 6 ans. - Retour de la vision
à 18 mois. - Gâtisme persistant.- Aptitude musicale ( ? ).
Affaiblissement paralytique du coté droit. Ascarides.-
Cauchemar... - Épilepsi.e â 14 azs. - Pneumonie. -'
Mort. t.
AUTOPSIE. - Examen de la calotte crânienne. Description
. des hémisphères cérébraux. - Dilatation des ventricules
latéraux, du fim° ventricule et de l'aqueduc de Sylvius.
Revill... (Louis-Emile-Léon), né à Paris, le 29 avril 1872, est
entré le 6 mars 188 ! ), à Bicêtre (service de M. Bourneville).
Antécédents (Renseignements fournis par le père, 3 avril
1889). - Père, 50 ans, employé de commerce dans une fabri-,
que de chocolat qu'il n'a pas quittée depuis 35 ans, actuelle-
ment assez grand et fort, a été cependant réformé comme
faible de constitution. Aucun accident morbide de l'enfance,
pas d'antécédents nerveux, arthritiques, ni vénériens, sujet
tous les hivers à de légères bronchites, n'a jamais eu de mala-
die infectieuse. C'est un homme sobre, fumant très peu, d'un
oaractère calme. [Famille du père. Père, mort à la suite
de complications d'une blessure a la jambe, faisait d'assez fré-
quents excès de boisson (vin blanc). - Mère, morte à 74 ans.
d'une bronchite catarrhale, était sobre. A 35 ans, elle a eu un
léger goitre qui n'a pas tardé à rétrocéder. Aucun accident
neuro-arthritique. Nul renseignement précis sur les grands-
parents paternels et maternels ; ces derniers pourtant seraient,
morts assez âgés. Deux oncles paternels sont morts tuber-
culeux. Une tante maternelle est morte à 78 ans de conges-
tion cérébrale. Deux tantes maternelles : une, âgée de 80'
ans, est saine de corps et d'esprit, mais aveugle depuis plu-.
sieurs années; l'autre est morte plus que quadragénaire, on.
ne sait de quoi.- Onze frères : 8 sont in31-ts; les deux aînés
d'épuisement ( ? ) à la suite d'excès vénériens ; ils ne faisaient
jamais d'excès alcooliques. Le troisième aurait succombé :
aux suites d'un rhumatisme contracté en Crimée,Un qua- :
trième, devenu bègue a 6 ou 7 ans, après une frayeur, s'est,
suicidé plus tard. L'on attribue à un amour déçu la eau-.
se de sa détermination. Le cinquième est mort tubercu-.
lieux.- Pas.de renseignements sur la mort des trois autres. >
Les derniers ne présentent aucun antécédent pathologique
ou psychique intéressant.- Six soeurs dont deux mortes on
ne sait de quoi et deux jumelés. Toutes les soeurs vivantes.'
234' Hydrocéphalie ; antécédents.
sont en bonne santé.- Aucun autre antécédent morbide et
psychique dans le reste d3 la famille du père].
Mère, lingèrc, morte tuberculeuse à 45 ans, aurait eu à 5 ans
une fièvre typhoïde assez grave. De taille moyenne, sobre et
de bon caractère, elle était sujette à des migraines survenant
à l'époque des règles. Jamais elle n'aurait eu d'autres accidents
morbides. [Famille de la mère. - Père, 68 ans, cocher, sobre,-
un peu bègue. Mère, 70 ans, lingère, sobre, non nerveuse,
n'aurait jamais été sérieusement malade. Grands parents
paternels et maternels, morts âgés, n'auraient jamais présenté
de troubles psychiques, sauf la grand'mère maternelle morte
à 84 ans et atteinte de démence sénile. Un oncle materner
et une soeur sont morts de tuberculose pulmonaire.-Aucun
autre antécédent morbide ou psychique dans la famille de
la mère.] .
- Pas de consanguinité; père savoyard, mère normande.
Inégalité d'âge : 8 ans.
4 enfants : 1° fille, née avant terme et morte à 6 jours,
sans avoir eu de convulsions ; 2° fille, 18 ans, a eu
des convulsions, à 2 ans, qui ont duré 8 jours; elle est
depuis paralysée de tous les membres, mais surtout à
gauche ; elle a deux pieds bots ; elle serait néanmoins très
intelligente, assure-t-on, malgré sa paralysie, elle essaye de
coudre et de faire de la tapisserie. Elle parle assez bien, sans
pouvoir toutefois prononcer certains mots (1); 3° Noire-
malade; - 4° fille de 11 ans, intelligente, docile, n'a jamais-
eu de convulsions.
W'otre malade. - Rien de particulier à la conception qui a eu'
lieu un mois après la naissance de la soeur infirme. -Gros-
sesse normale... L'accouchement eut lieu à terme naturel
et sans anesthésie. A la naissance, pas d'asphyxie, pas de
circulaire du cordon ; la tête a passé facilement, quoiqu'un peu
volumineuse ; le médecin aurait prétendu que la grosseur de la
tête était un signe d'intelligence future ( ? ). Envoyé en nour- :
rice, Revill... fut élevé au biberon avec du lait de vache ; il fut
repris à 15 mois. Les premières convulsions eurent lieu à un an
et furent insignifiantes. A 15 mois, il aurait eu de nouvelles con-
vulsions alors très violentes qui auraient duré 8 jours ; pendant'
cette période, il serait resté sans connaissance et ne serait
(1) Des renseignements postérieurs nous ont appris que cette soeur est morte
phtisique.. , ...
Hydrocéphalie; contracture; cécité. 533
pas allé à la garde-robe. Le début de la marche n'eut lieu'
qu'à 6 ans. - La première dent apparut à 4 ans et demi ; il
n'eut ses vingt dents qu'à 6 ans et leur apparition ne pro-
voqua pas de convulsions. Avant les dernières convulsions
l'enfant disait «papa» et « maman», à leur suite, il resta jus-
qu'à 6 ans dans un mutisme absolu. A cette époque, il se
remit à parler, parvint assez vite à apprendre à dire tous les
mots. Il chantait même fréquemment, retenait facilement les
airs et se réjouissait en entendant la musique. Depuis l'âgei
de 13 ans, il éprouverait de la difficulté à parler et ne chan-
terait plus. Lorsque, à 15 mois, après sa seconde attaque con-
vulsive, Fut repris par ses parents, il était dans un.
état d'émaciation extrême, la main et le bras gauches étaient
contractures et on prétendait qu'il ne voyait plus. La con-
tracture disparut et la vue se rétablir au bout de 6 mois,1
l'enfant redevint progressivement gros et gras. Sa tête, bien-
que volumineuse, n'avait pas attiré l'attention des parents-
ni même de leur médecin. On attribuait la disproportion de la-
tête et du tronc à l'amaigrissement de l'enfant. Les convul--
sions n'eurent aucune influence sur le développement de la
tête. Ce ne fut qu'à 17 mois que le crâne prit des dimensions
extraordinaires et il continua à s'accroître jusqu'à l'âge de 14'
ans. Revit... n'eut jamais d'autres convulsions, ne fut sujet ni
aux secousses, ni aux vertiges. Il dormait environ 11 heures
par nuit d'un sommeil paisible qui ne fut troublé par des eau-
chemars qu'à l'Age de 14 ans. Ces cauchemars, pendant les-
quels l'enfant poussait des cris étouffés et avait le visage;
effrayé, furent fréquents de 14 à 15 ans, puis devinrent assez
rares de 16 à 9 ans; son père le faisait alors boire, il se cal-'
mait, poussait un soupir de satisfaction et se rendormait. Si, -
intel'l'ogemt Révil..., on lui demande où il a mal, il porte la
main au front et à l'occiput. Dans la marche, il traîne tout
jours un peu la jambe gauche. Ses parents ont toujours
remarqué une disproportion entre ses membres supérieurs
et inférieurs, ces derniers paraissant moins développés que-
normalement. Revil... est complètement gâteux, il manges
seul en se servant de la cuiller et de la fourchette, il ne
sait s'habiller, ni se laver; on ne l'a jamais envoyé à l'école;-
on a vainement tenté de lui apprendre à lire, il sait compter'
jusqu'à 40. Il se sert plus particulièrement de la main gauche.*
Jamais sujet aux accès de colère, il parait affectueux pour ceux !
qui l'approchent, aime les animaux et pleure si on le gronde. T
Ni pyromanic, ni kleptomanie, ni onanisme.. ,
Il a eu la rougeole à 8 ans, a été vacciné avec. succès, n'ae
236' HYDROCÉPHALIE; CONTRACTURE.
jamais été atteint de maladie infectieuse, ni aiguë. -Aucun
antécédent scrofuleux. On a trouvé fréquemment cle longs
ascarides dans ses selles ; c'est à eux que furent attribuées-
ses crises convulsives.
7<at actuel (H mars 1889). Tête volumineuse. Etat d'a-
diposité satisfaisant; front élevé, légère plagiocéphalie : la
bosse frontale gauche est sensiblement plus développée que
la droite. - Cheveux châtains assez abondants. Arcades
sourcilières peu saillantes. - Face ovale, symétrique, moins
développée que le crâne. Yeux à globes peu proéminents,
paupières normales, cils abondants, mouvements normaux.
Iris jaune peu foncé, pupilles égales et à réaction normale.
L'acuité parait sullisante ( ? ). - Ne-- un peu aplati à sa racine,
narines un peu épaisses, ouvertes normalement. Bouche,
53 .millimètres ; la lèvre supérieure est un peu mince. - 31en-
ton carré. Le visage est couvert d'acné punctata. - Oreilles
accolées au crâne, petites, mal ourlées, à lobule adhérent ?
Palais ogival. Hypertrophie considérable des amygdales qui
se rejoignent sur la ligne médiane.
Cou court, circonférence : 34 centimètres. Quelques gan-
glions cervicaux engorgés. Thorax un peu dévié, légère
scoliose dorsale à concavité droite. Rien d'anormal, à l'aus-
cultation des poumons, ni du coeur. Respiration : 18 par.
minute. Pouls : 80.
- Abdomen assez volumineux; pas d'anomalies viscérales
perceptibles.
Membres supérieurs assez bien conformés et sensiblement
égaux. Toutefois le membre droit est le siège d'une certaine
contracture, rendant l'extension complète difficile et doulou»'
reuse à l'articulation du coude. La main, droite est du reste z
légèrement déviée du côté cubital. Les membres inré-
rieurs sont aussi sensiblement égaux, mais toutes les arti- .
culations sont le siège d'une certaine raideur. Le malade, -
étant couché, paraît avoir un léger raccourcissement du mem-
bre droit, raccourcissement simplement apparent et dû à une
exagération de la contracture de ce côté. - La station verti- z
cale est difficile, le malade se tient incliné à gauche, les genoux '
juxtaposés, les jambes écartées, la hanche droite saillante. -
Il difficilement, par petits pas, les cuisses en demi- .
flexion.et.au bout de peu de temps il demande à s'asseoir.
Les réflexes palellaires sont normaux. La sensibilité générale
est normale. - La vue, l'ouïe, l'odorat, le goctt, semblent
suffisamment développés.
Hydrocéphalie.
237
Puberté. - Quelques poils fins et noirs à la lèvre supérieure
et à la lèvre inférieure. Rien au menton, ni aux joues. Poils
rares aux aisselles, abondants au pénil, mais ne s'étendant pas
dans les aines, disséminés sur les bourses, le périnée et la
région anale. Verge, longueur : 9 centimètres ; circonférence :
8 centimètres. Testicules égaux, de la grosseur d'un oeuf de
pigeon ; bourses rétractées.
Dentition Mâchoire supérieure : 13 dents permanentes
contigues, premières molaires profondément cariées. Inci-
sive latérale droite absente (non sortie ou arrachée). La
canine touche immédiatement l'incisive centrale. Les deux
incisives centrales sont inclinées l'une vers l'autre, leur bord
inférieur est oblique en dedans et est légèrement érodé.-
Mâchoire inférieure : 14 dents permanentes (premières
molaires profondément cariées). Dents contiguës, de volume
normal. Erosion légère du bord libre des 4 incisives. Arti-
culation normale pour les molaires. Les incisives, au lieu de
s'entre-croiser, laissent entre elles un espace ovale de quel-
ques millimètres et ne peuvent se juxtaposer. Gencives rou-
ges et saignantes en haut, normales en bas (Dr CauET). ? I
238 Hydrocéphalie ; accès épileptiformes.
nulle, on l'excite difficilement et on n'a jamais pu apprendre
quelque chose à l'enfant. Les instincts sont médiocrement
développés ; Revill... n'est pas vorace, ni gourmand, il dort
bien en temps ordinaire. - Son besoin d'activité musculaire
se traduit par les tics coordonnés suivants : il se mord le
pouce de la main droite et a déterminé ainsi un durillon et
se frappe cette main avec la main gauche. Il balance aussi
la tète d'avant en arrière. Pas d'onanisme, ni de manifesta-
tion des instincts sexuels. Aucune tendance destructive.
Les sentiments sont chez lui encore moins développés
que les instincts. Il manifeste le plaisir et la douleur par les
pleurs et les rires. Mais, malgré l'opinion de sa famille, les
sentiments affectifs que nous avons pu observer sont presque
nuls. Les sentiments sociaux et moraux sont chez Revill...
très émoussés. Les sentiments esthétiques se bornent à
une certaine attention spontanée, prêtée à la musique ; les
parents avaient remarqué et exagéré cette particularité.
Le langage de l'enfant est presque normal, mais il est incapa-
ble de formuler une réponse aux questions qu'on lui pose.
L'intelligence, la volonté, la personnalité n'existent pas chez
lui.
1889. 16 mars. Revill... a eu, durant la nuit dernière, une
sorte de crise épileptiforme. Après quelques mouvements
convulsifs, il a poussé de petits cris rauques, son visage était
pâle, ses traits contractés, son regard hagard ; il avait la main
au niveau de sa gorge et semblait vouloir se débnrasscr de
quelque chose qui le gênait. Il serait resté environ 5 minutes
dans cet état. Plus tard, l'enfant a eu, un jour, de véritables
accès épileptiq ¡WS etsa grand'mèrc nous a déclaré que depuis
Page de 14 ans il était sujet à ces accès que ne nous avait pas
signalés son père. Voici du reste le nombre des accès durant
l'année 1889 et les variations de la température durant un
accès.
T. R. normale de l'enfant, 37°; T. R. au moment du ron-
flement, 37°, 4 ; T. R. 1/4 d'heure après l'accès, 37°, 2 ;
T. R. 2 heures après l'accès, 37°. - Nombre des accès en
1889 : 20.
Traitement. Hydrothérapie, Gymnastique et petite Ecole.
La dernière note de la petite École (décembre 1889) cons-
tate que l'enfant a appris à nouer, à laoer, à boutonner,
qu'il n'a fait aucun progrès pour le gâtisme et le langage,
qu'il est moins méchant, mais non plus docile. ?
Hydrocéphalie : crâne ET cerveau 239
1890. Janvier. Revill... contracte une pneumonie aiguë
qui détermine son décès le 12 janvier 1890. Poids après
le décès : 30 kilog. '
Autopsie (13 janvier 1890). Le cuir chevelu est très épais.
Le crâne est mince, les fontanelles sont comblées et les
sutures ne sont pas élargies ; des plaques translucides existent
sur le frontal et les pariétaux, elles sont plus nombreuses à
gauche qu'à droite. La calotte crânienne est fort développée
en arrière et une dépression sépare les deux bosses pariétales
donnant à cette région une sorte d'aspect natiforme. Les
sutures coronale, intra-pariétale, lambdoïde sont très con-
tournées, il n'existe pas de. trace de la suture métopique.
La pie-mère est très mince. L'encéphale apparaît, après
son ablation, distendu par le liquide et offrant l'aspect d'un
disque. "
40 : .Hydrocéphalie ; réflexions.
mesure de 5 à 9 millimètres de diamètre. Le quatrième
ventricule a subi une dilatation notable, surtout aux dépens
de sa portion cérébelleuse ; il offre environ 4 à 5 centimètres
de longueur sur 3 à 4 centimètres de largeur. Les tuber-
cules mamillaires sont atrophiés. La cloison tl'anpaJ'eilie
est réduite à une sorte de lacis vasculaire. - Les parois des
ventricules latéraux sont très dilatées, surtout au niveau do
leurs cornes. La dilatation porte principalement sur la corne
temporale.
Thorax. Poumon gauche (480 gr.), tout le lobe infé.
rieur est hépatisé. La plèvre présente quelques adhérences
et contient un peu de liquide. - Powilon droit (380 gr.), nor.
mal. Coeur (220 gr.), sain.
Abdone2. -Foie (1200 gr.) ; -J'ale (130 gr.), rien de particu-
lier.- Rein droit (130 r.). lieia gauche (130 1--1 ? ), un peu con-
gestionnés. Pancréas (40 gr.). Vessie, estomac, intestins,
rien de particulier.
Cause de la mort : Pneumonie lobaire aiguë.
h' alcoolisme du grand-père paternel, le bégaiement
constaté chez le grand-père maternel et chez un oncle
paternel, qui s'est suicidé, des accidents cérébraux et
la tuberculose tant du côté du père que de celui de la
mère suffisent à fournir à Revill... un bilan héréditaire
suffisant pour le prédisposer à une affection nerveuse ;
une de ses soeurs, du reste, a partagé avec lui les tristes
conséquences de la fatalité ancestrale; elle est morte
phtisique et paralysée des quatre membres. Dès la
naissance la tête attire l'attention de l'accoucheur qui,
probablement imbu des idées de Gratiolet, prédit une
rare intelligence à l'enfant. Néanmoins jusqu'à un au,
rien de bien anormal. A un an et à quinze mois, des.
convulsions fréquentes surviennent et la tête grossit
dans des proportions inquiétantes. Les parents avaient
noté des disproportions entre les membres supérieurs
et les inférieurs que nous n'avons pas observées. Nous
avons constaté un léger état de contracture du mem-
bre supérieur droit et une certaine raideur des arti-
Hydrocéphalie. 241
culations des membres inférieurs. Aucun trouble
sensitivo-sensoriel et si la motilité est imparfaite il
faut en accuser le cerveau qui dirige mal les mouve-
ments, car l'intégrité des réflexes nous permet de pen-
ser que la moelle est indemne comme chez la plupart
des malades de ce genre. L'état mental de Revill....
est très inférieur, l'intelligence, l'attention sont à peu
près nulles. Les instincts même sont peu développés.
Il a des tics coordonnés complexes, est gâteux com-
plet. Sa parole exprime tous les mots, mais son esprit
ne leur donne aucune signification. Malgré cette infé-
riorité mentale le traitement médico-pédagogique avait
donné chez lui quelques résultats : il commençait à
s'habiller seul quand une pneumonie a déterminé sa
mort. Son autopsie a révélé une particularité : outre la
dilatation des ventricules latéraux ordinaire chez les
hydrocéphales, on constate la .dilatation de l'aqueduc
de Sylvius et du quatrième ventricule aux dépens de la
paroi cérébelleuse de ce dernier.
OBS. VIII. IDIOTIE HYDROCÉPHALIQUE.
SoiAiRE. Père, violent, cardiaque. Arrière-grand-père
paternel, buveur. - Grand-oncte paternel, ivrogne, mort
subitement. Mère, convulsions à 4 a71s. Grand-
père maternel, enfant naturel. Grand'mère maternelle,
enfant naturelle. AiTière-grancl'1nère maternelle, can-
cer au sein. Pas de consanguinité. Inégalité d'âge
de 9 anus. Frère mort à deux mois /2 de convulsions. -
Soeur, intelligente. Autre soeur, morte de bronchite, à
5 ans. Va7'ioZoïde au 3me mois de la grossesse. Consta-
tation d'une hydrocéphalie peu accentuée à la naissance.
Augmentation de l'hydrocéphalie à 3 mois. - Allaitement
ausein. -Sevré à 8 mois. - Première dent à 8 mots lj2. -
Dentition complète à 2 ans. Conuutsions à 4 ans. État
actuel : Description de la tête, dentition, contracture des
membres. Puberté. - B ? 'OnC110-pnel,L1n07z2e. - Mort.
Tableaux des mensurations.
Autopsie : Examen du squelette..
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1893. 16
242 Hydrocéphalie; antécédents.
Vign... (Félix), né le 6 novembre 1881, à Saint'-Demot
(Creuse), est entré le 21 mars 4sus (service de M. BOURNEVILLE)
où il est décédé le 29 mai 1888.
Antécédents (Renseignements fournis par la mère de
l'enfant, le 28 mars 1888). Père, 44 ans, maçon, grand et
fort, très sobre, ne fumant pas, n'a jamais eu de maladies
vénériennes ou constitutionnelles. Depuis quelques années,
il est pris d'étou1'Clissements et serait atteint d'une affection
cardiaque. Vif, violent même, il n'aurait jamais battu sa
femme, ni ses enfants. [Famille du père. Père, maçon,
77 ans, bien portant, sobre. Mère, 75 ans, bien portante.
pas nerveuse. Le grand-père paternel aurait été un grand
buveur. Pas de renseignements sur les autres grands-parents.
Oncle maternel, mort subitement, faisait des excès du
boisson. Trois tantes maternelles, sans accidents nerveux;
une seule d'entre elles a des enfants : deux filles (du même
amant) dont une est morte de la rougeole et l'autre est en
bonne santé. Pas d'autres renseignements sur la famille
du père.]
, Mère, 35 ans, journaliers, tète plutôt petite, physionomie
régulière, aurait eu à plusieurs reprises des convulsions
vers l'Age de 4 ans et aurait été atteinte de coqueluche à la
même époque. Depuis, elle se serait toujours très bien portée
et n'aurait jamais eu d'accidents nerveux. [Famille de la mère.
- Père, enfant naturel, tailleur de pierres, 67 ans, fait quelques
excès de vin, mais les supporte très bien, ne paraît jamais ivre,
est calme et ne présente aucun trouble nerveux. Mère,
enfant naturelle, morte à 67 ans, on ne sait de quoi. Grand-
père paternel inconnu. Grand'mère paternelle, morte
d'un cancer au sein. Grand-père maternel, inconnu.
Grand'mère maternelle, morte à 78 ans, sans affection bien
définie. Aucun autre renseignement sur le reste de la famille.]
Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 9 ans.
Quatre enfants : 1° garçon, mort à 2 mois '/3 de convul-
sions; conformé normalement, tête normale; - 2° fille, 13
ans, bien portante, intelligente, pas de convulsions, tête
normale; instruite (a son certificat d'études) ; 3° fille, morte
à 5 ans de bronchite, pas de convulsions, tête bien conformée.
4° Notre malade. Rien à noter au moment de la concep-
tion. Grossesse : varioloide du 3° au 4e mois, ayant exigé
un séjour au lit de trois semaines. Accouchement naturel,
à terme, sans accidents. A la naissance, il avait la tête
Hydrocéphalie ; paralysie ; CONVULSIONS. 243
allongée, plus grosse que celle des autres enfants, ridée,
semblable, dit la mère, «aune pomme pourrie. » La sage-femme
aurait dit « qu'il avait de l'eau dans la cervelle. » Il n'était pas
asphyxié, n'avait pas de circulaires autour du cou, a crié en
naissant et s'est plaint tout le premier jour. Il fut nourri
au sein par une nourrice creusoise et fut sevré à 8 mois, en
raison de son hydrocéphalie qui effrayait la nourrice. Jusqu'à
trois mois, bien que volumineuse, la tête n'avait pas de
proportions démesurées, mais à partir de cette époque, elle
augmenta et se développa au point d'être Ù 6 mois aussi
volumineuse qu'actuellement. La tête était de consistance
molle, probablement à cause de la persistance des fontanelles
et de la distension des sutures. V... n'aurait jamais eu de
convulsions. A 8 mois, la nourrice le remit à sa mère.
L'enfant fut désormais nourri au verre avec du lait de vache
et du tapioca. Il n'avait pas de déviation des yeux, mais ne
reconnaissait personne. Sa tête énorme était inclinée à droite
ou à gauche. Il ne pouvait se soutenir sur les jambes.
Première dent à 8 mois 1/2. Dentition complète à deux ans.
L'enfant restait d'habitude sur un petit fauteuil, qu'il était
parvenu, vers l'âge de 3 ans, à déplacer avec le bras droit, ou
dans un berceau dans lequel il aimait à se bercer lui-même.
A partir de 3 ans, il fut pris fréquemment d'accès de colère.
A cette époque, on remarqua que son côté gauche était nota-
blement plus faible que le droit et que la main et le membre
supérieur gauches étaient fortement déviés. A4 ans, appa-
rurent pour la première fois des convulsions. Vign... restait
pendant une demi-heure environ rigide ; on n'a pas remarqué
de prédominance de la contracture sur l'un des côtés. Il
n'avait pas de secousses, ses yeux se tournaient simplement,
sa physionomie ne se modifiait pas, mais ses crises convul-
sives s'accompagnaient de miction et de défécation. Elles
revenaient environ toutes les semaines et duraient de 10 à 30
minutes. Lorsqu'elles étaient longues, l'enfant était fort fati-
gué et passait la journée immobile et sans prendre de nour-
riture ? 1 cet âge le crâne parut devenir plus résistant. Vers 4
ans, Vign... était en partie propre, c'est-à-dire que pour satis-
faire ses besoins, il glissait sur sa chaise. Son sommeil était
régulier. Il ne paraissait doué d'aucun sentiment affectif. Par-
fois il était pris d'accès de rire violents et ce rire était pro-
voqué par des causes insignifiantes, le fait par exemple de
voir tomber un autre enfant. Des accès de colère et de
pleurs survenaient pour des motifs aussi mal déterminés. On
le faisait manger, il digérait bien. Aucun antécédent sero.
244 Hydrocéphalie; nystagmus.
fumeux ; aucune maladie infectieuse. Sa mère attribue l'hy-
drocéphalie à la varioloïde qu'elle eut durant sa gros-
sesse.
L'enfant placé à l'Asile clinique y contracta une ulcération
due au décubitus et fut envoyé à Bicétre, après un séjour de
plusieurs semaines à l'Asile Clinique.
Lors de son entrée à Bicêtre, on le soumit au traitement
suivant : sirop antiscorbutique, huile de foie de morue, 3 bains
de son et 1 bain salé par semaine ; de plus il était mis 3 fois
par jour régulièrement sur le vase pour tâcher de régulariser
les garde-robes.
État actuel (2 avril 1888). Tête très volumineuse, plagio
céphalie, le côté droit est plus aplati à la région occipitale
que le gauche et la bosse pariétale gauche est nettement plus
accentuée que la droite. La fontanelle antérieure paraît
oblitérée, tandis que l'on sent très nettemeut la dépression
formée par la fontanelle postérieure qui se prolonge du
côté droit du lambda sur une étendue de 5 centimètres envi-
ron. Le front bombé est relativement étroit et la bosse
frontale droite fait une saillie plus marquée que la gauche.
Les cheveux châtains, bien implantés, descendent assez bas
sur les tempes.
Yeux. Les arcades sourcilières ne sont pas marquées.
Blépharite légère. Léger strabisme convergent. Nystagmus
plus prononcé à l'oeil droit. Pas d'exophtalmie. Iris bleu ver-
datre. Pupilles égales. L'enfant paraît voir normalement ( ? )
Nez, écrasé il la racine, petit ; narines écrasées, horizontales.
Vign... paraît sentir les odeurs. Bouche petite, entrou-
verte ; lèvres épaisses. Voûte palatine ogivale; voile du palais
paraissant normal.
Dentition. Le maxillaire supérieur offre une atrophie
de l'os intermaxillaire latéral droit et la réduction des
diamètres transversal et longitudinal. Le maxillaire infé-
rieur est augmenté de volume dans ses deux diamètres. La
dentition est extrêmement anormale au maxillaire supérieur.
Les incisives centrales permanentes offrent un type très
marqué de géantisme, l'incisive latérale permanente gauche
seule existe, la latérale droite manque, la canine également :
à la place de cette dernière existe une molaire temporaire
surnuméraire. La première molaire temporaire droite man-
que et la première molaire définitive est en voie d'éruption.
Les secondes molaires temporaires droite et gauche sont en
Hydrocéphalie; rachitisme. 245
place ainsi que les deux premières grosses molaires perma-
nentes. Au maxillaire inférieur, l'incisive latérale gauche
que le sujet possédait, manque. Les trois incisives qui restent,
sont marquées de géantisme et leur bord supérieur affecte la
forme d'une fleur de lys. Adroite,ilexiste une canine tempo-
raire normale ; à gauche l'alvéole est libre. Les molaires tem-
poraires sont en place sauf la première molaire droite. Les
deux premières molaires permanentes sont en place. La cons-
titution de ces dents est normale, l'ivoire et l'émail sont
résistants ; les molaires permanentes ont un fort volume et
deux dents seulement de la première dentition (la seconde
molaire droite supérieure et la seconde molaire droite infé-
rieure) sont atteintes de carie.
Les oreilles sont irrégulièrement implantées, la gauche
semble plus bas que la droite. L'ourlet est plus prononcé à
droite qu'à gauche, les lobules sont à demi-adhérents. Légère
otorrliéo à droite.
Cou : 28 centimètres de circonférence; le corps thyroïde
est un peu saillant. - Thorax, aplati à sa partie moyenne, plus
saillant en arrière et il gauche. Scoliose légère à convexité
droite lombaire. Circonférence au niveau des mamelons : ! )4
centimètres. - Abdomen et bassin, normaux.
Membres supérieurs amaigris, le membre droit parait mieux
développé. Les mains sont assez bien conformées, mais la
main gauche est à demi contracturée, le pouce en flexion
est recouvert par les autres doigts en demi-flexion. L'enfant
saisit toujours avec la main droite, il peut étendre ses doigts
à gauche mais refuse de se servir de la main correspondante.
Les ongles sont très courts et très convexes,
Les 171e7)ibres inférieurs, sensiblement égaux, sont mainte-
nus dans la demi-flexion, on ne peut les amener dans l'exten-
sion complète. Les tibias paraissent légèrement concaves
en dedans. Les pieds plats et en varus équin sont cyanoses.
Les ongles sont bien conformés.
Puberté. Verge : longueur 3 centimètres, circonférence 4
centimètres. Phimosis, gland non découvrable. Testicules de
la grosseur d'un pois, situés au niveau de l'orifice du canal
inguinal. L'examen des viscères permet de constater une
légère bronchite et la régularité des battements du coeur.
La sensibilité générale est normale, Vign... est particuliè-
rement sensible au froid. Les réflexes rotuliens et pharyngiens
24G
Hydrocéphalie ; mensurations,
n'existent pas. Gâteux complet, V... est dépourvu de toute intel-
ligence et de tout sentiment, il prononce cependant quelques
mots « marna, papa, à boire » et pousse presque continuelle-
ment des cris plaintifs analogues aux cris hydrencéphaliques.
La température rectale moyenne de l'enfant est de 3 ï,2. ( ? )
HYDROCÉPHALIE - CERVEAU.
247
248 Hydrocéphalie ; liquide CÉPHALO-RACHIDIEN.
s'affaisse, laissant écouler deux mille cent quatre-vingts
grammes (2180 gr.) de liquide ltidieii. (Le cerveau
ayant été mal soigné, est tombé. en putréfaction n'a pu être
décrit). - Le cervelet, le bulbe, la moelle"paraissent normaux;
le canal de l'épendyme n'est pas dilaté.
. ' . . - ,
Examen du squelette. Crâne. La calotte du crâne est asy-
métrique, le côté droit est plus saillant que le gauche (Fig. 45
et 49). On sent en avant de la bosse pariétale une bosse surnu-
méraire accentuée à droite. Les sutures offrent des par-
ticularités" curieuses. -Il n'y a pas de trace de la suture
métopique. La suture inte1'pm'iétale, qui a 22 cent. de
long, est terminée à droite et. en avant par un os wor-
mien triangulaire qui semble tenir la place de la fon-
tanelle antérieure et qui a environ 5 cm. de hauteur sur
3 dé base, cette dernière étant postérieure. De l'angle posté-
rieur gauclie de ce triangle part une suture peu dentelée
comme Pinter-pariétale, de 3 ou 4 cm. de longueur qui ne
Fig. 46. Profil du crâne d'un enfant normal âgé de 6 ans et demi, réduit
de 158 mm. à 56 mm.
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Fig. 47 et 48. Profil du cràne de Vign..., réduit de 210 mm. ù O1 mm. et profil du crâne d'un enfant normal de 6 ans et demi réduit de
158 mm. à 50 mm ? dans le sens du diamètre antero-postérieur. La réduction est faite dans les mêmes proportions.
250 Hydrocéphalie; cerveau.
tarde pas à se perdre, elle représente la suture fronto-pariétale
gauche presqu'entièrement synostosée. A droite, la suture
Fig. 49. Crâne de Vign.... Le diamètre transversal est réduit de 180 mm. il 87.
Hydrocéphalie ; cerveau, 251
1't'o1Ûo-p ! l1'ietale atteint la temporale, elle est peu sinueuse et
offre en arrière deux prolongements irréguliers qui semblent
des traoes d'os wormiens soudés. La suture inter-pariétale
montre dans sa moitié postérieure des particularités intéres-
santes : elle est formée jusqu'au lambda d'os wormiens et de
parties comblées par des membranes, à savoir deux os wor-
miens contigus en arrière à un vestige membraneux de la
fontanelle postérieure de 3 cm. de longueur environ. Deux os
wormiens et un espace membraneux d'un cm. à 15 mm. com-
plètent la suture. La suture lambdoïde présente cinq os
wormiens à droite et six à gauche. (Fig. 45, 47 et 49).
Fin. 50. - Squelette de la face d'un enfant normal de 6 ans et demi.
Le diamètre transversal est réduit de 130 mm. à 55 mm.
252 , Hydrocéphalie.
La fig. 46 représente le profil du crâne d'un enfant
normal de 6 ans 1/2, dont voici les principales dimen-
sioiis : .
Hydrocéphalie; cerveau. 253
père et mère de la mère de l'enfant, les convulsions
1 d'un frère aîné ; mais bien que cette hérédité soit
I Fig. 51. Crâne de Vign... La circonférence est réduite de 630 mm. à 307.
254 Hydrocéphalie. '
suffisamment compromettante, nous croyons devoir
attribuer le plus grand rôle dans la pathogénie de
l'hydrocéphalie à la varioloïde que contracta la mère
vers le troisième mois de sa grossesse. L'enfant est né
du reste hydrocéphale et si la tête n'a pris qu'à partir
de trois mois un développement monstrueux, elle
était lors de l'accouchement suffisamment volumineuse
pour attirer l'attention de la sage-femme et faire poser
le diagnostic. Les accès de colère à 3 ans, la parésie
gauche, les convulsions apparaissant à 4 ans, les fai-
bles progrès qu'il fit du côté de la propreté nous portent
à croire que le cerveau de l'enfant n'a été que petit à
petit atrophié par le développement progressif du
liquide hydrocéphalique.
L'autopsie de cet enfant est particulièrement inté-
ressante. D'abord le liquide hydrocéphalique atteint
l'énorme poids de 2.180 grammes, aussi le cerveau est-
il réduit à une simple vésicule. On est tenté de s'éton-
ner que malgré l'atrophie complète des hémisphères,
l'enfant ait pu prononcer quelques mots, et être sujet
dans certains cas déterminés à des crises de rires. Ces
faits nous font persévérer dans l'hypothèse que nous
venons d'émettre sur l'atrophie progressive du cerveau
de Vign... L'intégrité du bulbe et de la moelle nous
permettent à la rigueur de comprendre la conservation,
à l'état de réflexes, de ces phénomènes dont l'origine
primordiale était certainement cérébrale. Une remar-
que intéressante que nous retrouvons dans d'autres
observations est la synostose de certaines sutures (ici,
la suturefronto-pariétale gauche). En pareil cas, si l'on
devait croire les crâniectomanes contemporains, les su-
tures loin d'être synostosées devraient être distendues.
Le nombre considérable d'os wormiens, les espaces
membraneux persistant au point où devait exister la
fontanelle postérieure, la déviation du trou occipital,
Hydrocéphalie. 255
etc. méritent aussi de fixer notre attention. Mention-
nons enfin les lésions rachitiques de certaines parties
do squelette. Les fig. 45 et surtout les fig. 46 et 47
donnent une idée très exacte des déformations de la
tête, de la face et de la base du crâne.
II. Cas d'hydrocéphalie avec malformations.
La seconde variété de ce premier groupe comprend
les cas d'hydrocéphalie compliquée de malformations
ou de lésions, par exemple du corps calleux, l'absence
des hémisphères cérébelleux, etc. Là aussi, les crânes
ont, en quelque sorte, un air de famille. L'hy drocépha-
lie occupe soit les ventricules latéraux seuls, soit en
même temps la cavité arachnoïdienne et est accompa-
gnée ou non d'hydrocéphalie enkystée.
La première observation que nous avons à citer
et dont nous montrons les pièces et les photographies
a été publiée par l'un de nous dans le Compte-rendu
du service pour 1883 (p. 113) (1). Nous nous contente-
rons d'en reproduire ici le sommaire, quelques men-
surations et les figures qui l'illustraient.
OBS. IX. IDIOTIE CONSÉCUTIVE , l'hydrocéphalie.
SOMMAIRE. Père et grand'mère paternels, alcooliques.
lIIère, nerveuse. Oncle maternel, imbécile. Oncles et
tantes maternels, morts de convulsions.
Emotions durant la grossesse. Tête volumineuse à la nais-
sance; son développement progressif ; ses dimensions.
Convulsions limitées à gauche (6 mois/ Hémiplégie
consécutive; amélioration. Développement rapide de la
tête (7 mois). Etat du malade à l'entrée (10 mois). Tête :
fontanelles, hyperostose. -Strabisme, etc.. Manifestations
(1) Idiotie consécutive à l'hydrocéphalie ; par Bourneville et Lellaive
L'observation et les réflexions qui l'accompagnent forment une note de 2S
pages.
256
Hydrocéphalie ; antécédents.
intellectuelles. - Pemphigus. - Athrepsie. - jH'ëmon'ha-
gie méningée; troubles trophiques; fonte purulente des
yeux; contracture; élévation de la température; diminue-
tion subite du volume de la tête. Mort. - EésuZZaZs de
l'autopsie.
Alli... (Eugène), agé de mu mois, est entré le 21 Mari 1883,
à l'hospice de Bicêtre (service de M. BOURNEVILLE).
Nous avons réuni en un tableau, les diverses mensurations
de là tête de l'enfant, ainsi que la succession de ses poids,
qui montrent bien sa déchéance progressive.
IIYROCPHALIE compliquée.
251
pituitaire est absolument aplatie; les fosses sus-orbitaires
sont effacées, et en avant d'elles les os frontaux ne se sont
pas soudés sur la ligne médiane. '
La calotte crânienne représente environ les ? 5 d'une.sphère
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1893. 17
Fig. 52. - Callotte crânienne d'AU...
258 Hydrocéphalie compliquée.
irrégulière. Les bosses frontales et pariétales sont peu accu-
sées; au sommet de la tête, sur la ligne médiane, se trouve
une saillie arrondie. La fontanelle antérieure a la forme
d'une Y : la branche inférieure, représentée par la suture
médio-frontale, est large de 3 ou 4 centimètres ; la branche
droite ne se prolonge qu'à 4 centimètres de la ligne médiane
et les bords qui la limitent se rencontrent en formant un angle
d'environ 40 ; la branche gauche est analogue à droite, mais
les os qui la limitent se prolongent par une suture non ossi-
fiée, limitée en dehors par le frontal et le pariétal, en dedans
par un os surnuméraire que nous décrirons plus loin. Cette
suture,. que l'on pourrait regarder comme la partie droite de
Fig. 53. - L F, lobe frontal. - L M, lobe moyen. - I. 0, lobe occipital. z
S S, scissure de Sylvius. - L I, lobule de l'insulu. - P, protubérance. -
B, bulbe. 111 moelle. - S S, scissure qui sépare L M, de L 0. - si indi-
que le foyer hémorrhagique placé en dehors.
Hydrocéphalie : crâne. 259
la suture sagittale, était facilement appréciable pendant la
vie ; maintenant les os chevauchent les uns sur les autres à
ce niveau et l'effacent. Cependant, en tendant la membrane
suturale, on peut écarter les deux os de près d'un centimètre.
Cette branche va rejoindre la fontanelle postérieure ; son bord
externe est formé par le frontal pour les 2/3 antérieurs et par
le pariétal pour le a/3 postérieur (Fig. 52).
La fontanelle postérieure a la forme d'un triangle isocèle
Fig. 54. V L, ventricule latéral. - C L. cloison transpasente. C R, cir-
convolution retournée. C S, corps strié. C 0, couche optique. V M,
ventricule moyen. T Q, tubercules quadrijumeaux. C, cervelet. F,
première circonvolution frontale. S 0, scissure. L P, lobe paracentral.
L Q, lobe carré - C C, corps calleux. - L 0, lobe occipital. (/1
loyer hémorrhagique. ,
Cette figure et la précédente sont de demi-grandeur naturelle mais après
macération du cerveau dans l'alcool.
260 Hydrocéphalie : crâne.
dont la base est tournée en haut et dont le sommet tronqué
aboutit à l'angle supérieur de l'occipital. La base, longue de
9 centimètres, est formée par l'os surnuméraire, inter-fronto-
pariétal ; les autres côtés, assez irréguliers, formés par les
pariétaux, ont environ 14 centimètres. L'angle inférieur est
occupé par trois os wormiens ayant chacun un peu plus d'un
centimètre carré de superficie, et quoique indépendants,
placés en contact les uns des autres et des os voisins. L'angle
supérieur droit se prolonge avec la partie droite de la suture
sagittale comme nous l'avons déjà indiqué ; l'angle gauche
se prolonge avec une suture membraneuse analogue mais
très peu large, longue de 5 centimètres et allant jusqu'à la
réunion des os frontal et pariétal.
En outre des trois os wormiens que nous venons de signa-
ler, il en existe deux autres, allongés dans le scnsantèro-posté-
rieur et occupant la ligne médiane de l'aire de la fontanelle
postérieure. Le plus élevé est blanchâtre, d'aspect cartilagi-
neux ; il a un centimètre '/2 de long sur un centimètre de
large. Immédiatement au-dessous se trouve le second, qui a
5 centimètres de long sur 3 de large et qui présente les
apparences d'une ossification plus avancée. Enfin, au-dessous
de l'angle supérieur droit se trouve un triangle d'apparence
cartilagineuse de deux centimètres de long, dépendant du
pariétal, mais dont la mobilité montre la réunion incomplète.
Les sutures fronto-pariélales ne sont pas ossifiées, mais à
ce niveau les os sont contigus. A leur jonction avec les sutures
qui représentent la sagittale dédoublée se voit une petite fonta-
nelle. La suture lambdoïde est normale; en quelques points
on remarque une disposition manifeste à la formation de dente-
lures. Quant aux sutures squameuses, on n'en découvre pas
de traces ; le temporal semble faire corps avec le pariétal sans
aucune délimitation.
L'épaisseur des os du crâne est très faible ; ils sont presque
partout translucides, laissant voir 5 ? et la des points opaques ;
cette opacité est surtout marquée au niveau de l'os fronto-
pariétal où la voûte crânienne paraît avoir son maximum de
solidité. Les os ont une certaine élasticité que l'on constate
aisément aux points où le trait de scie a divisé le temporal.
Le frontal, comme nous l'avons déjà indiqué est double; il
n'offre rien de bien particulier à signaler, sinon que son angle
supérieur, déjeté latéralement, s'insinue entre l'os surnumé-
raire et le pariétal et qu'il est relativement aigu. Les
pariétaux, unis à la portion écailleuse du temporal, font
Hydrocéphalie enkystée. 261
partie de la moitié postérieure du crâne ; ils sont larges et
minces, et ont environ 15 centimètres de dimensions antéro-
postérieures. Leur bord antérieur est en rapport avec le
frontal, le postérieur avec l'occipital ; l'inférieur n'existe pas,
puisqu'il est soudé au temporal ; le supérieur est arrondi,
convexe ; son quart antérieur est en rapport avec l'os surnu-
méraire que nous appelons inter-fronto-pariétal, ses 3/d
postérieurs forment les côtés de la fontanelle postérieure.
L'écaillé de l'occipital paraît peu développée relativement au
reste de la voûte crânienne ; elle est d'aspect normal, sauf
un point membraneux qui a persisté de chaque côté, à 4 cen-
timètres de la ligne médiane, au niveau des fosses cérébel-
leuses.
Il ne nous reste plus à décrire que l'os suwuméraire
tnte) ? )'onto-paWëLiL Il occupe exactement le sommet du
crâne ; il est à peu près régulièrement circulaire, et son centre
est très saillant; nous avons déjà signalé son épaisseur
relativement considérable. Son diamètre est de plus de 15
centimètres si l'on suit sa courbure, et à peine de 13 si on ne
la suit pas. Le centre en est nettement osseux; la périphérie
a un aspect blanchâtre qui rappelle le cartilage. Libre en
avant et en arrière où il limite les fontanelles, il l'est encore du
côté droit; a gauche, il est libre dans le tiers postérieur au
niveau du pariétal, mais non dans les ='/3 antérieurs où il est
presque complètement uni au frontal dont il semble une
dépendance.
En examinant la boîte crânienne par sa face interne, on
voit la dure-mère peu épaisse, très transparente, laissant
apercevoir l'arbre artériel de la méningée moyenne. La
faux du cerveau est très peu développée, surtout dans sa moi-
tié antérieure où elle n'a pas plus d'un centimètre de hauteur;
en arrière, au niveau de l'angle supérieur de l'occipital, elle
se bifurque pour se continuer avec la tente du cervelet qui
forme une sorte de cul-de-sac médian assez aigu dont le
sommet se dirige en haut et s'élève à 5 centimètres au des-
sus du plan des parties latérales. La faux du cervelet n'est
pas appréciable.
Une veine du volume d'une plume de corbeau provenant
de la surface de l'hémisphère cérébral gauche et aboutissant
au sinus latéral du même côté est oblitérée par une throm-
bose ainsi que ce sinus. (Fig. 54. v, v).
De chaque côté de la faux du cerveau se trouve une mem-
16 Hydrocéphalie INTRA-ARACHNOIDIE1NE.
brane qui cloisonne la cavité crânienne de la même façon que
cette faux. Ces membranes s'écartent de la ligne médiane au
niveau de la partie supérieure delà fontanelle antérieure et
viennent se réunir à la tente du cervelet à 4 où 5 centimètres
de la bifurcation de la faux du cerveau. La poche qu'elles cir-
conscrivaient atteints a 10 centimètres de largeur à droite, et
seulement 6 à 7 à gauche. Ces membranes sont minces,
transparentes, peu résistantes ; à leur voisinage la dure-mè-
re parait saine, non épaissie. Elles semblent formées par le
feuillet arachnoïdien viscéral qui, accolé au feuillet pariétal,
s'en détacherait un peu plus loin. Ce qui paraît confirmer cette
apparence, c'ast que : 1° en certains points il est facile de
séparer cette membrane de la dure-mère qui semble alors se
dédoubler ; 2° tandis que tout le reste de la membrane qui ta-
pisse la cavité crânienne est lisse, unie, sans prolongement
de tissu conjonctif, comme la dure-mère normale, au niveau
de la poche ainsi circonscrite, cette membrane présente quel-
ques prolongements de tissu conjonctif et forme quelques
aréoles analogues à celles du tissu cellulaire insufflé ; 3° cet-
te poche a été trouvée pleine d'un liquide séreux, en tout ana-
logue au liquide céphalo-rachidien avec lequel il paraissait
communiquer ; nous devons dire toutefois que, au palper
cette collection donnait la sensation d'un kyste.
En enlevant à la fois la calotte crânienne que nous venons
de décrire et le cerveau, on trouve ce dernier nageant dans le
liquide céphalo-rachidien. En avant, l'extrémité antérieure
vient presque au contact des os frontaux ;.en arrière, l'extré-
mité occipitale est assez éloignée de la paroi crânienne. En
introduisant la main entre le crâne et le cerveau on constate
que celui-ci est comme refoulé en bas et en arrière par une
sorte de kyste (la poche décrite ci-dessus), dont on déchire
les parois, qui s'implante dans la dure-mère. En palpant la
surface du cerveau on la sent se déprimer comme une paroi
kystique peu tendue ; on obtient la sensation que l'on aurait
en déprimant légèrement la paroi d'un petit ballon de caout-
chouc crevé.
RÉFLEXIONS,
263
264 RÉFLEXIONS.
L'intelligence n'était pas tout-à-fait abolie ; l'enfant
reconnaissait ses parents et les infirmières qui le soi-
gnaient ; il gazouillait et souriait.
Les os du crâne, suivant la règle, étaient très min-
ces, quelques-uns transparents. Mais, en plus des os
qui composent régulièrement la voûte du crâne, il
existait plusieurs os surnuméraires. C'est sans doute
de ces os qu'a voulu parler Franck lorsqu'il écrit que
« l'examen cadavérique a fait voir... des os Sésamoïdes,
surtout dans le trajet de la suture lambdoïde, à son
sommet et quelquefois dans la fontanelle antérieure. »
Le principal de ces os surnuméraires, celui que nous
avons décrit sous le nom d'os intcr-fronto-pariétal,
situé sur le trajet de la suture lamboïde, avait de gran-
des dimensions et une épaisseur de sept millimètres.
Par ce dernier caractère cet os se distingue des autres
et il permet de se rendre compte de ce qui arrive
dans des cas, d'ailleurs exceptionnels, où l'on trouve
sur le crâne des bosses frontales ou pariétales très
saillantes; ce qui et dû en partie t l'épaississeii-icilt des
os. Il peut arriver aussi, d'après Barthez, « que les os
du crâne acquièrent une innaccoutumée destinée à
résister à la pression qui s'exerçait sur eux». Si l'é-
paississement se fait d'une façon irrégulière, il en
résulte une asymétrie plus ou moins prononcée du
crâne.
Ici l'hydrocéphalie était à la fois ventriculaire et
arachnoïdienne. Les détails consignés dans le procès-
verbal de l'autopsie nous dispensent d'insister de
nouveau sur ce point. Nous rappellerons seulement
que, dans la cavité arachnoïdienne, une partie du
liquide était enkystée entre la dure-mère et l'arach-
noïde, croyons-nous; par conséquent, qu'il s'agissait
là, mais partiellement, d'une hydrocéphalie
Hydrocéphalie : antécédents. 265
.
externe, pour employer l'expression de Steiner. C'est
sans doute à cette disposition qu'il est fait allusion par
Blache et Guersant, quand ils disent que « dans quel-
ques cas, les liquides sont accumulés dans des espèces
de kystes ».
OBS. X. IDIOTIE HYDROCÉPHALIQUE.
Sommaire. Père, excès de boissons dans sa jeunesse, gra-
velle. Grands-parents paternels, morts très âgés. - Six
oncles ou tantes paternels, morts de convulsions. - Une
tante et un oncle paternels, morts phtisiques. Mère,
surmenée et mal nourrie dans sa jeunesse. Grand-père
maternel, mort tuberculeux. Grand'tante maternelle,
aliénée. Oncle maternel, mort tuberculeux. Autre
oncle, excès de boissons. Pas de consanguinité. Inéga-
lité d'âge de 24 ans. État actuel. Teigne. Rougeole.
Mort.
AUTOPSIE. - Examen de l'encéphale. Dilatation plus con-
sidérable du ventricule gauche. Dilatation moyenne du
ventricule droit, et légère distension du quatrième ventri-
cule.
Sor... (Armand, Louis), né à Paris, le 25 avril 1882, entré le
17 février 1888 à Bicêtre (Service de M. BOURNEVILLE).
Antécédents (Renseignements fournis par la mère de l'en-
fant le 23 mars 1888). Père, 51 ans, limonadier, est marié
en secondes noces, sa première femme étant morte tubercu-
leuse. Il buvait beaucoup autrefois, surtout du vin. Aujour-
d'hui il ne fait plus d'excès. Fort et vigoureux il est actuelle-
ment atteint de gravelle. [Famille du père. Père, mort
à 83 ans, on ne sait de quoi. Mère, morte à 90 ans, après
peu de jours de maladies, se portait toujours bien. Grands
parents paternels, robustes, morts l'un à 99 ans, l'autre à 96
ans. - Les grands-parents maternels sont aussi morts très
âgés mais on ne peut donner sur eux aucun détail précis.
Neuf frères ou soeurs : 6 sont morts en bas âge de convul-
sions ; Une soeur est morte à 7 ans, on ne sait de quoi. Une
autre soeur est morte assez jeune, phtisique, elle n'avait pas
d'enfants et était déjà mariée à un phtisique, Un frère, céli-
bataire est mort à 35 ans, phtisique. Il faisait des excès de
266 Hydrocéphalie : DESCRIPTION.
boisson, était un peu fantasque, aimait beaucoup à canoter
et se jetait souvent à la Seine pour gagner des paris.' A part
cela, rien de particulier à signaler dans la famille du père].
Mère, 27 ans, s'est mariée malgré la grande différence d'Il-
ge de son mari afin d'échapper à sa famille mal disposée pour
elle. De 14 à 20 ans, elle fut placée dans la communauté du
Bon Pasteur à Cholet. Elle y fut astreinte à un travail exa-
géré avec une nourriture insuffisante (lever à 4 heures 112,
été comme hiver, coucher a 8 heures 112 ; 10 à 12 heures de
travail). Réglée à 11 ans, elle fut toujours bien portante, mais
est nerveuse, impressionable et pleure facilement. Elle paraît
intelligente. [Famille de la 7zzèz'c. -Père , mort tuberculeux,
a eu de nombreuses hémoptysies et faisait de rares excès de
boisson. Mère, 55 ans, bien portante, se plaint parfois de
maux de tête. Elle est atteinte actuellement d'une tumeur( ? )
à la main droite. - Pas de renseignements sur les grands-
parents. Une tante maternelle, est devenue folle à 37 ans,
la folie n'était pas violente, elle mourut chez elle à 40 ans. -
Deux frères : Un mort tuberculeux à 17 ans; l'autre, 28
ans, bien portant, fait de nombreux excès de boissons. Il a
une petite fille de deux ans et demi en bonne santé. - Une
soeK ? ', 31 ans, bien portante, ainsi que les deux enfants. A
part ces renseignements, rien de particulier dans la famille
de la mère]. Pas de consanguinité. Inégalité d'âge de 24 ans.
Trois enfants. Nous ne pouvons donner aucun renseigne-
ment sur ces enfants, ni sur les antécédents immédiats de
notre malade. Cependant nous pouvons ailirmer que l'enfant
était assez mal soigné chez lui, car on a constaté qu'à son
entrée, il avait la tête couverte de poux.
Etat actuel (25 février 1888). - Tête volumineuse ; asymétri-
que. - Crâne arrondi, légèrement aplati dans la région pariétale
droite.. Les bosses pariétales sont peu prononcées. Front
élevé, large; bosses frontales saillantes. Arcades sourcillières
peu marquées. Yeux ; légère blepharite ; pas de strabisme ; ;.
iris bleus ; pupilles égales ; la vue parait normale. Nez aqui-
lin, l'odorat semble bon. Bouche petite, lèvres un peu
épaisses. La bride médiane qui unit la lèvre supérieure aux
gencives est très développée. Dentition régulière, mais usure
des molaires, due sans doute aux grincements de dents de
l'enfant. Voûte palatine ogivale. Goût parait normal. Men-
ton arrondi. Oreilles un peu écartées du crâne, bien our-
lées, lobule complètement adhérent.
HYDROCÉPHALIE : TÊTE.
167
Cou : M5 mm., pas de saillie goitreuse. Thorax : légères
saillies rachitiques de chaque côté du sternum. - Abdomen,
rien de particulier.
Membres bien conformés. Le membre inférieur semble
moins habile, et plus faible ; il traîne un peu.
Puberté. Cheveux peu abondants et blonds. Sourcils clairs,
cils rares. - Le reste du corps est glabre. Verge : long : 3
cm ; circonférence 4 cm. ; prépuce long, non découvrable. Tes-
ticule droit en ectopie inguinale ; testicule gauche à l'anneau
de la grosseur d'une petite amande. ,
L'enfant est gâteux complet, ne parle pas, il serait coléreux
et gourmand.
268. Hydrocéphalie : cerveau.
reste mauvais ; la diarrhée réapparaît abondante le 12 janvier.
L'enfant meurt le 18 janvier dans un état de maigreur
extrême et en hypothermie. - Poids, après le décés, 10 kilo-
grammes 500.
Hydrocéphalie; antécédents. 269
Thorax. Poumon (110 gr.), congestionné à sa base.
- Poumon droit (116 gr.) plèvres, rien. Coeur (60 gr.)
sans anomalie, ni lésions.
Abdomen. - Foie (410 gr), congestionné. Pâte (50 gr.).
Rein gauche (60 gr.), Rein droit (58 gr.), très congestionnés.
- Pancréas (25 gr.). Vessie, rien de particulier. - Estomac
et intestins très dilatés, muqueuse saine.
La mort semble être le fait d'un état cachectique progres-
sif.
Ici encore le bilan héréditaire ne laisse rien à dési-
rer : l'alcoolisme, les accidents convulsifs, la tubercu-
lose se manifestent tant du côté du père que du côté
de la mère. Une particularité à noter est l'inégalité
d'âge des parents. Le père avait 24 ans de plus que
la mère. Nous enregistrons ce fait qui a été donné
comme un facteur possible de l'idiotie.
L'autopsie nous montre une dilatation plus grande
du ventricule latéral gauche et une légère dilatation
du quatrième ventricule. Aucune localisation paraly-
tique ne pouvait durant la vie faire prévoir ces par-
ticularités. Il est bon d'ajouter que le liquide hydro-
céphalique n'était pas en quantité très considérable.
(1li0 r.)
. OBS. XI. - Hydrocéphalie ventriculaire : idiotie.
Sommaire. Père, alcoolique. - Tante maternelle, nëuropa-
thique. Pas de consanguinité. Rapports sexuels pen-
dant l'ivresse. -lhlclrocéplcalie congénitale. Impotence
musculaire. - Cécité. Gâtisme. - Parole incomplète.
Accès épileptiques. Tentatives d'éducation : résultats.
Mort dans un accès.
AUTOPSIE. - Déformations multiples des os de la base du
crâne. Aplatissement et distension des circonvolutions
cérébrales. Dilatation considérable des ventricules laté-
raux. - Etat de la dure-mère. Abse71ce des hémisphè-
res cérébelleux (1).
(1) Nous extrayons cette observation d'un travail {Contribution à l'étude de
t'idiotie) qui a paru dans les Archives de neurologie (1880, t. I, p. 69,390).
270 Hydrocéphalie Congénitale.
R... (Marie-Emilie), entrée dans le service de M. Moreau, le
15 mai 1876, à l'âge de 10 ans, est passée dans le service de
M. DELASIAUVE le 16 octobre 1877.
Antécédents (1871). -Aucune affection nerveuse chez les
ascendants directs ou collatéraux. Père, marchand de pois-
son à la halle, alcoolique dès le mariage (à 27 ans), buvait sur-
tout du vin; il est mort à 40 ans, d'une maladie de poitrine.
(1876). - En 1869, it la suite d'une chute dans une cave, ayant
produit une contusion de la face et de la tète, il a eu un accès
de delirium tremens (hallucinations de la vue et de l'ouïe,
insommie, agitation, idées de jalousie, de duels, de mort, etc.) ;
il a été conduit it l'IIôtel-Dieu. La, il a voulu se suicider en se
coupant le cou avec un rasoir; alors on l'a envoyé à Sainte-
Anne, puis à Ville-Evrard. Guéri au bout de 3 mois.
Mère, 35 ans, marchande iL la halle, bien portante. Une de
ses soeurs a eu des troubles intellectuels et des attaques d'hys-
térie au moment de la puberté. Pas de consanguinité.
6 enfants et une fausse couche. L'aîné est mort de convul-
sions à 5 mois ; notre malade est la ';le, le 3e est un garçon de
10 ans et demi, bien portant : les 4e 5e et Gaz sont morts à 7
mois, 16 jours, et 6 mois, on ne sait de quelle maladie. - Hap-
ports sexuels durant l'ivresse
Antécédents personnels. - IL.. est née à terme. Rien de
particulier n'avait signalé la grossesse : comme dans les autres,
scènes avec son mari qui rentrait ivre. - Accouchement natu-
rel ; on s'aperçut, dès la naissance, que l'enfant était hydro-
céphale. Elle fut élevé à la cuiller, car elle ne put jamais pren-
dre le sein.
A 18 mois, elle ne parlait pas du tout. D'après la mère, elle
avait la tête déjà aussi volumineuse qu'aujourd'hui; les mem-
bres ont toujours été grêles ; l'enfant voyait un peu des deux
yeux qui étaient moins enfoncés dans les orbites qu'ils ne le
sont aujourd'hui. Vers 5 ans, elle a commencé à parler. Elle
avait l'habitude d'enfoncer ses doigts dans ses yeux. Elle
n'a jamais marché, ni pu tenir quelque chose dans ses
mains.
A 7 ans, ophtalmie, suivie de cécité complète, gourmes,
écoulements d'oreilles, etc. Pas d'onanisme. A 5 ou (i repri-
ses différentes, elle aurait eu des « attaques de nerfs. » Une
fois dans le service de M. Moreau, elles auraient duré six heu-
res consécutives. - Elle a toujours été affectueuse pour sa
nourrice et pour sa mère. Elle a toujours été gâteuse.
Hydrocéphalie : description de la malade. 271
. Depuis 2 ans, on ne trouve pas de changement notable dans
sa situation, si ce n'est que ses membres sont plus amaigris.
La parole et l'intelligence sont les mêmes. L'enfant n'a ni
gagné ni perdu. ·
État actuel. (Novembre 1877.) Tête volumineuse. Face
petite, étroite, vieillote, triangulaire ; yeux très enfoncés, non
seulement à cause de leur état pathologique, mais surtout à
cause de l'exiguïté de la face et de la saillie très prononcée
des arcades orbitaires ; nez régulier. La lèvre supérieure pré-
sente, à un centimètre de chaque commissure, une encoche de
4 à 5 millimètres environ, sorte d'esquisse de bec-de-lièvre.
Partout les os de la tête sont durs, très résistants ; au ni-
veau de la suture bipariétale, on sent l'os bombé. Zone large
d'environ 3 ou 4 centimètres, totalement dépourvue de che-
veux, étendue d'une bosse pariétale à l'autre. ",
271 Hydrocéphalie : crâne.
bes sont un peu contracturées, ainsi que les bras. Subma-
tité, au niveau de l'omoplate droite ; quelques râles ronflants
disséminés. - Soir : T. Il. 38», 2.
20 mars. - T. R. 38°,5. Soir : P. G6 ; T. Il. 38°, 8. R...
parait mieux, elle répond aux questions qu'on lui adresse. La
submatité a presque disparu, respiration moins rude.
21 mars. T. Il. 38-.
22 mars. - T. R. 38°,5. - Soir : T. Il. 38",2.
23 mars. - T. R. 37°. - Amélioration.
Septembre. Depuis le commencement de l'été, nous avons
essayé de la faire marcher ; on est arrivé à la maintenir
debout et à lui faire faire quelques pas. Elle remue les bras,
les jambes, mais les mouvements sont faibles. Traitement
tonique.
Novembre. - Emacion progressive, matité aux deux som-
mets en arrière, quelques petits râles, pas de paralysie.
1879. 13 janvier. - Quatre accès dans l'après-midi.
14. Soir : T. Il. 40°. Nuit tranquille.
15. La malade refuse de se lover, se plaint d'avoir froid.
T. Il. 39°,5. Mort dans un accès.
AUTOPSIE. - Les os de la voûte du crâne sont tous soudés.
Toutes les sutures sont fermées; la fronto-pariétale présente
de fines dentelures. Toutes sont minces, transparentes à
contre-jour, à l'exception de la frontale, qui est très épaisse
dans sa moitié inférieure. Au niveau des deux fontanelles,
antérieure et postérieure, l'os est mince, quoique non dépres-
sible, non papyracé. l'as d'os wormiens, crâne aminci.
La s'est déchirée au niveau dés bosses orbitai-
res, pendant qu'on tirait sur la calotte crânienne pour l'enle-
ver. Elle adhérait beaucoup plus fortement que de coutume à
la suture bi-pariétale.
La base du crâne est absolument déformée, la moitié droite
est plus profonde et plus large que la gauche. Ce qu'il y a de
plus remarquable, c'est que le rocher est complètement aplati
des deux côtés et que la fosse pariétale a sa dépression maxima,
correspondant à l'aplatissement du rocher.
Les bosses orbitaires sont très saillantes, lisses et unies,
entièrement dépourvues d'éminences mamillaires, apparence
qu'on retrouve du reste partout plus ou moins marquée. La
bosse coronale droite est plus étalée que la bosse coronale
gauche.
L'apophyse crista-galli semble rejetée en arrière, ce qui
Absence DES hémisphères cérébelleux. VIS
tient au refoulement en avant de la portion verticale du fron-
tal. La selle turcique est très étroite, la lame quadrilatère du
sphénoïde très effacée; la gouttière basilaire, au lieu d'être
légèrement inclinée de haut en bas et d'avant en arrière, est
tout à fait verticale.
La tente du cervelet n'existe pas, ou plutôt elle est repré-
sentée par deux lames indépendantes l'une de l'autre et très
obliquement disposées, à peine plus larges en arrière qu'en
avant.
Le trou de Pacchioni se trouve donc entièrement déformé;
d'ovalaire il est régulièrement ellipsoïde, et son grand diamètre
s'étend de la lame quadrilatère à la bosse occipitale interne.
La loge du cervelet est extrêmement étroite, limitée qu'elle
est par les lames de la dure-mère, décrites plus haut. C'est
une fosse ellipsoïde, à grand diamètre antéro-postérieur.
Il n'y a pas de liquide cep/wlo-rachidien sous l'arachnoïde.
Pie-mère très mince, peu vasculaire, sans adhérence ; elle
se rompt très facilement ; delà, décortication pénible.
Les circonvolutions cérébrales sont aplaties, étalées. La
substance encéphalique est ramollie.
Cerveau énorme, remplissant toute la cavité crânienne.
Cervelet rudimentaire, à peine du volume d'un petit oeuf
de pigeon.
Les ventricules latéraux sont considérablement dilatés et
contiennent 570 grammes d'un liquide clair, limpide ; sous-
traction faite de ce liquide ventriculaire, l'encéphale ne pèse
plus que 770 grammes.
Les hémisphères cérébelleux manquent totalement, en
sorte que le cervelet n'est représenté que par le vermis, légère-
ment renflé sur ses parties latérales. Le bulbe et la pro-
tubérance sont normaux.
Ici, l'idiotie reconnaît évidemment pour cause l'hy-
drocéphalie. Celle-ci, de son côté, nous parait pouvoir
être attribuée à l'alcoolisme du père qui, dès les pre-
miers temps du mariage, commettait de fréquents ex-
cès de boisson et avait souvent des rapports sexuels
alors qu'il était « entre deux vins. »
Les tentatives qui ont été faites pour améliorer la
situation de l'enfant, quoique tardives, ont donné quel-
ques résultats et il est fort probable que, commencées
plus tôt, elles auraient abouti à ce que l'enfant
BOURNEVILLE, Bicétre) 1893. Î8
274 Hydrocéphalie.
fût capable de marcher seule et de se servir de ses
mains.
Les lésions relevées à l'autopsie, en ce qui concerne
le cerveau, n'ont rien d'extraordinaire : les circonvo-
lutions étaient étalées, les sillons peu profonds, les
ventricules latéraux très dilatés, comme dans tous les
cas d'hydrocéphalie ventriculaire. L'arrêt de dévelop-
pement du cervelet, les modifications de la dure-mère
cérébelleuse et surtout la déformation des os de la
base du crâne, constituent les points les plus intéres-
sants de ce cas.
Les hydrocéphales simples, dont nous venons de
relater l'histoire détaillée, offrent, au point de vue
de l'anatomie de leur crâne et de leur cerveau, des
particularités intéressantes. Au premier abord, ils
semblent forts différents et bien qu'atteints tous d'un
certain degré de plagiocéphalie, on doit pour synthé-
tiser leurs caractères, les diviser en deux groupes.
Mais après ce travail de synthèse, il est facile de poser
et de défendre l'hypothèse qui nous porte à considé-
rer le premier groupe comme une étape du second et
à penser que ce dernier constitue un degré de l'évolu-
tion, nous dirons même presque de la guérison de l'hy-
drocéphalie.
1° Le premier groupe comprend les crânes d'Ess ?
de Gard... et de Lob... Arrondis, brachycéphales, il y
a chez tous persistance de la fontanelle antérieure. La
fontanelle postérieure persiste chez Ess... et les sutu-
res distendues sont membraneuses chez Lob... La
suture métopique persiste (Gard...) ou apparaît à l'état
de vestige (Ess... et Lob...). Les sutures coronaire et
sagittale sont presque rectilignes. Des os wormiens
plus ou moins nombreux sont enclavés dans la suture
lambdoïde. Les os sont très minces, poreux, d'aspect
Crâne ET cerveau. 2.75
... , ' J
membraneux, transparents et rayonnes. Une bande de
tissu très vasculaire borde les fontanelles et les sutu-
res. Bien qu'ayant ces caractères généraux, la suture
coronaire est presque entièrement synostosée chez Ess.
2° Le second groupe est fort différent. Il comprend
les crânes de Coeur ? Chev..., Gren... et Revill... Ces
crânes, moins brachycéphalcs, ont un développement
occipital exagéré. Il n'y a pas de persistance des fon-
tanelles, ni de la suture métopique. Les autres sutu-
res sont dentelées assez simplement, même en dents
de souris. Les os wormiens abondent à la suture lamb-
doïde. Chez Coeur..., on en constate aussi sur le
trajetdc la sutura coronale. Les os sont lourds, même
très lourds. Leur table interne porte les empreintes
profondes des vaisseaux méningés. Les plaques trans-
parentes y sont rares. La calotte de Gren... présente
de plus une particularité digne d'être notée : Très épais-
se, très lourde, elle est formée de deux lames de tissu
compact entre lesquelles est une large couche d'un
tissu spongoïde qui permettrait de comparer la tex-
ture de ce crâne au fragment curieux conservé au Mu-
sée Dupuytren et que l'on y désigne sous le nom de
tranche de melon.
Nous avons laissé pressentir que, malgré la diffé-
rence de ces crânes, on ne pouvait établir de scission
chez les hydrocéphales simples, la comparaison de
l'état macroscopique de leur cerveau justifiera notre
opinion. En effet, si le cerveau d'Ess... est réduitàune
vaste poche kystique, où il est difficile de soupçonner
des vestiges de circonvolutions, nous trouvons chez
Gard... un cerveau distendu, à circonvolutions aplaties,
à scissures Ù peine marquées mais nettement percepti-
bles. Lob... offre des hémisphères à apparence pres-
que normale, dont la configuration s'éloigne peu de
t'6
Hydrocéphalie.
celle des cerveaux de Chev..., de Gren..., de Revill...,
et de Coeur... Certes tous ces cerveaux ont des carac-
tères propres : L'un (Gren...) a surtout le ventricule
latéral gauche distendu, tandis que chez Lob... c'est
surtout le droit. Gren... offre une très petite tumeur
de l'extrémité de la faux du cerveau ; tandis que Revil..
a de la dilatation du 4° ventricule, fait exceptionnel
dans les cas que nous avons observés. Néanmoins tous
ces cerveaux offrent des lésions analogues et ont un
aspect général identique, il n'y a entre eux qu'une dif-
férence de degré. or
Les enfants dont nous avons classé les crânes dans ce
premier groupe sont morts entre 2 ans et 2 ans et demi.
Chez eux le liquide hydrocéphalique est très abon-
dant et le crâne mince et distendu. Ceux qui, pour nous,
forment le second groupe, ont une quantité de liquide
relativement faible dans les ventricules, tandis que
le crâne est épais. Le tableau comparatif suivant four-
niera un argument plus éloquent :
Cerveau. 211
La première partie de ce tableau comprend trois
enfants âgés de 2 ans à 2 ans et demi, pesant de 5 à 7
kilog. environ. Le poids total de leur encéphale oscille
entre 1.200 et 1.600 gr. et la quantité de liquide varie
de 500 à 1.000 gr. Les seconds sujets de la seconde
partie du tableau ont de 18 à 19 ans ; leur poids est de
26 à 47 kilogr. ; leur encéphale pèse de 1.100 à 1.700 gr.
environ et la quantité de liquide hydrocéphalique at-
teint 100 gr. et ne dépasse pas 150 gr. Ne pouvons-
nous pas aisément en conclure que ces trois derniers
crânes et l'encéphale se sont développés aux dépens
du liquide et que très vraisemblablement les lésions
moins intenses observées chez eux proviennent d'une
rétrocession de l'hydrocéphalie. Il est probable que, si
vers l'âge de 2 ans, ils étaient morts, l'autopsie aurait
révélé chez eux un état analogue à celui des trois pre-
miers enfants de notre tableau. Le raisonnement réci-
proque pourrait être appliqué à ceux-ci et il est regret-
table que nous n'ayons pas, dans nos observations d'hy,
drocéphales simples, d'autopsie entre 2 ans et 19 ans,
pouvant nous permettre d'établir une transition dans
l'évolution avec l'âge de cette hydrocéphalie. Nous re-
connaissons néanmoins que les trois premiers enfants
étaient atteints d'un degré considérable d'hydrocépha-
lie et que les lésions secondaires de l'encéphale, comme
celles d'Ess..., laissent peu d'espoir dans l'amélioration
de pareille affection et sont peu compatibles avec la vie.
Le groupe qui comprend Alix..., Sor... et la pe-
tite fille de la Salpêtrière dont l'observation a été
publiée dans les Archives de Neurologie, est formé
do cas disparates qui font exception à la règle et
qui, à cause des complications particulières à chaque
cas, ne peuvent être reliés entre eux par aucun autre
phénomène que l'hydrocéphalie. Alix ? en effet, était
atteint d'hydrocéphalie enkystée, tandis que Sor.. pré.
27B Hydrocéphalie.
sentait Une dilatation plus grande du ventricule latéral
gauche et une dilatation de l'aqueduc de Sylvius, et du
quatrième ventricule, lésion que nous n'avons pas
rencontrée dans l'hydrocéphalie simple. Quant à la
petite fille de la Salpêtrière, le manque des lobes céré-
belleux mérite qu'on la classe en dehors des hydrocé-
phales ordinaires.
§ II. Hydrocéphalie avec SCAPHOCÉPHALIE.
Le second groupe de nos hydrocéphales est composé
de ceux qui présentent une configuration toute diffé-
rente de la tête classique, dont nous venons de donner
des exemples. Chez eux, la tête présente la déformation
connue sous le nom de scaphocéphalie. Les observa-
tions suivantes, accompagnées de figures, donnent
une idée très exacte de cette forme d' hydrocéphalie
OBS. XII. Scaphocéphalie (Résumé).
SOMMAIRE. - Père) colérique, eczémateux. - Rien de parti-
culier du côté paternel. -Mère, impressionable, névralgie.
Rien du côté maternel. Consanguinité (cousins ger-
mains). - Grossesse : rien de particulier. Accouchement
prématuré entre 8 mois et mois 112. -Chétif, tête trèsallon-
gée à la naissance, nourri au sein, sevré à 2 ans. - Début de
lamarche ai, 20 nois.-Dé62ctde la parole à un an. - Bron-
chites répétées durant les trois premières années. -Pas de
convulsions. Onanisme constant. Premier accès épilep-
tique à 3 ans, puis accès mensuel diurne durant un an. Les
accès deviennent diurnes et nocturnes et plus nombreux à
4 ans.-A 5 ans, outre les accès, absences et vertiges.-Iras-
cibilité, impatience.
AUTOPSIE. - Méningite purulente. Hydrocéphalie ven-
triculaire. Tubercules crétacés. Cavernules. Mat
de Pott. '
Charm.... (Emile), né le 23 mai 1875, entre le 16 novembre
1880 à Bicêtre où il est décédé le 21 juillet 1884.
L'observation de cet enfant a été publiée in-extenso dans
le 111° volume des Comptes rendus du service des enfants
Observation.
279
(1882, page 13). Nous nous bornerons donc à donner ici la fin
de son histoire et le résultat de l'autopsie.
1880.- Tête allongée volumineuse, avec prédominance des
parties postérieures et aplatissement transversal (scaphocé-
phalie) (Fig. 55). ).
- t80
Hydrocéphalie.
. t882. Mars.- Bronchite, diarrhée, congestion méningitique.
Le traitement a consisté en hydrothérapie qui a considéra-
blement diminué les accès et en injections sous-cutanées de
curare à partir du 6 novembre 1882.
1883. Novembre.-Apparition des symptômes du mal de Pott.
20 décembre. - Ponction d'un abcès par congestion (250
gr. de pus). Fistule consécutive.
1884. 20 juillet. Accidents de méningite purulente céré-
bro-spinale. 31 juillet. Mort.
Tableau des accès et des vertiges.
Cerveau, .281
. AUTOPSIE. - A l'ouverture du crâne, il s'écoule un liquide
hydrocéphalique abondant qui, collecté iL la fin de l'autopsie,
pèse environ 300 grammes. La pie-mère est très fortement
vascularisée sur tout le cerveau. La pie-mère de la base, sur-
tout au niveau du chiasma, de l'espace interpédonculaire,
des pédoncules et de la protubérance, est infiltrée d'une
épaisse couche purulente (méningite purulente).
282 « Hydrocéphalie; SCAPHOCÉPHALIE.
adhérences et plaques laiteuses ; une de ces plaques conte-
nait un petit noyau calcaire. Foie (850 gr.), aucune
lésion apparente. Reins, droit et gauche (100 gr. chacun),
un peu hypérémiés; le rein gauche contenait, au niveau de
l'union des deux substances, un petit kyste de la grosseur
d'un pois. Rien de particulier à noter à l'examen de la
vessie, des uretères, des testicules, du pancréas. -L'estomac
et le colon sont fort dilatés.
Le thymus persiste, mais, ses vertiges sont peu considéra-
bles. "
Rachis. - Le corps de la p1'emière vertèb1'e lombaÏ1'e est com-
plètement détruit par un processus tuberculeux. Le pus est
descendu à droite et à gauche le long des vaisseaux jusqu'au ni-
veau de l'arcade de Fallope et est entouré d'une poche pseudo-
membraneuse. Le corps de la seconde vertèbre lombaire pré-
sente aussi une excavation caverneuse capable de contenir une
noisette. Le mal de Pott... est indiscutablement l'origine de la
méningite purulente qui a déterminé la mort du malade.
Le crâne offrait, ici, d'une façon très nette la forme
que l'on décrite sous le nom de scaphocéphalie.
OBS. XIII. HI DRO-SCAPHOCÉPHALIE. Résorption DU LIQUIDE.
. Cachexie progressive.
Sommaire. Père, rhumatisant, nerveux. Grancl'mè1'e
maternelle, rhumatisante et migraineuse. - Oncle paternet
bègue. Mère, fièvres intermittentes à 11 ans. - Grand-
père maternel, apoplexie et hémiplégie transitoire.
Grand'mère maternelle, migraineuse. -Aïeux, paralysés
et alcooliques. - Cousin germain, idiot. Sept cousins
morts de convulsions. Grand-oncle maternel, bègue.
Pas de consanguinité. Inégalité d'âge d'un an. Soeur
morte de convulsions et deux autres de congestion cérébrale.
Chute à 3 mois. Première dent à un ans. Parole à 15 mois.
Marche à 22 mois. Accroissement de la tête 2 ans 1/2.
. Faiblesse des membres inférieurs. Oblitération de la
. fontanelle antérieure à 3 ans 1/2. Répugnance au mou-
. vell'l.8nt jusqu'à 4 ans suivie de turbulence. Voracité,
salacité, gâtisme, clastomanie, violence. Scarlatine,
bronchites, diphtérie. Etat actuel. aspect de la tête.
- - Monorchidie. Cachexie progressive. Mort.
Observation. '2M
AUTOPSIE, - Examen du crâne. Congestion méningée. -
Dilatation du ventricule latéral gauche. Absence de
lésions macroscopiques expliquant la mort.
Chev. (Georges), né à Boulogne (Seine) le 8 janvier 1883,
âgé de 8 ans, entre le 24 juin 1891, à Bicêtre (service de
M. Bourneville).
Antécédents. (Renseignements fournis par sa mère, 1.r
juillet 1891.) Père, ébéniste, .14 ans, est un homme intelli-
juillet 1891.) - Pè ? -e, ébéniste, i ! t ans, est un homme intelli-
gent, artiste môme en son métier. Arthritique et chauve de
bonne heure, il n'a eu comme affection un peu sérieuse que
des douleurs articulaires rhumatismales avec quelques
accidents cardiaques consécutifs. Il est sobre, doux avec les
siens, mais un peu vif. - [Famille du père. Père, 81 ans,
très bien portant, sobre, travaille encore et n'a jamais eu de
maladie grave. Mère, 72 ans, en bonne santé, était sujette
dans sa jeunesse aux migraines et passait pour être nerveuse.
- Les grands-parents morts quadragénaires se portaient
bien. Un frère a eu 8 enfants, tous morts de contusions,
sauf 3 bien portants. Une soeur a perdu son premier né de
convulsions ayant duré 15 jours. Aucune tare, ni indice
neuropathique dans le reste de la famille du père.]
Mère, 43 ans, couturière, a été pendant 18 mois atteinte de
fièvres intermittentes (1) vers l'âge de 11 ans. A part cela,
elle n'a jamais été malade. Intelligente, elle répond nettement
il toutes les questions que nous lui posons. [Famille de la
mère. Père, 73 ans, était bien portant quand il y a quelques
années il fut frappé d'apoplexie avec hémiplégie qui ne dura
qu'un mois (thrombose cérébrale.) Pas de démence. Mère,
morte il 56 ans, cl'ér5sipcle. Depuis l'âge de 41 ans, cette
femme nerveuse, sujette à la migraine, avait un érysipèle
tous les mois. Grand-père paternel, mort à 58 ans ( ? ).
Grand'mère paternelle, morte à 81 ans, en 1870. du typhus.
Le grand-père maternel, mort à 87 ans, atteint de paralysie
et de démence sénile, et la grand'mère maternelle, morte à
82 ans, hydropique, étaient tous les deux alcooliques. Un
frère est bègue. - Un demi-frère (de mère) est mort jeune
alcoolique ; une demi-soeur a un enfant devenu idiot en 1870,
par peur, dit-on des Prussiens. A signaler en outre un cousin
(1) Nous notons l'impaludisme, à l'occasion, dans les antécédents des
malades, de même que les professions insalubres, pouvant être une cause
de dégénérescence (B.).
284 Hydrocéphalie.
maternel bègue et idiot, un autre boiteux et un oncle
célibataire, feu, mais atteint d'une folie calme et douce.
Aucun autre antécédent héréditaire suspect.] Pas de con-
sanguinité. Différence d'âge d'un an.
Onze enfants : I° fille morte à 5 mois de convulsions ; 2°
fille mariée, bien portante ainsi que ses enfants ; 3° garçon,
né à 7 mois, en février 1871, mort à l'âge de 2 jours ; 4° fille
de 19 ans, intelligente, en bonne santé; pas de convulsions;
5° garçon, mort à 5 mois de congestion cérébrale sans convul-
sions ; 6° garçon de 15 ans, intelligent, pas de convulsions ;
79 autre garçon, mort à 5 mois d'accidents cérébraux ( ? )
sans convulsions ; 8° garçon, 13 ans, 9° garçon de 10 ans,
bien portants tous deux ; 10° notre malade ; lolo garçon,
mort de diphtérie à 21 mois.
Notre malade. Rien de particulier à la conception.
Grossesse normale sauf peut-être un peu de surmenage, la
mère étant parfois obligée de passer la nuit à travailler à la
machine. Secoue/tentent à terme, sans intervention, sans
anomalie. L'enfant n'a pas eu d'asphyxie. Il avait en
naissant et a toujours conservé la tête allongée. Il fut nourri
au sein maternel presque exclusivement jusqu'à 32 mois,
Première dent à un an. Dentition complète à 3 ans.
Marche à 22 mois. Début de la parole à 15 mois. Son voca-
bulaire a toujours été très restreint. Jusqu'à 2 ans et demi,
cet enfant, développé, n'offrait rien de bien anormal. Un
peu arriéré intellectuellement, Chev.. ne donnait cependant
aucune inquiétude à ses parents. A 3 mois, il était tombé
de son lit sur la tête et resté une heure sans connaissance;
cet accident auquel la mère attache beaucoup d'impor-
tanoe. n'a toujours pas eu de suites immédiates. A 2 ans
et demi, la tête de l'enfant se mit à grossir, et une tumé-
faction apparut au niveau de la fontanelle antérieure.
Le corps de l'enfant ne commença à se développer en propor-
tion de la tête que vers 3 ans et demi. A partir de ce moment
la tète ne grossit plus, elle prit sa forme actuelle. L'enfant
avait les jambes faibles et restait presque continuellement
immobile. Il n'avait eu ni convulsions, ni paralysie, ni con-
tracture.
A 4 ans, Chev... recommença à jouer et devint assez
remuant. A 6 ans, sa taille augmenta dans de fortes propor-
tions. Il a toujours été glouton, salace et gâteux. Ni pyroma-
nie, ni kleptomanie. Affectueux pour ses parents, il n'avait
aucune conscience du danger et on ne pouvait lui permettre
Observation. 285
d'aller seul dans la rue. Depuis deux mois environ, l'enfant
a changé, il est pris d'un rire nerveux inextinguible, casse
tout, frappe ses parents, chantonne sans cesse.
A un an, scarlatine bénigne ; de 8 à 10 mois gourmes ; fré-
quents coryzas scrofuleux ; engelures. - A 7 ans (février
1890), il eut une angine diphtéritique soignée aux Enfants-
Malades qui détermina une légère parésie des membres
inférieurs. Il est fréquemment atteint de bronchite avec
des accidents dyspnéiques inquiétants.
Etat actuel il juillet 1501 ? L<csanté générale de l'enfant t
parait bonne. Adiposc marquée.
Crâne volumineux, très aplati latéralement, très saillant
en avant et en arrière. Les régions pariétales offrent des
méplats, tandis que la tète est fort bombée au sommet sur-
tout et au niveau de la suture sagittale. Il n'y a pas de trace
des fontanelles. Le front et l'occiput sont très bombés sans
qu'il y ait cependant exagération de la saillie des bosses de
ces régions. Les cheveux châtains clairs, abondants, bien
implantés, descendent assez bas sur le front. Le crâne est
asssz régulièrement symétrique. La face est énorme, lon-
gue et grosse surtout à sa partie inférieure. - La pliysiono-
mie, hideuse, n'exprime que l'hébétude. Le visage est recou-
vert d'un duvet blond qui lui donne un aspect sale. Le
front, très bombé et très haut, est fort étroit : une dépression
marquée existe au-dessus des arcades sourcillières qui sont
saillantes et recouvertes de sourcils abondants.
Paupières normales, cils longs, fentes palpébrales grandes.
Mouvements des globes oculaires normaux. Iris bleus, pupilles
à réactions normales. La vue semble naturelle. - Ne-- court,
camus, écrasé à sa racine. Narines aplaties. Sillon naso-gé-
nien très prononcé. La respiration nasale est très difficile.
Bouche large, lèvres épaisses, toujours entrouvertes. A la nect-
choire supérieure, dentition très irrégulière, les 4 prémolai-
res de lait sont encore en place. Les premières molaires per-
manentes sont à leur place les deux canines aussi; une inci-
sive centrale permanente est, à droite, à coté d'une incisive de
lait non tjmbée qui repousse en avant, vers la lèvre, l'incisive
définitive. A la mâchoire inférieure la dentition de lait est
encore complète. Une molaire et deux Incisives centrales
permanentes sortent en arrière des dents de lait correspon-
dantes. L'articulation est mal fixée. Les pointes des dents se
touchent bout à bout au lieu de s'entrecroiser. Les gencives-
sont en bon état. La langue est grosse et présente un sillon-
286 : Hydrocéphalie.
médian assez profond auquel viennent aboutir des sillons
irréguliers. Palais très ogival. Le voile du palais paraît
déprimé par des végétations adénoïdes. Les amygdales sont
volumineuses. Pommettes assez saillantes. Menton
petit et arrondi. - Oreilles grosses, rouges, courtes, en
bateau, bien ourlées, lobule gros et détaché.
Cou : circonférence : 30 centimètres. Ni goitre, ni adénites.
Thorax, rachis assez bien conformés et sans déviations.
Angle postérieur des côtes très accentué. Remarquable peti-
tesse des omoplates. - Respiration normale. Battements du
coeur à peine perceptibles au palper et a l'auscultation.
Ventre volumineux (67 centimètres de tour). Hernie, ombi-
licale de la grosseur d'une petite noix facilement réductible.
Pas d'hypertrophie du foie, ni de la rate.
Verge, 3 centimètres de long, 2 centimètres 1/2 de circon-
férence. Prépuce peu développé, gland découvrable. Testi-
cule droit descendu, du volume d'un haricot. Ectopie abdo-
minale du testicule gauche. Scrotum développé. Pénil glabre.
Membres supérieurs bien conformés. Motilité normale ;
mains épaisses, doigts courts et épais, incurvés en dedans,
articulations des phalangettes raides, ongles courts mais
normaux. Membres inférieurs symétriques. Pieds nor-
maux, légère exagération de la voûte plantaire. - La moti-
lité et la sensibilité sensitivo-sensorielle ne parfassent pas
altérées. Les réllexes rotuliens existent sans exagération.
État mental (d'après les notes de la Petite Ecole où l'enfant
est placé.) - Parole à peu près nulle, pas de mots distincte-
ment prononcés. Ne semble pas comprendre les questions
qu'on lui pose. Mouvements de préhension assez mal coor-
donnés. Chev... mange mal à table. Instabilité très grande,
il ne peut pas rester en place, est très coléreux, n'a aucune
notion de ce qui l'environne. Il ne veut pas obéir, ne com-
prend pas les ordres qu'on lui donne. Il pleure souvent, bour-
donne constamment, grince parfois des dents, très grimacier,
il offre comme tic, lorsqu'il est assis, un balancement anté-
ro-postérieur qu'il accompagne d'un ronflement de satisfac-
tion. Pas d'onanisme. La démarche est lourde et bestiale,
Il va la tête baissée, se tenant les mains et avançant pénible-
ment en écartant les jambes.
Traitement. Exercice passif des articulations. Douches
quotidiennes de 25 secondes, l'enfant ayant actuellement
d,e nombreux accès de colère.
DESCRIPTION DU crâne. 287
20 novembre. - L'enfant maigrissant progressivement est
envoyé à l'infirmerie, en observation. Il n'a pas de fièvre,
mange, digère, ne présente rien à l'auscultation, urine beau-
coup, mais on ne peut, vu son gâtisme, recueillir ses urines.
29 décembre. - Inappétence, constipation; pas d'élévation
de la température.
31 décembre. L'inappétence continue. L'amaigrissement
augmente de plus en plus. La température oscille entre 36°, 4
et 36°, 8. Régime lacté absolu.
1892. 1 , janvier. Matin : T. R.37 ? Soir : T. R. 36o,8.
Pâleur extrême, température rectale, 36o,2. Potion de Todd
avec extrait de quinquina.
2 janvier. - Matin : T. R. 3G°,8;-T. R. deux heures après :
36°,2; - Soir : T. R. 36°,6. L'affaiblissement va en s'accen-
tuant toujours, hypothermie. Un peu d'urine a été recueillie,
elle ne contient ni sucre, ni albumine.
3 janvier. lllatin ; T. R. 36°,8. Mort dans le coma à 2
heures du soir. T. R. après la mort : 36°,G; 1/4 d'heure
après : T. R. 360; une heure après : 35°,8.
Taille : 1 mètre 5. Poids à l'entrée : 22 kilog. 500 ; après
la mort, 15 kilog. 900.
288' Hydrocéphalie.
sagittale est complètement synostosée ; son parcours est per-
foré sur la table interne d'un grand nombre de trous vascu-
laires. Les sutures coronales et lambdoïdes sont à peine si-
nueuses ; la coronale est découpée en dents de souris, la lamb-
doide n'offre aucune dentelure. La table externe du crâne est
d'aspect rugueux, la table interne offre des sillons accentués.
Fig. 5C. Elle représente le moulage de la tête de Chev...
CRANE ET cerveau. 289
de vaisseaux méningiens. Entre ces deux tables est un tissu
spongoïde, très lourd. La caractérisque de ce crâne est son
énorme scaphocéphalie (allongement antéro-postérieur et
aplatissement bilatéral). (Fig. 56). La cltL1'e-m.ère adhère assez
fortement au crâne. La base de ce dernier parait symétrique;
les fosses sont assez profondes, mais les voûtes orbitaires sail-
lantes laissent l'apophyse crista-galli dans une excavation
profonde. La est louche et blanchâtre surtout à
gauche. La vascularisation s'accentue par plaques à droite
sur la première temporale et le lobe pariétal inférieur, à gau-
che sur les lobes temporal et pariétal. Le lobe frontal droit
est recouvert de taches ecchynmotiques.
' Cerveau. - Hémisphère gauche. - Les circonvolutions sont t
nettement limitées, les scissures et les sillons sont profonds ; il
n'y a pas d'altération autres que les plaques congestives si-
gnalées. Le ventricule latéral gauche est notablement dilaté,
surtout au niveau de sa corne occipitale et à sa partie moyenne.
La couche optique est un peu aplatie et le corps calleux aminci.
Hémisphère droit. Aucune malformation ni lésion accen-
tuée. Pas de dilatation ventriculaire de ce côté.
Le cervelet, le bulbe, la protubérance, le quatrième ventri-
cule, ni la moelle ne paraissent pas, macroscopicluemeut, être
le siège d'une lésion. '
290 HYDRO-SCAPHOCIPHALIE.
ploiement disparu. La vessie est saine. On ne trouve pas de
traces de testicule droit.
La cause de la mort ne peut être attribuée qu'à un état
cachectique progressif.
OBS. XIV. - Hydrocéphalie SCAPHOÏDE; - méningite
TUBERCULEUSE.
SOMMAIRE. - Père, céphalalgies légères.-Grand-père pater-
nel, légers excès alcooliques. Mère, bien portante.
Grand'mère maternelle, morte subitement ( ? ). Aïeul
maternel, dément. Cousin, strabique. Pas de consan-
guinité. Inégalité d'âge de 7 ats.
Grossesse normale. - Accouchement à 10 mois et demi.
. Allaitement au sein durant 2 mois, puis au lait de vache.
Première dent à 16 mois; dentition complète à 4 ans.
Début de la marche, 3 ans et demi. Début de la parole,
4 ans. Convulsions à 2 ans. Gâtisme. Rougeole. Tics.
Etat actuel. Tuberculose pulmonaire. Poussée aiguë
avec méningite tuberculeuse.
AUTOPSIE. - Etat des poumons. Examen du crâne.
Description du cerveau.
No... (Adophe), né le 27 décembre 1879, est entré le 30
décembre 1884, à Bicêtre (service de M. BOURNEVILLE), où il
est décédé le 8 août 1885.
Antécédents. - (Renseignements fournis par la mère, le
17 novembre 1885.) -Père, 34 ans, bijoutier, n'a comme acci-
dent nerveux que de légères céphalalgies; il est atteint depuis
plusieurs années de bronchites à répétition, qui ne parais-
sent pas tuberculeuses. Il est sobre, n'a jamais eu de mala-
dies vénériennes, ni de dermatoses, etc. [Famille du père.
Père, mort à 51 ans, à l'hôpital Cochin, des suites de l'abla-
tion d'une tumeur de l'aisselle, était garçon de café et paraif
avoir fait quelques excès alcooliques. Mère, 58 ans, forte,
non nerveuse. Aucun antécédent suspect, du côté des
grands-parents, morts âgés. Un frère, 40 ans, une
soeur, 36 ans, bien portante, n'ont pas d'enfants. Aucun
accident pathologique ou psychique intéressant connu dans
le reste de la famille du père.] .
Mère, 27 ans, bonne santé, intelligente sans antécédents
ouspecte. - [Famille de la mère. Père, 50 ans, sobre et bien
Antécédents personnels. 291
portant. Mère, morte subitement à 39 ans, d'une rupture d'ané-
vrysmc( ? ). Pas d'accidents nerveux. - Grand-père paternel,
mort dément à 87 ans. - (x ynd'nè·e pater2elle, et grand-père
maternel, pas de renseignements. Grand' mère paternelle,
morte âgée, on ne sait de quoi. Un frère, bien portant, ayant
un enfant présentant un léger strabisme, bien que n'ayant
jamais eu, dit-on, de convulsions. Aucun autre détail sur la
famille de la mère.]
Pas de consanguinité. Inégalité d'âge de 7 ans.
Un seul enfant : notre malade. Rien de particulier à la con-
ception qui eut lieu les premiers jours du mariage. Absolu-
ment aucun accident durant la grossesse. - Accouchement £
prématuré, à S mois 1/2, mais naturel et sans intervention;
présentation du sommet. Pas d'asphyxie à la naissance, pas
de circulaire du cordon. Enfant un peu petit, mais bien con-
formé. Il fut allaité au sein maternel durant 2 mois, puis
au biberon avec du lait de vache, la mère n'ayant pas suffi-
samment de lait. -Première dent à 16 mois. Dentition com-
plète à 4 ans. Début de la marche à 3 ans lj2. A 4 ans, il com-
mence à parler, mais. borne son vocabulaire aux mots : papa,
maman, dodo, dada. Ses parents remarquèrent qu'il était très
craintif, que la musique lui faisait peur, qu'il riait parfois
comme les autres enfants, mais qu'il restait tranquille et ne
«gazouillait » pas comme eux. On observa vers deux ans « que
parfois ses yeux se tournaient, que sa figure était pâle et ses
lèvres décolorées, en même temps le corps était flasque et il
restait ainsi immobile durant 5 il 10minutes.)i Ces accidents
survenaient une fois ou deux dans une journée et réappa-
raissaient environ tous les huit jours. Cela dura de 2 à 3 ans.
Dans les intervalles, l'enfant tournait toujours un peu les
yeux et ne pouvait pas maintenir son regard fixe. Il a toujours
été gâteux, n'a jamais pu apprendre à s'habiller, à se laver,
ni à se servir de la cuiller. Il bave encore. Il aime à balancer
le tronc d'avant en arrière, et grince des dents ; cette der-
nière habitude a disparu depuis un an. Il a des crises de
colère violentes, déterminées par la moindre cause. Il dort-
sans cauchemars. Il reconnaît ses parents, et parait affectu-
eux àleur égard. Il n'a conscience d'aucun danger. Pas de clas-
tomanic, de pyromanic, de kleptomanie, ni d'onanisme. Pas
de voracité, ni de salacité. Il n'a eu comme maladie jusqu'a-
lors qu'une diarrhée assez rebelle à 2 ans et la rougeole à 4
ans. Pas d'accidents scrofuleux. Outre, le balancement antéro-
postérieur du tronc, il présente comme autre tic, un petit cli-
gnement des paupières.
292 I-IYDIIO-SCAPHOCiPIiALI&.
Etat actuel (8 août 1885). Crâne : Les bosses frontales
sont saillantes et la (été latéralement aplatie offre très nette-
tement l'aspect scaphoïde.
Crâne ET cerveau. 293
Crâne. Les os du crâne très minces à certains points et
très compacts, offrent une épaisseur assez grande sur d'autres
points et sont alors formés de tissu spongieux. Les points les
plus minces sont au niveau des pariétaux. Les sutures coro-
male et mtra-partetate sont ossifiées. Le crâne parait symé-
trique.
La dure-mère est d'apparence normale. La pie-mère offre
au niveau des sillons et des vaisseaux surtout vers la base,
de nombreuses granulations blanchâtres, elle est en certains
points oedématiée et adhère notablement aux circonvolutions
sous-jacentes. Elle montre, en un mot, les lésions de la ménin-
gite tuberculeuse. En détachant le cerveau une assez grande
quantité de liquide céphalo-rachidien s'écoule :
294 HYDRO-SCAPHOCRPHALIE.
tuberculeuse et l'existence d'un épanchement hydro-
céphalique assez abondant. - La prédominance de la
dilatation ventriculaire au niveau de la corne occipitale
explique la disposition particulière de la tête.
OBS. XV. Hydrocéphalie partielle. IDIOTIE complète.
S011AfAIRE. - Pè1·e : quelques excès. Grand'mère et oncle
paternels, eczémateux. Cousine germaine, crises de
colère. - Mère un peu nerveuse, céphalalgies. Deux faus-
ses couches à 6 mois. - Grand-père maternel aliéné et
alcoolique. Bisaïeule, oncle et tante paralysés. - Con-
S<112g LL217.1 t .
Grossesse : Emotion à G mois. - Premières convulsions à 4
mois. - Réapparition des convulsions à 3 ans. État
de rial. - Accès de colère. Cris. Balancement.
Insomnie. - État actuel. Gâtisme complet. - Idiotie
complète. Demi-contracture des membres inférieurs.
Muguet. Stomatite ulcéreuse. - Mort.
AUTOPSIE. - Congestion et oedème pllL1n012a11'eS. - OEdème
méningé. - Dilatation du seul ventricule droit.
Fau... (Emile Eugène), né le 29 octobre 181(), entre le 22
juillet 188 ! f, à Bicêtre (service de M. Bourneville), où il est
décédé le 29 décembre 1884.
Antécédents. (Renseignements fournis par sa mère, le 19
décembre 188 ! 1.) Père, 33 ans, fumiste, bien portant faisait
2 ou 3 fois par mois des excès de vin, il est d'un caractère
assez sombre mais n'est pas méchant et mène une vie régu-
lière. [Famille du père. Père, enfant naturel, 61 ans, scieur
de long, sobre et hien portant. - Mère, morte avec une der-
matose qualifiée d'eczéma ( ? ), pas d'autres renseignements.
Grands-parents paternels, inconnus. Grands parents mater-
nels, aucun renseignement. Deux frères et une soeur bien
portants, sauf l'aîné qui a eu de l'eczéma ; ils ont tous plu-
sieurs enfants bien portants et bien développés; une fille du
frère aîné a cependant parfois des crises de colère, elle est
âgée de 7 ans, mais ni elle, ni ses cousins n'ont eu de con-
vulsions. Aucun autre renseignement sur la famille du
père.] ]
Mère, 27 ans, brune, grande, physionomie agréable, parais-
sant bien portante, est imagière. Elle est nerveuse, a parfois
Observation ; antécédents. 295
des céphalalgies qui n'ont pas de rapports avec l'époque des
règles et n'ont pas le caractère migraineux. Elle n'a jamais
eu de crises convulsives. Étant jeune elle était sujette à la
gourme. [Famille de la mère. Père, mort en 1871, devenu
brusquement aliéné. Il était fort peureux et sous la menace
d'être fusillé, il avait dû obéir aux autorités de la Commune
et aider à construire les barricades ; s'étant échappé, il se réfu-
gia chez sa fille, se croyant poursuivi, ce qui était faux ; un
jour il se cacha dans une cheminée, puis affolé, se jeta par la
fenêtre, on le transporta mourant à la Pitié. Son aliénation
avait duré huit jours. Il faisait des excès de boisson assez fré-
quemment. Mère, 60 ans, brocanteuse, ordinairement bien
portante, quelques accidents dyspsnéiques (emphysème ou
asthme ? ). Aucnn renseignement sur les grands-parents sauf
sur la grand'mère maternelle qui mourut paralysée. Trois
frères bien portants et sobres. Un oncle et une tante sont
paralysés, mais sont âgés et n'ont pas d'accidents mentaux.
Aucune autre tare pathologique dans la famille de la mère].
Consanguinité. Le mari et la femme sont des cousins, issus
de germain. De ce mariage sont nés 4 enfants et la mère est
enceinte de 5 mois. 1° fausse couche à 5 mois, attribuée à
la fatigue ; 2° autre fausse couche de 6 mois sans cause
appréciable ; - 30 notre malade ; - 4° garçon de 2 ans, bien por-
tant intelligent, parlant bien, n'ayant jamais eu de convulsions.
Notre malade. Rien de particulier à la conception.
Grossesse. Au 68 mois, elle eut une peur causée par une dis-
pute avec des soeurs « qui, dit-elle, lui en voulaient. Aucun
autre accident. Accouchement à terme, normal ; l'enfant
est né coiffé, bien portant, mais petit. Il fut élevé au sein par
une nourrice, fut complètement sevré à 18 mois. A 7 mois, elle
le vit, fort, gros, bien développé. Depuis l'âge de 4 mois, au
dire de la nourrice, l'enfant a eu de petites convulsions, il
pleurait, se roidissait et tournait les yeux. 11 ne riait jamais.
Quand sa mère le reprit à 18 mois, il était très maigre, ne mar-
chait pas, ne disait rien. A partir de cette époque, il eut des
convulsions quotidiennes, mais ne portant que sur les yeux.
A partir de 3 ans, les convulsions se généralisèrent, atteigni-
rent les membres; les mouvements convulsifs étaient nette-
ment exagérés du côté droit. L'enfant remuait sa langue et
écumait légèrement. Parfois les convulsions se répétaient,
devenaient subintrantes et déterminaient une sorte d'état de
mal durant environ 2 heures 1/2. Placé aux Enfants-Malades
pour être traité d'une fistule ( ? ) au bras, il eut des attaques
convulsives et fut envoyé à l'Asile Clinique.
196 Hydro- scaphocéphalie.
Au point de vue mental, l'enfant n'a, nous dit la mère,
jamais pu apprendre à parler, ni à marcher, il a de fréquents
accès de colère ; présente comme tic un balancement latéral
de la tête continuel. Il ne mâche pas, a été presque exclusi-
vement nourri de lait et de panades. Il n'aurait jamais dormi
plus de une heure par nuit et son sommeil serait fréquemment
interrompu par des cris inarticulés. On devait, pour le faire
taire, le bercer une partie de la nuit. Il est gâteux complet,
n'a pas de vers intestinaux. Comme affection lymphatique ;
notons de l'otorrlzée (le l'oreille droite et de l'impétigo de la
face. Il n'a jamais eu de fièvres éruptives.
État actuel. - État général médiocre. Tête carrée, crâne
asymétrique la moitié droite du crâne étant plus développée
que la gauche. Occiput aplati. Les bosses frontales et parié-
tales sont saillantes mais plus fortes droite qu'à gauche. Le
front est assez haut, une dépression existe au-dessus des ar-
cades sourcilières qui, par ce fait, paraissent saillantes. Pas
d'asymétrie faciale. Fentes palpébrales horizontales et gran-
des. Globes oculaires un peu saillants. Iris gris bruns. Pupil-
les égales. Saillies ovalaires égales et non exagérées. Nez
petit et aquilin. abouche large. Lèvres très épaisses. Lan-
gue tuméfiée, dépassant notablement les arcades dentaires.
- Oreilles écartées, égales, mais la droite est moins bien
ourlée que la gauche. Lobule petit, à peine détaché.
Cou, grêle, 21 centimètres de circonférence. Thorax
évasé, dilaté vers les hypochondres surtout il droite. Légère
scoliose à convexité droite, chapelet rachitique net à droite
età gauche. Aucune lésion notable à l'auscultation, ni à la per-
cussion. Circonférence mamelonnaire du thorax : 50 centimè-
tres. Abdomen saillant, surtout à la région épigastrique. La
cicatrice ombilicale fait saillie. Les organes de l'abdomen ne
paraissent le siège d'aucun trouble perceptible à la palpa-
tion. Verge moyenne, phimosis, méat normal. Testicules
très petits.
Membres supérieurs très grêles. A la. partie postérieure et
interne du coude droit existe une fistule d'origine osseuse à
bords adhérents, rouges et arrondis, qui actuellement ne donne
lieu iL aucun écoulement. Les mouvements sont assez libres,
tous s'exécutent, mais avec faiblesse et l'attitude normale est
ladvtni-Ilexion. Les membres supérieurs sont à la mensuration
sensiblement égaux.
Les membres inférieurs sont contractures. Les cuisses sont t
fléchies sur le bassin dans l'adduction, les genoux sont acco-.
Crâne ET cerveau. 297
lés l'un contre l'autre. La pointe des pieds est fortement
portée en dedans (sorte de pied bot varus équin). La sensi-
bilité est médiocre, l'intelligence nulle, le gâtisme complet.
16 tléce ? ? tbi-e. L'enfant est à l'infirmerie, il ne peut se nour-
rir, sa langue est douloureuse et tuméfiée, les gencives sont
saignantes, le tout est recouvert d'une épaisse couche de
muguet. Les ganglions submaxillaires sont très engorgés.
Lavages répétés avec une solution de bicarbonate de soude.
18 décembre. -Bouche en un peu meilleur état, ulcérations
nombreuses. Impossibilité d'avaler. L'enfant s'affaiblit consi-
dérablement. Les lèvres sont fuligineuses, l'aspect typhoïde.
20 décembre. Le muguet a disparu mais la stomatite ulcé-
reuse persiste. Dyspnée. Râles sibilants dans les deux pou-
mons. Odeur gangreneuse de la bouche.
. 29 décembre. Mort.
298 I-IAfi-HYDRO-SCAPHOCFPHALIE.
mince dans la région pariétale postérieure et occipitale, il est
épais, spongoïde et opaque vers les régions temporales et
frontales.
Observation; antécédents. 299
dans un état mental trop bas pour prêter à ce sujet à
des remarques intéressantes.
Son autopsie nous a permis de constater la synos-
tose de la suture sagittale, qui n'est pas très rare chez
les hydrocéphales, l'irrégularité de l'épaisseur des os
du crâne et leur structure spongoïde en avant, enfin la
localisation, au seul ventricule droit, de l'hydrocépha-
lie. Il est regrettable que quelques lacunes considé-
rables existent dans l'histoire de ce malade et entre
autres, l'oubli de la quantité cle liquide hydrocéphalique
que contenaient les ventricules. '
OBS. XVI. - 11-1-DROCI"PHALIE SCAPHOCÉPHALIQUE.
Sommaire. Père, ivrogne, mort tuberculeux. Oncle
paternel, mort tuberculeux. Tante paternelle, monople-
gie brachiale. Mère, bien portante. Tante maternelle,
morte tuberculeuse. Pas de co11sa11yuinité. Frère
aine, mort tuberculeux. soeur, convulsions internes légè-
res.
Conception probablement durant l'ivresse. Frayeur et
mélrorrhagie au 7e mois. Convulsions fréquentes de 3
mois ci `t alls 1/2. - Disparition des convulsions à 5 ans.
Début de la marche à un an et demi; de la parole à
3 ans. Strabisme convergent dès 2 ans. Insomnie
plltsou moins complète jusqu'à 4 ans. -Etat actuel. Ces-
dugâlisme il9.a1lS. -Otite supsalion purée. Accidents
syphilitiques secondaires à 15 ans. Puberté.- Etat psy-
chique. Mensurations.
Moquer... (Napoléon-Alfl'ed), né le 28 novembre 1873 à
Paris, est entré le 14 juin 1878, à Bicêtre (service de M.
BOURNEVILLE).
Antécédents (Renseignements fournis par sa mère le 23
février 1880). Père, mécanicien-ajusteur, mort à 34 ans de
tuberculose pulmonaire, après deux ans de maladie. Il avait
cohabité 9 ans avec la mère avant de l'épouser. Violent, colé-
reux, il se livrait à la boisson et rentrait souvent ivre chez
lui. Il n'avait jamais été malade avant son affection ultime,
n'avait jamais présenté d'accidents nerveux.
300 IITDRO-SCAPHOCI·.PHALI1;.
[Famille du père : Père, mort du choléra, était sobre.
Mère, morte on ne sait de quelle affection, à l'époque de son
retourd'age. Frère, mort jeune, tubcI'culcux. -Soelll', para-
lysée d'un bras, ayant passé la plus grande partie de son
enfance dans les hôpitaux d'enfants, est morte à 15 ans, on ne
sait de quoi. A part cela aucun antécédent neuroarlhriti-
que, psycliopathique ou autre dans la famille du père.]
Mère, 40 ans, femme do ménage, auparavant ouvrière en
bijouterie, assez grande, forte, possédant une bonne santé,
n'a jamais eu de troubles nerveux.
[Famille de la mère : Père, sobre, calme, mort écrasé par
une voiture. - Mère, 70 ans, bien portante. Un frère mort
du choléra, un autre frère de tuberculose pulmonaire, un
troisième frère jouit d'une bonne santé ainsi que ses enfants.
Deux saurs bien portantes. Pas d'antécédents nerveux ou
autres dans la famille de la mère.]
Pas de consanguinité (père du Mans, mère de la Champa-
gne).
5 enfants : 1° Un garçon, mort à 3 ans, tuberculeux, parais-
sant intelligent et normal ; pas de convulsions ; 2" Une fille,
10 ans, intelligente et bien portante, n'a jamais eu de convul-
sions ; 3e .Votre malade. 4° Une fille, morte à 2 ans, d'an-
gine couenneuse, était intelligente. Dans le premier âge, elle
avait eu quelques légères convulsions internes. - 5° Une
fille, chétive, morte à 14 mois, on ne sait de quoi. Elle n'a pas
eu de convulsions et paraissait intelligente.
Notre malade. - La conception parait avoir eu lieu durant
l'ivresse. Rien de particulier pendant lIa si 1'08SI'SSe, si ce n'est une
frayeur au 7" mois causée par le mari ivre qui aurait frappé sa
femme. Une métrorrhagie abondante en aurait été la consé-
quence. -Accouchement normal, mais long. On aurait remar-
qué dès la 77a issance la grosseur exagérée de la tête, et, il un an,
les parents auraient été obligés de la soutenir au moyen d'ap-
pareils. A trois mois, premières convulsions durant seulement
quelques minutes. Moq ? depuis, aurait eu des crises convul-
sives régulièrement tous les quinze jours. Il fut sevré à 14
mois, aurait marché à 1G mois. A 2 ans, il eut en un jour
dix-sept accès convulsifs. Aucun accident n'en fut la consé-
quence, il se leva le lendemain. A partir de là, on s'aperçut
pour la première fois de son strabisme. Trois ou quatre mois
plus tard survint une nouvelle crise, il resta deux heures sans
connaissance, puis revenu il lui, il se mit à jouer comme s'il
n'avait rien eu. La parole a débuté à 3 ans. 11 n'a jamais été
Description DU malade. 301
propre durant la nuit. Depuis l'âge de deux ans et demi, les
convulsions ont diminué d'intensité et de fréquence. Elles se
bornaient à une raideur du cou avec déviation des yeux
durant environ une ou deux minutes. Mis à l'Asile, il était
insupportable, brisait tout, touchait à tout, battait ses petits
camarades. Sa mère prétend que, de 2 ans et demi à 4 ans,
l'enfant n'aurait guère dormi plus d'une demi heure par jour.
Elle allirme même qu'il est resté 8 mois absolument sans
sommeil, se levant la nuit, courant dans la chambre en gei-
gnant, ne voulant jamais être couvert dans son lit. A partir de
4 il se serait mis à dormir comme tous les autres enfants.
Il était très instable, marchait toujours. Il comprenait assez
bien ce qu'on lui disait et allait quérir ce qu'on lui demandait.
Il avait de fréquents accès de colère durant lesquels il déchi-
rait ses vêtements avec les mains et les dents. Redevenu cal-
me, il disait «Ferait pu» et semblait demander pardon. Il était
caressant, aimait à embrasser sa mère. Fort glouton, il se ser-
vait à table assez proprement de sa fourchette. Pas de copro-
phagie, de kleptomanie, ni de pyromanie. 11 aimait les jeux
bruyants et les joujoux destinés à faire du bruit (tambour,
trompette, etc.).
A l'entrée dans le service, l'enfant était gâteux. Il n'aurait
eu qu'un accès convulsif par mois depuis son entrée durant
les six premiers mois de 1878 et n'en aurait plus eu d'autres.
Etat actuel (8 mars 1880). - Tête volumineuse avec prédo-
minance très marquée du segment occipital. Le côté gauche
de l'occiput est plus saillant que le droit. Les bosses pariéta-
les sont assez accusées. Front haut et bombé étroit avec
dépressions latérales et au-dessus des sourcils. Arcades sour-
cillières peu saillantes. Le crâne, en un mot, déprimé sur les
côtés, fortement proéminent aux régions frontales et occipita-
les, offre un exemple typique de scathocéphalie. - Yeux :
strabisme convergent double. Albugo sur la cornée droite.
Iris bruns. Face symétrique. Ne-- camard. Bouche
petite, lèvres épaisses, joues assez charnues. Dents norma-
les et saines. Voûte palatine très étroite, ogivale, paraissant
symétrique. Voile du palais régulier. Amygdale gauche un peu
saillante. Menton développé. 0 Oreilles grandes assez bien
ourlées; lobule charnu détaché.
Thorax, sans difformité, pas d'anomalie, ni d'affection révé-
lées par la percussion ni l'auscultation. -ibclo)ite7t assez
volumineux, mais ne présentant pas de traces d'anomalie ou
d'affection viscérale. Rien de particulier à noter du côté
302. I-IFDRO-SC : PHOCIsPIIALII's.
des organes génitaux. Peau assez blanche. Cheveux et
sourcils blonds. Duvet assez abondant entre les épaules.
Léger engorgement ganglionnaire dans les aines.
Caractère coléreux, entêté; si on le rudoie, il insulte, mord,
entre dans des rages furieuses. Si on lui parle doucement,
il est caressant, reconnaissant, mais est fort susceptible. La
sensibilité et les sens paraissent normaux.
26 juin. Moq... mange avec la cuillère et la fourchette,
ne se montre pas trop gourmand. Il connaît quelques lettres,
est toujours gâteux. Pas d'onanisme. Il est affectueux et
caressant.
1881. 21 juin. - L'enfant gâte encore parfois. Il s tit s'ha-
biller, se laver et se déshabiller seul, mais n'a pas fait d'au-
tres progrès. ", .
1882. 1 \ juin, Gâtisme intermittent. Moq.. fait assez
bien les exercices de gymnastique. Il prononce tous les
mots, quelques-uns d'une façon vicieuse; chante, mais faux.
Il cire ses souliers, s'habille seul, sait compter jusqu'à 10.
Pas d'onanisme; pas de modification du caractère.
19 décembre. Le gâtisme a complètement disparu.
1883. Juillet. Peu de modifications à noter.
1884. Juin, - Quelques petits progrès au point de vue de
l'instruction primaire la plus élémentaire. Il connaît les chif-
fres, les couleurs, désigne quelques animaux par leur nom,
etc.. Il est très turbulent et il est fort difficile de fixer son
attention. Onanisme.
1885. mars, - Entré à l'infirmerie pour y être soigné d'une
contusion de l'oeil, à la suite d'un coup donné par un cama-
rade et du reste sans gravité.
1886. Janvier. Otite suppurée de l'oreille gauche.
1887. Juin. - Moq... est mis à l'atelier de tailleur. Son
maître note qu'il ne fait pas de progrès et qu'il est impossi-
ble de le faire travailler de la main droite. L'otite suppurée
se réveille de temps en temps malgré les injections boriquées.
1888. Juin. - Puberté. Fin duvet commençant à ombrer
Etat intellectuel. 303
la lèvre supérieure. Aisselles glabres, mais léger engorge-
ment ganglionnaire. Duvet fin avec quelques poils très courts
à la racine de la verge. Verge : 45 millimètres de circonfé-
rence, 25 de longueur. Gland découvrable, méat assez large,
légèrement porté en arrière. Testicules rétractés, difficiles à
faire descendre, égaux et delà dimension d'une olive moyenne.
Périnée et anus glabres. A l'anus, à droite, érosion d'un
centimètre sur deux. Légères adénites inguinales ; pas de
roséole. Excoriation à la face interne de la lèvre inférieure. ,
14 août. On constate une plaque muqueuse, d'aspect^
légèrement papillomateux à la face supérieure de la langue à
droite de la ligne médiane. Malgré le manque de roséole et le
résultat' négatif d'une enquête à cet égard, ces accidents
paraissent d'origine syphilitique.
1889. Durant toute l'année Coq... fait de fréquents
séjours à l'infirmerie pour y être soigné de plaques muqueu-
ses, à la bouche et à l'anus, compliquées d'adénites inguina-
les, cervicales et sous-maxillaires. ;
Puberté. - Léger duvet surle pénil. Verge : longueur 4
centimètres. Méat normal. Testicules de la grosseur d'une
noisette.
1890. Juillet. - Puberté. - Léger duvet à la lèvre supé-
rieure et aux joues. Tronc et aisselles glabres. Léger duvet
au pénil. Verge : longueur : 37 millimétrés ; circonférence :
45 millimètres.
1891. Moq ? à cause de son âge, est mis à la grande
école.
Note des instituteurs (juin 1891). L'instituteur insiste
sur l'inattention et l'indocilité de son élève, sa mauvaise tenue,
son manque d'intelligence. Il n'est parvenu à lui faire faire
aucun progrès. Le maître tailleur signale aussi son incapa-
cité absolue et son manque complet d'attention. Seul, le maî-
tre de gymnastique signale quelques progrès et de la bonne
volonté tant à la gymnastique qu'à la danse. Moq... a essayé
de faire des bâtons, mais on a grand'peine à l'empêcher de
se servirpourécrire de la main gauche. Les signes qu'il trace
sont inclinés de haut en bas et de gauche à droite, dans l'é-
criture renversée. Il a toujours la tentation d'écrire en com-
mençant par la droite comme en hébreu. Il sait compter
304 Hydro-scaphocéphalie.
jusqu'à 30, mais ne se rend guère compte de la valeur des
chiffres, il connait le nom des jours, mais ne sait jamais à
qu'elle date l'on se trouve. Sa tenue est toujours malpropre
et négligée. Il mange gloutonnement et souvent avec les
mains. Il parle en chevrotant, rit toujours aux éclats, s'expri-
me néanmoins assez correctement.
Puberté. - Visage, poitrine, aisselles glabres. Quelques poils
sur le pénil. Verge : 35 mm. de longueur sur 35 mu. de cir-
conférence. Prépuce long, Gland découvrable. Scrotum de la
grossesse d'une mandarine. Testicules petits, difficiles à trou-
ver, delà grosseur d'une noisette. Région anale et membres
glabres. : .
1892. Mai. Nouveau séjour à l'infirmerie pour des acci-
dents secondaires (ulcérations à la bouche).
Juillet. -I'instituteur 11C constate pas grand progrès, Moq...
écrit toujours de même et a les mômes tendanccs de gau-
cher. Il connaît les lettres et les couleurs... Son attention est
toujours nulle, sa tenue déplorable, il est toujours glouton.
Aucun résultat à l'atelier de tailleur où il est en apprentis-
sage. ; J
Puberté. - 1 ? système pileux, la verge, les testicules sont
restés sensiblement stationnaires depuis un an.
1893. -Durant l'année 1893, Moq... ne se développe pasplus
au point de vue physique qu'au point de vue intellectuel. Les
instituteurs signalent toujours les niâmes défauts auxquels,
ils ajoutent celui de menteur, effronté. Même en gymnastique
où il semblait jadis mettre une certaine bonne volonté^ il ne
fait plus rien. 11 remplit ses poches de chiffons, a une tenue
de plus en plus déplorable, en un mot, il parait plutôt en
voie de déchéance.
Puberté. Le système pileux ne s'est pas modifié. Les orga-
nes génitaux sont toujours rudil1lenlail'cs. Les testicules ont
toujours un aussi petit volumc et restent appliqués vers les
anneaux.
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306
HI DRO-SCAPHOCEPHALII : .
Mensurations de la tête.
Observation; antécédents. 301'
.. § III. Hydrocéphalie Symptomatique. *' - .
Cette forme est commune et l'un de nous en à
déjà rapporté plusieurs exemples dans d'autres publi-
cations. Elle se rencontre surtout, à titre de symptôme :
1° dans la méningo-encéphalite ; 2° dans les tumeurs
du cerveau et surtout du cervelet. L'observation sui-
vante appartient au premier groupe.
OBS. XVII. - Hydrocéphalie symptomatique DE méningo-
encéphalite CHRONIQUE.
Sommaire. Père, céphalalgies. - Cousin maternel, épilep-
tique. Peur durant la grossesse. Syphilis vaccinale
probable. Jamais de convulsions. - Fugues. - Hernie
ombilicale. Ophtalmie. Cachexie. Escharres.
Mort.
AUTOPSIE. - Congestion et oedème des poumons. Engor-
gement des ganglions du mésentère. État spongoïde
des os du crâne. Méningo-encéphalite et hydrocé-
phalie.
Han... (Louis Xavier), né à Ivry, le 2 mars 1872, entre le 25
septembre 1883 dans le service de M. BOURNEVILLE,où il est
décédé le G juin 1885.
Antécédents. (Renseignements fournis par sa mère, 18
octobre 1883). - Père, 51 ans, forgeron, grand, fort, très
sobre, n'a eu comme maladie qu'une pneumonie il y a deux
ans. Au début de son mariage, il aurait eu quelques douleurs
de tête qui paraissaient avoir les caractères attenués de la
migraine. Absolumentrien de suspect dans sa santé antérieure.
[Famille du père. Père, journalier, sobre ; il mourut à
75 ans de l'émotion de voir les Prussiens envahir les Ardennes.
Mère, migraineuse, morte des suites d'une chute accidentelle.
- Grand-père paternel, mort il 80 ans, intelligent, considéré,
maire de son pays. Pas de renseignements sur les autres
grands-parents. Quatre frères bien portants et ayant des
enfants en bonne santé. Une soeur, très saine, a un fils, soldat
actuellement. Rien à signaler de suspect au point de vue
pathologigue et psychique dans la famille du père.]
308' Hydrocéphalie symptomatique.
Mère, 41 ans, couturière, physionomie régulière, intelligente !
n'a jamais été malade. [Famille de la mère. - Père, ajus-
teur, enfant naturel, mort à 70 ans d'une maladie aiguë,
sobre, jamais malade. Mère, 70 ans, bien portante et intel-
ligente. Pas de détails Intéressants touchant les grands-
parents. Six frères : 1° un mort jeune de convulsions, attri-
buées aux dents ; 2° un autre mort noyé par accident ; 3° un
troisième mort au régiment d'une fièvre typhoïde avec acct-
dents cérébraux ; 4° les trois autres frères sont bien pour-
tants, l'un d'entre eux a sept enfants, sains de corps et
d'esprit. - Trois soeurs, dont une morte d'un abcès du sein,
les deux autres sont bien portantes. Aucun des enfants de ces
sceurs n'a eu d'affection nerveuse. Un cousin germain est
devenu épileptique à 22 ans et est mort d'une chute dans
un accès à 26 ans. Aucun autre accident pathologique, ni
psychique dans le reste de la famille de la mère.]
Pas de consanguinité. Inégalité d'âge de 10 ans.
Dix enfants : 1° garçon mort né au 7° mois ; - garçon, 20
ans, forgeron, toujours bien portant ; 3° fille, 10 ans, bien
portante, intelligente ; 4° fille, 14 ans, bien portante ;
5° fille, morte à 8 mois de la rougeole : - G° notre malade ;
7° garçon, 8 ans, bien portant ; - 8° garçon, (i fins, bien
portant ; 9° fille, 5 ans, bien portante ; 10" garçon, né à
7 mois 1/2 à la suite d'une chute de la mère, mort à 7 jours.
- Aucun de ces enfants n'a eu de convulsions.
Notre malade. - Rien de particulier à la conception. Au 5e
mois de la grossesse, grande frayeur non suivie d'accidents
graves, causée par l'explosion d'une poudrière dans le voisi-
nage de son habitation. Accouchement normal, à terme.
Rien de particulier à la naissance. Nourri au sein jusqu'à 15
mois. Vacciné à 3 mois, l'enfant eut une éruption généralisée.
Le vaccin aurait été sujet à caution, car 3 des enfants
vaccinés en même temps seraient morts. Depuis, l'enfant a
eu de nouvelles poussées éruptives, des tuméfactions aux
diverses parties du corps qui ne s'abcédèrent pas ; des urines
abondantes et noirâtres, de la tendance à la diarrhée. Il est
survenu en outre des ulcérations entre les doigts, une
tuméfaction passagère à l'anus et un abcès froid ( ? ) au cou.
La mère pendant ce temps continuait à l'allaiter. L'enfant
n'a jamais eu de convulsions. Première dent à 7 ou 8 mois ;
les autres dents ont poussé rapidement. Marche à 18 ou 20
mois ; propre vers le même âge. Début de la parole à 2 ans.
Ce ne fut qu'à 3 ans qu'on s'aperçut de son manque d'intelli-
Observation : antécédents PERSONNELS.
309
gence. A 6 ans, mis à l'école, on le considérait comme une
mauvaise tête et il n'apprenait rien. A 8 ans, il mettait à bout
la patience du maître qui ne pouvait rien en faire. On le
garda à la maison, où il passait son temps à faire des cerfs -
volants. Parfois il avait des fugues et partait, ne pouvant
dire à son retour d'où il venait. C'est ainsi qu'il fut une fois
arrêté à Créteil et envoyé au dépôt, et que deux fois ses
parents le retrouvèrent aux environs d'Ivry où ils avaient
habité avec lui. Il était obéissant et doux, mais manquait
de mémoire. - Il se servirait assez habilement de ses mains,
mais serait faible des jambes et tomberait facilement. »
Rougeole à 4 ans, ophtalmie consécutive ayant déterminé
une taie sur l'oeil gauche. Tous les ans, il est sujet à des
poussées éruptives qui s'accompagnent de cauchemars. Il
n'est pas gourmand, mange assez hien, est sujet à la diarrhée.
L'onanismo n'a jamais été constaté. En résumé, la mère
attribue son état à la vaccination qui, d'après le médecin qui
le vit alors, aurait vicié son sang. On lui donnait de l'huile
de foie de morue, du sirop antiscorbutique, des bains et on lui
faisait des frictions térébenthinoes. L'état actuel de l'enfant
n'existe pas dans le dossier de son observation.
310 Hydrocéphalie symptomatique.
de faire un mouvement à la gymnastique. Pas d'onanisme,
ni de kleptomanie ; il est très susceptible. Il parle mal et
nasonne.
1885. 4 mars. L'enfant est atteint d'ophtalmie purulente
des deux yeux qu'on attribue la singulière habitude qu'il a
de se piquer avec des petits bâtons.
Avril. Malgré un traitement énergique, l'affection oculaire
ne s'est que fort lentement améliorée. L'état général est peu
satisfaisant.
20 mat. - Escharre sacrée. Submatité aux bases des pou-
mons. Râles muqueux. Fièvre.
3 juin. -Cachexie progressive. Etat typhoïde. Peau sèche,
lèvres fuligineuses. Râles disséminés.
6 juin. Mort.
Description de la tête. Le crâne est un peu allongé
d'avant en arrière, il est rétréci en avant, large au niveau
des bosses pariétales. Le front est étroit, l'occiput peu
saillant. Plagiocéphalie. La bosse pariétale gauche est plus
proéminente que la droite. Les arcades orbitaires sont
saillantes en dehors. Nez moyen, bouche moyenne. Oreilles
très grandes et mal ourlées. Lèvres minces. Dentition
normale. Menton saillant.
Autopsie (9 juin). L'autopsie étant faite assez tardive-
ment et vu la saison, les viscères sont en voie de putréfaction.
Thorax. Quelques adhérences interlobaires des plèvres.
Les deux poumons sont hypérémiés et oedématiés à leur base,
surtout le gauche. Poumon droit (205 gr.) Poumon gauche
(175 gr.) Péricarde normal. Coeur (85 gr.) Rien de particulier.
Thymus rudimentaire.
Abdomen. - Quelques adhérences entre les anses intesti-
nales. Ganglions du mésentère tuméfiés et engorgés. Foie
(705 gr.), hypérémié. Rate (40 gr.), putréfiée. Rein droit
(90 gr.) et rein gauche (90 gr.), très congestionnés. Rien
d'apparent comme lésion de l'estomac et des intestins.
Tête. Crâne asymétrique, le côté droit est beaucoup plus
développé que le gauche. Les sutures coronale et sagittale
sont finement dentelées, un petit os wormien d' un centimètre
de longueur sur 5 millimètres de largeur se trouve à l'extré-
mité de la suture sagittale. La suture lambdoïde présente
des dentelures assez grossières. Elle n'a pas de contours com-
pliqués, ni d'os wormiens sur son trajet. L'occipital fait saillie
ur les pariétaux et en avant de la suture lambdoïde se
trouye une dépression accentuée. Les vaisseaux méningés
Crâne ET cerveau. 311 f
ont laissé sur la table interne des empreintes très nettes. Le
tissu osseux du crâne est assez épais ; entre deux lames
compactes existe un tissus pongoïde assez abondant. L'os est
lourd et n'est pas transparent. La base du crâne n'offre pas
de particularités, ni d'asymétrie. A l'enlèvement de la calotte,
on constate que la pie-mère est distendue, qu'on ne peut que
difficilement la séparer de l'encéphale où elle n'adhère pas.
La base du cerveau est baignée de liquide, dont il s'écoule
environ 55 grammes. Les confluents normaux du liquide
céphalo-rachidien, surtout le chiasma et l'origine des scissures
sylviennes, sont les points d'accumulation de ce liquide. La
substance nerveuse paraît lavée par le séjour dans ce liquide.
Les ventricules latéraux, tant à droite qu'à gauche, sont dilatés
et il s'écoule de leur intérieur environ 15 autres grammes
de liquide, ce qui porte à 70 grammes environ la quantité
totale de sérosité hydrocéphalique recueillie.
Cerveau. - Hémisphère cérébral gauche. La pie-mère
adhère fortement partout et, en l'enlevant, on entraîne la
substance grise des circonvolutions. Seules FA et PA, surtout
dans leur partie supérieure, restent indemnes. Tous les sillons
sont oblitérés et comme soudés par les adhérences de la
pie-mère.
Hémisphère droit. Le même état existe de ce côté. De
même que du côté opposé, les circonvolutions frontale et
pariétale ascendantes sont à peu près indemnes. Rien de
particulier au niveau du cervelet et du bulbe, dont la
décortication est des plus faciles.
312 Hydrocéphalie symptomatique.
...
vaccinaux sont-ils syphilitiques ? Ont-ils eu une influ-
ence sur l'hydrocéphalie ? Les faits ne nous permettent
pas de résoudre pareil problème.
OBS. XVIII. IDIOTIE symptomatique d'une tumeur céré-
brale compliquée d'hydrocéphalie (1).
SOMMAIRE. - Tumeur cérébrale, hydrocéphalie symptomati-
que. Grand-père paternel, alcoolique. Mère, con-
vulsions à deux ans. -Premiers symptômes 10 ans. -
Céphalalgie. Vomissement, gâtisme. Paraplégie spas-
modique. - Atrophie double du nerf optique. Mort par
fracture du crâne.
Autopsie. Sarcome à petites cellules siégeant dans la cavité
du 4e ventricule et sur la partie latérale du bulbe et du
cervelet. Hydrocéphalie : dilatation des ventricules
cérébraux.
Berl... (Chartes), âgé de 12 ans, est entré ail, Bicêtre (service
de M. Bourneville) le 19 mai 1888.
Les mensurations de la tête faites à diverses reprises sont
intéressantes, car elles montrent le développement progressif
du crâne de 1888 à 1890.
Crâne ET cerveau.
313
La calotte crânienne présente une épaisseur très faible. Elle
est transparente dans presque toute son étendue ; les deux
côtés sont symétriques. Au niveau de la fontanelle antérieure,
il existe encore une surface de quelques millimètres carrés
non ossifiée, les sutures sagittale, lambdoïde et coronale ne
sont pas soudées et les différents os qu'elles séparent présen-
tent une mobilité relative. Le frontal est soudé. Au niveau de
la bosse pariétale gauche, on constate un trait de fracture
fissurai, absolument horizontal, étendu du point culminant de
la bosse pariétale à la suture fronto-pariétale, sur une lon-
gueur de 15 cent. La fracture a intéressé les deux lames osseu-
ses du pariétal. Par sa partie externe, elle correspond à l'ec-
chymose sous-cutanée que nous avons décrite ; par sa partie
interne elle se trouve en rapport avec un épanchement san-
guin, siégeant entre la dure-mère et le pariétal. Ce foyer san-
guin présenteune forme allongée et mesure 4 cent. de long
sur 3 cent de haut et 4 à 5 millimètres d'épaisseur.
L'encéphale présente un volume considérable, son poids est
en effet de 1900 ger. Lorsqu'on le saisit, on est frappé par là
Fig. 57. Cervelet, bulbe et protubérance de lier... En T etT', on voit deux
masses néoplasiques paraissant faire hernie en dehors du 4- ventricule par
les orrifices latéraux de ce ventricule correspondant aux points de pénétration
du petns ch )rontien du ventricule. En T". masse tiéoplasiqtle faisant her-
nie la partie inférieure du 4° ventricule. T'" petite tumeur située entre la
pie-mère et la surface du cervelet.
314
Hydrocéphalie symptomatique.
faible consistance des hémisphères et la pression y fait naître
une fluctuation très marquée. Lorsqu'on dépose la masse
encéphalique sur le plan de table, les hémisphères s'étalent
et les cornes sphénoïdales se dépriment. La pie-mère a un
aspect normal au niveau de la face convexe et de la face
interne des hémisphères. Au niveau de la base, dans l'espace
situé au-devant des pédoncules cérébraux, elle est épaissie et
présente un aspect laiteux. On constate, au niveau de la région
fronto-pariétale gauche, une ecchymose légère siégeant dans
l'épaisseur de la pie-mère et correspondant à la région con-
tusionnée. - La pie-mère est mince et s'enlève difficile-
ment, bien qu'il n'existe pas d'adhérences proprement dites.
Au niveau du cervelet et du bulbe, la pie-mère tapisse des
saillies, dont la face interne est en rapport avec ces organes
(Fig. 57 et 58). Ces tumeurs, qui présentent une forme lenticu-
laire et dont le volume varie de la grosseur d'un pois à celle
d'une noisette, se distinguent à peine par la couleur de la
substance nerveuse avec laquelle elles ne paraissent pourtant
pas se continuer. De chaque côté du bulbe, immédiatement
au-dessous des pédoncules cérébelleux moyens, il existe
deux masses néoplasiques volumineuses. Il en existe une.
également au niveau de la partie postérieure du vermis
inférieur, dans la région qui sépare les deux hémisphères
cérébelleux. Cette tumeur dont la face antérieure répond à
la partie antérieure du plancher du 4° ventricule se continue
Fig. 58. Coupe du bulbe et du 4^ ventricule faite au niveau de la partie
supérieure des olives. La masse néoplasique T oblitère complètement la ca-
vité ventriculaire et présente des prolongements latéraux, P, P, qui la relient
aux tumeurs extra-ventriculaires. Le bulbe est aplati dans le «en» antéro-
postérieur. Il n'y a pas de lésions des élément» nerveux du bulbe.
Hydrocéphalie ET tumeurs DU CERVELET. 315
en haut avec une masse de même nature qui oblitère
complètement la cavité du 4e ventricule.
Après section du corps calleux, il s'écoule des ventricules
latéraux une quantité considérable de liquide limpide (600 gr.)
Les ventricules latéraux sont uniformément dilatés, sans que
leur forme générale soit notablement modifiée. L'épaisseur
de la substance cérébrale qui sépare la paroi ventriculaire
de la surface convexe des hémisphères ne dépasse pas 3
centimètres. Le corps calleux ne forme plus qu'une mince
lamelle. La paroi des ventricules ne présente aucune parti-
cularité, à part un certain degré de vascularisation qui paraît
un peu plus considérable qu'à l'état normal. Il en est de même
des plexus choroïdiens des ventricules latéraux. Le 3mi
ventricule est également dilaté, mais dans une proportion
beaucoup moins considérable que les ventricules latéraux.
L'aqueduc de Sylvius a son diamètre normal. Les nerfs
optiques offrent à la coupe une coloration grisâtre et une
transparence atrophique très marquée. La vascularisation de
la gaine externe est très prononcée sur les 2/3 postérieurs du
nerf. Les autres nerfs crâniens sont normaux.
La compression exercée par les tumeurs du cervelet
a eu pour conséquence en quelque sorte une oblitéra-
tion du lime ventricule, une dilatation modérée du 3me
ventricule et une dilatation considérable des ventricules
latéraux, en un mot une hydrocéphalie symptomati-
que. La quantité de liquide céphalo-rachidien, recueil-
lie quand on a séparé les hémisphères cérébraux et
qui n'était pas moindre de 600 grammes, indique le
degré de cette hydrocéphalie.
La distension des ventricules a déterminé à son tour
une augmentation du volume de la tête très prononcée,
ainsi que le fait ressortir le tableau comparatif des
mensurations de la tête en 1889 et en 1890. Bien que
l'enfant fût âgé de 12 ans, les sutures fronto-pariétale
et inter-pariétale se sont écartées de 2 millimètres à
25 millimètres. Les dentelures des os voisins, compa-
rables à des stalactites et à des stalagmitcs, étaient
réunies par une sorte de membrane plus ou moins
transparente (Fig. 59). Lors du premierexamen de la
316 Hydrocéphalie symptomatique. ,
tête, on avait noté que les fontanelles et les sutures
semblaient fermées ; c'est donc durant le séjour du
malade à Bicêtre que s'est opéré cet écartement des
os, qui vient fournir, croyons-nous, un argument
sérieux contre la crâniectomie. C'est parce que les os
du crâne ont pu s'écarter aussi largement quelles
phénomènes de compression n'ont pas été plus graves,
ont offert une grande lenteur et même des rémissions
Fig. 59. Face convexe du crâne de Ber... 1
i
! ' Observation. 317
t
dans leur marche. La vie aurait donc pu se prolonger
encore s'il n'était survenu un traumatisme qui a eu si
promptement une issue fatale. Tous les os étaient
translucides, notablement amincis, car ils n'avaient
qu'un à deux ou trois millimètres d'épaisseur,
i
i
OI3S, XIX. Idiotie symptomatique DE tumeurs DU CER-
VELET compliquées d'hydrocéphalie; distension DES
sutures ( 1 %.
Sommaire. Père migraineux dans l'enfance, très colère,
nombreux excès cle boisson avant le mariage. (il deux 60
bouteilles de bière en un jour.) Malformation des doigts
(trois doigts seulement il la main droite.) Gra71d'7)7ère
paternelle très nerveuse, sujette à des migraines, mort
subite. 11'rière-g1'alzd'talzic paternelle en enfance.
Mère, lzeruetvse ; cauchemars. - Grand'mère maternelle,
hypohondriaque, aliénée. A rrièrc-g1'and'oncle-maler-
ne SlctCidépal'pclldai0lt. - Grand-père maternel, alcoo-
lique, violent. Grand-oncle maternel, mort d'une attaque
d'apoplexie. Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de
3 ans.
Allaitement partiel au lait de chèvre. Intelligence ordi-
naire jusqu'à G ans. Violents maux de tête auec vomis-
sements bilieux. Deux mois plus tard, affaiblissement
de la vue ; puis paralysie et cécité complètes ; crises
convulsives probables( ? ). -Nystagmus; strabisme diver-
gent; atrophie blanche des deux papilles. Paraplégie
spasmodique. - Trépidation spinale. Accès migrai-
neux avec ronflement et élévation de la température ;
accès de colère. Gdlisme. - Congestions de la face.
.t1uymenlalion de volume de la tête. Amélioration
passagère à la Fondation Vallée : diminution de la
paralysie. Gangrène des extrémités inférieures. Sep-
ticémie. Mort.
AUTOPSIE. - Écarlemenl des os du crâne; distension des os
du crâne; - état i)ze711bi,,t ? ieLtx des sutures. Hydrocé-
phalie ventriculaire double. Dilatation du troisième
(1) Cette observation, rédigée par MM. Bourneville et Ferrier, a été publiée
in-extenso dans le Compte-rendu de l'année de 1892, p. 233.
318
Hydrocéphalie symptomatique.
ventricule. Kystes et infiltration sanguine du cervelet
(tubercules transformés I.
Baisse.... (Marie), âgée de 7 ans, née à Vitteau (Côte-d'Or),
le 2 novembre 18S2, est envoyée d'ollice, des Enfants-Malades,
le 14 mai IS90, à Il Fondation Vallée (service de M. 130TJR-
NEVILLE).
. CRANE : ET cerveau. -* 319
de liquide céphalo-rachidien mêlé de sang. La dure-mère
est mince et très pâle. La dure-mère et le cerveau se sont
affaissés considérablement, et hors de proportion avec la
petite quantité de liquide qui s'est écoulée. Il y a un paquet
Fig. Go. Crâne de Marie Bais ?
320 Hydrocéphalie symptomatique.
d'adhérences à l'extrémité antérieure et à l'extrémité posté-
rieure du lobe temporal gauche. Les nerfs olfactifs sont
aplatis, minces. Lorsque l'encéphale repose sur sa convexité,
il s'élargit d'une façon notable, et a un contour presque
circulaire.
On remarque unc sorte cle Itysle arrondi, translucide, au
niveau de l'espace intcrpèdonculairc, et en avant du chiasma
des nerfs optiques qui se trouvent soulevés par le kyste.
Celui-ci, en arrière du chiasma, forme une sorte de prolon-
gement ou saillie comme un mamelon. Ce kyste a environ
deux centimètres de diamètre et forme une saillie d'environ
un centimètre et demi. En arrière du bulbe, entre les deux
hémisphères cérébelleux, au niveau du sillon qui les sépare,
existe un second kyste allongé dans le sens tranvcrsal,ayant
près de 3 centimètres dans ce sens, et 2 centimètres de
hauteur. Deux petits sillons le séparent en deux parties et
lui donnent un aspect bosselé. Les kystes sont transparents.
L'antérieur est bleuâtre, le postérieur, légèrement citrin.
Le petit mamelon du kyste antérieur répond à l'insertion de
la tige pituitaire. Le kyste antérieur communique avec les'
ventricules, augmente si on les comprime et diminue si on
les laisse se dilater. Le corps pituitaire est un peu épais,
mais large, et d'une coloration grisâtre prononcée.
Les nerfs optiques sont très atrophiés et ont il peine deux
millimètres de diamètre. Ils présentent une teinte vitreuse.
Les bandelettes sont réduites à une mince couche. Les
tubercules mamillaires sont tout-à-fait aplatis. Les autres
nerfs de la base paraissent à peu près normaux. Les artères
sont symétriques. La protubérance est un peu aplatie.
Lorsqu'on sépare le cerveau du cervelet, il s'écoule 70
grammes de liquide céphalo-rachidien. Le cervelet est
très volumineux. Son lobe gauche en particulier est tuméfié
et on sent à la pression une masse dure dans sa partie anté-
rieure. Au-dessus du plancher du quatrième ventricule, on
aperçoit une tuméfaction jaune-vcrdatre, striée, de consis-
tance un peu molle, qui fait saillie il la face inférieure du
lobe gauche du cervelet. En arrière de cette tuméfaction se
trouve un hysle, arrondi et mamelonné, de volume à peu près
égal à celui du kyste du cerveau.
La décortication du cerveau se fait assez facilement. On
constate alors que l'hémisphère gauche est plus bombé que le
droit, et donne la sensation de fluctuation., qui répond il ce
que l'on voyait par la face supérieure.
Hydrocéphalie : moelle. 321
322 Hydrocéphalie symptomatique.
Ainsi que nous l'avons dit, dans la très grande majo-
rité des cas de tumeurs du cervelet, il survient une
hydrocéphalie symptomatique entraînant fatalement
une dilatation des ventricules latéraux et du troisième
ventricule. A cet égard les observations publiées par
les auteurs ne laissent subsister aucun doute. Mais,
fait assez singulier, aucun à notre connaissance, ne
fait mention de l'état des os du crâne. Cet oubli se con-
çoit très bien quand il s'agit d'observations ayant trait
à des malades adultes, dont le crâne, parvenu à son
complet développement, avait des sutures inextensi-
bles. Il n'en est plus de même des observations de tu-
meurs du cervelet concernant des enfants ou des ado-
lescents, chez lesquels les sutures pouvaient encore s'é-
carter sous l'influence de la pression exercée par l'hy-
drocéphalie ventriculaire. Il a dû aussi se produire, si-
non dans tous ces cas, au moins dans quelques-uns
d'entre eux, des lésions analogues à celles que nous
avons notées chez Marie Baiss... et chez le malade
précédent Berl..., Chez Marie Baiss..., comme chez
Berl..., nous avons observé exactement les mêmes
lésions mécaniques du côté des os du crâne (Vig.
60).
Dans le cas de Marie Bais ? comme dans celui de
Berl ? l'écal'lerl1.ent des os, et la distension des sutures
étaient arrivés à un degré très prononcé. Nous nous
sommes demandé quelle était la première phase du
processus pathologique qui aboutit à cette distension
curieuse des sutures. Nous pensons que l'explication
nous est peut-être fournie par les lésions que nous
avons constatées dans les observations de Dufoul ?
Martin ? consignées dans notre Compile-rendu de 1/ ict ! -
tre, pour 1892 (p. 167, 172, 2(M, 206). Chez les malades
qui en font le sujet, nous avons vu se produire dans la
substance intersuturale une prolifération de tissus,
très intense, aboutissant il la production d'une sorte
de bourrelet vasculaire, et cela sous l'influence d'une
Symptômes DE l'hydrocéphalie. 321l
mAningo-encéphalit6, point de départ d'une hydro-
céphalie ventriculaire symptomatique.
Que l'hydrocéphalie soit symptomatique de ménin-
go-encéphalite ou de tumeurs de l'encéphale, elle a
toujours une issue fatale.
III. Considérations CLINIQUES ET ANATOMIQUES
sur l'hydrocéphalie chronique.
Les travaux publiés jusqu'ici sur l'hydrocéphalie
chronique sont les uns de simples observations iso-
lées et commentées, les autres des articles généraux
de dictionnaire ou de traités de pathologie où la biblio-
graphie a souvent tenu compte d'expérience. Les
monographies spéciales sont rares. Aussi nous croyons-
nous autorisés il tenter un essai très bref de nosogra-
phie sur cette affection, d'après nos observations.
Symptômes objectifs. 1° Examen de la tête. Le
premier symptôme qui frappe il l'examen de l'hydro-
céphale, c'est la malformation du crâne, Cette mal-
formation consiste le plus généralement en une aug-
mentation de tous les diamètres sauf dans les cas de
scaphocéphalie où le diamètre antéro-postérieur est
seul accru, le crâne ayant subi comme une sorte de
dépression 1)i-latérale. Nous avons eu l'occasion d'ob-
server, sans toutefois pouvoir en relever l'histoire,
un enfant présentant la déformation opposée à la sca-
phocéphalie : Le crâne, déprimé d'avant en arrière,
était latéralement élargi, offrant la forme du chapeau
de gendarme (1).
Les observations que nous avons recueillies ne nous
(1) Le Musée Dupuytren. possède deux exemples, atténués, de cette forme
particulière du crâne.
324 Hydrocéphalie chronique.
permettent pas de comparer diamètre par diamètre les
crânes hydrocéphales aux types normaux, nos sujets
sont tous très jeunes et d'âges différents, mais la com-
paraison sera fructueuse si nous la faisons porter sur
le rapport des principaux diamètres antéro-postérieur
et transversal, c'est-à-dire sur l'indice céphalique. Cet
indice est environ de 1,30 chez l'adulte normal. Dans
la presque totalité de nos observations l'indice cépha-
lique est inférieur à la norme. La moyenne de nos
cas donne aux hydrocéphales ordinaires un indice de
1,16. Nous pouvons en tirer cette règle que, chez les
hydrocéphales simples, la distension du crâne s'opère
surtout aux dépens du diamètre transversal. Certai-
nes particularités confirment cette règle : nos malades
les plus atteints et dont le crâne est le plus distendu
ont un indice qui se rapproche (Coeur... 1,10) etattcint
même (Ess... 1) l'unité. Dans ces cas, le grand diamè-
tre transversal ou bi-pariétal égale l'antéro-posté-
rieur.
Les scaphocéphales forment une classe tout à fait
différente où le diamètre antéro-postérieur a surtout
subi la distension. Ces malades, du reste tout particu-
liers, n'ont généralement qu'un faible épanchement
dans les ventricules. Leur indice céphalique dépasse
l'indice normal, il est en moyenne de 1,35. La diffé-
rence entre ces rapports est moins grande que l'aspect
des crânes pourrait le faire croire, mais cela tient t ce
que le siège de l'aplatissement porte plus sur la partie
antérieure du crâne que sur la région bi-pariétale.
La comparaison des autres mensurations crânien-
nes doit à notre avis, se borner à celle de la circonfé-
rence horizontale maxima ; seule, cette mensuration
nous parait suffisamment précise, les points de repère
qui guident la mesure des autres ne sont pas assez
bien déterminés pour ne point donner lieu à de gros-
sières erreurs. Si l'on songe que la circonférence
horizontale maxima du crâne chez l'Européen adulte
Symptômes.
325
vivant est, selon M. Topinard, de 545 mm., on se rendra
facilement compte par le tableau suivant de la dis-
tension crânienne des malades que nous avons obser-
vas :
326 Hydrocéphalie chronique.
Nos observations portent donc sur des cas d'ydro-
céphalie considérable sans cependant atteindre le
fameux crâne du musée des chirurgiens de Londres
qui a 91 cen. de pourtour, ni celui de l'observation
d'Esquirol, qui atteignait 87 cen. Remarquons toute-
fois que ces malades-phénomènes avaient l'un 23 ans,
l'autre 25 ans.
Les fontanelles sont le plus souvent perceptibles
chez les très jeunes hydrocéphales, elles disparaissent
et se solidifient chez les plus âgés. Il en est fréquem-
ment de même pour les sutures, nous reviendrons
du reste sur ce sujet en traitant de l'anatomie patho-
logique. Nous avons entendu le souffle hydrocéphali-
que et perçu des pulsations très nettes chez nos
malades dont les fontanelles persistaient et surtout
chez Esse.. Ces derniers étaient synchrones avec les
battements du pouls.
La forme du crâne n'est pas ordinairement symétri-
que, presque tous nos malades avaient un degré de
plagiocéphalie plus ou moins accentué. Au front, chez
tous fort développé, succédait chez la plupart une
dépression soureillière elle visage, triangulaire, n'était (;
pas en rapport le plus souvent avec l'énormité du
crâne. Cependant des exceptions assez nombreuses
existaient à ce sujet. Nous n'insisterons pas sur la
physionomie : un simple regard jeté sur les figures
publiées au cours de ce travail en dira plus long qu'une
description imparfaite. Nous ne saurions pourtant
passer sans dire un mot du port de la tête chez les
hydrocéphales. Les adultes que l'on peut considérer
comme guéris ou les enfants de la seconde enfance
tiennent, en général, la tête assez correctement, bien
qu'elle ait toujours tendance à s'incliner en avant. Les
hydrocéphales du premier âge, surtout si la maladie
est très accentuée, ne peuvent maintcnir la tête verti-
cale : ils la laissent tomber soit en avant, soit en
arrière, souvent même sur un côté. Ce symptôme est
Symptômes. 327
fréquemment celui qui attire le premier l'attention
des parents et amène à constater l'hydrocéphalie.
2" Examen du corps. Le thorax présente assez
souvent (dans près de la moitié des cas) des déforma-
tions qui peuvent être attribuées au rachitisme. Les
uns sont atteints d'une légère cyphose, de cypho-sco-
liose ou de scoliose pure, à concavité droite ou gauche,
et portant aussi bien, selon les cas, sur la région lom-
baire que sur la région dorsale. Les autres présentent
simplement le chapelet rachitique ou l'exagération de
la courbure de l'angle postérieur des côtes. Un grand
nombre d'hydrocéphales ont néanmoins le thorax par-
faitement conformé et développé. L'abdomen, chez les
enfants les plus infirmes, est parfois volumineux et
distendu. Le bassin n'offre de déformation que chez
les cypho tiques ou les scoliotiques et ces modifications
sont purement de compensation.
3" Les membres supérieurs et inférieurs sont fré-
quemment le siège de demi-contractures des muscles,
de raideurs articulaires, dites, semble-t-il, à un léger
degré de paralysie spasmodique, d'origine purement
cérébrale, qui pourrait être considérée en quelque sorte
comme un léger degré de la maladie de Little. Dans
quelques cas où l'hydrocéphalie est énorme et dans les
deux cas où elle est symptomatique de tumeur du cer-
velet, la paralysie, portant plus spécialement sur les
membres inférieurs, empêche tout fonctionnement de
ces organes. Dans trois cas, la paralysie affectait la
forme hémiplégique. Parfois la contracture se com-
plique de' déviations des pieds en varus équin. Les
réflexes patellaires, le plus souvent normaux, man-
quaient absolument chez Ess... Nous avons constaté
une fois (Marie Baiss..) la trémulation épileptoïcle.
Dans la plupart des cas, il n'y avait pas de malforma-
tion rachitique notable des membres. - 1
328 Hydrocéphalie CHRONIQUE.
4° Motilité. Préhension. Marche. La molilité est
en raison directe du degré de paralysie et de contrac-
ture, nous ne l'avons jamais vue complètement abolie.
Quant à la coordination des mouvements, elle dépend
à la fois de la paralysie et de l'intelligence. La pré-
hension s'exécute le plus souvent avec régularité. -
La marche qui, chez les plus jeunes et les plus atteints
de nos malades n'a pu se développer, est chez tous les
hydrocéphales notablement retardée. Les plus préco-
ces commencent à marcher à 13, 14 ou 15 mois, sou-
vent ils ne l'apprennent qu'à 2, 3, 4, et même 6 ans.
Pet... un de nos malades les mieux constitués physique-
ment, qui a 21 ans et est parfaitement musclé et déve-
loppé, n'a commencé à marcher qu'à 4 ans. En général,
la marche est lourde, traînante, compliquée d'une sorte
de balancement latéral. Le corps est souvent penché
en avant et l'enfant parait courir vers son centre cle
gravité déplacé en avant par le poids cle sa tête. Quant
au retard de la marche chez les enfants qui se sont
développés malgré leur hydrocéphalie, nous croyons
pouvoir l'attribuer à la négligence des personnes qui
devraient les éduquer. I'eti..., peu soigné par sa famille,
n'a appris à marcher qu'à 4 ans, tandis que la petite
Valentine Esco..., objet de toute la sollicitude de sa
mère et de sa soeur, marchait dès l'âge de 14 mois.
5° Sensibilité générale. La sensibilité générale à
la piqûre et au froid existe chez tous nos malades. Les
plus atteints par l'hydrocéphalie (Ess... par ex.) réa-
gissaient à la piqûre et au froid. Il nous semble
difficile chez les enfants intelligents de pousser plus
loin qu'une simple constatation l'étude de la sensibi-
lité et de rechercher de quel degré elle est chez eux
supérieure ou inférieure à la normale. Bornons-nous
à relater que, chez nos hydrocéphales les plus avancés,
la sensibilité existait nettement tout en paraissant
obtuse, que le froid modéré amenait des réactions
Symptômes. 329
plus violentes que la piqûre, que les parties exposées
à l'air, telle que la face, paraissaient un peu moins
sensibles.
6° Organes des sens. L'ouïe, l'odorat, le goût, ne
nous ont pas paru très profondément modifiés. Il n'en
est pas de même de la vue. Les hydrocéphales les plus
accentués, tels qu'Ess..., paraissent être complètement
aveugles. Presque tous ont la vue faible et sont très
myopes. On ne constate pas généralement de troubles
prononcés de la motilité de l'oeil, ni des réflexes de la
pupille.
7° Nutrition en général. - La nutrition générale de
l'hydrocéphale est presque normale chez les malades
qui ne sont pas de véritables monstres. Certains même
jouissent d'une excellente santé et sont dans un état
d'embonpoint des plus satisfaisants. Chez les malades
dont l'hydrocéphalie est énorme, il y a un ralentisse-
ment considérable de la nutrition. Anémiés, lymphati-
ques, la plupart tombent dans une cachexie progressive
et meurent le plus souvent de congestion pulmo-
naire.
Ce ralentissement de la nutrition se manifeste par
une diminution notable de la température du corps,
La température rectale varie chez ces malades entre
36°,2 et 37°, alors que normalement elle oscille entre
37° et 38°.
Il serait intéressant d'étudier chez les hydrocéphales
les variations de la composition des urines. Il doit
certainement y avoir des troubles dans l'élimination
du l'urée, des dérivés azotés, des chlorures et surtout
des phosphates. Nous espérons arriver à combler cette
lacune.
8°Développemea.t. L'accroissement en poids et en
taille se fait normalement chez les enfants qui ne sont
330 Hydrocéphalie chronique.
pas paralysés. Chez les paraplégiques, les membres
inférieurs, atrophiés à un degré plus ou moins prononcé,
ne permettent pas de comparer le développement de
l'infirme à celui d'un enfant normal. Au point de vue
de la puberté, chaque hydrocéphale forme un type à
part ; mais l'examen de nos observations démontre
amplement que, si certains hydrocéphales comme
Peti... se développent régulièrement, nombre d'autres
ont les testicules atrophiés ou en ectopie. Quan t Ù la den-
tition, elle est généralement retardée, mais l'épanche-
ment hydrocéphalique ne semble réagir en rien sur la
conformation des dents ; beaucoup de nos malades
avaient des dents magnifiques et parfaitement ran-
gées.
9" Accidents convulsifs.- Les accidents convulsifs
sont les symptômes de début de l'hydrocéphalie. Fré-
quemment l'augmentation de volume de la tête coïn-
cide, chez le jeune enfant, avec une série de crises
convulsives plus ou moins intenses et ne présentant
aucun caractère permettant de les différencier des
crises éclamptiques des enfants en bas-âge. Ces cri-
ses sont quelquefois très fréquentes et marquent en
général une étape en avant cle la maladie. Lorsque
l'augmentation du liquide cesse, les crises disparais-
sent ordinairement. Elles persistent cependant chez
certains, revêtant alors le caractère comitial, cle sorte
que le malade peut être considéré comme atteint cl'épi-
lepsie symplomalùpie. On pourrait rapprocher de ces
crises les poussées congestives, et les accès de colère
fréquents chez les hydrocéphales.
Quant aux tics, ils n'affectent jamais ici le type con-
vulsif et leur coordination en fait dans ces cas plus
un trouble psychique qu'un symptôme somatique.
Etat mental des hydrocéphales. Il est diffi-
cile de tracer un tableau net et précis de l'état mon-
Symptômes. 331
tal des hydrocéphales en général. Doit-on le consi-
dérer comme un idiot plus ou moins complet ou un
imbécile ? Personne ne saurait répondre à pareille
question, car les malades que nous avons pu observer
offraient des dissemblances psychiques considérables.
Comme chez tous les enfants arriérés ou idiots, l'inat-
tention, l'instabilité forment le fond de leur caractère.
Ils possèdent tous les instincts, même lorsque l'hy-
drocéphalie est très développée et en fait de vérita-
bles êtres végétatifs. Ils sont ordinairement affec-
tueux pour ceux qui s'occupent d'eux et si, chez Pet...,
l'affection familliale a disparu, on peut l'attribuer au
raisonnement sommaire qui fait que le jeune homme
reproche à sa famille la prolongation de son interne-
ment. Les sentiments sociaux et moraux existent
chez presque tous. Noi... (Julie) se rend parfaitement
compte de la hiérarchie, se moquant des infirmières
et obéissant aux surveillantes et cette enfant est
pourtant gâteuse. Esco... a des sentiments de pu-
deur et d'affection très vifs. Mais le penchant carac-
téristique des hydrocéphales est la vanité. Chez les
petites filles, la vanité se traduit par le bavardage sur
un ton d'importance et surtout par la coquetterie. Chez
les garçons, cette vanité se traduit souvent par de la
prétention, cle la fatuité, qui les rend suffisants et pa-
resseux. Le langage se développe assez facilement
chez eux bien que la mémoire soit généralement mau-
vaise. Le début de la parole est tardif. L'enfant com-
mence le plus ordinairement à prononcer quelques
mots à 15 ou 20 mois, mais certains n'ont appris à
parler qu'à 3, 4 et ans. La volonté, chez la plupart,
est à peu près nulle. L'entêtement relatif de certains
et leurs accès de colère sont déterminés par un trou-
ble apporté dans leurs habitudes, les obligeant à
prendre une initiative quelconque et par conséquent à
mettre en jeu leur volonté. Certains de nos malades
présentent des tics coordonnés, se bornant au balan-
332 Hydrocéphalie CHRONIQUE.
cement. Chez une petite fille (Lucie), un de nous (1), a
observé le phénomène de l'écholalie.
Nous concluerons de ces réflexions qu'au point de
vue mental, l'hydrocéphale ne forme pas un type encore
bien défini ; que son cerveau fonctionne psychologi-
quement assez mal, mais que les lacunes qui carac-
térisent ce mauvais fonctionnement sont nombreuses
et varient avec chaque individu. Remarquons toutefois
que l'état psychique n'est pas en rapport direct avec
le degré de l'hydrocéphalie et les symptômes soma-
tiques. La petite Noire... (Julie) qui. a une circonfé-
rence maxima du crâne égalant 700 millimètres, qui
est gâteuse et paralytique, cause correctement, a l'in-
telligence assez développée et raisonne même parfois
assez judicieusement, tandis que Moq..., mieux cons-
titué au point de vue somatique, est resté idiot.
Certains hydrocéphales même peuvent être, au point
de vue psychique, considérés comme des enfants pres-
que normaux, témoin la petite Esco ? dont nous relate-
rons l'observation plus loin. L'observation cle Noire ?
dont nous avons parlé à diverses reprises, trouve, ici,
sa place naturelle.
OBS. XX. Hydrocéphalie.
Sommaire. Père, enfant naturel. Grand-père paternel,
ivrogne. - Grand'mère paternelle, coléreuse, morte auec
ascite ( ? ). Oncle paternel, ivrogne. Tante paternelle,
morte enfant de convulsions. - Têtes volumineuses dans
la famille du père ( ? ). Mère, convulsions à 18 mois,
fièvre typhoïde avec délire .'c 10 ans. Grand-père maternel,
absinthique. Grand'mère maternelle, migraineuse. - Pas
de consanguinité.
Conception, grossesse, accouche ment : rien de particulier.
Tête petite à la naissance. Hernie ombilicale.
Imperforation incomplète de l'anus. -Sevrée à. 18 mois.-
Début de l'accroissement de la tête à 10 mois. Parole à 2
(1) Noir (J.). - Étude sur les lies.
Observation. 333
ans. Première dent à 5 mois. Dentition complète à 2 ans.
- Ne marche pas. - Rougeole à 5 ans. Varioloïde à 7
ans. État actuel. Description de la tête. Cyphoscoliose.
Contracture des jambes. Gâtisme. Puberté. Menstrua-
tion. État mental.
Noi... (Julie), née le 23 avril 1882, entre le 17 juin 1892, à la
Fondation Vallée (Service de M. Bourneville).
Antécédcnts (Renseignements fournis par sa mère le 25
juin 1892 je Père, enfant naturel, 33 ans, doreur sur bois, n'a
jamais ou d'affection diathésique, ni professionnelle. Il est cal-
me, sobre, bien portant. [Famille du père : Père : ivrogne,
mort à l'hôpital Saint-Louis d'une affection de la langue.
Mère, nerveuse, coléreuse, sans crises d'aucune sorte, sujette
à des douleurs de tète après son retour d'âge. Elle était sobre,
a vécu maritalement avec le père jusqu'à la mort de ce dernier
et se maria ensuite. Elle mourut d'une affection probable-
ment hépatique ou ovarienne caractérisée par de l'ascite sans
oedème des extrémités. - Deux oncles maternels en bonne
santé, sobres. Deux frères : la l'un a 40 ans, est ivrogne, a
les défauts de son père ; 2" le second, 28 ans, est sobre. - Une
sur, morte à la suite de couches d'une affection aiguë, avait
eu trois enfants dont un mort en naissant, le second mort
tuberculeux, le troisième est bien portant. Chez aucun de ces
enfants, l'on ne constata d'accidents nerveux; une demi-
(de mère), morte à 3 ans 1/2 d'accidents méningitiques
avec convulsions. Aucun renseignement sur les grands
parents, ni sur le reste de la famille.]
Mère, 33 ans, fleuriste, a eu à diverses reprises jusqu'à
l'âge de 18 mois de nombreuses crises convulsives. Fièvre
typhoïde à 10 ans avec délire, sans trouble psychique consé-
cutif. Aucun accident nerveux. Physionomie bonne, régulière ;
intelligence ordinaire, instruction médiocre. Sa tête est de
volume normal, elle ne l'aurait jamais eue volumineuse. Elle
prétend que, du côté du père de l'enfant, tout le monde avait
la tête fort grosse ( ? ). [Famille de la mère. -Père, 60 ans,
bien portant, mais violent, méchant, alcoolique, absinthique,
battait souvent sa femme. Mère, morte à 62 ans, de bron-
chite chronique ( ? ) ; migraineuse, elle avait tous les mois des
accès qui l'obligeaient de se mettre au lit. Très vive, même
coléreuse.Grands-parcs paternel et maternels vigoureux,
sobres, travailleurs, habitaient la campagne; renseignements
peu précis à leur sujet. - Un oncle, cocher, faisant parfois des
excès de boisson, est mort par accident à 57 ans. Une tante
334 Hydrocéphalie chronique.
maternelle, 51 ans, est méchante, hargneuse, n'a pas d'acci-
dents nerveux; elle a des enfants et des petits-enfants tous
bien portants. Une soeur, 27 ans, est bien portante, intelli-
gente ; elle a une petite fille qui a 29 mois, paraît forte et
intelligente. Aucun autre antécédent pathologique, ni psy-
chique connu dans le reste de la famille de la mère].
Pas de consanguinité. (l'ère des Vosges, mère de l'aris).
Égalité d'âge. - Ils n'ont eu qu'une enfant.
Notre malade. Rien de particulier lors de la conception
qui eut lieu clès les premiers jours du mariage. Grossesse
absolument sans accident à part une syncope à i; semaines,
eans conséquences. /lccouc/ie)ne ? it spontané et iL terme,
sans anesthésie, ni ergot. Durée totale du travail : 18 heures.
A la naissance, l'enfant était bien portante, vive ; la tète était
petite, au point que les bonnets que la mère avait préparés
dans la layette étaient trop grands. Deux faits anormaux à
signaler : 1° la chute du cordon ombilical la nuit même de
l'accouchement, ce qui donna lieu -Il une hernie ombilicale;
2° imperforation de l'anus que la sage-femme aurait percé
avec la tète d'une épingle e).
Allaitement maternel au sein. Noi... fut sevrée il 16 mois,
car elle prenait mal le sein et pleurait très fréquemment.
Jusqu'à 10 mois, la tète de l'enfant se développa mais non
dans des proportions inquiétantes. A cette époque, elle se mit
à augmenter et il un an, elle était, selon la mère, presque'aussi
grosse qu'aujourd'hui. Jamais l'enfant n'aurait eu de con-
vulsions. Début de la parole à 2 fins. Première dent il .'< mois.
Dentition complète à 2 ans. L'enfant n'a jamais marché.
Rougeole assez grave il a ans, compliquée d'anasarque et
de troubles angineux, peut-être y eut-il aussi scarlatine. A 7
ans, varioloïde légère ; Noi... avait été, du reste, vaccinée
avec succès iL un an. Pour tout accident scrofuleux, quelques
légères adénites cervicales non suppurées. Aucun trouble
respiratoire, ni digestif, si ce n'est le gâtisme ; jamais de vers
intestinaux.
L'enfant serait sujette à des céphalalgies fréquentes, se
répétant plusieurs fois par mois. Elle se plaint alors de dou-
leurs sourdes dans la région occipitale qui lui donnent des
nausées suivies, mais rarement, de vonisseote2ls. Ces acci-
dents dureraient environ deux heures et cesseraient à la suite
d'applications d'eau sédative. Elle se sert bien de ses mains,
mais ses jambes n'ont jamais pu la soutenir. Très émotive, elle
a peur de tout et un rien la fait pleurer. La mère n'a remarqué
ni kleptomanie, ni pyromanie, ni clastoillanie, ni onanisme.
Observation. 335
Elle ne sait ni lire, ni écrire, mais elle a une mémoire assez
développée. Elle aurait une prédisposition particulière au
chant, n'a aucun goût pour les travaux manuels étant du
reste fort maladroite. Elle est très affectueuse pour tous ceux
qui l'approchent même les animaux. Propre, même coquette
dans sa personne, elle est très soigneuse et ne casse jamais
ses jouets.
État actuel (22 juin 1S0'l. Enfant petite pour son âge,
pâle et maigre, iL physionomie assez expressive. Cheveux
châtains foncés, longs d'environ 2.') centimètres, assez clairs
semés. Crâne énorme, de forme quadrilatère, pas d'asymé-
trie apparente. Bosse occipitale très proéminente, bosses
pariétales non saillantes; bosses frontales très marquées ; pas
de traces de fontanelles. - Front large (12 cin.), élevé (17 cm.),
découvert. Arcades sourcilières non saillantes. Fentes palpé-
braies moyennes, léger chémosis. Orbites assez grands, sour-
cils châtains foncés peu abondants. Cils noirs d'une longueur
moyenne. Yeux sans exophtalmie, léger strabisme in-
terne, pas de nystagmus. Sensibilité de la cornée normale.
Iris châtain foncé, pupilles inégales (la gauche paraît plus dila-
tée que la droite, mais à un nouvel examen l'inverse paraissait
se manifester) ; réactions pupillaires normales à la lumière et
à l'accommodation. L'enfant distingue toutes les couleurs;
on doit cependant lui rappeler le nom du violet. Pas de
trouble accentué de la vue.
Nez droit, long, iL narines regardant en bas et en avant,
sans déviation cle la cloison. L'enfant respire normalement
par le nez et distingue les odeurs. - Pommettes peu saillan-
tes, symétriques. - Lèvres assez minces. Bouche : largeur
i cent., 5, horizontale. Voûte palatine profonde. Langue,
voile du palais, amygdales normaux. Le réflexe pharyngien
existe. Le goût est absolument normal. Dentition régulière,
en voie de rénovation. Menton assez petit. - Oreilles à
pavillon mince, aplati, rapproché du crâne, lobule détaché,
petit. Uttie normale.
Cou : circonférence 28 centimètres 5. Corps thyroïde peu
développé. - Le moignon de l'épaule
est un peu plus élevé à droite. Les membres sont faiblement
musclés. Les mains et les ongles sont bien conformés : rien
de particulier à l'examen des os et des articulations qui fonc-
tionnent assez bien.
Membres infédeurs. - Cuisses assez grosses, la droite est
cependant un peu moins volumineuse que la gauche. Les
deux cuisses, à .Cle'1711-C01t11·atCtLtl'(;eS, ne peuvent être coin-
336 Hydrocéphalie chronique.
plètement étendues, la cuisse droite surtout est maintenue
par une corde rigide saillante au niveau de l'insertion iliaque
du droit antérieur. L'abduction est limitée à droite par la
contracture du droit interne. Pied bot varus droit.
Thorax volumineux, déformé, à direction oblique en bas et
à droite. Saillie accentuée des fausses côtes gauches sur la
ligne mamelonnaire. - C ! )phoscoliose à convexité droite cou-
sidérable. Déviation du bassin à gauche, plus élevé qu'à
droite (Fig. 61).
Poumons. - Sonorité un peu exagérée, râles sons crépi-
tants fins dans toute l'étendue des poumons sauf au sommet
du poumon droit. Coeur à rythme foetal.
Abdomen souple, matité hépatique considérable. Rate non
perceptible a la percussion.
Puberté : Mamelles non développées, mamelons peu sail-
lants, auréole de 2 centimètres de diamètre. Pénil saillant,
glabre. Grandes lèvres assez développées, glabres, petites
lèvres peu développées. Clitoris recouvert par son capuchon
qui a 7 à 8 millimètres. Vestibule profond. Hymen intact, percé
d'un orifice ovalaire de 5 et 6 millimètres de diamètre. Four-
chette accentuée.
Traitement : Deux bains salés par semaine. Exercices jour-
naliers de gymnastique. Fréquents exercices des jambes.
Examen de l'étal psychique (juin 1892). Li physionomie
de l'enfant est expressive et intelligente malgré son infirmité.
La parole est nette, elle s'exprime très bien, correctement
est fort bavarde, répond à tout et comprend tout ce qu'on
lui dit. Elle aime à chanter et il entendre chanter mais sa
voix n'a rien de mélodieux, malgré les affirmations de sa
mère. Très indépendante, elle se croit tout permis, ne
cède jamais à ses compagnes, qu'elle veut commander, et
auxquelles elle se croit supérieure. Assez affectueuse pour
les petites filles elle l'est peu pour les plus grandes, et parle
généralement d'elles en termes grossiers. Lorsqu'elle cause
avec ses camarades, elle a toujours un ton d'autorité et de
supériorité accentué, elle pose pour la « petite maman ».
Elle respecte la surveillante et l'infirmière qui la soigne,
mais en parlant des autres elle dit : «Je m'en moque». Sa
famille parait jusqu'alors avoir cédé à tous ses caprices, aussi
doit-on actuellement la tenir sévèrement. Les sentiments
affectifs pour sa famille sont poussés très loin par elle; elle
regrette beaucoup sa grand'mère, morte récemment et qu'elle
compare a au bon pain ». Elle reconnaît néanmoins qu'elle
Hydrocéphalie, fatuité 337
est mieux ici que chez elle, et se rend assez bien compte de
la nécessité que ses parents ont eu de la placer. Elle â une
bonne mémoire, se souvient et tient compte des observations
qu'on lui fait. Elle ne sait ni lire, ni écrire et préfère bavarder
en classe qu'y travailler. Elle a des notions suffisantes des
objets qui l'environnent, connaît les diverses parties de son
corps, etc. En gymnastique, elle ne peut faire aucun mouve-
ment. A l'ouvroir, elle tient bien son aiguille et parait ani-
mée de beaucoup de bonne volonté.
18 novembre. - Apparition de la menstruation pour la
première fois ; l'enfant n'a pas souffert, ne s'est même pas
rendu compte de ce qui lui arrivait. Le flux menstruel a
Bourneville, Bicêtre, 1893. 22
ftg.61.
338
Hydrocéphalie chronique.
duré un jour et une nuit. Elle est actuellement un peu plus
aimable avec ses compagnes, mais toujours vaniteuse et
menteuse.
Température rectale des 5 premiers jours : .-
Marche DE l'hydrocéphalie, 339
Lle;cewLne. - Les règles n'ont point paru ce mois. Aucun
progrès n'est à constater. Le gâtisme persiste, elle ne demande
jamais à aller à la selle, bien qu'elle se rende compte parfai-
tement de la nécessité de ne pas gâter volontairement.
1893. Janvier. - Pas de développement notable des organes
génitaux, pas de règles depuis le 18 novembre. Traitement :
sirop d'iodure de fer ; huile de foie de morue, 2 bains salés
par semaine. Exercices de marche.
Juin. - Amélioration légère de sa santé générale. Les vomis-
sements qui se manifestaient assez fréquemment ces temps
derniers sont moins fréquents. Les règles n'ont point paru
cette année. Caractère plus doux, mais aucune amélioration
du gâtisme.
Évolution ET marche de l'hydrocéphalie. - Après
avoir examiné les divers symptômes observés chez
les hydrocéphales, il nous parait possible d'indiquer
en quelques lignes l'évolution de la maladie. Dans
la plupart des cas, l'épanchement du liquide n'a
lieu que quelques mois après la naissance, l'enfant
jusque-là bien portant et normal, est pris d'accidents
méningitiques, de crises convulsives. Parfois, ces acci-
dents éclatent par séries qui se reproduisent et chaque
fois on note un développement exagéré de la tête que
l'enfant ne peut plus maintenir droite. Les parents
sont étonnés de ne pouvoir plus mettre aux enfants
leur bonnet. Les crises convulsives, le plus souvent,
disparaissent et, vers de 4 ou 5 ans, l'épanchement
ayant atteint son maximum s'arrête. Les fontanelles
s'oblitèrent, les os du crâne s'épaississent et l'hydro-
céphale continue de se développer, restant toujours
prédisposé aux maladies environnantes à cause du
manque d'activité de sa nutrition générale. Le plus
souvent il meurt entre 3 et 6 ans de broncho-pneumo-
nie ou de méningite.
Étiologie ET I ? 1TIIOCiIWiI : -- Tous les llj'(11'OCl'océpha
les chroniques ont des antécédents héréditaires ner-
veux et psychiques. Il est fréquent de constater chez
340 0 Hydrocéphalie chronique.
les ascendants les névroses, les maladies mentales,
les intoxications, surtout l'alcoolisme. L'hérédité simi-
laire est rare mais ne saurait être mise en doute ; -,
l'observation de Peti... en est un remarquable exem-
ple.
OBS. XXI. Hydrocéphalie chronique.
SOMMAIRE. - Père, absinthique, rhumatisant. - Grand-père
paternel, alcoolique. - Grand)mère paternelle, alcoolique,
débauchée. Oncle paternel tuberculeux. Deux tantes
paternelles tuberculeuses. Mère : crises nerveuses,
paralysie postclipl2tcr·itique, émotive, dyspeptique. Grand-
père maternel asthmatique. Grand'mère maternelle,
cancer utérin. Aïeul asthmatique ( ? ). Oncle maternel
suicidé. Tante maternelle aliénée. Cousin, hydrocé-
phalie probable. Demi-frère (de mère) tuberculeux.
Soeur paraplégique. Frère hydrocéphale. Autre
frère tuberculeux. Autre soeur : hydrocéphalie légère,
adénopathie. - Conception probable durant l'ivresse.
Circulaire du cordon.- Allaitement maternel.- Parole :
3 ans.-Prop1'elé : 2 ans Marche : 4 ans. - Parésie de la
jambe droite. Début de l'augmentation de la tête : 5 mois.
Fontanelle antérieure oblitérée à 2 ans. Fracture de
la cuisse. Rougeole avec accidents méningitiques à deux
ans. Période de 3 ans entre la chute de la dentition de
lait et l'apparition de la dentition permanente. Cauche-
mars. Coqueluche. Scarlatine. Ophtalmie. État
actuel. Puberté. Notes de classe et d'atelier. Hydar-
throse. Etat psychique.
Peti... (Jean-Louis), né à Paris, le 16 mars 1873, entre le 16
mars 1883 à Bicêtre (service de M. BOURNEVILLE).
Antécédents. (Renseignements fournis par sa mère).
Père, 53 ans, homme de peine, eczémateux, atteint de rhuma-
tisme chronique, a toujours joui relativement d'une bonne
santé. Il n'a pas eu la syphilis. Alcoolique, absinthique, il a dû
se corriger récemment à cause de la pénurie des ressources
du ménage. Vers 33 ans (âge où notre malade fut conçu), le père
buvait ses quatre absinthes par jour, sans compter les nom-
breux verres de vin, Emporté, violent, il battait fréquemment
Observation; antécédents. 341
sa femme. Très porté au coït après ses excès de boisson, sa
femme est persuadée que notre malade a été conçu durant une
période d'excitation absinthique. A part cela, il était bon
ouvrier, intelligent et travailleur.
[Famille du père. -Père, charretier, mort écrasé à 63 ans,
était très alcoolique, mais était vigoureux et bien portant.
Mère, morte iL 60 ans, buvait aussi beaucoup, elle menait une
vie des plus irréguliêres, « se livrait à n'importe qui » et avait
abandonné son mari et ses quatre enfants. Elle n'a jamais ou
d'accidents nerveux. Un (l'ère est mort tuberculeux à 31
ans, étant soldat engagé. - Une soeur est morte à 47 ans de
tuberculose pulmonaire; une autre soeur mourut à 20 ans
des suites d'une tumeur blanche du genou. - Rien de par-
ticulier au point de vue neuropathique et psychique dans le
reste de la famille du père.]
Mère, 53 ans, couturière, femme très nerveuse, mariée à 35
ans, elle contracta après son mariage une angine couenneuse
durant laquelle elle eut deux crises de nerfs et une
paralysie complète, l'empêchant de remuer et de parler
Cette paralysie guérit assez vite, mais elle conserva
durant longtemps, iL la suite, une grande faiblesse de la vue.
Elle est actuellement très émotive, est atteinte de phénomè-
nes dyspeptiques d'origine nerveuse. Elle prétend avoir été
dans sa jeunesse très intelligente et jouir d'une bonne mémoire.
La physionomie de la mère, qui paraît intelligente du reste,
1'cssem}¡le un peu à celle de notre malade. Comme lui, elle
est blonde et a le front haut et bombé. (Fig. 62 et 65)
[Famille de la mère. Pè7'e, mort à 67 ans d'un « asthme » ( ? ),
était peintre en voitures, il n'a présenté aucun accident satur-
nin, ni nerveux, était sobre. Mère, morte d'un cancer uté-
rin. Grand-père maternel, mort d'un « asthme » aux Inva-
lides. Aucun renseignement précis sur les autres grands-
parents. - Un frèi·e aîné s'est suicidé par asphyxie, à 27 ans,
à cause de l'inconduite de sa maîtresse dont il avait eu quatre
enfants; un seul de ces enfants est vivant et bien portant, les
autres sont morts en bas-âge. Un autre frère, mort d'an-
gine couenneuse à la force de l'âge. Deux soeurs mortes en
bas-âge : l'une à 3 mois, l'autre à 2 ans, de rougeole. Une
autre soeur est internée depuis 20 ans à la Salpêtrière. La folie
dont elle est atteinte aurait été provoquée par des chagrins de
ménage. Elle aurait eu 10 enfants, le dernier serait né à la
Salpêtrière. Aucun détail précis sur cette famille, avec laquelle
les parents de notre malade n'ont pas de relations. Toutefois
la mère nous allirme qu'un des enfants de cette demi-soeur
aliénée serait mort jeune, avec une tête très grosse. Cet enfant
3 li ? Hydrocéphalie chronique.
aurait néanmoins joui d'une certaine intelligence, il savait
lire et écrire. Aucun autre antécédent pathologique ou
psychique dans la famille de la mère.]
Six enfants : 1° un fils, né d'un amant avec lequel la mère
a vécu quelque temps avant son mariage, bien qu'elle pré-
tende n'avoir jamais été débauchée; ce fils, qui a 31 ans, a été
amputé de la jambe, dans son enfance, pour une tumeur
blanche à l'hôpital Sainte-Eugénie. Il est atteint actuellement
d'une affection oculaire que M. Delens, à Lariboisière, met sur
le compte de la tuberculose; 2° une fille, décédée a;, 18 ans,
d'une pneumonie. Cette enfant, intelligente, était paraplégi-
que depuis l'âge de 4 ans et demi. Elle n'avait pas la tète
grosse; 3° un garçon, mort il 15 mois, à l'hôpital Saint-
Antoine; il était hydrocéphale, la grosseur de la tête avait
rendu l'accouchement laborieux; il serait mort d'une ménin-
gite; 4° un garçon, mort à trois mois, du carreau ; pas de
convulsions, tête normale; 5° notre malade; Une fille,
âgée de 11 mois, que nous avons pu examiner à différentes
reprises depuis l'époque (1883) où nous avons pris les antécé-
dents jusqu'à l'époque (1893) de la publication de cette
observation. La fig. 62 représente cette petite fille à l'âge de
11 mois; sa tête est bien celle d'une hydrocéphale. Les fig.
G5 et 06 la montrent à l'âge de 4 et de 5 ans. Cette enfant, assez
maladive et très myope, a de petits ganglions engorgés à la
région cervicale postérieure. Elle se plaint actuellement (1893)
de douleurs de l'oreille gauche qui paraissent dues à sa den-
tition défectueuse. Elle est faible, souvent enrouée. Elle a eu de
fréquents accès de spasme glottique, qui actuellement sont
assez rares. La tête de l'enfant est assez volumineuse et offre
un type analogue il celle de sa mère et de son frère (notre ma-
lade). Le front est large et élevé. Il y a asymétrie plagiocépha-
lique, les bosses frontale droite et pariétale gauche sont plus
développées, l'occiput est proéminent. Les arcades sourcilières
sont un peu saillantes, ainsi que les pommettes. Il y a un
léger exorbitisme, dû probablement à la myopie. La mâchoire
inférieure est volumineuse et prognathe. Les incisives dente-
lées ne peuvent s'unir lorsque la bouche est fermée. Les
oreilles sont bien ourlées. Cette enfant a mauvaise mémoire,
manque d'attention, elle parle correctement, mais est instable
et coléreuse. Assez gaie, elle est désobéissante, et très entêtée.
Elle est autoritaire, veut commander à ses autres compagnes,
néanmoins elle est très affectueuse, même pour les animaux.
Elle a peu d'amour-propre, ne se corrige pas de ses défauts,
bien qu'elle se rende parfaitement compte du bien et du mal.
OBSERVATION : ' '. 343
Elle est onychop liage effrénée. Son intelligence est moyenne.
Elle sait lire, écrire, faire les quatre règles, mais travaille
sans goût et n'a jamais pu avoir un prix à l'école. Voici les
mensurations actuelles de sa tête :
344 Famille d'hydrocéphales.
légères. Récemment, durant 5 mois, il a été atteint d'oph-
talmie à gauche ( ? ) soignée par M. Gillet de Grandmont.
L'enfant n'a pas eu d'accidents scrofuleux. Il ne grince pas
des dents, n'a pas de tics, ni de manies.
Fig. 62. Pe... ù l'ùge de 10 nus ; sa mère et sa dernière suuur, âgée de 11 mois.
Observation.
345
1883. Juin. - Les notes de classe de l'enfant constatent qu'il
travaille, qu'il a un caractère assez doux, ne manque
pas de bonne volonté. Sa mémoire est faible, mais son juge-
ment est assez développé; il sait lire, écrire et compter.
1884. Juin. - Quelques progrès, la mémoire parait s'être un
peu développée, mais l'instituteur constate que P... devient
Fig. 03. Pe... vu de profil, à 10 ans.
34G
Hydrocéphalie chronique.
indocile et s'obstine quelquefois mais pendant peu de temps.
Il travaille avec goût à l'atelier de tailleur et commence à
faire les coutures.
1885. 31 janvier. - Puberté. - Visage glabre; pénil, bour-
ses glabres. Testicules delà dimension d'une olive moyenne.
Verge : circonférence : 45 millimètres ; longueur : 35 millimè-
tres. Prépuce long, gland iiiéat normal. '
Juin. - Les notes de classe et d'atelier sont peu satisfai-
santes ; l'enfant est dédaigneux, son caractère devient mauvais.
Il est très susceptible, emporté, paresseux, surtout à l'atelier,
Fig. 6 ? Pe... vu de face à l'âge de tu ans.
Hydrocéphalie chronique. 347
où il raconte que, puisqu'il est nourri, il n'a pas besoin de tra- ? tiller...
17 février. Légère angine érythémateuse, guérie le 24 fé-
vrier.
188G. Janvier. Bien que toujours signalé comme une « mau
vaise tête», Peti.. a fait quelques progrès surtout à l'atelier
où il fait maintenant le gilet.
26 771a ? 'S. État actuel. - Tête énorme. Crâne de forme
carrée; bosses frontales très volumineuses. Aplatissement au
niveau des pariétaux. Occiput saillant. Pas de trace au palper
Fig. 65. La mère de Pe... et sa soeur à l'tige de 45ans.
348 Observation.
des fontanelles ni des sutures. - Face peu développée; front
haut; arcades sourcilières plates; sourcils peu arqués, pres-
que droits; paupières normales ; cils assez longs, réguliers.
Yeux à iris bleu clair ne présentant pas de traces de lésions,
ni d'anomalies. Nez court, droit, petit; narines assez mobi-
les. Quelques taches de rougeur à sa base. Pas de parésie
faciale. Lèvre supérieure débordant l'inférieure. Bouche
assez grande. Langue normale. '
Dents très défectueuses, bord libre des incisives creusé en
cupule. Articulation défectueuse, les mâchoires ne se tou-
chent qu'au niveau des premières molaires. Prognathisme
supérieur très accentué. Menton assez petit et pointu.
Fig. Gag. La soeur de Pua... à l'lige de 5 uns.
Hydrocéphalie chronique. 349
Cou court, assez grêle, pas de goître. Thorax assez bien
conformé ; cependant l'omoplate droite est plus élevée et plus
saillante que la gauche. - Coeur et circulation, rien de par-
ticulier. Respiration : rien d'anormal à la percussion, ni à
l'auscultation. Abdomen, normal. Membres supérieurs
assez musclés. Poignets, mains, ongles, rien de particulier.
Membres inférieurs bien développés et normaux.
Sensibilités générale et spéciales, motilité : rien de parti-.
culier'à signaler.
Puberté. - Cheveux châtains. - Reste du corps glabre. Tes-
ticules de la dimension d'une grosse noisette, le gauche est un
plus gros. Verge : circonférence, 48 millimètres; longueur, 35
millimètres.
Novembre. Les notes de classe et d'atelier constatent que
Peti... fait des progrès, mais est capricieux, emporté, gros-
sier, paresseux, bien qu'il apprenne avec facilité.
1887. Du le, février au 20 mars. - Séjour à l'infirmerie pour
une amygdalite et une angine érythémateuse.
Juillet. Les notes d'École signalent qu'il devient de plus
en plus capricieux, entêté et méchant, néanmoins il fait des
progrès surtout à l'atelier où il fait bien le gilet et commence
à travailler à la machine.
1888. Dans le courant du mois de novembre, on a trouvé
cachés dans des chiffons 20 fr. qu'il s'était procurés, dit-il, en
vendant du tabac en détail. Toujours capricieux et méchant. On
dut le mettre durant quelques semaines à la Sûreté de Bicètre.
1889. Peti..., plus raisonnable durant les premiers mois de
l'année, après sa sortie de la Sûreté, ne tarde pas à repren-
dre ses premières habitudes. Son instituteur note, en juillet,
qu'il est : « très capricieux, et emporté, grossier dans ses pa-
roles, taquin et joueur. » L'onanisme n'a jamais été signalé.
Le 15 juillet, il s'enivre en promenade au point de faire une
chute dans laquelle il se blesse au front ; d'où nécessité de
lui faire plusieurs points de suture et de le faire séjourner une
semaine à l'infirmerie.
Puberté. (Juillet). Visage, aisselles, glabres, poils assez
abondants au pénil, mais ne gagnant pas les aînes. Verge :
long, et circonf. 70 mm. Testicules égaux de la grosseur d'un
oeuf de pigeon. Phimosis, gland découvrable. Région anale
normale, garnie de poils assez rares.
1890. - Le 3 juin, en promenade, Peti... s'est évadé avec qua-
350 Observation.
tre de ses camarades, il fut retrouvé couché le long d'un mur
ivre mort, après avoir, dit-on, exhibé sa verge devant une fem-
me. Mis en cellule, il envoie, le 11 juin, une lettre au méde-
cin lui demandant de le pardonner. Dans cette lettre, le repen-
tir paraît nettement tenir à ce qu'il « s'ennuie de trop dans
cette cellule toute une journée sans rien faire et ça lui soin-1
ble dur ». Il avoue avoir bu un café, deux verres d'eau de |
vie de marc, deux verres de rhum et une absinthe.
Les notes de l'instituteur'sont toujours les mêmes ; « empor-
té, sournois et méchant dans ses colères. »
1891. - Puberté. (Juillet). Très fin duvet sur la lèvre supé-
rieure. Poils courts et très peu abondants aux aisselles. Tronc
glabre. Fin duvet à la partie antérieure des cuisses et au-des-
sous du pli fessier. Poils châtains abondants au pénil, enva-
hissant les aines. Verge : long : 75mm.; circonf. : 76 mm. Tes-
ticules égaux, du volume d'un petit oeuf de poule. Région
anale garnie de poils abondants. Les notes de l'institu-
teur sont les suivantes : « De plus en plus entêté et pares-'
seux. Est toujours dans la cour avec le malade Rou... qu'il !
caresse et qu'il embrasse ; beaucoup de présomptions pour
croire qu'il a avec ce malade des rapports à posteriori ! ! Il est
toujours avec des enfants vicieux, plus jeunes que lui.
Fumeur. Ses vêtements sont toujours propres et bien tenus.
A l'atelier, on est content de lui, mais il est constaté qu'il
travaille moins depuis quelque temps et est souvent « pensif ».
Septembre, - Il fait un court séjour à l'infirmerie, ayant
mal aux yeux; on constate une kératite interstitielle et de
la conjonctivite qui cèdent aux lavages boriqués, au collyre
au nitrate d'argent et à un pansement occlusif.
1892. Durant toute l'année, Peti... se plaint de ses yeux
et prétend ne pas voir suffisamment pour travailler à
l'atelier. Il a, en effet, les conjonctives injectées et est traité
au moyen d'instillations de collyre au sulfate de zinc. On lui
donne en outre des bains salés et de l'huile de foie de morue.
5 avril. Il entre à l'infirmerie, atteint, à la suite d'une chu-
te sur le genou gauche, d'hydarthrose avec légère augmenta-
tion de la température locale, sans augmentation de la tem-
pérature générale. Vésicatoire, compression.
16 avril. L'hydarthrose a disparu. Peti... sort de l'in-
firmerie.
27 juillet. Récidive de l'hydarthrose. Compression. Il
sort de l'infirmerie au début d'octobre.
Puberté. (Novembre.) Quelques poils très disséminés à la
Hydrocéphalie chronique. 351
lèvre supérieure, poitrine glabre, aisselles garnies de poils
assez fournis, bien implantés, pubis garni de poils abon.,
dants, longs et frisés se prolongeant dans les aines et remon-
tant sur la ligne médiane. Verge : long. 90 mm. ; circonf.
93 mm. Testicules égaux de la grosseur d'un petit oeuf de
poule. Région anale normale, garnie de poils abondants. l'oils
assez nombreux sur les fesses et à la partie supérieure des
cuisses.
A l'école et à l'atelier les maîtres ne donnent aucune note
à cause des séjours prolongés à l'infirmerie. Déplus Peti...
prétend ne pas voir suffisamment pour travailler.
1893. En janvier, Peti... revient il l'infirmerie pour une
récidive de son hydarthrose ; on lui fait des pointes de feu et
de la compression ouatée, mais son indocilité l'empêche de
retirer un avantage réel du traitement, de sorte qu'après plu-
sieurs sorties et retours à l'infirmerie, nous retrouvons Peti...
en juillet '18 ! 13, toujours porteur de son hydarthrose.
17 juillet. Examen du malade. Rien de particulier à
noter dans le développement; de la puberté depuis novem-
bre 1892. L'examen physique permet de constater : 1° l'état
déplorable de la dentition, les incisives sont décharnées, éro-
dées, comme vermoulues ; 2° l'hydarthrose du genou gauche ;
3° une légère exophthalmie, avec injection des conjonc-
tives ; 4° un léger strabisme convergent de l'oeil droit. Peti ?
n'a ni vertiges, ni tournements de tête, il peut lire mais
est fatigué au bout de très peu de temps. Il ne se plaint ni de
douleurs de tête, ni de migraines, ni de nausées, n'a jamais
eu de vomissements. Sa sensibilité, ses sens, ses réflexes
sont normaux.
Etat psychique. -Assez intelligent, instruit suffisamment,
écrivant, lisant, parlant, comptant correctement, Peti ? qui
jadis travaillait bien à l'atelier, paraît abuser de ses troubles
oculaires pour ne plus travailler. Il parait très aigri et s'est
fabriqué un système de raisonnement qu'il sert à toutes les
objections : « Je suis infirme, je ne peux travailler, je reste-
rai toute ma vie à Bicêtre, et je veux m'y laisser vivre sans
rien faire. » Il traite sa mère et sa soeur avec une indifférence
presque hostile, le tableau de leur misère le touche très
médiocrement. Assez attentif aux paroles qu'on lui adresse,
il répond d'une façon arrogante et comme sous l'empire d'une
colère sourde, mal dissimulée. Sa mère étant sortie, nous lui
reprochons son manque d'égards et la froideur presque hos-
tile qu'il témoigne à sa famille. Il répond par des « hum ! »
352
Observation.
d'indifférence, puis après quelques minutes, il me dit : « Il y
a longtemps que je suis ici, je voudrais bien m'en aller, j'en
ai assez. »
En un mot, on peut synthétiser ainsi l'état psychique de
Pet.. : intelligence suffisante, mémoire médiocre, attention
normale lui ayant permis d'apprendre assez bien le métier de
tailleur et de s'instruire suffisamment; jugement faux, le
conduisant par le raisonnement à la paresse ; volonté faible
expliquant ses emportements passagers et sa docilité ordinaire ;
sentiments affectifs médiocres.
Mensurations de la tête.
HÉRÉDITÉ. FATUITÉ. 353
L'hérédité de l'hydrocéphalie est manifeste et les
intéressantes reproductions des photographies de sa
mère et de sa soeur sont les meilleurs et les plus
indiscutables arguments que l'ont peut fournir à cet
égard. Dans une première photographie, nous voyons
Peti... à l'âge de 10 ans, sa mère et sa soeur, âgée cle
Il mois, présentant le même aspect : tous trois ont
le front très large et le crâne très développé. La figure
suivante représente la mère et la même soeur, âgée
de 4 ans et chez laquelle, le développement du front
et du crâne est encore accentué. Enfin la dernière
ligure de l'observation nous montre à 5 ans la même
enfant, soeur de Pet..., dont l'aspect général rappelle
assez celui de notre malade. Nous n'insisterons pas
plus longuement, persuadés qu'à ce sujet toute con-
sidération serait superflue.
Nous devons encore attirer l'attention sttr l'état n2e2-
tal de Peti... Ce jeune homme est aigri, de méchante
humeur, mal disposé à l'égard de sa famille. Il sem-
ble que la vanité et la fatuité, ordinaires chez les hydro-
céphales, s'est transformée chez lui en orgueil et le
pousse au dédain et au mépris de ceux qui l'entourent.
La photographie qui le représente à l'âge de 16 ans
exprime assez bien par le jeu de la physionomie l'état
psychique du malade. Reprenons maintenant notre
exposé.
Parmi les causes déterminantes, les maladies de la
grossesse tiennent certainement une grande place.
Dans une de nos observations, l'hydrocéphalie paraît
nettement déterminée par la variole de la mère au 5'
ou 6" mois de la grossesse. Si certains naissent hydro-
céphales, la plupart ne le deviennent qu'après les pre-
miers mois et la cause pathogène de l'hydrocéphalie
parait être une inflammation chronique, à poussées
répétées, des méninges intra-ventriculaires ou la com-
pression des vaisseaux de la base de l'encéphale par
Bourneville, Bicêtre, 1893. ? 3
354 Hydrocéphalie CHRONIQUE.
le développement d'une tumeur. Lorsque la première
cause pathogène détermine l'épanchement, le cerveau
est très lentement comprimé et petit à petit la dilata-
tion ventriculaire gagne au point de faire disparaître
ou de réduire à une mince paroi la substance cérébrale.
Cette compression doit s'opérer très lentement au dé-
but, car elle ne détermine pas de dégénérescence des
faisceaux de la moelle. La dilatation s'étend rarement
au 4mo ventricule et nous n'avons jamais observé de
dilatation de l'épendyme et d'hydrorachis. Si, au
moment où la dilatation se produit, l'éducation ou
l'habitude a donné quelques facultés à l'enfant, il les
C011SC1'VC 2L1'CalLt de réflexe après l'amincissement com-
plet du manteau cérébral. Ainsi Ess..., dont le cerveau
était réduit à une véritable vésicule, tournait la tête
du côté de la personne qui l'appelait par son nom. Si
l'épanchement n'en arrive pas au point de détruire le
cerveau, si le malade se développe, il se produit vrai-
semblablement un phénomène d'hypcrnutrition des os
du crâne par le fait d'une sorte de congestion passive
déterminée par le liquide. L'examen des crânes des
hydrocéphales, ayant atteint 12 ou 13 ans, est un solide
argument à l'appui de cette hypothèse. Tandis que les
crânes des enfants de 3, 4, 5 ans sont minces, trans-
parents, avec des fontanelles persistantes, ceux des
hydrocéphales ayant dépassé 12 ou 13 ans sont épais,
compacts, sans traces de fontanelles et présentent
parfois la synostose de certaines sutures.
Lorsque la cause de l'épanchonment est une tumeur,
le liquide se produit plus rapidement que dans le
premier cas et réagit sur le crâne d'une façon un peu
différente. Il amène une disjonction des sutures, un
écartement remarquable dans les observations de
Marie Baiss... et de Berl... Néanmoins chez Marie
Baiss ? la compression intra-crânienne n'a pas été
assez brusque pour occasionner des lésions dégé-
Diagnostic ET pronostic. 355
nérativcs des centres nerveux. La moelle, examinée
par M. le Dr Pilliet, chef de laboratoire de la Charité,
ne présentait chez cette enfant, atteinte d'une para-
plégie spismodique des plus accentuées, aucune
dégénérescence des cordons tant antérieurs que pos-
térieurs. Le faisceau pyramidal était parfaitement
sain des deux côtés.
Diagnostic ET pronostic. Le diagnostic de l'hy-
drocéphalie chronique s'imposera le plus souvent. On
pourrait la confondre avec l'hyperostose des os du
crâne ou l'hypertrophie du cerveau. Dans ces cas les
petites poussées méningitiques du début de la maladie
pourraient servir au diagnostic différentiel. Nous rap-
pellerons de plus que, chez les hydrocéphales âgés,
l'hyperostose crânienne se produit ordinairement.
L'hydrocéphalie symptomatique de tumeurs encéphali-
ques donne lieu souvent à des céphalées, des vomisse-
ments bilieux qui ne sont pas ordinaires dans l'hydro-
céphalie simple.
Le pronostic varie selon le degré de la maladie.
Lorsque l'épanchement est considérable l'enfant suc-
combe d'habitude, avant d'entrer dans la seconde en-
fance. Si l'épanchement, moins considérable, a déter-
miné néanmoins de la paraplégie, il est rare qu'une
maladie intercurrente n'intervienne pas et n'empêche
l'enfant d'atteindre l'âge adulte. Si l'épanchement est
modéré ou n'a pas tendance à s'accroître, l'hydrocé-
phale peut normalement se développer et atteindre un
degré moyen d'intelligence. Nous ne saurions aller
jusqu'à prétendre avec Gratiolet qu'un certain degré
d'hydrocéphalie favorise le développement du cerveau
en dilatant le crâne et peut* être cause d'une supériorité
intellectuelle. L'exemple de Cuvicr est une excep-
tion trop rare et nous restons convaincu que le crâne
est au cerveau un vêtement élastique qui sait de lui-
même s'élargir quand le dernier augmente de volume.
356 Hydrocéphalie chronique.
Traitement de l'hydrocéphalie. Le traitement
de l'hydrocéphalie chronique peut être chirurgical
ou médical. Le traitement chirurgical n'a donné
jusqu'alors aucun succès. A notre avis, il est
illogique et l'expérience démontre que, malgré tou-
tes les précautions antiseptiques possibles, il s'ac-
compagne presque toujours de mort, et les rares cas
de guérison, tels que celui de Quincke (Congrès alle-
mand de médecine interne, 1891) ne sont guère plus
probants. Dans ce cas l'hydrocéphalie était aiguë, l'é-
panchement sous-arachnoïdien ; trois ponctions furent
faites au niveau de la région lombaire et on retira cle
2 10 c. c. de liquide. Hayes A-IleN7 (University medi-
Cl%l iliigtziiie, oct. 1891) fait le relevé de 5 cas d'hydro-
cépalie traitée par trépanation et drainage, il y eut
cinq décès et l'auteur conclut que la trépanation pour
l'hydrocéphalie est une opération inutile. » Phocas
(Revue des maladies de l'enfance, février 1892) dans
deux cas de craniectomie, suivie de ponctions et drai-
nage, eut un décès et un succès, qui au bout de 4 mois
laissait l'enfant opérée presque aveugle. Un opéré
d'Audry (Progrès médical, 1882, 17 fév.) meurt
quelques heures après l'opération. Contentons-nous
de citer ces tristes résultats que nous pourrions mul-
tiplier à loisir. L'examen de nos observations nous
permet de montrer jusqu'à quel point l'intervention
chirurgicale est inutile. Chez les hydrocéphales qui,
comme Ess.... Lob..., Vign..., Ail..., ont le cerveau
réduit à un kyste à mince paroi, il est évident que toute
intervention est nulle. Lorsque l'hydrocéphalie est
symptomatique d'une tumeur, plus ou moins étendue
(Marie Baiss..., Berl..., etc.), l'intervention n'a aucune
chance d'être plus efficace. Elle ne pourra réussir que
dans les cas moyens qui s'accommodent très bien du
traitement médical. L'opération de la crâniectomie,
avec drainage consécutif, expose de plus le cerveau à
une décompression brusque, qui, suivie d'une conges-
Traitement. 357
tion violente, peut aboutir à une mort rapide. Enfin la
ponction, en supprimant le liquide épanché, n'empê-
che en rien la cause pathogène de le reproduire, et
l'opération, jugée à ce simple point de vue, nous paraît
tout au moins inutile.
Le traitement médical qui lui aussi ne réussira, d'or-
dinaire, que chez les hydrocéphales àépanchemcntnon
exagéré, consiste dans les moyens ci-après : 1° com-
pression (Barnard, Trousseau) ; 2° révulsifs (Gclis)
et 3° administration du calomel à l'intérieur (Gclis).
Nous avons eu l'occasion de l'appliquer avec succès
chez quelques-uns de nos malades et voici comment
nous le formulons :
La tête de l'enfant, ayant été préalablement rasée, on
applique une capeline serrée construite avec des ban-
delettes de Vigo., on maintient autant que possible la
capeline durant une semaine ; après un repos d'une
semaine, on la renouvelle, et si un incident quelcon-
que empêche son usage continu, on substitue au
Vigo des frictions quotidiennes à l'onguent mercuriel.
En même temps on administre deux fois par semaine
un paquet de Ogr. 10 de calomel. Tous les mois, pen-
(lant un an ou plus, il faut appliquer un vésicatoire
qu'on laisse 15 à 20 heures. Et, quand il commence à
sécher, on applique la capeline d'empire de Vigo.
Le traitement médical est complété par le traitement
physique, exercices, massage des membres, etc., et
par des bains salés, des douches, des médicaments
reconstituants, etc. L'intéressante observation de
Valentine Esco..., à qui ce traitement a été appliqué
de bonne heure, plaidra mieux que nous en faveur de
son efficacité.
Ons. XXII. - Hydrocéphalie chronique.
Sommaire. Aucun L171CC('CLB171 héréditaire. Soeur à tête
volumineuse. Autre soeur morte de méningite. Émotion
358 ' Hydrocéphalie chronique.
au 2o mois de la grossesse. Accouchement prématuré à 8
mois. Asphyxie à la naissance. A 3 semaines, augmen-
tation de la tête. Etat actuel. Examen de la tête ;
distension des fontanelles. Traitement. Diminution
progressive des fontanelles. Développement normal de
l'intelligence. Tableau des mensurations de la tête.
Esc... (Valentine), née le -Il mars 1890, est conduite à Bicètre
al. la consultation de M. BOURNEVILLE.
Antécédents. (Renseignements fournis par la mère de
l'enfant.) J - Père, âgé de 43 ans, contre-maître, est sobre,
intelligent, bien portant. Aucune tare n'a été constatée dans
sa famille. - Mère, 37 ans, en bonne santé; elle n'est pas
nerveuse et prétend que dans sa famille aucune affection ou
tare héréditaire n'a été signalée. Pas de consanguinité.
Différence d'âge de 6 ans.
Quatre enfants : 1° Jeune fille de 15 ans, bien portante,
d'intelligence normale, n'a jamais eu d'accidents nerveux.
Elle a le front bombé, la tête un peu grosse, les parents
auraient remarqué que la fontanelle antérieure ne se serait
fermée qu'à -16 mois (Fig. 69, 70) ; 2° fille, morte à 29 mois,
d'accidents méningitiques, après une rougeole. Cette enfant,
qui paraissait intelligente, n'avait eu ni convulsions, ni para-
lysie. Elle avait la tête grosse, le front surtout était fort déve-
loppé ; -3° fille de 7 ans, intelligente, n'ayant jamaiseu d'ac-
cidents convulsifs.
4" notre malade. -Rien de particulier à la conception. - La
grossesse se passa sans accidents autres qu'une forte émo-
tion à 2mois, causée par une chute que fit sa fille aînée et
qui fut du reste sans conséquences. L'accouchement
eut lieu à 8 mois, fut long; on ne fit ni manoeuvres, ni appli-
cation de forceps, il n'y eut pas d'anesthésie. Lanière tomba
en syncope durant l'acccouhcmcnt. L'enfant était asphyxiée
en naissant, sa tète n'était pas trop volumineuse; elle fut
nourrie au sein par sa mère.
A trois semaines, on remarqua une saillie anormale des yeux
qui restaient a demi-voilés par la paupière inférieure ; en
même temps la tête se mis il grossir progressivement au point
de ne pouvoir se maintenir droite. Val... n'eut alors ni fièvre,
ni convulsions, ni syncopes. Ses yeux, petit à petit, revinrent
dans une position normale.
État actuel, de la tête de l'enfant. Le crâne est volumi-
neux, le front très bombé et très large. Les fontanelles
persistent et sont saillantes; la fontanelle antérieure a 10
ÛBSEHVA1'JON.
359
centimètres de longueur sur 10 centimètres de largeur. Les
globes oculaires sont dirigés en bas et en partie cachés par
les paupières inférieures. Les pupilles moyennement dilatées
sont normales. L'examen de la papille ne donne pas grand
résultat, les vaisseaux sont légèrement variqueux, les contours
sont nets. L'enfant est impressionnée par la lumière. On ne
note ni particularité, ni anomalie, à l'examen du corps et des
organes.
1890. 6 nouei7707'e. L'enfant est dans un état station-
Fig. 67. Esco... avec sa mère, vue de face, à l'tige de 7 mois.
360
Hydrocéphalie chronique.
naire, Frictions sur la tête avec de l'onguent mercuriel.
271ovenbre.-État stationnaire ; santé générale excellente.
18 décembre. - La santé générale est toujours parfaite.
L'enfant donne des preuves d'intelligence, le bruit attire son
attention, elle saisit bien les objets, tient en temps ordinaire
la tête droite et prononce distinctement « papa. » La fonta-
nelle antérieure a 95 millimètres d'avant en arrière et 12U
millimètres transversalement.
1891. 22 janvier. L'enfant est gaie, donne toujours des
marques d'intelligence. Poids : 8 lui. 400. '
Fig. 08. - Esco... (avec sa mère), vue de profil, 11 l',ige de î mois.
Observation.
3ftt 1
19 février. - Tendance passagère iL incliner la tète à droite.
Eruption de 3 incisives supérieures et d'une inférieure. La
fontanelle antérieure a 9 cm., 5 d'avant en arrière et 11 centi-
mètres transversalement. L'enfant a toujours une bonne
santé n'a aucune infirmité et son intelligence se développe.
19 man. - Poids : 9 kilogr. Elle a 6 dents ; elle sourit
à sa soeur et se tient sur les jambes lorsqu'on la sou-
tient.
23 avril. La fontanelle antérieure a 6 centimètres de
Fig. f ! 9. Esco... (avec sa soeur, Henriette), à l'âge d'un an.
3G2
Hydrocéphalie chronique.
longueur sur 9 cm., 5 de largeur. La fontanelle postérieure
est oblitérée. Valentine a 2 incisives inférieures et 4 supé-
rieures, les deux incisives latérales inférieures commencent
à pointer. Solution Coirre au chlorhydro-phosphate de chaux,
une cuillerée à café par jour. Deux fois par semaine, calomel.
25 177.2. - Valentine est toujours bien portante, elle est
caressante, ses actes ont un certain degré de spontanéité.
Elle commence à marcher, l'éruption des dents s'est opérée
sans troubles. Elle possède actuellement 8 incisives et une
grosse molaire gauche. La fontanelle antérieure à actuelle-
ment 72 millimètres de longueur sur 110 de largeur.
Fig. 70. Esco... aveu sa soeur, vue de profil iL l'âge de un an.
Observation.
sucs
29 juin. L'enfant a vomi à la suite de l'administration
d'un paquet de calomel. L'intelligence et les facultés conti-
nuent à se développer. V... envoie des baisers, sourit, saisit
tout, marche assez bien, dit distinctement papa et maman.
Poids : 9 k.,400. La fontanelle antérieure a 7 centimètres de
ongucur sur 9 cm., 5 de largeur. L'enfant transpire beaucoup
de la tête, les veines du cuir chevelu sont assez développées.
Application d'emplâtre de Vigo sur la tête au moyen de
bandelettes formant capeline.
Fig .'il. Esco... vue de profil à l'âge de 14 mois.
3fiA
Hydrocéphalie chronique.
24 juillet. La capeline de Vigo a été renouvelée deux
fois. Le calomel administré a produit de la diarrhée et a dû
être suspendu ainsi que la solution de chlorhydro-pliosphate
de Coirre. Valentine continue à prendre deux bains salés par
semaine. La tête, toujours couverte de transpiration, paraît
avoir légèrement diminué.
9 octobre. La mère note de légers progrès chez l'enfant
qui demande maintenant à boire.
16 novembre. - La fontaneLle antérieure mesure 7 centi-
mètres de long sur 10 centimètres de large. V... a actuelle-
Fig. 72. - Esco... (avec sa soeur, Marie), à (le de mois.
Observation : fontanelles.
365
ment 16 dents. Son intelligence se développe; V... tire la
langue quand on le lui demande, envoie des baisers, dit les
mots : « papa, maman, donne, non, etc. » Elle se tient presque
seule ; demande pour aller à la selle ; parait affectueuse pour
tous ses parents.
30 décembre. La fontanelle antérieure a notablement
diminué. Sa longueur est de 38 millimètres, sa largeur de
Fig . 73. Fsco ? avec sa soeur, vue de profil, il l'âge de 2j mois.
366
Hydrocéphalie chronique.
57 millimètres. La mère a remarqué que la calotte de Vigo
irritait légèrement la région occipitale.
Traitement : Un bain salé tous les trois jours durant 8 à 10
minutes. Deux fois par semaine 0 gr. 10 de calomel. Trois
cuillerées à café de solution Coirre. Applications renouvelées
de Vigo.
1892. 25 février. L'enfant a 18 dents, pèse 11 kilogr., 500
Fia. 74. Esco... à l'âge de 33 mois.
Observation : amélioration.
3G7
a 70'centimètres de taille. La fontanelle antérieure a 3 centi-
mètres de longueur sur 6 centimètres de largeur. L'intelli-
aence se développe toujours progressivement. Continuer le
traitement. t.
8 avril. Fontanelle antérieure : longueur antéro-posté-
ricurc. : 3 centimètres ; largeur transversale : 5 cm., 5.
21 mat. - L'enfant dit un assez grand nombre de mots :
papa, maman, bonjour, porter, par terre, pain, eau, nana,
Fig. 75. - Esco... (avec son père), à de 3 ans 1 mois.
.A
368
Hydrocéphalie chronique.
coco, Henriette (nom de sa soeur), t'es lourde, poupée, joujou,
toutou, mouton, baba (pour bas.) Elle marche tenue par une
seule main. Des battements sont très sensibles au niveau de
la fontanelle antérieure qui a 2 cm., 5 de longueur sur 4 cm., G
de largeur. L'oreille droite aurait à deux reprises laissé
s'écouler un liquide un'peu épais et louche.
22 jui71. L'otorrhée ne s'est pas reproduite. L'enfant,
éveillée, attentive, gaie, a un regard plus expressif et plus
Fig. 7G. - Esco... à l'âge de 3 ans 3 mois.
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370 Hydrocéphalie chronique.
naturel. Elle tient la tête droite, semble être heureuse d'avoir
une belle robe, se tient et marche presque seule. Son voca-
bulaire est le même. Pas de côté plus faible que l'autre.
Première dentition complète.
28 octobre. L'enfant, marche maintenant absolument
seule. Poids : 12 k., 500. - Taille : 855 millimètres.
3 décembre. - L'enfant a fait de grands progrès au point
de vue du langage. Elle demande et désigne tous les objets
courants, elle fait de petites phrases. M. le D1' Omet examine
sa dentition et constate qu'elle est complète, mais que les
dents, de mauvaise nature, ne tarderont pas à se carier.
1893. 10 février. Les dimensions de. la fontanelle anté-
rieure sont réduits à 2 cm., 5 de longueur sur 3 cm., 5 de
largeur. En arrière, une légère rainure de 4 centimètres sur
un centimètre semble être un vestige de la fontanelle posté-
rieure. V... a encore fait des progrès, reconnaît sa photogra-
phie, les différentes parties de son corps, est très cares-
sante.
Traitement : Sirop d'iodure de fer, «sirop antiscorbutique,
0 gr., 10 de calomel, une fois par semaine, solution Coirrc,
bains salés. Capeline de Vigo.
30 mars. L'enfant comprend tout ce qu'on lui dit, sans
explication par geste. Elle embrasse et caresse les autres
enfants et dit qu'ils sont gentils. Elle est très gaie, toutefois,
il est dilficile do fixer son attention. Sa mère l'attribue la
timidité qu'elle a en notre présence. Elle pleure rarement;
très coquette, elle aime les beaux habits, les rubans, craint
de se salir, se préoccupe des bijoux, en désire pour elle. Elle
est fière des mèches de cheveux qu'on a laissé pousser. Elle
place des verbes dans ses phrases, parle bien. Elle chante
fréquemment chez elle et retient assez bien les airs. Sa
mémoire visuelle est aussi bien développée ; elle se souvient
même des personnes qu'elle a rarement vues.
10 juillet. - L'enfant va actuellement très bien. Elle
marche seule et longtemps sans fatigue, court sans tomber ;
mange seule, proprement, avec cuillère et fourchette. La
sensibilité est normale et délicate sur tout le corps. La vue
est bien développée, les mouvements synergiques des yeux
s'exécutent bien, les pupilles sont normalement contractiles ;
très légère exophtalmie. L'ouïe est fine, l'odorat et le goût
sont normaux, mais l'enfant n'aime pas les chosestropsapides.
Elle est très propre de son naturel. La physionomie gaie,
souriante, légèrement malicieuse, est un peu naïve mais n'a
rien d'hébété. V... est intelligente. Les sentimentsd'affection,
Observation : traitement. 371
de commisération, de propriété sont très développés chez
elle. Elle refuse ainsi de nous donner son chapeau, mais veut
bien le donner pour consoler un enfant qui pleure. On fixe
facilement son attention. Sa mémoire, tant visuelle qu'auditive,
est bien développée, elle reconnaît ses photographies. Elle
est coquette, aime à entendre dire qu'elle est jolie, à vanter
sa toilette, adore les rubans et les fleurs. Elle ne sait pas
compter, ni bien distinguer les couleurs, mais nous pouvons
affirmer que cela, est dû un vice d'instruction. Ni boudeuse,
ni capricieuse, elle se rend compte du bien et du mal et pleure
lorqu'on lui fait des reproches. Le sentiment de pudeur est
développé chez elle, elle ne veut pas être montrée nue.
La fontanelle antérieure n'a guère plus qu'un centimètre
dans toutes ses dimensions. Le corps et les membres de
l'enfant sont bien conformés. L'embonpoint est très notable.
La tête est asymétrique, le côté gauche est un peu moins
développé que le droit. Quelques veiI10sités bleuâtres appa-
raissent aux tempes. Le front et l'occiput sont saillants, la
forme générale de la tète est ronde. Le nez droit, assez fin, est
déprimé à sa base; les narines regardent en bas. Les joues
sont pleines, les pommettes peu saillantes. La bouche est
grande;, les dents régulières. La voûte palatine est peu
profonde. Le menton est moyen. Les oreilles sont bien
ourlées et bien faites, le lobule, détaché, est moyen.
[15 décembre. Aucune modification bien notable chez
Valentine, qui actuellement est une enfant bien élevée. Son
unique défaut est de donner des marques d'impatience assez
vive quand on lui refuse quelque chose. Sa santé générale
est toujours excellente. Elle ne différencie pas encore les
couleurs. Il n'y a plus trace des fontanelles. Les cheveux qu'on
laisse pousser, sont réguliers, niais assez rares aux tempes et
au niveau des bosses frontales veinées de bleu. Les réflexes
sont normaux. L'enfant parle bien, mais se montre à notre
égard réservée et timide (1) ]
Nous ne nous permettrons qu'une courte réflexion
pour terminer à la suite de cette observation ce tra-
vail sur quelques formes de l'hydrocéphalie chronique.
Si Valentine Esco..., malgré une hydrocéphalie con-
sidérable, est devenue, à 4 ans, une enfant d'une intel-
ligence presque normale, c'est non seulement à la
(t) Cette note est ajoutée a notre communication, faite au mois d'août.
372 Traitement.
compression, à la révulsion, au calomel, aux bains
salés, etc., qu'il faut l'attribuer, mais encore à l'édu-
cation bien dirigée et aux soins minutieux que nous
avons pu faire mettre en pratique par sa mère et sa
soeur avec intelligence et avec beaucoup de suite.
Comme tous les idiots de différentes origines, leshydro-
céphales sont de pauvres terrains, qui produisent en
raison directe du travail et de l'intelligence des cul-
tivateurs qui sont chargés d'en tirer parti. Temps,
patience et ingéniosité sont absolument nécessaires (1).
ERRATUM.
Page 202. Après les mots : Ne le...., lire : 18 décembre
1890.
(1) Voir, pour compléter notre travail, le résumé de notre communication
dans les Archives de neurologie de septembre 1893 et diverses analyses, avec
réflexions, sur l'hydrocéphalie publiées par nous dans le même recueil en
1893 et en 1891. (il.)
Bourneville, Bicêtre, 1893.
PLANCHE I.
TABLE DES MATIÈRES
PREMIÈRE PARTIE
Section I : IlCCt1'C.
374 Table DES matières.
Table DES matières. 375